REVUE
ARGHÉOLOGIOUE
JUILLET A DÉCEMBRE 1883
l'AlllS. — IMI'lilMKIUi; l)i; l'ILLKr ET DL.MOIMN
f), me fies Granf^8-AlI^'nalins,
Il E V U E
ARCHÉOLOGIQUE
(ANTIQUITÉ ET MOYEN AGE)
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION
l>K MM.
ALEX. BERTRAND ET G. PERROT
MEMBRES DE I.'lNSTlTUT.
TROISIÈME SÉRIE. — TOME II.
JUILLET — DÉCEMBRE 18S3
PARIS
JOSEPH BAER, LIBRAIRE-ÉDITEUR
18, RUE DE l'ancienne-comkdie, 18
FRANCFORT-SUR LE MEIN. Rossmarkt. 18
1883
Droits de traduction et de reproduction réservés.
^13
NUUVEl.LKS EXri.OllATKJNS
DANS LES
COMMUNES DE PLOZÉVEÏ Eï DE TLOUllINEG
(kinistkhb)
SÉPULTURES DE L'ÉPOQUE DU BRONZE
Les communes de Plozévet et de Plouhinec sonl si riches en mo-
numents mégalithiques et gaulois qu'on est obligé d'y revenir fré-
quemment.
Du reste, la route qui nous y mène do Pont-l'Abbéestsi pittoresque
et a des aspects si grandioses que c'est une vraie jouissance de la
refaire, si surtout on est favorisé par une belle journée. On a devant
soi l'immense horizon de la mer se confondant avec le ciel, encadré
d'un côté par la pointe du Raz cl de l'autre par celle de Penmarc'h.
La grandeur du spectacle n'est-elle pas pour quelque chose dans
l'accumulalion de nombreux monuments sur celitloral?
Partant de Pont-l'Abbé pour Plouhinec, à quatre kilomètres de
cette première localité on passe, en traversant le bourg de Plonéour,
prés d'un très beau lec'h cannelé qui se dresse sur la place de l'Eglise.
Autour de ce monument on allume encore aujourd'hui un grand
feu tous les ans au jour de la Saint-Jean; reste sans doute des tradi-
tions païennes.
A 15 mètres à l'est de ce beau monolithe, en construisant une
maison, actuellement occupée par un commerce de drap, on trouva,
vers 18 iO, un trésor composé de monnaies gauloises de deux mo-
dules etdc bijoux on or. Les ouvriers qui firent cette trouvaille, et
de qui j'en tiens le détail, se partagèrent ce riche butin, qu'ils ven-
dirent à des horlogers de Pont-l'Abbé et de (Juimper.
Il)' si:nih:, t. k. — |
2 IIEVL'E AHCHKOLOIJIQUE.
Ai>rès nous iMie arriMos un insl.int, un peu au delà du cimelièro,
el avoir admiré le magnili(iue panorauia (jui se déroule au loin
devant nous, continuons noire roule. Nous ne tarderons pas, après
un Irajel des plus piltores(iues, h arriver, à nii-clicniiii ciilrc IMovnn
el IMozével, au village du l'enkcr, situé sur h' icii iloire de cette
dernière commune.
Mêlions pied à terre, après avoir dépassé le vill.igc de 200 mètres,
el tournons à droite dans la lande avant de descenilre au lond du
vallon, où nous remarquons un curieux menhir feu lu en deux par
la foudr.'. Bienlût nous al le II,' nous un champ vers la moitié dutjuel
nous vo)on.s de grandes pierres enchâssées dans la clôlure. Ce sont
les pierres de côté du dolmen du l'enkej-, ijuc nous allons explorer
avant de continuer notre route vers Plouhiuec. Un jour nous suflBra
liour ce travail.
DOLMLN DU PENKER EN PLOZÉVET.
Ce dolmen, d'une assez triste apparence, a été en partie ruiné,
probablement à l'époque où il a été enclavé dans la clôture séparant
deux champs voisins. Il ne lui reste |)lus qu'une table. Toutefois
l'intérieur du monument n'a pas été violé el nous allons y retrouver
son mobilier primitif, qui n'est pas sans quelque intérêt, ainsi qu'on
va le voir.
Le sommet des piliers et la table encore existante émergent à peine
de iiO cenlimélres ju-dessus du sol environnant.
Ouvrant une iianchée, de la largeur de la galerie, à 1 métré en
avant de son entrée, et la descendant assez profondément pour
pouvoir ensuite pénétrer de plain pied dans le monument, nous ve-
nons bientôt nous heurter en S (Nuir le plan, pi. XIV) à une pierre
posée de champ sur la terre glaise formant le fond du nionumenl.
Celte pierre est le seuil qu'il faut franchir pour pénétrer à l'intérieur
delà chambie. Celte chambre est orientée est el ouest. Son extrémité
opposée à l'entrée est légèrement circulaire, fc^lle était sans doute
primitivement recouverte de deux tables. Une seule existait lorsijue
nous en avons enliepri> l'cxploralion.
Dès eu enlraiil dans la chambre, nous avons recueilli quchjues
fragments de poliiie caracléiisque de l'époque des dolmens, el avons
coiis>lalé de nombieux morceaux de charbon dans pnsipie toute la
hauteur de la tranchée.
Le seuil S franchi, nous dcblajODS la chambre dans toute sa lar-
geur. Dès lors le travail nous dcvieul plus facile. Deux houimcs
i;XI'L()II\TI().\S l)K l'I.OZKVKT l/i' l>K l'I.Ol IIIM'.C. 3
liouiidiil irav.iilhM' (le froiil, [iriidaiit i\\ni dciiv autres rejellcroiil
les UTies en dehors, et i|ii'uij eiii(|uièiiii' vériliera, avec la plus
grande atleniion, si elles ne contiennent aucun objet ayant échappé
aux regards des fouilleurs.
Nou? ne tardons pas à lencontrcr en V, à l'atif^'ie sud de la chani-
bre, un va se caliciloiiue uécoié de dm] bandes ornées au pointillé.
Fig. 1. — Vase en terre.
Il est malheureusement brisé par le poids des terres; mais les mor-
ceaux recueillis nous ont permis de le reconstituer. Les vases de
cette forme, assez communs dans nos dolmens bretons, montrent un
art du potier assez avancé. Quoique faits sans le secours du tour, ils
sont en t,'énéral réguliers et d'une pâte très résistante et bien cuite.
Sous ce vase est une grande pierre [date, de GO centimètres de
long sur 50 de large. Nous la relevons avec précaution. Elle
recouvre des restes incinérés parmi lesquels nous recueillons quel-
ques fragments d'os mal calcinés. Nous les remuons avec le plus
grand soin et nous en sommes lécompensé.
Nous relevons en effet, au milieu de ces cendres, deux haches
poli*\s, l'une en fibrolilhe, l'autre en diorite; une jolie pendeloque
en jadéile polie- et taillée avec la plus grande habileté; une seconde
pendeloque en talc, plus grossière ; un petit objet en os, taillé avec
une grande adresse, percé en dessous de deux trous permettant de
renfiler pour un collier, et enfin une admiiabie pointe de flèche en
silex, véritable bijou. Cette pointe est très intéressante par sa forme
et je ne sache pas que, jusqu'à présent, une autre pointe de cette
forme soit sortie de nos dolmens bretons.
Tel était le mobilier déposé dans la tombe, près des restes inci-
nérés que nous venons de remuer.
Conlilluons noUv explontion cl vidons la cluiiiibrc en avança iil
vers son exlrêmilt^ oue«l.
Kig, 2. — llaclii' en dioritc.
Çà ei l:i nous recueillons des fragments de poterie ayant appar-
tenu à des vases divers, les uns très i^ro>sit'rs, les utres plus lins,
les uns à fond plat, les autres à fond rond, quel.iues-uns montrant
des bourrelets ou oreilles disposées le long du bord. D'assez nom-
breux éclats de silex sont aussi recueillis pendant ce travail; parmi
eux il faut noter une pièce assez intéressante, sorte de grat-
toir retouché sur les bords, quoique assez grossièrement taillé. iNos
fouilleurs rencontrent aussi fréiiuemment de nombreux morceaux
de charbon tant sur le fond (ju'à peu prés à toutes les iiauteurs dans
l'épaisseur de la couche déterre qui remplit la chambre.
Kntin, nous pénétrons sous la table; et bient(>t, vers le milieu de
la partie de la chambre encore recouverte, en A (voirie plan;, nous
trouvons un large dépôt de restes incinérés, parmi les(iuels nous
recueillons (luelipies petits fraj^'iiienls d'os. Ce dépôt na p;is moins
de \ métré sur ['",'■20 et A ci.'iilim<'lresd"éiiaisseur.
Nous le remuons avec attention et recueillons, dans ces cendres
déposées sur la glaise jaune formant le fond de la eliambre, un poi-
gnard en bronze, lame élroile à soie, portant une raie assez marquée
sur la lame, inditjuanl probablement jusqu'où descendait le iiiaïuhe,
sans doute en bois.
I*iés de ce poignard était une plaijiie en pierre dure, écliaii-
crée aux deux extrémités, polie et taillée avec grand soin, per-
cée à clia(jue bout d'un trou foré des deux côtés de la plaque, de
KXi'i.oiiATKiNs ni; l'i.ozi.vi.T i.T i)K ii.oi 11 im:(;. r»
façon (|ul; ('liai|iio Irou i)i(''si'nte la forme de doux cônes se réunis-
saiil par la [juiiilt!, vcis le milieu de l'épaisseur de l'ohjet. Celte
rsù.
Fig. 3. — Lame de poignard en bronze.
plaque est de celles que M. J. Evans qualifie de brassards, et donl
il nous donne la reproduction, p. -i^l de son livre les Ages de la
pierre.
I
Fig. 4. — Plaque en pierre dure.
Notre plaque diffère de celles reproduites par M. J. Evans, en ce
qu'elle n'a qu'un trou à chaque extrémité et est plate et non concave.
Ici ilie est, comme dans la plupart des trouvailles signalées dans
le livre de M. J. Evans, associée à du bronze, et qui plus est, comme
dans !e tertre tumulaire de Roundway près Devizes, à un poignard
en bronze à soie.
6 IIKVII. AHi.IIKOl.dSlyLK.
Quelle t'Iait h ileslin.ilion de cel ohji't? C'csl .i<;-;pz iliflicilo à \*rc-
ci^er. Ccpend.nU, il 'après Ifs relations do .M. J. Kvans, il la consta-
tation «urio sqneli'Ue île la posilioti d e 'lie pl;ii|iie, il e-l assez pré-
sunialije t|uelli' êlail desiinTc h pro[!';,'er I.' bras },Mnrlie cnnlre le
choc de la corde de l'arc au nuimeni di'la dèlenle. ((Aujourd'hui, «lii
le chanoine Itij,'rani. à l'appui de son opinion, les archers se servent
encore d'un appareil analo;j:ue.ii
C'est la seconde fois ijue, dans nos dolmens bretons, je trouve un
objet de ce penre.
Le niolulier du di^funldont nous venons de relever les restes in-
cinért^s se composait encore d'une jolie pendeloiiue en silex jaune
très transparent, de deux aulrcs peliles pondelo(pies l'une en
oligisle el l'autre en. ijuartz, d'un i)L'tit polissoir en grès attes-
Fig. 5. — C'attoic en sil''x.
tant un long usage, de petits grattoirs et enfin d»' (pioiques pointes
en>ilex grossièrement laillèes.
Conlinuanl notre exploration el vidant entièrement la (.•liamlue,
nous ne relevons dans ce travail (jue «luelque- percuteurs et polis-
soirs faits aver drs galets prisa la grève voisine, et d'assez nom-
breux fragments de vases plus ou moins grossiers.
La chambre complètement dégagée, nous reconnaissons (ju'une
partie de ses parois, ii son extrémité ouest, sont édilièes en petites
pierres maçonnées à sec (voir le jdan), et si en H nous constatons
une solution de continuité dans cette muraille, cela lient probible-
menl à ce (pi'clle aura élé ilémolic lorsiju'on a élevé le laïus <pii
recouvre la (laroi sud du iiionuinent.
Otte chambre a l".!»") du fond à la table. Son ex|doration oM
intéressante à divers points de vue; non seiilemenl par les objets
qu'elle nous a donnés, mais encore par la conslalaliuii, une fois de
plus, de la pré»<'ncc du bronze dans nos dolmens bretons; conslala-
tion qui n'est pas ans^i rare qu'on pourrait le croiri*.
h\I'I.'):t\TI tNS t)r, IM.OZKVF.T F.T HK l-i.Ol II I MC. 7
Kilt; |)(M*met aussi de (Jirc ffiin Ips vnsos <lo In forme et de l'orne-
menlalion de celui ici trouvr dnivcnf, l'irsfjue nous les rencontrons,
nous re[)orter à In lin de la pii'rre polie ou nu roinmencement du
hronze; ce quo j'avais toujours pensé à In suili; de diverses explo-
rations pr(5céd(>ntes.
Ce monument fouillr. j(^ me mis m roule pour Plouhinec. Là j'en
avais divers autres n visiter.
Si, arrivé au bourp^ de IMoiiIiinec. on prend le rlicmin (|ui, nu sud
du cimeUére, conduit :\ la mer, on arrive bientôt, prés du moulin
de KcrdrénI, à un vaste plateau aride dominant la gr^ve d'une hau-
teur de 03 mètres. Une petite partie de ce plateau a été récemment
cultivée. C'est celle (pii avoisine le plus le villn^î^e de Kerdréal. Les
cultivnteurs qui l'ont défrichée m'ont montré de nombreuses pierres
plates qu'ils ont retirées de ce terrain. Elles étaient posées de champ
en terre, formant de petits colîros en pierre de 6!tn 70 cenlimèlres
de long sur 40 à oO de large. Ces cofTres, recouverts de pierres
plates, renfermaient chacun les restes de plusieurs squelettes jetés
là péle-méle, semble-t-il, ch.Kiue coffre contenant plusieurs têtes.
Près lie l'un d'eux furent recueillies deux haches en pierre polie;
moi-môme j'en ai ramassé une à la surface du sol de ce petit champ.
Ces sépultures ne semblent-elles pas indiquer qu'à Plouhinec,
comme cela se passe encore chez ceiiains peuples sauvages de l'Océa-
nie, on exposait les défunts en plein air et que, recueillant ensuite
leurs restes dépouillés, ouïes entassait pêle-mêle dansdes sépultures
préparées pour cela. ?
TUMULUS DE PITÉVLN (PLOUHINEC).
Si, quittant ce terrain où il eût été si curieux de faire des observa-
tions précises sur les tombes en place, nous nous dirigeons à l'ouest,
nous remarquons, à 100 mètres devant nous, un petit tumulus dit
tumulus de Pitévin '.
Ce tumulus, de 13 mètres de diamètre sur 1",40 de haut, est dans
une position magnifique. li domine la rade d'Audiernc et l'entrée
de 11 rivière le Goyen. Il est impossible de choisir un endroit plus
heureusement placé pour dormir du derniei sommeil.
Ce tumulus méritait d'être fouillé ; mais pour cela il fallait vaincre
la résistance des proprié (aires, ce qui ne fut pas facile. La cliose
1. Voir lo plan, pi. XIV.
s HKVUK AnCHéOLOGIQUE.
réglée, mes fouill-'urs font ili-s sondages, cl (Hielquos grandes
pierres que nousriiu'onlroiis noiisfonl supposer diVLTse'^ sépultures
intérieures. Nous ouvrons des tranchées et, après (luplqueis lentniives
infructueuses, nous arrivons enfin h mettre à découvert une grande
dalle de 1 métré de large sur l'",5() de long. Nous nous convain-
quons facilement qu'elle recouvre une sépulture.
Celle sépulture n'est pas au milieu du lumu'.up, mais un peu au
sud-ouest i,voii le plan). La dalle (jui la recouvre étant liien dégagé.',
nous la soulevons avec du secours et quehjues bons leviers, et met-
ions à découvert une belle tombe formée de quatre grandes dalles
posées ileeliamp en terre.
Vide de toutes inlillralions, elle contient un squelette couché sur
le côté gauche, replié à la hauteur du bassin; si bien que nous sup-
posons (jue l'inhumation a dil avoir lieu le corps assis, et (jue c'est en
tombant ensuite sur le côté que le squeleite a pris la position dans
laquelle nous le trouvons. Prés du squelette n'était aucun objet.
Nous le relevons avec i»récaulion cl en recueillons toutes les par-
ties, en général en assez bon état. Le criine est très beau. La boîte
osseuse est très épaisse et l'orbite de l'œil très grand. La li.uMie Apre
des os longs est très développée, el notre savant ami .M. de (Juatre-
fages, à qui nous l'avons soumis, n'a pas hésité à le rapprocher du
type de Cro-Magnon. Il appartient i une race antique, vivant de
chasse et de pèche. Uu reste, le pays où nous l'avons trou\é inhumé
était particulièrement favorable à ce genre d'existence.
Le squeletle est celui d'un homme de haute stature.
Voyons maintenanl la sépulture en elle-même.
Creusée jus.ju'au tuf du sous-sol, elle a l'",7U du fond à la table,
l-,30 de long intérieurement et OOcenlimélres de large au bout de
la télé Cvoir les plans).
Orientée est-ouest; la tète était à l'ouest, regardant le levant.
Les parois intérieures en sont si bien dressées (lu'elles semblent
avoir été taillées. En tout cas, dans les extrémités elles sont coupées
d'onglet ou entaillées en rond pour s'appli.juer exactement les unes
contre les autres dans les angles, de manière à empêcher le passage
des terres. La table «le couverture est également entaillée au droit
des dalles qui la supportent clempèchait ainsi toute inlillralion.
Cette sépulture est aussi belle que celle du tumulus de Slang-ar-
Run en Mahalon (commune voisine), où j'ai recueilli prés du .sque-
lette un très grossier vase à (juatre anses. (Voir les Mémoires de la
Société d'émulation des Côtes-du-Nord.)
Nous n'avons pu découvrir d'autres sépultures dans ce tumulus,
KXPLOnVTIONS 1)1- l'I.OZKVRT KT DF. l'LOUUINKC. î»
et, (l:»ns les diverses tcnl.iiives (]UL' nous avons f.-iites à cfl effet,
nous n'avons recueilli (|U(; qufîhjues rcl.ils de silex .uM'ossiérernriil
taillés, parmi les(juels deux petits },'rattoirs.
A .'{0 mètres au nord de ce lumulus en est un autre, ijcjucoiip
plus petit.
Entreprenant son exploration, les fouillcurs mettent bientôt à
découvert, à \() centimètres au-dessous île son soiumet, une petite
sépulture absolument vide. Elle ne renfermait (|ue (piebiues mor-
ceaux de cliarb'in et un ro.;'iion de silex, parmi une couclie de terre
noire.
Cette tombe, formée aussi de quatre dalles bien droites, a {"',{() de
long sur 70 centimètres de large et 60 centimètres de profondeur.
Elle était couverte de deux dalles, dont l'une est aussi légèrement
entaillée.
ÉTAHLISSEMENT GAULOIS DK Kf:;LOUER (l'LODIII.NrX).
Ces deux explorations terminées, diiigeons-nous au sud-ouest
vers des terrains vagues situés à environ 100 mètres et sis au midi
du village de Kélouër. Ces terrains appartieunent à M. iMiossec,
avoué à Quimper, qui m'a donné avec empressement toutes les
autorisations nécessaires pour les explorer, me souhaitant d'y faire
beaucoup de découvertes intéressantes.
Ils forment le sommet d'un coteau descendant au sud, en pente
rapide, vers la mer, et à l'ouest descendant par une pente non moins
roide au fond d'un vallon où se trouve une abondante source d'eau
vive, près de laquelle fut trouvée, quelques jours avant notre visite,
une belle bâche à talon en bronze. J'en dois la possession à un de
mes amis ijui voulut bien l'acquérir pour moi.
Le plateau de Kélouër est tout couvert par un vaste établissemen
gaulois, le plus imporlantque nous connaissions dans le Finistère,
indiquant le séjour prolongé, en cet endroit, de populations forte-
ment établies pour se défendre de toute surprise. L'endroit est, du
reste, admirablement choisi. Au nord, du côté des terres on domine
au loin la campagne; au sud on est dèfenilu par la mer, et à l'ouest
par un vallon profond, au fond duiiuel est l'abondante source néces-
saire à l'approvisionnement de rétablissement.
Le système de défense se compose d'un grand rectangle A protégé
par de forts talus en terre mêlée de pierres, d'une hauteur variable
de {""jGOàa mètres. Dans la partie N.-E. du rectangle, ces talus
n'existent plus; une route a été ouverte on ce point.
I<) iiF.viK \Rr.iiKoi.o(;iorK.
A linttVioiir <Ip ce rortanplo (voir lo plnn) ot aussi à l'cxlrriour,
au suil-e.-t, sont do petits tertres. Nous en avons fniiillr (|iieliiues-
uns; ils recouvrent des restes d'haliitations dans hscpicls nous
avons relevù «les meules à conrissor le Idé, des frapnicnls de pote-
ries prossit^res, des broyeurs et des percuteurs.
Kn deliors de cette enceinte reclmgulaire, surin pente qui des-
cend a la mer, sont une série de talus, moins élevés (pie les précé-
dents, se coupant à angle ou se continuant en lignes courbes. La
plupart sont formés cxtérieurem.^nt par de grandes pierres lichùes
debout en terre cl appuyées i^ l'inlérieur pai des revêtements en
terre. Le long de ces lignes, surtout dans le voisinage de l'enceinte
rectangulaire, quelques rares tertres recouvrent eux, aussi, desrcsles
d'habitations.
\ partir du point B descendent vers la mer deux alignements pa-
rallèles de grandes pierres fichées debout en terre et formant une
allée, un vrai chemin, comluisant à la grève.
Que sont tous les talus E, F, G, H, etc., en forme de courbe?
Sont-cc des lignes de défense? Je ne saurais le dire. Je suis cepen-
dant plus disposé ;\ y voir des sortes de terrasses destinées ;\ retenir
les terres sur les flancs de ce coteau rapide, peui-étre pour permettre
quelques cultures dans ces terrains arides, cultures faites par les
populations cantonnées en cet emlroif.
Dans le- enceintes M, N, etc., disposées à angles aigus, au milieu
desquelles j'ai rencontré des restes de construction, d'où j'ai
exhumé des pierres à concasser le blé, des poteries brisées, des
clayonnages et des pierres à filet, je crois voir des enceintes proté'
géant et entourant des postes d'observation.
L'allée B C D, plantée de pierres fichées en terre, descend à la
mer, conduisant probiblement à un petit havre, sorte de remise et
d'abri pour les embircations des populations de l'établissement. Elle
conduisait aussi, peut-être, au lieu spécialement affecté à la sépul-
ture des défunts de ces populations.
La chose est assez vraisenibl.ible, s'il faut croire, comme il y a
tout lieu de le faire, ce que m'ont rapporté un grand nombre d'habi
laiils du voisinage, (jui m'ont assuré avoir trouvé. :\ divers reprises,
il y a quelques années, au pied de ce coteau, sans cesse rongé par
la lame qui tous les ans le dégrade :\ la ba e, de nombreux sijuelettes
prè-s desquels ils ont relevé des anneaux et des épingles en bronze.
A l'appui de ce récit, il m'a été remis par un habiiant de Relouer un
fragment de bracelet, simple anneau en bronze.
Je pensais, malgré ce détail, que près des habitations de l'établis-
KXIM.nU.MiO.NS I)i; l'LOZKVKT KT DK l'LOCIlIMCC. U
sMiiciil il ne serait peiil-i^lrc pas imnrm^ilil:' ilc ccirniiviT fpu>lqii<'<
?(''piilUia*s.
Aver une tiotiibrcu'^e o-cotiaiio <1 ouviicrs, j'culmpiis celd! rc-
rlicrclie; riiaiscllc fut vaine.
Je revins à Ponl-Croix le soir, apr(>s plusieurs jours d'exploration,
désireux de trouver une auh'rjçe un peu |>lus convenable que celles
de Plouliinec, pour y passer une nuit de repos.
Le lendemain malin, pendant qu'un de mes foiiilleurs faisait ré-
parer un ac'idenl arrivé à ma voilure, j(; fus causer avec quelques
jusliciahles assin sur les marches de la Justice de Paix, et (pie je
reconnus pour être du village de Kélouer.
Hien m'en prit. L'un d'eux me dit, en etïet, fjue la veille au soir,
après mon dépirl, un liabitani de Kélouer descendant à la grève
pour lamasser du goémon, en passant dans les alignements de notre
élahlissemcnl gaulois, souleva machinalement, avec un croc, une
petite pierre, et qu'à son grand étonnemcnl il aperçut dessous le
bord d'un vase.
Pensant avoir trouvé un trésor, il voulut, le prenant par le haut,
sortir déterre ce pot qu'il croyait tout rempli d'or. La partie supé-
rieure seule vint ; avec son couteau il dégagea et enlevd le reste.
Mais au lieu du trésor entrevu, ne trouvant que des petits fragments
d'os, il se contenta d'emporter chez lui un morceau du vase et rejeta
le reste en terre, le recouvrant de la pierre qu'il avait accidentelle-
ment soulevée avec son croc.
Comme on le comprend, je revins bien vite à Kélouer, et, m'en-
quérantdu fragment de vase recueilli, je m'en rendis acquéreur et,
moyennant une rétribution, je me fis conduire sur le lieu de son
extraction.
Arrivé là, je soulevai de nouveau la pierre cachant le dépôt et,
vidani avec soin la cachette, je fus assez heureux pour recueillir
tous les fragments du splendide et si intéressant vase dont la photo-
graphie est ici jointe (planche XIII).
Ce vase n'était autre (fu'une urne cinéraire, pleine de restes inci-
nérés, déposée en V (voir le plan). Près du vase, dans la sépulture,
formée par quatre pierres posées de champ en terre, étaient quel-
ques éclats de silex, un percuteur et deux pierres à aiguiser, dont
l'une, régulièrement taillée et polie, est de forme rectangu-
laire.
De longues recherches faites dans le voisinage, en ouvrant
des tranchées en tous sens, ne nous ont rien fait découvrir
d'autre.
i- HKVn; AllCIIKOLOGIOLK.
(A'tte inagniliijuo iirno cinéraire, (lue j'ai si licninMi sèment sauvée,
esl faile à la main et sans le secours du lour, <iuoi(|uc ré^riilière et
élégante lie forme. Klle est d'une terre line et serrée, recouverte
d'un entluit noir. Elle mesure .{2 centimètres de haut et iii centi-
mètres de diamèlre dans sa partie renllée.
Son ornementation est d'une richesse et d'un intérêt tout parti-
culiers. La partie supérieure de la jianse, inunédiatementau-dessous
du col, esl ornée d'une zone d'arcs au pointillé s'entrecroisant et
s'appuyant par leurs extrémités sur des cercles intéiieurement dé-
corés de points. C'est une ornementation dont j'ai déjà recueilli plu-
sieurs échantillons parmi les poteries oinées du cimetière gaulois
de Kerviltré.
Immédiatement au-dessous de celte ligne, ce va.se esl décoré d'un
large système d'ornementat4on qui le couvre dans la moitié de sa
hauteur. Celle ornementation, toute nouvelle pour nous, et que
nous voyons apparaître jour la première lois sur les poteries gau-
loises de notre région, esl d'un intérêt tout particulier. Elle se rat-
tache à une partie de l'ornementalion du casque de lierru, et a
une grande analogie avec celle des plaques de bronze du bouclier
exhumé du cimetière gaulois du Mont-Blanc ;i Etréchy (ilarne),
plaques que nous avons publiées dans la lirnic archvoUhjique en
1878. La reproduction de celte ornementation dans le dessin ici
joint de notre urne vaut mieux que toute description; nous y ren-
voyons le lecteur.
Ce vase appartient certainement à une civilisation qui nous re-
porte vers la haute Asie, et rornemenlation qui le décore est incon-
testablement ins(drée de l'Orient.
Par ijuel hasard la relrouvons-nous ici sur une urne ayant servi
à recueillir les restes incinérés de quelque habitant de l'établissement
gaulois de Relouer ? L'explication en est assez difficile. Si cepen-
dant on admet que les Phéniciens aient connu les mines d'étain du
Morbihan, n'y ,iurait-il pas là un courant ipii ail i»u porter
jusiju'à Relouer le vase si ai listemenl décoré (pii nous occupe /
.\u-de.vsous de cette grande zone si richement décorée, les lianes
de notre urne montrent une large partie unir et eiiliii, près de la
base, une bande ornée d'une grecijue, sortes île S entrelacés, (|ue je
retrouve sur plusieurs fragments de vases sortis de l'opiiidum de
Tronoén et du cimetière gaulois de Kerviltré.
Ce vase, par .son ornementation, est peut-être un jaldii de plusjiosè
sur la grande voie suivie par les migrations descendues des hauts
plateaux de l'Asie. A ce titre il a son intérêt.
KM'LOIIMIO.NS I)K l'MJZKVliT KT IJIC l'LOUIlI.NKC. 13
Ne (juiltons pa^ Kùlouer, avec noire prôcieux butin, sans diio (|iio
tout l'espace occupé par la station i\\n', nous venons d'y visiter est
couvert d'éclats de silex, p.uini lis(iii('ls nous n'avons toute-
fois j)U recueillir aucun inslrunient digne de grande atlenlion.
Les habitants du voisinage trouvent aussi assez fréqueniiniMil des
haches en pierre polie, mais il f.iut les accueillir avec la jdusgr.indc
méliance. Ils ne se font pas faute d'(!n fabriquer et ils ne inaihiuent
pas d'une certaine adresse à ce travail de faussaires.
MONUMENT Ml'iJALITIIIQUI-: DK SAINT-DRI^ YKL KN l'LOUIIlNEC '.
Kn partant de Kcloucr, nous nous dirigeons dans l'ouest vers le
vill.ige de Sainl-Drevel, tout ;\ l'extréniilé de la vaste commune de
IMoiiliiiiec, sur le bord de la UK-r, à Fenlrée du port d'Audierne.
On a bien voulu me prévenir qu'en enlevant quel(|ues pierres
placées delmut en lerreon y a mis à découvert des squelettes.
Nous y airivoiis lùenlot, SniiU-Dreyel n'étant pas à plus de deux
kilomètres à l'ouest de Relouer.
Les restes des squeIcLles trouvés ont été malheureusement dis-
persés el c'est à peine si je puis en retrouver quelques fragments,
encore aux mains des enfants qui s'empressent à nous les chercher
un peu partout, si bien que, bientôt, ils m'apportent des os de toute
sorte, m'assuranl toujours que ce sont des parties de-; squelettes dé-
terrés les jours passés. Comme je montre peu de crédulité à leurs
racontars, ce petit commerce ne tarde pas à prendre (in.
Ces squelettes avaient été découverts en voulant enlever de
grandes pierres formant les côtés de quelques-unes des chambres à
ciel ouvert que l'on remarque prés de la pointe dite de Bec-ar-Lyon,
au sud ilu village de Sainl-Dreyel.
A notre arrivée, deux chambres, laissant émerger hors du sol les ex-
trémités de mégalithes foi manl leurs parois, sont encore intactes. L'une
est recouverte d'une table mesurant 2'",:i0 sur l'°,80. Ses qu itre cô-
tés sont faits par six énormes blocsde granit posés de champ en terre.
Nous relevons à grand'peine la table, qui afdeure le sol, et vi-
dons avec soin la chambre, que nous trouvons toute remplie de terre
el de pierres, dont quehiues-unes très grosses. Au fond de la cham-
bre, sur une sorte de dallage, nous rencontrons un amas de cendre
mêlées de charbon, dans lequel nous relevons quelques éclats de
I. l'I. xv.
!4 HrVl'K AHCUKOI.OGIQDK.
silfx au n(Mnltrt'(lt'S()uels csl une jnlif poinle, des [umcu leurs cl de
rares morreaux de polerie.
Celle ehainlire vidée a 1",8.*) du fond à la table.
A 10 in«lies au sud nous eu liouvons une aulre, eelle-ci sins
dalle de recouviemeiil. Klle a iuléiieurenu'ul ^'"jîJO sur l"'.(iO.
Nous la vidons. Comme la première, elle est pleine de lerre el de
pierres. Çà el là, nou-; y relevons des morceaux de charbon, djs
éclats de silex, des percuteurs, el nous trouvons enlin, dans u;i do
ses anjjlcs, un joli petit vase en terre Une, vase à fond rond arlisle-
menl fait à la main.
Fig. G. —
. ;i itrro Une.
Ainsi ces deux chambres nous ont donné des sépultures par inci-
nération. Que sont donc les squelettes précédemment découverts par
les gens du village, dans la troisième chambre en partie détruite par
eux, sise à 3 mètres au nord de la première. Sont-ce les S(jueli'iies
des premiers habitants de la jiointe de Bec- ar-Lyon, ceux méinesqui
ont élevé les monuments (jui nous occupent, ou sonl-ce les sque-
lettes de quel(|ues naufragés venus s'échouer sur ce littoral sauvage,
ainsi que cela arrive presque tous les iiiver's? Je ne puis me pro-
noncer; lesquel(|ues restes (jui m'en ont été soumis sont trop peu de
chose pour- que je puisse rien dire sur leur antiijuilé.
Abandonnons la pointe de iiec-ai-Lyon, et allons à iiOd mèties au
nord-ouest. I,,i de nombreuses pierres émergenl du sol, ilans une
[jarcelle dite Parc-ar'-tîozec. Nous nous y trouvons en |ir"ésence li'un
inrportanl monuriienl rrrègalithique. Son propr'iètuir'e, cultivateur* in-
telligent, ayant assisté, étant marin, à quelques-unes des fouilles de
M. (Ih. Wiener-, dans rArriérii|Ue du Sud, nous autorise facilement à
l'explorer. Il vient même a rn»tre aide el engage (|uelques-urrs de ses
voisins .i en faire autant, si bien qu'avec nos deux fouilleurs habi-
tuels, bien dressés à nos recherches, nous avons bientôt un atelier
plein de zèle, de trop de zèle même. 11 nous faut les prier de se con-
lenler de rejeter- au dehors les terres ijue nos deux fouilleurs r-e-
KXI'I.OIl.VriO.NS DK IM.O/liVKT KT DK l'I.OUlIlNKC. lo
iiiuciil, sans (iiHii nos recherches ii'ahoulironl (ju';! un boijleversc-
iiUMit s.iiis prulil jioiir nos T'Iiuics.
All;u|uai»t h* iiioiiuincnt en A, nous y Iroiivons um; solution de
continiiili' i[ui nous penuet facilemunt d'entier dans la chambre C
(voir If plan, pi. XV).
Cette clianibi'c et presiiuc tdul lei'ole ûu mon-uiucnt sont fmore
enveloppés de terres amoncelées, (jui semblent indi(iuer (|ue tout
l'ensenible (''t;iit recouvert autrefois d'une sorte de tuniulus.
Dès en pénétrant en A dans la chambre C, f|ui, si elle a eu lin
couvercle, n'en a plus aujourd'hui, nos hommes rencontrent des
fra{,fments de poteries i,'rossières, caiactéristiques de répo(|ue des
dolmens, et des éclats de silex sans yiand caractèie. Kn approchant
du fond de la chambre, formé paruneaireen argile battue, les mor-
ceaux de charbon, (|u'ils ont ûr'p remaniué, deviennent [dus nom-
breux.
En arrivant en D nous trouvons, appuyées contre la paroi inté-
rieure de la chambre C, deux pierres p alp'. Au pied de ces pierres
est un large dépôt de cendres, restes incinérés dans lesijuels nous
distinguons quelques fragments d'os. Ce précieux dépôt avait été
soigneusement recouvert d'une pierre plate sur laquelle nous rele-
vons trois pendeloques. Ces pendeloques sont l'une en jadéite, une
autre en cristal de roche , la troisième en oiigiste.
Continuant l'exploration de celte chambre, nous receuillons
encore îles percuteurs, des éclats de silex, quelques fragments de
vases grossiers oi-nés sur les bords de petites encoches faites dans la
pâte encore tendre, et aussi divers autres morceaux de potorie,
parmi lesquels la moiiié d'une écuelleà lontl rond, d'une pâle fine et
résistante. Tous ces débiis de vases appartiennent, du reste, à des
pot'.-ries faites sans le secours du tour, et caraitéristiques de l'épo-
que des dolmens.
Arrivé au point E, nous trouvons une grande pierre debout, sorte
de petit menhir dont l'extrémité dépasse le sol environnant. A sa
base est un nouveau dépôt de restes incinérés près desquels nous
m HtVLE AUCHKOLOUIOLK.
rt'Ievons une luiclk" polie en diorile ol un petit pntloir en silex.
Contournanl la pierre K pour continuer noire fouille, en l.i diri-
iîeantvers la ehamhre B, nous trouvons, sur le fond du moiiuuieut,
un large espace de (iO centinièlres carrés de terre ^Imsc ("alcinùe.
Cette calcinalion n'a pu ôlre obtenue que par un feu prolongé en
cet endroit. Parmi les cendres très noires qui le rcrouvrcnt nous
remar.juon- de nonilireux restes de repas, coijuilhs d'Iniiires et de
patelles et os d'animaux. Ce dépôt de 10 centimètres d'épaisseur
toiiclie une pierre S posée de champ sur le fond du monument et
formant seuil pour entrer dans la chamiire H (jue nous allons dé-
blayer.
Dès que nous commentions à la vider, il nous est facile de nous
convaincre que, quoique faisant partie du même monument que la
chambre C, elle recouvre des restes d'une époque plus récente que
celle à laquelle nous reportent les objets recueillis dans la
chambre C.
Ici, en effet, nous relevons des restes romains dans toute I épais-
seur de la couche qui remplit la chambre H, fragments de vases en
terre noire ou grise, débris de vases samiens. Enfin, sur l'énorme
dalle qui fait le fond de la chambre,nous rencontrons, au milieu d'un
épais dépôt de cendres, des fragments de statuette de Vénus, un
petit clou en fer à tète en pointe de diamant, une fibule en bronze
malconservée, etqualremonnaies romaines, grands bronzesdu Haut-
Empire dont l'un, un Antonin, est seul lisible.
Cette belle chambre mesure l'°,90 sous table. La sépulture pour
laquelle les constructeurs du monument l'avaient primitivement
édiliée a dû être violée par les Komains, qui s'établirent sur les
lieux, où ils ont laissé comme témoignage de leur passage, à 30O
mètres au nord-ouest, des constructions aujourd'hui démolies. Ce
sont les hatdtants de ces constructions qui, sans doute, vinrent ici
inhumer leurs morts.
Sortons de cette chambre et, dirigeant notre exploration vers le
sud, vidons la longue galerie qui était l'accès véritable par LMjuel
ses constructeurs ont pénétré dans le monument pour y enterrer
leurs morts.
En E', nous trouvons encore un considérable dépôt de restes de
repas, coriuilles et os de divers animaux, dents de cheval, de jiorc,
de boMif et «le veau, et un petit bronze, monnaie de Posthume.
Continuons. Himlùt les couches de tt-rre (jui remplissent la ga-
lerie changent d'aspect, les fragments de poterie que nous recueil-
lons deviennent plus gro*«sitrs, ils ne .sont piu> laits au loin-. Ilnfin,
l'Xl'IOlUriDNS l)i; l'LO/liVKT KT UK l'LOUIII.MX. 17
en V, nous recueillons un vase entier. Il est fait sans le secours du
tour, (juoique d'une pûte fine. Il est incontestriblement de réporpie
(le la conslruclion du monument. Comuie poterie des dolmens, sa
forme est iiiléress.inlii cl peu commune.
Près de lui, sur l'aire d'ar|,Ml(! qui fait le fond, est un dépôt de
:i centiimHres d'épaisseur, ocini) int toute la iari,'i'iir de la ;,'akTie.
Dans ce dépôt, remué avec précaution, nous relevons un anneau,
une pince épilalcdre et une sorte d'épingle en lironze.
De ces trois objets, recueillis en F, l'anneau, bague très primitive et
l'ig. 8. — Auiieau de bronze.
delà plus haute antnpiité, a son analogue dans ma collection, parmi
les nombreux objets en pierre et en bronze exhumés des dolmens et
chambres à ciel ouvert du plaleau du Souc'li en Plouhiuec.
Continuons à vider la galerie d'accès G passant sous les tables
T et T', qui reposent sur des murailles maçonnées à pierres sèches
(voir le plan).
Nous n'y remarquons, au milieudes terres qui la remplissent,que
des morceaux de charbon, quelques percuteurs, une meule à con-
casser le blé, des éclats de silex parmi lesquels une sorte de grattoir
et une petite scie.
L'extrémité sud de cette galerie ne forme plus (ju'un couloir
allant en se rétrécissant et clos à son entrée par un muretin en pierres
maçonnées à sec.
Le monument de Saint-Dreyel ne se compose pas seulement de la
galerie et des deux chambres que nous venons de fouiller,il se com-
pose encore de trois chambres plus ou moins elliptiques et d'une
clKimbre carrée, ainsi qu'on peut le voir en jetant les yeux sur le
plan, le tout se reliant par un corridor à la chambre C, contre la
paioi ouest de laquelle il vient buter.
Dans le corridor H de la chambre semi-circulaire I nous recueil-
lons liois petits bronzes des tyrans de la Gaule, Gallien et Posthume;
un grand nombre de fragments de poteries romaines, et des mor-
ceaux de charbon.
Ml* SÊillE, r. II. — 1'
18 HKVLK AUClIKOl.tH.lyUK.
Sorlonsdo celU' ciiainbic par l'oiiVLMlun; Inissèe »ii K et, nous lmi-
gagiMiil dans le corridor h, ponclrons onsuitc dans la clianihrr (juasi
ciri-ulaire M. tn fraticliissanl une pierre S' posée de champ cl for-
maal seuil.
Déblayaiil avec soin celle clmnibre à ciel ouvei l M, i\')u^ trou-
vons au poinl N, déposé sur les galets plais faisant le fond de la
clianil»re,un fragment de crâiu' assez nolahU^ et trois dents liiniiaincs,
près desi|uels nous relevons, au milieu d'une terre onelueuse et
pleine de charbons, une fusaiolc en lerre cuite, un [loinçon en os, el
divers autres petits instruments en os, dont deux sont des hame-
çons, je pense, el dont trois autres ne sont autres (|ue des poinles
de flèche, chose peu surprenante dans une localilc où le silex est
lare et ne se trouve qu'à l'état de petit galet sur la grève.
Entin, en 0 nous rencontions, adossé à la paioi nord-oucîl lie la
chambre M, un petit colTie, sorte d'urne cinéraire, fait de quatre
pierres posées de champ, mesuianl iiitéi leurement 30 ceiilimèlres
carrés, heruiéliiiuemenl fermé. Apiés en avoir enlevé le couvercle,
nous y reconnaissons un dépôt de restes incinérés.
Ce petit colTrc nous rappelle les nombreuses sépultures de ce
genre par nous relevées il y a ijuehiues années dans le vaste monu-
ment de Pen-ar-Menez en Trelliagal (Finistère), que nous avons
publié dans les ilémoires de la Société d'émulation des Côles-du-
iNord.
Près de celte sorte d'urne cinéraire, nous recueillons quelques
fragments de poterie grossière, des percuteurs, une mollcite à con-
casser le blé, et quelques éclats de silex, parmi les juels un grat-
toir.
Passons de la chandjre M, dans la chambre P. Celle-ci est cou-
verte d'une grande tablj de 'à"'. -20 sur l'",!):), affleurant le sol. Celle
chambre a trois de ses côtés formés de grands blocs plantés debout
( n terre et le quatrième par une muraille maçonnée à pierres sèches.
Elle est pavée de larges galets plats, pris à la grève, placés sur un
fond de sable blanc de carrière ; une fois vidée elle mesure 1 mètre
sous table.
Nous n'y avons recuiilli (jue deux grossiers fragments de poterie
ornés d'encoches sur le pourtour, une petite pointe et un grattoir
en sdcx Sur le pavé du fond, en H, était un assez large dépôt de
cendres de ti centimètres d'.qiaissi ur, dans lequel nous avons re-
marqué de nombreux morceaux de charbon.
Kxi'ioroiis euliu la grande chambre semi-circulaire .\ siluée à
Q^^jOd l'ouc.'-l de la précédente.
i:xi'i.oUArio\s Dh; I'I.o/.i.vki i. i' dk I'I.dijiiinki;. Il»
(li'llc cliniiilirc, i|iii mcsui-c iiil/'i icuiu'iiii'iit ^"",20 <~\iy "2 mi'-lrrs, est
(MK'orc en parlic ix'couvcrtc (I'iiih; I.iIiIc de J"','iO sur \"\'M), rifllou-
raiU le snl.
(loinnic la pri^CHlciilc, elle csl pavée de galets plats cl iiiesuic r",l()
sous laMc. A l'inhiiiMir nous n'avons l'cievr (jue deux petites
pointes en silex. Du reste, les terres intérieures oITrenl tous les
caraclèi'es d'un renianiemcnt.
Si, cette exidoration tcriuiiiét', nous jetons un coup d'(r;il sur l'i'n-
seml)lc ilu plan du monument de Saiut-Ureyel, nous ni' pouvons en
niei' l'oiiginalité cl l'importance. Il l'ait supposer h; loni,' stationne-
ment sur les lieux d'un rentre nombreux de populations primitives
(|ui, d'apiès noire exploration, commcnr lient à connaître le bronze.
Noire fouille nous nionlie de plus que les Romains, établis dans
le voisinage, ont utilisé le monument (|u'ils avaient près d'eux pour
y inhumer leurs morts. Les exemples de ces inhumations succes-
sives ne sont pas rares.
Ne (initions pas les lieux sans signaler un marteau-hache, percé
d'un trou pour l'emmanchement, recueilli en labourant un champ
voisin.
En terminant le compte rendu de cette campagne d'explorations
en IMozével l't en Plouhinec, disons de nouveau tout l'intéi'î't que
présentent ces deux communes si riches en monuments de la plus
haute anti(|uité. Formons le vœu que des mesures soient prises
pour sauver quelques-uns d'entre eux d'une destruction toujours
croissante.
L'un d'eux surtout mérite bien ce soin. C'est le colossal dolmen à
galerie qui se trouve au-dessus de l'anse de Poulhan en Plozévet ;
ouille à une date inconnue, il sert aujourd'hui de hangar et des
charrettes y sont remisées.
PAUL DU Cil AT i; LUI !•:[{.
UN
SYMBOLE RELIGIEUX
DE L'AGE DU BRONZE
Les |ialaiill('s de l'ilfie du bronze ont fourni aux nuisc-es suisses un
certain nombre irobjcls en terre riiiie, en molasse ctu nitlnie en b(li^^
.Mteri^^Mi) que les arcbéologuesalleminds désignent sous le nom de
Jlallmioml (croissanlsj. Leurs dimensions varient; ceux du musée do
IJeine, i|ui en possède onze exemplaires, mesurent en liauleiir de la
base à re»rrerorm'.s- depuis i jusqu'à 9 rentiuiètres, ei par excep-
tion 1G. L'enlrecorne a île 7 à 15 centimètres de long et de 1 h ."{
centimètres de large. Leur base est aplatie ; (die oITre généralement
peu de surface et par conséquent peu de solidité. Sur l'une et quel-
quefois sur les deux faces, ligureu» des dessins en creux ou en
relief grossièrement tracés. Ces cornes ou croissants n'ont pas tous
la même forme ; les uns représentent exactement le liant d'une tète
de taure;iu ou de vacbe aux coines courtes et massives, d'autres
offrent une surlace plane terminée à ses deux extrémités en crocliels
ou en bourrelets (tif^. 1 et 2). J'ai d'abord liésité à placei- ces der-
niers dans la mènje classe que les autres; mais, en les comparant
tous dans leur ensemble, on trouve tant de formes intermédiaires
qu'on ne peut y voir que des reproductions pinson moins grossières
et imparf liles du type original.
Provenance. La plupart des croissants-cornes ont été trouvés
dansiez p.dalitto suisses de l'âge du luonze et dans celles du lac du
Hourg'l; on en a découvert un dans le teitre artilici(d de l'Ile des
Lapins (lac de Bienne) et tiois autres sur TKbersberg (canton de
Zurich), dans les ruines d'habitations de l'âge de transition de la
l'N svMHdi.K iu'i.i(;n.i\ tti: i, \(;k ih iuion/k.
^21
pierre an Itioiizn'. (Jolasecca dans l'Italie du nord el |{:ivay 'di^pnr-
temoiil du Noril, eu France) en oui également fuiirni (pielques-niis.
^^
Fig. 1.
On a aussi recueilli par milliers dans les anciennes tombes é.C[yptien-
nes des objets de cette forme en jaspe ou- en pierres précieuses de
deux ou trois renlimôlrcs de long et qui servaient d'amulettes.
I ''S^
Jia^ù^
Fip. 2.
1. Miltfieilungrn de Ziiricli, V" Beri ht.
92 m vn. micukoluciui i..
Destination. Plusieurs arclu'olojîues, feu noire excellent ami Desor
en li^le, onl pn'-tiMi lu tjue les cioiss.ints-cornes servaient de chevets
aux liâmes (le l'ài^'c du hronze pour |trolôt,'er kur coilTure pendant
leur sommeil ; ;\ l'appui de celle inler[)r6talion on cite les anciens
rhevels (égyptiens, japonais ' (les viahotini) et des iles Fidji. Mais
nos croissants ressemldenl à ces clievels louime le plat à
barbe donl se coilTail le chevalier de la Manche ressemble à
un heaume du moyen àpe, et, à moins (|u'on ne les envisage comme
des iiislruinents de loriure , il faut leur chercher une autre
desiinaiion. Chez plusieurs, une lôte ordinaire d'homme ne
pourrait pas s'insérer entre les deux cornes, ilans un espace de sept
à neuf cenlimètres; hur base est souvent si étroite (jue le moindre
mouvement suflirail pour renverser ces prétendus chevets. Le mu-
sée de Herne en possède un muni de quatre petits pieds de trois
cenlimètres de haut, trop fragiles pour l'usage iju'on leur sup-
posait; l'épaisseur de l'enlrecorne où devrait reposer la téîe esl en
général de 1 cenlimèlre seulement; ses bords sont saillants, souvent
même ornés de dentelures en biseau, et ne portent aucune trace
d'usure ou de frottement; mieux vaudrait leposer la tête sur le gril
de saint Laurent que sur ces prétendus oreillers (les caprzzali des
archéologues italiens), et quebjues instants d'essai sufliraient pour
guérir à jamais de l'idée.que ces objets puissent avoir servi de
chevets.
Feu le D' F. Keller a compris, je crois, la véritable deslinntion de
nos croissants-cornes en leur assignant u)i rôle relifjiciix-, et ils
oiïrenl à ce titre un grand intérêt arcliéologiiiue comme étant les
seuls emblèmes de culte qu'aient fournis jusiiu'ici les palalittes. Ce
sont les modestes représentants danli(jues croyances dont le souvenir
s'est perpétué jusiju'à nos jouis sous la forme tle'prali(|ues supersti-
tieuses et de magie conjuratoire.
Avant ijue les poêles eussent peuplé l'Olympe de tout un monde
de dieux et de déesses, les ancimiu's populations asiatiques ne con-
naissaient pas d'aulre divinité (|ue la iiaturi' crrnirire, la force pro-
ductive qui anime et remplit l'univer.^: vkujixi /j*/n //.s ferrai Ovide);
1. Ces chcvcU égypticDB mesuicnt enviroa IG cent, en longueur et 10 en hauteur,
la protondeur 'le la concavité est do Hi cent.; les vignettes qui accom|»((;ni>nt les
prière» du Livre des morts rcpré.-entciit (iue|i|uefois une momii! la tùie nppuyOo
»ur Min chevet funèbre. I>e mnkourii j.iponais, aujourd'hui ciutri-, t'tait tout droit et
fait de bois; le cintrage h; rend |)luh doux cl on y placi- d'ailleurs un coussin rond
pour y r<[»o»er la tOte (Li-ttres tie St. <li- Vtnnn à Ynkuhnvia).
2. if W(/i«i/u/i9«n de Zurich, 1851.
UN sv.Mit ii.K ni:i.if;ii r\ ni; i.'aok dc ihion/k. 2'i
mais, par analo^'ie liiiinaine, rien ne pouvant naître sans l'union des
deux principes mâle cl femelle, le soleil élait pour elles le symbole
de> sources (le la vie, Irphcdcs fioinincs, à la fois créateur el dcslruc-
teur, rKlernel sans commencement ni lin. Li lune, (|ui reçoit la lu-
niiùredu soleil pour la renvoycrà la terre, se trouvait ainsi associée
;\ iiotr(> i)laiiète et représentait ave(" elle la puisstnire (jni etifjrndrr,
tjui produit, sous l'acLioii du soleil, la rcinnli' lu frcondilr, \:\ mire de
toutes choses.
Le soleil et la lerre-lutie, piinciiie actif et [)riiicipe passif, ne
conslituaient ensemble (ju'une seule divinité, une dualité dans
l'unité, comme ledit M. Lenormant'; aussi les attributs de l'un sont-
ils (luehjuefois transférés à l'autre ou confondus ensemble, l/ima-
giiialion des peuples ou les inventions des prêtres altéra peu à |icu
ce culte primitif; les noms, les attributs de la divinité ont varié
selon les pays, les langues et le temps; le soleil c'est tantôt Haal,
Molocb, Hercule ou Helsamen cliez les Assyriens et les IMiéniciens,
Jupiter Lyca3us cliez les Arcadiens-, Saturne on Allique', Mitlira
chez les Perses, Ha chez les Egyptiens*; Nam quod omncs pœuedeos
duintn.rat quisub rii'Iosunt ad Solriii refcruiil'^. C'est ensuite, pour
la terre-lune, Isis, llaior, Cérés chez le> Egyptiens''; Astarté en Plié-
nicie^; Séléné, Arlémis, en Asie iMineure^; Cybèle Rliéa, en Syrie;
lo chez les Grecs^ Aschéra chez les Canianites'", Fîaaltis à Hyblos;
Vénus Mylitla chez les Assyriens", Ops en Attique'-,Maia en Italie '3.
A travers ces transformations et ces variétés de noms et d'attributs,
on retrouve toujours le culte primitif mais défiguré rendu à la fois
au souflle mystérieux de la vie qui anime le moule et à la nature
féconde, à celte omnis parcntis deœ cujusnunien unicum multifoniii
specie, ritu rario^ nomine multijngo, vmeratur... '*.
1. La Miiyie, p. 118.
I. I.'éiymologie de ce nom est empruntée au tlième Lut (leucos), qui signifie « lu-
mière >• dans la langue péiasgique (Maury, Reliy. primit. de lu Grèce).
3. Macrohe, Sat., 1,10.
Il- Ulilemann, Egypl., Il, 108.
5. Macrube, Sat., I, 18.
G. Diodore, I, 11.
7. Mowers, die l'Iiœnicter, I, t3t!.
8. Hérodoie, I, 29, et Maury, Uecli. sur la reliy. des popul. primit. de la Grèce.
9. Hérodote, II.
10. Mowers, die Phœnider, I, 5t;o.
II. Hérodote, I.
12. Macrobe, Snt., I, 10.
13. Id., I, 12.
14. Lucien cité par Mcwers, die Phirnicier,], 599.
3i lU'.vrr. Aiir.iiiJ.oLor.iQUF..
Le laureau, la vache et lo biMicr ôtaionl consarr(^s à relie diviiulê
douille, soleil et liiue-lerre; les eornes tie vache ou la vache roimiif
gr.uitle nourricière forni.iienl le symbole spécial de Vonmis parrntis
rfrrpsous quelque nom (lu'on la dêsiKiiAt; le croiss.mt riait confondu
avec le symbole de la vache ; Isidis simnlarnnn Intbiilis privililum
coniibns ', |iour rappeler, dil Diodore, l'aspecl delà lune lorsqu'elle
croll el aussi parce que les Kgypiiens lui avaient consacré une va-
che ; dans \c Wv^ Véda les feux célestes sont compar-'-^ 'i <!••< vnrlic>
(Maur>).
Cl Ce sont ici tes dieux (le veau d'or), (S Israt'-I, (pii font fait sorlii
du pays d'Egypte », dit Aaron aux Juifs toujours disposés à retour-
ner à l'ancien culte sémitique.
Moloch était représenté sous la forme d'un taureau comme em-
blème de force et de puissance. Hélus figure sur les cylindres as-
syriens avec des cornes sur la tête ; Jupiter Ammon était coilTé de
deux cornes de bélier; des taureaux androcéphaies gardaient l'en-
trée des palais d«) Ninive; Astarté, Ariéiiiis el lo ;ï Gaza élaicnl r;'-
présenlécs avec des cornes de taureau ou de vnchr -. Annibal consa-
cra à Junon-Arlémis une vachr d'or"^ et Crésus des raclirs d'or, i
Ephése, en l'honneur de la même divinité *. En Thrace, dans l'en-
ceinte de la ville de Philippe, on voit une antique sculpture repré-
sentant une divinité à cornes. Dans l'île de Sanlaigne, M. Guigniaul
signale une image du '//'•(/ Luiu', la tète surmontée de cornes'', parmi
les idoles attribuées aux Phéniciens. La mer d'airain de Salomon
consistait en une cuve ronde avec un cordon de têtes de breufs eu
airain et quatre groupes de trois taureaux chacun comme support"^.
M. Scblicmann a recueilli à Mycène et à Tirynthe un graud nombre
d'idoles en terre cuite reprêseiilant des tètes île jv/c/it"."}, d'autres en
argent arrr co/nev d'or. IJes monnaies d'Euhée portent À l'avers une
tête de rache. On ne peut nier que les cultes orientaux n'aient péné-
tré en Europe el jusqu'aux rives de In H iltique *"'. — Les Saxons ado-
1. MiniitlusFi-lix, Oc/.
2. Mowcrs, tlie t'Iunninor, II, 07. Dp \\\ lo Rtirnom de Taurlqno donti»^ A .\rt<*mis
(Tauriktj.
3. Cio'ron, /)«? divin. \, 24.
6. Hérod., 1, 02.
5. Ménard, Vie privée des ntinpn.f.
fi. L'auU-l do Sainte» ropr«f*»cnte un porsonnago acnoupiy la iMc Biirmonti'n do
deux corne»; il «m acco»lé do doux divinit»'» formant avec lui une triade. Dcu» lOle»
de Liuroaux ornom In hnso du hi/fRo htir l.;(|ncl roposo In diou. Dans Icn Ganlo» plu-
•icuni dinmii'j.n huni ('•galimoni ppnîM-nléc» di.nn l'altitude hund'iltique. M. lier-
UN SYMBOLK HKLICIKI X l)K I.'aGIC l>t' niloNZC. 2?)
r.iiont sous le nom (riI-Mculc, le soleil, fjnem (ira-ri iipprllaiit Apnl-
lincm '. — Les Siiùves reiidaienl un cuil. ;i Isis s()ii> la ligure d'un
vaisseau (in moilum Hhurnce) paici; (jue celle-ci était venue d'au-
(Iclli (les mers -. — Les Vriiini, An;,'!! et niilres peuples de la Halli-
(jui-, dit encore Tacite, adorent iierla on Nerlliuin, lerrdui uiatn-m :
<( Dans une île de l'Ocùan est un bois qui lui sert de temple. On y
j,'ard(î son eliar le prôlre y allèle des (ji'nisscs et le suit en
grande cérémoni(> puis il la reconduit dans le bois sacré et
lave le char dans le lac. »
Les Grecs promenaient ainsi Cybèle sur son char :
La mùmc cérémonie religieuse se célé!)rait à Rome : « Oiu»
Malri dcorum pompai cclebrantur et carpentum quo vehitur
siinulacrum Almonis undis aldui perhibeliir '. »
Les Germains adoraient aussi le soleil sous le nom de Mercure ;
ce dieu est souvent adjoint ;\ Maia, Mater Magna, ou ;\ Rosmerla, sur
li's monuments gallo-romains découverts en France. C'est toujours
l'ancien mythe du principe de vie, se décomposant m deux forces.
C'est encore, dans le Nord, Freia (la lune), l'épouse du soleil Frey
ou Oddin, rci/nalnr omnium^, qui est aussi le dieu de la force, le
Mars des Romains.
Ce mythe primitif s'est peu à peu altéré, émietté; les rayons éma-
nés du foyer de vie, tiu Créateur universel, se transforment en au-
linl de divinités qui ne sont chacune que la personnitication des
diverses forces de la nature : Ita diverses virtutes solis nomiua diis
drdentnt ''. Puis ces mêmes divinités finissent par remplir l'humble
lùle de dieux topiques, de dieux lares : " Inter deos pénates posilos
fuisse Jovem, Miiiervam, Apollinem, Neplunum et Cererem^ ».
I>is, Jiinon, Cérès, Démétcr, se confondent avec la déesse Fortune
Iraiid pense que les divinités figurées dans cette position et les cornes qui leur sont
souvent données comme attributs indiquent >ine influence asiatique due îi d'antiques
relations commerciales établies entre l'Orient et l'Occident (Itev. archéol., 1880). —
L'irraensul n'était qu'un tronc de bois consacré au Soleil. — Chez les Irlandais et
dans le pays de Galles, on allume encon^ des feux aux premiers jours de mai en
l'honneur de Brn/'in" ou Beltion, nom corrompu de Bélénus. — f.a colline de Sau-
vabellin à Lau-aiine vient de Sylin Ih'lini.
■ 1. Ciiimm, Mijih., I, 91.
2. Tacite, Gtrin.
3. Prudence, cité par firiinm, Mijtli., 1,211.
4 Zeuss, die Deutschen, p. 27.
5. Macrobe, S'it., 18.
6. Arnob' cité dan~ Montfaucon, I. 325.
26 REVUE ARCHEOLOGiyUE.
OU ili'o>.<i' il'Al)(iiiil'iiiC(', i|ui (iovient olle-iiu^iiu' dî-cNse panlhée '.
Hi'liis (If soleil) p.ul.i^'c le inùine sorl : Brins forlumv rector (ins-
cript, de Vaison). La loire cuite de Havay [{]\^. .'{) dont cliaiiue corne
Fig. 3.
est surmontée d'une tête de cheval, animal consacié au Soleil, est
encore une représentation panthéc, en ce sens qu'elle reproduit à la
fois les conics-croissants et le symbole du soleil (la force active et la
force passive). C'est alors qu'apparaît cette armée de Mutres ou deœ
Mainte (dérivé de Maia) dont les noms barlares et non romains figu-
rent sur les inscriptions : « Matribus Pannoniorum, lirittis, etc. » -;
puis les bonnes déesses Rumancha, .Muviantincli'i, Aufania, Mopa-
ler, etc.
Pour les divinités nulles ce sont : Latoldus, Moristagus, Ver-
jugodumnus, Cernunos, Tarvos, Trigarannus, coiffé de cornes
comme le dieu qui ligure sur un pilastre à Baveux. La généalogie de
ces divinités lopiiiues est peu connue, mais les bonnes déesses, les Ma-
ires, restent toujours comme personnilicalion de la terre féconde,
la nourricière des hommes. C'est le mylhe primitif venu d'Orient et
répandu dans toute l'Hurope sous des formes et des noms divers. Les
sculpteurs gallo-romains ont remplacé les cornes de la bonne déesse
par d'autres attributs rappelant toujours celle même idée de la force
productive; ce sont des corbeilles de fi-uits (|u'elle tient sur ses ge-
noux, des chiens, des lapins, animaux renommés pour leur fécon-
dité, une corne d'abondance ou des petits enfants (|u'elle porte dans
sea bras.
1. Haviiis.sou, liev. anhéol., t. XXXII.
:•. Jiihrhurher il^r Alterlhuins-Frcunde un K/ieniifiml, XV.
UN SYMBOLIC UKLKIIKUX DK l.'.MiK DU lUlONZK. 27
rigidiim fora dextora cornu
Dum lenel inl'regit truncaque a fronle revellit.
Naides hoc, pomis cl odoro flore repletum
Sacraruiil, divesque iiico bona copia cornu est.
(Ovido, Métnm., liv. IX : Achélous).
Mais sous cet épais fouillis de croyances si diverses enfantées par
les poètes, l'idée pi imilive continue à vrgélcr, sinon comme religion
oflkielle, du moins coiniuc superstition [lopulairo, el l'ancien symbole
des cornes ou de la tête de vache s'est maintenu et se maintient en-
core à travers les siècles, depuis les temps ubi Tvoja fuit jusqu'à nos
jours '. Il est devenu une amulette prolectrice : en Elrurie et à
Rome les jeunes enfants portaient un petit croissant en or ou en
bronze suspendu au cou ; encore du temps de Macrob^lv" siècle) on
avait coutume en Italie de suspendre l'effigie de Mania [la terre, lu
bonne déesse) à la porte des maisons pour conjurer un danger. —
« Boum capita et cnpita rervecuni immolatis et colitis», dit aussi
M. Félix aux païens-, — Les Franks: « bestiarum tinxere formas
ipsasque ut deum colère ^)). — Les cornes d'Astarté sont encore
portées en or par les femmes druses. — Dans les villages napolitains
on voit des cornes de vaches ou de béliers fixées au linteau supérieur
des portes de maisons. — On connaît aussi les amulettes napolitai-
nes en corail représentant une main, l'index et le petit doigt levés
en forme de cornes et qui doivent protéger celui qui les porte con-
tre les mauvais sorts. — En Savoie les paysans plantent des cornes
de vache au-dessus de leur porte d'écurie pour défendre le bétail
contre les esprits servants. — Les têtes de vaobes figuraient, il y a
peu d'années, sur le faite des vieilles maisons dans les villages de
rOberland bernois, et le musée de Berne possède une de ces têtes
1. Le fait suivant prouve l'attachement des populations à leurs vieilles croyances:
On sait que le cheval était réputé, dans l'antiquité, animal sacré. Dans le Nord, chez
les Esiyens, les Vendes, les Sarmates, on le croyait initié aux secrets des dieux,
conscitts deorum. Après s'être nourri de sa chair, on plaçait sa tète au bout d'un
pieu ou sur le linteau supérieur des portes de maisons t.t on lui attribuait des vertus
magiques. Cette coutume s'est conservée dans le Lunebourg et le Holstein ; or la
retrouve aussi dans le canton des Grisons ; là on voyait encore, il y a peu d'années,
dans les villages des montagnes, deux têtes de chevaux sculptées en bois et placées en
regard au faite des toits de maisons.
2. Octave, 28.
3. 0. de Tours, II, 10.
2fi liKVll. VUr.llHM.tM.KUK.
presque moinitu''t» l'ir raclion prolonpéo de h fumée et du temps.
Pour en revenir aux lacustres, les stations de l'Age de la pierre et
Celles du fer n't»nl jamais fourni de eroissanls-cornesen terre ruilc;
l'emploi t\c ce frcHirliiiii simul'icnim était peut-»Hre encore inconnu
aux populations de cette première «5ipo(|ue; quant au\ stations de
l'Age du fer, on serait lentv de faire coïncider l'altsence de ce symbole
avec l'invasion de In Suisse par les Helvètes, (|ui auraient appoitê
avec eux dans leur nouvelle patrie des croyance- religieuses diffé-
rentes; mais les faits que nous venons de rappeler démontrent au
contraire la persistance du vieux culte jusqu'à notre temps; on est
donc autorisé fi admettre, d'après ce qui se passe encore aujourd'hui,
que de vraies cornes de vaches ont remplacé vers celte épo(jue les
cornes-croissants en terre cuite et qu'on les fixait au-dessus des por-
tes des huttes comme on continue à le faire dans les provinces napo-
litaines et comme on le faisait rn Snisf ius(|uan lommenccnienl de
ce siècle.
Happelons, en terminant, que les peiiles lunules en bronze si com-
munes dans les stations lacustres du second âge reproduisent le
même mythe et servaient d'amulettes tju'on portait sur soi pour
éloigner les mauvais sorts.
Baron DE BONSTETTEN.
SYLLOGE VOCABULORUM
AI) CONFKUKNDOS
UEiMONSTUANUOSQUE COIJICES (ilUECOS UTILIUM.
RECUEIL Dli MOTS l>OU!l SKUVIH A LA COLLA'IION
BT A LA DKSCUIVTIO.N DtS MANUSCRITS CHECS
{suite) K
IV
CODiCIS JAM SCRIPTI FATA.
Priiiin iiiamis.
Manus secunda, (eilia, etc.
Corrector, diorlLota.
Adnotalor.
Grammalicus.
IV
DESTINÉES ULTJ'IHIELMIKS DU
-MANUS(,R1T.
Première main (m;iin ou écri-
ture du copiste lui-mùmc).
Deuxième , troisième . . . main
(main ou écriture de reviseurs,
correcteurs, annotateurs).
Correcteur, reviseur.
Annotateur,
Grammairien.
Adnotalio (in mari^iiie sciiiita). Annotation (inarginnlc).
Adnotalio suppletiva (in maryiiie Supplément marginal j-établis-
scripta | AJ. sant en marge des mots omis
dans le texte).
1. Voir les numéros de luars-avrii, mai-juin.
30 Ul VUK AitCMIvOLOOIQUe.
IiiscTJpiio OU suscriplio posscs- llv lihris (inasc.) (inscription ou
soris, «Miiploris. soiisc'riplion do pos.'^es-ciir,
d'acluleur).
Furuiii oxsccralio. Imprëcalion conlro h s voleurs.
Omissus.
A<i(litus.
InsiM-lus.
Poliuni, femifolium, seniifo-
liuin (liinidi.iluin in rodiccMU
j un coiifictuin inscrluni.
Seinifolium srriplae pa^'inae
superindurluin lA].
Omis.
Ajoiilé.
lus (''IV.
Feuille, feuillet, dcini-feuillcl
inséré après coup.
IMaraiii, iiMinmé plu- souvent
cttiion Jeudiel écrit d'un seul
cùté il collé sui' une page re-
vtMue elle-inîlini' d'écriture).
Adscribere.
Suprascribere.
Infrascriberc.
Praescribere.
Iiitcrscribere.
Su perscr ibère.
Rescribere.
Subscribere.
Signuiii relativnin [A].
Écrire à côté.
Ecrire au-dessus de la ligne.
— au-dessous de la ligne.
— devant.
— entre (les lignes).
Ecrire en surcliarge.
Repasser à ioncre (des lettres
etVacées).
Ecrire au dessous ou encore h la
lin du manuscrit.
Signe de renvoi, de référence.
Men liim.
Corrigere.
Coneclio.
Em('n('nlio.
Eniendare.
Faclus ex [D].
Mutalusin[Dj.
iJelelus.
F.inte.
Corriger (un mot mal copié).
Correction (d'un mol mal copié).
(À>rreclion (il'un t -Me aliéié).
Corriger (un texie altéré).
Fait de...
Cli.in^'é en...
Supprimé (eiïaé aitini'ieilemenl
par tout ninycn aulre <]ue l'en-
cre ; niiai:il lemovrii emp'oyô
SVM.()(;K Voi.AIlUl.dHUM.
31
Tiaiisversa pcnnadciclus [A].
Cancellaliis.
Expiiiictiis.
l'uiiclo siiporiore notalus.
Punclo iiifL'rioio iiulalus.
l'uiuiis circumscplus.
Elulus.
Erasus,
Scriplusinrasura;superscriptus Ecrit sur gialtage.
rasiirae.
Lillerae rcscriptao. Lettres repassées à Tencre.
lu; se {Jisc(;rno pas facilement,
dclclus Imil seul ost le mot à
piY'férei'j.
Hill'i'' (li'uii seul liait <le plume).
Haie, barré (supprimé au moyen
de plusieurs barres ou traits).
l'oiiité (en signe de suppression).
Pointe en dessus (en signe de
suppression;.
Poinl(' en dessous (en signe de
suppression).
Entouré de points (en signe de
suppi'i'ssion).
ElTaee (par l'action de l'eau,
effacé à l'éponge sur un papy-
rus).
Gratté.
Signa critica.
Asteriscus(masc.).
Obelus (masc.\
Obelo notare.
Signes critiques (d'Aristarqne,
par exemple).
Astérisque (raasc).
Obèle (niasc).
Marquer d'un obèle.
Scholion (plur. Scholia).
Catena.
Interpretimentum.
Lemma (n. ul., gen. — aiis).
Scliolie (fém.) (l'ortbograpbe
usuelle .*;':'o//(? a l'inconvénient
diî faire penser à iyAXwj, chan-
son de table ).
Chaîne (collection d'auteurs (jui
ont travaillé sur quelque par-
tie (ie l'Écriture s linte (Litiré).
Notule explicative (courte sclio-
lie, soit marginale, soit inler-
linéaire, sans lemnic.
Lemme (masc.l (mot emprunté
au texte, servant d'en-lôte à
39
Scholia mnrf^'innlia.
Scholia intiTliiitaria WD).
— inlenuarginalia IWD]
Intirmarginale spatium ^AJ.
Interpobie.
Inlorpolalor.
Interpolalio.
HHVL'K AHCIIEOLOUIOLK.
une srliolif.
Scholies iiiart^'inales.
— iiitt'rliin'airt's
- iiilermar^Mnales (sclio-
lii's (''Ciilt's dans l'cspjicc coiii-
prisenlie les scholies iiiaii,'i-
nales cl le texte).
Alartje intermédiaire ^^ compiise
entre les sclioiies marginales
et le texte.
Interpoler (altérer la leron de
première main).
Interpolateur.
Interpolation (action d'interpoler
ou encore altération du fait
d'un interpolateur).
Alramentum décolora lum.
Coloris proprietas.
Atramenti proprius color.
Alramentum rufum ; rubiginis
speciem refcrens.
Encre décolorée.
Nuance.
Nuance de l'encre.
Encre rousse j couleur de rouille.
Macula.
Maculalus ; maculosus.
Squalidus.
Umore corruptus.
Situ opertus; mucorc corruplus.
Igni allaclus.
Combuslus.
Aduslus.
Incisura ^A].
Scishura.
Lacer : laceratus.
Incisus; semifolinni incisum TAl.
Tache.
Taché ; couvert de taches.
Sale.
Endommagé par riiumitlilé.
iMoisi.
Roussi.
lirûlé.
Brillé sur les bords.
Kenlc (dans le pajùcr); solution
de continuité.
Déchirure.
Déchiré.
Kcndu ; feuillet fendu (ipii a une
coupure faite avec un instru-
ment Il anchani, « l t|ue|(|iief()is
avec le style i|ui a servi à Ira-
Ili'sareiri3 cli;ii l.i translucida [A J.
Usii altriliis [A] ; cvanidus.
Rescriptus.
Mi:li!ii^.
Ab iiiilio iiiutilus [Mfc] ; ;ict'-
pli.'ilus.
l)e('iiil.iiiis.
Sfinifi'liiim iliiiinliali.iii siipe-
riori'Jiifeiiort' parle iv<"i»a [ \].
Seinifoiiuiii diiiiidialuiu in lali-
lUiliiuui [A].
Foliiiiii, seniiloliiini vi ablaluiii.
Semifoliuin abscissuin.
Foliuni, semirolimn abseiis.
Foliuiii, stMiiifoliiiiii ab>ens, iii-
teniiplanumerorumserailoliis
iiiscriploiuin seiie [AJ.
Foliuui. .seiniroliiiMi absens, con-
timiata iiibiloiiiinus numcro-
ruiii seuiilol.is iuicriploruui
seiie [A],
Cii.i::s mai go trudcalus esl ad
dimidium.
Cujus mai go recisus est.
Semifolium cui margo cbarla-
ceiis agglutioalus esi [A].
Forainen.
Perforalus.
Erosus.
Adesus.
Obrosus ; ciivumrosus; ambesus.
Anûbiuui paniceuiu.
SYLLOUli: VUCAUULOIIUM. 38
CCI- les li^îiios rcctiici's).
Hép;irL'r(iim' (b';chiiuiT, iirief:oii-
piirc, avec du papior iraii>pi-
reiit).
Obhl.-n'.
Kt'pas^ù ;') l'uncre (par uni! main
P'isltM-ieur-).
M II i! lé.
Tro h|ué au comineiiceiueiil ;
acépliale.
Troiiqu'' à la lin.
Feuillet dim'iiiit' de la moilic su-
priirurc, iiifi'rieure.
FiiiilK'l cou|)é en deux d'i haut
en bas (ce qui lui Ole la moitié
de sa I iri^eur).
Feuille, feuillel arraché.
Feuillet coiipé^qu'on a enlevé en
le coupant).
Feuilb', leuiliet Mianquant.
Feiiiliel, l'euillel mamiuaiit ( !ont
l'absence est attestée par
une lacune dans la pagina-
tion).
Feuille, feuillet minquant (dont
l'absence n'est pas ait stée par
une lacune dans la pagination).
DoMi 11 marge a été diminuée de
moitié.
Dont la marge a été coupée après
coup.
Feuillet complété par l'adjonc-
tion d'une marge ue papier.
Trou.
Troué.
Rongé.
Rongé sur les bords.
Roni,'é tout autour.
Yrillelte (coléoplère qui dévore
les herbiers et les livres; il
m" SÉHIE, T. II. — 3
34
m \i I \K(",iii:oLuGlout.
ûiil .h' [iclib Iruiis loihis ;iu-
près des(]uolo il laisse de pelils
Ijs (le l^^s line puu>siiMv).
.Mu>.
Ual.
SoroN.
Souris.
(k)nglulinjrt.'.
Coller (ensemble).
bliilinalor.
Colleur.
Coiisaiviiiart'; ioii>uere.
Coudre (ensemble).
Compingere [Mfc].
Relier (un livre).
Compaclus.
Helié.
Coni|acloi.
Relieur.
Compaclio.
Reliure (acîion de relier,".
Compncliira.
Reliure (ouvrage de relieur;.
nualeinio irajectus. Folium lia-
Quaternion transposé. Feuille
jecluni.
lranspo^ée.
Folium perverse plicatum '
A .
Feuille à leuillels transposés (par
suite d'une erreur de pliage).
Invertere (folium .
Relourner(une leuiHe de papier,
de parchemin, etc., de telle
sorte que l'écriture se présente
il l'envers).
Folium inveisuni.
Feuille retournée sens dessu^
dessous.
Imminuere, recidere raar
yines.
Rogner les marges.
Inauraresecturas, frunles.
Uorer les tranches.
Seciurac inauratae; piclae.
Tranches doiées ; peintes.
Lalera.
l'Iab.
Lalus sHii^trum.
Plaldegauclie (celuiijuiiecouvre
le coiiimeiicenienttlu livre).
LalUft dcxlruiii.
IMal (le droite icelui (jui est i la
lin du livre .
Terpuni compaclurae.
Dos d(î la rcliiiic.
Semifnlium iiilus a}:gluUi
luluiu
Feuillet colU- au plat et a linlé-
■ lilen .a;.
rii'ur.
SeinKoliuiii a compaclore
addi-
(Jardc (feuillet <|uc l'on met a la
lum [Aj.
lin et au commencemoMl des
livres).
Semifoliuu» a compaclore
addi-
Garde du commencement.
tum ad caput [A].
>>('mi(o'ii]lM ;i cniiipactoie adJi-
liiiii ;i 1 (mI( fin [A],
'r.iiiiioia (m iisiiin ooiuni qui
non iiiio iiMiorc loijuni, sumino
libro iiist rlil.
Aiiguli pliiatiira.
Operiincnluni; tcguiiienlum.
Anpiilnrum corapaclurae tegu-
iiieiita.
Operire; tigere.
Cntium ; roriacpus.
SiTicum : s»M-iceiis.
Lignum: lijrnius.
Ebur ; oborcus.
Titulus ic'giiniento codicis in-
sci ipliis, impressus.
Otnamenli.
Sciituin [Du Gange].
Offendii es (plur. fem.)
Clauslruin,
SYLI-OGK VOCvlK I.OItLM.
Gar le de la lin.
35
Sig'iet '[M'ii's rubans que ifs re-
lu'urs atiaclieni a la Iranclu-lile
du liant d"i'n livre, pnursirvir
à y riian|iirr un (MidrHii [Lii-
tro]).
Coriii' (l'aile au coin d'un feuillet
pour tenir- lieu de ^ignel).
Enveloppe ou couvei ture (d'un
livrci.
Coins (|)our garantir les angles
de la leliure).
Couvrir.
Cuir, peau; decuir, de peau.
Soie; de soie.
Bois; de bois.
Ivoire ; d'ivoire.
Titre inscrit ou gravé sur la cou-
vertuie d'un manuscrit.
Ornements.
Écutson (d'armoiries).
Attaches d'un livre.
Fermoir.
Scmifolioium noiae numérales
seniifuliorum notatio.
Pagiuarum nolae numérales.
Numérolation des feuillets (elle
est gi néralement très récente).
Pagination, nuinéroiation de'
pages (elle est Tort rare).
Medicamen. Réacif (appliqué aux palimp-
S''4' s).
Infiisuni gallarum [Codex med.]. Infusion de n^ixde galle.
Suifiir.tuni potassic .m [Codex Sulfure de pota.-siuin.
m.d.].
Sulfuieliim ainmoniae [i I.]. Sulfliydiate d'ammoniaque.
Tiiuluia Giobeitina (cyan;ire- Teinture de Giob ni (terrocya-
luin f'Trusopulabsicum) [Codex nure de polJisium).
mid.T.
30 HhVlK AHCHKULUtJlgUK.
S()lutinaci(ii Innotoj [Cod. inc<l.]. Dii^Kohitinn (!<' timnin . '
.MiMiir.i ciim siilfocyaiiuii'li po-
lis>iiM [i«l.] I parle;
ai|ii:u> siillatao [iil.l XV
paitibus;
acidi iiiurialici ironiuit-
lis guUis.
Yapores aciiii muriatiri [id.].
— aminoniai' [id.].
— sulfurili aiiiiuoniae
[ul.].
Mélange de : suirocyaniiredo po-
tassiiiiii (1 pariie':
eau pure (15 par-
lies);
acide l'hlorliydri-
(|ue (ijuelqucs
goullcs).
\'apeurs d'acide cliloiliydrique.
— d'ainmoiiiaque.
— de sulfliydiale d'ammo-
niaiiue (on le» fait agir lour à
tour sur le paicheiuiu).
Bibliopola.
Bildiopolium.
Bibliolheca.
Bibliotbecaecuslos.
— prcef'jclus.
Blhliolbecarius.
Artnariuiu.
Pluteus.
Suti vilro.
Tbesaurus [Aj.
Calalogu>
Libraire.
Librairie.
Biblioibi''que.
Biblioibécaire.
Id.
M.
Armoire.
Pupitre ou é'agère (E C).
En VI line.
Réserve (lieu où sont mis à part
les mss. bs (dus iiréciejx, oui
ne sont communiiiués au pu-
blic que niovtnnanl lertaines
coiidiiious ou formalités spé-
ciales).
Catalogue.
Codicem inspicere passim.
— exculere.
— dcmonstrare;?)
Parcourir un niaiiuscrit.
Examiner à fniid, dé[>ouiller
coinplétcmenl un manuscrii.
Décrire un manuscrit '.
1. ly» tcrmei de\cnbTe^ depingere^ effiiif/evf, repraesentare, nobilifare, ne pou-
vant feire •■ni()l'iy<''» duiis le i>eii» du décrire & cause di; l'éi|iii\o(|Uf, nous nous bommes
arrête à deiuohttrare, coin|iUni sur la bicuvclilancu de nue luciuurii pour nou» uidcT
à trouver uq terme plus saiiïfai&aul.
SYLLOOF VOCABUI.OHIJM.
n?
Coliccin «'xsciiliere, tninficri- Otpicr un miMii«rr'l.
bt'ie.
CO'licis scripliiram ad verbuin Rxi'cuUt un»; copie diplnma-
expriniere [A]
Chartnm Innslijcidnm .id Irnii-
scribeiidiiiii codiocin .idbibero
[Al.
Codicein cunlViie.
Conlaiio.
Cotilationcm ronlicere [Pr.].
Consenlire ciim...
tiq le (copier tcxiuellemenl un
iiinnnsrrii).
Cabjucr un manuscril.
r,oll:\lioniii'r' un m miisciit.
Collalion.
Exécuter une rollalion.
Etre d'accord avec..., donner les
mêmes leçons.
Typis mandare.
Typis exprimere [OR].
Typngrapliia.
Typographinm, oflicina typogra-
phie i [A. F. D.].
T\po;hela.
Anccdotum.
Non'Ium ediius.
Publici juns farere.
Priinuu), nuuc priinum editus.
EJere.
Editer.
Elilio.
Ediiionis procurator [A].
Editio codifis scripturara adver-
Lum exiiibens.
Ediliontm procurare [Wcss].
Imprimer (PH parlant de l'auteur
(jiii donne un iris, à un iniprl-
meur).
lm[>rimer(en parlant de limpri-
nicur).
An de l'imprimerie.
Atelier d'iinirimcrie.
Imprimeur.
Texte inédit.
Inédit.
Publier (p. ex, un texte inédit).
Pu!lié pour la preniièic foi';.
Éditer (l'aire les fiais de la puldi-
cation d'un livre).
Éliieur libraire qui publie un
livre).
Edition.
Auteur d'édilion (savant qui
donne ses soins aune édi ion).
Édition diploniaiiqiie (qui donne
tel quel le texte d'un ms.j.
Procurer une édition (se dit du
savant qni en cun.^litue le
texte).
.1»
Kili i • it'MMi'ii. tiT mm, fi'., pu-
lili, i jnns fncl i.
E lii 0 iie.uiii pioiMrnt.i.
Eiilio iUmiihi piocuiala iMiorc
envn hlior.
E Imo ci ilira.
lU VIM: AUCUKdl.or.lnlF..
ÉdrionpublitVpniirln.lonxiiMne,
pour h tr isiv'»!!)-- foK.
Ëliiinn ptnriiu^' pour l.i 'i* fui^.
fMiiion pioi'iin'-i» pour la t* fois
Élilioii c ili'iiu*.
Edilio apparalu criticoiiisinictn. Édition accompagnée d'un appa-
reil Cl iliquc.
Loclio. Leçon.
Leclionis di>crepantia. Variante.
ALFRED JACOB.
NOTICE
SUR UNE REMARQUABLE P.\RT[r,rL\niTI-; ijfE Plîli^^ENTE
roUTF, r\F, SKRIK HK
MILLIAIRES IIE CONSTANTIN LE (iRA.Ml
Il existe sur la voie Auiéliriuic, entre Cimiez {Cemenelinti), *Jan«
les Alpes-Maritimes, et Arles, et peut-être aussi sur la voie Domi-
tienne, entre cette dernièie ville et Lyon, une série de milliaire'î de
Constantin le Grand dont les inscriptions sont toujours uniformé-
ment incomplètes, avec c^Mte particularité que la p;irtie effacée ex-
primait la fili.ition de cet empereur à l'éi^ird de Maximien Ilircule,
leiiucl, par son adoption de Constance Chlore, était devenu le grand-
père de Constantin et, plus lard, son beaU'-père en lui faisant épou-
ser sa fille Faiista.
Maintenant, par quel motif, ou plutôt à quelle occasion, à la suite
de quels événements politiques, Constantin, après avoir fait graver
l'expre.ision de cette filiation sur toute une -érie de colonnes itiné-
raires, se détcrmina-t-il. plus tard, à la faire marteler? Tel est l'ob-
jet et le but de cette notice.
Nous établirons tcui d'abord que l'expression de cette lilialion a
réellement été gravée sur les milliaires dont il s'agit, et ensuite
nous rechercherons la cause et les circonstances qui ameiiérenl
Consianlin à banuir la mémoire de Maximien Hercule de«; milli lires
sur lesquels il s'en était précédemment honoré.
40 RRVUF. ARCHF^OLOGIOl'F-
Expression, .<>»//" /<■< williuirra tle Con^tunliii^ ilr 1 1 filintiou de cet
emptreur envers Mdjiwirn Ihrnile. son i/raud-père ndoptif.
I)nn> la série de niilliiiros que nous allotis f.iiie rnninilre, les
inscriptions portent toutes une niôtiie lacune en trois ou (|u;ilre
ligues et, rircoiisinnre n'mnrijunltle, depuis plus de deux siéilcs,
l(;us les sivaiils (|ui oui rlierclK^ h couipléler ces itiscnptious se
sont basôs ^ur uu aiiire uiilliaire ayant une insi-ripliiui prétendue
San"* laruiu% ludiquée à (>alias.-e [Paijus Matiirnnici(S\, honrg du
déi'aitemi'nl du Var non loin de nii.^'unics et du Luc. Il représcnle
aujour.riiui, sur r.mci' nue rin Anrelin, la -laliou louiaineiie iVtiM-
vomo df l'ilitjéraire d'Atitnuin, et de Mnturnne de la rarte de Pen-
liuger {a).
Le ludliaire cité existe bien, en elTei, dans un petit cimetière
nbnndoiiné, altenmt à réi/lis.' du lieu; mai? son insrriplinn n'est [«as
co iiplèle; elle olTie la uiéuie lacune que celle de hms I sa-.itres uiil-
lia res le la série ijue nousconsi lémns. La place de l'tlTaçure est si
netie, si bu-n polie, et le re>le de l'inscription est si profon lémenl
gravé, qu'il n'rsl pas possiltie d'aliiiellrc (pie cette lacune ait une
CI igine moderne, ipi'elli- .soit le résultat de lusure par véiusié. U'ail-
k'ur.'^, il serait vraiiiieiit su gulier que la delerioialion de l'inscrip-
tion, si détérioration il v avait, «'ill porté tout ju>ie sur les inéiues
lignes qui manquent à tous les autres uiilliaiies de la série. On peut
donc se demanier couimeiit il a pu se faire qu'une pareille erreur
de fait, î\ facile à éviter, se soil pio|i.igre pendant plus de deuxrtnls
ans, soit depuis F. yresc, mon en 1«»37, jusiiu'a ci- jour? L'inscrip-
tion il« ce milli lire, supposée complète, a été, en elT.I, pul'liée d'a-
près la copie faiiiiv»' de Peviesc, par Honoré Uouche '. Faliieili 2,
Aluratori ^ Orelli S !]elgit•r^ .\oyon S l'Almannrh du Var pour
•^fi) Voir, h la fin du mémoire, doux notes (« ei b).
1. n.sl. lie Pr.i., t. 1, p. 120 «1 5'ia.
2. Imrri/it. nntiif., p. Û1.1, h" SJO.
3. T'ir aur. Ve'ir., p. ^Ot, ri" î, i-l p. 2011, ti° 0.
/). Inrn/il. /utrinr. Il" 10'.»3. Mlll^ ct'i HUKur prt-nd CoNSTAN'TIM pour (iON-
SlAMll.
5. Il "t. i/ri jraiifli rh'-ni. <!<■ i'rwp. romain.
0. Stutitt. du l'nr.
Mii.i.rsinrs \)i: (:o\<;TAMr\ i.r ciivNtt. 41
i«l8. p. t?()V, cl on (Inrnipr lien pnr nniinjiiclol ', Carlone -, M. Va.
Blanr^, M. Allmor*, M. J.-A. Aiihnnas'*, de. Nous no nous chArçic-
rnns pns rrt'xpli(iucr re pll^nnIn^[l(», |P(|ncl scmtilft t<^moipner qur' Ifs
savants acceptent vnlnnliei? dos trxtos <jn scconile main alors int^mo
que les moniiincnts (iri},'iiiaux sont à la portée de tout le monde.
La fii^ure l ci-dossoiis est le dessin aussi soigné rpie possl-
itle du iiiilliaif ' fie (labasse, que nous avons relevé le 12 octobre
dernier. Il estf.irmé parune colonne en calcairede rouleurgrisAlre,
rompue en deux tronçons qui s'ajustent parfaitement quand on rap-
proche les deux surfaces de rupture. Cis fragments gisaient à terre
pôle-mf'^le sur un ta^ile moelio-is, à i|U'd'|nes niètios d'un autie frag-
ment de milliaire de Prolius, et dans un état d'abandon tout à fait
regrettable. Du reste, ces colonnes ne sont pas les seules antiquités
du pays; celui-ci, au contraire, est fertile en monuments épiirraplii-
ques, dont plusieurs sont assez remarquables (b). On y trouve,
entre antres, au quartier de Campdumy, le milliaire de Néron décou-
vert, il y a moins d'un siècle, sur le territoire de Hngnoles, et que
l'on croyait perdu depuis longtemps.
f/expression numérale du qua-itième de milles romains, qui ter-
mine Tinscription du milliaire de Con-tanlin {Millia pnssunm) tri-
gentil qicituor, fait conn dire la distance de Fréjus au [toint où le
milliaire fui trouvé, ou plutiU, à la position qu'il occupai! autrefois
le long de la via Aurell'i. La place frii>te, entr.3 la cin |uiè ne ligne
de l'insc-riplion et la neuvième, a une hauteur de(r.2l. On fi'y voit
pas la moindre trace des lettres martelées.
La figure 2, ci dessous, représente le milliaire de la même série
situé d itis l'île S lint-Honorat. près de Cannes (Alpes-Maiitimes), Il
fait paitie des six colonnes qui supportent le bddiquin de Vimplu-
viîiin de la grande tour romane.
Ce milliaire, qui provient évidemment de la voie Aurélienno. a
i^jJO de hauteur et 0'",40 de diamètre. 11 est incomplet à sa partie
inférieure, où les trois dernières lignes de son inscription ont disparu
1. Iiiscrtpt.antig.de Nice et de Cimiez, etc., Mémoires de la Société nationale des
antiquaires de France, t. XX de la nouvelle série X; Pari*. 1830, tirage à part,
p. 144.
2. Vo tigp^ dVpijjrapIlie, n' 90 (sdance fçénératfi tenue à Paris, en 1867, par la
Sociélé française d'arclit-ol.).
3. Epigr. anitq. du dp/i'irtement des A/p-'s-M'irifim''^-, l" partie, p. lin.
û. fiit'i. de/nS.ciété d'nrchéolngie et de statistique delà Drôme, t. IV, 1869,
p. 139; et aus^i H'-iue é/>igrtiph., n" 7, p. 103.
5. Htftt.de Fréjiis, 1881. p. 77fi.
\'2
lir.VlF. AIICHEOLOOIOIK.
avoc un tronçon de colonne. On voil qu'il manque encore ici les trois
lipius qui siiiv.iiciit h cin(|tiièiiii', cl (|iic ci'tif j'Hili»' t'n l.iciine a la
mî^iiie liauteiir, environ, que sur le milliaro île Caba<;se, soit 0"',2o.
La pierre dont il est formé est un pranil pris Lilancliâlie counne celui
r^
:a
■t-
i>^'
Fie-. J.
de Vallauris dont nous parlerons bieniùi. Les cinii autres colonnes
qui rarcompa^'nent ont toutes les mêmes dimensions ijiie noire mil-
itaire. Il y en a une en marbre rose antique, (lt'u\ aulns en pnr-
pliyre ampliiholiiiue pris d.- rF>lérel (sorte de syi'uite), tandis que
les deux dcrni-rs spécim''n>< sont t-n calcaire pris. Du reste, C'-s co-
lonnes n'étant incorporées a l'oiivrape quccoinnn' vieux nialériaux.
on peut les prendre pour (ranfleiH milliaires frustes, à l'exi-eplion.
Iiien entendu, de celle de ces colonnes (]ui est en marbre rose.
MiLt.nrnKs df. Constantin lk f;R\Nn,
43
En oulre ilo ?on in-cription [iiimiiivi', le iniili.iirc de Snint-Honn-
rat en mnli-iit une ;iiiir(' en l'honneur des empereurs Vnlem.
Vnleutinianu^ el Grn^m«M.<î, Elle occupe la p.irlie supérieure d»; l.i
colonne, à ^juclie de la prciuière inscription, ra.iis elle est si peu
Si
ÇONS
Echtlic de 0,0 i nar Mitra
Fig. 2.
apparente qu'elle avait pa«s6 inaperçue jusqu'ici, à l'exception di'
M. l'M. Blanc qui, dans ces dernu-rs lemps, l'a pri<!e pour un texle
grec '. Quoi ijuil en soii, elle e>t étrangère à notre sujet -.
1. Epigr. untig. fies A/p.-Marit. ,18'S, !>■" partip, p. liS, n^ 130.
2. Vdici la lecture dr cette spcoude et curieuse inscription, que nous considérons
comme inédite ;
[VALENTIl.
LENTINI
rVA]LFNTIM'AXO .
TI\.\0
Que nf^u^ rpstitiion'^ de
rORVTIWO.
AVGGG
la manière suivante,
AVGGG.
....NO HEI...
entre crociiels :
BO NO REIlPVnLlCAI-
NATT
N\T is:.
III
....ill.
41 nr.Vt'K ARCtléOLUGIOt'K.
Nous Yciron* hiontôt que los inscriptions lio lous Ips inilli.iiKs
il'unp corl.iino s^ri»' du ni^^nip iMiiporeur poitcnl la niCmc Inruno,
lai|U»'lle nosaiimil <^Iit. évidnininctil, que In irsulial iTnn m.irlclagft
ofTlriel qui avait l'cliapp^ jusqu'ici .i toutes les oh<t;rvations donl ces
niilliaires ont l'ti'' rolijol.
Qiianl.i la ()ii(siioii de savoir ce que conlcii.iii la partie en lacune,
il est constant que le mol NKPOTI, ijui csi resté pénér tltineiil
vi-ihie au l>as des parties marielées, indii|iic assez (ju'il s'agiss.ul
de l'empereur .Maximieii IT-rcule. On s.iit, du reste, (|ue ces iiiscrip-
tions avaient été générajeineiil restituées en se hasanl sur le t. xte
prétendu compli't du inilliaire de Cahasse, [lar cette foiniule:
Dl VI -MAXI
MIANI-
AVG
N F. P O T I •
Cette restitution a Tavantagede répondre à une règle bien connue,
consisianl en ce que les empereurs se sont généialeiiienl honorés et
<' Aux trois AngiistPfi. Valons, Valpntinien et Gratien, nés pour le bonheur do la
république ... .111. »
A noire connaissance, Conat.intio seul av;iit fait u^^apo d'^ ctto formule empha-
tique. Une preuiière fois sur une mf'daill" et soim cette forme : B. H. P. NAT.fMion-
net, De n rareté ef du prix fies mértai/ es Tomninns, t. Il, p. 233J, et une seconde
fois sur 'il colonne iiiiiéraire de Mfgles (Ardèche), dro'sst'e sur le bord de la route
nutionale au hameau du Hont-dela-Rcauiie, et dont voici l'in-cripiion reli;vée par
nous peu de jours uprè.^sa d»5cou verte, en avril 1850 :
IMP. CAF.S. FL. I VAL. CONSTANTINO | PIO. NO.... CAESARl. C.O.... |
AVG. FILIO I BU.NO. 1U:I | l'VBLICAF j NATO.
Notre in»rripii'in dos trois empereurs romonto évidemment à une époque où ils
ri'-giiai<-nt ensemlilo. Or lo joune Valenljiiion fut pmcliinié Aufjust» par son oncio Va-
lens et son frtre conBaiguin G'aiien, qui l'ass ciereiii «^ IVmi'ire le 17 noviiniire de
l'an 375. D'un autre côiû, l'ustociutiun ii trois cessa le 0 aoûi 37ft par lu lin nitilheu-
reusc de Valons. C'e^t donc dans les doux ans ot dix m .is conijins enin; ces deux
dalfb quo f>ironl pxôcuie» sur lu voie Aun-liciine hs travaux aux'iucls se rapporin
riiiscrijiiio dont il s'unit. Du re.sle, ci-t oxonipli- n't f t pas 1<' soûl. On vorra plus loin
ijiio, -ur un nutn-millii ire (!<• Const.uiiin docouvert dans I K^lo^^'l, on irnuva rncoro
ono au»re in>>cripiion doi. iroin infmes oinpi-ri u.n; ci- (|iii nous um^no A Cfilo cmi-
clutiion iuAiii ndi.e. qiio, sous lo lèfino du cet Augnstos, au lieu d'ôr g- r dos coionnnR
itinorairos lo long des Rrands clioiuins n'p.iri^s, on se bornait h faire (triifi-r les iiis-
cripiioni nd /locMir lis colunnis oncoro oxistann s dos précédonts règnes.
Citons un trolsiomo oximple : le béniiior do IV-glisc H'KrAiiio 'Drôino) osf nup-
.MlLI.IAIllKS Uli CÙ.NSTAMI.N LK tilU.ND. 4o
glorin(>s, sur Ic-^ milliaircs, de liMir jiliulioii envtrs leurs ;iiiguste.s
aiicôires (liviiii-és. Miiis, d'iiii ,iiili(! ;6li', Cflle r6v;le a ici l'iticoti-
Vi'iiiciil tl'ùire cw coiii|ili;( désacioid avec la-i évi'iicmenls qui se
ra|»[ioiU'Ul à l.'i iiii ltai,'ii|iie dtî Maximieii. On sait, en elTi'l, (ju'au
mois Le février de l'an 310 cel em|ji'i'eiir fut coiitraitil par Cons-
lanlin de se donner la nioit, poui' lu crime viai ou su[)po.sé. d'avoir
voulu atienter à ses jours. Or on s'est ileinandé, si dans ces
conditions, il était possible d'admettre que Constantin se .«oit glctri-
fié, sur des coionni-s iiinéraires, d'être le pi-lii (ils du divin J/flxt-
mien Ainjuste.-/ « L^n conséijuence de ces événements, nous dit
M. Minier, on devraii douier delà jusicsse des re«tilulions ci-dessus
pro[)()sées Os r«'>iitulions sont cependant certaines, empruntées
qu'ell. «sont à ^ln^cription d'une borne delà même roule, encore
exi>tanti' dans le ciiiietière de Calias>u*.>' On n'ignoie pas, mainte-
nant, que ces reshiulions ne sauraient être certaines pour avoir été
empruntée^ à une inscription (lue l'on sait oflVir la même lacune.
A noire avis, la vraie dilTiculté n'est peut-être pas là, et il nous
semble qu'elle lé ide plutôidansce qu'il y aurait, sinon d'illogique,
du moins d'inusité jusque-là, avoir un empereur se glorllier, sur
les monuments publics, d'être le pelit-lils d'un autre empereur en-
core vivant.
porté par une colonne iiinéraire dédiée à Constance Chlore, sur le dos de laquelle
on a gravé cetie seconde inscription :
D. -N. VAL I I BU I NATVS.
que M. Allmer propose de lire: D'^ininus noiter Vulentin>aniis A'-f/uUus, bouo
reifiubltcœ iiatuj. (Bullct. de lu Suciët. d'archéul. et de stultst. de lu Drôme^ t. IV,
1869, p. 158.)
On reniani liera, dans notre inscription del'ile Saint-Honorat, le mot NATT., écrit
avec deux T. On sait que certaines dignités telles que celles d'Auguste, de Ct'sar,
de consul, etc., sVcrivaient en abrég-i et au pluriel : Auyy., Cœss., C'iss., et mCme
que le nombre de consonnes H:);iles était égal à celui des dignitaires, comm» oa le
voit sur noire inscii|iiion, où l'on a écrit AVGGG Mmj/m«/o/'«»0 pour trois Augustes.
Est-ce qud le 'loublnnent de la consonne T, dans l'abréviation du mot tintis, &eriiit
ici la marque du pluriel ï La chose semble possible quand on sougR qu'il s'agit
d'une inscription d'une facture tout à fuit barbaie. Les G sont en caractères cursifs
et en forme de fiucille.
Ain^i que nous l'avons dit plus haut, l'auteur de V Epiyrafjfue antitjue du dépir-
ttmeut des Alpes-M trilimes est le«eulqui ait fait mention de cette seconde inscrip-
tion, seutemeat il en fait le texte grec fiutvant :
« MI... I HANQ I I OKEI | AAII | ....II »
1. Revue épi graphique, n" 7, p. 103.
4(> «KVUK .\lu:ilK()L()GK»DI..
Toutefois. >i on vnii lii-n ronsifliMor que M ixiniii'ii IIiMCiile oiTie
cet exer-iple presinie unique il'un empereur (|iii csl ilexeudu voloii-
I.iiitMiKMil <!u souverain pouvoir pour » nirer il;ins li vie privtV, on
conviendra >ans doute t|u'en cr r .s Conslaiilin a Iden pu >'honoier
d'iMre le p. iit-lii> dini empereur <\u\ venait, eu (|U.li|Ue sorte, de
s'illiistn r par sou mépris île 1 1 puissance en deseeiuliut tlii faite des
grandeurs a l'IiumMe condition d'un simple particulier ', tout comme
il se serait gloriliê de sa piété filiale envers le divin Miximien
Aui,'usie êle\ê au ciel, conforméiui til à l'ii-afie ùiahli depuis les
premiers temps de rem[dre, si des rirconslances pariiciilières
u'élaienl venues ir rencontre de celle règle, et la rendre, pour ainsi
dire, impos>il)le dans le cas présent.
L'IiNpollièse que nous venons d'énoncer nous p.naissarit la seule
plausilde, nous admettrons que la partie effacée des inscriptions de
nos milliaires devait porter ce qui suit:
M- AVREL • VAL
MAX!
MIAN I • AVG •
NEPOTI-
Ce qui est d'ailleurs confirmé par quelques li aces de lettres encore
apparentes sur la partie mai telée du miliiaire de l'île Saint- Honorât.
Voici, en efTel, ce (jui >e voit sur cette; p.irlie de l'inscrip ioii: La
lettre M, de la preiiiiéie li|:ne ci-les-us, se devine par qiiel.juis
traces de jambages à peine visihles. La lettre V, du mot AVREL.,
est tièsaipaieiite, tandis (jue l'A, qui est à sa gauche, p- ul à peine
86 discerner. Les lettres HE du môme mot.sont absolument invisililes,
aloiu que le L (|U' le termine se voit sensiblement, ainsi que le pre-
mier jambage du V(|ui suit. du mot VAL-
A la seconde ligne, il n'y a .l'assez bien apparent i|u'iiu jambage
droit, qui parait appartenir à la letlie.M.
A la troisième, quelques traces seiii lent faire discerner les trois
premières lettres Ml A, ainsi ipie l'I ipii suit la let rc N. taudis (pie
1. Aurel. Vicl., De Cm^anhuiy XXXtX, 50. Eutrop", liv. I\. Ces doux coiU-m-
norxiuh, t-n rai'P'Tlatil cet événemiMii iii<''nin»-abl«, conviinneiil qu« Dioct(*tinn, en
d('T"t»ani lc& if-n^s du pouverncnicni, fUt la pi 8 primil» pi-ine à f^ire paring-r sa
n'»oliilion ù Muiimii'D : mai» ccne ni»i-<ionce, l'-iaiii d'drdrc pur.'m'ni privé, ne pou-
vait éviULmœcni rien enlever au côié lionoraUe de l'abdicaiiju publiqur.
MILT.IAIHKS MK CoNSIAMIN 1.1. i.liWD. 17
celle ilerriiéro est absoliiiiH'Ml invisibli-, ;iiiisi qiKi !••> lioi^ Icltrcs
AVG, qui terminent la li^nio.
Kiidii, (lu mot NKiM)TI, i|iii lonii.' la (lualrièmc lif,'ne, il n'y a de
l)ieii apparent qi;e la (leniiùrc Icllre N. L'IOest à peine visible; mais
les (|ualre dernières lettres n'ont laissé aucnne trace.
Il est à remarquer (|ue la disposition d(!< lifjnes doit tré> itroljable-
mcnlôlre variable comme Iciosie de l'inscription.
Voici mainleiiaiit le texte restitué du milliaire de Cdjasse ou de
toutaulre de la série, car, ainsi ((ui! noii^ venons de, le faire oîi.ser-
ver, ils ne dilTéreiit entre eux ciue |)ar de. légers détails portant pres-
que uni quemeiit sur la di-po.>iiion des liLfUes. Les parties restituées
sont renfermées entre crochets :
IMP CAES .
FL- VAL
CONSTAN
TINO P F •
AVG-
IMAVREL-VAL
MAXI
MIANI • AVG-J
NEPOTI '
DIVI • CONS
TANTI[I] • AVG •
PII-
FILIO-
XXXIIII.
En deliors des difficultés concern mt les restitutions, ces textes
ont encore été assez souvent mil i.iterprétés, et la plupart de ceux,
(jiii nntaltriimé ces monuments k Cunstuntittus Junior, [\l< de Cou-
stantinus MiKjnus, ont été induits a erreur par la f.i(;)n dont estecrit,
avec un seul /, le génitif de Con<tantius, a la onzième ligne. C'est
ainsi qu'au lieu de lire Constantii, ou a lu Coustaiitiiii. Du reste,
voici la lecture du texte et sou iuterpiélation complète :
Imperatori Cœsari Flavio Valerio ConstantinopioJelici.Augusto,
4H UKM E AUCHEOLUlilgUl..
A/ûiT< .4u»«/ii Vtileni Musiiniani Aujunli «t/'y//, Ihit Constanhi
Auyusti, //II, fi lia.
{Millia jinssuuni) Irujiuta intiituoi .
C'i'sl-à-iiire: Aremponiir Ct'sai Flavicn Vulc'iv Conslintiii, [lieux,
htiireux, Auguste, pciil-lil* de M.m: Auièlc V.ih-ie Miximicn Au-
gu.>«le, liis du divin Coiislauce Augiisle, pieux. TriDle-quaire (luille
pas).
Nout' ferons eni uic nbservcr (|uc lus auleuis ijiii ;illnliUfnt ces
milliainsà Cunslanlin le Ji-une, iils de Conslanlin le Grand, coin-
nii-llchl une grave »'iri'ur '; c;ir, Consl.imin élani nuji l cliréiien, son
lil.s, ijui élait î'giilenit'nt cluélicn, ne l'aur.iil pasliailij de divin;
const'ijuemnit nt, il s'agit bien ici de rex|iris>iun île l,i piêlù liliale
de C<'n>t;iiilin le Grand enviis le ilivin Ciiii>Uin( e (>lilorc, suii père,
et nulLmenl de Conàtantiii 11 envers Constantin le Gian i -'.
J. p. REVELI.AT.
[La iuite prochainement.)
1. Nous citerons, entre autres, l'aiilfiir anonyme de 1 article sur les antiquités iu-
séré daus VMiuui.ndi ilu deponerueut du Vur \iOur 1818; l'iiuttur oe VEpigr.
anlifj. lies Al]>es Mnrit., V>-- pariii', p. 100, ii" 6!t; '2'' pariie, p. 'J'J, n' 175 ; l'auteur
de VHistuirt d»; Frcjus, 1881, p. 776.
2. M. Eruesi De>jardiiis a bien voulu nous laire obàervcr que Conuljutiiius Magnus
ne fut pas, mali^ié lédii de Milan, cliréiien de fait à partir df 311; qu'il fut b'piisù
trois mois avant sa mort par un évoque arien, cl que, néanmoins, il reçut du sénat
df Hoirie les honneurs de l'apothéose (Orelli, 110!j; Eckhcl, lJoc(r. nu'nmor. veter.,
t. Vin, p. 463 ; Enirope, liv. X, cli.Mii) D'après ci-la on voit que l'épiihète de divus
conviendrait en toute rigueur à Constantin le Grand; luuleioisTéiûiDent membre de
riusiitut a biiu voulu couvtiiir que uotrc rai^unnL'mtnl subsiste tt qi.c uous sommes
daus le \rai.
BULLETIN MENSUEL
U I-: I. ' A C A I) K M I K DES I N S C U I I' T I U .\ S
SÉANCE DU 8 JUIX.
M. le pré.Miicnt donne IccUirc d'une IcKre par !;iqiif'Ile M. Paul I.abou-
laye remercie l'Acaddmie des rnar(iues d'estime cl d'iilVccliun qu'elle vient
de donner à <on pi'-re.
L'Académie se forme ensuite en coniilé se crft pour discuter les con-
clusions du rapport de la commission du prix Gobcri, l'un des plus im-
porlanls p;irnii ceux que l'Inslitut décerne. Le rapport propose de niaiii-
tenir celle année encore le premier prix \ M. Paul Violiet, auteur d'un
ouvrage sur les Établissements de saint Louis, et allribue le second prix i
M. Hoderioy, pour sa [)ublicaiion coinmenct'e d'un grand hictimnairc
hi^turitjur de la langue française.
La discussion a occnpr loulo la séance. SucccssivenienI , M.M. Ad.
Régnier et N. de Wailly ont aliaqué les proposiiions de la commission et
dtMnand(^ que le premier prix fût allribué à M. Godefioy. le rapporlcur,
M. Gaston l^ari.s, a vivement défendu ses conclusions.
La séance redevenue pul)lique, on csl allé aux voiv. Seize sulTiaLCs se
sont réunis sur le nom de M. Godelroy; seize sudVages se sont également
réunis sur le nom de M. Paul Violiet.
Un second tour de scrutin a donné exacleinenl le mOme résultat.
L'Académie a décidé de renvoyer un nouveau vote à huitaine.
SÉAiNCE DU 13 JUIN.
Prix Gobert. — Chacun des concurreiils au premier prix Gol ert avant
obtenu dans la préoédcide séance un nombre égal do voix dans deux scru-
tins successifs, on a dû voter de nouveiu aujourd'hui. Sur 30 suffrages,
M. Frédéric Godefroy en a obtenu 10 ci M. P. Violiet 17. En conséquence,
M. Godefroy a élô proclamé titulaire du premier prix Goberl. G'est à
m® siiRiE, T. II. — 4
su HKVUR Anr.HlvOl.or.lQUK.
M. Giry qui* le serou-1 prix a ôh^ dikenu*, pour .^a pul)licalioii des Illa-
tlissttmnts de lloucu.
Prix Stanislas Julien. — 1,t commission rliargéf li'iManiinor los
ouvrages envoyi^s pour le concours ilu prix Stanisla» Julit-n, nprùs avoi
pris contiaissamc des dilTi^renls travaux présenlt^s, a Am' son choix sur le
livre intitulé : l'Encre de Chine, son histoire et sa fabriculiou, d'api i^s des
doiumcnls chinois, traduits pat M. Mauricr Jameti'l, et lui a dcceriié le
prix à l'uuaniniiti^
M. (ili. lloborl rond compte de l'étal des fouilles de la rue de Navarre.
Les ruines ont été visitées aujourd'hui, ajoute M. Hoherl, i)ar M. Jules
Ferry, accouipagné de la commission académique.
SÉANCK DU '2i JUIN.
L'CijUVivte archi'ologi'jue . — Non loin de NeulVliAleau, dans les Vo?pes,
sur le territoire de «iran (un nom qui rappelle l'Apollon (Irannus des
Gauloi.-). on a trouvé depuis lun^lenips déjà de beaux et nombreux restes,
qui attestent l'i-xiblence sur ce point d'une ville florissante sous la domina-
tion romaine. Marbres, colonnes, chapiteaux, bronzes, statues, monnaies,
surtout des monnaies du Haul-Krapire, du temps de Vespasiiui, ont été
retirés du sol et sont vcmis enrichir les colleclions publiques et privées.
Hécemmeul un archéologue du pays, M. Voulot, correspond ml de la
Société des antiquaires de France, ayant remarqué que des cubes blancs et
noirs élaienl mêlés à la terre en certains endroits, ouvrit une tranchée,
et, à deux mètres de prorondeur, renconira un pavage en ni(>saï(]ue. Les
fouilles, qui s'annoïKj'aient comme devant être longues, fuient aihe\ée8
grûce à une subvention du ministère de l'inslruction publique. Files ont
mis au jour les subslruciions d'une b.isilique terminée, comme d'ordi-
naire, par un édicule demi-circulaire, et dont l'intérieur était entière-
ment recouveil par un pavage en mosaïque.
Ce pavage mf.»ure 14 mètres 12 cent, de large et dans sa plus grande
longueur l-Smèlies. Les pieds du public qui venait aux audiences ont
usé les cubes blancs plus vite que les cubes noirs, dont la dureté est
supérieure. Le centre du monument, où le public n'avait pas accès shds
doute, et qui était peut-être protégé par une rampe, n'a pas subi cette
usure. On y \oit un grand carré aux angles extérieurs duqui'l sont repré-
sentés des animaux. L'intérieur est occuiié par (|uatre arcades, qui pou-
vaient abriter chacune urj per.-onnage. Celle de gauche et la suivante orjl
seules conservé ces représentations. Dans la preiniùre, on vnit un homme
debout, [)oitunt un masque en l'orme de léte de chien ou de loup. 11 a
dans la main une houlette et sous le luas une cotnemu.-^e. il semble
s'adrcfscr un deuxième peisonnagc, dont il ne reste plus que la moitié.
BULLKTIN MKNSUKL I)K LACADRMtK Dl-S INSCUII'TIO.NS. .'il
M. Alex. Heilnuiil, au même lomiis qu'il tlonnail couitiiunicaliori d'une
noie de M. Voulut sur su découverle, plaçait sou» les yeux de l'Acadi^rnie
deux dessins snifj;ncusemenl cx('eul(!!S, re()roduisant, l'un l'ensemble de
la mo^iiniuc, l'autre le giaml carlouclie central.
Don II l'Aradfniic. — M™" de Sctirniill el llelniliollz, nièces de M»" de
Midil, eu exrciiliou d'une intention souvent exprimée par leur tante
défunte, viennent d'envoyer à la biblioihèque de l'Institut la correspon-
datiee de F.uiriel, qui se trouvait parmi les papiers de M. Mulil. Celle
corri'ypdudance est pi»''cieuse, parail-il, pour l'hisioirc iiltéraiie et .>-cien-
tifique du eommi-ncement du siècle. M""" de Schmidt et llflmhoilz ont
joint. i leur don le portrait au Tusain de Kauiiel. par la maniuise ..eCon-
dorcet; enfin elles ont voulu que le> bibliothécaires de l'inililut pussent
choisir dans la bibliothèque de leur oncle le* livres qu'ils jugeront néces-
saire d'y prendre. Parmi les papiers, il y a des manuscrits de Wœpcke,
l'historien savant el consciencieux des mallu'maliques.
M. Alex. licilrand si;;nale la découverte à (iliardiinaou (Tunisie) d'une
inscription latine mentiunnaiit un « luèlie de la province d'Afrique ».
M. Hé\ill(nii commence la lecture d'un mémoire sur l'étalon d'argent
chez les Égyptiens pendant la période plolémaïque.
M. Hiant est dé^igné pour lire en séance trimcslrieile de l'Instilul son
mémoire sur la donation d'Orviélo et les établissements latins à Jérusalem
pendant le x* siècle. M. Riant présente un rapport sur la publication du
tome V des historiens occidentaux des croisades.
SÉANCE DU 29 JUIN.
Le prix biennal de vingt mille francs est décerné par l'Instilul sur la pré-
sentation d'un candidat faite à tour de rôle par chacune des cinq classes.
C'est M. Désiré Nisard, sur la pré.-enlalion de l'Académie française, qui a
obtenu en dernier lieu le prix biennal. Pour la lioisiètne fois, l'Académie
française décernait à un de ses membres cette haute récompenîe ;
MM. Thiers et Guizol ont été, en effet, lauréats du prix biennal. Les lau-
réats de l'Académie des inscriptioiis sont jusqu'à celle heure MM. Jules
Opperl et Auguste Mariette.
D'ordinaire, le candidat est désigné avant le commencement de l'été;
rabsence du préndenl, M. Léon lleuzev, a fiil sur.-eoir à celte désignation.
Aujourd'hui, .M. Heuzey est de retour de Constaniinople cl r.Vtadémie
procède à la nomination d'une commission de huit membres chargée
d'examiner les litres des candidats. Mais, ici, il n'y a poinl acte de caQ-
didature par les intéressés.
Robert de Sorbjn, qui a donné son nom à la Sorbonne, était, comme
rii RRVUE ARCHÉOI.OGIOUK.
on sait, chapelain (Je sainl Louis. Oe savniil ilocteiir a laissé parmi ses
conliMuioraiiis nn renum de lil crli^ de langage et d'indt'pciidance de
carnriôre que M. Ilauréiu \ioiit de met lie en relief daIl^ un mt'inoirc
qu'il ci>m;i uni(iue i lAcnilc^niie sou-^ «e liire; L<-s Vrojws -ic tmiltir Hotuit
dcSorhnn. C'est suiloiil i\ Joinxilie que .M. Ilaiiié.ui oniprunie ces propos;
il V on a de vif;!, (]c profonds, de sentencieux; presque tous C(»ntiennenl
dos allusions aux idées, aux mœurs, aux «Hénemenis du xiii'sit'cle. I,à
pît le principal inlérî^l du mémoire de M. Il.niiéiiu, qui a obtenu un vif
succùs.
Concouia. — La ct)mmission du piix <lc mmtismatique avait à se décider
entre trois concurrents d'un grand mérite, MM. Madden, Harclay-llead
el IVrcy.t.nrdncr. Klle a pr\rla;:é le prix entre M. IJarclay-llead, pour son
Cohut'jc of Bœoda, en m^mc temps que pour son catalogue des éleclro-
tvpcs du nriii>h Muséum, et M. Peicyf. irdner pour son Étude sur les
monnaUn de Somos.
Èpigraphie. — M. Maspero vient de découvrir à Cnpios, sur le Nil, une
inscription latine considérable el d'un grand intérêt liisloriquc. 11 en en-
voie un estampage à l'AcarU-mie par l'intermédiaire de M. Krncsl Da-
jardins. L'inscription donne les noms des soldats qui mit construit ou
réparé li s cilernes de dillérenles stations de la roule qui, ii travers le
désert, reliai! le Nil à la mer Itoiige, allant de Coplos à Port-.le-Hérénice.
Cette route n'avait pas moins de 270 kilomètres et de dix stations. Le texte
que vient de découvrir noire savant compatriote nous apprend, en outre,
comment on choisissait dans les légions les soldais chargés de commander
les équipes de tiav;iilleurs.
L'Aeadémie a déclaré la vacance du fauteuil de .M. I.abmilaye. L'élection
de son successeur esl renvoyée au troisième vendredi de novembre.
SOClirn.; NATION Al, H
DES ANTIQUAIRES DE l'RANCE
PRÉSIDENCE DE M. C. 1)1' l» I.ESSIS.
SÉANCIC DU 6 JUIN.»
M. Fro?rard esl r.oinmé correspondant ;"i nagnÎTOs-de-Biporro.
M. de Villefos>e communique le lex(e rcciiliô de l'inscription de Znmn
(Tunisie). I.cs corrections portent sur les noms, la tilialion et l'étal civil
du di^dicanl ; elles permettent de faire remonter le texte au moins cin-
quante ans plus haut que Tannée 211, date de la mort de Sévère. La
menlion du n.uninc dHadrien rappelle en outre que cet empereur avait
élevé Z((wu regia au rang de colonie, comme l'utleste une inscription de
Home
M. de Villeros?e communique ensuite une inscription trouvée à Gliar-
diniTiou (Tunisie) et rtlative à un sucenlos proiinciœ Afiicœ qui était le
supérieur élu de tous les prêtres de la province; il entre dans quelques
détails sur les charges et la d'jrée de cette fonction.
M. Alex. Bertrand lend compte de la nouvelle visite faite aux arènes de la
rueMonge, I/impressionaété plus favorable encore que la première fois;
il a été décidé que M. le président du conseil des ministres serait invité à
venir lui-même se rendre compte de l'importance hisiorique des arènes.
La majorité des membres du conseil municipal a compris l'intérêt na-
tional qui militait en faveurde la conservation d'un monument du second
siècle de notre ère.
M. Saglio piéscnle l'estampage d'une stèle funéraire grecque piovc-
nanl de Cyzique et conservée au musée Boroly à ."tfarseille. Sur l'un des
bas-reliefs on voit un homme ; près de lui est assise une joueuse de llùte.
Dans celte rcprésentaiiou, qui fait suite à un bas-relief où l'on voit un
homme accoudé sur un lit, sujet que l'on rencontre si souvent dans les
54 RF.VUE .vnCUKOI.OGIQUF,.
monument!; funéraires, on doit poul-î'Irc rcronnallrc le défunl jouissant
des félicités d'une antre vie. I-c style des figures et l'in^ctiplion gravée
sur la stèle n-' pi'rmoltent pa-; d'eri fairo. rem mter l'exéculion plus haut
que le troisiem» siècle avant Jésus-Chrir«t.
SÉANCES DES 13 ET JO JUIN.
M. le docteur Plicqne ejt nommé correspondant à Le2oux(Puy-de-nAmo).
M. l'abbé Théilenat romnumiqup une inscrijition gravée sur un sarcopha;;e
conservé au Luc (Var). Cette iuM-riplion, assez mutilée, pi-ut élie rp>lituée
en partie; elle contient un vers de Virgile : (Vi.ri e() quem de'iirat mrsum
fvii(un'i j)crcgi).
M. IJerlr.iud présente à la Société sept léies en bronze trouvées en 1S73
sur le territoire tie la coiimuiie de la (-ri»ix-Saini-Ouen, à six kilomètres
df Ciimoiègu'^, et récemment acquises par le musée de Sainl-(Jermain.
Il incline à croire qu'elles sont de travail gaulois et qu'elles reuàonlent
à nue époque peu éloignée de la conquête.
M. Berliand présente en» outre une série de haclics et de boucles pro-
venant du déparlenietit de l'Aisne et qu'il vient également d'acquérir
pour le'musée de Sainl-Geruiaiu.
M. .MuWil donne lecture d'un Ir.ivail de .M. Sacazc sur deux fragments
d'inscription^ trouvé? dans la vallée d'Aran, ancienne dépendance de la
civitas Cl > nv e w ir util ; l'un d'cuv contient le nom d'ilurbcrrexio, qui est pro-
baidement celui d'une divinité.
M. Si::lio montre un fngmenl de bijou en or émaillé, représentant
saint Joseph portant l'enfinl Jésus. Il semble que dans cet ouvrage, qni
appartient à la dernière partie du xv^ siècle, on ait sous les yeux le tra-
vail d'un sculpteur s'-issayant dans un genre avec lequel il est peu fami-
liari?é et réussissant tout d'abord dans les morceaux exécutés le plus
hardiment.
M. Iléion de Villefossse communique une inscription découverte i
riIeuchir-Bîlait (T.inisie) p ir M. l'oinssol. C'est un fragment d'une dédi-
cace à.Miximus, HIs de .\I iximiims, dont le texte a été elVacé en l'année i2f<y
au moment où le vieux proconsul C.ordien se lit i)roclanier empereur.
.M. Il'ron de Villefosje communi(iue ensuite l'épilaphe d'un cavalier
d'une cohorte auxiliaire trouvcc récemment i\ .\rlaines (Aisne) et con-
servée au musée de .Soissons.
SÉANCE DU 27 JUIN.
M. Chabouillet lran.«mel, de la part de .M. Moucbor do Molandon, asso-
cié correspondant, un exemplaire (mi bron/e île la médaille gravée sous
so(',[i;tk N.MiuNAi.n nr.s antiolaiiiks di: kiiwcr. ;>,}
sadircclion el à ses frais, cri mémoire de la conscrvalion de lu salle des
thùses de l'ancienne université d'Oi l(!'atis.
M. Publié Théiienal commuiiique, au nom de M. Lci^im, consul de
France à I^ivourne, la [iholograpliie de deux cha[iilettux hisloriés, encas-
trés dans un unir, à Paria. Le [)renii(!r nionlri! Jupiter entre deux vic-
toires, dont une lient une couronne, l'antre un lro[iiiée ; sur le second
on voit l'image d'il upocralc, ég-ileinenl placée entre deux victoires.
M. itanié présente l'eniprointe de deux bayucs en cuivre, de l'époque
mérovingienne, trouvées à Melle (Poitou) et ornées de monogrammes.
Le Secrétaire.
Signé: E. MUNTZ.
NOUVELLES AlU:iIKOLO(;i()llF,S
r.T CnllHKSI'ON DANCK
M. Ollo Piu'h«liMn, envovt^ Hnns le Kiirdi«lan pnr l'Acadi^mie de
Berlin, afin de vrrifior des indication'' fournies par i'ingi'nieur Sestcr,
vient de faire, avec ce dernier, une découverte tri^-s itiléie?.<ante, dont
rend coniple le raj>[>orl présmli' A l'Académie dans sa ?('anrf du 10 oc-
tobre I8S-2. il a paru dans ses coni|iles renilns (Silzu7iij^bcr.rlitr), accom-
pagné d'uno carie s-pcciale dres>ée par M. Kieperl.
C'est dans l'aiicienne Comagéne, au nord de Samosale, entr;; le Tau-
rus et le coude que rKuphrale fait là du nord-e.«-t au sud-ouest, que ce
monument a rlA découvcit, au sommet d'une monla^^ne appcli^e aujour-
d'iuii y-vnoud'iliiijh. i.c Nrmrouddaiih forme c(.mme le saill mt mi'ridio-
nal d'une longue chuîne parallèle a rKupliiale, chaîne qui f.iit paitie du
svstème du Taurus. 11 a '2,000 moires de haut. C'est sur le sommet, dont
la forme a ô[é régularisi^e par des murs de soutènement qui ont permis de
ménager de grandes teirasses, que le roi de la Comagènc, un Anliochus,
fils de Milhridale, s'est con^truit, vers le milieu du premier siècle avant
noire ère, un tombeau magnihquf; l'enciMnle de ce tombeau devait être
en même tem[)S, dan'ssa pensée, un sanctuaire où des hommages seraient
perpétuellement offerts aux dieux qu'il adorait cl aux mdnes de ses an-
cêtres divinisés. Des prêtres avaient été institués par le roi pour accomplir
ces cérémonies, et, alin que le culte ne fût pas exjiosé a s'interrompre,
de riches domaines avaient été assignés à ce temple pour que les revenus
lui en fussent servis à toujours, ("eît ce que nous apprenons par une
grande inscription grecque qui a en tout 237 lignes et que M. l'uchstein
a Irés soigneusement l^an^crile.
11 doit exister, sous les décombres, des caveaux qui n'uni pas encore
été retrouvés; ce que décrit le voyageur, ce sont les ligures colossales qui
décoraient la terrasse. Là, comme dans les noms des dieux auxquels est
consacré ce sanctuaire, il y a partout la trace d'un singulier syncrétisme,
l'armi ces dieux on trouve Zcus Oromaz les et Apollon Mithras;ce piince
qui s'intilulc, dans le préambule de son inscription, l'Iiilillciw et l'hiluro-
maiûs, et qui avait pour mère uim; princers'" du sang des Séleucides, c'c»l«
NOUVKI.LKS AnCHKOl.Of.lOUKS. fî7
à-dirc maci'duiiicnnc, tienl, comme le ^ui^aicnl vciB le m^mc lerniis les
rois (le Pont, à passer pour le descendant des anciens rois de l'orsc.
Parmi les statues colossales de se> ancClres qu'il a dressée» sur la terrasse
figurent elles dt; Dirius (ils d'Hyslaspe et de X(!r\è3. di'8ij?ui'es et par
leur coutume orient;il et par le nom qui y est iiisciil. Mc^me ru''lange
dans la p'aslique. Si l'eM-rulion est greciiue et porte la marque du stylo
de l'époque, les moiùles que l'on s'est altaclié à imiter sont ceux que
fournissait l'art asiatique d'autrefois. Sans les inscriptions grecques par-
tout prodi^'uées, ici et datis les sculptures rupeslres que M. Puclisleiii a
rencoiitri''es sur plusieurs auties points de la ni«îme ri'^;ion. ou aurait, au
moins à distance et avant un examen allenlifdu faire, l'illusion d'œuvres
analoj,'ue3 au guerrier de Nymphi,aux fiyures de la Cappadoco, A celles de
Badian, de M ilthaï ei de Persépolis ou de IJisouloun. Les Achéménides
étaient alors fort à la niode; des dynasties comme celles de Sinope cl de
Saniosate croyaient se \ieilliret se donner plus de prestige en s'attachant
à remonler ;iu-delà de la conquête macédonienne; Alexandre et .-es lieu-
tenants ne leur paraissaient pas d'a'sez nobles ancêtres.
La trace de cette même préoccupation se retrouve jusque dans les fiy^u-
res décoratives. Chacune des rangées de ces images d'ancrlre? se termi-
nait d'un Pôle par un lion assis et de l'autre par im aigle debout.
Nous bomraes heureux d'apprendre que M. Piichslein, accompagné d'un
des>inalcur, e-t reparti pour faire un relevé plus compb-t du monument
et des autres monuments du môme art et du même goût qu'il a aperçus
dans cette région. 11 rapportera de ce voya;.e les éléments d'un curieux
chapitre de l'histoire de l'art grec. Il sera amusant de voir, sur des dessins
exacts, commentdes élév( s des écoles de Rhodes et d'Antiuche s'y sont pris
pour composer, alin de :-aii>faire une fantaisie royale, ces pastiches de l'an-
cien art assyro-persan. Les textes recueillis ne manqueront pas non plus
de beaucoup ajouter au peu que nous savons de l'histoire politique et du
mouvement des idées dans ces royaumes qui formaient alors comme la
nianbe frontière du monde hellénique.
Le rapport du 1)^ Puchstein est accompagné de deux planches. L'une
est une carte de la Coniagénc dressée par M. Kiepeit sur les notes rap-
portées par les voyageurs; l'autre est un plan de l'ensemble des cons-
tructions de iNimroud-dagh, levé pir i\L Puchsiein. G. P.
L'Institut archéologique américain a tenu sa séance annuelle à
Boston le 19 mai. On a reçu des renseignements très encourageants sur
les recherches que poursuivent les missionnaires de rinsiiii.1 à .Mexico et
dans l'Amérique centrale, et parliculièiement sur les travaux de l'expé-
dilion d'A^sos, qui touchent maintenant à leur tin. Les lerniéres fouilles
ont été faites dans la rue des fombeaux ; on y a découvert beau-oupde sar-
cophages qui n'avaient jamais été ouverts, dans lesquels oui été recueillis
nombre de peiils objets d'un grand intérêt, particulièrement quelques
:i8 nFVL'F. AncHitnt.or.iQUF..
tri^s belles lerros cuites archaï'iiies et des va-^os do verro Toit l>ien con-
servie»:. Ces objets serotil donn(^s au inusi'o de» Hoston.
I.n séance auniiello (lu comilt^ diii*("leiir île ri'icole nmt^iicnine
d'Aihùups s'est tenue le tni'ine jour A l'.ainluiilge. On a cnnslati^ l'auiimen-
talion du Tonds destint* à l'entrelien de ['«^colc, et reçu \cs meilleures nou-
vellfs des iMude? et des explorations entreprises par les six jeunes
gens qui représentent ;\ Athènes l'iiutilulion n'cemuient cn'ée.
Nor.s sonames benrcux de voir (juc les héritiers de M. Ambroise
Kirmin-nidot n'ont pas abandonné la pensée de continuer et d'achever la
grande Hiltliotliéque grecque-latine qui a fait tant d'honiieur ;\ leur
maison. C( tte bibliothèque vient de b'augnienler d'un nouveau volume,
le premier du PtoUmrc que préparait depuis longtemps le savant édi-
teurs des Vetit^ géographes et des Fragments des Jdîtoriens grecs, Charles
MùUer. Ce volume contient les trois premiers livres de Plulémée; 1rs pro-
légomènes par lesquels il doit s'ouvrir seront donnés plus tard, à la fin
de la publication; celle-ci sera accompagnée d'un atlas, qui fera le troi-
sième volume. Nous ne pouvons, pour le moment, que signaler l'abon-
dance du oommentaire, qui occupe partout les deux tiers ou les trois
quarts de la page. Toute la géographie de l'autiquilé est l;\, résumée et
discutée dans les noies savantes et précises de M. Cli. .Mûller. Comme pour
les petits géographes, l'éditeur a renoncé ici au plan suivi dans les autres
volumes de la Bibliothèque ; il donne une annotation perpétuelle, ciiti-
que et historique, du texte qu'il a entrepris de publier.
Dans deux articles de la Gazette des Beaux-Arts, M. Arthur Rhône
a présenté le Récit de la trouvaille des moniics royales de Deir cl Dahari, à
Thébes, faite en 1^81 par M. Maspero. On sent partout, dans cette relation,
une connaissance et un amour des choses de l'Egypte qui n'étonnent
point chez l'anai eiranciencompagnonde Mariette; leslyle est vif et coloré;
de fidèles dessins, tous faits d'après nature, accompagnent la description.
Quand M. Hhôné nous donnera-t-il la seconde partie, depuis longtemps
prûu)ise, de son Egypte à petites journées?
__ — M. C.ozzadini, qui a déjà rendu tant de services à la science, vient
de décrire, dans un mémoire publiépar l'Académiedes Lincei (IS82-1883),
d'intéressants nionumenls trouvés non loin de Bologne, sur le cours du
Heno. Son mémoire, qu'accompagnent deux plancbes exécutées eu pho-
totypie, a pour titre : J)t due statuette ctrusche e di tuia iscrizione etrusca^
dissotttrrate nell' Apamino bologncse. L'auteur insiste surlout sur trois sta-
tuettes fie bronze, qui lui paraissent votives et qu'il décrit avec beaucoup
de précision ; il reproduit une inscription étrusque trouvée au même
en'Jioit, et il on discute le sens; il se demande enlin, après avoir rappelé
NOUVKM.RS AnCMKOLOGlQURS. 59
la fn^iiuonce des dt^couverlcs faites en cnl ftidroit, si la liant*; valli'n du
Uciio n'aurait [las été le si(''gc d'une Iiicninnriie étrusque. <I. I'.
Lt! 22 mai?, jiur do la naissance do l'empereur, M, Kmes! ('ur-
tius a prononcé dans l'AuIa de l'Université, 4 Borlin, un discours où l'on
retrouve toute son aijondancc d'idées et sa hauteur di- vues. O discours
a [tour titre : Lca ^irccs comim: maitri'i de la colonisali'm. F^'occasion ne
comportait ni longs développements ni noies savanles ; m^iis c'est une
juste et brillante esquisse.
.M. Auguste Choisy, inî^éiiienr des ponts et cliiussées, déjà cormu
par ses rocheiches.s'tr l'Art de hatir chez tes Romnlns^ vient de donner un
intéres^sant e-^sai de reconslruclion d'un monument alhi'-nien d'après une
inscription découverte l'an dernier à Atht''nes. Son travail a pour titre :
Études sur l'architecture rjrerr/ue. Première Hwle. L'Arsenal du Virée d'après
le devis oriijinal des travaux. (In-i", librairie de la Société anonyme de pu-
blications péiiodiquoï; deux planche.^ gravées en taille douce.)
M. Choisy commence par fiire ressortir dans une courte notice l'im-
portance de l'inscription récemment découverte et il indique les travaux
auxquels file a déjà donné lieu; il montre de quelle réputation jouissait,
dans l'antiquité, le monument qu'il a entrepris de restaurer; il précise
ensuite, par une traduction aussi fidèle que possihln, le sens littéral du
devis qui est, dit-il, « ce que no;)s appellerions un devis descriptif, devis
qui fut expliqué en public à la manièredes affiches de nos adjudications ».
Des lettres insérées dans le texte de cette description renvoient aux mem-
bres de la restitution graphique que M. Choisy a présentée dans les deux
planches jointes à son travail.
La seconde partie est intitulée : Étude des dispositions techniques. L'au-
teur y définit l'édifice, qui est « à la fois une promenade publique et un
arsenal ». Nous ne pouvons que renvoyer à cette description, qui, éclai-
rée par les planches, est d'une limpidité et d'une sûreté parfaites. La
troisième partie, les Proportions, est particulièrement curieuse ;^elle abou-
tit à établir ce que M. Choisy appelle la loi des rapports si'nples; elle s'a-
dresse surtout aux gens du métier; elle est expliquée d'ailleurs par un
diagramme inséré dans le texte. Le travail se termine par la liste des mots
techniques dont le sens est expliqué ou précisé par l'inscription.
