Skip to main content

Full text of "Revue archéologique"

See other formats


REVUE 

ARGHÉOLOGIOUE 


JUILLET    A    DÉCEMBRE    1883 


l'AlllS.  —  IMI'lilMKIUi;    l)i;    l'ILLKr    ET    DL.MOIMN 
f),  me  fies  Granf^8-AlI^'nalins, 


Il  E  V  U  E 

ARCHÉOLOGIQUE 

(ANTIQUITÉ    ET     MOYEN     AGE) 


PUBLIÉE    SOUS    LA    DIRECTION 

l>K    MM. 

ALEX.    BERTRAND    ET    G.    PERROT 

MEMBRES     DE     I.'lNSTlTUT. 


TROISIÈME    SÉRIE.    —    TOME    II. 
JUILLET  —  DÉCEMBRE    18S3 


PARIS 
JOSEPH    BAER,    LIBRAIRE-ÉDITEUR 

18,  RUE  DE  l'ancienne-comkdie,   18 

FRANCFORT-SUR    LE   MEIN.    Rossmarkt.    18 

1883 
Droits  de  traduction  et  de  reproduction  réservés. 


^13 


NUUVEl.LKS  EXri.OllATKJNS 

DANS  LES 

COMMUNES  DE  PLOZÉVEÏ  Eï  DE  TLOUllINEG 

(kinistkhb) 
SÉPULTURES    DE    L'ÉPOQUE    DU    BRONZE 


Les  communes  de  Plozévet  et  de  Plouhinec  sonl  si  riches  en  mo- 
numents mégalithiques  et  gaulois  qu'on  est  obligé  d'y  revenir  fré- 
quemment. 

Du  reste,  la  route  qui  nous  y  mène  do  Pont-l'Abbéestsi  pittoresque 
et  a  des  aspects  si  grandioses  que  c'est  une  vraie  jouissance  de  la 
refaire,  si  surtout  on  est  favorisé  par  une  belle  journée.  On  a  devant 
soi  l'immense  horizon  de  la  mer  se  confondant  avec  le  ciel,  encadré 
d'un  côté  par  la  pointe  du  Raz  cl  de  l'autre  par  celle  de  Penmarc'h. 
La  grandeur  du  spectacle  n'est-elle  pas  pour  quelque  chose  dans 
l'accumulalion  de  nombreux  monuments  sur  celitloral? 

Partant  de  Pont-l'Abbé  pour  Plouhinec,  à  quatre  kilomètres  de 
cette  première  localité  on  passe,  en  traversant  le  bourg  de  Plonéour, 
prés  d'un  très  beau  lec'h  cannelé  qui  se  dresse  sur  la  place  de  l'Eglise. 
Autour  de  ce  monument  on  allume  encore  aujourd'hui  un  grand 
feu  tous  les  ans  au  jour  de  la  Saint-Jean;  reste  sans  doute  des  tradi- 
tions païennes. 

A  15  mètres  à  l'est  de  ce  beau  monolithe,  en  construisant  une 
maison,  actuellement  occupée  par  un  commerce  de  drap,  on  trouva, 
vers  18 iO,  un  trésor  composé  de  monnaies  gauloises  de  deux  mo- 
dules etdc  bijoux  on  or.  Les  ouvriers  qui  firent  cette  trouvaille,  et 
de  qui  j'en  tiens  le  détail,  se  partagèrent  ce  riche  butin,  qu'ils  ven- 
dirent à  des  horlogers  de  Pont-l'Abbé  et  de  (Juimper. 

Il)'  si:nih:,  t.  k.  —  | 


2  IIEVL'E   AHCHKOLOIJIQUE. 

Ai>rès  nous  iMie  arriMos  un  insl.int,  un  peu  au  delà  du  cimelièro, 
el  avoir  admiré  le  magnili(iue  panorauia  (jui  se  déroule  au  loin 
devant  nous,  continuons  noire  roule.  Nous  ne  tarderons  pas,  après 
un  Irajel  des  plus  piltores(iues,  h  arriver,  à  nii-clicniiii  ciilrc  IMovnn 
el  IMozével,  au  village  du  l'enkcr,  situé  sur  h'  icii  iloire  de  cette 
dernière  commune. 

Mêlions  pied  à  terre,  après  avoir  dépassé  le  vill.igc  de  200  mètres, 
el  tournons  à  droite  dans  la  lande  avant  de  descenilre  au  lond  du 
vallon,  où  nous  remarquons  un  curieux  menhir  feu  lu  en  deux  par 
la  foudr.'.  Bienlût  nous  al  le  II,' nous  un  champ  vers  la  moitié  dutjuel 
nous  vo)on.s  de  grandes  pierres  enchâssées  dans  la  clôlure.  Ce  sont 
les  pierres  de  côté  du  dolmen  du  l'enkej-,  ijuc  nous  allons  explorer 
avant  de  continuer  notre  route  vers  Plouhiuec.  Un  jour  nous  suflBra 
liour  ce  travail. 

DOLMLN  DU  PENKER  EN  PLOZÉVET. 

Ce  dolmen,  d'une  assez  triste  apparence,  a  été  en  partie  ruiné, 
probablement  à  l'époque  où  il  a  été  enclavé  dans  la  clôture  séparant 
deux  champs  voisins.  Il  ne  lui  reste  |)lus  qu'une  table.  Toutefois 
l'intérieur  du  monument  n'a  pas  été  violé  el  nous  allons  y  retrouver 
son  mobilier  primitif,  qui  n'est  pas  sans  quelque  intérêt,  ainsi  qu'on 
va  le  voir. 

Le  sommet  des  piliers  et  la  table  encore  existante  émergent  à  peine 
de  iiO  cenlimélres  ju-dessus  du  sol  environnant. 

Ouvrant  une  iianchée,  de  la  largeur  de  la  galerie,  à  1  métré  en 
avant  de  son  entrée,  et  la  descendant  assez  profondément  pour 
pouvoir  ensuite  pénétrer  de  plain  pied  dans  le  monument,  nous  ve- 
nons bientôt  nous  heurter  en  S  (Nuir  le  plan,  pi.  XIV)  à  une  pierre 
posée  de  champ  sur  la  terre  glaise  formant  le  fond  du  nionumenl. 
Celte  pierre  est  le  seuil  qu'il  faut  franchir  pour  pénétrer  à  l'intérieur 
delà  chambie.  Celte  chambre  est  orientée  est  el  ouest.  Son  extrémité 
opposée  à  l'entrée  est  légèrement  circulaire,  fc^lle  était  sans  doute 
primitivement  recouverte  de  deux  tables.  Une  seule  existait  lorsijue 
nous  en  avons  enliepri>  l'cxploralion. 

Dès  eu  enlraiil  dans  la  chambre,  nous  avons  recueilli  quchjues 
fragments  de poliiie  caracléiisque de  l'époque  des  dolmens,  el  avons 
coiis>lalé  de  nombieux  morceaux  de  charbon  dans  pnsipie  toute  la 
hauteur  de  la  tranchée. 

Le  seuil  S  franchi,  nous  dcblajODS  la  chambre  dans  toute  sa  lar- 
geur. Dès  lors  le  travail  nous  dcvieul  plus  facile.  Deux   houimcs 


i;XI'L()II\TI().\S    l)K    l'I.OZKVKT    l/i'    l>K    l'I.Ol  IIIM'.C.  3 

liouiidiil  irav.iilhM' (le  froiil,  [iriidaiit  i\\ni  dciiv  autres  rejellcroiil 
les  UTies  en  dehors,  et  i|ii'uij  eiii(|uièiiii'  vériliera,  avec  la  plus 
grande  atleniion,  si  elles  ne  contiennent  aucun  objet  ayant  échappé 
aux  regards  des  fouilleurs. 

Nou?  ne  tardons  pas  à  lencontrcr  en  V,  à  l'atif^'ie  sud  de  la  chani- 
bre,  un  va  se  caliciloiiue  uécoié  de  dm]  bandes  ornées  au  pointillé. 


Fig.  1.  —  Vase  en  terre. 

Il  est  malheureusement  brisé  par  le  poids  des  terres;  mais  les  mor- 
ceaux recueillis  nous  ont  permis  de  le  reconstituer.  Les  vases  de 
cette  forme,  assez  communs  dans  nos  dolmens  bretons,  montrent  un 
art  du  potier  assez  avancé.  Quoique  faits  sans  le  secours  du  tour,  ils 
sont  en  t,'énéral  réguliers  et  d'une  pâte  très  résistante  et  bien  cuite. 
Sous  ce  vase  est  une  grande  pierre  [date,  de  GO  centimètres  de 
long  sur  50  de  large.  Nous  la  relevons  avec  précaution.  Elle 
recouvre  des  restes  incinérés  parmi  lesquels  nous  recueillons  quel- 
ques fragments  d'os  mal  calcinés.  Nous  les  remuons  avec  le  plus 
grand  soin  et  nous  en  sommes  lécompensé. 

Nous  relevons  en  effet,  au  milieu  de  ces  cendres,  deux  haches 
poli*\s,  l'une  en  fibrolilhe,  l'autre  en  diorite;  une  jolie  pendeloque 
en  jadéile  polie- et  taillée  avec  la  plus  grande  habileté;  une  seconde 
pendeloque  en  talc,  plus  grossière  ;  un  petit  objet  en  os,  taillé  avec 
une  grande  adresse,  percé  en  dessous  de  deux  trous  permettant  de 
renfiler  pour  un  collier,  et  enfin  une  admiiabie  pointe  de  flèche  en 
silex,  véritable  bijou.  Cette  pointe  est  très  intéressante  par  sa  forme 
et  je  ne  sache  pas  que,  jusqu'à  présent,  une  autre  pointe  de  cette 
forme  soit  sortie  de  nos  dolmens  bretons. 

Tel  était  le  mobilier  déposé  dans  la  tombe,  près  des  restes  inci- 
nérés que  nous  venons  de  remuer. 


Conlilluons  noUv  explontion  cl  vidons  la  cluiiiibrc  en  avança  iil 
vers  son  exlrêmilt^  oue«l. 


Kig,  2.  —  llaclii'  en  dioritc. 

Çà  ei  l:i  nous  recueillons  des  fragments  de  poterie  ayant  appar- 
tenu à  des  vases  divers,  les  uns  très  i^ro>sit'rs,  les  utres  plus  lins, 
les  uns  à  fond  plat,  les  autres  à  fond  rond,  quel.iues-uns  montrant 
des  bourrelets  ou  oreilles  disposées  le  long  du  bord.  D'assez  nom- 
breux éclats  de  silex  sont  aussi  recueillis  pendant  ce  travail;  parmi 
eux  il  faut  noter  une  pièce  assez  intéressante,  sorte  de  grat- 
toir retouché  sur  les  bords,  quoique  assez  grossièrement  taillé.  iNos 
fouilleurs  rencontrent  aussi  fréiiuemment  de  nombreux  morceaux 
de  charbon  tant  sur  le  fond  (ju'à  peu  prés  à  toutes  les  iiauteurs  dans 
l'épaisseur  de  la  couche  déterre  qui  remplit  la  chambre. 

Kntin,  nous  pénétrons  sous  la  table;  et  bient(>t,  vers  le  milieu  de 
la  partie  de  la  chambre  encore  recouverte,  en  A  (voirie  plan;,  nous 
trouvons  un  large  dépôt  de  restes  incinérés,  parmi  les(iuels  nous 
recueillons  (luelipies  petits  fraj^'iiienls  d'os.  Ce  dépôt  na  p;is  moins 
de  \  métré  sur  ['",'■20  et  A  ci.'iilim<'lresd"éiiaisseur. 

Nous  le  remuons  avec  attention  et  recueillons,  dans  ces  cendres 
déposées  sur  la  glaise  jaune  formant  le  fond  de  la  eliambre,  un  poi- 
gnard en  bronze,  lame  élroile  à  soie,  portant  une  raie  assez  marquée 
sur  la  lame,  inditjuanl  probablement  jusqu'où  descendait  le  iiiaïuhe, 
sans  doute  en  bois. 

I*iés  de  ce  poignard  était  une  plaijiie  en  pierre  dure,  écliaii- 
crée  aux  deux  extrémités,  polie  et  taillée  avec  grand  soin,  per- 
cée à  clia(jue  bout  d'un  trou  foré  des  deux  côtés  de  la  plaque,  de 


KXi'i.oiiATKiNs  ni;  l'i.ozi.vi.T  i.T  i)K  ii.oi  11 im:(;.  r» 

façon  (|ul;  ('liai|iio  Irou  i)i(''si'nte  la  forme  de  doux   cônes  se  réunis- 
saiil  par  la  [juiiilt!,  vcis    le  milieu  de    l'épaisseur  de  l'ohjet.    Celte 

rsù. 


Fig.  3.  —  Lame  de  poignard  en  bronze. 

plaque  est  de  celles  que  M.  J.  Evans  qualifie  de  brassards,  et  donl 
il  nous  donne  la  reproduction,  p.  -i^l  de  son  livre  les  Ages  de  la 
pierre. 

I 


Fig.  4.  —  Plaque  en  pierre  dure. 

Notre  plaque  diffère  de  celles  reproduites  par  M.  J.  Evans,  en  ce 
qu'elle  n'a  qu'un  trou  à  chaque  extrémité  et  est  plate  et  non  concave. 

Ici  ilie  est,  comme  dans  la  plupart  des  trouvailles  signalées  dans 
le  livre  de  M.  J.  Evans,  associée  à  du  bronze,  et  qui  plus  est,  comme 
dans  !e  tertre  tumulaire  de  Roundway  près  Devizes,  à  un  poignard 
en  bronze  à  soie. 


6  IIKVII.    AHi.IIKOl.dSlyLK. 

Quelle  t'Iait  h  ileslin.ilion  de  cel  ohji't?  C'csl  .i<;-;pz  iliflicilo  à  \*rc- 
ci^er.  Ccpend.nU,  il 'après  Ifs  relations  do  .M.  J.  Kvans,  il  la  consta- 
tation «urio  sqneli'Ue  île  la  posilioti  d  e 'lie  pl;ii|iie,  il  e-l  assez  pré- 
sunialije  t|uelli'  êlail  desiinTc  h  pro[!';,'er  I.'  bras  },Mnrlie  cnnlre  le 
choc  de  la  corde  de  l'arc  au  nuimeni  di'la  dèlenle.  ((Aujourd'hui,  «lii 
le  chanoine  Itij,'rani.  à  l'appui  de  son  opinion,  les  archers  se  servent 
encore  d'un  appareil  analo;j:ue.ii 

C'est  la  seconde  fois  ijue,  dans  nos  dolmens  bretons,  je  trouve  un 
objet  de  ce  penre. 

Le  niolulier  du  di^funldont  nous  venons  de  relever  les  restes  in- 
cinért^s  se  composait  encore  d'une  jolie  pendeloiiue  en  silex  jaune 
très  transparent,  de  deux  aulrcs  peliles  pondelo(pies  l'une  en 
oligisle  el  l'autre  en.   ijuartz,   d'un    i)L'tit   polissoir  en  grès   attes- 


Fig.  5.  —  C'attoic  en  sil''x. 

tant  un  long  usage,  de  petits  grattoirs  et  enfin  d»'  (pioiques  pointes 
en>ilex  grossièrement  laillèes. 

Conlinuanl  notre  exploration  el  vidant  entièrement  la  (.•liamlue, 
nous  ne  relevons  dans  ce  travail  (jue  «luelque-  percuteurs  et  polis- 
soirs  faits  aver  drs  galets  prisa  la  grève  voisine,  et  d'assez  nom- 
breux fragments  de  vases  plus  ou  moins  grossiers. 

La  chambre  complètement  dégagée,  nous  reconnaissons  (ju'une 
partie  de  ses  parois,  ii  son  extrémité  ouest,  sont  édilièes  en  petites 
pierres  maçonnées  à  sec  (voir  le  jdan),  et  si  en  H  nous  constatons 
une  solution  de  continuité  dans  cette  muraille,  cela  lient  probible- 
menl  à  ce  (pi'clle  aura  élé  ilémolic  lorsiju'on  a  élevé  le  laïus  <pii 
recouvre  la  (laroi  sud  du  iiionuinent. 

Otte  chambre  a  l".!»")  du  fond  à  la  table.  Son  ex|doration  oM 
intéressante  à  divers  points  de  vue;  non  seiilemenl  par  les  objets 
qu'elle  nous  a  donnés,  mais  encore  par  la  conslalaliuii,  une  fois  de 
plus,  de  la  pré»<'ncc  du  bronze  dans  nos  dolmens  bretons;  conslala- 
tion  qui  n'est  pas  ans^i  rare  qu'on  pourrait  le  croiri*. 


h\I'I.'):t\TI  tNS    t)r,    IM.OZKVF.T    F.T    HK    l-i.Ol  II  I MC.  7 

Kilt;  |)(M*met  aussi  de  (Jirc  ffiin  Ips  vnsos  <lo  In  forme  et  de  l'orne- 
menlalion  de  celui  ici  trouvr  dnivcnf,  l'irsfjue  nous  les  rencontrons, 
nous  re[)orter  à  In  lin  de  la  pii'rre  polie  ou  nu  roinmencement  du 
hronze;  ce  quo  j'avais  toujours  pensé  à  In  suili;  de  diverses  explo- 
rations pr(5céd(>ntes. 

Ce  monument  fouillr.  j(^  me  mis  m  roule  pour  Plouhinec.  Là  j'en 
avais  divers  autres  n  visiter. 

Si,  arrivé  au  bourp^  de  IMoiiIiinec.  on  prend  le  rlicmin  (|ui,  nu  sud 
du  cimeUére,  conduit  :\  la  mer,  on  arrive  bientôt,  prés  du  moulin 
de  KcrdrénI,  à  un  vaste  plateau  aride  dominant  la  gr^ve  d'une  hau- 
teur de  03  mètres.  Une  petite  partie  de  ce  plateau  a  été  récemment 
cultivée.  C'est  celle  (pii  avoisine  le  plus  le  villn^î^e  de  Kerdréal.  Les 
cultivnteurs  qui  l'ont  défrichée  m'ont  montré  de  nombreuses  pierres 
plates  qu'ils  ont  retirées  de  ce  terrain.  Elles  étaient  posées  de  champ 
en  terre,  formant  de  petits  colîros  en  pierre  de  6!tn  70  cenlimèlres 
de  long  sur  40  à  oO  de  large.  Ces  cofTres,  recouverts  de  pierres 
plates,  renfermaient  chacun  les  restes  de  plusieurs  squelettes  jetés 
là  péle-méle,  semble-t-il,  ch.Kiue  coffre  contenant  plusieurs  têtes. 
Près  lie  l'un  d'eux  furent  recueillies  deux  haches  en  pierre  polie; 
moi-môme  j'en  ai  ramassé  une  à  la  surface  du  sol  de  ce  petit  champ. 

Ces  sépultures  ne  semblent-elles  pas  indiquer  qu'à  Plouhinec, 
comme  cela  se  passe  encore  chez  ceiiains  peuples  sauvages  de  l'Océa- 
nie,  on  exposait  les  défunts  en  plein  air  et  que,  recueillant  ensuite 
leurs  restes  dépouillés,  ouïes  entassait  pêle-mêle  dansdes  sépultures 
préparées  pour  cela.  ? 

TUMULUS  DE  PITÉVLN  (PLOUHINEC). 

Si,  quittant  ce  terrain  où  il  eût  été  si  curieux  de  faire  des  observa- 
tions précises  sur  les  tombes  en  place,  nous  nous  dirigeons  à  l'ouest, 
nous  remarquons,  à  100  mètres  devant  nous,  un  petit  tumulus  dit 
tumulus  de  Pitévin  '. 

Ce  tumulus,  de  13  mètres  de  diamètre  sur  1",40  de  haut,  est  dans 
une  position  magnifique.  li  domine  la  rade  d'Audiernc  et  l'entrée 
de  11  rivière  le  Goyen.  Il  est  impossible  de  choisir  un  endroit  plus 
heureusement  placé  pour  dormir  du  derniei  sommeil. 

Ce  tumulus  méritait  d'être  fouillé  ;  mais  pour  cela  il  fallait  vaincre 
la  résistance  des  proprié (aires,  ce  qui  ne  fut  pas  facile.   La  cliose 

1.  Voir  lo  plan,  pi.  XIV. 


s  HKVUK    AnCHéOLOGIQUE. 

réglée,  mes  fouill-'urs  font  ili-s  sondages,  cl  (Hielquos  grandes 
pierres  que  nousriiu'onlroiis  noiisfonl  supposer  diVLTse'^  sépultures 
intérieures.  Nous  ouvrons  des  tranchées  et,  après  (luplqueis  lentniives 
infructueuses,  nous  arrivons  enfin  h  mettre  à  découvert  une  grande 
dalle  de  1  métré  de  large  sur  l'",5()  de  long.  Nous  nous  convain- 
quons facilement  qu'elle  recouvre  une  sépulture. 

Celle  sépulture  n'est  pas  au  milieu  du  lumu'.up,  mais  un  peu  au 
sud-ouest  i,voii  le  plan).  La  dalle  (jui  la  recouvre  étant  liien  dégagé.', 
nous  la  soulevons  avec  du  secours  et  quehjues  bons  leviers,  et  met- 
ions  à  découvert  une  belle  tombe  formée  de  quatre  grandes  dalles 
posées  ileeliamp  en  terre. 

Vide  de  toutes  inlillralions,  elle  contient  un  squelette  couché  sur 
le  côté  gauche,  replié  à  la  hauteur  du  bassin;  si  bien  que  nous  sup- 
posons (jue  l'inhumation  a  dil  avoir  lieu  le  corps  assis,  et  (jue  c'est  en 
tombant  ensuite  sur  le  côté  que  le  squeleite  a  pris  la  position  dans 
laquelle  nous  le  trouvons.  Prés  du  squelette  n'était  aucun  objet. 

Nous  le  relevons  avec  i»récaulion  cl  en  recueillons  toutes  les  par- 
ties, en  général  en  assez  bon  état.  Le  criine  est  très  beau.  La  boîte 
osseuse  est  très  épaisse  et  l'orbite  de  l'œil  très  grand.  La  li.uMie  Apre 
des  os  longs  est  très  développée,  el notre  savant  ami  .M.  de  (Juatre- 
fages,  à  qui  nous  l'avons  soumis,  n'a  pas  hésité  à  le  rapprocher  du 
type  de  Cro-Magnon.  Il  appartient  i  une  race  antique,   vivant  de 
chasse  et  de  pèche.  Uu  reste,  le  pays  où  nous  l'avons  trou\é  inhumé 
était  particulièrement  favorable  à  ce  genre  d'existence. 
Le  squeletle  est  celui  d'un  homme  de  haute  stature. 
Voyons  maintenanl  la  sépulture  en  elle-même. 
Creusée  jus.ju'au  tuf  du  sous-sol,  elle  a  l'",7U  du  fond  à  la  table, 
l-,30  de  long  intérieurement  et  OOcenlimélres  de  large  au  bout  de 
la  télé  Cvoir  les  plans). 
Orientée  est-ouest;  la  tète  était  à  l'ouest,  regardant  le  levant. 
Les  parois  intérieures  en  sont  si  bien  dressées  (lu'elles  semblent 
avoir  été  taillées.  En  tout  cas,  dans  les  extrémités  elles  sont  coupées 
d'onglet  ou  entaillées  en  rond  pour  s'appli.juer  exactement  les  unes 
contre  les  autres  dans  les  angles,  de  manière  à  empêcher  le  passage 
des  terres.  La  table  «le  couverture  est  également  entaillée  au  droit 
des  dalles  qui  la  supportent clempèchait  ainsi  toute  inlillralion. 

Cette  sépulture  est  aussi  belle  que  celle  du  tumulus  de  Slang-ar- 
Run  en  Mahalon  (commune  voisine),  où  j'ai  recueilli  prés  du  .sque- 
lette un  très  grossier  vase  à  (juatre  anses.  (Voir  les  Mémoires  de  la 
Société  d'émulation  des  Côtes-du-Nord.) 
Nous  n'avons  pu  découvrir  d'autres  sépultures  dans  ce  tumulus, 


KXPLOnVTIONS    1)1-    l'I.OZKVRT    KT    DF.    l'LOUUINKC.  î» 

et,  (l:»ns  les  diverses  tcnl.iiives  (]UL'  nous  avons  f.-iites  à  cfl  effet, 
nous  n'avons  recueilli  (|U(;  qufîhjues  rcl.ils  de  silex  .uM'ossiérernriil 
taillés,  parmi  les(juels  deux  petits  },'rattoirs. 

A  .'{0  mètres  au  nord  de  ce  lumulus  en  est  un  autre,  ijcjucoiip 
plus  petit. 

Entreprenant  son  exploration,  les  fouillcurs  mettent  bientôt  à 
découvert,  à  \()  centimètres  au-dessous  île  son  soiumet,  une  petite 
sépulture  absolument  vide.  Elle  ne  renfermait  (|ue  (piebiues  mor- 
ceaux de  cliarb'in  et  un  ro.;'iion  de  silex,  parmi  une  couclie  de  terre 
noire. 

Cette  tombe,  formée  aussi  de  quatre  dalles  bien  droites,  a  {"',{()  de 
long  sur  70  centimètres  de  large  et  60  centimètres  de  profondeur. 
Elle  était  couverte  de  deux  dalles,  dont  l'une  est  aussi  légèrement 
entaillée. 

ÉTAHLISSEMENT  GAULOIS  DK  Kf:;LOUER  (l'LODIII.NrX). 

Ces  deux  explorations  terminées,  diiigeons-nous  au  sud-ouest 
vers  des  terrains  vagues  situés  à  environ  100  mètres  et  sis  au  midi 
du  village  de  Kélouër.  Ces  terrains  appartieunent  à  M.  iMiossec, 
avoué  à  Quimper,  qui  m'a  donné  avec  empressement  toutes  les 
autorisations  nécessaires  pour  les  explorer,  me  souhaitant  d'y  faire 
beaucoup  de  découvertes  intéressantes. 

Ils  forment  le  sommet  d'un  coteau  descendant  au  sud,  en  pente 
rapide,  vers  la  mer,  et  à  l'ouest  descendant  par  une  pente  non  moins 
roide  au  fond  d'un  vallon  où  se  trouve  une  abondante  source  d'eau 
vive,  près  de  laquelle  fut  trouvée,  quelques  jours  avant  notre  visite, 
une  belle  bâche  à  talon  en  bronze.  J'en  dois  la  possession  à  un  de 
mes  amis  ijui  voulut  bien  l'acquérir  pour  moi. 

Le  plateau  de  Kélouër  est  tout  couvert  par  un  vaste  établissemen 
gaulois,  le  plus  imporlantque  nous  connaissions  dans  le  Finistère, 
indiquant  le  séjour  prolongé,  en  cet  endroit,  de  populations  forte- 
ment établies  pour  se  défendre  de  toute  surprise.  L'endroit  est,  du 
reste,  admirablement  choisi.  Au  nord,  du  côté  des  terres  on  domine 
au  loin  la  campagne;  au  sud  on  est  dèfenilu  par  la  mer,  et  à  l'ouest 
par  un  vallon  profond,  au  fond  duiiuel  est  l'abondante  source  néces- 
saire à  l'approvisionnement  de  rétablissement. 

Le  système  de  défense  se  compose  d'un  grand  rectangle  A  protégé 
par  de  forts  talus  en  terre  mêlée  de  pierres,  d'une  hauteur  variable 
de  {""jGOàa  mètres.  Dans  la  partie  N.-E.  du  rectangle,  ces  talus 
n'existent  plus;  une  route  a  été  ouverte  on  ce  point. 


I<)  iiF.viK   \Rr.iiKoi.o(;iorK. 

A  linttVioiir  <Ip  ce  rortanplo  (voir  lo  plnn)  ot  aussi  à  l'cxlrriour, 
au  suil-e.-t,  sont  do  petits  tertres.  Nous  en  avons  fniiillr  (|iieliiues- 
uns;  ils  recouvrent  des  restes  d'haliitations  dans  hscpicls  nous 
avons  relevù  «les  meules  à  conrissor  le  Idé,  des  frapnicnls  de  pote- 
ries prossit^res,  des  broyeurs  et  des  percuteurs. 

Kn  deliors  de  cette  enceinte  reclmgulaire,  surin  pente  qui  des- 
cend a  la  mer,  sont  une  série  de  talus,  moins  élevés  (pie  les  précé- 
dents, se  coupant  à  angle  ou  se  continuant  en  lignes  courbes.  La 
plupart  sont  formés  cxtérieurem.^nt  par  de  grandes  pierres  lichùes 
debout  en  terre  cl  appuyées  i^  l'inlérieur  pai  des  revêtements  en 
terre.  Le  long  de  ces  lignes,  surtout  dans  le  voisinage  de  l'enceinte 
rectangulaire,  quelques  rares  tertres  recouvrent  eux,  aussi,  desrcsles 
d'habitations. 

\  partir  du  point  B  descendent  vers  la  mer  deux  alignements  pa- 
rallèles de  grandes  pierres  fichées  debout  en  terre  et  formant  une 
allée,  un  vrai  chemin,  comluisant  à  la  grève. 

Que  sont  tous  les  talus  E,  F,  G,  H,  etc.,  en  forme  de  courbe? 
Sont-cc  des  lignes  de  défense?  Je  ne  saurais  le  dire.  Je  suis  cepen- 
dant plus  disposé  ;\  y  voir  des  sortes  de  terrasses  destinées  ;\  retenir 
les  terres  sur  les  flancs  de  ce  coteau  rapide,  peui-étre  pour  permettre 
quelques  cultures  dans  ces  terrains  arides,  cultures  faites  par  les 
populations  cantonnées  en  cet  emlroif. 

Dans  le-  enceintes  M,  N,  etc.,  disposées  à  angles  aigus,  au  milieu 
desquelles  j'ai  rencontré  des  restes  de  construction,  d'où  j'ai 
exhumé  des  pierres  à  concasser  le  blé,  des  poteries  brisées,  des 
clayonnages  et  des  pierres  à  filet,  je  crois  voir  des  enceintes  proté' 
géant  et  entourant  des  postes  d'observation. 

L'allée  B  C  D,  plantée  de  pierres  fichées  en  terre,  descend  à  la 
mer,  conduisant  probiblement  à  un  petit  havre,  sorte  de  remise  et 
d'abri  pour  les  embircations  des  populations  de  l'établissement.  Elle 
conduisait  aussi,  peut-être,  au  lieu  spécialement  affecté  à  la  sépul- 
ture des  défunts  de  ces  populations. 

La  chose  est  assez  vraisenibl.ible,  s'il  faut  croire,  comme  il  y  a 
tout  lieu  de  le  faire,  ce  que  m'ont  rapporté  un  grand  nombre  d'habi 
laiils  du  voisinage,  (jui  m'ont  assuré  avoir  trouvé.  :\  divers  reprises, 
il  y  a  quelques  années,  au  pied  de  ce  coteau,  sans  cesse  rongé  par 
la  lame  qui  tous  les  ans  le  dégrade  :\  la  ba  e,  de  nombreux  sijuelettes 
prè-s  desquels  ils  ont  relevé  des  anneaux  et  des  épingles  en  bronze. 
A  l'appui  de  ce  récit,  il  m'a  été  remis  par  un  habiiant  de  Relouer  un 
fragment  de  bracelet,  simple  anneau  en  bronze. 
Je  pensais,  malgré  ce  détail,  que  près  des  habitations  de  l'établis- 


KXIM.nU.MiO.NS    I)i;    l'LOZKVKT    KT    DK    l'LOCIlIMCC.  U 

sMiiciil  il  ne  serait  peiil-i^lrc  pas  imnrm^ilil:'  ilc  ccirniiviT  fpu>lqii<'< 
?(''piilUia*s. 

Aver  une  tiotiibrcu'^e  o-cotiaiio  <1  ouviicrs,  j'culmpiis  celd!  rc- 
rlicrclie;  riiaiscllc  fut  vaine. 

Je  revins  à  Ponl-Croix  le  soir,  apr(>s  plusieurs  jours  d'exploration, 
désireux  de  trouver  une  auh'rjçe  un  peu  |>lus  convenable  que  celles 
de  Plouliinec,  pour  y  passer  une  nuit  de  repos. 

Le  lendemain  malin,  pendant  qu'un  de  mes  foiiilleurs  faisait  ré- 
parer un  ac'idenl  arrivé  à  ma  voilure,  j(;  fus  causer  avec  quelques 
jusliciahles  assin  sur  les  marches  de  la  Justice  de  Paix,  et  (pie  je 
reconnus  pour  être  du  village  de  Kélouer. 

Hien  m'en  prit.  L'un  d'eux  me  dit,  en  etïet,  fjue  la  veille  au  soir, 
après  mon  dépirl,  un  liabitani  de  Kélouer  descendant  à  la  grève 
pour  lamasser  du  goémon,  en  passant  dans  les  alignements  de  notre 
élahlissemcnl  gaulois,  souleva  machinalement,  avec  un  croc,  une 
petite  pierre,  et  qu'à  son  grand  étonnemcnl  il  aperçut  dessous  le 
bord  d'un  vase. 

Pensant  avoir  trouvé  un  trésor,  il  voulut,  le  prenant  par  le  haut, 
sortir  déterre  ce  pot  qu'il  croyait  tout  rempli  d'or.  La  partie  supé- 
rieure seule  vint  ;  avec  son  couteau  il  dégagea  et  enlevd  le  reste. 
Mais  au  lieu  du  trésor  entrevu,  ne  trouvant  que  des  petits  fragments 
d'os,  il  se  contenta  d'emporter  chez  lui  un  morceau  du  vase  et  rejeta 
le  reste  en  terre,  le  recouvrant  de  la  pierre  qu'il  avait  accidentelle- 
ment soulevée  avec  son  croc. 

Comme  on  le  comprend,  je  revins  bien  vite  à  Kélouer,  et,  m'en- 
quérantdu  fragment  de  vase  recueilli,  je  m'en  rendis  acquéreur  et, 
moyennant  une  rétribution,  je  me  fis  conduire  sur  le  lieu  de  son 
extraction. 

Arrivé  là,  je  soulevai  de  nouveau  la  pierre  cachant  le  dépôt  et, 
vidani  avec  soin  la  cachette,  je  fus  assez  heureux  pour  recueillir 
tous  les  fragments  du  splendide  et  si  intéressant  vase  dont  la  photo- 
graphie est  ici  jointe  (planche  XIII). 

Ce  vase  n'était  autre  (fu'une  urne  cinéraire,  pleine  de  restes  inci- 
nérés, déposée  en  V  (voir  le  plan).  Près  du  vase,  dans  la  sépulture, 
formée  par  quatre  pierres  posées  de  champ  en  terre,  étaient  quel- 
ques éclats  de  silex,  un  percuteur  et  deux  pierres  à  aiguiser,  dont 
l'une,  régulièrement  taillée  et  polie,  est  de  forme  rectangu- 
laire. 

De  longues  recherches  faites  dans  le  voisinage,  en  ouvrant 
des  tranchées  en  tous  sens,  ne  nous  ont  rien  fait  découvrir 
d'autre. 


i-  HKVn;   AllCIIKOLOGIOLK. 

(A'tte  inagniliijuo  iirno  cinéraire,  (lue  j'ai  si  licninMi sèment  sauvée, 
esl  faile  à  la  main  et  sans  le  secours  du  lour,  <iuoi(|uc  ré^riilière  et 
élégante  lie  forme.  Klle  est  d'une  terre  line  et  serrée,  recouverte 
d'un  entluit  noir.  Elle  mesure  .{2  centimètres  de  haut  et  iii  centi- 
mètres de  diamèlre  dans  sa  partie  renllée. 

Son  ornementation  est  d'une  richesse  et  d'un  intérêt  tout  parti- 
culiers. La  partie  supérieure  de  la  jianse,  inunédiatementau-dessous 
du  col,  esl  ornée  d'une  zone  d'arcs  au  pointillé  s'entrecroisant  et 
s'appuyant  par  leurs  extrémités  sur  des  cercles  intéiieurement  dé- 
corés de  points.  C'est  une  ornementation  dont  j'ai  déjà  recueilli  plu- 
sieurs échantillons  parmi  les  poteries  oinées  du  cimetière  gaulois 
de  Kerviltré. 

Immédiatement  au-dessous  de  celte  ligne,  ce  va.se  esl  décoré  d'un 
large  système  d'ornementat4on  qui  le  couvre  dans  la  moitié  de  sa 
hauteur.  Celle  ornementation,  toute  nouvelle  pour  nous,  et  que 
nous  voyons  apparaître  jour  la  première  lois  sur  les  poteries  gau- 
loises de  notre  région, esl  d'un  intérêt  tout  particulier.  Elle  se  rat- 
tache à  une  partie  de  l'ornementalion  du  casque  de  lierru,  et  a 
une  grande  analogie  avec  celle  des  plaques  de  bronze  du  bouclier 
exhumé  du  cimetière  gaulois  du  Mont-Blanc  ;i  Etréchy  (ilarne), 
plaques  que  nous  avons  publiées  dans  la  lirnic  archvoUhjique  en 
1878.  La  reproduction  de  celte  ornementation  dans  le  dessin  ici 
joint  de  notre  urne  vaut  mieux  que  toute  description;  nous  y  ren- 
voyons le  lecteur. 

Ce  vase  appartient  certainement  à  une  civilisation  qui  nous  re- 
porte vers  la  haute  Asie,  et  rornemenlation  qui  le  décore  est  incon- 
testablement ins(drée  de  l'Orient. 

Par  ijuel  hasard  la  relrouvons-nous  ici  sur  une  urne  ayant  servi 
à  recueillir  les  restes  incinérés  de  quelque  habitant  de  l'établissement 
gaulois  de  Relouer  ?  L'explication  en  est  assez  difficile.  Si  cepen- 
dant on  admet  que  les  Phéniciens  aient  connu  les  mines  d'étain  du 
Morbihan,  n'y  ,iurait-il  pas  là  un  courant  ipii  ail  i»u  porter 
jusiju'à  Relouer  le  vase  si  ai  listemenl  décoré  (pii  nous  occupe  / 

.\u-de.vsous  de  cette  grande  zone  si  richement  décorée,  les  lianes 
de  notre  urne  montrent  une  large  partie  unir  et  eiiliii,  près  de  la 
base,  une  bande  ornée  d'une  grecijue,  sortes  île  S  entrelacés,  (|ue  je 
retrouve  sur  plusieurs  fragments  de  vases  sortis  de  l'opiiidum  de 
Tronoén  et  du  cimetière  gaulois  de  Kerviltré. 

Ce  vase,  par  .son  ornementation,  est  peut-être  un  jaldii  de  plusjiosè 
sur  la  grande  voie  suivie  par  les  migrations  descendues  des  hauts 
plateaux  de  l'Asie.  A  ce  titre  il  a  son  intérêt. 


KM'LOIIMIO.NS    I)K    l'MJZKVliT    KT    IJIC    l'LOUIlI.NKC.  13 

Ne  (juiltons  pa^  Kùlouer,  avec  noire  prôcieux  butin,  sans  diio  (|iio 
tout  l'espace  occupé  par  la  station  i\\n',  nous  venons  d'y  visiter  est 
couvert  d'éclats  de  silex,  p.uini  lis(iii('ls  nous  n'avons  toute- 
fois j)U  recueillir  aucun  inslrunient  digne  de  grande  atlenlion. 

Les  habitants  du  voisinage  trouvent  aussi  assez  fréqueniiniMil  des 
haches  en  pierre  polie,  mais  il  f.iut  les  accueillir  avec  la  jdusgr.indc 
méliance.  Ils  ne  se  font  pas  faute  d'(!n  fabriquer  et  ils  ne  inaihiuent 
pas  d'une  certaine  adresse  à  ce  travail  de  faussaires. 


MONUMENT  Ml'iJALITIIIQUI-:  DK  SAINT-DRI^ YKL  KN  l'LOUIIlNEC  '. 

Kn  partant  de  Kcloucr,  nous  nous  dirigeons  dans  l'ouest  vers  le 
vill.ige  de  Sainl-Drevel,  tout  ;\  l'extréniilé  de  la  vaste  commune  de 
IMoiiliiiiec,  sur  le  bord  de  la  UK-r,  à  Fenlrée  du  port  d'Audierne. 

On  a  bien  voulu  me  prévenir  qu'en  enlevant  quel(|ues  pierres 
placées  delmut  en  lerreon  y  a  mis  à  découvert  des  squelettes. 

Nous  y  airivoiis  lùenlot,  SniiU-Dreyel  n'étant  pas  à  plus  de  deux 
kilomètres  à  l'ouest  de  Relouer. 

Les  restes  des  squeIcLles  trouvés  ont  été  malheureusement  dis- 
persés el  c'est  à  peine  si  je  puis  en  retrouver  quelques  fragments, 
encore  aux  mains  des  enfants  qui  s'empressent  à  nous  les  chercher 
un  peu  partout,  si  bien  que,  bientôt,  ils  m'apportent  des  os  de  toute 
sorte,  m'assuranl  toujours  que  ce  sont  des  parties  de-;  squelettes  dé- 
terrés les  jours  passés.  Comme  je  montre  peu  de  crédulité  à  leurs 
racontars,  ce  petit  commerce  ne  tarde  pas  à  prendre  (in. 

Ces  squelettes  avaient  été  découverts  en  voulant  enlever  de 
grandes  pierres  formant  les  côtés  de  quelques-unes  des  chambres  à 
ciel  ouvert  que  l'on  remarque  prés  de  la  pointe  dite  de  Bec-ar-Lyon, 
au  sud  ilu  village  de  Sainl-Dreyel. 

A  notre  arrivée,  deux  chambres,  laissant  émerger  hors  du  sol  les  ex- 
trémités de  mégalithes  foi  manl  leurs  parois,  sont  encore  intactes.  L'une 
est  recouverte  d'une  table  mesurant  2'",:i0  sur  l'°,80.  Ses  qu  itre  cô- 
tés sont  faits  par  six  énormes  blocsde  granit  posés  de  champ  en  terre. 
Nous  relevons  à  grand'peine  la  table,  qui  afdeure  le  sol,  et  vi- 
dons avec  soin  la  chambre,  que  nous  trouvons  toute  remplie  de  terre 
el  de  pierres,  dont  quehiues-unes  très  grosses.  Au  fond  de  la  cham- 
bre, sur  une  sorte  de  dallage,  nous  rencontrons  un  amas  de  cendre 
mêlées  de  charbon,  dans  lequel  nous  relevons  quelques  éclats  de 

I.  l'I.  xv. 


!4  HrVl'K    AHCUKOI.OGIQDK. 

silfx  au  n(Mnltrt'(lt'S()uels  csl  une  jnlif  poinle,  des  [umcu leurs  cl  de 
rares  morreaux  de  polerie. 

Celle  ehainlire  vidée  a  1",8.*)  du  fond  à  la  table. 

A  10  in«lies  au  sud  nous  eu  liouvons  une  aulre,  eelle-ci  sins 
dalle  de  recouviemeiil.  Klle  a  iuléiieurenu'ul  ^'"jîJO  sur  l"'.(iO. 
Nous  la  vidons.  Comme  la  première,  elle  est  pleine  de  lerre  el  de 
pierres.  Çà  el  là,  nou-;  y  relevons  des  morceaux  de  charbon,  djs 
éclats  de  silex,  des  percuteurs,  el  nous  trouvons  enlin,  dans  u;i  do 
ses  anjjlcs,  un  joli  petit  vase  en  terre  Une,  vase  à  fond  rond  arlisle- 
menl  fait  à  la  main. 


Fig.  G.  — 


. ;i  itrro  Une. 


Ainsi  ces  deux  chambres  nous  ont  donné  des  sépultures  par  inci- 
nération. Que  sont  donc  les  squelettes  précédemment  découverts  par 
les  gens  du  village,  dans  la  troisième  chambre  en  partie  détruite  par 
eux,  sise  à  3  mètres  au  nord  de  la  première.  Sont-ce  les  S(jueli'iies 
des  premiers  habitants  de  la  jiointe  de  Bec- ar-Lyon,  ceux  méinesqui 
ont  élevé  les  monuments  (jui  nous  occupent,  ou  sonl-ce  les  sque- 
lettes de  quel(|ues  naufragés  venus  s'échouer  sur  ce  littoral  sauvage, 
ainsi  que  cela  arrive  presque  tous  les  iiiver's?  Je  ne  puis  me  pro- 
noncer; lesquel(|ues  restes  (jui  m'en  ont  été  soumis  sont  trop  peu  de 
chose  pour- que  je  puisse  rien  dire  sur  leur  antiijuilé. 

Abandonnons  la  pointe  de  iiec-ai-Lyon,  et  allons  à  iiOd  mèties  au 
nord-ouest.  I,,i  de  nombreuses  pierres  émergenl  du  sol,  ilans  une 
[jarcelle  dite  Parc-ar'-tîozec.  Nous  nous  y  trouvons  en  |ir"ésence  li'un 
inrportanl monuriienl  rrrègalithique.  Son  propr'iètuir'e,  cultivateur*  in- 
telligent, ayant  assisté,  étant  marin,  à  quelques-unes  des  fouilles  de 
M.  (Ih.  Wiener-,  dans  rArriérii|Ue  du  Sud,  nous  autorise  facilement  à 
l'explorer.  Il  vient  même  a  rn»tre  aide  el  engage  (|uelques-urrs  de  ses 
voisins  .i  en  faire  autant,  si  bien  qu'avec  nos  deux  fouilleurs  habi- 
tuels, bien  dressés  à  nos  recherches,  nous  avons  bientôt  un  atelier 
plein  de  zèle,  de  trop  de  zèle  même.  11  nous  faut  les  prier  de  se  con- 
lenler  de  rejeter-  au  dehors  les  terres  ijue  nos  deux  fouilleurs  r-e- 


KXI'I.OIl.VriO.NS    DK    IM.O/liVKT    KT    DK    l'I.OUlIlNKC.  lo 

iiiuciil,  sans  (iiHii  nos  recherches  ii'ahoulironl  (ju';!  un  boijleversc- 
iiUMit  s.iiis  prulil  jioiir  nos  T'Iiuics. 

All;u|uai»t  h*  iiioiiuincnt  en  A,  nous  y  Iroiivons  um;  solution  de 
continiiili'  i[ui  nous  penuet  facilemunt  d'entier  dans  la  chambre  C 
(voir  If  plan,  pi.  XV). 

Cette  clianibi'c  et  presiiuc  tdul  lei'ole  ûu  mon-uiucnt  sont  fmore 
enveloppés  de  terres  amoncelées,  (jui  semblent  indi(iuer  (|ue  tout 
l'ensenible  (''t;iit  recouvert  autrefois  d'une  sorte  de  tuniulus. 

Dès  en  pénétrant  en  A  dans  la  chambre  C,  f|ui,  si  elle  a  eu  lin 
couvercle,  n'en  a  plus  aujourd'hui,  nos  hommes  rencontrent  des 
fra{,fments  de  poteries  i,'rossières,  caiactéristiques  de  répo(|ue  des 
dolmens,  et  des  éclats  de  silex  sans  yiand  caractèie.  Kn  approchant 
du  fond  de  la  chambre,  formé  paruneaireen  argile  battue,  les  mor- 
ceaux de  charbon,  (|u'ils  ont  ûr'p  remaniué,  deviennent  [dus  nom- 
breux. 

En  arrivant  en  D  nous  trouvons,  appuyées  contre  la  paroi  inté- 
rieure de  la  chambre  C,  deux  pierres  p  alp'.  Au  pied  de  ces  pierres 
est  un  large  dépôt  de  cendres,  restes  incinérés  dans  lesijuels  nous 
distinguons  quelques  fragments  d'os.  Ce  précieux  dépôt  avait  été 
soigneusement  recouvert  d'une  pierre  plate  sur  laquelle  nous  rele- 
vons trois  pendeloques.  Ces  pendeloques  sont  l'une  en  jadéite,  une 
autre  en  cristal  de  roche  ,  la  troisième  en  oiigiste. 


Continuant  l'exploration  de  celte  chambre,  nous  receuillons 
encore  îles  percuteurs,  des  éclats  de  silex,  quelques  fragments  de 
vases  grossiers  oi-nés  sur  les  bords  de  petites  encoches  faites  dans  la 
pâte  encore  tendre,  et  aussi  divers  autres  morceaux  de  potorie, 
parmi  lesquels  la  moiiié  d'une  écuelleà  lontl  rond, d'une  pâle  fine  et 
résistante.  Tous  ces  débiis  de  vases  appartiennent,  du  reste,  à  des 
pot'.-ries  faites  sans  le  secours  du  tour,  et  caraitéristiques  de  l'épo- 
que des  dolmens. 

Arrivé  au  point  E,  nous  trouvons  une  grande  pierre  debout,  sorte 
de  petit  menhir  dont  l'extrémité  dépasse  le  sol  environnant.  A  sa 
base  est  un  nouveau  dépôt  de  restes  incinérés  près  desquels  nous 


m  HtVLE    AUCHKOLOUIOLK. 

rt'Ievons  une    luiclk"  polie  en   diorile  ol  un  petit  pntloir  en  silex. 

Contournanl  la  pierre  K  pour  continuer  noire  fouille,  en  l.i  diri- 
iîeantvers  la  ehamhre  B,  nous  trouvons,  sur  le  fond  du  moiiuuieut, 
un  large  espace  de  (iO  centinièlres  carrés  de  terre  ^Imsc  ("alcinùe. 
Cette  calcinalion  n'a  pu  ôlre  obtenue  que  par  un  feu  prolongé  en 
cet  endroit.  Parmi  les  cendres  très  noires  qui  le  rcrouvrcnt  nous 
remar.juon-  de  nonilireux  restes  de  repas,  coijuilhs  d'Iniiires  et  de 
patelles  et  os  d'animaux.  Ce  dépôt  de  10  centimètres  d'épaisseur 
toiiclie  une  pierre  S  posée  de  champ  sur  le  fond  du  monument  et 
formant  seuil  pour  entrer  dans  la  chamiire  H  (jue  nous  allons  dé- 
blayer. 

Dès  que  nous  commentions  à  la  vider,  il  nous  est  facile  de  nous 
convaincre  que,  quoique  faisant  partie  du  même  monument  que  la 
chambre  C,  elle  recouvre  des  restes  d'une  époque  plus  récente  que 
celle  à  laquelle  nous  reportent  les  objets  recueillis  dans  la 
chambre  C. 

Ici,  en  effet,  nous  relevons  des  restes  romains  dans  toute  I  épais- 
seur de  la  couche  qui  remplit  la  chambre  H,  fragments  de  vases  en 
terre  noire  ou  grise,  débris  de  vases  samiens.  Enfin,  sur  l'énorme 
dalle  qui  fait  le  fond  de  la  chambre,nous  rencontrons,  au  milieu  d'un 
épais  dépôt  de  cendres,  des  fragments  de  statuette  de  Vénus,  un 
petit  clou  en  fer  à  tète  en  pointe  de  diamant,  une  fibule  en  bronze 
malconservée, etqualremonnaies  romaines,  grands  bronzesdu  Haut- 
Empire  dont  l'un,  un  Antonin,  est  seul  lisible. 

Cette  belle  chambre  mesure  l'°,90  sous  table.  La  sépulture  pour 
laquelle  les  constructeurs  du  monument  l'avaient  primitivement 
édiliée  a  dû  être  violée  par  les  Komains,  qui  s'établirent  sur  les 
lieux,  où  ils  ont  laissé  comme  témoignage  de  leur  passage,  à  30O 
mètres  au  nord-ouest,  des  constructions  aujourd'hui  démolies.  Ce 
sont  les  hatdtants  de  ces  constructions  qui,  sans  doute,  vinrent  ici 
inhumer  leurs  morts. 

Sortons  de  cette  chambre  et,  dirigeant  notre  exploration  vers  le 
sud,  vidons  la  longue  galerie  qui  était  l'accès  véritable  par  LMjuel 
ses  constructeurs  ont  pénétré  dans  le  monument  pour  y  enterrer 
leurs  morts. 

En  E',  nous  trouvons  encore  un  considérable  dépôt  de  restes  de 
repas,  coriuilles  et  os  de  divers  animaux,  dents  de  cheval,  de  jiorc, 
de  boMif  et  «le  veau,  et  un  petit  bronze,  monnaie  de  Posthume. 

Continuons.  Himlùt  les  couches  de  tt-rre  (jui  remplissent  la  ga- 
lerie changent  d'aspect,  les  fragments  de  poterie  que  nous  recueil- 
lons deviennent  plus  gro*«sitrs,  ils  ne  .sont  piu>  laits  au  loin-.  Ilnfin, 


l'Xl'IOlUriDNS    l)i;    l'LO/liVKT    KT    UK    l'LOUIII.MX.  17 

en  V,  nous  recueillons  un  vase  entier.  Il  est  fait  sans  le  secours  du 
tour,  (juoique  d'une  pûte  fine.  Il  est  incontestriblement  de  réporpie 
(le  la  conslruclion  du  monument.  Comuie  poterie  des  dolmens,  sa 
forme  est  iiiléress.inlii  cl  peu  commune. 

Près  de  lui,  sur  l'aire  d'ar|,Ml(!  qui  fait  le  fond,  est  un  dépôt  de 
:i  centiimHres  d'épaisseur,  ocini)  int  toute  la  iari,'i'iir  de  la  ;,'akTie. 
Dans  ce  dépôt,  remué  avec  précaution,  nous  relevons  un  anneau, 
une  pince  épilalcdre  et  une  sorte  d'épingle  en  lironze. 

De  ces  trois  objets,  recueillis  en  F,  l'anneau,  bague  très  primitive  et 


l'ig.  8.  —  Auiieau  de  bronze. 

delà  plus  haute  antnpiité,  a  son  analogue  dans  ma  collection,  parmi 
les  nombreux  objets  en  pierre  et  en  bronze  exhumés  des  dolmens  et 
chambres  à  ciel  ouvert  du  plaleau  du  Souc'li  en  Plouhiuec. 

Continuons  à  vider  la  galerie  d'accès  G  passant  sous  les  tables 
T  et  T',  qui  reposent  sur  des  murailles  maçonnées  à  pierres  sèches 
(voir  le  plan). 

Nous  n'y  remarquons,  au  milieudes  terres  qui  la  remplissent,que 
des  morceaux  de  charbon,  quelques  percuteurs,  une  meule  à  con- 
casser le  blé,  des  éclats  de  silex  parmi  lesquels  une  sorte  de  grattoir 
et  une  petite  scie. 

L'extrémité  sud  de  cette  galerie  ne  forme  plus  (ju'un  couloir 
allant  en  se  rétrécissant  et  clos  à  son  entrée  par  un  muretin  en  pierres 
maçonnées  à  sec. 

Le  monument  de  Saint-Dreyel  ne  se  compose  pas  seulement  de  la 
galerie  et  des  deux  chambres  que  nous  venons  de  fouiller,il  se  com- 
pose encore  de  trois  chambres  plus  ou  moins  elliptiques  et  d'une 
clKimbre  carrée,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  en  jetant  les  yeux  sur  le 
plan,  le  tout  se  reliant  par  un  corridor  à  la  chambre  C,  contre  la 
paioi  ouest  de  laquelle  il  vient  buter. 

Dans  le  corridor  H  de  la  chambre  semi-circulaire  I  nous  recueil- 
lons liois  petits  bronzes  des  tyrans  de  la  Gaule,  Gallien  et  Posthume; 
un  grand  nombre  de  fragments  de  poteries  romaines,  et  des  mor- 
ceaux de  charbon. 

Ml*  SÊillE,   r.   II.   —  1' 


18  HKVLK    AUClIKOl.tH.lyUK. 

Sorlonsdo  celU'  ciiainbic  par  l'oiiVLMlun;  Inissèe  »ii  K  et,  nous  lmi- 
gagiMiil  dans  le  corridor  h,  ponclrons  onsuitc  dans  la  clianihrr  (juasi 
ciri-ulaire  M.  tn  fraticliissanl  une  pierre  S'  posée  de  champ  cl  for- 
maal  seuil. 

Déblayaiil  avec  soin  celle  clmnibre  à  ciel  ouvei  l  M,  i\')u^  trou- 
vons au  poinl  N,  déposé  sur  les  galets  plais  faisant  le  fond  de  la 
clianil»re,un  fragment  de  crâiu'  assez  nolahU^  et  trois  dents  liiniiaincs, 
près  desi|uels  nous  relevons,  au  milieu  d'une  terre  onelueuse  et 
pleine  de  charbons, une  fusaiolc  en  lerre  cuite,  un  [loinçon  en  os,  el 
divers  autres  petits  instruments  en  os,  dont  deux  sont  des  hame- 
çons, je  pense,  el  dont  trois  autres  ne  sont  autres  (|ue  des  poinles 
de  flèche,  chose  peu  surprenante  dans  une  localilc  où  le  silex  est 
lare  et  ne  se  trouve  qu'à  l'état  de  petit  galet  sur  la  grève. 

Entin,  en  0  nous  rencontions,  adossé  à  la  paioi  nord-oucîl  lie  la 
chambre  M,  un  petit  colTie,  sorte  d'urne  cinéraire,  fait  de  quatre 
pierres  posées  de  champ,  mesuianl  iiitéi  leurement  30  ceiilimèlres 
carrés,  heruiéliiiuemenl  fermé.  Apiés  en  avoir  enlevé  le  couvercle, 
nous  y  reconnaissons  un  dépôt  de  restes  incinérés. 

Ce  petit  colTrc  nous  rappelle  les  nombreuses  sépultures  de  ce 
genre  par  nous  relevées  il  y  a  ijuehiues  années  dans  le  vaste  monu- 
ment de  Pen-ar-Menez  en  Trelliagal  (Finistère),  que  nous  avons 
publié  dans  les  ilémoires  de  la  Société  d'émulation  des  Côles-du- 
iNord. 

Près  de  celte  sorte  d'urne  cinéraire,  nous  recueillons  quelques 
fragments  de  poterie  grossière,  des  percuteurs,  une  mollcite  à  con- 
casser le  blé,  et  quelques  éclats  de  silex,  parmi  les  juels  un  grat- 
toir. 

Passons  de  la  chandjre  M,  dans  la  chambre  P.  Celle-ci  est  cou- 
verte d'une  grande  tablj  de  'à"'. -20  sur  l'",!):),  affleurant  le  sol.  Celle 
chambre  a  trois  de  ses  côtés  formés  de  grands  blocs  plantés  debout 
(  n  terre  et  le  quatrième  par  une  muraille  maçonnée  à  pierres  sèches. 
Elle  est  pavée  de  larges  galets  plats,  pris  à  la  grève,  placés  sur  un 
fond  de  sable  blanc  de  carrière  ;  une  fois  vidée  elle  mesure  1  mètre 
sous  table. 

Nous  n'y  avons recuiilli  (jue  deux  grossiers  fragments  de  poterie 
ornés  d'encoches  sur  le  pourtour,  une  petite  pointe  et  un  grattoir 
en  sdcx  Sur  le  pavé  du  fond,  en  H,  était  un  assez  large  dépôt  de 
cendres  de  ti  centimètres  d'.qiaissi  ur,  dans  lequel  nous  avons  re- 
marqué de  nombreux  morceaux  de  charbon. 

Kxi'ioroiis  euliu  la  grande  chambre  semi-circulaire  .\  siluée  à 
Q^^jOd  l'ouc.'-l  de  la  précédente. 


i:xi'i.oUArio\s  Dh;  I'I.o/.i.vki    i. i'  dk  I'I.dijiiinki;.  Il» 

(li'llc  cliniiilirc,  i|iii  mcsui-c  iiil/'i  icuiu'iiii'iit  ^"",20  <~\iy  "2  mi'-lrrs,  est 
(MK'orc  en  parlic  ix'couvcrtc  (I'iiih;  I.iIiIc  de  J"','iO  sur  \"\'M),  rifllou- 
raiU  le  snl. 

(loinnic  la  pri^CHlciilc,  elle  csl  pavée  de  galets  plats  cl  iiiesuic  r",l() 
sous  laMc.  A  l'inhiiiMir  nous  n'avons  l'cievr  (jue  deux  petites 
pointes  en  silex.  Du  reste,  les  terres  intérieures  oITrenl  tous  les 
caraclèi'es  d'un  renianiemcnt. 

Si,  cette  exidoration  tcriuiiiét',  nous  jetons  un  coup  d'(r;il  sur  l'i'n- 
seml)lc  ilu  plan  du  monument  de  Saiut-Ureyel,  nous  ni'  pouvons  en 
niei'  l'oiiginalité  cl  l'importance.  Il  l'ait  supposer  h;  loni,'  stationne- 
ment sur  les  lieux  d'un  rentre  nombreux  de  populations  primitives 
(|ui,  d'apiès  noire  exploration,  commcnr  lient  à  connaître  le  bronze. 

Noire  fouille  nous  nionlie  de  plus  que  les  Romains,  établis  dans 
le  voisinage,  ont  utilisé  le  monument  (|u'ils avaient  près  d'eux  pour 
y  inhumer  leurs  morts.  Les  exemples  de  ces  inhumations  succes- 
sives ne  sont  pas  rares. 

Ne  (initions  pas  les  lieux  sans  signaler  un  marteau-hache,  percé 
d'un  trou  pour  l'emmanchement,  recueilli  en  labourant  un  champ 
voisin. 

En  terminant  le  compte  rendu  de  cette  campagne  d'explorations 
en  IMozével  l't  en  Plouhinec,  disons  de  nouveau  tout  l'intéi'î't  que 
présentent  ces  deux  communes  si  riches  en  monuments  de  la  plus 
haute  anti(|uité.  Formons  le  vœu  que  des  mesures  soient  prises 
pour  sauver  quelques-uns  d'entre  eux  d'une  destruction  toujours 
croissante. 

L'un  d'eux  surtout  mérite  bien  ce  soin.  C'est  le  colossal  dolmen  à 
galerie  qui  se  trouve  au-dessus  de  l'anse  de  Poulhan  en  Plozévet  ; 
ouille  à  une  date  inconnue,  il  sert  aujourd'hui  de  hangar  et  des 
charrettes  y  sont  remisées. 

PAUL    DU    Cil  AT  i;  LUI  !•:[{. 


UN 


SYMBOLE    RELIGIEUX 

DE    L'AGE    DU    BRONZE 


Les  |ialaiill('s  de  l'ilfie  du  bronze  ont  fourni  aux  nuisc-es  suisses  un 
certain  nombre  irobjcls  en  terre  riiiie,  en  molasse  ctu  nitlnie  en  b(li^^ 
.Mteri^^Mi)  que  les  arcbéologuesalleminds désignent  sous  le  nom  de 
Jlallmioml  (croissanlsj.  Leurs  dimensions  varient;  ceux  du  musée  do 
IJeine,  i|ui  en  possède  onze  exemplaires,  mesurent  en  liauleiir  de  la 
base  à  re»rrerorm'.s-  depuis  i  jusqu'à  9  rentiuiètres,  ei  par  excep- 
tion 1G.  L'enlrecorne  a  île  7  à  15  centimètres  de  long  et  de  1  h  ."{ 
centimètres  de  large.  Leur  base  est  aplatie  ;  (die  oITre  généralement 
peu  de  surface  et  par  conséquent  peu  de  solidité.  Sur  l'une  et  quel- 
quefois sur  les  deux  faces,  ligureu»  des  dessins  en  creux  ou  en 
relief  grossièrement  tracés.  Ces  cornes  ou  croissants  n'ont  pas  tous 
la  même  forme  ;  les  uns  représentent  exactement  le  liant  d'une  tète 
de  taure;iu  ou  de  vacbe  aux  coines  courtes  et  massives,  d'autres 
offrent  une  surlace  plane  terminée  à  ses  deux  extrémités  en  crocliels 
ou  en  bourrelets  (tif^.  1  et  2).  J'ai  d'abord  liésité  à  placei-  ces  der- 
niers dans  la  mènje  classe  que  les  autres;  mais,  en  les  comparant 
tous  dans  leur  ensemble,  on  trouve  tant  de  formes  intermédiaires 
qu'on  ne  peut  y  voir  que  des  reproductions  pinson  moins  grossières 
et  imparf  liles  du  type  original. 

Provenance.  La  plupart  des  croissants-cornes  ont  été  trouvés 
dansiez  p.dalitto  suisses  de  l'âge  du  luonze  et  dans  celles  du  lac  du 
Hourg'l;  on  en  a  découvert  un  dans  le  teitre  artilici(d  de  l'Ile  des 
Lapins  (lac  de  Bienne)  et  tiois  autres  sur  TKbersberg  (canton  de 
Zurich),   dans  les  ruines  d'habitations  de  l'âge  de  transition  de  la 


l'N  svMHdi.K  iu'i.i(;n.i\   tti:  i,  \(;k  ih    iuion/k. 


^21 


pierre  an  Itioiizn'.  (Jolasecca  dans  l'Italie  du  nord  el  |{:ivay  'di^pnr- 
temoiil  du  Noril,  eu  France)  en  oui  également  fuiirni  (pielques-niis. 


^^ 


Fig.  1. 


On  a  aussi  recueilli  par  milliers  dans  les  anciennes  tombes  é.C[yptien- 
nes  des  objets  de  cette  forme  en  jaspe  ou-  en  pierres  précieuses  de 
deux  ou  trois  renlimôlrcs  de  long  et  qui  servaient  d'amulettes. 


I ''S^ 


Jia^ù^ 


Fip.  2. 


1.  Miltfieilungrn  de  Ziiricli,  V"  Beri  ht. 


92  m  vn.  micukoluciui  i.. 

Destination.  Plusieurs  arclu'olojîues,  feu  noire  excellent  ami  Desor 
en  li^le,  onl  pn'-tiMi  lu  tjue  les  cioiss.ints-cornes  servaient  de  chevets 
aux  liâmes  (le  l'ài^'c  du  hronze  pour  |trolôt,'er  kur  coilTure  pendant 
leur  sommeil  ;  ;\  l'appui  de  celle  inler[)r6talion  on  cite  les  anciens 
rhevels  (égyptiens,  japonais  '    (les  viahotini)  et  des  iles  Fidji.  Mais 
nos    croissants    ressemldenl    à    ces    clievels    louime    le    plat    à 
barbe  donl  se   coilTail    le   chevalier  de  la    Manche    ressemble    à 
un  heaume  du  moyen  àpe,  et,  à  moins  (|u'on  ne  les  envisage  comme 
des  iiislruinents   de    loriure ,     il   faut    leur  chercher    une    autre 
desiinaiion.    Chez   plusieurs,    une   lôte    ordinaire    d'homme   ne 
pourrait  pas  s'insérer  entre  les  deux  cornes,  ilans  un  espace  de  sept 
à  neuf  cenlimètres;  hur  base  est  souvent  si  étroite  (jue  le  moindre 
mouvement  suflirail  pour  renverser  ces  prétendus  chevets.   Le  mu- 
sée de  Herne  en  possède  un  muni  de  quatre  petits  pieds  de  trois 
cenlimètres  de  haut,  trop  fragiles  pour  l'usage  iju'on  leur  sup- 
posait; l'épaisseur  de  l'enlrecorne  où  devrait  reposer  la  téîe  esl  en 
général  de  1  cenlimèlre  seulement;  ses  bords  sont  saillants,  souvent 
même  ornés  de   dentelures  en  biseau,  et  ne  portent  aucune  trace 
d'usure  ou  de  frottement;  mieux  vaudrait  leposer  la  tête  sur  le  gril 
de  saint  Laurent  que  sur  ces  prétendus  oreillers  (les  caprzzali  des 
archéologues  italiens),  et  quebjues  instants  d'essai  sufliraient  pour 
guérir  à  jamais   de  l'idée.que  ces  objets  puissent  avoir   servi   de 
chevets. 

Feu  le  D'  F.  Keller  a  compris,  je  crois,  la  véritable  deslinntion  de 
nos  croissants-cornes  en  leur  assignant  u)i  rôle  relifjiciix-,  et  ils 
oiïrenl  à  ce  titre  un  grand  intérêt  arcliéologiiiue  comme  étant  les 
seuls  emblèmes  de  culte  qu'aient  fournis  jusiiu'ici  les  palalittes.  Ce 
sont  les  modestes  représentants  danli(jues  croyances  dont  le  souvenir 
s'est  perpétué  jusiju'à  nos  jouis  sous  la  forme  tle'prali(|ues  supersti- 
tieuses et  de  magie  conjuratoire. 

Avant  ijue  les  poêles  eussent  peuplé  l'Olympe  de  tout  un  monde 
de  dieux  et  de  déesses,  les  ancimiu's  populations  asiatiques  ne  con- 
naissaient pas  d'aulre  divinité  (|ue  la  iiaturi'  crrnirire,  la  force  pro- 
ductive qui  anime  et  remplit  l'univer.^:  vkujixi  /j*/n //.s  ferrai  Ovide); 

1.  Ces  chcvcU  égypticDB  mesuicnt  enviroa  IG  cent,  en  longueur  et  10  en  hauteur, 
la  protondeur  'le  la  concavité  est  do  Hi  cent.;  les  vignettes  qui  accom|»((;ni>nt  les 
prière»  du  Livre  des  morts  rcpré.-entciit  (iue|i|uefois  une  momii!  la  tùie  nppuyOo 
»ur  Min  chevet  funèbre.  I>e  mnkourii  j.iponais,  aujourd'hui  ciutri-,  t'tait  tout  droit  et 
fait  de  bois;  le  cintrage  h;  rend  |)luh  doux  cl  on  y  placi-  d'ailleurs  un  coussin  rond 
pour  y  r<[»o»er  la  tOte  (Li-ttres  tie  St.  <li-  Vtnnn  à  Ynkuhnvia). 

2.  if W(/i«i/u/i9«n  de  Zurich,  1851. 


UN  sv.Mit  ii.K  ni:i.if;ii  r\  ni;  i.'aok  dc  ihion/k.  2'i 

mais,  par  analo^'ie  liiiinaine,  rien  ne  pouvant  naître  sans  l'union  des 
deux  principes  mâle  cl  femelle,  le  soleil  élait  pour  elles  le  symbole 
de>  sources  (le  la  vie,  Irphcdcs  fioinincs,  à  la  fois  créateur  el  dcslruc- 
teur,  rKlernel  sans  commencement  ni  lin.  Li  lune,  (|ui  reçoit  la  lu- 
niiùredu  soleil  pour  la  renvoycrà  la  terre,  se  trouvait  ainsi  associée 
;\  iiotr(>  i)laiiète  et  représentait  ave("  elle  la  puisstnire  (jni  etifjrndrr, 
tjui  produit,  sous  l'acLioii  du  soleil,  la  rcinnli'  lu  frcondilr,  \:\  mire  de 
toutes  choses. 

Le  soleil  et  la  lerre-lutie,  piinciiie  actif  et  [)riiicipe  passif,  ne 
conslituaient  ensemble  (ju'une  seule  divinité,  une  dualité  dans 
l'unité,  comme  ledit  M.  Lenormant';  aussi  les  attributs  de  l'un  sont- 
ils  (luehjuefois  transférés  à  l'autre  ou  confondus  ensemble,  l/ima- 
giiialion  des  peuples  ou  les  inventions  des  prêtres  altéra  peu  à  |icu 
ce  culte  primitif;  les  noms,  les  attributs  de  la  divinité  ont  varié 
selon  les  pays,  les  langues  et  le  temps;  le  soleil  c'est  tantôt  Haal, 
Molocb,  Hercule  ou  Helsamen  cliez  les  Assyriens  et  les  IMiéniciens, 
Jupiter  Lyca3us  cliez  les  Arcadiens-,  Saturne  on  Allique',  Mitlira 
chez  les  Perses,  Ha  chez  les  Egyptiens*;  Nam  quod  omncs  pœuedeos 
duintn.rat  quisub  rii'Iosunt  ad  Solriii  refcruiil'^.  C'est  ensuite,  pour 
la  terre-lune,  Isis,  llaior,  Cérés  chez  le>  Egyptiens'';  Astarté  en  Plié- 
nicie^;  Séléné,  Arlémis,  en  Asie  iMineure^;  Cybèle  Rliéa,  en  Syrie; 
lo  chez  les  Grecs^  Aschéra  chez  les  Canianites'",  Fîaaltis  à  Hyblos; 
Vénus  Mylitla  chez  les  Assyriens", Ops en  Attique'-,Maia  en  Italie '3. 
A  travers  ces  transformations  et  ces  variétés  de  noms  et  d'attributs, 
on  retrouve  toujours  le  culte  primitif  mais  défiguré  rendu  à  la  fois 
au  souflle  mystérieux  de  la  vie  qui  anime  le  moule  et  à  la  nature 
féconde,  à  celte  omnis  parcntis  deœ  cujusnunien  unicum  multifoniii 
specie,  ritu  rario^  nomine  multijngo,  vmeratur...  '*. 

1.  La  Miiyie,  p.  118. 

I.  I.'éiymologie  de  ce  nom  est  empruntée  au  tlième  Lut  (leucos),  qui  signifie  «  lu- 
mière >•  dans  la  langue  péiasgique  (Maury,  Reliy.  primit.  de  lu  Grèce). 

3.  Macrohe,  Sat.,  1,10. 

Il-  Ulilemann,  Egypl.,  Il,  108. 

5.  Macrube,  Sat.,  I,  18. 

G.  Diodore,  I,  11. 

7.  Mowers,  die  l'Iiœnicter,  I,  t3t!. 

8.  Hérodoie,  I,  29,  et  Maury,  Uecli.  sur  la  reliy.  des  popul.  primit.  de  la  Grèce. 

9.  Hérodote,  II. 

10.  Mowers,  die  Phœnider,  I,  5t;o. 

II.  Hérodote,  I. 

12.  Macrobe,  Snt.,  I,  10. 

13.  Id.,  I,  12. 

14.  Lucien  cité  par  Mcwers,  die  Phirnicier,],  599. 


3i  lU'.vrr.  Aiir.iiiJ.oLor.iQUF.. 

Le  laureau,  la  vache  et  lo  biMicr  ôtaionl  consarr(^s  à  relie  diviiulê 
douille,  soleil  et  liiue-lerre;  les  eornes  tie  vache  ou  la  vache  roimiif 
gr.uitle  nourricière  forni.iienl  le  symbole  spécial  de  Vonmis  parrntis 
rfrrpsous  quelque  nom  (lu'on  la  dêsiKiiAt;  le  croiss.mt  riait  confondu 
avec  le  symbole  de  la  vache  ;  Isidis  simnlarnnn  Intbiilis  privililum 
coniibns  ',  |iour  rappeler,  dil  Diodore,  l'aspecl  delà  lune  lorsqu'elle 
croll  el  aussi  parce  que  les  Kgypiiens  lui  avaient  consacré  une  va- 
che ;  dans  \c  Wv^  Véda  les  feux  célestes  sont  compar-'-^  'i  <!••<  vnrlic> 

(Maur>). 

Cl  Ce  sont  ici  tes  dieux  (le  veau  d'or),  (S  Israt'-I,  (pii  font  fait  sorlii 
du  pays  d'Egypte  »,  dit  Aaron  aux  Juifs  toujours  disposés  à  retour- 
ner à  l'ancien  culte  sémitique. 

Moloch  était  représenté  sous  la  forme  d'un  taureau  comme  em- 
blème de  force  et  de  puissance.  Hélus  figure  sur  les  cylindres  as- 
syriens avec  des  cornes  sur  la  tête  ;  Jupiter  Ammon  était  coilTé  de 
deux  cornes  de  bélier;  des  taureaux  androcéphaies  gardaient  l'en- 
trée des  palais  d«)  Ninive;  Astarté,  Ariéiiiis  el  lo  ;ï  Gaza  élaicnl  r;'- 
présenlécs  avec  des  cornes  de  taureau  ou  de  vnchr  -.  Annibal  consa- 
cra à  Junon-Arlémis  une  vachr  d'or"^  et  Crésus  des  raclirs  d'or,  i 
Ephése,  en  l'honneur  de  la  même  divinité  *.  En  Thrace,  dans  l'en- 
ceinte de  la  ville  de  Philippe,  on  voit  une  antique  sculpture  repré- 
sentant une  divinité  à  cornes.  Dans  l'île  de  Sanlaigne,  M.  Guigniaul 
signale  une  image  du '//'•(/  Luiu',  la  tète  surmontée  de  cornes'',  parmi 
les  idoles  attribuées  aux  Phéniciens.  La  mer  d'airain  de  Salomon 
consistait  en  une  cuve  ronde  avec  un  cordon  de  têtes  de  breufs  eu 
airain  et  quatre  groupes  de  trois  taureaux  chacun  comme  support"^. 
M.  Scblicmann  a  recueilli  à  Mycène  et  à  Tirynthe  un  graud  nombre 
d'idoles  en  terre  cuite  reprêseiilant  des  tètes  île  jv/c/it"."},  d'autres  en 
argent  arrr  co/nev  d'or.  IJes  monnaies  d'Euhée  portent  À  l'avers  une 
tête  de  rache.  On  ne  peut  nier  que  les  cultes  orientaux  n'aient  péné- 
tré en  Europe  el  jusqu'aux  rives  de  In  H  iltique  *"'.  —  Les  Saxons  ado- 


1.  MiniitlusFi-lix,  Oc/. 

2.  Mowcrs,  tlie  t'Iunninor,  II,  07.  Dp  \\\  lo  Rtirnom  de  Taurlqno  donti»^  A  .\rt<*mis 
(Tauriktj. 

3.  Cio'ron,  /)«?  divin.  \,  24. 
6.  Hérod.,  1,  02. 

5.  Ménard,  Vie  privée  des  ntinpn.f. 

fi.  L'auU-l  do  Sainte»  ropr«f*»cnte  un  porsonnago  acnoupiy  la  iMc  Biirmonti'n  do 
deux  corne»;  il  «m  acco»lé  do  doux  divinit»'»  formant  avec  lui  une  triade.  Dcu»  lOle» 
de  Liuroaux  ornom  In  hnso  du  hi/fRo  htir  l.;(|ncl  roposo  In  diou.  Dans  Icn  Ganlo»  plu- 
•icuni  dinmii'j.n  huni  ('•galimoni  ppnîM-nléc»  di.nn   l'altitude  hund'iltique.  M.  lier- 


UN    SYMBOLK    HKLICIKI  X    l)K    I.'aGIC    l>t'    niloNZC.  2?) 

r.iiont  sous  le  nom  (riI-Mculc,  le  soleil,  fjnem  (ira-ri  iipprllaiit  Apnl- 
lincm  '.  —  Les  Siiùves  reiidaienl  un  cuil.  ;i  Isis  s()ii>  la  ligure  d'un 
vaisseau  (in  moilum  Hhurnce)  paici;  (jue  celle-ci  était  venue  d'au- 
(Iclli  (les  mers -.  —  Les  Vriiini,  An;,'!!  et  niilres  peuples  de  la  Halli- 
(jui-,  dit  encore  Tacite,  adorent  iierla  on  Nerlliuin,  lerrdui  uiatn-m  : 
<(  Dans  une  île  de  l'Ocùan  est  un  bois   qui  lui  sert  de  temple.  On  y 

j,'ard(î   son  eliar le  prôlre   y  allèle  des   (ji'nisscs  et  le  suit  en 

grande  cérémoni(> puis  il  la  reconduit  dans  le  bois  sacré  et 

lave  le  char  dans  le  lac.  » 

Les  Grecs  promenaient  ainsi  Cybèle  sur  son  char  : 

La  mùmc  cérémonie  religieuse  se  célé!)rait  à  Rome  :  « Oiu» 

Malri  dcorum   pompai  cclebrantur et  carpentum  quo  vehitur 

siinulacrum  Almonis  undis  aldui  perhibeliir  '.  » 

Les  Germains  adoraient  aussi  le  soleil  sous  le  nom  de  Mercure  ; 
ce  dieu  est  souvent  adjoint  ;\  Maia,  Mater  Magna,  ou  ;\  Rosmerla,  sur 
li's  monuments  gallo-romains  découverts  en  France.  C'est  toujours 
l'ancien  mythe  du  principe  de  vie,  se  décomposant  m  deux  forces. 
C'est  encore,  dans  le  Nord,  Freia  (la  lune),  l'épouse  du  soleil  Frey 
ou  Oddin,  rci/nalnr  omnium^,  qui  est  aussi  le  dieu  de  la  force,  le 
Mars  des  Romains. 

Ce  mythe  primitif  s'est  peu  à  peu  altéré,  émietté;  les  rayons  éma- 
nés du  foyer  de  vie,  tiu  Créateur  universel,  se  transforment  en  au- 
linl  de  divinités  qui  ne  sont  chacune  que  la  personnitication  des 
diverses  forces  de  la  nature  :  Ita  diverses  virtutes  solis  nomiua  diis 
drdentnt  ''.  Puis  ces  mêmes  divinités  finissent  par  remplir  l'humble 
lùle  de  dieux  topiques,  de  dieux  lares  :  "  Inter  deos  pénates  posilos 
fuisse  Jovem,  Miiiervam,  Apollinem,  Neplunum  et  Cererem^  ». 

I>is,  Jiinon,  Cérès,  Démétcr,  se  confondent  avec  la  déesse  Fortune 


Iraiid  pense  que  les  divinités  figurées  dans  cette  position  et  les  cornes  qui  leur  sont 
souvent  données  comme  attributs  indiquent  >ine  influence  asiatique  due  îi  d'antiques 
relations  commerciales  établies  entre  l'Orient  et  l'Occident  (Itev.  archéol.,  1880).  — 
L'irraensul  n'était  qu'un  tronc  de  bois  consacré  au  Soleil.  —  Chez  les  Irlandais  et 
dans  le  pays  de  Galles,  on  allume  encon^  des  feux  aux  premiers  jours  de  mai  en 
l'honneur  de  Brn/'in"  ou  Beltion,  nom  corrompu  de  Bélénus.  —  f.a  colline  de  Sau- 
vabellin  à  Lau-aiine  vient  de  Sylin  Ih'lini. 
■   1.  Ciiimm,  Mijih.,  I,  91. 

2.  Tacite,  Gtrin. 

3.  Prudence,  cité  par  firiinm,  Mijtli.,  1,211. 
4    Zeuss,  die  Deutschen,  p.  27. 

5.  Macrobe,  S'it.,  18. 

6.  Arnob'  cité  dan~  Montfaucon,  I.  325. 


26  REVUE    ARCHEOLOGiyUE. 

OU  ili'o>.<i'  il'Al)(iiiil'iiiC(',  i|ui  (iovient  olle-iiu^iiu'  dî-cNse  panlhée  '. 
Hi'liis  (If  soleil)  p.ul.i^'c  le  inùine  sorl  :  Brins  forlumv  rector  (ins- 
cript, de  Vaison).  La  loire  cuite  de  Havay  [{]\^.  .'{)  dont  cliaiiue  corne 


Fig.  3. 


est  surmontée  d'une  tête  de  cheval,  animal  consacié  au  Soleil,  est 
encore  une  représentation  panthéc,  en  ce  sens  qu'elle  reproduit  à  la 
fois  les  conics-croissants  et  le  symbole  du  soleil  (la  force  active  et  la 
force  passive).  C'est  alors  qu'apparaît  cette  armée  de  Mutres  ou  deœ 
Mainte  (dérivé  de  Maia)  dont  les  noms  barlares  et  non  romains  figu- 
rent sur  les  inscriptions  :  «  Matribus  Pannoniorum,  lirittis,  etc.  »  -; 
puis  les  bonnes  déesses  Rumancha,  .Muviantincli'i,  Aufania,  Mopa- 
ler,  etc. 

Pour  les  divinités  nulles  ce  sont  :  Latoldus,  Moristagus,  Ver- 
jugodumnus,  Cernunos,  Tarvos,  Trigarannus,  coiffé  de  cornes 
comme  le  dieu  qui  ligure  sur  un  pilastre  à  Baveux.  La  généalogie  de 
ces  divinités  lopiiiues  est  peu  connue,  mais  les  bonnes  déesses,  les  Ma- 
ires, restent  toujours  comme  personnilicalion  de  la  terre  féconde, 
la  nourricière  des  hommes.  C'est  le  mylhe  primitif  venu  d'Orient  et 
répandu  dans  toute  l'Hurope  sous  des  formes  et  des  noms  divers.  Les 
sculpteurs  gallo-romains  ont  remplacé  les  cornes  de  la  bonne  déesse 
par  d'autres  attributs  rappelant  toujours  celle  même  idée  de  la  force 
productive;  ce  sont  des  corbeilles  de  fi-uits  (|u'elle  tient  sur  ses  ge- 
noux, des  chiens,  des  lapins,  animaux  renommés  pour  leur  fécon- 
dité, une  corne  d'abondance  ou  des  petits  enfants  (|u'elle  porte  dans 
sea  bras. 


1.  Haviiis.sou,  liev.  anhéol.,  t.  XXXII. 

:•.  Jiihrhurher  il^r  Alterlhuins-Frcunde  un  K/ieniifiml,  XV. 


UN    SYMBOLIC    UKLKIIKUX    DK    l.'.MiK    DU    lUlONZK.  27 

rigidiim  fora  dextora  cornu 

Dum  lenel  inl'regit  truncaque  a  fronle  revellit. 
Naides  hoc,  pomis  cl  odoro  flore  repletum 
Sacraruiil,  divesque  iiico  bona  copia  cornu  est. 

(Ovido,  Métnm.,  liv.  IX  :  Achélous). 

Mais  sous  cet  épais  fouillis  de  croyances  si  diverses  enfantées  par 
les  poètes,  l'idée  pi  imilive  continue  à  vrgélcr,  sinon  comme  religion 
oflkielle,  du  moins  coiniuc  superstition  [lopulairo,  el  l'ancien  symbole 
des  cornes  ou  de  la  tête  de  vache  s'est  maintenu  et  se  maintient  en- 
core à  travers  les  siècles,  depuis  les  temps  ubi  Tvoja  fuit  jusqu'à  nos 
jours  '.  Il  est  devenu  une  amulette  prolectrice  :  en  Elrurie  et  à 
Rome  les  jeunes  enfants  portaient  un  petit  croissant  en  or  ou  en 
bronze  suspendu  au  cou  ;  encore  du  temps  de  Macrob^lv"  siècle)  on 
avait  coutume  en  Italie  de  suspendre  l'effigie  de  Mania  [la  terre,  lu 
bonne  déesse)  à  la  porte  des  maisons  pour  conjurer  un  danger.  — 
«  Boum  capita  et  cnpita  rervecuni  immolatis  et  colitis»,  dit  aussi 

M.  Félix  aux  païens-,  —  Les  Franks:  «  bestiarum tinxere formas 

ipsasque  ut  deum  colère ^)).  —  Les  cornes  d'Astarté  sont  encore 

portées  en  or  par  les  femmes  druses.  —  Dans  les  villages  napolitains 
on  voit  des  cornes  de  vaches  ou  de  béliers  fixées  au  linteau  supérieur 
des  portes  de  maisons.  —  On  connaît  aussi  les  amulettes  napolitai- 
nes en  corail  représentant  une  main,  l'index  et  le  petit  doigt  levés 
en  forme  de  cornes  et  qui  doivent  protéger  celui  qui  les  porte  con- 
tre les  mauvais  sorts.  —  En  Savoie  les  paysans  plantent  des  cornes 
de  vache  au-dessus  de  leur  porte  d'écurie  pour  défendre  le  bétail 
contre  les  esprits  servants.  —  Les  têtes  de  vaobes  figuraient,  il  y  a 
peu  d'années,  sur  le  faite  des  vieilles  maisons  dans  les  villages  de 
rOberland  bernois,  et  le  musée  de  Berne  possède  une  de  ces  têtes 


1.  Le  fait  suivant  prouve  l'attachement  des  populations  à  leurs  vieilles  croyances: 
On  sait  que  le  cheval  était  réputé,  dans  l'antiquité,  animal  sacré.  Dans  le  Nord,  chez 
les  Esiyens,  les  Vendes,  les  Sarmates,  on  le  croyait  initié  aux  secrets  des  dieux, 
conscitts  deorum.  Après  s'être  nourri  de  sa  chair,  on  plaçait  sa  tète  au  bout  d'un 
pieu  ou  sur  le  linteau  supérieur  des  portes  de  maisons  t.t  on  lui  attribuait  des  vertus 
magiques.  Cette  coutume  s'est  conservée  dans  le  Lunebourg  et  le  Holstein  ;  or  la 
retrouve  aussi  dans  le  canton  des  Grisons  ;  là  on  voyait  encore,  il  y  a  peu  d'années, 
dans  les  villages  des  montagnes,  deux  têtes  de  chevaux  sculptées  en  bois  et  placées  en 
regard  au  faite  des  toits  de  maisons. 

2.  Octave,  28. 

3.  0.  de  Tours,  II,  10. 


2fi  liKVll.     VUr.llHM.tM.KUK. 

presque  moinitu''t»  l'ir  raclion  prolonpéo  de  h  fumée  et  du  temps. 

Pour  en  revenir  aux  lacustres,  les  stations  de  l'Age  de  la  pierre  et 
Celles  du  fer  n't»nl  jamais  fourni  de  eroissanls-cornesen  terre  ruilc; 
l'emploi  t\c  ce  frcHirliiiii  simul'icnim  était  peut-»Hre  encore  inconnu 
aux  populations  de  cette  première  «5ipo(|ue;  quant  au\  stations  de 
l'Age  du  fer,  on  serait  lentv  de  faire  coïncider  l'altsence  de  ce  symbole 
avec  l'invasion  de  In  Suisse  par  les  Helvètes,  (|ui  auraient  appoitê 
avec  eux  dans  leur  nouvelle  patrie  des  croyance-  religieuses  diffé- 
rentes; mais  les  faits  que  nous  venons  de  rappeler  démontrent  au 
contraire  la  persistance  du  vieux  culte  jusqu'à  notre  temps;  on  est 
donc  autorisé  fi  admettre,  d'après  ce  qui  se  passe  encore  aujourd'hui, 
que  de  vraies  cornes  de  vaches  ont  remplacé  vers  celte  épo(jue  les 
cornes-croissants  en  terre  cuite  et  qu'on  les  fixait  au-dessus  des  por- 
tes des  huttes  comme  on  continue  à  le  faire  dans  les  provinces  napo- 
litaines et  comme  on  le  faisait  rn  Snisf  ius(|uan  lommenccnienl  de 
ce  siècle. 

Happelons,  en  terminant,  que  les  peiiles  lunules  en  bronze  si  com- 
munes dans  les  stations  lacustres  du  second  âge  reproduisent  le 
même  mythe  et  servaient  d'amulettes  tju'on  portait  sur  soi  pour 
éloigner  les  mauvais  sorts. 

Baron   DE    BONSTETTEN. 


SYLLOGE  VOCABULORUM 

AI)  CONFKUKNDOS 
UEiMONSTUANUOSQUE  COIJICES  (ilUECOS  UTILIUM. 


RECUEIL  Dli  MOTS  l>OU!l  SKUVIH  A  LA  COLLA'IION 

BT  A  LA  DKSCUIVTIO.N    DtS   MANUSCRITS  CHECS 

{suite)  K 


IV 

CODiCIS  JAM  SCRIPTI  FATA. 

Priiiin  iiiamis. 

Manus  secunda,  (eilia,  etc. 


Corrector,  diorlLota. 

Adnotalor. 

Grammalicus. 


IV 

DESTINÉES  ULTJ'IHIELMIKS  DU 
-MANUS(,R1T. 

Première  main  (m;iin  ou  écri- 
ture du  copiste  lui-mùmc). 

Deuxième  ,  troisième . . .  main 
(main  ou  écriture  de  reviseurs, 
correcteurs,  annotateurs). 

Correcteur,  reviseur. 

Annotateur, 

Grammairien. 


Adnotalio  (in  mari^iiie  sciiiita).        Annotation  (inarginnlc). 
Adnotalio  suppletiva  (in  maryiiie      Supplément   marginal  j-établis- 
scripta   |  AJ.  sant  en  marge  des  mots  omis 

dans  le  texte). 


1.  Voir  les  numéros  de  luars-avrii,  mai-juin. 


30  Ul  VUK   AitCMIvOLOOIQUe. 

IiiscTJpiio  OU  suscriplio  posscs-      llv  lihris  (inasc.)  (inscription  ou 
soris,  «Miiploris.  soiisc'riplion     do     pos.'^es-ciir, 

d'acluleur). 
Furuiii  oxsccralio.  Imprëcalion  conlro  h  s  voleurs. 


Omissus. 

A<i(litus. 

InsiM-lus. 

Poliuni,  femifolium,  seniifo- 
liuin  (liinidi.iluin  in  rodiccMU 
j  un  coiifictuin  inscrluni. 

Seinifolium  srriplae  pa^'inae 
superindurluin  lA]. 


Omis. 

Ajoiilé. 
lus  (''IV. 

Feuille,  feuillet,  dcini-feuillcl 
inséré  après  coup. 

IMaraiii,  iiMinmé  plu-  souvent 
cttiion  Jeudiel  écrit  d'un  seul 
cùté  il  collé  sui'  une  page  re- 
vtMue  elle-inîlini'  d'écriture). 


Adscribere. 

Suprascribere. 

Infrascriberc. 

Praescribere. 

Iiitcrscribere. 

Su  perscr ibère. 

Rescribere. 

Subscribere. 

Signuiii  relativnin  [A]. 


Écrire  à  côté. 

Ecrire  au-dessus  de  la  ligne. 

—  au-dessous  de  la  ligne. 

—  devant. 

—  entre  (les  lignes). 
Ecrire  en  surcliarge. 
Repasser  à   ioncre   (des  lettres 

etVacées). 
Ecrire  au  dessous  ou  encore  h  la 

lin  du  manuscrit. 
Signe  de  renvoi,  de  référence. 


Men  liim. 

Corrigere. 

Coneclio. 

Em('n('nlio. 

Eniendare. 

Faclus  ex  [D]. 

Mutalusin[Dj. 

iJelelus. 


F.inte. 

Corriger  (un  mot  mal  copié). 

Correction  (d'un  mol  mal  copié). 

(À>rreclion  (il'un  t -Me  aliéié). 

Corriger  (un  texie  altéré). 

Fait  de... 

Cli.in^'é  en... 

Supprimé  (eiïaé  aitini'ieilemenl 
par  tout  ninycn  aulre  <]ue  l'en- 
cre ;  niiai:il  lemovrii  emp'oyô 


SVM.()(;K    Voi.AIlUl.dHUM. 


31 


Tiaiisversa  pcnnadciclus  [A]. 
Cancellaliis. 

Expiiiictiis. 

l'uiiclo  siiporiore  notalus. 

Punclo  iiifL'rioio  iiulalus. 

l'uiuiis  circumscplus. 

Elulus. 

Erasus, 

Scriplusinrasura;superscriptus      Ecrit  sur  gialtage. 

rasiirae. 
Lillerae  rcscriptao.  Lettres  repassées  à  Tencre. 


lu;  se  {Jisc(;rno  pas  facilement, 
dclclus  Imil  seul  ost  le  mot  à 
piY'férei'j. 

Hill'i''  (li'uii  seul  liait  <le  plume). 

Haie,  barré  (supprimé  au  moyen 
de  plusieurs  barres  ou  traits). 

l'oiiité  (en  signe  de  suppression). 

Pointe  en  dessus  (en  signe  de 
suppression;. 

Poinl('  en  dessous  (en  signe  de 
suppression). 

Entouré  de  points  (en  signe  de 
suppi'i'ssion). 

ElTaee  (par  l'action  de  l'eau, 
effacé  à  l'éponge  sur  un  papy- 
rus). 

Gratté. 


Signa  critica. 

Asteriscus(masc.). 
Obelus  (masc.\ 
Obelo  notare. 


Signes    critiques  (d'Aristarqne, 

par  exemple). 
Astérisque  (raasc). 
Obèle  (niasc). 
Marquer  d'un  obèle. 


Scholion  (plur.  Scholia). 


Catena. 


Interpretimentum. 


Lemma  (n.  ul.,  gen.  — aiis). 


Scliolie  (fém.)  (l'ortbograpbe 
usuelle  .*;':'o//(?  a  l'inconvénient 
diî  faire  penser  à  iyAXwj,  chan- 
son de  table ). 

Chaîne  (collection  d'auteurs  (jui 
ont  travaillé  sur  quelque  par- 
tie (ie  l'Écriture  s  linte  (Litiré). 

Notule  explicative  (courte  sclio- 
lie, soit  marginale,  soit  inler- 
linéaire,  sans  lemnic. 

Lemme  (masc.l  (mot  emprunté 
au  texte,  servant  d'en-lôte  à 


39 

Scholia  mnrf^'innlia. 
Scholia  intiTliiitaria   WD). 
—      inlenuarginalia  IWD] 

Intirmarginale  spatium  ^AJ. 


Interpobie. 

Inlorpolalor. 
Interpolalio. 


HHVL'K   AHCIIEOLOUIOLK. 

une  srliolif. 
Scholies  iiiart^'inales. 
—      iiitt'rliin'airt's 
-      iiilermar^Mnales    (sclio- 

lii's  (''Ciilt's  dans  l'cspjicc  coiii- 

prisenlie  les  scholies  iiiaii,'i- 

nales  cl  le  texte). 
Alartje   intermédiaire  ^^  compiise 

entre  les  sclioiies  marginales 

et  le  texte. 
Interpoler   (altérer   la    leron   de 

première  main). 
Interpolateur. 
Interpolation  (action  d'interpoler 

ou  encore  altération   du    fait 

d'un  interpolateur). 


Alramentum  décolora lum. 
Coloris  proprietas. 
Atramenti  proprius  color. 
Alramentum   rufum  ;   rubiginis 
speciem  refcrens. 


Encre  décolorée. 

Nuance. 

Nuance  de  l'encre. 

Encre  rousse  j  couleur  de  rouille. 


Macula. 

Maculalus  ;  maculosus. 

Squalidus. 

Umore  corruptus. 

Situ  opertus;  mucorc  corruplus. 

Igni  allaclus. 

Combuslus. 

Aduslus. 

Incisura  ^A]. 

Scishura. 

Lacer  :  laceratus. 

Incisus;  semifolinni  incisum  TAl. 


Tache. 

Taché  ;  couvert  de  taches. 

Sale. 

Endommagé  par  riiumitlilé. 

iMoisi. 

Roussi. 

lirûlé. 

Brillé  sur  les  bords. 

Kenlc  (dans  le  pajùcr);  solution 
de  continuité. 

Déchirure. 

Déchiré. 

Kcndu  ;  feuillet  fendu  (ipii  a  une 
coupure  faite  avec  un  instru- 
ment Il  anchani,  «  l  t|ue|(|iief()is 
avec  le  style  i|ui  a  servi  à  Ira- 


Ili'sareiri3  cli;ii  l.i  translucida  [A J. 


Usii  altriliis  [A]  ;  cvanidus. 
Rescriptus. 

Mi:li!ii^. 

Ab  iiiilio   iiiutilus    [Mfc]  ;     ;ict'- 

pli.'ilus. 
l)e('iiil.iiiis. 
Sfinifi'liiim    iliiiinliali.iii    siipe- 

riori'Jiifeiiort'  parle iv<"i»a  [  \]. 
Seinifoiiuiii  diiiiidialuiu  in  lali- 

lUiliiuui  [A]. 

Foliiiiii,  seniiloliiini  vi  ablaluiii. 
Semifoliuin  abscissuin. 

Foliuni,  semirolimn  abseiis. 

Foliuiii,  stMiiifoliiiiii  ab>ens,  iii- 
teniiplanumerorumserailoliis 
iiiscriploiuin  seiie  [AJ. 


Foliuui.  .seiniroliiiMi  absens,  con- 
timiata  iiibiloiiiinus  numcro- 
ruiii  seuiilol.is  iuicriploruui 
seiie  [A], 

Cii.i::s  mai  go  trudcalus  esl  ad 
dimidium. 

Cujus  mai  go  recisus  est. 

Semifolium    cui    margo  cbarla- 

ceiis  agglutioalus  esi  [A]. 
Forainen. 
Perforalus. 
Erosus. 
Adesus. 

Obrosus  ;  ciivumrosus;  ambesus. 
Anûbiuui  paniceuiu. 


SYLLOUli:    VUCAUULOIIUM.  38 

CCI-  les  li^îiios  rcctiici's). 
Hép;irL'r(iim'  (b';chiiuiT,  iirief:oii- 

piirc,  avec  du  papior  iraii>pi- 

reiit). 
Obhl.-n'. 
Kt'pas^ù  ;')  l'uncre  (par  uni!  main 

P'isltM-ieur-). 
M II  i!  lé. 
Tro  h|ué     au     comineiiceiueiil  ; 

acépliale. 
Troiiqu''  à  la  lin. 
Feuillet  dim'iiiit'  de  la  moilic  su- 

priirurc,  iiifi'rieure. 
FiiiilK'l  cou|)é  en  deux  d'i  haut 

en  bas  (ce  qui  lui  Ole  la  moitié 

de  sa  I  iri^eur). 
Feuille,  feuillel  arraché. 
Feuillet  coiipé^qu'on  a  enlevé  en 

le  coupant). 
Feuilb',  leuiliet  Mianquant. 
Feiiiliel,  l'euillel  mamiuaiit  (  !ont 

l'absence     est     attestée     par 

une    lacune  dans    la    pagina- 
tion). 
Feuille,  feuillet  minquant  (dont 

l'absence  n'est  pas  ait  stée  par 

une  lacune  dans  la  pagination). 


DoMi  11  marge  a  été  diminuée  de 
moitié. 

Dont  la  marge  a  été  coupée  après 
coup. 

Feuillet  complété  par  l'adjonc- 
tion d'une  marge  ue  papier. 

Trou. 

Troué. 

Rongé. 

Rongé  sur  les  bords. 

Roni,'é  tout  autour. 

Yrillelte  (coléoplère  qui  dévore 
les  herbiers  et  les  livres;    il 

m"  SÉHIE,  T.  II.  —   3 


34 


m  \i  I    \K(",iii:oLuGlout. 

ûiil  .h'  [iclib  Iruiis  loihis  ;iu- 
près  des(]uolo  il  laisse  de  pelils 
Ijs  (le  l^^s  line  puu>siiMv). 


.Mu>. 

Ual. 

SoroN. 

Souris. 

(k)nglulinjrt.'. 

Coller  (ensemble). 

bliilinalor. 

Colleur. 

Coiisaiviiiart';  ioii>uere. 

Coudre  (ensemble). 

Compingere  [Mfc]. 

Relier  (un  livre). 

Compaclus. 

Helié. 

Coni|acloi. 

Relieur. 

Compaclio. 

Reliure  (acîion  de  relier,". 

Compncliira. 

Reliure  (ouvrage  de  relieur;. 

nualeinio  irajectus.  Folium  lia- 

Quaternion    transposé.     Feuille 

jecluni. 

lranspo^ée. 

Folium  perverse  plicatum  ' 

A  . 

Feuille  à  leuillels  transposés  (par 
suite  d'une  erreur  de  pliage). 

Invertere  (folium  . 

Relourner(une  leuiHe  de  papier, 
de  parchemin,  etc.,  de  telle 
sorte  que  l'écriture  se  présente 
il  l'envers). 

Folium  inveisuni. 

Feuille  retournée  sens  dessu^ 
dessous. 

Imminuere,  recidere  raar 

yines. 

Rogner  les  marges. 

Inauraresecturas,  frunles. 

Uorer  les  tranches. 

Seciurac  inauratae;  piclae. 

Tranches  doiées  ;  peintes. 

Lalera. 

l'Iab. 

Lalus  sHii^trum. 

Plaldegauclie  (celuiijuiiecouvre 
le  coiiimeiicenienttlu  livre). 

LalUft  dcxlruiii. 

IMal  (le  droite  icelui  (jui  est  i  la 
lin  du  livre  . 

Terpuni  compaclurae. 

Dos  d(î  la  rcliiiic. 

Semifnlium  iiilus   a}:gluUi 

luluiu 

Feuillet  colU-  au  plat  et  a  linlé- 

■   lilen  .a;. 

rii'ur. 

SeinKoliuiii  a  compaclore 

addi- 

(Jardc  (feuillet  <|uc  l'on  met  a   la 

lum  [Aj. 

lin  et  au  commencemoMl  des 
livres). 

Semifoliuu»  a  compaclore 

addi- 

Garde  du  commencement. 

tum  ad  caput  [A]. 


>>('mi(o'ii]lM  ;i  cniiipactoie  adJi- 

liiiii  ;i  1  (mI( fin  [A], 
'r.iiiiioia    (m    iisiiin    ooiuni  qui 

non  iiiio  iiMiorc  loijuni,  sumino 

libro  iiist  rlil. 


Aiiguli  pliiatiira. 
Operiincnluni;  tcguiiienlum. 

Anpiilnrum    corapaclurae   tegu- 

iiieiita. 
Operire;  tigere. 
Cntium  ;  roriacpus. 
SiTicum  :  s»M-iceiis. 
Lignum:  lijrnius. 
Ebur  ;  oborcus. 
Titulus   ic'giiniento    codicis   in- 

sci  ipliis,  impressus. 
Otnamenli. 
Sciituin  [Du  Gange]. 
Offendii  es  (plur.  fem.) 
Clauslruin, 


SYLI-OGK   VOCvlK  I.OItLM. 

Gar  le  de  la  lin. 


35 


Sig'iet '[M'ii's  rubans  que  ifs  re- 
lu'urs  atiaclieni  a  la  Iranclu-lile 
du  liant  d"i'n  livre,  pnursirvir 
à  y  riian|iirr  un  (MidrHii  [Lii- 
tro]). 

Coriii'  (l'aile  au  coin  d'un  feuillet 
pour  tenir-  lieu  de  ^ignel). 

Enveloppe  ou  couvei  ture  (d'un 
livrci. 

Coins  (|)our  garantir  les  angles 
de  la  leliure). 

Couvrir. 

Cuir,  peau;  decuir,  de  peau. 

Soie;  de  soie. 

Bois;  de  bois. 

Ivoire  ;  d'ivoire. 

Titre  inscrit  ou  gravé  sur  la  cou- 
vertuie  d'un  manuscrit. 

Ornements. 

Écutson  (d'armoiries). 

Attaches  d'un  livre. 

Fermoir. 


Scmifolioium  noiae  numérales 

seniifuliorum  notatio. 
Pagiuarum  nolae  numérales. 


Numérolation  des  feuillets  (elle 
est  gi  néralement  très  récente). 

Pagination,  nuinéroiation  de' 
pages  (elle  est  Tort  rare). 


Medicamen.  Réacif  (appliqué    aux    palimp- 

S''4'  s). 

Infiisuni  gallarum [Codex  med.].  Infusion  de  n^ixde  galle. 

Suifiir.tuni    potassic  .m  [Codex  Sulfure  de  pota.-siuin. 

m.d.]. 

Sulfuieliim  ainmoniae  [i  I.].  Sulfliydiate  d'ammoniaque. 

Tiiuluia   Giobeitina    (cyan;ire-  Teinture  de  Giob  ni  (terrocya- 

luin  f'Trusopulabsicum)  [Codex  nure  de  polJisium). 

mid.T. 


30  HhVlK    AHCHKULUtJlgUK. 

S()lutinaci(ii  Innotoj  [Cod.  inc<l.].      Dii^Kohitinn  (!<'  timnin .  ' 


.MiMiir.i  ciim  siilfocyaiiuii'li  po- 
lis>iiM  [i«l.]  I  parle; 

ai|ii:u>  siillatao  [iil.l  XV 
paitibus; 

acidi  iiiurialici  ironiuit- 
lis  guUis. 

Yapores  aciiii  muriatiri  [id.]. 

—  aminoniai'  [id.]. 

—  sulfurili  aiiiiuoniae 

[ul.]. 


Mélange  de  :  suirocyaniiredo  po- 
tassiiiiii  (1  pariie': 
eau  pure  (15  par- 
lies); 

acide    l'hlorliydri- 
(|ue   (ijuelqucs 
goullcs). 
\'apeurs  d'acide  cliloiliydrique. 

—  d'ainmoiiiaque. 

—  de  sulfliydiale  d'ammo- 
niaiiue  (on  le»  fait  agir  lour  à 
tour  sur  le  paicheiuiu). 


Bibliopola. 
Bildiopolium. 
Bibliolheca. 
Bibliotbecaecuslos. 

—  prcef'jclus. 

Blhliolbecarius. 
Artnariuiu. 
Pluteus. 
Suti  vilro. 
Tbesaurus  [Aj. 


Calalogu> 


Libraire. 

Librairie. 

Biblioibi''que. 

Biblioibécaire. 
Id. 
M. 

Armoire. 

Pupitre  ou  é'agère  (E  C). 

En  VI  line. 

Réserve  (lieu  où  sont  mis  à  part 
les  mss.  bs  (dus  iiréciejx,  oui 
ne  sont  communiiiués  au  pu- 
blic que  niovtnnanl  lertaines 
coiidiiious  ou  formalités  spé- 
ciales). 

Catalogue. 


Codicem  inspicere  passim. 

—  exculere. 

—  dcmonstrare;?) 


Parcourir  un  niaiiuscrit. 
Examiner    à    fniid,     dé[>ouiller 

coinplétcmenl  un  manuscrii. 
Décrire  un  manuscrit  '. 


1.  ly»  tcrmei  de\cnbTe^  depingere^  effiiif/evf,  repraesentare,  nobilifare,  ne  pou- 
vant feire  •■ni()l'iy<''»  duiis  le  i>eii»  du  décrire  &  cause  di;  l'éi|iii\o(|Uf,  nous  nous  bommes 
arrête  à  deiuohttrare,  coin|iUni  sur  la  bicuvclilancu  de  nue  luciuurii  pour  nou»  uidcT 
à  trouver  uq  terme  plus  saiiïfai&aul. 


SYLLOOF    VOCABUI.OHIJM. 


n? 


Coliccin    «'xsciiliere,    tninficri-      Otpicr  un  miMii«rr'l. 

bt'ie. 
CO'licis  scripliiram   ad   verbuin      Rxi'cuUt    un»;    copie    diplnma- 


expriniere  [A] 

Chartnm  Innslijcidnm  .id  Irnii- 
scribeiidiiiii  codiocin  .idbibero 

[Al. 
Codicein  cunlViie. 
Conlaiio. 

Cotilationcm  ronlicere  [Pr.]. 
Consenlire  ciim... 


tiq  le  (copier  tcxiuellemenl  un 

iiinnnsrrii). 
Cabjucr  un  manuscril. 


r,oll:\lioniii'r'  un  m miisciit. 
Collalion. 

Exécuter  une  rollalion. 
Etre  d'accord  avec...,  donner  les 
mêmes  leçons. 


Typis  mandare. 


Typis  exprimere  [OR]. 

Typngrapliia. 

Typographinm,  oflicina  typogra- 
phie i  [A.  F.  D.]. 
T\po;hela. 
Anccdotum. 
Non'Ium  ediius. 
Publici  juns  farere. 
Priinuu),  nuuc  priinum  editus. 
EJere. 

Editer. 

Elilio. 

Ediiionis  procurator  [A]. 

Editio  codifis  scripturara  adver- 

Lum  exiiibens. 
Ediliontm  procurare  [Wcss]. 


Imprimer  (PH  parlant  de  l'auteur 
(jiii  donne  un  iris,  à  un  iniprl- 
meur). 

lm[>rimer(en  parlant  de  limpri- 
nicur). 

An  de  l'imprimerie. 

Atelier  d'iinirimcrie. 

Imprimeur. 

Texte  inédit. 

Inédit. 

Publier  (p.  ex,  un  texte  inédit). 

Pu!lié  pour  la  preniièic  foi';. 

Éditer  (l'aire  les  fiais  de  la  puldi- 

cation  d'un  livre). 
Éliieur  libraire  qui  publie  un 

livre). 
Edition. 
Auteur    d'édilion    (savant    qui 

donne  ses  soins  aune  édi  ion). 
Édition  diploniaiiqiie  (qui  donne 

tel  quel  le  texte  d'un  ms.j. 
Procurer  une  édition  (se  dit  du 

savant    qni    en    cun.^litue    le 

texte). 


.1» 


Kili  i  •  it'MMi'ii.  tiT mm,  fi'.,  pu- 

lili,  i  jnns  fncl  i. 
E  lii  0  iie.uiii  pioiMrnt.i. 
Eiilio   iUmiihi    piocuiala    iMiorc 

envn  hlior. 
E  Imo  ci  ilira. 


lU  VIM:    AUCUKdl.or.lnlF.. 

ÉdrionpublitVpniirln.lonxiiMne, 

pour  h  tr  isiv'»!!)--  foK. 
Ëliiinn  ptnriiu^'  pour  l.i  'i*  fui^. 
fMiiion  pioi'iin'-i»  pour   la  t*  fois 

Élilioii  c  ili'iiu*. 


Edilio  apparalu  criticoiiisinictn.      Édition  accompagnée  d'un  appa- 
reil Cl  iliquc. 
Loclio.  Leçon. 

Leclionis  di>crepantia.  Variante. 


ALFRED    JACOB. 


NOTICE 

SUR  UNE  REMARQUABLE  P.\RT[r,rL\niTI-;  ijfE  Plîli^^ENTE 


roUTF,    r\F,    SKRIK    HK 


MILLIAIRES  IIE  CONSTANTIN  LE  (iRA.Ml 


Il  existe  sur  la  voie  Auiéliriuic,  entre  Cimiez  {Cemenelinti),  *Jan« 
les  Alpes-Maritimes,  et  Arles,  et  peut-être  aussi  sur  la  voie  Domi- 
tienne,  entre  cette  dernièie  ville  et  Lyon,  une  série  de  milliaire'î  de 
Constantin  le  Grand  dont  les  inscriptions  sont  toujours  uniformé- 
ment incomplètes,  avec  c^Mte  particularité  que  la  p;irtie  effacée  ex- 
primait la  fili.ition  de  cet  empereur  à  l'éi^ird  de  Maximien  Ilircule, 
leiiucl,  par  son  adoption  de  Constance  Chlore,  était  devenu  le  grand- 
père  de  Constantin  et,  plus  lard,  son  beaU'-père  en  lui  faisant  épou- 
ser sa  fille  Faiista. 

Maintenant,  par  quel  motif,  ou  plutôt  à  quelle  occasion,  à  la  suite 
de  quels  événements  politiques,  Constantin,  après  avoir  fait  graver 
l'expre.ision  de  cette  filiation  sur  toute  une  -érie  de  colonnes  itiné- 
raires, se  détcrmina-t-il.  plus  tard,  à  la  faire  marteler?  Tel  est  l'ob- 
jet et  le  but  de  cette  notice. 

Nous  établirons  tcui  d'abord  que  l'expression  de  cette  lilialion  a 
réellement  été  gravée  sur  les  milliaires  dont  il  s'agit,  et  ensuite 
nous  rechercherons  la  cause  et  les  circonstances  qui  ameiiérenl 
Consianlin  à  banuir  la  mémoire  de  Maximien  Hercule  de«;  milli  lires 
sur  lesquels  il  s'en  était  précédemment  honoré. 


40  RRVUF.   ARCHF^OLOGIOl'F- 


Expression,  .<>»//"  /<■<  williuirra  tle  Con^tunliii^  ilr  1 1  filintiou  de  cet 
emptreur  envers  Mdjiwirn  Ihrnile.  son  i/raud-père  ndoptif. 

I)nn>  la  série  de  niilliiiros  que  nous  allotis  f.iiie  rnninilre,  les 
inscriptions  portent  toutes  une  niôtiie  lacune  en  trois  ou  (|u;ilre 
ligues  et,  rircoiisinnre  n'mnrijunltle,  depuis  plus  de  deux  siéilcs, 
l(;us  les  sivaiils  (|ui  oui  rlierclK^  h  couipléler  ces  itiscnptious  se 
sont  basôs  ^ur  uu  aiiire  uiilliaire  ayant  une  insi-ripliiui  prétendue 
San"*  laruiu%  ludiquée  à  (>alias.-e  [Paijus  Matiirnnici(S\,  honrg  du 
déi'aitemi'nl  du  Var  non  loin  de  nii.^'unics  et  du  Luc.  Il  représcnle 
aujour.riiui,  sur  r.mci' nue  rin  Anrelin,  la  -laliou  louiaineiie  iVtiM- 
vomo  df  l'ilitjéraire  d'Atitnuin,  et  de  Mnturnne  de  la  rarte  de  Pen- 
liuger  {a). 

Le  ludliaire  cité  existe  bien,  en  elTei,  dans  un  petit  cimetière 
nbnndoiiné,  altenmt  à  réi/lis.'  du  lieu;  mai?  son  insrriplinn  n'est  [«as 
co  iiplèle;  elle  olTie  la  uiéuie  lacune  que  celle  de  hms  I  sa-.itres  uiil- 
lia  res  le  la  série  ijue  nousconsi  lémns.  La  place  de  l'tlTaçure  est  si 
netie,  si  bu-n  polie,  et  le  re>le  de  l'inscription  est  si  profon  lémenl 
gravé,  qu'il  n'rsl  pas  possiltie  d'aliiiellrc  (pie  cette  lacune  ait  une 
CI  igine  moderne,  ipi'elli-  .soit  le  résultat  de  lusure  par  véiusié.  U'ail- 
k'ur.'^,  il  serait  vraiiiieiit  su  gulier  que  la  delerioialion  de  l'inscrip- 
tion,  si  détérioration  il  v  avait,  «'ill  porté  tout  ju>ie  sur  les  inéiues 
lignes  qui  manquent  à  tous  les  autres  uiilliaiies  de  la  série.  On  peut 
donc  se  demanier  couimeiit  il  a  pu  se  faire  qu'une  pareille  erreur 
de  fait,  î\  facile  à  éviter,  se  soil  pio|i.igre  pendant  plus  de  deuxrtnls 
ans,  soit  depuis  F.  yresc,  mon  en  1«»37,  jusiiu'a  ci-  jour?  L'inscrip- 
tion il«  ce  milli  lire,  supposée  complète,  a  été,  en  elT.I,  pul'liée  d'a- 
près la  copie  faiiiiv»'  de  Peviesc,  par  Honoré  Uouche  '.  Faliieili  2, 
Aluratori  ^  Orelli  S   !]elgit•r^  .\oyon  S  l'Almannrh  du  Var  pour 

•^fi)  Voir,  h  la  fin  du  mémoire,  doux  notes  («  ei  b). 

1.  n.sl.  lie  Pr.i.,  t.  1,  p.  120  «1  5'ia. 

2.  Imrri/it.  nntiif.,  p.  Û1.1,  h"  SJO. 

3.  T'ir  aur.   Ve'ir.,  p.  ^Ot,   ri"  î,  i-l  p.  2011,  ti°  0. 

/).  Inrn/il.  /utrinr.  Il"  10'.»3.  Mlll^  ct'i  HUKur  prt-nd  CoNSTAN'TIM  pour  (iON- 
SlAMll. 

5.  Il  "t.  i/ri  jraiifli  rh'-ni.  <!<■  i'rwp.  romain. 
0.  Stutitt.  du  l'nr. 


Mii.i.rsinrs  \)i:  (:o\<;TAMr\  i.r  ciivNtt.  41 

i«l8.  p.  t?()V,  cl  on  (Inrnipr  lien  pnr  nniinjiiclol  ',  Carlone  -,  M.  Va. 
Blanr^,  M.  Allmor*,  M.  J.-A.  Aiihnnas'*,  de.  Nous  no  nous  chArçic- 
rnns  pns  rrt'xpli(iucr  re  pll^nnIn^[l(»,  |P(|ncl  scmtilft  t<^moipner  qur'  Ifs 
savants  acceptent  vnlnnliei?  dos  trxtos  <jn  scconile  main  alors  int^mo 
que  les  moniiincnts  (iri},'iiiaux  sont  à  la  portée  de  tout  le  monde. 

La  fii^ure  l  ci-dossoiis  est  le  dessin  aussi  soigné  rpie  possl- 
itle  du  iiiilliaif  '  fie  (labasse,  que  nous  avons  relevé  le  12  octobre 
dernier.  Il  estf.irmé  parune  colonne  en  calcairede  rouleurgrisAlre, 
rompue  en  deux  tronçons  qui  s'ajustent  parfaitement  quand  on  rap- 
proche les  deux  surfaces  de  rupture.  Cis  fragments  gisaient  à  terre 
pôle-mf'^le  sur  un  ta^ile  moelio-is,  à  i|U'd'|nes  niètios  d'un  autie  frag- 
ment de  milliaire  de  Prolius,  et  dans  un  état  d'abandon  tout  à  fait 
regrettable.  Du  reste,  ces  colonnes  ne  sont  pas  les  seules  antiquités 
du  pays;  celui-ci,  au  contraire,  est  fertile  en  monuments  épiirraplii- 
ques,  dont  plusieurs  sont  assez  remarquables  (b).  On  y  trouve, 
entre  antres,  au  quartier  de  Campdumy,  le  milliaire  de  Néron  décou- 
vert, il  y  a  moins  d'un  siècle,  sur  le  territoire  de  Hngnoles,  et  que 
l'on  croyait  perdu  depuis  longtemps. 

f/expression  numérale  du  qua-itième  de  milles  romains,  qui  ter- 
mine Tinscription  du  milliaire  de  Con-tanlin  {Millia  pnssunm)  tri- 
gentil  qicituor,  fait  conn  dire  la  distance  de  Fréjus  au  [toint  où  le 
milliaire  fui  trouvé,  ou  plutiU,  à  la  position  qu'il  occupai!  autrefois 
le  long  de  la  via  Aurell'i.  La  place  frii>te,  entr.3  la  cin  |uiè ne  ligne 
de  l'insc-riplion  et  la  neuvième,  a  une  hauteur  de(r.2l.  On  fi'y  voit 
pas  la  moindre  trace  des  lettres  martelées. 

La  figure  2,  ci  dessous,  représente  le  milliaire  de  la  même  série 
situé  d  itis  l'île  S  lint-Honorat.  près  de  Cannes  (Alpes-Maiitimes),  Il 
fait  paitie  des  six  colonnes  qui  supportent  le  bddiquin  de  Vimplu- 
viîiin  de  la  grande  tour  romane. 

Ce  milliaire,  qui  provient  évidemment  de  la  voie  Aurélienno.  a 
i^jJO  de  hauteur  et  0'",40  de  diamètre.  11  est  incomplet  à  sa  partie 
inférieure,  où  les  trois  dernières  lignes  de  son  inscription  ont  disparu 


1.  Iiiscrtpt.antig.de  Nice  et  de  Cimiez,  etc.,  Mémoires  de  la  Société  nationale  des 
antiquaires  de  France,  t.  XX  de  la  nouvelle  série  X;  Pari*.  1830,  tirage  à  part, 
p.  144. 

2.  Vo  tigp^  dVpijjrapIlie,  n'  90  (sdance  fçénératfi  tenue  à  Paris,  en  1867,  par  la 
Sociélé  française  d'arclit-ol.). 

3.  Epigr.  anitq.  du  dp/i'irtement  des  A/p-'s-M'irifim''^-,  l"  partie,  p.  lin. 

û.  fiit'i.  de/nS.ciété  d'nrchéolngie  et  de  statistique  delà  Drôme,  t.  IV,  1869, 
p.  139;  et  aus^i  H'-iue  é/>igrtiph.,  n"  7,  p.  103. 
5.  Htftt.de  Fréjiis,  1881.  p.  77fi. 


\'2 


lir.VlF.   AIICHEOLOOIOIK. 


avoc  un  tronçon  de  colonne.  On  voil  qu'il  manque  encore  ici  les  trois 
lipius  qui  siiiv.iiciit  h  cin(|tiièiiii',  cl  (|iic  ci'tif  j'Hili»'  t'n  l.iciine  a  la 
mî^iiie  liauteiir,  environ,  que  sur  le  milliaro  île  Caba<;se,  soit  0"',2o. 
La  pierre  dont  il  est  formé  est  un  pranil  pris  Lilancliâlie  counne celui 


r^ 


:a 


■t- 


i>^' 


Fie-.   J. 


de  Vallauris  dont  nous  parlerons  bieniùi.  Les  cinii  autres  colonnes 
qui  rarcompa^'nent  ont  toutes  les  mêmes  dimensions  ijiie  noire  mil- 
itaire. Il  y  en  a  une  en  marbre  rose  antique,  (lt'u\  aulns  en  pnr- 
pliyre  ampliiholiiiue  pris  d.-  rF>lérel  (sorte  de  syi'uite),  tandis  que 
les  deux  dcrni-rs  spécim''n><  sont  t-n  calcaire  pris.  Du  reste,  C'-s  co- 
lonnes n'étant  incorporées  a  l'oiivrape  quccoinnn'  vieux  nialériaux. 
on  peut  les  prendre  pour  (ranfleiH  milliaires  frustes,  à  l'exi-eplion. 
Iiien  entendu,  de  celle  de  ces  colonnes  (]ui  est  en  marbre  rose. 


MiLt.nrnKs  df.  Constantin  lk  f;R\Nn, 


43 


En  oulre  ilo  ?on  in-cription  [iiimiiivi',  le  iniili.iirc  de  Snint-Honn- 
rat  en  mnli-iit  une  ;iiiir('  en  l'honneur  des  empereurs  Vnlem. 
Vnleutinianu^  el  Grn^m«M.<î,  Elle  occupe  la  p.irlie  supérieure  d»;  l.i 
colonne,  à  ^juclie  de  la  prciuière  inscription,   ra.iis  elle  est  si  peu 


Si 

ÇONS 


Echtlic  de     0,0  i  nar Mitra 
Fig.  2. 

apparente  qu'elle  avait  pa«s6  inaperçue  jusqu'ici,  à  l'exception  di' 
M.  l'M.  Blanc  qui,  dans  ces  dernu-rs  lemps,  l'a  pri<!e  pour  un  texle 
grec  '.  Quoi  ijuil  en  soii,  elle  e>t  étrangère  à  notre  sujet -. 


1.  Epigr.  untig.  fies  A/p.-Marit. ,18'S,  !>■"  partip,  p.  liS,  n^    130. 

2.  Vdici  la  lecture  dr  cette  spcoude  et    curieuse  inscription,  que   nous  considérons 
comme  inédite  ; 


[VALENTIl. 

LENTINI 

rVA]LFNTIM'AXO  . 

TI\.\0 

Que  nf^u^  rpstitiion'^  de 

rORVTIWO. 

AVGGG 

la  manière  suivante, 

AVGGG. 

....NO  HEI... 

entre  crociiels  : 

BO  NO    REIlPVnLlCAI- 

NATT 

N\T  is:. 

III 

....ill. 

41  nr.Vt'K    ARCtléOLUGIOt'K. 

Nous  Yciron*  hiontôt  que  los  inscriptions  lio  lous  Ips  inilli.iiKs 
il'unp  corl.iino  s^ri»'  du  ni^^nip  iMiiporeur  poitcnl  la  niCmc  Inruno, 
lai|U»'lle  nosaiimil  <^Iit.  évidnininctil,  que  In  irsulial  iTnn  m.irlclagft 
ofTlriel  qui  avait  l'cliapp^  jusqu'ici  .i  toutes  les  oh<t;rvations  donl  ces 
niilliaires  ont  l'ti''  rolijol. 

Qiianl.i  la  ()ii(siioii  de  savoir  ce  que  conlcii.iii  la  partie  en  lacune, 
il  est  constant  que  le  mol  NKPOTI,  ijui  csi  resté  pénér tltineiil 
vi-ihie  au  l>as  des  parties  marielées,  indii|iic  assez  (ju'il  s'agiss.ul 
de  l'empereur  .Maximieii  IT-rcule.  On  s.iit,  du  reste,  (|ue  ces  iiiscrip- 
tions  avaient  été  générajeineiil  restituées  en  se  hasanl  sur  le  t.  xte 
prétendu  compli't  du  inilliaire  de  Cahasse,  [lar  cette  foiniule: 

Dl  VI  -MAXI 

MIANI- 

AVG 

N  F.  P  O  T I  • 

Cette  restitution  a  Tavantagede  répondre  à  une  règle  bien  connue, 
consisianl  en  ce  que  les  empereurs  se  sont  généialeiiienl  honorés  et 

<'  Aux  trois  AngiistPfi.  Valons,  Valpntinien  et  Gratien,  nés  pour  le  bonheur  do  la 
république  ...  .111.  » 

A  noire  connaissance,  Conat.intio  seul  av;iit  fait  u^^apo  d'^  ctto  formule  empha- 
tique. Une  preuiière  fois  sur  une  mf'daill"  et  soim  cette  forme  :  B.  H.  P.  NAT.fMion- 
net,  De  n  rareté  ef  du  prix  fies  mértai/  es  Tomninns,  t.  Il,  p.  233J,  et  une  seconde 
fois  sur  'il  colonne  iiiiiéraire  de  Mfgles  (Ardèche),  dro'sst'e  sur  le  bord  de  la  route 
nutionale  au  hameau  du  Hont-dela-Rcauiie,  et  dont  voici  l'in-cripiion  reli;vée  par 
nous  peu  de  jours  uprè.^sa  d»5cou verte,  en  avril  1850  : 

IMP.  CAF.S.  FL.    I    VAL.  CONSTANTINO    |    PIO.  NO....  CAESARl.  C.O....  | 
AVG.  FILIO    I    BU.NO.  1U:I    |    l'VBLICAF    j    NATO. 

Notre  in»rripii'in  dos  trois  empereurs  romonto  évidemment  à  une  époque  où  ils 
ri'-giiai<-nt  ensemlilo.  Or  lo  joune  Valenljiiion  fut  pmcliinié  Aufjust»  par  son  oncio  Va- 
lens  et  son  frtre  conBaiguin  G'aiien,  qui  l'ass  ciereiii  «^  IVmi'ire  le  17  noviiniire  de 
l'an  375.  D'un  autre  côiû,  l'ustociutiun  ii  trois  cessa  le  0  aoûi  37ft  par  lu  lin  nitilheu- 
reusc  de  Valons.  C'e^t  donc  dans  les  doux  ans  ot  dix  m  .is  conijins  enin;  ces  deux 
dalfb  quo  f>ironl  pxôcuie»  sur  lu  voie  Aun-liciine  hs  travaux  aux'iucls  se  rapporin 
riiiscrijiiio  dont  il  s'unit.  Du  re.sle,  ci-t  oxonipli-  n't  f t  pas  1<'  soûl.  On  vorra  plus  loin 
ijiio, -ur  un  nutn-millii  ire  (!<•  Const.uiiin  docouvert  dans  I  K^lo^^'l,  on  irnuva  rncoro 
ono  au»re  in>>cripiion  doi.  iroin  infmes  oinpi-ri  u.n;  ci-  (|iii  nous  um^no  A  Cfilo  cmi- 
clutiion  iuAiii  ndi.e.  qiio,  sous  lo  lèfino  du  cet  Augnstos,  au  lieu  d'ôr  g- r  dos  coionnnR 
itinorairos  lo  long  des  Rrands  clioiuins  n'p.iri^s,  on  se  bornait  h  faire  (triifi-r  les  iiis- 
cripiioni  nd  /locMir  lis  colunnis  oncoro  oxistann  s  dos  précédonts  règnes. 

Citons  un  trolsiomo   oximple  :  le  béniiior  do  IV-glisc  H'KrAiiio  'Drôino)  osf  nup- 


.MlLI.IAIllKS    Uli    CÙ.NSTAMI.N    LK    tilU.ND.  4o 

glorin(>s,  sur  Ic-^  milliaircs,  de  liMir  jiliulioii  envtrs  leurs  ;iiiguste.s 
aiicôires  (liviiii-és.  Miiis,  d'iiii  ,iiili(!  ;6li',  Cflle  r6v;le  a  ici  l'iticoti- 
Vi'iiiciil  tl'ùire  cw  coiii|ili;(  désacioid  avec  la-i  évi'iicmenls  qui  se 
ra|»[ioiU'Ul  à  l.'i  iiii  ltai,'ii|iie  dtî  Maximieii.  On  sait,  en  elTi'l,  (ju'au 
mois  Le  février  de  l'an  310  cel  em|ji'i'eiir  fut  coiitraitil  par  Cons- 
lanlin  de  se  donner  la  nioit,  poui'  lu  crime  viai  ou  su[)po.sé.  d'avoir 
voulu  atienter  à  ses  jours.  Or  on  s'est  ileinandé,  si  dans  ces 
conditions,  il  était  possible  d'admettre  que  Constantin  se  .«oit  glctri- 
fié,  sur  des  coionni-s  iiinéraires,  d'être  le  pi-lii  (ils  du  divin  J/flxt- 
mien  Ainjuste.-/  «  L^n  conséijuence  de  ces  événements,  nous  dit 
M.  Minier,  on  devraii  douier  delà jusicsse  des  re«tilulions  ci-dessus 

pro[)()sées Os  r«'>iitulions  sont  cependant  certaines,  empruntées 

qu'ell.  «sont  à  ^ln^cription  d'une  borne  delà  même  roule,  encore 
exi>tanti'  dans  le  ciiiietière  de  Calias>u*.>'  On  n'ignoie  pas,  mainte- 
nant, que  ces  reshiulions  ne  sauraient  être  certaines  pour  avoir  été 
empruntée^  à  une  inscription  (lue  l'on  sait  oflVir  la  même  lacune. 
A  noire  avis,  la  vraie  dilTiculté  n'est  peut-être  pas  là,  et  il  nous 
semble  qu'elle  lé  ide  plutôidansce  qu'il  y  aurait,  sinon  d'illogique, 
du  moins  d'inusité  jusque-là,  avoir  un  empereur  se  glorllier,  sur 
les  monuments  publics,  d'être  le  pelit-lils  d'un  autre  empereur  en- 
core vivant. 


porté  par  une  colonne  iiinéraire  dédiée  à  Constance  Chlore,  sur  le  dos  de  laquelle 
on  a  gravé  cetie  seconde  inscription  : 

D.  -N.  VAL I I  BU I  NATVS. 

que  M.  Allmer  propose  de  lire:  D'^ininus  noiter  Vulentin>aniis  A'-f/uUus,  bouo 
reifiubltcœ  iiatuj.  (Bullct.  de  lu  Suciët.  d'archéul.  et  de  stultst.  de  lu  Drôme^  t.  IV, 
1869,  p.  158.) 

On  reniani liera,  dans  notre  inscription  del'ile  Saint-Honorat,  le  mot  NATT.,  écrit 
avec  deux  T.  On  sait  que  certaines  dignités  telles  que  celles  d'Auguste,  de  Ct'sar, 
de  consul,  etc.,  sVcrivaient  en  abrég-i  et  au  pluriel  :  Auyy.,  Cœss.,  C'iss.,  et  mCme 
que  le  nombre  de  consonnes  H:);iles  était  égal  à  celui  des  dignitaires,  comm»  oa  le 
voit  sur  noire  inscii|iiion,  où  l'on  a  écrit  AVGGG  Mmj/m«/o/'«»0  pour  trois  Augustes. 
Est-ce  qud  le  'loublnnent  de  la  consonne  T,  dans  l'abréviation  du  mot  tintis,  &eriiit 
ici  la  marque  du  pluriel ï  La  chose  semble  possible  quand  on  sougR  qu'il  s'agit 
d'une  inscription  d'une  facture  tout  à  fuit  barbaie.  Les  G  sont  en  caractères  cursifs 
et  en  forme  de  fiucille. 

Ain^i  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  l'auteur  de  V Epiyrafjfue  antitjue  du  dépir- 
ttmeut  des  Alpes-M trilimes  est  le«eulqui  ait  fait  mention  de  cette  seconde  inscrip- 
tion, seutemeat  il  en  fait  le  texte  grec  fiutvant  : 

«  MI...    I    HANQ    I    I    OKEI    |    AAII    |    ....II  » 

1.  Revue  épi  graphique,  n"  7,  p.  103. 


4(>  «KVUK    .\lu:ilK()L()GK»DI.. 

Toutefois.  >i  on  vnii  lii-n  ronsifliMor  que  M  ixiniii'ii  IIiMCiile  oiTie 
cet  exer-iple  presinie  unique  il'un  empereur  (|iii  csl  ilexeudu  voloii- 
I.iiitMiKMil  <!u  souverain  pouvoir  pour  »  nirer  il;ins  li  vie  privtV,  on 
conviendra  >ans  doute  t|u'en  cr  r  .s  Conslaiilin  a  Iden  pu  >'honoier 
d'iMre  le  p.  iit-lii>  dini  empereur  <\u\  venait,  eu  (|U.li|Ue  sorte,  de 
s'illiistn  r  par  sou  mépris  île  1 1  puissance  en  deseeiuliut  tlii  faite  des 
grandeurs  a  l'IiumMe  condition  d'un  simple  particulier  ',  tout  comme 
il  se  serait  gloriliê  de  sa  piété  filiale  envers  le  divin  Miximien 
Aui,'usie  êle\ê  au  ciel,  conforméiui  til  à  l'ii-afie  ùiahli  depuis  les 
premiers  temps  de  rem[dre,  si  des  rirconslances  pariiciilières 
u'élaienl  venues  ir  rencontre  de  celle  règle,  et  la  rendre,  pour  ainsi 
dire,  impos>il)le  dans  le  cas  présent. 

L'IiNpollièse  que  nous  venons  d'énoncer  nous  p.naissarit  la  seule 
plausilde,  nous  admettrons  que  la  partie  effacée  des  inscriptions  de 
nos  milliaires  devait  porter  ce  qui  suit: 

M-  AVREL •  VAL 
MAX! 
MIAN  I  •  AVG  • 
NEPOTI- 

Ce  qui  est  d'ailleurs  confirmé  par  quelques  li  aces  de  lettres  encore 
apparentes  sur  la  partie  mai  telée  du  miliiaire  de  l'île  Saint-  Honorât. 
Voici,  en  efTel,  ce  (jui  >e  voit  sur  cette;  p.irlie  de  l'inscrip  ioii:  La 
lettre  M,  de  la  preiiiiéie  li|:ne  ci-les-us,  se  devine  par  qiiel.juis 
traces  de  jambages  à  peine  visihles.  La  lettre  V,  du  mot  AVREL., 
est  tièsaipaieiite,  tandis  (jue  l'A,  qui  est  à  sa  gauche,  p-  ul  à  peine 
86  discerner.  Les  lettres  HE  du  môme  mot.sont  absolument  invisililes, 
aloiu  que  le  L  (|U'  le  termine  se  voit  sensiblement,  ainsi  que  le  pre- 
mier jambage  du  V(|ui  suit. du  mot  VAL- 

A  la  seconde  ligne,  il  n'y  a  .l'assez  bien  apparent  i|u'iiu  jambage 
droit,  qui  parait  appartenir  à  la  letlie.M. 

A  la  troisième,  quelques  traces  seiii  lent  faire  discerner  les  trois 
premières  lettres  Ml  A,  ainsi  ipie   l'I  ipii  suit  la  let  rc  N.  taudis  (pie 

1.  Aurel.  Vicl.,  De  Cm^anhuiy  XXXtX,  50.  Eutrop",  liv.  I\.  Ces  doux  coiU-m- 
norxiuh,  t-n  rai'P'Tlatil  cet  événemiMii  iii<''nin»-abl«,  conviinneiil  qu«  Dioct(*tinn,  en 
d('T"t»ani  lc&  if-n^s  du  pouverncnicni,  fUt  la  pi  8  primil»  pi-ine  à  f^ire  paring-r  sa 
n'»oliilion  ù  Muiimii'D  :  mai»  ccne  ni»i-<ionce,  l'-iaiii  d'drdrc  pur.'m'ni  privé,  ne  pou- 
vait éviULmœcni  rien  enlever  au  côié  lionoraUe  de  l'abdicaiiju  publiqur. 


MILT.IAIHKS    MK    CoNSIAMIN    1.1.    i.liWD.  17 

celle   ilerriiéro  est  absoliiiiH'Ml  invisibli-,  ;iiiisi  qiKi   !••>   lioi^  Icltrcs 
AVG,  qui  terminent  la  li^nio. 

Kiidii,  (lu  mot  NKiM)TI,  i|iii  lonii.'  la  (lualrièmc  lif,'ne,  il  n'y  a  de 
l)ieii  apparent  qi;e  la  (leniiùrc  Icllre  N.  L'IOest  à  peine  visible;  mais 
les  (|ualre  dernières  lettres  n'ont  laissé  aucnne  trace. 

Il  est  à  remarquer  (|ue  la  disposition  d(!<  lifjnes  doit  tré>  itroljable- 
mcnlôlre  variable  comme  Iciosie  de  l'inscription. 

Voici  mainleiiaiit  le  texte  restitué  du  milliaire  de  Cdjasse  ou  de 
toutaulre  de  la  série,  car,  ainsi  ((ui!  noii^  venons  de,  le  faire  oîi.ser- 
ver,  ils  ne  dilTéreiit  entre  eux  ciue  |)ar  de.  légers  détails  portant  pres- 
que uni quemeiit  sur  la  di-po.>iiion  des  liLfUes.  Les  parties  restituées 
sont  renfermées  entre  crochets  : 


IMP     CAES  . 

FL- VAL 

CONSTAN 

TINO     P     F  • 

AVG- 

IMAVREL-VAL 

MAXI 

MIANI  •  AVG-J 

NEPOTI   ' 

DIVI  •  CONS 

TANTI[I]  •  AVG  • 

PII- 

FILIO- 

XXXIIII. 


En  deliors  des  difficultés  concern mt  les  restitutions,  ces  textes 
ont  encore  été  assez  souvent  mil  i.iterprétés,  et  la  plupart  de  ceux, 
(jiii  nntaltriimé  ces  monuments  k  Cunstuntittus  Junior,  [\l<  de  Cou- 
stantinus  MiKjnus,  ont  été  induits  a  erreur  par  la  f.i(;)n  dont  estecrit, 
avec  un  seul  /,  le  génitif  de  Con<tantius,  a  la  onzième  ligne.  C'est 
ainsi  qu'au  lieu  de  lire  Constantii,  ou  a  lu  Coustaiitiiii.  Du  reste, 
voici  la  lecture  du  texte  et  sou  iuterpiélation  complète  : 

Imperatori  Cœsari  Flavio  Valerio  ConstantinopioJelici.Augusto, 


4H  UKM  E    AUCHEOLUlilgUl.. 

A/ûiT<  .4u»«/ii  Vtileni  Musiiniani  Aujunli   «t/'y//,    Ihit  Constanhi 
Auyusti,  //II,  fi  lia. 

{Millia  jinssuuni)  Irujiuta  intiituoi . 

C'i'sl-à-iiire:  Aremponiir  Ct'sai  Flavicn  Vulc'iv  Conslintiii,  [lieux, 
htiireux,  Auguste,  pciil-lil*  de  M.m:  Auièlc  V.ih-ie  Miximicn  Au- 
gu.>«le,  liis  du  divin  Coiislauce  Augiisle,  pieux.  TriDle-quaire  (luille 
pas). 

Nout'  ferons  eni  uic  nbservcr  (|uc  lus  auleuis  ijiii  ;illnliUfnt  ces 
milliainsà  Cunslanlin  le  Ji-une,  iils  de  Conslanlin  le  Grand,  coin- 
nii-llchl  une  grave  »'iri'ur ';  c;ir,  Consl.imin  élani  nuji  l  cliréiien,  son 
lil.s,  ijui  élait  î'giilenit'nt  cluélicn,  ne  l'aur.iil  pasliailij  de  divin; 
const'ijuemnit  nt,  il  s'agit  bien  ici  de  rex|iris>iun  île  l,i  piêlù  liliale 
de  C<'n>t;iiilin  le  Grand  enviis  le  ilivin  Ciiii>Uin(  e  (>lilorc,  suii  père, 
et  nulLmenl  de  Conàtantiii  11  envers  Constantin  le  Gian  i  -'. 

J.  p.   REVELI.AT. 
[La  iuite  prochainement.) 

1.  Nous  citerons,  entre  autres,  l'aiilfiir  anonyme  de  1  article  sur  les  antiquités  iu- 
séré  daus  VMiuui.ndi  ilu  deponerueut  du  Vur  \iOur  1818;  l'iiuttur  oe  VEpigr. 
anlifj.  lies  Al]>es  Mnrit.,  V>--  pariii',  p.  100,  ii"  6!t;  '2''  pariie,  p.  'J'J,  n'  175  ;  l'auteur 
de  VHistuirt  d»;  Frcjus,  1881,  p.  776. 

2.  M.  Eruesi  De>jardiiis  a  bien  voulu  nous  laire  obàervcr  que  Conuljutiiius  Magnus 
ne  fut  pas,  mali^ié  lédii  de  Milan,  cliréiien  de  fait  à  partir  df  311;  qu'il  fut  b'piisù 
trois  mois  avant  sa  mort  par  un  évoque  arien,  cl  que,  néanmoins,  il  reçut  du  sénat 
df  Hoirie  les  honneurs  de  l'apothéose  (Orelli,  110!j;  Eckhcl,  lJoc(r.  nu'nmor.  veter., 
t.  Vin,  p.  463  ;  Enirope,  liv.  X,  cli.Mii)  D'après  ci-la  on  voit  que  l'épiihète  de  divus 
conviendrait  en  toute  rigueur  à  Constantin  le  Grand;  luuleioisTéiûiDent  membre  de 
riusiitut  a  biiu  voulu  couvtiiir  que  uotrc  rai^unnL'mtnl  subsiste  tt  qi.c  uous  sommes 
daus  le  \rai. 


BULLETIN    MENSUEL 


U  I-:    I.  '  A  C  A  I)  K  M  I  K    DES     I  N  S  C  U  I  I'  T  I  U  .\  S 


SÉANCE  DU  8  JUIX. 


M.  le  pré.Miicnt  donne  IccUirc  d'une  IcKre  par  !;iqiif'Ile  M.  Paul  I.abou- 
laye  remercie  l'Acaddmie  des  rnar(iues  d'estime  cl  d'iilVccliun  qu'elle  vient 
de  donner  à  <on  pi'-re. 

L'Académie  se  forme  ensuite  en  coniilé  se  crft  pour  discuter  les  con- 
clusions du  rapport  de  la  commission  du  prix  Gobcri,  l'un  des  plus  im- 
porlanls  p;irnii  ceux  que  l'Inslitut  décerne.  Le  rapport  propose  de  niaiii- 
tenir  celle  année  encore  le  premier  prix  \  M.  Paul  Violiet,  auteur  d'un 
ouvrage  sur  les  Établissements  de  saint  Louis,  et  allribue  le  second  prix  i 
M.  Hoderioy,  pour  sa  [)ublicaiion  coinmenct'e  d'un  grand  hictimnairc 
hi^turitjur  de  la  langue  française. 

La  discussion  a  occnpr  loulo  la  séance.  SucccssivenienI ,  M.M.  Ad. 
Régnier  et  N.  de  Wailly  ont  aliaqué  les  proposiiions  de  la  commission  et 
dtMnand(^  que  le  premier  prix  fût  allribué  à  M.  Godefioy.  le  rapporlcur, 
M.  Gaston  l^ari.s,  a  vivement  défendu  ses  conclusions. 

La  séance  redevenue  pul)lique,  on  csl  allé  aux  voiv.  Seize  sulTiaLCs  se 
sont  réunis  sur  le  nom  de  M.  Godelroy;  seize  sudVages  se  sont  également 
réunis  sur  le  nom  de  M.  Paul  Violiet. 

Un  second  tour  de  scrutin  a  donné  exacleinenl  le  mOme  résultat. 

L'Académie  a  décidé  de  renvoyer  un  nouveau  vote  à  huitaine. 

SÉAiNCE  DU  13  JUIN. 

Prix  Gobert.  —  Chacun  des  concurreiils  au  premier  prix  Gol  ert  avant 
obtenu  dans  la  préoédcide  séance  un  nombre  égal  do  voix  dans  deux  scru- 
tins successifs,  on  a  dû  voter  de  nouveiu  aujourd'hui.  Sur  30  suffrages, 
M.  Frédéric  Godefroy  en  a  obtenu  10  ci  M.  P.  Violiet  17.  En  conséquence, 
M.  Godefroy  a  élô  proclamé  titulaire  du  premier  prix  Goberl.   G'est  à 

m®  siiRiE,  T.  II.  —  4 


su  HKVUR    Anr.HlvOl.or.lQUK. 

M.  Giry  qui*  le  serou-1    prix  a  ôh^  dikenu*,  pour  .^a  pul)licalioii  des  Illa- 
tlissttmnts  de  lloucu. 

Prix  Stanislas  Julien.  —  1,t  commission  rliargéf  li'iManiinor  los 
ouvrages  envoyi^s  pour  le  concours  ilu  prix  Stanisla»  Julit-n,  nprùs  avoi 
pris  contiaissamc  des  dilTi^renls  travaux  présenlt^s,  a  Am'  son  choix  sur  le 
livre  intitulé  :  l'Encre  de  Chine,  son  histoire  et  sa  fabriculiou,  d'api i^s  des 
doiumcnls  chinois,  traduits  pat  M.  Mauricr  Jameti'l,  et  lui  a  dcceriié  le 
prix  à  l'uuaniniiti^ 

M.  (ili.  lloborl  rond  compte  de  l'étal  des  fouilles  de  la  rue  de  Navarre. 
Les  ruines  ont  été  visitées  aujourd'hui,  ajoute  M.  Hoherl,  i)ar  M.  Jules 
Ferry,  accouipagné  de  la  commission  académique. 


SÉANCK  DU  '2i  JUIN. 

L'CijUVivte  archi'ologi'jue .  —  Non  loin  de  NeulVliAleau,  dans  les  Vo?pes, 
sur  le  territoire  de  «iran  (un  nom  qui  rappelle  l'Apollon  (Irannus  des 
Gauloi.-).  on  a  trouvé  depuis  lun^lenips  déjà  de  beaux  et  nombreux  restes, 
qui  attestent  l'i-xiblence  sur  ce  point  d'une  ville  florissante  sous  la  domina- 
tion romaine.  Marbres,  colonnes,  chapiteaux,  bronzes,  statues,  monnaies, 
surtout  des  monnaies  du  Haul-Krapire,  du  temps  de  Vespasiiui,  ont  été 
retirés  du  sol  et  sont  vcmis  enrichir  les  colleclions  publiques  et  privées. 

Hécemmeul  un  archéologue  du  pays,  M.  Voulot,  correspond  ml  de  la 
Société  des  antiquaires  de  France,  ayant  remarqué  que  des  cubes  blancs  et 
noirs  élaienl  mêlés  à  la  terre  en  certains  endroits,  ouvrit  une  tranchée, 
et,  à  deux  mètres  de  prorondeur,  renconira  un  pavage  en  ni(>saï(]ue.  Les 
fouilles,  qui  s'annoïKj'aient  comme  devant  être  longues,  fuient  aihe\ée8 
grûce  à  une  subvention  du  ministère  de  l'inslruction  publique.  Files  ont 
mis  au  jour  les  subslruciions  d'une  b.isilique  terminée,  comme  d'ordi- 
naire, par  un  édicule  demi-circulaire,  et  dont  l'intérieur  était  entière- 
ment recouveil  par  un  pavage  en  mosaïque. 

Ce  pavage  mf.»ure  14  mètres  12  cent,  de  large  et  dans  sa  plus  grande 
longueur  l-Smèlies.  Les  pieds  du  public  qui  venait  aux  audiences  ont 
usé  les  cubes  blancs  plus  vite  que  les  cubes  noirs,  dont  la  dureté  est 
supérieure.  Le  centre  du  monument,  où  le  public  n'avait  pas  accès  shds 
doute,  et  qui  était  peut-être  protégé  par  une  rampe,  n'a  pas  subi  cette 
usure.  On  y  \oit  un  grand  carré  aux  angles  extérieurs  duqui'l  sont  repré- 
sentés des  animaux.  L'intérieur  est  occuiié  par  (|uatre  arcades,  qui  pou- 
vaient abriter  chacune  urj  per.-onnage.  Celle  de  gauche  et  la  suivante  orjl 
seules  conservé  ces  représentations.  Dans  la  preiniùre,  on  vnit  un  homme 
debout,  [)oitunt  un  masque  en  l'orme  de  léte  de  chien  ou  de  loup.  11  a 
dans  la  main  une  houlette  et  sous  le  luas  une  cotnemu.-^e.  il  semble 
s'adrcfscr  un  deuxième  peisonnagc,  dont  il  ne  reste  plus  que  la  moitié. 


BULLKTIN    MKNSUKL    I)K    LACADRMtK    Dl-S    INSCUII'TIO.NS.  .'il 

M.  Alex.  Heilnuiil,  au  même  lomiis  qu'il  tlonnail  couitiiunicaliori  d'une 
noie  de  M.  Voulut  sur  su  découverle,  plaçait  sou»  les  yeux  de  l'Acadi^rnie 
deux  dessins  snifj;ncusemenl  cx('eul(!!S,  re()roduisant,  l'un  l'ensemble  de 
la  mo^iiniuc,  l'autre  le  giaml  carlouclie  central. 

Don  II  l'Aradfniic.  —  M™"  de  Sctirniill  el  llelniliollz,  nièces  de  M»"  de 
Midil,  eu  exrciiliou  d'une  intention  souvent  exprimée  par  leur  tante 
défunte,  viennent  d'envoyer  à  la  biblioihèque  de  l'Institut  la  correspon- 
datiee  de  F.uiriel,  qui  se  trouvait  parmi  les  papiers  de  M.  Mulil.  Celle 
corri'ypdudance  est  pi»''cieuse,  parail-il,  pour  l'hisioirc  iiltéraiie  et  .>-cien- 
tifique  du  eommi-ncement  du  siècle.  M"""  de  Schmidt  et  llflmhoilz  ont 
joint. i  leur  don  le  portrait  au  Tusain  de  Kauiiel.  par  la  maniuise  ..eCon- 
dorcet;  enfin  elles  ont  voulu  que  le>  bibliothécaires  de  l'inililut  pussent 
choisir  dans  la  bibliothèque  de  leur  oncle  le*  livres  qu'ils  jugeront  néces- 
saire d'y  prendre.  Parmi  les  papiers,  il  y  a  des  manuscrits  de  Wœpcke, 
l'historien  savant  el  consciencieux  des  mallu'maliques. 

M.  Alex.  licilrand  si;;nale  la  découverte  à  (iliardiinaou  (Tunisie)  d'une 
inscription  latine  mentiunnaiit  un  «  luèlie  de  la  province  d'Afrique  ». 

M.  Hé\ill(nii  commence  la  lecture  d'un  mémoire  sur  l'étalon  d'argent 
chez  les  Égyptiens  pendant  la  période  plolémaïque. 

M.  Hiant  est  dé^igné  pour  lire  en  séance  trimcslrieile  de  l'Instilul  son 
mémoire  sur  la  donation  d'Orviélo  et  les  établissements  latins  à  Jérusalem 
pendant  le  x*  siècle.  M.  Riant  présente  un  rapport  sur  la  publication  du 
tome  V  des  historiens  occidentaux  des  croisades. 


SÉANCE  DU  29  JUIN. 

Le  prix  biennal  de  vingt  mille  francs  est  décerné  par  l'Instilul  sur  la  pré- 
sentation d'un  candidat  faite  à  tour  de  rôle  par  chacune  des  cinq  classes. 
C'est  M.  Désiré  Nisard,  sur  la  pré.-enlalion  de  l'Académie  française,  qui  a 
obtenu  en  dernier  lieu  le  prix  biennal.  Pour  la  lioisiètne  fois,  l'Académie 
française  décernait  à  un  de  ses  membres  cette  haute  récompenîe  ; 
MM.  Thiers  et  Guizol  ont  été,  en  effet,  lauréats  du  prix  biennal.  Les  lau- 
réats de  l'Académie  des  inscriptioiis  sont  jusqu'à  celle  heure  MM.  Jules 
Opperl  et  Auguste  Mariette. 

D'ordinaire,  le  candidat  est  désigné  avant  le  commencement  de  l'été; 
rabsence  du  préndenl,  M.  Léon  lleuzev,  a  fiil  sur.-eoir  à  celte  désignation. 
Aujourd'hui,  .M.  Heuzey  est  de  retour  de  Constaniinople  cl  r.Vtadémie 
procède  à  la  nomination  d'une  commission  de  huit  membres  chargée 
d'examiner  les  litres  des  candidats.  Mais,  ici,  il  n'y  a  poinl  acte  de  caQ- 
didature  par  les  intéressés. 

Robert  de  Sorbjn,  qui  a  donné  son  nom  à  la  Sorbonne,  était,  comme 


rii  RRVUE   ARCHÉOI.OGIOUK. 

on  sait,  chapelain  (Je  sainl  Louis.  Oe  savniil  ilocteiir  a  laissé  parmi  ses 
conliMuioraiiis  nn  renum  de  lil  crli^  de  langage  et  d'indt'pciidance  de 
carnriôre  que  M.  Ilauréiu  \ioiit  de  met  lie  en  relief  daIl^  un  mt'inoirc 
qu'il  ci>m;i  uni(iue  i  lAcnilc^niie  sou-^  «e  liire;  L<-s  Vrojws  -ic  tmiltir  Hotuit 
dcSorhnn.  C'est  suiloiil  i\  Joinxilie  que  .M.  Ilaiiié.ui  oniprunie  ces  propos; 
il  V  on  a  de  vif;!,  (]c  profonds,  de  sentencieux;  presque  tous  C(»ntiennenl 
dos  allusions  aux  idées,  aux  mœurs,  aux  «Hénemenis  du  xiii'sit'cle.  I,à 
pît  le  principal  inlérî^l  du  mémoire  de  M.  Il.niiéiiu,  qui  a  obtenu  un  vif 
succùs. 

Concouia.  —  La  ct)mmission  du  piix  <lc  mmtismatique  avait  à  se  décider 
entre  trois  concurrents  d'un  grand  mérite,  MM.  Madden,  Harclay-llead 
el  IVrcy.t.nrdncr.  Klle  a  pr\rla;:é  le  prix  entre  M.  IJarclay-llead,  pour  son 
Cohut'jc  of  Bœoda,  en  m^mc  temps  que  pour  son  catalogue  des  éleclro- 
tvpcs  du  nriii>h  Muséum,  et  M.  Peicyf.  irdner  pour  son  Étude  sur  les 
monnaUn  de  Somos. 

Èpigraphie.  —  M.  Maspero  vient  de  découvrir  à  Cnpios,  sur  le  Nil,  une 
inscription  latine  considérable  el  d'un  grand  intérêt  liisloriquc.  11  en  en- 
voie un  estampage  à  l'AcarU-mie  par  l'intermédiaire  de  M.  Krncsl  Da- 
jardins.  L'inscription  donne  les  noms  des  soldats  qui  mit  construit  ou 
réparé  li  s  cilernes  de  dillérenles  stations  de  la  roule  qui,  ii  travers  le 
désert,  reliai!  le  Nil  à  la  mer  Itoiige,  allant  de  Coplos  à  Port-.le-Hérénice. 
Cette  route  n'avait  pas  moins  de  270  kilomètres  et  de  dix  stations.  Le  texte 
que  vient  de  découvrir  noire  savant  compatriote  nous  apprend,  en  outre, 
comment  on  choisissait  dans  les  légions  les  soldais  chargés  de  commander 
les  équipes  de  tiav;iilleurs. 

L'Aeadémie  a  déclaré  la  vacance  du  fauteuil  de  .M.  I.abmilaye.  L'élection 
de  son  successeur  esl  renvoyée  au  troisième  vendredi  de  novembre. 


SOClirn.;  NATION  Al, H 


DES   ANTIQUAIRES   DE    l'RANCE 


PRÉSIDENCE    DE    M.    C.    1)1' l»  I.ESSIS. 


SÉANCIC  DU  6  JUIN.» 


M.  Fro?rard  esl  r.oinmé  correspondant  ;"i  nagnÎTOs-de-Biporro. 

M.  de  Villefos>e  communique  le  lex(e  rcciiliô  de  l'inscription  de  Znmn 
(Tunisie).  I.cs  corrections  portent  sur  les  noms,  la  tilialion  et  l'étal  civil 
du  di^dicanl  ;  elles  permettent  de  faire  remonter  le  texte  au  moins  cin- 
quante ans  plus  haut  que  Tannée  211,  date  de  la  mort  de  Sévère.  La 
menlion  du  n.uninc  dHadrien  rappelle  en  outre  que  cet  empereur  avait 
élevé  Z((wu  regia  au  rang  de  colonie,  comme  l'utleste  une  inscription  de 
Home 

M.  de  Villeros?e  communique  ensuite  une  inscription  trouvée  à  Gliar- 
diniTiou  (Tunisie)  et  rtlative  à  un  sucenlos  proiinciœ  Afiicœ  qui  était  le 
supérieur  élu  de  tous  les  prêtres  de  la  province;  il  entre  dans  quelques 
détails  sur  les  charges  et  la  d'jrée  de  cette  fonction. 

M.  Alex.  Bertrand  lend  compte  de  la  nouvelle  visite  faite  aux  arènes  de  la 
rueMonge,  I/impressionaété  plus  favorable  encore  que  la  première  fois; 
il  a  été  décidé  que  M.  le  président  du  conseil  des  ministres  serait  invité  à 
venir  lui-même  se  rendre  compte  de  l'importance  hisiorique  des  arènes. 
La  majorité  des  membres  du  conseil  municipal  a  compris  l'intérêt  na- 
tional qui  militait  en  faveurde  la  conservation  d'un  monument  du  second 
siècle  de  notre  ère. 

M.  Saglio  piéscnle  l'estampage  d'une  stèle  funéraire  grecque  piovc- 
nanl  de  Cyzique  et  conservée  au  musée  Boroly  à  ."tfarseille.  Sur  l'un  des 
bas-reliefs  on  voit  un  homme  ;  près  de  lui  est  assise  une  joueuse  de  llùte. 
Dans  celte  rcprésentaiiou,  qui  fait  suite  à  un  bas-relief  où  l'on  voit  un 
homme  accoudé  sur  un  lit,  sujet  que  l'on  rencontre  si  souvent  dans  les 


54  RF.VUE    .vnCUKOI.OGIQUF,. 

monument!;  funéraires,  on  doit  poul-î'Irc  rcronnallrc  le  défunl  jouissant 
des  félicités  d'une  antre  vie.  I-c  style  des  figures  et  l'in^ctiplion  gravée 
sur  la  stèle  n-'  pi'rmoltent  pa-;  d'eri  fairo.  rem  mter  l'exéculion  plus  haut 
que  le  troisiem»  siècle  avant  Jésus-Chrir«t. 


SÉANCES  DES  13  ET  JO  JUIN. 

M. le  docteur  Plicqne  ejt  nommé  correspondant  à  Le2oux(Puy-de-nAmo). 
M.  l'abbé  Théilenat  romnumiqup  une  inscrijition  gravée  sur  un  sarcopha;;e 
conservé  au  Luc  (Var).  Cette  iuM-riplion,  assez  mutilée,  pi-ut  élie  rp>lituée 
en  partie;  elle  contient  un  vers  de  Virgile  :  (Vi.ri  e()  quem  de'iirat  mrsum 
fvii(un'i  j)crcgi). 

M.  IJerlr.iud  présente  à  la  Société  sept  léies  en  bronze  trouvées  en  1S73 
sur  le  territoire  tie  la  coiimuiie  de  la  (-ri»ix-Saini-Ouen,  à  six  kilomètres 
df  Ciimoiègu'^,  et  récemment  acquises  par  le  musée  de  Sainl-(Jermain. 
Il  incline  à  croire  qu'elles  sont  de  travail  gaulois  et  qu'elles  reuàonlent 
à  nue  époque  peu  éloignée  de  la  conquête. 

M.  Berliand  présente  en» outre  une  série  de  haclics  et  de  boucles  pro- 
venant du  déparlenietit  de  l'Aisne  et  qu'il  vient  également  d'acquérir 
pour  le'musée  de  Sainl-Geruiaiu. 

M.  .MuWil  donne  lecture  d'un  Ir.ivail  de  .M.  Sacazc  sur  deux  fragments 
d'inscription^  trouvé?  dans  la  vallée  d'Aran,  ancienne  dépendance  de  la 
civitas  Cl > nv e w ir util  ;  l'un  d'cuv  contient  le  nom  d'ilurbcrrexio,  qui  est  pro- 
baidement  celui  d'une  divinité. 

M.  Si::lio  montre  un  fngmenl  de  bijou  en  or  émaillé,  représentant 
saint  Joseph  portant  l'enfinl  Jésus.  Il  semble  que  dans  cet  ouvrage,  qni 
appartient  à  la  dernière  partie  du  xv^  siècle,  on  ait  sous  les  yeux  le  tra- 
vail d'un  sculpteur  s'-issayant  dans  un  genre  avec  lequel  il  est  peu  fami- 
liari?é  et  réussissant  tout  d'abord  dans  les  morceaux  exécutés  le  plus 
hardiment. 

M.  Iléion  de  Villefossse  communique  une  inscription  découverte  i 
riIeuchir-Bîlait  (T.inisie)  p  ir  M.  l'oinssol.  C'est  un  fragment  d'une  dédi- 
cace à.Miximus,  HIs  de  .\I  iximiims,  dont  le  texte  a  été  elVacé  en  l'année  i2f<y 
au  moment  où  le  vieux  proconsul  C.ordien  se  lit  i)roclanier  empereur. 

.M.  Il'ron  de  Villefosje  communi(iue  ensuite  l'épilaphe  d'un  cavalier 
d'une  cohorte  auxiliaire  trouvcc  récemment  i\  .\rlaines  (Aisne)  et  con- 
servée au  musée  de  .Soissons. 

SÉANCE  DU  27  JUIN. 

M.  Chabouillet  lran.«mel,  de  la  part  de  .M.  Moucbor  do  Molandon,  asso- 
cié correspondant,  un  exemplaire  (mi  bron/e  île  la  médaille  gravée  sous 


so(',[i;tk  N.MiuNAi.n  nr.s  antiolaiiiks  di:  kiiwcr.  ;>,} 

sadircclion  el  à  ses  frais,  cri  mémoire  de  la  conscrvalion  de  lu  salle  des 
thùses  de  l'ancienne  université  d'Oi  l(!'atis. 

M.  Publié  Théiienal  commuiiique,  au  nom  de  M.  Lci^im,  consul  de 
France  à  I^ivourne,  la  [iholograpliie  de  deux  cha[iilettux  hisloriés,  encas- 
trés dans  un  unir,  à  Paria.  Le  [)renii(!r  nionlri!  Jupiter  entre  deux  vic- 
toires, dont  une  lient  une  couronne,  l'antre  un  lro[iiiée  ;  sur  le  second 
on  voit  l'image  d'il  upocralc,  ég-ileinenl  placée  entre  deux  victoires. 

M.  itanié  présente  l'eniprointe  de  deux  bayucs  en  cuivre,  de  l'époque 
mérovingienne,  trouvées  à  Melle  (Poitou)  et  ornées  de  monogrammes. 

Le  Secrétaire. 

Signé:  E.  MUNTZ. 


NOUVELLES  AlU:iIKOLO(;i()llF,S 


r.T    CnllHKSI'ON  DANCK 


M.  Ollo  Piu'h«liMn,  envovt^  Hnns  le  Kiirdi«lan  pnr  l'Acadi^mie  de 

Berlin,  afin  de  vrrifior  des  indication''  fournies  par  i'ingi'nieur  Sestcr, 
vient  de  faire,  avec  ce  dernier,  une  découverte  tri^-s  itiléie?.<ante,  dont 
rend  coniple  le  raj>[>orl  présmli'  A  l'Académie  dans  sa  ?('anrf  du  10  oc- 
tobre I8S-2.  il  a  paru  dans  ses  coni|iles  renilns  (Silzu7iij^bcr.rlitr),  accom- 
pagné d'uno  carie  s-pcciale  dres>ée  par  M.  Kieperl. 

C'est  dans  l'aiicienne  Comagéne,  au  nord  de  Samosale,  entr;;  le  Tau- 
rus  et  le  coude  que  rKuphrale  fait  là  du  nord-e.«-t  au  sud-ouest,  que  ce 
monument  a  rlA  découvcit,  au  sommet  d'une  monla^^ne  appcli^e  aujour- 
d'iuii  y-vnoud'iliiijh.  i.c  Nrmrouddaiih  forme  c(.mme  le  saill  mt  mi'ridio- 
nal  d'une  longue  chuîne  parallèle  a  rKupliiale,  chaîne  qui  f.iit  paitie  du 
svstème  du  Taurus.  11  a  '2,000  moires  de  haut.  C'est  sur  le  sommet,  dont 
la  forme  a  ô[é  régularisi^e  par  des  murs  de  soutènement  qui  ont  permis  de 
ménager  de  grandes  teirasses,  que  le  roi  de  la  Comagènc,  un  Anliochus, 
fils  de  Milhridale,  s'est  con^truit,  vers  le  milieu  du  premier  siècle  avant 
noire  ère,  un  tombeau  magnihquf;  l'enciMnle  de  ce  tombeau  devait  être 
en  même  tem[)S,  dan'ssa  pensée,  un  sanctuaire  où  des  hommages  seraient 
perpétuellement  offerts  aux  dieux  qu'il  adorait  cl  aux  mdnes  de  ses  an- 
cêtres divinisés.  Des  prêtres  avaient  été  institués  par  le  roi  pour  accomplir 
ces  cérémonies,  et,  alin  que  le  culte  ne  fût  pas  exjiosé  a  s'interrompre, 
de  riches  domaines  avaient  été  assignés  à  ce  temple  pour  que  les  revenus 
lui  en  fussent  servis  à  toujours,  ("eît  ce  que  nous  apprenons  par  une 
grande  inscription  grecque  qui  a  en  tout  237  lignes  et  que  M.  l'uchstein 
a  Irés  soigneusement  l^an^crile. 

11  doit  exister,  sous  les  décombres,  des  caveaux  qui  n'uni  pas  encore 
été  retrouvés;  ce  que  décrit  le  voyageur,  ce  sont  les  ligures  colossales  qui 
décoraient  la  terrasse.  Là,  comme  dans  les  noms  des  dieux  auxquels  est 
consacré  ce  sanctuaire,  il  y  a  partout  la  trace  d'un  singulier  syncrétisme, 
l'armi  ces  dieux  on  trouve  Zcus  Oromaz  les  et  Apollon  Mithras;ce  piince 
qui  s'intilulc,  dans  le  préambule  de  son  inscription,  l'Iiilillciw  et  l'hiluro- 
maiûs,  et  qui  avait  pour  mère  uim;  princers'"  du  sang  des  Séleucides,  c'c»l« 


NOUVKI.LKS    AnCHKOl.Of.lOUKS.  fî7 

à-dirc  maci'duiiicnnc,  tienl,  comme  le  ^ui^aicnl  vciB  le  m^mc  lerniis  les 
rois  (le  Pont,  à  passer  pour  le  descendant  des  anciens  rois  de  l'orsc. 
Parmi  les  statues  colossales  de  se>  ancClres  qu'il  a  dressée»  sur  la  terrasse 
figurent  elles  dt;  Dirius  (ils  d'Hyslaspe  et  de  X(!r\è3.  di'8ij?ui'es  et  par 
leur  coutume  orient;il  et  par  le  nom  qui  y  est  iiisciil.  Mc^me  ru''lange 
dans  la  p'aslique.  Si  l'eM-rulion  est  greciiue  et  porte  la  marque  du  stylo 
de  l'époque,  les  moiùles  que  l'on  s'est  altaclié  à  imiter  sont  ceux  que 
fournissait  l'art  asiatique  d'autrefois.  Sans  les  inscriptions  grecques  par- 
tout prodi^'uées,  ici  et  datis  les  sculptures  rupeslres  que  M.  Puclisleiii  a 
rencoiitri''es  sur  plusieurs  auties  points  de  la  ni«îme  ri'^;ion.  ou  aurait,  au 
moins  à  distance  et  avant  un  examen  allenlifdu  faire,  l'illusion  d'œuvres 
analoj,'ue3  au  guerrier  de  Nymphi,aux  fiyures  de  la  Cappadoco,  A  celles  de 
Badian,  de  M  ilthaï  ei  de  Persépolis  ou  de  IJisouloun.  Les  Achéménides 
étaient  alors  fort  à  la  niode;  des  dynasties  comme  celles  de  Sinope  cl  de 
Saniosate  croyaient  se  \ieilliret  se  donner  plus  de  prestige  en  s'attachant 
à  remonler  ;iu-delà  de  la  conquête  macédonienne;  Alexandre  et  .-es  lieu- 
tenants ne  leur  paraissaient  pas  d'a'sez  nobles  ancêtres. 

La  trace  de  cette  même  préoccupation  se  retrouve  jusque  dans  les  fiy^u- 
res  décoratives.  Chacune  des  rangées  de  ces  images  d'ancrlre?  se  termi- 
nait d'un  Pôle  par  un  lion  assis  et  de  l'autre  par  im  aigle  debout. 

Nous  bomraes  heureux  d'apprendre  que  M.  Piichslein,  accompagné  d'un 
des>inalcur,  e-t  reparti  pour  faire  un  relevé  plus  compb-t  du  monument 
et  des  autres  monuments  du  môme  art  et  du  même  goût  qu'il  a  aperçus 
dans  cette  région.  11  rapportera  de  ce  voya;.e  les  éléments  d'un  curieux 
chapitre  de  l'histoire  de  l'art  grec.  Il  sera  amusant  de  voir,  sur  des  dessins 
exacts,  commentdes  élév(  s  des  écoles  de  Rhodes  et  d'Antiuche  s'y  sont  pris 
pour  composer,  alin  de  :-aii>faire  une  fantaisie  royale,  ces  pastiches  de  l'an- 
cien art  assyro-persan.  Les  textes  recueillis  ne  manqueront  pas  non  plus 
de  beaucoup  ajouter  au  peu  que  nous  savons  de  l'histoire  politique  et  du 
mouvement  des  idées  dans  ces  royaumes  qui  formaient  alors  comme  la 
nianbe  frontière  du  monde  hellénique. 

Le  rapport  du  1)^  Puchstein  est  accompagné  de  deux  planches.  L'une 
est  une  carte  de  la  Coniagénc  dressée  par  M.  Kiepeit  sur  les  notes  rap- 
portées par  les  voyageurs;  l'autre  est  un  plan  de  l'ensemble  des  cons- 
tructions de  iNimroud-dagh,  levé  pir  i\L  Puchsiein.  G.  P. 

L'Institut   archéologique  américain  a  tenu  sa  séance  annuelle  à 

Boston  le  19  mai.  On  a  reçu  des  renseignements  très  encourageants  sur 
les  recherches  que  poursuivent  les  missionnaires  de  rinsiiii.1  à  .Mexico  et 
dans  l'Amérique  centrale,  et  parliculièiement  sur  les  travaux  de  l'expé- 
dilion  d'A^sos,  qui  touchent  maintenant  à  leur  tin.  Les  lerniéres  fouilles 
ont  été  faites  dans  la  rue  des  fombeaux  ;  on  y  a  découvert  beau-oupde  sar- 
cophages qui  n'avaient  jamais  été  ouverts,  dans  lesquels  oui  été  recueillis 
nombre  de  peiils  objets  d'un  grand  intérêt,  particulièrement  quelques 


:i8  nFVL'F.  AncHitnt.or.iQUF.. 

tri^s  belles  lerros  cuites  archaï'iiies  et  des  va-^os  do  verro  Toit  l>ien  con- 
servie»:.  Ces  objets  serotil  donn(^s  au  inusi'o  de»  Hoston. 

I.n  séance  auniiello  (lu  comilt^  diii*("leiir  île  ri'icole  nmt^iicnine 
d'Aihùups  s'est  tenue  le  tni'ine  jour  A  l'.ainluiilge.  On  a  cnnslati^  l'auiimen- 
talion  du  Tonds  destint*  à  l'entrelien  de  ['«^colc,  et  reçu  \cs  meilleures  nou- 
vellfs  des  iMude?  et  des  explorations  entreprises  par  les  six  jeunes 
gens  qui  représentent  ;\  Athènes  l'iiutilulion  n'cemuient  cn'ée. 

Nor.s  sonames  benrcux  de  voir  (juc  les  héritiers  de  M.  Ambroise 

Kirmin-nidot  n'ont  pas  abandonné  la  pensée  de  continuer  et  d'achever  la 
grande  Hiltliotliéque  grecque-latine  qui  a  fait  tant  d'honiieur  ;\  leur 
maison.  C(  tte  bibliothèque  vient  de  b'augnienler  d'un  nouveau  volume, 
le  premier  du  PtoUmrc  que  préparait  depuis  longtemps  le  savant  édi- 
teurs des  Vetit^  géographes  et  des  Fragments  des  Jdîtoriens  grecs,  Charles 
MùUer.  Ce  volume  contient  les  trois  premiers  livres  de  Plulémée;  1rs  pro- 
légomènes par  lesquels  il  doit  s'ouvrir  seront  donnés  plus  tard,  à  la  fin 
de  la  publication;  celle-ci  sera  accompagnée  d'un  atlas,  qui  fera  le  troi- 
sième volume.  Nous  ne  pouvons,  pour  le  moment,  que  signaler  l'abon- 
dance du  oommentaire,  qui  occupe  partout  les  deux  tiers  ou  les  trois 
quarts  de  la  page.  Toute  la  géographie  de  l'autiquilé  est  l;\,  résumée  et 
discutée  dans  les  noies  savantes  et  précises  de  M.  Cli.  .Mûller.  Comme  pour 
les  petits  géographes,  l'éditeur  a  renoncé  ici  au  plan  suivi  dans  les  autres 
volumes  de  la  Bibliothèque  ;  il  donne  une  annotation  perpétuelle,  ciiti- 
que  et  historique,  du  texte  qu'il  a  entrepris  de  publier. 

Dans  deux  articles  de  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  M.  Arthur  Rhône 

a  présenté  le  Récit  de  la  trouvaille  des  moniics  royales  de  Deir  cl  Dahari,  à 
Thébes,  faite  en  1^81  par  M.  Maspero.  On  sent  partout,  dans  cette  relation, 
une  connaissance  et  un  amour  des  choses  de  l'Egypte  qui  n'étonnent 
point  chez  l'anai  eiranciencompagnonde  Mariette;  leslyle  est  vif  et  coloré; 
de  fidèles  dessins,  tous  faits  d'après  nature,  accompagnent  la  description. 
Quand  M.  Hhôné  nous  donnera-t-il  la  seconde  partie,  depuis  longtemps 
prûu)ise,  de  son  Egypte  à  petites  journées? 

__ —  M.  C.ozzadini,  qui  a  déjà  rendu  tant  de  services  à  la  science,  vient 
de  décrire,  dans  un  mémoire  publiépar  l'Académiedes  Lincei  (IS82-1883), 
d'intéressants  nionumenls  trouvés  non  loin  de  Bologne,  sur  le  cours  du 
Heno.  Son  mémoire,  qu'accompagnent  deux  plancbes  exécutées  eu  pho- 
totypie,  a  pour  titre  :  J)t  due  statuette  ctrusche  e  di  tuia  iscrizione  etrusca^ 
dissotttrrate  nell' Apamino  bologncse.  L'auteur  insiste  surlout  sur  trois  sta- 
tuettes fie  bronze,  qui  lui  paraissent  votives  et  qu'il  décrit  avec  beaucoup 
de  précision  ;  il  reproduit  une  inscription  étrusque  trouvée  au  même 
en'Jioit,  et  il  on  discute  le  sens;  il  se  demande  enlin,  après  avoir  rappelé 


NOUVKM.RS   AnCMKOLOGlQURS.  59 

la  fn^iiuonce  des  dt^couverlcs  faites  en  cnl  ftidroit,  si  la  liant*;  valli'n  du 
Uciio  n'aurait  [las  été  le  si(''gc  d'une  Iiicninnriie  étrusque.  <I.   I'. 

Lt!  22  mai?,  jiur  do  la  naissance  do  l'empereur,  M,  Kmes!  ('ur- 

tius  a  prononcé  dans  l'AuIa  de  l'Université,  4  Borlin,  un  discours  où  l'on 
retrouve  toute  son  aijondancc  d'idées  et  sa  hauteur  di-  vues.  O  discours 
a  [tour  titre  :  Lca  ^irccs  comim:  maitri'i  de  la  colonisali'm.  F^'occasion  ne 
comportait  ni  longs  développements  ni  noies  savanles  ;  m^iis  c'est  une 
juste  et  brillante  esquisse. 

.M.  Auguste  Choisy,  inî^éiiienr  des  ponts  et  cliiussées,  déjà  cormu 

par  ses  rocheiches.s'tr  l'Art  de  hatir  chez  tes  Romnlns^  vient  de  donner  un 
intéres^sant  e-^sai  de  reconslruclion  d'un  monument  alhi'-nien  d'après  une 
inscription  découverte  l'an  dernier  à  Atht''nes.  Son  travail  a  pour  titre  : 
Études  sur  l'architecture  rjrerr/ue.  Première  Hwle.  L'Arsenal  du  Virée  d'après 
le  devis  oriijinal des  travaux.  (In-i",  librairie  de  la  Société  anonyme  de  pu- 
blications péiiodiquoï;  deux  planche.^  gravées  en  taille  douce.) 

M.  Choisy  commence  par  fiire  ressortir  dans  une  courte  notice  l'im- 
portance de  l'inscription  récemment  découverte  et  il  indique  les  travaux 
auxquels  file  a  déjà  donné  lieu;  il  montre  de  quelle  réputation  jouissait, 
dans  l'antiquité,  le  monument  qu'il  a  entrepris  de  restaurer;  il  précise 
ensuite,  par  une  traduction  aussi  fidèle  que  possihln,  le  sens  littéral  du 
devis  qui  est,  dit-il,  «  ce  que  no;)s  appellerions  un  devis  descriptif,  devis 
qui  fut  expliqué  en  public  à  la  manièredes  affiches  de  nos  adjudications  ». 
Des  lettres  insérées  dans  le  texte  de  cette  description  renvoient  aux  mem- 
bres de  la  restitution  graphique  que  M.  Choisy  a  présentée  dans  les  deux 
planches  jointes  à  son  travail. 

La  seconde  partie  est  intitulée  :  Étude  des  dispositions  techniques.  L'au- 
teur y  définit  l'édifice,  qui  est  «  à  la  fois  une  promenade  publique  et  un 
arsenal  ».  Nous  ne  pouvons  que  renvoyer  à  cette  description,  qui,  éclai- 
rée par  les  planches,  est  d'une  limpidité  et  d'une  sûreté  parfaites.  La 
troisième  partie,  les  Proportions,  est  particulièrement  curieuse  ;^elle  abou- 
tit à  établir  ce  que  M.  Choisy  appelle  la  loi  des  rapports  si'nples;  elle  s'a- 
dresse surtout  aux  gens  du  métier;  elle  est  expliquée  d'ailleurs  par  un 
diagramme  inséré  dans  le  texte.  Le  travail  se  termine  par  la  liste  des  mots 
techniques  dont  le  sens  est  expliqué  ou  précisé  par  l'inscription. 

