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REVUE BELGE
DE
~2>o* f°
NUMISMATIQUE
1887.
QUARANTE-TROISIÈME ANNÉE.
BRUXELLES,
LIBRAIRIE POLYTECHNIQUE DE JULES DECQ,
Q, RUE DE LA MADELEINE,
1887.
3
tt. GOBBA.ERTS, IMPRIMEUR l)U ROI,
Uruiellea, 21. rue de la Limita
k
REVUE BELGE DE NUMISMATIQUE.
REVUE BELGE
NUMISMATIQUE
POINTS DIVERS
de, l'histoire métallique des pays-bas.
PREMIER ARTICLE.
MÉDAILLES
DU
RÈGNE IDE ILiOTTIS X1I"V
SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE DES PAYS-BAS
ET DONT LES COINS EXISTENT AU MUSÉE MONÉTAIRE A PARIS.
OMISES DANS LE GRAND OUVRAGE DE VAN LOON
Nous avions remarqué que plusieurs des mé-
dailles du règne de Louis XIV, que l'on peut bien
qualifier officielles, et qui concernent les événe-
ments dont les Pays-Bas ont été le théâtre, ne
figurent pas dans Y Histoire métallique des dix-sept
provinces des Pays-Bas, de Van Loon : c'est ce qui
nous a conduit à vérifier, au moyen du catalogue,
imprimé en i833, des coins de médailles conservés
Année 1887. 1
à l'Hôtel des MonnaievS, à Paris ('), en quoi consis-
tent exactement, au point de vue dont il s'agit, les
omissions du savant Hollandais (-).
L'importance des lacunes ainsi constatées nous
a paru être assez considérable pour fournir large-
ment matière à l'article que nous donnons ici,
accompagné de notions préliminaires destinées à
faciliter l'intelligence du sujet.
Les coins des médailles du règne de Louis XIV
portés au catalogue de i833 occupent 472 numéros,
sans compter la série des« personnages de marque »
du même règne. Il y a, communément, une mé-
daille par numéro, le coin qui sert à frapper la
tête ne formant qu'un seul article avec le coin du
revers. Il arrive, d'ailleurs, et assez fréquemment,
que deux médailles se rapportant à un même sujet,
et ne différant bien sensiblement entre elles que
par le module, sont décrites sous le même numéro
dans le catalogue imprimé. Du n° 1 au n° 387, aux-*
quels commence et se termine la suite, tout parti-
culièrement nombreuse, des médailles exécutées
dansle module de 18 lignes, c'est-à-dire de 41 milli-
mètres (3), le cas ne se produit pas moins de
(') Catalogue des poinçons, coins et médailles du Musée monétaire
de la Commission des Monnaies et Médailles ; Paris, i833, in-8°.
(•) Toutes les citations que nous ferons de l'ouvrage de Van Loon
se rapportent à l'édition en français (La Haye, 1732-1737).
(3) Nous devrons, à chaque instant, mentionner les modules des
médailles dont nous aurons à parler. Comme ces modules sont
exprimés en lignes dans tous les anciens documents, et jusque dans
144 fois, ce qui donne déjà pour la collection inté-
ressant directement Louis XIV et les faits de son
règne, un total de 616 médailles. Mais il est cons-
tant que ce n'est pas tout, et que, pour un certain
nombre de faits, les coins des médailles qui les
rappellent, et sur lesquels le sujet est traité d'une
manière presque identique, existent jusqu'en trois
modules différents, àsavoirde3o et de 18 lignes inva-
riablement pour chacun des faits, plus, pour chaque
fait encore, un module intermédiaire, tantôt de
28 lignes, tantôt de 24, de 22, ou même de 20 lignes.
Ces médailles peuvent encore aujourd'hui être
frappées dans leurs trois modules, bien qu'elles ne
figurent que pour deux au catalogue imprimé (').
le Catalogue de i833, il nous a paru bon de les laisser ainsi indiqués
partout où nous les avons trouvés sous cette forme. 11 suffit, pour
avoir la concordance avec les mesures actuelles, de ne pas perdre de
vue les évaluations suivantes : 36 lignes correspondent à 81 millimètres;
32 lignes, à 72 millimètres ; 3o lignes, à 68 millimètres ; 28 lignes, à
63 millimètres; 24 lignes, à 54 millimètres; 22 lignes, à 5o milli-
mètres; 20 lignes, à 45 millimètres; 18 lignes, à 41 millimètres. Nous
n'aurons guère à parler de médailles d'un module inférieur à ce
dernier.
(') Nous allons en signaler douze cas, se rapportant tous à l'histoire
métallique des Pays Bas; nous laissons de côté, bien entendu, ce que
l'on pourrait trouver en dehors de ce cadre, et dont nous n'avons
nullement eu à nous occuper.
Les médailles nos 3t), 74, 200, 216 et 228 du catalogue imprimé
peuvent se frapper dans le module intermédiaire de 28 lignes; les
nos 7, 8 et i85 en celui de 24 lignes; les n08 166 et 209 en celui de
22 lignes ; et le n° 232 en 20 lignes. Le n° 192 (bataille de Seneffe) peut
encore se frapper actuellement dans les modules intermédiaires de
4
Cette collection monumentale dont une flatterie
courtisanesque a malheureusement enflé outre
mesure le caractère, ne s'est faite, ni toujours
dans une entière harmonie de conception, ni à
toutes les époques du règne, à beaucoup près. On
peut même dire, de la majeure partie des médailles
de Louis XIV, qu'elles ont le grand défaut de
n'avoir été imaginées et exécutées que très long-
temps, et même quelquefois plus d'un demi-siècle,
après les faits dont elles consacrent le souvenir.
Celles qui sont antérieures aux vingt dernières
années du xvne siècle sont peu nombreuses, et il
est souvent fort difficile de les distinguer avec
quelque certitude de celles qui ont été faites
depuis, à cause du soin que l'on a pris, dans les
médailles antidatées, de mettre les coins de tête en
rapport d'âge pour le portrait du roi, et de titres
pour la légende, avec les événements représentés
au revers.
Ce n'est pas que la pensée qu'a eue Louis XIV,
ou qui lui a été suggérée, d'illustrer les événements
de son règne par des médailles ne remonte très
haut en date ; mais les travaux de la commission
consistant en quelques membres ('), instituée en
28 et de 20 lignes, ce qui fait, en tout, quatre modules pour cette
médaille seule.
(') Les quatre lettrés ou érudits dont fut d'abord composée cette
commission, que Louis XIV avait choisis parmi les membres de
l'Académie française, et qui se réunissaient, à l'origine, dans les appar-
tements de Golbert, où celui-ci les mettait au courant de ce qu'on
partie pour cet objet, dite d'abord la petite Aca-
démie., et qui devait devenir par la suite l'Académie
des Médailles et Inscriptions, puis l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, n'ont marché pen-
dant bien des années qu'avec une extrême lenteur,
en ce qui concerne l'élaboration des médailles en
projet. Le roi, occupé d'autres soins, ayant d'abord
laissé celui des médailles à ses ministres, demeura
très longtemps sans rien presser à cet égard.
Il n'est pas hors de propos de rappeler ici cer-
tains passages assez curieux d'une « épître » de
Charles Patin à Louis XIV, datée du Ier avril 1661 (').
attendait d'eux, étaient Chapelain, l'abbé de Bourzeis, l'abbé Cassagnes
et Charpentier, le grand faiseur d'inscriptions et de devises. (Alfred
Maury, L'ancienne Académie des- Inscriptions et Belles-Lettres, 1864,
p. 8.)
Ceux de leurs successeurs qui ont particulièrement pris part à la
composition des médailles du règne de Louis XIV, jusqu'en 1700,
cités dans la préface du recueil officiel de ces médailles, sont l'abbé
Tallemant, Racine, Boileau, Jacques de Tourreil, l'abbé Renaudot,
Dacier et Pavillon. Il convient d'ajouter à ces noms ceux de Ch. Per-
rault et de La Chapelle. (Voir le P. Ménestrier, dans l'avertissement
de son Histoire de Louis le Grand par les médailles, etc., 1689.)
Nous ne parlerons pas des dessinateurs des projets de médailles, pris
généralement parmi les artistes les plus en renom, comme Lebrun,
Mignard, Sébastien Leclerc, etc. Ce que nous avons dit suffit bien
pour faire comprendre que ce n'était pas sans être passée par bien des
préparations qu'une médaille finissait par se faire.
(') L'épître, ou lettre, dont il s'agit, est réimprimée à la suite de
['Introduction à la connaissance des médailles, par le même auteur.
Voir, notamment, l'édition de Paris, 1667, sortie, en Hollande, des
presses des Elzevier, et qui est donnée comme la deuxième ; la première
serait de i665. — On trouve déjà dans ce livre (p. 1 1 3) un projet de
médaille en l'honneur de Louis XIV, essai dont le goût de Charles
L'auteur y adresse au roi toutes les félicitations
possibles sur la détermination qu'il a prise de
gouverner par lui-même, et sur l'intérêt dont il
s'est épris presque dans le même temps pour les
tableaux, les livres et les médailles. Celles-ci « ne
se contentent pas, dit Patin, en les opposant aux
livres et aux tableaux, du récit ni de la représen-
tation : elles ajoutent encore la preuve, sans laquelle
l'histoire n'apporte ni plaisir ni profit. La plupart des
événements y sont descrits des le temps mesme, dont
elles portent, en différentes circonstances, des traces
dans le concours desquelles les véritables curieux ne se
trompent jamais... ». Et après avoir parlé des por-
traits de grands hommes que nous ont transmis
les médailles antiques, ainsi que des mérites de
celles-ci sous le rapport de l'histoire et de l'art, ou,
encore, de la rareté, l'auteur ajoute : « Les médailles
Patin ne mérite guère, d'ailleurs, d'être loué. Le jeune roi y est
représenté dans une attitude altière, tendant la main à la «Religion,
qu'on dirait être à genoux devant lui. Légende : RESTITVTORI
ORBIS CHRISTIANI. Exergue: 1660.
En 1672 et 1673 quelques autres projets de médailles en l'honneur
du roi se montrent dans les opuscules du chevalier de Jant, celui
même qui, en 1672 aussi, prédisait exactement, comme on sait, en
interprétant à sa façon certains quatrains des Centuries de Nostra-
damus, que Louis XIV pouvait compter sur une vie de soixante-seize
ans, et il n'en avait alors que trente-trois. Nous aurons peut-être
l'occasion de revenir sur ces projets de médailles du chevalier de Jant,
dont aucun n'a été exécuté, que nous sachions, bien qu'on se soit
inspiré de l'un d'eux dans la composition de la médaille publiée par
Van Loon, t. III, p. 60 (n° 417 du règne de Louis XIV, dans le Cata-
logue imprimé de i833).
7
modernes..., en récompense de la rareté et d'autres
perfections qu'elles n'ont pas, nous touchent de plus
près. C'est là que Vostre Majesté, après avoir vu dans
l'antique V accroissement de la grandeur romaine et les
triomphes des consuls et des Césars, verra les progrez
de la belle monarchie qu'elle possède, les victoires de ses
ancestres et les siennes propres, enfin la paix qu'elle
vient de donner à toute l'Europe d'une manière qui
nous fait espérer de voir de temps en temps enrichir la
Médaille des beaux exemples qu'elle prépare à toute la
terre. Que je prévois de plaisir pour vous, Sire, dans
ces doctes passetemps, et que Monseigneur le duc d' Or-
léans a bien choisi lorsqu'il a disposé de son cabinet en
faveur de Vostre Majesté!... »
Cette lettre de Charles- Patin, qu'il nous apprend
lui-même avoir été gracieusement accueillie du
roi, est antérieure de deux années à l'Académie
des Médailles et Inscriptions. Celle-ci, en effet, ne
faisait pas remonter son origine, même sous la
désignation de petite Académie, au-delà de i663 (').
Il convient, au surplus, de faire remarquer, d'après
les sérieuses recherches et l'opinion de M. J. Guif-
frey, que « le projet d'immortaliser par des mé-
dailles l'histoire complète du règne de Louis XIV
paraît n'avoir reçu une active impulsion qu'aux
environs de 1686. Jusqu'à cette époque, on ren-
(') Voir, notamment, dans le recueil des Médailles du règne de
Louis le Grand, par la même Académie, celle de ces médailles qui
concerne sa création, f° 78 des deux éditions de 1702. C'est, du reste,
dit partout.
contre bien quelques essais isolés, mais aucune
suite, aucune méthode. Les graveurs travaillent
séparément, sans unité, presque sans direction.
On n'a pas encore songé à imposer à leurs œuvres
cette uniformité solennelle, mais un peu froide, à
laquelle les arts comme les lettres ont été asservis
par leurs grands prêtres Lebrun et Boileau ('). »
Il y eut d'abord, en effet, des médailles de tous
modules. La grande suite, celle des médailles du
diamètre de 18 lignes, qui aujourd'hui, nous l'avons
dit, comprend 387 numéros, n'a été commencée
qu'en i6g8 ou 1699 ("), et elle se composait déjà de
286 pièces relatives aux faits plus ou moins sail-
C) La Monnaie des Médailles , dans la Revue numismatique
française, année 1884, P- 4$o.
(-) J. Guiffrey, loc. cit. Voir dans la Revue numismatique fran-
çaise, année 1884, p. 48g, et année i885, pp. 88 à 92, 202 et 438.
Consulter aussi l'avertissement de l'édition de 1702, in-40, du recueil
officiel des Médailles du règne de Louis le Grand. On lit, d'autre part,
dans la préface, devenue très rare par suite de suppression, de l'édi-
tion in-folio de cette même année 1702 : « C'est proprement depuis
l'année 1694 que l'ouvrage qu'on publie aujourd'hui a commencé de
prendre la forme où on le voit présentement » a M. Mauger, en
moins de sept années, a gravé en acier deux cent soixante médailles
et toutes les testes du Roy. Le reste est de MM. Roettiers, Bernard et
Roussel. »
Le désaccord apparent, que l'on pourrait voir ici dans le laps de
temps employé à la gravure des coins, provient de ce que les passages
que nous avons reproduits de la préface supprimée ne se rapporte n
pas uniquement aux coins des médailles d'un seul module, ce qui
n'empêche pas que le plus grand nombre de celles dues à Mauger
soient du diamètre de 18 lignes.
9
lants de l'histoire du roi de 1643 à 1700, quand
parut, en 1702, dans les deux formats, in-folio et
in-40 , le recueil officiel bien connu , intitulé
Médailles sur les principaux événements du régne de
Louis le Grand, avec des explications historiques (par
l'Académie royale des Médailles et Inscriptions.)
L'intérêt que Louis XIV attacha personnelle-
ment aux médailles de son histoire quand l'œuvre
fut une fois bien en train, et le soin qu'apportaient
ses ministres à prévenir ses désirs, firent qu'elles
n'étaient jamais trouvées que bien difficilement à
la hauteur d'une perfection suffisante, soit pour la
disposition et l'exécution du sujet, soit pour la
délicatesse de la louange ou la dignité pompeuse
des légendes, et que beaucoup furent recommencées
plusieurs fois avant de satisfaire le monarque ou
d'être jugées dignes de lui par le cercle de ses cour-
tisans. Il arriva aussi que le souvenir de tel événe-
ment qui avait d'abord été trouvé mériter une mé-
daille, assombrissait le roi, et que, si les choses
n'allaient pas jusqu'à la suppression des coins, la
médaille n'en était pas moins exclue de la grande
suite historique, et reléguée provisoirement parmi
les inutilités ('). Il y eut dans tout cela, en définitive,
(') C'est ainsi que la « destruction d'Heidelberg », i6g3, tout en
ayant donné lieu à une médaille dont les coins existent encore à la
Monnaie, Heidelberga deleta, module 36 lignes. n° 461 du Catalogue
imprimé, n'est nullement représentée dans la grande suite historique
des médailles de 18 lignes, ni dans les recueils officiels des médailles
du règne de Louis XIV expliquées par l'Académie.
10
matière à bien des tâtonnements, des retouches et
des complications qui autorisent à dire qu'une
collection vraiment complète des médailles du
règne de Louis XIV serait aujourd'hui chose im-
possible à faire ('). Il en existe beaucoup, au sur-
plus, même parmi celles dont les coins sont encore
conservés en l'Hôtel des Monnaies, à la concep-
tion desquelles l'Académie des Médailles et Inscrip-
tions a cru devoir faire savoir qu'elle était de-
meurée étrangère. Dans la préface de l'édition
in-folio du recueil officiel, mentionnée plus haut,
préface que Louis XIV fit supprimer, après la
distribution de quelques exemplaires, on lisait
cette déclaration, où le ton de la suffisance n'était
pas ce qui manquait le plus : « L'Académie
n'avoue et ne reconnoît pour son véritable ouvrage
que les médailles qui composent cette Histoire.
Car, outre celles qu'elle a cru à propos de corriger
(') C. F. J. Guiffrey, dans la Revue numismatique française,
année i885, p. 2o3.
Parmi les sources nombreuses des variétés qui se sont produites,
on doit noter celles qui résultent de ce que bien des coins de tête avec
lesquels les médailles sont frappées aujourd'hui (à part, toutefois,
celles de 18 lignes) diffèrent des coins avec lesquels on les frappait
originairement.
Une autre source de variétés s'est produite, vers la fin du xvne siècle,
de la question des V voyelles, que l'on s'est attaché à remplacer, autant
qu'on l'a pu, dans la fabrication des médailles, par de véritables U,
comme on l'a fait aussi pour la plupart des gravures qui sont données
de ces mêmes médailles dans le recueil de l'Académie, édition
in-folio de 1702 (Robert-Dumesnil, le Peintre-graveur français,
t. VII, pp. 206 et 207).
II
ou supprimer ('), il en a paru beaucoup d'autres
dans le Recueil du Père Menestrier, et chez des
curieux, frappées même aux Balanciers du Roy, et
qui toutesfois n'appartiennent pas à l'Académie.
On ne peut sans injustice lui attribuer ces der-
nières, et la réflexion la plus légère fera bien sentir
la différence. »
Quand Louis XIV fit supprimer la préface dont
cette citation est tirée, on s'attacha à faire enten-
dre qu'il avait agi par modestie. L'insinuation était
pour le moins singulière, s'appliquant à pareil
prince, et Prosper Marchand s'env est égayé dans
son Dictionnaire historique (*), en même temps qu'il
en a fait justice. Ce qui paraît être l'exacte vérité,
c'est que l'amour-propre du grand monarque fut
peu flatté d'une préface dans laquelle on le louait
beaucoup, sans aucun doute, mais où l'on était
loin de s'occuper exclusivement de lui. Il est facile
de juger de ce qui en fut par ce que nous appren-
nent les mémoires concernant Bossuet, par l'abbé
Ledieu (3). « Dimanche 29 janvier 1702, M. de
(!) On ne peut pas ne pas remarquer la singularité du raisonnement
résultant de cette partie de la préface; comme s'il eût dépendu de
l'Académie de faire que des médailles ne fussent plus « son véritable
ouvrage », parce qu'il aura été plus tard dans ses convenances, spon-
tanées ou obligées, d'en corriger la composition, ou même de les
supprimer en entier.
(*) La Haye, 1758-1759. L'auteur était mort en 1756.
(') Mémoires et journal sur la vie et les ouvrages de Bossuet, par
l'abbé Ledieu, publiés, pour la première fois, par M. l'abbé Guettée.
Paris, i856, t. II, pp. 267 et 268.
12
Meaux, y est-il dit, a été au lever du Roi, puis il
est venu dire la messe aux Récollets... Le Roi a
dit à M. de Meaux qu'il lui donnait son livre de
Médailles. C'est le grand ouvrage des Médailles du
règne de Louis le Grand, imprimé à Paris, à l'Im-
primerie royale et présenté au Roi au commence-
ment de cette année, dont cinq cents exemplaires
seulement coûtent au Roi cinquante mille écus, à
cauvse de la magnificence de l'ouvrage...
« Le mardi, 3i janvier, M. de Meaux... après son
dîner, a été au dîner du Roi, pour faire son remer-
ciement de YHistoire des Médailles. Le travail des
ouvriers, le caractère et l'impression, les gravures
des médailles et des bordures, la reliure même,
tout cela est magnifique et admirable, et ne peut
être assez loué ; c'est un chef-d'œuvre en ce genre.
Mais les auteurs des explications historiques ont
fait plus de vingt-quatre fautes contre la vérité de
l'histoire, qu'on ne leur pardonne pas ici. Le pis
est une préface où ils s'encensent les uns les
autres, à commencer par M. l'abbé Bignon ('), et
descendant jusqu'au libraire Anisson (-), au sujet
de laquelle ils ont été siffles à la Cour et à la ville,
jusqu'à être obligés d'ôter leur préface de tous les
exemplaires qui sont venus après les soixante-cinq
premiers, donnés d'abord au Roi avec ce dis-
cours, et qui ont été distribués aux princes et aux
(') Nous retrouverons ce personnage tout à l'heure.
(") Anisson était le directeur de l'Imprimerie royale.
i3
ducs et pairs sans qu'on en ait rien retranché. »
Parmi les exemplaires donnés encore par la
suite, mais allégés de la malencontreuse préface,
on doit une mention spéciale à ceux qui avaient
été réservés pour les premiers présidents des par-
lements et les intendants des provinces. Au mois
de mars 1702, le comte de Pontchartrain, alors
chancelier de France, qui était chargé du soin des
Académies depuis la mort de Louvois, et qui, avec
l'aide de l'abbé J.-P. Bignon, son neveu ('), s'était
tout particulièrement attaché à faire mener rapi-
dement l'achèvement de l'histoire métallique ,
sachant qu'il entrait, en cela, dans les vues du roi,
adressait à chacun des hauts magistrats et fonc-
tionnaires dont il s'agitcette lettre circulaire :
« A Versailles, le 8 mars 1702.
« On vient d'achever d'imprimer au Louvre un
livre aussy beau pour la matière qu'il traite que
curieux et rare par tout ce que l'art et la science y
ont mis du leur dans la manière de traiter une pré-
cieuse matière. C'est l'histoire du règne du Roy par
les médailles qui ont esté frapées successivement
pour chacun événement considérable (*). Ce livre
(') L'abbé Jean-Paul Bignon était bibliothécaire du Roi. Il avait été
nommé membre honoraire de l'Académie des Médailles et Inscriptions
en 1701.
(J) Nous n'accuserons pas Pontchartrain d'avoir voulu, par le mot
successivement, donner ici à entendre que les médailles auraient été
i4
n'est pas seulement un livre de bibliothèque et à
y garder précieusement : c'est un livre que tout
homme public doit toujours avoir ou dans les
mains ou sur sa table, pour fournir à une conver-
sation utile et solide. C'est dans cette pensée que
j'ai cru vous faire plaisir de vous en destiner un
exemplaire. Donnés donc ordre icy à quelqu'un de
le venir prendre chés moy de vostre part, et je
vous le donneray d'autant plus volontiers que je
suis persuadé que vous en ferés tout l'usage qui
s'en peut faire ('). »
La pression morale qui ressort de cette lettre
n'est pas déguisée ; ce qui l'est peut-être, et même
très probablement, c'est son point de départ. On
comprend sans difficulté que ce n'était pas, pour
Louis XIV, le lieu d'intervenir ostensiblement en
cette affaire.
Quoi qu'il en soit, les explications de l'Académie
faites à mesure que se produisirent les événements qu'elles rappellent.
Le contraire ressortait de la fameuse préface. Celle-ci avait bien été
supprimée, sans nul doute, mais non pas assez radicalement pour qu'il
ne fût plus possible d'en connaître le contenu. L'Académie, au fol. 73
de son recueil cité, éditions de 1702, déclare bien qu'elle aurait toujours
travaillé à la composition des médailles de Louis XIV, dès sa créa-
tion (i663); mais elle aurait, dans ce cas, travaillé très longtemps sans
rien produire de bien arrêté, et il faut dire aussi qu'il y avait loin
de i663 à la date des plus anciens « événements considérables » du
règne de Louis XIV.
(') Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV,
recueillie et mise en ordre par Depping, t. IV, p. 624.
i5
des Médailles, dont on aurait voulu faire un sujet
de méditations favorites pour les grands représen-
tants du pouvoir, ne paraissent pas avoir jamais
été fort goûtées en France, où la flatterie, non plus
qu'ailleurs, ne va guère qu'à ceux qu'elle caresse
ou qui en profitent, et beaucoup de ces explications
furent sévèrement appréciées à l'étranger, comme
aussi le ton de ces médailles elles-mêmes. Ainsi
en est-il, notamment, dans Y Histoire de la vie et du
règne de Louis XIV, publiée à Francfort et à Bâle,
de 1740 à 1743 ('), sous le nom de De la Hode,
ouvrage sérieux, et plus impartial que bien d'au-
tres, dans lequel l'auteur, après avoir, à maintes
reprises, fait ses remarques sur le recueil de
l'Académie considéré comme une Histoire du roi
par les médailles, s'exprime ainsi : « Comme on a
souvent critiqué cette Histoire, on croit devoir
protester encore ici que ce n'est ni par affectation
ni par malignité qu'on l'a fait, mais uniquement
par amour pour la vérité et par une juste indigna-
tion contre la flatterie, qu'on y a portée jusqu'à
insulter, en quelque sorte, aux autres nations et
(') Cet ouvrage, en six volumes in-40, qui contient, on le sait, de
nombreuses pièces justificatives, est, en outre, « enrichi de médailles ».
Ces médailles, pour la période de 1643 à 1700, sont reproduites d'après
l'édition in-40, H02' du recueil de l'Académie, sans compter deux
pièces satiriques ajoutées. Pour la période de 1701 à 1715, on a mis
à contribution la deuxième édition dudit recueil, 1723, in-folio, en
réduisant les gravures de médailles y empruntées au module de 18
lignes donné déjà à celles de la période antérieure.
i6
aux autres potentats ; en quoi on a eu d'autant plus
de tort que le monarque qu'on vouloit immor-
taliser fournissoit assez de matières à de justes
louanges, sans qu'on donnât dans les exagérations
et dans les excès que nous croyons avoir juste-
ment remarqués et reprochés ('). »
Le tort que, à notre tour, nous reprocherons à
ce jugement, c'est qu'il laisse Louis XIV trop en
dehors de la responsabilité des flatteries que son
insatiable soif de louanges encourageait et accu-
mulait autour de lui. Les médailles, au surplus,
étaient presque toujours, par elles-mêmes aussi
blessantes dans leur composition et leurs empha-
tiques devises, que les commentaires de l'Académie,
et il est de toute évidence qu'elles n'auraient pas
vu le jour, si le roi ne les avait pas approuvées,
malgré leur caractère irritant.
Nous ne conclurons pas des observations qui
précèdent que les médailles du règne de Louis XIV
manquent d'intérêt comme renseignements histo-
riques. Ce sont, au contraire, des documents qui
peignent, en partie, l'homme et son siècle, et que,
par conséquent, il ne faut pas plus négliger que
beaucoup d'autres; mais on ne doit pas non plus,
en accepter les témoignages sans esprit de critique
et sans contrôle, ce que Prosper Marchand a fort
bien dit, en parlant des monuments numismatiques
en général.
(') T. V, 1743. p. 299. -
'7
Au point de vue de l'art, il n'est pas contestable
que les médailles du règne de Louis XIV sont
généralement d'une fort bonne exécution. Les
noms de graveurs que l'on trouve encore, en en-
tier pour la plupart, et quelquefois en abrégé ou
simplement indiqués par une initiale, sur les coins
des médailles du règne, conservés actuellement à
l'Hôtel des Monnaies sont ceux-ci : Jean Varin
(ou Warin) (»), et son fils, du prénom de François,
Hérard,L. Loir, Delahage(ou de Haie), j. Mauger,
Molard, Hupierre , Thomas Bernard, J. Nilis,
F. Chéron, J. Chéron, Dufour, Hardy, Jérôme
Roussel (*), Antoine Meybusch, Breton, Joseph
Roettiers ('), le premier et le plus habile des gra-
veurs de ce nom, Roger (*), R. Faltz, Jean Duvi-
vier, Jean Le Blanc (3).
(!) On écrit plus habituellement aujourd'hui Warin que Varin,
bien que ce soit sous cette dernière forme que le nom du célèbre
artiste est inscrit sur la médaille à son effigie. (Voir le Catalogue
de i833, n° 486 des médailles du règne de Louis XIV.) — Sur les
médailles qu'il a exécutées, son nom est écrit tantôt par un V, tantôt
par un W.
(*) Plusieurs de ses médailles sont signées H. Roussel, ce qui a
quelquefois fait croire que, de son prénom, il s'appelait Henri. En
réalité, la lettre H est ici l'initiale de Hieronymus.
(3) En général, ses médailles sont simplement signées d'un R.
Indépendamment des observations sur ce sujet faites récemment,
voir la remarque de Van Loon, t. III, p. 61.
(') Nous ne pouvons présenter ce nom comme certain. Les médailles
sur lesquelles nous le trouvons (n03 10 et 359 du Catalogue imprimé)
sont seulement signées Rog., ou Rog.f.
(*) Il s'agit de médailles signées I. B. ou J. B. Nous pensons que
Année 1887. 2
i8
Quelques-uns de ces graveurs, comme Jean Du-
vivier et Le Blanc ('), n'ont pas travaillé ou n'ont
travaillé que peu aux médailles de Louis XIV du
vivant de ce prince. Ils furent particulièrement
employés à remanier toute l'œuvre et à la com-
pléter lorsque, sur la volonté de Louis XV, de faire
continuer, pour le règne de son bisaïeul, la collec-
tion jusqu'à la mort de celui-ci, l'Académie eut à
reviser une dernière fois les parties que l'on devait
croire bien achevées déjà, et à composer de toutes
pièces les médailles concernant les événements
survenus depuis 1700, de telle sorte que l'ensemble
se trouvât exactement préparé pour une nouvelle
édition du recueil de 1702, corrigée, augmentée et
comprenant le règne en son entier.
Cette nouvelle édition, in-folio comme la pre-
mière, parut en 1723 (■). Elle n'a pas été inconnue
c'est à très juste titre que cette signature a été reconnue par d'Affry
pour être celle de Jean Le Blanc. (Les jetons de l'Echevinage parisien,
p. 37.)
Il y aurait lieu d'ajouter encore à la liste ci-dessus quelques initiales
dont l'application reste à reconnaître : M. R., L. J., D. R., etc. Le
Catalogue imprimé mentionne, en outre, nos 4^9 et 45o, un coin
signé Arondeaux ; mais ce coin a dû être exécuté en Hollande, et ce
n'est que par suite de circonstances tout à fait exceptionnelles qu'il a
pu se trouver déposé à la Monnaie des médailles à Paris. (Voir ce que
nous en avons dit dans la Revue belge de numismatique, année i885,
p. 335, en note.)
(') Le nom de Jean Duvivier ne paraît dans les documents de comp-
tabilité conservés, relatifs à la façon des médailles, qu'à partir de 1714,
et celui de Le Blanc qu'à partir de 171b. (Rev. num.franç.,i885.p. 196.)
(2) Médailles sur les principaux événements du règne entier de
*9
de Van Loon, qui la cite, t. IV, p. 3g3, et qui
en a tiré les gravures de toutes les médailles de
Louis XIV postérieures à 1700 qu'il a données
dans son Histoire métallique des dix-sept provinces.
Van Loon a connu également les deux éditions
de 1702, in-folio et in-40, ainsi que l'ouvrage du
P. Menestrier, mentionné succinctement plus haut,
intitulé : Histoire du Roy Louis le Grand, par les
médailles, emblèmes, devises, jetions, etc. ('). Dans ces
différentes sources, il y a des médailles du règne
de Louis XIV, intéressant les Pays-Bas, que l'his-
torien-numismate hollandais n'a pas données,
alors qu'il en a, au contraire, publié un certain
nombre qu'on ne trouve pas à ces mêmes sources (*)
Louis le Grand, avec des explications historiques. A Paris, de l'Im-
primerie royale, MDCCXXIII.
(') Van Loon cite ce dernier ouvrage, peu exactement pour le titre,
mais sans qu'on puisse s'y méprendre, t. III, p. 178. La première
édition est de 1689, et la seconde et dernière porte la date de i6q3.
Entre temps, en 1691, une contrefaçon du même ouvrage avait paru
en Hollande, sous la rubrique de Paris, mais tronquée, remaniée, et,
de plus, défigurée par les additions les plus injurieuses à l'adresse de
Louis XIV, ce qui a permis de dire que la contrefaçon n'avait été
entreprise que pour donner matière à la production de ces insultes.
(La Science des médailles, du P. Jobert, t. Ier, p. 18 de l'édition
de 1739.)
(2) Il est bien entendu que nous ne parlons pas des médailles ayant
un caractère bien évidemment satirique, dirigées contre Louis XIV,
dont elles portent parfois l'effigie, en même temps qu'elles présentent,
au premier aspect, les plus grands rapports de fabrique avec celles
sorties de l'officine royale. Ce ne sont pas des médailles de cette sorte
que l'on peut être surpris de ne pas rencontrer dans les anciens recueils
d'origine française.
20
non plus que dans le Catalogue des coins de
médailles existant à l'Hôtel des Monnaies.
Les omissions de Van Loon s'expliquent d'au-
tant moins que l'on ne peut pas dire qu'il ait voulu
économiser les planches quand on voit qu'il les a
maintes fois multipliées comme à plaisir pour y
étaler des variétés d'une même médaille ne présen-
tant entre elles que des différences légères, ou bien
encore des médailles tout à fait étrangères aux
dix-sept provinces des Pays-Bas et à leur histoire, et
dont il ne pouvait avoir à parler qu'incidemment.
Peut-être, donc, serait-il difficile de mettre absolu-
ment sur le compte de l'oubli les omissions dont
il s'agit. Mais, de quelque part qu'elles viennent,
elles n'en sont pas moins un fait constant, auquel
nous avons cherché à remédier dans une certaine
mesure, en notant ici celles que nous a fait remar-
quer un examen attentif du catalogue de i833. Ce
document administratif permet de signaler avec
toute sûreté, dans l'œuvre de Van Loon, et au
point de vue où nous nous sommes placés, le plus
grand nombre des lacunes principales.
Il pourra se rencontrer que plusieurs des faits
que nous relèverons aient déjà été indiqués som-
mairement par M. J. Dirks, dans son Penningkundig
Repertormm, que nous n'avons pas eu l'occasion de
consulter en entier; mais ce recueil précieux, rédigé
en néerlandais, est peu répandu hors de Hollande,
et notre plan est, d'ailleurs, tout différent de celui
de notre savant confrère.
■21
Les descriptions qui vont suivre sont presque
toujours données dans les termes mêmes employés
au Catalogue de i833. Nous serons, en général,
très sobre d'observations au sujet des médailles
ainsi décrites. Nous ne nous écarterons guère de
cette règle qu'en trois endroits, qui méritent bien,
au surplus, une exception, comme on le pourra
voir. C'est d'abord la médaille avec sa légende
en français, ce qui est fort remarquable, frappée
en souvenir de l'arc de triomphe du faubourg
Saint- Antoine (1670). La seconde exception se
rapporte à la médaille de la statue érigée en
l'honneur de Louis XIV par son adorateur La
Feuillade, sur la place des Victoires (1686). La
troisième , enfin , concerne la médaille de l'affaire
du Texel (1696), ou plutôt l'erreur de date com-
mise sur l'une des deux variantes de cette mé-
daille-là, erreur d'autant plus singulière qu'elle
paraît être demeurée inaperçue lors de la rédaction
du catalogue de i883.
22
§ Ier. Médailles entièrement omises par
Van Loon.
Les numéros donnés aux médailles dans les descrip-
tions qui suivent sont ceux qu'elles ont dans le Catalogue
des coins. Lorsque le numéro est précédé d'une astérisque,
cela signifie que la médaille est du module de 18 lignes,
ou 41 millimètres. Nous indiquons les modules diffé-
rents, dans la description de chacune des médailles dont
le numéro n'est pas précédé de l'astérisque.
Les médailles sont classées par ordre chronologique.
Nous ne nous occuperons pas des coins de tête dans
la description des médailles en 18 lignes. A ce sujet
il suffit de rappeler que, pour les 387 numéros dont se
compose toute la suite historique des médailles de ce
module, la tête de Louis XIV varie huit fois, et que la
différence se produit aux années 1643, 164g, i655, 1660,
1666, 1673, 1680 et 1691 (n°s3, 43, 61, 83, 128, 184, 244.
3oo). De 1691 à 1715, année de la mort de Louis XIV,
la tête reste la même. Ces portraits différents corres-
pondent donc, approximativement, pour les âges du roi,
à 4 ans, à 10, à i(3, à 21, à 27, à 34, à 41 et à 52 ans.
Quant aux légendes desdits coins de tête, c'est d'abord
LUDOVICUS XIUI REX CHRISTIANISSIMUS, jus-
qu'au n° i83 inclusivement ; puis, c'est LUDOVICUS
MAGNUS REX CHRISTIANISSIMUS, depuis le n° 184
jusqu'à la fin.
* 28. Prise de Dunkerque en 1646. — Médaille
différente du n° 27 publié par Van Loon, t. II,
p. 286.
Vires hostium navales accisœ. Deux matelots ga-
rottés. A leurs pieds deux boucliers aux armes
d'Espagne et de la ville de Dunkerque, que l'on
23
aperçoit dans l'éloignement. — Exergue : Dun-
kerca expugnata, m. dc. xlvi.
{Trésor de numismatique et de glyptique , choix de médailles
françaises, t. III. pi. III, fig. 3.)
* 29. Troisième médaille sur le même sujet.
Même légende qu'au n° 28. La France debout,
sur le bord de la mer, foule aux pieds un gouver-
nail; à gauche, un bouclier aux armes de Dun-
kerque. — Exergue : x octobris m. dc. xlvi. {J. B.).
(Médailles du règne de Louis le Grand, édition de 1723,
folio 20 (').)
* 34. Prise d'Ypres ; 1648.
Fracta Hispanorum fiducia. L'Espagne à demi
couchée, éplorée à la vue de Mars enlevant l'écus-
son et la couronne murale d'Ypres. — Exergue :
Ypris captis, xxvm maii m. dc xlviii (D. V.).
(M éd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 24. — Alph. Vanden
Peereboom, Numismatique yproise, pi. R, fig. 1.)
( ) Il n'y a pas à douter que c'est une des médailles faites à la suite
des ordres donnés par Louis XV, pour la revision complémentaire et
la continuation de l'histoire métallique du règne de son bisaïeul, dans
le module de 18 lignes. Il en est de même des n08 34, 40, 42, 45, 57,
62, 69. 70. 72, 106, i38, 142, 145, i5i et 219. Plusieurs de ces médailles
célèbrent des faits dont il n'avait pas été tenu compte dans les compo-
sitions précédentes; plusieurs aussi remplacent d'autres médailles qui
n'étaient plus trouvées d'un goût suffisamment accompli, mais dont
les coins ont néanmoins été conservés. Presque toutes elles se recon-
naissent des médailles antérieures, du même module, de l'œuvre de
Mauger, par les initiales des graveurs : J. B. ou 1. B. (Jean Le Blanc),
D. V. ou J. D. (Jean Duvivier), etc.
24
* 40- Paix de Westphalie (ou de Munster) ; 1648.
— Médaille différente du n° 41, publié par Van
Loon, t. II, p. 3o8, i°.
Libertus Germaniœ. L'Allemagne, appuyée sur
l'autel de la Paix, foule aux pieds un joug. —
Exergue : Fœdus westphalicum xxiv oct.u. dc. xlviii.
(7- B.).
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 28.*
* 44. Campagne de Flandre ; 164g.
Minerva fautrix. Minerve debout, appuyée sur
son javelot, tient une petite statue de la Victoire;
à ses pieds, les écussons des villes de Condé et
de Maubeuge. — Exergue : Res in Belgio gestœ.
m. dc. xlix (D. V.).
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 3o.)
* 45. Levée du siège de Guise; i65o. — Médaille
différente du n° 46 ('), publié par Van Loon, t. II,
p. 346.
Hispanorum commeatu intercepto. La ville de Guise
présente une couronne obsidionale à Mars, debout
au milieu d'un monceau de munitions de guerre et
de bouche. — Exergue : Guisia liber ata, 1 julii
m. dc l (D. V.).
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 3i.)
* 57. Arras secouru; 1654. — Médaille différente
du n° 58, publié par Van Loon, t. II, p. 382.
(') Le revers de ce n° 46, suivant le Catalogue de i833, est signé
T. B. (Thomas Bernard).
25
Perrupto hispanorum vallo, castris direptis. La
Victoire tenant d'une main une couronne val-
laire; et de l'autre une couronne obsidionale.
— Exergue : Atrebatum liber atum, xxv augusti
M. DC. LIV. (jf. B.).
(M éd. de Louis le Grand, éd. 1 7 2 j> , fol. 3g.)
* 62. Prise de Landrecies, etc. ; i655. — Médaille
différente du n° 61 , publié par Van Loon, t. II, p. 394.
Landrecium, Condat. et Fanum S. Gisl. capt. Les
villes de Landrecies, Condé et Saint-Ghislain, en
pleurs au pied d'une colonne sommée d'un globe
aux armes de France. — Exergue : m. dc. lv.
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 42.)
*6g. Prise de La Capelle, i656. — Médaille diffé-
rente du n° 68 ('), publié par Van Loon, t. II,
p. 404.
Spes Hispanorum imminutœ. La ville de La Capelle,
en pleurs, assise auprès du Camp des Français. —
Exergue : Capella capta, xxvi septembris m. dc. lvi.
(y- d.).
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 46.)
* 70. Prise de Montmédy; 1657. — Médaille
différente du n° 71, publié par Van Loon, t. II,
p. 412.
Primo régis adventu. La ville de Montmédy,
(') Le revers de ce n° 68, suivant le Catalogue de i833, est
signé T. B.
26
abandonnant son écusson, tombe aux pieds du
roi, représenté sous les traits de Mars. — Exergue :
Monsmedius captus. iv augusti m. dc. lvii. {J. D.).
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723. fol. 47.)
* 72. Levée du siège d'Ardres, et prise de Saint-
Venant et de Mardik; 1657. — Médaille différente,
pour la légende et l'exergue, du n° 73, publiée par
Van Loon, t. II. p. 413.
Fines defensi et propagati. La France debout, etc.
— Exergue : Arda obsidione liber ata et Fano Stl-Ve-
nantii ac Mardico captis. m. dc. lvii.
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 48. — Dancoisne,
Numismatique béthunoise, pi. XXVII, n° 6.)
401. Paix des Pyrénées; i65g.
Médaille datée de 1660, du module de 3o lignes,
semblable pour le revers à celle que Van Loon,
t. II, p. 440, i°, donne au diamètre de 16 lignes, et
qui ne figure pas en ce module-là dans le Cata-
logue de i833.
La médaille en 3o lignes se frappe actuellement
avec un buste du roi signé R. ('), et à la légende
Ludovicus xiv rex Christianissimus. Il ne nous paraît
pas prouvé que cette légende fût en usage sur les
médailles de Louis XIV dès l'époque à laquelle
celle-ci se rapporte.
* 106. Acquisition de Dunkerque ; 1662. — Mé-
(') Roettiers.
27
daille différente du n° io5, publié par Van Loon,
t. II, p. 489.
Dunquerca acquisita. La ville de Dunkerque, à
genoux, remet ses clefs au roi. — Exergue : xxvn
octobris m. dc. lxii.
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723. fol. 72.)
* i38. Campagne de Flandre ; 1667. — Médaille
différente de celle publiée par Van Loon, t. III,
p. 5. (Cf. n° 40g du Catalogue de i833.)
Rex armis jus negatum repetens. Le roi à cheval,
en costume antique, le bâton de commandement
à la main. — Exergue : Profectio in Belgium.
M. DC. LXVII.
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 97.)
408. Prise de Tournai et de Courtrai; 1667. —
Médaille du module de 36 lignes.
Civitates Tornacensis et Curtracensis. Louis XIV,
debout, vêtu à l'antique, reçoit les chefs des villes
de Tournai et de Courtrai, qui les lui présentent à
genoux. Le dieu de l'Escaut est couché sur son
urne, aux pieds de la ville de Tournai ; celui de la
Lys est debout derrière la ville de Courtrai. La
Renommée, dans les airs, porte une couronne au
dessus de la tête du roi. — Exergue : m. dc lxvii.
(Trésor de num. et glypt., choix de méd. françaises, t. III.
pi. XI. fig. 6.)
Cette pièce, dont le P. Menestrier a fait graver
le revers dans son Histoire du roy Louis le Grand,
par les médailles, etc., Paris, 1689, se frappe main-
28
tenant avec le buste du roi, à la légende Ludovi-
cus xiv, D. g. Fran. et Nav. rex f).
* 142. Prise de Courtrai et d'Audenarde ; 1667.
Curtracum et Aldenarda capta. Le roi, debout
entre la Lys et l'Escaut, reçoit deux couronnes
murales que la Victoire lui présente. — Exergue :
Meuse julio m. dc. lxvii.
{Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 100.)
* 145. Encore la campagne de 1667.
Expeditio belgica. Le roi, sous la figure de Mars,
assis au pied d'un palmier, sur un monceau d'armes
et de drapeaux. — Exergue : m. dc. lxvii. {J. B.).