G. P.
Nous apprenons au dernier moment que le Conseil municipal de
Paris vient de voter l'acquisition des Arènes de Lutèce. Nous ne pouvons
que l'en féliciter vivement.
ciir.oxioui': ivoiuent
I.os fouilles de Pergaine ont recommencr sous l.i diroctidn do
M. I»(din, qui a iU'j;\ pib part aii\ premières cainpajînos, et do M. l-'altriciiis,
un nouvel arrivé, bien connu par ses puMicaiions de documents
tîpigrapliiques relatifs à l'aichiieclure grecque. Au mois d'aviil, sur le
désir exprimé par M. Conze, M. Muinann est allé passer huit jours ù
l»eri;ame, pour mettre en train les travaux d'exploration qu'il a dirigés si
longtemps a\ec tant d'énergie et de sucrés. L'inratitiahle ingénieur, à
peinerevenuàSmyrne, s'est embarqué le 30 avril pour la Comagéne avec
M. Puchstein, dont le dépari avait été retardé jusqu'alors par une maladie
assez séiieuse. Les deux voyageurs ont appris, non sans surprise, qu'ils
auraient pour compagnons de voyage le directeur du musée de Constan-
linopie, llaradi-H. y, et un sculpteur ollomun nommé Oskan. ll;iuuli-lU'y,
qui monire pour l'arciu-olùgie uti vi'rilable enlliousiasuie de néupiiyle,
était ai rivé à Smyrne quehiues jours auparavant, pour faire connailre à
M. Hum»nn la décision du ministre de l'instruction publique qui le cliar-
geail de prendre part à l'expédition de Comagéne. Jusqu'à présent, les
archéologues étrangers faisant les fouilles en Turquie étaient seuls placés
sous la surveillance dun commissaire ottoman; il parait qu'aujourd'hui le
gouvernement turc réclame aussi sa part dans l'honneur des di couvertes
sans fouilles, et dé^ire que .'^es agents ne soient pas devancés par les Kuro-
péens dans l'exploration des monuments encore inconnus que renferment
les parties iiuxpluiées de l'empire. Les archéologues n'ont pas à s'en
pla,ndre : accompagnés d'un haut lonclionnuire turc, ils ne feront peut-
être pas de plus belles découvertes, mais ils trouveront meill ur accueil
auprès des populations et ne risqueront plus de mourir de faim ni de
coucher à la belle étoile. Leur amour-propre de savants n'a pas lieu non
plus de s'alarmer, car l'honneur des trouvailles archéologiijues appar-
tient moins a celui (lui les fait qu'à celui qui les comprend et les fait
comprendri".
Ilamdi-lk-y a quitté Smyrne le 27 avril, trois juuro avant .M. Ilumaiiu,
pour aller l'attendre à S'iklschii-yùm, i quarante kilomètres à roue>l
à'Aintab. M. Ilumanu l'y a rejoint, avec M. l'uchaoin, au conimcucemcnt
ciiiioMuL'i; i)'()iiii:.NT. ^>i
du mois de tuai. A l'iieiue où nous rcrivous, l'exploralion du .NiiiiKiini-
Dagh csi sans doute achi!V<''e et les moulages des statues colossales du
rucnuruenl d'Anliochus soûl en roule pour le musée de Herlin. l/empe-
reur d'Allemagne a donne'- 3;»,()0(» marcs sur son fonds disponible (Dispo-
siliounfvrKts), pour lucilidïr celle entreprise, qui marquera une dalu
mémorable dan^ l'iiisloire de l'arcbi'oiogic en Asie Mineure.
Une partie pii-scjuc inconnue de la Cippadoci;, la (^ataonie, a 616
visilée en 1882 par M. Karolidis de Smyrne et par M. Ilaïusay accompajjné
de Sir (Charles Wilson, alors con<ul militaire auf^lais en Analolie. \'.n
1881, un arlisle français, M. Claylon , avait panouru la (jlicicî et la
Cataonie. <t, l)ieu que le but de son voyage ne fût nullement arcli.5ologiiiue,
il avait copié un certain nombre d'inscriptions dont il fit part à M. Wad-
dinglon. M. Karoliiis, le premier, a publié les résultats de son voynge,
précédés d'une étude bisiorique et elhnoyrajihique, aux frais de l'Kcole
évangélique de Smyrne : Ta Ko;xava xot'i rà Èpsiria aÙTÔiv, OttÔ II. Kaoo-
Xt'ûou , £V 'AO/iVai;, 1882. IMougsTov xoti ptêXtoOïiy.-/] EùayYeX'.xr,; ay/Ar,^.
Presque en même temps, M. Hamsay, de passaj.'e à Paris, remettait i
M. Waddiugton les inscriplions copiés par Sir Charles Wilson et lui dans
la même contiée, et M. Wa(ldinL,'ton Its faisait connaîlrc dans le BulUdin
de corrcspiiiidance hcllcniijuc, t8S3, page l2o (février). Comme les copies de
M. Karolidis sont très défeclueu.ses, il est fort heureux que MM. Claylon,
Ramsay et Wilsoa aient copié de leur côté, et très bien copié, les inscrip-
tions des environs de Comana. Quaire textes seulement, qui ne paraissent
importants ni l'un ni l'autre, ne sont indiqués que par .M. Karolidis; ce
sont : un fragment de si\ lignes i Sihhiiiar (Ta Ivo;xavx, p. ol); une ligne
à Tauldtt^'oun, prés de Kaisarièh (p. OU), trois lignes £v t-Tj xcoar, 'AprriT^'
Tou KoTTcJE {ibid.), et un petit fragment dans la mûme localité. Il est tout
à fait impossible de tirer un sens ni même un son quelconque des carac-
tères qu'a reproduiis M. Karolidis; il avoue lui-même ne pas pouvoir
reconnaître « si ces iusciiplions sont en grec ou en cappadocien ><. A dcuv
ou trois exceptions prés, les lexies qu'il a publiés sont illisibles cl il faut
véritablement admirer ia perspicacité de .M. Aristide Fonlrier, de Smyrne,
qui a réussi, dans un appendice au livre de .M. Karolidis, à restituer par
conjecture, et presque toujours avec bonheur, les textes qui portent les
n»^ lo,27, 14, 1-2, 9, 0, il, 1, 23, 19 dans la publication de M. Waddiugton.
Tourmenté par ce que Crimm appelait « lo démon de l'étymologie »,
-M. Karolidis s'est longuement appliqué à interpréter un texte de cinq lignes
gravé sur une gemme découverte, à ce qu'où lui a dit, dans le péribolc
du temple de Comana. Comme la pierre gravée est aujourd'hui en sa
possession, ce texte n'a pas été copié par .M.M. Hamsay et Clayton, qui
n'ont d'ailleurs rien perdu pour l'ignorer. Cal une inscription gnoslique
que M. Karolidis transcrit ainsi : lavacoa — ctaopa/Oiaa — iXa-Aaia —
(îau.ata(ïa — FEKZ.K — AEVE. 11 y reconnaît « un spécimen unique jus-
qu'à présent de la langue aryenne parlée en Cappadoce avant que le grec
62 nKME ARCIlkOLOGIOUK.
ne pri'-vali^t dins ('(> pays ». Il est iiuiiilc do s'arii^ler à son inlcrprtMalion,
doui l'ioi«'t. l'oit l'i CiiiMiusuiil roiiriii les l'-liMnent*, el pour Inquelle il fait
entrer en li^no dos mots sansiMiig, ziMids, t^rois, lalinsel intînii- celtiques.
Kn vi^rili^, ca n'est ni du cippadDcien, ni de l'aryen , ni aucune autre
langue; ce n'est pas non plus un texte unique. Je pcssi''«ie une cornaline
aciielée ù Smyrne, sur laquelle on lit : atxv«/6x — ajxoca/Ot — TaXaçta;» —
6auai«H«, plus d.^ux mots sur le revers qui ne pourraietil î^ire rcproduils
qu'en fac-similé. Il me semble avoir vu ailleurs encore des pierres gnos-
tiques portant ;\ peu près la mc^nie formule. Si nous sommes entré dans
cette explication, c'est de crainte qu'on ne cherche à restituer par con-
jecture le texte de la pierre de M. Karolidis; sa transcription parait assez
fidèle, mais elle ne sit;nitie ri< n.
Le \ériial)Ie mérite de l'ouvripe du professeur de Smyrne consiste dans
la description trùs minutieuse, sinon toujours claire, qu'il fait d'S luines
de t'.omana [Char) el du t.'mple de la Déesse ISicéphorc, Knyo ou .Ma. Co-
mana de f.appadoce, comme le montrent plusieurs inscriptions, portail à
l'époque impériale le nom de //(éni/-o/ts, de mâme que l'autre (lomana,
dans le I*ont, s appelait Ilicrocrsarce. M. Karolidis a appris des indigènes
que la moiitatzne dommaul les ruines s'appelle encore Roo^EVEx-Tere,
et l'ideniitîe avec le Kouavôv opo; que Pholius place, il est vrai, près de
Comana dans le l'ont. Le temple, don! plusieurs colonnes sont encore
debout, serait, suivant M. Karolidés, d'ordre dorique et d un style très
ancien, àvâ;iLt;i; 'EÀ~Ar,vi)C7;; xai 'AîiaTix/,? Ts'/vr,;. Au-dessous s'étendaient
de va^les souierrains qu'il n'a d'ailleurs pas eu moyen d'explorer. Les
colonnes, formées de trois ou quatre tambours, ont 0"',00 de diamètre
el 4™,'<0 de haut. M. Karolidis signale les ruines de deux autres Icinplcs,
une porte colossale avec des montants monolithes hauls de cinq mètres,
el un jjiand (hé.llre, OîaToov u.EYaÀorcEzi;. Il serait fort à dé^irer que ces
ruines inlére.-sanles, hier encore tout à fait inconnues, fujsent explorées
avec soin; la description de .M. Karolidis éveille la curiosité plutôt qu'elle
ne la satisfait, car la connaissance de l'architecture grecque lui fait mal-
heureusement défaut.
Dans quelques lignes que la l'hiluloiji'ivhe Woclun^chnft du Ui juin con-
sacre à ce hvre, on lit que » la di e.-se Dnze était idenlitiée à l'AIhéné
grecque». Otte assertion ^e fonde sur une inscription «le Comana (Wad-
dinuton, u° 13) où il est fait mention d'une femme 'AOT.vaî; i^rÎTou y) xai
Bâî^Ei;. .M. Waddington sc contente de dire que celte femtne portait un
nom grec au-si bien qu'un nom calaonieii. Il e^t peut-être imprudent d'af-
firmeraiilre cliosc, puistjue nous n'avons am une contwiissaiice de la déesse
orientale appelée It.izé. l'ne \ilie de, Ba^i';, aux environ> de Tyane en
Cappa loce, est mentionnée par Pioléméc il'>, 0, l.s). M. Karolidis, de son
c<Mé, cède à son goût pour l'élymoloyie m rapprocliant Bàî^ti; d'une ra-
cine z'ri'le signillanl « >aciilicr », avec latjuelle ce nom propre n'a aucun
rapport.
Li première pailie du li\ie de M. Karolidis a pour but d'élaldir l'idcn-
cilUo.NJgUK b'oiaii.M. O.'j
tit(" ilii nom ilo lu Calaotii»; ot de culiii des llillilusou Klu'tas; les à;xOaove;
'AiOîotte; d'Il'iint'Tt! uur.iieiil 6l6 dos Iliilitcs ég.ilcnieiil, halùtatit ixm pas
l'LlIiiopie, iniiis la dippadoce. Nuiis n'eut rc.runs pas darn la disoussioti de
celle eihiiographie aventureuse. Depuis les dôcouverles de MM. Sayc^' et
Dennis, que M. NVel?er a f.iit eoniiaUre au publie suiyriiiole, on enlend
parler de.- HitliliîS pirloiil, ju.-qiie dans les i-afés d'; Siuyrnc; chacun s'e»t
fait son opinion au sujet de ce pcupltî mystérieux, et l'un ne [icul en vou-
loir à M. Karolidis de noua avoir lait connaiire la sienne.
Nous avons décrit, dans une piécédente chronique, deux grands
sarcophages en terre culte découverts à Clazomène et transportés par
S. K. llarndi-l{i'y à (lonslanlinople. Le luuit (]uo l'on a fait autour de cesob-
jets a naliirt'lleinenl déterminé les habilanlà à continuer leurs recherciics,
et il n'y aurait piis lieu de s'en plaindre, si la fune>te loi des antiquilcs
n'avait pour résultat inévitable de faire mutiler ou détruire ce qu'on dé-
couvre de plus précieu.x. Nous savons de source certaine qu'un sarco-
phape plus beau encore que les deux premiers a été trouvé à Vourla, qu'on
l'a bri'ié tn murccaiij: iiour le vendre en détail à Siuyrne, et que le gouverne-
ment local, informé de la chose, n'a pu confisquer que des fragments in-
complets cl impos-ibles à réunir. Quelque surveillance que l'on exer( c,
il en sera toujours ainsi : le musée de Consîanlinople ne peut avoir un
représentant dans clia(]!ie villafje de l'Asie Mineure, un facliotmaire au
pied de chaque ruine. ilamdi-Hey est tro[> intelligent pour ne pas lecnoi-
premlrc, pour ne pas reconnaître que son activité, ses voy :ges môme,
rendront toujours moins de servivcs à l'archéologie que la loi des antiquités
ne lui causera de dommages. D'autre part, on nous signale des actes de
vandalisme qui n'ont [uûme pas pour excuse l'absurdité d'une loi prohi-
bitive. L'Autriche -Hongrie, ayant obtenu un firman pour Lagiria, a
envoyé un ingénieur sur les lieux pour estimer la dépense à laquelle
pourraient s'élever les fouilles et le temps qu'il faudrait y consacrer. Pen-
dant une absence de cet ingénieur, un Turc a brisé en mille morceaux
une statue d'Apollon complètement intacte, !a tête d'un guerrier en
armure et la moitié d'une statue de femme. M. IJenndorf, qui doit fouiller
à Lagina en automne, perdra son temps s'il veut convaincre les Turcs
que les statues de marbre ne contiennent pas d'or i l'intérieur. On ne
saura jamais combien de monuments 6gurés sont tombés victimes de cette
croyance absurde et de la loi non moins absurde promulguée en 1874.
M. B.iltazzi nous a communiqué une copie du journal de ses fouilles
en Eolide et divers renseignements d'un grand intérêt que nous donne-
rons dans notre prO( haine Clivûn'que. Pour le moment, la ^écheresbe du
sol a forcé d'interrompre les travaux ; M. haltuzzi est j)arli pour Assos,
où il doit procéder au paitage des antiquités découveites par l'expédition
américaine de 1882.
\.'Éphcméris d'Athènes annonce que, «sur la proposition de
('•i HKVl'K ARC.MK.OI.or.IOUE.
M. Ki'Ucnrl. iliioi Iciip do l'Kcolf' fiaiiçaisc, le ministère do l'instturlion
piibluiiu» » Il France aurait di'criMé (jiie riHinIo du j;rt'C moderne scrnit
ohlif^atttiro dans tous los lyn't's Trançais ». I.e Missainv d'AtInncs du
'.> jnin r«'prodnil celte nouvelle, on ^onliait<int qu'elle se confirme.
L'Eph(ni&is a M niysliHi^e ; les «Mudcs grecques sont bien assez malades
en France sans qu'on leur porte le coup de gr;\ce par l'introduction du
romaïquo dans les classes. Si la connaissance du ^rec ancien facilite
l'acqui.-ilinn du piec ruL'aire, la n'ciproqne n'est a>.-urémenl pas vraie,
car laGrt^cc coinpii'rait alors les plus t:rand> liellénisics ilc riùirope. Inutile
d'ajouter que la proposition dont parle VEphémria n'a pas l'ié laite et
qu'il est fort improlialdo qu'tlle le soit j.unais.
D'apri'S rl'lsTi'ot du 17 juin, M. Cavvadias, en cnniinuant ses fouilles
i\ Kj'idaure, a déblavi' le temple dorique d Ksculape. Il a découvert dix
t«îtes de lions ayant servi de gargouilles, deux si iluesaci^phales d'Ksculape
et une li'Hygie, une statue virile fx-volo à Esculapc?), enfin des frag-
ments d'une C.entauromachic. — La Société française du l.aurium a d«î-
couveri vingt-neuf vases de style primitif qui or.l été [ilacés dans la salle
de la direi lion.
La PAi o/oj/j'sc/ic Woc/ic/>sc/i;*j// annonce encore que M. Aut. Miliarakis
est parti jiour AmorgdS et los, eu vue de continuer son utile ou\rage sur
les Cyclades (•« KuxXâStxct, ISTÎ;.
Le Musée du Louvre vient d'acquérir une collection de cinquante
terres cuites provenant presque toutes de Myrina, où elles o:»t peut-être
été découvertes par les paysans antéricuremeiil aux fouilles de l'Ecole
française. Comme ces terres cuites sont restées en dépAI chez nous pen-
dant deux mois, nousavons pu bs étudier avec le s :)in qu'elles méritent.
La plus belle est un granil danseur analogue ;\ celui qui a Clé puMié par
le Dulklin de cor respow lance hellénùjui', I. VI, pi. VIII. mais d'une conser-
vation encore meilleure. D'autres soiit des iniiialions ésidenles des figu-
rines de Tanagre, dont elles reproduisent mûme la plinihe uuiincie, tandis
que les ^gu^ine^ asiali(|ues sont génér.jlenienl poi^6es sur de.-; socles. Une
grande terre cuite, reiiié^viilaiil inic Vénus nue avec un vase à côté d'elle,
est signée sur le rexcrs ANTICCTIOY, u'im qui «loit élre «ijoulé à ceux
dont la liste a été donnée par iM. Poliier et moi {Unllelin de vuncsp. hcllén.,
l. VII, p. 20i). No;is avons vu à Paris une aulie slutuelte de même
pri.\r:.ntMe, que le Louvre n'a jias acquise et qui pJirle la signature
léPHNOC, i\']\ connue par plu>ieurs ligurines signalées dans le Uni-
té tin.
SALO.MON mCi.N.VCH.
FEMMK TENANT CN SERPENT
IUS-11EIJI]F GALLO-nOMAIN
nficouvKirr a xkiîtigny (VOsges) lt dkposé
AU MUSÉIi D'KPINAL
Les travaux de culture ont récemment mis au jour à Xertigny
(Vosges) une stèle gallo-romaine représentant une femme ijui tient
un serpent (pi. XVII). Le lieu de la découverte estplacé dans un petit
massif monlagiieux entre Epinal et la frontière sud du département :
ce massif élait traversé i)ar une voie romaine conduisant de Saint-
Loup à Arches, roule que j'ai mentionnée ailleurs ' , et bordée par
deux autres voies, d'Arciies à Uzcmain et d'Arches à Luxeuil.
D'après la carte publiée dans les Ammles de la Société d'émulation
des Vosges par son regretté président, le savant M. Maud'heux. il
aurait existé une autre voie très voisine, communiquant entre
Viomènil el les abords de La Chapelle, et passant au « Pont des
Fées». Quoique je ne puisse affirmer l'existence de celle der-
nière, j'ai montré, dans nos Annales'', que ce soi-disant Pont
des Fées, magnilique chaussée en grand appareil romain, n'était
autre chose qu'un travail d'art dcsiiné à une voie ancienne. A
deux cents pas dudit «Pont» a été exhumée, au commencement du
siècle, une statue de déesse-mère, déposée au musée d'Éidnal, tra-
vaillée tout à fait dans le môme style el avec la môme facture que
le sujet dont nous allons nous occuper, à tel point que le môme artiste
aurait pu élre l'auteur des deux sculptures. Tout ce massif a fourni
des antiquités de celle époque reculée. Au siècle dernier déjà, dom
1. Annales de la Société d'rmutudon des Vosges, année 1882, page 376. Reclier»
cbes arcliéolot-'iques aux environs d'Arciies en 1882.
2. Année 1881, p. 24't.
m* SÉIIIE, T. II. — 5
l>() HKVtK AHCHàOLOGlyLK.
('aluni nou< pailo do (liv(M-.s slaluos cl bas-rolii*fs exhumés sur le
li'iriluiii' (If Xi'ili^îiiy, el iloiit iijusieurs au moins, ou peul le con-
jeclurer, (juoique lo loul soit perdu, paraissent avoir représenté
lies divinilés.
Tout réromment encore, j'ai constaté rexistcnce au bois d'ilar-
saull, conire une voie précitée, et au Clerjus *, d'ustensiles en pierre
inconnus jusqu'ici et (|Ut'je pense être des meules gauloises destinées
à liioyer les graines oléai,'ineuses. l'n de nosmailtcs en archéologie,
M. Alexandre Bertrand, qui » ii a vu des spécimens au Musée des
Vosges, lésa trouvées fort intéressantes et dignes d'être connues di'S
savants. Tout nouvellement aussi, les travaux du canal ont donné
lieu à l'exhumation d'une stèle d'époque gallo-mérovingienne, 1res
curieuse, ;\ deux kilomètres de l'emplacement où l'on a exhumé
la sculpture (jue nous allons décrire.
Celle-ci a été tirée d'un champ iju'il serait très utile de fouiller,
car il présente des débiis de pierre de taille, tout prés de deux em-
placements nommés Putegney et le Champ des Saints. Il y sourd
une source et on y a reconnu un ancien puits et des fragments de
bas-reliefs dont l'un orne encoie une porte au hameau de Hasey. La
stèle est taillée en assez haut relief dans un bloc de grès bigarré pris
sur les lieux. L'œuvre est composée des trois quarts d'une ligure en
pied, dont le bas n'a pas été retrouvé. Bien que brisée en deux par
dis travaux d'extraction, elle laisse à peine voir le joint, et la fraî-
cheur du coup de pointJ et du coup de ciseau de l'artiste tient à ce
que la partie sculptée était en dessous. Elle est d'une conservation
parfaite pour la tête et n'a perdu iju'une faible partie de la diaperie,
très facile à reconstituer. L'exécution est simple, large et satisfai-
sante pour la bonne époipie romaine ^ la(iuclle cette sculpture paraît
remonter. Mlle a conservé une hauteur de O^^HH sur une largeur
de 0'°,44; elle représente une femme d'une quarantaine d'années, à
l'air grave sans être sévère. Le per.sonnagc est vêtu d'une ample
tuni(jue à larges manches, montant jusiju'au cou, dépourvue de cein-
ture ; la tunique est en majeure partie couverte d'une sorte de large
manteau dessinant un grand nombre de plis et enveloppant dans
un long ovale la télé et les mains, placées ensemble sous la poitrine.
Ces mains tiennent, comme nous l'avons dit, mais sans l'élreindre, un
serpent replié, dont la tète, ramenée en avant, regarde les|)ectateur.
La femme est debout, la lèle légèrement lenversée en arrière, comme
1. La commune du Clerjus louclic & celle do Xcrtigny.
HAS-flELIKP GALLO-HOMAIN. <)7
dans l'altiludo de la conleinpialion. La face est encadrée d'une vaste
chevelure, dont les nicV^lies tr»Ys ondulées, li'uno faron des plus ori-
ginales, ligurent assez bien, soit par hasard, soit pir une intention de
symiiolisme, les replis d'un reptile'. Le profil olTre un {,'all)e si par-
ticulier (|ue l'auteur avait peut-(Mreeu en vue de reproiluire un mo-
dèle typique de (|uel(iue artiste d'une (''po(jue antérieure. Comme dans
nombre de statues grecques, le front fait suite au nez, qui est droit
et peu saillant; la bouche est très petite; il en est de môme des
yeux. Le visage est arrondi et un peu joufllu, le cou épais; mais
le caractère le plus tranché, c'est la saillie très exagérée du menton
divisé par une fossette. Il y a une grande ressemblance entre le
menton et la petite bouche de ce personnage et ceux d'une ligure
publiée par Montfaucon-. C'est l'Isis de la gemme qu'il nous donne
sous le nom d'Isis et Sérapis. Ce menton et tout ce profil n'oiïrent
pas moins d'analogie avec ceux du grand bronze de Néron; ce qui
pourrait peut-être servir à dater l'original que l'auteur de notre
sculpture me semblerait avoir imité.
Que faut-il voir dans cette stèle? Si l'on n'en considérait que la
forme générale, on devrait y voir plutôt une pierre tombale qu'une
divinité. Toutefois, dans les Vosges, les divinités sont souvent
représentées en relief sur un fond plat. Je citerai seulement la statue
sus-mentionnée de déesse-mère, et tous les Mercures du Donon,
dont plusieurs sont aujourd'hui au musée d'Épinal. D'ailleurs on
n'aurait jamais vu un personnage humain représenté à cette époque
par une femme voilée tenant un serpent (je ne parle pas de Cléo-
patre et pour cause). Nous avons donc sans doute aiïaire à une divi-
nité, une sorte d'Hygie ou de Vesta de l'Olympe gallo-romain.
Le Musée lorrain, à Nancy, possède une stèle presque en ronde
bosse représentant évidemment le même personnage.il est debout;
le costume est semblable, et il tient devant lui, dans les mains ra-
menées en avant, un serpent, unique attribut apparent. L'artiste a
donc, à n'en pas douter, voulu représenter le même sujet que le
nôtre. Toutefois le petit monument de Nancy, qui ne peut représenter
1. J'ai présenté, dès que j'eus aperçu la stèle, un croquis sommaire de ce person-
nage h la Société nationale des antiquaires de France, et si je vois une grande ana-
logie entre la coiiïure du personnage et celle d'um; femme repré.-entéc sur une
pierre tumulaire de Luxeuii, quoique les deux femmes portent une coilTure en forme
de serpents, je me range entiènment à l'avis d'^ mc< savants confrères, que le mo-
nument de Luxeuil doit reproduire un personnage humain.
2. Edition de NuremberK, 1757, pi. LXXV.
<>*< RKVUK AHCHKOLOGIQUK.
Vcsl.1, est d'un aspect fruslc qui no saurait puèio «Miv (l(''passL\ et la
tiMo esta peine reconnaissalde ; il fait par U\ roulraste avec le nôtre.
Four conclure, sans oser dire autre chose, sinon que je serais dis-
posé h voir dans ces deux ligures plutôt une sorte d'Hypie i|u'une
Vesta, je tenais ù signaler aux savant> sjtérialistes ee> deux sujets,
les seuls de ce genre (jue je connaisse dans une vaste région. Dési-
rant ouvrir un champ nouveau aux recherches des hommes plus
compétents que moi, je serai heureux si j'ai réussi ;\ le faire, et si
j'ai soulevé un coin du voile (jui dérobe encore à nos yeux tant de
mystères des saiieluaires gallo-romains.
F. \OLLOT.
Kpinal, mars 1883.
NOTICH
SUR l'NR REMARQUAIILE rARTICULARITK QUE PRÉSENTE
TOUTR UNR SKUII. OF,
MILLIAIRES DE CONSTANTIN LE GRAND
Pc:rF. '
Voici, maintenant, la série de milliaires de Constantin qui ont
appartenu à la voie Aurélienne et qui oITient les mûmes lacunes
concernant Maximien Ik'rcule.
1.
Aliiliaire de Nice (perdu).
IMP-CAES-
FL ■ VAL • CON
STANTINO....
AVG •
DIV.
1. Voir le numt^ro lie juillet.
70 REVUE AnCHÉOLOniOUR.
CiiolTivdo, .Yir. r/rt7.,p. 8 ; par le nii^me, Star, iletl. Mp., nis.,
p. '»0; Honifassi, iV<c. iusihpt., n°' 2:i cl 'iO : IJouriiuolol, Iiisc.
antiq., n" 2l> ; (larlone, Veslig. d'épxgr., p. (iO, n° 1)0; Momm-
scn, Corpus, t. V, vol. 2, n° lll>7; Kil. Hlanc, Fpir/r. nuli(j.,
2' pari., p. 1)9, n° 17.'i '.
2.
Tronçon do milliniro de Saint-Jean, h Capnos (Alpc?-Maritimes).
Il cstcn calcaire. Hauteur, U^jlJO; dianirlrc, 0'",^.").
...OTI- DIVI CO
NSTANTI
AWO- PII...
■ Noyon, Statist. du Var, p. 25i ; Garcin, Dict. Iiist. et topog. de
Pror., t. II, p. 237 ; Roux. Statist. départ. Alp.-Marit., p. 8 ;
Carlone, Vestiij. d'épigr. gréco-massal. etrom., p. G2, n" 91; Alman.
du Tar, ann. IS^'i; Tis.serand, Hisi. de Vence, p. 9, et ///.s/, de Nice ^
t. I, p. 3S; Ed. MIanc, Epigr. aiiti<i., ['* part., p. 91), n" G't.
3.
Milliaire de Vallauris, découvert au golfe Juan en 1834, près du
rivage à côté de la Tour de la Gabelle, sur le parcours de la voie
Aurélienne. II est aujourd'hui dans le vestibule de l'hôlel de ville;
1. La plupart de ces citations ont élé prisps dans VE)iigr. nriti'/, de M. Ed.
Blanc; Nice, 1878-1879.
MILLIAIIIKS 1)1-: CONSTANTIN LE CIIANI). 71
c'est un tronçon de colonne en granit gris hlancliûlrc de V"^\i de
liauleiir cl do 0'",44 de diamètre et ilont voici l'inscription :
IMP • CAES
FL • VAL •
C0N5TAN
TINO • P F
Alliez, lien de Lérins, etc., p. 264 ; Tisserand, Ilist. dp Nier, 1. 1,
p. :J8; Carlone, Vrstig. d'épigr., etc., p. CJ, n" î)4 ; Ed. Blanc,
Epigr. antùj., n" 100.
Milliairede l'île Saint-Honorat. Voir (ïtr. 3.
LENTINL...
..TIANO.
AVGGG-
.NO REI....
...NATT....
III.
IMP
FL • VA...
CONSTAN
TINO • P • F •
AVG-
V
NE.
REVUK ARr.III.OI.Or.lOUK.
DIV
STA
AUkz, Iles de Lèriiis, c\c., p. 05; Prospor Mérimée, Notes d'un
voyage, etc., p. 2'i(); Herzog, Gnlliœ Narh. descr. nppend. epigra^
phicn, p. ()•), n" 307; Cationc, Veslig., de, p. 40, t\" 05 ; Alex.
Bertrand, Rer. arclirol., 18(i0, t. I, novembre ; Ed. Filanc, Ejiigr.
antiq., etc., n*> 1^29.
La plupart de ces aiit(Hiis inliiHKMU des Ictiros on même des mots
qui n'existent pas sur la colonne, llerzog ne tient pas compte des
lacunes et porte : « Conslantino Auguslo divi Constant! filio. »
Enfin le dernier, seul, de ces auteurs, fait mention de la seconde
inscription, et nous avons déjà vu qu'il en fait un texte grec.
5.
Le milliaire de l'Eslérel (perdu) était formé d'une colonne brisée.
Il fut mis A jour lorsqu'on répara le grand chemin de Fréjus à l'Es-
térel, vers 1G79.
IMP • CAES-
PL- VAL •
CONSTANTI
NO- P P •
AVG-
AVG-
NEPOTI •
DIVI • CONS
TANTI -AVG-
PII-
FILIO-
VIII •
MiLMArnRS r)r-: Constantin m: cuam). 73
VALENTIMANO
ET VAF-KN...
f;i{ATIAN()
PCS ■ I>OS
.1. Anlliclmy, Pro iinico Euchrrio, 1720; niiurdin, llist. de Fir-
jus, n2i), I. I, p. 10, avec celte note : Celle colonne esl aujour-
dlmi placée devant le logis del'Estérel; J. Aubenas, Uisl. de Frrjus,
1881, p. 77G.
Les (iiiatrc dernières lignes loiil [niftic d'une ileiixièinr irisciiption
dùdiée aux trois empereurs Valentinien, Valens et Gralicn, comme
celle qui e>t placée sur le côte du milliairc de l'île Sainl-IIonorat. En
comj)arant ces deux textes on voit que la quatrième et dernir-re ligne
doit être rectitiée ainsi: AVGGG, et, ensuite, complétée par la for-
mule : Bono reipublicae niili^.
(Juanlà l'inscription principale, nous devons faire remanpier (}ue
les auteurs cités nous l'ont transmise d'une n)aniére fautive pour ce
qui concerne la première ligne, laquelle était scindée en deux
comme il suit : CC.H | CAES '; mais évidemment c'est en une seule
ligne qu'il faut lire : IMP. CAES.
Nous ferons encore une remarque importante, c'est que ce mil-
liaire est le moins incomplet de toute la série. On volt, en elTet, que
la partie en lacune n'est composée que de deux lignes. Le mot Ang.^
qui précède celui de nepoti, indique bien que le nom elTacé était
celui d'un empereur ; mais comme cet empereur doit être en môme
temps le grand-père de Constantin le Grand, on voit que Maximien
Herculene pouvait pasêtre désigné plus clairement. D'un antre coté,
comme ce mot Aug., qui précède celui de nepoti^ forme, à lui seul,
la huitième ligne de l'inscription, on voit qu'il esl infiniment proba-
ble que les noms de Maximien devaient être écrits sur deux lignes,
ainsi disposées très probablement; M. AVREL. VAL. 1 MAXIMIANI.
6.
iMilliaire des Arcs (Var). Il sert de pilier dans un jardin apparte-
nant à M. Paille.
IMP • CAES •
PL- VAL •
1. Les traits verticaux indiquent la disposition de l'inscription par lignes.
'^■4 nrvri- AnclIl^nr.n^.I0UF..
CONSTAN
Tl NO • P • F-
AVG-
...OTI-
DI...CONS
TANTI • AVG .
D'après une copie adressée par M. Truc h M. le hibliolhêcaire
municipal de Drapuignnn. Le im^mo, Jirponsc à MM. Liolanl, liossi
et Aubi', au sujet du Forum Voconiiy in-8% Draguignan, IbOo,
p. 31.
Milliaire de Cabasse{voir fip. 1).
IMP- CAES
FL • VAL •
CONSTAN
TINO • P • F
AVG
NEPO
DIVI • CONS
TANTI -AVG •
PII-
FILIO-
XXXIII I •
Le milliaire <lr Cabassc, nous l'avons dr-j^i dit, a été publié un
MILLIAinKS DR CONSTANTIN LR ORAND. 75
grand noiiibro <lo fois depuis plus do doux siùcles, et toujours avec
une jiiscriplion supposée roinplète. Nous ne reviendrons pas sur ce
que nous avons déjà dit do celle erreur pcrsislanl".'.
Nous allons mainlonanl passer aux milliaires ipii proviennoiil de
la rive gauche du Hliônc, d'Arles à Lyon.
8.
Miiiiaire de Grignan (Drôme). Il est formé d'une colonne tron-
quée à sa partie inférieure, en i!,y:m\i presque noir, de l""/)! de hau-
teur et de 0'",22 de diamètre. II a longtemps servi de support au bé-
nitier d'une des chapelles du cimetière (Notre-Dame de Beaulieu).
Au coinniencemont du siècle, il fut [dacé à l'angle de la tour de la
Grande-Horloge, où il a servi de chasse-rouejusqii'en 18:}0eiiviron,
époque à laquelle il fui transporté au quartier du Rozet, dans le do-
maine de M. le baron de Salnion, appartenant aujourd'hui à M.
Martin. Sur l'emplacement des 5', 0" et 7'' lignes formant la lacune,
on voit ici les traces très apparentes du martelage et, conséquem-
ment, que cette partie de l'inscription a été efTacéeà dessein. Voici
cette inscription :
IMP CAES •
FL • VAL.
CONSTANTINO
P • F • AVG-
NEPOTI- DIV..
CONSTANTI
AVG- PII •
Delacroix, Statist. du départ, de la Drame, nouv. édit., in-''^^ Va-
lence-Paris, 183o, p. oi7 (à ia 8'- ligne, NERONI ; Denis Long,
Recherches sur les antiq. rom. du pays des Vocontienif, t. II d-j la
"2" série de? Mcmoires prôffoitcs par divers savants à V Académie des
70 l\RVl!R \nCHK()|.()C.IOi;F.
iiisnipl., otc, iSiil ; Alliner, sur lcsriMiscii?ntMiU'nts de r.ililu'' Killel,
Hull. lit' la Soc. il'mrhcol., olc, de la I)|•(^IIU^ IKC.'.t, i. 1\ , p. ir;8.
Il nous par;itl probable «lUc co milliairc diil iHro apiioiu"' de Pro-
vence, ei, ronsé(]ueinint'nl, qu'il pourrait bien avoir apparlenu à la
voie Aurélionne. M. le roinle de (irignan a lonj^lemps exercé les
fonel.ons de lieutenant p'néral dans ectte province à une rpoiiue
où les grands seigneurs aimaient à orner les parcs de leurs cliAleaux
de monuments antii|ucs, et parliculii^remenl de colonnes itinéraires.
Nous nous iiornerons ;\ citer deux exemples. Le milliaire île Néron,
découvert en 174'> sur la direction de la voie .Nurélienne, prés de
Tourves (Var), que M. le comte de Valbclle fit transporter dans le
parc de son château, où on le voit encore aujourd'hui, bien (|uc
ce parc ait subi, depuis, bien des vicissitudes. « On cherchera un jour
ses vestiges, dit Papon, comme on cherche les débris des beaux mo-
numents romains. » L'historien de la Provence fut bon prophète: le
touriste qui, de nos jours, voyage dans cette partie du midi de la
France, se détourne parfois d'assez loin pour venir admirer les lani-
Iteaux (jui subsistent encore ih' cet ancien parc.
En second lieu, nous citerons d'après .M. Auguste Pelet, le parc
du chûteau du Teillan, près de Massillargues (Gard), où l'on voit
encore six milliaires de la voie Domilienne ^
Le milliaire de Grignan pourrait encore provenir des vestiges de
la voie romaine qui longeait la live gauche du Hhîkne, car il est in-
finiment probable qu'il n'a pas été trouvé dans la localité où il est
de nos jours.
1).
Milliaire découvert en I7J1, à Vienne (Isère), à oO mètres du
Rhône; il est aujourd'hui au musée de Lyon.
IMPCAES-
PL • VAL •
CONSTANTINO •
p.p.
AVG •
Dl VI •
1. Colonnft itinér. exiit . encore inrl'nnliqm; voie Pomit., N'Iin'^s. HDS, p. 20.
MII.I.IAIHKS l)i; CONSIAMIN I.i; l.llAM). 77
CONSTANTI-
AVG-
PI I • FILIO-
Nous citons ce iiiilliaiic d'aprùsM. Hoissicu {Descrijil. des insniid.
nDitij. de Lyon, iSiG-lS.Vt, p. .'i7:2), mais nous ignorons s'il existe ou
non une lacune enirc les .")'' cl (5° li.i,'nes, l'auteur n'ayant mis (|u'un
seul interligne. Au cas donc où cette inscri|(!ion aurait rlù (iilèli;-
menl copiée, il faudrait admettre une nouvelle série de inilliaiies de
(A))islantiims Mat/Kus dilTénnle de celle (jiie nous considérons.
10.
Nous citerons encore un milliaire de (lonslantin ayant longtemiis
servi de chasse-roue au coin de l'écurie d'une auberge de la rue des
Asperges, à Lyon. En voici l'inscriiilion :
IMP. CAES •
FL • VAL-
CONSTANTI....
p.p.
Boissieu, Dcscriid. dcsantiq. de Lyon, i84G-lSoi, p. 372.
iMaintenant, si nous jetons un coup d'œil sur l'ensemble de celte
série, nous verrons que, sur dix milliaires, il y en a d'abord deux,
les numéros;} et 10, qui sont par trop incomplets pour qu'ils puis-
sent témoigner dans un sens ou dans l'autre. Ensuite, un troisième,
le n" 2, qui prouve, tout au moins, que l'expression de la liliation
de Constantin envers son grand-père adoptif y a été gravée, puisque
une partie du mot ne/)o/t s'y voit encore. Enfin, un quatrième, le
numéro î>, qui ne saurait, en l'état du moins, être invoqué ni pour
ni contre.
Il reste donc six milliaires qui témoignent d'une façon absolument
certaine tiue la même phrase a été martelée expressément sur tous.
Or, comme il s'agit ici de toute une série de milliaires du môme em-
pereur, l'idée d'une suppression olTicielle faite après coup s'impose
forcément, car il n'est pas possible de mettre sur le compte de
l'usure par vétusté et du hasard une clTaçure (jui se répète sans
7s m VI I. MU HKOLCUÎKHR.
t'xcoplioii cl (le f.iron n sii|ipiiin(T toujours les nu^mcs mol!î. (^n prut
donc roiu'luiv (jiif lloiislanlin, après s'iMie t^'lorilic il'ôtrc le pclil-
fils do .Mnxiinien lltMculc, renonça par la suite à cet honneur et
en lit supprimer l'expression sur les nionuineiils piilijics.
Nous allons essayer tie 'It-lerininer l'époiiue de Téreetion de celte
sùrie de milliaircs, ee (|ui nous obligera nécessairciuenl, jiour lier
les faits, de relater (iuel(|ues datt s connues.
On n'ijj'uore pas (jue c'est le 1" mai de l'an 3(>'i que Dioclétieii et
.Maximien se démirent de la souveraine puissance et parurent en
lialiil.;de particuliers, le iiremier à Nicomédie et le second à .Milan,
et «lue l'annéejsuivante .Maxiuiien reprit le tilre dVmpereurà Home,
où son tils Maxence venait de se faire reconnaître .A u{,' us te (28 oc-
tobre .'!06). .Mais, évidemment, ce ne saurait être à cette iiremiôre
période d'abilicaiion (|u'a voulu faire allusion Constantin sur les
milliaircs dont il s'agit ; car, d'un crtté, il n'était pas encore Auguste,
et, de l'autre, il aurait traité son père, encore vivant, de Dirtis.
En poursuivant la série des événements de cette époque, nous
trouvons que Constance Chlore meurt le 25 juillet de l'année 30G et
(|uc pres(|ue aussitôt son lils Constantin lui succède; (jue .Maximien
le décore du tilre d'Auguste en lui faisant épouser sa lille FtiustUy et
qu'il se dépouille de nouveau de la pourpre l'an 307, mais, hélas I
pour la reprendre une troisième fois bientôt après, soit vers l'année
3011 très pruhahlement. Cette seconde péiiode d'alidicalion se trou-
vant remplir les conditions exigées par le texte des inscriptions,
il esi infiniment probable que l'érection de notre série de mil-
liaires eut lieu pendant son cours, soit entre les années 307
et 309.
.Ndus allons maintenant passer à la deuxième partie de notre
travail, c'est-à-dire a la recherche des événements qui amenèrent
Constantin à bannir des monuments publics la mémoire de
Maximien.
j. i\ niiV!:LL.\r.
{La suite jirochainement.)
LIiTTIŒ A M. E(J(iEU, MEMOKH DK I/INSIITIT
sur» DEUX
INSCRIPTIONS GUI<CoUI'S INÉDlTIiS
DE LA RUSSIE MÉRIDIONALE
Odessa, le 10 22 avril 1883.
Monsieur,
Fidèle à mon engagement, j"ai l'Iionncur de vous envoyer ilciix
inscriptions grecques, dont vous trouverez le texte dans le mémoire
ci-joint, tiré du treizième volume des Mémoires de la Société d'O-
dessa, actuellement sous presse. Toutes les deux ont été trouvées en
1881 et appartiennent, l'une à la ville de Cliersonèse, l'autre à l'an-
cienne Tyra. Vous jugerez de leur importance par les nouveaux
détails historiques qu'elles renferment. C'est en déblayant le terrain
autour d'un ancien aqueduc, dans la rue principale de Cliersonèse,
que l'on a découvert la première. Elle est gravée sur un piédestal
de marbre, de 34 centimètres de hauteur sur 67 1/2 de largeur,
percé de deux trous où étaient attachés les pieds de la statue. L'en-
droit où il gisait (au coin de la rue principale et de la troisième
transversale qui conduit, comme l'on suppose, à l'ancienne place
publiijue où l'on a déterré, en 1880, le décret sur Diophante) nous
portée croire qu'il occupait sa place primitive. Le marbre est brisé
par dessous en cinq morceaux. L'inscription contenant l'énumération
des services rendus à la patrie par Ariston, fils d'Ailinas, est divisée
en dix parties, placées chacune dans une couronne dolivier. Le
musée de notre Société en possède une autre semblable, publiée par
Bœckli {€. I. G., II, n° 2007) et Kd'hnc [Histoln' el auliquitcs de la
ville de Chersouèse, en russe, Sainl-rétersbourg, 1848, p. 84). L'iu-
SO iiKvii. Aiicino'.iKiiyLi;.
liTtH copi'iidaiit (jur nous pii'sonle l'inscriplion nouvelle csl beaucoup
plus 1,'ranil, à cause des nouveaux renseignements (jirelle nous donne
sur réi.il jioliliciue de (Ijiersonèse cl sur ses inagislraliires autonomes,
vers le nnlieu du i\' siècle après J.-C. (/est à celle èpoipie que la
statue en l'honneur d'Arislon doit avoir élè érigée, comme le prou-
vent les ambassades dont il fui diargè, pour négocier des traités
d'alliance auprès de Hlui-mèlalcès, dans le(|uel on reconnaîl aisé-
ment Tibèrius Julius Hluemélalcés, le seul roi de ce nom connu
dans la liste des rois du Hospliore, (|ui a régné sous Adrien et Anto-
loniii. depui^ l'an l.'H jusqu'àTan l.'iJ de notre ère (Mionnet, Sm/j/;/.,
I. IV, p. 508, aOO). Il n'est pas moins sur (lue lempereur auprès
duquel Arision fut envoyé solliciter la liberlé en faveur de Cberso-
nése ne saurait èlie (lu'Adrien, dont le |ireniier soin, après son avè-
nement au Irône, fui de maiulenir la paix en abandonnant quelques
con(iuétes récentes, <'l de régit r les relations avec les nations bar-
bares, en déleriiiiiiant les frontières de lempire. La politii|iie de
l'empereur et le cbangement du système de l'adminisliMlioM dans
les provinces (jui dut en résulter ne pouvant être inconnus aux
Cbersonésites, il est liien probalde qu'ils s'empressèrent de faire
leurs démarches à Kome pour se soustraire à riiiccrtitiido sur kur
sort futur. Ce qui semble ajouter plus de poids ù cette opinion,
c'est qu'après la mort de Cotys II, roi du Hospliore, ils ne pouvaient
pas savoir quelle décision l'empereur prendrait à leur égard, et ils
avaient i\ craindre qu'il ne les soumîl au pouvoir des rois du Bos-
phore, (jui, depuis Mitlnidaie VI, n'avaient pas renoncé à faire valoir
leurs droits sur les villes grecques de la presqu'île Taurique. Cet
état incertain des Grecs n'est pas resté inaperçu des contemporains.
Arrien, en dédiant à Adrien son Périple du l'oiil-Kuxin, dit (|u'il a
été poussé à composer cet ouvrage par la mort de Colys, et qu'il
s'empresse de présenter à l'empereur la description des côtes de
cette contrée, alin que celui-ci connaisse tous les lieux (|ii,ind il
songera à prendre quelques dispositions concernant le royaume du
Bosphore. Nous savons qu'Adrien invcslil Hlinnmétalcès du litre de
roi, comme le prouve une inscription dans la(|iielle ce {'rince s'ap-
pelle TÔV EÙEfYdTT.V Xal ÏOIOV XTl'cTT.V (V. Bœckll, ( '. . l . l! . . H, II" ^t(i8).
Huant aux Cliersonésites, ils réussirent à conserver leur liberlé,
c'est-à-dire l'autonomie, qui fut conlirméc par l'empereur après six
ans dallenle, retard dont nous jiouvons chercher la cause dans les
voyages d'Adrien, (|ui parcourait sans cesse son vaste empire, pour
en surveiller radmiiiistralion, surtout au commencement de son
règne. J'ai cxpli luè \r mot l.bcilè jiar celui d'autonomie, car il est
SUH DKUX INSCIUPTIO.NS GHKCQUKS INKDITKS. 81
jiisl{! (I(i cvnu'ii nue r.imb.-is^.'ido d'Arislon Ozb -râ; cAr/iesi'or;, après tout
(U! (jut' j'ai (!X|)().S('', ii'avail cmi d'aiitri! but (|Ui; d'obtenir d(3 l'empe-
reur la sancliori des anciens privilégies des Cliersonésiles, ce; qni
(bivail leur servir de sauvegarde eonlrc les prétentions des rois du
IJospliore, en les laiss.int dans l'ancienne dépendance de l'empire.
On sait (|ue la vdiede Cliersonèse jouissait déjà de la liberté, proba-
blement depuis la cbute de Milbridale VI, ce (lue s(!mblenl signi-
fier les paroles de Pline, (lu'elle oblint sa liberté a Romanis, c'est-à-
dire au temps de la républi()ue (IMin., //. N., IV, 2()). Nonobstant ce
priviléjj'e, iJioclétien appelle les Cbcrsonésites, en leur assurant la
liberté, •^■vf\<sio\j^ ovxaç uTiirixoou; rTi? TtofjLaiwv pacriXEia; (Const. Porpliyr.,
De (idiniiiislr. inip., LUI); et l'rocope, en parlant de la ville de
Cliersonèse, dit qu'elle dépend des Romains depuis les tem[)s an-
ciens : 'Poj(Aa(o)v xaTr^xoo; ex TtaXaioù ècxi (Procop., Bi'll. Gtilli., I\ , 3)«
Ainsi l'EXsuOscta n'accordait ;i la vilh; (juc le droit de >e gouverner
par ses propres magistrats, selon les lois du pays, ne l'alTrancbissant
point de la dépendance de Rome. Elle n'excluait non |)liis ni le sta-
tionnement des troupes lomaines, ni le payement des impôts au
trésor impérial. On octroyait ces derniers privilèges à part, et on les
nommait ebcz les Romains inimuiiitas, cliez les Grecs àiileia. Ce
n\'sl que beaucoup plus tard (jue les Cliersonésites obtinrent l'im-
munité des impots (le l'empeieur Dioclélijn, en récompense des ser-
vices rendus aux Romains pendant la guerre contre les Bospora-
niens; et ce privilège, ainsi que la liberté, furent contirmés par
Constantin le (irand pour les mêmes services (Const. Porpbyr., De
adm. imp., LUI). Quant au stationnement des troupes, qui est at-
testé par rinscri|ition d'Auréle Salvien, trompette de la onzième
légion nommée Claudia, et par d'autres fragments trouvésdans l'em-
placement de Cliersonèse (v. les Mémoires de la Société, t. XI, p. 1,
!2), il paraît que cette ville en fut alTrancbie sous Adrien, à moins
qu'on ne veuille croire qu'elle fut évacuée par Us Romains pour des
raisons inconnues, car autrement elle n'aurait pas eu besoin de con-
clure des traités d'alliance avec Rlioemélalcès.
Outre ces détails (jue nous fournit l'insciiption, sur l'état politique
de Cliersonèse vers le milieu du ii'siècie de notre ère, elle nous fait
connaître pour la première fois quelques magistratures autonomes
de cette ville, 'elles que la 7rpoSi;cîa, la voaoouAaxi'a, la oauioiyia et la
Sioi'xYici^. Les fonctions des deux premiers magistrats sont assez con-
nues, mais on ne pourrait pas en dire autant du troisième. D'après
Hésychius, les oa(jLiopYo{ étaient des magistrats cliez les Doriens : ol
af/^ovTE; Ta ûr.uLocta -paT-rovTEç, semblables aux démarques des Atlié-
III* SÉRIE, T. II. — 0
ÎN-i m vi:k AncHÉoi.oGiyiiK.
nifiis, «un survoi'i iiiMil \r< loi-; cl l'ox^nillo;! ilc^ déi'iclr» du pciiplt'.
O'apns Oifiicd .Mil 1er (Uor , -2, p. i% », ;»'.)IM. I.'ur principal t'iiiploi
chrz les Arlit^ens fui do ironférer avoc le piiiplc. Le iiiOnie satanl
Ips coriiparc, dans {■nnri(Mni»> Arpos, aux inaj^isli iK appelas ?r'aou
::co<rrara». Un coniiaii au>-i rupiiiion (^n(iiico«' par Kisscii, ()nl, dans
î>e8 notes explicalives sur l'indare, rroit voil* dans le.^ damiur-
ges des uMK'isIrals revi^lus d'un (•aracl«'»ie saer^, «lus ii peip^'lullt^
pour diri^rer les alTaire.^ do la religion (Dissen, E.rplir. VintUtr.^
p. 378i. Nous sommes ietil(*s de voir le mônuî caraelùre dans eelte
uia;jisiralure, m supposant (|ue les statues nteiilionnêes dans l'ins-
cription étaient cidies des dieux. En ee eas, pour ex|dii|Mer le parti-
cipe 8«aiop'|Ti(ia;, par le(|uel ou a dc'.^ignô un eujploi pafsf, il faut
aussi supposer ()ue le monumeiit en riioimcnr d'Arist'Hi fui éri;?é
après sa mort La haute dignité des damiuiges est attestée par l'hu-
cydide (V, 47), et une lettre de Philippe de Macédoine, ct»êe chez
Dômoslhènu {Dr cor. ^ p. i80i, où ils sont appelas ina.îjislrats chez
les Éléens, les Mantiiiéens et les Pélopnnêsiens. (liiez les (!ni liens
ilsciaieiil t'ponymes(v. Bœckh, Cl. G, II, n^ilWU; Franz. ,111. IV,
p. .\IV, n«>"7U, IO."J). La leçon 8a;jLto;3vo( au lieu de o«att.)2vo( et Jauioup-
Yo{ n'est pas sans exemple (?. Hœekn, C. /. G., I, n" l.>i2 et i5t)7).
Parmi les magistratures (|u'avail exercées Arislon, nous trouvons
encore la hoixT^mç, ou l'administralion des revenus de la ville,
comme nous l'apprenons par l'éloge (jui est ajouté : çtordavrot ■/s-f^'xtroL
tS «'î^si, ce i)ui nous fiiit peiiserau xauiaç Tvi;o»oixvn7£t.);(Polliix. Vllf,
H3;, ou à r£riaêXr,TT,; tt,; xoiv^; Ttpoco'oou, OU aU xaata; tou c.r,'xo'j.
Le dernier éloge, TtoXiTsudoevov xaXôiç, se rapporte à l'aclivllé utile
et honorahie d'Ariston dans tonte sa carrière polilii|ue. Il n'esl pas
rare de trouver d.ms les in.scriplions .'es éloges de ce genre. (V.
Uœt kh. C . /. G.. I, n° l \i\ : xoti ih âXXa xal Àôvot; xai esvotî'îtoXtTîu'Tcras-
vov iusT» xaî ci).OT£iu<)TaTa ; cf. Iii7i, -iHil, ivvio; x«l i)tX«Y3f9io; xat I-kk-
oavô); iv TToXiTEuaotijievov.)
iJans la première ligne de noire inscription, où nous lisons '\_:(-
(rro)va 'AiTiva, il faut suppléer 'Acîorrwva Tov) ^pTiva ; l'accusalif dépend
du verhe sous-entendu «viT-rricev (6 of,|jLOÇ; ou dvïVTT.Tav (f, 9'/jÀ:^, xat 6
L'inscription que nous avons citée au coinmencement de noire
mémoire est rédigée de la même manière Ou > lit : ôôôfao; ^A-^iikxXt]
xrr,[(ri7.]\(j. I. 6'., Il, ri-ifO*.)? . Le nom du sciilpl<'ur Kriç.t7Ô3oTo; |irouvc
.sïjn oiigine ionienne. Voir les loiine^ doriennes Kaî.iTo'j(o:o; (B'eckh,
C. I. fi., 1, l.")7i, li>77, I;j78; K«v«ct'i.)v. I, l;.7i. L'JHi) : K^ï-Itio;. imm
d'un mois dans l'ilc de Cos).
S(m DKLX INSCHIPIIONS JiHKCOUKS INKDITKS. 8'J
L'inscription iloTyiaiH" II), |,i sccondi» (|ue Ton ronnai.seftdcœite
ville Jiisi|u'.i prrscnl, n éit'' lionvée la niôinc anm'-fi h Tcliolirnniclii,
vill;ip,Mi sitiK'siir |;i rive ^miicIic dit Diiiesicr, dnns le R.mvprncnif'nt
(le Cht'isoii, dislricl de ïyiji^pol, h ccul kilo ii^lhs environ de l.i villo
d'Akkerni;in,i»ii l'on s'accor.leâ placerl'anciennR Tyra, parun payft;in
(|iii creiisail nn fossé aiilour de sa in.iison. Kl le est ?rnvée sur une
d.ille de ni.irlire de {•»,\'2 de lianleur. sur HM (•eiiliiii«''tre.s de hr-
p-ur et 17 d'ép.iisseiir. L;i [derre él;itit hrisre cti |«liisieurs morceaux
dont ou n'a p;is retrouv»; ceux de la [cirlie sii|iérie"i!e, il nous man-
(jue pres(|iie la ujoilié du décret, cofil^nanl réniiinéralinn des servi-
ces retulus à la ville p.ir nn de ses citoyens. J'ai lâché .le faire quel-
ques suppléments dans le texte, et d'en remplir (pici(|ues laciiMcs.
où cela m'a paru possih'e. C'est ainsi qu'au cominencemenl ilu dô-
cft t j'ai suppléé I-khô^ Koxxï-ïoç, en rétablissant aussi ce nom dans la
ligne 13, parce que dans cttie ligne, après S£oo/Octi t-T) fto-j^TJ xai tjTj
ÔTlfAto, où devait se trouver un nom, on voit sur la pierre la lelirc K
et la moitié de la lettre o; tandis que dans la ligne 10 le sénat fait
transnieltre le décréta Koxxr'i'o; Où'iXev;, qui n'a pu être (ju'un des
proches parents du citoyen dont on réconificnsait les services. C'é-
tait [uobablement son père, comme j'ai restitué ce mot, pour deux
raisons : 1" ()arce qu'après tw on trouve sur la pierre une ligne ver-
licaleappaitenanl à une lettie àdemi ébréchée, ce qui nous empêche
de remplir p;ir \AS> on àSsÀow. on d'une autre manière; 2" parce que
le mot (|ui manque n'étaii composé que de cin(| lettres. D^ns la li-
gne 14, où il y a une lacune de trois lettres, je crois pouvoir sup-
pléer (éirX)c.) £7:t(/pû<Tw), sans être cependant en état de décider si les
lettres sm sont une abrévation, ou si ce mol est tronqué par l'inad-
vertance du graveur. Enfin, qu^iit au supplément dans les lignes 5
et 6, esioT'^aTo; AOToxpâTt.))p T,u;r,«7£, je l'ai fait en pensant à l'immunité
des droits de douane, accordée à la ville de Tyra par l'empereur
Commode, et confirmée en l'an 'iOl par Septime Sévère (v. l'ins-
rriplion chez Mommsen, C. /. L., III, f, p. 147; Mémoirea de la
Société d'Oilessa, i. H, p. 'il6; Briiun Tclicrnomorïc, I, p. 11). |,e
verbe T|u;riffe s'appliipie mieux que tout autre à cette ftveur impé-
riale, qui augmenta la richesse et le bien-élre de la ville C'est pour
solliciler ci' privilège que Coccélus aura été envové auprès de Com-
mode, et c'est après avoir réussi qu'il est devenu £iî/pr,rro; t?) raxcîSi.
Le décret en son honneur fut rédigé à Tyra, sous le consulat de
l'empereur Commode et d'Antisiius IJurrhus, c'est-à-dire sous le
troisième consulat de Commoile, cinq jours avant les calendes de
mai, soit le 27 avril. La date de l'avèneinent au trône de cet empc-
S( ItKVUK AHCIlkoi.diilIjUK.
iviir. If 17 mars île l'an 180 a[uvs J.-C, ôlaiil connu»', on voit (jut;
la troisiènii' aniu-e do son i^jjnc coniiiUMira le 17 mars do l'an I8J,
ol que o'osl à ootlo annôo (juil faul rap|ioitor la lodaclion du monu-
nionl monlit»nnô. Nous dovons observer iri (|uo lo nom latin Coin-
lutilus apparall dans los insoiiplions j;roi'i|ui's sous doux formes
dilTi'ioiWos : Kdao'^o; IV. HoH'kii, (,'. /. (;,, I, H'" il'M), 17:20)01 Ko|jiaooo;
{ihi'i., I, .'i'i.t, 1078 . Lucius Anlislius iUirrlins, lo hoau-frôre do
llommodo, maii.' à la lillo de Maro-Aurolo, fui oonsul avec l'empe-
rour depuis l'an 181 ; mais, aroust* île vouloir s'emparer de la sou-
vorainclé, il péril assassiné en l'an 181) (.El. Lamprid., Comino-
(lus. M).
.Non contmls d'avoir indit|ué la date selon l'usai,'»' des llomains,
les Tyraniens onl maniué aussi l'an, le mois et le jour d'après leur
calcul. Pour marquer le premier, ils ont indi(iuo, outre le nom de
l'arclionto éponyme, Théodore lils (fe Hurllms, l'an l'2.") de leur ère,
corres[iondanlà l'an 18:2 après J.-C, troisième eonsulil de Commode.
Ils onl procédé de la même manière dans Tautn; décret connu, où
sont indiqués leseonsuls romains d»; l'an :201 après J.-C. : Mueien
et Kaliien, l'an de l'ère lyranienne l'»."i, eirarclionte éponyme l'u-
blius ..'Elius Caipurnius : àvearaOT) im Mouxiavoù xoù <l>aoiavofj uTtaxtov,
iv rô) ëilp £"£', ^r'//'^ "• AîÀi'oj KaA-oupvîou. P. lieckor, en cxpliijuant ce
passage, ne doute point (jue ce Caipurnius ne fût lUjmain d'oiii,'ine
et gouverneur de la Dacie ^v. Mémoires de la Société d'Odessa, t. II,
p. iO!)); Mommscn le prend avec raison pour le cliel" de la ville
(.Mommsen, C. /. L., III, i, p. 147), sans pouvoir toutefois nous
dire son liire véritable, tandis que nous apprenons par notre ins-
cription iju'il s'agit ici'de l'archonte èponyme qui, dans la ligne 22,
esl appelé -ptoTo; àp/oiv. En mellanl en comparaison les années île
l'ère de Tyra avec celle de Home, on voil qu'elle fut établie en l'an
58 a{irés J,-(}. ; mais, faute de témoignages anciens, nous .serons tou-
jours dans rincerlitu le sur son origine, .-«oit que nous partagions
l'opinion de.Momm.sen, (lui la met en lapporl avec la réduction du
territoire de Tyra on province romaine, suit que nous supposions,
avec plus de vraisemblance, ([u'elle fut établie parles Tvranions en
reconnaissance de (juel que faveur accordée à leur ville par .Néron.
Un s;iil (|ue les Grecs pussèdérenl de tout temps les lionnes giàcoi
de col empereur, ce (|ui est altt-slé par Suétone, d'après lequel il a
plaidé les causes des KlioJiens et des liions, avaiil >oii avèiiemeul au
lr<')ne(Suèt., Nero, Vllj.
Outre l'an de l'ère, on a indiqué .-.iir l'iiisciiiilioii le .'!(> du mois
d'Arlémision «1 la date romaine correspondante, le .» avant les ca-
SI II i)i:i;x iNsciiii'Tio.Ns (;iii:cnUKs inkdut.s. h:,
IcikIcs ili! iii.ii, ou lo '21 avril, f^'s détails, ajojilés ;i (('iix que intus
(loiiiKi r.iiitiiî iusciiplioii (li; TviM, nous iiirllciil à iiirine de. rétablir
It! cali'ndrior de crtli; ville, avec licaiicoiiii de prolialtililé. A cii ju^'cr
pai' lo nom d'Aiti'iiii.sioii et celui de l.én.i'Oii, déjà coiiniis atilérieii-
reinent, les Tyraiiiens se servaient du eilendiier des (îrecs de l'A-
sie, qu'ils avaient a[)porté de .Milcl, leur inéiropoN;. On a|q)rcnd
les noms (les douze mois asialiiiucs, ronlic dans lei|ue'l ils étaient
rangés et le nombre des jours de chacun d'eux, |)ai- les deux
calendriers de Florenreel de Leyde. Sou« rempire, d'après Mêler
[Uandbncli (Icr nidlliem. mid trchn. Chruiiolo(/lL', Uerlin, 182.")), ils
se succédaient daiis l'oi-ilre suivant :
Les moi?. L(!ur rointnencciiii'nl. Le nombre des joum.
1.
KaiTâciOî.
Le 2i
septembre.
30
o
Ttfs'pio;.
2i
octobre.
31
;{.
'AxatouGio;.
24
novembre.
31
/».
Ilocioawv,
25
décembre.
30
5.
Avaio; ou Ar,va'.o')V.
24
janvier.
29
().
"IspofTsÇa'STo;.
22
février.
30
7.
'AcTEiJLi'ffio; ou 'Ap-
24
mars.
:il
8.
EùaYYsXio;.
24
avril.
30
9.
iTpa-rovDtoç.
2'i
mai.
31
10.
'RlxotToaÇaio;.
24
juin.
34
11.
'AvTso;.
2o
juillet.
31
i^l.
Aaooîxio;.
2o
août.
30
On est cependant bien surpris, eji comparant le commencement
de Lénicon et d'Arlémision, qui résulte des dates respectives mar-
quées sur nos inscriptions, avec ce que nous présente la table citée.
Suivant l'inscription antérieuremonlconnue, le 8 deLénreon corres-
pond au 17 lévrier; par conséquent, le 1" de ce mois coïncide avec
le U février, tandis que le calendrier le fait coïncider avec le 2i jan-
vier. Il y a doncune dilTérence de 17 jours. D'après l'inscription nou-
vellement dccouverle, le 30 d'Artémision correspond au 27 avril,
par consé(iuent ce mois commençait le 29 mars; tanJis que, sur la
même table, son commencement est indiqué le 24 mars, ce qui fait
5 jours de différence. Nous y trouvons, en outre, entre les mois de
Léna'on et d'Artémision, un mois appelé 'hpoGî'SacTo;, dont la durée
était do 30 jours. Cependant si nous comparons la (in de Léna^on,
86 RRVUF. Ancnf'oi.or,ini:i .
qui coincitio aver lo 1) mars, en supposant (jui^ sa duri^c fùl de
ûl jours, avec le ro nnicnnMnonl d'Arlnnision. qui correspond, sui-
vanl notre inscription, au ÛW mars, il ne restt ra, pour le mois 'leio-
o«6«(rro;. que 11) jours. Il n'est pas douteux qu'un mois île si courte
durée n'a jamiis exi>té. P. Hecker. ipii a copi«n'l explique lo pre-
mier l'inscripliou de Koiotnoii-, a dr'j;\ (d)MM'vé que la dite iii(liqut''e
dans le décret ne s'accordait pis avec le cahMidri r. ce qui lui lit
supposer (|ue la lettre qu'il avait prise pour un H ou le iinin')re 8,
pourrdt (Mre un M, abivvialion liu mol ar.vô,-; m:iis cette leçon lui
a paru lia-ardee, à cause de la ligne horizonlde désii?ii;inl io nom-
bre, qu'on voit distincli-ment sur la [lierre au-dessus de II (v, Hecker,
Mrm. (/'• /'/ Sorirtr il'D'ipssn, t. II, p. W{\). M ilheiireiiseiiient, il nous
est impossible eu ce moment de vérilier sa copie, ù cause de la re-
construction de notre Musée, quoique nous soyons persuadé que
la discordance entre les dates dans les d. ux inscriptions, et la briè-
veté du mois de 'hpoîÉoaaTo; qui en résulte, sont la su'ie d'une mau-
vaise leçon. Pour le promtr, il suffit de rétablir le calendrier de
Tyra ;\ l'aide des date> correspoii(lanle> .le l'iiis:; iplion nouvell', on
observant l'ordre des mois et \r noiiilne de jours de cliacun d'eux, qui
sont indiqués dans le calendrier.
Lo» van'». Lent commencement. Le nombic des jonn.
1.
kaiffdtfio;.
Le 29 septembre.
30
2.
TiCéciO!;.
29 octobre.
31
:i.
'Attïto-jcioç.
29 novembre.
31
4.
IloTioaojv.
.30 décembre.
;m
rj.
.V7|Vai<«>v.
29 janvier.
29
0.
'Iepo:£oa7To;.
27 février.
30
7.
'AfTEIXlTll'IV.
29 mars.
3t
8.
f.\)%f(ù-\.oi;.
29 avril.
30
U.
iTfaTOvuo;.
29 mai.
31
10.
'KicaTOaÇaio;.
-0 juin.
31
11.
'AvTiO;.
:}0 juillet.
31
12.
Aa-jôix-io;.
:tO aoiU.
30
On voit par cette table que le 19 février <le l'année julienne ne
peut pas coïncider avec le « (Ht de L-n:eon. parce qu'il correspond
au -iU, que les Grecs dt si-n. nt par la leltr." K. Il y a donc tout heu
de soupçonner rerreur de Becker, provenant de la facilité avec la-
quelle les lettres 11 et K peiiveni être confoiidiies. surlonl quand
si:u IM.VK INsciuPTloNS (iiirr.niJifs im hiii-.»^. 87
elles sont en(lommaR(';es sur In [lierre. Mais on observe encore, dans
la m^^inc labli;, iino aulni singularité, c'est que le commencement
(les mois m- s'accortie point avec, h; calendrier; le premier jour do
Kaiîâpioç, ijui était le premicM- jour de l'an, correspond au "il» sep-
lenihre, au lieu du 2ï du même mois, ce (|ui fait une didV'rence (Je
j joui's. ()\\ est d'aillant plus surpris de trouver celtt; ditTi'rence,
(|u.ind on réllécliit (|iie l'atiiiée, chez les (iiccs de l'Asie, d'après ce
que nous disent les chronoloj,'ucs, commençait avec l'équinoxe d'au-
tomne; et on ne saurait rexpli(juer, à moins qu'on ne veuille met-
tre le premier jour de l'an des T.\r;iniens en i-apport avec leur ère.
IJans les lignes 22, 23 et 2i, il est f;iii menticm du premier ar-
chonte el de trois aulies i|ui ont signé le décret. Il y avait donc à
Tyra (juntre archonies, dont le premier était éponyme. Le même
nombre de ces magistrats est mentionné à Tanais (v. le Compta
rendu d<' l" ComviisHioii nrchénlogiijiti' de 18r)3, p. Ofi) et à Drciste
(v. Franz, C. I. G., III, Add. ron\, n" .'i822). Ainsi, l'Iiypollièse de
P. Becker, (jui en a supposé cinq, est dépourvue de tout fomleinenl
(Becker, ouv. cité, p. 404). Nous ferons remar(]uer h cette occa-ion
que le tilre de npotsytov, (jue portent chez Const<intiii Porphyrogé-
nète les chefs de Cherson, n'a d'autre signilicaiion que celle de rpw-
Toç «cytov (Const. l'orphyr., o3), comme celui (ràc/ovTe-jojv du maibre
d'Olbia. Le titre de ^iç'xu.u.a.Ts.hi t^; ttoàeo);, dans la ligne H\, est équi-
valent à celui de Ypaiiuareùç t^; fiouX-7;;. Il n'appartient pas exclusive-
ment à Tyra, car nous le trouvons ailleurs (v. Bœckh, C. f. (?.,
n° 3S58). Les signatures des sénateurs nous présentent un mélange
de noms grecs et romains, ce (|ui ne doit pas nous étonner, puisque
la MiTsie, à laquelle appirtenait la ville de Tyra, éliit une station
militaire, où les Hoiiiains entretenaient toujours des forces coiisidé-
bles. Le nom grec BoYiOo;se trouve aussi chez Bœckh, C. J. G., l, i'66;
Franz, n" 0908. Le nom AaiîOsvvi; sous la forme AaGGsvY);, Hmi kh. C.
J. G., II, p. 'i. Le nom barbare Zoûpri nous rap[)elle ceux des villes de
la Zoupoêapa (Tahula Peuthir/.) et ZiriSava. Mo'xxa nous fait penser aux
noms i:aulois et cellii|iies Toccn, Ducca, Vocca, Pocra{\. Cod. inscr.
roman. Dnnuhii el lilieni, n" ii, 207, 1449, 1454, 2(l.);3, 3300). A
la même analogie semblent i-e rapporter aussi Iliixa et^iwaa. Il est à
regretter que le nom étrange riiToap,.. ne se soit pas conservé en
entier.
Comme appendice, j'ajouterai encore à ce mémoire quelques re-
marques concernant les lieux où les deux inscriptions ont été trou-
vées. Aucune d'elles n'a été délerrée à Akkerman, où les archéolo-
gues s'accordent à placer l'ancienne Tyra; mais toutes les deux à
RS UKVUK ARCIU^OLOOIorK.
uno tlislnnco di^ cimiI kilom«Mros l'iiviion d»' rcttc villi', sur la rive
gaiirlh" »lu Hiiii'slcr. C-ommcnl (Icvons-iioiis «'xpliciiifr l'ctU' rirrons-
lanceassoz singulit^rc^Ouandt'l p.u'cjiii Cfs puMTOsoul-i'lhs été Irans-
porU'os iMi ros lieux? Kl n'avon-nniis i>cul-iMro pas lort de placer
Pvra à Alvkermaii. au lieu île le elicrcher .^ la pl.ire iiidit|uét' par nos
deux inscriptions? Un de nos savants di^iingués, Philippe Hruun, a
éiitineé, à l'occasion de la trouvaille dans le village de Korolnoïé, une
hypollièseinidinissible, en supposa ni l'existence (le deux vil les du nom
de Tyra, dont l'une, qu'il croxail avoir été fondée après la destruc-
tion de l'ancienne présd'Akkeniian. (luehjue temps après Vespasien,
se serait trouvée prés du village mentionné, situé, à ce qu'il préten-
dait, sur l'Ile deTyragétes, pays entre le Dniester et le Koulchour-
gane, présentant l'aspect d'une île pendant les gramles eaux. On ne
peut pas non plus partager l'opinion de Mommsen, (|ui, pour expli-
quer réloigncmenl du lieu o;. l'inscription a été trouvée, dit (lue la
pierre a été posée par les Tyraniens. pour marquer les limites jus-
qu'où s'étendait leur immunité des drcuts de douane. Sans discuter
les opinions citées, je ferai observer: i" que les deux inscriptions
ont élê déterrées dans des villages éloignés de neuf kilomèires l'un
de l'autre; 2° que les fragments tiui manquent n"'ont pu (Mre retrou-
vés; 3"tiu'on n'a trouvé jus(ju'à présent surleslieux où les pierres fu-
rent découvei les ni décombres, ni monnaies, ni morceaux de vais-
selle cassée, ni autres preuves de l'existence d'une ville; V (jue le
transport par eau étant facile, nous avons tout droit de croire ipie
les pierres ont été transportées par les Moldaves (jui, pendant la do-
mination turque, s'étaient établis sur la rive gauche du Dniester,
d'autant plus que ce sont eux (jui étaient chargés de fournir, avec
leurs galères, du bois de construction et île chaulïage poui' les forte-
resses turques. Les villages de Korotnoïé et de Tchobroulchi sont
jusqu'à nos jours habités par les Moldaves.
Agréez. Monsieur, mes respects les plus distingués.
LADISLAS JL i'.Cli; \ ITCH.
sun DKUX i.Nscaii'iioNs (;iii:<;yi;i;s iM;t»in>;.
.SU
ApiTTOva 'Activa tÔv '^O/JraTtiv,
HpeoêEÛovTa uTrÈp tï; £>£uOepi'a; (ujort tÔv ô'jo{y) XeÇoctto^û) é;aeTi(av)
x(aT)a(7:)ooaaô)VTot.
npoûixr^TavTa (x)a(X('oç).
Nouo:puXa(xr,)(Tav ra.
Aa[JL(Oopvr^(javTa xaÀio;.
npÊcêeûco'VTa ttotI [iaGiXsa l»oiar,Tâ().)xo(v, Trspt c-j[jLaa/îa; (xai) £7:it£t(£u,-
/Ô(t>.
('l£)paT£Ûi7a(v')Ta xa>co(ç) xai (£Î,xov>(a) /a(ci)'7â(a£vov).
Aio(ix)-/"^(javTa xat 0(oTi(Gja(vTa) y_p-/,aaTa (T;â ttôÀc'..
npea6(e)ûaavT'x toti padiXEa l*oi[XY)TâXxav xô 5eoT£pov xai £::iT£-:£'j(-/o)Ta.
Aaaiocyr'aavTa xat £txovi(a) T£X(£<;avTal .
lJoXtT£u',oii.}£(v)ov xaÀôi;.
K7i(çi(t)o2oto; (£)7r{o)r,ffc.
II
( 'E-£i5v] Koxxr't'oç)
X
a£i
ycr^!7(iu.oc. . .£'j/:r,i7To; £v='v£TO TV) :TaTpîûi). (ôj
5. 0£iOT(aTO(; Pwaatwv aÙTOxpaTw)
p r,i;r,(T£ (rJ'.v -dXtv •/■jiji.ôiv)
etç xà xaT£
90 npvip \n(.Hi*oi.oriioi)F.
Cti TT,; TÔlV 5
10. rracà TO'j; Tjvo (tû S/|X(o)
auuç«fôvTto(v) ((•)«pe).(|jLOu iv)
Sôy'Oai TT, pou).Ti x«\ T«j) Sr];ici> K(oxxy,iov
vov TeT£i|xy,«îOai yc'jifo (jTtsâvt.) x«\ (5rX)(j> iT:i(yÇ'j<H;>)
15. tÔ T£ •l/T,5iaU.'X T£).£l(oO£V OttÔ TO-J Y5«|J'-^»>(«T£0);)
TT,; rrôXeojcOùaXîsîou Poûoou 5oOT,vai t'o (raTpl)
«ÙTOfj KOXXT.U;) OÙ«X^VTl Xa\ TO àvTlYCOtSOV «(tOTi)-
OT,vai £Î; Ta 57);xO(Jia. 'Ky^^îto ev Tûpa r.fo. K. KaXavSôiv Ma
»i)v, AÙTOxpotTOci Kojxôoto TO V. xai 'AvTirru;) lio'jp-
20. pto OzaTOi;. t'o; ûê Tupâvoi ayoudiv, ?tou; KKP, «p/.ôv-
TO)v ûè Twv •TTEpi BeÔocogov U;t,Oou, iJi7)vb; 'ApTEuiai-
tôvo; A. 'Ei^cav''^''"''^ • ©Eootopo; Bot,Oou r.zot-
To; apywv. Kaïaap Zoucïi ap/wv. AataOÉv/j; >Hxxa
a:/o)v. AiXio; Aovîxio; «p/wv. OùaXEiiavô; Ilov-
2*). TixoO £Î(rT,vT,Ty'<;. TiÇ. KXtjÎio; 'Av(T£po)To)c . 2(£)irroû-
;/.io; 'lEpoijwvTO;. Ilîoavo; IlTsap o;
BaTffiavoù 'lEpo'jvuuLo; 'Ap(T)EjjLiO(.')(pou). ©sôS'wpo; 0£o)
ôwpou. Xp'jffi'Tnio; XcutÎzttou. NîyEp 'AcTEatîcôpo'j. M-z
xâcio; 'ApTEaiO(«')pou. Aiovuîdoiopo; 'A/iXÀaîou.
30. Aoûxio; iaropvîXou. <l>iXoxaXo; <^lXoxaXou. Aïo-
vJTio; IIi'iTxa 'H:a/.XEtov iôiaa. As'Xoo; As'X^ou.
OOaXe'îio; Poôio; vpotuaaTEu; ETEXEicWaro
•l/'/siTa'y. .
OBSERVATIONS sril LA CIIKONoLOdlK
DB
0UI:L0UF.S archontes ATlir^XIENS
POSTÉRIEURS A LA CXXir OLYMPIADE '
La dernière liste des archontes athénions qui ait ^lé puljjiéo est
rellp t\na iirc'^sée .M. Helzer, dans la rinqiiièmo édition di's Grio-
cltisclir Sldatsdltprlhiimer de K.-F. Ilcrniann, prociirôi' par B. Slark
en 1875. Pour i'époiiue postérieure à la 122" olympiade (2'.)2av. J.-C.)i
rauli'urallemanil a suivi [)resquopai tout les deux ouvrages de M. Du-
monl, ['Essai sur In clironologic (les archonlos athéniens et [•' Nou-
veau Mémoire (I87i), 1874). Depuis lrt7o, la puldication du Corpus
iiisrriptionuin atticantm et surtout les fouilles de l'Ecole françiise
d'Alhèues à Délos ont complélô et modifié sur bien des points la
liste de M. Gelzt-r; celle que doit donner prochainement M. Hug
dans la sixième éiiition, actuellement sous presse, des Stantsalter-
thamer de Hormann, marquera sans doute un progrès notable sur
les travaux précédents. En iîS73 2, iM. Dumont avait déjà rendu très
vraisemblable qu'à partir de 166 avant J.-C, époque à laquelle
Délos fut concédée à Atbènes par les Romains 3, les archontes nom-
més dans les inscriptions de celte île étaient les archontes alliéniens
et non des archontes locaux, comme l'avaient pensé Corsini [Fast.
hellen., I, p. 370), B(T^ckh (C. /. G., n° 2270;, Westermann (arL
Arcfionten dans la Bealencyclopœdie) et Bursian (Geogr. Gricchrn-
1. Lu'-s h l'Académie des inscriptions et belles-lettres, le 3 août 1883.
2. Dumont, /fl Chronologie athénienne à Délo'' ; Rev. nrrfiéo/., 1873, vol. XXVI.
p. 25G,
3. Il y a quelque incertitude sur cette date ; v. Homolle, RnH. de corr. hellen.,
II, p. 582 : 1\', p. 183 ; Hcrtzberg, Ge^ch. Griechenlamls, p. 84, note 60.
\)2 iiRVLK auchf^oi.oc.ioi'k.
liiinls. II, p. 'i.*i7).('cllo coriclusimi csl aiijoiir^riiiii toiil ;i fait iiicoii-
tfst.il)l(\ et il serait à poino bosoiii ilc la lappi'ItT si, dans 1(î volume
(lu Corpiif intci iplionum ntlicdiinii pulilié en 1H7S, M. |)itli'til)('r^,'t'r
ne l'avait de ndiiv.aii r(''V(ii!Ut''e en doute'. Il est vi.ii i|ii'aii iiiomtMit
où ce vidiime du C.orpux s'imprimait, M. Ilomolle n'avait pas piihlié
les insonptioiis dciMnivei tes dans sa première campa^îne de fouilles
il Mélos, et la théorie de Ileckli, bien (jiie diflicile à soutenir, n'était
pas diMinitivemenl écartée comme elle l'est aujoiiitrimi .
Les nouvelles insrriptioiis de Délos, sur lesi|U(dles se fondent les
considérations clironolo},M<iues cpie j'ai l'Iiomieur de soumollre à
l'Académie, appartiennent à deux groupes dilTérenls. Les unt'> ont
été trouvées en 18.SI, dans le? fouilles ijue M. Ilauvelle-nesnault
a praliijuées sur la terrasse des tem[des étrangers : cdlcs ont été
publiées par lui dans le Bulletin tir corvrupoudanct' heUni'ujni^ t. VI,
p. ^î>.*)-3.-):2 et p. 470-r)()3. Les autres ont été découvertes |iar moi
en 1H82 sur la rive gauche de l'Inopus, à l'endroit où s'élevaient
autrefois les temples d'Hercule et des Cabires : je les ai publiées dans
le liulletin, t. VII, [t. 3-20-373. Toutes ces inscriptions, comme les
monuments où on les a trouvées, appartiennenl à la lin du second
et au commencement du premier siècle av. J.-C; c'est donc à cette
époque que nous devons rapporter les archoides qui sont menlion-
nrs dans ces documents.
Parmi les inscriptions (|ue j'ai découvertes se trouve une série ne
textes remanjuables, gravés sur des blocs de marbre se faisant suite,
et (|ui semlilent non sculemeiil dater de la ménii' époque, mais élie
l'œuvre d'un même lapicide. Ce sont des médaillons de rois étran-
gers consacrés aux dieux par un prêtre des Cabires et de Neptune,
Hélianax fils d'Asclépiodore, Athénien. La date approximative du
groupe tout entier peut être fixée avec assez de précision. L'une
i\l'^ dédicaces {liul'. de corr. Iiellén., VII, p. 3iG) est en riionneur
d'Antiochus (irypus, assassiné en iMJ; elle doit donc élie antérieure
ù cette dali- et postérieure tout au moin« à lijri, épo(iiie où commence
le règne de ce prince. A la date extrême de l^^i, on [leul d'abord
substituer celle de 120, puiscjuc Mitliridate le Grand, (|iii monta sur
le trône en cette année, est nommé dans une dédicace du même
groupe {Bull, de corr. /<e//cu., VII, p. 3.mj. Co iime Miiliridate n'avait
alors que douze ans, cette date elle-même est trop élevée, ei l'on |)eut
allirnier avec toute conliance que le groupe dont il s'aj^il se place
ciilM' Miel ÎKiaviiil J.-t!. Les aulies iiis.i iplions Iroiivéesau même
1. ('. !. ,1., I. III, roiiimciilniif du ii lOI'j.
«•.mio.Noi.oiwr. i»k ulki.oi i.s aiiciiomks m iii.mk.ns, î>3
(3ii(lioil cl (lt''(li('('S par (les [nr-trcs .'nilrcs (|irilili;iii;ix, soril .iri-
térieuivs ;iux précôdcnles, mais il'uii pdil iiniiihii' .l'aimées si.'ulc-
llR'Ml.
delà posé, voici les iluniitcs iiouvolhîs (|iit' f{)uriii>>''nl à la cliro-
nologie des arclioiiles les iii,>(-iiplions découvertes pir .M. ilauvctle-
Ik'siiaull el par moi.
1
AI\CIIOMAT l)K .MKIO.N.
Cet archonte, inconnu jusqu'à présent, est nommé dans l'ins-
cription suivanle, trouvée par moi prés du temple des Cahires : 'Apî-
a-oyj 'ApîaTWVo; ixeipiey; Upeùç Y£vôa£vo; ©s'ôv aEyâXojv AiOTy.oiOJV KaÇet-
po)v £v Tîoi i~i IMe'twvo; ap/ovToç tviauTÔi'. L'arcliontal de iMéloii doit se
placer aux environs de îlO av. J.-C, probablement à une date un
peu antérieure. Je ne crois pas qu'il y ait lieu de restituer le nom
de Méton dans la liste d'éponymes athéniens publiée par Pittakis
('[L'^oa. àp/., n" 578) et par M. Dumont {Nouv. Mémoire, p. 13),
où la ligne 8 de la première colonne présente les lettres suivantes :
Eni. . .00NO2
En ell'el, l'archonte Arisloxéne, dont le nom précède, appartient
probablement à l'an 07 av. J.-C.
H
ARCHONTATS DE LYKISKOS, DE DIONYSIOS l^T DE DIOTIME.
L'inscription que nous venons de citer est exactement semblable,
sauf les noms propres, à l'inscription n° 2-2'.)Q du Corpus inscriptio-
)uim (irœcanun, datée du nom d'un archonte Dionysios, successeur
de Lykiskos : Tàïo; l'aîou 'A/otçv£Ù;... £•.; "ôv £zi AtovuTiO'j Toù [XETa Au-
X17X0V apyovTo; EviauTov. Cette indication peu commune, ajoutée au
nom de Dionysios, s'explique par ce fait qu'il a existé, vers la
même époque, au moins un autre archonte du même nom, Diony-
sios successeur de Parainonos, dont il sera (juestion plus loin.
1. Bull, de r,,rr. hclléil.. t. VII. p. 340.
WS UKVLR AIlCHKOLof.lylK.
R(vrkli iC. /. (î-, iîiTtn. gui. lé sculfiniMit p:u- SdH iiistiiul l'pinia-
plii(|iio, — il i}:iioi;iit im'^iiu» (|ue ces |n'rs<mii:i{î(S fii>senl des ai-
clioulci^ alhêtnens. — .ivail |il;i(*ù Dioiivsios t'I Lvki^kos vers 170 av.
J.-C. La (lalo (juc leur assignent MM. Dnmoiil et Gelzer est jilns
basse de 103 ans; elle se fonde sur un inoniimenl épigrapliiciue
dont la dê»-ouveile, postérieure au C. /. 6-'., a donnt'! i;»'u à de nom-
breiisis discussions. Kn |SU(), T'I-'^rî^efi; àf/otio).ovixr; a [)ublié
(n" i}71»3) un fia^'uient d'époque romaine renferniaiit une list.- de
noms sur ciii(| colonnes. .M. DunionI a reconnu une les pcr.Mtnn.-ges
ènuinérés étaient des archonics olhéniens, et ( omme les drwx [)re-
iniers noms de la première colonne sont Lykrkos cl l)ionysn»s, il
a conclu avec toute raison (|ue l<'S archoiiles nommés d iiis Tms-
criplion de Délos {C. J. G., n- i2UG) étaient bien des an Inuiles allié-
niens. Léluile qu'il a faite de ce texte {Essai, p. ."H; Xonc. Mémoire,
p. m) l'a conduit il la conclusion -{ue ces magislrals avaient exercé
leur diarpe dans les années « et 7 av. J.-C. d. Uillenbergi'r, réé-
diianl el discutant le même texte (C. /. .1., 111, KHI), •oiulial tous
les résultais obtenus par M. Dunionl, el éuoncc, en terminml, une
hypotliè>e ipi'il csl inutili de réfuter aujouKriiiii : (Jnure iilu/uandu
mitii in mcnlem rcuit for tasse demarclws iin(ji (ihcttjiis Aitict lue
perserijilos esse. Avan' u.émc la puhiicalioii du Iroisiéme volume
du Corpus, M. Duimml, lisant en épieiives le Commenldire de
M. Dillenberger, prouva une fois de plus, cl d'une manière décisive,
(|ue les magislrals énumérés élaienl bi. u d«\s archontes alliéniens
{Bull, de eorr. hellén., t. 1, p. .'iO.. M. Cari Curlius, dans le Jakres-
tericht de Bursim (1878, [.. I'j), donna aus-;i!ôn-aison à M. Du-
nionl contre M. Dillenberger. Ce fail une f.»is acquis, il rc.-iail à
di>cuier les dates a>sigiiées par le Nomeuu Mémoire aux archontes
Lykiskosct Dionysios. C'esl ce(iue personne, à ma connai-sance du
m'oins, n'a encore fail. M. Hauvelie-Mesnaull, publiant une inscrip-
tion de Délos où les noms de ces archonics se rencontrent encore
(liull. dr vorr. Iiellrii., I. VI, p. 480), adopta les ditt'S iu.liquées par
M. Diimonl cl le Lehrbiich. C.es dates so:il inadmis; ibies : elles sont
Irup basses d'« nviron un siècle. Voici les [neuves (jue nous pouvons
fournir à l'appui de celle assertion :
1» tn 8 cl 7 av. J.-C, Délos élail ;i peu prés déserle ; d'ailleurs,
l'excellenle exécuiion des inscriptions portant les noms de ces ar-
rlioiil«s, notamment de celle t|u'a publiée M. Ilauvelie-I{esnaull,
délend absolumenl de les i app<u-ler :■ une époque aussi ba.sse.
T Nou>avonh publi6(/yM//. de corr. hellén., VII, p. :i.'{7)uneinscrip-
lion de Délos trouvée prés du temple des Cabires el ainsi conçue :
(IIHONOUK.IK l)K gUKLQUhS AHCIIONTKS AI IIÉMK.NS. O'i
'llcaïo; 'AuoXXo8o)oou iiouviib; Uçeù; yêvouôvoî 0£o)v uey»^"'^ >**' Aioffxopojv
>cxUvië£^pbjv iiû 8m;xiXT|Tou TÎj; viico'j 'IIy/io(ou toû <I»i>/j7TpaT0u HuaaiTâoou
x«l TÔiv M xk t£pà 'KoTiaou toù 'Kttiïou i!î.r|TTiou xai 'Aç/iaXeou; tou
'Ap/iJtXÉou; AîixiâSou xal tepso); tou 'AtcoXaiovo; 'Apttoi; toû "Vçeo); K'/ili-
CTiâo;. L.i lorme des leilrcs, leur écaileiiwril cl leurs dimensions
indi(Hit'iit cLiiiciiiriii le ii'^ siècle, av. J.-C. Si l'on r.ii'pioclK; ce texle
du II" i-jyi» du (j. I. G., 011 reiii;ir(|uiT;i ()ue les iJio-ciiies el les Ca-
bines sont réunis d;ui> le iiôlre, tandis (lu'ils suiil iilenliliés d.iiis
celui du Corpus : Upsù: '{vjÔu.vjo-: BîÔîv u.t-fi'n'yj Aio7/.ôaov KaSetioiv.
L'iiisciipliou du Corpus |i;ii;iîl donc, èlie un [leu plus réceiile; c'est
égaleinenl ce i\\\c. I.iis.se supposer la inenlion des épimélèles ot eVi Ta
Uçk dans notre texte et celle du prêtre d'ApidIon. Enlin, Aioaxopoi au
lieu de AioTxouoJi est la loi me aduiue au léuKUgiiage de Pliryniclius
(p. 235), taudis (|ue riiiscriplion publiée par Hœckli pon-- Aiôt-
xoopoi. Si donc, comme nous le pensons, noire texte remonte au
moins à 145 av. J.-C, riiisciiplioii du Corpus qui nieiilioune l'ar-
chonle Dionysios sera de vingt ou trente ans postérieure; mais la
similitude des formules empoche de la faire descendre jusqu'en l'an
7 av. J.-C.
3" L'inscription menlionnant l'arclKmle Dionysios successeur de
Lykiskos, publiée par iM. llauvelle-Besriaull, est datée approxima-
tivemcnl par l(\s textes du même i;roupe qui ont été trouvés tout
auprès; or ceux-ci se placent pour la plupart dans l'intervalle
compris entre 99 (arclionlat de Tliéodosios) et 121 (archonlal de
Ja>on). Le style et les caractères épigrapliiques sont d'ailleurs les
mêmes.
A" La liste d'archontes publiée par Pitiakisdaus l"E-f/,a£pi; io/iio-
Xoytxr, (n" 3793) inenliotine, après Lykiskos el Dionysios, Théodori-
dès et Dintime. Le nom de ce tlernier archonte s'isl rencontré dans
une inscription éphèldque de Délos que j'ai Irouvéeau même endioit
et publiée dans le Bulletin, t. VU, p. 370. Les commentaires dont
j'avais accompagné celle inscription n'ayant [loinl paru, je n'ai pu
encore en signaler l'importance pour la chronologie des archontes
athéniens.
L'archonte Diotime dont il e.'-t question ne peut être celui de l'an
28G av. J.-C., car la paléographie de notre texte interdit de le
faire remonter jusqu'au 111"= siècle. iMais .-^'il lall.iit accepttr les
conclusions du Nonceua Mémoire et du Lehrbuch, ce texle, contem-
porain du second Dioiime, sjrail de l'an o av. J.-C. C'est ce (jui est
tout à fait inadmissible : à cette date, il n'y avait pas de concours
éphébiques à Délos, puisqu'il n'y avait presque plus d'habitants
'.)(> HKVUK AUr.HKOLOC.IQUK.
el ilailltMirs la pali'ographit» de r«' ilofiiiiu'iU t'sl iil.'nli.|ii«' à ivlle
di's iusciiplions liouviH"s dans le voisinaj,'!' (|iii apparlit'iiiu'iil au
second sièc'U' av. J.-O. '. Par conséquent, l'aiTlionte IJioiime doil se
plaCiT vers !(>!, cl les an'honles Uionysios el Lykiskos, ses prétié*
ce>st'urs presque iiiimcdials. vers MXi «!l \')2 av. J.-C.
5° .M. Leliéj.'uea publié ilU'clirrchrs sur Dclos, \). 1(»3 el Km, deux
inscriptions trouvées sur le ('.yiillie, dont Tune porle le nom de l'ar-
clionte Diolinie et l'autre parait contenir celui de Dionvsios. Celles
des insrriplioUN tlécouvertes au même endroit (|ue Ton peut dater
avec certitude apparlicnnctil aux années 117-Hl (n° XI, p. IT)/) et 98
(n° X, p. loO . Il y a donc là un argument nouveau pour faire
attribuer au même intervalle les arcbontalN de Diotime, Dionysios
el L\kiskos.
G" ITautres indices tout ù fait concordants sont fournis par les
inscriptions des sanctuaires étrangers. Le prêtre des Cabires, dans
le n- :2iUG du Corfius, est lâïo; l'aîou '.V/apveû;; or ce personnage
ligure sur une liste de prêtres de Sérapis à Délos, publiée par
M. Hauvelle-Hesnault, Bull, ih'corr. //<7/e«.,t. VI, p. 3^0. Son nom
y esl suivi de six autres dont le dernier est lo^twv OivaTo;. Ce Sosion
est d'ailleurs nommé, en qualité de prêtre, dans une dédicace de môme
provenance en l'bonneur d'un roi Nicomède et du peuple albénien
[Bull, de corr. //e//<'»., Vl,p. 'SM), délicace qui doit être antérieure à
88, époque de la défaite de Nicomède III par Milbridale. Une autre
inscription de Délosen riionneurdu roi Nicomède (C. /. ^7. n" 2i7'J)
esl attribuée par Hii'ckli aux années 8U-M), avant la prise de Délos
par les généraux de .Milliiidate. En suppo>ant les prêtres de Sérapis
annuels, ce (jui i)arait avoir été le cas, Viïo; Taîou a dil exercer la
prêtrise en \)"i av. J.-G. au plus tard, et proliablement buil ou dix
ans auparavant. Celttî seule preuve sufliraitàdéiiionlier ([ue Lykiskos
et Dionysios, contemporains de loto; l'aiou, ne [»uuvaient être
arcbontes, à Alliùnes, (|ualre-vingl dix ans a[irés la prêtrise de ce
personnage; il n'existait d'ailleurs, en l'an 7 av. J.-C, aucun roi du
nom de Nicomède. Viïo; Tatvj ligure encore à lilre de [irêtre dans
une inscription des .sancluaiics èlraii^ers [liidl. Je luir. hellén.,
\I, p. 324), inscription où l'on trouve au-si le nom de Séleucus,
lilsd';\nilroiiicusde Ubainnus : or ce Séleucus e.-l mentionné sur la
!. Une »ulrc inscriplion l'pliébique du Délos (Wu//. de corr. Iiellén., III, p. 37)
m)-(itioiin<; rarcliont»! Apollodore (80 nvani J.-C. 5uiv;iiil .M. Dmiioiit, 'jb-Vl Huivanl
.M. Kotllicr , qtn' nou» croyoïiB antérieur à 88. L ii»scrij)lion l'pliObiquc ('. I. <«.
Il- 2300 a été faiis»emciit aUribin'f à Délo».
CIIIIO.NOIAXMK DE yi'M.ui I S AUCIIO.V IIS AIMKMK.N<. 'J7
liste des pilaires (Je Séi"i|»is (/i////. ilr airr. hrllni., VI, p. .'jriO), (|ii;i_
tre lii,Miusplus loin que lato; Taîvj.
7» lliiliii. nous (levons ikjiis (JeiiiaiiJer s'il y a moyen de concilier
iKJs coiirliisions avec la liste d'arclionles atlié'niens étudiée par
-M. Duiiioiil. I.;i clKJse nous parait fort simple. Les deux premii-res
colonnes de l'inscription du Vaivakfjion contienni-nt, la (iremi(";re
les noms de Lykiskosel de Dionysios suivis de six autres, la seconde
celui de MviSeto; suivi de deux autres et du mol àva;/{ct, indi(|uant
une aniK'C sans arclioiiles. Or rien n'einp(\-lie d'admettre avec Hergk
{lilicintschcs Miiscnm, l. Xl\. p. (io:,) ,jue l'àvai/i'a de la seconde co-
lonne iiKlniiieraiiik'c (le|apri>e 'l'Alliènes parSylla(8G). Cecioblige,
si l'on tient compte des noms iiiteiiiK/diaires, de placer Lykiskos
et Dioiiysios au plus lard en <J7 et 1)8 ; nous disons au plus lard,
parce ({iie la liste atlaiiienne est un fragment et qu'il a pu se
perdre un certain nomlue de noms en haut de la dcuxif-me colonne
et en lias de la i)iemi(:re. Comme les anm^'es iUî-IOl sont occupties
par des archontes dont la date et Ks noms sont aujourd'hui certains
il faut reculer Lykiskos jusi/u'en IO.'} et Diunysios jusqu'en 102
avant J.-C. ',
m
AIU;ilONTAT Dli DIOWSIOS ô iJ.;Ta Uapâixovov.
M. Dumont a pensé {Essai, p. 120) .jue et archonte devait (-tre
postijrieur à 17:? avant J.-C. et anl(:'iieur à 100. Une remanpie de
M. Kœhl'r(C. /. .1. II, p. ^àW) prouve d'une manière certaine (juil
esta peu près contemporain d'Agathoclès. Or, d'après AI. Kœhier
dont nous examinerons l'opinion plus loin, Agaihoclès aurait (:-té
archonte vers Oi. 11 nous semble impossible de faire descendre
jusqu'à celte date les archontats de Paramono; et de Dionysio?.
En elTel, le fait seul qu'on a distingué ce dernier archonte d'un
liomouyme au moyen d'une désignation particulière, parait prouver
(pi'il est i\ peu près conlemi»orain de AiovÛgio,- ô [xsTà AoxtVxov, c'est-à-
dire de la lin du second siècle. S'il y avait eu un intervalle de qua-
rante ans entre les deux archontes Dionysios, les auteurs des docu-
1. M. Uumont avait place l'arclioiite Zénoii, meuiioiiiié sur la mùiiie liste eu /,•>
ap. J.-C. Mais M. Diti.'iiberger a pensai ,C- '• l-, Hi, m" 101^) qu'il était amérieur
à i'au as, ti le L-jInhuch le place en 54. Suivant noir.; interprétation, il fa'jdrait le
placer au plus tôt en 89 av. J.-C, mais on pourrait le faire descendre j.his bas eu
égard à i'él.u de iiiulilalion de la liste.
m'' siiniL, T. II. — 7
l'S iii:viF. \nrnK"iLoi;Kii;K.
iD'jiils o|'i^ia|>liii|i:i's n'auKiii'iil pis cru nî'Ct'ssairc tlo pn-vt'iiir iitio
confusion. iW ri'snllat <i fiioii est pli'incnKMil conlirnir par les
inscriplions. Sosion U'Oinae, ijuc Ion (ronvt; sur la lisle des
pn^tres de Scrapis (///<//. tii'i'orr. fti'llcn.. I. VI. p.U.id), six ans après
râio; Taiou, CJtnli'Ulporain Ini-nuMne du Atovô^io; 6 u£t« Aux-txov
(C. I. (i., n" i2-21H>\ figure en (pialilé Je pnMre dans une autre
inscription ^lîtill. dr rorr. hellni., VI, p. XiH), sous rarcliontal de
Paranionos. Doi;c Paranionos el son successeur Dionysios vivaient
à la UR^me époque que Dionysios successeur de Lykiskos, o'esl-à-dire,
comme nous croyons l'avoir établi, dans les dernières année- du
secon<l siècle. Ce qui enipèclie de préciser davantage, malgré le
nomhre des documents dont nous disposons, c'est que râïo; rof(ou
c:-.t prêtre des Cahires dans l'inscription du Corpus n" 22fH) el prêtre
de Sérapis dans la lisle imbliée par M. Hauv^'tie; or nous ne con-
naissons pas la relation (pii pouvait exister entre ces deux sacer-
doces à Délos.
L'inscription de Sosion sous l'ardionlat de l'aïainonos pouvait, //
priori, élre attribuée à cette époque, tant à cause du caractère de la
gravure (|ue parce qu'une inscription voisine et analogue [nnU. de
corr. Iiellén.,[. Yl, p. 342) scplact entre 117 el 81 av. J.-C. M. Hau-
velte-Besnaull a encore publié une inscription de môme provenance
(Bull, de corr. hellcn., l. VI, p. r47), où l'on lit: upsù; y^'^^V^^'^î
èv To) £-\0£... oizyo'^zo; ivtauTto. Dans la liste des arclionles de» deux
derniers siècles avant notre ère, trois seulement, à savoir Tliéodo-
sio>, que l'on place avec certitude en 91) *, Tbéodoridés, prédéces-
seur de Diotime-, et Théopliémos, archonte en 01, pourraient
convenir à la reslitulion de cette ligne. Mais la date de 01 est
certainement trop basse, taudis que celles de W ou 101 lonvienneut
parfiilcment.
Eulin, un archonte nommé simplement Dionysios parait dans
une inscription du Sérapiéion [Bull, de corr. Iiellcn., t. VI, p. 41)1).
Il est impossible de dire s'il est ideulitiue à l'un de: [)récédenis ou
s'il faut admettre un troisième archonte homonyme; mais l;i pre-
mière hypothèse nous paraît la [ilus probable.
1. IFomolIe, Duli. île corr. lu-llrn., t. Vi, p. l'.K).
2. Dtuiiorir, Nouveau inénwnc, p. 53, w 02, ligne 3<
CIIRONOLOUIK IH': nUELQUES AHGIIONIES ATHÉMEN.S. 99
IV
ARCHONTAT D'AC^ATIIOCLÈS.
J'ai |iulilié dans le Ihilli't'm (l. VU, p. 3('»l) une inscrlplion en
grandes lettres ornées et gravées avec soin (jui se lit sur un frag-
ment d'architrave surmonte d'une moulure. Ce fragment a fait [)artie
du sinctuaire des Cabires d'où proviennent les textes que j'ai
pubiiés en i'Iionncur des princes étrangers. L'inscription est la dé-
dicace du temple par le prêtre Ilélianax, 0£oootou -ou Aïoo^po-j
louviso); étant épiméléte de l'île.
Ce Tliéodotc fils de Diodore est un personnage connu. Nou": possé-
dons un décret relatif aux épliébes d'Athènes qui a été proposé par
lui sous l'archontal d'Agathoclés C. 7. ^l., Il, 470, p. '2G0). D'autre
pari, l'archonle Agathoclos ainsi que Théodole lui-même sont nom-
més dans un décret du peuple athénien, reproduit jiar Josépbe
{Anliq. judniques, XIV, viii, o). Enfin, Théodote fils de Diodore a
été prêtre d'Aphrodite Syrienne à Délos. Il figure en celte qualité
dans une dédicace à Adad, Alaigalis et Esculape [Bull, de corr,
heUén.y t. VI, p. 498', dédicace datée par ces mots : im Uo-m;
Il senililerait que l'inscription éphébique et le texte de Joséphe
dussent fournir une date tout à fait précise pour l'archontat d'Aga-
thoclés. La question est malheureusement fort compliquée, comme
nous le ferons voir plus loin. Notre inscription de Délos prouve
toutefois, — et c'est là un point essentiel, — qu'Hélianax ei Théo-
dote, par suite Agathoclès et Hélianax, sont contemporains ; en
outre, comme la dédicace du temple est nécessairement antérieure
aux dédicaces qu'il renfermait, et que ces dernières se placent entre
110 et 9G av. J.-C, nous sommes autorisés à mettre l'épimélélat de
Théodole en 'ji> av. J.-C. ou quelques années auparavant.
Joséphe raconte ijue César, pendant la guerre d'Egypte, eut beau-
coup à se louer d'Antipater, épiméléte des Juifs, qui amena, sur
l'ordre d'Hyrran, 31)00 hommes de renfort au secours de Mitliridale
de Fergame, auxiliairt- des Homaiiis. En récompense, César confirma
Hyrcan dans sa dignité de grand pontife et donna à Antipaler la
procuratelle de la Judée, avec permission de faire reconstruire les
murs de Jérusalem. Suit un sénalus-consulle ' qui n'est évidem-
1. Joséphe, éd. Dindorf, XIV, vni, p. 22G.
t(U) lll.\ l I. VIU.III.Ol.Ol.llJl I .
mcnl pas a sa |ilart', parce (ju'il ne >(• r.ippoiU' pa.-» î\ ce i|iii piikedt'.
Le texte île Jo^èplie eorilinue ;ii;.si ' : ilu:aTo Si xai •Ttaçà toû tô.v
*.\OT,vaio)v Srîyou Tiuià; 'V^xavo;, -o/.Aa /fr,otao; vevdijLïvo; tî; aùtol»;,
trîu'^av T£ •!*rjÇi5;ji» fiâi^i^xt: oÙko tojtcv t/ov tÔv tcozov • 'Ktti TtfOTavîo);
xa'i lifîo); Aiovusiou tou 'AsxAr.Ttiâoou, uy.vÔc llivéucu r.iu-xr, àzîovto;,
àTtodOT, Tot; OTiaTriYoT; '|r,5.iOjjia 'AOTjVaûov, èT;t 'AY3'i'-'>^^£t'Ws af /ov-
to; .. . £~£iOïi 'Vsxavô; 'A/£;'ïvopou, àp/itiel; xal tOvip^T,; tÔiv 'Icooaûov
X . T. À. . . . Oi'&OXTai ol Xa\ v'jV. (-) £ 0 0 0 a Î 0 U T où (■) £ 0 0 (•) Ç 0 U 2)0UVl£O); £li7r,YT,(ïa-
[xiv&u X. T. À. M. Duiiuml [Essdi, p. tî".>) a corrigù avec leililuJe
H£i'>^ci'o'j TGÛ (-)£ooc.'):o'j en (-)£ocoTO'j Aioo(-')f.o'j iiouvtçt.);, nnii) donné par
l'itisciiplion éplitbiiiue G. /. .1. Il, ii" iTO, il par les deux loxies de
Délos découverts depuis.
Si le décret atliéiiien cité par Joséplie était à sa place dans le texte,
il fau Jrail le placer | ostérieurenient à l'année 4(» av. J.-C, c'eslà-
dire sous Ilyrcan II ((iO-40), après la ^nierre de César en K^'vple.
C'est ce (jue notre iiiscrijilion rend tout à fait ina(lniis>ible, car
Théodote ne pouvait pas être épiniéléle de Délos vers 110 et intro-
duire une résolution à Atliènes après 40. Le slyle de l'inscription
épliéhiquc, évidemment antéricuic ù 4(1, avait déjà fait soupçonner
que le décret cité par Joséplie ne se rapporte pas à Ilyrcan II - ; cela
est maintenant tout à fait certain. Or, comme nous avons toute raison
de croire que le décret en lui-mémo est autlienli(iiie, force est de le
rapportera Ilyrcan l" (L"{G-100), ce (jui concorde parfaitement avec
la date que nous attribuons au groupe d'inscriptions d'Hélianax.
(Jualre opinions dlHëi entes se sont produites sur la date de l'ar.
cliontal d'Agallioclès ^ : 1° Corsini, suivi par Mêler, MM. Uilten-
berger, Crasberger, Duuiont, Eustratiadis, place Agatlioclés vers
L"iJ av. J.-C. ; H" Keil, Scluemann, liitsclil, veulent ()u':l ail été en
1. Jusèplie, Aiil.Juil.. \1V, s, l/i, Diiidoif.
•J. Suivaiii M. K'i'lil.T [C. I. A., Il, |). 260) lo luxlc du p.is^atje de J.hi'plic auto-
rise ti croire qui; l'iiistorien ne s'est pas trompé et (lue s'il insère lo dt^cret atlié-
iiici) & cet endroit cV-sl h titre de pareinhèbe, avec la coiiscienc»- qu'il ne date pas
de la môme époqiic : Juseplms uuU'nt i/jsc (juum ilicit : r,Opa-o /.. t. À. s/ilis M^tii/i-
casse miUi vnleiuv se dccieluiit Alfteuiensiui/i /natte)- Irmimiis- oniinem inscrwssc.
Nous n>! pouvons partager cette opinion. Josi-pho s'est i)robableiiitnt trompé en
choisi-isani dans la collection de textes n^lalifs aux Juifs (ju'il avait fait copier à
Atliènes et ailleurs. Les copies de ces documents, on l'a reconnu depui^. longtemps,
étaient fort défectueuses et pouvaient être mal classées. M. K(uliler m.iiiiiicnt que le
décret se rapporte à Ilyrcan II ; nous espérons (|ue no:rc démonstration convaincra
du contraire ceux qui ne voudront |)as admettre deux arclionies Agatlioclùs.
3. V. le» renvois aux passai^Ci des auteurs modernes dans le Hull. ilr a>n-. /«//•
/en., V, p, 2J5.
C.IIItONnl.OCII-. IH-: nir.l.Ul'KS AKCIIONTI s ATIIKM l-NS. |il|
charge! cent ;iiis |)liis l.inl, t'iiltt« iT cl 'lO av. J.-C; '.V M tl . Ka-lih-r,
IMcnilcIssoliii cl l/iliclicIT ' ;i liiicllciil iitic d.ilc! intcinic li.iirc, cntic
ni cl (•'.).
De CCS trois n|)ininn.^, il soiiililc (|iic les deux dcniictos sont dc.Oiii-
livcincnl ci-;ii"tr'cs pni' noîrc iriscri|il(on, à inoitrs (lu'ori no veuille
reprcixlrc ;ivcc W.'steriii.inii ci (Ir.ishcrger riiv|inilicH", justement
coinhalUie p.ir .M. DnmonI, de d(!ux .irclioiites nommés A<,'allioclès.
Au eoiitr.iiro, ro|iinion de .M. Dumont concorde! n-scz bien .'ivec
les données de noire texle, et il devient possible dés lors de placer
aux environ'^ de tl'i Inde lic;icc du lemple de Délos sous l'épiméjét.'it
do Tliéodotc.
Dans le document épliébique de rarrbontal d'Af^alhoclès 'C. /. .1.,
M, Fi" 470, p. 2(i7, I, 33), il est (inestion d'un cosmèle Ivjoo:o; Kùoo^ou
'Ac/eooÛtioç, qui est Ir'^s probablement identi(|iie à l'éphèlie Kuoo;oç
Kùcd;ou nommé dans l'inscriplion C. I. /!., Il, n" i06 l'p. i22G, col. 2,
I. 7(i). f-omme cette dernière insctipiion daie environ de iTiO av.
J.n., M. Kn.'hier, ijui place Agatlioclés vers C)ï, ne peut pas admettre
rideiilito des deux personnages; si au contraire, comme nous
croyons l'avoir rendu très vraisemblable, Agatlioclés était arclionl(î
vers 132-129, rien n'est plus naturel (|ue de retrouve' à celte date,
en qualité do cnsmète, un citoyen ([iii claiL cnliéhe di\-!iijil ans
auparavant.
Les considérations i|ui prccéilent ne pouvaient gu^re aboutir h la
fixalion de dates précisL's; en général, cela n'est possible que lu où
l'on pai'vient, comme l'a fait .M. llomollo {Bull, dccorr. Iiellén., t. V,
p. 181), à établir un synchronisme enti'c u'i archonte athénien et
un consul de Uome. Mais, en une matière si diflirile, re>'^enliel est
de circonscrire peu à [leu le champ des possibilités, de grouper
ensemble les magisirals qui ont rempli Icuis charges vers la môme
époque ; il suffit ensuite d'une découverte heureuse qui lise exacte-
ment la date île l'un d'eux pour que la chrouologit! ties autres s'éta-
blisse délinitivcmciil dii même couj).
s\LOMO\ ni:i.\A(:ii.
1. lOn/.. p. 255.
I.KS
iiuiTur.s NouiuuKs i:n i:au douœ
PANS I.ANiIlNM A^.II ITAINE
(PH0I5LÈ.M1; iiAïK.iiKoLoiiii': i:t i»i; zookiiiiuue).
La Charente, aux alliiics maintenant si calmes, a dans les pre-
miers temps de noire iiériode géoloî^ifjue roiilê d'énormes quantités
de cailloux, qui, amenés du plateau central sur nos contrées par
une précédente révolution, furent alors i-epris jiar de nouveauxcou-
rants diluviens el en partie entraînés dans les vallées. Ci'S dépôts de
galets el de graviers, qui emplissent l'ancien lit du lleuve, large
parfois de plus d'un kilomètre, sont, dans notre région de pierres
tendres, une précieuse ressource pour les agents voyers, qui en cer-
tains cantons n'en ont même pas d'autre.
Partout où des carrières ont été ouvertes dans ces alhivions an-
ciennes, épaisses de plusieurs mètres, on a trouvé des déhris d'ani-
maux d'e-^j èces éteintes, dont (|uelques-uns, comme le mammouth,
ont assisté, fort inditTéreiits du reste, J l'apparition de l'homme, qui
venait engager avec eux la lutte pour la vie t't devait, plus i)eul-ôlre
que toute autre cause, contrihuerà leurdisparilion.
Aux Grands-.Mai>ons, sur la rive droite, un peu au-dessous de
Jarnac, l'exploitation du gravier a fait découvrir îles vestiges moins
anciens, niai.>> d'un intérêt d'autant plus sérieux (ju'ils nous mettent
en présence de plus d'un prohlémeiiil'licile à résoudre.
Le sol, partout nivelé par la culture, y est, sur une étendue de
plusieurs hectares, jonclu' de fragments de |)oteries, de tuileaux et
autres débris alieslant (ju'il y a eu là un groupe d'habitations.
Toutes les constructions sont deimis longtemps détruites el les fon-
dations mêmes ont été arrachées; mais le sous-sol est une véritable
raine arcbéulûgique. Depuis licnle ans (|ue dure l'exploilation du
Lrs iiciTMKs NoiniiiKs i:n kau noL'Ci:. 103
gravier, olle a amené la (lécouvcrlo d'un nombre inlini d'objets, <|ui,
.ipn-s ;ivoii- un instaiU salisfiiil li ban.'ib; curiosité des terrassiers,
ont (''Icdispcrs/'s, brisés ou jetés avec b's njalériaux dcslinés à l'em-
pierrement des roules. Venu trop l.ird'itour sauver la plupart de ces
trouvailles, mais eucorc à temps pour faire des eonslalations utiles,
je n'ai été en rapport avec les ouvriers (|ue pendant le; dernières
années des travaux, et de chacun de mes fr6(iuents voyaj,'es j'ai,
avec le regret de^ choses penlues, rapporté des objets variés et
curieux ipn forment aujourd'hui une collection de plusieurs cen-
taines de pièces.
Indépendamment de ces restes dont chacun a en soi son intérêt,
il y en a d'une n.iture différente, sans valeur en eux-mômes, dont
la présence à Jarnac et l'état où on les y trouve soulèvent une ques-
tion plus ardue, que je crois avoir à demi résolue.
J'avoue (|ue j"ai été assez longtemps réfraclaire à ma prop?e con-
clusion, et ce n'est (|ue devant l'impossibilité de m'y soustraire (|ue
je. me décide à la donner ici pour appeler sur le problème dont il
s'agit l'attention des archéologues et des naturalistes, qu'il intéresse
également.
Deux tranchées perpendiruhiircs l'une à l'autre ont fait paraître,
en l'entamant, une couche d'huîtres, dont il n'est plus possible de
reconnaître l'étendue, mais qui n'a pas moins de vingt mètres dans
un sens et de huit ou dix dans l'autre, soit une superficie d'environ
deux cents mètres carrés. Il y a càet là des vides dans cette as>-ise,
qui, d'autre part, se compose rarement de plus de quilre ou cinq
paires de coquilles. Tous les sujets sont adultes. Les deux valves
ont presque toujours conservé leur rapport naturel, comme si elles
étaient encore réunies par leur ligament. On ne saurait à cet égard
les confondre avec d'autres coquilles qui se trouvent éparses ou par
petits las dans le sous-sol voisin et qui ont évidemment livré leur
contenu à la consommation. Dans le banc dont il s'agit la chair du
mollus(iue, lavée et entraînée, a fait place à un peu de terre, intro-
duite par riiililtration des eaux et mèlee de carbonate de chaux pro-
duit par la décomposilion du test.
liC dépôt est recouvert par une mince alluvion de sable calcaire
et une couche de soixante à soixante-quinze centimélres de terre
végétale. Mêlés aux coquilles et parfois au-dessous, on trouve des
tuileaux el des morceaux de poteries. Le tout repose sur environ
trente centimètres de terres argileuses rapportées, au-dessous des-
jO'j UKVl K Am.HKOl.MtWuHK.
quiMlos sont l«^s alluvions .incitMintN, roinpnsé;'s de ilcnx mi'-lris ili-
snliKsol (le trois imMits i\c grnvior.
('.es mollustjiios (ini rli' .i|>|iorlts viv.iufs l:i où ils smii ; personne
de ceux (pli les ont vus ne !i' nMitesle.
Ils ont été déposés pendant ou après l'ocMipation romaine ; les
tuiles et les jioteries, ineonlestalileinenl romaines, qu'on trouve au-
dessous en sont la preuve.
Comment vont-ils été apportés?
L'explication courante est qu'ils auraient été entraînés de la ((Me
jiar un raz de marée.
O raz, choisissant sur le littoral des liullres exclusivement adul-
tes, les roulant pendant vin<:l-cin(i lieues sans les endommager, les
remontant à cinq ou six métrés au-dessus du niveau du fond de la
rivière et les déposant sur un espace circonscii', sans en laisser en
aval, si ce n'est à Saintes, et sans en porter une seule en amont,
sérail un raz assurément extraordinaire. D'après un géologue qni a
publié sur les huîtres de Jarnac une noie dans un recueil sérieux ',
cette marée aurait été, en elTet, un véritable calaclysm-. Les popu-
lations de rOuesl en garderaient encore le souvenir, et la tradition,
d'ordinaire si peu soucieuse des dates, serait cette fois d'une préci-
sion presque sullisanie : c'est « du sixième au septième siéch que
le territoire alors occupé par les Pictons et les Santons aurait été
entièrement ravagé par une submersion subite et générale », qu'il
faudrait allributT à une «oscillalionfortiiite et momentanée du sol ».
Au dire de l'auteur, le lieu qui nous occupe et les environs furent
<t entièrement recouverts par les flots, à l'exception des hauteursdc
Jarnac et de Cbassors, qui ont dû former deux îlols ».
.\ en juger par cet étiage la ville de Saintes et les nombreux éta-
blissements gallo-romains de la basse Saintonge auraient été un
moment sous les eaux, et le llux, i|ui d'ordinaire n'atteint pas
Cognac, aurait celle fois monté jusiju'au pied d'Angouléme. Kl pour-
tant ré[touvantable catastrop'.ie, dont le souvenir si précis se serait
gardé dans les esprits, n'aurait laissé de trace ni sur le sol ni dans
l'histoire.
Je crois qu'il faut chercher une autre explication au gisement
d'Iiultres de Jarna(-, d'autant ipn; celle-là est encore jdus inappli-
cable à d'autres dépftis analogues, bien constatés, et qui sont même
assez nombreux |ioui- qu'un aut'ur. voyant ces mollusques toujours
1. M. I-. IlDiililli.T, llulloliH >lr l<i Six-, ffénlog. de Frawr, S' n-^nc, t. IN . p. 28.
i.r.s iiiiTRrs Noriii\ii'.s r\ v.w norcr:. 10.*»
nssocit'sà dos vostiKt's },Mlli).rom,iiii>^, riit en ridi'-c (\\\i' \i'c gonsdcce
temps s'en scrvaifnl rDiiimo ("itn l;uil pour If.iiii'i- les iiiriaiix '.
Des cniu-hes d'Iiuiln's onl (''It'; si^^nalées iinlaiiiiii' ni à Hordeaux, h
Sniidcs, l'i Avrani-lics, à Poitiers et à Clerinoiit. Il est ("'vident que ce
n'est pas un raz de ni.iiée (|iii a porté ces roijiiilla;,'cs à qualre-vingls
el jnsiprà i|ii:ili(' (■(•nl'> mètres d'allilude.
Ils ont i'[i' appoili's intentionnellement.
A propos des Imîties dt; (^leimont on a supposé (ju'elies avaient été
destinées i\ conserver, par leurs sels, des viandes qu'on aurait éten-
dues dessus. Du sel pur eiU été d'un lrans[)ort plus facile et moins
coiUeux, en même temps que d'un elïet moins douteux.
A Avranches on a fait une constatation d'une gramle importance
pour la solution du proidème, et d'autant plus probante que celui (\\i\
Ta faite n'a pu en tirer aucune conclusion. Sous les liuîtres «se
trouvait, dit-il, une couche de terre très noire, et encore au-dessous
une autre couclie, parfaileincnl horizontale, d'un mastic, ciment ou
autre matière blanche de trois centimètres d'épaisseur - ».
Evidemment les huîtres étaient dans un bassin étanche, et la
couche de terre noire gisant au fond semble annoncer un mélange
de matières organiques provenant vraisemblablement de la décom-
position de ces animaux.
A Jarnac le fond du réservoir consistait en un simple IH d'argile,
qui, après l'abandon de l'établissement, a dû être a.ssez vite délayé,
percé et en partie entraîné par les eauK pluviales à ti-avers les cou-
ches de graviers sous-jacenles, mais dont il reste cependant sur plu-
sieurs points des traces reconnaissables.
Ces réservoirs paraissent donc avoir été destinés à nourrir ou tout
au moins ù conserver des huîtres, soit dans de l'eau de mer apportée
à cet effet, soit dans de l'eau douce artificiellement préparée.
Le transport de l'animal à quehjues centaines de lieues était une
diflieulléque les Homains avaient résolue, malgré l'imperfection des
moyens de communication, bien moins développés chez eux que
l'art de manger. Sous l'empire, les huîtres de la Gaule et môme
celles de la Grande-Bretagne figurent sur les bonnes tables de Home,
et pendant la guerre des Parthes Apicius envoie à Trajan des
huîtres qui, après un trajet de mille lieues, arrivent en Perse aussi
fraîches (juesi on venait de les tirer de la mer. En transporter au
centre de la (îaule n'était donc pas une diflieulté. Mais arrivé à
1. Ritllettns (le la Soc. dei nntiqunit-p^ île l'OiiP-<t, 1838, p. lit.
2. Ihifl., 18.V'i, p. 95.
408 REVUE AnCMJ-OLOr.KjrK.
deslinnlioM et drpost'' dans le viviiT. rommcnt le mollusqtic y rtail-il
cou servi' :*
L'IiNpntlw'sc «ju'on nnr.ulnpjKirl»'' avec lui ilc rtainic mer à li'aiissi
grandes distancos et en (jnanlilé suflisaiitc p.irati iniiuoliablc iiii'^mc
quand on n'oulilio pas (lu'il s'a;:it de Ilotnains de la ilécailcncc ou
d'un peuple (|ui s'esl misa leur nivcati.
Ouanl à Ihypolhùsc ellr-ni<"*ino (pie les Honiains ou les (îaulois
roinaiiisés aient su conserver ih'?> huîtres en eau douce, il ne faudra
IVcarler tpie si elle se trouve en opposiiinn absolue avec les condi-
tions d'existence de l'espèco. C'est aux ualuralistes de résoudre
expériuientaleinent la (|ueslion. et s'il est téméraire de la poser, ce
n'est pas un ar^liéolo^zue (jui aura eu le lueuiier celte téniérilé. On
lit dans le Du liaimairr (riiistoire naturelle de d'Orliigny : « Il est à
reinai-.iueniue les lianes d'Iiuttres s'étaldissciit particulièrement non
loin de l'emlioucliure des ruis^^caux et des rivières. On. a également
observé que ces animaux se montrent en i>lt;s grande abondance
non loin des sources sous-marines. 11 serait possible que certaines
espèces sentissent le besoin d'une eau moins salée et vécussent de
préférence dans les eaux légèrement saumâtres... Un observateur,
(jui pendant longtemps s'est occupé des monirs (.les huîtres et qui a
publié des faits intéressants, espère pouvoir faire vivie cesaniuiaux
dans les eaux douces et les mettre ainsi sous la main des consomma-
teurs '. »
Les Homains ont dû connaître cet art, (jui, oublié depuis, a été
recherché par un naturaliste de nos jours.
Ceux de leurs ouvrages qui nous ont été conservés ne nous don-
nent que peu de lumière sur ce sujet ; mais il faut ajuuler (|ue les
traités didactiques dans lesquels on pourrait espérer trouver des
renseignements sont tous antérieurs au temps de décadence où
furent faits nos viviers et pendant le(;uel les peuples de la Gaule ne
connaissaient plus guère d'autre prèocruiiation (jue celle d'un bien-
être dont les étonnants progiés masiiuaient ou faisaient oublier les
dangers les plus prochains.
il est inuiilede consulter Caton. Varron, (pii déjà regrette la fru-
galité anti(jue, nous apprend que de son temps on ne se contentait
plus de viviiTs d'eau douce, dont le produit pouvait faire vivre de
pentes gens ; aux grands il fallait de vastes bassins alime;ités j)ar la
nier et pour l'eFitreiii'u des(|uels ils se ruinaient-. Mais ces réser-
1. Dtclionn/iire d'Iiistoire naturelle, art. Ilullirx, par Dcblinyc».
2. Varro, De «(jikuHura, lib. III.
LF.S HUITRRS NOUHniRS F.N EAU DOUCK. 107
voirs, dont (|uol(|ues-uns coiUaicnt phisi^Mirs millions dososlcrros et
où parfois cliiKjuc espèce d«} poisson était |iai(jijé(i à part et avait
mi"^nn.' sa station d'été et sa station d'Iiiver, paraissent avoir été tous
vn coninuinicalion avec la mer. (loliimelle, (jiii décrit ces viviers,
les place sur le littoral ; mais il prétend, en outre, qu'on était i)ar-
venu à garder du poisson de mer dans l'eau douce '. Il n'est, loul au
moins, pas étoninnt (pH' Icsllomains aient tenté la même expérience
pour un mollus(iue dont ils étaient grands appréciateurs et (jui pré-
fère naturellement, comme ils l'avaient déjà remarqué, les eaux
médiocrement salées.
IMine dit même que les huîtres se plaisent dans les eaux douces-,
mais cette expression paraît avoir eu pour lui un autre sens que
pour nous et doit désigner l'eau saumûtic de l'embouchure des
rivières.
De môme les étangs d'eau douce où, d'après Ausone, on engrais-
sait les liuîlrcs enMédoc 3, ne devaient guéie dilTérer de nos parcs,
quoique le molhiS(pie préféré fût alors l'huître blanche.
On ne sait si c'est au transport dans ces parcs que Pline fait allu-
sion lorsqu'il dit ([ue les voyages ne déplaisent pas aux huîtres et
qu'elles aiment, au contraire, à être transférées dans des eaux iticon-
nues^ ou bien s'il s'agit de voyages comme ceux que leur faisait
faire Apicius et qui supposent des moyens de conservation qui n'é-
taient vraisemblablement qu'une application de ceux employés dans
les viviers. Dans ce cas, ces eaux que l'animal ne connaît pas ou
auxquelles il n'est pas habitué neseraicnlautresquecellcsdebassins
comme ceux de Jarnac ei d'Aviaiiches.
Quoi qu'il en soit, le fait de ces viviers subsiste et nous ne voyons
pas quelle autre explication il pourrait comporter.
A notre avis, les riches gallo-ioiiiains avaient à côté de leurs de-
meures, dans les villes ou à la campagne, des réservoirs à huîtres.
1. « Harum studia rerum majores nostri celebraveriint, adeo qu'dem, ut etiain
dulcibus aquis luariiios claudereiit pisces. » Columella, De re ruslicu, lib. VU!.
2. (I Gaudcul dulcibus aquis et ubi plurimi influant amnes, pelagia parva et
rara suut. (iiguuntiir lamcu et in petrosis, carentibusque uquaruiu dulciuip
adventu. » l'iiûius, llistoiia naftu-., lib. XXXll, cap. xxi.
3. «Ostrea... quœ Medulorura
Dulcibus in stagnis rcflexi maris œstus opiniat
Accepi.. »
Aiisonius, Opéra, Epist. VU.
4. « Gaudent et peregrinatione transferriquu in itjnotas aquas. » Plinius, Hist.
rmt., lib. XX.XIl, cap. xxi.
lus HKVIK A UC. H K(U. (M-, lOlK.
ilonl r.ipprovi>ionncimMit dcvail l'-lie renoMViîli'' soit pnr ilos 1» nicn'ix
aim'ii.ifîi'S rxpri^s, soit par (rniitros moyoïis df ir.uispoil.
Os résorvoirs ont ilù rln' fort iiomluoiix ; mais mi na ri'mar(|iit';
(|uonMix où il t'tail riNti- d -s liiiitres. Le rioinl>:i* di' ros derniers est
déjh assez consitliTalde,?! si l'altenlion des .irrliéoloiïues élail alliri'e
de ce cAl6 on en ronslalerait rerlainenienl beaucoup d'autres.
(as Imitres et l'élat dans lequel on les trouve nous olilitjenl à
nous poser une derni(.''re iiueslion : coininetil se fail-il que les pro-
priétaires (le ces bassins y aient laissé périr les mollusques (ju'ils
s'étaient |ii'orurésà si pi ands fiais?
La consommation devait, piMir les 'i.iHo i;omaiiis, coiiuno pour
nous, être interrompue en été ; or il est prohalde que les viviersqu'on
trouveparnis ontélé aliandonnés à cette é|)()(|i;e de l'année par suite
d'événements fortuits, comme le soulèvement des Hapaudes ou les
invasions (In m' au v siècle, alors que les villes, comme Poitiers,
liémoliss.iient leurs plu-^ beaux monuments pour se construire à la
bâte des rempaitset (jue les campipiies sans défense étaient ravapées
par les barbares.
Pour les bassins silués dans les vallées, comme celui de Jarnac,
et ce devaitétrcle plus prand nombre, on jieul su[)poser aussi (ju'ils
ont été détruits par une inondation. Le cataclysme marin dont on a
parlé est imapinaiie ; ce (jui est certain c'est (jue la l^barente depuis
répo(}ue romaine a encore momentanément et à plusieurs reprises
occupé celle partie de son ancien lit, comme en témoipnent de min-
ces couches iLalluvions sableuses superposées aux liuîtriéres. Le
vivier, comblé peut-être par un de ces débordements, aurait ensuite
été al.iandoniié.
A. F. rjf-.vr.K.
13ULLHT1N MENSUEL
l) I:: I. ' A C A 1) !•: M I !•: [) E S I N S C U I !• r I ( ) N S
SÉANCK DU G JLil.LKT.
Le prix bitimal. — La plu» grund»; partie de la séauce a clé occupûc
par un comilé sccrel dans lequel l'Acadcniie a cnlcudu le rapport de la
commifsio;i chargée de lui présenter une liste de candidats au prix bien-
nal lie i;ii,OUU IVancs. On sait que l'ln?titut tout entier est appelé plus
tard à \uter sur la même liste que lui présente à son tour l'Acadéuiic.
Le candidat mis en première ligne est ^M. Paul Meyer, professeur au
Collège de France et directeur de l'École des chartes. M. Meyer a publié
des travaux très estimés sur les idiomes et l'histoire littéraire du Midi de
la France durant le moyen âge.
Le candidat présenté en seconde ligne est M. (iaslon Maspero, prufe;-
seur de langue et de liitérature égyptiennes au Collège de France. .M. .Mas-
pero, le plus brillant disciple du vicomte Emmanuel de Uougé, a succédé
à son maître dans les chaires du haut enseignemenl. Ses travaux d'égyp-
lologie dénotent un sens critique très développé et une vaste érudition
spéciale. Sa thèse de doctorat, relative à la littérature épistolaire des
anciens Égyptiens, a été fort remarquée. .M. Maspero est monientanément
absent de Fr.mce ; il remplii en Egypte les importantes l'onclions confiées
jadis au regretté Maiietle : il e;t directeur général des fouilles.
Antiquités celtiques. — 11 evisle dans la Loire-Inférieure, entre .Nanics
et Saint-.Nazdiie, une série de monticules presque continus et dont la lé-
gende locale attribue l'origine à des travaux exécutés par les Gaulois. Ces
tnardelles, suivant une opinion assez accréditée, auraient été élevées pour
servir de frontière et do rempai t entre deux tribus voisines et hostiles
l'une à l'autre. .M. Alexandre Uertrand présente à l'.Vcadémieun méuioire
de M. René Ivervilnr qui traite de l'origine des tnardelles gauloises qui
s'étendent de Nozay à Saint-Mars-la-Jaille, sur une longueur d'environ
sept lieues. Les fouilles qu'il a pratiquées ont mis hors de doute que ces
monticules et ces excavations proviennent d'une ancienne exploitation de
HO ni.vii. vuciiKcu.oc.igi'K.
uiinos lie Ter, e\i>loilalioii qui a dO i.L's<or vers le temps do la conquiMc
routai lie.
SÉANCIù nu 13 JriIJ.KT.
M. Wallon lionne lei'Iure ilii raj»porl sur les lia\.'ui\ de l'Académie
pendant le premier senieslre de rannée lHs.\,
Ce rapport sera puldié par le Journal offiri'l.
Concours des antiquités nalionalos. — Au nom do la oonunis-;ion des
antiquités nationales. M. Alex. Bertrand fait connaître le résultat du
concours.
Les trois médailles d'or ont été décernées :
I.a première A M. Bcaulcmps-Beaupré, auteur des Coutumes d'Anjou et
du Maine;
La seconde ;\ M. l'élicicr, arclii\iste de la Marne, aulear d'un Essai sur
le youvirneuient de hi daine de Jifaujui 1 1 î^iJ-iiOl);
La troisième à MM. Aug. et tm. Molinicr, éditeurs d'une Chronique
normande du quatorzième siècle, publiée pour la Société de l'histoire de
France.
Les six mentions honorables ont été décernées :
La pieujière à .M. d'Arbiumont {La v&itè sur les deux maisons de Saulx-
Courtiion; Cartulaire du prieuré de Saint-Étienne de Vignory; Armoriai
de la chambre des comptes de Dijon) ;
La seconde à M. Jorel {Les caractères et l'cxten'^ion du patois normand);
La troi^iùme i M. Loriquel (Tapisseries de la cathédrale de Reims) ;
La quatrième à M. le docteur Barthélémy (Inventaire chronokujique et
anihjti'juc des ekaitcs de la maison de Baux);
La cinquième à .M. l'abbé Albanès {Histoire de Roqucvaire et de ses
sciqncurs au moyrn dge') ;
La sixième à M, du Bcurg (llif^toire du grand prieuré de Toulouse et de
diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jèi'usalem dans le sud-ouest
de la France).
Dans la même séance, l'Académie décide qu'elle présentera pour le
priv biennal de 20,000 francs, dans la prochaine séance trimestrielle des
cinq classes de l'Institut, M. Paul Meyer, directeur de l'Lcole des chartes.
Cette détiïion a été prise par i:i \oi\; Il autres s'étaient portées sur
M. Maspero, proressour au (Collège de France cl directeur du .Musée do
Boulaq cl des fouilles en Egypte.
SÉANCE DU 20 SaïA.KT.
Anliqniti's romaines. — M. IMm. Le Blant a reçu do MM. de Nolhac et
Dichl, membres de l'Kcole franguisc, et de M. Dcscemet, son bibliothécaire,
des renseignements sur le résultat des fouilles entreprises par la rom-
nUr.LKTIN MENSUEL DR l/ACADKMrF. DRS INSCRIPTIONS. 111
mission inui.ici|)alc arcln'ulugiquc aux cm irons dr; l'i-glisc, de; la MiruTVf.
Vers la lit! (In mois (le juin, un jifirliriilicr, ()iii [»r.i(l(|nnil une fouille
non loin de l'ubside lia ri'dilicf', oxliunm un .«pliinx de uraiiil rose, long
de l"',.i<>, el qui fut reconnu pour un d»j ces objcls d'ioiit ilion qu'on fa-
briquait à Home sous les Anlonin<. Colle trouvaille donna lYjveil, et la
commission municipale se mit à explorer le sol de rimpas>c Saint-lgnicc
Celle exploration a mis au jour un sphinx de granit noir, avec carionche
royal; deux cynoci''(ihalos, ('•gaiement avec cartouches royaux; unfiijdes-
tal de Ir.ivail grec; un ol)('li.-que de granit rose, portant le cartouche de
Hamsd's 11; enfin une base du belle colonne de style oriental.
On croit avoir rencontrii Vhœum (sanctuaire d'lAt>j de la neuvi(:;me rtj-
gion de Home.
Sceaux (ji/zantiiis. — iM, Gustave Sclilumberger communique une note
relative i cinq sceaux byzantins. Le premier porte le nom de « Gabriel,
exousiocrator d'Alanie ». Les Mains formaient dans le Caucase une na-
tion puissante, qui se vjulait de pouvoir fournir une armée de 300,000
cavaliers. Leurs princes avaient le litre magnilique d' exousiocrator, supé-
rieur à celui d'cxousiaic, que l'on retrouve ailleurs dans la chancellerie
de Constantinople ; V exousiocrator est le délégué delà puissance impériale.
La bulle desliiiée à sceller les lettres adressées par l'empereur au prince
des Alains valait deux sous d'or et portait une légende où, s'adressanl au
prince, l'empereur le qualifie de « Mjn fils spirituel ». Le sceau a été
acquis pir M. .Schlumbergor dans un bazar de Coujlautinoxjle ; il paraît
dater du dixième ou du onziè'me siècle.
Le deuxième sceau est celui de « Michel, veslarque' byzantin et duc de
Vaskouraçan ». Le Vaskouraçan formait la province la plus considérable
de l'Annénie orientale. Le dyuaste Michel a vécu probablement au
dixième siècle.
Le troi.-ième sceau est celui de « Théophrano Moussalon, archonlissa
(princesse) de Hussie ». C'est sans doute la femme d'un des princes, des-
cendants de Hurik, qui régnèrent sur les Moscovites ; elle était originaire
de Constantinople, et, sans appartenir à la maison impéiiale. elle sortait
d'une famille considérable, qui a laissé plus d'une trace dans l'hitloire.
Le sceau est du onzi(';me ou du douzième siècle; c'est un monument cu-
rieux et le plus ancien peut-être qui mentionne les relations de la cour
de Constantinople avec la Russie.
Le quatrième sceau est celui de « Pierre, archonte ^prince) de Dioclée
(Monténégro) »; il remonte au commencement du onzième siècle.