G.   P. 

Nous  apprenons  au  dernier  moment  que  le  Conseil  municipal  de 

Paris  vient  de  voter  l'acquisition  des  Arènes  de  Lutèce.  Nous  ne  pouvons 
que  l'en  féliciter  vivement. 


ciir.oxioui':  ivoiuent 


I.os  fouilles  de  Pergaine  ont  recommencr  sous  l.i  diroctidn  do 

M.  I»(din,  qui  a  iU'j;\  pib  part  aii\  premières  cainpajînos,  et  do  M.  l-'altriciiis, 
un  nouvel  arrivé,  bien  connu  par  ses  puMicaiions  de  documents 
tîpigrapliiques  relatifs  à  l'aichiieclure  grecque.  Au  mois  d'aviil,  sur  le 
désir  exprimé  par  M.  Conze,  M.  Muinann  est  allé  passer  huit  jours  ù 
l»eri;ame,  pour  mettre  en  train  les  travaux  d'exploration  qu'il  a  dirigés  si 
longtemps  a\ec  tant  d'énergie  et  de  sucrés.  L'inratitiahle  ingénieur,  à 
peinerevenuàSmyrne,  s'est  embarqué  le  30  avril  pour  la  Comagéne  avec 
M.  Puchstein,  dont  le  dépari  avait  été  retardé  jusqu'alors  par  une  maladie 
assez  séiieuse.  Les  deux  voyageurs  ont  appris,  non  sans  surprise,  qu'ils 
auraient  pour  compagnons  de  voyage  le  directeur  du  musée  de  Constan- 
linopie,  llaradi-H.  y,  et  un  sculpteur  ollomun  nommé  Oskan.  ll;iuuli-lU'y, 
qui  monire  pour  l'arciu-olùgie  uti  vi'rilable  enlliousiasuie  de  néupiiyle, 
était  ai  rivé  à  Smyrne  quehiues  jours  auparavant,  pour  faire  connailre  à 
M.  Hum»nn  la  décision  du  ministre  de  l'instruction  publique  qui  le  cliar- 
geail  de  prendre  part  à  l'expédition  de  Comagéne.  Jusqu'à  présent,  les 
archéologues  étrangers  faisant  les  fouilles  en  Turquie  étaient  seuls  placés 
sous  la  surveillance  dun  commissaire  ottoman;  il  parait  qu'aujourd'hui  le 
gouvernement  turc  réclame  aussi  sa  part  dans  l'honneur  des  di  couvertes 
sans  fouilles,  et  dé^ire  que  .'^es  agents  ne  soient  pas  devancés  par  les  Kuro- 
péens  dans  l'exploration  des  monuments  encore  inconnus  que  renferment 
les  parties  iiuxpluiées  de  l'empire.  Les  archéologues  n'ont  pas  à  s'en 
pla,ndre  :  accompagnés  d'un  haut  lonclionnuire  turc,  ils  ne  feront  peut- 
être  pas  de  plus  belles  découvertes,  mais  ils  trouveront  meill  ur  accueil 
auprès  des  populations  et  ne  risqueront  plus  de  mourir  de  faim  ni  de 
coucher  à  la  belle  étoile.  Leur  amour-propre  de  savants  n'a  pas  lieu  non 
plus  de  s'alarmer,  car  l'honneur  des  trouvailles  archéologiijues  appar- 
tient moins  a  celui  (lui  les  fait  qu'à  celui  qui  les  comprend  et  les  fait 
comprendri". 

Ilamdi-lk-y  a  quitté  Smyrne  le  27  avril,  trois  juuro  avant  .M.  Ilumaiiu, 
pour  aller  l'attendre  à  S'iklschii-yùm,  i  quarante  kilomètres  à  roue>l 
à'Aintab.  M.  Ilumanu  l'y  a  rejoint,  avec  M.  l'uchaoin,  au  conimcucemcnt 


ciiiioMuL'i;  i)'()iiii:.NT.  ^>i 

du  mois  de  tuai.  A  l'iieiue  où  nous  rcrivous,  l'exploralion  du  .NiiiiKiini- 
Dagh  csi  sans  doute  achi!V<''e  et  les  moulages  des  statues  colossales  du 
rucnuruenl  d'Anliochus  soûl  en  roule  pour  le  musée  de  Herlin.  l/empe- 
reur  d'Allemagne  a  donne'-  3;»,()0(»  marcs  sur  son  fonds  disponible  (Dispo- 
siliounfvrKts),  pour  lucilidïr  celle  entreprise,  qui  marquera  une  dalu 
mémorable  dan^  l'iiisloire  de  l'arcbi'oiogic  en  Asie  Mineure. 

Une  partie  pii-scjuc  inconnue  de  la  Cippadoci;,   la  (^ataonie,  a  616 

visilée  en  1882  par  M.  Karolidis  de  Smyrne  et  par  M.  Ilaïusay  accompajjné 
de  Sir  (Charles  Wilson,  alors  con<ul  militaire  auf^lais  en  Analolie.  \'.n 
1881,  un  arlisle  français,  M.  Claylon ,  avait  panouru  la  (jlicicî  et  la 
Cataonie.  <t,  l)ieu  que  le  but  de  son  voyage  ne  fût  nullement  arcli.5ologiiiue, 
il  avait  copié  un  certain  nombre  d'inscriptions  dont  il  fit  part  à  M.  Wad- 
dinglon.  M.  Karoliiis,  le  premier,  a  publié  les  résultats  de  son  voynge, 
précédés  d'une  étude  bisiorique  et  elhnoyrajihique,  aux  frais  de  l'Kcole 
évangélique  de  Smyrne  :  Ta  Ko;xava  xot'i  rà  Èpsiria  aÙTÔiv,  OttÔ  II.  Kaoo- 
Xt'ûou ,  £V  'AO/iVai;,  1882.  IMougsTov  xoti  ptêXtoOïiy.-/]  EùayYeX'.xr,;  ay/Ar,^. 
Presque  en  même  temps,  M.  Hamsay,  de  passaj.'e  à  Paris,  remettait  i 
M.  Waddiugton  les  inscriplions  copiés  par  Sir  Charles  Wilson  et  lui  dans 
la  même  contiée,  et  M.  Wa(ldinL,'ton  Its  faisait  connaîlrc  dans  le  BulUdin 
de  corrcspiiiidance  hcllcniijuc,  t8S3,  page  l2o  (février).  Comme  les  copies  de 
M.  Karolidis  sont  très  défeclueu.ses,  il  est  fort  heureux  que  MM.  Claylon, 
Ramsay  et  Wilsoa  aient  copié  de  leur  côté,  et  très  bien  copié,  les  inscrip- 
tions des  environs  de  Comana.  Quaire  textes  seulement,  qui  ne  paraissent 
importants  ni  l'un  ni  l'autre,  ne  sont  indiqués  que  par  .M.  Karolidis;  ce 
sont  :  un  fragment  de  si\  lignes  i  Sihhiiiar  (Ta  Ivo;xavx,  p.  ol);  une  ligne 
à  Tauldtt^'oun,  prés  de  Kaisarièh  (p.  OU),  trois  lignes  £v  t-Tj  xcoar,  'AprriT^' 
Tou  KoTTcJE  {ibid.),  et  un  petit  fragment  dans  la  mûme  localité.  Il  est  tout 
à  fait  impossible  de  tirer  un  sens  ni  même  un  son  quelconque  des  carac- 
tères qu'a  reproduiis  M.  Karolidis;  il  avoue  lui-même  ne  pas  pouvoir 
reconnaître  «  si  ces  iusciiplions  sont  en  grec  ou  en  cappadocien  ><.  A  dcuv 
ou  trois  exceptions  prés,  les  lexies  qu'il  a  publiés  sont  illisibles  cl  il  faut 
véritablement  admirer  ia  perspicacité  de  .M.  Aristide  Fonlrier,  de  Smyrne, 
qui  a  réussi,  dans  un  appendice  au  livre  de  .M.  Karolidis,  à  restituer  par 
conjecture,  et  presque  toujours  avec  bonheur,  les  textes  qui  portent  les 
n»^  lo,27,  14,  1-2,  9,  0,  il,  1,  23,  19  dans  la  publication  de  M.  Waddiugton. 
Tourmenté  par  ce  que  Crimm  appelait  «  lo  démon  de  l'étymologie  », 
-M.  Karolidis  s'est  longuement  appliqué  à  interpréter  un  texte  de  cinq  lignes 
gravé  sur  une  gemme  découverte,  à  ce  qu'où  lui  a  dit,  dans  le  péribolc 
du  temple  de  Comana.  Comme  la  pierre  gravée  est  aujourd'hui  en  sa 
possession,  ce  texte  n'a  pas  été  copié  par  .M.M.  Hamsay  et  Clayton,  qui 
n'ont  d'ailleurs  rien  perdu  pour  l'ignorer.  Cal  une  inscription  gnoslique 
que  M.  Karolidis  transcrit  ainsi  :  lavacoa  —  ctaopa/Oiaa  —  iXa-Aaia  — 
(îau.ata(ïa  —  FEKZ.K  —  AEVE.  11  y  reconnaît  «  un  spécimen  unique  jus- 
qu'à présent  de  la  langue  aryenne  parlée  en  Cappadoce  avant  que  le  grec 


62  nKME    ARCIlkOLOGIOUK. 

ne  pri'-vali^t  dins  ('(>  pays  ».  Il  est  iiuiiilc  do  s'arii^ler  à  son  inlcrprtMalion, 
doui  l'ioi«'t.  l'oit  l'i  CiiiMiusuiil  roiiriii  les  l'-liMnent*,  el  pour  Inquelle  il  fait 
entrer  en  li^no  dos  mots  sansiMiig,  ziMids,  t^rois,  lalinsel  intînii-  celtiques. 
Kn  vi^rili^,  ca  n'est  ni  du  cippadDcien,  ni  de  l'aryen  ,  ni  aucune  autre 
langue;  ce  n'est  pas  non  plus  un  texte  unique.  Je  pcssi''«ie  une  cornaline 
aciielée  ù  Smyrne,  sur  laquelle  on  lit  :  atxv«/6x  —  ajxoca/Ot  — TaXaçta;»  — 
6auai«H«,  plus  d.^ux  mots  sur  le  revers  qui  ne  pourraietil  î^ire  rcproduils 
qu'en  fac-similé.  Il  me  semble  avoir  vu  ailleurs  encore  des  pierres  gnos- 
tiques  portant  ;\  peu  près  la  mc^nie  formule.  Si  nous  sommes  entré  dans 
cette  explication,  c'est  de  crainte  qu'on  ne  cherche  à  restituer  par  con- 
jecture le  texte  de  la  pierre  de  M.  Karolidis;  sa  transcription  parait  assez 
fidèle,  mais  elle  ne  sit;nitie  ri<  n. 

Le  \ériial)Ie  mérite  de  l'ouvripe  du  professeur  de  Smyrne  consiste  dans 
la  description  trùs  minutieuse,  sinon  toujours  claire,  qu'il  fait  d'S  luines 
de  t'.omana  [Char)  el  du  t.'mple  de  la  Déesse  ISicéphorc,  Knyo  ou  .Ma.  Co- 
mana  de  f.appadoce,  comme  le  montrent  plusieurs  inscriptions,  portail  à 
l'époque  impériale  le  nom  de  //(éni/-o/ts,  de  mâme  que  l'autre  (lomana, 
dans  le  I*ont,  s  appelait  Ilicrocrsarce.  M.  Karolidis  a  appris  des  indigènes 
que  la  moiitatzne  dommaul  les  ruines  s'appelle  encore  Roo^EVEx-Tere, 
et  l'ideniitîe  avec  le  Kouavôv  opo;  que  Pholius  place,  il  est  vrai,  près  de 
Comana  dans  le  l'ont.  Le  temple,  don!  plusieurs  colonnes  sont  encore 
debout,  serait,  suivant  M.  Karolidés,  d'ordre  dorique  et  d  un  style  très 
ancien,  àvâ;iLt;i;  'EÀ~Ar,vi)C7;;  xai  'AîiaTix/,?  Ts'/vr,;.  Au-dessous  s'étendaient 
de  va^les  souierrains  qu'il  n'a  d'ailleurs  pas  eu  moyen  d'explorer.  Les 
colonnes,  formées  de  trois  ou  quatre  tambours,  ont  0"',00  de  diamètre 
el  4™,'<0  de  haut.  M.  Karolidis  signale  les  ruines  de  deux  autres  Icinplcs, 
une  porte  colossale  avec  des  montants  monolithes  hauls  de  cinq  mètres, 
el  un  jjiand  (hé.llre,  OîaToov  u.EYaÀorcEzi;.  Il  serait  fort  à  dé^irer  que  ces 
ruines  inlére.-sanles,  hier  encore  tout  à  fait  inconnues,  fujsent  explorées 
avec  soin;  la  description  de  .M.  Karolidis  éveille  la  curiosité  plutôt  qu'elle 
ne  la  satisfait,  car  la  connaissance  de  l'architecture  grecque  lui  fait  mal- 
heureusement défaut. 

Dans  quelques  lignes  que  la  l'hiluloiji'ivhe  Woclun^chnft  du  Ui  juin  con- 
sacre à  ce  hvre,  on  lit  que  »  la  di  e.-se  Dnze  était  idenlitiée  à  l'AIhéné 
grecque».  Otte  assertion  ^e  fonde  sur  une  inscription  «le  Comana  (Wad- 
dinuton,  u°  13)  où  il  est  fait  mention  d'une  femme  'AOT.vaî;  i^rÎTou  y)  xai 
Bâî^Ei;.  .M.  Waddington  sc  contente  de  dire  que  celte  femtne  portait  un 
nom  grec  au-si  bien  qu'un  nom  calaonieii.  Il  e^t  peut-être  imprudent  d'af- 
firmeraiilre  cliosc,  puistjue  nous  n'avons  am  une  contwiissaiice  de  la  déesse 
orientale  appelée  It.izé.  l'ne  \ilie  de,  Ba^i';,  aux  environ>  de  Tyane  en 
Cappa  loce,  est  mentionnée  par  Pioléméc  il'>,  0,  l.s).  M.  Karolidis,  de  son 
c<Mé,  cède  à  son  goût  pour  l'élymoloyie  m  rapprocliant  Bàî^ti;  d'une  ra- 
cine z'ri'le  signillanl  «  >aciilicr  »,  avec  latjuelle  ce  nom  propre  n'a  aucun 
rapport. 

Li  première  pailie  du  li\ie  de  M.  Karolidis  a  pour  but  d'élaldir  l'idcn- 


cilUo.NJgUK  b'oiaii.M.  O.'j 

tit("  ilii  nom  ilo  lu  Calaotii»;  ot  de  culiii  des  llillilusou  Klu'tas;  les  à;xOaove; 

'AiOîotte;  d'Il'iint'Tt!  uur.iieiil  6l6  dos  Iliilitcs  ég.ilcnieiil,  halùtatit  ixm  pas 
l'LlIiiopie,  iniiis  la  dippadoce.  Nuiis  n'eut rc.runs  pas  darn  la  disoussioti  de 
celle  eihiiographie  aventureuse.  Depuis  les  dôcouverles  de  MM.  Sayc^'  et 
Dennis,  que  M.  NVel?er  a  f.iit  eoniiaUre  au  publie  suiyriiiole,  on  enlend 
parler  de.-  HitliliîS  pirloiil,  ju.-qiie  dans  les  i-afés  d';  Siuyrnc;  chacun  s'e»t 
fait  son  opinion  au  sujet  de  ce  pcupltî  mystérieux,  et  l'un  ne  [icul  en  vou- 
loir à  M.  Karolidis  de  noua  avoir  lait  connaiire  la  sienne. 

Nous  avons  décrit,   dans  une  piécédente  chronique,  deux   grands 

sarcophages  en  terre  culte  découverts  à  Clazomène  et  transportés  par 
S.  K.  llarndi-l{i'y  à  (lonslanlinople.  Le  luuit  (]uo  l'on  a  fait  autour  de  cesob- 
jets  a  naliirt'lleinenl  déterminé  les  habilanlà  à  continuer  leurs  recherciics, 
et  il  n'y  aurait  piis  lieu  de  s'en  plaindre,  si  la  fune>te  loi  des  antiquilcs 
n'avait  pour  résultat  inévitable  de  faire  mutiler  ou  détruire  ce  qu'on  dé- 
couvre de  plus  précieu.x.  Nous  savons  de  source  certaine  qu'un  sarco- 
phape  plus  beau  encore  que  les  deux  premiers  a  été  trouvé  à  Vourla,  qu'on 
l'a  bri'ié  tn  murccaiij:  iiour  le  vendre  en  détail  à  Siuyrne,  et  que  le  gouverne- 
ment local,  informé  de  la  chose,  n'a  pu  confisquer  que  des  fragments  in- 
complets cl  impos-ibles  à  réunir.  Quelque  surveillance  que  l'on  exer(  c, 
il  en  sera  toujours  ainsi  :  le  musée  de  Consîanlinople  ne  peut  avoir  un 
représentant  dans  clia(]!ie  villafje  de  l'Asie  Mineure,  un  facliotmaire  au 
pied  de  chaque  ruine.  ilamdi-Hey  est  tro[>  intelligent  pour  ne  pas  lecnoi- 
premlrc,  pour  ne  pas  reconnaître  que  son  activité,  ses  voy  :ges  môme, 
rendront  toujours  moins  de  servivcs  à  l'archéologie  que  la  loi  des  antiquités 
ne  lui  causera  de  dommages.  D'autre  part,  on  nous  signale  des  actes  de 
vandalisme  qui  n'ont  [uûme  pas  pour  excuse  l'absurdité  d'une  loi  prohi- 
bitive. L'Autriche -Hongrie,  ayant  obtenu  un  firman  pour  Lagiria,  a 
envoyé  un  ingénieur  sur  les  lieux  pour  estimer  la  dépense  à  laquelle 
pourraient  s'élever  les  fouilles  et  le  temps  qu'il  faudrait  y  consacrer.  Pen- 
dant une  absence  de  cet  ingénieur,  un  Turc  a  brisé  en  mille  morceaux 
une  statue  d'Apollon  complètement  intacte,  !a  tête  d'un  guerrier  en 
armure  et  la  moitié  d'une  statue  de  femme.  M.  IJenndorf,  qui  doit  fouiller 
à  Lagina  en  automne,  perdra  son  temps  s'il  veut  convaincre  les  Turcs 
que  les  statues  de  marbre  ne  contiennent  pas  d'or  i  l'intérieur.  On  ne 
saura  jamais  combien  de  monuments  6gurés  sont  tombés  victimes  de  cette 
croyance  absurde  et  de  la  loi  non  moins  absurde  promulguée  en  1874. 

M.  B.iltazzi  nous  a  communiqué  une  copie  du  journal  de  ses  fouilles 

en  Eolide  et  divers  renseignements  d'un  grand  intérêt  que  nous  donne- 
rons dans  notre  prO(  haine  Clivûn'que.  Pour  le  moment,  la  ^écheresbe  du 
sol  a  forcé  d'interrompre  les  travaux  ;  M.  haltuzzi  est  j)arli  pour  Assos, 
où  il  doit  procéder  au  paitage  des  antiquités  découveites  par  l'expédition 
américaine  de  1882. 

\.'Éphcméris    d'Athènes    annonce    que,  «sur    la   proposition   de 


('•i  HKVl'K    ARC.MK.OI.or.IOUE. 

M.  Ki'Ucnrl.  iliioi  Iciip  do  l'Kcolf' fiaiiçaisc,  le  ministère  do  l'instturlion 
piibluiiu»  »  Il  France  aurait  di'criMé  (jiie  riHinIo  du  j;rt'C  moderne  scrnit 
ohlif^atttiro  dans  tous  los  lyn't's  Trançais  ».  I.e  Missainv  d'AtInncs  du 
'.>  jnin  r«'prodnil  celte  nouvelle,  on  ^onliait<int  qu'elle  se  confirme. 
L'Eph(ni&is  a  M  niysliHi^e  ;  les  «Mudcs  grecques  sont  bien  assez  malades 
en  France  sans  qu'on  leur  porte  le  coup  de  gr;\ce  par  l'introduction  du 
romaïquo  dans  les  classes.  Si  la  connaissance  du  ^rec  ancien  facilite 
l'acqui.-ilinn  du  piec  ruL'aire,  la  n'ciproqne  n'est  a>.-urémenl  pas  vraie, 
car  laGrt^cc  coinpii'rait  alors  les  plus  t:rand>  liellénisics  ilc  riùirope.  Inutile 
d'ajouter  que  la  proposition  dont  parle  VEphémria  n'a  pas  l'ié  laite  et 
qu'il  est  fort  improlialdo  qu'tlle  le  soit  j.unais. 

D'apri'S  rl'lsTi'ot  du  17  juin,  M.  Cavvadias,  en  cnniinuant  ses  fouilles 

i\  Kj'idaure,  a  déblavi'  le  temple  dorique  d  Ksculape.  Il  a  découvert  dix 
t«îtes  de  lions  ayant  servi  de  gargouilles,  deux  si  iluesaci^phales  d'Ksculape 
et  une  li'Hygie,  une  statue  virile  fx-volo  à  Esculapc?),  enfin  des  frag- 
ments d'une  C.entauromachic.  —  La  Société  française  du  l.aurium  a  d«î- 
couveri  vingt-neuf  vases  de  style  primitif  qui  or.l  été  [ilacés  dans  la  salle 
de  la  direi  lion. 

La  PAi  o/oj/j'sc/ic  Woc/ic/>sc/i;*j// annonce  encore  que  M.  Aut.  Miliarakis 
est  parti  jiour  AmorgdS  et  los,  eu  vue  de  continuer  son  utile  ou\rage  sur 
les  Cyclades  (•«  KuxXâStxct,  ISTÎ;. 

Le  Musée  du  Louvre  vient  d'acquérir  une  collection  de  cinquante 

terres  cuites  provenant  presque  toutes  de  Myrina,  où  elles  o:»t  peut-être 
été  découvertes  par  les  paysans  antéricuremeiil  aux  fouilles  de  l'Ecole 
française.  Comme  ces  terres  cuites  sont  restées  en  dépAI  chez  nous  pen- 
dant deux  mois,  nousavons  pu  bs  étudier  avec  le  s :)in  qu'elles  méritent. 
La  plus  belle  est  un  granil  danseur  analogue  ;\  celui  qui  a  Clé  puMié  par 
le  Dulklin  de  cor respow lance  hellénùjui',  I.  VI,  pi.  VIII.  mais  d'une  conser- 
vation encore  meilleure.  D'autres  soiit  des  iniiialions  ésidenles  des  figu- 
rines de  Tanagre,  dont  elles  reproduisent  mûme  la  plinihe  uuiincie,  tandis 
que  les  ^gu^ine^  asiali(|ues  sont  génér.jlenienl  poi^6es  sur  de.-;  socles.  Une 
grande  terre  cuite,  reiiié^viilaiil  inic  Vénus  nue  avec  un  vase  à  côté  d'elle, 
est  signée  sur  le  rexcrs  ANTICCTIOY,  u'im  qui  «loit  élre  «ijoulé  à  ceux 
dont  la  liste  a  été  donnée  par  iM.  Poliier  et  moi  {Unllelin  de  vuncsp.  hcllén., 
l.  VII,  p.  20i).  No;is  avons  vu  à  Paris  une  aulie  slutuelte  de  même 
pri.\r:.ntMe,  que  le  Louvre  n'a  jias  acquise  et  qui  pJirle  la  signature 
léPHNOC,  i\']\  connue  par  plu>ieurs  ligurines  signalées  dans  le  Uni- 
té tin. 

SALO.MON    mCi.N.VCH. 


FEMMK  TENANT  CN  SERPENT 

IUS-11EIJI]F  GALLO-nOMAIN 

nficouvKirr  a  xkiîtigny  (VOsges)  lt  dkposé 

AU    MUSÉIi    D'KPINAL 


Les  travaux  de  culture  ont  récemment  mis  au  jour  à  Xertigny 
(Vosges)  une  stèle  gallo-romaine  représentant  une  femme  ijui  tient 
un  serpent  (pi.  XVII).  Le  lieu  de  la  découverte  estplacé  dans  un  petit 
massif  monlagiieux  entre  Epinal  et  la  frontière  sud  du  département  : 
ce  massif  élait  traversé  i)ar  une  voie  romaine  conduisant  de  Saint- 
Loup  à  Arches,  roule  que  j'ai  mentionnée  ailleurs  ' ,  et  bordée  par 
deux  autres  voies,  d'Arciies  à  Uzcmain  et  d'Arches  à  Luxeuil. 
D'après  la  carte  publiée  dans  les  Ammles  de  la  Société  d'émulation 
des  Vosges  par  son  regretté  président,  le  savant  M.  Maud'heux.  il 
aurait  existé  une  autre  voie  très  voisine,  communiquant  entre 
Viomènil  el  les  abords  de  La  Chapelle,  et  passant  au  «  Pont  des 
Fées».  Quoique  je  ne  puisse  affirmer  l'existence  de  celle  der- 
nière, j'ai  montré,  dans  nos  Annales'',  que  ce  soi-disant  Pont 
des  Fées,  magnilique  chaussée  en  grand  appareil  romain,  n'était 
autre  chose  qu'un  travail  d'art  dcsiiné  à  une  voie  ancienne.  A 
deux  cents  pas  dudit  «Pont»  a  été  exhumée,  au  commencement  du 
siècle,  une  statue  de  déesse-mère,  déposée  au  musée  d'Éidnal,  tra- 
vaillée tout  à  fait  dans  le  môme  style  el  avec  la  môme  facture  que 
le  sujet  dont  nous  allons  nous  occuper,  à  tel  point  que  le  môme  artiste 
aurait  pu  élre  l'auteur  des  deux  sculptures.  Tout  ce  massif  a  fourni 
des  antiquités  de  celle  époque  reculée.  Au  siècle  dernier  déjà,  dom 

1.  Annales  de  la  Société  d'rmutudon  des  Vosges,  année  1882,  page  376.  Reclier» 
cbes  arcliéolot-'iques  aux  environs  d'Arciies  en  1882. 

2.  Année  1881,  p.  24't. 

m*  SÉIIIE,  T.  II.  —  5 


l>()  HKVtK   AHCHàOLOGlyLK. 

('aluni  nou<  pailo  do  (liv(M-.s  slaluos  cl  bas-rolii*fs  exhumés  sur  le 
li'iriluiii'  (If  Xi'ili^îiiy,  el  iloiit  iijusieurs  au  moins,  ou  peul  le  con- 
jeclurer,  (juoique  lo  loul  soit  perdu,  paraissent  avoir  représenté 
lies  divinilés. 

Tout  réromment  encore,  j'ai  constaté  rexistcnce  au  bois  d'ilar- 
saull,  conire  une  voie  précitée,  et  au  Clerjus  *,  d'ustensiles  en  pierre 
inconnus  jusqu'ici  et  (|Ut'je  pense  être  des  meules  gauloises  destinées 
à  liioyer  les  graines oléai,'ineuses.  l'n  de  nosmailtcs  en  archéologie, 
M.  Alexandre  Bertrand,  qui  »  ii  a  vu  des  spécimens  au  Musée  des 
Vosges,  lésa  trouvées  fort  intéressantes  et  dignes  d'être  connues di'S 
savants.  Tout  nouvellement  aussi,  les  travaux  du  canal  ont  donné 
lieu  à  l'exhumation  d'une  stèle  d'époque  gallo-mérovingienne,  1res 
curieuse,  ;\  deux  kilomètres  de  l'emplacement  où  l'on  a  exhumé 
la  sculpture  (jue  nous  allons  décrire. 

Celle-ci  a  été  tirée  d'un  champ  iju'il  serait  très  utile  de  fouiller, 
car  il  présente  des  débiis  de  pierre  de  taille,  tout  prés  de  deux  em- 
placements nommés  Putegney  et  le  Champ  des  Saints.  Il  y  sourd 
une  source  et  on  y  a  reconnu  un  ancien  puits  et  des  fragments  de 
bas-reliefs  dont  l'un  orne  encoie  une  porte  au  hameau  de  Hasey.  La 
stèle  est  taillée  en  assez  haut  relief  dans  un  bloc  de  grès  bigarré  pris 
sur  les  lieux.  L'œuvre  est  composée  des  trois  quarts  d'une  ligure  en 
pied,  dont  le  bas  n'a  pas  été  retrouvé.  Bien  que  brisée  en  deux  par 
dis  travaux  d'extraction,  elle  laisse  à  peine  voir  le  joint,  et  la  fraî- 
cheur du  coup  de  pointJ  et  du  coup  de  ciseau  de  l'artiste  tient  à  ce 
que  la  partie  sculptée  était  en  dessous.  Elle  est  d'une  conservation 
parfaite  pour  la  tête  et  n'a  perdu  iju'une  faible  partie  de  la  diaperie, 
très  facile  à  reconstituer.  L'exécution  est  simple,  large  et  satisfai- 
sante pour  la  bonne  époipie  romaine  ^  la(iuclle  cette  sculpture  paraît 
remonter.  Mlle  a  conservé  une  hauteur  de  O^^HH  sur  une  largeur 
de  0'°,44;  elle  représente  une  femme  d'une  quarantaine  d'années,  à 
l'air  grave  sans  être  sévère.  Le  per.sonnagc  est  vêtu  d'une  ample 
tuni(jue  à  larges  manches,  montant  jusiju'au  cou,  dépourvue  de  cein- 
ture ;  la  tunique  est  en  majeure  partie  couverte  d'une  sorte  de  large 
manteau  dessinant  un  grand  nombre  de  plis  et  enveloppant  dans 
un  long  ovale  la  télé  et  les  mains,  placées  ensemble  sous  la  poitrine. 
Ces  mains  tiennent,  comme  nous  l'avons  dit,  mais  sans  l'élreindre,  un 
serpent  replié,  dont  la  tète,  ramenée  en  avant,  regarde  les|)ectateur. 
La  femme  est  debout,  la  lèle  légèrement  lenversée  en  arrière,  comme 

1.  La  commune  du  Clerjus  louclic  &  celle  do  Xcrtigny. 


HAS-flELIKP   GALLO-HOMAIN.  <)7 

dans  l'altiludo  de  la  conleinpialion.  La  face  est  encadrée  d'une  vaste 
chevelure,  dont  les  nicV^lies  tr»Ys  ondulées,  li'uno  faron  des  plus  ori- 
ginales, ligurent  assez  bien,  soit  par  hasard,  soit  pir  une  intention  de 
symiiolisme,  les  replis  d'un  reptile'.  Le  profil  olTre  un  {,'all)e  si  par- 
ticulier (|ue  l'auteur  avait  peut-(Mreeu  en  vue  de  reproiluire  un  mo- 
dèle typique  de  (|uel(iue  artiste  d'une  (''po(jue  antérieure.  Comme  dans 
nombre  de  statues  grecques,  le  front  fait  suite  au  nez,  qui  est  droit 
et  peu  saillant;  la  bouche  est  très  petite;  il  en  est  de  môme  des 
yeux.  Le  visage  est  arrondi  et  un  peu  joufllu,  le  cou  épais;  mais 
le  caractère  le  plus  tranché,  c'est  la  saillie  très  exagérée  du  menton 
divisé  par  une  fossette.  Il  y  a  une  grande  ressemblance  entre  le 
menton  et  la  petite  bouche  de  ce  personnage  et  ceux  d'une  ligure 
publiée  par  Montfaucon-.  C'est  l'Isis  de  la  gemme  qu'il  nous  donne 
sous  le  nom  d'Isis  et  Sérapis.  Ce  menton  et  tout  ce  profil  n'oiïrent 
pas  moins  d'analogie  avec  ceux  du  grand  bronze  de  Néron;  ce  qui 
pourrait  peut-être  servir  à  dater  l'original  que  l'auteur  de  notre 
sculpture  me  semblerait  avoir  imité. 

Que  faut-il  voir  dans  cette  stèle?  Si  l'on  n'en  considérait  que  la 
forme  générale,  on  devrait  y  voir  plutôt  une  pierre  tombale  qu'une 
divinité.  Toutefois,  dans  les  Vosges,  les  divinités  sont  souvent 
représentées  en  relief  sur  un  fond  plat.  Je  citerai  seulement  la  statue 
sus-mentionnée  de  déesse-mère,  et  tous  les  Mercures  du  Donon, 
dont  plusieurs  sont  aujourd'hui  au  musée  d'Épinal.  D'ailleurs  on 
n'aurait  jamais  vu  un  personnage  humain  représenté  à  cette  époque 
par  une  femme  voilée  tenant  un  serpent  (je  ne  parle  pas  de  Cléo- 
patre  et  pour  cause).  Nous  avons  donc  sans  doute  aiïaire  à  une  divi- 
nité, une  sorte  d'Hygie  ou  de  Vesta  de  l'Olympe  gallo-romain. 

Le  Musée  lorrain,  à  Nancy,  possède  une  stèle  presque  en  ronde 
bosse  représentant  évidemment  le  même  personnage.il  est  debout; 
le  costume  est  semblable,  et  il  tient  devant  lui,  dans  les  mains  ra- 
menées en  avant,  un  serpent,  unique  attribut  apparent.  L'artiste  a 
donc,  à  n'en  pas  douter,  voulu  représenter  le  même  sujet  que  le 
nôtre.  Toutefois  le  petit  monument  de  Nancy,  qui  ne  peut  représenter 


1.  J'ai  présenté,  dès  que  j'eus  aperçu  la  stèle,  un  croquis  sommaire  de  ce  person- 
nage h  la  Société  nationale  des  antiquaires  de  France,  et  si  je  vois  une  grande  ana- 
logie entre  la  coiiïure  du  personnage  et  celle  d'um;  femme  repré.-entéc  sur  une 
pierre  tumulaire  de  Luxeuii,  quoique  les  deux  femmes  portent  une  coilTure  en  forme 
de  serpents,  je  me  range  entiènment  à  l'avis  d'^  mc<  savants  confrères,  que  le  mo- 
nument de  Luxeuil  doit  reproduire  un  personnage  humain. 

2.  Edition  de  NuremberK,  1757,  pi.  LXXV. 


<>*<  RKVUK    AHCHKOLOGIQUK. 

Vcsl.1,  est  d'un  aspect  fruslc  qui  no  saurait  puèio  «Miv  (l(''passL\  et  la 
tiMo  esta  peine  reconnaissalde  ;  il  fait  par  U\  roulraste  avec  le  nôtre. 
Four  conclure,  sans  oser  dire  autre  chose,  sinon  que  je  serais  dis- 
posé h  voir  dans  ces  deux  ligures  plutôt  une  sorte  d'Hypie  i|u'une 
Vesta,  je  tenais  ù  signaler  aux  savant>  sjtérialistes  ee>  deux  sujets, 
les  seuls  de  ce  genre  (jue  je  connaisse  dans  une  vaste  région.  Dési- 
rant ouvrir  un  champ  nouveau  aux  recherches  des  hommes  plus 
compétents  que  moi,  je  serai  heureux  si  j'ai  réussi  ;\  le  faire,  et  si 
j'ai  soulevé  un  coin  du  voile  (jui  dérobe  encore  à  nos  yeux  tant  de 
mystères  des  saiieluaires  gallo-romains. 

F.  \OLLOT. 
Kpinal,  mars  1883. 


NOTICH 

SUR  l'NR  REMARQUAIILE  rARTICULARITK  QUE  PRÉSENTE 


TOUTR    UNR    SKUII.    OF, 


MILLIAIRES  DE  CONSTANTIN  LE  GRAND 


Pc:rF.  ' 


Voici,  maintenant,  la  série  de  milliaires  de  Constantin  qui  ont 
appartenu  à  la  voie  Aurélienne  et  qui  oITient  les  mûmes  lacunes 
concernant  Maximien  Ik'rcule. 

1. 

Aliiliaire  de  Nice  (perdu). 

IMP-CAES- 

FL ■ VAL • CON 

STANTINO.... 

AVG  • 


DIV. 


1.  Voir  le  numt^ro  lie  juillet. 


70  REVUE   AnCHÉOLOniOUR. 

CiiolTivdo,  .Yir.  r/rt7.,p.  8  ;  par  le  nii^me,  Star,  iletl.  Mp.,  nis., 
p. '»0;  Honifassi,  iV<c.  iusihpt.,  n°'  2:i  cl  'iO  :  IJouriiuolol,  Iiisc. 
antiq.,  n"  2l>  ;  (larlone,  Veslig.  d'épxgr.,  p.  (iO,  n°  1)0;  Momm- 
scn,  Corpus,  t.  V,  vol.  2,  n°  lll>7;  Kil.  Hlanc,  Fpir/r.  nuli(j., 
2'  pari.,  p.  1)9,  n°  17.'i  '. 

2. 

Tronçon  do  milliniro  de  Saint-Jean,  h  Capnos  (Alpc?-Maritimes). 
Il  cstcn  calcaire.  Hauteur,  U^jlJO;  dianirlrc,  0'",^."). 


...OTI-  DIVI    CO 
NSTANTI 
AWO-  PII... 


■  Noyon,  Statist.  du  Var,  p.  25i  ;  Garcin,  Dict.  Iiist.  et  topog.  de 
Pror.,  t.  II,  p.  237  ;  Roux.  Statist.  départ.  Alp.-Marit.,  p.  8  ; 
Carlone,  Vestiij.  d'épigr.  gréco-massal.  etrom.,  p.  G2,  n"  91;  Alman. 
du  Tar,  ann.  IS^'i;  Tis.serand,  Hisi.  de  Vence,  p.  9,  et ///.s/,  de  Nice ^ 
t.  I,  p.  3S;  Ed.  MIanc,  Epigr.  aiiti<i.,  ['*  part.,  p.  91),  n"  G't. 

3. 

Milliaire  de  Vallauris,  découvert  au  golfe  Juan  en  1834,  près  du 
rivage  à  côté  de  la  Tour  de  la  Gabelle,  sur  le  parcours  de  la  voie 
Aurélienne.  II  est  aujourd'hui  dans  le  vestibule  de  l'hôlel  de  ville; 


1.  La  plupart  de  ces  citations  ont  élé  prisps  dans  VE)iigr.  nriti'/,  de  M.    Ed. 
Blanc;  Nice,  1878-1879. 


MILLIAIIIKS    1)1-:   CONSTANTIN    LE   CIIANI).  71 

c'est  un  tronçon  de  colonne  en  granit  gris  hlancliûlrc  de   V"^\i  de 
liauleiir  cl  do  0'",44  de  diamètre  et  ilont  voici  l'inscription  : 


IMP • CAES 

FL • VAL • 

C0N5TAN 

TINO  •  P     F 


Alliez,  lien  de  Lérins,  etc.,  p.  264  ;  Tisserand,  Ilist.  dp  Nier,  1. 1, 
p.  :J8;  Carlone,  Vrstig.  d'épigr.,  etc.,  p.  CJ,  n"  î)4  ;  Ed.  Blanc, 
Epigr.  antùj.,  n"  100. 


Milliairede  l'île  Saint-Honorat.  Voir  (ïtr.  3. 


LENTINL... 
..TIANO. 
AVGGG- 
.NO    REI.... 
...NATT.... 

III. 

IMP 

FL  •  VA... 

CONSTAN 

TINO  •  P  •  F  • 

AVG- 
V 


NE. 


REVUK   ARr.III.OI.Or.lOUK. 

DIV 

STA 


AUkz,  Iles  de  Lèriiis,  c\c.,  p.  05;  Prospor  Mérimée,  Notes  d'un 
voyage,  etc.,  p.  2'i();  Herzog,  Gnlliœ  Narh.  descr.  nppend.  epigra^ 
phicn,  p.  ()•),  n"  307;  Cationc,  Veslig.,  de,  p.  40,  t\"  05  ;  Alex. 
Bertrand,  Rer.  arclirol.,  18(i0,  t.  I,  novembre  ;  Ed.  Filanc,  Ejiigr. 
antiq.,  etc.,  n*>  1^29. 

La  plupart  de  ces  aiit(Hiis  inliiHKMU  des  Ictiros  on  même  des  mots 
qui  n'existent  pas  sur  la  colonne,  llerzog  ne  tient  pas  compte  des 
lacunes  et  porte  :  «  Conslantino  Auguslo  divi  Constant!  filio.  » 

Enfin  le  dernier,  seul,  de  ces  auteurs,  fait  mention  de  la  seconde 
inscription,  et  nous  avons  déjà  vu  qu'il  en  fait  un  texte  grec. 


5. 


Le  milliaire  de  l'Eslérel  (perdu)  était  formé  d'une  colonne  brisée. 
Il  fut  mis  A  jour  lorsqu'on  répara  le  grand  chemin  de  Fréjus  à  l'Es- 
térel,  vers  1G79. 

IMP • CAES- 

PL- VAL • 

CONSTANTI 

NO- P    P • 

AVG- 


AVG- 

NEPOTI  • 

DIVI  •  CONS 

TANTI  -AVG- 

PII- 

FILIO- 

VIII  • 


MiLMArnRS  r)r-:  Constantin  m:  cuam).  73 

VALENTIMANO 

ET    VAF-KN... 

f;i{ATIAN() 

PCS  ■  I>OS 

.1.  Anlliclmy,  Pro  iinico  Euchrrio,  1720;  niiurdin,  llist.  de  Fir- 
jus,  n2i),  I.  I,  p.  10,  avec  celte  note  :  Celle  colonne  esl  aujour- 
dlmi  placée  devant  le  logis  del'Estérel;  J.  Aubenas,  Uisl.  de  Frrjus, 
1881,  p.  77G. 

Les  (iiiatrc  dernières  lignes  loiil  [niftic d'une ileiixièinr  irisciiption 
dùdiée  aux  trois  empereurs  Valentinien,  Valens  et  Gralicn,  comme 
celle  qui  e>t  placée  sur  le  côte  du  milliairc  de  l'île  Sainl-IIonorat.  En 
comj)arant  ces  deux  textes  on  voit  que  la  quatrième  et  dernir-re  ligne 
doit  être  rectitiée  ainsi:  AVGGG,  et,  ensuite,  complétée  par  la  for- 
mule :  Bono  reipublicae  niili^. 

(Juanlà  l'inscription  principale,  nous  devons  faire  remanpier  (}ue 
les  auteurs  cités  nous  l'ont  transmise  d'une  n)aniére  fautive  pour  ce 
qui  concerne  la  première  ligne,  laquelle  était  scindée  en  deux 
comme  il  suit  :  CC.H  |  CAES  ';  mais  évidemment  c'est  en  une  seule 
ligne  qu'il  faut  lire  :  IMP.  CAES. 

Nous  ferons  encore  une  remarque  importante,  c'est  que  ce  mil- 
liaire  est  le  moins  incomplet  de  toute  la  série.  On  volt,  en  elTet,  que 
la  partie  en  lacune  n'est  composée  que  de  deux  lignes.  Le  mot  Ang.^ 
qui  précède  celui  de  nepoti,  indique  bien  que  le  nom  elTacé  était 
celui  d'un  empereur  ;  mais  comme  cet  empereur  doit  être  en  môme 
temps  le  grand-père  de  Constantin  le  Grand,  on  voit  que  Maximien 
Herculene  pouvait  pasêtre  désigné  plus  clairement.  D'un  antre  coté, 
comme  ce  mot  Aug.,  qui  précède  celui  de  nepoti^  forme,  à  lui  seul, 
la  huitième  ligne  de  l'inscription,  on  voit  qu'il  esl  infiniment  proba- 
ble que  les  noms  de  Maximien  devaient  être  écrits  sur  deux  lignes, 
ainsi  disposées  très  probablement;  M.  AVREL.  VAL.  1  MAXIMIANI. 

6. 

iMilliaire  des  Arcs  (Var).  Il  sert  de  pilier  dans  un  jardin  apparte- 
nant à  M.  Paille. 

IMP  •  CAES • 
PL- VAL • 

1.  Les  traits  verticaux  indiquent  la  disposition  de  l'inscription  par  lignes. 


'^■4  nrvri-   AnclIl^nr.n^.I0UF.. 

CONSTAN 

Tl  NO  •  P  •  F- 

AVG- 


...OTI- 
DI...CONS 
TANTI • AVG . 


D'après  une  copie  adressée  par  M.  Truc  h  M.  le  hibliolhêcaire 
municipal  de  Drapuignnn.  Le  im^mo,  Jirponsc  à  MM.  Liolanl,  liossi 
et  Aubi',  au  sujet  du  Forum  Voconiiy  in-8%  Draguignan,  IbOo, 
p.  31. 


Milliaire  de  Cabasse{voir  fip.  1). 

IMP- CAES 

FL  •  VAL • 

CONSTAN 

TINO  •  P  •  F 

AVG 


NEPO 

DIVI  •  CONS 

TANTI  -AVG  • 

PII- 

FILIO- 

XXXIII  I  • 


Le  milliaire  <lr  Cabassc,  nous  l'avons  dr-j^i  dit,  a  été  publié  un 


MILLIAinKS    DR   CONSTANTIN    LR   ORAND.  75 

grand  noiiibro  <lo  fois  depuis  plus  do  doux  siùcles,  et  toujours  avec 
une  jiiscriplion  supposée  roinplète.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce 
que  nous  avons  déjà  dit  do  celle  erreur  pcrsislanl".'. 

Nous  allons  mainlonanl  passer  aux  milliaires  ipii   proviennoiil  de 
la  rive  gauche  du  Hliônc,  d'Arles  à  Lyon. 


8. 

Miiiiaire  de  Grignan  (Drôme).  Il  est  formé  d'une  colonne  tron- 
quée à  sa  partie  inférieure,  en  i!,y:m\i  presque  noir,  de  l""/)!  de  hau- 
teur et  de  0'",22  de  diamètre.  II  a  longtemps  servi  de  support  au  bé- 
nitier d'une  des  chapelles  du  cimetière  (Notre-Dame  de  Beaulieu). 
Au  coinniencemont  du  siècle,  il  fut  [dacé  à  l'angle  de  la  tour  de  la 
Grande-Horloge,  où  il  a  servi  de  chasse-rouejusqii'en  18:}0eiiviron, 
époque  à  laquelle  il  fui  transporté  au  quartier  du  Rozet,  dans  le  do- 
maine de  M.  le  baron  de  Salnion,  appartenant  aujourd'hui  à  M. 
Martin.  Sur  l'emplacement  des  5',  0"  et  7''  lignes  formant  la  lacune, 
on  voit  ici  les  traces  très  apparentes  du  martelage  et,  conséquem- 
ment,  que  cette  partie  de  l'inscription  a  été  efTacéeà  dessein.  Voici 
cette  inscription  : 

IMP    CAES  • 

FL • VAL. 

CONSTANTINO 

P • F • AVG- 


NEPOTI-  DIV.. 
CONSTANTI 
AVG-  PII  • 


Delacroix,  Statist.  du  départ,  de  la  Drame,  nouv.  édit.,  in-''^^  Va- 
lence-Paris, 183o,  p.  oi7  (à  ia  8'-  ligne,  NERONI  ;  Denis  Long, 
Recherches  sur  les  antiq.  rom.  du  pays  des  Vocontienif,  t.  II  d-j  la 
"2"  série  de?  Mcmoires  prôffoitcs  par  divers  savants  à  V Académie  des 


70  l\RVl!R    \nCHK()|.()C.IOi;F. 

iiisnipl.,  otc,  iSiil  ;  Alliner,  sur  lcsriMiscii?ntMiU'nts  de  r.ililu''  Killel, 
Hull.  lit'  la  Soc.  il'mrhcol.,  olc,  de  la  I)|•(^IIU^  IKC.'.t,   i.   1\  ,   p.    ir;8. 

Il  nous  par;itl  probable  «lUc  co  milliairc  diil  iHro  apiioiu"'  de  Pro- 
vence, ei,  ronsé(]ueinint'nl,  qu'il  pourrait  bien  avoir  apparlenu  à  la 
voie  Aurélionne.  M.  le  roinle  de  (irignan  a  lonj^lemps  exercé  les 
fonel.ons  de  lieutenant  p'néral  dans  ectte  province  à  une  rpoiiue 
où  les  grands  seigneurs  aimaient  à  orner  les  parcs  de  leurs  cliAleaux 
de  monuments  antii|ucs,  et  parliculii^remenl  de  colonnes  itinéraires. 
Nous  nous  iiornerons  ;\  citer  deux  exemples.  Le  milliaire  île  Néron, 
découvert  en  174'>  sur  la  direction  de  la  voie  .Nurélienne,  prés  de 
Tourves  (Var),  que  M.  le  comte  de  Valbclle  fit  transporter  dans  le 
parc  de  son  château,  où  on  le  voit  encore  aujourd'hui,  bien  (|uc 
ce  parc  ait  subi,  depuis,  bien  des  vicissitudes.  «  On  cherchera  un  jour 
ses  vestiges,  dit  Papon,  comme  on  cherche  les  débris  des  beaux  mo- 
numents romains.  »  L'historien  de  la  Provence  fut  bon  prophète:  le 
touriste  qui,  de  nos  jours,  voyage  dans  cette  partie  du  midi  de  la 
France,  se  détourne  parfois  d'assez  loin  pour  venir  admirer  les  lani- 
Iteaux  (jui  subsistent  encore  ih'  cet  ancien  parc. 

En  second  lieu,  nous  citerons  d'après  .M.  Auguste  Pelet,  le  parc 
du  chûteau  du  Teillan,  près  de  Massillargues  (Gard),  où  l'on  voit 
encore  six  milliaires  de  la  voie  Domilienne  ^ 

Le  milliaire  de  Grignan  pourrait  encore  provenir  des  vestiges  de 
la  voie  romaine  qui  longeait  la  live  gauche  du  Hhîkne,  car  il  est  in- 
finiment probable  qu'il  n'a  pas  été  trouvé  dans  la  localité  où  il  est 
de  nos  jours. 

1). 

Milliaire  découvert  en  I7J1,  à  Vienne  (Isère),  à  oO  mètres  du 
Rhône;  il  est  aujourd'hui  au  musée  de  Lyon. 

IMPCAES- 

PL • VAL • 

CONSTANTINO  • 
p.p. 

AVG  • 
Dl  VI  • 

1.  Colonnft  itinér.  exiit .  encore  inrl'nnliqm;  voie  Pomit.,  N'Iin'^s.  HDS,  p.  20. 


MII.I.IAIHKS    l)i;    CONSIAMIN    I.i;    l.llAM).  77 

CONSTANTI- 
AVG- 

PI  I  •  FILIO- 

Nous  citons  ce  iiiilliaiic  d'aprùsM.  Hoissicu  {Descrijil.  des  insniid. 
nDitij.  de  Lyon,  iSiG-lS.Vt,  p.  .'i7:2),  mais  nous  ignorons  s'il  existe  ou 
non  une  lacune enirc  les  .")''  cl  (5°  li.i,'nes,  l'auteur  n'ayant  mis  (|u'un 
seul  interligne.  Au  cas  donc  où  cette  inscri|(!ion  aurait  rlù  (iilèli;- 
menl  copiée,  il  faudrait  admettre  une  nouvelle  série  de  inilliaiies  de 
(A))islantiims  Mat/Kus  dilTénnle  de  celle  (jiie  nous  considérons. 

10. 

Nous  citerons  encore  un  milliaire  de  (lonslantin  ayant  longtemiis 
servi  de  chasse-roue  au  coin  de  l'écurie  d'une  auberge  de  la  rue  des 
Asperges,  à  Lyon.  En  voici  l'inscriiilion  : 

IMP. CAES • 

FL • VAL- 

CONSTANTI.... 
p.p. 


Boissieu,  Dcscriid.  dcsantiq.  de  Lyon,  i84G-lSoi,  p.  372. 

iMaintenant,  si  nous  jetons  un  coup  d'œil  sur  l'ensemble  de  celte 
série,  nous  verrons  que,  sur  dix  milliaires,  il  y  en  a  d'abord  deux, 
les  numéros;}  et  10,  qui  sont  par  trop  incomplets  pour  qu'ils  puis- 
sent témoigner  dans  un  sens  ou  dans  l'autre.  Ensuite,  un  troisième, 
le  n"  2,  qui  prouve,  tout  au  moins,  que  l'expression  de  la  liliation 
de  Constantin  envers  son  grand-père  adoptif  y  a  été  gravée,  puisque 
une  partie  du  mot  ne/)o/t  s'y  voit  encore.  Enfin,  un  quatrième,  le 
numéro  î>,  qui  ne  saurait,  en  l'état  du  moins,  être  invoqué  ni  pour 
ni  contre. 

Il  reste  donc  six  milliaires  qui  témoignent  d'une  façon  absolument 
certaine  tiue  la  même  phrase  a  été  martelée  expressément  sur  tous. 
Or,  comme  il  s'agit  ici  de  toute  une  série  de  milliaires  du  môme  em- 
pereur, l'idée  d'une  suppression  olTicielle  faite  après  coup  s'impose 
forcément,  car  il  n'est  pas  possible  de  mettre  sur  le  compte  de 
l'usure  par  vétusté  et  du  hasard  une  clTaçure  (jui  se  répète  sans 


7s  m  VI  I.    MU  HKOLCUÎKHR. 

t'xcoplioii  cl  (le  f.iron  n  sii|ipiiin(T toujours  les  nu^mcs  mol!î.  (^n  prut 
donc  roiu'luiv  (jiif  lloiislanlin,  après  s'iMie  t^'lorilic  il'ôtrc  le  pclil- 
fils  do  .Mnxiinien  lltMculc,  renonça  par  la  suite  à  cet  honneur  et 
en  lit  supprimer  l'expression  sur  les  nionuineiils  piilijics. 

Nous  allons  essayer  tie  'It-lerininer  l'époiiue  de  Téreetion  de  celte 
sùrie  de  milliaircs,  ee  (|ui  nous  obligera  nécessairciuenl,  jiour  lier 
les  faits,  de  relater  (iuel(|ues  datt  s  connues. 

On  n'ijj'uore  pas  (jue  c'est  le  1"  mai  de  l'an  3(>'i  que  Dioclétieii  et 
.Maximien  se  démirent  de  la  souveraine  puissance  et  parurent  en 
lialiil.;de  particuliers,  le  iiremier  à  Nicomédie  et  le  second  à  .Milan, 
et  «lue  l'annéejsuivante  .Maxiuiien  reprit  le  tilre  dVmpereurà  Home, 
où  son  tils  Maxence  venait  de  se  faire  reconnaître  .A  u{,' us  te  (28  oc- 
tobre .'!06).  .Mais,  évidemment,  ce  ne  saurait  être  à  cette  iiremiôre 
période  d'abilicaiion  (|u'a  voulu  faire  allusion  Constantin  sur  les 
milliaircs  dont  il  s'agit  ;  car,  d'un  crtté,  il  n'était  pas  encore  Auguste, 
et,  de  l'autre,  il  aurait  traité  son  père,  encore  vivant,  de  Dirtis. 

En  poursuivant  la  série  des  événements  de  cette  époque,  nous 
trouvons  que  Constance  Chlore  meurt  le  25  juillet  de  l'année  30G  et 
(|uc  pres(|ue  aussitôt  son  lils  Constantin  lui  succède;  (jue  .Maximien 
le  décore  du  tilre  d'Auguste  en  lui  faisant  épouser  sa  lille  FtiustUy  et 
qu'il  se  dépouille  de  nouveau  de  la  pourpre  l'an  307,  mais,  hélas  I 
pour  la  reprendre  une  troisième  fois  bientôt  après,  soit  vers  l'année 
3011  très  pruhahlement.  Cette  seconde  péiiode  d'alidicalion  se  trou- 
vant remplir  les  conditions  exigées  par  le  texte  des  inscriptions, 
il  esi  infiniment  probable  que  l'érection  de  notre  série  de  mil- 
liaires  eut  lieu  pendant  son  cours,  soit  entre  les  années  307 
et  309. 

.Ndus  allons  maintenant  passer  à  la  deuxième  partie  de  notre 
travail,  c'est-à-dire  a  la  recherche  des  événements  qui  amenèrent 
Constantin  à  bannir  des  monuments  publics  la  mémoire  de 
Maximien. 

j.  i\  niiV!:LL.\r. 
{La  suite  jirochainement.) 


LIiTTIΠ A  M.  E(J(iEU,  MEMOKH  DK  I/INSIITIT 

sur»    DEUX 

INSCRIPTIONS    GUI<CoUI'S    INÉDlTIiS 

DE  LA   RUSSIE  MÉRIDIONALE 


Odessa,  le  10  22  avril  1883. 

Monsieur, 

Fidèle  à  mon  engagement,  j"ai  l'Iionncur  de  vous  envoyer  ilciix 
inscriptions  grecques,  dont  vous  trouverez  le  texte  dans  le  mémoire 
ci-joint,  tiré  du  treizième  volume  des  Mémoires  de  la  Société  d'O- 
dessa, actuellement  sous  presse.  Toutes  les  deux  ont  été  trouvées  en 
1881  et  appartiennent,  l'une  à  la  ville  de  Cliersonèse,  l'autre  à  l'an- 
cienne Tyra.  Vous  jugerez  de  leur  importance  par  les  nouveaux 
détails  historiques  qu'elles  renferment.  C'est  en  déblayant  le  terrain 
autour  d'un  ancien  aqueduc,  dans  la  rue  principale  de  Cliersonèse, 
que  l'on  a  découvert  la  première.  Elle  est  gravée  sur  un  piédestal 
de  marbre,  de  34  centimètres  de  hauteur  sur  67  1/2  de  largeur, 
percé  de  deux  trous  où  étaient  attachés  les  pieds  de  la  statue.  L'en- 
droit où  il  gisait  (au  coin  de  la  rue  principale  et  de  la  troisième 
transversale  qui  conduit,  comme  l'on  suppose,  à  l'ancienne  place 
publiijue  où  l'on  a  déterré,  en  1880,  le  décret  sur  Diophante)  nous 
portée  croire  qu'il  occupait  sa  place  primitive.  Le  marbre  est  brisé 
par  dessous  en  cinq  morceaux.  L'inscription  contenant  l'énumération 
des  services  rendus  à  la  patrie  par  Ariston,  fils  d'Ailinas,  est  divisée 
en  dix  parties,  placées  chacune  dans  une  couronne  dolivier.  Le 
musée  de  notre  Société  en  possède  une  autre  semblable,  publiée  par 
Bœckli  {€.  I.  G.,  II,  n°  2007)  et  Kd'hnc  [Histoln'  el  auliquitcs  de  la 
ville  de  Chersouèse,  en  russe, Sainl-rétersbourg,  1848,  p.  84).  L'iu- 


SO  iiKvii.  Aiicino'.iKiiyLi;. 

liTtH  copi'iidaiit  (jur  nous  pii'sonle  l'inscriplion  nouvelle  csl beaucoup 
plus  1,'ranil,  à  cause  des  nouveaux  renseignements  (jirelle  nous  donne 
sur  réi.il  jioliliciue  de  (Ijiersonèse  cl  sur  ses  inagislraliires autonomes, 
vers  le  nnlieu  du  i\'  siècle  après  J.-C.  (/est  à  celle  èpoipie  que  la 
statue  en  l'honneur  d'Arislon  doit  avoir  élè  érigée,  comme  le  prou- 
vent les  ambassades  dont   il   fui  diargè,   pour  négocier  des  traités 
d'alliance  auprès  de  Hlui-mèlalcès,  dans  le(|uel  on  reconnaîl  aisé- 
ment Tibèrius  Julius  Hluemélalcés,  le  seul  roi  de  ce  nom  connu 
dans  la  liste  des  rois  du  Hospliore,  (|ui  a  régné  sous  Adrien  et  Anto- 
loniii.  depui^  l'an  l.'H  jusqu'àTan  l.'iJ  de  notre  ère  (Mionnet,  Sm/j/;/., 
I.  IV,  p.  508,  aOO).  Il  n'est  pas  moins  sur  (lue  lempereur  auprès 
duquel  Arision  fut  envoyé  solliciter  la  liberlé  en  faveur  de  Cberso- 
nése  ne  saurait  èlie  (lu'Adrien,  dont  le  |ireniier  soin,  après  son  avè- 
nement au  Irône,  fui  de  maiulenir  la  paix  en  abandonnant  quelques 
con(iuétes  récentes,  <'l  de  régit  r  les  relations  avec  les  nations  bar- 
bares, en  déleriiiiiiant  les  frontières   de   lempire.   La  politii|iie  de 
l'empereur  et  le  cbangement  du  système  de  l'adminisliMlioM  dans 
les  provinces  (jui   dut  en  résulter  ne  pouvant  être  inconnus  aux 
Cbersonésites,  il  est  liien  probalde  qu'ils  s'empressèrent  de  faire 
leurs  démarches  à  Kome  pour  se  soustraire  à  riiiccrtitiido  sur  kur 
sort  futur.   Ce  qui  semble  ajouter  plus  de  poids  ù  cette  opinion, 
c'est  qu'après  la  mort  de  Cotys  II,  roi  du  Hospliore,  ils  ne  pouvaient 
pas  savoir  quelle  décision  l'empereur  prendrait  à  leur  égard,  et  ils 
avaient  i\  craindre  qu'il  ne  les  soumîl  au   pouvoir  des  rois  du  Bos- 
phore, (jui,  depuis  Mitlnidaie  VI,  n'avaient  pas  renoncé  à  faire  valoir 
leurs  droits  sur  les  villes  grecques  de  la  presqu'île  Taurique.  Cet 
état  incertain  des  Grecs  n'est  pas  resté  inaperçu  des  contemporains. 
Arrien,  en  dédiant  à  Adrien  son  Périple  du  l'oiil-Kuxin,  dit  (|u'il  a 
été  poussé  à  composer  cet  ouvrage  par  la  mort  de  Colys,  et  qu'il 
s'empresse  de  présenter  à  l'empereur  la  description  des  côtes  de 
cette  contrée,  alin  que  celui-ci  connaisse  tous   les  lieux  (|ii,ind  il 
songera  à  prendre  quelques  dispositions  concernant  le  royaume  du 
Bosphore.  Nous  savons  qu'Adrien  invcslil  Hlinnmétalcès  du  litre  de 
roi,  comme  le  prouve  une  inscription  dans  la(|iielle  ce  {'rince  s'ap- 
pelle  TÔV  EÙEfYdTT.V    Xal    ÏOIOV    XTl'cTT.V    (V.    Bœckll,    ( '.  .  l .   l! .  .   H,    II"  ^t(i8). 

Huant  aux  Cliersonésites,  ils  réussirent  à  conserver  leur  liberlé, 
c'est-à-dire  l'autonomie,  qui  fut  conlirméc  par  l'empereur  après  six 
ans  dallenle,  retard  dont  nous  jiouvons  chercher  la  cause  dans  les 
voyages  d'Adrien,  (|ui  parcourait  sans  cesse  son  vaste  empire,  pour 
en  surveiller  radmiiiistralion,  surtout  au  commencement  de  son 
règne.  J'ai  cxpli  luè  \r  mot  l.bcilè  jiar  celui  d'autonomie,  car  il  est 


SUH    DKUX    INSCIUPTIO.NS   GHKCQUKS   INKDITKS.  81 

jiisl{!  (I(i  cvnu'ii  nue  r.imb.-is^.'ido  d'Arislon  Ozb  -râ;  cAr/iesi'or;,  après  tout 
(U!  (jut'  j'ai  (!X|)().S('',  ii'avail  cmi  d'aiitri!  but  (|Ui;  d'obtenir  d(3  l'empe- 
reur la  sancliori  des  anciens  privilégies  des  Cliersonésiles,  ce;  qni 
(bivail  leur  servir  de  sauvegarde  eonlrc  les  prétentions  des  rois  du 
IJospliore,  en  les  laiss.int  dans  l'ancienne  dépendance  de  l'empire. 
On  sait  (|ue  la  vdiede  Cliersonèse  jouissait  déjà  de  la  liberté,  proba- 
blement depuis  la  cbute  de  Milbridale  VI,  ce  (lue  s(!mblenl  signi- 
fier les  paroles  de  Pline,  (lu'elle  oblint  sa  liberté  a  Romanis,  c'est-à- 
dire  au  temps  de  la  républi()ue  (IMin.,  //.  N.,  IV,  2()).  Nonobstant  ce 
priviléjj'e,  iJioclétien  appelle  les  Cbcrsonésites,  en  leur  assurant  la 
liberté,  •^■vf\<sio\j^  ovxaç  uTiirixoou;  rTi?  TtofjLaiwv  pacriXEia;  (Const.  Porpliyr., 
De  (idiniiiislr.  inip.,  LUI);  et  l'rocope,  en  parlant  de  la  ville  de 
Cliersonèse,  dit  qu'elle  dépend  des  Romains  depuis  les  tem[)s  an- 
ciens :   'Poj(Aa(o)v  xaTr^xoo;  ex  TtaXaioù  ècxi  (Procop.,  Bi'll.    Gtilli.,  I\  ,  3)« 
Ainsi  l'EXsuOscta  n'accordait  ;i    la  vilh;  (juc  le  droit  de  >e  gouverner 
par  ses  propres  magistrats,  selon  les  lois  du  pays,  ne  l'alTrancbissant 
point  de  la  dépendance  de  Rome.  Elle  n'excluait  non  |)liis  ni  le  sta- 
tionnement des  troupes  lomaines,  ni  le  payement  des  impôts  au 
trésor  impérial.  On  octroyait  ces  derniers  privilèges  à  part,  et  on  les 
nommait  ebcz  les  Romains  inimuiiitas,  cliez  les  Grecs  àiileia.  Ce 
n\'sl  que  beaucoup  plus  tard  (jue  les  Cliersonésites  obtinrent  l'im- 
munité des  impots  (le  l'empeieur  Dioclélijn,  en  récompense  des  ser- 
vices rendus  aux  Romains  pendant  la  guerre  contre  les  Bospora- 
niens;  et  ce  privilège,  ainsi  que  la  liberté,  furent  contirmés  par 
Constantin  le  (irand  pour  les  mêmes  services  (Const.  Porpbyr.,  De 
adm.  imp.,  LUI).  Quant  au  stationnement  des  troupes,  qui  est  at- 
testé  par  rinscri|ition  d'Auréle  Salvien,  trompette  de  la  onzième 
légion  nommée  Claudia,  et  par  d'autres  fragments  trouvésdans  l'em- 
placement de  Cliersonèse  (v.  les  Mémoires  de  la  Société,  t.  XI,  p.  1, 
!2),  il  paraît  que  cette  ville  en  fut  alTrancbie  sous  Adrien,  à  moins 
qu'on  ne  veuille  croire  qu'elle  fut  évacuée  par  Us  Romains  pour  des 
raisons  inconnues,  car  autrement  elle  n'aurait  pas  eu  besoin  de  con- 
clure des  traités  d'alliance  avec  Rlioemélalcès. 

Outre  ces  détails  (jue  nous  fournit  l'insciiption,  sur  l'état  politique 
de  Cliersonèse  vers  le  milieu  du  ii'siècie  de  notre  ère,  elle  nous  fait 
connaître  pour  la  première  fois  quelques  magistratures  autonomes 
de  cette  ville,  'elles  que  la  7rpoSi;cîa,  la  voaoouAaxi'a,  la  oauioiyia  et  la 
Sioi'xYici^.  Les  fonctions  des  deux  premiers  magistrats  sont  assez  con- 
nues, mais  on  ne  pourrait  pas  en  dire  autant  du  troisième.  D'après 
Hésychius,  les  oa(jLiopYo{  étaient  des  magistrats  cliez  les  Doriens  :  ol 
af/^ovTE;  Ta  ûr.uLocta  -paT-rovTEç,  semblables  aux  démarques  des  Atlié- 

III*  SÉRIE,  T.  II.  —  0 


ÎN-i  m  vi:k  AncHÉoi.oGiyiiK. 

nifiis,  «un  survoi'i  iiiMil  \r<  loi-;  cl  l'ox^nillo;!  ilc^  déi'iclr»  du  pciiplt'. 
O'apns  Oifiicd  .Mil  1er  (Uor  ,  -2,  p.  i%  »,  ;»'.)IM.  I.'ur  principal  t'iiiploi 
chrz  les  Arlit^ens  fui  do  ironférer  avoc  le  piiiplc.  Le  iiiOnie  satanl 
Ips  coriiparc,  dans  {■nnri(Mni»>  Arpos,  aux  inaj^isli  iK  appelas  ?r'aou 
::co<rrara».  Un  coniiaii  au>-i  rupiiiion  (^n(iiico«'  par  Kisscii,  ()nl,  dans 
î>e8  notes  explicalives  sur  l'indare,  rroit  voil*  dans  le.^  damiur- 
ges  des  uMK'isIrals  revi^lus  d'un  (•aracl«'»ie  saer^,  «lus  ii  peip^'lullt^ 
pour  diri^rer  les  alTaire.^  do  la  religion  (Dissen,  E.rplir.  VintUtr.^ 
p.  378i.  Nous  sommes  ietil(*s  de  voir  le  mônuî  caraelùre  dans  eelte 
uia;jisiralure,  m  supposant  (|ue  les  statues  nteiilionnêes  dans  l'ins- 
cription étaient  cidies  des  dieux.  En  ee  eas,  pour  ex|dii|Mer  le  parti- 
cipe 8«aiop'|Ti(ia;,  par  le(|uel  ou  a  dc'.^ignô  un  eujploi  pafsf,  il  faut 
aussi  supposer  ()ue  le  monumeiit  en  riioimcnr  d'Arist'Hi  fui  éri;?é 
après  sa  mort  La  haute  dignité  des  damiuiges  est  attestée  par  l'hu- 
cydide  (V,  47),  et  une  lettre  de  Philippe  de  Macédoine,  ct»êe  chez 
Dômoslhènu  {Dr  cor. ^  p.  i80i,  où  ils  sont  appelas  ina.îjislrats  chez 
les  Éléens,  les  Mantiiiéens  et  les  Pélopnnêsiens.  (liiez  les  (!ni  liens 
ilsciaieiil  t'ponymes(v.  Bœckh,  Cl.  G,  II,  n^ilWU;  Franz. ,111.  IV, 
p.  .\IV,  n«>"7U,  IO."J).  La  leçon  8a;jLto;3vo(  au  lieu  de  o«att.)2vo(  et  Jauioup- 
Yo{  n'est  pas  sans  exemple  (?.  Hœekn,  C.  /.  G.,  I,  n"  l.>i2  et  i5t)7). 
Parmi  les  magistratures  (|u'avail  exercées  Arislon,  nous  trouvons 
encore  la  hoixT^mç,  ou  l'administralion  des  revenus  de  la  ville, 
comme  nous  l'apprenons  par  l'éloge  (jui  est  ajouté  :  çtordavrot  ■/s-f^'xtroL 
tS  «'î^si,  ce  i)ui  nous  fiiit  peiiserau  xauiaç  Tvi;o»oixvn7£t.);(Polliix.  Vllf, 

H3;,  ou  à  r£riaêXr,TT,;  tt,;  xoiv^;  Ttpoco'oou,  OU  aU  xaata;  tou  c.r,'xo'j. 

Le  dernier  éloge,  TtoXiTsudoevov  xaXôiç,  se  rapporte  à  l'aclivllé  utile 
et  honorahie  d'Ariston  dans  tonte  sa  carrière  polilii|ue.  Il  n'esl  pas 
rare  de  trouver  d.ms  les  in.scriplions  .'es  éloges  de  ce  genre.  (V. 

Uœt  kh.  C .  /.  G..  I,  n°  l  \i\  :  xoti  ih  âXXa  xal  Àôvot;  xai  esvotî'îtoXtTîu'Tcras- 
vov  iusT»  xaî  ci).OT£iu<)TaTa  ;  cf.  Iii7i,  -iHil,  ivvio;  x«l  i)tX«Y3f9io;  xat  I-kk- 
oavô);  iv  TToXiTEuaotijievov.) 

iJans  la  première  ligne  de  noire  inscription,  où  nous  lisons  '\_:(- 
(rro)va  'AiTiva,  il  faut  suppléer  'Acîorrwva  Tov)  ^pTiva  ;  l'accusalif  dépend 
du  verhe  sous-entendu  «viT-rricev  (6  of,|jLOÇ;  ou   dvïVTT.Tav  (f,  9'/jÀ:^,    xat  6 

L'inscription  que  nous  avons  citée  au  coinmencement  de  noire 
mémoire  est  rédigée  de  la  même  manière  Ou  >  lit  :  ôôôfao;  ^A-^iikxXt] 
xrr,[(ri7.]\(j.  I.  6'.,  Il,  ri-ifO*.)?  .  Le  nom  du  sciilpl<'ur  Kriç.t7Ô3oTo;  |irouvc 
.sïjn  oiigine  ionienne.  Voir  les  loiine^  doriennes  Kaî.iTo'j(o:o;  (B'eckh, 
C.  I.  fi.,  1,  l.")7i,  li>77,  I;j78;  K«v«ct'i.)v.  I,  l;.7i.  L'JHi)  :  K^ï-Itio;.  imm 
d'un  mois  dans  l'ilc  de  Cos). 


S(m    DKLX    INSCHIPIIONS    JiHKCOUKS    INKDITKS.  8'J 

L'inscription  iloTyiaiH"  II),  |,i  sccondi»  (|ue  Ton  ronnai.seftdcœite 
ville  Jiisi|u'.i  prrscnl,  n  éit''  lionvée  la  niôinc  anm'-fi  h  Tcliolirnniclii, 
vill;ip,Mi  sitiK'siir  |;i  rive  ^miicIic  dit  Diiiesicr,  dnns  le  R.mvprncnif'nt 
(le  Cht'isoii,  dislricl  de  ïyiji^pol,  h  ccul  kilo  ii^lhs  environ  de  l.i  villo 
d'Akkerni;in,i»ii  l'on  s'accor.leâ  placerl'anciennR  Tyra,  parun  payft;in 
(|iii  creiisail  nn  fossé  aiilour  de  sa  in.iison.  Kl  le  est  ?rnvée  sur  une 
d.ille  de  ni.irlire  de  {•»,\'2  de  lianleur.  sur  HM  (•eiiliiii«''tre.s  de  hr- 
p-ur  et  17  d'ép.iisseiir.  L;i  [derre  él;itit  hrisre  cti  |«liisieurs  morceaux 
dont  ou  n'a  p;is  retrouv»;  ceux  de  la  [cirlie  sii|iérie"i!e,  il  nous  man- 
(jue  pres(|iie  la  ujoilié  du  décret,  cofil^nanl  réniiinéralinn  des  servi- 
ces retulus  à  la  ville  p.ir  nn  de  ses  citoyens.  J'ai  lâché  .le  faire  quel- 
ques suppléments  dans  le  texte,  et  d'en  remplir  (pici(|ues  laciiMcs. 
où  cela  m'a  paru  possih'e.  C'est  ainsi  qu'au  cominencemenl  ilu  dô- 
cft  t  j'ai  suppléé  I-khô^  Koxxï-ïoç,  en  rétablissant  aussi  ce  nom  dans  la 
ligne  13,  parce  que  dans  cttie  ligne,  après  S£oo/Octi  t-T)  fto-j^TJ  xai  tjTj 
ÔTlfAto,  où  devait  se  trouver  un  nom,  on  voit  sur  la  pierre  la  lelirc  K 
et  la  moitié  de  la  lettre  o;  tandis  que  dans  la  ligne  10  le  sénat  fait 
transnieltre  le  décréta  Koxxr'i'o;  Où'iXev;,  qui  n'a  pu  être  (ju'un  des 
proches  parents  du  citoyen  dont  on  réconificnsait  les  services.  C'é- 
tait [uobablement  son  père,  comme  j'ai  restitué  ce  mot,  pour  deux 
raisons  :  1"  ()arce  qu'après  tw  on  trouve  sur  la  pierre  une  ligne  ver- 
licaleappaitenanl  à  une  lettie  àdemi  ébréchée,  ce  qui  nous  empêche 
de  remplir  p;ir  \AS> on  àSsÀow.  on  d'une  autre  manière;  2"  parce  que 
le  mot  (|ui  manque  n'étaii  composé  que  de  cin(|  lettres.  D^ns  la  li- 
gne 14,  où  il  y  a  une  lacune  de  trois  lettres,  je  crois  pouvoir  sup- 
pléer (éirX)c.)  £7:t(/pû<Tw),  sans  être  cependant  en  état  de  décider  si  les 
lettres  sm  sont  une  abrévation,  ou  si  ce  mol  est  tronqué  par  l'inad- 
vertance du  graveur.  Enfin,  qu^iit  au  supplément  dans  les  lignes  5 
et  6,  esioT'^aTo;  AOToxpâTt.))p  T,u;r,«7£,  je  l'ai  fait  en  pensant  à  l'immunité 
des  droits  de  douane,  accordée  à  la  ville  de  Tyra  par  l'empereur 
Commode,  et  confirmée  en  l'an  'iOl  par  Septime  Sévère  (v.  l'ins- 
rriplion  chez  Mommsen,  C.  /.  L.,  III,  f,  p.  147;  Mémoirea  de  la 
Société  d'Oilessa,  i.  H,  p.  'il6;  Briiun  Tclicrnomorïc,  I,  p.  11).  |,e 
verbe  T|u;riffe  s'appliipie  mieux  que  tout  autre  à  cette  ftveur  impé- 
riale, qui  augmenta  la  richesse  et  le  bien-élre  de  la  ville  C'est  pour 
solliciler  ci'  privilège  que  Coccélus  aura  été  envové  auprès  de  Com- 
mode, et  c'est  après  avoir  réussi  qu'il  est  devenu  £iî/pr,rro;  t?)  raxcîSi. 
Le  décret  en  son  honneur  fut  rédigé  à  Tyra,  sous  le  consulat  de 
l'empereur  Commode  et  d'Antisiius  IJurrhus,  c'est-à-dire  sous  le 
troisième  consulat  de  Commoile,  cinq  jours  avant  les  calendes  de 
mai,  soit  le  27  avril.  La  date  de  l'avèneinent  au  trône  de  cet  empc- 


S(  ItKVUK    AHCIlkoi.diilIjUK. 

iviir.  If  17  mars  île  l'an  180  a[uvs  J.-C,  ôlaiil  connu»',  on  voit  (jut; 
la  troisiènii'  aniu-e  do  son  i^jjnc  coniiiUMira  le  17  mars  do  l'an  I8J, 
ol  que  o'osl  à  ootlo  annôo  (juil  faul  rap|ioitor  la  lodaclion  du  monu- 
nionl  monlit»nnô.  Nous  dovons  observer  iri  (|uo  lo  nom  latin  Coin- 
lutilus  apparall  dans  los  insoiiplions  j;roi'i|ui's  sous  doux  formes 
dilTi'ioiWos  :  Kdao'^o;  IV.  HoH'kii,  (,'.  /.  (;,,  I,  H'"  il'M),  17:20)01  Ko|jiaooo; 
{ihi'i.,  I,  .'i'i.t,  1078  .  Lucius  Anlislius  iUirrlins,  lo  hoau-frôre  do 
llommodo,  maii.'  à  la  lillo  de  Maro-Aurolo,  fui  oonsul  avec  l'empe- 
rour  depuis  l'an  181  ;  mais,  aroust*  île  vouloir  s'emparer  de  la  sou- 
vorainclé,  il  péril  assassiné  en  l'an  181)  (.El.  Lamprid.,  Comino- 
(lus.  M). 

.Non  contmls  d'avoir  indit|ué  la  date  selon  l'usai,'»'  des  llomains, 
les  Tyraniens  onl  maniué  aussi  l'an,  le  mois  et  le  jour  d'après  leur 
calcul.  Pour  marquer  le  premier,  ils  ont  indi(iuo,  outre  le  nom  de 
l'arclionto  éponyme,  Théodore  lils  (fe  Hurllms,  l'an  l'2.")  de  leur  ère, 
corres[iondanlà  l'an  18:2  après  J.-C,  troisième  eonsulil  de  Commode. 
Ils  onl  procédé  de  la  même  manière  dans  Tautn;  décret  connu,  où 
sont  indiqués  leseonsuls  romains  d»;  l'an  :201  après  J.-C.  :  Mueien 
et  Kaliien,  l'an  de  l'ère  lyranienne  l'»."i,  eirarclionte  éponyme  l'u- 

blius  ..'Elius  Caipurnius  :  àvearaOT)  im  Mouxiavoù  xoù  <l>aoiavofj  uTtaxtov, 
iv  rô)  ëilp  £"£',  ^r'//'^  "•  AîÀi'oj KaA-oupvîou.  P.  lieckor,  en  cxpliijuant  ce 
passage,  ne  doute  point  (jue  ce  Caipurnius  ne  fût  lUjmain  d'oiii,'ine 
et  gouverneur  de  la  Dacie  ^v.  Mémoires  de  la  Société  d'Odessa,  t.  II, 
p.  iO!));  Mommscn  le  prend  avec  raison  pour  le  cliel"  de  la  ville 
(.Mommsen,  C.  /.  L.,  III,  i,  p.  147),  sans  pouvoir  toutefois  nous 
dire  son  liire  véritable,  tandis  que  nous  apprenons  par  notre  ins- 
cription iju'il  s'agit  ici'de  l'archonte  èponyme  qui,  dans  la  ligne  22, 
esl  appelé -ptoTo;  àp/oiv.  En  mellanl  en  comparaison  les  années  île 
l'ère  de  Tyra  avec  celle  de  Home,  on  voil  qu'elle  fut  établie  en  l'an 
58  a{irés  J,-(}.  ;  mais,  faute  de  témoignages  anciens,  nous  .serons  tou- 
jours dans  rincerlitu  le  sur  son  origine,  .-«oit  que  nous  partagions 
l'opinion  de.Momm.sen,  (lui  la  met  en  lapporl  avec  la  réduction  du 
territoire  de  Tyra  on  province  romaine,  suit  que  nous  supposions, 
avec  plus  de  vraisemblance,  ([u'elle  fut  établie  parles  Tvranions  en 
reconnaissance  de  (juel que  faveur  accordée  à  leur  ville  par  .Néron. 
Un  s;iil  (|ue  les  Grecs  pussèdérenl  de  tout  temps  les  lionnes  giàcoi 
de  col  empereur,  ce  (|ui  est  altt-slé  par  Suétone,  d'après  lequel  il  a 
plaidé  les  causes  des  KlioJiens  et  des  liions,  avaiil  >oii  avèiiemeul  au 
lr<')ne(Suèt.,  Nero,  Vllj. 

Outre  l'an  de  l'ère,  on  a  indiqué  .-.iir  l'iiisciiiilioii  le  .'!(>  du  mois 
d'Arlémision  «1  la  date  romaine  correspondante,  le  .»  avant  les  ca- 


SI  II   i)i:i;x  iNsciiii'Tio.Ns  (;iii:cnUKs  inkdut.s.  h:, 

IcikIcs  ili!  iii.ii,  ou  lo  '21  avril,  f^'s  détails,  ajojilés  ;i  (('iix  que  intus 
(loiiiKi  r.iiitiiî  iusciiplioii  (li;  TviM,  nous  iiirllciil  à  iiirine  de.  rétablir 
It!  cali'ndrior  de  crtli;  ville,  avec  licaiicoiiii  de  prolialtililé.  A  cii  ju^'cr 
pai'  lo  nom  d'Aiti'iiii.sioii  et  celui  de  l.én.i'Oii,  déjà  coiiniis  atilérieii- 
reinent,  les  Tyraiiiens  se  servaient  du  eilendiier  des  (îrecs  de  l'A- 
sie, qu'ils  avaient  a[)porté  de  .Milcl,  leur  inéiropoN;.  On  a|q)rcnd 
les  noms  (les  douze  mois  asialiiiucs,  ronlic  dans  lei|ue'l  ils  étaient 
rangés  et  le  nombre  des  jours  de  chacun  d'eux,  |)ai-  les  deux 
calendriers  de  Florenreel  de  Leyde.  Sou«  rempire,  d'après  Mêler 
[Uandbncli  (Icr  nidlliem.  mid  trchn.  Chruiiolo(/lL',  Uerlin,  182.")),  ils 
se  succédaient  daiis  l'oi-ilre  suivant  : 

Les  moi?.  L(!ur  rointnencciiii'nl.  Le  nombre  des  joum. 


1. 

KaiTâciOî. 

Le  2i 

septembre. 

30 

o 

Ttfs'pio;. 

2i 

octobre. 

31 

;{. 

'AxatouGio;. 

24 

novembre. 

31 

/». 

Ilocioawv, 

25 

décembre. 

30 

5. 

Avaio;  ou  Ar,va'.o')V. 

24 

janvier. 

29 

(). 

"IspofTsÇa'STo;. 

22 

février. 

30 

7. 

'AcTEiJLi'ffio;  ou    'Ap- 

24 

mars. 

:il 

8. 

EùaYYsXio;. 

24 

avril. 

30 

9. 

iTpa-rovDtoç. 

2'i 

mai. 

31 

10. 

'RlxotToaÇaio;. 

24 

juin. 

34 

11. 

'AvTso;. 

2o 

juillet. 

31 

i^l. 

Aaooîxio;. 

2o 

août. 

30 

On  est  cependant  bien  surpris,  eji  comparant  le  commencement 
de  Lénicon  et  d'Arlémision,  qui  résulte  des  dates  respectives  mar- 
quées sur  nos  inscriptions,  avec  ce  que  nous  présente  la  table  citée. 
Suivant  l'inscription  antérieuremonlconnue,  le  8  deLénreon  corres- 
pond au  17  lévrier;  par  conséquent,  le  1"  de  ce  mois  coïncide  avec 
le  U  février,  tandis  que  le  calendrier  le  fait  coïncider  avec  le  2i  jan- 
vier. Il  y  a  doncune  dilTérence  de  17  jours.  D'après  l'inscription  nou- 
vellement dccouverle,  le  30  d'Artémision  correspond  au  27  avril, 
par  consé(iuent  ce  mois  commençait  le  29  mars;  tanJis  que,  sur  la 
même  table,  son  commencement  est  indiqué  le  24  mars,  ce  qui  fait 
5  jours  de  différence.  Nous  y  trouvons,  en  outre,  entre  les  mois  de 
Léna'on  et  d'Artémision,  un  mois  appelé  'hpoGî'SacTo;,  dont  la  durée 
était  do  30  jours.  Cependant  si  nous  comparons  la  (in  de  Léna^on, 


86  RRVUF.  Ancnf'oi.or,ini:i  . 

qui  coincitio  aver  lo  1)  mars,  en  supposant  (jui^  sa  duri^c  fùl  de 
ûl  jours,  avec  le  ro  nnicnnMnonl  d'Arlnnision.  qui  correspond,  sui- 
vanl  notre  inscription,  au  ÛW  mars,  il  ne  restt  ra,  pour  le  mois  'leio- 
o«6«(rro;.  que  11)  jours.  Il  n'est  pas  douteux  qu'un  mois  île  si  courte 
durée  n'a  jamiis  exi>té.  P.  Hecker.  ipii  a  copi«n'l  explique  lo  pre- 
mier l'inscripliou  de  Koiotnoii-,  a  dr'j;\  (d)MM'vé  que  la  dite  iii(liqut''e 
dans  le  décret  ne  s'accordait  pis  avec  le  cahMidri  r.  ce  qui  lui  lit 
supposer  (|ue  la  lettre  qu'il  avait  prise  pour  un  H  ou  le  iinin')re  8, 
pourrdt  (Mre  un  M,  abivvialion  liu  mol  ar.vô,-;  m:iis  cette  leçon  lui 
a  paru  lia-ardee,  à  cause  de  la  ligne  horizonlde  désii?ii;inl  io  nom- 
bre, qu'on  voit  distincli-ment  sur  la  [lierre  au-dessus  de  II  (v,  Hecker, 
Mrm.  (/'•  /'/  Sorirtr  il'D'ipssn,  t.  II,  p.  W{\).  M  ilheiireiiseiiient,  il  nous 
est  impossible  eu  ce  moment  de  vérilier  sa  copie,  ù  cause  de  la  re- 
construction de  notre  Musée,  quoique  nous  soyons  persuadé  que 
la  discordance  entre  les  dates  dans  les  d.  ux  inscriptions,  et  la  briè- 
veté du  mois  de  'hpoîÉoaaTo;  qui  en  résulte,  sont  la  su'ie  d'une  mau- 
vaise leçon.  Pour  le  promtr,  il  suffit  de  rétablir  le  calendrier  de 
Tyra  ;\  l'aide  des  date>  correspoii(lanle>  .le  l'iiis:;  iplion  nouvell',  on 
observant  l'ordre  des  mois  et  \r  noiiilne  de  jours  de  cliacun  d'eux,  qui 
sont  indiqués  dans  le  calendrier. 

Lo»  van'».  Lent  commencement.  Le  nombic  des  jonn. 


1. 

kaiffdtfio;. 

Le  29  septembre. 

30 

2. 

TiCéciO!;. 

29  octobre. 

31 

:i. 

'Attïto-jcioç. 

29  novembre. 

31 

4. 

IloTioaojv. 

.30  décembre. 

;m 

rj. 

.V7|Vai<«>v. 

29  janvier. 

29 

0. 

'Iepo:£oa7To;. 

27  février. 

30 

7. 

'AfTEIXlTll'IV. 

29  mars. 

3t 

8. 

f.\)%f(ù-\.oi;. 

29  avril. 

30 

U. 

iTfaTOvuo;. 

29  mai. 

31 

10. 

'KicaTOaÇaio;. 

-0  juin. 

31 

11. 

'AvTiO;. 

:}0  juillet. 

31 

12. 

Aa-jôix-io;. 

:tO  aoiU. 

30 

On  voit  par  cette  table  que  le  19  février  <le  l'année  julienne  ne 
peut  pas  coïncider  avec  le  «  (Ht  de  L-n:eon.  parce  qu'il  correspond 
au  -iU,  que  les  Grecs  dt  si-n.  nt  par  la  leltr."  K.  Il  y  a  donc  tout  heu 
de  soupçonner  rerreur  de  Becker,  provenant  de  la  facilité  avec  la- 
quelle les  lettres  11  et   K  peiiveni  être   confoiidiies.   surlonl  quand 


si:u   IM.VK   INsciuPTloNS  (iiirr.niJifs   im  hiii-.»^.  87 

elles  sont  en(lommaR(';es  sur  In  [lierre.  Mais  on  observe  encore,  dans 
la  m^^inc  labli;,  iino  aulni  singularité,  c'est  que  le  commencement 
(les  mois  m-  s'accortie  point  avec,  h;  calendrier;  le  premier  jour  do 
Kaiîâpioç,  ijui  était  le  premicM- jour  de  l'an,  correspond  au  "il»  sep- 
lenihre,  au  lieu  du  2ï  du  même  mois,  ce  (|ui  fait  une  didV'rence  (Je 
j  joui's.  ()\\  est  d'aillant  plus  surpris  de  trouver  celtt;  ditTi'rence, 
(|u.ind  on  réllécliit  (|iie  l'atiiiée,  chez  les  (iiccs  de  l'Asie,  d'après  ce 
que  nous  disent  les  chronoloj,'ucs,  commençait  avec  l'équinoxe  d'au- 
tomne; et  on  ne  saurait  rexpli(juer,  à  moins  qu'on  ne  veuille  met- 
tre le  premier  jour  de  l'an  des  T.\r;iniens  en  i-apport  avec  leur  ère. 

IJans  les  lignes  22,  23  et  2i,  il  est  f;iii  menticm  du  premier  ar- 
chonte el  de  trois  aulies  i|ui  ont  signé  le  décret.  Il  y  avait  donc  à 
Tyra  (juntre  archonies,  dont  le  premier  était  éponyme.  Le  même 
nombre  de  ces  magistrats  est  mentionné  à  Tanais  (v.  le  Compta 
rendu  d<'  l"  ComviisHioii  nrchénlogiijiti'  de  18r)3,  p.  Ofi)  et  à  Drciste 
(v.  Franz,  C.  I.  G.,  III,  Add.  ron\,  n"  .'i822).  Ainsi,  l'Iiypollièse  de 
P.  Becker,  (jui  en  a  supposé  cinq,  est  dépourvue  de  tout  fomleinenl 
(Becker,  ouv.  cité,  p.  404).  Nous  ferons  remar(]uer  h  cette  occa-ion 
que  le  tilre  de  npotsytov,  (jue  portent  chez  Const<intiii  Porphyrogé- 
nète  les  chefs  de  Cherson,  n'a  d'autre  signilicaiion  que  celle  de  rpw- 
Toç  «cytov  (Const.  l'orphyr.,  o3),  comme  celui  (ràc/ovTe-jojv  du  maibre 
d'Olbia.  Le  titre  de  ^iç'xu.u.a.Ts.hi  t^;  ttoàeo);,  dans  la  ligne  H\,  est  équi- 
valent à  celui  de  Ypaiiuareùç  t^;  fiouX-7;;.  Il  n'appartient  pas  exclusive- 
ment à  Tyra,  car  nous  le  trouvons  ailleurs  (v.  Bœckh,  C.  f.  (?., 
n°  3S58).  Les  signatures  des  sénateurs  nous  présentent  un  mélange 
de  noms  grecs  et  romains,  ce  (|ui  ne  doit  pas  nous  étonner,  puisque 
la  MiTsie,  à  laquelle  appirtenait  la  ville  de  Tyra,  éliit  une  station 
militaire,  où  les  Hoiiiains  entretenaient  toujours  des  forces  coiisidé- 
bles.  Le  nom  grec  BoYiOo;se  trouve  aussi  chez  Bœckh,  C.  J.  G.,  l,  i'66; 
Franz,  n"  0908.  Le  nom  AaiîOsvvi;  sous  la  forme  AaGGsvY);,  Hmi  kh.  C. 
J.  G.,  II,  p.  'i.  Le  nom  barbare  Zoûpri  nous  rap[)elle  ceux  des  villes  de 
la  Zoupoêapa  (Tahula  Peuthir/.)  et  ZiriSava.  Mo'xxa  nous  fait  penser  aux 
noms  i:aulois  et  cellii|iies  Toccn,  Ducca,  Vocca,  Pocra{\.  Cod.  inscr. 
roman.  Dnnuhii  el  lilieni,  n"  ii,  207,  1449,  1454,  2(l.);3,  3300).  A 
la  même  analogie  semblent  i-e  rapporter  aussi  Iliixa  et^iwaa.  Il  est  à 
regretter  que  le  nom  étrange  riiToap,..  ne  se  soit  pas  conservé  en 
entier. 

Comme  appendice,  j'ajouterai  encore  à  ce  mémoire  quelques  re- 
marques concernant  les  lieux  où  les  deux  inscriptions  ont  été  trou- 
vées. Aucune  d'elles  n'a  été  délerrée  à  Akkerman,  où  les  archéolo- 
gues s'accordent  à  placer  l'ancienne  Tyra;  mais  toutes  les  deux  à 


RS  UKVUK   ARCIU^OLOOIorK. 

uno  tlislnnco  di^  cimiI  kilom«Mros  l'iiviion  d»'  rcttc  villi',  sur  la   rive 
gaiirlh"  »lu  Hiiii'slcr.  C-ommcnl  (Icvons-iioiis  «'xpliciiifr  l'ctU'  rirrons- 
lanceassoz  singulit^rc^Ouandt'l  p.u'cjiii  Cfs  puMTOsoul-i'lhs  été  Irans- 
porU'os  iMi  ros  lieux?  Kl  n'avon-nniis  i>cul-iMro  pas  lort  de  placer 
Pvra  à  Alvkermaii.  au  lieu  île  le  elicrcher  .^  la  pl.ire  iiidit|uét'  par  nos 
deux  inscriptions?  Un  de  nos  savants  di^iingués,  Philippe  Hruun,  a 
éiitineé,  à  l'occasion  de  la  trouvaille  dans  le  village  de  Korolnoïé,  une 
hypollièseinidinissible,  en  supposa  ni  l'existence  (le  deux  vil  les  du  nom 
de  Tyra,  dont  l'une,  qu'il  croxail  avoir  été  fondée  après  la  destruc- 
tion de  l'ancienne  présd'Akkeniian.  (luehjue  temps  après  Vespasien, 
se  serait  trouvée  prés  du  village  mentionné,  situé,  à  ce  qu'il  préten- 
dait, sur  l'Ile  deTyragétes,  pays  entre  le  Dniester  et  le   Koulchour- 
gane,  présentant  l'aspect  d'une  île  pendant  les  gramles  eaux.  On  ne 
peut  pas  non  plus  partager  l'opinion  de  Mommsen,  (|ui,  pour  expli- 
quer réloigncmenl  du  lieu  o;.  l'inscription  a  été  trouvée,  dit  (lue  la 
pierre  a  été  posée  par  les  Tyraniens.  pour  marquer  les  limites  jus- 
qu'où s'étendait  leur  immunité  des  drcuts  de  douane.  Sans  discuter 
les  opinions  citées,  je  ferai  observer:  i"  que  les  deux  inscriptions 
ont  élê  déterrées  dans  des  villages  éloignés  de  neuf  kilomèires  l'un 
de  l'autre;  2°  que  les  fragments tiui  manquent  n"'ont  pu  (Mre  retrou- 
vés; 3"tiu'on  n'a  trouvé  jus(ju'à  présent  surleslieux  où  les  pierres  fu- 
rent découvei  les  ni  décombres,  ni  monnaies,  ni  morceaux  de  vais- 
selle cassée,  ni  autres  preuves  de  l'existence  d'une  ville;  V  (jue  le 
transport  par  eau  étant  facile,  nous  avons  tout  droit  de  croire  ipie 
les  pierres  ont  été  transportées  par  les  Moldaves  (jui,  pendant  la  do- 
mination turque,  s'étaient  établis  sur  la  rive  gauche  du  Dniester, 
d'autant  plus  que  ce  sont  eux  (jui   étaient  chargés  de  fournir,  avec 
leurs  galères,  du  bois  de  construction  et  île  chaulïage  poui'  les  forte- 
resses turques.  Les  villages  de  Korotnoïé  et  de  Tchobroulchi  sont 
jusqu'à  nos  jours  habités  par  les  Moldaves. 

Agréez.  Monsieur,  mes  respects  les  plus  distingués. 

LADISLAS    JL  i'.Cli;  \  ITCH. 


sun  DKUX  i.Nscaii'iioNs  (;iii:<;yi;i;s  iM;t»in>;. 


.SU 


ApiTTOva   'Activa  tÔv  '^O/JraTtiv, 


HpeoêEÛovTa  uTrÈp  tï;  £>£uOepi'a;  (ujort  tÔv  ô'jo{y)  XeÇoctto^û)  é;aeTi(av) 
x(aT)a(7:)ooaaô)VTot. 

npoûixr^TavTa  (x)a(X('oç). 

Nouo:puXa(xr,)(Tav  ra. 

Aa[JL(Oopvr^(javTa  xaÀio;. 

npÊcêeûco'VTa  ttotI  [iaGiXsa  l»oiar,Tâ().)xo(v,  Trspt  c-j[jLaa/îa;  (xai)  £7:it£t(£u,- 
/Ô(t>. 

('l£)paT£Ûi7a(v')Ta  xa>co(ç)  xai  (£Î,xov>(a)  /a(ci)'7â(a£vov). 

Aio(ix)-/"^(javTa  xat  0(oTi(Gja(vTa)  y_p-/,aaTa  (T;â  ttôÀc'.. 

npea6(e)ûaavT'x  toti  padiXEa  l*oi[XY)TâXxav  xô  5eoT£pov  xai  £::iT£-:£'j(-/o)Ta. 

Aaaiocyr'aavTa  xat  £txovi(a)  T£X(£<;avTal . 

lJoXtT£u',oii.}£(v)ov  xaÀôi;. 

K7i(çi(t)o2oto;  (£)7r{o)r,ffc. 


II 

( 'E-£i5v]  Koxxr't'oç) 

X 

a£i 

ycr^!7(iu.oc.   .    .£'j/:r,i7To;  £v='v£TO  TV)  :TaTpîûi).  (ôj 

5.    0£iOT(aTO(; Pwaatwv  aÙTOxpaTw) 

p  r,i;r,(T£  (rJ'.v  -dXtv  •/■jiji.ôiv) 
etç  xà  xaT£ 


90  npvip   \n(.Hi*oi.oriioi)F. 

Cti  TT,;  TÔlV  5 

10.    rracà  TO'j;  Tjvo  (tû  S/|X(o) 

auuç«fôvTto(v)  ((•)«pe).(|jLOu  iv) 

Sôy'Oai  TT,  pou).Ti  x«\  T«j)  Sr];ici>  K(oxxy,iov 

vov  TeT£i|xy,«îOai  yc'jifo  (jTtsâvt.)  x«\  (5rX)(j>  iT:i(yÇ'j<H;>) 

15.     tÔ  T£  •l/T,5iaU.'X   T£).£l(oO£V  OttÔ  TO-J  Y5«|J'-^»>(«T£0);) 

TT,;  rrôXeojcOùaXîsîou  Poûoou  5oOT,vai  t'o  (raTpl) 

«ÙTOfj  KOXXT.U;)  OÙ«X^VTl  Xa\  TO  àvTlYCOtSOV  «(tOTi)- 

OT,vai  £Î;  Ta  57);xO(Jia.   'Ky^^îto  ev  Tûpa  r.fo.  K.   KaXavSôiv  Ma 
»i)v,  AÙTOxpotTOci  Kojxôoto  TO  V.  xai  'AvTirru;)  lio'jp- 

20.    pto  OzaTOi;.  t'o;  ûê  Tupâvoi  ayoudiv,  ?tou;  KKP,  «p/.ôv- 
TO)v  ûè  Twv  •TTEpi  BeÔocogov  U;t,Oou,  iJi7)vb;  'ApTEuiai- 
tôvo;  A.   'Ei^cav''^''"''^  •  ©Eootopo;  Bot,Oou  r.zot- 
To;  apywv.  Kaïaap  Zoucïi  ap/wv.  AataOÉv/j;  >Hxxa 
a:/o)v.  AiXio;  Aovîxio;  «p/wv.  OùaXEiiavô;  Ilov- 

2*).    TixoO  £Î(rT,vT,Ty'<;.  TiÇ.  KXtjÎio;  'Av(T£po)To)c .  2(£)irroû- 

;/.io;  'lEpoijwvTO;.  Ilîoavo;  IlTsap o; 

BaTffiavoù  'lEpo'jvuuLo;  'Ap(T)EjjLiO(.')(pou).  ©sôS'wpo;  0£o) 
ôwpou.  Xp'jffi'Tnio;  XcutÎzttou.  NîyEp  'AcTEatîcôpo'j.  M-z 
xâcio;  'ApTEaiO(«')pou.  Aiovuîdoiopo;   'A/iXÀaîou. 

30.    Aoûxio;  iaropvîXou.  <l>iXoxaXo;  <^lXoxaXou.  Aïo- 
vJTio;  IIi'iTxa    'H:a/.XEtov  iôiaa.  As'Xoo;  As'X^ou. 
OOaXe'îio;  Poôio;  vpotuaaTEu;  ETEXEicWaro 
•l/'/siTa'y. . 


OBSERVATIONS  sril  LA  CIIKONoLOdlK 

DB 

0UI:L0UF.S    archontes    ATlir^XIENS 

POSTÉRIEURS  A  LA  CXXir  OLYMPIADE  ' 


La  dernière  liste  des  archontes  athénions  qui  ait  ^lé  puljjiéo  est 
rellp  t\na  iirc'^sée  .M.  Helzer,  dans  la  rinqiiièmo  édition  di's  Grio- 
cltisclir  Sldatsdltprlhiimer  de  K.-F.  Ilcrniann,  prociirôi'  par  B.  Slark 
en  1875.  Pour  i'époiiue  postérieure  à  la  122" olympiade  (2'.)2av.  J.-C.)i 
rauli'urallemanil  a  suivi  [)resquopai  tout  les  deux  ouvrages  de  M.  Du- 
monl,  ['Essai  sur  In  clironologic  (les  archonlos  athéniens  et  [•'  Nou- 
veau Mémoire  (I87i),  1874).  Depuis  lrt7o,  la  puldication  du  Corpus 
iiisrriptionuin  atticantm  et  surtout  les  fouilles  de  l'Ecole  françiise 
d'Alhèues  à  Délos  ont  complélô  et  modifié  sur  bien  des  points  la 
liste  de  M.  Gelzt-r;  celle  que  doit  donner  prochainement  M.  Hug 
dans  la  sixième  éiiition,  actuellement  sous  presse,  des  Stantsalter- 
thamer  de  Hormann,  marquera  sans  doute  un  progrès  notable  sur 
les  travaux  précédents.  En  iîS73  2,  iM.  Dumont  avait  déjà  rendu  très 
vraisemblable  qu'à  partir  de  166  avant  J.-C,  époque  à  laquelle 
Délos  fut  concédée  à  Atbènes  par  les  Romains 3,  les  archontes  nom- 
més dans  les  inscriptions  de  celte  île  étaient  les  archontes  alliéniens 
et  non  des  archontes  locaux,  comme  l'avaient  pensé  Corsini  [Fast. 
hellen.,  I,  p.  370),  B(T^ckh  (C.  /.  G.,  n°  2270;,  Westermann  (arL 
Arcfionten  dans  la  Bealencyclopœdie)  et  Bursian  (Geogr.  Gricchrn- 


1.  Lu'-s  h  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  le  3  août  1883. 

2.  Dumont, /fl  Chronologie  athénienne  à  Délo'' ;  Rev.  nrrfiéo/.,  1873,  vol.  XXVI. 
p.  25G, 

3.  Il  y  a  quelque  incertitude  sur  cette  date  ;   v.  Homolle,  RnH.  de  corr.  hellen., 
II,  p.  582  :    1\',  p.  183  ;   Hcrtzberg,  Ge^ch.  Griechenlamls,  p.  84,  note  60. 


\)2  iiRVLK  auchf^oi.oc.ioi'k. 

liiinls.  II,  p.  'i.*i7).('cllo  coriclusimi  csl  aiijoiir^riiiii  toiil  ;i  fait  iiicoii- 
tfst.il)l(\  et  il  serait  à  poino  bosoiii  ilc  la  lappi'ItT  si,  dans  1(î  volume 
(lu  Corpiif  intci iplionum  ntlicdiinii  pulilié  en  1H7S,  M.  |)itli'til)('r^,'t'r 
ne  l'avait  de  ndiiv.aii  r(''V(ii!Ut''e  en  doute'.  Il  est  vi.ii  i|ii'aii  iiiomtMit 
où  ce  vidiime  du  C.orpux  s'imprimait,  M.  Ilomolle  n'avait  pas  piihlié 
les  insonptioiis  dciMnivei tes  dans  sa  première  campa^îne  de  fouilles 
il  Mélos,  et  la  théorie  de  Ileckli,  bien  (jiie  diflicile  à  soutenir,  n'était 
pas  diMinitivemenl  écartée  comme  elle  l'est  aujoiiitrimi . 

Les  nouvelles  insrriptioiis  de  Délos,  sur  lesi|U(dles  se  fondent  les 
considérations  clironolo},M<iues  cpie  j'ai  l'Iiomieur  de  soumollre  à 
l'Académie,  appartiennent  à  deux  groupes  dilTérenls.  Les  unt'>  ont 
été  trouvées  en  18.SI,  dans  le?  fouilles  ijue  M.  Ilauvelle-nesnault 
a  praliijuées  sur  la  terrasse  des  tem[des  étrangers  :  cdlcs  ont  été 
publiées  par  lui  dans  le  Bulletin  tir  corvrupoudanct'  heUni'ujni^  t.  VI, 
p.  ^î>.*)-3.-):2  et  p.  470-r)()3.  Les  autres  ont  été  découvertes  |iar  moi 
en  1H82  sur  la  rive  gauche  de  l'Inopus,  à  l'endroit  où  s'élevaient 
autrefois  les  temples  d'Hercule  et  des  Cabires  :  je  les  ai  publiées  dans 
le  liulletin,  t.  VII,  [t.  3-20-373.  Toutes  ces  inscriptions,  comme  les 
monuments  où  on  les  a  trouvées,  appartiennenl  à  la  lin  du  second 
et  au  commencement  du  premier  siècle  av.  J.-C;  c'est  donc  à  cette 
époque  que  nous  devons  rapporter  les  archoides  qui  sont  menlion- 
nrs  dans  ces  documents. 

Parmi  les  inscriptions  (|ue  j'ai  découvertes  se  trouve  une  série  ne 
textes  remanjuables,  gravés  sur  des  blocs  de  marbre  se  faisant  suite, 
et  (|ui  semlilent  non  sculemeiil  dater  de  la  ménii'  époque,  mais  élie 
l'œuvre  d'un  même  lapicide.  Ce  sont  des  médaillons  de  rois  étran- 
gers consacrés  aux  dieux  par  un  prêtre  des  Cabires  et  de  Neptune, 
Hélianax  fils  d'Asclépiodore,  Athénien.  La  date  approximative  du 
groupe  tout  entier  peut  être  fixée  avec  assez  de  précision.  L'une 
i\l'^  dédicaces  {liul'.  de  corr.  Iiellén.,  VII,  p.  3iG)  est  en  riionneur 
d'Antiochus  (irypus,  assassiné  en  iMJ;  elle  doit  donc  élie  antérieure 
ù  cette  dali-  et  postérieure  tout  au  moin«  à  lijri,  épo(iiie  où  commence 
le  règne  de  ce  prince.  A  la  date  extrême  de  l^^i,  on  [leul  d'abord 
substituer  celle  de  120,  puiscjuc  Mitliridate  le  Grand,  (|iii  monta  sur 
le  trône  en  cette  année,  est  nommé  dans  une  dédicace  du  même 
groupe  {Bull,  de  corr.  /<e//cu.,  VII,  p.  3.mj.  Co  iime  Miiliridate  n'avait 
alors  que  douze  ans,  cette  date  elle-même  est  trop  élevée,  ei  l'on  |)eut 
allirnier  avec  toute  conliance  que  le  groupe  dont  il  s'aj^il  se  place 
ciilM'  Miel  ÎKiaviiil  J.-t!.  Les  aulies  iiis.i  iplions  Iroiivéesau  même 

1.   ('.  !.  ,1.,  I.   III,  roiiimciilniif  du  ii     lOI'j. 


«•.mio.Noi.oiwr.  i»k  ulki.oi  i.s  aiiciiomks  m  iii.mk.ns,  î>3 

(3ii(lioil  cl  (lt''(li('('S  par  (les  [nr-trcs  .'nilrcs   (|irilili;iii;ix,    soril    .iri- 
térieuivs  ;iux  précôdcnles,  mais  il'uii  pdil  iiniiihii'  .l'aimées  si.'ulc- 

llR'Ml. 

delà  posé,  voici  les  iluniitcs  iiouvolhîs  (|iit'  f{)uriii>>''nl  à  la  cliro- 
nologie  des  arclioiiles  les  iii,>(-iiplions  découvertes  pir  .M.  ilauvctle- 
Ik'siiaull  el  par  moi. 


1 

AI\CIIOMAT  l)K  .MKIO.N. 

Cet  archonte,  inconnu  jusqu'à  présent,  est  nommé  dans  l'ins- 
cription suivanle,  trouvée  par  moi  prés  du  temple  des  Cahires  :  'Apî- 
a-oyj  'ApîaTWVo;  ixeipiey;  Upeùç  Y£vôa£vo;  ©s'ôv  aEyâXojv  AiOTy.oiOJV  KaÇet- 
po)v  £v  Tîoi  i~i  IMe'twvo;  ap/ovToç  tviauTÔi'.  L'arcliontal  de  iMéloii  doit  se 
placer  aux  environs  de  îlO  av.  J.-C,  probablement  à  une  date  un 
peu  antérieure.  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  restituer  le  nom 
de  Méton  dans  la  liste  d'éponymes  athéniens  publiée  par  Pittakis 
('[L'^oa.  àp/.,  n"  578)  et  par  M.  Dumont  {Nouv.  Mémoire,  p.  13), 
où  la  ligne  8  de  la  première  colonne  présente  les  lettres  suivantes  : 

Eni.  .  .00NO2 

En  ell'el,  l'archonte  Arisloxéne,  dont  le  nom  précède,  appartient 
probablement  à  l'an  07  av.  J.-C. 

H 

ARCHONTATS  DE  LYKISKOS,  DE  DIONYSIOS  l^T  DE  DIOTIME. 

L'inscription  que  nous  venons  de  citer  est  exactement  semblable, 
sauf  les  noms  propres,  à  l'inscription  n°  2-2'.)Q  du  Corpus  inscriptio- 
)uim  (irœcanun,  datée  du  nom  d'un  archonte  Dionysios,  successeur 

de  Lykiskos  :  Tàïo;  l'aîou   'A/otçv£Ù;...  £•.;  "ôv  £zi  AtovuTiO'j  Toù   [XETa  Au- 

X17X0V  apyovTo;  EviauTov.  Cette  indication  peu  commune,  ajoutée  au 
nom  de  Dionysios,  s'explique  par  ce  fait  qu'il  a  existé,  vers  la 
même  époque,  au  moins  un  autre  archonte  du  même  nom,  Diony- 
sios successeur  de  Parainonos,   dont  il  sera  (juestion   plus  loin. 

1.   Bull,  de  r,,rr.  hclléil..  t.  VII.  p.  340. 


WS  UKVLR   AIlCHKOLof.lylK. 

R(vrkli  iC.  /.  (î-,  iîiTtn.  gui. lé  sculfiniMit  p:u-  SdH  iiistiiul  l'pinia- 
plii(|iio,  —  il  i}:iioi;iit  im'^iiu»  (|ue  ces  |n'rs<mii:i{î(S  fii>senl  des  ai- 
clioulci^  alhêtnens.  —  .ivail  |il;i(*ù  Dioiivsios  t'I  Lvki^kos  vers  170  av. 
J.-C.  La  (lalo  (juc  leur  assignent  MM.  Dnmoiil  et  Gelzer  est  jilns 
basse  de  103  ans;  elle  se  fonde  sur  un  inoniimenl  épigrapliiciue 
dont  la  dê»-ouveile,  postérieure  au  C.  /.  6-'.,  a  donnt'!  i;»'u  à  de  nom- 
breiisis  discussions.  Kn  |SU(),  T'I-'^rî^efi;  àf/otio).ovixr;  a  [)ublié 
(n"  i}71»3)  un  fia^'uient  d'époque  romaine  renferniaiit  une  list.-  de 
noms  sur  ciii(|  colonnes.  .M.  DunionI  a  reconnu  une  les  pcr.Mtnn.-ges 
ènuinérés  étaient  des  archonics  olhéniens,  et  (  omme  les  drwx  [)re- 
iniers  noms  de  la  première  colonne  sont  Lykrkos  cl  l)ionysn»s,  il 
a  conclu  avec  toute  raison  (|ue  l<'S  archoiiles  nommés  d  iiis  Tms- 
criplion  de  Délos  {C.  J.  G.,  n-  i2UG)  étaient  bien  des  an  Inuiles  allié- 
niens.  Léluile  qu'il  a  faite  de  ce  texte  {Essai,  p.  ."H;  Xonc.  Mémoire, 
p.  m)  l'a  conduit  il  la  conclusion  -{ue  ces  magislrals  avaient  exercé 
leur  diarpe  dans  les  années  «  et  7  av.  J.-C.  d.  Uillenbergi'r,  réé- 
diianl  el  discutant  le  même  texte  (C.  /.  .1.,  111,  KHI),  •oiulial  tous 
les  résultais  obtenus  par  M.  Dunionl,  el  éuoncc,  en  terminml,  une 
hypotliè>e  ipi'il  csl  inutili  de  réfuter  aujouKriiiii  :  (Jnure  iilu/uandu 
mitii  in  mcnlem  rcuit  for  tasse  demarclws  iin(ji  (ihcttjiis  Aitict  lue 
perserijilos  esse.  Avan'  u.émc  la  puhiicalioii  du  Iroisiéme  volume 
du  Corpus,  M.  Duimml,  lisant  en  épieiives  le  Commenldire  de 
M.  Dillenberger,  prouva  une  fois  de  plus,  cl  d'une  manière  décisive, 
(|ue  les  magislrals  énumérés  élaienl  bi.  u  d«\s  archontes  alliéniens 
{Bull,  de  eorr.  hellén.,  t.  1,  p.  .'iO..  M.  Cari  Curlius,  dans  le  Jakres- 
tericht  de  Bursim  (1878,  [..  I'j),  donna  aus-;i!ôn-aison  à  M.  Du- 
nionl contre  M.  Dillenberger.  Ce  fail  une  f.»is  acquis,  il  rc.-iail  à 
di>cuier  les  dates  a>sigiiées  par  le  Nomeuu  Mémoire  aux  archontes 
Lykiskosct  Dionysios.  C'esl  ce(iue  personne,  à  ma  connai-sance  du 
m'oins,  n'a  encore  fail.  M.  Hauvelie-Mesnaull,  publiant  une  inscrip- 
tion de  Délos  où  les  noms  de  ces  archonics  se  rencontrent  encore 
(liull.  dr  vorr.  Iiellrii.,  I.  VI,  p.  480),  adopta  les  ditt'S  iu.liquées  par 
M.  Diimonl  cl  le  Lehrbiich.  C.es  dates  so:il  inadmis;  ibies  :  elles  sont 
Irup  basses  d'«  nviron  un  siècle.  Voici  les  [neuves  (jue  nous  pouvons 
fournir  à  l'appui  de  celle  assertion  : 

1»  tn  8  cl  7  av.  J.-C,  Délos  élail  ;i  peu  prés  déserle  ;  d'ailleurs, 
l'excellenle  exécuiion  des  inscriptions  portant  les  noms  de  ces  ar- 
rlioiil«s,  notamment  de  celle  t|u'a  publiée  M.  Ilauvelie-I{esnaull, 
délend  absolumenl  de  les  i  app<u-ler  :■  une  époque  aussi  ba.sse. 

T  Nou>avonh  publi6(/yM//.  de  corr.  hellén.,  VII,  p.  :i.'{7)uneinscrip- 
lion  de  Délos  trouvée  prés  du  temple  des  Cabires  el  ainsi  conçue  : 


(IIHONOUK.IK    l)K   gUKLQUhS   AHCIIONTKS   AI  IIÉMK.NS.  O'i 

'llcaïo;  'AuoXXo8o)oou  iiouviib;  Uçeù;  yêvouôvoî  0£o)v  uey»^"'^  >**'  Aioffxopojv 
>cxUvië£^pbjv  iiû  8m;xiXT|Tou  TÎj;  viico'j  'IIy/io(ou  toû  <I»i>/j7TpaT0u  HuaaiTâoou 
x«l  TÔiv  M  xk  t£pà  'KoTiaou  toù  'Kttiïou  i!î.r|TTiou  xai  'Aç/iaXeou;  tou 
'Ap/iJtXÉou;  AîixiâSou  xal  tepso);  tou  'AtcoXaiovo;    'Apttoi;  toû    "Vçeo);   K'/ili- 

CTiâo;.  L.i  lorme  des  leilrcs,  leur  écaileiiwril  cl  leurs  dimensions 
indi(Hit'iit  cLiiiciiiriii  le  ii'^  siècle,  av.  J.-C.  Si  l'on  r.ii'pioclK;  ce  texle 
du  II"  i-jyi»  du  (j.  I.  G.,  011  reiii;ir(|uiT;i  ()ue  les  iJio-ciiies  el  les  Ca- 
bines sont  réunis  d;ui>  le  iiôlre,  tandis  (lu'ils  suiil  iilenliliés  d.iiis 
celui  du  Corpus  :  Upsù:  '{vjÔu.vjo-:  BîÔîv  u.t-fi'n'yj  Aio7/.ôaov  KaSetioiv. 
L'iiisciipliou  du  Corpus  |i;ii;iîl  donc,  èlie  un  [leu  plus  réceiile;  c'est 
égaleinenl  ce  i\\\c.  I.iis.se  supposer  la  inenlion  des  épimélèles  ot  eVi  Ta 
Uçk  dans  notre  texte  et  celle  du  prêtre  d'ApidIon.  Enlin,  Aioaxopoi  au 
lieu  de  AioTxouoJi  est  la  loi  me  aduiue  au  léuKUgiiage  de  Pliryniclius 
(p.  235),  taudis  (|ue  riiiscriplion  publiée  par  Hœckli  pon--  Aiôt- 
xoopoi.  Si  donc,  comme  nous  le  pensons,  noire  texte  remonte  au 
moins  à  145  av.  J.-C,  riiisciiplioii  du  Corpus  qui  nieiilioune  l'ar- 
chonle  Dionysios  sera  de  vingt  ou  trente  ans  postérieure;  mais  la 
similitude  des  formules  empoche  de  la  faire  descendre  jusqu'en  l'an 
7  av.  J.-C. 

3"  L'inscription  menlionnant  l'arclKmle  Dionysios  successeur  de 
Lykiskos,  publiée  par  iM.  llauvelle-Besriaull,  est  datée  approxima- 
tivemcnl  par  l(\s  textes  du  même  i;roupe  qui  ont  été  trouvés  tout 
auprès;  or  ceux-ci  se  placent  pour  la  plupart  dans  l'intervalle 
compris  entre  99  (arclionlat  de  Tliéodosios)  et  121  (archonlal  de 
Ja>on).  Le  style  et  les  caractères  épigrapliiques  sont  d'ailleurs  les 
mêmes. 

A"  La  liste  d'archontes  publiée  par  Pitiakisdaus  l"E-f/,a£pi;  io/iio- 
Xoytxr,  (n"  3793)  inenliotine,  après  Lykiskos  el  Dionysios,  Théodori- 
dès  et  Dintime.  Le  nom  de  ce  tlernier  archonte  s'isl  rencontré  dans 
une  inscription  éphèldque  de  Délos  que  j'ai  Irouvéeau  même  endioit 
et  publiée  dans  le  Bulletin,  t.  VU,  p.  370.  Les  commentaires  dont 
j'avais  accompagné  celle  inscription  n'ayant  [loinl  paru,  je  n'ai  pu 
encore  en  signaler  l'importance  pour  la  chronologie  des  archontes 
athéniens. 

L'archonte  Diotime  dont  il  e.'-t  question  ne  peut  être  celui  de  l'an 
28G  av.  J.-C.,  car  la  paléographie  de  notre  texte  interdit  de  le 
faire  remonter  jusqu'au  111"=  siècle.  iMais  .-^'il  lall.iit  accepttr  les 
conclusions  du  Nonceua  Mémoire  et  du  Lehrbuch,  ce  texle,  contem- 
porain du  second  Dioiime,  sjrail  de  l'an  o  av.  J.-C.  C'est  ce  (jui  est 
tout  à  fait  inadmissible  :  à  cette  date,  il  n'y  avait  pas  de  concours 
éphébiques  à  Délos,   puisqu'il  n'y  avait  presque  plus  d'habitants 


'.)(>  HKVUK    AUr.HKOLOC.IQUK. 

el  ilailltMirs  la  pali'ographit»  de  r«'  ilofiiiiu'iU  t'sl  iil.'nli.|ii«'  à  ivlle 
di's  iusciiplions  liouviH"s  dans  le  voisinaj,'!'  (|iii  apparlit'iiiu'iil  au 
second  sièc'U'  av.  J.-O.  '.  Par  conséquent,  l'aiTlionte  IJioiime  doil  se 
plaCiT  vers  !(>!,  cl  les  an'honles  Uionysios  el  Lykiskos,  ses  prétié* 
ce>st'urs  presque  iiiimcdials.  vers  MXi  «!l  \')2  av.  J.-C. 

5°  .M.  Leliéj.'uea  publié  ilU'clirrchrs  sur  Dclos,  \).  1(»3  el  Km,  deux 
inscriptions  trouvées  sur  le  ('.yiillie,  dont  Tune  porle  le  nom  de  l'ar- 
clionte  Diolinie  et  l'autre  parait  contenir  celui  de  Dionvsios.  Celles 
des  insrriplioUN  tlécouvertes  au  même  endroit  (|ue  Ton  peut  dater 
avec  certitude apparlicnnctil  aux  années  117-Hl  (n°  XI,  p.  IT)/)  et  98 
(n°  X,  p.  loO  .  Il  y  a  donc  là  un  argument  nouveau  pour  faire 
attribuer  au  même  intervalle  les  arcbontalN  de  Diotime,  Dionysios 
el  L\kiskos. 

G"  ITautres  indices  tout  ù  fait  concordants  sont  fournis  par  les 
inscriptions  des  sanctuaires  étrangers.  Le  prêtre  des  Cabires,  dans 
le  n-  :2iUG  du  Corfius,  est  lâïo;  l'aîou  '.V/apveû;;  or  ce  personnage 
ligure  sur  une  liste  de  prêtres  de  Sérapis  à  Délos,  publiée  par 
M.  Hauvelle-Hesnault,  Bull,  ih'corr.  //<7/e«.,t.  VI,  p.  3^0.  Son  nom 
y  esl  suivi  de  six  autres  dont  le  dernier  est  lo^twv  OivaTo;.  Ce  Sosion 
est  d'ailleurs  nommé,  en  qualité  de  prêtre,  dans  une  dédicace  de  môme 
provenance  en  l'bonneur  d'un  roi  Nicomède  et  du  peuple  albénien 
[Bull,  de  corr.  //e//<'».,  Vl,p.  'SM),  délicace  qui  doit  être  antérieure  à 
88,  époque  de  la  défaite  de  Nicomède  III  par  Milbridale.  Une  autre 
inscription  de  Délosen  riionneurdu  roi  Nicomède  (C. /.  ^7.  n"  2i7'J) 
esl  attribuée  par  Hii'ckli  aux  années  8U-M),  avant  la  prise  de  Délos 
par  les  généraux  de  .Milliiidate.  En  suppo>ant  les  prêtres  de  Sérapis 
annuels,  ce  (jui  i)arait  avoir  été  le  cas,  Viïo;  Taîou  a  dil  exercer  la 
prêtrise  en  \)"i  av.  J.-G.  au  plus  tard,  et  proliablement  buil  ou  dix 
ans  auparavant.  Celttî  seule  preuve sufliraitàdéiiionlier  ([ue  Lykiskos 
et  Dionysios,  contemporains  de  loto;  l'aiou,  ne  [»uuvaient  être 
arcbontes,  à  Alliùnes,  (|ualre-vingl  dix  ans  a[irés  la  prêtrise  de  ce 
personnage;  il  n'existait  d'ailleurs,  en  l'an  7  av.  J.-C,  aucun  roi  du 
nom  de  Nicomède.  Viïo;  Tatvj  ligure  encore  à  lilre  de  [irêtre  dans 
une  inscription  des  .sancluaiics  èlraii^ers  [liidl.  Je  luir.  hellén., 
\I,  p.  324),  inscription  où  l'on  trouve  au-si  le  nom  de  Séleucus, 
lilsd';\nilroiiicusde  Ubainnus  :  or  ce  Séleucus  e.-l  mentionné  sur  la 


!.  Une  »ulrc  inscriplion  l'pliébique  du  Délos  (Wu//.  de  corr.  Iiellén.,  III,  p.  37) 
m)-(itioiin<;  rarcliont»!  Apollodore  (80  nvani  J.-C.  5uiv;iiil  .M.  Dmiioiit,  'jb-Vl  Huivanl 
.M.  Kotllicr  ,  qtn'  nou»  croyoïiB  antérieur  à  88.  L  ii»scrij)lion  l'pliObiquc  ('.  I.  <«. 
Il-  2300  a  été  faiis»emciit  aUribin'f  à  Délo». 


CIIIIO.NOIAXMK    DE    yi'M.ui  I  S    AUCIIO.V  IIS    AIMKMK.N<.  'J7 

liste  des  pilaires  (Je  Séi"i|»is  (/i////.  ilr  airr.  hrllni.,  VI,  p.  .'jriO),  (|ii;i_ 
tre  lii,Miusplus  loin  que  lato;  Taîvj. 

7»  lliiliii.  nous  (levons  ikjiis  (JeiiiaiiJer  s'il  y  a  moyen  de  concilier 
iKJs  coiirliisions  avec  la  liste  d'arclionles  atlié'niens  étudiée  par 
-M.  Duiiioiil.  I.;i  clKJse  nous  parait  fort  simple.  Les  deux  premii-res 
colonnes  de  l'inscription  du  Vaivakfjion  contienni-nt,  la  (iremi(";re 
les  noms  de  Lykiskosel  de  Dionysios  suivis  de  six  autres,  la  seconde 
celui  de  MviSeto;  suivi  de  deux  autres  et  du  mol  àva;/{ct,  indi(|uant 
une  aniK'C  sans  arclioiiles.  Or  rien  n'einp(\-lie  d'admettre  avec  Hergk 
{lilicintschcs  Miiscnm,  l.  Xl\.  p.  (io:,)  ,jue  l'àvai/i'a  de  la  seconde  co- 
lonne iiKlniiieraiiik'c  (le|apri>e  'l'Alliènes  parSylla(8G).  Cecioblige, 
si  l'on  tient  compte  des  noms  iiiteiiiK/diaires,  de  placer  Lykiskos 
et  Dioiiysios  au  plus  lard  en  <J7  et  1)8  ;  nous  disons  au  plus  lard, 
parce  ({iie  la  liste  atlaiiienne  est  un  fragment  et  qu'il  a  pu  se 
perdre  un  certain  nomlue  de  noms  en  haut  de  la  dcuxif-me  colonne 
et  en  lias  de  la  i)iemi(:re.  Comme  les  anm^'es  iUî-IOl  sont  occupties 
par  des  archontes  dont  la  date  et  Ks  noms  sont  aujourd'hui  certains 
il  faut  reculer  Lykiskos  jusi/u'en  IO.'}  et  Diunysios  jusqu'en  102 
avant  J.-C.  ', 

m 

AIU;ilONTAT  Dli  DIOWSIOS  ô  iJ.;Ta  Uapâixovov. 

M.  Dumont  a  pensé  {Essai,  p.  120)  .jue  et  archonte  devait  (-tre 
postijrieur  à  17:?  avant  J.-C.  et  anl(:'iieur  à  100.  Une  remanpie  de 
M.  Kœhl'r(C.  /.  .1.  II,  p.  ^àW)  prouve  d'une  manière  certaine  (juil 
esta  peu  près  contemporain  d'Agathoclès.  Or,  d'après  AI.  Kœhier 
dont  nous  examinerons  l'opinion  plus  loin,  Agaihoclès  aurait  (:-té 
archonte  vers  Oi.  11  nous  semble  impossible  de  faire  descendre 
jusqu'à  celte  date  les  archontats  de  Paramono;  et  de  Dionysio?. 

En  elTel,  le  fait  seul  qu'on  a  distingué  ce  dernier  archonte  d'un 
liomouyme  au  moyen  d'une  désignation  particulière,  parait  prouver 
(pi'il  est  i\  peu  près  conlemi»orain  de  AiovÛgio,- ô  [xsTà  AoxtVxov,  c'est-à- 
dire  de  la  lin  du  second  siècle.  S'il  y  avait  eu  un  intervalle  de  qua- 
rante ans  entre  les  deux  archontes  Dionysios,  les  auteurs  des  docu- 

1.  M.  Uumont  avait  place  l'arclioiite  Zénoii,  meuiioiiiié  sur  la  mùiiie  liste  eu  /,•> 
ap.  J.-C.  Mais  M.  Diti.'iiberger  a  pensai  ,C-  '•  l-,  Hi,  m"  101^)  qu'il  était  amérieur 
à  i'au  as,  ti  le  L-jInhuch  le  place  en  54.  Suivant  noir.;  interprétation,  il  fa'jdrait  le 
placer  au  plus  tôt  en  89  av.  J.-C,  mais  on  pourrait  le  faire  descendre  j.his  bas  eu 
égard  à  i'él.u  de  iiiulilalion  de  la  liste. 

m''  siiniL,  T.  II.  —  7 


l'S  iii:viF.   \nrnK"iLoi;Kii;K. 

iD'jiils  o|'i^ia|>liii|i:i's  n'auKiii'iil  pis  cru  nî'Ct'ssairc  tlo  pn-vt'iiir  iitio 
confusion.  iW  ri'snllat  <i  fiioii  est  pli'incnKMil  conlirnir  par  les 
inscriplions.  Sosion  U'Oinae,  ijuc  Ion  (ronvt;  sur  la  lisle  des 
pn^tres  de  Scrapis  (///<//.  tii'i'orr.  fti'llcn..  I.  VI.  p.U.id),  six  ans  après 
râio;  Taiou,  CJtnli'Ulporain  Ini-nuMne  du  Atovô^io;  6  u£t«  Aux-txov 
(C.  I.  (i.,  n"  i2-21H>\  figure  en  (pialilé  Je  pnMre  dans  une  autre 
inscription  ^lîtill.  dr  rorr.  hellni.,  VI,  p.  XiH),  sous  rarcliontal  de 
Paranionos.  Doi;c  Paranionos  el  son  successeur  Dionysios  vivaient 
à  la  UR^me  époque  que  Dionysios  successeur  de  Lykiskos,  o'esl-à-dire, 
comme  nous  croyons  l'avoir  établi,  dans  les  dernières  année-  du 
secon<l  siècle.  Ce  qui  enipèclie  de  préciser  davantage,  malgré  le 
nomhre  des  documents  dont  nous  disposons,  c'est  que  râïo;  rof(ou 
c:-.t  prêtre  des  Cahires  dans  l'inscription  du  Corpus  n"  22fH)  el  prêtre 
de  Sérapis  dans  la  lisle  imbliée  par  M.  Hauv^'tie;  or  nous  ne  con- 
naissons pas  la  relation  (pii  pouvait  exister  entre  ces  deux  sacer- 
doces à  Délos. 

L'inscription  de  Sosion  sous  l'ardionlat  de  l'aïainonos  pouvait,  // 
priori,  élre  attribuée  à  cette  époque,  tant  à  cause  du  caractère  de  la 
gravure  (|ue  parce  qu'une  inscription  voisine  et  analogue  [nnU.  de 
corr.  Iiellén.,[.  Yl,  p.  342)  scplact  entre  117  el  81  av.  J.-C.  M.  Hau- 
velte-Besnaull  a  encore  publié  une  inscription  de  môme  provenance 
(Bull,  de  corr.  hellcn.,  l.  VI,  p.  r47),  où  l'on  lit:  upsù;  y^'^^V^^'^î 
èv  To)  £-\0£...  oizyo'^zo;  ivtauTto.  Dans  la  liste  des  arclionles  de»  deux 
derniers  siècles  avant  notre  ère,  trois  seulement,  à  savoir  Tliéodo- 
sio>,  que  l'on  place  avec  certitude  en  91)  *,  Tbéodoridés,  prédéces- 
seur de  Diotime-,  et  Théopliémos,  archonte  en  01,  pourraient 
convenir  à  la  reslitulion  de  cette  ligne.  Mais  la  date  de  01  est 
certainement  trop  basse,  taudis  que  celles  de  W  ou  101  lonvienneut 
parfiilcment. 

Eulin,  un  archonte  nommé  simplement  Dionysios  parait  dans 
une  inscription  du  Sérapiéion  [Bull,  de  corr.  Iiellcn.,  t.  VI,  p.  41)1). 
Il  est  impossible  de  dire  s'il  est  ideulitiue  à  l'un  de:  [)récédenis  ou 
s'il  faut  admettre  un  troisième  archonte  homonyme;  mais  l;i  pre- 
mière hypothèse  nous  paraît  la  [ilus  probable. 


1.  IFomolIe,  Duli.  île  corr.  lu-llrn.,  t.  Vi,  p.  l'.K). 

2.  Dtuiiorir,  Nouveau  inénwnc,  p.  53,  w  02,  ligne  3< 


CIIRONOLOUIK    IH':   nUELQUES    AHGIIONIES    ATHÉMEN.S.  99 

IV 
ARCHONTAT  D'AC^ATIIOCLÈS. 

J'ai  |iulilié  dans  le  Ihilli't'm  (l.  VU,  p.  3('»l)  une  inscrlplion  en 
grandes  lettres  ornées  et  gravées  avec  soin  (jui  se  lit  sur  un  frag- 
ment d'architrave  surmonte  d'une  moulure.  Ce  fragment  a  fait  [)artie 
du  sinctuaire  des  Cabires  d'où  proviennent  les  textes  que  j'ai 
pubiiés  en  i'Iionncur  des  princes  étrangers.  L'inscription  est  la  dé- 
dicace du  temple  par  le  prêtre  Ilélianax,  0£oootou  -ou  Aïoo^po-j 
louviso);  étant  épiméléte  de  l'île. 

Ce  Tliéodotc  fils  de  Diodore  est  un  personnage  connu.  Nou":  possé- 
dons un  décret  relatif  aux  épliébes  d'Athènes  qui  a  été  proposé  par 
lui  sous  l'archontal  d'Agathoclés  C.  7.  ^l.,  Il,  470,  p.  '2G0).  D'autre 
pari,  l'archonle  Agathoclos  ainsi  que  Théodole  lui-même  sont  nom- 
més dans  un  décret  du  peuple  athénien,  reproduit  jiar  Josépbe 
{Anliq.  judniques,  XIV,  viii,  o).  Enfin,  Théodote  fils  de  Diodore  a 
été  prêtre  d'Aphrodite  Syrienne  à  Délos.  Il  figure  en  celte  qualité 
dans  une  dédicace  à  Adad,  Alaigalis  et  Esculape  [Bull,  de  corr, 
heUén.y    t.   VI,  p.   498',   dédicace   datée   par  ces  mots  :   im  Uo-m; 

Il  senililerait  que  l'inscription  éphébique  et  le  texte  de  Joséphe 
dussent  fournir  une  date  tout  à  fait  précise  pour  l'archontat  d'Aga- 
thoclés. La  question  est  malheureusement  fort  compliquée,  comme 
nous  le  ferons  voir  plus  loin.  Notre  inscription  de  Délos  prouve 
toutefois,  — et  c'est  là  un  point  essentiel,  —  qu'Hélianax  ei  Théo- 
dote, par  suite  Agathoclès  et  Hélianax,  sont  contemporains  ;  en 
outre,  comme  la  dédicace  du  temple  est  nécessairement  antérieure 
aux  dédicaces  qu'il  renfermait,  et  que  ces  dernières  se  placent  entre 
110  et  9G  av.  J.-C,  nous  sommes  autorisés  à  mettre  l'épimélélat  de 
Théodole  en  'ji>  av.  J.-C.  ou  quelques  années  auparavant. 

Joséphe  raconte  ijue  César,  pendant  la  guerre  d'Egypte,  eut  beau- 
coup à  se  louer  d'Antipater,  épiméléte  des  Juifs,  qui  amena,  sur 
l'ordre  d'Hyrran,  31)00  hommes  de  renfort  au  secours  de  Mitliridale 
de  Fergame,  auxiliairt-  des  Homaiiis.  En  récompense,  César  confirma 
Hyrcan  dans  sa  dignité  de  grand  pontife  et  donna  à  Antipaler  la 
procuratelle  de  la  Judée,  avec  permission  de  faire  reconstruire  les 
murs  de  Jérusalem.  Suit  un  sénalus-consulle  '  qui  n'est  évidem- 

1.  Joséphe,  éd.  Dindorf,  XIV,  vni,  p.  22G. 


t(U)  lll.\  l  I.      VIU.III.Ol.Ol.llJl  I   . 

mcnl  pas  a  sa  |ilart',  parce  (ju'il  ne  >(•  r.ippoiU'  pa.-»  î\  ce  i|iii  piikedt'. 
Le  texte  île  Jo^èplie  eorilinue  ;ii;.si  '  :  ilu:aTo  Si  xai  •Ttaçà  toû  tô.v 
*.\OT,vaio)v  Srîyou  Tiuià;  'V^xavo;,  -o/.Aa  /fr,otao;  vevdijLïvo;  tî;  aùtol»;, 
trîu'^av  T£  •!*rjÇi5;ji»  fiâi^i^xt:  oÙko  tojtcv  t/ov  tÔv  tcozov  •  'Ktti  TtfOTavîo); 
xa'i  lifîo);  Aiovusiou  tou  'AsxAr.Ttiâoou,  uy.vÔc  llivéucu  r.iu-xr,  àzîovto;, 
àTtodOT,  Tot;  OTiaTriYoT;  '|r,5.iOjjia  'AOTjVaûov,  èT;t  'AY3'i'-'>^^£t'Ws  af /ov- 
to;  .. .  £~£iOïi    'Vsxavô;    'A/£;'ïvopou,  àp/itiel;  xal    tOvip^T,;  tÔiv    'Icooaûov 

X  .  T.  À.  .  .  .  Oi'&OXTai  ol   Xa\  v'jV.  (-)  £  0  0  0  a  Î  0  U  T  où  (■)  £  0  0  (•)  Ç  0  U   2)0UVl£O);  £li7r,YT,(ïa- 

[xiv&u  X.  T.  À.  M.  Duiiuml  [Essdi,  p.  tî".>)  a  corrigù  avec  leililuJe 
H£i'>^ci'o'j  TGÛ  (-)£ooc.'):o'j  en  (-)£ocoTO'j  Aioo(-')f.o'j  iiouvtçt.);,  nnii)  donné  par 
l'itisciiplion  éplitbiiiue  G.  /.  .1.  Il,  ii"  iTO,  il  par  les  deux  loxies  de 
Délos  découverts  depuis. 

Si  le  décret  atliéiiien  cité  par  Joséplie  était  à  sa  place  dans  le  texte, 
il  fau  Jrail  le  placer  |  ostérieurenient  à  l'année  4(»  av.  J.-C,  c'eslà- 
dire  sous  Ilyrcan  II  ((iO-40),  après  la  ^nierre  de  César  en  K^'vple. 
C'est  ce  (jue  notre  iiiscrijilion  rend  tout  à  fait  ina(lniis>ible,  car 
Théodote  ne  pouvait  pas  être  épiniéléle  de  Délos  vers  110  et  intro- 
duire une  résolution  à  Atliènes  après  40.  Le  slyle  de  l'inscription 
épliéhiquc,  évidemment  antéricuic  ù  4(1,  avait  déjà  fait  soupçonner 
que  le  décret  cité  par  Joséplie  ne  se  rapporte  pas  à  Ilyrcan  II  -  ;  cela 
est  maintenant  tout  à  fait  certain.  Or,  comme  nous  avons  toute  raison 
de  croire  que  le  décret  en  lui-mémo  est  autlienli(iiie,  force  est  de  le 
rapportera  Ilyrcan  l"  (L"{G-100),  ce  (jui  concorde  parfaitement  avec 
la  date  que  nous  attribuons  au  groupe  d'inscriptions  d'Hélianax. 

(Jualre  opinions  dlHëi entes  se  sont  produites  sur  la  date  de  l'ar. 
cliontal  d'Agallioclès  ^  :  1°  Corsini,  suivi  par  Mêler,  MM.  Uilten- 
berger,  Crasberger,  Duuiont,  Eustratiadis,  place  Agatlioclés  vers 
L"iJ  av.  J.-C.  ;  H"  Keil,  Scluemann,  liitsclil,  veulent  ()u':l  ail  été  en 


1.  Jusèplie,  Aiil.Juil..  \1V,  s,  l/i,  Diiidoif. 

•J.  Suivaiii  M.  K'i'lil.T  [C.  I.  A.,  Il,  |).  260)  lo  luxlc  du  p.is^atje  de  J.hi'plic  auto- 
rise ti  croire  qui;  l'iiistorien  ne  s'est  pas  trompé  et  (lue  s'il  insère  lo  dt^cret  atlié- 
iiici)  &  cet  endroit  cV-sl  h  titre  de  pareinhèbe,  avec  la  coiiscienc»-  qu'il  ne  date  pas 
de  la  môme  époqiic  :  Juseplms  uuU'nt  i/jsc  (juum  ilicit  :  r,Opa-o  /..  t.  À.  s/ilis  M^tii/i- 
casse  miUi  vnleiuv  se  dccieluiit  Alfteuiensiui/i  /natte)-  Irmimiis-  oniinem  inscrwssc. 
Nous  n>!  pouvons  partager  cette  opinion.  Josi-pho  s'est  i)robableiiitnt  trompé  en 
choisi-isani  dans  la  collection  de  textes  n^lalifs  aux  Juifs  (ju'il  avait  fait  copier  à 
Atliènes  et  ailleurs.  Les  copies  de  ces  documents,  on  l'a  reconnu  depui^.  longtemps, 
étaient  fort  défectueuses  et  pouvaient  être  mal  classées.  M.  K(uliler  m.iiiiiicnt  que  le 
décret  se  rapporte  à  Ilyrcan  II  ;  nous  espérons  (|ue  no:rc  démonstration  convaincra 
du  contraire  ceux  qui  ne  voudront  |)as  admettre  deux  arclionies  Agatlioclùs. 

3.  V.  le»  renvois  aux  passai^Ci  des  auteurs  modernes  dans  le  Hull.  ilr  a>n-.  /«//• 
/en.,  V,  p,  2J5. 


C.IIItONnl.OCII-.    IH-:    nir.l.Ul'KS    AKCIIONTI  s    ATIIKM  l-NS.  |il| 

charge!  cent  ;iiis  |)liis  l.inl,  t'iiltt«  iT  cl  'lO  av.  J.-C;  '.V  M  tl .  Ka-lih-r, 
IMcnilcIssoliii  cl  l/iliclicIT  '   ;i  liiicllciil  iitic  d.ilc!  intcinic  li.iirc,  cntic 

ni  cl  (•'.). 

De  CCS  trois  n|)ininn.^,  il  soiiililc  (|iic  les  deux  dcniictos  sont  dc.Oiii- 
livcincnl  ci-;ii"tr'cs  pni'  noîrc  iriscri|il(on,  à  inoitrs  (lu'ori  no  veuille 
reprcixlrc  ;ivcc  W.'steriii.inii  ci  (Ir.ishcrger  riiv|inilicH",  justement 
coinhalUie  p.ir  .M.  DnmonI,  de  d(!ux  .irclioiites  nommés  A<,'allioclès. 
Au  eoiitr.iiro,  ro|iinion  de  .M.  Dumont  concorde!  n-scz  bien  .'ivec 
les  données  de  noire  texle,  et  il  devient  possible  dés  lors  de  placer 
aux  environ'^  de  tl'i  Inde  lic;icc  du  lemple  de  Délos  sous  l'épiméjét.'it 
do  Tliéodotc. 

Dans  le  document  épliébique  de  rarrbontal  d'Af^alhoclès  'C.  /.  .1., 
M,  Fi"  470,  p.  2(i7,  I,  33),  il  est  (inestion  d'un  cosmèle  Ivjoo:o;  Kùoo^ou 
'Ac/eooÛtioç,  qui  est  Ir'^s  probablement  identi(|iie  à  l'éphèlie  Kuoo;oç 
Kùcd;ou  nommé  dans  l'inscriplion  C.  I.  /!.,  Il,  n"  i06  l'p.  i22G,  col.  2, 
I.  7(i).  f-omme  cette  dernière  insctipiion  daie  environ  de  iTiO  av. 
J.n.,  M.  Kn.'hier,  ijui  place  Agatlioclés  vers  C)ï,  ne  peut  pas  admettre 
rideiilito  des  deux  personnages;  si  au  contraire,  comme  nous 
croyons  l'avoir  rendu  très  vraisemblable,  Agatlioclés  était  arclionl(î 
vers  132-129,  rien  n'est  plus  naturel  (|ue  de  retrouve'  à  celte  date, 
en  qualité  do  cnsmète,  un  citoyen  ([iii  claiL  cnliéhe  di\-!iijil  ans 
auparavant. 

Les  considérations  i|ui  prccéilent  ne  pouvaient  gu^re  aboutir  h  la 
fixalion  de  dates  précisL's;  en  général,  cela  n'est  possible  que  lu  où 
l'on  pai'vient,  comme  l'a  fait  .M.  llomollo  {Bull,  dccorr.  Iiellén.,  t.  V, 
p.  181),  à  établir  un  synchronisme  enti'c  u'i  archonte  athénien  et 
un  consul  de  Uome.  Mais,  en  une  matière  si  diflirile,  re>'^enliel  est 
de  circonscrire  peu  à  [leu  le  champ  des  possibilités,  de  grouper 
ensemble  les  magisirals  qui  ont  rempli  Icuis  charges  vers  la  môme 
époque  ;  il  suffit  ensuite  d'une  découverte  heureuse  qui  lise  exacte- 
ment la  date  île  l'un  d'eux  pour  que  la  chrouologit!  ties  autres  s'éta- 
blisse délinitivcmciil  dii  même  couj). 

s\LOMO\  ni:i.\A(:ii. 

1.  lOn/..  p.  255. 


I.KS 

iiuiTur.s  NouiuuKs  i:n  i:au  douœ 


PANS     I.ANiIlNM      A^.II  ITAINE 


(PH0I5LÈ.M1;  iiAïK.iiKoLoiiii':  i:t  i»i;  zookiiiiuue). 


La  Charente,  aux  alliiics  maintenant  si  calmes,  a  dans  les  pre- 
miers temps  de  noire  iiériode  géoloî^ifjue  roiilê  d'énormes  quantités 
de  cailloux,  qui,  amenés  du  plateau  central  sur  nos  contrées  par 
une  précédente  révolution,  furent  alors  i-epris  jiar  de  nouveauxcou- 
rants  diluviens  el  en  partie  entraînés  dans  les  vallées. Ci'S  dépôts  de 
galets  el  de  graviers,  qui  emplissent  l'ancien  lit  du  lleuve,  large 
parfois  de  plus  d'un  kilomètre,  sont,  dans  notre  région  de  pierres 
tendres,  une  précieuse  ressource  pour  les  agents  voyers,  qui  en  cer- 
tains cantons  n'en  ont  même  pas  d'autre. 

Partout  où  des  carrières  ont  été  ouvertes  dans  ces  alhivions  an- 
ciennes, épaisses  de  plusieurs  mètres,  on  a  trouvé  des  déhris  d'ani- 
maux d'e-^j  èces  éteintes,  dont  (|uelques-uns,  comme  le  mammouth, 
ont  assisté,  fort  inditTéreiits  du  reste,  J  l'apparition  de  l'homme, qui 
venait  engager  avec  eux  la  lutte  pour  la  vie  t't  devait,  plus  i)eul-ôlre 
que  toute  autre  cause,  contrihuerà  leurdisparilion. 

Aux  Grands-.Mai>ons,  sur  la  rive  droite,  un  peu  au-dessous  de 
Jarnac,  l'exploitation  du  gravier  a  fait  découvrir  îles  vestiges  moins 
anciens,  niai.>>  d'un  intérêt  d'autant  plus  sérieux  (ju'ils  nous  mettent 
en  présence  de  plus  d'un  prohlémeiiil'licile  à  résoudre. 

Le  sol,  partout  nivelé  par  la  culture,  y  est,  sur  une  étendue  de 
plusieurs  hectares,  jonclu'  de  fragments  de  |)oteries,  de  tuileaux  et 
autres  débris  alieslant  (ju'il  y  a  eu  là  un  groupe  d'habitations. 
Toutes  les  constructions  sont  deimis  longtemps  détruites  el  les  fon- 
dations mêmes  ont  été  arrachées;  mais  le  sous-sol  est  une  véritable 
raine  arcbéulûgique.   Depuis  licnle  ans  (|ue  dure  l'exploilation  du 


Lrs  iiciTMKs  NoiniiiKs  i:n  kau  noL'Ci:.  103 

gravier,  olle  a  amené  la  (lécouvcrlo  d'un  nombre  inlini  d'objets, <|ui, 
.ipn-s  ;ivoii-  un  instaiU  salisfiiil  li  ban.'ib;  curiosité  des  terrassiers, 
ont  (''Icdispcrs/'s,  brisés  ou  jetés  avec  b's  njalériaux  dcslinés  à  l'em- 
pierrement des  roules.  Venu  trop  l.ird'itour  sauver  la  plupart  de  ces 
trouvailles,  mais  eucorc  à  temps  pour  faire  des  eonslalations  utiles, 
je  n'ai  été  en  rapport  avec  les  ouvriers  (|ue  pendant  le;  dernières 
années  des  travaux,  et  de  chacun  de  mes  fr6(iuents  voyaj,'es  j'ai, 
avec  le  regret  de^  choses  penlues,  rapporté  des  objets  variés  et 
curieux  ipn  forment  aujourd'hui  une  collection  de  plusieurs  cen- 
taines de  pièces. 

Indépendamment  de  ces  restes  dont  chacun  a  en  soi  son  intérêt, 
il  y  en  a  d'une  n.iture  différente,  sans  valeur  en  eux-mômes,  dont 
la  présence  à  Jarnac  et  l'état  où  on  les  y  trouve  soulèvent  une  ques- 
tion plus  ardue,  que  je  crois  avoir  à  demi  résolue. 

J'avoue  (|ue  j"ai  été  assez  longtemps  réfraclaire  à  ma  prop?e  con- 
clusion, et  ce  n'est  (|ue  devant  l'impossibilité  de  m'y  soustraire  (|ue 
je.  me  décide  à  la  donner  ici  pour  appeler  sur  le  problème  dont  il 
s'agit  l'attention  des  archéologues  et  des  naturalistes,  qu'il  intéresse 
également. 


Deux  tranchées  perpendiruhiircs  l'une  à  l'autre  ont  fait  paraître, 
en  l'entamant,  une  couche  d'huîtres,  dont  il  n'est  plus  possible  de 
reconnaître  l'étendue,  mais  qui  n'a  pas  moins  de  vingt  mètres  dans 
un  sens  et  de  huit  ou  dix  dans  l'autre,  soit  une  superficie  d'environ 
deux  cents  mètres  carrés.  Il  y  a  càet  là  des  vides  dans  cette  as>-ise, 
qui,  d'autre  part,  se  compose  rarement  de  plus  de  quilre  ou  cinq 
paires  de  coquilles.  Tous  les  sujets  sont  adultes.  Les  deux  valves 
ont  presque  toujours  conservé  leur  rapport  naturel,  comme  si  elles 
étaient  encore  réunies  par  leur  ligament.  On  ne  saurait  à  cet  égard 
les  confondre  avec  d'autres  coquilles  qui  se  trouvent  éparses  ou  par 
petits  las  dans  le  sous-sol  voisin  et  qui  ont  évidemment  livré  leur 
contenu  à  la  consommation.  Dans  le  banc  dont  il  s'agit  la  chair  du 
mollus(iue,  lavée  et  entraînée,  a  fait  place  à  un  peu  de  terre,  intro- 
duite par  riiililtration  des  eaux  et  mèlee  de  carbonate  de  chaux  pro- 
duit par  la  décomposilion  du  test. 

liC  dépôt  est  recouvert  par  une  mince  alluvion  de  sable  calcaire 
et  une  couche  de  soixante  à  soixante-quinze  centimélres  de  terre 
végétale.  Mêlés  aux  coquilles  et  parfois  au-dessous,  on  trouve  des 
tuileaux  el  des  morceaux  de  poteries.  Le  tout  repose  sur  environ 
trente  centimètres  de  terres  argileuses  rapportées,  au-dessous  des- 


jO'j  UKVl  K    Am.HKOl.MtWuHK. 

quiMlos  sont  l«^s  alluvions  .incitMintN,  roinpnsé;'s  de  ilcnx  mi'-lris   ili- 
snliKsol  (le  trois  imMits  i\c  grnvior. 

('.es  mollustjiios  (ini  rli'  .i|>|iorlts  viv.iufs  l:i  où  ils  smii  ;  personne 
de  ceux  (pli  les  ont  vus  ne  !i'  nMitesle. 

Ils  ont  été  déposés  pendant  ou  après  l'ocMipation  romaine  ;  les 
tuiles  et  les  jioteries,  ineonlestalileinenl  romaines,  qu'on  trouve  au- 
dessous  en  sont  la  preuve. 

Comment  vont-ils  été  apportés? 

L'explication  courante  est  qu'ils  auraient  été  entraînés  de  la  ((Me 
jiar  un  raz  de  marée. 

O  raz,  choisissant  sur  le  littoral  des  liullres  exclusivement  adul- 
tes, les  roulant  pendant  vin<:l-cin(i  lieues  sans  les  endommager,  les 
remontant  à  cinq  ou  six  métrés  au-dessus  du  niveau  du  fond  de  la 
rivière  et  les  déposant  sur  un  espace  circonscii',  sans  en  laisser  en 
aval,  si  ce  n'est  à  Saintes,  et  sans  en  porter  une  seule  en  amont, 
sérail  un  raz  assurément  extraordinaire.  D'après  un  géologue  qni  a 
publié  sur  les  huîtres  de  Jarnac  une  noie  dans  un  recueil  sérieux  ', 
cette  marée  aurait  été,  en  elTet,  un  véritable  calaclysm-.  Les  popu- 
lations de  rOuesl  en  garderaient  encore  le  souvenir,  et  la  tradition, 
d'ordinaire  si  peu  soucieuse  des  dates,  serait  cette  fois  d'une  préci- 
sion presque  sullisanie  :  c'est  «  du  sixième  au  septième  siéch  que 
le  territoire  alors  occupé  par  les  Pictons  et  les  Santons  aurait  été 
entièrement  ravagé  par  une  submersion  subite  et  générale  »,  qu'il 
faudrait  allributT  à  une  «oscillalionfortiiite  et  momentanée  du  sol  ». 
Au  dire  de  l'auteur,  le  lieu  qui  nous  occupe  et  les  environs  furent 
<t  entièrement  recouverts  par  les  flots,  à  l'exception  des  hauteursdc 
Jarnac  et  de  Cbassors,  qui  ont  dû  former  deux  îlols  ». 

.\  en  juger  par  cet  étiage  la  ville  de  Saintes  et  les  nombreux  éta- 
blissements gallo-romains  de  la  basse  Saintonge  auraient  été  un 
moment  sous  les  eaux,  et  le  llux,  i|ui  d'ordinaire  n'atteint  pas 
Cognac,  aurait  celle  fois  monté  jusiju'au  pied  d'Angouléme.  Kl  pour- 
tant ré[touvantable  catastrop'.ie,  dont  le  souvenir  si  précis  se  serait 
gardé  dans  les  esprits,  n'aurait  laissé  de  trace  ni  sur  le  sol  ni  dans 
l'histoire. 

Je  crois  qu'il  faut  chercher  une  autre  explication  au  gisement 
d'Iiultres  de  Jarna(-,  d'autant  ipn;  celle-là  est  encore  jdus  inappli- 
cable à  d'autres  dépftis  analogues,  bien  constatés,  et  qui  sont  même 
assez  nombreux  |ioui-  qu'un  aut'ur.  voyant  ces  mollusques  toujours 

1.   M.  I-.  IlDiililli.T,  llulloliH  >lr  l<i  Six-,  ffénlog.  de  Frawr,  S'  n-^nc,  t.  IN  .  p.  28. 


i.r.s  iiiiTRrs  Noriii\ii'.s  r\  v.w  norcr:.  10.*» 

nssocit'sà  dos  vostiKt's  },Mlli).rom,iiii>^,  riit  en  ridi'-c  (\\\i'  \i'c  gonsdcce 
temps  s'en  scrvaifnl  rDiiimo  ("itn  l;uil  pour  If.iiii'i- les  iiiriaiix  '. 

Des  cniu-hes  d'Iiuiln's  onl  (''It';  si^^nalées  iinlaiiiiii' ni  à  Hordeaux,  h 
Sniidcs,  l'i  Avrani-lics,  à  Poitiers  et  à  Clerinoiit.  Il  est  ("'vident  que  ce 
n'est  pas  un  raz  de  ni.iiée  (|iii  a  porté  ces  roijiiilla;,'cs  à  qualre-vingls 
el  jnsiprà  i|ii:ili('  (■(•nl'>  mètres  d'allilude. 

Ils  ont  i'[i'  appoili's  intentionnellement. 

A  propos  des  Imîties  dt;  (^leimont  on  a  supposé  (ju'elies  avaient  été 
destinées  i\  conserver,  par  leurs  sels,  des  viandes  qu'on  aurait  éten- 
dues dessus.  Du  sel  pur  eiU  été  d'un  lrans[)ort  plus  facile  et  moins 
coiUeux,  en  même  temps  que  d'un  elïet  moins  douteux. 

A  Avranches  on  a  fait  une  constatation  d'une  gramle  importance 
pour  la  solution  du  proidème,  et  d'autant  plus  probante  que  celui  (\\i\ 
Ta  faite  n'a  pu  en  tirer  aucune  conclusion.  Sous  les  liuîtres  «se 
trouvait,  dit-il,  une  couche  de  terre  très  noire,  et  encore  au-dessous 
une  autre  couclie,  parfaileincnl  horizontale,  d'un  mastic,  ciment  ou 
autre  matière  blanche  de  trois  centimètres  d'épaisseur  -  ». 

Evidemment  les  huîtres  étaient  dans  un  bassin  étanche,  et  la 
couche  de  terre  noire  gisant  au  fond  semble  annoncer  un  mélange 
de  matières  organiques  provenant  vraisemblablement  de  la  décom- 
position de  ces  animaux. 

A  Jarnac  le  fond  du  réservoir  consistait  en  un  simple  IH  d'argile, 
qui,  après  l'abandon  de  l'établissement,  a  dû  être  a.ssez  vite  délayé, 
percé  et  en  partie  entraîné  par  les  eauK  pluviales  à  ti-avers  les  cou- 
ches de  graviers  sous-jacenles,  mais  dont  il  reste  cependant  sur  plu- 
sieurs points  des  traces  reconnaissables. 

Ces  réservoirs  paraissent  donc  avoir  été  destinés  à  nourrir  ou  tout 
au  moins  ù  conserver  des  huîtres, soit  dans  de  l'eau  de  mer  apportée 
à  cet  effet,  soit  dans  de  l'eau  douce  artificiellement  préparée. 

Le  transport  de  l'animal  à  quehjues  centaines  de  lieues  était  une 
diflieulléque  les  Homains  avaient  résolue,  malgré  l'imperfection  des 
moyens  de  communication,  bien  moins  développés  chez  eux  que 
l'art  de  manger.  Sous  l'empire,  les  huîtres  de  la  Gaule  et  môme 
celles  de  la  Grande-Bretagne  figurent  sur  les  bonnes  tables  de  Home, 
et  pendant  la  guerre  des  Parthes  Apicius  envoie  à  Trajan  des 
huîtres  qui,  après  un  trajet  de  mille  lieues,  arrivent  en  Perse  aussi 
fraîches  (juesi  on  venait  de  les  tirer  de  la  mer.  En  transporter  au 
centre  de  la  (îaule  n'était  donc   pas   une  diflieulté.  Mais  arrivé   à 


1.  Ritllettns  (le  la  Soc.  dei  nntiqunit-p^  île  l'OiiP-<t,  1838,  p.  lit. 

2.  Ihifl.,  18.V'i,  p.  95. 


408  REVUE    AnCMJ-OLOr.KjrK. 

deslinnlioM  et  drpost''  dans  le  viviiT.  rommcnt  le  mollusqtic  y  rtail-il 
cou  servi'  :* 

L'IiNpntlw'sc  «ju'on  nnr.ulnpjKirl»''  avec  lui  ilc  rtainic  mer  à  li'aiissi 
grandes  distancos  et  en  (jnanlilé  suflisaiitc  p.irati  iniiuoliablc  iiii'^mc 
quand  on  n'oulilio  pas  (lu'il  s'a;:it  de  Ilotnains  de  la  ilécailcncc  ou 
d'un  peuple  (|ui  s'esl  misa  leur  nivcati. 

Ouanl  à  Ihypolhùsc  ellr-ni<"*ino  (pie  les  Honiains  ou  les  (îaulois 
roinaiiisés  aient  su  conserver  ih'?>  huîtres  en  eau  douce,  il  ne  faudra 
IVcarler  tpie  si  elle  se  trouve  en  opposiiinn  absolue  avec  les  condi- 
tions d'existence  de  l'espèco.  C'est  aux  ualuralistes  de  résoudre 
expériuientaleinent  la  (|ueslion.  et  s'il  est  téméraire  de  la  poser,  ce 
n'est  pas  un  ar^liéolo^zue  (jui  aura  eu  le  lueuiier  celte  téniérilé.  On 
lit  dans  le  Du  liaimairr  (riiistoire  naturelle  de  d'Orliigny  :  «  Il  est  à 
reinai-.iueniue  les  lianes  d'Iiuttres  s'étaldissciit  particulièrement  non 
loin  de  l'emlioucliure  des  ruis^^caux  et  des  rivières.  On.  a  également 
observé  que  ces  animaux  se  montrent  en  i>lt;s  grande  abondance 
non  loin  des  sources  sous-marines.  11  serait  possible  que  certaines 
espèces  sentissent  le  besoin  d'une  eau  moins  salée  et  vécussent  de 
préférence  dans  les  eaux  légèrement  saumâtres...  Un  observateur, 
(jui  pendant  longtemps  s'est  occupé  des  monirs  (.les  huîtres  et  qui  a 
publié  des  faits  intéressants,  espère  pouvoir  faire  vivie  cesaniuiaux 
dans  les  eaux  douces  et  les  mettre  ainsi  sous  la  main  des  consomma- 
teurs '.  » 

Les  Homains  ont  dû  connaître  cet  art,  (jui,  oublié  depuis,  a  été 
recherché  par  un  naturaliste  de  nos  jours. 

Ceux  de  leurs  ouvrages  qui  nous  ont  été  conservés  ne  nous  don- 
nent que  peu  de  lumière  sur  ce  sujet  ;  mais  il  faut  ajuuler  (|ue  les 
traités  didactiques  dans  lesquels  on  pourrait  espérer  trouver  des 
renseignements  sont  tous  antérieurs  au  temps  de  décadence  où 
furent  faits  nos  viviers  et  pendant  le(;uel  les  peuples  de  la  Gaule  ne 
connaissaient  plus  guère  d'autre  prèocruiiation  (jue  celle  d'un  bien- 
être  dont  les  étonnants  progiés  masiiuaient  ou  faisaient  oublier  les 
dangers  les  plus  prochains. 

il  est  inuiilede  consulter  Caton.  Varron,  (pii  déjà  regrette  la  fru- 
galité anti(jue,  nous  apprend  que  de  son  temps  on  ne  se  contentait 
plus  de  viviiTs  d'eau  douce,  dont  le  produit  pouvait  faire  vivre  de 
pentes  gens  ;  aux  grands  il  fallait  de  vastes  bassins  alime;ités  j)ar  la 
nier  et  pour  l'eFitreiii'u  des(|uels   ils  se  ruinaient-.  Mais  ces  réser- 

1.  Dtclionn/iire  d'Iiistoire  naturelle,  art.  Ilullirx,  par  Dcblinyc». 

2.  Varro,  De  «(jikuHura,  lib.  III. 


LF.S    HUITRRS    NOUHniRS    F.N    EAU    DOUCK.  107 

voirs,  dont  (|uol(|ues-uns  coiUaicnt  phisi^Mirs  millions  dososlcrros  et 
où  parfois  cliiKjuc  espèce  d«}  poisson  était  |iai(jijé(i  à  part  et  avait 
mi"^nn.'  sa  station  d'été  et  sa  station  d'Iiiver,  paraissent  avoir  été  tous 
vn  coninuinicalion  avec  la  mer.  (loliimelle,  (jiii  décrit  ces  viviers, 
les  place  sur  le  littoral  ;  mais  il  prétend,  en  outre,  qu'on  était  i)ar- 
venu  à  garder  du  poisson  de  mer  dans  l'eau  douce  '.  Il  n'est,  loul  au 
moins,  pas  étoninnt  (pH'  Icsllomains  aient  tenté  la  même  expérience 
pour  un  mollus(iue  dont  ils  étaient  grands  appréciateurs  et  (jui  pré- 
fère naturellement,  comme  ils  l'avaient  déjà  remarqué,  les  eaux 
médiocrement  salées. 

IMine  dit  même  que  les  huîtres  se  plaisent  dans  les  eaux  douces-, 
mais  cette  expression  paraît  avoir  eu  pour  lui  un  autre  sens  que 
pour  nous  et  doit  désigner  l'eau  saumûtic  de  l'embouchure  des 
rivières. 

De  môme  les  étangs  d'eau  douce  où,  d'après  Ausone,  on  engrais- 
sait les  liuîlrcs  enMédoc  3,  ne  devaient  guéie  dilTérer  de  nos  parcs, 
quoique  le  molhiS(pie  préféré  fût  alors  l'huître  blanche. 

On  ne  sait  si  c'est  au  transport  dans  ces  parcs  que  Pline  fait  allu- 
sion lorsqu'il  dit  ([ue  les  voyages  ne  déplaisent  pas  aux  huîtres  et 
qu'elles  aiment,  au  contraire,  à  être  transférées  dans  des  eaux  iticon- 
nues^  ou  bien  s'il  s'agit  de  voyages  comme  ceux  que  leur  faisait 
faire  Apicius  et  qui  supposent  des  moyens  de  conservation  qui  n'é- 
taient vraisemblablement  qu'une  application  de  ceux  employés  dans 
les  viviers.  Dans  ce  cas,  ces  eaux  que  l'animal  ne  connaît  pas  ou 
auxquelles  il  n'est  pas  habitué  neseraicnlautresquecellcsdebassins 
comme  ceux  de  Jarnac  ei  d'Aviaiiches. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  fait  de  ces  viviers  subsiste  et  nous  ne  voyons 
pas  quelle  autre  explication  il  pourrait  comporter. 

A  notre  avis,  les  riches  gallo-ioiiiains  avaient  à  côté  de  leurs  de- 
meures, dans  les  villes  ou  à  la  campagne,  des  réservoirs  à  huîtres. 


1.  «  Harum  studia  rerum  majores  nostri  celebraveriint,  adeo  qu'dem,  ut  etiain 
dulcibus  aquis  luariiios  claudereiit  pisces.  »  Columella,  De  re  ruslicu,  lib.  VU!. 

2.  (I  Gaudcul  dulcibus  aquis  et  ubi  plurimi  influant  amnes,  pelagia  parva  et 
rara  suut.  (iiguuntiir  lamcu  et  in  petrosis,  carentibusque  uquaruiu  dulciuip 
adventu.  »  l'iiûius,  llistoiia  naftu-.,  lib.  XXXll,  cap.  xxi. 

3.  «Ostrea...  quœ  Medulorura 

Dulcibus  in  stagnis  rcflexi  maris  œstus  opiniat 
Accepi..  » 

Aiisonius,  Opéra,  Epist.  VU. 

4.  «  Gaudent  et  peregrinatione  transferriquu  in  itjnotas  aquas.  »  Plinius,  Hist. 
rmt.,  lib.  XX.XIl,  cap.  xxi. 


lus  HKVIK    A  UC.  H  K(U. (M-,  lOlK. 

ilonl  r.ipprovi>ionncimMit  dcvail  l'-lie  renoMViîli''  soit  pnr  ilos  1» nicn'ix 
aim'ii.ifîi'S  rxpri^s,  soit  par  (rniitros  moyoïis  df  ir.uispoil. 

Os  résorvoirs  ont  ilù  rln'  fort  iiomluoiix  ;  mais  mi  na  ri'mar(|iit'; 
(|uonMix  où  il  t'tail  riNti-  d -s  liiiitres.  Le  rioinl>:i*  di'  ros  derniers  est 
déjh  assez  consitliTalde,?!  si  l'altenlion  des  .irrliéoloiïues  élail  alliri'e 
de  ce  cAl6  on  en  ronslalerait  rerlainenienl  beaucoup  d'autres. 

(as  Imitres  et  l'élat  dans  lequel  on  les  trouve  nous  olilitjenl  à 
nous  poser  une  derni(.''re  iiueslion  :  coininetil  se  fail-il  que  les  pro- 
priétaires (le  ces  bassins  y  aient  laissé  périr  les  mollusques  (ju'ils 
s'étaient  |ii'orurésà  si  pi ands fiais? 

La  consommation  devait,  piMir  les  'i.iHo  i;omaiiis,  coiiuno  pour 
nous,  être  interrompue  en  été  ;  or  il  est  prohalde  que  les  viviersqu'on 
trouveparnis  ontélé  aliandonnés  à  cette  é|)()(|i;e  de  l'année  par  suite 
d'événements  fortuits,  comme  le  soulèvement  des  Hapaudes  ou  les 
invasions  (In  m'  au  v  siècle,  alors  que  les  villes,  comme  Poitiers, 
liémoliss.iient  leurs  plu-^  beaux  monuments  pour  se  construire  à  la 
bâte  des  rempaitset  (jue  les  campipiies  sans  défense  étaient  ravapées 
par  les  barbares. 

Pour  les  bassins  silués  dans  les  vallées,  comme  celui  de  Jarnac, 
et  ce  devaitétrcle  plus  prand  nombre,  on  jieul  su[)poser  aussi  (ju'ils 
ont  été  détruits  par  une  inondation.  Le  cataclysme  marin  dont  on  a 
parlé  est  imapinaiie  ;  ce  (jui  est  certain  c'est  (jue  la  l^barente  depuis 
répo(}ue  romaine  a  encore  momentanément  et  à  plusieurs  reprises 
occupé  celle  partie  de  son  ancien  lit,  comme  en  témoipnent  de  min- 
ces couches  iLalluvions  sableuses  superposées  aux  liuîtriéres.  Le 
vivier,  comblé  peut-être  par  un  de  ces  débordements,  aurait  ensuite 

été  al.iandoniié. 

A.  F.  rjf-.vr.K. 


13ULLHT1N    MENSUEL 

l)  I::    I.  '  A  C  A  1)  !•:  M  I  !•:    [)  E  S     I  N  S  C  U  I  !•  r  I  (  )  N  S 


SÉANCK  DU  G  JLil.LKT. 


Le  prix  bitimal.  —  La  plu»  grund»;  partie  de  la  séauce  a  clé  occupûc 
par  un  comilé  sccrel  dans  lequel  l'Acadcniie  a  cnlcudu  le  rapport  de  la 
commifsio;i  chargée  de  lui  présenter  une  liste  de  candidats  au  prix  bien- 
nal lie  i;ii,OUU  IVancs.  On  sait  que  l'ln?titut  tout  entier  est  appelé  plus 
tard  à  \uter  sur  la  même  liste  que  lui  présente  à  son  tour  l'Acadéuiic. 

Le  candidat  mis  en  première  ligne  est  ^M.  Paul  Meyer,  professeur  au 
Collège  de  France  et  directeur  de  l'École  des  chartes.  M.  Meyer  a  publié 
des  travaux  très  estimés  sur  les  idiomes  et  l'histoire  littéraire  du  Midi  de 
la  France  durant  le  moyen  âge. 

Le  candidat  présenté  en  seconde  ligne  est  M.  (iaslon  Maspero,  prufe;- 
seur  de  langue  et  de  liitérature  égyptiennes  au  Collège  de  France.  .M.  .Mas- 
pero, le  plus  brillant  disciple  du  vicomte  Emmanuel  de  Uougé,  a  succédé 
à  son  maître  dans  les  chaires  du  haut  enseignemenl.  Ses  travaux  d'égyp- 
lologie  dénotent  un  sens  critique  très  développé  et  une  vaste  érudition 
spéciale.  Sa  thèse  de  doctorat,  relative  à  la  littérature  épistolaire  des 
anciens  Égyptiens,  a  été  fort  remarquée.  .M.  Maspero  est  monientanément 
absent  de  Fr.mce  ;  il  remplii  en  Egypte  les  importantes  l'onclions  confiées 
jadis  au  regretté  Maiietle  :  il  e;t  directeur  général  des  fouilles. 

Antiquités  celtiques.  —  11  evisle  dans  la  Loire-Inférieure,  entre  .Nanics 
et  Saint-.Nazdiie,  une  série  de  monticules  presque  continus  et  dont  la  lé- 
gende locale  attribue  l'origine  à  des  travaux  exécutés  par  les  Gaulois.  Ces 
tnardelles,  suivant  une  opinion  assez  accréditée,  auraient  été  élevées  pour 
servir  de  frontière  et  do  rempai  t  entre  deux  tribus  voisines  et  hostiles 
l'une  à  l'autre.  .M.  Alexandre  Uertrand  présente  à  l'.Vcadémieun  méuioire 
de  M.  René  Ivervilnr  qui  traite  de  l'origine  des  tnardelles  gauloises  qui 
s'étendent  de  Nozay  à  Saint-Mars-la-Jaille,  sur  une  longueur  d'environ 
sept  lieues.  Les  fouilles  qu'il  a  pratiquées  ont  mis  hors  de  doute  que  ces 
monticules  et  ces  excavations  proviennent  d'une  ancienne  exploitation  de 


HO  ni.vii.   vuciiKcu.oc.igi'K. 

uiinos  lie  Ter,  e\i>loilalioii  qui  a  dO  i.L's<or  vers  le  temps  do  la   conquiMc 
routai  lie. 

SÉANCIù  nu   13  JriIJ.KT. 

M.  Wallon  lionne  lei'Iure  ilii  raj»porl  sur  les  lia\.'ui\  de  l'Académie 
pendant  le  premier  senieslre  de  rannée  lHs.\, 

Ce  rapport  sera  puldié  par  le  Journal  offiri'l. 

Concours  des  antiquités  nalionalos.  —  Au  nom  do  la  oonunis-;ion  des 
antiquités  nationales.  M.  Alex.  Bertrand  fait  connaître  le  résultat  du 
concours. 

Les  trois  médailles  d'or  ont  été  décernées  : 

I.a  première  A  M.  Bcaulcmps-Beaupré,  auteur  des  Coutumes  d'Anjou  et 
du  Maine; 

La  seconde  ;\  M.  l'élicicr,  arclii\iste  de  la  Marne,  aulear  d'un  Essai  sur 
le  youvirneuient  de  hi  daine  de  Jifaujui  1 1  î^iJ-iiOl); 

La  troisième  à  MM.  Aug.  et  tm.  Molinicr,  éditeurs  d'une  Chronique 
normande  du  quatorzième  siècle,  publiée  pour  la  Société  de  l'histoire  de 
France. 

Les  six  mentions  honorables  ont  été  décernées  : 

La  pieujière  à  .M.  d'Arbiumont  {La  v&itè  sur  les  deux  maisons  de  Saulx- 
Courtiion;  Cartulaire  du  prieuré  de  Saint-Étienne  de  Vignory;  Armoriai 
de  la  chambre  des  comptes  de  Dijon)  ; 

La  seconde  à  M.  Jorel  {Les  caractères  et  l'cxten'^ion  du  patois  normand); 

La  troi^iùme  i  M.  Loriquel  (Tapisseries  de  la  cathédrale  de  Reims)  ; 

La  quatrième  à  M.  le  docteur  Barthélémy  (Inventaire  chronokujique  et 
anihjti'juc  des  ekaitcs  de  la  maison  de  Baux); 

La  cinquième  à  .M.  l'abbé  Albanès  {Histoire  de  Roqucvaire  et  de  ses 
sciqncurs  au  moyrn  dge')  ; 

La  sixième  à  M,  du  Bcurg  (llif^toire  du  grand  prieuré  de  Toulouse  et  de 
diverses  possessions  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jèi'usalem  dans  le  sud-ouest 
de  la  France). 

Dans  la  même  séance,  l'Académie  décide  qu'elle  présentera  pour  le 
priv  biennal  de  20,000  francs,  dans  la  prochaine  séance  trimestrielle  des 
cinq  classes  de  l'Institut,  M.  Paul  Meyer,  directeur  de  l'Lcole  des  chartes. 

Cette  détiïion  a  été  prise  par  i:i  \oi\;  Il  autres  s'étaient  portées  sur 
M.  Maspero,  proressour  au  (Collège  de  France  cl  directeur  du  .Musée  do 
Boulaq  cl  des  fouilles  en  Egypte. 

SÉANCE  DU  20  SaïA.KT. 

Anliqniti's  romaines.  —  M.  IMm.  Le  Blant  a  reçu  do  MM.  de  Nolhac  et 
Dichl,  membres  de  l'Kcole  franguisc,  et  de  M.  Dcscemet,  son  bibliothécaire, 
des  renseignements  sur  le  résultat  des  fouilles  entreprises  par  la  rom- 


nUr.LKTIN    MENSUEL    DR    l/ACADKMrF.    DRS    INSCRIPTIONS.  111 

mission  inui.ici|)alc  arcln'ulugiquc  aux  cm  irons  dr;  l'i-glisc,  de;  la  MiruTVf. 

Vers  la  lit!  (In  mois  (le  juin,  un  jifirliriilicr,  ()iii  [»r.i(l(|nnil  une  fouille 
non  loin  de  l'ubside  lia  ri'dilicf',  oxliunm  un  .«pliinx  de  uraiiil  rose,  long 
de  l"',.i<>,  el  qui  fut  reconnu  pour  un  d»j  ces  objcls  d'ioiit  ilion  qu'on  fa- 
briquait à  Home  sous  les  Anlonin<.  Colle  trouvaille  donna  lYjveil,  et  la 
commission  municipale  se  mit  à  explorer  le  sol  de  rimpas>c  Saint-lgnicc 
Celle  exploration  a  mis  au  jour  un  sphinx  de  granit  noir,  avec  carionche 
royal;  deux  cynoci''(ihalos,  ('•gaiement  avec  cartouches  royaux;  unfiijdes- 
tal  de  Ir.ivail  grec;  un  ol)('li.-que  de  granit  rose,  portant  le  cartouche  de 
Hamsd's  11;  enfin  une  base  du  belle  colonne  de  style  oriental. 

On  croit  avoir  rencontrii  Vhœum  (sanctuaire  d'lAt>j  de  la  neuvi(:;me  rtj- 
gion  de  Home. 

Sceaux  (ji/zantiiis.  —  iM,  Gustave  Sclilumberger  communique  une  note 
relative  i  cinq  sceaux  byzantins.  Le  premier  porte  le  nom  de  «  Gabriel, 
exousiocrator  d'Alanie  ».  Les  Mains  formaient  dans  le  Caucase  une  na- 
tion puissante,  qui  se  vjulait  de  pouvoir  fournir  une  armée  de  300,000 
cavaliers.  Leurs  princes  avaient  le  litre  magnilique  d' exousiocrator,  supé- 
rieur à  celui  d'cxousiaic,  que  l'on  retrouve  ailleurs  dans  la  chancellerie 
de  Constantinople  ;  V exousiocrator  est  le  délégué  delà  puissance  impériale. 
La  bulle  desliiiée  à  sceller  les  lettres  adressées  par  l'empereur  au  prince 
des  Alains  valait  deux  sous  d'or  et  portait  une  légende  où,  s'adressanl  au 
prince,  l'empereur  le  qualifie  de  «  Mjn  fils  spirituel  ».  Le  sceau  a  été 
acquis  pir  M.  .Schlumbergor  dans  un  bazar  de  Coujlautinoxjle  ;  il  paraît 
dater  du  dixième  ou  du  onziè'me  siècle. 

Le  deuxième  sceau  est  celui  de  «  Michel,  veslarque'  byzantin  et  duc  de 
Vaskouraçan  ».  Le  Vaskouraçan  formait  la  province  la  plus  considérable 
de  l'Annénie  orientale.  Le  dyuaste  Michel  a  vécu  probablement  au 
dixième  siècle. 

Le  troi.-ième  sceau  est  celui  de  «  Théophrano  Moussalon,  archonlissa 
(princesse)  de  Hussie  ».  C'est  sans  doute  la  femme  d'un  des  princes,  des- 
cendants de  Hurik,  qui  régnèrent  sur  les  Moscovites  ;  elle  était  originaire 
de  Constantinople,  et,  sans  appartenir  à  la  maison  impéiiale.  elle  sortait 
d'une  famille  considérable,  qui  a  laissé  plus  d'une  trace  dans  l'hitloire. 
Le  sceau  est  du  onzi(';me  ou  du  douzième  siècle;  c'est  un  monument  cu- 
rieux et  le  plus  ancien  peut-être  qui  mentionne  les  relations  de  la  cour 
de  Constantinople  avec  la  Russie. 

Le  quatrième  sceau  est  celui  de  «  Pierre,  archonte  ^prince)  de  Dioclée 
(Monténégro)  »;  il  remonte  au  commencement  du  onzième  siècle. 

Le  cinquième  est  celui  de  «  l'rasmonde,  roi  des  Vandales  »,  qui  régna 
en  Afrique  de  49tj  i  ii23.  C'est  l'unique  sceau  connu,  jusqu';\  ce  jour,  d'un 
roi  vandale. 


soc.iirn-;  natihnai.i-: 


DES   AXTIOUAIUES  DE   EUA.XGE 


l'UKSlDENCK    ni::    M.    <■•     D  l' l' EKSSIS. 


SÉANCE  DU  II  JLIM.KT. 


.V.  Kgiïi'r  pir'.^eiilo,  ilc  la  part  tic  M.  (".liuisy,  ii)};6nieur  vu  chef  dos 
pouls  et  chaussccs,  un  mt-oioirc  sur  l'arsenal  du  Piréc. 

M.  Mowat  communique  une  inscrii>lion  grecque  conservée  au  musée 
d'Avignon  et  incxaclemonl  publiée  par  Mérimée.  Cette  inscription  est  con- 
sacrée à  la  mémoire  de  Til)ériiii'  Claudius  Aniipalcr,  lils  de  Draco,  de  la 
tribu  (Juirina,  originaire  de  l'aléopolis,  par  sa  lille  (ilaudia  Miiabagora  et 
par  sa  femme  Tliéonis  Fiiscia. 

M.  de  Viilefosse  fait  observer  que  le  musét-.  d'Avignon  cunlienl  un  cer- 
tain nombre  de  monuments  provenant  de  la  collection  Nanni,  de  Venise. 
11  est  pojsible  que  l'inscription  communiiiuée  jiar  M.  Muwat  se  rattache 
à  cette  collection,  l'eut-élre  auïsi  a-t-elle  éti-  acquise  à  Marseille,  où  le 
musée  d'Avignon  a  fait  plusieurs  acquisitions. 

M.  hgger  insiste  sur  certaines  particularités  tendant  à  liiire  croire  que 
cette  in^cription  est  d'origine  dorienne. 

.M.  Saglio  présenle  une  pla(]ue  d'émail  sur  l.Kiuelle  il  croit  reconnaître 
le  poitrail  du  cardinal  d'Ambuise. 