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. io3.)
* i5i. Paix d'Aix-la-Chapelle ; 1668.
Pax triumphis prœlata. Le roi, vêtu à l'antique,
reçoit une branche d'olivier que lui présente la
Paix, assise sur des nuages. Dans le fond, des
armures. — Exergue : Fœdus Aquisgranense, umaii
M. DC LXVIII.
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723, fol. 107.)
Variété perfectionnée de la médaille n° i52.
Cette dernière a été publiée par Van Loon, t. III,
p. 20.
(') Nous croyons savoir qu'un coin du revers de la même médaille
a été refait, il n'y a pas de longues années, à un diamètre approchant
de 88 millimètres, soit de 3g lignes.
29
* i66. Arc de triomphe du faubourg Saint-
Antoine ; 1670.
Pour les conquestes de Flandre et de la Franche
Comté. Un arc de triomphe surmonté de la statue
équestre du roi. — Exergue : m. dc. lxx.
Le même sujet existe en 3o lignes, à la Monnaie,
sous le même numéro, en même temps qu'en
18 lignes, et aussi en 22 lignes, bien que ne figu-
rant pas pour ce dernier module au Catalogue
de i833 ('). Dans les trois modules, les U de la
légende, au revers, ont la forme de V, ce qui, pour
les médailles de Louis XIV du module de 18 lignes,
est tout à fait une exception.
Il s'agissait d'un arc de triomphe à élever à
l'extrémité de la grande rue du faubourg Saint-
Antoine, du côté de Vincennes, en l'honneur des
succès des armes du roi en 1667 et 1668, dans la
Flandre et la Franche-Comté.
Le monument fut commencé en 1670. Il devait
être magnifique et surpasser tout ce qui s'était vu
en ce genre. Mais, à l'exception des fondements et
des assisesjusqu'à la hauteur du soubassement des
colonnes, tout cela d'une solidité incomparable, il
fut élevé provisoirement en charpente et en plâtre ,
(') Dans l'Inventaire manuscrit des poinçons et des carrés, ou coins,
de médailles et de jetons, pris en charge, en 1697 et 1698, par Nicolas
de Lannoy, directeur du Balancier du Louvre {Archives nationales,
KK. 960), cette médaille ne figure qu'en un seul module, indiqué là
comme étant de 20 lignes (n° 1219).
3o
pour que l'on put se rendre plus tôt compte de
l'effet du projet dans son ensemble, et en atten-
dant la construction définitive, qui n'eut jamais
lieu (').
Nous donnons dans son plus grand module,
pi. I (■), et dans celui de 18 lignes pi. II, fig. i, la
curieuse médaille exécutée en souvenir de cet arc
de triomphe. Ce monument y est représenté du
côté opposé à la ville de Paris. On aperçoit
dans l'éloignement le sommet de divers édifices
de la capitale, parmi lesquels on distingue
même très bien, sur le coin en 18 lignes, et
dans la perspective de la voûte du milieu, les
tours de Notre-Dame.
Le silence de Van Loon au sujet de cette mé-
daille s'explique d'autant moins qu'elle était
publiée, pour le revers, dès 1689 (*). Elle est la
seule du règne de Louis XIV dont la légende du
revers soit en français, ce qui mérite d'autant plus
d'être remarqué qu'il s'agit, précisément, du monu-
ment à propos duquel fut débattue avec tant de
vivacité et de chaleur, la question de savoir en la-
(') Piganiol de la Force, Description historique de la ville de
Paris, édition de 1765, t. V, p. 74.
(*) Voir aussi Trésor de numismatique et de glyptique. Choix de
médailles françaises, t. III, pi. XIII, fig. 1. La médaille y est publiée
sans aucune remarque au sujet de la légende en français.
(') C'est dans la première édition de l'Histoire du règne de Louis le
Grand par les médailles, etc., du P. Ménestrier. Voir aussi la contre-
façon hollandaise de cette ouvrage, sous la date de 1691 , pi. XI.
3i
quelle des deux langues, latine ou française, il
convenait le mieux, dans le royaume, que les
inscriptions lapidaires fussent rédigées. Des prin-
cipaux champions de cette grande dispute litté-
raire, à laquelle Colbert s'intéressait, nous ne
citerons que Fr. Charpentier, qui tenait le parti de
la langue nationale, et qui a fait à ce sujet un livre
qui n'est pas oublié : c'est la Deffense de la langue
françoise pour l'inscription de l'Arc de triomphe (').
(') Paris, 1676, in-i2. Le premier des deux discours dont cet ouvrage
se compose avait déjà été imprimé en 1672, au plus tard. L'abbé de
Bourzeis, qui mourut en cette dernière année, y a fait une réponse.
Charpentier fit suivre la Deffense de la langue françoise de deux
autres volumes intitulés De l'excellence de la langue françoise, qu'il
publia en i683. Deux chapitres de ce dernier ouvrage traitent des
questions suivantes :
(Chap. XV.) « Si la langue latine convient mieux au dessein pour
« lequel on élevé un Arc de Triomphe que la langue françoise ; et
« quel est le véritable dessein de tous les monumens d'honneur esleve\
« en public à la gloire des grands personnages. »
(Chap. XXVI.) « De la différence qu'il faut faire entre l'inscription
« des médailles et celle d'un arc de triomphe, appuyée sur la nature
« de ces deux sortes de monumens. »
Pour les médailles, Charpentier admet nettement, danscette dernière
production, bien qu'on lui eût fait le reproche, plus ou moins mérité
dans le passé, d'être d'un avis contraire, la préférence de la langue
latine à la langue nationale, en se fondant sur ce que les médailles ne
sont pas destinées à rester à demeure comme les édifices, mais bien
à porter en tous pays la renommée de ceux en l'honneur de qui elles
sont frappées.
Voir pour le nom et le rôle de la plupart des savants qui se sont
montrés les partisans ou les adversaires de Charpentier, dans la ques-
tion de savoir « si les inscriptions des monumens publics de France
32
La médaille n° 166 est un souvenir à ne pas né-
gliger de l'opinion que Charpentier s'attacha vail-
lamment à faire prévaloir, et qui avait, sans con-
tredit, sa valeur. Ajoutons que, rapprochée des
données qui précèdent, elle jette un jour nouveau
sur ces divers jetons de services administratifs
royaux que l'on voit tout à coup , aux étrennes
de l'année 1674, paraître avec des devises en
français, véritable phénomène qui ne se repro-
duisit plus jamais aussi complètement, et dont les
traces bien accusées se remarquent encore sur
quelques jetons des deux années suivantes (').
doivent être écrites en Latin ou en François « , les Querelles litté-
raires, par l'abbé Irail, 1761, t. II, pp. 97 etsuiv.
Avec les interminables discussions soulevées en toute cette affaire, on
n'était pas encore absolument à la fameuse querelle des Anciens et des
Modernes, mais il semble bien qu'elles y préparaient les esprits, et
qu'elles devaient tout naturellement y conduire.
(') Pour l'année 1674, et par la seule inspection du Catalogue
manuscrit des coins de jetons conservés encore actuellement dans les
vitrines du Musée de l'Hôtel des Monnaies, nous ne comptons pas
moins de six jetons dont la légende appuie la particularité que nous
venons de poser en fait. - Trésor royal : Je récompense la vertu.
Un laurier. — Bâtiments du roi : J'en suis la force et l'ornement. Une
colonne soutenant une corniche. — Marine : C'est à moi de la régir.
Une rame. — Ordinaire des guerres : Plus grande en sera la victoire.
L'Hydre, dont quelques têtes restent à couper. — Jeton sans dési-
gnation de service : Je nourris le plus grand des Dieux. Un lis sur
lequel butine une abeille. — Quant au sixième jeton, sur lequel on
lit : Je porte l'abondance en tous lieux, il représente la Monnaie
assise, tenant des balances et une corne d'abondance.
D'après le Catalogue susmentionné, les jetons à légendes en français
pour l'année 1675, sont celui de l'Ordinaire des guerres et celui des
33
La médaille de l'arc de triomphe de 1670 ne
figure dans aucune des trois éditions des Médailles
sur les principaux événements du règne de Louis le
Grand, expliquées par l'Académie des Médailles et
Inscriptions. Ainsi qu'on le voit dans les notes
préliminaires de notre article, c'est dire que ce
corps savant ne l'a pas reconnue pour être de son
œuvre.
* i85. Prise de Maestricht; 1673.
Virtus régis invictissimi. Minerve debout, etc.
Le même sujet en 3o lignes, sous le même
numéro, avec le buste du roi, couronné de laurier,
signé R.
Van Loon, t. III, p. 112, a donné une médaille
semblable pour le revers, mais au diamètre de
22 lignes, non mentionné au Catalogue de i833.
Cette dernière est signée L. Loir sous le buste du
roi. Ce doit être la plus ancienne des trois.
423. Prise de Cambrai ; 1677. — Médaille du
module de 26 lignes.
Imp. finibus ab host. incursionibus liber atis. La
France debout, relevant d'une main son manteau,
Revenus casuels ; et pour l'année 1676 on ne rencontre plus, dans les
mêmes conditions, que le jeton de ce dernier service.
Nous avons laissé de côté, dans ce relevé, les jetons de jeu, de
galanterie ou de fantaisie, ou étrangers à l'administration royale, "que
l'on peut trouver, à toutes les époques, avec des devises en français,
ce pour quoi ils n'en demeureraient pas moins en dehors de notre
sujet.
Année 1887. 3
34
tient de l'autre une couronne d'olivier; dans l'éloi-
gnement, un laboureur conduit sa charrue. —
Exergue : Cameracwn captum. m. dc lxxvii. (Du-
four /.).
Cette médaille se frappe avec le buste du roi, à
la légende : Lud. Magnus Fran. et Nav. rex.
426. Prise de Saint-Omer; 1677. — Médaille du
module de 3o lignes.
Exercitu e Cassellensi pvœlio redeunte. Louis XIV
à cheval, à la tête de son armée, précédé par la
Victoire qui tient les rênes de son cheval. La ville
de Saint-Omer, à genoux, lui présente ses clefs. —
Exergue : Audomaropolis dedita, 1677 (R).
Cette médaille se frappe avec le buste du roi cou-
ronné de laurier, signé R,, et à la légende Ludo-
vicus Magnus rex Christianissimus.
(Trésor de num. et de glypt.; méd. franc. ,\. III, pi. XVIII,
fig. 5. - Alex. Hermand, Monnaies, médailles et jetons de
Saint-Omer, pi. II.)
* 219. Levée du siège de Charleroi ; 1677.
Caroloregium altéra obsidione liber atum. La ville
de Charleroi s'inclinant devant Mars, lui présente
une couronne obsidionale. — Exergue : xiv augusti
M. DC. LXXVII.
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1723. fol. 164.)
* 221. Même sujet. — Médaille différente du
n° 220, publié par Van Loon, t. III, p. 219.
Une couronne obsidionale dans laquelle est cette
35
inscription : Ob Caroloregium bis obsidione libêra-
tum. M. DC. LXXII — M. DC. LXXVII.
La même médaille existe en 26 lignes, sous le
même numéro, avec le buste du roi couronné de
laurier.
* 233. Paix de Nimègue ; 1678. — Médaille diffé-
rente du n° 232 sur le même sujet, et publiée par
Van Loon, t. III, p. 23i.
Le revers est occupé en entier par cette inscrip-
tion : Ludovico Magno qui, Batavis debellatis, His-
panis loties devictis, Sequanis bis subactis, Germanis
ubique super atis, hostium classibus fugatis et incensis,
toti fere Europœ conjurâtes et fœderatœ pacem dédit,
imperavit. Anno m. dc. lxxviii.
Van Loon, t. III, p. 258, donne la même inscrip-
tion d'après une médaille du module de 35 lignes,
non mentionnée au Catalogue de i833.
43i. Paix générale ; 1679. — Médaille du module
de 3o lignes.
Pacatori or bis. Louis XIV, revêtu du manteau
royal, etc.
A part les dimensions, cette médaille, qui se
frappe avec le buste du roi couronné de laurier,
signé R, et à la légende Ludovicus Magnus rex
Christianissimus, est la même, pour le revers, que
celle du diamètre de 21 lignes, avec le buste
signé L. Loir, publiée par Van Loon , t. III,
p. 260, et que le Catalogue de i833 ne mentionne
pas en ce module.
36
448. Statue de la Place des Victoires; 1686. —
Médaille du module de 28 lignes. (PL III.)
Patri exercituum et ductori semper felici. Statue
pédestre du roi couronné par la Victoire. Aux
quatre coins du piédestal, les nations enchaînées ;
sur la base, cette inscription : Viro immort ait. —
Exergue: Franc, vice-com. d' Aubusson posuit in areâ
publ. Lutetiar. ann. 1686.
Cette médaille, qui se frappe actuellement avec
le buste du roi, couronné de laurier, signé R,
légende Ludovicus Magnus rex Christianissimus,
représente le célèbre monument que le maréchal
duc de La Feuillade, d'assez originale mémoire,
fit élever en l'honneur de Louis XIV, du vivant
de celui-ci, sur la place des Victoires à Paris, qui
lui est due également, monument inauguré le
28 mars 1686 (').
Nous n'aurions pas à nous occuper de cette mé-
daille si l'on ne savait qu'il était fréquemment
question de faits relatifs aux Pays-Bas dans les
inscriptions des bas-reliefs du piédestal de la
statue, ainsi que dans celles des quatre groupes de
colonnes dont la place était ornée, et qui servaient
de supports à de grands fanaux destinés à l'éclairer.
Là étaient rappelés, sur le piédestal : le passage du
Rhin (1672), la paix de Nimègue (1678); et sur les
colonnes : la bataille de Rocroi (1643), la première
(l) Piganiol de la Force, Descript. hist. de la ville de Paris, 1765,
t. III, p. 66.
3?
campagne du roi en Flandre (1667), la prise de
Maestricht (1673), la bataille de Seneffe (1674), la
flotte hollandaise brûlée à Tabago (1676), la prise
de Valenciennes (1677), la bataille de Cassel (1677),
la prise de Cambrai (1677), celle de Gand (1678), de
Luxembourg (1684).
Dans un acte notarié relatif à l'entretien de
la fondation du duc de la Feuillade, acte du
29 juin 1687, confirmé par lettres-patentes du roi
du mois de juillet suivant, il était spécifié, arti-
cle 11, que les ouvrages de la place seraient visités
tous les cinq ans par les prévôt des marchands et
échevins de la ville de Paris, et article i3, que, à
la fin de la visite, des exemplaires en argent de la
médaille qu'on vient de voir seraient remis : deux
au prévôt des marchands, et une à chacun des
quatre échevins, ainsi qu'au procureur, au greffier
et au receveur de ladite ville de Paris. Une mé-
daille semblable, mais en or, devait, en outre, être
présentée le lendemain au roi pour lors régnant (').
Les témoignages prodigues de la reconnaissance
(') Donation et substitution faites par Très Haut et très Puissant
Seigneur, Monseigneur François Vicomte a" Aubusson de la Feuillade,
Duc, Pair et Maréchal de France, Colonel des Gardes Françoises,
Gouverneur du Dauphiné, le 29 juin 1687; confirmées par lettres
patentes en forme d'édit du mois de juillet 1687; enregistrées au Par-
lement le 4 dudit mois de juillet 1687. — Ces pièces sont imprimées,
notamment, à la suite d'un Traité des Statues, par François Lemée,
écrit cie circonstance mis au jour à Paris, en 1688, aux dépens, sans
doute, de La Feuillade, et, dans tous les cas, pour la plus complète
exaltation du monument dû à son culte pour le roi.
38
de La Feuillade envers Louis XIV, qui l'avait,
peut-on dire, comblé de ses faveurs ('), furent
diversement appréciés ; mais le fait est qu'ils
furent beaucoup au goût du roi. « Pour moi, écri-
vait le marquis de la Fare, quoique la plupart des
gens ayent trouvé dans cela une ostentation folle,
je ne sçaurois désapprouver qu'un courtisan qui
a reçu de grands bienfaits de son maître laisse un
pareil monument de sa reconnaissance, supposé
qu'on admette des pensées vaines dans un prince
sage et dans un sujet qui le seroit aussi ('). »
Bien que l'on conserve aujourd'hui à la Mon-
naie les coins de la médaille de la fondation La
Feuillade, ils ne sont pas de ceux qui ont été faits
aux frais du roi. Il résulte même de ce qui précède
que la médaille avait une destination toute spé-
ciale, et l'on ne voit pas qu'il ait pu en être frappé
d'autres exemplaires qu'en argent et en or, à moins
qu'à titre d'essai et par caprice.
* 278. Ligue .d'Augsbourg; 1688.
Disjungam fœdus Augustanum. Les écussons des
puissances liguées, enchaînés circulairement. Au
(') La Feuillade, quand il fit ériger la statue de la place des Victoires,
devait déjà à Louis XIV d'être duc, maréchal de France, colonel du
régiment des Gardes Françaises, gouverneur et lieutenant général du
roi en Dauphiné; mais il ne reçut le collier des ordres du roi qu'à la
promotion du 3i décembre 1688.
(*) Mémoires et réflexions sur les principaux événements du règne
de Louis XIV, par Mr L. M. D. L. F. Rotterdam, 1716. p. 98.
39
milieu, un foudre. La légende est dans le champ,
ainsi que la date : m. dc. lxxxviii.
Cette médaille a existé dans le module de
3o lignes. C'est en ce dernier module qu'elle
figure à l'Inventaire manuscrit, susmentionné, des
poinçons et des carrés, etc., pris en charge par de
Launay en 1698, art. 145 1. Les « États Généraux
de Hollande » sont une des puissances dont
l'écusson est nommément désigné, parmi les dix-
neuf dont l'ensemble se compose (').
454. Fontaine d'Ypres ; 1689, 1692. — Médaille
de 20 lignes.
Fundit inexhaustas. Vue d'une fontaine surmontée
de la statue de Louis XIV. — Dans le champ :
îprœ, 1689.
Revers : Nobisjam melius nitet. Un soleil rayon-
nant. — Exergue : Castell. Ipr. 1692.
(Alph. Vanden Peereboom, Numismatique yproise ; Cf. n°* 1
et 2.)
456. Prise de Mons; 1691. — Médaille du module
de 28 lignes.
Le revers de cette médaille, qui se frappe avec
(') Voici la description du carré, ou coin, n° 1451, telle qu'elle est
donnée à l'Inventaire : « Dix-neuf écussons ovales des armes de l'Em-
pire, l'Espagne, l'Angleterre, la Bavière, le Brandebourg, la Saxe, le
Palatinal, les États Généraux de Hollande, et de toutes les autres
puissances liguées contre la France, et au milieu un foudre qui éclate
de toutes parts. Au dessus d'une banderolle : DISJUNGAM. Au-dessus
d'une autre banderolle : FŒDUS AUGUSTANUM. »
40
le buste du roi à la légende Ludovicus Magnus rex
Christianissimus, est entièrement occupé par l'ins-
cription suivante :
Montium urbs Belg. munitiss. Han. caput, mense
mart. a Ludovico M. obsessa et intra xvi diem expu-
gnata, consilbut Hagœ C. maie conjur. prin. , et
Arau. Pr. minaciter advolante ( ), victori laudem et
optatum peractis imperiis decus arrogavit. m. dc. xc i.
(Rev. num. belge, 1857. pi. XVII.)
455. Médaille du module de 32 lignes, sur le
même sujet, en même temps que sur la prise de
Nice; 1691. — Au droit, buste du roi, signé De la
Haye.
Extendit matins suas super montes et conturbavit
régna. Composition double : i° vue de la ville de
Mons et de ses fortifications ; 2° carte topogra-
phique du pays de Nice. — Exergue : Prœludia
veris. m. dc xci.
(Trésor de num. et de glypt.; méd. franc., t. III, pi. XXX.)
* 3o5. Prise de Namur ; 1692. — Médaille diffé-
rente du n° 304, publiée par Van Loon, t. IV,
p. 88, n° 2.)
Ludovicus Magnus N amure, urbem et arces xxx die
(') Consilientibus Hag Comitis maie conjuratis principibus, et
Arausionensi Principe minaciter advolante. Il s'agit là du Coftgrès de
La Haye, en 1691, et du secours que le Prince d'Orange comptait
porter à la ville de Mons. [Voir, au surplus, l'intéressant mémoire
de M. J.-F.-G. Meyer publié dans la Revue numismatique belge,
année 1857, p. 246.)
4i
obsid. cœpit. sub octdis Hispan. Angl. Germ. Batav.
centum mill. La Sambre et la Meuse mêlant leurs
eaux au pied d'un rocher sur lequel est élevé un
cippe surmonté d'une statue de la Victoire. —
Exergue : m. dc. xcii.
45g. Furnes en sûreté sous la protection de la
France ; i6g2. — Médaille du module de 20 lignes,
qui ne diffère que par la date, pour ce qui concerne
le revers, de celle de 1689, publiée par Van Loon,
t. III, p. 40g, et non mentionnée au Catalogue
de i833. Elle se frappe avec la tête du roi couronné
de laurier, signée J. Nilis (').
* 32g. Défaite de la flotte hollandaise près du
Texel ; i6g6. — Médaille différente du n° 33o,
publiée par Van Loon, t. IV, p. 23i.
Attonita Batavia. La Hollande effrayée à la vue
d'un vaisseau en proie aux flammes. — Exergue :
Incensis aut capt. nav. onerariis xxx, bellicis ni, ad
Texeliam. m. dc. xcv. — (PI. II, fig. 2.)
Cette médaille, qui porte une date inexacte, i6g5
au lieu de i6g6, rappelle un des hardis exploits de
Jean Bart. Elle ne diffère que par la légende et
l'exergue, de la médaille qui la suit, sous le n° 33o,
dans le Catalogue de i833, exactement datée de
(') Pour ce coin à la tête de Louis XIV, voir dans Van Loon, t. IV,
pp. 1 1 1 et 112, les médailles, datées également de 1692, des villes de
Dunkerque et de Bergues-sur-Winoc, cette dernière attribuée là, par
erreur, à la ville de Mons. (J. Dirks, Penningkundig repertorium,
fascic. LIV.)
42
i6g6, et publiée par Van Loon, t. IV, p. 23 1 , comme
nous venons de le dire.
En parlant de cette dernière médaille, publiée
bien antérieurement à l'ouvrage de Van Loon,
dans le recueil de l'Académie des Médailles et
Inscriptions, nous ne saurions mieux faire que de
reproduire l'explication qui en a été donnée par
cette compagnie savante (*) :
« Flotte hollandaise défaite à la vue du Texel. —
Le Chevalier Baëit, avec une petite escadre de
vaisseaux du Roi, rencontra le 18 de juin la flotte
marchande hollandoise de la mer Baltique, com-
posée de plus de cent voiles et escortée par cinq
gros navires de guerre. Il les attaqua aussitôt,
aborda lui-même le vaisseau amiral, s'en empara,
et força les quatre autres à se rendre. Ensuite il
tomba sur les vaisseaux marchands, et en -prit
trente. Mais comme il se vit hors d'état de con-
duire un si grand nombre de prises, il brûla deux
des vaisseaux de guerre et la plus grande partie des
vaisseaux marchands, et envoya le reste à Dun-
kerque. L'action se passa près du Texel, presque à
la vue de treize vaisseaux de guerre ennemis, qui
n'osèrent avancer quoiqu'ils eussent le dessus du
vent, ce qui répandit la terreur sur toutes les côtes
de la Hollande (-). »
(') Feuillet 263 des deux éditions de 1702.
(*) Ce fut cette action brillante de Jean Bart qui « lui valut des lettres
de noblesse », lit-on dans la Biographie universelle de Michaud,
43
Un fait très singulier, c'est que, pour cette mé-
daille-là, déjà, la date marquée à l'exergue, sur la
gravure qui en est donnée dans l'édition in-40, 1702,
du recueil de l'Académie, est m. dc. xcv, alors que
dans la description il y a bien m. dc. xcvi. De la
Hode, de son côté, a reproduit, sans commentaire
aucun sur ce point, la gravure du recueil in-40, avec
la fausse date de m. dc xcv ('), et placé l'explication
qu'il en donne parmi les événements de i6g5. Quant
à Goeree, à qui l'on doit une traduction en hollan-
dais du recueil de l'Académie (:), on peut dire que,
sur ce même point, son exactitude a été poussée
jusqu'à l'absence de la réflexion et du sens com-
mun, car il a laissé la date « m. dc xcv » dans le
dessin de la médaille, et « i6g6 » dans la descrip-
tion.
La médaille différente que nous publions per-
pétue la bévue de la fausse date, sans que l'on
semble même, jusqu'ici, y avoir pris garde. Aussi
le coin continue-t-il à demeurer, en quelque sorte,
à la disposition du public, qui peut toujours, se
procurer à la Monnaie la frappe moderne de cette
même médaille, comme s'il s'agissait de la propa-
nouvelle édition, t. III. Mais il y aurait erreur dans l'assertion de la
Biographie Michaud, si l'on doit s'en tenir à ce qu'a écrit, de son côté,
La Chesnaye des Bois, dans son Dictionnaire de la Noblesse, à savoir
que les lettres de noblesse de Jean Bart remonteraient à 1694.
(') Tome V, aux planches, fig. XXX.
(*) Historische Gedenk-penningen van Lodewyk den XIV; Amster-
dam, 1712, in-8°, fol. 2Ô3.
44
gation d'un document historique méritant vérita-
blement, tel qu'il est, d'être pris au sérieux.
* 336. Prise d'Ath, de Barcelonne et de Cartha-
gène; 1697.
Victoria cornes Francorum. La Victoire, debout,
grave sur trois boucliers suspendus à un palmier
ces mots : Ad Barcinonem Hispaniœ. — Ad Atham
Flandriœ. — Ad Carthaginem novi Orbis. — Exer-
gue : M. dc. xcvn.
(Médailles du règne de Louis le Grand, éd. 1702, fol. 269.)
* 337. La France toujours victorieuse ; 1697.
Gallia invicta. La France debout, appuyée d'une
main sur un javelot, porte sur l'autre une figure de
la Victoire ; à ses pieds les écussons des puissances
ennemies; on remarque, sur l'un d'eux, le lion des
Provinces-Unies, tenant les sept flèches. — Exer-
gue : Belloper decennium féliciter gesto. m. dc. xcvii.
(Méd. de Louis le Grand, éd. 1702, fol. 270.)
467. Paix d'Utrecht; 1713. — Médaille du mo-
dule de 32 lignes, dont le droit est le même que
pour le n° 455 (prise de Mons, 1691), décrit plus
haut. Le revers présente l'inscription suivante,
dans une couronne de laurier :
Qnod sœvissimo bello féliciter confecto Hispaniarum
regnum Philippo nepoti assenât, et totius Europœ tran-
quillitati consultât, anno regni lxxi.
45
* 382. La ville de Lille rendue à la France par
la paix d'Utrecht ; 1713.
Liberatori paciftco. Louis XIV debout, vêtu à
l'antique, tend les bras à la ville de Lille, qui, à
genoux à ses pieds, lui présente une couronne
d'olivier. — Exergue : Prœf. Ins. Cons. 1713.
(Ed. Van Hende, Numismatique lilloise, pi. 64, fig. 549, mais
avec des variétés de coins. Ici la tête de Louis XIV est une
œuvre de Thomas Bernard, et il y a au revers, en sous-
exergue, trois initiales « J. G. R. » ('), dont il n'est pas fait
mention dans le catalogue imprime de i833.)
468. Paix de Rastadt ; 1714. — Médaille du mo-
dule de 26 lignes.
Uni debemus utramque. Mars debout, montrant
une couronne de laurier à Minerve, qui, appuyée
sur sa lance, tient une couronne d'olivier. —
Exergue : Victoria pacem fecit. m. dcc. xiiii.
On frappe actuellement cette médaille avec le
buste de Louis XIV, la tête ceinte d'une couronne
de laurier, signé Molart, et à la légende Ludovicus
Magnus rex Christianissimus. Le revers en est donné
par Van Loon, t. V, p. 241, mais avec le buste du
maréchal de Villars sur le côté opposé.
(!) Probablement Joseph-Charles Roettiers, né à Paris en 1692, reçu
de l'Académie de peinture et sculpture en 1717, et qui devint en 1727
graveur général de la Monnaie. (Albert Barre, Graveurs généraux et
particuliers des Monnaies de France, dans l'Annuaire de la Société
française de Numismatique et d'Archéologie, année 1867.)
46
§ II. Médailles du règne de Louis XIV men-
tionnées DANS LE CATALOGUE IMPRIMÉ EN l833
des coins et médailles du musée monétaire,
comme existant au diamètre de 3o lignes, et
que Van Loon n'a pas publiées en ce mo-
dule, MAIS EN CELUI DE l8 LIGNES, DONT LES
COINS EXISTENT ÉGALEMENT AU MUSÉE MONÉ-
TAIRE.
Il est facile de comprendre que les omissions de Van
Loon qui rentrent dans cette catégorie ont beaucoup
moins d'importance que celles dont nous avons dû nous
occuper d'abord. Nous ne ferons guère qu'en donner la
liste, sans entrer dans le détail des variantes plus ou
moins remarquables qui peuvent exister entre les
médailles du module de 18 lignes et celles de plus grand
module représentant le même sujet. Le lecteur qui
désirerait en connaître davantage aurait à recourir au
Catalogue de i833.
Les numéros donnés aux médailles sont ceux qu'elles
ont, avec leurs semblables du module de 18 lignes, dans
ce même catalogue.
Les indications entre parenthèses, à la suite de la
mention du sujet de la médaille, renvoient au volume de
^Histoire métallique de Van Loon, édition française, et
à la page de ce volume où la médaille est représentée
dans le module de 18 lignes.
7. Bataille de Rocroi, 1643.— (T. II, p. 265.)
Le Musée monétaire possède en outre, non
indiqués au Catalogue de i833, les coins pour la
frappe de la médaille dans le module de 24 lignes (').
(') Ce renseignement et les autres de la même nature qui suivront
47
8. Prise de Thionville ; 1643. — (T. II, p. 266.)
Il existe au Musée monétaire, non indiqués au
Catalogue de i833, les coins pour la frappe de la
médaille dans le module de 24 lignes.
3g. Bataille de Lens ; 1648. — (T. II, p. 3i6.)
On conserve au Musée monétaire, non indiqués
au Catalogue de i833, les coins pour la frappe de
la médaille dans le module de 28 lignes.
La médaille est représentée en ses trois modules
dans la Numismatique bêthunoise, par M. L. Dan-
coisne, pi. XXIII à XXV.
41. Paix de Westphalie; 1648.-— (T. II, p. 3o8.)
47. Bataille de Rethel; i65o. — (T. II, p. 348.)
71. Prise de Montmédy ; 1657. — (T. II, p. 412.)
74. Bataille des Dunes; i658. — (T. II, p. 417.)
io5. Acquisition de Dunkerque; 1662. — (T. II,
p. 489, i°.)
125. Secours aux Hollandais; 1662. — (T. II,
p. 5i8.)
143. Prise de Lille; 1667. — (T. III, p. 10.)
La médaille du module de 3o lignes a été publiée
par M. Ed. Van Hende, dans sa Numismatique
encore résultent d'une communication qui nous a été faite par la Direc-
tion générale des Monnaies et Médailles. Nous remercions particulière-
ment l'honorable conservateur du Musée monétaire, M. Caignard, de
ceux de ces renseignements que nous devons à son obligeance.
48
lilloise, i858, pi. 5g, d'après un exemplaire ancien,
différent, pour le coin de tête, des exemplaires en
frappe moderne.
172. Prise de quatre villes sur le Rhin (Orsoy,
Rhinberg, Burik, Wesel); 1672. — (T. III, p. 5o.)
174. Passage du Rhin; 1672. — (T. III, p. 53, i°.)
175. Retranchements de l'Yssel forcés ; 1672. —
(T. III, p. 55.)
i83. Défaite de l'électeur de Brandebourg, allié
des Hollandais; 1673. — (T. III, p. 110.)
184. Prise de Maestricht; 1673. — (T. III, p. m.)
186. Seconde conquête de la Franche-Comté ;
1674. - (T. III, p. i37, i°.)
On conserve au Musée monétaire, non indiqués
au Catalogue de i833, les coins pour la frappe de
la médaille dans le module de 28 lignes.
188. Prise de la ville et de la citadelle de Besan-
çon ; 1674. — (T. III, p. 134, i°.)
192. Bataille de Seneffe; 1674. — (T. III,
p. 144, i°.)
Il existe au Musée monétaire, non mentionnés
au Catalogue de i833, des coins pour la frappe de
la médaille dans le module de 28 lignes et dans
celui de 20 lignes.
194. Levée du siège d'Audenarde ; 1674. —
(T. III, p. 146.)
49
199. Prise de Dinantetde Huy; 1675. — (T. III,
p. 169.)
200. Prise de Limbourg; 1675. — (T. III,
p. 171, i°.)
Le Musée monétaire possède, non indiqués au
Catalogue de i833, les coins pour la frappe de la
médaille dans le module de 28 lignes.
209. Combat naval de Palerme ; 1675. — (T. III,
p. 178, i°.)
La médaille peut être frappée en outre dans le
module de 22 lignes, dans lequel, au surplus, elle
a été publiée par Van Loon, p. 179, avec la signa-
ture Ant. Meybusch fecit., sous la tête du roi. Les
coins existent au Musée monétaire.
210. Prise d'Aire ; 1676. — (T. III, p. 186.)
D'après l'inventaire de 1697-1698 Q, n° 1294, *e
coin passé au Musée monétaire ne serait pas tout
à fait du diamètre de 3o lignes, mais de 29 lignes,
et il doit être signé H. R. F. (c'est-à-dire Hierony-
mus Roussel fecit). Ce coin n'est pas indiqué au
Catalogue de i833, où la médaille de la prise
d'Aire ne figure uniquement que pour le module
de 18 lignes.
228. Prise de Lewe; 1678. — (T. III, p. 229.)
Le Musée monétaire possède les coins pour la
frappe de la médaille en 28 lignes.
(') Cité ci-dessus, aux notes de la p. 29.
Année 1887. 4
5o
232. Paix de Nimègue ; 1678. — (T. III, p. 23i, i°.)
Le Musée monétaire possède les coins pour la
frappe de la médaille en 20 lignes.
264. Trêve de vingt ans; 1684. — (T. III,
p. 294, 40.)
265. Remise de contributions dues par les Espa-
gnols ; 1684. — (T. III, p. 298.)
292. Bataille de Fleurus ; 1690. — (T. III,
p. 447.)
295. Les! trois victoires (Fleurus, Staffart, Beve-
sier) ; 1690. — (T. IV, p. i5, 3°.)
3o2. Combat de Leuze; 1691. — (T. IV, p. 73.)
3o6. Combat de Steinkerque ; 1692. — (T. IV,
p. 109, i°.)
322. Défaite des Anglais et des Hollandais à
Brest ; 1694. — (T. IV, p. 161.) •
Tout compte fait, les omissions de publication,
par VanLoon, que nous avons signalées ci-dessus
de médailles plus ou moins officielles du règne de
Louis XIV, rentrant directement dans le cadre de
cet auteur, ne montent pas à moins de soixante-
quinze, sans que nous ayons même eu à chercher
des variétés dans les détails secondaires. C'est,
avons-nous pensé, un fait qui méritait d'être établi.
Pour achever régulièrement notre travail, il nous
5i
resterait encore à énumérer, dans un troisième
paragraphe, les médailles de Louis XIV exécutées,
en réalité, au diamètre de 18 lignes, et dont Van
Loon n'a donné les figures qu'en celui de 32 lignes,
module dans lequel elles n'existent pas et n'ont
jamais existé. Ces médailles, au nombre de vingt-
sept, sont représentées de la page 372 du tome IV
à la page 260 du tome V. Comme elles sont toutes
examinées en détail dans notre article sur l'œuvre
numismatique prétendue de J.-J. Folkema, publié
dans la. Revue belge de numismatique (année i885), il
nous suffira bien ici, pour le but que nous avions
en vue, de nous en tenir à cette mention.
J. Rouyer.
52
MÉDAILLE POUR RÉCOMPENSER
LES
SERVICES MUS AUX ARMÉES DE L'AUTRICHE ET DE m ALLIÉS
EN GUERRE AVEC LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
1792-1794
Planche IV.
La révolution grondait en France et menaçait
les trônes.
L'empereur d'Autriche et le roi de Prusse,
effrayés par cet élan formidable d'une nation qui
brisait ses chaînes, se liguèrent pour défendre la
cause de Louis XVI. Dans la crainte que ce mou-
vement ne s'étendît jusqu'à leurs Etats, ils vou-
lurent étouffer l'insurrection dans son berceau :
il leur fallait la dissolution de l'assemblée natio-
nale, sinon l'Europe tout entière mettrait la France
à la raison.
La mort empêcha Léopold II (ier mars 1792)
d'exécuter ses menaces.
53
Son {successeur, François II, essaya aussitôt
d'accomplir les projets de son père et, comme si
c'était la chose la plus naturelle du monde, somma
l'assemblée française de rétablir la monarchie
absolue.
La Constituante releva ce défi en déclarant la
guerre (20 avril 1792).
La France envoya trois corps d'armée pour
envahir les provinces belgiques : l'un, commandé
par La Fayette, devait marcher de Givet sur Namur
et Bruxelles ; un autre, sous les ordres du général
Biron, sur Mons, et le troisième, sur Tournai.
Cette campagne fut désastreuse pour les Fran-
çais : arrivés près des portes de Mons, les soldats
de Biron, saisis d'une folle panique, s'enfuirent en
déroute; une marche du général Luckner sur
Courtrai ne fut pas plus heureuse ; les troupes du
général Dillon se mutinèrent, et leur chef, obligé
de rentrer à Lille, d'où il était parti, fut massacré
par le peuple mécontent; La Fayette, instruit de
ces revers, n'osa pas avancer.
L'armée coalisée prit alors l'offensive, ce qui
n'empêcha point le duc de Brunswick d'être
repoussé du territoire français par Dumouriez.
De son côté, le duc Albert de Saxe-Teschen avait
marché sur Lille avec quinze mille hommes et
bombardé cette ville pendant six jours (octo-
bre 1792), mais les habitants se défendirent avec
un si grand héroïsme que le duc, voyant ses efforts
inutiles et craignant l'arrivée de Dumouriez qui
H
marchait au secours des assiégés, leva précipi-
tamment le siège pour se porter au devant de
l'armée républicaine. Celle-ci remporta une vic-
toire complète à Jemmapes (6 novembre 1792),
malgré les efforts des deux braves généraux belges
Clairfayt etBeaulieu, dont les vingt mille soldats
ne purent résister aux quarante mille hommes
commandés par Dumouriez. Les Autrichiens
battirent en retraite derrière la ligne de la Meuse,
de sorte que l'armée française pût pénétrer en
toute liberté au centre même de la Belgique. Le
i3 novembre, le général victorieux faisait son
entrée à Bruxelles ; le 28, il était à Liège, et dès
lors nos provinces furent toutes en son pouvoir.
Mais l'année suivante Dumouriez, vaincu à
Neerwinden (18 mars 1793), repassa la frontière, et
ce n'est qu'en 1794 que les Français, victorieux
à Fleurus (26 juin), parvinrent à reconquérir nos
provinces qui devaient cette fois-ci leur appartenir
pendant dix-neuf années.
Durant cette lutte contre la France, le gouverne-
ment autrichien fit plus d'une fois appel au dévoue-
ment de ses sujets belges (') ; c'est ainsi qu'il réor-
(') Tous les employés du gouvernement offrirent, chaque année, un
don proportionné à leurs gages, pour couvrir les frais de la guerre.
Les employés de la Monnaie s'empressèrent d'imiter cet exemple et
envoyèrent tous les mois, pendant la durée de la guerre, au comité
des dons patriotiques, une partie de leurs gages proportionnée à leurs
appointements. Entre autres, le graveur général van Berckel versait
10 florins par mois, l'essayeur général Brichaut, 4 florins par mois.
55
ganisa le corps des volontaires limbourgeois (')
qui lui avait été si utile pendant la révolution
brabançonne; d'autres volontaires accouraient
dans les rangs autrichiens; de simples citoyens
prêtaient leurs bons offices à l'armée soit comme
guides, soit comme infirmiers pour ramasser et
soigner les blessés ; des médecins apportaient gra-
tuitement le secours de leur art, enfin beaucoup de
personnes montraient le plus grand zèle à fournir,
sans aucune indemnité, des subsistances aux
soldats.
Tous ces sacrifices méritaient certes reconnais-
sance, mais comment faire pour récompenser
dignement de tels services? Des gratifications
pécuniaires pouvaient froisser certaines suscepti-
bilités et auraient eu surtout l'inconvénient d'obérer
le trésor public, déjà fortement épuisé par les frais
de la guerre ; la campagne de 1790 avait, du reste,
démontré que beaucoup d'individus, malgré de
grosses rémunérations en argent, n'avaient pas
laissé d'accabler et d'importuner le gouvernement
de réclamations, de demandes d'emplois ou d'in-
demnités. Il s'agissait donc de trouver un moyen
de payer ces dettes d'une manière peu coûteuse et
de satisfaire en même temps toutes les petites
vanités; les états ne prodiguaient pas alors et
n'avilissaient pas, comme de nos jours, les mar-
(') Vqy. notre étude sur les volontaires limbourgeois et leur
médaille. Revue, 1886, pp. 180 et suiv.
56
ques d'honneur; on n'avait pas encore inventé
à cette époque ces innombrables décorations
qu'on jette à tout le monde : quoi de plus
naturel dans ces conditions, et puisqu'on voulait
faire des économies, que d'offrir des médailles
ou des jetons avec une inscription commé-
morative.
Cette idée fut mise en avant par le colonel baron
de Seckendorff à qui elle fut suggérée par le rap-
port du colonel prince de Ligne sur l'engagement
du 27 mai 1792, près de Condé. Dans la relation de
cette affaire, le rapporteur recommandait spéciale-
ment trois gardes-chasse du prince de Croy qui
avaient guidé quelques détachements autrichiens
et les avaient menés jusque dans les retranche-
ments ennemis, en s'exposant comme les soldats et
en participant à la fusillade. Une telle bravoure,
pensait Seckendorff, méritait mieux qu'une récom-
pense pécuniaire et c'est pourquoi, dans une très
humble note qu'il adressa, le Ier juin 1792, à
LL. AA. RR. Marie-Christine et Albert de Saxe-
Teschen, il formula la proposition de faire frapper
des jetons portant, d'un côté, les bustes de Leurs
Altesses Royales et, de l'autre, une légende dans le
genre de celle-ci : Services récompensés rendus au
militaire.
Il paraît que Leurs Altesses préférèrent que
ce fût le buste de S. M. François II qui figurât
sur la médaille et que la légende fût modifiée
ainsi : Services rendus au militaire récompensés.
57
Nous verrons bientôt que cette légende subit
de nouveaux changements.
Dès le 4 juin, S. A. R. l'Archiduchesse, par un
décret adressé au conseil des finances, chargea
l'abbé Mann (') de donner son avis sur la légende
qui conviendrait le mieux pour cette médaille.
Le savant académicien commença par présenter
une série d'observations qu'il est intéressant de
reproduire ici :
i° Pour se conformer au bon goût du style lapi-
daire, dont les anciens nous ont laissé tant de
modèles achevés dans leurs inscriptions et sur
les monnaies, une légende ne peut pas être trop
courte ni conçue en termes trop généraux ;
2° C'était une règle à laquelle les anciens ont
rarement dérogé que si un côté d'une médaille
portait le buste du souverain ou du personnage
en l'honneur de qui elle avait été frappée, on
ne répétait presque jamais dans l'inscription du
revers les noms et qualités qui entouraient déjà
l'effigie ; le buste et sa légende déterminaient, en
effet, suffisamment l'objet de la médaille;
3° Le souverain étant la personnification de
l'État, tout service rendu à l'Etat est, par consé-
quent, rendu au souverain. C'est pourquoi, il n'est
pas nécessaire de dire : pour services rendus au mili-
(') L'abbé Mann, chanoine de l'église collégiale de Courtrai, habitait
à Bruxelles, rue des Petits-Carmes. Il était membre de l'Académie
impériale et royale des sciences et belles-lettres, établie à Bruxelles,
par lettres-patentes du 16 décembre 1772.
58
taire, ni à l'État, ni même au souverain, parce que le
buste de celui-ci indique bien que les services lui
ont été rendus et que c'est Lui qui en donne la
récompense ;
4° Cette médaille devant servir de récompense
populaire, il semble plus convenable que la légende
du revers soit en français et entourée d'une cou-
ronne de laurier ou de quelques attributs emblé-
matiques.
Se conformant à ces principes, l'abbé Mann
proposait, sauf correction, les inscriptions sui-
vantes :
I. — Pour l'inscription autour du buste de Sa
Majesté :
FRANCISCVS, DEI GRATIA, HVNGARI2E
ET BOHEMLE REX, PRINCEPS BELGICE.
Par abréviation :
FRANCISC. D. G. HVNG. BOH. REX. PRINC.
BELG.
II. — Sur le revers :
POUR ou EN RÉCOMPENSE DES SER-
VICES RENDUS.
Ou mieux encore :
RÉCOMPENSE DE SERVICES RENDUS.