Le cinquième est celui de « l'rasmonde, roi des Vandales », qui régna
en Afrique de 49tj i ii23. C'est l'unique sceau connu, jusqu';\ ce jour, d'un
roi vandale.
soc.iirn-; natihnai.i-:
DES AXTIOUAIUES DE EUA.XGE
l'UKSlDENCK ni:: M. <■• D l' l' EKSSIS.
SÉANCE DU II JLIM.KT.
.V. Kgiïi'r pir'.^eiilo, ilc la part tic M. (".liuisy, ii)};6nieur vu chef dos
pouls et chaussccs, un mt-oioirc sur l'arsenal du Piréc.
M. Mowat communique une inscrii>lion grecque conservée au musée
d'Avignon et incxaclemonl publiée par Mérimée. Cette inscription est con-
sacrée à la mémoire de Til)ériiii' Claudius Aniipalcr, lils de Draco, de la
tribu (Juirina, originaire de l'aléopolis, par sa lille (ilaudia Miiabagora et
par sa femme Tliéonis Fiiscia.
M. de Viilefosse fait observer que le musét-. d'Avignon cunlienl un cer-
tain nombre de monuments provenant de la collection Nanni, de Venise.
11 est pojsible que l'inscription communiiiuée jiar M. Muwat se rattache
à cette collection, l'eut-élre auïsi a-t-elle éti- acquise à Marseille, où le
musée d'Avignon a fait plusieurs acquisitions.
M. hgger insiste sur certaines particularités tendant à liiire croire que
cette in^cription est d'origine dorienne.
.M. Saglio présenle une pla(]ue d'émail sur l.Kiuelle il croit reconnaître
le poitrail du cardinal d'Ambuise.
M. l'abbé Tliédenat conimuiiique, d'après un manuscrit du président
Houhicr, une inscriiilion funéraire mélriijue trouvée à Clianac, bourg du
(iévaudan, aujourd'hui dans le déparlement de la Lozère, et qui renferme
un vers de Virgile :
Ihttn tncinor ifisc nui, itntn spiiitits Ims irij( t (irlus.
(t"«fir/<-, liv. IV, V. 33G.)
(La iuiU nu inochain numéro.)
NOUVELLES AUCIIÉOLOCIQUES
KT COliHKSI'OiNDANCl-:
Nous recevons I.i lettre siiiv.iiUe :
Niort, le 30 juillet 1883.
Monsieur le Diiectcur,
La Ikviic archéologique tic mars-avril ISS;i contient une lellre de M. Ad.
Cailli', relalivc à une découverte de gôologie grcgrapliique faite à Mor'
Cette lellre, qui a dt'jà paru au commencement d'avril dans la Jterwo <lc
l'Oitcat, a donné naissance à une série de notes archéologiques et géolo-
giques, et a fourni matière à une polémique à peine terminée aujour
d'hui.
L'opinion do Al. Ciillé a trouvé plusieurs contradicteurs dans notre
pays, et quorum para fui '.
S'il est vrai que dans les terrassements opérés dans la nouvelle rue du
Port on ait rencontré des huîtres entiùres, il faut aussi dire qu'on a
trouvé non pas seulement un banc d'huîires, mais des couches d'huîtres
enliùres et bien conservées. A côté des huîtres et souvent entre les cou-
ches les ouvriers ont recueilli des débris nombreux de tuiles à rebord,
de poteries rouges et noires, des monnaies gauloises sanlones et romaines
d'Auguste, Tibère, Néron et Vespasien. Un fragment do colonne a été
aussi trouvé, ainsi que des appareils petits et moyens. Enfin, en creusant
pour établir les fondations de plusieurs maisons, on a mis à découvert des
substruclions.
Tous ces vestiges gallo-romains ne viennent-ils pas montrer la vanité
de l'opinion longtemps admise en t^itou, que le territoire niortais aurait
été recouvert par les eaux de la mer jusqu'au vi" siècle, ainsi que cher-
che à le prouver M. Caillé.
Déjà lî. Fillon s'était élevé contre cette théorie généralement acceptée
1. Niort et lu nier, par Emile Breuillac. L. Clouzot, 1883.
111*' SlillIK, i II. — 8
Il'j i\i\ii. Mu:iiKoi.o(;iQi'K.
il t'stmi ut qiiiM' >(»!»■> S'(;i/o;<»»( Ile tir>uil pas >'a\aiirt'r plus loin (]uo
l'iloili» M.iill>rai> ;\ l'ôpoqui' gallo-romniiuî.
M. Abcl hardonnol, li- ^avnllt I•c^'|•(•t^t^ doiil In Sooi'U^ i\o .-.lati.-liqiic
déploro la perle, parlaiienit l'opinion de II. Filltiii. I.e pr<Mnieril a rendu
compte df!) (races de l'occupaiicm romaine dans la» tprriiins du port'. Il
tronvail le passade des honunes là où l'on voulait montrer le pa>^upe de
1.1 mer. et les dépôls d'hiillres lui semlila'irit artiliciels; il les comparait à
ceu\ d('vouver;s celle année A Sainle<, prùs des Arùnes *.
Le I». C. de la Croix vint aussi visiter les terrains fouilU's. I.c savant
jésuite n'hésita p'is ;\ se prononcer contre Tavis de M. ('aillé. Voici son
opinion formuli'e ;\ la séance des Antiquaires de l'Ouest :
■ \ propos d'une brochure inlilulee : Siort et ht mrr, rie M. limile
Hreuill u-, notre confrère, le II. P. de In C.roiv expose qu'on a renconiré ;\
.Nioil. dans la partie basse de la ville, -non loin du pont Main, les restes
d'une chaussée romaine cl des subsiruciions qui paraissent dater du iv»
ou V» siùcle. On a trouvé de s aires d'habitation du genre do celles qui ont
été découvertes à S.iinl-lliluire de la Celle, ;l Poitiers. Sur une couche
d'hi;itres de 14 à 1») cent, de hauteur et ime aire de béton eu mauvais
matériaux cl nu-dessus du béton s'étend une couche de sable d'alh'vion
qui n'offre au goût rien de salé. D'où le P. de la Croix coficlut que ces
alluvions proviennent non de la mer, mais d'un ou de plusieurs débor-
dements de la .''«évre qui auraient eu lieu ap^é^ les dévastations des bar-
bares. Quant aux huîtres, elles devaient être em[iIoyées, dit-il, datis les
fondations des édilices, comme mode d'assolement ou de drainage. On
sait d'ailleurs que les huîtres entières résistent à une 1res forte pres-
sion.
« Ces découvertes oui une très haute importance, en ce qu'elle-: prou-
vent que Nior! a été une \illc romaine. » {Courrier de la Vienne.)
La conclusion donnée par le P. de la Croix se forlilîe par d'autres dé-
couvertes gallo-romaines faites en h't).') dans des jardins peu éloignés des
terrains nouxellement fouillés^.
.Nous aouierons, eulin, que dés I8i0 une voie romaine traversant la
Sèvre a été signalée à dix kilomètres en avil de .Niort '•.
^ous ne pensons donc pas éire téméraire en soutenant qu'à l'époque
gallo-romaine la mer ne baignait plus le territoire niortais. Peui-Cire à
une époque antérieure l'Océan a-t-il recoiivert la parlie ba?sc de Niort.
Assurément il n'y était plus au vi' siècle'-.
Kmii.i: l5iiEt ii.i.ac.
1. Bullelmx de la Société île staliilv/ué, scivnrei, Itttves et arts tJei Ueux-Sèvret,
Janvier-tnar» 1882, pug« 18.
2. Archives /iiilorù/ues de In Sninfonye et du PAiinis, IV» volume, a« livraison.
3. Ilnt'iirf de in ville de Siurf, L. F.ivrc, p. li.
4. Revue littéraire de l'Oursl, 1H39 /(O.
5. Voir dan» le présent iiumùro l'arliclo du M. \. K. Liiviv Mir le uiOiuu »uj«(.
NOUVKLLKS AHClIKOl.OMyURS. Uo
— liullclin ile l'Institut de correspondance arcHoloijiqne, \><H\\ :
Janvier et f(Wrior, deux feuilles : Séances des 1;'>, '11, 'i') décembre 1889'
— Stevenson, Fouilles de Paleslinr.
Mars, deux feuilles : Séances des IH janvier, i>, IG et l'i lévrier. Ii(;l-
big, Fnuillef! de Vuld. — iMau, Fouilles de Pompi^i.
Avril, 2 feuilles : Si'.incos des 2, !>, (l et :i<» mars. — .Maii, hs Fouilles
de l'iiiupt^i. — (I. lienzen, InHrijitions du pont de Kinrhtn dans In i'om-
magène (lexlcs en l'honneur de Seplime-Sévîre , de. .Iulia Dornna, do
(laracalla et de r.éta; la rivière, un affluent de i'Iiiiphrale voi.-in
de Samosale, s'appelait Chabina; les inscriplions paraissent être de l'an
200). — lîil>lioj.;rapliie : A. Mau, la Villa ercolane.se dci Visniti^ i suoi
monumenti c la sua hibliulheca, rirerche e notizie per Domenico ComytareUi c
Giulio de Pctra, con XXiV favole; Torino, 1883. (Renonçant à parler de la
parlie philologique, consacrée à la description des papyrus d'Mercula-
num par M. Comparetti, M. Mau s'occupe surtout des hypolhùscs qui ont
fait allrihucr aux Pisons, par M. <:omparetli, la jiroprii'té de la villa, et
qui lui ont fait reconnaître le bu.-le de L. Cal(iuriiius l'iso et celui de
Gabinius dans deux tôles de bronze où la majorité des archéologues in-
cline plutôt ;\ voir les portraits de deux personnages alexandrins. De la
critique de M, Mau, il résulte que ces hypothèses sont des plus hasardées
et ne soutiennent pas l'examen.)
Mai, une feuille : Séances des (i, 13 et 20avril. — Foudles d'Orviclo , lettre
de .M. Ricardo Mancini à M. d. Henzen. — Fraijmenls de vases de style géo-
métriquc da7is le ti.rritoire de Tarenle, \ù\lie du professeur F.uigi Viola A
M. Helbig. — C. Henzen, un fragment des Actes des Frères arvales. —
E. Pais, observations épigraphiques.
Bulletin de corrcspoiidance archéologique, n'* VI, juin 1883 (deux
feuilles) :
Helbig, Fouilles de Cornetn.—\. Man, Fouilles de Pompé i(su\[e). — (]. Hen-
zen, Diplôme militaire de l'empereur Domitien appartenant au musô: de
Pesth. — Fabricius et Wissowa, Sur une statue du musée Torlonia. — Lettre
de M. Tarantini;\ M. Helbig.
Ilapvaffffoî, mars 1883, section archéologique :
Polilis, Bas-relief d'Athéné Hippia (ce bas-relief a été trouvé dans les
fouilles qui se font maintenant à l'Acropole, A Test du Parihénon; il repré-
sente Athéné sur un char qu'elle conduit). — Dragatsis, Antiquilcs du
Pircc (bas-relief qui représente une jeune femme montée sur un bouc
qui l'empoite; un amour vole au-dessus t!e la scène; planche à la tin du
cahier).
Nou\clles des fouilles de l'Actopole (une léle d'Alhéné de l'époque
archaïque finissante; un torse de la même divinité, avec vives traces de
couleurs, etc.).
I ll'i lU.VlK \l«(.lll (t|.(M.|Ml K.
(»ii\orli)rr d'iinr tiniivello salle du imifrc <lo In Sorii'h^ nrclu'ologiqiie,
celle lies >asos.
I.a SociiHé nrchéoloiilqup reprend les rouilles (riCleusis el cclle.^ tl'Kpi-
daiire.
Ou conslriiit drciiirmetil à Olynipii" un mtisre où seront d«'posi?8 les
niniuimcnls trouvés dans lo.- Touilles; le? plans en sont fourni? par l'ar-
cliilecle allemand Adler.
Vase archaïque acquis par la Socit'lr arcln'oloiiiqne, qiii représente
Action déchiré par ses chi«i!s.
Oécouverte, ;\ Klensis. d'un bas-relief riun'raire.
1,0 niiiui'ro d'avril du Pnrnussos contient, cnirc antres articles, les
suivants :
Spaihakis, Sui' l'C-lu-atioii et l'inutiucUon d' Alcxamlrr Ir liiivvt. — llilio-
poulos. Sur le !,ol culih'iilile de rAttiqxc.
I.a section archOolotriquc est moins riche cetli- fois-ci que d'ordinaire.
Nous n'y trouvons que quelques noies de M. Dragatsis sur diiïrrenlcs
inscriptions, d'ailleurs île peu d'importance, «jui ont été découvertes ai;
Pirée.
Al citœoloyisclic Zcitunij, issj, 4' cahier :
P. Wolters, Terres cuites de Tarente au musée académique de llonn, plan-
ches XIII et XIV. (Une partie de ces terres cuites, les plus anciennes, pa-
raissent se rallacher un groupe des représentations connues sous le nom
de repas fan(h-air»9. On en trouverait la forme la plus ancienne dans quel-
ques-uns des fragments de Tarente. i — A. FiirlWiX'nyler, Vun Drlos. (Inté-
ressant rapport sur la série des sculptures archaïques qui ont été décou-
vertes ;\ Délos parles fouilles do l'Kcole française et qui sont aujourd'hui
réunies à Myhonos. Uomarques curieu^es sur les deux grands fragments
de r.VpoUon des Naxiens qui gisent encore ;\ terre à Délos. .M. Kurtwa'ugler
ne croit pas que les statues qui ont été trouvées dans les restes du temple,
marqué H sur son plan, aient jamais appartenu à un fronton; il y voit les
restes d'un groupe qui servait d'acrotére central au fronton, et il repro-
duit à ce propos, dans la planche XV, un curieux acrolére de Cervetri,
une figure aih'e en teire cuile. Les sujels des groupes des deux acroléres
délieiis, dont .M. l'urtwa'ngler ilonn.- une esquisse restaurée, auraient élé
rcnW.'Vcmenl fie Borée par Orithie, et celui de Kc[dialns par Kos. En com-
parant ces sculptures au monuinenl dit dis .\crci<I>:s en I.ycie et h la
\ idoire de r.ionios, M. Fuil\v;in'.;ler cherche à élublir qu'elles datent de
430 ou 'rJn environ avant noire ère. I.'arlicle se termine par de^ obser-
vations sur qui Iques autres th-bris de la période classique.) — A. .Mirhn«'lis,
Vn d'ssin original dit Varttiénon, de t'i/riaque d'Annuir (jjI. XVI). —
M. Fr.i'nkcl, Inscriptions arrhaifjucs. — Purgold. Tmis iiisrri))tion^ iir~
rlmiiiucs. — S(jurclle<. Hé^umé des séances de la Société archéologique de
\<n:vr,i.i,iN MtciiKoi.oc.ii.irK*^. 117
hcrliii (nov(Mul)re cl dijcerniirc). Clironiqm' de la PU; de Wiiu Uclnrinii
— Taille de l'aiiuée.
Airhd'uloijisclie '/jituini, il' ariiirc, 1*' c.iliier (!•• IHS.I :
P, J. Meier, NouvlUcs cnuins dr. Ihui^ au musrc du liirlin (pi. l-i)- —
(i. Kioi^erilzky, l'Apollon SI i-uju/ioff' (pi. ;i). — A. Kalkiiiann, llrjn-tsciita-
tiinisdu inyllic d'lU])}i<)hile pi. 0 8). — Mélanges : K. I.aiige, le Vnuimcnt
d'un Liioojon au wusn; de yaples (bois dans le lexie). — Ch. IJelgcr,
r Êtramjleiir de liim sur lu fi ise du grand avtd de Penjame (deux vignelles) ;
la Quiatiou de la hltssure du (lauliis mourant. — II. Luckenhach, Silène
a(jtnmiHé. — A. FurUva-ni^ler, noie sur la page 'il'i de l'Archa;olo<jische
Ziitunij, i.SS2. — Hapports : Aci/ui^itious du mustc royal dans l'année 1882.
1. Collection des iculijtures tt des moulo'jes (A. (lonzc). — Séances de la So-
ciété archéuhjfjique de Berlin, janvier à avril 188.'J. — Rapport sur les tra-
vaux et Its publications de l'Institut arcMolofjique m 1882.
Bulletin de correspondance hellénique, mais et avril 18^3 :
I'. l'oucail. Inscriptions de clérouqucs athéniens d'Imbros (décrets tn
l'honneur d'un poléinarque, d'.Vllicnodoros, d'un cliTOuque; dédicaces
aux grands dieux, à Xcrniès; décret en l'Iionneur du prêtre d'Ortliannés).
— G. Sctilumborger, Snaux byzantins; les éjlisei, les palais, le cirque de
Constantinople. — 15. Haussoullier, Inscriptions de Delphes, fragments d'une
liste des proxénes rangés par ordre géoçfruph<qa:. — K. Potlier et S. Hei-
nach, Fouilles dans la nécropole de Mynna (suito); IV, Inscriptions sur les
fiijurines de terre cuite. — L. Duchesne, les Nécropoles chrétiennes de l'I-
saurie; 111, Korycos. — 15 Laticheo, Inscri}>tions de Ténos. — Th. Ilomolle,
Inscriptions archahiues de Uélos. — NN . .M. Uanisay, l'nedited ins:riptions of
Asia Minor: I, P<iinphylia; 11, Lyda. — Variétés. \\\ Kontrier, Inscription
métrique de Smyrne. .M. C , Siijmlure du céramiste Teisias. Am. II. L5., Ins-
cription de la mosaïque de Délos. PI. Vill, I';, .W, XVI, Terns cui'.cs de
Myrina.
Hullttin de correspondance hellénique. 1S83, livraisons de mai et de
juin :
W. 11. Waddiaglun, Inscriitions de Tarse. — ."Vlax Collignon, Stèle funé-
raire attique représentant une scène de palestre. — W. M. Bamsay, Vnited
inscriptions of Aùa Minor; 111. Pluygia; IV, l.ytaonia ; V, Cappâdocia;
VI. Cilicia. — S. lleinach. FouiUts de Ihlofi, l'Inopus et le sawtuairc des
Cabires. — A. DunionI, Dm siylc géométrique Mi/' /es rases grecs. — E. Dra-
goumis, (Juelques rimurques à propos dts inscriptions choragiques de Délos.
— P. Foucarl, le Culte de Platon dans lareligion éleusinicnne. — .M. Dubois,
Lettre de l'empereur Ilalrien au conseil et au peuple d'Astypalxa.
us nKviK a»(:hi*ol(»oiquk.
— N» VII, juilM 188H :
I'. l'oucart, Itcrct ilca amphiciyons lir Ikip'iis. (M. I'i)ucml rriinil dans
cet arliclo plusieurs textes iiuViils, relatiTâ à raiiiphu-lymiic de Ihdithcs.
On remurquera suiloul le n" (J, qui est de raiinée 178-7 avant Ji'-sus-
e.hrist. il prouve que M. Acilius, apn's su vicloiri; .««ur les Ktoliens m 190,
awiil enlevé i\ ce peuple les voix qu'il possédait au conseil ainphictyouique.
L'auleurde l'arlicle termine par d'iniéressanlcs observations sur le.-< varia-
tions que suhit la conipusitioii du conseil.) — K. Potlicr et S. Ilcinach,
Applii/ucs de bronze appartenaut à des vases de Mtjriua (pi. IV et Vi. —
P. Paris, lascriptiuiis de S(*baste. — M. Colligiion, Course d'upobate sur un
bas-relief attiqne (pi. XVII). — S. Heinacit, Fouilles de Délos; I, Temple
des Posidoniastcs; II, Statues: III, Inscriptions.
.Nous apprenons avec plaisir que les fouilles américaines ont été
reprises à Assos au mois de février iHH'.\, et qu'elles ocrupenl quarante
ouvriers. Klles ont amené déjà des résultats intért-ssants ; on dégage
l'Agora et Toii acliéve le déblayement de i.i rue des Toniheaux.
Zeit<chrifi dcr deutschert rnorgenlœndisclicn Gesellschaft^ volume 37,
livraison I (1883) :
M. -11. Millier, Cuntributions critiques à Vépigraphie de l'Arabie méridio-
nali' (propose ditTérenles corrections et recliticaiions dans les inscriptions
bimyarites publiées réceumient par .M.M. J. et M. Uerenbourg dans le
Journal asiatique*. — 0.-.\. Daoielsson, l'intruductiun du Mahàbhà'hj/a. —
11. Ollenberg, l'Anacn Akliyùwi «h'/ùvi (questions touchant la nu'liique
indienne considérée comme eritéritiin clironûlogique\ — G. Hûbler,
Commentaires sur les inscriptio7ii d'Asoka (conférez les études de M. Senart
sur le même sujet, en cours de publication dans le Journal asiatiquOy
d'après des photographies et des estampages du texte des édits gravés sur
le rocher et sur les pilier.»).— H. Kolh, Sululiun d'une éniijme dans le Véda.
— K. icurel, <'lt'ik Tahnidsp 1 (notice sur un m.iniiscrit persan contenant
riiistoiredu règne de ce princei. — \i.'S{;il\c,Surl'ctijmoloijiedc H£'o;(d'apré8
un passage de Jacques d'Kdesse, auteur syriaque du vm" siècle). — Bi-
bliographie : II. KiTU, les J'euples malais p'jlynôsiens. PriL",orius, Bîelhgen,
Klat, notes sur diverses pulilications ri'centt'S reiativ'es i\ l'Abyssinic, le
Mandi'tn, bs Insiriptiuns siuaitiqucs, l Inde.
Un fuicitule spécial de '222 pages coiitient le Rapport i;éni'ral sur les
progrès des études orientales eu 18.su. Lu Socit'ité orientale allemande a
pris le sage parti de confier, pour ce rapport, l'examen de chaque grande
branche de rorienlalismtî à un savant spécialiste; c'est un exemple qu'il
serait désirable de voir suivi ])ur notre Société asiatique. C. {'.. (•.
1. Avril, mai «t Juin 18tt2, p. .Iiil et sq.
NOUVKM.Ks AiicMi-'ioi.or.igDRs, 1 r.»
liullillinn (Il iiriltcolagia cnstiiinii di li. H. tif Ito."!»!, 'f h('ti<,',
i"' année, n° 4 :
I. ViTio rcniirquulilc qui i i-prrscnle li; lem[)le de J('rn.«alcm. —
t; 1. I..I vui! du t(!inpl(! il(! Ji'nisak'UJ. — g 2. I.ii vu(i du Icnipli; de Jéru-
siileni telle que, la donne le verre judœo-ioniain ( nniiiarée ;i d'autres
monun.enis. — î? i!. De l"iiiS( ripliurj griicque el d(! l'/lge du luonurnenl
que nous venons d'ex|)liqucr.
II. l*roct''s veibauv des 8(''ances de la Soci''t6 d'archéologie clirélienoe
;\ Home (.lu 'J7 nov. issi au 2)1 JV'vr. I8S2).
m. Nouvelles. Contiiuiatioii des découvertes dans la crypte historique
et dans les ^iileries adjacentes du cinieliùre de Saint-iiippolyte. — Séli-
nonte, monuments chrétiens.
liullcttino drild commissione nrchaolo'jica communnk 'H îl^tiiu,
11« année, n° 1, janvier-mars :
i. Guidi, Appetîdice à l'article sur une in&i:riptioa grcajuc de ('onyie, qui
appartient au moyen Age et qui a été publiée dans l'année ISSl,
p. 180-190). — [\. Lanciani, la Basilka Mdtidies et Murcianes des catalogues
(pi. l-'2). — C. L. Visconii, De dtux st.t(uts toyees représentanl des person-
nages qui donnent le signal des jeux du Cii que (pi. :j-i).
M. Olioisy poursuit le cours de ses intéressantes éludes sur l'archi-
lecture grecque. Après avoir restitué, dans un premier cahier, qu'accom-
pa{j;iienl deux planclies, VArsew.il du l'inc^ tontm .^ous le nom à' Arsenal
de Pliilon, il entreprend aujourd'hui, dans un second fascicule, de rétablir
les murs d'Athènes, tels qu'on peut se les représenter d'après une ins-
cription à peu piès contemporaine de celle qui a trait à l'arsenal, c'est-
à-dire d'après un texte <]ui date de la seconde moitié du iv* siècle avant
notre ère. Cette seconde élude, quia pour tilre les Mais dWthvties d'uprés
le devis de leur restanration, fait honneur, comme la première, tout à la
fois au savoir do l'helléniste et à la pénétration de l'archilccle. Une
planche a sul'H pour figurer cette construction très simple, en briques sur
un souba^sement de pierre. (I.ilirairie de la Société anonyme de publi-
cations périodiques, l3-lo, quai VoUaiie.)
CIIUOXIQUK D'OlilKXT
riHILLKS KT DKCOUVKKTKS.
Dans une letlre il.uée du :< juin lioinier, M. Di'-mos'.hène Hallazzi
a bicQ voulu nous donner des détails couipli^mentaires sur les fouilles
entreprises par lui, au nom du gouvernement luic, sur les bords du
golfe Klédtique en Kolide '. On se souvient peut-Olre qu'en annon(;ant
CCS fouilles à nos lecteurs nous avons cru pouvoir fiMicitcr M. Haltazzi
du soin et de la nuHliode, c'e>t-i-dire des préoccupations scientiliques,
qu'il portail dans ses explorations. Les renseignements que nous repro-
duisons aujourd'lmi prouvent que ces éloges étaient niériiés et que l'ar-
chéologie de l'Eolide est en de Itimnes ninins.
i/emplacemenl de ranciciinc (iynié, qu'on a[)pelle acluelletuent ya-
mourt, n'est presque pus liabilé, et des pUntaliuns récentes de viunobles
y rendent les fDuilles presque impossibles. Mais le village de Tcliakniakli,
situé sur la route de Ptiocée à cinq cents mètres environ de NamourI, con-
tient dilVérentes antiquités provenant de la cité éolienne; nous nous sou-
\enons dv a\oir vu ^ou^ent des t(*les en terre cuite et des pierres gravées
d'un evcellent travail. M. Haltazzi nous écrit qu'il a pu y recueillir un
bas-relief en marbre blanc, baut de 0'",3!t et large de 0'",3.», représentant
un cavalier tenant d'une main une patère et de l'autre la bride de son
cheval. Le cheval est dans l'attitude de la marcbe et ressemble exacte-
ment à celui qu'un trouve figuré sur h s monnaies de C.ymé. Derrière le
cavalier te lient un guorrier armé d'un bouclier, (if bus-relief, qui est
d'une bonne exécution, a été expédié au musée de Contluntin.)ple.
tnire .Nouvelle-IMiocée et Cymé, on u découvert remplacement d'une
ville antique avec des restes de forliikutions. On l'appelle dans le pays
Ila/.aid' \i»ii'o'. M. Kallazzi ^e proptfse d'y oiiérer (jiielqui's sondages. Il
est encore diflicile d'iilenlilier cet em[tIu(cmtMil avec une des cités
éolienne» dont parlent les anciens; .M. Hallaz/i esi tenté d'y reconnal'.re
Lari'S.i, surnommée Fhrkuiiis, et cette bypultièse, (pie rien n'e?t venu con-
firmer jusqu'à présent, s'accorderait assez bien avec les textes. Km i llcl,
Strabon Mil, p. i'.!!) «lil que Larissa est située ~tç.\ r>;v KO;at,v, »| le l'ait
J. V'jir noire Chrunifjue d'OnfuI, dan» l.i lOiue du iiiui-Juiii 18f^:t, p. :ioi i-t auiv.
cnnoMouK n'nmi.Nr. 1^1
qu'ellcî lui assiégûi! sans siicct"!» par l'Iiyfnlir.tii dumie i poiiSfM' qu'»;lle
possdtluit (les forliflcalions imporlttiilos. Las carloj.'ruplifi8 modernes ont
placé Larissa assez loin dans l'inli'rieur, (Milie IMioci'-o (;l Néonlcichos ;
niiiis toute la ^éograpliii! comparée «le i'I^olulc e.sl fort incertaine, el l'on
doit s'attendre \ ce que des fouilles el des Irouvaillcs de uiuiiniâies inodi-
flent consiléiulilemeul bien des opinions reçues à cet é^;ard.
Qu'on me pormeite ici une parenihùse. Mon savant ami M. Sayce, dans
le Jimrnitl uf lliUcn'n Stuilivs (vol. ill, u" "2, p. 218 2J7), a donné, sous le
titre û'K.rpl<irati(jtis in Aenlis, le récit d'une excur.-ion que j'ai eu le plaisir
de l'aire u\ec lui en IXNI dans les environs d'Ali-Agu. M. Sayce est d'ac-
coid avec moi {linlletin de co/rts/i. Iwllén., l.SSj, p. 130) en plar.-anl Aegae
à Nimroud Kulessi, où des ruines importâmes ont 6lé explorées en 1882
par M. Clerc, et non à (iuzcl-llissar, où l'indicjne la carte de Kieprrt.
Mais il veut idenlitier avec cette dernière loca ité une ville nommé Adac,
tout en sif;nalant comme plausible l'hypotlièse que je lui avais commu-
niquée, d'a|)rès laquelle Adtie des ait se trouver entre Ali-Aga et Cymé,
dans la presqu'île d'Aïup-Chi/lili. Oi la \ille d'Adae n'est mentionnée que
dans un passage de Sirabon iXIII, p. (;.il, p. 3:ii,Didol) qui ne permellrait
pas de la chercher ailleurs qu'entre Myrina et (^ymé : à-r.h tyjc Kûar,; eîi'iv
"Aûai, £Ît' àxpa ascà xETiacaxovTa ctaotoit;, r,v xsAoutiv "Vocav.. .. EiTa
TToÀt/viov r^ûviov X. T, X. Mais Ics recherches que j'ai faites dans la pres-
qu ilc d'Arap Chiflik, en compagnie de .M. Foucart el de M. Haltazzi,
pour découvrir l'emplacement d'une ville antique, ont été complètement
vaines, et je crois qu'il faut ell'acer le nom d'^Acai des répertoires de géo-
graphie ancienne. ('.. Miiller a déjà dit, dans son index du Sliabon de
Uidot : « Sin ignotus orae locus memoialur, quaerilur un non 'AÀat,
frequens locurura maritimorum nooien, legendum sit. » Toute la côte
entre Myrina el Pliocée est encore couverte de salines, que l'on appelle
5Xeç, àXat, êikUii, akuMOt; *. il me semble donc presque certain que la
ville d'Adae n'a jamais existé et que Strabon a voulu simplement parler
de salines situées dans les environs de (>ymé.
M. Bullazzi a fouillé à Guzel-llissar huit tombeaux creusés dans le tuf
et recouverts de plaques. L'un d'entre eux contenait une petite croix
byzantine en bronze, avec un trou de suspension. Ceci nous contirme
dans l'opinion que le village actuel de Cuzel-llissar date tout au plus de
l'époque byzantine et que les in-criplions qu'on y a trouvées (MovteTov
xr,; IVjavvE/ay-r,; -/.oXri;, 1873-1875, p. 125) ont été apportées de Cymé ou
de .Myrina. Dans le cimetière de Guzel-llissar, M. liahazzi a découvert
un aulel antique en marbre orné de bucrûnes et de guirlandes, portant
une in>cription, dont il a bien voulu m'onvoyer l'estampage. Un y lit
seulement :
1. Cf. Hcrm.inn-Bluinmer, Lehrbudi iler Linedn^dien l'rtviilaUtrtliuiiici\ 18M',
p. 12, noie 3. 'AXa; dans le sens de salines manque dans les dictionnaires, mais
la langue aioderne a conservé co mot.
\'ll HKVUF Anr.|||Joi.(H;inlK,
CYNOEPOYCA KAH
1,.' Mdiii lit» i'jvitjiouia, .jiif j • um-ii- (l'avoir iU''y\ rencnnin',
manque dans le Wn'rterhurh dcr grivhi'^rhfn Ki'jrnwimrn dt* l'niie-Hetiîieler ;
niai> on y trouve le tnnsciilin — 'jv^tpjDv, lu <iji- mu» nioiitinie di; C.yiné par
Mionnet [Suppl. VI. K'.). •
A Doumanli-Da^h (. f. la Revue de tuai-juin 1883, p. 3(i2), M. Rillazzi
a Iroiivé une slùle fum^raire avce tuu- incripsion, dont il m't'inoie l'es-
tainp.'ige. C'i'st un nom propre, AHMEA. en cacarlùrcB de l'époque
mai'rdonienne on Kiniiine.
Nous avons unnonci' que dans les fonillos qn"il « faites h Trhnndarîi,
l'ancienne Pilane, M. Kallazzi a décou\eit des fragments de poterie
archaïque. Il nous n fuit parvenir depuis des calques soi|;nt^s de ces ob-
jets. L'un d'eux est un [lelit urylialle ;\ fond jaune clair, avec des dessins
en brun-rou.:;e tiès fon«:é représentant quatie gneiriers marchant en flle,
de style trts archaïque. Chaque gueirier porto une lance et un grand
bouclier qui cache tout le milieu de lu H^-ure. I.e bouclier est décoré à
l'intérieur d'un cercle blanc en guise d'épisôme et d'une rangée de point»
blancs disposés en cii conférence autour du cercle central. Le fragment
de grand vase portant ui: ct-rf paraît fort inlérLS.-anl. L'animal est peint
en brun-rouge et en blanc alternants; entre la ramure et le cou étendu
(le cerf est représenté paissant) se voit l'ornement improprenit nt appelé
Svastika. Une rangée de méandres encadre la figure sur la droite. C'est
I;l un spécimen de poterie protocorinthienne qu'il est fort curieux de
renconirtr en Kolide, et qui remonte sun,> doute au vir siècle avant notre
ère. Kn fait de terres cuites, on n'a trouvé à Pitane qu'une Véiuis nue à
sa toilette, typ.- fréquent dans la nécropole de .Myrina. Un dos tombeaux
ouverts à Pilane conti-n-iil une monnaie en bronze de cette dernière ville,
portant la légende MYPI, Apollon lauté, le iliot'i et la lyre.
M. liallazzi nous envoie le journal tré.-; détaillé des fouilles qu'il u exé-
cutées à n.jumanli-Dagh du 2(i avril au 7 mai t8>*:t. Il a ouvert cent deux
tombeaux, longs en moyenne de i métrés, larges de (("'..'iO et profonds de
O^jiO à I^.SO. Presque tous étaient recouverts de plaques en granit très
épaisses; un assez grand iiimbre ne contenaient aucun objet. Nous déta-
chons de ce journal les indications qui peuvent prt'.sentei- de l'intérêt.
1. Long. 'i"", 10, larg. <>°',."i(i, prof. I'°,."i(>, 4 pla(iues. Sans ossements.
Trois bouteilles en terre, communes.
'2. Long. 2 mèlre.', larg. 0™,oO, prof. I^.ÎJO; :> plaque.-;. Sans ossements.
Miroir île bronze, trois clous en fer, troL- bouteilles communes, une mon-
naie de (^ymé (partie antérieure de cheval, vase moiiotome).
»t. Long. 2", 10, larg. 0"',(;o, pnjf. 1",S0; l plaques. Sirigilc en !>ron/e
du côté de la léle.
l'î. Long. 2"",! .5, larg. O",.').*!. prof. \"'.V->; ii plaques. Sur les ji/nf/Ufis,
une liole en verre de l'espèce dite porcelaine </'-■ Rhoilcs. Dans l'intérieur,
CHRONIOL'I. I) (MtlKM.
\ 'l'A
deux pelils pois coiiiniiins avec iitic «use, ciii(| tlolcs en p<jrcelanii Ut:
llhodcs, iiii pelil luiruir (tioiis avons rcriconUc^ la jximjluinc d( HhoiUs dans
les nécropoles de Myriua cl de (^rm^).
Ifi. Long. 'i^jOO, larg, (l"',(;0, prof. O™,!»»; 4 plaques. n<'l»ris eu Icire
cuiie (un coq el un chien) el ^^ pelils y&^iis simiens (poterie 1res fréquente
daii.s la nécropole de Myriu;!».
18. Long. •!'",():'>, larg. (l"',i;i, prof. O"',:;:; ; :i plaques. Sur hs l'In'pies,
débris d'ossements. A l'iiitiTieur, du côté delà léle, '»• ti.des eu \erre,
1 miroir en hronze, ! chaîne et des clous en hronze, 1 monnaie de Cymé,
I anneau, il crodiels en argent (?) el \ en bronze.
2'). Long, l"*.?;), larg. 0'",4;i, prol". 0"',4."); 3 plaques. Doux petits vases
communs avec anses auv pieds du mort.
ÎJ2. Long. l"',7;i, larg. O^.îio, prof. 0'n,4;;; i plaques. Fiole en l'orce-
laine de Rhodes, deux bouteilles communes.
i3. Amphore sans oss-mcnts. Une terre cuite représentant un i liicn du
type caniche, couché sur un piôdeslal haut de O^.OO, avec des tract;.> de
peinture blanche. La hunlcur totale est de On'jlO. Sur le haut de la iiarc,
on lit lu signature OlAinnOY. (Pour l?.s terres cuites de TLolide signôes
de noms de fabricanl.s d. liulktin de coiresp. hcllnu, 1883, p. 204 el suiv.
La signature <l>iXt7nîou ne s'esl pas encore rencontrée.)
30. Long. 2 mùlres, larg. 0'",;ju, piol'. 0'",:>0. Une lampe en terre cuite
et une aiguille en bronze.
34. Long. 1"',80, larg. 0"',.oO, prof. U'",4b. 2 bronzes de Cymé, 1 miroir
carré en bronze, 1 aiguille.
35. Long. 2"', 10, larg. 0™,o2, prof. 0",aû. Un vase samien, un fiagmenl
en fer, une feuille d'or.
45. Long. 2'", 10, larg. O^^yi'o, prof. on^L.j. Une bague en bionze, un
vase en terre cuite.
37. Long. f^iiO, larg. 0'",3;i, prof. o^jHi. Fragments de'diverses figures
en terre cuite : un éphèbe tenant une grappe de raisin vers laquelle
s'élance un coq (haut. 0"', 13) ; une abeille peinte en rouge (haut. O^jl^'t)! j
un buste d'éphél)e, le bras droit levé (haut, O"',0i) ; un grotesque acéphale
accroupi (haut. 0'",0.1).
93. Long. 2 métrés, larg. O'",60, prof. O'^^.iO. Un masque de femme en
terre cuite (haut. 0">,0(j). A côté, une chambre funéraire, longue de
3 miMres, large de 2™, 60, haute deO",^:), dallée en briques de 0"',30 sur
0'",15. Sur une pierre, 1 inscription AHMEA.
94. Long. l^jlO, larg, U'",3o, prof. C'jiO. Un vase avec une anse el un
fragment de feuille d'or.
95. Long. 2">,20, larg. 0>",:JO, prof. 0'",30, Un petit miroir argenté.
1, Nous n'avons jamais rencontré d'abeilles en terre cuite dans les nécropoles de
Myrina et de Cymé; si riudicaiion de M. Baltazzi est exacte, le fait est intéressant
à constater. On sait que l'abeille passe pour un attribut de Dionysos Brisaios (Le-
normant, Dii:t. des antiquités de Safc'iio, t. 1, p. 021 h).
I2i RRVDK vnCHKOLOCIOUB.
102. Long. I'",'JO, laig. 0'",(;;i, prof. n-",!,.';. in \a>c .va/Kt// I.iim' ; mu*
l«?lc lie fomine drapt^e.
M. Itallazzi iio.is a ctimiiuiiiiiiué ciicnre deux eslainpi^'s d'iiiii- iiiscrip-
(10(1 ilfioiiveili* a Cjiiu', sui une sli'lo brist^e en liaul el i droite, liaule
de U">,3U surO^.Kido large. Les caraclèros sont Win disliiicis, petits el
apparliennoni au citinmenrcfuent do l't^poque inaiH'idoiui'twie. L'étal de
iiuilila iud du inarliro rend la reslitutiun assez, dinicile : iiutis nous pro-
pos ins, du resie, de repnhlier ce texte en caractères épij^rapliujues,
ainsi que d'autres inscri)itions do Lynié el des enuruns que nous
avons recueillies avec M. i'ollict au cours de notre séjour en Kulide. H
nous suftira de donner ici une transcription en cursive, avec les rcslilu
lions les plus simples : la lecture n'olVie nulle part d'auibiguil-}.
evt. ........
ô û^uio; 6 Bap[YuXiYiT(ov]
evexev xat ûixaioçuvr;;
—>,; 7:dÀ£tti; àvavpxiai ^[È]
5 aÙTÔiv a£Ta tcov àÀÀco v Trpoîsvojv ; J
tÔ ■VrîoKïjj.a sv crf/^ri j, ÀiOîvr.iJ
x^ÀÉcai 0£ atJToù; xa|^l]...
cijvavat [xtxoL xoô i£p[£0); ;]
' l'^ÀÉaOai Sa xai àvof a
10 Kat ivaYYEÀXoûvTa KuiJLa|^îoi;]
ooûvai oî xoù TO àvâXiujx a]
.Mr^viov Twv xaaiwv TEp...
vç'vTjTai xaxà xà Ycvpot[u.u.î'vaJ
Tapi [jL£v r;atv xciv àYw^vaj
I o Ttapà 0£ Kuaat'oi; â;to);
tÔv or,u.ov x&Y Kuaaîtov
£v Aiovuffîoi; xai oià ax£ ï^avôi^ai ;]
Kraynjcnt d'u'i décret du peuple de lîargyli.i en «iaiie, en riioiiuciir tlii
peuple de Cynié.
Les Aiov'jîia de [{argylia sont déjà connus NcwIod, C'iitlus, I. Il, p. Si'J).
A côté des foirnulL'S ordinaires des décrets de pioxénie, ce texte en pré-
M-nie d'autre: dmii l'cxiilication est plus malaisée. Je ne sais conunent inter-
piéler le mut EIPE qui Itirmme lu derniéie li^ne, ut qui o.-t liés lisible
sur lus deux eatanipages.
Le dernier fascicule du liulhlin dv coriespomiancc hellénique (juil-
Ict/ coulient uu article de M. (lullignuii sur un inlére^aant bar-relier de
CIlhONInlK r)'()IUi:NT. \2'\
l'époquo allKiiic. icproduit en h(5liot;r.iviire d'apu-s une pliolographie
(le M. Siillniatin ''pi. XVII). Co bas-rolief, rcpn'senlaril iitifi Course d'apo-
liiilf,n t^lf'' 'léctnivcrl en iSsn par M. IJoîin, l'auleur do In bclltî niono-
^lapliic ilic Vroyylii' n, I8s:j, ol si^'nalt'; X ce moment dan.-, le Itulhtin de
rnrrcspnnddtirr hcll(^ni'fiir, ISSO, p. 4(.">. Il élail encasiré dans Ir- rniir
récent i\ droilo de la porte dite de Betdé cl, pour ne pas détruire toute la
muraille, on l'a laissé' en place. Le sujet est le mOme que celui du bas-
relief de la srida d'Oropos, publit^ par Welckor, Alte Dcnkmfyler , II,
pi. I.\, I.), et dans les Monumrnti drli lutititutn, IV, .;. Wilcker avait cm
y reconnaître Amphiarai'i;;, opinion jiislemenl rtjfniée par M. Kmto (l/iV-
tfieduiigen, III, 410). L'àroÇârr,; porte un casque et lient un houclier,
comme il est dit dans le passage d'Eralosthùne, Odastevismi, 13 •. Le style
présente de fnppanles analogies avec celui de la frise de Parthénon-.
.M. W. M. HaiDsay nous écrit d'Ushak ;'i lu date du 12 juillel, pour
nous communiquer des renseignements sur la tournée de quatre semai-
nes qu'il vient de faire en Phrygie. Nous y reviendrons dans notre pro-
chaine Chroni'ivc.
SALO.MOX l'.EI.NACH.
1. llaoa6âTr,v àcniio'.ov lyovTa xai TfdAoyiav ÈTti ty); xîça).r,;. Ce texte, qui a écliappù
à M. Collignon, est signalé par Boeckli à Otfried Millier dans une lettre du l'^'' fé-
vrier 1830 [Briefwethsel zvnschcn Augnst Bœcidi iind Karl Otfried Muidlnr, Leipzig,
1883, p. 272).
2. M. Collignon {■ni. cilé. p. /i59) se fonde sur le texte d'un lexicograplie (Bekker,
Anecdold, p. /|20) pour exprimer l'opinion que l'apoi)ati> est au moment de remon-
ter sur le cliar. Mais ce texte dit simplemcni que i'apobate se servait de la roue du
char pour y monter comme pour en descendre, àjj.a otà toO Tpô/.ou àvEoatvov -/.aî tt-j}:-/
xaTÉoatvov. M. Stillmann, qui a étudié ce petit problème, nous écrit : « Il me parait
certain (|ue I'apobate est en train de descendre du char. Il jette son pied gauche en
avant pour prendre un point d'appui et amortir l'impulsion (jue le véhicule a im-
primée à son corps. Pour s'en assurer, on n'a qu'à descendre du marche-pied d'un
oinnibus en mouvement, on prendra instinctivement la même position que le guer-
rier du bas-relief de l'Acropole. » Nous sommes porté ù partager l'opinion de
M. Stillmann, après avoir répété son expérience.
lUliLlor.RAPIII
Les Protohelvètes ou les premiers colons sur les bords des lacs
de Bienne ot de Neuchàtel. p.ir Victoii (jnoss. Paris, J. Hacr, 18S3, in-Zi"
oo ll.> pngt-» l'i o3 pl.tiiclu» |)li()Uily{Hi\s.
I-C livre dont nous venons de transcrire le lilie osl dcsiiné à rendre do
grands services aux archéolosînes qui (îludicnt les vesiifics, aujourd'hui
non)hreux, des temps antiques pour lesquels les tradilions historiques
font défaut, f.es phololypies qui accompngnenl le texte et qui donnent la
représentation exacte île prés de mille objets, forment i\ elles seules un
précieux albiim, d'où la fantai,-ic et l'iiilerprétation conjecturale sont
complèiemenl écartées. Cet album, k lui seul, serait un recueil préciei x;
hAtons-nous de dire que le texte du docteur riro>s ne fait qu'ajouter une
grande valeur à ces belles planches; rinfaligable aictiéologuc sait èlre
précis, sobre et toujours en garde contre les écarts de l'iuiagination. Celte
réseive est une véritable vertu chez les archéologue-, principalement
chez ceux qui s'occupent spécialement d'anliquilés dites préhistoriques,
et cette vertu est rare.
Depuis plusieurs années, les savants suisses étudient les ruines de ces
agglomérations d'hubilaiions construites sur pilotis au-dessus des eaux
de leurs lacs; depuis 1872, les travaux entrepris pour rectifier des cours
d'eau et assécher des marais ont fait baisser le niveau de certains lacs
et permis aux savants de faire des fouilles métliodiijues et des recherches
directes.
Les conclu-iions que M. le docteur Cross propose, ;\ la suite de sei^ éludes,
sont celles-ci : Les habitaiions la'MisIres pcu\ent avoir duré depuis l'an
3000 avant Jésus-Christ jusqu'au vin" ou au ix* siècle ; les honimes qui les
construisaient, d'une race au moins é^rale aux hommes actuels, vivaient
dans leurs cabanes lacustres et ensevelissaient leurs morts sur le rivage. On
n'a pas eu la chince de retrouver en Suisse des débris qui permissent de
reconsliturr ces habitations, mais l'auttmr rai»[ielle (|ue M. Trank a été
plus heureux en Wurtcmbcri.'; là on a pu con>tater que l'haliitatii n, dans
un quadrilatère de 10 mètres sur 4, était furu)ée d(î deux compartiments,
communiquant par ui.e passerelle : le f(tyer était dans h.' premier.
M. Cro-s admet trois é[)oques bien caractérisées : l,i pierre, le bronze et
le fer; entre chacune de ces époques il y a une période de ttausition.
Sur le» lacs de la Suisse, les habitaiions de l'époque de la pierre sont les
iiiiu.Kiiiiivi-iiii:. 1:27
plus noinbroiisos, les moins impoilantcs comme agglomération, les moins
('loi^iit'os (îu rivnpe. A l'i^poquc dos iiiiMaux, l(!S tiroupcs de huiles sofit
hoai)(()iii) iiiniDs iioinlirenx, beaucoup plus importanlB comme agglomé-
raliou d'iialiitatils, scnsilileinent plus iMoigoés dp la terre ferme.
L'('liO(|uc de la [)ierr(^ doit ^ire ell(;-mûmc j-ultdivisi'e en trois périodes.
Pendant la premit>te, on ne trouve que des olijrîts en pierre du pays; les
haches sont df. jietiles dimensions ; la poterie, des plus grossières. Pendant
la seconde période, les haches sont polies avec soit), quelquefois perforées;
la piiterie i)r(5senle quelques Iraces d'ornerueniation. Il est à remarquer
que l'on employait alors des pierres d'origine éirangc're; M. fiross pense
que ers pierres, venues de tri'>s loin, étaient apporlées par le commerce,
et que ce commerce cessa lor?que l'on commença à se servir du cuivre
pur. au moyen duquel on fabriquait des ol'jels qui, par leurs formes,
n'étaient p.is snns analogie avec leurs similaires en pierre. — Pendant
la troi.sième période, l'usage de la pierie étrangère devient très lare ; on
commence à recueillir des armes et des instruments en cuivre pur, des
outils en bois et en os; la poteiie est singulièrement perfectionnée.
Vient ensuite l'époque du bronze, pendant laquelle M. le docteur Gross
admet coniurreumient les piocédés de la fonte et du martelage, suivant
la nature des objets à fabriquer; il reconnaît néanmoins que le fondeur
a dû commencer dès la troisième période de l'époque de la pierre, alors
que l'on employa le cuivre pur. Les objets décrits dans le texte et reproduits
sur les planche^' forment une collection des plus curieuses; l'auteur, en
présence des nombreux moules qu'il avait retrouvés, conclut que les armes
et les objets en bronze recueillis dans les lacs ont été fabriqués sur place
et ne proviennent pas d'importations. — Il n'aborde pas l'époque du fer,
dont on constate seulement des traces dans l'époque du bronze, parce
que ce métal a été signalé exclusivement à la Tène, où des fouilles sont
entreprises en ce mora>^iit ; on n'est pas encore d'accord, d'ailleurs, sur la
question de savoir si la Tène est vérilablemeul une station la-'ustre.
N'oublions pas, dans ce résumé un peu aride du bel et utile ouvrage
du docteur Gros.', de signaler le soin avec lequel il explique les procédés
de fabrication des h:iches en pierre et des objets en bronze. Ajirès avoir
lu ce livre et avoir étudié les planches, on se trouve en face de plus d'un
problème dont la solution est encore à trouver, lit d'abord, par la com-
paraison avec les pioduils d'autres fouilles, la date approximative de ces
villages lacustres — le mot « cité » me semble un peu pompeux. —
Chacune de ces trois époques représente-t-elle une population homogène,
ou indique-t-elle la superposition de plusieurs inmn'graliotis? Quand
a-l-on renoncé à l'habitude de vivre dms des habitations sur pilotis, isolées
de la terre, et quelle est la race qui a pris l'initiative de ce changement?
Quelle est la civilisation qui a succédé aux Protohelvèles ?
Nous ne doutons pas qu'au delà du Rhin l'édition allemande du livre
dont nous venons de parler, déjà recommandée par .M. le docteur Virchow,
ne reçoive un aussi bon accueil qu'eu France. A. de BARTHÉr.Euv.
1^8
HKvrF. aU('.iik(»i.(>(;k»1'i
Collection des monuments épigraphiquos du Barrois, par M. I kon
Mwr.-W Kni.T Vitrait di'!« Mihii')ii;\- ,lr lu s"o,|,7»' »/»•» /'•//;•»•>■, srimres- et «r/v >/,•
lUtr lt'-l)if ; vol. iii-S, tl»' 'J5 p.ipt's. Paris, Champion.
Sous ce lido. M. !.. Maxo-Wt* ly vient tli' consicrer :\ son piy> nno. in-
ttVps<anlt' (^ludo. Il pi-8<* oti n'viio lo> ic\l»'< lapid linM et les in-ciiplioiis
plus concises qui se liscnl sur dos pla-jucs do mêlai, des fr.i^monls do
verro, des vases en terre, des bagues et des fibules; il riudio ctiMiiie 1rs
nombreux cachets d'oculisies trouvc^s A N.i<ium; rtiliii, il tirmine par
un cliapiirc assez long, consacré aux njonumt'iits faux ou doiileux.
Nousavons rcmarqui^ dans la preinit'Te partie, consacrée aux nionumeiits
JapiJaires de l'époijuc romaine, une nouvelle dissertation sur une ins-
cription du musiV^ de Bar-lc-Duc, dont l'auteur s'était d»^jà orcntii' dans
celle /! t ((^ ' ; ce texte, gravi'- sur un [lilaslrc, e^l ainsi conçu : MOGONVS
INVCIIINVO.
lue inscription trouvée à Fains nubile ('galomont rallcntion. Kn voici
le fac-similé réduit :
La iiremi«"'re ligne est encore à interpréter.
l,'.iutriir rip[i(irli\ dans sa picmière pailie, qu'on lisait : AD POR-
TAM AD INFERNVM sur une pierre (jni recouviait un pniis lempli
d'ossements humains. M. L. Maxe-Werly ne se lail pas le garant de celte
lecture qui lui a été fournie par M. Denis, mais il eiV mieux fait, ;\ notre
sens, dcréservercclle inscription pour Icchapilre des monunientsinvenlés.
1. Année 1870. p. :«99.
niKi.KXWlAlMIII-.
129
Diins l.i secor» 1(î partie est di^crit ini disqiKî <1 ', [iloiiib ayiuit servi j'i for-
mer un vase en verre rempli d'ossemofils calcines; cello pluque porte en
caraclùrcs graves X la pointe :
'^uv
'^'i
X,
'V
Juliae Mellidis et JSaidis mat ris cjus ossa r.ommixta.
Parmi les verres i^pigraphiques qui ont pris place dans la troisiùme
partie, on remarquera un fragment colorié, évidemment d'importation
éipan;^(''fp, comme beaucoup d'autres vas^s trouvés on Gaule. Au lieu des
mots (O NEIA0^2] que M. Diuiis de C tmmercy lis lit sur ce fragmont et
où il voyait une alliiMon au Nil <■' à 1 P.,'V()lo. il y a tout siiiplement le
noind'un potier bien connu, NEIKQN SIAfl vio;).On sait que la ville de
Sidon produisait des verreries estimées; Pline la qualiûo û'artifcx vitri^.
Un débris de poterie noire vernissée présente le texte suivant :
k
ù^t
'"'^}j*^T^it.i^-. \ V ;-!r.,7!nT^&Tê-%i^ ■ ■
1. Nal. Iiist., 1. V, c. xxu; édit. Didot, t. l, p. 222.
111° Sl'ilUF;, T. II.
{'M) HRVIIR AHClIKOMKÎiyrK.
M. !.. .Ma\e-Worly y rcronnaU une di^dicnce fnmilit'Te dont l'auteur,
Ta'inus, pnric un nom di'j\ loiiiui |iar li-s iiumnaifs paiil()i<('<.
On pont citpr cncoro ii.iiini \i'< aiiiiiiiL's ovliuiiit^s A N,ii\, une liiiguo
nvpc la I.^lou.Io : VIVAS tA\j,t) DIV, une lilmlc porlaiit ou relief :
'D VRNACVS. l't une' aulre libulo sur Jnciuelle ou lit eu poinlilh^ :
VROR AMORE TVO. Il est à remartiuer «lue le >e(oud V, dans le des-
sin de la p. 57, a une Tornie toute inodorne; il Cst probable ijue c'est le
résultat d'une erreur de copie.
Un article iuiporlanl donne riuvent.iire îles rnchels d'oculistes recueil-
lis de 1S07 A 1830 sur le territoire de l'antique Masium.
Le clinpitrc des inscriptions fausses est d'une certaine étendue. M. !..
Mave-Werly a disséqué plusieurs de ces spurice acceptées par les nieilleuis
épigiaphisics. et a montré conimont elles étaient composées de lambeaux
pris dans des inscriptions aullionliques.
Nasiura avait été, sous les Homains. la ville la plus importante de la
contrée; aussi lenait-on, en Lorraine, à faire fi^'urer sur des monuments
•on nom, qui ne se rencontre que dans la Géographie de Plolémée et dans
les documents offiricls du iv* siècle, Itinéraire et Notice des provinces,
l'armi les pseudo-antiques décorés du nom de Nasium, nous cileroiis une
inscription inventée en 1842 par un amateur de Ligny-en-l'.arrois, suivant
une dat.gereuse mode qui a duré trop lo[igtemps :
TEN M
QIA FVG ET
REVOC M AD
COLLIVM IN
NASIV
Cette inscription, présentée par une revue locale comme ayant été lue
sur une plaque de bronze, avait attiré l'atlenlion de Duchalais. Cet ar-
ctiéologue, reconnaissant une plaque d'escla\e dans ce monument sup-
posé, avait ainsi développé l'inscripticn :
TEN E ME]
QiV^IA FVG I ET
REVOC AME AD
COELIVM IN
NASIV'M]
Il lui con.'arra un article*; divers épigraphisles, sur la foi de Ducha-
1. finur ,lr Irt Mntsr, t. H, p. Hj3.
nnu.ior.iwpiiiF:. 131
lais, ont admis de confiance le lexlo préciîdonl cl l'ont tnentionni^ dans
leurs ouvrages.
M. [.. Mfixci-Werly f.iit voir conin-'iil co lexle a tUi'; composé an moyn
d'anciennes plaques d'esclaves. Il rappelle que ces p<>.lil8 monumnnta
n'onl iMé jusqu'à ce jour rencontn's qu'à ilotne, ainsi qm* l'a conslatii
M. de Rossi dans un beau travail re[iro(luil pfir le Bullcliu d'archéologie
chrélienne ' .
I/auieur profile de l'occasion pour faire une dissertation sur les objets
antiques connus sous le nom de platjucs d'esclaves. Si les osclavcs ayant
d(''j:i tenté de fuir ont pu subir l'élreinle de solides morceaux de bronze
rivi^s à leur cou, comme l'est de nos jours l'anneau passé à la jambe d'un
forçat, ils se seraient rapidement débarrassés de légères feuilles de niélal
faciles à déchirer, et de disques de bronze ou d'ivoire comme ceux que
l'on conserve au Cabinet des médailles et qui élaicnl pourvus d'une fra-
gile béliére servant ;\ les suspendre au cou. M. L. .Maxo-Werly proposa de
reconnaître dans ces objets des plaques destinées aux chiens; celle hypo-
thèse est très ingénieuse, mais les chiens n'étaient pas les seuls animau.x
pour lesquels ces étiquettes dénonciatrices ont dû s'employer; on a pu
les atlacber éiialement au harnais des chevaux. J'ignore si celte théorie
est nouvelle, mais je la signale en toute confiance à l'altenlion du lec-
teur.
En résumé, la monographie que vient de publier M. L. Maxe-Werly se
recommande par une excellente méthode et par des interprétations
sérieuses, dans lesquelles la part de l'hypolbèse a été restreinte autant
que possible.
P. CnARLES RODERT.
Inscriptions gallo-romaines découvertes dans le département
des Landes, par M. Kmilb Tau.i.kuoi3, arcliivisto de la Sociélii de l5ord;i. la-8,
2i pagi's, 1 planclie ; Uai, J. Jusiére, 1882 (exir. dus Mcmoires du Congrès
scientifiijue de Dax).
Recherches sur la numismatique de la Novempopulanie, depuis
les preiiiirra tein|is jusqu'à iiosjour^, pur M. I'Imii.b Taili.kuois, archiviste de la
Société de Borda. I11-8, 5G pages ; Dax, J. Justère, 1883 (eitr. de% Mëmuires du
Congrès scientifique de Dax).
En 1881 M. Taillebois publiait un mémoire intitulé : Epigraphie dac-
quoise,q\ic nous avons signalé dans celte Revue (février isSl). Avec une
bonne grâce parfaite, l'auteur a tenu compte des ob-ervations dont son
travail avait élé l'objet dans noire compte rendu, et aus.-i des conseils
amicaux de quelques savant^, il l'a repris, amélioré et complété, et sous
cette forme nouvelle il peut aujourd'hui le présenter comme le recueil
des monuments épigrapliiques du dép.iriement des Landes, comprenant
les douze inscriptions qui, par leur provenance ou pir leur contexte,
1. Année ISI^, p. 61 et suiv.
i'M HKVIK AIlCIIKOl.CK.t'.H K.
rcssorliSsi'Ot {\ la ciU^ dos TiirlivUt. Dans ces i-oiulilion?, j(^ n'ai pns i\ pu
ri\»'Mer l'iMogi*. Jt' iic me piTimMlrai tluii<: qii'uin' uMinrqiic sur les adili-
tiotis faites ail travail priniilir. J'y trouve le rra^iiieiit il'iiiMiiiitioa
//// OS
/////MAIIS
qui me paraît l'épitaplio non d un tniisnl, cl encor»! nn»ins d un jnocon-
sul, comme le pense M. iaillebuis, miis celle il'un clirélicti, dalée par
un consnlul antt^iicnr A 377, si réellement nne lettre C, détruiie aujour-
d'hui, a été lue Hvnnt le groupe OS ; auquel cas cellR inscription mutilée
n'en serait pas moins d'un inti^nM oxceplionnel. Peul-i'tre cependant
faut-il ne Aoir dans les leHres OS qu'un lesle du mot (lipusilio. Tue
simple question : a-l-il donc été impo>silde d'olilenu' des reiiseignemonls
précis au [très de M. M -lioé, l'éditeur ies|)oiis,ilile d'une itisiii[ilion in-
trouvable lOVIO MET GEN | AVGSACRVM 1 FIGVLI '
Outre cette monij^raphic épiij'iapliuiue, el i l'occasiun iln con^'res
fcuwilifiqoe de Dtx, M. laillehois a composé un excellent inventaire des
monuinenls numisinatiques de la .Nuvcnii)opulanio. il le divise de la ma-
uiùre suivante :
Période autonome. — Domination ronmine. — Pcriode wisi'yntlo'. — Viriole
mérovingienne. — Viriodc eavtjUwji'nnc. — Véivnle (upciiinne — Munnùes
roy-ilcs. — Pitiiers-nioiéwiie. — Moimaicsfro Iules, liw.ho d'Aijui'iiinc. — Eicclie
d'Ageii. — Cointr de Conniiinyes. — Cuiuli de Bijorre. — Koint^dc l'czenznc.
— Comté d'Annatjnac. — Vieomié de l.omaijne. — Vioiulé d<'. Fcz-uzi>ij>tet^
comtés dArlaiac tt de Par'ii'ic. — Vi omté de lié-trn. — Seiijncuiie de
Lescun. — Ritjmmc de Navarre. — MCdailUs, viMaux, jetons, poiismoné-
tifuriiiC'>.
Suivant l'occurrence, les indications sont positives ou néj;ati\es; lo
clicrchcur sait donc innuédialeiiieiit à. quoi s'en tenir sur telle on telle
partie de la numismatique de lu Ituyeime depuis l'antiquité jusqu'aux
temps modernes. Le travail de M. Tuiiiebuis est donc fort utile et com-
mode ù consulter. Nous l'engageons néanmoins à se tenir en garde contre
li: système qui con>iste à id^nlilier, bon gré mal gré, les nt)ms inscrits
sur des monnaies gauloises avec ceux des cliefs mentionnés pir César.
H nous est également impossible d'admetire que la légende COVS>ignino
i'ouscrani pour ('onsorani, sous prétexte qijc le mol écrit »' l;oI)^erallS » so
prononce en même temps ('oit>cra}is dans la localité.
ItoUEvT Mi'WAT.
Ménioiro aur les découvertes do Sanxoy, p:ii le P. vv. i.a Choix, l'aris,
L'iiiuii gniéralu du lu liliruiriu.
Sous ce titre, I ■ I' de la Croiv, i nui le monde S(ienli!ii|ne doit déjà la
lllHI.IOdllAI'IIMÎ. l'I'î
di^couvcMe d(i 17jj/;)0(/('; tnarlyriitm do l'uiliers, vient de publier i VL'niou
fjéniii'itle du la U'iraint:, ll.iin' de I'AI)l)ay(!, à l'aiis, une hrocliure des
plus iiiléressniilcs ^ul• lu di'couverle dci .intiqinli'.s de Sirixay. Ces arili-
quilt^s con.-isU'Ut [)r ii)('i|».ileiiienl vu un liiupli', un b linéaire el vu
Ihéillre de va-les dimeuàious. O, sont les ruitii'S rotnaine? b-s plus ron>i-
déraldes déctiuvcrlcs X ndre épugue. Au point de vue de l'iur-liéoUgie el
de notre histoire naliouiile ces maguiliques débris oui allm'' depuis long-
temps l'alteutiou de l'hâtai, qui se lait un devoir d'a-stirer la conservation
de tout ce (jui se rapporte i l'histoire nalionalc de la l-'rauce. .X.
Catalogue des figurines antiques de terre cuite du musée du
Louvre, \n\v l,fo.\ Uhiiey, coiiscrviueur des uiuiduités oiii-males, inuinbrc du
riiisiHui; iii-lS, 1882.
Nous sommes heureux d'aniioiicor rap[);irilion d'un Catalogue arcliéo-
logiquo du musre du Louvre. Plus d'une fuis les \i>ilt'urs ont pu s'éton-
ner de ne pas avoir sous lu main uu guide qui leur pei mît de comprendre
et d'apprécier les objets rassemblés d.ms les vitrines, el, de leur côlé, les
archi'ologues réclamaiont l'inventaire exact di-s richesses céramiques que
conlieul notre musée. L'admiui»tralion du Louvre veut prouver sa bonne
volonté envers le public el son zèle pour la science en comblant cette
la( une; nous ne pouvons que l'eu félicibii. (l'est à l'iiiiiialive du savant
consirvateur des antiquités orientales, M. lleiiz'-y, que nous devons le
premier volume d'un Cutalogm; lies fiiiurincs antiques de terre cuite damusde
du Louvre (Paris, Impr. réunies, Ib82), qui suit de près et complète la
1)' lie publication de pUuK bes gravées laite par les soins du tnéme auteur
{Les fiijiilines antitjw s de terre cuite du mu'Ce du Lo'ivre, n\ec planches
gradées [lar A. J'ccpiei ; p.iris, Mjrel). La lecture de ce petit volume
prouve auipltment que le public n'-i rien perdu à attendre. L'aulcur fait
d'ailleurs remarquer que noire iiius-'C est le premier en Europe à com-
mencer la publication mi'lhodique de ses terres cuites.
Malgré uu litre et un lormat liés moilestes, l'ouvruiîe de M. Ileuzey
n'est pas autic chose qu'une « hi-toire de la plastique ancienne par les
peiiies images de terre cuite ->>. Ce premier volume nous montre les débuts
et le développemenl de ce genre de céramique dans les pays orientaux.
Les terres cuiles ph ni:ieuiies, cypriotes, ihodienues, sont beaucoup
moins connues du public que les figurine- grecques de Tanagra; mais on
se rend compte, a\tc le livre de M. lleuzey, qu'elles sont peul-étrc plus
importantes dans l'hi.-toire de l'art.
L'auteur a dû d'abord, au prix de compaiai^ons minutieuses et pa-
tientes, classer et cataloguer les noud)reux liagments du mu.-ée. Ce pre-
mier Il avait lermioé (et ce n'était pas le moins délicai), il a \)U étudier
s iccessivement les terres cuiles en Ë^^'yple, en .Vssyrie, en Babylonie et
en Chaldée, en Pliéuicie, dans les îles de Chypre et de Ilholes.
L Lgyple est le berceau de celle industrie, comme celui de tous les
arl;; mais ou y a surtout fabriqué un genre de ligurines qu'on nomme
134 REVUE ARCHÉOLOGIQUR.
improprement porcelaines, faïences éijyptknnes, cl que M. llei)zéy range
avec inisiMi dans la classe des terres cuites verniss(^rs. Ce qu'elles présen-
tent do plus inti^iessant est une série (i'imaijes religieuses où M. llcuzey
reconnaît le prololypc de corlaines lij^uies grecques. Du type d'i>i-< allai-
tant le petit Horu3 dérivent les di^esses courolrophes; de la im'^mf dt^qsse
associiîe à sa sœur Ne[>hlliys, l'union de Démi'ler cl de Koré; d'ilorus se
liMant le doigt, Ilarpocrale, dieu du silence ; de l'c^pcrvier à l<*te liuniaine,
la Ilarpye el la SirC-iie. M. Ileuzey s'empresse d'ajouter que tous ces rap-
prochements n'ont pas « la valeur de fuils démontrés »; mais ce sont là
des aperçus ingénieux et féconds qui fout entrevoir l'inlime union do
l'Kgyple el de la Grèce dans l'histoire de la plastique el l'originalité du
génie grec dans la manière dont il transforme les types orientaux.
Kn A.-syrie, nous retrouvons encore le type des idoles grecques primi-
tives dans ces maquettes grossières à bec d'oiseau qui sont modelées i la
main. Dans les figurines de Babylonie et de Chaldée, M. Heuzey signale
un caractère oriental cl archaïque, analogue au style égyptien, « qui doit
faire réfléchir les archéologues ». Car jusqu'à présent on les considérait
comme étant de basse époque. M. Heuzey les croit au contraire produites
par un art fort ancien, qu'il est intéressant de comparer avec les statues
de diorile récemment découvertes par M. de Sarzec. L'auteur montre
encore, par les mêmes rapprochements heureux avec l'art grec, que
l'image de la Vénus nue était, dès la plus haute antiquité, familière aux
peuples de l'Orient; certain type, (]ui représente la déesse sous une
forme grossière on indécente, s'est idéalisé et purifié au contact du génie
grec, à tel point que, « par un miracle de l'art, le geste éhonté des an-
ciennes déesses orientales deviendra, dans l'Aphrodite grecque, l'expression
même de la pudeur ». Plus loin, il nous explique l'origine des poupées
nues articulées, fréquentes dans les tombeaux grecs, et qui paraissent se
rattacher par une antique filiation aux figures de l'Aphrodite-Artémis
babylonienne. Ailleurs, c'est le repas funèbre où la figurine a l'atiilude
donnée aux dieux dans les festins sacrés ou dans les leclisternes d'origine
orientale.
i,e chapitre sur la l'hénicie est un des plus intéressants et des plus
importants pour l'Iiisloire de l'art. Il résume et complète le peu que nous
savons sur ces navigateurs actifs el industrieux, qui se sont faits partout
les agents de la civilisation orientale. M. Heuzey établit, avec ses simples
figurines de terre cuite, un fait capital qu'on entrevoyait déjà, mais qui
n'avait pas encore été démontré par des preu\eâ aussi palpables. C'est
que le génie des Phéniciens est resté enfermé d ms les hornes de leur
commerce maritime et qu'ils n'ont rien inventé en art. Us ont subi l'in-
fluence de l'Assyrie, qui ajiparali dans les terres cuites les plus anciennes ;
c'est le style pseudo-asuyriai. i/inilucnce égyptienne a laissé sa trace dans
une série de divinités où le dieu Iles, nain groles(|Ut;, lient uni; grande
place; c'est le style jisewlj-i^'jyplicn. l'jilin, une troisième catégorie, com-
posée de déesses assises ou debout, présente tous les caraclércs de Var-
IIIBLIOGUAI'IIIK. i'A'i
chaisme grec. L'opinion généralement admise est qu'il faut chercher dans
les œuvres phéniciennes les i)reniiers lAtonnemonts d'un art primitif qui,
transmis par les Phéniciens aux Grecs, so serait perfectionné entre les
mains de ces derniers. M. Ilcuzey contredit hardiment cette [hiae, et,
selon nous, introduit une idée nouvelle et juste, dont on n'a pas tenu
assez lie compte dans l'histoire des ori^çines do l'urt {;rcc. ('/est ce qu'il
appelle VdrJion en rctcur de rarcliaisnie hellénique. i'.Q sont les IMiéiiiciens
qui £c sont faits les élèves d'une école purement hellénique qui tlorissait
au vi' siècle dans les colonies d'Asie Mineure. Les terres cuites rhodien-
nes achèveront de démontrer ce fait important.
La même idée domine dans le chapitre, consacré à l'Ile de Chypre, et
là nous sommes heureux de nous rencontrer avec le savant conservateur
du Louvre pour attribuer à celte action en retour le style de certains mo-
numents qu'on a trop longlemps considérés comme les prototypes des
formf s grecques (V. un article sur les hypogées doriques de Néa-Paj)lios,
dans le Ihillct. de corr. hellén., IV, p. 4y7-oO."i). Dans une introduction très
détaillée, M. Ilcuzey diMnonlre que dès le vni" siècle environ lu civilisation
hellénique a pénétré dans l'île. « Le style cypriote n'est en somme, comme
l'ancien style étrusque, qu'une branche de l'archaïsme grec. » Mais les
Cypriotes restent plus que les Phéniciens attachés aux traditions orien-
tales. Les coiffures, les costumes sont asiatiques. Aux époques les plus
avancées, on trouve des retours imprévus vers les formes orientales. En
résumé, M. Heuzey caractérise ainsi les dilTérenles phases de l'histoire
de Chypre : 1*» Existence à Chypre d'une population compacte de race
grecque refoulant de très bonne heure les anciens habitants de race
orientale, probablement syrienne; 2° influence de l'Egypte et surtout de
l'Assyrie, s'excrçant par l'intermédiaire des Phéniciens; 3° contagion de
la civilisation hellénique, pénétrant dans l'ile dès le viii'^ siècle environ
et y devenant peu à peu dominante; 4° persistance de l'élément oriental
et phénicien, dont l'influence reste considérable jusqu'à la conquête ma-
cédonienne. — Au courant de l'étude qu'il fait des diverses fabriques de
l'île, M. Heuzey trouve encore un argument pour prouver l'importation
du style hellénique à Chypre. C'est qu'après les ébauches enfantines de
la fabrique locale de Kittion, on voit apparaître sans transition, sur le
même point, une fabrique grecque supérieure à toutes celles qu'on a ren-
contrées jusqu'ici. C'est le beau style du iv« siècle transporté de toutes
pièces sur la terre cypriote par des artistes venus de Grèce. On y voit
aussi que les nouveaux venus, par cet esprit d'assimilation si remarquable
chez leur race, s'ingénient à conserver les types de la religion locale. Ce
n'est pas un Olympe grec complet qu'ils représentent; c'est surtout le
cycle d'Aphrodite et de Déméter. Ils associent, avec un rare bonheur,
l'esprit oriental à la sublime pureté des formes grecques.
iNous arrivons à l'île de Rhodes, où M. Heuzey constate une originalité
d'exécution beaucoup plus grande dans les terres cuites. Rhodes est, en
effet, la forteretse avancée du monde hellénique du côté de l'Orient. Dès
|;j|) IIIVIK AHCiiKoi.or.iorK.
l'nnJiqnil»^ !« I'lii> li»»''*'- '' •'sl question dos nrlisîos rhoiiii'ns qui faiiri-
quont tIfs slaliios iiuTvi'ilIpusos, somhlaMcs ù dos iMres anirnéi. C'est ver**
le XI* si^ele avant notre ore que les colons dorions s'rlalili8>onl dans l'Ile.
i!< V «ronvent dos traditions |.honicionno.> foiloinotil ôlal)lio,-< ; mais ils ap-
poiifnl avoc eux nn {jônio capable de transronnor lapidi mont les élé-
inentsi'lian-'ers. Kn ((Tet, les 'pins anciennes ^latuollos, on terre vernissée,
portent la inarqno du style ô^-yptien, venu par la Plii-nicie. Mais dans U-s
terre> cui'os propri iivMit dilos, cotnnip dans les vases jjoints ol les hijou\
d'or, on nconnalt un style priiniiif i|ni \a progressant pou i peu. 11 n'y a
pas là do tran>ition hrnsqne, de <■■ coupure ». On a>>is|o au coniiilcl dô-
Tcloppeinont dis fornios, depuis les rudes o^sais d'une imluslrie naissante
jusqu'à rôpanouisscntonl des formes grecques archaïques. Les visages
proiinonl te soutire forcé et cotte ol.liquité exagi^réc des yeux qui sont
nn trait de l'ancien style lielléniquo ; les chevolnros se divisoni on longues
bouclera la mode ^'rec(nie; ce qui ost plus carailérislique enrore, on
ps^ave de rendre les ondulations des draperies, le icliof des pli-;. Tous
ces détails prouvent un art créateur et original. Loin donc d'aliribuor à
rinfliionce phénicienne la fornialion de l'art rhodien, M. Ilcuzey pense
que les Phéniciens, faciloniciil épris des productions élranj^^ros, se sont
faits les élèves des Grecs à cette époque. Ainsi s'o.\pli(]iie pour<iuoi l'un
trouve en Pbénicie des figurines tout à fait semhlatilos à celles do (^ami-
ros. On entrevoit à Rhodes une grande école grecque primitive, à laquelle
se i al tachent en plastique les figures assises de la voie des HraiK hides cl
la statue de S.mios lércmment tiécouveric par M. P. Girard. l/\ semble
être la source de l'archaï-mo grec.
On voit combien de questions délicates et intéressantes soulève l'étude
de M. Ileuzey, avec quelle silrolé de méthode il essaye de résoudre ces
difficiles pioblémes qui touchent aux origines niCmes de l'art grec. Deux
idées fécondes sont parliculiororaonl mises en reliof: la transformation
des types orientaux dans les figures grecques et l'action on retour de l'ar-
chaïsme hellét;iqi!e.
Ce premier volume fait vivement désirer que l'auteur nous donne
biontfil la suiîe de l'ouvrage et aborde avec la même pénétr-ation de cri-
tique If-s fi:;urines de la Grèce proprement dite. Il prouve en même temps
qne la be.-ognc dos catalogues, trop sou\enl corr^idérée comme aride et
peu profitable, dcvieirl au contraire une élude de goiil ol de haute éru-
dition entre les mains d'un homme compétent. F. PoTTiEn.
EXPLORATION
TEUUAl^S TEUTIAIUES DE ÏIIEAAY
LES SILEX QUI EN PHOVIENiNENï PORTENT-ILS DES TRACES
DE TRAVAIL IIUMAL\7
lUilipoil à M. Alexan/Jrc Ikvlrmid '.
Mon cher Directeur,
J\ii l'honneur de vous rendre compte de la mission dont vous
m'avez chargé à Tlienay.
A mon arrivée ;\ Ponl-Levoy, je me suis mis en rapport avec
M. Tabbé Bourgeois, je lui ai communiqué le but de ma mi>sion, en
lui demandant quL'lijues renseignements sur l'emplacement qu'il
serait préférable de l'ouiller.
j'ai trouvé chez lui l'accueil le plus aimable et il a voulu me coa-
duire lui-même à Thenay.
M. Tiibbé Bouigeois m'a f.iit voir divers emplacements où il avait
recueilli des silex, tant sur une beige 'le la roule où les silex so.it
apparents que dans les tranchées ouvertes dans le sol par ses soins.
J'ai de concert avec lui choisi remplacement (lui m'a paru le \)\\.\?<
1. Ce rapport a ctû éciit il y a dix ans. J'ai ou l'occasion do i'anaiyscr dans mon
cours de l'Ecole du Louvre, le veudredi IG fiécombre 1S82. Mes auditeurs oiitpensé
qu'il ct.iit utile de le publier. Je me rends à leur avis. Voir, pour com|)léineni de
renseignements sur la questionj la note de M. A.Daniour inséréû dans le numéro de
dccembre 1882 de celle même Rtivue, page a59 ; note ayant pour litre : L/is st/t-x
du terrain tcrtinirc de Thenay. Alexandre RERTr.AXD.
111' siinit, T. 11. — 10
13S RKVUK AHClIKOLOlUgUR.
favoinlilo. ('< t finpIariMnoMl osl sitm'' au lioid tlii iilalonu (loiiiiiiaiit
unr ptMitc qui iloil apparU'Uir à l'ancu'n lilil'un llciivi-oii rciuï'seii-
ter les bords escarpés d'un nncirn lac.
Le liTpain fouilli' a li-s dimensions suivantes : .'i"',t() de liauieur el
T) uuMres sur '.\ mètres de surface, ce (jul donne M mètres cubes de
terre remuée.
Cet emplacement est peu éloigné des points où .M, l'ahijé Hourijccis
avait recueilli précedenimcnl des silex.
La coupe se divise en onze couches horizontales de dimensions
diverses qyie je vais examiner succ'ssivenu'nt de haut en bas. (Voir
pi. XVIll et XiX.)
iMŒ.MiÈnii; coiciii:.
Terre vc'.^élale, ^0 l'cnliiiiètres d'épaisseur, cuntenanl un certain
nombre de pierres calcaires amenées à la surface par le travail de
la charrue.
DEUXIÈME COUCHE.
Marne blanche renfermant une très urande quantiié de gros
roi^nons calcaires de 15 à "20 ciMitiniètres de diamètre, dont nous
avons déjà trouvé les traces dans la couche précédente; celte couche
est de U centimètres d'épaisseur.
THOlSltMIi COUCHE.
Lit de marne pure légèrement vcrdâtre, d'une épaisseur de \2 cen-
timètres. Je n'ai trouvé dans celle couche aucune trace de pierre
(juclconciue.
QUATRIÈME COUCHE.
Autre couche de marne de 4C ceniimMres d'épaisseur, d'utie cou-
leur rouseâtre. Les pierres y reparaissent en petite quantité et sonl
de dimensions moindres que dans les couches I 1. 1 i.
CINQUIÈME coi'cin:.
Lit de calcaire de i2 cenlimélres seulemenl d'épaisseur, qui se
IXI'LOUATION Di;S TICHIlAINs Ti;|ill\mi;s Dl. TIIK.N.W. i.i'J
iliîlile on deux couclies, et se (lélachc cii iiiorei-aiix de U cculiiiit'lrcs
d'épaisseur et de 20 ù 30 eeiilinièUes de longueur.
sixiK.Mii Djucm;.
M.irnc rousse d'une épaisseur do 50 ccnlimèlres, dans laquelle il
n'y av.iil que ({uelques pctils calcaires.
SEPTIÈME COUCHE.
Lit de rognons calcaires assez arrondis, d'uije grosseur de li à
13 ccnlimèlres.
HUITIÈME COUCHE.
Je nie retrouve de nouveau en iirésence d'une couche de marne
rousse de 55 cenliniètrcs d'épaisseur : les pierres reparaissent, elles
sont de moyenne grosseur.
NEUVIÈME COUCHE.
Apparaît une espèce de gros pavage formé par iles rognons cal-
caires de 30 à 50 ccnlimèlres sur 20 centimèlres d'é;):usseur.
DIXIÈME COUCHE.
C'est dans cette dixième couche que nous rencontrons les silex
pour la première noyés fois, dans une espèce de marne sablonneuse de
33 centimèlres d'épaisseur et d'une couleur roussâlre; les silex sont
brisés en fragments et de dimensions diverses, beau'joup paraissent
biùlés. Dans un des rognons calcaires qui couvrent cette couche un
morceau de silex était enchâssé; j'ai voulu casser le uiorceau lie cal-
caire pour garder le silex en place, mais je n'ai pu réussir; le coup
que j'ai porté l'a fait sortir de sa place.
ONZIÈME COUCHE.
La onzième et dernière couche, d'argile verte très grasse, d'une
épaisseur de 35 centimètres, est celle qui contient la plus grande
quantité de silex également cassés; beaucoup sont craquelés. Quel-
ques-uns de ces derniers reposaient sur le fond de la couche. Le fond
1 II» m \ 1 i: Mu:iiû)H»i;igrK.
ilf celte ilernit'ic couche était fornir d'une épaisseur de résidus df
silex calt iné^, ilVsiiuilles, et de débris calcaires ayant iineépais^-cnr
de 10 à 12 cenliuirlrcs; [.• loul forniail un auialj^nnie avec r,ir{,'ile,
qui lui donnait l'aspect diiuc ain».
Je crois (jue celle couche de résidus est le résultat du clioc des
silex les uns contre lesautres, occasionné par un j,'raiid courant d'eau
(|ui les a entraînés lii où nous les trouvons. Ces résidus sont pour la
jdui>art rougi sou roses, couleur (|u'i!s prennent «|uand ils ont passé
j'ar II' feu.
J'iii f.iil percer celle couche île lésjdus, et crcu.H'r jus(iu*à 80 cen-
liniélres plus bas cpic les siiex .-ans pouvoir traverser la couche
argileuse. Ia-Uc petite fouille na produit (luc quchjues mauvais
rognons calcaires.
Les silex recueillis par moi ne portent aucune trace de percus-
sion. Le perculeur fait des éclats avec bulbe très rcconnaissables,
qui ne m'auraient pas échappé ; or j'ai techerché en vain la trace
■ ■\.\\ seul bulbe sur une masse de cimi mille sept cent (|uatre-vingt-
neuf silex qui onl passé un à un par mes mains.
Je crois, après cel examen, pouvoir dire (pie nous ne >ommes pas
en présence d'un atelier. Dans un alelier on trouve toujours des
fragments ou des nucléus qui repiésenlent ce qui reste des silex,
après les éclats obtenus à l'aide des percuteurs; iti on ne rctronve
ni perculeur, ni nucléus,
La cause du LrisemenL des silex ne me paiail d'ailleurs pas élrc
un choc volontaire ; elle est due, suivant moi, à l'action du feu ou
dun cliangeinent de température. Ceux qui proviennent de mes
fouilles l'indiquent d'une façon incontestaiile.
J'ai fait des expériences avec le feu sur les sikx alin de me
rendre un compte exact de l'elTet (]U6 produisait la chaleur sur les
silex. Je les ai chauffés à dilTérents degrés, puis saisis par le froid,
qui les a fait éclater.
Les éclats obtenus ainsi étaient en foui semblables h ceux de mes
fouilles.
1. — J'ai fait des expéricDces avec le pircuteur sur les mêmes
Mle\, el, quoique manquant d'expérience et d'adresse pour ce genre
de Iravjil, j'di obli-nu des éilats avec bulbe qui m'ont laissé d'S
nucléus. Les pierres dont je me servais comme percuteurs conser-
vaient des traces blanchâtres très visibles t]v<, chocs qu'elles avaient
donnés.
i;\l-l.()U\ri(i.\ DKS IM'.ltAlNS TKI'.TIAIHKS 1)1 illl .NAV. 141
D'ailleurs co iKiv.iil ,i pu ;i^|iril liicn (lilTércnl, les casses ne
ITSSeniliit rit en l icil à irljr^ des silex (l(.' IIHÎS fouilk'i^.
2. — niiclijiics IVa|4iii('!iIs ijiii imuiI rit'' (lui: lit's jcii 1)1 l'ilr.- siii' les
nnglos ont nu asiiccl de pciculi iir :i pictnit'ic vue, mais cri y regar-
dant liicii on l'enianiin:' niu' irrainlf (|nanlilt'' de cavités .;'rariuleuscs
j'aiies |iai- le drparl de (x'iilr:; pari-cilcs de silex (|ui, je suppose, se
trouvaient plus rapprochées du l'eu. Ou peut s'en rendre compte fa-
rileinent. Le fond de tous ces pelils ériafs est luisant; le percuteur
au conlrair-e est mal à l'endi'oit où il a frappé, ce (lui peut faire i-e-
connaîh'e parfaitement la dilîérence qui exi?te entre un perruteur et
un silex brOlé sirr ses angles.
J'ai trouvé (jnelques silex (|ui ont ;^ur leurs tranchants des ébré-
chures, généralement très petites. (Jn en li'ouve exceptionnellement
d'un peu plus grandes, de ci, de là, sur les silex, mais sans suite de
continuité; elles sorrt disposées ù droite et à gauche des tranchants
sur la plupart des silex. 11 n'y a que des chocs sur les tr"ai»chanls qui
puissent produire des éclats disposés de cette façon. Ces éhré-
chur'cs n'unt aucunement le caractère d'ébréchures intentionnelles.
J'ai fouillé sur trois auli"es points, où j'ai li'ouvè la mémo couche
(l'argile verdâtre el des silex noirs cassés de la même façon. Ces
trois petites fouilles étaient éloignées de la grande, la première de
10 mèlr-es, la seconde de iO mètres et la tr'oisième de 120 mètres
environ.
J'ai cherché avec la plus grande conscience là comme précédem-
ment les ti-aces d'un ti-avail de main d'homme, je n'ai trouvé que
des silex qui n'ont aucune for-rae d'outil.
Tous ceux qui avaient de petites ébréchurcs je les ai mis de côté
afin qu'ils puissent être examinés.
3. — Tout ce que j'ai pu con-^Liler ce sont des silex en assez gr-an I
nombre ébiécliés ou émoussés su»' leui's boids comme seraienL des
cailloux qui ont été bousculés ou roulOs. Non pas que je veuille les
comparer aux silex qu'on trouve sur la plage du Trépor t, que nous
avons examinés ensemble; car ceux-là sont i-oulés tous les jour's, et
par consé(|uent très usés ^ur les angles; toutefois les ébréchures qui
existent sur les angles n'ont pu se fair-e qu'à l'aide de chocs assez
forts ou (le pressions assez puissantes. La disposition de ces ébi'é-
chur'es indique parfaitement qu'elles sont punnijut accidentelles.
Un remarque sur toutes les parties d'angle de petits éclats qui for-
ment l'ébiTcbure; ces éclats sont à cheval sur l'angle, c'est-à-dire
I V2 HKViT vncni^oi.nr.iQrF.
t'claU's à (iroil(' et à fj.iuche, oo <|iii indiinh' bien (|a'ils soiil lo pro-
iliiil ilo chocs ou de pressions siii'i't'^sivt'-; smk mriliolc vonlui' tîl
piirtMiitMil accidenlt'ls.
Si on pouvait rccoiislilucr la li)pogr.i|ilii(' Irrliun' do Tln-nay, il
se pourrait que bien des liypothêscs fussi'iit n-duilcs au silence; en
tout cas, tons les dires proMéinaticiues sur la venue des silex oil
nous les trouvons ne sont ccrliiiu nient pas juslKiéés.
Mais si ces nii^iiies silex avaient (té hriihs volonlairemenl comme le
croil M. l'ahbé Bourgeois il y aurait des foyers çà cl la sur le plateau,
pn^s dest|ue!s on ntrouvcrait du charbon, maliiTe ind.'sti uclible.
Pans ces foyers il y aurait des niasses consiJér ildes de débris de
silex. Eh bien, rien de tout cela. Au contraire, dans toiMe l'élondue
du plateau tertiaire, nous trouvons les silex répartis sur une épais-
seur de 70 centimètres.
Nous avons dit jue cette couche de marne de 70 centimètres où
se trouvent les silex prétendus iravaillés arrive h l'aflleu-
remenl d'un versant (jui devait être le lit dun grand cours d'eau h
i't^ioque tertiaire ; dans le fond de ce lit coule encore actuellement
un petit ruisseau.
On a le <lioit de conjecturer que le mouvement des eaux torren-
tielles a entraîné les silex et les a rejités sur le bord du cours d'eau
et juscjue sur les berges. Quebiues-uns de ces silex étaient calcinés,
e par consé(jueiit beaucoup moins résistants; ce sont ceux là qui se
sont désagrégés et ont produit la grande quantité de petits résidus
constatée au fond de la couche : ces résidus sont si nombreux qu'ils
donnent à la couche d'argile l'aspect (i'un véritable pouding.
Celte couche de résidus n'a pu être produite que par un grand et
rapide courant d'eau. On pourra les examiner au musée.
M. l'abbé Bourgeois croil (jue si l'action du feu est bien constatée
il y a Ij une [)reuve certaine de la présence de l'Iiomme,
Je crois h Taclion du feu sur les silex, mais cela ne prouve pas la
présence de Ihomme.
Pour (jue le feu éclate, dans des bois de bruyères, d'ajoncs, de
genêts ou de grandes herbes sèches, il suftit de ta foudre'. Un pareil
1. L'incendie; produit par l.i foudre est un fait moins ran* qu'on no serait tenté de
le croire. Des faits tout récents, recueillis dans les journaiu, en font foi. \%r 1" lu
/♦^/(u/y/iV/ur />rt/<{7iiV, numéro du 11 juin IHS.J, annonçant la destruction par la
foudru ù MaIlell•;^te^, de grnnds Diaguhiiis do coion; '2" le Vottuire^ numéro du
U juillet 1883, où nous lisons ({ue « le feu du ciel ist touillé sur l'église do Bcrtliès,
arr ndissciiiciil do Hazas, et l'a incendiée, il n'en reste plus quo les ojurs. m
{Nittc iiililHinnni'lk de /'niik-ur.)
F.\I'l()I(\T|0\ lU'S li:tt!t\(N^ TF.HTIMUKS r»!', TIII'NW. \ ','.1
irifcndic allmnr pir la loiidrfi a tns bien pu bnllor les c lilloiix (|iij
se ti'Oiivaictit pir-; de 1 1 sur face du sol, cl écliaiilTiM' assez forliMucnt
le sol pour (pio ceux <|iii n'en ('laieiil pas trop éloignés aieril été
assez cliaiilTés pour éclater, loiit en étant i\ l'abri de la violcriee du
feu. (le (|iii ex(di(iiierait poiin|iioi nous avons des silex ealririés et
d'autres éclatés égaleuiont par la chaleur, mais non calcinés pai' un
feu violi.'nt et dii'iict comme beaucoup de pièces eu portent la trace.
(louiment admettre qui; les hommes qui avaient le silex li pro-
fusion n'auraient pas eu l'idée de faire des éclats avec les l'ognons
de silex ou même les biiser sans méthode en le? fra[)pant tout sim-
plement l'un contre l'autre, ce qui leur aurait donné des éclats bien
supérieurs i\ ceux qu'on leur attribue, et un silex plus résistant que
Celui qui a élé brûlé.
Voilà (jui paraît bien surpicnant ; eh bien, ces mômes hommes on
les fait les inventeurs du travail le plus tin, de la fine retouche ou
retaille, ce travail que l'on regarde à toutes les époques de la pierre
comme le travail le plus perfectionné. Ce système me paraît le ren-
versement de toute logique.
4. — Mais laissons là les hypothèses. Parlons des silex que nous
avons en si grand nombre entre les mains. Nous les avons examinés
avec la plus grande attention et nous croyons pouvoir alTirmer que les
ébréchures (|ui existent sur ces silex, sans exception aucune, sont,
comme nous l'avons déjà dit, purement accidentelles; elles ont été
occasionnées par des chocs qui ont déterminé les petits éclats qui s'y
voient. La disposition des éclats à droite et à gauche des tranchants
ou angles des silex prouve assez, nous le répétons, qu'ils ont élé pro-
duits par des chocs de pur hasard, où la main de l'homme n'est pour
rien. — Ajoutons que les fouilles faites par M. l'abbé Bourgeois et
les miennes n'ont produit aucune pièce (jui aille volume ou la forme
d'une arme ou d'un oulil, pouvant servir à quoi que ce soit.
M. l'abbé Bourgeois m'a fait voir une carrière à silex à une petite
distance de mes fouilles; il m'a dit que l'on tirait le silex de cet
endroit à l'époque tertiaire; mais lorsque j'ai eu en mains les pièces
provenant de mes fouilles je me suis demandé si c'étaient bien là les
outils qui pouvaient servir à faire l'ouverture de la carrière pour en
extraire les rognons. Il est certain que ces silex n'ont pas pu servir à
faire ce travail, pas plus qu'à l'extraction des silex de la carrière. Il
eût fallu pour cela des outils d'une tout autre puissance. Il est maté-
riellement impossible que l'on puisse faire un travail semblable
môme avec les plus beaux spécimens qui nous ont été présentés à
l'ij IIKVIK MICUKOLOCIQL'K.
lilro ilo piocrs lU' ili'tix cl . -01111110 des type-^ 'lu ii i\ iH lii- riioiiiiiii:
tertiaire de Thenny.
On ne pout s'arriMcr .iiirim» un iiislaiil, à iiiu' |i:inilli' liypnllièsc.
Lorsijue mes fomlli's ont clé li'rmiiiées .1 Tlien.iy, M. l'ahlu'; Bour-
geois m'a demandt' si j'étais bien conviincn de la prtVscnce de
riiomm<\ Jt' lui ai dit (]n*apr('> avoir cxaiiiinr' avec le plus |j:rand
soin tous lt\s s:lt'K provenant de mes fouillfs, les petits e .mnic l«'s
gros, j'étais iiioins convaincu (]ue jamais, n'ayant pu irouvrr sur les
sile\ aucune trace d'un travail voulu et fait de m lin (riioninie, ni
dans les casses des gros silex non jdiis «pie dans les élnccliuics iju'on
prend pour des retouches faites de main iriiomnic.
Je n'ai pas caché à M. l'abbé Bourgeois (jue j'aurais préféré pou-
voir lui dire que jetais de son avis; mais en matière de science la
complaisance n'est pas permise, et j'ai dû ne pas lui laisser i^morer
que mes fouilles, à mes yeux, parlaient hautement contre sa manière
de voir.
Agréez, je vous piie, mon cher Diredeur, l'assurance de mon
profond respect.
ABi:i. MAlTRi:.
l'-f juillet 1873.
Depuis t.S73 aucun fuit nouveau n'est venu iiilirnier les conclusions de
ce rappoil. Ces traces de la main de l'honunc sur les silex de Theiiay
àoiil de plus en plus cunle.-lées par les hommes de science. Il n'est même
pas bien tùr, aujourd hui, que ces silex aient sul;i l'aclion du feu. M. Da-
inour, si ion)p6ienl en pareille malière, après avoir examiné avec soin la
coUeciion du musée de Sainl-Gcrmaiu, déclare que l'.illrralion consi.itée
à la surface de ces siiex, même !e> craquelures, peuvent s'expliquer par
des Cciuscs naturelles autres que l'aciion du feu. S'd n en faut pas ron-
cUire que llionime nexislail pas à l'époque leriidre, il faut avouer au
moins que les preuves de son exisience duivenl èlre cherchées ailleurs.
Ai.iiXAMUu-; m: HT n AND.
V sci^embre 1883.
r\
GLAIVE EN BRONZE
DU XIV SlfsCr.E AVANT NOTRE Î.FiE
Longpérier, en 187.-», lisail à l'Académie dos inscriptions unM nnli'
concernant les représentations de ligures humaines en hronze les
plus anciennes que nous connaissions.
Après avoir cité la Canéphore* trouvée à Afadj, prés dos bords
de l'Eiiplirale, sur le vêlement de Iaf|uclle est tracée une longue
inscription cunéiforme lue par M. Jules Opperl, qui y reconnaît les
noms du roi Koudourmapouk et de son fils, l'illustre académicien
taisait rcmanjner que ces rois n[tp;irleiiaient à l.i dynastie sémitique
de Babylone et que le règne de Koudourmapouk, qui prend le titre
de roi des Sumirs et des Acadj, pouvait être placé vers le w" siècle
avant notre ère, environ 21uo ans av. J.-C. il'après .M. F. Lonor-
mant. — l.ongpèner ajoulail que cette statuette de bronze n'était
pas la plus ancienne qu'il pût signaler à l'altenlion de l'Académie.
Koudourmapouk était co.'temporain des rois j.asteurs. Or, ajoutail-
iL ilans une collection d'anliiiuilés éL'ypiieiines envoyée à Paris par
M. Gustave Posno, j"ai pu éiudior doux li;:uios de bronze, leniar-
quahleinoni bien conservées, qui sont d'une épo(|ue st-nsiijlement
antérieure à celles des Pasteurs.
« Dans ces deux statuettes les muscles des bras el des jambes, les
rotiilos sont exprimées avec un soin, une vérité qui dénotent un âge
fort reculé. On n'y peut méconnaîae l'art antérieur au second crn-
1. Celte statuette apparti< nt au Louvre et y est exposée dans la vitrine centrale
de la salle des bronzes. LonçpOri- r l'a représentée pt. I 'lu Mu^ée Napoléon Ul.
l'jli nKVUR ARCHKOLOGIOUF.
pire » ' {ce (|ui nous reporie ;\ o(HK) ans enviioii av. J.-(^i. Los sla-
tiuMtt'S ^gNpIiiMHU's |ii('i r'ilt'raii'iil iloiu' ili' imllc ans la slaliiclte
d'Afa Ij. « Nous dcvonson conclure, fonlimiaill.oiijjpr'ricr, «jue, coii-
Irainincnl ;\ ce que nous pensions il y a i|neli|iies ann'es, l'Kjiyple,
pour la fonle (l<'S ligures conuiie jiour la sculpture de la pierre el du
bois, conserve la priorité. .Nous pouvons coiislaler, de plus, que la
première figure de la collection Posno, celle ipii csl certaineinenl la
plus vieille iina<:e île riioinnie exécutée en bronze que nous connais-
sions, est fort supéiieure en style el nioiielé à la Canépliorc asiati-
que d'-\radj, monument ipii, consacré à uiu^ déesse par un roi, doit
être considéré comme un très bon éclianlillon de l'art dans l'Asie
occidenlale. »
Les belles découvertes do M. de Sarzec dans les environs de
Bassora ont fait entrer depuis au Louvre une série de bronzes, sta-
luèltes et ustensiles rcmonlanl à une date voisine de celle de la sta-
tuette d'Aradj.
A côlé de ces trois séries, les deux statuettes de la collection
Posno, la Cmépbore d'Aradj, les bronzes du temple de Tellou
(fouilles lie Sarzeci, il nous a paru intéressant de placer une arme
de bronze portant inscription et remontant à une époque, il est vrai,
un peu plus récente, mais t|ui n'en est pas moins, croyons-nous, la
plus ancienne arme de bronze datir.
Il s'agit d'une ancienne épée assyrienne de bionze exposée au
Britisli Muséum en 187ri, el dont un bon dessin a été donné à celte
époijuc dans l'un des fascicules de la Société anglaise d'aiiliéolo;^ie
biblique-.
Cette épée, dit la notice qui l'accompagne, fut trouvée en Méso-
potamie, entre les mains d'Arabes qui déclarèrent ne pas connaître
le lieu précis de la découverte. Elle porte, en caraclèns cunéi-
formes, l'inscriplion suivante, sufilsamment siguiticalise et ipie
M. Jules (Jjqierl lit ainsi (pi. XX) :
J'dldis lie l{i'ii-nii(H\ lui des Lniioiis, (ils dr l'udiel, roi d'Assyrie^
fiis de Uel-nirar, roi d'Assyrie.
Celte légende est reproduite trois fois sur I arme :
1" Sur le plat de la lame à l'intérieur;
1. Ce» dcui figures ont été rtScoinmciil oc<iuihe8 par lu Louvre,
2. Noir TvatfiiQttum of (lu: Society of llthlt'ul Aiduoloyij, vol. IV, p. 3.'»" (an-
née 1 MO).
UN C.LVIVK R.N nnoNZK. l'iT
s-* Sur le plat :i rexlt'ricur en d ux li^'ijcs ;
3" Sur k' clos (lu l.i lame.
Or nous connaissons les trois monarques cités: les assyriologues
font rcnionlor leurs r^},M>iis du 1375 h l.'lOU avant J.-C.
I/cjtéc était probaMt'nicnl placéo entre les mains d'une statue. A
(Hiel (lieu élait-elle consacrée? Ilien ne nous l'indiiine.
Colle épée appartient au colonel llanhury ; c'est lui qui en 1.S7.")
l'avait piélée pour une exposition publi(iiic.
l.es dimensions (Tapies l'.irlicle précité soni :
Lonj^ueur de la lame, IC pouces aiiglaio.
Longueur de la poignée, .'> pouces 3/8.
Longueur lot.ile, Hi pouces 3/.S.
Largeur de la lame à la base de la poignée, 1 pouce 7/8.
La poignée élait ricliement travaillée et enchâssi-e dans de l'i-
voire.
Nous ignorons s'il existe d'aulres épées de bronze dont la date
puisse être ainsi déterminée avec précision. Nous serions heureux
(|ue l'un de nos lecteurs pût nous en signaler d'autres exemples.
{Noie (}<' 1(1 Direction.)
XoïiCK
SUR INK nKMARQUAIlI.K rARTICL'LARITK QV?. PRKSKNTR
ToUTi: UNI-: si':hii m:
MILI-IAIIIKS m: CON'STA^TIN LKIJKAMI
SUITE •
II
CaitKPS rt circonstances qui (léterniiiivreiit (^.on!<liiii(lii à fiiirr unirlrler
sur les inscrijilioiis des colonnes ilinérnires le rpression en vertu de
liKjuelle il se (/loriliiiit d'être le petit-/ils de l'Auijuste Ma.iimicn
Hercule.
Ceux qui avancent (ju'.'i la moil do Mixiinien, Consianlin aiinit
fait abattre les statues de cet empcrour et effacer ses noms des monu-
ments publics se trompent. Soupçonné d'avoir faussement accuse''
son be n]-|ièie d'assassinat contre sa personne, Const;inlin chercha",
au coriliMire. à «loiini'r le chan;j:o à l'opinion pour iiiicuv dissimuler
son insatiable ambition. On sait, en ellel, qu'il n"(mblia rien pour
venir a bout de ses vastes desseins, ne voubint pas moins, au dire
d'un contf^mporain, que se rendre mniire (b- tout l'umveis : « Con-
stnnlinus tiinien, nr intjens, et oinnid "fficere nitms (|u;e anime
pru'parasset, sintitl jirinci]iiiln)n tolin'i orins ttffeelnns -.,. » ; et c'est
iiiuH «|ii'aprés avoir réduit .Ma.\imien à l'odieuse extrémité de
:>"élraiigb.'r dans une prison de Marseille, loin d'exercer la moindre
i. Vsir les no* tic Juillet et août.
2. F.iilropc, liv. X, cil. IV. Boauvai", //m7. ahio/. lir^ •'/'•, t. II. p. 209.
Mii.i.iAiiiKs [)i; Constantin li: (iiivM». 1 iî)
vcngcjnro contre s.i mcniuirc, il scnililc rcsullcr, an cMnlinirc, du
silence des liislorion.-;siir Ns suites (h; cet »':vénement et de l'atiiludo
pacil'Kjue de Consl.mliii ;i l'égu-d de son beau-frère Maxenco, qui
fais.iil rendre par le sénat de Moine les honneurs de rapoIhéo«c à
son iière, (|ue Flavius conlinua p.ir politique, sinon, peiil-iVre, de se
glorifier encore de la niémon e de .Maxiimeii, tout au ni'dii- d'en cdii-
server l'expression sur les monuments piililics sur lesquels il >'rfi
était piécédenimenl honoré.
Les histoi-iens contemporains, Aurélius Victor, !jiln>[ie, etc.,
ne nou.^ donnent que Fort peu de détails sur les événements mémo-
rables de CCS temps troublés par de fié(picntes invasions, de nom-
breuses séditions et particulièrement par 1 1 [iluialité des maîtres
qui tyrannisaient la république^ pour nous seivii' d'une expression
du temps, en se jalousant et se disputant le pouvoir.
D'un autre côté, le peu de liberté qui régnait alors ne permettait
guère aux historiens de l'époque, et particulièrement à Aurélius
Victor, qui écrivait en ces temps-là mômes, de nous transmettre
toute la vérité sur les événements qui s'accomplissaient en quelque
sorte sous leurs yeux. Un seul fait sufïira pour justifier celte asser-
tion. C'est ainsi, par exemple, qu'en parlant de la mort violente du
César Crispus, l'historien se borne à nous dire : Quorum quum natu
ijmndior, incertum qua causa, patris judicio occidissct... '. C'est-
à-dire qu'on ne savait pourquoi l'aîné des fils de Constantin avait
été mis à mort par ordre de son père. Or, comme personne, au con-
traire, n'ignorait celte ci use, c'est le cas de le répéter, il n'y a de
pire ignorant que celui qui ne veut rien savoir.
Telles sont les principales causes de la pénurie des renseigne-
monts historiques de ces temps ; c'est la nuit du moyen âge qui com-
mence.
Constantin, une fois débarrassé de .Maximien, n'attendait phis
qu'une occasion favorable pour tomber sur son beau-frère Maxencc;
mais celui-ci la lui fournit bientôt, et on sait comment ce farouche
tyi-an trouva la moit le -IS octobre ."î 12. Juste si.xans, jour pour jour,
après avoii été salué Auguste: son armée étmt vaincue par celle de
1. Aunl. Vict., De Cesoribus, c. xli. — .Nous n'ignorons certes pas quo, dans
son Epitome (c. xli), le même auteur est un peu moins réservé. \\ dit que Const.m-
tio ordonna la mort de son fils Crispus à l'instigaiion de sa femino Fausta : Fiiu<ta
conjuijii, ut putnnty auQgerente, Cnspum filiian neairi jubet ; mais tout cela n'<st
encore qu'une faible partie de la vOriié, puisqu'il ^/JLit du incmc crime dont Plii;drc
avait accuse autrefois Hippolytc.
15<) HKVIK AHCUKOLOGIQL'i:.
l>ni>laiiliii, il fuit vcis li vilk» ; m;iii ru Ir.ivcrsaiil le Tibiv, il
lombc ilans ïc pii'ije inOiiic (in'il av.iil itiuJii ii son ciiiuMiii sur le
pont ^iilvius. Le poids de sa cuirasse uidanl, on iii> put le nlirer
vivanl île In vaso oii il s'élail cnfonci'.
On niî saurait simagiiuT, au rapport d'Aurùlius Viilor, ([uels
furtMit à sa moil les trans(tor|s de joie et d'allégresse du sénat et
du peuple romain, tant ils avaient eu à soulTrir de ee l>rau. Ilujnx
nrte invrctlihilf 'lutuilum la lit in yaïKlioijiie stnaliis ne jilehes crsttl-
taveriut '.
Ensuite, le sénat nronuaissaul dé'lia à t^on.>lanlin luu> lis somp-
tueux édifices que Maxence avait élevés, comme le temple et la
basilique de Home. Atlhitc cunctn opéra, quœ tn(iijiii(ic0 consiruxerat,
Urbis famniiy alqncbasilicam^ Flnril mcriti.i Patres sdcravcrc...'.
Comme on le voit, la f.ujon de proscrire la mémoire des empe-
reurs était changée: dans le haut-empire, ou s'était contenté
d'abattre leurs statues et d'elTacer leurs noms inscrits sur les mo-
numents publies; tandis qu'ici, après avoir abattu les statues de
Maxeuce et effacé ses noms sur les monuments publies qu'il avait
érigés, on dédia ceux-ci à Constantin en y inscrivant ses noms et ses
titres.
Celte exaltation populaire avait pris, à Rome surlout, un tel
caractère d'intensité, tpie la proscription de la mémoire du ûls
devait fatalement entraîner celle du père. On ne pouvait avoir
oublié, en elfel, que si Maximieu avait repris la pourpre pour secon-
der et affermir la tyrannie de Maxence, c'était aussi par ambition
personnelle, puisiju'il avait essayé de déposséder ce dernier et qu'il
lit pour cela une harangue aux Iroup; s, qui n'y répondirent que par
des injures et par des cris (findignation^. On ne pouvait avoir
ouiilié, non plus, (lue, sous prétexte d'avoir été chassé par son lils,
il s'était leliré dans les Gaules et qu'il avait iomenté une séililion
contre Constantin dans son propre palais, t't (pi'une moi t ignomi-
nieuse avait été le juste châtiment de ce sanguinaire et détesiahle
ambitieux. En fallait-il davantage, dans un moment d'indignation
populaire, pour effacer toute distinction entre ces deux tyrans
qui s'étaient rendus aussi odieux l'un ijue l'autre ? Nous ne le pen-
sons pas, et, pour tous ces motifs et bien d'autres (jue nous pour-
rions développer, nous nous croyons fondé à considérer le ban-
1. he C'"'<iriliWi, M,, a,'i.
•1. /'/i(i., XL, 20.
:;. Euiropc, liv. X.
MILLIAlIlliS DK (;()>.siA.>m.\ |.K riUAM», j.'jl
nissi'iiiiiiil (If la mémoire du lils comriU! ayant onlralnr! fatalement
le bannissiMiUînl de la nir-moirc dn père, et, dès lors, nousadim-llons
coiiime èlaljli (jue c'est à la suite des év» lu-menls (toliliqucs i|iij furent
la conséiiucnce de la mort de Maxence, que l'heureux (Constantin,
l'idole du jour, s'empressa, très vraisembLiblcment en vertu d'un
sénatus-consultc, de l'.iire ciïicer sur le • monuments publics l'ex-
pression de sa filiation envers Maximien Hercule, dont il s'était pré-
cédemment gloiiliè.
Nous terminerons ces considérations par un trait que nous a con-
servé Aurélius Victor, et qui peut donner une idée de l'ombrageuse
jalousie de Conslantin, qu'un nen excitait, surtout vers cette époque
de sa vie. C'est ainsi, par exemple, (ju'il s'ollusiiuait entre temps de
voir le nom de Trajan inscrit avec honneur sur une foule de monu-
ments, et que, pour ce motif, il qualifiaitcet empereur de pnriiHaiic.
Hic Tntjiiiiuin lurbam pitrielurhim, ob tilulos muUis œdihus inacri-
ptos, (imicUari' .'iuidus crut '.
m
Comme conclusion de ce travail, nous rappellerons, d'une part,
Que les milliaires de Constantin le Grand érigés sur la voie
Aurélienne et sur d'antres, très vraisemblablement entre les années
307 et 301), c'est-à-dire pendant la période de la seconde abdication
de Maximien, portaient tous l'expression que l'on connaît de sa glo-
riQcation filiale à l'égard de cet empereur-, son grand-père adop-
lif;
D'autre part,
Qu'à la chute de Maxence, le 28 octobre 312, la mémoire de cet
empereur et celle de son père Maximien ayant été proscrites Cons-
tantin se trouva néces>airemenl dans l'obligation de mettre d'accord
ses actes officiels avec les événements polili.|ues qui venaient de
s'accomplir d'une façon si éclatante à Rome, et c'est ainsi (ju'il dut
s'empresser de faire marteler Texpression de cette glorification filiale
sur la série de milliaires où il s'en était précédemment honoré.
1. Epi (orne, XLI.
2. L'expressioa de cette glorificatioa pourrait bien avoir t5té le prix de cette nou-
velle abdication, que Constantin ne dut pas obtenir sans peine.
1S2 iii:vrf \tu'.iii:iti.oi;ii.i y.
Toile «•>! ri'\|tIuMlit)n do la l.ifime i|ii(' iiiéM'iiicni |i'.> mscnittioiis
i!os colomios iliiiérairo? i'rigi*o> par (^ln<lalltill pour li'inoigner à
la poslêriU' (le travaux ex«Vu!és s'ii- h'S grands chcinins de l'empire
rom.iiii, oiilre les aiiiircs 307 cl .'lOÎI.
j. V. \\\:\ 1.1,1, \i
Caiiiiok, le 15 novembre 1682.
.NU'J LS
(a) On a\ail loiij^lomjij tlioi\lié la blaliuii de la Via Aurclia nommée
Mutavonio sur les itiui^raiics. cl Mataione sur la carie de Peuliiiger. Ai>rî'S
plusieurs li\poih("'&"s, d'Aïuille se délernùiia pour Viu<, village compris
entre le Luc cl Hrignolc?, quand, sur la fiu du siècle dernior, M. Gérard,
bo!ani^le distingué et médecin à Cotiirnac, découvrit dans le village même
de Cabasse, assez éloigne vers le nord de la direclion qu'on supposait à la
voie Aurélienne, une inscrip'iou Iden conservée, laite par les liabilanis
du P'.hjus Motaionicus pour souhaiter la sanlé à Caligula. Cet important
monuiiicnf, gravé sur une pierre moulurée, mit fin à toute discussion en
prouvant qu'il f.dl.iil placer Maiavonio au village de Cabassc ou dans ses
environs. Malheureusement la co{iie que fit M. Gérard de cette iuscriptiun
est très fiiulive, et comme c'est celle qui servit à Papou et ù liien d'autres,
il en résulta qu on n'en eut pas de meilleure jusqu'en 1818, époque à
laquelle un anonyme en donna une de parfaitement exacte sinon correcte,
dans VAImanucli du Var pour cette même année; mais le sens qu'il en
tira est absolument inaJmi^'sihle :
Pagus Malavomcus Germanico Amjusto, pro salutc
Caii Cœsaris Germamci filii '.
Le moindre déPaul de celle leçon est de faire du César (Jermanicus un
AuLMi-te. car si, pour éviter celle hérésie, on f;iil ra|iporfer le mol
AVGVST., comme cela convient d'ailleurs, ;\ Caii Cœsnris , or. lombe
dan.s une autre qui consiste eu ce que les hubitanls du l'anus Mntavoni-
cus souhailcnt, à Cermanicu?, la santé pour son HIs, ('aiux César Au-
guste , alor- q<ie ce même (ierniiinieus était tléj;\ tiiorl depuis dix-
liuit ans lorsque son fils lut proclamé Augusie ;\ la mon de Tibère.
L. Garcin* et Noyon' ayant adopié celle même leçon, ont puissam-
ment contribiié a répat.dre cette singulière inlerprélation, qui tient é\i-
1. Almanuch tin Vav, pour ISIS, p. 205-2l*J.
•-'. Dictionii. Iiislor. et tupopr. do lu Provcntc, Dragiiit;ij.i!i, ISij, t I. p. l'TO.
3. SiaiiMi'j. du départciii. du Var. D."agui(;t'.uii, Itl'iG, p. l' i.
ftlII.MMI'.IiS I)K CONSTANTIN U: t.llAM). 1.13
dciiMUtnil .\ iiiio iiicorreclion du lexlu original, consistunl on ce que lun
;i i:r:\\r im O au lieu d'un I dons l'inléiieur du C qui lerniine le mot
GERMANIC, à la imisiènie ligne de riti.-ciiplion originale, dont nous
donnouij ci-de.-;sous (l)^'. il) un dessin e\uil.
Dans CA'.f. (Icriiiers lenijjs, M. le haion iJonsleUen • a fait de ce tnoiiu-
menl piopilialoire une l)orno niiiliaiie, toul en suppriuianl la difllcullé
dont il s'agit, n'ayant pas aper(-u le pelil O qui se trouve dans le C de la
lioisièaie ligne. Kn opérant, turle te.xte, lu rectilicaliun que nou.s propo-
sons, rinlcrprcHatioa de ce monument ne .-aurait plus ollrir la moindre
dinicullé.
'W^:rrW^-^^'^^W^\
RRO SALVTi.-
.;pCAESAR!5-CERMN- ,
g.îipCERMANIÊ ■ A/GVST
ippAÇVS-MAIAV^(^ ;
o /"tf/ — -
£c/i.e//e Je 0',"û8 jiar l'ïcà-t
Fig. 3.
PROSALVTE- I CCAESARIS • GERMAN- [
F-GERMANICI AVGVST- | PAGVS- MATAVONICVS-
V)'0 sainte Caii dcsaiis Gcirnctnid, fUii Germanid,
Aiiijiisti Pagiis Matavonicus.
les médailles de cet empereur prouvent que le sénat lui conféra le
surnom de Germanicus à la suite de sa ridicule campagne cnnt-e les
Germains, que Suétone a si bien dé( rite au chopiire cm.iii... de la Vie de
cet empereur.
La pierre est en caliairc de la localilé. Elle a O",»^ sur O^^GI de lar-
geur; elle est couronnée par une corniche de 0°',20. Ce curieux mo-
nument n'a pas été découvert dans la haii-se de l'iglirc du lieu, comme
l'assure Papon ; il occupe encore la même place qu'il a\ait lorsqu'il fut
trouvé par M. Gérard. Il est encastré, sens dessus destous, sur le pare-
1. Caite archéologique du di'pnrtemrnt du Var, Toulon, 1873, p. 13.
m" siiiiiE, T. II. — Il
|5i i«K\ii: viiciiKOLor.iyuK.
nuMit .l"iin iiiiir, au bas de l'unglc S.-O. ilo la inaiicn Ci^iard. si.-e le Umg
de la ruo du Saiiil-K«i>rH, i\ ('.aba>si'.
1,'iuiporl.uiri' do vc moimmeul dcui .udorail. cf nous semhlp, qu'il fflt
acquis pouriMn* conservé quelque pari, ri de préféreiuc, dans la localité
mOme; car il peut iMre vendu A des étrangers ou nii*uic îltre détruit par
ijinorancc ou par malveillance; cela s'csl vu ailleurs, à Fréjus, par exem-
ple.
(h) Pans co. uuhuc eimeliôre se trouve un petit autel volif qui ser-
vait autrefois de piédestal ;\ une croix. Ce monument a l^.iJO de liaut sur
O^jiD X 0'»,;i'2 d'équarrissage. Comme à l'ordinaire, il est décoré d'une
corniche de O^.IO ;\ son couronnemenl et d'une autre de 0"n,20 i sa base.
Le foyer supéiienr a (("".IS X O^jlS sur (>'",<>H de profondeur.
L'instrijuion suivante est gravée sur l'une des grandes faces :
MR- I M-IVLIVS- I lANVARIVS- | V SL
M'
M. II. Mardis Julius Jauuarius votum suivit lihens mcrilo.
La divinité à laquelle le vœu est adressé étant inconnue cl représentée
par les deux >igles M et R, on ne peut que faire des liypotliè.<es. Ici il est
inQniQunl probable que la première lettre M est l'initiale du nom de
la divinité, tandis que la L-cre R doit élre liniliale de s-tn surnom. On
sait, en edel, que les dieux topiques des Gaulois, U-rsquils furent rapporlTs
à la mythologie romame sous Auguste, empereur et grand pontife, durent
pren.iie un surnom pour le:- distinguer d< s types romains.
On sait au.^si qu'un Uouvailsur le parcours des voies romaines de noni-
breu.x temples et autres lieux de dévotion où le dieu .Mais était le plus
souvent adoié, et chaque fuis avec un surnom uilVérent. C'est ainsi, par
exemple, que sur le littoral des Alpes-.Maritimes on avait :
Murti Ulloudiu, Marti yiulio, Marti Vtmciwlo, etc.
Dans la commune de Sainl-Andéol-en-Quint, prés de Die (Drôme), il y a,
au hameau de Sainl-Klieime, un autel votif encastré dans un mur, lequel
fut érigé au dieu .Mars lludianus. Kn voici l'inscription :
DEO MARTI- ' AVG I RVDIANO- | CVRaTOR | ES
CVRAVER I VNT •
Si ce m'jnument était plus rapproché de Cahasso, les initiales de rioire
autel conviendraient à ce Mnra liwlianus. Il y aurait lieu de faire quel-
ques recherches dans le pays pour 9'a^surer si un n'y rencontrerait pas,
quelque part, un quartier portant le nom de .Marti, de .Martin, de Saint-
Martin, etc. '--ar, sur iii\ localités où l'un de ces noms ou tout autre ap-
1. I,.i 1< lire I. lyii 'l'C -wiiiuiiiléi; d'un I.
Mll.l.l.MllKS DK CONSTANTIN I.K (.ll\Nlt. 155
profilant est altach(^, il y vu a la iiKjilii' au iiiuiris (jui rappcllcril le culle
du (iii'u .Mars.
I,a divinité dont il s'uj^il itouirail encore (Hic Mercure, Minerve, etc.
lùilin, il pourrait bien se faire aussi que celte diviuiié représentée par
M' R" fût un dii'U topique gaulois, tel que Matavonicus R A Grasse
il y a une pierre votive ;\ une divinité celtique du norn de M-ij'irrus. Href,
il e^t à ciaindr(; qu'on ne piiis^^e sortir des liypollirsej si on ne i)arvienl à
découvrir un autre Icxle l'pigrapliiqne où les noms de la divinité ne se-
raient plus abrégés et auraient les mûmes lettres initiales.
Au cas où ce petit momnuonl serait inédit, couunc j'ai tout lieu de le
croire, je me ferais un plaisir autant qu'un devoir d'en reporter l'hon-
neur aux savants on compagnie desquels je l'ai rcdevé et de.-siné le 12 cc-
tobre dernici, .MM. Léon Palu.-lre, président de la Société fiançaiic d'ar-
chéuIo;:ie, Héron de Villefosse, conser\aleur des Antiquités grecques et
romaines du musée du Louvre, et l'abbé Tliédenat, de Paris.
J. I'. i;.
Loin i:\ui:uii: i)'i:tain
i)A.\S l/.WTinriTÉ
(siiTi:) '.
Il serait difficile de connaître la mntière dont était fait le premier
calice, celui-là inèint' i|iii scrvii à Jésus loi's de la Céiie. Il n'est pas
non plus f icile d(; dire la niiliére dont étaient composés les calices
que les apôires employaient pour dire la messe.
S'il faut en croire Honorius d'Autun - les firomiers calices furent
de simples vases de bois ; celle assertion est combattue par l'ellicia^
elpar Moroni S qui croient qu'ils furent en verre. Leur opinion a élé
égalenunl contredite; mais les contradicteurs n'apportent pas plus de
preuves à l'appui de leur propre dire (jue ces deux. tbéoloL,'iens n'en
ont fourni pour établir le leur. Ces contradicteurs se sont contentés
d'txposer qu'on ne pouvait en rienaflirmerde quelle matit're furent
fabiiqués les premiers calices''. —A notre sens, étant donnée la i)au-
1. V. la/{e(.Mff, t. XLIII, p. 226-237, cl n»» de janvier fc^vricr, mnrs-avril 1S83.
2. Gctiimu aniniœ, lib. I, cup. Lxxxiv. P;itrologie laiiue, collcclioii Mit^iic, t. 172,
p. 57/1.
3. Aurcliiis Pellicia, De hri^tionœ cecde^ia' iirinur mcilirp rt tiimisim<r polilia
librisei. Cologne, 1829, 2 vol. in-«, toiii»! 1, lib. Il, cap. vu, S 1, p. tVi.
û. Dizionario (it erudizwne shricu-ecclesiastfiii. V" dilice.
5. Boiia, De ichus itturgkis. Pans, 1075, in-/i'', p. 29,'i.
Krazcr, Dr aiiostolicis tiu: non Ecclesiiu occidcntalts liturgiis. Aiigustii N indclicor. ,
17(J0, iti-8", p. 11*7 Cl 200.
L'abbù Go'lard, (JourK il'iiiiMoloijii! %acri!c. P.iris, ISj.'i, 2 vol. grand in-8', t. Il,
p. 23b.
l/oill'KVIlKltlK n'iVlAIN l)\NS I,' WTIiiUITi';. 1')"
vrii('' (le Ji'r^iJsetdescsdisciples, lo (■..ilifiMpii scrvilii l;i Crue ne ilcv.'iil
pas (^(ic III Miatiric |irrci('Uso '.
[.(', vi.'iTi', li; bois, coiiiinc l(! hroiizc, le cuivr».' ou rélairi iiirrrif.
pouvaient élre employés en l'alesliiu! pour it!S vases usut;l.s dans les
repas. N'est-il pas dès lors vraisemblahle (juc l'une ou i'aiiti'e de ces
maliéres soit entrée dans la confeelion du premier calieo?
Les apùlres, en se dispei'sant à li'aveis le monde, en Occi-
dent, alors centre de la civilisation, comme dans les pays les plus
barbares, durent, suivant les ronliées et selon les re>sourcesdont ils
pouvaient disposer, se servir de matières ditlercntes. 11 y a, dans
tous les cas, un fait certain, c'est que, même au lemps des plus
rigoureuses peiséculions, les objets du culte ont été très souvent en
malière précieuse -, en Italie du moins ; car dans les pays barbares
nous reirouvons, à toules les époques de l'anliquité cbrélienne,
l'emploi pour le culte des maliéres les plus diverses.
Ainsi au ni'' siècle le pape Zépliirin prescrivait l'usage de patènes
de verre ^ et Sévèiiniis Hinnius, commentateur de sa vie, déclare
1. lienoit XIV (De satrosnncio missœ iacriflcio; Oij:ra omnh;, t. VIII, p. 12; l'rato,
18/(o, 17 \ol. in-4°) cite, en la discutant, l'upinion d'in certain Jean Dongtlieus,
protestant, qui est de l'avis de Kiazcr et de Bona.
Diver.'^cs opinions ont été émises sur le calice de la Cène par les théologiens
dana leurs discu>sions liturgiques : mais, comme elles ont loutes été présentées ians
preuve aucune b. l'appui, nous avons pensé qu'il fallait les mettre de côté (voir
entre autres, pour la description du calice en question, Faj;undez, Tractatus in
qumqw ecclemoe prceceptn, lib. III, cap. xxi. Lyoïi, 1026, in-fol.)
2. L'abbé Martigny, Dictionnaire des antiquités clirâti^mia. V° Calice.
Prudeut, Péri .stejj/itmon. Collection Migne. t. LIX, p. 3^0.
Grégoire de Tours, Dr fjlorin marti/rum, cap. xxxviii. Paris. Ruinart, 1G99, in-
fol., p. 892.
Pierre Lebrun, Explication littérnle, hidorif,ue ci dnjmalifjuc des: pvii-res et des
ccremonies de la mess/'. Paris, 1077, k vol. in-8% t. III, p. .'iS.
Dom Martèue, De antiquis Ecclesiœ rilibuf. lioua i. 1700, 3 volumes in-i", tome I,
page 30G.
Du ^aussay, Panoplia sncerdotali<. Paris, 1G53, 3 vol. in Toi., t. I, p. 199.
3. Bona, op. cit., p. 235.
Benoit XIV, op. et lac. cit., p. 12.
Grandcolas, L'ancien sacrameninire de l'Eglise. Paris, 1G99, in-8", p. 9'i.
Saint Thomas d'Aquin, Surnma theologica, pars III, quœst. 83, art. III, ad 0;
Opéra omnia. Paris, 1882, t. V, p. 521.
Baroiiius, Murtyrologimn Romunum. Rome, JG30, in-fol., p. 3S5 ;\ 387.
Laymann, Opéra. Lyon, 1G81, in-fol., lib. V, tiact. V, cap. vi. p. 12.
L'abbé Martigny, v. Calice.
Moroni, v. Calice.
Bartliolûmaeus Gavantus, Thésaurus .wcroruni ritiium. Venise, IGJl, in-Zi", p. C8.
.Aurcl. Pellicia, op. et lor. cit.., p. lr^!^.
15K HEVUE AnClIKOLOGIQUR.
posiliviMiii'iU «itio les cnlires i\ c»;ltc ôpoijuc cl3i(Mil niisi en verre ".
Noms n'avons |i:is n (Mitrer ici (l:ins riii>l()ir(' tlos (•;ilicos de verre ou
(le touli' autre niaiière. Il nous siifUra il(! din' ijne l'ti^ape du verre
fui bienlôl proliibô à Rome .
Dans les pays du nord d Is (|ue la (îerinanie, la fiaule cl la Ure-
lagne, les premiers calices furent sans doute, comme ceux des
apôtres, en matières (liiïi'rontes, Hien n'est toutefois venu nous le
démontrer. Mais les textes et les doçumtMds n'Iatifs aux siècles sui-
vants, et (jue nous allons citer, mentionnent des usages cpii de-
vaient évidemment dater d'une époque antérieure. Dans tous les
cas ce n'est ipi'à partir du m" siècle tjiie nous avons iiueliiues
preuves ;\ invoquer.
Et d'abord les paroles si connues et si souvent citées de saint Bo-
niface, évétjue de Mayence : «Autrefois les prêtres étaient d'or et
les calices de bois, maintenant les prêtres sont de bois et les calices
d'or^M, prouvent l'existence des calices de bois. La vie de saint
Benoît d'Aniane, écrite par son di,-ci[)le Ardon, nous apprend que
le saint offrait le saint sacrilice de la unisse dans un calice de bois *.
Mais un synode tenu à Houen en 1074 en proscrivit l'usage pour le
nord de la France ^.
1. Labbe, Sacr-ysancta concilia. Paris, 1671, grand in-folio, lomn I. p. 002
et 603.
2. WitUafrid Strabon, De rehiis eccleuuslicis-, cap. xxiv; reproduit dans le De
divinis E'clt'sur of/tciis d'Hittorp, ColoÎ5'ne, 15G8, in-fol., p. 'ilO.
Bartholomaeiis Gavanlus, Dp. cit., p. 08.
Saint Thomas d'Aquin, lac. cit.., p. 521.
Krazer, iW., p. 197.
Laymaiin, iV/., p. 12.
3. Durant!, De ritihus Ecclesitr cnlltnUcœ. I\ome, 1."j9I, in-8", p. 51.
D'icret de Grntien. I.yon, 1500, infol., pars lit, De conseci atimie , dist. I,
p. 18C2.
Wallafrid Strabon, op. cit., p. 410.
1/atjljû Barraud, Note sur la cnlires rt let /irilrnc\: nul/clin monumentaly
t. VIII.
Bona, loc. cit. p. 255.
Laymann, loc. cit., p. 12.
L'abbi- (jodard, Conri d' nrchéolofjie sacnfe, p. 230.
û. Dom Martine, De antic/uit monw^horum ritibus. I.you, IG'JO, in-.'!", p. 231.
A'tit \finctoriiiii in XTCiil>ruin classes di\lritjut(i, sfuculuin IV, pars I. Paris,
1677, grand in foli'), p. 19S.
L'abbé Godard, Cours d'nrnhdologie snrrtfe, lor. cit.
Krazpr, o/y. et lor. cit., p. 198.
'. I iitib»;, fiiirrnsnurta cnriliii, tomr" X. p. 310 ;\ 312.
i.'(iitii:viirnir, i»'i;t\i\ t)A\s i.'\\tioi:iti':. 150
Le verre servit niissi en Bretagne ' cl dans les Gaules K Saint
rirégoirt! de Tours' et Floiloard ' le rapportent dans leurs chroni-
(|ues, toutes deux coiileniporaiiics. Nous en avons encore d'autres
léuioignages dans la vie de dillï-rents saints, et notamment dans
celle de saint Benoît d'Aniane dont nous venons de parler ».
f.a corne était e:ii|)loy(^e en Norw(\gfi •-. Son usage fut probable-
ment de peu de durée, car le concile de Calcliut tenu en Angleterre
en 8;}7, sous le pape Adrien, la prohibe en ces termes : « Nous dé-
fendons de fa]iii(|uer des vases sacrés avec de la corne de bœuf,
parce (jue la cocm' est f.iito de sang» 'no de cornu bovis rali.r aut
patenn finri n'I mcrificandum, quod de sanguine sunt] '. On en
usa égaieuient dans les Gaules, ainsi que le prouvent l'histoire du
roi Hobert le Pieux '^ et une charte de Philippe-Auguste de 1180 ^
La pierre l'ut aussi adoptée pour la confection des vases sacrés.
1. Dom Martriio, Ih- mitirjuis mnnachorum rilUnis, loc. cit. Il parle des moines
do Winocli qui encore au x" siècle se servaient de calices en verre. Voir sur le
môme sujet: l'abbé Godard, Cours d'archéologie sacré';, t. Il, p. 240; Krazor, op.
et Inc. cit., p. 197.
Suri us {De prohntis sanclorum historiis, 6 nov., Saint Winoch t. VI, p. 131) raconte
le miracle d'où serait né l'usage du calice en verre chez ces moines. Un diuianche,
il n'y avait pas de calice pour dire la messe; on prit alors un vase en verre cassé,
on le lava et, p<.>ndant qu'un frî;rc le rinçait, il se ressouda de lui-niôme. L'on s'en
servit toujours depuis pour célébrer le saint sacrifice.
2. iMabillon, Vefer.i onnleda. Paris, 167G, U vol. in-8°, t. II, p. 241.
Saint Jérôme, Patrologie latine, collection Migne, p. 1085. Lettre ù Rusticus sur
Saitit Exu/jére de Touloiae.
3. Grégoire de Tours, De f/loria martyrum, cap. xxiv, p. 775.
De mirnculis sdncti Martini, lib. LV, cap. lv, p. 1121.
h- Dom Guiil. Marlot, Metropolis Remensis historia, d'après Flodoard. 16GG,
2 vol. in-fol., t. 1, p. 370.
5. Haronius, Martyrologium Romanum, 7 août.
Grancolas, L'ancien sacrementaire, p. 9/j.
L'abbé Godard, Cours d'archéologie sacrée, p. 239.
L'abbé Martigny, v. Calice.
Benoît XIV, De sacrosaucto missœ sacrificio, loc. cit.
Pellicia, cp. et loc. cit.., p. 144.
6. Bartholinus, De medicinn Donorum domatica, Ilairniae, 1666, in-12, p. 343.
L'auteur nous dit que le calice y fut fait à l'origine en forme de corne et qu'il en a
vu de semblables.
7. Mar.si, Sacroriim concilio>-um nova collectio. Venise, 1778, t. XII, p. 952.
8. Collection des historiens de France. Paris, 1818, imprimerie royale, t. X,
p. 106. Helgaud scripsit.
9. Du Gange, Glossarium mediœ et infi;iCB latinitalis (v. Cochlearj-.asserebat sibi
a priore paredi deberi scgplium corneum cum duobus cochleariis corneis (ex char-
lulario Cluniacense).
1("»0 IIKVI K AUClIKOLOCInli,.
Aprt^s avoir v.i s.iint Tliroiioii' rarcliim.iiilnii'.t'ii Oiiciil \ coiisarrer
dans un caliro do inarhrc». nous ivlrouvoiiN m (hciiltMil, dans I03
pays i|ui nous ocrupent, l'emploi frt'(|U(Mit do calicos on onyx,
vu sir loint', l'n criflal do locli' et i^énéral incnl vn piiun'sdo prix -.
I^a faieiiCL', II' ('«livie, le ploiih s«;i vin'nl d»; nit'^uie. si l'on en croit
les coieiles piohiliiiifs ilo lleiins el de Tiihur \
Tout C'' (lui préci de déinoiilie lonc t|ue les «liverses in;itii'rfs ipie
noU'«avoi>; iiidi(juées en coninictiçanl fiiri'iiUMiipioyi'îes daîis le nord
de l'Europe pour li confeetion des vases sacrés. Ce ne fui tpi'au
x° siècle qu'elles disparurenl, à rex(e[ilion de l'or, de rarj,'enl et de
l'ùlain *.
L'tlain dut clie euiploy/' à la faluicalimi des ("alices el des patènes
dès les pieuiiei's temps de rEj,'iise aussi bien que les autres matières
dont nous venons de parler sommairement. Nous ne trouvons pas, il
est vrai, de texte plus ancien ijue celui du concile de nciin>"' qui
1. Sorius, Ih' pntlj'itis snnclonim /listoi-iis. ColoniîP Agrippinœ, !578, in-fol.,
22 avril, t. Il, p. 8i2.
2. BoiKi, Df^ teùiii /j/ioyic/v, p. 250.
.\bbé Gareiso, i Archéologue chrétinn , t. I, p. 207.
Mabillon, Vetern annlectn, t. Il, |t. S'il.
Lehfiif [Mémoires conceriinnt l'hftoire civile et eccléiinslifine d'Aujrerre. Paris,
1868, 2 vol. in-4% t. I, p. t39^, à propos de la vie de saini Didier, dix-iieuvit''me
évolue d'Auxprri', raconte !i; don <|iin Ut la roine Brunch lUt, en l'année 002, à
l'égiisi' d'Auxcrri', d'un tn-s beau caliic en onyx garni dor.
L^-o 0-iicnsi<s, CUronica sacrimonuslvrii Cussinensis. l'aris, lOGR, in-fol., p. û2t.
3. I.abbe, Sncrosanrtn concilia, t. IX, p. û51; t. I, p. 002 et 003. — Man-i,
Sncrorum conciliorum nova collectio, t. XXII, p. 844. — Grancnlas, op. cil., p. 9.'i
et 95. — Baronius, op. el toc. cit., p. 380. — Bona, «/., p. 250. — Laymann, »</. ,
p. 12. - Héginald, Pénilentie/, 2 vo'. in-fol., Mayence, 1022, t. I, p. 559. — Kra-
zer, oji. et Ion cit., p. 199.— BarihoioinaîusGavanlus, fV/.,p. 08. - Mofoni,v. Calice.
4. Ivo, Decretiiui, Loiivain, 15G1, in-foi., p. 78. — FaRiindcz, Trnctatm in quin-
quc Ecclesiœ }>rœ eptd, lib. lil, cap. xxi, Lyon, 1020, in-fol , p. 10. - Décret ite
Grattcti, toc. cit. — Cardinal de Lngo, De ■iacrumeuto Knc/uinstifr. Lyon, 1652, in-
foL, ji. 530. — On Saussay, l'aii'>j)'ia sactnlutoli--, toc. cit., p. 199.
Casait, De vetirilmt .smr s c/irislianorum iitihus. Home, 1047, in-fol , p. ?6.
Aver-a, Df F.uchnristiœ sncrum'uto. Bologm-, l('.'i2, in-^i", p. 275. — Bona, op.
et loc.cit., p. 250. — Krazer, |V/., p. ll"J. — Héginald, ni., p. 559. —Saint Thomas
d'Aquin, irt., p. 522.