M.  l'abbé  Tliédenat  conimuiiique,  d'après  un  manuscrit  du  président 
Houhicr,  une  inscriiilion  funéraire  mélriijue  trouvée  à  Clianac,  bourg  du 
(iévaudan,  aujourd'hui  dans  le  déparlement  de  la  Lozère,  et  qui  renferme 
un  vers  de  Virgile  : 

Ihttn  tncinor  ifisc  nui,  itntn  spiiitits  Ims  irij(  t  (irlus. 

(t"«fir/<-,  liv.  IV,  V.  33G.) 

(La  iuiU  nu  inochain  numéro.) 


NOUVELLES  AUCIIÉOLOCIQUES 

KT    COliHKSI'OiNDANCl-: 


Nous  recevons  I.i  lettre  siiiv.iiUe  : 

Niort,  le  30  juillet  1883. 
Monsieur  le  Diiectcur, 

La  Ikviic  archéologique  tic  mars-avril  ISS;i  contient  une  lellre  de  M.  Ad. 
Cailli',  relalivc  à  une  découverte  de  gôologie  grcgrapliique  faite  à  Mor' 
Cette  lellre,  qui  a  dt'jà  paru  au  commencement  d'avril  dans  la  Jterwo  <lc 
l'Oitcat,  a  donné  naissance  à  une  série  de  notes  archéologiques  et  géolo- 
giques, et  a  fourni  matière  à  une  polémique  à  peine  terminée  aujour 
d'hui. 

L'opinion  do  Al.  Ciillé  a  trouvé  plusieurs  contradicteurs  dans  notre 
pays,  et  quorum  para  fui  '. 

S'il  est  vrai  que  dans  les  terrassements  opérés  dans  la  nouvelle  rue  du 
Port  on  ait  rencontré  des  huîtres  entiùres,  il  faut  aussi  dire  qu'on  a 
trouvé  non  pas  seulement  un  banc  d'huîires,  mais  des  couches  d'huîtres 
enliùres  et  bien  conservées.  A  côté  des  huîtres  et  souvent  entre  les  cou- 
ches les  ouvriers  ont  recueilli  des  débris  nombreux  de  tuiles  à  rebord, 
de  poteries  rouges  et  noires,  des  monnaies  gauloises  sanlones  et  romaines 
d'Auguste,  Tibère,  Néron  et  Vespasien.  Un  fragment  do  colonne  a  été 
aussi  trouvé,  ainsi  que  des  appareils  petits  et  moyens.  Enfin,  en  creusant 
pour  établir  les  fondations  de  plusieurs  maisons,  on  a  mis  à  découvert  des 
substruclions. 

Tous  ces  vestiges  gallo-romains  ne  viennent-ils  pas  montrer  la  vanité 
de  l'opinion  longtemps  admise  en  t^itou,  que  le  territoire  niortais  aurait 
été  recouvert  par  les  eaux  de  la  mer  jusqu'au  vi"  siècle,  ainsi  que  cher- 
che à  le  prouver  M.  Caillé. 

Déjà  lî.  Fillon  s'était  élevé  contre  cette  théorie  généralement  acceptée 

1.  Niort  et  lu  nier,  par  Emile  Breuillac.  L.  Clouzot,  1883. 

111*'  SlillIK,    i     II.  —   8 


Il'j  i\i\ii.  Mu:iiKoi.o(;iQi'K. 

il  t'stmi  ut  qiiiM' >(»!»■>  S'(;i/o;<»»(  Ile  tir>uil  pas   >'a\aiirt'r   plus    loin   (]uo 
l'iloili»  M.iill>rai>  ;\  l'ôpoqui'  gallo-romniiuî. 

M.  Abcl  hardonnol,  li-  ^avnllt  I•c^'|•(•t^t^  doiil  In  Sooi'U^  i\o  .-.lati.-liqiic 
déploro  la  perle,  parlaiienit  l'opinion  de  II.  Filltiii.  I.e  pr<Mnieril  a  rendu 
compte  df!)  (races  de  l'occupaiicm  romaine  dans  la»  tprriiins  du  port'.  Il 
tronvail  le  passade  des  honunes  là  où  l'on  voulait  montrer  le  pa>^upe  de 
1.1  mer.  et  les  dépôls  d'hiillres  lui  semlila'irit  artiliciels;  il  les  comparait  à 
ceu\  d('vouver;s  celle  année  A  Sainle<,  prùs  des  Arùnes  *. 

Le  I».  C.  de  la  Croix  vint  aussi  visiter  les  terrains  fouilU's.  I.c  savant 
jésuite  n'hésita  p'is  ;\  se  prononcer  contre  Tavis  de  M.  ('aillé.  Voici  son 
opinion  formuli'e  ;\  la  séance  des  Antiquaires  de  l'Ouest  : 

■  \  propos  d'une  brochure  inlilulee  :  Siort  et  ht  mrr,  rie  M.  limile 
Hreuill  u-,  notre  confrère,  le  II.  P.  de  In  C.roiv  expose  qu'on  a  renconiré  ;\ 
.Nioil.  dans  la  partie  basse  de  la  ville, -non  loin  du  pont  Main,  les  restes 
d'une  chaussée  romaine  cl  des  subsiruciions  qui  paraissent  dater  du  iv» 
ou  V»  siùcle.  On  a  trouvé  de  s  aires  d'habitation  du  genre  do  celles  qui  ont 
été  découvertes  à  S.iinl-lliluire  de  la  Celle,  ;l  Poitiers.  Sur  une  couche 
d'hi;itres  de  14  à  1»)  cent,  de  hauteur  et  ime  aire  de  béton  eu  mauvais 
matériaux  cl  nu-dessus  du  béton  s'étend  une  couche  de  sable  d'alh'vion 
qui  n'offre  au  goût  rien  de  salé.  D'où  le  P.  de  la  Croix  coficlut  que  ces 
alluvions  proviennent  non  de  la  mer,  mais  d'un  ou  de  plusieurs  débor- 
dements de  la  .''«évre  qui  auraient  eu  lieu  ap^é^  les  dévastations  des  bar- 
bares. Quant  aux  huîtres,  elles  devaient  être  em[iIoyées,  dit-il,  datis  les 
fondations  des  édilices,  comme  mode  d'assolement  ou  de  drainage.  On 
sait  d'ailleurs  que  les  huîtres  entières  résistent  à  une  1res  forte  pres- 
sion. 

«  Ces  découvertes  oui  une  très  haute  importance,  en  ce  qu'elle-:  prou- 
vent que  Nior!  a  été  une  \illc  romaine.  »  {Courrier  de  la  Vienne.) 

La  conclusion  donnée  par  le  P.  de  la  Croix  se  forlilîe  par  d'autres  dé- 
couvertes gallo-romaines  faites  en  h't).')  dans  des  jardins  peu  éloignés  des 
terrains  nouxellement  fouillés^. 

.Nous  aouierons,  eulin,  que  dés  I8i0  une  voie  romaine  traversant  la 
Sèvre  a  été  signalée  à  dix  kilomètres  en  avil  de  .Niort '•. 

^ous  ne  pensons  donc  pas  éire  téméraire  en  soutenant  qu'à  l'époque 
gallo-romaine  la  mer  ne  baignait  plus  le  territoire  niortais.  Peui-Cire  à 
une  époque  antérieure  l'Océan  a-t-il  recoiivert  la  parlie  ba?sc  de  Niort. 
Assurément  il  n'y  était  plus  au  vi' siècle'-. 

Kmii.i:  l5iiEt  ii.i.ac. 


1.  Bullelmx  de  la  Société  île  staliilv/ué,  scivnrei,  Itttves  et  arts  tJei  Ueux-Sèvret, 
Janvier-tnar»  1882,  pug«  18. 

2.  Archives  /iiilorù/ues  de  In  Sninfonye  et  du  PAiinis,  IV»  volume,  a«  livraison. 

3.  Ilnt'iirf  de  in  ville  de  Siurf,  L.  F.ivrc,  p.  li. 

4.  Revue  littéraire  de  l'Oursl,  1H39  /(O. 

5.  Voir  dan»  le  présent  iiumùro  l'arliclo  du  M.   \.  K.  Liiviv  Mir  le  uiOiuu  »uj«(. 


NOUVKLLKS  AHClIKOl.OMyURS.  Uo 

—  liullclin  ile  l'Institut  de  correspondance  arcHoloijiqne,  \><H\\  : 

Janvier  et  f(Wrior,  deux  feuilles  :  Séances  des  1;'>,  '11,  'i')  décembre  1889' 
—  Stevenson,  Fouilles  de  Paleslinr. 

Mars,  deux  feuilles  :  Séances  des  IH  janvier,  i>,  IG  et  l'i  lévrier.  Ii(;l- 
big,  Fnuillef!  de  Vuld.  —  iMau,  Fouilles  de  Pompi^i. 

Avril,  2  feuilles  :  Si'.incos  des  2,  !>,  (l  et  :i<»  mars.  —  .Maii,  hs  Fouilles 
de  l'iiiupt^i.  —  (I.  lienzen,  InHrijitions  du  pont  de  Kinrhtn  dans  In  i'om- 
magène  (lexlcs  en  l'honneur  de  Seplime-Sévîre  ,  de.  .Iulia  Dornna,  do 
(laracalla  et  de  r.éta;  la  rivière,  un  affluent  de  i'Iiiiphrale  voi.-in 
de  Samosale,  s'appelait  Chabina;  les  inscriplions  paraissent  être  de  l'an 
200).  —  lîil>lioj.;rapliie  :  A.  Mau,  la  Villa  ercolane.se  dci  Visniti^  i  suoi 
monumenti  c  la  sua  hibliulheca,  rirerche  e  notizie  per  Domenico  ComytareUi  c 
Giulio  de  Pctra,  con  XXiV  favole;  Torino,  1883.  (Renonçant  à  parler  de  la 
parlie  philologique,  consacrée  à  la  description  des  papyrus  d'Mercula- 
num  par  M.  Comparetti,  M.  Mau  s'occupe  surtout  des  hypolhùscs  qui  ont 
fait  allrihucr  aux  Pisons,  par  M.  <:omparetli,  la  jiroprii'té  de  la  villa,  et 
qui  lui  ont  fait  reconnaître  le  bu.-le  de  L.  Cal(iuriiius  l'iso  et  celui  de 
Gabinius  dans  deux  tôles  de  bronze  où  la  majorité  des  archéologues  in- 
cline plutôt  ;\  voir  les  portraits  de  deux  personnages  alexandrins.  De  la 
critique  de  M,  Mau,  il  résulte  que  ces  hypothèses  sont  des  plus  hasardées 
et  ne  soutiennent  pas  l'examen.) 

Mai,  une  feuille  :  Séances  des  (i,  13  et  20avril.  — Foudles d'Orviclo ,  lettre 
de  .M.  Ricardo  Mancini  à  M.  d.  Henzen.  —  Fraijmenls  de  vases  de  style  géo- 
métriquc  da7is  le  ti.rritoire de  Tarenle,  \ù\lie  du  professeur  F.uigi  Viola  A 
M.  Helbig.  —  C.  Henzen,  un  fragment  des  Actes  des  Frères  arvales.  — 
E.  Pais,  observations  épigraphiques. 

Bulletin  de  corrcspoiidance  archéologique,   n'*  VI,  juin  1883  (deux 

feuilles)  : 

Helbig,  Fouilles  de  Cornetn.—\.  Man,  Fouilles  de  Pompé  i(su\[e).  —  (].  Hen- 
zen, Diplôme  militaire  de  l'empereur  Domitien  appartenant  au  musô:  de 
Pesth.  —  Fabricius  et  Wissowa,  Sur  une  statue  du  musée  Torlonia.  —  Lettre 
de  M.  Tarantini;\  M.  Helbig. 

Ilapvaffffoî,  mars  1883,  section  archéologique  : 

Polilis,  Bas-relief  d'Athéné  Hippia  (ce  bas-relief  a  été  trouvé  dans  les 
fouilles  qui  se  font  maintenant  à  l'Acropole,  A  Test  du  Parihénon;  il  repré- 
sente Athéné  sur  un  char  qu'elle  conduit).  —  Dragatsis,  Antiquilcs  du 
Pircc  (bas-relief  qui  représente  une  jeune  femme  montée  sur  un  bouc 
qui  l'empoite;  un  amour  vole  au-dessus  t!e  la  scène;  planche  à  la  tin  du 
cahier). 

Nou\clles  des  fouilles  de  l'Actopole  (une  léle  d'Alhéné  de  l'époque 
archaïque  finissante;  un  torse  de  la  même  divinité,  avec  vives  traces  de 
couleurs,  etc.). 


I  ll'i  lU.VlK     \l«(.lll  (t|.(M.|Ml  K. 

(»ii\orli)rr  d'iinr  tiniivello  salle  du  imifrc  <lo  In  Sorii'h^  nrclu'ologiqiie, 
celle  lies  >asos. 

I.a  SociiHé  nrchéoloiilqup  reprend  les  rouilles  (riCleusis  el  cclle.^  tl'Kpi- 
daiire. 

Ou  conslriiit  drciiirmetil  à  Olynipii"  un  mtisre  où  seront  d«'posi?8  les 
niniuimcnls  trouvés  dans  lo.-  Touilles;  le?  plans  en  sont  fourni?  par  l'ar- 
cliilecle  allemand  Adler. 

Vase  archaïque  acquis  par  la  Socit'lr  arcln'oloiiiqne,  qiii  représente 
Action  déchiré  par  ses  chi«i!s. 

Oécouverte,  ;\  Klensis.  d'un  bas-relief  riun'raire. 

1,0  niiiui'ro  d'avril  du  Pnrnussos  contient,  cnirc  antres  articles,  les 

suivants  : 

Spaihakis,  Sui'  l'C-lu-atioii  et  l'inutiucUon  d' Alcxamlrr  Ir  liiivvt.  —  llilio- 
poulos.  Sur  le  !,ol  culih'iilile  de  rAttiqxc. 

I.a  section  archOolotriquc  est  moins  riche  cetli-  fois-ci  que  d'ordinaire. 
Nous  n'y  trouvons  que  quelques  noies  de  M.  Dragatsis  sur  diiïrrenlcs 
inscriptions, d'ailleurs  île  peu  d'importance,  «jui  ont  été  découvertes  ai; 
Pirée. 

Al citœoloyisclic  Zcitunij,  issj,  4'  cahier  : 

P.  Wolters,  Terres  cuites  de  Tarente  au  musée  académique  de  llonn,  plan- 
ches XIII  et  XIV.  (Une  partie  de  ces  terres  cuites,  les  plus  anciennes,  pa- 
raissent se  rallacher  un  groupe  des  représentations  connues  sous  le  nom 
de  repas  fan(h-air»9.  On  en  trouverait  la  forme  la  plus  ancienne  dans  quel- 
ques-uns des  fragments  de  Tarente. i  —  A.  FiirlWiX'nyler,  Vun  Drlos.  (Inté- 
ressant rapport  sur  la  série  des  sculptures  archaïques  qui  ont  été  décou- 
vertes ;\  Délos  parles  fouilles  do  l'Kcole  française  et  qui  sont  aujourd'hui 
réunies  à  Myhonos.  Uomarques  curieu^es  sur  les  deux  grands  fragments 
de  r.VpoUon  des  Naxiens  qui  gisent  encore  ;\  terre  à  Délos.  .M.  Kurtwa'ugler 
ne  croit  pas  que  les  statues  qui  ont  été  trouvées  dans  les  restes  du  temple, 
marqué  H  sur  son  plan,  aient  jamais  appartenu  à  un  fronton;  il  y  voit  les 
restes  d'un  groupe  qui  servait  d'acrotére  central  au  fronton,  et  il  repro- 
duit à  ce  propos,  dans  la  planche  XV,  un  curieux  acrolére  de  Cervetri, 
une  figure  aih'e  en  teire  cuile.  Les  sujels  des  groupes  des  deux  acroléres 
délieiis,  dont  .M.  l'urtwa'ngler  ilonn.-  une  esquisse  restaurée,  auraient  élé 
rcnW.'Vcmenl  fie  Borée  par  Orithie,  et  celui  de  Kc[dialns  par  Kos.  En  com- 
parant ces  sculptures  au  monuinenl  dit  dis  .\crci<I>:s  en  I.ycie  et  h  la 
\  idoire  de  r.ionios,  M.  Fuil\v;in'.;ler  cherche  à  élublir  qu'elles  datent  de 
430  ou  'rJn  environ  avant  noire  ère.  I.'arlicle  se  termine  par  de^  obser- 
vations sur  qui  Iques  autres  th-bris  de  la  période  classique.)  —  A.  .Mirhn«'lis, 
Vn  d'ssin  original  dit  Varttiénon,  de  t'i/riaque  d'Annuir  (jjI.  XVI).  — 
M.  Fr.i'nkcl,  Inscriptions  arrhaifjucs.  —  Purgold.  Tmis  iiisrri))tion^  iir~ 
rlmiiiucs.  —  S(jurclle<.  Hé^umé  des  séances  de  la  Société  archéologique  de 


\<n:vr,i.i,iN    MtciiKoi.oc.ii.irK*^.  117 

hcrliii  (nov(Mul)re  cl  dijcerniirc).  Clironiqm'  de  la  PU;  de  Wiiu  Uclnrinii 
—  Taille  de  l'aiiuée. 


Airhd'uloijisclie  '/jituini,  il'  ariiirc,  1*'  c.iliier  (!••  IHS.I  : 

P,  J.  Meier,  NouvlUcs  cnuins  dr.  Ihui^  au  musrc  du  liirlin  (pi.  l-i)-  — 
(i.  Kioi^erilzky,  l'Apollon  SI i-uju/ioff'  (pi.  ;i).  —  A.  Kalkiiiann,  llrjn-tsciita- 
tiinisdu  inyllic  d'lU])}i<)hile  pi.  0  8).  —  Mélanges  :  K.  I.aiige,  le  Vnuimcnt 
d'un  Liioojon  au  wusn;  de  yaples  (bois  dans  le  lexie).  —  Ch.  IJelgcr, 
r Êtramjleiir  de  liim  sur  lu  fi  ise  du  grand  avtd  de  Penjame  (deux  vignelles)  ; 
la  Quiatiou  de  la  hltssure  du  (lauliis  mourant.  —  II.  Luckenhach,  Silène 
a(jtnmiHé.  — A.  FurUva-ni^ler,  noie  sur  la  page  'il'i  de  l'Archa;olo<jische 
Ziitunij,  i.SS2.  —  Hapports  :  Aci/ui^itious  du  mustc  royal  dans  l'année  1882. 
1.  Collection  des  iculijtures  tt  des  moulo'jes  (A.  (lonzc).  —  Séances  de  la  So- 
ciété archéuhjfjique  de  Berlin,  janvier  à  avril  188.'J.  —  Rapport  sur  les  tra- 
vaux et  Its  publications  de  l'Institut  arcMolofjique  m  1882. 

Bulletin  de  correspondance  hellénique,  mais  et  avril  18^3  : 

I'.  l'oucail.  Inscriptions  de  clérouqucs  athéniens  d'Imbros  (décrets  tn 
l'honneur  d'un  poléinarque,  d'.Vllicnodoros,  d'un  cliTOuque;  dédicaces 
aux  grands  dieux,  à  Xcrniès;  décret  en  l'Iionneur  du  prêtre  d'Ortliannés). 

—  G.  Sctilumborger,  Snaux  byzantins;  les  éjlisei,  les  palais,  le  cirque  de 
Constantinople.  —  15.  Haussoullier,  Inscriptions  de  Delphes,  fragments  d'une 
liste  des  proxénes  rangés  par  ordre  géoçfruph<qa:.  —  K.  Potlier  et  S.  Hei- 
nach,  Fouilles  dans  la  nécropole  de  Mynna  (suito);  IV,  Inscriptions  sur  les 
fiijurines  de  terre  cuite.  —  L.  Duchesne,  les  Nécropoles  chrétiennes  de  l'I- 
saurie;  111,  Korycos. —  15  Laticheo,  Inscri}>tions  de  Ténos.  —  Th.  Ilomolle, 
Inscriptions  archahiues  de  Uélos.  —  NN .  .M.  Uanisay,  l'nedited  ins:riptions  of 
Asia  Minor:  I,  P<iinphylia;  11,  Lyda.  —  Variétés.  \\\  Kontrier,  Inscription 
métrique  de  Smyrne.  .M.  C  ,  Siijmlure  du  céramiste  Teisias.  Am.  II.  L5.,  Ins- 
cription de  la  mosaïque  de  Délos.  PI.  Vill,  I';,  .W,  XVI,  Terns  cui'.cs  de 
Myrina. 

Hullttin  de  correspondance  hellénique.  1S83,  livraisons  de  mai  et  de 

juin  : 

W.  11.  Waddiaglun,  Inscriitions  de  Tarse.  — ."Vlax  Collignon,  Stèle  funé- 
raire attique  représentant  une  scène  de  palestre.  —  W.  M.  Bamsay,  Vnited 
inscriptions  of  Aùa  Minor;  111.  Pluygia;  IV,  l.ytaonia  ;  V,  Cappâdocia; 
VI.  Cilicia.  —  S.  lleinach.  FouiUts  de  Ihlofi,  l'Inopus  et  le  sawtuairc  des 
Cabires.  —  A.  DunionI,  Dm  siylc  géométrique  Mi/'  /es  rases  grecs.  —  E.  Dra- 
goumis,  (Juelques  rimurques  à  propos  dts  inscriptions  choragiques  de  Délos. 

—  P.  Foucarl,  le  Culte  de  Platon  dans  lareligion  éleusinicnne.  —  .M.  Dubois, 
Lettre  de  l'empereur  Ilalrien  au  conseil  et  au  peuple  d'Astypalxa. 


us  nKviK  a»(:hi*ol(»oiquk. 

—  N»  VII,  juilM  188H  : 

I'.  l'oucart,  Itcrct  ilca  amphiciyons  lir  Ikip'iis.  (M.  I'i)ucml  rriinil  dans 
cet  arliclo  plusieurs  textes  iiuViils,  relatiTâ  à  raiiiphu-lymiic  de  Ihdithcs. 
On  remurquera  suiloul  le  n"  (J,  qui  est  de  raiinée  178-7  avant  Ji'-sus- 
e.hrist.  il  prouve  que  M.  Acilius,  apn's  su  vicloiri;  .««ur  les  Ktoliens  m  190, 
awiil  enlevé  i\  ce  peuple  les  voix  qu'il  possédait  au  conseil  ainphictyouique. 
L'auleurde  l'arlicle  termine  par  d'iniéressanlcs  observations  sur  le.-<  varia- 
tions que  suhit  la  conipusitioii  du  conseil.)  —  K.  Potlicr  et  S.  Ilcinach, 
Applii/ucs  de  bronze  appartenaut  à  des  vases  de  Mtjriua  (pi.  IV  et  Vi.  — 
P.  Paris,  lascriptiuiis  de  S(*baste.  —  M.  Colligiion,  Course  d'upobate  sur  un 
bas-relief  attiqne  (pi.  XVII).  —  S.  Heinacit,  Fouilles  de  Délos;  I,  Temple 
des  Posidoniastcs;  II,  Statues:  III,  Inscriptions. 

.Nous  apprenons  avec  plaisir  que  les  fouilles  américaines  ont  été 

reprises  à  Assos  au  mois  de  février  iHH'.\,  et  qu'elles  ocrupenl  quarante 
ouvriers.  Klles  ont  amené  déjà  des  résultats  intért-ssants  ;  on  dégage 
l'Agora  et  Toii  acliéve  le  déblayement  de  i.i  rue  des  Toniheaux. 

Zeit<chrifi  dcr  deutschert  rnorgenlœndisclicn  Gesellschaft^  volume  37, 

livraison  I  (1883)  : 

M. -11.  Millier,  Cuntributions  critiques  à  Vépigraphie  de  l'Arabie  méridio- 
nali'  (propose  ditTérenles  corrections  et  recliticaiions  dans  les  inscriptions 
bimyarites  publiées  réceumient  par  .M.M.  J.  et  M.  Uerenbourg  dans  le 
Journal  asiatique*.  —  0.-.\.  Daoielsson,  l'intruductiun  du  Mahàbhà'hj/a.  — 
11.  Ollenberg,  l'Anacn  Akliyùwi  «h'/ùvi  (questions  touchant  la  nu'liique 
indienne  considérée  comme  eritéritiin  clironûlogique\  —  G.  Hûbler, 
Commentaires  sur  les  inscriptio7ii  d'Asoka  (conférez  les  études  de  M.  Senart 
sur  le  même  sujet,  en  cours  de  publication  dans  le  Journal  asiatiquOy 
d'après  des  photographies  et  des  estampages  du  texte  des  édits  gravés  sur 
le  rocher  et  sur  les  pilier.»).—  H.  Kolh,  Sululiun  d'une  éniijme  dans  le  Véda. 
—  K.  icurel,  <'lt'ik  Tahnidsp  1  (notice  sur  un  m.iniiscrit  persan  contenant 
riiistoiredu  règne  de  ce  princei.  —  \i.'S{;il\c,Surl'ctijmoloijiedc  H£'o;(d'apré8 
un  passage  de  Jacques  d'Kdesse,  auteur  syriaque  du  vm"  siècle).  —  Bi- 
bliographie :  II.  KiTU,  les  J'euples  malais  p'jlynôsiens.  PriL",orius,  Bîelhgen, 
Klat,  notes  sur  diverses  pulilications  ri'centt'S  reiativ'es  i\  l'Abyssinic,  le 
Mandi'tn,  bs  Insiriptiuns  siuaitiqucs,  l  Inde. 

Un  fuicitule  spécial  de  '222  pages  coiitient  le  Rapport  i;éni'ral  sur  les 
progrès  des  études  orientales  eu  18.su.  Lu  Socit'ité  orientale  allemande  a 
pris  le  sage  parti  de  confier,  pour  ce  rapport,  l'examen  de  chaque  grande 
branche  de  rorienlalismtî  à  un  savant  spécialiste;  c'est  un  exemple  qu'il 
serait  désirable  de  voir  suivi  ])ur  notre  Société  asiatique.      C.  {'..  (•. 

1.  Avril,  mai  «t  Juin  18tt2,  p.  .Iiil  et  sq. 


NOUVKM.Ks  AiicMi-'ioi.or.igDRs,  1  r.» 

liullillinn   (Il    iiriltcolagia   cnstiiinii   di    li.  H.   tif    Ito."!»!,   'f    h('ti<,', 

i"'  année,  n°  4  : 

I.  ViTio  rcniirquulilc  qui  i  i-prrscnle  li;  lem[)le  de  J('rn.«alcm.  — 
t;  1.  I..I  vui!  du  t(!inpl(!  il(!  Ji'nisak'UJ.  —  g  2.  I.ii  vu(i  du  Icnipli;  de  Jéru- 
siileni  telle  que,  la  donne  le  verre  judœo-ioniain  ( nniiiarée  ;i  d'autres 
monun.enis.  —  î?  i!.  De  l"iiiS(  ripliurj  griicque  el  d(!  l'/lge  du  luonurnenl 
que  nous  venons  d'ex|)liqucr. 

II.  l*roct''s  veibauv  des  8(''ances  de  la  Soci''t6  d'archéologie  clirélienoe 
;\  Home  (.lu  'J7  nov.  issi  au  2)1  JV'vr.  I8S2). 

m.  Nouvelles.  Contiiuiatioii  des  découvertes  dans  la  crypte  historique 
et  dans  les  ^iileries  adjacentes  du  cinieliùre  de  Saint-iiippolyte.  —  Séli- 
nonte,  monuments  chrétiens. 

liullcttino   drild  commissione  nrchaolo'jica    communnk   'H   îl^tiiu, 

11«  année,  n°  1,  janvier-mars  : 

i.  Guidi,  Appetîdice  à  l'article  sur  une  in&i:riptioa  grcajuc  de  ('onyie,  qui 
appartient  au  moyen  Age  et  qui  a  été  publiée  dans  l'année  ISSl, 
p.  180-190).  —  [\.  Lanciani,  la  Basilka  Mdtidies  et  Murcianes  des  catalogues 
(pi.  l-'2).  —  C.  L.  Visconii,  De  dtux  st.t(uts  toyees  représentanl  des  person- 
nages qui  donnent  le  signal  des  jeux  du  Cii  que  (pi.  :j-i). 

M.  Olioisy  poursuit  le  cours  de  ses  intéressantes  éludes  sur  l'archi- 

lecture  grecque.  Après  avoir  restitué,  dans  un  premier  cahier,  qu'accom- 
pa{j;iienl  deux  planclies,  VArsew.il  du  l'inc^  tontm  .^ous  le  nom  à' Arsenal 
de  Pliilon,  il  entreprend  aujourd'hui,  dans  un  second  fascicule,  de  rétablir 
les  murs  d'Athènes,  tels  qu'on  peut  se  les  représenter  d'après  une  ins- 
cription à  peu  piès  contemporaine  de  celle  qui  a  trait  à  l'arsenal,  c'est- 
à-dire  d'après  un  texte  <]ui  date  de  la  seconde  moitié  du  iv*  siècle  avant 
notre  ère.  Cette  seconde  élude,  quia  pour  tilre  les  Mais  dWthvties  d'uprés 
le  devis  de  leur  restanration,  fait  honneur,  comme  la  première,  tout  à  la 
fois  au  savoir  do  l'helléniste  et  à  la  pénétration  de  l'archilccle.  Une 
planche  a  sul'H  pour  figurer  cette  construction  très  simple,  en  briques  sur 
un  souba^sement  de  pierre.  (I.ilirairie  de  la  Société  anonyme  de  publi- 
cations périodiques,  l3-lo,  quai  VoUaiie.) 


CIIUOXIQUK    D'OlilKXT 

riHILLKS  KT  DKCOUVKKTKS. 


Dans  une  letlre  il.uée  du  :<  juin  lioinier,  M.  Di'-mos'.hène  Hallazzi 

a  bicQ  voulu  nous  donner  des  détails  couipli^mentaires  sur  les  fouilles 
entreprises  par  lui,  au  nom  du  gouvernement  luic,  sur  les  bords  du 
golfe  Klédtique  en  Kolide  '.  On  se  souvient  peut-Olre  qu'en  annon(;ant 
CCS  fouilles  à  nos  lecteurs  nous  avons  cru  pouvoir  fiMicitcr  M.  Haltazzi 
du  soin  et  de  la  nuHliode,  c'e>t-i-dire  des  préoccupations  scientiliques, 
qu'il  portail  dans  ses  explorations.  Les  renseignements  que  nous  repro- 
duisons aujourd'lmi  prouvent  que  ces  éloges  étaient  niériiés  et  que  l'ar- 
chéologie de  l'Eolide  est  en  de  Itimnes  ninins. 

i/emplacemenl  de  ranciciinc  (iynié,  qu'on  a[)pelle  acluelletuent  ya- 
mourt,  n'est  presque  pus  liabilé,  et  des  pUntaliuns  récentes  de  viunobles 
y  rendent  les  fDuilles  presque  impossibles.  Mais  le  village  de  Tcliakniakli, 
situé  sur  la  route  de  Ptiocée  à  cinq  cents  mètres  environ  de  NamourI,  con- 
tient dilVérentes  antiquités  provenant  de  la  cité  éolienne;  nous  nous  sou- 
\enons  dv  a\oir  vu  ^ou^ent  des  t(*les  en  terre  cuite  et  des  pierres  gravées 
d'un  evcellent  travail.  M.  Haltazzi  nous  écrit  qu'il  a  pu  y  recueillir  un 
bas-relief  en  marbre  blanc,  baut  de  0'",3!t  et  large  de  0'",3.»,  représentant 
un  cavalier  tenant  d'une  main  une  patère  et  de  l'autre  la  bride  de  son 
cheval.  Le  cheval  est  dans  l'attitude  de  la  marcbe  et  ressemble  exacte- 
ment à  celui  qu'un  trouve  figuré  sur  h  s  monnaies  de  C.ymé.  Derrière  le 
cavalier  te  lient  un  guorrier  armé  d'un  bouclier,  (if  bus-relief,  qui  est 
d'une  bonne  exécution,  a  été  expédié  au  musée  de  Contluntin.)ple. 

tnire  .Nouvelle-IMiocée  et  Cymé,  on  u  découvert  remplacement  d'une 
ville  antique  avec  des  restes  de  forliikutions.  On  l'appelle  dans  le  pays 
Ila/.aid'  \i»ii'o'.  M.  Kallazzi  ^e  proptfse  d'y  oiiérer  (jiielqui's  sondages.  Il 
est  encore  diflicile  d'iilenlilier  cet  em[tIu(cmtMil  avec  une  des  cités 
éolienne»  dont  parlent  les  anciens;  .M.  Hallaz/i  esi  tenté  d'y  reconnal'.re 
Lari'S.i,  surnommée  Fhrkuiiis,  et  cette  bypultièse,  (pie  rien  n'e?t  venu  con- 
firmer jusqu'à  présent,  s'accorderait  assez  bien  avec  les  textes.  Km  i  llcl, 
Strabon  Mil,  p.  i'.!!)   «lil  que  Larissa  est  située  ~tç.\  r>;v  KO;at,v,  »|  le  l'ait 

J.  V'jir  noire  Chrunifjue  d'OnfuI,  dan»  l.i  lOiue  du  iiiui-Juiii  18f^:t,  p.  :ioi  i-t  auiv. 


cnnoMouK  n'nmi.Nr.  1^1 

qu'ellcî  lui  assiégûi!  sans  siicct"!»  par  l'Iiyfnlir.tii  dumie  i  poiiSfM'  qu'»;lle 
possdtluit  (les  forliflcalions  imporlttiilos.  Las  carloj.'ruplifi8  modernes  ont 
placé  Larissa  assez  loin  dans  l'inli'rieur,  (Milie  IMioci'-o  (;l  Néonlcichos  ; 
niiiis  toute  la  ^éograpliii!  comparée  «le  i'I^olulc  e.sl  fort  incertaine,  el  l'on 
doit  s'attendre  \  ce  que  des  fouilles  el  des  Irouvaillcs  de  uiuiiniâies  inodi- 
flent  consiléiulilemeul  bien  des  opinions  reçues  à  cet  é^;ard. 

Qu'on  me  pormeite  ici  une  parenihùse.  Mon  savant  ami  M.  Sayce,  dans 
le  Jimrnitl  uf  lliUcn'n  Stuilivs  (vol.  ill,  u"  "2,  p.  218  2J7),  a  donné,  sous  le 
titre  û'K.rpl<irati(jtis  in  Aenlis,  le  récit  d'une  excur.-ion  que  j'ai  eu  le  plaisir 
de  l'aire  u\ec  lui  en  IXNI  dans  les  environs  d'Ali-Agu.  M.  Sayce  est  d'ac- 
coid  avec  moi  {linlletin  de  co/rts/i.  Iwllén.,  l.SSj,  p.  130)  en  plar.-anl  Aegae 
à  Nimroud  Kulessi,  où  des  ruines  importâmes  ont  6lé  explorées  en  1882 
par  M.  Clerc,  et  non  à  (iuzcl-llissar,  où  l'indicjne  la  carte  de  Kieprrt. 
Mais  il  veut  idenlitier  avec  cette  dernière  loca  ité  une  ville  nommé  Adac, 
tout  en  sif;nalant  comme  plausible  l'hypotlièse  que  je  lui  avais  commu- 
niquée, d'a|)rès  laquelle  Adtie  des  ait  se  trouver  entre  Ali-Aga  et  Cymé, 
dans  la  presqu'île  d'Aïup-Chi/lili.  Oi  la  \ille  d'Adae  n'est  mentionnée  que 
dans  un  passage  de  Sirabon  iXIII,  p.  (;.il,  p.  3:ii,Didol)  qui  ne  permellrait 
pas  de  la  chercher  ailleurs  qu'entre  Myrina  et  (^ymé  :  à-r.h  tyjc  Kûar,;  eîi'iv 
"Aûai,  £Ît'  àxpa  ascà  xETiacaxovTa  ctaotoit;,  r,v  xsAoutiv  "Vocav..  ..  EiTa 
TToÀt/viov  r^ûviov  X.  T,  X.  Mais  Ics  recherches  que  j'ai  faites  dans  la  pres- 
qu  ilc  d'Arap  Chiflik,  en  compagnie  de  .M.  Foucart  el  de  M.  Haltazzi, 
pour  découvrir  l'emplacement  d'une  ville  antique,  ont  été  complètement 
vaines,  et  je  crois  qu'il  faut  ell'acer  le  nom  d'^Acai  des  répertoires  de  géo- 
graphie ancienne.  ('..  Miiller  a  déjà  dit,  dans  son  index  du  Sliabon  de 
Uidot  :  «  Sin  ignotus  orae  locus  memoialur,  quaerilur  un  non  'AÀat, 
frequens  locurura  maritimorum  nooien,  legendum  sit.  »  Toute  la  côte 
entre  Myrina  el  Pliocée  est  encore  couverte  de  salines,  que  l'on  appelle 
5Xeç,  àXat,  êikUii,  akuMOt;  *.  il  me  semble  donc  presque  certain  que  la 
ville  d'Adae  n'a  jamais  existé  et  que  Strabon  a  voulu  simplement  parler 
de  salines  situées  dans  les  environs  de  (>ymé. 

M.  Bullazzi  a  fouillé  à  Guzel-llissar  huit  tombeaux  creusés  dans  le  tuf 
et  recouverts  de  plaques.  L'un  d'entre  eux  contenait  une  petite  croix 
byzantine  en  bronze,  avec  un  trou  de  suspension.  Ceci  nous  contirme 
dans  l'opinion  que  le  village  actuel  de  Cuzel-llissar  date  tout  au  plus  de 
l'époque  byzantine  et  que  les  in-criplions  qu'on  y  a  trouvées  (MovteTov 
xr,;  IVjavvE/ay-r,;  -/.oXri;,  1873-1875,  p.  125)  ont  été  apportées  de  Cymé  ou 
de  .Myrina.  Dans  le  cimetière  de  Guzel-llissar,  M.  liahazzi  a  découvert 
un  aulel  antique  en  marbre  orné  de  bucrûnes  et  de  guirlandes,  portant 
une  in>cription,  dont  il  a  bien  voulu  m'onvoyer  l'estampage.  Un  y  lit 
seulement  : 


1.  Cf.  Hcrm.inn-Bluinmer,  Lehrbudi  iler  Linedn^dien  l'rtviilaUtrtliuiiici\  18M', 
p.  12,  noie  3.  'AXa;  dans  le  sens  de  salines  manque  dans  les  dictionnaires,  mais 
la  langue  aioderne  a  conservé  co  mot. 


\'ll  HKVUF    Anr.|||Joi.(H;inlK, 

CYNOEPOYCA     KAH 

1,.'  Mdiii   lit»   i'jvitjiouia,   .jiif  j  •  um-ii-  (l'avoir  iU''y\  rencnnin', 

manque  dans  le  Wn'rterhurh  dcr  grivhi'^rhfn  Ki'jrnwimrn  dt*  l'niie-Hetiîieler  ; 
niai>  on  y  trouve  le  tnnsciilin  — 'jv^tpjDv,  lu  <iji-  mu»  nioiitinie  di;  C.yiné  par 
Mionnet  [Suppl.  VI.  K'.).   • 

A  Doumanli-Da^h  (.  f.  la  Revue  de  tuai-juin  1883,  p.  3(i2),  M.  Rillazzi 
a  Iroiivé  une  slùle  fum^raire  avce  tuu-  incripsion,  dont  il  m't'inoie  l'es- 
tainp.'ige.  C'i'st  un  nom  propre,  AHMEA.  en  cacarlùrcB  de  l'époque 
mai'rdonienne  on  Kiniiine. 

Nous  avons  unnonci'  que  dans  les  fonillos  qn"il  «  faites  h  Trhnndarîi, 
l'ancienne  Pilane,  M.  Kallazzi  a  décou\eit  des  fragments  de  poterie 
archaïque.  Il  nous  n  fuit  parvenir  depuis  des  calques  soi|;nt^s  de  ces  ob- 
jets. L'un  d'eux  est  un  [lelit  urylialle  ;\  fond  jaune  clair,  avec  des  dessins 
en  brun-rou.:;e  tiès  fon«:é  représentant  quatie  gneiriers  marchant  en  flle, 
de  style  trts  archaïque.  Chaque  gueirier  porto  une  lance  et  un  grand 
bouclier  qui  cache  tout  le  milieu  de  lu  H^-ure.  I.e  bouclier  est  décoré  à 
l'intérieur  d'un  cercle  blanc  en  guise  d'épisôme  et  d'une  rangée  de  point» 
blancs  disposés  en  cii conférence  autour  du  cercle  central.  Le  fragment 
de  grand  vase  portant  ui:  ct-rf  paraît  fort  inlérLS.-anl.  L'animal  est  peint 
en  brun-rouge  et  en  blanc  alternants;  entre  la  ramure  et  le  cou  étendu 
(le  cerf  est  représenté  paissant)  se  voit  l'ornement  improprenit  nt  appelé 
Svastika.  Une  rangée  de  méandres  encadre  la  figure  sur  la  droite.  C'est 
I;l  un  spécimen  de  poterie  protocorinthienne  qu'il  est  fort  curieux  de 
renconirtr  en  Kolide,  et  qui  remonte  sun,>  doute  au  vir  siècle  avant  notre 
ère.  Kn  fait  de  terres  cuites,  on  n'a  trouvé  à  Pitane  qu'une  Véiuis  nue  à 
sa  toilette,  typ.-  fréquent  dans  la  nécropole  de  .Myrina.  Un  dos  tombeaux 
ouverts  à  Pilane  conti-n-iil  une  monnaie  en  bronze  de  cette  dernière  ville, 
portant  la  légende  MYPI,  Apollon  lauté,  le  iliot'i  et  la  lyre. 

M.  liallazzi  nous  envoie  le  journal  tré.-;  détaillé  des  fouilles  qu'il  u  exé- 
cutées à  n.jumanli-Dagh  du  2(i  avril  au  7  mai  t8>*:t.  Il  a  ouvert  cent  deux 
tombeaux,  longs  en  moyenne  de  i  métrés,  larges  de  (("'..'iO  et  profonds  de 
O^jiO  à  I^.SO.  Presque  tous  étaient  recouverts  de  plaques  en  granit  très 
épaisses;  un  assez  grand  iiimbre  ne  contenaient  aucun  objet.  Nous  déta- 
chons de  ce  journal  les  indications  qui  peuvent  prt'.sentei-  de  l'intérêt. 

1.  Long. 'i"", 10,  larg.  <>°',."i(i,  prof.  I'°,."i(>,  4  pla(iues.  Sans  ossements. 
Trois  bouteilles  en  terre,  communes. 

'2.  Long.  2  mèlre.',  larg.  0™,oO,  prof.  I^.ÎJO;  :>  plaque.-;.  Sans  ossements. 
Miroir  île  bronze,  trois  clous  en  fer,  troL-  bouteilles  communes,  une  mon- 
naie de  (^ymé  (partie  antérieure  de  cheval,  vase  moiiotome). 

»t.  Long.  2", 10,  larg.  0"',(;o,  pnjf.  1",S0;  l  plaques.  Sirigilc  en  !>ron/e 
du  côté  de  la  léle. 

l'î.  Long.  2"",! .5,  larg.  O",.').*!.  prof.  \"'.V->;  ii  plaques.  Sur  les  ji/nf/Ufis, 
une  liole  en  verre  de  l'espèce  dite  porcelaine  </'-■  Rhoilcs.   Dans  l'intérieur, 


CHRONIOL'I.    I)  (MtlKM. 


\  'l'A 


deux  pelils  pois  coiiiniiins  avec  iitic  «use,  ciii(|  tlolcs  en  p<jrcelanii  Ut: 
llhodcs,  iiii  pelil  luiruir  (tioiis  avons  rcriconUc^  la  jximjluinc  d(  HhoiUs  dans 
les  nécropoles  de  Myriua  cl  de  (^rm^). 

Ifi.  Long.  'i^jOO,  larg,  (l"',(;0,  prof.  O™,!»»;  4  plaques.  n<'l»ris  eu  Icire 
cuiie  (un  coq  el  un  chien)  el  ^^  pelils  y&^iis  simiens  (poterie  1res  fréquente 
daii.s  la  nécropole  de  Myriu;!». 

18.  Long.  •!'",():'>,  larg.  (l"',i;i,  prof.  O"',:;:;  ;  :i  plaques.  Sur  hs  l'In'pies, 
débris  d'ossements.  A  l'iiitiTieur,  du  côté  delà  léle,  '»•  ti.des  eu  \erre, 
1  miroir  en  hronze,  !  chaîne  et  des  clous  en  hronze,  1  monnaie  de  Cymé, 
I  anneau,  il  crodiels  en  argent  (?)  el  \  en  bronze. 

2').  Long,  l"*.?;),  larg.  0'",4;i,  prol".  0"',4.");  3  plaques.  Doux  petits  vases 
communs  avec  anses  auv  pieds  du  mort. 

ÎJ2.  Long.  l"',7;i,  larg.  O^.îio,  prof.  0'n,4;;;  i  plaques.  Fiole  en  l'orce- 
laine  de  Rhodes,  deux  bouteilles  communes. 

i3.  Amphore  sans  oss-mcnts.  Une  terre  cuite  représentant  un  i  liicn  du 
type  caniche,  couché  sur  un  piôdeslal  haut  de  O^.OO,  avec  des  tract;.>  de 
peinture  blanche.  La  hunlcur  totale  est  de  On'jlO.  Sur  le  haut  de  la  iiarc, 
on  lit  lu  signature OlAinnOY.  (Pour  l?.s  terres  cuites  de  TLolide  signôes 
de  noms  de  fabricanl.s  d.  liulktin  de  coiresp.  hcllnu,  1883,  p.  204  el  suiv. 
La  signature  <l>iXt7nîou  ne  s'esl  pas  encore  rencontrée.) 

30.  Long.  2  mùlres,  larg.  0'",;ju,  piol'.  0'",:>0.  Une  lampe  en  terre  cuite 
et  une  aiguille  en  bronze. 

34.  Long.  1"',80,  larg.  0"',.oO,  prof.  U'",4b.  2  bronzes  de  Cymé,  1  miroir 
carré  en  bronze,  1  aiguille. 

35.  Long.  2"', 10,  larg.  0™,o2,  prof.  0",aû.  Un  vase  samien,  un  fiagmenl 
en  fer,  une  feuille  d'or. 

45.  Long.  2'",  10,  larg.  O^^yi'o,  prof.  on^L.j.  Une  bague  en  bionze,  un 
vase  en  terre  cuite. 

37.  Long.  f^iiO,  larg.  0'",3;i,  prof.  o^jHi.  Fragments  de'diverses  figures 
en  terre  cuite  :  un  éphèbe  tenant  une  grappe  de  raisin  vers  laquelle 
s'élance  un  coq  (haut.  0"', 13)  ;  une  abeille  peinte  en  rouge  (haut.  O^jl^'t)!  j 
un  buste  d'éphél)e,  le  bras  droit  levé  (haut,  O"',0i)  ;  un  grotesque  acéphale 
accroupi  (haut.  0'",0.1). 

93.  Long.  2  métrés,  larg.  O'",60,  prof.  O'^^.iO.  Un  masque  de  femme  en 
terre  cuite  (haut.  0">,0(j).  A  côté,  une  chambre  funéraire,  longue  de 
3  miMres,  large  de  2™, 60,  haute  deO",^:),  dallée  en  briques  de  0"',30  sur 
0'",15.  Sur  une  pierre,  1  inscription  AHMEA. 

94.  Long.  l^jlO,  larg,  U'",3o,  prof.  C'jiO.  Un  vase  avec  une  anse  el  un 
fragment  de  feuille  d'or. 

95.  Long.  2">,20,  larg.  0>",:JO,  prof.  0'",30,  Un  petit  miroir  argenté. 

1,  Nous  n'avons  jamais  rencontré  d'abeilles  en  terre  cuite  dans  les  nécropoles  de 
Myrina  et  de  Cymé;  si  riudicaiion  de  M.  Baltazzi  est  exacte,  le  fait  est  intéressant 
à  constater.  On  sait  que  l'abeille  passe  pour  un  attribut  de  Dionysos  Brisaios  (Le- 
normant,  Dii:t.  des  antiquités  de  Safc'iio,  t.  1,  p.  021  h). 


I2i  RRVDK    vnCHKOLOCIOUB. 

102.  Long.  I'",'JO,  laig.  0'",(;;i,  prof.  n-",!,.';.  in  \a>c  .va/Kt//  I.iim' ;   mu* 
l«?lc  lie  fomine  drapt^e. 

M.  Itallazzi  iio.is  a  ctimiiuiiiiiiué  ciicnre  deux  eslainpi^'s  d'iiiii-  iiiscrip- 
(10(1  ilfioiiveili*  a  Cjiiu',  sui  une  sli'lo  brist^e  en  liaul  el  i  droite,  liaule 
de  U">,3U  surO^.Kido  large.  Les  caraclèros  sont  Win  disliiicis,  petits  el 
apparliennoni  au  citinmenrcfuent  do  l't^poque  inaiH'idoiui'twie.  L'étal  de 
iiuilila  iud  du  inarliro  rend  la  reslitutiun  assez,  dinicile  :  iiutis  nous  pro- 
pos ins,  du  resie,  de  repnhlier  ce  texte  en  caractères  épij^rapliujues, 
ainsi  que  d'autres  inscri)itions  do  Lynié  el  des  enuruns  que  nous 
avons  recueillies  avec  M.  i'ollict  au  cours  de  notre  séjour  en  Kulide.  H 
nous  suftira  de  donner  ici  une  transcription  en  cursive,  avec  les  rcslilu 
lions  les  plus  simples  :  la  lecture  n'olVie  nulle  part  d'auibiguil-}. 


evt.      ........ 

ô  û^uio;  6  Bap[YuXiYiT(ov] 

evexev  xat  ûixaioçuvr;; 

—>,;  7:dÀ£tti;  àvavpxiai  ^[È] 
5      aÙTÔiv  a£Ta  tcov  àÀÀco  v  Trpoîsvojv  ;  J 

tÔ  ■VrîoKïjj.a  sv  crf/^ri  j,  ÀiOîvr.iJ 

x^ÀÉcai  0£  atJToù;  xa|^l]... 

cijvavat  [xtxoL  xoô  i£p[£0);  ;] 

'  l'^ÀÉaOai  Sa  xai  àvof  a 
10      Kat  ivaYYEÀXoûvTa  KuiJLa|^îoi;] 

ooûvai  oî  xoù  TO  àvâXiujx  a] 

.Mr^viov  Twv  xaaiwv  TEp... 

vç'vTjTai  xaxà  xà  Ycvpot[u.u.î'vaJ 

Tapi  [jL£v  r;atv  xciv  àYw^vaj 
I  o      Ttapà  0£  Kuaat'oi;  â;to); 

tÔv  or,u.ov  x&Y  Kuaaîtov 

£v  Aiovuffîoi;  xai  oià  ax£  ï^avôi^ai  ;] 


Kraynjcnt  d'u'i  décret  du  peuple  de  lîargyli.i  en  «iaiie,  en  riioiiuciir  tlii 
peuple  de  Cynié. 

Les  Aiov'jîia  de  [{argylia  sont  déjà  connus  NcwIod,  C'iitlus,  I.  Il,  p.  Si'J). 
A  côté  des  foirnulL'S  ordinaires  des  décrets  de  pioxénie,  ce  texte  en  pré- 
M-nie  d'autre:  dmii  l'cxiilication  est  plus  malaisée.  Je  ne  sais  conunent  inter- 
piéler  le  mut  EIPE  qui  Itirmme  lu  derniéie  li^ne,  ut  qui  o.-t  liés  lisible 
sur  lus  deux  eatanipages. 

Le  dernier  fascicule  du  liulhlin  dv  coriespomiancc  hellénique  (juil- 

Ict/  coulient  uu  article  de   M.  (lullignuii  sur  un  inlére^aant  bar-relier  de 


CIlhONInlK    r)'()IUi:NT.  \2'\ 

l'époquo  allKiiic.  icproduit  en  h(5liot;r.iviire  d'apu-s  une  pliolographie 
(le  M.  Siillniatin  ''pi.  XVII).  Co  bas-rolief,  rcpn'senlaril  iitifi  Course  d'apo- 
liiilf,n  t^lf''  'léctnivcrl  en  iSsn  par  M.  IJoîin,  l'auleur  do  In  bclltî  niono- 
^lapliic  ilic  Vroyylii'  n,  I8s:j,  ol  si^'nalt';  X  ce  moment  dan.-,  le  Itulhtin  de 
rnrrcspnnddtirr  hcll(^ni'fiir,  ISSO,  p.  4(.">.  Il  élail  encasiré  dans  Ir-  rniir 
récent  i\  droilo  de  la  porte  dite  de  Betdé  cl,  pour  ne  pas  détruire  toute  la 
muraille,  on  l'a  laissé' en  place.  Le  sujet  est  le  mOme  que  celui  du  bas- 
relief  de  la  srida  d'Oropos,  publit^  par  Welckor,  Alte  Dcnkmfyler ,  II, 
pi.  I.\,  I.),  et  dans  les  Monumrnti  drli  lutititutn,  IV,  .;.  Wilcker  avait  cm 
y  reconnaître  Amphiarai'i;;,  opinion  jiislemenl  rtjfniée  par  M.  Kmto  (l/iV- 
tfieduiigen,  III,  410).  L'àroÇârr,;  porte  un  casque  et  lient  un  houclier, 
comme  il  est  dit  dans  le  passage  d'Eralosthùne,  Odastevismi,  13  •.  Le  style 
présente  de  fnppanles  analogies  avec  celui  de  la  frise  de  Parthénon-. 

.M.  W.  M.  HaiDsay  nous  écrit  d'Ushak  ;'i  lu  date  du  12  juillel,  pour 

nous  communiquer  des  renseignements  sur  la  tournée  de  quatre  semai- 
nes qu'il  vient  de  faire  en  Phrygie.  Nous  y  reviendrons  dans  notre  pro- 
chaine Chroni'ivc. 

SALO.MOX    l'.EI.NACH. 


1.  llaoa6âTr,v  àcniio'.ov  lyovTa  xai  TfdAoyiav  ÈTti  ty);  xîça).r,;.  Ce  texte,  qui  a  écliappù 
à  M.  Collignon,  est  signalé  par  Boeckli  à  Otfried  Millier  dans  une  lettre  du  l'^''  fé- 
vrier 1830  [Briefwethsel  zvnschcn  Augnst  Bœcidi  iind  Karl  Otfried  Muidlnr,  Leipzig, 
1883,  p.  272). 

2.  M.  Collignon  {■ni.  cilé.  p.  /i59)  se  fonde  sur  le  texte  d'un  lexicograplie  (Bekker, 
Anecdold,  p.  /|20)  pour  exprimer  l'opinion  que  l'apoi)ati>  est  au  moment  de  remon- 
ter sur  le  cliar.  Mais  ce  texte  dit  simplemcni  que  i'apobate  se  servait  de  la  roue  du 
char  pour  y  monter  comme  pour  en  descendre,  àjj.a  otà  toO  Tpô/.ou  àvEoatvov  -/.aî  tt-j}:-/ 
xaTÉoatvov.  M.  Stillmann,  qui  a  étudié  ce  petit  problème,  nous  écrit  :  «  Il  me  parait 
certain  (|ue  I'apobate  est  en  train  de  descendre  du  char.  Il  jette  son  pied  gauche  en 
avant  pour  prendre  un  point  d'appui  et  amortir  l'impulsion  (jue  le  véhicule  a  im- 
primée à  son  corps.  Pour  s'en  assurer,  on  n'a  qu'à  descendre  du  marche-pied  d'un 
oinnibus  en  mouvement,  on  prendra  instinctivement  la  même  position  que  le  guer- 
rier du  bas-relief  de  l'Acropole.  »  Nous  sommes  porté  ù  partager  l'opinion  de 
M.  Stillmann,  après  avoir  répété  son  expérience. 


lUliLlor.RAPIII 


Les  Protohelvètes  ou  les  premiers  colons  sur  les  bords  des  lacs 
de  Bienne  ot  de  Neuchàtel.  p.ir  Victoii  (jnoss.  Paris,  J.  Hacr,  18S3,  in-Zi" 
oo  ll.>  pngt-»  l'i  o3  pl.tiiclu»  |)li()Uily{Hi\s. 

I-C  livre  dont  nous  venons  de  transcrire  le  lilie  osl  dcsiiné  à  rendre  do 
grands  services  aux  archéolosînes  qui  (îludicnt  les  vesiifics,  aujourd'hui 
non)hreux,  des  temps  antiques  pour  lesquels  les  tradilions  historiques 
font  défaut,  f.es  phololypies  qui  accompngnenl  le  texte  et  qui  donnent  la 
représentation  exacte  île  prés  de  mille  objets,  forment  i\  elles  seules  un 
précieux  albiim,  d'où  la  fantai,-ic  et  l'iiilerprétation  conjecturale  sont 
complèiemenl  écartées.  Cet  album,  k  lui  seul,  serait  un  recueil  préciei  x; 
hAtons-nous  de  dire  que  le  texte  du  docteur  riro>s  ne  fait  qu'ajouter  une 
grande  valeur  à  ces  belles  planches;  rinfaligable  aictiéologuc  sait  èlre 
précis,  sobre  et  toujours  en  garde  contre  les  écarts  de  l'iuiagination.  Celte 
réseive  est  une  véritable  vertu  chez  les  archéologue-,  principalement 
chez  ceux  qui  s'occupent  spécialement  d'anliquilés  dites  préhistoriques, 
et  cette  vertu  est  rare. 

Depuis  plusieurs  années,  les  savants  suisses  étudient  les  ruines  de  ces 
agglomérations  d'hubilaiions  construites  sur  pilotis  au-dessus  des  eaux 
de  leurs  lacs;  depuis  1872,  les  travaux  entrepris  pour  rectifier  des  cours 
d'eau  et  assécher  des  marais  ont  fait  baisser  le  niveau  de  certains  lacs 
et  permis  aux  savants  de  faire  des  fouilles  métliodiijues  et  des  recherches 
directes. 

Les  conclu-iions  que  M.  le  docteur  Cross  propose,  ;\  la  suite  de  sei^  éludes, 
sont  celles-ci  :  Les  habitaiions  la'MisIres  pcu\ent  avoir  duré  depuis  l'an 
3000  avant  Jésus-Christ  jusqu'au  vin"  ou  au  ix*  siècle  ;  les  honimes  qui  les 
construisaient,  d'une  race  au  moins  é^rale  aux  hommes  actuels,  vivaient 
dans  leurs  cabanes  lacustres  et  ensevelissaient  leurs  morts  sur  le  rivage.  On 
n'a  pas  eu  la  chince  de  retrouver  en  Suisse  des  débris  qui  permissent  de 
reconsliturr  ces  habitations,  mais  l'auttmr  rai»[ielle  (|ue  M.  Trank  a  été 
plus  heureux  en  Wurtcmbcri.';  là  on  a  pu  con>tater  que  l'haliitatii  n,  dans 
un  quadrilatère  de  10  mètres  sur  4,  était  furu)ée  d(î  deux  compartiments, 
communiquant  par  ui.e  passerelle  :  le  f(tyer  était  dans  h.'  premier. 

M.  Cro-s  admet  trois  é[)oques  bien  caractérisées  :  l,i  pierre,  le  bronze  et 
le  fer;  entre  chacune  de  ces  époques  il  y  a  une  période  de  ttausition. 
Sur  le»  lacs  de  la  Suisse,  les  habitaiions  de  l'époque  de  la  pierre  sont  les 


iiiiu.Kiiiiivi-iiii:.  1:27 

plus  noinbroiisos,  les  moins  impoilantcs  comme  agglomération,  les  moins 
('loi^iit'os  (îu  rivnpe.  A  l'i^poquc  dos  iiiiMaux,  l(!S  tiroupcs  de  huiles  sofit 
hoai)(()iii)  iiiniDs  iioinlirenx,  beaucoup  plus  importanlB  comme  agglomé- 
raliou  d'iialiitatils,  scnsilileinent  plus  iMoigoés  dp  la  terre  ferme. 

L'('liO(|uc  de  la  [)ierr(^  doit  ^ire  ell(;-mûmc  j-ultdivisi'e  en  trois  périodes. 
Pendant  la  premit>te,  on  ne  trouve  que  des  olijrîts  en  pierre  du  pays;  les 
haches  sont  df.  jietiles  dimensions  ;  la  poterie,  des  plus  grossières.  Pendant 
la  seconde  période,  les  haches  sont  polies  avec  soit),  quelquefois  perforées; 
la  piiterie  i)r(5senle  quelques  Iraces  d'ornerueniation.  Il  est  à  remarquer 
que  l'on  employait  alors  des  pierres  d'origine  éirangc're;  M.  fiross  pense 
que  ers  pierres,  venues  de  tri'>s  loin,  étaient  apporlées  par  le  commerce, 
et  que  ce  commerce  cessa  lor?que  l'on  commença  à  se  servir  du  cuivre 
pur.  au  moyen  duquel  on  fabriquait  des  ol'jels  qui,  par  leurs  formes, 
n'étaient  p.is  snns  analogie  avec  leurs  similaires  en  pierre. —  Pendant 
la  troi.sième  période,  l'usage  de  la  pierie  étrangère  devient  très  lare  ;  on 
commence  à  recueillir  des  armes  et  des  instruments  en  cuivre  pur,  des 
outils  en  bois  et  en  os;  la  poteiie  est  singulièrement  perfectionnée. 

Vient  ensuite  l'époque  du  bronze,  pendant  laquelle  M.  le  docteur  Gross 
admet  coniurreumient  les  piocédés  de  la  fonte  et  du  martelage,  suivant 
la  nature  des  objets  à  fabriquer;  il  reconnaît  néanmoins  que  le  fondeur 
a  dû  commencer  dès  la  troisième  période  de  l'époque  de  la  pierre,  alors 
que  l'on  employa  le  cuivre  pur.  Les  objets  décrits  dans  le  texte  et  reproduits 
sur  les  planche^'  forment  une  collection  des  plus  curieuses;  l'auteur,  en 
présence  des  nombreux  moules  qu'il  avait  retrouvés,  conclut  que  les  armes 
et  les  objets  en  bronze  recueillis  dans  les  lacs  ont  été  fabriqués  sur  place 
et  ne  proviennent  pas  d'importations.  —  Il  n'aborde  pas  l'époque  du  fer, 
dont  on  constate  seulement  des  traces  dans  l'époque  du  bronze,  parce 
que  ce  métal  a  été  signalé  exclusivement  à  la  Tène,  où  des  fouilles  sont 
entreprises  en  ce  mora>^iit  ;  on  n'est  pas  encore  d'accord,  d'ailleurs,  sur  la 
question  de  savoir  si  la  Tène  est  vérilablemeul  une  station  la-'ustre. 

N'oublions  pas,  dans  ce  résumé  un  peu  aride  du  bel  et  utile  ouvrage 
du  docteur  Gros.',  de  signaler  le  soin  avec  lequel  il  explique  les  procédés 
de  fabrication  des  h:iches  en  pierre  et  des  objets  en  bronze.  Ajirès  avoir 
lu  ce  livre  et  avoir  étudié  les  planches,  on  se  trouve  en  face  de  plus  d'un 
problème  dont  la  solution  est  encore  à  trouver,  lit  d'abord,  par  la  com- 
paraison avec  les  pioduils  d'autres  fouilles,  la  date  approximative  de  ces 
villages  lacustres  —  le  mot  «  cité  »  me  semble  un  peu  pompeux.  — 
Chacune  de  ces  trois  époques  représente-t-elle  une  population  homogène, 
ou  indique-t-elle  la  superposition  de  plusieurs  inmn'graliotis?  Quand 
a-l-on  renoncé  à  l'habitude  de  vivre  dms  des  habitations  sur  pilotis,  isolées 
de  la  terre,  et  quelle  est  la  race  qui  a  pris  l'initiative  de  ce  changement? 
Quelle  est  la  civilisation  qui  a  succédé  aux  Protohelvèles  ? 

Nous  ne  doutons  pas  qu'au  delà  du  Rhin  l'édition  allemande  du  livre 
dont  nous  venons  de  parler,  déjà  recommandée  par  .M.  le  docteur  Virchow, 
ne  reçoive  un  aussi  bon  accueil  qu'eu  France.  A.  de  BARTHÉr.Euv. 


1^8 


HKvrF.  aU('.iik(»i.(>(;k»1'i 


Collection  des  monuments  épigraphiquos  du  Barrois,  par  M.  I  kon 
Mwr.-W  Kni.T  Vitrait  di'!«  Mihii')ii;\-  ,lr  lu  s"o,|,7»'  »/»•»  /'•//;•»•>■,  srimres- et  «r/v  >/,• 
lUtr  lt'-l)if  ;  vol.  iii-S,  tl»' 'J5  p.ipt's.  Paris,  Champion. 

Sous  ce  lido.  M.  !..  Maxo-Wt*  ly  vient  tli'  consicrer  :\  son  piy>  nno.  in- 
ttVps<anlt'  (^ludo.  Il  pi-8<*  oti  n'viio  lo>  ic\l»'<  lapid  linM  et  les  in-ciiplioiis 
plus  concises  qui  se  liscnl  sur  dos  pla-jucs  do  mêlai,  des  fr.i^monls  do 
verro,  des  vases  en  terre,  des  bagues  et  des  fibules;  il  riudio  ctiMiiie  1rs 
nombreux  cachets  d'oculisies  trouvc^s  A  N.i<ium;  rtiliii,  il  tirmine  par 
un  cliapiirc  assez  long,  consacré  aux  njonumt'iits  faux  ou  doiileux. 

Nousavons  rcmarqui^  dans  la  preinit'Te  partie,  consacrée  aux  nionumeiits 
JapiJaires  de  l'époijuc  romaine,  une  nouvelle  dissertation  sur  une  ins- 
cription du  musiV^  de  Bar-lc-Duc,  dont  l'auteur  s'était  d»^jà  orcntii'  dans 
celle  /!  t  ((^  '  ;  ce  texte,  gravi'- sur  un  [lilaslrc,  e^l  ainsi  conçu  :  MOGONVS 
INVCIIINVO. 

lue  inscription  trouvée  à  Fains  nubile  ('galomont  rallcntion.  Kn  voici 
le  fac-similé  réduit  : 


La  iiremi«"'re  ligne  est  encore  à  interpréter. 

l,'.iutriir  rip[i(irli\  dans  sa  picmière  pailie,  qu'on  lisait  :  AD  POR- 
TAM  AD  INFERNVM  sur  une  pierre  (jni  recouviait  un  pniis  lempli 
d'ossements  humains.  M.  L.  Maxe-Werly  ne  se  lail  pas  le  garant  de  celte 
lecture  qui  lui  a  été  fournie  par  M.  Denis,  mais  il  eiV  mieux  fait,  ;\  notre 
sens, dcréservercclle inscription  pour  Icchapilre  des  monunientsinvenlés. 


1.  Année  1870.  p.  :«99. 


niKi.KXWlAlMIII-. 


129 


Diins  l.i  secor»  1(î  partie  est  di^crit  ini  disqiKî  <1  ',  [iloiiib  ayiuit  servi  j'i  for- 
mer un  vase  en  verre  rempli  d'ossemofils  calcines;  cello  pluque  porte  en 
caraclùrcs  graves  X  la  pointe  : 


'^uv 


'^'i 


X, 


'V 


Juliae  Mellidis  et  JSaidis  mat  ris  cjus  ossa  r.ommixta. 

Parmi  les  verres  i^pigraphiques  qui  ont  pris  place  dans  la  troisiùme 
partie,  on  remarquera  un  fragment  colorié,  évidemment  d'importation 
éipan;^(''fp,  comme  beaucoup  d'autres  vas^s  trouvés  on  Gaule.  Au  lieu  des 
mots  (O  NEIA0^2]  que  M.  Diuiis  de  C  tmmercy  lis  lit  sur  ce  fragmont  et 
où  il  voyait  une  alliiMon  au  Nil  <■'  à  1  P.,'V()lo.  il  y  a  tout  siiiplement  le 
noind'un  potier  bien  connu,  NEIKQN  SIAfl  vio;).On  sait  que  la  ville  de 
Sidon  produisait  des  verreries  estimées;  Pline  la  qualiûo  û'artifcx  vitri^. 

Un  débris  de  poterie  noire  vernissée  présente  le  texte  suivant  : 


k 


ù^t 


'"'^}j*^T^it.i^-.  \  V  ;-!r.,7!nT^&Tê-%i^  ■  ■ 


1.  Nal.  Iiist.,  1.  V,  c.  xxu;  édit.  Didot,  t.  l,  p.  222. 

111°  Sl'ilUF;,  T.   II. 


{'M)  HRVIIR    AHClIKOMKÎiyrK. 

M.  !..  .Ma\e-Worly  y  rcronnaU  une  di^dicnce  fnmilit'Te  dont  l'auteur, 
Ta'inus,  pnric  un  nom  di'j\  loiiiui  |iar  li-s  iiumnaifs  paiil()i<('<. 

On  pont  citpr  cncoro  ii.iiini  \i'<  aiiiiiiiL's  ovliuiiit^s  A  N,ii\,  une  liiiguo 
nvpc  la  I.^lou.Io  :  VIVAS  tA\j,t)  DIV,  une  lilmlc  porlaiit  ou  relief  : 
'D  VRNACVS.  l't  une'  aulre  libulo  sur  Jnciuelle  ou  lit  eu  poinlilh^  : 
VROR  AMORE  TVO.  Il  est  à  remartiuer  «lue  le  >e(oud  V,  dans  le  des- 
sin de  la  p.  57,  a  une  Tornie  toute  inodorne;  il  Cst  probable  ijue  c'est  le 
résultat  d'une  erreur  de  copie. 

Un  article  iuiporlanl  donne  riuvent.iire  îles  rnchels  d'oculistes  recueil- 
lis de  1S07  A  1830  sur  le  territoire  de  l'antique  Masium. 

Le  clinpitrc  des  inscriptions  fausses  est  d'une  certaine  étendue.  M.  !.. 
Mave-Werly  a  disséqué  plusieurs  de  ces  spurice  acceptées  par  les  nieilleuis 
épigiaphisics.  et  a  montré  conimont  elles  étaient  composées  de  lambeaux 
pris  dans  des  inscriptions  aullionliques. 

Nasiura  avait  été,  sous  les  Homains.  la  ville  la  plus  importante  de  la 
contrée;  aussi  lenait-on,  en  Lorraine,  à  faire  fi^'urer  sur  des  monuments 
•on  nom,  qui  ne  se  rencontre  que  dans  la  Géographie  de  Plolémée  et  dans 
les  documents  offiricls  du  iv*  siècle,  Itinéraire  et  Notice  des  provinces, 
l'armi  les  pseudo-antiques  décorés  du  nom  de  Nasium,  nous  cileroiis  une 
inscription  inventée  en  1842  par  un  amateur  de  Ligny-en-l'.arrois,  suivant 
une  dat.gereuse  mode  qui  a  duré  trop  lo[igtemps  : 

TEN     M 

QIA     FVG    ET 

REVOC    M    AD 

COLLIVM    IN 

NASIV 

Cette  inscription,  présentée  par  une  revue  locale  comme  ayant  été  lue 
sur  une  plaque  de  bronze,  avait  attiré  l'atlenlion  de  Duchalais.  Cet  ar- 
ctiéologue,  reconnaissant  une  plaque  d'escla\e  dans  ce  monument  sup- 
posé, avait  ainsi  développé  l'inscripticn  : 

TEN   E      ME] 

QiV^IA     FVG  I      ET 

REVOC  AME      AD 

COELIVM    IN 

NASIV'M] 

Il  lui  con.'arra  un  article*;  divers  épigraphisles,  sur  la  foi  de  Ducha- 

1.  finur  ,lr  Irt  Mntsr,  t.  H,  p.  Hj3. 


nnu.ior.iwpiiiF:.  131 

lais,  ont  admis  de  confiance  le  lexlo  préciîdonl  cl  l'ont  tnentionni^  dans 
leurs  ouvrages. 

M.  [..  Mfixci-Werly  f.iit  voir  conin-'iil  co  lexle  a  tUi';  composé  an  moyn 
d'anciennes  plaques  d'esclaves.  Il  rappelle  que  ces  p<>.lil8  monumnnta 
n'onl  iMé  jusqu'à  ce  jour  rencontn's  qu'à  ilotne,  ainsi  qm*  l'a  conslatii 
M.  de  Rossi  dans  un  beau  travail  re[iro(luil  pfir  le  Bullcliu  d'archéologie 
chrélienne  ' . 

I/auieur  profile  de  l'occasion  pour  faire  une  dissertation  sur  les  objets 
antiques  connus  sous  le  nom  de  platjucs  d'esclaves.  Si  les  osclavcs  ayant 
d(''j:i  tenté  de  fuir  ont  pu  subir  l'élreinle  de  solides  morceaux  de  bronze 
rivi^s  à  leur  cou,  comme  l'est  de  nos  jours  l'anneau  passé  à  la  jambe  d'un 
forçat,  ils  se  seraient  rapidement  débarrassés  de  légères  feuilles  de  niélal 
faciles  à  déchirer,  et  de  disques  de  bronze  ou  d'ivoire  comme  ceux  que 
l'on  conserve  au  Cabinet  des  médailles  et  qui  élaicnl  pourvus  d'une  fra- 
gile béliére  servant  ;\  les  suspendre  au  cou.  M.  L.  .Maxo-Werly  proposa  de 
reconnaître  dans  ces  objets  des  plaques  destinées  aux  chiens;  celle  hypo- 
thèse est  très  ingénieuse,  mais  les  chiens  n'étaient  pas  les  seuls  animau.x 
pour  lesquels  ces  étiquettes  dénonciatrices  ont  dû  s'employer;  on  a  pu 
les  atlacber  éiialement  au  harnais  des  chevaux.  J'ignore  si  celte  théorie 
est  nouvelle,  mais  je  la  signale  en  toute  confiance  à  l'altenlion  du  lec- 
teur. 

En  résumé,  la  monographie  que  vient  de  publier  M.  L.  Maxe-Werly  se 
recommande  par  une  excellente  méthode  et  par  des  interprétations 
sérieuses,  dans  lesquelles  la  part  de  l'hypolbèse  a  été  restreinte  autant 
que  possible. 

P.    CnARLES    RODERT. 

Inscriptions  gallo-romaines  découvertes  dans  le  département 
des  Landes,  par  M.  Kmilb  Tau.i.kuoi3,  arcliivisto  de  la  Sociélii  de  l5ord;i.  la-8, 
2i  pagi's,  1  planclie  ;  Uai,  J.  Jusiére,  1882  (exir.  dus  Mcmoires  du  Congrès 
scientifiijue  de  Dax). 

Recherches  sur  la  numismatique  de  la  Novempopulanie,  depuis 
les  preiiiirra  tein|is  jusqu'à  iiosjour^,  pur  M.  I'Imii.b  Taili.kuois,  archiviste  de  la 
Société  de  Borda.  I11-8,  5G  pages  ;  Dax,  J.  Justère,  1883  (eitr.  de%  Mëmuires  du 
Congrès  scientifique  de  Dax). 

En  1881  M.  Taillebois  publiait  un  mémoire  intitulé  :  Epigraphie  dac- 
quoise,q\ic  nous  avons  signalé  dans  celte  Revue  (février  isSl).  Avec  une 
bonne  grâce  parfaite,  l'auteur  a  tenu  compte  des  ob-ervations  dont  son 
travail  avait  élé  l'objet  dans  noire  compte  rendu,  et  aus.-i  des  conseils 
amicaux  de  quelques  savant^,  il  l'a  repris,  amélioré  et  complété,  et  sous 
cette  forme  nouvelle  il  peut  aujourd'hui  le  présenter  comme  le  recueil 
des  monuments  épigrapliiques  du  dép.iriement  des  Landes,  comprenant 
les  douze  inscriptions  qui,  par  leur  provenance  ou  pir  leur  contexte, 

1.  Année  ISI^,  p.  61  et  suiv. 


i'M  HKVIK    AIlCIIKOl.CK.t'.H  K. 

rcssorliSsi'Ot  {\  la  ciU^  dos  TiirlivUt.  Dans  ces  i-oiulilion?,  j(^  n'ai  pns  i\  pu 
ri\»'Mer  l'iMogi*.  Jt'  iic  me  piTimMlrai  tluii<:  qii'uin'  uMinrqiic  sur  les  adili- 
tiotis  faites  ail  travail  priniilir.  J'y  trouve  le  rra^iiieiit  il'iiiMiiiitioa 

////   OS 
/////MAIIS 

qui  me  paraît  l'épitaplio  non  d  un  tniisnl,  cl  encor»!  nn»ins  d  un  jnocon- 
sul,  comme  le  pense  M.  iaillebuis,  miis  celle  il'un  clirélicti,  dalée  par 
un  consnlul  antt^iicnr  A  377,  si  réellement  nne  lettre  C,  détruiie  aujour- 
d'hui, a  été  lue  Hvnnt  le  groupe  OS  ;  auquel  cas  cellR  inscription  mutilée 
n'en  serait  pas  moins  d'un  inti^nM  oxceplionnel.  Peul-i'tre  cependant 
faut-il  ne  Aoir  dans  les  leHres  OS  qu'un  lesle  du  mot  (lipusilio.  Tue 
simple  question  :  a-l-il  donc  été  impo>silde  d'olilenu'  des  reiiseignemonls 
précis  au  [très  de  M.  M -lioé,  l'éditeur  ies|)oiis,ilile  d'une  itisiii[ilion  in- 
trouvable lOVIO  MET  GEN  |  AVGSACRVM  1  FIGVLI  ' 

Outre  cette  monij^raphic  épiij'iapliuiue,  el  i  l'occasiun  iln  con^'res 
fcuwilifiqoe  de  Dtx,  M.  laillehois  a  composé  un  excellent  inventaire  des 
monuinenls  numisinatiques  de  la  .Nuvcnii)opulanio.  il  le  divise  de  la  ma- 
uiùre  suivante  : 

Période  autonome. —  Domination  ronmine.  —  Pcriode  wisi'yntlo'.  —  Viriole 
mérovingienne.  —  Viriodc  eavtjUwji'nnc.  —  Véivnle  (upciiinne  — Munnùes 
roy-ilcs.  —  Pitiiers-nioiéwiie.  —  Moimaicsfro  Iules,  liw.ho  d'Aijui'iiinc.  —  Eicclie 
d'Ageii.  —  Cointr  de  Conniiinyes.  —  Cuiuli  de  Bijorre.  —  Koint^dc  l'czenznc. 
—  Comté  d'Annatjnac. —  Vieomié  de  l.omaijne.  —  Vioiulé  d<'.  Fcz-uzi>ij>tet^ 
comtés  dArlaiac  tt  de  Par'ii'ic.  —  Vi  omté  de  lié-trn.  —  Seiijncuiie  de 
Lescun.  —  Ritjmmc  de  Navarre.  —  MCdailUs,  viMaux,  jetons,  poiismoné- 
tifuriiiC'>. 

Suivant  l'occurrence,  les  indications  sont  positives  ou  néj;ati\es;  lo 
clicrchcur  sait  donc  innuédialeiiieiit  à.  quoi  s'en  tenir  sur  telle  on  telle 
partie  de  la  numismatique  de  lu  Ituyeime  depuis  l'antiquité  jusqu'aux 
temps  modernes.  Le  travail  de  M.  Tuiiiebuis  est  donc  fort  utile  et  com- 
mode ù  consulter.  Nous  l'engageons  néanmoins  à  se  tenir  en  garde  contre 
li:  système  qui  con>iste  à  id^nlilier,  bon  gré  mal  gré,  les  nt)ms  inscrits 
sur  des  monnaies  gauloises  avec  ceux  des  cliefs  mentionnés  pir  César. 
H  nous  est  également  impossible  d'admetire  que  la  légende  COVS>ignino 
i'ouscrani  pour  ('onsorani,  sous  prétexte  qijc  le  mol  écrit  »'  l;oI)^erallS  »  so 
prononce  en  même  temps  ('oit>cra}is  dans  la  localité. 

ItoUEvT    Mi'WAT. 


Ménioiro  aur  les  découvertes  do  Sanxoy,  p:ii  le  P.  vv.  i.a  Choix,  l'aris, 
L'iiiuii  gniéralu  du  lu  liliruiriu. 

Sous  ce  titre,  I  ■  I'    de  la  Croiv,  i  nui  le  monde  S(ienli!ii|ne  doit  déjà  la 


lllHI.IOdllAI'IIMÎ.  l'I'î 

di^couvcMe  d(i  17jj/;)0(/(';  tnarlyriitm  do  l'uiliers,  vient  de  publier  i  VL'niou 
fjéniii'itle  du  la  U'iraint:,  ll.iin'  de  I'AI)l)ay(!,  à  l'aiis,  une  hrocliure  des 
plus  iiiléressniilcs  ^ul•  lu  di'couverle  dci  .intiqinli'.s  de  Sirixay.  Ces  arili- 
quilt^s  con.-isU'Ut  [)r  ii)('i|».ileiiienl  vu  un  liiupli',  un  b  linéaire  el  vu 
Ihéillre  de  va-les  dimeuàious.  O,  sont  les  ruitii'S  rotnaine?  b-s  plus  ron>i- 
déraldes  déctiuvcrlcs  X  ndre  épugue.  Au  point  de  vue  de  l'iur-liéoUgie  el 
de  notre  histoire  naliouiile  ces  maguiliques  débris  oui  allm''  depuis  long- 
temps l'alteutiou  de  l'hâtai,  qui  se  lait  un  devoir  d'a-stirer  la  conservation 
de  tout  ce  (jui  se  rapporte  i  l'histoire  nalionalc  de  la  l-'rauce.  .X. 

Catalogue  des  figurines  antiques  de  terre  cuite  du  musée  du 
Louvre,  \n\v  l,fo.\  Uhiiey,  coiiscrviueur  des  uiuiduités  oiii-males,  inuinbrc  du 
riiisiHui;  iii-lS,  1882. 

Nous  sommes  heureux  d'aniioiicor  rap[);irilion  d'un  Catalogue  arcliéo- 
logiquo  du  musre  du  Louvre.  Plus  d'une  fuis  les  \i>ilt'urs  ont  pu  s'éton- 
ner de  ne  pas  avoir  sous  lu  main  uu  guide  qui  leur  pei mît  de  comprendre 
et  d'apprécier  les  objets  rassemblés  d.ms  les  vitrines,  el,  de  leur  côlé,  les 
archi'ologues  réclamaiont  l'inventaire  exact  di-s  richesses  céramiques  que 
conlieul  notre  musée.  L'admiui»tralion  du  Louvre  veut  prouver  sa  bonne 
volonté  envers  le  public  el  son  zèle  pour  la  science  en  comblant  cette 
la(  une;  nous  ne  pouvons  que  l'eu  félicibii.  (l'est  à  l'iiiiiialive  du  savant 
consirvateur  des  antiquités  orientales,  M.  lleiiz'-y,  que  nous  devons  le 
premier  volume  d'un  Cutalogm; lies  fiiiurincs  antiques  de  terre  cuite  damusde 
du  Louvre  (Paris,  Impr.  réunies,  Ib82),  qui  suit  de  près  et  complète  la 
1)'  lie  publication  de  pUuK  bes  gravées  laite  par  les  soins  du  tnéme  auteur 
{Les  fiijiilines  antitjw s  de  terre  cuite  du  mu'Ce  du  Lo'ivre,  n\ec  planches 
gradées  [lar  A.  J'ccpiei  ;  p.iris,  Mjrel).  La  lecture  de  ce  petit  volume 
prouve  auipltment  que  le  public  n'-i  rien  perdu  à  attendre.  L'aulcur  fait 
d'ailleurs  remarquer  que  noire  iiius-'C  est  le  premier  en  Europe  à  com- 
mencer la  publication  mi'lhodique  de  ses  terres  cuites. 

Malgré  uu  litre  et  un  lormat  liés  moilestes,  l'ouvruiîe  de  M.  Ileuzey 
n'est  pas  autic  chose  qu'une  «  hi-toire  de  la  plastique  ancienne  par  les 
peiiies  images  de  terre  cuite  ->>.  Ce  premier  volume  nous  montre  les  débuts 
et  le  développemenl  de  ce  genre  de  céramique  dans  les  pays  orientaux. 
Les  terres  cuiles  ph  ni:ieuiies,  cypriotes,  ihodienues,  sont  beaucoup 
moins  connues  du  public  que  les  figurine-  grecques  de  Tanagra;  mais  on 
se  rend  compte,  a\tc  le  livre  de  M.  lleuzey,  qu'elles  sont  peul-étrc  plus 
importantes  dans  l'hi.-toire  de  l'art. 

L'auteur  a  dû  d'abord,  au  prix  de  compaiai^ons  minutieuses  et  pa- 
tientes, classer  et  cataloguer  les  noud)reux  liagments  du  mu.-ée.  Ce  pre- 
mier Il  avait  lermioé  (et  ce  n'était  pas  le  moins  délicai),  il  a  \)U  étudier 
s  iccessivement  les  terres  cuiles  en  Ë^^'yple,  en  .Vssyrie,  en  Babylonie  et 
en  Chaldée,  en  Pliéuicie,  dans  les  îles  de  Chypre  et  de  Ilholes. 

L  Lgyple  est  le  berceau  de  celle  industrie,  comme  celui  de  tous  les 
arl;;  mais  ou  y  a  surtout  fabriqué  un  genre  de  ligurines  qu'on  nomme 


134  REVUE  ARCHÉOLOGIQUR. 

improprement  porcelaines,  faïences  éijyptknnes,  cl  que  M.  llei)zéy  range 
avec  inisiMi  dans  la  classe  des  terres  cuites  verniss(^rs.  Ce  qu'elles  présen- 
tent do  plus  inti^iessant  est  une  série  (i'imaijes  religieuses  où  M.  llcuzey 
reconnaît  le  prololypc  de  corlaines  lij^uies  grecques.  Du  type  d'i>i-<  allai- 
tant le  petit  Horu3  dérivent  les  di^esses  courolrophes;  de  la  im'^mf  dt^qsse 
associiîe  à  sa  sœur  Ne[>hlliys,  l'union  de  Démi'ler  cl  de  Koré;  d'ilorus  se 
liMant  le  doigt,  Ilarpocrale,  dieu  du  silence  ;  de  l'c^pcrvier  à  l<*te  liuniaine, 
la  Ilarpye  el  la  SirC-iie.  M.  Ileuzey  s'empresse  d'ajouter  que  tous  ces  rap- 
prochements n'ont  pas  «  la  valeur  de  fuils  démontrés  »;  mais  ce  sont  là 
des  aperçus  ingénieux  et  féconds  qui  fout  entrevoir  l'inlime  union  do 
l'Kgyple  el  de  la  Grèce  dans  l'histoire  de  la  plastique  el  l'originalité  du 
génie  grec  dans  la  manière  dont  il  transforme  les  types  orientaux. 

Kn  A.-syrie,  nous  retrouvons  encore  le  type  des  idoles  grecques  primi- 
tives dans  ces  maquettes  grossières  à  bec  d'oiseau  qui  sont  modelées  i  la 
main.  Dans  les  figurines  de  Babylonie  et  de  Chaldée,  M.  Heuzey  signale 
un  caractère  oriental  cl  archaïque,  analogue  au  style  égyptien,  «  qui  doit 
faire  réfléchir  les  archéologues  ».  Car  jusqu'à  présent  on  les  considérait 
comme  étant  de  basse  époque.  M.  Heuzey  les  croit  au  contraire  produites 
par  un  art  fort  ancien,  qu'il  est  intéressant  de  comparer  avec  les  statues 
de  diorile  récemment  découvertes  par  M.  de  Sarzec.  L'auteur  montre 
encore,  par  les  mêmes  rapprochements  heureux  avec  l'art  grec,  que 
l'image  de  la  Vénus  nue  était,  dès  la  plus  haute  antiquité,  familière  aux 
peuples  de  l'Orient;  certain  type,  (]ui  représente  la  déesse  sous  une 
forme  grossière  on  indécente,  s'est  idéalisé  et  purifié  au  contact  du  génie 
grec,  à  tel  point  que,  «  par  un  miracle  de  l'art,  le  geste  éhonté  des  an- 
ciennes déesses  orientales  deviendra,  dans  l'Aphrodite  grecque,  l'expression 
même  de  la  pudeur  ».  Plus  loin,  il  nous  explique  l'origine  des  poupées 
nues  articulées,  fréquentes  dans  les  tombeaux  grecs,  et  qui  paraissent  se 
rattacher  par  une  antique  filiation  aux  figures  de  l'Aphrodite-Artémis 
babylonienne.  Ailleurs,  c'est  le  repas  funèbre  où  la  figurine  a  l'atiilude 
donnée  aux  dieux  dans  les  festins  sacrés  ou  dans  les  leclisternes  d'origine 
orientale. 

i,e  chapitre  sur  la  l'hénicie  est  un  des  plus  intéressants  et  des  plus 
importants  pour  l'Iiisloire  de  l'art.  Il  résume  et  complète  le  peu  que  nous 
savons  sur  ces  navigateurs  actifs  el  industrieux,  qui  se  sont  faits  partout 
les  agents  de  la  civilisation  orientale.  M.  Heuzey  établit,  avec  ses  simples 
figurines  de  terre  cuite,  un  fait  capital  qu'on  entrevoyait  déjà,  mais  qui 
n'avait  pas  encore  été  démontré  par  des  preu\eâ  aussi  palpables.  C'est 
que  le  génie  des  Phéniciens  est  resté  enfermé  d ms  les  hornes  de  leur 
commerce  maritime  et  qu'ils  n'ont  rien  inventé  en  art.  Us  ont  subi  l'in- 
fluence de  l'Assyrie,  qui  ajiparali  dans  les  terres  cuites  les  plus  anciennes  ; 
c'est  le  style  pseudo-asuyriai.  i/inilucnce  égyptienne  a  laissé  sa  trace  dans 
une  série  de  divinités  où  le  dieu  Iles,  nain  groles(|Ut;,  lient  uni;  grande 
place;  c'est  le  style  jisewlj-i^'jyplicn.  l'jilin,  une  troisième  catégorie,  com- 
posée de  déesses  assises  ou  debout,  présente  tous  les  caraclércs  de  Var- 


IIIBLIOGUAI'IIIK.  i'A'i 

chaisme  grec.  L'opinion  généralement  admise  est  qu'il  faut  chercher  dans 
les  œuvres  phéniciennes  les  i)reniiers  lAtonnemonts  d'un  art  primitif  qui, 
transmis  par  les  Phéniciens  aux  Grecs,  so  serait  perfectionné  entre  les 
mains  de  ces  derniers.  M.  Ilcuzey  contredit  hardiment  cette  [hiae,  et, 
selon  nous,  introduit  une  idée  nouvelle  et  juste,  dont  on  n'a  pas  tenu 
assez  lie  compte  dans  l'histoire  des  ori^çines  do  l'urt  {;rcc.  ('/est  ce  qu'il 
appelle  VdrJion  en  rctcur  de  rarcliaisnie  hellénique.  i'.Q  sont  les  IMiéiiiciens 
qui  £c  sont  faits  les  élèves  d'une  école  purement  hellénique  qui  tlorissait 
au  vi'  siècle  dans  les  colonies  d'Asie  Mineure.  Les  terres  cuites  rhodien- 
nes  achèveront  de  démontrer  ce  fait  important. 

La  même  idée  domine  dans  le  chapitre,  consacré  à  l'Ile  de  Chypre,  et 
là  nous  sommes  heureux  de  nous  rencontrer  avec  le  savant  conservateur 
du  Louvre  pour  attribuer  à  celte  action  en  retour  le  style  de  certains  mo- 
numents qu'on  a  trop  longlemps  considérés  comme  les  prototypes  des 
formf  s  grecques  (V.  un  article  sur  les  hypogées  doriques  de  Néa-Paj)lios, 
dans  le  Ihillct.  de  corr.  hellén.,  IV,  p.  4y7-oO."i).  Dans  une  introduction  très 
détaillée,  M.  Ilcuzey  diMnonlre  que  dès  le  vni"  siècle  environ  lu  civilisation 
hellénique  a  pénétré  dans  l'île.  «  Le  style  cypriote  n'est  en  somme,  comme 
l'ancien  style  étrusque,  qu'une  branche  de  l'archaïsme  grec.  »  Mais  les 
Cypriotes  restent  plus  que  les  Phéniciens  attachés  aux  traditions  orien- 
tales. Les  coiffures,  les  costumes  sont  asiatiques.  Aux  époques  les  plus 
avancées,  on  trouve  des  retours  imprévus  vers  les  formes  orientales.  En 
résumé,  M.  Heuzey  caractérise  ainsi  les  dilTérenles  phases  de  l'histoire 
de  Chypre  :  1*»  Existence  à  Chypre  d'une  population  compacte  de  race 
grecque  refoulant  de  très  bonne  heure  les  anciens  habitants  de  race 
orientale,  probablement  syrienne;  2°  influence  de  l'Egypte  et  surtout  de 
l'Assyrie,  s'excrçant  par  l'intermédiaire  des  Phéniciens;  3°  contagion  de 
la  civilisation  hellénique,  pénétrant  dans  l'ile  dès  le  viii'^  siècle  environ 
et  y  devenant  peu  à  peu  dominante;  4°  persistance  de  l'élément  oriental 
et  phénicien,  dont  l'influence  reste  considérable  jusqu'à  la  conquête  ma- 
cédonienne. —  Au  courant  de  l'étude  qu'il  fait  des  diverses  fabriques  de 
l'île,  M.  Heuzey  trouve  encore  un  argument  pour  prouver  l'importation 
du  style  hellénique  à  Chypre.  C'est  qu'après  les  ébauches  enfantines  de 
la  fabrique  locale  de  Kittion,  on  voit  apparaître  sans  transition,  sur  le 
même  point,  une  fabrique  grecque  supérieure  à  toutes  celles  qu'on  a  ren- 
contrées jusqu'ici.  C'est  le  beau  style  du  iv«  siècle  transporté  de  toutes 
pièces  sur  la  terre  cypriote  par  des  artistes  venus  de  Grèce.  On  y  voit 
aussi  que  les  nouveaux  venus,  par  cet  esprit  d'assimilation  si  remarquable 
chez  leur  race,  s'ingénient  à  conserver  les  types  de  la  religion  locale.  Ce 
n'est  pas  un  Olympe  grec  complet  qu'ils  représentent;  c'est  surtout  le 
cycle  d'Aphrodite  et  de  Déméter.  Ils  associent,  avec  un  rare  bonheur, 
l'esprit  oriental  à  la  sublime  pureté  des  formes  grecques. 

iNous  arrivons  à  l'île  de  Rhodes,  où  M.  Heuzey  constate  une  originalité 
d'exécution  beaucoup  plus  grande  dans  les  terres  cuites.  Rhodes  est,  en 
effet,  la  forteretse  avancée  du  monde  hellénique  du  côté  de  l'Orient.  Dès 


|;j|)  IIIVIK  AHCiiKoi.or.iorK. 

l'nnJiqnil»^  !«  I'lii>  li»»''*'-  ''  •'sl  question  dos  nrlisîos  rhoiiii'ns  qui  faiiri- 
quont  tIfs  slaliios  iiuTvi'ilIpusos,  somhlaMcs  ù  dos  iMres  anirnéi.  C'est  ver** 
le  XI*  si^ele  avant  notre  ore  que  les  colons  dorions  s'rlalili8>onl  dans  l'Ile. 
i!<  V  «ronvent  dos  traditions  |.honicionno.>  foiloinotil  ôlal)lio,-<  ;  mais  ils  ap- 
poiifnl  avoc  eux  nn  {jônio  capable  de  transronnor  lapidi  mont  les  élé- 
inentsi'lian-'ers.  Kn  ((Tet,  les 'pins  anciennes  ^latuollos,  on  terre  vernissée, 
portent  la  inarqno  du  style  ô^-yptien,  venu  par  la  Plii-nicie.  Mais  dans  U-s 
terre>  cui'os  propri  iivMit  dilos,  cotnnip  dans  les  vases  jjoints  ol  les  hijou\ 
d'or,  on  nconnalt  un  style  priiniiif  i|ni  \a  progressant  pou  i  peu.  11  n'y  a 
pas  là  do  tran>ition  hrnsqne,  de  <■■  coupure  ».  On  a>>is|o  au  coniiilcl  dô- 
Tcloppeinont  dis  fornios,  depuis  les  rudes  o^sais  d'une  imluslrie  naissante 
jusqu'à  rôpanouisscntonl  des  formes  grecques  archaïques.  Les  visages 
proiinonl  te  soutire  forcé  et  cotte  ol.liquité  exagi^réc  des  yeux  qui  sont 
nn  trait  de  l'ancien  style  lielléniquo  ;  les  chevolnros  se  divisoni  on  longues 
bouclera  la  mode  ^'rec(nie;  ce  qui  ost  plus  carailérislique  enrore,  on 
ps^ave  de  rendre  les  ondulations  des  draperies,  le  icliof  des  pli-;.  Tous 
ces  détails  prouvent  un  art  créateur  et  original.  Loin  donc  d'aliribuor  à 
rinfliionce  phénicienne  la  fornialion  de  l'art  rhodien,  M.  Ilcuzey  pense 
que  les  Phéniciens,  faciloniciil  épris  des  productions  élranj^^ros,  se  sont 
faits  les  élèves  des  Grecs  à  cette  époque.  Ainsi  s'o.\pli(]iie  pour<iuoi  l'un 
trouve  en  Pbénicie  des  figurines  tout  à  fait  semhlatilos  à  celles  do  (^ami- 
ros.  On  entrevoit  à  Rhodes  une  grande  école  grecque  primitive,  à  laquelle 
se  i  al  tachent  en  plastique  les  figures  assises  de  la  voie  des  HraiK  hides  cl 
la  statue  de  S.mios  lércmment  tiécouveric  par  M.  P.  Girard.  l/\  semble 
être  la  source  de  l'archaï-mo  grec. 

On  voit  combien  de  questions  délicates  et  intéressantes  soulève  l'étude 
de  M.  Ileuzey,  avec  quelle  silrolé  de  méthode  il  essaye  de  résoudre  ces 
difficiles  pioblémes  qui  touchent  aux  origines  niCmes  de  l'art  grec.  Deux 
idées  fécondes  sont  parliculiororaonl  mises  en  reliof:  la  transformation 
des  types  orientaux  dans  les  figures  grecques  et  l'action  on  retour  de  l'ar- 
chaïsme hellét;iqi!e. 

Ce  premier  volume  fait  vivement  désirer  que  l'auteur  nous  donne 
biontfil  la  suiîe  de  l'ouvrage  et  aborde  avec  la  même  pénétr-ation  de  cri- 
tique If-s  fi:;urines  de  la  Grèce  proprement  dite.  Il  prouve  en  même  temps 
qne  la  be.-ognc  dos  catalogues,  trop  sou\enl  corr^idérée  comme  aride  et 
peu  profitable,  dcvieirl  au  contraire  une  élude  de  goiil  ol  de  haute  éru- 
dition entre  les  mains  d'un  homme  compétent.  F.  PoTTiEn. 


EXPLORATION 


TEUUAl^S  TEUTIAIUES  DE  ÏIIEAAY 

LES  SILEX  QUI  EN  PHOVIENiNENï  PORTENT-ILS  DES  TRACES 
DE  TRAVAIL  IIUMAL\7 

lUilipoil   à  M.  Alexan/Jrc  Ikvlrmid  '. 


Mon  cher  Directeur, 

J\ii  l'honneur  de  vous  rendre  compte  de  la  mission  dont  vous 
m'avez  chargé  à  Tlienay. 

A  mon  arrivée  ;\  Ponl-Levoy,  je  me  suis  mis  en  rapport  avec 
M.  Tabbé  Bourgeois,  je  lui  ai  communiqué  le  but  de  ma  mi>sion,  en 
lui  demandant  quL'lijues  renseignements  sur  l'emplacement  qu'il 
serait  préférable  de  l'ouiller. 

j'ai  trouvé  chez  lui  l'accueil  le  plus  aimable  et  il  a  voulu  me  coa- 
duire  lui-même  à  Thenay. 

M.  Tiibbé  Bouigeois  m'a  f.iit  voir  divers  emplacements  où  il  avait 
recueilli  des  silex,  tant  sur  une  beige  'le  la  roule  où  les  silex  so.it 
apparents  que  dans  les  tranchées  ouvertes  dans  le  sol  par  ses  soins. 

J'ai  de  concert  avec  lui  choisi  remplacement  (lui  m'a  paru  le  \)\\.\?< 

1.  Ce  rapport  a  ctû  éciit  il  y  a  dix  ans.  J'ai  ou  l'occasion  do  i'anaiyscr  dans  mon 
cours  de  l'Ecole  du  Louvre,  le  veudredi  IG  fiécombre  1S82.  Mes  auditeurs  oiitpensé 
qu'il  ct.iit  utile  de  le  publier.  Je  me  rends  à  leur  avis.  Voir,  pour  com|)léineni  de 
renseignements  sur  la  questionj  la  note  de  M.  A.Daniour  inséréû  dans  le  numéro  de 
dccembre  1882  de  celle  même  Rtivue,  page  a59  ;  note  ayant  pour  litre  :  L/is  st/t-x 
du  terrain  tcrtinirc  de  Thenay.  Alexandre  RERTr.AXD. 

111'  siinit,  T.  11.  —  10 


13S  RKVUK   AHClIKOLOlUgUR. 

favoinlilo.  ('<  t  finpIariMnoMl  osl  sitm''  au  lioid  tlii  iilalonu  (loiiiiiiaiit 
unr  ptMitc  qui  iloil  apparU'Uir  à  l'ancu'n  lilil'un  llciivi-oii  rciuï'seii- 
ter  les  bords  escarpés  d'un  nncirn  lac. 

Le  liTpain  fouilli'  a  li-s  dimensions  suivantes  :  .'i"',t()  de  liauieur  el 
T)  uuMres  sur  '.\  mètres  de  surface,  ce  (jul  donne  M  mètres  cubes  de 
terre  remuée. 

Cet  emplacement  est  peu  éloigné  des  points  où  .M,  l'ahijé  Hourijccis 
avait  recueilli  précedenimcnl  des  silex. 

La  coupe  se  divise  en  onze  couches  horizontales  de  dimensions 
diverses  qyie  je  vais  examiner  succ'ssivenu'nt  de  haut  en  bas.  (Voir 
pi.  XVIll  et  XiX.) 

iMŒ.MiÈnii;  coiciii:. 

Terre  vc'.^élale,  ^0  l'cnliiiiètres  d'épaisseur,  cuntenanl  un  certain 
nombre  de  pierres  calcaires  amenées  à  la  surface  par  le  travail  de 
la  charrue. 

DEUXIÈME  COUCHE. 

Marne  blanche  renfermant  une  très  urande  quantiié  de  gros 
roi^nons  calcaires  de  15  à  "20  ciMitiniètres  de  diamètre,  dont  nous 
avons  déjà  trouvé  les  traces  dans  la  couche  précédente;  celte  couche 
est  de  U  centimètres  d'épaisseur. 

THOlSltMIi  COUCHE. 

Lit  de  marne  pure  légèrement  vcrdâtre,  d'une  épaisseur  de  \2  cen- 
timètres. Je  n'ai  trouvé  dans  celle  couche  aucune  trace  de  pierre 
(juclconciue. 

QUATRIÈME  COUCHE. 

Autre  couche  de  marne  de  4C  ceniimMres  d'épaisseur,  d'utie  cou- 
leur rouseâtre.  Les  pierres  y  reparaissent  en  petite  quantité  et  sonl 
de  dimensions  moindres  que  dans  les  couches  I  1. 1  i. 


CINQUIÈME  coi'cin:. 
Lit  de  calcaire  de  i2  cenlimélres  seulemenl  d'épaisseur,  qui  se 


IXI'LOUATION    Di;S   TICHIlAINs    Ti;|ill\mi;s    Dl.    TIIK.N.W.  i.i'J 

iliîlile  on  deux  couclies,  et  se  (lélachc  cii  iiiorei-aiix  de  U  cculiiiit'lrcs 
d'épaisseur  et  de  20  ù  30  eeiilinièUes  de  longueur. 

sixiK.Mii  Djucm;. 

M.irnc  rousse  d'une  épaisseur  do  50  ccnlimèlres,  dans  laquelle  il 
n'y  av.iil  que  ({uelques  pctils  calcaires. 

SEPTIÈME  COUCHE. 

Lit  de  rognons  calcaires  assez  arrondis,  d'uije  grosseur  de  li  à 
13  ccnlimèlres. 

HUITIÈME  COUCHE. 

Je  nie  retrouve  de  nouveau  en  iirésence  d'une  couche  de  marne 
rousse  de  55  cenliniètrcs  d'épaisseur  :  les  pierres  reparaissent,  elles 
sont  de  moyenne  grosseur. 

NEUVIÈME  COUCHE. 

Apparaît  une  espèce  de  gros  pavage  formé  par  iles  rognons  cal- 
caires de  30  à  50  ccnlimèlres  sur  20  centimèlres  d'é;):usseur. 

DIXIÈME  COUCHE. 

C'est  dans  cette  dixième  couche  que  nous  rencontrons  les  silex 
pour  la  première  noyés  fois,  dans  une  espèce  de  marne  sablonneuse  de 
33  centimèlres  d'épaisseur  et  d'une  couleur  roussâlre;  les  silex  sont 
brisés  en  fragments  et  de  dimensions  diverses,  beau'joup  paraissent 
biùlés.  Dans  un  des  rognons  calcaires  qui  couvrent  cette  couche  un 
morceau  de  silex  était  enchâssé;  j'ai  voulu  casser  le  uiorceau  lie  cal- 
caire pour  garder  le  silex  en  place,  mais  je  n'ai  pu  réussir;  le  coup 
que  j'ai  porté  l'a  fait  sortir  de  sa  place. 

ONZIÈME  COUCHE. 

La  onzième  et  dernière  couche,  d'argile  verte  très  grasse,  d'une 
épaisseur  de  35  centimètres,  est  celle  qui  contient  la  plus  grande 
quantité  de  silex  également  cassés;  beaucoup  sont  craquelés.  Quel- 
ques-uns de  ces  derniers  reposaient  sur  le  fond  de  la  couche.  Le  fond 


1  II»  m  \  1  i:   Mu:iiû)H»i;igrK. 

ilf  celte  ilernit'ic  couche  était  fornir  d'une  épaisseur  de  résidus  df 
silex  calt  iné^,  ilVsiiuilles,  et  de  débris  calcaires  ayant  iineépais^-cnr 
de  10  à  12  cenliuirlrcs;  [.•  loul  forniail  un  auialj^nnie  avec  r,ir{,'ile, 
qui  lui  donnait  l'aspect  diiuc  ain». 

Je  crois  (jue  celle  couche  de  résidus  est  le  résultat  du  clioc  des 
silex  les  uns  contre  lesautres,  occasionné  par  un  j,'raiid  courant  d'eau 
(|ui  les  a  entraînés  lii  où  nous  les  trouvons.  Ces  résidus  sont  pour  la 
jdui>art  rougi  sou  roses,  couleur  (|u'i!s  prennent  «|uand  ils  ont  passé 
j'ar  II'  feu. 

J'iii  f.iil  percer  celle  couche  île  lésjdus,  et  crcu.H'r  jus(iu*à  80  cen- 
liniélres  plus  bas  cpic  les  siiex  .-ans  pouvoir  traverser  la  couche 
argileuse.  Ia-Uc  petite  fouille  na  produit  (luc  quchjues  mauvais 
rognons  calcaires. 

Les  silex  recueillis  par  moi  ne  portent  aucune  trace  de  percus- 
sion. Le  perculeur  fait  des  éclats  avec  bulbe  très  rcconnaissables, 
qui  ne  m'auraient  pas  échappé  ;  or  j'ai  techerché  en  vain  la  trace 
■  ■\.\\  seul  bulbe  sur  une  masse  de  cimi  mille  sept  cent  (|uatre-vingt- 
neuf  silex  qui  onl  passé  un  à  un  par  mes  mains. 

Je  crois,  après  cel  examen,  pouvoir  dire  (pie  nous  ne  >ommes  pas 
en  présence  d'un  atelier.  Dans  un  alelier  on  trouve  toujours  des 
fragments  ou  des  nucléus  qui  repiésenlent  ce  qui  reste  des  silex, 
après  les  éclats  obtenus  à  l'aide  des  percuteurs;  iti  on  ne  rctronve 
ni  perculeur,  ni  nucléus, 

La  cause  du  LrisemenL  des  silex  ne  me  paiail  d'ailleurs  pas  élrc 
un  choc  volontaire  ;  elle  est  due,  suivant  moi,  à  l'action  du  feu  ou 
dun  cliangeinent  de  température.  Ceux  qui  proviennent  de  mes 
fouilles  l'indiquent  d'une  façon  incontestaiile. 

J'ai  fait  des  expériences  avec  le  feu  sur  les  sikx  alin  de  me 
rendre  un  compte  exact  de  l'elTet  (]U6  produisait  la  chaleur  sur  les 
silex.  Je  les  ai  chauffés  à  dilTérents  degrés,  puis  saisis  par  le  froid, 
qui  les  a  fait  éclater. 

Les  éclats  obtenus  ainsi  étaient  en  foui  semblables  h  ceux  de  mes 
fouilles. 

1.  —  J'ai  fait  des  expéricDces  avec  le  pircuteur  sur  les  mêmes 
Mle\,  el,  quoique  manquant  d'expérience  et  d'adresse  pour  ce  genre 
de  Iravjil,  j'di  obli-nu  des  éilats  avec  bulbe  qui  m'ont  laissé  d'S 
nucléus.  Les  pierres  dont  je  me  servais  comme  percuteurs  conser- 
vaient des  traces  blanchâtres  très  visibles  t]v<,  chocs  qu'elles  avaient 
donnés. 


i;\l-l.()U\ri(i.\    DKS    IM'.ltAlNS    TKI'.TIAIHKS    1)1     illl  .NAV.  141 

D'ailleurs  co   iKiv.iil  ,i  pu  ;i^|iril  liicn  (lilTércnl,  les  casses   ne 

ITSSeniliit  rit  en  l  icil  à  irljr^  des  silex  (l(.'  IIHÎS  fouilk'i^. 

2.  —  niiclijiics  IVa|4iii('!iIs  ijiii  imuiI  rit''  (lui:  lit's  jcii  1)1  l'ilr.-  siii'  les 
nnglos  ont  nu  asiiccl  de  pciculi  iir  :i  pictnit'ic  vue,  mais  cri  y  regar- 
dant liicii  on  l'enianiin:'  niu'  irrainlf  (|nanlilt''  de  cavités  .;'rariuleuscs 
j'aiies  |iai-  le  drparl  de  (x'iilr:;  pari-cilcs  de  silex  (|ui,  je  suppose,  se 
trouvaient  plus  rapprochées  du  l'eu.  Ou  peut  s'en  rendre  compte  fa- 
rileinent.  Le  fond  de  tous  ces  pelils  ériafs  est  luisant;  le  percuteur 
au  conlrair-e  est  mal  à  l'endi'oit  où  il  a  frappé,  ce  (lui  peut  faire  i-e- 
connaîh'e  parfaitement  la  dilîérence  qui  exi?te  entre  un  perruteur  et 
un  silex  brOlé  sirr  ses  angles. 

J'ai  trouvé  (jnelques  silex  (|ui  ont  ;^ur  leurs  tranchants  des  ébré- 
chures,  généralement  très  petites.  (Jn  en  li'ouve  exceptionnellement 
d'un  peu  plus  grandes,  de  ci,  de  là,  sur  les  silex,  mais  sans  suite  de 
continuité;  elles  sorrt  disposées  ù  droite  et  à  gauche  des  tranchants 
sur  la  plupart  des  silex.  11  n'y  a  que  des  chocs  sur  les  tr"ai»chanls  qui 
puissent  produire  des  éclats  disposés  de  cette  façon.  Ces  éhré- 
chur'cs  n'unt  aucunement  le  caractère  d'ébréchures  intentionnelles. 

J'ai  fouillé  sur  trois  auli"es  points,  où  j'ai  li'ouvè  la  mémo  couche 
(l'argile  verdâtre  el  des  silex  noirs  cassés  de  la  même  façon.  Ces 
trois  petites  fouilles  étaient  éloignées  de  la  grande,  la  première  de 
10  mèlr-es,  la  seconde  de  iO  mètres  et  la  tr'oisième  de  120  mètres 
environ. 

J'ai  cherché  avec  la  plus  grande  conscience  là  comme  précédem- 
ment les  ti-aces  d'un  ti-avail  de  main  d'homme,  je  n'ai  trouvé  que 
des  silex  qui  n'ont  aucune  for-rae  d'outil. 

Tous  ceux  qui  avaient  de  petites  ébréchurcs  je  les  ai  mis  de  côté 
afin  qu'ils  puissent  être  examinés. 

3.  —  Tout  ce  que  j'ai  pu  con-^Liler  ce  sont  des  silex  en  assez  gr-an  I 
nombre  ébiécliés  ou  émoussés  su»'  leui's  boids  comme  seraienL  des 
cailloux  qui  ont  été  bousculés  ou  roulOs.  Non  pas  que  je  veuille  les 
comparer  aux  silex  qu'on  trouve  sur  la  plage  du  Trépor  t,  que  nous 
avons  examinés  ensemble;  car  ceux-là  sont  i-oulés  tous  les  jour's,  et 
par  consé(|uent  très  usés  ^ur  les  angles;  toutefois  les  ébréchures  qui 
existent  sur  les  angles  n'ont  pu  se  fair-e  qu'à  l'aide  de  chocs  assez 
forts  ou  (le  pressions  assez  puissantes.  La  disposition  de  ces  ébi'é- 
chur'es  indique  parfaitement  qu'elles  sont  punnijut  accidentelles. 
Un  remarque  sur  toutes  les  parties  d'angle  de  petits  éclats  qui  for- 
ment l'ébiTcbure;  ces  éclats  sont  à  cheval  sur  l'angle,  c'est-à-dire 


I  V2  HKViT  vncni^oi.nr.iQrF. 

t'claU's  à  (iroil('  et  à  fj.iuche,  oo  <|iii  indiinh'  bien  (|a'ils  soiil  lo  pro- 
iliiil  ilo  chocs  ou  de  pressions  siii'i't'^sivt'-;  smk  mriliolc  vonlui'  tîl 
piirtMiitMil  accidenlt'ls. 

Si  on  pouvait  rccoiislilucr  la  li)pogr.i|ilii('  Irrliun'  do  Tln-nay,  il 
se  pourrait  que  bien  des  liypothêscs  fussi'iit  n-duilcs  au  silence;  en 
tout  cas,  tons  les  dires  proMéinaticiues  sur  la  venue  des  silex  oil 
nous  les  trouvons  ne  sont  ccrliiiu  nient  pas  juslKiéés. 

Mais  si  ces  nii^iiies  silex  avaient  (té  hriihs  volonlairemenl  comme  le 
croil  M.  l'ahbé  Bourgeois  il  y  aurait  des  foyers  çà  cl  la  sur  le  plateau, 
pn^s  dest|ue!s  on  ntrouvcrait  du  charbon,  maliiTe  ind.'sti  uclible. 
Pans  ces  foyers  il  y  aurait  des  niasses  consiJér  ildes  de  débris  de 
silex.  Eh  bien,  rien  de  tout  cela.  Au  contraire,  dans  toiMe  l'élondue 
du  plateau  tertiaire,  nous  trouvons  les  silex  répartis  sur  une  épais- 
seur de  70  centimètres. 

Nous  avons  dit  jue  cette  couche  de  marne  de  70  centimètres  où 
se  trouvent  les  silex  prétendus  iravaillés  arrive  h  l'aflleu- 
remenl  d'un  versant  (jui  devait  être  le  lit  dun  grand  cours  d'eau  h 
i't^ioque  tertiaire  ;  dans  le  fond  de  ce  lit  coule  encore  actuellement 
un  petit  ruisseau. 

On  a  le  <lioit  de  conjecturer  que  le  mouvement  des  eaux  torren- 
tielles a  entraîné  les  silex  et  les  a  rejités  sur  le  bord  du  cours  d'eau 
et  juscjue  sur  les  berges.  Quebiues-uns  de  ces  silex  étaient  calcinés, 
e  par  consé(jueiit  beaucoup  moins  résistants;  ce  sont  ceux  là  qui  se 
sont  désagrégés  et  ont  produit  la  grande  quantité  de  petits  résidus 
constatée  au  fond  de  la  couche  :  ces  résidus  sont  si  nombreux  qu'ils 
donnent  à  la  couche  d'argile  l'aspect  (i'un  véritable  pouding. 

Celte  couche  de  résidus  n'a  pu  être  produite  que  par  un  grand  et 
rapide  courant  d'eau.  On  pourra  les  examiner  au  musée. 

M.  l'abbé  Bourgeois  croil  (jue  si  l'action  du  feu  est  bien  constatée 
il  y  a  Ij  une  [)reuve  certaine  de  la  présence  de  l'Iiomme, 

Je  crois  h  Taclion  du  feu  sur  les  silex,  mais  cela  ne  prouve  pas  la 
présence  de  Ihomme. 

Pour  (jue  le  feu  éclate,  dans  des  bois  de  bruyères,  d'ajoncs,  de 
genêts  ou  de  grandes  herbes  sèches,  il  suftit  de  ta  foudre'.  Un  pareil 

1.  L'incendie;  produit  par  l.i  foudre  est  un  fait  moins  ran*  qu'on  no  serait  tenté  de 
le  croire.  Des  faits  tout  récents,  recueillis  dans  les  journaiu,  en  font  foi.  \%r  1"  lu 
/♦^/(u/y/iV/ur />rt/<{7iiV,  numéro  du  11  juin  IHS.J,  annonçant  la  destruction  par  la 
foudru  ù  MaIlell•;^te^,  de  grnnds  Diaguhiiis  do  coion;  '2"  le  Vottuire^  numéro  du 
U  juillet  1883,  où  nous  lisons  ({ue  «  le  feu  du  ciel  ist  touillé  sur  l'église  do  Bcrtliès, 
arr  ndissciiiciil  do  Hazas,  et  l'a  incendiée,  il  n'en  reste  plus  quo  les  ojurs.  m 

{Nittc  iiililHinnni'lk  de  /'niik-ur.) 


F.\I'l()I(\T|0\    lU'S     li:tt!t\(N^    TF.HTIMUKS    r»!',    TIII'NW.  \ ','.1 

irifcndic  allmnr  pir  la  loiidrfi  a  tns  bien  pu  bnllor  les  c  lilloiix  (|iij 
se  ti'Oiivaictit  pir-;  de  1 1  sur  face  du  sol,  cl  écliaiilTiM'  assez  forliMucnt 
le  sol  pour  (pio  ceux  <|iii  n'en  ('laieiil  pas  trop  éloignés  aieril  été 
assez  cliaiilTés  pour  éclater,  loiit  en  étant  i\  l'abri  de  la  violcriee  du 
feu.  (le  (|iii  ex(di(iiierait  poiin|iioi  nous  avons  des  silex  ealririés  et 
d'autres  éclatés  égaleuiont  par  la  chaleur,  mais  non  calcinés  pai'  un 
feu  violi.'nt  et  dii'iict  comme  beaucoup  de  pièces  eu  portent  la  trace. 

(louiment  admettre  qui;  les  hommes  qui  avaient  le  silex  li  pro- 
fusion n'auraient  pas  eu  l'idée  de  faire  des  éclats  avec  les  l'ognons 
de  silex  ou  même  les  biiser  sans  méthode  en  le?  fra[)pant  tout  sim- 
plement l'un  contre  l'autre,  ce  qui  leur  aurait  donné  des  éclats  bien 
supérieurs  i\  ceux  qu'on  leur  attribue,  et  un  silex  plus  résistant  que 
Celui  qui  a  élé  brûlé. 

Voilà  (jui  paraît  bien  surpicnant  ;  eh  bien,  ces  mômes  hommes  on 
les  fait  les  inventeurs  du  travail  le  plus  tin,  de  la  fine  retouche  ou 
retaille,  ce  travail  que  l'on  regarde  à  toutes  les  époques  de  la  pierre 
comme  le  travail  le  plus  perfectionné.  Ce  système  me  paraît  le  ren- 
versement de  toute  logique. 

4.  —  Mais  laissons  là  les  hypothèses.  Parlons  des  silex  que  nous 
avons  en  si  grand  nombre  entre  les  mains.  Nous  les  avons  examinés 
avec  la  plus  grande  attention  et  nous  croyons  pouvoir  alTirmer  que  les 
ébréchures  (|ui  existent  sur  ces  silex,  sans  exception  aucune,  sont, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  purement  accidentelles;  elles  ont  été 
occasionnées  par  des  chocs  qui  ont  déterminé  les  petits  éclats  qui  s'y 
voient.  La  disposition  des  éclats  à  droite  et  à  gauche  des  tranchants 
ou  angles  des  silex  prouve  assez,  nous  le  répétons,  qu'ils  ont  élé  pro- 
duits par  des  chocs  de  pur  hasard,  où  la  main  de  l'homme  n'est  pour 
rien.  —  Ajoutons  que  les  fouilles  faites  par  M.  l'abbé  Bourgeois  et 
les  miennes  n'ont  produit  aucune  pièce  (jui  aille  volume  ou  la  forme 
d'une  arme  ou  d'un  oulil,  pouvant  servir  à  quoi  que  ce  soit. 

M.  l'abbé  Bourgeois  m'a  fait  voir  une  carrière  à  silex  à  une  petite 
distance  de  mes  fouilles;  il  m'a  dit  que  l'on  tirait  le  silex  de  cet 
endroit  à  l'époque  tertiaire;  mais  lorsque  j'ai  eu  en  mains  les  pièces 
provenant  de  mes  fouilles  je  me  suis  demandé  si  c'étaient  bien  là  les 
outils  qui  pouvaient  servir  à  faire  l'ouverture  de  la  carrière  pour  en 
extraire  les  rognons.  Il  est  certain  que  ces  silex  n'ont  pas  pu  servir  à 
faire  ce  travail,  pas  plus  qu'à  l'extraction  des  silex  de  la  carrière.  Il 
eût  fallu  pour  cela  des  outils  d'une  tout  autre  puissance.  Il  est  maté- 
riellement impossible  que  l'on  puisse  faire  un  travail  semblable 
môme  avec  les  plus  beaux  spécimens  qui  nous  ont  été  présentés  à 


l'ij  IIKVIK    MICUKOLOCIQL'K. 

lilro  ilo  piocrs  lU' ili'tix  cl  . -01111110  des  type-^  'lu  ii  i\  iH  lii-  riioiiiiiii: 
tertiaire  de  Thenny. 

On  ne  pout  s'arriMcr  .iiirim»  un  iiislaiil,  à  iiiu'  |i:inilli'  liypnllièsc. 

Lorsijue  mes  fomlli's  ont  clé  li'rmiiiées  .1  Tlien.iy,  M.  l'ahlu';  Bour- 
geois m'a  demandt'  si  j'étais  bien  conviincn  de  la  prtVscnce  de 
riiomm<\  Jt'  lui  ai  dit  (]n*apr('>  avoir  cxaiiiinr'  avec  le  plus  |j:rand 
soin  tous  lt\s  s:lt'K  provenant  de  mes  fouillfs,  les  petits  e  .mnic  l«'s 
gros,  j'étais  iiioins  convaincu  (]ue  jamais,  n'ayant  pu  irouvrr  sur  les 
sile\  aucune  trace  d'un  travail  voulu  et  fait  de  m  lin  (riioninie,  ni 
dans  les  casses  des  gros  silex  non  jdiis  «pie  dans  les  élnccliuics  iju'on 
prend  pour  des  retouches  faites  de  main  iriiomnic. 

Je  n'ai  pas  caché  à  M.  l'abbé  Bourgeois  (jue  j'aurais  préféré  pou- 
voir lui  dire  que  jetais  de  son  avis;  mais  en  matière  de  science  la 
complaisance  n'est  pas  permise,  et  j'ai  dû  ne  pas  lui  laisser  i^morer 
que  mes  fouilles,  à  mes  yeux,  parlaient  hautement  contre  sa  manière 
de  voir. 

Agréez,  je  vous  piie,  mon  cher  Diredeur,  l'assurance  de  mon 
profond  respect. 

ABi:i.    MAlTRi:. 
l'-f  juillet  1873. 


Depuis  t.S73  aucun  fuit  nouveau  n'est  venu  iiilirnier  les  conclusions  de 
ce  rappoil.  Ces  traces  de  la  main  de  l'honunc  sur  les  silex  de  Theiiay 
àoiil  de  plus  en  plus  cunle.-lées  par  les  hommes  de  science.  Il  n'est  même 
pas  bien  tùr,  aujourd  hui,  que  ces  silex  aient  sul;i  l'aclion  du  feu.  M.  Da- 
inour,  si  ion)p6ienl  en  pareille  malière,  après  avoir  examiné  avec  soin  la 
coUeciion  du  musée  de  Sainl-Gcrmaiu,  déclare  que  l'.illrralion  consi.itée 
à  la  surface  de  ces  siiex,  même  !e>  craquelures,  peuvent  s'expliquer  par 
des  Cciuscs  naturelles  autres  que  l'aciion  du  feu.  S'd  n  en  faut  pas  ron- 
cUire  que  llionime  nexislail  pas  à  l'époque  leriidre,  il  faut  avouer  au 
moins  que  les  preuves  de  son  exisience  duivenl  èlre  cherchées  ailleurs. 

Ai.iiXAMUu-;   m:  HT  n  AND. 

V  sci^embre  1883. 


r\ 


GLAIVE  EN  BRONZE 


DU  XIV  SlfsCr.E  AVANT  NOTRE  Î.FiE 


Longpérier,  en  187.-»,  lisail  à  l'Académie  dos  inscriptions  unM  nnli' 
concernant  les  représentations  de  ligures  humaines  en  hronze  les 
plus  anciennes  que  nous  connaissions. 

Après  avoir  cité  la  Canéphore*  trouvée  à  Afadj,  prés  dos  bords 
de  l'Eiiplirale,  sur  le  vêlement  de  Iaf|uclle  est  tracée  une  longue 
inscription  cunéiforme  lue  par  M.  Jules  Opperl,  qui  y  reconnaît  les 
noms  du  roi  Koudourmapouk  et  de  son  fils,  l'illustre  académicien 
taisait  rcmanjner  que  ces  rois  n[tp;irleiiaient  à  l.i  dynastie  sémitique 
de  Babylone  et  que  le  règne  de  Koudourmapouk,  qui  prend  le  titre 
de  roi  des  Sumirs  et  des  Acadj,  pouvait  être  placé  vers  le  w"  siècle 
avant  notre  ère,  environ  21uo  ans  av.  J.-C.  il'après  .M.  F.  Lonor- 
mant.  —  l.ongpèner  ajoulail  que  cette  statuette  de  bronze  n'était 
pas  la  plus  ancienne  qu'il  pût  signaler  à  l'altenlion  de  l'Académie. 
Koudourmapouk  était  co.'temporain  des  rois  j.asteurs.  Or,  ajoutail- 
iL  ilans  une  collection  d'anliiiuilés  éL'ypiieiines  envoyée  à  Paris  par 
M.  Gustave  Posno,  j"ai  pu  éiudior  doux  li;:uios  de  bronze,  leniar- 
quahleinoni  bien  conservées,  qui  sont  d'une  épo(|ue  st-nsiijlement 
antérieure  à  celles  des  Pasteurs. 

«  Dans  ces  deux  statuettes  les  muscles  des  bras  el  des  jambes,  les 
rotiilos  sont  exprimées  avec  un  soin,  une  vérité  qui  dénotent  un  âge 
fort  reculé.  On  n'y  peut  méconnaîae  l'art  antérieur  au  second  crn- 


1.  Celte  statuette  apparti<  nt  au  Louvre  et  y  est  exposée  dans  la  vitrine  centrale 
de  la  salle  des  bronzes.  LonçpOri- r  l'a  représentée  pt.  I  'lu  Mu^ée  Napoléon  Ul. 


l'jli  nKVUR   ARCHKOLOGIOUF. 

pire  »  '  {ce  (|ui  nous  reporie  ;\  o(HK)  ans  enviioii  av.  J.-(^i.  Los  sla- 
tiuMtt'S  ^gNpIiiMHU's  |ii('i  r'ilt'raii'iil  iloiu'  ili'  imllc  ans  la  slaliiclte 
d'Afa  Ij.  «  Nous  dcvonson conclure,  fonlimiaill.oiijjpr'ricr,  «jue,  coii- 
Irainincnl  ;\  ce  que  nous  pensions  il  y  a  i|neli|iies  ann'es,  l'Kjiyple, 
pour  la  fonle  (l<'S  ligures  conuiie  jiour  la  sculpture  de  la  pierre  el  du 
bois,  conserve  la  priorité.  .Nous  pouvons  coiislaler,  de  plus,  que  la 
première  figure  de  la  collection  Posno,  celle  ipii  csl  certaineinenl  la 
plus  vieille  iina<:e  île  riioinnie  exécutée  en  bronze  que  nous  connais- 
sions, est  fort  supéiieure  en  style  el  nioiielé  à  la  Canépliorc  asiati- 
que d'-\radj,  monument  ipii,  consacré  à  uiu^  déesse  par  un  roi,  doit 
être  considéré  comme  un  très  bon  éclianlillon  de  l'art  dans  l'Asie 
occidenlale.  » 

Les  belles  découvertes  do  M.  de  Sarzec  dans  les  environs  de 
Bassora  ont  fait  entrer  depuis  au  Louvre  une  série  de  bronzes,  sta- 
luèltes  et  ustensiles  rcmonlanl  à  une  date  voisine  de  celle  de  la  sta- 
tuette d'Aradj. 

A  côlé  de  ces  trois  séries,  les  deux  statuettes  de  la  collection 
Posno,  la  Cmépbore  d'Aradj,  les  bronzes  du  temple  de  Tellou 
(fouilles  lie  Sarzeci,  il  nous  a  paru  intéressant  de  placer  une  arme 
de  bronze  portant  inscription  et  remontant  à  une  époque,  il  est  vrai, 
un  peu  plus  récente,  mais  t|ui  n'en  est  pas  moins,  croyons-nous,  la 
plus  ancienne  arme  de  bronze  datir. 

Il  s'agit  d'une  ancienne  épée  assyrienne  de  bionze  exposée  au 
Britisli  Muséum  en  187ri,  el  dont  un  bon  dessin  a  été  donné  à  celte 
époijuc  dans  l'un  des  fascicules  de  la  Société  anglaise  d'aiiliéolo;^ie 
biblique-. 

Cette  épée,  dit  la  notice  qui  l'accompagne,  fut  trouvée  en  Méso- 
potamie, entre  les  mains  d'Arabes  qui  déclarèrent  ne  pas  connaître 
le  lieu  précis  de  la  découverte.  Elle  porte,  en  caraclèns  cunéi- 
formes, l'inscriplion  suivante,  sufilsamment  siguiticalise  et  ipie 
M.  Jules  (Jjqierl  lit  ainsi  (pi.  XX)  : 

J'dldis  lie  l{i'ii-nii(H\  lui  des  Lniioiis,  (ils  dr  l'udiel,  roi  d'Assyrie^ 
fiis  de  Uel-nirar,  roi  d'Assyrie. 

Celte  légende  est  reproduite  trois  fois  sur  I  arme  : 
1"  Sur  le  plat  de  la  lame  à  l'intérieur; 

1.  Ce»  dcui  figures  ont  été  rtScoinmciil  oc<iuihe8  par  lu  Louvre, 

2.  Noir  TvatfiiQttum  of  (lu:  Society  of  llthlt'ul  Aiduoloyij,  vol.  IV,  p.  3.'»"  (an- 
née 1  MO). 


UN   C.LVIVK   R.N   nnoNZK.  l'iT 

s-*  Sur  le  plat  :i  rexlt'ricur  en  d  ux  li^'ijcs  ; 

3"  Sur  k'  clos  (lu  l.i  lame. 

Or  nous  connaissons  les  trois  monarques  cités:  les  assyriologues 
font  rcnionlor  leurs  r^},M>iis  du  1375  h  l.'lOU  avant  J.-C. 

I/cjtéc  était  probaMt'nicnl  placéo  entre  les  mains  d'une  statue.  A 
(Hiel  (lieu  élait-elle  consacrée?  Ilien  ne  nous  l'indiiine. 

Colle  épée  appartient  au  colonel  llanhury  ;  c'est  lui  qui  en  1.S7.") 
l'avait  piélée  pour  une  exposition  publi(iiic. 

l.es  dimensions  (Tapies  l'.irlicle  précité  soni  : 

Lonj^ueur  de  la  lame,  IC  pouces  aiiglaio. 

Longueur  de  la  poignée,  .'>  pouces  3/8. 

Longueur  lot.ile,  Hi  pouces  3/.S. 

Largeur  de  la  lame  à  la  base  de  la  poignée,  1  pouce  7/8. 

La  poignée  élait  ricliement  travaillée  et  enchâssi-e  dans  de  l'i- 
voire. 

Nous  ignorons  s'il  existe  d'aulres  épées  de  bronze  dont  la  date 
puisse  être  ainsi  déterminée  avec  précision.  Nous  serions  heureux 
(|ue  l'un  de  nos  lecteurs  pût  nous  en  signaler  d'autres  exemples. 

{Noie  (}<'  1(1  Direction.) 


XoïiCK 

SUR  INK  nKMARQUAIlI.K  rARTICL'LARITK  QV?.  PRKSKNTR 


ToUTi:  UNI-:  si':hii    m: 


MILI-IAIIIKS  m:  CON'STA^TIN  LKIJKAMI 


SUITE    • 


II 

CaitKPS  rt  circonstances  qui (léterniiiivreiit  (^.on!<liiii(lii  à  fiiirr  unirlrler 
sur  les  inscrijilioiis  des  colonnes  ilinérnires  le  rpression  en  vertu  de 
liKjuelle  il  se  (/loriliiiit  d'être  le  petit-/ils  de  l'Auijuste  Ma.iimicn 
Hercule. 

Ceux  qui  avancent  (ju'.'i  la  moil  do  Mixiinien,  Consianlin  aiinit 
fait  abattre  les  statues  de  cet  empcrour  et  effacer  ses  noms  des  monu- 
ments publics  se  trompent.  Soupçonné  d'avoir  faussement  accuse'' 
son  be n]-|ièie  d'assassinat  contre  sa  personne,  Const;inlin  chercha", 
au  coriliMire.  à  «loiini'r  le  chan;j:o  à  l'opinion  pour  iiiicuv  dissimuler 
son  insatiable  ambition.  On  sait,  en  ellel,  qu'il  n"(mblia  rien  pour 
venir  a  bout  de  ses  vastes  desseins,  ne  voubint  pas  moins,  au  dire 
d'un  contf^mporain,  que  se  rendre  mniire  (b-  tout  l'umveis  :  «  Con- 
stnnlinus  tiinien,  nr  intjens,  et  oinnid  "fficere  nitms  (|u;e  anime 
pru'parasset,  sintitl  jirinci]iiiln)n  tolin'i  orins  ttffeelnns  -.,.  »  ;  et  c'est 
iiiuH  «|ii'aprés  avoir  réduit  .Ma.\imien  à  l'odieuse  extrémité  de 
:>"élraiigb.'r  dans  une  prison  de  Marseille,  loin  d'exercer  la  moindre 

i.  Vsir  les  no*  tic  Juillet  et  août. 

2.  F.iilropc,  liv.  X,  cil.  IV.  Boauvai",  //m7.  ahio/.  lir^    •'/'•,  t.  II.  p.  209. 


Mii.i.iAiiiKs  [)i;  Constantin  li:  (iiivM».  1  iî) 

vcngcjnro  contre  s.i  mcniuirc,  il  scnililc  rcsullcr,  an  cMnlinirc,  du 
silence  des  liislorion.-;siir  Ns  suites  (h;  cet  »':vénement  et  de  l'atiiludo 
pacil'Kjue  de  Consl.mliii  ;i  l'égu-d  de  son  beau-frère  Maxenco,  qui 
fais.iil  rendre  par  le  sénat  de  Moine  les  honneurs  de  rapoIhéo«c  à 
son  iière,  (|ue  Flavius  conlinua  p.ir  politique,  sinon,  peiil-iVre,  de  se 
glorifier  encore  de  la  niémon  e  de  .Maxiimeii,  tout  au  ni'dii-  d'en  cdii- 
server  l'expression  sur  les  monuments  piililics  sur  lesquels  il  >'rfi 
était  piécédenimenl  honoré. 

Les  histoi-iens  contemporains,  Aurélius  Victor,  !jiln>[ie,  etc., 
ne  nou.^  donnent  que  Fort  peu  de  détails  sur  les  événements  mémo- 
rables de  CCS  temps  troublés  par  de  fié(picntes  invasions,  de  nom- 
breuses séditions  et  particulièrement  par  1 1  [iluialité  des  maîtres 
qui  tyrannisaient  la  république^  pour  nous  seivii'  d'une  expression 
du  temps,  en  se  jalousant  et  se  disputant  le  pouvoir. 

D'un  autre  côté,  le  peu  de  liberté  qui  régnait  alors  ne  permettait 
guère  aux  historiens  de  l'époque,  et  particulièrement  à  Aurélius 
Victor,  qui  écrivait  en  ces  temps-là  mômes,  de  nous  transmettre 
toute  la  vérité  sur  les  événements  qui  s'accomplissaient  en  quelque 
sorte  sous  leurs  yeux.  Un  seul  fait  sufïira  pour  justifier  celte  asser- 
tion. C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'en  parlant  de  la  mort  violente  du 
César  Crispus,  l'historien  se  borne  à  nous  dire  :  Quorum  quum  natu 
ijmndior,  incertum  qua  causa,  patris  judicio  occidissct...  '.  C'est- 
à-dire  qu'on  ne  savait  pourquoi  l'aîné  des  fils  de  Constantin  avait 
été  mis  à  mort  par  ordre  de  son  père.  Or,  comme  personne,  au  con- 
traire, n'ignorait  celte  ci  use,  c'est  le  cas  de  le  répéter,  il  n'y  a  de 
pire  ignorant  que  celui  qui  ne  veut  rien  savoir. 

Telles  sont  les  principales  causes  de  la  pénurie  des  renseigne- 
monts  historiques  de  ces  temps  ;  c'est  la  nuit  du  moyen  âge  qui  com- 
mence. 

Constantin,  une  fois  débarrassé  de  .Maximien,  n'attendait  phis 
qu'une  occasion  favorable  pour  tomber  sur  son  beau-frère  Maxencc; 
mais  celui-ci  la  lui  fournit  bientôt,  et  on  sait  comment  ce  farouche 
tyi-an  trouva  la  moit  le  -IS  octobre  ."î  12.  Juste  si.xans,  jour  pour  jour, 
après  avoii  été  salué  Auguste:  son  armée  étmt  vaincue  par  celle  de 


1.  Aunl.  Vict.,  De  Cesoribus,  c.  xli.  —  .Nous  n'ignorons  certes  pas  quo,  dans 
son  Epitome  (c.  xli),  le  même  auteur  est  un  peu  moins  réservé.  \\  dit  que  Const.m- 
tio  ordonna  la  mort  de  son  fils  Crispus  à  l'instigaiion  de  sa  femino  Fausta  :  Fiiu<ta 
conjuijii,  ut  putnnty  auQgerente,  Cnspum  filiian  neairi  jubet  ;  mais  tout  cela  n'<st 
encore  qu'une  faible  partie  de  la  vOriié,  puisqu'il  ^/JLit  du  incmc  crime  dont  Plii;drc 
avait  accuse  autrefois  Hippolytc. 


15<)  HKVIK   AHCUKOLOGIQL'i:. 

l>ni>laiiliii,  il  fuit  vcis  li  vilk»  ;  m;iii  ru  Ir.ivcrsaiil  le  Tibiv,  il 
lombc  ilans  ïc  pii'ije  inOiiic  (in'il  av.iil  itiuJii  ii  son  ciiiuMiii  sur  le 
pont  ^iilvius.  Le  poids  de  sa  cuirasse  uidanl,  on  iii>  put  le  nlirer 
vivanl  île  In  vaso  oii  il  s'élail  cnfonci'. 

On  niî  saurait  simagiiuT,  au  rapport  d'Aurùlius  Viilor,  ([uels 
furtMit  à  sa  moil  les  trans(tor|s  de  joie  et  d'allégresse  du  sénat  et 
du  peuple  romain,  tant  ils  avaient  eu  à  soulTrir  de  ee  l>rau.  Ilujnx 
nrte  invrctlihilf  'lutuilum  la  lit  in  yaïKlioijiie  stnaliis  ne  jilehes  crsttl- 
taveriut  '. 

Ensuite,  le  sénat  nronuaissaul  dé'lia  à  t^on.>lanlin  luu>  lis  somp- 
tueux édifices  que  Maxence  avait  élevés,  comme  le  temple  et  la 
basilique  de  Home.  Atlhitc  cunctn  opéra,  quœ  tn(iijiii(ic0  consiruxerat, 
Urbis  famniiy  alqncbasilicam^  Flnril  mcriti.i  Patres  sdcravcrc...'. 

Comme  on  le  voit,  la  f.ujon  de  proscrire  la  mémoire  des  empe- 
reurs était  changée:  dans  le  haut-empire,  ou  s'était  contenté 
d'abattre  leurs  statues  et  d'elTacer  leurs  noms  inscrits  sur  les  mo- 
numents publies;  tandis  qu'ici,  après  avoir  abattu  les  statues  de 
Maxeuce  et  effacé  ses  noms  sur  les  monuments  publies  qu'il  avait 
érigés,  on  dédia  ceux-ci  à  Constantin  en  y  inscrivant  ses  noms  et  ses 
titres. 

Celte  exaltation  populaire  avait  pris,  à  Rome  surlout,  un  tel 
caractère  d'intensité,  tpie  la  proscription  de  la  mémoire  du  ûls 
devait  fatalement  entraîner  celle  du  père.  On  ne  pouvait  avoir 
oublié,  en  elfel,  que  si  Maximieu  avait  repris  la  pourpre  pour  secon- 
der et  affermir  la  tyrannie  de  Maxence,  c'était  aussi  par  ambition 
personnelle,  puisiju'il  avait  essayé  de  déposséder  ce  dernier  et  qu'il 
lit  pour  cela  une  harangue  aux  Iroup;  s,  qui  n'y  répondirent  que  par 
des  injures  et  par  des  cris  (findignation^.  On  ne  pouvait  avoir 
ouiilié,  non  plus,  (lue,  sous  prétexte  d'avoir  été  chassé  par  son  lils, 
il  s'était  leliré  dans  les  Gaules  et  qu'il  avait  iomenté  une  séililion 
contre  Constantin  dans  son  propre  palais,  t't  (pi'une  moi  t  ignomi- 
nieuse avait  été  le  juste  châtiment  de  ce  sanguinaire  et  détesiahle 
ambitieux.  En  fallait-il  davantage,  dans  un  moment  d'indignation 
populaire,  pour  effacer  toute  distinction  entre  ces  deux  tyrans 
qui  s'étaient  rendus  aussi  odieux  l'un  ijue  l'autre  ?  Nous  ne  le  pen- 
sons pas,  et,  pour  tous  ces  motifs  et  bien  d'autres  (jue  nous  pour- 
rions développer,  nous  nous  croyons  fondé  à  considérer  le  ban- 

1.  he  C'"'<iriliWi,  M,,  a,'i. 
•1.  /'/i(i.,  XL,  20. 
:;.  Euiropc,  liv.  X. 


MILLIAlIlliS    DK   (;()>.siA.>m.\    |.K    riUAM»,  j.'jl 

nissi'iiiiiiil  (If  la  mémoire  du  lils  comriU!  ayant  onlralnr!  fatalement 
le  bannissiMiUînl  de  la  nir-moirc  dn  père,  et,  dès  lors,  nousadim-llons 
coiiime  èlaljli  (jue  c'est  à  la  suite  des  év»  lu-menls  (toliliqucs  i|iij  furent 
la  conséiiucnce  de  la  mort  de  Maxence,  que  l'heureux  (Constantin, 
l'idole  du  jour,  s'empressa,  très  vraisembLiblcment  en  vertu  d'un 
sénatus-consultc,  de  l'.iire  ciïicer  sur  le  •  monuments  publics  l'ex- 
pression de  sa  filiation  envers  Maximien  Hercule,  dont  il  s'était  pré- 
cédemment gloiiliè. 

Nous  terminerons  ces  considérations  par  un  trait  que  nous  a  con- 
servé Aurélius  Victor,  et  qui  peut  donner  une  idée  de  l'ombrageuse 
jalousie  de  Conslantin,  qu'un  nen  excitait,  surtout  vers  cette  époque 
de  sa  vie.  C'est  ainsi,  par  exemple,  (ju'il  s'ollusiiuait  entre  temps  de 
voir  le  nom  de  Trajan  inscrit  avec  honneur  sur  une  foule  de  monu- 
ments, et  que,  pour  ce  motif,  il qualifiaitcet  empereur  de  pnriiHaiic. 
Hic  Tntjiiiiuin  lurbam  pitrielurhim,  ob  tilulos  muUis  œdihus  inacri- 
ptos,  (imicUari'  .'iuidus  crut  '. 


m 


Comme  conclusion  de  ce  travail,  nous  rappellerons,  d'une  part, 
Que  les  milliaires  de  Constantin  le  Grand  érigés  sur  la  voie 
Aurélienne  et  sur  d'antres,  très  vraisemblablement  entre  les  années 
307  et  301),  c'est-à-dire  pendant  la  période  de  la  seconde  abdication 
de  Maximien,  portaient  tous  l'expression  que  l'on  connaît  de  sa  glo- 
riQcation  filiale  à  l'égard  de  cet  empereur-,  son  grand-père  adop- 
lif; 

D'autre  part, 

Qu'à  la  chute  de  Maxence,  le  28  octobre  312,  la  mémoire  de  cet 
empereur  et  celle  de  son  père  Maximien  ayant  été  proscrites  Cons- 
tantin se  trouva  néces>airemenl  dans  l'obligation  de  mettre  d'accord 
ses  actes  officiels  avec  les  événements  polili.|ues  qui  venaient  de 
s'accomplir  d'une  façon  si  éclatante  à  Rome,  et  c'est  ainsi  (ju'il  dut 
s'empresser  de  faire  marteler  Texpression  de  cette  glorification  filiale 
sur  la  série  de  milliaires  où  il  s'en  était  précédemment  honoré. 


1.  Epi  (orne,  XLI. 

2.  L'expressioa  de  cette  glorificatioa  pourrait  bien  avoir  t5té  le  prix  de  cette  nou- 
velle abdication,  que  Constantin  ne  dut  pas  obtenir  sans  peine. 


1S2  iii:vrf    \tu'.iii:iti.oi;ii.i  y. 

Toile  «•>!  ri'\|tIuMlit)n  do  la  l.ifime  i|ii('  iiiéM'iiicni  |i'.>  mscnittioiis 
i!os  colomios  iliiiérairo?  i'rigi*o>  par  (^ln<lalltill  pour  li'inoigner  à 
la  poslêriU'  (le  travaux  ex«Vu!és  s'ii-  h'S  grands  chcinins  de  l'empire 
rom.iiii,  oiilre  les  aiiiircs  307  cl  .'lOÎI. 


j.  V.  \\\:\  1.1,1,  \i 


Caiiiiok,  le  15  novembre  1682. 


.NU'J  LS 


(a)  On  a\ail  loiij^lomjij  tlioi\lié  la  blaliuii  de  la  Via  Aurclia  nommée 
Mutavonio  sur  les  itiui^raiics.  cl  Mataione  sur  la  carie  de  Peuliiiger.  Ai>rî'S 
plusieurs  li\poih("'&"s,  d'Aïuille  se  délernùiia  pour  Viu<,  village  compris 
entre  le  Luc  cl  Hrignolc?,  quand,  sur  la  fiu  du  siècle  dernior,  M.  Gérard, 
bo!ani^le  distingué  et  médecin  à  Cotiirnac,  découvrit  dans  le  village  même 
de  Cabasse,  assez  éloigne  vers  le  nord  de  la  direclion  qu'on  supposait  à  la 
voie  Aurélienne,  une  inscrip'iou  Iden  conservée,  laite  par  les  liabilanis 
du  P'.hjus  Motaionicus  pour  souhaiter  la  sanlé  à  Caligula.  Cet  important 
monuiiicnf,  gravé  sur  une  pierre  moulurée,  mit  fin  à  toute  discussion  en 
prouvant  qu'il  f.dl.iil  placer  Maiavonio  au  village  de  Cabassc  ou  dans  ses 
environs.  Malheureusement  la  co{iie  que  fit  M.  Gérard  de  cette  iuscriptiun 
est  très  fiiulive,  et  comme  c'est  celle  qui  servit  à  Papou  et  ù  liien  d'autres, 
il  en  résulta  qu  on  n'en  eut  pas  de  meilleure  jusqu'en  1818,  époque  à 
laquelle  un  anonyme  en  donna  une  de  parfaitement  exacte  sinon  correcte, 
dans  VAImanucli  du  Var  pour  cette  même  année;  mais  le  sens  qu'il  en 
tira  est  absolument  inaJmi^'sihle  : 

Pagus  Malavomcus  Germanico  Amjusto,  pro  salutc 
Caii  Cœsaris  Germamci  filii  '. 

Le  moindre  déPaul  de  celle  leçon  est  de  faire  du  César  (Jermanicus  un 
AuLMi-te.    car  si,   pour   éviter  celle   hérésie,   on   f;iil   ra|iporfer   le   mol 

AVGVST.,  comme  cela  convient  d'ailleurs,  ;\  Caii  Cœsnris ,  or.  lombe 

dan.s  une  autre  qui  consiste  eu  ce  que  les  hubitanls  du  l'anus  Mntavoni- 
cus  souhailcnt,  à  Cermanicu?,  la  santé  pour  son  HIs,  ('aiux  César  Au- 
guste  ,  alor- q<ie  ce  même  (ierniiinieus  était  tléj;\    tiiorl  depuis    dix- 

liuit  ans  lorsque  son  fils  lut  proclamé  Augusie  ;\  la  mon  de  Tibère. 

L.  Garcin*  et  Noyon'  ayant  adopié  celle  même  leçon,  ont  puissam- 
ment contribiié  a  répat.dre  cette  singulière  inlerprélation,  qui  tient  é\i- 


1.  Almanuch  tin  Vav,  pour  ISIS,  p.  205-2l*J. 

•-'.  Dictionii.  Iiislor.  et  tupopr.  do  lu  Provcntc,  Dragiiit;ij.i!i,  ISij,  t    I.  p.  l'TO. 

3.  SiaiiMi'j.  du  départciii.  du  Var.  D."agui(;t'.uii,  Itl'iG,  p.  l' i. 


ftlII.MMI'.IiS    I)K   CONSTANTIN    U:    t.llAM).  1.13 

dciiMUtnil  .\  iiiio  iiicorreclion  du  lexlu  original,  consistunl  on  ce  que  lun 
;i  i:r:\\r  im  O  au  lieu  d'un  I  dons  l'inléiieur  du  C  qui  lerniine  le  mot 
GERMANIC,  à  la  imisiènie  ligne  de  riti.-ciiplion  originale,  dont  nous 
donnouij  ci-de.-;sous  (l)^'.  il)  un  dessin  e\uil. 

Dans  CA'.f.  (Icriiiers  lenijjs,  M.  le  haion  iJonsleUen  •  a  fait  de  ce  tnoiiu- 
menl  piopilialoire  une  l)orno  niiiliaiie,  toul  en  suppriuianl  la  difllcullé 
dont  il  s'agit,  n'ayant  pas  aper(-u  le  pelil  O  qui  se  trouve  dans  le  C  de  la 
lioisièaie  ligne.  Kn  opérant,  turle  te.xte,  lu  rectilicaliun  que  nou.s  propo- 
sons, rinlcrprcHatioa  de  ce  monument  ne  .-aurait  plus  ollrir  la  moindre 
dinicullé. 


'W^:rrW^-^^'^^W^\ 


RRO  SALVTi.- 
.;pCAESAR!5-CERMN-  , 
g.îipCERMANIÊ  ■  A/GVST 

ippAÇVS-MAIAV^(^  ; 


o /"tf/  —  - 

£c/i.e//e  Je  0',"û8  jiar  l'ïcà-t 
Fig.  3. 

PROSALVTE-  I  CCAESARIS  •   GERMAN-  [ 
F-GERMANICI  AVGVST-  |  PAGVS- MATAVONICVS- 

V)'0  sainte  Caii  dcsaiis  Gcirnctnid,  fUii  Germanid, 
Aiiijiisti  Pagiis  Matavonicus. 

les  médailles  de  cet  empereur  prouvent  que  le  sénat  lui  conféra  le 
surnom  de  Germanicus  à  la  suite  de  sa  ridicule  campagne  cnnt-e  les 
Germains,  que  Suétone  a  si  bien  dé(  rite  au  chopiire  cm.iii...  de  la  Vie  de 
cet  empereur. 

La  pierre  est  en  caliairc  de  la  localilé.  Elle  a  O",»^  sur  O^^GI  de  lar- 
geur; elle  est  couronnée  par  une  corniche  de  0°',20.  Ce  curieux  mo- 
nument n'a  pas  été  découvert  dans  la  haii-se  de  l'iglirc  du  lieu,  comme 
l'assure  Papon  ;  il  occupe  encore  la  même  place  qu'il  a\ait  lorsqu'il  fut 
trouvé  par  M.  Gérard.  Il  est  encastré,  sens  dessus  destous,  sur  le  pare- 

1.  Caite  archéologique  du  di'pnrtemrnt  du  Var,  Toulon,  1873,  p.  13. 

m"  siiiiiE,  T.  II.  —  Il 


|5i  i«K\ii:   viiciiKOLor.iyuK. 

nuMit  .l"iin  iiiiir,  au  bas  de  l'unglc  S.-O.  ilo  la  inaiicn  Ci^iard.  si.-e  le  Umg 
de  la  ruo  du  Saiiil-K«i>rH,  i\  ('.aba>si'. 

1,'iuiporl.uiri'  do  vc  moimmeul  dcui  .udorail.  cf  nous  semhlp,  qu'il  fflt 
acquis  pouriMn*  conservé  quelque  pari,  ri  de  préféreiuc,  dans  la  localité 
mOme;  car  il  peut  iMre  vendu  A  des  étrangers  ou  nii*uic  îltre  détruit  par 
ijinorancc  ou  par  malveillance;  cela  s'csl  vu  ailleurs,  à  Fréjus,  par  exem- 
ple. 

(h)  Pans  co.  uuhuc  eimeliôre  se  trouve  un  petit  autel  volif  qui  ser- 
vait autrefois  de  piédestal  ;\  une  croix.  Ce  monument  a  l^.iJO  de  liaut  sur 
O^jiD  X  0'»,;i'2  d'équarrissage.  Comme  à  l'ordinaire,  il  est  décoré  d'une 
corniche  de  O^.IO  ;\  son  couronnemenl  et  d'une  autre  de  0"n,20  i  sa  base. 
Le  foyer  supéiienr  a  (("".IS  X  O^jlS  sur  (>'",<>H  de  profondeur. 

L'instrijuion  suivante  est  gravée  sur  l'une  des  grandes  faces  : 


MR-  I  M-IVLIVS-  I  lANVARIVS-  |  V  SL 


M' 


M.  II.  Mardis  Julius  Jauuarius  votum  suivit  lihens  mcrilo. 

La  divinité  à  laquelle  le  vœu  est  adressé  étant  inconnue  cl  représentée 
par  les  deux  >igles  M  et  R,  on  ne  peut  que  faire  des  liypotliè.<es.  Ici  il  est 
inQniQunl  probable  que  la  première  lettre  M  est  l'initiale  du  nom  de 
la  divinité,  tandis  que  la  L-cre  R  doit  élre  liniliale  de  s-tn  surnom.  On 
sait,  en  edel,  que  les  dieux  topiques  des  Gaulois,  U-rsquils  furent  rapporlTs 
à  la  mythologie  romame  sous  Auguste,  empereur  et  grand  pontife,  durent 
pren.iie  un  surnom  pour  le:-  distinguer  d<  s  types  romains. 

On  sait  au.^si  qu'un  Uouvailsur  le  parcours  des  voies  romaines  de  noni- 
breu.x  temples  et  autres  lieux  de  dévotion  où  le  dieu  .Mais  était  le  plus 
souvent  adoié,  et  chaque  fuis  avec  un  surnom  uilVérent.  C'est  ainsi,  par 
exemple,  que  sur  le  littoral  des  Alpes-.Maritimes  on  avait  : 

Murti  Ulloudiu,  Marti   yiulio,  Marti  Vtmciwlo,  etc. 

Dans  la  commune  de  Sainl-Andéol-en-Quint,  prés  de  Die  (Drôme),  il  y  a, 
au  hameau  de  Sainl-Klieime,  un  autel  votif  encastré  dans  un  mur,  lequel 
fut  érigé  au  dieu  .Mars  lludianus.  Kn  voici  l'inscription  : 

DEO  MARTI-  '  AVG  I  RVDIANO-  |  CVRaTOR  |  ES 
CVRAVER  I  VNT  • 


Si  ce  m'jnument  était  plus  rapproché  de  Cahasso,  les  initiales  de  rioire 
autel  conviendraient  à  ce  Mnra  liwlianus.  Il  y  aurait  lieu  de  faire  quel- 
ques recherches  dans  le  pays  pour  9'a^surer  si  un  n'y  rencontrerait  pas, 
quelque  part,  un  quartier  portant  le  nom  de  .Marti,  de  .Martin,  de  Saint- 
Martin,  etc.    '--ar,  sur  iii\  localités  où  l'un  de  ces  noms  ou  tout  autre  ap- 

1.  I,.i  1<  lire  I.    lyii  'l'C  -wiiiuiiiléi;  d'un  I. 


Mll.l.l.MllKS    DK    CONSTANTIN    I.K    (.ll\Nlt.  155 

profilant  est  altach(^,  il  y  vu  a  la  iiKjilii'  au  iiiuiris  (jui  rappcllcril  le  culle 
du  (iii'u  .Mars. 

I,a  divinité  dont  il  s'uj^il  itouirail  encore  (Hic  Mercure,  Minerve,  etc. 

lùilin,  il  pourrait  bien  se  faire  aussi  que  celte  diviuiié  représentée  par 

M'   R"   fût  un  dii'U  topique  gaulois,  tel  que  Matavonicus  R A  Grasse 

il  y  a  une  pierre  votive  ;\  une  divinité  celtique  du  norn  de  M-ij'irrus.  Href, 
il  e^t  à  ciaindr(;  qu'on  ne  piiis^^e  sortir  des  liypollirsej  si  on  ne  i)arvienl  à 
découvrir  un  autre  Icxle  l'pigrapliiqne  où  les  noms  de  la  divinité  ne  se- 
raient plus  abrégés  et  auraient  les  mûmes  lettres  initiales. 

Au  cas  où  ce  petit  momnuonl  serait  inédit,  couunc  j'ai  tout  lieu  de  le 
croire,  je  me  ferais  un  plaisir  autant  qu'un  devoir  d'en  reporter  l'hon- 
neur aux  savants  on  compagnie  desquels  je  l'ai  rcdevé  et  de.-siné  le  12  cc- 
tobre  dernici,  .MM.  Léon  Palu.-lre,  président  de  la  Société  fiançaiic  d'ar- 
chéuIo;:ie,  Héron  de  Villefosse,  conser\aleur  des  Antiquités  grecques  et 
romaines  du  musée  du  Louvre,  et  l'abbé  Tliédenat,  de  Paris. 

J.  I'.  i;. 


Loin  i:\ui:uii:  i)'i:tain 

i)A.\S    l/.WTinriTÉ 

(siiTi:)  '. 


Il  serait  difficile  de  connaître  la  mntière  dont  était  fait  le  premier 
calice,  celui-là  inèint'  i|iii  scrvii  à  Jésus  loi's  de  la  Céiie.  Il  n'est  pas 
non  plus  f icile  d(;  dire  la  niiliére  dont  étaient  composés  les  calices 
que  les  apôires  employaient  pour  dire  la  messe. 

S'il  faut  en  croire  Honorius  d'Autun  -  les  firomiers  calices  furent 
de  simples  vases  de  bois  ;  celle  assertion  est  combattue  par  l'ellicia^ 
elpar  Moroni  S  qui  croient  qu'ils  furent  en  verre.  Leur  opinion  a  élé 
égalenunl  contredite;  mais  les  contradicteurs  n'apportent  pas  plus  de 
preuves  à  l'appui  de  leur  propre  dire  (jue  ces  deux.  tbéoloL,'iens  n'en 
ont  fourni  pour  établir  le  leur.  Ces  contradicteurs  se  sont  contentés 
d'txposer  qu'on  ne  pouvait  en  rienaflirmerde  quelle  matit're  furent 
fabiiqués  les  premiers  calices''. —A  notre  sens,  étant  donnée  la  i)au- 

1.  V.  la/{e(.Mff,  t.  XLIII,  p.  226-237,  cl  n»»  de  janvier  fc^vricr,  mnrs-avril  1S83. 

2.  Gctiimu  aniniœ,  lib.  I,  cup.  Lxxxiv.  P;itrologie  laiiue,  collcclioii  Mit^iic,  t.  172, 

p.  57/1. 

3.  Aurcliiis  Pellicia,  De  hri^tionœ  cecde^ia'  iirinur  mcilirp  rt    tiimisim<r  polilia 
librisei.  Cologne,  1829,  2  vol.  in-«,  toiii»!  1,  lib.  Il,  cap.  vu,  S  1,  p.  tVi. 

û.  Dizionario  (it  erudizwne  shricu-ecclesiastfiii.  V"   dilice. 
5.  Boiia,  De  ichus  itturgkis.  Pans,  1075,  in-/i'',  p.  29,'i. 

Krazcr,  Dr  aiiostolicis  tiu:  non  Ecclesiiu  occidcntalts  liturgiis.  Aiigustii  N  indclicor. , 
17(J0,  iti-8",  p.  11*7  Cl  200. 
L'abbù  Go'lard,  (JourK  il'iiiiMoloijii!  %acri!c.  P.iris,  ISj.'i,  2  vol.  grand  in-8',  t.  Il, 

p.  23b. 


l/oill'KVIlKltlK    n'iVlAIN    l)\NS    I,' WTIiiUITi';.  1')" 

vrii('' (le  Ji'r^iJsetdescsdisciples,  lo  (■..ilifiMpii  scrvilii  l;i  Crue  ne  ilcv.'iil 
pas  (^(ic  III  Miatiric  |irrci('Uso  '. 

[.(',  vi.'iTi',  li;  bois,  coiiiinc  l(!  hroiizc,  le  cuivr».'  ou  rélairi  iiirrrif. 
pouvaient  élre  employés  en  l'alesliiu!  pour  it!S  vases  usut;l.s  dans  les 
repas.  N'est-il  pas  dès  lors  vraisemblahle  (juc  l'une  ou  i'aiiti'e  de  ces 
maliéres  soit  entrée  dans  la  confeelion  du  premier  calieo? 

Les  apùlres,  en  se  dispei'sant  à  li'aveis  le  monde,  en  Occi- 
dent, alors  centre  de  la  civilisation,  comme  dans  les  pays  les  plus 
barbares,  durent,  suivant  les  ronliées  et  selon  les  re>sourcesdont  ils 
pouvaient  disposer,  se  servir  de  matières  ditlercntes.  11  y  a,  dans 
tous  les  cas,  un  fait  certain,  c'est  que,  même  au  lemps  des  plus 
rigoureuses  peiséculions,  les  objets  du  culte  ont  été  très  souvent  en 
malière  précieuse  -,  en  Italie  du  moins  ;  car  dans  les  pays  barbares 
nous  reirouvons,  à  toules  les  époques  de  l'anliquité  cbrélienne, 
l'emploi  pour  le  culte  des  maliéres  les  plus  diverses. 

Ainsi  au  ni''  siècle  le  pape  Zépliirin  prescrivait  l'usage  de  patènes 
de  verre  ^  et  Sévèiiniis  Hinnius,  commentateur  de  sa  vie,  déclare 

1.  lienoit  XIV  (De  satrosnncio  missœ  iacriflcio;  Oij:ra  omnh;,  t.  VIII,  p.  12;  l'rato, 
18/(o,  17  \ol.  in-4°)  cite,  en  la  discutant,  l'upinion  d'in  certain  Jean  Dongtlieus, 
protestant,  qui  est  de  l'avis  de  Kiazcr  et  de  Bona. 

Diver.'^cs  opinions  ont  été  émises  sur  le  calice  de  la  Cène  par  les  théologiens 
dana  leurs  discu>sions  liturgiques  :  mais,  comme  elles  ont  loutes  été  présentées  ians 
preuve  aucune  b.  l'appui,  nous  avons  pensé  qu'il  fallait  les  mettre  de  côté  (voir 
entre  autres,  pour  la  description  du  calice  en  question,  Faj;undez,  Tractatus  in 
qumqw  ecclemoe  prceceptn,  lib.  III,  cap.  xxi.  Lyoïi,  1026,  in-fol.) 

2.  L'abbé  Martigny,  Dictionnaire  des  antiquités  clirâti^mia.  V°  Calice. 
Prudeut,  Péri  .stejj/itmon.  Collection  Migne.  t.  LIX,  p.  3^0. 

Grégoire  de  Tours,  Dr  fjlorin  marti/rum,  cap.  xxxviii.  Paris.  Ruinart,  1G99,  in- 
fol.,  p.  892. 

Pierre  Lebrun,  Explication  littérnle,  hidorif,ue  ci  dnjmalifjuc  des:  pvii-res  et  des 
ccremonies  de  la  mess/'.  Paris,  1077,  k  vol.  in-8%  t.  III,  p.  .'iS. 

Dom  Martèue,  De  antiquis  Ecclesiœ  rilibuf.  lioua  i.  1700,  3  volumes  in-i",  tome  I, 
page  30G. 

Du  ^aussay,  Panoplia  sncerdotali<.  Paris,  1G53,  3  vol.  in  Toi.,  t.  I,  p.  199. 

3.  Bona,  op.  cit.,  p.  235. 

Benoit  XIV,  op.  et  lac.  cit.,  p.  12. 

Grandcolas,  L'ancien  sacrameninire  de  l'Eglise.  Paris,  1G99,  in-8",  p.  9'i. 
Saint  Thomas   d'Aquin,  Surnma  theologica,   pars  III,   quœst.  83,  art.  III,  ad  0; 
Opéra  omnia.  Paris,  1882,  t.  V,  p.  521. 

Baroiiius,  Murtyrologimn  Romunum.  Rome,  JG30,  in-fol.,  p.  3S5  ;\  387. 

Laymann,  Opéra.  Lyon,  1G81,  in-fol.,  lib.  V,  tiact.  V,  cap.  vi.  p.  12. 

L'abbé  Martigny,  v.  Calice. 

Moroni,  v.  Calice. 

Bartliolûmaeus  Gavantus,  Thésaurus  .wcroruni  ritiium.  Venise,  IGJl,  in-Zi",  p.  C8. 

.Aurcl.  Pellicia,  op.  et  lor.  cit..,  p.  lr^!^. 


15K  HEVUE   AnClIKOLOGIQUR. 

posiliviMiii'iU  «itio  les  cnlires  i\  c»;ltc  ôpoijuc  cl3i(Mil  niisi  en  verre  ". 
Noms  n'avons  |i:is  n  (Mitrer  ici  (l:ins  riii>l()ir('  tlos  (•;ilicos  de  verre  ou 
(le  touli'  autre  niaiière.  Il  nous  siifUra  il(!  din'  ijne  l'ti^ape  du  verre 
fui  bienlôl  proliibô  à  Rome    . 

Dans  les  pays  du  nord  d  Is  (|ue  la  (îerinanie,  la  fiaule  cl  la  Ure- 
lagne,  les  premiers  calices  furent  sans  doute,  comme  ceux  des 
apôtres,  en  matières  (liiïi'rontes,  Hien  n'est  toutefois  venu  nous  le 
démontrer.  Mais  les  textes  et  les  doçumtMds  n'Iatifs  aux  siècles  sui- 
vants, et  (jue  nous  allons  citer,  mentionnent  des  usages  cpii  de- 
vaient évidemment  dater  d'une  époque  antérieure.  Dans  tous  les 
cas  ce  n'est  ipi'à  partir  du  m"  siècle  tjiie  nous  avons  iiueliiues 
preuves  ;\  invoquer. 

Et  d'abord  les  paroles  si  connues  et  si  souvent  citées  de  saint  Bo- 
niface,  évétjue  de  Mayence  :  «Autrefois  les  prêtres  étaient  d'or  et 
les  calices  de  bois,  maintenant  les  prêtres  sont  de  bois  et  les  calices 
d'or^M,  prouvent  l'existence  des  calices  de  bois.  La  vie  de  saint 
Benoît  d'Aniane,  écrite  par  son  di,-ci[)le  Ardon,  nous  apprend  que 
le  saint  offrait  le  saint  sacrilice  de  la  unisse  dans  un  calice  de  bois  *. 
Mais  un  synode  tenu  à  Houen  en  1074  en  proscrivit  l'usage  pour  le 
nord  de  la  France  ^. 


1.  Labbe,  Sacr-ysancta  concilia.  Paris,  1671,  grand  in-folio,  lomn  I.  p.  002 
et  603. 

2.  WitUafrid  Strabon,  De  rehiis  eccleuuslicis-,  cap.  xxiv;  reproduit  dans  le  De 
divinis  E'clt'sur  of/tciis  d'Hittorp,  ColoÎ5'ne,  15G8,  in-fol.,  p.  'ilO. 

Bartholomaeiis  Gavanlus,  Dp.  cit.,  p.  08. 
Saint  Thomas  d'Aquin,  lac.  cit..,  p.  521. 
Krazer,  iW.,  p.  197. 
Laymaiin,  iV/.,  p.  12. 

3.  Durant!,  De  ritihus  Ecclesitr  cnlltnUcœ.  I\ome,  1."j9I,  in-8",  p.  51. 

D'icret  de  Grntien.  I.yon,  1500,  infol.,  pars  lit,  De  conseci  atimie ,  dist.  I, 
p.  18C2. 

Wallafrid  Strabon,  op.  cit.,  p.  410. 

1/atjljû  Barraud,  Note  sur  la  cnlires  rt  let  /irilrnc\:  nul/clin  monumentaly 
t.  VIII. 

Bona,  loc.  cit.  p.  255. 

Laymann,  loc.  cit.,  p.  12. 

L'abbi-  (jodard,  Conri  d' nrchéolofjie  sacnfe,  p.  230. 

û.  Dom  Martine,  De  antic/uit  monw^horum  ritibus.  I.you,  IG'JO,  in-.'!",  p.  231. 

A'tit  \finctoriiiii  in  XTCiil>ruin  classes  di\lritjut(i,  sfuculuin  IV,  pars  I.  Paris, 
1677,  grand  in  foli'),  p.  19S. 

L'abbé  Godard,  Cours  d'nrnhdologie  snrrtfe,  lor.  cit. 

Krazpr,  o/y.  et  lor.  cit.,  p.  198. 

'.     I  iitib»;,  fiiirrnsnurta  cnriliii,  tomr"  X.  p.  310  ;\  312. 


i.'(iitii:viirnir,  i»'i;t\i\  t)A\s  i.'\\tioi:iti':.  150 

Le  verre  servit  niissi  en  Bretagne  '  cl  dans  les  Gaules  K  Saint 
rirégoirt!  de  Tours'  et  Floiloard  '  le  rapportent  dans  leurs  chroni- 
(|ues,  toutes  deux  coiileniporaiiics.  Nous  en  avons  encore  d'autres 
léuioignages  dans  la  vie  de  dillï-rents  saints,  et  notamment  dans 
celle  de  saint  Benoît  d'Aniane  dont  nous  venons  de  parler  ». 

f.a  corne  était  e:ii|)loy(^e  en  Norw(\gfi  •-.  Son  usage  fut  probable- 
ment de  peu  de  durée,  car  le  concile  de  Calcliut  tenu  en  Angleterre 
en  8;}7,  sous  le  pape  Adrien,  la  prohibe  en  ces  termes  :  «  Nous  dé- 
fendons de  fa]iii(|uer  des  vases  sacrés  avec  de  la  corne  de  bœuf, 
parce  (jue  la  cocm'  est  f.iito  de  sang»  'no  de  cornu  bovis  rali.r  aut 
patenn  finri  n'I  mcrificandum,  quod  de  sanguine  sunt]  '.  On  en 
usa  égaieuient  dans  les  Gaules,  ainsi  que  le  prouvent  l'histoire  du 
roi  Hobert  le  Pieux  '^  et  une  charte  de  Philippe-Auguste  de  1180  ^ 

La  pierre  l'ut  aussi  adoptée  pour  la  confection  des  vases  sacrés. 

1.  Dom  Martriio,  Ih-  mitirjuis  mnnachorum  rilUnis,  loc.  cit.  Il  parle  des  moines 
do  Winocli  qui  encore  au  x"  siècle  se  servaient  de  calices  en  verre.  Voir  sur  le 
môme  sujet:  l'abbé  Godard,  Cours  d'archéologie  sacré';,  t.  Il,  p.  240;  Krazor,  op. 
et  Inc.  cit.,  p.  197. 

Suri  us  {De  prohntis  sanclorum  historiis,  6  nov.,  Saint  Winoch  t.  VI,  p.  131)  raconte 
le  miracle  d'où  serait  né  l'usage  du  calice  en  verre  chez  ces  moines.  Un  diuianche, 
il  n'y  avait  pas  de  calice  pour  dire  la  messe;  on  prit  alors  un  vase  en  verre  cassé, 
on  le  lava  et,  p<.>ndant  qu'un  frî;rc  le  rinçait,  il  se  ressouda  de  lui-niôme.  L'on  s'en 
servit  toujours  depuis  pour  célébrer  le  saint  sacrifice. 

2.  iMabillon,  Vefer.i  onnleda.  Paris,  167G,  U  vol.  in-8°,  t.  II,  p.  241. 

Saint  Jérôme,  Patrologie  latine,  collection  Migne,  p.  1085.  Lettre  ù  Rusticus  sur 
Saitit  Exu/jére  de  Touloiae. 

3.  Grégoire  de  Tours,  De  f/loria  martyrum,  cap.  xxiv,  p.  775. 
De  mirnculis  sdncti  Martini,  lib.  LV,  cap.  lv,  p.  1121. 

h-  Dom  Guiil.  Marlot,  Metropolis  Remensis  historia,  d'après  Flodoard.  16GG, 
2  vol.  in-fol.,  t.  1,  p.  370. 

5.  Haronius,  Martyrologium  Romanum,  7  août. 
Grancolas,  L'ancien  sacrementaire,  p.  9/j. 
L'abbé  Godard,  Cours  d'archéologie  sacrée,  p.  239. 
L'abbé  Martigny,  v.  Calice. 

Benoît  XIV,  De  sacrosaucto  missœ  sacrificio,  loc.  cit. 
Pellicia,  cp.  et  loc.  cit..,  p.  144. 

6.  Bartholinus,  De  medicinn  Donorum  domatica,  Ilairniae,  1666,  in-12,  p.  343. 
L'auteur  nous  dit  que  le  calice  y  fut  fait  à  l'origine  en  forme  de  corne  et  qu'il  en  a 
vu  de  semblables. 

7.  Mar.si,  Sacroriim  concilio>-um  nova  collectio.  Venise,  1778,  t.  XII,  p.  952. 

8.  Collection  des  historiens  de  France.  Paris,  1818,  imprimerie  royale,  t.  X, 
p.  106.  Helgaud  scripsit. 

9.  Du  Gange,  Glossarium  mediœ  et  infi;iCB  latinitalis  (v.  Cochlearj-.asserebat  sibi 
a  priore  paredi  deberi  scgplium  corneum  cum  duobus  cochleariis  corneis  (ex  char- 
lulario  Cluniacense). 


1("»0  IIKVI  K    AUClIKOLOCInli,. 

Aprt^s  avoir  v.i  s.iint  Tliroiioii'  rarcliim.iiilnii'.t'ii  Oiiciil  \  coiisarrer 
dans  un  caliro  do  inarhrc».  nous  ivlrouvoiiN  m  (hciiltMil,  dans  I03 
pays  i|ui  nous  ocrupent,  l'emploi  frt'(|U(Mit  do  calicos  on  onyx, 
vu  sir  loint',  l'n  criflal  do  locli'  et  i^énéral  incnl  vn  piiun'sdo  prix  -. 

I^a  faieiiCL',  II'  ('«livie,  le  ploiih  s«;i  vin'nl  d»;  nit'^uie.  si  l'on  en  croit 
les  coieiles  piohiliiiifs  ilo  lleiins  el  de  Tiihur  \ 

Tout  C''  (lui  préci  de  déinoiilie  lonc  t|ue  les  «liverses  in;itii'rfs  ipie 
noU'«avoi>;  iiidi(juées  en  coninictiçanl  fiiri'iiUMiipioyi'îes  daîis  le  nord 
de  l'Europe  pour  li  confeetion  des  vases  sacrés.  Ce  ne  fui  tpi'au 
x°  siècle  qu'elles  disparurenl,  à  rex(e[ilion  de  l'or,  de  rarj,'enl  et  de 
l'ùlain  *. 

L'tlain  dut  clie  euiploy/'  à  la  faluicalimi  des  ("alices  el  des  patènes 
dès  les  pieuiiei's  temps  de  rEj,'iise  aussi  bien  que  les  autres  matières 
dont  nous  venons  de  parler  sommairement.  Nous  ne  trouvons  pas,  il 
est  vrai,  de  texte  plus  ancien  ijue  celui   du  concile  de  nciin>"'   qui 


1.  Sorius,  Ih'  pntlj'itis  snnclonim  /listoi-iis.  ColoniîP  Agrippinœ,  !578,  in-fol., 
22  avril,  t.  Il,  p.  8i2. 

2.  BoiKi,  Df^  teùiii  /j/ioyic/v,  p.  250. 

.\bbé  Gareiso,  i Archéologue chrétinn ,  t.  I,  p.  207. 

Mabillon,   Vetern  annlectn,  t.  Il,  |t.  S'il. 

Lehfiif  [Mémoires  conceriinnt  l'hftoire  civile  et  eccléiinslifine  d'Aujrerre.  Paris, 
1868,  2  vol.  in-4%  t.  I,  p.  t39^,  à  propos  de  la  vie  de  saini  Didier,  dix-iieuvit''me 
évolue  d'Auxprri',  raconte  !i;  don  <|iin  Ut  la  roine  Brunch  lUt,  en  l'année  002,  à 
l'égiisi'  d'Auxcrri',  d'un  tn-s  beau  caliic  en  onyx  garni  dor. 

L^-o  0-iicnsi<s,  CUronica  sacrimonuslvrii  Cussinensis.  l'aris,  lOGR,  in-fol.,  p.  û2t. 

3.  I.abbe,  Sncrosanrtn  concilia,  t.  IX,  p.  û51;  t.  I,  p.  002  et  003.  —  Man-i, 
Sncrorum  conciliorum  nova  collectio,  t.  XXII,  p.  844.  —  Grancnlas,  op. cil.,  p.  9.'i 
et  95.  —  Baronius,  op.  el  toc.  cit.,  p.  380.  —  Bona,  «/.,  p.  250.  —  Laymann,  »</. , 
p.  12.  -  Héginald,  Pénilentie/,  2  vo'.  in-fol.,  Mayence,  1022,  t.  I,  p.  559.  —  Kra- 
zer,  oji.  et  Ion   cit.,  p.  199.—  BarihoioinaîusGavanlus,  fV/.,p.  08.  -  Mofoni,v.  Calice. 

4.  Ivo,  Decretiiui,  Loiivain,  15G1,  in-foi.,  p.  78.  —  FaRiindcz,  Trnctatm  in  quin- 
quc  Ecclesiœ  }>rœ  eptd,  lib.  lil,  cap.  xxi,  Lyon,  1020,  in-fol  ,  p.  10.  -  Décret  ite 
Grattcti,  toc.  cit.  —  Cardinal  de  Lngo,  De  ■iacrumeuto  Knc/uinstifr.  Lyon,  1652,  in- 
foL,  ji.  530.  —  On  Saussay,  l'aii'>j)'ia  sactnlutoli--,  toc.  cit.,  p.  199. 

Casait,  De  vetirilmt  .smr  s  c/irislianorum  iitihus.  Home,  1047,  in-fol  ,  p.  ?6. 

Aver-a,  Df  F.uchnristiœ  sncrum'uto.  Bologm-,  l('.'i2,  in-^i",  p.  275.  —  Bona,  op. 
et  loc.cit.,  p.  250.  —  Krazer,  |V/.,  p.  ll"J.  —  Héginald,  ni.,  p.  559.  —Saint  Thomas 
d'Aquin,  irt.,  p.  522. 

5.  Ce  conci  e  aurait  eu  liiu  en  803  ou  813,  sous  ii'  pnpo  Li'on  III  (Avt  rsn,  />  • 
Euchttristiœ  incrnmento,  p.  275  ;  Lavmann,  p.  12;  IU'i;inal(l  ;  p.  559.  Bartli  lo 
meus  Gavantu»,  Thvinuius  isacrorum  rituuin,  p.  08;  saint  Thoma»  d'A'piin, 
Summn  Itieoloyica,  /oc.  cit.,  p.  571  ;  Grancolus,  h'nnciri  sncrameiitaiie,  p.  05)- 
Locardii;al  B^na  houlicnl  d'auire  part  qu'il  ne  fut  pas  qunBlion  de  vnses  sacrés  au 
concile  d«-  Ilciuis,  mais  dans  une  autre  réunion  d'évôqucs  de  cette  mémo  époquo, 
dont  il  II'  préciic  ni   h-  lieu    ni  In  'Iule  IHc  (tAuv  lilurf/ici.f,  /<>'•.  cit.,  p.  05).   Ci  si 


i,"()iu'ï;vni.iiii:  1)1  r\iN  i>\N'  i.  AMiorni':.  161 

fasse  iiiciilidii  (It;  rr-tain  ;  iiéaiiinoiii^  ce  (IdciniiL'iil,  joint  aux  |.io- 
piii'lt''-  sanilair('<  du  iiit'lal,  nous  permet  ifalliiaiicr  (|iii-  <lrs  |f  roiu- 
iiu'iiiciiu'iil  (lu  'jliiislianisuK!  l'élain  lui  aduiitè  à  l'fgal  (k-s  aulres 
rnali.'ics.  Les  cnucilcs  [iroliilùlif-i  que  nous  /'l'idicioris  plus  loin 
viciidittnl  u'aiileuis  nous  fournir  di^  nouveauv  arguinenls  à 
raiHiui  de  l'usa-^c  de  ['("ïlain  dms  la  fahric  ilion  des  ol-j  ts  du 
eu  Ile. 

Mais  avant  de  Irailer  (l»^s  calices  en  étain  nous  voulons  d'abord 
exiili>|U'  r  cr  ([u'élaienl  les  calices,  leur  rôle  et  leur  forme  dan^^  la 
priniilive  Iv^lise. 

Les  calices  en  dehors  de  ceux  d'un  usage  evliaordinairc  S  p'tu- 
vaientse  réduire ù  truis  soiles. 

D'abord  le  calice  du  célùbranl.  Il  e^t  toujours  à  peu  près  de  la 
ni^me  forme;  les  (rois  données  suivantes  en  fournissent  le  principe  : 
coupe  plus  ou  moins  évasée,  un  nœud  ou  une  ti|:e  au-dessous  et 
enfin  le  pied  -.  (Juebjucfois  on  y  adaptait  des  anses,  comme  le  mon- 
trent les  monnaies  de  Uagobert  et  de  Caribert  '^  d'où  la  preuve 
qu'en  Gaule  aussi  bien  (ju'à  Home  on  se  servait  des  calices 
anses. 