En latin : PRiEMIVM OFFICIORVM ou
PRiEMIVM FIDELITATIS ET OFFICIORVM.
Ce rapport fut envoyé le 11 juin 1792.
59
Il faut supposer que le conseil des finances
engagea l'abbé à modifier ces légendes et à les
composer l'une et l'autre en langue française, ce
qui était réellement plus logique et plus conforme
à la destination de la médaille ('), puisque, dans une
note jointe à la lettre adressée, le 25 juillet 1792,
par le conseiller des finances Sanchez de Aguilar
à l'archiduchesse Marie-Christine, il est dit que
l'abbé Mann proposait, pour entourer le buste de
l'Empereur, la légende suivante :
FRANÇOIS II, EMPEREUR DES ROMAINS,
ROI DE HONGRIE ET DE BOHÊME, SOUVE-
RAIN DE LA BELGIQUE.
Ou en abrégé :
FRANÇOIS II, EMP. DES ROM. ROI DE
HONG. ET DE BOH. SOUV. DE LA BELG.
Et, au revers, renfermée dans une couronne de
laurier, l'inscription :
POUR
SERVICES RENDUS
AUX ARMÉES
MDCCXCII.
Mais la légende entourant le buste devait encore
(') Généralement les médailles que le gouvernement autrichien fit
frapper en Belgique portent des légendes latines.
6o
subir quelques changements; dans sa lettre à l'Ar-
chiduchesse, le conseiller de Aguilar faisait remar-
quer que la médaille ne mentionnerait le nom
d'aucune province, parce qu'il était impossible de
les citer toutes et que si l'on se décidait à inscrire
les noms de quelques-unes d'entre elles, la médaille
ne conviendrait plus pour les habitants des autres
provinces. C'est pour ce motif que l'abbé Mann
proposait l'expression de souverain de la Bel-
gique. Cependant ce titre ne pouvait convenir
puisque certaines parties de la Belgique n'appar-
tenaient pas à l'Empereur et qu'il serait plus
exact de dire : Souverain de la Belgique autrichienne ;
du reste, concluait le conseiller des finances, il
était inutile de discuter cette question plus lon-
guement, parce que, malgré l'abréviation des
titres indispensables, celui de Souverain de la
Belgique ne pouvait trouver place sur la médaille.
Par conséquent la légende définitive devait être :
ê
FRANÇOIS II EMP. DES ROM. ROI DE
HONG. ET DE BOH (•).
Quant à la légende du revers, M. de Aguilar
approuvait complètement le projet de l'abbé
Mann (*), mais pensait qu'il valait mieux, par
(') C'est la légende qui fut adoptée.
(*) Ce projet fut exécuté, mais on modifia, par suite du défaut
d'espace, la disposition des mots composant l'inscription.
6.i
économie et pour gagner du temps, ne pas frapper
des médailles de différents modules, comme le
demandait Se'ckendorff.
Le conseiller des finances remarquait ensuite
qu'il n'existait alors que trois poinçons du buste
de l'Empereur destinés aux jetons de trois modules
distincts, à fabriquer pour célébrer l'inauguration
de Sa Majesté. Il suffisait donc, si l'on voulait
obtenir rapidement la médaille pour services
rendus aux armées, d'employer l'un ou l'autre de
ces poinçons.
Ces conseils emportèrent l'assentiment des
gouverneurs, qui résolurent de faire frapper vingt-
cinq médailles en or et cinquante médailles en
argent.
Toutefois, le graveur général van Berckel, consi-
dérant que le buste fait avec le poinçon préparé
pour les jetons n'aurait pas le relief nécessaire à
une médaille, proposa, si plus de temps lui était
accordé, de graver un nouveau poinçon qui servi-
rait aussi pour les médailles de l'inauguration
(troisième dimension). La dépense, ajoutait l'émi-
nent artiste, ne serait pas beaucoup plus grande;
il ne lui faudrait que trois semaines pour ter-
miner ce poinçon et cinq semaines, en tout, pour
achever complètement les médailles, tandis qu'il
pourrait en livrer quelques-unes au bout d'une
quinzaine de jours en usant du poinçon destiné
aux jetons.
Par une lettre du 6 août 1792, le conseiller des
62
finances, Sanchez de Aguilar, supplie l'archidu-
chesse Marie-Christine de lui faire connaître sa
décision à ce sujet et annonce en même temps à
Son Altesse Royale que van Berckel a déjà com-
mencé à travailler au poinçon pour les médailles
de l'inauguration, celui-ci devant être fait dans
tous les cas.
L'Archiduchesse se rallia à la proposition du
graveur général.
Le poinçon du buste qui servit à la médaille
pour services rendus aux armées est donc le même
qui fut employé plus tard pour les médailles
d'inauguration, du plus petit module.
Le g août 1792, le conseil des finances envoya
l'ordre suivant aux officiers de la Monnaie, à
Bruxelles :
« Nous vous fesons la présente afin que vous
« fassiez graver le plus tôt possible par le graveur
« général van Berckel et battre ensuite 25 médailles
« d'or et 5o médailles d'argent, les unes et les autres
« de forme octogonale, portant d'un côté le buste
« de S. M. l'empereur avec l'inscription : François II
« emp. des rom. roi de hong. et de boh.,et, de l'autre
« part, la légende : pour services rendus aux armées .
« mdccxcii . entourée d'une couronne de laurier.
« La grandeur de ces médailles sera telle que le
« poinçon du buste puisse servir ci-après aux
« médailles de la 3e grandeur pour l'inauguration
« et elles devront être munies chacune d'un anneau
63
« d'or ou d'argent pour pouvoir être portées à un
« ruban.
« Paraphé Desandrouin. Signé de Maleck. »
Van Berckel avait terminé son travail vers le
milieu du mois de septembre et dès le 27 du même
mois il adressait une requête au conseil des finances
pour en obtenir payement.
Il réclamait 1,435 florins 18 sols, argent courant
de Brabant, pour avoir fait les carrés (coins), les
médailles d'or et d'argent, y compris les anneaux
fabriqués par l'orfèvre Brichaut.
L'ordonnance de payement porte la date du
11 octobre 1792 et mentionne vingt-cinq médailles
d'or et cinquante médailles en argent (')•
Ces médailles doivent donc être très rares car il
est probable que toutes ne furent pas distribuées et
que plusieurs ont été fondues lorsque nos provinces
passèrent sous la domination française.
Nous ne connaissons aucune collection privée
ou publique qui en possède une (*).
Le coin est cependant conservé à l'hôtel des
monnaies, à Vienne, et mentionné dans le cata-
logue d'Arneth (*), sous le n° 465.
(') Le manuscrit parle de vingt-cinq médailles en argent, mais c'est
probablement par erreur, car l'ordre aux officiers de la Monnaie
mentionne cinquante médailles d'argent.
(*) Voy. cependant la note i de la page 67.
(3) Voy. Arneth, Catalog der kaiserlich-kôniglichen-Medaillen-
64
Grâce à l'extrême obligeance et à la grande
influence de notre éminent confrère M. Charles
von Ernst, conseiller supérieur des mines de l'État,
à Vienne, nous avons pu obtenir une refrappe de
cette médaille sur une mince plaque d'étain. Nous
remercions mille fois notre confrère de sa com-
plaisante démarche qui nous permet de donner
aujourd'hui une description de visu :
Au droit, le buste de l'Empereur lauré, en profil
droit; de longues boucles de cheveux retombent
sur la nuque.
Légende : FRANÇOIS II EMP ■ DES ROM •
ROI DE HONG ■ ET DE BOH.
Rev. Au centre d'une couronne de laurier,
l'inscription suivante :
POUR
SERVICES
RENDUS
AUX
ARMÉES
MDCCXCII.
Forme : octogonale. Diamètre : 33 millim. (d'un côté à l'autre).
Cette médaille, avons-nous dit, servit à récom-
penser les civils qui pendant la guerre se distin-
StâmpelSammlung, in-40 , Vienne, 183c), et Piot, Catalogue des
coins, poinçons et matrices, etc., dressé en exécution de l'arrêté
royal du 18 décembre 1841, 2e édition, Bruxelles, 1880, p. xx
de l'introduction.
65
guèrent par un acte de bravoure ou rendirent un
autre service essentiel à l'armée.
Le gouvernement autrichien n'eut sans doute
pas le temps de distribuer toutes ces médailles,
car un mois et demi après leur achèvement par
van Berckel, arrivait la défaite de Jemmapes
(6 novembre 1792), qui mettait momentanément
fin à la domination autrichienne ; mais après la
victoire de Neerwinden (18 mars 1793), le gouver-
nement autrichien recommença à décerner ces
marques de distinction. Il paraît cependant qu'il
ne possédait plus aucune des médailles frappées
en 1792 (') ou peut-être ne pouvait-il plus en faire
usage, puisque, le 8 août 1793, le conseil des
finances ordonne aux officiers de la Monnaie de
fabriquer une médaille en or semblable à celles
de l'année précédente, mais portant le millésime de
l'année courante. Le 21 août, cette médaille était
déjà fournie.
Il s'agissait d'en gratifier un chirurgien de
Courtrai, nommé Beck, qui avait soigné gratuite-
ment des soldats malades.
C'est le prince de Cobourg qui fut chargé de
remettre cette décoration.
Trois autres médailles d'or furent décernées par
l'entremise du magistrat de Mons : l'une au sieur
(') Ces médailles, ne pouvant plus servir pour l'année 1793, furent
probablement fondues, car nous doutons que toutes furent distribuées
en 1792. Il fallait donc en faire de nouvelles avec le millésime 1793.
Année 1887. • 5
66
Pourveur, serrurier de la ville, pour avoir sauvé
le vinaigre destiné aux troupes impériales; la
seconde au sieur Herin, chirurgien, en récom-
pense des soins intelligents et dévoués qu'il avait
donnés aux malades et aux blessés de l'hôpital
militaire de Mons; la troisième au sieur Noël
Frise, fermier à Cuesmes, qui, le jour de la
bataille de Jemmapes, avait mis en sûreté une
pièce de canon abandonnée par les Autrichiens.
La remise de ces médailles eut .lieu solennelle-
ment le g mai 1793, ainsi que nous l'apprend le
registre aux résolutions des magistrats de la ville
de Mons (').
Van Berckel reçut 109 florins 12 sols argent
courant de Brabant pour les médailles frappées
pendant l'année 1793.
Elles ne devaient donc pas être nombreuses (*).
Le 19 mars 1794, le secrétaire d'Etat et de
Guerre écrivit au trésorier général pour obtenir
(') Fol. 5o. Archives communales de Mons.
Ces renseignements sur les médailles distribuées à Mons ont été
publiés en i883, dans le Bulletin des séances du Cercle archéo-
logique de Mons, 4e série, 4e bull. Mons, i883, pp. 3y3 et 374,
par l'avocat Ernest Matthieu, secrétaire du Cercle archéologique
d'Enghien. Notre obligeant confrère nous a gracieusement autorisé à
reproduire ici les faits historiques qu'il avait mis au jour. Nous
publions aux annexes les deux extraits du registre aux résolutions
des magistrats de la ville de Mons, qui accompagnent la notice de
M. Matthieu.
(*) Ordonnance de payement du conseil des finances, 28 novem-
bre 1793.
67
encore quelques médailles ; les commandants mili-
taires réclamaient, paraît-il, un certain nombre de
ces décorations pour les placer sur les poitrines
des braves paysans des frontières qui avaient pris
les armes. On frappa, dans ce but, six nouvelles
médailles d'or et vingt médailles en argent, sans
doute avec le millésime de l'année 1794 (').
Van Berckel toucha 33g florins 18 sols argent
courant de Brabant pour les médailles faites pen-
dant l'année 1794.
L'ordonnance de payement est du 28 avril 1794.
Toutes ces médailles de 1792, 1793 et 1794,
n'ayant été frappées qu'à très petit nombre, sont
par conséquent fort rares. Elles manquent aux
collections de l'État belge (*).
Bientôt survint le désastre de Fleurus (26 juin).
La domination autrichienne fut définitivement
supprimée ; la République française s'annexa nos
provinces, et dès lors nul n'aurait osé porter une
(') Lettre des officiers de la Monnaie, 26 mars 1794.
(2) Notre obligeant confrère, M. le baron Surmont de Volsberghe
nous écrit que cette médaille ne se trouve pas dans sa riche collection
de médailles gravées par van Berckel. M. Onghena ne possédait
pas non plus cette décoration. M. le baron Surmont se rappelle
cependant l'avoir vue. Elle faisait partie de la collection De Coster et
se trouve indiquée sous le numéro 931 du catalogue de son cabinet de
jetons historiques {Description du cabinet de jetons historiques d'or
et d'argent frappés dans les Pays-Bas, à partir du milieu du
xve siècle jusqu'à nos jours, formé par feu M. L. De Coster; Bruxelles,
i883). Cette pièce a été achetée, lors de la vente de ces collections, par
M. le comte Du Val de Beaulieu, pour la modique somme de i3 francs.
décoration aussi mal vue par les envahisseurs;
presque tous les titulaires de cet honneur s'em-
pressèrent, sans doute, de détruire une marque
aussi compromettante, et ces événements ainsi que
la misère qui régna en Belgique, par suite des
exactions des agents républicains, contribuèrent à
faire disparaître ces médailles et à les rendre
presque introuvables de nos jours.
G. Cumont.
69
ANNEXE.
Extraits du registre aux résolutions des magistrats
de la ville de Mons.
6 mai 1793. — Sur intimation faite à la compagnie par
le commissariat de guerre de S. A. S. le feldt-maréchal
prince de Saxe-Cobourg y avoit fait parvenir trois médailles
d'or pour être remises sous quittance à MM. les magistrats
et par eux distribuées l'une au ' serrurier de la ville Pour-
veur, pour avoir conservé le vinaigre destiné aux troupes
de S. M., la 2de au chirurgien Herin de cette ville, en
récompense des secours qu'il a portés volontairement aux
soldats malades et blessés dans l'hôpital militaire de cette
ville, la 3me à Noël Frise, censier à Cuesmes, pour avoir,
dans la retraite. du 6 novembre 1792, sauvé une pièce de
canon que l'armée de S. M. étoit forcée d'abandonner et
l'avoir ramené au camp des troupes impériales.
Conclu de prier les deux premiers échevins et le pension-
naire de service d'aller recevoir les trois médailles d'or au
commissariat de guerre, les autorisant d'en donner quittance
pour la compagnie et de décorer de ces médailles les trois
personnes à qui elles sont destinées jeudi prochain 9 de ce
mois, fête de l'Ascension, à sept heures et demie du matin,
lorsque la compagnie sera assemblée en robe pour la
cérémonie de la procession dudit jour.
7o
9 mai 1793. — Ce jour, Messieurs étant assemblés en
leur hôtel, en robes, à 8 heures du matin, le serrurier
Pourveur, le chirurgien Herin et Noël Frise de Cuesmes
furent introduits et complimentés par le pensionnaire
Vigneron au nom de Mrs les magistrats, et étant sortis
de l'hôtel, à l'entrée de la Grand' Place, les trois sermens de
la ville en uniformes et la garde bourgeoise sous les armes,
le tambour battant aux champs, le baron de Francque,
Ier échevin, attacha la médaille d'or ornée de ruban rouge
à l'habit du serrurier Pourveur, le 2d échevin, M. de
Biseau de Familieureux, attacha la seconde à l'habit du
chirurgien Herin, et la 3e fut attachée à l'habit de Noël
Frise par Mr Du Bois, 3e échevin, aux applaudissemens
des spectateurs.
7'
LE SCEL ET LE CONTRE-SCEL DO CONSEIL DE GUELDRE.
Jean-Baptiste Harrewyn, graveur particulier de
la Monnaie de Bruxelles, avait été chargé d'exé-
cuter le scel et le contre-scel pour le conseil de la
Gueldre.
Nous possédons la requête (5 juillet 1780) par
laquelle il réclame le payement de ce travail : la
note du graveur de scels et cachets de Sa Majesté
fixait la somme due à 1,000 florins de change (').
Cet ouvrage avait été commandé par le Conseil
des Finances, au commencement de l'année 177g
et devait être achevé au bout de quatre mois ; mais
prétextant les difficultés de la gravure, l'artiste
avait obtenu un délai jusqu'au mois d'octobre ;
ce temps passé, Harrewyn ne fut pas encore en
mesure de livrer ces deux sceaux.
Probablement ne se sentait-il pas assez d'habi-
leté pour se tirer avec honneur de la tâche qu'il
avait assumée, d'autant plus qu'il pouvait craindre
une comparaison fâcheuse pour lui, avec les
(') Le florin de change vaut fr. 2-1 1 58 ; 1,000 florins équivalent donc
à fr. 2,1 i5-8o.
72
œuvres si achevées et si belles de son nouveau
collègue le graveur général van Berckel
Aussi remit-il prudemment les plaques d'ar-
gent à celui-ci, qui les eut bientôt gravées moyen-
nant la promesse faite parHarrewyn d'abandonner
à son confrère la moitié de la somme que payerait
le gouvernement.
Toutefois, ce dernier trouva la note d'Harrewyn
trop salée.
On avait, en effet, payé en 1672, pour le dernier
scel de Gueldre, 600 florins, et 100 florins pour le
contre-scel, plus 70 florins 17 sols pour l'argent et
le bois employés à leur monture.
Il semblait donc que le travail actuel ne méritât
pas un plus fort salaire.
Sans doute, l'œuvre de van Berckel, par sa
perfection et sa finesse, valait largement 700 florins
et n'allait être rétribuée que par la modique somme
de 35o florins, à cause de la convention passée
avec Harrewyn, mais le gouvernement ne voulait
pas entrer dans ces considérations, parce qu'à son
avis, le graveur particulier était seul censé avoir
effectivement gravé les sceaux en question (').
Selon toute apparence, ce pauvre motif suffit au
gouvernement pour réaliser une économie de
(') Plus tard, van Berckel fut nommé graveur des sceaux et cachets
de l'Empereur. Voy. Registre aux patentes et commissions de 1770
à 1785, fol. g3 r°, dans les archives du conseil des finances, aux
archives générales du royaume, à Bruxelles.
73
200 à 3oo florins et lui parut péremptoire pour
lésiner sur le salaire d'un artiste dont il aurait
fallu mieux encourager les admirables qualités.
G. Cumont.
74
NUMISMATIQUE LIÉGEOISE,
Jean d'Arkel (1364-1378). — Georges d'Autriche (1544-1557).
— Gérard de Groesbeeck (1563-1580).
Pl. IV, nos !, 2 et 3.
I.
Jean d'Arkel, fils de Jean, sire d'Arkel, et d'Er-
mengarde de Clèves, frappa monnaie à Liège,
à Tongres et à Saint-Pierre lez-Maestricht (').
Plusieurs des monnaies de cet évêque sont
restées inédites ou, plus exactement, n'ont pas,
jusqu'ici, été reproduites par la gravure ; d'autres
doivent encore être retrouvées (").
La pièce dont nous donnons le dessin pl. IV,
n° i , d'après l'exemplaire de la collection de
M. le baron de Chestret de Haneffe, a été décrite
par Perreau dans la Revue belge de numismatique,
année 1862, p. 217, n° 7.
(') 'Avant d'être appelé par le pape Urbain V au siège épiscopal de
Liège, Jean avait été, pendant vingt-trois ans, évêque d'Utrecht;
il battit monnaie en cette qualité. (Vqy. Van der Chus.)
(*) Bulletin mensuel de numismatique, t. V, p. 26, R. Serrure, Les
monnaies de Jean d A rkel.
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C'est le gros à l'évêque à mi-corps, frappé à
Liège («).
Droit. Buste mitre d'évêque à mi-corps de face,
tenant de la main gauche une crosse et bénissant
de la droite ; au-dessous du buste l'écu d'Arkel :
iOb0's $ ap>s x _ x LGODiensis'.
Rev. Croix pâtée. Légende intérieure : *i* ST20-
nSrH7î * L30DES*.
Légende extérieure : * BPDICHnV : SUE f 130-
(T)G : DV,l : RRI • II7V :' 2CPI.
Notre confrère M. Pety de Thozée possédait
jadis le demi-gros au même type de l'évêque à
mi-corps et bénissant. Cette rare monnaie est
entrée il y a quelques mois dans les cartons de
M. de Chestret. Elle est restée complètement
inédite.
II.
Écusson découpé et écartelé aux armes de l'évê-
que Georges d'Autriche ; aux côtés, la date i5-56.
+ GEORG * AB * AVS * D * G * EP * LEO *
D * BVL * C * LO.
Rev. Double aigle impériale couronnée : CARO-
LVS O V O ROM o IMP G SEMP o AVG f).
PI. IV, n° 2.
(') La ville de Liège possède aussi un exemplaire de cette pièce; la
collection Piat en renferme également un, pensons-nous.
O Une variété de cette pièce de billon blanc existe dans la collection
76
Cette monnaie, décrite par Perreau ('), est une
subdivision du daalder d'argent, frappé pour la
première fois en i552, conformément aux pres-
criptions de l'empire qui imposaient aux villes
impériales, aux abbayes et aux feudataires investis
des droits régaliens d'inscrire le nom de l'em-
pereur sur les espèces qu'ils émettaient (•).
Une ordonnance de l'évêque de i552, à son
maître des monnaies Jaspard Vleminckx, publiée
une première fois par M. F. Henaux (5) et tout
récemment reproduite avec quelques corrections
par M. le baron de Chestret, renferme tous les
détails désirables au sujet de la fabrication de ces
pièces. La commission pour faire crier et publier
ces monnaies, datée du 5 septembre i552, est
aussi donnée par notre érudit confrère, dans sa
savante étude sur l'histoire monétaire de la prin-
cipauté de Liège; enfin, le même auteur nous
fait connaître « le cri proclamé au perron, à
Liège, sur la valeur des nouvelles monnaies, du
8 août i556 (4) ». Ce dernier acte officiel concerne
de M. le baron de Chestret : CAROLVS 8 V 0 ROM © IMPo
SEMP© AVO'
(') Revue belge de numismatique, année i863, p. 72, n° 16.
(2) Chapeauville, Gesta pontificum Leodiensium , t. III, p. 370.
(3) Revue belge de numismatique, année 1861. p. 80.
(*) Coup d'œil sur l'histoire monétaire de la principauté de Liège,
pièces justificatives nos VIII, IX et XI. Les cris étaient proclamés à
son de trompe et mis en garde de loi au perron de Liège, en présence
du grand maïeur et de deux échevins. Des tarifs ou placards, qu'on
affichait à la porte de Saint- Lambert et en d'autres endroits publics de
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directement la monnaie que nous venons de
décrire. Nous y voyons que l'écu au nom de
l'empereur et à celui de l'évêque, étant fait sur
le même pied que ceux du roi des Romains, des
villes impériales et des autres princes soumis à
l'empire, aura le cours des daalders d'Allemagne.
En i556, Balthus de Bomershoven et Renier
Burdels étaient commissionnés en qualité de
monnayeurs de l'atelier de Liège. Ajoutons que
le monnayeur Renier Burdels n'est autre que le
père de René Budels ou Budelius, l'auteur de
l'ouvrage intitulé : De monetis et re numaria,
Cologne, i5gi (').
III.
La pièce d'or dont la description suit n'est
connue qu'à deux exemplaires : l'un fait partie
de la collection Piat, à Roubaix ; l'autre, se
trouve à la Bibliothèque nationale de Paris. Elle
est d'un type complètement nouveau pour notre
pays et représente certes l'un des plus curieux
produits de l'officine liégeoise. (Voy. pi. IV, n° 3.)
la principauté, les faisaient connaître ensuite aux habitants et spécia-
lement aux nombreux changeurs du piys. (Même ouvrage, p. 29.)
Il existe un recueil de ces cris allant de 1477 à 1675. par L. Van
Vlierden. La première édition de ce volume s'arrête à l'année 1623.
Ce travail est fort incomplet.
(') C'est M. le baron de Chestret qui nous a fait connaître ce détail
généalogique.
78
Saint Lambert, la tête nimbée, est assis de
profil sur un siège orné; il porte la mitre et
vsoutient de la main gauche la crosse épiscô-
pale. La main droite étendue semble bénir le
peuple de Liège : SANTVS ■ LAMBERTVS °
EPISCOP.
Rev. GE » A o G — EP o LE — DV - B o M —
F 9 CO » L. Croix ondée, portant au centre les
armes de Gérard de Groesbeeck et cantonnée
de DI — L — I — GE, devise de l'évêque.
Chacune des branches de la croix se termine par
un petit écusson orné, aux armes : le premier
du duché de Bouillon; le deuxième, du comté
de Loos; le troisième, du marquisat de Fran-
chimont ; le quatrième porte un petit écu en
sautoir, que nous ne sommes point parvenu à
déterminer et qui, sur l'exemplaire de la collec-
tion Piat, semble lisse tandis qu'il paraît poin-
tillé sur celui de la bibliothèque de Paris.
Dans le doute, et faute d'un échantillon de
conservation parfaite, nous préférons n'émettre
aucune hypothèse au sujet de ces dernières
armoiries.
Maintenant, cette jolie pièce est-elle un florin
d'or ou un jeton? Nous n'osons nous prononcer
d'une manière absolue à cet égard.
M. de Chestret, notre maître à tous en numis-
matique liégeoise, incline à croire que nous nous
79
trouvons en face d'un jeton et non d'une monnaie.
Voici les motifs qui le font pencher en faveur de
cette opinion, motifs qu'il a eu l'obligeante cour-
toisie de nous communiquer :
i° Le droit a la plus grande analogie avec
le revers du n° 3 de de Renesse (Gérard de
Groesbeeck, pi. XXXIII), qui est évidemment un
jeton (') ;
2° La devise dilige n'est connue que sur ce
dernier jeton et n'apparaît pas sur les mon-
naies ('-) ;
3° Les nombreuses ordonnances de l'époque ne
mentionnent qu'un florin d'or de Gérard (3).
Malgré la valeur incontestable de ces arguments
et le poids que leur donne leur savante origine,
nous avouons qu'ils ne nous ont pas entièrement
convaincu. Un heureux hasard fera peut-être un
jour découvrir dans l'un ou l'autre dépôt d'archives
un document officiel qui viendra trancher la
question d'une façon irréfutable. En attendant,
remarquons que notre pièce a bien le diamètre et
l'épaisseur du florin d'or connu de l'évêque de
Groesbeeck. Quoique le droit ait quelques ressem-
(') Il existe une variété de ce jeton de 1567. Dugniolle, n° 2472.
(a) On la retrouve aussi sur une médaille de plomb, dont l'original,
dit de Renesse, est en or. (Vqy. de Renesse. pi. XXXIII, n° 2.)
(5) De Renesse, pi. XXXIII, n° 1. Ne manque-t-il aucune de ces
ordonnances ? Les comptes monétaires de l'épiscopat de Gérard sont-
ils connus? Les renseignements que nous avons recueillis sont loin
d'être affirmatifs à cet égard.
8o
blances lointaines avec l'un des côtés d'un jeton de
cuivre de Gérard , présentant : une femme assise,
une corne d'abondance à la main gauche et offrant
de la droite un cœur enflammé à un enfant nu qui
se tient debout devant elle ; il n'en est pas moins
la. copie exacte, absolue, parfaite de la face d'une
monnaie d'or d'Hercules II, duc de Ferrare, au
Saint-Géminien assis et bénissant. Cette dernière
monnaie devait être assez répandue dans les Pays-
Bas, vers cette époque, puisqu'elle se trouve repro-
duite sous le nom de couronne de Ferrare, dans
une ordonnance du roi Philippe II, imprimée à
Anvers, en 1576, chez Christophe Plantin. Her-
cules II régna de i534 à i55g; son monnayage fut
donc antérieur de quelques années à celui de Gérard,
de Groesbeeck, qui ne monta sur le trône épis-
copal de Liège qu'en i563. Le duc de Ferrare
n'avait fait, du reste, qu'imiter presque servile-
ment (la forme du siège sur lequel est assis le
saint diffère seule quelque peu) le droit d'un
ducat au Saint-Géminien assis et bénissant, frappé
par le pape Clément VII (i523-i534). Ce ducat
est aussi reproduit dans un recueil imprimé chez
Plantin, en i575, à Anvers, et intitulé : Dongheva-
lueerde gouden ende silveren munte van diveersche
konenckrycken, etc., etc. Quoi d'étonnant, dès lors,
à ce que l'évêque Gérard, qui, en sa qualité d'ecclé-
siastique, devait avoir de fréquentes relations avec
le pape et par suite avec l'Italie, ait copié les
ducats du Souverain Pontife ou les florins d'or
8i
d'un prince italien, tous deux presque ses contem-
porains (') ?
Que ce soit un jeton ou une monnaie, la pièce
d'or qui nous occupe a dû être frappée avant 1578,
c'est-à-dire antérieurement à l'élévation de l'é-
vêque Gérard de Groesbeeck au cardinalat, puis-
qu'il n'y est pas fait mention de cette dignité.
Elle pourrait donc fort bien être l'œuvre de
l'artiste liégeois Georges Monachy ou Munincx,
graveur des coins de la monnaie de Liège de
1567 à 1571, époque où momentanément cet ate-
lier fut fermé, pour ne se rouvrir qu'en 1578 (*).
Alphonse de Witte.
(') Il ne faut pas oublier non plus que, sous Charles-Quint et
Philippe II, les relations entre les Pays-Bas espagnols et l'Italie
furent des plus suivies. L'imitation d'une monnaie italienne par un
évêque de Liège n'a rien qui puisse surprendre : Thibaut de Bar
( 1 3o3-i 3 1 3), par exemple, forgea déjà un grand denier d'argent au type
des pièces au Saint-Ambroise de Milan. Au xvie siècle d'ailleurs, ainsi
que le remarque M. Chalon à la page i3o de la Revue belge
année 1861, « bien des seigneurs des Pays-Bas allèrent souvent
chercher en Italie le type de leurs monnaies ». Enfin, sans vouloir
tirer aucune conséquence de ce fait, nous dirons que la pièce au
Saint-Lambert assis est classée à la bibliothèque de Paris comme
monnaie liégeoise et nullement comme jeton.
(*) Pinchart , Les graveurs belges. — Revue belge de numismatique,
année i853, p. 194.
Année 1!
82
PETITS MÉREAUX DE PLOMB D'ARRÂS.
Planches V et VI.
J'ai publié, en 1884, dans la Revue belge de
numismatique, une notice sur Les petits mëreaux de
plomb d'Arras aux types de mailles, reproduisant
quarante de ces pièces dont la plupart ont sans
doute tenu lieu de monnaies de très faible valeur.
J'y disais que je possédais encore à peu près le
même nombre d'autres méreaux de cette ville, qui
leur ressemblaient sous beaucoup de rapports,
mais qui en différaient essentiellement par leurs
types.
Je n'avais pas l'intention de faire connaître
cette seconde série que je ne trouvais pas assez
importante pour être publiée ; comme j'y suis
engagé, je m'y décide, malgré l'aridité du sujet.
Cette seconde partie, complément de la première,
comprend trente-huit méreaux qui pourront encore
intéresser quelques numismates.
Les soixante-dix-huit méreaux décrits dans les
deux articles ont entre eux une affinité bien visible ;
ils ont une origine commune, aussi peut-on sup-
poser qu'ils ont servi aux mêmes usages, quoique
leurs types soient si différents. Il y a donc lieu de
dire que ce qui a été énoncé dans la première
83
partie se rapporte généralement encore à la
seconde.
Les méreaux qui seront décrits ci-après ont été,
comme les premiers, trouvés et recueillis un à un
en une trentaine d'années. Ils proviennent aussi du
curage des canaux de la ville et des balayures
éparses jadis sur les champs de la banlieue.
Les petits méreaux d'Arrassont bien de l'époque
des mailles artésiennes et flamandes ; ceux de la
présente catégorie pourraient être un peu moins
anciens que ceux de la première, mais la différence
ne saurait être grande. Tous appartiennent aux
xme et xive siècles. Ces plombs populaires durent
être, au moins en bonne partie, employés par le
petit commerce d'Arras comme espèces de bien
minime valeur à échanger ('). Le nombre qui en
circula fut considérable. Toutefois le cours de cette
espèce de monnaie ne put être toléré bien long-
temps, car il devait causer de graves et nombreux
abus. D'ailleurs les monnaies noires devaient
remplacer peu à peu les petits méreaux arra-
geois (*). Mais en perdant leur caractère mercan-
tile, les plombs purent encore servir sous d'autres
formes à vingt autres usages.
Les méreaux publiés dans les deux articles sont
(') Nos bons de circulation émis en 1870 par les communes et les
particuliers avaient assez le caractère de cette espèce de monnaie pré-
caire et privée.
(2) Il était déjà question de monnaies noires en 1263. (Voir Recueil
de monnaies de Douai, p. 29.)
84
sans doute uniques, du moins ce sont les seuls que
je connaisse. Il est vrai que si cette espèce de
plombs n'a pas été mieux recherchée par les col-
lectionneurs, c'est qu'elle .ne leur offrait rien de
bien attrayant. Je crois ne pas trop m'avancer en
disant que si je ne m'étais pas occupé de ce sujet,
nul, dans la région, n'y penserait.
Les petits méreaux d' Arras sont d'un plomb bien
pur; ils ont été coulés dans des moules de pierre
bleue dite de Tournai ('). Comme nos mailles, ils
ont un module de 5 à 7 mill.; ils pèsent en moyenne
5sr.8o, ce qui leur donne un poids supérieur d'un
tiers à ces deniers.
Il me reste à décrire ici les méreaux qui font
l'objet de cette notice.
1. Croix latine avec base, pouvant rappeler ainsi
le sommet du châtel tournois.
Rev. Croix dont chaque branche est chargée de
deux petites barres. Un cercle entoure les deux côtés
de ce méreau.
2. Espèce de fleur de lis dans un encadrement
en forme de toit; à sa droite est un globule.
Rev. Croix dont chaque branche porte trois
barres ; quatre anneaux la cantonnent et un cercle
l'entoure.
(') Sur le mode de fabrication des petits plombs, voir l'ouvrage de
Forgeais : Collection de plombs historiés trouvés dans la Seine.
(5e partie, pp. 252 et 253).
85
3. Deux branches réunies formant une cou-
ronne qu'entoure un large cercle.
Rev. Croix à doubles bras qu'un cercle encadre.
4. Trèfle dans un double cercle.
Rev. Double cercle renfermant une croix aux
branches ornées de barres et d'annelets.
5. Quarte-feuille avec perle centrale dans un
large grènetis.
Rev. Croix aux branches losangées, ayant en
cœur un annelet.
6. Fleur ou rosace de quatre grandes feuilles
coupées par un cercle.
Rev. Croix carlovingienne dans un cercle.
7. Autre rosace composée de quatre feuilles,
comme le sont aussi les cinq numéros suivants ;
elle est entourée d'un double cercle avec petites
lignes tenant lieu de légende.
Rev. Dans une même bordure, croix bourdonnée
ou pommetée, cantonnée de quatre globules.
8. Même rosace avec annelet au centre; ses
cantons sont chargés de trois lignes circulaires.
Pour les deux côtés, bordure semblable à celle du
numéro précédent.
Rev. Croix ancrée, cantonnée de quatre glo-
bules.
g. Même rosace sans l'annelet ; elle est ornée de
trois globules dans chaque canton ; un simple
cercle l'entoure.
86
Rev. Dans un encadrement cordé, croix dont
chaque branche est ornée de trois petits globules.
10. Même rosace aux feuilles fort larges dont
chacune porte un gros globule près du centre ; elle
est, comme le revers, entourée d'un cercle avec
petits traits.
Rev. Croix avec perle en cœur; la branche infé-
rieure a seulement une petite perle, tandis que les
autres portent chacun trois forts globules.
il. Autre rosace formée de feuilles plus arron-
dies ; elle recouvre une croix dont les branches
sont pommetées. Au centre et sur chaque feuille
se trouve un globule.
Rev. Croix dont chaque branche se termine par
trois globules. Les deux côtés de ce méreau sont
entourés d'un cercle.
12. Rosace dont chacune des feuilles est garnie
de trois globules.
Rev. La croix est la même que celle du numéro
précédent, si ce n'est qu'elle porte en cœur un
globule. Un large encadrement cordé borde les
deux côtés de ce plomb.
i3. Rosace de six feuilles avec point au centre;
un grènetis l'entoure.
Rev. Croix pattée avec globules en cœur et dans
chaque canton. L'entourage est le même que
celui du numéro io.
14. Très petite croix ornée de cinq points.
«7
Rev. Croix dont les trois branches supérieures
portent chacune trois globules et la quatrième un
seul. La bordure des deux côtés est aussi celle du
numéro 10.
i5. Croix à doubles bras dans un cercle. Ce
plomb est le seul qui n'ait pas de revers.
16. Croix simple qu'entoure un cercle avec
petites lignes droites bien espacées, simulant une
légende. Les deux côtés sont semblables.
17. Etoile à six rayons dans une bordure cordée.
Rev. Croix simple entourée de même.
18. Rosace de six feuilles dans un simple cercle.
Rev. Croix dont chaque branche est munie de
deux longues barres.
19. Ornement à six rayons cantonnés de glo-
bules; un cercle l'entoure.
Rev. Dans un encadrement semblable, croix
bourdonnée que cantonnent des globules.
20. Etoile ou ornement à huit rayons dans un
petit cercle.
Rev. Dans un double cercle, petite croix bour-
donnée, portant un globule au centre et quatre
dans les cantons.
21. Petite roue à huit bras dans une bordure de
petits marteaux.
Rev. Croix à doubles bras enfermée dans une
bordure à petites lignes.
22. Roue à huit bras divisés par deux; même
bordure.
Rev. Croix aux branches ornées de trois glo-
bules, avec perle au centre. Bordure semblable.
23. Variété garnie de quatre globules dans les
cantons.
Rev. Croix simple avec globule au centre. L'en-
cadrement des deux côtés est celui du numéro
précédent.
24. Bordure ordinaire avec perle centrale.
Rev. Dans un même encadrement, croix bour-
donnée avec globule au centre.
25. Roue à six bras avec chaque canton chargé
d'un globule.
Rev. Croix avec quatre globules ; elle coupe son
encadrement cordé.
26. Ecu triangulaire à trois bandes de... chargé
d'une face de... à quatre tires.
Rev. Croix évidée et ancrée dans une bordure
légère.
27. Carreaux formés de six lignes.
Rev. Petite croix pattée qu'entoure une large
bordure de petites lignes mieux espacées.
28. Variété moins régulière.
Rev. Croix aux branches chargées de trois glo-
bules.
2g. Cœur avec de légers détails.
Rev. Croix aux branches recroisetées; elle porte
89
en cœur une perle. Un cercle encadre les deux
côtés de ce méreau.
3o. Vase de forme singulière.
Rev. Croix aux branches terminées par des
croissants.
3i. Variété mieux formée; elle est entourée
d'une large bordure à petites lignes bien régulières.
Rev. Grande croix aux branches pommetées,
garnies de globules.
32. Aumônière dans un lourd grènetis.
Rev. Croix à triples bras avec bordure cordée.
33. Hanap ou sablier avec trois demi-cercles.
Rev. Dans un cercle cordé, croix dont chaque
branche est terminée par un groupe de trois glo-
bules.
34. Gantelet avec doigts ouverts ; bordure ordi-
naire.
Rev. Dans une même bordure, mais plus large,
croix pattée cantonnée de quatre globules.
35. Arbalète dans un cercle.
Rev. Croix évidée et ancrée, portant un point en
cœur; un cercle l'entoure.
36. Tête grossière vue de face, dans un cercle.
Rev. Même croix plus grande, sans le point.
37. Chien vu à mi-corps, allant à droite.
Rev. Grande croix pattée et évidée que quatre
9°
petits globules cantonnent. Un cercle borde les
deux côtés de ce méreau.
38. Coq à droite dans la bordure à petites
lignes.
Rev. Dans un même entourage, petite croix
pommetée, avec point au centre.
Dancoisne.
9'
LA TROUVAILLE DE DRONRYP EN FRISE.
Planches A , B et C.
Le matin du lundi i3 mars 1876, le journalier
Wybren Douma, en exhaussant une partie d'un
tertre situé immédiatement derrière le bois du
château ou villa Schatzenbourg, propriété du
Dr A. Quaestius, demeurant actuellement (en 1886)
à Groningue, près du village de Dronryp, com-
mune de Menaldumadeel, province de Frise,
trouva une quantité de monnaies et d'objets d'or,
que nous allons énumérer et décrire. Le tertre
qui renfermait ces objets précieux dépassait alors,
par sa hauteur et son étendue, tous les autres de
Dronryp qui ont été enlevés depuis.
Les objets se trouvaient dans la pente de la
colline artificielle, à une profondeur de deux pieds
environ.
On sait qu'ils étaient enfermés dans un petit pot
d'argile, percé, au milieu, par l'ouvrier avec sa
bêche de fer, et si complètement anéanti que l'on
n'a découvert aucun des débris.
D'abord on y compta vingt-huit tiers de sol;
puis on put y ajouter encore les très petites
pièces nos 2g-3o, figurées sur les planches A et B,
et les objets, tous en or, qui se trouvent sur la
92
planche C,nos 1-6, et se composent de quatre pièces
principales (1-4), dont le n° 4 était brisé en deux
morceaux, mais a été réuni ensuite par la soudure.
Le n° 5 paraît être un petit ornement auquel on a
enlevé le bijou.
Le n° 6 est une barre ou lingot d'or très pur,
pesant 45?m,5. Tous les objets ont été représentés
en grandeur naturelle. Le propriétaire du tertre,
le sieur G. -H. Van der Kooi, demeurant dans les
Poelen, à l'est de Dronryp, a retenu encore un
objet d'or, long, ovale, en forme de cœur, assez
grand, orné de trois pattes en verre rouge ou
couleur de rubis.
Occupons-nous d'abord des objets figurés pi. C,
nos 1-4, avant de passer aux monnaies pi. A
et B.
La figure 1 de la planche C représente les deux
côtés d'un fermoir ou serrure, c'est-à-dire l'inté-
rieur et l'extérieur. On y voit très distinctement le
trou servant à passer la clef.
Les autres trous plus petits auront servi à
attacher la serrure à la grande bourse à ressort,
nommée en hollandais beugeltas.
Les nos 2 et 3 percés de petits trous, tous
semblables, ont formé des parties d'une bordure en
or de l'objet. Ils auront constitué les parties exté-
rieures, tandis que le n° 4, sans trou, aura été
une partie intérieure; on y voit à l'intérieur une
petite plaque pour l'attacher.
Le lingot représente probablement la partie
93
fondue de la bordure. L'or des quatre objets prin-
cipaux est du même titre. Leur poids est : du n° i,
20 grammes; du n° 2, 2igm,5; du n° 3, 2ipm,5; du
n° 4, 12 grammes; du n° 5, 3 grammes; du
n°6,4$*»,5.
La bordure aura eu la longueur d'à peu près une
palme ou décimètre.
La trouvaille de ces objets joints aux tiers de sol
leur attribue un âge assez reculé, mais l'usage de
bourses aussi grandes, à ressort, à bordure et
à fermoir, en argent et même en or, n'est nulle-
ment étranger à la Frise. En visitant le Musée de
la Société frisonne d'histoire, d'antiquités et de
linguistique, à Leeuwarden, capitale de la Frise,
l'on y verra deux exemplaires magnifiques, ciselés,
portés par la femme et la fille de Hindelopen.
Ils sont en argent, mais j'en connais deux en
or, gardés dans la même famille {Catalogue de
V exposition frisonne, 1876, p. 240, nos 1 et 3), et
un troisième était possédé par feu ma belle-
sœur, Mme Witteveen-Bolman. (V. Gids, p. 240,
n° 2.) Pourtant il y a lieu de s'étonner que dans des
temps si reculés des femmes frisonnes portassent
déjà des objets si coûteux. C'est une preuve de la
richesse du pays déjà aux temps mérovingiens,
richesse disparue depuis, par les invasions rapaces
des Francs et des Normands (').
(1) Itaque cum innumerabilibus spoliis (Pepinus), A0 697, victor ad
propria reversus est. (Pertz, I, p. 32 1, A0 697.) Cum magnis spoliis et
94
Passons maintenant aux monnaies. Je m'abs-
tiendrai de les décrire minutieusement et d'en
approfondir les secrets contenus dans les lettres
difformes de plusieurs de ces petits bijoux numis-
matiques. Pouvant affirmer que les dessins sont
d'une exactitude irréprochable, j'invite MM. les
numismates plus versés que moi à en offrir les
attributions dans la Revue, qui sera à cet égard
pour moi un questionnaire. Sans doute, il y a
plus d'une de ces pièces qui sera déjà publiée quel-
que part, surtout en France, mais dont les indica-
tions ne me sont pas parvenues. Dans le doute,
abstenons-nous de faire des conjectures.
i. — Poids igr,ig. — Buste tourné à droite
comme dans Vander Chys [De munten der Fran-
kische en Duitsche Vorsten, 1866, pi. VII, nos ii-i3)
(Utrecht ou Maestricht); mais avec M. Perreau
(Revue de la numismatique belge, 1846, p. 333, n° 1),
j'attribue la légende mutilée + TRIECTO, à Maes-
tricht (Limbourg).