5. Ce conci e aurait eu liiu en 803 ou 813, sous ii' pnpo Li'on III (Avt rsn, /> •
Euchttristiœ incrnmento, p. 275 ; Lavmann, p. 12; IU'i;inal(l ; p. 559. Bartli lo
meus Gavantu», Thvinuius isacrorum rituuin, p. 08; saint Thoma» d'A'piin,
Summn Itieoloyica, /oc. cit., p. 571 ; Grancolus, h'nnciri sncrameiitaiie, p. 05)-
Locardii;al B^na houlicnl d'auire part qu'il ne fut pas qunBlion de vnses sacrés au
concile d«- Ilciuis, mais dans une autre réunion d'évôqucs de cette mémo époquo,
dont il II' préciic ni h- lieu ni In 'Iule IHc (tAuv lilurf/ici.f, /<>'•. cit., p. 05). Ci si
i,"()iu'ï;vni.iiii: 1)1 r\iN i>\N' i. AMiorni':. 161
fasse iiiciilidii (It; rr-tain ; iiéaiiinoiii^ ce (IdciniiL'iil, joint aux |.io-
piii'lt''- sanilair('< du iiit'lal, nous permet ifalliiaiicr (|iii- <lrs |f roiu-
iiu'iiiciiu'iil (lu 'jliiislianisuK! l'élain lui aduiitè à l'fgal (k-s aulres
rnali.'ics. Les cnucilcs [iroliilùlif-i que nous /'l'idicioris plus loin
viciidittnl u'aiileuis nous fournir di^ nouveauv arguinenls à
raiHiui de l'usa-^c de ['("ïlain dms la fahric ilion des ol-j ts du
eu Ile.
Mais avant de Irailer (l»^s calices en étain nous voulons d'abord
exiili>|U' r cr ([u'élaienl les calices, leur rôle et leur forme dan^^ la
priniilive Iv^lise.
Les calices en dehors de ceux d'un usage evliaordinairc S p'tu-
vaientse réduire ù truis soiles.
D'abord le calice du célùbranl. Il e^t toujours à peu près de la
ni^me forme; les (rois données suivantes en fournissent le principe :
coupe plus ou moins évasée, un nœud ou une ti|:e au-dessous et
enfin le pied -. (Juebjucfois on y adaptait des anses, comme le mon-
trent les monnaies de Uagobert et de Caribert '^ d'où la preuve
qu'en Gaule aussi bien (ju'à Home on se servait des calices
anses.
Puis venaient les calices ///////i/rVfV/.s ' (ministeriales). On enten-
dait par là ceux dans lesquels on versait le vin consacré pour faire
en vain, en i IVet, qut; nous avuns clierclié le concile qui nous occupe dans les recueils
de Labbe et de Mansi. L'histoire de Reims pur Flodoard {Histoire ceci é ■uns tiquf^
de l\enn<!, publiée par l'Académie de Reims, ISJ.'i, 3 vol. in-8y n'en fait pas plus
mi'niion ((ue celle de Marlot {M'^lropoiis Renie>i\is historia d',' Dom Guill. iMarloi;
Insulis, lOGO, 2 vol, in-fol.). Ce dernier auteur pense avec Bnna que le canon dont
s'agit émane d'un concile d'une autre ville. Knfin Sirmond, dans ses Concilia antiqici
Galliir (Paris, ltj2y, 3 vol. in-fol. ), cite bien un cuncile de Reims tenu en 813, sous
Cliarlemagne, mais aucune des dispositions édictées par ce concile ne s'applique ain
vases sacrés.
1. On pourrait classer dans cotte espèce de cahces les calices baptisn:anx 'abbé
Barraud, op. cit., p. 2).
2. L'abbé Texier, Dictionnaire d'orfèvrerie citrétienne, v. Calice, p. 300.
L'abbé Barraud, Sottcesur les cuticus el les patènes. Gain, 18i2,iQ-8, p. li.
3. Leblanc, Traité liisloriqur des monnaies de France. Taiis, 1090, in-ijo^ p. 39,
i2 et 50.
Bouteroue, Recherche'^ curieuses des monnoi/es de Fronce. Paris, 109C, in-fol.,
p. 251-253.
Mabillon, De azymo el fermentato, c. vni. Paiis, lG7û, in-S", p. 71.
ù. Du Gange, Glossaire, v. Calice.
L'abbé Mariigny, v. Calice.
Du Saussay, l'anoplia sacerdotalis, lib. Mil, r. mv, art. 2.
L'abbé ïexier, v. Calice.
L'abbé Barraud, op. cit.. p. 2, 12 et 13.
102 l\FVtK Anr.HKOl.OOlQLI-'-
communier ensuite los lUh'Ios. Ils »''iaicnl quelquefois ronsidérahles
et aval -ni en gt^néral des atisc-:, pour piMmi'Itic aux prôlrcs el aux
iliacres de les porter plus faiijenient •.
Kn trt)isième liiu il faut citer les calices doi iiiinciitalimi -. (ieux-
ci étaient énormes, (lliarlemaj^ne en oITiil un à la liasilique de Saint-
Pierre qui pesait iiS livres', ils avaient prcsipie tous aussi des
anses, qui servait-nt à les suspendre au-de«^sus ilc laiiii-l au moyen
de chaînes '.
On distinguait encore parmi Us calices les majores' el les minores •"',
désignés ainsi d'après leur grandeur, et (in appelait caltvcs offer-
torii' les coupes dans lesquelles les cliréliens faisaient leurs otTraiides
à ré},'lise.
Aux premiers siècles du christianisme, la communion était disiri-
liuée aux lidéles sous les deux espèces. Le pain consacré était con-
servé comme nous le verrons plus tard ilans dilTérents objets, tandis
que le vin était mis dans les calices ministériels \ Quehiuefois il y
avait plusieurs de ces calices sur l'autel ".
Mais là se pose une question.
Comment le^ fidèles puisaient-ils le vin dans les calices minislé-
1. Du Canpe, vide ttupro.
L'abbé Texier, id.
Annules hénédictines, t. II, p. 453.
Labbé Barraud, op. cit., p. 2, 13 et suivantes.
D. yïihiUon, Musœilt'ilici. Paris, 172i, in-ii"; urdo I, n' 10, p. 12; ordo II, w" 10,
p. 6S; ordù Ut, n" 15, p. 58.
2. L'abbé Barraud, op. cit.. p. 2.
Du Caiige, v. Culicc.
3. Anasuse le Bibliotliécaire, Liber pontificnlis. — P&trologie Mignc. Vif de
Léon 111, t. CXXVIII, p. 1218.
.'j. D. Mabilloii. />■• azymo et fermentato, c. viii, p. 72 et suivantes.
L'abl)t5 Barraud, up. cit., p. 2.
Anastase h'. Bibliothécaire, Collection Migne, Lil»'r pontificalis , t. CXXVIII,
p. 1311.
5. Du Cangc, v. Cnlicf
Abbé Texiir, V. Calice.
Abbé Martigny, id.
i;. M^mes source» que dans la note qui précédente.
7. Item.
8. L'abb<S Corbloi, Essai (tistonque et iitunjKjue sur tes rib'iirei. Paris, iu 8,
1858, p. tiO.
9. Mubillon, .^lufcum llaliaim. F'aris, 10H7, 2 vol. in-.'j", t. I, p. 320.
AiiaMav- 1<! Uiblioihécaire, Ldjer pontifinlti. Collcctio.n Migtin, t. CXXVII,
p. 10'j7 ft J5.'»8.
L'abbé Barraud, <>p. cit., p. 2 cl 3.
i.'onFKvnF.iui: ii'iVimn ovns l'antiouiti';. i(\'i
riris qiKj leur (illi.iiciil les prôlres? IMusicurs solutionssc préscnlent.
F,n pieiiii(''ro, (Ioini(''L' p;ir Ici'. Secclii ',con.si.slorait à voir dans los
nombreux verres irouvés dans les calaconihes des calices apparte-
nant à cliai|iie lidèle et dans l('S(|ueIs on leur versait (|uel(|ues
i,'()ulte=ilu vin eonsacrc';. Ainsi serait exjiliijurc li ;^Mande i|ijanlitt'' des
verrts retrouvés dans les catacombes.
Quehiuc vraisemblable (pie jiuisse ('dre rettf^ opinion, Kra/.(!i' la
met en doute avec beaucoup de jusless(! -. II ne croit pas (jue des
verres en aussi grande (pianlité aient pu (Mre des calices privés et
pense que c'élaientplntôi des vases à boire pour les re|)as ordinaires.
Celle seconde opinion n'est certainement pas moins sérieuse que la
j)remière, et nous laissons à d'autres le soin de tranclier la (jueslion.
H existe une autre explication de la façon de communier des pre-
miers temps, donnée par Lindanus "* et acceptée par l'abho T(îxier '.
Cliatpie lidèle, au lieu d'un veri'e, aurait eu un chalumeau et aurait
puisé quelques gouttes au vase. Ou bien le chalumeau se trouvait
adapté et soudé au calic(!, ou bien encore, simplement mis dans le
liijuide consacré au moment de la communion. Du Cange ' l'oiirnit
un texte important à l'appui de cette opinion.
Un bas-relief de la cathédrale de Monza donne les dessins d'une
certaine iiuanlité de calices conservés dans le ti'ésor de la reine
ïhéodelinde '"'. Ajoutons-y les deux calices, déjà cités, qu'on voit sur
les monnaies de Caribert et de Dagobert.Ce sont là, je crois, les plus
anciens types connus de calices.
A côlé de ces types nous avons un bas-relief, reproduit par Cnm-
pini ", qui d'après l'abbé Martigny^ représente un calice à anses. Ce
vase est à panse développée, avec un col assez resserré et une ouver-
ture de la largeur de la panse. Deux anses en S s'adaptent au centre
de la panse et au bord de l'extrémité supérieure.
1. Annali délie scienze relligiose, t. XIII. Rome, in-8, I841, p. 30 et suivantes
(Mcmoria di archcoloyia clifistiann per lu invnnzione del corp'i e /lel culto di
S. Sahiniano martire).
2. Krazer, op. cit., p. 200, notes.
3. Panoplia evnngelicn. Paris, in-12, p. 3'il.
li. V. Calice, Tuyau.
5. Glossaire, V. Fistula, Canna, Calamui {Diaonus lenms fislulam intra caliceni,
propinabnf sanguinem fidelihus ut quisque admoto ore sugeret de calice ex alio
fistules capite).
G. Fnsi, Miinoi'ia délia chiesa Monsezc. Mii.in, 1776, 2 vol. in-/j°, t. II, p. 78,
pi. IV et finale.
7. Vetera monumenta. Rome, 1G90, 2 vol. in-i", t. II, p. 90 et 90.
8. Dictionnaire da antiquités chrétiennes, v. Messe, p. /jG/i.
It.'j i\i:vii'. vnc.m-oi.oc.Kjfi"..
Si nous quitlons rililie pour vi-iur en Criuli» et fii (Ii'iinnui»-, à
l'oxroplion tlos inriliiilos iloiu il a rli.' (jiicslinn. nous lu' iioiivoiis
jus.|U"3ii IX" sit't'lo (|ii*iiii M'iil lypo dr calice, ci'liii ilo saint Klni,
auiicfoiN coiiservé à Clielles'. Il tsl IkVs iirofoml, mai« devait iMie,
inaljjri' sa (limonsion, m» raliceii'ofliri.uii. Du rcsli', piMil «.Miv in'"^inc
à Paris au vu* siècle ne coininuuiail-on plus sous ]>'< «Icux
espiVes -.
Il sérail ilonr, nous le croyons du moins, prtsi|uc im|iossiblc de
reconsliluer les objCls du cnlle en Gaule el en Gernjanic lois de la
conversion de ces conln^es au chrislinnisuic.
Les (juilques textes (|Ut' nous avons ne nous itermelleiil pas de f-iiie
riiislori(jue complet des calices d'ëlain à l'oriiiinc; Us ^ous^ii,'nai••nl
seuleineni leurexiJence à deséponues éloignées lesune<=des autres.
Le concile de Ueims dont nous n'avons pu tio.iver la date (Voir
p. 100 proliilie, audiro d'Avcrsa etde n.iionius, lonte es[iéc(!do ma-
lièros pour la confection des calices différentes de To;, de l'argent
el de Télain, autorisé seulement pour les é.^lises pauvres. L'aulonté
de Gratien, (jui rapporte nonseulemeiit le lexie du concile delieiins,
mais cite même le numéro d'ordre du chapitre (eh. \i\ nous parait
également concluanle pour et iblir raullienlieité du concile et de ses
décrets. Le cardinal do Lu.i,'o, nous ravons déjà vu, n'a pas hésité à
l'accepler, et le cardind Baronius la considère aussico iimeoei tamo.
Dans tous les cas, les canons du concile de Tiihur (HOo) >onl venus
continuer ceux du concile de Iteiin-, et Labhe et Mausi ■' les repro-
duisent en enti. r. Il y est décidé, comme dans la iiibriiiue de la
messe ', que par des raisons de haute convenance l'or cl l'argent
1. Du Saussay, l'itnopl'a sarerdotatis, t. I, p. 200.
2. On ne peut KU«*re exactement indiquer l'épo(iue de la disparition do la com-
munion sous les deux espèces; cet antique usape tomba insensiblL-nient en désuétude
sans qu'aucune rt'-Rle fùi précisément édicti'i- à cet égard. Cependant le concile
(le Constance en llilCj et celui de Bàlc en Uj31, conliruiés tous deux plus tard par
celui de Trente t-n 154J, parlent de l'abolition de li pratique des premiers temps
^Labbe, S'irrosanrta oucilin, t. XII, p. «U et 000; t. XIV, p. SO.'i). L'abbé Corblet
opine dans son Esuti sur le* riUires, p. 5, quo l'us.ge de communier sous les
deux esp<''C»'R a duré jusqu'au xiii» siècle.
3. Lttlibe, Sacrosunrlu cnHCilia, t. IX, p. 'l'il.
Mansi, S'irrurum i-onciliorum nova cottectiu, t. XIX, p. 322.
k. Quarti, HuOnrn Mixttiiis llimimi. Rome, 107^j, in /)«>, p. 173 el suivaulis.
S. H, — l,a rubri<|uc do la monse, dont on no saurait prénwr l'oriRino, fut rédifféo
pour la pn-mitre foin, dans lu l'ontillcal imprimé \ Hume en HK3. par Rurcanl,
ff.altn- de% crémonifs souh le pontitlcit d'Innocent VIll tt d'Atex.uiilr • VII. — !.<•
papo Pic V l'inst-ra dans lo Missel.
l'ouï i;viii.mK u 1. 1 ain itvN> LAMHjrm'.. <65
doivent ùlrc seuls employés puur les calices, cl (|U(; lor.Miiic l.i cdiipi!
du c.ilice est en arKciildlc doit iik'^mii; (Mrc doicc. Toui(,'s h.-s autres
iiialièrcs. s.iuf l'étain, soiil pioliil)i''cs. Kn cas de nécessité il est tou-
jours peniiis de se servir de ce dernier mêlai '. Ces règles sont uni-
vciscllciiicut prescrites par les tliéolo^'iiîiis el considérées aujour-
d'hui d.itis loul le monde callioliipie cuiiiuK; absolues.
Au dire de certains théologiens la pauvreté seule est la raison qui
l'ail pcrniellre létain- et encore il faut, autant qu'on le peut, que la
coupe soit dorée ^. C'est peut-élre pour cette raison (ju'uii r. gl(;menl
statutaire des corporalions de potiers d'étain, qui paraît avoir été
appli(|ué avec une grande sévérité, aura été formulé. Ce règlement
ne iiermet la dorure Je l'étain que pour les seuls objets destinés au
culte '.
Saint Iknoil d'Aniane, au dire d'Ardon, son historien et son dis-
ciple, se servit non seulement de calices en bois et en verre, mnis
aussi de calices en élain ■. Plus lard, en Allemagne cl en Suisse, on
a eu des calices d'élaln portant un petit tube ou siphon p:ir lerii^d
les fidèles aspiraient pour communier sous l'espèce du vm. Lin-
danus <>, qui raconte le fait, a vu conserver encore un certain
nombre de ces calices dans l'église de Boswaeirt chez les P'iisons
(Hollande).
L'emploi des calices en élain eut de nombreuses vicissitudes.
Tandisqu'en France il paraîl avoir été d'un usage constaul jusqu'à
l'époque de la Révolution ', en Angleterre il fut prohibé à plusieurs
1. QiKirti, Of). cit., p. 173.
Guill. Durand, lifitiunalc riiviiiorumuf/i:iorui/t, p. 18.
Ivo, Dec et uni, p. 78.
Carditiai de L>igo, op. cit., p. 530.
Du Saussay, Pauoplia sacerdotnh's, t. I, p. 199.
Aversa, Dr Euc/inristiw mcratnento, p. 275.
Laymaiiii, (»/'• t-'''-) P- ^-■
2. Marnes sources (lu'à la noie précédente.
3. Fagundpz, op. cit., p. 10.
Quarli, Hubrica, p. 173.
Guill. Durand, Rutiouale, p. 19.
Aversa, De Euchari-iticE sacramento, p. 275.
II. Sluluts, ordonnances et privilèijci des m'ii'res potiers <ré!aiii de Paru, noi-
firmes pur le ro' Louis XllI. Paris, 1742, in-8% p. 15.
5. .innales bénédictines., sarulum IV, t. I, p. 198.
C. Lindanus, Panoptia evnngelira, p. 3/i2.
7. L'abbé B irraud, op. cit., p. 6.
Mgr AITro, Tr/iitc de l'administration leinpjrcllc da p'troisici. Paris, 1839, gravî
in- 80 p. 218.
168 RKVUE ARCIU^OLOGIQUE.
reprises, comme, p.ir exemple, dans le conrile dcWeslminsler' tenu
sous r.irflu'vt^,|u»' Hicli.iiil (l('(-;inlnrlit''ry,succfSseiiiilo saintTliomis,
ou il fut •npri'SséuR'iit iK-fiMuIu à tous Us ^V(Vjues de rousacriT des
calices d'ctnin. Nous voyons, au contraire, le concile d'Alhi eii lâ'i't^,
et celui de Nîmes en iHol^, laisser tous pouvoirs aux éviViues et
aux priMres jour employer rétiin dans les cas de pauvreté.
Mais tandis que Icsconciles laissaient une grande lilterté, certaines
mesures restrictives étaient parfois prisc> par certains statils locaux,
comme le prouv»' le texte des >taluts du diociîse de Sainl-Flour rap-
porté par Du Gange '.
En italit, si les é>lits (léfcnlaient l'usage de Télain ils avaient peu
force de loi. ainsi (jue le démontre un inventaire du xiii" siècle (|ui
décrit le mobilier d'une église. Cette pièce est conservée dans Vlta-
Ua xacrn d'Ugliello. On y trouve désignés un calice d'élain avec sa
patène et un autre calice ancien également d'étain mais dont la pa-
tène était perdue''. D'apièsce texte, non seulement le calice d'étain
était en usage en lfî8i, mais encore cet usage était assez ancien cl
assez répandu.
Les motifs (jui ont fait proscrire les autres matières et conserver
l'or, l'argent et l'étain sont faciles à comprendre; d'ailleurs ils ont
été donnés par de nombreux théologiens.
Le bois, la pierre et l'ivoire, étant poreux, absorbent une partie des
matières consacrées'"; le verre est excessivement cassant et expose
par conséquent les saintes espèces à être répandues ^ Le cuivre, le
1. Rogcriillovedeni anna/iuni ijurs prior et posterior, reproduites daus les Rerum
Artyltcarum uriplorex posl liedaw pracipui. Francfort, IGOl, in-fol., p. J44.
2. Labbe, Sacrostincta conciiia, t. XI, p. 731.
Mansi, Sacroruin conciliurum nooa cuUectio, l. XXIII, p. 8ii4.
3. (Jdtlia rliristtuna, ccclesiu Semausensis, t. VI, p. 1x1x6.
U. Martèiie, Thésaurus holus anfcdutorum. Paris, 1717, 5 vol. in-fol., t. IV,
p. 1130.
k. V. Pi'utruin, Sial. S. Flori mss. fol. 08. « lolcrdiciuius ne fjuisquam cum
calice lignoo vel vitrco, vel stagneo, vcl plumbeo, vel de peulre, vel de auricalco,
vel de <.leclro, infra Unes di'icesis uostraj ullcrius celubrare prx'sumat. i>
5. Lglicllo. ttuli'i sitrrn. Home, 1009, 7 vol. in-fol., loine VII, p. tJll (Saleruitaiii
arcliicpiMTOpi : .Mailm-us de Poila/. « Calice uiio de sla^îiio cum pateiia et calice uiio
alio vctusio de bia^uo sim- pateua. »
0. Quarli, op. ci/., p. 174.
Guill. Durand, Hntiunuh diviiionim o/ficiorum, p. 20.
Dom Claude do Vert, 1-Jxpliatlwn des cérémimies de l'E/jlne, t. IV, p. 323.
7. bom Claude de Vert, op. . i7., t. IV, p. '22j.
Ouarii, "/'■ et loc. cit., p. 17/1.
Guill. Durand. i«/., p. 20.
i.'oiii-i.N iii;niK d'kiain da.ns i/amioliii;. !07
bruii/.c, II' fer L't le ploiiih ineniit'Ul souvriil au coulait du vin iint;
oxydation (juien décompose certaines parliez et pourrait, en altérant
le li(|iii(l(', occasionner des vomissenicnts ou du dégoût {roniituin
prorocanty.
L'étain euïployé pour les calices a eu son symbolisme dans la
liturgie, de mûinc ^\n^i l'or et l'argent. Voici comment s'exprime sur
ce sujet (îiiillaume Durand, évôijue île Memle, ([ui écrivait au
XIII'" siècle - :
« Le calice d'élain est le signe de la faute cl de la punitioii, car
l'étain lient le milieu entre l'argent et le plomb, et, bien que la
chair du ('.lii"i>t n'ait pasélé de plomb, c'est-à-dire péclieresse, elle a
été cependant semblable à la chair sujctie au péché. El, bien i|u'elle
n'ait pasélé d'argent, c'est-à-dire passible à cause de ses fautes, elle
fut cependant passible pour notre faute, car il porta lui-même nos
faiblesses -'. »
A partir du commencement du moyen âge on retrouve les calices
d'étain d'un usage constant dans l'Église. Jusiju'ù la Révolution on
s'en sert dans les églises pauvres. Tous les inventaires d'églises et
d'abbayes (;ue l'on consulte en signalent continuellement l'existence.
Lft seul point (ju'il serait important d'éclaircir serait de savoir si le
calice d'élain était un calice exceptionnel ou si au contraire il était
d'un usage courant. Pour nous, après l'examen des textes, que nous
ne citerons pas ici parce que la plupart sont d'une époque beaucoup
trop récente, nous croyons pouvoir conclure que l'usage de l'étain
était réglé non par des ordonnances générales pour la France, mais
par des autorités ecclésiasli ques locales, el par conséipient que pres-
que chaque diocèse avait des usages ditTérents sur ce point K
I. Aversa, De Eucltarisliœ saciamenlo, p. 275.
Laymann, op. cit., p. 12.
Réginald, Pcnitentiel, t. II, p. 559.
Barlholonix'us Gavantus, T/iesauncs sacrorum rilumn, p. GS.
Dom Claude de Vert, op. cit., p. 225 du t. IV.
Quarti, op. el lac. cit., p. 17i.
Guill. Durand, id., p. 20.
Ivo, Dixretiini, p. 78.
Fagundo?, op. cit., p. 10.
2. Untionnle divinoruin officioruin, p. 18.
3. Stanneus iimuit siinilitudinon culp'e et picnœ. Stnnnum enim est médium
inter argeutuni et p/umbum et caro C/iri'iti, licet non fuerit plumbum, id est peccn-
trix, fuit lamen cariii similis peccafnci ; et licet non fuerit argentum, id est passi-
bilis propter suam culpam, fuit tamen passUnlis propter nostr/tm culpam quia
langeras nostros ipse tulit.
/j. Bulletin de la Socirté d'archéologie, sciences et arts de Seine- cl- Marne
468 HKVUK AIICHKOLOCIQUK.
II
l.a lilnipie plaro toujours à cAté des rnliros |ps pnlc-nes, tant à
causi' (k' remploi scmblalile de ces deux olijt'ls (pic p;ii- Irur rappro-
cheuient ronslant.
Les patt'iies n'avaienl pas dans loi ii,Mnt' la loriiio iprcllcs ont de
nos jours; elles étaient souvent fort grandes et presque toiijouis
assez creuses. Il y en avait «piel luefoisde très ornementées, toutes
recouvertes de pierreries et de ciselures, mais il est pndialilc (pie
dans ce cas elles ne servaient (lu'à la déroialion des autels et n'é-
taient plus un olijet ordinaire .lu culle '.
Les patènes furent toujours de la même matière (pie leeiliee avec
leciuel elles étaient consacrées. Les conciles proliihiiifs réduisirent
naturellement à l'or, à l'argent et h l'éiam le nombre des matières
dont on devait les falirinuer, et lorsqu'elles étaient en étain fallnit-il
encore qu'elles fussent dorées sur le dessus comme la coupe du
calice*.
Le ciboire et l'ostensoir n'existaient pas dans les premiers temps
année l»0j. Meaux, grand in-8", |). 77. Iiivt Dtaire des meubles, linges, ornemeuis
et joyaux de IVg'ise de Saini-Étii-nne de Brie-Comte-Ilobert (l.')5/i).
Mémoires fie 1(1 Sociélé archéologique <le Touraine. Tours, 18oj,in-8", tome VII,
p. 200. Inventaire des biens meubles de l'église paroissiale >< Monsieur saint Pierre »
de Hueil I2ù uiai 15G&).
liullctin lie lit S<-ciélé historiijue et archcoloyiifuc du Pèriijnrd, 1875, tome il,
p. 183. Inventaire d'objets mobiliers aflérents au culte et dépendant du prieuré de
Bergerac (1527).
Mémoires et ihcumctils i,uh/ict pur la S'jcidté d'histoire tt d'nrchéolorjie de
Geii'-ve, tome VI, p. 120. Inventaire des meubles, vases et vôteraenls sacrés de la
cathédrale de Genève (17 aoiit 1535».
Annnlrs du cercle archéologique de Mons, tome XII, p. 233. Inventaire des
vases sacn'R, orncm' nts, etc., de la cliapollc Saint-Jacques à Atli (\n'2).
Mc'.sfif/er des icieucrs et des arts de li'l;/iQu>', 1880, p. 2:i3. Inventaire des niru-
bles, effets, lièges, livres, etc., et néïK'ralemcnt do tous objets cxi^^tnnt le 23 nivûso
an V à l'abbaye «le Valducqur, département de ia Dyl»'.
1. L'abbé Barraud, op. cit., p. l(i ot .suiv.
L'abbt- T< viiT, Diclioutiaire d'nrfcvrerie chrèlicnuc, v. Valeur.
I.'abbé Marti-'Uy, v. Pulcne.
Moroni, Dizi'mario di entdtziouc storico-ecclesinsticn, v. Vntctin.
2. Quiirti, op. cit., p. 175.
(Juill iJurond, np. cit., p. 21.
Kagnndtr, "/). cit., p. T2.
i/oiii'i;\iti-,iiiii d'i.iain I)\ns l'amiuiiti:. 169
del'Kgliso; le p.iiu cons.icn'; rl.iit ;ilois coiisci vr dans des coibeilles'
ou (|;ms des pysidcs de vcirc, d(! hois, de pierre cl de loule espùco
d';iiilies iiialièics -, el nous ne, ciosoiis pas (lu'aueuni; pièce d'orf»;-
vrerie -orvil à cet iisai^'e d'iiiie lanui un peu conslaiile avant le
x" sii'^rle. Le vase destiné à la ennseivalion d(; i'encliai islie prit eri-
snile la l'oirne d'une loui', d'où il lira aiis>i son nom, tnrris. La
loiineeii loui' est signalée dès le vi" siècle-'. Il en lui rahiiipié aussi
en loi'nie di^ colonihes et l'usage en est également lorl ancien ■*. Les
canons du concile de l»rinis étaient, selon toute vraisenililancc", depuis
longtemps en vigueur lorsi|U' le ciNoiie consista en une coupe à
couvercle (xir siècle enviion) '. Nous avons cependant rencontré de
nmuhreux ciboires en cuivie ou en hronze doirs .'i l'intérieur. (Voir
au Louvie le ciboire signé : Alpaïs; i,'alcrie dApollon, n" I). 125.)
Il dut y avoir des cilioiies en étain au moyen à|^e,co nme il y en eut
plus lard sous la i-enaissance, ainsi i|ue le démontre la pyxide de la
collection Sauvageol conservée au musée du Louvre.
Lis burcites étaient faites tl'une maliérc correspondant ù celle du
calice. Comme le viuijui y est conservé n'est pas encore consacré,
il était inulile (ju'elles fussent d'or ou d'argent. Elles furent souvent
cnélain. mais, comme elles ont donné lieu à moins de controverses
que les calices, ou en trouve plus rarement des ti'aces ^.
Nous avons cependant recueilli quelques documents qui établis-
sent l'existence continue des burettes d'étain.
Le premier de ces documents en ordre chronologique est le Capi-
lulure Aijuisijrauemc, inventaiie général des biens ecclésiastiques et
1. Saint Jérôme, Episl. ad Ri/stic, loc.cit., p. 1085.
2. Grégoire de Tours, Hisloria Fruncornm, t. X, cap. xxxi, op. cit., p. 817.
D. M.irtène, Voyage littéraire. Paris, 1717, in-i», p. 183.
L'abbt; Corblet, lîssai sur les ciboire^-, p. iS et û9.
3. L'alibé Tcxier, v. Tour.
Griîgoire de Tours, Histor. Franc, lib. X, c. xxxi, vide supra.
Flodoard, Histoire ecclésiastique de Reims, livre II, di. vi.
h- L'abbé Martigny, v. Colombe eucharistique.
Du Gange, v. Columba.
Pellicia, op. cit., t. III, p. 57.
L abbé l.orblet, Essai sur les ciboires, p. 54 et suiv.
5. l.'abbé Tcxier, v. Ciboire.
L'ubbé Corblet, op. cit., p. CO.
G. L'abbé Aligne, dans son Encyclopédie théologique (l. VIII, Origi/te^ et raisons
de la liturgie catliotique, Paris, iS'i'i, in-io, p. IfeS], fait dériver le nom de burette
du vieux mot buirette, dérivant de bwje ou bui;, parce que ces vases auraient été
faits de ce bois.
ni' siiiiii:, ï. !i. — \-
170 nkVl'K AnC.lIKOl.OCiKH'K.
séculiers (le l'empire (11' C-linrlt'inagiK' dressé en 81:2. Il parle d'une
bnrelte li'iMain nu nillitii du dénombrenieiit des oiijeîs du eulie de
l'ile de Stephansweri, sur la Meuse, dioci'se de Trêves, où une ab-
baye b(>n(.'Mlieline avait ('t») conslruile en l'iioiineur de saint Micliel
arehange par un moine du nom de Landlix'd '.
De r('"poque de (Ibarlemagne nous passons au XII' sii'cie, où uikï
cbronique rapporu'e p.^r les annales i rnédirliiies, racontant l'incen-
die de l'église de S?int-l'rbain piès de Coloi/ne -, nous apprend (jue
dans une niche placée derrière le inaîtrc-autel et où se trouvait la
réserve eucharisli.iiie conservée pour les malades, il y avait, en
outre des objets contenant les espèces consacrées, une burette d'étain.
Cet incendie eut lieu (>n l'année M4t2. A (]uoi il faut ajouter une cita-
lion de Du Cangc ', exii'aito dun nianusnit du monastère de Saint-
ThéofréJe, en Suisse, et paraissant élre de la même épo]ue, où il est
fait mention aussi de burettes d'étain.
Du reste, il n'est pas rare de rencontrer des burettes en étain de
répO(]ue de la renaissance. Et comme au xvi" siècle on était beau-
coup idus difticile sur le choix des matières destint'es à l'orfèvrerie
religieuse (^ue pendant les temps barbares, nous devons conclure rjue
l'emploi de l'ètain remonl.iil :i une date ancienne el n'était ijue le
résultat de la tradition ^
Signalons en «iernier lieu les vases ou ampoules destinés à renfer-
mer le saint-chréine ■'.
1. Pertz, Monumenta Germaniœ hislorica. Hanovre, in-fol. ; Leges, tome I,
p. 170. — Eccard, De rehus Frnnciœ orienlalis. Wurizbourg, 102», in-fol., tome II,
p. 902.
2. Abbé Texier, v, Cuntûffe eucharistique . d'après les Annales bihiédicdnes,
sœcul. MI.
3. Glossariutn inedin' et infima; latinitaHs, v. Coc/ilem: Tabulariuii; nioiiBstcrii
S. Thpofredi in Velauiiis : Vineuria stagnea id est ampuliœ vinum et itqunm om-
tinentia, vnsu rjuoque lignea toniaii/i opère favtti, quibus oLlitlu servuntur ctiin
cocfUeari arytiteo quo in pu tenu ponuntur.
II. Des inventaires d'une date plus récente que Cf^ux que nous vonons do citci ,
nous signalent des burettes d'éiuiii, (jui si-lon toute vraisemblance e\i«taieiit depuis
longues années dans les églises et cbapelles oïl on les avait trouvées, et se rappor-
taieût au moyen àgc. Annules du cercle archéologiqvi: de Mmi^-, tome xii, p. '253:
Inventaire des vases sacrés, ornements, etc., de la chapelle de Saint-Jacques à Ath
en 1772; tome xiv, p. 207 : Inventaire du mobilier do Tabbaye do Canibron au
XVIII» siècle. Dans un des cliapiircs suivants nous aurons l'occasion de parler des
burettes d'étain aux Xlll^ xiv" et w" siècles.
5. De quoi ^e composait le saint-clirénn-, et quel était son Age'.' Il y en avait
dcnx sorte», nous dit Du Cange, v" Chrisnui. « Duplex est : aliu<l cnin» idque prin-
cipale ai'pellatur in l'oulincali M. S. Sunonensis Lcclesio?, et co uiirfuntur i|ui l>a-
I, (IIIFKVIIKIIIK DKTAIN DANS L AM IQUII li,. 171
Oins les inventaires on eu rcnconirc qui sont aussi en élain '.
L'histoire de ces objets doit ôtrc certainement la môme que celle des
burettes (lY'lain et selon, toutes a{)|)aieiices ils rcinoiileiit au.v^i à
une haute antiiiuité.
GLHMAIN BAI>S'l'.
{La suite prochainciiicnt.)
ptizantur in vertico, et qui confirmantiir iu frontc, doniqueqni ordinantur ; alterum
vero est simpiux oleum ab episcopo consecratum, quo unguntur catecliumoni in ppc-
tore et scapulis et iu fronte. antcquain abiuaiitur. Infiimi quoque et energumenei
codem oleo ungunliir. »
1. Iiiveitlaive des rneub/cs, tascs, de, de la cutliédridc f/e (."ewèt^e (1535), déjà
cité. — Inventaire des /tiens meubles, de Saiiit-Pienr de liueil (l'iGij, également
cité. — Trésor de la catliOdralc de Bourges (1537). — Mémoires de la Société des
antiquaires de France, 3' série, tome IV, p. 1220.
TNSCmiTIOXS (ilW'^COUES
nKCOUVi:in'i;s i;n kc^ I'tk
Les découvertes arcliéologii|ueà lie iM. Maspero se niulliplientavec
tant lie npiJilé (|iie j'ai beaucoup de peine à tenir l'Académie • au
courant de crlles (jui conccrnenl l'épijîiapliie i,'réco-égyptienne,
indépendanimenl des moniimenis démotiques et hiéroglyphi jucs,
dont il se réserve l'explication. Deux nouveaux envois méritent
d'étrecommuniijués ;\ la savante compagnie. Faits à un mois de
distance, oulre la nouvelle copie du décret de G.inope que j'ai publiée
dernièrement, ils sont accompagnés des deux lettres suivantes. Voici
la première :
Mciishièli, le l'f février 1883.
Monsieur,
Des maladies suivies malheureusement d'un deuil m'ont empêché de
répondre à \olre lellre. J'ai rùus^i pourtant à quitter le Caire, il y a dix
jour?, et les souris du voyage m'uut pormis do ropriMifiic me.-; occupa-
lions.
J'ai des copies de cinq inscriptions du .Mu^ée, qui sont éguii-es en ce
moment parmi mes papiers, mais que je retrouverai avant peu. Pour le
moment, je von.-) envoie : 1» Une pliolo-irapliio de la partie grecque du
décret bilingue que j'ai découvert pii's di' Toll-ltimjis vu IsSt, et qui
n'eïl qu'un doub'e du décret deCinope; '1* la copie de deux inscriptions
que j'di liouvecs ce matin menic à Menshiéh.
\m passant devant Menshièb, j'avais été frappe de la grandeur des telU
sur lesquels s'élève la ville moderne et de la hcaulé des quais antiques
d'appareil grec qui, sur une longueur de six ou huit cents meires, courent
I. (>» iii^cripiioiii» ont é\6 commuiiifjiiéc» i l'Académie des inscriptions et bclloa-
letlrcfl din» la ftéaiico du 13 avril 18b3.
IN.SCIlll'l KiNs (WlKCuLI'.S Hl i;mI VI llTh S IN li.V; li:. 17 i
devant les [ireiiiicreg inuisons (.'t sorvuiil encore ilf. quais aii\ 1 :ir(|iH'.s
d'uiijoiirJ'hui. (ie matin, jo tno suis airûU', et j'ai parcouru tiiiis ton» les
sens les ruines de l'ancicnm; l'iuléniaïs.
Les pirlies où i! y aurait chance de trouver quelque chose sont recou-
vertes pir la ville inoderne. Au sud, j'ai trouvi'- lu dcdioace que jt; vous
envoie copiée au crayon et qui est gravée sur une picire trop lourde
pour qu'on pût l'enlever sans trop de frais. IMus huil, j'ai remarqué un
lïagmonl d'enlahlement de style grec, en granit gris, formant angle, et
des débris de colonnes en granit rose, ainsi que des pierres de forte taille
en calcaire hlaiic, marquant tant bien que mal le tracé d'une chambre.
Il y avait là éviil.'innient un temple ou un en.-emhli; de temples. La lettre
a vous donne la l'orme de la pierre sur laquelle est rinsciiiition A. C'est
un dessus de porlo de temple d'environ 1"',S(» de long dans son état
actuel. Au-dessus de l'inscription grecque, quelques traces rooges sem-
blent indiiiuer une série d'ornements et peut-être des hiéroglyphes.
Après avoir copié l'inscriplion j'ai fait retourner le bloc de manière à
protéger la partie inscrite de l'attaque des fellahs. L'inscriplion n'est pas
dans Leironne, et je la crois inédite.
En courant la ville, j'ai trouvé et acheté pour le musée un Ironçon de
petite colonne en granit noir paraissant avoir servi de supporta un aulel
et portant l'insciiplion copiée ;\ l'encre. C'est un tarif réglant l'enlrée au
temple des hommes et des femmes; à la ligne 7-8, il me semble qu'on
peut supposer qu'il s'agit des hommes, toÙ; 5' a[vSfaç],se relevant de
de cohabiter avec une femme... (XTTo yuvaixoî, et voulant entrer; l'ariicle
suivant traiterait des femmes dans la même position, tx; oè pvaTxa;, elc,
puis des fominos enceintes ou nourrissant l'enfant, etc.; mais vous jugerez
de cela mieux que moi.
J'ai mis quatre croquis représentant : 1" la forme du fragment; 2" le
développement de la portion du fragment où se trouve l'inscription;
3» le diamètre du fragment; 4° le développement de la restitution de
toute la colonne telle qu'elle devait être avant d'être brisée. Cela vous
permettra peut-être de resliluer le texte ; la partie écrite comprise entre
les deux ornements était d'après ces données de 0"',2", dont 0"',l.i-U'",tO
subsi;lent envoie.
Je sais bien l'ulililé dus estampages; mais la plupart des pierres sur
lesquelles sont gravées les inscriptions grecques sont Itllemenl endom-
magées, que le coniacl du papier mouillé risquerait de ks détruire entiè-
rement. L'inscription .V d'aujourd'hui n'a pu être Cïtampée à cause de la
terre qui remplissait les lettres; il aurait fallu pour la nettoyer un temps
que je n'avais pas. L'inscription sur le tronçon de colonne présente si
peu de creux que mes papiers à estampages, destinés i prendre des ins-
criptions ;i relief épais, n'ont pas réussi.
Veuillez agréer. .Monsieur, l'expression de mes sentiments tout
dévoués.
G. Maspero.
174 IVKVIK AIU.HKO'-CKIIOUE.
Au\ iiulionlions donnces dans la lellro do M. Maspéro nous ajou-
terons tiuelqut's obstMvations parliculii'res.
1.
Calraire comp.irt. î.os Acnx pnrlirs do l'insrriptinn sont sur la
mî^mc W'^nc cl sont si^parôcs par un ornomi'iif .nTliifi'ctural.
NTHIEn
NEîKAITOnPOîONIIIElON
KAIT...EKT02TEIXOY2THinO
I2I.AITOI22YNNAOI2
2nAHI..
TAKnMIAITOIEPONKAITAIYI.lKYPON
KAITOYinP020NTA2yiAOY2TOnOY2
AEniBnMONAPBAKTEIKAlEPAKIOE
[at OAMENOO T
|]v zr, Ir- Tax('iy.(a to Îscov xat
v£; xa\ tÔ ■::coaôv 'Igieiov xai Toù; rposovTa; •I/i)-ou; tottoo;
xat 7*^07] U-:o; tei/ou; ttÎ; tto- Xeoj; piomov 'ApCâxsi xal 'lipâxiOs
'Ia( xai ToT; (Tuvvâoi; L X^' çafxEvwO y'
CeltP inscription, malhounniFemenl inrompI(''ti\ contitMiI l;i dT'di-
ricf d'un tt-mph' à Isis et un autel oxtri'icur aux dieux APBAKTEI-
KAIEPAKI. Il y a là probablement uiu" faute. On connaît un dieu
égyplirn noiiiMié 'ApÇixi; qui est ordinairement joint à l'épervier,
d'où il faut liie WoCxau xal 'Icpâxi. Le mot É-Taxoai'a est nouveau. Il
signifie un ensemble de sept bourgs ou quartiers «le l'ancienne ville
de lUolêmais. Le temple d'isis avuisiuant, -rô rpoaôv 'l<iΣtov, et les
trois rpocovT»; •|/ùvj; tcIttou;, les lieux (|iii v touchent, cesl-ù-dire les
lieux nus, sans les fonsiructions. APBAKEI KAI lEPAKI devrait ôlre
ainsi complrl.' : KAI lEPAKI flPO, car 'Ap(,c«/.t; est un mot (égyptien
signitlant liorus ('pervicr. dette inscription >i':iiifie donc on deux
langues : <( à Moins épervier et à réprivirr liorus. » Ce nom d'Horus
iNscmiTioNs (;ni:(:oi!i:>< iiKcorvKini'.^ i:n K(JVI'TK. 176
osl soiivciil (Tiil ;iiissi APBHXI2 .ivl'c X. j Voyez. les papyrus du
Louvre n"* :!'♦ cl (50 bis.)
L;i (l;ili\ l' 3 iilnniriiolli de l'an X\, doit s'apiili<|in'r nu rrgne de
IMiila-lolplif.
Nous parlerons plus loin du n" tî. Voici la seconde lettre de
M. Maspero :
Louxor, le IS mars 1883.
Clier Monsieur,
Je vous envoie un nouveau rclai d'inscription?, dont trois sont
incHlites, et la qualriùmo n'est connue, je crois, que par une mention
faite en passant.
J'ai trouv('! le n" t moi-mi'me dans une dos maisons antiques de Coptoa.
Klle tMail dans une sorte d'atrium en briques, dont les murs étaient
rasés jnsqu'cà un pied environ du sol. f.u cassure à la deuxième et 4 la troi-
siùme ligne est une cassure naturelle de la pierre que le graveur a évi-
iL^e. La longue martelure à la ligne 4 a été polie dans l'antiquité, et par
conséquent est intentionnelle: peut-être avait-on passé un titre du per-
sonnage et il a lallu elTacer ce qui était déjà écrit pour rétablir le litre
en son entier. Je pense que cette hypothèse est la vraie d'après
l'aspect de la pierre, et qu'on a devant soi un repentir du graveur. Les
lettres du nom ltouu.o; ©eôjvo; pr,TO)p sont plus grosses que les autres let-
tres comme je l'ai indiqué. A. l'avant-dernière ligne le O de auToxsaTopo;
enferm.e un gios point qui lui donne l'air d'une pupille d'oeil. Dans
Kai'cafo; qui suit, il y a bien €, mais le trait qui change le C en G est
accidentel : le ciseau a échappé des mains du graveur. Enfin, le graveur
a serré les lettres à la 6n de plusieurs lignes. Les débris de lettres dans
le martelage sont tout ce qui est visible des mots effacés.
Le n" 2 a été copié par M. Urbain Bouriant, tandis que je faisais enlever
l'inscription n» 1. Cette inscriplion a été signalée, il y a trente ans, par
M. lliirris, et se trouve indiquée dans le (luide Murray. Je ne me rappelle
pas l'avoir vue publiée, et comme je n'ai pas ici le Corpus je vous l'cnvois
atout hasard. Les lettres sont du même type que celles de l'inscriplioa
précédente. M. Bouriant est de la nouvelle école du Caire.
Le n° 3 provient de Coptos. Je l'ai acheté, et plusieurs personnes qui
l'avaient vu avant moi en ont pris copie; je crois donc que vous ferez
bien de le publier au plus tôt. Linscriplion est des plii> intéressantes, et
je ne serais pas étonné quel'Apollonios en question ne fût l'amiral .\pol-
lonios qui avait découvert certaines îles portant son nom et mentionnées
dans les IV-riples de la mer Ki ythrée. Je ne saurais rien vous dire à ce
sujet, car je n'ai ici que des livres égyptiens, et il est possible que je con-
fonde le nom d ApoUonios avec un autre du même genre. Il me semble
aussi que Letronne mentionne une ingcriptijou analogue.
176 nnvLT, AtiuiiKui.oGHjir.
I.c w 4 a iM.^ arholi^ par moi ilnns le bazar irAssiuan. où il s.Tvaii de
do si r à iiii bnic di' pioiie <!«? b.iuliqiu'. Il vA pos>iblo que d'aiiliig
l'aii-nl Ml cl iO|)ii^ avaril moi. I.'incriplitm ^rpciiuo a »'tv gravôc sur luu-
lolagt», el il mo htMiilile que riijàciii>iioii m.ir :»«l'C éiuil tii lui^ro^:ly|)lu-s;
il se |iouirail donc qu-- la slaliie royale no fût pas une sialiic<le IMoléniée.
I.c A)\c «les pieilâ indique le» .Jcrniors lemps de l'époque saïle ou le
couimeuceiuenl de l'éjioiju'-' ploU'niaïque.
Dus que je serai au Caire je ferai les vi'i:llcations que \ous inc deman-
dez.
J».' vai> quilior Louvor dansscpl à liui( jour,-. J'ai recueilli »;u\ir»>u ceul
Cloquante < siraca grecs : mais c'est li, je crois, unsojcldunt vous ne vous
occupez pas. Au cxs où vous les dtsireriez, il faodiail les faire pho-
tograpbier, ce qui vous reviendrait assez « her. Je comple recin-illir en
route un nouvem loi d'in>cripliijns. Je n'ai pas hesom de vous dire que
tout cela va au Musi^e. Il n'y a que riiiscriptiou n» 1 que j ai dû lai>s.'r
en place, pour celte année du moins, faute de in'cMreuiuni des pouvoirs
ntVc3>aue6 pour déni >lir le parapet du pou', où elle est enca>lrée.
Veuillez agré.r.chrr Monsieur, ^e\p^es^ion de mes senlinicnts dévoués.
G. Masi-eiio.
i.
Calcaire blanc. Coplùs. Huioes .le li vilk» aulii|uo. — \x :> fé-
vrier iss:i.
Yn€PTHCAYTOKPATOPOCKAICAPOCNÇPOYATPAIANOYC€BACTOY
rePMANIKOYAAKIKOYKAITOYnANTOCOIKOYAYTOY ICIAOC
6NATPiniT0Z0AN0NKAIT0NNA0NKAITAnçPIAYT0nANTA
çnmrGMONOCCY ym KAicnicTPATHroYnoMnH
lOYnPOKAOYKAinAPAAHMnTOYKAIITPATHrOYKAAYAIOY
XPYaPMOY • AIAYMOC0eCA)NOCPHTGOPAN6OHK6N
fTOYC T- AYTOKPATOPOCKAICAPOCN^POYATPAIANOY
aBACTOYrePMANIKOYAAKIKOY OWO Â
'Xr.io TT,; ayTOxpâxopo; Kaîoaso; Nîpoûa Tpatavoù ceêaffTOÛ
Teoixavixoû, Aaxixoù, xai toO rravrô; oïxou aÙTOÛ ' vj■/r^z] "laiSo;
h «Tûieo TÔ ;davov xai tov vaôv xal ri Ttç.\ oÔtô[v \ r.i^-n.
iw IIpoxAw xai z«ia).r,:AT:TOu x»i aTparr.voO KXaucîou
Xtw«i'pu.w • A-:o'j:/.o,- «ewvo; '^iwù àvîOr.xtv
i\s<;itii'Ti(t.\s r.i!i:r.oin:s M'ictiiVKmr.s kv rcvcn:. 177
£TOu; ^' aÙTOxpaTOOo; Kaîuapo; Ne&oûa 'VcxiT^vJ
(jeSadToù l'ïpaavtxo'j, Aaxixov, OtoO â.
Celle inscri|»ti()ii csi la dédicace d'iiii mummitîiit élovi'- eu r-ivciir
de Tnjnn. Il est évideiil que le mot -ru/r,; a été oiildié, s iris doiilc
parle lapicide, avanl 'Idiîo;, indiiiur (|ii'il élail pai l'ai licle du coin -
mcnrcmeiil tv;?, cl coinine on le trouve duis d'autres iiiscri|ilioris
analogues. I.es autres foriuulcs étaient uTrip aoTYipi'a; ou siuiplenieut
\jTzïo aùroxcotTopo; co'.nme dans l'inscription suivante. Le mol otTp».)
écrit en ciractèrcs grecs n'est pas commun. Les mots xat ri repl
«ùxôvrrdvTa tigurent d:ins deux inscriptions publiées par Letronne'
et C(.ntenani deux dédicaces de temple du règne d'Adrien. L'Ii.ibile
critique s't xpi ime ainsi : « Kpaplirodile a construit le temple et tout
ce {|ui en dépend. La pensée est claire : xal xà irEpl tôv votôv râvra
revient à la formule latine cum suis ornamenfis ou cum marmonbus
et omni ciillu. et s'entend d'éditices entièrement achevés. Sir Ganlner
Wilkiiison a cependant remarqué que les deux temples n'ont jamais
été linis. » \e pourrail-on pas traduire a et tout ce qui est autour du
temple »? L'expression xal xoù; itEpt aùxov 4/iXoù; toVouç de l'inscripti* n
citée plus haut justifierait cette interprétation.
L'orthographe rapaÀr.uLTTTou pour 7capa).7)ZToi» se retrouve d;ins une
autre inscription publiée par Gau ^ : 'A(TxX-/i7:iâSYiç ^apaXr^T/,. Le-
tronne a traité longuement du sens de ce mot dans le Joiiiiinl dos
Savants, 1820, p. ^03.
Le rhéti'iir Didyme, fils de Tliéon et qui a dédié le temple à Isis,
ne ligure point parmi ceux dont le nom s'est conservé. Aucun des
Didyme connus ne peut être identifié avec le nôtre. Le monument
est daté de l'an 7 de Trajan.
Inscription encastrée dans le parapet du pont de Coptos.
YnçPAYTOKPATOPOC
KAICAPOCNGROYA
1. Inscr. d'È(j., t. I, p. 153.
2. Antiq. lie la Subie, p. 19.
{'s iiKVL'i: MU'.iiKoi.or.iyiJi:.
TPAlANOYCf BAC
TOVrçPMANIKOY
AAKIKOYKAITOY
nANTOCOIKOYAY
TOYICIAITHXCa)
MATOCO^AMenC
THIBAABI AAOC
MPAKA^IAOYANe
OHKÇNÇnArAO
G0l|HnAXCON
'Virlp aÙTOxp»Topo;
Kac'ffapo; Nepoûa
Tpaïavou iisÇaff-
Toù repuLavixoù
Aaxixovî xaù toù
lîavTÔç oïxou oO
'llcaxXet'ûou àvs-
Or|Xev £7:' i-'cxQ-
xy'
« Pour l'empereur César Nerva Trnjan Auguste fiermanique Daci-
qne el toute sa maison, à Isis la trc's },Mamle déesse de la jetée, Ual-
billus (ils d'Héraclidés pour le Lien, l'an H, de paelion le 2'i. »
C'est là encore une dédicace d'un monument élevé l'année sui-
vante. Tan 8, en faveur d'j Trajan. L'auteur de celte dédicace,
nornni*' Halltillus, llls d'Ilérarlide, est jirohahli ment le iietit-lils du
célèbre IJall>illu.s qui a été si loni{leni[i.s juéfet de Home.
iN'scdirno.N's f;nKr,oui:s DKCouvRniKs f.\ i';f;vi'Tf:. 171»
a.
Coptos, le 9 février t<s83. Calcairo jaune.
0EOI2MErAAOI2 2AMO0PAZI
AnOAAnNI022n2l BIOY
0 HPAlOIHrEMONTnN
EinTAIEfiNSnOE I 2
ErMErAAHNKINAYNnNEK
nAEY2A2EKTH2EPY0PA2
0AAA22H2
EYXHN
0£oT? [xvciAOi; ia,uoOcot;t
X7roXX{')vioç 2î)(i)<ji6iou
0iripaTo;, y,-^vxi))'v t(ov
TXvjrjT.:, iy. TTfi 'EpuOpaç
OaXdcîr,;.
Ey/r,v.
a Aux grands dieux de Saraothrace, Apollonius, fils de Sosibius,
de Théra, commandant des troupes cxl/'rieiires, ayant été sauvé de
grands dangers pendant sa navigation dans la mer Rouge. Par suite
d'un vœu. »
Cette inscription concerne un certain Apollonios qui aurait été,
suivant M. Maspero, un amiral de ce nom menlionné dans le Périple
de la mer Erythrée.
Les grands dieux de Samotiirace rappellent une légende d'Orphée,
laquelle vient expliquer la dédicace de notre inscription. Diodore
de Sicile' raconte «qu'à peine les Argonautes sï'laienl remis en
1. Lib.
180 iiKVir \ni:iiKor,oGinrF.
mo\\ (lu'iiiio nouvelle lempt^le les assaillit, el comine les piincipaiiv
d'enliv eux clést spêrnieiU déjà de leur salul, Oridu-e, It; seul de tous
ees iiavi;:aleurs (]iii fiU inilié, li( pour emijurer r()raj,'e un V(eu
solennel aux dieux de Saniollirace. A l'insl ml les viiils cessèrenl
do soufller, deux étoiles tonilt;ml du ciel vinieiit se pl.icor sur la
lùle des Dioseures, au },'r.ind éioimeinenl des voya^^eiirs, el lousrecoii-
nurent qu'ils d<-vaienl à une providenee p;irliculiéie des dieux
d'échapper au d.inj^er t|ui le.- uienarail. Aussi di'jxiis, la Indilion de
celte heureuse délivranee s'élanl IrausiniM' d*àj,'e en âpe, les navi-
gateurs surpris par la leuipéle sont dans ru>age d'adr sser leurs
prières aux dieux de S:ini()tlir.ire. »
Je ne connais pas l'amiral Ammnnius dont p.irle .M. M;»spero. Ce
nom était tris commun alors en Egypte, i.a fondion mililaire dont
il es! iei (jucslinn, r.vsuwv xôiv e;^ Ta;£0)v, Commandant des troupes
exlérieures, était naturellement exercée par des Grecs, comme l'in-
di(iue le num de ceux qui en ont élé investis. Elle consistait à sur-
veiller les côtes de la mer Rouge entre Coptos et Bérénice. Copios
est sur un canal qui conimuniiiueavcc le Nil, à cin(i lieues d'.-l/)o//o?j/s
parva, Kous. Cette ville était le grand entrepôt du commerce {|ui se
faisait par une route (jue Ptolémée Philadelphe rendit praticable
dans l'espace de 2o7 milles au travers d'un pays aride el désert
jusqu'au port de Bérénice. On transpoitail des marchandises sur des
chameaux, de la mer Bouge à Go[ilos el de là p.ir le Xil à Alexandrie.
C'est là, à Copios, que notre Ammonius s'était réfugié après avoir
échappé aux dangers de sa navigation. Quant à la nur KrUhrée, il
ne s'agit pas ici de la meniui va rejoindre le golfe Persique. C'est
une confusion qui a élé faite très souvent, comme l'a fail observer
J.clronne'. On sait en clfcl que le nom de mer Erythrée, ijui com-
prenait, en général, l'océan extérieur au midi de l'Asie, désignait
en môme temps les deux golfes (jui en étaient formés, à savoir l'Ara-
bique el le Persi(jue. Ici mer Erythrée désijjne la mer Uouge comme
dansprtsijue toutes les iiisciiplions gicco-ég\plieiines où ce terme
se rencontre.
Le voyageurs échappés aux dangers d'une expt''dilion lointaine
employaient souvent la formule coOek iy- qui se retrouve dans plu-
sieurs de ces inscriptions.
1. Inirr. il'E'j., t. Il, p. 2'i7.
iNsciiirrioNs giikcmli:» uixolvluii.s i:\ i.i.vi'ii,. 1^1
4.
Aclicté ilaii.s le bi/aiile Syc'-nc, le 10 mais l88.'i.
BAIlAEAPToAEMAIoNOEON
OIAoMHToPAlIlIKAinPoI
liotiiAc'a llto/eyaVov Oîov
<l>iXo[x/jTo;a "laïc xcù 'iipoç
Celle inscription, mcnlionnanl le nom de IHoléinéc Philomélor et
ceux des deux divinités Isis et Ilorus, ne runlicnl <|ii(' !< s deux [ne-
niières lignes. Ce commencement, avec le nom du roi à l'accusatif,
est insolite. Il est dil'licile de deviner la suite. Un remaniuera le P
avec le jambage de droite plus court que celui de gauche, l'A avec
la barre du milieu brisée et l'O plus petit que d'habitude.
A la suite du n"* i, le dessin de M. .Maspero contient le fragment
d'un i)ié(l(?stal sur loijuel sont représentés deux pieds, celui de gau-
che en avant, celui de droite en retrait. Ce fragment est accompagné
de la note suivante; « Granit giis. Base de statue égyptienne; les
pieds seuls subsistent; celui de gauche, à peu prés intact; celui de
droite, à moitié biisé. La statue repiésentait le roi debout mar-
cliant à l'égyptienne. Grandeur naturelle. »
J'arrive maiiilenani au n" :2 de la première leUi-(; de M. Maspero.
2.
Basalte noir. Acheté à Menshièh chez un teinturier.
T0Y2E12I0NTA2E12T
ArNEYElNKATAYnOKC
AnOnA0OY2lAIOYKAI
HMEPA2 • Z ANAHAAA
XHEKTPnCM0Y2YN
TET0KYU2KA1TPEO0Y2H2
KAIEANEX0H TaT0Y2AEA
182 nKVl'K AHCHÉOLOGIQUE.
AnOrYNAIKOI "b TAIAET
AKOAOYOniTOlIANAPAI
ANEKTPniMOY M
THNAETEK0Y2ANKAITPE
EANAEEXOHTOBPEOO^
AnOBATAMHNinNI
ANAPOJ B MYP2INHNAE
TOI»; ôi stcidvTa; £Î; t[o]
àyveijetv xoLxk u:rox
àr.o TroiOoo; iotou xai
r,aéçaç s' ivaTraXX
y/\ îXTCtOffIJLOÙ CUV
TETOxui'aç xotl rpEooûffY,;
xal siv Èyôrl ('?) i2' Toùç 5e à[vOf.as
«7:0 •jMvaixo; p ', xJtç Sa Y[uvaTxa;
oxoXouOo); ToTç avoc<3tc-[tv
av EXTfoJCaoij \x
rry Sa Tsxoucav xal Tp£[ç/Onffav
litv Se eyOvj to ftpe^oç
àzoêaTa jjLy,viôJv ^ '
avopôç p ' ijiup(ji'vy,v Si
Nous avons réservé celle inscriplion pour la fin parce qu'elle nous
paraît de beaucoup la plus importante. Il s'agit du lioiiçon de la
petite colonne de granit noir paraissant avoir servi de support â un
autel et poi-lant une insciiplion dont toute la moitié maïKiUL ù dioile.
Celte inscription présente un grand intérêt; les mois qui restent suf-
fisent pour montrer toute la valeur du monumciil. M. Masporo a
très bien déterminé le sens général. Elle jette un jour tout nouveau
sur une partie de l'ancienne civilisalion égyptienne, au puinl de vuf
de la police. Beaucoup de renseignemenls épars et isolés avaient li\é
raltenlion de quebjues égyplologues qui n'étaient pas encore parve-
nus à les ratlaclK-r h des faits connus. Oc docninciil pirmet de coiii-
prcndre certaines particularités curieuses sur les mteurs de la so-
ciété égyptienne et lappulle beaucoup de luescriptions égyptiennes
ou hébraïques. Il faut noter spécialement la ligne 13, où il es! (lues-
I.NSCIlll'TION.S (inr.CQUKS DKCOUVKRTF.S KN KCYl'Ti:. 183
lion lin Iciiips dos r(^{,'I('s.(:iie/ 1rs .liiils (/.r'/?7., xv, IDeipassim) les
rcninics t'-l;iieiU onfcrm^is loul eu lomps dans un local spécial. Il 0!i
était de inùmc chez les égyptiens, ainsi (lUc r.i nionlré M. Krvil-
lout'.
Le chilTrc 60 jours indiiine le moyen terme enlri; iO el «0, in-
diqué dans le LévUiqiia (cli. xii) pour (lue la femme revienne à
son état normal.
Celte inscription doil être du temps do Ptolémée Phil;idelphe, car
les amendes sont lixées en draclimes d'argent. Le cliilTre de deux
drachmes deux fois répété s'applique soit aux hommes se retirant
d'auprès d'une femme, soii aux femmes se relevant d'auprès d'un
homme, lors(|u'aprèscela ils (ou elles) pénélraienl dans le temple ;
il n'est pas admissihlo (ju'il ^'agisse ici de deux drachmes de cuivre.
Les femmes qui entraient dans le temple pendant leurs règles
devaient payer 60 drachmes. On trouve aussi une amende de
40 drachmes après un avortement. Il ne s'agit sans doute pas
d'un avortement volontaire, car dans les deux passages où le mot
£)CTfW(7|jLo; se présente, il est immédiatement suivi de la mention des
femmes qui ont accouché d'un enfant vivant et le nourrissent (lignes
6-7 et 10-H'; l'amende, il est vrai; dans ce dernier cas n'est quedc
14 drachmes. Mariette, dans son volume intitulé Catalogue des mo-
numents d'Abydos, parle d'un fait curieux. Il a trouvé dans la nécro-
pole des Pallacidcs d'Abydos un très grand nombre d'avortons. La
réputation des Pallacides n'est plus à perdre, mais les médecins ont
depuis longtemps remarqué que les filles publiques avortaient très
fréquemment; il ne faudrait donc pas conclure, de cette fréquence
des avortons, des accouchements volontaires. iM. Révillout a signalé
le premier un fait analogue, nous voulons parler de la mention des
avortons que l'on trouve si souvent dans les contrats démotiques
de Memphis-. Nous espérons que le savant égyptologue voudra bien
entreprendre un travail d'ensemble sur cette curieuse inscription.
Il avait eu la complaisance de me communiquer quelques notes très
intéressantes sur h.'s différents faits mentionnés dans ce document.
Je m'en suis servi discrètement dans ce qui précède, lui laissant le
soin de traiter à fond le sujet. J'ai respecté surtout ce qui touche
à la question des drachmes parce que ses recherches constituent
une vérilaiiie découverte, dont tout l'honneur doit lui revenir. Les
1. Chrestnm. dém., p. \lih et suiv.. et p. 23/i, 249 do la Ruv. Eg., p. "i et suiv.
2. Le travail de M. Uévillout sur les tarichantes et les ciioachytes, travail extrait
do la Zeilsdirift de Lepsius, et la Rev. Eg., 11"= aniiLe, ii^ 111, pi. XXXIV et suiv.
184 IIKM'K AlUIIKdLUUlgL'K.
di'tails (|iio nous avons iloiuirs plus li.uit suflist'iil ihuii' nuiiilicr
l'impoi lance du njonunicnl nouvflkMnL'nl ili-touverl par M. Mas-
pero. Ce ilcrnier ajoute à la suite de la copie de riiiseriplion :
<( J'ai Irouvr pr^s de rinsrri|tIion n" l des fra^inients de liasallc iden-
li(I\ies d'aspect. Il y a donc des clianccs [lounpie ce fragment vienne
du nuMne li'inple. » Il serait à désirer qu'il tArliâl de retrouver l'au-
Ire morceau <]ui coidenail la partii' droite de l'iiiscriplion. (let'e
esptce de règlement «le polii-e d'un genre [\i'^ sin^'ulitr i-.sl tout ce
qu'il y a de plu< rare, on peut môme dire qu'on n'en connu it pas un
pareil. (Jurlle conquOie [lour la rcience si on pouvait se procurer
dans son entier ce précieux monument épigrapliique! Ce premier
succès doit encourager M. iMaspero dans des recherches ultérieures.
i:. .MiLi.i;it.
BULLETIN MENSUEL
1) !■: L'A c A I) !•; .M I !•: I) i: s i .n s c i; 1 1- r i d .n r?
SÉANCIi DU 27 JUILLET.
Arrhcohijif. — M. île Willc, par riuleniK'diairc do M. F'avol de Cour-
loillo. coiuii. unique une noie .-ur un précieux groupe en bronze qui est
dans sa collectioi!. Il a (té trouvé en 18GG i\ Royc (Somme); ilcsi aussi re-
EnarquaMe par l'exéculion que par le sujet. Voici en quelques mois sa
dcsciiption :
Le groupe a di\-liuil ceniiniètrcs de huuleiir ; il nous montre Hermès
Mercurei jeune, entièrement nu, portant sur son bras gauche le petit
Dionysos (Bicchu?). Le travail e^t grec. Le groupe rappelle par sa com-
position le fameux groupe en marbre d'Olympie. L'enlant est nu ju.-^qu'ù
la ceinture ; une draperie, qui couvre la partie inférieure ducorp.<, cache
les junihes et les pieds. Il lient à la main un objet qui e<t une Heur ou un
fruil. Les chair.s lo3 muscles, les cheveux, les traits d'Ilermè.- sont traités
avec un soin exlrûme. On est tenté de croire, ajoute M. de Wiite, dont la
compétence est grande en pareille matière, que l'hanile auteur de ce
groupe avait sous l.'s yeux la célèbre statue attribuée à Praxitèle, qu'il
s'est inspiré de cette belle œuvre et qu'il a cherché à la reproduire.
En son nom et au nom de .M. R. Cagnat, .M. Saladm, architecte, com-
munique un rapport sur la mission archéologique (ju'il a remplie en
Tunisie avec M. Gagnât, du mois de novembre 1882 à la fin d'avril 1883.
Nos comuatiiotes ont visité Lamta (ancienne Lcptift l'ana) ; ils y signalent
une dizaine de tombes recouvertes d'une lUoS'iïque laniùt en cubes de
verre, laniùl en cubes de marbre. L'est une œuvre chrétienne ; c'est la
première fois qu'on trouve la mosaïque employée comme dallage funé-
raire.
A Heïila (ancienne Suffetula), ils ont étudié un ensemble de trois tf m-
ple^ juxtaposés, télrastyles (à quatre colonnes de façuie) et i»seudo-périp-
lères ; ils ont retrouvé les vestiges d'un édifice, probablement avec scène
qui n'est pas antérieur à Uioclétien.
Ils ont parcouru le pays compris entre llciila, Tébessaet dafsa, aujour-
II)' SLiitii:, T. II. — 13
180 IU:\l K AnclIKoLOcilijlK.
d'hiii privé d'eau el presque déserl, mais rcriile cl lii>j ha!iil(5 sous la do-
nùnaliou roinaine. \.o. rapport do MM. Cannai ot Salailiti flécril sommai-
romeiil, pour celle ngicn, Irs ruines de Fcriana, tic Kas\iu, où subsisliMil
les rcsles inU're<sanls (l'iin pelil inaubolée, de liai.tuh-Kima, de llcmliir-
Zaatli, de llenchii-llrichou. MM. Caynal el Saladin se ïont anôléf enfin
à llaidra (une. Colonia Flavia Aitgushi Emcrita Ammœlava); leur rapport
en décrit les ruines ; il donne (|iielquos inscriplions chrétienne?, dont
l'une conlionl le? premiers mois du (Uoria in vxcelsis : il parle d'un mau-
solée, d'un arc de Iriomphe, d'églises en ruines cl de tombes très carac-
térisliques.
L'expédition de MM. Cagnat el Sala.lin est une des plus fructueuses
pour la science parmi les explorations qui ont eu lieu récemment en Tu-
nisie.
.M. Krncst Renan fait hommage ;\ ses confrères du deuxième fascicule
du Corpus des insciiptions sémiti(|ues. Il contient les inscriptions phéni-
ciennes recueillies en K^-ypte, en Grèce, à Malle, en Sicile, en Sardaigne,
en Italie, el parmi ces dernières l'inscriplion aujourd'hui fameuse de la
coupe dite de Paleslrina. M. Renan se plaît à rcconnaîire les services
rendus par .M. Philippe Berger à la commission du Corpus pour la publi-
cation de ce fascicule comme pour (cllc du précédent. Il annonce la pro-
chaine pubhcalion de la première livraison de la parlie araméenne du
Corpus, confiée à M. de Vogiié. Ainsi s'avance, avec toute la céiérilé
possible, vu les difficultés multiples d'un travail très délicat et très
ardu, cette œuvre imposante, à laquelle M. Renan a attaché son nom
d'une manière si magistrale et qui doit honorer la science française.
M. Michel Bréal aclièvela lecture de son mémoire sur la force du mé-
canisme granmialical.
M. Victor (jiiétin lit une élude sur les populations druses el maronites
du Liban.
SÉANCES DES 3, 10 ET 17 AOUT.
Épiijraphic. — M. Schwab communique le déchiiïrement d'une inscrip-
tion judéo-chaldéenne, tracée sur une terre cuilo, en forme de bol, dé-
couverte près de Hilla, en Babylonie. Klle est conservée au British .Mu-
séum. Les cinq lignes qu'elle contient furmenl cinq cercles concentriques.
L'inscription est ainsi conçue : « Salut du ciel pour (donner) la vie du
seuil d'Aschir Mehudioud... au nom de rKternel, le Siiiil, le (Irand Dieu
d'Israël, dont la parole, aussilAl qu'énoncée, est exécutée, n Suit un verset
du Cnnlviue (m, '), relatant la garde du lit de Salomon ; puis vient la
hénéditiiou sacerdotale mosaïque (,\o////'., vi, 2'i*2(;); enfin, après la for-
mule finale ordinaire : "Amen, amen, seini >» se lit un verset devant
servir de pré»crvatil contre les maléfic s d<,'8 démons ; il est tiré d'Isaie
iu]li.i;ti.n mk.nsuiol de l'acadi^mik dus insciuitions. i87
(xLiv, 2.'i). Par la l'orme (Jes caraclères cl sui laiit itar 1 1 i]ip(j-itiu:i des
lignes, ce texte pout lîtru allrihur au sixiciiiu sii'.'cle ùe noire ère.
Chrônoloijic ut lu' nie une. — M. S. Uciiiacb lit une élude intitulée : « Ob-
servations sur lu clironoio^'iede quelques archontes athéniens postérieurs
à la 120" olympiade. » La fixation de la liste des arcliontes athéniens, dont
la menlion sert à dater beaucoup de documents, est d'une ^'rande impor-
tance pour la chronoloyio et i'Iiistoire de la Grèce. La dernière liste,
dressée en I.H75 par M. (îelzer, peut Ctre complétée et corrigée sur I)eau-
coup de points à l'aide des inscriptions découvertes par les membres de
l'École française d'Athènes à Délos. L'étude de M. Reinach a pour but de
faire servir à cet cdot les îexles recueillis par M. llauvcltc-lîc.^naull et, en
1882, par l'auteur lui-même.
Les arènes de P:tri$. — .M. Maxiniiu D. ■loche fait connaître à l'Académie
la décision du conseil municipal de Paris, portant que le terrain renfer-
mant une grande partie des ruines des arènes de l'ancienne Lutèce se-
rait acquis par la ville. Déjà, ajoutii-t-il, les déiéi^^ués de l'Académie ont,
coiijoinlciucnt avec notre confrère M. Henri Martin, président du comité
de conservation de ces intéressants débris, remercié M. le président du
conseil municipal de la généreuse résolution de celte assemblée. Mais,
puisque l'Académie, par l'organe de son bureau, a officiellement écrit à
M. le préfet de la Seine pour lui expiimer ses vœux, il parait à propos
qu'elle adresse, dans la même forme, à ce magistrat l'expression de sa
gratitude. Les membres du conseil, en particulier .MM. Aristide Uey, Cer-
ne^son, de Ménorval, etc., etc., qui ont défendu dans cette circonstance
la cause embrassée par l'Académie, se sont plu à reconnaître que l'auto-
rité de la compagnie et son intervention avaient grandement contribué à
cet heureux résultat.
Géographie ancienne. — M. Strecker a marqué sur une carte de 1809
les noms terminés en anda et andos de huit localités situées entre Trébi-
zonde et Gumushkane. Les noms enanda ne sont nulle part plus fréquents
que dan- l'Albanie d'Europe; ils sont très nombreux sur la côte occiden-
tale lie l'Asie Mineure, mais on n'en trouve guère au-delà de l'Halys. De
l'élude dos noms signalés par M. Strecker, il semble résulter que les
tribus qui ont, dans la haute antiquité, peuplé le nord-ouest de la Grèce
et rriyrie, ont envoyé des colonies jusqu'au pied du Caucase.
M. Benlocw, qui déjà avait été frappé de certaines analogies entre la
langue albanaise et les idiomes caucasiques, croit reconnaître dans les
premiers habitants des huit localités susdites une population de mineurs
occupés à l'extraction de l'argent, du plomb et du cuivre dans une région
de tout temps célèbre par l'industrie métallurgique. 11 croit de même
avoir trouvé le sens des terminaisons ouson, ousou, etc., qui caractéri-
saient les noms peu connus de quelques endroits situés autour de Kaisa-
Iss ui.Vc'K aucheulgi.K'Lk.
rieh, en Cappuiloce. La ville, cotninc le teniloire donl <lle élait le thrf-
licu, parall avoir rlt^ orrnpét? jadis pur uni* popiilalion ïéinilique. Les
!erimiiaison> (iH>"i"<, ohshh, a<TaitM)l, d'apn'^s M. IUmiIouw, une urigiite sé-
uiiliquf ; elles Mgtiilifraiout j)/ lo- ou <!'»»• Z".'////!''!'. M. Uciiluew s'cIToice
il'élalilir Cftie élyau)li»gii' i\ la fois par des dountie* etliuogiaphiqufs ein-
prunlées à Strabon, cl par des preuves empninh^i's à la couslrurlion des
uiols ln'braïques. Les noms en ouaou, ounou. soni : TabUiuson, Ailousau,
Aùilniosoi), nirmojoii. Siiiason, elc. Les noms en (iwloa ^onl ; Jcratilns,
Scraiiilo". LiNeriUnlos, Nij-orando, Setjarantlo. NiriMiiido, l'al^;anaiido,
Hobalando. Les noms doï deux si'riPs onlêlé conjniuniqué hi M. Honloew
par M. KiepiTl.
E<jyptnlogic. — M. Maspeto, direclcur général des louilles en Lgypie,
rend compte à rAcadémic des résultats de ses recberclies durant l'année
qui vient de s'écouler.
Un curieux tombeau de la onziùme dynastie, trouvé à Tlièbes, a rté
apportiî au musûe do Houlaq. A Saqqarah, on a découvert une ioml>e,
remoniaiit à la >i\ième dynastie, avec une voùlc destinée à empêcher
reiïondrement du couvercle et une décor ition aiial();,Mic a celle du tom-
beau ibéain. On connaît l'opinion souvent exprimée de Mariette : l'émi-
nent archéologue était c invaincu qu'entre la sixii^me et la onzième dy-
nastie il existe une lacune dans les monucnents dt- l'Kgyple, d'où résulte
un hialiis étrange pour l'Iiisloire et la clironolojîie de ce pays, (l'est une
>or!e d'éclipsé brusijue, prolongée, inexpliquée, inesplicatile peiit-élre,
laquelle, à un mom-nl donné, ci'sso tout à coup d une manière non
moins myiérieuse. Mariette en concluait que l'art thébain s'était, durant
cet intervalle, développé isolément. Celte conclusion est singuliéremi-nt
affaiblie par la comparaison des deux monuments recueillis celte année
par M. Masporo. à Tlièbes d'une part, à .Memphis d'autre part, l'iacts cha-
cun à l'exiréme limite de la lacune dont il s'agit, ils n'en montrent pas
moins, aux yeux \e> moins prévenus, des traits conmiun.>qui attestent un
déveleppcment commun et g'n'ial de l'urt aux deux pôles du monde
égyplicQ pendant celte période.
Il faut signiltT encore à Tlièbes la découverte d'un sarcophage avec
inscription à l'encre noire et à l'encre roug*'. On s'est assuré qu'il avait
été publié par M. Lepsius ; bien plus, qu'il avait passé sous les yeux des
Eavaiils Trançiis en ITÎCJ. Il a été l!an.>!porté au musée de lloulaq. Ce sar-
coi'liage provient d'un lomlieau qui a ^ervi dans l'unliquiié dé;^ii.-e chré-
tienne. LfS tombeaux Ihéitains sont creusés, comme on sait, dans le roc ;
ils 8C composent principalemciu «l'un long coulnir de trenie ;i quarante
mètres, aboutissant à la chambie ronéraire. Avant de parvenir à cette
chambre, le couloir traverse un caveau i cheval sur lui, pour ainsi dire.
l'Ius dune Tois, les chrétiens ont profité dt- ces dispositions pour trans-
furnier ces groltea en églises. Voici comment : le couloir était muré à ui.c
«cilaiiie distance du caveau, do l.içon à lormer a>et lui les quatre bran-
lU'i.i.iiiv Ml \-i cr. \u: l'mmumii: i»k^ in-cuim in\^. Is'.l
clii's irunc croix. I." t(iiii!)>' m ilimt il >';i;^'il limiiil .iiii-i iirio r^ilisi' dont
les parois ont icçii, sous foriiKi d'iiiscriplious cctpn-s, des p.is^ages des
homélies de saint IJu ile el de suiiil Cyiille, des fraj^riienls liiurgiqucf.
On y a rccurilli cinq >lùl<'8 également couvertes d instriplions pieuses.
I/t^^lise ne dura pas loiiiilcmps : file fui ruint'e par un l'hou'cmi'rïl de la
montagne, qui [> irait avoir surpris plu>i('urs peisonne>. M. Ma^pero y a
recueilli, en clVrt, des ossenienl> huniain.s et une luni(|Uf' de cuir lâchée
de sang, scinbl tbie à celU' que poriaicnt !> s solitaires (1(! la Tliéhaïde.
A l'Iiilœ. M. Maspero .1 pu explorer les ruines de deux anciens cou-
vents chr.tiens vuisjns des cataractes. 11 y a trouvé une vingtaine de
tombes, dont ùov.\ appai tiennent \ des 6v<'»ques inconnus di; Philiu. Sur
ce point, dcMioii' elles recherches sont à laiie; il existe des restes d'au-
tres couvents. .Malheureu^emenl, les explorations y sont difiiciles, û caue
de la répugnance des ouvriers arabes ù passer la iiuii dans ces parages.
Kn ïoinnie, les découvertes accomplies jusqu'à ce jour dans celle di-
reclion prouvent qu'il y a en Egypte les matériaux d'un musée copte
qui serait précieux pour l'histoire de l'Kglise.
Des i'duilles ont été exécutées, non sans succès, dans des localités où
l'on n'en fait plus aujourd'hui. A Cnpios, .M. Maspero a exhumé des iiis-
criplions grecques et latines, et dégagé les restes du grand temple, aus>i
considér.ible par ses dimensions que celui d'Kdfou et consacré au dieu
Khcm itbyphallique. A Denderah, notre compatriote a trouvé une ave-
nue de sptiinx dont plusieurs éliient encore en place, mais une a\enue
minuscule, les sphmx ne mesurant que 50 centimètres environ de lon-
gueur. A l'extrémité, il y avait un sphmx grec ; la forme en est connue :
c'est un lion assis, les pattes de devant dressées; il a la tête d'une jeune
fille; la chevelure cjt disposée en quatre plaques sur la tète.
En résumé, cette campagne a produit environ deux cents monumenis
nouveaux, d'origine copte ou pharionique ; plus de huit cents osiraca
(tessons avec inscriptions) dont les lieux de provenance sont connus; en-
fin, i1eux tombes d'une grande valeur pour élucider un problème histori-
que et chionologique.
M. .Maspero a reçu les féiicilotions du président, .M. Alfred Maury, au
nom de lAcadémie, qui a écoulé avec le plus vif intérêt l'exposé du sa-
vant égyptologue.
M. Ilobiou fait donner communication d'un mémoire sur la date de
l'exode d'après les données de la Bible et les renseignements puisés dans
les monuments égyptiens.
NOUVFI.l.KS ARCIIKOl.OdTOUES
ET Cor.r.KSPONDANCK
Nous signalerons à nos Iccicur.s, comme vraiment curieux et in-
ti'ros.-ant, un travail de M. AlConso Huhljiani, qui a pour titre : L'Agro
dti Gain Bnii {Ager Bojorum) divisa cd asscgnato ai coloni romani {nnui
Îjfi7-Î)7l (/»■ lioin^). Il est extrait îles Atti v memoric drlln 71. dcputazionc di
storiaputria pcr le provintic di hot(>agun. troisii''mc série, vol. I, fascic. 2,
1S83. Ln l'rludiaiit, surtout dans des caries à très grande l'clielle qui ont
été dressées au si(>cle passé, les limites dos ciiamps dans la plaine de
Bologne et les chemins qui les traversent, M. Hubbiani arrive à retrouver
sur le sol la trace encore presque partout sensil)le de» divisions tractk's par
les agrimensorcs romains au mcmionl où ceux-ci partagèrent aux colons
latins la meilleure partie du territoire conquis sur les Moïons; il y
reconnaît le Kardus maximus et le Dccumimns masimus, c'est-à-diro les
deux grandes voies, de largeur inégale, qui, se coupant ù angle droit,
parlagfaient en quatre rectangles chacun des territoires divisés en un
certain nombre de ces lots égaux que l'on as^^iguait aux colons; c'est ce
que démontre la caile, très soigneusement dressée, qu'il a jointe à son
mémoire. Celui-ci sera consulté avec fruit par tous ceux qui désorniais
auront l'occasion de s'occuper des Gromatici veUres, et qui voudraient
étudier les procédé> et les liahiludes de l'arpentage romain.
!,c FiuUetin de ojrrespowlawf africaine de 1>'82, fascicule 5, sep-
tembre et octobre 1882, renferme les articles suivants :
n. de La Blanclièrc, Monnaie d'or de Ptolém^c, roi de Mturétnnie, avec
rcprodiution photograpliirjtic. — K. Miisqueray, Svur Djnuuh (Haiiili),
Atn Bessim, Ain-ion Utti, a\ec i lanche dans le le\le. — H. tie La Hlan-
chère, Inscri]>tions de Gunugus. — K. Masqueray, le Bour des Aoulûd
Z'ian cl '.e Fflj }ii»'s Kemlnla. — lhl»licgra[dii<'. — Planche : plans et
JD.'^ciiptions de Itapidi.
\.^ hn-uc lyonnais-: Aw lli ini:' f^><t r .t,(i,.i,t la suite des curieux
NOUVKLLI'S AUOIIKOMJUIQUKS. 191
articles i\ç M. I.. Nif'pce sur les Chambres de meireUles ou rMhinels 'l'anti
quités de Lyon, depuis la HcH'iiKsance. L'aiileur décrit, datis cet uriicle,
les cabinets? (irrts/w/tZ de Mnncoiv/s (KIO.'i-lTOO), Dnfour (i(il'2-lfl-îî), Man-
crany [\*>l'->j, OItuvio Mei, l'ioticllu de Lavalelte, S'po/j (1047-108ii), La
CAofZc (1024-1709).
L'École française d<'. Homi' continue, par les soins de son nouveau
dirccleur, M. K. Le lUanl, la publication si inttires.-ante qu'avait fundée
et mise en si bonne voie M. (lellioy. Nous avons sous les yeux, réunis en
un seul caliier, les deux premiers fascicules de l'année \HH'i des Milanijes
d'anhrolojic et d'hisloirc. Ils présentent toujours une grande variété et lé-
moignenl de la curiosité et de l'aclivilé scientifique des membres de
l'Kcole.
l'aul Durricu, Xotirc sur les registres angevins en langue française conser-
vés dans les archives de Noples. — E. Le Hlanl, Une colkction de pierres
gravées à la bibliothèque de liavetinc. — Cb. Grandjean, Heiheich>:s sur
l'administration financière du pape Be7i(jit XI. — Louis Leforl, Chronologie
des 2)eintures des catacombes de Nuplcs. — Cam. -Uillian, A propos du ma-
nuscrit Bianconi de la Notilia dignitalum. — C. Jullian, la Villa d'Horace
et le Territoire de Tibur. (Prouve, par le témoignage des inscriptions, que
la partie de la Sabine où se trouvait la villa d'Horace dépendait de Tibur,
en sorte que, dans la vallée de la I3igenlia, le poète était sur le territoire
de Tibur; c'est ce qui lui a fait parfois attribuer une seconde villa tibur-
tine, qu'il n'a jamais possédée.) — Ch. DichI, la Colonie vénitienne à Cons-
tuntinople à la fin du xiV siècle. — Cb. Grandjean, I^ote sur Vucguisition
du droit de cité à Sienne au xw^ siècle.
Le lil' fascicule (mai 1883) contient :
Camille Jullian, le « Breviarium totius imperii » de l'empereur Auguste.
— Louis Lefort, Chronologie des i^inturcs des catacombes de Naples. — P.
de Mol bac, la Bibliothèque d'un humaniste aa xvi° siècle; Catalogue des
livres ajinotés par Muret, — L'abbé L. Ducbesne, la Succession du pape
Félix IV.
r.iiiij.Ks i:r d.-c.ouvkhtks.
Tous ceux qui s'omipont do l.i géographie aruiomio de l'Asie
MinC' re cùtinussenl les importantes driiuiviTles que M. \V. M. Hani>ay
y a faites depuis trois ans, tant datislcs environs iiiimi'diui^ de Smyrnc
qu'en Lydie, en Gulalie et surtout en Pluygie. Voyageur iniatijj;able, par-
lant avec aisance le grec moderne et le turc, trùs l)ien pit'paré d'ailleurs
par ses rtuiie? à Oxfur'l et en Alleiiirgiie, où il a suivi les cours de
MM. Sayci' et Renley, M. Kauisay a rendu non munis de services par ses
publications de textes et de monuments que pur les relevés top(>graphi-
que> partiels qu'il a exécutés dans des régions encore mal connues. Nous
ne pouvons donner ici la liste complète des travaux qu'il a disséminés,
sans doute pour les réunir un j"ur, dans les revues anglaises, fran(,'aises
cl alUmindi'S; le Juumnl uf Iwllvnic stiuil.e.i n'a pas eu, depuis sa fonda-
tion, de collaborateur plus assidu que lui, et le UulUtin tic rorrei^poniiant't'
lirlléiii<int-, orpane de l'tcole française d'Albônes, a publié sous sa signa-
ture plusieuis articles trùs remaïqués i. Après avoir voyagé, pendan' deux
aiis,encom|>ag(iit' désir Cbailes Wilson, alurscoiisul iiii!i!air.' britannique
en A«ie Mineure, M. Uum.-ay >'ert mis eu roule i ette année avec M. SteiretI,
membre de l'Ecob; américaine d'Atiiénes. GrAce à une It-llre détaillée
qu'il nous a adressée d'Usbak, le 12 Juillet dernier, nous sommes en me-
sure de ren^eigne^ nos Ircleurs sur l'ilinéiaire qu'il a suivi et les princi-
pales découvertes qu'il a faite» dans la prcmiéie partie <Je cette nouvelle
campagne.
Le <i juin dernii'r, les voyageurs quitlèrent la station du chemin de
for h Si-rai h'cui (i\ visitèrent b* site de Tripulis, près de IV/a'f/jV'. où se
trouvent des ruines coiisilérablcs et les ri-sles d'un i lu-Aire. A Yénidjé,
ils (nirenl lopit; d'une inscription [lorlaut le iinni df MatovtY) TpÎTioXi;. De
11, ils parlir-'Ul à la rfi lien lie des niiiifs qii',\i uinb 1 a >iv'nalies à six
heures de clu'iiiiii riiNinm a l'oue*! nurd-uUisl d'Vénidjé, à Alaimiulmn
1. T. VI, p. 503-520; t. VJI, \i. 15-2S; p. 2JK -jTK; p. 207;J2S. Vcir awx, Mil-
thtilun'jen dm ileutnhen lii\tiluts in Alh'-n, I. VII, p. 13(i-W|.'); l. VIII. |>. 71-78;
JuurnnI of Hie Itoijal ^^^nllr Socieii/, l. XV, etc.
r.lllUiMnIT. I»'(111II:NT. {.\i
t'I lli'ijili-lliss'n- : ils ne liousi-iftiil qm; des rostcB insignili.inl!;, duliml di:
moyen Agi*, a\cc qncliiiics it)S( ri|ili()ijs liyz.inlinr-. M. Ilanisiiy i)onse cc-
pciiil.int jue le nom d' Alanifulam peol tîlrn un reste de l'ancien nom
Sala; \os monnaies do Sala sont assez eommunes et dans les Notitiar:
Episcnpiitnum oti tionve le nom di' celle ville parmi les 6\ùrMs de Lydie,
l'ioli^mée II [>lace dans le sud de la IMirygio, aupri's de Gazt-ra (^', 2, 02(1).
« De là, paursiiit M. Ilamsay, noos pasb.lm'îs en IMnyi^ie, pour explorer
lo cours du Misandre depuis sa source jusqu'à la longue gorge à travers
laquelle il s'est fravt^ un chemin dans la dircciion de Tripolis. I,e pays
ipi'il traverse avant d'entrer dans celte gorge s'appelle aujourd'hui le
'l'clial-l)va ; en réalité, iî se compose de deux vallées, séparées p^r un
chaînon de collines peu élevées. La vallée occidentale contient l'ancienne
ville <le Dionysopolis; celle de l'est est identique aux !h/r'j'ilrtiii ('>impi.
M. Waddinglon ajustement placé Uijrgniia en cet endroit; nou'- avons
maintenant la preuve que c'était non pas une ville, m.iis une association
de villages portant le. nom de xô xotvôv too 'VpvaXei'o'j r.iri'wj. Le sanctuaire
autour duquel c:tte associalion ï-'esl fermée étuii un temple de Mi-.U-r
L('"ô^ dont le culte, identifié ;ï celui de la j:rande déesse asiatique, ne
s'était rencontré jusqu';\ présent qu'en Lycie.AHCLs<asiopo/îS était probable-
ment une cité qui, à l'époque byzantine, prit la place de l'as.->ocialioa
Ivjr>i(ih}itnne. La carie de Kiepert est si inexacte pour cette région (ju'on
risquerait plutôt d'induire en erreur en indiquaiit les ni)ms modernes de
ces eiuplacemeiiis.
« Au sud (le Tchal-Ova se trouve le pays appelé Baklan-Ovn. C'est là
qu'était la \ille ancienne de Lounda, dciit le nom n'avait été rencontré
jusqii'a présent que d ins les lisies byzintin»s; nous y avons lu sur
une insci iption en rhuiiicnr de Se[»time Sévère, dédiée par le sénat et
le peuple : ///DYNAEGON, c'osl-i-dire Aouvoecov.
« Je placi' par conjecture la ville de Peltoo S'ir les limites du linklnn-
Ov'i et de \'Ishckl!/-Ova; je n'ai cependant aucune preuve pérempioiie à
l'appui de ct^lte ideniifi- dion. Les Dix Mille ne suivirent pas la vallje
du Méandic dApamée à Peltae, mais une route qui traverse un bas pla-
teau et relie direcieraeut ces deux villes.
« Atlanasscs a conservé son ancien nom sous la désignation d'E>/rt
Aid'i'i, A cinq milles vers l'oupsl d'Ishekli Kumeneia est bien connue :
c'est 1 /*'Ae/i// moderne Lu seule ville que mentionne eniore Hiérocles
dans celle région e-l Seiblia, connue d'ailleurs par les monnaies; son
emplictm.'ut paraît être occupé aujourd'hui par U<.inia, où l'on letrouve
diiïérenls vestiges de l'antiquité.
« .Nous quiilflmes la Phrygie Pacatienne pour pénétrer dans la Phrygie
Salutaire par une route irùs importante, qui ne me parait pas avoir été
encore explorée : elle traverse le Dmiz lirl \Honi'i à Sanilukli et elle est
coupée par la rouie d'hliikU. (liuiiieneidj à Konieh (iconium'. Nous sui-
vîmes toute la plaiae, du nord au sud, entre Din^ir (.Vpamée) et Sun'Inkli:
elle renl'ei me quatre emplacements importants. L'un, ù Mcntosch, à quatre
194 HKVUP. AnCIIKOLOGIQlK.
heures au sutl-ouc>l de Samlukli. tiffre les ruines d'un lliéAlie; les autres
se trouvent ik Katch-llissnr, à Kimr-Uiisar et ;i Korn-Snndttkli. Duns un
orlicle du Jiullcliii «/c concspondani'c hclldnx/ue (I8"*2, p. Ii0'.\ et siiiv.) j'ai
('niis l'opinion que ctMlo Millée aluiilour di; Saiidi.kli contenait les (rois
cité» de Itrouzos, iliéiopolis et Olrous. (leile oiiinion est aujourd'hui plei-
ncmont conllrnnk\ J'avais di^j;i identilh^ llrm.'zos u\oc Kara-Suulukli ; j'ai
maintenant le lénioignaj^e d'une pierre inillinire pernietlaiit de placer
Iliéiopolis A katrh-Ilissiiv. Il cA vrui que le nom d'Otiuus ne li^uro duns
aucune des inscriptions que j'ai découvertes ; mais l'ahondance ties
monnaies de celte ville dans les Imineaux delà vallée est un arunmenl
qui s'ajoute ù ceux que j'ai déjà fait valoir dans le llulUtni et le Journal
optcllvuic s'udivs. Je phcc aussi la ville de Steclorion et lo tombeau de
Mygdon (rausaiiios, X, 27, I) ù Emir-llissar; c'est là du reste une simple
conjecture, fondée sur ce fait que des monnaies Ue Slcctorion m'ont par
deux fois été oiïerles dans cette vallée et ([u'urie langée de tuinulus, dont
l'un est trùs grand, s'étend à un dcmi-millc de l'emplacement présumé
de la cité. J'ai déjà souvent exprimé l'opinion que Stectorion se trouvait
dans ces parages ; l'ordre suivi par Hiéroclés est un témoignage qu'il est
impossible de récuser.
u J'ai achcié dans les environs une monnaie avec la légende l£POnO-
AGITGON : le style de celte pièce et sa provenance montrent que j'avais
eu partie raison lorsque j'écrivais, dans le Bulletin de correspùtidunce
helUiiique (tS^lî, p. iiOfj), que les monnaies portant celle légende doi-
vent être rapporlées à lliéropolis et non pas a. lliérapolis dans la vallée
du Méandre. Il faut néanmoins admeUie que les hron/.es d'Iliérapolis por-
tent aussi quelquefois la létiende IGPOn. Nous possédons niaiiiieiianl le
témoignage de deux inscriptions donnant le nom d'IGPOnOAlC à la
cité de la l'hrygie Salutaire.
a Une indisposition m'a cmpéclié de prendre une copie nouvelle cl un
estampage de l'importante inscription à'Ahxamlrc fUs d' Antotiius ; mais
M. blerrett voulut bien le faire à ma place. U coutirme de tous points
l'exaciiiude de ma copie telle qu'elle a été publiée dans le Dulklm de
correspondance helléni'jue (voir la note additionnelle, ISS3, p. 327); seule-
ment, il croit que les li^^nes 3 et 4 sont peut-être incomplètes au com-
mencement et à la tin ; les lignes 1-2 soin complètes à la lin.
u Vous me croirez ù. peine si je vous dis que nous avons trouvé un
fragment du tombeau de saint .Xbcrcius avec une partie des lignes de-
puisGIC PCA^MHNjusquaeAPAZATOnAPOE'. Ce n'est mallieureuse-
meiil qu'un peiil iiior(<'au, iiiai> il pr('seiili' qucNiues !t'«;oiis iinportaiites,
telles que HAYAON EXGON, 2YPIHC UGAI, eVOPATHN AIA-
BAC. Lu marbre est encastré dans le mur des bains, et co n'est pas sans
1. Otte épitaphc est donnée par Siméon MûtaplirafttoR, Aria Sanrtdruni^ '22 oct.
Dans le liuicUn de rorrrriiondanc hr/itiinjw (!<• juillet 1882, M. Ilninsay a publié
une épluplu: clirélienno calquée sur celle do baiiil Alburciu».
CHRONIQPR d'orient. 1!»")
pcino, ;\ cau<c de l'humidili'', quo nous r6us>In>os A faiift un pslampage
dft l'iriscriplion, avec la nii^rDe caii Ihermnln dont saint Ahorcius, suivant
la (ruililioii, a doli'' jadis trcs coniîiloycns d'Otious. Los inscriptions rliri'-
ticnncs d'une L'poque (rùs ancienne abondent dans cctle vallt'e ; l'iinc
d'elles doit appartenir à la premi(Ve mollit^ du secnnd ^locle avant J.-(;.,
puisi|u'elle mentionne M. I Ipius Neclarcoset M. IJIpius Sabinns.
« Nous avons cnsuilo exploré et n'Ievé lopoprai)liifjiiernent le district
inconnu situé au nord-ouest de la vallée do Samlukli. J'ai trouvé l'em-
placement de la ville r, irçoxexpiuavyi toû Moçeavwv StÎijlciu AiôxÀeia .'i />o-
Ohla, sur la route directe de Sandukli à Acnionia. Dnghia est éloignée de
six milles vers l'est d'Acmonia, et les inscriptions d'.4f//iar-Hess«r publiées
par Le Mas appartiennent à la même localité.
« De là, nous passAmes dans le F>ityhanU-Ora, où je m'attendais à trou-
ver le site d'Kucarpia ; mais je fus étonné de découvrir que cette vallée
appartenait à la Phrygie Pacatienne. Ine inscription fort mutilée que j'y
copiai fiu cAté de l'est prouve que la ville de KidyesHos était située en cet
endroit. Je place pnr conjecture Arisiion dans la partie O'cidfntale du
Sitijhœili-Ovn, au pied de la jzrande colline nomn)ée Ahar-Dugh, où sont
les vestiges d'une ville ancienne.
« Telle est, en résumé, la besogne proprement archéologique dont
nous nous sommes acquittés pendant cinq semaines de voyage. Mais les
découvertes épigrapliiqiies n'ont pas été celte fois mon but principal ; j'ai
consacré beaucoup plus de temps et d'attention û corriger la carte de
Kieperl dans les districts que nous avons traver.'és. L'oiijet essentiel de
notre voyage est la lestauration de la carte de Phryt,ie telle qu'elle était
dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. J'ai négligé de vous signa-
ler quelques sites anciens demoindreimporlance, dont les équivalents me
sont inconnus.
« Vous pouvez faire de ma lettre tel usage qui vous semblera conve-
nable ; si vous la publiez en entier ou en partie, je vous prie de dire
que M. Kiepert a eu la bonté de dresser à notre intention une carte de
Phrygie à grande échelle qui nous a été d'une extrême utilité. »
Les lecteurs de la Revue ne nous reprocheront certainement pas d'avoir
laissé la parole ;\ .Al. Ramsay, dont nous avons traduit la lettre presque
entièrement, en ne supprimant que quelques détails personnels. Le fait
mGme de nous avoir adressé d'Ushak une lettre si longue, au retour d'un
voyage fatigant et difficile, prouve iion seulement la parfaite obligeance,
mais l'aclivilé et l'énergie singulières du jeune voyageur anj^lais. Les
importantes découvertes qu'il nous communique, s'ajoulanl à ses décou-
vertes passées, lui assurent désormais une place ù. LÔté des Leake, des
FelloAvs, des Hamillon, de tous ces explorateurs savants et hardis dont la
tradition, interrompue depuis quelque temps, a été renouée avec un rare
bonheur par .M. Hanisiy, sous le patronage de lunivorsité d'Oxford et de
la Société aoglaiso pour roncouragemcnl des études grecques.
M. Sayce m'écrit d'Oxford, à la date du 9 août, qu'il a reçu une lettre
1!M; iiKvn: AiifiiKOLor.ioi'P.
lie son «Mt'xo nnnnn«:inl la ili roii\«'i le ilu lniiihoiu do My^ilon. M. Ilaiii-
»ay est repaili. au coinnioiiceiiu-nl liu iiini> d ikh'iI, [.chu ihh' mm mule
louriuH' «'H IMnygic.
O.ins \i^ Bullrlin <!•' corirfpnnthnirc ltrllvni<iitr .If raiitu'f coiiraiild
(jauxu'r I8s;j; M. Slillmann a puldii^ oi di'cnt iiiic adminldc ciiiiusso de
b'Oiizi' oiiit'f de d<'><ms au Irait, déiouverlc dans lo lit de 1 Alpht^e o{ fai-
sant parlif aujourd'luii de la rolleclion d'un Anglais a Zunihc. C'est à
Zanttie que M . Slillmann avait vu ce [ifL^iJotix ohjft, dont le [lossi-sseur
lui-nu''me élaii loin de .'^ouiiçunncr l'imporlancf. Kn (iï'-l, la cuirasse
était couverte d'une (Ouclie d'oxyde ^i i^pai^M- qu'un n'y distinguait |i;is la
njoitidre iraco de fi.uroi^. Ayant obtenu la |irriiiis*ion de l'eniportei A Alliù-
nes pour essayer de la riMuotirc en éial, M. Siiilmann travailla pendant
plu^ieurs mois à désdvyder le liron/e 1 1 il st: KTvii a cet eiïet d'un pro-
ci'dé de son invenliun (|ui a donné le mcili-ur lésullal, loinine le [iiounc
ra>pt'il lies pliuldgrapliies publiiS's par le Bnllttiii. l/aiiicU> où M. Slill-
mann racontai! sa dirouvtiie a été traduit par moi en (lançuis ; niais
nous n'avons pu ni l'un ni l'autre en corriger Its épreuves et il s'y ett
glissé une faute d'impn jsion (jue M. Slillmann me prie de signaler à
r.itttnlKiu des arcliéologut'S. A la ligne 12 de la page 2, on a imprimé
acide hitriijHC au lieu {ï'uàdi; vid irjuc, dins le paragr.iphe où M. ^lillman^
fait connaitre les procédés de nettoyage aiixiiuels il a eu lecours. Or, si
quelque colleciionneura^ait eu la malheureuse idée de nettoyer utibionze
à l'aide d'acide niirique, il l'aurait iibîmé d'une manière irrépaiable. Jus-
tement dé.-ireuv qu'un iiciident de ce genre ne puijst' être ultiibué A la
lectuie de son aiticlc, M. Stillmanii. me prie d'in>érer la noie suivante,
où il expose un piocédé de nelioyage tout nouveau qu'on pourra appli-
quer avec piofil dun> les collections publiques.
« Din> le Bulletin d>i conepnnduncr htllmiijue du mois de janvier der-
nier, j'ai inséré une note relative à une cuirasse un-ique archaïque dé-
couvcite par moi ; une erreur typographique m'y fait indiquer, pour le
nettoyage des bronzes antiques, un procédé des plus dai.'gereux, à la
place du procUlé très sûr que j'ai employé el que je recommande. Je ne
sache pas que personne ail encore eu l'idée de s'en scivir. It co:tsisle à
recouvrir l'objet oxyilé de ouaie {iolt"h-irijid) imprégnée d'une solution
saturée d'aci le cithiulk (O Ib 0'') el non d'aci le Mmn,)ii:, comme me
l'ont l'ait dire les lypographes, ce ijui aurait pour tll'ci infaillible de dé-
truire complètement le bronze. Au contraiie. l'emploi de l'acide citrique
n'olTre au» un danger, buMi qu'il exige un lem^iS a-sez long. Kn eiïel, cet
acide n'atl.t(|ue pas U; métal, mais .-eulcir.eiit les o\yd"s métalliiiues, et
en l'emplovinl de la manière que j'ai indiquée on permet A l'air ambiant
«le fournir la quantité d'ovygénc néccs.«aire jiour que les oxydes déjà for-
11161 soient iiarfaitemcnl soluhles. Cette méthode, il cA Mai, (Milévc la pa-
tine, el il faut se giuder de l'employer II où l'on tlésire que in patine reste
intacte ; mais l'imporUncc Je lu patine cA nulle lorsqu'il s'agit de rcn-
CIIHO.MgUK I) dl'.IKM'. 11)7
(Iri^ à lu liiiuiùio des dessins ou di-s iii-c.iiptions d'iiii {(laiid iiiirMrl ar-
chôolugiinie. l/opi'ratioii iicKuio comidèliMni'iit h; mt':lal ot ne. l'onlame
aucnneineiil, toiil ea l'aisaiil dispaiaiirc jusqu'aux dernières Iracoi de
l\)\yd.tli()i). I)
M. Cleic, membiede Tlilcoie frunçaisft d'Aihènes, conduit c;i ce
raomcnl une campaj^ne de fouillfs dans l'ili! de Sanios, où M. Paul (liratd
avuil cM-rulé qui-hiues travaux en 1S70 (liiiUnlin du rorr'f.pond-inr.e licllc-
iiijur, t. IV, p. :i^\), pi. XII). Les n'-n'lals de ces fouilles, qui oui déjà < lé
sulisraisinls, ser.ml puldiés dans le liuUtin de IHSi.
A Di'los, où l'Kcol- française est à l'œuvre depuis liuil an-;, la direction
des fouilles n cU- confiée celle année à M. Paiis, ineuib'-e de l'école. Le Mes-
sager <i Athènes du t7 aoûl nous a[»poite la nouvelle d'une découvert" cu-
rieuse faiie par noire cuni(taliioie dans la partie de lile voisine du ihé.ltre.
C'cil une n)aison de l'époqui! alexindrine, dont on u déjà déblayé la
cour eniourée de colonnes et douze chamhrC'. Le sol de la cour est cou-
vert d'une belle mo^aïque sur la([Ui'lle sont des-inés des poissons, des
(leurs cl il'aulrcs inulifsd'ornenj- nialion. Au milieu de la cour on a trouvé
un bassin plein li'eau. Un a di'couverl ;;u-si la porle d'entrée el l'espèce
d'avenue qui s'ouvrait devant la maison.
Celle exploration présente un grand inlérût, car l'on sait combien nous
connaissons mal les maisons particulières d^^s Grecs; il sera désormais
facile de corjlrôler, à l'aide d'un document certain, la description l'aile par
Vitruve de la maison alexindrine. Nous pensons que remplacement où
M. Paris a fouilb- est celui même que nous avons signalé dans le liulkliii
de correspondance hcUnique (i!s3S, p. 1(34) : « A mi-chemin du Cynihe,
entre le ihéâire et le Sérapiéion, on voit les ruines d'un édifice non en-
core déblayé, consi^tanl en fûts de colonnesqiiientourent une cavité rec-
tangulaire. » Nous avions cru, bien ù lort semble-l-il, y reconnaître une
sorte de réservoir.
Jusqu'à présent, on n'avait guère fouillé les habitations privées à Délos,
dont il existe un grand nombre, mais à une profondeur considérable, sur
les collines entre le lac Sacré et la mer. Uliichs avait recommandé cet
emplacement à l'aftenlion des archéologues ; il pen-ail qu'on pourrait y
découvrir quelques bronzes d'art importants. M. liMra'>lle, ea 1879, y a
déblayé en partie une maison dont les murs étaient revûtus de stucs
d'une très vise couleur (Lambros, Athenœum, iS décembre I.S.'^O). Un peu
plu> au nord, j'ai découvert en 1^S2 le vestibule d'une autre de-
meure particuière avec des colonnes de marbre el une décoration en
stuc analogue. iNous avions l'un et l'autre suspendu nos recherches à
cause de la «rande (]uantilé de terre qu'il nous fallait enlever. La décou-
vcite de M. Paris [nouvc, qu'elles méritent d'être reprises et que les
demeures des hommes, dans l'île d'Apollon, ne sont pas moins dignes
d'étude que celles des dieux.
SAI.O.MO.N IILI.NALII.
BIBLIOGRAPHIE
Essais orieataux, par Jamrs DinMKsTErr.«. 1 vol, in-8*, A. I>vvy, 1883.
Trùs joiiiie encoro. M. Jani 's Dirn'sleler n'e^t pourtant d(^j;i plu? de
ceux donl on dit qu'ils promollent beaucoup; di>s maintenant, les jurcb
compi^tcnls reoonmi-scnl en lui l'un des esprits les plus dislinijnés et les
plus originaux dont s'honore léiudilion françai.-e. Coinim^ M. Henan en
Franre. comme M. Ma\ Muller en Angleterre, il po«siMe \ la fois des apti-
tudes diverses qui ne se trouvent pas souvent réunies; c'est i la fois un
philoloi^ue éminent et un t^crivain capable d'exposer avec ampleur des
idées gt'nt'ralos et des vues d'ensemble. Interprète de l'AresM, il a montré
quelle précision et quelle méthode critique il portait dans ces recherches
minutieuses et palieiiîes qui pormi'tteiit seules d'abordor de texli>s tels que
les inscriptions phéoicieimes, les Védas ou les Upanishads ; c'est ce qui l'a
fait associer par .M. Max .Mullor à la grande entreprise de la traduction
des livres sacrés de l'Orient {Sncrci booh'i of thc Rist), où il a déjà donné
une version, qui a reçu le meilleur accueil, d'une partie de l'Avcsfa'. Ea
même temps qu'il s'acquittait de cette tâche difficile, il publiait, sous le
titre d'Éliixics iraniennes-, deux volumes de mélanges destinés à un public
très spécial; bientôt après il rassemblait, dans le volume que nous annon-
çons, des Cïsais qui s'adressent à toutes les intelligences cultivées. Nous
ne pouvons Ici qu'indiquer les titres de ces dilTéienls moice.iux dont les
uns avaient paru dans des recueils périodiques ou sous forme de bro-
chure, tandis que d'autres étaient inédits.
Les piges très nourries et très brillantes qui sont intitulées l'Orienta-
lisme en Fi'incc donnent un résumé des découvertes qui, depuis la lin du
siècle dernier, ont successivement révélé A la rurio?ité moderne la Perse,
l'Inde, l'Kgypte, l'Assyrie et lu Clialdéc, enfin letlambodge. La conclusion
de cette enquête n'est pas de nature à nous décourager. « Dans qun're do-
maines sur cinq, la découverte initiale appartient a la France, et, dans tous,
la plupart des pas décisifs ont été faits par un savant franc lis. >» On devine
la conclu>ion : « A (trésent qu'un souftie plus pur, ;\ la suite dcî tempe-
1. TItn /cnil Arrstn : part. I, Thr Vcmliilml, IbSu ; part. Il, The i>ii ■ z'iii< inj^
and Sijài/ii, 18K3. Oxford, ni tlie Clarcndoii prcss.
2. Ktuilës irauirniies^ 2 vol, iii-8*, 1882-1883, VieWog (I, Etwita sur la 'jiam-
mairc /liél'jrirpie de lu lanrjiu persane; II, Mélanges iraniens).
bihlkjguaimiik. Vjî»
tes d'iiior, a passi' mit l'espril de In nation, l.i Kr-inco reprend los nobles
Iradilioiis ilcciiriosiliC' dt'sinti^re8S(''> qui tirent li gloire de l.i Ilpslaiiralion ,
et, dans tontes les branches de la science, elle recommence à marclicr
en avant. C'est donc le moment de rappeler en France, aux esprits cu-
rieux qui cherchent leur voie, que ce ch;im[i de l'Drient, si vaste cl cha-
que jour accru, qui a tant dorim' d('j:\ et avec si peu de travailleurs, et qu*
a des trésors cnrouis pour des siiV-les de recherches, a éti^ ouvert dans
presque toutes Ses avenues par des pionniers français. Que le gouverne-
ment donne son concours, le public sa sympathie, la jeunesse des écoles
ses recrues, et la France reprendra bientôt le premier rOle dans ce l:eau
drame de la science orientale, où clic a été tant de fuis le chef de
chœur. I)
La seconde étude, Le dieu suprùnc dans la mythologie aryenne, se résume
tout entière dans ces phrases du début : « Les dieux aryens ne sont pas
organisés en république, ils ont un roi. H y a, au-ilessus des dieux, un
dieu suprême. Quatre des mythologie? aryennes ont conservé une notion
nette et précise de celte conception : ce sont colles de la Grèce, do l'ila-
lie, de l'Inde ancienne et de la Perse ancienne. Ce dieu suprême s'appelle
Zeus en Grèce, Jupiter en Italie, Varuna dans l'Inde ancienne, Ahura
Mazda dans la Perso ancienne. » M. Darmesleler prouve ensuite, par des
textes bien choisis et dont plusieurs sont de très nobles expressions du
sentiment relii^ieux, que ces quatre dieux onl bien eu, chez les dilTéreots
peuples qui les ont adorés, le caractère qu'il leur attribue; il montre que
chacun de ces dieux a commencé par être un dieu du ciel, puis, en s'ai-
danl surtout des Védas, il fait comprendre comment la conception
abstraite et morale s'est entée sur la conception naturaliste; mais il fait
remarquer la diir rcuce qui existe entre la conception même la plus épu-
rée où soient arrivés le» Aryens et celle qu'ont atteinte les Sémites avec
les prophètes juifs. « Le dieu suprême des Aryens n'était pas le dieu un :
l'Asura, le Seigneur, n'était pas le Seigneur à la façon d'Adonaï. » 11 y a
là un très juste et très fin sentiment des nuances qui, en pareille ma-
tière, onl une importance capitale.
L'analyse des autres mémoires nous enlraîucrait trop loin; nous nous
contenterons d'en signaler les titres :
III. Les cosinogonies aryennes.
IV. A. Iléville, Prolégomènes de l'histoire des religions >.
V. M. Bréal, Mélanges de mythologie et de linguistique. On. remarquera
là les objections très sérieuses que fait M. Darmesleler, après M. Ilau-
1. Dans cet article critique, qu'a public la Ucvue pliilosophiqw;, M. Darniestetsr
a eu d'autant plus de mérite à rendre justice au livre de M. IJéville, qu'au moment
oii fut faite la proposition de créer au Collège de Franco un cours de l'histoire des
religions, il était l'uu des candiilats à cette chaire. Go qui l'empôcha de réussir, ce
fut fajeunesse ; sa réputation n'était encore, faite qu'auprès des érudits et d'un
petit nombre de connaisseurs.
200 UKVUK AncHi:uL()GK>ur..
drv,à la cMMiio llu'orie de M. Max Millier, qui vuil dans lu mylliolo;;i(î
iino maladie (lu lanjagc. u Los iMres iiiyllii.jiii'^ M)r»l créis diicclemiMil c\.
uon par mt'Iaphoro; lout plif^nnmî'iio, toul chatiKOiiicnl, pour la pensée
de l'enfant ol, par suite, de l'IiuinaniU^ dans son eiifance, caclie un Oir«
vi\anl, une perâon »e; louto. action lui réviMo un agent et d'autant plus
pui>s.int el merveilleux que l'aciion e-t plus puissante el plu> loin de la
prise hutnaiiie. I.'eiifanl qui cherche la petite hiMe c.ich.'e derrièie le
re>8orl de la montre K»t;e dans ^a petite [OAc les vintil mille dieux
aryens. »
Vt. Ln Ugcnded'Alexamlie chez la Perses.
Vil. C<>uj> (l'iiil sur rhistunr du peuple juif.
^ous recommandons pnrliiuliùrement ce dernier in< r<eau aux ré-
flexions de tous les esprits sérieux; il y a 1.^, sur l'histoire du pcuph! juif
el sur son avenir, des vues dont quelques-unes peuvent p:iiaitr.- contesta-
bles, mais qui toutes lémoignenl d'une haute el forte or ginalitt^ de pen-
sée. Nulle p irl lo style de l'écrivain n'a des qualilrs plus Irappanles de
force et d'éclat.
t.. P.
LE
VASi: DE BnONZE DU CATILLON
COMMUNE DE SAINT-JEAN-SUR-TOURBE (MARNE)
DAl'I'.tS LES :\OTi;S DE M. ÉDOUAl'.D l'OU T, D U I (j M EU
Le vas-e de bronze donl nous offrons aiijourJ liiii le dessin ;i nos
le. leurs apiiartient au Musée des anlinuilés nationales*, auquel il a
élé généreusement offert par iM. Edouard Fourdrignler. M. Four-
dri.nnier nous envoie, concernanlia découverte de ee curieux docu-
menl, lu note suivante ^ :
« La Tourbe est une petite rivière, presque un ruisseau, qui prend
sa source à Somme-Tourbe, comme l'indique le nom de cette loca-
lité. Aprùs avoir parcouru une partie de l'arrondissement de Sainte
Menebouhl elle va se jeter dans la rivière d'Aisne à l'extrémité nord-
est du département. Les plaines arrosées par la Tourbe sont assez
accidentées, contrairement aux autres contrées de la Champagne. On
les désigne dans le pays sous le nom de Valbigc, et elles limitent la
contrée de l'Ârgonne. C'est dans les environs de la naissance de ce
cours d'eau qu'ont été faites, depuis quelques années, les décou-
vertes archéologiques les plus remarquables se rapportant à l'époquo
gauloise qui a précédé la conquête romaine.
« A trois kilomètres environ de la source de la Tourbe se trouve, sur
le territoire de la commune de Saint-Jean-sur-Tourbe, une hauteur
nommée le Catillon, ayant, d'après la carte de l'état-major, 191 inc-
ires d'aliilude au-dessus du niveau de la mer. Ce point culminant
1. Ce vase était dans le plus déplorable état. Il a été très liabileracnt restauré
dans los ateliers du musée des antiquités nationales.
2. Extrait d'un rapport lu à la Société archéologique de Seiuc-ct-()isc.
:il' SÉHIK, T. H. — 11
•J02 uivii: xnr.HKOLor.igiiK.
tlominr au sirl la Corge-Meillrt, nu sU'I-osl la rollino ilc Somme-
liioime, à Ti'sl la Côte d'Onjcrnout. ('.os trois nnpIaL-i'inciils se soiil
vlôjà fait connaitro par It's rcinariiualdfs S(''|iiilliiivs a rliar (|u.' Idii
y a explorées'.
« Le (-alillon était aulrefois surmonlé il'iiii iiumilus. Vu faible
exhaussemeiU «lu sol en laisse encore apercevoir les amorces. Une
lonilic à char y avait été découverte, il y a une (luinzaine d'années.
M. Counhaye, tleSuippes, rendit alors (•onii)le de celle bonne for-
tune (juillet ISIkS) -.
« Il présenta la tombe comme appartenant h réitoijue romaine. On
n'osait pas enrorc alors donnera ces antiijuiiés une date plus recu-
lée, r.inq ans plus lard, en 1873, M. Abel Maître, chargé par le uii •
nistère Jules Simon d'explorer laconlrée', eldéjà jilus éclairé sur le
caractère de ce mobilier funéraire, dont le musée de Saint-Germain
avait fait rac(iuisiiion, voulut voir le théâtre de la découverte et y
tenter une nouvelle fouille. Celle nouvelle exploration donna des
tessons de poterie appartenant ;\ des vases carénés, ainsi (jue plu-
sieurs objets en fer (jue le premier fouilleur avait négligés, et qui ne
laissiienl aucun douîe sur le caractère purement iiaulois de la sé-
pulture. Le plan de la tombe, que AL Maître dressa avec soin, acheva
la démonstration. Celle tombe n'avait rien de romain * : cela ne fait
plus question aujourd'hui. Nous sommes en présence d'une sépul-
ture gauloise.
« Dans les premiers jours de 1881, bien que j'eusse la conviction
que les dernières fouilles exécutées au Calilloa e;:ssenl été habile-
ment conduites, j'invilai néanmoins (c'est toujours M. Fourdrit,'nier
(]ui parle) un de mes iilus intelligents fouilleurs à visiter à nouveau
celle nécropole •' et principaloineiU les environs du tumubis. Peu
après je recevais l'avis (|u'une nouvelle si'pulture était mise à décou-
veil.
a Le défunl, la lèle tournée vers l'esl, roiiiiiLilion oïdinairi',
1. Tout ii inooiic connaît la belle stîpultiire Ji ciiar de la Gorgc-Moillil. qui a
figuré à l'Kxpositioii univtsellc au TrocaJOro, salle I, en 1878, et qui appartient ac-
tuellement au musée des antiquittJs :i!itionali;s et est expos'o au dcuxiùnio étage,
salle IX.
2. Voir le a" 702 de la bibliothèiiuu du musée de S:iiiitr,crniain.
3. Voir au mnsûc des antiquités nationales, salles Vil et I\, le résultat de cc8
rouilles, qui fuient des plus rruclucuscs.
û. Voir le dessin de cette sépulture dans le meuble à vtilci de la salle Vil.
5. M. Mftilrc avait constaté rcxistcucc de nonibrcuscs tombes sur le versant de la
collir.c.
r.r. VASK i)i: hho.nzk di; catillon, l>(i;{
;iv;iil ;'i sa droilc une gr;iii(le rpro de for enffriiirc dans s;i -.'.liiio cl
iiicsiir.iiii (soie corn prise) (m (( iiiiinrlivs. Oiir (''|i('',' csl.cfMiiiiic loiilcs
1rs r[>(;c<> des clmetièiTS ç;llll()l^ de la Manie, h deux liMiielianls el à
l)oiiile aij,Mi('. Non loin de là rt.iK r.n (Vr de l.inrc à ticrviir.- nU'-
diane lir.s [irononcM! el à virole de bron/x' à la hase de la douille.
« \h\ pelit |:,n)|ielet en terre à forme rarénée élail pl.ici'; ;i la franche
(In défnnl ; iilus loin t^isail nne assielle en poterie noire et lustrée,
comme le vase, sans (pic licn les distinguai de la pot rie ordinaire
de nos autres n(''fropoles. A rexlr(jmit('! de la fosse cl à la [liaee
qu'occnpent d'ordinaire les grands vases carônijs, une suriiriseagn-a-
ble nous attendait. Un vase de bronze avait été (K'posé aux pied» du
mort. Le poids des terres, mallieureusemenf, l'avait (Vrasé. Il n'exis-
tait qu'en morceaux. Nons recueillîmes avec soin tous cis morceaux,
dont j'ai fail don au mus(^e de Saint-Germain.
« Ce vase, aujourd'hui restauré sous la direclioii de M. Aiexand;e
Bertrand, par les soins de M, Aboi Maître, mesure 33 ccntimèires
en hauteur. Sa forme, ainsi que l'indique la photographie (|d. \XI)
mieux que loute desciiplion, est ovoïde. Il esl composé de (^eux
cônes habilement martelés que l'on a ajustés par leurs grandes
bases. A la jonction de ces deux parties qui s'emboîtent l'une
dans l'autre, se voient en quelques endroits des traces d'un mé-
tal blanchâtre ne laissant aucun doute sur l'existence d'une sou-
dure. Le pied a été obtenu en rabattant les exlrémit('s du cône infé-
rieur de manière à maintenir une pelile plaque circulaire. Tout ce
li'avail dénote une grande habileté de main, une telle adres.se qu'au-
cune tissure ne se laiFse pressentii-.
« Le haut du vase a été fabriipié de la mi^'uie manière, en y ména-
geant loulcfois une ouverture pour y inlioiluire le li(]uide. Sur
cette ouveilure s'appliiiuait un couvercb; dont les débris ont été éga-
lement retrouvés. Ce couvercle consistait en une légère feuille de
bronze à "laquelle èîaient allachés plusieurs petits rivets aigus, dépas-
sant légèrement la plaque du côté intérieur. Ces petites poinli s con-
servaient encore les traces du bois, sans doute entouré d'étntTe, (jui
remplissait rofTice de tampon pour fermer le récipient. Ce bouchon
original possédait une petite chaînette (jui, tout en lui laissml un
certain jeu, le fixait au vase.
(( Une anse s'appli(juail au haut du vase au moyen d'une soudure
el sans aucun rivet. Une palmelte liilobèe en ornait la base, .-ondée
sur le milieu du vase, un peu au-dessus de la ligne de raccordement
du centre.
(t A la partie supérieure, en reg.ird de l'anse (h'jà dèci ite, un pc»
-201 REVUE ARCUKOLOGIQUK.
Ul iiil'O i!r bronze de l» h 7 cenlimùlros tic lonj^iicur t'iail mniiikiiu
dans s.i iKiMlion r-lcvi'c .m moyen de tiu.ilre rivets. Lf vase, liien iiiie
Irùs simple, n'est pas absolunienl nu. Trois eordonscireulaires d'an-
nclets en relief, ohleniis par le procédé du ivpoussé, s'échelonnent
parallèlement du col ;\ la ban\ I.ciiiémr eonlon existe sur le cou-
vercle, l'n irait «lui alterne vient couper la nionutoiiie de cette suc-
cession régulière d'anmlels.
« L'épaisseur, l'aspect, l:i facliire (le< tciiilles de hroii/.e employées
rappellent, de la manière la plus frappanle, le mode le fabrication
des deux casques de bronze du musée de Saint-Germain provenant
de la même contrée et de lombes analojîues, le cas(iue de Berru cl
le casque de la (ionjcMrillft. On n'ignore pas (lue le timbre de ces
deux coiffures a été lui-même obtenu à l'aide d'une feuille de
bronze façonnée en cône par le martelage.
« Celle identité de fabrication ne peut laisser aucun doule : il
semble ipie tous ces objets sortent de la main des mômes ouvriers,
ou, au moins, d'une même corporation d'ouvriers. Si nous étendons
nos p[iprocbemenls aux torques creux également obtenus à l'aide
d'une feuille de bronze, si nous réfléchissons que le métal employé
est le même, qu'il est employé de la même manière, que ces torques
sont une parure nationale, dont on ne retrouve la trace (jue là où les
Gaulois ont porté leurs armes, nous serons bien tentés de voir dans
ce travad du bronze martelé une industrie nationale. »
M. Kourtirignier rapiielle ensuite (lue de nombreuses découvertes
ont été faites, sur les deux rives du Hhin, d'objets relevant de la
même industrie, et il cilc en particulier le vase du riche lumulus de
Wald-Al'jesltcim, publié parle professeur Krnest Aus'm Weertli en
1870, dunslc Fest-Proy mm III zu Wiiiketmttinis Geburtstny, et en 1881
pir Lindcnscbmil, dans les AUi'itkiimrrK Ce vase a, en elïet, les
plus grands rapports avec le vase du Calillon. Nous pensons faire
plaisir à nos lecteurs en en donnant une photographie en pendant
de celle du vase de M. Kourdrignier (v. pi. XXli). L'ornementation
si originale du vase de Wald-Algesheim pourrait donner lieu à de
nondjreuses observations, mais l'espace nous man(iue; nous croyons
d'ailleurs savoir (ju'un de nos principaux collaborateurs prépare un
luéiiioire sur te sujet. Nous espérons pouvoir le donner bientôt ù nos
abonnés comme complément de l.i |)résenle note.
Jm Du CCI ion.
1. Linduiitchmil, Ui'.- MterUtùiner unsercr ficiitnisc/itnVurzcil, IJund III, Il..fi t,
Taf. 2.
N ( ) T K
FOlilLLESKAITESAPllÉAESTE
EN iHH-2
Depuis 1878 on n'avait entrepris aucune fouille sur le territoire
tic l'antique Piériesie, qui avait rendu ;\ la lumière dans les années
précédentes lant d'objets précieux. Quelques travaux- ont eu lieu à*
la fin de l'année dernière et un des élèves les plus distingués de
M. de Rnssi, M. Henry Sicvenson, vient d'en rendre compte dans
le Bulletin de rinstitut de correspondance arche olo(jique (jan-
vier-février 188:}). Los ré^ultats de ces fouille? conlîrment et com-
plètent ceux (jue nous avons obtenus nous-méme en 1878 '.
Les fouilles ont eu lieu sur deux points. Les premières ont été
faites le long du rameau de la voie Labicane devenu aujour.rhui la
route de Rome, à une distance de 2o0 à 37o métrés du carrefour de
S. Rocco. On a trouvé, à côté de débris de monuments funéraires en
opus latcritium et rcticulatvm,i\c^ tombes grossières faites de grandes
tuiles(^'^o/o»/, mattoni) estampillées. Les estampilles recueillies sont
les suivantes:
1. LAVRENTl ; rectangulaire, lettres en relief.
2. Tl • IVLI • AGATHAEt; circulaire, lettres tn relief; pal-
melte au milieu.
3. QtT/[vS ; rectangulaire, lettres en relief.
1. Revue urclicoL, avril 1878.
200 itcvi K AKt'.iiKoi.or.igliR.
4. Un C3iIium''0 on relief sans inscriplinn; M. Sl(VPn«.oii en a liouvé
tl.in< U's environs de Prènesle plusieurs exemplaires.
r.. L POMPEI II FORTVNATI ; r.xlaugulair.'. iialuielle entre les
iigiie.N ; iiltii'S eu rrlicl.
On a trouvé au nirineemlroil, parmi icsdi-brisiie maeonnerie. une
iusiiiplion eu diux iiinrct;ui\ :
D M
T PL ■ PATERNVS Ml
L -COH • X • PR 7 S A B I
NI IVL • EMONA . Ml
:;. Ll T A ••■ ,'. V I T • A N V II "«-r 'ir (lu Rraveur
ilT:icée)
VIXITAN X XVI • T FL-
SEVERVS • MIL • COH •
XXVI VOLVNTARIA
FRATER EIVS ET L • AE
!<». LIVS CANDIDV5 • EQ
SING AVG-HEREdS FA
CIENDVM CVRAVER
VNT •
D{is) M iiniliiis). Tilns) Fl{iii:iiis) Pain niix, niH[cs) roli{ortis) X
]ir[iielori(U'), c{entmi(i) Sdhiiii, .Iul'id) Emoiin '; inililuril an nos)
VU; ri.iit an{iios} XXVI. 2\ilus) Flarius) Scrrrus, mil{es)
coh[oitis) XXVI rolun!aria[r], fiatcr ejus, et lM(ciu<} Aelins
(AHi'lidus, rij[ues] siti(j{ultiris) Auij us(i), lirri'dcs fniirinlnm cura-
leniiit.
Celle inscription a élé gravée avec peu île soin, comme le prou-
vent à la ligne ;» la iépéiili(tii d'une >\llabe et ;i la li},'ue S l'oMiission
de la lettre E dans le mot VOLVNTARIA' Ei ; il faut sans doute attri-
buera la môme négligence les points qu'on voit à la lin des lij,'ues (l,
7 et \'.i et i|ui sont contraires aux usages épigrajdii(iues. N'ajaiil pas
l'e-tampag»' entre les mains, nous nous en tenons à la leclure de
M. II. Sh-veiisou.
1. Jiiiia Kmona ou Aciiionn, dans la Pnniinino siipt'rioiirr', (injotinriiiii l.iyhacli.
roi'ii.i.i'.s l'.MTKs \ i'in';\i:sTr. I'.n 1H32. 2'i7
C.rllr iii>cri|iliiiii ollrt; un ccii.iiii int/'irl en ce (|u'rlli' |)rt''-(.'iil".' un
Icniii' (lu'oii ri'iiconln! ;isst'z raicmi'iil dans les irisciiplions; c/ol
celui i\\.'rnliors roliintaria. Lus colioitcscoiiiijoséis d'Ilalicns ('laien'.
onliiiaiiriiicnl désif^iiérs sous If. nom «le cohortes Ilalirœ, cohortes
Italirornni ririuin Itomnnoruiii roluntnriorum ; M. SlcviMisori nl(!
toutefois un exemple u'nnc cohors jirimn roln[m)f)tarin diiuipa-
nontm '.
D'autres fouilles ont été faites de l'autre côté de la route de Houie,
entre relie roule el l'ancienne voie l'rénestine, dans le terrain (jue
nous avions exploré en 1878. M. Slevensou, à quelque distance de
l'endroit où nous avions trouvé un abondant dépAt d'ex-voto en terre
cuite, aouvertplusieurstrancliée.s. lia découvertun grand nombre de
figurines semblables à celles que nous avons décrites dans l'article
cité, membres, léles d'bommes et de femmes, statuettes, animaux,
petits vases, elc. ; les unes semblaient aussi oiïrir des traces d'ar-
chaïsme, les autres appartenir à une époque plus récente. Tandis
qu'au milieu des terres cuites nous avions lenconfré plusieurs spé-
cimens d '«'5 /fu/f, M. Stevenson a découvert : i» plusieurs as et
quelques monnaies divisionnaires de l'as ; les plus anciennes lui ont
semblé appartenir au système trienlal el par conséquent n'être p;is
antérieures à la lin du v' siècle de Home; 2" une petite monnaie en
bronze de Suessa Aurunca avec le buste de iMerciire et Hercule (pii
terrasse le lion lie Xéniée; la légende au droit n'existe jihis ; elle
porte au revers SVESANO ; celte monnaie est postérieure à l'an 'i\\
de Home {'M'.] avant notre ère^ *. Rappelons que nous avions trouvé
en 1878, à une profondeur de G mètres, une petite monnaie gr(C(iue
fort mal conservée, représentant au droilune tète de Jupiter barbu,
tournée à droite et peut-être laurée, et au revers un cheval libre,
tourné à droite, sans doute une monnaie de la Campnnie ou de
l'Apulie.
Parmi les objets découverts il faut aussi mentionner plusieurs
antéfixes, dont l'une reproduit un type assez commun parmi les
terres cuites de Campanie : une femme ailée, velue d'une tuni<iue
qui descend jusqu'aux pieds, et qui lient par les pattes de devant
deux lions ou panthères. C'est l'Artémis asiatique, que Pausanias
rapporte avoir été représentée sur le coffre de Cypsélus.
(k^s objets étaient déposés dans une sorte de sillon creusé dans le
sol vierge, comme ceux que nous avons trouvés. M. Stevenson, lout
1. r. I. L., VI, 3520.
2. Monimsen, Ilàl. delà monnaie romotnp, traci. Rlacas, I, 105.
,H)H iiKVi'K ARCHhOLor.lgUE.
«n partlanl un«* gramio rùservc, exprime l'ulée que ces dopôls d'ex-
volo t'iaionl à ciel ouvert.
Assurémenl, dans les deux cas, il est diflicile de croire à l'evis-
lence de favissœ en forme tie piiils; certains détails (|in' nous avons
sipnalêsdans nos fouilles seinldeiil pourtant uiontrcr (jue li's ex-voto
avaient été cachés à la vue des profanes : n Au-dessous d'un terrain
composé de débris d'amphores, de briques et de pierres calcaires, se
trouvait une couche Ao blocs de pépérin régulièrement taiHés;
mais ils n'étaient pas unis |)ar du ciment et forniaiciil, sur une
étendue assez grande, une sorte de dallage; nulle part on n't-n a
rencontré deux assises superposées. Ces blocs de pépciin itcou-
vraient des terres cuites dont beaucoup élaienl intactes ; il paraissait
donc qu'elles avaient été recouvertes avec un certain soin. Au-des-
sous de ce premier lit de terres cuites, il y avait une couche de
terre vier,i,'e d'une épaisseur de HO centimètres environ, au-dessous
de laquelle se trouvaient encore beaucoup d'objets de même nature
et deux fragments <]'(rs niili'. r>
M. Stevenson, outre ce dépôt de figurines en terre cuite, a décou-
vert deux cippes en tuf grisAtrc, ayant la forme de pyramides tron-
quées et portant d'un côté, ;\ la partie supérieure, des inscriptions
archaiqu'-s ' ; un autre fragment portant (juelques lettres semble
avoir appartenu à un cippe de même nature. Ces cippes n'étaient
pas (les autels, mais des bases destinées à porter des ex-voto, comme
le montre l'entaille faite dans la partie supérieure et destinée au
scellement dont on voit encore la trace sur cinq autres cippes de
forme conique et plus allongée.
Dans les mêmes tranchée.-, M. Stevenson a trouvé des morceaux
de plomb ayant servi de scellement, dont l'un avec un pied de ;.ta-
luette, l'autre avec deux pieds, l'autre avec une statuette entière.
«Cette dernière, haute «le 0'",OîH, représente Hercule nu avec la
peau de lion sur le bras gauche. Le bras droit est rompu, mais était
levé et devait brandir la massue. Le sl>le est archaïque et le travail
assez négligé. Il est donc probable (jue le sanctuaire prénestin était
riche en stèles p(»rtant des statuettes votives. »
Cette découverte a un grand intérêt, car elle ronlirme deux des
trois inscriptions archaïques (|ui sont des ex-voto dédiés h Hercule.
Dans notre précédent travail, nous avions émis l'hypothèse que le
dépôt de terres cuites trouvé entre la route de Komeet la voie Pré-
1. L& largeur du cippe <|ui porlo riiiscrijuioii l.i plus longue cm à la bav; »ic
0»,ftH .11 KMinmci d<> ii'-',/|| ; IVpaiiixnir i;hi la mi';iii(;.-, l.i liautour ost de 0'", 883.
FOL'II.I.KS KMTKS A l'UKM.SIK l.\ iHHl'. 209
nestine était consacré .ï la Foiliiii.i l'riiniL'ciii.i «loiil le loiiiple s'éle-
vait sur les lianes do la colline. A vrai diiv, la distance t!nlrc le
dépôt et les dernières constructions du temple pouvait inspirer
(jueliiues doutes. L'existence d'un leinpliî d'Ilercule dans la partie
sud-ouest du territoire de Prénesle n'est pas démontrée, liien ipie
M. Stevenson ait trouvé des restes de constructions ; mais il existait
pcul-étie un Incus. Il faut espérer que de nouvelles fouiller^ donne-
ront des résultats délinitifs.
Il reste à parler des iu'^ciiptions areliaiiiues gravées sur trois
cippes. M. Stevenson en a donné dans le Ualletin une représenta-
lion en plMitotypie.
La prcmiéir coniicnl six lignes :
l -GEMENIO- l F-PEl-
HERCobE • DoNo ]
DAT • IVBS • MERTO
PRO • SED • SVEQ
EDE • PEIGIBVS
\RA • SAIVTVS
L. 1. ï.. Gemenio. L. Gcminins est un ijentUilhim déjà trouvé à
Préneste sur trois inscriptions sépulcrales arcliaï(fiies '. Le dernier
mot de la liûrne est difficile à expliquer ; il fiuly ratiicher sans doute
les lettres tracées par le t,n'aveur à la seconde ligne, la première ne
lui ayant pas sulli : Pelte ou Pelld. M. Stevenson y voit un cogno-
men, mais déclare qu'il ne peut l'expliquer. Ce pourrait être aussi
un nom de patrie : PeUninum Vi'slinorum :'
L. 2. Hercole dono[m). Le datif en e dans les inscriptions ar-
chaïques latines est très fréquent. Nous en avons un exemple dans
une autre inscription prénestine tiouvée au siècle dernier, mais dans
un autre endroit, sur IVmphicemenl présumé du foi uni :
C • TAMPIVS. C • F-SER
TARENTEINVS-PR
HERCVLE • D • D • L • M • -
1. Epit. 'V'»!/'"-. I, 70-71'; Garrucci, Si/linf/e, GT^-G.
2. C. I. L., I, 1134.
•JIO RKM'I AIICIIKOI (Miloir..