Puis  venaient  les  calices ///////i/rVfV/.s  '  (ministeriales).  On  enten- 
dait par  là  ceux  dans  lesquels  on  versait  le  vin  consacré  pour  faire 

en  vain,  en  i  IVet,  qut;  nous  avuns  clierclié  le  concile  qui  nous  occupe  dans  les  recueils 
de  Labbe  et  de  Mansi.  L'histoire  de  Reims  pur  Flodoard  {Histoire  ceci é ■uns tiquf^ 
de  l\enn<!,  publiée  par  l'Académie  de  Reims,  ISJ.'i,  3  vol.  in-8y  n'en  fait  pas  plus 
mi'niion  ((ue  celle  de  Marlot  {M'^lropoiis  Renie>i\is  historia  d','  Dom  Guill.  iMarloi; 
Insulis,  lOGO,  2  vol,  in-fol.).  Ce  dernier  auteur  pense  avec  Bnna  que  le  canon  dont 
s'agit  émane  d'un  concile  d'une  autre  ville.  Knfin  Sirmond,  dans  ses  Concilia  antiqici 
Galliir  (Paris,  ltj2y,  3  vol.  in-fol. ),  cite  bien  un  cuncile  de  Reims  tenu  en  813,  sous 
Cliarlemagne,  mais  aucune  des  dispositions  édictées  par  ce  concile  ne  s'applique  ain 
vases  sacrés. 

1.  On  pourrait  classer  dans  cotte  espèce  de  cahces  les  calices  baptisn:anx  'abbé 
Barraud,  op.  cit.,  p.  2). 

2.  L'abbé  Texier,  Dictionnaire  d'orfèvrerie  citrétienne,  v.  Calice,  p.  300. 
L'abbé  Barraud,  Sottcesur  les  cuticus  el  les  patènes.  Gain,  18i2,iQ-8,  p.  li. 

3.  Leblanc,  Traité  liisloriqur  des  monnaies  de  France.  Taiis,  1090,  in-ijo^  p.  39, 
i2  et  50. 

Bouteroue,  Recherche'^  curieuses  des  monnoi/es  de  Fronce.  Paris,  109C,  in-fol., 
p.  251-253. 

Mabillon,  De  azymo  el  fermentato,  c.  vni.  Paiis,  lG7û,  in-S",  p.  71. 

ù.  Du  Gange,  Glossaire,  v.  Calice. 

L'abbé  Mariigny,  v.  Calice. 

Du  Saussay,  l'anoplia  sacerdotalis,  lib.  Mil,  r.  mv,  art.  2. 

L'abbé  ïexier,  v.  Calice. 

L'abbé  Barraud,  op.  cit..  p.  2,  12  et  13. 


102  l\FVtK    Anr.HKOl.OOlQLI-'- 

communier  ensuite  los  lUh'Ios.  Ils  »''iaicnl  quelquefois  ronsidérahles 
et  aval  -ni  en  gt^néral  des  atisc-:,  pour  piMmi'Itic  aux  prôlrcs  el  aux 
iliacres  de  les  porter  plus  faiijenient  •. 

Kn  trt)isième  liiu  il  faut  citer  les  calices  doi  iiiinciitalimi  -.  (ieux- 
ci  étaient  énormes,  (lliarlemaj^ne  en  oITiil  un  à  la  liasilique  de  Saint- 
Pierre  qui  pesait  iiS  livres',  ils  avaient  prcsipie  tous  aussi  des 
anses,  qui  servait-nt  à  les  suspendre  au-de«^sus  ilc  laiiii-l  au  moyen 
de  chaînes  '. 

On  distinguait  encore  parmi  Us  calices  les  majores'  el  les  minores  •"', 
désignés  ainsi  d'après  leur  grandeur,  et  (in  appelait  caltvcs  offer- 
torii'  les  coupes  dans  lesquelles  les  cliréliens  faisaient  leurs  otTraiides 
à  ré},'lise. 

Aux  premiers  siècles  du  christianisme,  la  communion  était  disiri- 
liuée  aux  lidéles  sous  les  deux  espèces.  Le  pain  consacré  était  con- 
servé comme  nous  le  verrons  plus  tard  ilans  dilTérents  objets,  tandis 
que  le  vin  était  mis  dans  les  calices  ministériels  \  Quehiuefois  il  y 
avait  plusieurs  de  ces  calices  sur  l'autel  ". 

Mais  là  se  pose  une  question. 

Comment  le^  fidèles  puisaient-ils  le  vin  dans  les  calices  minislé- 


1.  Du  Canpe,  vide  ttupro. 
L'abbé  Texier,  id. 

Annules  hénédictines,  t.  II,  p.  453. 
Labbé  Barraud,  op.  cit.,  p.  2, 13  et  suivantes. 

D.  yïihiUon, Musœilt'ilici.  Paris,  172i,  in-ii";  urdo  I,  n'  10,  p.  12;  ordo  II,  w"  10, 
p.  6S;  ordù  Ut,  n"  15,  p.  58. 

2.  L'abbé  Barraud,  op.  cit..  p.  2. 
Du  Caiige,  v.  Culicc. 

3.  Anasuse  le  Bibliotliécaire,   Liber   pontificnlis.  —   P&trologie   Mignc.    Vif  de 
Léon  111,  t.  CXXVIII,  p.  1218. 

.'j.  D.  Mabilloii.  />■•  azymo  et  fermentato,  c.  viii,  p.  72  et  suivantes. 
L'abl)t5  Barraud,  up.  cit.,  p.  2. 

Anastase   h'.  Bibliothécaire,    Collection   Migne,   Lil»'r  pontificalis ,  t.   CXXVIII, 
p.  1311. 
5.  Du  Cangc,  v.  Cnlicf 
Abbé  Texiir,  V.  Calice. 
Abbé  Martigny,  id. 
i;.  M^mes  source»  que  dans  la  note  qui  précédente. 

7.  Item. 

8.  L'abb<S  Corbloi,    Essai  (tistonque  et  iitunjKjue  sur  tes  rib'iirei.  Paris,    iu  8, 
1858,  p.  tiO. 

9.  Mubillon,  .^lufcum  llaliaim.  F'aris,  10H7,  2  vol.  in-.'j",  t.  I,  p.  320. 
AiiaMav-  1<!    Uiblioihécaire,   Ldjer  pontifinlti.    Collcctio.n    Migtin,    t.  CXXVII, 

p.  10'j7  ft  J5.'»8. 
L'abbé  Barraud,  <>p.  cit.,  p.  2  cl  3. 


i.'onFKvnF.iui:  ii'iVimn  ovns  l'antiouiti';.  i(\'i 

riris  qiKj  leur  (illi.iiciil  les  prôlres?  IMusicurs  solutionssc  préscnlent. 
F,n  pieiiii(''ro,  (Ioini(''L'  p;ir  Ici'.  Secclii  ',con.si.slorait  à  voir  dans  los 
nombreux  verres  irouvés  dans  les  calaconihes  des  calices  apparte- 
nant à  cliai|iie  lidèle  et  dans  l('S(|ueIs  on  leur  versait  (|uel(|ues 
i,'()ulte=ilu  vin  eonsacrc';.  Ainsi  serait  exjiliijurc  li  ;^Mande  i|ijanlitt'' des 
verrts retrouvés  dans  les  catacombes. 

Quehiuc  vraisemblable  (pie  jiuisse  ('dre  rettf^  opinion,  Kra/.(!i'  la 
met  en  doute  avec  beaucoup  de  jusless(! -.  II  ne  croit  pas  (jue  des 
verres  en  aussi  grande  (pianlité  aient  pu  (Mre  des  calices  privés  et 
pense  que  c'élaientplntôi  des  vases  à  boire  pour  les  re|)as  ordinaires. 
Celle  seconde  opinion  n'est  certainement  pas  moins  sérieuse  que  la 
j)remière,  et  nous  laissons  à  d'autres  le  soin  de  tranclier  la  (jueslion. 

H  existe  une  autre  explication  de  la  façon  de  communier  des  pre- 
miers temps,  donnée  par  Lindanus  "*  et  acceptée  par  l'abho  T(îxier  '. 
Cliatpie  lidèle,  au  lieu  d'un  veri'e,  aurait  eu  un  chalumeau  et  aurait 
puisé  quelques  gouttes  au  vase.  Ou  bien  le  chalumeau  se  trouvait 
adapté  et  soudé  au  calic(!,  ou  bien  encore,  simplement  mis  dans  le 
liijuide  consacré  au  moment  de  la  communion.  Du  Cange  '  l'oiirnit 
un  texte  important  à  l'appui  de  cette  opinion. 

Un  bas-relief  de  la  cathédrale  de  Monza  donne  les  dessins  d'une 
certaine  iiuanlité  de  calices  conservés  dans  le  ti'ésor  de  la  reine 
ïhéodelinde  '"'.  Ajoutons-y  les  deux  calices,  déjà  cités,  qu'on  voit  sur 
les  monnaies  de  Caribert  et  de  Dagobert.Ce  sont  là,  je  crois,  les  plus 
anciens  types  connus  de  calices. 

A  côlé  de  ces  types  nous  avons  un  bas-relief,  reproduit  par  Cnm- 
pini  ",  qui  d'après  l'abbé Martigny^  représente  un  calice  à  anses.  Ce 
vase  est  à  panse  développée,  avec  un  col  assez  resserré  et  une  ouver- 
ture de  la  largeur  de  la  panse.  Deux  anses  en  S  s'adaptent  au  centre 
de  la  panse  et  au  bord  de  l'extrémité  supérieure. 

1.  Annali  délie  scienze  relligiose,  t.  XIII.  Rome,  in-8,  I841,  p.  30  et  suivantes 
(Mcmoria  di  archcoloyia  clifistiann  per  lu  invnnzione  del  corp'i  e  /lel  culto  di 
S.  Sahiniano  martire). 

2.  Krazer,  op.  cit.,  p.  200,  notes. 

3.  Panoplia  evnngelicn.  Paris,  in-12,  p.  3'il. 
li.  V.  Calice,  Tuyau. 

5.  Glossaire,  V.  Fistula,  Canna,  Calamui  {Diaonus  lenms  fislulam  intra  caliceni, 
propinabnf  sanguinem  fidelihus  ut  quisque  admoto  ore  sugeret  de  calice  ex  alio 
fistules  capite). 

G.  Fnsi,  Miinoi'ia  délia  chiesa  Monsezc.  Mii.in,  1776,  2  vol.  in-/j°,  t.  II,  p.  78, 
pi.  IV  et  finale. 

7.  Vetera  monumenta.  Rome,  1G90,  2  vol.  in-i",  t.  II,  p.  90  et  90. 

8.  Dictionnaire  da  antiquités  chrétiennes,  v.  Messe,  p.  /jG/i. 


It.'j  i\i:vii'.  vnc.m-oi.oc.Kjfi".. 

Si  nous  quitlons  rililie  pour  vi-iur  en  Criuli»  et  fii  (Ii'iinnui»-,  à 
l'oxroplion  tlos  inriliiilos  iloiu  il  a  rli.'  (jiicslinn.  nous  lu'  iioiivoiis 
jus.|U"3ii  IX"  sit't'lo  (|ii*iiii  M'iil  lypo  dr  calice,  ci'liii  ilo  saint  Klni, 
auiicfoiN  coiiservé  à  Clielles'.  Il  tsl  IkVs  iirofoml,  mai«  devait  iMie, 
inaljjri' sa  (limonsion,  m»  raliceii'ofliri.uii.  Du  rcsli',  piMil  «.Miv  in'"^inc 
à  Paris  au  vu*  siècle  ne  coininuuiail-on  plus  sous  ]>'<  «Icux 
espiVes  -. 

Il  sérail  ilonr,  nous  le  croyons  du  moins,  prtsi|uc  im|iossiblc  de 
reconsliluer  les  objCls  du  cnlle  en  Gaule  el  en  Gernjanic  lois  de  la 
conversion  de  ces  conln^es  au  chrislinnisuic. 

Les  (juilques  textes  (|Ut'  nous  avons  ne  nous  itermelleiil  pas  de  f-iiie 
riiislori(jue  complet  des  calices  d'ëlain  à  l'oriiiinc;  Us  ^ous^ii,'nai••nl 
seuleineni  leurexiJence  à  deséponues  éloignées  lesune<=des  autres. 
Le  concile  de  Ueims  dont  nous  n'avons  pu  tio.iver  la  date  (Voir 
p.  100  proliilie,  audiro  d'Avcrsa  etde  n.iionius,  lonte  es[iéc(!do  ma- 
lièros  pour  la  confection  des  calices  différentes  de  To;,  de  l'argent 
el  de  Télain,  autorisé  seulement  pour  les  é.^lises  pauvres.  L'aulonté 
de  Gratien,  (jui  rapporte  nonseulemeiit  le  lexie  du  concile  delieiins, 
mais  cite  même  le  numéro  d'ordre  du  chapitre  (eh.  \i\  nous  parait 
également  concluanle  pour  et  iblir  raullienlieité  du  concile  et  de  ses 
décrets.  Le  cardinal  do  Lu.i,'o,  nous  ravons  déjà  vu,  n'a  pas  hésité  à 
l'accepler,  et  le  cardind  Baronius  la  considère  aussico  iimeoei  tamo. 
Dans  tous  les  cas,  les  canons  du  concile  de  Tiihur  (HOo)  >onl  venus 
continuer  ceux  du  concile  de  Iteiin-,  et  Labhe  et  Mausi  ■'  les  repro- 
duisent en  enti.  r.  Il  y  est  décidé,  comme  dans  la  iiibriiiue  de  la 
messe  ',  que   par  des  raisons  de  haute  convenance  l'or  cl  l'argent 


1.  Du  Saussay,  l'itnopl'a  sarerdotatis,  t.  I,  p.  200. 

2.  On  ne  peut  KU«*re  exactement  indiquer  l'épo(iue  de  la  disparition  do  la  com- 
munion sous  les  deux  espèces;  cet  antique  usape  tomba  insensiblL-nient  en  désuétude 
sans  qu'aucune  rt'-Rle  fùi  précisément  édicti'i-  à  cet  égard.  Cependant  le  concile 
(le  Constance  en  llilCj  et  celui  de  Bàlc  en  Uj31,  conliruiés  tous  deux  plus  tard  par 
celui  de  Trente  t-n  154J,  parlent  de  l'abolition  de  li  pratique  des  premiers  temps 
^Labbe,  S'irrosanrta  oucilin,  t.  XII,  p.  «U  et  000;  t.  XIV,  p.  SO.'i).  L'abbé  Corblet 
opine  dans  son  Esuti  sur  le*  riUires,  p.  5,  quo  l'us.ge  de  communier  sous  les 
deux  esp<''C»'R  a  duré  jusqu'au  xiii»  siècle. 

3.  Lttlibe,  Sacrosunrlu  cnHCilia,  t.  IX,  p.  'l'il. 

Mansi,  S'irrurum  i-onciliorum  nova  cottectiu,  t.  XIX,  p.  322. 

k.  Quarti,  HuOnrn  Mixttiiis  llimimi.  Rome,  107^j,  in  /)«>,  p.  173  el  suivaulis. 

S.  H,  —  l,a  rubri<|uc  do  la  monse,  dont  on  no  saurait  prénwr  l'oriRino,  fut  rédifféo 
pour  la  pn-mitre  foin,  dans  lu  l'ontillcal  imprimé  \  Hume  en  HK3.  par  Rurcanl, 
ff.altn-  de%  crémonifs  souh  le  pontitlcit  d'Innocent  VIll  tt  d'Atex.uiilr  •  VII.  —  !.<• 
papo  Pic  V  l'inst-ra  dans  lo  Missel. 


l'ouï  i;viii.mK  u  1. 1  ain   itvN>  LAMHjrm'..  <65 

doivent  ùlrc  seuls  employés  puur  les  calices,  cl  (|U(;  lor.Miiic  l.i  cdiipi! 
du  c.ilice  est  en  arKciildlc  doit  iik'^mii;  (Mrc  doicc.  Toui(,'s  h.-s  autres 
iiialièrcs.  s.iuf  l'étain,  soiil  pioliil)i''cs.  Kn  cas  de  nécessité  il  est  tou- 
jours peniiis  de  se  servir  de  ce  dernier  mêlai  '.  Ces  règles  sont  uni- 
vciscllciiicut  prescrites  par  les  tliéolo^'iiîiis  el  considérées  aujour- 
d'hui d.itis  loul  le  monde  callioliipie  cuiiiuK;  absolues. 

Au  dire  de  certains  théologiens  la  pauvreté  seule  est  la  raison  qui 
l'ail  pcrniellre  létain-  et  encore  il  faut,  autant  qu'on  le  peut,  que  la 
coupe  soit  dorée  ^.  C'est  peut-élre  pour  cette  raison  (ju'uii  r.  gl(;menl 
statutaire  des  corporalions  de  potiers  d'étain,  qui  paraît  avoir  été 
appli(|ué  avec  une  grande  sévérité,  aura  été  formulé.  Ce  règlement 
ne  iiermet  la  dorure  Je  l'étain  que  pour  les  seuls  objets  destinés  au 
culte  '. 

Saint  Iknoil  d'Aniane,  au  dire  d'Ardon,  son  historien  et  son  dis- 
ciple, se  servit  non  seulement  de  calices  en  bois  et  en  verre,  mnis 
aussi  de  calices  en  élain  ■.  Plus  lard,  en  Allemagne  cl  en  Suisse,  on 
a  eu  des  calices  d'élaln  portant  un  petit  tube  ou  siphon  p:ir  lerii^d 
les  fidèles  aspiraient  pour  communier  sous  l'espèce  du  vm.  Lin- 
danus  <>,  qui  raconte  le  fait,  a  vu  conserver  encore  un  certain 
nombre  de  ces  calices  dans  l'église  de  Boswaeirt  chez  les  P'iisons 
(Hollande). 

L'emploi  des  calices  en  élain  eut  de  nombreuses  vicissitudes. 
Tandisqu'en  France  il  paraîl  avoir  été  d'un  usage  constaul  jusqu'à 
l'époque  de  la  Révolution  ',  en  Angleterre  il  fut  prohibé  à  plusieurs 

1.  QiKirti,  Of).  cit.,  p.  173. 

Guill.  Durand,  lifitiunalc  riiviiiorumuf/i:iorui/t,  p.  18. 

Ivo,  Dec  et  uni,  p.  78. 

Carditiai  de  L>igo,  op.  cit.,  p.  530. 

Du  Saussay,  Pauoplia  sacerdotnh's,  t.  I,  p.  199. 

Aversa,  Dr  Euc/inristiw  mcratnento,  p.  275. 

Laymaiiii,  (»/'•  t-'''-)  P-  ^-■ 

2.  Marnes  sources  (lu'à  la  noie  précédente. 

3.  Fagundpz,  op.  cit.,  p.  10. 
Quarli,  Hubrica,  p.  173. 
Guill.  Durand,  Rutiouale,  p.  19. 

Aversa,  De  Euchari-iticE  sacramento,  p.  275. 

II.  Sluluts,  ordonnances  et  privilèijci  des  m'ii'res  potiers  <ré!aiii  de  Paru,  noi- 
firmes  pur  le  ro'  Louis  XllI.  Paris,  1742,  in-8%  p.  15. 

5.  .innales  bénédictines.,  sarulum  IV,  t.  I,  p.  198. 

C.  Lindanus,  Panoptia  evnngelira,  p.  3/i2. 

7.  L'abbé  B  irraud,  op.  cit.,  p.  6. 

Mgr  AITro,  Tr/iitc  de  l'administration  leinpjrcllc  da  p'troisici.  Paris,  1839,  gravî 
in- 80  p.  218. 


168  RKVUE    ARCIU^OLOGIQUE. 

reprises,  comme,  p.ir  exemple,  dans  le  conrile  dcWeslminsler'  tenu 
sous  r.irflu'vt^,|u»'  Hicli.iiil  (l('(-;inlnrlit''ry,succfSseiiiilo  saintTliomis, 
ou  il  fut  •npri'SséuR'iit  iK-fiMuIu  à  tous  Us  ^V(Vjues  de  rousacriT  des 
calices  d'ctnin.  Nous  voyons,  au  contraire,  le  concile  d'Alhi  eii  lâ'i't^, 
et  celui  de  Nîmes  en  iHol^,  laisser  tous  pouvoirs  aux  éviViues  et 
aux  priMres  jour  employer  rétiin  dans  les  cas  de  pauvreté. 

Mais  tandis  que  Icsconciles  laissaient  une  grande  lilterté,  certaines 
mesures  restrictives  étaient  parfois  prisc>  par  certains  statils  locaux, 
comme  le  prouv»'  le  texte  des  >taluts  du  diociîse  de  Sainl-Flour  rap- 
porté par  Du  Gange  '. 

En  italit,  si  les  é>lits  (léfcnlaient  l'usage  de  Télain  ils  avaient  peu 
force  de  loi.  ainsi  (jue  le  démontre  un  inventaire  du  xiii"  siècle  (|ui 
décrit  le  mobilier  d'une  église.  Cette  pièce  est  conservée  dans  Vlta- 
Ua  xacrn  d'Ugliello.  On  y  trouve  désignés  un  calice  d'élain  avec  sa 
patène  et  un  autre  calice  ancien  également  d'étain  mais  dont  la  pa- 
tène était  perdue''.  D'apièsce  texte,  non  seulement  le  calice  d'étain 
était  en  usage  en  lfî8i,  mais  encore  cet  usage  était  assez  ancien  cl 
assez  répandu. 

Les  motifs  (jui  ont  fait  proscrire  les  autres  matières  et  conserver 
l'or,  l'argent  et  l'étain  sont  faciles  à  comprendre;  d'ailleurs  ils  ont 
été  donnés  par  de  nombreux  théologiens. 

Le  bois,  la  pierre  et  l'ivoire,  étant  poreux,  absorbent  une  partie  des 
matières  consacrées'";  le  verre  est  excessivement  cassant  et  expose 
par  conséquent  les  saintes  espèces  à  être  répandues  ^  Le  cuivre,  le 

1.  Rogcriillovedeni  anna/iuni  ijurs  prior  et  posterior,  reproduites  daus  les  Rerum 
Artyltcarum  uriplorex  posl  liedaw  pracipui.  Francfort,  IGOl,  in-fol.,  p.  J44. 

2.  Labbe,  Sacrostincta  conciiia,  t.  XI,  p.  731. 

Mansi,  Sacroruin  conciliurum  nooa  cuUectio,  l.  XXIII,  p.  8ii4. 

3.  (Jdtlia  rliristtuna,  ccclesiu  Semausensis,  t.  VI,  p.  1x1x6. 

U.  Martèiie,  Thésaurus  holus  anfcdutorum.   Paris,   1717,  5  vol.   in-fol.,  t.  IV, 

p.  1130. 

k.  V.  Pi'utruin,  Sial.  S.  Flori  mss.  fol.  08.  «  lolcrdiciuius  ne  fjuisquam  cum 
calice  lignoo  vel  vitrco,  vel  stagneo,  vcl  plumbeo,  vel  de  peulre,  vel  de  auricalco, 
vel  de  <.leclro,  infra  Unes  di'icesis  uostraj  ullcrius  celubrare  prx'sumat.  i> 

5.  Lglicllo.  ttuli'i  sitrrn.  Home,  1009,  7  vol.  in-fol.,  loine  VII,  p.  tJll  (Saleruitaiii 
arcliicpiMTOpi  :  .Mailm-us  de  Poila/.  «  Calice  uiio  de  sla^îiio  cum  pateiia  et  calice  uiio 
alio  vctusio  de  bia^uo  sim-  pateua.  » 

0.  Quarli,  op.  ci/.,  p.  174. 

Guill.  Durand,  Hntiunuh  diviiionim  o/ficiorum,  p.  20. 

Dom  Claude  do  Vert,  1-Jxpliatlwn  des  cérémimies  de  l'E/jlne,  t.   IV,  p.  323. 

7.  bom  Claude  de  Vert,  op.  .  i7.,  t.  IV,  p.  '22j. 

Ouarii,  "/'■  et  loc.  cit.,  p.  17/1. 

Guill.  Durand.  i«/.,  p.  20. 


i.'oiii-i.N  iii;niK  d'kiain  da.ns  i/amioliii;.  !07 

bruii/.c,  II'  fer  L't  le  ploiiih  ineniit'Ul  souvriil  au  coulait  du  vin  iint; 
oxydation  (juien  décompose  certaines  parliez  et  pourrait,  en  altérant 
le  li(|iii(l(',  occasionner  des  vomissenicnts  ou  du  dégoût  {roniituin 
prorocanty. 

L'étain  euïployé  pour  les  calices  a  eu  son  symbolisme  dans  la 
liturgie,  de  mûinc  ^\n^i  l'or  et  l'argent.  Voici  comment  s'exprime  sur 
ce  sujet  (îiiillaume  Durand,  évôijue  île  Memle,  ([ui  écrivait  au 
XIII'"  siècle  -  : 

«  Le  calice  d'élain  est  le  signe  de  la  faute  cl  de  la  punitioii,  car 
l'étain  lient  le  milieu  entre  l'argent  et  le  plomb,  et,  bien  que  la 
chair  du  ('.lii"i>t  n'ait  pasélé  de  plomb,  c'est-à-dire  péclieresse,  elle  a 
été  cependant  semblable  à  la  chair  sujctie  au  péché.  El,  bien  i|u'elle 
n'ait  pasélé  d'argent,  c'est-à-dire  passible  à  cause  de  ses  fautes,  elle 
fut  cependant  passible  pour  notre  faute,  car  il  porta  lui-même  nos 
faiblesses -'.  » 

A  partir  du  commencement  du  moyen  âge  on  retrouve  les  calices 
d'étain  d'un  usage  constant  dans  l'Église.  Jusiju'ù  la  Révolution  on 
s'en  sert  dans  les  églises  pauvres.  Tous  les  inventaires  d'églises  et 
d'abbayes  (;ue  l'on  consulte  en  signalent  continuellement  l'existence. 
Lft  seul  point  (ju'il  serait  important  d'éclaircir  serait  de  savoir  si  le 
calice  d'élain  était  un  calice  exceptionnel  ou  si  au  contraire  il  était 
d'un  usage  courant.  Pour  nous,  après  l'examen  des  textes,  que  nous 
ne  citerons  pas  ici  parce  que  la  plupart  sont  d'une  époque  beaucoup 
trop  récente,  nous  croyons  pouvoir  conclure  que  l'usage  de  l'étain 
était  réglé  non  par  des  ordonnances  générales  pour  la  France,  mais 
par  des  autorités  ecclésiasli ques  locales,  el  par  conséipient  que  pres- 
que chaque  diocèse  avait  des  usages  ditTérents  sur  ce  point  K 

I.  Aversa,  De  Eucltarisliœ  saciamenlo,  p.  275. 

Laymann,  op.  cit.,  p.  12. 

Réginald,  Pcnitentiel,  t.  II,  p.  559. 

Barlholonix'us  Gavantus,  T/iesauncs  sacrorum  rilumn,  p.  GS. 

Dom  Claude  de  Vert,  op.  cit.,  p.  225  du  t.  IV. 

Quarti,  op.  el  lac.  cit.,  p.  17i. 

Guill.  Durand,  id.,  p.  20. 

Ivo,  Dixretiini,  p.  78. 

Fagundo?,  op.  cit.,  p.  10. 

2.  Untionnle  divinoruin  officioruin,    p.  18. 

3.  Stanneus  iimuit  siinilitudinon  culp'e  et  picnœ.  Stnnnum  enim  est  médium 
inter  argeutuni  et  p/umbum  et  caro  C/iri'iti,  licet  non  fuerit  plumbum,  id  est  peccn- 
trix,  fuit  lamen  cariii  similis  peccafnci  ;  et  licet  non  fuerit  argentum,  id  est  passi- 
bilis  propter  suam  culpam,  fuit  tamen  passUnlis  propter  nostr/tm  culpam  quia 
langeras  nostros  ipse  tulit. 

/j.  Bulletin   de  la  Socirté    d'archéologie,   sciences  et   arts   de  Seine- cl- Marne 


468  HKVUK    AIICHKOLOCIQUK. 


II 


l.a  lilnipie  plaro  toujours  à  cAté  des  rnliros  |ps  pnlc-nes,  tant  à 
causi'  (k'  remploi  scmblalile  de  ces  deux  olijt'ls  (pic  p;ii-  Irur  rappro- 
cheuient  ronslant. 

Les  patt'iies  n'avaienl  pas  dans  loi  ii,Mnt'  la  loriiio  iprcllcs  ont  de 
nos  jours;  elles  étaient  souvent  fort  grandes  et  presque  toiijouis 
assez  creuses.  Il  y  en  avait  «piel  luefoisde  très  ornementées,  toutes 
recouvertes  de  pierreries  et  de  ciselures,  mais  il  est  pndialilc  (pie 
dans  ce  cas  elles  ne  servaient  (lu'à  la  déroialion  des  autels  et  n'é- 
taient plus  un  olijet  ordinaire  .lu  culle  '. 

Les  patènes  furent  toujours  de  la  même  matière  (pie  leeiliee  avec 
leciuel  elles  étaient  consacrées.  Les  conciles  proliihiiifs  réduisirent 
naturellement  à  l'or,  à  l'argent  et  h  l'éiam  le  nombre  des  matières 
dont  on  devait  les  falirinuer,  et  lorsqu'elles  étaient  en  étain  fallnit-il 
encore  qu'elles  fussent  dorées  sur  le  dessus  comme  la  coupe  du 
calice*. 

Le  ciboire  et  l'ostensoir  n'existaient  pas  dans  les  premiers  temps 


année  l»0j.  Meaux,  grand  in-8",  |).  77.  Iiivt  Dtaire  des  meubles,  linges,  ornemeuis 
et  joyaux  de  IVg'ise  de  Saini-Étii-nne  de  Brie-Comte-Ilobert  (l.')5/i). 

Mémoires  fie  1(1  Sociélé  archéologique  <le  Touraine.  Tours,  18oj,in-8",  tome  VII, 
p.  200.  Inventaire  des  biens  meubles  de  l'église  paroissiale  ><  Monsieur  saint  Pierre  » 
de  Hueil  I2ù  uiai  15G&). 

liullctin  lie  lit  S<-ciélé  historiijue  et  archcoloyiifuc  du  Pèriijnrd,  1875,  tome  il, 
p.  183.  Inventaire  d'objets  mobiliers  aflérents  au  culte  et  dépendant  du  prieuré  de 
Bergerac  (1527). 

Mémoires  et  ihcumctils  i,uh/ict  pur  la  S'jcidté  d'histoire  tt  d'nrchéolorjie  de 
Geii'-ve,  tome  VI,  p.  120.  Inventaire  des  meubles,  vases  et  vôteraenls  sacrés  de  la 
cathédrale  de  Genève  (17  aoiit  1535». 

Annnlrs  du  cercle  archéologique  de  Mons,  tome  XII,  p.  233.  Inventaire  des 
vases  sacn'R,  orncm'  nts,  etc.,  de  la  cliapollc  Saint-Jacques  à  Atli  (\n'2). 

Mc'.sfif/er  des  icieucrs  et  des  arts  de  li'l;/iQu>',  1880,  p.  2:i3.  Inventaire  des  niru- 
bles,  effets,  lièges,  livres,  etc.,  et  néïK'ralemcnt  do  tous  objets  cxi^^tnnt  le  23  nivûso 
an  V  à  l'abbaye  «le  Valducqur,  département  de  ia  Dyl»'. 

1.  L'abbé  Barraud,  op.  cit.,  p.  l(i  ot  .suiv. 

L'abbt-  T<  viiT,  Diclioutiaire  d'nrfcvrerie  chrèlicnuc,  v.  Valeur. 

I.'abbé  Marti-'Uy,  v.  Pulcne. 

Moroni,  Dizi'mario  di  entdtziouc  storico-ecclesinsticn,  v.  Vntctin. 

2.  Quiirti,  op.  cit.,  p.  175. 
(Juill    iJurond,  np.  cit.,  p.  21. 
Kagnndtr,  "/).  cit.,  p.  T2. 


i/oiii'i;\iti-,iiiii  d'i.iain  I)\ns  l'amiuiiti:.  169 

del'Kgliso;  le  p.iiu  cons.icn';  rl.iit  ;ilois  coiisci  vr  dans  des  coibeilles' 
ou  (|;ms  des  pysidcs  de  vcirc,  d(!  hois,  de  pierre  cl  de  loule  espùco 
d';iiilies  iiialièics  -,  el  nous  ne,  ciosoiis  pas  (lu'aueuni;  pièce  d'orf»;- 
vrerie  -orvil  à  cet  iisai^'e  d'iiiie  lanui  un  peu  conslaiile  avant  le 
x"  sii'^rle.  Le  vase  destiné  à  la  ennseivalion  d(;  i'encliai  islie  prit  eri- 
snile  la  l'oirne  d'une  loui',  d'où  il  lira  aiis>i  son  nom,  tnrris.  La 
loiineeii  loui'  est  signalée  dès  le  vi"  siècle-'.  Il  en  lui  rahiiipié  aussi 
en  loi'nie  di^  colonihes  et  l'usage  en  est  également  lorl  ancien  ■*.  Les 
canons  du  concile  de  l»rinis  étaient,  selon  toute  vraisenililancc",  depuis 
longtemps  en  vigueur  lorsi|U'  le  ciNoiie  consista  en  une  coupe  à 
couvercle  (xir  siècle  enviion)  '.  Nous  avons  cependant  rencontré  de 
nmuhreux  ciboires  en  cuivie  ou  en  hronze  doirs  .'i  l'intérieur. (Voir 
au  Louvie  le  ciboire  signé  :  Alpaïs;  i,'alcrie  dApollon,  n"  I).  125.) 
Il  dut  y  avoir  des  cilioiies  en  étain  au  moyen à|^e,co  nme  il  y  en  eut 
plus  lard  sous  la  i-enaissance,  ainsi  i|ue  le  démontre  la  pyxide  de  la 
collection  Sauvageol  conservée  au  musée  du  Louvre. 

Lis  burcites  étaient  faites  tl'une  maliérc  correspondant  ù  celle  du 
calice.  Comme  le  viuijui  y  est  conservé  n'est  pas  encore  consacré, 
il  était  inulile  (ju'elles  fussent  d'or  ou  d'argent.  Elles  furent  souvent 
cnélain.  mais,  comme  elles  ont  donné  lieu  à  moins  de  controverses 
que  les  calices,  ou  en  trouve  plus  rarement  des  ti'aces  ^. 

Nous  avons  cependant  recueilli  quelques  documents  qui  établis- 
sent l'existence  continue  des  burettes  d'étain. 

Le  premier  de  ces  documents  en  ordre  chronologique  est  le  Capi- 
lulure  Aijuisijrauemc,  inventaiie  général  des  biens  ecclésiastiques  et 


1.  Saint  Jérôme,  Episl.  ad  Ri/stic,  loc.cit.,  p.  1085. 

2.  Grégoire  de  Tours,  Hisloria  Fruncornm,  t.  X,  cap.  xxxi,  op.  cit.,  p.  817. 
D.  M.irtène,  Voyage  littéraire.  Paris,  1717,  in-i»,  p.  183. 

L'abbt;  Corblet,  lîssai  sur  les  ciboire^-,  p.  iS  et  û9. 

3.  L'alibé  Tcxier,  v.  Tour. 

Griîgoire  de  Tours,  Histor.  Franc,  lib.  X,  c.  xxxi,  vide  supra. 

Flodoard,  Histoire  ecclésiastique  de  Reims,  livre  II,  di.  vi. 

h-  L'abbé  Martigny,  v.  Colombe  eucharistique. 

Du  Gange,  v.  Columba. 

Pellicia,  op.  cit.,  t.  III,  p.  57. 

L  abbé  l.orblet,  Essai  sur  les  ciboires,  p.  54  et  suiv. 

5.  l.'abbé  Tcxier,  v.  Ciboire. 

L'ubbé  Corblet,  op.  cit.,  p.  CO. 

G.  L'abbé  Aligne,  dans  son  Encyclopédie  théologique  (l.  VIII,  Origi/te^  et  raisons 
de  la  liturgie  catliotique,  Paris,  iS'i'i,  in-io,  p.  IfeS],  fait  dériver  le  nom  de  burette 
du  vieux  mot  buirette,  dérivant  de  bwje  ou  bui;,  parce  que  ces  vases  auraient  été 
faits  de  ce  bois. 

ni'  siiiiii:,  ï.  !i.  —  \- 


170  nkVl'K    AnC.lIKOl.OCiKH'K. 

séculiers  (le  l'empire  (11' C-linrlt'inagiK'  dressé  en  81:2.  Il  parle  d'une 
bnrelte  li'iMain  nu  nillitii  du  dénombrenieiit  des  oiijeîs  du  eulie  de 
l'ile  de  Stephansweri,  sur  la  Meuse,  dioci'se  de  Trêves,  où  une  ab- 
baye  b(>n(.'Mlieline  avait  ('t»)  conslruile  en  l'iioiineur  de  saint  Micliel 
arehange  par  un  moine  du  nom  de  Landlix'd  '. 

De  r('"poque  de  (Ibarlemagne  nous  passons  au  XII'  sii'cie,  où  uikï 
cbronique  rapporu'e  p.^r  les  annales  i  rnédirliiies,  racontant  l'incen- 
die de  l'église  de  S?int-l'rbain  piès  de  Coloi/ne  -,  nous  apprend  (jue 
dans  une  niche  placée  derrière  le  inaîtrc-autel  et  où  se  trouvait  la 
réserve  eucharisli.iiie  conservée  pour  les  malades,  il  y  avait,  en 
outre  des  objets  contenant  les  espèces  consacrées,  une  burette  d'étain. 
Cet  incendie  eut  lieu  (>n  l'année  M4t2.  A  (]uoi  il  faut  ajouter  une  cita- 
lion  de  Du  Cangc  ',  exii'aito  dun  nianusnit  du  monastère  de  Saint- 
ThéofréJe,  en  Suisse,  et  paraissant  élre  de  la  même  épo]ue,  où  il  est 
fait  mention  aussi  de  burettes  d'étain. 

Du  reste,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des  burettes  en  étain  de 
répO(]ue  de  la  renaissance.  Et  comme  au  xvi"  siècle  on  était  beau- 
coup idus  difticile  sur  le  choix  des  matières  destint'es  à  l'orfèvrerie 
religieuse  (^ue  pendant  les  temps  barbares,  nous  devons  conclure  rjue 
l'emploi  de  l'ètain  remonl.iil  :i  une  date  ancienne  el  n'était  ijue  le 
résultat  de  la  tradition  ^ 

Signalons  en  «iernier  lieu  les  vases  ou  ampoules  destinés  à  renfer- 
mer le  saint-chréine  ■'. 


1.  Pertz,  Monumenta  Germaniœ  hislorica.  Hanovre,  in-fol.  ;  Leges,  tome  I, 
p.  170.  —  Eccard,  De  rehus  Frnnciœ  orienlalis.  Wurizbourg,  102»,  in-fol.,  tome  II, 
p.  902. 

2.  Abbé  Texier,  v,  Cuntûffe  eucharistique  .  d'après  les  Annales  bihiédicdnes, 
sœcul.  MI. 

3.  Glossariutn  inedin'  et  infima;  latinitaHs,  v.  Coc/ilem:  Tabulariuii;  nioiiBstcrii 
S.  Thpofredi  in  Velauiiis  :  Vineuria  stagnea  id  est  ampuliœ  vinum  et  itqunm  om- 
tinentia,  vnsu  rjuoque  lignea  toniaii/i  opère  favtti,  quibus  oLlitlu  servuntur  ctiin 
cocfUeari  arytiteo  quo  in  pu  tenu  ponuntur. 

II.  Des  inventaires  d'une  date  plus  récente  que  Cf^ux  que  nous  vonons  do  citci , 
nous  signalent  des  burettes  d'éiuiii,  (jui  si-lon  toute  vraisemblance  e\i«taieiit  depuis 
longues  années  dans  les  églises  et  cbapelles  oïl  on  les  avait  trouvées,  et  se  rappor- 
taieût  au  moyen  àgc.  Annules  du  cercle  archéologiqvi:  de  Mmi^-,  tome  xii,  p.  '253: 
Inventaire  des  vases  sacrés,  ornements,  etc.,  de  la  chapelle  de  Saint-Jacques  à  Ath 
en  1772;  tome  xiv,  p.  207  :  Inventaire  du  mobilier  do  Tabbaye  do  Canibron  au 
XVIII»  siècle.  Dans  un  des  cliapiircs  suivants  nous  aurons  l'occasion  de  parler  des 
burettes  d'étain  aux  Xlll^  xiv"  et  w"  siècles. 

5.  De  quoi  ^e  composait  le  saint-clirénn-,  et  quel  était  son  Age'.'  Il  y  en  avait 
dcnx  sorte»,  nous  dit  Du  Cange,  v"  Chrisnui.  «  Duplex  est  :  aliu<l  cnin»  idque  prin- 
cipale ai'pellatur  in  l'oulincali  M.  S.  Sunonensis  Lcclesio?,  et   co  uiirfuntur  i|ui  l>a- 


I,  (IIIFKVIIKIIIK    DKTAIN    DANS   L  AM  IQUII  li,.  171 

Oins  les  inventaires  on  eu  rcnconirc  qui  sont  aussi  en  élain  '. 
L'histoire  de  ces  objets  doit  ôtrc  certainement  la  môme  que  celle  des 
burettes  (lY'lain  et  selon,  toutes  a{)|)aieiices  ils  rcinoiileiit  au.v^i  à 
une  haute  antiiiuité. 

GLHMAIN     BAI>S'l'. 

{La  suite  prochainciiicnt.) 


ptizantur  in  vertico,  et  qui  confirmantiir  iu  frontc,  doniqueqni  ordinantur  ;  alterum 
vero  est  simpiux  oleum  ab  episcopo  consecratum,  quo  unguntur  catecliumoni  in  ppc- 
tore  et  scapulis  et  iu  fronte.  antcquain  abiuaiitur.  Infiimi  quoque  et  energumenei 
codem  oleo  ungunliir.  » 

1.  Iiiveitlaive  des  rneub/cs,  tascs,  de,  de  la  cutliédridc  f/e  (."ewèt^e  (1535),  déjà 
cité.  —  Inventaire  des  /tiens  meubles,  de  Saiiit-Pienr  de  liueil  (l'iGij,  également 
cité.  —  Trésor  de  la  catliOdralc  de  Bourges  (1537).  —  Mémoires  de  la  Société  des 
antiquaires  de  France,  3'  série,  tome  IV,  p.  1220. 


TNSCmiTIOXS   (ilW'^COUES 


nKCOUVi:in'i;s  i;n  kc^  I'tk 


Les  découvertes  arcliéologii|ueà  lie  iM.  Maspero  se  niulliplientavec 
tant  lie  npiJilé  (|iie  j'ai  beaucoup  de  peine  à  tenir  l'Académie  •  au 
courant  de  crlles  (jui  conccrnenl  l'épijîiapliie  i,'réco-égyptienne, 
indépendanimenl  des  moniimenis  démotiques  et  hiéroglyphi  jucs, 
dont  il  se  réserve  l'explication.  Deux  nouveaux  envois  méritent 
d'étrecommuniijués  ;\  la  savante  compagnie.  Faits  à  un  mois  de 
distance,  oulre  la  nouvelle  copie  du  décret  de  G.inope  que  j'ai  publiée 
dernièrement,  ils  sont  accompagnés  des  deux  lettres  suivantes.  Voici 
la  première  : 

Mciishièli,  le  l'f  février  1883. 
Monsieur, 

Des  maladies  suivies  malheureusement  d'un  deuil  m'ont  empêché  de 
répondre  à  \olre  lellre.  J'ai  rùus^i  pourtant  à  quitter  le  Caire,  il  y  a  dix 
jour?,  et  les  souris  du  voyage  m'uut  pormis  do  ropriMifiic  me.-;  occupa- 
lions. 

J'ai  des  copies  de  cinq  inscriptions  du  .Mu^ée,  qui  sont  éguii-es  en  ce 
moment  parmi  mes  papiers,  mais  que  je  retrouverai  avant  peu.  Pour  le 
moment,  je  von.-)  envoie  :  1»  Une  pliolo-irapliio  de  la  partie  grecque  du 
décret  bilingue  que  j'ai  découvert  pii's  di'  Toll-ltimjis  vu  IsSt,  et  qui 
n'eïl  qu'un  doub'e  du  décret  deCinope;  '1*  la  copie  de  deux  inscriptions 
que  j'di  liouvecs  ce  matin  menic  à  Menshiéh. 

\m  passant  devant  Menshièb,  j'avais  été  frappe  de  la  grandeur  des  telU 
sur  lesquels  s'élève  la  ville  moderne  et  de  la  hcaulé  des  quais  antiques 
d'appareil  grec  qui,  sur  une  longueur  de  six  ou  huit  cents  meires,  courent 


I.  (>»  iii^cripiioiii»  ont  é\6  commuiiifjiiéc»  i  l'Académie  des  inscriptions  et  bclloa- 
letlrcfl  din»  la  ftéaiico  du  13  avril  18b3. 


IN.SCIlll'l  KiNs   (WlKCuLI'.S    Hl  i;mI  VI  llTh  S    IN    li.V;  li:.  17  i 

devant  les  [ireiiiicreg  inuisons  (.'t  sorvuiil  encore  ilf.  quais  aii\  1  :ir(|iH'.s 
d'uiijoiirJ'hui.  (ie  matin,  jo  tno  suis  airûU',  et  j'ai  parcouru  tiiiis  ton»  les 
sens  les  ruines  de  l'ancicnm;  l'iuléniaïs. 

Les  pirlies  où  i!  y  aurait  chance  de  trouver  quelque  chose  sont  recou- 
vertes pir  la  ville  inoderne.  Au  sud,  j'ai  trouvi'-  lu  dcdioace  que  jt;  vous 
envoie  copiée  au  crayon  et  qui  est  gravée  sur  une  picire  trop  lourde 
pour  qu'on  pût  l'enlever  sans  trop  de  frais.  IMus  huil,  j'ai  remarqué  un 
lïagmonl  d'enlahlement  de  style  grec,  en  granit  gris,  formant  angle,  et 
des  débris  de  colonnes  en  granit  rose,  ainsi  que  des  pierres  de  forte  taille 
en  calcaire  hlaiic,  marquant  tant  bien  que  mal  le  tracé  d'une  chambre. 
Il  y  avait  là  éviil.'innient  un  temple  ou  un  en.-emhli;  de  temples.  La  lettre 
a  vous  donne  la  l'orme  de  la  pierre  sur  laquelle  est  rinsciiiition  A.  C'est 
un  dessus  de  porlo  de  temple  d'environ  1"',S(»  de  long  dans  son  état 
actuel.  Au-dessus  de  l'inscription  grecque,  quelques  traces  rooges  sem- 
blent indiiiuer  une  série  d'ornements  et  peut-être  des  hiéroglyphes. 
Après  avoir  copié  l'inscriplion  j'ai  fait  retourner  le  bloc  de  manière  à 
protéger  la  partie  inscrite  de  l'attaque  des  fellahs.  L'inscriplion  n'est  pas 
dans  Leironne,  et  je  la  crois  inédite. 

En  courant  la  ville,  j'ai  trouvé  et  acheté  pour  le  musée  un  Ironçon  de 
petite  colonne  en  granit  noir  paraissant  avoir  servi  de  supporta  un  aulel 
et  portant  l'insciiplion  copiée  ;\  l'encre.  C'est  un  tarif  réglant  l'enlrée  au 
temple  des  hommes  et  des  femmes;  à  la  ligne  7-8,  il  me  semble  qu'on 
peut  supposer  qu'il  s'agit  des  hommes,  toÙ;  5'  a[vSfaç],se  relevant  de 
de  cohabiter  avec  une  femme...  (XTTo  yuvaixoî,  et  voulant  entrer;  l'ariicle 
suivant  traiterait  des  femmes  dans  la  même  position,  tx;  oè  pvaTxa;,  elc, 
puis  des  fominos  enceintes  ou  nourrissant  l'enfant,  etc.;  mais  vous  jugerez 
de  cela  mieux  que  moi. 

J'ai  mis  quatre  croquis  représentant  :  1"  la  forme  du  fragment;  2"  le 
développement  de  la  portion  du  fragment  où  se  trouve  l'inscription; 
3»  le  diamètre  du  fragment;  4°  le  développement  de  la  restitution  de 
toute  la  colonne  telle  qu'elle  devait  être  avant  d'être  brisée.  Cela  vous 
permettra  peut-être  de  resliluer  le  texte  ;  la  partie  écrite  comprise  entre 
les  deux  ornements  était  d'après  ces  données  de  0"',2",  dont  0"',l.i-U'",tO 
subsi;lent  envoie. 

Je  sais  bien  l'ulililé  dus  estampages;  mais  la  plupart  des  pierres  sur 
lesquelles  sont  gravées  les  inscriptions  grecques  sont  Itllemenl  endom- 
magées, que  le  coniacl  du  papier  mouillé  risquerait  de  ks  détruire  entiè- 
rement. L'inscription  .V  d'aujourd'hui  n'a  pu  être  Cïtampée  à  cause  de  la 
terre  qui  remplissait  les  lettres;  il  aurait  fallu  pour  la  nettoyer  un  temps 
que  je  n'avais  pas.  L'inscription  sur  le  tronçon  de  colonne  présente  si 
peu  de  creux  que  mes  papiers  à  estampages,  destinés  i  prendre  des  ins- 
criptions ;i  relief  épais,  n'ont  pas  réussi. 

Veuillez  agréer.  .Monsieur,  l'expression  de  mes  sentiments  tout 
dévoués. 

G.  Maspero. 


174  IVKVIK    AIU.HKO'-CKIIOUE. 

Au\  iiulionlions  donnces  dans  la  lellro  do  M.  Maspéro  nous  ajou- 
terons tiuelqut's  obstMvations  parliculii'res. 

1. 

Calraire  comp.irt.  î.os  Acnx  pnrlirs  do  l'insrriptinn  sont  sur  la 
mî^mc  W'^nc  cl  sont  si^parôcs  par  un  ornomi'iif  .nTliifi'ctural. 

NTHIEn 

NEîKAITOnPOîONIIIElON 

KAIT...EKT02TEIXOY2THinO 

I2I.AITOI22YNNAOI2 

2nAHI.. 

TAKnMIAITOIEPONKAITAIYI.lKYPON 
KAITOYinP020NTA2yiAOY2TOnOY2 
AEniBnMONAPBAKTEIKAlEPAKIOE 
[at    OAMENOO   T 


|]v  zr,  Ir-  Tax('iy.(a  to  Îscov  xat 

v£;  xa\  tÔ  ■::coaôv  'Igieiov  xai  Toù;  rposovTa;  •I/i)-ou;  tottoo; 

xat  7*^07]  U-:o;   tei/ou;  ttÎ;  tto-  Xeoj;  piomov  'ApCâxsi  xal  'lipâxiOs 

'Ia(  xai  ToT;  (Tuvvâoi;  L  X^'  çafxEvwO  y' 

CeltP  inscription,  malhounniFemenl  inrompI(''ti\  contitMiI  l;i  dT'di- 
ricf  d'un  tt-mph'  à  Isis  et  un  autel  oxtri'icur  aux  dieux  APBAKTEI- 
KAIEPAKI.  Il  y  a  là  probablement  uiu"  faute.  On  connaît  un  dieu 
égyplirn  noiiiMié  'ApÇixi;  qui  est  ordinairement  joint  à  l'épervier, 
d'où  il  faut  liie  WoCxau  xal  'Icpâxi.  Le  mot  É-Taxoai'a  est  nouveau.  Il 
signifie  un  ensemble  de  sept  bourgs  ou  quartiers  «le  l'ancienne  ville 
de  lUolêmais.  Le  temple  d'isis  avuisiuant,  -rô  rpoaôv  'l<iΣtov,  et  les 
trois rpocovT»;  •|/ùvj;  tcIttou;,  les  lieux  (|iii  v  touchent,  cesl-ù-dire  les 
lieux  nus,  sans  les  fonsiructions.  APBAKEI  KAI  lEPAKI  devrait  ôlre 
ainsi  complrl.'  :  KAI  lEPAKI  flPO,  car  'Ap(,c«/.t;  est  un  mot  (égyptien 
signitlant  liorus  ('pervicr.  dette  inscription  >i':iiifie  donc  on  deux 
langues  :  <(  à  Moins  épervier  et  à  réprivirr  liorus.  »  Ce  nom  d'Horus 


iNscmiTioNs  (;ni:(:oi!i:><  iiKcorvKini'.^  i:n  K(JVI'TK.  176 

osl  soiivciil  (Tiil  ;iiissi  APBHXI2  .ivl'c  X.  j Voyez.  les  papyrus  du 
Louvre  n"*  :!'♦  cl  (50  bis.) 

L;i  (l;ili\  l' 3  iilnniriiolli  de  l'an  X\,  doit  s'apiili<|in'r  nu  rrgne  de 
IMiila-lolplif. 

Nous  parlerons  plus  loin  du  n"  tî.  Voici  la  seconde  lettre  de 
M.  Maspero  : 


Louxor,  le  IS  mars  1883. 


Clier  Monsieur, 


Je  vous  envoie  un  nouveau  rclai  d'inscription?,  dont  trois  sont 
incHlites,  et  la  qualriùmo  n'est  connue,  je  crois,  que  par  une  mention 
faite  en  passant. 

J'ai  trouv('!  le  n"  t  moi-mi'me  dans  une  dos  maisons  antiques  de  Coptoa. 
Klle  tMail  dans  une  sorte  d'atrium  en  briques,  dont  les  murs  étaient 
rasés  jnsqu'cà  un  pied  environ  du  sol.  f.u  cassure  à  la  deuxième  et  4  la  troi- 
siùme  ligne  est  une  cassure  naturelle  de  la  pierre  que  le  graveur  a  évi- 
iL^e.  La  longue  martelure  à  la  ligne  4  a  été  polie  dans  l'antiquité,  et  par 
conséquent  est  intentionnelle:  peut-être  avait-on  passé  un  titre  du  per- 
sonnage et  il  a  lallu  elTacer  ce  qui  était  déjà  écrit  pour  rétablir  le  litre 
en  son  entier.  Je  pense  que  cette  hypothèse  est  la  vraie  d'après 
l'aspect  de  la  pierre,  et  qu'on  a  devant  soi  un  repentir  du  graveur.  Les 
lettres  du  nom  ltouu.o;  ©eôjvo;  pr,TO)p  sont  plus  grosses  que  les  autres  let- 
tres comme  je  l'ai  indiqué.  A.  l'avant-dernière  ligne  le  O  de  auToxsaTopo; 
enferm.e  un  gios  point  qui  lui  donne  l'air  d'une  pupille  d'oeil.  Dans 
Kai'cafo;  qui  suit,  il  y  a  bien  €,  mais  le  trait  qui  change  le  C  en  G  est 
accidentel  :  le  ciseau  a  échappé  des  mains  du  graveur.  Enfin,  le  graveur 
a  serré  les  lettres  à  la  6n  de  plusieurs  lignes.  Les  débris  de  lettres  dans 
le  martelage  sont  tout  ce  qui  est  visible  des  mots  effacés. 

Le  n"  2  a  été  copié  par  M.  Urbain  Bouriant,  tandis  que  je  faisais  enlever 
l'inscription  n»  1.  Cette  inscriplion  a  été  signalée,  il  y  a  trente  ans,  par 
M.  lliirris,  et  se  trouve  indiquée  dans  le  (luide  Murray.  Je  ne  me  rappelle 
pas  l'avoir  vue  publiée,  et  comme  je  n'ai  pas  ici  le  Corpus  je  vous  l'cnvois 
atout  hasard.  Les  lettres  sont  du  même  type  que  celles  de  l'inscriplioa 
précédente.  M.  Bouriant  est  de  la  nouvelle  école  du  Caire. 

Le  n°  3  provient  de  Coptos.  Je  l'ai  acheté,  et  plusieurs  personnes  qui 
l'avaient  vu  avant  moi  en  ont  pris  copie;  je  crois  donc  que  vous  ferez 
bien  de  le  publier  au  plus  tôt.  Linscriplion  est  des  plii>  intéressantes,  et 
je  ne  serais  pas  étonné  quel'Apollonios  en  question  ne  fût  l'amiral  .\pol- 
lonios  qui  avait  découvert  certaines  îles  portant  son  nom  et  mentionnées 
dans  les  IV-riples  de  la  mer  Ki  ythrée.  Je  ne  saurais  rien  vous  dire  à  ce 
sujet,  car  je  n'ai  ici  que  des  livres  égyptiens,  et  il  est  possible  que  je  con- 
fonde le  nom  d  ApoUonios  avec  un  autre  du  même  genre.  Il  me  semble 
aussi  que  Letronne  mentionne  une  ingcriptijou  analogue. 


176  nnvLT,  AtiuiiKui.oGHjir. 

I.c  w  4  a  iM.^  arholi^  par  moi  ilnns  le  bazar  irAssiuan.  où  il  s.Tvaii  de 
do  si  r  à  iiii  bnic  di'  pioiie  <!«?  b.iuliqiu'.  Il  vA  pos>iblo  que  d'aiiliig 
l'aii-nl  Ml  cl  iO|)ii^  avaril  moi.  I.'incriplitm  ^rpciiuo  a  »'tv  gravôc  sur  luu- 
lolagt»,  el  il  mo  htMiilile  que  riijàciii>iioii  m.ir :»«l'C  éiuil  tii  lui^ro^:ly|)lu-s; 
il  se  |iouirail  donc  qu--  la  slaliie  royale  no  fût  pas  une  sialiic<le  IMoléniée. 
I.c  A)\c  «les  pieilâ  indique  le»  .Jcrniors  lemps  de  l'époque  saïle  ou  le 
couimeuceiuenl  de  l'éjioiju'-'  ploU'niaïque. 

Dus  que  je  serai  au  Caire  je  ferai  les  vi'i:llcations  que  \ous  inc  deman- 
dez. 

J».'  vai>  quilior  Louvor  dansscpl  à  liui(  jour,-.  J'ai  recueilli  »;u\ir»>u  ceul 
Cloquante  <  siraca  grecs  :  mais  c'est  li,  je  crois,  unsojcldunt  vous  ne  vous 
occupez  pas.  Au  cxs  où  vous  les  dtsireriez,  il  faodiail  les  faire  pho- 
tograpbier,  ce  qui  vous  reviendrait  assez  «  her.  Je  comple  recin-illir  en 
route  un  nouvem  loi  d'in>cripliijns.  Je  n'ai  pas  hesom  de  vous  dire  que 
tout  cela  va  au  Musi^e.  Il  n'y  a  que  riiiscriptiou  n»  1  que  j  ai  dû  lai>s.'r 
en  place,  pour  celte  année  du  moins,  faute  de  in'cMreuiuni  des  pouvoirs 
ntVc3>aue6  pour  déni  >lir  le  parapet  du  pou',  où  elle  est  enca>lrée. 

Veuillez  agré.r.chrr  Monsieur,  ^e\p^es^ion  de  mes  senlinicnts  dévoués. 

G.  Masi-eiio. 

i. 

Calcaire  blanc.  Coplùs.  Huioes  .le  li  vilk»  aulii|uo.  —  \x  :>  fé- 
vrier iss:i. 

Yn€PTHCAYTOKPATOPOCKAICAPOCNÇPOYATPAIANOYC€BACTOY 
rePMANIKOYAAKIKOYKAITOYnANTOCOIKOYAYTOY    ICIAOC 
6NATPiniT0Z0AN0NKAIT0NNA0NKAITAnçPIAYT0nANTA 

çnmrGMONOCCY ym KAicnicTPATHroYnoMnH 

lOYnPOKAOYKAinAPAAHMnTOYKAIITPATHrOYKAAYAIOY 
XPYaPMOY  •  AIAYMOC0eCA)NOCPHTGOPAN6OHK6N 
fTOYC    T-  AYTOKPATOPOCKAICAPOCN^POYATPAIANOY 
aBACTOYrePMANIKOYAAKIKOY   OWO   Â 

'Xr.io  TT,;  ayTOxpâxopo;  Kaîoaso;  Nîpoûa  Tpatavoù  ceêaffTOÛ 
Teoixavixoû,  Aaxixoù,  xai  toO  rravrô;  oïxou  aÙTOÛ  '  vj■/r^z]  "laiSo; 
h  «Tûieo  TÔ  ;davov  xai  tov  vaôv  xal  ri  Ttç.\  oÔtô[v  \  r.i^-n. 

iw  IIpoxAw  xai  z«ia).r,:AT:TOu  x»i  aTparr.voO  KXaucîou 
Xtw«i'pu.w  •  A-:o'j:/.o,-  «ewvo;  '^iwù  àvîOr.xtv 


i\s<;itii'Ti(t.\s  r.i!i:r.oin:s  M'ictiiVKmr.s  kv  rcvcn:.  177 

£TOu;  ^'  aÙTOxpaTOOo;  Kaîuapo;  Ne&oûa  'VcxiT^vJ 
(jeSadToù  l'ïpaavtxo'j,  Aaxixov,  OtoO  â. 

Celle  inscri|»ti()ii  csi  la  dédicace  d'iiii  mummitîiit  élovi'-  eu  r-ivciir 
de  Tnjnn.  Il  est  évideiil  que  le  mot  -ru/r,;  a  été  oiildié,  s  iris  doiilc 
parle  lapicide,  avanl  'Idiîo;,  indiiiur  (|ii'il  élail  pai  l'ai  licle  du  coin - 
mcnrcmeiil  tv;?,  cl  coinine  on  le  trouve  duis  d'autres  iiiscri|ilioris 
analogues.  I.es  autres  foriuulcs  étaient  uTrip  aoTYipi'a;  ou  siuiplenieut 
\jTzïo  aùroxcotTopo;  co'.nme  dans  l'inscription  suivante.  Le  mol  otTp».) 
écrit  en  ciractèrcs  grecs  n'est  pas  commun.  Les  mots  xat  ri  repl 
«ùxôvrrdvTa  tigurent  d:ins  deux  inscriptions  publiées  par  Letronne' 
et  C(.ntenani  deux  dédicaces  de  temple  du  règne  d'Adrien.  L'Ii.ibile 
critique  s't  xpi  ime  ainsi  :  «  Kpaplirodile  a  construit  le  temple  et  tout 
ce  {|ui  en  dépend.  La  pensée  est  claire  :  xal  xà  irEpl  tôv  votôv  râvra 
revient  à  la  formule  latine  cum  suis  ornamenfis  ou  cum  marmonbus 
et  omni  ciillu.  et  s'entend  d'éditices  entièrement  achevés.  Sir  Ganlner 
Wilkiiison  a  cependant  remarqué  que  les  deux  temples  n'ont  jamais 
été  linis.  »  \e  pourrail-on  pas  traduire  a  et  tout  ce  qui  est  autour  du 
temple  »?  L'expression  xal  xoù;  itEpt  aùxov  4/iXoù;  toVouç  de  l'inscripti*  n 
citée  plus  haut  justifierait  cette  interprétation. 

L'orthographe  rapaÀr.uLTTTou  pour  7capa).7)ZToi»  se  retrouve  d;ins  une 
autre  inscription  publiée  par  Gau  ^  :  'A(TxX-/i7:iâSYiç  ^apaXr^T/,.  Le- 
tronne  a  traité  longuement  du  sens  de  ce  mot  dans  le  Joiiiiinl  dos 
Savants,  1820,  p.  ^03. 

Le  rhéti'iir  Didyme,  fils  de  Tliéon  et  qui  a  dédié  le  temple  à  Isis, 
ne  ligure  point  parmi  ceux  dont  le  nom  s'est  conservé.  Aucun  des 
Didyme  connus  ne  peut  être  identifié  avec  le  nôtre.  Le  monument 
est  daté  de  l'an  7  de  Trajan. 


Inscription  encastrée  dans  le  parapet  du  pont  de  Coptos. 

YnçPAYTOKPATOPOC 
KAICAPOCNGROYA 


1.  Inscr.  d'È(j.,  t.  I,  p.  153. 

2.  Antiq.  lie  la  Subie,  p.  19. 


{'s  iiKVL'i:   MU'.iiKoi.or.iyiJi:. 

TPAlANOYCf BAC 

TOVrçPMANIKOY 

AAKIKOYKAITOY 

nANTOCOIKOYAY 

TOYICIAITHXCa) 

MATOCO^AMenC 

THIBAABI  AAOC 

MPAKA^IAOYANe 

OHKÇNÇnArAO 

G0l|HnAXCON 


'Virlp  aÙTOxp»Topo; 
Kac'ffapo;  Nepoûa 
Tpaïavou  iisÇaff- 
Toù  repuLavixoù 
Aaxixovî  xaù  toù 
lîavTÔç  oïxou  oO 

'llcaxXet'ûou  àvs- 
Or|Xev  £7:'  i-'cxQ- 

xy' 


«  Pour  l'empereur  César  Nerva  Trnjan  Auguste  fiermanique  Daci- 
qne  el  toute  sa  maison,  à  Isis  la  trc's  },Mamle  déesse  de  la  jetée,  Ual- 
billus  (ils  d'Héraclidés  pour  le  Lien,  l'an  H,  de  paelion  le  2'i.  » 


C'est  là  encore  une  dédicace  d'un  monument  élevé  l'année  sui- 
vante. Tan  8,  en  faveur  d'j  Trajan.  L'auteur  de  celte  dédicace, 
nornni*'  Halltillus,  llls  d'Ilérarlide,  est  jirohahli ment  le  iietit-lils  du 
célèbre  IJall>illu.s  qui  a  été  si  loni{leni[i.s  juéfet  de  Home. 


iN'scdirno.N's  f;nKr,oui:s  DKCouvRniKs  f.\  i';f;vi'Tf:.  171» 

a. 

Coptos,  le  9  février  t<s83.  Calcairo  jaune. 

0EOI2MErAAOI2  2AMO0PAZI 
AnOAAnNI022n2l  BIOY 
0  HPAlOIHrEMONTnN 
EinTAIEfiNSnOE  I  2 
ErMErAAHNKINAYNnNEK 
nAEY2A2EKTH2EPY0PA2 
0AAA22H2 

EYXHN 


0£oT?  [xvciAOi;  ia,uoOcot;t 
X7roXX{')vioç  2î)(i)<ji6iou 
0iripaTo;,  y,-^vxi))'v  t(ov 

TXvjrjT.:,  iy.  TTfi  'EpuOpaç 
OaXdcîr,;. 

Ey/r,v. 


a  Aux  grands  dieux  de  Saraothrace,  Apollonius,  fils  de  Sosibius, 
de  Théra,  commandant  des  troupes  cxl/'rieiires,  ayant  été  sauvé  de 
grands  dangers  pendant  sa  navigation  dans  la  mer  Rouge.  Par  suite 
d'un  vœu.  » 

Cette  inscription  concerne  un  certain  Apollonios  qui  aurait  été, 
suivant  M.  Maspero,  un  amiral  de  ce  nom  menlionné  dans  le  Périple 
de  la  mer  Erythrée. 

Les  grands  dieux  de  Samotiirace  rappellent  une  légende  d'Orphée, 
laquelle  vient  expliquer  la  dédicace  de  notre  inscription.  Diodore 
de  Sicile'  raconte  «qu'à  peine  les  Argonautes  sï'laienl  remis  en 


1.  Lib. 


180  iiKVir  \ni:iiKor,oGinrF. 

mo\\  (lu'iiiio  nouvelle  lempt^le  les  assaillit,  el  comine  les  piincipaiiv 
d'enliv  eux  clést  spêrnieiU  déjà  de  leur  salul,  Oridu-e,  It;  seul  de  tous 
ees  iiavi;:aleurs  (]iii  fiU  inilié,  li(  pour  emijurer  r()raj,'e  un  V(eu 
solennel  aux  dieux  de  Saniollirace.  A  l'insl ml  les  viiils  cessèrenl 
do  soufller,  deux  étoiles  tonilt;ml  du  ciel  vinieiit  se  pl.icor  sur  la 
lùle des  Dioseures,  au  },'r.ind  éioimeinenl  des  voya^^eiirs,  el  lousrecoii- 
nurent  qu'ils  d<-vaienl  à  une  providenee  p;irliculiéie  des  dieux 
d'échapper  au  d.inj^er  t|ui  le.-  uienarail.  Aussi  di'jxiis,  la  Indilion  de 
celte  heureuse  délivranee  s'élanl  IrausiniM'  d*àj,'e  en  âpe,  les  navi- 
gateurs surpris  par  la  leuipéle  sont  dans  ru>age  d'adr  sser  leurs 
prières  aux  dieux  de  S:ini()tlir.ire.  » 

Je  ne  connais  pas  l'amiral  Ammnnius  dont  p.irle  .M.  M;»spero.  Ce 
nom  était  tris  commun  alors  en  Egypte,  i.a  fondion  mililaire  dont 
il  es!  iei  (jucslinn,  r.vsuwv  xôiv  e;^  Ta;£0)v,  Commandant  des  troupes 
exlérieures,  était  naturellement  exercée  par  des  Grecs,  comme  l'in- 
di(iue  le  num  de  ceux  qui  en  ont  élé  investis.  Elle  consistait  à  sur- 
veiller les  côtes  de  la  mer  Rouge  entre  Coptos  et  Bérénice.  Copios 
est  sur  un  canal  qui  conimuniiiueavcc  le  Nil,  à  cin(i  lieues d'.-l/)o//o?j/s 
parva,  Kous.  Cette  ville  était  le  grand  entrepôt  du  commerce  {|ui  se 
faisait  par  une  route  (jue  Ptolémée  Philadelphe  rendit  praticable 
dans  l'espace  de  2o7  milles  au  travers  d'un  pays  aride  el  désert 
jusqu'au  port  de  Bérénice.  On  transpoitail  des  marchandises  sur  des 
chameaux,  de  la  mer  Bouge  à  Go[ilos  el  de  là  p.ir  le  Xil  à  Alexandrie. 
C'est  là,  à  Copios,  que  notre  Ammonius  s'était  réfugié  après  avoir 
échappé  aux  dangers  de  sa  navigation.  Quant  à  la  nur  KrUhrée,  il 
ne  s'agit  pas  ici  de  la  meniui  va  rejoindre  le  golfe  Persique.  C'est 
une  confusion  qui  a  élé  faite  très  souvent,  comme  l'a  fail  observer 
J.clronne'.  On  sait  en  clfcl  que  le  nom  de  mer  Erythrée,  ijui  com- 
prenait, en  général,  l'océan  extérieur  au  midi  de  l'Asie,  désignait 
en  môme  temps  les  deux  golfes  (jui  en  étaient  formés,  à  savoir  l'Ara- 
bique el  le  Persi(jue.  Ici  mer  Erythrée  désijjne  la  mer  Uouge  comme 
dansprtsijue  toutes  les  iiisciiplions  gicco-ég\plieiines  où  ce  terme 
se  rencontre. 

Le  voyageurs  échappés  aux  dangers  d'une  expt''dilion  lointaine 
employaient  souvent  la  formule  coOek  iy-  qui  se  retrouve  dans  plu- 
sieurs de  ces  inscriptions. 

1.  Inirr.  il'E'j.,  t.  Il,  p.  2'i7. 


iNsciiirrioNs  giikcmli:»  uixolvluii.s  i:\  i.i.vi'ii,.  1^1 

4. 

Aclicté  ilaii.s  le  bi/aiile  Syc'-nc,  le  10  mais  l88.'i. 

BAIlAEAPToAEMAIoNOEON 
OIAoMHToPAlIlIKAinPoI 

liotiiAc'a  llto/eyaVov  Oîov 
<l>iXo[x/jTo;a  "laïc  xcù  'iipoç 

Celle  inscription,  mcnlionnanl  le  nom  de  IHoléinéc  Philomélor  et 
ceux  des  deux  divinités  Isis  et  Ilorus,  ne  runlicnl  <|ii('  !<  s  deux  [ne- 
niières  lignes.  Ce  commencement,  avec  le  nom  du  roi  à  l'accusatif, 
est  insolite.  Il  est  dil'licile  de  deviner  la  suite.  Un  remaniuera  le  P 
avec  le  jambage  de  droite  plus  court  que  celui  de  gauche,  l'A  avec 
la  barre  du  milieu  brisée  et  l'O  plus  petit  que  d'habitude. 

A  la  suite  du  n"*  i,  le  dessin  de  M.  .Maspero  contient  le  fragment 
d'un  i)ié(l(?stal  sur  loijuel  sont  représentés  deux  pieds,  celui  de  gau- 
che en  avant,  celui  de  droite  en  retrait.  Ce  fragment  est  accompagné 
de  la  note  suivante;  «  Granit  giis.  Base  de  statue  égyptienne;  les 
pieds  seuls  subsistent;  celui  de  gauche,  à  peu  prés  intact;  celui  de 
droite,  à  moitié  biisé.  La  statue  repiésentait  le  roi  debout  mar- 
cliant  à  l'égyptienne.  Grandeur  naturelle.  » 

J'arrive  maiiilenani  au  n"  :2  de  la  première  leUi-(;  de  M.  Maspero. 

2. 
Basalte  noir.  Acheté  à  Menshièh  chez  un  teinturier. 

T0Y2E12I0NTA2E12T 

ArNEYElNKATAYnOKC 

AnOnA0OY2lAIOYKAI 

HMEPA2 • Z  ANAHAAA 

XHEKTPnCM0Y2YN 

TET0KYU2KA1TPEO0Y2H2 

KAIEANEX0H    TaT0Y2AEA 


182  nKVl'K    AHCHÉOLOGIQUE. 

AnOrYNAIKOI  "b  TAIAET 
AKOAOYOniTOlIANAPAI 
ANEKTPniMOY     M 
THNAETEK0Y2ANKAITPE 
EANAEEXOHTOBPEOO^ 
AnOBATAMHNinNI 
ANAPOJ    B   MYP2INHNAE 

TOI»;  ôi  stcidvTa;  £Î;  t[o] 
àyveijetv  xoLxk  u:rox 
àr.o  TroiOoo;  iotou  xai 
r,aéçaç  s'  ivaTraXX 

y/\   îXTCtOffIJLOÙ  CUV 

TETOxui'aç  xotl  rpEooûffY,; 

xal  siv  Èyôrl  ('?)  i2'  Toùç  5e  à[vOf.as 

«7:0  •jMvaixo;  p  ',  xJtç  Sa  Y[uvaTxa; 

oxoXouOo);  ToTç  avoc<3tc-[tv 

av  EXTfoJCaoij  \x 

rry  Sa  Tsxoucav  xal  Tp£[ç/Onffav 

litv  Se  eyOvj  to  ftpe^oç 

àzoêaTa  jjLy,viôJv  ^  ' 

avopôç  p  '  ijiup(ji'vy,v  Si 

Nous  avons  réservé  celle  inscriplion  pour  la  fin  parce  qu'elle  nous 
paraît  de  beaucoup  la  plus  importante.  Il  s'agit  du  lioiiçon  de  la 
petite  colonne  de  granit  noir  paraissant  avoir  servi  de  support  â  un 
autel  et  poi-lant  une  insciiplion  dont  toute  la  moitié  maïKiUL  ù  dioile. 
Celte  inscription  présente  un  grand  intérêt;  les  mois  qui  restent  suf- 
fisent pour  montrer  toute  la  valeur  du  monumciil.  M.  Masporo  a 
très  bien  déterminé  le  sens  général.  Elle  jette  un  jour  tout  nouveau 
sur  une  partie  de  l'ancienne  civilisalion  égyptienne,  au  puinl  de  vuf 
de  la  police.  Beaucoup  de  renseignemenls  épars  et  isolés  avaient  li\é 
raltenlion  de  quebjues  égyplologues  qui  n'étaient  pas  encore  parve- 
nus à  les  ratlaclK-r  h  des  faits  connus.  Oc  docninciil  pirmet  de  coiii- 
prcndre  certaines  particularités  curieuses  sur  les  mteurs  de  la  so- 
ciété égyptienne  et  lappulle  beaucoup  de  luescriptions  égyptiennes 
ou  hébraïques.  Il  faut  noter  spécialement  la  ligne  13,  où  il  es!  (lues- 


I.NSCIlll'TION.S   (inr.CQUKS   DKCOUVKRTF.S    KN    KCYl'Ti:.  183 

lion  lin  Iciiips  dos  r(^{,'I('s.(:iie/  1rs  .liiils  (/.r'/?7.,  xv,  IDeipassim)  les 
rcninics  t'-l;iieiU  onfcrm^is  loul  eu  lomps  dans  un  local  spécial.  Il  0!i 
était  de  inùmc  chez  les  égyptiens,  ainsi  (lUc  r.i  nionlré  M.  Krvil- 
lout'. 

Le  chilTrc  60  jours  indiiine  le  moyen  terme  enlri;  iO  el  «0,  in- 
diqué dans  le  LévUiqiia  (cli.  xii)  pour  (lue  la  femme  revienne  à 
son  état  normal. 

Celte  inscription  doil  être  du  temps  do  Ptolémée  Phil;idelphe,  car 
les  amendes  sont  lixées  en  draclimes  d'argent.  Le  cliilTre  de  deux 
drachmes  deux  fois  répété  s'applique  soit  aux  hommes  se  retirant 
d'auprès  d'une  femme,  soii  aux  femmes  se  relevant  d'auprès  d'un 
homme,  lors(|u'aprèscela  ils  (ou  elles)  pénélraienl  dans  le  temple  ; 
il  n'est  pas  admissihlo  (ju'il  ^'agisse  ici  de  deux  drachmes  de  cuivre. 
Les  femmes  qui  entraient  dans  le  temple  pendant  leurs  règles 
devaient  payer  60  drachmes.  On  trouve  aussi  une  amende  de 
40  drachmes  après  un  avortement.  Il  ne  s'agit  sans  doute  pas 
d'un  avortement  volontaire,  car  dans  les  deux  passages  où  le  mot 
£)CTfW(7|jLo;  se  présente,  il  est  immédiatement  suivi  de  la  mention  des 
femmes  qui  ont  accouché  d'un  enfant  vivant  et  le  nourrissent  (lignes 
6-7  et  10-H';  l'amende,  il  est  vrai;  dans  ce  dernier  cas  n'est  quedc 
14  drachmes.  Mariette,  dans  son  volume  intitulé  Catalogue  des  mo- 
numents d'Abydos,  parle  d'un  fait  curieux.  Il  a  trouvé  dans  la  nécro- 
pole des  Pallacidcs  d'Abydos  un  très  grand  nombre  d'avortons.  La 
réputation  des  Pallacides  n'est  plus  à  perdre,  mais  les  médecins  ont 
depuis  longtemps  remarqué  que  les  filles  publiques  avortaient  très 
fréquemment;  il  ne  faudrait  donc  pas  conclure,  de  cette  fréquence 
des  avortons,  des  accouchements  volontaires.  iM.  Révillout  a  signalé 
le  premier  un  fait  analogue,  nous  voulons  parler  de  la  mention  des 
avortons  que  l'on  trouve  si  souvent  dans  les  contrats  démotiques 
de  Memphis-.  Nous  espérons  que  le  savant  égyptologue  voudra  bien 
entreprendre  un  travail  d'ensemble  sur  cette  curieuse  inscription. 
Il  avait  eu  la  complaisance  de  me  communiquer  quelques  notes  très 
intéressantes  sur  h.'s  différents  faits  mentionnés  dans  ce  document. 
Je  m'en  suis  servi  discrètement  dans  ce  qui  précède,  lui  laissant  le 
soin  de  traiter  à  fond  le  sujet.  J'ai  respecté  surtout  ce  qui  touche 
à  la  question  des  drachmes  parce  que  ses  recherches  constituent 
une  vérilaiiie  découverte,  dont  tout  l'honneur  doit  lui  revenir.  Les 

1.  Chrestnm.  dém.,  p.  \lih  et  suiv..  et  p.  23/i,  249  do  la  Ruv.  Eg.,  p.  "i  et  suiv. 

2.  Le  travail  de  M.  Uévillout  sur  les  tarichantes  et  les  ciioachytes,  travail  extrait 
do  la  Zeilsdirift  de  Lepsius,  et  la  Rev.  Eg.,  11"=  aniiLe,  ii^  111,  pi.  XXXIV  et  suiv. 


184  IIKM'K    AlUIIKdLUUlgL'K. 

di'tails  (|iio  nous  avons  iloiuirs  plus  li.uit  suflist'iil  ihuii'  nuiiilicr 
l'impoi lance  du  njonunicnl  nouvflkMnL'nl  ili-touverl  par  M.  Mas- 
pero.  Ce  ilcrnier  ajoute  à  la  suite  de  la  copie  de  riiiseriplion  : 
<(  J'ai  Irouvr  pr^s  de  rinsrri|tIion  n"  l  des  fra^inients  de  liasallc  iden- 
li(I\ies  d'aspect.  Il  y  a  donc  des  clianccs  [lounpie  ce  fragment  vienne 
du  nuMne  li'inple.  »  Il  serait  à  désirer  qu'il  tArliâl  de  retrouver  l'au- 
Ire  morceau  <]ui  coidenail  la  partii'  droite  de  l'iiiscriplion.  (let'e 
esptce  de  règlement  «le  polii-e  d'un  genre  [\i'^  sin^'ulitr  i-.sl  tout  ce 
qu'il  y  a  de  plu<  rare,  on  peut  môme  dire  qu'on  n'en  connu it  pas  un 
pareil.  (Jurlle  conquOie  [lour  la  rcience  si  on  pouvait  se  procurer 
dans  son  entier  ce  précieux  monument  épigrapliique!  Ce  premier 
succès  doit  encourager  M.  iMaspero  dans  des  recherches  ultérieures. 

i:.  .MiLi.i;it. 


BULLETIN    MENSUEL 


1)  !■:   L'A  c  A  I)  !•;  .M  I  !•:   I)  i:  s    i  .n  s  c  i;  1 1-  r  i  d  .n  r? 


SÉANCIi  DU  27  JUILLET. 

Arrhcohijif.  —  M.  île  Willc,  par  riuleniK'diairc  do  M.  F'avol  de  Cour- 
loillo.  coiuii. unique  une  noie  .-ur  un  précieux  groupe  en  bronze  qui  est 
dans  sa  collectioi!.  Il  a  (té  trouvé  en  18GG  i\  Royc  (Somme);  ilcsi  aussi  re- 
EnarquaMe  par  l'exéculion  que  par  le  sujet.  Voici  en  quelques  mois  sa 
dcsciiption  : 

Le  groupe  a  di\-liuil  ceniiniètrcs  de  huuleiir  ;  il  nous  montre  Hermès 
Mercurei  jeune,  entièrement  nu,  portant  sur  son  bras  gauche  le  petit 
Dionysos  (Bicchu?).  Le  travail  e^t  grec.  Le  groupe  rappelle  par  sa  com- 
position le  fameux  groupe  en  marbre  d'Olympie.  L'enlant  est  nu  ju.-^qu'ù 
la  ceinture  ;  une  draperie,  qui  couvre  la  partie  inférieure  ducorp.<, cache 
les  junihes  et  les  pieds.  Il  lient  à  la  main  un  objet  qui  e<t  une  Heur  ou  un 
fruil.  Les  chair.s  lo3  muscles,  les  cheveux,  les  traits  d'Ilermè.- sont  traités 
avec  un  soin  exlrûme.  On  est  tenté  de  croire,  ajoute  M.  de  Wiite,  dont  la 
compétence  est  grande  en  pareille  matière,  que  l'hanile  auteur  de  ce 
groupe  avait  sous  l.'s  yeux  la  célèbre  statue  attribuée  à  Praxitèle,  qu'il 
s'est  inspiré  de  cette  belle  œuvre  et  qu'il  a  cherché  à  la  reproduire. 

En  son  nom  et  au  nom  de  .M.  R.  Cagnat,  .M.  Saladm,  architecte,  com- 
munique un  rapport  sur  la  mission  archéologique  (ju'il  a  remplie  en 
Tunisie  avec  M.  Gagnât,  du  mois  de  novembre  1882  à  la  fin  d'avril  1883. 
Nos  comuatiiotes  ont  visité  Lamta  (ancienne  Lcptift  l'ana)  ;  ils  y  signalent 
une  dizaine  de  tombes  recouvertes  d'une  lUoS'iïque  laniùt  en  cubes  de 
verre,  laniùl  en  cubes  de  marbre.  L'est  une  œuvre  chrétienne  ;  c'est  la 
première  fois  qu'on  trouve  la  mosaïque  employée  comme  dallage  funé- 
raire. 

A  Heïila  (ancienne  Suffetula),  ils  ont  étudié  un  ensemble  de  trois  tf  m- 
ple^  juxtaposés,  télrastyles  (à  quatre  colonnes  de  façuie)  et  i»seudo-périp- 
lères  ;  ils  ont  retrouvé  les  vestiges  d'un  édifice,  probablement  avec  scène 
qui  n'est  pas  antérieur  à  Uioclétien. 

Ils  ont  parcouru  le  pays  compris  entre  llciila,  Tébessaet  dafsa,  aujour- 

II)'  SLiitii:,  T.  II.  —  13 


180  IU:\l  K    AnclIKoLOcilijlK. 

d'hiii  privé  d'eau  el  presque  déserl,  mais  rcriile  cl  lii>j  ha!iil(5  sous  la  do- 
nùnaliou  roinaine.  \.o.  rapport  do  MM.  Cannai  ot  Salailiti  flécril  sommai- 
romeiil,  pour  celle  ngicn,  Irs  ruines  de  Fcriana,  tic  Kas\iu,  où  subsisliMil 
les  rcsles  inU're<sanls  (l'iin  pelil  inaubolée,  de  liai.tuh-Kima,  de  llcmliir- 
Zaatli,  de  llenchii-llrichou.  MM.  Caynal  el  Saladin  se  ïont  anôléf  enfin 
à  llaidra  (une.  Colonia  Flavia  Aitgushi  Emcrita  Ammœlava);  leur  rapport 
en  décrit  les  ruines  ;  il  donne  (|iielquos  inscriplions  chrétienne?,  dont 
l'une  conlionl  le?  premiers  mois  du  (Uoria  in  vxcelsis  :  il  parle  d'un  mau- 
solée, d'un  arc  de  Iriomphe,  d'églises  en  ruines  cl  de  tombes  très  carac- 
térisliques. 

L'expédition  de  MM.  Cagnat  el  Sala.lin  est  une  des  plus  fructueuses 
pour  la  science  parmi  les  explorations  qui  ont  eu  lieu  récemment  en  Tu- 
nisie. 

.M.  Krncst  Renan  fait  hommage  ;\  ses  confrères  du  deuxième  fascicule 
du  Corpus  des  insciiptions  sémiti(|ues.  Il  contient  les  inscriptions  phéni- 
ciennes recueillies  en  K^-ypte,  en  Grèce,  à  Malle,  en  Sicile,  en  Sardaigne, 
en  Italie,  el  parmi  ces  dernières  l'inscriplion  aujourd'hui  fameuse  de  la 
coupe  dite  de  Paleslrina.  M.  Renan  se  plaît  à  rcconnaîire  les  services 
rendus  par  .M.  Philippe  Berger  à  la  commission  du  Corpus  pour  la  publi- 
cation de  ce  fascicule  comme  pour  (cllc  du  précédent.  Il  annonce  la  pro- 
chaine pubhcalion  de  la  première  livraison  de  la  parlie  araméenne  du 
Corpus,  confiée  à  M.  de  Vogiié.  Ainsi  s'avance,  avec  toute  la  céiérilé 
possible,  vu  les  difficultés  multiples  d'un  travail  très  délicat  et  très 
ardu,  cette  œuvre  imposante,  à  laquelle  M.  Renan  a  attaché  son  nom 
d'une  manière  si  magistrale  et  qui  doit  honorer  la  science  française. 

M.  Michel  Bréal  aclièvela  lecture  de  son  mémoire  sur  la  force  du  mé- 
canisme granmialical. 

M.  Victor  (jiiétin  lit  une  élude  sur  les  populations  druses  el  maronites 
du  Liban. 


SÉANCES  DES  3,  10  ET  17  AOUT. 

Épiijraphic.  —  M.  Schwab  communique  le  déchiiïrement  d'une  inscrip- 
tion judéo-chaldéenne,  tracée  sur  une  terre  cuilo,  en  forme  de  bol,  dé- 
couverte près  de  Hilla,  en  Babylonie.  Klle  est  conservée  au  British  .Mu- 
séum. Les  cinq  lignes  qu'elle  contient  furmenl  cinq  cercles  concentriques. 
L'inscription  est  ainsi  conçue  :  «  Salut  du  ciel  pour  (donner)  la  vie  du 
seuil  d'Aschir  Mehudioud...  au  nom  de  rKternel,  le  Siiiil,  le  (Irand  Dieu 
d'Israël,  dont  la  parole, aussilAl  qu'énoncée,  est  exécutée,  n  Suit  un  verset 
du  Cnnlviue  (m,  '),  relatant  la  garde  du  lit  de  Salomon  ;  puis  vient  la 
hénéditiiou  sacerdotale  mosaïque  (,\o////'.,  vi,  2'i*2(;);  enfin,  après  la  for- 
mule finale  ordinaire  :  "Amen,  amen,  seini  >»  se  lit  un  verset  devant 
servir  de  pré»crvatil  contre  les  maléfic  s  d<,'8  démons  ;   il  est  tiré  d'Isaie 


iu]li.i;ti.n  mk.nsuiol  de  l'acadi^mik  dus  insciuitions.        i87 

(xLiv,  2.'i).  Par  la  l'orme  (Jes  caraclères  cl  sui  laiit    itar    1 1  i]ip(j-itiu:i    des 
lignes,  ce  texte  pout  lîtru  allrihur  au  sixiciiiu  sii'.'cle  ùe  noire  ère. 

Chrônoloijic  ut  lu' nie  une.  —  M.  S.  Uciiiacb  lit  une  élude  intitulée  :  «  Ob- 
servations sur  lu  clironoio^'iede  quelques  archontes  athéniens  postérieurs 
à  la  120"  olympiade.  »  La  fixation  de  la  liste  des  arcliontes  athéniens,  dont 
la  menlion  sert  à  dater  beaucoup  de  documents,  est  d'une  ^'rande  impor- 
tance pour  la  chronoloyio  et  i'Iiistoire  de  la  Grèce.  La  dernière  liste, 
dressée  en  I.H75  par  M.  (îelzer,  peut  Ctre  complétée  et  corrigée  sur  I)eau- 
coup  de  points  à  l'aide  des  inscriptions  découvertes  par  les  membres  de 
l'École  française  d'Athènes  à  Délos.  L'étude  de  M.  Reinach  a  pour  but  de 
faire  servir  à  cet  cdot  les  îexles  recueillis  par  M.  llauvcltc-lîc.^naull  et,  en 
1882,  par  l'auteur  lui-même. 

Les  arènes  de  P:tri$.  —  .M.  Maxiniiu  D. ■loche  fait  connaître  à  l'Académie 
la  décision  du  conseil  municipal  de  Paris,  portant  que  le  terrain  renfer- 
mant une  grande  partie  des  ruines  des  arènes  de  l'ancienne  Lutèce  se- 
rait acquis  par  la  ville.  Déjà,  ajoutii-t-il,  les  déiéi^^ués  de  l'Académie  ont, 
coiijoinlciucnt  avec  notre  confrère  M.  Henri  Martin,  président  du  comité 
de  conservation  de  ces  intéressants  débris,  remercié  M.  le  président  du 
conseil  municipal  de  la  généreuse  résolution  de  celte  assemblée.  Mais, 
puisque  l'Académie,  par  l'organe  de  son  bureau,  a  officiellement  écrit  à 
M.  le  préfet  de  la  Seine  pour  lui  expiimer  ses  vœux,  il  parait  à  propos 
qu'elle  adresse,  dans  la  même  forme,  à  ce  magistrat  l'expression  de  sa 
gratitude.  Les  membres  du  conseil,  en  particulier  .MM.  Aristide  Uey,  Cer- 
ne^son,  de  Ménorval,  etc.,  etc.,  qui  ont  défendu  dans  cette  circonstance 
la  cause  embrassée  par  l'Académie,  se  sont  plu  à  reconnaître  que  l'auto- 
rité de  la  compagnie  et  son  intervention  avaient  grandement  contribué  à 
cet  heureux  résultat. 

Géographie  ancienne.  —  M.  Strecker  a  marqué  sur  une  carte  de  1809 
les  noms  terminés  en  anda  et  andos  de  huit  localités  situées  entre  Trébi- 
zonde  et  Gumushkane.  Les  noms  enanda  ne  sont  nulle  part  plus  fréquents 
que  dan-  l'Albanie  d'Europe;  ils  sont  très  nombreux  sur  la  côte  occiden- 
tale lie  l'Asie  Mineure,  mais  on  n'en  trouve  guère  au-delà  de  l'Halys.  De 
l'élude  dos  noms  signalés  par  M.  Strecker,  il  semble  résulter  que  les 
tribus  qui  ont,  dans  la  haute  antiquité,  peuplé  le  nord-ouest  de  la  Grèce 
et  rriyrie,  ont  envoyé  des  colonies  jusqu'au  pied  du  Caucase. 

M.  Benlocw,  qui  déjà  avait  été  frappé  de  certaines  analogies  entre  la 
langue  albanaise  et  les  idiomes  caucasiques,  croit  reconnaître  dans  les 
premiers  habitants  des  huit  localités  susdites  une  population  de  mineurs 
occupés  à  l'extraction  de  l'argent,  du  plomb  et  du  cuivre  dans  une  région 
de  tout  temps  célèbre  par  l'industrie  métallurgique.  11  croit  de  même 
avoir  trouvé  le  sens  des  terminaisons  ouson,  ousou,  etc.,  qui  caractéri- 
saient les  noms  peu  connus  de  quelques  endroits  situés  autour  de  Kaisa- 


Iss  ui.Vc'K  aucheulgi.K'Lk. 

rieh,  en  Cappuiloce.  La  ville,  cotninc  le  teniloire  donl  <lle  élait  le  thrf- 
licu,  parall  avoir  rlt^  orrnpét?  jadis  pur  uni*  popiilalion  ïéinilique.  Les 
!erimiiaison>  (iH>"i"<,  ohshh,  a<TaitM)l,  d'apn'^s  M.  IUmiIouw,  une  urigiite  sé- 
uiiliquf  ;  elles  Mgtiilifraiout  j)/ lo- ou  <!'»»•  Z".'////!''!'.  M.  Uciiluew  s'cIToice 
il'élalilir  Cftie  élyau)li»gii'  i\  la  fois  par  des  dountie*  etliuogiaphiqufs  ein- 
prunlées  à  Strabon,  cl  par  des  preuves  empninh^i's  à  la  couslrurlion  des 
uiols  ln'braïques.  Les  noms  en  ouaou,  ounou.  soni  :  TabUiuson,  Ailousau, 
Aùilniosoi),  nirmojoii.  Siiiason,  elc.  Les  noms  en  (iwloa  ^onl  ;  Jcratilns, 
Scraiiilo".  LiNeriUnlos,  Nij-orando,  Setjarantlo.  NiriMiiido,  l'al^;anaiido, 
Hobalando.  Les  noms  doï  deux  si'riPs  onlêlé  conjniuniqué  hi  M.  Honloew 
par  M.  KiepiTl. 

E<jyptnlogic.  —  M.  Maspeto,  direclcur  général  des  louilles  en  Lgypie, 
rend  compte  à  rAcadémic  des  résultats  de  ses  recberclies  durant  l'année 
qui  vient  de  s'écouler. 

Un  curieux  tombeau  de  la  onziùme  dynastie,  trouvé  à  Tlièbes,  a  rté 
apportiî  au  musûe  do  Houlaq.  A  Saqqarah,  on  a  découvert  une  ioml>e, 
remoniaiit  à  la  >i\ième  dynastie,  avec  une  voùlc  destinée  à  empêcher 
reiïondrement  du  couvercle  et  une  décor  ition  aiial();,Mic  a  celle  du  tom- 
beau ibéain.  On  connaît  l'opinion  souvent  exprimée  de  Mariette  :  l'émi- 
nent  archéologue  était  c  invaincu  qu'entre  la  sixii^me  et  la  onzième  dy- 
nastie il  existe  une  lacune  dans  les  monucnents  dt-  l'Kgyple,  d'où  résulte 
un  hialiis  étrange  pour  l'Iiisloire  et  la  clironolojîie  de  ce  pays,  (l'est  une 
>or!e  d'éclipsé  brusijue,  prolongée,  inexpliquée,  inesplicatile  peiit-élre, 
laquelle,  à  un  mom-nl  donné,  ci'sso  tout  à  coup  d  une  manière  non 
moins  myiérieuse.  Mariette  en  concluait  que  l'art  thébain  s'était,  durant 
cet  intervalle,  développé  isolément.  Celte  conclusion  est  singuliéremi-nt 
affaiblie  par  la  comparaison  des  deux  monuments  recueillis  celte  année 
par  M.  Masporo.  à  Tlièbes  d'une  part,  à  .Memphis  d'autre  part,  l'iacts  cha- 
cun à  l'exiréme  limite  de  la  lacune  dont  il  s'agit,  ils  n'en  montrent  pas 
moins,  aux  yeux  \e>  moins  prévenus,  des  traits  conmiun.>qui  attestent  un 
déveleppcment  commun  et  g'n'ial  de  l'urt  aux  deux  pôles  du  monde 
égyplicQ  pendant  celte  période. 

Il  faut  signiltT  encore  à  Tlièbes  la  découverte  d'un  sarcophage  avec 
inscription  à  l'encre  noire  et  à  l'encre  roug*'.  On  s'est  assuré  qu'il  avait 
été  publié  par  M.  Lepsius  ;  bien  plus,  qu'il  avait  passé  sous  les  yeux  des 
Eavaiils  Trançiis  en  ITÎCJ.  Il  a  été  l!an.>!porté  au  musée  de  lloulaq.  Ce  sar- 
coi'liage  provient  d'un  lomlieau  qui  a  ^ervi  dans  l'unliquiié  dé;^ii.-e  chré- 
tienne. LfS  tombeaux  Ihéitains  sont  creusés,  comme  on  sait,  dans  le  roc  ; 
ils  8C  composent  principalemciu  «l'un  long  coulnir  de  trenie  ;i  quarante 
mètres,  aboutissant  à  la  chambie  ronéraire.  Avant  de  parvenir  à  cette 
chambre,  le  couloir  traverse  un  caveau  i  cheval  sur  lui,  pour  ainsi  dire. 
l'Ius  dune  Tois,  les  chrétiens  ont  profité  dt-  ces  dispositions  pour  trans- 
furnier  ces  groltea  en  églises.  Voici  comment  :  le  couloir  était  muré  à  ui.c 
«cilaiiie  distance  du  caveau,  do  l.içon  à  lormer  a>et  lui  les  quatre  bran- 


lU'i.i.iiiv   Ml  \-i  cr.  \u:  l'mmumii:  i»k^  in-cuim  in\^.         Is'.l 

clii's  irunc  croix.  I."  t(iiii!)>' m  ilimt  il  >';i;^'il  limiiil  .iiii-i  iirio  r^ilisi'  dont 
les  parois  ont  icçii,  sous  foriiKi  d'iiiscriplious  cctpn-s,  des  p.is^ages  des 
homélies  de  saint  IJu  ile  el  de  suiiil  Cyiille,  des  fraj^riienls  liiurgiqucf. 
On  y  a  rccurilli  cinq  >lùl<'8  également  couvertes  d  instriplions  pieuses. 
I/t^^lise  ne  dura  pas  loiiiilcmps  :  file  fui  ruint'e  par  un  l'hou'cmi'rïl  de  la 
montagne,  qui  [>  irait  avoir  surpris  plu>i('urs  peisonne>.  M.  Ma^pero  y  a 
recueilli,  en  clVrt,  des  ossenienl>  huniain.s  et  une  luni(|Uf'  de  cuir  lâchée 
de  sang,  scinbl  tbie  à  celU'  que  poriaicnt  !>  s  solitaires  (1(!  la  Tliéhaïde. 

A  l'Iiilœ.  M.  Maspero  .1  pu  explorer  les  ruines  de  deux  anciens  cou- 
vents chr.tiens  vuisjns  des  cataractes.  11  y  a  trouvé  une  vingtaine  de 
tombes,  dont  ùov.\  appai  tiennent  \  des  6v<'»ques  inconnus  di;  Philiu.  Sur 
ce  point,  dcMioii' elles  recherches  sont  à  laiie;  il  existe  des  restes  d'au- 
tres couvents.  .Malheureu^emenl,  les  explorations  y  sont  difiiciles,  û  caue 
de  la  répugnance  des  ouvriers  arabes  ù  passer  la  iiuii  dans  ces  parages. 

Kn  ïoinnie,  les  découvertes  accomplies  jusqu'à  ce  jour  dans  celle  di- 
reclion  prouvent  qu'il  y  a  en  Egypte  les  matériaux  d'un  musée  copte 
qui  serait  précieux  pour  l'histoire  de  l'Kglise. 

Des  i'duilles  ont  été  exécutées,  non  sans  succès,  dans  des  localités  où 
l'on  n'en  fait  plus  aujourd'hui.  A  Cnpios,  .M.  Maspero  a  exhumé  des  iiis- 
criplions  grecques  et  latines,  et  dégagé  les  restes  du  grand  temple,  aus>i 
considér.ible  par  ses  dimensions  que  celui  d'Kdfou  et  consacré  au  dieu 
Khcm  itbyphallique.  A  Denderah,  notre  compatriote  a  trouvé  une  ave- 
nue de  sptiinx  dont  plusieurs  éliient  encore  en  place,  mais  une  a\enue 
minuscule,  les  sphmx  ne  mesurant  que  50  centimètres  environ  de  lon- 
gueur. A  l'extrémité,  il  y  avait  un  sphmx  grec  ;  la  forme  en  est  connue  : 
c'est  un  lion  assis,  les  pattes  de  devant  dressées;  il  a  la  tête  d'une  jeune 
fille;   la  chevelure  cjt  disposée  en  quatre  plaques  sur  la  tète. 

En  résumé,  cette  campagne  a  produit  environ  deux  cents  monumenis 
nouveaux,  d'origine  copte  ou  pharionique  ;  plus  de  huit  cents  osiraca 
(tessons  avec  inscriptions)  dont  les  lieux  de  provenance  sont  connus;  en- 
fin, i1eux  tombes  d'une  grande  valeur  pour  élucider  un  problème  histori- 
que et  chionologique. 

M.  .Maspero  a  reçu  les  féiicilotions  du  président,  .M.  Alfred  Maury,  au 
nom  de  lAcadémie,  qui  a  écoulé  avec  le  plus  vif  intérêt  l'exposé  du  sa- 
vant égyptologue. 

M.  Ilobiou  fait  donner  communication  d'un  mémoire  sur  la  date  de 
l'exode  d'après  les  données  de  la  Bible  et  les  renseignements  puisés  dans 
les  monuments  égyptiens. 


NOUVFI.l.KS  ARCIIKOl.OdTOUES 


ET    Cor.r.KSPONDANCK 


Nous  signalerons  à  nos  Iccicur.s,  comme  vraiment  curieux  et  in- 

ti'ros.-ant,  un  travail  de  M.  AlConso  Huhljiani,  qui  a  pour  titre  :  L'Agro 
dti  Gain  Bnii  {Ager  Bojorum)  divisa  cd  asscgnato  ai  coloni  romani  {nnui 
Îjfi7-Î)7l  (/»■  lioin^).  Il  est  extrait  îles  Atti  v  memoric  drlln  71.  dcputazionc  di 
storiaputria  pcr  le  provintic  di  hot(>agun.  troisii''mc  série,  vol.  I,  fascic.  2, 
1S83.  Ln  l'rludiaiit,  surtout  dans  des  caries  à  très  grande  l'clielle  qui  ont 
été  dressées  au  si(>cle  passé,  les  limites  dos  ciiamps  dans  la  plaine  de 
Bologne  et  les  chemins  qui  les  traversent,  M.  Hubbiani  arrive  à  retrouver 
sur  le  sol  la  trace  encore  presque  partout  sensil)le  de»  divisions  tractk's  par 
les  agrimensorcs  romains  au  mcmionl  où  ceux-ci  partagèrent  aux  colons 
latins  la  meilleure  partie  du  territoire  conquis  sur  les  Moïons;  il  y 
reconnaît  le  Kardus  maximus  et  le  Dccumimns  masimus,  c'est-à-diro  les 
deux  grandes  voies,  de  largeur  inégale,  qui,  se  coupant  ù  angle  droit, 
parlagfaient  en  quatre  rectangles  chacun  des  territoires  divisés  en  un 
certain  nombre  de  ces  lots  égaux  que  l'on  as^^iguait  aux  colons;  c'est  ce 
que  démontre  la  caile,  très  soigneusement  dressée,  qu'il  a  jointe  à  son 
mémoire.  Celui-ci  sera  consulté  avec  fruit  par  tous  ceux  qui  désorniais 
auront  l'occasion  de  s'occuper  des  Gromatici  veUres,  et  qui  voudraient 
étudier  les  procédé>  et  les  liahiludes  de  l'arpentage  romain. 

!,c  FiuUetin  de  ojrrespowlawf  africaine  de  1>'82,  fascicule  5,  sep- 
tembre et  octobre  1882,  renferme  les  articles  suivants  : 

n.  de  La  Blanclièrc,  Monnaie  d'or  de  Ptolém^c,  roi  de  Mturétnnie,  avec 
rcprodiution  photograpliirjtic.  —  K.  Miisqueray,  Svur  Djnuuh  (Haiiili), 
Atn  Bessim,  Ain-ion  Utti,  a\ec  i  lanche  dans  le  le\le.  —  H.  tie  La  Hlan- 
chère,  Inscri]>tions  de  Gunugus.  —  K.  Masqueray,  le  Bour  des  Aoulûd 
Z'ian  cl  '.e  Fflj  }ii»'s  Kemlnla.  —  lhl»licgra[dii<'.  —  Planche  :  plans  et 
JD.'^ciiptions  de  Itapidi. 

\.^  hn-uc  lyonnais-:  Aw   lli  ini:'  f^><t  r  .t,(i,.i,t  la  suite   des  curieux 


NOUVKLLI'S   AUOIIKOMJUIQUKS.  191 

articles  i\ç  M.  I..  Nif'pce  sur  les  Chambres  de  meireUles  ou  rMhinels  'l'anti 
quités  de  Lyon,  depuis  la  HcH'iiKsance.   L'aiileur  décrit,  datis  cet  uriicle, 
les  cabinets?  (irrts/w/tZ  de  Mnncoiv/s  (KIO.'i-lTOO),   Dnfour  (i(il'2-lfl-îî),  Man- 
crany  [\*>l'->j,  OItuvio   Mei,   l'ioticllu  de  Lavalelte,   S'po/j    (1047-108ii),    La 
CAofZc  (1024-1709). 

L'École  française  d<'.  Homi'  continue,  par  les  soins  de  son  nouveau 

dirccleur,  M.  K.  Le  lUanl,  la  publication  si  inttires.-ante  qu'avait  fundée 
et  mise  en  si  bonne  voie  M.  (lellioy.  Nous  avons  sous  les  yeux,  réunis  en 
un  seul  caliier,  les  deux  premiers  fascicules  de  l'année  \HH'i  des  Milanijes 
d'anhrolojic  et  d'hisloirc.  Ils  présentent  toujours  une  grande  variété  et  lé- 
moignenl  de  la  curiosité  et  de  l'aclivilé  scientifique  des  membres  de 
l'Kcole. 

l'aul  Durricu,  Xotirc  sur  les  registres  angevins  en  langue  française  conser- 
vés dans  les  archives  de  Noples.  —  E.  Le  Hlanl,  Une  colkction  de  pierres 
gravées  à  la  bibliothèque  de  liavetinc.  —  Cb.  Grandjean,  Heiheich>:s  sur 
l'administration  financière  du  pape  Be7i(jit  XI.  —  Louis  Leforl,  Chronologie 
des  2)eintures  des  catacombes  de  Nuplcs.  —  Cam.  -Uillian,  A  propos  du  ma- 
nuscrit Bianconi  de  la  Notilia  dignitalum.  —  C.  Jullian,  la  Villa  d'Horace 
et  le  Territoire  de  Tibur.  (Prouve,  par  le  témoignage  des  inscriptions,  que 
la  partie  de  la  Sabine  où  se  trouvait  la  villa  d'Horace  dépendait  de  Tibur, 
en  sorte  que,  dans  la  vallée  de  la  I3igenlia,  le  poète  était  sur  le  territoire 
de  Tibur;  c'est  ce  qui  lui  a  fait  parfois  attribuer  une  seconde  villa  tibur- 
tine,  qu'il  n'a  jamais  possédée.)  —  Ch.  DichI,  la  Colonie  vénitienne  à  Cons- 
tuntinople  à  la  fin  du  xiV  siècle.  —  Cb.  Grandjean,  I^ote  sur  Vucguisition 
du  droit  de  cité  à  Sienne  au  xw^  siècle. 

Le  lil' fascicule  (mai  1883)  contient  : 

Camille  Jullian,  le  «  Breviarium  totius  imperii  »  de  l'empereur  Auguste. 
—  Louis  Lefort,  Chronologie  des  i^inturcs  des  catacombes  de  Naples.  —  P. 
de  Mol  bac,  la  Bibliothèque  d'un  humaniste  aa  xvi°  siècle;  Catalogue  des 
livres  ajinotés par  Muret,  —  L'abbé  L.  Ducbesne,  la  Succession  du  pape 
Félix  IV. 


r.iiiij.Ks  i:r  d.-c.ouvkhtks. 


Tous  ceux  qui  s'omipont   do   l.i  géographie  aruiomio   de  l'Asie 

MinC'  re  cùtinussenl  les  importantes  driiuiviTles  que  M.  \V.  M.  Hani>ay 
y  a  faites  depuis  trois  ans,  tant  datislcs  environs  iiiimi'diui^  de  Smyrnc 
qu'en  Lydie,  en  Gulalie  et  surtout  en  Pluygie.  Voyageur  iniatijj;able,  par- 
lant avec  aisance  le  grec  moderne  et  le  turc,  trùs  l)ien  pit'paré  d'ailleurs 
par  ses  rtuiie?  à  Oxfur'l  et  en  Alleiiirgiie,  où  il  a  suivi  les  cours  de 
MM.  Sayci'  et  Renley,  M.  Kauisay  a  rendu  non  munis  de  services  par  ses 
publications  de  textes  et  de  monuments  que  pur  les  relevés  top(>graphi- 
que>  partiels  qu'il  a  exécutés  dans  des  régions  encore  mal  connues.  Nous 
ne  pouvons  donner  ici  la  liste  complète  des  travaux  qu'il  a  disséminés, 
sans  doute  pour  les  réunir  un  j"ur,  dans  les  revues  anglaises,  fran(,'aises 
cl  alUmindi'S;  le  Juumnl  uf  Iwllvnic  stiuil.e.i  n'a  pas  eu,  depuis  sa  fonda- 
tion, de  collaborateur  plus  assidu  que  lui,  et  le  UulUtin  tic  rorrei^poniiant't' 
lirlléiii<int-,  orpane  de  l'tcole  française  d'Albônes,  a  publié  sous  sa  signa- 
ture plusieuis  articles  trùs  remaïqués  i.  Après  avoir  voyagé,  pendan'  deux 
aiis,encom|>ag(iit'  désir  Cbailes  Wilson,  alurscoiisul  iiii!i!air.'  britannique 
en  A«ie  Mineure,  M.  Uum.-ay  >'ert  mis  eu  roule  i  ette  année  avec  M.  SteiretI, 
membre  de  l'Ecob;  américaine  d'Atiiénes.  GrAce  à  une  It-llre  détaillée 
qu'il  nous  a  adressée  d'Usbak,  le  12  Juillet  dernier,  nous  sommes  en  me- 
sure de  ren^eigne^  nos  Ircleurs  sur  l'ilinéiaire  qu'il  a  suivi  et  les  princi- 
pales découvertes  qu'il  a  faite»  dans  la  prcmiéie  partie  <Je  cette  nouvelle 
campagne. 

Le  <i  juin  dernii'r,  les  voyageurs  quitlèrent  la  station  du  chemin  de 
for  h  Si-rai  h'cui  (i\  visitèrent  b*  site  de  Tripulis,  près  de  IV/a'f/jV'.  où  se 
trouvent  des  ruines  coiisilérablcs  et  les  ri-sles  d'un  i lu-Aire.  A  Yénidjé, 
ils  (nirenl  lopit;  d'une  inscription  [lorlaut  le  iinni  df  MatovtY)  TpÎTioXi;.  De 
11,  ils  parlir-'Ul  à  la  rfi  lien  lie  des  niiiifs  qii',\i  uinb  1  a  >iv'nalies  à  six 
heures  de  clu'iiiiii  riiNinm  a   l'oue*!  nurd-uUisl   d'Vénidjé,  à  Alaimiulmn 


1.  T.  VI,  p.  503-520;  t.  VJI,  \i.  15-2S;  p.  2JK -jTK;  p.  207;J2S.  Vcir  awx,  Mil- 
thtilun'jen  dm  ileutnhen  lii\tiluts  in  Alh'-n,  I.  VII,  p.  13(i-W|.');  l.  VIII.  |>.  71-78; 
JuurnnI  of  Hie  Itoijal  ^^^nllr  Socieii/,  l.  XV,  etc. 


r.lllUiMnIT.    I»'(111II:NT.  {.\i 

t'I  lli'ijili-lliss'n-  :  ils  ne  liousi-iftiil  qm;  des  rostcB  insignili.inl!;,  duliml  di: 
moyen  Agi*,  a\cc  qncliiiics  it)S(  ri|ili()ijs  liyz.inlinr-.  M.  Ilanisiiy  i)onse  cc- 
pciiil.int  jue  le  nom  d' Alanifulam  peol  tîlrn  un  reste  de  l'ancien  nom 
Sala;  \os  monnaies  do  Sala  sont  assez  eommunes  et  dans  les  Notitiar: 
Episcnpiitnum  oti  tionve  le  nom  di'  celle  ville  parmi  les  6\ùrMs  de  Lydie, 
l'ioli^mée  II  [>lace  dans  le  sud  de  la  IMirygio,  aupri's  de  Gazt-ra  (^',  2,  02(1). 

«  De  là,  paursiiit  M.  Ilamsay,  noos  pasb.lm'îs  en  IMnyi^ie,  pour  explorer 
lo  cours  du  Misandre  depuis  sa  source  jusqu'à  la  longue  gorge  à  travers 
laquelle  il  s'est  fravt^  un  chemin  dans  la  dircciion  de  Tripolis.  I,e  pays 
ipi'il  traverse  avant  d'entrer  dans  celte  gorge  s'appelle  aujourd'hui  le 
'l'clial-l)va  ;  en  réalité,  iî  se  compose  de  deux  vallées,  séparées  p^r  un 
chaînon  de  collines  peu  élevées.  La  vallée  occidentale  contient  l'ancienne 
ville  <le  Dionysopolis;  celle  de  l'est  est  identique  aux  !h/r'j'ilrtiii  ('>impi. 
M.  Waddinglon  ajustement  placé  Uijrgniia  en  cet  endroit;  nou'-  avons 
maintenant  la  preuve  que  c'était  non  pas  une  ville,  m.iis  une  association 
de  villages  portant  le.  nom  de  xô  xotvôv  too  'VpvaXei'o'j  r.iri'wj.  Le  sanctuaire 
autour  duquel  c:tte  associalion  ï-'esl  fermée  étuii  un  temple  de  Mi-.U-r 
L('"ô^  dont  le  culte,  identifié  ;ï  celui  de  la  j:rande  déesse  asiatique,  ne 
s'était  rencontré  jusqu';\  présent  qu'en  Lycie.AHCLs<asiopo/îS  était  probable- 
ment une  cité  qui,  à  l'époque  byzantine,  prit  la  place  de  l'as.->ocialioa 
Ivjr>i(ih}itnne.  La  carie  de  Kiepert  est  si  inexacte  pour  cette  région  (ju'on 
risquerait  plutôt  d'induire  en  erreur  en  indiquaiit  les  ni)ms  modernes  de 
ces  eiuplacemeiiis. 

«  Au  sud  (le  Tchal-Ova  se  trouve  le  pays  appelé  Baklan-Ovn.  C'est  là 
qu'était  la  \ille  ancienne  de  Lounda,  dciit  le  nom  n'avait  été  rencontré 
jusqii'a  présent  que  d  ins  les  lisies  byzintin»s;  nous  y  avons  lu  sur 
une  insci  iption  en  rhuiiicnr  de  Se[»time  Sévère,  dédiée  par  le  sénat  et 
le  peuple  :  ///DYNAEGON,  c'osl-i-dire  Aouvoecov. 

«  Je  placi'  par  conjecture  la  ville  de  Peltoo  S'ir  les  limites  du  linklnn- 
Ov'i  et  de  \'Ishckl!/-Ova;  je  n'ai  cependant  aucune  preuve  pérempioiie  à 
l'appui  de  ct^lte  ideniifi- dion.  Les  Dix  Mille  ne  suivirent  pas  la  vallje 
du  Méandic  dApamée  à  Peltae,  mais  une  route  qui  traverse  un  bas  pla- 
teau et  relie  direcieraeut  ces  deux  villes. 

«  Atlanasscs  a  conservé  son  ancien  nom  sous  la  désignation  d'E>/rt 
Aid'i'i,  A  cinq  milles  vers  l'oupsl  d'Ishekli  Kumeneia  est  bien  connue  : 
c'est  1 /*'Ae/i// moderne  Lu  seule  ville  que  mentionne  eniore  Hiérocles 
dans  celle  région  e-l  Seiblia,  connue  d'ailleurs  par  les  monnaies;  son 
emplictm.'ut  paraît  être  occupé  aujourd'hui  par  U<.inia,  où  l'on  letrouve 
diiïérenls  vestiges  de  l'antiquité. 

«  .Nous  quiilflmes  la  Phrygie  Pacatienne  pour  pénétrer  dans  la  Phrygie 
Salutaire  par  une  route  irùs  importante,  qui  ne  me  parait  pas  avoir  été 
encore  explorée  :  elle  traverse  le  Dmiz  lirl  \Honi'i  à  Sanilukli  et  elle  est 
coupée  par  la  rouie  d'hliikU.  (liuiiieneidj  à  Konieh  (iconium'.  Nous  sui- 
vîmes toute  la  plaiae,  du  nord  au  sud,  entre  Din^ir  (.Vpamée)  et  Sun'Inkli: 
elle  renl'ei  me  quatre  emplacements  importants.  L'un,  ù  Mcntosch,  à  quatre 


194  HKVUP.    AnCIIKOLOGIQlK. 

heures  au  sutl-ouc>l  de  Samlukli.  tiffre  les  ruines  d'un  lliéAlie;  les  autres 
se  trouvent  ik  Katch-llissnr,  à  Kimr-Uiisar  et  ;i  Korn-Snndttkli.  Duns  un 
orlicle  du  Jiullcliii  «/c  concspondani'c  hclldnx/ue  (I8"*2,  p.  Ii0'.\  et  siiiv.)  j'ai 
('niis  l'opinion  que  ctMlo  Millée  aluiilour  di;  Saiidi.kli  contenait  les  (rois 
cité»  de  Itrouzos,  iliéiopolis  et  Olrous.  (leile  oiiinion  est  aujourd'hui  plei- 
ncmont  conllrnnk\  J'avais  di^j;i  identilh^  llrm.'zos  u\oc  Kara-Suulukli ;  j'ai 
maintenant  le  lénioignaj^e  d'une  pierre  inillinire  pernietlaiit  de  placer 
Iliéiopolis  A  katrh-Ilissiiv.  Il  cA  vrui  que  le  nom  d'Otiuus  ne  li^uro  duns 
aucune  des  inscriptions  que  j'ai  découvertes  ;  mais  l'ahondance  ties 
monnaies  de  celte  ville  dans  les  Imineaux  delà  vallée  est  un  arunmenl 
qui  s'ajoute  ù  ceux  que  j'ai  déjà  fait  valoir  dans  le  llulUtni  et  le  Journal 
optcllvuic  s'udivs.  Je  phcc  aussi  la  ville  de  Steclorion  et  lo  tombeau  de 
Mygdon  (rausaiiios,  X,  27,  I)  ù  Emir-llissar;  c'est  là  du  reste  une  simple 
conjecture,  fondée  sur  ce  fait  que  des  monnaies  Ue  Slcctorion  m'ont  par 
deux  fois  été  oiïerles  dans  cette  vallée  et  ([u'urie  langée  de  tuinulus,  dont 
l'un  est  trùs  grand,  s'étend  à  un  dcmi-millc  de  l'emplacement  présumé 
de  la  cité.  J'ai  déjà  souvent  exprimé  l'opinion  que  Stectorion  se  trouvait 
dans  ces  parages  ;  l'ordre  suivi  par  Hiéroclés  est  un  témoignage  qu'il  est 
impossible  de  récuser. 

u  J'ai  achcié  dans  les  environs  une  monnaie  avec  la  légende  l£POnO- 
AGITGON  :  le  style  de  celte  pièce  et  sa  provenance  montrent  que  j'avais 
eu  partie  raison  lorsque  j'écrivais,  dans  le  Bulletin  de  correspùtidunce 
helUiiique  (tS^lî,  p.  iiOfj),  que  les  monnaies  portant  celle  légende  doi- 
vent être  rapporlées  à  lliéropolis  et  non  pas  a.  lliérapolis  dans  la  vallée 
du  Méandre.  Il  faut  néanmoins  admeUie  que  les  hron/.es  d'Iliérapolis  por- 
tent aussi  quelquefois  la  létiende  IGPOn.  Nous  possédons  niaiiiieiianl  le 
témoignage  de  deux  inscriptions  donnant  le  nom  d'IGPOnOAlC  à  la 
cité  de  la  l'hrygie  Salutaire. 

a  Une  indisposition  m'a  cmpéclié  de  prendre  une  copie  nouvelle  cl  un 
estampage  de  l'importante  inscription  à'Ahxamlrc  fUs  d' Antotiius  ;  mais 
M.  blerrett  voulut  bien  le  faire  à  ma  place.  U  coutirme  de  tous  points 
l'exaciiiude  de  ma  copie  telle  qu'elle  a  été  publiée  dans  le  Dulklm  de 
correspondance  helléni'jue  (voir  la  note  additionnelle,  ISS3,  p.  327);  seule- 
ment, il  croit  que  les  li^^nes  3  et  4  sont  peut-être  incomplètes  au  com- 
mencement et  à  la  tin  ;   les  lignes  1-2  soin  complètes  à  la  lin. 

u  Vous  me  croirez  ù.  peine  si  je  vous  dis  que  nous  avons  trouvé  un 
fragment  du  tombeau  de  saint  .Xbcrcius  avec  une  partie  des  lignes  de- 
puisGIC  PCA^MHNjusquaeAPAZATOnAPOE'.  Ce  n'est  mallieureuse- 
meiil  qu'un  peiil  iiior(<'au,  iiiai>  il  pr('seiili'  qucNiues  !t'«;oiis  iinportaiites, 
telles  que  HAYAON  EXGON,  2YPIHC  UGAI,  eVOPATHN  AIA- 
BAC.  Lu  marbre  est  encastré  dans  le  mur  des  bains,  et  co  n'est  pas  sans 

1.  Otte  épitaphc  est  donnée  par  Siméon  MûtaplirafttoR,  Aria  Sanrtdruni^  '22  oct. 
Dans  le  liuicUn  de  rorrrriiondanc  hr/itiinjw  (!<•  juillet  1882,  M.  Ilninsay  a  publié 
une  épluplu:  clirélienno  calquée  sur  celle  do  baiiil  Alburciu». 


CHRONIQPR    d'orient.  1!»") 

pcino,  ;\  cau<c  de  l'humidili'',  quo  nous  r6us>In>os  A  faiift  un  pslampage 
dft  l'iriscriplion,  avec  la  nii^rDe  caii  Ihermnln  dont  saint  Ahorcius,  suivant 
la  (ruililioii,  a  doli'' jadis  trcs  coniîiloycns  d'Otious.  Los  inscriptions  rliri'- 
ticnncs  d'une  L'poque  (rùs  ancienne  abondent  dans  cctle  vallt'e  ;  l'iinc 
d'elles  doit  appartenir  à  la  premi(Ve  mollit^  du  secnnd  ^locle  avant  J.-(;., 
puisi|u'elle  mentionne  M.  I  Ipius  Neclarcoset  M.  IJIpius  Sabinns. 

«  Nous  avons  cnsuilo  exploré  et  n'Ievé  lopoprai)liifjiiernent  le  district 
inconnu  situé  au  nord-ouest  de  la  vallée  do  Samlukli.  J'ai  trouvé  l'em- 
placement de  la  ville  r,  irçoxexpiuavyi  toû  Moçeavwv  StÎijlciu  AiôxÀeia  .'i  />o- 
Ohla,  sur  la  route  directe  de  Sandukli  à  Acnionia.  Dnghia  est  éloignée  de 
six  milles  vers  l'est  d'Acmonia,  et  les  inscriptions  d'.4f//iar-Hess«r  publiées 
par  Le  Mas  appartiennent  à  la  même  localité. 

«  De  là,  nous  passAmes  dans  le  F>ityhanU-Ora,  où  je  m'attendais  à  trou- 
ver le  site  d'Kucarpia  ;  mais  je  fus  étonné  de  découvrir  que  cette  vallée 
appartenait  à  la  Phrygie  Pacatienne.  Ine  inscription  fort  mutilée  que  j'y 
copiai  fiu  cAté  de  l'est  prouve  que  la  ville  de  KidyesHos  était  située  en  cet 
endroit.  Je  place  pnr  conjecture  Arisiion  dans  la  partie  O'cidfntale  du 
Sitijhœili-Ovn,  au  pied  de  la  jzrande  colline  nomn)ée  Ahar-Dugh,  où  sont 
les  vestiges  d'une  ville  ancienne. 

«  Telle  est,  en  résumé,  la  besogne  proprement  archéologique  dont 
nous  nous  sommes  acquittés  pendant  cinq  semaines  de  voyage.  Mais  les 
découvertes  épigrapliiqiies  n'ont  pas  été  celte  fois  mon  but  principal  ;  j'ai 
consacré  beaucoup  plus  de  temps  et  d'attention  û  corriger  la  carte  de 
Kieperl  dans  les  districts  que  nous  avons  traver.'és.  L'oiijet  essentiel  de 
notre  voyage  est  la  lestauration  de  la  carte  de  Phryt,ie  telle  qu'elle  était 
dans  les  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne.  J'ai  négligé  de  vous  signa- 
ler quelques  sites  anciens  demoindreimporlance,  dont  les  équivalents  me 
sont  inconnus. 

«  Vous  pouvez  faire  de  ma  lettre  tel  usage  qui  vous  semblera  conve- 
nable ;  si  vous  la  publiez  en  entier  ou  en  partie,  je  vous  prie  de  dire 
que  M.  Kiepert  a  eu  la  bonté  de  dresser  à  notre  intention  une  carte  de 
Phrygie  à  grande  échelle  qui  nous  a  été  d'une  extrême  utilité.  » 

Les  lecteurs  de  la  Revue  ne  nous  reprocheront  certainement  pas  d'avoir 
laissé  la  parole  ;\  .Al.  Ramsay,  dont  nous  avons  traduit  la  lettre  presque 
entièrement,  en  ne  supprimant  que  quelques  détails  personnels.  Le  fait 
mGme  de  nous  avoir  adressé  d'Ushak  une  lettre  si  longue,  au  retour  d'un 
voyage  fatigant  et  difficile,  prouve  iion  seulement  la  parfaite  obligeance, 
mais  l'aclivilé  et  l'énergie  singulières  du  jeune  voyageur  anj^lais.  Les 
importantes  découvertes  qu'il  nous  communique,  s'ajoulanl  à  ses  décou- 
vertes passées,  lui  assurent  désormais  une  place  ù.  LÔté  des  Leake,  des 
FelloAvs,  des  Hamillon,  de  tous  ces  explorateurs  savants  et  hardis  dont  la 
tradition,  interrompue  depuis  quelque  temps,  a  été  renouée  avec  un  rare 
bonheur  par  .M.  Hanisiy,  sous  le  patronage  de  lunivorsité  d'Oxford  et  de 
la  Société  aoglaiso  pour  roncouragemcnl  des  études  grecques. 

M.  Sayce  m'écrit  d'Oxford,  à  la  date  du  9  août,  qu'il  a  reçu  une  lettre 


1!M;  iiKvn:  AiifiiKOLor.ioi'P. 

lie  son  «Mt'xo  nnnnn«:inl  la  ili  roii\«'i  le  ilu  lniiihoiu  do  My^ilon.  M.  Ilaiii- 
»ay  est  repaili.  au  coinnioiiceiiu-nl  liu  iiini>  d  ikh'iI,  [.chu  ihh'  mm  mule 
louriuH'  «'H  IMnygic. 

O.ins  \i^  Bullrlin  <!•'  corirfpnnthnirc  ltrllvni<iitr  .If   raiitu'f   coiiraiild 

(jauxu'r  I8s;j;  M.  Slillmann  a  puldii^  oi  di'cnt  iiiic  adminldc  ciiiiusso  de 
b'Oiizi'  oiiit'f  de  d<'><ms  au  Irait,  déiouverlc  dans  lo  lit  de  1  Alpht^e  o{  fai- 
sant parlif  aujourd'luii  de  la  rolleclion  d'un  Anglais  a  Zunihc.  C'est  à 
Zanttie  que  M .  Slillmann  avait  vu  ce  [ifL^iJotix  ohjft,  dont  le  [lossi-sseur 
lui-nu''me  élaii  loin  de  .'^ouiiçunncr  l'imporlancf.  Kn  (iï'-l,  la  cuirasse 
était  couverte  d'une  (Ouclie  d'oxyde  ^i  i^pai^M-  qu'un  n'y  distinguait  |i;is  la 
njoitidre  iraco  de  fi.uroi^.  Ayant  obtenu  la  |irriiiis*ion  de  l'eniportei  A  Alliù- 
nes  pour  essayer  de  la  riMuotirc  en  éial,  M.  Siiilmann  travailla  pendant 
plu^ieurs  mois  à  désdvyder  le  liron/e  1 1  il  st:  KTvii  a  cet  eiïet  d'un  pro- 
ci'dé  de  son  invenliun  (|ui  a  donné  le  mcili-ur  lésullal,  loinine  le  [iiounc 
ra>pt'il  lies  pliuldgrapliies  publiiS's  par  le  Bnllttiii.  l/aiiicU>  où  M.  Slill- 
mann racontai!  sa  dirouvtiie  a  été  traduit  par  moi  en  (lançuis  ;  niais 
nous  n'avons  pu  ni  l'un  ni  l'autre  en  corriger  Its  épreuves  et  il  s'y  ett 
glissé  une  faute  d'impn  jsion  (jue  M.  Slillmann  me  prie  de  signaler  à 
r.itttnlKiu  des  arcliéologut'S.  A  la  ligne  12  de  la  page  2,  on  a  imprimé 
acide  hitriijHC  au  lieu  {ï'uàdi;  vid  irjuc,  dins  le  paragr.iphe  où  M.  ^lillman^ 
fait  connaitre  les  procédés  de  nettoyage  aiixiiuels  il  a  eu  lecours.  Or,  si 
quelque  colleciionneura^ait  eu  la  malheureuse  idée  de  nettoyer  utibionze 
à  l'aide  d'acide  niirique,  il  l'aurait  iibîmé  d'une  manière  irrépaiable.  Jus- 
tement dé.-ireuv  qu'un  iiciident  de  ce  genre  ne  puijst'  être  ultiibué  A  la 
lectuie  de  son  aiticlc,  M.  Stillmanii.  me  prie  d'in>érer  la  noie  suivante, 
où  il  expose  un  piocédé  de  nelioyage  tout  nouveau  qu'on  pourra  appli- 
quer avec  piofil  dun>  les  collections  publiques. 

«  Din>  le  Bulletin  d>i  conepnnduncr  htllmiijue  du  mois  de  janvier  der- 
nier, j'ai  inséré  une  note  relative  à  une  cuirasse  un-ique  archaïque  dé- 
couvcite  par  moi  ;  une  erreur  typographique  m'y  fait  indiquer,  pour  le 
nettoyage  des  bronzes  antiques,  un  procédé  des  plus  dai.'gereux,  à  la 
place  du  procUlé  très  sûr  que  j'ai  employé  el  que  je  recommande.  Je  ne 
sache  pas  que  personne  ail  encore  eu  l'idée  de  s'en  scivir.  It  co:tsisle  à 
recouvrir  l'objet  oxyilé  de  ouaie  {iolt"h-irijid)  imprégnée  d'une  solution 
saturée  d'aci  le  cithiulk  (O  Ib  0'')  el  non  d'aci  le  Mmn,)ii:,  comme  me 
l'ont  l'ait  dire  les  lypographes,  ce  ijui  aurait  pour  tll'ci  infaillible  de  dé- 
truire complètement  le  bronze.  Au  contraiie.  l'emploi  de  l'acide  citrique 
n'olTre  au»  un  danger,  buMi  qu'il  exige  un  lem^iS  a-sez  long.  Kn  eiïel,  cet 
acide  n'atl.t(|ue  pas  U;  métal,  mais  .-eulcir.eiit  les  o\yd"s  métalliiiues,  et 
en  l'emplovinl  de  la  manière  que  j'ai  indiquée  on  permet  A  l'air  ambiant 
«le  fournir  la  quantité  d'ovygénc  néccs.«aire  jiour  que  les  oxydes  déjà  for- 
11161  soient  iiarfaitemcnl  soluhles.  Cette  méthode,  il  cA  Mai,  (Milévc  la  pa- 
tine, el  il  faut  se  giuder  de  l'employer  II  où  l'on  tlésire  que  in  patine  reste 
intacte  ;   mais  l'imporUncc  Je  lu  patine  cA  nulle  lorsqu'il  s'agit  de  rcn- 


CIIHO.MgUK    I)  dl'.IKM'.  11)7 

(Iri^  à  lu  liiiuiùio  des  dessins  ou  di-s  iii-c.iiptions  d'iiii  {(laiid  iiiirMrl  ar- 
chôolugiinie.  l/opi'ratioii  iicKuio  comidèliMni'iit  h;  mt':lal  ot  ne.  l'onlame 
aucnneineiil,  toiil  ea  l'aisaiil  dispaiaiirc  jusqu'aux  dernières  Iracoi  de 
l\)\yd.tli()i).  I) 

M.  Cleic,  membiede  Tlilcoie  frunçaisft  d'Aihènes,  conduit  c;i  ce 

raomcnl  une  campaj^ne  de  fouillfs  dans  l'ili!  de  Sanios,  où  M.  Paul  (liratd 
avuil  cM-rulé  qui-hiues  travaux  en  1S70  (liiiUnlin  du  rorr'f.pond-inr.e  licllc- 
iiijur,  t.  IV,  p.  :i^\),  pi.  XII).  Les  n'-n'lals  de  ces  fouilles,  qui  oui  déjà  <  lé 
sulisraisinls,  ser.ml  puldiés  dans  le  liuUtin  de  IHSi. 

A  Di'los,  où  l'Kcol-  française  est  à  l'œuvre  depuis  liuil  an-;,  la  direction 
des  fouilles  n  cU-  confiée  celle  année  à  M.  Paiis,  ineuib'-e  de  l'école.  Le  Mes- 
sager <i Athènes  du  t7  aoûl  nous  a[»poite  la  nouvelle  d'une  découvert"  cu- 
rieuse faiie  par  noire  cuni(taliioie  dans  la  partie  de  lile  voisine  du  ihé.ltre. 

C'cil  une  n)aison  de  l'époqui!  alexindrine,  dont  on  u  déjà  déblayé  la 
cour  eniourée  de  colonnes  et  douze  chamhrC'.  Le  sol  de  la  cour  est  cou- 
vert d'une  belle  mo^aïque  sur  la([Ui'lle  sont  des-inés  des  poissons,  des 
(leurs  cl  il'aulrcs  inulifsd'ornenj-  nialion.  Au  milieu  de  la  cour  on  a  trouvé 
un  bassin  plein  li'eau.  Un  a  di'couverl  ;;u-si  la  porle  d'entrée  el  l'espèce 
d'avenue  qui  s'ouvrait  devant  la  maison. 

Celle  exploration  présente  un  grand  inlérût,  car  l'on  sait  combien  nous 
connaissons  mal  les  maisons  particulières  d^^s  Grecs;  il  sera  désormais 
facile  de  corjlrôler,  à  l'aide  d'un  document  certain,  la  description  l'aile  par 
Vitruve  de  la  maison  alexindrine.  Nous  pensons  que  remplacement  où 
M.  Paris  a  fouilb-  est  celui  même  que  nous  avons  signalé  dans  le  liulkliii 
de  correspondance  hcUnique  (i!s3S,  p.  1(34)  :  «  A  mi-chemin  du  Cynihe, 
entre  le  ihéâire  et  le  Sérapiéion,  on  voit  les  ruines  d'un  édifice  non  en- 
core déblayé,  consi^tanl  en  fûts  de  colonnesqiiientourent  une  cavité  rec- 
tangulaire. »  Nous  avions  cru,  bien  ù  lort  semble-l-il,  y  reconnaître  une 
sorte  de  réservoir. 

Jusqu'à  présent,  on  n'avait  guère  fouillé  les  habitations  privées  à  Délos, 
dont  il  existe  un  grand  nombre,  mais  à  une  profondeur  considérable,  sur 
les  collines  entre  le  lac  Sacré  et  la  mer.  Uliichs  avait  recommandé  cet 
emplacement  à  l'aftenlion  des  archéologues  ;  il  pen-ail  qu'on  pourrait  y 
découvrir  quelques  bronzes  d'art  importants.  M.  liMra'>lle,  ea  1879,  y  a 
déblayé  en  partie  une  maison  dont  les  murs  étaient  revûtus  de  stucs 
d'une  très  vise  couleur  (Lambros,  Athenœum,  iS  décembre  I.S.'^O).  Un  peu 
plu>  au  nord,  j'ai  découvert  en  1^S2  le  vestibule  d'une  autre  de- 
meure particuière  avec  des  colonnes  de  marbre  el  une  décoration  en 
stuc  analogue.  iNous  avions  l'un  et  l'autre  suspendu  nos  recherches  à 
cause  de  la  «rande  (]uantilé  de  terre  qu'il  nous  fallait  enlever.  La  décou- 
vcite  de  M.  Paris  [nouvc,  qu'elles  méritent  d'être  reprises  et  que  les 
demeures  des  hommes,  dans  l'île  d'Apollon,  ne  sont  pas  moins  dignes 
d'étude  que  celles  des  dieux. 

SAI.O.MO.N    IILI.NALII. 


BIBLIOGRAPHIE 


Essais  orieataux,  par  Jamrs  DinMKsTErr.«.  1  vol,  in-8*,  A.  I>vvy,  1883. 

Trùs  joiiiie  encoro.  M.  Jani 's  Dirn'sleler  n'e^t  pourtant  d(^j;i  plu?  de 
ceux  donl  on  dit  qu'ils  promollent  beaucoup;  di>s  maintenant,  les  jurcb 
compi^tcnls  reoonmi-scnl  en  lui  l'un  des  esprits  les  plus  dislinijnés  et  les 
plus  originaux  dont  s'honore  léiudilion  françai.-e.  Coinim^  M.  Henan  en 
Franre.  comme  M.  Ma\  Muller  en  Angleterre,  il  po«siMe  \  la  fois  des  apti- 
tudes diverses  qui  ne  se  trouvent  pas  souvent  réunies;  c'est  i  la  fois  un 
philoloi^ue  éminent  et  un  t^crivain  capable  d'exposer  avec  ampleur  des 
idées  gt'nt'ralos  et  des  vues  d'ensemble.  Interprète  de  l'AresM,  il  a  montré 
quelle  précision  et  quelle  méthode  critique  il  portait  dans  ces  recherches 
minutieuses  et  palieiiîes  qui  pormi'tteiit  seules  d'abordor  de  texli>s  tels  que 
les  inscriptions  phéoicieimes,  les  Védas  ou  les  Upanishads  ;  c'est  ce  qui  l'a 
fait  associer  par  .M.  Max  .Mullor  à  la  grande  entreprise  de  la  traduction 
des  livres  sacrés  de  l'Orient  {Sncrci  booh'i  of  thc  Rist),  où  il  a  déjà  donné 
une  version,  qui  a  reçu  le  meilleur  accueil,  d'une  partie  de  l'Avcsfa'.  Ea 
même  temps  qu'il  s'acquittait  de  cette  tâche  difficile,  il  publiait,  sous  le 
titre  d'Éliixics  iraniennes-,  deux  volumes  de  mélanges  destinés  à  un  public 
très  spécial;  bientôt  après  il  rassemblait,  dans  le  volume  que  nous  annon- 
çons, des  Cïsais  qui  s'adressent  à  toutes  les  intelligences  cultivées.  Nous 
ne  pouvons  Ici  qu'indiquer  les  titres  de  ces  dilTéienls  moice.iux  dont  les 
uns  avaient  paru  dans  des  recueils  périodiques  ou  sous  forme  de  bro- 
chure, tandis  que  d'autres  étaient  inédits. 

Les  piges  très  nourries  et  très  brillantes  qui  sont  intitulées  l'Orienta- 
lisme en  Fi'incc  donnent  un  résumé  des  découvertes  qui,  depuis  la  lin  du 
siècle  dernier,  ont  successivement  révélé  A  la  rurio?ité  moderne  la  Perse, 
l'Inde,  l'Kgypte,  l'Assyrie  et  lu  Clialdéc,  enfin  letlambodge.  La  conclusion 
de  cette  enquête  n'est  pas  de  nature  à  nous  décourager.  «  Dans  qun're  do- 
maines sur  cinq,  la  découverte  initiale  appartient  a  la  France,  et,  dans  tous, 
la  plupart  des  pas  décisifs  ont  été  faits  par  un  savant  franc  lis.  >»  On  devine 
la  conclu>ion  :  «  A  (trésent  qu'un  souftie  plus  pur,  ;\  la  suite  dcî  tempe- 

1.  TItn  /cnil  Arrstn  :  part.  I,  Thr  Vcmliilml,  IbSu  ;  part.  Il,  The  i>ii  ■  z'iii<  inj^ 
and  Sijài/ii,  18K3.  Oxford,  ni  tlie  Clarcndoii  prcss. 

2.  Ktuilës  irauirniies^  2  vol,  iii-8*,  1882-1883,  VieWog  (I,  Etwita  sur  la  'jiam- 
mairc  /liél'jrirpie  de  lu  lanrjiu  persane;  II,  Mélanges  iraniens). 


bihlkjguaimiik.  Vjî» 

tes  d'iiior,  a  passi'  mit  l'espril  de  In  nation,  l.i  Kr-inco  reprend  los  nobles 
Iradilioiis  ilcciiriosiliC'  dt'sinti^re8S(''>  qui  tirent  li  gloire  de  l.i  Ilpslaiiralion  , 
et,  dans  tontes  les  branches  de  la  science,  elle  recommence  à  marclicr 
en  avant.  C'est  donc  le  moment  de  rappeler  en  France,  aux  esprits  cu- 
rieux qui  cherchent  leur  voie,  que  ce  ch;im[i  de  l'Drient,  si  vaste  cl  cha- 
que jour  accru,  qui  a  tant  dorim'  d('j:\  et  avec  si  peu  de  travailleurs,  et  qu* 
a  des  trésors  cnrouis  pour  des  siiV-les  de  recherches,  a  éti^  ouvert  dans 
presque  toutes  Ses  avenues  par  des  pionniers  français.  Que  le  gouverne- 
ment donne  son  concours,  le  public  sa  sympathie,  la  jeunesse  des  écoles 
ses  recrues,  et  la  France  reprendra  bientôt  le  premier  rOle  dans  ce  l:eau 
drame  de  la  science  orientale,  où  clic  a  été  tant  de  fuis  le  chef  de 
chœur.  I) 

La  seconde  étude,  Le  dieu  suprùnc  dans  la  mythologie  aryenne,  se  résume 
tout  entière  dans  ces  phrases  du  début  :  «  Les  dieux  aryens  ne  sont  pas 
organisés  en  république,  ils  ont  un  roi.  H  y  a,  au-ilessus  des  dieux,  un 
dieu  suprême.  Quatre  des  mythologie?  aryennes  ont  conservé  une  notion 
nette  et  précise  de  celte  conception  :  ce  sont  colles  de  la  Grèce,  do  l'ila- 
lie,  de  l'Inde  ancienne  et  de  la  Perse  ancienne.  Ce  dieu  suprême  s'appelle 
Zeus  en  Grèce,  Jupiter  en  Italie,  Varuna  dans  l'Inde  ancienne,  Ahura 
Mazda  dans  la  Perso  ancienne.  »  M.  Darmesleler  prouve  ensuite,  par  des 
textes  bien  choisis  et  dont  plusieurs  sont  de  très  nobles  expressions  du 
sentiment  relii^ieux,  que  ces  quatre  dieux  onl  bien  eu,  chez  les  dilTéreots 
peuples  qui  les  ont  adorés,  le  caractère  qu'il  leur  attribue;  il  montre  que 
chacun  de  ces  dieux  a  commencé  par  être  un  dieu  du  ciel,  puis,  en  s'ai- 
danl  surtout  des  Védas,  il  fait  comprendre  comment  la  conception 
abstraite  et  morale  s'est  entée  sur  la  conception  naturaliste;  mais  il  fait 
remarquer  la  diir  rcuce  qui  existe  entre  la  conception  même  la  plus  épu- 
rée où  soient  arrivés  le»  Aryens  et  celle  qu'ont  atteinte  les  Sémites  avec 
les  prophètes  juifs.  «  Le  dieu  suprême  des  Aryens  n'était  pas  le  dieu  un  : 
l'Asura,  le  Seigneur,  n'était  pas  le  Seigneur  à  la  façon  d'Adonaï.  »  11  y  a 
là  un  très  juste  et  très  fin  sentiment  des  nuances  qui,  en  pareille  ma- 
tière, onl  une  importance  capitale. 

L'analyse  des  autres  mémoires  nous  enlraîucrait  trop  loin;  nous  nous 
contenterons  d'en  signaler  les  titres  : 

III.  Les  cosinogonies  aryennes. 

IV.  A.  Iléville,  Prolégomènes  de  l'histoire  des  religions  >. 

V.  M.  Bréal,  Mélanges  de  mythologie  et  de  linguistique.  On.  remarquera 
là  les  objections  très  sérieuses  que  fait  M.   Darmesleler,  après  M.  Ilau- 


1.  Dans  cet  article  critique,  qu'a  public  la  Ucvue  pliilosophiqw;,  M.  Darniestetsr 
a  eu  d'autant  plus  de  mérite  à  rendre  justice  au  livre  de  M.  IJéville,  qu'au  moment 
oii  fut  faite  la  proposition  de  créer  au  Collège  de  Franco  un  cours  de  l'histoire  des 
religions,  il  était  l'uu  des  candiilats  à  cette  chaire.  Go  qui  l'empôcha  de  réussir,  ce 
fut  fajeunesse  ;  sa  réputation  n'était  encore,  faite  qu'auprès  des  érudits  et  d'un 
petit  nombre  de  connaisseurs. 


200  UKVUK  AncHi:uL()GK>ur.. 

drv,à  la  cMMiio  llu'orie  de  M.  Max  Millier,  qui  vuil  dans  lu  mylliolo;;i(î 
iino  maladie  (lu  lanjagc.  u  Los  iMres  iiiyllii.jiii'^  M)r»l  créis  diicclemiMil  c\. 
uon  par  mt'Iaphoro;  lout  plif^nnmî'iio,  toul  chatiKOiiicnl,  pour  la  pensée 
de  l'enfant  ol,  par  suite,  de  l'IiuinaniU^  dans  son  eiifance,  caclie  un  Oir« 
vi\anl,  une  perâon  »e;  louto.  action  lui  réviMo  un  agent  et  d'autant  plus 
pui>s.int  el  merveilleux  que  l'aciion  e-t  plus  puissante  el  plu>  loin  de  la 
prise  hutnaiiie.  I.'eiifanl  qui  cherche  la  petite  hiMe  c.ich.'e  derrièie  le 
re>8orl  de  la  montre  K»t;e  dans  ^a  petite  [OAc  les  vintil  mille  dieux 
aryens.  » 

Vt.   Ln  Ugcnded'Alexamlie  chez  la  Perses. 

Vil.   C<>uj>  (l'iiil  sur  rhistunr  du  peuple  juif. 

^ous  recommandons  pnrliiuliùrement  ce  dernier  in<  r<eau  aux  ré- 
flexions de  tous  les  esprits  sérieux;  il  y  a  1.^,  sur  l'histoire  du  pcuph!  juif 
el  sur  son  avenir,  des  vues  dont  quelques-unes  peuvent  p:iiaitr.-  contesta- 
bles, mais  qui  toutes  lémoignenl  d'une  haute  el  forte  or  ginalitt^  de  pen- 
sée.   Nulle  p  irl  lo  style  de  l'écrivain  n'a  des  qualilrs   plus    Irappanles  de 

force  et  d'éclat. 

t..  P. 


LE 

VASi:   DE    BnONZE    DU    CATILLON 

COMMUNE  DE  SAINT-JEAN-SUR-TOURBE  (MARNE) 

DAl'I'.tS    LES    :\OTi;S    DE    M.     ÉDOUAl'.D    l'OU  T,  D  U  I  (j  M  EU 


Le  vas-e  de  bronze  donl  nous  offrons  aiijourJ  liiii  le  dessin  ;i  nos 
le.  leurs  apiiartient  au  Musée  des  anlinuilés  nationales*,  auquel  il  a 
élé  généreusement  offert  par  iM.  Edouard  Fourdrignler.  M.  Four- 
dri.nnier  nous  envoie,  concernanlia  découverte  de  ee  curieux  docu- 
menl,  lu  note  suivante  ^  : 

«  La  Tourbe  est  une  petite  rivière,  presque  un  ruisseau,  qui  prend 
sa  source  à  Somme-Tourbe,  comme  l'indique  le  nom  de  cette  loca- 
lité. Aprùs  avoir  parcouru  une  partie  de  l'arrondissement  de  Sainte 
Menebouhl  elle  va  se  jeter  dans  la  rivière  d'Aisne  à  l'extrémité  nord- 
est  du  département.  Les  plaines  arrosées  par  la  Tourbe  sont  assez 
accidentées,  contrairement  aux  autres  contrées  de  la  Champagne.  On 
les  désigne  dans  le  pays  sous  le  nom  de  Valbigc,  et  elles  limitent  la 
contrée  de  l'Ârgonne.  C'est  dans  les  environs  de  la  naissance  de  ce 
cours  d'eau  qu'ont  été  faites,  depuis  quelques  années,  les  décou- 
vertes archéologiques  les  plus  remarquables  se  rapportant  à  l'époquo 
gauloise  qui  a  précédé  la  conquête  romaine. 

«  A  trois  kilomètres  environ  de  la  source  de  la  Tourbe  se  trouve,  sur 
le  territoire  de  la  commune  de  Saint-Jean-sur-Tourbe,  une  hauteur 
nommée  le  Catillon,  ayant,  d'après  la  carte  de  l'état-major,  191  inc- 
ires  d'aliilude  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Ce  point  culminant 

1.  Ce  vase  était  dans  le  plus  déplorable  état.  Il  a  été  très  liabileracnt  restauré 
dans  los  ateliers  du  musée  des  antiquités  nationales. 

2.  Extrait  d'un  rapport  lu  à  la  Société  archéologique  de  Seiuc-ct-()isc. 

:il'  SÉHIK,  T.  H.  —  11 


•J02  uivii:  xnr.HKOLor.igiiK. 

tlominr  au  sirl  la  Corge-Meillrt,  nu  sU'I-osl  la  rollino  ilc  Somme- 
liioime,  à  Ti'sl  la  Côte  d'Onjcrnout.  ('.os  trois  nnpIaL-i'inciils  se  soiil 
vlôjà  fait  connaitro  par  It's  rcinariiualdfs  S(''|iiilliiivs  a  rliar  (|u.'  Idii 
y  a  explorées'. 

«  Le  (-alillon  était  aulrefois  surmonlé  il'iiii  iiumilus.  Vu  faible 
exhaussemeiU  «lu  sol  en  laisse  encore  apercevoir  les  amorces.  Une 
lonilic  à  char  y  avait  été  découverte,  il  y  a  une  (luinzaine  d'années. 
M.  Counhaye,  tleSuippes,  rendit  alors  (•onii)le  de  celle  bonne  for- 
tune (juillet  ISIkS)  -. 

«  Il  présenta  la  tombe  comme  appartenant  h  réitoijue  romaine.  On 
n'osait  pas  enrorc  alors  donnera  ces  antiijuiiés  une  date  plus  recu- 
lée, r.inq  ans  plus  lard,  en  1873,  M.  Abel  Maître,  chargé  par  le  uii  • 
nistère  Jules  Simon  d'explorer  laconlrée',  eldéjà  jilus  éclairé  sur  le 
caractère  de  ce  mobilier  funéraire,  dont  le  musée  de  Saint-Germain 
avait  fait  rac(iuisiiion,  voulut  voir  le  théâtre  de  la  découverte  et  y 
tenter  une  nouvelle  fouille.  Celle  nouvelle  exploration  donna  des 
tessons  de  poterie  appartenant  ;\  des  vases  carénés,  ainsi  (jue  plu- 
sieurs objets  en  fer  (jue  le  premier  fouilleur  avait  négligés,  et  qui  ne 
laissiienl  aucun  douîe  sur  le  caractère  purement  iiaulois  de  la  sé- 
pulture. Le  plan  de  la  tombe,  que  AL  Maître  dressa  avec  soin,  acheva 
la  démonstration.  Celle  tombe  n'avait  rien  de  romain  *  :  cela  ne  fait 
plus  question  aujourd'hui.  Nous  sommes  en  présence  d'une  sépul- 
ture gauloise. 

«  Dans  les  premiers  jours  de  1881,  bien  que  j'eusse  la  conviction 
que  les  dernières  fouilles  exécutées  au  Calilloa  e;:ssenl  été  habile- 
ment conduites,  j'invilai  néanmoins  (c'est  toujours  M.  Fourdrit,'nier 
(]ui  parle)  un  de  mes  iilus  intelligents  fouilleurs  à  visiter  à  nouveau 
celle  nécropole  •' et  principaloineiU  les  environs  du  tumubis.  Peu 
après  je  recevais  l'avis  (|u'une  nouvelle  si'pulture  était  mise  à  décou- 
veil. 

a  Le  défunl,   la  lèle  tournée  vers  l'esl,  roiiiiiLilion  oïdinairi', 


1.  Tout  ii  inooiic  connaît  la  belle  stîpultiire  Ji  ciiar  de  la  Gorgc-Moillil.  qui  a 
figuré  à  l'Kxpositioii  univtsellc  au  TrocaJOro,  salle  I,  en  1878,  et  qui  appartient  ac- 
tuellement au  musée  des  antiquittJs  :i!itionali;s  et  est  expos'o  au  dcuxiùnio  étage, 
salle  IX. 

2.  Voir  le  a"  702  de  la  bibliothèiiuu  du  musée  de  S:iiiitr,crniain. 

3.  Voir  au  mnsûc  des  antiquités  nationales,  salles  Vil  et  I\,  le  résultat  de  cc8 
rouilles,  qui  fuient  des  plus  rruclucuscs. 

û.  Voir  le  dessin  de  cette  sépulture  dans  le  meuble  à  vtilci  de  la  salle  Vil. 
5.  M.  Mftilrc  avait  constaté  rcxistcucc  de  nonibrcuscs  tombes  sur  le  versant  de   la 
collir.c. 


r.r.  VASK  i)i:  hho.nzk  di;  catillon,  l>(i;{ 

;iv;iil  ;'i  sa  droilc  une  gr;iii(le  rpro  de  for  enffriiirc  dans  s;i  -.'.liiio  cl 
iiicsiir.iiii  (soie  corn  prise)  (m  ((  iiiiinrlivs.  Oiir  (''|i('','  csl.cfMiiiiic  loiilcs 
1rs  r[>(;c<>  des  clmetièiTS  ç;llll()l^  de  la  Manie,  h  deux  liMiielianls  el  à 
l)oiiile  aij,Mi('.  Non  loin  de  là  rt.iK  r.n  (Vr  de  l.inrc  à  ticrviir.-  nU'- 
diane  lir.s  [irononcM!  el  à  virole  de  bron/x'  à  la  hase  de  la  douille. 

«  \h\  pelit  |:,n)|ielet  en  terre  à  forme  rarénée  élail  pl.ici';  ;i  la  franche 
(In  défnnl  ;  iilus  loin  t^isail  nne  assielle  en  poterie  noire  et  lustrée, 
comme  le  vase,  sans  (pic  licn  les  distinguai  de  la  pot  rie  ordinaire 
de  nos  autres  n(''fropoles.  A  rexlr(jmit('!  de  la  fosse  cl  à  la  [liaee 
qu'occnpent  d'ordinaire  les  grands  vases  carônijs,  une  suriiriseagn-a- 
ble  nous  attendait.  Un  vase  de  bronze  avait  été  (K'posé  aux  pied»  du 
mort.  Le  poids  des  terres,  mallieureusemenf,  l'avait (Vrasé.  Il  n'exis- 
tait qu'en  morceaux.  Nons  recueillîmes  avec  soin  tous  cis  morceaux, 
dont  j'ai  fail  don  au  mus(^e  de  Saint-Germain. 

«  Ce  vase,  aujourd'hui  restauré  sous  la  direclioii  de  M.  Aiexand;e 
Bertrand,  par  les  soins  de  M,  Aboi  Maître,  mesure  33  ccntimèires 
en  hauteur.  Sa  forme,  ainsi  que  l'indique  la  photographie  (|d.  \XI) 
mieux  que  loute  desciiplion,  est  ovoïde.  Il  esl  composé  de  (^eux 
cônes  habilement  martelés  que  l'on  a  ajustés  par  leurs  grandes 
bases.  A  la  jonction  de  ces  deux  parties  qui  s'emboîtent  l'une 
dans  l'autre,  se  voient  en  quelques  endroits  des  traces  d'un  mé- 
tal blanchâtre  ne  laissant  aucun  doute  sur  l'existence  d'une  sou- 
dure. Le  pied  a  été  obtenu  en  rabattant  les  exlrémit('s  du  cône  infé- 
rieur de  manière  à  maintenir  une  pelile  plaque  circulaire.  Tout  ce 
li'avail  dénote  une  grande  habileté  de  main,  une  telle  adres.se  qu'au- 
cune tissure  ne  se  laiFse  pressentii-. 

«  Le  haut  du  vase  a  été  fabriipié  de  la  mi^'uie  manière,  en  y  ména- 
geant loulcfois  une  ouverture  pour  y  inlioiluire  le  li(]uide.  Sur 
cette  ouveilure  s'appliiiuait  un  couvercb;  dont  les  débris  ont  été  éga- 
lement retrouvés.  Ce  couvercle  consistait  en  une  légère  feuille  de 
bronze  à  "laquelle  èîaient  allachés  plusieurs  petits  rivets  aigus,  dépas- 
sant légèrement  la  plaque  du  côté  intérieur.  Ces  petites  poinli  s  con- 
servaient encore  les  traces  du  bois,  sans  doute  entouré  d'étntTe,  (jui 
remplissait  rofTice  de  tampon  pour  fermer  le  récipient.  Ce  bouchon 
original  possédait  une  petite  chaînette  (jui,  tout  en  lui  laissml  un 
certain  jeu,  le  fixait  au  vase. 

((  Une  anse  s'appli(juail  au  haut  du  vase  au  moyen  d'une  soudure 
el  sans  aucun  rivet.  Une  palmelte  liilobèe  en  ornait  la  base,  .-ondée 
sur  le  milieu  du  vase,  un  peu  au-dessus  de  la  ligne  de  raccordement 
du  centre. 

(t  A  la  partie  supérieure,  en  reg.ird  de  l'anse  (h'jà  dèci  ite,  un  pc» 


-201  REVUE    ARCUKOLOGIQUK. 

Ul  iiil'O  i!r  bronze  de  l»  h  7  cenlimùlros  tic  lonj^iicur  t'iail  mniiikiiu 
dans  s.i  iKiMlion  r-lcvi'c  .m  moyen  de  tiu.ilre  rivets.  Lf  vase,  liien  iiiie 
Irùs  simple,  n'est  pas  absolunienl  nu.  Trois  eordonscireulaires  d'an- 
nclets  en  relief,  ohleniis  par  le  procédé  du  ivpoussé,  s'échelonnent 
parallèlement  du  col  ;\  la  ban\  I.ciiiémr  eonlon  existe  sur  le  cou- 
vercle, l'n  irait  «lui  alterne  vient  couper  la  nionutoiiie  de  cette  suc- 
cession régulière  d'anmlels. 

«  L'épaisseur,  l'aspect,  l:i  facliire  (le<  tciiilles  de  hroii/.e  employées 
rappellent,  de  la  manière  la  plus  frappanle,  le  mode  le  fabrication 
des  deux  casques  de  bronze  du  musée  de  Saint-Germain  provenant 
de  la  même  contrée  et  de  lombes  analojîues,  le  cas(iue  de  Berru  cl 
le  casque  de  la  (ionjcMrillft.  On  n'ignore  pas  (lue  le  timbre  de  ces 
deux  coiffures  a  été  lui-même  obtenu  à  l'aide  d'une  feuille  de 
bronze  façonnée  en  cône  par  le  martelage. 

«  Celle  identité  de  fabrication  ne  peut  laisser  aucun  doule  :  il 
semble  ipie  tous  ces  objets  sortent  de  la  main  des  mômes  ouvriers, 
ou,  au  moins,  d'une  même  corporation  d'ouvriers.  Si  nous  étendons 
nos  p[iprocbemenls  aux  torques  creux  également  obtenus  à  l'aide 
d'une  feuille  de  bronze,  si  nous  réfléchissons  que  le  métal  employé 
est  le  même,  qu'il  est  employé  de  la  même  manière,  que  ces  torques 
sont  une  parure  nationale,  dont  on  ne  retrouve  la  trace  (jue  là  où  les 
Gaulois  ont  porté  leurs  armes,  nous  serons  bien  tentés  de  voir  dans 
ce  travad  du  bronze  martelé  une  industrie  nationale.  » 

M.  Kourtirignier  rapiielle  ensuite  (lue  de  nombreuses  découvertes 

ont  été  faites,  sur  les  deux  rives  du  Hhin,  d'objets  relevant  de  la 

même  industrie,  et  il  cilc  en  particulier  le  vase  du  riche  lumulus  de 

Wald-Al'jesltcim,  publié  parle  professeur  Krnest  Aus'm  Weertli  en 

1870,  dunslc Fest-Proy mm III  zu  Wiiiketmttinis  Geburtstny,  et  en  1881 

pir  Lindcnscbmil,  dans  les  AUi'itkiimrrK  Ce  vase  a,  en  elïet,  les 

plus  grands  rapports  avec  le  vase  du  Calillon.  Nous  pensons  faire 

plaisir  à  nos  lecteurs  en  en  donnant  une  photographie  en  pendant 

de  celle  du  vase  de  M.  Kourdrignier  (v.  pi.  XXli).  L'ornementation 

si  originale  du  vase  de  Wald-Algesheim  pourrait  donner  lieu  à  de 

nondjreuses  observations,  mais  l'espace  nous  man(iue;  nous  croyons 

d'ailleurs  savoir  (ju'un  de  nos  principaux  collaborateurs  prépare  un 

luéiiioire  sur  te  sujet.  Nous  espérons  pouvoir  le  donner  bientôt  ù  nos 

abonnés  comme  complément  de  l.i  |)résenle  note. 

Jm  Du  CCI  ion. 

1.  Linduiitchmil,  Ui'.-  MterUtùiner  unsercr  ficiitnisc/itnVurzcil,  IJund  III,  Il..fi  t, 
Taf.  2. 


N  (  )  T  K 


FOlilLLESKAITESAPllÉAESTE 


EN    iHH-2 


Depuis  1878  on  n'avait  entrepris  aucune  fouille  sur  le  territoire 
tic  l'antique  Piériesie,  qui  avait  rendu  ;\  la  lumière  dans  les  années 
précédentes  lant  d'objets  précieux.  Quelques  travaux-  ont  eu  lieu  à* 
la  fin  de  l'année  dernière  et  un  des  élèves  les  plus  distingués  de 
M.  de  Rnssi,  M.  Henry  Sicvenson,  vient  d'en  rendre  compte  dans 
le  Bulletin  de  rinstitut  de  correspondance  arche olo(jique  (jan- 
vier-février 188:}).  Los  ré^ultats  de  ces  fouille?  conlîrment  et  com- 
plètent ceux  (jue  nous  avons  obtenus  nous-méme  en  1878  '. 

Les  fouilles  ont  eu  lieu  sur  deux  points.  Les  premières  ont  été 
faites  le  long  du  rameau  de  la  voie  Labicane  devenu  aujour.rhui  la 
route  de  Rome,  à  une  distance  de  2o0  à  37o  métrés  du  carrefour  de 
S.  Rocco.  On  a  trouvé,  à  côté  de  débris  de  monuments  funéraires  en 
opus  latcritium  et  rcticulatvm,i\c^  tombes  grossières  faites  de  grandes 
tuiles(^'^o/o»/,  mattoni)  estampillées.  Les  estampilles  recueillies  sont 
les  suivantes: 

1.  LAVRENTl  ;  rectangulaire,  lettres  en  relief. 

2.  Tl  •  IVLI  •  AGATHAEt;    circulaire,    lettres   tn   relief;    pal- 
melte  au  milieu. 

3.  QtT/[vS  ;  rectangulaire,  lettres  en  relief. 

1.  Revue  urclicoL,  avril  1878. 


200  itcvi  K  AKt'.iiKoi.or.igliR. 

4.     Un  C3iIium''0  on  relief  sans  inscriplinn;  M.  Sl(VPn«.oii  en  a  liouvé 
tl.in<  U's  environs  de  Prènesle  plusieurs  exemplaires. 

r..     L     POMPEI  II  FORTVNATI  ;   r.xlaugulair.'.  iialuielle  entre  les 
iigiie.N  ;  iiltii'S  eu  rrlicl. 

On  a  trouvé  au  nirineemlroil,  parmi  icsdi-brisiie  maeonnerie.  une 
iusiiiplion  eu  diux  iiinrct;ui\  : 

D  M 

T  PL  ■  PATERNVS  Ml 
L  -COH  •  X  •  PR  7  S  A  B  I 
NI       IVL    •    EMONA    .    Ml 

:;.        Ll  T  A  ••■  ,'.  V  I  T   •    A  N       V  II      "«-r  'ir   (lu   Rraveur 

ilT:icée) 

VIXITAN  X  XVI  •  T  FL- 
SEVERVS  •  MIL  •  COH  • 
XXVI  VOLVNTARIA 
FRATER  EIVS  ET  L  •  AE 
!<».  LIVS  CANDIDV5  •  EQ 
SING  AVG-HEREdS  FA 
CIENDVM  CVRAVER 
VNT  • 

D{is)  M  iiniliiis).  Tilns)  Fl{iii:iiis)  Pain niix,  niH[cs)  roli{ortis)  X 
]ir[iielori(U'),  c{entmi(i)  Sdhiiii,  .Iul'id)  Emoiin  ';  inililuril  an  nos) 
VU;  ri.iit  an{iios}  XXVI.  2\ilus)  Flarius)  Scrrrus,  mil{es) 
coh[oitis)  XXVI  rolun!aria[r],  fiatcr  ejus,  et  lM(ciu<}  Aelins 
(AHi'lidus,  rij[ues]  siti(j{ultiris)  Auij  us(i),  lirri'dcs  fniirinlnm  cura- 
leniiit. 

Celle  inscription  a  élé  gravée  avec  peu  île  soin,  comme  le  prou- 
vent à  la  ligne  ;»  la  iépéiili(tii  d'une  >\llabe  et  ;i  la  li},'ue  S  l'oMiission 
de  la  lettre  E  dans  le  mot  VOLVNTARIA' Ei  ;  il  faut  sans  doute  attri- 
buera la  môme  négligence  les  points  qu'on  voit  à  la  lin  des  lij,'ues  (l, 
7  et  \'.i  et  i|ui  sont  contraires  aux  usages  épigrajdii(iues.  N'ajaiil  pas 
l'e-tampag»'  entre  les  mains,  nous  nous  en  tenons  à  la  leclure  de 
M.  II.  Sh-veiisou. 

1.  Jiiiia  Kmona  ou  Aciiionn,  dans  la  Pnniinino  siipt'rioiirr',  (injotinriiiii  l.iyhacli. 


roi'ii.i.i'.s  l'.MTKs   \   i'in';\i:sTr.  I'.n   1H32.  2'i7 

C.rllr  iii>cri|iliiiii  ollrt;  un  ccii.iiii  int/'irl  en  ce  (|u'rlli'  |)rt''-(.'iil".'  un 
Icniii'  (lu'oii  ri'iiconln!  ;isst'z  raicmi'iil  dans  les  irisciiplions;  c/ol 
celui  i\\.'rnliors  roliintaria.  Lus  colioitcscoiiiijoséis  d'Ilalicns  ('laien'. 
onliiiaiiriiicnl  désif^iiérs  sous  If.  nom  «le  cohortes  Ilalirœ,  cohortes 
Italirornni  ririuin  Itomnnoruiii  roluntnriorum  ;  M.  SlcviMisori  nl(! 
toutefois  un  exemple  u'nnc  cohors  jirimn  roln[m)f)tarin  diiuipa- 
nontm  '. 

D'autres  fouilles  ont  été  faites  de  l'autre  côté  de  la  route  de  Houie, 
entre  relie  roule  el  l'ancienne  voie  l'rénestine,  dans  le  terrain  (jue 
nous  avions  exploré  en  1878.  M.  Slevensou,  à  quelque  distance  de 
l'endroit  où  nous  avions  trouvé  un  abondant  dépAt  d'ex-voto  en  terre 
cuite,  aouvertplusieurstrancliée.s.  lia  découvertun  grand  nombre  de 
figurines  semblables  à  celles  que  nous  avons  décrites  dans  l'article 
cité,  membres,  léles  d'bommes  et  de  femmes,  statuettes,  animaux, 
petits  vases,  elc.  ;  les  unes  semblaient  aussi  oiïrir  des  traces  d'ar- 
chaïsme, les  autres  appartenir  à  une  époque  plus  récente.  Tandis 
qu'au  milieu  des  terres  cuites  nous  avions  lenconfré  plusieurs  spé- 
cimens d '«'5 /fu/f,  M.  Stevenson  a  découvert  :  i»  plusieurs  as  et 
quelques  monnaies  divisionnaires  de  l'as  ;  les  plus  anciennes  lui  ont 
semblé  appartenir  au  système  trienlal  el  par  conséquent  n'être  p;is 
antérieures  à  la  lin  du  v'  siècle  de  Home;  2"  une  petite  monnaie  en 
bronze  de  Suessa  Aurunca  avec  le  buste  de  iMerciire  et  Hercule  (pii 
terrasse  le  lion  lie  Xéniée;  la  légende  au  droit  n'existe  jihis  ;  elle 
porte  au  revers  SVESANO  ;  celte  monnaie  est  postérieure  à  l'an  'i\\ 
de  Home  {'M'.]  avant  notre  ère^  *.  Rappelons  que  nous  avions  trouvé 
en  1878,  à  une  profondeur  de  G  mètres,  une  petite  monnaie  gr(C(iue 
fort  mal  conservée,  représentant  au  droilune  tète  de  Jupiter  barbu, 
tournée  à  droite  et  peut-être  laurée,  et  au  revers  un  cheval  libre, 
tourné  à  droite,  sans  doute  une  monnaie  de  la  Campnnie  ou  de 
l'Apulie. 

Parmi  les  objets  découverts  il  faut  aussi  mentionner  plusieurs 
antéfixes,  dont  l'une  reproduit  un  type  assez  commun  parmi  les 
terres  cuites  de  Campanie  :  une  femme  ailée,  velue  d'une  tuni<iue 
qui  descend  jusqu'aux  pieds,  et  qui  lient  par  les  pattes  de  devant 
deux  lions  ou  panthères.  C'est  l'Artémis  asiatique,  que  Pausanias 
rapporte  avoir  été  représentée  sur  le  coffre  de  Cypsélus. 

(k^s  objets  étaient  déposés  dans  une  sorte  de  sillon  creusé  dans  le 
sol  vierge,  comme  ceux  que  nous  avons  trouvés.  M.  Stevenson,  lout 


1.  r.  I.  L.,  VI,  3520. 

2.  Monimsen,  Ilàl.  delà  monnaie  romotnp,  traci.  Rlacas,  I,  105. 


,H)H  iiKVi'K  ARCHhOLor.lgUE. 

«n  partlanl  un«*  gramio  rùservc,  exprime  l'ulée  que  ces  dopôls  d'ex- 
volo  t'iaionl  à  ciel  ouvert. 

Assurémenl,  dans  les  deux  cas,  il  est  diflicile  de  croire  à  l'evis- 
lence  de  favissœ  en  forme  tie  piiils;  certains  détails  (|in'  nous  avons 
sipnalêsdans  nos  fouilles  seinldeiil  pourtant  uiontrcr  (jue  li's  ex-voto 
avaient  été  cachés  à  la  vue  des  profanes  :  n  Au-dessous  d'un  terrain 
composé  de  débris  d'amphores,  de  briques  et  de  pierres  calcaires,  se 
trouvait  une  couche  Ao  blocs  de  pépérin  régulièrement  taiHés; 
mais  ils  n'étaient  pas  unis  |)ar  du  ciment  et  forniaiciil,  sur  une 
étendue  assez  grande,  une  sorte  de  dallage;  nulle  part  on  n't-n  a 
rencontré  deux  assises  superposées.  Ces  blocs  de  pépciin  itcou- 
vraient  des  terres  cuites  dont  beaucoup  élaienl  intactes  ;  il  paraissait 
donc  qu'elles  avaient  été  recouvertes  avec  un  certain  soin.  Au-des- 
sous de  ce  premier  lit  de  terres  cuites,  il  y  avait  une  couche  de 
terre  vier,i,'e  d'une  épaisseur  de  HO  centimètres  environ,  au-dessous 
de  laquelle  se  trouvaient  encore  beaucoup  d'objets  de  même  nature 
et  deux  fragments  <]'(rs  niili'.  r> 

M.  Stevenson,  outre  ce  dépôt  de  figurines  en  terre  cuite,  a  décou- 
vert deux  cippes  en  tuf  grisAtrc,  ayant  la  forme  de  pyramides  tron- 
quées et  portant  d'un  côté,  ;\  la  partie  supérieure,  des  inscriptions 
archaiqu'-s  '  ;  un  autre  fragment  portant  (juelques  lettres  semble 
avoir  appartenu  à  un  cippe  de  même  nature.  Ces  cippes  n'étaient 
pas  (les  autels,  mais  des  bases  destinées  à  porter  des  ex-voto,  comme 
le  montre  l'entaille  faite  dans  la  partie  supérieure  et  destinée  au 
scellement  dont  on  voit  encore  la  trace  sur  cinq  autres  cippes  de 
forme  conique  et  plus  allongée. 

Dans  les  mêmes  tranchée.-,  M.  Stevenson  a  trouvé  des  morceaux 
de  plomb  ayant  servi  de  scellement,  dont  l'un  avec  un  pied  de  ;.ta- 
luette,  l'autre  avec  deux  pieds,  l'autre  avec  une  statuette  entière. 
«Cette  dernière,  haute  «le  0'",OîH,  représente  Hercule  nu  avec  la 
peau  de  lion  sur  le  bras  gauche.  Le  bras  droit  est  rompu,  mais  était 
levé  et  devait  brandir  la  massue.  Le  sl>le  est  archaïque  et  le  travail 
assez  négligé.  Il  est  donc  probable  (jue  le  sanctuaire  prénestin  était 
riche  en  stèles  p(»rtant  des  statuettes  votives.  » 

Cette  découverte  a  un  grand  intérêt,  car  elle  ronlirme  deux  des 
trois  inscriptions  archaïques  (|ui  sont  des  ex-voto  dédiés  h  Hercule. 
Dans  notre  précédent  travail,  nous  avions  émis  l'hypothèse  que  le 
dépôt  de  terres  cuites  trouvé  entre  la  route  de  Komeet  la  voie  Pré- 

1.  L&  largeur  du  cippe  <|ui  porlo  riiiscrijuioii  l.i  plus  longue  cm  à  la  bav;  »ic 
0»,ftH     .11  KMinmci  d<>  ii'-',/||  ;  IVpaiiixnir  i;hi  la  mi';iii(;.-,  l.i  liautour  ost  de  0'", 883. 


FOL'II.I.KS    KMTKS    A    l'UKM.SIK    l.\     iHHl'.  209 

nestine  était  consacré  .ï  la  Foiliiii.i  l'riiniL'ciii.i  «loiil  le  loiiiple  s'éle- 
vait sur  les  lianes  do  la  colline.  A  vrai  diiv,  la  distance  t!nlrc  le 
dépôt  et  les  dernières  constructions  du  temple  pouvait  inspirer 
(jueliiues  doutes.  L'existence  d'un  leinpliî  d'Ilercule  dans  la  partie 
sud-ouest  du  territoire  de  Prénesle  n'est  pas  démontrée,  liien  ipie 
M.  Stevenson  ait  trouvé  des  restes  de  constructions  ;  mais  il  existait 
pcul-étie  un  Incus.  Il  faut  espérer  que  de  nouvelles  fouiller^  donne- 
ront des  résultats  délinitifs. 

Il  reste  à  parler  des  iu'^ciiptions  areliaiiiues  gravées  sur  trois 
cippes.  M.  Stevenson  en  a  donné  dans  le  Ualletin  une  représenta- 
lion  en  plMitotypie. 

La  prcmiéir  coniicnl  six  lignes  : 

l  -GEMENIO-  l  F-PEl- 
HERCobE  •  DoNo  ] 
DAT •  IVBS  •  MERTO 
PRO  •  SED  •  SVEQ 
EDE  •  PEIGIBVS 
\RA    •     SAIVTVS 

L.  1.  ï..  Gemenio.  L.  Gcminins  est  un  ijentUilhim  déjà  trouvé  à 
Préneste  sur  trois  inscriptions  sépulcrales  arcliaï(fiies '.  Le  dernier 
mot  de  la  liûrne  est  difficile  à  expliquer  ;  il  fiuly  ratiicher  sans  doute 
les  lettres  tracées  par  le  t,n'aveur  à  la  seconde  ligne,  la  première  ne 
lui  ayant  pas  sulli  :  Pelte  ou  Pelld.  M.  Stevenson  y  voit  un  cogno- 
men,  mais  déclare  qu'il  ne  peut  l'expliquer.  Ce  pourrait  être  aussi 
un  nom  de  patrie  :  PeUninum  Vi'slinorum  :' 

L.  2.  Hercole  dono[m).  Le  datif  en  e  dans  les  inscriptions  ar- 
chaïques latines  est  très  fréquent.  Nous  en  avons  un  exemple  dans 
une  autre  inscription  prénestine  tiouvée  au  siècle  dernier,  mais  dans 
un  autre  endroit,  sur  IVmphicemenl  présumé  du  foi  uni  : 

C  •  TAMPIVS.  C  •  F-SER 

TARENTEINVS-PR 

HERCVLE  •  D  •  D   •  L  •  M  •  - 


1.  Epit.  'V'»!/'"-.  I,  70-71';  Garrucci,  Si/linf/e,  GT^-G. 

2.  C.  I.  L.,  I,  1134. 


•JIO  RKM'I       AIICIIKOI  (Miloir.. 

Nous  nv.»n<  :iiHsi  it'l''V('  ci.ms  le  pays  tli's  Marsts  doux  inscrip- 
lious  tir'dii'i'S  à  Yalt'luilo  avec  ct'lti'  foiiiif  ;iicli:iii|ut'  :  l'air- 
tu<lnc  '. 

L.  il.  /^//  /«/;(<•»>■  mer[i)lo.  Ces  ;il)rêvi;ili()nssonllii's  frôtiucnlcs: 
la  forme  liibs  fo  trouve  dans  uiu;  inscription  du  pays  des  Marscs  ^ 
avec  une  aiilre  abréviation  vi//*»  po;:r  siipiiidlum. 

L.  't.  /'/o  sr^/  snr(j  =  pro  se  suisquc.  M.  Stevenson  rcmari|ue  que 
celle  inscription  donne  pour  la  première  fois  la  forme  sed  pour  «e, 
déjà  connue  peur  les  pronoms  de  la  première  et  de  la  seconde 
personne.  Il  l'xpliiiue  avec  vraisemblance  le  mot  snrq  par 
SH('Js)ij(iir). 

L.  ri.  Celte  forme  de  l'ablalif  pluriel  trouve,  suivant  .M. Stevenson 
appuyé  de  l'autorité  de  M.  de  Ro-si,  sa  conlirmalion  dans  la  ligne 
suivante.  Ede  signilierait  e[is)(le{in);  cisdem  legibiis. 

L.  0.  Ara  Salut  us.  M.  Stevenson  rejette  avec  raison  l'idée  de  re- 
garder comme  un  ^'énitif  le  mol  «rr/ ;  il  construit  ainsi  la  phrase: 
douuin  dût  lubrns  iiirrito  pro  se  suisifue  eisdem  legihus{iiuas  Itabet  ou 
tout  autre  comidémeiit)  ani  Snlutis.  Lu  phrase  ne  serait  elle  pas 
ainsi  trop  ellipliiueel  ne  devrait-on  pas  plutôt  considérer  </rr/ comme 
un  ablatif  amené  par  l'idée  de  comparaison  contenue  dans  le  mol 
eisdi'm^  Nous  ne  prenons  pas,  du  reste,  la  respon>atiililé  dt;  eelt(; 
hypothèse,  que  nous  soumettons  à  des  juges  plus  compétent^',  (juanl 
à  la  forme  Salutus  pour  Salutis,  on  la  connaît  déjà  pour  les  mois 
Casiorus,  Honorus,  (>reru!<,  Yen'rus  ■'. 

Al.  Stevenson  rappelle  (jue  les  temples  el  les  autels  n'étaient  pas 
toujours  élevés  d'après  les  mômes  rites  el  ne  possédaient  pas  les 
mêmes  régleiiicnls;  les  termes  le.i  tnnpl^,  (vdis,  /'nui  reviennent 
fréquemment  dans  les  auteurs  cl  se  Irouvenl  sur  les  inscriptions.  Le 
célèbre  autel  de  .Narbonne  fui  dédié  à  Auguste  lr>iilins  Us  q{uae) 
i'ufni)  s(cri]itar  suut  (Wilmanns,  H)\  ;  il  en  est  de  même  d'un 
autel  de  Jupiter  ii  Salone  '.Wilmanns,  10.1)  et  d'un  sanctuaire  de  la 
Salus  Au;,'usla  à  Ariminum  (Wilinanns,  102). Souvent,  lorsi)u'on  dé- 
dinil  un  monument,  on  rappelait  les  règles  el  conditions  usilées 
dans  un  sanriiiaire  de  grand  renom.  Aussi  .M.  Stevenson  conjectwre- 
t-il  (jU(;  \'ura  Salutis  dont  il  est  ici  question  pourrai!  ètic  laulel  ipii 

1.  Imirii/t.  invil.  iln  imi/s  ik\  MufCi,  l'l-''.\. 

2.  C.  /.  /..,  I,  1H3. 

3.  Girrucci,  p.  091»;  CorKsrn,  Ausfpr..  Il,  p.  Stt. 


roril.t.lS   FAITI-.S    \    l'HKNFSTI.    KN    1 8H2,  -It 

fui  rlcvt''  h  l;i  suilr  du  vu-u  f.iii  eu  ;{i;{  a\:iiil  J.-C.  p;ii'  le  lousul 
{].  Jniiius  Uiihulcus  pciidaiil  la  guerri!  ilu  Sarimiuiii  et  (léiiic';  par  lui 
en  :W2,  ftous  sa  ilirlaluie,  ajirrs  la  vicloirc  r('Mi|ii»rlée  sur  les  Kt|iie.s. 
Les  Pirncsiins  pL'iiilanl  rello  f,M"'i'i*c  furcnl  ilu  resie  les  alliés  di-s 
Uomaitis  '. 