Rev. Croix à branches égales (selon Lelewel,
Tab., XXXII et XXXVI, 19-21, environ A0 700),
cantonnée, en haut de deux globules. — Légende :
+ ANSOALDO (mutilée).
prœdis victor (Carolus Martellus) reversus est in regnum Francorum
(A0 734). Anonymus in Historia Francorum, etc. etc. Voy. notre
mémoire sur le commerce des Frisons avant la mort de Charle-
magne (Koophandel der Frie^en, enz.; Utrecht, 1846, pp. 140-141).
Les Normands emportaient, en 810, cent livres d'argent. Ils revenaient
déjà en l'an 8i3. {Ibid., pp. 141-142.)
95
2. — Poids 1^,17. — Buste tourné à droite;
devant le buste + . Légende (coupée) : MAVR1NVS
MON(etarius).
Rev. Croix haussée pommetée, selon Lelewel
(Tab., XXXVI, 55o-75o). Légende : AURELIANIS
CIV (itas). Orléans. (V. Monétaires mérovingiens,
Paris, 1853, 4e, pi. X, n° 8) avec ClVI(tas).— (Conf.
Lelewel, pi. IV, n° 5, pp. 36 et 60.) « Maurinus
ornait quelques-unes de ses pièces d'une croisette
devant le profil, ce qui paraît les attribuer à la
seconde moitié du vie siècle. »
3. — Poids igr,27- — Buste à diadème difforme
ou chapeau perlé. — Légende : CHOE FI(/).
Frappée à Huy ('), selon la découverte faite par
L. de Coster (Revue de la numismatique belge, 1848,
p. 345, et 1860, p. 36g).
Rev. Croix posée sur un piédouche. Légende :
BEOTRALDO. (Comp. Monétaires mérovingiens,
pi. 21, 29.)
4. — Poids igr,26. — Buste heaume, tourné à
gauche, très barbare, entouré de petites globules.
Rev. Croix à pied fixe dans un cercle de perles,
accompagnée des lettres mutilées U< = LV.
Légende indéchiffrable.
5. — Poids 1^,26. — A peu près conforme au
n°3. m= LV.
(1) Autrefois attribuée à Cayeux par Lelewel, et, dans les Monétaires
mérovingiens, pi. I, n° i3,etpl. XXIII, n°» 14-17,8 Coye.en Beauvaisis.
96
6. — Poids i*r,24. — Le droit est à peu près
conforme aux nos 4 et 5 ; mais le revers a la croix
plus longue et sans légende ; LU = LV.
7. — Poids 1^,13. — Buste un peu moins bar-
bare, tourné à droite et accosté des deux let-
tres M L.
Rev. Croix double accostée des lettres AV — LV.
Légende très mutilée.
Je crois que ces quatre monnaies (4-7), ou du
moins les trois premières (4-6) proviennent du
même atelier monétaire et que les deux lettres aux
côtés de la croix, plus ou moins mutilées, repré-
sentent toujours LV.
Je pensais à Lugdunum (Lyon), lorsque feu
M. Hooft van Iddekinge m'a dit que ces monnaies
avaient été frappées à Cologne. Je ne puis partager
cette opinion, mais j'accepte l'assurance qu'elles
doivent leur origine à un atelier voisin de la Frise
actuelle, puisque des monnaies de ce type s'y pré-
sentent assez souvent. Moi-même, j'en ai publié
une dans la Revue de la numismatique belge de l'an
i858, pi. I, n° 6, p. 12, trouvée en Frise, reproduite
par M. Van der Chys, loc. cit., en 1866, pi. II,
n° 21 , p. 36 , et augmentée d'un second exem-
plaire, pi. XX, n° 5, p. 37. Conf. à la pi. XXVIII,
nos 9-1 1, des Monétaires mérovingiens, où les let-
tres LV se voient très distinctement sur le n° g.
L'on y attribue (p. 7) les monnaies de la plan-
che XXVIII, nos 2-S, avec LV, à Lyon, mais les
97
n03 g-n « seraient une dégradation du type de
Sigebert à Marseille (638-656)? ». Toutefois cette
attribution est suivie d'un point d'interrogation.
De même M. Akerman n'explique pas les légendes
d'une monnaie à peu près semblable, trouvée à
Baschot-Head et décrite dans The numismatic chro-
nicle, 1870, p. 169, figurée pi. I, n° i5, et les
légendes pi. III, n° i5.
Rebuté pour Lyon, cherchons le nom d'une
autre ville commençant avec les lettres LU ou LV,
moins éloignée de la Frise actuelle que le Lyon
français, et nous trouvons Lugdunum Batavorum,
remontant au temps de la domination romaine.
Rappelons à nos lecteurs les paroles suivantes se
trouvant dans The numismatic chronicle, année 1872,
IIe partie, p. 77, et que le vicomte Ponton d'Amé-
court, connaisseur excellent de la monnaie méro-
vingienne, a dites à l'occasion de la description
d'un tiers de sol semblable trouvé avec quantité
d'autres en 1825, à Crondal (Hantshire, Angle-
terre) (voy. Numismatic chronicle, pi. VI et X,
pp. 164-176) : « N° i5. Cette monnaie se rencontre
assez souvent dans les collections françaises.
Quoique ses légendes soient toujours barbares et
qu'on n'ait pas encore retrouvé un prototype, on
peut sans trop de témérité l'attribuer à Lugdunum
Batavorum (Leyde), à cause des LV qui accostent la
croix. » M. le vicomte de Ponton d'Amécourt a
exposé au Trocadéro, onze de ces pièces avec l'in-
dication Leyde? [Annuaire de la Société française
Année 1887. 7
98
de numismatique et d'archéologie, 1880, p. 164.)
Il faut pourtant observer que la ville de Leyde
n'occupe pas la place où le Lugdunum Batavorum
se trouvait. On le cherche aux bords du Rhin,
à 2 kilomètres plus à l'ouest.
8. — Poids Ier, 19 (V3)- — Buste tourné à droite,
quasi posé sur un trépied, mais représentant la
cuirasse ou habit rayé. Légende : + RIOM ... PAS
(Riomagus), Riom, chef-lieu du département du
Puy-de-Dôme.
Rev. Croix entourée de perles. Légende :
(CA)ARIFREDVS {Monetarius).
9. — Poids 1^,29 (à fleur de coin). — Buste
tourné à gauche. Devant le buste : VICO F{it.),
comme dans les Monétaires mérovingiens, pi. XLIX,
n° 2, où se voient encore quelques lettres derrière
le buste, et où l'on lit, p. n : Puce frappée en
Auvergne, la Monnaie. Je trouve aussi en Auvergne,
Vicus ad Cerem, Vic-sur-Cere, ou Vic-en-Cartades,
avec des eaux minérales qui probablement étaient
déjà connues anciennement.
Le revers de cette pièce diffère entièrement du
revers de milliers d'autres tiers de sol qui repré-
sentent ordinairement une croix plus ou moins
simple, accostée de lettres. Nous y voyons un
homme en tunique courte ou habit de chasse, placé
de face, reposant la main gauche sur un bâton
noueux ou tourné en lance et tenant dans la main
droite, qui est levée, un animal quelconque (un
99
loup?) tué. Notons que le pays montagneux d'Au-
vergne, d'où sortent la Loire, la Cher, la Vienne
et le Lot, était anciennement un pays où les loups
séjournaient.
Cette figure se retrouve, de face, chez Petau,
Explication de plusieurs antiquités, Amsterdam, 1756,
pi. IX, ligne i, n°3 (tiers de sols), mais la lance est
défigurée en croix. Le personnage tourné à gauche
se retrouve dans les Monétaires mérovingiens,
pi. XLIX, n° 2, tourné à droite. L'objet qu'il porte
dans Petau et dans les Monétaires est confus. Notre
figure le redresse. Il y a des traces de légende :
sur notre pièce AR, sous la planche double ou
grenier où se pose le chasseur. Dans les Moné-
taires on lit : ...10 MO (netarius).
io. — Poids igr,24. — Buste à diadème perlé,
avec de longs cheveux, tourné à droite. Légende
MOGVNCIACO Fl(t). Frappé à Mayence. (Conf.
Monétaires mérovingiens, pi. LVII, n° 2.)
Rev. Croix flanquée de VII (chiffres indiquant
selon E. Cartier, Revue française, i83g, p. 427, le
poids primitif de 28 grains), entourée d'un cercle
perlé. Légende, en lettres coupées probablement :
GAROALDO MON (etarius). (Comp. Monétaires mé-
rovingiens, pi. XXXII, n° 12, du monétaire Man-
tanarius.)
Le n° 11, du poids de igr,27, n'a qu'un côté.
Au revers des traces du nom Garoaldo (Mayence)
autour de la croix flanquée de VII.
IOO
Le n° 12, du poids de i*r,i4 n'a aussi qu'un côté.
Les chiffres accostant la croix sont placés II V.
La pièce peut bien être coulée sur un coin. D'un
côté, il y a quelques restes de lettres. (Mayence.)
i3. — Poids i*r,25. — Buste comme celui du
n° 10 (Mayence?).
Rev. Croix flanquée des chiffres VII, entourée
d'une couronne de palmes. Le nom du monétaire
m'échappe.
De cette pièce le droit est coulé.
14. — Poids ig",22 (à fleur de coin). Croix de
Jérusalem haussée, mais posée sur un demi-globe
ou petit calvaire arrondi, comme dans les Moné-
taires mérovingiens, pi. LVII, n° 4.
La légende contient la lettre grecque A, mais
perlée, et des lettres difformes. Charade pour moi
et pour M. Raymond Serrure, qui a publié un autre
tiers de sol, aussi trouvé en Frise et dont le droit
ressemble au nôtre, dans la Revue numismatique
(Paris, 1886, pi. VI, n° 11, p. 47). M. R. Serrure y
lit TASIVAO. Les revers diffèrent.
Rev. La croix accostée de VII dans un cercle de
perles. Légende à déchiffrer.
i5. — Poids 1^,25. — Pièce coulée. Croix de
Jérusalem posée sur un demi-globe ou roue (pié-
douche croiseté). Légende : BODOVILVS (?).
Rev. Croix pommetée, accostée de IIV, dans un
cercle de perles. Traces de légende.
La demi-roue est-elle une indication pour y voir
la roue de Mayence?
16. — Poids 1^,11. — D'or pâle. Au droit on
voit les traces d'un buste diadème (?).
Rev. Croix d'une forme insolite, à crochet ou
appendice (chrismée) que nous voyons aussi sur
les nos 17 et 18 et plus courbé sur le n° 19, entourée
d'une couronne d'épines (?). — Légende indéchif-
frable pour moi.
17. — Poids igr,2i. — D'or pur, coulée très
visiblement. Les mêmes traces d'un buste (ou
d'une croix formée de globules) entouré de quel-
ques lettres.
Rev. La croix à crochetentourée d'une couronne
hérissée d'où sortent trois clous.
18. — Poids igr,24 (à fleur de coin). — D'or pur.
Buste très difforme, à peu près méconnaissable,
formé de globules ou perles et entouré de quelques
fragment de lettres. .
Rev. La croix à crochet entourée d'un cercle de
perles, d'où sortent les trois clous. Des lettres en
légende qui m'échappent.
19. — Poids igr,24- — Croix cintrée entourée
d'une couronne d'épines d'où sortent deux clous
et deux pointes de lance à l'intérieur et d'autres
à l'extérieur. Type présentant quelques ressem-
blances avec une roue de moulin.
Rev. Croix à branches égales, entourée d'une
102
couronne d'épines d'où sortent deux triangles.
Légende très barbare; quelques traces de lettres.
20. — Poids 1^,25. — Pièce coulée. Droit à peu
près fruste.
Rev. Croix à branches égales pommetées, accom-
pagnée au bas de trois globules placés en forme
de trifolium, le tout entouré d'une couronne de
perles. Légende : quelques traces de lettres
(Mayence ?).
21. — Poids 1^,16. — Croix à branches égales
entourée d'une couronne de laurier (?) attachées à
peu près à une couronne semblable extérieure
entourant une légende, où je vois des lettres que je
retrouve aussi en partie sur le numéro suivant.
Rev. Croix dite brabançonne (Lelewel, Tab.,
XXXII, n° 48) pour des temps moins reculés, dans
un cercle perlé. Légende : des lettres coupées.
(Mayence ?)
22. Poids igr,22. — Comme le n° 21. La légende
du droit renferme des lettres assez lisibles.
23. — Poids 1^,22. — Pièce coulée très barbare.
Croix à branches égales entourée d'une couronne
attachée au bord. Légende : des lettres coupées.
Rev. Comme les nos 21 et 22, mais très difforme
(Mayence?).
24. — Poids 1^,17. — Comme les nos 21-23,
mais l'attache de la couronne manque.
Légende formée de lettres très mutilées.
io3
25. — Poids 1^,11. — Pièce très fortement
rognée et formant à peu près un carré. Buste
casqué tourné à droite. Traces de légende.
Rev. Croix à pied; au-dessous d'elle, un globe et
deux globules accostés des traces des chiffres VII,
encerclé de grènetis. Imitation barbare. (Cologne?).
26. — Poids 1^,17. — Gravure très prononcée.
Buste tourné à droite, ou tête couverte d'une cou-
ronne de laurier (?). Devant, deux lettres.
Rev. La croix des nos 23-24, entourée d'un cercle
de perles, avec une légende où l'on ne voit qu'une
partie de quelques lettres. (Mayence ?).
27. — Poids igr,28. — Pièce coulée. Buste de
face très barbare, entouré de quelques lettres.
Rev. Croix à branches égales, cantonnée de
quatre globules. Légende : BETTVS (?).
28. — Poids igr,26. — Pièce coulée. Buste tourné
à droite, très barbare. Traces de légende.
Rev. Croix sur pied flanquée de deux globules.
Légende : SIGOALDVS (?) (Huy.)
2g. — Poids 1^,30.
3o. — Poids 1^,24.
Il n'y a rien à définir sur ces grains monnayés.
Ce petit trésor, dont la trouvaille fut indiquée
par M. le docteur A. Quaestius, numismate et
membre honoraire de la Société frisonne, fut
acquis par MM. les députés des Etats de la Frise
ro4
et se trouve maintenant en dépôt dans le Musée de
cette Société. D'autres travaux importants achevés
et en partie publiés depuis le temps de la décou-
verte m'ont empêché jusqu'ici d'en publier le con-
tenu. Mieux vaut tard que jamais.
J. Dirks,
de l'Académie royale des sciences des Pays-Bas.
Leeuwarden, octobre 1886.
ANNOTATIONS.
I. Dronrijp. — Ce village est connu comme le lieu
de naissance du peintre célèbre L. Aima Tadema,
R. A. Il y naquit le 8 janvier i836, et son premier
tableau mérovingien, Clotilde visitant le tombeau de
ses grands-enfants, date de l'année i852.
Nos monnaies ont été découvertes en 1876.
Nonobstant ces dates, nous notons les mots sui-
vants, révélant la fantaisie d'un biographe et tirés
du The Art annual for 1886 (L. Aima Tadema,
R. A., his life and works, by H. Zimmern, illus-
trated with engravings and fac-similés) :
Page 2. « It is also worthy of notice that the pro-
« vince in which the painter was born and lived
« as a boy, is one of the many in Holland where
« merovingians antiquities or coins and medals(!!)
io5
« are found, and itwas the meroviiigians who first
« attracted him in history. » Après avoir indiqué
que YHistoire des Francs, de Grégoire de Tours,
fut une des principales sources auxquelles puisa
le célèbre peintre pour s'initier aux temps méro-
vingiens, le biographe continue ainsi : « No could
« he content himself with hints as could be
« gathered from this volume, no possible means
« of obtaining informations was lost ; every Utile
« coin found near his home was studied. » C'est ainsi
que l'on écrit l'histoire. Post ergo propter.
II. En relisant les lettres échangées, en 1876 et
1877, entre feu M. Hooft van Iddekinge et moi, à
l'occasion de la trouvaille de Dronrijp, j'y trouve
une esquisse reconstitutive des quatre pièces de la
planche C, nos 1 à 4, et j'y vois une agrafe à peu
près de la même forme que celle que nous avons
figurée dans la Revue de l'année 1867, pi. V, n° 6.
M. Hooft van Iddekinge combine le n° 1 extérieu-
rement avec les nos 3 et 4, les trois pièces étant
percées de trous. Il voit dans les trous les creux
où se trouvaient attachés les ornements perdus : il
place le n° 2, dessus le n° 3, et y voit l'attache du
crochet et dans le tout une partie d'une agrafe de
ceinture de cuir.
La serrure en haut du n° 1 lui semble un reste
des ornements. Pourtant, tous les orfèvres qui
ont vu ces restes y découvrent plutôt les débris
d'un ressort pour fermeture d'une bourse, comme
io6
ils en fabriquent encore tous les jours pour les
paysannes.
III. Planche B, nos 2g-3o.
Ce n'est pas la seule fois que l'on a déterré,
en Frise, de ces petits globes ou boules d'or mar-
quées. Déjà avant l'année 1866, feu M. le profes-
seur Vander Chys en trouva une dans le cabinet
de feu M. Bloembergen-Santée , passée en 1877
dans celui de M. Looxma-Ypey, en la même
ville de Leeuwarde. Il le publia dans les Munten
der Frankische en Nederduitsche vorsten (Haarlem,
1866, pi. XX, n° 1). Il nota, dans la description,
p. 6 (« Avec trois globules. Rev. Quelques petits
grains ou globules (or fin, pièce épaisse) »), que
c'était le seul exemplaire qu'il avait rencontré.
Il le considérait comme une pièce d'échange.
M. Bloembergen-Santée n'achetait de ces mon-
naies qu'isolément, au fur et à mesure qu'on les
lui présentait ; il en avait, jusqu'à sa mort, arrivée
en 1876, à peu près le monopole. Malheureuse-
ment il n'annotait jamais le lieu de provenance.
En 1876, il doit avoir acheté une autre trouvaille
de quatorze tiers de sol découverts également à
Dronrijp. Feu M. Hooft van Iddekinge, de concert
avec M. le Dr Pleyte, les a fait photographier.
Il les considérait comme contemporaines, par
le motif qu'on y trouva les mêmes monnaies de
Mayence. Sa conjecture pourtant, que les deux
trouvailles ne formaient qu'un seul dépôt, me
107
semble trop hasardée. Dès que la trouvaille qui
vient d'être décrite, eut eu lieu (i3 mars 1876),
M. Quaestius m'en fit part par une lettre du
i5 du même mois. Heureusement les quatorze
pièces n'ont fait que changer de maître ou de
possesseur. — En i858, j'ai publié seize pièces,
dont quinze en or, parmi lesquelles dix tiers de
sol provenant du même cabinet. [Revue belge de
numismatique, i858, pi. I-II, pp. 5-35.)
io8
CUEILLOIR NUMISMATIQUE.
Septième lettre du Comte de Marsy à M. Alphonse
de Schodt, vice-président de la Société royale belge
de numismatique et directeur de la Revue.
Monsieur et honoré Confrère,
Au milieu d'une série de réunions scientifiques,
après avoir pris part à Amiens au cinquantenaire
des Antiquaires de Picardie et présidé à Nantes le
congrès archéologique de France, à la veille d'as-
sister à la réunion de la Fédération des sociétés
historiques belges à Namur, et peut-être même
aux congrès de Turin et .de Vienne, je vous envoie
à la hâte quelques notes qui n'ont d'autre mérite
que leur actualité.
A vous de voir si elles offrent un intérêt suffisant,
pour que vous vouliez bien continuer à leur
accorder l'hospitalité de la Revue numismatique
belge.
Revue des travaux relatifs à la numismatique
grecque et romaine. — M. Babelon a commencé
109
à publier, dans V American journal ofarchœology and
of the history of the fines arts, publié à Baltimore
(octobre i885, pp. 387-400), une revue critique des
travaux relatifs à la numismatique antique; nul
n'est mieux préparé que notre confrère à un travail
de ce genre, et nous regrettons que le premier
article publié, et qui ne renferme que la critique
des travaux contenus dans des recueils périodiques,
n'ait pas encore été suivi d'une suite annoncée et
qui doit comprendre les livres de numismatique
les plus récents (').
Les monnaies de Comana. — M. Babelon a lu, à
la séance du 2 juin 1886, à la Société des Anti-
quaires de France, une note sur les monnaies de
Comana. Trois villes d'Orient portaient ce nom :
l'une en Cappadoce, l'autre en Pisidie, la troisième
dans la province du Pont. On n'a pas su jusqu'ici
distinguer les monnaies particulières à chacune de
ces villes. De récentes découvertes épigraphiques
ont jeté un jour nouveau sur cette question et
M. Babelon s'est efforcé d'établir un classement
rationnel de ces monnaies en s'appuyant sur ces
dernières données.
(') L' American journal of arckœology, dont la publication a com-
mencé en i885, est un recueil fort intéressant, dont nous sommes
heureux d'annoncer la naissance. Bien que rédigé presque entièrement
en anglais, il insère des articles écrits en français, tels que celui de
M. Babelon, et traite non seulement de l'archéologie antique, mais des
monuments du moyen âge.
I 10
Le denier de Judas. — Quelle était au point de
vue monétaire la nature des deniers donnés
à Judas pour sa trahison? Voilà un sujet que ne
désavouerait pas comme thèse une université
allemande et qui, peut-être, a déjà dû susciter la
publication de nombreuses dissertations au
xviie siècle. La notice de Mgr Barbier de Mon-
tault, dont nous voulons parler aujourd'hui, est
fort courte et, du reste, ce n'est qu'un paragraphe
de l'étude qu'il vient de consacrer, dans la Revue
de l'art chrétien (1886, 2e livraison), au reliquaire
conservé à Rome, dans la chapelle des reliques de
la Passion, attenant à la Basilique de Sainte-
Croix de Jérusalem. Cet objet d'orfèvrerie, de la fin
du xve siècle ou du commencement du xvie, fut
donné à cette église, par Bernardin de Carvajal,
créé cardinal en 1493 et mort en i523.
Le denier qui aurait servi au payement de Judas
n'est plus exposé depuis quelques années et il
n'est même pas montré aux étrangers; mais
en i863, Mgr Barbier de Montault put le faire
examiner par M. Rollin, qui se trouvait alors
à Rome. Celui-ci crut y reconnaître une monnaie
de Rhodes, des Cariens, autant qu'il était possible
d'en juger par la seule face visible, sur laquelle on
voyait une fleur épanouie et portée sur un pédon-
cule.
Seulement , Mgr Barbier de Montault fait
remarquer que cette pièce, qui date du 111e ou
du ive siècle avant notre ère, n'avait plus cours en
1 1 1
Palestine au temps de Jésus-Christ, où les seules
monnaies en usage étaient les espèces romaines
et juives.
M. Rohault de Fleury, qui s'est pourtant occupé
du denier de Judas, dans son grand Mémoire sur
les instruments de la Passion, a négligé cet aspect
de la question et s'est seulement occupé de la
valeur vénale du prix de la trahison. Toutefois,
M. Rohault de Fleury dit qu'outre la pièce con-
tenue dans le reliquaire de Sainte-Croix, on
conserve encore deux autres deniers de Judas,
à Paris et à Malte : Voilà encore un problème
à résoudre !
Médailles romaines et gauloises représentant des
guerriers décorés du Torques. — Nous avons signalé
précédemment la lecture faite à la réunion de la
Sorbonne en i885, par M. le baron de Baye, d'un
mémoire sur le port du torques par les hommes
chez les Gaulois. Ce travail vient de paraître dans
le Bulletin monumental (1886, pp. 175-196) et il est
accompagné d'un certain nombre de reproduc-
tions de monnaies, parmi lesquelles nous devons
citer tout particulièrement celle d'un semis et
d'un triens d'Ariminum, conservés au musée
Kircher, à Rome, et dont il n'avait pas encore été
donné de dessins suffisamment exacts.
La Domus divina et les Divi. — M. Ch. Robert,
I 12
a, dans le dernier numéro de la Revue ('), fait
allusion à la part que M. Robert Mowat donnait à
la numismatique dans le Bulletin épigraphique qu'il
dirige. On nous permettra de revenir sur cette
publication et de signaler d'autres travaux ren-
trant dans ces études et qui y ont trouvé place
depuis deux ans.
Nous signalerons d'abord le mémoire sur la
Domus divina et les divi (*). Après avoir examiné
les divers sens donnés à ces expressions, M. Mowat
établit que Domus divina a successivement signifié
« descendance du divin (Jules), famille des déifiés »
et « maison divine ». Nous ne nous arrêterons pas
aux exemples nombreux relatifs aux apothéoses
que l'auteur tire des inscriptions, mais, ce qu'il est
intéressant de signaler ici, c'est qu'il a consacré
une partie très étendue de son travail à la numis-
matique, relevant les inexactitudes que présentent
à ce sujet les travaux d'Eckhel. Cette étude est
terminée par un « essai de restitution d'un
catalogue général des personnages qui ont été
divinisés à l'époque impériale », travail rédigé
principalement d'après les médailles.
L'abréviation SU sur les monnaies impériales ro-
maines.— Dans un travail qu'il consacre aux sigles
(') P. 482, à propos de la monnaie de Vagaxa. Ajoutons que
M. Mowat a donné un dessin de cette pièce, qui provient de la collection
Guéroult.
(') i885, pp. 221 et3o8 ; 1886, p. 3i.
1 1 3
et autres abréviations, dans le même recueil,
M. Mowat donne une note assez étendue sur
l'abréviation SU placée au revers d'un grand
bronze d'Hadrien. Cette abréviation, dit-il, n'est
autre que la forme intervertie de la notation ordi-
naire IIS et signifie comme elle sestertium (').
Monnaie d'Iconium. — A la séance de la Société
des Antiquaires de France, du 3o juin 1886,
M. Babelon a lu un autre mémoire sur un pro-
consul de Galatie, du nom de M. Annius Afrinus,
et communiqué une monnaie inédite iïlconium,
sur laquelle on voit le portrait de ce personnage.
M. Annius Afrinus fut d'abord, sous le règne
de Claude, consul suffectus, puis proconsul de
Galatie, et Vespasien l'envoya comme légat en
Pannonie.
Découvertes de monnaies romaines en France. —
Chaque année quelques découvertes de ce genre
ont lieu ; malheureusement elles • sont, presque
toujours, trop hâtivement dispersées et il n'est
pas possible de les étudier au point de vue de
leur composition, qui peut souvent fournir de
nouveaux et utiles éléments de chronologie.
A Angivilliers (canton de Saint-Just, Oise), a
eu lieu, au commencement de janvier, la décou-
verte d'un vase en terre trouvé dans un champ, par
0 1886, pp. 196-197.
Annke I 87. 8
II4
un laboureur, et qui renfermait environ huit cents
pièces romaines.
Cette cachette appartenait au 111e siècle, comme
presque toutes celles que l'on trouve en France ;
on y remarquait principalement des pièces de
Gallien, de Philippe, de Valérien, d'Etruscille,etc.
Il n'y avait, je le crois, rien d'important, et la
majeure partie des pièces vint échouer chez un
boulanger de Montdidier « qui les offrait pour dix
centimes aux amateurs et aux curieux » , en même
temps que ses petits pains.
A Cazères (Haute-Garonne) eut lieu, vers le
même moment, une découverte signalée à la séance
des Antiquaires de France, du n novembre i885,
par M. l'abbé Thédenat. Il s'agissait d'une trou-
vaille de 1,200 deniers romains «de l'époque impé-
riale », écrivait son correspondant, qui négligeait
seulement de donner les noms des empereurs aux-
quels ces pièces appartenaient.
Finissons par l'indication de la découverte de
Moind, près Montbrison (Loire). Dans de nou-
velles fouilles entreprises cet hiver à Moind, où
d'importantes contructions romaines et notamment
les restes d'un théâtre ont été mis à jour (*),
on a trouvé dans un égout, à om,8o, de profon-
deur, un vase en bronze, renfermant une bague
d'or, assez massive, au chaton formé d'un chien,
(') Voy. le travail de M. T. Rochigneux, lu au Congrès archéolo
gique de Montbrison en i885, en ce moment en cours d'impression.
u5
et i,328 deniers romains d'une frappe excellente.
Les plus anciennes de ces monnaies datent de la
première moitié du 111e siècle et les plus récentes
du règne de Salonin, qui mourut vers l'époque
des premières incursions des barbares dans le
Forez, en 268 et 26g.
Coustaty et ses antiquités romaines. — Tel est le
titre d'un article que M. Louis Carvès consacre à
une localité de la Dordogne où, à côté de débris
importants de constructions romaines, de fûts de
colonne et de fines mosaïques, on a découvert un
assez grand nombre de monnaies (l). L'auteur de
l'article les décrit avec soin en suivant la classifi-
cation de Cohen, mais en négligeant systéma-
tiquement d'indiquer le nombre de pièces de
chaque type, seule indication utile pour déter-
miner l'époque de l'occupation des monuments
découverts. •
La Tombe d'un monétaire. — Telle est la sépul-
ture que M. Michel Hardy croit avoir découverte
dans le cimetière franc d'Eu (Seine-Inférieure),
déjà connu par les trouvailles qu'y fit Capperon,
en 1721. Après avoir fait l'objet de discussions
entre Lebeuf, l'abbé des Thuilleries et d'autres
antiquaires du xvme siècle, les sépultures d'Eu,
(') Bulletin de la Société historique du Périgord, t. XIII, pp. 270-
276, 1886.
n6
que l'on croyait romaines, furent étudiées de
nouveau d'après les publications de l'époque, par
l'abbé Cochet, qui les crut mérovingiennes, mais
sans pouvoir en fournir la preuve.
En i883, à l'occasion des travaux du chemin de
fer d'Eu à Dieppe, on mit au jour un cimetière qui
ne tarda pas à révéler de soixante à soixante-dix
sépultures de l'époque franque.
La plus importante était celle d'un person-
nage ayant à côté de lui les objets suivants :
une lance ou framée, une grande épée, un scra-
masax, deux petits couteaux de fer, une boucle,
une aiguille et une précieuse petite balance. C'est
cette dernière pièce qui a porté M. Hardy à donner
à cette sépulture l'attribution qu'il propose.
« Ce délicat petit instrument se compose, dit-il,
d'un fléau aux extrémités duquel deux petits pla-
teaux étaient suspendus à l'aide de fils ou de cor-
delettes. Long de 86 mill.jle fléau est surmonté
d'une aiguille plate pouvant se mouvoir entre les
deux montants. Un petit anneau servait à tenir à la
main ce dernier; deux autres anneaux, dont un est
encore mobile, se trouvent aux extrémités de la
grande branche. Cet ensemble du fléau ne pèse
que 3 gr. 53 centigr. Les plateaux, fort minces et
à peine infléchis sur le milieu, mesurent 35 mill.
de diamètre. »
Cette balance est la sixième qu'on a trouvée
dans des cimetières mérovingiens; l'une avait déjà
été découverte, en i855, à Envermeu, par l'abbé
ii7
Cochet ; trois ont été recueillies par M. Frédéric
Moreau père, à Arcy-Sainte-Restitute ; la dernière
à Hermès. Deux d'entre elles paraissent avoir été
renfermées dans un étui en cuir. A côté de celle
recueillie par l'abbé Cochet se trouvait un peson,
petite pièce de bronze semblable à une monnaie,
du poids de 4 gr. 40, correspondant à peu près à
celui du sol d'or impérial ayant cours au commen-
cement du vie siècle. Près d'une de celles d'Arcy,
on recueillit deux groupes de monnaies romaines
d'Antonin le Pieux, maintenues et serrées par une
petite patte de bronze. Dans l'écrin de celle de
Hermès, on trouva également une monnaie. Ces
balances n'ont pu servir qu'à peser des matières
précieuses, monnaies ou pierreries; mais les armes
et les objets d'équipement militaire ne permettent
pas d'y voir un orfèvre ou un bijoutier. Par suite,
on est amené à penser à un agent du fisc, à un
receveur ou à un officier monétaire.
Cette opinion avait déjà été exposée par l'abbé
Cochet et combattue par Pétigny. Elle est aujour-
d'hui reprise avec plus de force par M. Hardy, qui
fait toutefois une distinction, considérant les sépul-
tures d'Arcy-Sainte-Restitute, qui ne renferment
pas d'épée, comme celles de simples monnayeurs,
et celles de Hermès et d'Envermeu comme celles
de monétaires, fonctionnaires d'un ordre élevé.
Telle est l'hypothèse de M. Hardy; elle nous
paraît ingénieuse, mais il faut attendre pour l'ad-
mettre complètement de nouvelles preuves , qui ne
n8
manqueront pas de se produire du moment où
l'attention des archéologues se trouvera appelée
sur ce point (').
Un tiers de sol d'or, frappé à Die. — M. le comte
de la Sizeranne, qui a déjà publié d'intéressantes
études sur la numismatique dauphinoise, vient de
faire connaître, dans une note (Valence, imp.
Céas, 1886, in-8°), la découverte à Clausayes
(Drôme) d'une monnaie mérovingienne, grossière
imitation des pièces de Justin II, qui porte dans
le champ du revers les lettres DIA, accostant une
croix posée sur un gradin et sur un globe. C'est
la première pièce connue portant le nom de cet
atelier monétaire.
Les premières pages de la brochure de M. de
la Sizeranne renferment une bibliographie fort
étendue de la numismatique mérovingienne qui
mérite d'être signalée.
Monnaies Carlovingîennes de Poitiers, à la légende
SCI CRUCIS. — M. Ducrocq, dans une commu-
nication faite à la Société des Antiquaires de
l'Ouest (2), à l'occasion de la vente de M. d'Amé-
court, a passé en revue les pièces de Pépin, de
Carloman et de Charlemagne, au revers SCI
(') Le cimetière franc d'Eu (Seine-inférieure) et la tombe d'un moné-
taire. Rouen, Métérie, 1884, in-8°, 32 pp., fig. et pi.
(*) Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1886, pp. 97-101.
ii9
CRUCIS, et maintenu, contrairement à l'opinion
de M. Lecointre-Dupont, leur attribution à Poi-
tiers.
Une trouvaille de monnaies carlovingiennes en
Poitou. — A la séance de la Société des Antiquaires
de l'Ouest, du 20 mai 1886 ('), M. Ch. Babinet a
offert un petit trésor de 212 oboles, à la légende
CARLUS REX et METALLO, trouvé dans un
champ de la ferme de Lambertières, commune de
Rouillé (*). Ces pièces ont été mises à découvert
par la charrue, sans être accompagnées d'aucune
trace de vase ou d'enveloppe.
Découverte de Montfort-V Amaury (3). — Cette
trouvaille, faite en 1884, lors de recherches entre-
prises pour retrouver les substructions du château
de Montfort, consiste en 2,200 pièces d'argent,
contenues dans, un vase en terre noirâtre. Ces
monnaies du xie et du xne siècle consistent princi-
palement en espèces champenoises. M. le comte A.
de Dion vient de décrire la moitié de la trouvaille,
c'est-à-dire la part appartenant à la ville de
Montfort, dans le Bulletin de la commission des
antiquités et des arts de Seine-et-Oise (*). Cette
description, faite à la suite d'un classement de
(') Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, p. 58.
(2) Canton de Lusignan (Vienne).
(3j Seine-et Oise.
(*) T. VI, 1886, tirageàpart.
120
M. Feuardent, est accompagnée de reproductions
grandies d'un tiers et exécutées avec grand soin
sur les dessins de M. Mangeant. Voici, d'après
M. de Dion, la composition de la moitié de la
trouvaille : 471 deniers anonymes de Provins ('),
22g de Troyes, et 32g de Meaux au nom de l'évêque
Gautier (1045- 1082) ; 4 deniers de Philippe Ier et
3o de Louis VI, dont 18 frappés à Mantes et 6 à
Paris ; enfin quelques pièces de Chartres, Châ-
teaudun, Amiens, Bordeaux, etc. La plus récente
est un denier de Conan, comte de Bretagne
en 1112.
Découverte de deniers et oboles morlans, au nom de
Centrale, à Gondrin (Gers). — M. Emile Taillebois,
qui avait déjà publié il y a quelques années une
étude sur la monnaie morlane au nom de Cen tulle,
à propos d'une découverte faite à Pessan (Gers),
vient d'avoir la bonne fortune de pouvoir exa-
miner une nouvelle trouvaille de 5,3g5 pièces
analogues faite à Gondrin (Gers), le 22 décem-
bre i885. Malgré la monotonie que peut présenter
l'étude d'un nombre aussi considérable de pièces
presque similaires, M. Taillebois a entrepris cou-
rageusement le relevé des variantes que présentait
ce trésor, trouvé dans un champ, contenu dans un
vase en terre grossière et accompagné de trois
(') Une note publiée par M. de Dion, dans la Revue numismatique
française, attribuait d'abord ces deniers à Sens.
121
clés, dont l'oxydation a altéré un certain nombre
de ces pièces. Une vingtaine de pièces royales ou
seigneuriales trouvées avec les monnaies de Cen-
tulle ont permis à M. Taillebois de fixer la date
de la frappe de ces monnaies morlanes à la fin du
xme siècle, vers 1270. (Bulletin de la Société de
Borda, àDax, 1886, pp. 67-71.)
La Fontaine d'or. Découverte de monnaies de la
période anglo-française. — On désigne depuis très
longtemps un faubourg du village de Pontenx-les-
Forges (Landes), sous le nom de la Fontaine d'or
et on rattache ce lieu-dit à l'origine d'un trésor
apporté dans ce pays par un homme qui aurait
disparu avec une cassette, dans la fontaine qui a
reçu ce nom.
Quoi qu'il en soit de cette légende, elle vient de
se trouver justifiée par la découverte dans un
jardin d'une marmite en bronze, enfouie à i5 cent,
de profondeur seulement du sol actuel, et renfer-
mant 45 pièces d'or et 4,116 pièces d'argent.
M. Emile Taillebois a encore eu la bonne fortune
de pouvoir examiner ce trésor et il en donne dans
le Bulletin de la Société de Borda, à Dax (1886,
pp. 47-65), une description complète. Les pièces
les plus nombreuses sont les hardis de Richard II
(10 en or et 928 en argent) et ceux d'Henri IV
(i3 en or, 3, 160 en argent). Le surplus de la trou-
vaille se compose de pièces en petit nombre de
Charles V et de Charles VI, d'Edouard III et
122
d'Henri V, de Raimond IV, prince d'Orange, et
d'Urbain V. — D'après ces données, M. Taillebois
a établi que ce trésor avait dû être enfoui en 141 5
ou fort peu de temps après. L'approche d'un parti
ennemi, si fréquent à cette l'époque, a été vraisem-
blablement la eau», qui a forcé un habitant du
pays à se sauver en cachant ce qu'il avait de plus
précieux.
Découvertes de monnaies du moyen âge à Reims
en i885, près de l'église Saint- Jacques. — Deux
trouvailles ont été faites lors des travaux néces-
sités par la construction d'un passage entre l'im-
passe Saint-Jacques et la Rue de Vesle.
La première consistait en un vase, que M. Con-
tant n'a pu voir, et qui renfermait des francs à
cheval de Jean II et de Charles V et des écus d'or
de Charles VI, ces derniers provenant de l'atelier
de Tournai et antérieurs à 1387. La seconde, sous-
traite par un ouvrier, renfermait, suivant sa décla-
ration 36g pièces, écus de Charles VII, d'ateliers et
de types différents ( ).
La monnaie de Lyon sous Charles VIL — Nous
citerons un mandement de Charles VII, alors
régent, aux généraux des finances, de faire compter
400 livres tournois à « Loys Chapuys, maistre par-
(') Travaux de l'Académie nationale de Reims, 1886. t. LXXVII,
p. 207.
123
ticulier de la monnoye de Lyon », pour le « def-
frayer des gratis pertes et dommaiges qu'il a euz
et soustenuz pour nous faire plusieurs preps
lesquels nous lui avons fait rendre, restituer et
paier en plus foible monnoie assez que la monnoie
n'estoit pour le temps qu'il nous fist les dis
preps. » Saint-Symphorien près Tours, 2 février
1419 (1420 n. s.). (Vente d'autographes, par Eug.
Charavay, 2g mai 1886, n° 24.)
Les monnaies anglo-françaises frappées au Mans,
au nom de Henri VI (1425-1432). — Tel est le titre
d'un article publié par M. André Joubert, dans la
Revue historique et archéologique du Maine (t. XX,
pp. I23-i3o et 3 pi.), et dans lequel il étudie l'orga-
nisation de la monnaie du Mans, pendant la
domination anglaise, fait connaître les maîtres de
la monnaie nommés par Popham et Falstaff, et
décrit les espèces frappées dans leurs ateliers.
M. Joubert examine à ce propos le différent de
l'atelier du Mans, appelle par M. de Saulcy
racine d'après les textes, expression critiquée par
M. Hucher, qui proposait d'y voir la représenta-
tion de la source miraculeuse de Saint-Julien ,
patron de l'église du Mans. S'appuyant sur des
exemples fournis par des armoriaux anglais con-
temporains, M. Joubert établit que ce différent est
bien une racine et qu'à cette époque la racine sert de
base aux supports des armoiries du duc de Bedfort
et que c'est ainsi qu'elle a été adoptée par les
124
monétaires pendant la domination anglaise au
Mans.
Documents pour servir à l'histoire monétaire de la
Navarre et du Béarn de i562 à 162g. — M. J. Adrien
Blanchet vient de donner, dans le Bulletin de la
Société de Borda, publié à Dax (1886, pp. 132-167),
le relevé de tous les documents renfermés aux
archives des' Basses-Pyrénées, relatifs à la fabrica-
tion des monnaies à Pau, à Morlaas et à Saint-
Palay.
Il a relevé non seulement les ordonnances spé-
ciales relatives au monnayage, mais aussi les
délivrances de monnaies avec le nombre de cha-
cune des espèces frappées. A la fin de son travail,
il examine les types des monnaies émises par ces
ateliers. A la suite se trouve une liste des graveurs
et essayeurs des monnaies de Pau et de Morlaas et
des généraux, des monnaies du Béarn jusqu'au
xvme siècle. Le travail de M. Blanchet, inspiré par
la publication des travaux de M. de Saulcy sur les
documents relatifs au monnayage royal, sera
utilement consulté par tous ceux qui s'occupent
de la numismatique du Béarn et de la Navarre.
Bulletin numismatique de la Normandie. — Imitant
l'excellent exemple donné depuis longtemps par
M. Buhot de Kersers, à Bourges, et que je désire-
rais voir suivi dans toutes nos Sociétés provin-
ciales, M. Ch. du Plessis inaugure, dans le
125
XIIIe volume du Bulletin de la Société des Antiquaires
de Normandie (pp. 472-480), une revue des décou-
vertes numismatiques faites principalement dans le
Calvados et dans la Manche pendant l'année i883.
Malheureusement, les trouvailles signalées sem-
blent offrir peu d'intérêt ; toutefois, M. du Plessis
a pu décrire avec soin quelques pièces inédites qui
sont venues enrichir le médailler de la Société et
il a donné une note intéressante sur les monnaies
d'Henri II frappées à Caen.
Nous devons signaler aussi quelques mots rela-
tifs à l'atelier mérovingien placé par M. d'Amé-
court à Caen et qu'avec M. A. de Barthélémy,
M. du Plessis restitue à Riom, ainsi qu'à la ques-
tion de l'atelier de Courtison qu'il donne à Saosne,
près Mamers, acceptant sur ce point les recherches
de M. Doucet, contrairement à l'opinion de
M. Gariel.
Histoire de la monnaie en Danemark, de 1241
à 1377. — M. P. Hauberg a publié en 1884, dans
les Aarboger de la Société des Antiquaires du
Nord, un mémoire sur le monnayage et les
monnaies de Danemark dans la période de 1241
à 1377, dont M. E. Beauvois vient de donner
un résumé, en français, accompagné de nom-
breux dessins, dans la livraison de 1886 des
Mémoires (').
0) On sait que. sous le titre de Mémoires, la Société royale des
I2Ô
Les pièces décrites dans ce travail appartien-
nent au groupe dit monnaies de guerre civile, « pièces
de peu d'apparence et de valeur, souvent en pur
billon, pourvues assez rarement d'inscriptions,
mais le plus souvent de très simples marques ou
figures ».
Les pièces étudiées par M. Hauberg appar-
tiennent aux ateliers de Lund, de Roskilde, du
Jutland septentrional (Viborg, Aarhus, Aalborg,
Hjœrring, Randers et Horsens), de Ribe et de
Sleswig.
Toutes ces pièces sont d'une frappe très gros-
sière et appartiennent à cette époque de profonde
décadence et de désorganisation du royaume
danois qui se prolongea jusqu'au règne de Val-
demar A Iterdag. Les monnaies étrangères affluaient
dans le pays et les pièces danoises avaient subi
une telle dépréciation qu'elles étaient refusées non
seulement par les étrangers, mais par les Danois
eux-mêmes. On avait même cessé le plus souvent
de les employer dans les comptes, où elles avaient
cédé la place au marc d'argent et aux monnaies
françaises, anglaises et lubeckoises.
Le mémoire de M. Hauberg mérite donc d'attirer
l'attention à un double titre, d'abord au point
de vue de la numismatique proprement dite, et
Antiquaires du Nord publie annuellement et distribue à ses membres
correspondants un résumé en français, en anglais ou en allemand, des
principaux travaux publiés en danois dans les Aarboger.