Nous nv.»n< :iiHsi it'l''V(' ci.ms le pays tli's Marsts doux inscrip-
lious tir'dii'i'S à Yalt'luilo avec ct'lti' foiiiif ;iicli:iii|ut' : l'air-
tu<lnc '.
L. il. /^// /«/;(<•»>■ mer[i)lo. Ces ;il)rêvi;ili()nssonllii's frôtiucnlcs:
la forme liibs fo trouve dans uiu; inscription du pays des Marscs ^
avec une aiilre abréviation vi//*» po;:r siipiiidlum.
L. 't. /'/o sr^/ snr(j = pro se suisquc. M. Stevenson rcmari|ue que
celle inscription donne pour la première fois la forme sed pour «e,
déjà connue peur les pronoms de la première et de la seconde
personne. Il l'xpliiiue avec vraisemblance le mot snrq par
SH('Js)ij(iir).
L. ri. Celte forme de l'ablalif pluriel trouve, suivant .M. Stevenson
appuyé de l'autorité de M. de Ro-si, sa conlirmalion dans la ligne
suivante. Ede signilierait e[is)(le{in); cisdem legibiis.
L. 0. Ara Salut us. M. Stevenson rejette avec raison l'idée de re-
garder comme un ^'énitif le mol «rr/ ; il construit ainsi la phrase:
douuin dût lubrns iiirrito pro se suisifue eisdem legihus{iiuas Itabet ou
tout autre comidémeiit) ani Snlutis. Lu phrase ne serait elle pas
ainsi trop ellipliiueel ne devrait-on pas plutôt considérer </rr/ comme
un ablatif amené par l'idée de comparaison contenue dans le mol
eisdi'm^ Nous ne prenons pas, du reste, la respon>atiililé dt; eelt(;
hypothèse, que nous soumettons à des juges plus compétent^', (juanl
à la forme Salutus pour Salutis, on la connaît déjà pour les mois
Casiorus, Honorus, (>reru!<, Yen'rus ■'.
Al. Stevenson rappelle (jue les temples el les autels n'étaient pas
toujours élevés d'après les mômes rites el ne possédaient pas les
mêmes régleiiicnls; les termes le.i tnnpl^, (vdis, /'nui reviennent
fréquemment dans les auteurs cl se Irouvenl sur les inscriptions. Le
célèbre autel de .Narbonne fui dédié à Auguste lr>iilins Us q{uae)
i'ufni) s(cri]itar suut (Wilmanns, H)\ ; il en est de même d'un
autel de Jupiter ii Salone '.Wilmanns, 10.1) et d'un sanctuaire de la
Salus Au;,'usla à Ariminum (Wilinanns, 102). Souvent, lorsi)u'on dé-
dinil un monument, on rappelait les règles el conditions usilées
dans un sanriiiaire de grand renom. Aussi .M. Stevenson conjectwre-
t-il (jU(; \'ura Salutis dont il est ici question pourrai! ètic laulel ipii
1. Imirii/t. invil. iln imi/s ik\ MufCi, l'l-''.\.
2. C. /. /.., I, 1H3.
3. Girrucci, p. 091»; CorKsrn, Ausfpr.. Il, p. Stt.
roril.t.lS FAITI-.S \ l'HKNFSTI. KN 1 8H2, -It
fui rlcvt'' h l;i suilr du vu-u f.iii eu ;{i;{ a\:iiil J.-C. p;ii' le lousul
{]. Jniiius Uiihulcus pciidaiil la guerri! ilu Sarimiuiii et (léiiic'; par lui
en :W2, ftous sa ilirlaluie, ajirrs la vicloirc r('Mi|ii»rlée sur les Kt|iie.s.
Les Pirncsiins pL'iiilanl rello f,M"'i'i*c furcnl ilu resie les alliés di-s
Uomaitis '.
La scroiiilc inscription t'sl plu.> courte* :
Q- K • CE5TI0 • Q F
HEPColE -DoNV
[J^EDEPO
La (Irdicace csl évidemment faite par deux personnes, comme le
prouve la forme du verbe [(l]edero{nt) : il s'açnt don(; de deux
frères dont l'un porte le prénom de 0(uinlusi el l'autre proh.iltle-
nieiil celui de K(aesus) =Gaesus. En pareil c;is le nom de f.imillc
se mettait au iduriel: on connaî' des pluriels de la second(î décli-
naison en cis el en es; on n'en connail pas en o. M. Slevenso:i re-
mirque toutefois que dans la vieille langue latine il existait un no-
minatif pluriel avant la foime grcci|uc oi = oc, que l'on retrouve
cm ore dans le chant des Saliens, jiHumnoc, poplor. Mais pouniuoi
dan^ rinscriplion le sulTixe c ou / aurail-il disparu ? M. Mommsen
croit (|ue ce fail est justifié par l'analogie du géuilif singulier avec
le nominatif pluriel : la lellre /a pu disparaître dans ce dernier,
comme la lt3ttre o a disparu dans le premier. Quant au i:oni de
famill'! Cc.s7(»s', à une époque reculée, on ne le trouve (]ue sur les
inscriptions prénestines.
La troisième inscription est très mutilée.
RO
BVS
TOS
nr
M. Stevenson propose: ^p)ro{sed)...{e(le leigi)bus...Ces<[au>>\ une
dédicace.
La forni'j des caractères arcliaït|ues seml.de indiquer que ces
inscriptions appartiennent à la première partie du sixième siècle de
1. Titc-Livc. IX. IG.
212 HKVUK AHCHÉOLOOKtUK.
Home, cVsl-;\-(lirr sont à peu i)n''s contomiioraincs île la iMiMiiitre
giiiMTC punii|iu' t'I ni> dcpassoiil ciMl.iiiU'mi'nt pas la lin ilc la
sfcoiule.
('.elle conrlusion nous don no à pou près l'époque où fuient (iù-
posos los o\-Yolo it'irouvôs par M. Slovonsnn ot ceux iitic nous
avions dérouvorls on IH7S. Ils ôlaionl sau'^ doulo dôdiôs à lloivulo,
dont lo sanrUiairo ou le bois saciô dov.iil avoir uno corlaino rôlo-
Itrilo, bien im'on no puisse cependant la comparer à celle du granii
temple de la Koiluna IMimigenia.
KMMAMI.I. M, n.MQli;.
Li^SCKIPTlON i)'ii\si>\kki:n
ET LES NOVEM POlM'IM'
LETTRE A M, A. LUNGNON
iMuii cher coîlOgue,
Vous vous rappelez ([u'au mois de juillet (Je l'an dernier j'ai
publié, dans la heiue o,rchéologique, un fac-similé de la fameuse
inscription d'ilasparren : c'est, je crois, le premier qui en ait été
donné. Ce fac-similé était la réduction du monument lui-même,
d'après un estampage relevé sur l'original par M. Sacaze, de Saint-
Girons. Faute de ce document indispensable, vous avez pu constater,
comme moi, que tous les éditeurs précédents-, —je suis du num-
ide 3^ — avaient attribué à l'inscription qui se lit encastrée dans
le tympan de l'église dMIasparren (petit chef-lieu de canton de l'ar-
rondissement de Bajonnej une origine de trois siècles plus ancienne
qu'il n'est possible de la lui assigner d'après l'inspection du monu-
ment lui-intMne.
1. Voyez la fleuM*? de juillet 18S2, p. 23-27.
2. Trouvée en lOGO, elle fut d'abord publiée en 1103, d-xn&ïc Joui'/uil deTrcvouj;
ensuite, elle le fut successivement dans VHistoire du Bàirtiy de Mazure, p. 433 ;
dans le Foy«^e flH /'rtyv t^Avy»'', par de Lagar.le, 1835, p. 51; dans la Revue de
numismatique et d'archéologie, par Poydenot, 1872 ; dans le Congrès icieuti/ique
de France, 39« session, tenue i Pau, par M. Fr. de Saint-.Maur, séance du 11 no-
venmbre 1870 ; dans les UTiui/es de Uorghesi, t. Vlli, p. jii3, not'j de M. L. Re-
uier.
3. Dans la Gaule romaine, II, p. 360.
il i HKVUI. vm.lIKttl.oilInL'P..
Il fsl nôcossaire (le i flirc sur cet oslampa^:!' '. l'iiisci iplinii, ciiu-
posèe (les (|ii;ilri' vois hiliiis smvaiils :
riamon. iinn diiiiivir, qnatslor paLMiiDO fn;lgi^lcr,
Voru<, ni\ Aiigii?liim Icgalo miinero fuiicln?,
Pro .Novcm opiiiiiul p >piili> 8i'jiin^<Mt> (iallos.
Irlio rcdiix, (Icnio pa^-i liane (lediial arain.
(iFI;imino,.liiuinvir, t|iR's!cnr cl mngislcr Aupajus, Vri us, s'ôl ml
aC'juillé (le sa mission d'envoyé anpirs (rAu|,'iisle, ohlinl, pour les
Neuf Peuples, qu'ils HMaionl séparés des (I.uilois. De retour de Home,
il consacre ccl aulel au Genius du pntjus. » (»n nvnil reniar(iué dans
relexle des incorrcclions assez graves : \" Irgalo muiinr fuiictus
pour letiati iiinnere funclns, solécisme d'autant plus facile à éviter
qu'il n'était nullement nécessaire pour la quantité; 2° pro norom
optitiuit ne peut entrer dans un liexniiièlre, n étant hret'dans uovciii,
ce qui donne une brève entre deux longues; de plus, la deiniére
syllabe de novem s'élide devant optinuit; 3° il faudrait Ga//tA- elnon
Gallos: r l'élision de 1'/ de pagi devant le mot Ikdic n'est pas faite.
Kn un mot, ces vers sont mauvais et surtout très incorrects; on peut
donc s'étonner qu'une inscription rappelant pour ce pays un aussi
grand souvenir ait élé exécutée, au temps d'Auguste, en vers faux,
et lait été sur un monument d'aussi petites dimensions : 0"',-4o de
long sur O^j-lO de large.
D'autre part, Jors(|u'(in n'avait sous les yeux que le texte et non
l'original de celte inscription, île liés bonnes rai>ons pouvaient la.
faire considérer comme remonlmt sinon au régne d'Auguste, du
moins au premier siècle de l'Iv.npire.
D'abord, il semblait tout naturel (|ue les peuples de l'Aquilaine
proprement dite, c'est-à-dire les peuples transgarumniens, véri-
tables Ibères, semblables à ceux de l'KsiJagne et diiïérant des Hau-
lois, dit Strabon, non seulement par la langue, mais par les traits
pbysiqiies, oO tt, y^wttt, (xôvov, àXXà xa\ toT? 7c.')iAa(jiv - , protestassent
contre la fusion qu'Auguste avait opérée m les absorbant dans une
même province administrative avec Iv^giuilorzc peuplades gauloises
comprises entre la Loire et la Garonne, tandis (jueces peuples, com-
pris entre la Garonne, les Pyrénées et l'Océan, appartenaient indu-
bitablement à une autre race : c'était là l'Aiiuitaiiie véritable, ce
1. Voy. le fac-similé dans le numéro pri'cil'' de la Hevur.
2. IV, I, 1.
i/i\s(,iiii'ri(iN I)'iiam'AIUii:n. 2\'.i
([u'oii [loiiii'.iit .iiipi'li'i' l'.\i|ijit liiic ('lliiiii;4r;i|ihii|ii('. Ils iliirctU donc
sii|iii()il('r d'aiilanl l'Ius (liflicilciiKiiil crllc! répai lilion blessarilr,
celle ailjonclioii furccc, sous la désignation nouvelle de province
d'Aquilaine, ce (jui (•loiidail à des étrangers leur nom national,
qu'ils n'avaient piis aucune part à la levée d«! boucliers, universelle
dans la (iaule, de l'année ."iiJ, sous Ver(ingét(jrix, et (|u'aucuii peuple
de leur pays n'avait paiu sous les murs d'Alise. D'ailleurs, que
demandaient-ils? Ils ne réclamaient, dans la requête adressée à
Auguste, — si rinscii[)tion d'Haspairen était bien aullientitiue, —
ni l'exemption d'aucune cbarge, ni leur liberté, ni leur auto-
nomie : ils voulaient simplement être distincts des Gaulois, .sryH/i-
gcre Gallis ^ n'être pas appelés du môme nom. On pouvait
admettre sans peine que cette faible concession eiit éié faite par
l'empereur, puistju'elle n'accordait qu'une faveur nominale, (jui ne
troublait en rien l'cconomie du système provincial. On comprend,
en outre, que, n'osant espérer que l'on consenlU, pour leur restituer,
à eux exclusivement, leur nom national d'Aijuilains, à modilier les
désignations oflicielles des provinces, même des provinces impé-
riales, on comprend, dis-je, qu'ils se soient contentés d'être distin-
gués de tous les peuples gaulois par cette appellation modeste et
inolTensive de Novem Pojnili.
Toutes ces considérations donnaient une très grande apparence de
vérilé à l'inscription d'IIasparren, et, son autlienlicilé n'ayant pas
été suspectée jusqu'à présent, elle apportait un fondement précieux
à l'ancienneorigine de la Novempoiiulanie. Tout le monde admettait
dernièrement encore, avant la publication de notre fac-similé,
que cette province de Novempopulana, — formée, à la lin du m" siè-
cle, du détloublemeiit de l'ancienne province d'Aquitaine elle-même
— dût son nom à celte « séjonclion « des jSoiem Popiili, reconnue
par Auguste, comme représentant, au moins en souvenir, une race
et une nation distinctes du reste de la Gaule.
On avait remarqué depuis longtemps que la Noceiiipopuliinn de la
Nolilia provinciarum Galliac, au \° siècle, comprenait non pas
tii'ufnlés, c'est-à-dire neuf peuples, nn'is douze, dont ce document
donne, comme on sait, la liste détaillée; lu, aucune erreur n"avail
été possible, puisque ces douze cités répondent à autant de diocèses
parfaitement connus pendant tout le moyen âge el dans les temps
modernes. Il fallait donc que le nom de la Xoieinpopulaua fût plus
ancien que la création des trois cités qui, en [)orlant le nombre an-
cien des subdivisions de celte piovince à douze, laissait subsister
une contradiction entre le nom el le fait. Il s'ensuivait donc que
216 IIKYL'K ARCIIF'OLUUtQUK.
celle ilésijînnlio!! do iS'orempopulana devait Hic beaucoup plus an-
ou'iiiu*; o!i devait le penser, du moins, et rinsniplioii d'll:isp;uit'ii
«'Malt venue apporter la jnvuNe d'une supposition iléj;\ l'oit probable.
Tout, dansée texte, paraissait s'accorder avec ces données, dôcla-
rèes parfaitement admissibles. Un trouva tout nalurfl que les peuples
de rAcjuilame ctlinoj^Mapliiiiue eussent dr-pulr vers Auguste un des
magistrats municipaux d'une de leurs cités, un certain Vérus,
qui avait exercé, évidemment dans les Aqunr TurhcHicde (Dax), les
fondions de (junrsloi , puis celles de (linnnrir jiiiidirundo, et qui
enlin était parvenu au sacerdoce local, en (|ualité de }himen civitatis.
Tout cela paraissait très correct et, — qu'on le remarque, —les
fonctions sont bien énumérées à leur rang, dans l'ordre inverse de
celui dans lequel elles ont été exercées, en commençant par les plus
élevées, c'est-à-dire par les dernières obtenues, et en Unissant par
les moindres c'est-à-dire par celles qui commencent la carrière, ce
qui est é^^alemenl conforme à l'usage. On concevait parfaitement
comment Vérus avait mentionné la modeste dignité de tnaijisler de
soii jiaijus, puis(|ue c'est là (ju'il avait élevé son autel au (iénie du lieu.
Les incorrections de grammaire et de prosodie pouvaiinl se com-
prendre et s'excuser de la part d'un Aquitain.
Une seule particularité de détail pouvait faire bésiter : c'est (jue,
les fînwines nvitnlis étant toujours des fhuuines Ainjusti, il était
difFicile qu'étant llamine d'Auguste, Vérus eût accompli sa mission
il Uomc du vivant de cet empereur. On sait que ce fut après la mort
et l'apotbéose d'Auguste, par consé(|ucnt sous Tibère, (lueconinu-n-
cérent à s'établir, dans les cités des provinces, les flamim'sciritalis,
ou fldmiues Auyusti, ou Jhimines tout court (ce mot seul exprimant
toujours le sacerdoce de la divinité de l'empereur). — Mais ce n'élail
pas là une objection très sérieuse, car, le nom d'.tM^/r/.N/e désignant
tous les empereurs, on pouvait supposer que la députation de Vérus
s'était adressée à un des premiers empereurs, à Tibère, par exemple;
car il ne fallait pas, d'autre part, s'éloigner trop sensiblement du
temps où la province administrative de l'Aijuilaine avait englobé
les neuf peuples, pour donner à leur réclamation une certaine oppor-
tunité.
Lorsque nous vîmes l'estampage de rinscription originale, mes
idées, les vôtres et celbs de tous ut»> collègues du comité dînent
se modilier immédiatement.
La forme ^les lettres rendit absolument impossible l'attribution
de ce monument au i" siècle. Mlle \\'. lit descendre, à premier»; vue,
jusqu'aux teiu de Diuclétien et dr <'.onslantin, et nous comprimes
L'lNSr,RI!'TItiN It'll\SI'AURKN. :il7
(|iic cclli' iiisrrililioii av.iil ilA tHic cxùcuIôl' vors loiv'Riock, ou
:m plus iiM h la lin du m".
.Malgré cela, je persistai d'abord h croin; iiiio !«' IrKle ùloil du
ph'ininr slôcio cl (^ac, dans un inlônH facile à concevoir» on avait
voulu le ii'piodulix', comme un ph^tMcniv sriuvcnir national, au mo-
niiMil, sans doute, où loremiiniomcnl provincial de Dioi'lr'tien venait
consacrer, par la création de la NovcmpopHldua, une séparation
nominale, déjh ancienne, itîeiainiîeci prévue depuis longicnips. Les
exemples sont nombreux, à Home même, de ces anciens litres res-
taurés;! une basse époiiue, dans la forme ai'Cliaiijue <|u'ils avaient
dUll'eïbls. C'est donc ;\ cette expli(-ation ijue je m'étais arrêté, au
mois de juillet dcrnicl* {Brvuo. archéolo(jù]fie), lorsque vos obser-
vations sont venues remettre tout en (luesiion.
II
Dans une des dernières séances de notre commission de la carte
de l'ancienne France, le mercredi 17 janvier, vous nous avez fait
part d"une j-emarque de la plus grande importance que vous avait
suggérée la vue de l'estampage d'Hasparren : c'est que celle inscrip-
tion pourrait bien dater en clïet de la lin du lu'' siècle, texte et gra-
vure, c'est-à-dire dater de la création même de la province de No-
venipulana et du démembrement de TAquitaine d'Auguste. Voici
vos raisons:
Vous pensez que rien dans la teneur du texte ne s'oppose à ce
qu'il ait été composé au moment même où le lapicide l'a exécuté.
1" Il y avait encore dans toutes les cilés, au temps de Dioclétien,
un flauiinc, des duumviri juredictimlo , des quaestores; les pagi
avaient leurs ma(jisln. aediles on pracfi'cti; 2" les mois ad Auyustum
peuvent désigner tout autre empereur qu'Auguste; Dioclétien et
Constantin étaient aussi appelés « Augustes », puisque ce nom était
synonyme iV Impcratof ; 3°enlin, — el c'est là votre observation capi-
tale, — rien ne prouve (juil y ait eu neuf cités ou neuf peuples dans
l'Aquitaine etbnograpbique ; au contraire, en interrogeant les an-
ciens géographes, ceux qui ont composé leurs écrits entre l'époque
de César el celle de Dioclétien, on ne trouve pas neuf, mais cinq
cités, pour la région qui correspond à la future Novempopulanie du
iv"" siècle.
Vous atiacliaul surtout à Plolémée, dont les Tables présentent in-
contestablement l'énuméralion la plus complète des cités de la Gaule
m'' SLHIE, T. II. — 15
918 liKMK Aiu:iii''oLor.iouF..
au M* siècle, vous avez parfaiicmont rtahli, dovanl nous, que sur \cs
vini:l-<loux peuples ou cités (|\ii composaient la iirovinred'Arpiitaine
atiminislralive, ilans la table ptiiliinii'nne, il n'y eu avait (jiie à\u\
d'imputables à rA(iuilainei'tlinograpliii|iieiNoy. Viol. Il, vi [vnl);les
(lix-sepi autres sont gaulois. C-es riiKi peuples sont :
1" Les Taihrlli, au suil des Biluriges Vivisri cl di- linriliijdUi (Hor-
(leaux), capitale de ces derniers, et s'ctenilanl jus(|u'aux Pyri-nées;
leur capitale était .[quae Augustae ou TarhclUcae ' (i)ax) ; leur pays
correspondait surtout à la partie maritime de la (îironde, des Landes
cl des Hasses-Pyrénées;
2° Les Vassarli, au sud de la peuplade gauloise des ^'iliol/roijes
(Agenois), cl (jui sont les mêmes que les Vassei de Pline-, les Va-
satae d'Ainmien .Man-ellin ^ et la CJrilas Vasaticn de la Notice'; ils
avaient pour capitale Cossiuni (Bazas) : c'est le Hazadais''.
3" Les Data, au sud des (îabali (Gévaudan) ; ce peuple qui n'a
pas pu être encore placé avec certitude, non plus (juc si caiiilali-
Tasla, et que vous proposez d'identifier avec les Larlorales, (ju'on
;'6tonnc en eiïet de ne pas voir citer par le seul Ploléméc ^; ce serait
jne iiarlie de l'Armairnac ;
4° Les.lUA'c/», au sud de ces derniers, avt'c Irur capitale AïKjustd,
Audi' (Gers cl Hautes-Pyrénées);
*)" Les Conmtai', au pied des Pyrénées, avec li'ur capitale Lmjdn-
num (Sainl-Hert:and), correspondant au Cominges et à la liante
vallée de la Garonne^.
Vous nous avez montré comment les dix-sept autres peuples de
l'Aquitaine lie Ptoiéiuée étaient tous gaulois et lousidentiliés, à droite
de la Garonne ; par conséquent, les cinq qui précédent orcupaienlseuls
loule la Gascogne avec le Béarn, c'esl-à-dire un pays qui répond
très lldélemeiit à la Noveiupopulaiiie du iV siècle et à l'Aiiuitaine
ellinograpliique de César. Donc, au milieu du ii" siècle, celle région
n'aurait pas coin[>iis neuf, mais cituj peuples seulement, et la déno-
mination do A'oivm l'opuli ne reiiHditcrait jias même jus(|u'aiix Aiito-
nins; or, comme l'inscription d'llas|iarren, <laiis fétat où elle nous
î. T'jfCc/oi, /ai -'V/\; aJtô)/ TôaTa AOy/JT:!. 1"/°, /i'r-.'iO', i; 9.
'2. IV, XXXIII, 1.
3. \V, XI, Ift.
It. Guérard, p. 29.
6. OCa'TTàf.'.oi, xa't-'w.; K'-t-î'.ov. 18"-30', /jC", S 15.
0, .ia-ioi, xai 7:ô)i; Ta<r:«. 19', i^o-lû', 9 17.
7. AÔTyi'ji xai i:ô)i; AOYOVTra. 18*, /jS", f) 18.
5. ïv/Jz^ovTt; ?t Tt ll"Jf>r;vri, Ko|iOvtvoi, xaiaCTÔiv AovY5o'jv6vxo>(ovia 17", tH", ^22.
I. INSCHIITION lt'lUSI'\!;:;KN. 2i0
est parvoniie, n'est plus du premier siècle, romme on l'avait cru
jus(|u'ù ce jour, et (|ue c'était le seul texte sur le.|uel on j)iU élablir
l'hypothèse de rancieunclé des Nurmi Populi, elle n'a plus aucune
valeur à vos yeux. Telle a èlé votre conclusion. Je ne saurais par-
ta},'cr eiitièreuient voire opinion; mais je crois (jue le point impor-
tant, ù savoir (pi'il n'y a eu que c\iu\ peuples dans r.\<|uilainc
propre au temps de l'tolèmèe et que les Norrm Vopuli sont posté-
rieurs au ir siècle, est désormais ac(|uis : c'est là une découverte.
Voyons, en elïet, si les auli'es auteurs classi(iucs ne démentent
point celte donnée nouvelle.
César ne fait pas un tableau géograidiiquc des peuples de l'Arjui-
laine. Dans le récit de la troisième campagne, il cite, au cours des
événements de la guerre de Crassus, son lieutenant, les peuples,
grands et petits, (jui y ont pris part. Il en mentionne quelques-uns
des principaux ; mais il n'est pas tenu de les nommer tous. Il a l'oc-
casion de citer aussi un certain nombre de petites peuplades qu'on
peut considérer comme faisant partie de la clientèle des premieis.
Parmi les plus importants, il y a évidemment les Tarbelli (III, 27),
les .i/rscî (ibid.) et les Sonliales (III, 20, 21, 22), auxquels fut faite
alors une guerre si acharnée qu'ils semblent avoir été détruits en-
tièrement, car il n'en a plus été parlé depuis. Les autres sont les
petites peuplades des Dùjerrioncs (III, 27), les Bccjerri de IMinc;
des Turusatrs (111, 2;i), les Tomates de Pline; des Vocales, des
Cososates, des Sibusates, etc., qui sont de simples clients. Donc,
dans César, deux grands peuples seulement sont cités des cinq que
donnent les Tables ptoléméennes : les Au sci ci les Tarbelli.
Il n"eul pas l'occasion de nommer, sans doule parce qu'ils ne
prirent pas pari à la lutte de 57, les Lactoratcs et les Convcuae.
Strabon ne nomme que trois grands peuples : les Tarbelli, les
Ausci et les Convenae ; mais il ajoute ceci : « 11 y a encore plus de
vingt peuples dans l'ancienne Aquitaine (ethnographique); seule-
ment ils sont petits et sans importance '. «On pourrait s'étonner do
l'omission des Laclurates et des Vasales, du premier surtout; mais
on sait que lesénumérations de Stiahon ne sont pas plus complètes,
au premier siècle, que celle d'Ammien Maicellin au quatrième; on
ne saurait dire pourquoi.
Quant ili romponius Mêla, qui n'annonce qu'un rapide aperçu, on
ne saurait trouver étrange qu'il se contente de nommer le.s Ausci-,
1. IV. II, 1 : 'I'Itti 0£ iOvr, TÔiv 'Ax\jiTav(.)v -/-'.m |j;v t(Ôv eîxoTi |X'.xoà oà ".tat â5o;a.
2. 111,2.
tiO III.VrK AnCIlKOLOCIOL'K.
La gL'Ot;ra|>lii»* ih' Pline pn^souie de gnmlesdinicullùs, rar il cili',
p^le-nuMe, un nombre cciMsiiliTible de piMipli s d.ins rAquilaine ;ul-
iiiinisiiaiivi'. t'iilre Us Pyri^nées cl^a Loin», sniis nous renseigner
sur leur réparlilion, el sans ilislinguer les },Mantls des petits, c'est-
à-dire ceux (|ui rorrespoiuii ni à lies civilulcs, el les simples clients.
Il est possible toutefois de retrouver, danscctie foule, lescin(| grands
peuples que ntius savons, au siùcle suivant, par les Tables ptolô-
méennes, avoir seuls formé les eini] ciltVs ùnumêrée.s plus haut : les
Tarht'lli, les Ausci^ les Conren(u\ les Latusates (pour Lnctoratrs) el
les Vtissaci (pour Vassuhi ou ]'(isates) '.
Si bien que tous les textes classicpies, lorbtju'ils ne nienlionneiit
pas les cinq peuples, ou les cinq grandes cités de IHolêmée, du
moins n'en noinnieiil-ils pas davantage; de sorte (fuc les (jualrc
autres peuples dont les documents postérieurs à Dioclùlien nous
fournissaient les noms el auxquels j'avais donné une existence anti-
cipée, pour compléter les Noveiii Populi que je me croyais obligé
de retrouver, — n'étaient pas encore entrés en scène. Les (juatre
cités qui auraient été ajoutées aux cinq grands peuples de IHolémée
entre répO(|ue où il a dressé ses tables et celle de Dioelétien, — el
Il es probablement sous Dioclétien lui-même, puisque la liste de Vé-
rone est le document le plus ancien où ligure la province de Norcm-
poptilami comme dédoublement de l'ancienne Aquitaine, — seraient,
selon vous: les liointes, au N. des Tarbclli; les Elitsates, chef-lieu
Elusa (Eause); démembrement tous deux du territoire des Tarbclli;
lis Bitjetri^ où se trouvaient les Aqmie Cunvinarrun (Bagnéi*cs-de-
l{|gorre^,et les Cuii5or<ini{\ii Conseiaiis).
Vous supposez donc que la Novempojiulana ne commença d'exis-
ter qu'à la tin du m" siècle, et (jue le nom (|ui lui est donné dans la
ii>te de Vérone s'accorde parfailenu-nl avec l'inscription d'ilasparren
el se trouve justiliée seulement sous Dioclétien. Ouant au nombre
des peuples de l'ancienne A(iuilaine, ils n'auraient encore été que
cinq au nnlieu du second siècle et il se serait trouvé porté, pour la
première fois, à neuf au temps de la télrarchie de i9ii.
Knlre Dioclétien et Théodose, épo([ue où la Norrmiiopulnmi com-
prend, sur la liste des provinces el des cités, non plus neuf peuples,
mais douze, il vous est facile de nommer les Atitrcnscs, Chef-lieu
A tur a {\'\n' ) Jei^ lii'nani en se 8 (Mî'nrn) cl les //Hro«^7J.vcs, chef-lieu IIuid
(Uloron), lou> trois démembrés de l'ancien leiritoire des Turbelli.
Kn faisant, bien volontiers, le sacriticc de plusieurs pages de
1. IV, XlXUt (IIX), 1.
l/lNSCnil'TI(iN |i'||\SI'VHIU:N. 22t
mon secoiiil volniiu' de. la (Junlc romniuc. y ne jniis cepcnil.iiil
riîganicr, iiinn clior coIIc'.^mk', riiiscri|ili(tn (l'lla.--|iarn'n comme nous
(loiuiaiit lin tt'Xlc «lu trnips de Diorlt'-licii. nu'cn ic^tc-l-il donc,
diirz-vous? Le monuin- ni (;sl malériellcmcni de la lin du m" siècle
ou du comiiHMironu'nt du iv". Les incorreclions ipi'il renfcirmc sem-
blent accuser plulùl les has l(!m|)S (|U(! l'éiioque d'Au^iiftle, et enlin il
n'y avait certainement pas neuf ptuiplcs, mais cinq seulement, au
milieu du ii° siècle, dans l'Acpiitaine etlmojîraphiciue. Tout cela est
vrai ; cependant j'ai peine à croire, s'il n'y avait pas neuf peuples
ayant «obtenu», au i" siècle, de former un groupe nominal à part,
au pied des Pyrénées, que ce groupe, souvenir d'une ancienne na-
tion, dernier et respcclahle vestige d'une race encore reconnaissa-
ble aujourd'hui même, n'eût pas existé. Au lieu des Novrm Populi,
c'étaient les Qitinqur Pojiuli, sans doute, et, si je ne me trompe,
l'inscriiition d'ilasparren va nous le prouver.
Il est incontestable qu'en l'année lO.'i, sous Trajan, cette vieille
Aquitaine, dépossédée de son nom national, nom étendu par Au-
guste, plus d'un siècle auparavant, à tous les peuples compris entre
les Pyrénées et la Loire, a formé, pour le service des linances, une
subdivision sous le nom de proviucia Laclorensis^ . I! faut se rappeler
que ce morcellement des provinces politiques en divisions linan-
cières, aux trois premiers siècles, a été l'avant-conreur du démem-
brement des provinces [lolitiques accompli sous Uiaclétien. Nous
avons do même, en Tarrocouensis, la province financière û'Asturiu
(jui devint plus tard la jtrovince administrative {VAstiiria et Gai-
laec'm, lors du démembrement de la Tarragonaise. Je vous ferai re-
marquer, en outre, que dans l'inscription de Pérouse la province
financière, qui répond évidemment à l'ancienne région ethnographi-
que de César, n'a rien retenu de son nom national, qui est passé, au
contraire, au pays trqnsgarumnien; ce dernier y prend la désigna-
tion de province financière d'Aquitaine, prociiralor prorinciac Afjui-
tanicaCy ce qui comprend, remarquez-le, l'Aciuilaine poliliqueà l'ex-
clusion précisément de l'Aquitaine ethnographique, c'est-à-dire des
seuls vrais Aquitains. En tout cas, la subdivision existe, quelque
nom qu'elle porte; la province linanciére de Lectouie, qui parait
(lès 105, avait indubitablement les limites de l'ancienne Aquitaine
1. Marini, Frntr. an:, I, p. ô ; cf. Orclli, 3651 : IT.OCVHAT | PUOVINCIA-
RVM LVGDVNlEiNSIS (sic) ' liT • AQVjTAMCAK ' ITEM LACTURAE, etc
(trouvée à l'crousi).
i2i mvri Auciii (([.(MMijiK.
do (A'sarcl folios ilo la fiiliiro Novompopiilaiiio do Dioriï'lion; soule-
moul il faul roiuiiircr à celto dôsigi alion aniiripôo il»' V'»"'»» /'o-
jtuli.
Jo ivinarquoiai on passanl (|ii('Ion(im do Lnclora, ayaiil passô à la
provinoo linanciôro, no dut poiil-tHro pas (Mro laisst'' à la ril(\ pour
ovilor loiiloc«)nfusion dans lo langago oflioiel, ol (pie c'ost p('ul-ùlie
là l'oripino décos appidlalioiis clraiigos, inronmiOMlos autres googra-
phos et (|iio nous doiinoiil souIon I<'- ïiM"'^ pl.i|.'iiu''.'iiiif>. de Dalii
ol de Tasta.
Je no peux vous oarlior, onlin, mou oIht ooilc'gut', ijur los ijualre
vers de l'inscription d'Ilasparren conservent inal^'ié tout, à mes
yeux, une physionomie (|ui fait songer au temps d'Au^îusto, au
T' siècle du moins.
Non seulemonl ce noui Augnslus ^emble exclure, au siiiL^ulier, la
létrarcliie des deux Augustes et des deux Césars, mais il osl hors de
doute que l s mots Urlie rediix no l'ouvont s'appli(|iier ni à Nicomé-
dienià Milan, et que Lrbs n'a jamais sigiiillôque Home.
Enfhi, c'est là ma dernière observation, ot vous l'accueillerez sans
doute d'auiant plus volontiers (juo, si elle nous permet do laisser au
I" siècle de notre ère le texte primilildonl lo monument d'Ilaspar-
ren nous aurait conservé une copie plus ou moins altérée, elle donne
une nouvelle force à votre remar(|uo, si intéressante, louchant l'oii-
gine relativomeiil moderne des Novciii Papuli.
Parmi les incorrections signalées dans le fameux qualriiin, il en
est une imputable à rinatlention du lapiciJo, Idjato pour Icunti, ce
(jui est un solécisme dans tous les temps; ot d'autre part l'élision du
dernier vers a été oubliée peul-Olre par la substitution de hniic à
,7/,„„;_ cela est peu de chose, mais il n'en est pas de même du
troisième vers, (jui est doublement incorrect par la faute de (luaniilé
jwvemel par l'élision omise. J'estime qu'au temps de la création de
la provint e de Xorewjwpuinna, sous Dioclétien, il y eut, en elTot,
(}ualrei)euplos nouvellement eiigés en cités, ce (jui jiorta leur nom-
bre à neuf, comme il y en eut trois autres plus tard, entre Oioclétien
et la réJaclion de !a .\olitiii }iroriuciavum,C(' i\u\ le porta à douze, sans
(lue lo nom de Sovnniiupulmin pût être modilié de nouveau, parce
(jifil datait du grand remaniemonl provincial de Uiociélien. Je crois
que l'on dut corrij/er alors le texte ancien, sans avoir égard i^ la
quantité, on p/o Xoicm opiiuuit y/f>/M//i.s, mais qu'il se Irouvail sur
le monument du i" siècle: /n-o (Juiiuiur opliniiit populis, ce (pu était
correct. Au lemps de lUuleiiièe, l'ancioune A(piilaiiio pouvait donc
L INSCItlI'l |ii\ h'il VM'MlItIvN. i-j;j
s';ij)|i("lt'|- les Uiniiiiiic l\>]iuli, cl lo monument ilc Véiiis, ;iiii" siè-
cle, (Icv.iit (Itinnn- .•lin-i, il.ins une foiine du moins exemple dft
faiHes :
Kliimcn, item duinvir, quai'slor pngiqnc uiagistcr
Vcius, ad Augiisluni, le;^ali inunere funcliis,
l*ru (Jiiiuqnc optiiiuit popiilis sejuiigcrc (iallis.
Uriic reilux, (luuio pagi illani dedical arain.
Croyez, mon cIht collè^Mic, à mes senlimcnts les plus .liïer-
lueux.
KnNEST DKSJAIIDINS.
LKS
SCÈNES DE BANQUETS
PKIXTES DANS LES OATAOOMIîKS ROMAINES
i:t .n(>t\mmi;nt hans cklll: di;s ss. MAncr.LLiN i:r i'ikhiik
Parmi les lliî-mcs sur lesquels se sont exercés les peinlres des
(Mt;iromltes r(tmaiiit's, iiuelques-uns, coninic le Mon l'jistcur, Daniel,
Jonas, la résurreflioii de Lazare, ont joui d'une faveur i|iii les a fait
employer sans relâche à l'ornemenlalion de tous les },'rands cime-
lières. D'autres, au coniraire, n'ont obtenu ([u'unevoi^nic capricieuse.
Les représentations de repas et de banquets semblent appartenir à
celte seconde catégorie. On ne les a pas rencontrées jusqu'à présent
en dehors des quatre cimetières de Domitille, do Calliste, de Sainte-
Agnès et des SS. Maicellin et Pierre. Encore, à Doiiiilille, n'a-t-on
qu'un repas, l'un des premiers essais de la peinture dire tienne, qui
remonte à la fin du i" ou au eommenrcment du ii- siècle. Si la cala-
combe de Calli>te possède (|iiatre bamiuets, elle en a été tlotée pen-
dant une courte période (lin du H" siècle, commencement du ni"),
rassemblés (ju'ils sont dans le gioupe formé par les cubicula A-, A',
A'" et A'', dont M. de Hossi attribue la décoration à l'administration
de Callisle lui-même'. Le contingent de la catacomhe de Sainte-
Agnès se réduit à deux banijuets, l'un île c'uh] femmes (seconde
moitié du iir siècle), l'autre de sept convives (période du iV siècle
immédiatement postérieure à la paix de l'Eglise), (juanl ;\ la c.ila-
combc des SS. Marcellin et Pierre, elle était plus riche en tableaux
de ce genre que toutes les autres réunies; elle a livré a l'iconographie
un repas et neuf banquel.s. Mais ces dix ouvrages nnt été e\i entés
1. !)«• Uoui , Komii sotlerratmu, t. Il, p. Utp.
LES SCRNKS DK BANQURTS. 3^4
entre la sccontlo moitié du m" siôclii el le commonrenicnt du iv,
haiil un seul peut-iMi-c (|ui sérail, h la ri^'ueui-, de lu lucmière
moitié du iv" siècle.
A (juello cause faut-il allriluier l'inlerniitlunce du portl pour les
scènes dont il s'agit cl U^ur agglomération relative dans un ui(^me
cimetière? nu ne. sautait !e dire. .Néanmoins ces iieintuieii sont
cuiicuscâ, et jo crois inléressaiit de les passer en revue, d'autant
mieux \\\\r trois d'cnlro (diesoni été dicouvertes depuis peu do temp3
par M. de Kossj et viennent de lui fournir malièi c. <\ [uécieusi'S obser-
vations '.
Les anciens explorateurs di's nécropoles souterraines n'avaient
aperçu (jue six de ces monuments, (piatre du cimetière des .SS. Mar™
cellin et Pierre, et les doux du cimetière de Sainle-Agnès. Du moins
ce sont les seuls que Hosio el, ajtrés lui, Aringlii el Holtari aient
reproduits. iJosio ayant (lualilié d'agapes leur .^ujel, celle dénomi-
nation a été aveuglément acceptée pendant deux siècles et plus, Kilo
était inexacte pourtiml, et elle ne convient non seulement à aucune
des couipo.silions que liosio avait en vue, mais à aucune de celles
que les investigations ultérieures ont fait trouver. En elTet, si l'on
étudie dans leur ensemble et si l'on compare entre elles les produc-
tions de l'art chrétien au temps de la primitive Eglise, on arrive à
constater (jue la peinture s'est essentiellemeni inspirée de sujets
allégoriques, symboliques, bibliques ou évangéiiques; au delà de ce.
cercle, elle s'est permis quelques allusions directes à la personne du
mort dont elle embellissait la tombe, Mais elle no se préoccupait
pas do retracer les usages de la société cbrélienne, et rien naulorise
h supposer qu'elle se soit départie de son abstention au profil des
agapes. Aussi, d'un avis presque unanime, adoptant le système d'ex-
plication proposé en 1844 par l'ahbé Polidori-, les archéologues
modernes ont-ils reconnu aux images chrétiennes de banquets un
caractère allégori<iue. Les onze fresques que les fouilles ont depuis
trente ans arrachées à l'oubli sont venues conhrmer la justesse de
cette doctrine, à laquelle les travaux de M. de Rossi ont en même
temps lionne tout son développement el toute sa précision,
H faut cependant accorder une signihcation réaliste à deux des
peintures do la catacombe des SS. Marcellin et Pierre. Elles sont
actuellement perdues; mais elles ont été copiées et gravées par les
\. Do llossi, Bull, di nrch. crût., 1882,, p. 111-130.
2. Luiçi Polidori, Dei convitieffigiati u simholo, eic. Milau, J8i4, dans le jour-
nal l'A Illico cutlûlku.
-2i(j RKVUK \nCHkOL()0I0UF.
soins tlo Bosio. l/iint* ' t'<l relit' iloni on pful lai-^.-^cr l.i <l.ili' iinlécise
cnlrr I»' nV"'' «'«' Piorlrlieii el celui df C.oiislnnlin. An cculiv. iiru»
ffiniiic roilTciMMi rlit'V(Mi\ <•! iiabillôc d'iiiit' !<in(,Mi(* luni<|iir, (IcIkhiI
ilerrii^ro une l.ibie cnircc cliarjîre dr (iiinlic pains, de doux <Vui'll''s
el d'un vase ;i jnrge pause écrasée, élève la luaiu droite el sai;^il de
la main gauche le vase par l'orilice. Itaii},'és sur le même plan
qu'elle, mais cantonnés chacun vers une extrénuté de la talde, i\c\ix
hommes debout se tournent, celui de .uauche vers un voyafreur
ai'puvé sur un halnn et vêtu d'un collet el d'une tiini(iue, auijuel il
remet une écuelle, celui de droite vers un second ('tranger qui,
vêtu du même costume tiiie le premier, s'avance les mains étendues.
Le sujet Consiste, de toute évidence, en une dislrihution d'aliments
faite à des pauvres ou des pèlerins par une femme aidée de ses
domestiques. II est correct autant que facile de l'entendre à la lettre,
et nulle laison plausible n'invite ù le prendre au sMubolique comme
plusieurs savants en ont eu le désir. L'artiste a voulu perpétuer le
souvenir des pratiques charilabb's auxquelles s'était adonnée durant
sa vie la chrétienne ensevelie dans la sépulture (ju'il était chargé de
décorer.
L'autre fresque-, que j'inclinerais h dater de la seconde moitié
du m* siècle, avait trait à un récit de l'Evangile. On y voyait assis
autour d'une table semi-circulaire trois hommes et trois femmes
alternés. L'homme placé à l'extrême gauche se détournait jmur
recevoir une coupe de la main d'un serviteur donl on n'apercevait
que le bras. Point de nounilure d'ailleurs, point de plats sur la
lable; mais à terre, au premier plan, (|uatrc urnes de grande dimen-
sion. L'insuffisance du nond)re de ces urnes, (juatre au lieu de six
qu'exigerait la conformité avec le texte de l'I^vangile, ne sauiait
tromper sur l'intention de l'œuvre, (|ui représente indubitablement
le miracle des noces de Cana.
Ces deux exceptions éliminées, tous les repas el festins des cata-
combes sont allégoriques; six se réiérent au sacrement de l'euclia-
rislie, neuf à la félicité éternelle des élus dans le Paradis.
Les (juatre banquets de la catacondie de (lalliste ouvient la série
la moins riche. Leur programme ne varie pas : sept hommes apimyés
sur le coussin d'un lit semi-circulaire s'apprêtent à manger d'un
poisson posé sur un tiépie I t-n avant diii|uel, à terre, >onl alignées
I. Arcotf.lium 3' de Boîio; JJoUari, t II, pi. CWIX ; Garnicri. Slorin ilr//^
arte nitlninn, pi. LVII i».
a. Ciibiculiim 7-^ d.' \\m\o : llotinri. t. 11. jil. CIX ; (;.-irriifri. /. - ., pi. XLVII 1.
i.Ks scr.M'.s iiK ii\.N(.ii:i:is. 227
l.inliM >^i'|il, l.'iiilùl liiiil, l.iiilùl (Inii/.c f,'r;m(lcs coiIilmIIcs de [i.'iiiis '.
Suivjiiil l.i lnill.inlc iiiltMpri'lalion dt; M. <le Itossi, il y a lii utiiiasso-
rialioii de doux t'iôiiunts cm|triiiil(''.s à rKvaFi},'ile, les sRpl nnivivcs
ia|i|)elant les scpl disciples pn-sciils au repas près du lac de Tibé-
li.idf, les cniheilics, le iiiiracli' do la miillipiicalioii des pains; ci
CL'Ue (•(iinliiiiaisoii vise la dislrilmlioii de l'fiielrjristic aux lidèlcs
pendant leur vie-. Kilo a plu à (lallisle puisque, soit sous son dia-
conat, soit sous son pondlicat, elle a élé rôpôtre dans quatre culdcula
du ciniclièit' ilonl le pape Zé[iliyiin lui avait leniis la ^'estion. Mais,
après lui, clic a clc dclaisséc par les peintres, car elle n'a repaiu
([u'une seule lois, et à plus d'un siècle de dislance, à l'époque cons-
laïUinienne, sur nn an^osolium du cimetière ilc Sainte-Agnè?.
Entre temps, à la lin du iii" ou au commencement <lu iv siècle,
l'allusiou à reucliaristie s'est manifestée dans un cuhiculum de la
cataeomhe des SS. Marcidiit» et Pierre'^, sous la forme bien jilus
concise du repas ou, convive unique, un jeune liorame velu d'une
tuniijue sans ceinture et assis prés d'un trépied dirige sa main vers
un phil qui conlienl plusieurs pelils pains en boule. Au contraire,
sur l'arcosolium du cimelière de Sainte-Agnès, le banquet est iden-
tique à ceux du cimetière de Calliste; seulement les sept convives,
assis autour d'une t ible semi-circulaire sur laquelle sont étalés deux
pains et trois poissons, occupent la voussure de l'arc, tandis que les
seiil corbeilles et deux vases à anse remplissent la lunette '. Bien que
juxlajiosès plutôt que réunis, les deux éléments me semblent assez
ra[qirocbés pour être inséparables et, par suite, pour rendre indis-
cutable le sens de l'allégorie. Néanmoins on serait forcé de les
regarder comme indépendants l'un de l'autre, et, dès lors, déclasser
la scène de la voussure parmi les images de la félicité des élus, s'il
était avéré qu'au lieu de sept liommes on dût voir à table quatre
liommes et trois femmes ainsi que l'indiquent les planches de Bosio
et du P. Garrucci, caria réminiscence du repas au bord du lac de
Tibériadc deviendrait en ce cas inapplicable. Les couleurs et même
le dessin des figures sont mainienanl fort endommagés, et je ne
garantis pas que mes yeux n'aient pas été trompés par cet état de
dégradation. Mais, sous celle réserve, je suis obligé de dire que,
1. De Rossi, liomu sott., t. II, pi. XIV. \\ , \VI et WIII.
2. De Uossi, /. c, p. ,111 et 3^2.
3. Vu par d'Agincourt au xviii' sit-cle et retroiivû par M. de Ilcssi en 1851; Gar-
rucci, /. c, pi. LVI .'|.
il. Cubiciilum 1" de Bosio : Liottari, t. III. pi. GXLI ; Garrucci, /. c, pi. LX 2.
9|9 HKVUK AHOHKOUKUUl'K.
innlgrt' iou> mos elTorU, il m'a H^ impossililo. (raporrovoir rluz
aurun ilos porsoHingcé l«'. moinilrt' allriliul friuinin, cl j'ai la lon-
vii'lion que les sepl ronvivos suul l»i»'ii 1rs scpl disciples. Leur
nombre typinuo ronrourlà foiliruir co scnliiiu'nl.
Les allégories relatives à la béatiludo élenielle olïreiU plus do
diversilo.
Dès ses déluils, l'art eluvtien a épousé l'idée d'exprimer U's délices
du paradis sous les apparences de festins, l.e repas ligurôau fond du
grand ambulacrc de. la catacomlic île Iiomilille en est la prouvo.
M. de Hossi a établi qu'il est nécessaire do pn'udre pour deux hien-
heuiviix les deux homnu>s assis sur un siège douMe près d'un tré-
pied garni de trois pains el d'un poisson, cl servis par «n liommo
deliout, prolialdeiuenl un éclianson'. Après co premier exemple,
toutefois, il faut franchir un inltirvalle de cent cinquante ans au
minimum pour en retrouver un second elun troisième, scnsiblumcnl
contemporains l'un de l'autre, dans le cimetière des SS. iMarcelliq
el Pierre et dans celui de SaiiUe-Agnés,
A Sainte-Agnès, le sujet se compliiiue d'une allusion à la parabole
des vierges sages et des vierges folles. Non seulement le banquet n'a
pour convives <iue cinq femmes, mais, limité à la partie gauche d'une
lunelte au milieu de laquelle domina uneQranle(vtaisemblablemenl
l". fiijie lie la défiinle ensevelie dans l'arcosolium), il a pour pendant,
sur la partie droite, un groupe de cinti femmes, debout, tenant chacune
à la main un objel quo l'on réputé èlre une lampe ou son équivalent-,
Il est clair (jue ces deux pendants ont une étroite connexité. On
estime communémeni (jue le grouite de droite met en scène les cinq
vierges $ages veillant, leurs lampes allumées, dans l'attente de
l'époux. J'aimerais mieux y chercher Icscinfj vierges folles frappant
vainement, aprrs leur retour, à la porte de la ^^alle des noces. Mais,
de ces deux interprétations (les seules entre lesquelles on ait à opter
pour le panneau de droite) (]ue||e que soit celle (pie l'on préfère,
on ne saurait disconvenir que le panneau de gauehe montre les
cinq vierges sages reçues à la suite de l'époux dans la salle el au
festin des noces. Bien ijue d'un ordre spécial, c'est réellement une
allégorie des joies réservées aux lidèbs dans le royaume des cieux.
Le festin de la calacumbe des SS. .Marcellin et Pierre, qui appar-
tient comme celui de la catacombc de Sainte-Ai::nés à la seconde
moitié du III* siècle, se distingue entre tous par la mulliplicitti des
1 . De HOMi, Hull. (il nrr/i. cnW., 1805, p. I\'2 el /l'c'iO.
■j. Cubiculuiii 3*iltt liusiui Uoltari, 1. 111, pl.CXLVIII ; liarrucci, /. c, |il. l.XIV::.
personnages secondaires. Un couple assis ;\ une lahie couviMle d'un
coussin, (Icv.inl l;i(|UL'lle est un Ircpicd; :i droite, une fi-nnni; assis-
tante, debout, appuyant sa ninin droite sur U'. Iiord de la table; à
gauche, vu de prolll et tendant un vase à boire h l'un des deux con-
vives, un éclianson suivi d'un autre serviteur, eelui-ei aetuellenienl
détruit; enlin, à l'extrènK! gauche, une femme, deijout, accom-
pagni'e d'une petil(> lille; telle est l'ordonnance de celte composition ',
où l'on reniaiipio poui- la prcmièi-e l'ois la fcniiui' assistante rpii
garde ici l'anonyme, mais (|ui va, quelques années plus lard, en
aflichant au-dessus de sa lôte en toutes lellt'es sa dénomination
signiluative, intervenir de nouveau dans les derliiers banquets donl
il nous reste à parler.
Ces monuments forment au sein d'une même région de la cata-
comhc des SS. Marcellin et Pielrc un groupe de six. Hosio n'en avait
trouvé qu'un. M. de Hossi en a découvert deux en 18;jl ou peu
après, et trois entre 1880 et 1882. L'un de ces derniers et l'un de
ceux que les fouilles de 18:il avaient exhumés sont tellement ruinés
([ue l'on en discerne à peine quelques vestiges et que l'on doit se
borner à les mentionner pour mémoire. Heureusement, malgré les
lésions qu'ils ont subies, les quatre autres ont conservé leur
ensemble. A part certaines dilTérences de détail, ils traduisent tous
les quatre la même pensée par les mômes moyens, et ils datent de la
même époque.
L'époque, c'est la lin du iir ou le commencement du iv^ siècle.
Lorsque j'ai publié ici- ma Chronolofjie des peintures des catacombes
romaines, on ne possédait encore que deux des fresques en question.
Je les ai attribuées au régne de Constanlin, assuré qu'elles ne pou-
vaient lui être i)()stérieures, et enclin par circonspeclion à rajeunir
plutôt qu'à vieillir les productions de l'art chrétien quand leur style
laisse, el tel est le Oas, une certaine latitude à la fixation de leur
fige. Mais M. de Rossi a tiré de l'épigraphle et de la topographie du
cimetière diverses informations plus décisives que les motifs de
mon appréciation. Il corrige, en la discutant avec la gracieuse bien-
veillance dont son amitié m'a toujours honoré, la daie que j'avais
proposée, et celle qu'il tixe est nécessairement commune à toutes
les peintures empreintes du même caractère artistique el situées
dans la même région 3. En effet, celte région n'a livré aucune ins-
1. Cubiculum 0« de Bosio ; BoUari, t. II, pi. CVI; Garrucci, /. '.-., pi. XLV 1.
2. Hevue av<:hci>loyiquc, septembre, octobre, novembre et décembre 1880.
3. De Hossi, liuU. di arch. crist., 1882, p. llii-121.
^30 iir.vt i: Anc.iiKouHiiyiK.
criplion ivv«Mue ilii inono^'r.iniiue coiislanlinicn. L.i noix n'y nppa-
r.ill (|u'unf lois et sous la foniR- iiitliffiiviili' ilo croix fe'ainmèc à
donhli' liK'iU'. Les inai(|uos de fabrique fia|i|n"cs sur les plai|ucs do
liTie cuile t niplovi'Os à la rlôluie drs Inruli n'accuscnl jamais un
lemps plus rî'cenl (pie le régne de Dioclélieri. H en va de même îles
arclamalions doniinanles, telles que celle-ci : isjtiritus in hono ciilie
d.Mix dauphins. Libellées I inl(!»t «mi l.ilin, foininc VALENTINA IN
PAGE, lanlôl en grec, comme ^YCEBIA €N €IPHNH. pai bMs en un
mélange des deux langues comme TTAPO^NIC IN PAGE, les épi-
laphes se composent presque toutes du nom suivi de la formule in
pncr. A ces signes il est impossible «le mécoiinailre tjue les sépul-
tures creusées dans la partie du cimetière où nous les observons
doivent être classées non à la période ipii suit, mais à celL' (pii pié-
cède iUiUiédialemenl la [uiix de l'Kglise, c'est-;i-dire à la lin du iir
ou au commencement du iv siècle. « Dans le slvle des j)einlurcs
dont sont ornées les tombes, je ne vois, ajoute à bon droit l'illuslie
arcliéolOo'ue romain, rien (jui répugne à cette déter.i.iiialion de
l'âge des sépultures cl de leurs épitaplies. Du reste, l'ornemenlation
pouriail avoir été en partie exécutée dans les premières années de
la paix constantinienne. La transition de lune a l'autre période
historique fut si soudaine qu'il est très diflicilc et souvent impossible
de di^linguer avec précision entre les œuvre.^ d'art des derniers
temps de la persécution et celle» des commencemenls de la paix '. »
Le banquet mis en lumière par Hosio a pour convives trois hommes
appuyés sur le coussin d'un lit semi-circulaire, dans l'échancrure
duquel .-ont enfermés, à giuche, une urne jiosée à terre, au centre
un trépied chargé d'un poisson*, cl à droite un enfant debout, une
tasse à la main. A chaque extrémité du lit, une femme coilTée en
cheveux et velue d'une lonj,'ue tunique est assise; et, sur le champ
du tableau, on lit au-dessus de celle de gauche, Irenr ihi coliln, au-
dessus de celle de droite, Af/ape viiscr ini'^.
Dans le banquet du eubiculum rendu à l'étude depuis IS.'il ', les
convives sont au nombre de cinq dont deux enfants; l'échancruiedu
lit ne coniient que le trépied chargé de poisson, sans addition d'urne
1. De RoMi, /. c, p. 120-121.
2. Bonio avait pri» a- poihsou pour un agneau ; niai.s son erreur a ité aperçue ol
rçlev('<- par M. de IloBsi dans la disserlalion De l 'irislinnis motiuinenlis IXt-tlN cjc-
hibculifj'n, inhérée au Si>ialr>jiutn solesnnnsr, t. Jjl.
3. Arcosolium 1" de Bosio ; lloltari, t. Il, pi. CXXVII; Carrucci. /. •., pi. I.M,
1 : De no»i, /. c, pi. III.
d. Vu BU XVIII» fciècl' par d AgincourI, pui» oublit^
LES SCK.NRS DK IJANuUKTS. 231
sur le sol ni d'ciifanl dchniil. l'iu; fciniiK! assise h rexlrémilé du lit,
du cAlé i^'auche, lient une tasse à la main; sa rnmp.'ignc placée du
côté droit est debout; toutes les deux sont d'ailhîurs coilÏÏM'S et
vêtues eoniuie eelie.> de la fresi|ue précédente; et le clianip du laldcau
est timbré de deux inscriptions : ;\ gauclie, Ai/ape iiiiscp uohis; à
droite, Ircne porge caldii '.
Kiilin, les deux l)an(|uels récemment découverts par M. de Hossi
montrent autour du lit semi-circulaire, le premier, cimj convives,
dont une femme à gaucbo du personnage central; le second, (rois
convives, une femmi; entre deux liommes. Dans récliancruie ilu
lit, prés du trépied chargé de poisson, h gauche, une petite lille, cl
à droite, une femme élevant de la main une tasse à boire, se tiennent
dcliiiiit; et clini|ii(' tableau jiorlt; inscrit sur un champ, le premier-,
Aijape lin cdlihi à gauche, et à droite, Irciie misii' : le seeond ', Afjdpe
porge calila à gauche, et à droite, Irène misce.
Qui sont ces lii,Mii('S féminiiîcs, invariablement dénommées Agape
et Irciii', et interpellées par les convives en termes presiiue i(lenli(|ues
d.iMs les quatre peintures? Bosio les croyait elles-mêmes convives
de Pagape funéraire qu'il s'imaginait avoir sous les yeux. A leur
nom Haoul Huchetle a su les prendre pour deux élres emblématifjues;
seulement, en s'elTorçanl de concilier celle opinion avec l'expli-
cation traditionnelle de la scène, il les a considérées comme les
symboles de u l'inslitution même des agapes destinées à entretenir
la paix et la charité parmi les fidèles* ». Mieux avisé, en môme
temps iju'il reconnaissait avec une ingénieuse perspicacité dans le
sujet du feslin non plus une agape, mais une allégorie des joies de
l'autre vie, l'abbé Polidori a conjecturé que VIrene et ï'Agape
personniliaienl les idées de paix et d'amour inhérentes à celle du
bonheur éternel ; cependant il a concédé qu'elles pouvaient aussi
bien représenter deux personnes réelles, deux chrétiennes qui
auraient reposé dans la tombe revêtue de la fresque. Mais, en ce cas,
pourquoi joueraient-elles le rôle de servantes que leur assignent les
injonctions des convives elïectifs : Donne de {l'eau) chnudc. — Mêle-
moi [du vin et de l'eau), ou plutôt, Emplis mon vcnv-'? Ces comman-
1. Garrucci, /. c, pi. LVI, 5; De Bossi, /. '■., pi. IV.
2. De Rossi, /. c, pl. V.
3. De Hossi, /. c, pl. VI.
II. Raoul Uoclictte, TahUau des catacombes, p. ll^'2, Paris, 1837.
5. Mis'.erc Otait devenu synonyme de « verser le vin » ; les ir.scriplious des verres
à boire disent indifféremment inplc im, misce me. (De Hossi, /. '., p. 129.)
fit ARTUP. AhCHKOLOniQUR.
iloinoni.'< i^nono^s dans rinsrripiio» suflisainit, l'o mc si'mhip, |ioiir
em[HVIuM' ilr oonfoiiilro av«v des djMunli's VAgapi" il t'frrtifi. Ouoi
qu'il i»n soil, touli» iiu'iTlilud»' n dil res«rr loi-siiu'cn IK.M on u
nrouvrù unen^prlilion du hnnquol aulour duipiol s'a^iiiail le di-b.-»! ;
ei les ivpiMilions nouvolliMncnl conquise» al•ll^velll do pi-ouver, par
la suraltouilaniv des exeniiiles. (|ue les deux ll}îureB AWrjape el
iVIreue sont einpioNiVs i\ tilf e d'eiuldiMncs de Taniour el de la paix.
Ces ein!)lèmes conipIMenl dr la nïauH'^re la plus heureuse la ronipo-
silion dans laijuelle ils enlrenl; car, en faisant de la paix et ilc
l'anioul* les préposés au scrviec, ils rendcnl aussi explicite (luc
posslhle la eonceplion mystique de la béalilude élcrnelle sous la
forme «l'un festin.
Néanmoins (jutlqucs airhéoloirnes ronlinnent li'appeler agapes les
feslins «jue depuis trente ans la plupart des érudiis regardent rommc
des allégories de la félieité paradisiaque. Désireux d'amener les
réfraclaires au sentiment eommun, M. de Hossi n voulu lenouvelc-
et rendiv plus catci^orique l'exposé des motifs sur lesquels se fonde
en cette matière l'interpt-étalion par voie d'allégorie La description
des monnmenis que ses dernières fouilles ont déblayés dans la
catacombe des SS. Marcellin et Pierre lui on a procuré l'occasion.
El je ne saurais mieux faire pour terminer cette revue que de i-ésu*
mer en peu de mois st>s arguments.
Sur les sépultures chrétiennes, tout parle de l'espoir en la réali-
sation des divines promesses, c'est-à-dire de la conliance en la
rés'irrerlion et en robtention îles réeompenses éternelles qui atten-
dent les tidéles. Ceci constitue une forte présomption que les sc6iu>s
de festins se rapportent à la vie luture plutôt (ju'à la vie présente,
et la présomption doit se cbanger en certituile si l'on établit que les
chrétiens ont volontiers comparé à un ban(|uct les délices du paradis.
Or les documents écrits nous attestent précisément (jue, dans l'usage,
félicité éternelle el bampiet céleste étaient synonymes. Interrogeons
les prétendues constitutions aposloiiijucs dont la rédaction tiale à peu
près du même tetnps que b» fresques de la catacombe des SS. .Mar-
cellin l't Pirn-r. Klles opposent la sérénité du repas où les convives,
couchés sur de.; lits de féic, goûtent une joic inlinie, élus glorilianl
Dieu (|ui les a appelés à la vie éternelle et réunis dans l'Kgli.sc
catholique, aux veilles el aux privations des hommes misérablement
étendus sur le sol dans les pieuses assemblées que tant de périls et
d'embûches «'uvironnent durant les persécutions', écoutons les
1. Contt. afiitil., II, 5.
Li:s SCK.NKS r)K FJANQL'KTS. 233
[laiolcs (les in.irlyrs i t le n'-nl de Iciiis vivions (|iii fuiil rclio, en
(lii('l(]U(^ sorte, aux sMiibolos lr.'ict''s sur les inonuuictils, coinriK' l'ont
plusieurs fois (l(''m(intit'' le IhUlctlinn rli <t\vliritli)ijin nistifina et la
lionia aotlrrranrii. Dans les Actes sincères riu nnrtyreiiue Jaripies et
M.iri mus de (lirla soulTrirenl vers l'an '2*10 '. Jacques dit : Ad mnrtff-
mm hiuiluniii) jicifjo ronriviuin. Nam isld noclc Ai/apinni finslniin
{i\\\\ un |icu auparavant avait èUi mis à mort pour la foi) ridrbum...
snlrmiir ijitnilddm et lœtilid' plmum cdi'brnre convirinm. Qito cinn
ciju rt Mdiiiinux^ (lunsi ad ugaiirn, spiritn dilectinnis rt cnrilalis
mpcrcinur, adveml nohis obvius puer^ quem constabat esseaUcrum
c.r i/i')iii>iis anti' Iridunm cimi matve passis... et ijitid propenifisf
inqnit : (jduilrle ri cxuKatr, crus nohisciun et ipsi cœnabitis. Dans
les Actes grecs (le Carpos, Papilos et Agallionice, martyrs de Per-
pme^, Aiîatlionice, voyant à son tour la gloire de Dieu que Carpos
disait avoir vue, s'écrie : « Et ce repas est aussi préparé pour moi ; il
faut donc que moi aussi je m'assoie à la table glorieuse et que j'y
aie part.» Consultons les liturgies funéraires dont M. Le Blant a
mis en lumière, de la façon la plus éclatante*', la relation avec les
monumenis funèbres; elles demandent à Dieu l'admission de l'âme,
pour huiuellc on prie, au bantjuel bienheureux, au banquet de Dieu.
Les inscriptions ne sont pas moins éloquentes : Pie zeses, dit une
acclamation (jui se lit plusieurs fois dans les catacombes romaines.
C'est, au surplus, à l'Êvangilc lui-même (jne les chrétiens ont em-
prunté ces métaphores. Le Rédempteur n'a-l-il pas promis à ses
disciples, et en leur personne à tous les élus, de les accueillir à sa
table et de boire avec eux le fruit de la vigne dans la maison de son
Père? L'art chrétien avait donc juste cause de s'approprier une
allégorie que les enseignements de l'Église rendaient familière à
toutes les intelligences, et, véritablement, à ne pas s'en servir il eUt
mantjué à toutes ses habitudes.
En outre, dans les peintures i\m nous occupent, un mets uni(iue
apparaît sur la table, avec un liés léger accompagnoraenl de pain et
le plus souvent sans accompagnement; et quel mets? Invaria-
blement un poisson. Ce choix exclusif ne peut être le ri'sullat du
hasard et procède à coup sûr d'une intention rènécliie. L'intention
(qui serait incompréhensible si la peinture représentait une agape
réelle, prosaïque, où chacun apportait les aliments quelconques qu'il
1. l\iiiii;vrt, Acia mnrlijr. sincera.
2. Aube, ({crue uviliéologique, décembre 1881.
o. Le Blant, Sarcophuyes diretieiis d'Arles.
111 sLiiii:, r, II. I()
2'M UKVll VUCHKOLOGIOUE.
avail i'Uci lui l'our 1rs infllre l'ii coinimin fl en f;iire pari anx fivrcs
iiuligi'nls\ l'inlonlion, ilisons-nous, csl faiilc à ix-iirlicr cl lêiiiuigiu»
justement que la scène a Irait au banquet cilestc. Oii coimalt assez
le Siii- s.'i'rcl que la primilivc Ki^'llsc allach.iil ;iii lumi cî à I iina^,'i;
lie lIXOYC, ciublème du Sauveur, IHCOYC XPICTOC OEOY YIOC
cm H P. Le poisson était donc le nuls le |. lus convenable, iranclions
Il mol, le seul convenable à donner en nouriilure aux bienheureux,
car, aux lernus du langage mystique, e'esl du lUirisl mriue ijue se
repaissent el se saturent les commensaux de la table divine.
Knlin, suivant la foi dirélionne, la félicité élernelle implique la
paix el raiiioiir dans l'union avec les saints, cet amour el celle paix
(jue plusieurs épitapbes gravées sur les sépultures des catacombes
souhaitent aux défunts : (.ovpus sanclis comimldii: IRENE libi rum
saiictis: (Jniutu valc in pdcr. — Liciniits liislina' coniiuji tncrenli in
^ AGPrl^ . — SuhiiKi m AGAPE. L'idée de la béatitude céleste fut
concentrée par excellence dans les deux mois soleiiiiil^ ipit' les
chrétiens conservèrent en grec au milieu du latin : AGAPE. IRENE.
On conçoit sans peine que cette coutume ail suggéré aux artistes de
coinpl'lerle festin symbolique en y iiitioduisanl les personnilicalions
de l'Aijnpe el de I7rc»c, en (jualité de dispensatrices du vin ; el celle
invention s'adapte tellement au sujit (juclle poite l'allégorie du
banquet céleste au plus haut point de perfection et de clarté.
LOUIS LtiOUT.
i;om i:vin:iui: d i:tain
DAXS I/ANTKJUITÉ
(siiTi.;) I.
in
A cùlc des oltjL'ts (lu cullr |ir<i|iiL'iii(3iil (lil>, ik'.slinés aux divers
sacreiiu'nls, nous retrouvons d'auUes ol>jels en élain d'un usage
uni(iueinenl funéraire. Il faut cvidemmenl voir dans l'existence de
ces objets la continuation des prali(|ucs déjà signalées dans l'anli-
quilé ;\ propos de l'ensevclisseuient des morts.
Nousavons montré les païens enterrant avec les cadavres tous les
objets qui pouvaient servir dans la vie future. Ce n'étaient pas les
objets eux-mêmes, mais des imitai ions ou simulacres, que l'on avait
coutume de faire en élain ou en plomb. Cctie babilule existait
encore dans toute sa vigueur au moyen âge, en France et en .Angle-
terre. Prcs(|ue partout les fouilles opérées dans les lombes capé-
tiennes ont mis à découvert des squelettestout babilles, accompagnés
d'objets distinctifs. Les prêtres ont près d'eux un calice d'étain, les
seigneurs une épée de fer, les évéques ou abbés une crosse d'étain*.
Quant à la croix qu'on y trouve aussi, elle est généralement en un
métal plus précieux '.
Les deux objets en élain le plus fréquemment retioiivés dans les
tombeaux sont donc le calice et la crosse.
1. V. la /î'.'i'Kf , t. XLIII, p. 226-237, n<" de janvior-fOvricr, mars-avril et sep-
tembre 1883.
2. La Picardie, revue littcraire et scieiitirir|ue, m-S.Recheylies sur les scpullmcs
anciennes dnn^ ie nord de la France, par A. Turninck; Se'iiullurcs capétiennes,
p. 311.
3. Mémo source.
i36 m.viK Auc.iii oi.(M;inri:.
Celle dernière csl bien plus rare, i):ir le seul fait (ju'elle èlail l'al-
liiltul (les ahltês el des (''VL^ques, tandis iiuc W calice >i' mcltail dans
la lomlK? do Ions les pnHres.
L'usage d'enteiTCr les pn'yires et les abliés cl (!'V(>iiucs avec les
attributs de lenrmini»t«'re tlail piatii|iié à rt^po'iue des preiiii(M'es
croisades. Li's docuniciiis les plus anciens (]ai nous testent se rap-
porlenl en effet à celte dernière époipic.
Nous lisons seulement il propos de siiiii Un in, rvènic île Dor-
cesler tjui vécut ;iu vir siècle, ([ue sa tombe, ouverte en l'2-21, con-
lenait un calice cl une croix pastorale'. C'est le seul texte se
rappnrtnnl à une èpo lue, antérieure au xi" siècle que nous ayons
retrouvé. I/usagc d'enterrer les ecclèsiasliques avec les alUibuls de
leur ministère aurait donc été en vigueur d'un façon certaine dans
TK^Iise avant l'an 1000; auparavant, la chose, bien que itrobiblc, ne
peut pas, croyons-nous, être deiiionlrée.
A l'époque des croisades cette babitiidc csl bien certainement uni-
verselle au moins dans le nor I de la France.
A Troyes, l'ouvei tiire successive de b)mlieaiix situés dans une cha-
pelle fondée en 1188 par l'évèque Aice de Plancy mit au jour un
certain nombre de cercueils d'anciens clnnoincs. A côté de chaque
S(iuelelte étaient des calices en élain de la forme des calices du
XII* siècle. Un peu plus loin se trouvait la tombe d'Henri !«' le Libé-
ral, comte de Troyes, mort en 1180. Prés du cadavre il y avait une
petite bouteille de verre dont le couvercle, fort grossièrement atta-
ché, n'était autre (lu'unc coupe de calice au(|uel on avait coupé le
pied -.
Dans la môme cathédrale de Troyes on ouviil la sépulture de
Nicolas de Hrie, évéquc de Troyes en i^.'}.'l el mort en \H)\). Sur la
poitrine du cadavre se trouvaient également un calice et une patène
en élain. — L'n peu plus loin, la loml)e de Pierre dWrcy. mort en
1395 sur le même siège épiscopal, contenait également un calice el
une patène il'étain ^.
t. Surius, De prnbaUs tanclorum historiis, t. VI, p. 772.
1,'abb'; Marligny, Dictionnaire des (iiititjtiité't rl,ielfniic\-, v. Anneau l'jti^coiml.
'i. Ndiicc sur les objet--» Irouvi-i dans pliiHieur^ cercueils de pierre à. la catliédrnlo
de Troyes (Mémoires île lu Sociélt' nr'tildinii/ur il'i'jrirulture, dci scitnees, nrtt et
L-Ilcf-lettret tlu tlép'nl^ment iel'Aulie, l. XII, I" bério, aiuiéo I8il-18/i5, st^ancc
du 27 décembre 1844).
3. MruvtreH de la Société académi</ue de l' Anhe, t. XXX, 2'' sdric, année 1800,
|i. 13 (itappori adressé ii M^r l'évfique de Troyes sur les louillesfnitc» dans le clioiur
de la cbtliédralc au niui» de juin 18<m, par M. l'abbé Colllnel).
i/oiiri:Mti:itin it'i.iMN nws i/an ik.h i n;. 2'M
Si lions eiitioii-; t'ii iNOiiiuikIic, l'iiuverlmc ili's loiiihcs des abhés
d(; Jiiiiiit'ges.iii xii" siècle nous donne les iiu^iiirs résull.'ils'.
L'abbé Cocliel sij,Mi;de aussi un certain noinbce île calices d'ùlain
trouvés dans les sépultuies. L'un d'eux est conservé au musée d'A-
miens et d'après .'\I. Houclierde l'crtbcs il t'audi ail faire remonter
son enfouissement au moins au xiT siècle. — Un autre, (|ui fut en la
possession de l'abbé (^ocbel, avait été recouvert d'or. Il était de la
même épo(|ue, pesait .'} Iieclogr. et contenait .'{ décilitres. Sa bauteur
n'était que de 7 centimètres et demi ; la coupe, [nofondcde 4 centi-
mètres, en comptait 10 de lari,M'ur. A côté de ces deux calices furent
retrouvées les deux patènes, (jui ressemblaient un piii à une coupe
aplatie. Elles avaient 12 centimètres de diamètre ; leur profondeur
était de 2 centimètres au moins. Dans les calices comme dans les
patènes l'épaisseur du métal était de 1 à 2 millimètres-.
M. Akermann a aussi trouvé près de Salisbury un calice de même
formeque les deux décrits par l'abbé Cocbtt, avec une patène sem-
blable. Ce calice n'était pas dans un tombeau, mais seulement en
terreau côté gauclie d'un liomme qui avait passé l'âge moyen de la
vie^
A Provins, la tombe d'un abbé du nom d'Odo et celles de nom-
breux religieux renfermaient des calices semblables à ceux de
Troyes *.
A Genève, les fouilles pratiquées dans l'église Saint-Pierre ont mis
au jour un sarcopbage qui contenait les restes de Jean de Courte-
Cuisse, aumônier de Charles VI, évèque de Paris et de Genève, mort
le 4 mars 1423, à la droite du corps l'on voyait une crosse, un ca-
lice et une patène d'étain, le tout en mauvais étal ■'.
1. L'abbé Texier, Dictionnaire d'orfèvrerie chrétienne, v. Crosse, p. 567. Crosses
en fer et en plomb. — Le cabinet archéologique de M"»» Lepel-Cointet, propriétaire
actuel de l'abbaye de Jumièges, possède les objets suivants : six crosses d'abbés du
XI* au xnr siècle, trois en plonil) (?) ou plutôt en élain, Irois en cuivre doré ; quatre
bouterolk'S, dont une en plomb, deux en fir et l'autre en cuivre. Une des crosses de
plomb passe pour avoir appartenu à Thierry 11, abbé de 1014 h 1028. On voit au^.'-i
un calice d'étain ou de plomb.
2. Sépultures (/auloiirs, romaines, franques et normati'lLS ; Paris, in-8, 1857,
p. 384 et 385. Cet ouvrage fait suite à la Normandie souterrcine.
3. Archcoloyia, t. XXXVI, Notes of antiquarioti researchen in the summer and
uutun o/" 1851, p. 11.
û. Congrès archéologique de Fionce, séances générales tenues à Troyes en 1S53,
XX« session. Paris, in-8. Déroche, 1834. Happort de M. Michelin.
5. Mémoires et documents publiés par In Société d'histoire et d'archéologie de
Genève, tome VIII. p. 7.
"*38 ni:vir. Mii-.iikoi.odioUK.
Dans lo tombeau île laliliê (iiiillauinc II. ^\ni \ivai! au \r si(''ch',
on a irouvt^, à Fi'cainp, une petite rrossc en plouih '.
D'Achtry, ilans l'histoire de (îuiilauuïc Lcin.iiie, i'V('^i|ue d'An-
gors, raoonle que lorsiiiu" son rorps fut porli- on t(MTe on l'avait
uns dans un liclie cercueil, coilTê d'une miln* hlanelu-; à son ciMÛ
i'tail une crosse en étain ou en cuivre {crocia de statDio sou ciipro);
sur sa poitrine se trouvaient un calice et une patc'-ne en pioinl)
((iuill. Lemaire, mort en i-J'.tO)-.
Enfin, de nombreux arclu''olopues nous signalent l'emploi du plornh
et de l'étain pour la fabrication des crosses et des calices destinas
aux sépultures ^.
Presque tous les calices funt-raires d'étain ou de plunib ont la
forme de calices ordinaires, mais ne portent aucune cs|ièce d'orno-
nients, et Heusens ', dans les h^lrmenls d'nrchvologie chrrtiennr, a
pu indiquer la forme la plus usitée pour cet usage, en donnant
comme type de ces calices celui conservé au musée de Hruge>.
La pureté et la netteté de certains de ces objets en étain nejiermel
pas de douter (ju'ils ont été mis l;\ sans avoir jamais servi aupara-
vant^. Au surplus, pas un texte ni un monument n'ont donné un
semblant de preuve que des abbés ou des évéqucs se fussent servis
dans ks cérémonies de crosses d'élain ou de plomb'' ; ces objets
n'ont donc existé (|ue comme insignes funéraires.
La fabrication des crosses en étain et des calices de même métal
parait avoir été simultanée ; et, comme les crosses n'ont pas éié en
usage avant le vi* siècle^, nous croyons que les crosses et calices en
élain destinés aux sépultures remonletil à l'usage universtd des crosses
1. A. Martin, Du LAton pastoral, p. 73.
2. Spicilefjiutn ve/erum (tiir/tiijt scrijtluntin qui in ('•/illi'r /li/tliothecii maxime
lifiicdictorum lnluerunl, 1C&5-1(J77, 13 vol. in/i*, t. X, p. 251 cl 252.
3. L'abbc Tevicr, Dirtunmaire il'mfrvrerif chrétienne, v. Crusse.
L'abbé Marligny, v. Uiitnn pnstnrnl.
1,'abb'} Coniii't, l. XXX des Mémoires île la Société acailémiqu". de rOiu\ p. 23.
A. Marliu, Mélanijes li'arc/téoloijie, h \o\. in-fol.; Paris, 1850, t. IV, p. 153.
,'i. lUuMîiis, Eléments d'arcliculo'jii; clirétienttr \ Louvain, 1875, 2 vol. ln-8,
tome I, p. /il3 ; lotnc IF, p. 3.'i7.
5. I.'abbû Cofflnei, o//. ».7 lue. cit., p. 2.'j.
C. PflKcal, Originel et raison* de la lituri/in, collection Migiio, t. \lli v. I(it>n
l>'j'tiiral.
l.'ibbi Tciicr, t. Croste.
7. L'nbbv Tcxlcr, ut supra.
Marlot, llittoiin lU-mfnsit.
Kluduard, llutoirr de Hrims.
l.'ollKKVHKMIK I)'|;TAI.\ DANS L'AMiyUril'. 2'Mi
(I iiis l'Kjrlisft coinmo insifjnos des ôviiipies cl ;il)lj'';s, c'esl-à-dirc. à la
li(''ii()(l(^ carolingictuic. <> t iis.i^m; fut loiiplt'.'n|is cm vii^'iiciir.iii moins
dans ccrl.iins pays, car le tonilx-aii do Nicolas IJrvani, conseiller cl
auniûnici' du roi Louis Mil, drccdc à (l'.dics (mi HHÎ), ronlcnait en-
core un calice en élain el sa palcne '.
La similitude des deux mct.iux (t'I.iin el |iloiii!)) a pu les faire con-
fondre ftoiivcnl l'un avec l'autre, r>uil dans les textes monicaux qui
nous sont restés, soit dans les descriptions de fouilles faiies de nos
jours. Ces calices et ces crosses, nous répétons notre premiôn' alTir-
malion, n'étaient ahsolunienl destinés qu'à symboliser la dignité dis
prêtres ou des religieux dans lescercueils, et avant d'ètn; mis dans
les tombes ils n'avaient jamais servi à aucun usage -.
Certains textes désignent par les mots plumbnm et plumbens la
matière de ces crosses et de ces calices funérain's. Il y a li évidem-
ment, ainsi que nous l'avons dit, une confusion qui s'explique parla
ressemblance desdeuxmétaux. Tout nous porte à croire, en elTet,(iu'il
ne peut s'agir que d'étain. Première raison, et raison capitale,
c'est que le plomb était absolument interdit pour la confection des
vases sacrés, el l'étain au contraire explicitement toléré ; la révé-
rence de nos aïeux pour les décisions de l'Eglise a certainement fait
qu'ils n'ont jamais substitué une matière illicite à un métal permis.
En second lieu, ne valait-il pas mieux employer l'étain à la place du
plomb, de façon que le calice possédât à tout événement une utilité
en servant à une église pauvre ? Enfin, n'était on pas plus liabitué et
plu? en mesure de faire ces sortes de vases en étain qu'en plomb ?
Toujours est-il tju'en doliors des tombejux l'on trouve encore des
objets d'étain qui ont servi au culte, et que l'on n'en rencontre ja-
mais en plomb.
Dès les premiers temps de l'Eglise nous avons vu que l'étain ser-
vait à la fabrication des objets du culte; nous allons le rencontrer
maintenant dans la vie usuelle des communautés monasli(iues.
N'ét:iil-il pas aussi employé dans la vie civile? Le nier ne serait
pas vraisemblable. En présence de la destruction de tous les objets
1. Annuaire de l'Auhe, 18G6. Dons faits au must5e de Troyes en 1863.
2. D'Achery, Spicilrrjiinn; Paris, 17.!3 3 vol. in-fol, t. Il, p. IGl. « Corpus cjusad
tumuluni detuliTunt et posuerunt lionorifice in sarcophage... cum «Tocia de
stagno scu cupro et supra pectus ejus caiix et patcoa plumbci mctalli. »
L'abbé Coff.netj Mém. de la Soc. académique de l'Aube, t. XXX di'jà cil»', p. 2'j.
L'abbé Texicr, Dictionnaire d'orfèvrerie chrctienne, s. Cros\e^\t. 507.
Auguste de Bastard, Eludes Je symbolique r/trélicnnc; Paris, 1861, in-Zj», p. 82.
L'abbé nuiraud, Des cro^ftcs ynsloralcs, p. 9.
«240 IIKMK AllC.lIKOLOi.K»^*'--
tle lï'poque, il nous a paru inVinmoins l'i peu pn'"^ iiupossihli.' de n-
ronsililiuM- los liahitudt's .lu pviiplo dans la \\c privée avant le xiir
siècle '. I.'oii no reliouve guric la Iracc de IVlain pour c.llo pé-
riode que chez les inoim'S, parce (|u'eux seuls au moyeu û^'c ont
écrit et rapporte' les ilélails des coutumes donn'sii.iu'.'s; or, les textes
roslant les seuls documents conservés, nous m- jiouvons connallre
que les usages des couvents.
Nous éniiniérerons dans l'ordre cliroii(>l<>[;i'|ue les l('\l<'s cl les
documents ipii peuvent servir à riii>toirc de l'élain che/Jes moines.
L'étain est mentionné pour la première fois, comme servant à la
fal>rication d.' divers objets (>t uslcnsiles, dans les constitutions des
moinesde Cluny.Ces règlemenls, rapportés par d'Aciiery, ne datent
que du Mil" siècle*, mais l'on peut certainement fiire remonter les
usajîcs auxquels ils se ra|»porlent aux environs de la date de la fon-
dation de Gluny (1)10).
Les premiers (le ces ustensiles d'étain se trouvent dans la sacris-
tie et servent aux soins de propreté :\ donner aux objets du culte.
C'est dans une grande vas'iue en étain (pie se netloie le calice; cl
cette vasque d'éiain, — nous apprennent les mêmes règlements de
Cluny, — a été de tout temps dansrr:glise callioliipie faliri(|uéc en
étain\ « (jUie de slauno semper est in Kcclesia ».
A cùté de la vasijue sont trois amphores en élain. L'une sert à ap-
porter le vin, les deux autres de l'eau. Parmi celles-ci la première
coniienl le liquide qui sert i Tablulion des mains, la seconde est
destinée au lavage des calices*.
1. Nous n'uvons rencontré daus nos recherclips <]u'nri seul objet en étuin
dé!>ignti par ces mots • I^icllinin <!'' sinnno, Aowi nous n'avons pu comprendre la sig li--
flcation. Cet hielltnm est nienliotuu^ dans le cartulaire de Coudric en Poitou au
mi icu de divers dons faits aux Templiers de 1130 à 1178 {Archivci historiques du
l'nilou; Poitiers, 1873, in-/i". 2 vol., tomo 1!, p. 156).
2. D'Achcry, Spiciletjium sive cullecti'j velerutn aliquot s-rriptorum qui in Gailiw
InlilioOiecis delituerant. P.^ris, 1723, 3 vol, in-fol., tome I, p. C.'il.
Autiquiure^i.oiisuetuilineu Clunincemii moTUiiterii^ collectoro S. L'dalrico monaclio
bcnedictino.
3. U'Acliery, Spidlegium ; AuUquiiires consuetudi'irs Cluninrensis nionnsicrii,
IiIj. Il, cil. XII ; De snrprdole hebilotnniinrin, tome I, p. 676.
u Calicein veto parlât An ampiiobau Ayi « ni* i>K staxno sr.Mi'Bit kst in
eccLESiA rr i!« loco oompetknti i r ommis iui calices uavextui». »
Voir au&si «ur le mCme bujfl I). Marlèue, It'.- u'itn/uis- mouachorum ri ihuy ;
Lyon, ICttO, ln-4», \>. 170.
6. D'Aciiery, op. cit., Iib. III, cap. \ii, l>e nprorrisirin (sacrintain;, t. I, p. ».<.)3.
- Et itmphora stannea cum qun vinum npportalur foriiuecus ; dum ali'ecum w/ii'i
ut d< unn ttinnut u/tlunntur et de altéra calices, »
l.'dltl'IVKMllK I) KI'VtN I»\NS L'ANTlgt II I.. 2\\
Apii's les icKlt'iiif'iiisdt' sacrislio, nous arrivons ;\ ronlonnance-
iiiriil ilr 1,1 cuisiiii' cl. là lions voyons N.'s |i(Mlions de (:li:i(|ut} H'Ii-
},M('ii\ iiiisi's dans (li!s t'cucllrs' (loMl la malicMC n'csl pas explinle-
meiil iiidKint't', inaisijiii [louvaiciil hicn riitirn <';lain. (.iar paiini les
ol)jet^ do ciiisiiu; émiinén's dans les conslitulions du couvcnl se
trouvent des inanclics spécialis dcstiiHM^sà cnipr-clicr les vrlcinenls
des moines de se salir au conlacl de l'él liii-. l'ii inveiilaire des oriie-
meiils, des meubles et des livres de la sacristie de l'église de Nîmes
(lii8) énumère un ^raiid nombre d'objets et entre autres un seau en
étaiir'; ce seau devait être d'un usage très commun.
Knliii, dans les statuts de l'église de iNanles nous trouvons un
règlement sur rivstiinnlion des plats et objets d'étain en usage cbez
les prAtres'.
Les textes que nous venons de citer démontrent non seulement
rcxislcncc de l'orfèvrerie d'étain cliez les ministres du culle, mais
surtout la fréiiueiuc de son cmpb.i et fou usage comme objet des
plus ordinaires.
L'élamnge est rarement cité à propos des objets du culle et c'est
Du Caiige ù peu près seul qui nous fournil quelques délailsà ce sujet.
Il parle d'abord d'un évéfiue Ilercliambert de Frcising qui se servait
de calices et de palénes étamés. Ce texle semble être le seul qui,
pour le moyen iv^e, se rapporte aux objets religieux ^
Du Gange nous apprend ensuite que vers le mik siècle les réglc-
mcnls cisterciens défendaient aux moines de se servir dans les liar-
nacnemonts de leurs cbevaux de croissants étamés ^. Ces croissants
1. D'Acliory, Sp'ci/i'gium ; Antiqniores c msueludines Cluniacensis nionasterii,
lib. II, cap. xxxv; De cnquis, tome I, p. C80.
2. D'Acliery, loco citato, cap. xxxvi ; De utenHlibiis cnqufnœ^ tome I, p. G82.
« Item quatuor paria m'tnicurum, ne stmnineorum umnicn frutrum de uiriiline
coquinœ familiari sordidentur. »
3. Ménard, Histoire de la ville de Nima, 7 vol. in-4" ; Paris 175 'j, tome I,
Preuves, p. 67 : « Duos ferra'os cupreos et tertium stngni. »
4. D. Martène et D. Durand, Tlœmunis^ novm anecdotorum ; Paris, 1717, 5 vol.
in-fol., tome IV, p. 958.
Sfatufa s>/>tod/ilia ecclcsiœ Xane'ensis, cap. xxiv.
« Patcllarum vcro, stannorum, mensarum ei aliorum sufficcntiam utcnsilium,
duorum aut trium proximorum rcctorum irbitrio coiumiltimus mstimandam. »
5. Glossnrium média- et iiifinw latinitatii, v . Stnij/uim. « Cntceni unam deuu-
ratam et aliam crucem de sta;;no paratum et atiuui cMlicem et patenam
stagnatos. »
6. Glossanum, v. Stanneatus. « Caveunt de cetera Hispaniœ et Vasconiœ et
alii omnes afjbates ordinii. w <;rlll'; rquorinn fiiriosi< aut franis ornatis luminis
i42 IlKVl'F. Anr.IlKMI.OiilnlK.
appliquiV"^ aux li.ini.ii'; (''(aiciit iTiiii usa^'c fmt ancien. Il .'^c |u)iinail
ni:'^m»' qu'ils fiisscnl compris ilans les objiis t,MuIois élamùs donl
parîi' IMiiii'. Presciuo loiitos les colltîclions alrll(■'olo^(il|tlcs paulojscs
coiititMinenl dos croissants t'ii l>roii/.t* siirniontés d'iiii annoaii desiim'î
à les accrocher; forl souvent l'on trouve dessus des traces d'étamure.
l'n auteur ecciésiastitjue, fsidore de Séville, parle aussi de IVla-
niage ;\ la nit^me époiiue (vir siiHMe). Il ripporlc iju'on élainait fré-
quemment le cuivre, ce (jui lui donnait plus de saveur et einpi"^rliait
le verl-de-pris de ^e former. Il ajoute tiue l'étain servait encore ;\ la
fabrication des miroirs'.
Selon toute vraisemblance, les procédés d'étamage (jue nous avons
signalés dans l'antiquité n'avaient pas pu changer; mais nous
croyons (jue le but de l'élamage était devenu tout dilTérent, (lu'aii
lieu de songer exclusivement à l'ornementation on était beaucou[>
plus préoccupé du soin hygiéni(iuc. Quelques troubadours du xii"
.siècle nous ont seuls liissé la preuve de sa prati(|ue', sans donner
toutefois aucune explicaiion de nature à nous édilier sur le rôle el
sur la fréquence de l'étamage à cette époque.
Le livre a:iribué à Tempereur Frédéric II ^ c>[ beauioup plus
clair. Kn jirécisanlla nouiritureà donner auxoiseaux de chasse il re-
commande de mettre cette nourriture dans des vases (ju'il énuméie,
entre autres dans des vases de fer. Mais alors, ajoule-t-il, l'écuelle
devra être étamée. Celte pliinse a une importance capitale, écrite
tel lunulis stanneatis ulmitur. « Cette citation est extraite du Tlifiniirim
novus (tnecdolorum de D. Martène et D. Durand, t. iV, p. 1335. — Selerlu \laluttt
caiitluloniiii rjfneralium ordinit Cisicrciensis ex vnriix rodicihut tiKiiwiCiij,lts.
Statuta anni .MCCXWIII.
1. Suricti hnlnri Ilispalriisis c/nscopi o/>e/« oinnin^ Coileclion Mii^iio, tome III,
p. 500.
Lib. VI. cap. \\\n. De stdiino.
2. La Curue de Sainte-Palayi-, Glossaire des Troubadours, n\<. bibliothèque na-
tionale.
V. Estautuir. Guillaume dcCabcstaing. « Comn srl ijue daur <■/ e^tanlm », comme
celui qui dore et étame.
u Vuysseh dr <oijre, si un sou «stuiiliafz » y vnïi^CAux de cuivn, s'ils ne sont
étamés.
V. Stuijnar. Pcyrnls d'Auvciguc. •■ Mi ilmirrl gfu so i/w uva mi stiu/ita d , me
dora K)-ntiment ce qu elle m'étamu inainienant.
V. iHdinijnnr, Guillaume do Ucrgucdan. « l'a) cho dmind: (jUdllm /iirsht:
tiamgua », car vous dorez ce qu'une autro puissance •Uainc.
3. /V dite leiKiudi rurn avifiuis ; Augsbourg, ITiOfl, in-18, p. 188. Livrt" II,
chap. ixiiii. " De prn<p.-irationu loci in quo nutriuntur avcs et modo nutritlo-
ni» porum. »
i.'oiiri.viiKKii': d'ktain dvns i.'wnnuiTi':. '2'ùi
dans un Iraiti'- de ch.-issi;, paire (|ii'('llc iK'rnirld'allii nn-r (|u'au lcmi)S
des (•^li^ad(■s rélainagi! était fort rt'pandu. Si l'on craignait de donner
aux aiiiiiiaiix leur nourriture dans des vases en fer r|ui n'auraient
pas été étauiés, :i plus forte raison devait-il en être de même [)Our les
hommes. Il est donc certain (lue pour prémunir contre la rouille les
ustensiles eu fer d'un usa;,'C journalier on avait le soin de lesélainer.
Du reste M. «le Vaublmc, en décrivant lu mobilier de l'époque, est
explicite sur ce point '.
Il est bien évident qu'en df.'liors îles ustensiles de l'église on se
servait aussi d'objets d'étain avant les croisades, et dans la majeure
partie de la population, qui r(>slail toujours gauloise, l'usage de
l'étain, (|ue nous avons signalé avant l'invasion, dut probablement
continuer, non pas comme par le passé, mais d'une façon beaucoup
moins conséquente -. Si nous n'avons ni textes, ni documents pour
le pi-ouver, il existe du moins des faits qui démontrent la parfaite
vraisemblance de notre opinion. D'abord les mines d'Angleterre
continuèrent à élre exploitées comme auparavant. En second lieu
l'étain, nous allons le voir, fut employé en grande quantité à
dilTérents usages moins appropriés à son caractère que ne l'était
l'orfèvrerie. Enfin il y a un texte, mais un seul, qui est venu pailer
d'un objet d'orfèvrerie d'étain à l'époque carolingienne. La descrip-
tion du trésor de Saint-Uicliarius fournit une longue liste d'objets
d'or, d'argent et d'auricalque au milieu desquels se trouve une
coupe d'étain : ainna ex .<itnnno^. A côté de cela les inventaires d'é-
glises et de couvents les plus anciens sont près lue tous muets sur
les objets d'étain, tandis qu'ils indiquent souvent des pièces de
cuivre, de bois et autres, et cette pénurie de renseignements nous a
permis de supposer que, tout en restant dans l'usage, l'orfèvrerie et
la poterie d'étain avaient vu leur commerce fort restreint.
Nous disions, un peu plus liaut, que l'étain servait à différents
usages ([ui n'étaient pas absolument iuili([ué5 par ses propriétés. —
Grégoire de Tours parle d'un toit en étain qui recouvrait une basi-
li(jue de la ville dont il élait évéque ^
1. De Vaublanc, la France aux temps di'i croisailes; Paris, 18ii, i vol. in-8,
tome IV, p. 197.
2. Voir Guérard, Cartulaire de l'ahljnije de Sninl-Victor de ilnitedle, 2 vol.
in-i", Paris, 1867 ; tome I, p. xux de la préface.
3. D'Auliery, Siiicilerjiinn, tome II, p. 310; Chronici Centulensi^ cap. m.
h. Grégoire de Tours, 0},jra omnia ; Paris, Ruiuart, 1G99, in-fol., p. 530. llisto-
riff Fiancuruni cap. xviii.
3H RKVUK AnCUKOLOniOlF..
Son ronU'mponin V«Mnnlius Korlimalu<, li' poric intToviiijîion.
pirl«* .m^si <riin loil (ri-nirniiif l'onaviit pi iri- l'H o\-vt)l() :ui-ilissiis
d • h loinlt • tTiin saint «Mil('rr('' dans la hasili.nu' '!'• S liiil-Viiict'iit,
aupri^s (le la (îaronno '.
Du iTstt» ît»s inoiiiimenU sont venus corrohoror If »iii i; îles texios
fl il exislo au musée jrtTiuaJii.nu' de Nurcmbor^f nn nmicean de toi-
lure en élaiu anlêrieun* au xii* siiVIcV
La ciironi pic du moine de Sainl-Ciaal, à propos d'une anecdote
miraculeuse, raconte (jue smis Cli u Irm i^Mie lis f()ndeui> de cloclus
maniaient l'étain^.
L'élain 11 i|ue|i|uefois ser\i de t^ci'aii mU l.as iloscliai les \ mais liés
rarement, car on lui préférait d'oidinaiic le plond».
Il était aussi employé en paillons coinme dans rantiijuité. Théo-
pliile. m(dne, dans son traité^ n'en parle (pi'à ce point de vue, et,
s'il faut l'en croire, on s'en servait pour faire ces platjues, dites d'ar-
gent, ijue nous admirons encore sur les feuillets enluminés des
mauuscrds.
Giraud de liorneil, lioul'adoui' du xii" siècle, parle aussi dans ses
poésies de l'usajîe de l'élain connue [laillon ''.
Enfin l'étain avait aussi son côlé funéraire. C'était dans une lioîle
en étain (|ue souvent l'on enfermail lecceurde personnages im[ior-
lanls lorsfju'oti le niellait dans le tombeau. Lors(|u'en 1S.'{8 on lit les
touil.esde la calliedrale de Uoiien, .M. Deville découvrit le co'ur de
Uicliard Cœur-de-Lion au milieu de débris d'ctuin, de soie et d'en-
1. Venant a Honorii Clementinni Fortttnaii Itulici prcsbylen, etc., earminn ;
Mpguntiœ, 1603, in-&. Liv. I, pièce V.
2. Ce moiitimciit nous a t-lû commuoiiiuc par M. Essenvein, que nous ne saurions
trop remercier ; grâce i lui, nous avons eu de iiooibrcux rouseiKUiMnents joints
& la coinmunicutioii <ic Ix'aucoup de pi^cis des plus iiiti'ressautfs ; il n'a cessi^ do
nous aider de sa prodigieuse connaissance do toutes les ciioscs du moyen Age.
3. Hfvue archéultif/ique, tome I, p. 128 l\Slilt}.
i. E. Iluclier, Sigitloijraphte tlu Mninf. lluHctin>nonumrtitiil,Unm'\\\ll{ixnni!;Q
1852/, p. 31'.'i.
5. Tht'ophile, prôlro et moine, K.ssnt sur ilinrs mis- {Dirersarinn arliiiin srlie-
ilulii), publié par M. le comte Ciiarlcs de l'Kscali'pior. Paris, 1813, in7i.
<i. Itaynouard, Lexi'/ue lomnn ; Paris, 1840, in-8. V. E fniii'jli,
(( K'^lniiKjs fiiitilliilz
es vien soven ni bon nzur
l'er que mieills teitjnn « eijui- mni^ ilnr. »
Êlain feuille C»l mi« souvent avfC le bon arnr, nlin qu'il loignc mien» et '|u'i dure
davanl-igr-.
L"(Hii"ï;vm:nii: i»i. i\i\ i>\ns i,A,Nrini:m;. JM>
fcris '. Kl cet iisn^'.- no. p.ir.iil pas isolé, cir raiiuée suivatilc, cti
1H.I1>, lois(|ii'()ii ouvrit à VcorI, liaiis rùt,Mis(' Saiiil-Marlin. la loiiilio
(lu CL'l('l)rc' conile df llorii, on Iroiivi son cnjur iiilacl avec safiiniM!
el sa couleur, conserva dans une m tic d'élaiii *.
Il est Iticn éviil'Mil (|ii(! si !'. I liii (Hait oii!|i!(iy(' à des lias ;i:..>.-ii
simples cl eu aussi taraude (|ii aiitilù (ju'il le fallait pour une toiture
d'ùglise, il devait en môme temps entrer continuellement dans la
fabrication de la poterie et servir à l'orfèvrerie, comme dans Fanli-
(|uilé et comme ajirès les croisides, car à ce moment son emploi eut
lii'ii d'une faeon suivie, ainsi que nous le prouverons, aux monu-
ments qui sont parvenus juscju'à nous.
V avait-il avant le xiiT siivle des oifèvres ou des potiers d'étain,
ou liien l'industrie de l'élain était-elie piesi|ue exclusivement pra-
li(iut'e dans les couvents?
Nous n'avons retrouvé qu'un seul texte (jui, sans répondre à la
question, nous indique au inoins que certains moines se livraient au
travail do l'étain, car l'un d'eux, du nom de Sarulfus, estijualillé de
l'épilhète de ^t(i(jn(irius^.
Le moine Théophile ne parle pas une seule fois dans son livre '
de Porfévrerie d'étain : ce dernier texte de Mabillon et les règles de
Cluny démontrent pourtant d'une façon certaine que l'industrie de
l'étain était exercée dans les couvents.
Est-ce à dire (ju'en dehors des couvents il n'y eût aucune espèce
de potiers d'étain ? Malgré le manque de preuves malérielles, nous
ne saurions l'admettre.
Le livre des métiers il'Étienue Boileau ' inaugure la série des
textes et des documents relatifs h la fabrication d'objels en éUiin et
à l'emploi de ce métal.
Cependant M. VloUet-le-Uuc a pu recueillir dans les fouilles de
Pierrefonds quelques monuments de la vie usuelle des premiers
temps du moyen âge. Ces fouilles ont mis au jour quelques cuillers
et écuelles apparemment antérieures à l'époque des croisades''.
La cuiller en étain que le savant arcliilocte a trouvée pouvait
1. Voirie lin' le tut de la Commiss'ion rlesanti'/uités de lu Scinr-lnfe'rieure, séance
du ISdt'ceinbre 1809, toinn I (1867 îi 1SG9); Rouen, 1870, in-S, p. 39'i.
2. Messayer des sciences el des itils fie lieli/itfue, année 1830, grand in-S, p. 01.1.
3. Mabillon, Vêlera atiaiectn; Paris, lùlU, k vol. in-8, tome IV, page (34ii.
ù. Jam cit. Essai sur diveis arts (Diversarum nrtiuui seliedula).
a. Ilisloire t/ciiéralc de Parti; imprimerie nationale, 1S79, gr. in fol. Li < >iir(.'-r;
et corporations de la ville île Paris, xiW siècle.
6. Dictionnaire du mobilier ^ tome It, v. Cuillère.
246 iu\iK. \H(;m.oi.(»i.KiiK.
ôtio ilestiiuV' h toulr t>s|i»'ic de î^i'iviois de riiisiiif ou «It; liltli'. Illlc
a IK cmlimèires ilo !ongi*l !«o rappoiic ahsolumenl coimno forme au
type llguré dans les vignettes du xii' siècle. I.a capsule en est par-
fnilemeiit ciivul.iire cl très peu concave ; le iiiaiulie long, èlioii el
lerminé par un boulon.
Les as.'^ielles êgalenieiil retrouvées à Picriefonds ne sont pas aii-
lêrieurcs au xiv' siècle. A ce propos il importe d'exidiiiuer iju'avanl
le xir siècle les convives n'avaienl point dassielles posées devanl
eux sur la lable, cl encoro une assielle servail-clle, à cette époque,
J> deux personnes. «< Auparavant, on prenait les mets découpés dans
les plats, avec la main, ainsi que cela se pratique encore en Urient ;
les débris étaient laissés sur la table ou jetés à terre. L'assiette devint
d'un usage général (juand l'art culinaire se perfectionna et (juc l'on
servit des ragoùiô, des crèmes. Les peuples primitifs font, avant tout
autre mets, usage des viandes grillées. Un servait sur la table certains
brouets, mais chacun avait alors sa cuiller cl puisait à même le va>e
comme nos soldats puisent à la gamelle, .\vant de faire usage des
assiciles, chez les personnages où régnait un certain luxe, les
viandes étaient posées devant chatiue convive parrécuycr tranchant
sur un morceau de pain plat. A chaijiie viande on changeait l'assielle
de pain. L'usage de placer sous le menu gibier rôti des tranches de
pain est une dernière tradition de celte ancienne coutume (jni s'est
conservée jusiju'à notre temps.
« Les assiettes les plus anciennes rappellent à très pi-u près la
forme de nos assiettes modernes. Cependant elles étaient plus pe-
tites; très plates si l'on servait des mets secs, très creuses au con-
traire pour les mels liquides. On faisait rarement usage d'assiettes
de terre. Le bois chez les pauvres, l'éiain chez les personnes aisées,
l'argent chez les grands seigneurs, étaient les matières employées.»
Tous les progrès accomplis pour les usages de la vie privée sem-
blent l'avoir été d'abord dans les couvents. Ainsi nous croyons que
longtemps avant le xiii" siècle, époijue (|ue Violiet-le-l)uc nous
donne comme celle de l'introduction de l'assiette dans les repas, les
moines se servaient déjà d'ècudles pour manger leur nourriture.
Le texte des Institutions de Cluny le démontre, et, toute l'industrie
et la science étant [tour ainsi dire réfugiées dans les monastères, il
est bien évident que la civilisation fut créée, développée et répandue
par les ordres religieux, (jui furent les vériiables et les seuls pion-
niers de la civili.salion durant tout le moyen âge.
Nous avons vu, durant ranti(iuité, comment l'éliin était extrait
d'Angleterre et importé de lii dans tout l'ancien continent. Les
1. OIIFI.VIIKIIIK I) KTAI\ DANS l'a.MKJUI TK. 2i7
mines de I,i (iran(Jc-Hn!l:it,'nc ne reslèrenl pas moins inoiJuclives
pendant loul le moyen à};o *. l*n'.>(|iie à tout inoinenl nous voyons
(les iliarles conccrnanl les niincvs d'élain de (Jornouailles -. Leur pro-
duction est mùmc considérable, à en eioiro l'importance (jnc les
souverains d'Angleterre attachent à la transniissi(;n de la projirirlé
(les mines à leurs enfants ^ — \ers le xii" si(''cle, on (h'-couvril en
nolu^-me d'autres mines'*, mais Icm- iirosprritr ik,' fut complc'te
(lu'aii XV" si(kle. Le centre de la luoijuclion resta donc la Cur-
nouailles. De là, on exportait comme autrefois létain pour tous les
pays d'IUTideiil'', et nu^uie, à en croire M. Smitli, jusiju'au Umil di;
i'Afriiiue''.
Ijruges (3lait le grand comptoir de lï-tain pour h.'s pays du Nord '.
C'est môme de celte ville (jue dans les premiers temps du moyen
Age des espd'ccs de caravanes allaient clierclier ce md-tal pour le trans-
porter ii travers toute l'Allemagne jusiju'en Orient.
Dans toutes les villes hanséatinues il yen avait un commerce assez
considérable, et les liabitanls de Dinant ne se contentaient pas au
1. Dcpping, Histoire du commerce entre le Levant et l'Europe, depuis les croi-
sades jusqu'à la fondation des colonies d'Amérique ; Paris, 1830, 2 vol. in-8,
tome I, p. 3/il, et tomo II, p. 334.
Balducci Pi-golctti, Prati'.a délia mercatura, cli. xxix, p. 130; dans I),d/a derima
et drlle (dire gravcze, Lisbonne, 2 vol. in-i, 17GG.
Aj:ricola, De veterihus et novis metnllis ; in-l. Baie, l.j.'jO, p. 4lo.
H(efor, Ilidoire de la chimie. Paris, Firmin-Didot, IStîG, 2 vol. iii-S, tome I,
p. /|9'J et suivantes.
Hawkins, Transactions of tlte Roi/nl Gcolo(/ical Society of Cornwal ; Pciizance,
in-8, tome III, 1828, p. 126 et 127.
2. Jast, Voyages uiétullurgiques ; Paris, 1781, in-Zj, 3 vol, tomo 111, p. 523 et
suivantes. — Usages et coutumes du Devonsliire et de Coniouailles pour les mines
d'étain.
Bymer, Fœdcra, convetdiones, titterœ; Londres, 1739, in-lol., t. II, p. iv, p. 18,
p. 1G1.
Ilocfor, Histoire de la r/iimie, t. Il, p. ^92.
3. Rymer, opère citato, tome II, p. 161.
II. Balbin, Miscellanea hislorica rrgni Boltemiœ; Prague, 16"i9, gr. in-8, cli. xv.
Hawkins, o/iere citato, p. 126 du tome III.
5. Ha fer, op. cit., tome II, p. 40/i.
Depning, op. cit., t. I, p. 3^.
Balducci Pegoletti, l'ratica délia mercatura; \idc supra.
Hawkins, op. et loc. cit.
6. Smith, Tlie Cassiteridcs-, Loudon, 1 vol. in-S, 1863, p. 26.
7. Hawkins, op. cit., t. III, p. 127.
Worms, Histoire commerciale de la L gtiehaméatique; Pari<. 18r,,'i, in-8, p. 21 j.
Depping, op. cd., tome II, p. 321.
^.\H iiKvi'i: MiCHKOLor.iuui:.
Xir >K'rl(» (le faire le comiiu'rie du cuivre; ils faisau'iil aussi, avec
les Villes lia Hliin it ilc 1 1 iih r iS.'iIlii|i:e. un eoiuiiirrre coiisiilérilile
d'élain '.
Ce ne fui ijue plus l.ir>l qiw les Vëiulii ii>, alors les preuiiers iiavi-
paleurs du n:onde, le lrans[iorlèrenl par nier jiis(|u'eii K},'yple, en
Syrie, {\ Constanlinopie elau fond de lu mer Noire -. Ils le recevaienl
en plaijues assez épaisses et lui dounaieiil la r)rme de bajs'uetles (|ue
nous avons si.cnalée d ins les slalinns l.ir usires de la Suisse el sous
laquelle Télain.à riieure actuelle, est encore livré au coiuinercc'. On
le fondait aussi à .Mayori|ii(^ et en Piovenre, mais le plus estimé dans,
les stations de {"Orient était toujours eelui de Venise '. On sait (ju
les Orientaux en usaient eonsidérahlement, puis(|Ue tous leurs vases
étaient ''lamés '.
Enlin, ou retrouve en Esp igne de nombreuses traces du commerce
de l'étain", el en France des chattes donnent continuellement con-
naissance de transactions dans lesijuelles Tétain joue un rôle iiii-
l'orianl".
1. Mdyngcr clc^xcienccs rt i/cs nrli i/i lf''/iji(/iir, 1S3("), l. IV, grand iii-8, p. 112
.1 117. Cliarle de 120* sur les privilèges des habilaiits de Dinaiit d.uis la ville de
Cologne. De sUnjno stiniUlcr de sinr/ulis ceiiteiinriis stti;/ul'ti tlcnarios, — scd si
ciiprum, sliKjmini, etc., Hdilem emerunt, dabunt inde ut sititm tliolum est.
Sartorius et I^appenbcrg, l'rkun/inne, Gescfiichte des l'rspniiiges dcr dcutxclicn
Hansr; Hambiirg. 183'», in-'i", p. 58 et GO (1252). Tarif de fonlieu eiiirc la liansc
allemiride et la Flandre. « Lnstuin cupri transiens sex denarios; si vendatnr apud
Dam \II den ; lastum staiini tantunidrm. — Millcnum sianni vcl ciipri transiens
quatuor denarios et si vcndatur apud Dam, octo deuarios. »
2. Canciani, Leyes harbarorum aniiijute-, Venise, 1702-3, vol. iu-fol., t. III, p. 3Gi.
C'ipdulare lundicum pro emporio Venel», cap. cxv.
Sannto, Secrela fidelium cnicia, Hanau, iii-fol., 1511, t. Il, |>. '2'.t. — Gcnlti l)ei
per FrancDS, lib. I, pars I, cap. iv.
Deppinp, op. cit., tome II, y. 323.
3. Balducci Pegoletli, Pratira drila mercutum, t. I, p IJO.
k. Célestin Port, Ess'ii sur l'histoire du comme) c m rHime de Surboivir. Paris,
1854, in-8, p. 69.
Dcpping, op. cit.^ tome I, p. 3/|l.
5. Uepping, op. cit., tome II, p. 304.
0. Capmany, .^Icmnrins historiens sobre la marina, commercio ij arics de la
niiti'jua ciudad de Harcelona; Madrid, 1792, 3 \ol. in-S", tome II, p. 3. l.'ietlC;
lomc III, p. 10 et 21 ; tome IV, p. IH cl 20 du l'appendice.
7. De Laurière, Ordonuaaccs des ;<»i\ de France de la troisième race ; Paris (1723-
18/10 , in-fol., tomi; I : (p. û23j Mnndemrnt de l'hilippe le licl sur le transport dfs
marchandises hors du rcynumc (130/i); — (p. 500j Lettre de Louis X le llutin tou-
chant le péayr des marchandises voit urées par eau (1315) ; — (p. 070) Vnvtlèijes ac-
cordés par ('hurles V aux marchands itahent rmnmeiçard avec .Simes (13C0).
UruBWl, Souvel examen de Cnsai/c i/énural des fiefs m France jtcndant les xi«,
I, <»iii KVUKiUh: h'hiain dn.ns i/amioijuk. liV.»
Les procédés (le f.ihric.ilion lureiil les iiiéines «jue ceux que nous
Jivntis in(lii|ii(^s pour l'antirpiil.!. Harlliélcniy de (Ilaitiville, auteur
(lu xiii" siùcle, parlant de riiidusliic, de l'élaiu, ne iiieiitiorinc (|ue
des procédés déjà i(idi(jués par IsiiJore de Séville". Ce fail seul dé-
montre (ju'aucun pi'rfectionnenient ne fut apporté auconiineuceineiil
du moyen à^»' dans le travail des élamcurs et des potiers d'élain.
Les écrivains de ce temps ont mis au jour des(juantilésde volumes
sur l'alchimie dans lesquels il est traité de l'élain. Nous ne croyons
pas devoir entrer dans les détails (ju'ils donnent. Ces livres, excessi-
vement lo^L,^s et presijue incoiiipréliensihles aujourd'hui, sont faits
pour un autre Ûge, et il sullii ici de sij,'naler leur existence en pas-
sant.
.Maintenant nous allons nous eiïorcer de faire voir quel élait dans
la seconde partie du moyen âge, en France, l'usage de l'étain, ce qui
nous amènera à parler de la vie privée des dilTérentes classes de la
société et des corporations.
GliUMAIX UAPST.
{La suite pi'ochaincment.)
\in\ xiii^ et xive siècles; Paris, 1750, 2 vol. in-^", tome 11, p. 203. k'.rfrnit du
compte fjénérul tien revenus du roi pour l'ataux' 1202. (il y est parlé d'un millier
d'étain, uno >/iilinrio sfuminis.)
Gallifi diristiana, tome VI, p. 1^4. Concordin inter iiObatem opiÀdanosque Vtlla-
mnynœet damiuum de Felgarns in proviueia Nnrbomme (1197). Il est question de
carija ex slar/tio estimée 3 deniers.
M Moulcnf|, Alhiaset ses coutumes, d':iprKS, une traduction du xvi* siècle ; Bul-
letin archéologique de Tarn-et-Garonne\ Montauban, grand in-g", 1869-1870, p. 132
— Ces coutumes datent de 1287; elles mentionnent : Pour charge de jer neuf en
plutte et pour ESTAiNG deux deniers.
1. Le Propriiitaire des choses, traduit du latin par mai^tre Jean Corbichon; Pais,
1556, in-.'r, livre \VI, cli. mxi : Des pierres et métuux ; — !)r re^^lnin.
m' sÉuib;, T. 11. — 17
liULLK/IIX MFA'SUEL
ih: i/.\ c a it k m 1 1: dks i n sch i pt m» \>
sr;\NCi: DU 26 AOUT,
l,a iiKirl ^0 M, Di'fr.'iiiory porte A deux lo nnmiirp de;; sièges vacants .\
l'Acadrmio. Kn quelques mois tnucliaiils, M. Alfred Mauiy, qui lernplacc
M. Li'on lli'UZ''y au bureau, a ra|ip<li' le^ qualili's du cœur et de l'espril
qui avaient rendu M. Di^fiéniery cher à tous ses conTrèies.
Dans un mois, la vacance sera di'clarée, selon l'usage.
Le> deux élections se feront probablement le m^îmc jour, au mois de
novembre.
Les candidats qui paraissent avoir le plus de cbances desucctssonl les
deux concurrents du prix biennal de 20.000 francs, MM. Paul Meycr et
Gaston Maspcro. M. Paul Miner est connu par ses études sur les dialectes
romans de la France méridionale ; M. Maspero a publié sur la philoiogii^
l'arcbéologie it la littérature de la \ieille l>gyple des travaux qui ont con-
servé à l'écdle d"égy|ilologle française un rang honor.ibic entre tous.
.M. Clernjont-Ganneau a rendu compte de l'exauien, auquel il s'est li-
vré récemment û Londres, de plusieurs bandes de cuir qui portent écrits
en caractères identiques i ceux de la fameuse slùle du roi moabile Mésa,
contemporain d'Achab [ix" siècle avant nuire ère), des passages du Pen-
lateuque. Dans une note, parue il y a quelques jours, nous avons expli-
qué ccnimenl M. Glermonl-Gannciu a réussi A détnontror l'origine de ces
objets. Ce sont di s bandes découpées dans la n:ar::e inférieure d'un rou-
leau tel qu'en possèdent les synagogues. Un copiste y a écrit des textes
bibliques en se servant des caractères dont le type est fourni par la stèle
de Mésa : il a même essayé, dit M. Deienliourg, d'y introduire ile^ formes
du vocabulaire moabite, mais avec une maladresse qui rend la fraude
évidente.
Le possesseur de ces objets en demandait une somme énorme ; c'est
lui qui avait vendu au musée de Hcrlin les fameuses poteries inoabiles,
Reconnue.- fausses uu.-sibM a|irè8 leur acquisition, (^oltc fuis, les urcliéolo-
iiiii.i,i;ri.N MKNsuKi, iiK i,'A(;\hi:\iii. dks inschiitions. T.A
gués ont tilé avertis ;i temps. Puisse celle leçon découraj^'cr les f.ibricaiita
niodernos de fausses ;ui(i(]uili's !
M. Hggpr, en son nom cl au nom du docli'in l'uni iiiiT, communique un
im^moire sur les couronnes chez les Grecs.
A rorif^inc, les coiiioniics consislaicnt en lameiux auxquels on miMait
le plus souvent lu fleur du j^renadier. Ou s'en servait pour orner la tiHe
des convives dutis les ferlins. I.a ro:e, lu violcllo, le myrle, l'ayiiu.'^-caslus,
le jonc lleuri, le mélilol, l'iiiimorleile, le thym, la marjolaine, le roma-
rin, l'aubépine, la m-inlhc, le lis hlanc, le ncinuphur, la vigne, le lierre,
la salsepareille, furent les plantes ou les fleurs qu'on préféra. Ou estimait
surtout le.s couronne» de roses, dont on faisait macérer les pétales ilans
le vin. Plus lard, on eut les couionues de métal pour les acieurs : ellcc
éluienl d'or ou d'argent. Kilos jouaient le rôle de nos médailles dans les
concours académiques ; on a la preuve que plus d'une fois elles furent
une expression qui se réalisait au moyen de sommes d'argent. Il y avait,
outre les couiounes des acieurs et des festins, celles que les sociétés re-
ligieuses ou civiles décernaient à leurs chefs sortant de charge, celles
que les fiancés portaient le jour des épousailles, celles dont les courti-
sanes dans leurs orgies décoraient la statue de Marsyas...
I.c mémoire dont nous résumons les premières indications est une in-
téressante monographie destinée au giand Dictionnaire des antiquités
grecque et romaines, de MM. Daremberg et Saglio, en voie de pul)lica-
lion chez Hachette.
M. Uévilloul communique un travail intitulé : « La vie d'artiste ou de
hohémc en Kgy[)tc. » C'est la traduction avec commentaires d'un te.xtc
démolique retrouvé sur un papyrus de ba.-^se époque. Le te.xte contient un
portrait, à la manière de Théophraste ou d'Aristote, de l'Impudent, char-
latan frotté de littérature, gonflé d'assurance, sensuel, gourmand et pa-
rasite.
M. Castan adresse une note, communiquée par M. Léopold Delislc. 11 y
est question d'une chronique universelle, rédigée en latin, par Gouzahe
de Hinojosa, évoque de Rurgos, entre les années 1313 et 1327, et que
Charles V fit traduire en français par le carme Jean Goulain. Un bel
exemplaire de la seconde partie de ce manuscrit existe à la bibliothèque
de Besançon.
M. Ledrain lit une note sur un cachet judaïque. C'est une agate blan-
che gravée ; on y voit représentés une chèvre et un chevreau. Un nom
uif, celui de Arinadab, y est écrit en caractères phéniciens.
SÉANCE DU 31 AOUT.
MM. DesjarJins et Schufor sont élus meuibrcs de la commission de
comptes.
'2.^- RKVUK AnCUKOl.or.lQUE.
M. Prmi coiitiiuifi la leclure du mi^moire de MM. Kggorel KouriiiiT sur
los couroiiacs chez les (irew cl cher les Iloinaiiis.
M. I.edrain cominiiniquo la tradiiclion de deux textes surat^riens yra-
vi^s, l'un sur une pierre d.» sptiil de diorile noir, l'aulrc sur une statue.
Le premier se traduit ainsi : .. A Ilig's, 1". iiune-uiinislre, lillc d'Ana.
dame tie la rt^«iidenco «^levt'c, si dame : Namkinni, putrsi deSirpiirla. siui
serviteur puissant, a fait venir pour la porte la pierre do diorile. ■> Le
second est analogue, mais il i^mune d'un autre patCsi ou roi, (îoudéa.
M. Ledrain préseule à ce sujt'.; quelques cousid<îratioMs sur la cliiuuo-
logie des patésts de Sirpurla.
M. Dppert fait quelques réserves sur certains détails de la chronologie
proposée par M. I.edrain.
M. CIcrmont-Ganneau signale quelques monuments phéniciens du
Musée Britannique qui lui ont paru dignes d'alleutiua, notamment trois
petites coupes de bronze, qui sont ornées à l'intérieur de de.-sins géomé-
triques et qui portent chacune un nom en caractères phéniciens.
SÉANCi: DU 7 SEPTEMBRE.
Les fouilles en Êijyptc. — Sur l'invitation du président, M. Maury.
M. .Maspero expose l'organisation du service des fouilles qu'il dirige dans
la vallée du Nil.
Ce service fui créé en 1850 par le regretté Mariette, dans des conditions
qui n'exislent plus aujourd'hui. Saïd-Paclia donnait alors :\ notre compa-
triole d'assez fortes sommes; il mettait mémj ;\ sa disposition la corvée.
C'est ainsi qu'il put, en plusieurs occasions, entreprendre de vastes ope-
rations et remuer le sol de contrées entières. .Mais ces laru'esses n'avaient
aucune régularité, et, l'argent une fois dépensé, il fallait rester de longs
mois A attendre un no iveau don. Ismaïl-Paclia se montra moins disposé
à faire des dépenses pour l'archéologie égyptienne ; il garda le service
des fouilles parmi les services de sa maison ; les sommes accordées jiour
les recherches et la conservation «les uionumenls furent de plus en plus
faillies et intermittentes; il n'y avait rien de tixe que le traitenienl des
trois employés européens.
Eu tJS'JS, .M. de Bligniéres organisa pour la première fois ce service elle
transpoi ta dans le ministère des travaux pnlilics, département dont il
avait la direction. Il y eut dès lors un iuidgcît régulier destiné à rétribuer
les employés européens, les employés indigènes, à payer les dépenses oc-
casionnées par les fouilles et par la conservation des monuments. Au
moment où s'opéra relie réforme, .M iriello éiait en proie aux plus dou-
loureuses étreintes du m »l qui alliit l'einiiorter ; il ne [luI participer .i
l'œuvre nouvelle.
IIULLKTIN MI'NSl Kl. Iil. I.\(; UiKM IK hFS INSCUIl'TKiNS. 25^
M. iMiuspoio, (Icvoiiu flireclour ^c'ai-ral dfs fouilles, se Iroiiva rnloinn'î
dans (rrlriiiles liiiiiles Hnaiiciôros. Ainsi 1"^ budget de celle uniiée n'a
I)eriiiis d'ullribiier aux fouilles que 'Jii.oOO fr, et aux acquisition? 7, ÎJOO fr.
Néanmoins le n'gimo actuel est préiérîil'le à l'ancien ; les fouilles sont
moins j^randioscs, mais continues; elles vniil plus li-nlenienl, mais elles
sont inslilUL^es de manière à Cire poussées i\ fond. Kn somme, le double
but (|ui est d'assurer la conservalion des monuments découverts, soi'
qu'ils existent dans les collections du nmsûe de Houlaq, soit «lu'ils aient
61(5 laissés en place sur le sol, et d'en découvrir de nouveaux, ce double
but est réalisé dans une mesure qu'on peut trouver modesie, mais (jui
est eflicace.
Il était difficile de trouver parmi les indigènes, au concours desquels il
faut nécessairement recourir pour les fouilles, des gens lelalivement
honnêtes. Na^-uére tous les menus objets disparaissaient; aujourd'hui
on estime que la moitié au moins de ces objets arrive au musée, (/est un
progrés, auquel n'ont pas été étrangers les quelques contre-maîtres que
Mariette avait réussi ;\ former.
Pour la surveillance des monuments attachés au sol, on a accepté d'an-
ciens officiers sortis de l'armée : leur nombre est encore insuffisant. On
n'a pu placer aucun de ces inspecteurs ni dans le Delta ni dans la Nubie.
Il n'y a guère qu'un tiers du pays qui soit réellement surveillé. Il y a six
inspections, dans lesquelles nous citerons celles des Pyramides, d'Abydn -.
de Denderah, de Thèbes et d'iidfou. Par exemple, les groupes importants
de Minieh, de Sioul, d'Assouan, de Philaî, d'KIéphanline, restent sans
protection, ou peu s'en faut. Outre les six officiers inspecteurs, dont le
nombre devrait élie porté à neuf au moins, il y a vingt-sept gardiens
subalternes, (^esl avec ce personnel de trente-trois hommes que .M. Mas-
pero doit pourvoir à la conservation des monuments depuis le Caire jus-
qu'aux premières cataractes. Ce personnel est loin d'être parfait ; il ne
parle aucune langue étrangère ; il ignore la valeur des monuments et ne
l'estime qu'à leur masse; aussi a-t-on souvent perdu des objets précieux,
médailles, bijoux, ornements divers, auxquels on n'attribuait aucune im-
portance.
Depuis deux ans, une école a été créée au Caire ; là on apprend à
quelques jeunes indigènes le français, l'anglais, l'italien ; on les instruit
sommairement des hiéroglyphes; on leur apprend à discerner les carac-
tères <iui servent à établir l'Age des monuments, à reconnaître certains
cartouches royaux, etc. M. Maspero fonde les plus grandes espérances sur
cette école ; il y trouvera, dit-il, une pépinière d'employés intelligents,
capables de rendre des services à la direction des fouilles.
Dans les localités où sont installées des fouilles à demeure, il y a des
contre-maîtres appelés rds (capitaines) dans la langue du pays, lis sont
payés 75 fr. par mois ; ils doivent recruter les ouvriers, les surveiller
pendant le travail. Quelques-uns de ces rets, dressés par Mariette, ont
fini par s'intéresser aux monuments et par les connaître.
;5\ nEViF. Ani'.iii-^oi.oGigrK.
la direction iJos fouilles eulrotionl huil m*, diss.^mim's eniro ThtMios.
les Pyramiilos. Ahydos, elc. D'une manitVe ((inlimie. son por.-onnel
roujpte donc une trenluine d'hominc:!. insiuulruis ou |:nrdiens, pour la
conservation dos monunuMits, et une di/iim" [oiir l'orgunJMilion et la sur-
veillance des fouilles. A\ec ce petit bataillon M. M.i>pero a d.^Jà fait des
choses importantes ; les fellahs, assme-l-il, llnis.M«nt pur coujprendre que
les monuments conservi^s sur le sol leur pn.titent d'une manière plus
durable que les monuments débiles par parliesaux passants. Aujourd'hui,
en n^ypte, il n'y a p'us d'autrfs .lestrucleurs des aiitiquilés que les tou-
ristes et les marchaïub tiui trompent la sur\eillance des gardiens ou
abusent du défaut de protection des monuments.
Continuation de la lecture du mémoire de MM. Kg^'ercl Kiig. l'ournicr,
sur les couronnes chez les (îrecs et les llomains.
Note de M. Oppert, maintenant contre les observaliuns de M. I.epsius
que les traits à vive ariMe signalés sur une statue du roichaldéen Tiondéa
ne sont pas des accidents, des plis de la pierre, mais bien les traits d'un
étalon mi'lrique : qu'enfin les Clialdéens, dés la haute antiquité, connais-
saient une unité de mesure théorique d'une e.xlréme précision, équiva-
lente au dixième de notre millimétré.
SdCIKTK NATIO.NAl.K
DES ANTIQUAIRES DE FRANCE
PRKSIDKNCK Dl^^ M. <î- IH' l' I.K SSIS.
SÉANCES DES 11 ET 18 JUILLET.
M. l'abbé Thédenat expose que, s'élant transporté au coUt-ge de .Iiiilly
avccqiielques-uns de scscoUègues de la Société des antiquaires de France,
MM. A. do Barthélémy, J. de Lauriùre, (1. Schlunibergei, A. Héron de
Villc^os^e, il a été procédé à la reconnaissance du cœur de Henri II
d'Albrel, roi de Navarre, grand-pérc du roi Henri IV, déposé dans l'ab-
baye de Juilly par Nicolas Dangu, ancien chancelier de Navarre, mort
en ti)07, abbé de Juilly. Après avoir reconnu la présence du dépôt, ils
l'ont remis en phce et on a scellé de nouveau la plaque en marbre qui
ferme la niche. M. l'abbé Tliédennt communique ensuite le texte d'une
longue inscription rédigée par les soins de Nicolas Dangu el gravée tur
celle plaque ; elle énumère tous les litres de Henri H d'Albrel.
M. de Barthélémy fait connaître à la Société que M. de CCïSac, associé
correspondant à Guéret, lui a signalé des briques présentant des ï^ujels el
des inscriptions empruntés à l'antiquité classique, qui ont une grande
analogie avec des briques montrées il y a quelques années à la Compa-
gnie et provenant de Neuvy-<ur-Baranjon.
Ces briques, trouvées dans la commune de Saint-Alpiniea, paraissent
avoir été fabriquées au xvi« ou au xvuo siècle dans le pays, pour l'orne-
mentation des liabiiatioiis partiruliércs. M. di- Cessac. parn-.i les inscri[i-
lioos, signale : IVLIVS CAESAR, SPARTACVS, PANEM ET CIR-
CENSES; il promet de communiquer des exemplaires de ces briques
eu original et de louniir des indicalions précises sur les fabriques d où
elles sortent.
S-'ili HKVIT AHCIIl (M.iMil(.ill\
Sl'iANCK DI.S VACANCKS.
M. lo baron David csl iiimimé associi^ correspondant. i\ Aiif-siir-la-I.ys
(Pas-di'-l^;»lais).
M. r.ilibi' ThtWlonal communique le dessin di* deux mosaii]U(!s trouvées
à Tabaïka (Tunisie), par M. le capitaine Hebora. La premiiHe contient
l'ipilaphe de la vierge Castula; la seconde, de la fin du v» ou du conimen-
cemenl du vi" siùcle, repr6.<ente un évi?quc debout devant un sit^ge (>pis-
copal, dans l'altitude de la prière.
M. l'abbt' Thédenal communique en outre plusieurs inscriptions de
Tabarka i'j,'alt'ment découvertes par M. Hcbora.
M. Mazard place sous les yeux de la Soci(?té les photographies de sculp-
tures gallo-rom;iinos provenant de Viltd {^■o^ge^).
M. Flouest donne lecture d'une lettre de M. Morel, de Carpentraa, si-
gnalant l'existence, dans sa collection, d'un casque en bronze de tout
point semblable à celui qui a C'[tit découvert en 1S.S2 i\ Hreu vannes et qui
a lMl' gravé dans les Mémoires de la Société.
.M. (le Villefoïse communique, de la part de M. l'abbc' Cérès, directeur
du musée de Hodoz. le dessin d'une inscription rouriine conservée dans
la mOme localité. Celte inscription, qui provient probablement d'une
borne niilliaire, est datée de l'année 252 de notre ère.
M. de Villefosse signale également un cachet d'oculiste découvert à
Reims dans les premiers jours du mois de juillet 1H8^ et dont une copie
lui a été adressée par M. Demaison.
M. Duplessis lit un mémoire sur les diiïérenles édiiions do la Mible de
Huibein.
Le SecréUiire.
Signé : K. MUNTZ.
NOUVELLES ARCIlÉOL(.)(;iQUES
KT Cni'ilîKSPONDANCF
])écouverten de fomliea gonhisr, en Italie. — lùn 1870, M. Alexandre
Bfirlrand, dnns son Anltéologie celtvjue et gauloise, p. 302, publiait des des-
sins dï'[)('L's de fer, lances et fibules gauloises découvertes à Marzabotio,
prt^s lîologne, en Italie '. Les di^couvertos de lomhas gauloises analogues se
sont iiuillipliées en ('.isafpinr depuis celle époque. Les musées di' l^e^'-'io
d'Kmilia, de Hologne, d'Kste et de Côme en contiennent maintenant un
certain nonibie du mOme caraclcMe que celles de la collection Aria à
Marzabotio. Ces tombes, jusqu'ici, étaient à m/iî<m(;<joM, tandis que les si'--
pultures des populations indigtines, Ombiiens, Kuganéens, etc., si nom-
breuses dans celle contrée, sont presque sans exception à incinération-.
Une curieuse découverte vient d'ûlre faite à Introbio par M. Poinpeo Cas-
telfranco, inspecteur des fouilles du district de Milan. M. Castellranco
nous signale sur ce point, c'est-à-dire entre le lac de Gôtne et la pro-
vince de Rergame, un groupe de six tombes gauloises fouillées par lui, qui,
bien que contenant de'magnifiques fibules, une épée en fer et des umbo
de boucliers du type ln>s accentué de nos tombes des départements de
l'Aisne, de la Marne et de l'Yonne, sont toutes six à incinération. —
Nous espérons pouvoir donner bienlAt une relation détaillée de ces
fouilles.
Jj'inscriptionde DrmHius Ahcnoharbu'i à Tuwnairet {Alpes- Muri-
time<i). — On se rappelle qu'en IS79 M. F*]duiond Blanc annonçait avoir
1, Ces objets avaient été signalés pour la premif'ie fois par M. do Morlillet. au
Congrès de Bologne, en 1R71.
2. Les tombes à inluimation faisant eicepiion à cette ri^gle paraissent être des
tombes liguriennes.
2r>S RKVIK AlU'.III.OLOC.IOt'K.
découvert ;\ Tournairel, sur la limilc dos conitminp? do Clans, Itellc,
I.aritosqiio et Venanson. o'cst-A-iIire i\ deux mille iinMies d'altituJe dans
les Alpes, deux rr.i^'inent-; de la ctMtM.ie insoriplion rappelant la soumission
de» populations des Alpes par Cn Domilius Ahéiiol>arl)Us, l'an \2i avaiil
notre ère. Puldit^e en i77i par Diirandi. celte inseriplion passait pour
perdue. M. .Mommsen, de plus, l'avait di^clarée fausse. I.a découverte de
M. K. HIanc fil donc sensation. La diiee.lion du niu>ée de Sainl-dermain
chargea aussitôt M. IManc de lui procurer le nionuinent national. Des
fonds furent ntis, A cet effet, ;\ sa dispo>ili.'in par le n)inistère de l'instruc-
tion publique. Kn t8S:< la pit''cc n'était pas encore par\enuc ;\ sa destina-
tion. Diverses circonstances fâcheuses avaient empt^'hé M. K. HIanc de
remplir sa mission. On commençnit à croire à une mystification. Kn mai
dernier, en eiïel, M. Kttore Pais avait inutilement exploré le plateau de
Tournairet pour le compte de l'Acndéniie de l?t>rlin eln'a\ait rien trouvé.
M. Monuusen constatait ce fait dans une lettre publiée par la Ikvuc épi-
grnphiquc du midi de la France (n° de juin-juillet iSH3). La direction du
musée de Saint-f.ermain, y est-il dit, ajouterait aux services qu'elle rend
continuellement à nos recherches un nouveau service extrêmement im-
portant si elle voulait bien éclairer le public sur un relard aussi incom-
préhensible, aussi regrettable. M. .Mommsen déclare de nouveau, dans
cette lettre, que l'inscription, ainsi qu'il l'avait déj;'i avancé il y a trente
ans, à ses yeux est fausse. Il ne faut donc pas s'étonner qu'elle ne se re-
trouve pas. nile aurait été inventée par .Meyranesco, auquel Durandi en a
naïvement emprunté d'autres aussi peu authentiques. — Mais que devenait
alors l'assertion si positive de .M. II. Hl uic? — Nous ne tavonssi,oui ou non,
l'inscription est fausse et de fabrication plus ou moins moderne; mais
voilà qu'il se confirme que la pierre existe bien à Tournairet. Si .M. Ktlore
Fais ne l'a pas trouvée en place, en mai dernier, c'est qu'elle avait été
récemment déplacée dans l'intérêt d'une exploitation de sapins. M. Alex.
IJertrand vient d'en donner l'assurance A l'Acadéune des inscriptions.
Une dépéclie du préfet des Alpes-.M.iritimes portant la ilule du 8 octobre
annon(;ait que les excur^ionnistes du Club Alpin, guidés par .M. li. IManc,
venaient de retrouver la pierre. M. le ministre de l'instruction publique
a iuiuirdiatement donné de nouveaux ordres pour que le monument fiU
sans retard transporté ;\ .Nice et de là dirigé sur Saint-(ioriuain. M. le
préfet est «hargé de veiller à l'cxéculion de ces ordres. Notre musée des
antiquités nationales sera donc bientôt eu possession de ce précieux do-
cument. Les épigraphisles pourront l'étudier à. lol^ir et vider eu connais-
sauce de cause ce vieux débat. -4'
Nous lisons dans le S-Acil du veiulredi 12 octobre :
•• Mardi, ù trois hcui es, la couuMi>si(in di-s arènes s'est réunit- sur le j
tcrr.iin de la rue de Navari.'. ^^ y'
MlUVI.I.l.K'^ MICIIKOI.OCIOIIF.S. -•')'.»