La  scroiiilc  inscription  t'sl  plu.>  courte*  : 

Q-  K  •  CE5TI0  •  Q     F 

HEPColE    -DoNV 

[J^EDEPO 

La  (Irdicace  csl  évidemment  faite  par  deux  personnes,  comme  le 
prouve  la  forme  du  verbe  [(l]edero{nt)  :  il  s'açnt  don(;  de  deux 
frères  dont  l'un  porte  le  prénom  de  0(uinlusi  el  l'autre  proh.iltle- 
nieiil  celui  de  K(aesus)  =Gaesus.  En  pareil  c;is  le  nom  de  f.imillc 
se  mettait  au  iduriel:  on  connaî'  des  pluriels  de  la  second(î  décli- 
naison en  cis  el  en  es;  on  n'en  connail  pas  en  o.  M.  Slevenso:i  re- 
mirque  toutefois  que  dans  la  vieille  langue  latine  il  existait  un  no- 
minatif pluriel  avant  la  foime  grcci|uc  oi  =  oc,  que  l'on  retrouve 
cm  ore  dans  le  chant  des  Saliens,  jiHumnoc,  poplor.  Mais  pouniuoi 
dan^  rinscriplion  le  sulTixe  c  ou  /  aurail-il  disparu  ?  M.  Mommsen 
croit  (|ue  ce  fail  est  justifié  par  l'analogie  du  géuilif  singulier  avec 
le  nominatif  pluriel  :  la  lellre  /a  pu  disparaître  dans  ce  dernier, 
comme  la  lt3ttre  o  a  disparu  dans  le  premier.  Quant  au  i:oni  de 
famill'!  Cc.s7(»s',  à  une  époque  reculée,  on  ne  le  trouve  (]ue  sur  les 
inscriptions  prénestines. 

La  troisième  inscription  est  très  mutilée. 

RO 
BVS 
TOS 

nr 

M.  Stevenson  propose:  ^p)ro{sed)...{e(le  leigi)bus...Ces<[au>>\  une 
dédicace. 

La  forni'j  des  caractères  arcliaït|ues  seml.de  indiquer  que  ces 
inscriptions  appartiennent  à  la  première  partie  du  sixième  siècle  de 

1.  Titc-Livc.  IX.  IG. 


212  HKVUK    AHCHÉOLOOKtUK. 

Home,  cVsl-;\-(lirr  sont  à  peu  i)n''s  contomiioraincs  île  la  iMiMiiitre 
giiiMTC  punii|iu'  t'I  ni>  dcpassoiil  ciMl.iiiU'mi'nt  pas  la  lin  ilc  la 
sfcoiule. 

('.elle  conrlusion  nous  don  no  à  pou  près  l'époque  où  fuient  (iù- 
posos  los  o\-Yolo  it'irouvôs  par  M.  Slovonsnn  ot  ceux  iitic  nous 
avions  dérouvorls  on  IH7S.  Ils  ôlaionl  sau'^  doulo  dôdiôs  à  lloivulo, 
dont  lo  sanrUiairo  ou  le  bois  saciô  dov.iil  avoir  uno  corlaino  rôlo- 
Itrilo,  bien  im'on  no  puisse  cependant  la  comparer  à  celle  du  granii 
temple  de  la  Koiluna  IMimigenia. 

KMMAMI.I.    M,  n.MQli;. 


Li^SCKIPTlON  i)'ii\si>\kki:n 

ET    LES   NOVEM    POlM'IM' 


LETTRE  A  M,  A.  LUNGNON 


iMuii  cher  coîlOgue, 

Vous  vous  rappelez  ([u'au  mois  de  juillet  (Je  l'an  dernier  j'ai 
publié,  dans  la  heiue  o,rchéologique,  un  fac-similé  de  la  fameuse 
inscription  d'ilasparren  :  c'est,  je  crois,  le  premier  qui  en  ait  été 
donné.  Ce  fac-similé  était  la  réduction  du  monument  lui-même, 
d'après  un  estampage  relevé  sur  l'original  par  M.  Sacaze,  de  Saint- 
Girons.  Faute  de  ce  document  indispensable,  vous  avez  pu  constater, 
comme  moi,  que  tous  les  éditeurs  précédents-,  —je  suis  du  num- 
ide 3^  —  avaient  attribué  à  l'inscription  qui  se  lit  encastrée  dans 
le  tympan  de  l'église  dMIasparren  (petit  chef-lieu  de  canton  de  l'ar- 
rondissement de  Bajonnej  une  origine  de  trois  siècles  plus  ancienne 
qu'il  n'est  possible  de  la  lui  assigner  d'après  l'inspection  du  monu- 
ment lui-intMne. 


1.  Voyez  la  fleuM*?  de  juillet  18S2,  p.  23-27. 

2.  Trouvée  en  lOGO,  elle  fut  d'abord  publiée  en  1103,  d-xn&ïc  Joui'/uil  deTrcvouj; 
ensuite,  elle  le  fut  successivement  dans  VHistoire  du  Bàirtiy  de  Mazure,  p.  433  ; 
dans  le  Foy«^e  flH /'rtyv  t^Avy»'',  par  de  Lagar.le,  1835,  p.  51;  dans  la  Revue  de 
numismatique  et  d'archéologie,  par  Poydenot,  1872  ;  dans  le  Congrès  icieuti/ique 
de  France,  39«  session,  tenue  i  Pau,  par  M.  Fr.  de  Saint-.Maur,  séance  du  11  no- 
venmbre  1870  ;  dans  les  UTiui/es  de  Uorghesi,  t.  Vlli,  p.  jii3,  not'j  de  M.  L.  Re- 
uier. 

3.  Dans  la  Gaule  romaine,  II,  p.  360. 


il  i  HKVUI.    vm.lIKttl.oilInL'P.. 

Il  fsl  nôcossaire  (le  i  flirc  sur  cet  oslampa^:!'  '.  l'iiisci  iplinii,  ciiu- 
posèe  (les  (|ii;ilri'  vois  hiliiis  smvaiils  : 

riamon.  iinn  diiiiivir,  qnatslor  paLMiiDO  fn;lgi^lcr, 
Voru<,  ni\  Aiigii?liim  Icgalo  miinero  fuiicln?, 
Pro  .Novcm  opiiiiiul  p  >piili>  8i'jiin^<Mt>  (iallos. 
Irlio  rcdiix,  (Icnio  pa^-i  liane  (lediial  arain. 

(iFI;imino,.liiuinvir,  t|iR's!cnr  cl  mngislcr  Aupajus,  Vri  us,  s'ôl  ml 
aC'juillé  (le  sa  mission  d'envoyé  anpirs  (rAu|,'iisle,  ohlinl,  pour  les 
Neuf  Peuples,  qu'ils  HMaionl  séparés  des  (I.uilois.  De  retour  de  Home, 
il  consacre  ccl  aulel  au  Genius  du  pntjus.  »  (»n  nvnil  reniar(iué  dans 
relexle  des  incorrcclions  assez  graves  :  \"  Irgalo  muiinr  fuiictus 
pour  letiati  iiinnere  funclns,  solécisme  d'autant  plus  facile  à  éviter 
qu'il  n'était  nullement  nécessaire  pour  la  quantité;  2°  pro  norom 
optitiuit  ne  peut  entrer  dans  un  liexniiièlre,  n  étant  hret'dans  uovciii, 
ce  qui  donne  une  brève  entre  deux  longues;  de  plus,  la  deiniére 
syllabe  de  novem  s'élide  devant  optinuit;  3°  il  faudrait  Ga//tA- elnon 
Gallos:  r  l'élision  de  1'/  de  pagi  devant  le  mot  Ikdic  n'est  pas  faite. 
Kn  un  mot,  ces  vers  sont  mauvais  et  surtout  très  incorrects;  on  peut 
donc  s'étonner  qu'une  inscription  rappelant  pour  ce  pays  un  aussi 
grand  souvenir  ait  élé  exécutée,  au  temps  d'Auguste,  en  vers  faux, 
et  lait  été  sur  un  monument  d'aussi  petites  dimensions  :  0"',-4o  de 
long  sur  O^j-lO  de  large. 

D'autre  part,  Jors(|u'(in  n'avait  sous  les  yeux  que  le  texte  et  non 
l'original  de  celte  inscription,  île  liés  bonnes  rai>ons  pouvaient  la. 
faire  considérer  comme  remonlmt  sinon  au  régne  d'Auguste,  du 
moins  au  premier  siècle  de  l'Iv.npire. 

D'abord,  il  semblait  tout  naturel  (|ue  les  peuples  de  l'Aquilaine 
proprement  dite,  c'est-à-dire  les  peuples  transgarumniens,  véri- 
tables Ibères,  semblables  à  ceux  de  l'KsiJagne  et  diiïérant  des  Hau- 
lois,  dit  Strabon,  non  seulement  par  la  langue,  mais  par  les  traits 
pbysiqiies,  oO  tt,  y^wttt,  (xôvov,  àXXà  xa\  toT?  7c.')iAa(jiv  - ,  protestassent 
contre  la  fusion  qu'Auguste  avait  opérée  m  les  absorbant  dans  une 
même  province  administrative  avec  Iv^giuilorzc  peuplades  gauloises 
comprises  entre  la  Loire  et  la  Garonne,  tandis  (jueces  peuples,  com- 
pris entre  la  Garonne,  les  Pyrénées  et  l'Océan,  appartenaient  indu- 
bitablement à  une  autre  race  :  c'était  là  l'Aiiuitaiiie  véritable,  ce 

1.  Voy.  le  fac-similé  dans  le  numéro  pri'cil''  de  la  Hevur. 

2.  IV,  I,  1. 


i/i\s(,iiii'ri(iN   I)'iiam'AIUii:n.  2\'.i 

([u'oii  [loiiii'.iit  .iiipi'li'i'  l'.\i|ijit  liiic  ('lliiiii;4r;i|ihii|ii('.  Ils  iliirctU  donc 
sii|iii()il('r  d'aiilanl  l'Ius  (liflicilciiKiiil  crllc!  répai  lilion  blessarilr, 
celle  ailjonclioii  furccc,  sous  la  désignation  nouvelle  de  province 
d'Aquilaine,  ce  (jui  (•loiidail  à  des  étrangers  leur  nom  national, 
qu'ils  n'avaient  piis  aucune  part  à  la  levée  d«!  boucliers,  universelle 
dans  la  (iaule,  de  l'année  ."iiJ,  sous  Ver(ingét(jrix,  et  (|u'aucuii  peuple 
de  leur  pays  n'avait  paiu  sous  les  murs  d'Alise.  D'ailleurs,  que 
demandaient-ils?  Ils  ne  réclamaient,  dans  la  requête  adressée  à 
Auguste,  —  si  rinscii[)tion  d'Haspairen  était  bien  aullientitiue,  — 
ni  l'exemption  d'aucune  cbarge,  ni  leur  liberté,  ni  leur  auto- 
nomie :  ils  voulaient  simplement  être  distincts  des  Gaulois,  .sryH/i- 
gcre  Gallis  ^  n'être  pas  appelés  du  môme  nom.  On  pouvait 
admettre  sans  peine  que  cette  faible  concession  eiit  éié  faite  par 
l'empereur,  puistju'elle  n'accordait  qu'une  faveur  nominale,  (jui  ne 
troublait  en  rien  l'cconomie  du  système  provincial.  On  comprend, 
en  outre,  que,  n'osant  espérer  que  l'on  consenlU,  pour  leur  restituer, 
à  eux  exclusivement,  leur  nom  national  d'Aijuilains,  à  modilier  les 
désignations  oflicielles  des  provinces,  même  des  provinces  impé- 
riales, on  comprend,  dis-je,  qu'ils  se  soient  contentés  d'être  distin- 
gués de  tous  les  peuples  gaulois  par  cette  appellation  modeste  et 
inolTensive  de  Novem  Pojnili. 

Toutes  ces  considérations  donnaient  une  très  grande  apparence  de 
vérilé  à  l'inscription  d'IIasparren,  et,  son  autlienlicilé  n'ayant  pas 
été  suspectée  jusqu'à  présent,  elle  apportait  un  fondement  précieux 
à  l'ancienneorigine  de  la  Novempoiiulanie.  Tout  le  monde  admettait 
dernièrement  encore,  avant  la  publication  de  notre  fac-similé, 
que  cette  province  de  Novempopulana,  —  formée,  à  la  lin  du  m"  siè- 
cle, du  détloublemeiit  de  l'ancienne  province  d'Aquitaine  elle-même 
—  dût  son  nom  à  celte  «  séjonclion  «  des  jSoiem  Popiili,  reconnue 
par  Auguste,  comme  représentant,  au  moins  en  souvenir,  une  race 
et  une  nation  distinctes  du  reste  de  la  Gaule. 

On  avait  remarqué  depuis  longtemps  que  la  Noceiiipopuliinn  de  la 
Nolilia  provinciarum  Galliac,  au  \°  siècle,  comprenait  non  pas 
tii'ufnlés,  c'est-à-dire  neuf  peuples,  nn'is douze,  dont  ce  document 
donne,  comme  on  sait,  la  liste  détaillée;  lu,  aucune  erreur  n"avail 
été  possible,  puisque  ces  douze  cités  répondent  à  autant  de  diocèses 
parfaitement  connus  pendant  tout  le  moyen  âge  el  dans  les  temps 
modernes.  Il  fallait  donc  que  le  nom  de  la  Xoieinpopulaua  fût  plus 
ancien  que  la  création  des  trois  cités  qui,  en  [)orlant  le  nombre  an- 
cien des  subdivisions  de  celte  piovince  à  douze,  laissait  subsister 
une  contradiction  entre  le  nom  el  le  fait.  Il  s'ensuivait  donc  que 


216  IIKYL'K   ARCIIF'OLUUtQUK. 

celle  ilésijînnlio!!  do  iS'orempopulana  devait  Hic  beaucoup  plus  an- 
ou'iiiu*;  o!i  devait  le  penser,  du  moins,  et  rinsniplioii  d'll:isp;uit'ii 
«'Malt  venue  apporter  la  jnvuNe  d'une  supposition  iléj;\  l'oit  probable. 
Tout,  dansée  texte,  paraissait  s'accorder  avec  ces  données,  dôcla- 
rèes  parfaitement  admissibles.  Un  trouva  tout  nalurfl  que  les  peuples 
de  rAcjuilame  ctlinoj^Mapliiiiue  eussent  dr-pulr  vers  Auguste  un  des 
magistrats  municipaux  d'une    de  leurs  cités,    un  certain   Vérus, 
qui  avait  exercé,  évidemment  dans  les  Aqunr  TurhcHicde  (Dax),  les 
fondions  de  (junrsloi ,  puis  celles  de  (linnnrir  jiiiidirundo,  et  qui 
enlin  était  parvenu  au  sacerdoce  local,  en  (|ualité  de  }himen  civitatis. 
Tout  cela  paraissait  très  correct  et,  —  qu'on  le  remarque,  —les 
fonctions  sont  bien  énumérées  à  leur  rang,  dans  l'ordre  inverse  de 
celui  dans  lequel  elles  ont  été  exercées,  en  commençant  par  les  plus 
élevées,  c'est-à-dire  par  les  dernières  obtenues,  et  en  Unissant  par 
les  moindres  c'est-à-dire  par  celles  qui  commencent  la  carrière,  ce 
qui  est  é^^alemenl  conforme  à  l'usage.  On  concevait  parfaitement 
comment  Vérus  avait  mentionné  la  modeste  dignité  de  tnaijisler  de 
soii  jiaijus,  puis(|ue  c'est  là  (ju'il  avait  élevé  son  autel  au  (iénie  du  lieu. 
Les  incorrections  de  grammaire  et  de  prosodie  pouvaiinl  se  com- 
prendre et  s'excuser  de  la  part  d'un  Aquitain. 

Une  seule  particularité  de  détail  pouvait  faire  bésiter  :  c'est  (jue, 
les  fînwines  nvitnlis  étant  toujours  des  fhuuines  Ainjusti,  il  était 
difFicile  qu'étant  llamine  d'Auguste,  Vérus  eût  accompli  sa  mission 
il  Uomc  du  vivant  de  cet  empereur.  On  sait  que  ce  fut  après  la  mort 
et  l'apotbéose  d'Auguste,  par  consé(|ucnt  sous  Tibère,  (lueconinu-n- 
cérent  à  s'établir,  dans  les  cités  des  provinces,  les  flamim'sciritalis, 
ou  fldmiues  Auyusti,  ou  Jhimines  tout  court  (ce  mot  seul  exprimant 
toujours  le  sacerdoce  de  la  divinité  de  l'empereur).  —  Mais  ce  n'élail 
pas  là  une  objection  très  sérieuse,  car,  le  nom  d'.tM^/r/.N/e  désignant 
tous  les  empereurs,  on  pouvait  supposer  que  la  députation  de  Vérus 
s'était  adressée  à  un  des  premiers  empereurs,  à  Tibère,  par  exemple; 
car  il  ne  fallait  pas,  d'autre  part,  s'éloigner  trop  sensiblement  du 
temps  où  la  province  administrative  de  l'Aijuilaine  avait  englobé 
les  neuf  peuples,  pour  donner  à  leur  réclamation  une  certaine  oppor- 
tunité. 

Lorsque  nous  vîmes  l'estampage  de  rinscription  originale,  mes 
idées,  les  vôtres  et  celbs  de  tous  ut»>  collègues  du  comité  dînent 
se  modilier  immédiatement. 

La  forme  ^les  lettres  rendit  absolument  impossible  l'attribution 
de  ce  monument  au  i"  siècle.  Mlle  \\'.  lit  descendre,  à  premier»;  vue, 
jusqu'aux  teiu     de  Diuclétien  et  dr  <'.onslantin,  et  nous  comprimes 


L'lNSr,RI!'TItiN    It'll\SI'AURKN.  :il7 

(|iic  cclli'  iiisrrililioii  av.iil  ilA  tHic  cxùcuIôl'  vors  loiv'Riock,  ou 
:m  plus  iiM  h  la  lin  du  m". 

.Malgré  cela,  je  persistai  d'abord  h  croin;  iiiio  !«'  IrKle  ùloil  du 
ph'ininr  slôcio  cl  (^ac,  dans  un  inlônH  facile  à  concevoir»  on  avait 
voulu  le  ii'piodulix',  comme  un  ph^tMcniv  sriuvcnir  national,  au  mo- 
niiMil,  sans  doute,  où  loremiiniomcnl  provincial  de  Dioi'lr'tien  venait 
consacrer,  par  la  création  de  la  NovcmpopHldua,  une  séparation 
nominale,  déjh  ancienne,  itîeiainiîeci  prévue  depuis  longicnips.  Les 
exemples  sont  nombreux,  à  Home  même,  de  ces  anciens  litres  res- 
taurés;! une  basse  époiiue,  dans  la  forme  ai'Cliaiijue  <|u'ils  avaient 
dUll'eïbls.  C'est  donc  ;\  cette  expli(-ation  ijue  je  m'étais  arrêté,  au 
mois  de  juillet  dcrnicl*  {Brvuo.  archéolo(jù]fie),  lorsque  vos  obser- 
vations sont  venues  remettre  tout  en  (luesiion. 


II 


Dans  une  des  dernières  séances  de  notre  commission  de  la  carte 
de  l'ancienne  France,  le  mercredi  17  janvier,  vous  nous  avez  fait 
part  d"une  j-emarque  de  la  plus  grande  importance  que  vous  avait 
suggérée  la  vue  de  l'estampage  d'Hasparren  :  c'est  que  celle  inscrip- 
tion pourrait  bien  dater  en  clïet  de  la  lin  du  lu''  siècle,  texte  et  gra- 
vure, c'est-à-dire  dater  de  la  création  même  de  la  province  de  No- 
venipulana  et  du  démembrement  de  TAquitaine  d'Auguste.  Voici 
vos  raisons: 

Vous  pensez  que  rien  dans  la  teneur  du  texte  ne  s'oppose  à  ce 
qu'il  ait  été  composé  au  moment  même  où  le  lapicide  l'a  exécuté. 
1"  Il  y  avait  encore  dans  toutes  les  cilés,  au  temps  de  Dioclétien, 
un  flauiinc,  des  duumviri  juredictimlo ,  des  quaestores;  les  pagi 
avaient  leurs  ma(jisln.  aediles  on  pracfi'cti;  2"  les  mois  ad  Auyustum 
peuvent  désigner  tout  autre  empereur  qu'Auguste;  Dioclétien  et 
Constantin  étaient  aussi  appelés  «  Augustes  »,  puisque  ce  nom  était 
synonyme  iV Impcratof  ;  3°enlin,  — el  c'est  là  votre  observation  capi- 
tale, —  rien  ne  prouve  (juil  y  ait  eu  neuf  cités  ou  neuf  peuples  dans 
l'Aquitaine  etbnograpbique  ;  au  contraire,  en  interrogeant  les  an- 
ciens géographes,  ceux  qui  ont  composé  leurs  écrits  entre  l'époque 
de  César  el  celle  de  Dioclétien,  on  ne  trouve  pas  neuf,  mais  cinq 
cités,  pour  la  région  qui  correspond  à  la  future  Novempopulanie  du 
iv""  siècle. 

Vous  atiacliaul  surtout  à  Plolémée,  dont  les  Tables  présentent  in- 
contestablement l'énuméralion  la  plus  complète  des  cités  de  la  Gaule 

m''  SLHIE,  T.  II.  —   15 


918  liKMK  Aiu:iii''oLor.iouF.. 

au  M*  siècle,  vous  avez  parfaiicmont  rtahli,  dovanl  nous,  que  sur  \cs 
vini:l-<loux  peuples  ou  cités  (|\ii  composaient  la  iirovinred'Arpiitaine 
atiminislralive,  ilans  la  table  ptiiliinii'nne,  il  n'y  eu  avait  (jiie  à\u\ 
d'imputables  à  rA(iuilainei'tlinograpliii|iieiNoy.  Viol.  Il,  vi  [vnl);les 
(lix-sepi  autres  sont  gaulois.  C-es  riiKi  peuples  sont  : 

1"  Les  Taihrlli,  au  suil  des  Biluriges  Vivisri  cl  di-  linriliijdUi  (Hor- 
(leaux),  capitale  de  ces  derniers,  et  s'ctenilanl  jus(|u'aux  Pyri-nées; 
leur  capitale  était  .[quae  Augustae  ou  TarhclUcae  '  (i)ax)  ;  leur  pays 
correspondait  surtout  à  la  partie  maritime  de  la  (îironde,  des  Landes 
cl  des  Hasses-Pyrénées; 

2°  Les  Vassarli,  au  sud  de  la  peuplade  gauloise  des  ^'iliol/roijes 
(Agenois),  cl  (jui  sont  les  mêmes  que  les  Vassei  de  Pline-,  les  Va- 
satae  d'Ainmien  .Man-ellin  ^  et  la  CJrilas  Vasaticn  de  la  Notice';  ils 
avaient  pour  capitale  Cossiuni  (Bazas)  :  c'est  le  Hazadais''. 

3"  Les  Data,  au  sud  des  (îabali  (Gévaudan)  ;  ce  peuple  qui  n'a 
pas  pu  être  encore  placé  avec  certitude,  non  plus  (juc  si  caiiilali- 
Tasla,  et  que  vous  proposez  d'identifier  avec  les  Larlorales,  (ju'on 
;'6tonnc  en  eiïet  de  ne  pas  voir  citer  par  le  seul  Ploléméc  ^;  ce  serait 
jne  iiarlie  de  l'Armairnac  ; 

4°  Les.lUA'c/»,  au  sud  de  ces  derniers,  avt'c  Irur  capitale  AïKjustd, 
Audi'  (Gers  cl  Hautes-Pyrénées); 

*)"  Les  Conmtai',  au  pied  des  Pyrénées,  avec  li'ur  capitale  Lmjdn- 
num  (Sainl-Hert:and),  correspondant  au  Cominges  et  à  la  liante 
vallée  de  la  Garonne^. 

Vous  nous  avez  montré  comment  les  dix-sept  autres  peuples  de 
l'Aquitaine  lie  Ptoiéiuée  étaient  tous  gaulois  et  lousidentiliés,  à  droite 
de  la  Garonne  ;  par  conséquent,  les  cinq  qui  précédent  orcupaienlseuls 
loule  la  Gascogne  avec  le  Béarn,  c'esl-à-dire  un  pays  qui  répond 
très  lldélemeiit  à  la  Noveiupopulaiiie  du  iV  siècle  et  à  l'Aiiuitaine 
ellinograpliique  de  César.  Donc,  au  milieu  du  ii"  siècle,  celle  région 
n'aurait  pas  coin[>iis  neuf,  mais  cituj  peuples  seulement,  et  la  déno- 
mination do  A'oivm  l'opuli  ne  reiiHditcrait  jias  même  jus(|u'aiix  Aiito- 
nins;  or,  comme  l'inscription  d'llas|iarren,  <laiis  fétat  où  elle  nous 

î.  T'jfCc/oi, /ai  -'V/\;  aJtô)/  TôaTa  AOy/JT:!.  1"/°,  /i'r-.'iO',  i;  9. 
'2.  IV,  XXXIII,  1. 
3.  \V,  XI,  Ift. 
It.  Guérard,  p.  29. 

6.  OCa'TTàf.'.oi,  xa't-'w.;  K'-t-î'.ov.  18"-30',  /jC",  S  15. 
0,  .ia-ioi,  xai  7:ô)i;  Ta<r:«.  19',  i^o-lû',  9  17. 

7.  AÔTyi'ji  xai  i:ô)i;  AOYOVTra.  18*,  /jS",  f)  18. 

5.  ïv/Jz^ovTt;  ?t  Tt  ll"Jf>r;vri,  Ko|iOvtvoi,  xaiaCTÔiv  AovY5o'jv6vxo>(ovia  17",  tH",  ^22. 


I.  INSCHIITION    lt'lUSI'\!;:;KN.  2i0 

est  parvoniie,  n'est  plus  du  premier  siècle,  romme  on  l'avait  cru 
jus(|u'ù  ce  jour,  et  (|ue  c'était  le  seul  texte  sur  le.|uel  on  j)iU  élablir 
l'hypothèse  de  rancieunclé  des  Nurmi  Populi,  elle  n'a  plus  aucune 
valeur  à  vos  yeux.  Telle  a  èlé  votre  conclusion.  Je  ne  saurais  par- 
ta},'cr  eiitièreuient  voire  opinion;  mais  je  crois  (jue  le  point  impor- 
tant, ù  savoir  (pi'il  n'y  a  eu  que  c\iu\  peuples  dans  r.\<|uilainc 
propre  au  temps  de  l'tolèmèe  et  que  les  Norrm  Vopuli  sont  posté- 
rieurs au  ir  siècle,  est  désormais  ac(|uis  :  c'est  là  une  découverte. 

Voyons,  en  elïet,  si  les  auli'es  auteurs  classi(iucs  ne  démentent 
point  celte  donnée  nouvelle. 

César  ne  fait  pas  un  tableau  géograidiiquc  des  peuples  de  l'Arjui- 
laine.  Dans  le  récit  de  la  troisième  campagne,  il  cite,  au  cours  des 
événements  de  la  guerre  de  Crassus,  son  lieutenant,  les  peuples, 
grands  et  petits,  (jui  y  ont  pris  part.  Il  en  mentionne  quelques-uns 
des  principaux  ;  mais  il  n'est  pas  tenu  de  les  nommer  tous.  Il  a  l'oc- 
casion de  citer  aussi  un  certain  nombre  de  petites  peuplades  qu'on 
peut  considérer  comme  faisant  partie  de  la  clientèle  des  premieis. 
Parmi  les  plus  importants,  il  y  a  évidemment  les  Tarbelli  (III,  27), 
les  .i/rscî  (ibid.)  et  les  Sonliales  (III,  20,  21,  22),  auxquels  fut  faite 
alors  une  guerre  si  acharnée  qu'ils  semblent  avoir  été  détruits  en- 
tièrement, car  il  n'en  a  plus  été  parlé  depuis.  Les  autres  sont  les 
petites  peuplades  des  Dùjerrioncs  (III,  27),  les  Bccjerri  de  IMinc; 
des  Turusatrs  (111,  2;i),  les  Tomates  de  Pline;  des  Vocales,  des 
Cososates,  des  Sibusates,  etc.,  qui  sont  de  simples  clients.  Donc, 
dans  César,  deux  grands  peuples  seulement  sont  cités  des  cinq  que 
donnent  les  Tables  ptoléméennes  :  les  Au sci  ci  les  Tarbelli. 

Il  n"eul  pas  l'occasion  de  nommer,  sans  doule  parce  qu'ils  ne 
prirent  pas  pari  à  la  lutte  de  57,  les  Lactoratcs  et  les  Convcuae. 

Strabon  ne  nomme  que  trois  grands  peuples  :  les  Tarbelli,  les 
Ausci  et  les  Convenae  ;  mais  il  ajoute  ceci  :  «  11  y  a  encore  plus  de 
vingt  peuples  dans  l'ancienne  Aquitaine  (ethnographique);  seule- 
ment ils  sont  petits  et  sans  importance  '.  «On  pourrait  s'étonner  do 
l'omission  des  Laclurates  et  des  Vasales,  du  premier  surtout;  mais 
on  sait  que  lesénumérations  de  Stiahon  ne  sont  pas  plus  complètes, 
au  premier  siècle,  que  celle  d'Ammien  Maicellin  au  quatrième;  on 
ne  saurait  dire  pourquoi. 

Quant  ili  romponius  Mêla,  qui  n'annonce  qu'un  rapide  aperçu,  on 
ne  saurait  trouver  étrange  qu'il  se  contente  de  nommer  le.s  Ausci-, 

1.  IV.  II,  1  :  'I'Itti  0£  iOvr,  TÔiv  'Ax\jiTav(.)v -/-'.m  |j;v  t(Ôv  eîxoTi  |X'.xoà  oà  ".tat   â5o;a. 

2.  111,2. 


tiO  III.VrK    AnCIlKOLOCIOL'K. 

La  gL'Ot;ra|>lii»*  ih'  Pline  pn^souie  de  gnmlesdinicullùs,  rar  il  cili', 
p^le-nuMe,  un  nombre  cciMsiiliTible  de  piMipli  s  d.ins  rAquilaine  ;ul- 
iiiinisiiaiivi'.  t'iilre  Us  Pyri^nées  cl^a  Loin»,  sniis  nous  renseigner 
sur  leur  réparlilion,  el  sans  ilislinguer  les  },Mantls  des  petits,  c'est- 
à-dire  ceux  (|ui  rorrespoiuii  ni  à  lies  civilulcs,  el  les  simples  clients. 
Il  est  possible  toutefois  de  retrouver,  danscctie  foule,  lescin(|  grands 
peuples  que  ntius  savons,  au  siùcle  suivant,  par  les  Tables  ptolô- 
méennes,  avoir  seuls  formé  les  eini]  ciltVs  ùnumêrée.s  plus  haut  :  les 
Tarht'lli,  les  Ausci^  les  Conren(u\  les  Latusates  (pour  Lnctoratrs)  el 
les  Vtissaci  (pour  Vassuhi  ou  ]'(isates)  '. 

Si  bien  que  tous  les  textes  classicpies,  lorbtju'ils  ne  nienlionneiit 
pas  les  cinq  peuples,  ou  les  cinq  grandes  cités  de  IHolêmée,  du 
moins  n'en  noinnieiil-ils  pas  davantage;  de  sorte  (fuc  les  (jualrc 
autres  peuples  dont  les  documents  postérieurs  à  Dioclùlien  nous 
fournissaient  les  noms  el  auxquels  j'avais  donné  une  existence  anti- 
cipée, pour  compléter  les  Noveiii  Populi  que  je  me  croyais  obligé 
de  retrouver,  —  n'étaient  pas  encore  entrés  en  scène.  Les  (juatre 
cités  qui  auraient  été  ajoutées  aux  cinq  grands  peuples  de  IHolémée 
entre  répO(|ue  où  il  a  dressé  ses  tables  et  celle  de  Dioelétien,  —  el 
Il  es  probablement  sous  Dioclétien  lui-même,  puisque  la  liste  de  Vé- 
rone est  le  document  le  plus  ancien  où  ligure  la  province  de  Norcm- 
poptilami  comme  dédoublement  de  l'ancienne  Aquitaine,  —  seraient, 
selon  vous:  les  liointes,  au  N.  des  Tarbclli;  les  Elitsates,  chef-lieu 
Elusa  (Eause);  démembrement  tous  deux  du  territoire  des  Tarbclli; 
lis  Bitjetri^  où  se  trouvaient  les  Aqmie  Cunvinarrun  (Bagnéi*cs-de- 
l{|gorre^,et  les  Cuii5or<ini{\ii  Conseiaiis). 

Vous  supposez  donc  que  la  Novempojiulana  ne  commença  d'exis- 
ter qu'à  la  tin  du  m"  siècle,  et  (jue  le  nom  (|ui  lui  est  donné  dans  la 
ii>te  de  Vérone  s'accorde  parfailenu-nl  avec  l'inscription  d'ilasparren 
el  se  trouve  justiliée  seulement  sous  Dioclétien.  Ouant  au  nombre 
des  peuples  de  l'ancienne  A(iuilaine,  ils  n'auraient  encore  été  que 
cinq  au  nnlieu  du  second  siècle  et  il  se  serait  trouvé  porté,  pour  la 
première  fois,  à  neuf  au  temps  de  la  télrarchie  de  i9ii. 

Knlre  Dioclétien  et  Théodose,  épo([ue  où  la  Norrmiiopulnmi  com- 
prend, sur  la  liste  des  provinces  el  des  cités,  non  plus  neuf  peuples, 
mais  douze,  il  vous  est  facile  de  nommer  les  Atitrcnscs,  Chef-lieu 
A  tur  a  {\'\n'  )  Jei^  lii'nani  en  se  8  (Mî'nrn)  cl  les //Hro«^7J.vcs,  chef-lieu  IIuid 
(Uloron),  lou>  trois  démembrés  de  l'ancien  leiritoire  des  Turbelli. 

Kn  faisant,  bien  volontiers,  le  sacriticc  de   plusieurs  pages  de 

1.   IV,  XlXUt  (IIX),  1. 


l/lNSCnil'TI(iN    |i'||\SI'VHIU:N.  22t 

mon  secoiiil  volniiu'  de.  la  (Junlc  romniuc.  y  ne  jniis  cepcnil.iiil 
riîganicr,  iiinn  clior  coIIc'.^mk',  riiiscri|ili(tn  (l'lla.--|iarn'n  comme  nous 
(loiuiaiit  lin  tt'Xlc  «lu  trnips  de  Diorlt'-licii.  nu'cn  ic^tc-l-il  donc, 
diirz-vous?  Le  monuin- ni  (;sl  malériellcmcni  de  la  lin  du  m"  siècle 
ou  du  comiiHMironu'nt  du  iv".  Les  incorreclions  ipi'il  renfcirmc  sem- 
blent accuser  plulùl  les  has  l(!m|)S  (|U(!  l'éiioque  d'Au^iiftle,  et  enlin  il 
n'y  avait  certainement  pas  neuf  ptuiplcs,  mais  cinq  seulement,  au 
milieu  du  ii°  siècle,  dans  l'Acpiitaine  etlmojîraphiciue.  Tout  cela  est 
vrai  ;  cependant  j'ai  peine  à  croire,  s'il  n'y  avait  pas  neuf  peuples 
ayant  «obtenu»,  au  i"  siècle,  de  former  un  groupe  nominal  à  part, 
au  pied  des  Pyrénées,  que  ce  groupe,  souvenir  d'une  ancienne  na- 
tion, dernier  et  respcclahle  vestige  d'une  race  encore  reconnaissa- 
ble  aujourd'hui  même,  n'eût  pas  existé.  Au  lieu  des  Novrm  Populi, 
c'étaient  les  Qitinqur  Pojiuli,  sans  doute,  et,  si  je  ne  me  trompe, 
l'inscriiition  d'ilasparren  va  nous  le  prouver. 

Il  est  incontestable  qu'en  l'année  lO.'i,  sous  Trajan,  cette  vieille 
Aquitaine,  dépossédée  de  son  nom  national,  nom  étendu  par  Au- 
guste, plus  d'un  siècle  auparavant,  à  tous  les  peuples  compris  entre 
les  Pyrénées  et  la  Loire,  a  formé,  pour  le  service  des  linances,  une 
subdivision  sous  le  nom  de  proviucia  Laclorensis^ .  I!  faut  se  rappeler 
que  ce  morcellement  des  provinces  politiques  en  divisions  linan- 
cières,  aux  trois  premiers  siècles,  a  été  l'avant-conreur  du  démem- 
brement des  provinces  [lolitiques  accompli  sous  Uiaclétien.  Nous 
avons  do  même,  en  Tarrocouensis,  la  province  financière  û'Asturiu 
(jui  devint  plus  tard  la  jtrovince  administrative  {VAstiiria  et  Gai- 
laec'm,  lors  du  démembrement  de  la  Tarragonaise.  Je  vous  ferai  re- 
marquer, en  outre,  que  dans  l'inscription  de  Pérouse  la  province 
financière,  qui  répond  évidemment  à  l'ancienne  région  ethnographi- 
que de  César,  n'a  rien  retenu  de  son  nom  national,  qui  est  passé,  au 
contraire,  au  pays  trqnsgarumnien;  ce  dernier  y  prend  la  désigna- 
tion de  province  financière  d'Aquitaine,  prociiralor  prorinciac  Afjui- 
tanicaCy  ce  qui  comprend,  remarquez-le,  l'Aciuilaine  poliliqueà  l'ex- 
clusion précisément  de  l'Aquitaine  ethnographique,  c'est-à-dire  des 
seuls  vrais  Aquitains.  En  tout  cas,  la  subdivision  existe,  quelque 
nom  qu'elle  porte;  la  province  linanciére  de  Lectouie,  qui  parait 
(lès  105,  avait  indubitablement  les  limites  de  l'ancienne  Aquitaine 


1.  Marini,  Frntr.  an:,    I,    p.    ô  ;   cf.   Orclli,  3651  :  IT.OCVHAT  |  PUOVINCIA- 
RVM    LVGDVNlEiNSIS  (sic)  '    liT    •    AQVjTAMCAK    '    ITEM    LACTURAE,    etc 

(trouvée  à  l'crousi). 


i2i  mvri    Auciii  (([.(MMijiK. 

do  (A'sarcl  folios  ilo  la  fiiliiro  Novompopiilaiiio  do  Dioriï'lion;  soule- 
moul  il  faul  roiuiiircr  à  celto  dôsigi  alion  aniiripôo  il»'  V'»"'»»  /'o- 
jtuli. 

Jo  ivinarquoiai  on  passanl  (|ii('Ion(im  do  Lnclora,  ayaiil  passô  à  la 
provinoo  linanciôro,  no  dut  poiil-tHro  pas  (Mro  laisst''  à  la  ril(\  pour 
ovilor  loiiloc«)nfusion  dans  lo  langago  oflioiel,  ol  (pie  c'ost  p('ul-ùlie 
là  l'oripino  décos  appidlalioiis  clraiigos,  inronmiOMlos  autres  googra- 
phos  et  (|iio  nous  doiinoiil  souIon  I<'-  ïiM"'^  pl.i|.'iiu''.'iiiif>.  de  Dalii 
ol  de  Tasta. 

Je  no  peux  vous  oarlior,  onlin,  mou  oIht  ooilc'gut',  ijur  los  ijualre 
vers  de  l'inscription  d'Ilasparren  conservent  inal^'ié  tout,  à  mes 
yeux,  une  physionomie  (|ui  fait  songer  au  temps  d'Au^îusto,  au 
T'  siècle  du  moins. 

Non  seulemonl  ce  noui  Augnslus  ^emble  exclure,  au  siiiL^ulier,  la 
létrarcliie  des  deux  Augustes  et  des  deux  Césars,  mais  il  osl  hors  de 
doute  que  l  s  mots  Urlie  rediix  no  l'ouvont  s'appli(|iier  ni  à  Nicomé- 
dienià  Milan,  et  que  Lrbs  n'a  jamais  sigiiillôque  Home. 

Enfhi,  c'est  là  ma  dernière  observation,  ot  vous  l'accueillerez  sans 
doute  d'auiant  plus  volontiers  (juo,  si  elle  nous  permet  do  laisser  au 
I"  siècle  de  notre  ère  le  texte  primilildonl  lo  monument  d'Ilaspar- 
ren nous  aurait  conservé  une  copie  plus  ou  moins  altérée,  elle  donne 
une  nouvelle  force  à  votre  remar(|uo,  si  intéressante,  louchant  l'oii- 
gine  relativomeiil  moderne  des  Novciii  Papuli. 

Parmi  les  incorrections  signalées  dans  le  fameux  qualriiin,  il  en 
est  une  imputable  à  rinatlention  du  lapiciJo,  Idjato  pour  Icunti,  ce 
(jui  est  un  solécisme  dans  tous  les  temps;  ot  d'autre  part  l'élision  du 
dernier  vers  a  été  oubliée  peul-Olre  par  la  substitution  de  hniic  à 
,7/,„„;_  cela  est  peu  de  chose,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  du 
troisième  vers,  (jui  est  doublement  incorrect  par  la  faute  de  (luaniilé 
jwvemel  par  l'élision  omise.  J'estime  qu'au  temps  de  la  création  de 
la  provint  e  de  Xorewjwpuinna,  sous  Dioclétien,  il  y  eut,  en  elTot, 
(}ualrei)euplos  nouvellement  eiigés  en  cités,  ce  (jui  jiorta  leur  nom- 
bre à  neuf,  comme  il  y  en  eut  trois  autres  plus  tard,  entre  Oioclétien 
et  la  réJaclion  de  !a  .\olitiii  }iroriuciavum,C('  i\u\  le  porta  à  douze,  sans 
(lue  lo  nom  de  Sovnniiupulmin  pût  être  modilié  de  nouveau,  parce 
(jifil  datait  du  grand  remaniemonl  provincial  de  Uiociélien.  Je  crois 
que  l'on  dut  corrij/er  alors  le  texte  ancien,  sans  avoir  égard  i^  la 
quantité,  on  p/o  Xoicm  opiiuuit  y/f>/M//i.s,  mais  qu'il  se  Irouvail  sur 
le  monument  du  i"  siècle: /n-o  (Juiiuiur  opliniiit  populis,  ce  (pu  était 
correct.  Au  lemps  de  lUuleiiièe,  l'ancioune  A(piilaiiio   pouvait  donc 


L  INSCItlI'l  |ii\     h'il  VM'MlItIvN.  i-j;j 

s';ij)|i("lt'|-  les  Uiniiiiiic  l\>]iuli,  cl  lo  monument  ilc  Véiiis,  ;iiii"  siè- 
cle, (Icv.iit  (Itinnn-  .•lin-i,  il.ins  une  foiine  du  moins  exemple  dft 
faiHes  : 

Kliimcn,  item  duinvir,  quai'slor  pngiqnc  uiagistcr 
Vcius,  ad  Augiisluni,  le;^ali  inunere  funcliis, 
l*ru  (Jiiiuqnc  optiiiuit  popiilis  sejuiigcrc  (iallis. 
Uriic  reilux,  (luuio  pagi  illani  dedical  arain. 

Croyez,    mon   cIht   collè^Mic,  à   mes   senlimcnts   les  plus  .liïer- 
lueux. 

KnNEST    DKSJAIIDINS. 


LKS 


SCÈNES    DE   BANQUETS 

PKIXTES  DANS  LES  OATAOOMIîKS  ROMAINES 
i:t  .n(>t\mmi;nt  hans  cklll:  di;s  ss.  MAncr.LLiN  i:r  i'ikhiik 


Parmi  les  lliî-mcs  sur  lesquels  se  sont  exercés  les  peinlres  des 
(Mt;iromltes  r(tmaiiit's,  iiuelques-uns,  coninic  le  Mon  l'jistcur,  Daniel, 
Jonas,  la  résurreflioii  de  Lazare,  ont  joui  d'une  faveur  i|iii  les  a  fait 
employer  sans  relâche  à  l'ornemenlalion  de  tous  les  },'rands  cime- 
lières.  D'autres,  au  coniraire,  n'ont  obtenu  ([u'unevoi^nic  capricieuse. 
Les  représentations  de  repas  et  de  banquets  semblent  appartenir  à 
celte  seconde  catégorie.  On  ne  les  a  pas  rencontrées  jusqu'à  présent 
en  dehors  des  quatre  cimetières  de  Domitille,  do  Calliste,  de  Sainte- 
Agnès  et  des  SS.  Maicellin  et  Pierre.  Encore,  à  Doiiiilille,  n'a-t-on 
qu'un  repas,  l'un  des  premiers  essais  de  la  peinture  dire  tienne,  qui 
remonte  à  la  fin  du  i"  ou  au  eommenrcment  du  ii- siècle.  Si  la  cala- 
combe  de  Calli>te  possède  (|iiatre  bamiuets,  elle  en  a  été  tlotée  pen- 
dant une  courte  période  (lin  du  H"  siècle,  commencement  du  ni"), 
rassemblés  (ju'ils  sont  dans  le  gioupe  formé  par  les  cubicula  A-,  A', 
A'"  et  A'',  dont  M.  de  Hossi  attribue  la  décoration  à  l'administration 
de  Callisle  lui-même'.  Le  contingent  de  la  catacomhe  de  Sainte- 
Agnès  se  réduit  à  deux  banijuets,  l'un  île  c'uh]  femmes  (seconde 
moitié  du  iir  siècle),  l'autre  de  sept  convives  (période  du  iV  siècle 
immédiatement  postérieure  à  la  paix  de  l'Eglise),  (juanl  ;\  la  c.ila- 
combc  des  SS.  Marcellin  et  Pierre,  elle  était  plus  riche  en  tableaux 
de  ce  genre  que  toutes  les  autres  réunies;  elle  a  livré  a  l'iconographie 
un  repas  et  neuf  banquel.s.  Mais  ces  dix  ouvrages  nnt  été  e\i entés 

1.  !)«•  Uoui  ,  Komii  sotlerratmu,  t.  Il,  p.  Utp. 


LES  SCRNKS   DK   BANQURTS.  3^4 

entre  la  sccontlo  moitié  du  m"  siôclii  el  le  commonrenicnt  du  iv, 
haiil  un  seul  peut-iMi-c  (|ui  sérail,  h  la  ri^'ueui-,  de  lu  lucmière 
moitié  du  iv"  siècle. 

A  (juello  cause  faut-il  allriluier  l'inlerniitlunce  du  portl  pour  les 
scènes  dont  il  s'agit  cl  U^ur  agglomération  relative  dans  un  ui(^me 
cimetière?  nu  ne.  sautait  !e  dire.  .Néanmoins  ces  iieintuieii  sont 
cuiicuscâ,  et  jo  crois  inléressaiit  de  les  passer  en  revue,  d'autant 
mieux  \\\\r  trois  d'cnlro  (diesoni  été  dicouvertes  depuis  peu  do  temp3 
par  M.  de  Kossj  et  viennent  de  lui  fournir  malièi c.  <\  [uécieusi'S  obser- 
vations '. 

Les  anciens  explorateurs  di's  nécropoles  souterraines  n'avaient 
aperçu  (jue  six  de  ces  monuments,  (piatre  du  cimetière  des  .SS.  Mar™ 
cellin  et  Pierre,  et  les  doux  du  cimetière  de  Sainle-Agnès.  Du  moins 
ce  sont  les  seuls  que  Hosio  el,  ajtrés  lui,  Aringlii  el  Holtari  aient 
reproduits.  iJosio  ayant  (lualilié  d'agapes  leur  .^ujel,  celle  dénomi- 
nation a  été  aveuglément  acceptée  pendant  deux  siècles  et  plus,  Kilo 
était  inexacte  pourtiml,  et  elle  ne  convient  non  seulement  à  aucune 
des  couipo.silions  que  liosio  avait  en  vue,  mais  à  aucune  de  celles 
que  les  investigations  ultérieures  ont  fait  trouver.  En  elTet,  si  l'on 
étudie  dans  leur  ensemble  et  si  l'on  compare  entre  elles  les  produc- 
tions de  l'art  chrétien  au  temps  de  la  primitive  Eglise,  on  arrive  à 
constater  (jue  la  peinture  s'est  essentiellemeni  inspirée  de  sujets 
allégoriques,  symboliques,  bibliques  ou  évangéiiques;  au  delà  de  ce. 
cercle,  elle  s'est  permis  quelques  allusions  directes  à  la  personne  du 
mort  dont  elle  embellissait  la  tombe,  Mais  elle  no  se  préoccupait 
pas  do  retracer  les  usages  de  la  société  cbrélienne,  et  rien  naulorise 
h  supposer  qu'elle  se  soit  départie  de  son  abstention  au  profil  des 
agapes.  Aussi,  d'un  avis  presque  unanime,  adoptant  le  système  d'ex- 
plication proposé  en  1844  par  l'ahbé  Polidori-,  les  archéologues 
modernes  ont-ils  reconnu  aux  images  chrétiennes  de  banquets  un 
caractère  allégori<iue.  Les  onze  fresques  que  les  fouilles  ont  depuis 
trente  ans  arrachées  à  l'oubli  sont  venues  conhrmer  la  justesse  de 
cette  doctrine,  à  laquelle  les  travaux  de  M.  de  Rossi  ont  en  même 
temps  lionne  tout  son  développement  el  toute  sa  précision, 

H  faut  cependant  accorder  une  signihcation  réaliste  à  deux  des 
peintures  do  la  catacombe  des  SS.  Marcellin  et  Pierre.  Elles  sont 
actuellement  perdues;  mais  elles  ont  été  copiées  et  gravées  par  les 


\.  Do  llossi,  Bull,  di  nrch.  crût.,  1882,,  p.  111-130. 

2.  Luiçi  Polidori,  Dei  convitieffigiati  u  simholo,  eic.  Milau,  J8i4,  dans  le   jour- 
nal l'A  Illico  cutlûlku. 


-2i(j  RKVUK    \nCHkOL()0I0UF. 

soins  tlo  Bosio.  l/iint*  '  t'<l  relit' iloni  on  pful  lai-^.-^cr  l.i  <l.ili'  iinlécise 
cnlrr  I»' nV"''  «'«'  Piorlrlieii  el  celui  df  C.oiislnnlin.  An  cculiv.  iiru» 
ffiniiic  roilTciMMi  rlit'V(Mi\  <•!  iiabillôc  d'iiiit'  !<in(,Mi(*  luni<|iir,  (IcIkhiI 
ilerrii^ro  une  l.ibie  cnircc  cliarjîre  dr  (iiinlic  pains,  de  doux  <Vui'll''s 
el  d'un  vase  ;i  jnrge  pause  écrasée,  élève  la  luaiu  droite  el  sai;^il  de 
la  main  gauche  le  vase  par  l'orilice.  Itaii},'és  sur  le  même  plan 
qu'elle,  mais  cantonnés  chacun  vers  une  extrénuté  de  la  talde,  i\c\ix 
hommes  debout  se  tournent,  celui  de  .uauche  vers  un  voyafreur 
ai'puvé  sur  un  halnn  et  vêtu  d'un  collet  el  d'une  tiini(iue,  auijuel  il 
remet  une  écuelle,  celui  de  droite  vers  un  second  ('tranger  qui, 
vêtu  du  même  costume  tiiie  le  premier,  s'avance  les  mains  étendues. 
Le  sujet  Consiste,  de  toute  évidence,  en  une  dislrihution  d'aliments 
faite  à  des  pauvres  ou  des  pèlerins  par  une  femme  aidée  de  ses 
domestiques.  II  est  correct  autant  que  facile  de  l'entendre  à  la  lettre, 
et  nulle  laison  plausible  n'invite  ù  le  prendre  au  sMubolique  comme 
plusieurs  savants  en  ont  eu  le  désir.  L'artiste  a  voulu  perpétuer  le 
souvenir  des  pratiques  charilabb's  auxquelles  s'était  adonnée  durant 
sa  vie  la  chrétienne  ensevelie  dans  la  sépulture  (ju'il  était  chargé  de 
décorer. 

L'autre  fresque-,  que  j'inclinerais  h  dater  de  la  seconde  moitié 
du  m*  siècle,  avait  trait  à  un  récit  de  l'Evangile.  On  y  voyait  assis 
autour  d'une  table  semi-circulaire  trois  hommes  et  trois  femmes 
alternés.  L'homme  placé  à  l'extrême  gauche  se  détournait  jmur 
recevoir  une  coupe  de  la  main  d'un  serviteur  donl  on  n'apercevait 
que  le  bras.  Point  de  nounilure  d'ailleurs,  point  de  plats  sur  la 
lable;  mais  à  terre,  au  premier  plan,  (|uatrc  urnes  de  grande  dimen- 
sion. L'insuffisance  du  nond)re  de  ces  urnes,  (juatre  au  lieu  de  six 
qu'exigerait  la  conformité  avec  le  texte  de  l'I^vangile,  ne  sauiait 
tromper  sur  l'intention  de  l'œuvre,  (|ui  représente  indubitablement 
le  miracle  des  noces  de  Cana. 

Ces  deux  exceptions  éliminées,  tous  les  repas  el  festins  des  cata- 
combes sont  allégoriques;  six  se  réiérent  au  sacrement  de  l'euclia- 
rislie,  neuf  à  la  félicité  éternelle  des  élus  dans  le  Paradis. 

Les  (juatre  banquets  de  la  catacondie  de  (lalliste  ouvient  la  série 
la  moins  riche.  Leur  programme  ne  varie  pas  :  sept  hommes  apimyés 
sur  le  coussin  d'un  lit  semi-circulaire  s'apprêtent  à  manger  d'un 
poisson  posé  sur  un  tiépie  I  t-n  avant  diii|uel,  à  terre,  >onl  alignées 


I.  Arcotf.lium  3' de  Boîio;    JJoUari,  t     II,    pi.  CWIX  ;  Garnicri.   Slorin  ilr//^ 
arte nitlninn,  pi.  LVII  i». 

a.  Ciibiculiim  7-^  d.'  \\m\o  :    llotinri.  t.  11.  jil.  CIX  ;   (;.-irriifri.  /.  - .,  pi.   XLVII   1. 


i.Ks  scr.M'.s  iiK  ii\.N(.ii:i:is.  227 

l.inliM  >^i'|il,  l.'iiilùl  liiiil,  l.iiilùl  (Inii/.c  f,'r;m(lcs  coiIilmIIcs  de  [i.'iiiis  '. 
Suivjiiil  l.i  lnill.inlc  iiiltMpri'lalion  dt;  M.  <le  Itossi,  il  y  a  lii  utiiiasso- 
rialioii  de  doux  t'iôiiunts  cm|triiiil(''.s  à  rKvaFi},'ile,  les  sRpl  nnivivcs 
ia|i|)elant  les  scpl  disciples  pn-sciils  au  repas  près  du  lac  de  Tibé- 
li.idf,  les  cniheilics,  le  iiiiracli'  do  la  miillipiicalioii  des  pains;  ci 
CL'Ue  (•(iinliiiiaisoii  vise  la  dislrilmlioii  de  l'fiielrjristic  aux  lidèlcs 
pendant  leur  vie-.  Kilo  a  plu  à  (lallisle  puisque,  soit  sous  son  dia- 
conat, soit  sous  son  pondlicat,  elle  a  élé  rôpôtre  dans  quatre  culdcula 
du  ciniclièit'  ilonl  le  pape  Zé[iliyiin  lui  avait  leniis  la  ^'estion.  Mais, 
après  lui,  clic  a  clc  dclaisséc  par  les  peintres,  car  elle  n'a  repaiu 
([u'une  seule  lois,  et  à  plus  d'un  siècle  de  dislance,  à  l'époque  cons- 
laïUinienne,  sur  nn  an^osolium  du  cimetière  ilc  Sainte-Agnè?. 
Entre  temps,  à  la  lin  du  iii"  ou  au  commencement  <lu  iv  siècle, 
l'allusiou  à  reucliaristie  s'est  manifestée  dans  un  cuhiculum  de  la 
cataeomhe  des  SS.  Marcidiit»  et  Pierre'^,  sous  la  forme  bien  jilus 
concise  du  repas  ou,  convive  unique,  un  jeune  liorame  velu  d'une 
tuniijue  sans  ceinture  et  assis  prés  d'un  trépied  dirige  sa  main  vers 
un  phil  qui  conlienl  plusieurs  pelils  pains  en  boule.  Au  contraire, 
sur  l'arcosolium  du  cimelière  de  Sainte-Agnès,  le  banquet  est  iden- 
tique à  ceux  du  cimetière  de  Calliste;  seulement  les  sept  convives, 
assis  autour  d'une  t  ible  semi-circulaire  sur  laquelle  sont  étalés  deux 
pains  et  trois  poissons,  occupent  la  voussure  de  l'arc,  tandis  que  les 
seiil  corbeilles  et  deux  vases  à  anse  remplissent  la  lunette  '.  Bien  que 
juxlajiosès  plutôt  que  réunis,  les  deux  éléments  me  semblent  assez 
ra[qirocbés  pour  être  inséparables  et,  par  suite,  pour  rendre  indis- 
cutable le  sens  de  l'allégorie.  Néanmoins  on  serait  forcé  de  les 
regarder  comme  indépendants  l'un  de  l'autre,  et,  dès  lors,  déclasser 
la  scène  de  la  voussure  parmi  les  images  de  la  félicité  des  élus,  s'il 
était  avéré  qu'au  lieu  de  sept  liommes  on  dût  voir  à  table  quatre 
liommes  et  trois  femmes  ainsi  que  l'indiquent  les  planches  de  Bosio 
et  du  P.  Garrucci,  caria  réminiscence  du  repas  au  bord  du  lac  de 
Tibériadc  deviendrait  en  ce  cas  inapplicable.  Les  couleurs  et  même 
le  dessin  des  figures  sont  mainienanl  fort  endommagés,  et  je  ne 
garantis  pas  que  mes  yeux  n'aient  pas  été  trompés  par  cet  état  de 
dégradation.  Mais,  sous  celle  réserve,  je  suis  obligé  de  dire  que, 


1.  De  Rossi,  liomu  sott.,  t.  II,  pi.  XIV.  \\ ,  \VI  et  WIII. 

2.  De  Uossi,  /.  c,  p.  ,111  et  3^2. 

3.  Vu  par  d'Agincourt  au  xviii'  sit-cle  et  retroiivû  par  M.  de  Ilcssi  en  1851;  Gar- 
rucci, /.  c,  pi.  LVI  .'|. 

il.  Cubiciilum  1"  de  Bosio  :  Liottari,  t.  III.  pi.  GXLI  ;  Garrucci,  /.  c,  pi.  LX  2. 


9|9  HKVUK   AHOHKOUKUUl'K. 

innlgrt'  iou>  mos  elTorU,  il  m'a  H^  impossililo.  (raporrovoir  rluz 
aurun  ilos  porsoHingcé  l«'.  moinilrt' allriliul  friuinin,  cl  j'ai  la  lon- 
vii'lion  que  les  sepl  ronvivos  suul  l»i»'ii  1rs  scpl  disciples.  Leur 
nombre  typinuo  ronrourlà  foiliruir  co  scnliiiu'nl. 

Les  allégories  relatives  à  la  béatiludo  élenielle  olïreiU  plus  do 
diversilo. 

Dès  ses  déluils,  l'art  eluvtien  a  épousé  l'idée  d'exprimer  U's  délices 
du  paradis  sous  les  apparences  de  festins,  l.e  repas  ligurôau  fond  du 
grand  ambulacrc  de.  la  catacomlic  île  Iiomilille  en  est  la  prouvo. 
M.  de  Hossi  a  établi  qu'il  est  nécessaire  do  pn'udre  pour  deux  hien- 
heuiviix  les  deux  homnu>s  assis  sur  un  siège  douMe  près  d'un  tré- 
pied garni  de  trois  pains  el  d'un  poisson,  cl  servis  par  «n  liommo 
deliout,  prolialdeiuenl  un  éclianson'.  Après  co  premier  exemple, 
toutefois,  il  faut  franchir  un  inltirvalle  de  cent  cinquante  ans  au 
minimum  pour  en  retrouver  un  second  elun  troisième,  scnsiblumcnl 
contemporains  l'un  de  l'autre,  dans  le  cimetière  des  SS.  iMarcelliq 
el  Pierre  et  dans  celui  de  SaiiUe-Agnés, 

A  Sainte-Agnès,  le  sujet  se  compliiiue  d'une  allusion  à  la  parabole 
des  vierges  sages  et  des  vierges  folles.  Non  seulement  le  banquet  n'a 
pour  convives  <iue  cinq  femmes,  mais,  limité  à  la  partie  gauche  d'une 
lunelte  au  milieu  de  laquelle  domina  uneQranle(vtaisemblablemenl 
l".  fiijie  lie  la  défiinle  ensevelie  dans  l'arcosolium),  il  a  pour  pendant, 
sur  la  partie  droite,  un  groupe  de  cinti  femmes,  debout,  tenant  chacune 
à  la  main  un  objel  quo  l'on  réputé  èlre  une  lampe  ou  son  équivalent-, 
Il  est  clair  (jue  ces  deux  pendants  ont  une  étroite  connexité.  On 
estime  communémeni  (jue  le  grouite  de  droite  met  en  scène  les  cinq 
vierges  $ages  veillant,  leurs  lampes  allumées,  dans  l'attente  de 
l'époux.  J'aimerais  mieux  y  chercher  Icscinfj  vierges  folles  frappant 
vainement,  aprrs  leur  retour,  à  la  porte  de  la  ^^alle  des  noces.  Mais, 
de  ces  deux  interprétations  (les  seules  entre  lesquelles  on  ait  à  opter 
pour  le  panneau  de  droite)  (]ue||e  que  soit  celle  (pie  l'on  préfère, 
on  ne  saurait  disconvenir  que  le  panneau  de  gauehe  montre  les 
cinq  vierges  sages  reçues  à  la  suite  de  l'époux  dans  la  salle  el  au 
festin  des  noces.  Bien  ijue  d'un  ordre  spécial,  c'est  réellement  une 
allégorie  des  joies  réservées  aux  lidèbs  dans  le  royaume  des  cieux. 

Le  festin  de  la  calacumbe  des  SS.  .Marcellin  et  Pierre,  qui  appar- 
tient comme  celui  de  la  catacombc  de  Sainte-Ai::nés  à  la  seconde 
moitié  du  III*  siècle,  se  distingue  entre  tous  par  la  mulliplicitti  des 


1 .   De  HOMi,  Hull.  (il  nrr/i.  cnW.,  1805,  p.  I\'2  el  /l'c'iO. 

■j.  Cubiculuiii  3*iltt  liusiui  Uoltari,  1. 111,  pl.CXLVIII  ;  liarrucci,  /.  c,  |il.  l.XIV::. 


personnages  secondaires.  Un  couple  assis  ;\  une  lahie  couviMle  d'un 
coussin,  (Icv.inl  l;i(|UL'lle  est  un  Ircpicd;  :i  droite,  une  fi-nnni;  assis- 
tante, debout,  appuyant  sa  ninin  droite  sur  U'.  Iiord  de  la  table;  à 
gauche,  vu  de  prolll  et  tendant  un  vase  à  boire  h  l'un  des  deux  con- 
vives, un  éclianson  suivi  d'un  autre  serviteur,  eelui-ei  aetuellenienl 
détruit;  enlin,  à  l'extrènK!  gauche,  une  femme,  deijout,  accom- 
pagni'e  d'une  petil(>  lille;  telle  est  l'ordonnance  de  celte  composition  ', 
où  l'on  reniaiipio  poui-  la  prcmièi-e  l'ois  la  fcniiui'  assistante  rpii 
garde  ici  l'anonyme,  mais  (|ui  va,  quelques  années  plus  lard,  en 
aflichant  au-dessus  de  sa  lôte  en  toutes  lellt'es  sa  dénomination 
signiluative,  intervenir  de  nouveau  dans  les  derliiers  banquets  donl 
il  nous  reste  à  parler. 

Ces  monuments  forment  au  sein  d'une  même  région  de  la  cata- 
comhc  des  SS.  Marcellin  et  Pielrc  un  groupe  de  six.  Hosio  n'en  avait 
trouvé  qu'un.  M.  de  Hossi  en  a  découvert  deux  en  18;jl  ou  peu 
après,  et  trois  entre  1880  et  1882.  L'un  de  ces  derniers  et  l'un  de 
ceux  que  les  fouilles  de  18:il  avaient  exhumés  sont  tellement  ruinés 
([ue  l'on  en  discerne  à  peine  quelques  vestiges  et  que  l'on  doit  se 
borner  à  les  mentionner  pour  mémoire.  Heureusement,  malgré  les 
lésions  qu'ils  ont  subies,  les  quatre  autres  ont  conservé  leur 
ensemble.  A  part  certaines  dilTérences  de  détail,  ils  traduisent  tous 
les  quatre  la  même  pensée  par  les  mômes  moyens,  et  ils  datent  de  la 
même  époque. 

L'époque,  c'est  la  lin  du  iir  ou  le  commencement  du  iv^  siècle. 
Lorsque  j'ai  publié  ici-  ma  Chronolofjie  des  peintures  des  catacombes 
romaines,  on  ne  possédait  encore  que  deux  des  fresques  en  question. 
Je  les  ai  attribuées  au  régne  de  Constanlin,  assuré  qu'elles  ne  pou- 
vaient lui  être  i)()stérieures,  et  enclin  par  circonspeclion  à  rajeunir 
plutôt  qu'à  vieillir  les  productions  de  l'art  chrétien  quand  leur  style 
laisse,  el  tel  est  le  Oas,  une  certaine  latitude  à  la  fixation  de  leur 
fige.  Mais  M.  de  Rossi  a  tiré  de  l'épigraphle  et  de  la  topographie  du 
cimetière  diverses  informations  plus  décisives  que  les  motifs  de 
mon  appréciation.  Il  corrige,  en  la  discutant  avec  la  gracieuse  bien- 
veillance dont  son  amitié  m'a  toujours  honoré,  la  daie  que  j'avais 
proposée,  et  celle  qu'il  tixe  est  nécessairement  commune  à  toutes 
les  peintures  empreintes  du  même  caractère  artistique  el  situées 
dans  la  même  région  3.  En  effet,  celte  région  n'a  livré  aucune  ins- 

1.  Cubiculum  0«  de  Bosio  ;  BoUari,  t.  II,  pi.  CVI;   Garrucci,  /.  '.-.,  pi.  XLV  1. 

2.  Hevue  av<:hci>loyiquc,  septembre,  octobre,  novembre  et  décembre  1880. 

3.  De  Hossi,  liuU.  di  arch.  crist.,  1882,  p.  llii-121. 


^30  iir.vt  i:  Anc.iiKouHiiyiK. 

criplion  ivv«Mue  ilii  inono^'r.iniiue  coiislanlinicn.  L.i  noix  n'y  nppa- 
r.ill  (|u'unf  lois  et  sous  la  foniR-  iiitliffiiviili'  ilo  croix  fe'ainmèc  à 
donhli'  liK'iU'.  Les  inai(|uos  de  fabrique  fia|i|n"cs  sur  les  plai|ucs  do 
liTie  cuile  t  niplovi'Os  à  la  rlôluie  drs  Inruli  n'accuscnl  jamais  un 
lemps  plus  rî'cenl  (pie  le  régne  de  Dioclélieri.  H  en  va  de  même  îles 
arclamalions  doniinanles,  telles  que  celle-ci  :  isjtiritus  in  hono  ciilie 
d.Mix  dauphins.  Libellées  I  inl(!»t  «mi  l.ilin,  foininc  VALENTINA  IN 
PAGE,  lanlôl  en  grec,  comme  ^YCEBIA  €N  €IPHNH.  pai  bMs  en  un 
mélange  des  deux  langues  comme  TTAPO^NIC  IN  PAGE,  les  épi- 
laphes  se  composent  presque  toutes  du  nom  suivi  de  la  formule  in 
pncr.  A  ces  signes  il  est  impossible  «le  mécoiinailre  tjue  les  sépul- 
tures creusées  dans  la  partie  du  cimetière  où  nous  les  observons 
doivent  être  classées  non  à  la  période  ipii  suit,  mais  à  celL'  (pii  pié- 
cède  iUiUiédialemenl  la  [uiix  de  l'Kglise,  c'est-;i-dire  à  la  lin  du  iir 
ou  au  commencement  du  iv  siècle.  «  Dans  le  slvle  des  j)einlurcs 
dont  sont  ornées  les  tombes,  je  ne  vois,  ajoute  à  bon  droit  l'illuslie 
arcliéolOo'ue  romain,  rien  (jui  répugne  à  cette  déter.i.iiialion  de 
l'âge  des  sépultures  cl  de  leurs  épitaplies.  Du  reste,  l'ornemenlation 
pouriail  avoir  été  en  partie  exécutée  dans  les  premières  années  de 
la  paix  constantinienne.  La  transition  de  lune  a  l'autre  période 
historique  fut  si  soudaine  qu'il  est  très  diflicilc  et  souvent  impossible 
de  di^linguer  avec  précision  entre  les  œuvre.^  d'art  des  derniers 
temps  de  la  persécution  et  celle»  des  commencemenls  de  la  paix  '.  » 

Le  banquet  mis  en  lumière  par  Hosio  a  pour  convives  trois  hommes 
appuyés  sur  le  coussin  d'un  lit  semi-circulaire,  dans  l'échancrure 
duquel  .-ont  enfermés,  à  giuche,  une  urne  jiosée  à  terre,  au  centre 
un  trépied  chargé  d'un  poisson*,  cl  à  droite  un  enfant  debout,  une 
tasse  à  la  main.  A  chaque  extrémité  du  lit,  une  femme  coilTée  en 
cheveux  et  velue  d'une  lonj,'ue  tunique  est  assise;  et,  sur  le  champ 
du  tableau,  on  lit  au-dessus  de  celle  de  gauche,  Irenr  ihi  coliln,  au- 
dessus  de  celle  de  droite,  Af/ape  viiscr  ini'^. 

Dans  le  banquet  du  eubiculum  rendu  à  l'étude  depuis  IS.'il  ',  les 
convives  sont  au  nombre  de  cinq  dont  deux  enfants;  l'échancruiedu 
lit  ne  coniient  que  le  trépied  chargé  de  poisson,  sans  addition  d'urne 

1.  De  RoMi, /.  c,  p.  120-121. 

2.  Bonio  avait  pri»  a-  poihsou  pour  un  agneau  ;  niai.s  son  erreur  a  ité  aperçue  ol 
rçlev('<-  par  M.  de  IloBsi  dans  la  disserlalion  De  l 'irislinnis  motiuinenlis  IXt-tlN  cjc- 
hibculifj'n,  inhérée  au  Si>ialr>jiutn  solesnnnsr,  t.  Jjl. 

3.  Arcosolium  1"  de  Bosio  ;  lloltari,  t.  Il,  pi.  CXXVII;  Carrucci.  /.  •.,  pi.  I.M, 
1  :  De  no»i, /.  c,  pi.  III. 

d.  Vu  BU  XVIII»  fciècl'  par  d  AgincourI,  pui»  oublit^ 


LES    SCK.NRS    DK    IJANuUKTS.  231 

sur  le  sol  ni  d'ciifanl  dchniil.  l'iu;  fciniiK!  assise  h  rexlrémilé  du  lit, 
du  cAlé  i^'auche,  lient  une  tasse  à  la  main;  sa  rnmp.'ignc  placée  du 
côté  droit  est  debout;  toutes  les  deux  sont  d'ailhîurs  coilÏÏM'S  et 
vêtues  eoniuie  eelie.>  de  la  fresi|ue  précédente;  et  le  clianip  du  laldcau 
est  timbré  de  deux  inscriptions  :  ;\  gauclie,  Ai/ape  iiiiscp  uohis;  à 
droite,  Ircne  porge  caldii  '. 

Kiilin,  les  deux  l)an(|uels  récemment  découverts  par  M.  de  Hossi 
montrent  autour  du  lit  semi-circulaire,  le  premier,  cimj  convives, 
dont  une  femme  à  gaucbo  du  personnage  central;  le  second,  (rois 
convives,  une  femmi;  entre  deux  liommes.  Dans  récliancruie  ilu 
lit,  prés  du  trépied  chargé  de  poisson,  h  gauche,  une  petite  lille,  cl 
à  droite,  une  femme  élevant  de  la  main  une  tasse  à  boire,  se  tiennent 
dcliiiiit;  et  clini|ii('  tableau  jiorlt;  inscrit  sur  un  champ,  le  premier-, 
Aijape  lin  cdlihi  à  gauche,  et  à  droite,  Irciie  misii' :  le  seeond  ',  Afjdpe 
porge  calila  à  gauche,  et  à  droite,  Irène  misce. 

Qui  sont  ces  lii,Mii('S  féminiiîcs,  invariablement  dénommées  Agape 
et  Irciii',  et  interpellées  par  les  convives  en  termes  presiiue  i(lenli(|ues 
d.iMs  les  quatre  peintures?  Bosio  les  croyait  elles-mêmes  convives 
de  Pagape  funéraire  qu'il  s'imaginait  avoir  sous  les  yeux.  A  leur 
nom  Haoul  Huchetle  a  su  les  prendre  pour  deux  élres  emblématifjues; 
seulement,  en  s'elTorçanl  de  concilier  celle  opinion  avec  l'expli- 
cation traditionnelle  de  la  scène,  il  les  a  considérées  comme  les 
symboles  de  u  l'inslitution  même  des  agapes  destinées  à  entretenir 
la  paix  et  la  charité  parmi  les  fidèles*  ».  Mieux  avisé,  en  môme 
temps  iju'il  reconnaissait  avec  une  ingénieuse  perspicacité  dans  le 
sujet  du  feslin  non  plus  une  agape,  mais  une  allégorie  des  joies  de 
l'autre  vie,  l'abbé  Polidori  a  conjecturé  que  VIrene  et  ï'Agape 
personniliaienl  les  idées  de  paix  et  d'amour  inhérentes  à  celle  du 
bonheur  éternel  ;  cependant  il  a  concédé  qu'elles  pouvaient  aussi 
bien  représenter  deux  personnes  réelles,  deux  chrétiennes  qui 
auraient  reposé  dans  la  tombe  revêtue  de  la  fresque.  Mais,  en  ce  cas, 
pourquoi  joueraient-elles  le  rôle  de  servantes  que  leur  assignent  les 
injonctions  des  convives  elïectifs  :  Donne  de  {l'eau)  chnudc.  — Mêle- 
moi  [du  vin  et  de  l'eau),  ou  plutôt,  Emplis  mon  vcnv-'?  Ces  comman- 


1.  Garrucci,  /.  c,  pi.  LVI,  5;  De  Bossi,  /.  '■.,  pi.  IV. 

2.  De  Rossi,  /.  c,  pl.  V. 

3.  De  Hossi,  /.  c,  pl.  VI. 

II.  Raoul  Uoclictte,  TahUau  des  catacombes,  p.  ll^'2,  Paris,  1837. 
5.  Mis'.erc  Otait  devenu  synonyme  de  «  verser  le  vin  »  ;  les  ir.scriplious  des  verres 
à  boire  disent  indifféremment  inplc  im,  misce  me.  (De  Hossi,  /.  '.,  p.  129.) 


fit  ARTUP.   AhCHKOLOniQUR. 

iloinoni.'<  i^nono^s  dans  rinsrripiio»  suflisainit,  l'o  mc  si'mhip,  |ioiir 
em[HVIuM' ilr  oonfoiiilro  av«v  des  djMunli's  VAgapi"  il  t'frrtifi.  Ouoi 
qu'il  i»n  soil,  touli»  iiu'iTlilud»'  n  dil  res«rr  loi-siiu'cn  IK.M  on  u 
nrouvrù  unen^prlilion  du  hnnquol  aulour  duipiol  s'a^iiiail  le  di-b.-»!  ; 
ei  les  ivpiMilions  nouvolliMncnl  conquise»  al•ll^velll  do  pi-ouver,  par 
la  suraltouilaniv  des  exeniiiles.  (|ue  les  deux  ll}îureB  AWrjape  el 
iVIreue  sont  einpioNiVs  i\  tilf  e  d'eiuldiMncs  de  Taniour  el  de  la  paix. 
Ces  ein!)lèmes  conipIMenl  dr  la  nïauH'^re  la  plus  heureuse  la  ronipo- 
silion  dans  laijuelle  ils  enlrenl;  car,  en  faisant  de  la  paix  et  ilc 
l'anioul*  les  préposés  au  scrviec,  ils  rendcnl  aussi  explicite  (luc 
posslhle  la  eonceplion  mystique  de  la  béalilude  élcrnelle  sous  la 
forme  «l'un  festin. 

Néanmoins  (jutlqucs  airhéoloirnes  ronlinnent  li'appeler  agapes  les 
feslins  «jue  depuis  trente  ans  la  plupart  des  érudiis  regardent  rommc 
des  allégories  de  la  félieité  paradisiaque.  Désireux  d'amener  les 
réfraclaires  au  sentiment  eommun,  M.  de  Hossi  n  voulu  lenouvelc- 
et  rendiv  plus  catci^orique  l'exposé  des  motifs  sur  lesquels  se  fonde 
en  cette  matière  l'interpt-étalion  par  voie  d'allégorie  La  description 
des  monnmenis  que  ses  dernières  fouilles  ont  déblayés  dans  la 
catacombe  des  SS.  Marcellin  et  Pierre  lui  on  a  procuré  l'occasion. 
El  je  ne  saurais  mieux  faire  pour  terminer  cette  revue  que  de  i-ésu* 
mer  en  peu  de  mois  st>s  arguments. 

Sur  les  sépultures  chrétiennes,  tout  parle  de  l'espoir  en  la  réali- 
sation des  divines  promesses,  c'est-à-dire  de  la  conliance  en  la 
rés'irrerlion  et  en  robtention  îles  réeompenses  éternelles  qui  atten- 
dent les  tidéles.  Ceci  constitue  une  forte  présomption  que  les  sc6iu>s 
de  festins  se  rapportent  à  la  vie  luture  plutôt  (ju'à  la  vie  présente, 
et  la  présomption  doit  se  cbanger  en  certituile  si  l'on  établit  que  les 
chrétiens  ont  volontiers  comparé  à  un  ban(|uct  les  délices  du  paradis. 
Or  les  documents  écrits  nous  attestent  précisément  (jue,  dans  l'usage, 
félicité  éternelle  el  bampiet  céleste  étaient  synonymes.  Interrogeons 
les  prétendues  constitutions  aposloiiijucs  dont  la  rédaction  tiale  à  peu 
près  du  même  tetnps  que  b»  fresques  de  la  catacombe  des  SS.  .Mar- 
cellin l't  Pirn-r.  Klles  opposent  la  sérénité  du  repas  où  les  convives, 
couchés  sur  de.;  lits  de  féic,  goûtent  une  joic  inlinie,  élus  glorilianl 
Dieu  (|ui  les  a  appelés  à  la  vie  éternelle  et  réunis  dans  l'Kgli.sc 
catholique,  aux  veilles  el  aux  privations  des  hommes  misérablement 
étendus  sur  le  sol  dans  les  pieuses  assemblées  que  tant  de  périls  et 
d'embûches  «'uvironnent  durant    les  persécutions',    écoutons   les 

1.  Contt.  afiitil.,  II,  5. 


Li:s    SCK.NKS    r)K    FJANQL'KTS.  233 

[laiolcs  (les  in.irlyrs  i  t  le  n'-nl  de  Iciiis  vivions  (|iii  fuiil  rclio,  en 
(lii('l(]U(^  sorte,  aux  sMiibolos  lr.'ict''s  sur  les  inonuuictils,  coinriK'  l'ont 
plusieurs  fois  (l(''m(intit''  le  IhUlctlinn  rli  <t\vliritli)ijin  nistifina  et  la 
lionia  aotlrrranrii.  Dans  les  Actes  sincères  riu  nnrtyreiiue  Jaripies  et 
M.iri mus  de  (lirla  soulTrirenl  vers  l'an  '2*10 '.  Jacques  dit  :  Ad  mnrtff- 
mm  hiuiluniii)  jicifjo  ronriviuin.  Nam  isld  noclc  Ai/apinni  finslniin 
{i\\\\  un  |icu  auparavant  avait  èUi  mis  à  mort  pour  la  foi)  ridrbum... 
snlrmiir  ijitnilddm  et  lœtilid'  plmum  cdi'brnre  convirinm.  Qito  cinn 
ciju  rt  Mdiiiinux^  (lunsi  ad  ugaiirn,  spiritn  dilectinnis  rt  cnrilalis 
mpcrcinur,  adveml  nohis  obvius  puer^  quem  constabat  esseaUcrum 
c.r  i/i')iii>iis  anti'  Iridunm  cimi  matve  passis...  et  ijitid  propenifisf 
inqnit :  (jduilrle  ri  cxuKatr,  crus  nohisciun  et  ipsi  cœnabitis.  Dans 
les  Actes  grecs  (le  Carpos,  Papilos  et  Agallionice,  martyrs  de  Per- 
pme^,  Aiîatlionice,  voyant  à  son  tour  la  gloire  de  Dieu  que  Carpos 
disait  avoir  vue,  s'écrie  :  «  Et  ce  repas  est  aussi  préparé  pour  moi  ;  il 
faut  donc  que  moi  aussi  je  m'assoie  à  la  table  glorieuse  et  que  j'y 
aie  part.»  Consultons  les  liturgies  funéraires  dont  M.  Le  Blant  a 
mis  en  lumière,  de  la  façon  la  plus  éclatante*',  la  relation  avec  les 
monumenis  funèbres;  elles  demandent  à  Dieu  l'admission  de  l'âme, 
pour  huiuellc  on  prie,  au  bantjuel  bienheureux,  au  banquet  de  Dieu. 
Les  inscriptions  ne  sont  pas  moins  éloquentes  :  Pie  zeses,  dit  une 
acclamation  (jui  se  lit  plusieurs  fois  dans  les  catacombes  romaines. 
C'est,  au  surplus,  à  l'Êvangilc  lui-même  (jne  les  chrétiens  ont  em- 
prunté ces  métaphores.  Le  Rédempteur  n'a-l-il  pas  promis  à  ses 
disciples,  et  en  leur  personne  à  tous  les  élus,  de  les  accueillir  à  sa 
table  et  de  boire  avec  eux  le  fruit  de  la  vigne  dans  la  maison  de  son 
Père?  L'art  chrétien  avait  donc  juste  cause  de  s'approprier  une 
allégorie  que  les  enseignements  de  l'Église  rendaient  familière  à 
toutes  les  intelligences,  et,  véritablement,  à  ne  pas  s'en  servir  il  eUt 
mantjué  à  toutes  ses  habitudes. 

En  outre,  dans  les  peintures  i\m  nous  occupent,  un  mets  uni(iue 
apparaît  sur  la  table,  avec  un  liés  léger  accompagnoraenl  de  pain  et 
le  plus  souvent  sans  accompagnement;  et  quel  mets?  Invaria- 
blement un  poisson.  Ce  choix  exclusif  ne  peut  être  le  ri'sullat  du 
hasard  et  procède  à  coup  sûr  d'une  intention  rènécliie.  L'intention 
(qui  serait  incompréhensible  si  la  peinture  représentait  une  agape 
réelle,  prosaïque,  où  chacun  apportait  les  aliments  quelconques  qu'il 


1.  l\iiiii;vrt,  Acia  mnrlijr.  sincera. 

2.  Aube,  ({crue  uviliéologique,  décembre  1881. 
o.  Le  Blant,  Sarcophuyes  diretieiis  d'Arles. 

111   sLiiii:,  r,  II.         I() 


2'M  UKVll      VUCHKOLOGIOUE. 

avail  i'Uci  lui  l'our  1rs  infllre  l'ii  coinimin  fl  en  f;iire  pari  anx  fivrcs 
iiuligi'nls\  l'inlonlion,  ilisons-nous,  csl  faiilc  à  ix-iirlicr  cl  lêiiiuigiu» 
justement  que  la  scène  a  Irait  au  banquet  cilestc.  Oii  coimalt  assez 
le  Siii- s.'i'rcl  que  la  primilivc  Ki^'llsc  allach.iil  ;iii  lumi  cî  à  I  iina^,'i; 
lie  lIXOYC,  ciublème  du  Sauveur,  IHCOYC  XPICTOC  OEOY  YIOC 
cm  H  P.  Le  poisson  était  donc  le  nuls  le  |. lus  convenable,  iranclions 
Il  mol,  le  seul  convenable  à  donner  en  nouriilure  aux  bienheureux, 
car,  aux  lernus  du  langage  mystique,  e'esl  du  lUirisl  mriue  ijue  se 
repaissent  el  se  saturent  les  commensaux  de  la  table  divine. 

Knlin,  suivant  la  foi  dirélionne,  la  félicité  élernelle  implique  la 
paix  el  raiiioiir  dans  l'union  avec  les  saints,  cet  amour  el  celle  paix 
(jue  plusieurs  épitapbes  gravées  sur  les  sépultures  des  catacombes 
souhaitent  aux  défunts  :  (.ovpus  sanclis  comimldii:  IRENE  libi  rum 
saiictis:  (Jniutu  valc  in  pdcr.  —  Liciniits  liislina'  coniiuji  tncrenli  in 
^  AGPrl^  .  —  SuhiiKi  m  AGAPE.  L'idée  de  la  béatitude  céleste  fut 
concentrée  par  excellence  dans  les  deux  mois  soleiiiiil^  ipit'  les 
chrétiens  conservèrent  en  grec  au  milieu  du  latin  :  AGAPE.  IRENE. 
On  conçoit  sans  peine  que  cette  coutume  ail  suggéré  aux  artistes  de 
coinpl'lerle  festin  symbolique  en  y  iiitioduisanl  les  personnilicalions 
de  l'Aijnpe  el  de  I7rc»c,  en  (jualité  de  dispensatrices  du  vin  ;  el  celle 
invention  s'adapte  tellement  au  sujit  (juclle  poite  l'allégorie  du 
banquet  céleste  au  plus  haut  point  de  perfection  et  de  clarté. 

LOUIS    LtiOUT. 


i;om  i:vin:iui:  d  i:tain 

DAXS   I/ANTKJUITÉ 

(siiTi.;)  I. 


in 

A  cùlc  des  oltjL'ts  (lu  cullr  |ir<i|iiL'iii(3iil  (lil>,  ik'.slinés  aux  divers 
sacreiiu'nls,  nous  retrouvons  d'auUes  ol>jels  en  élain  d'un  usage 
uni(iueinenl  funéraire.  Il  faut  cvidemmenl  voir  dans  l'existence  de 
ces  objets  la  continuation  des  prali(|ucs  déjà  signalées  dans  l'anli- 
quilé  ;\  propos  de  l'ensevclisseuient  des  morts. 

Nousavons  montré  les  païens  enterrant  avec  les  cadavres  tous  les 
objets  qui  pouvaient  servir  dans  la  vie  future.  Ce  n'étaient  pas  les 
objets  eux-mêmes,  mais  des  imitai  ions  ou  simulacres,  que  l'on  avait 
coutume  de  faire  en  élain  ou  en  plomb.  Cctie  babilule  existait 
encore  dans  toute  sa  vigueur  au  moyen  âge,  en  France  et  en  .Angle- 
terre. Prcs(|ue  partout  les  fouilles  opérées  dans  les  lombes  capé- 
tiennes ont  mis  à  découvert  des  squelettestout  babilles,  accompagnés 
d'objets  distinctifs.  Les  prêtres  ont  près  d'eux  un  calice  d'étain,  les 
seigneurs  une  épée  de  fer,  les  évéques  ou  abbés  une  crosse  d'étain*. 
Quant  à  la  croix  qu'on  y  trouve  aussi,  elle  est  généralement  en  un 
métal  plus  précieux  '. 

Les  deux  objets  en  élain  le  plus  fréquemment  retioiivés  dans  les 
tombeaux  sont  donc  le  calice  et  la  crosse. 

1.  V.  la /î'.'i'Kf ,  t.  XLIII,  p.  226-237,  n<"  de  janvior-fOvricr,  mars-avril  et  sep- 
tembre 1883. 

2.  La  Picardie,  revue  littcraire  et  scieiitirir|ue,  m-S.Recheylies  sur  les  scpullmcs 
anciennes  dnn^  ie  nord  de  la  France,  par  A.  Turninck;  Se'iiullurcs  capétiennes, 
p.  311. 

3.  Mémo  source. 


i36  m.viK  Auc.iii  oi.(M;inri:. 

Celle  dernière  csl  bien  plus  rare,  i):ir  le  seul  fait  (ju'elle  èlail  l'al- 
liiltul  (les  ahltês  el  des  (''VL^ques,  tandis  iiuc  W  calice  >i'  mcltail  dans 
la  lomlK?  do  Ions  les  pnHres. 

L'usage  d'enteiTCr  les  pn'yires  et  les  abliés  cl  (!'V(>iiucs  avec  les 
attributs  de  lenrmini»t«'re  tlail  piatii|iié  à  rt^po'iue  des  preiiii(M'es 
croisades.  Li's  docuniciiis  les  plus  anciens  (]ai  nous  testent  se  rap- 
porlenl  en  effet  à  celte  dernière  époipic. 

Nous  lisons  seulement  il  propos  de  siiiii  Un  in,  rvènic  île  Dor- 
cesler  tjui  vécut  ;iu  vir  siècle,  ([ue  sa  tombe,  ouverte  en  l'2-21,  con- 
lenait  un  calice  cl  une  croix  pastorale'.  C'est  le  seul  texte  se 
rappnrtnnl  à  une  èpo  lue,  antérieure  au  xi"  siècle  que  nous  ayons 
retrouvé.  I/usagc  d'enterrer  les  ecclèsiasliques  avec  les  alUibuls  de 
leur  ministère  aurait  donc  été  en  vigueur  d'un  façon  certaine  dans 
TK^Iise  avant  l'an  1000;  auparavant,  la  chose,  bien  que  itrobiblc,  ne 
peut  pas,  croyons-nous,  être  deiiionlrée. 

A  l'époque  des  croisades  cette  babitiidc  csl  bien  certainement  uni- 
verselle au  moins  dans  le  nor  I  de  la  France. 

A  Troyes,  l'ouvei  tiire  successive  de  b)mlieaiix  situés  dans  une  cha- 
pelle fondée  en  1188  par  l'évèque  Aice  de  Plancy  mit  au  jour  un 
certain  nombre  de  cercueils  d'anciens  clnnoincs.  A  côté  de  chaque 
S(iuelelte  étaient  des  calices  en  élain  de  la  forme  des  calices  du 
XII*  siècle.  Un  peu  plus  loin  se  trouvait  la  tombe  d'Henri  !«'  le  Libé- 
ral, comte  de  Troyes,  mort  en  1180.  Prés  du  cadavre  il  y  avait  une 
petite  bouteille  de  verre  dont  le  couvercle,  fort  grossièrement  atta- 
ché, n'était  autre  (lu'unc  coupe  de  calice  au(|uel  on  avait  coupé  le 

pied  -. 

Dans  la  môme  cathédrale  de  Troyes  on  ouviil  la  sépulture  de 
Nicolas  de  Hrie,  évéquc  de  Troyes  en  i^.'}.'l  el  mort  en  \H)\).  Sur  la 
poitrine  du  cadavre  se  trouvaient  également  un  calice  et  une  patène 
en  élain.  —  L'n  peu  plus  loin,  la  loml)e  de  Pierre  dWrcy.  mort  en 
1395  sur  le  même  siège  épiscopal,  contenait  également  un  calice  el 
une  patène  il'étain  ^. 

t.  Surius,  De  prnbaUs  tanclorum  historiis,  t.  VI,  p.  772. 

1,'abb';  Marligny,  Dictionnaire  des  (iiititjtiité't   rl,ielfniic\-,   v.  Anneau  l'jti^coiml. 

'i.  Ndiicc  sur  les  objet--»  Irouvi-i  dans  pliiHieur^  cercueils  de  pierre  à.  la  catliédrnlo 
de  Troyes  (Mémoires  île  lu  Sociélt'  nr'tildinii/ur  il'i'jrirulture,  dci  scitnees,  nrtt  et 
L-Ilcf-lettret  tlu  tlép'nl^ment  iel'Aulie,  l.  XII,  I"  bério,  aiuiéo  I8il-18/i5,  st^ancc 
du  27  décembre  1844). 

3.  MruvtreH  de  la  Société  académi</ue  de  l' Anhe,  t.  XXX,  2''  sdric,  année  1800, 
|i.  13  (itappori  adressé  ii  M^r  l'évfique  de  Troyes  sur  les  louillesfnitc»  dans  le  clioiur 
de  la  cbtliédralc  au  niui»  de  juin  18<m,  par  M.  l'abbé  Colllnel). 


i/oiiri:Mti:itin  it'i.iMN   nws  i/an  ik.h  i n;.  2'M 

Si  lions  eiitioii-;  t'ii  iNOiiiuikIic,  l'iiuverlmc  ili's  loiiihcs  des  abhés 
d(;  Jiiiiiit'ges.iii  xii"  siècle  nous  donne  les  iiu^iiirs  résull.'ils'. 

L'abbé  Cocliel  sij,Mi;de  aussi  un  certain  noinbce  île  calices  d'ùlain 
trouvés  dans  les  sépultuies.  L'un  d'eux  est  conservé  au  musée  d'A- 
miens et  d'après  .'\I.  Houclierde  l'crtbcs  il  t'audi ail  faire  remonter 
son  enfouissement  au  moins  au  xiT  siècle.  —  Un  autre,  (|ui  fut  en  la 
possession  de  l'abbé  (^ocbel,  avait  été  recouvert  d'or.  Il  était  de  la 
même  épo(|ue,  pesait  .'}  Iieclogr.  et  contenait .'{  décilitres.  Sa  bauteur 
n'était  que  de  7  centimètres  et  demi  ;  la  coupe,  [nofondcde  4  centi- 
mètres, en  comptait  10  de  lari,M'ur.  A  côté  de  ces  deux  calices  furent 
retrouvées  les  deux  patènes,  (jui  ressemblaient  un  piii  à  une  coupe 
aplatie.  Elles  avaient  12  centimètres  de  diamètre  ;  leur  profondeur 
était  de  2  centimètres  au  moins.  Dans  les  calices  comme  dans  les 
patènes  l'épaisseur  du  métal  était  de  1  à  2  millimètres-. 

M.  Akermann  a  aussi  trouvé  près  de  Salisbury  un  calice  de  même 
formeque  les  deux  décrits  par  l'abbé  Cocbtt,  avec  une  patène  sem- 
blable. Ce  calice  n'était  pas  dans  un  tombeau,  mais  seulement  en 
terreau  côté  gauclie  d'un  liomme  qui  avait  passé  l'âge  moyen  de  la 
vie^ 

A  Provins,  la  tombe  d'un  abbé  du  nom  d'Odo  et  celles  de  nom- 
breux religieux  renfermaient  des  calices  semblables  à  ceux  de 
Troyes  *. 

A  Genève,  les  fouilles  pratiquées  dans  l'église  Saint-Pierre  ont  mis 
au  jour  un  sarcopbage  qui  contenait  les  restes  de  Jean  de  Courte- 
Cuisse,  aumônier  de  Charles  VI,  évèque  de  Paris  et  de  Genève,  mort 
le  4  mars  1423,  à  la  droite  du  corps  l'on  voyait  une  crosse,  un  ca- 
lice et  une  patène  d'étain,  le  tout  en  mauvais  étal  ■'. 


1.  L'abbé  Texier,  Dictionnaire  d'orfèvrerie  chrétienne,  v.  Crosse,  p.  567.  Crosses 
en  fer  et  en  plomb.  —  Le  cabinet  archéologique  de  M"»»  Lepel-Cointet,  propriétaire 
actuel  de  l'abbaye  de  Jumièges,  possède  les  objets  suivants  :  six  crosses  d'abbés  du 
XI*  au  xnr  siècle,  trois  en  plonil)  (?)  ou  plutôt  en  élain,  Irois  en  cuivre  doré  ;  quatre 
bouterolk'S,  dont  une  en  plomb,  deux  en  fir  et  l'autre  en  cuivre.  Une  des  crosses  de 
plomb  passe  pour  avoir  appartenu  à  Thierry  11,  abbé  de  1014  h  1028.  On  voit  au^.'-i 
un  calice  d'étain  ou  de  plomb. 

2.  Sépultures  (/auloiirs,  romaines,  franques  et  normati'lLS  ;  Paris,  in-8,  1857, 
p.  384  et  385.  Cet  ouvrage  fait  suite  à  la  Normandie  souterrcine. 

3.  Archcoloyia,  t.  XXXVI,  Notes  of  antiquarioti  researchen  in  the  summer  and 
uutun  o/"  1851,  p.  11. 

û.  Congrès  archéologique  de  Fionce,  séances  générales  tenues  à  Troyes  en  1S53, 
XX«  session.  Paris,  in-8.  Déroche,  1834.  Happort  de  M.  Michelin. 

5.  Mémoires  et  documents  publiés  par  In  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de 
Genève,  tome  VIII.  p.  7. 


"*38  ni:vir.  Mii-.iikoi.odioUK. 

Dans  lo  tombeau  île  laliliê  (iiiillauinc  II.  ^\ni  \ivai!  au  \r  si(''ch', 
on  a  irouvt^,  à  Fi'cainp,  une  petite  rrossc  en  plouih  '. 

D'Achtry,  ilans  l'histoire  de  (îuiilauuïc  Lcin.iiie,  i'V('^i|ue  d'An- 
gors,  raoonle  que  lorsiiiu"  son  rorps  fut  porli-  on  t(MTe  on  l'avait 
uns  dans  un  liclie  cercueil,  coilTê  d'une  miln*  hlanelu-;  à  son  ciMÛ 
i'tail  une  crosse  en  étain  ou  en  cuivre  {crocia  de  statDio  sou  ciipro); 
sur  sa  poitrine  se  trouvaient  un  calice  et  une  patc'-ne  en  pioinl) 
((iuill.  Lemaire,  mort  en  i-J'.tO)-. 

Enfin,  de  nombreux  arclu''olopues  nous  signalent  l'emploi  du  plornh 
et  de  l'étain  pour  la  fabrication  des  crosses  et  des  calices  destinas 
aux  sépultures  ^. 

Presque  tous  les  calices  funt-raires  d'étain  ou  de  plunib  ont  la 
forme  de  calices  ordinaires,  mais  ne  portent  aucune  cs|ièce  d'orno- 
nients,  et  Heusens  ',  dans  les  h^lrmenls  d'nrchvologie  chrrtiennr,  a 
pu  indiquer  la  forme  la  plus  usitée  pour  cet  usage,  en  donnant 
comme  type  de  ces  calices  celui  conservé  au  musée  de  Hruge>. 

La  pureté  et  la  netteté  de  certains  de  ces  objets  en  étain  nejiermel 
pas  de  douter  (ju'ils  ont  été  mis  l;\  sans  avoir  jamais  servi  aupara- 
vant^. Au  surplus,  pas  un  texte  ni  un  monument  n'ont  donné  un 
semblant  de  preuve  que  des  abbés  ou  des  évéqucs  se  fussent  servis 
dans  ks  cérémonies  de  crosses  d'élain  ou  de  plomb'' ;  ces  objets 
n'ont  donc  existé  (|ue  comme  insignes  funéraires. 

La  fabrication  des  crosses  en  étain  et  des  calices  de  même  métal 
parait  avoir  été  simultanée  ;  et,  comme  les  crosses  n'ont  pas  éié  en 
usage  avant  le  vi*  siècle^,  nous  croyons  que  les  crosses  et  calices  en 
élain  destinés  aux  sépultures  remonletil  à  l'usage  universtd  des  crosses 


1.  A.  Martin,  Du  LAton  pastoral,  p.  73. 

2.  Spicilefjiutn  ve/erum  (tiir/tiijt  scrijtluntin  qui  in  ('•/illi'r  /li/tliothecii  maxime 
lifiicdictorum  lnluerunl,  1C&5-1(J77,  13  vol.  in/i*,  t.  X,  p.  251  cl  252. 

3.  L'abbc  Tevicr,  Dirtunmaire  il'mfrvrerif  chrétienne,  v.  Crusse. 
L'abbé  Marligny,  v.   Uiitnn  pnstnrnl. 

1,'abb'}  Coniii't,  l.  XXX  des  Mémoires  île  la  Société  acailémiqu".  de  rOiu\  p.  23. 

A.  Marliu,  Mélanijes  li'arc/téoloijie,  h  \o\.  in-fol.;  Paris,  1850,  t.  IV,  p.  153. 

,'i.  lUuMîiis,  Eléments  d'arcliculo'jii;  clirétienttr  \  Louvain,  1875,  2  vol.  ln-8, 
tome  I,  p.  /il3  ;  lotnc  IF,  p.  3.'i7. 

5.  I.'abbû  Cofflnei,  o//.  ».7  lue.  cit.,  p.  2.'j. 

C.  PflKcal,  Originel  et  raison*  de  la  lituri/in,  collection  Migiio,  t.  \lli  v.  I(it>n 
l>'j'tiiral. 

l.'ibbi  Tciicr,  t.  Croste. 

7.  L'nbbv  Tcxlcr,  ut  supra. 

Marlot,  llittoiin  lU-mfnsit. 

Kluduard,  llutoirr  de  Hrims. 


l.'ollKKVHKMIK    I)'|;TAI.\    DANS    L'AMiyUril'.  2'Mi 

(I  iiis  l'Kjrlisft  coinmo  insifjnos  des  ôviiipies  cl  ;il)lj'';s,  c'esl-à-dirc.  à  la 
li(''ii()(l(^  carolingictuic.  <>  t  iis.i^m;  fut  loiiplt'.'n|is  cm  vii^'iiciir.iii  moins 
dans  ccrl.iins  pays,  car  le  tonilx-aii  do  Nicolas  IJrvani,  conseiller  cl 
auniûnici'  du  roi  Louis  Mil,  drccdc  à  (l'.dics  (mi  HHÎ),  ronlcnait  en- 
core un  calice  en  élain  el  sa  palcne  '. 

La  similitude  des  deux  mct.iux  (t'I.iin  el  |iloiii!))  a  pu  les  faire  con- 
fondre ftoiivcnl  l'un  avec  l'autre,  r>uil  dans  les  textes  monicaux  qui 
nous  sont  restés,  soit  dans  les  descriptions  de  fouilles  faiies  de  nos 
jours.  Ces  calices  et  ces  crosses,  nous  répétons  notre  premiôn'  alTir- 
malion,  n'étaient  ahsolunienl  destinés  qu'à  symboliser  la  dignité  dis 
prêtres  ou  des  religieux  dans  lescercueils,  et  avant  d'ètn;  mis  dans 
les  tombes  ils  n'avaient  jamais  servi  à  aucun  usage  -. 

Certains  textes  désignent  par  les  mots  plumbnm  et  plumbens  la 
matière  de  ces  crosses  et  de  ces  calices  funérain's.  Il  y  a  li  évidem- 
ment, ainsi  que  nous  l'avons  dit,  une  confusion  qui  s'explique  parla 
ressemblance  desdeuxmétaux. Tout  nous  porte  à  croire,  en  elTet,(iu'il 
ne  peut  s'agir  que  d'étain.  Première  raison,  et  raison  capitale, 
c'est  que  le  plomb  était  absolument  interdit  pour  la  confection  des 
vases  sacrés,  el  l'étain  au  contraire  explicitement  toléré  ;  la  révé- 
rence de  nos  aïeux  pour  les  décisions  de  l'Eglise  a  certainement  fait 
qu'ils  n'ont  jamais  substitué  une  matière  illicite  à  un  métal  permis. 
En  second  lieu,  ne  valait-il  pas  mieux  employer  l'étain  à  la  place  du 
plomb,  de  façon  que  le  calice  possédât  à  tout  événement  une  utilité 
en  servant  à  une  église  pauvre  ?  Enfin,  n'était  on  pas  plus  liabitué  et 
plu?  en  mesure  de  faire  ces  sortes  de  vases  en  étain  qu'en  plomb  ? 

Toujours  est-il  tju'en  doliors  des  tombejux  l'on  trouve  encore  des 
objets  d'étain  qui  ont  servi  au  culte,  et  que  l'on  n'en  rencontre  ja- 
mais en  plomb. 

Dès  les  premiers  temps  de  l'Eglise  nous  avons  vu  que  l'étain  ser- 
vait à  la  fabrication  des  objets  du  culte;  nous  allons  le  rencontrer 
maintenant  dans  la  vie  usuelle  des  communautés  monasli(iues. 
N'ét:iil-il  pas  aussi  employé  dans  la  vie  civile?  Le  nier  ne  serait 
pas  vraisemblable.  En  présence  de  la  destruction  de  tous  les  objets 

1.  Annuaire  de  l'Auhe,  18G6.  Dons  faits  au  must5e  de  Troyes  en  1863. 

2.  D'Achery,  Spicilrrjiinn;  Paris,  17.!3  3  vol.  in-fol,  t.  Il,  p.  IGl.  «  Corpus  cjusad 
tumuluni  detuliTunt  et  posuerunt  lionorifice  in  sarcophage...  cum  «Tocia  de 
stagno  scu  cupro  et  supra  pectus  ejus  caiix  et  patcoa  plumbci  mctalli.  » 

L'abbé  Coff.netj  Mém.  de  la  Soc.  académique  de  l'Aube,  t.  XXX  di'jà  cil»',  p.  2'j. 
L'abbé  Texicr,  Dictionnaire  d'orfèvrerie chrctienne,  s.  Cros\e^\t.  507. 
Auguste  de  Bastard,  Eludes  Je  symbolique  r/trélicnnc;  Paris,  1861,  in-Zj»,  p.  82. 
L'abbé  nuiraud,  Des  cro^ftcs  ynsloralcs,  p.  9. 


«240  IIKMK    AllC.lIKOLOi.K»^*'-- 

tle  lï'poque,  il  nous  a  paru  inVinmoins  l'i  peu  pn'"^  iiupossihli.'  de  n- 
ronsililiuM-  los  liahitudt's  .lu  pviiplo  dans  la  \\c  privée  avant  le  xiir 
siècle  '.  I.'oii  no  reliouve  guric  la  Iracc  de  IVlain  pour  c.llo  pé- 
riode que  chez  les  inoim'S,  parce  (|u'eux  seuls  au  moyeu  û^'c  ont 
écrit  et  rapporte'  les  ilélails  des  coutumes  donn'sii.iu'.'s;  or,  les  textes 
roslant  les  seuls  documents  conservés,  nous  m-  jiouvons  connallre 
que  les  usages  des  couvents. 

Nous  éniiniérerons  dans  l'ordre  cliroii(>l<>[;i'|ue  les  l('\l<'s  cl  les 
documents  ipii  peuvent  servir  à  riii>toirc  de  l'élain  che/Jes  moines. 
L'étain  est  mentionné  pour  la  première  fois,  comme  servant  à  la 
fal>rication  d.'  divers  objets  (>t  uslcnsiles,  dans  les  constitutions  des 
moinesde  Cluny.Ces  règlemenls,  rapportés  par  d'Aciiery,  ne  datent 
que  du  Mil"  siècle*,  mais  l'on  peut  certainement  fiire  remonter  les 
usajîcs  auxquels  ils  se  ra|»porlent  aux  environs  de  la  date  de  la  fon- 
dation de  Gluny  (1)10). 

Les  premiers  (le  ces  ustensiles  d'étain  se  trouvent  dans  la  sacris- 
tie et  servent  aux  soins  de  propreté  :\  donner  aux  objets  du  culte. 
C'est  dans  une  grande  vas'iue  en  étain  (pie  se  netloie  le  calice;  cl 
cette  vasque  d'éiain,  —  nous  apprennent  les  mêmes  règlements  de 
Cluny,  —  a  été  de  tout  temps  dansrr:glise  callioliipie  faliri(|uéc  en 
étain\  «  (jUie  de  slauno  semper  est  in  Kcclesia  ». 

A  cùté  de  la  vasijue  sont  trois  amphores  en  élain.  L'une  sert  à  ap- 
porter le  vin,  les  deux  autres  de  l'eau.  Parmi  celles-ci  la  première 
coniienl  le  liquide  qui  sert  i  Tablulion  des  mains,  la  seconde  est 
destinée  au  lavage  des  calices*. 

1.  Nous    n'uvons    rencontré  daus  nos   recherclips    <]u'nri    seul    objet   en    étuin 
dé!>ignti  par  ces  mots  •  I^icllinin  <!''  sinnno,  Aowi  nous  n'avons  pu  comprendre  la  sig  li-- 
flcation.  Cet  hielltnm  est  nienliotuu^  dans  le  cartulaire  de  Coudric  en   Poitou  au 
mi  icu  de  divers  dons  faits  aux  Templiers  de  1130  à  1178  {Archivci  historiques  du 
l'nilou;  Poitiers,  1873,  in-/i".  2  vol.,  tomo  1!,  p.  156). 

2.  D'Achcry,  Spiciletjium  sive  cullecti'j  velerutn  aliquot  s-rriptorum  qui  in  Gailiw 
InlilioOiecis  delituerant.  P.^ris,  1723,  3  vol,  in-fol.,  tome  I,  p.  C.'il. 

Autiquiure^i.oiisuetuilineu  Clunincemii  moTUiiterii^  collectoro  S.  L'dalrico  monaclio 
bcnedictino. 

3.  U'Acliery,  Spidlegium  ;  AuUquiiires  consuetudi'irs  Cluninrensis  nionnsicrii, 
IiIj.  Il,  cil.  XII ;  De  snrprdole  hebilotnniinrin,  tome  I,  p.  676. 

u  Calicein  veto parlât   An   ampiiobau  Ayi  «   ni*  i>K  staxno  sr.Mi'Bit  kst  in 

eccLESiA  rr  i!«  loco  oompetknti  i  r  ommis  iui  calices  uavextui».  » 

Voir  au&si  «ur  le  mCme  bujfl  I).  Marlèue,  It'.- u'itn/uis-  mouachorum  ri  ihuy  ; 
Lyon,  ICttO,  ln-4»,  \>.  170. 

6.  D'Aciiery,  op.  cit.,  Iib.  III,   cap.  \ii,  l>e  nprorrisirin  (sacrintain;,  t.  I,  p.  ».<.)3. 

-  Et  itmphora  stannea  cum  qun  vinum  npportalur  foriiuecus  ;  dum  ali'ecum  w/ii'i 
ut  d<  unn  ttinnut  u/tlunntur  et  de  altéra  calices,  » 


l.'dltl'IVKMllK    I)  KI'VtN    I»\NS    L'ANTlgt  II  I..  2\\ 

Apii's  les  icKlt'iiif'iiisdt'  sacrislio,  nous  arrivons  ;\  ronlonnance- 
iiiriil  ilr  1,1  cuisiiii'  cl.  là  lions  voyons  N.'s  |i(Mlions  de  (:li:i(|ut}  H'Ii- 
},M('ii\  iiiisi's  dans  (li!s  t'cucllrs' (loMl  la  malicMC  n'csl  pas  explinle- 
meiil  iiidKint't',  inaisijiii  [louvaiciil  hicn  riitirn  <';lain.  (.iar  paiini  les 
ol)jet^  do  ciiisiiu;  émiinén's  dans  les  conslitulions  du  couvcnl  se 
trouvent  des  inanclics  spécialis  dcstiiHM^sà  cnipr-clicr  les  vrlcinenls 
des  moines  de  se  salir  au  conlacl  de  l'él  liii-.  l'ii  inveiilaire  des  oriie- 
meiils,  des  meubles  et  des  livres  de  la  sacristie  de  l'église  de  Nîmes 
(lii8)  énumère  un  ^raiid  nombre  d'objets  et  entre  autres  un  seau  en 
étaiir';  ce  seau  devait  être  d'un  usage  très  commun. 

Knliii,  dans  les  statuts  de  l'église  de  iNanles  nous  trouvons  un 
règlement  sur  rivstiinnlion  des  plats  et  objets  d'étain  en  usage  cbez 
les  prAtres'. 

Les  textes  que  nous  venons  de  citer  démontrent  non  seulement 
rcxislcncc  de  l'orfèvrerie  d'étain  cliez  les  ministres  du  culle,  mais 
surtout  la  fréiiueiuc  de  son  cmpb.i  et  fou  usage  comme  objet  des 
plus  ordinaires. 

L'élamnge  est  rarement  cité  à  propos  des  objets  du  culle  et  c'est 
Du  Caiige  ù  peu  près  seul  qui  nous  fournil  quelques  délailsà  ce  sujet. 
Il  parle  d'abord  d'un  évéfiue  Ilercliambert  de  Frcising  qui  se  servait 
de  calices  et  de  palénes  étamés.  Ce  texle  semble  être  le  seul  qui, 
pour  le  moyen  iv^e,  se  rapporte  aux  objets  religieux ^ 

Du  Gange  nous  apprend  ensuite  que  vers  le  mik  siècle  les  réglc- 
mcnls  cisterciens  défendaient  aux  moines  de  se  servir  dans  les  liar- 
nacnemonts  de  leurs  cbevaux  de  croissants  étamés  ^.  Ces  croissants 


1.  D'Acliory,  Sp'ci/i'gium  ;  Antiqniores  c msueludines  Cluniacensis  nionasterii, 
lib.  II,  cap.  xxxv;  De  cnquis,  tome  I,  p.  C80. 

2.  D'Acliery,  loco  citato,  cap.  xxxvi  ;  De  utenHlibiis  cnqufnœ^  tome  I,  p.  G82. 

«  Item  quatuor  paria  m'tnicurum,  ne  stmnineorum  umnicn  frutrum  de  uiriiline 
coquinœ  familiari  sordidentur.  » 

3.  Ménard,   Histoire  de  la  ville  de  Nima,    7  vol.    in-4"  ;   Paris  175 'j,   tome  I, 
Preuves,  p.  67  :  «  Duos  ferra'os  cupreos  et  tertium  stngni.  » 

4.  D.  Martène  et  D.  Durand,   Tlœmunis^  novm  anecdotorum ;  Paris,  1717,  5  vol. 
in-fol.,  tome  IV,  p.  958. 

Sfatufa  s>/>tod/ilia  ecclcsiœ  Xane'ensis,  cap.  xxiv. 

«  Patcllarum  vcro,   stannorum,  mensarum  ei  aliorum   sufficcntiam  utcnsilium, 
duorum  aut  trium  proximorum  rcctorum  irbitrio  coiumiltimus  mstimandam.  » 

5.  Glossnrium  média-  et  iiifinw  latinitatii,  v .  Stnij/uim.   «  Cntceni  unam  deuu- 

ratam  et  aliam  crucem  de  sta;;no  paratum et  atiuui  cMlicem  et  patenam 

stagnatos.  » 

6.  Glossanum,  v.  Stanneatus.  «  Caveunt  de   cetera  Hispaniœ  et   Vasconiœ  et 
alii  omnes  afjbates  ordinii.   w   <;rlll';  rquorinn  fiiriosi<  aut  franis  ornatis  luminis 


i42  IlKVl'F.    Anr.IlKMI.OiilnlK. 

appliquiV"^  aux  li.ini.ii';  (''(aiciit  iTiiii  usa^'c  fmt  ancien.  Il  .'^c  |u)iinail 
ni:'^m»' qu'ils  fiisscnl  compris  ilans  les  objiis  t,MuIois  élamùs  donl 
parîi'  IMiiii'.  Presciuo  loiitos  les  colltîclions  alrll(■'olo^(il|tlcs  paulojscs 
coiititMinenl  dos  croissants  t'ii  l>roii/.t*  siirniontés  d'iiii  annoaii  desiim'î 
à  les  accrocher;  forl  souvent  l'on  trouve  dessus  des  traces d'étamure. 

l'n  auteur  ecciésiastitjue,  fsidore  de  Séville,  parle  aussi  de  IVla- 
niage  ;\  la  nit^me  époiiue  (vir  siiHMe).  Il  ripporlc  iju'on  élainait  fré- 
quemment le  cuivre,  ce  (jui  lui  donnait  plus  de  saveur  et  einpi"^rliait 
le  verl-de-pris  de  ^e  former.  Il  ajoute  tiue  l'étain  servait  encore  ;\  la 
fabrication  des  miroirs'. 

Selon  toute  vraisemblance,  les  procédés  d'étamage  (jue  nous  avons 
signalés  dans  l'antiquité  n'avaient  pas  pu  changer;  mais  nous 
croyons  (jue  le  but  de  l'élamage  était  devenu  tout  dilTérent,  (lu'aii 
lieu  de  songer  exclusivement  à  l'ornementation  on  était  beaucou[> 
plus  préoccupé  du  soin  hygiéni(iuc.  Quelques  troubadours  du  xii" 
.siècle  nous  ont  seuls  liissé  la  preuve  de  sa  prati(|ue',  sans  donner 
toutefois  aucune  explicaiion  de  nature  à  nous  édilier  sur  le  rôle  el 
sur  la  fréquence  de  l'étamage  à  cette  époque. 

Le  livre  a:iribué  à  Tempereur  Frédéric  II  ^  c>[  beauioup  plus 
clair.  Kn  jirécisanlla  nouiritureà  donner  auxoiseaux  de  chasse  il  re- 
commande de  mettre  cette  nourriture  dans  des  vases  (ju'il  énuméie, 
entre  autres  dans  des  vases  de  fer.  Mais  alors,  ajoule-t-il,  l'écuelle 
devra  être  étamée.  Celte  pliinse  a  une  importance  capitale,  écrite 

tel  lunulis  stanneatis ulmitur.  «  Cette  citation  est  extraite  du  Tlifiniirim 

novus  (tnecdolorum  de  D.  Martène  et  D.  Durand,  t.  iV,  p.  1335.  —  Selerlu  \laluttt 
caiitluloniiii  rjfneralium  ordinit  Cisicrciensis  ex  vnriix  rodicihut  tiKiiwiCiij,lts. 
Statuta  anni  .MCCXWIII. 

1.  Suricti  hnlnri  Ilispalriisis  c/nscopi  o/>e/«  oinnin^  Coileclion  Mii^iio,  tome  III, 
p.  500. 

Lib.  VI.  cap.  \\\n.  De  stdiino. 

2.  La  Curue  de  Sainte-Palayi-,  Glossaire  des  Troubadours,  n\<.  bibliothèque  na- 
tionale. 

V.  Estautuir.  Guillaume  dcCabcstaing.  «  Comn  srl  ijue  daur  <■/  e^tanlm  »,  comme 
celui  qui  dore  et  étame. 

u  Vuysseh  dr  <oijre,  si  un  sou  «stuiiliafz  »  y  vnïi^CAux  de  cuivn,  s'ils  ne  sont 
étamés. 

V.  Stuijnar.  Pcyrnls  d'Auvciguc.  •■  Mi  ilmirrl  gfu  so  i/w  uva  mi  stiu/ita  d  ,  me 
dora  K)-ntiment  ce  qu  elle  m'étamu  inainienant. 

V.  iHdinijnnr,  Guillaume  do  Ucrgucdan.  «  l'a)  cho  dmind:  (jUdllm  /iirsht: 
tiamgua  »,  car  vous  dorez  ce  qu'une  autro  puissance  •Uainc. 

3.  /V  dite  leiKiudi  rurn  avifiuis  ;  Augsbourg,  ITiOfl,  in-18,  p.  188.  Livrt"  II, 
chap.  ixiiii.  "  De  prn<p.-irationu  loci  in  quo  nutriuntur  avcs  et  modo  nutritlo- 
ni»  porum.  » 


i.'oiiri.viiKKii':  d'ktain  dvns  i.'wnnuiTi':.  '2'ùi 

dans  un  Iraiti'-  de  ch.-issi;,  paire  (|ii'('llc  iK'rnirld'allii  nn-r  (|u'au  lcmi)S 
des  (•^li^ad(■s  rélainagi!  était  fort  rt'pandu.  Si  l'on  craignait  de  donner 
aux  aiiiiiiaiix  leur  nourriture  dans  des  vases  en  fer  r|ui  n'auraient 
pas  été  étauiés,  :i  plus  forte  raison  devait-il  en  être  de  même  [)Our  les 
hommes.  Il  est  donc  certain  (lue  pour  prémunir  contre  la  rouille  les 
ustensiles  eu  fer  d'un  usa;,'C  journalier  on  avait  le  soin  de  lesélainer. 
Du  reste  M.  «le  Vaublmc,  en  décrivant  lu  mobilier  de  l'époque,  est 
explicite  sur  ce  point  '. 

Il  est  bien  évident  qu'en  df.'liors  îles  ustensiles  de  l'église  on  se 
servait  aussi  d'objets  d'étain  avant  les  croisades,  et  dans  la  majeure 
partie  de  la  population,  qui  r(>slail  toujours  gauloise,  l'usage  de 
l'étain,  (|ue  nous  avons  signalé  avant  l'invasion,  dut  probablement 
continuer,  non  pas  comme  par  le  passé,  mais  d'une  façon  beaucoup 
moins  conséquente  -.  Si  nous  n'avons  ni  textes,  ni  documents  pour 
le  pi-ouver,  il  existe  du  moins  des  faits  qui  démontrent  la  parfaite 
vraisemblance  de  notre  opinion.  D'abord  les  mines  d'Angleterre 
continuèrent  à  élre  exploitées  comme  auparavant.  En  second  lieu 
l'étain,  nous  allons  le  voir,  fut  employé  en  grande  quantité  à 
dilTérents  usages  moins  appropriés  à  son  caractère  que  ne  l'était 
l'orfèvrerie.  Enfin  il  y  a  un  texte,  mais  un  seul,  qui  est  venu  pailer 
d'un  objet  d'orfèvrerie  d'étain  à  l'époque  carolingienne.  La  descrip- 
tion du  trésor  de  Saint-Uicliarius  fournit  une  longue  liste  d'objets 
d'or,  d'argent  et  d'auricalque  au  milieu  desquels  se  trouve  une 
coupe  d'étain  :  ainna  ex  .<itnnno^.  A  côté  de  cela  les  inventaires  d'é- 
glises et  de  couvents  les  plus  anciens  sont  près  lue  tous  muets  sur 
les  objets  d'étain,  tandis  qu'ils  indiquent  souvent  des  pièces  de 
cuivre,  de  bois  et  autres,  et  cette  pénurie  de  renseignements  nous  a 
permis  de  supposer  que,  tout  en  restant  dans  l'usage,  l'orfèvrerie  et 
la  poterie  d'étain  avaient  vu  leur  commerce  fort  restreint. 

Nous  disions,  un  peu  plus  liaut,  que  l'étain  servait  à  différents 
usages  ([ui  n'étaient  pas  absolument  iuili([ué5  par  ses  propriétés.  — 
Grégoire  de  Tours  parle  d'un  toit  en  étain  qui  recouvrait  une  basi- 
li(jue  de  la  ville  dont  il  élait  évéque  ^ 


1.  De  Vaublanc,  la  France  aux  temps  di'i  croisailes;  Paris,  18ii,    i  vol.  in-8, 
tome  IV,  p.  197. 

2.  Voir  Guérard,  Cartulaire  de  l'ahljnije  de  Sninl-Victor  de  ilnitedle,  2   vol. 
in-i",  Paris,  1867  ;  tome  I,  p.  xux  de  la  préface. 

3.  D'Auliery,  Siiicilerjiinn,  tome  II,  p.  310;  Chronici  Centulensi^  cap.  m. 

h.  Grégoire  de  Tours,  0},jra  omnia  ;  Paris,  Ruiuart,  1G99,  in-fol.,  p.  530.   llisto- 
riff  Fiancuruni  cap.  xviii. 


3H  RKVUK   AnCUKOLOniOlF.. 

Son  ronU'mponin  V«Mnnlius  Korlimalu<,  li'  poric  intToviiijîion. 
pirl«*  .m^si  <riin  loil  (ri-nirniiif  l'onaviit  pi  iri-  l'H  o\-vt)l()  :ui-ilissiis 
d  •  h  loinlt  •  tTiin  saint  «Mil('rr(''  dans  la  hasili.nu'  '!'•  S  liiil-Viiict'iit, 
aupri^s  (le  la  (îaronno  '. 

Du  iTstt»  ît»s  inoiiiimenU  sont  venus  corrohoror  If  »iii  i;  îles  texios 
fl  il  exislo  au  musée  jrtTiuaJii.nu'  de  Nurcmbor^f  nn  nmicean  de  toi- 
lure  en  élaiu  anlêrieun*  au  xii*  siiVIcV 

La  ciironi  pic  du  moine  de  Sainl-Ciaal,  à  propos  d'une  anecdote 
miraculeuse,  raconte  (jue  smis  Cli  u  Irm  i^Mie  lis  f()ndeui>  de  cloclus 
maniaient  l'étain^. 

L'élain  11  i|ue|i|uefois  ser\i  de  t^ci'aii  mU  l.as  iloscliai  les  \  mais  liés 
rarement,  car  on  lui  préférait  d'oidinaiic  le  plond». 

Il  était  aussi  employé  en  paillons  coinme  dans  rantiijuité.  Théo- 
pliile.  m(dne,  dans  son  traité^  n'en  parle  (pi'à  ce  point  de  vue,  et, 
s'il  faut  l'en  croire,  on  s'en  servait  pour  faire  ces  platjues,  dites  d'ar- 
gent, ijue  nous  admirons  encore  sur  les  feuillets  enluminés  des 
mauuscrds. 

Giraud  de  liorneil,  lioul'adoui'  du  xii"  siècle,  parle  aussi  dans  ses 
poésies  de  l'usajîe  de  l'élain  connue  [laillon  ''. 

Enfin  l'étain  avait  aussi  son  côlé  funéraire.  C'était  dans  une  lioîle 
en  étain  (|ue  souvent  l'on  enfermail  lecceurde  personnages  im[ior- 
lanls  lorsfju'oti  le  niellait  dans  le  tombeau.  Lors(|u'en  1S.'{8  on  lit  les 
touil.esde  la  calliedrale  de  Uoiien,  .M.  Deville  découvrit  le  co'ur  de 
Uicliard  Cœur-de-Lion  au  milieu  de  débris  d'ctuin,  de  soie  et  d'en- 


1.  Venant  a  Honorii  Clementinni  Fortttnaii  Itulici  prcsbylen,  etc.,  earminn  ; 
Mpguntiœ,  1603,  in-&.  Liv.  I,  pièce  V. 

2.  Ce  moiitimciit  nous  a  t-lû  commuoiiiuc  par  M.  Essenvein,  que  nous  ne  saurions 
trop  remercier  ;  grâce  i  lui,  nous  avons  eu  de  iiooibrcux  rouseiKUiMnents  joints 
&  la  coinmunicutioii  <ic  Ix'aucoup  de  pi^cis  des  plus  iiiti'ressautfs  ;  il  n'a  cessi^  do 
nous  aider  de  sa  prodigieuse  connaissance  do  toutes  les  ciioscs  du  moyen  Age. 

3.  Hfvue  archéultif/ique,  tome  I,  p.  128  l\Slilt}. 

i.  E.  Iluclier,  Sigitloijraphte  tlu  Mninf.  lluHctin>nonumrtitiil,Unm'\\\ll{ixnni!;Q 
1852/,  p.  31'.'i. 

5.  Tht'ophile,  prôlro  et  moine,  K.ssnt  sur  ilinrs  mis-  {Dirersarinn  arliiiin  srlie- 
ilulii),  publié  par  M.  le  comte  Ciiarlcs  de  l'Kscali'pior.  Paris,  1813,  in7i. 

<i.  Itaynouard,  Lexi'/ue  lomnn  ;  Paris,  1840,  in-8.  V.  E  fniii'jli, 

((  K'^lniiKjs  fiiitilliilz 

es  vien  soven  ni  bon  nzur 

l'er  que  mieills  teitjnn  «  eijui-  mni^  ilnr.  » 

Êlain  feuille  C»l  mi«  souvent  avfC  le  bon  arnr,  nlin  qu'il  loignc  mien»  et  '|u'i  dure 
davanl-igr-. 


L"(Hii"ï;vm:nii:  i»i. i\i\  i>\ns  i,A,Nrini:m;.  JM> 

fcris  '.  Kl  cet  iisn^'.-  no.  p.ir.iil  pas  isolé,  cir  raiiuée  suivatilc,  cti 
1H.I1>,  lois(|ii'()ii  ouvrit  à  VcorI,  liaiis  rùt,Mis('  Saiiil-Marlin.  la  loiiilio 
(lu  CL'l('l)rc'  conile  df  llorii,  on  Iroiivi  son  cnjur  iiilacl  avec  safiiniM! 
el  sa  couleur,  conserva  dans  une  m  tic  d'élaiii  *. 

Il  est  Iticn  éviil'Mil  (|ii(!  si  !'.  I  liii  (Hait  oii!|i!(iy('  à  des  lias  ;i:..>.-ii 
simples  cl  eu  aussi  taraude  (|ii aiitilù  (ju'il  le  fallait  pour  une  toiture 
d'ùglise,  il  devait  en  môme  temps  entrer  continuellement  dans  la 
fabrication  de  la  poterie  et  servir  à  l'orfèvrerie,  comme  dans  Fanli- 
(|uilé  et  comme  ajirès  les  croisides,  car  à  ce  moment  son  emploi  eut 
lii'ii  d'une  faeon  suivie,  ainsi  que  nous  le  prouverons,  aux  monu- 
ments qui  sont  parvenus  juscju'à  nous. 

V  avait-il  avant  le  xiiT  siivle  des  oifèvres  ou  des  potiers  d'étain, 
ou  liien  l'industrie  de  l'élain  était-elie  piesi|ue  exclusivement  pra- 
li(iut'e  dans  les  couvents? 

Nous  n'avons  retrouvé  qu'un  seul  texte  (jui,  sans  répondre  à  la 
question,  nous  indique  au  inoins  que  certains  moines  se  livraient  au 
travail  do  l'étain,  car  l'un  d'eux,  du  nom  de  Sarulfus,  estijualillé  de 
l'épilhète  de  ^t(i(jn(irius^. 

Le  moine  Théophile  ne  parle  pas  une  seule  fois  dans  son  livre  ' 
de  Porfévrerie  d'étain  :  ce  dernier  texte  de  Mabillon  et  les  règles  de 
Cluny  démontrent  pourtant  d'une  façon  certaine  que  l'industrie  de 
l'étain  était  exercée  dans  les  couvents. 

Est-ce  à  dire  (ju'en  dehors  des  couvents  il  n'y  eût  aucune  espèce 
de  potiers  d'étain  ?  Malgré  le  manque  de  preuves  malérielles,  nous 
ne  saurions  l'admettre. 

Le  livre  des  métiers  il'Étienue  Boileau  '  inaugure  la  série  des 
textes  et  des  documents  relatifs  h  la  fabrication  d'objels  en  éUiin  et 
à  l'emploi  de  ce  métal. 

Cependant  M.  VloUet-le-Uuc  a  pu  recueillir  dans  les  fouilles  de 
Pierrefonds  quelques  monuments  de  la  vie  usuelle  des  premiers 
temps  du  moyen  âge.  Ces  fouilles  ont  mis  au  jour  quelques  cuillers 
et  écuelles  apparemment  antérieures  à  l'époque  des  croisades''. 

La  cuiller  en  étain  que  le  savant  arcliilocte  a  trouvée  pouvait 


1.  Voirie  lin' le  tut  de  la  Commiss'ion  rlesanti'/uités  de  lu  Scinr-lnfe'rieure,  séance 
du  ISdt'ceinbre  1809,  toinn  I  (1867  îi  1SG9);  Rouen,  1870,  in-S,  p.  39'i. 

2.  Messayer  des  sciences  el  des  itils  fie  lieli/itfue,  année  1830,  grand  in-S,  p.  01.1. 

3.  Mabillon,  Vêlera  atiaiectn;  Paris,  lùlU,  k  vol.  in-8,  tome  IV,  page  (34ii. 
ù.  Jam  cit.  Essai  sur  diveis  arts  (Diversarum  nrtiuui  seliedula). 

a.  Ilisloire  t/ciiéralc  de  Parti;  imprimerie  nationale,  1S79,  gr.  in  fol.  Li  <  >iir(.'-r; 
et  corporations  de  la  ville  île  Paris,  xiW  siècle. 
6.  Dictionnaire  du  mobilier ^  tome  It,  v.  Cuillère. 


246  iu\iK.  \H(;m.oi.(»i.KiiK. 

ôtio  ilestiiuV'  h  toulr  t>s|i»'ic  de  î^i'iviois  de  riiisiiif  ou  «It;  liltli'.  Illlc 
a  IK  cmlimèires  ilo  !ongi*l  !«o  rappoiic  ahsolumenl  coimno  forme  au 
type  llguré  dans  les  vignettes  du  xii'  siècle.  I.a  capsule  en  est  par- 
fnilemeiit  ciivul.iire  cl  très  peu  concave  ;  le  iiiaiulie  long,  èlioii  el 
lerminé  par  un  boulon. 

Les  as.'^ielles  êgalenieiil  retrouvées  à  Picriefonds  ne  sont  pas  aii- 
lêrieurcs  au  xiv'  siècle.  A  ce  propos  il  importe  d'exidiiiuer  iju'avanl 
le  xir  siècle  les  convives  n'avaienl  point  dassielles  posées  devanl 
eux  sur  la  lable,  cl  encoro  une  assielle  servail-clle,  à  cette  époque, 
J>  deux  personnes.  «<  Auparavant,  on  prenait  les  mets  découpés  dans 
les  plats,  avec  la  main,  ainsi  que  cela  se  pratique  encore  en  Urient  ; 
les  débris  étaient  laissés  sur  la  table  ou  jetés  à  terre.  L'assiette  devint 
d'un  usage  général  (juand  l'art  culinaire  se  perfectionna  et  (juc  l'on 
servit  des  ragoùiô,  des  crèmes.  Les  peuples  primitifs  font,  avant  tout 
autre  mets,  usage  des  viandes  grillées.  Un  servait  sur  la  table  certains 
brouets,  mais  chacun  avait  alors  sa  cuiller  cl  puisait  à  même  le  va>e 
comme  nos  soldats  puisent  à  la  gamelle,  .\vant  de  faire  usage  des 
assiciles,  chez  les  personnages  où  régnait  un  certain  luxe,  les 
viandes  étaient  posées  devant  chatiue  convive  parrécuycr  tranchant 
sur  un  morceau  de  pain  plat.  A  chaijiie  viande  on  changeait  l'assielle 
de  pain.  L'usage  de  placer  sous  le  menu  gibier  rôti  des  tranches  de 
pain  est  une  dernière  tradition  de  celte  ancienne  coutume  (jni  s'est 
conservée  jusiju'à  notre  temps. 

«  Les  assiettes  les  plus  anciennes  rappellent  à  très  pi-u  près  la 
forme  de  nos  assiettes  modernes.  Cependant  elles  étaient  plus  pe- 
tites; très  plates  si  l'on  servait  des  mets  secs,  très  creuses  au  con- 
traire pour  les  mels  liquides.  On  faisait  rarement  usage  d'assiettes 
de  terre.  Le  bois  chez  les  pauvres,  l'éiain  chez  les  personnes  aisées, 
l'argent  chez  les  grands  seigneurs,  étaient  les  matières  employées.» 

Tous  les  progrès  accomplis  pour  les  usages  de  la  vie  privée  sem- 
blent l'avoir  été  d'abord  dans  les  couvents.  Ainsi  nous  croyons  que 
longtemps  avant  le  xiii"  siècle,  époijue  (|ue  Violiet-le-l)uc  nous 
donne  comme  celle  de  l'introduction  de  l'assiette  dans  les  repas,  les 
moines  se  servaient  déjà  d'ècudles  pour  manger  leur  nourriture. 
Le  texte  des  Institutions  de  Cluny  le  démontre,  et,  toute  l'industrie 
et  la  science  étant  [tour  ainsi  dire  réfugiées  dans  les  monastères,  il 
est  bien  évident  que  la  civilisation  fut  créée,  développée  et  répandue 
par  les  ordres  religieux,  (jui  furent  les  vériiables  et  les  seuls  pion- 
niers de  la  civili.salion  durant  tout  le  moyen  âge. 

Nous  avons  vu,  durant  ranti(iuité,  comment  l'éliin  était  extrait 
d'Angleterre  et  importé   de   lii  dans  tout  l'ancien  continent.  Les 


1.  OIIFI.VIIKIIIK    I)  KTAI\    DANS    l'a.MKJUI TK.  2i7 

mines  de  I,i  (iran(Jc-Hn!l:it,'nc  ne  reslèrenl  pas  moins  inoiJuclives 
pendant  loul  le  moyen  à};o  *.  l*n'.>(|iie  à  tout  inoinenl  nous  voyons 
(les  iliarles  conccrnanl  les  niincvs  d'élain  de  (Jornouailles  -.  Leur  pro- 
duction est  mùmc  considérable,  à  en  eioiro  l'importance  (jnc  les 
souverains  d'Angleterre  attachent  à  la  transniissi(;n  de  la  projirirlé 
(les  mines  à  leurs  enfants ^  —  \ers  le  xii"  si(''cle,  on  (h'-couvril  en 
nolu^-me  d'autres  mines'*,  mais  Icm-  iirosprritr  ik,'  fut  complc'te 
(lu'aii  XV"  si(kle.  Le  centre  de  la  luoijuclion  resta  donc  la  Cur- 
nouailles.  De  là,  on  exportait  comme  autrefois  létain  pour  tous  les 
pays  d'IUTideiil'',  et  nu^uie,  à  en  croire  M.  Smitli,  jusiju'au  Umil  di; 
i'Afriiiue''. 

Ijruges  (3lait  le  grand  comptoir  de  lï-tain  pour  h.'s  pays  du  Nord  '. 
C'est  môme  de  celte  ville  (jue  dans  les  premiers  temps  du  moyen 
Age  des  espd'ccs  de  caravanes  allaient  clierclier  ce  md-tal  pour  le  trans- 
porter ii  travers  toute  l'Allemagne  jusiju'en  Orient. 

Dans  toutes  les  villes  hanséatinues  il  yen  avait  un  commerce  assez 
considérable,  et  les  liabitanls  de  Dinant  ne  se  contentaient  pas  au 


1.  Dcpping,  Histoire  du  commerce  entre  le  Levant  et  l'Europe,  depuis  les  croi- 
sades jusqu'à  la  fondation  des  colonies  d'Amérique  ;  Paris,  1830,  2  vol.  in-8, 
tome  I,  p.  3/il,  et  tomo  II,  p.  334. 

Balducci  Pi-golctti,  Prati'.a  délia  mercatura,  cli.  xxix,  p.  130;  dans  I),d/a  derima 
et  drlle  (dire  gravcze,  Lisbonne,  2  vol.  in-i,  17GG. 

Aj:ricola,  De  veterihus  et  novis  metnllis  ;  in-l.  Baie,  l.j.'jO,  p.  4lo. 

H(efor,  Ilidoire  de  la  chimie.  Paris,  Firmin-Didot,  IStîG,  2  vol.  iii-S,  tome  I, 
p.  /|9'J  et  suivantes. 

Hawkins,  Transactions  of  tlte  Roi/nl  Gcolo(/ical  Society  of  Cornwal  ;  Pciizance, 
in-8,  tome  III,  1828,  p.  126  et  127. 

2.  Jast,  Voyages  uiétullurgiques  ;  Paris,  1781,  in-Zj,  3  vol,  tomo  111,  p.  523  et 
suivantes.  —  Usages  et  coutumes  du  Devonsliire  et  de  Coniouailles  pour  les  mines 
d'étain. 

Bymer,  Fœdcra,  convetdiones,  titterœ;  Londres,  1739,  in-lol.,  t.  II,  p.  iv,  p.  18, 
p.  1G1. 

Ilocfor,  Histoire  de  la  r/iimie,  t.  Il,  p.  ^92. 

3.  Rymer,  opère  citato,  tome  II,  p.  161. 

II.  Balbin,  Miscellanea  hislorica  rrgni  Boltemiœ;  Prague,  16"i9,  gr.  in-8,  cli.  xv. 
Hawkins,  o/iere  citato,  p.  126  du  tome  III. 

5.  Ha  fer,  op.  cit.,  tome  II,  p.  40/i. 
Depning,  op.  cit.,  t.  I,  p.  3^. 

Balducci  Pegoletti,  l'ratica  délia  mercatura;  \idc  supra. 
Hawkins,  op.  et  loc.  cit. 

6.  Smith,  Tlie  Cassiteridcs-,   Loudon,  1  vol.  in-S,  1863,  p.  26. 

7.  Hawkins,  op.  cit.,  t.  III,  p.  127. 

Worms,  Histoire  commerciale  de  la  L  gtiehaméatique;  Pari<.  18r,,'i,  in-8,  p.  21  j. 
Depping,  op.  cd.,  tome  II,  p.  321. 


^.\H  iiKvi'i:   MiCHKOLor.iuui:. 

Xir  >K'rl(»  (le  faire  le  comiiu'rie  du  cuivre;  ils  faisau'iil  aussi,  avec 
les  Villes  lia  Hliin  it  ilc  1 1  iih  r  iS.'iIlii|i:e.  un  eoiuiiirrre  coiisiilérilile 
d'élain  '. 

Ce  ne  fui  ijue  plus  l.ir>l  qiw  les  Vëiulii  ii>,  alors  les  preuiiers  iiavi- 
paleurs  du  n:onde,  le  lrans[iorlèrenl  par  nier  jiis(|u'eii  K},'yple,  en 
Syrie,  {\  Constanlinopie  elau  fond  de  lu  mer  Noire  -.  Ils  le  recevaienl 
en  plaijues  assez  épaisses  et  lui  dounaieiil  la  r)rme  de  bajs'uetles  (|ue 
nous  avons  si.cnalée  d  ins  les  slalinns  l.ir usires  de  la  Suisse  el  sous 
laquelle  Télain.à  riieure  actuelle,  est  encore  livré  au  coiuinercc'.  On 
le  fondait  aussi  à  .Mayori|ii(^  et  en  Piovenre,  mais  le  plus  estimé  dans, 
les  stations  de  {"Orient  était  toujours  eelui  de  Venise  '.  On  sait  (ju 
les  Orientaux  en  usaient  eonsidérahlement,  puis(|Ue  tous  leurs  vases 
étaient  ''lamés  '. 

Enlin,  ou  retrouve  en  Esp  igne  de  nombreuses  traces  du  commerce 
de  l'étain",  el  en  France  des  chattes  donnent  continuellement  con- 
naissance de  transactions  dans  lesijuelles  Tétain  joue  un  rôle  iiii- 
l'orianl". 

1.  Mdyngcr  clc^xcienccs  rt  i/cs  nrli  i/i  lf''/iji(/iir,  1S3("),  l.  IV,  grand  iii-8,  p.  112 
.1  117.  Cliarle  de  120*  sur  les  privilèges  des  habilaiits  de  Dinaiit  d.uis  la  ville  de 
Cologne.  De  sUnjno  stiniUlcr  de  sinr/ulis  ceiiteiinriis  stti;/ul'ti  tlcnarios,  —  scd  si 
ciiprum,  sliKjmini,  etc.,  Hdilem  emerunt,  dabunt  inde  ut  sititm  tliolum  est. 

Sartorius  et  I^appenbcrg,  l'rkun/inne,  Gescfiichte  des  l'rspniiiges  dcr  dcutxclicn 
Hansr;  Hambiirg.  183'»,  in-'i",  p.  58  et  GO  (1252).  Tarif  de  fonlieu  eiiirc  la  liansc 
allemiride  et  la  Flandre.  «  Lnstuin  cupri  transiens  sex  denarios;  si  vendatnr  apud 
Dam  \II  den  ;  lastum  staiini  tantunidrm.  —  Millcnum  sianni  vcl  ciipri  transiens 
quatuor  denarios  et  si  vcndatur  apud  Dam,  octo  deuarios.  » 

2.  Canciani,  Leyes  harbarorum  aniiijute-,  Venise,  1702-3,  vol.  iu-fol.,  t.  III,  p.  3Gi. 
C'ipdulare  lundicum  pro  emporio  Venel»,  cap.  cxv. 

Sannto,  Secrela  fidelium  cnicia,  Hanau,  iii-fol.,  1511,  t.  Il,  |>.  '2'.t.  —  Gcnlti  l)ei 
per  FrancDS,  lib.  I,  pars  I,  cap.  iv. 
Deppinp,  op.  cit.,  tome  II,  y.  323. 

3.  Balducci  Pegoletli,  Pratira  drila  mercutum,  t.  I,  p    IJO. 

k.  Célestin  Port,  Ess'ii  sur  l'histoire  du  comme) c  m  rHime  de  Surboivir.  Paris, 
1854,  in-8,  p.  69. 

Dcpping,  op.  cit.^  tome  I,  p.  3/|l. 

5.  Uepping,  op.  cit.,  tome  II,  p.  304. 

0.  Capmany,  .^Icmnrins  historiens  sobre  la  marina,  commercio  ij  arics  de  la 
niiti'jua  ciudad  de  Harcelona;  Madrid,  1792,  3  \ol.  in-S",  tome  II,  p.  3.  l.'ietlC; 
lomc  III,  p.  10  et  21  ;  tome  IV,  p.  IH  cl  20  du  l'appendice. 

7.  De  Laurière,  Ordonuaaccs  des  ;<»i\  de  France  de  la  troisième  race  ;  Paris  (1723- 
18/10  ,  in-fol.,  tomi;  I  :  (p.  û23j  Mnndemrnt  de  l'hilippe  le  licl  sur  le  transport  dfs 
marchandises  hors  du  rcynumc  (130/i);  —  (p.  500j  Lettre  de  Louis  X  le  llutin  tou- 
chant le  péayr  des  marchandises  voit  urées  par  eau  (1315)  ;  —  (p.  070)  Vnvtlèijes  ac- 
cordés par  ('hurles  V  aux  marchands  itahent  rmnmeiçard  avec  .Simes  (13C0). 

UruBWl,  Souvel  examen  de  Cnsai/c  i/énural  des  fiefs  m  France  jtcndant  les  xi«, 


I,  <»iii  KVUKiUh:  h'hiain  dn.ns  i/amioijuk.  liV.» 

Les  procédés  (le  f.ihric.ilion  lureiil  les  iiiéines  «jue  ceux  que  nous 
Jivntis  in(lii|ii(^s  pour  l'antirpiil.!.  Harlliélcniy  de  (Ilaitiville,  auteur 
(lu  xiii"  siùcle,  parlant  de  riiidusliic,  de  l'élaiu,  ne  iiieiitiorinc  (|ue 
des  procédés  déjà  i(idi(jués  par  IsiiJore  de  Séville".  Ce  fail  seul  dé- 
montre (ju'aucun  pi'rfectionnenient  ne  fut  apporté  auconiineuceineiil 
du  moyen  à^»'  dans  le  travail  des  élamcurs  et  des  potiers  d'élain. 

Les  écrivains  de  ce  temps  ont  mis  au  jour  des(juantilésde  volumes 
sur  l'alchimie  dans  lesquels  il  est  traité  de  l'élain.  Nous  ne  croyons 
pas  devoir  entrer  dans  les  détails  (ju'ils  donnent.  Ces  livres,  excessi- 
vement lo^L,^s  et  presijue  incoiiipréliensihles  aujourd'hui,  sont  faits 
pour  un  autre  Ûge,  et  il  sullii  ici  de  sij,'naler  leur  existence  en  pas- 
sant. 

.Maintenant  nous  allons  nous  eiïorcer  de  faire  voir  quel  élait  dans 
la  seconde  partie  du  moyen  âge,  en  France,  l'usage  de  l'étain,  ce  qui 
nous  amènera  à  parler  de  la  vie  privée  des  dilTérentes  classes  de  la 
société  et  des  corporations. 

GliUMAIX    UAPST. 
{La  suite  pi'ochaincment.) 


\in\  xiii^  et  xive  siècles;  Paris,  1750,  2  vol.  in-^",  tome  11,  p.  203.  k'.rfrnit  du 
compte  fjénérul  tien  revenus  du  roi  pour  l'ataux'  1202.  (il  y  est  parlé  d'un  millier 
d'étain,  uno  >/iilinrio  sfuminis.) 

Gallifi  diristiana,  tome  VI,  p.  1^4.  Concordin  inter  iiObatem  opiÀdanosque  Vtlla- 
mnynœet  damiuum  de  Felgarns  in  proviueia  Nnrbomme  (1197).  Il  est  question  de 
carija  ex  slar/tio  estimée  3  deniers. 

M    Moulcnf|,  Alhiaset  ses  coutumes,  d':iprKS,  une  traduction  du  xvi*  siècle  ;  Bul- 
letin archéologique  de  Tarn-et-Garonne\  Montauban,  grand  in-g",  1869-1870,  p.  132 
—  Ces  coutumes  datent  de  1287;  elles  mentionnent  :   Pour  charge  de  jer  neuf  en 
plutte  et  pour  ESTAiNG  deux  deniers. 

1.  Le  Propriiitaire  des  choses,  traduit  du  latin  par  mai^tre  Jean  Corbichon;  Pais, 
1556,  in-.'r,  livre  \VI,  cli.  mxi  :  Des  pierres  et  métuux  ;  —  !)r  re^^lnin. 


m'  sÉuib;,  T.  11.  —  17 


liULLK/IIX    MFA'SUEL 


ih:   i/.\  c  a  it  k  m  1 1:   dks    i  n  sch  i  pt  m»  \> 


sr;\NCi:  DU  26  AOUT, 


l,a  iiKirl  ^0  M,  Di'fr.'iiiory  porte  A  deux  lo  nnmiirp  de;;  sièges  vacants  .\ 
l'Acadrmio.  Kn  quelques  mois  tnucliaiils,  M.  Alfred  Mauiy,  qui  lernplacc 
M.  Li'on  lli'UZ''y  au  bureau,  a  ra|ip<li'  le^  qualili's  du  cœur  et  de  l'espril 
qui  avaient  rendu  M.  Di^fiéniery  cher  à  tous  ses  conTrèies. 

Dans  un  mois,  la  vacance  sera  di'clarée,  selon  l'usage. 

Le>  deux  élections  se  feront  probablement  le  m^îmc  jour,  au  mois  de 
novembre. 

Les  candidats  qui  paraissent  avoir  le  plus  de  cbances  desucctssonl  les 
deux  concurrents  du  prix  biennal  de  20.000  francs,  MM.  Paul  Meycr  et 
Gaston  Maspcro.  M.  Paul  Miner  est  connu  par  ses  études  sur  les  dialectes 
romans  de  la  France  méridionale  ;  M.  Maspero  a  publié  sur  la  philoiogii^ 
l'arcbéologie  it  la  littérature  de  la  \ieille  l>gyple  des  travaux  qui  ont  con- 
servé à  l'écdle  d"égy|ilologle  française  un  rang  honor.ibic  entre  tous. 

.M.  Clernjont-Ganneau  a  rendu  compte  de  l'exauien,  auquel  il  s'est  li- 
vré récemment  û  Londres,  de  plusieurs  bandes  de  cuir  qui  portent  écrits 
en  caractères  identiques  i  ceux  de  la  fameuse  slùle  du  roi  moabile  Mésa, 
contemporain  d'Achab  [ix"  siècle  avant  nuire  ère),  des  passages  du  Pen- 
lateuque.  Dans  une  note,  parue  il  y  a  quelques  jours,  nous  avons  expli- 
qué ccnimenl  M.  Glermonl-Gannciu  a  réussi  A  détnontror  l'origine  de  ces 
objets.  Ce  sont  di  s  bandes  découpées  dans  la  n:ar::e  inférieure  d'un  rou- 
leau tel  qu'en  possèdent  les  synagogues.  Un  copiste  y  a  écrit  des  textes 
bibliques  en  se  servant  des  caractères  dont  le  type  est  fourni  par  la  stèle 
de  Mésa  :  il  a  même  essayé,  dit  M.  Deienliourg,  d'y  introduire  ile^  formes 
du  vocabulaire  moabite,  mais  avec  une  maladresse  qui  rend  la  fraude 
évidente. 

Le  possesseur  de  ces  objets  en  demandait  une  somme  énorme  ;  c'est 
lui  qui  avait  vendu  au  musée  de  Hcrlin  les  fameuses  poteries  inoabiles, 
Reconnue.-  fausses  uu.-sibM  a|irè8  leur  acquisition,  (^oltc  fuis,  les  urcliéolo- 


iiiii.i,i;ri.N   MKNsuKi,  iiK  i,'A(;\hi:\iii.  dks  inschiitions.        T.A 

gués  ont  tilé  avertis  ;i  temps.  Puisse  celle  leçon  découraj^'cr  les  f.ibricaiita 
niodernos  de  fausses  ;ui(i(]uili's  ! 

M.  Hggpr,  en  son  nom  cl  au  nom  du  docli'in  l'uni  iiiiT,  communique  un 
im^moire  sur  les  couronnes  chez  les  Grecs. 

A  rorif^inc,  les  coiiioniics  consislaicnt  en  lameiux  auxquels  on  miMait 
le  plus  souvent  lu  fleur  du  j^renadier.  Ou  s'en  servait  pour  orner  la  tiHe 
des  convives  dutis  les  ferlins.  I.a  ro:e,  lu  violcllo,  le  myrle,  l'ayiiu.'^-caslus, 
le  jonc  lleuri,  le  mélilol,  l'iiiimorleile,  le  thym,  la  marjolaine,  le  roma- 
rin, l'aubépine,  la  m-inlhc,  le  lis  hlanc,  le  ncinuphur,  la  vigne,  le  lierre, 
la  salsepareille,  furent  les  plantes  ou  les  fleurs  qu'on  préféra.  Ou  estimait 
surtout  le.s  couronne»  de  roses,  dont  on  faisait  macérer  les  pétales  ilans 
le  vin.  Plus  lard,  on  eut  les  couionues  de  métal  pour  les  acieurs  :  ellcc 
éluienl  d'or  ou  d'argent.  Kilos  jouaient  le  rôle  de  nos  médailles  dans  les 
concours  académiques  ;  on  a  la  preuve  que  plus  d'une  fois  elles  furent 
une  expression  qui  se  réalisait  au  moyen  de  sommes  d'argent.  Il  y  avait, 
outre  les  couiounes  des  acieurs  et  des  festins,  celles  que  les  sociétés  re- 
ligieuses ou  civiles  décernaient  à  leurs  chefs  sortant  de  charge,  celles 
que  les  fiancés  portaient  le  jour  des  épousailles,  celles  dont  les  courti- 
sanes dans  leurs  orgies  décoraient  la  statue  de  Marsyas... 

I.c  mémoire  dont  nous  résumons  les  premières  indications  est  une  in- 
téressante monographie  destinée  au  giand  Dictionnaire  des  antiquités 
grecque  et  romaines,  de  MM.  Daremberg  et  Saglio,  en  voie  de  pul)lica- 
lion  chez  Hachette. 

M.  Uévilloul  communique  un  travail  intitulé  :  «  La  vie  d'artiste  ou  de 
hohémc  en  Kgy[)tc.  »  C'est  la  traduction  avec  commentaires  d'un  te.xtc 
démolique  retrouvé  sur  un  papyrus  de  ba.-^se  époque.  Le  te.xte  contient  un 
portrait,  à  la  manière  de  Théophraste  ou  d'Aristote,  de  l'Impudent,  char- 
latan frotté  de  littérature,  gonflé  d'assurance,  sensuel,  gourmand  et  pa- 
rasite. 

M.  Castan  adresse  une  note,  communiquée  par  M.  Léopold  Delislc.  11  y 
est  question  d'une  chronique  universelle,  rédigée  en  latin,  par  Gouzahe 
de  Hinojosa,  évoque  de  Rurgos,  entre  les  années  1313  et  1327,  et  que 
Charles  V  fit  traduire  en  français  par  le  carme  Jean  Goulain.  Un  bel 
exemplaire  de  la  seconde  partie  de  ce  manuscrit  existe  à  la  bibliothèque 
de  Besançon. 

M.  Ledrain  lit  une  note  sur  un  cachet  judaïque.  C'est  une  agate  blan- 
che gravée  ;  on  y  voit  représentés  une  chèvre  et  un  chevreau.  Un  nom 
uif,  celui  de  Arinadab,  y  est  écrit  en  caractères  phéniciens. 

SÉANCE  DU  31  AOUT. 

MM.  DesjarJins  et  Schufor  sont  élus  meuibrcs  de  la  commission  de 
comptes. 


'2.^-  RKVUK  AnCUKOl.or.lQUE. 

M.  Prmi  coiitiiuifi  la  leclure  du  mi^moire  de  MM.  Kggorel  KouriiiiT sur 
los  couroiiacs  chez  les  (irew  cl  cher  les  Iloinaiiis. 

M.  I.edrain  cominiiniquo  la  tradiiclion  de  deux  textes  surat^riens  yra- 
vi^s,  l'un  sur  une  pierre  d.»  sptiil  de  diorile  noir,  l'aulrc  sur  une  statue. 
Le  premier  se  traduit  ainsi  :  ..  A  Ilig's,  1".  iiune-uiinislre,  lillc  d'Ana. 
dame  tie  la  rt^«iidenco  «^levt'c,  si  dame  :  Namkinni,  putrsi  deSirpiirla.  siui 
serviteur  puissant,  a  fait  venir  pour  la  porte  la  pierre  do  diorile.  ■>  Le 
second  est  analogue,  mais  il  i^mune  d'un  autre  patCsi  ou  roi,  (îoudéa. 
M.  Ledrain  préseule  à  ce  sujt'.;  quelques  cousid<îratioMs  sur  la  cliiuuo- 
logie  des  patésts  de  Sirpurla. 

M.  Dppert  fait  quelques  réserves  sur  certains  détails  de  la  chronologie 
proposée  par  M.  I.edrain. 

M.  CIcrmont-Ganneau  signale  quelques  monuments  phéniciens  du 
Musée  Britannique  qui  lui  ont  paru  dignes  d'alleutiua,  notamment  trois 
petites  coupes  de  bronze,  qui  sont  ornées  à  l'intérieur  de  de.-sins  géomé- 
triques et  qui  portent  chacune  un  nom  en  caractères  phéniciens. 


SÉANCi:  DU  7  SEPTEMBRE. 

Les  fouilles  en  Êijyptc.  —  Sur  l'invitation  du  président,  M.  Maury. 
M.  .Maspero  expose  l'organisation  du  service  des  fouilles  qu'il  dirige  dans 
la  vallée  du  Nil. 

Ce  service  fui  créé  en  1850  par  le  regretté  Mariette,  dans  des  conditions 
qui  n'exislent  plus  aujourd'hui.  Saïd-Paclia  donnait  alors  :\  notre  compa- 
triole  d'assez  fortes  sommes;  il  mettait  mémj  ;\  sa  disposition  la  corvée. 
C'est  ainsi  qu'il  put,  en  plusieurs  occasions,  entreprendre  de  vastes  ope- 
rations  et  remuer  le  sol  de  contrées  entières.  .Mais  ces  laru'esses  n'avaient 
aucune  régularité,  et,  l'argent  une  fois  dépensé,  il  fallait  rester  de  longs 
mois  A  attendre  un  no  iveau  don.  Ismaïl-Paclia  se  montra  moins  disposé 
à  faire  des  dépenses  pour  l'archéologie  égyptienne  ;  il  garda  le  service 
des  fouilles  parmi  les  services  de  sa  maison  ;  les  sommes  accordées  jiour 
les  recherches  et  la  conservation  «les  uionumenls  furent  de  plus  en  plus 
faillies  et  intermittentes;  il  n'y  avait  rien  de  tixe  que  le  traitenienl  des 
trois  employés  européens. 

Eu  tJS'JS,  .M.  de  Bligniéres  organisa  pour  la  première  fois  ce  service  elle 
transpoi  ta  dans  le  ministère  des  travaux  pnlilics,  département  dont  il 
avait  la  direction.  Il  y  eut  dès  lors  un  iuidgcît  régulier  destiné  à  rétribuer 
les  employés  européens,  les  employés  indigènes,  à  payer  les  dépenses  oc- 
casionnées par  les  fouilles  et  par  la  conservation  des  monuments.  Au 
moment  où  s'opéra  relie  réforme,  .M  iriello  éiait  en  proie  aux  plus  dou- 
loureuses étreintes  du  m  »l  qui  alliit  l'einiiorter  ;  il  ne  [luI  participer  .i 
l'œuvre  nouvelle. 


IIULLKTIN    MI'NSl  Kl.    Iil.    I.\(;  UiKM  IK    hFS    INSCUIl'TKiNS.  25^ 

M.  iMiuspoio,  (Icvoiiu  flireclour  ^c'ai-ral  dfs  fouilles,  se  Iroiiva  rnloinn'î 
dans  (rrlriiiles  liiiiiles  Hnaiiciôros.  Ainsi  1"^  budget  de  celle  uniiée  n'a 
I)eriiiis  d'ullribiier  aux  fouilles  que  'Jii.oOO  fr,  et  aux  acquisition? 7, ÎJOO  fr. 
Néanmoins  le  n'gimo  actuel  est  préiérîil'le  à  l'ancien  ;  les  fouilles  sont 
moins  j^randioscs,  mais  continues;  elles  vniil  plus  li-nlenienl,  mais  elles 
sont  inslilUL^es  de  manière  à  Cire  poussées  i\  fond.  Kn  somme,  le  double 
but  (|ui  est  d'assurer  la  conservalion  des  monuments  découverts,  soi' 
qu'ils  existent  dans  les  collections  du  nmsûe  de  Houlaq,  soit  «lu'ils  aient 
61(5  laissés  en  place  sur  le  sol,  et  d'en  découvrir  de  nouveaux,  ce  double 
but  est  réalisé  dans  une  mesure  qu'on  peut  trouver  modesie,  mais  (jui 
est  eflicace. 

Il  était  difficile  de  trouver  parmi  les  indigènes,  au  concours  desquels  il 
faut  nécessairement  recourir  pour  les  fouilles,  des  gens  lelalivement 
honnêtes.  Na^-uére  tous  les  menus  objets  disparaissaient;  aujourd'hui 
on  estime  que  la  moitié  au  moins  de  ces  objets  arrive  au  musée,  (/est  un 
progrés,  auquel  n'ont  pas  été  étrangers  les  quelques  contre-maîtres  que 
Mariette  avait  réussi  ;\  former. 

Pour  la  surveillance  des  monuments  attachés  au  sol,  on  a  accepté  d'an- 
ciens officiers  sortis  de  l'armée  :  leur  nombre  est  encore  insuffisant.  On 
n'a  pu  placer  aucun  de  ces  inspecteurs  ni  dans  le  Delta  ni  dans  la  Nubie. 
Il  n'y  a  guère  qu'un  tiers  du  pays  qui  soit  réellement  surveillé.  Il  y  a  six 
inspections,  dans  lesquelles  nous  citerons  celles  des  Pyramides,  d'Abydn -. 
de  Denderah,  de  Thèbes  et  d'iidfou.  Par  exemple,  les  groupes  importants 
de  Minieh,  de  Sioul,  d'Assouan,  de  Philaî,  d'KIéphanline,  restent  sans 
protection,  ou  peu  s'en  faut.  Outre  les  six  officiers  inspecteurs,  dont  le 
nombre  devrait  élie  porté  à  neuf  au  moins,  il  y  a  vingt-sept  gardiens 
subalternes,  (^esl  avec  ce  personnel  de  trente-trois  hommes  que  .M.  Mas- 
pero  doit  pourvoir  à  la  conservation  des  monuments  depuis  le  Caire  jus- 
qu'aux premières  cataractes.  Ce  personnel  est  loin  d'être  parfait  ;  il  ne 
parle  aucune  langue  étrangère  ;  il  ignore  la  valeur  des  monuments  et  ne 
l'estime  qu'à  leur  masse;  aussi  a-t-on  souvent  perdu  des  objets  précieux, 
médailles,  bijoux,  ornements  divers,  auxquels  on  n'attribuait  aucune  im- 
portance. 

Depuis  deux  ans,  une  école  a  été  créée  au  Caire  ;  là  on  apprend  à 
quelques  jeunes  indigènes  le  français,  l'anglais,  l'italien  ;  on  les  instruit 
sommairement  des  hiéroglyphes;  on  leur  apprend  à  discerner  les  carac- 
tères <iui  servent  à  établir  l'Age  des  monuments,  à  reconnaître  certains 
cartouches  royaux,  etc.  M.  Maspero  fonde  les  plus  grandes  espérances  sur 
cette  école  ;  il  y  trouvera,  dit-il,  une  pépinière  d'employés  intelligents, 
capables  de  rendre  des  services  à  la  direction  des  fouilles. 

Dans  les  localités  où  sont  installées  des  fouilles  à  demeure,  il  y  a  des 
contre-maîtres  appelés  rds  (capitaines)  dans  la  langue  du  pays,  lis  sont 
payés  75  fr.  par  mois  ;  ils  doivent  recruter  les  ouvriers,  les  surveiller 
pendant  le  travail.  Quelques-uns  de  ces  rets,  dressés  par  Mariette,  ont 
fini  par  s'intéresser  aux  monuments  et  par  les  connaître. 


;5\  nEViF.  Ani'.iii-^oi.oGigrK. 

la  direction  iJos  fouilles  eulrotionl  huil  m*,  diss.^mim's  eniro  ThtMios. 
les  Pyramiilos.  Ahydos,  elc.  D'une  manitVe  ((inlimie.  son  por.-onnel 
roujpte  donc  une  trenluine  d'hominc:!.  insiuulruis  ou  |:nrdiens,  pour  la 
conservation  dos  monunuMits,  et  une  di/iim"  [oiir  l'orgunJMilion  et  la  sur- 
veillance des  fouilles.  A\ec  ce  petit  bataillon  M.  M.i>pero  a  d.^Jà  fait  des 
choses  importantes  ;  les  fellahs,  assme-l-il,  llnis.M«nt  pur  coujprendre  que 
les  monuments  conservi^s  sur  le  sol  leur  pn.titent  d'une  manière  plus 
durable  que  les  monuments  débiles  par  parliesaux  passants.  Aujourd'hui, 
en  n^ypte,  il  n'y  a  p'us  d'autrfs  .lestrucleurs  des  aiitiquilés  que  les  tou- 
ristes et  les  marchaïub  tiui  trompent  la  sur\eillance  des  gardiens  ou 
abusent  du  défaut  de  protection  des  monuments. 

Continuation  de  la  lecture  du  mémoire  de  MM.  Kg^'ercl  Kiig.  l'ournicr, 
sur  les  couronnes  chez  les  (îrecs  et  les  llomains. 

Note  de  M.  Oppert,  maintenant  contre  les  observaliuns  de  M.  I.epsius 
que  les  traits  à  vive  ariMe  signalés  sur  une  statue  du  roichaldéen  Tiondéa 
ne  sont  pas  des  accidents,  des  plis  de  la  pierre,  mais  bien  les  traits  d'un 
étalon  mi'lrique  :  qu'enfin  les  Clialdéens,  dés  la  haute  antiquité,  connais- 
saient une  unité  de  mesure  théorique  d'une  e.xlréme  précision,  équiva- 
lente au  dixième  de  notre  millimétré. 


SdCIKTK   NATIO.NAl.K 


DES   ANTIQUAIRES  DE   FRANCE 


PRKSIDKNCK    Dl^^    M.    <î-    IH' l' I.K  SSIS. 


SÉANCES  DES  11   ET  18  JUILLET. 


M.  l'abbé  Thédenat  expose  que,  s'élant  transporté  au  coUt-ge  de  .Iiiilly 
avccqiielques-uns  de  scscoUègues  de  la  Société  des  antiquaires  de  France, 
MM.  A.  do  Barthélémy,  J.  de  Lauriùre,  (1.  Schlunibergei,  A.  Héron  de 
Villc^os^e,  il  a  été  procédé  à  la  reconnaissance  du  cœur  de  Henri  II 
d'Albrel,  roi  de  Navarre,  grand-pérc  du  roi  Henri  IV,  déposé  dans  l'ab- 
baye de  Juilly  par  Nicolas  Dangu,  ancien  chancelier  de  Navarre,  mort 
en  ti)07,  abbé  de  Juilly.  Après  avoir  reconnu  la  présence  du  dépôt,  ils 
l'ont  remis  en  phce  et  on  a  scellé  de  nouveau  la  plaque  en  marbre  qui 
ferme  la  niche.  M.  l'abbé  Tliédennt  communique  ensuite  le  texte  d'une 
longue  inscription  rédigée  par  les  soins  de  Nicolas  Dangu  el  gravée  tur 
celle  plaque  ;  elle  énumère  tous  les  litres  de  Henri  H  d'Albrel. 

M.  de  Barthélémy  fait  connaître  à  la  Société  que  M.  de  CCïSac,  associé 
correspondant  à  Guéret,  lui  a  signalé  des  briques  présentant  des  ï^ujels  el 
des  inscriptions  empruntés  à  l'antiquité  classique,  qui  ont  une  grande 
analogie  avec  des  briques  montrées  il  y  a  quelques  années  à  la  Compa- 
gnie et  provenant  de  Neuvy-<ur-Baranjon. 

Ces  briques,  trouvées  dans  la  commune  de  Saint-Alpiniea,  paraissent 
avoir  été  fabriquées  au  xvi«  ou  au  xvuo  siècle  dans  le  pays,  pour  l'orne- 
mentation des  liabiiatioiis  partiruliércs.  M.  di-  Cessac.  parn-.i  les  inscri[i- 
lioos,  signale  :  IVLIVS  CAESAR,  SPARTACVS,  PANEM  ET  CIR- 
CENSES;  il  promet  de  communiquer  des  exemplaires  de  ces  briques 
eu  original  et  de  louniir  des  indicalions  précises  sur  les  fabriques  d  où 
elles  sortent. 


S-'ili  HKVIT    AHCIIl  (M.iMil(.ill\ 

Sl'iANCK  DI.S  VACANCKS. 

M.  lo  baron  David  csl  iiimimé  associi^  correspondant.  i\  Aiif-siir-la-I.ys 
(Pas-di'-l^;»lais). 

M.  r.ilibi'  ThtWlonal  communique  le  dessin  di*  deux  mosaii]U(!s  trouvées 
à  Tabaïka  (Tunisie),  par  M.  le  capitaine  Hebora.  La  premiiHe  contient 
l'ipilaphe  de  la  vierge  Castula;  la  seconde,  de  la  fin  du  v»  ou  du  conimen- 
cemenl  du  vi"  siùcle,  repr6.<ente  un  évi?quc  debout  devant  un  sit^ge  (>pis- 
copal,  dans  l'altitude  de  la  prière. 

M.  l'abbt'  Thédenal  communique  en  outre  plusieurs  inscriptions  de 
Tabarka  i'j,'alt'ment  découvertes  par  M.  Hcbora. 

M.  Mazard  place  sous  les  yeux  de  la  Soci(?té  les  photographies  de  sculp- 
tures gallo-rom;iinos  provenant  de  Viltd  {^■o^ge^). 

M.  Flouest  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Morel,  de  Carpentraa,  si- 
gnalant l'existence,  dans  sa  collection,  d'un  casque  en  bronze  de  tout 
point  semblable  à  celui  qui  a  C'[tit  découvert  en  1S.S2  i\  Hreu vannes  et  qui 
a  lMl'  gravé  dans  les  Mémoires  de  la  Société. 

.M.  (le  Villefoïse  communique,  de  la  part  de  M.  l'abbc'  Cérès,  directeur 
du  musée  de  Hodoz.  le  dessin  d'une  inscription  rouriine  conservée  dans 
la  mOme  localité.  Celte  inscription,  qui  provient  probablement  d'une 
borne  niilliaire,  est  datée  de  l'année  252  de  notre  ère. 

M.  de  Villefosse  signale  également  un  cachet  d'oculiste  découvert  à 
Reims  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  juillet  1H8^  et  dont  une  copie 
lui  a  été  adressée  par  M.  Demaison. 

M.  Duplessis  lit  un  mémoire  sur  les  diiïérenles  édiiions  do  la  Mible  de 
Huibein. 

Le  SecréUiire. 

Signé  :  K.  MUNTZ. 


NOUVELLES  ARCIlÉOL(.)(;iQUES 


KT    Cni'ilîKSPONDANCF 


])écouverten  de  fomliea  gonhisr,  en  Italie.  —  lùn  1870,  M.  Alexandre 

Bfirlrand,  dnns  son  Anltéologie  celtvjue  et  gauloise,  p.  302,  publiait  des  des- 
sins dï'[)('L's  de  fer,  lances  et  fibules  gauloises  découvertes  à  Marzabotio, 
prt^s  lîologne,  en  Italie  '.  Les  di^couvertos  de  lomhas  gauloises  analogues  se 
sont  iiuillipliées  en  ('.isafpinr  depuis  celle  époque.  Les  musées  di'  l^e^'-'io 
d'Kmilia,  de  Hologne,  d'Kste  et  de  Côme  en  contiennent  maintenant  un 
certain  nonibie  du  mOme  caraclcMe  que  celles  de  la  collection  Aria  à 
Marzabotio.  Ces  tombes,  jusqu'ici,  étaient  à  m/iî<m(;<joM,  tandis  que  les  si'-- 
pultures  des  populations  indigtines,  Ombiiens,  Kuganéens,  etc.,  si  nom- 
breuses dans  celle  contrée,  sont  presque  sans  exception  à  incinération-. 
Une  curieuse  découverte  vient  d'ûlre  faite  à  Introbio  par  M.  Poinpeo  Cas- 
telfranco,  inspecteur  des  fouilles  du  district  de  Milan.  M.  Castellranco 
nous  signale  sur  ce  point,  c'est-à-dire  entre  le  lac  de  Gôtne  et  la  pro- 
vince de  Rergame,  un  groupe  de  six  tombes  gauloises  fouillées  par  lui, qui, 
bien  que  contenant  de'magnifiques  fibules,  une  épée  en  fer  et  des  umbo 
de  boucliers  du  type  ln>s  accentué  de  nos  tombes  des  départements  de 
l'Aisne,  de  la  Marne  et  de  l'Yonne,  sont  toutes  six  à  incinération.  — 
Nous  espérons  pouvoir  donner  bienlAt  une  relation  détaillée  de  ces 
fouilles. 

Jj'inscriptionde  DrmHius   Ahcnoharbu'i  à  Tuwnairet  {Alpes- Muri- 

time<i).  —  On  se  rappelle  qu'en   IS79  M.  F*]duiond  Blanc  annonçait  avoir 

1,  Ces  objets  avaient  été  signalés  pour  la  premif'ie  fois  par  M.   do   Morlillet.    au 
Congrès  de  Bologne,  en  1R71. 

2.  Les  tombes  à  inluimation  faisant  eicepiion  à   cette   ri^gle   paraissent  être   des 
tombes  liguriennes. 


2r>S  RKVIK    AlU'.III.OLOC.IOt'K. 

découvert  ;\  Tournairel,  sur  la   limilc  dos  conitminp?  do  Clans,  Itellc, 
I.aritosqiio  et  Venanson.  o'cst-A-iIire  i\  deux  mille  iinMies   d'altituJe   dans 
les  Alpes,  deux  rr.i^'inent-;  de  la  ctMtM.ie  insoriplion  rappelant  la  soumission 
de»  populations  des  Alpes  par  Cn    Domilius  Ahéiiol>arl)Us,  l'an   \2i  avaiil 
notre  ère.  Puldit^e  en   i77i  par   Diirandi.   celte    inseriplion    passait   pour 
perdue.  M.  .Mommsen,  de  plus,  l'avait  di^clarée  fausse.  I.a  découverte  de 
M.  K.  HIanc  fil  donc  sensation.  La  diiee.lion  du  niu>ée  de  Sainl-dermain 
chargea  aussitôt  M.   IManc  de  lui   procurer  le  nionuinent  national.   Des 
fonds  furent  ntis,  A  cet  effet,  ;\  sa  dispo>ili.'in  par  le  n)inistère  de  l'instruc- 
tion  publique.  Kn  t8S:<  la  pit''cc  n'était  pas  encore  par\enuc  ;\  sa  destina- 
tion. Diverses  circonstances  fâcheuses  avaient  empt^'hé   M.   K.  HIanc  de 
remplir  sa  mission.  On  commençnit  à  croire  à  une  mystification.  Kn  mai 
dernier,  en  eiïel,  M.  Kttore  Pais  avait  inutilement  exploré  le  plateau   de 
Tournairet  pour  le  compte  de  l'Acndéniie  de  l?t>rlin  eln'a\ait  rien  trouvé. 
M.  Monuusen  constatait  ce  fait  dans  une  lettre  publiée  par  la   Ikvuc  épi- 
grnphiquc  du  midi  de  la  France  (n°  de  juin-juillet  iSH3).  La  direction   du 
musée  de  Saint-f.ermain,  y  est-il  dit,  ajouterait  aux  services  qu'elle  rend 
continuellement  à  nos  recherches  un  nouveau  service  extrêmement  im- 
portant si  elle  voulait  bien  éclairer  le  public  sur  un   relard  aussi  incom- 
préhensible, aussi  regrettable.  M.  .Mommsen   déclare  de  nouveau,   dans 
cette  lettre,  que  l'inscription,  ainsi  qu'il  l'avait  déj;'i  avancé  il  y  a  trente 
ans,  à  ses  yeux  est  fausse.  Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  qu'elle  ne  se  re- 
trouve pas.  nile  aurait  été  inventée  par  .Meyranesco,  auquel  Durandi  en  a 
naïvement  emprunté  d'autres  aussi  peu  authentiques.  —  Mais  que  devenait 
alors  l'assertion  si  positive  de  .M.  II.  Hl  uic?  —  Nous  ne  tavonssi,oui  ou  non, 
l'inscription  est  fausse  et  de  fabrication  plus  ou   moins  moderne;  mais 
voilà  qu'il  se  confirme  que  la  pierre  existe  bien  à  Tournairet.  Si  .M.  Ktlore 
Fais  ne  l'a  pas  trouvée  en  place,  en  mai  dernier,   c'est  qu'elle  avait  été 
récemment  déplacée  dans  l'intérêt  d'une  exploitation  de  sapins.  M.  Alex. 
IJertrand  vient  d'en    donner  l'assurance   A  l'Acadéune  des  inscriptions. 
Une  dépéclie  du  préfet  des  Alpes-.M.iritimes  portant  la  ilule  du  8  octobre 
annon(;ait  que  les  excur^ionnistes  du  Club  Alpin,  guidés  par  .M.  li.  IManc, 
venaient  de  retrouver  la  pierre.  M.  le  ministre  de  l'instruction  publique 
a  iuiuirdiatement  donné  de  nouveaux  ordres  pour  que  le  monument  fiU 
sans  retard  transporté  ;\  .Nice  et  de   là   dirigé  sur  Saint-(ioriuain.  M.   le 
préfet  est  «hargé  de  veiller  à  l'cxéculion  de  ces  ordres.  Notre  musée  des 
antiquités  nationales  sera  donc  bientôt  eu  possession  de  ce  précieux  do- 
cument. Les  épigraphisles  pourront  l'étudier  à.  lol^ir  et  vider  eu  connais- 
sauce  de  cause  ce  vieux  débat.  -4' 

Nous  lisons  dans  le  S-Acil  du  veiulredi  12  octobre  : 

••  Mardi,  ù  trois  hcui es,  la  couuMi>si(in  di-s   arènes   s'est    réunit-   sur  le  j 

tcrr.iin  de  la  rue  de  Navari.'.  ^^     y' 


MlUVI.I.l.K'^    MICIIKOI.OCIOIIF.S.  -•')'.» 

«  Sous  la  direcliod  d'un  nimilpr.'  iN'  la  commission,  M  Hiiprirh  Mohiii, 
M.  niisci}.MU'iir  a  Tiil  procéilcr  au  (li-blayonicnl  dn  lu  firaiidc;  ciitrt'c,  lon- 
mni  (rciniroii  3:)  riit-lrns,  larg(;  (le  (i.  qui  riescriid  par  imR  pculiî  a^cr-/. 
prononcée  vers  l'arùue.  Les  reslcs  des  murs  lmicoi  e  deboul  sont  iinposanls 
cl  alteigiient  une  liauleur  de  3  à  4  mèlres. 

((  Il  s'ut,'il  fiiainlRnanl,  dit  le  Temps,  de  proci''dcr  au  déblayemenl  de 
l'arîTie  et  des  gradins.  Il  y  a  là  une  (juantité  énorme  de  terres  provonanl 
des  tranchées  ouvertes  pn'cédeinmenl,  sans  comptei  une  ^pai^slJur  de 
si\  mètres  environ  de  terrain  rapporté.  Le  travail  sera  long  et  coû- 
teux, 

t!  Un  peut  dés  mainlonanl  se  rendre  compte  de  l'eflot  que  produira 
l'aspect  de  ces  ruines.  La  grande  entrée  forme  un  couloir  important  par 
lequel  le  visiteur  descendra  dans  l'arène.  A  gauche  il  aura  les  débris  des 
gradins  s'étageant  vers  le  niveau  du  sol  de  la  rue  Monge  ;  devant  lui,  le 
demi-cercle  l'urmé  par  le  mur  enceignant  l'arène  {podium  ,  et  à  droite, 
dans  la  direction  du  Jardiri  des  i'ianles,  le  plan  de  la  scène,  rendu  très 
saisissable  par  les  substructions.  Sous  la  scène  passe  le  canal  souterrain 
qui  recueillait  les  eau.v  pluviales  et  les  versait  au  dehors  de  l'édifice  et  de 
ses  dépendances. 

«  Il  sera  facile,  au  moyen  des  dispositions  du  square  à  créer,  de  rendre 
ces  ruines  à  la  fois  instructives  et  pittoresques.  En  atlendant  que  la  ville 
de  Paris  songe  ù  acquérir  l'autre  moi'ié  des  arènes  conservée  et  enfouie 
sous  le  terrain  voisin  appartenant  à  la  compagnie  des  omnibus,  le  \isi- 
teur  aura  sous  les  yeu.v  les  restes  d'une  moitié  de  l'édifice  parfaitement 
symétrique,  et  la  moitié  visible  sera  l'exacte  reproduction  de  la  moitié  ca- 
chée. En  plaçant  dans  le  square  les  chapiteaux,  les  fûts  de  colonnes, 
les  divers  débris  de  sculpture  provenant  des  arènes  et  conser\és  au 
musée  Carnavalet,  on  achèvera  de  donner  une  idée  du  nionument  le 
plus  ancien  que  nous  connaissions  à  Paris,  puisqu'il  date  du  temps  d'A- 
drien. 

«  Les  fouilles  n'ont  produit  aucune  trouvaille  d'anliquilés  qui  mérite 
d'être  signalée.  On  a  recueilli  en  grand  nombre  des  ossements  qui  seront 
déterminés  :  parmi  ces  débris  on  reconnaît  des  os  de  mouton,  de  bœuf, 
des  dents  de  cheval,  de  sanglier.  11  ne  serait  pas  étonnant  qu'on  y  relrou 
vat  des  restes  de  fauves  qui  servaient  aux  spectacles. 

«  En  dégageant  la  grande  entrée  sur  le  terrain  qu'occupait  le  jardin 
du  couvent,  on  a  découvert  un  squelette  qui  a  été  reconnu  pour  celui  d'un 
jeune  homme.  Mais,  chose  singulière,  ce  n'était  qu'une  moitié  du  sque- 
lette, auquel  manquaient  les  os  du  bassin  et  ceux  des  membres  infé- 
rieurs. 

«  La  commission  va  s'occuper  d'établir  un  plan  et  un  devis  pour  les 
fouilles  et  les  déblayements  qui  restent  à  opérer.  On  espère  que  le  sol  des 
arènes  lourniia  des  antiquités  inlére^sanles.  » 


Jt,||  HKVliK    AHCIIK0I.(U;K»1)K. 

UuUflinih'  t' Institut  lU  cvntspondatuc  (ii<7it'o/oyi'/ue,    n«"   S   tM   "i, 

aoni  0'.  ^pplelub^e  1S?<3  (deux  feuilles)  : 

Fouille?  :  W.  Ilolh'g.  F')m7/es  »/e  Vii/ri  (nvoc  un  plan)  —  ^-  ^''"'-  F""'/'''s 
(/<•  Pompéi  :  Fottilhfi  (P  Monzi,  Icllro  <hi  prori'sxiir  A.  Hrauihilla  ;\  «',.  Ileu- 
x»n.  —  A.  Tardiou,  Ih^courerle  Ho  l'i'tnblifsrn.tiit  thermal  ijulh-rfiuiiu  ilr 
H'.i/'il,  drtns  Itf  dt'pailemeiil  ilu  Puy-de-Dôme  (avec  un  plan).  —  Monu- 
ments :  V.  CiMrclua,  Imrriyttinn  votive  de  /V.'H*•.«^^  —  r..(;.ini,  In'irriptHm 
de  Setjui. 