127
ensuite sous le rapport de l'histoire économique et
de la valeur monétaire.
Les fondeurs, les ciseleurs, modeleurs en bronze et
doreurs depuis le moyen âge jusqu'à V époque actuelle.
— Tels sont les artistes dont M. de Champeaux
donne le catalogue dans le Dictionnaire, dont il vient
d'entreprendre la publication (Paris, Rouam, 1886,
in-12, Ier volume, A-C). Mais il aurait pu aussi
ajouter les médailleurs, car à l'époque des Michel-
Ange et des Cellini, les sculpteurs étaient souvent
aussi capables de graver des médailles que de
fondre des cloches ou des canons, de bâtir des
églises ou de fortifier des villes. Aussi le Diction-
naire des fondeurs sera-t-il utilement placé sur la
table des numismates qui s'occupent de la Renais-
sance, à côté des ouvrages de Pinchart, de Berto-
lotti, d'Heiss, d'Armand et de Rondot.
Les Plaquettes de la Renaissance. — Voilà encore
un sujet qui touche de bien près à la numismatique
artistique. Car, combien de fois ces petits bas-
reliefs ne sont-ils à proprement parler que des
revers de médailles, bien que l'on n'en connaisse
pas toujours les autres faces. Aussi, les collec-
tionneurs feront-ils bon accueil et donneront-ils
volontiers place sur leurs rayons, auprès des livres
que nous venons de citer, à l'excellente publi-
cation dont M. Emile Molinier vient de faire
paraître le premier volume : Les bronzes de la
128
Renaissance ; les Plaquettes ; catalogue raisonné, pré-
cédé d'une introduction (Paris, Rouam, 1886, in-8°).
L'ouvrage de M. Molinier est non seulement le
fruit de longues et sérieuses recherches, mais il
témoigne encore du goût fin et délicat de son
auteur, qui a su, dans le grand nombre de ces
petits monuments qui lui sont passés sous les
yeux, discerner les meilleures épreuves, indiquer
les différents états, enfin faire connaître les mo-
dèles dont se sont inspirés les artistes, orfèvres
et ciseleurs auxquels nous devons ces bas-reliefs,
souvent d'un travail si remarquable et dont de
nombreuses gravures nous font connaître les
types les plus intéressants.
Les médailleurs français à Rome, duxv* au xvne siècle.
— C'est encore au même ordre d'idées que nous
devons rattacher la nouvelle publication de M. le
chevalier Bertolotti sur les artistes qui ont travaillé
à Rome. On sait que, chargé pendant quelques
années de la direction des archives romaines,
M. Bertolotti a puisé dans le dépôt qui lui était
confié de très nombreux documents sur les artistes
de tous les pays qui ont travaillé pendant deux
siècles dans la capitale du monde catholique.
Marchés, procès, testaments, inventaires, actes de
l' état-civil, registres de police,,M. Bertolotti a tout
parcouru, tout dépouillé et déjà presque tout
publié. On n'a pas oublié son volume sur les
artistes belges et hollandais auquel il a récem-
129
ment donné un supplément. Aujourd'hui , c'est
dans celui qu'il consacre aux artistes français que
nous allons glaner f).
Citons d'abord la demande d'un sauf-conduit,
adressée en i5gg, au gouverneur de Rome, par
Claude Langlois (Claudio Anglese), Français, qui
avait reçu du marquis Malaspina la direction de la
monnaie de Tregiana, et y avait fait de la fausse
monnaie imitant celles des princes voisins et
notamment celles du Saint-Siège qu'il écoulait à
Venise. Langlois demande à venir expliquer que
c'est par ordre du marquis Malaspina qu'il a agi
ainsi (p. 57). C'était, du reste, on l'a vu par de
nombreux exemples, l'usage constant des petits
princes italiens à cette époque.
En i665, Alexandre VII désigne Jean Baricourt
pour diriger le travail de ses monnaies et conduire
la machine et les autres engins de la nouvelle
monnaie (p. 190).
En 1673, Benedetto Damos reçoit y 5 écus pour
la gravure d'un certain nombre de sceaux destinés
à la trésorerie du Pape.
François Chéron, auteur des médailles de Pierre
de Cortone, du Bernin, considéré par Mariette
comme un des meilleurs graveurs en creux, est
mentionné comme s'étant trouvé à Rome en 1670.
D'assez intéressants documents sont encore
(') Artisti francesi in cHpma nei secoli xv, xvt e xvn. Ricerche e
studi negli archivi romani, per A. Bertolotti, Mantova, 1886, in-8°.
Année 1887. 9
i3o
ceux qui constatent les résultats d'essai faits à la
monnaie pontificale, en 1622, pour s'assurer de la
valeur réelle de pièces de Venise (pp. 186-187).
Une autre publication récente de M. Bertolotti,
Artisti bolognesi, ferraresi ed alcuni altri del già
stato pontifico in Roma nei secoli XV, XVI e X VII
(Bologna, Regia tipografia, i885, in-8°), nous
fournit aussi de nombreux renseignements pour
l'histoire de la numismatique pontificale.
Parmi les graveurs de la monnaie de Rome,
nous y rencontrons, de 1461 à 1485, Emiliano de
Foligno, qualifié aussi d'orfèvre, en 1541, Jean do
Castel, Bolonais très estimé et sur lequel nous
possédons un témoignage des plus flatteurs de
Benvenuto.
En 1547, un payement de dix écus est fait à
G. B. da Imola pour la fourniture de 200 médailles
à l'effigie du Pape, à placer dans les fondations
des différents monuments que l'on construisait
alors à Rome.
Signalons, en i52Ô, le roman d'un faux-mon-
nayeur par amour, envoyé aux galères et gracié
par le Pape (p. 95). Il nous serait facile de mul-
tiplier les emprunts que nous venons de faire aux
dernières publications de M. Bertolotti, mais ces
quelques exemples suffiront pour en indiquer l'im-
portance pour l'histoire monétaire à Rome du
xve au xviie siècle.
La monnaie de Paris en 17 17. — M. Maurice
i3i
Tourneux , qui a donné de nombreuses études
sur le xvme siècle et réédité la correspondance
littéraire de Grimm, vient de publier, pour la Société
des Bibliophiles français, YHistoire journalière de
Paris, de Dubois de Saint-Gelais. Dans ces annales
de l'année 1716-1717, le futur secrétaire de l'Aca-
démie de peinture nous donne d'intéressants dé-
tails pour l'histoire numismatique. Nous citerons
notamment Y Origine de la monnaie des médailles
(XXII), la visite de Pierre le Grand à la Monnaie de
Paris (XXI) et une dissertation sur l'origine des
jetons et de leur arrangement.
La numismatique à V Exposition rétrospective
d'Amiens. — La Société' des Antiquaires de
Picardie, pour célébrer le cinquantenaire de sa fon-
dation, a organisé à Amiens, au mois de juin, un
congrès auquel elle a convié tous les membres des
Sociétés avec lesquelles elle est en relations de
correspondance, et une exposition rétrospective,
composée principalement d'objets d'art ou d'anti-
quités se rapportant à la Picardie. La numisma-
tique n'était guère représentée dans les galeries
de l'Exposition que par la collection de monnaies
de plomb des évêques des innocents d'Amiens,
appartenant à M. Dubois. Du reste, cette lacune
s'expliquait d'autant plus facilement que, dans
les salles du premier étage du Musée de Picardie
simultanément ouvertes au public, on pouvait voir
la collection numismatique du Musée, suite fort
l32
considérable et fort intéressante au point de vue
picard, à côté de laquelle se trouve réunie, dans
une salle spéciale, la collection révolutionnaire
léguée par M. Lagrené, et qui, après la collection
Liesville, aujourd'hui au Musée Carnavalet à
Paris, est, croyons-nous, la plus riche en
France, au point de vue de la numismatique de
la première et de la seconde république.
Veuillez, Monsieur et honoré confrère, me per-
mettre de vous offrir, en terminant cette lettre,
toutes mes félicitations pour la nouvelle distinc-
tion dont vous venez d'être l'objet ('), et de vous
prier d'agréer l'expression de mes sentiments les
plus affectueusement dévoués.
Comte de Marsy.
(!) La croix de commandeur de l'ordre de Léopold de Belgique.
i33
CORRESPONDANCE.
Lettre de M. le général C. Cocheteux
à M. G. Cumont,
directeur de la Revue belge de numismatique.
Cher Confrère,
Mes quelques observations ne vous suffisent pas
et vous me demandez une lettre à faire imprimer
sous le titre : Correspondance, concernant l'intéres-
sant article de M. Heins intitulé : La monnaie et
le prix des choses à Gand, au temps de Jacques Van
Artevelde.
Comme vous êtes mieux à même que moi de
faire ressortir le mérite de cet article, en même
temps que d'en relever les quelques erreurs et de
rectifier les interprétations erronées, je vous soup-
çonne fort de vouloir me faire sortir du mutisme
dans lequel je m'étais enfermé. Soit, je répondrai,
d'abord pour vous être agréable, à vous mon
excellent Confrère, puis parce que j'estime fort
l'article de M. Heins que, à regret, je n'ai pas
l'honneur de connaître.
Pour m'efforcer d'être clair et méthodique, je
diviserai ma lettre en trois parties :
i° Pourquoi j'estime fort l'article de M. Heins;
i?4
2° Erreurs commises relatives à l'histoire nu-
mismatique française de l'époque carolingienne ;
3° Erreur d'interprétation de lecteurs.
i°
Je prise fort l'article de M. Heins parce qu'il
entre dans une voie que je n'ai cessé de recom-
mander et parce qu'il nous promet un zélé et éru-
dit investigateur de nos archives nationales.
Les lois du type, si savamment exposées par
l'illustre Lelewel, notre premier président d'hon-
neur, ont été bien développées depuis; mais, pour
nos contrées, l'aloi et le poids des pièces, — classées
d'abord d'après les types, — doivent encore venir
éclairer les points restés obscurs dans les dévelop-
pements de l'histoire monétaire de la France, de
l'Allemagne et des provinces belges du vme au
xve siècle.
C'est pour ce motif que je lis toujours avec
plaisir les articles dans lesquels on s'occupe de
rechercher le poids et le titre des monnaies du
moyen âge, ou, si l'on veut, leur teneur en argent.
La recherche de la contenance en argent de
monnaies contemporaines de différents pays ,
permettra d'arriver à la connaissance des règles
qui y présidaient au monnayage et les quelques
documents écrits que l'on possède devront servir
de contrôle.
Enfin, en comparant la valeur des monnaies
i35
au prix des choses, on créera la numismatique
sociale, bien autrement importante que certaines
fantaisies que l'on rattache à cette science, et
l'on pourra apprécier le rôle utile de la bonne
monnaie pour développer le commerce.
Cette étude servira aussi à expliquer des révolu-
tions ou émeutes dues aux indignes falsifications
monétaires, sans dénaturer, comme l'ont fait cer-
tains écrivains numismates ('), — pour lesquels
les souverains ne peuvent avoir tort, — le caractère
de chefs de communes qui, comme le prévôt des
marchands Marcel, n'hésitèrent pas à prendre en
main la défense des intérêts de leurs concitoyens, si
étrangement spoliés sous le couvert du monnayage
royal.
2°
Une première erreur historique de M. Heins par-
lant des perturbations économiques provoquées
par les altérations des monnaies (p. 3g8) consiste
en ceci : « Ajoutons à cela que le comte de-Flandre
« qui avait le droit de battre monnaie, renchéris-
« sait sur son suzerain le roi de France ».
Cette assertion est inexacte, car il est au con-
traire nettement établi que jamais les monnaies
flamandes ne subirent les scandaleuses altérations
(') Voir dans Y Histoire monétaire de Jean le Bon, les injures que
feu de Saulcy prodigue au prévôt Marcel.
i36
auxquelles furent soumises les monnaies françaises
du xive siècle.
Même page l'auteur dit : « La livre tournois était,
« nominalement, la base de tous les calculs en
« matière de monnaies. Mais cette livre tournois
« n'était elle-même qu'une altération de la livre
« parisis, qui avait été l'unité monétaire primitive
» en France. »
La livre sans qualification d'atelier, divisée en
20 sols de 12 deniers chacun, était généralement
la base de tous les calculs monétaires au xne siècle.
Dans le centre et le midi de la France l'usage pré-
valut de se servir de la livre tournoise, dans le
nord et dans les provinces belges on employait au
contraire la livre parisis supérieure d'un quart
à la livre tournoise.
La monnaie tournoise a pour origine les mon-
naies de Tours ; mais elle fut frappée dans de nom-
breux ateliers et non exclusivement dans cette ville;
elle a sa nature propre et n'est à aucun titre une
altération de la livre parisis.
Antérieurement au règne de saint Louis, c'est-
à-dire avant l'apparition du gros tournois, les
deniers de Tours étaient frappés à l'étalon du marc
de Tours 4098 grains, ceux de Paris à celui
du marc de cette ville 4608 grains. Telle est, je
pense, l'origine de la première différence des deux
deniers, différence qui fut quelque peu modifiée
dans la suite, afin de mieux établir les rapports de
ces deniers avec les monnaies qui avaient cours
les unes au nord, les autres au midi.
i37
Je crois devoir encore rectifier une erreur qui a
échappé à M. Heins :
Il dit en effet (p. 401) que : « la livre de gros
« et la livre de payement valaient 20 sous de
10 deniers ». Ce dernier nombre est fautif, c'est
12 deniers qu'il faut lire et l'auteur en fournit lui-
même la preuve dans les transformations sui-
vantes :
5o livres par. = 166 ffe i3 sous 4 deniers de paye-
ment (p. 401);
104 targes à 4 gros = 69 ft 6 sous 8 deniers de
payement (p. 404);
Je dois cependant ajouter, à la décharge de
M. Heins, que le gros flamand de i337, de 68
en taille et de 10 deniers 6 grains d'aloi (41/48),
devait contenir 3*mo87 d'argent pur, tandis que le
double denier parisisde la même époque n'en con-
tenait que ogm6i6, soit o°m3o8pour le denier simple,
c'est-à-dire le dixième. Mais de ces calculs il faut
simplement conclure : que 12 deniers par. pour un
gros flamand, cela constituait un change passa-
blement élevé d'un sixième en faveur de ce gros.
Enfin je ne saurais trop recommander à M. Heins
de conserver intégralement les données fournies
par les textes, quand ces données sont évidem-
ment correctes. C'est ainsi que les gros de Louis
de Crécy, au titre de 10 deniers 6 grains, sont au
41/48 et non au 20/24 (p. 403).
i38
3°
Le paragraphe commençant par ces mots
(p. 3g8) : « L'emploi de la livre parisis... considé-
« rée comme valant 12 fois moins que la livre de
« gros » exigerait de longs développements; je vais
toutefois essayer de l'expliquer aussi brièvement
que possible.
L'assertion, exacte cependant, que la livre de
gros vaut 12 livres parisis, a, paraît-il, étonné
quelques lecteurs habitués à voir dans la forte pièce
d'argent un sou valant 12 deniers, c'est-à-dire la
vingtième partie de la livre et non la deux cent
quarantième. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'à
leur origine les fortes monnaies flamandes n'eurent
pas de douzièmes ou deniers et que l'on forma alors
la livre de gros, comptant autant de gros que les
livres parisis ou tournoises comportaient, elles, de
deniers; ou que les livres communales, épiscopales
ou abbatiales des Flandres, de l'Artois et du Tour-
naisis avaient de mailles à la livre aux xne et xme
siècles.
La livre de gros vaut donc bien 12 livres
parisis (').
Je ne pense pas qu'il faille attribuer à une action
particulière de J. Van Artevelde la cessation de
l'emploi de la livre parisis comme base de calcul
(1) Voir, à ce sujet, les Recherches sur les monnaies des comtes de
Flandre, par Victor Gaillard, t. II, p. 3i, pièces justificatives.
i3g
dans les payements. Une telle modification dans
les habitudes d'un peuple ne dépend ni du caprice,
ni même de l'action légitime d'un personnage, si
puissant qu'il puisse être.
C'est surtout dans les intérêts froissés qu'il
faut rechercher l'origine et le développement
d'un pareil changement. Or, les Flamands, depuis
longtemps en guerre avec les rois de France,
étaient en outre spoliés dans leur commerce par
les scandaleux tripotages des monnaies françaises ;
c'est pourquoi ils avaient reporté vers l'Angleterre
et le Brabant leur activité commerciale, le mon-
nayage dans ces pays n'ayant pas subi les fraudu-
leuses altérations des monnaies françaises.
Lors donc qu'ils adoptèrent un gros d'argent à
haut titre, analogue au gros tournois, les types et
surtout les monnaies divisionnaires furent du
système anglais ou allemand (l'esterling). D'autre
part, l'habitude de compter en livres de 240 pièces,
leur fit adopter la livre de gros et, par suite,
l'emploi de la livre parisis ne tarda pas à dis-
paraître.
Il faut regretter que M. Heins n'ait point
cherché à déterminer l'origine de la livre de paye-
ment valant le 7i0 de ^a livre de gros flamands.
N'y arriverait-on pas en comparant la valeur
argent des dernières mailles communales avec la
teneur argent du gros de Guy de Dampierre ?
140
L'histoire comparée des monnayages français,
allemand, anglais, avec celui des provinces belges,
présenterait le plus grand intérêt et servirait à
résoudre bien des questions restées obscures
jusqu'ici.
Afin de pouvoir apprécier le poids des mon-
naies d'après la taille ou réciproquement la taille
d'après le poids d'une pièce bien conservée, je
terminerai ma lettre par un exposé succinct de la
valeur des marcs qui, jusqu'au xve siècle, servi-
rent d'étalons monétaires dans le nord (').
i° Le marc de Paris comprend 4608 grains
français de ogm,o53333...; il pesait donc à l'ori-
gine 245^,760. Lors du contrôle avec le marc des
Pays-Bas en i52g (*), le premier fut trouvé inférieur
au second de 24 grains; il ne pesait donc plus
que 244^,480; mais le nombre des grains restant
constamment de 4608, il en résulte qu'à cette date
le grain français ne valait déjà plus que 0^,0530,
valeur généralement admise actuellement.
2° Le marc de Cologne, dérivant de la livre
romaine, aurait dû originairement peser 5184gr.ro.
de 0^,0474074... ou 245^,760. Mais lorsqu'en78g(?),
à Aix-la-ChapeUe, Charlemagne fit une ordon-
nance « pour rendre justes et égaux les poids et les
mesures » la livre rhénane, portée alors à 7680 aes,
(1) Dans son Histoire monétaire de Jean II, de Saulcy a calculé le
poids des monnaies sur un étalon pesant 260 grammes !
(2) Voir le mémoire de notre savant confrère et ami J. Rouyer
Revue belge, t. V, 5e série.
141
fut faite égale à la livre de Paris, et l'aes répondit
par suite à ogm,o48; par conséquent, auxie siècle, le
marc de Cologne eut le même poids que le marc
de Paris.
Il semble avoir longtemps conservé cette valeur;
mais plus tard le marc de Cologne s'altéra et l'on
est généralement d'accord pour reconnaître qu'au
siècle dernier il ne pesait plus que 233"m,855. Ce
marc se divisait en 8 onces, l'once en 20 esterlings,
l'esterling en 32 aes.
3° Le petit marc de Flandre, étalon monétaire
des Flandres, de l'Artois et du Tournaisis jusque
vers la fin du xme siècle, pesait 3456 grains français,
ou 3840 aes et valait par conséquent i84gra,320 f).
Lors de l'introduction • de la forte monnaie, ce
petit marc fut remplacé par celui de Cologne qui
était en usage dans les autres provinces belges. Il
fut d'abord mentionné simplement sous le nom de
marc; mais un peu plus tard l'on vit apparaître
dans les chartes l'expression livre troy, empruntée,
semble-t-il, à l'Angleterre et dont on fit bientôt le
marc de Troyes.
40 Le marc d'Angleterre, appelé dans ce pays
livre troy ou livre de Charlemagne, — n'en déplaise
(1) Dans les archives tournaisiennes, le petit marc de Flandre est
mentionné comme pesant tantôt 6 onces, tantôt 120 esterlings, poids
ou monnaie primitive de 160 en taille au marc de Cologne ou 240 à la
livre troy; on le trouve aussi cité comme valant 128 esterlings, mais il
s'agit alors des esterlings, monnaie de la seconde catégorie, de 170 %\t
en taille au marc de Cologne ou 256 au marc anglais
142
à M. Deloche, — pesait primitivement 368^,640 et
comportait 5760 grains anglais de 0^,064.
Ce marc ou livre troy se partageait en 12 onces,
l'once en 20 esterlings ou penny weight et l'ester-
ling en 24 grains anglais.
Mais je m'aperçois que je me laisse entraîner au-
delà des bornes d'une simple lettre ; je finis donc
en vous renouvelant l'assurance de mes sentiments
dévoués et affectueux.
Ch. Cocheteux,
général du génie retraité.
Liège, 16 novembre 1886.
.43
MÉLANGES.
La numismatique de Vogelsanck, par l'abbé Poly-
dore Daniels. Extrait du Bulletin de la Société
d'art et d'histoire du diocèse de Liège, tome IV.
Liège, L. Grandmont-Donders, imp., 1886,
in-8°, 12 pages. .
Cette petite monographie, pleine d'observa-
tions heureuses et de faits nouveaux, vient utile-
ment compléter et rectifier les précédentes études
sur une numismatique seigneuriale assez mal
connue.
L'auteur, qui habite le château de Vogelsanck (')
dont il est le chapelain, était mieux à même que
personne de traiter un sujet qu'il a élucidé avec
toute la sollicitude que donne l'amour du clocher.
MM. Perreau, Cuypers et Chalon ('), MM. Van
der Chys et R. Serrure (3), qui se sont occupés de
l'histoire monétaire de Vogelsanck, ont laissé cer-
taines lacunes dans la série numismatique et la
(') Vogelsanck : province de Limbourg, arrondissement de Hasselt,
canton de Beeringen, commune de Zolder.
(2) Voir cette Revue, t. V, 1849, p. 70; i852, p. i65; 1870, p. 25o.
(3) Van der Chys, Leenen van Brabant en Limburg , p. 252;
R. Serrure, Dictionnaire, Vis Vogelsanck, Zolder, Zonhoven ; Bulletin
mensuel, 1884-1885.
144
partie historique de leurs écrits renferme des
erreurs que l'abbé Daniels se fait un devoir de
redresser.
Est-il vrai, notamment, que le château de Vogel-
sanck ait été bâti en 1173 pour abriter les relations
adultères de Marie de Gueldre avec son beau-frère
Hugues de Looz, pendant l'absence de son mari, le
comte Gérard de Looz, parti pour la Palestine?
Et la ruine du château, en 1178, est-elle plus vrai-
semblable ? Cet asile des amours de Hugues et de
sa belle-sœur n'a jamais existé, pense l'auteur, que
dans l'imagination du docteur Bovy, qui en raconta
l'histoire dans sa Promenade historique en Campine,
insérée dans la Revue belge, t. XVI, p. 1.
Les numismates cités ci-dessus ont simplement
reproduit cette histoire, et Vogelsanck avait désor-
mais sa légende.
Voici les raisons très sérieuses qui plaident
contre ce roman : Pas un historien, pas un chroni-
queur ne parle de Vogelsanck à propos des rela-
tions de Hugues avec la femme de son frère.
Le moine de Saint-Trond, contemporain de
Hugues et narrateur très fidèle et très explicite,
nous en aurait bien raconté quelque chose dans
sa Chronique (ii38-ii8o). Hugues est mort assez
jeune : « adhuc fere intra pubertatis annos agens
vita decessit », dit le chroniqueur de Saint-
Trond. Mantelius, tout en signalant la vie licen-
cieuse de Hugues, ne cite ni Vogelsanck, ni Zolder,
et ne parle pas de ces relations adultères.
145
D'ailleurs Gérard de Looz partit pour la Terre-
Sainte en 1173 ; il en revint avant l'achèvement des
travaux de fortification de Brusthem ; il est pré-
sent avec Hugues à la diète d'Aix-la-Chapelle, le
24 mars 1174; en moins d'un an Hugues aurait
donc eu sur les bras les fortifications de Brusthem
et la bâtisse du château de Vogelsanck ; et à son
retour de Palestine, le comte Gérard ne se serait
ému en rien de cette résidence, qui se dressait
là comme un témoignage vivant de l'infidélité
de son épouse et des désordres de son frère.
Aussi M. Bovy et ceux qui l'ont copié se hâtent-
ils , constate l'auteur, de faire disparaître le
« château » de Hugues ; il fut détruit par les
troupes de Raoul de Zaehringen en 1 180, d'après
M. Bovy; en 1178, d'après M. Perreau.
Malheureusement les actes de l'évêque Raoul
mentionnent bien les incursions des troupes
liégeoises dans le comté de Looz, mais sont muets
sur Vogelsanck (').
Etudiant ensuite la question numismatique,
l'abbé Daniels nous fait remarquer que la première
monnaie de Vogelsanck a été frappée au nom de
Guillaume de Hamal, fils de Jean, et porte celui du
village de Zolder. Elle a certainement été émise
avant l'année 1372, où Guillaume périt à la bataille
de Bastweiler. (Voy. nos observations plus loin.)
() Voir les Regesta de Raoul de Zaehringen de M. le doyen
Schoolmeesters, dans le Bulletin de la Société d'art et V histoire du
diocèse de Liège, t. Ier, p. 129.
Année 1887. 10
146
Les possesseurs de Vogelsanck n'avaient cepen-
dant pas comme tels le droit de battre monnaie.
Voici comment M. Daniels explique l'appari-
tion de cette pièce :
« Arnould de Rummen se prétendait comte
« légitime de Looz ; il battit même grosse mon-
« naie d'argent à Rummen, avec l'inscription :
« ARNOLDUS COMES; il engagea, dès 1367,
« à Jean de Hamal, ses terres de Zolder, Zonho-
« ven, etc.
« Avait-il avant cette date fait un contrat (con-
« tractus pignoris) en vertu duquel le prétendant,
< en échange d'argent reçu et de services rendus,
« accordait à Guillaume le droit de battre monnaie
« — au moins de battre menue monnaie au nom
« de telle ou telle possession d'Arnoul? Et faut-il
« par conséquent reculer l'émission de la monnaie
« en question jusqu'avant 1367 ?
« La fille puînée de Jean de Hamal, Elisabeth,
« Dame de Vogelsanck, Zolder, etc. , épousa Engel-
« bert de la Marck, seigneur de Louverval. Cet
« Engelbert est le second seigneur de Vogelsanck
« dont nous connaissons des monnaies. Il mourut
« en 1422, sans laisser d'enfants, et disposa par
« testament de Vogelsanck et des quatre villages
« en faveur de son neveu Henri de Bastogne, fils
« de Gérard et d'Elisabeth de La Marck. Henri
« battit monnaie à Zolder et à Zonhoven.
« Après lui Vogelsanck et les quatre villages
« entrèrent dans la famille d'Autel (d'Elter ou
147
« Elteren) par le mariage de Gobin ou Gobert
« d'Autel avec Jeanne de Bastogne, la fille de
« Henri.
« Le fils de Gobert, Jean d'Autel, fit relief le
« 2 février 1457. Il est le dernier seigneur de
« Vogelsanck qui battit monnaie. M. Perreau a
« confondu ce Jean d'Autel avec un « Jean d'El-
« teren ou d'Alsteren, maréchal héréditaire de
« Cologne ».
« Les d'Alsteren n'ont jamais rien eu de coin-
« mun avec les d'Autel ; l'erreur provient proba-
« blement de ce que Marie, la fille aînée de Jean
« de Hamal, épousa Conrad d'Alsteren, maréchal
« héréditaire de Cologne. La simple inspection
« des armoiries placées sur les monnaies de Jean
« d'Autel aurait dû mettre M. Perreau en garde
« contre une telle erreur. »
Voici maintenant la description de ces mon-
naies telle qu'elle est donnée par M. Daniels ; nous
croyons faire chose utile en la reproduisant ici
in extenso, mais nous regrettons que des planches
ne soient pas venues relever encore l'intérêt du
texte.
Guillaume de Hamal.
1. Denier noir.
Écu écartelé aux bandes et fleurs de lys de Bour-
gogne.
Lég. — * PVILLEM • DNS ■ SULR — Gui-
lelmus dominus sulrensis.
148
Rev. Croix pattée dans un cercle. Imitation
servile du denier d'Arnoul de Rummen, Van der
Chys, pi. XXIII, n° 12.
Lég. — * MONETA ■ FLANDRES.
La légende monda flandres se trouve là sans'
doute pour bénéficier de la position de neveu
d'Elisabeth de Flandre, fille naturelle de Louis de
Nevers.
Inédit. Collection Polyd. Daniels.
Nous ne croyons pas que cette monnaie ait été
frappée par Guillaume de Hamal et voici pour-
quoi : Guillaume de Hamal périt à la bataille de
Bastweiler en 1372. Or la pièce décrite par
M. l'abbé Daniels est une imitation évidente,
presque servile , des deniers en billon noir de
Philippe le Hardi, comte de Flandre ; les contre-
facteurs avaient tout intérêt à copier des monnaies
dont la circulation dans de vastes provinces facili-
tait le placement en procurant en même temps de
larges bénéfices. Ce devait être le cas pour les mon-
naies du comte de Flandre, que les petits seigneurs
du Limbourg ne se faisaient pas faute d'imiter de
la façon la plus malhonnête et la plus éhontée (■).
Ce ne serait donc pas à cause de sa position de
neveu d'Elisabeth de Flandre, que Guillaume de
(') La pièce de Zolder n'a donc pas été imitée du denier d'Arnould
de Rummen, mais celui-ci a été copié, comme la monnaie de Zolder,
du billon noir frappé par le comte de Flandre.
i49
Hamal aurait copié les monnaies du comte de
Flandre, mais pour s'enrichir frauduleusement,
comme d'autres seigneurs dont il n'aurait fait que
suivre l'exemple. C'est ce qui explique pourquoi le
nom de GVILLEM a été transformé en PVILLEM
pour commencer par la même lettre que PHI-
LIPPVS; et voyez avec quelle facilité des gens, la
plupart illettrés, devaient confondre les deniers
noirs du seigneur lrmbourgeois avec ceux du comte
de Flandre : l'écu est le même; les légendes ont
beaucoup d'analogie dans leur ensemble et dans
leur groupement :
* PMLIPP • DVX • BVRG ;
* PVILLEM • DNS \ SVLR. Les mots ont le
même nombre de lettres.
Le revers est tout à fait semblable : Croix pattée
dans un cercle.
Lég. * mONETO • FLANDRES.
Mais Philippe le Hardi (1384-1404), dont nous
venons de décrire le denier noir, ne régnait pas
encore lorsque Guillaume de Hamal mourut (1372)
et par conséquent celui-ci n'a pu imiter la mon-
naie du prince bourguignon.
Le père de Guillaume, Jean de Hamal, paraît en-
core comme seigneur de Zonhoven le 11 mai i386
(voy. de Borman, Livre des fiefs, p. 232; Daris,
Eglises, t. VII), et il nous semble très vraisem-
blable, si la légende de la pièce a été bien lue, que
ce soit lui qui a frappé ce denier de billon noir
i5o
contrefait, en usant du nom de son fils décédé pour
rendre l'imitation plus complète et plus trompeuse,
ce qu'il n'aurait pu faire en employant son propre
nom. Arnould de Rummen, qui se prétendait comte
légitime de Looz et qui battit grosse monnaie d'ar-
gent à Rummen, avait du reste engagé, dès i367,
à Jean de Hamal ses terres de Zolder, de Zonho-
ven, etc. C'est sans doute ainsi, comme le suppose
l'abbé Daniels, que Jean de Hamal sera arrivé à
obtenir ou à s'arroger le droit de battre monnaie.
Quoi qu'il en soit, si la première monnaie de
Vogelsanck a été frappée au nom de Guillaume de
Hamal, elle n'a certainement pas été émise par ce
seigneur, puisqu'il aurait fallu qu'il fût contempo-
rain de Philippe le Hardi ; elle n'est pas antérieure
à 1372, puisqu'elle n'a pu être imitée qu'après 1384,
première année du règne de ce comte de Flandre.
Engelbert de la Marck.
2. Denier noir.
Écu écartelé, aux 1 et 4 à la face échiquetée des
La Marck, aux 2 et 3 aux fusées des Hamal, rappe-
lant la mère d'Engelbert.
Lég. — * ENGELB ■ D ■ MAR ■ DNS ■ SO —
(Engelbertus de Marcha dominus sonhoviensis).
Rev. Croix pattée dans un cercle.
Lég. — MONETA ■ NOVA ■ SONVEN.
Inédit. Collection Polyd. Daniels.
i5i
3. Denier noir.
Variété du précédent. Au droit la légende
porte :
* ENGELB • D ■ MAR ■ DNS • SON. Au
revers les points manquent.
Revue, i852. — Van der Chys, pi. XXII.
4. Denier noir.
Variété du n° 2. Au droit :
* ENGEL • • • ON E SON — La pièce a été
mal rengrénée.
Le revers n'est guère lisible :
* - ■ NET-A BREIT (?)
Inédit. Collection vicomte B. de Jonghe.
Henri de Bastogne.
5. Demi-griffon d'argent.
Griffon tenant un écu écartelé, aux 1 et 4 de
Bastogne (d'or à six bandes de sable), aux 2 et 3
au lion de
Lég. : * HEN • DE ■ BAST • DNS ■ SVL-
RENS.
(Henricus de Bastonia dominus sulrensis).
Rev. Croix pattée traversant la légende et ornée
au cœur d'un petit écusson blasonné de Bastogne
entouré d'une épicycloïde et d'arcs de cercle.
Lég. — MONE — TA • NO — VA • SV —
LREN —
Imitation des demi-griffons de Jean de Bavière.
l52
Nous ne savons à qui se rapporte le lion des
2 et 3 quartiers, mais les Bastogne, seigneurs de
Vogelsanck, mayeurs héréditaires de Durbuy, ont
toujours porté d'or à six bandes de sable.
Revue, t. V. pi. I. - Van der Chys,
pi. XXII.
6. Demi-griffon d'argent.
Variété du précédent. Au droit, la légende porte :
* HEN • DE ■ BAST ■ DNS ■ SONVE.
Revue, t. V, pi. I. Van der Chys
pi. XXII.
7. Demi-griffon d'argent.
Variété du précédent. Au revers .: MON —
ET AN — OVAS — ONVE.
Serrure. Bulletin, 1884-1885 pi. IV.
8. Demi-griffon d'argent.
Variété du précédent. Au droit la légende porte :
* HEN • DE . BAST . DNS ■ SVLREN.
Au revers : MON — ENET — ANOV —
SONV. (sic.)
Inédite. Collection Polyd. Daniels.
9. Denier noir.
Ecu écartelé comme aux précédents.
Lég. * HER DE BAST DNS SONVE.
Rev. Croix pattée dans un cercle.
Lég. — * MONETA NOVA SONVEN.
Revue, 1870.
i53
Jean d'Autel.
10. Denier noir.
Ecu écartelé, aux i et 4 d'Autel, aux 2 et 3 de
Bastogne.
Lég. — * IOHS : DE : ELTEREN : DNS :
DE : VOG.
(Johannes de Elteren dominus de Vogelsanck).
Rev. Grande croix pattée dans un cercle.
Lég. — . . NETA * NOVA * FAC . . SV...
Les armoiries d'Autel sont : de gueules à la
croix d'or cantonnée de vingt billettes du même
posées cinq en sautoir dans chaque canton.
Revue, 1849 — Van der Chys, pi. XXII.
1 1. Denier noir.
Variété du précédent.
Droit semblable à celui du précédent.
Lég. — * IOHS : DE : ELTEREN : DNS :
DE : VOGE.
Rev. — Croix pattée é vidée au centre en losange,
enfermant un I (Johannes).
Lég. — MONETA * NOVA * SVELRENS.
Revue, 1849 — Van DER Chys, pi. XXII.
Nous félicitons M. l'abbé Daniels d'avoir écrit
cette intéressante page de numismatique seigneu-
riale : celle-ci n'est pas facile à étudier et par con-
séquent se trouve trop délaissée par nos numis-
i54
mates belges ; la pénurie des documents historiques,
le défaut de bonnes généalogies viennent d'autre
part arrêter ou décourager les chercheurs. Aussi,
est-ce une vraie bonne aubaine pour les amateurs
lorsqu'ils rencontrent une monographie aussi soi-
gnée et aussi pleine de faits nouveaux que celle du
savant abbé de Vogelsanck.
G. Cumont.
3q septembre 1886.
Quelques mots d'histoire et de numismatique sur les
localités qui font aujourd'hui partie de l 'arrondisse-
ment de Charleroi, par J. Fiévet. Mons, 1886,
in-8°, 43 pages et 2 planches.
La notice de M. Fiévet constitue une suite heu-
reuse à l'histoire métallique de la ville de Char-
leroi publiée, en 1871, par M. Van Bastelaer.
L'auteur débute par Beaumont et, d'accord en
cela avec la plupart des numismates de notre
époque, il enlève à cette ville le triens à la légende
BELLO MONTE du monétaire Audiermus. Cette
pièce évidemment française est donnée par notre
confrère àBeaumont-en-Argonne. Si nos souvenirs
ne nous trompent pas, c'est l'avis de M. le vicomte
de Ponton d'Amécourt.
Les monnaies des seigneurs de Beaumont sont
peu nombreuses, nous ne connaissons, pour ce
t55
comté, que trois ou quatre variétés d'un petit
gros au cavalier, frappé à Valenciennes par Beau-
douin Ier (1246-1288). C'est M. Celliez qui, le pre-
mier, a déterminé le lieu d'émission de ces pièces.
Gui II (i356-i3g7), un acte officiel publié par
M. Chalon le prouve, battit monnaie en son châ-
teau de Flémaing, mais aucun échantillon de ce
monnayage n'a encore été retrouvé. A moins de
découvertes futures, « Beaumont doit disparaître
de la liste des ateliers monétaires belges ».
M. Fiévet passe ensuite aux Estinnes et déve-
loppe quelques considérations historiques à propos
du fameux denier de Charles le Chauve portant
LEPTINAS FISCO.
M. Ernest Gariel, dans son grand et bel ouvrage :
Les monnaies royales de France sous la race caro-
lingienne, a donné un excellent dessin de cette
pièce d'après l'exemplaire, resté unique, de la
bibliothèque de Paris (').
A la liste des ateliers belges publiée par l'auteur :
Gand, Bruges, Chièvres, Courtrai, Tournai, Mons,
Estinnes, Nivelles, Tongres, Visé, Huy et Namur,
où Charles le Chauve fit forger, nous ajouterons
au courant de la plume : Gembloux, Dinant,
Enghien et Curange.
M. Demanet dota Fontaine-l'Evêque d'un demi-
(') E. Gariel, Les monnaies royales de France, etc. Deuxième
partie, in-40 Paris, 1884-I885, p. 23 1 et pi. XXX, n° i3i. — Vqye^ aussi
Leblanc, Traité historique des monnaies de France, pp. 104 et 140.
Paris, i6go, et Amsterdam, 1692.
i56
gros au type de Saint-Charlemagne d'Aix-la-Cha-
pelle, battu selon lui par Baudouin de Hennin.
L'auteur de l'histoire numismatique de l'arron-
dissement de Charleroi fait toutes ses réserves au
sujet de cette attribution. Il va plus loin et semble
même douter de l'existence de la pièce avec
MONETA : NOVA : FONTEINIS, qu'il ne con-
naît dans aucune collection.
Cette monnaie a cependant été publiée, mais
non déterminée, par M. Chalon dans la Revue
belge de numismatique, année 1866, pi. X, n° 2; elle
faisait alors partie des séries de M. de Coster. En
admettant nos renseignements comme exacts, elle
se trouverait, aujourd'hui, dans le cabinet de
M. Jos. Emunds, juge à Aix-la-Chapelle.
Arrivons maintenant à Thuin. M. Fiévet se
range à l'opinion de de Longperier et, se basant
d'après M. R. Serrure, sur des motifs philologi-
ques, il retire à cette localité le denier de Charle-
magne à la légende TVNNIS, contrairement à
l'avis de MM. Conbrousse, Piot et Liedts.
Viennent ensuite pour cette ville les deniers des
empereurs Henri II (1002-1024) et Conrad leSalique
(1024-1039) ; puis, avec Théoduin, évêque de Liège
(1046-1075), commence la série des monnaies épis-
copales.
On en connaît de Théoduin de Bavière, d'Otbert
(1091-1119), d'Hugues de Chalon (1296-1301) et de
Thibaut de Bar (i3o3-i3i3). Notre confrère profite
de l'occasion que lui présente la description de ces
1 57
pièces pour combattre l'idée, jadis admise, devoir
dans une église accostée de deux oiseaux l'em-
blème monétaire exclusif de l'atelier de Thuin. Il
est en cela, ajoute-t-il, d'accord avec M. de Chestret.
L'étude de M. Fiévet se termine par la nomen-
clature des espèces émises à Viesville par les
comtes de Namur. Aucune nouveauté à signaler.
L'auteur classe cependant à Henri l'Aveugle un
denier au cavalier donné jadis par M. Chalon au
neveu de ce prince, Baudouin de Hainaut.
Nous devons à la vérité d'avouer que les plan-
ches qui accompagnent cette notice manquent
quelque peu d'exactitude ('), mais c'est là une
simple critique de détail, qui n'enlève rien à la
valeur de l'ensemble.
En écrivant ces quelques pages M. Fiévet a dû
certainement s'inspirer du vœu émis par M. Cumont
au congrès archéologique d'Anvers de voir naître,
dans tout le pays, des monographies moné-
taires par arrondissement. Il a parfaitement atteint
le but qu'il se proposait; son étude est très com-
plète, fort intéressante, et nous sommes heureux
de pouvoir présenter ici à notre cher confrère toutes
nos félicitations.
A. de Witte.
(') Le n° 2 de la planche I nous présente le denier des Estinnes ren-
versé. Le n° 14, gros de Jean Ier frappé à Viesville, nous montre le
portail brabançon au lieu du chastel namurois. Nous ajouterons, ayant
eu l'exemplaire entre les mains, que les tréfeuilles de la bordure^sont
inexactement reproduites. (Vqyeç du reste le Bulletin de numismatique,
t. V, pi. VIII. n<> 4.)
58
Sceaux de Philippe de Luxembourg, evèque du Mans,
parE. Hucher. Mamers, 1886, in-8°, 5 pages et
3 vignettes.
En ces quelques pages, M. Hucher décrit, avec
sa compétence bien connue, trois sceaux du
fameux cardinal Philippe de Luxembourg. Le pre-
mier, qui se rattache intimement par ses représen-
tations aux scènes figurées dans le célèbre jubé de
pierre de la cathédrale du Mans, détruit, en i5Ô2,
par les Huguenots, avait déjà été publié par l'au-
teur lui-même. Le deuxième est antérieur à l'élé-
vation de l'évêque au cardinalat; enfin le troisième,
en assez mauvais état, est de tous le plus récent.
Ces deux derniers étaient restés inédits .
A. de Witte.
La Monnaie de Bruxelles après le bombardement
de i6g5.
Du i3 au i5 août i6g5, c'est-à-dire pendant
quarante-huit heures consécutives, le maréchal de
Villeroy, à la tête de 60,000 Français, bombarda
avec furie la malheureuse ville de Bruxelles.
Nous ne rappellerons pas ici les ruines innom-
brables que causa cette vengeance aussi barbare
qu'inutile de Louis XIV; nous nous bornerons à
constater que la Monnaie de Bruxelles partagea le
i59
sort d'autres monuments et fut saccagée de fond
en comble.
A la suite de ces événements, le gouvernement
des Pays-Bas exposa en vente une partie du terrain
occupé naguère par les bâtiments de la Monnaie ;
mais le Magistrat de Bruxelles fit opposition à la
vente devant le Conseil de Brabant.
Par sentence du 6 septembre 1696, cette vente
n'eut son plein effet qu'à la suite d'une déclara-
tion écrite du Conseiller Procureur général de
laquelle il résultait que Sa Majesté n'avait nulle-
ment l'intention d'anéantir la Monnaie, mais dési-
rait au contaire rétablir et restaurer ce bâtiment
avec les deniers que produirait la vente de cette
parcelle de terrain, à moins, ajoutaient les conclu-
sions, que ceux du Magistrat ne voulussent rebâtir
la Monnaie, à leurs frais, telle qu'elle existait avant
le bombardement.
Ce ne fut toutefois qu'en 1756, que le gouverne-
ment s'occupa sérieusement de réparer la Monnaie
de Bruxelles, quand il fut décidé que les Monnaies
de Bruges et d'Anvers cesseraient d'être en activité.
On avait surtout en vue de faire des économies en
centralisant tout ce qui concernait la fabrication
des monnaies et médailles, et cette réforme était
d'autant plus urgente que les ateliers monétaires
ne continuaient plus à être affermés comme cela se
pratiquait précédemment. Chaque Monnaie exi-
geait en effet un commissaire spécial chargé de
surveiller la direction. C'est principalement pour
i6o
éviter ces frais que le Gouvernement remit en état
la Monnaie de Bruxelles, où n'existaient plus que
les seules chambres renfermant les presses dont
il avait été fait usage pour la fabrication des liards,
en 1744 et 1745.