« Sous la direcliod d'un nimilpr.' iN' la commission, M Hiiprirh Mohiii,
M. niisci}.MU'iir a Tiil procéilcr au (li-blayonicnl dn lu firaiidc; ciitrt'c, lon-
mni (rciniroii 3:) riit-lrns, larg(; (le (i. qui riescriid par imR pculiî a^cr-/.
prononcée vers l'arùue. Les reslcs des murs lmicoi e deboul sont iinposanls
cl alteigiient une liauleur de 3 à 4 mèlres.
(( Il s'ut,'il fiiainlRnanl, dit le Temps, de proci''dcr au déblayemenl de
l'arîTie et des gradins. Il y a là une (juantité énorme de terres provonanl
des tranchées ouvertes pn'cédeinmenl, sans comptei une ^pai^slJur de
si\ mètres environ de terrain rapporté. Le travail sera long et coû-
teux,
t! Un peut dés mainlonanl se rendre compte de l'eflot que produira
l'aspect de ces ruines. La grande entrée forme un couloir important par
lequel le visiteur descendra dans l'arène. A gauche il aura les débris des
gradins s'étageant vers le niveau du sol de la rue Monge ; devant lui, le
demi-cercle l'urmé par le mur enceignant l'arène {podium , et à droite,
dans la direction du Jardiri des i'ianles, le plan de la scène, rendu très
saisissable par les substructions. Sous la scène passe le canal souterrain
qui recueillait les eau.v pluviales et les versait au dehors de l'édifice et de
ses dépendances.
« Il sera facile, au moyen des dispositions du square à créer, de rendre
ces ruines à la fois instructives et pittoresques. En atlendant que la ville
de Paris songe ù acquérir l'autre moi'ié des arènes conservée et enfouie
sous le terrain voisin appartenant à la compagnie des omnibus, le \isi-
teur aura sous les yeu.v les restes d'une moitié de l'édifice parfaitement
symétrique, et la moitié visible sera l'exacte reproduction de la moitié ca-
chée. En plaçant dans le square les chapiteaux, les fûts de colonnes,
les divers débris de sculpture provenant des arènes et conser\és au
musée Carnavalet, on achèvera de donner une idée du nionument le
plus ancien que nous connaissions à Paris, puisqu'il date du temps d'A-
drien.
« Les fouilles n'ont produit aucune trouvaille d'anliquilés qui mérite
d'être signalée. On a recueilli en grand nombre des ossements qui seront
déterminés : parmi ces débris on reconnaît des os de mouton, de bœuf,
des dents de cheval, de sanglier. 11 ne serait pas étonnant qu'on y relrou
vat des restes de fauves qui servaient aux spectacles.
« En dégageant la grande entrée sur le terrain qu'occupait le jardin
du couvent, on a découvert un squelette qui a été reconnu pour celui d'un
jeune homme. Mais, chose singulière, ce n'était qu'une moitié du sque-
lette, auquel manquaient les os du bassin et ceux des membres infé-
rieurs.
« La commission va s'occuper d'établir un plan et un devis pour les
fouilles et les déblayements qui restent à opérer. On espère que le sol des
arènes lourniia des antiquités inlére^sanles. »
Jt,|| HKVliK AHCIIK0I.(U;K»1)K.
UuUflinih' t' Institut lU cvntspondatuc (ii<7it'o/oyi'/ue, n«" S tM "i,
aoni 0'. ^pplelub^e 1S?<3 (deux feuilles) :
Fouille? : W. Ilolh'g. F')m7/es »/e Vii/ri (nvoc un plan) — ^- ^''"'- F""'/'''s
(/<• Pompéi : Fottilhfi (P Monzi, Icllro <hi prori'sxiir A. Hrauihilla ;\ «',. Ileu-
x»n. — A. Tardiou, Ih^courerle Ho l'i'tnblifsrn.tiit thermal ijulh-rfiuiiu ilr
H'.i/'il, drtns Itf dt'pailemeiil ilu Puy-de-Dôme (avec un plan). — Monu-
ments : V. CiMrclua, Imrriyttinn votive de /V.'H*•.«^^ — r..(;.ini, In'irriptHm
de Setjui.
On lit ilans le jniiinal Vnris :
I, 'inspecteur des anliquitt^s precquos. M. Knvadias, télégraphie d'Kf.i-
daure qu'il a dt'couverl vinpl niorci'aux de marbre couverts d'iiiscriptioni:.
Il a pu recomposrr ainsi deux des célèbres colonnes dont parle l'aiisania?,
sur lesquelles étaient gravés les noms des malades gu<^ri» dans bi temple
d'Ksrulape, la nature de la maladie el les remèdes employés pour la cont-
ballre.
Voill, je n'en doute p;\s, qui \a révolutionner la inéiK»» ine iiKvIerne.
CllRUNIOUK DOlilKXT
rolIlLLKS KT DKCOUVKl'iTKS.
L'Instilnl aiiit'iicain a dôtinitivcmeut lermiiié ses Iravaux à Assos,
el le iiaitago des antiquités découvcrles vient d'i^tre eiïeclué par les soins
de M. l)LMMOStlii''ne Baltazzi, conimissaire du gouvernement ottoman. Les
lecionis lie la J{eit(e connaissent di'jà, par les articles de M. l.udiow, les
résultats de la première campagne, à laquelle M. J. T. Clarke a consacré
un remarquable rapport, l'n article publié dans la revue américaine The
Nation, du 30 août 1883, nous permet de fournir quelques détails sur la
seconde campagne qui vient de prendre fin ; nous les donnons ici d'au-
tant plus volontiers que la relation générale des fouilles préparée par
l'Inslitul américain ne paraîtra sans doute que vers la tin de l'année
prochaine.
Au mois d'avril dernier, M. (^laïke étudiait le temple d'Assoset ses murs,
M. iîacon l'avenue des tombeaux à l'ouest, M. Koldewey l'agora et les mo-
numents avoisinanlt. Ils n'avaient à leur disposition qu'une vingtaine d'ou-
vriers turcs du village de Beliram. Le but principal des travaux étaitlares-
titution architecturale des édifices déblayés, restitution que la dispersion
des matériaux antiques a rendue souventfoildifficile. L'agora était limitée
à l'est par le i^ouleutérion, au nord par un portique, à l'ouest par un mo-
nument où l'on croit reconnaître un temple, au nord par des thermes.
Le liouleutérion avait cinq colonnes de façade. Le portique était un édi-
fice dorique à deu.v étages, avec quatre degrés et une rangée de colonnes
sur le devant ; une seconde rangée de colonnes, au milieu, supportait le
toit. L'étage inférieur était assez spacieux pour donner un abri, en cas
de pluie, à tout le peuple rassemblé dans l'agora. La hauteur est presque
la même que celle du portique de Pergame et de celui d'Atlale à Athè-
nes. Comme l'on n'a pas retrouvé un seul chapiteau de l'ordre supérieur,
la restauration ne pourra pas être complète ; mais on assure que les au-
tres éléments de la construction oui été parfaitement déterminés.
A l'ouest de l'agora est un édifice que l'on croit être un temple. La
aussi se trouvait la principale porte donnant accès à l'agora ; on entrait
par la rue venant de la porte occidentale percée dans le mur de la ville.
-î&Jl »K\n. AUillll-.ol.uiilnLK.
Au-iii'S!i(>us de l'agora i-l.iionl W'i, (lii>rn:es, ilutil lu ivsliliition csl d'uiic
j;rande impoi lance, puisque c'est le soûl iMillcu de co gciue que l'on
puisse rapporter ù Tt-poque j;rocquo. La vilU» d'Assos n'avait pas d't^gouls ;
mais l'on a rolioiivt' uiu'. grandi? cilcni"', parr.iilcMiuMil con.-crvc'o, large
do l ini'tros et proronde di« 7"',. iti. Dan j ra.;ora, on a dt'cijUM'i t un crr,-
xeoua, c'i'sl-;\-dire un Olalon pour la mesure dis liiiuido-, cl une sorte de
monic-lypp pour les luilcs et les briqu'.'s.
On ïnit que jusqu'en 18ili le llic.ltre d'Assos (5luil resti' ;\ peu prî-s in-
tact. A celte i^poqup, les Turcs le détruisirent cl en transporlèrcnt les
pierres à Conslanlinuplo pour ser\ir à la construction dos (luuis. Nc.in-
nioins, il a été possililc d'cxéculer une restauration à l'aide des vestij^es
subsistant-!. On a pu éjialemenl restituer le gymnase, dont une partie
avait été occupée p;ir une église byzantine.
I/alléc occidentale «les tombeaux a él6 explorée avec soin. Ce sont tan-
tôt des sarcophages, lanUM de peliies caisses en pierri^ contenant des
cendres, parfois renferniées dans un va»e. Quelques tomlieaux ont la
forme de pclils mausolées s'élevant an-des.-us du sol. On a ouvert 124 sar-
cophages, dont un en terre cuite, et un autre d'une pierre volcanique
très poreuse où l'on peut reconnaître la yiinrc sdiroj^liagc d'Afsos dont
parle Pline. lUen que la plujiarl des tonibeaux eussent élé anciennement
violés, ils ont fourni un ceilain nombre d'objets inléressanls en terre
cuite, en bronze, en verre, et miîine en or et en aigent. Les ligurines de
terre cuite sont très nombreuses; on en a trouvé jusqu'à trente dans un
tombeau, parmi lesquelles quatre musiciens, trois joueurs de flûle, deux
Apbrodites debout, six figures assises dans l'atliludc des statues des
Hranchidcs. Des vases de verre, d'une irisation très remarquable, des stri-
giles, des couteaux, des monnaies, des pointes de flèches, etc., ont été
recueillis en quantité suffisante pour donuer une idée de l'art industriel
d'Assos.
Les sarcophages contenaient parfois les ossements de cinq ou six per-
sonnes. Les urnes cinéraires sont en terre cuite avec un couvercle de
plomb {?;. I^armi les monnaies, qui sont au nombre de plusieurs milliers,
il y en a deux cents d'Assos, et quehjurs-unes en or ; on a aussi dé-
couvert quelques niiruirs en bionze ni 11 gravés. Les inscriptions, dont
l'étude est confiée à M. Sterret, sont au nombre de soixante-quin/.e et
plusieurs sont très importantes. .M. (liai Le a fait une élude spéciale des
murs de la ville, qui lui a {.ermis de dirtinguer sept variétés de construc-
tions, caractérisées par la forme des pierres et leur agencement. La porte
de l'oucït, qui a été déblayée, est une construction militaire renianjuable.
Toutes ces découvertes seront reproduites et décrites dans la nioimgr.i-
pbie en préparation, à l.iqueile les Aniitittilés ioniennes, publiées par les
bildtanti, doivent servir de modèle.
Il ne reste plus à explorer que la \ille proprement dite ; mais ce Ira-
>ail serait très coriteux, peut-être sans grands résultats, et les explora-
teurs améiicains n'ont pusciu dcvoii l'entreprendre. D'ailleuis, au tr.iin
CllltO.MnLI. m'oIUK.NT. -'»-5
iloiil vont k's chosi's, il iio .suli>isliTa bienlùl plus que le .souvenir d'Assos:
les lial)il;uils de i;chruin n'ont pas alleiidu la lin des fouilles pour roni-
mencer à exploiter conimR des carriùres les monuments déblayés, cl les
couvercles des sarcophages ont éli' niis en jtiéces pour Ctre Iransporlés i
dos de cliamuan.v.
Voici maintenant les résultats du paila^^e opéré par MM. liallazzi et J.
Clarke. I.e giiuvcrnement turc a regu sept l)a.s-reliels de la Irise du Icniplc;
les Américains en ont gardé deux, donU'un reprrscnt(! un sphinx as>is, et
le second, des Centaures poursuivis par Hercule. Parmi les sculptures,
le musée de Constantinople s'est réservé une tête d'athlèle en marbre
blanc, une léte do |{accliaute et celle d'un personnaf!:e romain; l'Inslilul
u'a eu qu'un;) ligure barbue de répo(iue byxanline (Vj. Les poteries, les
terres cuites et les petits objets constituant le mobilier funéraire ont été
répartis entre le gouvernement et l'Institut dans la proportion de deux à
un. Uuelques vases appartiennent à la classe dite des porcelaines de hhodes
et sont d'une grande beauté. Le gouvernement turc a encore reçu une
main de femme en bronze, de grandeur naturelle et d'un excellent tra-
vail ; une biche en bronze accroupie ; l'inscription sur bronze conlmant
le serment des habitants d'Assos à Caligula, beaucoup de monnaies de
bronze et d'argent, un (7Tixo)|xa parfaitement conservé, un anneau en or
et des fragments d'architecture en terre cuite (grande tuile du temple,
conduites d'eau des thermes et du théâtre, etc.). D'autres morceaux d'ar-
chitecture nécessaires à la restauration des monuments ont été abandon-
nés aux savants américains '.
Nous n'hésitons pas à le dire, un tel partage est éminemment préju-
diciable aux intérêts de la science et constitue un précédent des plus fâ-
cheux, propre ;ï di'xourager les explorateurs qui ne sont pas de simples
marchands. La frise archiïque du temple d'Assos, un des monuments les
plus curieux de l'art grec primitif, se trouve aujourd'hui dispersée dans
les trois musées de Constantinople, de Paris et de Boston; les terres
cuites d'Assos, hier encore inconnues, devront ûlre étudiées à Constanti-
nople et en Amérique. Les publicisles des États-Unis avaient exprimé le
vœu très sensé que l'Institut américain rachetât la partie de la frise qui
revenait de droit au gouvernement ottoman. Si ce marché avait pu se
conclure, nous croyons que les organisateurs de l'entreprise n'auraient pas
refusé d'entamer des négociations avec le Louvre pour lui céder le reste
de la frise en échange d'autres objets grecs plus aptes à satisfaire les goûls
1. En voici la liste, que je dois à l'obligeance d'un membre de la mission : Frag-
ments d'un pavé de mosaïque; tuiles, chapiteaux, triglyplies, fragments d'épistyles
et de corniches; triglyplies du temple, morceau du fronton, lambourde co onne,
poutre du plafond: trois colonnes avec ûpistyle d'un petit tombeau; bloc du fronton
du porlicpie, avec un bouclier rond; colonne archaïque d'un tombeau, en pierre,
ragmcnts de chapiteaux en marbre. Plus, deux caisses d'écliantilloiis géologiques
de divers points de la Troade.
"HW iiivir. AUCiiroi.or.ioUK.
du piibli<: ara(^iii;nti. La loi turqiiiMlf IsTi slaliie que les ohjpls tnilivisi-
UiS IroiMé^ ilans les rmiilli-j ilovronl iîlre l'valm's par lo> deux pnrtirs cl
ci^iti^s i\ colle qui l'onsi'utiM ;\ ou payor lo prix. Los aichiW)lopnos améri-
caius auraicul tlîi so prt^valoir do coite disiposilion de la loi ol UMiulenir
quo la fri.^o d'un lemple rormc uu (oui css( nlielleuicul iudivisilile. Nous
ne sa\ous pas s'ils auraient «Mé i^coul^s, mais tous los arch(?olot»ues de
l'Kuropc se seiaioul rangt's A leur opinion.
On nous écrit de Constanlinople qu'il se forn^c en ce moment
dans celle ville, sous les auspices du Sultan, une SodHt^ archéolngiquc qui
doit <^lre composi'e do mombros payants et subvonlionnée par le lr6?or
pulilic. Elle se propose do piatiqucr dos touilles sur la cAle as aliquc de-
puis Smyrno jusqu'il la Troadc'. Inrhallah I conmio disent IcsTurcs. Nous
atlentions la société à l'œuvre et nous lui souhaitons d'obtenir du gou-
vornemenl toutes les ressources qui lui ont fait défaut jusqu'ici pour
consiruiie dos roules, des ponts, des écoles, cl réparer les mosquées de
Couïlanlinuple.
SAi.OMON iu:i.N \(:n.
l. Li; gouverneniem austro-hongrois, qui était en instance depuis di'u\ ans pour
obtenir la concession des fouiller d'ï-Mv (entn Myrinu et PcrgamC;, s'tst vu refuser
lauturisation qu'il demandait, sous prétexte que le gnnYeruement liirc « se réser-
vait » l'exploration de cette côte. Après uu pareil refus, l:i direction do Tchiiili-
Kiosk est moralement cneagée à faire commencer sans retard les fouilles d'Éléc ; il
n'y a d'ailleurs qu'une nécropole à explorer, car la yille antique parait avoir été
détruite pour construire K/i\é-Keui.
FoniJ.KS
DANS I. K s N I-. C U O I' () I, i; s IJ K
WATSCII ET SANCT-MA1{GAI{I:TIIEN
EN CARMdl.K.
Lorsque M. de Sacken puljlia, en 18(8, le iv.sullal de ses fouilles
dans la nécropole de Ilallslatt, près de Salzbourg, il sembla (ju'un
monde nouveau cl une civilisation nouvelle se fussent révélésà l'ar-
cliéologie. Le style des objets découverts était si pariiculier. i!s pré-
sentaient si peu de points communs avec les trouvailles anléiieurcs,
qu'on prit le parti de désigner sous le nom de pniodn de Ilnllstatt
l'âge historique ou préhistorique dont ces monuments, jus(|u'alors
presque isolés, étaient les témoins. Cette périodeest caractérisée par
l'usage simultané du bronze et du 1er, et la technique du premier de
ces métaux paraît y avoir atteint un remarquable degré de perfec-
tion. M. de Sacken pensait que les bronzes d'art trouvés à Hall>lalt
étaient des objets d'importation fournis par l'Italie du nord et l'Élru-
rie, en échange du sel gemme qui constitue, aujourd'hui encore, une
des principales richesses de celte région de l'Autriche. Quant aux
bronzes d'un travail grossier et aux objets en fer, il y voyait les pro-
duits d'une industrie locale qu'il attribuait aux peuplades celtiques
des Taurisques et des Noriques. Les découvertes récentes que nous
nous proposons d'exposer dans cet article, d'après le remarquable
rapport de M. Ferdinand de Hochstetter ', fournissent des puitils de
comparaison d'une importance capitale, qui, répandant un jour
1, Die ueucsten Grœberfunde von Wafsçli und St.-Mnrgaretlien in Krain und
der Culturkreis der llal/stlœto-Periudr, mit 2 Tafeln und 18 Holzscliniiten, be-
sonders abgednickt aus dein XI.VII. Bande der Dcuk^rhriften der unUhcmntisrlt-
natunuissenschafllidicn Classe der K. Ahadctnie der Wissenschnften. Wieii, 1883.
m" SKIilE, T. II. — 18
iCii; itKvi K M«(:Hh':(H,o(;K»UK.
nouvi-nu sur la rivili-aliMii .K' la périoile de llallslatt, pennelli'iil «U-
conliiMi'i* i'I irétt'iiilre les lésullats olileims par M. de Sacken. Ce
nV.^l jamais (ju'à litre provisoire el dans lalttiile de rùvélalions
ultérieures (lu'on pi iii adinellre des centres de civilisation isolés ; le
projîn^s, on archt'o'o^'U', (insiste dans la consiiinlion de séries nou-
velles cnibia-sanl des régions g(''0|5'rapliiinies de plus en plus éten-
dues. I.(> fait ((ni se constate aujourd'hui pour llallst:itl s'est produit
il y a (|uelipies années pour lliss;irlik, lors |uo les découvertes de
.M\cène<, de Spataetdc Ménidi sont venues prouver (jue l'art d'IIis-
sarlik n'était pas isolé dans l'hisloire de l'industrie humaine comme
un «-«; eîir.uLs'vov dans Homère. L'avenir nous réserve encore bien
des rnseignemenls de ce genre, si l'on continue à porter dans l'élude
des néciopoles anli(jucs autant de savoir el de précision que
MM. de SackiMi cl de Hoclistetler.
Depuis le premier rapport sur les fouilles de \Val>cli, présenté
en 1870 a l'Académie de Vienne par iMM. de Hoclislelter et Desch-
niann, les reclierclies dans celte nécropole et ses environs ont été
pouï^sées avec ardeur. Au mois de mais 18S0, un paysan découvrit
un squeh'lle de femme avec 36 bracelets de bronze, 2 spirales du
même métal, 4 fibules, i i boucles d'oreilles et un giand nombre de
perle-; d'ambre et de verre '. Le prince de Windiiclignetz lit exécu-
ter des fouilles en 1879, 1880 et 1881, et recueillit beaucoup d'objets
intéressants ilont il enrichit sa collection à Vienne. Les plus impor-
tants sonl une cisie de bronze et des fragments de ceinturons avec
des ornements circulaires dans le style de Hallslatt. Enlin, M. de
Ilochstetter et le musée de Laibacli poursuivirent, en lS8i, les re-
cherches commencées trois ans aupar.ivanl, el oblinrenl les résultats
surprenants dont il sera parlé plus loin. Ils exploreront surtout une
colline qui conlenaii une grande (|uanlil'' d'urnes funéraires avec
un peiil nombre de ï^épuliures à inhuiualion. Les urnes étaient gé-
néralement rscouvertrs d'une plaque de pierre el entourées de char-
bon de bois ; lorsqu'il y avait deux urnes sous une même plaipie.
l'une il'elks était vide. C'est là une de ces nécropoles à urnes (rV/iCM-
liûgel) comme on en a rencontre dans le Hramlebourg, la l'oméra-
nie, le yecklembourget leliolstein. Les sijuelettesé laienl lanlôl aii-
1. Ces obj- le oiit élé Ka|uib p <r le iiius<'c de luibucli.
MXHoi'oi.r.s i)i; watscii i;t sanct-maiu; v; i;tiii;.\. 'UTi
dessus, Uinlôl au-dessous des uiiics luiiriaiiTs, et l'cjii ii' iiciil dim
lequel (les deux modes de S('|)ultiiie a rit'' pratiiiur- le plus .-iiirien-
ncuienl. En yéniMal, lesoltjcls de liion/.c se trouvaieiil en plus f,'r.ind
nombre auprès des squelelles non incinén's '.
RI. de llorhstellerafailreprotluiie par la gravure les objets les plus
importants (lécouverls dans celle iiéci'opole. Ce sont : une aiguille
de bronze, toute pareille à une autre trouvée à Sanct-Margarelhen,
aujounriiui au musée de L.iiliaeli ; une liliulc de bronze en forme
de \k\h\ih' {liiiltnfarmige), ornée sur la panse de zigzags reclilignes
(deux objets identiques ont él6 trouvés à Sanct-Margarcthen); une
lampe en terre cuite à trois brandies ; une bâche en fer cl, à côté,
une pointe de lance en bronze.
Les fouilles suivantes, au pied d'une autre colline, explorée en
1878, donnèrent^ : une fibule de forme serpentine, en 8; une
grande fibule en demi-cercle avec ornements circulaires; deux
bagues de bronze avec la représentation grossiè-re d'une tôle.
Après la conclusion de ces recherches, dont les produits ont été
transportés au musée de Vienne, AI. Deschmann a pratiqué quel-
ques fouilles au profil de la collection de Laibach. Il a découvert
notamment une libule en bronze, en forme de lyre, d'un travail très
élégant et jusqu'à présent unique en son genre, ainsi que le fourreau
en bronze d'une épée de fer, sur lequel est gravée au pointillé la sil-
houette d'un bouijuetin. Enfin, dans le courant de l'hiver dernier,
des ouvriers ont découvert et fouillé deux tombeaux à inhumation
remplis d'urnes de teire rouge ; auprès d'un des squelettes était un
casque de. bionze formé de plusieurs morceaux assemblés, une
grande pointe de lance et des phalères du môme métal ; auprès de
l'autre on recueillit deux bracelets, sept liliules, un collier et sur-
tout les fragments de deux bracelets ou pendantsd'oreilies en bronze
recouverts à l'extérieur et à l'intérieur d'une couche d'or, dont l'or-
nementation (des points circulaires ressemblant à des tôles de clous
et formant un double méandre) rappelle exactement le « style géo-
métrique » connu par les bronzes de Hallslait et (juelques spéci-
mens très anciens trouvés à Olympie^.
Toutes ces trouvailles doivent étie rapprochées de celles que la
1. Die ntuesten Grœberfunde, etc., p. 1 'i. Suit le procèâ-vcrLa! des fouilles des
16-29 août.
2. Nous ne mentionnoDs pas les objets reproduits par la gravure dans le Mémoire
de M. de Hochstctter.
3. Furtwu.'ugler, Die Ih-onzefunde nus Olympia. Berlin, 1S80, p. 9,
ir.S ni\n. Mil iiKOi.or.iouK.
commission pivliisloriqiie de rAcn(lc''mie di' Vi(^nnc ol lis .ircliiS)lo-
piiosdii iniisi''!' (Il* l.nibnrli ont f;iiles en IKT'.l, 1>^V() ri IHHl il;ins les
tmmilusde S.incl-.M.iri,Mrt'llit'n cm (Inniioli' liitfrii'niv. .M. <le llocli-
slellcr se réserve de donner phn î.ird un Irav.iil (UH.nlIé sur ces toin-
hoaux '.
II
Four iludier la pi-riode dile de Hallslalt, nous disposon> ni.iinie-
nanl de doruments impnrlanls et noinlireux. Ce sont, oulro lestrou-
vailli's faites à Hallslall nu;me ei celles dont il vient d'i^lre (jue^lion,
les objels découverts en différentes localités de la Carniolc tiimuli
de Landstrass, tombeaux à urnes de Zirkuil/., Innuili de Smcl-Veil
et de Sani't-.Marein, tombeaux à urnes de Lepence, tombeaux de
Santa-Lucia à Gœrz, elc), de la Styrie (Mariarast, Purgstill, Klein-
(ilein), de la (larinlliie et du Tyrol. Repoussant la théorie de l'im-
porlation, soutenue par M. de Sacken alors ijue la nécropole de
ilallstatt était seule connue dans la région des Alpes aulricbiennes,
M. de Hoclistelter résume ainsi ses conclusions : « Les résultats des
dernières fouilles dans celte région nous imposent de plus en [ilus
la conviction que les industries du bronze et du IVi- (ju^elles nous ré-
vèlent ét.uont indifii-ncs, qu'elles se développèrent inilépcndaninn'nl
auprès des Alpes comme d'autre part en Italie et en (iréce, et qu'en
général la technique métallique de la période de Ilallst.ili est le pa-
trimoine commun de tous les peuples ijui habitaient alors le centre
de l'Europe. »
A l'appui de cette thèse, M. de Hochsletter a étudié d'abord une
des trouvailles les plus importantes de Watsch, la curieuse siliila de
bronze orme de séiies de ligures au repoussé, (jui, découverte au
1. V. le rapport provisoire inséré diiis le fascicule de décembre 18Ê0 des S Izungv-
fifrtchte de l'Académie des sciences à Vienne. — Depuis que cet arliolu a été écrit,
M. Aiixnndrc Bertrand a bien voulu nous communifiucr une lettre de M. Iloclistet-
ler, du IG octobre 1883, ou le savant autrichien donne (iiieli|ucs renseignemiMits sur
les fouilles exécutées à \Vat.scli dans le courant ilc cette année. On a trouvé r)0
lombes à inhumation et un trùs grand nombre fi'irni'mjra-bfr. Les premières sont
en général de» tombes de guerriers, ensevelis avec leurs lances et leurs flèches. D-'ux
d'entre elltn ont fourni chacune 63 et 38 pointes de flèches; le buis a naturellement
ditparu. I.as tombeaux de femmes ont donné des bracelets et dos colliers do tout
genre, ainsi que des perles d'nmbre et de verre. La trouvaille la plus importante, i|ul
.ippartient au prince Windischgra-tz, est un ceinturon de bronro orné de figures au
repoiiMw-, cavaliers et fantassins re jiréscntés exactement counnu sur la zoni' supé-
rieure d" I;» fi/ii/a de Itulogne.
NK'inoi'Oi.Ks in: wviscii kt s\nc,t-m\hi.\iu.t(ii:\. •2(i'.)
printemps ilelH82, est aiijoin illiiii,iiiiiiu.s(''('(l(! I.;iil)a(:li '. Nous rfij)ro-
iliiisoiis ici, (i'aprrs le piocriié de r,iiil();^'r;ipliit', la vignollc annexée
au travail dcM. de Iloclisti'tttT, cm (pji iiousdisj)cns(;ra d'iiiicilcsciip-
lion forcément longue et néanmoins insulllsanle (pi. XXIIIj. Cette
si7u/a, avec ses zones de ligures superposées, rappelle au premier
aspect les coupes trouvées en Assyrie, a Chypre el à l'aleslrine-; mais
c'est dans les Alpes autiichienncs, c'est-;Vdire tout près de Walscli,
qu'on a découvert les objets (jui lui ressend)lent le plus exar.temeiif.
Ce sont : 1" Les fiagmenls d'un vase en bionze avec ligures en ro
poussé trouvés ù Malroi en TyroP; le style et la plupart des motifs
sont identi(iues à ceux de hsilula de Watscli (surlout les deux puf/iles
nus, de part et d'aiitie d'une espèce de trépied surmonté d'un cas-
que), au point (lu'on peut les croire exécutés d'après un môme des-
sin ; if" La ciste de Moriizing \ trouvée en 1808 à Botzen dans le
sud du Tyrol; le dessin est beaucoup plus simple, mais le style et
les vôlementsdespersonnagessont les mêmes que sur les deux précé-
dents ; 5° La silnla de llallslatt ■', dont le couvercle présente quatre
animaux en repoussé : une panthère (ou un lion) tenant dans sa
gueule la cuisse d'un animal (comme sur la sitiila de Walsch), un
fauve à tète humaine, un cerf broutant un arbre, une chèvre (?)
niangcant une plante qui paraît sortir de sa bouche ; 4" Un fragment
trouvé dans un tiimulus de Sainl-Marein, au sud de Laihacli, et re-
produit sur la planche I,n°6, du mémoire deM.de llochslelter. On y
voit, toujours en repoussé, des guerriers avec boucliers et lances,
coilTcs de casques en forme de plats, pareils à ceux que l'on a dé-
couverts dans les tumuli de Sainl-.Margarethcn.
Parmi les trouvailles faites en Italie et qui doivent être rappro-
chées des précédentes, la situla delà Cerlosa de Bologne occupe le pre-
mier rang*^. On peut voir au musée de Saint-tJermain un fac-similé
1. Sur cette silu/a, v. Desclimann, Mittheit. tter K. K. Centrulcnmmiiion, 1883;
Tiscliler, Dïe Situla von Watsc/i, Corrcsp.-lUatt der J). Gesellsch. f. Ant/iroji.,
Ethnol. V. Urijesch., àéc. 1882; Alexandre Berlrand, Aca'L des mscriptions, 19
oclibrc 1883.
2. Layard, Monuments of Siniveh, 2<'sér., ]A. LVII-LXV; Cesnola-Stern, Cyprus,
pi. IX (patèrc de Dali), pi. XIX, LI, LXVI ; Ingliirami, Monumenti, III, 19, 20.
3. Comte IJencdict Giovanelli, Le nntkhitù rezio-etrusche scoperie pressa Malrei,
Trente, 18,'i5. Le contenu des tombeaux de Matrei est en général très semblable à
celui de la nécropole de Watscli.
h. Conze, Fnunmenli di luso di bronzo trovali nel Tiroiu, à:ins les Anna/i dell'
Imliluio^ 1876, et les M-mumenli, t. X, pi. VI.
5. Sacken, Dus Gndjfeld von Hal slatt, 18C8, pi. XX tt XXI.
C. Zat noni, Gh scavi délia Ceriosa di Bohrjna, pi. XXXV, fig. 7 (1876). Dr
270 iiKvii \ui".iiK(H.()oi(.irp--
de celle silule en galvanoplaslie. Par leurs dimensions, la tùnuitô
du mèhl. la zone in^'-riciiro d'animaux ei le style pùnèral des figures,
les deux sitnl(r oITreiil des analojîies frappaules. Celle de la Certosa
a é\é trouvée dans un tombeau à incinération. Z innoni pense, non
sans vraisemblance, que Felsina •'•lait peuplùoà cette époque d'Om-
briens {Paléo-ll;ili(iue<) et d'Elrusiiues, dont les premiers brillaienl
Iturs morts tandis (luc les seconds les eiisevelissaienl. La sifuhi, se-
lon lui, serait un objel de luxe conservé dans une famille ombricuiie
el ensevelie à Felsina aux débuts de la domination étrustjue.
Les scènes représentées sur les situlœ de la Cerlosa el de Walsch
appartiennenl à la vie privée : ce soot des processions, des jeux, des
banijuets, sans aucune sipnilication symboliiiue ni mytbologi(]ue.
Les artistes ne paraissent guère s'être préoccupés d'autre cbose que
de remplir un certain espace en combinant des modèles qu'ils avaient
sous les yeux. Les panthères, les animaux ailés et certains orne-
ments végétaux trahissent seuls une inlluence asiatique. Taudis (juc
les herbivores sont représentés avec une branche de feuillage à
la bouche, le lion ou la panthère, qui n'était connu que de nom, est
figuré sur les bronzes d'Esté, de la (Certosa, de Hallstattet de Watsch
avec une cuisse d'homme ou d'animal dans la gueule, indication
naïve qui ne se rencontre sur aucun monument égyptien, assyrien
ou persan *. Ce détail seul suffirait à rendre suspecte Thypothèse
d'une importation orientale. Le dessin est d'ailleurs naïf et grossier
comme il convient à des œuvres d'art de cette époque et de ces con-
trées, mais le travail du repoussé est très habile et témoigne d'une
pratique déjà ancienne et avancée.
11 est remarquable que parmi les objets du style de la situla de
Watsch pas un seul n'ait été découvert au sud de l'Apennin, c'est-à-
dire dans l'Étrurie proprement dite. Ainsi riiypollié-e de M. de
Sacken, qui croyait les bronzes de Hall>tatt importés d'Étrurie-, est
inadmissible, non moins que celle de .M. IIell)ig, qui voudrait y recon-
naître des imiiorlatious de Chalcis. Il paraît léL^ilime d'y voir, avec
M. de Hoclusletter, les produits d'un art indigène particulier à des
populations aryennes qui habitaient la ré^Mon des Alpes d'Autriche
situlœ analogues ont été trouv('es h Este, Sosto Ciilende et Trezzo, dans rilalie du
nord; Zannoni les a fait graver sur les planclius XXXV et XXXVI de son ouvra«o ,
ainsi que le miroir de Castelvctro co Emilie. Toutes les localités d'où proviooncnt cos
objeth sont asfifenntnes.
1. Un des f.iuves do la i/7«/rt do la C'Tiosa, dévorniit nno jambe liumaino, est
muni d'ailes recroquevillées, ("est donc évid<Mnm<-nt urio bCto féroce de faniaisiu.
2. Sacken, Dus Hrabf>:lil von llalhtaU, 180H, p. 143.
.NKCnOPOLKS I>K WATSCH F.T S XNCT-M MU; \ Il I. THRN. 271
et les conlivcs avoisinanlos. M.iis t\(>\i< ne nous croyons pasaulorisi;
à [H'iiscr coniniiî le savant ;iiiliirliii'n t|U(; \:i sitnla <l<! IJolou'iic soit
untî ini|ioi'talioii (lus pays cisaliiins Fii ([u'cllc inovirnno de la (^ar-
niolu elle-mônii'. Elle pourrait aussi bien avoir été fal)ri*|uéedans la
n''}(ion (le rilalic au nord do i'Aitcnnin, par exemple dans le |iays
des Eut,'anéeiis (Kste) on dans les environs d(î lloio^ne. Si mainte-
nant l'on compare aux deux situlœ reproduites plus haut les hron^es
archaïques découverts à Olynipie, les objets d(î Troie et de .^iy(•^nes
et les vases du style géométri.iue ', objets datant du viii" et du vu"
siècle avant noire ère, on reconnaîtra une certaine analogie non
seulement dans les systèmes irornementalion et la technitiue, mais
dans la sphère des sujets représentés, (pii ajjpartiennent pour la plu-
part à la vie civile. Certains motifs de la sittila de Watsch, comme
les deux pugiles, se retrouvent sur un vase de Milo [lublié par
M.Conzc (pi. III). Ce dernier archéologue avilit déjà signalé- une res-
semblance de style en're les vases grecs archaïques et les bronzes
des peuples du Nord, et essayé de montrer que le style géométrique
est le patrimoine commun des races indo-européennes^. « Dès lo
xx" siècle avant J.-(^, dit M. de Hochsletter, ce style se répandilsur
toute l'Europe avec la technique du métil ; mais il se mêla de très
bonne heure, en Grèce, en Italie et dans l'Europe centrale, à ce
style dit or/c?j/a^ pirliculier aux peuples sémitiques de l'Asie. Le
nord de l'Europe seul paraît y èti-e resté étranger. » Ainsi s'expli-
queraient les animaux ailés et les ornements floraux que l'on ren-
contre déjà à Hallstatt et ii Walsch. « Mais les clifilkeutef;^ de la pé-
riode deHalIslait, bien (ju'ilsdoivent également à l'Asie les éléments
orientaux île leur art, les ont empruntés d'une manière indépen-
dante, par une tout autre voie que' les Telchines mythiques et les
Grecs ^. Leurs péiégrinations ne les ont pas conduits à travers la
Grèce et l'Italie, puisqu'il n'y a rien, dans leur art, qui soit spécifi-
1. Furtw.-Diiglcr, Die Bronzi'fuiulti ans Oli/mpïo, 1880; Coi.ze, Zur Gach. dcr
AnfœiHjc der gricch. K'itist, 1870 ell873; Mclische Ihongcfitsse, 1802; Hirsclifeld,
Vasi urcaici atetiiensi, Monumenti et Annali 1872. Les 8000 bronzas trouvés à
Olympie appartiennent, comme ceux de la Carniole, à l'époque bimétallique du
fer l't du bronze.
2. Sitzu'ig.s'/jfrichte der k. Aknd. in Wien, 1870, p. 527.
3. Milclihœfer, Die Anfœnge der Kunst in Griedienlund, 1S83, a adopté et même
exagéré cette idée, à laquelle M. Dumont oppose d'assez forts arguments (flu/Ze/in
de correspondance hellénique, 1883, p. 374).
4. Cette di;signation a été proposée par Alphonse Mùlluer, Emona, Laibach, 1878.
5. Suivant Diodore, les Telcbines ou inventeurs de la métallurgie passèrent de la
Lycie h Rhodes, de là en Grèce et en Etrurie.
J7J nivn: ABCHÉoLor.iQir..
quriHfnt givc, ni vases peinls, ni figures mylliologiqaos. » Ru n'pio-
diiisanl rctli' phran^ où la p;irl de vùrilt"! nous paraîl si grande, nous
ne pouvons nous empi"l(;lier de penser à ces di'couverlcs n''cenles
faites dans le Caucase, à ces bronzes de Kohan (jui ressemblenl
d'une manière frappante aux bronzes de llallstalt, et nous nous de-
mandons si les races aryennes de ri':urope renlrale n'auraient pas
suivi, dans leur voyage vers l'Occident, la rive septenlilonalo de la
mer Noire, la voie de terre, en se séparant des Itilo-Cirecs plus tôt
qu'on ne l'a. 1 met génér.deinenl'. Les clialkeutes de Hallslalt sont
peut-ùtre les descendants directs de ces Clialybcs qu'Honièie place
dans le voisinage du Pont-Euxin. Il semble vraiment ijue le temps
approcbe où quebpie hypoibèse solidement établie jettera une lu-
mière nouvelle sur toute cette partie de re'hnographie aryenne.
III
M. de Hothsletter a consacre une élude spéciale- aux casques de
bronze découverts à Watscli et à Sainl-Margaretlien. Ces casques
appartiennent aux types suivants :
1" Cas lue en forme de chapeau, sans crélc ; le profil de la calotte
a l'aspect d'un fer à clievaP.
2° Casque à double crête (fig. i, p. 273), trouvé à Walsch, tout à
fait semblable à celui de Hallslatt qu'a [uiblié M. de Sa4.k.en K II est
très digne de remarque que le casque de Watscb a été découvert
avec les mêmes objets (pointes de lances, liges en fer, ceinture de
bronze, etc.) que le casque de Hjllstalt; ils étaient placés Tun et
l'autre dans des tombes de guerriers.
3" Casque en forme de chapeau, sans crête ; le profil de la calotte
a l'aspect d'une demi-ellipse. Il se compose de cinq morceaux de
1. Voir les excellentes pa^e* d'' M- Sayce, T/i^ route foUnwcl bj Ihe wcilent
Anjnns in their migration into Europe, appendice d-' ses Prinri/iles of compara-
tive Vhihlorjy, 2» éd., 1875.
4. Die neueden Grn-berfuri'le, etc., p. 19 et suiv.
3. En 1812, on a trouvé dans les Aiims autricliieniics, îi Negau en Styrie,
vingt ca&ques de ce type portant des inscriptions indi'cliiffrables, t/ui ne sont pas
étrusques. Cf. un casque de Hailstalt, Sackon, pi. VIII, lig. G, cl Liiid.nschmit,
Alterthùmer, I, 3, 2, 5.
I,. Sackon, Uni C.rahfdd von llo/lstatt, pl. Vlil, Ht;;. 5. Trois autres casques à
double crt'te se trouvent l'un au inusée de baint-Gerraaiu, le second à Augsbourg,
lo troisième au musOe Gn'gorien étrusque. M. Furlw.ingler en a signalé un cin-
quième ^ Olympio {Inventury w 003j).
iNKCaol'OLKS DK WATSCII ET SANCT-MAIIGAUKTHKN. ii73
27i HEVUK AnCHKOLOOlQLi:.
bronze as<emlilt^s au moyon do polils clous. Au sommcl du cnsijuc
tMaienl doux petits tiusles aih's (11;;. 2, \k i'7."{) dont le sful uni sub-
siste rappelle un orneinentde l'urne de l)rouze de Gratîiliuv I '. Unis
le nit^nie tombeau ont ôté dtVouvertes des armes en ft-r.
•i" Casque ayant la forme d'une demi-splière ou iruiir cmipc, se
terniinanl par une pointe comme la Pichrlhanho moderne et orné sur
les côlt^s de cercles dont le centre est marijué par des pointes {i]<^.
3, p. i73). Ce casque, porlé par les cin(] fantassins (pii forment le
second groupe de la sitnla de la Cerlosa, n'était encore connu que
par cette représentation lorsqu'on en a dêcouveil plusieurs tout
send>laliles dans les /«;//«// de Sanct-Margarethcn. Nous donnons ici
une réduction du dessin publié par M. de Hoclistetter -.
i>° Au cours des fouilles f.iiles en 1880 jiour le musée de Laibacli, on
a découvert un chapeau coni(jue en treillis avec un grand nombre de
clous de bronze. Ce casque tomba malheureusement en morceaux,
mais il est facile d'en rcronnattre le type dans la coifTure des quatre
derniers guerriers de la situlti de Bologne.
Il est inutile de pousser plus loin cette énumération en y faisant
entrer quelques fragments dont la forme n'a p\i être exacteuumt
constatée. Ce qui précède suflit à établir deux faits d'une haute im-
portance : 1° que les casques dessinés sur la situla de Bologne et
sur celle de Watsch se sont retrouvés en nature h Walsch et à Sanct-
Margarethcn ; if° que plusieurs de ces types de casijues ne se ren-
contrent pas ailleurs. Il n'en faut pas davantage, semble-t-il, pour
prouvei- que les guerriers figurés sur la situla de la Certosa et les
hommes représentés sur celle de Watsch ont réellement existé en
Carniole et ont été ensevelis dans les toml)eaux de celte région. Il
devient dès lors tout à fait impossible de voir dans ces deux situlœ
autre chose que le produit d'un art local et indigène. Si les modèles
de CCS objets ont été importés, ce qui n'est pas invraisemblable, il
faut du moins admettre que les objets eux-mêmes ont été fabriqués
1. LinienBchmit, AUcrtlmmer, Il_ 5, 2, 2.
2. L^ch six cercles de brouze sonl lixés uu moyen de clous sur la caloUe du casque,
qui se compose d'un treillis serré en bois de noisoticr [Ildseltiussmtficn), recouveri
à l'exK'Tieur de cuir dont il subsiste quelques fragments. Des casques analogues,
mais moins bien conservé», se sont rencontrés à Sanct-Marein en Carniolo et à Hall-
stait (V. Sackcn, p. û5). — On a prétendu que le casque do St. MarKorcthen était
en réalité un bouclier; m:iis la représentation de la stluld do Bolo^ine piiralt tran-
cher la question dans le M-ns du M. do Hochstctter, Les bonnets en treillis ^ont assez
fréquents à Clijpre ; nous savons d'autre part (pu- les Celtes se servaient de Ijoucliers
CD ircillis recouverts do cuir, dont on croit avoir trouvé quelques spécimens en Al-
lemagne.
NÉCROPniJS r)K WMSCH KT S\NC.T-M\R(i\ni tiikn. J7.*i
danslcpnys, par des mivriors .ippartenarit ;'i li nier; d'iiommos quiles
a placés dans ses loiiihcaiix.
IV
La dorni(''re partie du mémoire de M. de lloclislpltor csl consacrée à
l'élude des nombreuses fibules trouvées en Carniolc ; on y recon-
naît toutes les formes que présentent les objets analogues dans les
nécropoles de l'Italie du nord, antérieures à l'époque romaine. A
Watscli on rencontre surtout la fibule demi-circulaire qui passe pour
le type italique le plus ancien ^Bolo.L,'ne, Moncucco, Gniasecca, etc.)'-
Une fibule qui ne s'est rencontrée encore qu'en Carniole et qu'on
appelle a fibule de Walsch» présente une forme demi-circulaire avec
une tige très noueuse (pii lui donne l'apparence d'un collier de
perles : la feuille, l'aiguille et la tôle sont toujours de fer. Dans la
nécropole récemment explorée de Koban, au nord du Caucase*,
on a trouvé presque exclusivement et au nombre de plusieurs cen-
taines les fibules demi-circulaires si fréquentes en Carintbie. Les
autres fibules les plus communes en Carniole sont la fibule en arc
ou en barque (Bogcnoder Kalinfibel), qu'on rencontre aussi à Olyiiipie,
à Dodone et à iMégare^; les fibules en spirales très fréquentes à
Hallstatt (on les a aç^elèes fibules de //a//.s<a«) sont comparativement
rares. On trouve en nombre les fibules scrpentiforraes très commu-
nes à la Certosa ; assez souvent la Thicrfiebel, dont l'arc représente
un animal, principalement un chien chassant ; souvent aussi les
fibules en T ou en arbalète, qui, très répandues à Hallstatt, en
Suisse et dans l'Allemagne du sud, sont presque inconnues en Italie
en dehors de la Certosa de Bologne. On en a rencontré d'analogues
dans le Caucase*. Comme ces difi'érents modèles de fibules se sont
souvent trouvés réunis dans un même tombeau, il ne paraît pas
qu'on puisse, avec M. Tischler, considérer Tun ou l'autre de ces types
1. V. Tischler, L'eber die Form der Gewaninadeln nach i/irer fiiiton'scfien Re-
deulung, dans \:i Zeitschrifl fur Anthropologie und Urgeschichte Bayems, IN" vol...
icr et 2» cahiers, 1881.
2. E. Chantre, Matériaux pour l'histoire primitive et naturelle de /Viorww,
série II, 1882; R. Virchow, Das Graberfeld von Koban, Berlin, 1883 (avec
11 planches). M. Virchow appelle cette nécropole « ua véritable Hallstatt cauca-
sique ». Elle sera l'objet d'une grande publication que prépare M. Chantre.
3. Furtwaîngler, lironzefunde, etc., p. 105.
ij. Bayeru, Die Ausgrahung-^n der alten Grœber bei Mzchet, dans la Zvitichrift
f. Ec/inologie, IV, pi. 12.
27('» nF.VL'F Anciiftoi.or.iQUK.
comino appartenant à une époijue plu^ amiiMinc. Co sont h's pio-
iluils iiaïuivllt'iui'iil vaiii's (riinliistiics lociles, que le commerce a
dissfmiiit's cl niii iic so piiMciit puiiil ;i une classilicalion chronolo-
gique. Nous vou II idiis im"^mc ([u'on se moiiîr;U trrs circonspect en
tirant îles conclusions de la [iréscnco, dans les .\l[)cs autrichiennes,
d'un type de lihule simple i|ui se retrouve «laiis le Ciucase; la part
du hasjird et rinsiifii'^ance des recherches ne doivent jamais ôlrc
perdus de vue, et l'on ne peut s'étonner de constater certaines res-
semblances entre des ohjets de.-tinés au même usa^'e, (juand les
formes de ces objets ne sont pas d'une complication qui exclut les
coïncidences fortuites.
Des fouilles toutes récentes faites en Slyrie, dans les environs de
AVies, ont prouve (lue la civilisation de llallstatl s'était également
étendue sur celte région'. Un tumulus appelé Grebinz-Kogel, prés
di' Klein-Glein, contenait vingt-six livres pesant de bronze, entre
autres une cuirasse et une grande quantité d'armes, des poteries
ornées de lûtes de taureaux, des vases à décors géométriques, etc.
D'autres r^wM/i plus récents, dans la même région, trahissent une
influence romaine; on y rencontre de la poterie faite au tour, des
monnaies du n' siècle après J. C, mais plus aucune arme. Knlin,
certains /m/hj/// appartiennent i\ la période de transition etconliennent
des vases de la période de Hallstalt à côté de vases faits au tour.
Le «champ d'armes» de Mariarast, exploré par MM. Alphonse
Mullner et le comte Gundaker Wurmbrand -, paraît bien appartenir
aussi, en grande partie du moins, à la péiiode de llallslatt. Tout le
monde connaît les casques de Negau et le chariot de Stritlweg près
de Judenburg, qui comptent parmi lesmonumentsles plusimportants
de celle civilisation. Eu Caiinthie, on peut y rattacher les tumuli
voisins deGraiind', ceux de Warmhid-Villach ', et les tombeaux de
Tscherberg dont l'exploration a été commencée en 4876. Le Tyrol
parait /^ire très riche en restes de celte époijue : citons seulement le
« tumulus d'urnes » de Sonnenhurg, ;i trois lieues au nord de
1. Hidimsky, Die pruUtslonschen Deiikmiilf der Lm'jebmj Wiens, dans les
UilHu-iiun'jen drr nntfintjt. Grsrllsc/i. i'i W'icn, {. Xill, 1893.
2. Arrftiv fur AntliiojiotiKjic, l XI.
3. Caruilfiia, 1800, p. (Jl-O'o.
tt. Milthdl. Jer anlhioi>.OeiellM:li(i/l l'i MV/i, 1872, p. 7, vi Cfiiintliin, 1871,
p. 3H0.
^KCRO^OL^:s i>k vwtscii i;t sanct-mmu. \iii:riii:\. 277
Malroi; W, « champ à urnes» dcMalrei, où l'on trouva les fragments
(i(\ sitiilœthml il a élt; question; les « cliam|is d'urnes » des envi-
rons (riiuisl)ruck;\ Volselà lldîHint'. Kn Bosnie niAine, M. d>' Hocli-
stelter a découvert, ilans le luniulus de (Jlasinac, un peiit chariot de
bronze ;\ quatre roues avec des ligures d'oiseaux appartenant au style
de llallstalt '.
MM. de Sacken, Lindensclunil, (JL'ntiie et mt>nie, bien qu'avec
beaucoup de réserves, iM. Conze, ont admis une exportation de
bronzes étrusques vers le nord. iM. de llochstelter s'inscrit en faux
contre celte opinion. Il pense au contraire que le vieil art italique
n'est autre ()ue l'art de l'Europe du nord à la période de Hallslall -,
entre le x" et le xi« siècle avant noire ère, et que les Proto-étrusques,
descendant de leur ancien pays alpin vers l'Italie, ont apporté dans
la péninsule ce « capital artistique primitif». La découverte des
bronzes d'Olympie a fait connaître une très ancienne technique du
bronze en Grèce, dont le slyle est tout à fait en harmonie avec l'art
ancien de l'Italie cl celui de llallsialt, el qui appartient i\ une période
où la Grèce, comme l'Italie du nord et les pays alpins, connaissait
depuis longtemps le travail du fer. Aussi, des objets que l'on quali-
fiait autrefois d'étrusques pourraient être rapportés avec beaucoup
plus de vraisemblance à l'art grec ^. « Mais la route par laquelle ces
produits grecs sont parvenus jusiiu'au centre de l'Europe n'est cer-
tainement pas la roule de mer par l'Italie; c'est la roule de terre par
les Balkans et les pays danubiens. »
Le seul type de tombeaux sur la terre italienne qui corresponde
parfaitement à celui de la période d) llallstalt se trouve dans la né- •
cropole de Villanova, au sud de Bologne, découverte et explorée en
18o3 par le comte Gozzadini. L'ensevelissement et la crémation y
alternent comme à Ilallstatt el à Walsch '. Les nécropoles à urnes
1. Mittheil. (1er anOu'op. Gesellsch. zu Wien, 1831. D'après Undset {Djseisle
Auftnien des- Eisem in Nord-Europa, p. 197), on a récemment découvert à Corneto
un char tout à fait identique à celui de Glasinac; il est encore inédit.
2. C'est la thèse que M Alexandre Bertrand soutient depuis 1873. Voir le mé-
moire intitulé : le Bronze dans les pai/s transalpins, lu à l'Académie des inscrip-
tions, le 3 octobre 1873. {Archéologie celtique et gauloise, p. 187.)
3. L'hydrie en bronze trouvée dans le tumulus de Graectiwyl, en Suiss'', a été
considérée comme étrusque par Jahn {Mittheil. der antig. G'^sellscU. zu Zurich,
VII, 5, 1852) et Ijndenschmit {Alterth., II, 5, 2, 2); miis Furtwaengler {Bionze-
funde, p. 68) n'hésite pas à y voir une œuvre grecque du vi" siècle.
li. M. de Hochsteiter fait cette observation impartante, que les vases d'argile des
nécropoles autrichiennes ressemblent plus à ceux des terramares d'Italie qu'aux vases
plus richement ornés de Villanova.
i78 HKM'K Mir.llKoi.oi-.IyUK.
du lype tie Villaiiova sonl Ut'i uoiuIutuscs l'ii Italie au nord de l'A-
poniiiii '. Le comle tîozzadini apit^'s avoir considéré les lomboaux
de Villanova comme étrusques, reconnut lui-même (jue celle a|>iiil-
lation était imimipre : on eul recours alors à celle de pruto-ctiusintc
ou paU'o-ctrusijue . Coneslabile leur assignait comme date le ix' el
le X» siècle avant J. C, immédiatement après l'époque du bronze
pur, c'est-à-dire deslerramares de l'i-juilie et de la Lombardic -. V.u
Suisse, dans le sud-ouest de rAlleuLigne, en Bobéme, sur le Uliin,
en Hongrie, etc., la civilisation de llallst.itl est remplacée dans les
derniers siècles avant J. C. par la civilisation dite de /'/ Tnie
[ulate celtic » des arcbéoloijues anglais^), dont les Gaulois scndjlent
avoir été les propagateurs principaux. On n'a encore découvert dans
les Alpes aulricliiennes aucune nécn^polc de celte seconde pbase et
la période de Hallstalt paraît y coniiner immédiatement à celle de
l'inlluence romaine (Wies et Mariarast).
M. de Hoclistetter n'atlmet(juepour le nord de l'Europe uneépO(iue
du bronze de longue durée et nettement caractérisée : d;ins l'Kurope
centrale et surtout dans le bassin méditerranéen, — entre ;.utres
Hallslatt, — l'exislence d'une épO(iue du bronze pur lui paraît avec
raison fort douteuse. Les arcbéologues des pays du nord sont généra-
lement d'accord pour dériver de l'Europe centrale, des régions entre-
la Hongrie et la Suisse, la Bronzecultur si développée el si ricbe de
l'Europe septentrionale '. Elle ne vient certainement ni de Grèce
ni d'Élrurie, car les caractères qu'elle présente sonl loutdilTérenls.
On est donc forcément amené à la conclusion (jue la civilisation
septentrionale du bronze dérive directement de celle de la période
de Hallstalt, c'est-à-dire du centre de l'Europe. Parmi les roules que
suivit cette civilisation pour se répandre dans le nord, l'une des
plus remarquables passe par la Moravie, la Silésie el laPosnanie. A
Touest, la ligne du Rhin et du Weser forme une seconde roule na-
1. Padoue, Golasncca, Sesto CaUnde, Bovoloiie et Poregliano près de Vt5roue,
IJiêiEani'iv.-» et Pietole Veccliio près de Mautoue, Crcspcllano prùs de Bologne et les
plus anciennes tonibcs du la Certosa. Au &ud de l'Apennin, on a nncoutrù des
va&es du type de Villanova dans le riclic tombeau do Cornoto (uiubéc du Uerlin),
ainsi que des libuli s du inùroc style.
2. Ces déUTiuinaiions chronologiques perdent de Icurvaleur depuis que M. HeibiK a
montré (Dit: llnlih.r in dur Puiibune, 187'J, p. 7) que les établibsements des tirra-
iiinre datent d'époques dilTérentes. Les plus récents peuvent être contemporains des
tombeaux de llallstatt.
3. l udi>et, Dat i-rsle Auflrclcn des Eiaens in h'ord-Eiiri'iia, 1882, p. 21 et suiv.
!i. Soplius Mtil'.iT, iJie uordische DrouzezeU, 1878, p. '2.
NKCHOI'OLI'.S r»K WMSCH KT SAN(,T-.M UKi \ IIK I III N . 279
lurello eiilie le ct3iilii; ut lo iim il de l'Europe. Par ces deux chemins,
de noniliifUK olijets de hioiize et aussi de fer pénélivreiit de bonne
heure ilaiis le nord '. La Bronzi'cullur seplenliionuli', si semblable
en tous points à celle de Hallstall, [laralt avoir duré pendint plus
de cinij siècles 'lOOO-nOO avant J. C); puis elU; s'elTar.i i)eu àpeu
devant la civilisation du fer de la période de Laïène nui, ori},Mnaire
de l'Kurope centrale, se répandit sur touli; l'Allenngne du nord
jus([u'en Scandinavie, pour ôlre supplaiitéi' elle-mènu; veis le
i*"" siècle après J. C. par la civilisation romaine. « La civilisation de
Hallstall et celle du bronze dans le iNord, dit M. de Hochsicîter, se
louclienldans rAlleiiiaij;ne centralesuivantunc li,t,'ne mal déterminée
et sont incomparablement plus proches parentes entre elles ipie la
civilisation méditerranéenne et celle de l'Europe centrale. ;> A la
désii^'nation ani-ienncde « civilisation de Ilallstatt» l'auteur voudrait
substituer l'appellation plus générale de « civilisation de l'Europe
centrale », patrimoine commun de tous les peuples aryens dans celte
partie de notre continent, s'éiendant d'une part jusqu'au Caucase,
do l'aulre sur le b:issin du Danube, lo sud de la Fiolième, le sud-
ouest de l'Allemagne, la Silésic, la Suisse, une partie de la
France jusqu'aux. Pyrénées-, en poussant des ramidcations en
Grèce ^ et dans l'Italie du nord. Sous le nom de culture étrusque,
l'archéologie a longtemps confondu deux couches de civilisation bien
dilTérentes : la culture paléo-italique ou. ombrienne {altitalische), qui
appartient à l'Europe centrale, et la civilisation proprenieiil étrusque,
née sur le sol de l'Italie vers le vi" siècle avant notre ère sous l'in-
(luence de l'Orient, de l'Egypte, de la Phénicie et de la Grèce. Les
Ombriens, les Rasénas et les Boïens celtiques sont descendus de
l'Europe du nord dans le bassin du Pô; c'est du nord qu'est venue
h civilisation du bronze que l'on retrouve dans les terramares et dans
1. Uudset, Dui ersle Auflretan des Eiie/i' in Soril-Europ •, 1332, p. 332, recon-
naît dans les plus anciens objets en fer du nord de TEurope l'influence de la civili-
salioD de Hallstatt. il reste difficile d'expliquer pourquoi ces obj;ts sont relativarcent
fort rares. — Lo commerce de l'ambre, qui paraît remonter à une très baute anti-
quiti?, fut la cause principale de l'établissenitiu de relat ons suivies entre le nord
de l'Europe et le bassin de la Méditerranée. Cf. Oppert, Compter rendus de la Soc.
de niDnism. et d'archéoL, 2» sér., 3« part., 1879.
2. E. Ciiantre, Etudes paléo-ethnoloijiqw;s (tans le basùa du Rhône, premier
âge du fer (Lyon, 1880), signale dans tout le bassin du Rhône et dans les Pyrénées
des tumulus appartenant à la période de Hallstatt.
3. M. de Hochstetter insiste sur les ressemblances entre certains bronzes ar-
chaïques d Olyuipie et les bronzes de Hallstatt. Nous ne pensons pas que ces res-
semblances soient assez frappantes pour autoriser ses conclusions.
2Sl) REVUF. ABCIIKOI.OGIQI'K.
h's ronslruiMions sur pilolis i\o. cello région. <" Ce que la civilisation
rie llallstall a (le commun avec la civilisation t'lrus(|ue n'est pas un
capital de civilisation t'lnisi|ue : l opinion tlianu-lralement contraire
est la vraie. » Quant h l'origine premii^'re de cette civilisation du
centre de l'I^urope, c'est \h une question i-lroitement liée à celle de
l'origine des peuples aryens eux-mêmes; elle est loin encore d'ôtre
définitivement résolue.
Si nous avons réussi à donner une idée précise des faits contenus
dans le mémoire de M. de llocli.>leller, le lecteur n'aura pas eu de
peine a suivre les conclusions qu'il en tire, l.e rôle de l'Iiypothése y
est en somme très restreint et nous ne pensons pas (ju'un esprit non
prévenu puisse se refuser à les accepter en partie. L'archéologie
classi(|iie a Idnglemps épousé les préjugés des écrivains anciens :
elle a traité de liarbares les produits étrangers î\ son domaine et a
refusé de leur accorder son attention. Depuis les découvertes d'His-
sarlik et de Mycines, elle a dû changer d'attitude à cet égard ; « le
préhistorique, comme dit M. Curtius, est tout à coup devenu de
l'histoire », et il s'est produit en archéologie quelque chose d'analo-
gue au changement d'idées opéré en ethnographie et en linguistique
vers le commencement de ce siècle, lorsijue !a découverte de l'unité
indo-européenne prouva que les Barbares {'[a'ien{ les frères des Grecs
et des Romains. L'archéologie aryenne, il est vrai, n'a eu ni son
Schlegel ni son Bopp; mais si elle se constitue lentement et sûre-
ment, en se défiant des synthèses prématurées, elle n'aura bientôt
rien à envier à son atnée, la science comparative des langues.
SALO.MON UKINACH.
DKS
IMIOJKCJILKS CYLÏNDUO-CONIOUKS
ou EX OI.IYI-:
DEPUIS L'ANTIQUITI-: JUSQU'A NOS JOURS
Un heureux concours de circonstances m'ayant amené à couper,
pour les travaux du chemin de fer deSaint-Nazaire à Cliâleaubriant,
la grande ligne d'anciens reiranchoments (jul traverse presiiuc tout
le dép:irlement do la Loire-Inférieure, de la forôtdu Gavre à Candé,
j'ai trouvé dans les fouilles faites à cette occasion une partie des
éléments de l'étude qui va suivre. Quelques détads préliminaires
serviront à en faire mieux saisir l'importance.
D.msun mémoire lu devant l'Association bretonne, pendant le
congrès tenu à Chàteaubriant au mois de septembre dernier ', je me
suis efforcé de démontrer, avec plans, coupes et documents de
fouilles à l'appui :
l" Que celte longue suite de retranchements qui s'étend sur en-
viron 'tO kilomètres en ligne droite, avec forts circulaires échelon-
nés à peu prés de lieue en lieue, a eu pour première origine des
exploitations minières de fer;
!^° Qu'autour et le long des minières se sont groupées des habita-
tions sur mnrdrlles, comme celles des Vosges, du Berry et d'Angle-
terre ;
3" Qu'il a fallu fortifier celte ligne d'habitations et de silos, pour
la proléger contre les attaques de l'ennemi ;
1. Il vient do paraître en tirage à part sous ce titre : Lo ijran/e ligne des mar-
délies gauloi<:e^ de la Loire-Inférieure, par R. Kervilcr, ingénieur en chef des ponts
et chaussées. Saint-Brieiic, Prudliomino, iii-8, k plaiiclies.
iii^ siinir, T. IT. — I!)
iH2 iiKViK A»«;Hi;()i.(t(;ini I..
•i' (Jiic les construf leurs ol les haliilaiils devaient ^Irc des Gaulois
des Irois derniers siècles de l'cVe ancienne, el <|ue celle grande li-
gne droile n)rrniil une sorle de chemin couverl abrilaiil la route
commerciale par lai|uelle les Nencles s'apiiKivisioiinaienl de fer
pour leur marine, larrondissemenl acluel de Segré étant criblé
d'exploilalions minii'res gauloises el se présentant comme le centre
de celle industrie;
li' tjiie César dut ruiner tous ces élablissements situés au milieu
des bois en les prenant d'enlilade, et en y perlant l'incendie, suivant
son système habituel ;
()" Enfin, que les traces de débris romains y étant fort rares, à
peu prés nulles par rapport aux débris gaulois, toute exploitation
du minerai de fer en couches sous-jacentes paraît avoir cessé dans
cette région depuis les Gaulois jus(|u'à nos jours, où on la reprend
pour l'alimentation des grandes forges de Sainl-Nazaire.
Mais celte étude ne pouvait présenter d'emblée que les traits gé-
néraux de la question. Il reste encore à examiner séparément une
foule de détails particuliers du plus grand intérêt : la notice pré-
sente a pour but de préciser l'un des points les plus curieux des
découvertes (]ue m'a procurées la grande ligne des mardelles.
J'ai dit que de grands forts circulaires sont disposés à peu près de
lieue en lieue au nord de la ligne pour concentrer la défense. Ceux
du Bé en Nozay et du Vicui -Château en Abbarelz sont les plus
considérables : leur relief est encore énorme dans les taillis et sur
la lande ; nos officiers du génie exécuteraient aujourd'hui des mou-
vements de terre beaucoup moins imposants. (Jr ces forteresses ne
pouvaient exister sans des a|iprovisiunnements d'armes défensives, et
parmi celles-ci les principales étaient les armes de jet.
Nous en avons trouvé un très grand nombre, et toutes, en dehors
des boulets sphéri(|ues en pierre ou en fer, peuvent se ramener à
trois types bien caractérisés :
1" Des demi-sphéres de 10 à 12 cenlimètres de diamètre, dont la
base n'est pas plane, mais légèrement bombée de manière à tenir
admirablement dans la main. Un les lançait sans doute directement
sans l'intermédiaire d'un instrument parlicnlier.
T l»es cylindres ou distiuesde H à {'2 cenlimèlres de diamètre et
de 4 à II centimètres de hauteur. On Ils lançait .soit direclemenl .i la
niam, comme le discobole, soit au bout d'une palette bandée jiar un
ressort.
.'{' Enfin des fuseaux à pointe amortie, ou sortes û'uliiis de H à lo
l)i:S l'IlOJI'.CTII.liS CVI.INDIIO CU.MQUKS. 283
centimètres (le longueur, (|iii ik; puuv.iiciil tMre liiiciîcs <|ii'.'i l'ai'letJc
frondes en chanvre ou en cuii'.
Je lais.-c de côtîî provisoiieinciil les dcuv preniiors types pour ne
m'occuper que du dernier, dont je présente deux spéi:iniensaux ligu-
res 1 et 2'.
Je n'ai pas à apprendre que les (iaulois se servaient de la
fronde; tous les auteurs anciens citent celte arme, et les bas-reliefs
de la ('oionnc Trajane ou des arcs de triomphe ne niarKiucnl pas de
représentations des Germains ou des Gaulois portant en main la
fronde.
Mais si l'on connaît l'arme en elle-mOme, je ne sache pas tpi'on ail
étudié de près la forme du projectile. C'est ce rjue nous allons faire
en quelques traits.
Les coupes des pierres de fronde des lignes gauloises d'Abbaretz
et de Nozay représentent des formes plus ou moins fuselées, ou plus
ou moins en olive, comme les pierres li^'^urées sur les anciens mo-
numents; mais ce qui les caractérise au premier chef c'est leur sec-
tion transversale circulaire ou elliptique et leur suction longitudinale
symétriquement amincie aux deux extrémités.
Or tel est le double caraclère : 1" des pierres de fionde actuel-
lement encore en usage chez les Canaqui-s des îles de l'Océanie ;
2° des projectiles les plus perfectionnés de rarlillerie moderne.
Cela, il faut l'avouir, mérite une singulière considéralion.
Les anciens Gaulois étaient donc arrivés par tàlonnement, par
expérience, ou par tradition de plus anciens (lu'eux, à reconnaître
comme forme la idus utile du projectile celle que nos ofliciers d'ar-
tillerie n'ont découverte (ju'à la suite de calculs et de considérations
savantes (jue j'exposerai tout à l'heure en (juehjues mots; et cette
forme trouvée expérimentalement par les anciens s'est transmise
et conservée jusqu'à nos jours d'une manière continue chez les ma-
nieurs de fronde, sans (juc l'ariillerie moderne ait eu l'idée d'al-
ler leur demander des inspirations, en sorte que le dernier mot du
peifectionnement expérimental a été le même que le dernier mot du
perfectionnement scientifique.
Je dis que celte forme s'est continuée chez les manieurs de fronde
depuis les anciens jusiju'à nous.
En effet, je la trouve déjà dans le combat singulier de David et de
Goliath. Qu'on re rappelle le texte du premier livre des liois. David,
se préparant au combat, eloyit sibi nuinque limpidissimos liipides de
1. Plmclio XXIV.
2b4 IIKVUK AlIClIKULUUigUK.
totit'iitc\ i Vsl-àdiif, ciloisil djins le lonviit ciini pniifs paimilis
plus polies. Dr los galols (Us lorrciils n'oiil pour ;iiiisi ilire j;iin;iis la
forme sphèii |Ui' ils ont précisiMneiil la seclion transversale ellipli(jiie
lians tous les ^ens, et lune des plus helles pierre de la lii,Mic des
niardelles de la Loirc-Iiiférieure, lecueillie p;ir .M. Hiani liard dans
Nozay, pr6«enle aussi le type le plus |)arfaildii i,'ulel rouli-, r-KuIiù-
remeiil poli; mais, romme il n'y a pas de torrent dans cetic région,
ce galet a sans doule ùlê apporté d.' la eôte niarilinie voisine.
Cette forme de galet elli|is(>ide a été alisolumcni copiée par les
Carthayiiiois pour leurs balles de fronde en terre euile. J'en dois un
ï.pécimen ù M. de Huiros, ancien eor.sul (rKsi)agne à Tunis, cl je
me contenterai d'y signaler un léger méplat sur le prolil de l'ovale
de grand axe.
Je trouve ensuite la forme lu olive dans la lialislii|iit' romaini',
non plus en pierre ou en terre cuite, il est vrai, mais en plomb;
et si nous n'avions pas dans nos muiées de représentations de ce
projectile, dont Ion trouvera un type (reproduit ici, ligure 3) dans
le diiiioiinaire dWntony Hicli au uial ijlnns, ce mot lui-même nous
apprendrait sa forme, car les Homains n'eussent pas donné ;\ leur
balle le nom de gland si elle n'avait pus ressemblé à ce fruit. Or le
gland jiosséde Justement la forme reijiiiso de la section transversale
circulaire et de la ^ection longitudinale amincie aux deux extrémi-
tés. Que ceux d'entre nous qui ont fait la campagne de 1870 se rap-
pellent la balle prussienne du fu:.il à aiguille : c'est absolument la
balle de fronde lomaine. Nous y reviendrons bientôt.
Des Homains passons aux irlandais : nous les voyons se servir de
frondes à balles de pierre, au moins jusqu'à la b;itaille d'H;istings.
Leurs poèmes nationaux ne lai'isenl aucun doule à cet égard, et
M. de la Villemarqué a bien voulu ui'c n signaler plusieurs passages
caractéristiques. Ou appelait ces |)ierr< s lia tnilidli, pierres de guer-
rier. Ecoutez cet épisode de la bataille d'.Xlli-Com lir.:
« Kl comme cliacun des soblab de l.oilinr av.iit apporté une
//fe/TC (/c j/HcrnV/", leur clicf en avait apporté une lui-même. El il
éleva le bras subilenicnl, et il mit toute la force de son corps dans son
poignet, il la force de son [loiguet dans sa main, et la force de sa
main dans son arme de pierie ; puis, iiniirimaiil un mouvement de
roialion à la pieiiv diiie, il en fiajipi le loi =*. »
Commtnt le.s niaiiieurs de fionUe paivcnairiil-ils à laïuir la [uerre
1. /« 7., I, un, 60.
3. A»ioci«lioii bretonne, copgi es do LAndcrncati^ 18'0, ii" :>l.
DIS ['HOJICTn.KS CVI.INOlKI-CONIorRS. 28ÎJ
Vuno (les |()iiilos (Il .'iv:in(, ;i vistM" et ;i fr.i|i|M'i' div.it ;m Inil ? \,(i pro-
blriiic iiii' |i;iimIi .•l.■^>^'v. diflii-ilc, cl poiir |(! nsoiiilro d'iHMî m.'iniùift
S'ilisr.iisnnlc, il iio(i< f.nidiail dt'inninliT imc n'|ir<''«'nl.'ilion h quoi-
que (];in.i(iin'. .M.ii> le fait ci iiiilisciilahlc! : on vis*; cl on frnppe
juste. \,'llui''ii1i' lions en oITrii'.iit mille Iciii'ii^'na^'i's, cl je n'ai pas
liesoin de r.ip|ieler une si'coiide fois le eoinlial sin^rulicr de David cl
du ^'éanl (iolialii.
(jiioi qu'il en soii, il résulle di^ toul ceci (juo nous pouvons .'iftir-
mcr un fail inainlenanl hors do doulfi ; (-.'(î-t quo depuis les icuips
les plus rcculùs, el en parlirulii-r dei)uis I7'p0(|ue pauloise jusqu'à
nos jours, on a irronnu pour le meilleur pi'ojcclile de la fronde le prr-
jeclilc synu'tririue à forme d'olive.
Aussi suis-jc forl surpris do voir tout d'un rdup .ippaïaître la
splièie dans les piojccliles usilcs, aussitôt après rinvenlion de la
poudre, dans les eowleuvrincs, canons el arquebuses. Un crut, sans
doule, obtenir une plus grande régularité dans la force de projec-
tion : on était silr de l'applii|uer au point central du projectile, tan-
dis (|ue la plus légère dissymélric dans la pointe d'arrièi-eempècliait
la propulsion dans l'axe; el l'on pensa que la grande augmentation
de viles<:e du piojectile lan é par la pouilre devait couipenscr son
inférioiilé de l'orme par rapport à la résistance de l'air contre la ré-
gularité de la trajectoire.
Ce qu'il y a de certain, c'est que les balles et boulets des fusils et
canons ont été maintenus spbériqucs pendant (|uatrc siècles, el qu'il
a fallu les progrès merveilleux de l'arlillerie modi-rne pour arriver
aux balles, obus et boulots allongés, allongement qui a été d'abord
imaginé pour donner au projectile un [)lus grand poids pour un
même diamètre ou calibre. La forme pointue en avant en résullni
nécessairement pour réduire au minimum la résistance de l'air;
mais la diflicullé de projection dans l'axe existant toujours avec l'ar-
rière aminci, on a presque partout adopté le projectile allongé avec
avant pointu et culot plai, malgré le désavantage de la dissymétrie,
qui est une cause de déviation, le centre de gravité n'étant plus au
centre de figure, et malgré le plus grand vide d'air causé à rarrière
pendant le trajet par la forme plate.
La tendance du progrès amenait cependant à recberclier des solu-
tions conformes ;\ la théorie, el nous trouvons en 1870 la balle prus-
sienne du fusil à aiguille complètement symétrique et en olive^
comme on peut le constater sur la coupe de la cartoucbe que
j'ai cru devoir représenter (fig. *>). Les projectiles Withworib
28C nK.vii: AUciikoi.diiiyiJK.
de l'ariillerio anpIniNO (lij;. r. cl 7) s'en r-ipproiluMil au.s>i aulanl
ijuo itosbililo.
Kn Franci" on s'est prt''OC(nj|ié depuis loiiptemps do donner aux
projectiles oblongs une fornie de l'arrière meilleure que le eulol plal.
Les cxpériencts nondireusesauxiiuelles on s'est livré à cet égard
tendent toutes à démontrer tiu'un amincissement du projectile; au
culot aupmenle la portée et diminue la dérivation, surloul dans le
tir à prnntle distance.
En 1S0:1, la commission d'expérience du camp de CliAlons essaya
des oluis rendus symétritiucs par l'addition, aux obus à culot plat,
d'un culot en bois de même forme que l'ogive mélalliijue de la léle;
mais, par suite tie la dilTércnce de densité du bois el île la fonte, le
centre de gravité ne se trouvait pas encore au ct'nlre de ligure. Ce-
pendant on évitait au moins l'inconvénient du vid(> d'air exagéré
qui se manifeste derrière le culot plal el l'on put constater (lue, sous
les grands angles, les obus symétriques gagnaient beaucoup en por-
tée, surtout lors.iue, l'obus étant engagé par l'ogive métallique, le
centre de gravité se trouvait à l'arriére. La dérivation était aussi
considérablement diminuée. Ainsi avec le canon de 12, sous l'angle
de 17°, tandis que l'obus réglementaire donnait une portée de 3330
métrés avec \\i métrés de dérivation, l'obus symétrique donna des
portées supérieures de -400 métrés avec le centre de gravité à l'avanl,
et de 700 avec le centre gravité à l'arrière ; el la dérivation se trouva
réduite de moitié dans lepiemicrcasetd'uu peu plus dans le second.
La commission de Calais reprit des éludes du méuie i:enreen i87i
el 1873, avec des obus français du système Olry cl les obus anglais
du système Wilbworlli.
Avec les canons Olry elle a essayé simullanément des obus à culol
plat, à culol spbérique (tig. 8), et des obus symétriques (lig. U). Elle
a constaté que les obus à culol spbérique n'ont pas grand avantage
sur les obus à culot plat, mais (jue les obus symétriques, malgré
certaines irrégularités de portée, donnent, sous do grands angles,
des portées (luelquefois supérieures de 1,00) métrés à celle des
obus à culot plat, et une dérivation toujours plus faible.
Dans les canons Witbworlh, on a aussi tiré comparativement des
obus à culot plat et des obus tronconi(iues (lig. (5 el 7). Ces derniers
ont donné iW^ portées bien supérieures. A 2.')" la dilTérence s'est éle-
vée jusqu'à 2,000 mèlres. Un a constaté, en même temps, qm la déri-
vation, déjà f.iil)le dans le .système Wilbworlli à cause des rayures de
l'obus, se trouve encore nolablemeiil diminuée par l'emploi de la
furiue trun>:oni(iue.
Di.s l'HojKcriLKs cvi.indho-co.n IQUKS. 287
Enlin, le polygone de Gavre a ossayé, en 1874, îles obus de 32 sy-
mt''liii[ut's (lii(. 10), dont il oxisic ciicorc dt! ;,'iandcs piles d'approvi-
siomiemeiit d;ins l'arsenal du jiorl de Loiient. (Jii ;i i-ncoïc conslalé
avec eux des résultats analogues.
Kn résumé, de toutes ces expériences il résulte (|u';ivt.'c un culot
de l'ornie tronconiiiue on peulespéier allonj,'('r très nolabh-'uient la
portée, diminuer la dérivation et obtenir plus de justesse de direc-
tion. Si l'emploi de l'obus symétiiquc ne s'est pas encore généralisé
c'est (ju'on n'est pas parvenu à le lancer ré^juliéreuicnt, .auf dans le
canon du système Wiihworlh, et celle régularité doit être obtenue
en campagne aussi bien (juo dans les polygones d'essai. On arrivera
sans doute à l'oblenir, mais en attendant il reste acquis, comme
dernier mol de la science balistique contemporaine, (|ue le meilleur
projectile est celui de forme en olive symétrifjuc.
Tel était le projectile des Gaulois et tel esl encore le projectile
des Canaques. N'esl-ce pas le cas de répéter encore une fois ce pro-
verbe devenu banal : Nil novi stib sole ?
RENÉ KLKVILIIR.
L'oui i:viîi:iui: inriAiN
DAXS LA.\ rinUITÉ
(suite) '.
I.I- lAIN DANS LÉGLISi: KT DANS LKS COUVENTS DEPUIS LES CROISADES
JUSQU'A l.A RENAISSANCE.
f Avec la fin des Croisades apparaît dans l'iiistoire de la civilisa-
lion une pt'Tiodc dirrr'ivnlc cl hien lianchôe de la prèrôdonle. L'in-
lliience de l'Urionl iii Muiope se fail conlimiellenienl seiilir dans
les usages les plu^ ordinaiivs de loules les classes de la sociélé
fôoilale el par con<éi|neiU aim-no deiritMO elle bien des transforma-
lions el des innov;ilions. En mcn\e Wm[)>, en France, sous la sage
a(liiiiiii>tialion de saint Louis, le hien-ôtre se dévelopi)e partout,
nuis surloul d ms les classi's pauvres. Ces deux ciiconslances, l'in-
fiuence de l'Oriinl, où l'éiain et ri'lamajïe élaienl fort usilés, et
le développement du bien-élre, durent lorc«'Mnenl être le signal
d'une extension beaucoup pins considérable de l'orfèvrerie d'ctain
et de rétamage. Lhoii, au couimencenient du moyen A,'e, une famille
pauvre ne possédait à peine que quebiues pois de terre grossiers
dans son ménage, aux débuts de la guerre de Cent Ans elle devait
avoir, — à en croire les (pieliiues données de situation mobilière
(jui sont parvenues jusqu'à nous, — une série d'ustensiles de mé-
nage tout dilTéients -.
1. V. la li'-vue, t. M. III, p. 220-237, n"' de janvior-fcvrior, mars-avril, spp-
Umbrc f l octobre.
2. Voir à ce sujet l'ouvrago de M. SiiiKoii l.iicc, couronné du pri\ (iobrrt;
l»ari«, t875, Digursclin el son époque, cli. m, p. 80.
Albert Buboau, L/t vie rurali; (Innt l'nnrienue France, Paris, in-8, 1881, dil
(p. 27) «<'|"fi l'éiain avait précédé l'argeiiterio dur Ips bourgeois et même clux les
digoilairet de Iflclis'!- >*
M. GutTird, don» lu pn'f.ico du carlulnirc de l'ubbayc de Saint-Viclor de Marseille
L'oUrKVUKIlli: d'kT.MN dans l/AMInUirK. 28!)
Toutefois les documents conservés, inventaires, r«''gleuientalions,
etc., antérieurs ;'i la Itcnaissancc, sont enrore lien (icii nouihreux ;
mais (liU'éi'eiites parties de l'étu'le (|ue nous nous (iro|io-ons, —
()ue nous n'avions [m encore (ju'indifjiier, — telles i|ue celles qui
ont liait aux ouvriers en élain, pourront être étudiées (les lexlcs
sur les rorporations n'existant pas avant le régne de saint Louis).
Durant cette seconde période du moyen âge nous lAdjerons de sui-
vre toujours l'histoire de l'étain dans chacune des hranches que
nous avons iléjâ étudiées : son emploi comme ustensile de culte,
son emploi comme ustensile privé dans les couvents, dans les
chaumières, dins les palais, et enfin l'élamage. Mais nous ajou-
terons les quehjues renseiL,'ncments que nous avons trouvés sur les
corporations, c'esl-ii-dire sur les fabricants d'élain et sur une
branche toute nouvelle du travail de l'elain, celle des méreaux et des.-
enseignes de pèlerinage.
I
Les objets du culte en étain ne furent probablement pas aussi
fréquemment fabriqués dans cette seconde période que dans la pre-
mière.
La raison de cet abandon peut se retrouver dans le développe-
ment considérable de l'orfèvrerie, (pii, commencé par Suger, est
vivement continué par saint Louis et arrive h son apogée au
xv" siècle. Il était bien évident ([ue les couvents comme les églises,
qui avaient souvent des revenus considéra blcb, en usaient pour se
faire faire les objets d'art les plus beaux comme instruments du
culte.
En second lieu, les règlements de l'Église, qui ne faisaient que
loléier l'étain pour la confection des calices, furent de plus en plus
{J'iin cit., vide supra) est de l'avis plus vraisemblable à notre scus, et mieux prouvé,
que la première vaisselle fut eu bois et en terre cuite, auxquels succéda ensuite
l'étain.
M. I.éopold Dclisle a publié en 1851 un ouvrage récompensé aussi du prix Go-
bert, Elu'li^ sur lu classe agricole en Nornumdie au xiii*^ siècle. Nous n'avons
pu y puiser aucune donnée sur la question qui nous occupe. M." Dtli^lc, mal-
gré sa profonde érudition et ses savantes recherches, ne nous met sous les jeux
que des inventaires du xiv<' siècle, se rapportant encore à des commanderies de tem-
pliers, où il est fait mention de vaisselle.
Lire également l'Histoire de l'industrie française et des gens de métier, pa-
Alexis Montcil. LimoK'.'S, 2 vol. in-8, t. I, p. t'iO.
•J 0 HKMK Alir.IlKOLOGIOUK.
appliquiV<. Aussi rclrouvorons-nous beaucoup plus souvent dos ba-
rotlos ou d'aulivs objets aecessciivs, laiulis ijuc L'S tlocumcnls no
nous parliMoiU nue rarement de ealicesd'étain.
Voici les calices ilont nous avons trouva iracc durant toute cette
période: ils sont au nombre de cincj. Ce ?ont des inventaires qui nous
les signalent. Le premier de ces inventaires, de 137i, est extrait du
registre de l'oflirialit»' de ral)baye de Cerisy'; le second, de 1380,
est donni" dans les comptes de la succession d'un clianoine de la ca-
tbêdralc de Troyes*; le troisièuuîinventaire, en date de 1454, est
la nomenclature des meubles, lin^jes, ornements et joyaux de IT-glise
Saintl'llienne de llrie-Comte-bobert; l'autre, de \:'}\2, est l'état du
mobilier du cbâteau d'IIallinconrt, et le dernier, de 1527, est l'in-
ventaire des objets mobiliers alîércnts au culte du prieuré de Sainl-
M;irtin de Hergerac '.
Mais arrivons aux textes qui font iiuMilion des burettes. Nous
allons les citer aussi dans Tordre cbronologiijue. Mieux (pie tous les
commentaires ils apprendront ce que devint l'étain dans l'E-
glise.
Le premier en date est un inventaire de l'année 13i2, extrait du
cartulaire de l'abbaye de Saint-Viclor de Marseille et cité par Du
Cange. Deux burettes d'étain y sont enregistrées *.
Le procés-verbal d'une visite de l'IlAlel-Dieu de Gonesse (Sfi oc-
tobre 1351) énonce ensuite qu'il y avait dans la chapelle deux bu-
rettes en étain ^.
Du Cange cite encore un inventaire île l'église de Vence do l'an-
1. Gustave Dupont, Le registre de l'officialitè di' Cerisy. Caen, J880, iil-ft",
p. 'ilO : <( quia non erat calis argens ibi et celebrabant cum calice plunibi-o. »
Bien que notre document fasse mention d'un calice en plomb et non en étain, nous
avons cru devoir parler de cet obj' t. Il est cité comme une exi-cption dans lo re-
gistre de Cérisy ce qui prouve que le métal était prohibé par l'Église comme nous
1 avons établi plus haut. Les calices de plomb n'avaient plus, nous l'avons vu aussi,
qu'un usage funéraire.
2. Archives de l'AulfT, A. 2280, f" 15, V*.
3. Hiillelin de la Société hittorique et archéologique de Seine-et-Marne, 1865,
t. H, p. 77.
Mi-moires de In Société historique et nre/ténlogique dr l'arrondissement de Pon-
Iniif et du Vexin, t. lil, p. 08.
ItulUtin de la S'iciélé historique rt archéologique du Périgord, I. IV, p. 183.
.'i. Du C«ngf, V, Viwiteriin : « Item duas vinalerl.isde stagno. »
5. Hdiltotlicgur dr l'Erolr da chartes, /j» série, t. V, p. 1)71. K\irait de»
nrcliivcs nationale», re^. Z, 7701, f° «.'». Mohilia dicte dmiini, Het raitellc : << Ht
2 burclc de argetito, 2 alie de Manno. »
i/oRFi:vHicniK d'ktmn dans i.'amioi ni.. i»0!
née IMOI, où il est (lucstion dcdciix pelils vases d'élnin, évidcinmoiil
des hiirctus '.
En 1302 ou Ciisail aussi riiivciil.iiic du lri'>oi' de l'.ibbaye dtî Ké-
canip, et dans dilTérenlcs chapelles on trouvait i-ucccssivernciil huit
<( hulctles » d'ôlain (hurelles), cVsl-à-dirc les pelites houteilles des-
tinées à eontenir le vin et l'eau pour le sacrilice de la messe-,
A partir de cette date de 13<i2, les burettes reviennent assez sou-
vent dans les inventaires d'abbayes : d'abord à Saint-Victor de Mar-
seille en l.'J72; Du (^aiige les cilo d(3 nouveau dans un inventaire
manuscrit de lUT'J, dont il ne précise pas le lieu; en 1430 nous les
revoyons dans l'iiiveiit lirc de ^ll(^pital Saint-Jacques ;\ iMons; en
■1451, dans celui de l'église Saint-l-llienne a ihie-CouUe-Hoberl, et
enlin en 1470, dans les registres de l'abbaye de Klamarens. Les
termes employés pour les désigner vaiient: lanlôt nous trouvons le
terme ordinaire hnlellc, dont nous avons fait le mùt^M/v'//<?, ou biir-
IctlP, puis successivement pochon, pittilpha ou ftascus, missarcitid,
viunlcria ■'. Mais, malgré la dillércncc de ces termes, le rùlc des ob-
1. Du Gange, v. Frascifi : « Item duos frascos de estagno. »
2. Bibliollièfjue de l'Ecole des c/uirles, t. XX, p. 160.
3. Lg /lOc/inn, /lOçon, poùmn, pocho», du latin por/ionuf, est un petit vase pour
lo vin, une burette dans ITgiisc.
Le pitit/fu-\ pil'dp/ia^\ pita/jtlia, }>itrlfus, n'clait autre clioso qu'une pinte à vin
dans la vie civile. Mais son usage était ijcaucoup plutôt religieux que séculier : le
pitalpLus dans la sacristie est une burette (Du Gange, v. Poc/tonuî el Pilalphus).
Le savant linguiste citi' le carlulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, où
il est fait mention en 1372 d'un « quodam pitalplio stagni » ; à celte citation il en
ojoute une autre qui s'applique aux deux espaces de vases pochons et pitalp/ius.
C'est un inventaire de l'année 1470, extrait des registres de Flamarens : « Iiein
plus dixit se invcnisse très juxtas sive pitalplias stagni. — Item aliam pitalpliam
rotundam stagni, absque coopertorio, unius quarli. — Item unani pitalpliam rolun-
dani stagni, tenendo' quinque poclionos vini. » C'est de fhisrwi qu'est dérivé le mot
français flacon. Quanta missarana, co terme implique un objet destiné au service
do la messe.
Du Gange, v. MK'taraua : « Inventar. ms. ann. 1379. — Item du;e missaranae
cum covercelcis et una alia sine covercclio stagni. »
Bulletin de la Société d' archéologie , tciences et arts de Seine-el-M'irne, année
180.'), t. Il, p. 77. Inventaire des meubles, linges, ornements et joyaux de l'église
Saint-Kiiennc de Brie-Comte-Hobert en 1/j54 : « Iiena six burettes d'ettaia, un en-
censoir, trois orfeaulx, deux petites clocliettos. »
Voir aussi le Messager des sciences cl des arts de Belgique, année 1855, p. 422,
inventaire des meubles et ornements de l'iiôpital Saint-Jacques de Mons en 1630:
« iiij poilions d'estain »; et les Mémoires de la Société hi ''torique et arcliéolugi'jue
de C arrondissement de l'ontoise et du ]'cxi?i, t. III, p. 07, inventaire fait après la
mort de Pierre Legendre, seigneur d'IIallincourt (1512) : « Item, doux cliaudelliers
392 nRviF: Ancni^.oi.or.iouF.
jeU qu'ils lUmpnonl esl inrontcst iblo cl c^' soiU los doux pelils
ri-cipionls qui s rviMil à cniiU'iiir TiMU ot W vin du s.iiiil sanilico
de la uipsse (juc délini!>senl les diffîMonls ici iim^s .jih' nous vcnous
de eiler.
A ces renseipneuuMils il fouvionl d'.ijoulcr une roulunicque nous
avons dt'jA siguaii'o, miis(|ui, dans 1rs lerincs vagues où elle est
rapporl(S\ peut s"nppli |U(M- à tout le nioyeu ;'ij?.'. Il iMail d'usage
que parmi les ol'jels loi'.rnis par la (lime d.ifis les Fiamlres fussent
toujours des vases d'èlain desliuês à contenir l'iiu et le vin de la
messe. Et nièine, ;\ en croire Tauteur (jiii nous donne ce renseigne-
ment, les burettes (levaient (Mre fournies deux à deux, el dans
chaque paire une hiirette devait porter visibieinenl li hitie A, tan-
dis que l'autre devait avoir la lettre V, où Ton peut voir fociloinent
les mots ni]u<i et vitntm '.
A côte des objets destinés au saint sacrillce de la messe viennent
s'en ranger d'autres également destinés au culte et placés sur
l'autel.
Le musée de Xuiemberg conserve, par exemple, une croix d'au-
tel en étain : elle ne doit pas être antérieure au xv» siècle et a été
faite, au moins pour son gros d-uvre, au moyen de lames d'élain,
coulées probablement dans la pierre, rajustées ensuite les unes aux
autres et clouées sur une carcasse de bois. Four la décorer davan-
tage on l'a entièrement dorée au mercure.
Dans toute église, sur l'autel, à côté du cnicitlx, nous voyons
des chandeliers et des candélabres. L'étain, pendant le moyen Age,
a été aussi mis en ceuvrc pour leur fabrication. Deux iiivent;iires de
la seconde moitié du xiV siècle en font foi sur deux points opposés
du terriioire; ils parlent, l'un en Bclgi(|ue, :\ Soignies -, l'autre
dan:- le Midi, à Venco •', de chandeliers délain et de candélabres
élamés.
Nous parlons ici en môme temps de l'orfèvrerie d étain et de
rétamage, quoitjue jus(ju'a présent nous en ayons toujours fait l'ob-
dc cuy vre à poincles et deux petites burettes d'cstaing, prisez ensemble seize soli
pari!)!». »
1. Annalet de la Sociéli' archéologique df Samur, t. Ml, p. ,157. I.int ancien
des paroisses dans lo comté de Namur.
2. Mptiof/rr ilet sciencn et dei arts de Behji'/ue, ani\^-c 1854, p. *77. Inveniniro
des livns Cl orncmi-nls de IV-Rliso du chapitn- dt; Saint-Vincent à Soignies t-n 13Sa
(archives du royaimie) : « ij cundelent d'cslaliiR ».
S. Du Lange, v. Slnnluilus. Invcnlarium ann. Uf.l '\ Tiibul. I). Vonci.T : « item
•ex broca» sire candélabres fi-rrcos slnnlialDi. »
L'oiiKi;viii;iiii; it"i;iAi.\ dans L*A.MiijiJirÉ. ii'J3
jcl (IV'lUilcs (liiït'ivnlL's. Mais, dans la ileuxiùiiU! inoilié du moyen
Jlge, rétuni:i;,'C paraîl ùlrc ahsolinneiit sorti des usaj^'es ordinaires de
i'Egliso, et c'est la seule fois (luc nous en avons relrouvé trace,
excepté pour les tuyaux d'or},Mie, dont nous allons nous occuper
tout à riifute.
Si l'on eulro dans une église pour la violer el l'étudier, on va gé-
néralemetil au cliueur et par conséijuenl à l'aulcl; c'est ce que nous
avons lail en coiuuienrmt ii passeï' en revue les burettes, la croix et
les chandeliers.
Si maintenant nous iiuiltons le cli(i;ur et nous descendons la nef
en nous dirii^'caiit vers la sorlic, nous nous trouverons en lace de
l'orgue, généralement [dacé au-dcs.sus de la grande porte. Le béni-
tier est vraiscmblableineiit non loin de là prés du dernier lulier;
dans une cIki|ioI1(' latérale, la cuve baptismale à la même hauteur.
Puis tout au fond lOrjj'ue (lue nous avons devant nous a eu, au
moyen Age, ses tuyaux j'abriiiués tantôt d'étain, puis tantôt orne-
mentés par l'élaniage. Là encore, laissons parler les textes.
En 1451 on réparait les orgues de l'église collégiale de Namur et
voici ce que nous trouvons dans les comptes :
« Payet :
« Item pourclaux de patin, claux s((mnei.'n:l ill d'arcal, ensamble
Il heaumes, I wihol cl demi.
« Item pour XV fuellez d'estain pour blancquit les buziaulz des-
dis orghenez, VI heaumes.
« liem à Jehan Maslial pour XVI libvrez de plom et une libvre
de stahiy ensamble XL heaumes.
« Item pour VI fuellez d'estaiu pour le? huys des pelilez
orghenez, III heaumes et demi '. »
Un petit peu plus tard, en liSI, un incendie détruisit une
grande poilion de la cathédrale de Reims. L'orgue fut brûlé. Dans
les procé>-verbaux des réparations ((ui eurent lieu, nous lisons:
« Oui dit aussi et atteste tous les susnommés, atteslans que en la
dicte église ont été construicles el édîliées et f.iicles neuves certaines
l. Annales de la Société archtologi'jue de Samur, t. Xlil, p. 8.'i, 65, 80.
291 m.VlK AHCIIKOLOOIOUK.
prandos orgues sompMieiisci cl do grande inaptiillrcnro, dont los
tiiy.\ul/, sont tous d«' lin estaiii, pour le sorvici» et honnoiir i\tî Dieu
en la dirlt* (V^'i^iS P^ur les iiiyaul/. des (pu'lles orgues faire el par-
(aire a esli" mis ol employa' par la dicte (église, comme les dicls
Vnnntrt el Unzehoix, fondeurs el polliers d'estain, ont allcslô et
adirm»'* la ipnnlilé de ll.rîiO livres d'csliin et souldiire cl mieux,
vallant le ICK) de livres Ui livr>'s loiirnois (lui foui en sommes
2,320 livres tournois '. »
La ratliôdrale de Reims est une des plus belles ôglises du monde,
cl les termes de notre citation prouveraient que les orgues en ('•tain
ctaient, au xv siècle, les plus recluM-cli("'es ; du reste ce fail n'aurait
rien d'exiraurdinaire, puis(jiio niijounriuii il n'y a guère de tuyaux
d'orgues qu'en él.iiu.
Au souvenir de la calliédrale delleims vient s'ajouter encore un
aulre ténitiigna^^e que nous trouvons dans l'une des plus cliarmaiiles
églises du style llaniboyant. Il s'agit de l'église Saint-Maclou de
Rouen, dont le portail en demi-cercle est un des plus beaux motifs
(rardiiteclure du xv" siècle.
Si, ap?ès avoir pa^sé le portail, on entre (i.ins ré,::ljse, franchis-
sant les portes de bois sculptées p;ir Jean (loujoii, Ion anive au-
dessous de l'orgue.
Celui que nous citons datait du commencement du xvi<- siècle.
Œ Pour en (aire les luyaulx», disent les complcsdc l'église, les tréso-
riers achetèrent à deux Anglais, au prix de 203 livres, « deux sau-
mons d'estain » ^
Lorsqu'on est devant l'orgue, pour soi lir l'on passe généralement
devant le bénitier. Nous en avons trouve quebiues-uns en étain;
mais CCS bénitiers ne sont pas ces grandes vasipies de marbre pla-
cées au bas dus nefs des cathédrales, ce sont simplement les vases
qui contiennent l'eau bénite et dans lesquels trempe le goupillon
avec lequel les prêtres donnent la bénédiction. Le plus ancien (jui
semble être signalé dans les textes est appelé iscUium, diminutif de
sitellus ; puis nous en trouvons successivement, au xiv" siècle, dans
la chapelle île la reine Clémence de Hongrie ^ el chez un chanoine
\, h\hr\o\, llisl'iii': i/i; 1(1 vilh', lilt' cl univfr.tilé de Ikim^, IS'iG, 4 Yol. iti'.'i',
t. IV, p. 005.
2. Uullrtm ntonuttifntal, t. XIX, p. as.'j. .Nolo sur l'orguo do Snint-Msclou de
HoiH-n, por l'ubbé CqcIk-i.
3. Complet ilf i'iirgeitlrrii: lies roh <le France, publitVs par M. DouCt d'Arcq.
InTcntairc do Ciéincncu de Hongrie (1338). Paris, iS/^j, p. 1U7.
i/oiiri;viii;iiii: diViun dans i/antihuiti';. 295
de 1,1 S.iinlc-Clijipollt; '; au XV siècle, dans la (:lia|iollo do l'Iiôpilal
Sainl-Jaciiiics h Mous -.
I-c Ijùnilier en métal, au moyen à^^e, n'ilait pas picciséincnl une
appli(|uc avec un petit récipient contcnanl le liiiuide bénit. C'était
liien plus souvent un seau avec unt; anse. Go bénitier portait sou-
vent le nom d'orcel et d'orceau, et Du Canj^e nous en fait une des-
cription complète dans son dictionnaire. Huant aux formes, elles
variaient ; le musée de(]hiny et les colleelioris de .MM. Viollrl-lolîuc
et Gay nous en montrent une grande (luaulilé •'. Ces bénitiers n'é-
taient autre chose que des seaux (vases à anses) ayant en général la
forme d'un cùne tronqué. 11 y en avait aussi à côies en forme de
pentagone ' et à galbe courbé très gracieux de dessin. M. Viollei-le-
Duc en donne plusieurs types.
Non loin du bénitier, placé â l'entrée de l'église, se trouve dans
l'enfoncement d'une chapelle latérale la cuve baptismale. Aujour-
d'hui elle est généralement en pierre, quelquefois en bronze comme
à Mayence, ou encore c'est une des belles pièces de dinanderie
comme dans quelques villes de Belgique. .
Les fonts baptismaux furent quelquefois en plomb. Le musée de
Cluny en conserve de pareils, du xiii" siècle, où existent de petits
décors peu intéressants; la forme n'est pas gracieuse ■•. Nous avons
encore trouvé trace de cuves analogues dans deux églises du Midi,
à Bouret et à Verdun-sur-Garonne'', et puis successivement à Beau-
mont-dc-Lomague, à Lombez, à Aubin, toujours dans la même ré-
gion ".
Ce qu'il nous a été donné de savoir ainsi sur les cuves en plomb
1. Archives nationales. Inventaire aprts décès des lions meubles de Jean de
Hatomesnil (1380): « Item un potitet benoislicr d'cstain. » KK 328, f. 9.
2. Messager des' science") cf des- arts de liel(/ique, année 1845, p. '|23. Inventaire,
;am cit., 1430 : « j benoliier d'cstain ».
3. Du Cangc, Glossaire, v. Orceau, Orceilus.
Victor Gay, Glossaire archéologiijne du inoijen âge et de la renaissance, v. Béni-
tier, p. l.',/j.
Vioilet-le-Duc, Dictionnaire raisonné du mobilier français, v. Bénitier.
Catalogue du Musée de Cluny, n° 5212.
û. M. le curé de l'Isle-Adain en po5si.de deux de ce genre, l'un du xi\ « et l'autre
du xv siècle.
5. Voir le catalogue.
C. Bulletin archéologique de Tarn-ct-Garonne, 1872.
7. C'est ;i M. l'abbé l'ollier, de Monlauban, que nous devons ce renseigne-
ment.
29« iiKMi. \iii:m.i)Li)(.i.jLi..
ue loiîil p.i-s à doiiiDiilrir U'iir car.irU^rc :uli;>li juc m li'iir heaulr. I!i»
général lous Ii-s objets (le ce jîcnrc, î» en jn^:»'!" pir criiii de Cliiiiy
qui .1 In furmo iVwn elinuilioii oïdinaiii', dcviii'iil tMio une espèce de
récipient porl.ilif .i fond pl:it '.
Mais à 1.1 lin du iumv.mi ;"i4<' nous avo is retrouvé en Holiénie des
cuves Itapiisniales en éliin lieaucoup plus décoratives, dunt l'usa^'e
constant dans celte région nous est si^Mialé. Klles ont une tout au-
tre forme celle d'une clocl»;^ renversée ; au pourtour on voit des ins-
criptions et sur la panse de> li^'ures en relief; ces cuves sont su[)-
porlées par trois pie Is d'un niolif à lleurons du xV siècle-.
Une fois que l'on a visité les fonts baptismaux, on se dispose à
quitter l'église, mais auparavant il ne serait pas inutile de visiler la
sacristie. A Tépociuc qui nous occupe, i>eu d'église? ont encore celte
pièce. Les armoires placée^ dans les chapelles, de clia(|ue côté de
l'autel, en tiennent lieu, et c'est là que l'on trouve tous les ohjets
accessoires du culte. Kn premier lieu nous rencontrons des plats ou
plateaux d'étain ; c'est sur l'un d'eux (|uc sont placées généralemenl
les burettes. A côté se Irouvenl de nombreuses écuelles (pii servent
aux usages les plus divers; là aussi nous voyons des ampoules où
l'on conserve le saint chresme. Puis l'on aperçoit des navettes où
s'enferme l'encens, et enfin on y rencontre aussi des aiguières avec
leur bassin. Tous ces ustensiles sont souvent en étain. Ce sont des
objets d'usage journalier, sans valeur, et ((u'on surveille moins que
le frésor, où sont gardées loules les pièces précieuses de l'église ou de
l'abbave ^.
1. L'abbtî Pascal, dans ses Institutions de l'art chrétien (t. II, p. 212), nous dit que
le rituel de Toulon veut que l'intérieur de la piscine, si celle-ci est formée d'un bloc
de pierro, ait une doublure de plomb, d'étain ou dt' cuivre étamé.
2. Mittheilunr/en :1er K. K. Centrul-Commi^sion, Zinnguss-Wcrkc in Bœlimen.
Vienne, in4% 1379, pp. 75 et 70.
3. Inventaire dns nioublcs, vases et vôtcmenis sacn's do In cathédrale do Genève
(1533;, dan'i le tome VI des Memoirrs et (luciiinintt put/iiés pur ht SociiHé d'histoire
et d'anJiiologie de (ieiièvc, pp. 120 et suiv.
Annales du Cercle archiloior/ii/ue de Mon^, t. XIV, p. 2(J7. Inventaire du mobilier
sacre de l'abbaye de Cambron.
Mifiitoiret de la Société archéologique de Tournine, t. Vil. Tours, ISO.'), in-8»,
p. 200. inventaire des meubles de l'églisu de Dueil (liO.'i).
Annales du Cercle archéuloi/i'/ue de Mons, t. XVI, pp. IjO et 158. Dacriptioti de
lu ville et du comté de Beaum<)nt : Cliapellodo Saint-l.adrc et do la Cymcntièrc.
Ktijt ancien des paroisses dans le comté de S'amur, jam cit.
UtOliotliè'/ur de l'Ecole des chartes, t. XX, p. 100. « Iiivenlairo fait (!■ s biens
du tlie»BUricr de Fescamp, pur frères Thomas Majssel, llictirt de la l'onlaii.e, Hio
i/oiii"i;\ m iiiK it'i.iMN i>\N^ I.' vM lui'iTK. 291
Il (Iciiii" ic liicii proiivr i|iic ces ohjels rl.'iiciil c;i (Hniri, mais il y
a uiKî sorte de (lociiiiicnl (|iii nous Ciil .'ih^^oliiincfil (hîr.iiit pI dont
rabsoiiC(î nous eiiiptk'liL' lie savoir conimeiil (''laM'iii ces olijcls. Au-
cun d'eux n'a survécu, aucun dessin, ni dans les nianusriil , ni -^iir
les inonumi'nts, n'a pu nous signaler leur slyic ou leur geiin-.
l'ivrculail-on ces objets avec tous 1rs lalliru'nientsdu luxi-, ou I icn
étaient-ils traités avec simplicité? C'est là ini point drlical à éclair-
ci'-, parce ([u'il est très facile de j)rendre sur des objets d'art des
moulages en terre et de couler de l'étain dans les moules. Les plus
belles pièces d'orfèvrerie ont pu être, à toutes les époques, repro-
duites en surmoulé. Si, au moyen A|,n', il en a été ainsi, les objets
suiinoulés en élain n'étaient pas cliers et on pouvait en disposer
pour les usages les plus simples, ou dans les églises les plus pau-
de Neufmcrz, Mcole Hiote et [ilusicurs autres, le quint jour de décembre l'au
L X II (13C2) : « Item un petit vessel d'estin à mettre l'encliens ».
Du Cange, v. Parasides, ano. 13G1, ex Tabul. Venciœ : « Item duodecim parasiJes
estagnatos. » — V. Plntellus, invent. 1419, ex Tabulario ecclesiae Novioniensis :
« Item quidam platellus stanueus lavanilas manus. » — V. Stannifcx, ann. Ii81,
ex Tub. S. Putri Insulas : « Johanni Lampcne stannifici pro cambio unius 'lisci
stunnei, servientis in capclla B. Jolianuis Baptistaj et duorum i)otorum in ca|ieila
B. M. pro toto vij sol. »
Méinoiri's de la Société îles antiqwiires de France, 3« série, t. IV, année 18J!t,
p. 229. Histoire et inventaire du trésor de la cathédrale de Bourges. Parmi les
objets donné? au trésor depuis 1537, on rencontre : trois grands vases d'étain qui
servent à apporter les saintes huiles quand les arclievôques sont absents.
Messager des sciences et des arts de Belf/ique, année 18^6, p. 222. La cliapL-lle do
Saint-Rémi, près de l'hôtel de ville, à Namur. Dans les comptes de la ville, entre
autres achats faits pour cette chapelle en 1520, il y a celui de deux pots d'étain.
Société d'histoire, d'archcolo'jie et de littérature de l'arrondissement de Jieaune,
1874, in-8o, p. 117. Inventaire de l'Hôtel-Dieu de Beaune (1501). 1° la Chapelle :
c( \ esté trouvé au revestuaire de ladicte chapelle : Item dix chasncltes et quatre
platz d'estain servans à ladicte chapelle. »
Archives nationales. Trésor des chartes, re^'istre l8i, n» 105. Lettres de rémission
(1451) : « Le suppliant et Perrenet Moutin estans en l'église de Saint-Quentin
virent en une chapelle où l'on contrepoise les malades, ung post d'estain à bro-
ceron. »
Note sur la dédicace de l'églite de Cliampdenil {Seine-et-Marne), par M. Gau-
cher, p. 92.
Compte rendu « par Pierre Georget, margi'^f de l'église parrochial Mons' Saint-
Marcial de Champdeur le vin>^ may V^ cinq" cinq, des receptes et mises par luy
faictes depuis le vingt-sixiesme jour du moys d'apvril mil cinq cent cinquantre troys
jusques à pareil jour mil cinq cens cinquatre (sic) :
« Pour quatre petites sallieres d'estain qui ont esté achesptées par éd. Rendant
pour mectre des sainctes reliques aux aaieizde lad. église la somme de solz tourn.
po' ce X s. tz. 11
m'' SÉHIK, T M. •20
1^)S nivri: auchf^ologiqdr.
vro««. M.iis, iiou"? le n^pilons. rien ne nous n donné une iiidicalion
là•(le^«u.^cl nous ne pouvons (ju'avouer l'ignonrire où nous sommes.
En ëludiant j,i vie privée dans les couvents, dans les villn^'es et
chez les grands seigneurs, nous n'avons pas [lu trouver non plus la
solution de eelte ([uestion, au moins pour une certaine sorte d'ob-
jets; lc> autres, par la nature mémo do leur usago commun, nous
donnent la rerlilude (ju'ils devaient être tout à fait simples, tandis
que dans TKglise ils rtaienl destinés à la cc rémonie la plus sacrée
du culte; il n'était pas nécessaire, malgré la pauvreté des églises,
que ce fussent des ohjets sans décoration d'aucune sorte et surtout
sans lignt s étudiées et conçues avec goût.
11 aurait été important pour nous, même dans les cas où ces
objets eussent été des plus simples, de pouvoir étudier leurs formes
et leur caractère.
Dans la première partie du moyen âge, l'Église et les couvents
produisent seuls dans les arts el l'industrie; dans la deuxième par-
tic, au moment où les corporations sont IlorisAanlos, couvents et
églises ne produisent presijue plus, mais font surtout produire et
encouragent artistes et ouvriers. C'est donc principalement d uis les
objets religieux que l'on doit retrouver le goût le plus lin et le plus
éclairé de l'époque.
Or le goût de tout un peuple ne s'étudie pas facilement sur des
objets d'art de premier ordre, produits seulement de quebjm's ar-
tistes qui peuvent faire exception à la masse de la nation. Mais où
il se retrouve complètement, où on peut l'étudier chez luut le
peuple, c'est à coup >ùr dans les ubjuts de la vie de cIkuiuc jour,
c'est dans un calice ou datis une burette qui servent tous les malins
à une église pauvre. C'est dans l'aiguiérc ou le plateau les plus
simples; c'est dans la casserole ou dans le pljt que li paysanne
prend pour préparer le repas de la famille ; c'est uusni dans les ob-
jets de cuisine des grands seigneurs; c'est enlin dans tous les
objets les plus communs et les plus praliques de la vie (lu'il est
possible de le retrouver.
Or c'e>l bien l'élain qui a dû servir ù ces objets. C'est doiic aussi
l'étude de l'industrie (jui le travaille qui eût pu nous éclairer sur ce
point, mais les monuments ont fait défaut.
Dans le cas qno. nous indiquions tout à l'h.'ure, où l'élain eût été
une reproduction d'un oîijct d'art, son peu de valeur le rendait tou-
jours usuel, et alors il aur.iit prouvé que le guûl de celte époque,
même pour ie^ choses sans prix, était de se i-a|iproclier le plus pos-
sible de cc que l'on cnridérait comme très be.iu.
l.'oHn.VIll IIIK DI.I'MN |)\NS l/WTU.UITK. iiliU
{]i\ peu [dus liL'urcu\ (la.is l'éludt; il(; la vie pi ivéc (iiio nous nu
l'avons élô dans celle des dijels du culli', nous retrouverons au
moyen âpe quelques types parvenus jusqu'à nous, ijui nous per-
meltioiil (le constater ce qu'était lo jjoùl des masses.
Dans les couvents, les écuelles, les assiettes et, en résume, tous
les ustensiles (jue nous avons déjà cités, c'esl-à-dirc iitie nous appe-
lons aujourd'hui la vaisselle, étaient souvent en étain, mais cela
n'empêchait pas ces couvents de possédei- en même temps des collec-
tions considérables d'ustensiles de table en matière d'or tt d'ar;,'ent.
Les rèfîlements monacaux nous ont initié déjà à la vie inléiieure
des moines; des chartes, des chroniiiues et toiilc-^ sortes de docu-
ments continueront i nous instruire sur les habitudes des moines
aux xiv° et xv° siècles. Naturellement les haldludes de bien-être et
de propreté ne firent qu'auj^menler. L'or, l'argent, l'étain, se re-
trouvent toujours dans les objets d'oriévrcrie, mais l'étain voit son
rôle diminuer, il doit à la lin du moyen âge ne plus guère servir
dans les couvents que pour la cuisine ou pour des usages plus com-
muns.
Commençons par citer Du Cange ; il nous apprend par une charte
de il20 que le seigneur élail (juclquefois astreint à fournir la vais-
selle d'élain à un couvent '.
Mais, comme le luxe augmente dans les classes riches et dans les
couvents, l'orfèvrerie d'étain diminue de jour en jour chez les
moines; mais ce qui est objet commun chez les riches est quehjue-
fois objet de luxe dans d'autres milieux.
C'est ce qui arriva pour l'étain au xv*' siècle, car à mesure que le
luxe et le bien-être se développent il disparaît peu à peu dans les
couvents et chez les nobles, et augmente dans des proportions consi-
dérables dans la bourgeoisie, chez les paysans et dans les cuisines les
plus luxueuses.
Remaniuons en passant que le nombre de citations que nous trou-
vons à la lin du moyen âge est beaucoup moindre que celui que nous
avons trouvé à l'époque des croisades; cependant la dernière pé-
riode nous a laissé bien plus de documents que la première.
Il sera donc permis de conclure que si l'étain était aussi répandu
1. Du Cange, V. T uj.re//^. Tabulariiim S. Joaniiis Angcriacencis ; anno \!t20 :
« Et sui succcs»ores valeant de vaixclla stngiioa et aliis ustonsilibne convei.lui |)ra;-
dicto providere... El sui succcssorcs vaixtlhim stagiieam iiuaincumque, qu» de
successione vel spoliisreli({iosorum iiostri prajdicii monasterii dccedeutiumobveoerit,
possint et valeant libère percipere. d
3()0 HKVUK AnClIKOLOGIOUR.
à rt's (ifiix inoineiils il av.iil cepciiilanl iiiic iiniioilancc liioii plus
grande aux yeux îles gens lors de-^ rroisades iju'au xv" siècle.
Venons aux citations d'une cliarle de l'ahhaye deSainl-Ainand qui
parle d'ècuellcs d'élain conservées clicz les moines '.
I.orsi|ue nous arrivons h la seconde moitié du xV sit'cle, f|ui
correspond à la lin de la puerre de Cent Ans, nous rencontrons une
pièce importante cl de nature à nous éclairer d'une fa(;on plus cer-
♦ainc encore, l'n chanoine d'IIilileslu'im, du nom de Muscliius, fit
partie, vers 1470, d'une mission ecclL.'siasli(iue chargée île parcourir
les couvents de la Saxe, qu'il s'agissait alors de réformer. Il a ra-
conté avec détails l'histoire de cette mission. Dans plusieurs cou-
vents de femmes il vit une certaine quantité de vaisselle d'élain
qu'il a signalée :
('.liez les religieuses de Sainte-Croix, h Erfurt, il y avait :
1o') amphores, 70 coupes, l^hrocs, 33 écuelles du métal qui nous
occupe ; — chez les religieuses de Sainl-Cyr : 200 amphores, flacons
ou pintes; — chez les Dames-Hlanches, aussi à Erfurt : 41 am-
phores, 10 écuelles et A flacons; — chez les cisterciennes de Saint-
.Martin : loO amphores, flacons et écuelles -.
Au commciicemenl du .wr siècle nous trouvons un acte passé
entre le seigneur de Noirmouiier et les hénédictins de l'althaye
de ce nom, acte semblahle à celui dont parle Du Gange et que nous
avons cité plus haut pour le xw siècle, et par lequel le seigneur
demeurait obligé de fournir la cuisine du couvent des ustensiles
nécessaires, et entre autres choses de vaisselle d'étain. «Assavoir :
i^ plats sans bord, lii écuelles à oreilles, 12 grands plats soupiers,
12 coupes d'élain •^. »
Ajoutons à cette nomenclature un texte de Du Gange dont nous
n'avons retrouvé ni la date ni Torigine, mais qui est extrait d'un
carlulaire religieux. Il y est fait mention des mots « potus » ou
«po/i d 'esta in » *.
Ges citations sont déjfi assez longues et elles sufllsenl pour bien
indiquer le rôle de l'élain dans l'Eglise, rôle (lui continua toiijouis
1. tiulktm ilr la Soriéti! htsturi'juc et archiio/o'jiijw du l'enijnni, 187/j, t. I,
p. 218 : <• iij scutellos stagiii. »
2. Leibniz, Srrtptores rentin Uruiisuiiinnum. Hinovro, in-f", I. Il, p. 8S7 A SOI.
iJc re/uri/t'iti'ine moiui^leriorum iier Sasiiniaiit.
.1. Mdriioirrs et documents jiubliés /Kir la S'icidlt' d'histoire fie la Suisse romande,
t. III, pp. 331 ct83G.
6. Du Cangc, T. Potui. l'oti d'esl.iin. Irivcnt. iilensilium «i rabuLir. f'om-
ficnd.
I,'(IIU'Ï;VUI Itll. 1)1 lAiN DANS I.'aM loLTH. . .'JUl
Cil s'alïaihlissanl |)t)tir la conlciiinii (i,'.s calices jiisi|u';i l'i'iin pic dti
la llévolutioii.
Nous airôkTDiis là nos cilatiuiis pour le rôle (Jt; l'clain dans
ri<lglis('. Il conlinua jiis(iu':i r«';|iO(|ue de la Hévolnlion, \>'u'U (|ije
cependant la l'altriration des calices allûl toujours en s'aiïaissanl '.
A partir, en elTel, du concordai, nous croyons pouvoir allirmer
que tous les objets consacrés destinés au ;ainl sacrifice de la messe
n'ont plus été en France ([u'en matière piécieiise. Quant aux ob-
jets moins importants, tels (|ue les Imieltes, on a sulistitué ai jour-
d'hui presque partout le verre au uiéial p<i;ir l'iis.iLre le plus ordi-
naire ; mais jus(|u'an xviir siècle on renconlre très l'ré(|ueuimenl
des burettes en étain. Le musée de Cluny et presijue tous les mu-
sées de province en présentent des spécimens -. l*our ce qui est
des autres objets, plateaux et aif,Hiiéres, boîtes à hosties, pyxides,
ostensoirs, chandeliers, toutes ces pièces furent fabriquées en étain
et presque toujoui s dorées après; ainsi pour ce qui concerne les
vases aux sainles huiles ou boîtes ;i saint chr("ime l'abbé Pascal nous
dit : «qu'il sullit (ju'ils soient d'une maiiéie piopre et solide. On y
emploie l'or, l'argent et l'étain. Les autres métaux sont exclus parce
qu'ils sont sujets à rouille ^. » Il y a même un fait caractéristique à
ce sujet, c'est (jue (luicouque veut étudier rorfévrcrie religieuse
française du xvr' siècle doit forcément, en présence de la destruc-
tion de toutes les pièces de valeur de celte épo(iue, recourir à l'étude
des objets du culte en étain. Pour notre part c'est seulement sur les
quelques pièces d'orfèvrerie religieuse en étain de la renaissance
que nous avons retrouvé le style des arabesques, desmascarons, des
rinceaux, des branchages, dont on peut attribuer la paternité à
GeofTioy Tory; malgré toutes les recherches (juc nous avons faites,
nous n'avons guère retrouvé parmi toutes les pièces d'orfèvrerie
françaises du xvi" siècle qu'une seule épave de nos révolutions, le
chandelier du duc d'Anjou, ù M. le baron Pichon.
Le musée Sauvageot, au Louvre, contient quehiues petites mer-
veilles dx'tain. D'abord une pyxide dont la panse est en forme de
coquille et dont tous les ornements sont du pur Henri II *. A côté
1. Mgr Affre, Trcaté de l'adminùtraiioh temporelle des paroisses, jinn al.
L'abbo Uarraud, Note sur les calices et les patènes, fam cit.
2. Catidogue du Musée de Clwnj, n° 5216.
Catuluijue lies objets d'art et de cuiiositc dépendant de la swxession de l'abbé
Coffinet. Troyes, 1882, Caffé, n»' 198 et 199, p. 19.
3. Institutions de l'art chrétien^ t. 11, p. 250.
4. Voir le catalojjrue du musée.
302 ui.viK A«c.m-'oi.o(JiyuR.
so iiouve un oslensoir ;iux rayons fort petits, ICnlln, personncllc-
luiMU. nous possiVlon> uncltoiiori hosties dont Icroiivorcle.on forme
(II» ilô.ni», et lo corps .le la liotlc tout»; rondo, sont il«':coivs d'arahcs-
(|ues (les plus variée». Nous pourrions citer encore n')nilire d'autres
pièces, mais nous nous l»ornernn< à indi |upr une foil jolie custode
coiisiTvée au musùe Vivenel, a Couiiuèp'" ■, et un • mon-lrance
appartenant à l'abbé Poltier, île Montauhan. Ces objets sont tous
d'un poill d(''Iicnt ft dénotent chez les dessinateurs ou chez les ar-
tistes (|ui les ont produits un talent fort éclairé. Mais il no rentre pas
dans nos vues d'étudier le xvT siècle, et, après avoir siRualé ce que
nous y avons vu, bornons-nous h ajouter qn'h partir du xvir siècle
nous ne trouvons plus dans l'Kglise aucun objet d'êtain (|ui mérite
le nom de pièce d'art.
Dans les couvents, l'usaijo de l'élaiii, à partir du xvT siècle, n'a
d'autre histoire que celle qu'il eut èpalemenl dans la vie privée
chez les particuliers. Nous expli(iuer(Mis à la tin de celte étude pour-
(juni l'éliin a pour ainsi dire complélemenl disiiaru de mis nueiir-.
i/iVr.MN DvNs i.\ vu; puivi^ii Ai; xiir siticLi;.
Nous avons exposé précédemment combien nos recherches sur la
vi(! privée' antérieurement au xiu" siècle avaient été peu fruc-
t euses : elles nous ont amené à retrouver l'existence do l'èlain dans
les couvents, surtout pour les objets se rapportant au culte, et en
même temps elles nous ont permis d'apercevoir de loin en loin ijuel-
(jues-uus doses usages dans la vie séculière. Mais avant de passer à
l'étude de» èiioiiues suivantes, il nou>> paraît nécessaire diî résumer
en quelques lignes riiistoire do l'ètain jusiju'ù la lin des croisades.
L'ètain parait avoir très peu servi pour l'orfèvrerie jus-
qu'au IX' ou au X" siècle, excepté pour le culte. Ce ne i)arait être
i|u'à la lin de la période carolingienne qu'il fut employé d'une
façon suivie dans les couvents pour des usages se rapporlint à la
vie des nmines. A cette èpocjue de barbarie les couvents étaient le
lieu de naissance de toute espèce d'industrie, et naturellement c'é-
tait deux que se répandait la ( ivilisalion dans toutes les classes
de la société.
Dans la vie séculière, l'ètain semble être rentré dans la fnhric»-
lion des objets de cuisine peu de temps .-yprès iju'il a servi au même
usage chez les moines. Comme orfèvrerie de table il ne peut y
I 'i)itri,\ iiiiiii-. 1(1. iM\ i)\NS i.'.w 1 /i.tii 1 1'; 303
remplir di' rôle, par l.i i';ii>oii in-s Miiipic iiiTclIc n'oxi^ii; (|ii(^ ir»'!»
yoniinairomcnt avant lo xiii" sièck' ; Irs plats, comme Ins r«'Tipionlf
pour les hoisroiis, servaient Mcn avant rotio l'époque, ci i|g aiir.iienl
cerlaincnient pli ^tr»; en élain, mais ions les U\h'> que rmus avons
trouvés nous ont soinhié devoir démoiiinT qm;, tandis que le
cuivre, lo liois et autres matières servaient a leur foi.ferlion,
l'étain ne devait y entrer pour lien *. U'un autre cftlr, il n'y avait
point encore de vais^ille proprement dite, on manjreait a inonie le
plat, comme nous l'avons déj'i dit; car l'habitude de se seivir d'é-
cuellesel d'assiettes ne se développa dans les couvents qu'îl répo(|ue
(les noisailes. I)i' I'», naliirfll('iiieiif,rcl u.".;i!,a' de propreté se lépandit
dans toutes les classes de la société auxriuelles leur situation de for-
tune permettait ce luxe.
Aussi, lor>(|ue nous arrivo .s au xiii" siècle, nous trouvons l'étiin
répandu dans les couvenis pour tous les objels de cuisine et de
table. Nous le trouvons en même temps dans la vie privée pour les
usages de cuisine, et commençant seulement à se ré|iandre pour la
lahle. Nous avons déjà rappelé les savantes éludes de M. Viollet-
le-Duc sur ce sujet, et nous sommes heureux de constater que tous
les monuments (jue nous avons rcirouvés vionneiil absolument cor-
roborer son (lire comme eelui de M. Guérard.
Nous ne trouverons pas la preuve de la f.ibric itiou de la poterie
d'élain dans le livre de la laille de !2oi. Nous y voyons bien
meiilionnés un certain nombre de corps de métiers désignés sous
les noms de poiier^, de cuilleriers, d'escuelliers, eic, mais aucune
indication n'est donnée sur la matière première de leur industrie.
Au contraire, la taille de 1300, sans être très précise, nous donne
plusieurs indications : il y est mentionné : 1 batteur d'escuelles
d'estain, l battere&se d'eslain, 1- fabricant d'escuelles d'estain, îî po-
tières d'estnin, 3 potiers destain. Quelque peu nombreuses que
soient les indications recueillies dans ce document, elles nous four-
nissent des preuves indubitables de l'industrie de la poterie d'é-
lain '.
Lorsque l'on étudie le xiii" siècle, les fouilles donnent conti-
1. Guérard, Cartulaire de l'abbaye Saint-l'ictorde Marseille. Paris, in 4", 18fi7.
Préf '.ce, p. xLix.
2. Guérard, Le rôle de la (aille en 1252. Docunit-uts inédits pour servir à l'Iiis-
toire de France. Paris, in-^O; pp. 507, 521, 533.
Fagoiez, Etude sur l'industrie et la classe industrie/le à Paris aux xiii» et
51V' surfa. dans le tome XXXIII delà Bihlioth' [ue de l'E.ole des hautes études,
pp. 13, 17 et 3G.
30i HKMIK AKCHÉULUGigUK.
nuellemenl îles ilocuiinMiis inirrossanU, en iiit'llaiil .ui jour des
assii'llt's ou (les \Anl^, ou îles objets île lalilc de loule os[»èce, (|ue
nous n'avions «MU'ore trouvés nullt; pari avant la lin des croisades,
l'ar exemple , on a trouvé à l'aiis, à huianville (Normandie) el
;\ IMerrefonds di's a>>u'ltes du xiii" siéùle, quel-iues-unes avec des
inscriptions i\ lellii's oniMalcs, d'autres avec des êcussons, d'autres
portant comme mart|ue un marteau. Les lettres et les martjues leur
ont fait donner cette date ',
Chcrrlioiis aussi des documents au Musée de Chuiy. Nous y
trouvons une petite salière fort jolie et décorte d'un ^oi^l parfait,
ijui est é^'alt'uient du xin' siècle.
On couiprondia (jue nous en parlions un peu lon;,'ue:ui'ul. De
tous les objets d'étain réellement arlisti(|ues, c'est assurément le
plus ancien connu. Elle consiste dans une petite boîte hexagonale
qui peut mesurer 7 à 8 centimètres de diamètre. Le couvercli- se
meut au moyen d'une charnière placée non sur un des six côtés de
la boite, mais surja base d'un triangle isocèle, dont les côtés égaux
sont formés par deux côtés consécutifs de l'hexagone.
Le dessus du couvercle reiirésente l'Annonciation. La Vierge est
debout à droite; à gauche, l'ange Gabriel. Le sujet est représenté
sous un portique à plein cintre et quatre arceaux soutenus par
iroio colonnes. Le fond est très linemenl (juadrillé et orné de petites
rosaces; on peut y lire l'inscription suivante tout autour des ligures :
Bossetus me fecit : Are ijratia plena Domiuus tccnm.
Le dessous du couvercle est également décoré en bas-relief comme
le dessus. L'encadrement et le ioud sont les mêmes. Le sujet cen-
tral représente le Cruciliement. L'inscription est changée et l'on
peut lire, ce qui indi(jue clairement que c'était un objet de table et
destiné à contenir la nourriture : Cuin sis in iiwiisu primo de pan-
père pensa : cum pascis eum pat^cis, amice, Deum.
Sur les cùlés, un médaillon à lobcô entrelacé d'angles, au centre
du(iuel est une tête de saint.
1. Lors des fijuilles de 1807 pour la construction du boulevard du Palais, sur
l'euiplacciuenl d'un auciuii couvent de biniabiies, les ouvriers trouvèrent un plat
d'élain parfaitement conservé. Il était tout simple et mesurait environ 3U à 35 cen-
timètre» de diamètre; il avait pour marcjue: A saint lk'iiii,cn lettres onciales (E €),
ce qui permettait de le croire du xiii"' siècle environ.
L'abbé Cochet, Im Srmr-lnfà-ieurc histnnqHr et iirchénlogifjue. Paris, in-/i% 1860,
pp 302 et 363, note : « l'.n 1839, à DuranvilU-, dans le déjiartemciit de l'Kure, on
trouva dans un puits huit ou du assiettes eu éiain. Ces plats portent des noms
d'hommes en caracières du xiii' siècle et des écutsons de cette époque. »
ViolIcl-le-Uuc, Dicttuunatrc du mobiliT fr-itn^w, v. Assu-tte, pp. 18 et 10.
i,'()iu"i;viti;un': d'ktain dans i,'\.ntioi rri':. liO")
Celle pièro n'a p.is ('Àr. ciscltio ni nK^ini; icprise an Inirin. Toutes
les parties principales ont dû (tlw cnniée.s d'un seul nK)rc(;au et
rajustées ensuite. Nous ne croyons pas que le moule de cette salière
fût en métal, mais bien plutôt en pierre, ou pcut-fttre en terre '.
Telles sont les (|uel(jues pièces (jue nous avons retrouvées sur
cette époque.
Mais nos preuves ont encore d'autres sources. Le xiii" sièrle, re
grand siècle français, a mis au monde, sons l'inspiration de saint
Louis, une (euvre caidtaie : le Livre des métiers d'Ltienne Hoileau.
C'est là que nous irons puiser maints renseignements sur les indus-
tries d'étain.
D'abord l'élain se teignait de diverses couleurs et servait à la dé-
coration des cierges -. Les corroyers elles selliers se servaient aussi
beaucoup d'étain ^.
Les premiers couvraient les ceintures de clous d'étain ou de mé-
tal étamé. Ils en faisaient des boucles et des mordants pour les
ceinturons, et les ornementaient souvent de fils d'élain.
Les selliers fabriquaient pour les gens de religion des selles
blanches garnies de clous étamés '*. Ce fait se rapprocherait beau-
coup de celui que nous avons déjà signalé dans un couvent de
Languedoc, oîi les moines avaient des pièces de hanarcliemenl
étamées.
Ces mêmes selliers avaient aussi fabriqué des écus ou des selles,
soit en bois, soit en cuir, recouverts de feuilles d'étain naturel ou
coloré, et cette pratique devait avoir donné lieu à quantité de
fraudes, car Etienne Boileau la prohibe formellement dans ses
règlements.
Nous trouvons encore dans ce code quelques indices clair-semés,
il est vrai, d'autres industries, telles que celle de la bimbeloterie,
qui prit son essor complet au xv' siècle. Nous n'en parlons ici que
pour mémoire, nous réservant de traiter la question au chapitre
réservé à celte époque.
GERUdAIN BAi'ST.
[La suite prochainement.)
1. Viollet-lo-Duc, Dictiomidire du mohilii'r français, y. Salière, pp. 150, 152.
Catalogue du Musiie de Clumj, u° olSG.
2. //(*^>(>e ^e'neVfl/^ '/e Pa;'jî, imprimerie nationale, 187'J, gr. in-f". Les métiers
et les corporations de la ville de Paris, xiii« siècle. Le livr>' des tnetters d'Etienne
Boileau, publié par René de Lespinasse et François Bonnardot. Introduction,
p. XLIX.
3 et II. Même ouvrage, pp. 54, l69 à 172.
l.KTTRi: VnUKSSKK A M. C. rKlUlOT
Dliuni.l II D1-; LA . IW.NLK AnClIÉOI OGIQUE »>
Monsioiir et tr^? cher ninîtrc,
En revennnl do Tunisie, et en parcourant les numéros de l;i lievuc
arclicologitiuc yavus pendant niun ab>ence, j'y trouve un article du
P. Delallre sur quelques inscriptions df Cliemlou' que j'ai copiées,
l'an liernier, ;\ peu prés à la même époque que lui, et qui peuvent
encore prêter à quelques observations. Je vous serais bien recon-
naissant de me donner, pour les présenter, l'hospilalilc de la
Hcvue.
Je laisserai de côtù les inscriptions funéraires que je n'ai pas
vues; quanta celles qui sont publiées à la page 2t^- et qui sont
gravées sur une même colonne de pierre, aux doux extrémités,
le texte que j'en ai pri? olTre avec celui que donne le P. Uclattrc
quelques différences qui ont leur importance; je transcrirai ici
ma copie :
a. D • N • FLAVio
D E L M A I lu
N O B • C A E S
colsimiTthvs
D E V O T A
t. I.irriluon d'octoliro 1882, p. 343 et suiv. Cf. les observations do M. tl'ron do
YilIcfofVM! à le. Rwitc de rariicle du P. Dclattre.
a. Octobre 18K2, d" 57.
I.K'niŒ ADHKSSKK A M. t.. l'I.llUOT. 307
/;. IMPP-CAESS
FFLL • VALENTI
N I ANOETVALEN
TIAVGGDEVOTA
SIMITTHVS
Comino 011 lo voit, la conjorlaro de M. Uinon de Yillefosse qui
voulait lire FFLL, au lieu de FELL ([ue portait la copie re(;ue par
lui, est conforme à ma lecture.
Le P. Delattre ajoute à la suite de ces textes, et au sujet de l'or-
tliograplie du noui de la ville antiijue, l'observation suivante . « Ce
nom, qui est gravé Simittu sur les inscriptions dont la beauté des
caractères indique le i'^ et le ii" siècle, se transforme au iv" siècle en
Siinitlhm et Simithits. » C'est un point sur lequel il n'est pas inu-
tile d'insister un peu plus longuement.
Tout d'abord, le nom de la ville c^l-ï\ Simittu ou Simittus'^ L'Itiné-
raire d'Anlonin donne dilTércntcs formes qui sont, d'ailleurs, rappe-
lées au Corpus ' : Simithu, Simitu, Siviittu, Sinuthu; sur la Table de
Peutinger on lit Sunitu. Ptolémée appelle cette colonie iiiaîaOou -.
Enlin, sur les deux premières inscriptions où figurait l'etbnique,
trouvées dans les ruines de Chemtoti, on lit :
1° viam a Simit'Ju?)^ mque Thnbracam
2" veterani morantes Simittu.
Tout portait donc à croire que le nom antique de la cité qui s'élevait
à l'endi'oitdit aujourd'hui Chemtou était Simittu. Mais en examiuant
de plus près les documents qui viennent d'être rappelés on s'aperçoit
(]iie le témoignage de Ptolémée peut seul être invoqué à l'appui de
cette opinion; on sait, en elTet, que dans les listes de villes données
par ce géographe tous les noms sont présentés au nominatif. Quant
aux autres textes dans lesquels se rencontre le mot Simittu, aussi
1. \ m. p. 158.
2. IV, 3, i;9.
3. Cf. Rev. arche.oL, 1881, avril, p. 225, ii" 3.
306 IIKVI K AIlCHKtlI.OCigi'K.
bien les ilinéraires que les .Jeux inscriptions (•itt''i's, ils ne prouvent
rien, puisque ce mot y est cmployô h l'aMalif.
Si, il'un autre cAlé, on se reporte à d'autn-s inonumonls que des
dtV'OUverles rùecnles ont mis ;iu jour, il semble que le nom de la
ville se soit terminé non en », mais en us, et ijuMI se soil décliné.
Aux deux inscriptions iml. liées par le 1». Delaltre (jue nous avons
transcrites plus haut, on peut ajouter deux autres documents épi-
grapliiques (|ui mènent à la même conclusion.
Le premier eM médit; il se trouve sur la roule de Chemtou à
Hammam-Darradji [Bnlla Refjia), à trois kilomètres environ des
carrières de Chemtou :
Sur une colonne de [lierre. — Haut, des lettres : 0,03.
IMP C A ES
FLAVIO CLAVDIO
IVLIA//0 AVG
sîMITT VS De
VOTA
Le second a été publié par le V. Delullre ii;m> l;i liniic iinhi'olo-
gifjufi, mais avec de graves inexactitudes'; j en ai pris deux copies
et un bon estampage, et je crois pouvoir établir le tixle de la lac^'on
suivante :
r;iflGN E NTIO
seMPER AVG
ctVLNSIMIT
mVSDEVOTA
1
[Invicto prm]cipi? (liomino) [n{oslro) Ma]iiui'ntio [se]n)pn- Aug{uslo)
[c{olonia) J]ul{ia) Niuniidioi) Simit[t]lius dévolu.
\. Hcv. nrcfn-of., 1883, mal.
i.Ki nu; ADiiKssi'.K A M. (;. i'i:iuu)i'. i5()î>
lùiCni, ;m lômoignagede ces (juitre inscriptions on peut, peut-être,
en njoutcr un nuire, l)ien moins concluant, celui ilc l'anonyme <le
Havoniie où on lil le nom ancien de Ciienitou écrit 'Seiuituin^ mot
qui semble ôlre un accusatif,
La conclusion à tirer des testes qui viennent d'tMre rapprochés
est la suivante : il n'est pas possii)le d'aflirmcr (ju'au r' siècle le
nom antique île la ville n'était \)3iS Similtiis ; c'est un(; question (|ui
ne saurait être tranchée (pie par la découverte de nouvelles inscrip-
tions-; mais aux. lias temps de l'empire le mot fut certainement lati-
nisé et comme tel soumis aux régies de la déclinaison.