On  lit  ilans  le  jniiinal  Vnris  : 

I, 'inspecteur  des  anliquitt^s  precquos.  M.  Knvadias,  télégraphie  d'Kf.i- 
daure  qu'il  a  dt'couverl  vinpl  niorci'aux  de  marbre  couverts  d'iiiscriptioni:. 
Il  a  pu  recomposrr  ainsi  deux  des  célèbres  colonnes  dont  parle  l'aiisania?, 
sur  lesquelles  étaient  gravés  les  noms  des  malades  gu<^ri»  dans  bi  temple 
d'Ksrulape,  la  nature  de  la  maladie  el  les  remèdes  employés  pour  la  cont- 

ballre. 

Voill,  je  n'en  doute  p;\s,  qui  \a  révolutionner  la  inéiK»»  ine  iiKvIerne. 


CllRUNIOUK    DOlilKXT 


rolIlLLKS  KT  DKCOUVKl'iTKS. 


L'Instilnl  aiiit'iicain  a  dôtinitivcmeut  lermiiié  ses  Iravaux  à  Assos, 

el  le  iiaitago  des  antiquités  découvcrles  vient  d'i^tre  eiïeclué  par  les  soins 
de  M.  l)LMMOStlii''ne  Baltazzi,  conimissaire  du  gouvernement  ottoman.  Les 
lecionis  lie  la  J{eit(e  connaissent  di'jà,  par  les  articles  de  M.  l.udiow,  les 
résultats  de  la  première  campagne,  à  laquelle  M.  J.  T.  Clarke  a  consacré 
un  remarquable  rapport,  l'n  article  publié  dans  la  revue  américaine  The 
Nation,  du  30  août  1883,  nous  permet  de  fournir  quelques  détails  sur  la 
seconde  campagne  qui  vient  de  prendre  fin  ;  nous  les  donnons  ici  d'au- 
tant plus  volontiers  que  la  relation  générale  des  fouilles  préparée  par 
l'Inslitul  américain  ne  paraîtra  sans  doute  que  vers  la  tin  de  l'année 
prochaine. 

Au  mois  d'avril  dernier,  M.  (^laïke  étudiait  le  temple  d'Assoset  ses  murs, 
M.  iîacon  l'avenue  des  tombeaux  à  l'ouest,  M.  Koldewey  l'agora  et  les  mo- 
numents avoisinanlt.  Ils  n'avaient  à  leur  disposition  qu'une  vingtaine  d'ou- 
vriers turcs  du  village  de  Beliram.  Le  but  principal  des  travaux  étaitlares- 
titution  architecturale  des  édifices  déblayés,  restitution  que  la  dispersion 
des  matériaux  antiques  a  rendue  souventfoildifficile.  L'agora  était  limitée 
à  l'est  par  le  i^ouleutérion,  au  nord  par  un  portique,  à  l'ouest  par  un  mo- 
nument où  l'on  croit  reconnaître  un  temple,  au  nord  par  des  thermes. 
Le  liouleutérion  avait  cinq  colonnes  de  façade.  Le  portique  était  un  édi- 
fice dorique  à  deu.v  étages,  avec  quatre  degrés  et  une  rangée  de  colonnes 
sur  le  devant  ;  une  seconde  rangée  de  colonnes,  au  milieu,  supportait  le 
toit.  L'étage  inférieur  était  assez  spacieux  pour  donner  un  abri,  en  cas 
de  pluie,  à  tout  le  peuple  rassemblé  dans  l'agora.  La  hauteur  est  presque 
la  même  que  celle  du  portique  de  Pergame  et  de  celui  d'Atlale  à  Athè- 
nes. Comme  l'on  n'a  pas  retrouvé  un  seul  chapiteau  de  l'ordre  supérieur, 
la  restauration  ne  pourra  pas  être  complète  ;  mais  on  assure  que  les  au- 
tres éléments  de  la  construction  oui  été  parfaitement  déterminés. 

A  l'ouest  de  l'agora  est  un  édifice  que  l'on  croit  être  un  temple.  La 
aussi  se  trouvait  la  principale  porte  donnant  accès  à  l'agora  ;  on  entrait 
par  la  rue  venant  de  la  porte  occidentale  percée  dans  le  mur  de  la  ville. 


-î&Jl  »K\n.    AUillll-.ol.uiilnLK. 

Au-iii'S!i(>us  de  l'agora  i-l.iionl  W'i,  (lii>rn:es,  ilutil  lu  ivsliliition  csl  d'uiic 
j;rande  impoi lance,  puisque  c'est  le  soûl  iMillcu  de  co  gciue  que  l'on 
puisse  rapporter  ù  Tt-poque  j;rocquo.  La  vilU»  d'Assos  n'avait  pas  d't^gouls  ; 
mais  l'on  a  rolioiivt'  uiu'.  grandi?  cilcni"',  parr.iilcMiuMil  con.-crvc'o,  large 
do  l  ini'tros  et  proronde  di«  7"',. iti.  Dan j  ra.;ora,  on  a  dt'cijUM'i  t  un  crr,- 
xeoua,  c'i'sl-;\-dire  un  Olalon  pour  la  mesure  dis  liiiuido-,  cl  une  sorte  de 
monic-lypp  pour  les  luilcs  et  les  briqu'.'s. 

On  ïnit  que  jusqu'en  18ili  le  llic.ltre  d'Assos  (5luil  resti'  ;\  peu  prî-s  in- 
tact. A  celte  i^poqup,  les  Turcs  le  détruisirent  cl  en  transporlèrcnt  les 
pierres  à  Conslanlinuplo  pour  ser\ir  à  la  construction  dos  (luuis.  Nc.in- 
nioins,  il  a  été  possililc  d'cxéculer  une  restauration  à  l'aide  des  vestij^es 
subsistant-!.  On  a  pu  éjialemenl  restituer  le  gymnase,  dont  une  partie 
avait  été  occupée  p;ir  une  église  byzantine. 

I/alléc  occidentale  «les  tombeaux  a  él6  explorée  avec  soin.  Ce  sont  tan- 
tôt des  sarcophages,  lanUM  de  peliies  caisses  en  pierri^  contenant  des 
cendres,  parfois  renferniées  dans  un  va»e.  Quelques  tomlieaux  ont  la 
forme  de  pclils  mausolées  s'élevant  an-des.-us  du  sol.  On  a  ouvert  124  sar- 
cophages, dont  un  en  terre  cuite,  et  un  autre  d'une  pierre  volcanique 
très  poreuse  où  l'on  peut  reconnaître  la  yiinrc  sdiroj^liagc  d'Afsos  dont 
parle  Pline.  lUen  que  la  plujiarl  des  tonibeaux  eussent  élé  anciennement 
violés,  ils  ont  fourni  un  ceilain  nombre  d'objets  inléressanls  en  terre 
cuite,  en  bronze,  en  verre,  et  miîine  en  or  et  en  aigent.  Les  ligurines  de 
terre  cuite  sont  très  nombreuses;  on  en  a  trouvé  jusqu'à  trente  dans  un 
tombeau,  parmi  lesquelles  quatre  musiciens,  trois  joueurs  de  flûle,  deux 
Apbrodites  debout,  six  figures  assises  dans  l'atliludc  des  statues  des 
Hranchidcs.  Des  vases  de  verre,  d'une  irisation  très  remarquable,  des  stri- 
giles,  des  couteaux,  des  monnaies,  des  pointes  de  flèches,  etc.,  ont  été 
recueillis  en  quantité  suffisante  pour  donuer  une  idée  de  l'art  industriel 
d'Assos. 

Les  sarcophages  contenaient  parfois  les  ossements  de  cinq  ou  six  per- 
sonnes. Les  urnes  cinéraires  sont  en  terre  cuite  avec  un  couvercle  de 
plomb  {?;.  I^armi  les  monnaies,  qui  sont  au  nombre  de  plusieurs  milliers, 
il  y  en  a  deux  cents  d'Assos,  et  quehjurs-unes  en  or  ;  on  a  aussi  dé- 
couvert quelques  niiruirs  en  bionze  ni  11  gravés.  Les  inscriptions,  dont 
l'étude  est  confiée  à  M.  Sterret,  sont  au  nombre  de  soixante-quin/.e  et 
plusieurs  sont  très  importantes.  .M.  (liai  Le  a  fait  une  élude  spéciale  des 
murs  de  la  ville,  qui  lui  a  {.ermis  de  dirtinguer  sept  variétés  de  construc- 
tions, caractérisées  par  la  forme  des  pierres  et  leur  agencement.  La  porte 
de  l'oucït,  qui  a  été  déblayée,  est  une  construction  militaire  renianjuable. 
Toutes  ces  découvertes  seront  reproduites  et  décrites  dans  la  nioimgr.i- 
pbie  en  préparation,  à  l.iqueile  les  Aniitittilés  ioniennes,  publiées  par  les 
bildtanti,  doivent  servir  de  modèle. 

Il  ne  reste  plus  à  explorer  que  la  \ille  proprement  dite  ;  mais  ce  Ira- 
>ail  serait  très  coriteux,  peut-être  sans  grands  résultats,  et  les  explora- 
teurs améiicains  n'ont  pusciu  dcvoii  l'entreprendre.  D'ailleuis,  au  tr.iin 


CllltO.MnLI.    m'oIUK.NT.  -'»-5 

iloiil  vont  k's  chosi's,  il  iio  .suli>isliTa  bienlùl  plus  que  le  .souvenir  d'Assos: 
les  lial)il;uils  de  i;chruin  n'ont  pas  alleiidu  la  lin  des  fouilles  pour  roni- 
mencer  à  exploiter  conimR  des  carriùres  les  monuments  déblayés,  cl  les 
couvercles  des  sarcophages  ont  éli'  niis  en  jtiéces  pour  Ctre  Iransporlés  i 
dos  de  cliamuan.v. 

Voici  maintenant  les  résultats  du  paila^^e  opéré  par  MM.  liallazzi  et  J. 
Clarke.  I.e  giiuvcrnement  turc  a  regu  sept  l)a.s-reliels  de  la  Irise  du  Icniplc; 
les  Américains  en  ont  gardé  deux,  donU'un  reprrscnt(!  un  sphinx  as>is,  et 
le  second,  des  Centaures  poursuivis  par  Hercule.  Parmi  les  sculptures, 
le  musée  de  Constantinople  s'est  réservé  une  tête  d'athlèle  en  marbre 
blanc,  une  léte  do  |{accliaute  et  celle  d'un  personnaf!:e  romain;  l'Inslilul 
u'a  eu  qu'un;)  ligure  barbue  de  répo(iue  byxanline  (Vj.  Les  poteries,  les 
terres  cuites  et  les  petits  objets  constituant  le  mobilier  funéraire  ont  été 
répartis  entre  le  gouvernement  et  l'Institut  dans  la  proportion  de  deux  à 
un.  Uuelques  vases  appartiennent  à  la  classe  dite  des  porcelaines  de  hhodes 
et  sont  d'une  grande  beauté.  Le  gouvernement  turc  a  encore  reçu  une 
main  de  femme  en  bronze,  de  grandeur  naturelle  et  d'un  excellent  tra- 
vail ;  une  biche  en  bronze  accroupie  ;  l'inscription  sur  bronze  conlmant 
le  serment  des  habitants  d'Assos  à  Caligula,  beaucoup  de  monnaies  de 
bronze  et  d'argent,  un  (7Tixo)|xa  parfaitement  conservé,  un  anneau  en  or 
et  des  fragments  d'architecture  en  terre  cuite  (grande  tuile  du  temple, 
conduites  d'eau  des  thermes  et  du  théâtre,  etc.).  D'autres  morceaux  d'ar- 
chitecture nécessaires  à  la  restauration  des  monuments  ont  été  abandon- 
nés aux  savants  américains  '. 

Nous  n'hésitons  pas  à  le  dire,  un  tel  partage  est  éminemment  préju- 
diciable aux  intérêts  de  la  science  et  constitue  un  précédent  des  plus  fâ- 
cheux, propre  ;ï  di'xourager  les  explorateurs  qui  ne  sont  pas  de  simples 
marchands.  La  frise  archiïque  du  temple  d'Assos,  un  des  monuments  les 
plus  curieux  de  l'art  grec  primitif,  se  trouve  aujourd'hui  dispersée  dans 
les  trois  musées  de  Constantinople,  de  Paris  et  de  Boston;  les  terres 
cuites  d'Assos,  hier  encore  inconnues,  devront  ûlre  étudiées  à  Constanti- 
nople et  en  Amérique.  Les  publicisles  des  États-Unis  avaient  exprimé  le 
vœu  très  sensé  que  l'Institut  américain  rachetât  la  partie  de  la  frise  qui 
revenait  de  droit  au  gouvernement  ottoman.  Si  ce  marché  avait  pu  se 
conclure,  nous  croyons  que  les  organisateurs  de  l'entreprise  n'auraient  pas 
refusé  d'entamer  des  négociations  avec  le  Louvre  pour  lui  céder  le  reste 
de  la  frise  en  échange  d'autres  objets  grecs  plus  aptes  à  satisfaire  les  goûls 

1.  En  voici  la  liste,  que  je  dois  à  l'obligeance  d'un  membre  de  la  mission  :  Frag- 
ments d'un  pavé  de  mosaïque;  tuiles,  chapiteaux,  triglyplies,  fragments  d'épistyles 
et  de  corniches;  triglyplies  du  temple,  morceau  du  fronton,  lambourde  co  onne, 
poutre  du  plafond:  trois  colonnes  avec  ûpistyle  d'un  petit  tombeau;  bloc  du  fronton 
du  porlicpie,  avec  un  bouclier  rond;  colonne  archaïque  d'un  tombeau,  en  pierre, 
ragmcnts  de  chapiteaux  en  marbre.  Plus,  deux  caisses  d'écliantilloiis  géologiques 
de  divers  points  de  la  Troade. 


"HW  iiivir.  AUCiiroi.or.ioUK. 

du  piibli<:  ara(^iii;nti.  La  loi  turqiiiMlf  IsTi  slaliie  que  les  ohjpls  tnilivisi- 
UiS  IroiMé^  ilans  les  rmiilli-j  ilovronl  iîlre  l'valm's  par  lo>  deux  pnrtirs  cl 
ci^iti^s  i\  colle  qui  l'onsi'utiM  ;\  ou  payor  lo  prix.  Los  aichiW)lopnos  améri- 
caius  auraicul  tlîi  so  prt^valoir  do  coite  disiposilion  de  la  loi  ol  UMiulenir 
quo  la  fri.^o  d'un  lemple  rormc  uu  (oui  css(  nlielleuicul  iudivisilile.  Nous 
ne  sa\ous  pas  s'ils  auraient  «Mé  i^coul^s,  mais  tous  los  arch(?olot»ues  de 
l'Kuropc  se  seiaioul  rangt's  A  leur  opinion. 

On  nous  écrit  de   Constanlinople  qu'il   se  forn^c  en    ce  moment 

dans  celle  ville,  sous  les  auspices  du  Sultan,  une  SodHt^  archéolngiquc  qui 
doit  <^lre  composi'e  do  mombros  payants  et  subvonlionnée  par  le  lr6?or 
pulilic.  Elle  se  propose  do  piatiqucr  dos  touilles  sur  la  cAle  as  aliquc  de- 
puis Smyrno  jusqu'il  la  Troadc'.  Inrhallah  I  conmio  disent  IcsTurcs.  Nous 
atlentions  la  société  à  l'œuvre  et  nous  lui  souhaitons  d'obtenir  du  gou- 
vornemenl  toutes  les  ressources  qui  lui  ont  fait  défaut  jusqu'ici  pour 
consiruiie  dos  roules,  des  ponts,  des  écoles,  cl  réparer  les  mosquées  de 
Couïlanlinuple. 

SAi.OMON   iu:i.N  \(:n. 


l.  Li;  gouverneniem  austro-hongrois,  qui  était  en  instance  depuis  di'u\  ans  pour 
obtenir  la  concession  des  fouiller  d'ï-Mv  (entn  Myrinu  et  PcrgamC;,  s'tst  vu  refuser 
lauturisation  qu'il  demandait,  sous  prétexte  que  le  gnnYeruement  liirc  «  se  réser- 
vait »  l'exploration  de  cette  côte.  Après  uu  pareil  refus,  l:i  direction  do  Tchiiili- 
Kiosk  est  moralement  cneagée  à  faire  commencer  sans  retard  les  fouilles d'Éléc  ;  il 
n'y  a  d'ailleurs  qu'une  nécropole  à  explorer,  car  la  yille  antique  parait  avoir  été 
détruite  pour  construire  K/i\é-Keui. 


FoniJ.KS 


DANS      I.  K  s      N  I-.  C  U  O  I'  ()  I,  i;  s      IJ  K 


WATSCII  ET  SANCT-MA1{GAI{I:TIIEN 

EN  CARMdl.K. 


Lorsque  M.  de  Sacken  puljlia,  en  18(8,  le  iv.sullal  de  ses  fouilles 
dans  la  nécropole  de  Ilallslatt,  près  de  Salzbourg,  il  sembla  (ju'un 
monde  nouveau  cl  une  civilisation  nouvelle  se  fussent  révélésà  l'ar- 
cliéologie.  Le  style  des  objets  découverts  était  si  pariiculier.  i!s  pré- 
sentaient si  peu  de  points  communs  avec  les  trouvailles  anléiieurcs, 
qu'on  prit  le  parti  de  désigner  sous  le  nom  de  pniodn  de  Ilnllstatt 
l'âge  historique  ou  préhistorique  dont  ces  monuments,  jus(|u'alors 
presque  isolés,  étaient  les  témoins.  Cette  périodeest  caractérisée  par 
l'usage  simultané  du  bronze  et  du  1er,  et  la  technique  du  premier  de 
ces  métaux  paraît  y  avoir  atteint  un  remarquable  degré  de  perfec- 
tion. M.  de  Sacken  pensait  que  les  bronzes  d'art  trouvés  à  Hall>lalt 
étaient  des  objets  d'importation  fournis  par  l'Italie  du  nord  et  l'Élru- 
rie,  en  échange  du  sel  gemme  qui  constitue,  aujourd'hui  encore,  une 
des  principales  richesses  de  celte  région  de  l'Autriche.  Quant  aux 
bronzes  d'un  travail  grossier  et  aux  objets  en  fer,  il  y  voyait  les  pro- 
duits d'une  industrie  locale  qu'il  attribuait  aux  peuplades  celtiques 
des  Taurisques  et  des  Noriques.  Les  découvertes  récentes  que  nous 
nous  proposons  d'exposer  dans  cet  article,  d'après  le  remarquable 
rapport  de  M.  Ferdinand  de  Hochstetter ',  fournissent  des  puitils  de 
comparaison  d'une  importance  capitale,    qui,  répandant  un  jour 


1,  Die  ueucsten  Grœberfunde  von  Wafsçli  und  St.-Mnrgaretlien  in  Krain  und 
der  Culturkreis  der  llal/stlœto-Periudr,  mit  2  Tafeln  und  18  Holzscliniiten,  be- 
sonders  abgednickt  aus  dein  XI.VII.  Bande  der  Dcuk^rhriften  der  unUhcmntisrlt- 
natunuissenschafllidicn  Classe  der  K.  Ahadctnie  der  Wissenschnften.  Wieii,  1883. 

m"  SKIilE,  T.   II.  —  18 


iCii;  itKvi  K   M«(:Hh':(H,o(;K»UK. 

nouvi-nu  sur  la  rivili-aliMii  .K'  la  périoile  de  llallslatt,  pennelli'iil  «U- 
conliiMi'i*  i'I  irétt'iiilre  les  lésullats  olileims  par  M.  de  Sacken.  Ce 
nV.^l  jamais  (ju'à  litre  provisoire  el  dans  lalttiile  de  rùvélalions 
ultérieures  (lu'on  pi  iii  adinellre  des  centres  de  civilisation  isolés  ;  le 
projîn^s,  on  archt'o'o^'U',  (insiste  dans  la  consiiinlion  de  séries  nou- 
velles cnibia-sanl  des  régions  g(''0|5'rapliiinies  de  plus  en  plus  éten- 
dues. I.(>  fait  ((ni  se  constate  aujourd'hui  pour  llallst:itl  s'est  produit 
il  y  a  (|uelipies  années  pour  lliss;irlik,  lors  |uo  les  découvertes  de 
.M\cène<,  de  Spataetdc  Ménidi  sont  venues  prouver  (jue  l'art  d'IIis- 
sarlik  n'était  pas  isolé  dans  l'hisloire  de  l'industrie  humaine  comme 
un  «-«;  eîir.uLs'vov  dans  Homère.  L'avenir  nous  réserve  encore  bien 
des  rnseignemenls  de  ce  genre,  si  l'on  continue  à  porter  dans  l'élude 
des  néciopoles  anli(jucs  autant  de  savoir  el  de  précision  que 
MM.  de  SackiMi  cl  de  Hoclistetler. 


Depuis  le  premier  rapport  sur  les  fouilles  de  \Val>cli,  présenté 
en  1870  a  l'Académie  de  Vienne  par  iMM.  de  Hoclislelter  et  Desch- 
niann,  les  reclierclies  dans  celte  nécropole  et  ses  environs  ont  été 
pouï^sées  avec  ardeur.  Au  mois  de  mais  18S0,  un  paysan  découvrit 
un  squeh'lle  de  femme  avec  36  bracelets  de  bronze,  2  spirales  du 
même  métal,  4  fibules,  i  i  boucles  d'oreilles  et  un  giand  nombre  de 
perle-;  d'ambre  et  de  verre  '.  Le  prince  de  Windiiclignetz  lit  exécu- 
ter des  fouilles  en  1879,  1880 et  1881,  et  recueillit  beaucoup  d'objets 
intéressants  ilont  il  enrichit  sa  collection  à  Vienne.  Les  plus  impor- 
tants sonl  une  cisie  de  bronze  et  des  fragments  de  ceinturons  avec 
des  ornements  circulaires  dans  le  style  de  Hallslatt.  Enlin,  M.  de 
Ilochstetter  et  le  musée  de  Laibacli  poursuivirent,  en  lS8i,  les  re- 
cherches commencées  trois  ans  aupar.ivanl,  el  oblinrenl  les  résultats 
surprenants  dont  il  sera  parlé  plus  loin.  Ils  exploreront  surtout  une 
colline  qui  conlenaii  une  grande  (|uanlil''  d'urnes  funéraires  avec 
un  peiil  nombre  de  ï^épuliures  à  inhuiualion.  Les  urnes  étaient  gé- 
néralement rscouvertrs  d'une  plaque  de  pierre  el  entourées  de  char- 
bon de  bois  ;  lorsqu'il  y  avait  deux  urnes  sous  une  même  plaipie. 
l'une  il'elks  était  vide.  C'est  là  une  de  ces  nécropoles  à  urnes  (rV/iCM- 
liûgel)  comme  on  en  a  rencontre  dans  le  Hramlebourg,  la  l'oméra- 
nie,  le  yecklembourget  leliolstein.  Les  sijuelettesé  laienl  lanlôl  aii- 

1.  Ces  obj-  le  oiit  élé  Ka|uib  p  <r  le  iiius<'c  de  luibucli. 


MXHoi'oi.r.s  i)i;  watscii  i;t  sanct-maiu;  v;  i;tiii;.\.  'UTi 

dessus,  Uinlôl  au-dessous  des  uiiics  luiiriaiiTs,  et  l'cjii  ii'  iiciil  dim 
lequel  (les  deux  modes  de  S('|)ultiiie  a  rit''  pratiiiur-  le  plus  .-iiirien- 
ncuienl.  En  yéniMal,  lesoltjcls  de  liion/.c  se  trouvaieiil  en  plus  f,'r.ind 
nombre  auprès  des  squelelles  non  incinén's  '. 

RI.  de  llorhstellerafailreprotluiie  par  la  gravure  les  objets  les  plus 
importants  (lécouverls  dans  celle  iiéci'opole.  Ce  sont  :  une  aiguille 
de  bronze,  toute  pareille  à  une  autre  trouvée  à  Sanct-Margarelhen, 
aujounriiui  au  musée  de  L.iiliaeli  ;  une  liliulc  de  bronze  en  forme 
de  \k\h\ih'  {liiiltnfarmige),  ornée  sur  la  panse  de  zigzags  reclilignes 
(deux  objets  identiques  ont  él6  trouvés  à  Sanct-Margarcthen);  une 
lampe  en  terre  cuite  à  trois  brandies  ;  une  bâche  en  fer  cl,  à  côté, 
une  pointe  de  lance  en  bronze. 

Les  fouilles  suivantes,  au  pied  d'une  autre  colline,  explorée  en 
1878,  donnèrent^  :  une  fibule  de  forme  serpentine,  en  8;  une 
grande  fibule  en  demi-cercle  avec  ornements  circulaires;  deux 
bagues  de  bronze  avec  la  représentation  grossiè-re  d'une  tôle. 
Après  la  conclusion  de  ces  recherches,  dont  les  produits  ont  été 
transportés  au  musée  de  Vienne,  AI.  Deschmann  a  pratiqué  quel- 
ques fouilles  au  profil  de  la  collection  de  Laibach.  Il  a  découvert 
notamment  une  libule  en  bronze,  en  forme  de  lyre,  d'un  travail  très 
élégant  et  jusqu'à  présent  unique  en  son  genre,  ainsi  que  le  fourreau 
en  bronze  d'une  épée  de  fer,  sur  lequel  est  gravée  au  pointillé  la  sil- 
houette d'un  bouijuetin.  Enfin,  dans  le  courant  de  l'hiver  dernier, 
des  ouvriers  ont  découvert  et  fouillé  deux  tombeaux  à  inhumation 
remplis  d'urnes  de  teire  rouge  ;  auprès  d'un  des  squelettes  était  un 
casque  de.  bionze  formé  de  plusieurs  morceaux  assemblés,  une 
grande  pointe  de  lance  et  des  phalères  du  môme  métal  ;  auprès  de 
l'autre  on  recueillit  deux  bracelets,  sept  liliules,  un  collier  et  sur- 
tout les  fragments  de  deux  bracelets  ou  pendantsd'oreilies  en  bronze 
recouverts  à  l'extérieur  et  à  l'intérieur  d'une  couche  d'or,  dont  l'or- 
nementation (des  points  circulaires  ressemblant  à  des  tôles  de  clous 
et  formant  un  double  méandre)  rappelle  exactement  le  «  style  géo- 
métrique »  connu  par  les  bronzes  de  Hallslait  et  (juelques  spéci- 
mens très  anciens  trouvés  à  Olympie^. 

Toutes  ces  trouvailles  doivent  étie  rapprochées  de  celles  que  la 


1.  Die  ntuesten  Grœberfunde,  etc.,  p.  1  'i.  Suit  le  procèâ-vcrLa!  des  fouilles  des 
16-29  août. 

2.  Nous  ne  mentionnoDs  pas  les  objets  reproduits  par  la  gravure  dans  le  Mémoire 
de  M.  de  Hochstctter. 

3.  Furtwu.'ugler,  Die  Ih-onzefunde  nus  Olympia.  Berlin,  1S80,  p.  9, 


ir.S  ni\n.  Mil  iiKOi.or.iouK. 

commission  pivliisloriqiie  de  rAcn(lc''mie  di'  Vi(^nnc  ol  lis  .ircliiS)lo- 
piiosdii  iniisi''!'  (Il*  l.nibnrli  ont  f;iiles  en  IKT'.l,  1>^V()  ri  IHHl  il;ins  les 
tmmilusde  S.incl-.M.iri,Mrt'llit'n  cm  (Inniioli'  liitfrii'niv.  .M.  <le  llocli- 
slellcr  se  réserve  de  donner  phn  î.ird  un  Irav.iil  (UH.nlIé  sur  ces  toin- 
hoaux  '. 

II 

Four  iludier  la  pi-riode  dile  de  Hallslalt,  nous  disposon>  ni.iinie- 
nanl  de  doruments  impnrlanls  et  noinlireux.  Ce  sont,  oulro  lestrou- 
vailli's  faites  à  Hallslall  nu;me  ei  celles  dont  il  vient  d'i^lre  (jue^lion, 
les  objels  découverts  en  différentes  localités  de  la  Carniolc  tiimuli 
de  Landstrass,  tombeaux  à  urnes  de  Zirkuil/.,  Innuili  de  Smcl-Veil 
et  de  Sani't-.Marein,  tombeaux  à  urnes  de  Lepence,  tombeaux  de 
Santa-Lucia  à  Gœrz,  elc),  de  la  Styrie  (Mariarast,  Purgstill,  Klein- 
(ilein),  de  la  (larinlliie  et  du  Tyrol.  Repoussant  la  théorie  de  l'im- 
porlation,  soutenue  par  M.  de  Sacken  alors  ijue  la  nécropole  de 
ilallstatt  était  seule  connue  dans  la  région  des  Alpes  aulricbiennes, 
M.  de  Hoclistelter  résume  ainsi  ses  conclusions  :  «  Les  résultats  des 
dernières  fouilles  dans  celte  région  nous  imposent  de  plus  en  [ilus 
la  conviction  que  les  industries  du  bronze  et  du  IVi-  (ju^elles  nous  ré- 
vèlent ét.uont  indifii-ncs,  qu'elles  se  développèrent  inilépcndaninn'nl 
auprès  des  Alpes  comme  d'autre  part  en  Italie  et  en  (iréce,  et  qu'en 
général  la  technique  métallique  de  la  période  de  Ilallst.ili  est  le  pa- 
trimoine commun  de  tous  les  peuples  ijui  habitaient  alors  le  centre 
de  l'Europe.  » 

A  l'appui  de  cette  thèse,  M.  de  Hochsletter  a  étudié  d'abord  une 
des  trouvailles  les  plus  importantes  de  Watsch,  la  curieuse  siliila  de 
bronze  orme  de  séiies  de  ligures  au  repoussé,  (jui,  découverte  au 

1.  V.  le  rapport  provisoire  inséré  diiis  le  fascicule  de  décembre  18Ê0  des  S  Izungv- 
fifrtchte  de  l'Académie  des  sciences  à  Vienne.  —  Depuis  que  cet  arliolu  a  été  écrit, 
M.  Aiixnndrc  Bertrand  a  bien  voulu  nous  communifiucr  une  lettre  de  M.  Iloclistet- 
ler,  du  IG  octobre  1883,  ou  le  savant  autrichien  donne  (iiieli|ucs  renseignemiMits  sur 
les  fouilles  exécutées  à  \Vat.scli  dans  le  courant  ilc  cette  année.  On  a  trouvé  r)0 
lombes  à  inhumation  et  un  trùs  grand  nombre  fi'irni'mjra-bfr.  Les  premières  sont 
en  général  de»  tombes  de  guerriers,  ensevelis  avec  leurs  lances  et  leurs  flèches.  D-'ux 
d'entre elltn  ont  fourni  chacune  63  et  38  pointes  de  flèches;  le  buis  a  naturellement 
ditparu.  I.as  tombeaux  de  femmes  ont  donné  des  bracelets  et  dos  colliers  do  tout 
genre,  ainsi  que  des  perles  d'nmbre  et  de  verre.  La  trouvaille  la  plus  importante,  i|ul 
.ippartient  au  prince  Windischgra-tz,  est  un  ceinturon  de  bronro  orné  de  figures  au 
repoiiMw-,  cavaliers  et  fantassins  re jiréscntés  exactement  counnu  sur  la  zoni'  supé- 
rieure d"  I;»  fi/ii/a  de  Itulogne. 


NK'inoi'Oi.Ks  in:  wviscii  kt  s\nc,t-m\hi.\iu.t(ii:\.  •2(i'.) 

printemps  ilelH82,  est  aiijoin  illiiii,iiiiiiu.s(''('(l(!  I.;iil)a(:li  '.  Nous  rfij)ro- 
iliiisoiis  ici,  (i'aprrs  le  piocriié  de  r,iiil();^'r;ipliit',  la  vignollc  annexée 
au  travail  dcM.  de  Iloclisti'tttT,  cm  (pji  iiousdisj)cns(;ra  d'iiiicilcsciip- 
lion  forcément  longue  et  néanmoins  insulllsanle  (pi.  XXIIIj.  Cette 
si7u/a,  avec  ses  zones  de  ligures  superposées,  rappelle  au  premier 
aspect  les  coupes  trouvées  en  Assyrie,  a  Chypre  el  à  l'aleslrine-;  mais 
c'est  dans  les  Alpes  autiichienncs,  c'est-;Vdire  tout  près  de  Walscli, 
qu'on  a  découvert  les  objets (jui  lui  ressend)lent  le  plus  exar.temeiif. 
Ce  sont  :  1"  Les  fiagmenls  d'un  vase  en  bionze  avec  ligures  en  ro 
poussé  trouvés  ù  Malroi  en  TyroP;  le  style  et  la  plupart  des  motifs 
sont  identi(iues  à  ceux  de  hsilula  de  Watscli  (surlout  les  deux  puf/iles 
nus,  de  part  et  d'aiitie  d'une  espèce  de  trépied  surmonté  d'un  cas- 
que), au  point  (lu'on  peut  les  croire  exécutés  d'après  un  môme  des- 
sin ;  if"  La  ciste  de  Moriizing  \  trouvée  en  1808  à  Botzen  dans  le 
sud  du  Tyrol;  le  dessin  est  beaucoup  plus  simple,  mais  le  style  et 
les  vôlementsdespersonnagessont  les  mêmes  que  sur  les  deux  précé- 
dents ;  5°  La  silnla  de  llallslatt  ■',  dont  le  couvercle  présente  quatre 
animaux  en  repoussé  :  une  panthère  (ou  un  lion)  tenant  dans  sa 
gueule  la  cuisse  d'un  animal  (comme  sur  la  sitiila  de  Walsch),  un 
fauve  à  tète  humaine,  un  cerf  broutant  un  arbre,  une  chèvre  (?) 
niangcant  une  plante  qui  paraît  sortir  de  sa  bouche  ;  4"  Un  fragment 
trouvé  dans  un  tiimulus  de  Sainl-Marein,  au  sud  de  Laihacli,  et  re- 
produit sur  la  planche  I,n°6,  du  mémoire  deM.de  llochslelter.  On  y 
voit,  toujours  en  repoussé,  des  guerriers  avec  boucliers  et  lances, 
coilTcs  de  casques  en  forme  de  plats,  pareils  à  ceux  que  l'on  a  dé- 
couverts dans  les  tumuli  de  Sainl-.Margarethcn. 

Parmi  les  trouvailles  faites  en  Italie  et  qui  doivent  être  rappro- 
chées des  précédentes,  la  situla  delà  Cerlosa  de  Bologne  occupe  le  pre- 
mier rang*^.  On  peut  voir  au  musée  de  Saint-tJermain  un  fac-similé 

1.  Sur  cette  silu/a,  v.  Desclimann,  Mittheit.  tter  K.  K.  Centrulcnmmiiion,  1883; 
Tiscliler,  Dïe  Situla  von  Watsc/i,  Corrcsp.-lUatt  der  J).  Gesellsch.  f.  Ant/iroji., 
Ethnol.  V.  Urijesch.,  àéc.  1882;  Alexandre  Berlrand,  Aca'L  des  mscriptions,  19 
oclibrc  1883. 

2.  Layard,  Monuments  of  Siniveh,  2<'sér.,  ]A.  LVII-LXV;  Cesnola-Stern,  Cyprus, 
pi.  IX  (patèrc  de  Dali),  pi.  XIX,  LI,  LXVI  ;  Ingliirami,  Monumenti,  III,  19,  20. 

3.  Comte  IJencdict  Giovanelli,  Le  nntkhitù  rezio-etrusche  scoperie  pressa  Malrei, 
Trente,  18,'i5.  Le  contenu  des  tombeaux  de  Matrei  est  en  général  très  semblable  à 
celui  de  la  nécropole  de  Watscli. 

h.  Conze,  Fnunmenli  di  luso  di  bronzo  trovali  nel  Tiroiu,  à:ins  les  Anna/i  dell' 
Imliluio^  1876,  et  les  M-mumenli,  t.  X,  pi.  VI. 

5.  Sacken,  Dus  Gndjfeld  von  Hal  slatt,  18C8,  pi.  XX  tt  XXI. 

C.  Zat  noni,  Gh  scavi  délia  Ceriosa  di  Bohrjna,  pi.  XXXV,   fig.  7  (1876).  Dr 


270  iiKvii    \ui".iiK(H.()oi(.irp-- 

de  celle  silule  en  galvanoplaslie.  Par  leurs  dimensions,  la  tùnuitô 
du  mèhl.  la  zone  in^'-riciiro  d'animaux  ei  le  style  pùnèral  des  figures, 
les  deux  sitnl(r  oITreiil  des  analojîies  frappaules.  Celle  de  la  Certosa 
a  é\é  trouvée  dans  un  tombeau  à  incinération.  Z  innoni  pense,  non 
sans  vraisemblance,  que  Felsina  •'•lait  peuplùoà  cette  époque  d'Om- 
briens {Paléo-ll;ili(iue<)  et  d'Elrusiiues,  dont  les  premiers  brillaienl 
Iturs  morts  tandis  (luc  les  seconds  les  eiisevelissaienl.  La  sifuhi,  se- 
lon lui,  serait  un  objel  de  luxe  conservé  dans  une  famille  ombricuiie 
el  ensevelie  à  Felsina  aux  débuts  de  la  domination  étrustjue. 

Les  scènes  représentées  sur  les  situlœ  de  la  Cerlosa  el  de  Walsch 
appartiennenl  à  la  vie  privée  :  ce  soot  des  processions,  des  jeux,  des 
banijuets,  sans  aucune  sipnilication  symboliiiue  ni  mytbologi(]ue. 
Les  artistes  ne  paraissent  guère  s'être  préoccupés  d'autre  cbose  que 
de  remplir  un  certain  espace  en  combinant  des  modèles  qu'ils  avaient 
sous  les  yeux.  Les  panthères,  les  animaux  ailés  et  certains  orne- 
ments végétaux  trahissent  seuls  une  inlluence  asiatique.  Taudis  (juc 
les  herbivores  sont  représentés  avec  une  branche  de  feuillage  à 
la  bouche,  le  lion  ou  la  panthère,  qui  n'était  connu  que  de  nom,  est 
figuré  sur  les  bronzes  d'Esté,  de  la  (Certosa,  de  Hallstattet  de  Watsch 
avec  une  cuisse  d'homme  ou  d'animal  dans  la  gueule,  indication 
naïve  qui  ne  se  rencontre  sur  aucun  monument  égyptien,  assyrien 
ou  persan  *.  Ce  détail  seul  suffirait  à  rendre  suspecte  Thypothèse 
d'une  importation  orientale.  Le  dessin  est  d'ailleurs  naïf  et  grossier 
comme  il  convient  à  des  œuvres  d'art  de  cette  époque  et  de  ces  con- 
trées, mais  le  travail  du  repoussé  est  très  habile  et  témoigne  d'une 
pratique  déjà  ancienne  et  avancée. 

11  est  remarquable  que  parmi  les  objets  du  style  de  la  situla  de 
Watsch  pas  un  seul  n'ait  été  découvert  au  sud  de  l'Apennin,  c'est-à- 
dire  dans  l'Étrurie  proprement  dite.  Ainsi  riiypollié-e  de  M.  de 
Sacken,  qui  croyait  les  bronzes  de  Hall>tatt  importés  d'Étrurie-,  est 
inadmissible,  non  moins  que  celle  de  .M.  IIell)ig,  qui  voudrait  y  recon- 
naître des  imiiorlatious  de  Chalcis.  Il  paraît  léL^ilime  d'y  voir,  avec 
M.  de  Hoclusletter,  les  produits  d'un  art  indigène  particulier  à  des 
populations  aryennes  qui  habitaient  la  ré^Mon  des  Alpes  d'Autriche 

situlœ  analogues  ont  été  trouv('es  h  Este,  Sosto  Ciilende  et  Trezzo,  dans  rilalie  du 
nord;  Zannoni  les  a  fait  graver  sur  les  planclius  XXXV  et  XXXVI  de  son  ouvra«o  , 
ainsi  que  le  miroir  de  Castelvctro  co  Emilie.  Toutes  les  localités  d'où  proviooncnt  cos 
objeth  sont  asfifenntnes. 

1.  Un  des  f.iuves  do  la  i/7«/rt  do  la  C'Tiosa,  dévorniit  nno  jambe  liumaino,  est 
muni  d'ailes  recroquevillées,  ("est  donc  évid<Mnm<-nt  urio  bCto  féroce  de  faniaisiu. 

2.  Sacken,  Dus  Hrabf>:lil  von  llalhtaU,  180H,  p.  143. 


.NKCnOPOLKS    I>K    WATSCH    F.T    S  XNCT-M  MU;  \  Il  I. THRN.  271 

et  les  conlivcs  avoisinanlos.  M.iis  t\(>\i<  ne  nous  croyons  pasaulorisi; 
à  [H'iiscr  coniniiî  le  savant  ;iiiliirliii'n  t|U(;  \:i  sitnla  <l<!  IJolou'iic  soit 
untî  ini|ioi'talioii  (lus  pays  cisaliiins  Fii  ([u'cllc  inovirnno  de  la  (^ar- 
niolu  elle-mônii'.  Elle  pourrait  aussi  bien  avoir  été  fal)ri*|uéedans  la 
n''}(ion  (le  rilalic  au  nord  do  i'Aitcnnin,  par  exemple  dans  le  |iays 
des  Eut,'anéeiis  (Kste)  on  dans  les  environs  d(î  lloio^ne.  Si  mainte- 
nant l'on  compare  aux  deux  situlœ  reproduites  plus  haut  les  hron^es 
archaïques  découverts  à  Olynipie,  les  objets  d(î  Troie  et  de  .^iy(•^nes 
et  les  vases  du  style  géométri.iue  ',  objets  datant  du  viii"  et  du  vu" 
siècle  avant  noire  ère,  on  reconnaîtra  une  certaine  analogie  non 
seulement  dans  les  systèmes  irornementalion  et  la  technitiue,  mais 
dans  la  sphère  des  sujets  représentés,  (pii  ajjpartiennent  pour  la  plu- 
part à  la  vie  civile.  Certains  motifs  de  la  sittila  de  Watsch,  comme 
les  deux  pugiles,  se  retrouvent  sur  un  vase  de  Milo  [lublié  par 
M.Conzc  (pi.  III).  Ce  dernier  archéologue  avilit  déjà  signalé-  une  res- 
semblance de  style  en're  les  vases  grecs  archaïques  et  les  bronzes 
des  peuples  du  Nord,  et  essayé  de  montrer  que  le  style  géométrique 
est  le  patrimoine  commun  des  races  indo-européennes^.  «  Dès  lo 
xx"  siècle  avant  J.-(^,  dit  M.  de  Hochsletter,  ce  style  se  répandilsur 
toute  l'Europe  avec  la  technique  du  métil  ;  mais  il  se  mêla  de  très 
bonne  heure,  en  Grèce,  en  Italie  et  dans  l'Europe  centrale,  à  ce 
style  dit  or/c?j/a^  pirliculier  aux  peuples  sémitiques  de  l'Asie.  Le 
nord  de  l'Europe  seul  paraît  y  èti-e  resté  étranger.  »  Ainsi  s'expli- 
queraient les  animaux  ailés  et  les  ornements  floraux  que  l'on  ren- 
contre déjà  à  Hallstatt  et  ii  Walsch.  «  Mais  les  clifilkeutef;^  de  la  pé- 
riode deHalIslait,  bien  (ju'ilsdoivent  également  à  l'Asie  les  éléments 
orientaux  île  leur  art,  les  ont  empruntés  d'une  manière  indépen- 
dante, par  une  tout  autre  voie  que' les  Telchines  mythiques  et  les 
Grecs  ^.  Leurs  péiégrinations  ne  les  ont  pas  conduits  à  travers  la 
Grèce  et  l'Italie,  puisqu'il  n'y  a  rien,  dans  leur  art,  qui  soit  spécifi- 

1.  Furtw.-Diiglcr,  Die  Bronzi'fuiulti  ans  Oli/mpïo,  1880;  Coi.ze,  Zur  Gach.  dcr 
AnfœiHjc  der  gricch.  K'itist,  1870  ell873;  Mclische  Ihongcfitsse,  1802;  Hirsclifeld, 
Vasi  urcaici  atetiiensi,  Monumenti  et  Annali  1872.  Les  8000  bronzas  trouvés  à 
Olympie  appartiennent,  comme  ceux  de  la  Carniole,  à  l'époque  bimétallique  du 
fer  l't  du  bronze. 

2.  Sitzu'ig.s'/jfrichte  der  k.  Aknd.  in  Wien,  1870,  p.  527. 

3.  Milclihœfer,  Die  Anfœnge  der  Kunst  in  Griedienlund,  1S83,  a  adopté  et  même 
exagéré  cette  idée,  à  laquelle  M.  Dumont  oppose  d'assez  forts  arguments  (flu/Ze/in 
de  correspondance  hellénique,  1883,  p.  374). 

4.  Cette  di;signation  a  été  proposée  par  Alphonse  Mùlluer,  Emona,  Laibach,  1878. 

5.  Suivant  Diodore,  les  Telcbines  ou  inventeurs  de  la  métallurgie  passèrent  de  la 
Lycie  h  Rhodes,  de  là  en  Grèce  et  en  Etrurie. 


J7J  nivn:  ABCHÉoLor.iQir.. 

quriHfnt  givc,  ni  vases  peinls,  ni  figures  mylliologiqaos.  »  Ru  n'pio- 
diiisanl  rctli'  phran^  où  la  p;irl  de  vùrilt"!  nous  paraîl  si  grande,  nous 
ne  pouvons  nous  empi"l(;lier  de  penser  à  ces  di'couverlcs  n''cenles 
faites  dans  le  Caucase,  à  ces  bronzes  de  Kohan  (jui  ressemblenl 
d'une  manière  frappante  aux  bronzes  de  llallstalt,  et  nous  nous  de- 
mandons si  les  races  aryennes  de  ri':urope  renlrale  n'auraient  pas 
suivi,  dans  leur  voyage  vers  l'Occident,  la  rive  septenlilonalo  de  la 
mer  Noire,  la  voie  de  terre,  en  se  séparant  des  Itilo-Cirecs  plus  tôt 
qu'on  ne  l'a. 1  met  génér.deinenl'.  Les  clialkeutes  de  Hallslalt  sont 
peut-ùtre  les  descendants  directs  de  ces  Clialybcs  qu'Honièie  place 
dans  le  voisinage  du  Pont-Euxin.  Il  semble  vraiment  ijue  le  temps 
approcbe  où  quebpie  hypoibèse  solidement  établie  jettera  une  lu- 
mière nouvelle  sur  toute  cette  partie  de  re'hnographie  aryenne. 


III 

M.  de  Hothsletter  a  consacre  une  élude  spéciale-  aux  casques  de 
bronze  découverts  à  Watscli  et  à  Sainl-Margaretlien.  Ces  casques 
appartiennent  aux  types  suivants  : 

1"  Cas  lue  en  forme  de  chapeau,  sans  crélc  ;  le  profil  de  la  calotte 
a  l'aspect  d'un  fer  à  clievaP. 

2°  Casque  à  double  crête  (fig.  i,  p.  273),  trouvé  à  Walsch,  tout  à 
fait  semblable  à  celui  de  Hallslatt  qu'a  [uiblié  M.  de  Sa4.k.en  K  II  est 
très  digne  de  remarque  que  le  casque  de  Watscb  a  été  découvert 
avec  les  mêmes  objets  (pointes  de  lances,  liges  en  fer,  ceinture  de 
bronze,  etc.)  que  le  casque  de  Hjllstalt;  ils  étaient  placés  Tun  et 
l'autre  dans  des  tombes  de  guerriers. 

3"  Casque  en  forme  de  chapeau,  sans  crête  ;  le  profil  de  la  calotte 
a  l'aspect  d'une  demi-ellipse.  Il  se  compose  de  cinq  morceaux  de 

1.  Voir  les  excellentes  pa^e*  d''  M-  Sayce,  T/i^  route  foUnwcl  bj  Ihe  wcilent 
Anjnns  in  their  migration  into  Europe,  appendice  d-'  ses  Prinri/iles  of  compara- 
tive Vhihlorjy,  2»  éd.,  1875. 

4.  Die  neueden  Grn-berfuri'le,  etc.,  p.  19  et  suiv. 

3.  En  1812,  on  a  trouvé  dans  les  Aiims  autricliieniics,  îi  Negau  en  Styrie, 
vingt  ca&ques  de  ce  type  portant  des  inscriptions  indi'cliiffrables,  t/ui  ne  sont  pas 
étrusques.  Cf.  un  casque  de  Hailstalt,  Sackon,  pi.  VIII,  lig.  G,  cl  Liiid.nschmit, 
Alterthùmer,  I,  3,  2,  5. 

I,.  Sackon,  Uni  C.rahfdd  von  llo/lstatt,  pl.  Vlil,  Ht;;.  5.  Trois  autres  casques  à 
double  crt'te  se  trouvent  l'un  au  inusée  de  baint-Gerraaiu,  le  second  à  Augsbourg, 
lo  troisième  au  musOe  Gn'gorien  étrusque.  M.  Furlw.ingler  en  a  signalé  un  cin- 
quième ^  Olympio  {Inventury  w  003j). 


iNKCaol'OLKS   DK    WATSCII    ET   SANCT-MAIIGAUKTHKN.  ii73 


27i  HEVUK    AnCHKOLOOlQLi:. 

bronze  as<emlilt^s  au  moyon  do  polils  clous.  Au  sommcl  du  cnsijuc 
tMaienl  doux  petits  tiusles  aih's  (11;;.  2,  \k  i'7."{)  dont  le  sful  uni  sub- 
siste rappelle  un  orneinentde  l'urne  de  l)rouze  de  Gratîiliuv  I  '.  Unis 
le  nit^nie  tombeau  ont  ôté  dtVouvertes  des  armes  en  ft-r. 

•i"  Casque  ayant  la  forme  d'une  demi-splière  ou  iruiir  cmipc,  se 
terniinanl  par  une  pointe  comme  la  Pichrlhanho  moderne  et  orné  sur 
les  côlt^s  de  cercles  dont  le  centre  est  marijué  par  des  pointes  {i]<^. 
3,  p.  i73).  Ce  casque,  porlé  par  les  cin(]  fantassins  (pii  forment  le 
second  groupe  de  la  sitnla  de  la  Cerlosa,  n'était  encore  connu  que 
par  cette  représentation  lorsqu'on  en  a  dêcouveil  plusieurs  tout 
send>laliles  dans  les  /«;//«// de  Sanct-Margarethcn.  Nous  donnons  ici 
une  réduction  du  dessin  publié  par  M.  de  Hoclistetter -. 

i>°  Au  cours  des  fouilles f.iiles  en  1880  jiour  le  musée  de  Laibacli,  on 
a  découvert  un  chapeau  coni(jue  en  treillis  avec  un  grand  nombre  de 
clous  de  bronze.  Ce  casque  tomba  malheureusement  en  morceaux, 
mais  il  est  facile  d'en  rcronnattre  le  type  dans  la  coifTure  des  quatre 
derniers  guerriers  de  la  situlti  de  Bologne. 

Il  est  inutile  de  pousser  plus  loin  cette  énumération  en  y  faisant 
entrer  quelques  fragments  dont  la  forme  n'a  p\i  être  exacteuumt 
constatée.  Ce  qui  précède  suflit  à  établir  deux  faits  d'une  haute  im- 
portance :  1°  que  les  casques  dessinés  sur  la  situla  de  Bologne  et 
sur  celle  de  Watsch  se  sont  retrouvés  en  nature  h  Walsch  et  à  Sanct- 
Margarethcn  ;  if°  que  plusieurs  de  ces  types  de  casijues  ne  se  ren- 
contrent pas  ailleurs.  Il  n'en  faut  pas  davantage,  semble-t-il,  pour 
prouvei-  que  les  guerriers  figurés  sur  la  situla  de  la  Certosa  et  les 
hommes  représentés  sur  celle  de  Watsch  ont  réellement  existé  en 
Carniole  et  ont  été  ensevelis  dans  les  toml)eaux  de  celte  région.  Il 
devient  dès  lors  tout  à  fait  impossible  de  voir  dans  ces  deux  situlœ 
autre  chose  que  le  produit  d'un  art  local  et  indigène.  Si  les  modèles 
de  CCS  objets  ont  été  importés,  ce  qui  n'est  pas  invraisemblable,  il 
faut  du  moins  admettre  que  les  objets  eux-mêmes  ont  été  fabriqués 

1.  LinienBchmit,  AUcrtlmmer,  Il_  5,  2,  2. 

2.  L^ch  six  cercles  de  brouze  sonl  lixés  uu  moyen  de  clous  sur  la  caloUe  du  casque, 
qui  se  compose  d'un  treillis  serré  en  bois  de  noisoticr  [Ildseltiussmtficn),  recouveri 
à  l'exK'Tieur  de  cuir  dont  il  subsiste  quelques  fragments.  Des  casques  analogues, 
mais  moins  bien  conservé»,  se  sont  rencontrés  à  Sanct-Marein  en  Carniolo  et  à  Hall- 
stait  (V.  Sackcn,  p.  û5).  —  On  a  prétendu  que  le  casque  do  St.  MarKorcthen  était 
en  réalité  un  bouclier;  m:iis  la  représentation  de  la  stluld  do  Bolo^ine  piiralt  tran- 
cher la  question  dans  le  M-ns  du  M.  do  Hochstctter,  Les  bonnets  en  treillis  ^ont  assez 
fréquents  à  Clijpre  ;  nous  savons  d'autre  part  (pu-  les  Celtes  se  servaient  de  Ijoucliers 
CD  ircillis  recouverts  do  cuir,  dont  on  croit  avoir  trouvé  quelques  spécimens  en  Al- 
lemagne. 


NÉCROPniJS    r)K    WMSCH    KT   S\NC.T-M\R(i\ni  tiikn.  J7.*i 

danslcpnys,  par  des  mivriors  .ippartenarit  ;'i  li  nier;  d'iiommos quiles 
a  placés  dans  ses  loiiihcaiix. 

IV 

La  dorni(''re  partie  du  mémoire  de  M.  de  lloclislpltor  csl  consacrée  à 
l'élude  des  nombreuses  fibules  trouvées  en  Carniolc  ;  on  y  recon- 
naît toutes  les  formes  que  présentent  les  objets  analogues  dans  les 
nécropoles  de  l'Italie  du  nord,  antérieures  à  l'époque  romaine.  A 
Watscli  on  rencontre  surtout  la  fibule  demi-circulaire  qui  passe  pour 
le  type  italique  le  plus  ancien  ^Bolo.L,'ne,  Moncucco,  Gniasecca,  etc.)'- 
Une  fibule  qui  ne  s'est  rencontrée  encore  qu'en  Carniole  et  qu'on 
appelle  a  fibule  de  Walsch»  présente  une  forme  demi-circulaire  avec 
une  tige  très  noueuse  (pii  lui  donne  l'apparence  d'un  collier  de 
perles  :  la  feuille,  l'aiguille  et  la  tôle  sont  toujours  de  fer.  Dans  la 
nécropole  récemment  explorée  de  Koban,  au  nord  du  Caucase*, 
on  a  trouvé  presque  exclusivement  et  au  nombre  de  plusieurs  cen- 
taines les  fibules  demi-circulaires  si  fréquentes  en  Carintbie.  Les 
autres  fibules  les  plus  communes  en  Carniole  sont  la  fibule  en  arc 
ou  en  barque  (Bogcnoder  Kalinfibel),  qu'on  rencontre  aussi  à  Olyiiipie, 
à  Dodone  et  à  iMégare^;  les  fibules  en  spirales  très  fréquentes  à 
Hallstatt  (on  les  a  aç^elèes  fibules  de  //a//.s<a«)  sont  comparativement 
rares.  On  trouve  en  nombre  les  fibules  scrpentiforraes  très  commu- 
nes à  la  Certosa  ;  assez  souvent  la  Thicrfiebel,  dont  l'arc  représente 
un  animal,  principalement  un  chien  chassant  ;  souvent  aussi  les 
fibules  en  T  ou  en  arbalète,  qui,  très  répandues  à  Hallstatt,  en 
Suisse  et  dans  l'Allemagne  du  sud,  sont  presque  inconnues  en  Italie 
en  dehors  de  la  Certosa  de  Bologne.  On  en  a  rencontré  d'analogues 
dans  le  Caucase*.  Comme  ces  difi'érents  modèles  de  fibules  se  sont 
souvent  trouvés  réunis  dans  un  même  tombeau,  il  ne  paraît  pas 
qu'on  puisse,  avec  M.  Tischler,  considérer  Tun  ou  l'autre  de  ces  types 

1.  V.  Tischler,  L'eber  die  Form  der  Gewaninadeln  nach  i/irer  fiiiton'scfien  Re- 
deulung,  dans  \:i  Zeitschrifl  fur  Anthropologie  und  Urgeschichte  Bayems,  IN"  vol... 
icr  et  2»  cahiers,  1881. 

2.  E.  Chantre,  Matériaux  pour  l'histoire  primitive  et  naturelle  de  /Viorww, 
série  II,  1882;  R.  Virchow,  Das  Graberfeld  von  Koban,  Berlin,  1883  (avec 
11  planches).  M.  Virchow  appelle  cette  nécropole  «  ua  véritable  Hallstatt  cauca- 
sique  ».  Elle  sera  l'objet  d'une  grande  publication  que  prépare  M.  Chantre. 

3.  Furtwaîngler,  lironzefunde,  etc.,  p.  105. 

ij.  Bayeru,  Die  Ausgrahung-^n  der  alten  Grœber  bei  Mzchet,  dans  la  Zvitichrift 
f.  Ec/inologie,  IV,  pi.  12. 


27('»  nF.VL'F  Anciiftoi.or.iQUK. 

comino  appartenant  à  une  époijue  plu^  amiiMinc.  Co  sont  h's  pio- 
iluils  iiaïuivllt'iui'iil  vaiii's  (riinliistiics  lociles,  que  le  commerce  a 
dissfmiiit's  cl  niii  iic  so  piiMciit  puiiil  ;i  une  classilicalion  chronolo- 
gique. Nous  vou  II  idiis  im"^mc  ([u'on  se  moiiîr;U  trrs  circonspect  en 
tirant  îles  conclusions  de  la  [iréscnco,  dans  les  .\l[)cs  autrichiennes, 
d'un  type  de  lihule  simple  i|ui  se  retrouve  «laiis  le  Ciucase;  la  part 
du  hasjird  et  rinsiifii'^ance  des  recherches  ne  doivent  jamais  ôlrc 
perdus  de  vue,  et  l'on  ne  peut  s'étonner  de  constater  certaines  res- 
semblances entre  des  ohjets  de.-tinés  au  même  usa^'e,  (juand  les 
formes  de  ces  objets  ne  sont  pas  d'une  complication  qui  exclut  les 
coïncidences  fortuites. 


Des  fouilles  toutes  récentes  faites  en  Slyrie,  dans  les  environs  de 
AVies,  ont  prouve  (lue  la  civilisation  de  llallstatl  s'était  également 
étendue  sur  celte  région'.  Un  tumulus  appelé  Grebinz-Kogel,  prés 
di'  Klein-Glein,  contenait  vingt-six  livres  pesant  de  bronze,  entre 
autres  une  cuirasse  et  une  grande  quantité  d'armes,  des  poteries 
ornées  de  lûtes  de  taureaux,  des  vases  à  décors  géométriques,  etc. 
D'autres  r^wM/i  plus  récents,  dans  la  même  région,  trahissent  une 
influence  romaine;  on  y  rencontre  de  la  poterie  faite  au  tour,  des 
monnaies  du  n'  siècle  après  J.  C,  mais  plus  aucune  arme.  Knlin, 
certains  /m/hj/// appartiennent  i\  la  période  de  transition  etconliennent 
des  vases  de  la  période  de  Hallstalt  à  côté  de  vases  faits  au  tour. 

Le  «champ  d'armes»  de  Mariarast,  exploré  par  MM.  Alphonse 
Mullner  et  le  comte  Gundaker  Wurmbrand  -,  paraît  bien  appartenir 
aussi,  en  grande  partie  du  moins,  à  la  péiiode  de  llallslatt.  Tout  le 
monde  connaît  les  casques  de  Negau  et  le  chariot  de  Stritlweg  près 
de  Judenburg,  qui  comptent  parmi  lesmonumentsles  plusimportants 
de  celle  civilisation.  Eu  Caiinthie,  on  peut  y  rattacher  les  tumuli 
voisins  deGraiind',  ceux  de  Warmhid-Villach ',  et  les  tombeaux  de 
Tscherberg  dont  l'exploration  a  été  commencée  en  4876.  Le  Tyrol 
parait /^ire  très  riche  en  restes  de  celte  époijue  :  citons  seulement  le 
«  tumulus  d'urnes  »    de  Sonnenhurg,  ;i    trois   lieues  au   nord    de 

1.  Hidimsky,  Die  pruUtslonschen  Deiikmiilf  der  Lm'jebmj  Wiens,  dans  les 
UilHu-iiun'jen  drr  nntfintjt.  Grsrllsc/i.  i'i  W'icn,  {.  Xill,  1893. 

2.  Arrftiv  fur  AntliiojiotiKjic,  l    XI. 

3.  Caruilfiia,  1800,  p.  (Jl-O'o. 

tt.  Milthdl.  Jer  anlhioi>.OeiellM:li(i/l  l'i  MV/i,  1872,  p.  7,  vi  Cfiiintliin,  1871, 
p.  3H0. 


^KCRO^OL^:s  i>k  vwtscii  i;t  sanct-mmu.  \iii:riii:\.  277 

Malroi;  W,  «  champ  à  urnes»  dcMalrei,  où  l'on  trouva  les  fragments 
(i(\  sitiilœthml  il  a  élt;  question;  les  «  cliam|is  d'urnes  »  des  envi- 
rons (riiuisl)ruck;\  Volselà  lldîHint'.  Kn  Bosnie  niAine,  M.  d>'  Hocli- 
stelter  a  découvert,  ilans  le  luniulus  de  (Jlasinac,  un  peiit  chariot  de 
bronze  ;\  quatre  roues  avec  des  ligures  d'oiseaux  appartenant  au  style 
de  llallstalt  '. 

MM.  de  Sacken,  Lindensclunil,  (JL'ntiie  et  mt>nie,  bien  qu'avec 
beaucoup  de  réserves,  iM.  Conze,  ont  admis  une  exportation  de 
bronzes  étrusques  vers  le  nord.  iM.  de  llochstelter  s'inscrit  en  faux 
contre  celte  opinion.  Il  pense  au  contraire  que  le  vieil  art  italique 
n'est  autre  ()ue  l'art  de  l'Europe  du  nord  à  la  période  de  Hallslall  -, 
entre  le  x"  et  le  xi«  siècle  avant  noire  ère,  et  que  les  Proto-étrusques, 
descendant  de  leur  ancien  pays  alpin  vers  l'Italie,  ont  apporté  dans 
la  péninsule  ce  «  capital  artistique  primitif».  La  découverte  des 
bronzes  d'Olympie  a  fait  connaître  une  très  ancienne  technique  du 
bronze  en  Grèce,  dont  le  slyle  est  tout  à  fait  en  harmonie  avec  l'art 
ancien  de  l'Italie  cl  celui  de  llallsialt,  el  qui  appartient  i\  une  période 
où  la  Grèce,  comme  l'Italie  du  nord  et  les  pays  alpins,  connaissait 
depuis  longtemps  le  travail  du  fer.  Aussi,  des  objets  que  l'on  quali- 
fiait autrefois  d'étrusques  pourraient  être  rapportés  avec  beaucoup 
plus  de  vraisemblance  à  l'art  grec  ^.  «  Mais  la  route  par  laquelle  ces 
produits  grecs  sont  parvenus  jusiiu'au  centre  de  l'Europe  n'est  cer- 
tainement pas  la  roule  de  mer  par  l'Italie;  c'est  la  roule  de  terre  par 
les  Balkans  et  les  pays  danubiens.  » 

Le  seul  type  de  tombeaux  sur  la  terre  italienne  qui  corresponde 
parfaitement  à  celui  de  la  période  d)  llallstalt  se  trouve  dans  la  né-  • 
cropole  de  Villanova,  au  sud  de  Bologne,  découverte  et  explorée  en 
18o3  par  le  comte  Gozzadini.  L'ensevelissement  et  la  crémation  y 
alternent  comme  à  Ilallstatt  el  à  Walsch  '.  Les  nécropoles  à  urnes 

1.  Mittheil.  (1er  anOu'op.  Gesellsch.  zu  Wien,  1831.  D'après  Undset  {Djseisle 
Auftnien  des-  Eisem  in  Nord-Europa,  p.  197),  on  a  récemment  découvert  à  Corneto 
un  char  tout  à  fait  identique  à  celui  de  Glasinac;  il  est  encore  inédit. 

2.  C'est  la  thèse  que  M  Alexandre  Bertrand  soutient  depuis  1873.  Voir  le  mé- 
moire intitulé  :  le  Bronze  dans  les  pai/s  transalpins,  lu  à  l'Académie  des  inscrip- 
tions, le  3  octobre  1873.  {Archéologie  celtique  et  gauloise,  p.  187.) 

3.  L'hydrie  en  bronze  trouvée  dans  le  tumulus  de  Graectiwyl,  en  Suiss'',  a  été 
considérée  comme  étrusque  par  Jahn  {Mittheil.  der  antig.  G'^sellscU.  zu  Zurich, 
VII,  5,  1852)  et  Ijndenschmit  {Alterth.,  II,  5,  2,  2);  miis  Furtwaengler  {Bionze- 
funde,  p.  68)  n'hésite  pas  à  y  voir  une  œuvre  grecque  du  vi"  siècle. 

li.  M.  de  Hochsteiter  fait  cette  observation  impartante,  que  les  vases  d'argile  des 
nécropoles  autrichiennes  ressemblent  plus  à  ceux  des  terramares  d'Italie  qu'aux  vases 
plus  richement  ornés  de  Villanova. 


i78  HKM'K   Mir.llKoi.oi-.IyUK. 

du  lype  tie  Villaiiova  sonl  Ut'i  uoiuIutuscs  l'ii  Italie  au  nord  de  l'A- 
poniiiii  '.  Le  comle  tîozzadini  apit^'s  avoir  considéré  les  lomboaux 
de  Villanova  comme  étrusques,  reconnut  lui-même  (jue  celle  a|>iiil- 
lation  était  imimipre  :  on  eul  recours  alors  à  celle  de  pruto-ctiusintc 
ou  paU'o-ctrusijue .  Coneslabile  leur  assignait  comme  date  le  ix'  el 
le  X»  siècle  avant  J.  C,  immédiatement  après  l'époque  du  bronze 
pur,  c'est-à-dire  deslerramares  de  l'i-juilie  et  de  la  Lombardic -.  V.u 
Suisse,  dans  le  sud-ouest  de  rAlleuLigne,  en  Bobéme,  sur  le  Uliin, 
en  Hongrie,  etc.,  la  civilisation  de  llallst.itl  est  remplacée  dans  les 
derniers  siècles  avant  J.  C.  par  la  civilisation  dite  de  /'/  Tnie 
[ulate  celtic  »  des  arcbéoloijues  anglais^),  dont  les  Gaulois  scndjlent 
avoir  été  les  propagateurs  principaux.  On  n'a  encore  découvert  dans 
les  Alpes  aulricliiennes  aucune  nécn^polc  de  celte  seconde  pbase  et 
la  période  de  Hallstalt  paraît  y  coniiner  immédiatement  à  celle  de 
l'inlluence  romaine  (Wies  et  Mariarast). 

M.  de  Hoclistetter  n'atlmet(juepour  le  nord  de  l'Europe  uneépO(iue 
du  bronze  de  longue  durée  et  nettement  caractérisée  :  d;ins  l'Kurope 
centrale  et  surtout  dans  le  bassin  méditerranéen,  —  entre  ;.utres 
Hallslatt,  —  l'exislence  d'une  épO(iue  du  bronze  pur  lui  paraît  avec 
raison  fort  douteuse.  Les  arcbéologues  des  pays  du  nord  sont  généra- 
lement d'accord  pour  dériver  de  l'Europe  centrale,  des  régions  entre- 
la  Hongrie  et  la  Suisse,  la  Bronzecultur  si  développée  el  si  ricbe  de 
l'Europe  septentrionale  '.  Elle  ne  vient  certainement  ni  de  Grèce 
ni  d'Élrurie,  car  les  caractères  qu'elle  présente  sonl  loutdilTérenls. 
On  est  donc  forcément  amené  à  la  conclusion  (jue  la  civilisation 
septentrionale  du  bronze  dérive  directement  de  celle  de  la  période 
de  Hallstalt,  c'est-à-dire  du  centre  de  l'Europe.  Parmi  les  roules  que 
suivit  cette  civilisation  pour  se  répandre  dans  le  nord,  l'une  des 
plus  remarquables  passe  par  la  Moravie,  la  Silésie  el  laPosnanie.  A 
Touest,  la  ligne  du  Rhin  et  du  Weser  forme  une  seconde  roule  na- 


1.  Padoue,  Golasncca,  Sesto  CaUnde,  Bovoloiie  et  Poregliano  près  de  Vt5roue, 
IJiêiEani'iv.-»  et  Pietole  Veccliio  près  de  Mautoue,  Crcspcllano  prùs  de  Bologne  et  les 
plus  anciennes  tonibcs  du  la  Certosa.  Au  &ud  de  l'Apennin,  on  a  nncoutrù  des 
va&es  du  type  de  Villanova  dans  le  riclic  tombeau  do  Cornoto  (uiubéc  du  Uerlin), 
ainsi  que  des  libuli  s  du  inùroc  style. 

2.  Ces  déUTiuinaiions  chronologiques  perdent  de  Icurvaleur  depuis  que  M.  HeibiK  a 
montré  (Dit:  llnlih.r  in  dur  Puiibune,  187'J,  p.  7)  que  les  établibsements  des  tirra- 
iiinre  datent  d'époques  dilTérentes.  Les  plus  récents  peuvent  être  contemporains  des 
tombeaux  de  llallstatt. 

3.  l  udi>et,  Dat  i-rsle  Auflrclcn  des  Eiaens  in  h'ord-Eiiri'iia,  1882,   p.  21  et  suiv. 
!i.  Soplius  Mtil'.iT,  iJie  uordische  DrouzezeU,  1878,  p.  '2. 


NKCHOI'OLI'.S    r»K    WMSCH    KT    SAN(,T-.M  UKi  \  IIK  I  III  N  .  279 

lurello  eiilie  le  ct3iilii;  ut  lo  iim il  de  l'Europe.  Par  ces  deux  chemins, 
de  noniliifUK  olijets  de  hioiize  et  aussi  de  fer  pénélivreiit  de  bonne 
heure  ilaiis  le  nord  '.  La  Bronzi'cullur  seplenliionuli',  si  semblable 
en  tous  points  à  celle  de  Hallstall,  [laralt  avoir  duré  pendint  plus 
de  cinij  siècles 'lOOO-nOO  avant  J.  C);  puis  elU;  s'elTar.i  i)eu  àpeu 
devant  la  civilisation  du  fer  de  la  période  de  Laïène  nui,  ori},Mnaire 
de  l'Kurope  centrale,  se  répandit  sur  touli;  l'Allenngne  du  nord 
jus([u'en  Scandinavie,  pour  ôlre  supplaiitéi'  elle-mènu;  veis  le 
i*""  siècle  après  J.  C.  par  la  civilisation  romaine.  «  La  civilisation  de 
Hallstall  et  celle  du  bronze  dans  le  iNord,  dit  M.  de  Hochsicîter,  se 
louclienldans  rAlleiiiaij;ne  centralesuivantunc  li,t,'ne  mal  déterminée 
et  sont  incomparablement  plus  proches  parentes  entre  elles  ipie  la 
civilisation  méditerranéenne  et  celle  de  l'Europe  centrale.  ;>  A  la 
désii^'nation  ani-ienncde  «  civilisation  de  Ilallstatt»  l'auteur  voudrait 
substituer  l'appellation  plus  générale  de  «  civilisation  de  l'Europe 
centrale  »,  patrimoine  commun  de  tous  les  peuples  aryens  dans  celte 
partie  de  notre  continent,  s'éiendant  d'une  part  jusqu'au  Caucase, 
do  l'aulre  sur  le  b:issin  du  Danube,  lo  sud  de  la  Fiolième,  le  sud- 
ouest  de  l'Allemagne,  la  Silésic,  la  Suisse,  une  partie  de  la 
France  jusqu'aux.  Pyrénées-,  en  poussant  des  ramidcations  en 
Grèce  ^  et  dans  l'Italie  du  nord.  Sous  le  nom  de  culture  étrusque, 
l'archéologie  a  longtemps  confondu  deux  couches  de  civilisation  bien 
dilTérentes  :  la  culture  paléo-italique  ou.  ombrienne  {altitalische),  qui 
appartient  à  l'Europe  centrale,  et  la  civilisation  proprenieiil  étrusque, 
née  sur  le  sol  de  l'Italie  vers  le  vi"  siècle  avant  notre  ère  sous  l'in- 
(luence  de  l'Orient,  de  l'Egypte,  de  la  Phénicie  et  de  la  Grèce.  Les 
Ombriens,  les  Rasénas  et  les  Boïens  celtiques  sont  descendus  de 
l'Europe  du  nord  dans  le  bassin  du  Pô;  c'est  du  nord  qu'est  venue 
h  civilisation  du  bronze  que  l'on  retrouve  dans  les  terramares  et  dans 

1.  Uudset,  Dui  ersle  Auflretan  des  Eiie/i'  in  Soril-Europ  •,  1332,  p.  332,  recon- 
naît dans  les  plus  anciens  objets  en  fer  du  nord  de  TEurope  l'influence  de  la  civili- 
salioD  de  Hallstatt.  il  reste  difficile  d'expliquer  pourquoi  ces  obj;ts  sont  relativarcent 
fort  rares.  —  Lo  commerce  de  l'ambre,  qui  paraît  remonter  à  une  très  baute  anti- 
quiti?,  fut  la  cause  principale  de  l'établissenitiu  de  relat  ons  suivies  entre  le  nord 
de  l'Europe  et  le  bassin  de  la  Méditerranée.  Cf.  Oppert,  Compter  rendus  de  la  Soc. 
de  niDnism.  et  d'archéoL,  2»  sér.,  3«  part.,  1879. 

2.  E.  Ciiantre,  Etudes  paléo-ethnoloijiqw;s  (tans  le  basùa  du  Rhône,  premier 
âge  du  fer  (Lyon,  1880),  signale  dans  tout  le  bassin  du  Rhône  et  dans  les  Pyrénées 
des  tumulus  appartenant  à  la  période  de  Hallstatt. 

3.  M.  de  Hochstetter  insiste  sur  les  ressemblances  entre  certains  bronzes  ar- 
chaïques d  Olyuipie  et  les  bronzes  de  Hallstatt.  Nous  ne  pensons  pas  que  ces  res- 
semblances soient  assez  frappantes  pour  autoriser  ses  conclusions. 


2Sl)  REVUF.    ABCIIKOI.OGIQI'K. 

h's  ronslruiMions  sur  pilolis  i\o.  cello  région.  <"  Ce  que  la  civilisation 
rie  llallstall  a  (le  commun  avec  la  civilisation  t'lrus(|ue  n'est  pas  un 
capital  de  civilisation  t'lnisi|ue  :  l  opinion  tlianu-lralement  contraire 
est  la  vraie.  »  Quant  h  l'origine  premii^'re  de  cette  civilisation  du 
centre  de  l'I^urope,  c'est  \h  une  question  i-lroitement  liée  à  celle  de 
l'origine  des  peuples  aryens  eux-mêmes;  elle  est  loin  encore  d'ôtre 
définitivement  résolue. 

Si  nous  avons  réussi  à  donner  une  idée  précise  des  faits  contenus 
dans  le  mémoire  de  M.  de  llocli.>leller,  le  lecteur  n'aura  pas  eu  de 
peine  a  suivre  les  conclusions  qu'il  en  tire,  l.e  rôle  de  l'Iiypothése  y 
est  en  somme  très  restreint  et  nous  ne  pensons  pas  (ju'un  esprit  non 
prévenu  puisse  se  refuser  à  les  accepter  en  partie.  L'archéologie 
classi(|iie  a  Idnglemps  épousé  les  préjugés  des  écrivains  anciens  : 
elle  a  traité  de  liarbares  les  produits  étrangers  î\  son  domaine  et  a 
refusé  de  leur  accorder  son  attention.  Depuis  les  découvertes  d'His- 
sarlik  et  de  Mycines,  elle  a  dû  changer  d'attitude  à  cet  égard  ;  «  le 
préhistorique,  comme  dit  M.  Curtius,  est  tout  à  coup  devenu  de 
l'histoire  »,  et  il  s'est  produit  en  archéologie  quelque  chose  d'analo- 
gue au  changement  d'idées  opéré  en  ethnographie  et  en  linguistique 
vers  le  commencement  de  ce  siècle,  lorsijue  !a  découverte  de  l'unité 
indo-européenne  prouva  que  les  Barbares  {'[a'ien{  les  frères  des  Grecs 
et  des  Romains.  L'archéologie  aryenne,  il  est  vrai,  n'a  eu  ni  son 
Schlegel  ni  son  Bopp;  mais  si  elle  se  constitue  lentement  et  sûre- 
ment, en  se  défiant  des  synthèses  prématurées,  elle  n'aura  bientôt 
rien  à  envier  à  son  atnée,  la  science  comparative  des  langues. 

SALO.MON    UKINACH. 


DKS 

IMIOJKCJILKS   CYLÏNDUO-CONIOUKS 

ou  EX   OI.IYI-: 

DEPUIS   L'ANTIQUITI-:  JUSQU'A  NOS  JOURS 


Un  heureux  concours  de  circonstances  m'ayant  amené  à  couper, 
pour  les  travaux  du  chemin  de  fer  deSaint-Nazaire  à  Cliâleaubriant, 
la  grande  ligne  d'anciens  reiranchoments  (jul  traverse  presiiuc  tout 
le  dép:irlement  do  la  Loire-Inférieure,  de  la  forôtdu  Gavre  à  Candé, 
j'ai  trouvé  dans  les  fouilles  faites  à  cette  occasion  une  partie  des 
éléments  de  l'étude  qui  va  suivre.  Quelques  détads  préliminaires 
serviront  à  en  faire  mieux  saisir  l'importance. 

D.msun  mémoire  lu  devant  l'Association  bretonne,  pendant  le 
congrès  tenu  à  Chàteaubriant  au  mois  de  septembre  dernier  ',  je  me 
suis  efforcé  de  démontrer,  avec  plans,  coupes  et  documents  de 
fouilles  à  l'appui  : 

l"  Que  celte  longue  suite  de  retranchements  qui  s'étend  sur  en- 
viron 'tO  kilomètres  en  ligne  droite,  avec  forts  circulaires  échelon- 
nés à  peu  prés  de  lieue  en  lieue,  a  eu  pour  première  origine  des 
exploitations  minières  de  fer; 

!^°  Qu'autour  et  le  long  des  minières  se  sont  groupées  des  habita- 
tions sur  mnrdrlles,  comme  celles  des  Vosges,  du  Berry  et  d'Angle- 
terre ; 

3"  Qu'il  a  fallu  fortifier  celte  ligne  d'habitations  et  de  silos,  pour 
la  proléger  contre  les  attaques  de  l'ennemi  ; 

1.  Il  vient  do  paraître  en  tirage  à  part  sous  ce  titre  :  Lo  ijran/e  ligne  des  mar- 
délies  gauloi<:e^  de  la  Loire-Inférieure,  par  R.  Kervilcr,  ingénieur  en  chef  des  ponts 
et  chaussées.  Saint-Brieiic,  Prudliomino,  iii-8,  k  plaiiclies. 

iii^  siinir,  T.  IT.  —  I!) 


iH2  iiKViK  A»«;Hi;()i.(t(;ini  I.. 

•i'  (Jiic  les  construf  leurs  ol  les  haliilaiils  devaient  ^Irc  des  Gaulois 
des  Irois  derniers  siècles  de  l'cVe  ancienne,  el  <|ue  celle  grande  li- 
gne droile  n)rrniil  une  sorle  de  chemin  couverl  abrilaiil  la  route 
commerciale  par  lai|uelle  les  Nencles  s'apiiKivisioiinaienl  de  fer 
pour  leur  marine,  larrondissemenl  acluel  de  Segré  étant  criblé 
d'exploilalions  minii'res  gauloises  el  se  présentant  comme  le  centre 
de  celle  industrie; 

li'  tjiie  César  dut  ruiner  tous  ces  élablissements  situés  au  milieu 
des  bois  en  les  prenant  d'enlilade,  et  en  y  perlant  l'incendie,  suivant 
son  système  habituel  ; 

()"  Enfin,  que  les  traces  de  débris  romains  y  étant  fort  rares,  à 
peu  prés  nulles  par  rapport  aux  débris  gaulois,  toute  exploitation 
du  minerai  de  fer  en  couches  sous-jacentes  paraît  avoir  cessé  dans 
cette  région  depuis  les  Gaulois  jus(|u'à  nos  jours,  où  on  la  reprend 
pour  l'alimentation  des  grandes  forges  de  Sainl-Nazaire. 

Mais  celte  étude  ne  pouvait  présenter  d'emblée  que  les  traits  gé- 
néraux de  la  question.  Il  reste  encore  à  examiner  séparément  une 
foule  de  détails  particuliers  du  plus  grand  intérêt  :  la  notice  pré- 
sente a  pour  but  de  préciser  l'un  des  points  les  plus  curieux  des 
découvertes  (]ue  m'a  procurées  la  grande  ligne  des  mardelles. 

J'ai  dit  que  de  grands  forts  circulaires  sont  disposés  à  peu  près  de 
lieue  en  lieue  au  nord  de  la  ligne  pour  concentrer  la  défense.  Ceux 
du  Bé  en  Nozay  et  du  Vicui  -Château  en  Abbarelz  sont  les  plus 
considérables  :  leur  relief  est  encore  énorme  dans  les  taillis  et  sur 
la  lande  ;  nos  officiers  du  génie  exécuteraient  aujourd'hui  des  mou- 
vements de  terre  beaucoup  moins  imposants.  (Jr  ces  forteresses  ne 
pouvaient  exister  sans  des  a|iprovisiunnements  d'armes  défensives,  et 
parmi  celles-ci  les  principales  étaient  les  armes  de  jet. 

Nous  en  avons  trouvé  un  très  grand  nombre,  et  toutes,  en  dehors 
des  boulets  sphéri(|ues  en  pierre  ou  en  fer,  peuvent  se  ramener  à 
trois  types  bien  caractérisés  : 

1"  Des  demi-sphéres  de  10  à  12  cenlimètres  de  diamètre,  dont  la 
base  n'est  pas  plane,  mais  légèrement  bombée  de  manière  à  tenir 
admirablement  dans  la  main.  Un  les  lançait  sans  doute  directement 
sans  l'intermédiaire  d'un  instrument  parlicnlier. 

T  l»es  cylindres  ou  distiuesde  H  à  {'2  cenlimèlres  de  diamètre  et 
de  4  à  II  centimètres  de  hauteur.  On  Ils  lançait  .soit  direclemenl  .i  la 
niam,  comme  le  discobole,  soit  au  bout  d'une  palette  bandée  jiar  un 
ressort. 

.'{'  Enfin  des  fuseaux  à  pointe  amortie,  ou  sortes  û'uliiis  de  H  à  lo 


l)i:S    l'IlOJI'.CTII.liS   CVI.INDIIO  CU.MQUKS.  283 

centimètres  (le  longueur,  (|iii  ik;  puuv.iiciil  tMre  liiiciîcs  <|ii'.'i  l'ai'letJc 
frondes  en  chanvre  ou  en  cuii'. 

Je  lais.-c  de  côtîî  provisoiieinciil  les  dcuv  preniiors  types  pour  ne 
m'occuper  que  du  dernier,  dont  je  présente  deux  spéi:iniensaux  ligu- 
res 1  et  2'. 

Je  n'ai  pas  à  apprendre  que  les  (iaulois  se  servaient  de  la 
fronde;  tous  les  auteurs  anciens  citent  celte  arme,  et  les  bas-reliefs 
de  la  ('oionnc  Trajane  ou  des  arcs  de  triomphe  ne  niarKiucnl  pas  de 
représentations  des  Germains  ou  des  Gaulois  portant  en  main  la 
fronde. 

Mais  si  l'on  connaît  l'arme  en  elle-mOme,  je  ne  sache  pas  tpi'on  ail 
étudié  de  près  la  forme  du  projectile.  C'est  ce  rjue  nous  allons  faire 
en  quelques  traits. 

Les  coupes  des  pierres  de  fronde  des  lignes  gauloises  d'Abbaretz 
et  de  Nozay  représentent  des  formes  plus  ou  moins  fuselées,  ou  plus 
ou  moins  en  olive,  comme  les  pierres  li^'^urées  sur  les  anciens  mo- 
numents; mais  ce  qui  les  caractérise  au  premier  chef  c'est  leur  sec- 
tion transversale  circulaire  ou  elliptique  et  leur  suction  longitudinale 
symétriquement  amincie  aux  deux  extrémités. 

Or  tel  est  le  double  caraclère  :  1"  des  pierres  de  fionde  actuel- 
lement encore  en  usage  chez  les  Canaqui-s  des  îles  de  l'Océanie  ; 
2°  des  projectiles  les  plus  perfectionnés  de  rarlillerie  moderne. 
Cela,  il  faut  l'avouir,  mérite  une  singulière  considéralion. 
Les  anciens  Gaulois  étaient  donc  arrivés  par  tàlonnement,  par 
expérience,  ou  par  tradition  de  plus  anciens  (lu'eux,  à  reconnaître 
comme  forme  la  idus  utile  du  projectile  celle  que  nos  ofliciers  d'ar- 
tillerie n'ont  découverte  (ju'à  la  suite  de  calculs  et  de  considérations 
savantes  (jue  j'exposerai  tout  à  l'heure  en  (juehjues  mots;  et  cette 
forme  trouvée  expérimentalement  par  les  anciens  s'est  transmise 
et  conservée  jusqu'à  nos  jours  d'une  manière  continue  chez  les  ma- 
nieurs de  fronde,  sans  (juc  l'ariillerie  moderne  ait  eu  l'idée  d'al- 
ler leur  demander  des  inspirations,  en  sorte  que  le  dernier  mot  du 
peifectionnement  expérimental  a  été  le  même  que  le  dernier  mot  du 
perfectionnement  scientifique. 

Je  dis  que  celte  forme  s'est  continuée  chez  les  manieurs  de  fronde 
depuis  les  anciens  jusiju'à  nous. 

En  effet,  je  la  trouve  déjà  dans  le  combat  singulier  de  David  et  de 
Goliath.  Qu'on  re  rappelle  le  texte  du  premier  livre  des  liois.  David, 
se  préparant  au  combat,  eloyit  sibi  nuinque  limpidissimos  liipides  de 

1.  Plmclio  XXIV. 


2b4  IIKVUK    AlIClIKULUUigUK. 

totit'iitc\  i  Vsl-àdiif,  ciloisil  djins  le  lonviit  ciini  pniifs  paimilis 
plus  polies.  Dr  los  galols  (Us  lorrciils  n'oiil  pour  ;iiiisi  ilire  j;iin;iis  la 
forme  sphèii  |Ui'  ils  ont  précisiMneiil  la  seclion  transversale  ellipli(jiie 
lians  tous  les  ^ens,  et  lune  des  plus  helles  pierre  de  la  lii,Mic  des 
niardelles  de  la  Loirc-Iiiférieure,  lecueillie  p;ir  .M.  Hiani  liard  dans 
Nozay,  pr6«enle  aussi  le  type  le  plus  |)arfaildii  i,'ulel  rouli-,  r-KuIiù- 
remeiil  poli;  mais,  romme  il  n'y  a  pas  de  torrent  dans  cetic  région, 
ce  galet  a  sans  doule  ùlê  apporté  d.'  la  eôte  niarilinie  voisine. 

Cette  forme  de  galet  elli|is(>ide  a  été  alisolumcni  copiée  par  les 
Carthayiiiois  pour  leurs  balles  de  fronde  en  terre  euile.  J'en  dois  un 
ï.pécimen  ù  M.  de  Huiros,  ancien  eor.sul  (rKsi)agne  à  Tunis,  cl  je 
me  contenterai  d'y  signaler  un  léger  méplat  sur  le  prolil  de  l'ovale 
de  grand  axe. 

Je  trouve  ensuite  la  forme  lu  olive  dans  la  lialislii|iit'  romaini', 
non  plus  en  pierre  ou  en  terre  cuite,  il  est  vrai,  mais  en  plomb; 
et  si  nous  n'avions  pas  dans  nos  muiées  de  représentations  de  ce 
projectile,  dont  Ion  trouvera  un  type  (reproduit  ici,  ligure  3)  dans 
le  diiiioiinaire  dWntony  Hicli  au  uial  ijlnns,  ce  mot  lui-même  nous 
apprendrait  sa  forme,  car  les  Homains  n'eussent  pas  donné  ;\  leur 
balle  le  nom  de  gland  si  elle  n'avait  pus  ressemblé  à  ce  fruit.  Or  le 
gland  jiosséde  Justement  la  forme  reijiiiso  de  la  section  transversale 
circulaire  et  de  la  ^ection  longitudinale  amincie  aux  deux  extrémi- 
tés. Que  ceux  d'entre  nous  qui  ont  fait  la  campagne  de  1870  se  rap- 
pellent la  balle  prussienne  du  fu:.il  à  aiguille  :  c'est  absolument  la 
balle  de  fronde  lomaine.  Nous  y  reviendrons  bientôt. 

Des  Homains  passons  aux  irlandais  :  nous  les  voyons  se  servir  de 
frondes  à  balles  de  pierre,  au  moins  jusqu'à  la  b;itaille  d'H;istings. 
Leurs  poèmes  nationaux  ne  lai'isenl  aucun  doule  à  cet  égard,  et 
M.  de  la  Villemarqué  a  bien  voulu  ui'c  n  signaler  plusieurs  passages 
caractéristiques.  Ou  appelait  ces  |)ierr<  s  lia  tnilidli,  pierres  de  guer- 
rier. Ecoutez  cet  épisode  de  la  bataille  d'.Xlli-Com  lir.: 

«  Kl  comme  cliacun  des  soblab  de  l.oilinr  av.iit  apporté  une 
//fe/TC  (/c  j/HcrnV/",  leur  clicf  en  avait  apporté  une  lui-même.  El  il 
éleva  le  bras  subilenicnl,  et  il  mit  toute  la  force  de  son  corps  dans  son 
poignet,  il  la  force  de  son  [loiguet  dans  sa  main,  et  la  force  de  sa 
main  dans  son  arme  de  pierie  ;  puis,  iiniirimaiil  un  mouvement  de 
roialion  à  la  pieiiv  diiie,  il  en  fiajipi  le  loi  =*.  » 

Commtnt  le.s  niaiiieurs  de  fionUe  paivcnairiil-ils  à  laïuir  la  [uerre 

1.  /«  7.,  I,  un,  60. 

3.  A»ioci«lioii  bretonne,  copgi es  do  LAndcrncati^  18'0,  ii"  :>l. 


DIS    ['HOJICTn.KS    CVI.INOlKI-CONIorRS.  28ÎJ 

Vuno  (les  |()iiilos  (Il  .'iv:in(,  ;i  vistM"  et  ;i  fr.i|i|M'i' div.it  ;m  Inil  ?  \,(i  pro- 
blriiic  iiii'  |i;iimIi  .•l.■^>^'v.  diflii-ilc,  cl  poiir  |(!  nsoiiilro  d'iHMî  m.'iniùift 
S'ilisr.iisnnlc,  il  iio(i<  f.nidiail  dt'inninliT  imc  n'|ir<''«'nl.'ilion  h  quoi- 
que (];in.i(iin'.  .M.ii>  le  fait  ci  iiiilisciilahlc!  :  on  vis*;  cl  on  frnppe 
juste.  \,'llui''ii1i'  lions  en  oITrii'.iit  mille  Iciii'ii^'na^'i's,  cl  je  n'ai  pas 
liesoin  de  r.ip|ieler  une  si'coiide  fois  le  eoinlial  sin^rulicr  de  David  cl 
du  ^'éanl  (iolialii. 

(jiioi  qu'il  en  soii,  il  résulle  di^  toul  ceci  (juo  nous  pouvons  .'iftir- 
mcr  un  fail  inainlenanl  hors  do  doulfi  ;  (-.'(î-t  quo  depuis  les  icuips 
les  plus  rcculùs,  el  en  parlirulii-r  dei)uis  I7'p0(|ue  pauloise  jusqu'à 
nos  jours,  on  a  irronnu  pour  le  meilleur  pi'ojcclile  de  la  fronde  le  prr- 
jeclilc  synu'tririue  à  forme  d'olive. 

Aussi  suis-jc  forl  surpris  do  voir  tout  d'un  rdup  .ippaïaître  la 
splièie  dans  les  piojccliles  usilcs,  aussitôt  après  rinvenlion  de  la 
poudre,  dans  les  eowleuvrincs,  canons  el  arquebuses.  Un  crut,  sans 
doule,  obtenir  une  plus  grande  régularité  dans  la  force  de  projec- 
tion :  on  était  silr  de  l'applii|uer  au  point  central  du  projectile,  tan- 
dis (|ue  la  plus  légère  dissymélric  dans  la  pointe  d'arrièi-eempècliait 
la  propulsion  dans  l'axe;  el  l'on  pensa  que  la  grande  augmentation 
de  viles<:e  du  piojectile  lan  é  par  la  pouilre  devait  couipenscr  son 
inférioiilé  de  l'orme  par  rapport  à  la  résistance  de  l'air  contre  la  ré- 
gularité de  la  trajectoire. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  les  balles  et  boulets  des  fusils  et 
canons  ont  été  maintenus  spbériqucs  pendant  (|uatrc  siècles,  el  qu'il 
a  fallu  les  progrès  merveilleux  de  l'arlillerie  modi-rne  pour  arriver 
aux  balles,  obus  et  boulots  allongés,  allongement  qui  a  été  d'abord 
imaginé  pour  donner  au  projectile  un  [)lus  grand  poids  pour  un 
même  diamètre  ou  calibre.  La  forme  pointue  en  avant  en  résullni 
nécessairement  pour  réduire  au  minimum  la  résistance  de  l'air; 
mais  la  diflicullé  de  projection  dans  l'axe  existant  toujours  avec  l'ar- 
rière aminci,  on  a  presque  partout  adopté  le  projectile  allongé  avec 
avant  pointu  et  culot  plai,  malgré  le  désavantage  de  la  dissymétrie, 
qui  est  une  cause  de  déviation,  le  centre  de  gravité  n'étant  plus  au 
centre  de  figure,  et  malgré  le  plus  grand  vide  d'air  causé  à  rarrière 
pendant  le  trajet  par  la  forme  plate. 

La  tendance  du  progrès  amenait  cependant  à  recberclier  des  solu- 
tions conformes  ;\  la  théorie,  el  nous  trouvons  en  1870  la  balle  prus- 
sienne du  fusil  à  aiguille  complètement  symétrique  et  en  olive^ 
comme  on  peut  le  constater  sur  la  coupe  de  la  cartoucbe  que 
j'ai  cru  devoir  représenter  (fig.   *>).    Les   projectiles    Withworib 


28C  nK.vii:  AUciikoi.diiiyiJK. 

de  l'ariillerio  anpIniNO  (lij;.  r.  cl  7)  s'en  r-ipproiluMil  au.s>i  aulanl 

ijuo  itosbililo. 

Kn  Franci"  on  s'est  prt''OC(nj|ié  depuis  loiiptemps  do  donner  aux 
projectiles  oblongs une  fornie  de  l'arrière  meilleure  que  le  eulol  plal. 
Les  cxpériencts  nondireusesauxiiuelles  on  s'est  livré  à  cet  égard 
tendent  toutes  à  démontrer  tiu'un  amincissement  du  projectile;  au 
culot  aupmenle  la  portée  et  diminue  la  dérivation,  surloul  dans  le 
tir  à  prnntle  distance. 

En  1S0:1,  la  commission  d'expérience  du  camp  de  CliAlons  essaya 
des  oluis  rendus  symétritiucs  par  l'addition,  aux  obus  à  culot  plat, 
d'un  culot  en  bois  de  même  forme  que  l'ogive  mélalliijue  de  la  léle; 
mais,  par  suite  tie  la  dilTércnce  de  densité  du  bois  el  île  la  fonte,  le 
centre  de  gravité  ne  se  trouvait  pas  encore  au  ct'nlre  de  ligure.  Ce- 
pendant on  évitait  au  moins  l'inconvénient  du  vid(>  d'air  exagéré 
qui  se  manifeste  derrière  le  culot  plal  el  l'on  put  constater  (lue,  sous 
les  grands  angles,  les  obus  symétriques  gagnaient  beaucoup  en  por- 
tée, surtout  lors.iue,  l'obus  étant  engagé  par  l'ogive  métallique,  le 
centre  de  gravité  se  trouvait  à   l'arriére.  La  dérivation  était  aussi 
considérablement  diminuée.  Ainsi  avec  le  canon  de  12,  sous  l'angle 
de  17°,  tandis  que  l'obus  réglementaire  donnait  une  portée  de  3330 
métrés  avec  \\i  métrés  de  dérivation,  l'obus  symétrique  donna  des 
portées  supérieures  de -400  métrés  avec  le  centre  de  gravité  à  l'avanl, 
et  de  700  avec  le  centre  gravité  à  l'arrière  ;  el  la  dérivation  se  trouva 
réduite  de  moitié  dans  lepiemicrcasetd'uu  peu  plus  dans  le  second. 
La  commission  de  Calais  reprit  des  éludes  du  méuie  i:enreen  i87i 
el  1873,  avec  des  obus  français  du  système  Olry  cl  les  obus  anglais 
du  système  Wilbworlli. 

Avec  les  canons  Olry  elle  a  essayé  simullanément  des  obus  à  culol 
plat,  à  culol  spbérique  (tig.  8),  et  des  obus  symétriques  (lig.  U).  Elle 
a  constaté  que  les  obus  à  culol  spbérique  n'ont  pas  grand  avantage 
sur  les  obus  à  culot  plat,  mais  (jue  les  obus  symétriques,  malgré 
certaines  irrégularités  de  portée,  donnent,  sous  do  grands  angles, 
des  portées  (luelquefois  supérieures  de  1,00)  métrés  à  celle  des 
obus  à  culot  plat,  et  une  dérivation  toujours  plus  faible. 

Dans  les  canons  Witbworlh,  on  a  aussi  tiré  comparativement  des 
obus  à  culot  plat  et  des  obus  tronconi(iues  (lig.  (5  el  7).  Ces  derniers 
ont  donné  iW^  portées  bien  supérieures.  A  2.')"  la  dilTérence  s'est  éle- 
vée jusqu'à  2,000  mèlres.  Un  a  constaté,  en  même  temps,  qm  la  déri- 
vation, déjà  f.iil)le  dans  le  .système  Wilbworlli  à  cause  des  rayures  de 
l'obus,  se  trouve  encore  nolablemeiil  diminuée  par  l'emploi  de  la 
furiue  trun>:oni(iue. 


Di.s  l'HojKcriLKs  cvi.indho-co.n IQUKS.  287 

Enlin,  le  polygone  de  Gavre  a  ossayé,  en  1874,  îles  obus  de  32 sy- 
mt''liii[ut's  (lii(.  10),  dont  il  oxisic  ciicorc  dt!  ;,'iandcs  piles  d'approvi- 
siomiemeiit  d;ins  l'arsenal  du  jiorl  de  Loiient.  (Jii  ;i  i-ncoïc  conslalé 
avec  eux  des  résultats  analogues. 

Kn  résumé,  de  toutes  ces  expériences  il  résulte  (|u';ivt.'c  un  culot 
de  l'ornie  tronconiiiue  on  peulespéier  allonj,'('r  très  nolabh-'uient  la 
portée,  diminuer  la  dérivation  et  obtenir  plus  de  justesse  de  direc- 
tion. Si  l'emploi  de  l'obus  symétiiquc  ne  s'est  pas  encore  généralisé 
c'est  (ju'on  n'est  pas  parvenu  à  le  lancer  ré^juliéreuicnt,  .auf dans  le 
canon  du  système  Wiihworlh,  et  celle  régularité  doit  être  obtenue 
en  campagne  aussi  bien  (juo  dans  les  polygones  d'essai.  On  arrivera 
sans  doute  à  l'oblenir,  mais  en  attendant  il  reste  acquis,  comme 
dernier  mol  de  la  science  balistique  contemporaine,  (|ue  le  meilleur 
projectile  est  celui  de  forme  en  olive  symétrifjuc. 

Tel  était  le  projectile  des  Gaulois  et  tel  esl  encore  le  projectile 
des  Canaques.  N'esl-ce  pas  le  cas  de  répéter  encore  une  fois  ce  pro- 
verbe devenu  banal  :  Nil  novi  stib  sole  ? 

RENÉ    KLKVILIIR. 


L'oui  i:viîi:iui:  inriAiN 

DAXS   LA.\  rinUITÉ 

(suite)  '. 


I.I- lAIN  DANS  LÉGLISi:  KT  DANS  LKS  COUVENTS  DEPUIS  LES  CROISADES 
JUSQU'A  l.A  RENAISSANCE. 

f  Avec  la  fin  des  Croisades  apparaît  dans  l'iiistoire  de  la  civilisa- 
lion  une  pt'Tiodc  dirrr'ivnlc  cl  hien  lianchôe  de  la  prèrôdonle.  L'in- 
lliience  de  l'Urionl  iii  Muiope  se  fail  conlimiellenienl  seiilir  dans 
les  usages  les  plu^  ordinaiivs  de  loules  les  classes  de  la  sociélé 
fôoilale  el  par  con<éi|neiU  aim-no  deiritMO  elle  bien  des  transforma- 
lions  el  des  innov;ilions.  En  mcn\e  Wm[)>,  en  France,  sous  la  sage 
a(liiiiiii>tialion  de  saint  Louis,  le  hien-ôtre  se  dévelopi)e  partout, 
nuis  surloul  d ms  les  classi's  pauvres.  Ces  deux  ciiconslances,  l'in- 
fiuence  de  l'Oriinl,  où  l'éiain  et  ri'lamajïe  élaienl  fort  usilés,  et 
le  développement  du  bien-élre,  durent  lorc«'Mnenl  être  le  signal 
d'une  extension  beaucoup  pins  considérable  de  l'orfèvrerie  d'ctain 
et  de  rétamage.  Lhoii,  au  couimencenient  du  moyen  A,'e, une  famille 
pauvre  ne  possédait  à  peine  que  quebiues  pois  de  terre  grossiers 
dans  son  ménage,  aux  débuts  de  la  guerre  de  Cent  Ans  elle  devait 
avoir,  —  à  en  croire  les  (pieliiues  données  de  situation  mobilière 
(jui  sont  parvenues  jusqu'à  nous,  —  une  série  d'ustensiles  de  mé- 
nage tout  dilTéients  -. 

1.  V.  la  li'-vue,  t.  M. III,  p.  220-237,  n"'  de  janvior-fcvrior,  mars-avril,  spp- 
Umbrc  f  l  octobre. 

2.  Voir  à  ce  sujet  l'ouvrago  de  M.  SiiiKoii  l.iicc,  couronné  du  pri\  (iobrrt; 
l»ari«,  t875,  Digursclin  el  son  époque,  cli.  m,  p.  80. 

Albert  Buboau,  L/t  vie  rurali;  (Innt  l'nnrienue  France,  Paris,  in-8,  1881,  dil 
(p.  27)  «<'|"fi  l'éiain  avait  précédé  l'argeiiterio  dur  Ips  bourgeois  et  même  clux  les 
digoilairet  de  Iflclis'!-  >* 

M.  GutTird,  don»  lu  pn'f.ico  du  carlulnirc  de  l'ubbayc  de  Saint-Viclor  de  Marseille 


L'oUrKVUKIlli:    d'kT.MN    dans   l/AMInUirK.  28!) 

Toutefois  les  documents  conservés,  inventaires,  r«''gleuientalions, 
etc.,  antérieurs  ;'i  la  Itcnaissancc,  sont  enrore  lien  (icii  nouihreux  ; 
mais  (liU'éi'eiites  parties  de  l'étu'le  (|ue  nous  nous  (iro|io-ons,  — 
()ue  nous  n'avions  [m  encore  (ju'indifjiier,  —  telles  i|ue  celles  qui 
ont  liait  aux  ouvriers  en  élain,  pourront  être  étudiées  (les  lexlcs 
sur  les  rorporations  n'existant  pas  avant  le  régne  de  saint  Louis). 
Durant  cette  seconde  période  du  moyen  âge  nous  lAdjerons  de  sui- 
vre toujours  l'histoire  de  l'étain  dans  chacune  des  hranches  que 
nous  avons  iléjâ  étudiées  :  son  emploi  comme  ustensile  de  culte, 
son  emploi  comme  ustensile  privé  dans  les  couvents,  dans  les 
chaumières,  dins  les  palais,  et  enfin  l'élamage.  Mais  nous  ajou- 
terons les  quehjues  renseiL,'ncments  que  nous  avons  trouvés  sur  les 
corporations,  c'esl-ii-dire  sur  les  fabricants  d'élain  et  sur  une 
branche  toute  nouvelle  du  travail  de  l'elain,  celle  des méreaux  et  des.- 
enseignes  de  pèlerinage. 

I 

Les  objets  du  culte  en  étain  ne  furent  probablement  pas  aussi 
fréquemment  fabriqués  dans  cette  seconde  période  que  dans  la  pre- 
mière. 

La  raison  de  cet  abandon  peut  se  retrouver  dans  le  développe- 
ment considérable  de  l'orfèvrerie,  (pii,  commencé  par  Suger,  est 
vivement  continué  par  saint  Louis  et  arrive  h  son  apogée  au 
xv"  siècle.  Il  était  bien  évident  ([ue  les  couvents  comme  les  églises, 
qui  avaient  souvent  des  revenus  considéra blcb,  en  usaient  pour  se 
faire  faire  les  objets  d'art  les  plus  beaux  comme  instruments  du 
culte. 

En  second  lieu,  les  règlements  de  l'Église,  qui  ne  faisaient  que 
loléier  l'étain  pour  la  confection  des  calices,  furent  de  plus  en  plus 


{J'iin  cit.,  vide  supra)  est  de  l'avis  plus  vraisemblable  à  notre  scus,  et  mieux  prouvé, 
que  la  première  vaisselle  fut  eu  bois  et  en  terre  cuite,  auxquels  succéda  ensuite 
l'étain. 

M.  I.éopold  Dclisle  a  publié  en  1851  un  ouvrage  récompensé  aussi  du  prix  Go- 
bert,  Elu'li^  sur  lu  classe  agricole  en  Nornumdie  au  xiii*^  siècle.  Nous  n'avons 
pu  y  puiser  aucune  donnée  sur  la  question  qui  nous  occupe.  M."  Dtli^lc,  mal- 
gré sa  profonde  érudition  et  ses  savantes  recherches,  ne  nous  met  sous  les  jeux 
que  des  inventaires  du  xiv<'  siècle,  se  rapportant  encore  à  des  commanderies  de  tem- 
pliers, où  il  est  fait  mention  de  vaisselle. 

Lire  également  l'Histoire  de  l'industrie  française  et  des  gens  de  métier,  pa- 
Alexis  Montcil.  LimoK'.'S,  2  vol.  in-8,  t.  I,  p.  t'iO. 


•J    0  HKMK     Alir.IlKOLOGIOUK. 

appliquiV<.  Aussi  rclrouvorons-nous  beaucoup  plus  souvent  dos  ba- 
rotlos  ou  d'aulivs  objets  aecessciivs,  laiulis  ijuc  L'S  tlocumcnls  no 
nous  parliMoiU  nue  rarement  de  ealicesd'étain. 

Voici  les  calices  ilont  nous  avons  trouva  iracc  durant  toute  cette 
période:  ils  sont  au  nombre  de  cincj.  Ce  ?ont  des  inventaires  qui  nous 
les  signalent.  Le  premier  de  ces  inventaires,  de  137i,  est  extrait  du 
registre  de  l'oflirialit»' de  ral)baye  de  Cerisy';  le  second,  de  1380, 
est  donni"  dans  les  comptes  de  la  succession  d'un  clianoine  de  la  ca- 
tbêdralc  de  Troyes*;  le  troisièuuîinventaire,  en  date  de  1454,  est 
la  nomenclature  des  meubles,  lin^jes,  ornements  et  joyaux  de  IT-glise 
Saintl'llienne  de  llrie-Comte-bobert;  l'autre,  de  \:'}\2,  est  l'état  du 
mobilier  du  cbâteau  d'IIallinconrt,  et  le  dernier,  de  1527,  est  l'in- 
ventaire des  objets  mobiliers  alîércnts  au  culte  du  prieuré  de  Sainl- 
M;irtin  de  Hergerac  '. 

Mais  arrivons  aux  textes  qui  font  iiuMilion  des  burettes.  Nous 
allons  les  citer  aussi  dans  Tordre  cbronologiijue.  Mieux  (pie  tous  les 
commentaires  ils  apprendront  ce  que  devint  l'étain  dans  l'E- 
glise. 

Le  premier  en  date  est  un  inventaire  de  l'année  13i2,  extrait  du 
cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Viclor  de  Marseille  et  cité  par  Du 
Cange.  Deux  burettes  d'étain  y  sont  enregistrées  *. 

Le  procés-verbal  d'une  visite  de  l'IlAlel-Dieu  de  Gonesse  (Sfi  oc- 
tobre 1351)  énonce  ensuite  qu'il  y  avait  dans  la  chapelle  deux  bu- 
rettes en  étain  ^. 

Du  Cange  cite  encore  un  inventaire  île  l'église  de  Vence  do  l'an- 


1.  Gustave  Dupont,  Le  registre  de  l'officialitè  di'  Cerisy.  Caen,  J880,  iil-ft", 
p.  'ilO  :  <(  quia  non  erat  calis  argens  ibi  et  celebrabant  cum  calice  plunibi-o.  » 

Bien  que  notre  document  fasse  mention  d'un  calice  en  plomb  et  non  en  étain,  nous 
avons  cru  devoir  parler  de  cet  obj' t.  Il  est  cité  comme  une  exi-cption  dans  lo  re- 
gistre de  Cérisy  ce  qui  prouve  que  le  métal  était  prohibé   par   l'Église  comme  nous 

1  avons  établi  plus  haut.  Les  calices  de  plomb  n'avaient  plus,  nous  l'avons  vu  aussi, 
qu'un  usage  funéraire. 

2.  Archives  de  l'AulfT,  A.  2280,  f"  15,  V*. 

3.  Hiillelin  de  la  Société  hittorique  et  archéologique  de  Seine-et-Marne,  1865, 
t.  H,  p.  77. 

Mi-moires  de  In  Société  historique  et  nre/ténlogique  dr  l'arrondissement  de  Pon- 
Iniif  et  du  Vexin,  t.  lil,  p.  08. 

ItulUtin  de  la  S'iciélé historique  rt  archéologique  du  Périgord,  I.  IV,  p.  183. 

.'i.  Du  C«ngf,  V,  Viwiteriin  :  «  Item  duas  vinalerl.isde  stagno.  » 

5.  Hdiltotlicgur  dr  l'Erolr  da  chartes,  /j»  série,  t.  V,  p.  1)71.  K\irait  de» 
nrcliivcs  nationale»,  re^.  Z,  7701,  f°  «.'».  Mohilia  dicte  dmiini,  Het    raitellc  :   <<  Ht 

2  burclc  de  argetito,  2  alie  de  Manno.  » 


i/oRFi:vHicniK  d'ktmn  dans  i.'amioi ni..  i»0! 

née  IMOI,  où  il  est  (lucstion  dcdciix  pelils vases  d'élnin,  évidcinmoiil 
des  hiirctus  '. 

En  1302  ou  Ciisail  aussi  riiivciil.iiic  du  lri'>oi'  de  l'.ibbaye  dtî  Ké- 
canip,  et  dans  dilTérenlcs  chapelles  on  trouvait  i-ucccssivernciil  huit 
<(  hulctles  »  d'ôlain  (hurelles),  cVsl-à-dirc  les  pelites  houteilles  des- 
tinées à  eontenir  le  vin  et  l'eau  pour  le  sacrilice  de  la  messe-, 

A  partir  de  cette  date  de  13<i2,  les  burettes  reviennent  assez  sou- 
vent dans  les  inventaires  d'abbayes  :  d'abord  à  Saint-Victor  de  Mar- 
seille en  l.'J72;  Du  (^aiige  les  cilo  d(3  nouveau  dans  un  inventaire 
manuscrit  de  lUT'J,  dont  il  ne  précise  pas  le  lieu;  en  1430  nous  les 
revoyons  dans  l'iiiveiit  lirc  de  ^ll(^pital  Saint-Jacques  ;\  iMons;  en 
■1451,  dans  celui  de  l'église  Saint-l-llienne  a  ihie-CouUe-Hoberl,  et 
enlin  en  1470,  dans  les  registres  de  l'abbaye  de  Klamarens.  Les 
termes  employés  pour  les  désigner  vaiient:  lanlôt  nous  trouvons  le 
terme  ordinaire  hnlellc,  dont  nous  avons  fait  le  mùt^M/v'//<?,  ou  biir- 
IctlP,  puis  successivement  pochon,  pittilpha  ou  ftascus,  missarcitid, 
viunlcria  ■'.  Mais,  malgré  la  dillércncc  de  ces  termes,  le  rùlc  des  ob- 


1.  Du  Gange,  v.  Frascifi  :  «  Item  duos  frascos  de  estagno.  » 

2.  Bibliollièfjue  de  l'Ecole  des  c/uirles,  t.  XX,  p.  160. 

3.  Lg  /lOc/inn,  /lOçon,  poùmn,  pocho»,  du  latin  por/ionuf,  est  un  petit  vase  pour 
lo  vin,  une  burette  dans  ITgiisc. 

Le  pitit/fu-\  pil'dp/ia^\  pita/jtlia,  }>itrlfus,  n'clait  autre  clioso  qu'une  pinte  à  vin 
dans  la  vie  civile.  Mais  son  usage  était  ijcaucoup  plutôt  religieux  que  séculier  :  le 
pitalpLus  dans  la  sacristie  est  une  burette  (Du  Gange,  v.  Poc/tonuî  el  Pilalphus). 

Le  savant  linguiste  citi' le  carlulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Victor  de  Marseille,  où 
il  est  fait  mention  en  1372  d'un  «  quodam  pitalplio  stagni  »  ;  à  celte  citation  il  en 
ojoute  une  autre  qui  s'applique  aux  deux  espaces  de  vases  pochons  et  pitalp/ius. 
C'est  un  inventaire  de  l'année  1470,  extrait  des  registres  de  Flamarens  :  «  Iiein 
plus  dixit  se  invcnisse  très  juxtas  sive  pitalplias  stagni.  —  Item  aliam  pitalpliam 
rotundam  stagni,  absque  coopertorio,  unius  quarli.  —  Item  unani  pitalpliam  rolun- 
dani  stagni,  tenendo'  quinque  poclionos  vini.  »  C'est  de  fhisrwi  qu'est  dérivé  le  mot 
français  flacon.  Quanta  missarana,  co  terme  implique  un  objet  destiné  au  service 
do  la  messe. 

Du  Gange,  v.  MK'taraua  :  «  Inventar.  ms.  ann.  1379.  —  Item  du;e  missaranae 
cum  covercelcis  et  una  alia  sine  covercclio  stagni.  » 

Bulletin  de  la  Société  d' archéologie ,  tciences  et  arts  de  Seine-el-M'irne,  année 
180.'),  t.  Il,  p.  77.  Inventaire  des  meubles,  linges,  ornements  et  joyaux  de  l'église 
Saint-Kiiennc  de  Brie-Comte-Hobert  en  1/j54  :  «  Iiena  six  burettes  d'ettaia,  un  en- 
censoir, trois  orfeaulx,  deux  petites  clocliettos.  » 

Voir  aussi  le  Messager  des  sciences  cl  des  arts  de  Belgique,  année  1855,  p.  422, 
inventaire  des  meubles  et  ornements  de  l'iiôpital  Saint-Jacques  de  Mons  en  1630: 
«  iiij  poilions  d'estain  »;  et  les  Mémoires  de  la  Société  hi ''torique  et  arcliéolugi'jue 
de  C arrondissement  de  l'ontoise  et  du  ]'cxi?i,  t.  III,  p.  07,  inventaire  fait  après  la 
mort  de  Pierre  Legendre,  seigneur  d'IIallincourt  (1512)  :  «  Item,  doux  cliaudelliers 


392  nRviF:  Ancni^.oi.or.iouF. 

jeU  qu'ils  lUmpnonl  esl  inrontcst  iblo  cl  c^'  soiU  los  doux  pelils 
ri-cipionls  qui  s  rviMil  à  cniiU'iiir  TiMU  ot  W  vin  du  s.iiiil  sanilico 
de  la  uipsse  (juc  délini!>senl  les  diffîMonls  ici iim^s  .jih'  nous  vcnous 

de  eiler. 

A  ces  renseipneuuMils  il  fouvionl  d'.ijoulcr  une  roulunicque  nous 
avons  dt'jA  siguaii'o,  miis(|ui,  dans  1rs  lerincs  vagues  où  elle  est 
rapporl(S\  peut  s"nppli  |U(M-  à  tout  le  nioyeu  ;'ij?.'.  Il  iMail  d'usage 
que  parmi  les  ol'jels  loi'.rnis  par  la  (lime  d.ifis  les  Fiamlres  fussent 
toujours  des  vases  d'èlain  desliuês  à  contenir  l'iiu  et  le  vin  de  la 
messe.  Et  nièine,  ;\  en  croire  Tauteur  (jiii  nous  donne  ce  renseigne- 
ment, les  burettes  (levaient  (Mre  fournies  deux  à  deux,  el  dans 
chaque  paire  une  hiirette  devait  porter  visibieinenl  li  hitie  A,  tan- 
dis que  l'autre  devait  avoir  la  lettre  V,  où  Ton  peut  voir  fociloinent 
les  mots  ni]u<i  et  vitntm  '. 

A  côte  des  objets  destinés  au  saint  sacrillce  de  la  messe  viennent 
s'en  ranger  d'autres  également  destinés  au  culte  et  placés  sur 
l'autel. 

Le  musée  de  Xuiemberg  conserve,  par  exemple,  une  croix  d'au- 
tel en  étain  :  elle  ne  doit  pas  être  antérieure  au  xv»  siècle  et  a  été 
faite,  au  moins  pour  son  gros  d-uvre,  au  moyen  de  lames  d'élain, 
coulées  probablement  dans  la  pierre,  rajustées  ensuite  les  unes  aux 
autres  et  clouées  sur  une  carcasse  de  bois.  Four  la  décorer  davan- 
tage on  l'a  entièrement  dorée  au  mercure. 

Dans  toute  église,  sur  l'autel,  à  côté  du  cnicitlx,  nous  voyons 
des  chandeliers  et  des  candélabres.  L'étain,  pendant  le  moyen  Age, 
a  été  aussi  mis  en  ceuvrc  pour  leur  fabrication.  Deux  iiivent;iires  de 
la  seconde  moitié  du  xiV  siècle  en  font  foi  sur  deux  points  opposés 
du  terriioire;  ils  parlent,  l'un  en  Bclgi(|ue,  :\  Soignies -,  l'autre 
dan:- le  Midi,  à  Venco  •',  de  chandeliers  délain  et  de  candélabres 
élamés. 

Nous  parlons  ici  en  môme  temps  de  l'orfèvrerie  d  étain  et  de 
rétamage,  quoitjue  jus(ju'a  présent  nous  en  ayons  toujours  fait  l'ob- 

dc  cuy  vre  à  poincles  et  deux  petites  burettes  d'cstaing,  prisez  ensemble  seize  soli 

pari!)!».  » 

1.  Annalet  de  la  Sociéli'  archéologique  df  Samur,   t.   Ml,   p.    ,157.   I.int   ancien 

des  paroisses  dans  lo  comté  de  Namur. 

2.  Mptiof/rr  ilet  sciencn  et  dei  arts  de  Behji'/ue,  ani\^-c  1854,  p.  *77.  Inveniniro 
des  livns  Cl  orncmi-nls  de  IV-Rliso  du  chapitn- dt;  Saint-Vincent  à  Soignies  t-n  13Sa 
(archives  du  royaimie)  :  «  ij  cundelent  d'cslaliiR  ». 

S.  Du  Lange,  v.  Slnnluilus.  Invcnlarium  ann.  Uf.l  '\  Tiibul.  I).  Vonci.T  :  «  item 
•ex  broca»  sire  candélabres  fi-rrcos  slnnlialDi.  » 


L'oiiKi;viii;iiii;  it"i;iAi.\  dans  L*A.MiijiJirÉ.  ii'J3 

jcl  (IV'lUilcs  (liiït'ivnlL's.  Mais,  dans  la  ileuxiùiiU!  inoilié  du  moyen 
Jlge,  rétuni:i;,'C  paraîl  ùlrc  ahsolinneiit  sorti  des  usaj^'es  ordinaires  de 
i'Egliso,  et  c'est  la  seule  fois  (luc  nous  en  avons  relrouvé  trace, 
excepté  pour  les  tuyaux  d'or},Mie,  dont  nous  allons  nous  occuper 
tout  à  riifute. 

Si  l'on  eulro  dans  une  église  pour  la  violer  el  l'étudier,  on  va  gé- 
néralemetil  au  cliueur  et  par  conséijuenl  à  l'aulcl;  c'est  ce  que  nous 
avons  lail  en  coiuuienrmt  ii  passeï'  en  revue  les  burettes,  la  croix  et 
les  chandeliers. 

Si  maintenant  nous  iiuiltons  le  cli(i;ur  et  nous  descendons  la  nef 
en  nous  dirii^'caiit  vers  la  sorlic,  nous  nous  trouverons  en  lace  de 
l'orgue,  généralement  [dacé  au-dcs.sus  de  la  grande  porte.  Le  béni- 
tier est  vraiscmblableineiit  non  loin  de  là  prés  du  dernier  lulier; 
dans  une  cIki|ioI1('  latérale,  la  cuve  baptismale  à  la  même  hauteur. 
Puis  tout  au  fond  lOrjj'ue  (lue  nous  avons  devant  nous  a  eu,  au 
moyen  Age,  ses  tuyaux  j'abriiiués  tantôt  d'étain,  puis  tantôt  orne- 
mentés par  l'élaniage.  Là  encore,  laissons  parler  les  textes. 

En  1451  on  réparait  les  orgues  de  l'église  collégiale  de  Namur  et 
voici  ce  que  nous  trouvons  dans  les  comptes  : 

«  Payet  : 

«  Item  pourclaux  de  patin,  claux  s((mnei.'n:l  ill  d'arcal,  ensamble 
Il  heaumes,  I  wihol  cl  demi. 

«  Item  pour  XV  fuellez  d'estain  pour  blancquit  les  buziaulz  des- 
dis  orghenez,  VI  heaumes. 

«  liem  à  Jehan  Maslial  pour  XVI  libvrez  de  plom  et  une  libvre 
de  stahiy  ensamble  XL  heaumes. 

«  Item  pour  VI  fuellez  d'estaiu  pour  le?  huys  des  pelilez 
orghenez,  III  heaumes  et  demi  '.  » 

Un  petit  peu  plus  tard,  en  liSI,  un  incendie  détruisit  une 
grande  poilion  de  la  cathédrale  de  Reims.  L'orgue  fut  brûlé.  Dans 
les  procé>-verbaux  des  réparations  ((ui  eurent  lieu,  nous  lisons: 

«  Oui  dit  aussi  et  atteste  tous  les  susnommés,  atteslans  que  en  la 
dicte  église  ont  été  construicles  el  édîliées  et  f.iicles  neuves  certaines 

l.  Annales  de  la  Société  archtologi'jue  de  Samur,  t.  Xlil,  p.  8.'i,  65,  80. 


291  m.VlK    AHCIIKOLOOIOUK. 

prandos  orgues  sompMieiisci  cl  do  grande  inaptiillrcnro,  dont  los 
tiiy.\ul/,  sont  tous  d«'  lin  estaiii,  pour  le  sorvici»  et  honnoiir  i\tî  Dieu 
en  la  dirlt*  (V^'i^iS  P^ur  les  iiiyaul/.  des  (pu'lles  orgues  faire  el  par- 
(aire  a  esli"  mis  ol  employa'  par  la  dicte  (église,  comme  les  dicls 
Vnnntrt  el  Unzehoix,  fondeurs  el  polliers  d'estain,  ont  allcslô  et 
adirm»'*  la  ipnnlilé  de  ll.rîiO  livres  d'csliin  et  souldiire  cl  mieux, 
vallant  le  ICK)  de  livres  Ui  livr>'s  loiirnois  (lui  foui  en  sommes 
2,320  livres  tournois  '.  » 

La  ratliôdrale  de  Reims  est  une  des  plus  belles  ôglises  du  monde, 
cl  les  termes  de  notre  citation  prouveraient  que  les  orgues  en  ('•tain 
ctaient,  au  xv  siècle,  les  plus  recluM-cli("'es  ;  du  reste  ce  fail  n'aurait 
rien  d'exiraurdinaire,  puis(jiio  niijounriuii  il  n'y  a  guère  de  tuyaux 
d'orgues  qu'en  él.iiu. 

Au  souvenir  de  la  calliédrale  delleims  vient  s'ajouter  encore  un 
aulre  ténitiigna^^e  que  nous  trouvons  dans  l'une  des  plus  cliarmaiiles 
églises  du  style  llaniboyant.  Il  s'agit  de  l'église  Saint-Maclou  de 
Rouen,  dont  le  portail  en  demi-cercle  est  un  des  plus  beaux  motifs 
(rardiiteclure  du  xv"  siècle. 

Si,  ap?ès  avoir  pa^sé  le  portail,  on  entre  (i.ins  ré,::ljse,  franchis- 
sant les  portes  de  bois  sculptées  p;ir  Jean  (loujoii,  Ion  anive  au- 
dessous  de  l'orgue. 

Celui  que  nous  citons  datait  du  commencement  du  xvi<-  siècle. 
Œ  Pour  en  (aire  les  luyaulx»,  disent  les  complcsdc  l'église,  les  tréso- 
riers achetèrent  à  deux  Anglais,  au  prix  de  203  livres,  «  deux  sau- 
mons d'estain  »  ^ 

Lorsqu'on  est  devant  l'orgue,  pour  soi  lir  l'on  passe  généralement 
devant  le  bénitier.  Nous  en  avons  trouve  quebiues-uns  en  étain; 
mais  CCS  bénitiers  ne  sont  pas  ces  grandes  vasipies  de  marbre  pla- 
cées au  bas  dus  nefs  des  cathédrales,  ce  sont  simplement  les  vases 
qui  contiennent  l'eau  bénite  et  dans  lesquels  trempe  le  goupillon 
avec  lequel  les  prêtres  donnent  la  bénédiction.  Le  plus  ancien  (jui 
semble  être  signalé  dans  les  textes  est  appelé  iscUium,  diminutif  de 
sitellus  ;  puis  nous  en  trouvons  successivement,  au  xiv"  siècle,  dans 
la  chapelle  île  la  reine  Clémence  de  Hongrie  ^  el  chez  un  chanoine 

\,  h\hr\o\,  llisl'iii':  i/i;  1(1  vilh',  lilt'  cl  univfr.tilé  de  Ikim^,  IS'iG,  4  Yol.  iti'.'i', 
t.  IV,  p.  005. 

2.  Uullrtm  ntonuttifntal,  t.  XIX,  p.  as.'j.  .Nolo  sur  l'orguo  do  Snint-Msclou  de 
HoiH-n,  por  l'ubbé  CqcIk-i. 

3.  Complet  ilf  i'iirgeitlrrii:  lies  roh  <le  France,  publitVs  par  M.  DouCt  d'Arcq. 
InTcntairc  do  Ciéincncu  de  Hongrie  (1338).  Paris,  iS/^j,  p.  1U7. 


i/oiiri;viii;iiii:  diViun  dans  i/antihuiti';.  295 

de  1,1  S.iinlc-Clijipollt; ';  au  XV  siècle,  dans  la  (:lia|iollo  do  l'Iiôpilal 
Sainl-Jaciiiics  h  Mous  -. 

I-c  Ijùnilier  en  métal,  au  moyen  à^^e,  n'ilait  pas  picciséincnl  une 
appli(|uc  avec  un  petit  récipient  contcnanl  le  liiiuide  bénit.  C'était 
liien  plus  souvent  un  seau  avec  unt;  anse.  Go  bénitier  portait  sou- 
vent le  nom  d'orcel  et  d'orceau,  et  Du  Canj^e  nous  en  fait  une  des- 
cription complète  dans  son  dictionnaire.  Huant  aux  formes,  elles 
variaient  ;  le  musée  de(]hiny  et  les  colleelioris  de  .MM.  Viollrl-lolîuc 
et  Gay  nous  en  montrent  une  grande  (luaulilé  •'.  Ces  bénitiers  n'é- 
taient autre  chose  que  des  seaux  (vases  à  anses)  ayant  en  général  la 
forme  d'un  cùne  tronqué.  11  y  en  avait  aussi  à  côies  en  forme  de 
pentagone  '  et  à  galbe  courbé  très  gracieux  de  dessin.  M.  Viollei-le- 
Duc  en  donne  plusieurs  types. 

Non  loin  du  bénitier,  placé  â  l'entrée  de  l'église,  se  trouve  dans 
l'enfoncement  d'une  chapelle  latérale  la  cuve  baptismale.  Aujour- 
d'hui elle  est  généralement  en  pierre,  quelquefois  en  bronze  comme 
à  Mayence,  ou  encore  c'est  une  des  belles  pièces  de  dinanderie 
comme  dans  quelques  villes  de  Belgique.     . 

Les  fonts  baptismaux  furent  quelquefois  en  plomb.  Le  musée  de 
Cluny  en  conserve  de  pareils,  du  xiii"  siècle,  où  existent  de  petits 
décors  peu  intéressants;  la  forme  n'est  pas  gracieuse  ■•.  Nous  avons 
encore  trouvé  trace  de  cuves  analogues  dans  deux  églises  du  Midi, 
à  Bouret  et  à  Verdun-sur-Garonne'',  et  puis  successivement  à  Beau- 
mont-dc-Lomague,  à  Lombez,  à  Aubin,  toujours  dans  la  même  ré- 
gion ". 

Ce  qu'il  nous  a  été  donné  de  savoir  ainsi  sur  les  cuves  en  plomb 


1.  Archives  nationales.  Inventaire  aprts  décès  des  lions  meubles  de  Jean  de 
Hatomesnil  (1380):  «  Item  un  potitet  benoislicr  d'cstain.  »  KK  328,  f.  9. 

2.  Messager  des'  science")  cf  des-  arts  de  liel(/ique,  année  1845,  p.  '|23.  Inventaire, 
;am  cit.,  1430  :  «  j  benoliier  d'cstain  ». 

3.  Du  Cangc,  Glossaire,  v.  Orceau,  Orceilus. 

Victor  Gay,  Glossaire  archéologiijne  du  inoijen  âge  et  de  la  renaissance,  v.  Béni- 
tier, p.  l.',/j. 

Vioilet-le-Duc,  Dictionnaire  raisonné  du  mobilier  français,  v.  Bénitier. 

Catalogue  du  Musée  de  Cluny,  n°  5212. 

û.  M.  le  curé  de  l'Isle-Adain  en  po5si.de  deux  de  ce  genre,  l'un  du  xi\  «  et  l'autre 
du  xv  siècle. 

5.  Voir  le  catalogue. 

C.  Bulletin  archéologique  de  Tarn-ct-Garonne,  1872. 

7.  C'est  ;i  M.  l'abbé  l'ollier,  de  Monlauban,  que  nous  devons  ce  renseigne- 
ment. 


29«  iiKMi.   \iii:m.i)Li)(.i.jLi.. 

ue  loiîil  p.i-s  à  doiiiDiilrir  U'iir  car.irU^rc  :uli;>li  juc  m  li'iir  heaulr.  I!i» 
général  lous  Ii-s  objets  (le  ce  jîcnrc,  î»  en  jn^:»'!"  pir  criiii  de  Cliiiiy 
qui  .1  In  furmo  iVwn  elinuilioii  oïdinaiii',  dcviii'iil  tMio  une  espèce  de 
récipient  porl.ilif  .i  fond  pl:it  '. 

Mais  à  1.1  lin  du  iumv.mi  ;"i4<'  nous  avo  is  retrouvé  en  Holiénie  des 
cuves  Itapiisniales  en  éliin  lieaucoup  plus  décoratives,  dunt  l'usa^'e 
constant  dans  celte  région  nous  est  si^Mialé.  Klles  ont  une  tout  au- 
tre forme  celle  d'une  clocl»;^  renversée  ;  au  pourtour  on  voit  des  ins- 
criptions et  sur  la  panse  de>  li^'ures  en  relief;  ces  cuves  sont  su[)- 
porlées  par  trois  pie  Is  d'un  niolif  à  lleurons  du  xV  siècle-. 

Une  fois  que  l'on  a  visité  les  fonts  baptismaux,  on  se  dispose  à 
quitter  l'église,  mais  auparavant  il  ne  serait  pas  inutile  de  visiler  la 
sacristie.  A  Tépociuc  qui  nous  occupe,  i>eu  d'église?  ont  encore  celte 
pièce.  Les  armoires  placée^  dans  les  chapelles,  de  clia(|ue  côté  de 
l'autel,  en  tiennent  lieu,  et  c'est  là  que  l'on  trouve  tous  les  ohjets 
accessoires  du  culte.  Kn  premier  lieu  nous  rencontrons  des  plats  ou 
plateaux  d'étain  ;  c'est  sur  l'un  d'eux  (|uc  sont  placées  généralemenl 
les  burettes.  A  côté  se  Irouvenl  de  nombreuses  écuelles  (pii  servent 
aux  usages  les  plus  divers;  là  aussi  nous  voyons  des  ampoules  où 
l'on  conserve  le  saint  chresme.  Puis  l'on  aperçoit  des  navettes  où 
s'enferme  l'encens,  et  enfin  on  y  rencontre  aussi  des  aiguières  avec 
leur  bassin.  Tous  ces  ustensiles  sont  souvent  en  étain.  Ce  sont  des 
objets  d'usage  journalier,  sans  valeur,  et  ((u'on  surveille  moins  que 
le  frésor,  où  sont  gardées  loules  les  pièces  précieuses  de  l'église  ou  de 
l'abbave  ^. 


1.  L'abbtî  Pascal,  dans  ses  Institutions  de  l'art  chrétien  (t.  II,  p.  212),  nous  dit  que 
le  rituel  de  Toulon  veut  que  l'intérieur  de  la  piscine,  si  celle-ci  est  formée  d'un  bloc 
de  pierro,  ait  une  doublure  de  plomb,  d'étain  ou  dt'  cuivre  étamé. 

2.  Mittheilunr/en  :1er  K.  K.  Centrul-Commi^sion,  Zinnguss-Wcrkc  in  Bœlimen. 
Vienne,  in4%  1379,  pp.  75  et  70. 

3.  Inventaire  dns  nioublcs,  vases  et  vôtcmenis  sacn's  do  In  cathédrale  do  Genève 
(1533;,  dan'i  le  tome  VI  des  Memoirrs  et  (luciiinintt  put/iiés  pur  ht  SociiHé d'histoire 
et  d'anJiiologie  de  (ieiièvc,  pp.  120  et  suiv. 

Annales  du  Cercle  archiloior/ii/ue  de  Mon^,  t.  XIV,  p.  2(J7.  Inventaire  du  mobilier 
sacre  de  l'abbaye  de  Cambron. 

Mifiitoiret  de  la  Société  archéologique  de  Tournine,  t.  Vil.  Tours,  ISO.'),  in-8», 
p.  200.  inventaire  des  meubles  de  l'églisu  de  Dueil  (liO.'i). 

Annales  du  Cercle  archéuloi/i'/ue  de  Mons,  t.  XVI,  pp.  IjO  et  158.  Dacriptioti  de 
lu  ville  et  du  comté  de  Beaum<)nt  :  Cliapellodo  Saint-l.adrc  et  do  la  Cymcntièrc. 

Ktijt  ancien  des  paroisses  dans  le  comté  de  S'amur,  jam  cit. 

UtOliotliè'/ur  de  l'Ecole  des  chartes,  t.  XX,  p.  100.  «  Iiivenlairo  fait  (!■  s  biens 
du  tlie»BUricr  de  Fescamp,  pur  frères  Thomas  Majssel,  llictirt  de  la   l'onlaii.e,    Hio 


i/oiii"i;\ m  iiiK  it'i.iMN   i>\N^  I.' vM lui'iTK.  291 

Il  (Iciiii"  ic  liicii  proiivr  i|iic  ces  ohjels  rl.'iiciil  c;i  (Hniri,  mais  il  y 
a  uiKî  sorte  de  (lociiiiicnl  (|iii  nous  Ciil  .'ih^^oliiincfil  (hîr.iiit  pI  dont 
rabsoiiC(î  nous  eiiiptk'liL' lie  savoir  conimeiil  (''laM'iii  ces  olijcls.  Au- 
cun d'eux  n'a  survécu,  aucun  dessin,  ni  dans  les  nianusriil  ,  ni  -^iir 
les  inonumi'nts,  n'a  pu  nous  signaler  leur  slyic  ou  leur  geiin-. 

l'ivrculail-on  ces  objets  avec  tous  1rs  lalliru'nientsdu  luxi-,  ou  I  icn 
étaient-ils  traités  avec  simplicité?  C'est  là  ini  point  drlical  à  éclair- 
ci'-,  parce  ([u'il  est  très  facile  de  j)rendre  sur  des  objets  d'art  des 
moulages  en  terre  et  de  couler  de  l'étain  dans  les  moules.  Les  plus 
belles  pièces  d'orfèvrerie  ont  pu  être,  à  toutes  les  époques,  repro- 
duites en  surmoulé.  Si,  au  moyen  A|,n',  il  en  a  été  ainsi,  les  objets 
suiinoulés  en  élain  n'étaient  pas  cliers  et  on  pouvait  en  disposer 
pour  les  usages  les  plus  simples,  ou  dans  les  églises  les  plus  pau- 


de  Neufmcrz,   Mcole   Hiote  et  [ilusicurs  autres,  le  quint  jour  de   décembre   l'au 
L  X  II  (13C2)  :  «  Item  un  petit  vessel  d'estin  à  mettre  l'encliens  ». 

Du  Cange,  v.  Parasides,  ano.  13G1,  ex  Tabul.  Venciœ  :  «  Item  duodecim  parasiJes 
estagnatos.  »  —  V.  Plntellus,  invent.  1419,  ex  Tabulario  ecclesiae  Novioniensis  : 
«  Item  quidam  platellus  stanueus  lavanilas  manus.  »  —  V.  Stannifcx,  ann.  Ii81, 
ex  Tub.  S.  Putri  Insulas  :  «  Johanni  Lampcne  stannifici  pro  cambio  unius  'lisci 
stunnei,  servientis  in  capclla  B.  Jolianuis  Baptistaj  et  duorum  i)otorum  in  ca|ieila 
B.  M.  pro  toto  vij  sol.  » 

Méinoiri's  de  la  Société  îles  antiqwiires  de  France,  3«  série,  t.  IV,  année  18J!t, 
p.  229.  Histoire  et  inventaire  du  trésor  de  la  cathédrale  de  Bourges.  Parmi  les 
objets  donné?  au  trésor  depuis  1537,  on  rencontre  :  trois  grands  vases  d'étain  qui 
servent  à  apporter  les  saintes  huiles  quand  les  arclievôques  sont  absents. 

Messager  des  sciences  et  des  arts  de  Belf/ique,  année  18^6,  p.  222.  La  cliapL-lle  do 
Saint-Rémi,  près  de  l'hôtel  de  ville,  à  Namur.  Dans  les  comptes  de  la  ville,  entre 
autres  achats  faits  pour  cette  chapelle  en  1520,  il  y  a  celui  de  deux  pots  d'étain. 

Société  d'histoire,  d'archcolo'jie  et  de  littérature  de  l'arrondissement  de  Jieaune, 
1874,  in-8o,  p.  117.  Inventaire  de  l'Hôtel-Dieu  de  Beaune  (1501).  1°  la  Chapelle  : 
c(  \  esté  trouvé  au  revestuaire  de  ladicte  chapelle  :  Item  dix  chasncltes  et  quatre 
platz  d'estain  servans  à  ladicte  chapelle.  » 

Archives  nationales.  Trésor  des  chartes,  re^'istre  l8i,  n»  105.  Lettres  de  rémission 
(1451)  :  «  Le  suppliant  et  Perrenet  Moutin  estans  en  l'église  de  Saint-Quentin 
virent  en  une  chapelle  où  l'on  contrepoise  les  malades,  ung  post  d'estain  à  bro- 
ceron.  » 

Note  sur  la  dédicace  de  l'églite  de  Cliampdenil  {Seine-et-Marne),  par  M.  Gau- 
cher, p.  92. 

Compte  rendu  «  par  Pierre  Georget,  margi'^f  de  l'église  parrochial  Mons'  Saint- 
Marcial  de  Champdeur  le  vin>^  may  V^  cinq"  cinq,  des  receptes  et  mises  par  luy 
faictes  depuis  le  vingt-sixiesme  jour  du  moys  d'apvril  mil  cinq  cent  cinquantre  troys 
jusques  à  pareil  jour  mil  cinq  cens  cinquatre  (sic)  : 

«  Pour  quatre  petites  sallieres  d'estain  qui  ont  esté  achesptées  par  éd.  Rendant 
pour  mectre  des  sainctes  reliques  aux  aaieizde  lad.  église  la  somme  de  solz  tourn. 
po'  ce  X  s.  tz.  11 

m''  SÉHIK,  T    M.         •20 


1^)S  nivri:  auchf^ologiqdr. 

vro««.  M.iis,  iiou"?  le  n^pilons.  rien  ne  nous  n  donné  une  iiidicalion 
là•(le^«u.^cl  nous  ne  pouvons  (ju'avouer  l'ignonrire  où  nous  sommes. 

En  ëludiant  j,i  vie  privée  dans  les  couvents,  dans  les  villn^'es  et 
chez  les  grands  seigneurs,  nous  n'avons  pas  [lu  trouver  non  plus  la 
solution  de  eelte  ([uestion,  au  moins  pour  une  certaine  sorte  d'ob- 
jets; lc>  autres,  par  la  nature  mémo  do  leur  usago  commun,  nous 
donnent  la  rerlilude  (ju'ils  devaient  être  tout  à  fait  simples,  tandis 
que  dans  TKglise  ils  rtaienl  destinés  à  la  cc  rémonie  la  plus  sacrée 
du  culte;  il  n'était  pas  nécessaire,  malgré  la  pauvreté  des  églises, 
que  ce  fussent  des  ohjets  sans  décoration  d'aucune  sorte  et  surtout 
sans  lignt  s  étudiées  et  conçues  avec  goût. 

11  aurait  été  important  pour  nous,  même  dans  les  cas  où  ces 
objets  eussent  été  des  plus  simples,  de  pouvoir  étudier  leurs  formes 
et  leur  caractère. 

Dans  la  première  partie  du  moyen  âge,  l'Église  et  les  couvents 
produisent  seuls  dans  les  arts  el  l'industrie;  dans  la  deuxième  par- 
tic,  au  moment  où  les  corporations  sont  IlorisAanlos,  couvents  et 
églises  ne  produisent  presijue  plus,  mais  font  surtout  produire  et 
encouragent  artistes  et  ouvriers.  C'est  donc  principalement  d  uis  les 
objets  religieux  que  l'on  doit  retrouver  le  goût  le  plus  lin  et  le  plus 
éclairé  de  l'époque. 

Or  le  goût  de  tout  un  peuple  ne  s'étudie  pas  facilement  sur  des 
objets  d'art  de  premier  ordre,  produits  seulement  de  quebjm's  ar- 
tistes qui  peuvent  faire  exception  à  la  masse  de  la  nation.  Mais  où 
il  se  retrouve  complètement,  où  on  peut  l'étudier  chez  luut  le 
peuple,  c'est  à  coup  >ùr  dans  les  ubjuts  de  la  vie  de  cIkuiuc  jour, 
c'est  dans  un  calice  ou  datis  une  burette  qui  servent  tous  les  malins 
à  une  église  pauvre.  C'est  dans  l'aiguiérc  ou  le  plateau  les  plus 
simples;  c'est  dans  la  casserole  ou  dans  le  pljt  que  li  paysanne 
prend  pour  préparer  le  repas  de  la  famille  ;  c'est  uusni  dans  les  ob- 
jets de  cuisine  des  grands  seigneurs;  c'est  enlin  dans  tous  les 
objets  les  plus  communs  et  les  plus  praliques  de  la  vie  (lu'il  est 
possible  de  le  retrouver. 

Or  c'e>l  bien  l'élain  qui  a  dû  servir  ù  ces  objets.  C'est  doiic  aussi 
l'étude  de  l'industrie  (jui  le  travaille  qui  eût  pu  nous  éclairer  sur  ce 
point,  mais  les  monuments  ont  fait  défaut. 

Dans  le  cas  qno.  nous  indiquions  tout  à  l'h.'ure,  où  l'élain  eût  été 
une  reproduction  d'un  oîijct  d'art,  son  peu  de  valeur  le  rendait  tou- 
jours usuel,  et  alors  il  aur.iit  prouvé  que  le  guûl  de  celte  époque, 
même  pour  ie^  choses  sans  prix,  était  de  se  i-a|iproclier  le  plus  pos- 
sible de  cc  que  l'on  cnridérait  comme  très  be.iu. 


l.'oHn.VIll  IIIK    DI.I'MN    |)\NS    l/WTU.UITK.  iiliU 

{]i\  peu  [dus  liL'urcu\  (la.is  l'éludt;  il(;  la  vie  pi  ivéc  (iiio  nous  nu 
l'avons  élô  dans  celle  des  dijels  du  culli',  nous  retrouverons  au 
moyen  âpe  quelques  types  parvenus  jusqu'à  nous,  ijui  nous  per- 
meltioiil  (le  constater  ce  qu'était  lo  jjoùl  des  masses. 

Dans  les  couvents,  les  écuelles,  les  assiettes  et,  en  résume,  tous 
les  ustensiles  (jue  nous  avons  déjà  cités,  c'esl-à-dirc  iitie  nous  appe- 
lons aujourd'hui  la  vaisselle,  étaient  souvent  en  étain,  mais  cela 
n'empêchait  pas  ces  couvents  de  possédei-  en  même  temps  des  collec- 
tions considérables  d'ustensiles  de  table  en  matière  d'or  tt  d'ar;,'ent. 

Les  rèfîlements  monacaux  nous  ont  initié  déjà  à  la  vie  inléiieure 
des  moines;  des  chartes,  des  chroniiiues  et  toiilc-^  sortes  de  docu- 
ments continueront  i  nous  instruire  sur  les  habitudes  des  moines 
aux  xiv°  et  xv°  siècles.  Naturellement  les  haldludes  de  bien-être  et 
de  propreté  ne  firent  qu'auj^menler.  L'or,  l'argent,  l'étain,  se  re- 
trouvent toujours  dans  les  objets  d'oriévrcrie,  mais  l'étain  voit  son 
rôle  diminuer,  il  doit  à  la  lin  du  moyen  âge  ne  plus  guère  servir 
dans  les  couvents  que  pour  la  cuisine  ou  pour  des  usages  plus  com- 
muns. 

Commençons  par  citer  Du  Cange  ;  il  nous  apprend  par  une  charte 
de  il20  que  le  seigneur  élail  (juclquefois  astreint  à  fournir  la  vais- 
selle d'élain  à  un  couvent  '. 

Mais,  comme  le  luxe  augmente  dans  les  classes  riches  et  dans  les 
couvents,  l'orfèvrerie  d'étain  diminue  de  jour  en  jour  chez  les 
moines;  mais  ce  qui  est  objet  commun  chez  les  riches  est  quehjue- 
fois  objet  de  luxe  dans  d'autres  milieux. 

C'est  ce  qui  arriva  pour  l'étain  au  xv*'  siècle,  car  à  mesure  que  le 
luxe  et  le  bien-être  se  développent  il  disparaît  peu  à  peu  dans  les 
couvents  et  chez  les  nobles,  et  augmente  dans  des  proportions  consi- 
dérables dans  la  bourgeoisie,  chez  les  paysans  et  dans  les  cuisines  les 
plus  luxueuses. 

Remaniuons  en  passant  que  le  nombre  de  citations  que  nous  trou- 
vons à  la  lin  du  moyen  âge  est  beaucoup  moindre  que  celui  que  nous 
avons  trouvé  à  l'époque  des  croisades;  cependant  la  dernière  pé- 
riode nous  a  laissé  bien  plus  de  documents  que  la  première. 

Il  sera  donc  permis  de  conclure  que  si  l'étain  était  aussi  répandu 


1.  Du  Cange,  V.  T  uj.re//^.  Tabulariiim  S.  Joaniiis  Angcriacencis  ;  anno  \!t20  : 
«  Et  sui  succcs»ores  valeant  de  vaixclla  stngiioa  et  aliis  ustonsilibne  convei.lui  |)ra;- 
dicto  providere...  El  sui  succcssorcs  vaixtlhim  stagiieam  iiuaincumque,  qu»  de 
successione  vel  spoliisreli({iosorum  iiostri  prajdicii  monasterii  dccedeutiumobveoerit, 
possint  et  valeant  libère  percipere.  d 


3()0  HKVUK    AnClIKOLOGIOUR. 

à  rt's  (ifiix  inoineiils  il  av.iil  cepciiilanl   iiiic   iiniioilancc   liioii  plus 
grande  aux  yeux  îles  gens  lors  de-^  rroisades  iju'au  xv"  siècle. 

Venons  aux  citations  d'une  cliarle  de  l'ahhaye  deSainl-Ainand  qui 
parle  d'ècuellcs  d'élain  conservées  clicz  les  moines  '. 

I.orsi|ue  nous  arrivons  h  la  seconde  moitié  du  xV  sit'cle,  f|ui 
correspond  à  la  lin  de  la  puerre  de  Cent  Ans,  nous  rencontrons  une 
pièce  importante  cl  de  nature  à  nous  éclairer  d'une  fa(;on  plus  cer- 
♦ainc  encore,  l'n  chanoine  d'IIilileslu'im,  du  nom  de  Muscliius,  fit 
partie,  vers  1470,  d'une  mission  ecclL.'siasli(iue  chargée  île  parcourir 
les  couvents  de  la  Saxe,  qu'il  s'agissait  alors  de  réformer.  Il  a  ra- 
conté avec  détails  l'histoire  de  cette  mission.  Dans  plusieurs  cou- 
vents de  femmes  il  vit  une  certaine  quantité  de  vaisselle  d'élain 
qu'il  a  signalée  : 

('.liez  les  religieuses  de  Sainte-Croix,  h  Erfurt,  il  y  avait  : 
1o')  amphores,  70  coupes,  l^hrocs,  33  écuelles  du  métal  qui  nous 
occupe  ;  — chez  les  religieuses  de  Sainl-Cyr  :  200  amphores,  flacons 
ou  pintes; —  chez  les  Dames-Hlanches,  aussi  à  Erfurt  :  41  am- 
phores, 10  écuelles  et  A  flacons;  —  chez  les  cisterciennes  de  Saint- 
.Martin  :  loO  amphores,  flacons  et  écuelles  -. 

Au  commciicemenl  du  .wr  siècle  nous  trouvons  un  acte  passé 
entre  le  seigneur  de  Noirmouiier  et  les  hénédictins  de  l'althaye 
de  ce  nom,  acte  semblahle  à  celui  dont  parle  Du  Gange  et  que  nous 
avons  cité  plus  haut  pour  le  xw  siècle,  et  par  lequel  le  seigneur 
demeurait  obligé  de  fournir  la  cuisine  du  couvent  des  ustensiles 
nécessaires,  et  entre  autres  choses  de  vaisselle  d'étain.  «Assavoir  : 
i^  plats  sans  bord,  lii  écuelles  à  oreilles,  12  grands  plats  soupiers, 
12  coupes  d'élain  •^.  » 

Ajoutons  à  cette  nomenclature  un  texte  de  Du  Gange  dont  nous 
n'avons  retrouvé  ni  la  date  ni  Torigine,  mais  qui  est  extrait  d'un 
carlulaire  religieux.  Il  y  est  fait  mention  des  mots  «  potus  »  ou 
«po/i  d 'esta in  »  *. 

Ges  citations  sont  déjfi  assez  longues  et  elles  sufllsenl  pour  bien 
indiquer  le  rôle  de  l'élain  dans  l'Eglise,  rôle  (lui  continua  toiijouis 

1.  tiulktm  ilr  la  Soriéti!  htsturi'juc  et  archiio/o'jiijw  du  l'enijnni,  187/j,  t.  I, 
p.  218  :  <•  iij  scutellos  stagiii.  » 

2.  Leibniz,  Srrtptores  rentin  Uruiisuiiinnum.  Hinovro,  in-f",  I.  Il,  p.  8S7  A  SOI. 
iJc  re/uri/t'iti'ine  moiui^leriorum  iier  Sasiiniaiit. 

.1.  Mdriioirrs  et  documents  jiubliés  /Kir  la  S'icidlt'  d'histoire  fie  la  Suisse  romande, 
t.  III,  pp.  331  ct83G. 

6.  Du  Cangc,  T.  Potui.  l'oti  d'esl.iin.  Irivcnt.  iilensilium  «i  rabuLir.  f'om- 
ficnd. 


I,'(IIU'Ï;VUI  Itll.    1)1   lAiN    DANS    I.'aM  loLTH. .  .'JUl 

Cil  s'alïaihlissanl  |)t)tir  la  conlciiinii  (i,'.s  calices  jiisi|u';i  l'i'iin  pic  dti 
la  llévolutioii. 

Nous  airôkTDiis  là  nos  cilatiuiis  pour  le  rôle  (Jt;  l'clain  dans 
ri<lglis('.  Il  conlinua  jiis(iu':i  r«';|iO(|ue  de  la  Hévolnlion,  \>'u'U  (|ije 
cependant  la  l'altriration  des  calices  allûl  toujours  en  s'aiïaissanl  '. 

A  partir,  en  elTel,  du  concordai,  nous  croyons  pouvoir  allirmer 
que  tous  les  objets  consacrés  destinés  au  ;ainl  sacrifice  de  la  messe 
n'ont  plus  été  en  France  ([u'en  matière  piécieiise.  Quant  aux  ob- 
jets moins  importants,  tels  (|ue  les  Imieltes,  on  a  sulistitué  ai  jour- 
d'hui  presque  partout  le  verre  au  uiéial  p<i;ir  l'iis.iLre  le  plus  ordi- 
naire ;  mais  jus(|u'an  xviir  siècle  on  renconlre  très  l'ré(|ueuimenl 
des  burettes  en  étain.  Le  musée  de  Cluny  et  presijue  tous  les  mu- 
sées de  province  en  présentent  des  spécimens  -.  l*our  ce  qui  est 
des  autres  objets,  plateaux  et  aif,Hiiéres,  boîtes  à  hosties,  pyxides, 
ostensoirs,  chandeliers,  toutes  ces  pièces  furent  fabriquées  en  étain 
et  presque  toujoui s  dorées  après;  ainsi  pour  ce  qui  concerne  les 
vases  aux  sainles  huiles  ou  boîtes  ;i  saint  chr("ime  l'abbé  Pascal  nous 
dit  :  «qu'il  sullit  (ju'ils  soient  d'une  maiiéie  piopre  et  solide.  On  y 
emploie  l'or,  l'argent  et  l'étain.  Les  autres  métaux  sont  exclus  parce 
qu'ils  sont  sujets  à  rouille  ^.  »  Il  y  a  même  un  fait  caractéristique  à 
ce  sujet,  c'est  (jue  (luicouque  veut  étudier  rorfévrcrie  religieuse 
française  du  xvr'  siècle  doit  forcément,  en  présence  de  la  destruc- 
tion de  toutes  les  pièces  de  valeur  de  celte  épo(iue,  recourir  à  l'étude 
des  objets  du  culte  en  étain.  Pour  notre  part  c'est  seulement  sur  les 
quelques  pièces  d'orfèvrerie  religieuse  en  étain  de  la  renaissance 
que  nous  avons  retrouvé  le  style  des  arabesques,  desmascarons,  des 
rinceaux,  des  branchages,  dont  on  peut  attribuer  la  paternité  à 
GeofTioy  Tory;  malgré  toutes  les  recherches  (juc  nous  avons  faites, 
nous  n'avons  guère  retrouvé  parmi  toutes  les  pièces  d'orfèvrerie 
françaises  du  xvi"  siècle  qu'une  seule  épave  de  nos  révolutions,  le 
chandelier  du  duc  d'Anjou,  ù  M.  le  baron  Pichon. 

Le  musée  Sauvageot,  au  Louvre,  contient  quehiues  petites  mer- 
veilles dx'tain.  D'abord  une  pyxide  dont  la  panse  est  en  forme  de 
coquille  et  dont  tous  les  ornements  sont  du  pur  Henri  II  *.  A  côté 

1.  Mgr  Affre,  Trcaté  de  l'adminùtraiioh  temporelle  des  paroisses,  jinn  al. 
L'abbo  Uarraud,  Note  sur  les  calices  et  les  patènes,  fam  cit. 

2.  Catidogue  du  Musée  de  Clwnj,  n°  5216. 

Catuluijue  lies  objets  d'art  et  de  cuiiositc  dépendant  de  la  swxession  de  l'abbé 
Coffinet.  Troyes,  1882,  Caffé,  n»'  198  et  199,  p.  19. 

3.  Institutions  de  l'art  chrétien^  t.  11,  p.  250. 

4.  Voir  le  catalojjrue  du  musée. 


302  ui.viK  A«c.m-'oi.o(JiyuR. 

so  iiouve  un  oslensoir  ;iux  rayons  fort  petits,  ICnlln,  personncllc- 
luiMU.  nous  possiVlon>  uncltoiiori  hosties  dont  Icroiivorcle.on  forme 
(II»  ilô.ni»,  et  lo  corps  .le  la  liotlc  tout»;  rondo,  sont  il«':coivs  d'arahcs- 
(|ues  (les  plus  variée».  Nous  pourrions  citer  encore  n')nilire  d'autres 
pièces,  mais  nous  nous  l»ornernn<  à  indi  |upr  une  foil  jolie  custode 
coiisiTvée  au  musùe  Vivenel,  a  Couiiuèp'"  ■,  et  un  •  mon-lrance 
appartenant  à  l'abbé  Poltier,  île  Montauhan.  Ces  objets  sont  tous 
d'un  poill  d(''Iicnt  ft  dénotent  chez  les  dessinateurs  ou  chez  les  ar- 
tistes (|ui  les  ont  produits  un  talent  fort  éclairé.  Mais  il  no  rentre  pas 
dans  nos  vues  d'étudier  le  xvT  siècle,  et,  après  avoir  siRualé  ce  que 
nous  y  avons  vu,  bornons-nous  h  ajouter  qn'h  partir  du  xvir  siècle 
nous  ne  trouvons  plus  dans  l'Kglise  aucun  objet  d'êtain  (|ui  mérite 
le  nom  de  pièce  d'art. 

Dans  les  couvents,  l'usaijo  de  l'élaiii,  à  partir  du  xvT  siècle,  n'a 
d'autre  histoire  que  celle  qu'il  eut  èpalemenl  dans  la  vie  privée 
chez  les  particuliers.  Nous  expli(iuer(Mis  à  la  tin  de  celte  étude  pour- 
(juni  l'éliin  a  pour  ainsi  dire  complélemenl  disiiaru  de  mis  nueiir-. 


i/iVr.MN  DvNs  i.\  vu;  puivi^ii  Ai;  xiir  siticLi;. 

Nous  avons  exposé  précédemment  combien  nos  recherches  sur  la 
vi(!  privée'  antérieurement  au  xiu"  siècle  avaient  été  peu  fruc- 
t  euses  :  elles  nous  ont  amené  à  retrouver  l'existence  do  l'èlain  dans 
les  couvents,  surtout  pour  les  objets  se  rapportant  au  culte,  et  en 
même  temps  elles  nous  ont  permis  d'apercevoir  de  loin  en  loin  ijuel- 
(jues-uus  doses  usages  dans  la  vie  séculière.  Mais  avant  de  passer  à 
l'étude  de»  èiioiiues  suivantes,  il  nou>>  paraît  nécessaire  diî  résumer 
en  quelques  lignes  riiistoire  do  l'ètain  jusiju'ù  la  lin  des  croisades. 

L'ètain  parait  avoir  très  peu  servi  pour  l'orfèvrerie  jus- 
qu'au IX'  ou  au  X"  siècle,  excepté  pour  le  culte.  Ce  ne  i)arait  être 
i|u'à  la  lin  de  la  période  carolingienne  qu'il  fut  employé  d'une 
façon  suivie  dans  les  couvents  pour  des  usages  se  rapporlint  à  la 
vie  des  nmines.  A  cette  èpocjue  de  barbarie  les  couvents  étaient  le 
lieu  de  naissance  de  toute  espèce  d'industrie,  et  naturellement  c'é- 
tait deux  que  se  répandait  la  ( ivilisalion  dans  toutes  les  classes 
de  la  société. 

Dans  la  vie  séculière,  l'ètain  semble  être  rentré  dans  la  fnhric»- 
lion  des  objets  de  cuisine  peu  de  temps  .-yprès  iju'il  a  servi  au  même 
usage  chez    les  moines.   Comme  orfèvrerie  de  table  il  ne  peut  y 


I 'i)itri,\  iiiiiii-.  1(1.  iM\   i)\NS  i.'.w  1 /i.tii  1 1';  303 

remplir  di' rôle,  par  l.i  i';ii>oii  in-s  Miiipic  iiiTclIc  n'oxi^ii;  (|ii(^  ir»'!» 
yoniinairomcnt  avant  lo  xiii"  sièck' ;  Irs  plats,  comme  Ins  r«'Tipionlf 
pour  les  hoisroiis,  servaient  Mcn  avant  rotio  l'époque,  ci  i|g  aiir.iienl 
cerlaincnient  pli  ^tr»;  en  élain,  mais  ions  les  U\h'>  que  rmus  avons 
trouvés  nous  ont  soinhié  devoir  démoiiinT  qm;,  tandis  que  le 
cuivre,  lo  liois  et  autres  matières  servaient  a  leur  foi.ferlion, 
l'étain  ne  devait  y  entrer  pour  lien  *.  U'un  autre  cftlr,  il  n'y  avait 
point  encore  de  vais^ille  proprement  dite,  on  manjreait  a  inonie  le 
plat,  comme  nous  l'avons  déj'i  dit;  car  l'habitude  de  se  seivir  d'é- 
cuellesel  d'assiettes  ne  se  développa  dans  les  couvents  qu'îl  répo(|ue 
(les  noisailes.  I)i'  I'»,  naliirfll('iiieiif,rcl  u.".;i!,a'  de  propreté  se  lépandit 
dans  toutes  les  classes  de  la  société  auxriuelles  leur  situation  de  for- 
tune permettait  ce  luxe. 

Aussi,  lor>(|ue  nous  arrivo  .s  au  xiii"  siècle,  nous  trouvons  l'étiin 
répandu  dans  les  couvenis  pour  tous  les  objels  de  cuisine  et  de 
table.  Nous  le  trouvons  en  même  temps  dans  la  vie  privée  pour  les 
usages  de  cuisine,  et  commençant  seulement  à  se  ré|iandre  pour  la 
lahle.  Nous  avons  déjà  rappelé  les  savantes  éludes  de  M.  Viollet- 
le-Duc  sur  ce  sujet,  et  nous  sommes  heureux  de  constater  que  tous 
les  monuments  (jue  nous  avons  rcirouvés  vionneiil  absolument  cor- 
roborer son  (lire  comme  eelui  de  M.  Guérard. 

Nous  ne  trouverons  pas  la  preuve  de  la  f.ibric  itiou  de  la  poterie 
d'élain  dans  le  livre  de  la  laille  de  !2oi.  Nous  y  voyons  bien 
meiilionnés  un  certain  nombre  de  corps  de  métiers  désignés  sous 
les  noms  de  poiier^,  de  cuilleriers,  d'escuelliers,  eic,  mais  aucune 
indication  n'est  donnée  sur  la  matière  première  de  leur  industrie. 
Au  contraire,  la  taille  de  1300,  sans  être  très  précise,  nous  donne 
plusieurs  indications  :  il  y  est  mentionné  :  1  batteur  d'escuelles 
d'estain,  l  battere&se  d'eslain,  1- fabricant  d'escuelles  d'estain,  îî  po- 
tières d'estnin,  3  potiers  destain.  Quelque  peu  nombreuses  que 
soient  les  indications  recueillies  dans  ce  document,  elles  nous  four- 
nissent des  preuves  indubitables  de  l'industrie  de  la  poterie  d'é- 
lain '. 

Lorsque  l'on  étudie  le  xiii"  siècle,  les  fouilles   donnent   conti- 

1.  Guérard,  Cartulaire de  l'abbaye  Saint-l'ictorde  Marseille.  Paris,  in  4",  18fi7. 
Préf '.ce,  p.  xLix. 

2.  Guérard,  Le  rôle  de  la  (aille  en  1252.  Docunit-uts  inédits  pour  servir  à  l'Iiis- 
toire  de  France.  Paris,  in-^O;  pp.  507,  521,  533. 

Fagoiez,  Etude  sur  l'industrie  et  la  classe  industrie/le  à  Paris  aux  xiii»  et 
51V'  surfa.  dans  le  tome  XXXIII  delà  Bihlioth' [ue  de  l'E.ole  des  hautes  études, 
pp.  13,  17  et  3G. 


30i  HKMIK   AKCHÉULUGigUK. 

nuellemenl  îles  ilocuiinMiis  inirrossanU,  en  iiit'llaiil  .ui  jour  des 
assii'llt's  ou  (les  \Anl^,  ou  îles  objets  île  lalilc  de  loule  os[»èce,  (|ue 
nous  n'avions  «MU'ore  trouvés  nullt;  pari  avant  la  lin  des  croisades, 
l'ar  exemple ,  on  a  trouvé  à  l'aiis,  à  huianville  (Normandie)  el 
;\  IMerrefonds  di's  a>>u'ltes  du  xiii"  siéùle,  quel-iues-unes  avec  des 
inscriptions  i\  lellii's  oniMalcs,  d'autres  avec  des  êcussons,  d'autres 
portant  comme  mart|ue  un  marteau.  Les  lettres  et  les  martjues  leur 
ont  fait  donner  cette  date  ', 

Chcrrlioiis  aussi  des  documents  au  Musée  de  Chuiy.  Nous  y 
trouvons  une  petite  salière  fort  jolie  et  décorte  d'un  ^oi^l  parfait, 
ijui  est  é^'alt'uient  du  xin'  siècle. 

On  couiprondia  (jue  nous  en  parlions  un  peu  lon;,'ue:ui'ul.  De 
tous  les  objets  d'étain  réellement  arlisti(|ues,  c'est  assurément  le 
plus  ancien  connu.  Elle  consiste  dans  une  petite  boîte  hexagonale 
qui  peut  mesurer  7  à  8  centimètres  de  diamètre.  Le  couvercli-  se 
meut  au  moyen  d'une  charnière  placée  non  sur  un  des  six  côtés  de 
la  boite,  mais  surja  base  d'un  triangle  isocèle,  dont  les  côtés  égaux 
sont  formés  par  deux  côtés  consécutifs  de  l'hexagone. 

Le  dessus  du  couvercle  reiirésente  l'Annonciation.  La  Vierge  est 
debout  à  droite;  à  gauche,  l'ange  Gabriel.  Le  sujet  est  représenté 
sous  un  portique  à  plein  cintre  et  quatre  arceaux  soutenus  par 
iroio  colonnes.  Le  fond  est  très  linemenl  (juadrillé  et  orné  de  petites 
rosaces;  on  peut  y  lire  l'inscription  suivante  tout  autour  des  ligures  : 
Bossetus  me  fecit  :  Are  ijratia  plena  Domiuus  tccnm. 

Le  dessous  du  couvercle  est  également  décoré  en  bas-relief  comme 
le  dessus.  L'encadrement  et  le  ioud  sont  les  mêmes.  Le  sujet  cen- 
tral représente  le  Cruciliement.  L'inscription  est  changée  et  l'on 
peut  lire,  ce  qui  indi(jue  clairement  que  c'était  un  objet  de  table  et 
destiné  à  contenir  la  nourriture  :  Cuin  sis  in  iiwiisu  primo  de  pan- 
père  pensa  :  cum  pascis  eum  pat^cis,  amice,  Deum. 

Sur  les  cùlés,  un  médaillon  à  lobcô  entrelacé  d'angles,  au  centre 
du(iuel  est  une  tête  de  saint. 

1.  Lors  des  fijuilles  de  1807  pour  la  construction  du  boulevard  du  Palais,  sur 
l'euiplacciuenl  d'un  auciuii  couvent  de  biniabiies,  les  ouvriers  trouvèrent  un  plat 
d'élain  parfaitement  conservé.  Il  était  tout  simple  et  mesurait  environ  3U  à  35  cen- 
timètre» de  diamètre;  il  avait  pour  marcjue:  A  saint  lk'iiii,cn  lettres  onciales  (E  €), 
ce  qui  permettait  de  le  croire  du  xiii"'  siècle  environ. 

L'abbé  Cochet,  Im  Srmr-lnfà-ieurc  histnnqHr  et  iirchénlogifjue.  Paris,  in-/i%  1860, 
pp  302  et  363,  note  :  «  l'.n  1839,  à  DuranvilU-,  dans  le  déjiartemciit  de  l'Kure,  on 
trouva  dans  un  puits  huit  ou  du  assiettes  eu  éiain.  Ces  plats  portent  des  noms 
d'hommes  en  caracières  du  xiii'  siècle  et  des  écutsons  de  cette  époque.  » 

ViolIcl-le-Uuc,  Dicttuunatrc  du  mobiliT  fr-itn^w,  v.  Assu-tte,  pp.  18  et  10. 


i,'()iu"i;viti;un':  d'ktain  dans  i,'\.ntioi  rri':.  liO") 

Celle  pièro  n'a  p.is  ('Àr.  ciscltio  ni  nK^ini;  icprise  an  Inirin.  Toutes 
les  parties  principales  ont  dû  (tlw  cnniée.s  d'un  seul  nK)rc(;au  et 
rajustées  ensuite.  Nous  ne  croyons  pas  que  le  moule  de  cette  salière 
fût  en  métal,  mais  bien  plutôt  en  pierre,  ou  pcut-fttre  en  terre  '. 

Telles  sont  les  (|uel(jues  pièces  (jue  nous  avons  retrouvées  sur 
cette  époque. 

Mais  nos  preuves  ont  encore  d'autres  sources.  Le  xiii"  sièrle,  re 
grand  siècle  français,  a  mis  au  monde,  sons  l'inspiration  de  saint 
Louis,  une  (euvre  caidtaie  :  le  Livre  des  métiers  d'Ltienne  Hoileau. 
C'est  là  que  nous  irons  puiser  maints  renseignements  sur  les  indus- 
tries d'étain. 

D'abord  l'élain  se  teignait  de  diverses  couleurs  et  servait  à  la  dé- 
coration des  cierges  -.  Les  corroyers  elles  selliers  se  servaient  aussi 
beaucoup  d'étain  ^. 

Les  premiers  couvraient  les  ceintures  de  clous  d'étain  ou  de  mé- 
tal étamé.  Ils  en  faisaient  des  boucles  et  des  mordants  pour  les 
ceinturons,  et  les  ornementaient  souvent  de  fils  d'élain. 

Les  selliers  fabriquaient  pour  les  gens  de  religion  des  selles 
blanches  garnies  de  clous  étamés  '*.  Ce  fait  se  rapprocherait  beau- 
coup de  celui  que  nous  avons  déjà  signalé  dans  un  couvent  de 
Languedoc,  oîi  les  moines  avaient  des  pièces  de  hanarcliemenl 
étamées. 

Ces  mêmes  selliers  avaient  aussi  fabriqué  des  écus  ou  des  selles, 
soit  en  bois,  soit  en  cuir,  recouverts  de  feuilles  d'étain  naturel  ou 
coloré,  et  cette  pratique  devait  avoir  donné  lieu  à  quantité  de 
fraudes,  car  Etienne  Boileau  la  prohibe  formellement  dans  ses 
règlements. 

Nous  trouvons  encore  dans  ce  code  quelques  indices  clair-semés, 
il  est  vrai,  d'autres  industries,  telles  que  celle  de  la  bimbeloterie, 
qui  prit  son  essor  complet  au  xv'  siècle.  Nous  n'en  parlons  ici  que 
pour  mémoire,  nous  réservant  de  traiter  la  question  au  chapitre 
réservé  à  celte  époque. 

GERUdAIN    BAi'ST. 
[La  suite  prochainement.) 

1.  Viollet-lo-Duc,  Dictiomidire  du  mohilii'r  français,  y.  Salière,  pp.  150,  152. 
Catalogue  du  Musiie  de  Clumj,  u°  olSG. 

2.  //(*^>(>e  ^e'neVfl/^ '/e  Pa;'jî,  imprimerie  nationale,  187'J,  gr.  in-f".  Les  métiers 
et  les  corporations  de  la  ville  de  Paris,  xiii«  siècle.  Le  livr>'  des  tnetters  d'Etienne 
Boileau,  publié   par    René    de    Lespinasse  et  François    Bonnardot.    Introduction, 

p.  XLIX. 

3  et  II.  Même  ouvrage,  pp.  54,  l69  à  172. 


l.KTTRi:  VnUKSSKK  A  M.  C.  rKlUlOT 


Dliuni.l  II  D1-;  LA   .  IW.NLK  AnClIÉOI  OGIQUE  »> 


Monsioiir  et  tr^?  cher  ninîtrc, 

En  revennnl  do  Tunisie,  et  en  parcourant  les  numéros  de  l;i  lievuc 
arclicologitiuc  yavus  pendant  niun  ab>ence,  j'y  trouve  un  article  du 
P.  Delallre  sur  quelques  inscriptions  df  Cliemlou'  que  j'ai  copiées, 
l'an  liernier,  ;\  peu  prés  à  la  même  époque  que  lui,  et  qui  peuvent 
encore  prêter  à  quelques  observations.  Je  vous  serais  bien  recon- 
naissant de  me  donner,  pour  les  présenter,  l'hospilalilc  de  la 
Hcvue. 

Je  laisserai  de  côtù  les  inscriptions  funéraires  que  je  n'ai  pas 
vues;  quanta  celles  qui  sont  publiées  à  la  page  2t^-  et  qui  sont 
gravées  sur  une  même  colonne  de  pierre,  aux  doux  extrémités, 
le  texte  que  j'en  ai  pri?  olTre  avec  celui  que  donne  le  P.  Uclattrc 
quelques  différences  qui  ont  leur  importance;  je  transcrirai  ici 
ma  copie  : 

a.  D  •  N  •  FLAVio 
D  E  L  M  A  I  lu 
N  O  B    •    C  A  E  S 

colsimiTthvs 

D  E  V  O  T  A 


t.  I.irriluon  d'octoliro  1882,  p.  343  et  suiv.  Cf.  les  observations  do  M.    tl'ron   do 
YilIcfofVM!  à  le.  Rwitc  de  rariicle  du  P.  Dclattre. 
a.  Octobre  18K2,  d"  57. 


I.K'niΠ   ADHKSSKK    A    M.    t..    l'I.llUOT.  307 

/;.       IMPP-CAESS 

FFLL    •    VALENTI 

N I ANOETVALEN 

TIAVGGDEVOTA 

SIMITTHVS 


Comino  011  lo  voit,  la  conjorlaro  de  M.  Uinon  de  Yillefosse  qui 
voulait  lire  FFLL,  au  lieu  de  FELL  ([ue  portait  la  copie  re(;ue  par 
lui,  est  conforme  à  ma  lecture. 

Le  P.  Delattre  ajoute  à  la  suite  de  ces  textes,  et  au  sujet  de  l'or- 
tliograplie  du  noui  de  la  ville  antiijue,  l'observation  suivante  .  «  Ce 
nom,  qui  est  gravé  Simittu  sur  les  inscriptions  dont  la  beauté  des 
caractères  indique  le  i'^  et  le  ii"  siècle,  se  transforme  au  iv"  siècle  en 
Siinitlhm  et  Simithits.  »  C'est  un  point  sur  lequel  il  n'est  pas  inu- 
tile d'insister  un  peu  plus  longuement. 

Tout  d'abord,  le  nom  de  la  ville  c^l-ï\  Simittu  ou  Simittus'^  L'Itiné- 
raire d'Anlonin  donne  dilTércntcs  formes  qui  sont,  d'ailleurs,  rappe- 
lées au  Corpus  '  :  Simithu,  Simitu,  Siviittu,  Sinuthu;  sur  la  Table  de 
Peutinger  on  lit  Sunitu.  Ptolémée  appelle  cette  colonie  iiiaîaOou  -. 
Enlin,  sur  les  deux  premières  inscriptions  où  figurait  l'etbnique, 
trouvées  dans  les  ruines  de  Chemtoti,  on  lit  : 

1°  viam  a  Simit'Ju?)^  mque  Thnbracam 
2"  veterani  morantes  Simittu. 

Tout  portait  donc  à  croire  que  le  nom  antique  de  la  cité  qui  s'élevait 
à  l'endi'oitdit  aujourd'hui  Chemtou  était  Simittu.  Mais  en  examiuant 
de  plus  près  les  documents  qui  viennent  d'être  rappelés  on  s'aperçoit 
(]iie  le  témoignage  de  Ptolémée  peut  seul  être  invoqué  à  l'appui  de 
cette  opinion;  on  sait,  en  elTet,  que  dans  les  listes  de  villes  données 
par  ce  géographe  tous  les  noms  sont  présentés  au  nominatif.  Quant 
aux  autres  textes  dans  lesquels  se  rencontre  le  mot  Simittu,  aussi 


1.  \  m.  p.  158. 

2.  IV,  3,  i;9. 

3.  Cf.  Rev.  arche.oL,  1881,  avril,  p.  225,  ii"  3. 


306  IIKVI  K    AIlCHKtlI.OCigi'K. 

bien  les  ilinéraires  que  les  .Jeux  inscriptions  (•itt''i's,  ils  ne  prouvent 
rien,  puisque  ce  mot  y  est  cmployô  h  l'aMalif. 

Si,  il'un  autre  cAlé,  on  se  reporte  à  d'autn-s  inonumonls  que  des 
dtV'OUverles  rùecnles  ont  mis  ;iu  jour,  il  semble  que  le  nom  de  la 
ville  se  soit  terminé  non  en  »,  mais  en  us,  et  ijuMI  se  soil  décliné. 
Aux  deux  inscriptions  iml. liées  par  le  1».  Delaltre  (jue  nous  avons 
transcrites  plus  haut,  on  peut  ajouter  deux  autres  documents  épi- 
grapliiques  (|ui  mènent  à  la  même  conclusion. 

Le  premier  eM  médit;  il  se  trouve  sur  la  roule  de  Chemtou  à 
Hammam-Darradji  [Bnlla  Refjia),  à  trois  kilomètres  environ  des 
carrières  de  Chemtou  : 

Sur  une  colonne  de  [lierre.  —  Haut,  des  lettres  :  0,03. 

IMP     C  A  ES 

FLAVIO   CLAVDIO 

IVLIA//0    AVG 

sîMITT  VS    De 

VOTA 


Le  second  a  été  publié  par  le  V.  Delullre  ii;m>  l;i  liniic  iinhi'olo- 
gifjufi,  mais  avec  de  graves  inexactitudes';  j  en  ai  pris  deux  copies 
et  un  bon  estampage,  et  je  crois  pouvoir  établir  le  tixle  de  la  lac^'on 
suivante  : 

r;iflGN  E  NTIO 
seMPER  AVG 
ctVLNSIMIT 
mVSDEVOTA 

1 

[Invicto  prm]cipi?  (liomino)  [n{oslro)  Ma]iiui'ntio  [se]n)pn-  Aug{uslo) 
[c{olonia)  J]ul{ia)  Niuniidioi)  Simit[t]lius  dévolu. 

\.  Hcv.  nrcfn-of.,  1883,  mal. 


i.Ki nu;  ADiiKssi'.K  A  M.  (;.  i'i:iuu)i'.  i5()î> 

lùiCni,  ;m  lômoignagede  ces  (juitre  inscriptions  on  peut,  peut-être, 
en  njoutcr  un  nuire,  l)ien  moins  concluant,  celui  ilc  l'anonyme  <le 
Havoniie  où  on  lil  le  nom  ancien  de  Ciienitou  écrit  'Seiuituin^  mot 
qui  semble  ôlre  un  accusatif, 

La  conclusion  à  tirer  des  testes  qui  viennent  d'tMre  rapprochés 
est  la  suivante  :  il  n'est  pas  possii)le  d'aflirmcr  (ju'au  r'  siècle  le 
nom  antique  île  la  ville  n'était  \)3iS  Similtiis ;  c'est  un(;  question  (|ui 
ne  saurait  être  tranchée  (pie  par  la  découverte  de  nouvelles  inscrip- 
tions-; mais  aux.  lias  temps  de  l'empire  le  mot  fut  certainement  lati- 
nisé et  comme  tel  soumis  aux  régies  de  la  déclinaison. 

Quelle  était  l'orthographe  officielle  de  ce  nom?  Simittiis,  Simitkus, 
ou  Simitthus'? 

Pour  répondre  à  cette  question  on  ne  peut  avoir  recours  qu'aux 
inscriptions;  or  une  seule  de  celles  où  se  trouve  l'etliniijue,  parmi 
les  textes  que  nous  connaissons  jusiju'à  ce  jour,  ne  porte  pas  sa  date 
avec  elle  :  c'est  l'épitaphe  du  tombeau  élevé  par  les  vétérans  demeu- 
rant à  Chemlou  à  L.  Silicius  Optatus;  mais  la  forme  des  caractères 
ne  permet  guère  de  l'attribuer  à  la  belle  époque. 

En  comparant  toutes  les  autres  entre  elles  on  obtient  le  tableau 
suivant  : 

Simit[tu]^  dans  une  inscription  du  temps  de  Trajan; 
Col.  [Si]initlicnsiuni  —  ûi^s  Antouins  ; 

Simittlnis  —  de  Dalmate; 

Simitthus  —  de  Magnence  ; 

Simitius  —  de  Julien  ; 

Simitthus^  —  Je  Valenlinien 

et  de  Valcns. 

II  n'est  donc  pas  absolument  vrai  d'avancer,  comme  il  a  été  dit, 
que  l'orthographe  du  nom  a  varié  avec  les  siècles  :  elle  semble 
plutôt  n'avoir  jamais  été  bien  fixée;  on  peut  néanmoins  établir  (jue, 
si  l'ortho.^M-aphe  Siinilthun  dominait  au  quatrième  siècle,  Vh  a  été 
employé  dans  l'intérieur  du  mot  dès  l'époque  des  Antonins. 


1.  Anon.  Ravenn.  (éd.  Pinder  et  Partliey),  148,  8. 

2.  Il  faut  pourtant  remarquer  que  les  noms  de  villes  indigènes  en  ?/,  en  Afrique, 
semblent  avoir  été  originairt'ment  ind>'clinables.  C'est  ainsi  qu'on  trouve  au  génitif 
Cliullu  ei  Ml/eu  [C.  1.  L.,  Vlll,  G710  et  6711), 

3.  Simithus  d'après  la  copie  du  P.  Delattre. 


[\\i)  IIK\l*K    AH<.llk(U.O<i|«.)UK. 

CVtail  t'Videmnicnl  un  ninvrn  de  reprèscuU'r  pai  lYriiliin^  la 
prononrinlion  du  donlilt*  t  horbhp  ronlonn  dans  lo  mol  Simittii. 
Ptolt'iiitV,  pour  la  ini^iiio  rai!»on.  ^'crivail  ïiuciOoj'. 

Ajoutons  que  la  dernière  des  inscriptions  <|ue  j'ai  tr.ins('ril<»s,  et  où 
la  ligne  4  est  rortaino,  nous  prouve  que  cette  colonie  portail  le  nom 
de  Jm/iVi  et  non  celui  de  Flaria^  (jne-tion  i|ui  nVtait  point  encore 
nVsoluo. 