Tous les numismates connaissent le jeton gravé
par Jacques Roettiers pour rappeler cette recons-
truction (') ; nous nous bornerons à remarquer que
le revers représente la façade du nouvel hôtel des
Monnaies, qui de nos jours vient d'être démoli
pour faire place à l'hôtel des Postes. La légende
est : RESTAUR ■ OFFICIN • MONET • BRUX.
En exergue le millésime : m . dcc . lvi {iy56),
date de la réédification.
G. CUMONT.
Das Probirbuch des niirnberger Munzwardeins Hans
Huefnagel. {Le livre de contrôle du Waradin de la
Monnaie de Nuremberg Hans Huefnagel (1605-1612),
par Ad. Meyer, Vienne, 1886, in-8°, 56 pages,
2 planches. (Extrait du volume XVIII de la
Numismatische Zeitschrift de Vienne, année 1886.)
L'auteur a cru faire chose utile pour les numis-
mates en publiant l'inventaire de ce livre, parce
qu'il contient la description et les empreintes de
(') Reproduit parmi les médailles frappées sous le règne de Marie-
Thérèse, Vienne, 1782, première partie, p. i63.
monnaies devenues très rares ou même tout à fait
inconnues.il a aussi jugé indispensable d'y joindre
les dates correspondantes des vérifications (Mïrnz-
probationstage) des monnaies telles qu'elles sont indi-
quées dans l'ouvrage de Lori sur le droit monétaire
bavarois.
Huefnagel s'était servi des coins originaux pour
obtenir des empreintes au moyen d'encre ou de
couleur noire, et ce sont les plus intéressantes de
ces empreintes que reproduisent en photogra-
vure les deux planches jointes à la brochure
de M. Meyer.
Le manuscrit d'Huefnagel est relié en parchemin
et se compose de quatre-vingt-dix pages in-folio
numérotées, plus deux pages de titre. Sur la cou-
verture est imprimée en lettres d'or l'inscription :
M M V H
1610.
On sait peu de chose de ce Hans Huefnagel. Les
actes parvenus jusqu'à nous mentionnent qu'il fut
d'abord essayeur et devait en cette qualité examiner
le titre des objets d'or et d'argent fabriqués à
Nuremberg. Le i5 octobre 1602, il fut nommé, en
remplacement de Georges Dietrich, waradin du
cercle de Franconie. D'après une note écrite sur la
page 35 du manuscrit, Hans Huefnagel mourut
le 21 février 1612. Son successeur fut l'essayeur
Jean Butzer, élu le 14 mai 1612.
Le maître de la Monnaie Paul Dietherr était
Année 1887. 11
IÔ2
mort le n décembre 1610. Ses héritiers continuè-
rent à frapper monnaie jusqu'à l'installation du
nouveau maître Henri Mùller, le 10 janvier 161 1.
Celui-ci ne paraît avoir rempli ces fonctions que
peu d'années, car en 1616, c'est Hans Putzer qui est
maître de la monnaie de Nuremberg.
L'auteur analyse soigneusement ce curieux
manuscrit et donne la liste des pièces y indiquées,
en attirant l'attention sur les monnaies rares ou
inconnues de nos jours. Comme celles-ci n'inté-
ressent que faiblement les numismates belges, nous
n'avons pas à citer ici ces raretés, que les spécia-
listes ou les amateurs de monnaies allemandes
pourront aller découvrir dans la revue viennoise
où se trouve inséré le remarquable travail de notre
erudit confrère M. Meyer.
G. C.
Deux jetons commémoratifs de faits namu-
rois ont été frappés dans l'intervalle de huit
jours.
L'un porte le buste de saint Feuillen, patron de
Fosses, avec la date de la dernière marche armée,
26 septembre 1886. Notre Revue donne de longs
détails sur ce cortège septennal, à propos de la
décoration militaire de Saint-Feuillen, dont le mé-
daillier de la Compagnie possède un des rares spé-
cimens (voir 5e série, t. II, pp. 557-5g).
Le second jeton ; deux lignes circulaires :
i63
L'union fait la force. — Qu 'elle fasse jaillir la lumière.
— Au centre le lion belge élevant un flambeau
allumé. Au revers : Manifestation du 3 octobre 1886.
Namur. — Protestation contre l'acte illégal qui
révoque M. Véchevin Ronvaux.
Ont encore été distribuées dix médailles com-
mémoratives du festival namurois, 3 octobre 1886,
organisé par les soins de la Députation perma-
nente, à l'occasion du cinquantenaire de l'institu-
tion des Conseils provinciaux.
Enfin, citons encore, pour mémoire, la belle
médaille du Congrès historique et archéologique
de Namur, au millésime 17-19 août 1886.
Je persiste à penser que nos confrères, chacun
pour sa province, feraient chose utile en mention-
nant à cette place et sous une forme concise les
pièces de la valeur de celles qui nous occupent
et qui, bien que ne pouvant être reléguées qu'au
dernier plan de nos médailliers, n'en profilent pas
moins avec une certaine netteté la physionomie
d'une province ou d'une localité pour l'année
écoulée.
A. L. C.
Nous venons de recevoir un fort volume de
622 pages intitulé :
Inscriptions campanaires du département de l'Isère ('),
(') Montbéliard, imprimerie P. Hoffmann, 1886. Tiré à 40 exemplaires
sur papier de Hollande et 160 sur papier ordinaire, tous numérotés.
164
signé du nom de notre confrère Gustave Vallier.
Il comprend 1,398 inscriptions de cloches de ce
département. Nombreuses gravures dans le texte.
C'est un travail de bénédictin qui fait le plus
grand éloge du savoir de l'auteur. Nous y revien-
drons.
A. Bri.
M. Maurice Heins a publié dans la dernière
livraison de la Revue un mémoire sur la monnaie
et le prix des choses, à Gand, au temps de Jacques
Van Artevelde. Il est regrettable que pour établir
ses calculs, l'auteur se soit basé sur des évalua-
tions erronées, dont nous n'examinerons qu'une
seule.
« Il existe, dit M. Heins (p. 401), en matière
« monétaire une unité de poids dont le nom n'a
« pas varié depuis le moyen âge et dont la valeur
« est restée sensiblement la même : c'est le marc.
« On distingue le marc de Troyes du marc de
« Cologne. Ce dernier est d'un 58e et '/« ou de 3/,,c
« plus faible que le marc de Troyes. Mais c'est
« celui-ci qui, alors, était en usage en France, et
« dans la Flandre, qui relevait de la France. Le
« marc de Troyes était, en matière monétaire,
« l'équivalent de 244,6 de nos grammes actuels. »
Il résulte de ce qui précède que le marc de
Cologne aurait dû peser 244gr,6 moins 7'"> ou
238*r,3.
i65
Or, tous les traités de métrologie que nous avons
consultés, sont en désaccord avec ces estimations
et ce rapport des deux marcs.
René Budels ou Budelîus, fils et frère de mon-
nayeurs, jurisconsulte et directeur des affaires
monétaires d'Ernest de Bavière, archevêque de
Cologne et évêque de Liège, par conséquent
une autorité en cette matière , dit positive-
ment, dans son traité De monetis et re numaria
(pp. 63 et 64), que le marc de Cologne pèse un
esterlin de moins à l'once que le marc de Troyes.
Or, l'once se divisant en vingt esterlins, le marc de
Cologne devait être d'un vingtième plus faible que
celui de Troyes.
Une ordonnance de Ferdinand de Bavière, suc-
cesseur d'Ernest (Bîdl. de VInst. arch. liég., t. XVIII,
p. 3i6), prescrit de réduire le poids de Cologne en
poids de Troyes « portant cincques sur cent », ou
un vingtième.
Horace Doursther, dans son Dictionnaire universel
des poids et mesures, évalue l'ancien marc de Troyes
d'Amsterdam, de 5, 120 as, à 246^,08 ; et le marc
de Cologne, de 4,864 as ou ig marcs, à 233gT,Jj.
Toujours un vingtième !
Le marc de Troyes, autrefois en usage chez les
orfèvres du pays de Liège, est compté aujour-
d'hui à 246^,028.
M. le général Cocheteux, dans ses remarquables
études sur nos anciens systèmes monétaires (Rev.
belge de num., i885, pp. i65 et 170), assimile le marc
i66
de Paris à celui de Troyes, qu'il évalue à 245^,76.
En Allemagne , le marc de Troyes vaut
246*r,o83g.
Le vieux marc de Cologne pèse, d'après le plus
ancien exemplaire conservé dans cette ville,
233*r,8i2. (Meyers, Konversations-Lexikon y voc.
Mark.) Une ordonnance de 1816 en fixa le poids
à 233^,8555.
Nous pourrions multiplier ces citations à l'infini,
sans trouver entre les chiffres d'autres différences
que celles, relativement minimes, qui résultent des
altérations de l'étalon. Partout le marc de Troyes
est évalué à environ 246 grammes; celui de
Cologne, a près de 234 grammes, ce qui corres-
pond encore une fois à la différence d'un vingtième
constatée par Budelius, au xvie siècle.
Bon de Chestret.
Dans son article sur la valeur de la monnaie au
temps de Van Artevelde (Revue, 1886, p. 397),
M. Heins a parlé de la livre tournois et de la livre
parisis comme si c'étaient des monnaies réelles
tandis qu'elles représentaient des monnaies fic-
tives ou de compte. (Voy. note 1, page 3g8.) Cette
note avait passé inaperçue. Pour rectifier cette
erreur, voici le passage de Leber que M. Maurice
Heins a mal interprété et inexactement résumé :
« La différence de la livre parisis à la livre
167
« tournois est un autre sujet d'hésitation et de
« doute qui se présente fréquemment dans un
« travail d'évaluation. Cette distinction paraît
« s'être établie sous le règne de Philippe Ier, mort
« en 1108. Alors, on fabriquait à Tours une mon-
« naie plus faible que celle de Paris et qu'on
« distingua de cette dernière par la dénomination
« de tournois tirée du lieu de son origine. »
La Direction.
Mme Mailliet, née Campion, vient de faire
hommage à la Société royale de numismatique de
presque tous les manuscrits dont son mari, notre
regretté confrère, était l'auteur.
C'est là un exemple que l'on ne peut assez louer
et nous présentons à la généreuse donatrice nos
plus vifs remerciements pour cet acte d'intelli-
gente largesse. Grâce à Mme Mailliet, les tra-
vaux et les études du colonel ne seront pas
perdus pour la science ; aussi a-t-elle droit désor-
mais à la reconnaissance de tous ceux qui s'occu-
pent sérieusement d'histoire et de numisma-
tique f).
(1) Voyez la nomenclature de ces volumes dans la liste des ouvrages
reçus à la bibliothèque pendant le quatrième trimestre 1886.
i68
Au dernier concours de l'Académie de Bor-
deaux, M. E. Taillebois, archiviste et secrétaire
général intérimaire de la Société de Borda, a rem-
porté un prix de 600 francs pour son beau travail
intitulé : Recherches sur la numismatique de la
Novempopulanie .
A. de Witte.
Monete e medaglioni romani inediti nella collezione
Francesco Gnecchi. Terza série. — Extrait de la
Gazzetta Numismatica du docteur Solone Ambro-
soli. Corne, 1886, in-8°, papier teinté, 104 pages.
Adoptant le système suivi avec tant de succès
par M. A. de Belfort pour ses Recherches des mon-
naies impériales romaines non mentionnées dans V ou-
vrage de Cohen, travail en voie de publication,
depuis 1882, dans l'annuaire de la Société fran-
çaise de numismatique, M. Gnecchi nous donne,
sous forme de catalogue et de la façon la plus
minutieuse , la description de 545 monnaies romaines
inédites ('). Toutes ces pièces font partie de sa
collection personnelle; i65 sont en or, 19g en
argent et seulement 181 de bronze. Cette nomen-
clature débute avec Marc-Antoine et Octave pour
s'arrêter aux monnaies signées Léon III , Constantin
(') Ou peu connues, ce qui serait peut-être plus exact pour quelques
unes de ces médailles.
169
Copronime et Léon IV (751-775). Elle embrasse
donc environ huit siècles du monnayage impérial.
Nous ne pouvons que féliciter l'auteur de l'excel-
lent exemple qu'il donne aux possesseurs de séries
numismatiques importantes et souhaiter de lui
voir bientôt de nombreux imitateurs.
A. de Witte.
La troisième livraison de l'année 1886 du Bul-
letin de la Société de Borda renferme un intéres-
sant article de M. Blanchet sur les jetons de la
famille de Henri II de Navarre (Henri IV de
France). L'auteur y décrit, avec soin, cinq jetons
d'Antoine de Bourbon ; huit de Jeanne d'Albret ;
un de Henri de Bourbon enfant ; cinq de Catherine
de Bourbon et enfin onze de Marguerite de Valois.
Cette notice est accompagnée d'une planche très
bien gravée par Dardel, et sur laquelle se trouvent
représentés six jetons d'argent fort beaux.
A. de Witte.
Vade mecum del raccoglitore di monete italiane,
par G. Bazzi et M! Santoni. Camerino, 1886,
in-8° de 2i5 pages.
Ce dictionnaire de l'histoire monétaire de l'Italie
se divise en trois parties. La première donne par
ordre alphabétique, méthode suivie du reste dans
Année 1887. 10
170
tout l'ouvrage, les monogrammes, armoiries, em-
blèmes, légendes, etc., qui se rencontrent sur les
monnaies italiennes, en indiquant à la suite, les
noms des villes et des princes qui les ont adoptés.
La deuxième partie comprend : i° une liste des
ateliers monétaires du pays, avec quelques brefs
renseignements historiques et numismatiques ;
2° les noms des principales familles seigneuriales
qui usèrent du privilège de battre monnaie ; 3° la
suite de tous les saints dont les noms ou l'effigie se
retrouvent sur les espèces métalliques, et les lieux
où ces espèces furent forgées. La troisième partie
embrasse la bibliographie numismatique de l'Italie.
Elle nous semble assez incomplète, puisque les au-
teurs ne citent pas même cent cinquante ouvrages,
publications périodiques ou notices diverses. Il est
vrai que MM. Bazzi et Santoni, dans leur utile
volume si bien ordonné, ne s'occupent que du
moyen âge et de l'époque moderne.
A. de Witte.
M. Jos. Leroux, auteur du Catalogue des monnaies
canadiennes de cuivre, de Y Atlas numismatique du
Canada et du Vade mecum du collectionneur, vient de
fonder à Montréal un nouveau journal numisma-
tique : Le Collectionneur. Cette feuille mensuelle,
écrite en deux langues, le français et l'anglais,
n'est pas exclusivement scientifique : une partie est
171
réservée aux annonces. Prix de l'abonnement pour
l'Europe, 65 cts.
A. DE WlTTE.
Collection Mailliet. — Vente à Paris
le 22 novembre 1886 et jours suivants.
Les monnaies obsidionales et de nécessité
recueillies par notre regretté confrère le colonel
Mailliet viennent d'être vendues à Paris sous
l'habile direction de M. Van Peteghem. Cette série,
unique en son genre et remarquable surtout sous
le rapport du nombre, n'était pas sans renfermer
quelques exemplaires fort douteux. Nous citerons,
par exemple, la monnaie de nécessité, en or, de
Bruxelles à la date de 1584 et à la légende D. O. M.
BRUXELLA CONFIRMATA, etc., etc.
Voici, sans commentaires faute de place, les
enchères les plus importantes que nous ayons
notées ;
N° 3. Aire assiégée par les Espagnols, 1641,
argent, carré 72 francs.
177. Braunau assiégée, en 1743, par
les Autrichiens. Or io5 —
201. Brésil. Monnaie d'or de 1646
de la compagnie des Indes en guerre
contre les Portugais (1647-1654) . . 3oo — :
220. Demi-couronne de Charles Ier
en guerre contre les Parlementaires,
frappée à Bristol en 1644 100 —
I72
5g4-5g5. Jamètz assiégée, en i588,
par le duc de Lorraine, pièce de 20 et
pièce de 10 sols, cuivre rond, chacune. 5o francs.
Ces deux monnaies sont des raretés de premier
ordre.
762. Obsidionale de Maestricht
assiégée par les Français en 1794,
pièce d'argent de 100 st. Droit connu
des unifaces. Rev. TRAIECTUM
AD MOSAM en légende circulaire,
au centre une étoile à cinq raies . . 62 —
Nous avons acquis tout dernièrement à une
vente de Bruxelles l'essai en plomb de cette
curieuse monnaie, dont le type, trouvé trop com-
pliqué , ne fut pas adopté par la régence de
Maestricht.
72g. Demi-thaler de Magdebourg
assiégée, en i55i, par les alliés de
l'Empire gg francs.
760. Mayence occupée par les Fran-
çais en i688-i68g. Deux tiers de thaler
au monogramme de Louis XIV . . i5o —
785. Middelbourg assiégée, en i5j3,
par le prince d'Orange. 4 ducats, or. i65 —
8o3. Modène occupée par les Fran-
çais, 1704-1705, monnaie d'or inédite,
à l'aigle éployée 145 —
824. Munster assiégée par son
évêque. 3 ducats 145 —
i73
841. Nice assiégée par les Turcs
et les Français, argent 320 francs.
C'est le plus haut prix qui ait été
atteint à cette vente.
io32. Tournai assiégée par Charles-
Quint en i52i, une tour entre deux
F couronnés, au droit, argent. . . 260 —
Le catalogue, œuvre de M. Mailliet lui-même,
comptait i.35o numéros, et les enchères ont pro-
duit tout près de i3,ooo francs, ce qui est un beau
résultat.
A. de Witte.
V Annuaire de la Société française de numismatique et
d'archéologie, juillet-août 1886 ('), vient de paraître. Som-
maire :
I. — L'ère de Tripolis, par M. P. SIX.
II. — Lettre à M. le président de la Société de numis-
matique sur quelques pièces rares ou inédites de la collec-
tion orientale de M. P. De Lhotellerie, par M. H. SAU-
VAIRE.
II. — Sur quelques médailles consulaires inédites des
musées Roumianzew et de l'Université de Moscou, par
M. M. BAHRFELDT.
IV. — CHRONIQUE. Prix Duchalais. L'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres vient de faire son appréciation
des ouvrages qui ont concouru pour le prix Duchalais. Ce
prix est décerné à mérite égal aux Monnaies royales fran-
{') Paris, au siège de la Société de numismatique, 46, rue de Verneuil.
'74
çaises de la race Carolingienne de feu ERNEST GARIEL,et
aux Médailleurs de la Renaissance de M. ALOÏSS HEISS.
Nécrologie : M. Joseph Newald, l'un des membres les
plus distingués de la Société viennoise de numismatique,
est décédé à Gratz, en Styrie, le 4 mars 1886.
On annonce également la mort d'un autre savant numis-
matiste, M. B. Biondelli, conservateur du musée Bréra ,
à Milan.
Bibliographie. — Arcantodan, en Gaulois, est un nom
commun et, suivant toute apparence, un titre de magistrat
monétaire. Article publié par M. P. Ch. ROBERT.
Les volontaires Limbourgeois et leur médaille, 1790- 1794.
Révolution brabançonne. Invasion française, par GEORGES
CUMONT. — Atti del Museo Civico di Antichita in
Trieste. Publication du musée de Trieste. — Coup d'oeil
sur l'histoire monétaire de la principauté de Liège et de
ses dépendances, par M. le baron J. DE CHESTRET DE
HANEFFE. — Guida numismatica universale , compilata
da FRANCESCO E ERCOLE GNECCHI. Milano, 1886.
Trouvailles de monnaies. — M. Alberto Puschi publie
la relation de la découverte d'un trésor du XIIIe siècle à
Cosina. - M. J. Dirks donne la description détaillée des
monnaies consulaires et des monnaies impériales d'Auguste
que contenaient les trouvailles d'Onna et de Feins.
Vente de monnaies. — Les Carolingiennes de la collec-
tion de M. le vicomte Ponton d'Amécourt, par R. de
Grimmont (Serrure).
Vente P. Charles Robert, par M. J. Hermerel. — Prix
de vente de la collection des monnaies gauloises et fran-
çaises de M. le vicomte Ponton d'Amécourt.
A. BRI.
i75
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
Réunion du bureau du 1 novembre 1886.
... Sur la proposition de MM. R. Chalon et
A. de Witte, le titre d'associé étranger a été
conféré à M. Milciade Santoni, directeur du Bul-
letino di numismatica e sfragistica, à Camerino,
Italie.
Le Secrétaire, Le Président,
G. Cumont. R. Chalon.
176
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
LISTE DES OUVRAGES REÇUS PENDANT LE 4' TRIMESTRE 1886.
Avis Important : tes ouvrages et publication* destinés à la
Société doivent être, désormais, adressés à U. tlph. de Wltte,
bibliothécaire de la Société royale de numismatique, au
Palais des «endémies, à Itru&clles. Mculs, les volumes des-
tinés personnellement à M. It. t'huloii, continueront a être
envoyés rue du Trône, lis. a Ixelles.
Ouvrages manuscrits de M. le lieutenant -colonel Mailliet, offerts à
la Bibliothèque de la Société royale de numismatique de Belgique
par Mme Mailliet, née Campion.
Nota : Les titres des ouvrages sont textuellement transcrits.
I. Catalogue des monnaies obsidionales. Format agenda.
IL Catalogue des monnaies obsidionales et de nécessité du cabinet
de M. le lieutenant-colonel Mailliet. 1 vol. relié.
III. Planches manuscrites de l'atlas du catalogue des monnaies
obsidionales et de nécessité. 3 vol. reliés.
IV. Catalogue des monnaies, jetons et médailles de la Belgique.
1 vol. format agenda.
V. Catalogue des monnaies, jetons, méreaux et médailles de la
collection du lieutenant-colonel Mailliet. 11 vol. reliés.
VI. Catalogue des médailles de l'histoire* métallique des Pays-Bas
de Van Mieris, Van Loon et de la suite à Van Loon, indiquant
le motif pour lequel elles ont été frappées, par Prosper Mail-
liet. Tournai, 1854; 1 vol. relié.
VIL Catalogue ou table alphabétique des légendes des médailles de
ces mêmes ouvrages, principalement de celles du revers.
1 vol. relié.
i77
VIII. Description de monnaies brabançonnes et de quelques mon-
naies flamandes. 1 vol. avec nombreux dessins.
IX. Chronologie de tous les hommes qui ont gouverné les diffé-
rentes parties de l'Europe depuis Jésus-Christ jusqu'à nos
jours, à l'usage des numismates, i gros vol. relié et 2 vol. de
supplément cartonnés.
X. Correspondances numismatiques. — Lettres d'un grand nombre
de numismates ayant trait aux monnaies obsidionales ou de
nécessité.
XI. Souvenirs numismatiques du cinquantième anniversaire de
l'indépendance de la Belgique. Manuscrit original en feuilles
détachées.
XII. Notes concernant les monnaies obsidionales et de nécessité. En
feuilles détachées. *
XIII. Description des médailles de Tournai depuis l'année 1600 jus-
qu'en 1881. En feuilles.
XIV. Catalogue des légendes des jetons de Tournai depuis 1422 jus-
qu'en 1881. En feuilles.
XV. Description des jetons tournaisiens du moyen âge et des temps
modernes. Brouillon en feuilles détachées.
XVI. Catalogue des méreaux de la collection Mailliet. En feuillets.
XVII. Cahier renfermant quelques notes concernant l'héraldique et la
numismatique.
XVIII. Un paquet de quelques planches dépareillées de l'atlas des
monnaies obsidionales et du cinquantenaire de l'indépen-
dance.
Ouvrages périodiques.
Allemagne. — Berliner Mûn\blàtter, nos 66-67, 68-69, 7°' 71_72»
73, 74. — Catalogues Weyl, nos 76, 76, 77 et 78.
— Berliner Mûn\-Verkehr von Julius Hahlo,
n° 10. — Numismatischer Verkehr von Thieme,
nos 7 et 8, année i&86. — Blâtterfûr Mûnifreunde,
nos i3o, i3i et i32, avec les planches 8b et 86.
Angleterre. — The numismatic chronicle, année 1886. Part. II,
n° 22.
i78
ndxlqiir. — Revue belge de numismatique, année 1886. — Bul-
letin de l'Académie royale des sciences, tome XII,
n08 7 et 8. — Annales du Cercle archéologique
dEnghien, tome II, liv. 1, 2 et 3. — Messager des
sciences historiques, année 1886, 3e liv. — Bulletin
de l'Institut archéologique liégeois, tome XVI II et
ire liv. du tome XIX. — Rapports sur la situation
de l'Institut, 1878 à i883, 1884, i885. — Analectes
pour servir à l'histoire ecclésiastique de la Bel-
gique, 2e série, tome IV, ire liv.
France. — Bulletin de la Société de Borda, année 1886, 3e tri-
mestre. — Bulletin archéologique du Tarn-et-
Garonne, 2e trimestre 1886. — Bulletin de la
Société archéologique et historique de l'Orléanais,
n°e 42, 45, 82, 83, 84, 85, 86, 88, 93, 1 13, 1 14, 1 15
et 121.
■(aile. — Bulletino di numismatica e sfragistica du Dr San-
toni, tome II, n09 11-12
PayM-Baa c* Grand-Duché. — Provinciaal genootschap van Noord-
Brabant, fascicule 1884-1885. — Règlement de cette
société. — Publications de la section historique
de l'Institut du grand-duché de Luxembourg ,
tomes XXXVII et XXXVIII.
CUMONT.
De Marsv.
A. DE WlTTE.
Ouvrages non périodiques.
Prosper Mailliet. Nécrologie. Bruxelles, 1886; in-8°,
3 pages.
Supplément à l'article intitulé : Projet de médaille
pour récompenser de leurs services les représen -
tants de Malines. Bruxelles, 1886; in-8°, 3 pages.
(Hommage de l'auteur.)
Discours d'ouverture du congrès archéologique de
Nantes. Paris, 1886; petit in-8°. (Hommage de
l'auteur.)
Trois deniers de Henri le Blondel, comte de Luxem-
bourg. Bruxelles, 1886; in-8°, 5 pages, 3 vignettes.
(Hommage de l'auteur.)
i79
Gnecchi.
GOOVAERTS.
Fiévet. Rapport sur la découverte d'une villa romaine à
Morlanwel^. In-8°, 24 pages et 3 planches.
— Note sur les grès cérames émaillés en teintes plates
bleues de Ferri'eres-la-Petite au xvme siècle. In-8° ,
3i pages.
— Quelques mots d'histoire et de numismatique sur les
localités qui font aujourd'hui partie de l'arrondis-
sement de Charleroi. Mons, 1886 ; in 8°, 43 pages
et 2 planches. {Hommage de l'auteur.)
Monete e medaglioni romani inediti nella colle^ione
Francesco Gnecchi di Milano. Terza série. Como,
1886; petit in-8°, 104 pages. (Hommage de Fau-
teur.)
Catalogues des collections Van der Straelen, Moons,
Van Lerius. Monnaies, médailles et jetons. (Don
de M. A. de Witte.)
Découverte d'une villa romaine à Morlanwel^. In 8°,
1881 , g pages et 1 planche. (Hommage de l'auteur.)
Goldmim\en des xive und xve Jahrhunderts (Disibo-
denbergerFund). Frankfurt-am-Main, 1882; in-8°,
232 pages et 4 planches.
— Historisch-Krilische Beschreibung des Bret^enhei-
mer Goldguldenfundes (vergraben um 1390).
Mainz, i883, in-8°, 96 pages et 2 planches.
— Die Mùn^en des grâf lichen und fùrstlichen hauses
Leiningen. Wien, 1884; in-8°, 110 pages et
2 planches, cartonné. (Hommage de l'auteur.)
Santoni (M.). Délia ^ecca e délie monete di Camerino. Firenze,
1875; in-8°, 79 pages et 6 planches.
— Domenico Ridolfino Camerte. Firenze, 1877; in-8°,
27 pages.
— Statuta communis et populi civitatis Vissi antiqui et
fidelis, jussa vel disposita ante an. MCDLXI .
Camerino, 1884; grand in-8°, i3g pages.
— Sisto V e la sua statua a Camerino. Foligno, i885;
in-8°, 3i pages et 1 planche.
Peny.
P. Joseph.
i8o
Santoni (M.) et Bazzi. Vade-mecum del raccoglitore di monete ita-
liane. Camerino, 1886; in-8°, 2i5 pages. {Hom-
mage de M. Santoni.)
Vitalini. Tariffa délie monete pontificie secondo l'or dîne del
cinagli. Camerino, 1882; in-8°, 39 pages. (Don de
M. Santoni.)
Anonymes.
Catalogue de la collection du lieutenant-colonel Mailliet. In-8° de
38o pages. (Envoi de M. Van Peteghem.)
Collection du lieutenant-colonel Mailliet. Monnaies obsidionales et
de nécessité. (Envoi de M. Van Peteghem.)
Catalogue d'une belle collection de monnaies obsidionales et de
nécessité. (Envoi de M. R. Duprieç.)
Canadian numismatic Bibliography. Montréal, 1886.
Catalogue des médailles et des monnaies délaissées par feu
M. Théod. Bom. (Envoi de M. A. Bom.)
Acquisition.
Recueil de médailles, manuscrit de M. le lieutenant-colonel Mail-
liet, avec de nombreux dessins à la plume.
Le Bibliothécaire, ■
Alphonse de Witte.
Bruxelles, le 20 novembre 1886.
ERRATA.
Revue, 1886 : pp. 401, 416, 425 et 426, lisez M. N. de Wailly au
lieu de le Bailly, membre de l'Institut de France.
Page 452 du dernier numéro de la Revue, ligne 19 : QU'UN;
lisej : Q'UN (sic).
£VUE BELGE DE NUMISMATIQUE 1887.
ÇLavalette. del* fc jcuU
EVUE BELGE DE WUMISMflTIQUE.16
M:
6. Lavaktte, k'C
BEVUE BELGE DE NUMISMATIQUE . 1887.
PL III.
Q. Lavalette, del! ^ soûl1
RE1/UE BELGE DE NUMISMATIQUE. 1887.
Tl, IV.
OR s, A
.<^v^
1 £#C
<V .toilette, ad' 4 seul'
PL, V.
\ Lavalette dd' ^ pculï
PETIT? MENEAUX D'ARM?.
REVUE BELGE DE NUMSMTIQUE.1837.
PI, VI
. vil7 t
36
Gt-JUayaiette, del! & scolî
PETITS MEipUX D'ARRfl£.
D R 0 N R I J P
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11.
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DRONRIJP.
B.
16.
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22.
25
27.
28.
30.
D R 0 N R IJ P
Bovcm.yde. 7. Binntn%ade
175
Planche non numérotée. — Médaille Chalon.
La Société belge de numismatique fut fondée définitive-
ment, à Bruxelles, le 28 novembre 1841. Adoptant la
forme républicaine, dans la plus large acception du mot,
les membres présents à chaque réunion se contentaient
d'élire, au début, un directeur de la séance. Une com-
mission de sept membres régissaient la Société: Dans
l'assemblée du 9 avril 1849, l'on décida de nommer un
Président annuel chargé de veiller aux intérêts de tous.
M. Chalon fut choisi par ses collègues pour occuper ce
poste de confiance. Depuis lors et sans interruption il
fut chaque année réélu Président. Parvenu à un âge fort
avancé, M. Chalon — ayant déjà, depuis quelque temps
et à diverses reprises, manifesté le désir formel d'aban-
donner à d'autres la conduile de la Société, — fut, dans
l'assemblée générale du 5 juillet 1885, acclamé Pré-
sident d'honneur à vie.
C'est ce témoignage d'estime et de juste reconnaissance,
donné par tous ses confrères au doyen des numismates
belges, que M. Brichaut a rappelé sur le jeton suivant :
Buste à droite de R. Chalon.
Lég. RENIER CHALON. Sous le buste: ch. wurden.
Rev. SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE BELGE
en légende circulaire. Au centre, dans une couronne
formée d'une branche de chêne et d'une branche de lau-
rier :
— 174 —
5 JUILLET 1885
ACCLAMÉ
président
d'honneur
A VIE
Sous la couronne : brichaut direxit (*).
Un exemplaire d'argent de cette médaille et un autre
de bronze ont été offerts par l'auteur à M. Chalon (*).
Le coin de cette petite médaille avait déjà servi pour la
confection du jeton de présence distribué aux membres
de la Société de numismatique, lors de l'assemblée tenue
à Louvain le 9 mai 1886. La légende centrale seule diffé-
rait. Ces derniers jetons ont été frappés à cinq exem-
plaires d'argent et à vingt-cinq de bronze (■).
Enfin M. Brichaut a encore employé les coins de cette
médaille pour créer toute une petite série numismatique,
intéressante à plus d'un titre. Chaque exemplaire nous
montre au droit le portrait de M. Chalon, personnifiant la
Société belge de numismatique, et au revers, il porte,
(') Le droit n'est aulre chose qu'une réduction de celui de la grande
médaille publiée dans la Revue, année 1880, pi. XXIII, médaille dont
il lut fait hommage à M. Chalon à l'occasion du 39* anniversaire de
la Société correspondant avec le cinquantenaire de l'indépendance
nationale.
(*) Lors de l'installation du bureau, le 7 décembre 1883, une médaille
diplôme d'argent rappelant le même fait fut présentée, au nom des
membres de la Société, à M. Chalon, par le vice-président, M. le baron
Geelhand. (Voy. Revue belge, année 1886, p. 281.)
(5) Revue belge, année 1886, p. 388.
- 475 —
dans le cercle inte'rieur, le nom de l'un des membres de
cette Socie'te', avec la date de son admission.
Cette série n'est pas termine'e. Jusqu'à pre'sent nous
connaissons de ces me'dailles au nom de
MM. E. Van Hende, 4 juin 1861 ;
Bon Surmont de Volsberghe, 5 juillet 1863 ;
A. Lecatte, 3 juillet 1864;
A,cBrichaut, 7 juillet 1867;
G. Vallier, 5 janvier 1870;
Van Dyk van Matenesse, 14 juillet 1871 ;
Jean Van der Auwera, 7 juillet 1872 ;
Chevalier Magnus Lagerberg, 10 septembre 1872;
Lecointre Dupont, 5 juin 1879;
J. Laugier, 24 juillet 1880;
John West Wilson, 6 mai 1883;
Adrien Bom, 20 janvier 1885;
Alphonse de Witte, 5 juillet 1885.
Ces pièces ont été' frappées à petit nombre, en argent
et en bronze, pour chacun des titulaires.
N° 85, pi. LXX. Dans le champ : façade et vue perspec-
tive de la maison de sûreté. — Légende : maison de sûreté
a s'-gilles. — Exergue : j. devolder, ministre de la
JUSTICE — GAUTIER DE RASSE ADMK DES PRISONS — ET DE
LA SÛRETÉ PUBLIQUE — 15 JUIN 1885. — J. WIENER. F.
Rev. Dans le champ le plan de la prison. En légende
circulaire : BÈGNE DE LÉOPOLD H BOI DES BELGES.
A l'exergue: 1878-1885.
Il est d'usage, en Belgique, de rappeler par une
médaille l'édification de chacune des prisons nouvelles du
royaume. Ces souvenirs métalliques, œuvres la plupart de
— 176 —
M. Jacques Wiener, sont nombreux : M. C. Picque' en a
publié un spe'cimen dans ce recueil même, pi. XV, n° 17.
La belle me'daille que nous reproduisons aujourd'hui
rappelle que, le 15 juin 1885, — M. J. Devolder e'tant
ministre de la Justice et M. Gautier de Rasse, administra-
teur des prisons et de la sûreté publique, — fut terminée
la construction de la maison cellulaire à Saint-Gilles. Ce
nouvel établissement philanthropique avait été commencé
en 1878 ; il est l'un des mieux réussis du pays.
N° 86, pi. LXXI. Dans le champ : Une locomotive, le
Slad Eccloo, en arrêt sur un viaduc à deux arches ; le tout
dans une épaisse couronne de feuilles de lierre, ornée
de cinq écus. Le premier est aux armes de la ville de
Gand ; le deuxième d'argent à un rinceau de chêne de
sinople, glandé du même, posé en orle autour de l'écu de
Flandre, appartient à Eecloo. Les trois autres écussons
sont emblématiques et représentent l'un le commerce,
l'autre l'industrie et le dernier l'agriculture. Sur le ruban
qui ferme la couronne : lemaire.
Rev. Dans le champ :
HULDE
AAN
ISIDOOR NEELEMANS
STICHTEK
DER L1JN
Dans un entourage circulaire, en relief sur la partie
centrale : xxvBTB verjaring der inhuldiging van den
IJZEREN WEG EECLOO — GENT °oS<? 1861-1886 ?£.
— 177 —
Le 1er juillet 1886 eut lieu la céle'bration du 25e anni-
versaire de l'inauguration de l'exploitation de la ligne de
Gand à Eecloo.
C'est à M. Isidore Neelemans que cette dernière ville
doit d'avoir e'té relie'e de bonne heure au grand re'seau
des voies ferre'es de l'État belge.
Dès le 26 avril 1858, M. Neelemans obtenait du gou-
vernement la concession provisoire pour l'e'tablissement
d'un chemin de fer de Gand à Eecloo. Cette concession,
ratifie'e par les Chambres, fut sanctionnée par arrête' royal
le 25 janvier 1859.
Sans perdre de temps, M. Neelemans se mit à l'œuvre.
Une Société anonyme fut constituée ; les travaux de
construction, poussés avec activité, s'achevèrent en deux
ans et, le 1er juillet 1861, l'on inaugura la ligne. Non
content de ce premier résultat, M. Neelemans obtint, pour
parachever son œuvre, l'autorisation d'établir un chemin
de fer reliant Eecloo à Bruges. Il fut livré à l'exploitation
le 21 juin 1865» La voie la plus courte et la moins coû-
teuse entre Anvers, Bruges et Ostende se trouva dès lors
définitivement créée.
Pour rendre un plus complet hommage au fondateur
de la Société d'Eecloo-Gand, il avait été décidé de faire
graver, à l'occasion du 25e anniversaire de l'exploitation,
une médaille qui aurait présenté, au droit, les traits
d'Isidore] Neelemans. Malheureusement le temps man-
quait absolument et le graveur s'est vu obligé de repro-
duire, à la face, le sujet qui d'après le projet primitif
devait servir à. orner le revers. Cette médaille, fort bien
réussie et du plus agréable aspect , a été frappé à
— 178 —
iO exemplaires de vermeil et à 124 de bronze. Un seul
exemplaire existe en argent, il appartient à M. Lemaire.
Les coins ont e'té déposés au siège de la compagnie
d'Eecloo-Gand, dont ils sont la propriété.
N° 87, pi. LXXI. Tête du roi Léopold II, en profil
gauche, léopold ii roi des belges.
Rcv. Couronne composée d'une branche de laurier et
d'une branche de chêne réunies par un nœud de rubans.
Au centre :
BRUXELLES
LE
IX AVRIL
MDCCCLXXXV
En légende circulaire extérieure :
« OU PEUT-ON ÊTRE MIEUX QU'AU SEIN DE SA FAMILLE ! »
Celte médaille a été frappée, à cinq exemplaires d'ar-
gent et à dix de bronze, par M. À. Brichaut à l'occasion
du cinquantenaire de la naissance du roi Léopold II.
S. A. Philippe de Saxe-Cobourg et Gotha, membre
d'honneur de notre Société de numismatique , a bien
voulu se charger* d'offrir, à son Auguste beau-père, en
hommage de l'auteur, un écrin contenant deux exem-
plaires, l'un en argent, l'autre en bronze, de cette jolie
petite médaille. Le prince a transmis ensuite à M. Bri-
chaut l'expression de la reconnaissance de Sa Majesté.
Alp. de W.
MEDAILLES HISTORIQUES DE BELGIQUE.
PL.LXX.
Vlavàlette deU 4 seul'
Règne de Léopold II.
MEDAILLES HISTORIQUES DE BELGIQUE.
PL.LXXI.
lègne de Léopold IL
(} . Lavalette, AeVa. seul'
i8i
NUMISMATIQUE BRABANÇONNE,
LES GODEFROID (ilOÔ-Iigo). — HENRI Ier (ligO-1235).
HENRI III (1248-I261).
Pl. VII, nob 1 a 10.
I.
I. Buste à tête casquée du duc, à gauche; la
main droite tient un glaive à deux tranchants.
Lég. : DVX.
Rev. Edifice composé d'une partie centrale, à
toit triangulaire, flanquée, à droite et à gauche,
d'une construction de moindre importance.
Denier. Pl. VII, n° 1. Collection de Witte.
Van der Chys donne cette pièce ('), mais le
dessin de notre confrère hollandais, où le duc
est représenté la tête nue, s'éloigne tellement du
modèle qu'il est devenu utile de reproduire à nou-
veau cette monnaie brabançonne, d'autant plus
que le numéro suivant n'est autre que l'obole au
même type.
(') Van der Chys, De munten der voormalige hertogdommen
Braband en Limburg, pl. III, n° 5.
Année 1887. . 12
182
II. Buste à tête casquée du duc, à gauche, en
tout semblable au numéro précédent. Lég. : DVX.
Rev. Edifice à toit triangulaire, flanqué de deux
tourelles, sommées, chacune, d'une fleur de lis.
Demi-denier. PI. VII, n° 2. Collection du vicomte B. de
Jonghe.
III. Buste armé et casqué du duc, à gauche;
la main droite tient un étendard. La légende est
remplacée par des annelets.
Rev. Édifice d'un travail compliqué f).
Demi-denier. PI. VII, n° 3. Collection du vicomte B. de
Jonghe.
Jusqu'ici on n'attribuait aux Godefroid que des
deniers d'argent. C'est grâce à l'obligeance de
M. le vicomte Baudouin de Jonghe, auquel nous
sommes heureux de pouvoir présenter tous nos
remercîments, qu'il nous est donné de faire con-
naître, aux lecteurs de la Revue, deux demi-deniers
de ces ducs.
L'existence de ces rares monnaies, soupçonnée
depuis longtemps déjà, est maintenant établie
d'une façon irréfutable ; leur émission remonte,
comme on le voit, aux premiers temps du mon-
nayage ducal. Ce fait est certes du plus haut
intérêt au point de vue de l'histoire métallique du
Brabant et, dès à présent, il est permis d'espérer,
pour les Godefroid aussi bien que pour les Henri,
(') C'est la fraction du denier gravé dans Van der Chys, pi. III, n° 3.
i83
voir, avec le temps, se former à côté de la suite des
deniers une série correspondante d'oboles aux
mêmes types.
IL
I. Personnage debout, de face, vêtu d'une robe
longue serrée à la taille. La tête nue présente la
coiffure rendue populaire, en numismatique, par
les esterlins anglais du roi Edouard Ier (1272-1307).
Les cheveux, courts sur le front, tombent en
longues mèches sur les tempes. Le duc tient de la
main droite un gonfanon lancéolé et de la gauche
un grand bouclier, sans armoiries. Lég. : DVX.
Le tout dans un double cercle, entouré d'un rang
de perles.
Rev. Édifice composé de deux tourelles, som-
mées chacune d'une fleur de lis et réunies entre
elles par une espèce de dôme à toit rond proté-
geant lui-même une petite construction centrale,
qui pourrait bien être tout simplement un portail.
Sur le toit du dôme une croix accostée de deux
étoiles à cinq rais. Un cercle perlé entoure le tout.
PI. VII, n" 4. Cabinet de l'État belge.
II. Même droit, mais de coin différent.
Rev. Le toit du dôme est triangulaire. L'édifice
central présente un dessin qui s'éloigne assez du
premier.
PI. VII, n° 5. Cabinet de l'État belge.
184
III. La chevelure du duc est fort bien marquée;
les mèches en sont longues et ondulées.
Rev. Le dôme principal est assez semblable à
celui du numéro I, l'édifice central, au contraire,
se rapproche de celui du numéro IL
PI. VII, n<> 6. Collection de Wilte.
IV. Le personnage a de plus fortes proportions,
la gravure est plus lâchée que sur les autres exem-
plaires. Lég. : DVK.
PI. VII, n° 7. Cabinet de l'État belge.
Cette dernière variété a été publiée, en i853,
dans la Revue belge, pi. VII, litta a, d'après un
exemplaire trouvé à Saint-Trond ('). La mauvaise
fabrique de la lettre X, à laquelle l'un des angles
latéraux rempli donnait l'aspect d'un K ayant la
barre verticale très épaisse, si épaisse même que
la partie supérieure presque arrondie permettait de
considérer le K comme un R, et aussi la forme A
affectée par l'U, firent adopter pour la légende la
lecture RAD, abréviation de Radulfus.
L'apparence liégeoise de la pièce était si évi-
dente que l'on se contentait de rechercher l'exis-
tence d'un évêque de Liège dont le nom pût
s'accorder avec la lecture RAD et avec l'âge
présumé de la monnaie.
(') Notice sur un dépôt de monnaies du XIIe siècle, trouvé à
Maestricht, par Meyers. Revue belge de numismatique, année i853,
p. 129. Ce dessin ne donne malheureusement pas une idée bien exacte
de la monnaie.