Quelle était l'orthographe officielle de ce nom? Simittiis, Simitkus,
ou Simitthus'?
Pour répondre à cette question on ne peut avoir recours qu'aux
inscriptions; or une seule de celles où se trouve l'etliniijue, parmi
les textes que nous connaissons jusiju'à ce jour, ne porte pas sa date
avec elle : c'est l'épitaphe du tombeau élevé par les vétérans demeu-
rant à Chemlou à L. Silicius Optatus; mais la forme des caractères
ne permet guère de l'attribuer à la belle époque.
En comparant toutes les autres entre elles on obtient le tableau
suivant :
Simit[tu]^ dans une inscription du temps de Trajan;
Col. [Si]initlicnsiuni — ûi^s Antouins ;
Simittlnis — de Dalmate;
Simitthus — de Magnence ;
Simitius — de Julien ;
Simitthus^ — Je Valenlinien
et de Valcns.
II n'est donc pas absolument vrai d'avancer, comme il a été dit,
que l'orthographe du nom a varié avec les siècles : elle semble
plutôt n'avoir jamais été bien fixée; on peut néanmoins établir (jue,
si l'ortho.^M-aphe Siinilthun dominait au quatrième siècle, Vh a été
employé dans l'intérieur du mot dès l'époque des Antonins.
1. Anon. Ravenn. (éd. Pinder et Partliey), 148, 8.
2. Il faut pourtant remarquer que les noms de villes indigènes en ?/, en Afrique,
semblent avoir été originairt'ment ind>'clinables. C'est ainsi qu'on trouve au génitif
Cliullu ei Ml/eu [C. 1. L., Vlll, G710 et 6711),
3. Simithus d'après la copie du P. Delattre.
[\\i) IIK\l*K AH<.llk(U.O<i|«.)UK.
CVtail t'Videmnicnl un ninvrn de reprèscuU'r pai lYriiliin^ la
prononrinlion du donlilt* t horbhp ronlonn dans lo mol Simittii.
Ptolt'iiitV, pour la ini^iiio rai!»on. ^'crivail ïiuciOoj'.
Ajoutons que la dernière des inscriptions <|ue j'ai tr.ins('ril<»s, et où
la ligne 4 est rortaino, nous prouve que cette colonie portail le nom
de Jm/iVi et non celui de Flaria^ (jne-tion i|ui nVtait point encore
nVsoluo.
La double borne milliaire pnl)li(''e par le T. Dflattre indiqunlt-
elle, comme il le peii.''.e. le |iremier mille sur la voie qui conduis ijt
de Simittus à Bnlla liegia ? Il me sembl«« bien difficile de l'afllnner;
car les ruines ont subi un ;:rai)d bouleverscinfiit depuis ranti(iuilé
fit il est fort possible que la colonne ait été employée dans une cons-
truction postcrieure. trest ce qui est arrivr pour deux autres bor-
nes où on lit également le chilTre I : le premier milliaire de la roule
de Simittu à Thiibraca qui est dans les ruines d'un èditice berbère,
à l'intérieur de la ville, el la borne que j'ai reproduite plus haut
(n' 3), elle a été trouvée dans les déblais de la carrière de marbre.
Il me faut aussi rectilier légèrement le texte de l'inscription publiée
par le P. Utlallresous le n" 61 -, d'après ma copie cl l'estampage que
j'en ai pris; il faul certainement lire :
// ? A M E N
CVRI AE
caelc's'? T I A E H S X
mn /oCAVlT
I.MER1T0 • P • P
CVRIACAELEST
MESVLEVM PSVA
ET EXVVIAS • FEC
ET NATAL! EIVS XIK
APRIL AEPVLANTVR
Ie.s deux dernières lignes étant eu plui pelils caractères; ce qu'il
faul expliijuer, je crois :
fl/imi II. . ciiriar Caelcs]iiae US X [m'Jllibns) n{iimiiiuni) collo]cavH
1. Cf. TJ»»ot, It Hnsiiii 'iu Hii'/iùf/ii, p. 9, noie l
3. Ibid., p. 2!i3 et 360.
Li riiiK AimKsséK a m. a. pKiiii'ir. 311
b[ene] uicritn jtro) ]) ii'tntc) ou piecnnia) i)[rnjiriii,\ Curia duc-
li'sl in) nit'sttlcitm II ocunin) siiii et e.cnriiis fec(tt), d witnli rjus,
XI K{(ilrnihi>i) .{iiril'csi, lU'iniUintnr.
Cl! iiKiiiiiiiii'Hl piiiMil èiit; mil' h.nc clovùi; pir un llainitie lii- la
curio (Itvlesliii à uu pcrsontiat^'c (jui lui tiMJ.'iil de pir.s ou (|ui .ivait
une grande posiliou dans la curie. Ou voit les houneura quf colle-cl
lui avait dôcornés après sa mort.
Vouilloz af^iéur, Monsieur et cher niaîlre. l'expression de mon
plus alïectuoux respect.
W. CAGNAT.
1. Les siglcs P • P s'cxpliiiiicnt giiiôraliMiieiit par /j' in: ni in) ii{ihli':i), mais il
semble qu'ici cette interprétation ne convieune pu'. Cf. des cas analog ics, C. I. A.,
Vlll. 307, 483, il/|8, 7317.
KSSAl DlNTKUl'UKTATldN Dl N Ml Ai.MKNT
DU CAiniEiN aim)L()(;i:tici]\i
1)K COMMODl K\ '
C'est un «''trange pclil poème •]Uo le Carmen ajwlogcticum ad-
vtrsus JudiLos et Gentrs de Coinmodic-n -, cl dont la k'cturc suscite
plus d'une qu«'s!ion. Le litre de cet ouvrnge esl-il ancien et authen-
tique? Il parait donné arbitrairement et ne guère répondre à son
1. Les lecteurs de lu Re.ue archeologù/ue, sans doute, regardent ce que vaut un
travail, sans s'inquiéter des sources diverses où l'auteur a puisé pour le faire, ni des
livn's qu'il a consultés. Je tiens cependant à dire ici que, dans cet essai d'interpré-
tation d'un fragment àuCumien n/io/vfji'ticuviàG Commodicn, systématiqutmcnt j'ai
voulu ignorer tous les travaux explicatifs et exégétiqucs qu'a suscités en Allimapne
ou en France la publication de ce sinirulier petit poème. Par cette abstention volon-
taire je me serai certainement privé de lumières précieuses et d'indications excel-
lentes, qui auraient pu me guider; mais en revanche j'ai gardé plus franche et plus
pleine ma liberté critique. Que si dans les idées qu'on trouvera dans ces pages je
nie rencontre avec quelque savant français ou allomand, c'est tant mieux pour moi;
c'est sans connaître les thèses d'autrui que je les coulirmc. Je prie qu'on ne m'ac-
cuse pas, comme on l'a fait maintes fols, de les reproduire ou de les emprunter. Si
au contraire les idées énoncées ici sont nouvelles, différentes de celles généralement
reçues par ceux qui ont fait du Curmrn l'objet de leurs études, j'accorde que ce soil
tant pis poi:r moi, mais je prie qu'on se souvienne que le Curmeu est un poème
bibyllin, et qu'il peut y .ivoir plusieurs manières d'entendre Ici sibylles. En tout cas,
vérité ou erreur, ce que je donne ici est tout mien l'i n'a d'autre ori^'luc que mes
réflexion» sur le texte du Ciirmen, qui appartient atout le momie. Je n'ai connu que
les quelques pages sur Commodien qui se trouvent dans le premier volume récem-
ment publié de la traduction de V lU^toirp ijijni}rnle de In Uttomture <lu t>v»/rn âge
en (Jrrifiriit de .M. A. Eberl de Leipzig, les(|uell.s, comnif les curieux peuvent s'en
convaincre, ne pouvai'iit gi^ner en rien ma liberté d'interprétation.
2. Découvert et publié pour la première fois en lS5i! par D. l'itn, dans le t. I
du Si.tcilrrjium Solesmeme, — et plus réceumient (Leipzig, 1877; par M. Lrn'st
Ludwig, dans la iiibiiolhtque doTeubner.
FRAGMENT DU CARMF.N APOLOGETICUM DK COMMODIEN. 313
contenu, (jn'esl-ce que son auteur? On dit (juc Goininodien était
évc^ijuc d'Afrique et qu'il a vécu et écrit au iumps de Cyprien, au
ini!i(!U (lu m" siècle. Il n'est pas bien sûr ({ue (^omniodicn ail été
évé{iue. Son nom ne se trouve pas parmi les noms d'ecclésiastiques
cités par Cyprien, pas môme dans la liste des quatre-vingt-cinq
évéïjues qui assistèrent au grand synode tenu ù Carlhage le 1"" sep-
tembre li^rJG à propos de la controverse baptismale. Pour cette raison
toute négative et pour quelques autres, j'inclinerais à croire qu'il
n'appartenait pas à la liiérarcliie de l'Église. Il fait l'cfTet d'un in-
discipliné de l'école de Tertullien, esprit libre et indépendant bien
éloigné de la sagesse moyenne, pondérée, politi(iuc des administin-
teurs ecclésiastiques du temps, dont Cyprien est le modèle. C'est un
rêveur sombre, ardent, d'un sens lourd, grossier et, si j'ose dire,
populaire. Par son esprit, sa langue, sa façon de prendre et d'en-
tendre les choses, il est peuple K
1. Ledernier acrostiche du livre II drs/«.ç/r(/c//OHe^, intitulé : Nomf.n Gaz;ei (pa?7z-
citla prior, cdit. Ludwi'j, dans la Biblioth. de Teubncr, p. 52), donne ainsi le nom
de l'auteur de ce petit ouvrage : Christi mendicus Commodin?!^-. D'&utre part, plu-
sieurs passages des deux livres des Instructioncs^ et particulii rement le dernier
acrostiche du premier livre : De Antichristi tempore, ])crmettent d'affirmer très
certainement, môme en l'absence de toute autre indication plus explicite, que l'au-
teur des deux livres des Itistructiones et celui du Carmen apologelicum ne sont
qu'un seul et mùme personnage.
S'il en est ainsi, il suit que Commodien, qui s'appelle lui-même Gazasus, n'est pas
Africain de naissance, mais né à Gaza, non loin d'Ascalon, dans la Syrie palesti-
nienne. Il peut s'être établi do bonne heure dans quelque ville de l'Afrique romaine,
et être ainsi devenu Africain par adoption ; mais on n'en sait rien de façon cirtaine.
Le premier acrostiche du livre I des Instruclioutis nous apprend qu'il naquit en
dehors du christianisme-
Ego similiter erravi tempore multo
Fana prosequendo, parenlibus insciis ipsis.
Ce dernier vers même donnerait à penser que, né au sein du judaïsme, il s'attacha
quelque temps à l'idolâtrie. C'est au moins l'idée que suscite à l'esprit ce mot pa'
rentibus imciis ipsis. Cependant, outre qu'on ne passait guère du judaïsme au chris-
tianisme en traversant Tétape du polythéisme, le vers
Absluli me tandem inde, legendo de lege.
marque assez clairement que c'est !a méditation des r;critures hébraïques (|iii l'a-
mena à la foi chrétienne.
Dans le manuscrit du Carmen apologelicum, Commodien est désigné sous le
titre d'évOquc. Il serait assez étrange qu'un évéque fût partisan du chiliasme et de
l'hérésie des patripassiens. Mais, bien que, dans le second livre des Instructiones
III^ SÉRIE, T. II. — 1\
:\\\ IIF.VUK AHCIltfOL(KÎI()UR.
Son Cnrmcn a}toto()cticum v>[ irunp poésie bail) iiv, ^li'.mgfciT non
sciiICMUMil ;\ riM('KHiC(> litti^iair»', mais cnroiv aux K^glcs formelles de
la |.ro>0(lie Inline, au\ lois de la (inanlili' syllal)l(|ue el de r^lision
en nintiôre d'hexnniMies. I/aecenl Kr.Tiiii>'''l''"'l tient d'ordinaire. A
rc qu'il Si mille, la place de la (luanlltô dans le second htinisiiclie.
Ouaiil au .Myle, cVî^t un jptVIinpn de la rude etf>alne langue vulgaire
du temps, sans la fougue, l'énergie originale ell'«Vlat de Terlullien.
Pour le fond, ee petit puéme appartient h la famille des Compo-
sition^ apocalyptiques et sibyllines, oùciuelques traits d'histoire con-
li-mporaine se m/^lent à beaucoup de fantaisies visionnair;'^ emprun-
tées parfois aux classiques du genre et surtout ù VApornhjpse de
saint Jean, traits d'histoire fort trouble, souvent indéchilTrable, faite
d'ccbos pnpulairos, de récits confus et mal digén'îs.
Je voudrais étudier un fragment de l'épilogue de ce poème et en
proposer une interprétation.
Commodicn est iiianifeslemcnt partisan des idées millénaire.-. La
dirniore partie du Cnnnm eût l'exiiosition des fins dernières du
monde.
Les délices d'une vie nouvelle cominenceront lorsque le monde
aura parcouru sa carrière de six milL' ans. Alors les lidéles verront
l'accomplissemenl dos divines promesses. Tirés de l'enfer, tous
s'écrieront : Ce que nous avons autrefois entendu, nous le voyons
aujourd'hui, l'ius de douleurs, de blessures, d'alarmes cruelles ;
mais la joie sans lin. Mais quand donc, dites-vous, ce jour heureux
se lévera-t-il? Apprenez ce qui doit en précéder et en annoncer la
venue.
a Le signe initial sera notre septième persécution. Voici qu'elle
frappe à la porte; se poussant les uns les autres l'épée dans les reins,
la masse envahissante des (îollis franchit le fleuve. Le roi Apolyon,
nom redoutable, sera à leur tète, qui, les armes à la main, fait cesser
la persécution des saints. 11 marche vers Homo avec uiie multitude
de nations : instrument de Dieu, il fait prisonniers nombre de ceux
(ju'il a soumis. Beaucoup de sénateurs captifs gémiront alors et,
•urloul, CominodicM enseigne de haut et avec autorité, ou ne voit aucune raison
décisive qui oMit;e d'affirmer qu'il ait appartenu en effet à la tiiérarchie ccclé-
•iaMique. C'était, à ce qu'il me semble, un libre docteur qui faisait la leçon \ tous,
grands el petits, et ne craignait pas mCnie de rappeler leur» di voirs aux |)astonrs.
\ji ftilenc: absolu de» écrits de Cypricn me paraît tr(!s fort contre lliypotlifcse de l'é-
pUcopat de Conimudleu.
FHAG.MRNT Di; CAHMRN AfOLUGKTnUM Di: COMMODIR.N. .Tl fJ
vaincus |t;ii' Je h.'irli.iie, hlaspluniUMil Ir Difii du ricl. Ceq i,'enlilB
ct'peiHl.iiilnounis.st'iit |),iilnul leschrétifiis, les Irailent.'n frères, et,
pleins (Jt! juie, les accueillent mieux iju'ils ne font los (iébaufiiés et
les adorateurs des vaines idoles. Ils poursuivent en elîet les sénateurs
et les nieltent sous le joug. Voilà les maux que subi^:senl ceux qui
ont [lerséculé les amis de Dieu. Peiidanl timj mois, ils sont égorgé
par l'épôe des ennemis. »
El eril iniiiuiu seplima perscculio nostra :
Ecce jam januara puisât et cogitur ense,
Qua; cite Iraiciet, (Jolhis irrumpentibus, nmneni.
itex Apolyon erit cum ipsis nouiine dirus,
Qui per.-cculionem diisipel sauctorum lu armis.
1*01 git ad llomaui cum multa millia geules
Dccretoque Del captivât ex parle subaclos.
Mulli senatorum tune onim captivi deflebunt,
Et DeuQi cœlorum blasphémant a barbare vicli.
Ili tamen Gentiles pascunt Chriitianos ubiquc,
Quos magis ut fratres rcquirunt, gaudio pleni,
Quam luxuriosos et idola vana colenles.
Persequuntur enini et senalum sub juge mittunt
Ilaic mala percipiunt qui sunt persecuti dileclos ;
Men!<il)us in quinque Irucidantur isli sub hoste '.
Il s'agit ici d'une persécution passée, dont tantôt le poète parle au
futur, tantôt au présent: il la nomme précisément; c'est, dans le cata-
logue déjà fixé de l'Eglise, la «eptième, celle de Déce. La diver-
sion des Golbs, qui ont passé le Danube, y a mis fin, en même
temps que, par ordre de Dieu, ils venaient punir les persécuteurs.
C'est une idée courante à ce moment dans les cercles chréliens. Le
chef des Golbs Kniva est nommé Apolyon, le destructeur, l'extermi-
nateur, appellation empruntée à l'Apocalypse-. La marche sur Rome,
la captivité du sénal, sont choses de fantaisie, mais non la menlion
des nombreux prisonniers faits par les barbares, ni les blasplièmes
des païens contre les chrétiens et leur Dieu. N'accusait-on pas les
chrétiens de tous les maux qui frappaient l'empire? C'est pour
1. Coinmodien, Carmen npol., v. 801-815.
2. Après que le cinquième ange a sonné de la trompette, du puits de l'abime sor
une fumée, et de cette fumée sort une nuée de sauterelles qui tourmentent le
hommes pendant cinq mois, et un auge de l'abime les conduisait, qui avait qoil
en grec Apolyon. .l/'0'\, IX, 1-12.
3IG IIKVIK AnClIKOLOGIQUK.
rt^pomlre à ces accusations que Cyprien, en rc nn"^mo tonips, prenait
1.1 plume l'I énivait sa lettre apoIo^tMiij'.ie ad fh-inrlrianum. Oiianl
au fait des liiKMcs épari^nt"";, nourri-^ par les liarbnres, traités par
eux en alliés et en frères, il faut entendre par là (pie les clirélicns,
dans \c fru ou sous la nienare de la perséeutiou, ne voyaient pas sans
certains senlinionls de joie s;'crt'te les barbares se ruer sur l'empire
et le décbirer, et les considéraient comme les agents du Seigneur et
les instruments des représailles rélestes, comme des libérateurs et
des amis. La lettre dite fanoniijue de (îrégoire de Néocésarée nous
apprend même que quelques-uns ne se bornaient pas h les aider de
vœux platoniijues, mais s'alliaient elTeclivemenl à eux, pillaient et
saccageaient ;\ leur suite et sous leur couvert*. Les cinq mois de
carnage que subissent les païens pour avoir persécuté les amis de
Dieu paraissent un délnil emprunté à l'Apocalypse- et qui répond
peut-être approximativement à la durée de l'invasion des (joths.
«Cependant, dans ce môme temps Cyrus s'élève pour disperser
les ennemis (de l'empire) et délivrer le sénat.
« De l'enfer revient celui qui avait déjà gouverné l'empire, celui que
l'on connaît bien, gardé depuis longtemps avec son corps d'autre-
fois. Nous savons (jue celui-ci est l'ancien Néron lui-même, qui dans
Home jadis punit Pierre et Paul. Le voilà donc qui revient de nou-
veau à la fin des temps, sortant dos obscures retraites où il était
tenu en réserve pour cette œuvre. Le sénat s'étonne de voir sub-
sister encore cet odieux personnage. Cependant, dès (ju'il aura
apparu, on le considérera comme un Dieu. •
Exsurgil interca sub ipso Icrapore Cyiu?,
Qui terreal liosles cl libcrcl inde seualum.
Kx iiircro redit qui fucral regno pra'roclus
El diu servatus cum prisliiio corpore notus.
Discimus hune aulein Ncronem esse veluslurn.
Oui Petruin el Paulum prius punivil in Urlie :
Ipsc K.'dil itoruin sul) i|)so s:i>ciili fine
Kx loci.s apocryj)hi>, ij'ji fuit re>er\alus in isla.
Huiic ii)sc soiialus invisum os^o. miranlur ;
Uui cum adparuenl, quasi Dcum a-^n pulibiiiit V
1. Tjllemont, Mémoires eccU^ , t. III, p. .'i07 60.S.
2. Voir Aiioral., IX, 1-12.
.T. Cartnrn a/Ktl., v. H13H:i.
KIIAGMKNT l»r CMIMIA M'Ol.od KÏICI M l»l. i.i iM MoDI |;\ , j|7
<Jlic sitjnincnl les deux pinniLTs vers de c.û passage, (|uc je crois
pouvoir (lôlaclior de ce qui précède el de ce qui suit / (Juel est ce
Cyrus suscilù pour elTrayer et disperser les ennemis et délivrer le
sénat? Kvidcniniont il s'agit ici du sénat romain, lequel peut ici
figurer non l'enipeieur fragile et changeant, mais l'empire lui-
niénic. Les « ennemis » , par consé(|uent, ce sont les barbares qui
l'avaient envahi cl le tenaient captif, et qui y avaient exercé le pil-
lage et le meurtre pendant cinij mois. Cyrusest par suite la figure
d'un autre prince.
Dans la tradition constante de l'Écriture, Cyrus est toujours l'éman-
cipaleur du peuple de Dieu, celui qui lui a rendu son temple, la
liberté de son culte et ses foyers; non précisément un fidèle, mais
presque un ami. Cela accordé, ne pourrait-on pas supposer que, par
Cyrus, le poète entend et veut désigner figurativcment soit le suc-
cesseur immédiat de Déci', ïrébonianus (iallus, soit iEiiiiliaiius,
qui, après avoir vaincu les barbares en Mésie, Uni un instant la
pourpre ? Ni Gallus, sans doute, ni i'Emilianus ne méritent à aucun
titre l'honneur d'être mis en parallèle avec Cyrus. Le premier
cependant avec l'or, sinon avec le fer, sut débarrasser l'empire des
barbares et rétablir pour un temps la sécurité publique en faisant
la paix. Le second sut les vaincre avec ses légions et les rejeter au-
delà du Danube. Pendant le règne du premier, l'Eglise, sinon tout à
fait à Rome, au moins dans toutes les provinces el parliculiérement
en Afiiiiue, jouil d'une tolérance précaire peut-être, mais pourtant
fort douce, comparée au régime de terreur et aux exécrables violences
du régne précédent. Sous le second, celle tolérance fut plus pleine
encore.
Quelque chose pourtant en mon esprit môme résiste à celle hypo-
thèse, dès son seul énoncé. Cyrus est un grand nom historique, en-
core grandi par l'éloignenienl. L'empereur Trébonianus Gallus est
un nom obscur, el, si l'on y regarde de prés, assez méprisable. L'em-
pereur .Emilianus n'est rien qu'une ombre. Quelle apparence qu'un
poète, même en ses plus audacieux mensonges, ait pu désigner l'un
ou l'autre de ces deux personnages de ce nom glorieux? D'autre part,
Cyrus pour les docieurs et les historiens-poètes des juifs est un pro-
tecteur déclaré, presque une incarnation de la théocratie mosaïque,
le restaurateur de l'indépendance politique et religieuse d'Israël:
Gallus ou .Eniilianus, son éphémère successeur, a-t-il joué vis-ù-vis
de l'Église un rMe pareil ou analogue? Tant s'en faut. Le premier a
exilé successivemenl el coup sur coup Corneille et Lucius, les deux
chefs élus de l'Église de Home, avec plusieurs de leurs acolytes : il
3i8 RRVl'K ABf.lllt«)L«»aigUK..
3 sournoisomonl continiK- li polilii]U(» <lo ^)^r(^ Où vDil-on qu'il ail
bien mtTil«^ ties olinMions? (Junnl h j¥.n\\\\:\\n\<, il fi\i ou tiiie dos
velli^itésol lies inlonlions ; il n'a fait en domine nn't'ssnycr la ron-
ronne, que iraverser IVuipiro sans y laisfter unt' Irace visiliif.
Ori objections siMaicnl lrt''s >•.«'• ri tni ses on f.iro M'iin i)iir bislorien,
exact Pl srriipiilt'ux : mais l'autour «lu Cnrmfu npolmirtirmii no so
pi(]UO aurunonu»nl d't^crire j'hisloire. Il oxiuiiiic nn.iiis «Ks f.iil* ipii-
(les impressions, sans se sourier le moins liu monde (juo l'avenir
buniain,au(pii'l il no croit pas, lesr«>nlirmo. Ajiros beaucoup d'autres,
il (Ncril le sombre poème dos choses finales qu'il ignore, el, selon l'u-
sai:e. le fait procéder do la description des choses présentes et réelles
qu'il ne connaît tiu'imparfaitcment, (ju'il mftleaux futures, et où son
imagination elles figures classiques du genre interviennent pour une
bonne jiart. Il a vu la septième persécution: il sait en gros que sa
cessation a coïncidé j\ peu prés avec l'invasion des (îotlis qu'il étend
et grossit outre mesure. C'en est assez pour lui faire dire que cette
invasion a été le châtiment de la persécution et la cause qui l'a fait
cesser. Il sait qu'après Déce, et sous ses deux successeurs immédiats,
les barbares sont rentrés dans leurs territoires, et que l'Église a pu
respirer et se réunir librement. C'en est assez pour que le nom de Cy-
rus, rantiijue libérateur du peuple de Dieu, vienne sous sa plume.
Cyrusdans son texte étant le vainqueur des ennemis du dehors et le
libérateur du sénat, et dans la tradition celui qui a mis fin i\ la cap-
tivité du peuple lie Dieu, qu'on cite un personnage iiistorique auquel
cette double qualité convienne mieux (lu'à (iallusou /Emilianus; car
il n'est pas possible que le nom de Cyrus soit mis ici dans son sens
propre et bistoiique, le vers
Qui terreat hostcs ol lil)ercl inde senaturu
n'ayant plus alors de sens intelligible '.
1. M. Kberl [Histoire ytinénile de in liltui'Huif -<-. ,„.,ijcii dye en Occidrnt, tra-
diiciioii française, t. I, p. 100;, dans la rapidu analyse qu'il donne du Carmen de
Comniodien, «icril ici : « Mais voici qu'un Cyrus s.- lùvo pour drlivrer ces dernier»
(If» pak-nn). Cent Nt^ron qui sort de l'endroit mCmo où il se lonait c&cM » On
n.- foil pa» que Nrron, c'.-si-à dire l'AnK'clirist, puisse Cire appi-Ié l'effroi des bar-
bart» et le lilH-rafur du séu.u. Kl Ni'-ron «si lui-inCmo la figure d'un prince. Cyru»
aérait donc la ligure de .Nùron (|ui ligurerait U son tour un autre printe. Mai» lequel ?
Ce ne peut Cire Di-cc, puisqu'il est mort sous 1- s coups des l.arbarc» ; ce ne peut
être non plu» ici Valérien, qui n'est connu jiar aucune victoire sur ce» niCwes bar-
bare».
l'IlACMKM \>V CAIIMKN Ar(ll,()(i|' TICl.M \>l. COMMdliIK.N . ■111)
IM'S le (roisiènu' vers du pass.'igo rilr ci-ilo88us, la sr(^n« cliange
cl un nouveau personnago ;i|i|i;iiail. ("esl l'AnltMilirisl classique,
relui (|ni a rrgnc'' aiilicfois, i|ui jadis à Home vriK.i le saii^ des deux
giiuids aj»ùin'.s i'iciiT cl l'aul, 'Svvuu liii-uiriiK!. Il a (iiiillù roh.scimi
relraitc où le ciel le gurdail pour W rôle qu'il doil jouer à la (in des
temps. Il rovionl donc et on si' prosterne dt-vant lui. Il est sur le
siùge imp(''rial. C'est un persécuteur, le dernier jicrsrruleur des
saints. Son nom, le poète l'indiquera plusclaircmenl (oui à l'heure.
« Mais avant sa venue l'^iic [uopliélisera pendant un tcinps mar-
qué, pcuilaiil la moitié d'une semaine. Ce temps accompli, le maudit
vient en scène. Avec les Romains les juifs aussi l'adorent, liicnfpi'il
ne soil pas celui iju'ils attendent d'Oiient. Et pour nous massacrer
ils s'allieront avec leur roi Néron. Cependant Elie fait office de pro-
phète dans la terre de Judée et marque du nom du Christ son pro-
pre peuple. Mais comme parmi ceux-ci (les juifs) beaucoup refusent
decroire, plein de colôreil supplie le Très-Haut d'enchaîner la pluie:
alors le ciel se fermera, la rosée cessera d'en tomber. Et dans sa co-
lère il change les (leuves en sang. La terre devient stérile, les eaux
des fontaines tarissent, la famine sévit, la peste alors sera dans le
monde. »
Sed priusquam ille veniat prophetabit Helias
Tempore parlilo, modio hebdomadis axe.
Completo spatio, succedit ille ncfandus
(Juciu et .ludîci lune siniul cum Homanis adorant,
Quauquam cril alius quem exspi'ctani ab Oriente;
In nostra cœde tamen sœvient cum rcge Nerone.
Klrgo cum Helias in Juda^a terra propbetat
Et signal proprium populuni in nomine Chiisli ;
De quibus quani multi quoniam illi credero nolun",
Supplic.il iratus Allissimum ne pluat, inde
Clausum eril cœlum, ex eo nec rore madescel :
Et flumina quoque iratus in sanguine verlil.
Fil slerilis terra, née sudanl fontibus aquœ,
Ul famis invadal ; eril lune et lues in orbe '.
Au cliapitrexi, 3, de l'Apocalypse de J.an, il e>l niisdan> la bouche
du Christ ces mots : « El je commettrai mes deux témoins pour
1. CommodicD, Cann, ayoL, v. 820-83'.i.
350 UKviK Aiu'.nKoi.oc.iyrK.
qu'ils propluMisent prnd.ml (louzc rcul soixanlc jnm-;, rcvtHiis do
cilicos». ('csihnix ii-inoiiis soiil Moise l'I Klic, chai ^:t''s Me pi relier la
ivpenlanrc parmi les juifs avant la siipre^iiie calaslropiic. (l'est de
là que Coininodien a tiré son passage, «mi êliiniuant le premier du
ces porsoiHiajîOs et en prodiiisaii! l'autre eomiiie le préeurseur iiéees-
sairo du graml avènenieiU. Comme dans l'Apocalyitsf c'est parmi les
juifs, en terre juive, (ju'il doit prophétiser, cl son ministère doit aussi
durer le temps fixé, à savoir trois ans etdemi. la semaine étant prise
pour une durée de sept années, comme la criliijue l'enlend des
soixante-dix semaines dont il est parlé au livre de Daniel '.
n. AUBÈ.
{La suite au prochain iiuméro.)
1. Uani' 1, I\, 2i. Voir, au sujet de ce passaRC auquel nous mus rt^fiîrons, la
longue note de Heuss dius sou édition da la Bible, Ancien Teslament, Vil" partie,
p. '2(53-206.
BULLETIN MENSUEL
DE L'ACADlLMlR DES I N S CIU P T I 0 N S
SÉANCES DES U ET 21 SEPTEVIBUE.
Archéoloyie. — M. Alb ri DuhkjiiI siynilc à rAci^Iémie ileux vases grecs
trùs antiques, conservés au musée de Marseille. L'un a tHé trouvé dans
cette ville en 1837, l'autre a été découvert récemment. Ils appartiennent
à une catégorie très rare, analogue à celle qui existait à Santorin sous la
pouzzolane. Tout ce qu'on peut dire de leur Age, c'est qu'ils représentent
dans la céramique grecque une époque antérieure ;"i l'inlluence orientale.
Les vases retirés du fond des tomhe'iux de Mycônes reproduisent à peu
près le même type. En tout, cela constitue dans les musées un groupe
d'une vingtaine d'objets. Le modèle le plus ancien a la forme d'un petit
broc pansu et assez fortement renversé en arrière ; à la partie antérieure
et supérieure, on remirciuc deux saillies figurant les seins et attestant
i'intenlion du fabricant primitif de reproiluire d'une manière générale la
forme humaine.
M. Alb. Dumont signale encore trois vases grecs à figures rouges, reti-
rés du sol de la rue Saint-Joseph, à Marseille. Ils datent du ni* siècle avant
notre ère ; il cite avec éloges le concouis qu'il a trouvé pour ses recher-
ches au musée auprès de M. Penol, le conservateur, et de .M. Augier, le
dessinateur de cet établissement.
Philologie et histoire. — .M. Ledrain communi(}uc la traduction d'une
inscription araméenne existant sur une brique rapportée de Mésopotamie
et portant un nom assyrien, Belschunu. M. Ledrain identifie ce vocable
avec le nom du juif Bilschan, mentionné dans les livres d'Esdras et de
Néhémie, et dont la vocalisation massorétique est défectueuse.
Le même savant donne la traduction d'une inscription sumérienne
gravée sur une statue du roi Gouléa (collet'tion de Sarzec, au Louvre).
Voici ce texte : « A la dame des montagnes, dame servan'.e du Destin,
mère du fils des fils, sa dame, Goudéa, patési de Sirpurla, a construit le
:iî2 HKVt'K MlC.Mh'iO'or.lOUK.
temple de son s<^j>>iir liiMir<Mi\. il a fixé son culle brillanl (do la déesyc-).
Il n tiiUerniiné le soivice stal»!»* de ?a diviiiilr. 11 n cousiruit on briques le
temple où elle esl établie. La pieni" aj, ctifiTin i' dans la cnrrit-ie, en la
montagne de Mijan^ il l'a taillt'o pour sa slaliie (Idiidt'a). l.a d-mie du
ciel, de la tenc, des Cires infernaux, la déesse Nintu, mère des diiux, u
prolongé la vie de Goudc^a, qui a fait son temple ; elle a proclamé la
gloire de son nom, car il a cousiruit le temple on briques. »
Nous répétons qu'il serait téméraire d'iutcrprrler de tiop prés ces qua-
liliiations divines. Nous «avons que la picri c mj est le diorile qui forme
la mulière de la statue. Le pays de M igau si'inlile iMn> situé au sud-ouesl
de la Mésopotamie, dans le massif montagncuv du iiurd de l'Aiabie. (jiiel-
ques-uns croient y reconnaître TEgyptc.
M. Ferdinand Delaunay continue la lecture d'un mémoire de M. Ho-
biou, professeur à la f.icullé des lettres de Rennes, concernant la date de
l'Exode d'après les Écritures et d'après les monuments ('gypiiens.
M. Henlœw lit une étude intitulée : «« De l'usage immodéré des formes
diminutivcs dans les poésies albanaises. »
L'Académie, considérant que, dans la séance publique annuelle de
l'Institut, un de ses membres, .M. Ltiopold iJelisIe, fera le rapport sur le
grand prix biennal, décide qu'elle ne désignera pas de lecture pour cette
réunion.
Consultée par le ministre de l'ipslruction publique sur une prolongu-
tion de séjour i accorder A plusieurs membres de l'Ecole française de
Home, l'Académie, conformément aux propositions de sa commission,
donne un avis favorable.
SÉANCE DU 28 SEP7EMBRIÎ.
Pierre de Flamcnqui, d'abord virairc général de l'i'vécbé de .Maguc-
lonne, puis abbé de Saint-Victor de Marseille, a laissé divers écrits rela-
tifs (i ses fondions auprès de l'université de Montpellier, et des sermons ou
plutôt des plans de sermons, le tout conservé dans un volume que pos-
sède le dépôt d'archives des Boucbes-du-ltbône. M. (ieruiain, après avoir
étudié dans la prenuère partie de son mémoire tout ce qui concerne les
usages universiaires et la collation des grades à Montpellier, vers le mi-
lieu du xiv tiède, signale la présence dans le volume d'une pièce troiivéo
peut-être dans les papiers de l'abbé de Sauit-Victur. (^elte pièce inéditeot
même inconnue jusqu'i ce jour présente un intérêt historique. C'est la
supplique adrosiée pur les consuls do Naples au pape Clément VI, i\ l'oc-
casion du meurtre de l'infortuné roi Andié de Hongrie.
Les (on^tlls réclament rwitervention de la justice pontiiicale pour la
prompte et sévère puniiiua des asbussiiia ; lu pupe étuil su/.urain du
itULLi:ri.\ .Mi;.\siJi:i, m; i.ACADkMii: di's ivscitii'i ions. M.i
royaume de Naplcs, el à ce titrn il pouvait faire droil à la demande des
magistrats.
On connntl les faits. On sait comment, i\ l'itigtigation de son épouBO
Jeanne l'^ « femme voluplueuse el inconstante », dit M. Germain, le
prince, qui n'avait que dix-iioufans, fut étrangle^ avec une fôrocilt' inouïe
par une haiide de cotijun-s qui api).irlenaiont aux plus graridna fauiilles
du pays. Le monastère de Saint-Piorre du Morone, non loin d'Aversa, avait
ô[é choisi pour servir do thrûtre à ce drame odieux. I.e tcandale fut im-
mense et l'indignation populaire se fuit jour, non sans éloquence, dans la
supplique des consuls, rédigtîe sans doute au lendemain do l'événement.
Archéologie et histoire. — A vingt-doux kilomètres au nord-est de Dijon
se trouve le village de Mirebeau, qui fut à l'i^poque romaine une station
imporianto.
En 1S34, on y a trouvé des restes de constructions, des murs peints à
fresques, dos snbstructions de bains, des di'bris de colonnes et de cbapi-
leaux, un aqueduc creusé dans le roc. Le musée de Dijon conserve une
inscription funéraire provenant du raOme lieu. Klle est d'un vétéran de
la huitième légion Augusia, de la tribu Tércntina. Des tuiles portant l'es-
tampille do la mémo légion ont été rocueillios en grand nombre A Mire-
beau. M. Mowat a constaté que les divers exemplaires recueillis sur ce
point appartiennent à neuf variétés, sorties d'autant de moules din'éronts.
La légion huitième Augusta fut envoyée en Gaule pour coopérer à la ré-
pression provoquée par le Batave Civilis.
M. Léon Renier a signalé le séjour de ce corps à Néris-Ics-Bains en 88,
alors qu'il s'agissait de réduire le légat révolté iJe la (ieimauie Supérieure.
D'autres ejtampilles, trouvées en 1841, montrent diversement associés les
numéros de plusieurs légions, au milieu desquels reparait celui de la hui-
tième Augusta.
C'est au conflit des Lingons et des Séquanes, c'est-à-dire à un lointain
épisode de la révolte suscitée par Civilis, que M. Mowat attribue l'origine
de l'établissement militaire de Mirebeau.
M, Chodskiewicz présente quelques observations intéressantes sur trois
monuments appartenant à l'archéologie slave. Le premier est une bulle :
au droit, la face de Varlaam Igoumène, abbé du couvent de la Tunique du
Sauveur; au revers, la sainte Vierge. M. Chodskiewicz rappelle à cette
occasion que la relique du Chiton ou Tunique de Jésus-Christ fut envoyée
au tsar Michel Fedorowitch, en l(i2.i, par le schah de Perse, Abbas, et dé-
posée à la cathédrale de l'Assomption, à Moscou, au Kremlin, Le second
monument est une médaille en bronze de saint Antoine le Romain, vénéré
à Novgorod. Au droil, le buste du saint; au revers, le buste de la sainte
Vierge. Le troisième est une croix en bronze avec diverses inscriptions
liturgiques en langue slave. Celte croix a été troiivée à R'yrouth (Syrie),
M, Siilomon Reiuach communique une inscripiiou grecque, parfaite-
ment conservée. Kile pruuent de Delos : « Denys, tils do Nikon, Athé-
J2V RKVUK ARCHÉOLOGIQDE.
nieii, dédie à Apollon la stniue de Scrvins Cortn'iiiis Lonlulus, fils do
Servius, stratùizc et proconsul des llomains, son hôte cl i;on ami, pour
reconnaître l'équilé dont il a usé i\ son égard, » M. Ueinach reconnaît
dans ce Servius I.ontulus le préteur qui, en liiO avant Ji'sus-Christ, fut
envové dans la (îréce et les Iles pour y chercher des nllianccs auv llo-
mains contre Persée. A Délos, il aura reçu l'hospilalilé chez Denys, tils
de Nikon. Les inscriptions mentionnent plusieurs fois, avec le titre de
gouverneur {^nmclitc) de l'Ile, un Denys, fils de Nikon, Athénien ; mais
la date probable de sa magistrature est uu\ environs de l'an 122. D'où il
suit qu'il faudrait ou bien supposer que le Denys, hAte de Servius Lentu.
lus, est l'aïeul du Denys de 122, ce qui n'est pas impossihle, ou iùen que
c'est le seul et même personnage qui aura vécu au-delà de soixante-
quinze ans, ce qui n'a rien non plus d'invraiscmblaLle. Un autre point
notable de l'inscription, c'est le litre de préteur (stratège) et de proconsul
donné à Lenlulus, et dont l'existence à celle époque ne nous élait pas
connue.
L'Académie décide qu'il y a lieu de procéder au remplacement de
M. Defrémery, décédé, et Oxe au 10 novembre la discussion des litres des
candidats j au 23 novembre, s'il y a lieu, J'élection.
SÉANCE DU 5 OCTOBRK.
Les diplômes milKaires. — Lorsque les soldai?- avaient [lassé viii.nl-ciiiq
années ou davantage sous les aigles, rempereur, en leur pormeltanl de
quitter l'armée, leur accordait Vhoncsta missio, ce que nous pourrions ap-
peler « les honneurs du congé ». Ces honneurs n'étaient pas une simple
formule; ils étaient réalisés par des avantages sérieux. Les vétérans re-
cevaient le dioil de cité : ils devenaient citoyens romains s'ils ne l'étaient
pas encore. S'ils étaient déjà citoyens romains, on leur donnait le droit de
mariage 0'usco?in«6(/). Ce droit consistait en ce que les enfants nés des
femmes que le vétéran pouvait épouser ou avoir épousées seraient ou de-
viendraient citoyens romains.
Lucie aulhenlique de Vhonesta missio était dressé i"! Rome par les soins
de h chancellerie impériale, suivant dos formules invariables, comme tous
les actes publics, et gravé en double sur deux feuillets de bronze qu'un
lien rattachait. Le diplôme, rédigé au nom de l'empereur, portait l'énu-
méralion des troupes de l'armée à laquelle appartenait le vétéran, les
noms des consuls, celui du préfet de la cohoiln, enlin celui du soldat.
On comprend que les diplômes, à cause de ces indications, soient pour
l'archéologie des documents historiques précieux. Tel c.'l le cas d'un di-
plôme inédit, trouvé à Copies, en Egypte, et communiqué par M. Maspero
à .M. Kniest Desjardins, qui l'a étudié devant l'Académie.
La date du diplôme est le 9 juin de l'année .S3 de notre ère, sous le
nUI.LKTlN MENSUEL DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS. 325
principal de Domilien, tribun j)our la seconde fois. Nous connaissons les
deux consuls du commencement do cette année ; nous connaissons aussi
les deux consuls dôsigni^s (sii/f'icli) pour l'année suivante ; mais, entre
ces deux séries de magistrats, i) en existe chronologiquement une Iroi-
siùme, qui a dû succéder aux consuls du commencement de l'année. On
sait qu'à celte époque le consulat n'était plus annuel. Ces deux consuls
sont nommés par le diplôme, malheureusement endommagé en cet en-
droit. Des noms du premier il no rcîste que JuHnitus ; des noms du second,
que les mois : Erwiiiii llomullu:^. L'armée d'Kgyplose composait alors, en
ce qui touche les troupes auxiliaires, de trois ailes de cavalerie et de sept
cohortes. Les ailes de cavalerie sont désignées ainsi : ï" Anrjusta; 2°
Apriana; 3° Commagcnonim. Les sept cohortes sont ; « la seconde Panno-
nienne, la première Kspagnole, l'Aslurienne, la première et la seconde
Théboine, la première et la septiètiic Iturécnne. » Le préfet de la co-
horte est Fucius. Le nom du bénéficiaire, un centurion, n'a plus que les
trois dernières lettres de visibles.
Le congrès de Leyde. — M. B.jrbier de Meynard rend compte à ses con-
frères des travaux du congrès des orientalistes, tenu récemment à Leyde
et auquel il a assisté en qualité de délégué du Collège de France et de la
Société asiatique.
M. Barbier de Meynard a rendu un légitime et chaleureux hommage à
la courtoisie simple et cordiale qui a marqué l'hospitalité oflerte au con-
grès pai" la vieille universilé de Leyde.
SEANCE DU 12 OCTOBRIi:.
Bijou mêrovingieiî. -- M. Deloche place sous les yeux de ses confrères
un fragment de bijou de l'époque mérovingienne, avec inscription. C'est
une rondelle en or fin de 1 1 millimètres do diamètre et pesant 2 grammes.
L'objet se compose de deux plaquettes soudées. Chacune d'elles porte
une légende : l'une gravée soigneusement en beaux caractères disposées
en cercle sur le bord de la rondelle; l'autre, d'une exécution moins
soignée et dont les caractères sont disposés en ligne horizontale. Deux
trous, situés à l'opposile l'un de l'autre et pratiqués dans la tranche de
la rondelle, attestent qu'elle a servi de chaton tournant à un anneau, et
qu'elle a pu être employée comme un sceau.
La première face porte au centre un chrisme et en cercle, au pourtour,
ces caractères précédés d'une croiselte : HUCCOLANESV. La seconde face
porte : WARl-NDEUTVSDLDL
• M. Deloche a d'abord songé à l'explication suivante. Le chaton provien-
drait d'un anneau de fiançailles donné par Warendertus à sa femme
Roccolana. Warendertus a donné (cet objet) à Roccolana sa (femme). On
connaît plusieurs anneaux mérovingiens analogues. L'inconvénient de
320 HKVUR AnClIftoLOUlQUR.
celte ot|ilicntlon, c'esl la néce«sil6 iI'iijouUt une lelln' A ihnqiie inscrip-
tion (W(inM(/«T/!i-î di'di'V livtroUmt su Al).
Voici à quelle iiiicrpitMalion s'ariôle de préféronco M. Dolocho. 1/uti-
neau a lUi^ lionm^ pur Waromlorlus, qui a fait graver sur une face du
clialou les mois allo.'.taul le diiu. Col anneau «Mail siuillaire, c'esl-à-dire
qu'il servait do sceau et de simialure i\ Hoccolaiia. Il faudrait lire, en ce
cas, la l(?pendo de la première face ainsi : Hoccolamisubscripsit. C'est une
formule bien connue.
(,)uoi qu'il on foK. ce chaton cpI ciiririix el conslilup «ino rareté ar-
chéologique. Il était dans la collection de M. Hinjamin l'illoii, d"où il a
passé aux mains d'une nièce, héritière du célèbre colleclionncur. On no
possède aucun renseignement sur le lieu ei les circonstances de la irou-
vaillo de ce bijou.
Histoire de la législation romaine. — M. Ferdmand Delaunay commu-
nique, au nom de l'auteur, M. llomauet du Caillaud, un deuxième mô-
nioire sur la date qu'il fiiut attribuer à la loi Junia .\orbana, réglant la
condition des esclaves alVranchis par testament et créant la catégorie des
n Latins Juniens ». L'opinion commune aujourd'hui est que cette loi fut
portée l'ai) de Uome 771, sous Tibère, cet qu'elle est postérieure à la loi
JElia Scntia, qui s'occupe aussi des aUranchisseincnts et fut faite sons le
principal d'Auguste. Par une série d'observations nouvelles que lui sug-
gère un travail récent de M. Cantarelli, savant juriste italien, M. Homa-
net du Caillaud s'attache à démontrer que la loi Junia Norbana appait enl
au principal d'Auguste ; que la loi .Klia Senlia la suppose, la complète
ou la corrige ; qu'elle lui est par couséqucnl postérieure.
Epiijraphic lutine. — M. Ferdinand Delaunay dépose sur le huieau une
série d'inscripiions latines, estampées et dessinées avec le plus grand soin
par un jeune ollieier de l'arinée d'occupation de Tunisie, M. Fonssagrives.
Ces documents sont i envoyés à rexamcn de .M.M. Frn. Desjardins et
Tissot.
M. Revilloul lit une noie sur la valeur de l'argenteus égyplien.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE.
Ârchcolo(jie. — .M. CleimontCanneau signale la dtcouverlesur le mont
Gariîim, en Palestine, d'un autel avec bas-reli. fs poinieltant de suppo-
ser que le culte do Thésée a existé en ce lieu. Il ^igfialo aussi la décou-
verte de pluïieurs inscriptions romaines parmi lesquelles se Irouviiit des
dédicaces  Junon Oricina ot  la Démêler désignée sous le nom bien
connu de Matir Maïuta.
Iti oflieier apparlenaril au corps de l'armée d'occupalioîi (ii Tuni.»ic,
.M. Hayuiond Ueiiou, fuit don à l'Académie d'une pierre qu'il a ramassée
UULLIÙTIN MK.NSUKL DK I.ACAUK.MIK DES I.NSCIIII' IlONS. .'{J?
dans les ruines de Carlliage cl qui purlc des caraclùres puniques. M. He-
nan y reconnaît sur-le-champ un ex-voto h la di'e^jse hahhut T'init. Les
rnonunicnls de ci' genre i^onl evlrûnienienl nombreux ; pris un à un, ils
n'oll'rent aucun inlérOl, mais hîur réunion dans le Corijus que publie
l'Académio donnera lieu à une comparai?on précieuse.
Concours. — Sur le rapport des diverses commissions spéciales, l'Aca-
démie a adopté pour programmes de concours les sujets suivanîs :
Prix lîurdin : 1° <( tltude sur le Hamayana. » (Sujet maintenu.)
2» (I Ktudier d'après les documents arabes et persans les sectes des dua-
listes, zendiks, mazdéens, daisanites; montrer comme elles se raltachcnl
soit au zoroastrisme, soit au gnoslicisme, soit aux vieilles cioyances po-
pulaires de l'Iran. » (Sujet nouveau.)
3° « Du dialecte parlé à Paris et dans l'Ile-de-France jusqu'aux Valois. »
(Sujet maintenu.)
4» « Etudier les ouvrages en rers et en prose connus sous le nom de
Chroniques de Normandie. » (Sujet nouveau.)
Prix du budget : « Faire, d'après les textes et les monuments figurés, le
tableau de l'éducation des jeunes Aihéniens jusqu'à l'ige de dix-huit ans.
On se reportera ;\ l'époque comprise entre le quatrième et le cinquième
siècle avant notre ère. On écartera du tableau tout ce qui concerne les
exercices gymnastiques. » (Sujet nouveau.)
M. Ilauréau est désigné pour lire dans la prochaine séance publique
son intére?santc notice sur les sentences du fameux Pierre Sorbou, con-
temporain de saint Louis.
L'Académie a reçu l'hommage du quatrième volume des œuvres du
regretté Longpérier. 11 renferme surtout des mémoires consacrés à la nu-
mismatique, science délicate dans laquelle le célèbre archéologue excel-
lait.
Il y est question des monnaies épiscopales, des monnaies normandes,
de celles de Reims, de Bourges, de Meaux, du Roussillon, etc.
Il y a aussi une remarquable élude sur l'iconographie au moyen âge et
une autre sur le reliijuaire de Charlemagne. On doit Cire reconnaissant
à M. Gustave Schlumberger de conduire avec celte activité une publica-
tion aussi importante. Nul n'était mieux préparé que lui par ses travaux
sur l'ensemble de h numismatique 1 recueillir et à cla^sor l'œuvre du
maître.
NOUVELLES ARCilÊOLOCIQUES
1. r (:()i;i;i:sr(i.N danch
rne ville romaine retrouvée en Tutiisie. — La canonnière le Jaguar,
commandée par M. le lioutcnanl de vaisseau Massenet, vient, comme on
le sait, d'accomplir une mission archéologique en Tunisie, aux cn\irons
de Rrograra cl de Kl Kanlara (golfe de Caliés). Nous extrayons du rap-
port de cet olficier quelques passages intéressants au point de vue spécial
de sa mission.
L'ancienne Tiiclhis se trouve située prés de la mer, dans un enTonce-
mcnt de la côte ; ce n'est plus aujourd'hui qu'un monceau de ruines
éparses, s'étendant au loin dans la plaine; le sol de la ville, raviné par
les pluies, ne permet d'en reconnaître les artères et la place des monu-
ments que d'une façon approximative. On trouve peu de pièces en bon
état paimi les décombres. Les sculptures sont rares ; tout semble faire
croire à une architecture massive plutôt qu'élégante ; l'imagination
reste frappée en cllet par la dimension et la quantité des blocs de mar-
bre qui ont été amenés et établis sur ce point.
Peut-être des fouilles patientes et bien conduites amèneraient-elles la
découverte de fragments intéressants ; mais, en l'état des choses, les ins-
criptions latines seules méritent l'attention ; encore sonl-elles pour la
plupart si détériorées qu'il est difficile de les déchiiïrer avec certitude.
Le Jaguar a rapporté de Hograra tous les estampages qu'il a été possible
de faire, entre autres celui d'une frise ; les moulages en pl.ltre essayés
n'avaient fourni pour celle dernière que des résultats très médiocres.
En quittant iJograra, le Juyuar a fait ruute sur Taltella, où il a mouillé
le 2'J septembre; c'est près de ce point, au sud de l'Ile de Djerha, tout
près du lieu nommé El Kantara, que se trouvent de magnifiques ruines.
Leur richesse, leur importance, leur étendue surtout, permettent de sup-
poser qu'on se trouve en face de lu capitale de l'Ile avant l'ère chrétienne.
Hicn de plus frappant que ces ruines d'une grande ville. Ou est saisi de
la profusion des marbres semés çà cl lil, et on se demande avec admira-
lion de quelle manière ont pu être édifiés ces monuments grandioses
avec les moyens restreints dont disposaient les anciens.
A la suil.2 (les (ieriiii'res Touilles iitiiliiim'es on c<fl ondroil avpc fies rog-
sourcos in^u^lisa^le8, les ruines d'en grand leinplc onl «'lé mises à jour
sur les l)ortls de la mer, dans un endroit isol6 de la ville; par son rrien-
lalion et quelques autres indices, on peut croire qu'il était dédi6 ;i
/.'5phyr ; entièrement en marbre et d'une granile richesse arcliilccturale,
il est construit (railleurs en blocs cyclopc'cns, ol il a en\iron 'M miîtrcs
carrés de base. D'immenses colonnes d(! marbre rouge et vett surmon-
tées de chapiteaux arlistomenl travailb'S formaient l'entrée de l'est. La
principale piiVe de l'édifice dt.iit formée par une enccinla carrée bordée
dans sa partie supi'i ieure de frises en marbre blanc supportées à leur
tour par des eolonnettes torses.
A terre {gisaient des statues en yranit d'Iv.'vpte, et, délail eurieuv, toutes
sont décapitées comme à dessein, car on n'ii pu trouver aucune de leurs
tûtes.
A un kilomiHre de là, on a découvert les restes d'un baptistère cons-
truit avec les marbres mêmes du tcm[ile païen d'Ki Kanlara.
La ville ancienne était entourée de forlifications dont on suit encore la
trace ; elle avait un pourtour de i à fi kilomètres. Dans les maisons, des
mosaïques très ornées recouvrent le sol. Malheureusement ces mosaïques
sont rest('es si longtemps exposées à l'air qu'une simple pression des
doigis suffit ;\ désagréger les cubes.
L'Ile ('tait reliée au continent par une chaussée de construction ro-
naaine, dont les vestiges sont encore très apparents.
{Le Temps, 18 oc t.)
Des fouilles très intéressantes continuent ;\ ûlre exécutées (.n
Carniole. On nous écrit de Vienne :
« Les fouilles de cette année à Watsch, pr-ès Laybach, ont été faites
par la Société d'anthropologie de Vienne, sous la direction de M. Szom-
bathy, secrélair-e de la société. Outre de très nombreuses urnes contenant
de la cendre de cadavres, on a découvert une cinquantaine de tombeaux
à squeltttes, parmi lesquels Leaucoup de gueiriers avec leurs lances,
haches et flèches. Auprès de deu.v guerriers on a trouvé de véritables
paquets de flèches, auprès de l'un quarante-deux, auprès de l'autre trente-
huit. Naturellement il n'y a que les pointes de flèche en bronze qui aient
été conservées. Les squelettes féminins étaient somptueusement ornés
d'anneaux de bronze au cou, aux oreilles, aux bras, aux poignets, aux
doigis, aux chevilles, de fibules de bronze orncmenlées de verre et de
perles d'ambre. Mais les pièces les plus intéressantes sont une hache de
fer avec ornements géométriques dessinés en zigzag et un ceintuiou de
bronze avec figures gravées représentant la lutte de guerriers à cheval et
à pied, guerriers pareils à ceux qui figurent sur le registre supérieur de
la situla de la Charireuse de Bologne. Voici donc qu'on trouve à Walsch
des représenlaiions figurées exécutées d'après les mêmes chalkeutes que
111* SÉRIE, T. II. — "^-2
niO i\FvrK vnciitoi.oaiyui:.
o>H. > (li« Il fitiiht (11' n(il(i;;no. Ce dernier objet se (rouve entre les mains
du prince I*. Win li«ch_'raMz. o
Nous lisons il.ins la Libatt^ :
it Nous avons di'j;l annoncé que les fouillos qui ont ^-t-' pxécuu^e» an
Forum Ilovuiintm et nu Monl-Palalin, à It^xuc. ont mis A Jour la place in
te trouvait la mai>on dos Vcstali'S.
« Ajoutons que les restes de cet iVlificc consisicnl en un atrium ontonri-
d'apparicmenls de iiilTi?ronl('s j^irandetirs, nn tafilinum rouMu d'un boan
parqtici eu nu)^ail]U(' do tnarhn'. et liois graiid-i pirileslaux sur IcsqueU
te lisent des inscriptions en l'honneur des principales vestales.
(I On a Légalement découvert plusieurs autres inscriptions, dont l'atir
rappelle le souvenir de l'empereur Commode, l'autre celui d'Alexandre
SéviTC, ainsi qu'une tôle du premier de ces deux empereur; et tn buste
d'Anniub V»'riis.
•' Ces découvertes archéologiques ont produit une prundc sensation h
Morne. »
Le XIX" Siècle reproduit la même nouvelle avec quelques détails
de plus :
o M. Deilil, ancien membre de l'Ecole française de Uome, a annoncé
samedi à l'Institut une trouvaille faite récommenl dans cette ville, au
Foni»j,aupré5 de l'église Sainle-Marie-Libi-ratrice. Il s'agit d'unédilice orné
de riches colonnes et somptueusement décoré, ayant servi de demeure
aux vestales. Le fait est établi par une série d'inscriptions funéraires por-
tant le nom de ces prêtresses. Les inscriptions sont gravées sur des cyprès
parmi lesquels un est visiblement martelé. Au mOme lieu a été troavée
une certaine quantité de monnaies du x* siècle, provenant d'Angleterre,
et qu'on pone avoir été envoyées pour le denier de Saint-Pierre. »
Le mOmc journal annonce que l'on vient de placer au Muséum
d'histoire nalurelli", dans les galeries d'anthropologie, de nombreuses
collections de photographies représentant les types de l'Kurope orientale,
de la Sihérie orientale, de la Birmanie et du pays des Somalis.
Outre ces photographies, les galeries se sont enrichies de pièces eu
lieuses, notamment de six crAnes de fellahs provenant des ruines «le
Habylone, et des crftncs d'Indiens fiaiaounis que le regretté docteur Crc-
^i>llT a\a:t recueillis dans sa prera ère n:ission au centre de l'.Xmérique
du Su '.
lilBLIOGRAPlIÎE
Lia Première apparition du fer dans l'Europe septentrionale,
étude d'archéologie préhistorique comparée', par li; D' I^^CRALI'
UNiistT; traduction allemaiulo do J. MisTunr, avtn: 2U0 viKiictu» dans lu iii\t« ci
500 fltfures 8ar 32 plaiiclies. Hambourg," O. Meissncr, 1882, 524-xvi pages.
Le grand ouvrage de M. Undset sur les origines delà civilisalion du l'er
dans le Nord a ôlé publié on ISSI à Chrisliariia; l'année suivanle,
M"" Mcstorf Ta luiduit du danois en allemand. Comme l'aulcur le remar-
que Justement dans sa préface, If s questions d'arehéologie auxquelles est
consacré ce volume n'avaient pas encore été l'objet d'un travail d'ensemble :
non seulement M. Undset a coordonné, avec une immense érudition, tous
les écrits de détail que ses prédécesseurs danois ou allemands ont dissé-
minés dans les brochures et les revues spéciales, mais il a visité, le
crayon à la main, soixante musées du nord de l'Kurope, rassemblant des
documents et des monuments qu'il a publiés pour la première fois. Son
livre a la double valeur d'une élude approfondie sur un sujet à peu près
vierge et d'un vaste recueil de matériaux inédits ou peu connus qui ser-
vira de base à tous les travaux futurs sur la matière. Il faudrait un ;,'rand
nombre de pages pour donner une idée même imparfaite de la variété
des questions qu'il a traitées et des résultats qu'il a obtenus; nous devons
nous contenter de résumer ses conclusions telles qu'il les a formulées lui-
même- : « Les premiers objets en fer arrivèrent dans l'Allemagne du
Nord par l'influence de la civilisalion de HalUtatt et des groupes scm-
1. 0(7? ers'/e Aiiftrctcn des Eisens in \onl-Europa, Kine Studio, etc., duutsclie
Aus^'abe von J. Mestorf. — P ourquoi donner le nom équivoque de /préhistorique à une
arcliéologie qui, do l'aveu de l'auteur, s'occupe spécialement des cinq premiers
siècles avant Jésus-Clirist ? A cette époque le monde est déjà vieux et l'histoire
n'est plus à naître. M. de Longpérier s'insurgoait avec raison contie l'épitliète de
l)rthistori<]ues appliquée aux vases de Santorin, contemporains d'événements bien
connus de l'histoire ég3pticnne. Combien cela est plus vrai encore lorsqu'il s'agit
des découvertes de Hallstatt ! Ce que M. Undset et bien d'autres appellent vorhixto-
riscfie Arc/iœolofjic, c'est tout simplement l'histoire de la civilisati"U, la Kultur-
gescliichte. Ne serail-il pas préférable d'employer ce dernier terme, en réservant
celui de préhistorique aux éludes sur l'époque quaternaire?
1. P. 3il-31i7.
:\:\-i RKVIE Alu:ilK(M,or,IQUK.
blablos npparonti's i celle civilisation dans If Sml. .Mai> colle idlhience ne
donna naissance A une époque du bronze propremcnl dile que dans IKsl:
ailleurs elle ne fait que préparer l'avéncmenl de l'époque récente, (l'est
A la ciulisalion de la Ti'^ne qu'il était réservé de créer, par sou infhirnce,
la civilisation du for dans ^AlloIna^,Mlc du Nord. Ainsi la nouvolle rulturc
s'est développé!" du sud au nord ; ilu cAlé do l'est, au noid do? C.arpalhcï,
on ne constate aucune inlhicnce qui ail pu contribuer à produire lu civi-
lisation du fer dans le nord de l'Kuropc C'est l'influence des civili-
sations du for cilti'iurs dans rKuro|)e coniralo qui a donné lieu ù la
première époque du for dans l'AlloinaK'ne du Nord I,a date de l'im-
porl.ilion du for eu Posnanie parait élre le V, le w'' et le m' siècle avant
Jésus-Christ; c'est à celle époque qu'appartiendrait la plus ancienne pé-
riode du fer, telle que nous la trouvons dans les tombeaux à urnes de la
Posnanie et du Schleswig. Vers 200, la civilisation de la Tùne aura été
transportée dans la vallée do l'Klbe ; l'époque du fer pré-romaine dans
le nord de l'Alleniapne comprend les deux derniers siècles avant notre
ère.. .. » El encore' : «Dans le nor.l de rKiirope, en particulier ù
Burnholm, à Ocland et à (îoltland, l'influence de la civilisation de la
Tène s'est fait sentir à une époque antérieure. Le Jutland et le Schleswig
ont également subi cette iniluenco, qui s'est répandue de là sur les Iles
danoises ; mais ce n'cïl qu'a\eo le coiumencemont de l'influence romaine
que la période du fer se montre nettement et se généralise dans les pays
Scandinaves. La connaissance et l'emploi du nouveau métal se sont donc
lentement répandus sur le nord de l'Europe par l'efTet des relations com-
merriales avec le sud. De même que l'apparition du fer dans l'Allemagne
du Nord ne fut pas causée par rimuiigration de populations nouvelles,
de même, en Scandinavie, les découvertes archéologiques ne permettent
pas d'admettre la théoiie, adoptée jusqu'à présent, qui fait coïncider !e
commencement de la période du fer avec l'arrivée d'un peuple nouveau;
là aus>i, la révolution qui s'est accomplie n'a été amenée que par de longues
el coniinuellos relations commciciales avec les contrées du Sud. Aussi
l'apparition du for dans les pays Scandinaves ne s'est pas produite à une
seule et même époque : on peut dire seulement que l'influence de la civi-
lisation de la Tène s'est manifestée dans le premier sièc'e avant et le
premier siècle après Jésus-Christ, d'abord à llornholm et dans les pays de
l'Est, plus tard dans les autres pays de celle région. Vers la (in du premier
siècle ar>rès Jésus C.hrisl, rinlluonic romaine c(vnmotH'e à s'exercer; peu
après l'an 100, la p.'riode du fer lomainc établit dcflnilivement sa domi-
nation dans le nord de l'Europe. >•
Le résumé qui précède serait tout à fait insuffisant si nous n'y ajou-
tions pas l'indication rapide du contenu d(!S dillérents chapitres.
Introduction. — Villanova, Marzabolto, la Cerlosa, Ilullslall, la Tène,
1. P. *'K-50.5.
IlIIlI.lodUM'IlIK. 'J^Il
groupe rhénun. — llapporl entre les groupes de llalLstalt cl de la Tèiie.
— Commerce ilalo-t'trusque. — Tombeaux X unies de rKuiûpo centrale.
— Mariarast. — importance de lu lîohOme comme intermédiaire. —
Sarka. — Wokovic. — Champs d'urnes.
I. Ai.i.EM \i;nk du NniiD. — Chapitre i. Silésic. — u. l'osnanie cl Pologne.
Itipport avec le Sud.— ni. Prusse occidentale. Vases à visage humain,
(listes de pierre. — iv. Prusse orientale et pays baltiques. — v. Lausitz
cl Urandehourg. — vi. S.ive, Anhall, |{run>\vick. — vu. Poméranie. —
vin. Mecklemliourg. — ix. Le llannovre cl la région entre le Hliin infé-
rieur et l'CIbe. — X. Holîtcin. — xi. Ilésumé.
II. Ci; Nokd. — Chapitre xn. l'jpoiiue de la pierre et du hronze. Le fer
dans des tombeaux do l'époque de la pierre. L'époque du bronze dans le
Nord. Holations avec les civilisations du fer méridionales. Importations
de llallstatl et de l'Italie. Iniluence de la civilisation de la Tène. —
xiu. Bornholm. Fouilles de Wedcl. — xiv. La [)éninsule cirnbrique
(Schleswig, Julland). — xv. Les îles danoises. — xvi. La première \>i-
riode du fer romaine. Les trouvailles des marais el la civilisation de celte
époque. — xvn. La Suède, Gotland, la Finlande. — xvni. La Norvège.
— XIX. Résumé.
Aucun compte-rendu ne saurait tenir lieu de l'élude directe du livre
de M. Undset; nous avons du moins voulu faire entrevoir les fruits que
l'archéologie peut tirer da l'œuvre que nous signalons.
SaI.hUON REINACn.
Essai d'un catalogue de la littérature épique de l'Irlande, précôdé
d'une étude sur les manuscrits eu langue irlandaise conservés dans les Iles Bri-
tanniques et sur le continent, par II. d'Ahbois dk Jliiainville, professeur au
Collège de France. Paris, Tliorin, 1883, in-8, clv-282 pages.
Tel est le titre d'un ouvrage que vient de faire p irai Ire un de nos col-
laborateurs. Pour en donner une idée exacte nous ne croyons pas pou-
voir mieux faire que d'en reproduire la préface el la table. Nous com-
mençons par la préface :
« Il Y a trente ans que la Grammatica cdtka de Zeuss a paru à Leipzig.
Cet ouvrage, un des titres de gloire de l'érudition allemande, a donné
aux éludes celtiques une base solide ilonl elles étaient jusque-li dépour-
vues. Parmi les savants qui s'étaient occupés de ces éludes avant Zeuss,
un grand nombre avaienl cherché dans les langues et les littératures des
races néo-celtiques la lumière qui devait dissiper l'obscurité dont est en-
tourée l'histoire des ancêtres de ces races antérieurement à la conquête de
la Gaule par les Romains, llsavaienlconsullé lesdictionnairesel lesgram-
maires imprimés dans notre siècle el pendant les deux précédents en
Bretagne, dans le pays de Galles, en Ecosse, en Irlande. Les textes uéo-
334 IIK.VUK AflCIIKOLOfilorK.
cclliqiu's les plus aru jeu-* qu'ils cniiii'is^iMil rUiiiMit les lois ^lalltnsc.-', ilmil
les plus Mfux miiJUSirUs datcnl du xiii" hii-cle. <'t des poèmes de bard»'^
gallois conservés par des niaiiuscrils de diili's divers»'», mais dont le pn'-
inier no rrmunli' pas plus haul que la lin du xiT i^ifile. Ils s'élaionl sui-
loul occupts de gallois nu de breinn ; en (;»'iirral W s formes les plt s
raodornos du langage tUaicnl les seules dont ils se fiis-rnl rendus niallre.>,
.•l ciMail A des textes tout récents qu'ils dem.indaienl l'evplicalion d'un
passé éloigné de plus de dix-ncnTsit-clcs.
Zeuss est entré dans une voie bien plus féronde en étudiant les gioscs
du Priscien de Sainl-fiall et de celui de Carlsruhe, des épltres do saint
Paul de Wurzbdurg, du c<inunent;iire des Psaumes de Milan, du De
raliono tfntyionnn de Hi'de conservé 'i t'arlsrulie : en pultliant et cnm-
menlnnt les iiir;inlalions de saint Hall et le seimon de <;am!)rai. 'Ions ces
documents appartiennent paléogrnithiqucmcnllcs uns au vin", les antres
au ix'siC'cle; et le vieil irlandais, langue dans Inquelle ils sont écrii!î,
présente des caracléies d'antiquité qui manquent au gallois du môme
temps el, à plus forte raison, ;\ cehii du xn" siècle et des siècles suivants,
seul connu antérieurement à Zt uss.
La Gramtnatica ccltica de Zcuss a été publiée en is:i;t. Depuis celte épo-
que, la base nouvelle que ce savant avait trouvée aux études celtiques
s'est singulièrement élargie. D'abord on a découvert des textes irlandais
dans un certain nombre de m.uiuscrits contemporains de ceux qui ont
servi de fonflcrnenl au beau travail ilii Lirauimuiricn allemand. Mai», en
outre, les nmarquables publications (le plusieurs érudils de Dublin, et
en dernier lieu un excellent livre de mon savant ami M. K. ^Vindisch,
professeur .'i I-cipzig, ont signalé à l'attention des érudils du continent une
graiule quantité de documents irlandais conservés dans les Iles Rritanni-
qucs par des manuscrits postérieurs ; et dans une partie considérable de
ces document?, inconnus jusquc-lA, ou retrouve aujourd'hui, sous les
retoucbcs des copistes, des originaux composés primitivement en vieil
irlandais, comme les gloics des manuscrits du vm" et du ix' siècle dont
Zeu?s a été le premier interprèle.
Les textes si précieux que Zeuss, avant tout autre, a signalés ii l'atten-
tion du monde savant et a expliqués, oll'rent grammaticalement un inté-
rêt de l'ordre le plus élevé. Mais les idées qu'ils expriment n'ont, en gé-
néral, rien de nouveau. On y voit reproduites en langue irlandaise les
doctrines contenues dans des documents latins depuis longtemps bien
connus. Au contraire, parmi les textes que les savants irlandais cl
M. \Viiidi>ch ont publiés d<puis quelques années, un grand nombri' pré-
sentent un tout autre caractère. «Hî y découvre un vaste ensemble de
doctrine» et de traditions de toutes sorte», mais surtout mythologiques et
légendaire?, de forme épique, légales aussi, grammaticales mémesoiîs des
forme» diverses ; leur originalité est inconti stable. Ces textes, en nous
f!li^nn^ rrmonter aux teniji» païens, nous mellenl sous les yeux le com-
irentiire inattendu des indications incomplètes el cependant si pi.'Tiei'!«Ps
lui'.i.KH.it M'iiii:. 335
qnH quelques anciona, cnranit; (^6»ar, Diudoiv du Sicile cl Strnliou, nouj
(loimeiil sur la civilisaliuu des (iuiilui.^.
Parmi ces document», ccuv qui apparliefiuctil à la lilii'ralure épique
in'iiiil paru le» plus curieux. Tue partie d'(Milre(;u\ doil t'^lre rfX|)res8loi
(il! tradilidus communes i\ touU; la race celtique et anléiii-uies \ l'elablis-
sciiieul du rameau irlandais (!(• ccîtle ract; dans l'ile dimt il |(Oili; le nom.
De là pour nous l'inlénH d'un catalogue des monumeuls de la lill<''rature
épique de l'Irlande. Ces monuments nous donnent uh'î foule de connais-
sances nouvelles sur les croyances et les micurs des C'illes aux époques
les plus ancionues de leur histoire, — Celles du continent comme, des
Iles lirilanniques. — i.e calalo|,'ue de ces monuments remplit la plus
graiitle partie du \olume que le lecteur u sous les yeux. Je ne présente
pas ce catalogue comme un travail complet. L'introduction qui le préc.ède
et où j'ai voulu mettre une sorte de tableau d'ensemhle des manuscrits
en langue irlandaise n'est pas non plus complète : outre beaucoup de
lacunes, les savants qui ont étudié ces maliéies reconnaîtront dans mon
iivrt' bien des erienrs. Mais tel qu'il est et tant qu'il n'aura pas été rem-
placé par un travail meilleur, il |inun;i, je ciois, rendre quelque service.
Nombre de curieux et de débulanis n'ont pas de la littérature irlandaise
et des manuscrits irlandais une connaissance ausd approfondie que les
savants, si peu nombreux, qui ont pris pour spécialité l'étude de cette
littérature et de ces manuscrits, et qui par là se sont fait un nom. »
'> I) ci la table de cet ouvrage :
Introduction. — Dtude sur les manuscrits en langue irlandaise conservés
dans les bibliothèques des lies Britanniques et du continent.
Chapithe I''^ — Mission littéraire dans les Iles Britanniques.
CuAPiTiU'. 11. — Bibliothèques de l'université de Cambridge, du Corpus
Ciirisli Collège et du S. John's Collège de la même ville.
CnAiTrnE m. — Musée Biitannique.
(;;nAPiTni£ IV. -- Bibliothèque bodiéienne d'Oxford.
Chapithe V. — Bibliothèque de l'Académie royale d'Irlande.
Chapitre vi. — Bibliothèque du Collège de la Trinité de Dublin.
Chapitre vu. — Manuscrits des Franciscains de Dublin.
CuAPiTRE VIII. — Bibliothèque de lord Ashliurnham.
Chapitre ix. — Manuscrits en langue irlandaise dans diverses collections
des lies Britanniques.
Chapitre x. — Hécapilulation cbronologique des manuscrits en langue
irlandaise conservés dans les lies Britanniques.
X\{\ i;iM K vnciiKOLoGiyrK.
«•.DAiMîBK XI. — Maml^oril^ on lanjjue irlaiïdaiso conservi^s dans les hiblio-
ihî-quos du conliiieiil.
C.BAPiTnK xii. — r>>ai d'un.' rérnpilnlation K«^n.'rnlo. ynr ordre de ma-
litTCJ. des inanii<irils en langue i^landai^e lon.^civi's dans les Iles
britanniques et sur le conlinent.
lissai d'un calalogue de !a litl<'raUire rpique de l'Irlande.
PiiVe jusliflcniivi-, li<l<^ H. Il •,
LES
SARCOPHAGES ANTHROPOÏDES
DU MUSÉE DE PALERME
Depuis que la collection phénicienne du Louvre s'est formée des
dons de ..iM. Guillaume Hey et de Saulcy, des achats faits à M. Pere-
tié et surtout des objets rapportés par la mission de M. Renan, tous
ceux qui Iréquentent le Musée connaissent ces sarcophages phéni-
ciens, en marbre blanc, auxquels M. Renan a proposé de donner le
nom d'anthropoïdes^; les archéologues ont volontiers adopté ce terme,
emprunté à Hérodote qui s'en sert pour désigner l'appaience des
caisses à momies.
Notre savant confrère, dans les pagesqu'il a consacrées a ct.s monu-
ments sur lesquels il appelait le premier l'atlenlion, a montré que
c'otaii'nt bien là des ouvrages phéniciens, qu'on les rencontrait sur
toule la côte de la Phénicie-, et, hors de la Pliénicie, là seulement où
avaient longtemps vécu des colonies phéniciennes, ainsi dans la
partie île Cypie .|Ui a été le plus directement soumise à l'intluence
sémiiique, dans l'île de xMalte, dans les colonies lyriennes de Sicile et
jusqu'en Corse, où les maîtres de la Sardaigne ont eu certainement
quelques comptoirs. Nous ne nous arrêterons pas à refaire une
1. Sur ces monuments, voir Renan, Mù^ion tle Phénicie, p. Zi03-/|06 et il 2-427,
pi. LiX et LX. Cf. Longpérier, Musée Napoléon III, les notices des plauclies XVI
et XVIl.
2. Seule la ULcropole de Tyr u'en a pas donné jusqu'ici ; mais il faut songer
qu'elle a ijtc plus complètement dévastée qu'aucune autre des nécropoles sy-
riennes.
111® SKKIE, T. II. — 23
;{38 HKVLK MlC.HéOLOGiyrE.
ôiuimiTalioii qu'il a (lorim-f lrt'>s i-ompli'lo; muis n'expliquerons pas
non plus apri's lui coninuMil la forme raraeli risti(|ue île ees sarco-
phajjes esl le résullat d'une de res adaplalions où se eomplaisait
Itî-pntplus ingénieux qu'invenlif de ces hahiles artisans. L'idt^e
première de ces sarcophages a cerlainemenl éit' suggérée par ces
cai.-ses à momies, en bois, que les marchands phéniciens voyaient
partout dans la vallée du Nil; M. Hcnan a f.iil voir, par toute une
série d'exemples (ju'il a rajiprochés haliilemenl les uns des autres,
comment, sous rinduence croissante de la sculpture grecque, ces
sarcophage^) s'étaient écartés peu à jeu du type primitif, jusqu'à ne
plus le rappeler que d'une manière très lonlaine. Sur tous ces
points, il sullit de renvoyer aux rèllexions(ju'ila présentées à ce pro-
pos; avec lui nous admettons que la série qa\\ a formée de ces mo-
numents conduit à peu prés jusqu'aux régnes des premiers Séleu-
cides, jusqu'au troisième siècle avant notre ère.
Nous ne nous écarterions des opinions émises par notre savant
confrère que sur un point : il ne nous semble pas que le style d'au-
cun de ces monuments permette ile remonter, comme M. Renan
inclinerait à le croire avec M. de Lonj^pèrier, jus(iu'au temps de la
domination .•l^syrienne; nous serions plutôt d'avis, avec M. lleuzey ',
que les plus anciens de ces sarcophages ne sont pas anlérieursau
dixième siècle; ils appartiendraient tous à la {lèriode pendant la-
quelle la Phènicie a été rattachée tl'abord à l'empire des Achèmé-
nides, puisa celui des Macédoniens. D'ailleurs, en l'absence de toute
inscription dont le texte même ou le caractère palèographique
permettent de lixer une date approximative, ce ne peut être là
qu'une question d'appréciation, d'impression toute personnelle, et
nous n'aurions peut-être même pas osé uiai(|uer ce disseiiliiuenl si
nous n'avions été conlirmc dans notre manière de voir par le juge-
ment (ju'a porté sur l'âge probable de ces monuments l'archéologue
qui, dans ces derniers temps, a le plus minutieusement étudié, à pro-
pos des terres cuites, les relations de l'art oriental avec l'art grec ar-
chaïque et l'influence exercée par le premier essor du génie grec
sur le goût de cette Phènicie (juia toujours cherché ù l'étranger ses
inspirations et ses modèles.
(Juoi qu'il en soit, fabriqués en Phènicie même ou dans les colo-
nies phéniciennes, les sarcophages anthropoldesapparlieniient à deux
types dillereiits. Dans le plus simjile, dans celui qui esl représenté
1. (''i(uio>jne (Uf fujurmcs de terre cuite ilu musée f/u Lniivre, p. bj.
l.i:s SAUCOI'IIAdKS AM IIIUU'OIDKS.
•Xi\)
;iii I.oiivrc par les éclianlilloiis les plus iioinlmMix, In ItHi; souln est
lii,'iii(M' sur IfilcNSiis dehiciivc, ipjfl'iiicfois avec la iiai.ssaiice du col
cl la rdiiilt'iir iks ('paulcs; mais les loiirlles du M. Itciian à Saidn en
oui lail (oiinainc un aiilrc, ou le sculplcur n'a pas rrainl d'aspirer
iiiiiic rcpir.-ciilalioii hicii jiliis loiiipiclc d(,'s foiuics liuniaiiics. Ce
iiioiiuiiifid pit'cii'ux esl aujourd'hui au Louvre; il a été n-tin'., par
morceaux, des leires si souvent remuées qui remplissent la caverne
d'Apollon '. Il n'y a (jue la tète que l'on n'ait pas pu retrouver*. Si
les hanches et les jaiuiies sont encore ici comme cachées dans l'in-
térieur de la cuve, des bras se voient des deux côtés du couvercle,
collés le lonj,' du corps; l'une des mains, la gauche, tient un petit
alubiistion ou vase à parfums; le bras sort nu de la manche courte
d'une tunique qui ne couvre que l'épaule. Les pieds sortaient égale-
ment de la gaine; mais ils ont élé brisés. La matière est la même
que celle des sarcophages précédemment décrits, un beau marbre
blanc.
On avait d'abord cru ce sarcophage unique en son genre; mais
Sarcophage de Solunte. Marbre. Musée de Palerme.
Dessin de Saint-Eline Gautier.
cette docouverle a conduit à tirer de l'oubli deux sarcophages du
musée de Palerme dans lesquels on a reconnu les très proches pa-
rents du sarcophage sidonien. Ce sont ces monuments (jue nous vou-
lons faire connaître aujourd'hui, grâce aux excellentes photogra-
1. Renan, .)îissionde Plitinicie^ p. 403, et le Journal des fouilles du Gaillardot,
tbidern, pp. 437-438.
2. Uistuii-c de l'art, t. 111, p. 187, fig. 132.
AAO RRVUK ARClikOLOniQUK.
phies que nous en a ««nvoyécs IriVs obligcninmont M. le professeur
S.ilinns, le savant ronservateur du musi^e iW P.ilfi me. Ces deux s.irco-
phaj^'es ont été signalés par M." Itenan ; ils avaient été décrits dans un
recueil périodi(jue (jui, publié eu Sicile, est très peu connu hors
de l'Ile même '. liécouverls l'un en Kîuri, l'aulie en 17:2.*), ils avaient
été longtemps oubliés dans des colleciioiis particulières. Lo musée
de Palerme lésa acjuis il y a une vinctaine d'années, et c'est en les
CDUipirant aux sarcophages de Si. Ion, (jui venaii'iil d'être mis en
lumière par .M. llenan, «pie les savante siciliens en ont reconnu le
caractère et l'importance. Aucun dtv^sin lidéle n'en avait élé placé
encore sous les yeux dt's arcliétdoLiues ; ils ont été gravés très
exactement, pour notre Histoire de l'art (huis iantii/intt^, et, vu la
rareté des monuments aullienli(iu<'s de la slatuiire phénicienne,
nous croyons rendre service en les faisant connaître à nos lec-
teurs -.
Ces deux sarcophages ont élé trouvés dans des tomlieaux, sur
remplacement de Solunte, ville phénicienne qui s'élevait à quel-
ques milles vers l'est de Panorme, aujourd'hui Païenne. L'un d'eux
forme comme la transition entre les deux types que nous avons dis-
tingués; les bras y sont indiqués le long du corps, mais il n'y a pas
d'attribut ni de costume. L'autre, bien plus archaïque d'aspect, est
de tous ces sarcophages celui où le sculpteur a poussé le plus loin
son œuvre. Nous avons ici une vraie statue couchée ([d. XXV). C'est
une femme, velue d'une tunique courte dont les manches s'arrêtent
à l'épaule, et d'un long péplos (jui tombe jusqu'aux pieds; le bras
droit s'allonge le long du corp;» et repose sur la cuisse, landi-; que le
gauche, replié sur le ventre, lient un alahaslrou; sous la draperie,
on seul la saillie des seins; comme dans les figurines en terre cuite,
trois boucles de clieveux peiidcnl sur le col et sur la poitrine. La
ligue sinueuse que décrit le contour de la cuve et le bourrelet sail-
lant qui termine le couvercle et où s'appuient les pieds suffisent h
prouver qu'ici, comme dans Ks monuments analogues de la l'Iié-
1. Il semble, d'après les planches de d'I^rville (Sicula, t. I, Amsterdam, 1764,
p. U- ei huivanle»;, «|u« l'on coiuiaissail uu xviir' siècle trois de ces sarcopliafies. Il
n'en n!»te plu» que deux qui ont été dûcriia j)ar d'(tndc's Reggio, en lS6/j, d.ins
le tiuilettmoilcUn rtniiiinsstone iti untic/nlà e <li helli' urii in SiciliUy p. 1, pl. I,
a. 1-37. Franccscu di Ciiovnnni en uvaii deviiiù l'origine phénicienne; sa disserta-
tion a ét4Î reproduite en tête du Bullelin, avant t-elle de d'Ondes lt( g^io.
2. Nous devons à l'obliKeauco du notre éditeur, M. Hachette, d'avoir pu repro-
duire ici le» deux desnins, dont l'un est insérO dans le texte et dont l'autre forme la
planche XXV. Ils tlgur<:nt dans lu tome 111 do VUmloin: de l'art, p. 1H7 et 180.
UFS sAiu:or!fvr.r:s ANTiinoi'oioF.s. 341
nicic, c'csl l.i caisse ,i iiiuiilif (|ili .1 rlé le [)();nt tic dririrl ^'t le JilV)-
lotypc, 1,0s doux snrcopha^ics di; l'alcrme ot les fra^'incnls (Je celui
fie Sillon doivcnl dnne «Hre considérés nomme appartenant à un
rnénu^ ^îroijpe de monumenis.On ne saurait (rop enpajjer les archéo-
loi,'iies siciliens à continuer leurs fouilles sur le territoire pliénicien
de Solunle; car, des rela'ions imprimées ou nianuscriles (|uc nous
possédons, il résulte que les deux tombeaux ouverts au dix-septième
et au di\-liuiliéme sièclt; étaient intacts (juarid on les découvrit, cir-
constance (jui ne se présente jamais en Piiénicie.
G. PF.HnOT.
KSSAl n'INTKUriîKTATION IVl'N THACMENT
DU CAllMEN /VlMJL()(ii:ilClJM
1)1-: COMMODIKN'
(SCITF. KT fin)
On'o?t-re nmintonnnt que roi Klic (\u\ doit inopluHist'r pendant
doii/.L' ctMil soixante jours ou trois ans et d< ini en terre juive ? Kst-
rc la figure «l'un personnage historique de l'Rglise du milieu ilu
iir siècle ? Si oui, je ne saurais trouver son nom. Dnns les Evan-
giles aussi liien (|ue dans l'Apocalypse, Elle est indi(iMè comme de-
vant jouer le rôle de précurseur-. Il représente certainement la
prédiintion chrétienne, laquelle trouve surtout des Ames rebelles
parmi U's juifs, que Dieu cependant ne peut se résoudre à perdre.
Mais ces trois ans et demi de prédication, bien (|u'ils soient, sui-
vant le style prophétique, annoncés pour l'avenir, ont eu lieu, puis-
(ju'ils sont suivis d'événemetits racontés et non sans racines dans
l'histoire; d'où suit que cette prédication a été tolérée. Or il se
trouve que ces trois ans et demi de prédication ecclésiastnjue répon-
dent avet- une suflisante justesse à celle p.!.riode de paix dont jouit
rK}:lise depuis l'avènement de Valérien,du commencement de 'i'')\ ',
jusqu'au mois d'aoïlt 2")7, épO(|ue où cesse la tolérance et où l'euipe-
reur donne son premier édit. ("est alors en eflel qu'en Valérien le
Néron endormi se réveille, « succeilil ille nefandus», et ijue le
1. Voir le numéro de novembre.
2. Kv. S. .Maitli., XVII, 10; cf. Marc, Vi. i:. ; J.in, I. 21. << Heiiii'* vi-niei priii»
iiil^Dam dllcctos. I) Comtnodicn, Imirucl., I, /il.
A. NoiiH avons une inscription dr Gallus rt de Volusien, qui inar'iue lonr quatrième
pui»^^.•nlcc tribiiniticnno, «-t qui prI, par cnnsi^quont, de 2:tfi. ("-'est donc cette année
qu'il f.tut faire «otimiencer l'empire di- Valérien. Orelli-Henz>ii. n" 1000.
niAiîMKNT nn cmimp.n m'oi.uckiicim m, coMMdnii.v. ;i4;{
mass.'KM'c ('(iiiiiiii'nir. hcsjinrs, ilii le [loi'-ic, nol m m ijorilr n'-sislr
i\ l.i pi'<''(lic;iii()ii iT-IJc, (|ui \\':\ |iiicri r.iiiiriicr "|iit' i|iii'|(|ii('s-iins. L(;
piojilii'le iirilr, de leur ciulincisscincDt, .-ipiicllc sur l'i'iiiinn* cl sur
eux les vei'i^es divines. Comiiii- .iiitrcfois Elie, il ferme le ciel ; crtiniiit^
Moïse, il change les eaux en s,^nf,^ Il réunit en lui seul la puissance!
des deux grands proplièles, f.iil lonilier sur le nuinde la famine et la
peste. Ces deux Iraits liistoriepics, à savoir le fait de la faniine et de
la pesie, sont farilenient changés en punitions envoyées de Dieu.
«Voilà ce qu'il (Klie) fera, et les juifs rruellemcnt frappés se
répandent contre Klie en mille fausses accusations : ils s'évertuent
d'aboid à enllammei' la colère du sénat et disent (pi'Klii; est l'ennemi
des Humains. Alors à la lin l(; sénat, excité par eux, s'adresse à Néron,
le lléehit par ses prières et par d'injusies pré.sents : << .Mets hors du
« monde, disent-ils, les ennemis du |)euple (jui refusent d'adorer nos
« dieux et les foulent aux pieds.» VA lui, animé de fureur et vaincu
[larles prières ilu sénat, faittrans|)orlcr d'Orient les prophètes parles
voilui-es publiques, et, pour complaire aux sénateurs et certainement
aux juifs, il les immole d'abord, puis il passe aux églises. Pendant
leur martyre, la dixième partie de Rome s'écroule, et là sept mille
hommes périssent sous ses ruines. Or, le quatrième jour. Dieu lui-
môme emporte dans le ciel ceux que les persécuteurs ont défendu
d'ensevelir après leur mort. Il les relève de terre, les ayant faits
vaintjueurs de la mort, et leurs ennemis les voient .s'élever libres
dans les airs.
« Mais ce spectacle ne les a pas troublés : au contraire ils s'aigris-
sent au-dedans d'eux-mêmes, et leur haine contre le peuple du Christ
s'exaspère encore davantage. Le Très-Haut en efTet a endurci le cœur
de ces méchant-^, comme jadis à Pharaon il avait endurci les oreilles.
Alors le roi cruel, l'injuste Néron, l'expulsé, ordonne de chasser de
Home même le peuple chrétien, et i! associe à son pouvoir deux Cé-
sars pour l'aider ;\ poursuivre ce peuple d'une fureur maudite.
Ils envoient des édils partout à tous les juges, avec ordre de forcer
celle espèce d'hommes ;\ renoncer au nom chrétien. Ils prescrivent
aussi qu'on les oblige à répandre de l'encens devant les idoles, et,
pour que nul ne puisse se dérober, à marcher la couronne sur la
tète. Si le lidèle ne veut pas de cet appareil de comédie, il lui faut
sortir de la vie par le martyre. S'il consent à le prendre, il est un de
la foule. Alors il n'y aura aucun jour de paix, plus d'oblation au
Christ; mais le sang coule partout. Décrire cela me dépasse, les larmes
sont plus fortes que moi, ma main défaille, mon co^ur précipite ses
344 IlEVlIR AnClléOLOGIQUF..
l)illem(Miis, Los inartMs (vpt'mlaiU sont f.iils i» supporlor l.uil dtî
coups. Li's mers, tes ('niuint'nl.s, los ll»*s. \'"< nduMlcs, ou fouillo lon-
guement parloiii. Oïl iiH'iu' par Iroupes des vicliines délestées.
« Voilà ce (jifalors fera Ni-ron pondant trois années pleines et une
derai-anU' e, remplissant ainsi le l.nips i|iii lui a ité lixé. Mais pour
ses forfaits viendra la mortelle vengeance, si bien que sa ville et son
peuple seront livrés avec lui, et l'einpire qu'il a gouverné injuste-
ment, après iju'il a écrasé son peuple sous de funestes impôts, lui
sera retira*. »
Isla quia faciet cruciati ncmpc ludœi
Mulla athorsiis cnm cnufl.-'.nt in criniina falsa,
liK'cniluntqno prins sonatum consnrgoif lu ira,
El dicunt Heliani inimicura esse Homanis.
Tune Inde confeslim motus senatus ab illi^
Exorant Neronom prccilnis et donis iniquis :
«I Toile ininiicos populi de rtq»us liuniaiiis,
Per quos el dii nnstri cooculcatilur iieque coluntui . ••
Et ille supplelus furia precibusque senulus
Véhicule publico rapit ab Oriente proplielas.
Qui salis ut facial illis, vel cerle ludaiis
Immolai hos primum, et sic ad ecclesias exit ;
Sub quorutii mailyrio décima pars rorruil urbis,
El pereuiit ibi bomines ï^eptem millia plona.
lllos aulem Dominus quarto die tollit in auras
(juos illi vetuerunl sepuKura condi jacenles,
Suscitalque solo imiuorlales fados de niorle,
Quos inimici sui suspiciunl ire per auras.
Terrili nec sic sunt, sed magis iolra crudcscunt,
Ad populum Chrisli exécrantes odio toio.
ludura\il eiiiiii Alli<simus corde nefandos
Sicut Pliaraoni prius iuduravcrai auies.
Hic orgo rex durus el iniquus Nero fugalus
Pilli jut)et populum chrislianum ipsa de urbe ;
Participes auleiu <iui> sibi Cajsares addit
Cum quibus bunc populum persequaltir diro furorc :
•M tlunt el edicla per juditt-s omufs iiliicjue,
l'I gfiiuis hoc hoininuru facianl sine noniiue Chrisli
Prajcipiunl quoque simulacris lliura poncnda ;
Et, ne quis lateal, omnes cororiali procédant.
lu liisirionica hi tidelis ire ncgavil,
Felicil'T exit ; sin v(!ro de lurba lit unus.
Nidia dies pacis lune »'rit nec oidalio ('liristo ;
Sed cruor ubique manat, quem dfscribore vuKor,
FRAfiMRNT UV CAFIMKN At'Ol.Or.KTICUM DK COMMODIKN. 'Hli
Vincuiil ciiirn laci viiki-, lifli il im.hhis, corda trembcunt :
Ouar.quarn sil martyiibus njttiiiii loi l'iincra fcrrf.
!'<M' maie, [kt torias, jicr insulas alqnr* latcbras
Soiiitnnfiirqun diu, ovyccratns victimas dticiint.
H.TC Noro liifii faciet Irionnii Inniporo Inio
Ml anno dimidio — alatufa tompora romplel. —
Pro ciijtis Tacinore vonici vinili<:fa lotalis,
lit iirhs et popiiliis illo cnni ipso tradaliir,
Tollatnr imperiiim quod fuil inique rtqdelum,
Quod per tributa mula diu luaceiaveral onines '.
Je crois (ju'on poul affirmer, sans rrainto d'être contredit, que ce
long passage est le morceau capital et soliile, le noyau historique
du poùme entier, bien qu'il soit tiré en partie et pour nombre d'ex-
pressions de l'Apocalypse, et que çh et là l'imitation aille jusqu'au
pastiche.
Il y a \h de l'histoire, san'; un seul nom propre historique cepen-
dant. Dans la pensée du poète c'eùl été un vrai contresens que d'en
citer, puisqu'il prétend non décrire et retracer le passé, mais an-
noncer l'avenir. De là le futur qu'il emploie d'ordinaire, — c'est
le temps apocalyptique, — ou le présent qui caractérise la vision
extatique. Plusieurs verbes au passé cependant se sont glissés sous
sa plume, comme à son insu. Ainsi dans les derniers vers de ce pas-
sage où il parle de la chute du prince «qui gonrrrnn injustement
et avait écraaé ses sujets sons de lourds impôts ». Nous l'avons noté
déjà, l'histoire que l'on trouve ici est faite largement et à grands
traits, soit sur le spectacle d'incidents générdlisés à tort, soit avec des
passions, des préjugés, des préoccupations religieuses qui l'altèrent
ou la défigurent, soit sur des traditions d'un autre temps qui la dé-
forment quand on i>rétend l'y ajuster. Evidemment, si cette histoire
était exacte et claire, la question que nous éludions à l'heurt' pré-
sente, de sivoir de quel empereur et de quel temps précis le poète
veut parler, ne pourrait pas être posée.
On sait que la clef de l'Apocalypse de Jean, qui depuis si long-
temps a tant exercé la critique et suscité des explications si diverses
et parfois si l)izarres, se trouve au dix-huitième verset du ch;i[ti-
trexiii : « Que celui qui a de l'intelligence calcule le nombre de
la bête. C'est un nombre d'homme et son chiffre est C66. » On a
démontré que la tHe blessée ou In hiHe dont il est question est la
1. Carmen apol., v. 840-884.
34f» nrvi'F. vnniKoi.or.ioiM'.
lipiiiv d'un liomnip, cl (|iit' riinnniit' tlnut ce iioinlui' osl le signe est
IVm|M'r«Mir N'cron ; Néron ('tVsar, selon h v.ileiir numéiiiiin' Mes
leiiies (|iii coniposenl ces deux mots en cnr.ulires ln'lir.iii|iie«;, don-
nanl le noml»ie proposé '.
Dans le lonj; passnpi- du Cnnurn npolnijcticum (ju'on vient de
lire, riniportaiil est de même de savoir au juste ce que représente
.N'êron. r.e nom n'esl certainement pas la lipurede l'empire romain,
du pouvoir persécuteur en pénéral, vu (jii'ou dit qu'il est revenu et
qu'il a pris possession de l'empire; vuiju'on lui [iréte une série d'actes
très déterminés, et qu'on le place dans un milieu concret et (juil
faut par suite le caser tians un point du temps. Néron avec son ca-
ractère et sa mission satanique est ici non une alistraction. mais le
préle-nom d'un prince persécuteur particulier. .M lis (|uel est ce
prince?
La date, encore qu'approximative, de l'époque où a vécu Commo-
dien, défend de remonter an second siècle, et il est même iinpossible
de chercher ce prince en deçà du réirne de Déce, pnis([n"an premier
vers de notre fraj^ment il est fait mention de la septième persécution,
c'est-à-dire justement de celle ipii porte son nom. Mais peut-on s'ar-
rêtera néce lui-même? Je n'hésite pas à répondre par la nèf^ative,
et cela pour les raisons suivantes :
D'ahord parce que c'est après qu'il a été question de la persécution
de Dèce (la septième), que l'invasion des Goths, selon le poète, a châ-
tiée et fait cesser, et après l'inteivenlion d un inince dont le nom
signifie en Israël un peu plus que la tolérance et la paix; c'est après
une pré lication lihre, paraît-il, de trois ans et demi, ipie le nom cl
la personne de Néron apparaissent dans le poème.
En second lieu, c'est que la persécution que ce Néron ordonne lui
est en quelque sorte arrachée, selon le iioèle, par les instances du
sénat, et n'a pas un caractère .spontané. Le Néron de (lommodien,
au commencement du moins, n'aj^it pas de son propre mouvement,
mais suit l'impulsion du sénat. Je sais hien que ce sont là façons
de parler, et qu'en fait le sénat n'avait d'autre rêle que d'enregi.strer
les volontéset les caprices du maître du jour (luel iju'il l'iU. Il reste
pourtant (pie ('ommodien nous pri'sente ainsi les choses et que cela
ne s'accommode pas à tout ce (ju'on sait de Déce.
Kn troisième: lieu, dans le poème, la famine et la pesti^précèdintla
persécution et en sont les causes au moins occasionnelles. Dr la per-
1. n'iiM, //iW. de la l/it'iif. nfinst., Aporn/i/i>^r. Noiiv. l'est., IV*" pnri.. Ir.id. o
commnni., pp. l<'% no.
FIWC.MENT ItlJ CAIIMF.N M'Ol.OC. F.TICrM Di: i;(iM MODIKN. ."{i?
srcutioil (le Dc'Cc ;i coniiiirlici'' ;iu drluil ilr r.iim/'ii :2">i), et COlln pcslft
fameuse, ipii iliii;M|iiiii/.<' .uis, coimnetirr» doux :\n^ \)\\\< lird. .'ipi-f'-s
la mort ^\^' te priiicr.
l'ji ijiiali'ièiiic cl (Icrnior lii'ii, rautciir ilii dnnnon apolo'/ihnim
n'a |>ii iliic iiiif l)6ce a |HM-S(''ciit6 les cliréliens pi-ri'lant trois aii.-> el
demi, à moins, ce qui c^sl très mplieilement dômenli par les der-
niers vers de notre fraf,'ment, ([u'il l'ait écrit en :2r")(), pendant le feu
môme de la persécution et avant la chute de œ prince.
De ces diverses considérations ou peut tirer que le Néron de Com-
modien n'est pas l'empereur Dèce. Les mêmes raisons el d'autres
encore excluent aussi Dioclétien el la terrihie persécution qui signala
les premières années du iv" siècle. Il est fort prohaMe qu'.'i celte
dernière date l'auteur de notre poème était mort. Kniln, un fait d'un
caractère, ce semhle,lrès positif, à savoir l'adjonction d(; ilcux Césars
au pouvoir de Temptreur régnant, ne saurait traduire môme en façon
d'à peu près la létrarchie inaugurée el constituée par Dioclétien.
Donc liéjà et presijue à priori, s'il s'agit dans noti'O poème d'une
persécution qui a sévi après celle de Uèce el avant celle de Dioclé-
tien, tt d'un prince qui, après s'ôtre laissé forcer la main, l'a conduite
avec une telle rigueur qu'il puisse être appelé l'Antéchrist par un
fidèle nourri de la capiteuse littérature des Apocalypses, le choix du
temps et du prince est en queh jue sorte forcé ; il s'agit de l'empereur
Valèrien.On ne saurait en elTel pensera Aurélien, qui eut à peine vers
la lin de son règne, des velléités de persécution •^ans effet, et auquel
aucun Irait indiqué ici ne s'ajuste. Moins encore, s'il est possihie,
est-il permis de songer à ce simulacre d'empereur appelé Numérien,
dont le nom se trouve mentionné, il esl vrai, dans pinsii-ursActesde
martyrs sans autorité, mais qui n'est pas marqué dans le catalogue
ecclésiastique ofliciel des persécuteurs, qui ne s'est jamais associé
deux Césars, qui a à peine régné nominalement en Orient el n'a
point régné du tout en Occident, et dont la critique, dans son em-
barras, a fait parfois un officier ou un agent do la persécution de
Dèce ».
Cette conclusion, à savoir l'identité du Néron de Commodien et de
l'empereur Valérien, qui paraît s'imposer en procédant par voie de
rejections, selon la méthode de Bacon, s'établit aussi par voie posi-
tive et directe en analysant et en interprétant le dernier passage du
Cnrmm que nous avons cité ci-dessus.
Elie, c'est-à-dire, comme je l'entends, la prédication chrétienne
1. Tillcmont, Mvm.xur i'hist. occics., t. IV, p. 5fi5.
:i%H RKVUK ARCHIvOLOOIOrr
aux ilprnirrs jours, s'osi fait onlondro pend.inl trois :\i\<. ot ilomi,
c'est I.» mosun* iloiiuét' par l'Apoialypst' • cl en iiu'^iiif Iciuiis l'iii-
torvallc tlo temps (|ni si'p.uv ravèiu'incnt de VaIrru'U l'I la «laie de
son premier ùdil. Trouvant la plupart de eeux auxquels il s'adresse
sourds à son supr«"^me ap|)el, Mlle a fait tonitteisur la terre la famine
el la peste. Les juifs, eruellemeiil frappée, aceusenl les elirrtiens, exci-
tent les alarmes el la coU'rc du sénat, représoilenl Klie, c'est-à-dire
les prédicateurs clinHiens, comme des ennemis dts Humains. Le poêle
mel ces accusations, alors communes ;\ beaucoup, dans la liouclie des
juifs, peul-t^tre parce (|ue les juifs fournissaient peu de recrues au
christianisme. La séparation entre juifs el chrétiens était depuis long-
temps consommée, le rapprochement el l'union demeuraient l'espoir
de quelques-uns, el entre autres, ;i ce (ju'il semble, de notre poète-.
Le sénat de son côté, l'histoire dit Macrianus, s'adresse ;\ Néron,
le fléchil par ses prières el ses présents. Irait emprunté à l'.Xpoca-
lypse, el lui demande de proscrire el d'exterminer les chrétiens.
Valerien en effet fui d'abord très bienveillant pour rKi^Mise et ne nio-
ditia ta polilique à son égard que .sous l'aclion d'inlluences étran-
gères ^
1. Afiocaltjp^e, XF, .'!. Soiilfment ici, dans l'Apocalypse, il ne s'agit pas d'un seul
témoin ou prophète, mais de deux, Moisi' et filie.
2. Ce sont les derniers vers du Carmun si on li's a l)ieii lus, car les trente der-
niers vers du poème sont difficiles à déchilTrer :
do sanctï!).
De duobns popalis erit uoa plebx agia sempi'r.
Les deux peuples saints désip^nés ici sont les juifs et les chrétiens, jusqu'alors di-
visés et en apparence irréconciliable*.
3. H est constant, d'après le très explicite témoignage de Denys d'Alexandrie, dans
Eusèbe (fcpn7. ud llrrmammoiicm citt-c Hist. i'cclesi<t<t., VII, 10), ciue l'empereur
Valérii'n fut très favoral)le aux chrétiens pendant le^ premiers temps de .son règne,
et <\ur le revirement de sa politique eut lieu h la suite de pressantes inûuences
étranKères Denys, dans un des deux iiassa^'es de sa lettre, quKusèbc nous a con-
hc-rvéh, marque positivement comme conseiller den nouvelles nu'suri's de persécution
Macrianu»; et dans l'autre il parle, sans hi nommer, d'un nutitre do la si/nngngw
det mitijiciens d'I-^ji/itle, ôiôâTTca/.o; xai twv àjt' AlfC^rro'J (Aayiuv "Apy.i'nfviYcoYO;,
qui penuada à Valerien d'user do rigueurs contre les chrétien». On s'est duniandé
((JisUîrt Cuper, ndnot. ad LuctnnUum ilr iii'irti'jus ijrrs'-rutnruui, p. 1,')2, et, lo
mémo Cuper, Lettres de critù/ue, histoire, lillrratitre, p. 386-390) s'il s'agissait
ici de deux personnages ou d'un seul (Mosheim, De ri-hm C/iristianovitm nnte Cou-
tlanlinuni Mntjnum lotnmenlani, pp. 5&8 et m.), et si le second ne trahirait pas
dans c<Ue uiïaire l'int' rveniinn des juifs hosUh-K aux chrétiens. J'estime pour ma
part que cch deux prétt-ndus personnages n'en font qu'un et que, dans les deux pxs-
FIUOMKNC DU CAUMK.N APOLOGKTICUM HK COMMODIK.N. 149
Néron cùdtMux iiistancesdu sénat, fait venii' «l'Oi irnilrs |)ro|)hùte8
p;ir los v()itll^t'^ |iiil)li(jn(;s, cl, pour coinpl.iiic au séti.iL et silrtMnerit
aux juifs, il les iininolo d'ahurd, jiuis il riappc! les E^^'lisos. (^olraris-
portdo propliMcs ou d'évôrpies chrétiens d'Orient en Occident par le
service du cursus jiublicus est un dél;iil si particulier et si topi(jue
qu'il seuihle devoir se ia|([)oil«'r a(jU(d(iU(^ lait liisloriijue ou ;i (|U('I-
que on dit eouleuiporain. Corniuodien a-t-il pens6 ici au transport
traditionnel d'I^rnace d'Antioclie iv Home? fait-il allusion au récit,
recueilli par lauteur lie leur légende, du transport des chrétiens
orientaux Ahdon etSenuen à Home? Nous l'ignorons. L'iininolalion
des prophètes est donnée par l'Aiiocalypse *, mais qu'elle ait eu
lieu d'ahord, en entendant par proi)hètes les évéques et les prêtres,
puis (juVin ait passé aux éj^lises, cela cadre assez hien avec l'histoire
et manjue en partie la dilTérence de réditdeii57 et de celui de 258*.
Ce qui suit : l'écioulement de la dixième partie de la ville, par un
Iremhlement de t(!rre sans doute, la mort de sept mille victimes par
suite de cet écroulement ; les cadavres gisants par lerre, privés par
ordre de sépulture, ressuscites par Dieu le quatrième jour, et ravis
dans les airs sous les yeux mêmes de leurs ennemis, sont autant de
traits où l'auteur s'esl mis peu eu frais d'invention personnelle : ils
sont en effet textuellement tirés de l'Apocalypse^. Home seule-
ment est mise à la place de Jérusalem. Le dét.iil des morts privés
sages de Dcnys, il n'est question que du seul Macriaiius, dont le patriotisme et le
zèle pour les institutions de la religion romaine sont travestis par l'évoque d'Alexan-
drie en ridicules ou infâmes pratiques de magie. Cependant Denys peut avoir été
l'interprète de rumeurs courantes au sujet do l'intervention de juifs jaloux et enne-
mis, et Commodien, dans le même temps, parlant des juifs qui « iéiùtxent avec leur
roi Néron» qu'ils adorent, qui essayent d'exciter la colère du sénat contre les chré-
tiens, et de Valérien qui frappe ceux-ci pour complaire au sénat et surtout aux
juifs.
Qni .satis ut faciat illis vel ccrtu Judaei»,
a pu de son côté être l'écho de ces mêmes rumeurs qui étaient venues jusqu'à lui.
Plusieurs Actes de martyrs, d'autorité douteuse, il est vrai (Mnrtyrium S. Ma-
fTirt/itiA-, ap. Métaphrastp, 17 août, éd. Mignf, p. 571 ; P issio Sancti Poittii, dans
15 \'.ii7.e, Miscelianea, édil. in-folio, t. I, p. 32), parlent de l'inimitié persistante et
active des juifs à l'égard des chrétiens, et des cris qu'ils poussaient contre eux.
1. Ajtocalypxe, XI, 7.
2. Cf. l'édit indiqué dans la première partie des Actes de Cyprien, d.ins l'inter-
rogatoire de Denys d'Alexandrie (Eusèbc, //. E., VII, M), et l'édit de 258. résumé
dans la lettre de Cyprien à Successus, E[). LXXX.
3. Il en est de môme du quatrième jour. «Et après trois jours et demi un souffle
de vie rentra en eux », etc. Apuc., XI, 11 et ss.
3rtO HKVUK ARCIlKOLOf.lQL'K.
p.ir ordre <!o sôpiilturi' ikmiI rire uni* .illusion à ruilcrilil mis p.ir
onlre ilo Vaii'-nfn sur Ifs riiiu'licros cluêlifiis, détail t|iii ne parait
pas non plus convtMiirii la pcrsrciilion do Déco, pcmlaiit lai|uell»' les
rhn'tit'iis parai<s<'iit avoir j^'ardr I»' lilirr nsa^'f de Iciiis riiiiclit'rcs.
Dans l'Aporalypse do Jcin, lo trcnibloinciii ilo lorro cl los si^-nos
•|ui suiveni roniplissonl d<- torn-ur losiiicrôdulos, (|ui rondonl alors
li.Miiinatre au Dieu du cifl •. Ici los Od'urs dos inlidolos sont moins
lloxililes. La liuiiio au;,'monlo au ooiilraiii-, t'I la coloro, oontro los
clirùtiens. Néron ordonne de li'solia.ssor do Home, s'associe ilcux Cé-
sars pour los porsotiilor, onvoiodos ôdils dans toutes \vs provinces,
ordonne (ju'on force los clirotions à offrir de rencciis aux idoles, à
mettre des couronnes sur leur tête comme signe d'obéissance. Alors
plus do paix, plus d'oblalion au Christ, partout des poursuites
acliarnoos, partout lo sani,' et tlos Iroupos do victimes.
Voilà, avec l'exagération ordinaire du témoin passionnéel intéressé,
non une prodiction, mais une description de faits contemporains*.
Les deux Césars mentionnés ici comme spocialomenlas-<ociés au |)ou-
voir pour l'œuvre de la persécution sont Gallien et Valérianus le
jeune, prince de la jeunesse (soit le fils aîné de Gallien tué en Gaule
t'ii ^.'i'J, soit son lils cadet), nommés tous deux avec l'empereur
Valérien dans plusieurs inscriplions"*, et dans les Actes proconsu-
laires de Cyprien. Les instructions ou édits envoyés partout aux
présidents, et ce qui suit, sont laits communs à la persécution de
Uéce et à celle de Valérien. La couronne placée sur la télé de ceux
(|ui sacrifiaient, celle mascarade, comme dit le poète, était la tenue
ordinaire pendant lesacrilice. Gommodicn put voir plus d'un apostat
se pavaner dans cet appareil. De là à tran^l'oi mer l'oblii^aliuM do la
1. « El in illa lioru factus est tcrru motus magiius et dcciniu pars civitatis cccidit,
et occisi sunt in terrai iiiotu nominu liomiauni bt-ptem millia, et reliiiui iu timorcm
buntmissi et dederuat gloriam Deo cœli. » XI, 13.
2. Cf. à ce sujet les délails qu'on trouve dans deux rédactions liagiograpliiques
Contemporaines, les Aclex (hi sainls Luctui^Montanm) et de ieurs compagnons, et
Wh Actes de Jucobus, de Marinnus et de leurs (.omp'Kjnons, «|u'on lit parmi les -4c/h
iinrera de Kuinart. Le monde d'cxaltaliun visionnaire où vivaient les confesseurs de
l'anuée 'Jb'J est bien celui, semble-t-il^ où vécut Cuinmudien et où il puisa ses iuspi-
rutioii».
3. On.'lli-Heiizen, n* 55/i/i. Frœlmer, Médaillons de l'enip. rom., p. 210 et suiv.
— Ad. proconsul, de Cypr., édit. Martel. — Il est vrai que (iallii-n, dans les pièces
épigrKpIiiqucs et numisuiatM,ue8, est dit Auguste. Il est vrai aussi (|ue sous Dèce
on trouve aushi deux Césars, liéreuuius Ktruscus Messius Décius, son fils alni', rt
CaIus Val'-ns iloKtilianus, son fils rad<-t. l\v>u<u (.'j.t^iS-ùj^O). (iesdeux au&si avaieut
reça de» 2âU la puitsauce triUinitieunc.
i-iiA(i.Mi;M nr cau.mk.n apologkticum ih. (:o\iM(MiiiiN. X)\
couronne iicinlaul l,i côléhralion des rites païen» en signe de recon-
naissance et en appareil ol)lij,'aloir(!, il n'y avait pas loin. Dans
nonihic, d'actes de niarlvrs, on douve la mention d'ohli^alions ana-
l()},'ues, impos6is aux lidùles, i|iii m* sont pas plus vraisemblables,
et ont leur origine dans (|ueliiiit; l'ait qui nous (''cliappe. Ainsi dans
les Actes de sainte Cécile il est parlé de la poite d'un bour},' ou d'un
passage (|ue nul ne pouvait Irancbir sans faire au préalable acte
d'idolâtrie. VA ilc même dans l'bistoire des martyrs d'L'ti(|ue, connus
sous le nom de Massa Candida, on raconte qu'à côté d'un four à
cbaux tout fumant se liouvait un autel, où force était de sacrilii-r ou
d'être [irécipité dans la fournai.se. Les rites clirétiens — oblatio
Cliristo — devaient être à ce moment ou absolument suspendus,
comme dans le cas des cluéliens condamnés aux mines à la lin de
l'année 257*, ou cacbés soigneusement par crainte des dénon-
ciations, des poursuites ou des violences populaires. Un connaît
l'histoire de Tarsicius, qui est de ce temps. Le sang qui coule pirtout,
et les mots qui suivent et qui trabissent l'émotion poignante du nar-
rateur, sont dans ce long morceau, où tant de passages sont simple-
ment transcrits de VApocalypse, une toucbe personnelle et d'une
absolue sincérilé.
Mais la plupart de ces détails généraux peuvent s'appliquer à la
persécution de Dèce, aussi bien (}u'à celle de Valérien. Les derniers
vers que nous avons cités nous forcent à reconnaître Valérien dans
le Néron du poète.
«Voilà, dit-il, ce que fera Néron pendant trois ans et demi, —
temps lixé d'avance, — et une mortelle vengeance payera ses forfaits:
sa ville et son peuple seront livrés, et l'empire qu'il a gouverné in-
justement lui sera ôlé. »
Ces derniers mots peuvent s'appliquer aussi bien à la mort de
Dèce qu'à la capture de Valérien; mais les premiers ne convien-
nent qu'a ce dernier prince. L'espace de trois ans et demi ou de
(luaranle-deux mois, pendant lequel les justes doivent soulîrir vio-
lence et persécution, est marqué plusieurs fois dans l'Apocalypse-.
L'auteur de cet écrit avait lui-inùmc tiré cette indication du livre de
Daniel^. Mais dans le livre de Daniel elle n'est pas mise au hasard.
1. Ct/jir. Episl., LXXVI, 3. « Illic (in met.Ulis) nunc sacerdolibus Dei facult is noa
datur otTereiidi et colebrandi sacrificia divina. » Ed. Hariel, p. 830. Dai;S Da-
niel, IX, on lii: « ei pendant la moitié de coite semaine (trois ans et demi) il fera
cesser sacrifice et oblalion. »
2. Ai'oculijpse, \1, i, 3; XII, 13,U; XllI, j.
3. Daniel, Vil, 25. — En nute à propos de ce passage, M. Edouoid Ileuss écrit :
arSi HKVOK ARCHÉOLOUiyUK.
KM.' s'.n.Inptc assez Itieii h In iliin^e de la juTsùcution (lu'Aïuiorlius
P.|ii|>li.int' n fnit sul)îr niix juifs ii JcTUsalcm. A (iiu'l litre l'auteur
(lu Cnrmen tiinAoïjeticum peut-il dire nue Nt^ron a rempli ret inter-
valle, statutn triiipora rotiiplftf — C'est ijue sa persc'cution ajus-
tement dure les (iuarant(»-dcux le.ois manjués. Or cela exclut Dècc
et s'appli.jue au seul Yalêrieii, dont la persérution, C(in»mencèe au
milieu de l'année ir»7, dura jusqu'en ir«(), date de sa capture par les
Perses et de la lin etTectivc de son règne. L'application se faisait
d'elle- ni(^me cl loule seule, el un autre contemporain, Denys
d'Alexandrie, qui ne connaissait sans doute pas un seul vers de
notre poMe, visait au môme moment très directement et très expli-
citement le même prince Valôrien, quand il citait à son propos ce
passage de l'Apocalypse : « Et il lui fut donné [h la bète, (lui est la
Ogure de Néron) une bouche qui proférait des i)aroles hautaines el
des blasphèmes, et il lui fut donné de faire ainsi pendant ciuarante-
deux mois'. »
Ce dernier passage, en somme, est la clef de cette nouvelle Apo-
calypse. Le Néron persécuteur des chrétiens pendant trois ans el
demi ne peut être dans la pensée de l'auteur du Carmen que l'em-
pereur Valérien. Les faits (ju'il a l'air de prédire, il les raconte en
témoin oculaire. Ces mots qui lui échappent : « Les larmes sont plus
fortes que moi, ma main défaille, mon creur frémit » , attestent bien
l'émotion présente et encore palpitante en l'ace de laits réels. Les
conceptions de l'esprit et les rêves sur l'avenir, si sombres qu'ils
soient, ne produisent pas dans l'âme de si vifs mouvements. D'où
nous croyons pouvoir conclure que le Carmen a dû être écrit en ^UO,
el avant même que Gallien eût rendu la paix à rKglise.
Nous n'avons rien à faire avec la lin du poème de Coiumodien, du
vers 98'* au vers 1U53. C'est un épilogue d'un caractère exclusive-
ment mysti(jue. L'historien n'y trouve rien à glaner. L'imagination
et la fantaisie visionnaire remplissent ces quatre dernières pages,
souvent inspirées, en plus d'un trait même copiées de l'Apocalypse.
Le poète dit la ruine de Rome, attaquée par on ne sait quel nouveau
roi d'Orient, second aiitéchrist traînant à sa suite des nations depuis
longtemps elTacées de l'histoire, et victorieux de trois Césars envoyés
a C'eut la durée du la pertéculioii d'AiiliocliuA uvunl la purilicution du U'iiipli;
(I MuirU., I, 55cl Buiv. ; iv, &2). » Trad. de la liible, Ancien Ttôl., VU" pari., p. :!J7.
— (J. Uttuicl, XII, 11.
1. tHriiyfc tl'Alexundric fragujciii de lettre cite dans tiubcbc, UlsIui-. eccle-t.,
VII, 10.
iii\(;Mi:\r nu cvumk.n Ai-oi.tMji-.TiCL'.M in". cowmodiicn. 353
contre lui, el doiil il livre les corjjs iimiiolés aux oiseaux (Jej)roie'.
11 (lit la restaiiratioii d'un nouvid Israël gardé pur par Dieu dans
l'extrÙMie Orit'Ml et ([ui revient rejtrendre possession de la Judée*;
il dit la ruine du monde et la glorification des justes. On est ici sur
le terrain de la pure exaltation a|i()calypti(|ue, et l'incerlitude du
texte dans les derniers vers ajoute encore à l'obscurité et à la con-
fusion (lu tableau.
11. ADliÉ.
1. Etibant iHi tros Cnisares roflistpri; contrn
(juoB illo inactatus volucribus dooat in e«C3ai.
(V, 994-995.)
Quels sont ces trois Césars ? Dans la pièce XLI du premier livre des In^lruclinnex
du uiâmc Coinmodieu, où l'on trouve le cauevasdu morceau que nous analysons, il
est dit que le monde ne finira qu'après que l'Antéchrist aura vaincu trois empe*
rours.
Tum acilicet mundos Gnitar cam ilie parebit
Et très imperatorcs ipso deviceril orbi :
Cam fuprit autom Nero de inferiio ievatus,
Ilelias venietprius signare dilectos.
Scd uiediam tempns lluliaa, médium Nero tenebit
Tarn Babylon merelrii in igné facta favilia ;
Inde ad Jcrusaiem perget, victorqae Latinas
Tune dicet: Ego sum Cbristus ....
Latinus est-il ici l'interprétation ancienne du cliiffre de la bote, ou un synonyme
de Nero, qui est deux vers plus Iiaul?
2. La peinture de cette réserve de juifs gardés par Dieu incorruptibles et comme
dans un âge d'or est, au point de vue de la forme, ce qu'il y a de plus poétique
dans le Carmen apologeticum entier.
III» SÉRIE, T. II. — ^i
ixscrjrrioxs
DE
LOllACLE DE DODOXE
ET IMEllRE GRAVÉE
(communication faite a l'académie dks inscriptions)
I
INSCRIPTIONS
Messieurs les membres de l'Académie se souviennent peul-t'tre
des inscriptions de l'oracle, que j'ai trouvées dans mes fouilles de
iJodone et que j'ai communiquées à l'Académie avant même de les
publier dans mon ouvr.i{je. Ces inscription^ sont gravées sur des
plaques de plomb très minces, et elles sont assez difficiles à décliilTrer
à cause de l'usure de ces pKKjues et de l'entrelacement des lettres de
deux, trois et (juelquefuis quatie inscriptions gravées sur la même
plaque.
Les inscri[itions que j'ai publiées dans mon ouvrage contiennent
des deraan.les adressées à l'oracle par des Etats, par des villes et
par des particuliers ; mais il n'y avait parmi elles aucune inscription
pouvant rire considérée, d'une manière certaine, comme une ré-
ponse de l'oracle. Il y en a deux ou tinis c. imposées di; pbrascsbien
lisibles et incompréhensibles, comme par exemple celle de HU«i
jxacTttti, (jui pouvaient être prises pour des réponses; mais on pour-
rait avoir dr-s doutes : si ecs phrases étaient des réponses de l'oracle,
INSCllIPTlONS I)K L OllACLi: DK DODONK. .'JoS
oii hieii lies demandes incomplùlcs. On pourrait donc supposer que
ronicle rcnilail sus réponses sans les faire inscrire sur les plaques de
plumb et qu(j c'claient les demandes '^eules qui étaient inscrites sur
CCS plaques.
Après la publication de mon ouvrage sur les fouilles de Dodone,
je suis parvenu à déchiffrer (pielques autres de c<!s inscriptions, et
dernièrement j'en ai déeliiUré unecjui cunlient d'une manière ci-r-
taine une réponse de l'oracle. Sur l'une des faces d'une petite pla-
(jue carrée de O"',0:j sur 0"',03 et épaisse d'un demi-niillimélie à
peine est inscrite la demande suivante :
0EO[CTY XAATA
0AEP[nT] E I ANTIO
XO CTON AIKAITAN
AinN A NYnEPvri
EIAC AjYTOYKAinA
TPOCKAIAAEAO
ACT[l]NAOEnN
HHP nnjNTIMAN
TlA[n lONKAlA
MEINON EIH.
t)£()[ç TÛ]-/^a OL-^a-
Oà. if[o)T]£T 'AvTl'o-
/o[ç To]v Al xai xàv
Aiiôv[alv oTTÈp uyi"
£ia; [a]v):o'j xai tzol-
xpô; xal ào£A'i
S; T[î]va 0£wv
ri 'Hf[(.'Ki)]v Tiu.av
Tl X[0)]Ï0V XQtC a.
'7.£IV0V £tr,.
« Dieu et bonne fortune. Antiochus demande à Jupiter et Dioné
lequel des dieux ou des héros il doit houoier afin (|u'il lui soi/
;j5j; nnvrK arc.hkolocioue.
mieux el plus avantageux pour -=;» sanlr «l pour la saiilr l'I de son
jiîMv el ilo sa SM'ur. d
De l'autre côté de la plaque esl inscrite la rtpouse suivaiilc :
E12EPMI
ONA
OPMA
2A
ANTi.
Et; 'Kpui-
ôva
èpuLÏ-
Ta
avTi.
Ce (lui veut dire, traduit mot à mot, et en prenant le mot ôpaîca
comme une formelle participe iï'minin, forme dori^iue, au lieu de
èfawca, signiûerait : a A Ilermione, à celle (jui s'élance vis-à-vis. »
C'est une vraie réponse d'oracle, parce que, tout en étant claire,
elle peut avoir un double sens ; elle peut signifier : à Ilermione même,
à celle qui s'élançant de l'île d'Ilydréa située en face et séparée par
un étroit passage de mer ; et elle peut aussi signilk-r : vis-à-vis
d'ilermione, c'est-;\-dire à Hydréa.
Nous ne savons pas ciuelle était la déesse ou l'iiéroïne (pii, venant
d'en face, était adorée à Hydréa; mais nous savons qu'à Ilermione
il y avait des temples assez connus de Céréset Coré, de Vénus, de
Diane et d'Iphigénie. Il est donc [)robable (jue l'oracle de Dodone
recommandait ii Antiochus d'honorer une de ces déesses ou l'héroïne
Iphigénit;.
On peut aussi remarquer dans l'inscri[)(ion qm nous occupe la
la forme du sifjma. Dans la ilemande le sigma est de forme lunaire
iC) tandis que l'epsilon (E), (|ui dans les inscriptions à sigma lu-
naire est ordinairement de la même forme, conserve ici la forme
rectangulaire.
D.ins ia réponse le sigma, aussi bii'U ([ue l'epsilon, ont Ions deux
la forme rectangulaire de la bonne époijue des iiiMriplions grec-
ques.
iN'scitii'i'iftNS Ml'. I. on Mil ni'. iiorxtM:.
r,i
II
PIERRK GHAVflK Ili;i'UÉSF,NTANT CfiSAn IlECEVANT LA TÊTE
Di: i'()\ii>f:i-:
Sur une pelilc piiMTO cliaiccdoino, longue do IS millimètres et
demi, et largo de 1^ millinièlros, un lialtilc artiste a gravi'- tout un
tableau historique, Cimi personnages composent ce tableau. L'un,
assis sur une chaise, porte sur la tiHe une couronne de laurier ; il
appuie sa main gauche sur la hanche et lève la main droite sur son
visage. Trois. sont debout ; ils sont casqués et revùtus du costume
militaire romain : le premier est placé derrière le personnage assis,
il tient de la main gauche son bouclier, et de la main droite sa
lance; le second est au milieu du tableau, il tient sa lance de la
main gauche; le troisième est placée l'autre extrémité en face du
personnage assis, il tient une torche allumée de l;i main droite et
son bouclier de la main gauche. Le cinquième personnage est age-
nouillé devant la personne assise, et tient entre les mains une télé
d'homme qu'il offre à cette dernière personne.
Le sujet de cette reprcsentalion me p.iraîl être assez clair : c'est
la présentation de la tête de Pompée à Jules César.
Pompée, après la bataille de Pharsale, lâcha de former une nou-
velle armée en Asie, et, n'ayant pu réussir, se décida à chercher un
asile en Egypte, auprès du roi Ptolémée Dionysos. L'esclave Photin.
ministre tout-puissant de ce roi, ayant appris la décision de Pompée,
crut utile aux intérêts de l'Egypte de tuer Pompée pour être agréa-
ble à César.
En effet, à l'arrivée du navire portant Pompée, des oiïiciers
romains, qui avaient auparavant servi sous les ordres mômes de
Pompée, le reçurent dans une barque pour le transporter à terre ; ils
l'assassinèrent au moment où il niellait le pied sur le sol égyptien.
:i."8 nF.VUK AHC.lIKoi.or.IulI .
Us lui iraiifhùnMit In ttM(\ •iirilsporlj'rcnl à IMiniin, et aliandonn^renl
son rorps sur le rivajîi', où il fut UwWô par son alTraïuiii IMiilippc.
Crsar, [loursuivaiil sou rival, arriva eu K^'vplti ptMi après son
assassinat. Dès son arrivée, IMiotiu lui lit pn-^'uler la tèli; de \\m\
pêe ; César, à relie vue, détourna les yeux et versa des larmes.
C'est cette scène que rcpriscnlo notre pierre gravée. César, assis
sur une chaise, el entouré de trois de ses olliciers, reçoit l'envoyé de
IMiotin tenant entre ses mains la tête de Pompée, qu'il lui luésente
à genoux. A la vue de cette tête inanimée de son grand rival, César
fait le signe de Taflliction bien connu, en levant la main vers sa tête.
La présence du personnage portant la torche nous imlitiue aussi
que cet événement a eu lieu en une heure de la nuit.
La présentation ;\ César de la télé de Pompée a été décrite par
Corneille dans sa tragédie : « La mort de Pompée. >> Elle fut aussi
représentée par Ciorgione, dans son tableau de « César recevant la
téie tle Pompée» ; mais je ne connais pas de monument anli(|ue re-
présentant celte scène d'un événement des plus importants de l'his-
toire romaine. C'est à ce titre que j'ai considéré ma petite pierre
gravée comme méritant l'honneur de vous élre présentée et d'être
connue par les archéologues.
C. CAHAPANOS.
L'OKi i:vi{i:uih: détain
DANS L'ANTIQUITÉ
(suite) «.
L'ÉTAIN AU XI \> SIÈCLE DANS LA VIE PRIVÉE.
A partir du xiv* siècle Pinduslrie de l'étain se divise en plusieurs
sortes; il en est de môme de ses usages dans la vie privée. Jusqu'à
cette (''poquc, soit que les documents nous aient fait défaut, soit
qu'en réalité les diverses branches de l'industrie de l'étain n'eus-
sent pas existé, il nous a été impossible d'en établir l'historique.
Au xiv" siècle nous voyons ces différentes industries apparaîlre
en quelque sorte tout d'un coup, et alors l'étain non seulement
sert chez le peuple et dans la bourgeoisie aux usages de poterie ordi-
naire comme par le passé, mais ii prend aussi un côté artistique;
on le transforme, — nous no dirons pas en objet d'art, — en pièces
de décoration. Plus tard, au xv« et au xvi" siècle, cette branche de
l'industrie de l'étain produira de véritables chefs-d'œuvre. Enfin
la poterie d'élain aura, au xiv" siècle, un dernier rôle chez les
souverains et les grands seigneurs, où elle fut exclusivement relé-
guée i\ l'office pour les besoins de la cuisine.
I
L'ÉTAIN DANS LA BOURGEOISIE.
Les plus anciens inventaires de mobilier privé qui existent sont,
je crois, ceux des Templiers, dressés au moment de leur procès,
1. V. la Revue, t. XMll. p. 22G-237, n°' do janvier-février, mars-avril, septembre
octobre et novembre.
:U)0 REVUK AIU'.HKOLOCIOIÎK.
c'est-à-dire au commonciMiuMil du xiv* si(Vlt». Ces inventaires sont
irniii' iinportaiirc rapil.ilc, [Kwrv {\n"\h nous apprennent l'i-tal du
inolùlicr dans les ronimandcrii'S, où se trouviiil ;i coup sûr une cer-
taine aisance. — On y possédait des ustensiles pour la tahle, mais
aucun n'était en clain. Tantôt nous l(>s trouvons en bois, tanlAt en
cuivre ou en terre. Cependant nous rencontrons l'clain :\ dilTé-
rentes reprises. Il joue dans ce mobilier un nMc qui paraît avoir
été fort important pour lui à partir du xiii" siècle au moins : c'est
celui de récipient ou de mesure pour la boisson.
« Dans le cellier une douzaine que pintes que quartes d'eslain —
six pintes d'estain — deux justes d'estain '. »
Non- le verrons conlinuelleiuent cité :\ cet usage dans tous les
pays du nord de l'Europe centrale et particulièrement ;\ Bruges et
en France'.
Même i ncore à l'épuiiuo de la découverte de l'imprimerie, (jui a
donné lieu à tant de controverses, nous voyons certains vases en
étain, à Harlem, servir à Junius de base à une argumentation en
faveur de Gosier contre Guttenberg. A l'iicure qu'il est encore, dans
tous les débits de boissons ne trouvons-nous pas l'étain servant de
mesure?
iMais au xiv siècle et aux suivants, comme dans l'inventaire des
Templiers, nous retrouvons souvent signalé sou rôle de contenance
pour le vin.
Les comptes d'Éliennc de Lafontaine, argentier du roi Jean le
Bon, en 1351, mentionnent le payement fait à Iluguennin de Be-
sançon, potier d'étain, de six quartes d'estain 3.
Les lettres de rémission nous parlent, le 8 mars ir7o, d'un vol
de pintes d'étain. — Eu août 1.J70, c'est un nommé Jean Lebeuf
(pii, dans une querelle de cabaret à Courlemout, frappe son com-
[lagnon d'un pot d'étain servant à mettre le vin"*.
1. Léopold DelislP, Elurlc sur les condition de la dusse ai/ricole eu S'ormundte
au xiii-^ sièclr. Evreux, 1851, in-S». pp. 722, 723, 728.
13 octobre 1307. Inventaire des biens des uiaisorîs du tnmplc de la baillie dn
Caen. — Maibon de Beaugôc. - Maison de Brotevilli' le Uabcl - Maison de
Louvifjny.
•J. L. Gilliodt vanSnvoren, Archives île lu ville de Hruge^. Inventaire des Cliarlcs.
Bruges, in-ft°, t. II, p. 20,'i. Anno 1303, fWi'J, verso, n" 2 : « It. van Tenincn
flasclioii » (pintes d'titaiii).
.1. Archives nationales, registre KK'8, f" ai.
h. Arcliiv<-»Daliouales. Trésur des charlcs. Hef. 10S, n" 224, f 12s; lO'J. n" 20ti.
fB5.
l/ORFfîVnRRIR D'kTMN DANS I.'aNTIQUFTK. ^{01
Un (les registres de l'hôtel (h; ville d'Amiens, en l-Uî:;, lui indiqm.'
le inùm<! rùle '.
Pierre HoiKiiiet, d;insson étude sur le droit j)ijl)li(; ' cl les rirelii-
ves de Florenee en l'M'A, le font voir aussi sous ce jour-là '. Kniin,
sur tous les points du territoire nous le trouvons signalé comme
ayant cette destination.
Au xv° siècle i'étain reparaît souvent encore comme mesure pour
les boissons et nu'^iiie comme l/0uteill(î et récipient ordinaire ''.
Cet usage était en vigueur dans le Midi comm ■ dans le Nord.
Nous avons trouvé un document capital : la relation d'un procès
fait n de-; potiers d'étain de Nîmes, en ]A^>i-\MV.)-'.
Nous avons là en son enti(,'r le tableau d'une bouliijue de potier
d'étain au xv® siècle, avec l'indication précise de tout ce qu'il
fabriquait. Les objets dont il s'agit avaient été saisis chez deux de
1. Du Cargo^ y. Estiva, estivelot. Lib. rub. fol. parvo Domus puhl. Âbbavillœ,
{' 117, V" ad anii. 1305 : « Un pot de demi lot d'estain, trois estivelos et deux saus-
serons d'estain. »
2. Pierre Bouquet, le Droit public de France éclairci. Paris, 17G1, in-W, p. 350.
3. Luiyi Cibrario, Economia politica del medio evo. Turin, 1852, 3 vol. in-8.
T. II, p. 117. « Verano poi fiaschc di stagno. »
U. Archives nationales. Trésor des cliartes. Lettres de rémission (l/iOl). Reg. 189,
ch. Dxxi, « ung frieul, un pot d'estain » (lûOl). Reg. 156, cli. CLvni, « un flacon
ou bouteille d'estain » (1/iO/i). Reg. 59, ch. lix, « un vaissel appelé justelette qui
Cbtoit d'estain » (UIG). Reg. 169, ch. ccxxni, « une juste ou pinte d'estain ».
De Laurière, Ordonnances des rois de la troisième race, t. XVI, p. 3'»2.
3 août 1^65. Ordonnance du roi Louis XI portant abolition de quelques impôts sur
les marchandises dans les ville et faubourgs de Paris. Entre autres marchandises,
nous voyons des pots d'étain.
Voir encore, dans les iW/«H(/e5 des Documents inédits pour servir à l'histoire de
France, les testaments francomtois du règne de Charles VI, publiés par M. Tuetey.
Paris, in-40.
Le 15 novembre 1407, sous le n* 463, il est question de pintes, de chopincs et
à'aiguicres d'étain.
Le 9 juin U21 (n» 6^0), une u pinte d'cst(nn)y est léguée par un testateur.
Enfin, au n" 326, nous pouvons lire le legs d'une qiuwte, d'une pinte et d'une
cliopine d'étain.
Compte de la dépense des meublos du roi Louis XI, 146S-14G9. Archives natio-
nales (reg. KK 61, f 34). « Guiot deMarenoes, pintier d'estaing, demeurante Tours,
la somme de trente cinq sols tournois qui deue lui estoit pour deux flascons d'estaing
tenant chacun pinte, printset achactez de lui au dit mois de janvier et livrés à
maître Olivier le Mauvais, barbier du Roy notre dit seigneur, pour en iceux mectre
l'eau rose et de fumeterre pour le dict seigneur, pour ce par quictance cy rendue la
dicte somme de xxxv s. t. »
5. Ménard, Histnire de la ville de Nîmes, l. 111, pp. 257-260. « Processus factus
contra Johanuem Nyela et Uugonium Budossini poterios habitatores Nemausi. »
362 RF.vuF. Anr.nivOLor.iouE.
ces inihijîtriols arciis(''s do donnor un alliafjo <lt» mauvais aloi v{ ron-
traire aux slaluls de la corporation ainsi (|u'aux rè^loMicnts do la
ville. La saisie avait portt- sui- la lotalilé des marcliaiuiises en ma-
gasin ; on peut, par eonsisiuenl, voir dans celle |iièce l'indicalion
Irt's aullienlique des divers i)roduils de la fabrication des potiers
dï'tain dans le midi de la France. Nous reproduisons dans son mau-
vais lalin provençal l'énuméralion des objets':
« Iurcn((irium (nctxm dr j^oUirin, prcmiasorum prrtcxtit rnpta.