La  double  borne  milliaire  pnl)li(''e  par  le  T.  Dflattre  indiqunlt- 
elle,  comme  il  le  peii.''.e.  le  |iremier  mille  sur  la  voie  qui  conduis  ijt 
de  Simittus  à  Bnlla  liegia  ?  Il  me  sembl««  bien  difficile  de  l'afllnner; 
car  les  ruines  ont  subi  un  ;:rai)d  bouleverscinfiit  depuis  ranti(iuilé 
fit  il  est  fort  possible  que  la  colonne  ait  été  employée  dans  une  cons- 
truction postcrieure.  trest  ce  qui  est  arrivr  pour  deux  autres  bor- 
nes où  on  lit  également  le  chilTre  I  :  le  premier  milliaire  de  la  roule 
de  Simittu  à  Thiibraca  qui  est  dans  les  ruines  d'un  èditice  berbère, 
à  l'intérieur  de  la  ville,  el  la  borne  que  j'ai  reproduite  plus  haut 
(n'  3),  elle  a  été  trouvée  dans  les  déblais  de  la  carrière  de  marbre. 

Il  me  faut  aussi  rectilier  légèrement  le  texte  de  l'inscription  publiée 
par  le  P.  Utlallresous  le  n"  61  -,  d'après  ma  copie  cl  l'estampage  que 
j'en  ai  pris;  il  faul  certainement  lire  : 

//  ?  A  M  E  N 

CVRI  AE 

caelc's'?  T  I  A  E  H  S  X 

mn  /oCAVlT 
I.MER1T0  •  P  •  P 
CVRIACAELEST 
MESVLEVM  PSVA 
ET  EXVVIAS  •  FEC 
ET  NATAL!  EIVS  XIK 
APRIL     AEPVLANTVR 

Ie.s  deux  dernières  lignes  étant  eu  plui  pelils  caractères;  ce  qu'il 
faul  expliijuer,  je  crois  : 

fl/imi  II.  .  ciiriar  Caelcs]iiae  US  X  [m'Jllibns)  n{iimiiiuni)  collo]cavH 

1.  Cf.  TJ»»ot,  It  Hnsiiii  'iu  Hii'/iùf/ii,  p.  9,  noie  l 
3.  Ibid.,  p.  2!i3  et  360. 


Li  riiiK  AimKsséK  a  m.  a.  pKiiii'ir.  311 

b[ene]  uicritn  jtro)  ])  ii'tntc)  ou  piecnnia)  i)[rnjiriii,\  Curia  duc- 
li'sl  in)  nit'sttlcitm  II  ocunin)  siiii  et  e.cnriiis  fec(tt),  d  witnli  rjus, 
XI  K{(ilrnihi>i)  .{iiril'csi,  lU'iniUintnr. 

Cl!  iiKiiiiiiiii'Hl  piiiMil  èiit;  mil'  h.nc  clovùi;  pir  un  llainitie  lii-  la 
curio  (Itvlesliii  à  uu  pcrsontiat^'c  (jui  lui  tiMJ.'iil  de  pir.s  ou  (|ui  .ivait 
une  grande  posiliou  dans  la  curie.  Ou  voit  les  houneura  quf  colle-cl 
lui  avait  dôcornés  après  sa  mort. 

Vouilloz  af^iéur,  Monsieur  et  cher  niaîlre.  l'expression  de  mon 
plus  alïectuoux  respect. 

W.    CAGNAT. 


1.  Les  siglcs  P  •  P  s'cxpliiiiicnt  giiiôraliMiieiit  par  /j' in:  ni  in)  ii{ihli':i),  mais  il 
semble  qu'ici  cette  interprétation  ne  convieune  pu'.  Cf.  des  cas  analog  ics,  C.  I.  A., 
Vlll.  307,  483,  il/|8,  7317. 


KSSAl  DlNTKUl'UKTATldN  Dl  N  Ml Ai.MKNT 

DU  CAiniEiN  aim)L()(;i:tici]\i 

1)K     COMMODl  K\  ' 


C'est  un  «''trange  pclil  poème  •]Uo  le  Carmen  ajwlogcticum  ad- 
vtrsus  JudiLos  et  Gentrs  de  Coinmodic-n -,  cl  dont  la  k'cturc  suscite 
plus  d'une  qu«'s!ion.  Le  litre  de  cet  ouvrnge  esl-il  ancien  et  authen- 
tique? Il  parait  donné  arbitrairement  et  ne  guère  répondre  à  son 

1.  Les  lecteurs  de  lu  Re.ue  archeologù/ue,  sans  doute,  regardent  ce  que  vaut  un 
travail,  sans  s'inquiéter  des  sources  diverses  où  l'auteur  a  puisé  pour  le  faire,  ni  des 
livn's  qu'il  a  consultés.  Je  tiens  cependant  à  dire  ici  que,  dans  cet  essai  d'interpré- 
tation d'un  fragment  àuCumien  n/io/vfji'ticuviàG Commodicn,  systématiqutmcnt  j'ai 
voulu  ignorer  tous  les  travaux  explicatifs  et  exégétiqucs  qu'a  suscités  en  Allimapne 
ou  en  France  la  publication  de  ce  sinirulier  petit  poème.  Par  cette  abstention  volon- 
taire je  me  serai  certainement  privé  de  lumières  précieuses  et  d'indications  excel- 
lentes, qui  auraient  pu  me  guider;  mais  en  revanche  j'ai  gardé  plus  franche  et  plus 
pleine  ma  liberté  critique.  Que  si  dans  les  idées  qu'on  trouvera  dans  ces  pages  je 
nie  rencontre  avec  quelque  savant  français  ou  allomand,  c'est  tant  mieux  pour  moi; 
c'est  sans  connaître  les  thèses  d'autrui  que  je  les  coulirmc.  Je  prie  qu'on  ne  m'ac- 
cuse pas,  comme  on  l'a  fait  maintes  fols,  de  les  reproduire  ou  de  les  emprunter.  Si 
au  contraire  les  idées  énoncées  ici  sont  nouvelles,  différentes  de  celles  généralement 
reçues  par  ceux  qui  ont  fait  du  Curmrn  l'objet  de  leurs  études,  j'accorde  que  ce  soil 
tant  pis  poi:r  moi,  mais  je  prie  qu'on  se  souvienne  que  le  Curmeu  est  un  poème 
bibyllin,  et  qu'il  peut  y  .ivoir  plusieurs  manières  d'entendre  Ici  sibylles.  En  tout  cas, 
vérité  ou  erreur,  ce  que  je  donne  ici  est  tout  mien  l'i  n'a  d'autre  ori^'luc  que  mes 
réflexion»  sur  le  texte  du  Ciirmen,  qui  appartient  atout  le  momie.  Je  n'ai  connu  que 
les  quelques  pages  sur  Commodien  qui  se  trouvent  dans  le  premier  volume  récem- 
ment publié  de  la  traduction  de  V lU^toirp  ijijni}rnle  de  In  Uttomture  <lu  t>v»/rn  âge 
en  (Jrrifiriit  de  .M.  A.  Eberl  de  Leipzig,  les(|uell.s,  comnif  les  curieux  peuvent  s'en 
convaincre,  ne  pouvai'iit  gi^ner  en  rien  ma  liberté  d'interprétation. 

2.  Découvert  et  publié  pour  la  première  fois  en  lS5i!  par  D.  l'itn,  dans  le  t.  I 
du  Si.tcilrrjium  Solesmeme,  —  et  plus  réceumient  (Leipzig,  1877;  par  M.  Lrn'st 
Ludwig,  dans  la  iiibiiolhtque  doTeubner. 


FRAGMENT    DU   CARMF.N    APOLOGETICUM    DK   COMMODIEN.  313 

contenu,  (jn'esl-ce  que  son  auteur?  On  dit  (juc  Goininodien  était 
évc^ijuc  d'Afrique  et  qu'il  a  vécu  et  écrit  au  iumps  de  Cyprien,  au 
ini!i(!U  (lu  m"  siècle.  Il  n'est  pas  bien  sûr  ({ue  (^omniodicn  ail  été 
évé{iue.  Son  nom  ne  se  trouve  pas  parmi  les  noms  d'ecclésiastiques 
cités  par  Cyprien,  pas  môme  dans  la  liste  des  quatre-vingt-cinq 
évéïjues  qui  assistèrent  au  grand  synode  tenu  ù  Carlhage  le  1""  sep- 
tembre li^rJG  à  propos  de  la  controverse  baptismale.  Pour  cette  raison 
toute  négative  et  pour  quelques  autres,  j'inclinerais  à  croire  qu'il 
n'appartenait  pas  à  la  liiérarcliie  de  l'Église.  Il  fait  l'cfTet  d'un  in- 
discipliné de  l'école  de  Tertullien,  esprit  libre  et  indépendant  bien 
éloigné  de  la  sagesse  moyenne,  pondérée,  politi(iuc  des  administin- 
teurs  ecclésiastiques  du  temps,  dont  Cyprien  est  le  modèle.  C'est  un 
rêveur  sombre,  ardent,  d'un  sens  lourd,  grossier  et,  si  j'ose  dire, 
populaire.  Par  son  esprit,  sa  langue,  sa  façon  de  prendre  et  d'en- 
tendre les  choses,  il  est  peuple  K 


1.  Ledernier  acrostiche  du  livre  II  drs/«.ç/r(/c//OHe^,  intitulé  :  Nomf.n  Gaz;ei  (pa?7z- 
citla  prior,  cdit.  Ludwi'j,  dans  la  Biblioth.  de  Teubncr,  p.  52),  donne  ainsi  le  nom 
de  l'auteur  de  ce  petit  ouvrage  :  Christi  mendicus  Commodin?!^-.  D'&utre  part,  plu- 
sieurs passages  des  deux  livres  des  Instructioncs^  et  particulii  rement  le  dernier 
acrostiche  du  premier  livre  :  De  Antichristi  tempore,  ])crmettent  d'affirmer  très 
certainement,  môme  en  l'absence  de  toute  autre  indication  plus  explicite,  que  l'au- 
teur des  deux  livres  des  Itistructiones  et  celui  du  Carmen  apologelicum  ne  sont 
qu'un  seul  et  mùme  personnage. 

S'il  en  est  ainsi,  il  suit  que  Commodien,  qui  s'appelle  lui-même  Gazasus,  n'est  pas 
Africain  de  naissance,  mais  né  à  Gaza,  non  loin  d'Ascalon,  dans  la  Syrie  palesti- 
nienne. Il  peut  s'être  établi  do  bonne  heure  dans  quelque  ville  de  l'Afrique  romaine, 
et  être  ainsi  devenu  Africain  par  adoption  ;  mais  on  n'en  sait  rien  de  façon  cirtaine. 

Le  premier  acrostiche  du  livre  I  des  Instruclioutis  nous  apprend  qu'il    naquit  en 
dehors  du  christianisme- 
Ego  similiter  erravi  tempore  multo 
Fana  prosequendo,  parenlibus  insciis  ipsis. 

Ce  dernier  vers  même  donnerait  à  penser  que,  né  au  sein  du  judaïsme,  il  s'attacha 
quelque  temps  à  l'idolâtrie.  C'est  au  moins  l'idée  que  suscite  à  l'esprit  ce  mot  pa' 
rentibus  imciis  ipsis.  Cependant,  outre  qu'on  ne  passait  guère  du  judaïsme  au  chris- 
tianisme en  traversant  Tétape  du  polythéisme,  le  vers 

Absluli  me  tandem  inde,  legendo  de  lege. 

marque  assez  clairement  que  c'est  !a  méditation   des  r;critures   hébraïques  (|iii  l'a- 
mena à  la  foi  chrétienne. 

Dans  le  manuscrit  du  Carmen  apologelicum,  Commodien  est  désigné  sous  le 
titre  d'évOquc.  Il  serait  assez  étrange  qu'un  évéque  fût  partisan  du  chiliasme  et  de 
l'hérésie  des  patripassiens.  Mais,  bien  que,  dans  le  second  livre  des  Instructiones 

III^  SÉRIE,  T.  II.  —  1\ 


:\\\  IIF.VUK    AHCIltfOL(KÎI()UR. 

Son  Cnrmcn  a}toto()cticum  v>[  irunp  poésie  bail) iiv,  ^li'.mgfciT  non 
sciiICMUMil  ;\  riM('KHiC(>  litti^iair»',  mais  cnroiv  aux  K^glcs  formelles  de 
la  |.ro>0(lie  Inline,  au\  lois  de  la  (inanlili'  syllal)l(|ue  el  de  r^lision 
en  nintiôre  d'hexnniMies.  I/aecenl  Kr.Tiiii>'''l''"'l  tient  d'ordinaire.  A 
rc  qu'il  Si  mille,  la  place  de  la  (luanlltô  dans  le  second  htinisiiclie. 
Ouaiil  au  .Myle,  cVî^t  un  jptVIinpn  de  la  rude  etf>alne  langue  vulgaire 
du  temps,  sans  la  fougue,  l'énergie  originale  ell'«Vlat  de  Terlullien. 
Pour  le  fond,  ee  petit  puéme  appartient  h  la  famille  des  Compo- 
sition^  apocalyptiques  et  sibyllines,  oùciuelques  traits  d'histoire  con- 
li-mporaine  se  m/^lent  à  beaucoup  de  fantaisies  visionnair;'^  emprun- 
tées parfois  aux  classiques  du  genre  et  surtout  ù  VApornhjpse  de 
saint  Jean,  traits  d'histoire  fort  trouble,  souvent  indéchilTrable,  faite 
d'ccbos  pnpulairos,  de  récits  confus  et  mal  digén'îs. 

Je  voudrais  étudier  un  fragment  de  l'épilogue  de  ce  poème  et  en 
proposer  une  interprétation. 

Commodicn  est  iiianifeslemcnt  partisan  des  idées  millénaire.-.  La 
dirniore  partie  du  Cnnnm  eût  l'exiiosition  des  fins  dernières  du 

monde. 

Les  délices  d'une  vie  nouvelle  cominenceront  lorsque  le  monde 
aura  parcouru  sa  carrière  de  six  milL'  ans.  Alors  les  lidéles  verront 
l'accomplissemenl  dos  divines  promesses.  Tirés  de  l'enfer,  tous 
s'écrieront  :  Ce  que  nous  avons  autrefois  entendu,  nous  le  voyons 
aujourd'hui,  l'ius  de  douleurs,  de  blessures,  d'alarmes  cruelles  ; 
mais  la  joie  sans  lin.  Mais  quand  donc,  dites-vous,  ce  jour  heureux 
se  lévera-t-il?  Apprenez  ce  qui  doit  en  précéder  et  en  annoncer  la 

venue. 

a  Le  signe  initial  sera  notre  septième  persécution.  Voici  qu'elle 
frappe  à  la  porte;  se  poussant  les  uns  les  autres  l'épée  dans  les  reins, 
la  masse  envahissante  des  (îollis  franchit  le  fleuve.  Le  roi  Apolyon, 
nom  redoutable,  sera  à  leur  tète,  qui,  les  armes  à  la  main,  fait  cesser 
la  persécution  des  saints.  11  marche  vers  Homo  avec  uiie  multitude 
de  nations  :  instrument  de  Dieu,  il  fait  prisonniers  nombre  de  ceux 
(ju'il  a  soumis.  Beaucoup  de  sénateurs  captifs  gémiront  alors  et, 

•urloul,  CominodicM  enseigne  de  haut  et  avec  autorité,  ou  ne  voit  aucune  raison 
décisive  qui  oMit;e  d'affirmer  qu'il  ait  appartenu  en  effet  à  la  tiiérarchie  ccclé- 
•iaMique.  C'était,  à  ce  qu'il  me  semble,  un  libre  docteur  qui  faisait  la  leçon  \  tous, 
grands  el  petits,  et  ne  craignait  pas  mCnie  de  rappeler  leur»  di  voirs  aux  |)astonrs. 
\ji  ftilenc:  absolu  de»  écrits  de  Cypricn  me  paraît  tr(!s  fort  contre  lliypotlifcse  de  l'é- 
pUcopat  de  Conimudleu. 


FHAG.MRNT    Di;    CAHMRN    AfOLUGKTnUM    Di:   COMMODIR.N.  .Tl  fJ 

vaincus  |t;ii'  Je  h.'irli.iie,  hlaspluniUMil  Ir  Difii  du  ricl.  Ceq  i,'enlilB 
ct'peiHl.iiilnounis.st'iit  |),iilnul  leschrétifiis, les  Irailent.'n  frères,  et, 
pleins  (Jt!  juie,  les  accueillent  mieux  iju'ils  ne  font  los  (iébaufiiés  et 
les  adorateurs  des  vaines  idoles.  Ils  poursuivent  en  elîet  les  sénateurs 
et  les  nieltent  sous  le  joug.  Voilà  les  maux  que  subi^:senl  ceux  qui 
ont  [lerséculé  les  amis  de  Dieu.  Peiidanl  timj  mois,  ils  sont  égorgé 
par  l'épôe  des  ennemis.  » 

El  eril  iniiiuiu  seplima  perscculio  nostra  : 
Ecce  jam  januara  puisât  et  cogitur  ense, 
Qua;  cite  Iraiciet,  (Jolhis  irrumpentibus,  nmneni. 
itex  Apolyon  erit  cum  ipsis  nouiine  dirus, 
Qui  per.-cculionem  diisipel  sauctorum  lu  armis. 
1*01  git  ad  llomaui  cum  multa  millia  geules 
Dccretoque  Del  captivât  ex  parle  subaclos. 
Mulli  senatorum  tune  onim  captivi  deflebunt, 
Et  DeuQi  cœlorum  blasphémant  a  barbare  vicli. 
Ili  tamen  Gentiles  pascunt  Chriitianos  ubiquc, 
Quos  magis  ut  fratres  rcquirunt,  gaudio  pleni, 
Quam  luxuriosos  et  idola  vana  colenles. 
Persequuntur  enini  et  senalum  sub  juge  mittunt 
Ilaic  mala  percipiunt  qui  sunt  persecuti  dileclos  ; 
Men!<il)us  in  quinque  Irucidantur  isli  sub  hoste  '. 


Il  s'agit  ici  d'une  persécution  passée,  dont  tantôt  le  poète  parle  au 
futur,  tantôt  au  présent:  il  la  nomme  précisément;  c'est,  dans  le  cata- 
logue déjà  fixé  de  l'Eglise,  la  «eptième,  celle  de  Déce.  La  diver- 
sion des  Golbs,  qui  ont  passé  le  Danube,  y  a  mis  fin,  en  même 
temps  que,  par  ordre  de  Dieu,  ils  venaient  punir  les  persécuteurs. 
C'est  une  idée  courante  à  ce  moment  dans  les  cercles  chréliens.  Le 
chef  des  Golbs  Kniva  est  nommé  Apolyon,  le  destructeur,  l'extermi- 
nateur, appellation  empruntée  à  l'Apocalypse-.  La  marche  sur  Rome, 
la  captivité  du  sénal,  sont  choses  de  fantaisie,  mais  non  la  menlion 
des  nombreux  prisonniers  faits  par  les  barbares,  ni  les  blasplièmes 
des  païens  contre  les  chrétiens  et  leur  Dieu.  N'accusait-on  pas  les 
chrétiens  de  tous  les  maux  qui  frappaient  l'empire?  C'est  pour 


1.  Coinmodien,  Carmen  npol.,  v.  801-815. 

2.  Après  que  le  cinquième  ange  a  sonné  de  la  trompette,  du  puits  de  l'abime  sor 
une  fumée,  et  de  cette  fumée  sort  une  nuée  de  sauterelles  qui  tourmentent  le 
hommes  pendant  cinq  mois,  et  un  auge  de  l'abime  les  conduisait,  qui  avait  qoil 
en  grec  Apolyon.  .l/'0'\,  IX,  1-12. 


3IG  IIKVIK   AnClIKOLOGIQUK. 

rt^pomlre  à  ces  accusations  que  Cyprien,  en  rc  nn"^mo  tonips,  prenait 
1.1  plume  l'I  énivait  sa  lettre  apoIo^tMiij'.ie  ad  fh-inrlrianum.  Oiianl 
au  fait  des  liiKMcs  épari^nt"";,  nourri-^  par  les  liarbnres,  traités  par 
eux  en  alliés  et  en  frères,  il  faut  entendre  par  là  (pie  les  clirélicns, 
dans  \c  fru  ou  sous  la  nienare  de  la  perséeutiou,  ne  voyaient  pas  sans 
certains  senlinionls  de  joie  s;'crt'te  les  barbares  se  ruer  sur  l'empire 
et  le  décbirer,  et  les  considéraient  comme  les  agents  du  Seigneur  et 
les  instruments  des  représailles  rélestes,  comme  des  libérateurs  et 
des  amis.  La  lettre  dite  fanoniijue  de  (îrégoire  de  Néocésarée  nous 
apprend  même  que  quelques-uns  ne  se  bornaient  pas  h  les  aider  de 
vœux  platoniijues,  mais  s'alliaient  elTeclivemenl  à  eux,  pillaient  et 
saccageaient  ;\  leur  suite  et  sous  leur  couvert*.  Les  cinq  mois  de 
carnage  que  subissent  les  païens  pour  avoir  persécuté  les  amis  de 
Dieu  paraissent  un  délnil  emprunté  à  l'Apocalypse-  et  qui  répond 
peut-être  approximativement  à  la  durée  de  l'invasion  des  (joths. 

«Cependant,  dans  ce  môme  temps  Cyrus  s'élève  pour  disperser 
les  ennemis  (de  l'empire)  et  délivrer  le  sénat. 

«  De  l'enfer  revient  celui  qui  avait  déjà  gouverné  l'empire,  celui  que 
l'on  connaît  bien,  gardé  depuis  longtemps  avec  son  corps  d'autre- 
fois. Nous  savons  (jue  celui-ci  est  l'ancien  Néron  lui-même,  qui  dans 
Home  jadis  punit  Pierre  et  Paul.  Le  voilà  donc  qui  revient  de  nou- 
veau à  la  fin  des  temps,  sortant  dos  obscures  retraites  où  il  était 
tenu  en  réserve  pour  cette  œuvre.  Le  sénat  s'étonne  de  voir  sub- 
sister encore  cet  odieux  personnage.  Cependant,  dès  (ju'il  aura 
apparu,  on  le  considérera  comme  un  Dieu.  • 

Exsurgil  interca  sub  ipso  Icrapore  Cyiu?, 

Qui  terreal  liosles  cl  libcrcl  inde  seualum. 

Kx  iiircro  redit  qui  fucral  regno  pra'roclus 

El  diu  servatus  cum  prisliiio  corpore  notus. 

Discimus  hune  aulein  Ncronem  esse  veluslurn. 

Oui  Petruin  el  Paulum  prius  punivil  in  Urlie  : 

Ipsc  K.'dil  itoruin  sul)  i|)so  s:i>ciili  fine 

Kx  loci.s  apocryj)hi>,  ij'ji  fuit  re>er\alus  in  isla. 

Huiic  ii)sc  soiialus  invisum  os^o.  miranlur  ; 

Uui  cum  adparuenl,  quasi  Dcum  a-^n  pulibiiiit  V 


1.  Tjllemont,  Mémoires  eccU^  ,  t.  III,  p.  .'i07  60.S. 

2.  Voir  Aiioral.,  IX,  1-12. 

.T.   Cartnrn  a/Ktl.,  v.  H13H:i. 


KIIAGMKNT    l»r    CMIMIA     M'Ol.od  KÏICI  M    l»l.    i.i  iM  MoDI  |;\ ,  j|7 

<Jlic  sitjnincnl  les  deux  pinniLTs  vers  de  c.û  passage,  (|uc  je  crois 
pouvoir  (lôlaclior  de  ce  qui  précède  el  de  ce  qui  suit  /  (Juel  est  ce 
Cyrus  suscilù  pour  elTrayer  et  disperser  les  ennemis  et  délivrer  le 
sénat?  Kvidcniniont  il  s'agit  ici  du  sénat  romain,  lequel  peut  ici 
figurer  non  l'enipeieur  fragile  et  changeant,  mais  l'empire  lui- 
niénic.  Les  «  ennemis  »  ,  par  consé(|uent,  ce  sont  les  barbares  qui 
l'avaient  envahi  cl  le  tenaient  captif,  et  qui  y  avaient  exercé  le  pil- 
lage et  le  meurtre  pendant  cinij  mois.  Cyrusest  par  suite  la  figure 
d'un  autre  prince. 

Dans  la  tradition  constante  de  l'Écriture,  Cyrus  est  toujours  l'éman- 
cipaleur  du  peuple  de  Dieu,  celui  qui  lui  a  rendu  son  temple,  la 
liberté  de  son  culte  et  ses  foyers;  non  précisément  un  fidèle,  mais 
presque  un  ami.  Cela  accordé,  ne  pourrait-on  pas  supposer  que,  par 
Cyrus,  le  poète  entend  et  veut  désigner  figurativcment  soit  le  suc- 
cesseur immédiat  de  Déci',  ïrébonianus  (iallus,  soit  iEiiiiliaiius, 
qui,  après  avoir  vaincu  les  barbares  en  Mésie,  Uni  un  instant  la 
pourpre  ?  Ni  Gallus,  sans  doute,  ni  i'Emilianus  ne  méritent  à  aucun 
titre  l'honneur  d'être  mis  en  parallèle  avec  Cyrus.  Le  premier 
cependant  avec  l'or,  sinon  avec  le  fer,  sut  débarrasser  l'empire  des 
barbares  et  rétablir  pour  un  temps  la  sécurité  publique  en  faisant 
la  paix.  Le  second  sut  les  vaincre  avec  ses  légions  et  les  rejeter  au- 
delà  du  Danube.  Pendant  le  règne  du  premier,  l'Eglise,  sinon  tout  à 
fait  à  Rome,  au  moins  dans  toutes  les  provinces  el  parliculiérement 
en  Afiiiiue,  jouil  d'une  tolérance  précaire  peut-être,  mais  pourtant 
fort  douce,  comparée  au  régime  de  terreur  et  aux  exécrables  violences 
du  régne  précédent.  Sous  le  second,  celle  tolérance  fut  plus  pleine 
encore. 

Quelque  chose  pourtant  en  mon  esprit  môme  résiste  à  celle  hypo- 
thèse, dès  son  seul  énoncé.  Cyrus  est  un  grand  nom  historique,  en- 
core grandi  par  l'éloignenienl.  L'empereur  Trébonianus  Gallus  est 
un  nom  obscur,  el,  si  l'on  y  regarde  de  prés,  assez  méprisable.  L'em- 
pereur .Emilianus  n'est  rien  qu'une  ombre.  Quelle  apparence  qu'un 
poète,  même  en  ses  plus  audacieux  mensonges,  ait  pu  désigner  l'un 
ou  l'autre  de  ces  deux  personnages  de  ce  nom  glorieux?  D'autre  part, 
Cyrus  pour  les  docieurs  et  les  historiens-poètes  des  juifs  est  un  pro- 
tecteur déclaré,  presque  une  incarnation  de  la  théocratie  mosaïque, 
le  restaurateur  de  l'indépendance  politique  et  religieuse  d'Israël: 
Gallus  ou  .Eniilianus,  son  éphémère  successeur,  a-t-il  joué  vis-ù-vis 
de  l'Église  un  rMe  pareil  ou  analogue?  Tant  s'en  faut.  Le  premier  a 
exilé  successivemenl  el  coup  sur  coup  Corneille  et  Lucius,  les  deux 
chefs  élus  de  l'Église  de  Home,  avec  plusieurs  de  leurs  acolytes  :  il 


3i8  RRVl'K    ABf.lllt«)L«»aigUK.. 

3  sournoisomonl  continiK-  li  polilii]U(»  <lo  ^)^r(^  Où  vDil-on  qu'il  ail 
bien  mtTil«^  ties  olinMions?  (Junnl  h  j¥.n\\\\:\\n\<,  il  fi\i  ou  tiiie  dos 
velli^itésol  lies  inlonlions  ;  il  n'a  fait  en  domine  nn't'ssnycr  la  ron- 
ronne, que  iraverser  IVuipiro  sans  y  laisfter  unt'  Irace  visiliif. 

Ori  objections  siMaicnl  lrt''s  >•.«'•  ri tni ses  on  f.iro  M'iin  i)iir  bislorien, 
exact  Pl  srriipiilt'ux  :  mais  l'autour  «lu  Cnrmfu  npolmirtirmii  no  so 
pi(]UO  aurunonu»nl  d't^crire  j'hisloire.  Il  oxiuiiiic  nn.iiis  «Ks  f.iil*  ipii- 
(les  impressions,  sans  se  sourier  le  moins  liu  monde  (juo  l'avenir 
buniain,au(pii'l  il  no  croit  pas,  lesr«>nlirmo.  Ajiros  beaucoup  d'autres, 
il  (Ncril  le  sombre  poème  dos  choses  finales  qu'il  ignore,  el,  selon  l'u- 
sai:e.  le  fait  procéder  do  la  description  des  choses  présentes  et  réelles 
qu'il  ne  connaît  tiu'imparfaitcment,  (ju'il  mftleaux  futures,  et  où  son 
imagination  elles  figures  classiques  du  genre  interviennent  pour  une 
bonne  jiart.  Il  a  vu  la  septième  persécution:  il  sait  en  gros  que  sa 
cessation  a  coïncidé  j\  peu  prés  avec  l'invasion  des  (îotlis  qu'il  étend 
et  grossit  outre  mesure.  C'en  est  assez  pour  lui  faire  dire  que  cette 
invasion  a  été  le  châtiment  de  la  persécution  et  la  cause  qui  l'a  fait 
cesser.  Il  sait  qu'après  Déce,  et  sous  ses  deux  successeurs  immédiats, 
les  barbares  sont  rentrés  dans  leurs  territoires,  et  que  l'Église  a  pu 
respirer  et  se  réunir  librement.  C'en  est  assez  pour  que  le  nom  de  Cy- 
rus,  rantiijue  libérateur  du  peuple  de  Dieu,  vienne  sous  sa  plume. 
Cyrusdans  son  texte  étant  le  vainqueur  des  ennemis  du  dehors  et  le 
libérateur  du  sénat,  et  dans  la  tradition  celui  qui  a  mis  fin  i\  la  cap- 
tivité du  peuple  lie  Dieu,  qu'on  cite  un  personnage  iiistorique  auquel 
cette  double  qualité  convienne  mieux  (lu'à  (iallusou  /Emilianus;  car 
il  n'est  pas  possible  que  le  nom  de  Cyrus  soit  mis  ici  dans  son  sens 
propre  et  bistoiique,  le  vers 

Qui  terreat  hostcs  ol  lil)ercl  inde  senaturu 
n'ayant  plus  alors  de  sens  intelligible  '. 

1.  M.  Kberl  [Histoire  ytinénile  de  in  liltui'Huif  -<-.  ,„.,ijcii  dye  en  Occidrnt,  tra- 
diiciioii  française,  t.  I,  p.  100;,  dans  la  rapidu  analyse  qu'il  donne  du  Carmen  de 
Comniodien,  «icril  ici  :  «  Mais  voici  qu'un  Cyrus  s.-  lùvo  pour  drlivrer  ces  dernier» 

(If»  pak-nn).  Cent  Nt^ron  qui  sort  de  l'endroit  mCmo  où  il  se    lonait   c&cM »  On 

n.-  foil  pa»  que  Nrron,  c'.-si-à  dire  l'AnK'clirist,  puisse  Cire  appi-Ié  l'effroi  des  bar- 
bart»  et  le  lilH-rafur  du  séu.u.  Kl  Ni'-ron  «si  lui-inCmo  la  figure  d'un  prince.  Cyru» 
aérait  donc  la  ligure  de  .Nùron  (|ui  ligurerait  U  son  tour  un  autre  printe.  Mai»  lequel  ? 
Ce  ne  peut  Cire  Di-cc,  puisqu'il  est  mort  sous  1-  s  coups  des  l.arbarc»  ;  ce  ne  peut 
être  non  plu»  ici  Valérien,  qui  n'est  connu  jiar  aucune  victoire  sur  ce»  niCwes  bar- 
bare». 


l'IlACMKM     \>V    CAIIMKN    Ar(ll,()(i|' TICl.M    \>l.   COMMdliIK.N .  ■111) 

IM'S  le  (roisiènu'  vers  du  pass.'igo  rilr  ci-ilo88us,  la  sr(^n«  cliange 
cl  un  nouveau  personnago  ;i|i|i;iiail.  ("esl  l'AnltMilirisl  classique, 
relui  (|ni  a  rrgnc''  aiilicfois,  i|ui  jadis  à  Home  vriK.i  le  saii^  des  deux 
giiuids  aj»ùin'.s  i'iciiT  cl  l'aul,  'Svvuu  liii-uiriiK!.  Il  a  (iiiillù  roh.scimi 
relraitc  où  le  ciel  le  gurdail  pour  W  rôle  qu'il  doil  jouer  à  la  (in  des 
temps.  Il  rovionl  donc  et  on  si'  prosterne  dt-vant  lui.  Il  est  sur  le 
siùge  imp(''rial.  C'est  un  persécuteur,  le  dernier  jicrsrruleur  des 
saints.  Son  nom,  le  poète  l'indiquera  plusclaircmenl  (oui  à  l'heure. 

«  Mais  avant  sa  venue  l'^iic  [uopliélisera  pendant  un  tcinps  mar- 
qué, pcuilaiil  la  moitié  d'une  semaine.  Ce  temps  accompli,  le  maudit 
vient  en  scène.  Avec  les  Romains  les  juifs  aussi  l'adorent,  liicnfpi'il 
ne  soil  pas  celui  iju'ils  attendent  d'Oiient.  Et  pour  nous  massacrer 
ils  s'allieront  avec  leur  roi  Néron.  Cependant  Elie  fait  office  de  pro- 
phète dans  la  terre  de  Judée  et  marque  du  nom  du  Christ  son  pro- 
pre peuple.  Mais  comme  parmi  ceux-ci  (les  juifs)  beaucoup  refusent 
decroire,  plein  de  colôreil  supplie  le  Très-Haut  d'enchaîner  la  pluie: 
alors  le  ciel  se  fermera,  la  rosée  cessera  d'en  tomber.  Et  dans  sa  co- 
lère il  change  les  (leuves  en  sang.  La  terre  devient  stérile,  les  eaux 
des  fontaines  tarissent,  la  famine  sévit,  la  peste  alors  sera  dans  le 
monde.  » 

Sed  priusquam  ille  veniat  prophetabit  Helias 

Tempore  parlilo,  modio  hebdomadis  axe. 

Completo  spatio,  succedit  ille  ncfandus 

(Juciu  et  .ludîci  lune  siniul  cum  Homanis  adorant, 

Quauquam  cril  alius  quem  exspi'ctani  ab  Oriente; 

In  nostra  cœde  tamen  sœvient  cum  rcge  Nerone. 

Klrgo  cum  Helias  in  Juda^a  terra  propbetat 

Et  signal  proprium  populuni  in  nomine  Chiisli  ; 

De  quibus  quani  multi  quoniam  illi  credero  nolun", 

Supplic.il  iratus  Allissimum  ne  pluat,  inde 

Clausum  eril  cœlum,  ex  eo  nec  rore  madescel  : 

Et  flumina  quoque  iratus  in  sanguine  verlil. 

Fil  slerilis  terra,  née  sudanl  fontibus  aquœ, 

Ul  famis  invadal  ;  eril  lune  et  lues  in  orbe  '. 


Au  cliapitrexi,  3, de  l'Apocalypse  de  J.an,  il  e>l  niisdan>  la  bouche 
du  Christ  ces  mots  :  «  El  je  commettrai   mes  deux  témoins  pour 

1.  CommodicD,  Cann,  ayoL,  v.  820-83'.i. 


350  UKviK  Aiu'.nKoi.oc.iyrK. 

qu'ils  propluMisent  prnd.ml  (louzc  rcul  soixanlc  jnm-;,  rcvtHiis  do 
cilicos».  ('csihnix  ii-inoiiis  soiil  Moise  l'I  Klic,  chai  ^:t''s  Me  pi  relier  la 
ivpenlanrc  parmi  les  juifs  avant  la  siipre^iiie  calaslropiic.  (l'est  de 
là  que  Coininodien  a  tiré  son  passage,  «mi  êliiniuant  le  premier  du 
ces  porsoiHiajîOs  et  en  prodiiisaii!  l'autre  eomiiie  le  préeurseur  iiéees- 
sairo  du  graml  avènenieiU.  Comme  dans  l'Apocalyitsf  c'est  parmi  les 
juifs,  en  terre  juive,  (ju'il  doit  prophétiser,  cl  son  ministère  doit  aussi 
durer  le  temps  fixé,  à  savoir  trois  ans  etdemi.  la  semaine  étant  prise 
pour  une  durée  de  sept  années,  comme  la  criliijue  l'enlend  des 
soixante-dix  semaines  dont  il  est  parlé  au  livre  de  Daniel  '. 

n.   AUBÈ. 
{La  suite  au  prochain  iiuméro.) 

1.  Uani' 1,  I\,  2i.  Voir,  au  sujet  de  ce  passaRC  auquel  nous  mus  rt^fiîrons,  la 
longue  note  de  Heuss  dius  sou  édition  da  la  Bible,  Ancien  Teslament,  Vil"  partie, 
p.  '2(53-206. 


BULLETIN    MENSUEL 

DE    L'ACADlLMlR    DES     I  N  S  CIU  P  T  I  0  N  S 


SÉANCES  DES  U  ET  21  SEPTEVIBUE. 

Archéoloyie.  —  M.  Alb  ri  DuhkjiiI  siynilc  à  rAci^Iémie  ileux  vases  grecs 
trùs  antiques,  conservés  au  musée  de  Marseille.  L'un  a  tHé  trouvé  dans 
cette  ville  en  1837,  l'autre  a  été  découvert  récemment.  Ils  appartiennent 
à  une  catégorie  très  rare,  analogue  à  celle  qui  existait  à  Santorin  sous  la 
pouzzolane.  Tout  ce  qu'on  peut  dire  de  leur  Age,  c'est  qu'ils  représentent 
dans  la  céramique  grecque  une  époque  antérieure  ;"i  l'inlluence  orientale. 
Les  vases  retirés  du  fond  des  tomhe'iux  de  Mycônes  reproduisent  à  peu 
près  le  même  type.  En  tout,  cela  constitue  dans  les  musées  un  groupe 
d'une  vingtaine  d'objets.  Le  modèle  le  plus  ancien  a  la  forme  d'un  petit 
broc  pansu  et  assez  fortement  renversé  en  arrière  ;  à  la  partie  antérieure 
et  supérieure,  on  remirciuc  deux  saillies  figurant  les  seins  et  attestant 
i'intenlion  du  fabricant  primitif  de  reproiluire  d'une  manière  générale  la 
forme  humaine. 

M.  Alb.  Dumont  signale  encore  trois  vases  grecs  à  figures  rouges,  reti- 
rés du  sol  de  la  rue  Saint-Joseph,  à  Marseille.  Ils  datent  du  ni*  siècle  avant 
notre  ère  ;  il  cite  avec  éloges  le  concouis  qu'il  a  trouvé  pour  ses  recher- 
ches au  musée  auprès  de  M.  Penol,  le  conservateur,  et  de  .M.  Augier,  le 
dessinateur  de  cet  établissement. 

Philologie  et  histoire.  —  .M.  Ledrain  communi(}uc  la  traduction  d'une 
inscription  araméenne  existant  sur  une  brique  rapportée  de  Mésopotamie 
et  portant  un  nom  assyrien,  Belschunu.  M.  Ledrain  identifie  ce  vocable 
avec  le  nom  du  juif  Bilschan,  mentionné  dans  les  livres  d'Esdras  et  de 
Néhémie,  et  dont  la  vocalisation  massorétique  est  défectueuse. 

Le  même  savant  donne  la  traduction  d'une  inscription  sumérienne 
gravée  sur  une  statue  du  roi  Gouléa  (collet'tion  de  Sarzec,  au  Louvre). 
Voici  ce  texte  :  «  A  la  dame  des  montagnes,  dame  servan'.e  du  Destin, 
mère  du  fils  des  fils,  sa  dame,  Goudéa,  patési  de  Sirpurla,  a  construit  le 


:iî2  HKVt'K     MlC.Mh'iO'or.lOUK. 

temple  de  son  s<^j>>iir  liiMir<Mi\.  il  a  fixé  son  culle  brillanl  (do  la  déesyc-). 
Il  n  tiiUerniiné  le  soivice  stal»!»*  de  ?a  diviiiilr.  11  n  cousiruit  on  briques  le 
temple  où  elle  esl  établie.  La  pieni"  aj,  ctifiTin  i'  dans  la  cnrrit-ie,  en  la 
montagne  de  Mijan^  il  l'a  taillt'o  pour  sa  slaliie  (Idiidt'a).  l.a  d-mie  du 
ciel,  de  la  tenc,  des  Cires  infernaux,  la  déesse  Nintu,  mère  des  diiux,  u 
prolongé  la  vie  de  Goudc^a,  qui  a  fait  son  temple  ;  elle  a  proclamé  la 
gloire  de  son  nom,  car  il  a  cousiruit  le  temple  on  briques.  » 

Nous  répétons  qu'il  serait  téméraire  d'iutcrprrler  de  tiop  prés  ces  qua- 
liliiations  divines.  Nous  «avons  que  la  picri  c  mj  est  le  diorile  qui  forme 
la  mulière  de  la  statue.  Le  pays  de  M  igau  si'inlile  iMn>  situé  au  sud-ouesl 
de  la  Mésopotamie,  dans  le  massif  montagncuv  du  iiurd  de  l'Aiabie.  (jiiel- 
ques-uns  croient  y  reconnaître  TEgyptc. 

M.  Ferdinand  Delaunay  continue  la  lecture  d'un  mémoire  de  M.  Ho- 
biou,  professeur  à  la  f.icullé  des  lettres  de  Rennes,  concernant  la  date  de 
l'Exode  d'après  les  Écritures  et  d'après  les  monuments  ('gypiiens. 

M.  Henlœw  lit  une  étude  intitulée  :  ««  De  l'usage  immodéré  des  formes 
diminutivcs  dans  les  poésies  albanaises.  » 

L'Académie,  considérant  que,  dans  la  séance  publique  annuelle  de 
l'Institut,  un  de  ses  membres,  .M.  Ltiopold  iJelisIe,  fera  le  rapport  sur  le 
grand  prix  biennal,  décide  qu'elle  ne  désignera  pas  de  lecture  pour  cette 
réunion. 

Consultée  par  le  ministre  de  l'ipslruction  publique  sur  une  prolongu- 
tion  de  séjour  i  accorder  A  plusieurs  membres  de  l'Ecole  française  de 
Home,  l'Académie,  conformément  aux  propositions  de  sa  commission, 
donne  un  avis  favorable. 


SÉANCE  DU  28  SEP7EMBRIÎ. 

Pierre  de  Flamcnqui,  d'abord  virairc  général  de  l'i'vécbé  de  .Maguc- 
lonne,  puis  abbé  de  Saint-Victor  de  Marseille,  a  laissé  divers  écrits  rela- 
tifs (i  ses  fondions  auprès  de  l'université  de  Montpellier,  et  des  sermons  ou 
plutôt  des  plans  de  sermons,  le  tout  conservé  dans  un  volume  que  pos- 
sède le  dépôt  d'archives  des  Boucbes-du-ltbône.  M.  (ieruiain,  après  avoir 
étudié  dans  la  prenuère  partie  de  son  mémoire  tout  ce  qui  concerne  les 
usages  universiaires  et  la  collation  des  grades  à  Montpellier,  vers  le  mi- 
lieu du  xiv  tiède,  signale  la  présence  dans  le  volume  d'une  pièce  troiivéo 
peut-être  dans  les  papiers  de  l'abbé  de  Sauit-Victur.  (^elte  pièce  inéditeot 
même  inconnue  jusqu'i  ce  jour  présente  un  intérêt  historique.  C'est  la 
supplique  adrosiée  pur  les  consuls  do  Naples  au  pape  Clément  VI,  i\  l'oc- 
casion du  meurtre  de  l'infortuné  roi  Andié  de  Hongrie. 

Les  (on^tlls  réclament  rwitervention  de  la  justice  pontiiicale  pour  la 
prompte  et  sévère  puniiiua  des  asbussiiia  ;    lu  pupe  étuil  su/.urain  du 


itULLi:ri.\  .Mi;.\siJi:i,  m;  i.ACADkMii:  di's  ivscitii'i  ions.         M.i 

royaume  de  Naplcs,  el  à  ce  titrn  il  pouvait  faire  droil  à  la  demande  des 
magistrats. 

On  connntl  les  faits.  On  sait  comment,  i\  l'itigtigation  de  son  épouBO 
Jeanne  l'^  «  femme  voluplueuse  el  inconstante  »,  dit  M.  Germain,  le 
prince,  qui  n'avait  que  dix-iioufans,  fut  étrangle^  avec  une  fôrocilt'  inouïe 
par  une  haiide  de  cotijun-s  qui  api).irlenaiont  aux  plus  graridna  fauiilles 
du  pays.  Le  monastère  de  Saint-Piorre  du  Morone,  non  loin  d'Aversa,  avait 
ô[é  choisi  pour  servir  do  thrûtre  à  ce  drame  odieux.  I.e  tcandale  fut  im- 
mense et  l'indignation  populaire  se  fuit  jour,  non  sans  éloquence,  dans  la 
supplique  des  consuls,  rédigtîe  sans  doute  au  lendemain  do  l'événement. 

Archéologie  et  histoire.  —  A  vingt-doux  kilomètres  au  nord-est  de  Dijon 
se  trouve  le  village  de  Mirebeau,  qui  fut  à  l'i^poque  romaine  une  station 
imporianto. 

En  1S34,  on  y  a  trouvé  des  restes  de  constructions,  des  murs  peints  à 
fresques,  dos  snbstructions  de  bains,  des  di'bris  de  colonnes  et  de  cbapi- 
leaux,  un  aqueduc  creusé  dans  le  roc.  Le  musée  de  Dijon  conserve  une 
inscription  funéraire  provenant  du  raOme  lieu.  Klle  est  d'un  vétéran  de 
la  huitième  légion  Augusia,  de  la  tribu  Tércntina.  Des  tuiles  portant  l'es- 
tampille do  la  mémo  légion  ont  été  rocueillios  en  grand  nombre  A  Mire- 
beau.  M.  Mowat  a  constaté  que  les  divers  exemplaires  recueillis  sur  ce 
point  appartiennent  à  neuf  variétés,  sorties  d'autant  de  moules  din'éronts. 
La  légion  huitième  Augusta  fut  envoyée  en  Gaule  pour  coopérer  à  la  ré- 
pression provoquée  par  le  Batave  Civilis. 

M.  Léon  Renier  a  signalé  le  séjour  de  ce  corps  à  Néris-Ics-Bains  en  88, 
alors  qu'il  s'agissait  de  réduire  le  légat  révolté  iJe  la  (ieimauie  Supérieure. 
D'autres  ejtampilles,  trouvées  en  1841,  montrent  diversement  associés  les 
numéros  de  plusieurs  légions,  au  milieu  desquels  reparait  celui  de  la  hui- 
tième Augusta. 

C'est  au  conflit  des  Lingons  et  des  Séquanes,  c'est-à-dire  à  un  lointain 
épisode  de  la  révolte  suscitée  par  Civilis,  que  M.  Mowat  attribue  l'origine 
de  l'établissement  militaire  de  Mirebeau. 

M,  Chodskiewicz  présente  quelques  observations  intéressantes  sur  trois 
monuments  appartenant  à  l'archéologie  slave.  Le  premier  est  une  bulle  : 
au  droit,  la  face  de  Varlaam  Igoumène,  abbé  du  couvent  de  la  Tunique  du 
Sauveur;  au  revers,  la  sainte  Vierge.  M.  Chodskiewicz  rappelle  à  cette 
occasion  que  la  relique  du  Chiton  ou  Tunique  de  Jésus-Christ  fut  envoyée 
au  tsar  Michel  Fedorowitch,  en  l(i2.i,  par  le  schah  de  Perse,  Abbas,  et  dé- 
posée à  la  cathédrale  de  l'Assomption,  à  Moscou,  au  Kremlin,  Le  second 
monument  est  une  médaille  en  bronze  de  saint  Antoine  le  Romain,  vénéré 
à  Novgorod.  Au  droil,  le  buste  du  saint;  au  revers,  le  buste  de  la  sainte 
Vierge.  Le  troisième  est  une  croix  en  bronze  avec  diverses  inscriptions 
liturgiques  en  langue  slave.  Celte  croix  a  été  troiivée  à  R'yrouth  (Syrie), 

M,  Siilomon  Reiuach  communique  une  inscripiiou  grecque,  parfaite- 
ment conservée.  Kile  pruuent  de  Delos  :  «  Denys,  tils  do  Nikon,  Athé- 


J2V  RKVUK    ARCHÉOLOGIQDE. 

nieii,  dédie  à  Apollon  la  stniue  de  Scrvins  Cortn'iiiis  Lonlulus,  fils  do 
Servius,  stratùizc  et  proconsul  des  llomains,  son  hôte  cl  i;on  ami,  pour 
reconnaître  l'équilé  dont  il  a  usé  i\  son  égard,  »  M.  Ueinach  reconnaît 
dans  ce  Servius  I.ontulus  le  préteur  qui,  en  liiO  avant  Ji'sus-Christ,  fut 
envové  dans  la  (îréce  et  les  Iles  pour  y  chercher  des  nllianccs  auv  llo- 
mains contre  Persée.  A  Délos,  il  aura  reçu  l'hospilalilé  chez  Denys,  tils 
de  Nikon.  Les  inscriptions  mentionnent  plusieurs  fois,  avec  le  titre  de 
gouverneur  {^nmclitc)  de  l'Ile,  un  Denys,  fils  de  Nikon,  Athénien  ;  mais 
la  date  probable  de  sa  magistrature  est  uu\  environs  de  l'an  122.  D'où  il 
suit  qu'il  faudrait  ou  bien  supposer  que  le  Denys,  hAte  de  Servius  Lentu. 
lus,  est  l'aïeul  du  Denys  de  122,  ce  qui  n'est  pas  impossihle,  ou  iùen  que 
c'est  le  seul  et  même  personnage  qui  aura  vécu  au-delà  de  soixante- 
quinze  ans,  ce  qui  n'a  rien  non  plus  d'invraiscmblaLle.  Un  autre  point 
notable  de  l'inscription,  c'est  le  litre  de  préteur  (stratège)  et  de  proconsul 
donné  à  Lenlulus,  et  dont  l'existence  à  celle  époque  ne  nous  élait  pas 
connue. 

L'Académie  décide  qu'il  y  a  lieu  de  procéder  au  remplacement  de 
M.  Defrémery,  décédé,  et  Oxe  au  10  novembre  la  discussion  des  litres  des 
candidats  j  au  23  novembre,  s'il  y  a  lieu,  J'élection. 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRK. 

Les  diplômes  milKaires.  —  Lorsque  les  soldai?-  avaient  [lassé  viii.nl-ciiiq 
années  ou  davantage  sous  les  aigles,  rempereur,  en  leur  pormeltanl  de 
quitter  l'armée,  leur  accordait  Vhoncsta  missio,  ce  que  nous  pourrions  ap- 
peler «  les  honneurs  du  congé  ».  Ces  honneurs  n'étaient  pas  une  simple 
formule;  ils  étaient  réalisés  par  des  avantages  sérieux.  Les  vétérans  re- 
cevaient le  dioil  de  cité  :  ils  devenaient  citoyens  romains  s'ils  ne  l'étaient 
pas  encore.  S'ils  étaient  déjà  citoyens  romains,  on  leur  donnait  le  droit  de 
mariage  0'usco?in«6(/).  Ce  droit  consistait  en  ce  que  les  enfants  nés  des 
femmes  que  le  vétéran  pouvait  épouser  ou  avoir  épousées  seraient  ou  de- 
viendraient citoyens  romains. 

Lucie  aulhenlique  de  Vhonesta  missio  était  dressé  i"!  Rome  par  les  soins 
de  h  chancellerie  impériale,  suivant  dos  formules  invariables,  comme  tous 
les  actes  publics,  et  gravé  en  double  sur  deux  feuillets  de  bronze  qu'un 
lien  rattachait.  Le  diplôme,  rédigé  au  nom  de  l'empereur,  portait  l'énu- 
méralion  des  troupes  de  l'armée  à  laquelle  appartenait  le  vétéran,  les 
noms  des  consuls,  celui  du  préfet  de  la  cohoiln,  enlin  celui  du  soldat. 

On  comprend  que  les  diplômes,  à  cause  de  ces  indications,  soient  pour 
l'archéologie  des  documents  historiques  précieux.  Tel  c.'l  le  cas  d'un  di- 
plôme inédit,  trouvé  à  Copies,  en  Egypte,  et  communiqué  par  M.  Maspero 
à  .M.  Kniest  Desjardins,  qui  l'a  étudié  devant  l'Académie. 

La  date  du  diplôme  est  le  9  juin  de  l'année  .S3  de  notre  ère,   sous  le 


nUI.LKTlN    MENSUEL    DE    L'ACADÉMIE    DES    INSCRIPTIONS.  325 

principal  de  Domilien,  tribun  j)our  la  seconde  fois.  Nous  connaissons  les 
deux  consuls  du  commencement  do  cette  année  ;  nous  connaissons  aussi 
les  deux  consuls  dôsigni^s  (sii/f'icli)  pour  l'année  suivante  ;  mais,  entre 
ces  deux  séries  de  magistrats,  i)  en  existe  chronologiquement  une  Iroi- 
siùme,  qui  a  dû  succéder  aux  consuls  du  commencement  de  l'année.  On 
sait  qu'à  celte  époque  le  consulat  n'était  plus  annuel.  Ces  deux  consuls 
sont  nommés  par  le  diplôme,  malheureusement  endommagé  en  cet  en- 
droit. Des  noms  du  premier  il  no  rcîste  que  JuHnitus  ;  des  noms  du  second, 
que  les  mois  :  Erwiiiii  llomullu:^.  L'armée  d'Kgyplose  composait  alors,  en 
ce  qui  touche  les  troupes  auxiliaires,  de  trois  ailes  de  cavalerie  et  de  sept 
cohortes.  Les  ailes  de  cavalerie  sont  désignées  ainsi  :  ï"  Anrjusta;  2° 
Apriana;  3°  Commagcnonim.  Les  sept  cohortes  sont  ;  «  la  seconde  Panno- 
nienne,  la  première  Kspagnole,  l'Aslurienne,  la  première  et  la  seconde 
Théboine,  la  première  et  la  septiètiic  Iturécnne.  »  Le  préfet  de  la  co- 
horte est  Fucius.  Le  nom  du  bénéficiaire,  un  centurion,  n'a  plus  que  les 
trois  dernières  lettres  de  visibles. 

Le  congrès  de  Leyde.  —  M.  B.jrbier  de  Meynard  rend  compte  à  ses  con- 
frères des  travaux  du  congrès  des  orientalistes,  tenu  récemment  à  Leyde 
et  auquel  il  a  assisté  en  qualité  de  délégué  du  Collège  de  France  et  de  la 
Société  asiatique. 

M.  Barbier  de  Meynard  a  rendu  un  légitime  et  chaleureux  hommage  à 
la  courtoisie  simple  et  cordiale  qui  a  marqué  l'hospitalité  oflerte  au  con- 
grès pai"  la  vieille  universilé  de  Leyde. 


SEANCE  DU  12  OCTOBRIi:. 

Bijou  mêrovingieiî.  --  M.  Deloche  place  sous  les  yeux  de  ses  confrères 
un  fragment  de  bijou  de  l'époque  mérovingienne,  avec  inscription.  C'est 
une  rondelle  en  or  fin  de  1 1  millimètres  do  diamètre  et  pesant  2  grammes. 
L'objet  se  compose  de  deux  plaquettes  soudées.  Chacune  d'elles  porte 
une  légende  :  l'une  gravée  soigneusement  en  beaux  caractères  disposées 
en  cercle  sur  le  bord  de  la  rondelle;  l'autre,  d'une  exécution  moins 
soignée  et  dont  les  caractères  sont  disposés  en  ligne  horizontale.  Deux 
trous,  situés  à  l'opposile  l'un  de  l'autre  et  pratiqués  dans  la  tranche  de 
la  rondelle,  attestent  qu'elle  a  servi  de  chaton  tournant  à  un  anneau,  et 
qu'elle  a  pu  être  employée  comme  un  sceau. 

La  première  face  porte  au  centre  un  chrisme  et  en  cercle,  au  pourtour, 
ces  caractères  précédés  d'une  croiselte  :  HUCCOLANESV.  La  seconde  face 
porte  :  WARl-NDEUTVSDLDL 

•  M.  Deloche  a  d'abord  songé  à  l'explication  suivante.  Le  chaton  provien- 
drait d'un  anneau  de  fiançailles  donné  par  Warendertus  à  sa  femme 
Roccolana.  Warendertus  a  donné  (cet  objet)  à  Roccolana  sa  (femme).  On 
connaît  plusieurs  anneaux  mérovingiens  analogues.  L'inconvénient  de 


320  HKVUR   AnClIftoLOUlQUR. 

celte  ot|ilicntlon,  c'esl  la  néce«sil6  iI'iijouUt  une  lelln'  A  ihnqiie  inscrip- 
tion (W(inM(/«T/!i-î  di'di'V  livtroUmt  su  Al). 

Voici  à  quelle  iiiicrpitMalion  s'ariôle  de  préféronco  M.  Dolocho.  1/uti- 
neau  a  lUi^  lionm^  pur  Waromlorlus,  qui  a  fait  graver  sur  une  face  du 
clialou  les  mois  allo.'.taul  le  diiu.  Col  anneau  «Mail  siuillaire,  c'esl-à-dire 
qu'il  servait  do  sceau  et  de  simialure  i\  Hoccolaiia.  Il  faudrait  lire,  en  ce 
cas,  la  l(?pendo  de  la  première  face  ainsi  :  Hoccolamisubscripsit.  C'est  une 
formule  bien  connue. 

(,)uoi  qu'il  on  foK.  ce  chaton  cpI  ciiririix  el  conslilup  «ino  rareté  ar- 
chéologique. Il  était  dans  la  collection  de  M.  Hinjamin  l'illoii,  d"où  il  a 
passé  aux  mains  d'une  nièce,  héritière  du  célèbre  colleclionncur.  On  no 
possède  aucun  renseignement  sur  le  lieu  ei  les  circonstances  de  la  irou- 
vaillo  de  ce  bijou. 

Histoire  de  la  législation  romaine.  —  M.  Ferdmand  Delaunay  commu- 
nique, au  nom  de  l'auteur,  M.  llomauet  du  Caillaud,  un  deuxième  mô- 
nioire  sur  la  date  qu'il  fiiut  attribuer  à  la  loi  Junia  .\orbana,  réglant  la 
condition  des  esclaves  alVranchis  par  testament  et  créant  la  catégorie  des 
n  Latins  Juniens  ».  L'opinion  commune  aujourd'hui  est  que  cette  loi  fut 
portée  l'ai)  de  Uome  771,  sous  Tibère,  cet  qu'elle  est  postérieure  à  la  loi 
JElia  Scntia,  qui  s'occupe  aussi  des  aUranchisseincnts  et  fut  faite  sons  le 
principal  d'Auguste.  Par  une  série  d'observations  nouvelles  que  lui  sug- 
gère un  travail  récent  de  M.  Cantarelli,  savant  juriste  italien,  M.  Homa- 
net  du  Caillaud  s'attache  à  démontrer  que  la  loi  Junia  Norbana  appait  enl 
au  principal  d'Auguste  ;  que  la  loi  .Klia  Senlia  la  suppose,  la  complète 
ou  la  corrige  ;  qu'elle  lui  est  par  couséqucnl  postérieure. 

Epiijraphic  lutine.  —  M.  Ferdinand  Delaunay  dépose  sur  le  huieau  une 
série  d'inscripiions  latines,  estampées  et  dessinées  avec  le  plus  grand  soin 
par  un  jeune  ollieier  de  l'arinée  d'occupation  de  Tunisie,  M.  Fonssagrives. 
Ces  documents  sont  i envoyés  à  rexamcn  de  .M.M.  Frn.  Desjardins  et 
Tissot. 

M.  Revilloul  lit  une  noie  sur  la  valeur  de  l'argenteus  égyplien. 

SÉANCE  DU  26  OCTOBRE. 

Ârchcolo(jie.  —  .M.  CleimontCanneau  signale  la  dtcouverlesur  le  mont 
Gariîim,  en  Palestine,  d'un  autel  avec  bas-reli.  fs  poinieltant  de  suppo- 
ser que  le  culte  do  Thésée  a  existé  en  ce  lieu.  Il  ^igfialo  aussi  la  décou- 
verte de  pluïieurs  inscriptions  romaines  parmi  lesquelles  se  Irouviiit  des 
dédicaces  Â  Junon  Oricina  ot  Â  la  Démêler  désignée  sous  le  nom  bien 
connu  de  Matir  Maïuta. 

Iti  oflieier  apparlenaril  au  corps  de  l'armée  d'occupalioîi  (ii  Tuni.»ic, 
.M.  Hayuiond  Ueiiou,  fuit  don  à  l'Académie  d'une  pierre  qu'il  a  ramassée 


UULLIÙTIN    MK.NSUKL    DK    I.ACAUK.MIK    DES    I.NSCIIII' IlONS.  .'{J? 

dans  les  ruines  de  Carlliage  cl  qui  purlc  des  caraclùres  puniques.  M.  He- 
nan  y  reconnaît  sur-le-champ  un  ex-voto  h  la  di'e^jse  hahhut  T'init.  Les 
rnonunicnls  de  ci'  genre  i^onl  evlrûnienienl  nombreux  ;  pris  un  à  un,  ils 
n'oll'rent  aucun  inlérOl,  mais  hîur  réunion  dans  le  Corijus  que  publie 
l'Académio  donnera  lieu  à  une  comparai?on  précieuse. 

Concours.  — Sur  le  rapport  des  diverses  commissions  spéciales,  l'Aca- 
démie a  adopté  pour  programmes  de  concours  les  sujets  suivanîs  : 

Prix  lîurdin  :  1°  <(  tltude  sur  le  Hamayana.  »  (Sujet  maintenu.) 

2»  (I  Ktudier  d'après  les  documents  arabes  et  persans  les  sectes  des  dua- 
listes, zendiks,  mazdéens,  daisanites;  montrer  comme  elles  se  raltachcnl 
soit  au  zoroastrisme,  soit  au  gnoslicisme,  soit  aux  vieilles  cioyances  po- 
pulaires de  l'Iran.  »  (Sujet  nouveau.) 

3°  «  Du  dialecte  parlé  à  Paris  et  dans  l'Ile-de-France  jusqu'aux  Valois.  » 
(Sujet  maintenu.) 

4»  «  Etudier  les  ouvrages  en  rers  et  en  prose  connus  sous  le  nom  de 
Chroniques  de  Normandie.  »  (Sujet  nouveau.) 

Prix  du  budget  :  «  Faire,  d'après  les  textes  et  les  monuments  figurés,  le 
tableau  de  l'éducation  des  jeunes  Aihéniens  jusqu'à  l'ige  de  dix-huit  ans. 
On  se  reportera  ;\  l'époque  comprise  entre  le  quatrième  et  le  cinquième 
siècle  avant  notre  ère.  On  écartera  du  tableau  tout  ce  qui  concerne  les 
exercices  gymnastiques.  »  (Sujet  nouveau.) 

M.  Ilauréau  est  désigné  pour  lire  dans  la  prochaine  séance  publique 
son  intére?santc  notice  sur  les  sentences  du  fameux  Pierre  Sorbou,  con- 
temporain de  saint  Louis. 

L'Académie  a  reçu  l'hommage  du  quatrième  volume  des  œuvres  du 
regretté  Longpérier.  11  renferme  surtout  des  mémoires  consacrés  à  la  nu- 
mismatique, science  délicate  dans  laquelle  le  célèbre  archéologue  excel- 
lait. 

Il  y  est  question  des  monnaies  épiscopales,  des  monnaies  normandes, 
de  celles  de  Reims,  de  Bourges,  de  Meaux,  du  Roussillon,  etc. 

Il  y  a  aussi  une  remarquable  élude  sur  l'iconographie  au  moyen  âge  et 
une  autre  sur  le  reliijuaire  de  Charlemagne.  On  doit  Cire  reconnaissant 
à  M.  Gustave  Schlumberger  de  conduire  avec  celte  activité  une  publica- 
tion aussi  importante.  Nul  n'était  mieux  préparé  que  lui  par  ses  travaux 
sur  l'ensemble  de  h  numismatique  1  recueillir  et  à  cla^sor  l'œuvre  du 
maître. 


NOUVELLES  ARCilÊOLOCIQUES 


1.  r   (:()i;i;i:sr(i.N  danch 


rne  ville  romaine  retrouvée  en  Tutiisie.  —  La  canonnière  le  Jaguar, 

commandée  par  M.  le  lioutcnanl  de  vaisseau  Massenet,  vient,  comme  on 
le  sait,  d'accomplir  une  mission  archéologique  en  Tunisie,  aux  cn\irons 
de  Rrograra  cl  de  Kl  Kanlara  (golfe  de  Caliés).  Nous  extrayons  du  rap- 
port de  cet  olficier  quelques  passages  intéressants  au  point  de  vue  spécial 
de  sa  mission. 

L'ancienne  Tiiclhis  se  trouve  située  prés  de  la  mer,  dans  un  enTonce- 
mcnt  de  la  côte  ;  ce  n'est  plus  aujourd'hui  qu'un  monceau  de  ruines 
éparses,  s'étendant  au  loin  dans  la  plaine;  le  sol  de  la  ville,  raviné  par 
les  pluies,  ne  permet  d'en  reconnaître  les  artères  et  la  place  des  monu- 
ments que  d'une  façon  approximative.  On  trouve  peu  de  pièces  en  bon 
état  paimi  les  décombres.  Les  sculptures  sont  rares  ;  tout  semble  faire 
croire  à  une  architecture  massive  plutôt  qu'élégante  ;  l'imagination 
reste  frappée  en  cllet  par  la  dimension  et  la  quantité  des  blocs  de  mar- 
bre qui  ont  été  amenés  et  établis  sur  ce  point. 

Peut-être  des  fouilles  patientes  et  bien  conduites  amèneraient-elles  la 
découverte  de  fragments  intéressants  ;  mais,  en  l'état  des  choses,  les  ins- 
criptions latines  seules  méritent  l'attention  ;  encore  sonl-elles  pour  la 
plupart  si  détériorées  qu'il  est  difficile  de  les  déchiiïrer  avec  certitude. 
Le  Jaguar  a  rapporté  de  Hograra  tous  les  estampages  qu'il  a  été  possible 
de  faire,  entre  autres  celui  d'une  frise  ;  les  moulages  en  pl.ltre  essayés 
n'avaient  fourni  pour  celle  dernière  que  des  résultats  très  médiocres. 

En  quittant  iJograra,  le  Juyuar  a  fait  ruute  sur  Taltella,  où  il  a  mouillé 
le  2'J  septembre;  c'est  près  de  ce  point,  au  sud  de  l'Ile  de  Djerha,  tout 
près  du  lieu  nommé  El  Kantara,  que  se  trouvent  de  magnifiques  ruines. 
Leur  richesse,  leur  importance,  leur  étendue  surtout,  permettent  de  sup- 
poser qu'on  se  trouve  en  face  de  lu  capitale  de  l'Ile  avant  l'ère  chrétienne. 
Hicn  de  plus  frappant  que  ces  ruines  d'une  grande  ville.  Ou  est  saisi  de 
la  profusion  des  marbres  semés  çà  cl  lil,  et  on  se  demande  avec  admira- 
lion  de  quelle  manière  ont  pu  être  édifiés  ces  monuments  grandioses 
avec  les  moyens  restreints  dont  disposaient  les  anciens. 


A  la  suil.2  (les  (ieriiii'res  Touilles  iitiiliiim'es  on  c<fl  ondroil  avpc  fies  rog- 
sourcos  in^u^lisa^le8,  les  ruines  d'en  grand  leinplc  onl  «'lé  mises  à  jour 
sur  les  l)ortls  de  la  mer,  dans  un  endroit  isol6  de  la  ville;  par  son  rrien- 
lalion  et  quelques  autres  indices,  on  peut  croire  qu'il  était  dédi6  ;i 
/.'5phyr  ;  entièrement  en  marbre  et  d'une  granile  richesse  arcliilccturale, 
il  est  construit  (railleurs  en  blocs  cyclopc'cns,  ol  il  a  en\iron  'M  miîtrcs 
carrés  de  base.  D'immenses  colonnes  d(!  marbre  rouge  et  vett  surmon- 
tées de  chapiteaux  arlistomenl  travailb'S  formaient  l'entrée  de  l'est.  La 
principale  piiVe  de  l'édifice  dt.iit  formée  par  une  enccinla  carrée  bordée 
dans  sa  partie  supi'i  ieure  de  frises  en  marbre  blanc  supportées  à  leur 
tour  par  des  eolonnettes  torses. 

A  terre  {gisaient  des  statues  en  yranit  d'Iv.'vpte,  et,  délail  eurieuv,  toutes 
sont  décapitées  comme  à  dessein,  car  on  n'ii  pu  trouver  aucune  de  leurs 
tûtes. 

A  un  kilomiHre  de  là,  on  a  découvert  les  restes  d'un  baptistère  cons- 
truit avec  les  marbres  mêmes  du  tcm[ile  païen  d'Ki  Kanlara. 

La  ville  ancienne  était  entourée  de  forlifications  dont  on  suit  encore  la 
trace  ;  elle  avait  un  pourtour  de  i  à  fi  kilomètres.  Dans  les  maisons,  des 
mosaïques  très  ornées  recouvrent  le  sol.  Malheureusement  ces  mosaïques 
sont  rest('es  si  longtemps  exposées  à  l'air  qu'une  simple  pression  des 
doigis  suffit  ;\  désagréger  les  cubes. 

L'Ile  ('tait  reliée  au  continent  par  une  chaussée  de  construction  ro- 
naaine,  dont  les  vestiges  sont  encore  très  apparents. 

{Le  Temps,  18  oc  t.) 

Des   fouilles  très  intéressantes  continuent  ;\   ûlre  exécutées  (.n 

Carniole.  On  nous  écrit  de  Vienne  : 

«  Les  fouilles  de  cette  année  à  Watsch,  pr-ès  Laybach,  ont  été  faites 
par  la  Société  d'anthropologie  de  Vienne,  sous  la  direction  de  M.  Szom- 
bathy,  secrélair-e  de  la  société.  Outre  de  très  nombreuses  urnes  contenant 
de  la  cendre  de  cadavres,  on  a  découvert  une  cinquantaine  de  tombeaux 
à  squeltttes,  parmi  lesquels  Leaucoup  de  gueiriers  avec  leurs  lances, 
haches  et  flèches.  Auprès  de  deu.v  guerriers  on  a  trouvé  de  véritables 
paquets  de  flèches,  auprès  de  l'un  quarante-deux,  auprès  de  l'autre  trente- 
huit.  Naturellement  il  n'y  a  que  les  pointes  de  flèche  en  bronze  qui  aient 
été  conservées.  Les  squelettes  féminins  étaient  somptueusement  ornés 
d'anneaux  de  bronze  au  cou,  aux  oreilles,  aux  bras,  aux  poignets,  aux 
doigis,  aux  chevilles,  de  fibules  de  bronze  orncmenlées  de  verre  et  de 
perles  d'ambre.  Mais  les  pièces  les  plus  intéressantes  sont  une  hache  de 
fer  avec  ornements  géométriques  dessinés  en  zigzag  et  un  ceintuiou  de 
bronze  avec  figures  gravées  représentant  la  lutte  de  guerriers  à  cheval  et 
à  pied,  guerriers  pareils  à  ceux  qui  figurent  sur  le  registre  supérieur  de 
la  situla  de  la  Charireuse  de  Bologne.  Voici  donc  qu'on  trouve  à  Walsch 
des  représenlaiions  figurées  exécutées  d'après  les  mêmes  chalkeutes  que 

111*  SÉRIE,  T.  II.  —  "^-2 


niO  i\FvrK  vnciitoi.oaiyui:. 

o>H.  >  (li«  Il  fitiiht  (11'  n(il(i;;no.  Ce  dernier  objet  se  (rouve  entre  les  mains 
du  prince  I*.  Win  li«ch_'raMz.  o 

Nous  lisons  il.ins  la  Libatt^  : 

it  Nous  avons  di'j;l  annoncé  que  les  fouillos  qui  ont  ^-t-'  pxécuu^e»  an 
Forum  Ilovuiintm  et  nu  Monl-Palalin,  à  It^xuc.  ont  mis  A  Jour  la  place  in 
te  trouvait  la  mai>on  dos  Vcstali'S. 

«  Ajoutons  que  les  restes  de  cet  iVlificc  consisicnl  en  un  atrium  ontonri- 
d'apparicmenls  de  iiilTi?ronl('s  j^irandetirs,  nn  tafilinum  rouMu  d'un  boan 
parqtici  eu  nu)^ail]U('  do  tnarhn'.  et  liois  graiid-i  pirileslaux  sur  IcsqueU 
te  lisent  des  inscriptions  en  l'honneur  des  principales  vestales. 

(I  On  a  Légalement  découvert  plusieurs  autres  inscriptions,  dont  l'atir 
rappelle  le  souvenir  de  l'empereur  Commode,  l'autre  celui  d'Alexandre 
SéviTC,  ainsi  qu'une  tôle  du  premier  de  ces  deux  empereur;  et  tn  buste 
d'Anniub  V»'riis. 

•'  Ces  découvertes  archéologiques  ont  produit  une  prundc  sensation  h 
Morne.  » 

Le  XIX"  Siècle  reproduit  la  même  nouvelle  avec  quelques  détails 

de  plus  : 

o  M.  Deilil,  ancien  membre  de  l'Ecole  française  de  Uome,  a  annoncé 
samedi  à  l'Institut  une  trouvaille  faite  récommenl  dans  cette  ville,  au 
Foni»j,aupré5  de  l'église Sainle-Marie-Libi-ratrice.  Il  s'agit  d'unédilice  orné 
de  riches  colonnes  et  somptueusement  décoré,  ayant  servi  de  demeure 
aux  vestales.  Le  fait  est  établi  par  une  série  d'inscriptions  funéraires  por- 
tant le  nom  de  ces  prêtresses.  Les  inscriptions  sont  gravées  sur  des  cyprès 
parmi  lesquels  un  est  visiblement  martelé.  Au  mOme  lieu  a  été  troavée 
une  certaine  quantité  de  monnaies  du  x*  siècle,  provenant  d'Angleterre, 
et  qu'on  pone  avoir  été  envoyées  pour  le  denier  de  Saint-Pierre.  » 

Le  mOmc  journal  annonce  que  l'on  vient  de  placer  au  Muséum 

d'histoire  nalurelli",  dans  les  galeries  d'anthropologie,  de  nombreuses 
collections  de  photographies  représentant  les  types  de  l'Kurope  orientale, 
de  la  Sihérie  orientale,  de  la  Birmanie  et  du  pays  des  Somalis. 

Outre  ces  photographies,  les  galeries  se  sont  enrichies  de  pièces  eu 
lieuses,  notamment  de  six  crAnes  de  fellahs  provenant  des  ruines  «le 
Habylone,  et  des  crftncs  d'Indiens  fiaiaounis  que  le  regretté  docteur  Crc- 
^i>llT  a\a:t  recueillis  dans  sa  prera  ère  n:ission  au  centre  de  l'.Xmérique 
du  Su  '. 


lilBLIOGRAPlIÎE 


Lia  Première  apparition  du  fer  dans  l'Europe  septentrionale, 
étude  d'archéologie  préhistorique  comparée',  par  li;  D' I^^CRALI' 
UNiistT;  traduction  allemaiulo  do  J.  MisTunr,  avtn:  2U0  viKiictu»  dans  lu  iii\t«  ci 
500  fltfures  8ar  32  plaiiclies.  Hambourg,"  O.  Meissncr,  1882,  524-xvi  pages. 

Le  grand  ouvrage  de  M.  Undset  sur  les  origines  delà  civilisalion  du  l'er 
dans  le  Nord  a  ôlé  publié  on  ISSI  à  Chrisliariia;  l'année  suivanle, 
M""  Mcstorf  Ta  luiduit  du  danois  en  allemand.  Comme  l'aulcur  le  remar- 
que Justement  dans  sa  préface,  If  s  questions  d'arehéologie  auxquelles  est 
consacré  ce  volume  n'avaient  pas  encore  été  l'objet  d'un  travail  d'ensemble  : 
non  seulement  M.  Undset  a  coordonné,  avec  une  immense  érudition,  tous 
les  écrits  de  détail  que  ses  prédécesseurs  danois  ou  allemands  ont  dissé- 
minés dans  les  brochures  et  les  revues  spéciales,  mais  il  a  visité,  le 
crayon  à  la  main,  soixante  musées  du  nord  de  l'Kurope,  rassemblant  des 
documents  et  des  monuments  qu'il  a  publiés  pour  la  première  fois.  Son 
livre  a  la  double  valeur  d'une  élude  approfondie  sur  un  sujet  à  peu  près 
vierge  et  d'un  vaste  recueil  de  matériaux  inédits  ou  peu  connus  qui  ser- 
vira de  base  à  tous  les  travaux  futurs  sur  la  matière.  Il  faudrait  un  ;,'rand 
nombre  de  pages  pour  donner  une  idée  même  imparfaite  de  la  variété 
des  questions  qu'il  a  traitées  et  des  résultats  qu'il  a  obtenus;  nous  devons 
nous  contenter  de  résumer  ses  conclusions  telles  qu'il  les  a  formulées  lui- 
même- :  «  Les  premiers  objets  en  fer  arrivèrent  dans  l'Allemagne  du 
Nord  par  l'influence  de  la  civilisalion  de  HalUtatt  et  des  groupes  scm- 

1.  0(7?  ers'/e  Aiiftrctcn  des  Eisens  in  \onl-Europa,  Kine  Studio,  etc.,  duutsclie 
Aus^'abe  von  J.  Mestorf.  —  P  ourquoi  donner  le  nom  équivoque  de  /préhistorique  à  une 
arcliéologie  qui,  do  l'aveu  de  l'auteur,  s'occupe  spécialement  des  cinq  premiers 
siècles  avant  Jésus-Clirist  ?  A  cette  époque  le  monde  est  déjà  vieux  et  l'histoire 
n'est  plus  à  naître.  M.  de  Longpérier  s'insurgoait  avec  raison  contie  l'épitliète  de 
l)rthistori<]ues  appliquée  aux  vases  de  Santorin,  contemporains  d'événements  bien 
connus  de  l'histoire  ég3pticnne.  Combien  cela  est  plus  vrai  encore  lorsqu'il  s'agit 
des  découvertes  de  Hallstatt  !  Ce  que  M.  Undset  et  bien  d'autres  appellent  vorhixto- 
riscfie  Arc/iœolofjic,  c'est  tout  simplement  l'histoire  de  la  civilisati"U,  la  Kultur- 
gescliichte.  Ne  serail-il  pas  préférable  d'employer  ce  dernier  terme,  en  réservant 
celui  de  préhistorique  aux   éludes  sur  l'époque  quaternaire? 

1.  P.  3il-31i7. 


:\:\-i  RKVIE    Alu:ilK(M,or,IQUK. 

blablos  npparonti's  i  celle  civilisation  dans  If  Sml.  .Mai>  colle  idlhience  ne 
donna  naissance  A  une  époque  du  bronze  propremcnl  dile  que  dans  IKsl: 
ailleurs  elle  ne  fait  que  préparer  l'avéncmenl  de  l'époque  récente,  (l'est 
A  la  ciulisalion  de  la  Ti'^ne  qu'il  était  réservé  de  créer,  par  sou  infhirnce, 
la  civilisation  du  for  dans  ^AlloIna^,Mlc  du  Nord.  Ainsi  la  nouvolle  rulturc 
s'est  développé!"  du  sud  au  nord  ;  ilu  cAlé  do  l'est,  au  noid  do?  C.arpalhcï, 
on  ne  constate  aucune  inlhicnce  qui  ail  pu  contribuer  à  produire  lu  civi- 
lisation du  fer  dans  le  nord  de  l'Kuropc C'est  l'influence  des  civili- 
sations  du   for  cilti'iurs  dans  rKuro|)e    coniralo  qui  a  donné  lieu  ù  la 

première  époque  du  for  dans  l'AlloinaK'ne  du  Nord I,a  date  de  l'im- 

porl.ilion  du  for  eu  Posnanie  parait  élre  le  V,  le  w''  et  le  m'  siècle  avant 
Jésus-Christ;  c'est  à  celle  époque  qu'appartiendrait  la  plus  ancienne  pé- 
riode du  fer,  telle  que  nous  la  trouvons  dans  les  tombeaux  à  urnes  de  la 
Posnanie  et  du  Schleswig.  Vers  200,  la  civilisation  de  la  Tùne  aura  été 
transportée  dans  la  vallée  do  l'Klbe  ;  l'époque  du  fer  pré-romaine  dans 
le  nord  de  l'Alleniapne  comprend  les  deux  derniers  siècles  avant  notre 
ère..  ..  »  El  encore'  :  «Dans  le  nor.l  de  rKiirope,  en  particulier  ù 
Burnholm,  à  Ocland  et  à  (îoltland,  l'influence  de  la  civilisation  de  la 
Tène  s'est  fait  sentir  à  une  époque  antérieure.  Le  Jutland  et  le  Schleswig 
ont  également  subi  cette  iniluenco,  qui  s'est  répandue  de  là  sur  les  Iles 
danoises  ;  mais  ce  n'cïl  qu'a\eo  le  coiumencemont  de  l'influence  romaine 
que  la  période  du  fer  se  montre  nettement  et  se  généralise  dans  les  pays 
Scandinaves.  La  connaissance  et  l'emploi  du  nouveau  métal  se  sont  donc 
lentement  répandus  sur  le  nord  de  l'Europe  par  l'efTet  des  relations  com- 
merriales  avec  le  sud.  De  même  que  l'apparition  du  fer  dans  l'Allemagne 
du  Nord  ne  fut  pas  causée  par  rimuiigration  de  populations  nouvelles, 
de  même,  en  Scandinavie,  les  découvertes  archéologiques  ne  permettent 
pas  d'admettre  la  théoiie,  adoptée  jusqu'à  présent,  qui  fait  coïncider  !e 
commencement  de  la  période  du  fer  avec  l'arrivée  d'un  peuple  nouveau; 
là  aus>i,  la  révolution  qui  s'est  accomplie  n'a  été  amenée  que  par  de  longues 
el  coniinuellos  relations  commciciales  avec  les  contrées  du  Sud.  Aussi 
l'apparition  du  for  dans  les  pays  Scandinaves  ne  s'est  pas  produite  à  une 
seule  et  même  époque  :  on  peut  dire  seulement  que  l'influence  de  la  civi- 
lisation de  la  Tène  s'est  manifestée  dans  le  premier  sièc'e  avant  et  le 
premier  siècle  après  Jésus-Christ,  d'abord  à  llornholm  et  dans  les  pays  de 
l'Est,  plus  tard  dans  les  autres  pays  de  celle  région.  Vers  la  (in  du  premier 
siècle  ar>rès  Jésus  C.hrisl,  rinlluonic  romaine  c(vnmotH'e  à  s'exercer;  peu 
après  l'an  100,  la  p.'riode  du  fer  lomainc  établit  dcflnilivement  sa  domi- 
nation dans  le  nord  de  l'Europe.  >• 

Le  résumé  qui  précède  serait  tout  à  fait   insuffisant   si   nous   n'y    ajou- 
tions pas  l'indication  rapide  du  contenu  d(!S  dillérents  chapitres. 

Introduction.  —  Villanova,  Marzabolto,   la  Cerlosa,  Ilullslall,   la  Tène, 

1.  P.  *'K-50.5. 


IlIIlI.lodUM'IlIK.  'J^Il 

groupe  rhénun.  —  llapporl  entre  les  groupes  de  llalLstalt  cl  de  la  Tèiie. 

—  Commerce  ilalo-t'trusque.  —  Tombeaux  X  unies  de  rKuiûpo  centrale. 

—  Mariarast.  —  importance  de   lu   lîohOme   comme   intermédiaire.    — 
Sarka.  —  Wokovic.  — Champs  d'urnes. 

I.  Ai.i.EM  \i;nk  du  NniiD.  —  Chapitre  i.  Silésic.  —  u.  l'osnanie  cl  Pologne. 
Itipport  avec  le  Sud.—  ni.  Prusse  occidentale.  Vases  à  visage  humain, 
(listes  de  pierre.  —  iv.  Prusse  orientale  et  pays  baltiques.  —  v.  Lausitz 
cl  Urandehourg.  —  vi.  S.ive,  Anhall,  |{run>\vick.  —  vu.  Poméranie.  — 
vin.  Mecklemliourg.  — ix.  Le  llannovre  cl  la  région  entre  le  Hliin  infé- 
rieur et  l'CIbe.  —  X.  Holîtcin.  —  xi.  Ilésumé. 

II.  Ci;  Nokd.  —  Chapitre  xn.  l'jpoiiue  de  la  pierre  et  du  hronze.  Le  fer 
dans  des  tombeaux  do  l'époque  de  la  pierre.  L'époque  du  bronze  dans  le 
Nord.  Holations  avec  les  civilisations  du  fer  méridionales.  Importations 
de  llallstatl  et  de  l'Italie.  Iniluence  de  la  civilisation  de  la  Tène.  — 
xiu.  Bornholm.  Fouilles  de  Wedcl.  —  xiv.  La  [)éninsule  cirnbrique 
(Schleswig,  Julland).  —  xv.  Les  îles  danoises.  —  xvi.  La  première  \>i- 
riode  du  fer  romaine.  Les  trouvailles  des  marais  el  la  civilisation  de  celte 
époque.  — xvn.  La  Suède,  Gotland,  la  Finlande.  —  xvni.  La  Norvège. 

—  XIX.  Résumé. 

Aucun  compte-rendu  ne  saurait  tenir  lieu  de  l'élude  directe  du  livre 
de  M.  Undset;  nous  avons  du  moins  voulu  faire  entrevoir  les  fruits  que 
l'archéologie  peut  tirer  da  l'œuvre    que  nous  signalons. 

SaI.hUON    REINACn. 

Essai  d'un  catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande,  précôdé 
d'une  étude  sur  les  manuscrits  eu  langue  irlandaise  conservés  dans  les  Iles  Bri- 
tanniques et  sur  le  continent,  par  II.  d'Ahbois  dk  Jliiainville,  professeur  au 
Collège  de  France.  Paris,  Tliorin,  1883,  in-8,  clv-282  pages. 

Tel  est  le  titre  d'un  ouvrage  que  vient  de  faire  p  irai  Ire  un  de  nos  col- 
laborateurs. Pour  en  donner  une  idée  exacte  nous  ne  croyons  pas  pou- 
voir mieux  faire  que  d'en  reproduire  la  préface  el  la  table.  Nous  com- 
mençons par  la  préface  : 

«  Il  Y  a  trente  ans  que  la  Grammatica  cdtka  de  Zeuss  a  paru  à  Leipzig. 
Cet  ouvrage,  un  des  titres  de  gloire  de  l'érudition  allemande,  a  donné 
aux  éludes  celtiques  une  base  solide  ilonl  elles  étaient  jusque-li  dépour- 
vues. Parmi  les  savants  qui  s'étaient  occupés  de  ces  éludes  avant  Zeuss, 
un  grand  nombre  avaienl  cherché  dans  les  langues  et  les  littératures  des 
races  néo-celtiques  la  lumière  qui  devait  dissiper  l'obscurité  dont  est  en- 
tourée l'histoire  des  ancêtres  de  ces  races  antérieurement  à  la  conquête  de 
la  Gaule  par  les  Romains,  llsavaienlconsullé  lesdictionnairesel  lesgram- 
maires  imprimés  dans  notre  siècle  el  pendant  les  deux  précédents  en 
Bretagne,  dans  le  pays  de  Galles,  en  Ecosse,  en  Irlande.  Les  textes  uéo- 


334  IIK.VUK    AflCIIKOLOfilorK. 

cclliqiu's  les  plus  aru  jeu-*  qu'ils  cniiii'is^iMil  rUiiiMit  les  lois  ^lalltnsc.-',  ilmil 
les  plus  Mfux  miiJUSirUs  datcnl  du  xiii"  hii-cle.  <'t  des  poèmes  de  bard»'^ 
gallois  conservés  par  des  niaiiuscrils  de  diili's  divers»'»,  mais  dont  le  pn'- 
inier  no  rrmunli'  pas  plus  haul  que  la  lin  du  xiT  i^ifile.  Ils  s'élaionl  sui- 
loul  occupts  de  gallois  nu  de  breinn  ;  en  (;»'iirral  W  s  formes  les  plt  s 
raodornos  du  langage  tUaicnl  les  seules  dont  ils  se  fiis-rnl  rendus  niallre.>, 
.•l  ciMail  A  des  textes  tout  récents  qu'ils  dem.indaienl  l'evplicalion  d'un 
passé  éloigné  de  plus  de  dix-ncnTsit-clcs. 

Zeuss  est  entré  dans  une  voie  bien  plus  féronde  en  étudiant  les  gioscs 
du  Priscien  de  Sainl-fiall  et  de  celui  de  Carlsruhe,  des  épltres  do  saint 
Paul  de  Wurzbdurg,  du  c<inunent;iire  des  Psaumes  de  Milan,  du  De 
raliono  tfntyionnn  de  Hi'de  conservé  'i  t'arlsrulie  :  en  pultliant  et  cnm- 
menlnnt  les  iiir;inlalions  de  saint  Hall  et  le  seimon  de  <;am!)rai.  'Ions  ces 
documents  appartiennent  paléogrnithiqucmcnllcs  uns  au  vin",  les  antres 
au  ix'siC'cle;  et  le  vieil  irlandais,  langue  dans  Inquelle  ils  sont  écrii!î, 
présente  des  caracléies  d'antiquité  qui  manquent  au  gallois  du  môme 
temps  el,  à  plus  forte  raison,  ;\  cehii  du  xn"  siècle  et  des  siècles  suivants, 
seul  connu  antérieurement  à  Zt  uss. 

La  Gramtnatica  ccltica  de  Zcuss  a  été  publiée  en  is:i;t.  Depuis  celte  épo- 
que, la  base  nouvelle  que  ce  savant  avait  trouvée  aux  études  celtiques 
s'est  singulièrement  élargie.  D'abord  on  a  découvert  des  textes  irlandais 
dans  un  certain  nombre  de  m.uiuscrits  contemporains  de  ceux  qui  ont 
servi  de  fonflcrnenl  au  beau  travail  ilii  Lirauimuiricn  allemand.    Mai»,   en 
outre,  les  nmarquables  publications  (le  plusieurs  érudils  de   Dublin,   et 
en  dernier  lieu  un  excellent  livre  de  mon  savant  ami  M.  K.   ^Vindisch, 
professeur  .'i  I-cipzig,  ont  signalé  à  l'attention  des  érudils  du  continent  une 
graiule  quantité  de  documents  irlandais  conservés  dans  les  Iles  Rritanni- 
qucs  par  des  manuscrits  postérieurs  ;  et  dans  une  partie  considérable  de 
ces  document?,  inconnus  jusquc-lA,  ou  retrouve  aujourd'hui,  sous  les 
retoucbcs  des  copistes,  des  originaux  composés  primitivement  en  vieil 
irlandais,  comme  les  gloics  des  manuscrits  du  vm"  et  du  ix'  siècle  dont 
Zeu?s  a  été  le  premier  interprèle. 

Les  textes  si  précieux  que  Zeuss,  avant  tout  autre,  a  signalés  ii  l'atten- 
tion du  monde  savant  et  a  expliqués,  oll'rent  grammaticalement  un  inté- 
rêt de  l'ordre  le  plus  élevé.  Mais  les  idées  qu'ils  expriment  n'ont,  en  gé- 
néral, rien  de  nouveau.  On  y  voit  reproduites  en  langue  irlandaise  les 
doctrines  contenues  dans  des  documents  latins  depuis  longtemps  bien 
connus.  Au  contraire,  parmi  les  textes  que  les  savants  irlandais  cl 
M.  \Viiidi>ch  ont  publiés  d<puis  quelques  années,  un  grand  nombri'  pré- 
sentent un  tout  autre  caractère.  «Hî  y  découvre  un  vaste  ensemble  de 
doctrine»  et  de  traditions  de  toutes  sorte»,  mais  surtout  mythologiques  et 
légendaire?,  de  forme  épique,  légales  aussi, grammaticales mémesoiîs  des 
forme»  diverses  ;  leur  originalité  est  inconti  stable.  Ces  textes,  en  nous 
f!li^nn^  rrmonter  aux  teniji»  païens,  nous  mellenl  sous  les  yeux  le  com- 
irentiire  inattendu  des  indications  incomplètes  el  cependant  si  pi.'Tiei'!«Ps 


lui'.i.KH.it  M'iiii:.  335 

qnH  quelques  anciona,  cnranit;  (^6»ar,  Diudoiv  du  Sicile  cl   Strnliou,  nouj 
(loimeiil  sur  la  civilisaliuu  des  (iuiilui.^. 

Parmi  ces  document»,  ccuv  qui  apparliefiuctil  à  la  lilii'ralure  épique 
in'iiiil  paru  le»  plus  curieux.  Tue  partie  d'(Milre(;u\  doil  t'^lre  rfX|)res8loi 
(il!  tradilidus  communes  i\  touU;  la  race  celtique  et  anléiii-uies  \  l'elablis- 
sciiieul  du  rameau  irlandais  (!(•  ccîtle  ract;  dans  l'ile  dimt  il  |(Oili;  le  nom. 
De  là  pour  nous  l'inlénH  d'un  catalogue  des  monumeuls  de  la  lill<''rature 
épique  de  l'Irlande.  Ces  monuments  nous  donnent  uh'î  foule  de  connais- 
sances nouvelles  sur  les  croyances  et  les  micurs  des  C'illes  aux  époques 
les  plus  ancionues  de  leur  histoire,  —  Celles  du  continent  comme,  des 
Iles  lirilanniques.  —  i.e  calalo|,'ue  de  ces  monuments  remplit  la  plus 
graiitle  partie  du  \olume  que  le  lecteur  u  sous  les  yeux.  Je  ne  présente 
pas  ce  catalogue  comme  un  travail  complet.  L'introduction  qui  le  préc.ède 
et  où  j'ai  voulu  mettre  une  sorte  de  tableau  d'ensemhle  des  manuscrits 
en  langue  irlandaise  n'est  pas  non  plus  complète  :  outre  beaucoup  de 
lacunes,  les  savants  qui  ont  étudié  ces  maliéies  reconnaîtront  dans  mon 
iivrt'  bien  des  erienrs.  Mais  tel  qu'il  est  et  tant  qu'il  n'aura  pas  été  rem- 
placé par  un  travail  meilleur,  il  |inun;i,  je  ciois,  rendre  quelque  service. 
Nombre  de  curieux  et  de  débulanis  n'ont  pas  de  la  littérature  irlandaise 
et  des  manuscrits  irlandais  une  connaissance  ausd  approfondie  que  les 
savants,  si  peu  nombreux,  qui  ont  pris  pour  spécialité  l'étude  de  cette 
littérature  et  de  ces  manuscrits,  et  qui  par  là  se  sont  fait  un  nom.  » 

'>  I)  ci  la  table  de  cet  ouvrage  : 

Introduction.  —  Dtude  sur  les  manuscrits  en  langue  irlandaise  conservés 
dans  les  bibliothèques  des  lies  Britanniques  et  du  continent. 

Chapithe  I''^  —  Mission  littéraire  dans  les  Iles  Britanniques. 

CuAPiTiU'.  11.  —  Bibliothèques  de  l'université  de  Cambridge,   du  Corpus 
Ciirisli  Collège  et  du  S.  John's  Collège  de  la  même  ville. 

CnAiTrnE  m.  —  Musée  Biitannique. 

(;;nAPiTni£  IV.  --  Bibliothèque  bodiéienne  d'Oxford. 

Chapithe  V.  —  Bibliothèque  de  l'Académie  royale  d'Irlande. 

Chapitre  vi.  —  Bibliothèque  du  Collège  de  la  Trinité  de  Dublin. 

Chapitre  vu.  —  Manuscrits  des  Franciscains  de  Dublin. 

CuAPiTRE  VIII.  —  Bibliothèque  de  lord  Ashliurnham. 

Chapitre  ix.  —  Manuscrits  en  langue  irlandaise  dans  diverses   collections 
des  lies  Britanniques. 

Chapitre  x.  —  Hécapilulation   cbronologique  des  manuscrits  en  langue 
irlandaise  conservés  dans  les  lies  Britanniques. 


X\{\  i;iM  K    vnciiKOLoGiyrK. 

«•.DAiMîBK  XI.  —  Maml^oril^  on  lanjjue  irlaiïdaiso  conservi^s  dans  les  hiblio- 

ihî-quos  du  conliiieiil. 
C.BAPiTnK  xii.  —  r>>ai  d'un.'  rérnpilnlation  K«^n.'rnlo.    ynr  ordre  de   ma- 

litTCJ.  des   inanii<irils  en   langue  i^landai^e   lon.^civi's  dans   les    Iles 

britanniques  et  sur  le  conlinent. 
lissai  d'un  calalogue  de  !a  litl<'raUire  rpique  de  l'Irlande. 
PiiVe  jusliflcniivi-,  li<l<^  H.  Il  •, 


LES 


SARCOPHAGES    ANTHROPOÏDES 

DU    MUSÉE    DE    PALERME 


Depuis  que  la  collection  phénicienne  du  Louvre  s'est  formée  des 
dons  de  ..iM.  Guillaume  Hey  et  de  Saulcy,  des  achats  faits  à  M.  Pere- 
tié  et  surtout  des  objets  rapportés  par  la  mission  de  M.  Renan,  tous 
ceux  qui  Iréquentent  le  Musée  connaissent  ces  sarcophages  phéni- 
ciens, en  marbre  blanc,  auxquels  M.  Renan  a  proposé  de  donner  le 
nom  d'anthropoïdes^;  les  archéologues  ont  volontiers  adopté  ce  terme, 
emprunté  à  Hérodote  qui  s'en  sert  pour  désigner  l'appaience  des 
caisses  à  momies. 

Notre  savant  confrère,  dans  les  pagesqu'il  a  consacrées  a ct.s  monu- 
ments sur  lesquels  il  appelait  le  premier  l'atlenlion,  a  montré  que 
c'otaii'nt  bien  là  des  ouvrages  phéniciens,  qu'on  les  rencontrait  sur 
toule  la  côte  de  la  Phénicie-,  et,  hors  de  la  Pliénicie,  là  seulement  où 
avaient  longtemps  vécu  des  colonies  phéniciennes,  ainsi  dans  la 
partie  île  Cypie  .|Ui  a  été  le  plus  directement  soumise  à  l'intluence 
sémiiique,  dans  l'île  de  xMalte,  dans  les  colonies  lyriennes  de  Sicile  et 
jusqu'en  Corse,  où  les  maîtres  de  la  Sardaigne  ont  eu  certainement 
quelques  comptoirs.  Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  refaire  une 


1.  Sur  ces  monuments,  voir  Renan,  Mù^ion  tle  Phénicie,  p.  Zi03-/|06  et  il 2-427, 
pi.  LiX  et  LX.  Cf.  Longpérier,  Musée  Napoléon  III,  les  notices  des  plauclies  XVI 
et  XVIl. 

2.  Seule  la  ULcropole  de  Tyr  u'en  a  pas  donné  jusqu'ici  ;  mais  il  faut  songer 
qu'elle  a  ijtc  plus  complètement  dévastée  qu'aucune  autre  des  nécropoles  sy- 
riennes. 

111®  SKKIE,  T.  II.  —  23 


;{38  HKVLK    MlC.HéOLOGiyrE. 

ôiuimiTalioii  qu'il  a  (lorim-f  lrt'>s  i-ompli'lo;  muis  n'expliquerons  pas 
non  plus  apri's  lui  coninuMil  la  forme  raraeli  risti(|ue  île  ees  sarco- 
phajjes  esl  le  résullat  d'une  de  res  adaplalions  où  se  eomplaisait 
Itî-pntplus  ingénieux  qu'invenlif  de  ces  hahiles  artisans.  L'idt^e 
première  de  ces  sarcophages  a  cerlainemenl  éit'  suggérée  par  ces 
cai.-ses  à  momies,  en  bois,  que  les  marchands  phéniciens  voyaient 
partout  dans  la  vallée  du  Nil;  M.  Hcnan  a  f.iil  voir,  par  toute  une 
série  d'exemples  (ju'il  a  rajiprochés  haliilemenl  les  uns  des  autres, 
comment,  sous  rinduence  croissante  de  la  sculpture  grecque,  ces 
sarcophage^)  s'étaient  écartés  peu  à  jeu  du  type  primitif,  jusqu'à  ne 
plus  le  rappeler  que  d'une  manière  très  lonlaine.  Sur  tous  ces 
points,  il  sullit  de  renvoyer  aux  rèllexions(ju'ila  présentées  à  ce  pro- 
pos; avec  lui  nous  admettons  que  la  série  qa\\  a  formée  de  ces  mo- 
numents conduit  à  peu  prés  jusqu'aux  régnes  des  premiers  Séleu- 
cides,  jusqu'au  troisième  siècle  avant  notre  ère. 

Nous  ne  nous  écarterions  des  opinions  émises  par  notre  savant 
confrère  que  sur  un  point  :  il  ne  nous  semble  pas  que  le  style  d'au- 
cun de  ces  monuments  permette  ile  remonter,  comme  M.  Renan 
inclinerait  à  le  croire  avec  M.  de  Lonj^pèrier,  jus(iu'au  temps  de  la 
domination  .•l^syrienne;  nous  serions  plutôt  d'avis,  avec  M.  lleuzey  ', 
que  les  plus  anciens  de  ces  sarcophages  ne  sont  pas  anlérieursau 
dixième  siècle;  ils  appartiendraient  tous  à  la  {lèriode  pendant  la- 
quelle la  Phènicie  a  été  rattachée  tl'abord  à  l'empire  des  Achèmé- 
nides,  puisa  celui  des  Macédoniens.  D'ailleurs,  en  l'absence  de  toute 
inscription  dont  le  texte  même  ou  le  caractère  palèographique 
permettent  de  lixer  une  date  approximative,  ce  ne  peut  être  là 
qu'une  question  d'appréciation,  d'impression  toute  personnelle,  et 
nous  n'aurions  peut-être  même  pas  osé  uiai(|uer  ce  disseiiliiuenl  si 
nous  n'avions  été  conlirmc  dans  notre  manière  de  voir  par  le  juge- 
ment (ju'a  porté  sur  l'âge  probable  de  ces  monuments  l'archéologue 
qui,  dans  ces  derniers  temps,  a  le  plus  minutieusement  étudié,  à  pro- 
pos des  terres  cuites,  les  relations  de  l'art  oriental  avec  l'art  grec  ar- 
chaïque et  l'influence  exercée  par  le  premier  essor  du  génie  grec 
sur  le  goût  de  cette  Phènicie  (juia  toujours  cherché  ù  l'étranger  ses 
inspirations  et  ses  modèles. 

(Juoi  qu'il  en  soit,  fabriqués  en  Phènicie  même  ou  dans  les  colo- 
nies phéniciennes,  les  sarcophages  anthropoldesapparlieniient  à  deux 
types  dillereiits.  Dans  le  plus  simjile,  dans  celui  qui  esl  représenté 

1.  (''i(uio>jne  (Uf  fujurmcs  de  terre  cuite  ilu  musée  f/u  Lniivre,  p.  bj. 


l.i:s    SAUCOI'IIAdKS    AM  IIIUU'OIDKS. 


•Xi\) 


;iii  I.oiivrc  par  les  éclianlilloiis  les  plus  iioinlmMix,  In  ItHi;  souln  est 
lii,'iii(M'  sur  IfilcNSiis  dehiciivc,  ipjfl'iiicfois  avec  la  iiai.ssaiice  du  col 
cl  la  rdiiilt'iir  iks  ('paulcs;  mais  les  loiirlles  du  M.  Itciian  à  Saidn  en 
oui  lail  (oiinainc  un  aiilrc,  ou  le  sculplcur  n'a  pas  rrainl  d'aspirer 
iiiiiic  rcpir.-ciilalioii  hicii  jiliis  loiiipiclc  d(,'s  foiuics  liuniaiiics.  Ce 
iiioiiuiiifid  pit'cii'ux  esl  aujourd'hui  au  Louvre;  il  a  été  n-tin'.,  par 
morceaux,  des  leires  si  souvent  remuées  qui  remplissent  la  caverne 
d'Apollon  '.  Il  n'y  a  (jue  la  tète  que  l'on  n'ait  pas  pu  retrouver*.  Si 
les  hanches  et  les  jaiuiies  sont  encore  ici  comme  cachées  dans  l'in- 
térieur de  la  cuve,  des  bras  se  voient  des  deux  côtés  du  couvercle, 
collés  le  lonj,'  du  corps;  l'une  des  mains,  la  gauche,  tient  un  petit 
alubiistion  ou  vase  à  parfums;  le  bras  sort  nu  de  la  manche  courte 
d'une  tunique  qui  ne  couvre  que  l'épaule.  Les  pieds  sortaient  égale- 
ment de  la  gaine;  mais  ils  ont  élé  brisés.  La  matière  est  la  même 
que  celle  des  sarcophages  précédemment  décrits,  un  beau  marbre 
blanc. 

On  avait  d'abord  cru  ce  sarcophage  unique  en  son  genre;  mais 


Sarcophage  de  Solunte.  Marbre.  Musée  de  Palerme. 
Dessin  de  Saint-Eline  Gautier. 


cette  docouverle  a  conduit  à  tirer  de  l'oubli  deux  sarcophages  du 
musée  de  Palerme  dans  lesquels  on  a  reconnu  les  très  proches  pa- 
rents du  sarcophage  sidonien.  Ce  sont  ces  monuments  (jue  nous  vou- 
lons faire  connaître  aujourd'hui,  grâce  aux  excellentes  photogra- 


1.  Renan,  .)îissionde  Plitinicie^  p.  403,  et  le  Journal  des  fouilles  du  Gaillardot, 
tbidern,  pp.  437-438. 

2.  Uistuii-c  de  l'art,  t.  111,  p.  187,  fig.  132. 


AAO  RRVUK    ARClikOLOniQUK. 

phies  que  nous  en  a  ««nvoyécs  IriVs  obligcninmont  M.  le  professeur 
S.ilinns,  le  savant  ronservateur  du  musi^e  iW  P.ilfi me.  Ces  deux  s.irco- 
phaj^'es  ont  été  signalés  par  M."  Itenan  ;  ils  avaient  été  décrits  dans  un 
recueil  périodi(jue  (jui,  publié  eu  Sicile,  est  très  peu  connu  hors 
de  l'Ile  même  '.  liécouverls  l'un  en  Kîuri,  l'aulie  en  17:2.*),  ils  avaient 
été  longtemps  oubliés  dans  des  colleciioiis  particulières.  Lo  musée 
de  Palerme  lésa  acjuis  il  y  a  une  vinctaine  d'années,  et  c'est  en  les 
CDUipirant  aux  sarcophages  de  Si. Ion,  (jui  venaii'iil  d'être  mis  en 
lumière  par  .M.  llenan,  «pie  les  savante  siciliens  en  ont  reconnu  le 
caractère  et  l'importance.  Aucun  dtv^sin  lidéle  n'en  avait  élé  placé 
encore  sous  les  yeux  dt's  arcliétdoLiues  ;  ils  ont  été  gravés  très 
exactement,  pour  notre  Histoire  de  l'art  (huis  iantii/intt^,  et,  vu  la 
rareté  des  monuments  aullienli(iu<'s  de  la  slatuiire  phénicienne, 
nous  croyons  rendre  service  en  les  faisant  connaître  à  nos  lec- 
teurs -. 

Ces  deux  sarcophages  ont  élé  trouvés  dans  des  tomlieaux,  sur 
remplacement  de  Solunte,  ville  phénicienne  qui  s'élevait  à  quel- 
ques milles  vers  l'est  de  Panorme,  aujourd'hui  Païenne.  L'un  d'eux 
forme  comme  la  transition  entre  les  deux  types  que  nous  avons  dis- 
tingués; les  bras  y  sont  indiqués  le  long  du  corps,  mais  il  n'y  a  pas 
d'attribut  ni  de  costume.  L'autre,  bien  plus  archaïque  d'aspect,  est 
de  tous  ces  sarcophages  celui  où  le  sculpteur  a  poussé  le  plus  loin 
son  œuvre.  Nous  avons  ici  une  vraie  statue  couchée  ([d.  XXV).  C'est 
une  femme,  velue  d'une  tunique  courte  dont  les  manches  s'arrêtent 
à  l'épaule,  et  d'un  long  péplos  (jui  tombe  jusqu'aux  pieds;  le  bras 
droit  s'allonge  le  long  du  corp;»  et  repose  sur  la  cuisse,  landi-;  que  le 
gauche,  replié  sur  le  ventre,  lient  un  alahaslrou;  sous  la  draperie, 
on  seul  la  saillie  des  seins;  comme  dans  les  figurines  en  terre  cuite, 
trois  boucles  de  clieveux  peiidcnl  sur  le  col  et  sur  la  poitrine.  La 
ligue  sinueuse  que  décrit  le  contour  de  la  cuve  et  le  bourrelet  sail- 
lant qui  termine  le  couvercle  et  où  s'appuient  les  pieds  suffisent  h 
prouver  qu'ici,  comme  dans  Ks  monuments  analogues  de  la  l'Iié- 


1.  Il  semble,  d'après  les  planches  de  d'I^rville  (Sicula,  t.  I,  Amsterdam,  1764, 
p.  U-  ei  huivanle»;,  «|u«  l'on  coiuiaissail  uu  xviir'  siècle  trois  de  ces  sarcopliafies.  Il 
n'en  n!»te  plu»  que  deux  qui  ont  été  dûcriia  j)ar  d'(tndc's  Reggio,  en  lS6/j,  d.ins 
le  tiuilettmoilcUn  rtniiiinsstone  iti  untic/nlà  e  <li  helli'  urii  in  SiciliUy  p.  1,  pl.  I, 
a.  1-37.  Franccscu  di  Ciiovnnni  en  uvaii  deviiiù  l'origine  phénicienne;  sa  disserta- 
tion a  ét4Î  reproduite  en  tête  du  Bullelin,  avant  t-elle  de  d'Ondes  lt(  g^io. 

2.  Nous  devons  à  l'obliKeauco  du  notre  éditeur,  M.  Hachette,  d'avoir  pu  repro- 
duire ici  le»  deux  desnins,  dont  l'un  est  insérO  dans  le  texte  et  dont  l'autre  forme  la 
planche  XXV.  Ils  tlgur<:nt  dans  lu  tome  111  do  VUmloin:  de  l'art,  p.  1H7  et  180. 


UFS  sAiu:or!fvr.r:s  ANTiinoi'oioF.s.  341 

nicic,  c'csl  l.i  caisse  ,i  iiiuiilif  (|ili  .1  rlé  le  [)();nt  tic  dririrl  ^'t  le  JilV)- 
lotypc,  1,0s  doux  snrcopha^ics  di;  l'alcrme  ot  les  fra^'incnls  (Je  celui 
fie  Sillon  doivcnl  dnne  «Hre  considérés  nomme  appartenant  à  un 
rnénu^  ^îroijpe  de  monumenis.On  ne  saurait  (rop  enpajjer  les  archéo- 
loi,'iies  siciliens  à  continuer  leurs  fouilles  sur  le  territoire  pliénicien 
de  Solunle;  car,  des  rela'ions  imprimées  ou  nianuscriles  (|uc  nous 
possédons,  il  résulte  que  les  deux  tombeaux  ouverts  au  dix-septième 
et  au  di\-liuiliéme  sièclt;  étaient  intacts  (juarid  on  les  découvrit,  cir- 
constance (jui  ne  se  présente  jamais  en  Piiénicie. 

G.    PF.HnOT. 


KSSAl  n'INTKUriîKTATION  IVl'N  THACMENT 

DU   CAllMEN    /VlMJL()(ii:ilClJM 

1)1-:     COMMODIKN' 

(SCITF.    KT    fin) 


On'o?t-re  nmintonnnt  que  roi  Klic  (\u\  doit  inopluHist'r  pendant 
doii/.L'  ctMil  soixante  jours  ou  trois  ans  et  d<  ini  en  terre  juive  ?  Kst- 
rc  la  figure  «l'un  personnage  historique  de  l'Rglise  du  milieu  ilu 
iir  siècle  ?  Si  oui,  je  ne  saurais  trouver  son  nom.  Dnns  les  Evan- 
giles aussi  liien  (|ue  dans  l'Apocalypse,  Elle  est  indi(iMè  comme  de- 
vant jouer  le  rôle  de  précurseur-.  Il  représente  certainement  la 
prédiintion  chrétienne,  laquelle  trouve  surtout  des  Ames  rebelles 
parmi  U's  juifs,  que  Dieu  cependant  ne  peut  se  résoudre  à  perdre. 

Mais  ces  trois  ans  et  demi  de  prédication,  bien  (|u'ils  soient,  sui- 
vant le  style  prophétique,  annoncés  pour  l'avenir,  ont  eu  lieu,  puis- 
(ju'ils  sont  suivis  d'événemetits  racontés  et  non  sans  racines  dans 
l'histoire;  d'où  suit  que  cette  prédication  a  été  tolérée.  Or  il  se 
trouve  que  ces  trois  ans  et  demi  de  prédication  ecclésiastnjue  répon- 
dent avet-  une  suflisante  justesse  à  celle  p.!.riode  de  paix  dont  jouit 
rK}:lise  depuis  l'avènement  de  Valérien,du  commencement  de  'i'')\  ', 
jusqu'au  mois  d'aoïlt  2")7,  épO(|ue  où  cesse  la  tolérance  et  où  l'euipe- 
reur  donne  son  premier  édit.  ("est  alors  en  eflel  qu'en  Valérien  le 
Néron  endormi  se  réveille,    «  succeilil  ille  nefandus»,  et  ijue  le 


1.  Voir  le  numéro  de  novembre. 

2.  Kv.  S.  .Maitli.,  XVII,  10;  cf.  Marc,  Vi.  i:.  ;  J.in,  I.  21.  <<  Heiiii'*  vi-niei  priii» 
iiil^Dam  dllcctos.  I)  Comtnodicn,  Imirucl.,  I,  /il. 

A.  NoiiH  avons  une  inscription  dr  Gallus  rt  de  Volusien,  qui  inar'iue  lonr  quatrième 
pui»^^.•nlcc  tribiiniticnno,  «-t  qui  prI,  par  cnnsi^quont,  de  2:tfi.  ("-'est  donc  cette  année 
qu'il  f.tut  faire  «otimiencer  l'empire  di-  Valérien.  Orelli-Henz>ii.  n"  1000. 


niAiîMKNT  nn  cmimp.n  m'oi.uckiicim  m,  coMMdnii.v.        ;i4;{ 

mass.'KM'c  ('(iiiiiiii'nir.  hcsjinrs,  ilii  le  [loi'-ic,  nol  m  m  ijorilr  n'-sislr 
i\  l.i  pi'<''(lic;iii()ii  iT-IJc,  (|ui  \\':\  |iiicri  r.iiiiriicr  "|iit' i|iii'|(|ii('s-iins.  L(; 
piojilii'le  iirilr,  de  leur  ciulincisscincDt,  .-ipiicllc  sur  l'i'iiiinn*  cl  sur 
eux  les  vei'i^es  divines.  Comiiii-  .iiitrcfois  Elie,  il  ferme  le  ciel  ;  crtiniiit^ 
Moïse,  il  change  les  eaux  en  s,^nf,^  Il  réunit  en  lui  seul  la  puissance! 
des  deux  grands  proplièles,  f.iil  lonilier  sur  le  nuinde  la  famine  et  la 
peste.  Ces  deux  Iraits  liistoriepics,  à  savoir  le  fait  de  la  faniine  et  de 
la  pesie,  sont  farilenient  changés  en  punitions  envoyées  de  Dieu. 

«Voilà  ce  qu'il  (Klie)  fera,  et  les  juifs  rruellemcnt  frappés  se 
répandent  contre  Klie  en  mille  fausses  accusations  :  ils  s'évertuent 
d'aboid  à  enllammei'  la  colère  du  sénat  et  disent  (pi'Klii;  est  l'ennemi 
des  Humains.  Alors  à  la  lin  l(;  sénat,  excité  par  eux,  s'adresse  à  Néron, 
le  lléehit  par  ses  prières  et  par  d'injusies  pré.sents  :  <<  .Mets  hors  du 
«  monde,  disent-ils,  les  ennemis  du  |)euple  (jui  refusent  d'adorer  nos 
«  dieux  et  les  foulent  aux  pieds.»  VA  lui,  animé  de  fureur  et  vaincu 
[larles  prières  ilu  sénat,  faittrans|)orlcr  d'Orient  les  prophètes  parles 
voilui-es  publiques,  et,  pour  complaire  aux  sénateurs  et  certainement 
aux  juifs,  il  les  immole  d'abord,  puis  il  passe  aux  églises.  Pendant 
leur  martyre,  la  dixième  partie  de  Rome  s'écroule,  et  là  sept  mille 
hommes  périssent  sous  ses  ruines.  Or,  le  quatrième  jour.  Dieu  lui- 
môme  emporte  dans  le  ciel  ceux  que  les  persécuteurs  ont  défendu 
d'ensevelir  après  leur  mort.  Il  les  relève  de  terre,  les  ayant  faits 
vaintjueurs  de  la  mort,  et  leurs  ennemis  les  voient  .s'élever  libres 
dans  les  airs. 

«  Mais  ce  spectacle  ne  les  a  pas  troublés  :  au  contraire  ils  s'aigris- 
sent au-dedans  d'eux-mêmes,  et  leur  haine  contre  le  peuple  du  Christ 
s'exaspère  encore  davantage.  Le  Très-Haut  en  efTet  a  endurci  le  cœur 
de  ces  méchant-^,  comme  jadis  à  Pharaon  il  avait  endurci  les  oreilles. 
Alors  le  roi  cruel,  l'injuste  Néron,  l'expulsé,  ordonne  de  chasser  de 
Home  même  le  peuple  chrétien,  et  i!  associe  à  son  pouvoir  deux  Cé- 
sars pour  l'aider  ;\  poursuivre  ce  peuple  d'une  fureur  maudite. 
Ils  envoient  des  édils  partout  à  tous  les  juges,  avec  ordre  de  forcer 
celle  espèce  d'hommes  ;\  renoncer  au  nom  chrétien.  Ils  prescrivent 
aussi  qu'on  les  oblige  à  répandre  de  l'encens  devant  les  idoles,  et, 
pour  que  nul  ne  puisse  se  dérober,  à  marcher  la  couronne  sur  la 
tète.  Si  le  lidèle  ne  veut  pas  de  cet  appareil  de  comédie,  il  lui  faut 
sortir  de  la  vie  par  le  martyre.  S'il  consent  à  le  prendre,  il  est  un  de 
la  foule.  Alors  il  n'y  aura  aucun  jour  de  paix,  plus  d'oblation  au 
Christ;  mais  le  sang  coule  partout.  Décrire  cela  me  dépasse,  les  larmes 
sont  plus  fortes  que  moi,  ma  main  défaille,  mon  co^ur  précipite  ses 


344  IlEVlIR    AnClléOLOGIQUF.. 

l)illem(Miis,  Los  inartMs  (vpt'mlaiU  sont  f.iils  i»  supporlor  l.uil  dtî 
coups.  Li's  mers,  tes  ('niuint'nl.s,  los  ll»*s.  \'"<  nduMlcs,  ou  fouillo  lon- 
guement parloiii.  Oïl  iiH'iu'  par  Iroupes  des  vicliines  délestées. 

«  Voilà  ce  (jifalors  fera  Ni-ron  pondant  trois  années  pleines  et  une 
derai-anU'  e,  remplissant  ainsi  le  l.nips  i|iii  lui  a  ité  lixé.  Mais  pour 
ses  forfaits  viendra  la  mortelle  vengeance,  si  bien  que  sa  ville  et  son 
peuple  seront  livrés  avec  lui,  et  l'einpire  qu'il  a  gouverné  injuste- 
ment, après  iju'il  a  écrasé  son  peuple  sous  de  funestes  impôts,  lui 
sera  retira*.  » 

Isla  quia  faciet  cruciati  ncmpc  ludœi 

Mulla  athorsiis  cnm  cnufl.-'.nt  in  criniina  falsa, 

liK'cniluntqno  prins  sonatum  consnrgoif  lu  ira, 

El  dicunt  Heliani  inimicura  esse  Homanis. 

Tune  Inde  confeslim  motus  senatus  ab  illi^ 

Exorant  Neronom  prccilnis  et  donis  iniquis  : 

«I  Toile  ininiicos  populi  de  rtq»us  liuniaiiis, 

Per  quos  el  dii  nnstri  cooculcatilur  iieque  coluntui .  •• 

Et  ille  supplelus  furia  precibusque  senulus 

Véhicule  publico  rapit  ab  Oriente  proplielas. 

Qui  salis  ut  facial  illis,  vel  cerle  ludaiis 

Immolai  hos  primum,  et  sic  ad  ecclesias  exit  ; 

Sub  quorutii  mailyrio  décima  pars  rorruil  urbis, 

El  pereuiit  ibi  bomines  ï^eptem  millia  plona. 

lllos  aulem  Dominus  quarto  die  tollit  in  auras 

(juos  illi  vetuerunl  sepuKura  condi  jacenles, 

Suscitalque  solo  imiuorlales  fados  de  niorle, 

Quos  inimici  sui  suspiciunl  ire  per  auras. 

Terrili  nec  sic  sunt,  sed  magis  iolra  crudcscunt, 

Ad  populum  Chrisli  exécrantes  odio  toio. 

ludura\il  eiiiiii  Alli<simus  corde  nefandos 

Sicut  Pliaraoni  prius  iuduravcrai  auies. 

Hic  orgo  rex  durus  el  iniquus  Nero  fugalus 

Pilli  jut)et  populum  chrislianum  ipsa  de  urbe  ; 

Participes  auleiu  <iui>  sibi  Cajsares  addit 

Cum  quibus  bunc  populum  persequaltir  diro  furorc  : 

•M  tlunt  el  edicla  per  juditt-s  omufs  iiliicjue, 

l'I  gfiiuis  hoc  hoininuru  facianl  sine  noniiue  Chrisli 

Prajcipiunl  quoque  simulacris  lliura  poncnda  ; 

Et,  ne  quis  lateal,  omnes  cororiali  procédant. 

lu  liisirionica  hi  tidelis  ire  ncgavil, 

Felicil'T  exit  ;   sin  v(!ro  de  lurba  lit  unus. 

Nidia  dies  pacis  lune  »'rit  nec  oidalio  ('liristo  ; 

Sed  cruor  ubique  manat,  quem  dfscribore  vuKor, 


FRAfiMRNT    UV    CAFIMKN    At'Ol.Or.KTICUM    DK    COMMODIKN.  'Hli 

Vincuiil  ciiirn  laci  viiki-,  lifli  il  im.hhis,  corda  trembcunt  : 

Ouar.quarn  sil  martyiibus  njttiiiii  loi  l'iincra  fcrrf. 

!'<M'  maie,  [kt  torias,  jicr  insulas  alqnr*  latcbras 

Soiiitnnfiirqun  diu,  ovyccratns  victimas  dticiint. 

H.TC  Noro  liifii  faciet  Irionnii  Inniporo  Inio 

Ml  anno  dimidio  —  alatufa  tompora  romplel.  — 

Pro  ciijtis  Tacinore  vonici  vinili<:fa  lotalis, 

lit  iirhs  et  popiiliis  illo  cnni  ipso  tradaliir, 

Tollatnr  imperiiim  quod  fuil  inique  rtqdelum, 

Quod  per  tributa  mula  diu  luaceiaveral  onines  '. 

Je  crois  (ju'on  poul  affirmer,  sans  rrainto  d'être  contredit,  que  ce 
long  passage  est  le  morceau  capital  et  soliile,  le  noyau  historique 
du  poùme  entier,  bien  qu'il  soit  tiré  en  partie  et  pour  nombre  d'ex- 
pressions de  l'Apocalypse,  et  que  çh  et  là  l'imitation  aille  jusqu'au 
pastiche. 

Il  y  a  \h  de  l'histoire,  san';  un  seul  nom  propre  historique  cepen- 
dant. Dans  la  pensée  du  poète  c'eùl  été  un  vrai  contresens  que  d'en 
citer,  puisqu'il  prétend  non  décrire  et  retracer  le  passé,  mais  an- 
noncer l'avenir.  De  là  le  futur  qu'il  emploie  d'ordinaire,  —  c'est 
le  temps  apocalyptique,  —  ou  le  présent  qui  caractérise  la  vision 
extatique.  Plusieurs  verbes  au  passé  cependant  se  sont  glissés  sous 
sa  plume,  comme  à  son  insu.  Ainsi  dans  les  derniers  vers  de  ce  pas- 
sage où  il  parle  de  la  chute  du  prince  «qui  gonrrrnn  injustement 
et  avait  écraaé  ses  sujets  sons  de  lourds  impôts  ».  Nous  l'avons  noté 
déjà,  l'histoire  que  l'on  trouve  ici  est  faite  largement  et  à  grands 
traits,  soit  sur  le  spectacle  d'incidents  générdlisés  à  tort,  soit  avec  des 
passions,  des  préjugés,  des  préoccupations  religieuses  qui  l'altèrent 
ou  la  défigurent,  soit  sur  des  traditions  d'un  autre  temps  qui  la  dé- 
forment quand  on  i>rétend  l'y  ajuster.  Evidemment,  si  cette  histoire 
était  exacte  et  claire,  la  question  que  nous  éludions  à  l'heurt'  pré- 
sente, de  sivoir  de  quel  empereur  et  de  quel  temps  précis  le  poète 
veut  parler,  ne  pourrait  pas  être  posée. 

On  sait  que  la  clef  de  l'Apocalypse  de  Jean,  qui  depuis  si  long- 
temps a  tant  exercé  la  critique  et  suscité  des  explications  si  diverses 
et  parfois  si  l)izarres,  se  trouve  au  dix-huitième  verset  du  ch;i[ti- 
trexiii  :  «  Que  celui  qui  a  de  l'intelligence  calcule  le  nombre  de 
la  bête.  C'est  un  nombre  d'homme  et  son  chiffre  est  C66.  »  On  a 
démontré  que  la  tHe  blessée  ou  In  hiHe  dont  il  est  question  est  la 

1.  Carmen  apol.,  v.  840-884. 


34f»  nrvi'F.  vnniKoi.or.ioiM'. 

lipiiiv  d'un  liomnip,  cl  (|iit'  riinnniit'  tlnut  ce  iioinlui'  osl  le  signe  est 
IVm|M'r«Mir  N'cron  ;  Néron  ('tVsar,  selon  h  v.ileiir  numéiiiiin'  Mes 
leiiies  (|iii  coniposenl  ces  deux  mots  en  cnr.ulires  ln'lir.iii|iie«;,  don- 
nanl  le  noml»ie  proposé  '. 

Dans  le  lonj;  passnpi-  du  Cnnurn  npolnijcticum  (ju'on  vient  de 
lire,  riniportaiil  est  de  même  de  savoir  au  juste  ce  que  représente 
.N'êron.  r.e  nom  n'esl  certainement  pas  la  lipurede  l'empire  romain, 
du  pouvoir  persécuteur  en  pénéral,  vu  (jii'ou  dit  qu'il  est  revenu  et 
qu'il  a  pris  possession  de  l'empire;  vuiju'on  lui  [iréte  une  série  d'actes 
très  déterminés,  et  qu'on  le  place  dans  un  milieu  concret  et  (juil 
faut  par  suite  le  caser  tians  un  point  du  temps.  Néron  avec  son  ca- 
ractère et  sa  mission  satanique  est  ici  non  une  alistraction.  mais  le 
préle-nom  d'un  prince  persécuteur  particulier.  .M  lis  (|uel  est  ce 
prince? 

La  date,  encore  qu'approximative,  de  l'époque  où  a  vécu  Commo- 
dien,  défend  de  remonter  an  second  siècle,  et  il  est  même  iinpossible 
de  chercher  ce  prince  en  deçà  du  réirne  de  Déce,  pnis([n"an  premier 
vers  de  notre  fraj^ment  il  est  fait  mention  de  la  septième  persécution, 
c'est-à-dire  justement  de  celle  ipii  porte  son  nom.  Mais  peut-on  s'ar- 
rêtera néce  lui-même?  Je  n'hésite  pas  à  répondre  par  la  nèf^ative, 
et  cela  pour  les  raisons  suivantes  : 

D'ahord  parce  que  c'est  après  qu'il  a  été  question  de  la  persécution 
de  Dèce  (la  septième),  que  l'invasion  des Goths,  selon  le  poète,  a  châ- 
tiée et  fait  cesser,  et  après  l'inteivenlion  d  un  inince  dont  le  nom 
signifie  en  Israël  un  peu  plus  que  la  tolérance  et  la  paix;  c'est  après 
une  pré  lication  lihre,  paraît-il,  de  trois  ans  et  demi,  ipie  le  nom  cl 
la  personne  de  Néron  apparaissent  dans  le  poème. 

En  second  lieu,  c'est  que  la  persécution  que  ce  Néron  ordonne  lui 
est  en  quelque  sorte  arrachée,  selon  le  iioèle,  par  les  instances  du 
sénat,  et  n'a  pas  un  caractère  .spontané.  Le  Néron  de  (lommodien, 
au  commencement  du  moins,  n'aj^it  pas  de  son  propre  mouvement, 
mais  suit  l'impulsion  du  sénat.  Je  sais  hien  que  ce  sont  là  façons 
de  parler,  et  qu'en  fait  le  sénat  n'avait  d'autre  rêle  que  d'enregi.strer 
les  volontéset  les  caprices  du  maître  du  jour  (luel  iju'il  l'iU.  Il  reste 
pourtant  (pie  ('ommodien  nous  pri'sente  ainsi  les  choses  et  que  cela 
ne  s'accommode  pas  à  tout  ce  (ju'on  sait  de  Déce. 

Kn  troisième:  lieu,  dans  le  poème,  la  famine  et  la  pesti^précèdintla 
persécution  et  en  sont  les  causes  au  moins  occasionnelles.  Dr  la  per- 

1.  n'iiM,  //iW.  de  la  l/it'iif.  nfinst.,  Aporn/i/i>^r.  Noiiv.  l'est.,  IV*"  pnri..  Ir.id.  o 
commnni.,  pp.  l<'%  no. 


FIWC.MENT    ItlJ    CAIIMF.N     M'Ol.OC.  F.TICrM    Di:    i;(iM  MODIKN.  ."{i? 

srcutioil  (le  Dc'Cc  ;i  coniiiirlici''  ;iu  drluil  ilr  r.iim/'ii  :2">i),  et  COlln  pcslft 
fameuse,  ipii  iliii;M|iiiii/.<'  .uis,  coimnetirr»  doux  :\n^  \)\\\<  lird.  .'ipi-f'-s 
la  mort  ^\^'  te  priiicr. 

l'ji  ijiiali'ièiiic  cl  (Icrnior  lii'ii,  rautciir  ilii  dnnnon  apolo'/ihnim 
n'a  |>ii  iliic  iiiif  l)6ce  a  |HM-S(''ciit6  les  cliréliens  pi-ri'lant  trois  aii.->  el 
demi,  à  moins,  ce  qui  c^sl  très  mplieilement  dômenli  par  les  der- 
niers vers  de  notre  fraf,'ment,  ([u'il  l'ait  écrit  en  :2r")(),  pendant  le  feu 
môme  de  la  persécution  et  avant  la  chute  de  œ  prince. 

De  ces  diverses  considérations  ou  peut  tirer  que  le  Néron  de  Com- 
modien  n'est  pas  l'empereur  Dèce.  Les  mêmes  raisons  el  d'autres 
encore  excluent  aussi  Dioclétien  el  la  terrihie  persécution  qui  signala 
les  premières  années  du  iv"  siècle.  Il  est  fort  prohaMe  qu'.'i  celte 
dernière  date  l'auteur  de  notre  poème  était  mort.  Kniln,  un  fait  d'un 
caractère,  ce  semhle,lrès  positif,  à  savoir  l'adjonction  d(;  ilcux  Césars 
au  pouvoir  de  Temptreur  régnant,  ne  saurait  traduire  môme  en  façon 
d'à  peu  près  la  létrarchie  inaugurée  el  constituée  par  Dioclétien. 

Donc  liéjà  et  presijue  à  priori,  s'il  s'agit  dans  noti'O  poème  d'une 
persécution  qui  a  sévi  après  celle  de  Uèce  el  avant  celle  de  Dioclé- 
tien, tt  d'un  prince  qui,  après s'ôtre  laissé  forcer  la  main,  l'a  conduite 
avec  une  telle  rigueur  qu'il  puisse  être  appelé  l'Antéchrist  par  un 
fidèle  nourri  de  la  capiteuse  littérature  des  Apocalypses,  le  choix  du 
temps  et  du  prince  est  en  queh  jue  sorte  forcé  ;  il  s'agit  de  l'empereur 
Valèrien.On  ne  saurait  en  elTel  pensera  Aurélien,  qui  eut  à  peine  vers 
la  lin  de  son  règne,  des  velléités  de  persécution  •^ans  effet,  et  auquel 
aucun  Irait  indiqué  ici  ne  s'ajuste.  Moins  encore,  s'il  est  possihie, 
est-il  permis  de  songer  à  ce  simulacre  d'empereur  appelé  Numérien, 
dont  le  nom  se  trouve  mentionné,  il  esl  vrai,  dans  pinsii-ursActesde 
martyrs  sans  autorité,  mais  qui  n'est  pas  marqué  dans  le  catalogue 
ecclésiastique  ofliciel  des  persécuteurs,  qui  ne  s'est  jamais  associé 
deux  Césars,  qui  a  à  peine  régné  nominalement  en  Orient  el  n'a 
point  régné  du  tout  en  Occident,  et  dont  la  critique,  dans  son  em- 
barras, a  fait  parfois  un  officier  ou  un  agent  do  la  persécution  de 
Dèce  ». 

Cette  conclusion,  à  savoir  l'identité  du  Néron  de  Commodien  et  de 
l'empereur  Valérien,  qui  paraît  s'imposer  en  procédant  par  voie  de 
rejections,  selon  la  méthode  de  Bacon,  s'établit  aussi  par  voie  posi- 
tive et  directe  en  analysant  et  en  interprétant  le  dernier  passage  du 
Cnrmm  que  nous  avons  cité  ci-dessus. 

Elie,  c'est-à-dire,  comme  je  l'entends,  la  prédication  chrétienne 

1.  Tillcmont,  Mvm.xur  i'hist.  occics.,  t.  IV,  p.  5fi5. 


:i%H  RKVUK   ARCHIvOLOOIOrr 

aux  ilprnirrs  jours,  s'osi  fait  onlondro  pend.inl  trois  :\i\<.  ot  ilomi, 
c'est  I.»  mosun*  iloiiuét'  par  l'Apoialypst'  •  cl  en  iiu'^iiif  Iciuiis  l'iii- 
torvallc  tlo  temps  (|ni  si'p.uv  ravèiu'incnt  de  VaIrru'U  l'I  la  «laie  de 
son  premier  ùdil. Trouvant  la  plupart  de  eeux  auxquels  il  s'adresse 
sourds  à  son  supr«"^me  ap|)el,  Mlle  a  fait  tonitteisur  la  terre  la  famine 
el  la  peste.  Les  juifs,  eruellemeiil  frappée,  aceusenl  les  elirrtiens,  exci- 
tent les  alarmes  el  la  coU'rc  du  sénat,  représoilenl  Klie,  c'est-à-dire 
les  prédicateurs  clinHiens,  comme  des  ennemis  dts  Humains.  Le  poêle 
mel  ces  accusations,  alors  communes  ;\  beaucoup,  dans  la  liouclie  des 
juifs,  peul-t^tre  parce  (|ue  les  juifs  fournissaient  peu  de  recrues  au 
christianisme.  La  séparation  entre  juifs  el  chrétiens  était  depuis  long- 
temps consommée,  le  rapprochement  el  l'union  demeuraient  l'espoir 
de  quelques-uns,  el  entre  autres,  ;i  ce  (ju'il  semble, de  notre  poète-. 
Le  sénat  de  son  côté,  l'histoire  dit  Macrianus,  s'adresse  ;\  Néron, 
le  fléchil  par  ses  prières  el  ses  présents.  Irait  emprunté  à  l'.Xpoca- 
lypse,  el  lui  demande  de  proscrire  el  d'exterminer  les  chrétiens. 
Valerien  en  effet  fui  d'abord  très  bienveillant  pour  rKi^Mise  et  ne  nio- 
ditia  ta  polilique  à  son  égard  que  .sous  l'aclion  d'inlluences  étran- 
gères ^ 


1.  Afiocaltjp^e,  XF,  .'!.  Soiilfment  ici,  dans  l'Apocalypse,  il  ne  s'agit  pas  d'un  seul 
témoin  ou  prophète,  mais  de  deux,  Moisi'  et  filie. 

2.  Ce  sont  les  derniers  vers  du  Carmun  si  on   li's  a  l)ieii  lus,  car  les  trente  der- 
niers vers  du  poème  sont  difficiles  à  déchilTrer  : 

do  sanctï!). 
De  duobns  popalis  erit  uoa  plebx  agia  sempi'r. 

Les  deux  peuples  saints  désip^nés  ici  sont  les  juifs  et  les  chrétiens,  jusqu'alors  di- 
visés et  en  apparence  irréconciliable*. 

3.  H  est  constant,  d'après  le  très  explicite  témoignage  de  Denys  d'Alexandrie,  dans 
Eusèbe  (fcpn7.  ud  llrrmammoiicm  citt-c  Hist.  i'cclesi<t<t.,  VII,  10),  ciue  l'empereur 
Valérii'n  fut  très  favoral)le  aux  chrétiens  pendant  le^  premiers  temps  de  .son  règne, 
et  <\ur  le  revirement  de  sa  politique  eut  lieu  h  la  suite  de  pressantes  inûuences 
étranKères  Denys,  dans  un  des  deux  iiassa^'es  de  sa  lettre,  quKusèbc  nous  a  con- 
hc-rvéh,  marque  positivement  comme  conseiller  den  nouvelles  nu'suri's  de  persécution 
Macrianu»;  et  dans  l'autre  il  parle,  sans  hi  nommer,  d'un  nutitre  do  la  si/nngngw 
det  mitijiciens  d'I-^ji/itle,  ôiôâTTca/.o;  xai  twv  àjt'  AlfC^rro'J  (Aayiuv  "Apy.i'nfviYcoYO;, 
qui  penuada  à  Valerien  d'user  do  rigueurs  contre  les  chrétien».  On  s'est  duniandé 
((JisUîrt  Cuper,  ndnot.  ad  LuctnnUum  ilr  iii'irti'jus  ijrrs'-rutnruui,  p.  1,')2,  et,  lo 
mémo  Cuper,  Lettres  de  critù/ue,  histoire,  lillrratitre,  p.  386-390)  s'il  s'agissait 
ici  de  deux  personnages  ou  d'un  seul  (Mosheim,  De  ri-hm  C/iristianovitm  nnte  Cou- 
tlanlinuni  Mntjnum  lotnmenlani,  pp.  5&8  et  m.),  et  si  le  second  ne  trahirait  pas 
dans  c<Ue  uiïaire  l'int'  rveniinn  des  juifs  hosUh-K  aux  chrétiens.  J'estime  pour  ma 
part  que  cch  deux  prétt-ndus  personnages  n'en  font  qu'un  et  que,  dans  les  deux  pxs- 


FIUOMKNC    DU    CAUMK.N    APOLOGKTICUM    HK   COMMODIK.N.  149 

Néron  cùdtMux  iiistancesdu  sénat,  fait  venii' «l'Oi  irnilrs  |)ro|)hùte8 
p;ir  los  v()itll^t'^  |iiil)li(jn(;s,  cl,  pour  coinpl.iiic  au  séti.iL  et  silrtMnerit 
aux  juifs,  il  les  iininolo  d'ahurd,  jiuis  il  riappc!  les  E^^'lisos.  (^olraris- 
portdo  propliMcs  ou  d'évôrpies  chrétiens  d'Orient  en  Occident  par  le 
service  du  cursus  jiublicus  est  un  dél;iil  si  particulier  et  si  topi(jue 
qu'il  seuihle  devoir  se  ia|([)oil«'r  a(jU(d(iU(^  lait  liisloriijue  ou  ;i  (|U('I- 
que  on  dit  eouleuiporain.  Corniuodien  a-t-il  pens6  ici  au  transport 
traditionnel  d'I^rnace  d'Antioclie  iv  Home?  fait-il  allusion  au  récit, 
recueilli  par  lauteur  lie  leur  légende,  du  transport  des  chrétiens 
orientaux  Ahdon  etSenuen  à  Home?  Nous  l'ignorons.  L'iininolalion 
des  prophètes  est  donnée  par  l'Aiiocalypse  *,  mais  qu'elle  ait  eu 
lieu  d'ahord,  en  entendant  par  proi)hètes  les  évéques  et  les  prêtres, 
puis  (juVin  ait  passé  aux  éj^lises,  cela  cadre  assez  hien  avec  l'histoire 
et  manjue  en  partie  la  dilTérence  de  réditdeii57  et  de  celui  de  258*. 
Ce  qui  suit  :  l'écioulement  de  la  dixième  partie  de  la  ville,  par  un 
Iremhlement  de  t(!rre  sans  doute,  la  mort  de  sept  mille  victimes  par 
suite  de  cet  écroulement  ;  les  cadavres  gisants  par  lerre,  privés  par 
ordre  de  sépulture,  ressuscites  par  Dieu  le  quatrième  jour,  et  ravis 
dans  les  airs  sous  les  yeux  mêmes  de  leurs  ennemis,  sont  autant  de 
traits  où  l'auteur  s'esl  mis  peu  eu  frais  d'invention  personnelle  :  ils 
sont  en  effet  textuellement  tirés  de  l'Apocalypse^.  Home  seule- 
ment est  mise  à  la  place  de  Jérusalem.  Le  dét.iil  des  morts  privés 


sages  de  Dcnys,  il  n'est  question  que  du  seul  Macriaiius,  dont  le  patriotisme  et  le 
zèle  pour  les  institutions  de  la  religion  romaine  sont  travestis  par  l'évoque  d'Alexan- 
drie en  ridicules  ou  infâmes  pratiques  de  magie.  Cependant  Denys  peut  avoir  été 
l'interprète  de  rumeurs  courantes  au  sujet  do  l'intervention  de  juifs  jaloux  et  enne- 
mis, et  Commodien,  dans  le  même  temps,  parlant  des  juifs  qui  «  iéiùtxent  avec  leur 
roi  Néron»  qu'ils  adorent,  qui  essayent  d'exciter  la  colère  du  sénat  contre  les  chré- 
tiens, et  de  Valérien  qui  frappe  ceux-ci  pour  complaire  au  sénat  et  surtout  aux 
juifs. 

Qni  .satis  ut  faciat  illis  vel  ccrtu  Judaei», 

a  pu  de  son  côté  être  l'écho  de  ces  mêmes  rumeurs  qui  étaient  venues  jusqu'à  lui. 
Plusieurs  Actes  de  martyrs,  d'autorité  douteuse,  il  est  vrai  (Mnrtyrium  S.  Ma- 
fTirt/itiA-,  ap.  Métaphrastp,  17  août,  éd.  Mignf,  p.  571  ;  P  issio  Sancti  Poittii,  dans 
15  \'.ii7.e,  Miscelianea,  édil.  in-folio,  t.  I,  p.  32),  parlent  de  l'inimitié  persistante  et 
active  des  juifs  à  l'égard  des  chrétiens,  et  des  cris  qu'ils  poussaient  contre  eux. 

1.  Ajtocalypxe,  XI,  7. 

2.  Cf.  l'édit  indiqué  dans  la  première  partie  des  Actes  de  Cyprien,  d.ins  l'inter- 
rogatoire de  Denys  d'Alexandrie  (Eusèbc,  //.  E.,  VII,  M),  et  l'édit  de  258.  résumé 
dans  la  lettre  de  Cyprien  à  Successus,  E[).  LXXX. 

3.  Il  en  est  de  môme  du  quatrième  jour.  «Et  après  trois  jours  et  demi  un  souffle 
de  vie  rentra  en  eux  »,  etc.  Apuc.,  XI,  11  et  ss. 


3rtO  HKVUK    ARCIlKOLOf.lQL'K. 

p.ir  ordre  <!o  sôpiilturi'  ikmiI  rire  uni*  .illusion  à  ruilcrilil  mis  p.ir 
onlre  ilo  Vaii'-nfn  sur  Ifs  riiiu'licros  cluêlifiis,  détail  t|iii  ne  parait 
pas  non  plus  convtMiirii  la  pcrsrciilion  do  Déco,  pcmlaiit  lai|uell»'  les 
rhn'tit'iis  parai<s<'iit  avoir  j^'ardr  I»'  lilirr  nsa^'f  de  Iciiis  riiiiclit'rcs. 

Dans  l'Aporalypse  do  Jcin,  lo  trcnibloinciii  ilo  lorro  cl  los  si^-nos 
•|ui  suiveni  roniplissonl  d<-  torn-ur  losiiicrôdulos,  (|ui  rondonl  alors 
li.Miiinatre  au  Dieu  du  cifl  •.  Ici  los  Od'urs  dos  inlidolos  sont  moins 
lloxililes.  La  liuiiio  au;,'monlo  au  ooiilraiii-,  t'I  la  coloro,  oontro  los 
clirùtiens.  Néron  ordonne  de  li'solia.ssor  do  Home,  s'associe  ilcux  Cé- 
sars pour  los  porsotiilor,  onvoiodos  ôdils  dans  toutes  \vs  provinces, 
ordonne  (ju'on  force  los  clirotions  à  offrir  de  rencciis  aux  idoles,  à 
mettre  des  couronnes  sur  leur  tête  comme  signe  d'obéissance.  Alors 
plus  do  paix,  plus  d'oblalion  au  Christ,  partout  des  poursuites 
acliarnoos,  partout  lo  sani,'  et  tlos  Iroupos  do  victimes. 

Voilà,  avec  l'exagération  ordinaire  du  témoin  passionnéel  intéressé, 
non  une  prodiction,  mais  une  description  de  faits  contemporains*. 
Les  deux  Césars  mentionnés  ici  comme  spocialomenlas-<ociés  au  |)ou- 
voir  pour  l'œuvre  de  la  persécution  sont  Gallien  et  Valérianus  le 
jeune,  prince  de  la  jeunesse  (soit  le  fils  aîné  de  Gallien  tué  en  Gaule 
t'ii  ^.'i'J,  soit  son  lils  cadet),  nommés  tous  deux  avec  l'empereur 
Valérien  dans  plusieurs  inscriplions"*,  et  dans  les  Actes  proconsu- 
laires de  Cyprien.  Les  instructions  ou  édits  envoyés  partout  aux 
présidents,  et  ce  qui  suit,  sont  laits  communs  à  la  persécution  de 
Uéce  et  à  celle  de  Valérien.  La  couronne  placée  sur  la  télé  de  ceux 
(|ui  sacrifiaient,  celle  mascarade,  comme  dit  le  poète,  était  la  tenue 
ordinaire  pendant  lesacrilice.  Gommodicn  put  voir  plus  d'un  apostat 
se  pavaner  dans  cet  appareil.  De  là  à  tran^l'oi mer  l'oblii^aliuM  do  la 


1.  «  El  in  illa  lioru  factus  est  tcrru  motus  magiius  et  dcciniu  pars  civitatis  cccidit, 
et  occisi  sunt  in  terrai  iiiotu  nominu  liomiauni  bt-ptem  millia,  et  reliiiui  iu  timorcm 
buntmissi  et  dederuat  gloriam  Deo  cœli.  »  XI,  13. 

2.  Cf.  à  ce  sujet  les  délails  qu'on  trouve  dans  deux  rédactions  liagiograpliiques 
Contemporaines,  les  Aclex  (hi  sainls  Luctui^Montanm)  et  de  ieurs  compagnons,  et 
Wh  Actes  de  Jucobus,  de  Marinnus  et  de  leurs  (.omp'Kjnons,  «|u'on  lit  parmi  les -4c/h 
iinrera  de  Kuinart.  Le  monde  d'cxaltaliun  visionnaire  où  vivaient  les  confesseurs  de 
l'anuée  'Jb'J  est  bien  celui,  semble-t-il^  où  vécut  Cuinmudien  et  où  il  puisa  ses  iuspi- 
rutioii». 

3.  On.'lli-Heiizen,  n*  55/i/i.  Frœlmer,  Médaillons  de  l'enip.  rom.,  p.  210  et  suiv. 
—  Ad.  proconsul,  de  Cypr.,  édit.  Martel.  —  Il  est  vrai  que  (iallii-n,  dans  les  pièces 
épigrKpIiiqucs  et  numisuiatM,ue8,  est  dit  Auguste.  Il  est  vrai  aussi  (|ue  sous  Dèce 
on  trouve  aushi  deux  Césars,  liéreuuius  Ktruscus  Messius  Décius,  son  fils  alni',  rt 
CaIus  Val'-ns  iloKtilianus,  son  fils  rad<-t.  l\v>u<u  (.'j.t^iS-ùj^O).  (iesdeux  au&si  avaieut 
reça  de»  2âU  la  puitsauce  triUinitieunc. 


i-iiA(i.Mi;M   nr  cau.mk.n  apologkticum  ih.  (:o\iM(MiiiiN.        X)\ 

couronne  iicinlaul  l,i  côléhralion  des  rites  païen»  en  signe  de  recon- 
naissance et  en  appareil  ol)lij,'aloir(!,  il  n'y  avait  pas  loin.  Dans 
nonihic,  d'actes  de  niarlvrs,  on  douve  la  mention  d'ohli^alions  ana- 
l()},'ues,  impos6is  aux  lidùles,  i|iii  m*  sont  pas  plus  vraisemblables, 
et  ont  leur  origine  dans  (|ueliiiit;  l'ait  qui  nous  (''cliappe.  Ainsi  dans 
les  Actes  de  sainte  Cécile  il  est  parlé  de  la  poite  d'un  bour},'  ou  d'un 
passage  (|ue  nul  ne  pouvait  Irancbir  sans  faire  au  préalable  acte 
d'idolâtrie.  VA  ilc  même  dans  l'bistoire  des  martyrs  d'L'ti(|ue,  connus 
sous  le  nom  de  Massa  Candida,  on  raconte  qu'à  côté  d'un  four  à 
cbaux  tout  fumant  se  liouvait  un  autel,  où  force  était  de  sacrilii-r  ou 
d'être  [irécipité  dans  la  fournai.se.  Les  rites  clirétiens  —  oblatio 
Cliristo  —  devaient  être  à  ce  moment  ou  absolument  suspendus, 
comme  dans  le  cas  des  cluéliens  condamnés  aux  mines  à  la  lin  de 
l'année  257*,  ou  cacbés  soigneusement  par  crainte  des  dénon- 
ciations, des  poursuites  ou  des  violences  populaires.  Un  connaît 
l'histoire  de  Tarsicius,  qui  est  de  ce  temps.  Le  sang  qui  coule  pirtout, 
et  les  mots  qui  suivent  et  qui  trabissent  l'émotion  poignante  du  nar- 
rateur, sont  dans  ce  long  morceau,  où  tant  de  passages  sont  simple- 
ment transcrits  de  VApocalypse,  une  toucbe  personnelle  et  d'une 
absolue  sincérilé. 

Mais  la  plupart  de  ces  détails  généraux  peuvent  s'appliquer  à  la 
persécution  de  Dèce,  aussi  bien  (}u'à  celle  de  Valérien.  Les  derniers 
vers  que  nous  avons  cités  nous  forcent  à  reconnaître  Valérien  dans 
le  Néron  du  poète. 

«Voilà,  dit-il,  ce  que  fera  Néron  pendant  trois  ans  et  demi,  — 
temps  lixé  d'avance,  —  et  une  mortelle  vengeance  payera  ses  forfaits: 
sa  ville  et  son  peuple  seront  livrés,  et  l'empire  qu'il  a  gouverné  in- 
justement lui  sera  ôlé.  » 

Ces  derniers  mots  peuvent  s'appliquer  aussi  bien  à  la  mort  de 
Dèce  qu'à  la  capture  de  Valérien;  mais  les  premiers  ne  convien- 
nent qu'a  ce  dernier  prince.  L'espace  de  trois  ans  et  demi  ou  de 
(luaranle-deux  mois,  pendant  lequel  les  justes  doivent  soulîrir  vio- 
lence et  persécution,  est  marqué  plusieurs  fois  dans  l'Apocalypse-. 
L'auteur  de  cet  écrit  avait  lui-inùmc  tiré  cette  indication  du  livre  de 
Daniel^.  Mais  dans  le  livre  de  Daniel  elle  n'est  pas  mise  au  hasard. 

1.  Ct/jir.  Episl.,  LXXVI,  3.  «  Illic  (in  met.Ulis)  nunc  sacerdolibus  Dei  facult  is  noa 
datur  otTereiidi  et  colebrandi  sacrificia  divina.  »  Ed.  Hariel,  p.  830.  Dai;S  Da- 
niel, IX,  on  lii:  «  ei  pendant  la  moitié  de  coite  semaine  (trois  ans  et  demi)  il  fera 
cesser  sacrifice  et  oblalion.  » 

2.  Ai'oculijpse,  \1,  i,  3;  XII,  13,U;  XllI,  j. 

3.  Daniel,  Vil,  25.  —  En  nute  à  propos  de  ce  passage,  M.  Edouoid  Ileuss  écrit  : 


arSi  HKVOK    ARCHÉOLOUiyUK. 

KM.'  s'.n.Inptc  assez  Itieii  h  In  iliin^e  de  la  juTsùcution  (lu'Aïuiorlius 
P.|ii|>li.int' n  fnit  sul)îr  niix  juifs  ii  JcTUsalcm.  A  (iiu'l  litre  l'auteur 
(lu  Cnrmen  tiinAoïjeticum  peut-il  dire  nue  Nt^ron  a  rempli  ret  inter- 
valle, statutn  triiipora  rotiiplftf —  C'est  ijue  sa  persc'cution  ajus- 
tement dure  les  (iuarant(»-dcux  le.ois  manjués.  Or  cela  exclut  Dècc 
et  s'appli.jue  au  seul  Yalêrieii,  dont  la  persérution,  C(in»mencèe  au 
milieu  de  l'année  ir»7,  dura  jusqu'en  ir«(),  date  de  sa  capture  par  les 
Perses  et  de  la  lin  etTectivc  de  son  règne.  L'application  se  faisait 
d'elle- ni(^me  cl  loule  seule,  el  un  autre  contemporain,  Denys 
d'Alexandrie,  qui  ne  connaissait  sans  doute  pas  un  seul  vers  de 
notre  poMe,  visait  au  môme  moment  très  directement  et  très  expli- 
citement le  même  prince  Valôrien,  quand  il  citait  à  son  propos  ce 
passage  de  l'Apocalypse  :  «  Et  il  lui  fut  donné  [h  la  bète,  (lui  est  la 
Ogure  de  Néron)  une  bouche  qui  proférait  des  i)aroles  hautaines  el 
des  blasphèmes,  et  il  lui  fut  donné  de  faire  ainsi  pendant  ciuarante- 
deux  mois'.  » 

Ce  dernier  passage,  en  somme,  est  la  clef  de  cette  nouvelle  Apo- 
calypse. Le  Néron  persécuteur  des  chrétiens  pendant  trois  ans  el 
demi  ne  peut  être  dans  la  pensée  de  l'auteur  du  Carmen  que  l'em- 
pereur Valérien.  Les  faits  (ju'il  a  l'air  de  prédire,  il  les  raconte  en 
témoin  oculaire.  Ces  mots  qui  lui  échappent  :  «  Les  larmes  sont  plus 
fortes  que  moi,  ma  main  défaille,  mon  creur  frémit  »  ,  attestent  bien 
l'émotion  présente  et  encore  palpitante  en  l'ace  de  laits  réels.  Les 
conceptions  de  l'esprit  et  les  rêves  sur  l'avenir,  si  sombres  qu'ils 
soient,  ne  produisent  pas  dans  l'âme  de  si  vifs  mouvements.  D'où 
nous  croyons  pouvoir  conclure  que  le  Carmen  a  dû  être  écrit  en  ^UO, 
el  avant  même  que  Gallien  eût  rendu  la  paix  à  rKglise. 

Nous  n'avons  rien  à  faire  avec  la  lin  du  poème  de  Coiumodien,  du 
vers  98'*  au  vers  1U53.  C'est  un  épilogue  d'un  caractère  exclusive- 
ment mysti(jue.  L'historien  n'y  trouve  rien  à  glaner.  L'imagination 
et  la  fantaisie  visionnaire  remplissent  ces  quatre  dernières  pages, 
souvent  inspirées,  en  plus  d'un  trait  même  copiées  de  l'Apocalypse. 
Le  poète  dit  la  ruine  de  Rome,  attaquée  par  on  ne  sait  quel  nouveau 
roi  d'Orient,  second  aiitéchrist  traînant  à  sa  suite  des  nations  depuis 
longtemps  elTacées  de  l'histoire,  et  victorieux  de  trois  Césars  envoyés 


a  C'eut  la  durée  du  la  pertéculioii  d'AiiliocliuA  uvunl  la  purilicution  du  U'iiipli; 
(I  MuirU.,  I,  55cl  Buiv.  ;  iv,  &2).  »  Trad.  de  la  liible,  Ancien  Ttôl.,  VU"  pari.,  p.  :!J7. 
—  (J.  Uttuicl,  XII,  11. 

1.  tHriiyfc  tl'Alexundric      fragujciii  de  lettre   cite  dans  tiubcbc,   UlsIui-.  eccle-t., 
VII,  10. 


iii\(;Mi:\r  nu  cvumk.n  Ai-oi.tMji-.TiCL'.M  in".  cowmodiicn.        353 

contre  lui,  el  doiil  il  livre  les  corjjs  iimiiolés  aux  oiseaux  (Jej)roie'. 
11  (lit  la  restaiiratioii  d'un  nouvid  Israël  gardé  pur  par  Dieu  dans 
l'extrÙMie  Orit'Ml  et  ([ui  revient  rejtrendre  possession  de  la  Judée*; 
il  dit  la  ruine  du  monde  et  la  glorification  des  justes.  On  est  ici  sur 
le  terrain  de  la  pure  exaltation  a|i()calypti(|ue,  et  l'incerlitude  du 
texte  dans  les  derniers  vers  ajoute  encore  à  l'obscurité  et  à  la  con- 
fusion (lu  tableau. 

11.    ADliÉ. 


1.  Etibant  iHi  tros  Cnisares  roflistpri;  contrn 

(juoB  illo  inactatus  volucribus  dooat  in  e«C3ai. 

(V,  994-995.) 

Quels  sont  ces  trois  Césars  ?  Dans  la  pièce  XLI  du  premier  livre  des  In^lruclinnex 
du  uiâmc  Coinmodieu,  où  l'on  trouve  le  cauevasdu  morceau  que  nous  analysons,  il 
est  dit  que  le  monde  ne  finira  qu'après  que  l'Antéchrist  aura  vaincu  trois  empe* 
rours. 

Tum  acilicet  mundos  Gnitar  cam  ilie  parebit 

Et  très  imperatorcs  ipso  deviceril  orbi  : 

Cam  fuprit  autom  Nero  de  inferiio  ievatus, 

Ilelias  venietprius  signare  dilectos. 


Scd  uiediam  tempns  lluliaa,  médium  Nero  tenebit 
Tarn  Babylon  merelrii  in  igné  facta  favilia  ; 
Inde  ad  Jcrusaiem  perget,  victorqae  Latinas 
Tune  dicet:  Ego  sum  Cbristus  .... 

Latinus  est-il  ici  l'interprétation  ancienne  du  cliiffre  de  la  bote,  ou  un  synonyme 
de  Nero,  qui  est  deux  vers  plus  Iiaul? 

2.  La  peinture  de  cette  réserve  de  juifs  gardés  par  Dieu  incorruptibles  et  comme 
dans  un  âge  d'or  est,  au  point  de  vue  de  la  forme,  ce  qu'il  y  a  de  plus  poétique 
dans  le  Carmen  apologeticum  entier. 


III»  SÉRIE,  T.   II.  —  ^i 


ixscrjrrioxs 


DE 


LOllACLE    DE   DODOXE 

ET     IMEllRE    GRAVÉE 

(communication  faite  a  l'académie  dks  inscriptions) 


I 

INSCRIPTIONS 


Messieurs  les  membres  de  l'Académie  se  souviennent  peul-t'tre 
des  inscriptions  de  l'oracle,  que  j'ai  trouvées  dans  mes  fouilles  de 
iJodone  et  que  j'ai  communiquées  à  l'Académie  avant  même  de  les 
publier  dans  mon  ouvr.i{je.  Ces  inscription^  sont  gravées  sur  des 
plaques  de  plomb  très  minces,  et  elles  sont  assez  difficiles  à  décliilTrer 
à  cause  de  l'usure  de  ces  pKKjues  et  de  l'entrelacement  des  lettres  de 
deux,  trois  et  (juelquefuis  quatie  inscriptions  gravées  sur  la  même 
plaque. 

Les  inscri[itions  que  j'ai  publiées  dans  mon  ouvrage  contiennent 
des  deraan.les  adressées  à  l'oracle  par  des  Etats,  par  des  villes  et 
par  des  particuliers  ;  mais  il  n'y  avait  parmi  elles  aucune  inscription 
pouvant  rire  considérée,  d'une  manière  certaine,  comme  une  ré- 
ponse de  l'oracle.  Il  y  en  a  deux  ou  tinis  c. imposées  di;  pbrascsbien 
lisibles  et  incompréhensibles,  comme  par  exemple  celle  de  HU«i 
jxacTttti,  (jui  pouvaient  être  prises  pour  des  réponses;  mais  on  pour- 
rait avoir  dr-s  doutes  :  si  ecs  phrases  étaient  des  réponses  de  l'oracle, 


INSCllIPTlONS    I)K    L  OllACLi:    DK    DODONK.  .'JoS 

oii  hieii  lies  demandes  incomplùlcs.  On  pourrait  donc  supposer  que 
ronicle  rcnilail  sus  réponses  sans  les  faire  inscrire  sur  les  plaques  de 
plumb  et  qu(j  c'claient  les  demandes  '^eules  qui  étaient  inscrites  sur 
CCS  plaques. 

Après  la  publication  de  mon  ouvrage  sur  les  fouilles  de  Dodone, 
je  suis  parvenu  à  déchiffrer  (pielques  autres  de  c<!s  inscriptions,  et 
dernièrement  j'en  ai  déeliiUré  unecjui  cunlient  d'une  manière  ci-r- 
taine  une  réponse  de  l'oracle.  Sur  l'une  des  faces  d'une  petite  pla- 
(jue  carrée  de  O"',0:j  sur  0"',03  et  épaisse  d'un  demi-niillimélie  à 
peine  est  inscrite  la  demande  suivante  : 


0EO[CTY  XAATA 
0AEP[nT]  E  I  ANTIO 
XO  CTON  AIKAITAN 

AinN  A  NYnEPvri 

EIAC  AjYTOYKAinA 
TPOCKAIAAEAO 
ACT[l]NAOEnN 
HHP  nnjNTIMAN 
TlA[n  lONKAlA 
MEINON    EIH. 


t)£()[ç  TÛ]-/^a  OL-^a- 

Oà.    if[o)T]£T    'AvTl'o- 

/o[ç  To]v  Al  xai  xàv 
Aiiôv[alv  oTTÈp  uyi" 
£ia;   [a]v):o'j  xai  tzol- 
xpô;   xal  ào£A'i 
S;  T[î]va  0£wv 
ri    'Hf[(.'Ki)]v  Tiu.av 

Tl    X[0)]Ï0V    XQtC     a. 
'7.£IV0V     £tr,. 


«  Dieu  et  bonne  fortune.  Antiochus  demande  à  Jupiter  et  Dioné 
lequel  des  dieux  ou  des  héros  il  doit  houoier  afin  (|u'il  lui  soi/ 


;j5j;  nnvrK  arc.hkolocioue. 

mieux  el  plus  avantageux  pour  -=;»  sanlr  «l  pour  la  saiilr  l'I  de  son 
jiîMv  el  ilo  sa  SM'ur.  d 
De  l'autre  côté  de  la  plaque  esl  inscrite  la  rtpouse  suivaiilc  : 


E12EPMI 

ONA 

OPMA 

2A 

ANTi. 

Et;    'Kpui- 

ôva 

èpuLÏ- 

Ta 

avTi. 

Ce  (lui  veut  dire,  traduit  mot  à  mot,  et  en  prenant  le  mot  ôpaîca 
comme  une  formelle  participe  iï'minin,  forme  dori^iue,  au  lieu  de 
èfawca,  signiûerait  :  a  A  Ilermione,  à  celle  (jui  s'élance  vis-à-vis.  » 

C'est  une  vraie  réponse  d'oracle,  parce  que,  tout  en  étant  claire, 
elle  peut  avoir  un  double  sens  ;  elle  peut  signifier  :  à  Ilermione  même, 
à  celle  qui  s'élançant  de  l'île  d'Ilydréa  située  en  face  et  séparée  par 
un  étroit  passage  de  mer  ;  et  elle  peut  aussi  signilk-r  :  vis-à-vis 
d'ilermione,  c'est-;\-dire  à  Hydréa. 

Nous  ne  savons  pas  ciuelle  était  la  déesse  ou  l'iiéroïne  (pii,  venant 
d'en  face,  était  adorée  à  Hydréa;  mais  nous  savons  qu'à  Ilermione 
il  y  avait  des  temples  assez  connus  de  Céréset  Coré,  de  Vénus,  de 
Diane  et  d'Iphigénie.  Il  est  donc  [)robable  (jue  l'oracle  de  Dodone 
recommandait  ii  Antiochus  d'honorer  une  de  ces  déesses  ou  l'héroïne 
Iphigénit;. 

On  peut  aussi  remarquer  dans  l'inscri[)(ion  qm  nous  occupe  la 
la  forme  du  sifjma.  Dans  la  ilemande  le  sigma  est  de  forme  lunaire 
iC)  tandis  que  l'epsilon  (E),  (|ui  dans  les  inscriptions  à  sigma  lu- 
naire est  ordinairement  de  la  même  forme,  conserve  ici  la  forme 
rectangulaire. 

D.ins  ia  réponse  le  sigma,  aussi  bii'U  ([ue  l'epsilon,  ont  Ions  deux 
la  forme  rectangulaire  de  la  bonne  époijue  des  iiiMriplions  grec- 
ques. 


iN'scitii'i'iftNS  Ml'.  I.  on  Mil    ni'.  iiorxtM:. 


r,i 


II 

PIERRK  GHAVflK  Ili;i'UÉSF,NTANT  CfiSAn  IlECEVANT  LA  TÊTE 

Di:  i'()\ii>f:i-: 

Sur  une  pelilc  piiMTO  cliaiccdoino,  longue  do  IS  millimètres  et 
demi,  et  largo  de  1^  millinièlros,  un  lialtilc  artiste  a  gravi'-  tout  un 
tableau  historique,  Cimi  personnages  composent  ce  tableau.  L'un, 
assis  sur  une  chaise,  porte  sur  la  tiHe  une  couronne  de  laurier  ;  il 
appuie  sa  main  gauche  sur  la  hanche  et  lève  la  main  droite  sur  son 
visage.  Trois. sont  debout  ;  ils  sont  casqués  et  revùtus  du  costume 
militaire  romain  :  le  premier  est  placé  derrière  le  personnage  assis, 
il  tient  de  la  main  gauche  son  bouclier,  et  de  la  main  droite  sa 
lance;  le  second  est  au  milieu  du  tableau,  il  tient  sa  lance  de  la 
main  gauche;  le  troisième  est  placée  l'autre  extrémité  en  face  du 
personnage  assis,  il  tient  une  torche  allumée  de  l;i  main  droite  et 
son  bouclier  de  la  main  gauche.  Le  cinquième  personnage  est  age- 
nouillé devant  la  personne  assise,  et  tient  entre  les  mains  une  télé 
d'homme  qu'il  offre  à  cette  dernière  personne. 

Le  sujet  de  cette  reprcsentalion  me  p.iraîl  être  assez  clair  :  c'est 
la  présentation  de  la  tête  de  Pompée  à  Jules  César. 


Pompée,  après  la  bataille  de  Pharsale,  lâcha  de  former  une  nou- 
velle armée  en  Asie,  et,  n'ayant  pu  réussir,  se  décida  à  chercher  un 
asile  en  Egypte,  auprès  du  roi  Ptolémée  Dionysos.  L'esclave  Photin. 
ministre  tout-puissant  de  ce  roi,  ayant  appris  la  décision  de  Pompée, 
crut  utile  aux  intérêts  de  l'Egypte  de  tuer  Pompée  pour  être  agréa- 
ble à  César. 

En  effet,  à  l'arrivée  du  navire  portant  Pompée,  des  oiïiciers 
romains,  qui  avaient  auparavant  servi  sous  les  ordres  mômes  de 
Pompée,  le  reçurent  dans  une  barque  pour  le  transporter  à  terre  ;  ils 
l'assassinèrent  au  moment  où  il  niellait  le  pied  sur  le  sol  égyptien. 


:i."8  nF.VUK    AHC.lIKoi.or.IulI  . 

Us  lui  iraiifhùnMit  In  ttM(\  •iirilsporlj'rcnl  à  IMiniin,  et  aliandonn^renl 
son  rorps  sur  le  rivajîi',  où  il  fut  UwWô  par  son  alTraïuiii  IMiilippc. 

Crsar,  [loursuivaiil  sou   rival,  arriva  eu   K^'vplti  ptMi  après  son 
assassinat.  Dès  son  arrivée,  IMiotiu  lui  lit  pn-^'uler  la  tèli;  de  \\m\ 
pêe  ;  César,  à  relie  vue,  détourna  les  yeux  et  versa  des  larmes. 

C'est  cette  scène  que  rcpriscnlo  notre  pierre  gravée.  César,  assis 
sur  une  chaise,  el  entouré  de  trois  de  ses  olliciers,  reçoit  l'envoyé  de 
IMiotin  tenant  entre  ses  mains  la  tête  de  Pompée,  qu'il  lui  luésente 
à  genoux.  A  la  vue  de  cette  tête  inanimée  de  son  grand  rival,  César 
fait  le  signe  de  Taflliction  bien  connu,  en  levant  la  main  vers  sa  tête. 
La  présence  du  personnage  portant  la  torche  nous  imlitiue  aussi 
que  cet  événement  a  eu  lieu  en  une  heure  de  la  nuit. 

La  présentation  ;\  César  de  la  télé  de  Pompée  a  été  décrite  par 
Corneille  dans  sa  tragédie  :  «  La  mort  de  Pompée.  >>  Elle  fut  aussi 
représentée  par  Ciorgione,  dans  son  tableau  de  «  César  recevant  la 
téie  tle  Pompée»  ;  mais  je  ne  connais  pas  de  monument  anli(|ue  re- 
présentant celte  scène  d'un  événement  des  plus  importants  de  l'his- 
toire romaine.  C'est  à  ce  titre  que  j'ai  considéré  ma  petite  pierre 
gravée  comme  méritant  l'honneur  de  vous  élre  présentée  et  d'être 
connue  par  les  archéologues. 

C.    CAHAPANOS. 


L'OKi  i:vi{i:uih:  détain 

DANS  L'ANTIQUITÉ 

(suite)  «. 


L'ÉTAIN  AU  XI \>  SIÈCLE  DANS  LA  VIE  PRIVÉE. 

A  partir  du  xiv*  siècle  Pinduslrie  de  l'étain  se  divise  en  plusieurs 
sortes;  il  en  est  de  môme  de  ses  usages  dans  la  vie  privée.  Jusqu'à 
cette  (''poquc,  soit  que  les  documents  nous  aient  fait  défaut,  soit 
qu'en  réalité  les  diverses  branches  de  l'industrie  de  l'étain  n'eus- 
sent pas  existé,  il  nous  a  été  impossible  d'en  établir  l'historique. 

Au  xiv"  siècle  nous  voyons  ces  différentes  industries  apparaîlre 
en  quelque  sorte  tout  d'un  coup,  et  alors  l'étain  non  seulement 
sert  chez  le  peuple  et  dans  la  bourgeoisie  aux  usages  de  poterie  ordi- 
naire comme  par  le  passé,  mais  ii  prend  aussi  un  côté  artistique; 
on  le  transforme,  —  nous  no  dirons  pas  en  objet  d'art,  —  en  pièces 
de  décoration.  Plus  tard,  au  xv«  et  au  xvi"  siècle,  cette  branche  de 
l'industrie  de  l'étain  produira  de  véritables  chefs-d'œuvre.  Enfin 
la  poterie  d'élain  aura,  au  xiv"  siècle,  un  dernier  rôle  chez  les 
souverains  et  les  grands  seigneurs,  où  elle  fut  exclusivement  relé- 
guée i\  l'office  pour  les  besoins  de  la  cuisine. 

I 

L'ÉTAIN  DANS  LA  BOURGEOISIE. 

Les  plus  anciens  inventaires  de  mobilier  privé  qui  existent  sont, 
je  crois,  ceux  des  Templiers,  dressés  au  moment  de  leur  procès, 


1.  V.  la  Revue,  t.  XMll.  p.  22G-237,  n°'  do  janvier-février,  mars-avril,  septembre 
octobre  et  novembre. 


:U)0  REVUK    AIU'.HKOLOCIOIÎK. 

c'est-à-dire  au  commonciMiuMil  du  xiv*  si(Vlt».  Ces  inventaires  sont 
irniii'  iinportaiirc  rapil.ilc,  [Kwrv  {\n"\h  nous  apprennent  l'i-tal  du 
inolùlicr  dans  les  ronimandcrii'S,  où  se  trouviiil  ;i  coup  sûr  une  cer- 
taine aisance.  —  On  y  possédait  des  ustensiles  pour  la  tahle,  mais 
aucun  n'était  en  clain.  Tantôt  nous  l(>s  trouvons  en  bois,  tanlAt  en 
cuivre  ou  en  terre.  Cependant  nous  rencontrons  l'clain  :\  dilTé- 
rentes  reprises.  Il  joue  dans  ce  mobilier  un  nMc  qui  paraît  avoir 
été  fort  important  pour  lui  à  partir  du  xiii"  siècle  au  moins  :  c'est 
celui  de  récipient  ou  de  mesure  pour  la  boisson. 

«  Dans  le  cellier  une  douzaine  que  pintes  que  quartes  d'eslain  — 
six  pintes  d'estain  —  deux  justes  d'estain  '.  » 

Non-  le  verrons  conlinuelleiuent  cité  :\  cet  usage  dans  tous  les 
pays  du  nord  de  l'Europe  centrale  et  particulièrement  ;\  Bruges  et 
en  France'. 

Même  i  ncore  à  l'épuiiuo  de  la  découverte  de  l'imprimerie,  (jui  a 
donné  lieu  à  tant  de  controverses,  nous  voyons  certains  vases  en 
étain,  à  Harlem,  servir  à  Junius  de  base  à  une  argumentation  en 
faveur  de  Gosier  contre  Guttenberg.  A  l'iicure  qu'il  est  encore,  dans 
tous  les  débits  de  boissons  ne  trouvons-nous  pas  l'étain  servant  de 

mesure? 

iMais  au  xiv  siècle  et  aux  suivants,  comme  dans  l'inventaire  des 
Templiers,  nous  retrouvons  souvent  signalé  sou  rôle  de  contenance 
pour  le  vin. 

Les  comptes  d'Éliennc  de  Lafontaine,  argentier  du  roi  Jean  le 
Bon,  en  1351,  mentionnent  le  payement  fait  à  Iluguennin  de  Be- 
sançon, potier  d'étain,  de  six  quartes  d'estain  3. 

Les  lettres  de  rémission  nous  parlent,  le  8  mars  ir7o,  d'un  vol 
de  pintes  d'étain.  —  Eu  août  1.J70,  c'est  un  nommé  Jean  Lebeuf 
(pii,  dans  une  querelle  de  cabaret  à  Courlemout,  frappe  son  com- 
[lagnon  d'un  pot  d'étain  servant  à  mettre  le  vin"*. 


1.  Léopold  DelislP,  Elurlc  sur  les  condition  de  la  dusse  ai/ricole  eu  S'ormundte 
au  xiii-^  sièclr.  Evreux,  1851,  in-S».  pp.  722,  723,  728. 

13  octobre  1307.  Inventaire  des  biens  des  uiaisorîs  du  tnmplc  de  la  baillie  dn 
Caen.  —  Maibon  de  Beaugôc.  -  Maison  de  Brotevilli'  le  Uabcl  -  Maison  de 
Louvifjny. 

•J.  L.  Gilliodt  vanSnvoren,  Archives  île  lu  ville  de  Hruge^.  Inventaire  des  Cliarlcs. 
Bruges,  in-ft°,  t.  II,  p.  20,'i.  Anno  1303,  fWi'J,  verso,  n"  2  :  «  It.  van  Tenincn 
flasclioii  »  (pintes  d'titaiii). 

.1.  Archives  nationales,  registre  KK'8,  f"  ai. 

h.  Arcliiv<-»Daliouales.  Trésur  des  charlcs.  Hef.  10S,  n"  224,  f  12s;  lO'J.  n"  20ti. 
fB5. 


l/ORFfîVnRRIR    D'kTMN    DANS    I.'aNTIQUFTK.  ^{01 

Un  (les  registres  de  l'hôtel  (h;  ville  d'Amiens,  en  l-Uî:;,  lui  indiqm.' 
le  inùm<!  rùle  '. 

Pierre  HoiKiiiet,  d;insson  étude  sur  le  droit  j)ijl)li(;  '  cl  les  rirelii- 
ves  de  Florenee  en  l'M'A,  le  font  voir  aussi  sous  ce  jour-là  '.  Kniin, 
sur  tous  les  points  du  territoire  nous  le  trouvons  signalé  comme 
ayant  cette  destination. 

Au  xv°  siècle  i'étain  reparaît  souvent  encore  comme  mesure  pour 
les  boissons  et  nu'^iiie  comme  l/0uteill(î  et  récipient  ordinaire  ''. 

Cet  usage  était  en  vigueur  dans  le  Midi  comm  ■  dans  le  Nord. 
Nous  avons  trouvé  un  document  capital  :  la  relation  d'un  procès 
fait  n  de-;  potiers  d'étain  de  Nîmes,  en  ]A^>i-\MV.)-'. 

Nous  avons  là  en  son  enti(,'r  le  tableau  d'une  bouliijue  de  potier 
d'étain  au  xv®  siècle,  avec  l'indication  précise  de  tout  ce  qu'il 
fabriquait.  Les  objets  dont  il  s'agit  avaient  été  saisis  chez  deux  de 


1.  Du  Cargo^  y.  Estiva,  estivelot.  Lib.  rub.  fol.  parvo  Domus  puhl.  Âbbavillœ, 
{'  117,  V"  ad  anii.  1305  :  «  Un  pot  de  demi  lot  d'estain,  trois  estivelos  et  deux  saus- 
serons  d'estain.  » 

2.  Pierre  Bouquet,  le  Droit  public  de  France  éclairci.  Paris,  17G1,  in-W,  p.  350. 

3.  Luiyi  Cibrario,  Economia  politica  del  medio  evo.  Turin,  1852,  3  vol.  in-8. 
T.  II,  p.  117.  «  Verano  poi  fiaschc  di  stagno.  » 

U.  Archives  nationales.  Trésor  des  cliartes.  Lettres  de  rémission  (l/iOl).  Reg.  189, 
ch.  Dxxi,  «  ung  frieul,  un  pot  d'estain  »  (lûOl).  Reg.  156,  cli.  CLvni,  «  un  flacon 
ou  bouteille  d'estain  »  (1/iO/i).  Reg.  59,  ch.  lix,  «  un  vaissel  appelé  justelette  qui 
Cbtoit  d'estain  »  (UIG).  Reg.  169,  ch.  ccxxni,  «  une  juste  ou  pinte  d'estain  ». 

De  Laurière,  Ordonnances  des  rois  de  la  troisième  race,  t.  XVI,  p.  3'»2. 
3  août  1^65.  Ordonnance  du  roi  Louis  XI  portant  abolition  de  quelques  impôts  sur 
les  marchandises  dans  les  ville  et  faubourgs  de  Paris.  Entre  autres  marchandises, 
nous  voyons  des  pots  d'étain. 

Voir  encore,  dans  les  iW/«H(/e5  des  Documents  inédits  pour  servir  à  l'histoire  de 
France,  les  testaments  francomtois  du  règne  de  Charles  VI,  publiés  par  M.  Tuetey. 
Paris,  in-40. 

Le  15  novembre  1407,  sous  le  n*  463,  il  est  question  de  pintes,  de  chopincs  et 
à'aiguicres  d'étain. 

Le  9  juin  U21  (n»  6^0),  une  u  pinte  d'cst(nn)y  est  léguée  par  un  testateur. 

Enfin,  au  n"  326,  nous  pouvons  lire  le  legs  d'une  qiuwte,  d'une  pinte  et  d'une 
cliopine  d'étain. 

Compte  de  la  dépense  des  meublos  du  roi  Louis  XI,  146S-14G9.  Archives  natio- 
nales (reg.  KK  61,  f  34).  «  Guiot  deMarenoes,  pintier  d'estaing,  demeurante  Tours, 
la  somme  de  trente  cinq  sols  tournois  qui  deue  lui  estoit  pour  deux  flascons  d'estaing 
tenant  chacun  pinte,  printset  achactez  de  lui  au  dit  mois  de  janvier  et  livrés  à 
maître  Olivier  le  Mauvais,  barbier  du  Roy  notre  dit  seigneur,  pour  en  iceux  mectre 
l'eau  rose  et  de  fumeterre  pour  le  dict  seigneur,  pour  ce  par  quictance  cy  rendue  la 
dicte  somme  de  xxxv  s.  t.  » 

5.  Ménard,  Histnire  de  la  ville  de  Nîmes,  l.  111,  pp.  257-260.  «  Processus  factus 
contra  Johanuem  Nyela  et  Uugonium  Budossini  poterios  habitatores  Nemausi.  » 


362  RF.vuF.  Anr.nivOLor.iouE. 

ces  inihijîtriols  arciis(''s  do  donnor  un  alliafjo  <lt»  mauvais  aloi  v{  ron- 
traire  aux  slaluls  de  la  corporation  ainsi  (|u'aux  rè^loMicnts  do  la 
ville.  La  saisie  avait  portt-  sui-  la  lotalilé  des  marcliaiuiises  en  ma- 
gasin ;  on  peut,  par  eonsisiuenl,  voir  dans  celle  |iièce  l'indicalion 
Irt's  aullienlique  des  divers  i)roduils  de  la  fabrication  des  potiers 
dï'tain  dans  le  midi  de  la  France.  Nous  reproduisons  dans  son  mau- 
vais lalin  provençal  l'énuméralion  des  objets': 

«  Iurcn((irium  (nctxm  dr  j^oUirin,  prcmiasorum  prrtcxtit  rnpta. 

(i  Primo  Xl\  platellos  non  brunilos.  Ilom  11  plalellos  hrunilos. 
Item  XXIV  scutellas  hrunilas.  Hem  de.sculcllis  non  brunitis  IV 
XIl'.  Item  XIV  scndellerios,  cum  anrelha,  non  hriinito';.  Item 
Il  scudellerios  brunilos.  Ilem  -XllI  scudellas,  cum  ansibus,  brnnilas. 
Item  de  pinlis  sine  cobescello  V;  plus  de  pinlis  cum  cobescello  V. 
Item  IV  aygaderias.  Item  I  mostarderiam.  Item  I  pintam  cooperlam. 

'(  P/».<  fiin'ùnt  rapta  in  dbaentia  ipsorum. 