[85
Raould ou Rodolphe de Zaeringhen occupa le
siège épiscopal de 1167 à ngi ; ce fut à lui que le
denier fut classé, bien qu'il différa, comme dia-
mètre, de toutes les espèces forgées par l'Evêque.
Cette attribution admise généralement s'est main-
tenue sans protestation jusqu'à ce jour.
Nous venons d'examiner, au cabinet de l'État et
chez quelques-uns de nos confrères, un certain
nombre de ces deniers ; à part un seul, celui décrit
ici sous le numéro IV, ils portent tous trop lisible-
ment la légende DVX pour qu'il soit possible de
les classer encore à Raould de Zaeringhen.
Un fait subsiste cependant, c'est l'analogie de
la gravure de ces monnaies avec celle des espèces
liégeoises, ressemblance si frappante qu'elle indui-
sit jadis en erreur tout le monde numismatique.
Il est donc certain que les pièces avec DVX ont
vu le jour dans une contrée voisine, dans un pays
limitrophe du territoire de Liège.
Vers l'époque qui nous occupe, deux duchés
confinaient à l'évêché : le duché de Brabant et
celui de Limbourg.
Aucune monnaie bien certaine des ducs lim-
bourgeois n'a été retrouvée jusqu'ici et il serait
téméraire de vouloir leur attribuer un numéraire
quelconque sans preuves absolument probantes et
incontestables. Nous préférons donc considérer
les deniers en question comme provenant d'un
atelier monétaire de la partie orientale du Bra-
bant.
i86
Les dimensions assez exiguës de ces pièces
(i4mm de diamètre au maximum) ne nous permet-
tent pas de les classer à Gode froid III, dont tous
les deniers connus ont au moins i6ram. En revan-
che, ils conviennent parfaitement à l'époque de
Henri Ier (ngo-1235) dont le numéraire varie
de 16 à I4mm de diamètre pour les espèces les
plus récentes.
Le costume du personnage, au droit, s'accorde
aussi fort bien avec le long vêtement donné à
Henri sur le tombeau de ce prince en l'église de
Saint-Pierre, à Louvain, où il était représenté
couché, vêtu d'une robe serrée à la taille et tom-
bant jusqu'à mi-jambe. De la main droite le duc
tient un sceptre terminé par une fleur de lis. C'est
aussi cette fleur qui somme les tourelles figurées
au revers des pièces que nous venons de décrire (')'.
Enfin, ce qui confirme notre attribution, c'est
la ressemblance du faire, l'identité de gravure qui
existent entre ces monnaies et certains deniers
d'Hugues de Pierrepont (1200-1229), contemporain
de Henri Ier. C'est le même aplatissement des
parties en relief, la même absence de netteté dans
les arêtes, qui donnent à l'ensemble une rotondité
d'aspect des plus caractéristiques.
En 1204, l'empereur Philippe donna à Henri Ier
tous les droits qu'il avait encore sur la ville
(') Butkens, Trophées du Brabant, t. Ier, p. 201.
Sur son tombeau de marbre, à Zutphen, Gerhard III, comte de
Gueldre (1202-1229), Porte auss> la même coiffure et le même costume.
187
de Maestricht; la paroisse de Notre-Dame ou
de Sainte-Marie était, dès le commencement
du xc siècle, propriété de l'église de Liège. Les
évêques y avaient une officine monétaire.
Le duc de Brabant fit évidemment, selon l'usage
et pour marquer sa prise de possession, battre
monnaie, sans retard, dans sa nouvelle acquisi-
tion.
Le monnayage brabançon devait, semble-t-il,
au moins durant un certain temps, subir là, plus
que partout ailleurs, l'influence de l'art liégeois.
Si donc les deniers, au prince debout, ont avec
les pièces de l'évêque Hugues plus d'analogies
que tout autre monnaie de Henri, si la ressem-
blance de leur fabrication est telle qu'il avait été
possible de considérer ces deniers comme liégeois,
c'est qu'ils ont été, très vraisemblablement frap-
pés à Maestricht.
Le type du personnage debout tenant un éten-
dard avait, du reste, déjà été employé sur des mon-
naies sortant de l'atelier maestrichtois, s'il est
permis de considérer comme ayant été émis dans
cette ville le denier impérial que lui attribue
M. Roest 0).
Nous concluons donc, en retirant à Rodolphe
de Zaeringen les deniers au prince debout et à la
légende DVX, pour les donner à Henri Ier, duc de
Brabant. Il est, de plus, probable que ces pièces
(') Revue belge de numismatique, année 1882, p. 46g et pi. XVII, n° 4.
i 88
ont été forgées à Maestricht, quelque temps après
l'annexion de cette ville au Brabant. Mais il vaut
mieux ne pas appuyer sur ce dernier point, d'ail-
leurs sans grande importance numismatique.
Ces monnaies se trouvaient représentées à une
douzaine d'exemplaires dans un petit dépôt, tombé
heureusement entre les mains de membres de notre
Société ('). Grâce au zèle intelligent de M. C. Pic-
qué, toujours empressé à saisir toutes les occa-
sions sérieuses d'accroître les richesses confiées
à ses soins, les collections du cabinet de l'Etat se
sont augmentées de six variétés de ces deniers,
tous de bonne conservation et présentant ainsi un
ensemble aussi curieux qu'utile à la science.
III.
I. Bateau portant, au centre, un mât étayé par
quatre haubans et muni de la hune au sommet.
De chaque côté une étoile, entre un annelet et un
point.
Rev. Croix bastinienne cantonnée de quatre
(') Cette trouvaille, faite vers la fin de i885, près du cimetière de
Grand-Axhe, dans la province de Liège, se composait, outre les pièces
brabançonnes, de deniers d"Hugues de Pierrepont (1200-1229); de
Bertram (1179-1212) et de Conrad de Scharphenneck (1212-1225),
évêques de Metz; enfin de quelques monnaies de l'archevêché de
Trêves. Ce petit trésor a donc été confié à la terre du vivant d'Hugues
de Pierrepont, entre les années 1212-1229.
189
annelets ponctués ; au-dessus de chacun de ces
annelets un globule.
PI. VII, n° 8. Cabinet de l'État.
II. Variété du précédent. Le flanc du navire est
différemment orné. Le mât possède six haubans ;
de chaque côté du mât un seul annelet ponctué.
Rev. Croix bastinienne cantonnée de quatre
annelets, à chacun desquels sont fixées trois tiges
se terminant par un globule.
PI. VII, n° 9. Cabinet de l'État.
Ces deux deniers, a eu l'obligeance de nous
écrire M. Picqué, sont du même poids, c'est-à-dire
d'environ ogr,5o.
III. Dessin du navire du n° I ; à l'avant et à
l'arrière, un ornement vertical. De chaque côté
du mât un annelet ponctué et un globule. Le
tout dans un double cercle perlé.
Rev. Croix bastinienne cantonnée de quatre
globules à chacun desquels sont fixées trois tiges
se terminant elles-mêmes par des globules.
PI. VII, n° 10. Cabinet de M. le vicomte B. de
Jonghe.
Cette pièce est d'une gravure fine et soignée qui
semble devoir la faire considérer comme quelque
peu postérieure aux deux autres.
Le bateau se rencontre parfois sur les monnaies
émises, au moyen âge, dans les Pays-Bas.
Sans nous arrêter aux sceattas, que l'on décou-
190
vre, de nos jours, en si grande abondance, dans
la Frise ou à Domburg, et sur un certain nombre
desquelles plusieurs numismates veulent voir la
représentation barbare d'une barque, nous cite-
rons tout d'abord le précieux denier frappé à
Duerstede à l'effigie de Charlemagne et offrant au
revers un bateau (').
Pareil navire se retrouve, comme chacun le sait,
sur des monnaies que Louis le Débonnaire forgea
dans la même ville (*).
Enfin," pour une époque moins éloignée, nous
connaissons un grand denier au navire, frappé
selon M. de Coster (3) à Celles, près de Dinant, par
l'empereur Henri IV (1054-1078).
Les trois deniers décrits, en tête de cet articulet,
sont bien évidemment brabançons et datent certes
du règne de Henri III. Leur fabrique et la croix
bastinienne du revers le prouvent surabondam-
ment. On peut aussi les considérer comme ayant
été émis par une ville fluviale du duché. Main-
tenant, quelle peut être cette ville ? Ici commence
l'incertitude.
Deux cités brabançonnes, situées sur le bord
d'un fleuve, peuvent seules, semble-t-il, à cette
époque, réclamer, avec quelque raison, ces rares
deniers. Ce sont Anvers et Maestricht.
(') De Coster, Revue belge de numismatique, année 1861, p. 125
(*) Van der Chys, De munten der Frankische en Duitsch-Neder-
landsche vorsten, pi. XIII, n°s 6 et 7 ; pi. XXI, n° 12.
(3) Revue belge de numismatique, année i856," p. 41 3, pi. XX, n° 20.
igi
Il y a cependant de graves objections contre
l'une et l'autre de ces attributions.
Le sceau d'Anvers ainsi que ses deniers (à part
un seul au lion) (') portent un château. D'un autre
côté, les monnaies de Maestricht paraissent avoir
un aspect plus liégeois.
Nos préférences personnelles sont pour Anvers,
sans toutefois pouvoir fournir aucune preuve en
faveur de cette opinion.
Les Anversois avaient le privilège de percevoir
un droit de passage sur les navires qui naviguaient
dans les eaux de l'Escaut, devant leur ville. Peut-
être, le choix, par les magistrats d'Anvers, d'un
bateau, comme type monétaire, pour une petite
partie du numéraire communal, n'est-il pas sans
avoir quelques corrélations avec ce droit de péage
maritime ?
Mais c'est là une simple conjecture, bien hasar-
dée sans doute, et nous préférons laisser à d'autres
le soin de déterminer, d'une façon plus heu-
reuse et surtout plus exacte, le lieu d'émission
de ces curieux deniers brabançons de l'époque de
Henri III.
A. DE WlTTE.
28 novembre 1886.
(') Van der Chys, De munten der voormalige hertogdommen
Braband en Limburg, pi. I, n° 7.
192
MÉDAILLES ET JETONS DAUPHINOIS.
TROISIEME ARTICLE.
Planche VIII.
IX.
Jeton a l'emblème des Trois Ordres du
Dauphiné.
: DISPVNGENDAR(wm) RATIONVM DAL-
PHINA(ftîs). — {De la vérification des comptes
du Dauphiné) ; Ecusson en forme de cœur,
renfermant trois autres cœurs posés 2 — 1,
sommé d'un grand dauphin qui l'étreint dans
la partie supérieure et soutenu par deux petits
dauphins affrontés par le bas. Au-dessous,
une banderole sur laquelle on lit : vnitas ;
au-dessous encore, et joignant la banderole,
je crois voir un nœud ou tout autre embellis-
sement dû au caprice du graveur.
Rev. HOMINVM -*■ AMATOR {l'ami des
hommes) ; Colonne sur laquelle on lit : sur le
chapiteau, le mot clervs ; sur le fût, le mot
nobilitas, et, sur la base, le mot plebs. Cette
193
colonne surmontée d'un dauphin arqué sous
une couronnelle, broche sur l'enroulement
d'un ruban sur lequel on lit le mot concordia.
LAITON. — Mod. 27 millim. PI. VIII, n° 1.
Ma collection. — Cab. de Lyon (2 exempl.). — Collection
Eug. Chaper (2 exempl.). — Collection de Lamorte-Félines.
Je ne me livrerai à aucun commentaire au sujet
de ce jeton; mais le dessin que j'en donne étant
pour ainsi dire inédit, puisqu'il a été mal compris
jusqu'à ce jour, je veux profiter de l'occasion pour
reproduire in-extenso une rare plaquette de la fin
du siècle passé, son peu d'étendue me permettant
de l'offrir aux lecteurs de la Revue, comme un écrit
aussi curieux que le jeton qu'il concerne. On ne
saurait, du reste, mieux dire ce qu'en dehors de
l'application ingénieuse, mais un peu naïve, qu'on
voulut en faire au moment de la découverte, nous
avons à apprendre de cette pièce, de l'émission de
laquelle on a suffisamment établi l'esprit et les
motifs. Pour mon compte, et faute de mieux,
je déclare me rallier aux appréciations renfermées
dans cet écrit sur ce point de vue particulier. La
numismatique n'a point à rougir de n'en savoir pas
davantage, et je trouve qu'il est loyal de respecter
une idée, lorsqu'on n'a rien à changer à ce qui a
été avancé. J'ajouterai néanmoins, que, pour ce
qui concerne l'époque où ce jeton a été frappé,
mon sentiment est qu'il ne peut l'avoir été qu'en
plein xvie siècle, et même plutôt vers ses dernières
'94
années, si ce n'est au commencement du xvi%
suivant l'opinion de l'écrivain.
Quel est l'auteur de cet écrit?.. On l'ignorera
toujours sans doute ; mais, — cela ressort de sa
lecture, — son impression dut suivre de près la
découverte de M. Letourneau.
Cette trouvaille fit beaucoup de bruit alors.
Qu'on en juge par les publications dont elle devint
le motif et dont, si je ne me trompe, voici la
nomenclature complète :
i°. — Article de M. Letourneau ('), imprimé sans
(') Quel était ce personnage, dont nous trouvons ailleurs le nom
sous la forme de M. de L'Etourneau? Je ne sais; mais il existe, sur
des livres de sa bibliothèque, un ex-libris sans armoiries et portant
simplement cette indication : M. Letourneau, secrétaire du Roi.
Là encore se dressait pour moi un nouveau point d'interrogation à
propos de ce titre, lorsqu'un bienveillant confrère m'a signalé ce nom
dans le Recueil des Réglemens et titres du Lycée des Sciences et A rts
de la commune de Grenoble, etc. (titre primitif de Y Académie
delphinale). J'y ai trouvé, en effet, sous la date du 29 .Ventôse An VII,
un M. Letourneau, employé à la Direction des Etapes, reçu membre
dudit Lycée, où, le ier Thermidor suivant, il lut un Traité élémentaire
de Gnomonique ; puis, le 3o Germinal An IX. changeant cette position
de membre contre celle à' associé -correspondant , par suite de sa
nomination au Contrôle des Contributions à Voiron. Un demi- siècle
plus tard (7 mars i85i; Bull, de l'Acad. delph., i853, t. III, p. 536),
M. Auzias, membre de cette Société savante, fait une lecture sur un
manuscrit du xvine siècle, qui n'est autre qu'une sorte de journal dont
M. Letourneau était l'auteur, mais dont les volumes sont malheureu-
sement disséminés dans diverses bibliothèques. Enfin, une note,
publiée par M. E. Maignien (Anonymes et pseudonymes dauphinois,
par un Bibliophile. Description d'une médaille, etc.), nous apprend
que « Pierre-Joseph-Augustin Letourneau, avocat au Parlement,
i95
gravure, dans les Affiches du Dauphiné ('). « Il ne
paraît, dit l'auteur à la fin de sa lettre au directeur
de cette feuille, aucun vestige du temps où cette
pièce- a été frappée ; mais il est hors de doute
qu'elle l'a été relativement aux anciens Etats de la
Province. J'ignore, au fond, le degré de valeur que
les connaisseurs pourront attacher à cette décou •
verte ; mais il me semble, si j'en juge d'après moi,
qu'elle aura tout au moins le mérite de retracer de
douces réminiscences dans le cœur de tout bon
patriote ; et c'est sous ce dernier rapport que je
vous prie de vouloir bien la rendre publique par
la voie de vos Feuilles. »
2°. — Une planche sur cuivre , entièrement
gravée au burin (texte et figure). La reproduction
du jeton est parfaite , sauf toutefois les deux
dauphins des supports, qui n'ont pas été compris,
par suite sans doute de l'usure de la pièce. Voici,
du reste, le contenu de cette planche, plus rare
encore peut-être que la pièce, car je n'en connais
naquit à Grenoble le 3i août 1750; il était fils de Pierre- François
Letourneau, secrétaire de l'Intendance, etc. »
De P. -F. Letourneau ou de son fils (peut-être même de son petit-
fils ou tout au moins d'un parent, car j'ignore si l'employé des Etapes
est le même que l'avocat), je crois, sans pouvoir l'affirmer, que ce fut
Pierre-François qui découvrit le jeton de Corenc, et je laisse aux
généalogistes de l'avenir le soin de débrouiller ce point peu important.
Qu'on me pardonne cette note un peu longue; mais le nom de
M. Letourneau ne se trouvant point dans la Biographie du Dauphiné
de M. Ad. Rochas, j'ai cru devoir la placer ici.
(') N° du 2i novembre 1788. p. 25 1.
196
que les deux exemplaires de la Bibliothèque de
Grenoble et de M. Chaper.
« Empreinte et grandeur exacte de la Médaille
en cuivre annoncée dans les Affiches de Dauphinê,
du 21 Novembre 1788, trouvée le 11 du même mois
par les nommés Jean Quaix et Pierre Gontier,
habitants à Courenc ('), en creusant le terrain d'une
basse-cour, près d'un bâtiment très-ancien, chez
M. Letourneau, Secrétaire du Roi, en sa maison
de campagne audit lieu, au-dessus du Prieuré
Royal de Montfleury, près Grenoble. »
Prix 6 sols.
Ces lignes sont gravées dans un encadrement
carré, au-dessous duquel on lit, à gauche : Gravé
par Ter on, à Grenoble.
La gravure du jeton, qui, à part les supports de
l'écusson, est soignée et fort exacte, en donne la
juste dimension, soit 27 millimètres.
3°. — La plaquette qui nous occupe et qui dut
suivre de près la note de M. Letourneau (à certains
indices, je ne serais point étonné qu'elle fût de lui).
La gravure qui l'accompagne est plus grande que
l'original de 5 millimètres (32 millim. au lieu
de 27) et assez médiocre d'exécution.
40. — J'ai vu une autre reproduction de ce jeton
dans la bibliothèque de M. Armand de Saint-
Ferriol, lors de la vente qui en fut faite en 1881,
(') Corenc.
197
mais dans une dimension beaucoup plus considé-
rable et avec des bords à pans coupés. « Outre une
figure dans le texte, dit le catalogue de la
vente ('), notre exemplaire possède la grande figure
gravée par Martinet, représentant la susdite mé-
daille avec l'indication qu'elle a été retrouvée par
M, L'Etourneau (très-rare). » C'est la planche
même que je reproduis ici. Je n'en connais que
cet unique exemplaire et je ne saurais trop remer-
cier M. Eug. Chaper, dans la bibliothèque duquel
il a passé de celle de M. de Saint-Ferriol, pour
l'autorisation qu'il a bien voulu me donner de la
faire photographier et reproduire par la gravure (*).
Plusieurs personnes étant disposées à considérer
cette médaille, ainsi reproduite, comme ayant
existé de la sorte, j'ai regardé comme un devoir
d'en donner l'image. Mes confrères comprendront
bien vite que cette planche ne fut que l'œuvre d'un
spéculateur qui voulut sans doute renchérir sur
l'œuvre plus modeste, et surtout plus véridique, du
graveur Téron, afin d'écouler plus facilement les
produits de son burin. C'est une édition revue,
corrigée et augmentée du jeton de Corenc, une
sorte de paraphrase ou de boniment d'un artiste
qui n'y regardait pas de si près en ce qui touche à
l'histoire ou à la vérité, ou qui, — même sans y
mettre tant de malice, — a peut-être simplement
(') N° 1527.
(2) Voir la pi. VIII, n° 2.
Année 1887. i3
ig8
voulu donner un cachet plus moderne à la pièce
originale qui faisait alors tant de bruit autour de
lui. Inutile donc d'ajouter que cette dernière pro-
duction, émanée de son cerveau, n'a jamais été
frappée. Je conviendrai sans peine, du reste, que
cette planche est fort curieuse, soit par les chan-
gements que l'artiste a fait subir aux types primi-
tifs, soit par les enjolivements qu'il lui a plu d'y
ajouter, tels que le plan de la ville de Grenoble se
détachant sur le fond même de la colonne, etc.
J'insisterai enfin sur cette particularité qui n'a
rien de blessant pour des gens exempts de préten-
tions numismatiques, que, de tous ceux qui ont
publié ce jeton, aucun n'a su découvrir les deux
petits dauphins affrontés par le bas, et que, ne
sachant les deviner, tous ont gardé le silence sur
ces supports de l'écusson aux trois cœurs, dont
leur dessin fait une sorte d'écot ou de tronc
d'arbre entrouvert par le haut et dans la fente
duquel ledit écusson semble reposer, ou bien
encore un ornement indéfini dont la base vient
apparaître au-dessous de la devise ('). Cette der-
nière partie, autant que je puis en juger d'après
les exemplaires de ce jeton que j'ai eus sous les
(') Si l'auteur de l'article que l'on va lire ci-après s'est tu sur les
deux dauphins servant de supports à l'écusson, il n'en est pas de même
du graveur dont le burin semble les avoir soupçonnés ou plutôt
tracés, mais sans se rendre compte de ce qu'ils sont réellement, et en
avoir fait simplement une sorte d'ornement combiné avec le nœud (?)
placé au-dessous de la devise.
i99
yeux, me paraît, ainsi que je l'ai dit en commen-
çant, être tout simplement une espèce de nœud ou
tout autre embellissement dû au caprice du gra-
veur, peut-être même ses initiales (?) Atten-
dons, pour nous prononcer, un exemplaire d'une
conservation plus satisfaisante.
C'est encore la gravure de Téron qui se rap-
proche le plus de la véritable effigie (*). Mon
(') Mon honorable confrère, M. G. Cumont, à qui j'ai soumis ce
jeton, croit voir dans cet ornement trois triangles juxtaposés, symbo-
lisant sans doute l'unité des trois Ordres (Nobilitas, Clerus et Plebs),
peut-être par allusion à certaine relation avec les idées platoniciennes,
et veut bien me demander mon sentiment à ce sujet. L'unité des trois
Ordres étant déjà proclamée sur les deux faces de la médaille par la
colonne en trois fractions et par les trois cœurs battant dans un seul,
il me semble qu'il y aurait superfétation à revenir de nouveau sur le
symbole de l'unité qui se trouve déjà exprimé deux fois, et je m'en
tiens, sous la réserve d'une étude plus approfondie, à mon idée d'un
simple ornement destiné par le graveur à rompre la monotonie de la
ligne un peu trop horizontale de la banderole.
(*1 J'allais oublier de citer un article publié dans le Bulletin de
l'Académie delphinale de 1880 (t. XV, p. 196), dont le signataire,
près de cent ans après les publications que je viens de nommer, sentant
le besoin de se montrer moins réservé et plus perspicace que ses
devanciers, déclare, — c'est trancher bien légèrement, — que le
revers de notre jeton représente une main en pal chargée d'une
banderole sur laquelle on lit VNITAS et tenant un cœur qui Contient
trois autres cœurs plus petits, etc.
Cette main en pal n'est-elle pas une trouvaille, et ce cœur qui
contient trois cœurs plus petits (que serait-ce s'ils étaient plus grands'.),
ne fait-il pas rêver? Quanta la date, il la fixe à la première moitié du
xvie siècle
On me permettra de ne pas insister davantage.
200
article donne donc pour la première fois un dessin
fidèle de ce jeton.
Ceci dit, voici la reproduction promise de la
plaquette mentionnée plus haut.
Description d'une Médaille trouvée dans la terre,
à Courenc, près Grenoble, le n Novembre 1788.
(Sans date, ni lieu, ni nom d'imprimeur, 7 pages
p. in-8°.)
Si l'on croyoit encore aux augures, on pourroit
en offrir un bien favorable à la province de Dau-
phiné.
Le 11 novembre dernier, après midi, M. de
l'Etourneau faisoit creuser dans une cour de sa
maison de campagne, situé au-dessus de Mont-
fleury, dans la paroisse de Courenc, près de Gre-
noble ; les nommés Jean Quaix et Pierre Gontier,
habitants du lieu, étoient employés à ce travail.
Ils trouvent trois pièces de cuivre qu'ils remettent
à M. de l'Etourneau. Il s'empresse d'enlever la
terre qui les couvre. Il voit d'abord un denier de
Louis XIII et un jeton du règne de Louis XIV;
jusques-là, il doit être peu satisfait de la décou-
verte; mais quel est son étonnement, lorsqu'en
examinant la troisième pièce, il trouve une Médaille
qui semble avoir été frappée pour les circonstances
actuelles. Toutes les personnes qui habitent sa
maison sont témoins de sa surprise et de sa joie;
d'autres qu'on pourroit citer, surviennent un
201
moment après, sont instruites de cet événement,
et se hâtent d'interroger les ouvriers.
Cette pièce intéressante n'a point de Millésime,
comme si l'on eût voulu cacher la date de sa fabri-
cation pour lui conserver plus d'analogie avec le
temps présent.
Les personnes qui ne l'ont point examinée
ne peuvent croire qu'elle ait été trouvée dans la
terre, et soutiennent qu'elle n'a été frappée que
depuis les dernières Assemblées Générales des
Trois Ordres : mais le sieur Teron, graveur à
Grenoble, dont les talents sont connus, attestera
qu'elle est ancienne. Pour dissiper tous les
doutes, il suffit de la voir; non pas qu'elle ait
été frappée à une époque très-reculée, mais la
plus moderne qu'on puisse lui supposer, est le
commencement du dix-septieme siècle, c'est-à-
dire, les premières années du règne de Louis XIII.
La Médaille indique, il est vrai, la plus grande
union entre les Ordres de la province; tandis
que sous Louis XIII leurs dissentions entraî-
nèrent la suspension des Etats. Mais l'harmonie
put se rétablir pendant un intervalle suffisant
pour faire naître le dessein d'en célébrer le retour.
A quelques motifs qu'on puisse l'attribuer, il est
du moins certain qu'elle s'applique si naturelle-
ment à tout ce qui se passe aujourd'hui, qu'il
seroit impossible d'en imaginer une plus conve-
nable et plus ingénieuse.
Cette Médaille représente d'un côté, une colonne.
202
Sur la base est le mot Plebs; le peuple est en
effet la base, le soutien de l'État. Tout émane de
lui. Au milieu de la colonne est le mot Nobi-
litas. Sur le chapiteau, le mot Clerus.
La colonne est entourée d'un nœud sur lequel
est le mot Concordia .
Ainsi, la Médaille indique une parfaite union
entre le Clergé, la Noblesse et le Peuple; s'ils
venoient en effet à se séparer, s'ils cessoient d'être
animés du même esprit, s'ils avoient un autre
but que celui de la félicité de tous les Citoyens,
la colonne formée par leur réunion, seroit bientôt
renversée.
Sur la colonne repose un Dauphin couronné,
au-dessus sont les mots Hominum Amator , l'ami
des Hommes. On sait que les anciens croioient au
Dauphin beaucoup d'affection pour les Hommes.
La province de Dauphiné vient de justifier son
emblème. Elle a prouvé qu'elle aime les Hommes.
Bien loin de s'isoler et de n'écouter que son
intérêt, elle resserre ses liens avec la Monarchie,
elle se dévoue au salut de l'Etat, et elle inspire
aux autres Provinces le zèle dont elle est animée ;
elle sait que le Prince veut rendre les François
heureux, mais qu'il ne peut y parvenir s'il n'est
secondé par tous les efforts du patriotisme ; elle
se sent capable de tous ceux qu'il peut désirer.
C'est que le Dauphiné aime les Hommes, et que
l'amour de l'humanité est la source de toutes les
vertus.
203
L'autre face de la Médaille représente un Cœur
qui en renferme trois plus petits et qui est surmonté
d'un Dauphin : au-dessous est écrit le mot
Unitas.
Les Cœurs indiquent les Trois-Ordres réunis.
S'ils se séparent , ils sont trois. Ils peuvent
avoir trois systèmes différents. Chacun d'eux
peut sacrifier le bien général à ses propres
avantages.
S'ils se réunissent, ils sont un, ils ne forment
qu'un seul Corps. On y distingue toujours, il est
vrai, les Membres du Clergé placés au premier
rang, pour donner l'exemple de toutes les vertus ;
les Membres de la Noblesse placés au second rang,
pour donner celui de l'enthousiasme de l'honneur,
et les Membres du Tiers-Etat, dignes émules des
autres Ordres, soutenant les intérêts de la Patrie
avec tous les avantages que donnent les lumières
et la constance : mais le désir d'augmenter la
félicité publique les rassemble et les réunit par des
liens si puissants, qu'ils tendent tous au même but,
et que la pluralité des suffrages forme le vœu
commun. Ils n'ont plus qu'un cœur, qu'une
volonté. Trois ne font qu'un.
Ce côté de la Médaille a pour légende : Dispun-
gendar rationum Dalphina. Examen des Comptes de
Dauphinê. Les recettes et les dépenses de la Pro-
vince vont être soumises en effet à l'examen des
Représentants du Peuple et même à celui de tous
les Citoyens, puisqu'elles seront rendues publiques
204
par la voie de l'impression. La cupidité craignant
de dévoiler ses honteuses manœuvres, sera forcée
de respecter le Trésor public, et chaque individu
connoissant l'usage auquel on destine ses contri-
butions, éprouvera dans le paiement des subsides,
la satisfaction qui accompagne toujours l'accom-
plissement d'un devoir.
Ici était représenté le jeton décrit au commencement
de cette notice et que Von avait fait suivre de ces mots :
Nota. La Médaille ci-dessus décrite a été confiée
à M. le Secrétaire des Etats.
G. Vallier.
Grenoble, 12 décembre 1886.
2o5
AUQUEL FUT SOUMIS THÉODORE VAN BERCKEL
POUR OBTENIR
LE TITRE DE GRAVEUR GÉNÉRAL DE LA MONNAIE, A BRUXELLES.
Planche IX.
Jacques Roettiers était mort subitement à
Bruxelles, en juillet 1772; La place de graveur
général des monnaies des Pays-Bas, qu'il avait
remplie depuis le 3i août 1733, était encore vacante
en 1775, sans que le Gouvernement se fût active-
ment occupé de lui chercher un successeur.
Les talents du graveur particulier J.-B. Har-
rewyn étaient très médiocres.
Comme nous l'avons déjà dit à propos du jeton
d'étrennes de l'année 1771 f), les œuvres de Jac-
ques Roettiers, vers la fin de son existence, laissè-
rent tellement à désirer qu'il fallut s'adresser à un
artiste viennois pour la gravure de ce jeton et à
Duvivier de Paris, pour les coins d'une médaille
destinée à la Société littéraire de Bruxelles.
(1) Voy. Revue belge de numismatique, 1886, pp. 33 et suiv.
206
Aussi, valait-il mieux, dans ces circonstances,
ouvrir un concours pour la place vacante : le
mérite seul déterminerait le choix du titulaire.
Six candidats présentèrent requête au Gouverne-
ment ('). •
C'étaient : Simon-Joseph Cattoir, graveur en
taille-douce des Etats de Brabant, né à Bruxelles et
âgé de soixante ans ;
Joseph Bischops; le juif Simon Hartogh ; Jac-
ques-Joseph van den Bossche ; le graveur particu-
lier Jean-Baptiste Harrewyn et Jacques Lavau, un
élève de feu Roettiers.
Un rapport sur les qualités de ces aspirants,
adressé, le 26 janvier 1775, à la Chambre des
comptes, contient l'avis que les quatre premiers ne
sont pas de force à s'acquitter dignement des obli-
gations d'un graveur général.
Les œuvres et la capacité d'Harrewyn ne devaient
plus être signalées; elles étaient trop connues.
Quant à Lavau, l'auteur du rapport n'ose pas se
prononcer parce qu'il n'a vu aucune des œuvres
que pouvait avoir faites ce graveur depuis son
départ d'Anvers.
Roettiers, ajoute-t-il, a eu pour élèves les deux
frères Lavau, mais l'aîné avait beaucoup plus
de talent que le cadet, dont il est ici question.
En réalité, aucun de ces aspirants n'était capable
(') Lettre adressée le 14 janvier 1775 au waradin de l'hôtel des
monnaies à Bruxelles par la Chambre des comptes.
207
d'affronter, avec honneur, l'épreuve d'un tel con-
cours et ne possédait les aptitudes indispensables
à un graveur général.
Celui-ci devait être au moins assez habile pour
reproduire bien exactement par la gravure un por-
trait quelconque ainsi qu'un groupe de figures
allégoriques pour orner le revers de la médaille.
• Les candidats recevaient le projet par écrit ou
bien des modèles moulés. D'après ces indications,
ils devaient exécuter un dessin ayant les dimen-
sions exigées pour le graver ensuite en creux ; ils
obtenaient ainsi une première matrice au moyen
de laquelle étaient façonnés les poinçons de la
tête ou du buste et des figures du revers Q.
Ces poinçons étaient alors retravaillés, améliorés
et trempés ; puis, servaient à former une seconde
matrice pour les carrés ou coins de la médaille (•).
Le concours fut commencé le 19 août 1776 et
dura plusieurs jours.
Trois commissaires, assistés du greffier de la
Jointe des monnaies J. Mienens, avaient été dési-
gnés pour surveiller et juger toutes les opérations,
de ce concours : c'étaient le conseiller d'Etat et
des Finances de Witt, en sa qualité d'assesseur de
la Jointe des monnaies, les conseillers et maîtres
(1) On prélevait des poinçons sur cette première matrice pour
obtenir l'effigie en relief.
(') Voy. ci-après, comme annexe, une note qui explique la fabrica-
tion actuelle des médailles. Il est en effet intéressant de mettre en
parallèle les procédés modernes avec la manière ancienne.
208
de la Chambre des comptes Barret et Van de Velde,
délégués par cette chambre.
Des six candidats qui avaient présenté requête
l'année précédente, un seul, Simon-Joseph Cattoir
comparut pour se soumettre aux épreuves dési-
gnées par cette commission. Encore déclara-t-il
de prime abord qu'il ne pouvait sur-le-champ se
mettre à la besogne à cause d'un travail pressant
qu'il devait terminer. Il prit toutefois ses disposi-
tions pour faire son ouvrage dans le cabinet des
médailles.
Le graveur Van Berckel dont les concurrents
avaient déserté la lutte l'un après l'autre, avait
déjà fini sans que Cattoir eût même commencé à
travailler; aussi, notifia-t-on à ce dernier f) que
le concours était clos, en l'informant, conformé-
ment à la résolution prise par les commissaires
le 21 août précédent, qu'il ne serait plus admis à
participer aux épreuves.
Il paraît probable que Cattoir n'aura plus osé se
mesurer avec un graveur de la force de Van
Berckel.
Les autres concurrents étaient Adrien Van
Baerle, François-Joseph Bis et Conrad-Joseph
Nethe («).
(') Cette notification fut envoyée le 20 septembre 1776.
(*) 11 n'est donc pas vrai, comme l'avance M. Pinchart (Histoire de
la gravure des médailles en Belgique depuis le xv siècle jusqu'en 1794
— Bruxelles, 1870) que dans ce concours Van Berckel eut pour com-
pétiteur Jean- Baptiste Harrewyn. Celui-ci n'est pas mentionné dans le
209
Théodore Van Berckel, âgé alors de trente-sept
ans ('), n'était plus un inconnu : élève distingué
de J.-C. Marmé, graveur de la Monnaie de Clèves,
son talent s'était révélé dans la gravure des jetons
communaux de sa ville natale (-) et bientôt sa
réputation s'étendit au loin, après qu'il se fut établi
à Rotterdam où il eut l'occasion de graver quan-
tité de médailles et de jetons, si recherchés par les
nombreux amateurs de la Hollande méridionale.
Dans notre pays, Van Berckel avait aussi fait ses
preuves en mettant son burin au service de la ville
de Malines, qui lui avait commandé, en 1775, une
médaille pour perpétuer le souvenir du grand
jubilé de ' Saint-Rombaut (s) ; puis, lorsqu'il fut
question de poser la première pierre de l'église de
Caudenberg à Bruxelles, on proposa de lui confier
la gravure de la médaille commémorative de cet
événement (*).
procès-verbal de ce concours (Archives du Royaume); seuls, les cinq
graveurs cités ci-dessus se présentèrent devant les commissaires.
(') Van Berckel était né à Bois-le-Duc, le 21 avril 1739; il y mourut le
19 septembre 1808. (Et non pas à Vienne en 1794, comme dit M. Piot).
(2) Jetons des années 1761, 1762, 1763 et 1765.
(3) Jubilé millénaire. Voy. De Munck, Gedenckschriften dienende tôt
ophelderinge van het leven, etc., van den heiligen Rumoldus, p. 284..
(*) Le duc Charles de Lorraine devait poser la première pierre de
l'église de Caudenberg, le 17 janvier 1776. L'abbé de Caudenberg
désirait que cet événement fut rappelé par une médaille.
Charles de Lorraine exauça ce vœu et accorda même à l'abbé la
faveur de ne rien payer pour les coins ainsi que pour les médailles en
or et en argent qui devaient être distribuées à la Cour et aux membres
du Gouvernement. L'abbé ne reçut gratuitement qu'un certain nombre
210
Le troisième concurrent, Adrien-Martin-Joseph
Van Baerle n'était point parvenu à pareille renom-
mée; né aux environs de Ruremonde, il avait en ce
moment quarante-sept ans et remplissait la charge
de graveur de l'atelier monétaire de Dordrecht.
Enfin, les deux autres, moins connus encore, ne
devaient guère inspirer de crainte à Van Berckel.
Le procès-verbal du concours se borne à cons-
tater que François Bis était né à Douai et avait
quarante et un ans, tandis que Conrad Nethe, natif
de Koenigsberg, en Prusse, n'était âgé que de trente-
trois ans ; c'était le plus jeune des cinq compétiteurs.
N'osant pas affronter la lutte avec ses aînés, il
n'essaya même pas d'exécuter le travail proposé
et quitta le champ de bataille sans avoir pris la
moindre part au combat.
de médailles et dut payer celles qu'il voulait distribuer à ses amis.
Dans une lettre écrite, le 25 décembre 1775, par le chancelier du
Brabant, Crumpipen, au trésorier général des Finances, le baron de
Casier, il est abandonné au discernement de celui-ci de confier la
gravure de cette médaille à Van Berckel, qui sollicitait déjà à cette
époque la place de graveur général. {Vqy. Archives du conseil des
Finances. — Archives générales du Royaume.)
Ce ne fut cependant pas Van Berckel qui exécuta la gravure de cette
médaille. Sans doute par économie et parce que Van Berckel deman-
dait un prix trop élevé, on utilisa pour le droit un coin de Roettiers
qui avait servi en 1769 pour les médailles du 251' anniversaire du
gouvernement de Charles de Lorraine (module le plus grand).
Roettiers était mort à cette époque (1776) depuis environ quatre ans.
Le revers ne porte qu'une inscription :
PRINCIPI. OPTIMO. — ET PI1SSIM0. — QUOD. — TEMPLI.
CAUDENB.— PRIMUM.LAPIDEM.— POSUERIT.— 17.JAN.1776.
211
Dès le troisième jour, le graveur Bis fut à son
tour découragé; le 21 août, au matin, étant peu
satisfait de l'ébauche de son œuvre et convaincu
de son infériorité, il trouva bon d'abandonner la
partie.
Restaient seulement deux adversaires en pré-
sence : Van Berckel et Van Baerle, tous deux Hol-
landais.
Après avoir examiné le projet de la médaille à
faire et avant de mettre la main à l'ouvrage, ce
dernier déclara qu'il ne pouvait terminer une gra-
vure d'une aussi longue et aussi difficile exécution
dans l'espace de temps que sa charge de graveur
de la Monnaie de Dordrecht lui permettait de con-
sacrer aux devoirs du concours (').
Il sollicita en conséquence la permission de
s'absenter au bout de huit jours, avec la faculté de
reprendre le travail commencé après l'expiration
de son congé.
Les commissaires jugeant ne pouvoir accorder
cet avantage de leur propre autorité, résolurent de
consulter le gouvernement dont ils feraient con-
naître, sans retard, la décision au solliciteur. Dans
l'entre-temps rien n'empêchait celui-ci de se livrer
à sa besogne. Van Baerle accepta ces conditions
et fut placé dans le cabinet de l'essayeur particu-
lier où il reçut les modèles et les blocs d'acier (-).
(') En 1781, Van Baerle grava la médaille commémorative du voyage
de Joseph II, en Hollande (voy. Catalogue De Coster, n° 882).
(') Ces blocs d'acier furent marqués d'un briquet de la Toison d'or,
212
Il fit immédiatement tous les préparatifs néces-
saires et travailla régulièrement du 20 au 24 août ;
ce jour-là, dès son arrivée, le conseiller Van de
Velde lui communiqua une lettre du conseiller-
secrétaire d'Etat et de guerre Crumpipen, de
laquelle il résultait que le ministre refusait absolu-
ment tout congé pendant la période des épreuves.
Van Baerle confessa alors qu'il s'était rendu à
Bruxelles sans prévenir de l'objet de son voyage,
pensant que l'ouvrage exigé aurait demandé moins
de temps, mais comme il ne pouvait avoir terminé
sa médaille à l'époque où les devoirs.de son office
le rappelleraient indispensablement à Dordrecht,
il préférait se retirer dès maintenant.
Les commissaires lui permirent, après avoir pris
un moule en cire, d'emporter le poinçon inachevé
et lui remboursèrent l'argent qu'il n'avait consigné
que sous condition d'une absence intermédiaire.
Le motif allégué par Van Baerle pour déserter le
champ clos était-il bien sérieux ou faut-il n'y voir
qu'une échappatoire habilement ménagée pour
opérer une retraite honorable si les chances du
combat semblaient favoriser l'adversaire ?
Nous ne sommes pas éloigné d'admettre ce
second mobile, car Van Baerle devait connaître et
redouter la force de son confrère hollandais ; et,
d'autre part, un lutteur déterminé n'entre pas dans
d'un fleuron et des nombres respectifs de 1-2-3-4-5, d'après l'ordre
d'admission des concurrents.
213
la lice avec des entraves dont il pouvait au
préalable facilement se débarrasser.
Ainsi Van Berckel restait maître du champ de
bataille et la victoire ne pouvait plus guère lui
échapper.
On lui avait réservé le laboratoire de feu Roet-
tiers où étaient préparés deux modèles moulés
ainsi que deux blocs d'acier destinés au buste et
au revers de la médaille à exécuter.
Dès l'origine, Van Berckel se montra le plus
assidu et consacra, chaque jour, le plus d'heures à
son travail : ordinairement, il commençait sa
besogne, le matin, à sept heures et la poursuivait
jusque vers une heure pour la reprendre, l'après-
midi, depuis deux heures jusqu'à sept heures ; il
travaillait donc onze heures par jour.
Le 29 août, ayant terminé une matrice, il la mit
au feu et ensuite dans l'eau pour la tremper. Le
lendemain, en la retirant, il s'aperçut qu'elle était
crevassée en plusieurs endroits, mais heureuse-
ment de telle façon que le buste n'était aucunement
endommagé.
Il plaça ensuite cette matrice sous la presse pour
en tirer un poinçon et se contenta premièrement
d'obtenir le contour du buste. Pour épargner au-
tant que possible la matrice au moyen de laquelle
il devait continuer à parfaire son poinçon, il eut
soin d'alléger celui-ci en champlevant le pour-
tour; toutes ces opérations furent répétées plu-
sieurs fois.
Année 1887. 14
214
Le 3i août, Van Berckel travailla encore à per-
fectionner ce poinçon. Ce jour-là, les commissaires
considérant que Van Berckel n'avait plus de con-
currents et que d'autre part, personne, en la Mon-
naie de Bruxelles, se trouvait en état de l'assister,
décidèrent, avec l'assentiment du ministre, que
leur présence était inutile et permirent au candidat
d'achever sa médaille sous l'unique surveillance
du waradin (').
Au bout d'un mois, le 19 septembre, Van Berckel
était parvenu à l'heureux achèvement de sa tâche ;
les commissaires se rendirent l'après-midi, à trois
heures, à la Monnaie, pour voir frapper quelques
pièces ; une d'elles, en cuivre, fut jointe au procès-
verbal du concours (4 et a).
(') Vqy. le procès-verbal du concours des aspirants à la place de
graveur général des monnaies de S. M. aux Pays-Bas, signé par le
greffier (actuaire) de la Jointe des monnaies J. Mienens et déposé le
19 septembre 1776. (Archives générales du Royaume : Archives du
conseil des Finances.)
(*) Nous n'avons pu trouver dans les Archives la description de cette
médaille et nous ignorons ce qu'elle représentait. Il résulte cependant
du procès-verbal qu'au droit, elle portait un buste, probablement celui
de Charles de Lorraine, alors gouverneur des provinces belgiques.
Nous sommes très porté à croire qu'elle avait pour sujet l'érection
de la statue du duc Charles de Lorraine, à Bruxelles, le 17 jan-
vier 1775. J.-B. Harrewyn venait de graver à cette occasion un jeton
d'étrcnnes octogone (voy. Médailles du règne de Marie- Thérèse,
Vienne, 1782. deuxième partie, p. 379; vqy. aussi Piot, Catalogue des
coins, poinçons et matrices, 2m« édition, 1880, p. io3), et il nous paraît
très vraisemblable que le même sujet, rappelant un événement récent,
aura été indiqué pour le concours. Cela semble d'autant plus certain
2 I 5
Son travail parut satisfaisant puisqu'il fut
qu'il existe une médaille très rare et encore inédite, signée par Van
Berckel, représentant identiquement, mais d'une manière beaucoup
plus parfaite, le sujet traité par Harrewyn. Cette médaille, en bronze,
a été vendue à Bruxelles avec les pièces de la collection Kluyskens; elle
repose maintenant dans les tiroirs du cabinet de l'Etat belge. M. le
baron Surmont de Volsberghe possède aussi cette médaille dans sa
riche collection des œuvres de Van Berckel.