(i Primo Xl\ platellos non brunilos. Ilom 11 plalellos hrunilos.
Item XXIV scutellas hrunilas. Hem de.sculcllis non brunitis IV
XIl'. Item XIV scndellerios, cum anrelha, non hriinito';. Item
Il scudellerios brunilos. Ilem -XllI scudellas, cum ansibus, brnnilas.
Item de pinlis sine cobescello V; plus de pinlis cum cobescello V.
Item IV aygaderias. Item I mostarderiam. Item I pintam cooperlam.
'( P/».< fiin'ùnt rapta in dbaentia ipsorum.
(( Primo duo pitalfc, cum leco. liem III pilalfe, (lu.-plibet de uno
carlayrono cum dimidio. Item VI pinte, qucelibel de uno cartay-
rono." Item 111 pint<'5 •I"'''l'''Pl ^^^ medio carlayrono. Summa istius
barali, XIIIl poli; leslibus prcsentibus magisUo Jacobo Pagesii, no-
tario, Jacobo de Lagesses.
.( Untïtutio fada de sequontibns.
« De scutollis plalis ii XII. Item de sculellis cum ancibus nu Xil.
Item de plalellis i Xll. Item iv plalellos mac^nos. Ilem viii pintas de
uno cartone quolibet. Item iii pintas, quolibet île una folbeta. Item
Il magnas pintas.... Item i pintam de iiii quartonis. Item i pintam
de III carlonis. Item i de ii carlayronis.
« Alin reslitutio f'irta ri.<idem potiriifi.
« Primo I pintam de iiii {«itallis. Item 1 pintam de m peclieriis.
Item VIII pintas (luelibel de ii peclieriis. Ilem m pintas de m folbe-
lis quelibet. Item un aygaderias. Item i mo.slarderiam. »
1. Hullettn de /" ^oriéi^ historique et urcliéoloytgue du l'éiigord, annt'o is7.'i,
.1", p. 121.
r/oRFKvnr.niR d'i'.tmn ii\ns i.'antiquitk. .'Ui3
CcUo dcrnicMc [lircc nous proiivr (|ii(' lYUaiii ik; servait pas seule-
mont à contenir Its boissons. Au xiv" siôoic son usage se développe
beaucoup plus que dans la péiioili' pnV.rdentt;, et au xv il ol très
répandu. Tout nous en fait foi '.
Les lettres Ao rémission au xiv" sièele nous p.iricnl d'assictti's chez
les paysans, et l'un d'eux, le si(;ur Nicolas Jk'llàlre, à Lorris en
Câlinais, était volé de deux plats d'étain par la femme Matliilde la
Cacoe en \3:\'.\ *.
Dans les villes les ouvriers possèdent également de la vaisselle
d'étain; nous trouvons au milieu du xiV siècle un document fort
curieux. C'est l'inventaiie d'un serrurier. Il est inutile d'insister
sur rinléièl (|ue présente une pièce aussi rare. En la parcourant
nous tombons sur le cliapitre de la vaisselle et y voyons enregis-
trées : douze assiettes plates et une aiguière d'étain 3.
Si Ton entre dans la bourgeoisie, la situation est encore la même.
Nous avons cité un inventaire du xv siècle à Nîmes. Nous en citons
maintenant un du xiVdu nord de la France (Normandie) :
« Lottics des biens meubles de feu Guillaume du Bosc père.
(! Et premièrement ensuit le premier lot.
1. Notes sur l'histoire de Bergerac, par M. Cli. Duranii. Statuts et coutumes au
xive siècle. Revenus et dépenses de la ville.
Parmi les droits dt^: la communauté, on trouve :
Le droit de marque des pots, jyintes, c/ioiiines, roquilhes d'esiain, poids à peser,
mesures d'huile ou d'autres liqueurs, mesures de sel, de blé, de graines et denrées ;
droit réglé i trois deniers par chaque marque.
Petit- rhalamus, Cm^tulaire pitbiif- par in Société archéologique de Montpellier.
Montpellier, IS/iO, in-A", pp. 104-190 (année 1473,\ Règlement pour les potiers
d'étain.
2. Archive? nationales. Trésor des chartes, Reg. 82, n" 157, f" 103. Lettre de
rémission.
3. Mémoires de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon,
années 1875-1881. Lyon, 1882, in-A», p. 32. Anno 1372 : « Duolccim discos stanni,
unam aygeriam stanni. » Archives du Rhône, Testaments, i. VIII, f" 119.
En Angleterre, les habitudes étaient les mêmes, car une charte de la fin du
xive siècle mentionne delà vaisselle de/jew/re en assez grande quantité, plats, assiettes,
salières, et aussi un encrier d'étain.
Rymer, Fieiera, litterœ, conventiones, t. III, p. 130 '1382) : « Nec non certa
vasa de PcMitro (videlicet) scx chargei^tncs marinas; viginti et quatuor discos;
vigenti et quatuor sausseria de magna forma. Unum calamare de stauno. »
3fil RRVUR Anr.HÉoi.nr.iQUE.
« Item deux pos de cuivre dont l'un pen> à une clntne for et un
bncliin d'arain...
a Item six vi.\Tii d'ratain tloiil il y eu a trois grands et trois petits,
douze KscuKLLKs (/'e.ffam, c'est assavoir six grandes et six petites
avec six peli.s svussiF.ns d'cstain. XV s.
« Hem trois POTS d'esfam ;\ la mesure de Fontaines, une i'inti: à
la mesure d^* Rouen, deux ciioi-inks (rrstain i\ la mesure de Fon-
taines, deux svLiF.HF.s d'citain. XXX s.
« Ensuit le second loi.
(I
« Item traize grans plis et six pelis et uiig <;iivm> pi,\r d'cstain
ptrchie. LVl s. VIll d.
(( Item deux douzaines de grandes esguklles d'cstain et six
PETITES. LXIII s. IV d.
((
« Ilem cinq sallières d'estain, quatre grans et une petite. VII s.
VI d.
« Knsuil le tiers lot.
<( Item une juyste de trois pos, ung gallon, une carte, ung pot de
m elioppines, quatre pos, sept pintes, deux ehoppine.s une autre
petite clioppine, deux gardes-nappes et trois sallieresapresagies CXI
s. VIII d.'.»
Il ne faut pas seulement rester dans les maisons. Mais si au xiV
et au xv'' siècle on se promène ilans la rue l'on passera certaine-
ment devant les boutiques de barbiers; comme de nos jours, elles
sont iiidiijuées au passant par le jilat à barbe, c'est-à-dire un plat
ordinaire allongé et facilement reconnaissable à une large entaille
en demi-cercle destinée à contenir l'espace du cou lorsqu'on tient le
plat au-dessous de la tiMe du clienl.
Autrefois, parait-il, ce plat n'éiait jamais en cuivre comme de nos
jours, car les statuts de la corporation des barbiers publiés au xvii*
siècle ordonnaient que les enseignes fussent de couleur blanche, à la
1. liullelin monumentnl. l'aris, in-8", aniK-u 1852, t. XVlll, p. d'il et sulv.
Dn partaR*'. mobilier CD 1412, publié et aoDOlé par Stanislas do Saint-Germain,
membre de l'Institui dfs provincps.
Voir encore L. (iiiliodts viin Scveren, Archives ilc lu ville de Bruges. Invi-ntairL'
descharifs, t. II. p. 'JO'i (uiiii. 1303 , f" 34, V n" G : u It. van tcuincn scuelclen
XXX &. »
L'onFKVRRRlE n'KTAIN DANS l'ANTIQUITÉ. 365
difïéronce do cclli's des chirurgiens qui devaient, être jaunes, c'esl-à-
dire de lailou iiallu el non èV\nU'., el le lexte des !-taliils est ainsi
conçu qu'il laisf^c ( lairemenl voii' (jue ce n'est pas une nouvelle pres-
cri[)lion (jui est émise, mais au conlraire un vieil usaye que l'on or-
donne de continuer '.
Une fois au xv" siècle, la vaisselle d'ùtain se multiplie encore. Il
serait trn|) loiiij de citer tous les textes ou de pailer di; tous les objets
que les expositions rétrospectives viennent montrer tous les ans. Du
reste, toute cette vaisselle, à l'exception de quelques pièces, est peu
intéressante. Les assiettes et les plats (jui en forment la i)arlie prin-
cipale sont tous fort simples, et quant aux autres objets, nous nous
elTorcerons d'en faire la description '.
Les salières continuent, comme celle du musée de Cluny, à être
fabriquées en étain ^.
La bourgeoisie se mit à posséder, dans la deuxième partie du
moyen âge, certains objets en étain qui, certainement, dénotaient
du goùl et une connaissance très approfondie de l'appropriation de
l'objet à l'usage auquel il était destiné. Au xiV siècle ces objets
nous paraissent rares.
Tandis qu'au xiii' siècle nous nous bornions simplement à indi-
quer combien il était regrettable de ne connaître aucune des formes
des objets d'étain, au contraire au xiv* siècle, en raison de ce que
nous venons d'exposer, nous avions l'occasion de loin en loin de
signaler quelques détails sur le goùl que les industriels déployaient
dans la fabrication de la vaisselle.
1. Voir Glossaire archéologique de Victor Gay, v. Bacin à barbier, p. 95.
2. Archives nationales. Trésor des chartes. Letties de rémission (1418). Reg. l'O,
cil. CLxxv : « six plats, six écuelles, tous de mette ». Mette, d'après Du Cange, veut
dire étain.
Annales de Bourgogne, par Guillaume Paradin de Cuiseaulx. Petit in-f", Lyon,
Gryphius, p. 972.
Collections de MM. Jules Frésart, Henri Micheels, Bonnefoi, J. Gielen, Springuel-
Hennebert, Vierset-Godin, Catalogue de l'Exposition de l'art rétrospectif à Liège
en 1881, n°^ 578, 579, !i80, 582, 583, 584, 585, 580, 587.
3. Testaments francomtois, plus haut cités. 9 octobre 1402, n" 312, n" 326.
Archives nationales. Trésor des chartes. Lettres de rémission, 1406, reg. 161,
ch. xLix : « un petit sausseron d'estain ». 1460, reg. 195, ch. cccxi : « Jehaninen
Karesmel commença à prendre un saus&eron ou salière d'étain sur la table. »>
Rymer. Fœdera, Ittterœ, conventiones, t. IV, p. 76, 4 mars 1405. Lettre du roi
Henri IV d'Angleterre (fournitures du camp de Haldegh) : a très duodenas et octo
aausarias de peutre. s
366 HKVL'K AHClIKULUGlgUR.
('oinmonrons par cilcr qucluues vers (l'Kiisl.iclic Doscliamps, qui
se raiiportcnl ;\ notre sujet el (jui di^Tiveiil ce qu'un honuiie aisé
doit inellre ilaus sou intérieur pour lui donner une décoraliou de
r.l si Tault, ains que (u csciiappcs,
Uollos chaii''ses et beaux bans,
Tables, Ireliauh, fourmes, escrans,
Hieroir?. graml nombre de vaisselle ;
Maint plat d'argent et mainte iscucUc
Si non d'argent, si eom je tain,
I.c» faut-il de plomb on dV\s7at«;
Pintes, pus, ajuiersj cliupincSy
Salières, etc., etc.
La description d'Eustachc Deschamps est des plus positives. Elle
nous fait voir l'étain employé non plus à des objets de cuisine ou
de table, mais simplement à un objet ilont l'unique destination est
de décorer la pièce la plus luxueuse d'une maison bourjj'eoise. IMu-
sieurs savants out généralement donné au produit industriel de l'étain
le rôle et le nom d'orfèvrerie de la bourgeoisie, par opposition à l'or
et l'argent qui deviennent l'orfèvrerie de la noblesse*. Nous vovons
par ce texte et par tous ceux que nous serons à même de citer au
XV" el surtout an xvi* siècle, que l'étain eut réellement ce rôle, el
certes il est glorieux pour la France, puisque c'est celte industrie
qui mit au jour le plat de la Tempérance de François Briol.
Mais au point de vue archèologi(iue et historiiiue, tout en recon-
naissant comme vraie l'assertion de MM. Jules Labartlie et Paul
Mantz, nous ne saurions l'accepter sans restrictions. Nous croyons
avoir démontré, textes et documents en preuve, (lue le rôle de l'é-
t.iin fut bien plutôt usuel el journalier, et ijue les deux raisons fon-
damentales de ce fait étaient ses deux qualités d'être sain et peu
élevé de prix.
Les bourgeois, dont le luxe ne pouvait atleiinln' aux vases d'or
et d'argent, ni aux porcelaines de Cliine, paraient leurs dressoirs de
vaisselle d'élain sous la forme Je brocs, de plats, d'assiettes, de cuii-
J. I.e Miroir du viarinrjc, poème inédit d'Luslaclic Doscliaiiips, publii- par P.
Tarit' correspondant de I institut. Iluims, Dubois, imp.; Itribsart-l^iuet, lib.;
io-b*, 1805.
2. I.'nrl ancien ou iJtiijs tic Lii'ijc. Liposiiion du ISbl. Catalogue ofUcicl.
LItge, iD-8», IWl, p. 137.
l'okfèvhkhie d'ktain d.v.ns LAMiyuni:. -H')!
lers, (le fourclicltoset (J'écuclles. On icnconlre oncore des huiliers,
des plateaux, des ni^Miières, des cliarideliers d'assez jolie foiiiie.
Les plus anciens objets de ee genre conservés faisaient partie du
cabinet de M. Viollet-le-I)uc. C'est d'ahord une coupe en ùlain du
xiv siècle, dont le dessin nous est donné par le savant architecte.
Il est inutile d'insister sur la forme et sur la li{,'ne de cet ohjet, on
n'a qu'à le regarder pour se convaincre du goût que possédait l'ar-
tisan (jui en est l'auteur. Du reste, si l'on i)arcourt encore le cabi-
net de M. Viollet-le-Duc, un peu plus loin on trouvera une écuelle
dont nous pourrons aussi admirer la ligne, et dont les oreilles cou-
lées en étain sur de fort bons modèles, reproduisaient des ligures
du style français du xiv» siècle, très élégantes, et que nous aurions
aimé à reproduire ici.
Les cuillers en étain, au moyen âge, ne furent pas très rares, et
un certain nombre de musées arcliéologi(iues, comme le National
Muséum de Munich, en possèdent des collections fort nombreuses,
qui toutes peuvent se l'apporter au xiv" ou au xv" siècle. Quelques-
unes peuvent même être du xvr.
La plupart de ces cuillers sont fort jolies de décoration. Nous en
signalerons une (jui peut être un peu basse comme époque mais
qui est à peu de chose près de la fin du xV ou du commencement
du xvi» siècle.
Mais revenons au rôle de l'étain comme mesure pour le vin. Au
xv« siècle l'étain sert à fabriquer la cimarre ou cimaise, destinée à
oITrir le vin d'honneur. La forme en est assez connue, car l'objet en
lui-même n'est pas rare à rencontrer. On le trouve à Cluny et dans
tous les musées du Nord. Il est d'une forme assez allongée et muni
d'un couvercle et de deux anses; l'une est mobile, attachée en haut
du col ; Taulre, fixée sur le côté, permet de verser. Son usage était
universel dans rOccident. Quelquefois elle difTère un peu déforme.
Le bouton de son couvercle, finement découpé, prenait divers con-
tours élé^-;anls. Quanta son anse mobile, elle était souvent exécutée
au tour et peut être considérée comme un modèle du travail du tour-
neur. Nous en avons trouvé une fort jolie dans une des salles de la
mairie de Har-sur-Aube, différant, il est vrai, un peu des formes
ordinaires, mais charmante dans ses détails et dans son exécution.
Il n'y a pas de musée en Belgique qui ne possède plusieurs types de
la cimarre. On la retrouve aussi à Cluny, à Amiens, à Lyon et pour
ainsi dire dans tous les musées d'Europe.
Pour bien nous convaincre de Tiniportance de la cimarre, nous
pouvons nous rendre à Rouen dans la bibliothèque de la ville, y
:U')8 HFVUE ARCHEOLOr.IQUE.
jireiiilro lo fainoux iiKiiiuscril ilAiistolt', ft imus > irouviMons en
miniature la iviuoiluclioii d'une bouliijue d'orfèvre. Donit re le
comptoir se liennenl l'orfèvre et son appienli ou son compagnon.
Sur le devant sont les acliclt urs et l'un iW, ces acheteurs emporte
une eimarre, tandis (jue (jualre autres sont à l'étalage dans le foud
de la boutiijue el une autre reste sur le comptoir.
Les deux tiers de ces objeis si»nt représentés en élain , tandis (jue
l'autre tiers est en cuivre. (Juihiuefois la cimarre se transforme eu
un pelil Nnse à boire toujours très éléjjant, dont on peut voirie
type représenté dans l'un des deux fameux panneaux d'IIolbein de
la l'inacotliéiiue de Munich. Parcourez les hôtels de ville de Bel-
gique et partout vous retrouverez les mûmes petits vases avec leurs
pieds élancés, leurs larges cols élégants et leur anse gracieusement
attachée '.
Cette coupe, nous l'avons dit, servait à oITrir le vin d'honneur
aux rois, aux princes ou aux seigneurs qui entraient solennellement
dans une ville. Par extension, on en lit une espèce d'objet d'art (jue
l'on donnait en récompense aux vainqueurs des tirs ;\ l'arbab t(^ et h
ran]uebusc. C'étaient des coupes ou des hanaps montés sur de longs
pieds, avec des inscriptions, comme on en rencontre encore beau-
coup du xvii'' et du xviii' siècle en Belgiijue. C'est comme cela (lue
François de lloussy, amurier de François l'^et roi de la couleuvrine
à Lyon, reçut comme prix de son adresse un objet d'art en étain -.
Cet usage était répandu en Suisse, en Bourgogne, sur les bords du
lUiin et en Belgique ^.
En 1475 bs syndics de Chambéry établissent un prix spécial pour
lescouleuvriniers; ils achètent d'un potier nommé Angelin Voiron
quatre jm d'eten pesatts .riiij livres pour fere un pris et coloiriuy et
abiliter les eompaijnom. Olénabrée, Histoire de Chambéry, p. 348.)
Dans les tirs oilerls par les villes, en outre d'un bou(iuet, on don-
nait aux vainqueurs un certain nombre de prix consistant ordinai-
1. Schapkens, Trésor de Cari ancien. Sculpture, arcliitccture, ciselures, émaux,
mo?aif|ups cl pointures, recueillis en Belgique et dnns les provinces limitrophes,
:}0 planches grand iu-8'. Bruxelles, 18/jG. Plaiiclie XXVIII (27), p. 22 et 2Î.
2. Nous devons ce détail à notre ami M. Natalis llondot.
3. Mémoires el ducumunts i.uhliés par In Soctt'li' li'/nstuire dr la Suisse romande,
t. V 2' livraison, p. 454. Statuts du tir du dépurlomeut de Cossoneray.
Messager des sciences et des arts de Ueigi'/iie, année 18:12, p. /io,').
Mémoires et d^jcument s /tubliéi par ta Soriclé snvoisientie d'histoire tt d'ixrcMo-
lugie, t. IX, IRCJ. Les Compagnies de l'Arc, de l'Arbalète et de la Couleuvrine en
Savoie, par M. Perrin Audré, p. 35 et 167.
i/ouFKViiKiiii-: d'ktai.n dans i-'antiouiti';. .{()!)
romcrU en vaisselle iT^'lain. ((Comptes de 1 1 ville d'Yvcnlon en 1.102.)
Lil/ravit ijui fiirrunt apuil Uonninuiii monastcriuin fUoiriaiii Môlicr)
nOi lusL'Tunl plurn jirecia vancllonim slnni de quibtis apportai eruut
il H uni.
DES liXIiRCICES OU SOCIÉTÉS MILHAIUCS DK GKNÈVEl
Ces exereices roinontenl lurt loin. Les plus anciens paraisseut
ôlre ceux de l'arc et de l'arbalète.
U y avait des ruis de l'exercice et des prix décernés au plus
adroit.
Le 13 juin 4^41 la ville accoida aux anjuebusiers un prix de
4 livres d'élain p.ir dimanche.
Depuis 15H.J les mousquetaires et les arquebusierstirèrent t(jus les
quinze jours des prix francs pour lesquels le conseil alloua
20 livres d'élain aux premiers et 18 aux aniuebusiers, (Kéglemcnt
du conseil.)
Ces prix étaient marqués des armes de la ville et d'une arquebuse
ou d'un mous(iuet.
11 s'agil évidemment d'objets fabriqués en étain.
En commençjant nous citions les objets de décoration qu'Euslaclie
Descliamps plaçait sur les dressoirs. Au xvi* siè,;le ils sont très nom-
breux, mais au xvo on en rencontre fort peu. Nous n'en citerons que
deux exemples, que nous donne la collection de M. Victor Gay. 11
s'agit de deux assiettes décorées et dont l'ombilic est en relieL Elles
n'ont donc pas pu être destinées à un service usuel, mais unique-
ment, en raison de leur relief extérieur, ù la décoration d'une pièce.
« Du reste, nous dit M. Gay dans son savant dictionnaire, la vais-
selle d'élain étant fabriquée en métal coulé et non battu comme l'est
celle (le cuivre et d'argent, l'épiihète de batische ne semble devoir
s'appliquer qu'à une ornementation estampée ou poinronnée après
l'opération de la fonte ^. »
Il est bien évident ijue ce genre de vaisselle appelée batisclie
devait, comme les deux assiettes que nous venons de signaler, être
destiné à l'ornementation des appartements.
Si les dilVérents objets que nous venons de citer, tantôt d'après des
textes, quelquefois après les avoir vus nous-mème, ne sont pas des
1. Mémoires et documents publiés par lu Scaété d'/iistotre et d'archéologie de
Genève, t. VI.
2. \. Batisc/ie.
nr stiuiE, T. II.
370 r\FVOK ARCHKOI.Or.IOOR.
pièces d'une valeur cousiilénliK', au nmins il> ont un gr.uul niôrilf
à nos yeux, c'est de résumer le ;4i»ùl de loute une époque.
Chacun lie ces olijeis. sans aucune ««spéce de décoraliou, nous
présente toujours un objet coii(;u dans le caractère complet de sa
destination. (Vesi !<• pn-iuier point capital v|ui frappe le rei^ard lors-
que l'on étudie les objets usuels de l'anli juilé. Au moyen Age le
fait est al)>()lunient le même. Cliaiiue f(U*ine, chaijue détail a sa rai-
son d'j'^lre dans j'usapre auquel est destiné l'objet (jue l'on fabri(|ue.
De là ct>tte pureté de li^Mies toujours si reniar(|uable. Jamais d'alTé-
teries ni de recherches inutiles; tout jusqu'au moindre détail est à
sa place et a sa nécessité. El cette pureté de lignes, cette grandeur
de formes dans les moindres objets, même dans les plus grossiers,
est un signe caracléristiiiue des t(m[is. Ce n'est pas seulement le
grand seigneur qui est un amateur et un connaisseur, mais l'arti.san
comnn» le derniei' des manants qui formtuit la masse énorme de la
population, ne trouve sous ses yeux cl pour son usage que les objets
les plus simples, il est vrai, mais toujours du meilleur goût, ot que
nous-méme, ajtrés bien des siècles, nous sommes heureux d'éludier
et sur lesquels nous allons la plupart du temps chercher nos meil-
leurs modèles. Ce n'est donc pas seulement, comme dans nos civi-
lisations modernes, chez les classes élevées que l'on constate un
goût recherché au moyen âge, c'est dans toute la population; les
objets les plus usuels que nous venons de citer en sont une preuve.
Nous venons de voir (juc, chez les bourgeois, la vaisselle d'étain
eut un certain caractère artistique. Elle n'a pas ce caractère chez les
grands, où on la trouve reléguée â la cuisine ; elle prit une grande
importance dans l'office des princes et des grands seigneurs. Au
xiv" siècle les inventaires et les détails de la cuisine nous parvien-
nent suftisammenl pour nous indiquer ce qu'était le mobilier de
cette partie de la mai>on.
Chez le pajie Clémenl V, à Avignon, un inventaire nous parle de
3 petits plats d'étain, d'un autre plat d'étain de peu de valeur, de
2 grands plats, de 22 écuelles et de M petites écuelles d'étain'.
iNous ferons remarquer que cette 6rj/t'n>de cuisine est fort peu con-
sidérable par rapport aux innombrables ustensiles que des inven-
taires de simples particuliers nous montrcrcmt par la suite.
1. Du CanK<», V. Sfitnnum. Invontar. niin. 1370 ex Scliodis cl. V : " Ilom tria
parva bUnna modici valoris... item utiuut staiiiniin parvum... iiein duo ni.igna
Rlanti.i. n — V. ScutellnniLS, oiùmc inTcnUirt! : u Itcin X.\ll sculille alagni ; jU'ui
XVII tcuteiloni Btagoi. n
r/onFKVRRRiR d'ktain dans l'antiquiti^:. 3"J
De la cuisine du pnpe allons à reIN; (rilonii de Poiliors, t'vA(|U('
de Troues; nous citons l'invc.'nlaire de ses nn^ubles dresso en J.'{7(J-
1^71 '. C'est d'ahord un nombre considérahle dï'cuelles d'ctain.
Dans son palais do Troyps il en jiossédait li douzaines. A Aix-cn-
Olhe il n'en avait f,'uèro (pic ."5 douzaines. L'on voit après cela un
nombre considérable de plateaux, puis un certain nombre de réci-
pients pour la boisson dêsit,més sous les noms de cimarre, pintes dé-
rouvertes DU ([uarrées, tierces, eten dernier lieu deux cbesneltes- à
metlie vin et eau.
l*assons cbez Uicbard l'icque, arcbevèquc de Reims ^; en « riiùlcl
du cbastel de Porte iMars » nous trouvons :
« Vaisselle d'csîain, cscuelles, pots, pintes, prisés sur le pied de
Od. la livre. 12 I. 13 d. »
A Courvillr, au cliâtel du même archevêque.
<i 43 I. de mette '\ en poz à clocbier, burettes, cbopine, cscuelles,
plat et sauceron, prisé la livre 8 d., valent 28 s. 8 d. 4G I. de Un
estin en plats et cscuelles, prisé la livre 14 d., valent 8 s. 8 d. »
A Paris, en l'ho^tel de Monseigneur.
« Plats, cscuelles, une grande escuelle à aumosne, quarte, avec et
sans couvercles, carrées, rondes, à façon d'nr£,^ent, chopines et pintes
en estain pesant lo5 livres, ù 14 d. la livre valent 110 s. 8 d. »
Dans le compte de vente des meubles et effets mobiliers de Mon-
seigneur de l'Éttanger, archevêque de Rouen (28 juillet 1391), nous
lisons :
« Item XIX cscuelles et XI petitz plaz d'estain pesant XXX liv.
a Item I pot d'estain ront pes. V liv.
« Item ij autres (bassins) de potin et une choppine, ij petiz plaz,
iij escuelles d'estain ^. »
1. Archives de l'Aube. Heg. G, 508. fol. 4, 9, 10 et 11.
2. Roquefort nous dit que le mot chyneties désignait les burettes du saint sacri-
fice. Son origine est canna (Glos.saire roman).
3. Société des bibliophiles de Reims, 1842, in-8\ p. 18, 02 et 6.i. Inventaire
après décès de Ricliard Plcque, archevêque de Reims ;U89).
U. Mette, métal étain ou cuivre. Glossaire français de Du Cange.
5. Archives de la Seine-Inférieure. Reg. G, 9.
'{7:2 m VI K aik iikoumuoue.
Kn linl. — u l'.iNfi
(i IliMi), à Sinioiinet le CavoliL'r, pour VI! •It»u/;uii('s dVscuelles
d'ostain lU 111 douzaines et X plas d'eslaiu |H)iir lli justes et III gal-
IcMis et VllI pots tous irestaiii, (pii ptsciil Uni< en siuiiiiuî il'' IV"
XVU livres d'estain.... «
En 1403. — « Despence pour les ustensiles de l'ostel de Uoiien :
« A Siiiionnet le ('avelier, eslaineier, ikuii VIII XX'""- de jilaz
d'cstain.i:, pesaus XXX livres.... LXXV s. Vjll d. »
<i Hem, à ycelluy, pour la vente de 1111 gallons de mort eslain
pour la pension de celui liosle! pour pr(''sonter le vin aux seigneurs
de l'Kcliiiiuier, les quels pùsent XXVlll livres et demi d'estain.... »
En 140(». — « Item, ce j% paye à l'estaignier p' la vesselle d'es-
tain semblablemcnt, XV livres '. »
A ces textes il conviendrait encore d'ajoutei- un « Louage de ves-
selle » ainsi indiqué dans les mômes comples- :
(( Item, ce j' palée à l'estaignicr p' la vesselle d'estaing sept se-
maines seulement.
a Item, baillé à l'eslaignier pour le louage de la vesselle pour VI
semaines XV liv. »
L'inventaire après décès des biens de Jean de IJatome.>nil, clm-
noine de la Sainte-Cliapelle (2i février 1380)', porte au ili;ipitre de
la cuisine :
u Item dix-huit platz d'estain que grands que pctis, quarante-cinq
cscuelles, une cscuelle à aumosnes. »
Celui d'Yves ni'rtbier(l.'J8()', chanoine de la cathédrale de Troyes,
dénote un intérieur fort riche. Il avait dans sa maison 5 douzaim^s
d'écuelles en étain, des plateaux, des flacons, des pots, des pintes
ordinaires et carrées, des chopines et des tierces du mémo métal.
La cuisine renfermait ITj écuelles et (ju.ilic plateaux '.
Du reste l'usage de la vaisselle d'étain chez les gens d'église était
fort ancien, puis(iu'en l.'MO les comptes île la succession d'Alherl de
Roye mentionnent les lujnoraires i|iii furent payés à un |)olie!' d'é-
lain appelé en ijualilé d'expert pour tstiiiicr la vaisselle d'étain'".
1. Arcliivcb départumciitalcs de la Suinc-liiférieurc, Ret^istrcs (., 17, G, 10
U. 2li.
2. Aiin.c l/i08 (J. 26).
3. Arcliives nalionnles, KK, 328, f» 8.
U. ArcliivcH d<: l'Aulx!. Heg. C. l''->80.
0. liibliollu'que nationalt.', iiisb., fonds liitin, '.iJl'b, fol. '^2 : « litiii Liruiiurdil
potcrio apprecianti a!>tenbiliu htanuea iiij sols. -
i.'onKKvnrnir d'ktmn kws i.'wtiqi'Iti^. .'I7:i
(Jiiiltnnl le clci'^'t'', ji.iiics, ;inlit',vr'i|U('s on cliaiioiiios, nous irons
coiiipulscr les (■(»iii[)l('s (lt;s rois ou des reines de l'Hince. Siiccessi-
vciiiciit nous passerons on rovtic des comptes du xiv" et du w siè-
cle. l*artoiit, dans les invunlaires de Jt;an \i\ lion ', de la reine Clé-
mence (le lloiit,'rie-, de Charles VI, de(>liarlrs VII'' et d'Isaheau de
Bavière^, nous retrouverons l'étain dans la cuisine. Tantôt caseront
des achats considérahles faits pour le conipte t^rnéral du roi, tantôt
ce sera un foiiclionnaire (|ui achùleiM pour le servire dont il e>t ti-
tulaire, tantôt môme pour des circonstances extraordinaires il s'a-
gira de location considérahhî de vaisselle d'étain.
Ce sont surtout des écuelles et des plais (jue nous renconlions
dans les comptes des rois de France. Mais à côté de cela ce sont de
temps en temps des plateaux, des vases, des moutardiers, puis natu-
rellement toute espèce de vases pour le vin.
Un détail à signaler c'est que, tandis que le plus souvent les
écuelles sont citées sans autre espèce d'indication, quelquefois nous
les trouvons mentionnées avec ces mois : « pour manger fruits'')).
Dans ce cas l'étain n'eût pas été proprement réservé pour la cuisine
et aurait eu son débouché à la table du roi.
• Un aulre point assez curieux c'est cette mention faite dans un
compte de cuisine du roi Charles VI pour le terme de la Saint-Jean
131)0 : « le dit Goupil pour la façon d'un mole desdiz potz d'estain,
pourceque le dit mole ailleurs ne lui povoit servir et que de la façon
desdiz potz n'a pris ne que de façon commune. » Elle nous démon-
tre d'abord ce que nous avions déjà dit, que l'étain était coulé dans
les moules fabriqués par les potiers, et en second lieu, que l'on fa-
1. Comptes d'Etienne de Lafontaine, argentier du roi Jean (1351-1352). Archives
nationales, KK 8, ^ 31.
2. Nouveau recueil des comptes de l'arfjentcrie des roi^ de France, publié par
M. L. Douët-d'Arcq. Paris, Renouard, 187ii. Inventaire de Clémence de Hongrie :
Hernoys de cuisine, p. 94, 102 et 106.
3. Co>»i>tes de l'hôtel des rois de France aux xiV^ et xV" iiixlfs, publiés aussi par
M. Dûui5t-d'Arcq ; Paris, 18G5.
Extraits du l«f compte de l'hôtel du roi Charles VI, du l"' octobre 1380 au
1" juillet 1381 ; du 2* compte pour le terme de Noël 1381; du 5« compte pour le
terme de la Saint-Jean 1383, et du 18» compte pour le terme de Noël 1389.
Cuisine, p. 76, 78-80, 180, 228, 254.
ù. Compte de l'hôtel de la reine Isabeau de Bavière pour le terme de la Saint-
Jean 1401. Cuisine, p. 151.
5. 21^" compte do l'hôtel du roi Charles VU pour six mois (l" octobre 1450
31 mars 1451) : Cuisine, p. 033 et 334,
374 RKVl'K ARl:HI^OLOGI0lI^•.
hriijnait pour h roiir des ohjcts tlilTrnMils de crm ilniit K» peuple
usait, mais cependanl au nu^nie prix.
DÉTAILS SDR LA VIE PniVÉK D'ANNE DE UnETAGNi: FI.MMi: DF.
CHARLES VII I.T DE LUllS XII
[Xy ET lYI"" 8IK.CI.K).
L'on possède des détails sur la raisselle d'etain affectée au service
des cuisines.
En descendant ilu roi ilc Ti-nnce jus([u'à un grand seigiuMir nous
retrouvons à peu do chose prè> K-s mêmes objets. Ainsi nous ex-
trayons de l'inventaire ajjrès décès de Jeanne de fresles (liJ't'i) le
passage suivant concernant noire mêlai :
« Vaisselle de cm>iino deux cliauderons lilans ; trois grans
plas d'e>lain, viii moiens plas, quarante -cinij escuelles, tous d'eslain.
ilem trois grans plas d'eslain, douze soulz. Item huit plas d'estain,
seize soulz. Item quarante-six escuelles d'estain, que bonnes (}ue
mauvaises, quarante soulz. Item deux quartes d'estain, six pintes
quarrées d'estain et deux chopines d'eslain, et un pot d'estain à au-
mosnes, tout vint soulz '. »
Enfin nous devons au baron Piclion la publication du Méiiaffier de
Paris et là nous entrons de plain-pied dans la cuisine d'un homme
riche, bourgeois, financier ou grand seigneur, mais à coup sûr
gourmet el gourmand, et dont la cuisine est des mieux montées. Nous
y trouvons l'étain ; nous indiijuons même le texte comme le modèle
el le type de ce que devait posséder une cuisine de premier ordre
au xiV siècle.
(( Item deux escuiers de cuisine el deux aides avec eux pour le
dressouer de cuisine; desquels l'un ira marchander de l'office de
cuisine, de paticeric et du linge pour six tables
((
« El aussi niarciiaiidera de la vaisellr '/'i'stai.n ; c'est (issmoii
dij: douzaines d'rscuflh-s, si.r donzaiitcs de petits pins, deux dou-
zaines et demi de yrandsplas, huit(iuiiilrs^deuv doHzainis de pintes,
deuxpos à aumosnes. »
Les pots à aumônes étaient des vases [dacés sur la labl' ou sur
1. biùliothi}(iue de V Ecole des chartes, l. XX.\IX, p. lU.
l'okfkvhkhik d'i/iain dans l'antiquité. .175
un dressoir el dans hisqiuMs on faisait niiiieltrc une portion des mets
plact'S devant soi pour la donner aux pauvres'.
G i; Il M AIN 15 A PS T.
(La suite prochaiiiement.)
1. Le MciWfjicr de Parix, composé Tors 1393 par un bourgeoi» de Piris ; trailé
d'économie doiiK.'siique. Paris, Crapelei, 1></|7, 2 vol. iii-h"; t. Il, p. 115.
Voir encore pour Ir xv" siècle : Hihlioth<}</ue >lc l'Ecole drs duirtes, t. X,\I,
p. 22/i.
Mi'itH d'un dluer en l(jl2, {iii/jHé jnir M. Donet d'Aro/.
« Dcspensc faiclc eu l'iiostel de v^'m-iable liomiinf maistre Pierre i': Dyerro, cha-
noine (le la Saincte Chapelle du Paiaiz.
i(
« Pour un t;iaud plat d'estain, (|ui fu perdu à yccllui disner . . V s VI d. »
BULLETIN MENSUEL
n K ]/\r\\) ]■: M 1 1- n i-: s i n s c in p t ions
SEANCE DU 2 NOVKMnr.E.
Archéologie. — M. H ubior do. Moynani rend compto d'une communi-
cation faite ;\ 1 Acadi'niio par M. le commandant de Juiï.S du corps d'ar-
mi^e d'occupation de Tunisie. "M. de JufTé a trouvé à Meydia quelques
inscriptions latines déjà connues, dont il envoie les estampaccs. 11 a pri:?,
en outre, l'estampage de deux inscriptions arabes, dont le caractère
funéraire est hors de doute, (".es inscriptions ont été trouvées dans la
kotitm de Meydia. La première oiïrc au début, en écriture couHque,
quelques mots lisibles, qui permeltent de fi.\er la date (5!t7 de l'hégire,
1201 de notre ère) du monument et de préciser le nom du personnage
enseveli dans ce lieu. C'est le roi .Mohamcd-lten-Abd-cl-Kprim-cl-Koumi.
usurpateur bien connu dans l'hisloire des sultans l'aliœiles. La deuxième
inscription est complètement illisible. 11 est i souliailer que los monu-
ments, qui inléiessent le passé de celle région africaine, soient placés
dans un musée local, ainsi que ceux du même genre qui seront décou-
verts ultérieurement. L'Aeadémie adresse des remerciements i\ M. de JulTé
pour le zèle qu'il montre et le bon exemple qu'il doime.
M. Alexandre IJeitrand continue sa communication relative nuv cistes
à représentations 6gurées de la Cisalj)ine et des Alpes autrichiennes. Ces
cistes peuvent donner une idée exacte non seulement de l'état de l'in-
dustrie du métal dans la CisJilpine et les Alpes autrichiennes cinq ou six
cents ans avant notre ère, mais de l'étal social des populations auxquelles
ces vases servaient d'urnes funéraires, et dont rélal)IL>sement en Italie
datait d'une époque bien plus reculée. Les scènes qui y sont représentées
appartiennent à la vie réelle : ce .sont des tableaux dans lesquels revivent
les mœurs et les usages des tribus que les anciens désignaient par los
noms à'Vmbri, de Vcinii, >\'Eiiijanci, d'Oro/wi, de Taurbci, de hhetii, de
Camt, do Sorici, el probablemeul des Celles.
(k;B cistes, ou plutAt les nécropoles où elles sont déposées, s'échelon-
nent de Hiiiiini .1 HallslatI, près IschI, c'est-A-dire qu'elle? oreupenl la
mil, M' TIN MKNSlir.L \)l. I, AC. MIKM 1 1: DIS I Vsr.IlII'TIONS. .{//
plus f^iaiiflc partie «les vallées (iti l'ft, du Tcssin, ilc l'Adi^^', 'l'î l'Iiiii, ilu
haut D.inul»', de In Dravc et de la Save.
M. Herirand s'attache ensuite A dt^raontrer que ces objets sont de fabri-
cnlioii locale, qu'ils ne proviennent d'aucune importation étrusque,
grecque ou phénicienne, (liiemin i'aisaiil, il saisit l'occasion de redresser
une appellation erronée. Lrs archéoloi^iies italions, ayant reconnu que
ces sépullures n'étaient ni romaines, ni étrusques, les qualifièrent de
Tpri^historiques, puis de ccltico-italiqucs. Il est certain aujourd'hui que
toutes ces sépultures ne sont pas de m<^nic époque, et que, si elles sont
pré-iHruaqncs (rclalivcment du moins ;\ rétablissement des Ktrusquos dans
la Transpadane), elles ne romonlcnt pas si haut dans la nuit des temps
qu'on puisse les considérer couiine préhistoriques.
On a divisé l'Age tout entier de ces sépultures en quatre périodes sous
le nom générique de « Première, Deuxième, Troisième et Quatrième
Périodes du premier Age du fer ». Ces périodes auraient été précédées
d'une période plus ancienne, appartenant à l'Age du bronze, et que re-
présenteraient les stations lacustres proprement dites, les établissements
sur pilotis, les palafiites des lacs de Varèse et de tîarde, ainsi que les
stations sur lacs artificiels des provinces de Parme, Modène et Reggio,
connues bous le nom de « Terramares ». Sous la réserve de cette cin-
quième période, qui lui paraît rentrer dans les quatre précédentes,
M. Alex. Hertraud accepte cette classification de MM. Zanuoni, Brizio et
Prosdocinii.
Concours. — Nous rectifions, ou plutôt, nous complétons ce que nous
avons dit des concours dans notre article précédent.
L'étude sur le Ramayana ne constitue pas un programme « maintenu »,
mais un progranune en voie d'exécution; le terme du dépôt des ouvrages
pour ce concours n'expire qu'au 31 décembre 188i.
Nous avons omis de signaler le sujet maintenu pour le prix Ordinaire.
En voici le texte : « Etudier les traductions hébraïques, faites au nioven
Age, d'ouvrages grecs, arabes ou même latins, concernant la philosophie
ou les sciences. »
Aujourd'hui, l'Académie adopte pour un des prix Bordin le programme
suivant : « Numismatique de l'île de Crète; déterminer ses rapports
avec les autres monuments du pays. » Terme du dépôt des mémoires :
le 31 décembre 1885.
M. .'\liller, absent, a été remplacé à la commission dos comptes par
M. Charles Jourdain.
M. Rcvillout lit un travail relatif aux dépenses du cuite sous l'ioléméc
Philadelphe.
SÉANCE DU 0 NOVEMBRE.
Archéologie africaine. — M. Olivier dllspiiia annonce la découverte
.^78 nrwF. Anr.ii^o'.or.iQUE.
aux environs do Sfa\. li'tinf» insrriptii)n fiint'rniif chrétirnue : Metnori:v
tlrTu:v i'otisorti'iLo. In piuf. Dans cf lieu, on a trouva d«'S ruines nssez
imi>(>rlanles d'un hain do IVpoqiie romnino et des frai^merjlB d'une
grande mosaïque h. des>ins varii^s. Il serait désiraMe que des fouillos tè-
gulit'Tes fus>ent (établies sur ce point.
.M. \. l'oulle a consigné dans nn nit^moire, pri'senl(^ par M. C.h. holiert,
les inscriptions trouvées dans les fouilles entreprises en Alf^i^rie par ordre
du gi)u\ernemenl. Le forum de Thirogad a fourni des textes iinportunts;
per exemple, un cuistts lionomm cl une inscription, malheureusen«enl
fruste, qui donne la liste des principaux personnages attaché» à l'c/'/î-
cium du gouverneur et fixe les honoraires dus par les administrés qui
avaient .inaue à eux. (".es honoraires, taxés suivant le ran;,' «les r.uiclion-
naires et suivant l'importance de l'aiïaire, étaient évalués en froment,
au moiluts ^boisseau), et s'acquillaienl soit en nature, soit au moyen d'un
équivalent en argent; cet équivalent, variable selon lo cours de la
denrée, est désigné par le mot pretium. Ain>i, il est dit que « i)our un
rôle unique » le rédacteur « devra recevoir deux boi>seaux de froment
ou leur valeur ». A Lamhése, celte mine si abondante de souvenirs mili-
taires, on a découvert des listes sur lesquelles des bas oiticiers et des sol-
dats de la légion III" Augosta sont mentionnés avec leurs lieux de'
naissance; ils appartiennent pour la plupart à l'Orient. Kn lerminanl,
M. A. Poulie parle avec éloges des jeunes architectes chargés des fouilles
cl ifuJ hommuyc à la mémoire do .M. Mainlenuy. qui a payé de sa vie le
courage avec lequel il a bravé, par les fortes chaleurs, les miasmes sorlii
des terres qu'il faisait remuer.
les antiquités préétrusques. — M. Alex. Bertrand continue la lecture de
son travail et arrive à une cinquième propo^ilion ainsi formulée : « Les
antiquités prééUusques de la vallée du Danube el de la haute Italie sont
en relation intime avec les légendes du cycle homérique el argonautique,
ainsi qu'avec les récils des plus anciens logographes. » Le cycle homé-
rique peut être considéré comme rep^é^enlaIlt une sorte de croisade de
l'Lurope contre l'Asie. L'expédition des Argonautes est plus justement
encore l'histoire épique de la découverte d'un nouveau monde par la
race des Hellènes. Le rôle que Joua le mylhe de Jason dans la haute Italie
est attesté par la trouvaille d'une fl^urine du héros, en ivoire doré, pro-
venant du sarcophage archui(jue de l'éiouse. Au temps de Stiabon, on
pouvait encoie suivre les traces du culte de Jason de la mer Noire aux
Apennins. M. Uertrand anahse ensuite les données dos Aryvnautiquef. Les
Argonautes remontent le cours du Uanuhe et, poussés par un vent impé-
tu*:ux, sont enlratnés jus(|u'au milieu du ileuve Kridan, dont les bords
sont infectés par des exhalai.<ons sulVocantes. l'ar bonheur, un autre
lleuve, le lUiùne, allluent de l'Lridan, s'offre à eux. Ils y enireul et se
liouvenl au milieu des lacs dont le pays des Celles est couvert. Or la
géographie d'Apollonius, qui u rédigé les Argonautiqucs, est rétrospective,
DULLKTIiN MENSUKL DK f/ACADJ^iMIK UTS INSCUII' I luNS. .'{70
homiHiquo, ou rn^me antiMininrriquo. Los oxlialaisons He la valli^c du l'ô,
les lacs du pays celtique, olVnMil a M. Ilcrtrand d(îs irail- iiu'il l■o^^idôre
o.oniino décisifs en fuvour do la lliî'se qu'il soutient.
11 y voit mit! alIu>ion h la inanii're de vivre des populations laruslres
du haut Danube, de la Suiss»; et de la haute llfilie, enfin à l'élablisseiuenl
dans la vallée du Vd de ces nombreuses palulittcs auxquelles les Italiens
donnent le nom de tm'ainnre. Les stations lacustres et les terrannare*
sont contenriporaines de» nécropoles les plus anciennes où ont été re-
cueillis les objets précédemment étudiés par M. Alexandre Herlrand;
elles se rapporlenl à la même civilisation, à la même industrie; elles
s'échelonnent, comme les cimetières préétru^ques, de Uelgrade au lac
de Genève, d'un côté, à Heggio d'tmilia et Modène.
D'autre part, l'habileté de main que révèlent les antiquités, les grands
travaux de canalisation et les créations de petits lac» artificiels ne per-
mettent pas de >upposerque de tels progrès aient été accomplis d'un seul
coup, sans transitiitn, par les populations indigènes que la couche inté-
rieure des nécropoles, caractérise par la piésence des coupes dites
prosdocimi, nous montre en plein Age de pierre. Nos études archéologi-
ques, conclut M. Herlrand, nous font donc assistera l'arrivée des popu-
lations de l'Asie Mineure ou des versants septentrionaux du Caucase aux
sources du Danube.
SÉANCE DU 16 NOVEMBRE.
Candidatures. — Rappelons qu'il y a deux places vacantes à l'Académie
des inscriptions, par suite du décès de M.\l. lid. Laboulaye et Ch. Defré-
mery.
Les candidats dont les noms suivent ont adressé au président des let-
tres sollicitant les suffrages des académiciens, soit pour tel ou tel fau-
teuil, soit sans désignation précise :
M\l. Paul Meyer, Benoist, Gaston Maspero, Gustave Schlumberger et
Léon de Rosny.
M. Paul Meyer est professeur au collège de France. Ses travaux sur les
langues romanes du Midi au moyen Age et les services rendus à l'.Vca-
déaiie comme auxiliaire à la commission des travaux littéraires lui ont
valu, il y a quelques jours, le prix biennal de "20,UU0 fr., décerné par l'ins-
titut. Le rapport du président de l'Institut a exposé les titres considéra-
bles de M. Meyer : par sa méthode, par ses recherches et ses découvertes,
il a véritablement renouvelé l'élude et la connaissance des dialectes ro-
mans méridionaux.
M. Benoist est un latiniste distingué. Il a publié sur le texte de Plante,
de Catulle, de Virgile et de Tite-Live des commentaires savants qui le
classent aux premiers rangs des philologues contemporains. Son édition
de Virgile en deux \olumes est un véritable modèle de ce que doit être
un livre d'cnseiguemcnt dcatiné au maiire. M. Benoist, malgré les labeurs
.IfiO HKVIJR Ancm^OI,O^.10IÎF.
qui' lui cn'c la rli.iiro qu'il or.cupo ;\ la Sorlionuc, n'a pus cf^si'" un in?-
taiit ses travnuv de philologie laliue. Il a eiiln-pris In puhlicatic.i) ilo
Til('-I.Me, tiout u!i volume vient de paratli-e: il a(li(''\e repemlaiil un
iraxnil analogue sur Horace.
M. (iaston Maspero, professeur au colli^ge de Kranrc, est le jeune chef
inoonle>t«} de l'école dVgyptologic française, ('/est le disciple du vicomte
Kminauuel de Hougô, qui a porté avec tant d'avantape les rigoureuses
iiii'tlioiies de la philologie nouvelle dans l'iiiloipr<lalion des textes hiéro-
glyphiques; c'est le successeur d'Auguste .Mariette, un archéologue
incomparable, dont les explorations nous ont rendu tout un inonde ense-
veli dans les sables et dans lis grottes funéraires de la vallée du Nil.
M. Ma.>-pero réunit les qualités de ces deux maîtres émincnis, philologue
comme de Hougé, archéologue comme .Marielle. Ses puhlications, très
estimées du monde savant, ont trait à la littérature et à la religion des
anciens Egyptiens. Son enseignement à l'Ecole pratique des hautes études
et au collège de France l'a fait surtout connaître et apprécier en France
et A l'étranger. Ses litres ont paru assez considérahles pour balancer ceux
de .M. .Meyer dans le concours du prix hiennal.
.M. (iusiave Sciilumherger, notre savant collaborateur, pose aujourd'hui
sa candidature moins en vue d'un succès immédiat qu'en vue d'un succès
ultérieur qui ne saurait lui manquer. C'est un numismate érudit, un des
plus brillants élèves du maître émiuent dont l'Académie ressentira long-
temps encore la perle : Je veux parler d'Adrien de I.ongpéricr, dont
M. (iusiave Schlumberger recueille les travaux disïéminés dans une pu-
blication importante. M. Schlumberger s'est occupé avec succès des sceaux
de l'Orient latin; il y a là, pour l'histoire et la numismatique, une mine
nouvelle, qu'il a ouverte et creusée avec une sagacité rare et une science
de bon aloi.
.M. Léon de Rosny, professeur à l'Ecole des langues orientales vivantes,
est connu par ses publications relatives à la langue et à la littérature du
Japon. Il s'est attaqué récemment au déchifl'remenl des hiéroglyphes do
l'Am-'rique, question peu avancée encore, malgré de nombreux et loua-
bles ciïorts.
La double élection aura lieu le :{() novembre, ;\ cause de la séance pu-
blique annuelle, fixée, comme nous l'avons annoncé, au '1^ courant.
Toute la séance d'aujourd'hui a été occupée par le comité secret durant
lequel l'Académie a entendu l'exposition des litres des candidats.
SÉANCE DU 23 NOVDMnitE.
L'Académie des inscriptions et belles-lettres a tenu aujourd'hui sa
séance publique annuelle. M. Heuzoy, qui présidait, a lu un discours
annonf.aiil le» prix décernés en 188.t et les sujets de prix proposés pour
ltW4. Il y a f.iil applaudir l'érudilion pleine de gortt avec laquelle il a
liiJLMvriN Mi:.Nsiif:i, nie i/vcADiéMir, nns insciui'Tkins. .'JHl
présenté les liavuux des lauréats. Au cours de ce rappoit, M. lieu/tty ii
duiMié des rcnseigiieineiits iiili'icssarits sur notre lOcole (J'Alhèiies, qu'il a
récfiniuent visilre :
« il in'uiHé donne', «lil-ii, après vingt-trois ans, de revoir cette Kcole d'A-
lliùnesoù j'ai passé quatre années que je compte parmi le» meilleures de
ma vie, et j'ai pu me figurer pendant quel(]U(;s jour.sque j'y recommcnc^ais
l'iixistence d'aiitrel'uis. l-a maison a changé de place ; mais la clio^e est
restée la mémo, c'(!st-ii-dire un milieu merveilleux pour l'étude, un
séjour enviable entre tous, pour quiconque est épris de l'antiquité. I-es
pentes du petit mont Lycabette sont bien un peu éloignées et rudes à
monter quand il fait grand chaud ; en revanche, la vue pst incomparable.
Il fuit vraiment bon travailler au milieu de cette l)ibliothè(|uc, depuis
nous bien accrue, en contemplant devant soi, dans une lumière sans
égale, la plaine des oliviers et la magnifique bordure des montagnes de
l'Altique. Je plaindrais les jeunes gens qui, appelés -à vivre là pendant
un temps trop court, n'apprécieraient pas leur bonheur !
«Si j'ai trouvé quelque chose de nouveau dans la vie de l'École, ce sont
des améliorations el des progrès : une direction scientifique ollrant aux
travaux des jeunes gens un point d'appui des plus sûrs, un esprit plus
méthodique et moins flottant que par le passé, des moyens de travail el
d'action beaucoup plus développés ; je veux parler du Bulletin de corres-
pondance hclléni'juc, œuvre commune el pour ainsi dire quotidienne de
rKcole, et de la collection des Mémoires, où tous les travaux de quelque
valeur sont assurés de trouver, dans un délai rapproché, une publicité
honorable. 11 faut ajouter à cela un champ d'observations et d'études qui
ne cesse de s'accroître, des découvertes journalières, de nouveaux
musées que nous ne connaissions pas, où s'accunmlent de jour en jour
les merveilles les plus délicates de l'art grec à cùlé des produits les plus
étonnants de l'industrie primitive de la Grèce.
« L'École elle-même est devenue un musée, grâce aux heureuses explo-
rations de ces derniers temps, mais un musée qui n'est pas trop avare de
ses trésors et qui ne demande qu'à en faire profiler, lorsque le moment est
venu, nos grandes collections nationales. Je ne pouvais naturellement y
rencontrer les marbres de Délos, qui appartiennent à la Grèce, cette
belle suite de sculptures qui ont permis à M. HomoUe de reconstituer
tout un chapitre de l'art grec, et que la France, qui les a découvertes,
devrait s'efforcer de posséder au moins par des moulages. 11 n'en était
pas de inéme des nombreux objets et surtout des charmantes terres
cuites grecques recueillies en Asie Mineure et principalement à .Myrina,
dans les fouilles conduites avec un rare succès par M.M. Edmond Pottier,
Salomon Ileinach et par leur regretté camarade, M. Veyries. Ces petits
monuments avaient pu être rapportés à l'École, formant un ensemble
doublement précieux par son unité scientifique. Cependant .M. Foucarl,
répondant à un vœu exprimé naguère par notre Académie, a pensé que
la science française en tirerait encore un meilleur parli si la collection
382 UEVIK ,U\r.UK()LOalQl)E.
t'iait IransporliV en France et ex|'0!«6, dans nos giUeries «lu Kou\rc. Sur
la proposition qu'il a faite ;\ M. If iniuislro de l'instruction publique e.l
des l»ean\-art8, j'ai C'ir heureux de contribuer, pour une part bieu faible
A l'evécutitin de ce projet vraiment libi^ral, qui mettra suus les yeux du
pulii^c les services rendus par l'École d'Albùnes. >
M. H. Wallon, serrtMaire perpi'luel, a lu uno iKiticc histonquc fort
siibsiaiilif'lle >nr la vie et les travaux de Marictlc-Pacha, le grand •■f:y[ito-
logue, M. 11 lurt'au a lu onsuilo un travail sur les propos lie M*- Hobort <lc
Sorbon, fundaleur de la Sorbonnc, dans lequil il a relevé ce (ju'il y a de
ciustique et d'enjoué, de vives saillies v[ de propos badins dans ses
œuvres.
SfiANCE DU 30 NOVEMBRE.
PJcctioiis. — Après la lecture en comité secret de la partie du procés-
voibal relative ;\ l'exposition des titres des candidats, la si'-ance redevenue
publique, le président, suivant rusa;îo, lit les articles du rétriemcnt qui
concerne l'iMection des membres ordinaires.
L'ordre du jour appelle rélcclinn d'un membre ordinaiie en rempla-
cement de M. Laboulaye, décédé. Les candidat» sont MM. l'aul Mcyer,
RcnoisI et de Rosny. 11 y a 33 votants; majorité, 18.
M. Paul Meyer est élu par !!• sulTrapes contre 10 donnés ;\ M. Benoist,
2 à M. de Hosny, 1 ;\ M. Scblumbergcr, i à M. Masporo.
On procède ensuite A l'élection d'un membre ordinaire en remplace-
ment de M. Defrémery. Les candidats sont MM. Maspero, Gustave Schlum-
berger. de Rosny. Il y a 3i' votants ; majorité, 18.
(<omme nous l'avions dit, M. r.usla\e Scblumbergcr n'entendait en
aucune manière faire écliec à M. Maspero. dont l'élection paraissait par-
faitement assurée ; il demandait î\ ses amis la faveur d'une voix au
premier tour de scrutin. Les partisans de M. Scblumberger, c'est-à-dire
les académiciens qui sentent la nécessité d'un numismate parmi eux,
ont été si nombreux, que les deux candidats (nous ne disons pas les
deux concurrents) ont obtenu exactement le même nombre de suf-
frages, 17.
Le second tour de scrutin a donné A cette circonstance sa véritable
signification. M. .Maspero a été élu par la presque unanimité des suffrages,
c'est-a-dire par 31 sur 34. M. Scblumberger a conservé trois voix.
ArnhMogie qnxiUjUt'. — M. Nicaise, président de la Société académique
de ChAlons-sur-.Marne, présente A l'Académie une collection d'objets
trouvés en 1^03 dans un lunmlus, A Altaticourt (lliutc-Marue). t'.es anti-
quités, d'un grand prix à cause de leur rart'ti', appartieum'iit à l'époque
et A la civiliiali(m que caractérise le cimetière do llallstatl. Les archéo-
logues les font remonter jusque vers le v ou le vr siècle avant notre ère,
nULLF.TIN MENSURl DR L'Ar,An!^MIF. DF.S INSCRIPTIONS. 38.'i
et los allribuctil aux (iaulois. Ces aiilifiuilc's consistent en i-bjcls de
bronze fondu, (l'est d'abord un f,'ros brassard [nrinilln), liant de sept à
huit centimùlres, formé de trois sections réunies par des cliarnitVfs,
très (iiÔRant, et dont le moule a été obtenu par un modèle en bois ou en
bronze repoussé. Des traits d'ornement au burin se remarquent à la sur-
face. La matière est un beau métal dont les rellels blancs attestent dans
le cuivre l;i présence de l'argent. Une patine verte, épaisse, recou\re
l'objet. iM. Mcaise présente (îiicore : un anneau de janil)e au(]uel étaient
suspendues deux perles de matière vitreuse, de couleur I)I(hj foncé; une
de ces perles reste encre attachée ;\ l'anneau ; des fragments de deux
bracelets de bronze ; deux colliers (torqurs) de bronze, dont la partie
supérieure porte en relief des figures d'oiseaux aiVrontés ; des point'-s de
flèche de bronze.
Ces antiquités sont cataloguées dans l'importante collection que M. Ni-
caise a formée ;\ Olullons-sur-Marnc et dont il fait les honneurs à tout
venant avec une libéralité et une courtoisie très appréciées des archéo-
loRues.
po(:ii;ti', natihnai.!-:
DES AMJni; AIRES DK FRANCE
1'iu:sii»i:n<:i: kic m. (i. DLi'LLissis.
SÉANCE DU 7 NOVUMUIU:.
11. ncilhelé est nommé associtî corrcï^pondanl ;\ Morl.
M. (le M.irlv communique à la Sociéld un anneau d'ur du w" siôcle,
Irouvc prôs de donesM' et portant la légende « Je m'y iilens ...
M. de Villcfosse annonce qu'il a élé inforni»', par M.lJeor^es Cuigue, d'une
importante découverte épigruphique récemmenl laite à Lyon dans la crypte
de Sainl-Nizier ; c'est celle de l'épitaphe métrique de saint Sacerdos, évoque
de Lyon, mort en o2'i, épitaplie qui n'était connue que par une copie du
xiv siècle. 11 place sous les yeux de la Société un ostanipage de ce texte
intéressant, exécuté par M. Grisard, conducteur principal des travaux de
la ville de Lyon.
M. de Villefusse communique ensuite le texte d'une inscription votive
découverte à Vicliy, qui lui a été adressé par M. Herlrand, président de
la Société d'émulation de l'Aliier. Le nom topique du dieu Vérogius,qui
se lit dans cette inscription, est précisément celui d'une localité antique,
voisine de Vichy, inscrite sur la carte de Peulin-er sou» l;i désignation
Vcro'j iuiii ; c'csi aujourd'hui Vouroux, faubourg de Varennes-sur-Allicr.
M. l'abbé Thédenal oiïre, de la pari de .M. de la Hlanchére, un mémoire
intitulé Monnaie d'ur de Vtuléméc, roi de Mauritanie, et lit une note du
même auteur contenant des additions au mémoiie. Dans cette note, M. de
la lUanchùre, après avoir examiné les hypothèses qui peuvent expliquer
l'existence de la monnaie en question, la considère connue le résultat
d'une émission illégale du roi IMoléniée.
SÉANCE DU l/i .NoVEMUilE.
M. Ojurajod communique de nouveaux détails sur le groupe de Pégase,
de la collection d'Aul.ras, dont il a précédemment enln l( nu la Société.
SOCIKÏK WTId.NAM: |)|;s A \ HijC \llll.S l)i; KIlANCi;. .'185
Lors d'un récent voyage à Vienne, il n pu se convaincre de la parfaite
ressemblance de cet ouvrage avec ccu\ de HerloMo, l'élevé favori de
Uonatello. Il re^-retle de ne pouvoir placer sous les yeux de la Société une
photoRrapliie de cette pièce curieuse.
M. (i.iiduz, ilaiis une lettre a<lre8sée à M. de IJarllirlcmy. appelle l'atten-
tion des niL'inlirt's de la Siiciélé sur la descriplion (jii'un journaliste
anglais vient «le donner du parc de Yellow-Slone. Pour percer une route
i travers les rochei's d'Abridienne on a allumé de grands feux sur ces
masses et, quand elles ont été snfnsatnmcnt dilatées par laclialeur, on le*
a inondées d'eau froide. Les blocs se sont i'ondus et biisés, et on a fait on
cliemin de voilure d'un quart de mille de long sur ce verre volcanique. Il
esi intéressant de comparer ce (ait à l'histoire du passage des Alpes par
Annibal et de le joindre aux documents relatifs aux forts vitrifiés.
M. de Harthélemy conuminique en oulre, de la part de M. .Michel,
conservaleiir-adjoint du musée d'Angers, la pliolo^rapliie d'une dague
trouvée prés de celle ville; de la part de M. Nicaise, une liste de sigles
figulines découvertes dans le déparl.'racnl de la Marne et faisant partie
de la collection de l'auteur; de la paît de M. Leclerc, des détails sur
l'anliquilé de la butte de Vaudemont; enfin, de la part de .M. Coumbay,
une note sur les sépultures de la Chézane.
.M. Maxe-Wcriy présente un ustensile de bronze, de forme ovoïde, trouvé
à Reims.
SÉANCE DU 21 NOVE.MBIW:.
-M. de IJartliélomy dépo.^e un mémoire de .M. de iJaye sur les sujets du
règne animal dans l'industrie gauloise.
M. ÎKTlrand place sous les yeuv de la Société une curieuse plaque de
ceinturon découverte à Watsch (Carniole) et faisant partie de la belle
collection du prince de Windiscli-Grœlz. On y voit le combat de deux cava-
liers accostés de deux fantassins. .M. Bertrand croit reconnaître deux
Gaulois du Danube.
.M. Courajo I signale l'exislence, au Musée des antiquités silésiennes, à
Breslau, d'une suite de médaillons de cire représentant les principaux
personnages de la cour des Valois. Cette suite, exécutée antérieurement à
1573, contient notamment les portraits de Clément Marol et du chevalier
Olivier.
M. de n.iriliélemy lit, au nom de .'\L de Hoislisle, une note sur une
enceinte fortiliée existant dans la forêt de Montmorency.
M. Flouesl annonce la découverte, dans l'arrondissement de Clultillon-
sur-Seine, d'un poignard olfranl les plus grandes analogies avec celui qui
a été récemment trouvé à .\ngers.
M. Nicaiie examine une série d'ubjels antiques découverts piès de
Reims.
Le V. de la Croix présente une slaluelte de Mercure trouvée àSaoxay,
m' si;nii:, \. ii. — -JC»
38(î F\KVrK AHCHhOLOt-.lMri-.
M. (le Villpfcisst' \H'n<p que le pelilliroiizfise rfittnche ^ l't^colc de l'olycltle.
M. llayet )• rcconnall la copie <li' rili'iint''s do IVtlydi'lc.
SÊANCK DU 28 NoVKMHUi:.
M. liiTirand prcsenlc une juiiiltc df chcwl uhIkiuc, d'iiii furl bon i^lylo,
InniM'o LMi Suisse.
M. l'abbé Thiidcnat, le dessin d'un mnnibe de palùre on bronze Irouvd
à Grand (Vosges) cl portant le nom de l'ouvrier, L. Ansius Diodorus, nom
qui appartient à une famille de bronziers cl de brlquelicrs établis dans
le t^Dtl de rilalie.
M. Saiîliolii nn nu'raoire de .M. Lafaye sur les anliquilésde la ('orsc.
M. .Nioaise montre;! la Société deux pointes de Huches en bronze, A douille
et à ailerons, découvertes dans un tuinulus de la Haute-Marne, ainsi que des
ornements funéraires provenant du cinieiière gaulois de Couftetz (Marne).
!,e P. de la Croix présente dilTérents objets en bronze découverts dans
les ruines île Sanxay, nolamnunt une slatuellc représentant un hcuiine
jeune, imberbe, cuillé du bonncl phrygien et portant une bi()enne au
brasgauche, slaluette dans laquelle M. llayet croit reconnaître un PAris.
M. Ma\e-NVerly conununique diiïérsnls ncuns de fabricants de bronze
qu'il a réunis pour une étude sur les bagues et fibules ii inicriplions de
l'époque gallo-romaine.
Le Secrétaire.
Signé: E. MUNTZ.
NOUVELLES ARGllÉOLOGKjUES
ET COKKKSPONUANCK
Une nouvelle copie du Mercure nrverne. — (In culliv.ilcur de Dam-
pieno (ll;iuU'-iM,iriic), M. (Janiier-lloyer, vient de (aire une découverte
intéressante, dans une pièce de terre qui lui appartient, sur le territoire
même de cette commune. Depuis longtemps déjà, cliaque fois qu'on labou
rait ce champ, le soc de la charrue venait se heurter contre un obstacle
insurnionlable, un gros bloc de pierre placé presque à fleur de terre.
Celte année, M. G. -H. prit le parti d'enlever cet obstacle et, ayant lait une
fouille à l'endroit même où il se trouvait, il découvrit un autel rectangu-
laire, en pierre blanche, avec base et corniche, mesurant t",!? de liau-
teur sur 40 centimètres de largeur dans la partie centrale. Sur la face
antérieure de cet autel on lit l'inscription suivante, gravée très nettement
en grands caractères :
MERCVR
Mercur'Jo)
Il n'y a sur la pierre que ce seul mot ; celui qui a l'ait élever le monu-
ment n'a pas jugé à propos d'y inscrire son nom, selon l'usage , au-dessous
de celui du dieu. La surface supérieure présente une partie plane par-
faitement appareillée, de forme plutôt ovale que ronde.
En même temps, et près de cet autel, le même cultivateur trouva une
statue de Mercure, également en pierre, mais fragmentée. Le dieu est
représenté assis,' dans l'altitude ordinaire de Jupiter, coiffé d'un pélase
ailé; il est imberbe; sa chlamyde jetée sur l'épaule gauche vient passer
sur l'avanl-bras gauche et retombe de chaque côté sur ies cuisses, en lais-
sant les parties viriles à découvert; il est chaussé d'élégants brodequins
garnis de petites ailes, et porte le caducée sur le bras gauche; un double
filet très mince, en relief sur la partie nue, forme conmie une petite cein-
ture à la hauteur de la taille. 11 est assis sur un siège sans dossier (sella)
une sorte de tabouret dont les deux pieds antérieurs sont légèrement
courbés. Au-dessous, et entre les quatre pieds du siège, est couché un
chevreau ou un bouc, dont la tôle apparaît du côté droit du dieu. La hau-
388 ItKVUK AIlCIIKOt.dClQUK.
tour (olaledo la Statue c$t de 1">, 80. MalheureusotntMit le bras droit manque
ai:isi quo la main quiche el une partie tiu caduciVs It'S piodii et le bas
d(-s jauibcs ont beaucoup souiïiTl. I)f la lOle. qui est «éparée du eorps, on
ne reconnaît, du cùlé droit, que l'oreille, la joue, l'ieil, une partie de la
chevelure el le piWase ; tout le cOti^ gauche e>t mutilé.
Cette statue, d'un style tout A fait local qui rappelle assez celui de l'Apol-
lon d'Kn trains, aujourd'hui conserxi^au musée deSaiut-derm iin.»e termine
par une base carrée. Klle est certainement indépendante de l'autel décrit
plus haut.
On sera frappé de la ressemblance qui exisle entre le .Meriure de
Hampierre et le .Mercure représenté sur le bas-relief de llorn, avec la
dédicace .Vt'JTMrio Arvirno. Mt'^me po.>ic, même agencement des draperies
cl du caducée, même animal symbolique j>lacé éj^alcmeul sous les pieds
du siège, rien ne manque; les doux ligures, étant mutilées, se complètent
lune parl'aulrc, mais, autant (lu'on en peut juger sur la gravure publiée
par M. Mowat, le Mercure de llorn est beaucoup plus endommagé que
celui de Dampierre, ce qui augmente par conséquent l'inlérét de la nou-
velle découverte. .M. .Movvaf, en publiant leraonumeul de llorn', y a très
justement reconnu la copie alTaiblie d'un chef-d'œuvre à jamais perdu,
la statue colossale exécutée par Zéaodoïc pour les Arvernes, dont un pas-
sage de Pline nous a conservé le souvenir. Je n'hésite pas à voir dans le
Mercure découvert à Dampierre une seconde copie du .Mercure deZénodore
et par conséquent un monument fort précieux pour la Gaule-.
11 y avait au même endroit une seconde statue de .Mercure dont il n'a
été retrouvé que deux fragments, mais dont on découvrira probablement
les autres morceaux dés que le propriétaire pourra reprendre les fouilles
aujourd'hui interrompues. I.a seconde statue devait être «l'un meilleur
st\lc que la première et de dimensions plus peiiles. à eu juger d'aiirès les
deux fragments recueillis, qui consistent en une tête de bouc vigoureuie-
meul rendue el le bas d'une jambe ailée. Cinq monnaies de bronze abso-
lument frustes ont été recueillies dansles fouilles; ou dislingue avec peine
sur deux d'entre elles la tête de l'austine mère.
Le terrain de.M.(J.-li. se lrou\e donc sur remplacement d'un s uicluaiie
de Mercure ; il est certain (ju'on y ferait de nouvelles découvertes. Nous
sommes heureux d'apprendre que les objets recueillis ne seront pus dis-
persés cl qu'ils trouveront un asile au .Musée des antiquités nationales
1. Lctlr.' u M. Adrien de L'ingiiénvr sur lu nstitutton de lu stutne ro/i>sui/e de
Mercure eiifcute'e par Zénodore pour les Arverivs^ avec une planche {Hulletin
monumrnlal, 1H75, t. XI.I, p. 557 et Riiiv.). Cf. F. Ilellncr, dans la W'estdrutschc
Zntfrlirift fur Ceseliuhte und Knnst, 1883, p. li'n-h'1%.
2. Sur la munrlie cJ'niu! palt'ri' iii lironzo, conservi'e a<i inusci' de Itoiicn, on trouve
une lroi«ii'-me rép«';tition du .Morcurc Arvc'rno. l.ediuu est reprtîscnié xssi», avec le bouc
à ftcHpit-d». l'rèft df lui on voit un autel carrt^', place Hnus un ddiculo ut indt^pundanl
d3 la ftlalUL-, a'oRoit'ment conimc celui qui Tai* p;iiii > d ' la d< cuuverle du Uunij'iirre.
NOUVRLLRS AUClIKOl.or.iyiJKS. .IS'.»
fl(! Saiiil-tiiTiiiaiii (Il Liyc, dont l<! dire; leur lasscrnhlc avec tant de z^le
lous les momiiiiciits i|iii p(uiv(!iit s(M\ir à "'crirr! l'histoire: religieuse de-
là ilaiile à rt-jioijiic roriiaiiii^. Ant. IIéiuj.n J)K Vii.leio.ssk.
\ propot; des fouilles. — L ImUpcHdant raudusien a annoncé, dans
s(.ii ik'rniei niiiuf'ro, que les Iravaux de redresseinunl du chemin de la
Cruz.'llc, quartier de Marignane, avaient atneniî la découverte d'un giî-c-
mcnl d'urnes romaines.
!,cs fouilles ont continué cotte semaine, et si elles n'ont pas misaujour
des objets nouveaux, elles ont permis de se rendre compte de la singu-
li(>rc disposition de ces urnes dans le terrain, disposition bien laite jyour
stimuler la perspicacité des archéologues et l'imagination des curieux.
Un mot d'abord sur ces urnes. Ce sont des vaisseaux de poterie assez
grossière, peu élégants de l'orme, cl rappelant plus les damcs-jeannes
modernes qucles aniphoresantiques, dont elles se rapprochent d'ailleurs
par l'évasement du goulot, l'attache des anses et le fond terminé on pointe
conique. Kilos ont 70 centimi-'lres de hauteur sur 40 de diamètre envi-
ron. Kilos ne paraissent pas, ainsi qu'on pourra en juger, avoir été des-
tinées A un usage domestique.
Elles étaient enfouies à 2'",40 au-dessous de la terre arable, dans une
fosse, protégées par des murs latéraux, rangées par cinq sur cinq lignes
parallèles, panses contre panses. Un mur a été dégagé au point où sont
momonlanément arrêtés les travaux, dans la direction du levant. On a pu
constater qu'au delà de ce mur une nouvelle série de vases recommence,
avec même disposition symétrique et même orientation.
Mais ce qui est de nature à dérouter l'esprit, c'est que ces vases, exclu-
sivement remplis de sable, sont encastrés par leur partie inférieure et
jusqu'à mi-hauteur dans un mortier grossier, et supportaient, parleurs
goulots, un large entablement poli de béton, d'une épaisseur de l.'i à
20 centimètres, et formé de ciment et de menus débris de briques rouges.
Ces conditions excluent tout d'abord l'idée d'un dépôt temporaire, que
la non-valeur de la matière enfouie ne justifierait pas. Bien au contraire,
elles témoignent de l'intention d'une construction fixe, durable, et très
vraisemblablement elles révèlent, comme nous le dirons tout à l'heure,
une pensée se rattachant au symbolisme païen.
Aucune monnaie, aucun ossement, un seul fragment d'un clnpitoau de
marbre mêlé au déblai : voilà tout.
Ktait-ce là, comme le supposait quelqu'un, un dépôt de sable verrier?
une sorte de sous-sol imperméable à l'humiiiilé, ou la tombe de quelque
chef romain ou carthaginois, comme le disaient quelques autres? Il n'y
a pas, croyons-nous, à s'arrêter à pareilles hypothèses.
C'est à une idée religieuse qu'il faut, selon nous, demander le mot de
l'énigme. Mais c'est avec la réserve que commande notre incompétence
en ces matières que nous proposerons une réponse qui vaut ce qu'elle
vaut.
;V.H) HKVUF. ARr.lIKOl.or.IOOK.
Pour nous, la ponstS^ pioiisf qui a pn^Md»^ à cet tMranu'o arrnnpemoni
di' vasos dont rien n'indiqn.' l.i d. ;i;i ilion iitiUtnire lessurl des r(tll^idé-
ralioDS que voici :
1" Iinniobil's.ilion ab?olur uc \,i-i- M-rvanl df support A un p;i\6 en
l)élon, et ubsfiici' »lo loulo lonsiruclion supt^rieuro ;
•l» Oualiti^ du ?abli« ri'nfi>nné duis IfS urnos. dilTi'Tenl<î d»; la qualité
du saido des environs ; snblo (^ideninnenl rapport»', et ayant par consé-
quent une valeur autre que vi^nalo aux yeux des arcbitectes du lonips ;
3° Présence d'un débris de marbre, vraisemblablement détaché d'un
autel ;
4» Kniîn, traces, dans la partie du reniblai touchant le pavé, d'inciné-
rations pouvant provenir de saciiHces païen?.
Était-ce là l'emplacement d'un autel et d'un foyer domestiques? I.es
diminsion? et l'importance de la construction ne le font pas supposer. lOl
daillfurs, les vases auraient contenu quelques o<sements ou quelques
i-endies. ainsi que cela se rencontre sous les foyers et les autels voués au
culte des ancêtres, (''oçl-à-dire de la famille.
C'est à une piété d'une nature moins étroite, à des rites d'un caractère
plussocialqu'ilfautsansdouterapportcrl'élablissL'nicntde ce sol consacré.
On sait que, il y a quelque cinquante ans, une table de marbro perlant
une mai:nifique inscription, et déposée aujourd'hui à notre Musée, fui
découverte au même quartier «ie Marignane, et h quebiues métrés seule-
ment du lieu où sont les substructions dont nous parlons. Celte table
votive^ dédiée au Génie de la colonie, indique assez que sur ce point
existait un monument, temple ou simple enceinte, où avaient lieu les
cérémonies du cullc de la colonie, c'est-à-dire de la ciié.
On sait que, dans le monde antique, chaque cité avait son culte parti-
culier comme chaque famille avait son culte privé. On sait aus.-i les
rites qui accompagnaient toute fondation de ville, tout établissement de
colonie.
Chez les anciens, la religion était le seul lion social. La patrie était le
lieu où reposaient les ancélies, où résidaient les dieux protecteurs. L'au-
tel, le loyer, étaient amsi doublement sacrés, et attachaient d'autant plus
fortement l'homme à la terre natale, que ses croyances et ses traditions
l'astreignaient à un culte personnel envers les morts et les dieux.
Le culte primitif avait été celui do la famille. Plus tard, quand le
groupement en familles donna naissance à la cité, cette nouvelle a^'K'lo-
méralion s'organisa sur le modèle de la famille Llle eut ses dieux et son
culte propre, distincts des dieux et du culte de la cité voisine. Les
mêmes cérémonies, ou des cérémonies analogues, furent instituées en
l'honneur des héros ou des dieux protecteurs.
Le citoyen se trouve lié à la cité comme l'homme à son foyer, et
fioumis à des prati(|ue8 pieuses d'un caractère national. De lU les temples
•ux divinité» locales, et plus tard la . réation do sacerdoces auxquels lut
cooUé lu culte de la cité.
NOUVEI-I.KS AIICIIIdl.fUMglJKS. 'M\
Lorsqu'une coloino se driachail i\c. la nK'ttoiioli' et nllail au loin
fondci' une vilhî, roinplacemenl du Cf;llfi-(i lilail l'objet d'un ( lioix reli-
|j;ieu\. l-es puMn'ï! (ilaient consultés, les auguns interroK"''S ; puis les
limites de la cil6 (Haicnt tractées et le point ilu territoire voué aux dieux
lulélaires, qui n'étaient autres que ceux de la mùrc-patric, solennelle-
ment consacrés.
Souvent, lorsque la chose était possible, et surtout dans les premier»
Ajîes, où les idées relif^ieuses élai(!nt toutes-puissantes, les colons empor-
taient avec eux de la terre natale et la réjfandaieiit dans l'enceinte du
temple, ou l'entassaient sous le foyer de la cité nouvelle.
Kst-il trop téméraire d'attribuer une origine de cette sorte aux sub-
struclions dont nous nous occupons? de voir en elles les vestiges du lieu
sacré de la cité?
Ce r.énie de la colonie, dont l'autel ou la statue était h peu près sur
l'emplacement même ; ce fragment de marbre, vraisemblablement dé-
taché du monument religieux; ce sable, diilerent du sable des environs,
qui remplit les vases et peut avoir été pris au sol d'une métropole plus
ou moins lointaine ; ces traces d'incinérations, indices d'un foyer long-
temps entretenu ; tout cela coastilue-t-il un ensemble de présomptions
suffisantes pour donner quelque valeur à notre façon de voir? Nous osons
l'affirmer. Mais enfin c'est une hypothèse qui en vaut une autre et qui,
dans tous les cas, ne saurait faire mauvaise fi;.'ure à côté de l'hypothèse
d'une usine A verre, d'un pilotis en poterie et en sable, ou de ia tombe
d'un chef romain ou carthaginois. R. V.
Valais. — On écrit de Martigny à la Gazette de Lausanne, en date
du 2o novembre :
« La connnission cantonale d'archéologie instituée par le conseil d'Etat
depuis un an environ vient d'obtenir un succès aussi remarquable que
réjouissant.
Depuis quelques semaines, elle faisait opérer des fouilles dans les
prairies au raidi de Martigny, à l'emplacement qu'occupait l'ancienne
Octodurum. On avait découvert de gros murs, des pierres de taille, des
corniches en marbre jurassique d'un beau travail et beaucoup de maté
riaux. La nature de ces vestiges indiquait que l'on était sur les ruines
d'un édifice qui avait eu une certaine importance, tel qu'un temple, par
exemple.
Dans la journée du 23 novembre, les ouvriers tombèrent sur des
pièces capitales et exhumèrent de magnifiques fragments de statues
antiques en bronze doré. Ces fragments, fort bien conservés, mais couverts
de vert-de-gris, sont de la meilleure époque romaine. Ce sont : un bras
et une jambe de proportions colossales; la partie antérieure du corps
d'un personnage velu d'une loge, avec la main et l'avaut-bras droit, et,
enfin, une tûlc de taureau avec l'une des jambes de devant.
nt)2 nRVi'K Mïciii oi of.i.jrK.
1.0» finiilles continuoni, et si l'on jt;it\ipiil,coinm<» on l'espi^re, A iiouvn
les }>i«*r)'s qui iiKinqueiil lie ces :t;ilues et ;\ les riToiislilner, on sna en
possession de .<ptSinuMis de l'arl roninin de la plus jzrande valeur.
C'e.-l pr^s do rel endroit que. il y a une dizaine d'années, un parlieu-
lior, on faisant des travaux de nivellement dans un pré, avait misa dé-
couvert toute une batterie de cui«ine romaine comprenant plus de qua-
rante objets. Otie colleclinn, fort curieuse en son genre, Tut acquise
pour le compte du nuisée d'antiquités de Genève.
La con)mission d'archéologie fait aiissi opérer des Touilles sur un autre
point de la campajine do .Marligny, où se trouvent les veslipes d'un cirque
ou ainphillié.ltre. Ces vestiges consistent en une muraille passablement
déL'radte. mais qui, en certains endroits, a encore '.\ mètres de hauteur;
elle forme une arène ovale, longue de T^i métros sur i'>'l. <>
Procccdiiigs of the Society af bibliral airhunlnjij, I c .^-ession, 1883-
I88i. Première séance, (i novembre 1883.
Ltewv, Sur le faux mamtscrU liu Dcutérojtome récemment proposé au
Musée britannique par Sliapiia. — Budge, Sur la (pfitriime tablette de la
série de la n'Cation, qui raomtr le lovibat vn're Maiduk et Tiawat. Obser-
vations de Pioches sur celle série. — Pinches, Sur l'art babylonien, d'après
certains monuments rapportés récemment par M. llasaam. — Heichardl, Sur
un cylindre arhcté à Ihwvts.ct qui représente le liaal d'Aphaca. — Sayce,
Sur les tablettes rappadocienncs écrites en caractères atnéiforines. —
W. ^Vrigllt, Une tablette samaritaine; Photographies de înonumcnts pal-
myréniens.
Ardixologische Zeitung, 1883, deuxième cahier :
A. Kalkmann, licpréscntations du mythe dllippolytc, suite (pi. 1\ et une
vignette). — A. Fui l\v;ennler. Combat de raitaures et chasse an lion sur
dcujc Iccythes arehaiques du Musée de Berlin (pi. X et vignettes), ~ K. Pur-
gold, Jason combattant le taureau, peinture d'un vase de huvo (pi. .Xi). —
0. Hosïbach, Sur l'ait grec le plus ancvn, éi propos d'une bngttc de Mycénes
(vignette). — .Mélanges : M. KraMikel , Unmzc romain du pays du llarr.
rvignettf). — A. .Milcliho^fer, Sur différentes irut^res archaîqurs de l'art ijree,
suite (V et VI). — A. ruilwa'iiylei , Sur les coupes de Diiris. — Nouvelles.
Acquisitions du Mwée britannique en 1S8'2. — Séaivc solennelle lie l'Institut
archéologi'iue éi Home. — Sé'inccs de la Société archéologique de Hcrlin, mai
et juin.
Jiulletin de l'Institut de correspondance arche ologiqur, n" X. octo-
bre 1NH3, I feuille :
XV. Ilelbii;, Les fouilles de Chiusi. — A. Mnu, Les f>uill s de Pomiéi
(suilc). — <i. Ileiizeii, In^eriplion d'Ostie,
CIIIIONIOUK DOIIIRNT
FOlIILLIvS KT DKCOUVKKTKS.
— — M. i^diiioiid Alioiil, .iiicicn iiiciuhro do, l'KcoIc françaiso (rAllii"'nes,
.1 prolité du Irai» -('clair organisé par la Conipayiiii; des wagons-lils pour
faire une courte visite à Constantinople. Sous le titre : « De l'onloise à
Stamboul, frerie authentique», l'aimable voyageur publie dans le
XIX" Siècle ' si's impressions de touriste, d'Iiomme politique et de cri-
tique d'art. Kn véritable Atliénicn qui ne renie pas son mémoire sur l'île
d'Égine, M. Al)0ul a passé quelques instants au nmsée de Tcliinli-Kiosk»
tandis que ses compagnons de slecpiny-car, moins épris des restes de
l'anliquité, allaient contempler les derviches tourneurs à la Corne-d'Or.
Le XIX'' Siècle du 13 novembre contient le récit de cette visite, où l'au-
teur (le la Grèce contemporaine avait pour ciccrone le directeur du musée
impérial, S. t. Hamdi-hey. M. About a été enchanté de son guide et lui
décerne des éloges auxquels nous souscrivons volontiers. Mallieureuse-
ment, cette appréciation judicieuse est comme noyée dans un déluge
d'erreurs que la publicité du A'LY" Siècle et l'autorité de son rédacteur en
chef nous font un devoir de relever en quelques mots.
« Le muséedcTchinli-KioskjditM. About, n'est pas encore très ricbc, d'a-
bord parce qu'il est nouveau -, ensuite parce que les Turcs se sont laissé
reprendre tous les chefs-d'œuvre qu'ils avaient pris... Le savant épicier
Schliemann a trafiqué du trésor de Priam et des reliques d'Agamcmnon sans
rien nffrir à la Turquie, si ce iicst un collier moderne mais dont l'or est an-
tique, n ce qu'il dit, et je le crois sans difficulté, car la nature ne fabrique iplus
d'or depuis quelques milliers de siècles. » — Il y a do par le monde beaucoup
de gens qui, n'ayant pas lu l'autobiographie de M. Scliliemann dans Ilios,
s'imaginent que le célèbre explorateur s'est enrichi du produit de ses
fouilles. Or, 1"M, Schliemann n'a pas trafiqué du trésor de Priam, puis-
qu'aprés l'avoir enlevé aux Turcs et p;iyé .'iOiOuO francs de dommages-
1. Numéros dts 21, 26, 31 octobre, 8. 11, 13 novembre 1883.
2. La collection se formait déji en 1850, comme nous l'avons montré ailleurs
{Cdzelte arcluoiogtqiu-, 18S3, p. 253U
3«.U llKVrK MlC.m nl.OCIlJlîK.
inléri»l8 au Muséo de ConstniUinoplc \ il a «lonm^ ledit tn^sor nu ÎAuido
de llorlin: 2* M. Schli«'mnnii n'a pas trafi<iué dos n-liquos d'A^amcmnon,
puisqui» Myc^nos ost on Cr^ro l'I qiio tous los olijels qu'il y a découverts
sont conservés au Vohjtcrhnicim dAlhC-ncs, où M. About peut aller les
admirer; 3- lo collier nio.lcrno el d'autre^ bijoux bien antiques que l'on
montre dans la mtMne vitrine A Tr.binli Kiosk n'ont pas M offrrtx par
M. Scbliemann. tout au contraire ils lui (ml éW- voh^s. Voici lu vériH*
sur ce petit point d'histoire 2. En 1S73. trois mois avant la di^couverle du
tr.^sor dit de l'riam. deux ouvriers t;recs cniployi?s aux fouilles Irouvft-
rent, i\ une profondeur do H> mî-trcs, un petit vase qu'ils dis-inuili'reni
et dont ils se parlagî^rent le contenu pendant la nuit. I.a part di* l'un
d'eux, nommé Costanti, tomba entre les mains d'lzzct-i:ilcndi(un ennemi
personnel de M. Scbliemann), qu'on avait averti de la découverte du
trésor : cette part est au musée de r.onstantinople ou du moins elle y
était autrefois, car plusieurs objets paraissent avoir été soustraits pen-
dant la dernière année de l'administration de Détliier, prédéccssour de
S. K. Hamdi-Rey. Los objets volés par le second ouvrier, l'anayoli,
avaient été confiés ;\ un lladji Alexandro, grand-père de la fiancée de
Panayoti. Lo receleur les porta ;\ Henkeuï, gros bourg turco-^rec A deux
heures de Troie, chez un orfèvre qui les fil fondre el les convertit en
ornements de style turc pour la jeune fiancée. Ces bijoux il'in- antique,
confisqués également par la Porte, sont exposés ;\ Tchinli-Kiosk. On voit
que M. About a été mal renseigné et que « l'épicier Sbliemann >• n'est
pas aussi bon spéculateur qu'on le suppose.
Suivant M. About, le musée de Tchinli-Kiosk possède « quelques jolis
fragments de bronze, quelques vases antiques et un certain nombre
d'inscriptions». L'auteur de tant de Salons charmants ne s'esl-il pas
aperçu que les deux athlètes de Tarse 3, la palére de Lampsaque* el
riiercule de (lueuridjoh '• sont des cliefs-d'a-uvre dont on cheroberail
\amemenl les équivalents au I-ouvre ? Mais patience, si Tcliinli-Kiosk
est pauvre, il va bientôt s'enrichir : « Peut-être le tombeau d'Anliorhus
(lu'Hamdi-Bey a découvert lui-même (1) dans les neiges, ;\ 2,000 mètres
au-dessus du niveau de la mer, livrera-t-il un certain nombre de sculp-
tures précieuses. J'en ai eu comme un avant-goAt en voyant des estam-
pages assez be,iux. » Nous pensions jusqu'à présent el nous pensons
encore, puisque nous en avons la certitude, (jue les statues et les bas-
1. Sur le procèï sinsulicr iiilenlû fi .M. Sclili«<maiiii par U'. gouvornomeiil turc,
on peut coiuuliLT, outre lo volurao //loi, Dûlluer, tituUei archàilog^quen, 188»,
P ÛO.
2. Cf. Uvnnt Herald, 27 janvier Ulk\ Ik'vur mcliëolntjiqw, !87'i, (>. 198;
Schlipoiann, lliott, p. .O/il.
3. (iuzette nrrlu-dlnyirfw, 188.1, pi. 1 cl II.
A. Gdzrtir atxhi'olorjiijue, III, pi. Xl.\.
5. Momtmvniulrll' IntUluto, 1877, pi. WVIII
ciinoMuri': ii'dHiRNT. -^^^
rt'lids (le Nomi()iid-l)ii|:h en r.ommaRÔnc (le mauBoli'-o d'Anliochus) sont
d'un Iraviiil expédilil" cl piiwiiit! grussif-r ; ensuite et Mirlout, que ce
lomirquablo mmusoIôo a C-W- découvert en \xHl pac un ingi'nimjr ulle-
mund, M. Sesler, puis visité et rludié aux Ir.iis de l'Académie ûc llerlin
par M. Puchslein, en juin lss,>«, Ilarndi-ltey ne s'élant r.-ndu s^ur le»
lieux qu'au mois de mai ixx'l, comme nous l'avons annoncé ici même*.
Il y précédai! de quelques jours MM. Humann cl Puchslein, envoyés par
l'Académie de Herlin pour plioloyiaphier le monument et en mouler les
sculptures. A celle époque, un collectionneur de nos amis nous écrivait
de Smyrnc : « Je lis duis les journaux de Coustanlinople que llaïudi-
Bey vient de télégraphier au minislùre qu'il avait découvert, sur le haut
d'une nionlagne, des bas-reliefs antiques trop lourds pour être empor-
tés. » Ainsi la légende dont M. Altoiil s'esl Tait l'écho csl antérieure A son
voyage en <!lccpinii-(:ar : elle doit élre allribuée sans doute à quelque
admirateur trop i xclusif d'Ilanidi-Hey, pour qui les droiis de MM. Sesler
et Puchslein ne valaient pas l'honneur d'une menlion.
Comme complément au.x renseignements de M. About, nous pouvons
indiquer tiuclques antiquités nouvelles dont la collection de Tchinli-Kio.sk
s'esl réceniiui'iil emichie. Le Musée de Berlin lui .i fait présent de mou-
lages de la Kiganlomachie de Pergame, où .M. Aboul voit paraître, avec
inliniment de justesse, quelque chose de la manière de Puget. Le nombre
des objets originaux acquis depuis la publication de notre Catalogue
s'élève à plus de 120. On signale notammi-nt les deux magnifiques sar-
cophages de Smyrnc 3 cl les frai;menls dun troi^^ièine *, dont le reste
paraît se trouvera Londres; une statue en marbre de grandeur naturelle,
provenant d'Adalia, représentant un personnage debout en costume
militaire; un fragment de banquet funéraire trouvé à Tchanak-Kaleh
(Dardanelles) ; un bas-relief funéraire provenant du vilayet d'Ismid et
comprenant deux hommes et deux femmes debout dans une niche, avec
une petite servante en bas à droite ; en haut, fragment d'inscription de
doux ligni s :
YrElATHMHTPIAPTEMEI2IAKAIAKYAA(?.KAIIOYAinTPYa>/////7
XAIPE
Signalons encore quatre mosaïques de Cyzique, avec des portraits bien
conservés, et un bloc de marbre portant sur une de ses faces l'empreinte
\. Sifzungsberklite de l'Académie de Berlin, 1883, p. 430. Cf. Perrot, Revur
iirdiéologique, 1883, II, p. 5G.
2. Revue archéologique, 1883,11, p. oO.
3. Revue archéologique, i983, I, p. 2/i8.
l\. Revue nrchéol'igiifue. 1883, il, p. 03. Les fngments conservés à Tcliinli-Kiosk
sont au nombre de douze ; on les dit de toute beauté.
:\\\{\ HKM'K AnC.IIKO|,0(;H.niK.
do Jeux pied» avpc une inscription que nous ne pouvons tionnor, fauto
d'en avoir reçu un pslarapam»'. Les monumenlî do celle dernière classe
sonl a>si'z noinluoiu cl oui éU^ expliqués comme des ex-volo de pèle-
rins *. Ils se sonl surtout renconlrés jusqu'à prt'sent ;i Kresos de Mity-
h^ne.
Les premiers résullala t'pi^^raphiqucs des I milles de M. Cavvadias
à l^:pi.iaure. dont nous avons d»^ji plus d'une fois entretenu nos lecteurs,
onl tMé publics dans les deux fascicules de r'Kv/iatpi; i::iYpa^t)cri portant
la dale du 23 mai el du is juillet. (Jucitiues-unes des ins ripiions décou-
vertes par le savant explorateur méritent d'OAre reproduites ici ; nous
renvoyons, pour les conimenlaires qu'elles comportent, au journal de la
Sociité archcohgùjuc d'Alhùnes.
1. Rasocarn'e; lettres d'époque romaine ('Ro izy. p. 2:i).
Zt)vI xcl\ 'IhXûo xal -nâ? v ieiYEvÉedjiv
ôXÇooÔtïi; xal èXeuOeçÎoi; xat ).u'7i'::ôvoi(ïiv
lECOsâvT/,; €l(î {sic), ôdi'r, OeoTTEiOeï yaûov,
Aïo^évr,? Ar,oû; irporoXo; nair.ovo; Ipeù; [sic)
POA £T£i Σ:ar:o).r,(7aî.
2. Base de statue {ibid., p. 27). I.e nom du sculpteur est nouveau.
Atojv Aau.o;}/(Àoy 'ApY-^^î iT>oi-i\<st.
3. Hase carrée ; lettres romaines (jVjjVi., p. 27). Le nom du poule conjique
est nouveau.
'H tTOAi; Ttov 'KTTioausîwv
AlOU.T,OT,V 'A0t,Vo5i.')ÇOU
'AOr,vaTov roiTiTav
Xt»JUWOl(T)V àv£'OT,X£.
4. Parmi les nombreuses dédicaces, nous citerons la «uivanlc (/''»/.,
p. -M).
!. Peut-être : AYI>. .Wl'lAIIMOV AIKAIIIIIA...
a. DiHIiicrrl Mordiin-iriii, Hiii'jiii/,/iik m,, Hi/z<inli<,'i. fh-nh'n lir. tlr^ philos, /listor.
Klat'e ,lef K. Ar<i<l. zu Wirn, \Htil,, |.. 73, pi. VII ol Vil! ; B.i'ckli, <\ I. C, /|940.
Conw, Hrt.e iiuf <ler Intel L'sIjus, IlBnnovcr, 1H05, p. .3,», pi. XIII; Haoul-Roclutl.',
M<*u,. ,1e IWrad. ih'K h„rr., XIII, p. 23.T. O. Mullpr, ll.iitilhwh, S /|.10. 'J.
CIIIIO.NInLI DOIllKNl'. 'Ml
'\ itôXtc à xôJv 'MTTioaupîov IIoXuxpaTYi ECiâvOeoi;
"Eitioaûfiov avopa (ptXoTraTjiiv àYcovoOer/jiavTa
ô'ti àynfiMç AttoXXcdveTi xal Ax/.aTtieTa [xai
Kotiffacîia [sic] àpExôE; 'i^tna,
La diTiiiùri". oampai^ne «le rouilles do M. (liiv^adi is a dcjurii'; jihisieuri
nouvpftux texics iinporlanlt:, r)ue M. l'alumho a communiqués on partie
nu Musàm de Louvairi (t. Il, u" i). Signalons une dédicace curieuse à
Zcu.s Kusios :
Ail Kaai'o) 'KX)v(tvoxf«TT,; 'HpaxXeîSou.
Mois la plus remarquable des ilécouvcrles d(; M. Cavvadia? est celle
d'une vingtaine de frai^nicnts d'inscription on marbre qui, rap{iro(:hés et
rajustes avec soin, ont permis de reconstituer presque entièrement deux
des stùlos mentionnées par Pausanias (II, 27, 3), où étaient inscrits les
noms des malades traités dans l'Asklépiéion, le nom île leurs maladies
et les remèdes qu'on leur avait appliqués. Voici le texte du Périégùte :
— T/iXai cl £t(7T/,XS<JaV EVTOÇ TOÎi TTeClCôXoU, 10 [xàv àf/aTov Xai TtXÉoVEÇ, £7:'
t^koZ Sa I; XoiTiaî. Tauraiç ÊYYEYpauaÉva xai àvSpwv xai Y^vaixwv eîtiv ovo-
(xara àxeaOÉvTwv uTib tou 'AcxXy)-ioû, r.pdcETi Se xai voij-AjuLa o ti éxa^To; evo-
ffYjffe xai Sizoi:, îaO'/) • y^YP*''^'^*' °^ ^tovri tt) Awpîoi.
L'une des deux inscriptions est, dit-on, presque complète et comprend
^2o lignes de 50 lettres chacune. 11 est à peine besoin de dire que nous
ne possédions encore aucun document de celle classe, bien que les
auteurs y fassent parfois allusion. L'usage des registres de cas et de pué-
risons paraît avoir été assez général dans les Asclqiieia du monde grec,
dont ils étaient comme les titres d'honneur; Hippocrate, d'après une
tradition antique, aurait dû une paitie de son savoir à l'élude des re-
gistres de cas conservés dans le temple d'Esculape à Cos. L'inscription
trouvée par M. Cawadias ne manquera pas de fournir des renseignements
précieux aux historiens de la médecine antique, et nous attendons avec
impatience que T'E-friaEsi; àp/aioXoYixrî la fasse connaître en entier.
M. Cawadias a encore découvert à Lpidaure une petite plaque d'or,
parfaitement conservée, portant deux têtes de style archaïque travaillées
au repoussé. L'une d'elles est celle d'un homme barbu, l'autre celle d'une
femme qui tient une branche de palmier.
Dans l'Asclépiéion môme, les fouilles ont mis au jour un puits de cons-
truction ancienne, profond de 2.) mètres, dont l'eau élail sans doule
employée au traitement des malades. 11 ne serait pas impossible qu'en
l'explorant avec soin on ne découvrît au fond quelques pièces de monnaie,
offrandes des convalescents oubliées par les prêtres du sanctuaire.
La Stùo. annonce la découveile, à Parus, d'une larricie antique
:{0S iiKVUK ah(;hE()L(k;i(.)UK.
de l'alb.ltre qui servait h la fabrirnlion des petits vases dits alabastra ol
tli' di\or^ objets d'ornement. Suivant M. Cordella, le pr<*tendu all).ltro
.•iorait seulement lespiVe la plus recherclu^c du inarhre de Paros, que les
aucii'tis appelaient X-j/vi-nri; nu Xv>/veû;. La compagnie belge qui exploite
les carriîres de l'Ile :» retrouxt^ detix galeries souterraines i\ 7U pieds do
profondeur; à l'cntrOe de ebacune d'elles est uu mot écrit en lettres
^ou^;es sur le marbre, K\I1I- et l'^IlO. M. Cordella se plaint qu'au lieu
d'exploiter de nouvelles galeries la compagnie fasso poursuivre les tra-
vaux dans les aIK•ienne^, (jui ne tarderont pas ;i <Mre dt'ligurées et per-
dues pour la scicQCC *.
La Société arrkriilnijKjnv n eu la inaiti hcureust' en lHS:j. Non seu-
lement elle a découvert sur l'Acropole, <\ côté de beaucoup d'inscrijUions
et de fragmeuts, les deux admirables fêles archaïques dont 1' 'L^TjtAepK
àp/aioXovixT, a donné des dessin» (pi. IV el VI). mais les fouilles entre-
prises par elle ili Eleusis, sous lu direction de M. i'hilios, ont donné des
résultats aussi importants que celles d'Epidanre. L' ' Ecpr,|JL£2i; a reproduit
(pi. V) uno télé de iemuie archaïque, du style le plus curieux, découverte
le 13 seplemhri; dans l'enceinte sacrée trLIcusis, à une profomleur de
3", 50. Elle est en marbre pentéiique, un peu plus petite que nature, el
porte des traces de coloration. On peut y reconnaître une Coré, bien que,
suivant la juste remarque de M. Philios, cette dénomination ne s'impose
pas. Les yeux eu amande, la saillie des pommettes, le travail régulier et
comme uu'ciuique des cheveux, permettent d'en rapporter l'exécution
aux dernières années du vi» siècle, c'est-à-dire à la période d'archaïsme
en progrès qui précède immédiatement l'époque de Phidias. M. Philios
avait pensé, d'après des indices peu concluants, que c'était une œuvre
archaïsante ; mais il a eu raison de ne pas insister sur cette hyputhése,
qui est absolument inadmissible.
Les inscriptions découvertes à Eleusis ont été publiées en partie dans
T'EçTiUEpiî. Une des plus importantes, trop longue pour être reproduite
ici, est un fragment de compte, dont plusieurs détails sont très difliciles
à expliquer-. L'épigramnie suivante fait connaître un mot nouveau,
-rrjoiAJTTr,; ; nous laissons à de plus hahiles le soin d'eu comprendre les
deux dernières lignes, qui sont parfaitement lisibles.
^U çtTvoi OtjeTcOé [xer" eùxXe' àvaxtoça AT,oij;
xai Y^vf/jv ra-rîpojv eùxXeâ llça^aYopa;,
r,v eTêWV iMe/iTtù; A'/iuoTTcaTO; r/A *hCK{<3Tr,
({.yvte; Aaooû/wv àjx^ôxepoi Toxetôv •
1. l'/iilotofjische Wochentchrift, 1883, p. I^j03ci 1437.
2. Cf. un aulro rra|{iia-iil de coiii|il''» Ue» lipiulalc» d'Eleusis |iublic par M. Fou-
cari. Itull. ihj rr,, , . /iflldii. . ihbli. \>. 38«.
(]HHON|OUK h'oUlKNT. "{O'J
«XXd (Jie xal 7îai'5o)v /otijeT /os^;, o7 to IlfOjAyTTÔiv
aXXtov tv TE^ETaT; axÉi/act /.'JjAociC/i OiTav.
Nou3 empruiilons ;\ l"i;ï.r,tj.£pi; un anlie docunn-'nt épigraphiquc do
m(^me (tiovcnarice, dont It; lecteur .iitpn'cierii l'iiilércîl :
\. 'II TToXi; • A(£Ûxiov) Mtaaiov eti BoiiAÔ) Hop(/.tov, tÔv àîrô Aaooû/rov
xat àpyôvt(.)v xai aTpaTTjYwv xal dtYtovoOeTÔiv, tov xa\ aÙTOV (A£Ti tcÔv oaX(»)v
àp/ôiv x«i XiTOucvitov ôcç;avTa t-)iv £7:(')vuac.v ài/y,v, xat CTp.aTT,YÔv et:! ri ^j'zXa
xai ÊTriUEXriTYiV YUjAV«<jiap/îa; Wsoij A5f.iavov> xat àYwvoOeTyjV Tfiç, Trctî^Eur/iv
•TE TToXXdxt; TTEcl Twv |jl£yÎ<ito)v, Èv oÏç xal iTEf t -ftooKi'ji'Xti, aur,-avTa, Trapov-ro;
HeoîJ 'ASptavoù, au-/i(7avTa Heov Aoûxtov (>Or,çov 'Apîi-evtxôv, llapOtxôv xat AO-
TOxpdtTopa M(apxov) A'jpviXtov 'AvTtovTvov xat IM(âpxov) Aùpr'Xtov Kô;-iu.o5ov
rEpi/.avtxob;, iapu.a-rtxobç, ÀEixoupYi^aavTa xoTv 0eoTv etcîiv vç (?) tov àp/,i£-
p^(OV (?) TOV cptXoTtaTptv.
Le second article de M. l'hilios se termine par une inscription du
iv" sit'cle en l'honneur de l'IiiL^rophanle Xatpr'Tio;, e-jvouç o>v Tto YÉvEt roi
TE Kvjpûxtov xat EOaoXTTiowv, dt'cret rendu par les Ct^ryces et les tumol-
pides, qui décernent à l'hii^rophante une couronne de myrte (xat (TTE-iavôi-
<jat (xitppt'v/;; sTî'^avo), w; TraTpidv Ècxtv aÙTtj).) Le sens de CCS quatre der-
niers mots est loin d'être clair.
A Tatoi, l'ancienne Décélic, où le roi de Grèce possède une rési-
dence d'été, OQ a découvert une stèle de marbre portant un décret,
grave cTOty/iodv, que M. Koumanoudis a publié dans le second fascicule
de r 'Kç-rî;x£piç. C'est un document capital, qui fait connaître entre auires
le nom d'une nouvelle phratrie, celle des AriaoTtojvîoat '. Les extraits
suivants donnent une idée du contenu de ce texte, (jue M. Koumanoudis
a conuiienté avec son savoir et son laconisme habituels.
AI02: <I>PATPIOvu). — 'IspEÙç BcdSiopo; Eù^avTioo avÉrpayE xa\ Iz-rr^st
TY,v <7Tr|ÀrjV. 'UiioWuva T(ot tECîT otco'vai TaOE • ot-o to iXEto xo)Xr|V. zXsupov,
oç, àpYupio III • àrô TO xopEio xo)Xr,v, TXsupôv, o;... TaOE £Ôo;£v toT; sp»-
TECiTt £-1 <!>opa(t.)vo; ap/ovTO? '\6-/)vatot; (en 390 ;iV. J.-G ), ipaTptap/dvTo;
Se IlavTaxÀÉo; £; Oto. 'IecoxXy); eitte • ô zôffoi \i:'r-M ou^iyAç^ir^'yoL'^ xaTa tov
vo'ijLov tov A7)[xoTt(i)vtSâiv, otaStxduat TEpt aCiTtov to; cppotTEpaç aÙTtxa l-tâXa,
Û7ïO(j^d[X£voî -xzoq to Ato; to cppaTpto, oÉpovTa; —r,v 'l/r^'iov à-zo xo Bo)u.o • o; o
tcj od;T,t a^ wv cppotTr,o IdayOr.vai, £;aAEt'|'âT(j) to ovoaa aÙTO ô Up£^>; xat 6
çpaTpîap/o; ex tô '(^oiu.[LOi-îio xo ev ArifJiOTiioviSwv xat to àvTtYpotç-o • 6 5e
1. On connaissait jusqu'à présent trois ou quatre noms de phratries, les 'Axviiîai
(C, I.G., 463), tes .iya),£ï; (C. /. /i., II, 600), les eeppix... (Mittheil., II, p. 1868)
et pcut-ùtre les Zaxvxoai [Mitt/ieil., IV, p. 287). Il reste encore au moins sept noms
à dOteriuiner.
400 IIKVUK ARClIKOLUCIorK.
«ffavavù)v Tov îroâtxsaOévra ô^ctXtTtu ixaTOv oca/jjii; • itpi; tok Au toh Cipa-
Tptu». x. T. X.
COi dispobiliotis ot d'niitrcs rnooro, pdiir in.unlfiiir les piiralrios dans
leur pureté, pi'u\«Mil Oln* lapprotln'o.x df n'ilcs qii'iiitliijuo tiii détrcl de
(los, publié par M. Dubois dan> lo llttllrtin (/«■ ((«ncspu/K/uncc hilliiuvjue
l. M. p. ?4'.M. di'-crol qui n pour bul de n'lal>lir iiuf lislc cxacii' des ado-
rateurs autorisés d'Apollon et d'Ih'iacli's au sam luaiie d'Ilalasarna. O^'iul
à la première partie de l'inscription de Taloi, relative aux droits du prétro
sur les produits dos sacrifices, elle rappelle un dt'crel athénien fixant les
linq espùccs de préuiices que doit recevoir la prOIresse de Démêler
Cbloé'.
Le compte rendu des travaux de \a Société arc/iéo/oj/iiyuc de janvier
!SH2 à janvier iSs;j permet de se faire une idée exacte de l'aclivité vrai-
ment admirable de cette compagnie-. Le volume s'ouvre par un rapport
général de M. Kounianoudis ; il annonce que des mesures ont été prises
dans la partie nouvclleuienl annexée de la Tlie-^s ilie poui la prolection
des moounients antiques. L'école de Larissa contient déjil niil snilpiures
cl inscriptions. D'autres objets trouvés dans cette province ont été tiaus-
poi tés au Musée d'Albènes K
M. Stamatakis rend coniple d'une fouille qu'il a conduite près de
Thespii'e ; il y a découvert une sorie de polyan'lrion dans le genre de
celui de Chéronée, entouré d'un mur quadiangulaire. Devant le milieu
du mur septentrional se trouve un lion de grandes dimensions. Plusieurs
ïlèles funéraires ont été employées postérieurement au pavage d'une
route qui longe l'enceinle vers le nord ; elles contiennent des listes de
noms de guerriers tombés dans une bataille, peut-é'.re dos Thespiens
morts à Platées, bien que la l'orme des lettres ne paraisse pas indiquer
une date si ancienne.
.M. Cavvadias raconte les fouilles qu'il a conduites à tpidaure sur
l'emplacement du célèbre thulus de Polycléte et du temple (i'Lsculape.
Au théâtre, exploré en grande partie l'année précédente, il a mis au
jour les murs d'angle de la cawa ; la scène a été refaite à une époque
tardive avec des matériaux divers provenant du Ihécllre lui-même. Ouant
aux statues d'Lscnlape et d'iiygie, que l'on avait annoncées dans les
1. C. /. A., 11, 031, I. 10 : Ar,iAT,T(X); X).or,; icpt'.a •.cf,;o)<îj/a : Il : ôtiaia; xptiLv,
îrj{>ô>v r,|iuxTC<i) : III t |jlc)ito, xoTj)r,; : III : èXaioy TpiûoT xotvàûv : IC x. t. ).. Cf.
Martlia, la Suce nloces athéniens, lb82,i). l'Jl; Newton, /iv,T«i/v o« '/f< nnd arc/iœo-
loyij, 18»0, p. 158.
2. llf<a/.Tiy.a rr,; cv 'AOt.vxi; àf./aio/OYtXTi; tTat^tia;, àno lavo-jafioj 18H2 ju/pi
'Ixtvj'^wj 1883. "A'ÏTiVT.aiv, tx tov/ rjnoYf-a^tiou àô:>;p«ôv IU(<pr,, 1883. .M. Clir. Bclger
a doiiut: un cnuiptorcndu détaillé de ce voluoic dans la l'hilologische W'ochenit/infi
du 37 ortubrc courant, p. llibo.
a. Mittheiluuijen, t. VIII,. pi. Il cl 111.
ClinONIQUK d'oriknt. -401
journaux comme des œn\ros de Polyclùlt', ce ^;onl cprlaincmeiil des
niarbii's d'('jio(]iie ronmine et d'iitie valeur arlblique luôdiocrc.
1-e plan du thuhs a ùU\ dresse^ par M. Zenopulos cl les drtaila dessinéii
par M. (jilliérou, excellent artiste français établi depuis longtemps ^
Atliî-nes cl qui a collaboré, enire autres, i la publication du tombeau de
Mt'nidi. il ne re.«-te en place que les murs de fondation, mais on a
recueilli d'assez nombreux fiagnients du reste de l'i-dilice pour qu'une
restauration vraisemblable ne soit pas impossible. Le monument pré-
sente quelques analogies avec le l'Iiilippéion d'Olympic. I/a^pect extérieur
élait celui d'un temple rond entouré de deux rangées de colonnes,
doriques .\ l'extérieur (iu nombre de 24 et épaisses d'un métré) et corin-
tbiennes à l'intérieur (épaisses de 0"',(iO). On n'a pas retrouvé de cbapileuu
des colonnes doriques, mais il existe des métopes, des tuiles, des télés de
lions formant gouttières d'un excellent travail, enfin tous les élénienls
constiluliis des colonnes corinthiennes. M. Belger a exprimé le désir
qu'un arcliitecte compétent ne tardât pas à se rendre sur les lieux ; nous
ne pouvons que nous associer à ce vœu, avec l'espoir qu'il sera entendu
de quelque pensionnaire de la villa Médicis.
A 2o métrés environ du tholos on a mis au jour les fondations d'un
temple dorique long de 24",70 et large de 13°',20. Parmi les débris se sont
trouvés de nombreux fragments de sculptures provenant des frontons;
le fronton de l'est représentait une ccntauromuchie, celui de l'ouest un
combat d'Amazones. Au dire de M. Cavvadias, ces fragments seraient
d'une grande beauté. Comment se fait-il que les arcbéologucs grecs ne
puissent pas s'babituer aux procédés de la photographie, procédés qu'un
enfant peut apprendre aujourd'hui en quelques heures? Le moindre
cliché vaut mieux, pour le public savant, que les descriptions les plus
enthousiastes, où des clichés d'un tout autre genre tiennent souvent lieu
de renseignements précis.
Le rapport de M. Philios sur les fouilles d'Eleusis est accompagné d'un
plan provisoire dressé par M. Uœrpfcld, l'architecte attaché à l'Institut
allemand d'Athènes». Les fouilles ont porté seulement sur le grand
temple : pour les achever, il faudra détruire les cabanes de Lefsina, que
la Société archéologique a peu à peu rachetées depuis dix ans. Les tran-
chées creusées par les Dilettanti en 18 H avaient été comblées depuis
celte époque et presque tout le travail était à refaire. Les Dikttanti
1. l':n présence du grand développement que les travaux d'excavation ont pris
en Grèce, il serait bien nécessaire qu'un arcliitccie de profession résidât aussi à
l'École française d'.Mhùncs. Les arcliitectes de la villa Médicis qui viennent passer
h. tour de rôle quelques mois en Grèce sont entravés dans leurs travaux par l'icno-
rance d^; la langue, souvent aussi par les effets d'un climat auquel ils n'ont
pas eu le temps de s'iiabituer . Ne pourrait-on pas envoyer à Athènes, pendant une
année entière, les seconds grand-prix d'architecture du concours de Rome, aux
mêmes conditions que les membres de l'École?
Iir" SÉIUK, T. 11 — 27
403 nKVOB AHCUÈOLOOKiUK.
d'aillcuii .0 sont ln.mp.•■^ on bu-n dos points. Au liou do quatre ranpi^es do
.opt colonne» à Tinl. riour du tomplo, il y on aNail ccrlainomoul six. Au
heu d'une soûle enln^o du cOtô df Tosl, .1 y on avait doux, Vuuo.X losl e
l'autre i rouesl. Un détail tout à fait nouvoau ost l'.Mstonce do huil
depiés à rintéricur du temple, sur lesquels so tenait la foule dos tidôies
pendant rarcon.plisscment des c.*r.Wnonies du culte. Ces deyrés s'appmonl
aux quatre murs, mais au nord-<.uost. où le leujpie touche au rocher,
ils sont creusés dans le roc lui-m.^.ne au lieu de former une construction
dislinclc. Malheureusement, l'intôrieur du temple u ôlé .lélruilou bou-
Icverié do fond en comble, de sorte qu'une rcslauraUon complète sera
toujours diftlcile.
Nous avons déjà fait mention des inscriptions découvertes par M. Philios
et de la belle léte de femme d'ancien style qu'il a public'c dans T'Est,-
jiffi,-. Un torse de femme archaïque doit paraître dans un prochain
numéro. L"E!piiîXEfi; a également fait connaître (fasc. Il, p. iOl) des
marques cl tles lettres d'assemblage lues sur les pierres de fondation du
lomide et sur les tuiles de la toiture. Les fouilles, qui ont coûtô jusqu'à
présent Iti.OnO drachmes, ont donné plus de 100 inscriptions et :iO frag-
ments de sculptures.
Knfin, quelques travaux moins importants sont briévomenl indiqués
dan» l&j'llpaxTixâ. .M. Stamatakis a étudié le tombeau de Corinthe, orné
à l'intérieur de peintures romaines, dont une excellente copie se trouve
depuis INHU au musée de Patissia. \ Sicyone, il acquit pour le musée un
lion de marbre long de f",10. En outre, le même épistatc a ouvert 300 tom-
beauxàTanagre et découvert quelques bijoux en or et trente inscriptions
funéraire?. Nos lecteurs connaissent déjà les importants travaux entrepris
sui l'acropole d'Athènes, au sud du Pailhénon et à l'enlour du petit
musée.
Ou sait que les fouilles de Pergame ont été reprises au mois de
mai dernier par MM. Bohn et Fabricius, en l'abseuce de M. Cari llumann
chargé d'une mission eu Commagèae. Comme le Urman de l'Allemagne
était expiré, la Porte n'avait d'abord consenti à le renouveler qu'à la
condition que les objets découverts revinssent de droit au musée ottoman.
A force de parlementer, on réussit à obtenir des condilions moins dures :
il fut stipulé que toute antiquité complétant les }truduiLs des fuuilks anté-
rieures 'jui se trouvent déjà au musée do Berlin serait cédé à la commission
allemaiido. .MM. Hohn et Fabricius, très préoccupés de compléter les
découvertes des années précédentes, ont démoli jusqu'aux fonJoincnls
le mur byzantin qui formait une enceinte au sommet do l'acropole, et ils
sont parvenus à dégager du nmr cent cintjuante fragments de dilTérenles
grandeurs faisant partie de la Gigantoiuachic et du groupe de Télépho,
aiuai qu'un bon nombre d'inscriptions. Parmi les fragments importants
de la (.iganlomachie se trouvent un pied colossal, uno télé de géant dont
l'œil cbl percé d'une llèche, ut»e grande léle du femme et uuo této de
CHHONigUK U'OIUK.M. iO!J
serpent. Des IVagmcnts nouveaux portent des noms de grarilB et mCiin',
assurc-l-on, des noms d'uriistey. Le groupe de Ttlùphe .«-'est eniiclii de
deux figures. L'élude des inscriptions, qui sont très remarquables, a par-
ticuliùiement occujiô M. Kabricius. Lo gouverncnient turc recevra, pour
sa part, une grande statue d'une prClroïse de .Minerve l'olias et un
nombre considt^ralilc de liagmonls de sculptures et d'inscriptions. Au
commencement du mois d'octobre, on avait démoli 00 mètres du mur
byzantin ; il en restait encore autant à détruire. Les découvertes nouvelles
ont jeté beaucoup de lumière sur le plan des édifices déblayés dans la
lircniiùre [tériode. Les fouilles actuelles ont d'ailleurs moins pour but
d'cnricliir le .Musée de UciVui que de compléter et de préciser les résultats
des rechercbes antérieures. Remarquons encore que la convention passée
entre l'Allemagne et la Porte pour la répartition des dépouilles est un
modèle d'équité et de bon sens; elle nous autorise à espérer que la
Turquie se fera ilésurmais une loi, comme en cette circonstance, de con-
cilier les intértMs de ses collections avec ceux de la science, auxiiuels la
dispersion des fragments d'une même œuvre cause un préjudice presque
irréparable.
Chargé par le ministère de l'instruction publique d'une mission
archéologique en Tunisie, nous devons pren Ire congé ici, pour quelques
mois, des lecteurs de la Revue. Notre prochaine Chroniqut les mettra au
courant des découvertes dont l'Orient grec aura été le théâtre pendant
cet intervalle. Quant k celles qu'il pourrait nous arriver de faire dans
l'.Vfrique française, la iltTuc serait des premières à en être informée.
C'est un devoir pour nous de remercier nos correspondants de Smyrne,
de Constantinople et d'Athènes, au moment où nous suspendons la
publication régulière de cette Chronique qui est en grande partie leur
œuvre, délaissant l'archéologie de cabinet, qui marque les points, pour
revenir à l'archéologie militante, qui joue la partie.
SALOMON REIiNACn.
lUBLIOC.RAlMlIK
Le Cimetière gallo romain de la FoS''e Jean-Fat, à Reims, par
Aie. NiCAisr. Ik'iiiis, K. Hcnarl, lt>b;i, iii-S ilo 1>0 pages, avec un album composé
de h planches iii-folio.
.\u Cniigri'3 de la Sorbontio lenu au mois de mars 1S.S3, M. A. Mcaisc
a lu une communicalion relative à des ol>jels antiques recueillis dans
ua cimetière antique connu depuis un certain nombre d'années. Ce
cimeliùre est situé au nord de la ville de H<Mms, entre la roule do Neuf-
cliAlel et le faubourg de Laon. M. Nicaise a acquis l.i plus grande partie
des objets trouvés dans les fouilles de 1881, et, aprùs en avoir fait part
aux savants réunis ;\ l'occasion du (loni^rés des sociétés savantes, il a jugé
à propos d'en faire l'objet d'une publication spéciale.
Dans le nombre des objets antiques trouvés, on remarque un certain
nombre d'inscriptions romaines; c'est un fait important pour le pays,
car on n'ijinore pas combien la métropole de la .Seconde Ik'lgique était
pauvre jusqu'à ce jour en monuments épigrapbiqucs. Ces inscriptions,
par elles-n)Cmes, n'ont pas un très grand intérêt, mais cependant elles
révèlent quelques noms propres gaulois. Signalons aussi des urnes en
terre portant sur la panse trois trous, percés dans l'argile après la cuisson
cl disposés en équerre, deux et un. M. Nicaisc suppose que ces trois trous
étaient destinés à représenter une figure humaiiit'; ces urnes cinéraires
ont servi à des sépultures par incinération et se trouvent a^scz fréquem-
ment dans le territoire de U^-'ims.
Nous fai?ons des vœux pour que celte publication devienne la première
livraison d'un album archéologique consacré aux antiquités de la Cham-
pagne. Il appartient i .M. Mcaise de reprendre l'œuvre commencée par
M. .M'jrel et interrompue par les fondions publiques qui ont forcé notre
' onfit'TC à s'éloigner de cette région.
.\. I.K |{.
'J' A 15 L K S
'"^ lOMI. Il |)|; r.A TIU)lSIf:MI, M:|;||
1. — TA nu: DES MATIÈRES
Nouvelles explorations dans les communes de Plozévet et de Plou-
hinec (Finistùre), sépultures de l'époque de bronze, par M, I'aim.
DU Chatellier
Un symbole religieux de l'A^e de bronze, par M. le Inron de Bon-
STETTEN
I
20
Sylloge vocabulorum (recueil pour servir à la collation et à la des-
cription des manusctits grecs), par M. Alfred Jacob {troisième et
dernier article) 29
Notice sur une remarquable particularité que présente toute une
série de milliaires de Constantin le Grand, par M. J. P. I^evei.lt. 39
Bulletin mensuel de l'Académie des inscriptions (juin) 49
Société nationale des antiquaires de France (présidence de M. r;.
Duplessis) ;;3
Correspondance et nouvelles archéologiques ne,
Chronique d'Orient, par M. Sai.omon Reinacii 00
Femme tenant un serpent, bas-relief gallo-romain découvert à
Xertigny (Vosges) et déposé au musée d'Épinal, par M. F. Volt.ot. 60
Notice sur une remarquable particularité que présente toute une
série de milliaires de Constantin le Grand {suite), par M. J. P. He-
VELLAT ,;q
Lettre à M. Egger sur deux inscriptions grecques inédites de la
Russie méridionale, par M. Ladislas Jlrgievitcu 7!i
Observations sur la chronologie de quelques archontes athéniens,
postérieurs ;\ la (:.\.\ll>- olyrDpjade, par M. Saiomon Reinacii 01
106 riRVlR AnCHI^OLO^.I0DE.
l.i'.< huître? nonrries on onu doiiro dans l'nnrienno Aqnitaiiio (iiro-
Mt^no d'archtV)logi(« et île zooL^thiquo), pHr M. A. K. I.ii> vhk 1(i2
Uullclin mensuel de l'Acadi^mie des inôcriptions (juillet) lOii
Société nationale des aiitiquaircs »le France (présidence df M. (i.
nuplossis) H ■-'
Correspondance et nouvelles archéologiques 1 1^'
Chronique d'Orient, par M. Salomon Heinach < -0
Bibliographie : \. C.ross (Victor). — Les l»rotohelvètcs ou les pre-
miers colons sur les bords des lacs de Mienne el
de Neuch.llel (par M. A. de Haiitii(^:lkmy) 120
— 2. Maxk-Wkri.y (Léon).— Collection des monuments
épigraphiques du Rarrois (par M. P. «'.Iiarles
HoHEnT) 1 2S
— 3. TAiLLKBOis(Emile). — Inscriptions gallo-romaines,
décoDverlos dans le département des Landes. —
Le même : Hechcrohes sur la numismatique de
la Novempopulanie (j^ar M. HoiiEni Mowat) \'.\\
— 4. La Croix (P. de). — Mémoire sur les découvertes
de Sanxay (par X.) 1 32
— 5. Heizey (Léon). — Catalogue des figurines an-
tiques de terre cuite du Musée du Louvre (par
M. L. Pottikr) ! 33
Exploration des terrains tertiaires de Thenay (les silex qui » n pro-
viennent portent-ils des traces de travail humain ?), par .M. Ahei.
Maître 1 37
In glaive en bronze daté du xiv» siècle avant notre ère, note de la
Direction U;}
Notice sur une remarquaMe particularité que présente toute une
série de milliaires de CoiislaïUiu le lirand (stiJÏt), par M. J. P. Re-
VELI.AT I 4S
L'orlôvrerie d'étain dans l'antiquité (suite), par M. Germain Rapst.. . I."i<'»
Inscriptions grecques découvertes en Egypte, par M. K. Mn.i.Ku 172
Mulletin mensuel de l'Académie des inscriptions (août) 18:»
Ojrreïpondance el nouvelles archéologiques 1 00
Chronique d'Orient, par M. Salomon Heinach 102
Bibliographie : Darmesteter (James). — Essais orientaux (par C. P.). los
Le vase de brunzc du <^alillon, commune de Sainl-Ji'an-sur- Tourbe
TABLK DKS MATII.UF.S.
'j()7
(Marne), d'aprCis les noies (W. M. Edouard l'ourdrignier, note de la
Direction '^"*
Nolo sur les fouilles faites A ['réiiesto, on 1^82, par M. Kmmamki.
Ferniode 205
!/ii)8criplion d'Ilasparren et les Novem Populi (lettre ;\ M. A. I.oii-
gtion), par M. ICunkst DESJAnDiNs 213
Los scènes de banquets peintes dans les catacombes romaines et no-
tamment dans celle des SS. Marcellin et Pierre, par M. Loiis
I.KPonT 2-4
L'orfùvreric d'étain dans l'antiquité (kuHc), par M. Geumain Bai-st.. 235
RuUctin mensuel de l'AcadOmio des inscriptions (septembre) 2u0
Sociélé nationale des antiquaires de France (présidence de M. (i.
Duplcssis) 255
Correspondance et nouvelles archéologiques i">l
Chronique d'Orient, par M. Salomon RErNAcn 201
Fouilles dans les nécropoles de Watsch et Sanct-Margarethen, en
Carniole, par M. SalomoxN Beinach 205
Des projectiles cylindro-coniques ou en olive, depuis l'antiquité jus-
qu'à nos jours, par M. René Kervu-er 281
L'orfèvrerie d'étain dans l'antiquité {suite), par M. Germain Bapst.. . 288
Lettre adressée à M. G. Perrot, directeur de la Revue archéoloyique,
par M. R. Gagnât. 30fi
Essai d'interprétation d'un fragment du Carmen Apologeticum de
Commodien, par M. B. Albé 312
Bulletin mensuel de l'Académie des inscriptions (octobre) 321
Correspondance et nouvelles archéologiques 328
Bibliographie : 1. Undset (D"^ J.). — La première apparition du fer
dans l'Kurope septentrionale, traduction alle-
mande de J. Mestorf (par M. Saloaion Reinach). 331
— 2. Arbois de Jdbainville (H. d'). — Lssai d'un cata-
logue de la littérature épique de l'Irlande (par
H-Y) 333
Lessarcophages anthropoïdes du musée de Palerme,parM.G.PEBROT. 337
Essai d'interprétation d'un fragment du Carmen Apologeticum de
Commodien {suite), par M. B. Aubl 342
Inscriptions de l'oracle de Dodone et pierre gravée (communication
faite à l'Académie des inscriptions), par M. C. Carapanos 354
40H HKvi'K An(:iii^.ni.oGioDR.
Lorfèrrorie d'étain dans l'antiquité {suite), par M. Cermain Hapst. . . ur» i
Bulletin mensiiol di» rAcaJiWnif des inscriplions (novembre) Me,
SacJtHô nationale des antiquaires de IVance (prc^sideiice de M. (1.
Puples-is) :jS4
(•orrespoiidancc el nouvelles archéologiques 387
(.hronique d'Orient, par M. Saiomon Heinaiii. 'MV]
IUI)lioprai»hie : Nicaise (A.). — Le cinieliére gallo-romain de la
Fosse-Jean-Kal, à Ueiuis (par A. de 11.) 4o4
Il — r A H L i: A L ni A B Ê T K) U E
l'AK NOMS DAUTKUHS
Académie des inscriptions in, loo, iSfJ, 21)0, 321, 370
Aniiois DK JuiiAiNviii.K (H. d'). — Kssai d'un catalogue de la littéra-
ture épique de l'Irlande. (Hibl., par II-y.) 333
AuBÉ (B.). — Essai d'interprétation d'un fragment du Carmen Apo-
logeticum de Commodien 312, 342
Bapst (Gebmain). — I, 'orfèvrerie d'élain dans l'anliquiié. liiO, 233,
288, 339
Babthélemy (A. de). — Les l'rolohclvôtes, par Victoi» Gnoss. (Bibl.).. 12r>
BoNSTETTEN (baron de). — Un symbole religieux de l'.lge de bronze. 20
Gagnât (B.). — Lettre adressée à M. (i. l'errol, directeur de laiteiue
urchvoloijique 30(i
Cahapanos (C.). — Inscriptions de l'oiacle de Dodono et pierre
gravée 3:»4
ConitESPONDANCE Et NOUVELLES AUCIIÉOLOGIQL'ES. ;i(», 113, l'.tO, 227,
328, 387
La Choix (I*. de). — Mémoires sur les découvertes dv. Sanxay. (liibl.,
par X.) 132
Dahmesteteh (JAMb:!>). — Lssais oricnlaux. (IJibl.. par (.. I'.) l'iS
I)e«jabdins(Kiinest). — L'inscription d'ilasparrcn el les Novem Populi. 2i;i
Dr Ghateli.ikh (I'aii.). — Nouvelles explorations dans les communes
de IMoz'vet el de IMouliincc (l'inislùre), sépultures de l'époque de
bronze I
Febmoue (K.). — Noie sur des fouille» faites A l'ronesle en |HS2 2():j
iAiii.i \i l'iiMii. hi..i;k l'vii noms i)',\iJTKfns. iflî»
FoiiiiDniCNiKii (l'JiouAitD). — 1 .0 vu-0 de biorizc. ilii Cutillon, rorii-
mune de Saint-Jtmri-sur-Tourlie (Miirnii) Joi
(ii.AivK (i'n) en bronze daté du xiv .siùcle iiv.iril iiolrc; t'Tc. note de
la Itireclion ' '»••
(inoss (Vu.Toit). — 1.08 Protoliflvèlcs, ou les premiers colons .'•ur les
bords des lacs de lUonne et de iN'eucli.ltcl. (IHbl., par M. A. dk
HAnTHÉl.KUV.) *'i>'>
IIkuzky (li;oN). — Calalogue des (igurincs antiques de terre cuite du
inuïée du Louvre. (Hibl., par M. K. I'ottikii) 133
Jacoii (Ail lU'ii). — Sylioge vocabulorum ; recueil pour servir;! la col-
lation et ;\ la description des monuments grecs (suite et fin) 2!»
JunGiKviTcn (Ladisi.as), — l.cltre à M. Kgf^er sur deux inscriptions
grecqu'^s int?diles de la Russie méridionale ~'.)
KKnviLK.x (MKNft). — Des projectiles cylindro-coniques ou en olive,
depuis l'anliquité jusqu'à nos jours 281
Lekout (I.oli>). — Les scènes de bauqueîs peintes dans les catacom-
bes romaines et aolammenl dans celle des SS.Marcellin et Pierre... 224
LiÈvaK (A. P.). — Les Iniilres nourries en eau douce dans l'ancienne
Aquitaine (problème d'archéologie et de zooéthique) t(t2
Maitiie (AiiKi.). — Exploration des lerrains tertiaires de Thenay. ... 137
Ma\i:-»\Vi;hi.v (Lkon). — Collection des monument^ épigraphiques du
Harrois. (lUbl., par M. 1'. Ciiarles Roueht) 128
Mn.LEn (E.). — Inscriptions grecques découvertes en Egypte 172
Mowat (R.). — Inscriptions gallo-romaines, découvertes dans le dé-
partement des Landes. — Uecherches sur la numismatique de lu
Novempopulanie, par M. Emile Taii.lebois. (Bibl.) 131
NicAiï^E (A.). — Le cimetière gallo-romain de la Fosse-Jean-Fat, à
Reims. (^Bibl., pir A. oe U.) 40i-
PannoT (G.). — Les sarcophages anthropoïdes du musée de Paleimo. 337
PoTTiER (F.). — Catalogue des figurines antiques de terre cuite du
musée du Louvre, par M. Léon Heczey. (Bibl.) 1 33
Reinàcu (Sai.omon). — Chronique d'Orient (.0, 120,192,261, 3!t3
— Observations sur la chronologie de quelques archontes athéniens
postéiicurs à la CXXIl'-" olympiade 'Jl
— Fouilles dans les nécropoles de Watsch et de Sanct-Margarethen
en Carniole 265
— La première apparition du fer dans l'Iùnope septentrionale,
par M. J. Undsrt. (Bibl.) 331
4iO RKVCK AIICHKOLOGIOUK.
IISVKU.AT (J. I'.). — Nolicf sur une reuiarquabU- parlicularilô que
priJsonle loiitc une si-rie de pieiros milliniris de ('onstanlin If
iliaiid :i'', "''. « '*>'
HoiiKRT (P. CuARLEs). — Colloctio.j dcs nionutuctits épigrapIliquL's du
lîarrols. par M. I.éoN MwK-WEni-T. (BihI.) li'H
SociKlt NATIONALE DES ANTIQLAIHF^ DE FbaNCE ."iit, 1 ['2, j:..!, iJSi
Tauxbbois (h'iMiLE}. — luscriplions gallo-romaines, découvcrle» dall^
le di^parlr-uienl des Landes. — llechorches sur la Numismaliiiue
de la Novempopulauie. (Hibl., pai M. H. Mdnvat) l'H
I'niisct (I)' J.). — L;i première appât iliou du IVr dans l'Karope scp-
lenlrionale. (Hil)l., par M. Sai.omdn Ukinacu) .'):il
VoL'LOT (F.). — renimc lenanl un serpent; bas-relief jjallo-roinain
duVoinerl à Xerligny (Vo.<gei<j cl déposé au musée d'Épinal «î-i
TABLE DHS PLANCHES
XIII. — rrnc cinéraire cii Urro. Tumulus do l'Iouhiiieo (^iDi^tè^e).
MV, — I. Dolmen de Penker en IMozôvel; 2. Tumulus de l'iicviu eu
Plouhinec.
XV. — Monuineut méj^alilhique de Saint-Dreyel en Plouhinec.
XVI. — Étal)iisscment gaulois de Relouer en Plouhinec.
XVII. — Bas-relief gallo-romain de Xerligny (Vosges).
XVIII-XIX. — Coupe sd'une fouille dans le terrain aïoyen à Thenay.
XX. — Glaive eu bronze du xn"^ siècle avant J.-C.
XXI. — Vaie de bronze du Calillon, territoire de Saint-Jean-sur-Tourbe
(.Marne).
XXII. — Vase de bronze de "Wahl-Algesheim en Birkenfeld (rive gauche
du Hhin).
XXIII. — Situle de Watsch, Mairai et Saint-Marein (Carniole).
XXIV. — Pierres ou plombs de fronde.
XXV. — Sarcophage de Soluute ; marbre; musée de Palerme.
Pans. — Tjrp. Pillet et Oumoulia, '>, rue des Grauds-AugustiJi&.
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I. DOLMEN DL: PKNKER EX PLOZEVKT.
II. TUMULUS DE PITÉVIN EN PLOUHINEC.
Kevue AncMÉoLOCiiQUK, i883.
l'i.. XV.
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MONUMENT MÉGALITHIQUE DE S AINT-DR EYEL , EN PLOUHINEC,
I^EVUli Alitlu'ol.OfMQUK, l883.
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