((  Primo  duo  pitalfc,  cum  leco.  liem  III  pilalfe,  (lu.-plibet  de  uno 
carlayrono  cum  dimidio.  Item  VI  pinte,  qucelibel  de  uno  cartay- 
rono."  Item  111  pint<'5  •I"'''l'''Pl  ^^^  medio  carlayrono.  Summa  istius 
barali,  XIIIl  poli;  leslibus  prcsentibus  magisUo  Jacobo  Pagesii,  no- 
tario,  Jacobo  de  Lagesses. 

.(  Untïtutio  fada  de  sequontibns. 

«  De  scutollis  plalis  ii  XII.  Item  de  sculellis  cum  ancibus  nu  Xil. 
Item  de  plalellis  i  Xll.  Item  iv  plalellos  mac^nos.  Ilem  viii  pintas  de 
uno  cartone  quolibet.  Item  iii  pintas,  quolibet  île  una  folbeta.  Item 
Il  magnas  pintas....  Item  i  pintam  de  iiii  quartonis.  Item  i  pintam 
de  III  carlonis.  Item  i  de  ii  carlayronis. 

«  Alin  reslitutio  f'irta  ri.<idem  potiriifi. 

«  Primo  I  pintam  de  iiii  {«itallis.  Item  1  pintam  de  m  peclieriis. 
Item  VIII  pintas  (luelibel  de  ii  peclieriis.  Ilem  m  pintas  de  m  folbe- 
lis  quelibet.  Item  un  aygaderias.  Item  i  mo.slarderiam.  » 

1.  Hullettn  de  /"  ^oriéi^  historique  et  urcliéoloytgue  du  l'éiigord,  annt'o  is7.'i, 
.1",  p.  121. 


r/oRFKvnr.niR  d'i'.tmn  ii\ns  i.'antiquitk.  .'Ui3 

CcUo  dcrnicMc  [lircc  nous  proiivr  (|ii('  lYUaiii  ik;  servait  pas  seule- 
mont  à  contenir  Its  boissons.  Au  xiv"  siôoic  son  usage  se  développe 
beaucoup  plus  que  dans  la  péiioili'  pnV.rdentt;,  et  au  xv  il  ol  très 
répandu.  Tout  nous  en  fait  foi  '. 

Les  lettres  Ao  rémission  au  xiv"  sièele  nous  p.iricnl  d'assictti's  chez 
les  paysans,  et  l'un  d'eux,  le  si(;ur  Nicolas  Jk'llàlre,  à  Lorris  en 
Câlinais,  était  volé  de  deux  plats  d'étain  par  la  femme  Matliilde  la 
Cacoe  en  \3:\'.\  *. 

Dans  les  villes  les  ouvriers  possèdent  également  de  la  vaisselle 
d'étain;  nous  trouvons  au  milieu  du  xiV  siècle  un  document  fort 
curieux.  C'est  l'inventaiie  d'un  serrurier.  Il  est  inutile  d'insister 
sur  rinléièl  (|ue  présente  une  pièce  aussi  rare.  En  la  parcourant 
nous  tombons  sur  le  cliapitre  de  la  vaisselle  et  y  voyons  enregis- 
trées :  douze  assiettes  plates  et  une  aiguière  d'étain  3. 

Si  Ton  entre  dans  la  bourgeoisie,  la  situation  est  encore  la  même. 
Nous  avons  cité  un  inventaire  du  xv  siècle  à  Nîmes.  Nous  en  citons 
maintenant  un  du  xiVdu  nord  de  la  France  (Normandie)  : 

«  Lottics  des  biens  meubles  de  feu  Guillaume  du  Bosc  père. 
(!  Et  premièrement  ensuit  le  premier  lot. 


1.  Notes  sur  l'histoire  de  Bergerac,  par  M.  Cli.  Duranii.  Statuts  et  coutumes  au 
xive  siècle.  Revenus  et  dépenses  de  la  ville. 

Parmi  les  droits  dt^:  la  communauté,  on  trouve  : 

Le  droit  de  marque  des  pots,  jyintes,  c/ioiiines,  roquilhes  d'esiain,  poids  à  peser, 
mesures  d'huile  ou  d'autres  liqueurs,  mesures  de  sel,  de  blé,  de  graines  et  denrées  ; 
droit  réglé  i  trois  deniers  par  chaque  marque. 

Petit- rhalamus,  Cm^tulaire  pitbiif-  par  in  Société  archéologique  de  Montpellier. 
Montpellier,  IS/iO,  in-A",  pp.  104-190  (année  1473,\  Règlement  pour  les  potiers 
d'étain. 

2.  Archive?  nationales.  Trésor  des  chartes,  Reg.  82,  n"  157,  f"  103.  Lettre  de 
rémission. 

3.  Mémoires  de  la  Société  littéraire,  historique  et  archéologique  de  Lyon, 
années  1875-1881.  Lyon,  1882,  in-A»,  p.  32.  Anno  1372  :  «  Duolccim  discos  stanni, 
unam  aygeriam  stanni.  »  Archives  du  Rhône,  Testaments,  i.  VIII,  f"  119. 

En  Angleterre,  les  habitudes  étaient  les  mêmes,  car  une  charte  de  la  fin  du 
xive  siècle  mentionne  delà  vaisselle  de/jew/re  en  assez  grande  quantité,  plats,  assiettes, 
salières,  et  aussi  un  encrier  d'étain. 

Rymer,  Fieiera,  litterœ,  conventiones,  t.  III,  p.  130  '1382)  :  «  Nec  non  certa 
vasa  de  PcMitro  (videlicet)  scx  chargei^tncs  marinas;  viginti  et  quatuor  discos; 
vigenti  et  quatuor  sausseria  de  magna  forma.  Unum  calamare  de  stauno.  » 


3fil  RRVUR  Anr.HÉoi.nr.iQUE. 

«  Item  deux  pos  de  cuivre  dont  l'un  pen>  à  une  clntne  for  et  un 
bncliin  d'arain... 

a  Item  six  vi.\Tii  d'ratain  tloiil  il  y  eu  a  trois  grands  et  trois  petits, 
douze  KscuKLLKs  (/'e.ffam,  c'est  assavoir  six  grandes  et  six  petites 
avec  six  peli.s  svussiF.ns  d'cstain.  XV  s. 

«  Hem  trois  POTS  d'esfam  ;\  la  mesure  de  Fontaines,  une  i'inti:  à 
la  mesure  d^*  Rouen,  deux  ciioi-inks  (rrstain  i\  la  mesure  de  Fon- 
taines, deux  svLiF.HF.s  d'citain.  XXX  s. 

«  Ensuit  le  second  loi. 

(I 

«  Item  traize  grans  plis  et  six  pelis  et  uiig  <;iivm>  pi,\r  d'cstain 
ptrchie.  LVl  s.  VIll  d. 

((  Item  deux  douzaines  de  grandes  esguklles  d'cstain  et  six 
PETITES.  LXIII  s.  IV  d. 

(( 

«  Ilem  cinq  sallières  d'estain,  quatre  grans  et  une  petite.  VII  s. 
VI  d. 

«  Knsuil  le  tiers  lot. 

<(  Item  une  juyste  de  trois  pos,  ung  gallon,  une  carte,  ung  pot  de 
m  elioppines,  quatre  pos,  sept  pintes,  deux  ehoppine.s  une  autre 
petite  clioppine,  deux  gardes-nappes  et  trois  sallieresapresagies  CXI 
s.  VIII  d.'.» 

Il  ne  faut  pas  seulement  rester  dans  les  maisons.  Mais  si  au  xiV 
et  au  xv''  siècle  on  se  promène  ilans  la  rue  l'on  passera  certaine- 
ment devant  les  boutiques  de  barbiers;  comme  de  nos  jours,  elles 
sont  iiidiijuées  au  passant  par  le  jilat  à  barbe,  c'est-à-dire  un  plat 
ordinaire  allongé  et  facilement  reconnaissable  à  une  large  entaille 
en  demi-cercle  destinée  à  contenir  l'espace  du  cou  lorsqu'on  tient  le 
plat  au-dessous  de  la  tiMe  du  clienl. 

Autrefois,  parait-il,  ce  plat  n'éiait  jamais  en  cuivre  comme  de  nos 
jours,  car  les  statuts  de  la  corporation  des  barbiers  publiés  au  xvii* 
siècle  ordonnaient  que  les  enseignes  fussent  de  couleur  blanche,  à  la 


1.  liullelin  monumentnl.  l'aris,  in-8",  aniK-u  1852,  t.  XVlll,  p.  d'il  et  sulv. 

Dn  partaR*'.  mobilier  CD  1412,  publié  et  aoDOlé  par  Stanislas  do  Saint-Germain, 
membre  de  l'Institui  dfs  provincps. 

Voir  encore  L.  (iiiliodts  viin  Scveren,  Archives  ilc  lu  ville  de  Bruges.  Invi-ntairL' 
descharifs,  t.  II.  p.  'JO'i  (uiiii.  1303  ,  f"  34,  V  n"  G  :    u   It.   van   tcuincn    scuelclen 

XXX  &.   » 


L'onFKVRRRlE    n'KTAIN    DANS    l'ANTIQUITÉ.  365 

difïéronce  do  cclli's  des  chirurgiens  qui  devaient,  être  jaunes,  c'esl-à- 
dire  de  lailou  iiallu  el  non  èV\nU'.,  el  le  lexte  des  !-taliils  est  ainsi 
conçu  qu'il  laisf^c  (  lairemenl  voii'  (jue  ce  n'est  pas  une  nouvelle  pres- 
cri[)lion  (jui  est  émise,  mais  au  conlraire  un  vieil  usaye  que  l'on  or- 
donne de  continuer  '. 

Une  fois  au  xv"  siècle,  la  vaisselle  d'ùtain  se  multiplie  encore.  Il 
serait  trn|)  loiiij  de  citer  tous  les  textes  ou  de  pailer  di;  tous  les  objets 
que  les  expositions  rétrospectives  viennent  montrer  tous  les  ans.  Du 
reste,  toute  cette  vaisselle,  à  l'exception  de  quelques  pièces,  est  peu 
intéressante.  Les  assiettes  et  les  plats  (jui  en  forment  la  i)arlie  prin- 
cipale sont  tous  fort  simples,  et  quant  aux  autres  objets,  nous  nous 
elTorcerons  d'en  faire  la  description  '. 

Les  salières  continuent,  comme  celle  du  musée  de  Cluny,  à  être 
fabriquées  en  étain  ^. 

La  bourgeoisie  se  mit  à  posséder,  dans  la  deuxième  partie  du 
moyen  âge,  certains  objets  en  étain  qui,  certainement,  dénotaient 
du  goùl  et  une  connaissance  très  approfondie  de  l'appropriation  de 
l'objet  à  l'usage  auquel  il  était  destiné.  Au  xiV  siècle  ces  objets 
nous  paraissent  rares. 

Tandis  qu'au  xiii'  siècle  nous  nous  bornions  simplement  à  indi- 
quer combien  il  était  regrettable  de  ne  connaître  aucune  des  formes 
des  objets  d'étain,  au  contraire  au  xiv*  siècle,  en  raison  de  ce  que 
nous  venons  d'exposer,  nous  avions  l'occasion  de  loin  en  loin  de 
signaler  quelques  détails  sur  le  goùl  que  les  industriels  déployaient 
dans  la  fabrication  de  la  vaisselle. 


1.  Voir  Glossaire  archéologique  de  Victor  Gay,  v.  Bacin  à  barbier,  p.  95. 

2.  Archives  nationales.  Trésor  des  chartes.  Letties  de  rémission  (1418).  Reg.  l'O, 
cil.  CLxxv  :  «  six  plats,  six  écuelles,  tous  de  mette  ».  Mette,  d'après  Du  Cange,  veut 
dire  étain. 

Annales  de  Bourgogne,  par  Guillaume  Paradin  de  Cuiseaulx.  Petit  in-f",  Lyon, 
Gryphius,  p.  972. 

Collections  de  MM.  Jules  Frésart,  Henri  Micheels,  Bonnefoi,  J.  Gielen,  Springuel- 
Hennebert,  Vierset-Godin,  Catalogue  de  l'Exposition  de  l'art  rétrospectif  à  Liège 
en  1881,  n°^  578,  579,  !i80,  582,  583,  584,  585,  580,  587. 

3.  Testaments  francomtois,  plus  haut  cités.  9  octobre  1402,  n"  312,  n"  326. 
Archives  nationales.  Trésor  des  chartes.  Lettres  de  rémission,    1406,  reg.   161, 

ch.  xLix  :  «  un  petit  sausseron  d'estain  ».  1460,  reg.   195,  ch.  cccxi  :  «  Jehaninen 
Karesmel  commença  à  prendre  un  saus&eron  ou  salière  d'étain  sur  la  table.  »> 

Rymer.  Fœdera,  Ittterœ,  conventiones,  t.  IV,  p.  76,  4  mars  1405.  Lettre  du  roi 
Henri  IV  d'Angleterre  (fournitures  du  camp  de  Haldegh)  :  a  très  duodenas  et  octo 
aausarias  de  peutre.  s 


366  HKVL'K   AHClIKULUGlgUR. 

('oinmonrons  par  cilcr  qucluues  vers  (l'Kiisl.iclic  Doscliamps,  qui 
se  raiiportcnl  ;\  notre  sujet  el  (jui  di^Tiveiil  ce  qu'un  honuiie  aisé 
doit  inellre  ilaus  sou  intérieur  pour  lui  donner  une  décoraliou  de 


r.l  si  Tault,  ains  que  (u  csciiappcs, 
Uollos  chaii''ses  et  beaux  bans, 
Tables,  Ireliauh,  fourmes,  escrans, 
Hieroir?.  graml  nombre  de  vaisselle  ; 
Maint  plat  d'argent  et  mainte  iscucUc 
Si  non  d'argent,  si  eom  je  tain, 
I.c»  faut-il  de  plomb  on  dV\s7at«; 
Pintes,  pus,  ajuiersj  cliupincSy 
Salières,  etc.,  etc. 


La  description  d'Eustachc  Deschamps  est  des  plus  positives.  Elle 
nous  fait  voir  l'étain  employé  non  plus  à  des  objets  de  cuisine  ou 
de  table,  mais  simplement  à  un  objet  ilont  l'unique  destination  est 
de  décorer  la  pièce  la  plus  luxueuse  d'une  maison  bourjj'eoise.  IMu- 
sieurs  savants  out  généralement  donné  au  produit  industriel  de  l'étain 
le  rôle  et  le  nom  d'orfèvrerie  de  la  bourgeoisie,  par  opposition  à  l'or 
et  l'argent  qui  deviennent  l'orfèvrerie  de  la  noblesse*.  Nous  vovons 
par  ce  texte  et  par  tous  ceux  que  nous  serons  à  même  de  citer  au 
XV"  el  surtout  an  xvi*  siècle,  que  l'étain  eut  réellement  ce  rôle,  el 
certes  il  est  glorieux  pour  la  France,  puisque  c'est  celte  industrie 
qui  mit  au  jour  le  plat  de  la  Tempérance  de  François  Briol. 

Mais  au  point  de  vue  archèologi(iue  et  historiiiue,  tout  en  recon- 
naissant comme  vraie  l'assertion  de  MM.  Jules  Labartlie  et  Paul 
Mantz,  nous  ne  saurions  l'accepter  sans  restrictions.  Nous  croyons 
avoir  démontré,  textes  et  documents  en  preuve,  (lue  le  rôle  de  l'é- 
t.iin  fut  bien  plutôt  usuel  el  journalier,  et  ijue  les  deux  raisons  fon- 
damentales de  ce  fait  étaient  ses  deux  qualités  d'être  sain  et  peu 
élevé  de  prix. 

Les  bourgeois,  dont  le  luxe  ne  pouvait  atleiinln'  aux  vases  d'or 
et  d'argent,  ni  aux  porcelaines  de  Cliine,  paraient  leurs  dressoirs  de 
vaisselle  d'élain  sous  la  forme  Je  brocs,  de  plats,  d'assiettes,  de  cuii- 

J.  I.e  Miroir  du  viarinrjc,  poème  inédit  d'Luslaclic  Doscliaiiips,  publii-  par  P. 
Tarit'  correspondant  de  I  institut.  Iluims,  Dubois,  imp.;  Itribsart-l^iuet,  lib.; 
io-b*,  1805. 

2.  I.'nrl  ancien  ou  iJtiijs  tic  Lii'ijc.  Liposiiion  du  ISbl.  Catalogue  ofUcicl. 
LItge,  iD-8»,  IWl,  p.  137. 


l'okfèvhkhie  d'ktain   d.v.ns  LAMiyuni:.  -H')! 

lers,  (le  fourclicltoset  (J'écuclles.  On  icnconlre  oncore  des  huiliers, 
des  plateaux,  des  ni^Miières,  des  cliarideliers  d'assez  jolie  foiiiie. 

Les  plus  anciens  objets  de  ee  genre  conservés  faisaient  partie  du 
cabinet  de  M.  Viollet-le-I)uc.  C'est  d'ahord  une  coupe  en  ùlain  du 
xiv  siècle,  dont  le  dessin  nous  est  donné  par  le  savant  architecte. 
Il  est  inutile  d'insister  sur  la  forme  et  sur  la  li{,'ne  de  cet  ohjet,  on 
n'a  qu'à  le  regarder  pour  se  convaincre  du  goût  que  possédait  l'ar- 
tisan (jui  en  est  l'auteur.  Du  reste,  si  l'on  i)arcourt  encore  le  cabi- 
net de  M.  Viollet-le-Duc,  un  peu  plus  loin  on  trouvera  une  écuelle 
dont  nous  pourrons  aussi  admirer  la  ligne,  et  dont  les  oreilles  cou- 
lées en  étain  sur  de  fort  bons  modèles,  reproduisaient  des  ligures 
du  style  français  du  xiv»  siècle,  très  élégantes,  et  que  nous  aurions 
aimé  à  reproduire  ici. 

Les  cuillers  en  étain,  au  moyen  âge,  ne  furent  pas  très  rares,  et 
un  certain  nombre  de  musées  arcliéologi(iues,  comme  le  National 
Muséum  de  Munich,  en  possèdent  des  collections  fort  nombreuses, 
qui  toutes  peuvent  se  l'apporter  au  xiv"  ou  au  xv"  siècle.  Quelques- 
unes  peuvent  même  être  du  xvr. 

La  plupart  de  ces  cuillers  sont  fort  jolies  de  décoration.  Nous  en 
signalerons  une  (jui  peut  être  un  peu  basse  comme  époque  mais 
qui  est  à  peu  de  chose  près  de  la  fin  du  xV  ou  du  commencement 
du  xvi»  siècle. 

Mais  revenons  au  rôle  de  l'étain  comme  mesure  pour  le  vin.  Au 
xv«  siècle  l'étain  sert  à  fabriquer  la  cimarre  ou  cimaise,  destinée  à 
oITrir  le  vin  d'honneur.  La  forme  en  est  assez  connue,  car  l'objet  en 
lui-même  n'est  pas  rare  à  rencontrer.  On  le  trouve  à  Cluny  et  dans 
tous  les  musées  du  Nord.  Il  est  d'une  forme  assez  allongée  et  muni 
d'un  couvercle  et  de  deux  anses;  l'une  est  mobile,  attachée  en  haut 
du  col  ;  Taulre,  fixée  sur  le  côté,  permet  de  verser.  Son  usage  était 
universel  dans  rOccident.  Quelquefois  elle  difTère  un  peu  déforme. 
Le  bouton  de  son  couvercle,  finement  découpé,  prenait  divers  con- 
tours élé^-;anls.  Quanta  son  anse  mobile,  elle  était  souvent  exécutée 
au  tour  et  peut  être  considérée  comme  un  modèle  du  travail  du  tour- 
neur. Nous  en  avons  trouvé  une  fort  jolie  dans  une  des  salles  de  la 
mairie  de  Har-sur-Aube,  différant,  il  est  vrai,  un  peu  des  formes 
ordinaires,  mais  charmante  dans  ses  détails  et  dans  son  exécution. 
Il  n'y  a  pas  de  musée  en  Belgique  qui  ne  possède  plusieurs  types  de 
la  cimarre.  On  la  retrouve  aussi  à  Cluny,  à  Amiens,  à  Lyon  et  pour 
ainsi  dire  dans  tous  les  musées  d'Europe. 

Pour  bien  nous  convaincre  de  Tiniportance  de  la  cimarre,  nous 
pouvons  nous  rendre  à  Rouen  dans  la  bibliothèque  de  la  ville,  y 


:U')8  HFVUE   ARCHEOLOr.IQUE. 

jireiiilro  lo  fainoux  iiKiiiuscril  ilAiistolt',  ft  imus  >  irouviMons  en 
miniature  la  iviuoiluclioii  d'une  bouliijue  d'orfèvre.  Donit  re  le 
comptoir  se  liennenl  l'orfèvre  et  son  appienli  ou  son  compagnon. 
Sur  le  devant  sont  les  acliclt  urs  et  l'un  iW,  ces  acheteurs  emporte 
une  eimarre,  tandis  (jue  (jualre  autres  sont  à  l'étalage  dans  le  foud 
de  la  boutiijue  el  une  autre  reste  sur  le  comptoir. 

Les  deux  tiers  de  ces  objeis  si»nt  représentés  en  élain ,  tandis  (jue 
l'autre  tiers  est  en  cuivre.  (Juihiuefois  la  cimarre  se  transforme  eu 
un  pelil  Nnse  à  boire  toujours  très  éléjjant,  dont  on  peut  voirie 
type  représenté  dans  l'un  des  deux  fameux  panneaux  d'IIolbein  de 
la  l'inacotliéiiue  de  Munich.  Parcourez  les  hôtels  de  ville  de  Bel- 
gique et  partout  vous  retrouverez  les  mûmes  petits  vases  avec  leurs 
pieds  élancés,  leurs  larges  cols  élégants  et  leur  anse  gracieusement 
attachée  '. 

Cette  coupe,  nous  l'avons  dit,  servait  à  oITrir  le  vin  d'honneur 
aux  rois,  aux  princes  ou  aux  seigneurs  qui  entraient  solennellement 
dans  une  ville.  Par  extension,  on  en  lit  une  espèce  d'objet  d'art  (jue 
l'on  donnait  en  récompense  aux  vainqueurs  des  tirs  ;\  l'arbab  t(^  et  h 
ran]uebusc.  C'étaient  des  coupes  ou  des  hanaps  montés  sur  de  longs 
pieds,  avec  des  inscriptions,  comme  on  en  rencontre  encore  beau- 
coup du  xvii''  et  du  xviii'  siècle  en  Belgiijue.  C'est  comme  cela  (lue 
François  de  lloussy,  amurier  de  François  l'^et  roi  de  la  couleuvrine 
à  Lyon,  reçut  comme  prix  de  son  adresse  un  objet  d'art  en  étain  -. 

Cet  usage  était  répandu  en  Suisse,  en  Bourgogne,  sur  les  bords  du 
lUiin  et  en  Belgique  ^. 

En  1475  bs  syndics  de  Chambéry  établissent  un  prix  spécial  pour 
lescouleuvriniers;  ils  achètent  d'un  potier  nommé  Angelin  Voiron 
quatre  jm  d'eten  pesatts  .riiij  livres  pour  fere  un  pris  et  coloiriuy  et 
abiliter  les  eompaijnom.   Olénabrée,  Histoire  de  Chambéry,  p.  348.) 

Dans  les  tirs  oilerls  par  les  villes,  en  outre  d'un  bou(iuet,  on  don- 
nait aux  vainqueurs  un  certain  nombre  de  prix  consistant  ordinai- 


1.  Schapkens,  Trésor  de  Cari  ancien.  Sculpture,  arcliitccture,  ciselures,  émaux, 
mo?aif|ups  cl  pointures,  recueillis  en  Belgique  et  dnns  les  provinces  limitrophes, 
:}0  planches  grand  iu-8'.  Bruxelles,  18/jG.  Plaiiclie  XXVIII  (27),  p.  22  et  2Î. 

2.  Nous  devons  ce  détail  à  notre  ami  M.  Natalis  llondot. 

3.  Mémoires  el  ducumunts  i.uhliés  par  In  Soctt'li'  li'/nstuire  dr  la  Suisse  romande, 
t.  V   2'  livraison,  p.  454.  Statuts  du  tir  du  dépurlomeut  de  Cossoneray. 

Messager  des  sciences  et  des  arts  de  Ueigi'/iie,  année  18:12,  p.  /io,'). 

Mémoires  et  d^jcument  s  /tubliéi  par  ta  Soriclé  snvoisientie  d'histoire  tt  d'ixrcMo- 
lugie,  t.  IX,  IRCJ.  Les  Compagnies  de  l'Arc,  de  l'Arbalète  et  de  la  Couleuvrine  en 
Savoie,  par  M.  Perrin  Audré,  p.  35  et  167. 


i/ouFKViiKiiii-:  d'ktai.n  dans  i-'antiouiti';.  .{()!) 

romcrU  en  vaisselle iT^'lain.  ((Comptes  de  1 1  ville  d'Yvcnlon  en  1.102.) 
Lil/ravit  ijui  fiirrunt  apuil  Uonninuiii  monastcriuin  fUoiriaiii  Môlicr) 
nOi  lusL'Tunl  plurn  jirecia  vancllonim  slnni  de  quibtis  apportai  eruut 
il  H  uni. 

DES  liXIiRCICES  OU  SOCIÉTÉS  MILHAIUCS  DK  GKNÈVEl 

Ces  exereices  roinontenl  lurt  loin.  Les  plus  anciens  paraisseut 
ôlre  ceux  de  l'arc  et  de  l'arbalète. 

U  y  avait  des  ruis  de  l'exercice  et  des  prix  décernés  au  plus 
adroit. 

Le  13  juin  4^41  la  ville  accoida  aux  anjuebusiers  un  prix  de 
4  livres  d'élain  p.ir  dimanche. 

Depuis  15H.J  les  mousquetaires  et  les  arquebusierstirèrent  t(jus  les 
quinze  jours  des  prix  francs  pour  lesquels  le  conseil  alloua 
20  livres  d'élain  aux  premiers  et  18  aux  aniuebusiers,  (Kéglemcnt 
du  conseil.) 

Ces  prix  étaient  marqués  des  armes  de  la  ville  et  d'une  arquebuse 
ou  d'un  mous(iuet. 

11  s'agil  évidemment  d'objets  fabriqués  en  étain. 

En  commençjant  nous  citions  les  objets  de  décoration  qu'Euslaclie 
Descliamps  plaçait  sur  les  dressoirs.  Au  xvi*  siè,;le  ils  sont  très  nom- 
breux, mais  au  xvo  on  en  rencontre  fort  peu.  Nous  n'en  citerons  que 
deux  exemples,  que  nous  donne  la  collection  de  M.  Victor  Gay.  11 
s'agit  de  deux  assiettes  décorées  et  dont  l'ombilic  est  en  relieL  Elles 
n'ont  donc  pas  pu  être  destinées  à  un  service  usuel,  mais  unique- 
ment, en  raison  de  leur  relief  extérieur,  ù  la  décoration  d'une  pièce. 
«  Du  reste,  nous  dit  M.  Gay  dans  son  savant  dictionnaire,  la  vais- 
selle d'élain  étant  fabriquée  en  métal  coulé  et  non  battu  comme  l'est 
celle  (le  cuivre  et  d'argent,  l'épiihète  de  batische  ne  semble  devoir 
s'appliquer  qu'à  une  ornementation  estampée  ou  poinronnée  après 
l'opération  de  la  fonte  ^.  » 

Il  est  bien  évident  ijue  ce  genre  de  vaisselle  appelée  batisclie 
devait,  comme  les  deux  assiettes  que  nous  venons  de  signaler,  être 
destiné  à  l'ornementation  des  appartements. 

Si  les  dilVérents  objets  que  nous  venons  de  citer,  tantôt  d'après  des 
textes,  quelquefois  après  les  avoir  vus  nous-mème,  ne  sont  pas  des 


1.  Mémoires  et  documents  publiés  par  lu  Scaété  d'/iistotre  et  d'archéologie  de 
Genève,  t.  VI. 

2.  \.  Batisc/ie. 


nr  stiuiE,  T.  II. 


370  r\FVOK   ARCHKOI.Or.IOOR. 

pièces  d'une  valeur  cousiilénliK',  au  nmins  il>  ont  un  gr.uul  niôrilf 
à  nos  yeux,  c'est  de  résumer  le  ;4i»ùl  de  loute  une  époque. 

Chacun  lie  ces  olijeis.  sans  aucune  ««spéce  de  décoraliou,  nous 
présente  toujours  un  objet  coii(;u  dans  le  caractère  complet  de  sa 
destination.  (Vesi  !<•  pn-iuier  point  capital  v|ui  frappe  le  rei^ard  lors- 
que l'on  étudie  les  objets  usuels  de  l'anli  juilé.  Au  moyen  Age  le 
fait  est  al)>()lunient  le  même.  Cliaiiue  f(U*ine,  chaijue  détail  a  sa  rai- 
son d'j'^lre  dans  j'usapre  auquel  est  destiné  l'objet  (jue  l'on  fabri(|ue. 
De  là  ct>tte  pureté  de  li^Mies  toujours  si  reniar(|uable.  Jamais  d'alTé- 
teries  ni  de  recherches  inutiles;  tout  jusqu'au  moindre  détail  est  à 
sa  place  et  a  sa  nécessité.  El  cette  pureté  de  lignes,  cette  grandeur 
de  formes  dans  les  moindres  objets,  même  dans  les  plus  grossiers, 
est  un  signe  caracléristiiiue  des  t(m[is.  Ce  n'est  pas  seulement  le 
grand  seigneur  qui  est  un  amateur  et  un  connaisseur,  mais  l'arti.san 
comnn»  le  derniei'  des  manants  qui  formtuit  la  masse  énorme  de  la 
population,  ne  trouve  sous  ses  yeux  cl  pour  son  usage  que  les  objets 
les  plus  simples,  il  est  vrai,  mais  toujours  du  meilleur  goût,  ot  que 
nous-méme,  ajtrés  bien  des  siècles,  nous  sommes  heureux  d'éludier 
et  sur  lesquels  nous  allons  la  plupart  du  temps  chercher  nos  meil- 
leurs modèles.  Ce  n'est  donc  pas  seulement,  comme  dans  nos  civi- 
lisations modernes,  chez  les  classes  élevées  que  l'on  constate  un 
goût  recherché  au  moyen  âge,  c'est  dans  toute  la  population;  les 
objets  les  plus  usuels  que  nous  venons  de  citer  en  sont  une  preuve. 

Nous  venons  de  voir  (juc,  chez  les  bourgeois,  la  vaisselle  d'étain 
eut  un  certain  caractère  artistique.  Elle  n'a  pas  ce  caractère  chez  les 
grands,  où  on  la  trouve  reléguée  â  la  cuisine  ;  elle  prit  une  grande 
importance  dans  l'office  des  princes  et  des  grands  seigneurs.  Au 
xiv"  siècle  les  inventaires  et  les  détails  de  la  cuisine  nous  parvien- 
nent suftisammenl  pour  nous  indiquer  ce  qu'était  le  mobilier  de 
cette  partie  de  la  mai>on. 

Chez  le  pajie  Clémenl  V,  à  Avignon,  un  inventaire  nous  parle  de 
3  petits  plats  d'étain,  d'un  autre  plat  d'étain  de  peu  de  valeur,  de 
2  grands  plats,  de  22  écuelles  et  de  M  petites  écuelles  d'étain'. 
iNous  ferons  remarquer  que  cette  6rj/t'n>de  cuisine  est  fort  peu  con- 
sidérable par  rapport  aux  innombrables  ustensiles  que  des  inven- 
taires de  simples  particuliers  nous  montrcrcmt  par  la  suite. 


1.  Du  CanK<»,  V.  Sfitnnum.  Invontar.  niin.  1370  ex  Scliodis  cl.  V  :  "  Ilom  tria 
parva  bUnna  modici  valoris...  item  utiuut  staiiiniin  parvum...  iiein  duo  ni.igna 
Rlanti.i.  n  —  V.  ScutellnniLS,  oiùmc  inTcnUirt!  :  u  Itcin  X.\ll  sculille  alagni  ;  jU'ui 
XVII  tcuteiloni  Btagoi.  n 


r/onFKVRRRiR  d'ktain  dans  l'antiquiti^:.  3"J 

De  la  cuisine  du  pnpe  allons  à  reIN;  (rilonii  de  Poiliors,  t'vA(|U(' 
de  Troues;  nous  citons  l'invc.'nlaire  de  ses  nn^ubles  dresso  en  J.'{7(J- 
1^71  '.  C'est  d'ahord  un  nombre  considérahle  dï'cuelles  d'ctain. 
Dans  son  palais  do  Troyps  il  en  jiossédait  li  douzaines.  A  Aix-cn- 
Olhe  il  n'en  avait  f,'uèro  (pic  ."5  douzaines.  L'on  voit  après  cela  un 
nombre  considérable  de  plateaux,  puis  un  certain  nombre  de  réci- 
pients pour  la  boisson  dêsit,més  sous  les  noms  de  cimarre,  pintes  dé- 
rouvertes DU  ([uarrées,  tierces,  eten  dernier  lieu  deux  cbesneltes-  à 
metlie  vin  et  eau. 

l*assons  cbez  Uicbard  l'icque,  arcbevèquc  de  Reims  ^;  en  «  riiùlcl 
du  cbastel  de  Porte  iMars  »  nous  trouvons  : 

«  Vaisselle  d'csîain,  cscuelles,  pots,  pintes,  prisés  sur  le  pied  de 
Od.  la  livre.  12  I.  13  d.  » 


A  Courvillr,  au  cliâtel  du  même  archevêque. 

<i  43  I.  de  mette '\  en  poz  à  clocbier,  burettes,  cbopine,  cscuelles, 
plat  et  sauceron,  prisé  la  livre  8  d.,  valent  28  s.  8  d.  4G  I.  de  Un 
estin  en  plats  et  cscuelles,  prisé  la  livre  14  d.,  valent  8  s.  8  d.  » 


A  Paris,  en  l'ho^tel  de  Monseigneur. 

«  Plats,  cscuelles,  une  grande  escuelle  à  aumosne,  quarte,  avec  et 
sans  couvercles,  carrées,  rondes,  à  façon  d'nr£,^ent,  chopines  et  pintes 
en  estain  pesant  lo5  livres,  ù  14  d.  la  livre  valent  110  s.  8  d.  » 

Dans  le  compte  de  vente  des  meubles  et  effets  mobiliers  de  Mon- 
seigneur de  l'Éttanger,  archevêque  de  Rouen  (28  juillet  1391),  nous 
lisons  : 

«  Item  XIX  cscuelles  et  XI  petitz  plaz  d'estain  pesant  XXX  liv. 

a  Item  I  pot  d'estain  ront  pes.  V  liv. 

«  Item  ij  autres  (bassins)  de  potin  et  une  choppine,  ij  petiz  plaz, 
iij  escuelles  d'estain  ^.  » 


1.  Archives  de  l'Aube.  Heg.  G,  508.  fol.  4,  9, 10  et  11. 

2.  Roquefort  nous  dit  que  le  mot  chyneties  désignait  les  burettes  du  saint  sacri- 
fice. Son  origine  est  canna  (Glos.saire  roman). 

3.  Société  des  bibliophiles  de  Reims,  1842,  in-8\  p.  18,   02   et  6.i.    Inventaire 
après  décès  de  Ricliard  Plcque,  archevêque  de  Reims  ;U89). 

U.  Mette,  métal  étain  ou  cuivre.  Glossaire  français  de  Du  Cange. 
5.  Archives  de  la  Seine-Inférieure.  Reg.  G,  9. 


'{7:2  m  VI  K  aik  iikoumuoue. 

Kn  linl.  —  u  l'.iNfi 

(i  IliMi),  à  Sinioiinet  le  CavoliL'r,  pour  VI!  •It»u/;uii('s  dVscuelles 
d'ostain  lU  111  douzaines  et  X  plas  d'eslaiu  |H)iir  lli  justes  et  III  gal- 
IcMis  et  VllI  pots  tous  irestaiii,  (pii  ptsciil  Uni<  en  siuiiiiuî  il''  IV" 
XVU  livres  d'estain....  « 

En  1403.  —  «  Despence  pour  les  ustensiles  de  l'ostel  de  Uoiien  : 

«  A  Siiiionnet  le  ('avelier,  eslaineier,  ikuii  VIII  XX'""-  de  jilaz 
d'cstain.i:,  pesaus  XXX  livres....  LXXV  s.  Vjll  d.  » 

<i  Hem,  à  ycelluy,  pour  la  vente  de  1111  gallons  de  mort  eslain 
pour  la  pension  de  celui  liosle!  pour  pr(''sonter  le  vin  aux  seigneurs 
de  l'Kcliiiiuier,  les  quels  pùsent  XXVlll  livres  et  demi  d'estain....  » 

En  140(».  —  «  Item,  ce  j%  paye  à  l'estaignier  p'  la  vesselle  d'es- 
tain semblablemcnt,  XV  livres  '.  » 

A  ces  textes  il  conviendrait  encore  d'ajoutei-  un  «  Louage  de  ves- 
selle »  ainsi  indiqué  dans  les  mômes  comples-  : 

((  Item,  ce  j' palée  à  l'estaignicr  p'  la  vesselle  d'estaing  sept  se- 
maines seulement. 

a  Item,  baillé  à  l'eslaignier  pour  le  louage  de  la  vesselle  pour  VI 
semaines  XV  liv.  » 

L'inventaire  après  décès  des  biens  de  Jean  de  IJatome.>nil,  clm- 
noine  de  la  Sainte-Cliapelle  (2i  février  1380)',  porte  au  ili;ipitre  de 
la  cuisine  : 

u  Item  dix-huit  platz  d'estain  que  grands  que  pctis,  quarante-cinq 
cscuelles,  une  cscuelle  à  aumosnes.  » 

Celui  d'Yves  ni'rtbier(l.'J8()',  chanoine  de  la  cathédrale  de  Troyes, 
dénote  un  intérieur  fort  riche.  Il  avait  dans  sa  maison  5  douzaim^s 
d'écuelles  en  étain,  des  plateaux,  des  flacons,  des  pots,  des  pintes 
ordinaires  et  carrées,  des  chopines  et  des  tierces  du  mémo  métal. 

La  cuisine  renfermait  ITj  écuelles  et  (ju.ilic  plateaux  '. 

Du  reste  l'usage  de  la  vaisselle  d'étain  chez  les  gens  d'église  était 
fort  ancien,  puis(iu'en  l.'MO  les  comptes  île  la  succession  d'Alherl  de 
Roye  mentionnent  les  lujnoraires  i|iii  furent  payés  à  un  |)olie!'  d'é- 
lain  appelé  en  ijualilé  d'expert  pour  tstiiiicr  la  vaisselle  d'étain'". 


1.  Arcliivcb  départumciitalcs   de   la  Suinc-liiférieurc,   Ret^istrcs  (.,    17,  G,   10 
U.  2li. 

2.  Aiin.c  l/i08    (J.  26). 

3.  Arcliives  nalionnles,  KK,  328,  f»  8. 
U.  ArcliivcH  d<:  l'Aulx!.  Heg.  C.  l''->80. 

0.  liibliollu'que   nationalt.',   iiisb.,   fonds  liitin,    '.iJl'b,    fol.   '^2  :  «  litiii  Liruiiurdil 
potcrio  apprecianti  a!>tenbiliu  htanuea  iiij  sols.  - 


i.'onKKvnrnir  d'ktmn  kws  i.'wtiqi'Iti^.  .'I7:i 

(Jiiiltnnl  le  clci'^'t'',  ji.iiics,  ;inlit',vr'i|U('s  on  cliaiioiiios,  nous  irons 
coiiipulscr  les  (■(»iii[)l('s  (lt;s  rois  ou  des  reines  de  l'Hince.  Siiccessi- 
vciiiciit  nous  passerons  on  rovtic  des  comptes  du  xiv"  et  du  w  siè- 
cle. l*artoiit,  dans  les  invunlaires  de  Jt;an  \i\  lion  ',  de  la  reine  Clé- 
mence (le  lloiit,'rie-,  de  Charles  VI,  de(>liarlrs  VII''  et  d'Isaheau  de 
Bavière^,  nous  retrouverons  l'étain  dans  la  cuisine.  Tantôt  caseront 
des  achats  considérahles  faits  pour  le  conipte  t^rnéral  du  roi,  tantôt 
ce  sera  un  foiiclionnaire  (|ui  achùleiM  pour  le  servire  dont  il  e>t  ti- 
tulaire, tantôt  môme  pour  des  circonstances  extraordinaires  il  s'a- 
gira de  location  considérahhî  de  vaisselle  d'étain. 

Ce  sont  surtout  des  écuelles  et  des  plais  (jue  nous  renconlions 
dans  les  comptes  des  rois  de  France.  Mais  à  côté  de  cela  ce  sont  de 
temps  en  temps  des  plateaux,  des  vases,  des  moutardiers,  puis  natu- 
rellement toute  espèce  de  vases  pour  le  vin. 

Un  détail  à  signaler  c'est  que,  tandis  que  le  plus  souvent  les 
écuelles  sont  citées  sans  autre  espèce  d'indication,  quelquefois  nous 
les  trouvons  mentionnées  avec  ces  mois  :  «  pour  manger  fruits'')). 
Dans  ce  cas  l'étain  n'eût  pas  été  proprement  réservé  pour  la  cuisine 
et  aurait  eu  son  débouché  à  la  table  du  roi. 

•  Un  aulre  point  assez  curieux  c'est  cette  mention  faite  dans  un 
compte  de  cuisine  du  roi  Charles  VI  pour  le  terme  de  la  Saint-Jean 
131)0  :  «  le  dit  Goupil  pour  la  façon  d'un  mole  desdiz  potz  d'estain, 
pourceque  le  dit  mole  ailleurs  ne  lui  povoit  servir  et  que  de  la  façon 
desdiz  potz  n'a  pris  ne  que  de  façon  commune.  »  Elle  nous  démon- 
tre d'abord  ce  que  nous  avions  déjà  dit,  que  l'étain  était  coulé  dans 
les  moules  fabriqués  par  les  potiers,  et  en  second  lieu,  que  l'on  fa- 


1.  Comptes  d'Etienne  de  Lafontaine,  argentier  du  roi  Jean  (1351-1352).  Archives 
nationales,  KK  8,  ^  31. 

2.  Nouveau  recueil  des  comptes  de  l'arfjentcrie  des  roi^  de  France,  publié  par 
M.  L.  Douët-d'Arcq.  Paris,  Renouard,  187ii.  Inventaire  de  Clémence  de  Hongrie  : 
Hernoys  de  cuisine,  p.  94,  102  et  106. 

3.  Co>»i>tes  de  l'hôtel  des  rois  de  France  aux  xiV^  et  xV"  iiixlfs,  publiés  aussi  par 
M.  Dûui5t-d'Arcq  ;  Paris,  18G5. 

Extraits  du  l«f  compte  de  l'hôtel  du  roi  Charles  VI,  du  l"'  octobre  1380  au 
1"  juillet  1381  ;  du  2*  compte  pour  le  terme  de  Noël  1381;  du  5«  compte  pour  le 
terme  de  la  Saint-Jean  1383,  et  du  18»  compte  pour  le  terme  de  Noël  1389. 
Cuisine,  p.  76,  78-80,  180,  228,  254. 

ù.  Compte  de  l'hôtel  de  la  reine  Isabeau  de  Bavière  pour  le  terme  de  la  Saint- 
Jean  1401.  Cuisine,  p.  151. 

5.  21^"  compte  do  l'hôtel  du  roi  Charles  VU  pour  six  mois  (l"  octobre  1450 
31  mars  1451)  :  Cuisine,  p.  033  et  334, 


374  RKVl'K    ARl:HI^OLOGI0lI^•. 

hriijnait  pour  h  roiir  des  ohjcts  tlilTrnMils  de  crm  ilniit    K»  peuple 
usait,  mais  cependanl  au  nu^nie  prix. 


DÉTAILS  SDR  LA  VIE  PniVÉK  D'ANNE  DE  UnETAGNi:  FI.MMi:  DF. 
CHARLES  VII  I.T  DE  LUllS  XII 

[Xy   ET  lYI""  8IK.CI.K). 

L'on  possède  des  détails  sur  la  raisselle  d'etain  affectée  au  service 
des  cuisines. 

En  descendant  ilu  roi  ilc  Ti-nnce  jus([u'à  un  grand  seigiuMir  nous 
retrouvons  à  peu  do  chose  prè>  K-s  mêmes  objets.  Ainsi  nous  ex- 
trayons de  l'inventaire  ajjrès  décès  de  Jeanne  de  fresles  (liJ't'i)  le 
passage  suivant  concernant  noire  mêlai  : 

«  Vaisselle  de  cm>iino deux  cliauderons  lilans ;  trois  grans 

plas  d'e>lain,  viii  moiens  plas,  quarante -cinij  escuelles,  tous  d'eslain. 
ilem  trois  grans  plas  d'eslain,  douze  soulz.  Item  huit  plas  d'estain, 
seize  soulz.  Item  quarante-six  escuelles  d'estain,  que  bonnes  (}ue 
mauvaises,  quarante  soulz.  Item  deux  quartes  d'estain,  six  pintes 
quarrées  d'estain  et  deux  chopines  d'eslain,  et  un  pot  d'estain  à  au- 
mosnes,  tout  vint  soulz  '.  » 

Enfin  nous  devons  au  baron  Piclion  la  publication  du  Méiiaffier  de 
Paris  et  là  nous  entrons  de  plain-pied  dans  la  cuisine  d'un  homme 
riche,  bourgeois,  financier  ou  grand  seigneur,  mais  à  coup  sûr 
gourmet  el  gourmand,  et  dont  la  cuisine  est  des  mieux  montées.  Nous 
y  trouvons  l'étain  ;  nous  indiijuons  même  le  texte  comme  le  modèle 
el  le  type  de  ce  que  devait  posséder  une  cuisine  de  premier  ordre 
au  xiV  siècle. 

((  Item  deux  escuiers  de  cuisine  el  deux  aides  avec  eux  pour  le 
dressouer  de  cuisine;  desquels  l'un  ira  marchander  de  l'office  de 
cuisine,  de  paticeric  et  du  linge  pour  six  tables 

((        

«  El  aussi  niarciiaiidera  de  la  vaisellr  '/'i'stai.n  ;  c'est  (issmoii 
dij:  douzaines  d'rscuflh-s,  si.r  donzaiitcs  de  petits  pins,  deux  dou- 
zaines et  demi  de  yrandsplas,  huit(iuiiilrs^deuv  doHzainis  de  pintes, 
deuxpos  à  aumosnes.  » 

Les  pots  à  aumônes  étaient  des  vases  [dacés  sur  la    labl'  ou  sur 

1.  biùliothi}(iue  de  V Ecole  des  chartes,  l.  XX.\IX,  p.  lU. 


l'okfkvhkhik  d'i/iain  dans  l'antiquité.  .175 

un  dressoir  el  dans  hisqiuMs  on  faisait  niiiieltrc  une  portion  des  mets 
plact'S  devant  soi  pour  la  donner  aux  pauvres'. 

G  i;  Il  M  AIN    15  A  PS  T. 
(La  suite  prochaiiiement.) 


1.  Le  MciWfjicr  de  Parix,  composé  Tors  1393  par  un  bourgeoi»  de  Piris  ;  trailé 
d'économie  doiiK.'siique.  Paris,  Crapelei,  1></|7,  2  vol.  iii-h";  t.  Il,  p.  115. 

Voir  encore  pour  Ir  xv"  siècle  :   Hihlioth<}</ue  >lc    l'Ecole    drs   duirtes,  t.    X,\I, 
p.  22/i. 

Mi'itH  d'un  dluer  en  l(jl2,  {iii/jHé  jnir  M.  Donet  d'Aro/. 

«  Dcspensc  faiclc  eu  l'iiostel  de  v^'m-iable  liomiinf  maistre  Pierre  i':  Dyerro,   cha- 
noine (le  la  Saincte  Chapelle  du  Paiaiz. 

i( 

«  Pour  un  t;iaud  plat  d'estain,  (|ui  fu  perdu  à  yccllui  disner     .     .       V  s  VI  d.  » 


BULLETIN    MENSUEL 

n  K  ]/\r\\)  ]■:  M  1 1-   n  i-:  s    i  n  s  c  in  p  t  ions 


SEANCE  DU  2  NOVKMnr.E. 

Archéologie.  —  M.  H  ubior  do.  Moynani  rend  compto  d'une  communi- 
cation faite  ;\  1  Acadi'niio  par  M.  le  commandant  de  Juiï.S  du  corps  d'ar- 
mi^e  d'occupation  de  Tunisie.  "M.  de  JufTé  a  trouvé  à  Meydia  quelques 
inscriptions  latines  déjà  connues,  dont  il  envoie  les  estampaccs.  11  a  pri:?, 
en  outre,  l'estampage  de  deux  inscriptions  arabes,  dont  le  caractère 
funéraire  est  hors  de  doute,  (".es  inscriptions  ont  été  trouvées  dans  la 
kotitm  de  Meydia.  La  première  oiïrc  au  début,  en  écriture  couHque, 
quelques  mots  lisibles,  qui  permeltent  de  fi.\er  la  date  (5!t7  de  l'hégire, 
1201  de  notre  ère)  du  monument  et  de  préciser  le  nom  du  personnage 
enseveli  dans  ce  lieu.  C'est  le  roi  .Mohamcd-lten-Abd-cl-Kprim-cl-Koumi. 
usurpateur  bien  connu  dans  l'hisloire  des  sultans  l'aliœiles.  La  deuxième 
inscription  est  complètement  illisible.  11  est  i  souliailer  que  los  monu- 
ments, qui  inléiessent  le  passé  de  celle  région  africaine,  soient  placés 
dans  un  musée  local,  ainsi  que  ceux  du  même  genre  qui  seront  décou- 
verts ultérieurement.  L'Aeadémie  adresse  des  remerciements  i\  M.  de  JulTé 
pour  le  zèle  qu'il  montre  et  le  bon  exemple  qu'il  doime. 

M.  Alexandre  IJeitrand  continue  sa  communication  relative  nuv  cistes 
à  représentations  6gurées  de  la  Cisalj)ine  et  des  Alpes  autrichiennes.  Ces 
cistes  peuvent  donner  une  idée  exacte  non  seulement  de  l'état  de  l'in- 
dustrie du  métal  dans  la  CisJilpine  et  les  Alpes  autrichiennes  cinq  ou  six 
cents  ans  avant  notre  ère,  mais  de  l'étal  social  des  populations  auxquelles 
ces  vases  servaient  d'urnes  funéraires,  et  dont  rélal)IL>sement  en  Italie 
datait  d'une  époque  bien  plus  reculée.  Les  scènes  qui  y  sont  représentées 
appartiennent  à  la  vie  réelle  :  ce  .sont  des  tableaux  dans  lesquels  revivent 
les  mœurs  et  les  usages  des  tribus  que  les  anciens  désignaient  par  los 
noms  à'Vmbri,  de  Vcinii,  >\'Eiiijanci,  d'Oro/wi,  de  Taurbci,  de  hhetii,  de 
Camt,  do  Sorici,  el  probablemeul  des  Celles. 

(k;B  cistes,  ou  plutAt  les  nécropoles  où  elles  sont  déposées,  s'échelon- 
nent de  Hiiiiini  .1   HallslatI,  près  IschI,  c'est-A-dire  qu'elle?   oreupenl    la 


mil, M' TIN    MKNSlir.L    \)l.    I,  AC.  MIKM  1 1:    DIS    I  Vsr.IlII'TIONS.  .{// 

plus  f^iaiiflc  partie  «les  vallées  (iti  l'ft,  du  Tcssin,  ilc  l'Adi^^',  'l'î  l'Iiiii,  ilu 
haut  D.inul»',  de  In  Dravc  et  de  la  Save. 

M.  Herirand  s'attache  ensuite  A  dt^raontrer  que  ces  objets  sont  de  fabri- 
cnlioii  locale,  qu'ils  ne  proviennent  d'aucune  importation  étrusque, 
grecque  ou  phénicienne,  (liiemin  i'aisaiil,  il  saisit  l'occasion  de  redresser 
une  appellation  erronée.  Lrs  archéoloi^iies  italions,  ayant  reconnu  que 
ces  sépullures  n'étaient  ni  romaines,  ni  étrusques,  les  qualifièrent  de 
Tpri^historiques,  puis  de  ccltico-italiqucs.  Il  est  certain  aujourd'hui  que 
toutes  ces  sépultures  ne  sont  pas  de  m<^nic  époque,  et  que,  si  elles  sont 
pré-iHruaqncs  (rclalivcment  du  moins  ;\  rétablissement  des  Ktrusquos  dans 
la  Transpadane),  elles  ne  romonlcnt  pas  si  haut  dans  la  nuit  des  temps 
qu'on  puisse  les  considérer  couiine  préhistoriques. 

On  a  divisé  l'Age  tout  entier  de  ces  sépultures  en  quatre  périodes  sous 
le  nom  générique  de  «  Première,  Deuxième,  Troisième  et  Quatrième 
Périodes  du  premier  Age  du  fer  ».  Ces  périodes  auraient  été  précédées 
d'une  période  plus  ancienne,  appartenant  à  l'Age  du  bronze,  et  que  re- 
présenteraient les  stations  lacustres  proprement  dites,  les  établissements 
sur  pilotis,  les  palafiites  des  lacs  de  Varèse  et  de  tîarde,  ainsi  que  les 
stations  sur  lacs  artificiels  des  provinces  de  Parme,  Modène  et  Reggio, 
connues  bous  le  nom  de  «  Terramares  ».  Sous  la  réserve  de  cette  cin- 
quième période,  qui  lui  paraît  rentrer  dans  les  quatre  précédentes, 
M.  Alex.  Hertraud  accepte  cette  classification  de  MM.  Zanuoni,  Brizio  et 
Prosdocinii. 

Concours.  —  Nous  rectifions,  ou  plutôt,  nous  complétons  ce  que  nous 
avons  dit  des  concours  dans  notre  article  précédent. 

L'étude  sur  le  Ramayana  ne  constitue  pas  un  programme  «  maintenu  », 
mais  un  progranune  en  voie  d'exécution;  le  terme  du  dépôt  des  ouvrages 
pour  ce  concours  n'expire  qu'au  31  décembre  188i. 

Nous  avons  omis  de  signaler  le  sujet  maintenu  pour  le  prix  Ordinaire. 
En  voici  le  texte  :  «  Etudier  les  traductions  hébraïques,  faites  au  nioven 
Age,  d'ouvrages  grecs,  arabes  ou  même  latins,  concernant  la  philosophie 
ou  les  sciences.  » 

Aujourd'hui,  l'Académie  adopte  pour  un  des  prix  Bordin  le  programme 
suivant  :  «  Numismatique  de  l'île  de  Crète;  déterminer  ses  rapports 
avec  les  autres  monuments  du  pays.  »  Terme  du  dépôt  des  mémoires  : 
le  31  décembre  1885. 

M.  .'\liller,  absent,  a  été  remplacé  à  la  commission  dos  comptes  par 
M.  Charles  Jourdain. 

M.  Rcvillout  lit  un  travail  relatif  aux  dépenses  du  cuite  sous  l'ioléméc 
Philadelphe. 

SÉANCE  DU  0  NOVEMBRE. 
Archéologie  africaine. —  M.  Olivier  dllspiiia   annonce   la  découverte 


.^78  nrwF.  Anr.ii^o'.or.iQUE. 

aux  environs  do  Sfa\.  li'tinf»  insrriptii)n  fiint'rniif  chrétirnue  :  Metnori:v 
tlrTu:v  i'otisorti'iLo.  In  piuf.  Dans  cf  lieu,  on  a  trouva  d«'S  ruines  nssez 
imi>(>rlanles  d'un  hain  do  IVpoqiie  romnino  et  des  frai^merjlB  d'une 
grande  mosaïque  h.  des>ins  varii^s.  Il  serait  désiraMe  que  des  fouillos  tè- 
gulit'Tes  fus>ent  (établies  sur  ce  point. 

.M.  \.  l'oulle  a  consigné  dans  nn  nit^moire,  pri'senl(^  par  M.  C.h.  holiert, 
les  inscriptions  trouvées  dans  les  fouilles  entreprises  en  Alf^i^rie  par  ordre 
du  gi)u\ernemenl.  Le  forum  de  Thirogad  a  fourni  des  textes  iinportunts; 
per  exemple,  un  cuistts  lionomm  cl  une  inscription,  malheureusen«enl 
fruste,  qui  donne  la  liste  des  principaux  personnages  attaché»  à  l'c/'/î- 
cium  du  gouverneur  et  fixe  les  honoraires  dus  par  les  administrés  qui 
avaient  .inaue  à  eux.  (".es  honoraires,  taxés  suivant  le  ran;,'  «les  r.uiclion- 
naires  et  suivant  l'importance  de  l'aiïaire,  étaient  évalués  en  froment, 
au  moiluts  ^boisseau),  et  s'acquillaienl  soit  en  nature,  soit  au  moyen  d'un 
équivalent  en  argent;  cet  équivalent,  variable  selon  lo  cours  de  la 
denrée,  est  désigné  par  le  mot  pretium.  Ain>i,  il  est  dit  que  «  i)our  un 
rôle  unique  »  le  rédacteur  «  devra  recevoir  deux  boi>seaux  de  froment 
ou  leur  valeur  ».  A  Lamhése,  celte  mine  si  abondante  de  souvenirs  mili- 
taires, on  a  découvert  des  listes  sur  lesquelles  des  bas  oiticiers  et  des  sol- 
dats de  la  légion  III"  Augosta  sont  mentionnés  avec  leurs  lieux  de' 
naissance;  ils  appartiennent  pour  la  plupart  à  l'Orient.  Kn  lerminanl, 
M.  A.  Poulie  parle  avec  éloges  des  jeunes  architectes  chargés  des  fouilles 
cl  ifuJ  hommuyc  à  la  mémoire  do  .M.  Mainlenuy.  qui  a  payé  de  sa  vie  le 
courage  avec  lequel  il  a  bravé,  par  les  fortes  chaleurs,  les  miasmes  sorlii 
des  terres  qu'il  faisait  remuer. 

les  antiquités  préétrusques.  —  M.  Alex.  Bertrand  continue  la  lecture  de 
son  travail  et  arrive  à  une  cinquième  propo^ilion  ainsi  formulée  :  «  Les 
antiquités  prééUusques  de  la  vallée  du  Danube  el  de  la  haute  Italie  sont 
en  relation  intime  avec  les  légendes  du  cycle  homérique  el  argonautique, 
ainsi  qu'avec  les  récils  des  plus  anciens  logographes.  »  Le  cycle  homé- 
rique peut  être  considéré  comme  rep^é^enlaIlt  une  sorte  de  croisade  de 
l'Lurope  contre  l'Asie.  L'expédition  des  Argonautes  est  plus  justement 
encore  l'histoire  épique  de  la  découverte  d'un  nouveau  monde  par  la 
race  des  Hellènes.  Le  rôle  que  Joua  le  mylhe  de  Jason  dans  la  haute  Italie 
est  attesté  par  la  trouvaille  d'une  fl^urine  du  héros,  en  ivoire  doré,  pro- 
venant du  sarcophage  archui(jue  de  l'éiouse.  Au  temps  de  Stiabon,  on 
pouvait  encoie  suivre  les  traces  du  culte  de  Jason  de  la  mer  Noire  aux 
Apennins.  M.  Uertrand  anahse  ensuite  les  données  dos  Aryvnautiquef.  Les 
Argonautes  remontent  le  cours  du  Uanuhe  et,  poussés  par  un  vent  impé- 
tu*:ux,  sont  enlratnés  jus(|u'au  milieu  du  ileuve  Kridan,  dont  les  bords 
sont  infectés  par  des  exhalai.<ons  sulVocantes.  l'ar  bonheur,  un  autre 
lleuve,  le  lUiùne,  allluent  de  l'Lridan,  s'offre  à  eux.  Ils  y  enireul  et  se 
liouvenl  au  milieu  des  lacs  dont  le  pays  des  Celles  est  couvert.  Or  la 
géographie  d'Apollonius,  qui  u  rédigé  les  Argonautiqucs,  est  rétrospective, 


DULLKTIiN    MENSUKL    DK    f/ACADJ^iMIK    UTS    INSCUII' I  luNS.  .'{70 

homiHiquo,  ou  rn^me  antiMininrriquo.  Los  oxlialaisons  He  la  valli^c  du  l'ô, 
les  lacs  du  pays  celtique,  olVnMil  a  M.  Ilcrtrand  d(îs  irail-  iiu'il  l■o^^idôre 
o.oniino  décisifs  en  fuvour  do  la  lliî'se  qu'il  soutient. 

11  y  voit  mit!  alIu>ion  h  la  inanii're  de  vivre  des  populations  laruslres 
du  haut  Danube,  de  la  Suiss»;  et  de  la  haute  llfilie,  enfin  à  l'élablisseiuenl 
dans  la  vallée  du  Vd  de  ces  nombreuses  palulittcs  auxquelles  les  Italiens 
donnent  le  nom  de  tm'ainnre.  Les  stations  lacustres  et  les  terrannare* 
sont  contenriporaines  de»  nécropoles  les  plus  anciennes  où  ont  été  re- 
cueillis les  objets  précédemment  étudiés  par  M.  Alexandre  Herlrand; 
elles  se  rapporlenl  à  la  même  civilisation,  à  la  même  industrie;  elles 
s'échelonnent,  comme  les  cimetières  préétru^ques,  de  Uelgrade  au  lac 
de  Genève,  d'un  côté,  à  Heggio  d'tmilia  et  Modène. 

D'autre  part,  l'habileté  de  main  que  révèlent  les  antiquités,  les  grands 
travaux  de  canalisation  et  les  créations  de  petits  lac»  artificiels  ne  per- 
mettent pas  de  >upposerque  de  tels  progrès  aient  été  accomplis  d'un  seul 
coup,  sans  transitiitn,  par  les  populations  indigènes  que  la  couche  inté- 
rieure des  nécropoles,  caractérise  par  la  piésence  des  coupes  dites 
prosdocimi,  nous  montre  en  plein  Age  de  pierre.  Nos  études  archéologi- 
ques, conclut  M.  Herlrand,  nous  font  donc  assistera  l'arrivée  des  popu- 
lations de  l'Asie  Mineure  ou  des  versants  septentrionaux  du  Caucase  aux 
sources  du  Danube. 

SÉANCE  DU  16  NOVEMBRE. 

Candidatures.  —  Rappelons  qu'il  y  a  deux  places  vacantes  à  l'Académie 
des  inscriptions,  par  suite  du  décès  de  M.\l.  lid.  Laboulaye  et  Ch.  Defré- 
mery. 

Les  candidats  dont  les  noms  suivent  ont  adressé  au  président  des  let- 
tres sollicitant  les  suffrages  des  académiciens,  soit  pour  tel  ou  tel  fau- 
teuil, soit  sans  désignation  précise  : 

M\l.  Paul  Meyer,  Benoist,  Gaston  Maspero,  Gustave  Schlumberger  et 
Léon  de  Rosny. 

M.  Paul  Meyer  est  professeur  au  collège  de  France.  Ses  travaux  sur  les 
langues  romanes  du  Midi  au  moyen  Age  et  les  services  rendus  à  l'.Vca- 
déaiie  comme  auxiliaire  à  la  commission  des  travaux  littéraires  lui  ont 
valu,  il  y  a  quelques  jours,  le  prix  biennal  de  "20,UU0  fr.,  décerné  par  l'ins- 
titut. Le  rapport  du  président  de  l'Institut  a  exposé  les  titres  considéra- 
bles de  M.  Meyer  :  par  sa  méthode,  par  ses  recherches  et  ses  découvertes, 
il  a  véritablement  renouvelé  l'élude  et  la  connaissance  des  dialectes  ro- 
mans méridionaux. 

M.  Benoist  est  un  latiniste  distingué.  Il  a  publié  sur  le  texte  de  Plante, 
de  Catulle,  de  Virgile  et  de  Tite-Live  des  commentaires  savants  qui  le 
classent  aux  premiers  rangs  des  philologues  contemporains.  Son  édition 
de  Virgile  en  deux  \olumes  est  un  véritable  modèle  de  ce  que  doit  être 
un  livre  d'cnseiguemcnt  dcatiné  au  maiire.  M.  Benoist,  malgré  les  labeurs 


.IfiO  HKVIJR   Ancm^OI,O^.10IÎF. 

qui'  lui  cn'c  la  rli.iiro  qu'il  or.cupo  ;\  la  Sorlionuc,  n'a  pus  cf^si'"  un  in?- 
taiit  ses  travnuv  de  philologie  laliue.  Il  a  eiiln-pris  In  puhlicatic.i)  ilo 
Til('-I.Me,  tiout  u!i  volume  vient  de  paratli-e:  il  a(li(''\e  repemlaiil  un 
iraxnil  analogue  sur  Horace. 

M.  (iaston  Maspero,  professeur  au  colli^ge  de  Kranrc,  est  le  jeune  chef 
inoonle>t«}  de  l'école  dVgyptologic  française,  ('/est  le  disciple  du  vicomte 
Kminauuel  de  Hougô,  qui  a  porté  avec  tant  d'avantape  les  rigoureuses 
iiii'tlioiies  de  la  philologie  nouvelle  dans  l'iiiloipr<lalion  des  textes  hiéro- 
glyphiques; c'est  le  successeur  d'Auguste  .Mariette,  un  archéologue 
incomparable,  dont  les  explorations  nous  ont  rendu  tout  un  inonde  ense- 
veli dans  les  sables  et  dans  lis  grottes  funéraires  de  la  vallée  du  Nil. 
M.  Ma.>-pero  réunit  les  qualités  de  ces  deux  maîtres  émincnis,  philologue 
comme  de  Hougé,  archéologue  comme  .Marielle.  Ses  puhlications,  très 
estimées  du  monde  savant,  ont  trait  à  la  littérature  et  à  la  religion  des 
anciens  Egyptiens.  Son  enseignement  à  l'Ecole  pratique  des  hautes  études 
et  au  collège  de  France  l'a  fait  surtout  connaître  et  apprécier  en  France 
et  A  l'étranger.  Ses  litres  ont  paru  assez  considérahles  pour  balancer  ceux 
de  .M.  .Meyer  dans  le  concours  du  prix  hiennal. 

.M.  (iusiave  Sciilumherger,  notre  savant  collaborateur,  pose  aujourd'hui 
sa  candidature  moins  en  vue  d'un  succès  immédiat  qu'en  vue  d'un  succès 
ultérieur  qui  ne  saurait  lui  manquer.  C'est  un  numismate  érudit,  un  des 
plus  brillants  élèves  du  maître  émiuent  dont  l'Académie  ressentira  long- 
temps encore  la  perle  :  Je  veux  parler  d'Adrien  de  I.ongpéricr,  dont 
M.  (iusiave  Schlumberger  recueille  les  travaux  disïéminés  dans  une  pu- 
blication importante.  M.  Schlumberger  s'est  occupé  avec  succès  des  sceaux 
de  l'Orient  latin;  il  y  a  là,  pour  l'histoire  et  la  numismatique,  une  mine 
nouvelle,  qu'il  a  ouverte  et  creusée  avec  une  sagacité  rare  et  une  science 
de  bon  aloi. 

.M.  Léon  de  Rosny,  professeur  à  l'Ecole  des  langues  orientales  vivantes, 
est  connu  par  ses  publications  relatives  à  la  langue  et  à  la  littérature  du 
Japon.  Il  s'est  attaqué  récemment  au  déchifl'remenl  des  hiéroglyphes  do 
l'Am-'rique,  question  peu  avancée  encore,  malgré  de  nombreux  et  loua- 
bles ciïorts. 

La  double  élection  aura  lieu  le  :{()  novembre,  ;\  cause  de  la  séance  pu- 
blique annuelle,  fixée,  comme  nous  l'avons  annoncé,  au  '1^  courant. 

Toute  la  séance  d'aujourd'hui  a  été  occupée  par  le  comité  secret  durant 
lequel  l'Académie  a  entendu  l'exposition  des  litres  des  candidats. 


SÉANCE  DU  23  NOVDMnitE. 

L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  a  tenu  aujourd'hui  sa 
séance  publique  annuelle.  M.  Heuzoy,  qui  présidait,  a  lu  un  discours 
annonf.aiil  le»  prix  décernés  en  188.t  et  les  sujets  de  prix  proposés  pour 
ltW4.  Il  y  a  f.iil   applaudir  l'érudilion  pleine   de  gortt  avec  laquelle  il  a 


liiJLMvriN  Mi:.Nsiif:i,  nie  i/vcADiéMir,  nns  insciui'Tkins.        .'JHl 

présenté  les  liavuux  des  lauréats.  Au  cours  de  ce  rappoit,  M.  lieu/tty  ii 
duiMié  des  rcnseigiieineiits  iiili'icssarits  sur  notre  lOcole  (J'Alhèiies,  qu'il  a 
récfiniuent  visilre  : 

«  il  in'uiHé  donne',  «lil-ii,  après  vingt-trois  ans,  de  revoir  cette  Kcole  d'A- 
lliùnesoù  j'ai  passé  quatre  années  que  je  compte  parmi  le»  meilleures  de 
ma  vie, et  j'ai  pu  me  figurer  pendant  quel(]U(;s  jour.sque  j'y  recommcnc^ais 
l'iixistence  d'aiitrel'uis.  l-a  maison  a  changé  de  place  ;  mais  la  clio^e  est 
restée  la  mémo,  c'(!st-ii-dire  un  milieu  merveilleux  pour  l'étude,  un 
séjour  enviable  entre  tous,  pour  quiconque  est  épris  de  l'antiquité.  I-es 
pentes  du  petit  mont  Lycabette  sont  bien  un  peu  éloignées  et  rudes  à 
monter  quand  il  fait  grand  chaud  ;  en  revanche,  la  vue  pst  incomparable. 
Il  fuit  vraiment  bon  travailler  au  milieu  de  cette  l)ibliothè(|uc,  depuis 
nous  bien  accrue,  en  contemplant  devant  soi,  dans  une  lumière  sans 
égale,  la  plaine  des  oliviers  et  la  magnifique  bordure  des  montagnes  de 
l'Altique.  Je  plaindrais  les  jeunes  gens  qui,  appelés  -à  vivre  là  pendant 
un  temps  trop  court,  n'apprécieraient  pas  leur  bonheur  ! 

«Si  j'ai  trouvé  quelque  chose  de  nouveau  dans  la  vie  de  l'École,  ce  sont 
des  améliorations  el  des  progrès  :  une  direction  scientifique  ollrant  aux 
travaux  des  jeunes  gens  un  point  d'appui  des  plus  sûrs,  un  esprit  plus 
méthodique  et  moins  flottant  que  par  le  passé,  des  moyens  de  travail  el 
d'action  beaucoup  plus  développés  ;  je  veux  parler  du  Bulletin  de  corres- 
pondance hclléni'juc,  œuvre  commune  el  pour  ainsi  dire  quotidienne  de 
rKcole,  et  de  la  collection  des  Mémoires,  où  tous  les  travaux  de  quelque 
valeur  sont  assurés  de  trouver,  dans  un  délai  rapproché,  une  publicité 
honorable.  11  faut  ajouter  à  cela  un  champ  d'observations  et  d'études  qui 
ne  cesse  de  s'accroître,  des  découvertes  journalières,  de  nouveaux 
musées  que  nous  ne  connaissions  pas,  où  s'accunmlent  de  jour  en  jour 
les  merveilles  les  plus  délicates  de  l'art  grec  à  cùlé  des  produits  les  plus 
étonnants  de  l'industrie  primitive  de  la  Grèce. 

«  L'École  elle-même  est  devenue  un  musée,  grâce  aux  heureuses  explo- 
rations de  ces  derniers  temps,  mais  un  musée  qui  n'est  pas  trop  avare  de 
ses  trésors  et  qui  ne  demande  qu'à  en  faire  profiler,  lorsque  le  moment  est 
venu,  nos  grandes  collections  nationales.  Je  ne  pouvais  naturellement  y 
rencontrer  les  marbres  de  Délos,  qui  appartiennent  à  la  Grèce,  cette 
belle  suite  de  sculptures  qui  ont  permis  à  M.  HomoUe  de  reconstituer 
tout  un  chapitre  de  l'art  grec,  et  que  la  France,  qui  les  a  découvertes, 
devrait  s'efforcer  de  posséder  au  moins  par  des  moulages.  11  n'en  était 
pas  de  inéme  des  nombreux  objets  et  surtout  des  charmantes  terres 
cuites  grecques  recueillies  en  Asie  Mineure  et  principalement  à  .Myrina, 
dans  les  fouilles  conduites  avec  un  rare  succès  par  M.M.  Edmond  Pottier, 
Salomon  Ileinach  et  par  leur  regretté  camarade,  M.  Veyries.  Ces  petits 
monuments  avaient  pu  être  rapportés  à  l'École,  formant  un  ensemble 
doublement  précieux  par  son  unité  scientifique.  Cependant  .M.  Foucarl, 
répondant  à  un  vœu  exprimé  naguère  par  notre  Académie,  a  pensé  que 
la  science  française  en  tirerait  encore  un  meilleur  parli  si  la  collection 


382  UEVIK    ,U\r.UK()LOalQl)E. 

t'iait  IransporliV  en  France  et  ex|'0!«6,  dans  nos  giUeries  «lu  Kou\rc.  Sur 
la  proposition  qu'il  a  faite  ;\  M.  If  iniuislro  de  l'instruction  publique  e.l 
des  l»ean\-art8,  j'ai  C'ir  heureux  de  contribuer,  pour  une  part  bieu  faible 
A  l'evécutitin  de  ce  projet  vraiment  libi^ral,  qui  mettra  suus  les  yeux  du 
pulii^c  les  services  rendus  par  l'École  d'Albùnes.  > 

M.  H.  Wallon,  serrtMaire  perpi'luel,  a  lu  uno  iKiticc  histonquc  fort 
siibsiaiilif'lle  >nr  la  vie  et  les  travaux  de  Marictlc-Pacha,  le  grand  •■f:y[ito- 
logue,  M.  11  lurt'au  a  lu  onsuilo  un  travail  sur  les  propos  lie  M*-  Hobort  <lc 
Sorbon,  fundaleur  de  la  Sorbonnc,  dans  lequil  il  a  relevé  ce  (ju'il  y  a  de 
ciustique  et  d'enjoué,  de  vives  saillies  v[  de  propos  badins  dans  ses 
œuvres. 

SfiANCE  DU  30  NOVEMBRE. 

PJcctioiis.  —  Après  la  lecture  en  comité  secret  de  la  partie  du  procés- 
voibal  relative  ;\  l'exposition  des  titres  des  candidats,  la  si'-ance  redevenue 
publique,  le  président,  suivant  rusa;îo,  lit  les  articles  du  rétriemcnt  qui 
concerne  l'iMection  des  membres  ordinaires. 

L'ordre  du  jour  appelle  rélcclinn  d'un  membre  ordinaiie  en  rempla- 
cement de  M.  Laboulaye,  décédé.  Les  candidat»  sont  MM.  l'aul  Mcyer, 
RcnoisI  et  de  Rosny.  11  y  a  33  votants;  majorité,  18. 

M.  Paul  Meyer  est  élu  par  !!•  sulTrapes  contre  10  donnés  ;\  M.  Benoist, 
2  à  M.  de  Hosny,  1  ;\  M.  Scblumbergcr,  i  à  M.  Masporo. 

On  procède  ensuite  A  l'élection  d'un  membre  ordinaire  en  remplace- 
ment de  M.  Defrémery.  Les  candidats  sont  MM.  Maspero,  Gustave  Schlum- 
berger.  de  Rosny.  Il  y  a  3i'  votants  ;  majorité,  18. 

(<omme  nous  l'avions  dit,  M.  r.usla\e  Scblumbergcr  n'entendait  en 
aucune  manière  faire  écliec  à  M.  Maspero.  dont  l'élection  paraissait  par- 
faitement assurée  ;  il  demandait  î\  ses  amis  la  faveur  d'une  voix  au 
premier  tour  de  scrutin.  Les  partisans  de  M.  Scblumberger,  c'est-à-dire 
les  académiciens  qui  sentent  la  nécessité  d'un  numismate  parmi  eux, 
ont  été  si  nombreux,  que  les  deux  candidats  (nous  ne  disons  pas  les 
deux  concurrents)  ont  obtenu  exactement  le  même  nombre  de  suf- 
frages, 17. 

Le  second  tour  de  scrutin  a  donné  A  cette  circonstance  sa  véritable 
signification.  M.  .Maspero  a  été  élu  par  la  presque  unanimité  des  suffrages, 
c'est-a-dire  par  31  sur  34.  M.  Scblumberger  a  conservé  trois  voix. 

ArnhMogie  qnxiUjUt'.  —  M.  Nicaise,  président  de  la  Société  académique 
de  ChAlons-sur-.Marne,  présente  A  l'Académie  une  collection  d'objets 
trouvés  en  1^03  dans  un  lunmlus,  A  Altaticourt  (lliutc-Marue).  t'.es  anti- 
quités, d'un  grand  prix  à  cause  de  leur  rart'ti',  appartieum'iit  à  l'époque 
et  A  la  civiliiali(m  que  caractérise  le  cimetière  do  llallstatl.  Les  archéo- 
logues les  font  remonter  jusque  vers  le  v  ou  le  vr  siècle  avant  notre  ère, 


nULLF.TIN    MENSURl   DR    L'Ar,An!^MIF.    DF.S    INSCRIPTIONS.  38.'i 

et  los  allribuctil  aux  (iaulois.  Ces  aiilifiuilc's  consistent  en  i-bjcls  de 
bronze  fondu,  (l'est  d'abord  un  f,'ros  brassard  [nrinilln),  liant  de  sept  à 
huit  centimùlres,  formé  de  trois  sections  réunies  par  des  cliarnitVfs, 
très  (iiÔRant,  et  dont  le  moule  a  été  obtenu  par  un  modèle  en  bois  ou  en 
bronze  repoussé.  Des  traits  d'ornement  au  burin  se  remarquent  à  la  sur- 
face. La  matière  est  un  beau  métal  dont  les  rellels  blancs  attestent  dans 
le  cuivre  l;i  présence  de  l'argent.  Une  patine  verte,  épaisse,  recou\re 
l'objet.  iM.  Mcaise  présente  (îiicore  :  un  anneau  de  janil)e  au(]uel  étaient 
suspendues  deux  perles  de  matière  vitreuse,  de  couleur  I)I(hj  foncé;  une 
de  ces  perles  reste  encre  attachée  ;\  l'anneau  ;  des  fragments  de  deux 
bracelets  de  bronze  ;  deux  colliers  (torqurs)  de  bronze,  dont  la  partie 
supérieure  porte  en  relief  des  figures  d'oiseaux  aiVrontés  ;  des  point'-s  de 
flèche  de  bronze. 

Ces  antiquités  sont  cataloguées  dans  l'importante  collection  que  M.  Ni- 
caise  a  formée  ;\  Olullons-sur-Marnc  et  dont  il  fait  les  honneurs  à  tout 
venant  avec  une  libéralité  et  une  courtoisie  très  appréciées  des  archéo- 
loRues. 


po(:ii;ti',  natihnai.!-: 
DES   AMJni; AIRES   DK    FRANCE 

1'iu:sii»i:n<:i:  kic  m.  (i.   DLi'LLissis. 


SÉANCE  DU  7  NOVUMUIU:. 

11.  ncilhelé  est  nommé  associtî  corrcï^pondanl  ;\  Morl. 

M.  (le  M.irlv  communique  à  la  Sociéld  un  anneau  d'ur  du  w"  siôcle, 
Irouvc  prôs  de  donesM'  et  portant  la  légende  «  Je  m'y  iilens  ... 

M.  de  Villcfosse  annonce  qu'il  a  élé  inforni»',  par  M.lJeor^es  Cuigue,  d'une 
importante  découverte  épigruphique  récemmenl  laite  à  Lyon  dans  la  crypte 
de  Sainl-Nizier  ;  c'est  celle  de  l'épitaphe  métrique  de  saint  Sacerdos,  évoque 
de  Lyon,  mort  en  o2'i,  épitaplie  qui  n'était  connue  que  par  une  copie  du 
xiv  siècle.  11  place  sous  les  yeux  de  la  Société  un  ostanipage  de  ce  texte 
intéressant,  exécuté  par  M.  Grisard,  conducteur  principal  des  travaux  de 

la  ville  de  Lyon. 

M.  de  Villefusse  communique  ensuite  le  texte  d'une  inscription  votive 
découverte  à  Vicliy,  qui  lui  a  été  adressé  par  M.  Herlrand,  président  de 
la  Société  d'émulation  de  l'Aliier.  Le  nom  topique  du  dieu  Vérogius,qui 
se  lit  dans  cette  inscription,  est  précisément  celui  d'une  localité  antique, 
voisine  de  Vichy,  inscrite  sur  la  carte  de  Peulin-er  sou»  l;i  désignation 
Vcro'j iuiii  ;  c'csi  aujourd'hui  Vouroux,  faubourg  de  Varennes-sur-Allicr. 

M.  l'abbé  Thédenal  oiïre,  de  la  pari  de  .M.  de  la  Hlanchére,  un  mémoire 
intitulé  Monnaie  d'ur  de  Vtuléméc,  roi  de  Mauritanie,  et  lit  une  note  du 
même  auteur  contenant  des  additions  au  mémoiie.  Dans  cette  note,  M.  de 
la  lUanchùre,  après  avoir  examiné  les  hypothèses  qui  peuvent  expliquer 
l'existence  de  la  monnaie  en  question,  la  considère  connue  le  résultat 
d'une  émission  illégale  du  roi  IMoléniée. 

SÉANCE  DU  l/i  .NoVEMUilE. 

M.  Ojurajod  communique  de  nouveaux  détails  sur  le  groupe  de  Pégase, 
de  la  collection  d'Aul.ras,  dont  il  a  précédemment  enln  l(  nu  la  Société. 


SOCIKÏK   WTId.NAM:    |)|;s    A  \ HijC  \llll.S    l)i;    KIlANCi;.  .'185 

Lors  d'un  récent  voyage  à  Vienne,  il  n  pu  se  convaincre  de  la  parfaite 
ressemblance  de  cet  ouvrage  avec  ccu\  de  HerloMo,  l'élevé  favori  de 
Uonatello.  Il  re^-retle  de  ne  pouvoir  placer  sous  les  yeux  de  la  Société  une 
photoRrapliie  de  cette  pièce  curieuse. 

M.  (i.iiduz,  ilaiis  une  lettre  a<lre8sée  à  M.  de  IJarllirlcmy.  appelle  l'atten- 
tion des  niL'inlirt's  de  la  Siiciélé  sur  la  descriplion  (jii'un  journaliste 
anglais  vient  «le  donner  du  parc  de  Yellow-Slone.  Pour  percer  une  route 
i  travers  les  rochei's  d'Abridienne  on  a  allumé  de  grands  feux  sur  ces 
masses  et,  quand  elles  ont  été  snfnsatnmcnt  dilatées  par  laclialeur,  on  le* 
a  inondées  d'eau  froide.  Les  blocs  se  sont  i'ondus  et  biisés,  et  on  a  fait  on 
cliemin  de  voilure  d'un  quart  de  mille  de  long  sur  ce  verre  volcanique.  Il 
esi  intéressant  de  comparer  ce  (ait  à  l'histoire  du  passage  des  Alpes  par 
Annibal  et  de  le  joindre  aux  documents  relatifs  aux  forts  vitrifiés. 

M.  de  Harthélemy  conuminique  en  oulre,  de  la  part  de  M.  .Michel, 
conservaleiir-adjoint  du  musée  d'Angers,  la  pliolo^rapliie  d'une  dague 
trouvée  prés  de  celle  ville;  de  la  part  de  M.  Nicaise,  une  liste  de  sigles 
figulines  découvertes  dans  le  déparl.'racnl  de  la  Marne  et  faisant  partie 
de  la  collection  de  l'auteur;  de  la  paît  de  M.  Leclerc,  des  détails  sur 
l'anliquilé  de  la  butte  de  Vaudemont;  enfin,  de  la  part  de  .M.  Coumbay, 
une  note  sur  les  sépultures  de  la  Chézane. 

.M.  Maxe-Wcriy  présente  un  ustensile  de  bronze,  de  forme  ovoïde,  trouvé 
à  Reims. 

SÉANCE  DU  21  NOVE.MBIW:. 

-M.  de  IJartliélomy  dépo.^e  un  mémoire  de  .M.  de  iJaye  sur  les  sujets  du 
règne  animal  dans  l'industrie  gauloise. 

M.  ÎKTlrand  place  sous  les  yeuv  de  la  Société  une  curieuse  plaque  de 
ceinturon  découverte  à  Watsch  (Carniole)  et  faisant  partie  de  la  belle 
collection  du  prince  de  Windiscli-Grœlz.  On  y  voit  le  combat  de  deux  cava- 
liers accostés  de  deux  fantassins.  .M.  Bertrand  croit  reconnaître  deux 
Gaulois  du  Danube. 

.M.  Courajo  I  signale  l'exislence,  au  Musée  des  antiquités  silésiennes,  à 
Breslau,  d'une  suite  de  médaillons  de  cire  représentant  les  principaux 
personnages  de  la  cour  des  Valois.  Cette  suite,  exécutée  antérieurement  à 
1573,  contient  notamment  les  portraits  de  Clément  Marol  et  du  chevalier 
Olivier. 

M.  de  n.iriliélemy  lit,  au  nom  de  .'\L  de  Hoislisle,  une  note  sur  une 
enceinte  fortiliée  existant  dans  la  forêt  de  Montmorency. 

M.  Flouesl  annonce  la  découverte,  dans  l'arrondissement  de  Clultillon- 
sur-Seine,  d'un  poignard  olfranl  les  plus  grandes  analogies  avec  celui  qui 
a  été  récemment  trouvé  à  .\ngers. 

M.  Nicaiie  examine  une  série  d'ubjels  antiques  découverts  piès  de 
Reims. 

Le  V.  de  la  Croix  présente  une  slaluelte  de  Mercure  trouvée  àSaoxay, 

m'  si;nii:,  \.  ii.  —  -JC» 


38(î  F\KVrK    AHCHhOLOt-.lMri-. 

M.  (le  Villpfcisst'  \H'n<p  que  le  pelilliroiizfise  rfittnche  ^  l't^colc  de  l'olycltle. 
M.  llayet  )•  rcconnall  la  copie  <li'  rili'iint''s  do  IVtlydi'lc. 


SÊANCK  DU  28  NoVKMHUi:. 

M.  liiTirand  prcsenlc  une  juiiiltc  df  chcwl  uhIkiuc,  d'iiii  furl  bon  i^lylo, 
InniM'o  LMi  Suisse. 

M.  l'abbé  Thiidcnat,  le  dessin  d'un  mnnibe  de  palùre  on  bronze  Irouvd 
à  Grand  (Vosges)  cl  portant  le  nom  de  l'ouvrier,  L.  Ansius  Diodorus,  nom 
qui  appartient  à  une  famille  de  bronziers  cl  de  brlquelicrs  établis  dans 
le  t^Dtl  de  rilalie. 

M.  Saiîliolii  nn  nu'raoire  de  .M.  Lafaye  sur  les  anliquilésde  la  ('orsc. 

M.  .Nioaise  montre;!  la  Société  deux  pointes  de  Huches  en  bronze,  A  douille 
et  à  ailerons,  découvertes  dans  un  tuinulus  de  la  Haute-Marne,  ainsi  que  des 
ornements  funéraires  provenant  du  cinieiière  gaulois  de  Couftetz  (Marne). 

!,e  P.  de  la  Croix  présente  dilTérents  objets  en  bronze  découverts  dans 
les  ruines  île  Sanxay,  nolamnunt  une  slatuellc  représentant  un  hcuiine 
jeune,  imberbe,  cuillé  du  bonncl  phrygien  et  portant  une  bi()enne  au 
brasgauche,  slaluette  dans  laquelle  M.  llayet  croit  reconnaître  un  PAris. 

M.  Ma\e-NVerly  conununique  diiïérsnls  ncuns  de  fabricants  de  bronze 
qu'il  a  réunis  pour  une  étude  sur  les  bagues  et  fibules  ii  inicriplions  de 
l'époque  gallo-romaine. 

Le  Secrétaire. 

Signé:  E.  MUNTZ. 


NOUVELLES  ARGllÉOLOGKjUES 

ET    COKKKSPONUANCK 


Une  nouvelle  copie  du  Mercure  nrverne.  —  (In  culliv.ilcur  de  Dam- 

pieno  (ll;iuU'-iM,iriic),  M.  (Janiier-lloyer,  vient  de  (aire  une  découverte 
intéressante,  dans  une  pièce  de  terre  qui  lui  appartient,  sur  le  territoire 
même  de  cette  commune.  Depuis  longtemps  déjà,  cliaque  fois  qu'on  labou 
rait  ce  champ,  le  soc  de  la  charrue  venait  se  heurter  contre  un  obstacle 
insurnionlable,  un  gros  bloc  de  pierre  placé  presque  à  fleur  de  terre. 
Celte  année,  M.  G. -H.  prit  le  parti  d'enlever  cet  obstacle  et,  ayant  lait  une 
fouille  à  l'endroit  même  où  il  se  trouvait,  il  découvrit  un  autel  rectangu- 
laire, en  pierre  blanche,  avec  base  et  corniche,  mesurant  t",!?  de  liau- 
teur  sur  40  centimètres  de  largeur  dans  la  partie  centrale.  Sur  la  face 
antérieure  de  cet  autel  on  lit  l'inscription  suivante,  gravée  très  nettement 
en  grands  caractères  : 

MERCVR 

Mercur'Jo) 

Il  n'y  a  sur  la  pierre  que  ce  seul  mot  ;  celui  qui  a  l'ait  élever  le  monu- 
ment n'a  pas  jugé  à  propos  d'y  inscrire  son  nom,  selon  l'usage  ,  au-dessous 
de  celui  du  dieu.  La  surface  supérieure  présente  une  partie  plane  par- 
faitement appareillée,  de  forme  plutôt  ovale  que  ronde. 

En  même  temps,  et  près  de  cet  autel,  le  même  cultivateur  trouva  une 
statue  de  Mercure,  également  en  pierre,  mais  fragmentée.  Le  dieu  est 
représenté  assis,' dans  l'altitude  ordinaire  de  Jupiter,  coiffé  d'un  pélase 
ailé;  il  est  imberbe;  sa  chlamyde  jetée  sur  l'épaule  gauche  vient  passer 
sur  l'avanl-bras  gauche  et  retombe  de  chaque  côté  sur  ies  cuisses,  en  lais- 
sant les  parties  viriles  à  découvert;  il  est  chaussé  d'élégants  brodequins 
garnis  de  petites  ailes,  et  porte  le  caducée  sur  le  bras  gauche;  un  double 
filet  très  mince,  en  relief  sur  la  partie  nue,  forme  conmie  une  petite  cein- 
ture à  la  hauteur  de  la  taille.  11  est  assis  sur  un  siège  sans  dossier  (sella) 
une  sorte  de  tabouret  dont  les  deux  pieds  antérieurs  sont  légèrement 
courbés.  Au-dessous,  et  entre  les  quatre  pieds  du  siège,  est  couché  un 
chevreau  ou  un  bouc,  dont  la  tôle  apparaît  du  côté  droit  du  dieu.  La  hau- 


388  ItKVUK     AIlCIIKOt.dClQUK. 

tour  (olaledo  la  Statue c$t  de  1">, 80.  MalheureusotntMit  le  bras  droit  manque 
ai:isi  quo  la  main  quiche  el  une  partie  tiu  caduciVs  It'S  piodii  et  le  bas 
d(-s  jauibcs  ont  beaucoup  souiïiTl.  I)f  la  lOle.  qui  est  «éparée  du  eorps,  on 
ne  reconnaît,  du  cùlé  droit,  que  l'oreille,  la  joue,  l'ieil,  une  partie  de  la 
chevelure  el  le  piWase  ;  tout  le  cOti^  gauche  e>t  mutilé. 

Cette  statue,  d'un  style  tout  A  fait  local  qui  rappelle  assez  celui  de  l'Apol- 
lon d'Kn  trains,  aujourd'hui  conserxi^au  musée  deSaiut-derm  iin.»e  termine 
par  une  base  carrée.  Klle  est  certainement  indépendante  de  l'autel  décrit 
plus  haut. 

On  sera  frappé  de  la  ressemblance  qui  exisle  entre  le  .Meriure  de 
Hampierre  et  le  .Mercure  représenté  sur  le  bas-relief  de  llorn,  avec  la 
dédicace .Vt'JTMrio  Arvirno.  Mt'^me  po.>ic,  même  agencement  des  draperies 
cl  du  caducée,  même  animal  symbolique  j>lacé  éj^alcmeul  sous  les  pieds 
du  siège,  rien  ne  manque;  les  doux  ligures,  étant  mutilées,  se  complètent 
lune  parl'aulrc,  mais,  autant  (lu'on  en  peut  juger  sur  la  gravure  publiée 
par  M.  Mowat,  le  Mercure  de  llorn  est  beaucoup  plus  endommagé  que 
celui  de  Dampierre,  ce  qui  augmente  par  conséquent  l'inlérét  de  la  nou- 
velle découverte.  .M.  .Movvaf,  en  publiant  leraonumeul  de  llorn',  y  a  très 
justement  reconnu  la  copie  alTaiblie  d'un  chef-d'œuvre  à  jamais  perdu, 
la  statue  colossale  exécutée  par  Zéaodoïc  pour  les  Arvernes,  dont  un  pas- 
sage de  Pline  nous  a  conservé  le  souvenir.  Je  n'hésite  pas  à  voir  dans  le 
Mercure  découvert  à  Dampierre  une  seconde  copie  du  .Mercure  deZénodore 
et  par  conséquent  un  monument  fort  précieux  pour  la  Gaule-. 

11  y  avait  au  même  endroit  une  seconde  statue  de  .Mercure  dont  il  n'a 
été  retrouvé  que  deux  fragments,  mais  dont  on  découvrira  probablement 
les  autres  morceaux  dés  que  le  propriétaire  pourra  reprendre  les  fouilles 
aujourd'hui  interrompues.  I.a  seconde  statue  devait  être  «l'un  meilleur 
st\lc  que  la  première  et  de  dimensions  plus  peiiles.  à  eu  juger  d'aiirès  les 
deux  fragments  recueillis,  qui  consistent  en  une  tête  de  bouc  vigoureuie- 
meul  rendue  el  le  bas  d'une  jambe  ailée.  Cinq  monnaies  de  bronze  abso- 
lument frustes  ont  été  recueillies  dansles  fouilles;  ou  dislingue  avec  peine 
sur  deux  d'entre  elles  la  tête  de  l'austine  mère. 

Le  terrain  de.M.(J.-li.  se  lrou\e  donc  sur  remplacement  d'un  s  uicluaiie 
de  Mercure  ;  il  est  certain  (ju'on  y  ferait  de  nouvelles  découvertes.  Nous 
sommes  heureux  d'apprendre  que  les  objets  recueillis  ne  seront  pus  dis- 
persés cl  qu'ils  trouveront   un  asile  au  .Musée  des  antiquités  nationales 


1.  Lctlr.'  u  M.  Adrien  de  L'ingiiénvr  sur  lu  nstitutton  de  lu  stutne  ro/i>sui/e  de 
Mercure  eiifcute'e  par  Zénodore  pour  les  Arverivs^  avec  une  planche  {Hulletin 
monumrnlal,  1H75,  t.  XI.I,  p.  557  et  Riiiv.).  Cf.  F.  Ilellncr,  dans  la  W'estdrutschc 
Zntfrlirift  fur  Ceseliuhte  und  Knnst,  1883,  p.  li'n-h'1%. 

2.  Sur  la  munrlie  cJ'niu!  palt'ri'  iii  lironzo,  conservi'e  a<i  inusci'  de  Itoiicn,  on  trouve 
une  lroi«ii'-me  rép«';tition  du  .Morcurc  Arvc'rno.  l.ediuu  est  reprtîscnié  xssi»,  avec  le  bouc 
à  ftcHpit-d».  l'rèft  df  lui  on  voit  un  autel  carrt^',  place  Hnus  un  ddiculo  ut  indt^pundanl 
d3  la  ftlalUL-,  a'oRoit'ment  conimc  celui  qui  Tai*  p;iiii  >  d  '  la  d<  cuuverle  du  Uunij'iirre. 


NOUVRLLRS   AUClIKOl.or.iyiJKS.  .IS'.» 

fl(!  Saiiil-tiiTiiiaiii  (Il  Liyc,  dont  l<!  dire;  leur  lasscrnhlc  avec  tant  de  z^le 
lous  les  momiiiiciits  i|iii  p(uiv(!iit  s(M\ir  à  "'crirr!  l'histoire:  religieuse  de- 
là ilaiile  à  rt-jioijiic  roriiaiiii^.  Ant.   IIéiuj.n   J)K  Vii.leio.ssk. 

\  propot;  des  fouilles.  —   L ImUpcHdant  raudusien  a  annoncé,  dans 

s(.ii  ik'rniei  niiiuf'ro,  que  les  Iravaux  de  redresseinunl  du  chemin  de  la 
Cruz.'llc,  quartier  de  Marignane,  avaient  atneniî  la  découverte  d'un  giî-c- 
mcnl  d'urnes  romaines. 

!,cs  fouilles  ont  continué  cotte  semaine, et  si  elles  n'ont  pas  misaujour 
des  objets  nouveaux,  elles  ont  permis  de  se  rendre  compte  de  la  singu- 
li(>rc  disposition  de  ces  urnes  dans  le  terrain,  disposition  bien  laite  jyour 
stimuler  la  perspicacité  des  archéologues  et  l'imagination  des  curieux. 

Un  mot  d'abord  sur  ces  urnes.  Ce  sont  des  vaisseaux  de  poterie  assez 
grossière,  peu  élégants  de  l'orme,  cl  rappelant  plus  les  damcs-jeannes 
modernes  qucles  aniphoresantiques,  dont  elles  se  rapprochent  d'ailleurs 
par  l'évasement  du  goulot,  l'attache  des  anses  et  le  fond  terminé  on  pointe 
conique.  Kilos  ont  70  centimi-'lres  de  hauteur  sur  40  de  diamètre  envi- 
ron. Kilos  ne  paraissent  pas,  ainsi  qu'on  pourra  en  juger,  avoir  été  des- 
tinées A  un  usage  domestique. 

Elles  étaient  enfouies  à  2'",40  au-dessous  de  la  terre  arable,  dans  une 
fosse,  protégées  par  des  murs  latéraux,  rangées  par  cinq  sur  cinq  lignes 
parallèles,  panses  contre  panses.  Un  mur  a  été  dégagé  au  point  où  sont 
momonlanément  arrêtés  les  travaux,  dans  la  direction  du  levant.  On  a  pu 
constater  qu'au  delà  de  ce  mur  une  nouvelle  série  de  vases  recommence, 
avec  même  disposition  symétrique  et  même  orientation. 

Mais  ce  qui  est  de  nature  à  dérouter  l'esprit,  c'est  que  ces  vases,  exclu- 
sivement remplis  de  sable,  sont  encastrés  par  leur  partie  inférieure  et 
jusqu'à  mi-hauteur  dans  un  mortier  grossier,  et  supportaient,  parleurs 
goulots,  un  large  entablement  poli  de  béton,  d'une  épaisseur  de  l.'i  à 
20  centimètres,  et  formé  de  ciment  et  de  menus  débris  de  briques  rouges. 

Ces  conditions  excluent  tout  d'abord  l'idée  d'un  dépôt  temporaire,  que 
la  non-valeur  de  la  matière  enfouie  ne  justifierait  pas.  Bien  au  contraire, 
elles  témoignent  de  l'intention  d'une  construction  fixe,  durable,  et  très 
vraisemblablement  elles  révèlent,  comme  nous  le  dirons  tout  à  l'heure, 
une  pensée  se  rattachant  au  symbolisme  païen. 

Aucune  monnaie,  aucun  ossement,  un  seul  fragment  d'un  clnpitoau  de 
marbre  mêlé  au  déblai  :  voilà  tout. 

Ktait-ce  là,  comme  le  supposait  quelqu'un,  un  dépôt  de  sable  verrier? 
une  sorte  de  sous-sol  imperméable  à  l'humiiiilé,  ou  la  tombe  de  quelque 
chef  romain  ou  carthaginois,  comme  le  disaient  quelques  autres?  Il  n'y 
a  pas,  croyons-nous,  à  s'arrêter  à  pareilles  hypothèses. 

C'est  à  une  idée  religieuse  qu'il  faut,  selon  nous,  demander  le  mot  de 
l'énigme.  Mais  c'est  avec  la  réserve  que  commande  notre  incompétence 
en  ces  matières  que  nous  proposerons  une  réponse  qui  vaut  ce  qu'elle 
vaut. 


;V.H)  HKVUF.    ARr.lIKOl.or.IOOK. 

Pour  nous,  la  ponstS^  pioiisf  qui  a  pn^Md»^  à  cet  tMranu'o  arrnnpemoni 
di'  vasos  dont  rien  n'indiqn.'  l.i  d.  ;i;i  ilion  iitiUtnire  lessurl  des  r(tll^idé- 
ralioDS  que  voici  : 

1"  Iinniobil's.ilion  ab?olur  uc  \,i-i-  M-rvanl  df  support  A  un  p;i\6  en 
l)élon,  et  ubsfiici'  »lo  loulo  lonsiruclion  supt^rieuro  ; 

•l»  Oualiti^  du  ?abli«  ri'nfi>nné  duis  IfS  urnos.  dilTi'Tenl<î  d»;  la  qualité 
du  saido  des  environs  ;  snblo  (^ideninnenl  rapport»',  et  ayant  par  consé- 
quent une  valeur  autre  que  vi^nalo  aux  yeux  des  arcbitectes  du  lonips  ; 

3°  Présence  d'un  débris  de  marbre,  vraisemblablement  détaché  d'un 

autel  ; 

4»  Kniîn,  traces,  dans  la  partie  du  reniblai  touchant  le  pavé,  d'inciné- 
rations pouvant  provenir  de  saciiHces  païen?. 

Était-ce  là  l'emplacement  d'un  autel  et  d'un  foyer  domestiques?  I.es 
diminsion?  et  l'importance  de  la  construction  ne  le  font  pas  supposer.  lOl 
daillfurs,  les  vases  auraient  contenu  quelques  o<sements  ou  quelques 
i-endies.  ainsi  que  cela  se  rencontre  sous  les  foyers  et  les  autels  voués  au 
culte  des  ancêtres,  (''oçl-à-dire  de  la  famille. 

C'est  à  une  piété  d'une  nature  moins  étroite,  à  des  rites  d'un  caractère 
plussocialqu'ilfautsansdouterapportcrl'élablissL'nicntde  ce  sol  consacré. 
On  sait  que,  il  y  a  quelque  cinquante  ans,  une  table  de  marbro  perlant 
une  mai:nifique  inscription,  et  déposée  aujourd'hui  à  notre  Musée,  fui 
découverte  au  même  quartier  «ie  Marignane,  et  h  quebiues  métrés  seule- 
ment du  lieu  où  sont  les  substructions  dont  nous  parlons.  Celte  table 
votive^  dédiée  au  Génie  de  la  colonie,  indique  assez  que  sur  ce  point 
existait  un  monument,  temple  ou  simple  enceinte,  où  avaient  lieu  les 
cérémonies  du  cullc  de  la  colonie,  c'est-à-dire  de  la  ciié. 

On  sait  que,  dans  le  monde  antique,  chaque  cité  avait  son  culte  parti- 
culier comme  chaque  famille  avait  son  culte  privé.  On  sait  aus.-i  les 
rites  qui  accompagnaient  toute  fondation  de  ville,  tout  établissement  de 
colonie. 

Chez  les  anciens,  la  religion  était  le  seul  lion  social.  La  patrie  était  le 
lieu  où  reposaient  les  ancélies,  où  résidaient  les  dieux  protecteurs.  L'au- 
tel, le  loyer,  étaient  amsi  doublement  sacrés,  et  attachaient  d'autant  plus 
fortement  l'homme  à  la  terre  natale,  que  ses  croyances  et  ses  traditions 
l'astreignaient  à  un  culte  personnel  envers  les  morts  et  les  dieux. 

Le  culte  primitif  avait  été  celui  do  la  famille.  Plus  tard,  quand  le 
groupement  en  familles  donna  naissance  à  la  cité,  cette  nouvelle  a^'K'lo- 
méralion  s'organisa  sur  le  modèle  de  la  famille  Llle  eut  ses  dieux  et  son 
culte  propre,  distincts  des  dieux  et  du  culte  de  la  cité  voisine.  Les 
mêmes  cérémonies,  ou  des  cérémonies  analogues,  furent  instituées  en 
l'honneur  des  héros  ou  des  dieux  protecteurs. 

Le  citoyen  se  trouve  lié  à  la  cité  comme  l'homme  à  son  foyer,  et 
fioumis  à  des  prati(|ue8  pieuses  d'un  caractère  national.  De  lU  les  temples 
•ux  divinité»  locales,  et  plus  tard  la  .  réation  do  sacerdoces  auxquels  lut 
cooUé  lu  culte  de  la  cité. 


NOUVEI-I.KS    AIICIIIdl.fUMglJKS.  'M\ 

Lorsqu'une  coloino  se  driachail  i\c.  la  nK'ttoiioli'  et  nllail  au  loin 
fondci'  une  vilhî,  roinplacemenl  du  Cf;llfi-(i  lilail  l'objet  d'un  (  lioix  reli- 
|j;ieu\.  l-es  puMn'ï!  (ilaient  consultés,  les  auguns  interroK"''S  ;  puis  les 
limites  de  la  cil6  (Haicnt  tractées  et  le  point  ilu  territoire  voué  aux  dieux 
lulélaires,  qui  n'étaient  autres  que  ceux  de  la  mùrc-patric,  solennelle- 
ment consacrés. 

Souvent,  lorsque  la  chose  était  possible,  et  surtout  dans  les  premier» 
Ajîes,  où  les  idées  relif^ieuses  élai(!nt  toutes-puissantes,  les  colons  empor- 
taient avec  eux  de  la  terre  natale  et  la  réjfandaieiit  dans  l'enceinte  du 
temple,  ou  l'entassaient  sous  le  foyer  de  la  cité  nouvelle. 

Kst-il  trop  téméraire  d'attribuer  une  origine  de  cette  sorte  aux  sub- 
struclions  dont  nous  nous  occupons?  de  voir  en  elles  les  vestiges  du  lieu 
sacré  de  la  cité? 

Ce  r.énie  de  la  colonie,  dont  l'autel  ou  la  statue  était  h  peu  près  sur 
l'emplacement  même  ;  ce  fragment  de  marbre,  vraisemblablement  dé- 
taché du  monument  religieux;  ce  sable,  diilerent  du  sable  des  environs, 
qui  remplit  les  vases  et  peut  avoir  été  pris  au  sol  d'une  métropole  plus 
ou  moins  lointaine  ;  ces  traces  d'incinérations,  indices  d'un  foyer  long- 
temps entretenu  ;  tout  cela  coastilue-t-il  un  ensemble  de  présomptions 
suffisantes  pour  donner  quelque  valeur  à  notre  façon  de  voir?  Nous  osons 
l'affirmer.  Mais  enfin  c'est  une  hypothèse  qui  en  vaut  une  autre  et  qui, 
dans  tous  les  cas,  ne  saurait  faire  mauvaise  fi;.'ure  à  côté  de  l'hypothèse 
d'une  usine  A  verre,  d'un  pilotis  en  poterie  et  en  sable,  ou  de  ia  tombe 
d'un  chef  romain  ou  carthaginois.  R.  V. 

Valais.  —  On  écrit  de  Martigny  à  la  Gazette  de  Lausanne,  en  date 

du  2o  novembre  : 

«  La  connnission  cantonale  d'archéologie  instituée  par  le  conseil  d'Etat 
depuis  un  an  environ  vient  d'obtenir  un  succès  aussi  remarquable  que 
réjouissant. 

Depuis  quelques  semaines,  elle  faisait  opérer  des  fouilles  dans  les 
prairies  au  raidi  de  Martigny,  à  l'emplacement  qu'occupait  l'ancienne 
Octodurum.  On  avait  découvert  de  gros  murs,  des  pierres  de  taille,  des 
corniches  en  marbre  jurassique  d'un  beau  travail  et  beaucoup  de  maté 
riaux.  La  nature  de  ces  vestiges  indiquait  que  l'on  était  sur  les  ruines 
d'un  édifice  qui  avait  eu  une  certaine  importance,  tel  qu'un  temple,  par 
exemple. 

Dans  la  journée  du  23  novembre,  les  ouvriers  tombèrent  sur  des 
pièces  capitales  et  exhumèrent  de  magnifiques  fragments  de  statues 
antiques  en  bronze  doré.  Ces  fragments,  fort  bien  conservés,  mais  couverts 
de  vert-de-gris,  sont  de  la  meilleure  époque  romaine.  Ce  sont  :  un  bras 
et  une  jambe  de  proportions  colossales;  la  partie  antérieure  du  corps 
d'un  personnage  velu  d'une  loge,  avec  la  main  et  l'avaut-bras  droit,  et, 
enfin,  une  tûlc  de  taureau  avec  l'une  des  jambes  de  devant. 


nt)2  nRVi'K   Mïciii  oi of.i.jrK. 

1.0»  finiilles  continuoni,  et  si  l'on  jt;it\ipiil,coinm<»  on  l'espi^re,  A  iiouvn 
les  }>i«*r)'s  qui  iiKinqueiil  lie  ces  :t;ilues  et  ;\  les  riToiislilner,  on  sna  en 
possession  de  .<ptSinuMis  de  l'arl  roninin  de  la  plus  jzrande  valeur. 

C'e.-l  pr^s  do  rel  endroit  que.  il  y  a  une  dizaine  d'années,  un  parlieu- 
lior,  on  faisant  des  travaux  de  nivellement  dans  un  pré,  avait  misa  dé- 
couvert toute  une  batterie  de  cui«ine  romaine  comprenant  plus  de  qua- 
rante objets.  Otie  colleclinn,  fort  curieuse  en  son  genre,  Tut  acquise 
pour  le  compte  du  nuisée  d'antiquités  de  Genève. 

La  con)mission  d'archéologie  fait  aiissi  opérer  des  Touilles  sur  un  autre 
point  de  la  campajine  do  .Marligny,  où  se  trouvent  les  veslipes  d'un  cirque 
ou  ainphillié.ltre.  Ces  vestiges  consistent  en  une  muraille  passablement 
déL'radte.  mais  qui,  en  certains  endroits,  a  encore  '.\  mètres  de  hauteur; 
elle  forme  une  arène  ovale,  longue  de  T^i  métros  sur  i'>'l.  <> 

Procccdiiigs  of  the  Society  af  bibliral  airhunlnjij,  I  c  .^-ession,  1883- 

I88i.  Première  séance,  (i  novembre  1883. 

Ltewv,  Sur  le  faux  mamtscrU  liu  Dcutérojtome  récemment  proposé  au 
Musée  britannique  par  Sliapiia.  —  Budge,  Sur  la  (pfitriime  tablette  de  la 
série  de  la  n'Cation,  qui  raomtr  le  lovibat  vn're  Maiduk  et  Tiawat.  Obser- 
vations de  Pioches  sur  celle  série.  —  Pinches,  Sur  l'art  babylonien,  d'après 
certains  monuments  rapportés  récemment  par  M.  llasaam.  —  Heichardl,  Sur 
un  cylindre  arhcté  à  Ihwvts.ct  qui  représente  le  liaal  d'Aphaca.  —  Sayce, 
Sur  les  tablettes  rappadocienncs  écrites  en  caractères  atnéiforines.  — 
W.  ^Vrigllt,  Une  tablette  samaritaine;  Photographies  de  înonumcnts  pal- 
myréniens. 

Ardixologische  Zeitung,  1883,  deuxième  cahier  : 

A.  Kalkmann,  licpréscntations  du  mythe  dllippolytc,  suite  (pi.  1\  et  une 
vignette).  —  A.  Fui  l\v;ennler.  Combat  de  raitaures  et  chasse  an  lion  sur 
dcujc  Iccythes  arehaiques  du  Musée  de  Berlin  (pi.  X  et  vignettes),  ~  K.  Pur- 
gold,  Jason  combattant  le  taureau,  peinture  d'un  vase  de  huvo  (pi.  .Xi).  — 
0.  Hosïbach,  Sur  l'ait  grec  le  plus  ancvn,  éi  propos  d'une  bngttc  de  Mycénes 
(vignette).  —  .Mélanges  :  M.  KraMikel ,  Unmzc  romain  du  pays  du  llarr. 
rvignettf).  —  A.  .Milcliho^fer,  Sur  différentes  irut^res  archaîqurs  de  l'art  ijree, 
suite  (V  et  VI).  —  A.  ruilwa'iiylei ,  Sur  les  coupes  de  Diiris.  —  Nouvelles. 
Acquisitions  du  Mwée  britannique  en  1S8'2.  —  Séaivc  solennelle  lie  l'Institut 
archéologi'iue  éi  Home.  —  Sé'inccs  de  la  Société  archéologique  de  Hcrlin,  mai 
et  juin. 

Jiulletin  de  l'Institut  de  correspondance  arche ologiqur,  n"  X.  octo- 
bre 1NH3,  I  feuille  : 

XV.  Ilelbii;,  Les  fouilles  de  Chiusi.  —  A.  Mnu,  Les  f>uill  s  de  Pomiéi 
(suilc).  —  <i.  Ileiizeii,  In^eriplion  d'Ostie, 


CIIIIONIOUK    DOIIIRNT 


FOlIILLIvS  KT  DKCOUVKKTKS. 


— —  M.  i^diiioiid  Alioiil,  .iiicicn  iiiciuhro  do,  l'KcoIc  françaiso  (rAllii"'nes, 
.1  prolité  du  Irai» -('clair  organisé  par  la  Conipayiiii;  des  wagons-lils  pour 
faire  une  courte  visite  à  Constantinople.  Sous  le  titre  :  «  De  l'onloise  à 
Stamboul,  frerie  authentique»,  l'aimable  voyageur  publie  dans  le 
XIX"  Siècle  '  si's  impressions  de  touriste,  d'Iiomme  politique  et  de  cri- 
tique d'art.  Kn  véritable  Atliénicn  qui  ne  renie  pas  son  mémoire  sur  l'île 
d'Égine,  M.  Al)0ul  a  passé  quelques  instants  au  nmsée  de  Tcliinli-Kiosk» 
tandis  que  ses  compagnons  de  slecpiny-car,  moins  épris  des  restes  de 
l'anliquité,  allaient  contempler  les  derviches  tourneurs  à  la  Corne-d'Or. 
Le  XIX''  Siècle  du  13  novembre  contient  le  récit  de  cette  visite,  où  l'au- 
teur (le  la  Grèce  contemporaine  avait  pour  ciccrone  le  directeur  du  musée 
impérial,  S.  t.  Hamdi-hey.  M.  About  a  été  enchanté  de  son  guide  et  lui 
décerne  des  éloges  auxquels  nous  souscrivons  volontiers.  Mallieureuse- 
ment,  cette  appréciation  judicieuse  est  comme  noyée  dans  un  déluge 
d'erreurs  que  la  publicité  du  A'LY"  Siècle  et  l'autorité  de  son  rédacteur  en 
chef  nous  font  un   devoir  de  relever  en  quelques  mots. 

«  Le  muséedcTchinli-KioskjditM.  About,  n'est  pas  encore  très  ricbc,  d'a- 
bord parce  qu'il  est  nouveau  -,  ensuite  parce  que  les  Turcs  se  sont  laissé 
reprendre  tous  les  chefs-d'œuvre  qu'ils  avaient  pris...  Le  savant  épicier 
Schliemann  a  trafiqué  du  trésor  de  Priam  et  des  reliques  d'Agamcmnon  sans 
rien  nffrir  à  la  Turquie,  si  ce  iicst  un  collier  moderne  mais  dont  l'or  est  an- 
tique, n  ce  qu'il  dit,  et  je  le  crois  sans  difficulté,  car  la  nature  ne  fabrique  iplus 
d'or  depuis  quelques  milliers  de  siècles.  »  —  Il  y  a  do  par  le  monde  beaucoup 
de  gens  qui,  n'ayant  pas  lu  l'autobiographie  de  M.  Scliliemann  dans  Ilios, 
s'imaginent  que  le  célèbre  explorateur  s'est  enrichi  du  produit  de  ses 
fouilles.  Or,  1"M,  Schliemann  n'a  pas  trafiqué  du  trésor  de  Priam,  puis- 
qu'aprés  l'avoir  enlevé  aux  Turcs  et  p;iyé  .'iOiOuO  francs  de  dommages- 

1.  Numéros  dts  21,  26,  31  octobre,  8.  11,  13  novembre  1883. 

2.  La  collection  se  formait  déji  en  1850,  comme  nous  l'avons  montré  ailleurs 
{Cdzelte  arcluoiogtqiu-,  18S3,  p.  253U 


3«.U  llKVrK    MlC.m  nl.OCIlJlîK. 

inléri»l8  au  Muséo  de  ConstniUinoplc  \  il  a  «lonm^  ledit  tn^sor  nu  ÎAuido 
de  llorlin:  2*  M.  Schli«'mnnii  n'a  pas  trafi<iué  dos  n-liquos  d'A^amcmnon, 
puisqui»  Myc^nos  ost  on  Cr^ro  l'I  qiio  tous  los  olijels  qu'il  y  a  découverts 
sont  conservés  au  Vohjtcrhnicim  dAlhC-ncs,  où   M.  About  peut  aller  les 
admirer;  3-  lo  collier  nio.lcrno  el  d'autre^  bijoux  bien  antiques  que  l'on 
montre  dans  la  mtMne  vitrine  A  Tr.binli  Kiosk  n'ont  pas  M  offrrtx  par 
M.  Scbliemann.  tout  au  contraire  ils  lui  (ml   éW-  voh^s.  Voici  lu  vériH* 
sur  ce  petit  point  d'histoire  2.  En  1S73.  trois  mois  avant  la  di^couverle  du 
tr.^sor  dit  de  l'riam.  deux  ouvriers  t;recs  cniployi?s  aux  fouilles  Irouvft- 
rent,  i\  une  profondeur  do  H>  mî-trcs,  un   petit  vase  qu'ils  dis-inuili'reni 
et  dont  ils  se  parlagî^rent  le  contenu  pendant  la  nuit.  I.a  part  di*  l'un 
d'eux,  nommé  Costanti,  tomba  entre  les  mains  d'lzzct-i:ilcndi(un  ennemi 
personnel  de  M.  Scbliemann),  qu'on  avait  averti  de  la  découverte  du 
trésor  :  cette  part  est  au  musée  de  r.onstantinople  ou  du  moins  elle  y 
était  autrefois,  car  plusieurs  objets  paraissent  avoir  été  soustraits  pen- 
dant la  dernière  année  de  l'administration  de  Détliier,  prédéccssour  de 
S.   K.   Hamdi-Rey.   Los  objets   volés  par   le  second    ouvrier,  l'anayoli, 
avaient  été  confiés  ;\  un  lladji  Alexandro,  grand-père  de  la  fiancée  de 
Panayoti.  Lo  receleur  les  porta  ;\  Henkeuï,  gros  bourg  turco-^rec  A  deux 
heures  de  Troie,  chez  un   orfèvre  qui  les  fil  fondre  el  les  convertit  en 
ornements  de  style  turc  pour  la  jeune  fiancée.  Ces  bijoux  il'in- antique, 
confisqués  également  par  la  Porte,  sont  exposés  ;\  Tchinli-Kiosk.  On  voit 
que  M.  About  a  été  mal  renseigné  et  que  «  l'épicier  Sbliemann  >•  n'est 
pas  aussi  bon  spéculateur  qu'on  le  suppose. 

Suivant  M.  About,  le  musée  de  Tchinli-Kiosk  possède  «  quelques  jolis 
fragments  de  bronze,  quelques  vases  antiques  et  un  certain  nombre 
d'inscriptions».  L'auteur  de  tant  de  Salons  charmants  ne  s'esl-il  pas 
aperçu  que  les  deux  athlètes  de  Tarse  3,  la  palére  de  Lampsaque*  el 
riiercule  de  (lueuridjoh '•  sont  des  cliefs-d'a-uvre  dont  on  cheroberail 
\amemenl  les  équivalents  au  I-ouvre  ?  Mais  patience,  si  Tcliinli-Kiosk 
est  pauvre,  il  va  bientôt  s'enrichir  :  «  Peut-être  le  tombeau  d'Anliorhus 
(lu'Hamdi-Bey  a  découvert  lui-même  (1)  dans  les  neiges,  ;\  2,000  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  livrera-t-il  un  certain  nombre  de  sculp- 
tures précieuses.  J'en  ai  eu  comme  un  avant-goAt  en  voyant  des  estam- 
pages assez  be,iux.  »  Nous  pensions  jusqu'à  présent  el  nous  pensons 
encore,  puisque  nous  en  avons  la  certitude,  (jue  les  statues  et  les  bas- 

1.  Sur  le  procèï  sinsulicr   iiilenlû  fi  .M.  Sclili«<maiiii  par  U'.  gouvornomeiil  turc, 
on  peut  coiuuliLT,  outre  lo  volurao  //loi,  Dûlluer,   tituUei  archàilog^quen,  188», 

P  ÛO. 

2.  Cf.  Uvnnt   Herald,   27    janvier    Ulk\    Ik'vur  mcliëolntjiqw,   !87'i,    (>.    198; 

Schlipoiann,  lliott,  p.  .O/il. 

3.  (iuzette  nrrlu-dlnyirfw,  188.1,  pi.  1  cl  II. 
A.  Gdzrtir  atxhi'olorjiijue,  III,  pi.  Xl.\. 

5.  Momtmvniulrll'  IntUluto,  1877,  pi.  WVIII 


ciinoMuri':  ii'dHiRNT.  -^^^ 

rt'lids  (le  Nomi()iid-l)ii|:h  en  r.ommaRÔnc  (le  mauBoli'-o  d'Anliochus)  sont 
d'un  Iraviiil  expédilil"  cl  piiwiiit!  grussif-r  ;  ensuite  et  Mirlout,  que  ce 
lomirquablo  mmusoIôo  a  C-W-  découvert  en  \xHl  pac  un  ingi'nimjr  ulle- 
mund,  M.  Sesler,  puis  visité  et  rludié  aux  Ir.iis  de  l'Académie  ûc  llerlin 
par  M.  Puchslein,  en  juin  lss,>«,  Ilarndi-ltey  ne  s'élant  r.-ndu  s^ur  le» 
lieux  qu'au  mois  de  mai  ixx'l,  comme  nous  l'avons  annoncé  ici  même*. 
Il  y  précédai!  de  quelques  jours  MM.  Humann  cl  Puchslein,  envoyés  par 
l'Académie  de  Herlin  pour  plioloyiaphier  le  monument  et  en  mouler  les 
sculptures.  A  celle  époque,  un  collectionneur  de  nos  amis  nous  écrivait 
de  Smyrnc  :  «  Je  lis  duis  les  journaux  de  Coustanlinople  que  llaïudi- 
Bey  vient  de  télégraphier  au  minislùre  qu'il  avait  découvert,  sur  le  haut 
d'une  nionlagne,  des  bas-reliefs  antiques  trop  lourds  pour  être  empor- 
tés. »  Ainsi  la  légende  dont  M.  Altoiil  s'esl  Tait  l'écho  csl  antérieure  A  son 
voyage  en  <!lccpinii-(:ar  :  elle  doit  élre  allribuée  sans  doute  à  quelque 
admirateur  trop  i  xclusif  d'Ilanidi-Hey,  pour  qui  les  droiis  de  MM.  Sesler 
et  Puchslein  ne  valaient  pas  l'honneur  d'une  menlion. 

Comme  complément  au.x  renseignements  de  M.  About,  nous  pouvons 
indiquer  tiuclques  antiquités  nouvelles  dont  la  collection  de  Tchinli-Kio.sk 
s'esl  réceniiui'iil  emichie.  Le  Musée  de  Berlin  lui  .i  fait  présent  de  mou- 
lages de  la  Kiganlomachie  de  Pergame,  où  .M.  Aboul  voit  paraître,  avec 
inliniment  de  justesse,  quelque  chose  de  la  manière  de  Puget.  Le  nombre 
des  objets  originaux  acquis  depuis  la  publication  de  notre  Catalogue 
s'élève  à  plus  de  120.  On  signale  notammi-nt  les  deux  magnifiques  sar- 
cophages de  Smyrnc  3  cl  les  frai;menls  dun  troi^^ièine  *,  dont  le  reste 
paraît  se  trouvera  Londres;  une  statue  en  marbre  de  grandeur  naturelle, 
provenant  d'Adalia,  représentant  un  personnage  debout  en  costume 
militaire;  un  fragment  de  banquet  funéraire  trouvé  à  Tchanak-Kaleh 
(Dardanelles)  ;  un  bas-relief  funéraire  provenant  du  vilayet  d'Ismid  et 
comprenant  deux  hommes  et  deux  femmes  debout  dans  une  niche,  avec 
une  petite  servante  en  bas  à  droite  ;  en  haut,  fragment  d'inscription  de 
doux  ligni  s  : 

YrElATHMHTPIAPTEMEI2IAKAIAKYAA(?.KAIIOYAinTPYa>/////7 

XAIPE 

Signalons  encore  quatre  mosaïques  de  Cyzique,  avec  des  portraits  bien 
conservés,  et  un  bloc  de  marbre  portant  sur  une  de  ses  faces  l'empreinte 


\.  Sifzungsberklite  de  l'Académie  de  Berlin,  1883,   p.   430.   Cf.  Perrot,   Revur 
iirdiéologique,  1883,  II,  p.  5G. 

2.  Revue  archéologique,  1883,11,  p.  oO. 

3.  Revue  archéologique,  i983,  I,  p.  2/i8. 

l\.  Revue  nrchéol'igiifue.  1883,  il,  p.  03.  Les  fngments  conservés  à  Tcliinli-Kiosk 
sont  au  nombre  de  douze  ;  on  les  dit  de  toute  beauté. 


:\\\{\  HKM'K    AnC.IIKO|,0(;H.niK. 

do  Jeux  pied»  avpc  une  inscription  que  nous  ne  pouvons  tionnor,  fauto 
d'en  avoir  reçu  un  pslarapam»'.  Les  monumenlî  do  celle  dernière  classe 
sonl  a>si'z  noinluoiu  cl  oui  éU^  expliqués  comme  des  ex-volo  de  pèle- 
rins *.  Ils  se  sonl  surtout  renconlrés  jusqu'à  prt'sent  ;i  Kresos  de  Mity- 
h^ne. 

Les  premiers  résullala  t'pi^^raphiqucs  des  I milles  de  M.  Cavvadias 

à  l^:pi.iaure.  dont  nous  avons  d»^ji  plus  d'une  fois  entretenu  nos  lecteurs, 
onl  tMé  publics  dans  les  deux  fascicules  de  r'Kv/iatpi;  i::iYpa^t)cri  portant 
la  dale  du  23  mai  el  du  is  juillet.  (Jucitiues-unes  des  ins  ripiions  décou- 
vertes par  le  savant  explorateur  méritent  d'OAre  reproduites  ici  ;  nous 
renvoyons,  pour  les  conimenlaires  qu'elles  comportent,  au  journal  de  la 
Sociité  archcohgùjuc  d'Alhùnes. 

1.  Rasocarn'e;  lettres  d'époque  romaine  ('Ro    izy.  p.  2:i). 

Zt)vI  xcl\  'IhXûo  xal  -nâ?  v  ieiYEvÉedjiv 
ôXÇooÔtïi;  xal  èXeuOeçÎoi;  xat  ).u'7i'::ôvoi(ïiv 
lECOsâvT/,;  €l(î  {sic),  ôdi'r,  OeoTTEiOeï  yaûov, 
Aïo^évr,?  Ar,oû;  irporoXo;  nair.ovo;  Ipeù;  [sic) 
POA  £T£i  Σ:ar:o).r,(7aî. 

2.  Base  de  statue  {ibid.,  p.  27).  I.e  nom  du  sculpteur  est  nouveau. 

Atojv  Aau.o;}/(Àoy  'ApY-^^î  iT>oi-i\<st. 

3.  Hase  carrée  ;  lettres  romaines  (jVjjVi.,  p.  27).  Le  nom  du  poule  conjique 
est  nouveau. 

'H  tTOAi;  Ttov  'KTTioausîwv 

AlOU.T,OT,V    'A0t,Vo5i.')ÇOU 

'AOr,vaTov  roiTiTav 

Xt»JUWOl(T)V   àv£'OT,X£. 

4.  Parmi  les  nombreuses  dédicaces,  nous  citerons  la  «uivanlc  (/''»/., 
p.  -M). 


!.  Peut-être  :  AYI>.  .Wl'lAIIMOV   AIKAIIIIIA... 

a.  DiHIiicrrl  Mordiin-iriii,  Hiii'jiii/,/iik  m,,  Hi/z<inli<,'i.  fh-nh'n  lir.  tlr^  philos,  /listor. 
Klat'e  ,lef  K.  Ar<i<l.  zu  Wirn,  \Htil,,  |..  73,  pi.  VII  ol  Vil!  ;  B.i'ckli,  <\  I.  C,  /|940. 
Conw,  Hrt.e  iiuf  <ler  Intel  L'sIjus,  IlBnnovcr,  1H05,  p.  .3,»,  pi.  XIII;  Haoul-Roclutl.', 
M<*u,.  ,1e  IWrad.  ih'K  h„rr.,  XIII,  p.  23.T.  O.  Mullpr,  ll.iitilhwh,  S  /|.10.  'J. 


CIIIIO.NInLI      DOIllKNl'.  'Ml 

'\  itôXtc  à  xôJv   'MTTioaupîov  IIoXuxpaTYi  ECiâvOeoi; 
"Eitioaûfiov  avopa  (ptXoTraTjiiv  àYcovoOer/jiavTa 
ô'ti  àynfiMç   AttoXXcdveTi  xal   Ax/.aTtieTa  [xai 
Kotiffacîia  [sic]  àpExôE;  'i^tna, 

La  diTiiiùri".  oampai^ne  «le  rouilles  do  M.  (liiv^adi  is  a  dcjurii';  jihisieuri 
nouvpftux  texics  iinporlanlt:,  r)ue  M.  l'alumho  a  communiqués  on  partie 
nu  Musàm  de  Louvairi  (t.  Il,  u"  i).  Signalons  une  dédicace  curieuse  à 
Zcu.s  Kusios  : 

Ail  Kaai'o)  'KX)v(tvoxf«TT,;  'HpaxXeîSou. 

Mois  la  plus  remarquable  des  ilécouvcrles  d(;  M.  Cavvadia?  est  celle 
d'une  vingtaine  de  frai^nicnts  d'inscription  on  marbre  qui,  rap{iro(:hés  et 
rajustes  avec  soin,  ont  permis  de  reconstituer  presque  entièrement  deux 
des  stùlos  mentionnées  par  Pausanias  (II,  27,  3),  où  étaient  inscrits  les 
noms  des  malades  traités  dans  l'Asklépiéion,  le  nom  île  leurs  maladies 
et  les  remèdes  qu'on  leur  avait  appliqués.  Voici  le  texte  du  Périégùte  : 

— T/iXai   cl  £t(7T/,XS<JaV   EVTOÇ  TOÎi  TTeClCôXoU,   10    [xàv    àf/aTov    Xai    TtXÉoVEÇ,     £7:' 

t^koZ  Sa  I;  XoiTiaî.  Tauraiç  ÊYYEYpauaÉva  xai  àvSpwv  xai  Y^vaixwv  eîtiv  ovo- 
(xara  àxeaOÉvTwv  uTib  tou  'AcxXy)-ioû,  r.pdcETi  Se  xai  voij-AjuLa  o  ti  éxa^To;  evo- 
ffYjffe  xai  Sizoi:,  îaO'/)  •  y^YP*''^'^*'  °^  ^tovri  tt)  Awpîoi. 

L'une  des  deux  inscriptions  est,  dit-on,  presque  complète  et  comprend 
^2o  lignes  de  50  lettres  chacune.  11  est  à  peine  besoin  de  dire  que  nous 
ne  possédions  encore  aucun  document  de  celle  classe,  bien  que  les 
auteurs  y  fassent  parfois  allusion.  L'usage  des  registres  de  cas  et  de  pué- 
risons  paraît  avoir  été  assez  général  dans  les  Asclqiieia  du  monde  grec, 
dont  ils  étaient  comme  les  titres  d'honneur;  Hippocrate,  d'après  une 
tradition  antique,  aurait  dû  une  paitie  de  son  savoir  à  l'élude  des  re- 
gistres de  cas  conservés  dans  le  temple  d'Esculape  à  Cos.  L'inscription 
trouvée  par  M.  Cawadias  ne  manquera  pas  de  fournir  des  renseignements 
précieux  aux  historiens  de  la  médecine  antique,  et  nous  attendons  avec 
impatience  que  T'E-friaEsi;  àp/aioXoYixrî  la  fasse  connaître  en  entier. 

M.  Cawadias  a  encore  découvert  à  Lpidaure  une  petite  plaque  d'or, 
parfaitement  conservée,  portant  deux  têtes  de  style  archaïque  travaillées 
au  repoussé.  L'une  d'elles  est  celle  d'un  homme  barbu,  l'autre  celle  d'une 
femme  qui  tient  une  branche  de  palmier. 

Dans  l'Asclépiéion  môme,  les  fouilles  ont  mis  au  jour  un  puits  de  cons- 
truction ancienne,  profond  de  2.)  mètres,  dont  l'eau  élail  sans  doule 
employée  au  traitement  des  malades.  11  ne  serait  pas  impossible  qu'en 
l'explorant  avec  soin  on  ne  découvrît  au  fond  quelques  pièces  de  monnaie, 
offrandes  des  convalescents  oubliées  par  les  prêtres  du  sanctuaire. 

La  Stùo.  annonce  la  découveile,  à  Parus,  d'une  larricie  antique 


:{0S  iiKVUK  ah(;hE()L(k;i(.)UK. 

de  l'alb.ltre  qui  servait  h  la  fabrirnlion  des  petits  vases  dits  alabastra  ol 
tli'  di\or^  objets  d'ornement.  Suivant  M.  Cordella,  le  pr<*tendu  all).ltro 
.•iorait  seulement  lespiVe  la  plus  recherclu^c  du  inarhre  de  Paros,  que  les 
aucii'tis  appelaient  X-j/vi-nri;  nu  Xv>/veû;.  La  compagnie  belge  qui  exploite 
les  carriîres  de  l'Ile  :»  retrouxt^  detix  galeries  souterraines  i\  7U  pieds  do 
profondeur;  à  l'cntrOe  de  ebacune  d'elles  est  uu  mot  écrit  en  lettres 
^ou^;es  sur  le  marbre,  K\I1I-  et  l'^IlO.  M.  Cordella  se  plaint  qu'au  lieu 
d'exploiter  de  nouvelles  galeries  la  compagnie  fasso  poursuivre  les  tra- 
vaux dans  les  aIK•ienne^,  (jui  ne  tarderont  pas  ;i  <Mre  dt'ligurées  et  per- 
dues pour  la  scicQCC  *. 

La  Société  arrkriilnijKjnv  n  eu  la  inaiti  hcureust'  en  lHS:j.  Non  seu- 
lement elle  a  découvert  sur  l'Acropole,  <\  côté  de  beaucoup  d'inscrijUions 
et  de  fragmeuts,  les  deux  admirables  fêles  archaïques  dont  1' 'L^TjtAepK 
àp/aioXovixT,  a  donné  des  dessin»  (pi.  IV  el  VI).  mais  les  fouilles  entre- 
prises par  elle  ili  Eleusis,  sous  lu  direction  de  M.  i'hilios,  ont  donné  des 
résultats  aussi  importants  que  celles  d'Epidanre.  L' ' Ecpr,|JL£2i;  a  reproduit 
(pi.  V)  uno  télé  de  iemuie  archaïque,  du  style  le  plus  curieux,  découverte 
le  13  seplemhri;  dans  l'enceinte  sacrée  trLIcusis,  à  une  profomleur  de 
3", 50.  Elle  est  en  marbre  pentéiique,  un  peu  plus  petite  que  nature,  el 
porte  des  traces  de  coloration.  On  peut  y  reconnaître  une  Coré,  bien  que, 
suivant  la  juste  remarque  de  M.  Philios,  cette  dénomination  ne  s'impose 
pas.  Les  yeux  eu  amande,  la  saillie  des  pommettes,  le  travail  régulier  et 
comme  uu'ciuique  des  cheveux,  permettent  d'en  rapporter  l'exécution 
aux  dernières  années  du  vi»  siècle,  c'est-à-dire  à  la  période  d'archaïsme 
en  progrès  qui  précède  immédiatement  l'époque  de  Phidias.  M.  Philios 
avait  pensé,  d'après  des  indices  peu  concluants,  que  c'était  une  œuvre 
archaïsante  ;  mais  il  a  eu  raison  de  ne  pas  insister  sur  cette  hyputhése, 
qui  est  absolument  inadmissible. 

Les  inscriptions  découvertes  à  Eleusis  ont  été  publiées  en  partie  dans 
T'EçTiUEpiî.  Une  des  plus  importantes,  trop  longue  pour  être  reproduite 
ici,  est  un  fragment  de  compte,  dont  plusieurs  détails  sont  très  difliciles 
à  expliquer-.  L'épigramnie  suivante  fait  connaître  un  mot  nouveau, 
-rrjoiAJTTr,;  ;  nous  laissons  à  de  plus  hahiles  le  soin  d'eu  comprendre  les 
deux  dernières  lignes,  qui  sont  parfaitement  lisibles. 

^U  çtTvoi  OtjeTcOé  [xer"  eùxXe'  àvaxtoça  AT,oij; 

xai  Y^vf/jv  ra-rîpojv  eùxXeâ  llça^aYopa;, 
r,v  eTêWV  iMe/iTtù;  A'/iuoTTcaTO;  r/A  *hCK{<3Tr, 

({.yvte;  Aaooû/wv  àjx^ôxepoi  Toxetôv  • 

1.  l'/iilotofjische  Wochentchrift,  1883,  p.  I^j03ci  1437. 

2.  Cf.  un  aulro  rra|{iia-iil  de  coiii|il''»  Ue»  lipiulalc»  d'Eleusis  |iublic  par  M.  Fou- 
cari.  Itull.  ihj  rr,, , .  /iflldii. .  ihbli.  \>.  38«. 


(]HHON|OUK    h'oUlKNT.  "{O'J 

«XXd  (Jie  xal  7îai'5o)v  /otijeT  /os^;,  o7  to  IlfOjAyTTÔiv 
aXXtov  tv  TE^ETaT;  axÉi/act  /.'JjAociC/i  OiTav. 

Nou3  empruiilons  ;\  l"i;ï.r,tj.£pi;  un  anlie  docunn-'nt  épigraphiquc  do 
m(^me  (tiovcnarice,  dont  It;  lecteur  .iitpn'cierii  l'iiilércîl  : 

\.  'II  TToXi;  •  A(£Ûxiov)  Mtaaiov  eti  BoiiAÔ)  Hop(/.tov,  tÔv  àîrô  Aaooû/rov 
xat  àpyôvt(.)v  xai  aTpaTTjYwv  xal  dtYtovoOeTÔiv,  tov  xa\  aÙTOV  (A£Ti  tcÔv  oaX(»)v 
àp/ôiv  x«i  XiTOucvitov  ôcç;avTa  t-)iv  £7:(')vuac.v  ài/y,v,  xat  CTp.aTT,YÔv  et:!  ri  ^j'zXa 
xai  ÊTriUEXriTYiV  YUjAV«<jiap/îa;  Wsoij  A5f.iavov>  xat  àYwvoOeTyjV  Tfiç,  Trctî^Eur/iv 
•TE  TToXXdxt;  TTEcl  Twv  |jl£yÎ<ito)v,  Èv  oÏç  xal  iTEf  t  -ftooKi'ji'Xti,  aur,-avTa,  Trapov-ro; 
HeoîJ  'ASptavoù,  au-/i(7avTa  Heov  Aoûxtov  (>Or,çov  'Apîi-evtxôv,  llapOtxôv  xat  AO- 
TOxpdtTopa  M(apxov)  A'jpviXtov  'AvTtovTvov  xat  IM(âpxov)  Aùpr'Xtov  Kô;-iu.o5ov 
rEpi/.avtxob;,  iapu.a-rtxobç,  ÀEixoupYi^aavTa  xoTv  0eoTv  etcîiv  vç  (?)  tov  àp/,i£- 
p^(OV  (?)  TOV  cptXoTtaTptv. 

Le  second  article  de  M.  l'hilios  se  termine  par  une  inscription  du 
iv"  sit'cle  en  l'honneur  de  l'IiiL^rophanle  Xatpr'Tio;,  e-jvouç  o>v  Tto  YÉvEt  roi 
TE  Kvjpûxtov  xat  EOaoXTTiowv,  dt'cret  rendu  par  les  Ct^ryces  et  les  tumol- 
pides,  qui  décernent  à  l'hii^rophante  une  couronne  de  myrte  (xat  (TTE-iavôi- 
<jat  (xitppt'v/;;  sTî'^avo),  w;  TraTpidv  Ècxtv  aÙTtj).)  Le  sens  de  CCS  quatre  der- 
niers mots  est  loin  d'être  clair. 

A  Tatoi,  l'ancienne  Décélic,  où  le  roi  de  Grèce  possède  une  rési- 
dence d'été,  OQ  a  découvert  une  stèle  de  marbre  portant  un  décret, 
grave  cTOty/iodv,  que  M.  Koumanoudis  a  publié  dans  le  second  fascicule 
de  r 'Kç-rî;x£piç.  C'est  un  document  capital,  qui  fait  connaître  entre  auires 
le  nom  d'une  nouvelle  phratrie,  celle  des  AriaoTtojvîoat  '.  Les  extraits 
suivants  donnent  une  idée  du  contenu  de  ce  texte,  (jue  M.  Koumanoudis 
a  conuiienté  avec  son  savoir  et  son  laconisme  habituels. 

AI02:  <I>PATPIOvu).  —  'IspEÙç  BcdSiopo;  Eù^avTioo  avÉrpayE  xa\  Iz-rr^st 
TY,v  <7Tr|ÀrjV.  'UiioWuva  T(ot  tECîT  otco'vai  TaOE  •  ot-o  to  iXEto  xo)Xr|V.  zXsupov, 
oç,  àpYupio  III  •  àrô  TO  xopEio  xo)Xr,v,  TXsupôv,  o;...  TaOE  £Ôo;£v  toT;  sp»- 
TECiTt  £-1  <!>opa(t.)vo;  ap/ovTO?  '\6-/)vatot;  (en  390  ;iV.  J.-G  ),  ipaTptap/dvTo; 
Se  IlavTaxÀÉo;  £;  Oto.  'IecoxXy);  eitte  •  ô  zôffoi  \i:'r-M  ou^iyAç^ir^'yoL'^  xaTa  tov 
vo'ijLov  tov  A7)[xoTt(i)vtSâiv,  otaStxduat  TEpt  aCiTtov  to;  cppotTEpaç  aÙTtxa  l-tâXa, 
Û7ïO(j^d[X£voî  -xzoq  to  Ato;  to  cppaTpto,  oÉpovTa;  —r,v  'l/r^'iov  à-zo  xo  Bo)u.o  •  o;  o 
tcj  od;T,t  a^  wv  cppotTr,o  IdayOr.vai,  £;aAEt'|'âT(j)  to  ovoaa  aÙTO  ô  Up£^>;  xat  6 
çpaTpîap/o;  ex  tô  '(^oiu.[LOi-îio    xo  ev  ArifJiOTiioviSwv   xat  to   àvTtYpotç-o   •   6  5e 


1.  On  connaissait  jusqu'à  présent  trois  ou  quatre  noms  de  phratries,  les  'Axviiîai 
(C,  I.G.,  463),  tes  .iya),£ï;  (C.  /.  /i.,  II,  600),  les  eeppix...  (Mittheil.,  II,  p.  1868) 
et  pcut-ùtre  les  Zaxvxoai  [Mitt/ieil.,  IV,  p.  287).  Il  reste  encore  au  moins  sept  noms 
à  dOteriuiner. 


400  IIKVUK    ARClIKOLUCIorK. 

«ffavavù)v  Tov  îroâtxsaOévra  ô^ctXtTtu  ixaTOv  oca/jjii;  •  itpi;  tok  Au  toh  Cipa- 
Tptu».  x.  T.  X. 

COi  dispobiliotis  ot  d'niitrcs  rnooro,  pdiir  in.unlfiiir  les  piiralrios  dans 
leur  pureté,  pi'u\«Mil  Oln*  lapprotln'o.x  df  n'ilcs  qii'iiitliijuo  tiii  détrcl  de 
(los,  publié  par  M.  Dubois  dan>  lo  llttllrtin  (/«■  ((«ncspu/K/uncc  hilliiuvjue 
l.  M.  p.  ?4'.M.  di'-crol  qui  n  pour  bul  de  n'lal>lir  iiuf  lislc  cxacii'  des  ado- 
rateurs autorisés  d'Apollon  et  d'Ih'iacli's  au  sam  luaiie  d'Ilalasarna.  O^'iul 
à  la  première  partie  de  l'inscription  de  Taloi,  relative  aux  droits  du  prétro 
sur  les  produits  dos  sacrifices,  elle  rappelle  un  dt'crel  athénien  fixant  les 
linq  espùccs  de  préuiices  que  doit  recevoir  la  prOIresse  de  Démêler 
Cbloé'. 

Le  compte  rendu  des  travaux  de  \a  Société  arc/iéo/oj/iiyuc  de  janvier 

!SH2  à  janvier  iSs;j  permet  de  se  faire  une  idée  exacte  de  l'aclivité  vrai- 
ment admirable  de  cette  compagnie-.  Le  volume  s'ouvre  par  un  rapport 
général  de  M.  Kounianoudis  ;  il  annonce  que  des  mesures  ont  été  prises 
dans  la  partie  nouvclleuienl  annexée  de  la  Tlie-^s  ilie  poui  la  prolection 
des  moounients  antiques.  L'école  de  Larissa  contient  déjil  niil  snilpiures 
cl  inscriptions.  D'autres  objets  trouvés  dans  cette  province  ont  été  tiaus- 
poi  tés  au  Musée  d'Albènes  K 

M.  Stamatakis  rend  coniple  d'une  fouille  qu'il  a  conduite  près  de 
Thespii'e  ;  il  y  a  découvert  une  sorie  de  polyan'lrion  dans  le  genre  de 
celui  de  Chéronée,  entouré  d'un  mur  quadiangulaire.  Devant  le  milieu 
du  mur  septentrional  se  trouve  un  lion  de  grandes  dimensions.  Plusieurs 
ïlèles  funéraires  ont  été  employées  postérieurement  au  pavage  d'une 
route  qui  longe  l'enceinle  vers  le  nord  ;  elles  contiennent  des  listes  de 
noms  de  guerriers  tombés  dans  une  bataille,  peut-é'.re  dos  Thespiens 
morts  à  Platées,  bien  que  la  l'orme  des  lettres  ne  paraisse  pas  indiquer 
une  date  si  ancienne. 

.M.  Cavvadias  raconte  les  fouilles  qu'il  a  conduites  à  tpidaure  sur 
l'emplacement  du  célèbre  thulus  de  Polycléte  et  du  temple  (i'Lsculape. 
Au  théâtre,  exploré  en  grande  partie  l'année  précédente,  il  a  mis  au 
jour  les  murs  d'angle  de  la  cawa  ;  la  scène  a  été  refaite  à  une  époque 
tardive  avec  des  matériaux  divers  provenant  du  Ihécllre  lui-même.  Ouant 
aux  statues  d'Lscnlape  et  d'iiygie,  que  l'on  avait  annoncées  dans  les 


1.  C.  /.  A.,  11,  031,  I.  10  :  Ar,iAT,T(X);  X).or,;  icpt'.a  •.cf,;o)<îj/a  :  Il  :  ôtiaia;  xptiLv, 
îrj{>ô>v  r,|iuxTC<i)  :  III  t  |jlc)ito,  xoTj)r,;  :  III  :  èXaioy  TpiûoT  xotvàûv  :  IC  x.  t.  )..  Cf. 
Martlia,  la  Suce nloces athéniens,  lb82,i).  l'Jl;  Newton, /iv,T«i/v  o« '/f<  nnd  arc/iœo- 
loyij,  18»0,  p.  158. 

2.  llf<a/.Tiy.a  rr,;  cv  'AOt.vxi;  àf./aio/OYtXTi;  tTat^tia;,  àno  lavo-jafioj  18H2  ju/pi 
'Ixtvj'^wj  1883.  "A'ÏTiVT.aiv,  tx  tov/  rjnoYf-a^tiou  àô:>;p«ôv  IU(<pr,,  1883.  .M.  Clir.  Bclger 
a  doiiut:  un  cnuiptorcndu  détaillé  de  ce  voluoic  dans  la  l'hilologische  W'ochenit/infi 
du  37  ortubrc  courant,  p.  llibo. 

a.  Mittheiluuijen,  t.  VIII,.  pi.  Il  cl  111. 


ClinONIQUK  d'oriknt.  -401 

journaux    comme  des  œn\ros  de  Polyclùlt',  ce  ^;onl  cprlaincmeiil  des 
niarbii's  d'('jio(]iie  ronmine  et  d'iitie  valeur  arlblique  luôdiocrc. 

1-e  plan  du  thuhs  a  ùU\  dresse^  par  M.  Zenopulos  cl  les  drtaila  dessinéii 
par  M.  (jilliérou,  excellent  artiste  français  établi  depuis  longtemps  ^ 
Atliî-nes  cl  qui  a  collaboré,  enire  autres,  i  la  publication  du  tombeau  de 
Mt'nidi.  il  ne  re.«-te  en  place  que  les  murs  de  fondation,  mais  on  a 
recueilli  d'assez  nombreux  fiagnients  du  reste  de  l'i-dilice  pour  qu'une 
restauration  vraisemblable  ne  soit  pas  impossible.  Le  monument  pré- 
sente quelques  analogies  avec  le  l'Iiilippéion  d'Olympic.  I/a^pect  extérieur 
élait  celui  d'un  temple  rond  entouré  de  deux  rangées  de  colonnes, 
doriques  .\  l'extérieur  (iu  nombre  de  24  et  épaisses  d'un  métré)  et  corin- 
tbiennes  à  l'intérieur  (épaisses  de  0"',(iO).  On  n'a  pas  retrouvé  de  cbapileuu 
des  colonnes  doriques,  mais  il  existe  des  métopes,  des  tuiles,  des  télés  de 
lions  formant  gouttières  d'un  excellent  travail,  enfin  tous  les  élénienls 
constiluliis  des  colonnes  corinthiennes.  M.  Belger  a  exprimé  le  désir 
qu'un  arcliitecte  compétent  ne  tardât  pas  à  se  rendre  sur  les  lieux  ;  nous 
ne  pouvons  que  nous  associer  à  ce  vœu,  avec  l'espoir  qu'il  sera  entendu 
de  quelque  pensionnaire  de  la  villa  Médicis. 

A  2o  métrés  environ  du  tholos  on  a  mis  au  jour  les  fondations  d'un 
temple  dorique  long  de  24",70  et  large  de  13°',20.  Parmi  les  débris  se  sont 
trouvés  de  nombreux  fragments  de  sculptures  provenant  des  frontons; 
le  fronton  de  l'est  représentait  une  ccntauromuchie,  celui  de  l'ouest  un 
combat  d'Amazones.  Au  dire  de  M.  Cavvadias,  ces  fragments  seraient 
d'une  grande  beauté.  Comment  se  fait-il  que  les  arcbéologucs  grecs  ne 
puissent  pas  s'babituer  aux  procédés  de  la  photographie,  procédés  qu'un 
enfant  peut  apprendre  aujourd'hui  en  quelques  heures?  Le  moindre 
cliché  vaut  mieux,  pour  le  public  savant,  que  les  descriptions  les  plus 
enthousiastes,  où  des  clichés  d'un  tout  autre  genre  tiennent  souvent  lieu 
de  renseignements  précis. 

Le  rapport  de  M.  Philios  sur  les  fouilles  d'Eleusis  est  accompagné  d'un 
plan  provisoire  dressé  par  M.  Uœrpfcld,  l'architecte  attaché  à  l'Institut 
allemand  d'Athènes».  Les  fouilles  ont  porté  seulement  sur  le  grand 
temple  :  pour  les  achever,  il  faudra  détruire  les  cabanes  de  Lefsina,  que 
la  Société  archéologique  a  peu  à  peu  rachetées  depuis  dix  ans.  Les  tran- 
chées creusées  par  les  Dilettanti  en  18 H  avaient  été  comblées  depuis 
celte  époque  et  presque  tout  le  travail  était  à  refaire.  Les  Dikttanti 

1.  l':n  présence  du  grand  développement  que  les  travaux  d'excavation  ont  pris 
en  Grèce,  il  serait  bien  nécessaire  qu'un  arcliitccie  de  profession  résidât  aussi  à 
l'École  française  d'.Mhùncs.  Les  arcliitectes  de  la  villa  Médicis  qui  viennent  passer 
h.  tour  de  rôle  quelques  mois  en  Grèce  sont  entravés  dans  leurs  travaux  par  l'icno- 
rance  d^;  la  langue,  souvent  aussi  par  les  effets  d'un  climat  auquel  ils  n'ont 
pas  eu  le  temps  de  s'iiabituer .  Ne  pourrait-on  pas  envoyer  à  Athènes,  pendant  une 
année  entière,  les  seconds  grand-prix  d'architecture  du  concours  de  Rome,  aux 
mêmes  conditions  que  les  membres  de  l'École? 

Iir"  SÉIUK,  T.  11     —  27 


403  nKVOB    AHCUÈOLOOKiUK. 

d'aillcuii  .0  sont  ln.mp.•■^  on  bu-n  dos  points.  Au  liou  do  quatre  ranpi^es  do 
.opt  colonne»  à  Tinl.  riour  du  tomplo,  il  y  on  aNail  ccrlainomoul  six.  Au 
heu  d'une  soûle  enln^o  du  cOtô  df  Tosl,  .1  y  on  avait  doux,  Vuuo.X  losl  e 
l'autre  i  rouesl.  Un  détail  tout  à  fait  nouvoau  ost  l'.Mstonce  do  huil 
depiés  à  rintéricur  du  temple,  sur  lesquels  so  tenait  la  foule  dos  tidôies 
pendant  rarcon.plisscment  des  c.*r.Wnonies  du  culte. Ces  deyrés  s'appmonl 
aux  quatre  murs,  mais  au  nord-<.uost.  où  le  leujpie  touche  au  rocher, 
ils  sont  creusés  dans  le  roc  lui-m.^.ne  au  lieu  de  former  une  construction 
dislinclc.  Malheureusement,  l'intôrieur  du  temple  u  ôlé  .lélruilou  bou- 
Icverié  do  fond  en  comble,  de  sorte  qu'une  rcslauraUon  complète  sera 
toujours  diftlcile. 

Nous  avons  déjà  fait  mention  des  inscriptions  découvertes  par  M.  Philios 
et  de  la  belle  léte  de  femme  d'ancien  style  qu'il  a  public'c  dans  T'Est,- 
jiffi,-.  Un  torse  de  femme  archaïque  doit  paraître  dans  un  prochain 
numéro.  L"E!piiîXEfi;  a  également  fait  connaître  (fasc.  Il,  p.  iOl)  des 
marques  cl  tles  lettres  d'assemblage  lues  sur  les  pierres  de  fondation  du 
lomide  et  sur  les  tuiles  de  la  toiture.  Les  fouilles,  qui  ont  coûtô  jusqu'à 
présent  Iti.OnO  drachmes,  ont  donné  plus  de  100  inscriptions  et  :iO  frag- 
ments de  sculptures. 

Knfin,  quelques  travaux  moins  importants  sont  briévomenl  indiqués 
dan»  l&j'llpaxTixâ.  .M.  Stamatakis  a  étudié  le  tombeau  de  Corinthe,  orné 
à  l'intérieur  de  peintures  romaines,  dont  une  excellente  copie  se  trouve 
depuis  INHU  au  musée  de  Patissia.  \  Sicyone,  il  acquit  pour  le  musée  un 
lion  de  marbre  long  de  f",10.  En  outre,  le  même  épistatc  a  ouvert  300  tom- 
beauxàTanagre  et  découvert  quelques  bijoux  en  or  et  trente  inscriptions 
funéraire?.  Nos  lecteurs  connaissent  déjà  les  importants  travaux  entrepris 
sui  l'acropole  d'Athènes,  au  sud  du  Pailhénon  et  à  l'enlour  du  petit 
musée. 

Ou  sait  que  les  fouilles  de  Pergame  ont  été  reprises  au  mois  de 

mai  dernier  par  MM.  Bohn  et  Fabricius,  en  l'abseuce  de  M.  Cari  llumann 
chargé  d'une  mission  eu  Commagèae.  Comme  le  Urman  de  l'Allemagne 
était  expiré,  la  Porte  n'avait  d'abord  consenti  à  le  renouveler  qu'à  la 
condition  que  les  objets  découverts  revinssent  de  droit  au  musée  ottoman. 
A  force  de  parlementer,  on  réussit  à  obtenir  des  condilions  moins  dures  : 
il  fut  stipulé  que  toute  antiquité  complétant  les  }truduiLs  des  fuuilks  anté- 
rieures 'jui  se  trouvent  déjà  au  musée  do  Berlin  serait  cédé  à  la  commission 
allemaiido.  .MM.  Hohn  et  Fabricius,  très  préoccupés  de  compléter  les 
découvertes  des  années  précédentes,  ont  démoli  jusqu'aux  fonJoincnls 
le  mur  byzantin  qui  formait  une  enceinte  au  sommet  do  l'acropole,  et  ils 
sont  parvenus  à  dégager  du  nmr  cent  cintjuante  fragments  de  dilTérenles 
grandeurs  faisant  partie  de  la  Gigantoiuachic  et  du  groupe  de  Télépho, 
aiuai  qu'un  bon  nombre  d'inscriptions.  Parmi  les  fragments  importants 
de  la  (.iganlomachie  se  trouvent  un  pied  colossal,  uno  télé  de  géant  dont 
l'œil  cbl  percé  d'une  llèche,  ut»e  grande  léle  du  femme  et  uuo  této  de 


CHHONigUK    U'OIUK.M.  iO!J 

serpent.  Des  IVagmcnts  nouveaux  portent  des  noms  de  grarilB  et  mCiin', 
assurc-l-on,  des  noms  d'uriistey.  Le  groupe  de  Ttlùphe  .«-'est  eniiclii  de 
deux  figures.  L'élude  des  inscriptions,  qui  sont  très  remarquables,  a  par- 
ticuliùiement  occujiô  M.  Kabricius.  Lo  gouverncnient  turc  recevra,  pour 
sa  part,  une  grande  statue  d'une  prClroïse  de  .Minerve  l'olias  et  un 
nombre  considt^ralilc  de  liagmonls  de  sculptures  et  d'inscriptions.  Au 
commencement  du  mois  d'octobre,  on  avait  démoli  00  mètres  du  mur 
byzantin  ;  il  en  restait  encore  autant  à  détruire.  Les  découvertes  nouvelles 
ont  jeté  beaucoup  de  lumière  sur  le  plan  des  édifices  déblayés  dans  la 
lircniiùre  [tériode.  Les  fouilles  actuelles  ont  d'ailleurs  moins  pour  but 
d'cnricliir  le  .Musée  de  UciVui  que  de  compléter  et  de  préciser  les  résultats 
des  rechercbes  antérieures.  Remarquons  encore  que  la  convention  passée 
entre  l'Allemagne  et  la  Porte  pour  la  répartition  des  dépouilles  est  un 
modèle  d'équité  et  de  bon  sens;  elle  nous  autorise  à  espérer  que  la 
Turquie  se  fera  ilésurmais  une  loi,  comme  en  cette  circonstance,  de  con- 
cilier les  intértMs  de  ses  collections  avec  ceux  de  la  science,  auxiiuels  la 
dispersion  des  fragments  d'une  même  œuvre  cause  un  préjudice  presque 
irréparable. 

Chargé  par  le  ministère  de  l'instruction  publique  d'une  mission 

archéologique  en  Tunisie,  nous  devons  pren  Ire  congé  ici,  pour  quelques 
mois,  des  lecteurs  de  la  Revue.  Notre  prochaine  Chroniqut  les  mettra  au 
courant  des  découvertes  dont  l'Orient  grec  aura  été  le  théâtre  pendant 
cet  intervalle.  Quant  k  celles  qu'il  pourrait  nous  arriver  de  faire  dans 
l'.Vfrique  française,  la  iltTuc  serait  des  premières  à  en  être  informée. 
C'est  un  devoir  pour  nous  de  remercier  nos  correspondants  de  Smyrne, 
de  Constantinople  et  d'Athènes,  au  moment  où  nous  suspendons  la 
publication  régulière  de  cette  Chronique  qui  est  en  grande  partie  leur 
œuvre,  délaissant  l'archéologie  de  cabinet,  qui  marque  les  points,  pour 
revenir  à  l'archéologie  militante,  qui  joue  la  partie. 

SALOMON    REIiNACn. 


lUBLIOC.RAlMlIK 


Le  Cimetière  gallo  romain  de  la  FoS''e  Jean-Fat,  à  Reims,  par 
Aie.  NiCAisr.  Ik'iiiis,  K.  Hcnarl,  lt>b;i,  iii-S  ilo  1>0  pages,  avec  un  album  composé 
de  h  planches  iii-folio. 

.\u  Cniigri'3  de  la  Sorbontio  lenu  au  mois  de  mars  1S.S3,  M.  A.  Mcaisc 
a  lu  une  communicalion  relative  à  des  ol>jels  antiques  recueillis  dans 
ua  cimetière  antique  connu  depuis  un  certain  nombre  d'années.  Ce 
cimeliùre  est  situé  au  nord  de  la  ville  de  H<Mms,  entre  la  roule  do  Neuf- 
cliAlel  et  le  faubourg  de  Laon.  M.  Nicaise  a  acquis  l.i  plus  grande  partie 
des  objets  trouvés  dans  les  fouilles  de  1881,  et,  aprùs  en  avoir  fait  part 
aux  savants  réunis  ;\  l'occasion  du  (loni^rés  des  sociétés  savantes,  il  a  jugé 
à  propos  d'en  faire  l'objet  d'une  publication  spéciale. 

Dans  le  nombre  des  objets  antiques  trouvés,  on  remarque  un  certain 
nombre  d'inscriptions  romaines;  c'est  un  fait  important  pour  le  pays, 
car  on  n'ijinore  pas  combien  la  métropole  de  la  .Seconde  Ik'lgique  était 
pauvre  jusqu'à  ce  jour  en  monuments  épigrapbiqucs.  Ces  inscriptions, 
par  elles-n)Cmes,  n'ont  pas  un  très  grand  intérêt,  mais  cependant  elles 
révèlent  quelques  noms  propres  gaulois.  Signalons  aussi  des  urnes  en 
terre  portant  sur  la  panse  trois  trous,  percés  dans  l'argile  après  la  cuisson 
cl  disposés  en  équerre,  deux  et  un.  M.  Nicaisc  suppose  que  ces  trois  trous 
étaient  destinés  à  représenter  une  figure  humaiiit';  ces  urnes  cinéraires 
ont  servi  à  des  sépultures  par  incinération  et  se  trouvent  a^scz  fréquem- 
ment dans  le  territoire  de  U^-'ims. 

Nous  fai?ons  des  vœux  pour  que  celte  publication  devienne  la  première 
livraison  d'un  album  archéologique  consacré  aux  antiquités  de  la  Cham- 
pagne. Il  appartient  i  .M.  Mcaise  de  reprendre  l'œuvre  commencée  par 
M.  .M'jrel  et  interrompue  par  les  fondions  publiques  qui  ont  forcé  notre 
'  onfit'TC  à  s'éloigner  de  cette  région. 

.\.  I.K  |{. 


'J'  A  15  L  K  S 

'"^     lOMI.    Il     |)|;    r.A    TIU)lSIf:MI,    M:|;|| 


1.  —  TA  nu:    DES    MATIÈRES 


Nouvelles  explorations  dans  les  communes  de  Plozévet  et  de  Plou- 
hinec  (Finistùre),  sépultures  de  l'époque  de  bronze,  par  M,  I'aim. 
DU  Chatellier 

Un  symbole  religieux  de  l'A^e  de  bronze,  par  M.  le  Inron  de  Bon- 

STETTEN  


I 
20 


Sylloge  vocabulorum  (recueil  pour  servir  à  la  collation  et  à  la  des- 
cription des  manusctits  grecs),  par  M.  Alfred  Jacob  {troisième  et 
dernier  article) 29 

Notice  sur  une  remarquable  particularité  que  présente  toute  une 
série  de  milliaires  de  Constantin  le  Grand,  par  M.  J.  P.  I^evei.lt.       39 

Bulletin  mensuel  de  l'Académie  des  inscriptions  (juin) 49 

Société  nationale  des  antiquaires  de  France  (présidence  de  M.  r;. 
Duplessis) ;;3 

Correspondance  et  nouvelles  archéologiques ne, 

Chronique  d'Orient,  par  M.  Sai.omon  Reinacii 00 

Femme  tenant  un  serpent,  bas-relief  gallo-romain  découvert  à 
Xertigny  (Vosges)  et  déposé  au  musée  d'Épinal,  par  M.  F.  Volt.ot.      60 

Notice  sur  une  remarquable  particularité  que  présente  toute  une 
série  de  milliaires  de  Constantin  le  Grand  {suite),  par  M.  J.  P.  He- 

VELLAT ,;q 

Lettre  à  M.  Egger  sur  deux  inscriptions  grecques  inédites  de  la 
Russie  méridionale,  par  M.  Ladislas  Jlrgievitcu  7!i 

Observations  sur  la  chronologie  de  quelques  archontes  athéniens, 
postérieurs  ;\  la  (:.\.\ll>-  olyrDpjade,  par  M.  Saiomon  Reinacii 01 


106  riRVlR    AnCHI^OLO^.I0DE. 

l.i'.<  huître?  nonrries  on  onu  doiiro  dans  l'nnrienno  Aqnitaiiio  (iiro- 
Mt^no  d'archtV)logi(«  et  île  zooL^thiquo),  pHr  M.  A.  K.  I.ii> vhk 1(i2 

Uullclin  mensuel  de  l'Acadi^mie  des  inôcriptions  (juillet) lOii 

Société  nationale  des  aiitiquaircs  »le  France  (présidence  df  M.   (i. 
nuplossis) H  ■-' 

Correspondance  et  nouvelles  archéologiques 1 1^' 

Chronique  d'Orient,  par  M.  Salomon  Heinach <  -0 

Bibliographie  :  \.  C.ross  (Victor).  —  Les  l»rotohelvètcs  ou  les  pre- 
miers colons  sur  les  bords  des  lacs  de  Mienne  el 
de  Neuch.llel  (par  M.  A.  de  Haiitii(^:lkmy) 120 

—  2.  Maxk-Wkri.y  (Léon).— Collection  des  monuments 

épigraphiques  du  Rarrois  (par  M.  P.  «'.Iiarles 
HoHEnT) 1 2S 

—  3.  TAiLLKBOis(Emile).  —  Inscriptions  gallo-romaines, 

décoDverlos  dans  le  département  des  Landes. — 
Le  même  :  Hechcrohes  sur  la  numismatique  de 
la  Novempopulanie  (j^ar  M.  HoiiEni  Mowat) \'.\\ 

—  4.  La  Croix  (P.  de).  —  Mémoire  sur  les  découvertes 

de  Sanxay  (par  X.) 1 32 

—  5.  Heizey  (Léon).  —  Catalogue  des   figurines  an- 

tiques de  terre  cuite  du  Musée  du  Louvre  (par 

M.  L.  Pottikr) !  33 

Exploration  des  terrains  tertiaires  de  Thenay  (les  silex  qui  »  n  pro- 
viennent portent-ils  des  traces  de  travail  humain  ?),  par  .M.  Ahei. 
Maître 1 37 

In  glaive  en  bronze  daté  du  xiv»  siècle  avant  notre  ère,  note  de  la 
Direction U;} 

Notice  sur  une  remarquaMe  particularité  que  présente  toute  une 
série  de  milliaires  de  CoiislaïUiu  le  lirand  (stiJÏt),  par  M.  J.  P.  Re- 

VELI.AT I  4S 

L'orlôvrerie  d'étain  dans  l'antiquité  (suite),  par  M.  Germain  Rapst..  .  I."i<'» 

Inscriptions  grecques  découvertes  en  Egypte,  par  M.  K.  Mn.i.Ku 172 

Mulletin  mensuel  de  l'Académie  des  inscriptions  (août) 18:» 

Ojrreïpondance  el  nouvelles  archéologiques 1 00 

Chronique  d'Orient,  par  M.  Salomon  Heinach 102 

Bibliographie  :  Darmesteter  (James).  —  Essais  orientaux  (par  C.  P.).  los 
Le  vase  de  brunzc  du  <^alillon,  commune  de  Sainl-Ji'an-sur- Tourbe 


TABLK    DKS    MATII.UF.S. 


'j()7 


(Marne),  d'aprCis  les  noies  (W.  M.  Edouard  l'ourdrignier,  note  de  la 

Direction '^"* 

Nolo  sur  les  fouilles  faites  A  ['réiiesto,  on  1^82,  par  M.   Kmmamki. 

Ferniode 205 

!/ii)8criplion  d'Ilasparren  et  les  Novem  Populi  (lettre  ;\  M.  A.  I.oii- 

gtion),  par  M.  ICunkst  DESJAnDiNs 213 

Los  scènes  de  banquets  peintes  dans  les  catacombes  romaines  et  no- 
tamment dans  celle  des  SS.   Marcellin  et  Pierre,  par  M.  Loiis 

I.KPonT 2-4 

L'orfùvreric  d'étain  dans  l'antiquité  (kuHc),  par  M.  Geumain  Bai-st..     235 
RuUctin  mensuel  de  l'AcadOmio  des  inscriptions  (septembre) 2u0 

Sociélé  nationale  des  antiquaires  de  France  (présidence  de  M.  (i. 

Duplcssis) 255 

Correspondance  et  nouvelles  archéologiques i">l 

Chronique  d'Orient,  par  M.  Salomon  RErNAcn 201 

Fouilles  dans  les  nécropoles  de  Watsch  et  Sanct-Margarethen,  en 
Carniole,  par  M.  SalomoxN  Beinach 205 

Des  projectiles  cylindro-coniques  ou  en  olive,  depuis  l'antiquité  jus- 
qu'à nos  jours,  par  M.  René  Kervu-er 281 

L'orfèvrerie  d'étain  dans  l'antiquité  {suite),  par  M.  Germain  Bapst..  .     288 

Lettre  adressée  à  M.  G.  Perrot,  directeur  de  la  Revue  archéoloyique, 
par  M.  R.  Gagnât. 30fi 

Essai  d'interprétation  d'un  fragment  du  Carmen  Apologeticum  de 
Commodien,  par  M.  B.  Albé 312 

Bulletin  mensuel  de  l'Académie  des  inscriptions  (octobre) 321 

Correspondance  et  nouvelles  archéologiques 328 

Bibliographie  :  1.  Undset  (D"^  J.).  —  La  première  apparition  du  fer 
dans  l'Kurope  septentrionale,  traduction  alle- 
mande de  J.  Mestorf  (par  M.  Saloaion  Reinach).     331 

—  2.  Arbois  de  Jdbainville  (H.  d').  —  Lssai  d'un  cata- 
logue de  la  littérature  épique  de  l'Irlande  (par 
H-Y) 333 

Lessarcophages  anthropoïdes  du  musée  de  Palerme,parM.G.PEBROT.     337 

Essai  d'interprétation  d'un  fragment  du  Carmen  Apologeticum  de 
Commodien  {suite),  par  M.  B.  Aubl 342 

Inscriptions  de  l'oracle  de  Dodone  et  pierre  gravée  (communication 
faite  à  l'Académie  des  inscriptions),  par  M.  C.  Carapanos 354 


40H  HKvi'K  An(:iii^.ni.oGioDR. 

Lorfèrrorie  d'étain  dans  l'antiquité  {suite),  par  M.  Cermain  Hapst.  . .     ur»  i 

Bulletin  mensiiol  di»  rAcaJiWnif  des  inscriplions  (novembre) Me, 

SacJtHô  nationale  des  antiquaires  de  IVance  (prc^sideiice  de  M.  (1. 
Puples-is) :jS4 

(•orrespoiidancc  el  nouvelles  archéologiques 387 

(.hronique  d'Orient,  par  M.  Saiomon  Heinaiii.   'MV] 

IUI)lioprai»hie  :  Nicaise  (A.).    —  Le  cinieliére   gallo-romain    de  la 

Fosse-Jean-Kal,  à  Ueiuis  (par  A.  de  11.) 4o4 

Il    —   r  A  H  L  i:    A  L  ni  A  B  Ê  T  K)  U  E 

l'AK     NOMS     DAUTKUHS 

Académie  des  inscriptions in,  loo,  iSfJ,  21)0,  321,     370 

Aniiois  DK  JuiiAiNviii.K  (H.  d').  —  Kssai  d'un  catalogue  de  la  littéra- 
ture épique  de  l'Irlande.  (Hibl.,  par  II-y.) 333 

AuBÉ  (B.).  —  Essai  d'interprétation  d'un  fragment  du  Carmen  Apo- 
logeticum  de  Commodien 312,    342 

Bapst  (Gebmain).  —  I, 'orfèvrerie  d'élain  dans  l'anliquiié.     liiO,  233, 

288,    339 

Babthélemy  (A.  de).  —  Les  l'rolohclvôtes,  par  Victoi»  Gnoss.  (Bibl.)..     12r> 

BoNSTETTEN  (baron  de).  —  Un  symbole  religieux  de  l'.lge  de  bronze.      20 

Gagnât  (B.).  —  Lettre  adressée  à  M.  (i.  l'errol,  directeur  de  laiteiue 
urchvoloijique 30(i 

Cahapanos  (C.).  —  Inscriptions  de  l'oiacle  de  Dodono  et  pierre 
gravée 3:»4 

ConitESPONDANCE     Et    NOUVELLES    AUCIIÉOLOGIQL'ES.       ;i(»,    113,    l'.tO,    227, 

328,     387 

La  Choix  (I*.  de).  —  Mémoires  sur  les  découvertes  dv.  Sanxay.  (liibl., 
par  X.) 132 

Dahmesteteh  (JAMb:!>).  —  Lssais  oricnlaux.  (IJibl..  par  (..  I'.) l'iS 

I)e«jabdins(Kiinest).  —  L'inscription  d'ilasparrcn  el  les  Novem  Populi.     2i;i 

Dr  Ghateli.ikh  (I'aii.).  —  Nouvelles  explorations  dans  les  communes 
de  IMoz'vet  el  de  IMouliincc (l'inislùre),  sépultures  de  l'époque  de 
bronze I 

Febmoue  (K.).  —  Noie  sur  des  fouille»  faites  A  l'ronesle  en  |HS2 2():j 


iAiii.i    \i  l'iiMii. hi..i;k  l'vii  noms  i)',\iJTKfns.  iflî» 

FoiiiiDniCNiKii  (l'JiouAitD).  —  1 .0  vu-0  de  biorizc.  ilii  Cutillon,  rorii- 
mune  de  Saint-Jtmri-sur-Tourlie  (Miirnii) Joi 

(ii.AivK  (i'n)  en  bronze  daté  du  xiv  .siùcle  iiv.iril  iiolrc;  t'Tc.  note  de 
la  Itireclion '  '»•• 

(inoss  (Vu.Toit).  —  1.08  Protoliflvèlcs,  ou  les  premiers  colons  .'•ur  les 
bords  des  lacs  de  lUonne  et  de  iN'eucli.ltcl.  (IHbl.,  par  M.  A.  dk 
HAnTHÉl.KUV.) *'i>'> 

IIkuzky  (li;oN).  —  Calalogue  des  (igurincs  antiques  de  terre  cuite  du 
inuïée  du  Louvre.  (Hibl.,  par  M.  K.  I'ottikii) 133 

Jacoii  (Ail  lU'ii).  —  Sylioge  vocabulorum  ;  recueil  pour  servir;!  la  col- 
lation et  ;\  la  description  des  monuments  grecs  (suite  et  fin) 2!» 

JunGiKviTcn  (Ladisi.as),  —  l.cltre  à  M.  Kgf^er  sur  deux  inscriptions 
grecqu'^s  int?diles  de  la  Russie  méridionale ~'.) 

KKnviLK.x  (MKNft).  —  Des  projectiles  cylindro-coniques  ou  en  olive, 
depuis  l'anliquité  jusqu'à  nos  jours 281 

Lekout  (I.oli>). —  Les  scènes  de  bauqueîs  peintes  dans  les  catacom- 
bes romaines  et  aolammenl  dans  celle  des  SS.Marcellin  et  Pierre...     224 

LiÈvaK  (A.  P.).  —  Les  Iniilres  nourries  en  eau  douce  dans  l'ancienne 
Aquitaine  (problème  d'archéologie  et  de  zooéthique) t(t2 

Maitiie  (AiiKi.).  —  Exploration  des  lerrains  tertiaires  de  Thenay. ...     137 

Ma\i:-»\Vi;hi.v  (Lkon).  —  Collection  des  monument^  épigraphiques  du 
Harrois.  (lUbl.,  par  M.  1'.  Ciiarles  Roueht) 128 

Mn.LEn  (E.).  —  Inscriptions  grecques  découvertes  en  Egypte 172 

Mowat  (R.).  —  Inscriptions  gallo-romaines,  découvertes  dans  le  dé- 
partement des  Landes.  —  Uecherches  sur  la  numismatique  de  lu 
Novempopulanie,  par  M.  Emile  Taii.lebois.  (Bibl.) 131 

NicAiï^E  (A.).  —  Le  cimetière  gallo-romain  de  la  Fosse-Jean-Fat,  à 
Reims.  (^Bibl.,  pir  A.  oe  U.) 40i- 

PannoT  (G.).  —  Les  sarcophages  anthropoïdes  du  musée  de  Paleimo.     337 

PoTTiER  (F.).  —  Catalogue  des  figurines  antiques  de  terre  cuite  du 
musée  du  Louvre,  par  M.  Léon  Heczey.  (Bibl.) 1 33 

Reinàcu  (Sai.omon).  —  Chronique  d'Orient (.0,  120,192,261,     3!t3 

—  Observations  sur  la  chronologie  de  quelques  archontes  athéniens 
postéiicurs  à  la  CXXIl'-"  olympiade 'Jl 

—  Fouilles  dans  les  nécropoles  de  Watsch  et  de  Sanct-Margarethen 

en  Carniole 265 

—  La  première  apparition  du   fer  dans  l'Iùnope    septentrionale, 

par  M.  J.  Undsrt.  (Bibl.) 331 


4iO  RKVCK    AIICHKOLOGIOUK. 

IISVKU.AT  (J.  I'.).  —  Nolicf  sur  une  reuiarquabU-  parlicularilô  que 
priJsonle  loiitc  une  si-rie  de  pieiros  milliniris  de  ('onstanlin  If 
iliaiid :i'',  "''.     «  '*>' 

HoiiKRT  (P.  CuARLEs).  —  Colloctio.j  dcs  nionutuctits  épigrapIliquL's  du 
lîarrols.  par  M.  I.éoN  MwK-WEni-T.  (BihI.) li'H 

SociKlt  NATIONALE  DES  ANTIQLAIHF^  DE  FbaNCE ."iit,   1  ['2,  j:..!,      iJSi 

Tauxbbois  (h'iMiLE}.  —  luscriplions  gallo-romaines,  découvcrle»  dall^ 
le  di^parlr-uienl  des  Landes.  —  llechorches  sur  la  Numismaliiiue 
de  la  Novempopulauie.  (Hibl.,  pai  M.  H.  Mdnvat) l'H 

I'niisct  (I)'  J.).  —  L;i  première  appât iliou  du  IVr  dans  l'Karope  scp- 
lenlrionale.  (Hil)l.,  par  M.  Sai.omdn  Ukinacu) .'):il 

VoL'LOT  (F.).  —  renimc  lenanl  un  serpent;  bas-relief  jjallo-roinain 
duVoinerl  à  Xerligny  (Vo.<gei<j  cl  déposé  au  musée  d'Épinal «î-i 


TABLE  DHS  PLANCHES 


XIII.  —  rrnc  cinéraire  cii  Urro.  Tumulus  do  l'Iouhiiieo  (^iDi^tè^e). 

MV,  —   I.  Dolmen  de  Penker  en  IMozôvel;  2.  Tumulus  de  l'iicviu  eu 
Plouhinec. 

XV.  —  Monuineut  méj^alilhique  de  Saint-Dreyel  en  Plouhinec. 

XVI.  —  Étal)iisscment  gaulois  de  Relouer  en  Plouhinec. 

XVII.  —  Bas-relief  gallo-romain  de  Xerligny  (Vosges). 
XVIII-XIX.  —  Coupe  sd'une  fouille  dans  le  terrain  aïoyen  à  Thenay. 

XX.  —  Glaive  eu  bronze  du  xn"^  siècle  avant  J.-C. 

XXI.  —  Vaie  de  bronze  du  Calillon,  territoire  de  Saint-Jean-sur-Tourbe 

(.Marne). 

XXII.  —  Vase  de  bronze  de  "Wahl-Algesheim  en  Birkenfeld  (rive  gauche 
du  Hhin). 

XXIII.  —  Situle  de  Watsch,  Mairai  et  Saint-Marein  (Carniole). 

XXIV.  —  Pierres  ou  plombs  de  fronde. 

XXV.  —  Sarcophage  de  Soluute  ;  marbre;  musée  de  Palerme. 


Pans.  —  Tjrp.  Pillet  et  Oumoulia,  '>,  rue  des  Grauds-AugustiJi&. 


Rrvuic    AnciiKoi.ofiiQtiF,   |SS;<. 


l'i..    XIV 


m  i 


î»  v^ 


1 


I.    DOLMEN    DL:    PKNKER    EX    PLOZEVKT. 
II.    TUMULUS    DE    PITÉVIN    EN    PLOUHINEC. 


Kevue  AncMÉoLOCiiQUK,  i883. 


l'i..  XV. 


i 


< <^i 


...?.; 


MONUMENT    MÉGALITHIQUE    DE    S  AINT-DR  EYEL ,    EN    PLOUHINEC, 


I^EVUli    Alitlu'ol.OfMQUK,    l883. 


l'i  .  X\l. 


Mk 


^ 


.^Jv. 


>4. 


\>-^(^ 


^nf 


o/.-     -: 


r      '.^     5-3     .?<■ 


-H ^— 


^''f  ^  /^^X^^/^ 


hh^-^U  -»- 


'^^îiii-rC^i 


.^z:^ 


ï 


ETABLISSEMENT    GALLOIS    DE    KÉLOUER'  EN"     PLOLUINEC. 


■J 


m 


pi 


f 


<  ^» 


i 


{  ^ 


5    • 


-—      <^      V      5-     X 

'.  3  ',  ,^'~  '"*" 
^  ,  'J:  =  "'  V 


r  '^  'Ji 


,  ^  v^    "ï. 


•>  F.  i^.  ;=^  -i-  ^ 


i 


m: 


îxo 


Revue   Archcolo<j~i' 


VASE    DE    BRONZE   DU    CATE! 
Territoire  de    S*  JeaTi-sur-Tourbc  (  Mar 


Revue  Arcl. 


VASE  DE  BRONZE  DE 


^n  Birkenfeld  (  Rive  Gau 


E  -S- 


•2  O 


Q 

■z 
o 

k: 

a    S 

ta    '5 

o      o 


4  < 


a: 


te  5 

«    •  S 

.  ■<  a 

;-  -o  a 

a-  T3 

«  a 

Q  2 

O 


te   '- 


^{ 


W/^MM//////////////////////////^^^ 


<s;      ^     ^ 


f^fi^rrrt^Hil&n' 


k 


o 


GETTY  CENTERLIBRARY 

i|iiiiiiiii|iiiiiiiiiiii|itiiitiiiiiiiiitHi|ni| 

3  3125  00459  3584