Le coin du revers existe dans la collection Van Berckel, à la Monnaie
de Bruxelles; M. Van der Beken, conservateur de cette collection a eu
l'obligeance de nous montrer ce coin et de nous procurer une empreinte
sur plomb. Nous avons pu nous convaincre que le poinçon, que
M. Piot indique dans son catalogue sous le n° g38, en s'imaginant sans
doute que ce poinçon pouvait avoir servi à former le droit de cette
médaille, est celui d'un buste tout différent et plus petit, utilisé
probablement pour quelque jeton d'étrennes de forme octogonale.
{Voy. Piot, Catalogue, etc., p. io3, nos g38 et 939.)
Quoi qu'il en soit, comme cette médaille est fort belle et inédite
nous l'avons fait reproduire avec cette notice.
(*) Au waradin de l'hôtel des monnaies de S. M. de cette ville,
Marquart.
Les président et gens de la chambre des comptes de S. M.
Le nommé Van Berckel, aspirant à la place de graveur général, étant
prêt à frapper la médaille qu'il a été chargé de faire pour sa preuve,
nous vous faisons les présentes pour vous autoriser à lui laisser fournir
hors du magasin de l'hôtel des monnaies, l'argent dont il aura besoin
pour ses médailles, moyennant qu'il en paie la valeur et vous en
passiez dûment livrance de la manière accoutumée. — Ecrit en la
chambre des comptes de S. M. l'Impératrice-Reine, etc.
Le 19 sept. 1776.
Wavr. v*.
(de Wavrans, président de la chambre des comptes.)
(Signé) P. J. Van Heurck,
greffier.
2l6
nommé graveur général par lettres du 29 septem-
bre 1776 (').
Comme plusieurs auteurs attribuent une autre
date à ces lettres, nous jugeons nécessaire de
transcrire ici leur texte tel qu'il a été copié dans les
archives du royaume :
« Marie-Thérèse, par la grâce de Dieu, Impé-
ratrice Douairière des Romains, etc. A tous ceux
qui ces présentes verront, salut. Savoir faisons que
pour le bon rapport qui nous a été fait de Théo-
dore Van Berckel, nous confiant à plein de ses
léaulté, preudhommie, bonne diligence et parfaite
intelligence au fait de bien tailler les coins et
monnoies , avons par avis de nos très chers et
féaux les trésorier général, conseillers et commis
de nos domaines et finances, à la délibération de
notre très cher et très aimé beau-frère et cousin
Charles Alexandre, administrateur de la grande
maîtrise en Prusse, grand-maître de l'ordre Teu-
tonique en Allemagne et Italie, Duc de Lorraine et
de Baar, notre lieutenant, gouverneur et capitaine
(') M. Ch. Piot fait erreur lorsqu'il dit (p. xvn, note i, introduction
de son Catalogue des coins, poinçons et matrices, 2me édition,
Bruxelles, 1880) que Van Berckel fut nommé par lettres du 2 octo-
bre 1772. Roettiers était mort, il est vrai, cette année-là, mais le
concours pour le remplacer n'eut lieu qu'en 1776, quatre ans après sa
mort. M. Pinchart parle de lettres du 2 octobre 1776. Nous avons vu
qu'elles sont du 29 septembre; il aura confondu avec la date de la
prestation de serment qui eut lieu le 2 novembre 1776.
2,7
général des Pays-Bas, retenu, commis, ordonné
et établi comme nous retenons, commettons, or-
donnons et établissons par ces présentes ledit
Théodore Van Berckel à l'état de premier tailleur
général de nos coins et monnoies en nos dits Pays-
Bas, vacant par la mort de N. Roettiers, en lui
donnant plein pouvoir, autorité et mandement
spécial, pour doresnavant exercer et déservir ledit
Etat et faire généralement tout ce que bon et liai
premier tailleur général susdit peut et doit faire au
pied des instructions qui lui seront délivrées de
notre part par ceux de notre Chambre des comptes
qu'il appartiendra et ce aux gages de deux mille
trois cent trente trois livres six sols huit deniers du
prix de quarante gros monnaie de Flandres la
livre (') et outre ce, lui sera paie pour poinçons,
matrices et quarrés originaux, des espèces qu'il
fera pour notre service selon qu'il sera taxé et
réglé et, au surplus, aux bénéfices (*), exemptions,
privilèges et franchises afferans à ladite place de
tailleur général, sur quoi et de le bien et duement
acquitter en l'exercice de ladite charge ledit
Théodore Van Berckel sera tenu de faire le ser-
(') Environ 4,25o francs en chiffres ronds.
(*) Le graveur particulier jouissait d'un droit de marc, consistant
dans la rétribution d'un sol 19 mites par marc d'or, de 24 mites par
marc d'argent de haut aloi, de 3o mites par marc d'argent de bas aloi
et de 24 mites par marc d'espèces de cuivre.
C'est ce droit que Van Berckel perdit par la nomination du graveur
particulier Christian Haller (1787).
2l8
ment à ce dû et pertinent et en outre jurer que
pour obtenir ledit état il n'a offert, promis ni
donné, ni fait offrir promettre ni donner, à qui que
ce soit, aucun argent ni autre chose quelconque ni
le donnera directement ni indirectement, ni autre-
ment en aucune manière sauf et excepté ce que
l'on est accoutumé de donner pour l'expédition des
dépêches et ce es mains de ceux de notre dite Cham-
bre des comptes que nous commettons à ce par
cette et leur mandons que ledit serment fait par
ledit Théodore Van Berckel ainsi que dit est ils le
mettent et instituent de par nous en la jouissance
dudit office de premier tailleur général de nos
coins et monnoies, ensemble aux honneurs, droits,
libertés, franchises, prééminences et émolumens,
susdits, ils et tous autres justiciers, officiers et sujets
fassent, souffrent et laissent pleinement et paisi-
blement jouir et user, cessant tous contredits et
empêchement au contraire, car ainsi Nous plaît-il,
en témoignage nous avons fait mettre notre grand
scel, de Bruxelles, le vingt neuvième jour du mois
de septembre mil sept cent soixante seize et de nos
règnes le trente sixième.
Signé Charles de Lorrayne.
Le baron de Cazier.
J. De Witte.
Baudier.
Archives du royaume. Extrait du volume intitulé :
a Octrois du Conseil des Finances, du 16 jan-
vier 1775 au 26 novembre 1781 », p. ni recto.
219
Enfin le 2 novembre suivant, Van Berckel prêta
entre les mains de Messire le baron de Cazier,
trésorier-général des domaines et finances de
Sa Majesté, chef de la Jointe des Monnaies, le
serment d'observer fidèlement les instructions
imposées au graveur général (').
G. Cumont.
(') Voy. Ces instructions ci-après, aux annexes.
220
ANNEXE I.
Délivré le 2 ç^re 1776.
Instruction pour Théodore Van Berckel, graveur général
des monnoyes de Sa Majesté aux Pays-Bas.
Le tailleur géne'ral de toutes les monnoyes sera tenu de
tailler tous les poinçons nécessaires et servans pour la gra-
vure des coings pour monnoyer les espèces tant d'or,
d'argent que autres desquels la fabrication sera permise et
accordée et d'iceux poinçons, faire matrices à suffisance
pour être livrées aux tailleurs particuliers des dtes monnoyes
et à chacun d'eux, et en ce faire telle diligence que les d»
tailleurs particuliers ne chomment après lui sur peine de
cinquante flors pour la première fois, du double pour la
seconde et là où qu'il serait trouvé en faute pour la 3e fois
de privation de son office.
2°
Lesquels poinçons et matrices susdits il sera tenu faire
de telle sorte, forme et manière qu'ils soient du tout
conformes tant en grandeur qu'autrement aux patrons desds
coings qui lui seront livrés de la part de Sa Maj,é par ceux
de la jointe des monnoies et étant faits les livrera es mains
desds de la jointe qui seront tenus de faire regitre de la
recette d'iceux et en donner récépissé au d* tailleur gén.
pour sa décharge le tout à peine que dessus et outre ce de
punition corporelle selon l'exigence du cas.
221
3»
Bien entendu, comme les ds matrices doivent être gra-
vées en plusieurs poinçons et pour chacune sorte d'espèces
de monnoye différente pour être livrées aux tailleurs parti-
culiers, icelui taill. gén. sera tenu faire et graver des ds
poinçons les premiers coings des ds espèces de monnoyes
conformes aux patrons susdits en toute manière et les livrer
avec les ds matrices aux ds de la jointe des monn. en pre-
nant récépissé le tout comme dessus pour en après être
fait par les ds de la jointe ce qu'il appartient.
Sur quoi et de se bien et duement acquitter en tout ce que
dit est ci-dessus et de faire tout ce que bon et léal taill. gén.
des ds monn. pourrait ou devrait faire, il sera tenu de faire
serment pertinent es mains des ds de la jointe des monnoyes
ou de l'un d'iceux et le d* serment fait et mis au pied de
cette, icelui taill. gén. sera tenu le tout faire enregistrer à
la Ch. des Comptes de Sa dte Maj. là où il appartiendra.
5o
Le d* taill. gén. ne pourra graver aucuns coings pour
princes ou seigneurs étrangers spirituels ou temporels ni
faire aucunes médailles pour villes, communautés ou autres
personnes quelles qu'elles pourraient être ne fût du sceu et
consentement du gouvernement.
222
ANNEXE II.
Ce jourd'hui 2 9bre 1776. — Théod. Van Berckel,
graveur gén. des monn. de S. M.. aux Pays-Bas, a prêté le
serment sur l'observance des susds instructions et ce es
mains de Messire le Baron de Cazier, commandeur de
l'Ordre royal de St-Etienne, du Conseil d'Etat, Trésorier
général des Domaines et finances de Sa Majesté, chef de la
jointe des monnayes, etc.
Moy présent,
(Signé) J. MlENENS
ANNEXE III.
Après avoir indiqué dans la précédente notice la manière
de fabriquer les médailles, vers la fin du XVIIIe siècle, nous
avons jugé nécessaire de décrire pour nos lecteurs non
initiés à la science du médailleur, les procédés usités de
nos jours.
M. Edouard Geerts, l'habile artiste qui a doté notre
pays de si nombreuses et de si belles médailles, a bien
voulu nous fournir les renseignements que nous trans-
crivons ci-après. Nous tenons à remercier ici M. Geerts
de sa gracieuse obligeance.
Aujourd'hui, les procédés pour faire une médaille ne
sont plus les mêmes qu'à l'époque de Van Berckel, surtout
s'il s'agit de portraits ou de figures allégoriques.
On modèle d'abord (généralement en cire) la face et le
revers de la médaille, à des dimensions qui varient entre
223
18 et 3o centimètres de diamètre. Ces cires sont ensuite
moulées en plâtre et ces modèles en plâtre, bien achevés,
sont coulés en bronze ou en fer pour être placés sur te
tour à réduire afin d'obtenir mécaniquement une réduc-
tion sur acier. Cette réduction est revue et terminée par
le graveur et sert alors de poinçon pour enfoncer dans un
autre morceau d'acier qui devient à son tour la matrice
avec laquelle seront fabriquées les médailles.
Ces tours rendent de très grands services aux graveurs :
Ceux-ci ont d'une part l'avantage de voir en grand le sujet
à graver et d'autre part arrivent à travailler plus vite et
d'une façon plus certaine.
Au commencement de l'emploi de ces tours, les graveurs
avaient pris l'habitude de champlever les réductions ('),
afin de permettre au poinçon de descendre plus profondé-
ment dans l'acier lorsqu'il fallait enfoncer ce poinçon pour
faire la matrice. Alors, la surface de celle-ci était limée à la
hauteur exigée par le modelage ; les inscriptions y étaient
ensuite frappées au moyen de poinçons d'alphabets tout
préparés ou que le graveur avait confectionnés spéciale-
ment pour la médaille qu'il exécutait.
Le coin étant ainsi préparé, on y tournait le filet (*) en le
décolletant pour le faire entrer dans la virole de frappe-
ment (5).
Depuis quelque temps, les médailleurs français ne
(') Abaisser au moyen de burins ou petits ciseaux le fond ou le champ
qui entoure la partie modelée.
(*) La partie qui termine le champ de la médaille.
(s) La virole de frappement est un anneau en acier trempé dans
lequel viennent se placer les deux coins l'un sur l'autre, séparés par le
métal dont on veut faire la médaille; cet anneau empêche la matière
d'aller plus loin que les bords des coins, quand on frappe la médaille.
224
champlèvent plus leurs poinçons et les enfoncent avec
fond, inscriptions et filet, de sorte qu'il n'y a plus qu'à
décolleter le coin pour le faire entrer dans la virole de
frappement.
Avec le procédé de limer la surface de la matrice, on
attaquait par l'acide (') toute la surface de la médaille et
après la trempe de la matrice, on polissait le fond qui
avait été limé : on obtenait alors une médaille avec la
gravure mate et le fond brillant. Tandis qu'avec la nou-
velle méthode française, il n'est guère possible de polir
les coins ; le fond de la médaille étant souvent très iné-
gal, les graveurs français préfèrent laisser les coins
entièrement mats.
(') Acide nitrique pour mater l'acier et donner à la gravure un ton
ou un grain uni.
225
UN PROJET DE MÉDAILLE
A L EFFIGIE DU
RÉaBNT E> E LA. BELGIQUE.
Planche IX.
Les traits que reproduit la médaille de la planche
ci-contre n'ont pas encore été rendus d'une façon
aussi délicate, bien qu'ils aient été gravés déjà
par un artiste dont il faut reconnaître le grand
talent (').
Cette longue chevelure, cette figure si expres-
sive, qui rappellent Franklin, sont d'un homme
dont la carrière fut extraordinairement remplie.
Erasme-Louis Surlet de Chokier apparaît sur la
scène de notre histoire en 178g, au moment où la
cité de Liège, subissant l'influence des idées fran-
çaises qui donnèrent naissance à la grande révo-
lution, vient de se soulever. Issu de noble race,
quoi qu'aient pu dire ses détracteurs, il était des-
tiné à l'état ecclésiastique, mais il se sentait si peu
de vocation qu'à vingt ans, on le trouve rangé
(') Nous voulons parler de J. Leclercq. Il existe encore une
médaille du baron Surlet de Chokier, mais beaucoup moins bonne,
due au burin de Veyrat.
22Ô
parmi les adversaires de la domination cléricale,
attaché en qualité d'aide de camp au général
Donceel, commandant de l'armée des patriotes
liégeois.
Surlet de Chokier passa, avec le grade de lieute-
nant, après le triomphe de la chambre impériale
de Wetzlar, dans les rangs des Belges soulevés
contre la domination autrichienne.
Le Ier prairial an V (1797), il fut élu administra-
teur du département de la Meuse-Inférieure.
En i8o5, il créa la Société pastorale de la sénato-
rerie de Liège pour le perfectionnement des laines et la
propagation des mérinos. En 1809, il possédait mille
deux cent quarante-cinq moutons, qui paissaient
sous son œil vigilant.
On montre encore, près de Gingelom, la maison
où le bonus pastor sed maie habens, comme il se
dénomme lui-même en écrivant à Mgr Van
Bommel, évêque de Liège, où le bon pasteur,
dis-je, prenait gîte, quand, après avoir rempli
tous ses devoirs envers la patrie, il songeait enfin
au repos.
Dans la ferme de Cameryk, il vivait de la vie
qu'a chantée Virgile, au milieu de ses troupeaux.
Fortunate senex, pourrais-je m 'écrier avec le poète,
deus tibihaec otiafecerat.
A quarante-trois ans, il était nommé membre
du Corps législatif. Il eut l'honneur de se trouver
aux Tuileries le Ier janvier 1814. Napoléon revenait
alors de la fameuse campagne de i8i3. Il était
227
rentré à Pans au mois de novembre, après la
désastreuse bataille de Leipzig. Une commission,
exprimant le vœu de la France, venait lui demander
l'abandon des conquêtes et le rétablissement de la
liberté. Surlet faisait partie de cette commission
et c'est à lui et à ses collègues que l'empereur dit
ces célèbres paroles rapportées par Thiers : Que
voulez-vous? Vous emparer du pouvoir; mais qu'en
feriez-vous? La France me connaît; vous connaît-elle?
Elle m'a deux fois élu pour son chef par plusieurs mil-
lions de voix, et vous, elle vous a désignés dans l'enceinte
étroite des départements, pour venir voter des lois que
je fais et que vous ne faites point. Le trône, c'est un
homme, et cet homme, c'est moi.
Des plumes plus autorisées que la mienne ont
écrit la biographie de Surlet de Chokier, mettant
au jour les détails restés inédits durant la vie de
cet homme, qui s'était toujours refusé à fournir
aux biographes les moindres renseignements sur
ses faits et gestes.
Je n'essayerai donc pas de recommencer un
travail sans profit pour personne. Je me conten-
terai, en publiant cette médaille, d'enrichir notre
histoire numismatique d'un monument et de
rendre hommage au grand citoyen qui tint en
mains les rênes du pouvoir au moment où la Bel-
gique, en présence du refus de la couronne par le
duc de Nemours, avait à accepter ou la répu-
blique ou le prince d'Orange.
La médaille, qui représente ici la tête, à droite,
228
du régent, est l'œuvre de Léonard Jéhotte, œuvre
malheureusement restée à l'état de projet.
Mme Jéhotte (') au cours d'une visite que j'eus
l'honneur de lui faire, voulut bien me l'offrir
pour le cabinet des médailles de la Bibliothèque
royale, en même temps que quelques essais, en
plomb, comme celui-ci du reste, et gravés par feu
son beau-père.
Parmi ces essais, se trouvait celui que Léonard
Jéhotte avait gravé pour l'inauguration du chemin
de fer Belge-Rhénan. Il le destinait à l'inaugura-
tion de la station de Liège, d'après ce que révèle,
en exergue, au revers, cette inscription tracée à
l'encre, et encore lisible en partie :
INAUG • DE LA STATION
DE LIÈGE
10 JUILLET 1842.
Cette médaille ne fut jamais frappée. Le coin
en fut détruit. Deux épreuves en étain existaient,
au dire de Guioth (t. Ier, p. 5g). L'épreuve que j'ai
sous les yeux est celle que Jéhotte avait conservée
et qui passa, après sa mort, à son fils Louis, avec
ses papiers et la médaille de Surlet de Chokier,
très probablement.
On peut considérer la médaille du régent comme
(') La veuve de Louis Jéhotte, en son vivant statuaire à Bruxelles.
229
une des meilleures de Jéhotte. On y retrouve, unie
à une ingénieuse finesse d'observation, toute la
délicatesse d'un burin qui avait débuté par la
gravure en pierres fines.
Fréd. Alvin,
An.née 1887. ,5
23û
ISMATK
La cour des monnaies du royaume des Pays-Bas
a fait paraître le quatrième numéro du catalogue
de la collection numismatique de l'hôtel des
monnaies à Utrecht (') contenant les espèces d'or,
d'argent et de cuivre d'origine européenne frappées
pour les Indes Orientales Néerlandaises, depuis
la fondation de la première Compagnie, en i5g4,
jusqu'à ce jour.
Les pièces y sont classées d'après l'ouvrage de
MM. Netscher et Vander Chijs : De Munten van
Nederlandsch Indie, et le catalogue est divisé en
neuf parties, savoir :
I. Monnaies espagnoles en circulation lors
de l'établissement de la Compagnie des
Indes Orientales ; trois numéros ;
II. Compagnie dite : Van Verre (de loin),
1594-1602 ; six numéros ;
III. Compagnie Unie des Indes Orientales,
1602-1799; soixante-dix-huit numéros;
(') Nous avons parlé successivement des trois premières parties de
ce Catalogue dans la Revue belge de numismatique de i883, pp. 437-
438, et de i885, pp. 321-322 et pp. 5i8-5ig.
23l
IV. République Batave, 1800-1806/7 (1800-
1806) ; vingt-deux numéros ;
V, Royaume de Hollande, 1807-1811 (1806-
181 1); treize numéros ;
VI. Domination anglaise, 1811-1816; qua-
torze numéros ;
VII. Monnaies frappées par la Compagnie
anglaise des Indes Orientales et par des
particuliers, pour Sumatra et autres
îles ; vingt-cinq numéros ;
VIII. Royaume des Pays-Bas, depuis i8i5 jus-
qu'à 1854 ; vingt-quatre numéros ;
IX. Royaume des Pays-Bas, monnaies frap-
pées en vertu de la loi du Ier mai 1854 ;
quarante-quatre numéros, y compris
une intéressante série de projets des-
sinés et de pièces d'essais.
En outre, les monnaies sont classées dans
chaque partie selon qu'elles ont été frappées en
Néerlande ou aux Indes et suivant leur métal,
or, argent et cuivre.
Dans la partie III, parmi les pièces désignées
comme incertaines, on trouve à la page 5i, sous
le n° 78, une pièce indiquée comme « monnaie
de nécessité », à la marque de la Compagnie
des Indes Orientales et représentant au revers
une figure ayant quelque ressemblance avec
une harpe, non décrite dans l'ouvrage précité de
MM. Netscher et Vander Chijs.
232
A la rigueur on pourrait donner le nom de
monnaie de nécessité à plusieurs espèces de cuivre,
dont certaines ne sont que des morceaux informes,
comme l'a du reste fait notre regretté confrère
M. le colonel Mailliet dans son ouvrage sur les
monnaies obsidionales et de nécessité. Mais quant
à la pièce en question, nous ne pensons pas qu'elle
puisse être classée dans cette catégorie.
Nous la possédons en plomb, et nous en donnons
ici le dessin. En présence de l'absence complète
d'indication de la valeur, il nous semble difficile
d'admettre que cette pièce soit une monnaie,
attendu qu'à l'exception des dûtes et demi-dutes,
dont la plupart n'avaient pas d'indication de
valeur, toutes les autres pièces en étaient mar-
quées, ce qui était d'autant plus nécessaire pour
les pièces de module et de type plus ou moins
extraordinaires, telles que celle qui nous occupe.
Nous croyons pouvoir sans hésiter classer cette
pièce parmi les méreaux et nous pensons qu'elle
aura servi comme marque d'acquittement d'un
droit quelconque, peut-être celui de balise, et que
la figure du revers serait une balise ou bouée,
émergeant en partie de l'eau.
233
Une autre pièce aussi en notre possession, bien
qu'également dépourvue d'indication de valeur et
de millésime, nous semble toutefois avoir pu
circuler aux Indes, plus particulièrement dans l'île
de Java, sous le règne du roi Louis-Napoléon,
parmi les dûtes de cette époque qui portaient les
initiales du souverain, sans indication de valeur.
Cette pièce est un half penny irlandais de cuivre
du roi Georges Ier, de l'an 1723, sur la face
duquel ont été empreintes les initiales N L
(Napoléon-Louis) et sur le revers un B (Batavia).
Quant au placement des initiales du roi, nous
ferons observer que le premier type approuvé des
monnaies de Louis-Napoléon, roi de Hollande,
portait dans la légende NAP. LODEW. La mé-
daille frappée lors de son avènement au trône,
porte également NAP. LOUIS (').
L'indication de Batavia au lieu de Java ne doit
pas non plus trop nous étonner, attendu qu'aupa-
ravant déjà on avait frappé des monnaies aux
armes de Batavia et qu'à la fin du xvne siècle on
avait introduit à Java, pour des sommes considéra-
bles, des ducats d'or lesquels avaient été empreints
également d'un B, comme contremarque, pour les
faire circuler dans les possessions néerlandaises
aux Indes Orientales.
Le type monétaire pour les Indes adopté en 1802
(') Vqy. notre Histoire numismatique de Hollande, t. Ier, n08 3, 40,
41, 42, 43, et t. II, n08 22, 23.
234
par la république Batave, aux armes couronnées
des Provinces-Unies avec INDLE . BAT AVORVM
ou INDICE BATAV, fut longtemps conservé pour
les espèces de cuivre ; d'abord sous le royaume de
Hollande et ensuite sous le royaume des Pays-Bas
jusqu'en 1826. On trouve ces pièces mentionnées
dans le catalogue, partie IV, sous les nos 2, 3, 4, 5,
6, 7, i3, 14, i5 et 17; partie V, sous les nos 2, 3 et i3;
partie VIII, sous les nos 8, 9, 10, 16 (1/2 sou), 19
et 20. Partout on a ajouté à la description de ces
pièces qu'elles portent les armes néerlandaises (')
sans billettes dans le champ ! !
Nous nous demandons comment il peut être
question de billettes dans le champ des armoiries
néerlandaises avant i8i5; ce fut alors seulement
que le lion néerlandais fut enlevé du champ de
gueules des Provinces-Unies pour être placé sur
le champ d'azur semé de billettes d'or de la maison
de Nassau, pour devenir les armes du nouveau
royaume des Pays-Bas.
(') Mieux aurait valu dire les armes des Provinces-Unies( Vereenigde-
Nederlanden), ainsi que nous l'avons fait dans notre Histoire numis-
matique de Hollande, t. Ier, p. 112, n°s 47 et 48, où l'on aurait aussi
trouvé l'explication des chiffres indiquant la valeur de ces pièces, dont
MiM. Netscher et Vander Chijs ont déclaré ne pas avoir pu découvrir
la signification. Les pièces de cuivre étaient des dûtes et des demi-
dutes portant comme indication de valeur 5 — 7.6 G et 5 — 'j3,G:
par conséquent, cinq de ces dûtes et demi-dutes valaient respecti-
vement 7,6 et /Ja du florin de- 80 dûtes, soit 1 '/« et '/s de sou
de 20 dans un florin et non pas 1 '/. & 3U comme il est dit à la
page 18 du Catalogue, ou bien 1 '/< et 3/4 de sou de 24 dans un florin.
235
Nous croyons de notre devoir de signaler une
erreur d'autant plus inexcusable qu'elle se trouve
dans un recueil publié aux frais du gouvernement
néerlandais.
Les pièces portant le millésime 1807 y sont
toutes mal classées et n'appartiennent pas à la
république Batave, mais au royaume de Hollande,
qui fut fondé en vertu du traité du 24 mai 1806,
tandis que la proclamation du roi Louis-Napoléon
eut lieu le 5 juin suivant.
Le n° 8, pp. 58 et 5g, demi-sou de Java, 1810,
aux lettres Jg%. entrelacées et surmontées de
l'indication de la valeur avec guirlande de fleurs,
mentionnée comme ne se trouvant pas dans l'ou-
vrage de MM. Netscher et Vander Chijs, est décrit
et représenté dans notre Histoire numismatique de
Hollande, t. II, p. 49, pi. VI, n° 44.
La traduction de l'inscription en caractères
arabes des ducats et roupies javanais y est par-
tout incomplète et partant inexacte.
Meilleure que ce catalogue défectueux est la
notice historique qui le précède, due à la plume
de notre honorable confrère M. L.-W.-A. Besier,
référendaire près de la cour des monnaies à
Utrecht. L'auteur y donne un fort intéressant
aperçu de l'histoire monétaire des Indes Néerlan-
daises depuis le commencement du xvne siècle.
En effet, ce ne fut qu'en 1601 que la Compagnie
dite Van Verre (de loin) fit frapper, avec, autorisa-
tion des Etats de Hollande, le premier numéraire
236
métallique destiné à circuler dans les colonies aux
Indes Orientales. Auparavant on ne s'y servait
que de monnaies espagnoles et portugaises.
La Compagnie Unie des Indes Orientales, qui
succéda en 1602, introduisit des espèces néerlan-
daises qui furent tarifées, et, en 1645, elle fit
fabriquer à Batavia des couronnes d'argent avec
ses subdivisions, 1/2 et 1/4, ornées des armes de
cette ville ; mais on eut bientôt de nouveau recours
à l'importation d'espèces néerlandaises et, en 1673,
de monnaies d'or du Japon. En 1686, on intro-
duisit dans la circulation des ducats d'or néerlan-
dais préalablement empreints ou contremarques
d'un B (Batavia). On en importa successivement
70,000 pièces qui furent retirées de la circula-
tion en 1690. De 1682 à 1692 et puis de nouveau
en 1700, on se servit aussi de ducatons néerlandais
d'argent contremarques d'un cavalier. Des roupies
asiatiques munies de la même empreinte circu-
laient également.
En 1726, la Compagnie se décida à faire frapper
à son compte dans la mère-patrie, des ducatons
d'argent au type de ceux des diverses provinces et
avec la marque de la Compagnie, un monogramme
consistant en un V avec les lettres O et C (Ver-
eenigde Oost-Indische Compagnie), Compagnie Unie
dés Indes Orientales, que porte le méreau de plomb
représenté plus haut.
Le Soesoehoenan de Soerakarta ayant cédé
son droit de battre monnaie, la Compagnie fit
237
frapper en 1744 des ducats d'or javanais et l'année
suivante des doubles ducats d'or javanais avec
inscriptions en caractères arabes. Par erreur on
mit sur ces espèces d'or le mot derhammin, mon-
naie d'argent (').
De 1747 à 1751 on fabriqua des roupies d'argent
et puis on eut de nouveau recours à l'importation
de ducats néerlandais, cette fois-ci empreints du
mot Djawa (Java) en caractères arabes, contre-
marque qui fut supprimée en 1761.
En 1765, il fut accordé aux particuliers de faire
frapper des pièces d'or d'une, de deux et de quatre
roupies; cependant cette autorisation fut retirée
déjà en 1768, ainsi que les pièces émises en vertu
de cette permission. On renouvela cette autorisa-
tion en 1782, mais on en usa si peu que l'on fut
obligé d'admettre dans la circulation diverses
espèces d'or étrangères que l'on tarifa.
La Compagnie décida en 1786 de faire frapper
dans la mère-patrie des pièces d'argent de 3, 1
et 1/2 florins au type de celles des diverses pro-
vinces avec la marque de la Compagnie.
Pour le numéraire de cuivre, même désordre.
Bien que la Compagnie eût chargé, en 1644, un
Chinois de la fabrication de 1/2 et de 1/4 de sou,
aux armes de Batavia et à la marque de la Com-
(') Partout dans le Catalogue on a traduit le mot derhammin, qui se
trouve également sur les roupies d'or comme sur celles d'argent,
simplement par monnaie au lieu de monnaie d'argent.
238
pagnie, le besoin de petites monnaies d'appoint se
fit tellement sentir que l'on fut obligé, en i658,
d'émettre comme monnaies des morceaux de
cuivre et même d'étain, et d'admettre dans la
circulation des pièces de cuivre japonaises dont
on fabriqua même un certain nombre à Batavia.
Après que l'on eut fait venir des quantités de
dûtes de Hollande, la Compagnie fit frapper
depuis 1726, successivement dans les divers ate-
liers monétaires des Provinces-Unies, des dûtes
et plus tard des demi-dutes portant au revers la
marque de la Compagnie, pièces qui ont circulé
jusqu'en i85g. En outre, la Compagnie fit fabriquer
à Batavia diverses espèces en cuivre, des dûtes,
des sous, des imitations de pièces japonaises et
même des dûtes trouées en étain, enfin des mor-
ceaux de cuivre portant l'indication de leur valeur
de 1 et de 2 sous.
Sous la république Batave et le royaume de
Hollande et même pendant les premières années
du royaume des Pays-Bas, on continua à émettre
de ces horribles morceaux de cuivre. Il y en a de
l'année i8o3 de 8 sous. On frappa aussi sous les trois
différents gouvernements dans la mère-patrie et
aux Indes des espèces en cuivre aux anciens types.
On a aussi des roupies d'or de l'année 1807 ('),
(') La roupie d'or frappée en 1807 sous le royaume de Hollande
et classée erronément dans le Catalogue comme appartenant à la
république Batave, ne nous était pas connue lors de la publication de
notre Histoire numismatique de Hollande. Nous y avons publié la
239
des roupies d'argent des années i8o3, 1804, i8o5,
1806 et 1808, et des demi-roupies d'argent de i8o5
et 1806.
En 1802, la république Batave fit frapper à
Enkhuizen des monnaies d'un nouveau type dont
il a déjà été question plus haut ; en argent : des
pièces de 1, 1/2, 1/4, 1/8 et 1/16 florin, et en cuivre :
des dûtes (') et demi-dutes.
Sous le royaume de Hollande, on fabriqua à
Soerabaya, diverses espèces en cuivre aux initiales
du roi Louis-Napoléon, des sous, des demi-sous
et des dûtes à deux types différents. Sous le régime
anglais on frappa à Soerabaya, des roupies et demi-
roupies d'or, des roupies et des demi-roupies d'ar-
gent, des dûtes, des sous et des demi-sous en cuivre
ainsi que des dûtes en étain.
Le roi Guillaume Ier des Pays-Bas ordonna, par
décret du 16 janvier 182 1, la fabrication pour les
Indes de pièces de trois florins et d'un florin à son
effigie et aux armes du royaume (4), et par décret
secret du 1.1 février 1826 celles de 1/2 et 1/4 florin,
roupie d'argent de 1808, avec la traduction correcte de l'inscription
en caractères arabes {voy. la note précédente), dans le tome II, n° 25,
pi. III, p. 27.
(') Les dûtes aux armes de la province d'Overyssel ont été frappées
à Kampen.
(*) Dans le Catalogue, on a constamment ajouté à la description des
pièces portant les armes du royaume des Pays-Bas, que le champ est
semé de billettes, comme s'il existait deux armoiries différentes de ce
royaume, avec et sans billettes dans le champ.
240
portant au revers l'indication de la valeur entre
deux branches de palmier. D'autres décrets ordon-
nèrent la fabrication d'espèces de cuivre de 1/2,
1/4 et 1/8 sou frappées à Utrecht, et de pièces de
1 et 2 cents qui sortirent des ateliers monétaires
de Batavia et de Soerabaya, toutes aux armes du
royaume des Pays-Bas.
Enfin la loi du Ier mai 1854 dota les Indes Néer-
landaises d'un bon système monétaire. Les pièces
de 2 1/2, de 1 et 1/2 florins des Pays-Bas furent
déclarées aussi monnaies courantes pour les Indes,
tandis qu'en vertu de cette loi on frappa pour ces
colonies, des monnaies d'appoint en argent de 1/4,
1/10 et 1/20 florin, et en cuivre de 1 et 1/2 cent;
une loi du 20 avril i855 ordonna, en outre, la fabri-
cation de 2 1/2 cents. Toutes ces pièces portent
l'indication de la valeur en néerlandais, javanais
et malais (').
C'est un excellent travail que cette notice de
M. Besier; on y trouve des détails fort intéressants
relativement au nombre des pièces frappées, ainsi
que sur des monnaies projetées; une foule de docu-
ments y sont aussi mentionnés, ce qui ajoute beau-
coup à la valeur de cette dissertation.
Ctc Maurin Nahuys.
(') Voy., par rapport à ces nouvelles monnaies d'appoint des Indes
Néerlandaises, l'article de feu le savant professeur H. C. Millies, Notice
sur les nouvelles monnaies pour les colonies orientales néerlandaises,
inséré dans la Revue de la numismatique belge, 3e série, t. II, pp. 58
et suiv.
241
NUMISMATIQUE CONTEMPORAINE.
i8i6-i83o.
Premier mariage de Léopold Ier et mort de sa première
femme, la princesse Charlotte.
Prise du fort de la Chartreuse, etc., à Liège.
Les pauvres reconnaissants
à la paroisse de Saint-Nicolas, à Liège.
PL. X, Noi 1 A 4.
Si les médailles de Léopold Ier ont été ample-
ment décrites, en revanche il n'a guère été question
des souvenirs numismatiques qui ont précédé son
avènement au trône.
Animé du désir d'apporter mon obole aux
matériaux de l'histoire, ce n'est pas sans un
certain empressement patriotique que je saisis
l'occasion de tirer de l'oubli où elles seraient
restées, longtemps peut-être, deux petites pièces
se rapportant à la jeunesse de notre premier roi.
Elles ont été faites, l'une et l'autre en Angle-
terre. La première, dont voici ladescription,
rappelle le mariage du prince Léopold de Saxe-
242
Cobourg avec la princesse de Galles, Charlotte,
fille de Georges IV :
H : R • H • PRIN : CHARLOTTE & LEOP ■
PRIN : OF COBOURG.
Bustes conjugués du prince et de la princesse,
à droite.
Rev. Deux mains enlacées (Foi) en signe d'al-
liance. Au-dessus, des rayons traversant un
nuage.
Au-dessous :
MAY 2 .
1816.
Le tout, entre deux branches de laurier, formant
couronne.
Pl.X, n° 1.
Le médaillier de l'État possède de cette petite
pièce qui, sans être bien rare, est peu connue, un
exemplaire de cuivre et un exemplaire de plomb.
Léopold-Georges-Chrétien-Frédéric de Saxe-
Cobourg, comme la plupart de ses ancêtres, entra
de bonne heure dans la carrière militaire. Il vou-
lait marcher sur les traces de son grand-oncle,
le prince Frédéric-Josias de Cobourg, pour lequel
il ressentait une affection toute particulière.
Les traits du prince Frédéric-Josias nous ont été
conservés par une médaille frappée à l'occasion
de la sanglante bataille de Fokschan, livrée aux
243
Turcs, par les Autrichiens et les Russes, le 3i juil-
let 1789. Général au service de l'Autriche, il com-
mandait, dans la guerre contre les Turcs, l'armée
de Gallicie. C'est à lui qu'on doit les victoires de
Choczin (1788), de Martinetsie (1789) et de Fok-
schan (même année). La médaille de Fokschan
est au cabinet de l'État, elle représente Frédéric-
Josias, en buste, de trois quarts, à gauche. Au
revers, se voit l'engagement de deux armées.
A l 'avant-plan, à droite, des cavaliers turcs mor-
dent la poussière ; à gauche, le feld-maréchal lance
ses hussards sur la cavalerie ottomane, qui fuit en
désordre .
Mais, revenons au prince Léopold. Après les
campagnes de i8i3 et de 1814, auxquelles il prit
une part des plus actives et où, maintes fois, il
trouva l'occasion de se distinguer, il accompagna,
en qualité de lieutenant-général au service de la
Russie, le czar Alexandre en Angleterre. A Carl-
ton-House, la demeure du régent, il fut présenté
à la princesse Charlotte, qui venait de refuser la
main du prince d'Orange, fils de Guillaume Ier.
Georges IV avait d'abord montré une telle
irritation de l'éloignement de son candidat de
prédilection, que la jeune princesse avait dû se
réfugier chez sa mère. Plus tard, cependant, il
déféra aux vœux de sa fille, et accueillit favorable-
ment le prince Léopold, qu'elle avait choisi pour
époux.
Le mariage fut fixé au 2 mai. Bien avant cette
244
date, le prince, à qui le régent avait conféré le
grade de général, était déclaré citoyen anglais et
doté, par acte du Parlement, d'une pension de
5o,ooo livres sterling.
L'union fut célébrée, le soir, à g heures, dans le
grand salon rouge de Carlton-House. Le matériel
religieux avait été emprunté à la chapelle de Saint-
James, et l'archevêque de Cantorbéry officiait.
Après la cérémonie, les augustes époux partirent
pour Oatlands; plus tard, ils se fixèrent dans le
domaine de Claremont.
La princesse, qui n'avait pas été sans souffrir des
dissensions de ses parents, ne devait pas jouir
longtemps de son bonheur. Le 6 novembre de
l'année suivante, l'Angleterre pleurait sa mort.
C'est le sujet du jeton que je décris ici :
H. R. H. THE PRINCESS CHARLOTTE.
Buste diadème de la princesse, à droite.
Rev. BRITANNIA MOURNS HER PRIN-
CESS DEAD.
Saule pleureur couvrant de ses branches pen-
dantes une urne funéraire, placée sur une stèle.
A l'exergue : DIED NOV. 6 1817.
AGED 21.
Cuivre. PI. X, n° 2.
S. A. R. la princesse Charlotte-Augusta ac-
coucha, le 6 novembre 1817, d'un enfant mâle
mort-né. Le même jour, elle expirait vers deux
heures du matin.
245
M. Picqué publiait en i883, dans nos Médailles
historiques de Belgique, sous le numéro lxix, un
souvenir numismatique du cinquantenaire de la
reddition de la citadelle de Liège et du combat de
Sainte-Walburge . A la vente des collections du
colonel Mailliet, le cabinet de l'État fit l'acquisi-
tion d'une petite médaille de bronze, cette fois
contemporaine des deux événements.
Cette fine petite pièce ne porte pas de signature.
On y lit d'un côté :
VIVE LA LIBERTE.
Le lion belge, à droite. ■
Le tout dans un grènetis.
Rev. Légende : EVACUATION DE LA CITA-
DELLE LIEGE i83o.
Dans le champ :
PRISE
DU FORT
LA CHARTREUSE
COMBAT
DE
STB WALBURGE
PI. X, n° 4.
La prise du fort de la Chartreuse eut lieu
le 21 septembre i83o; elle précéda la reddition
Année 1887. 16
246
et l'évacuation de la citadelle vis-à-vis de laquelle
le fort est situé.
Cet épisode liégeois de notre révolution de i83o
mérite d'être rapporté. Sous la date du 20, le
Courrier de la Meuse insérait ce qui suit dans ses
colonnes :
« La journée d'hier (ig) se serait passée tran-
quillement sans un funeste événement qui a
produit la sensation la plus pénible sur l'esprit de
la population.
« Un jeune homme, nommé Wibrin, se trouvait
près de la mare d'eau en-deça du cabaret dit
Ma Campagne, à. Sainte-Walburge. Son maintien
n'avait rien d'offensif pour la sentinelle qui était
postée à quelque distance de là sur les glacis de la
citadelle. Cependant, la sentinelle le couche en
joue, lui tire son coup de fusil, et le jeune homme
tombe mort sur la place, la balle lui ayant fracassé
la tête. La nouvelle s'en répandit aussitôt dans la
ville et y causa la plus grande rumeur. Les parents
et les amis de la victime étaient exaspérés et
voulaient à tout prix venger cette mort. Toutefois
l'attitude de la garde bourgeoise a prévenu un
désordre qui paraissait inévitable. »
La mort du plus jeune des quatre fils de
M. Wibrin, huissier ('), ne pouvait rester impunie.
Le commandant général de la garde bourgeoise
et les chefs de légion essayèrent de calmer les
(') Voy. journaux de l'époque.
247
esprits en informant le public qu'ils étaient en
correspondance très active avec MM. le lieute-
nant-général Cort-Heyligers et le général-major
Van Boecop, afin d'obtenir justice du meurtre
commis. Cela n'empêcha pas les Liégeois de
donner cours à leur vengeance, et cela d'une
façon à la fois résolue et intelligente, comme
nous Talions voir. Prenons le Courrier de la Meuse
du 22 :
« Hier, au moment où nous venions de mettre
sous presse, nous avons appris que le fort de la
Chartreuse, situé à l'opposite de la citadelle, avait
été occupé par environ soixante bourgeois armés,
faisant pour le plus grand nombre partie de la
compagnie d'artilleurs. Une tentative avait été
faite pendant la nuit pour s'en emparer, mais les
assaillants étant peu nombreux et n'ayant point
d'échelles , ils s'étaient bornés à détruire une
barrière.
« Un poste de dix militaires qui occupaient le
fort fut fait prisonnier. On conduisit ces mili-
taires premièrement à l'hôtel de ville, d'où on les
a fait passer dans la prison civile. La garde
bourgeoise a prétendu qu'on devait retenir ces
hommes , et qu'ils serviraient comme otages
pendant les négociations qui ont lieu au sujet du
meurtre commis, avant-hier, sur un bourgeois,
par une sentinelle de la citadelle.
« Le drapeau aux couleurs liégeoises a été
aussitôt arboré sur le fort par le frère du nommé
248
Wibrin. La mort de cet infortuné avait tellement
exalté les esprits que rien n'aurait pu retenir
l'ardeur de ceux qui se sont emparés du fort de
la Chartreuse.
« Le commandant de la Citadelle ayant eu
connaissance de cet événement a fait, dit-on, des
représentations à la régence, et l'a engagée à faire
abandonner le fort, sinon qu'il tirerait sur la
ville. La régence doit avoir répondu, entre autres,
qu'il serait de la plus grande injustice de se
venger sur la ville d'un acte isolé auquel elle
n'avait pas pris part. Le commandant s'est rendu
à ces raisons, et le fort continue d'être occupé
par les bourgeois. »
Dans le Journal de la province de Liège (22 sep-
tembre), nous trouvons les renseignements com-
plémentaires suivants :
« Avant - hier , une centaine de personnes
s'étaient portées sur la Chartreuse, mais n'ayant
point d'échelles, elles ne purent rien effectuer.
Hier matin, les nouvelles arrivées de Bruxelles
firent une telle impression, entre autres, sur la
compagnie d'artilleurs de la caserne des Écoliers,
qu'elle partit avec échelles et suivie d'une foule
de monde. Arrivée au pied des murs, la compagnie
somma les soldats chargés de la garde du fort
de se rendre. Sur leur refus, les échelles furent
posées et, en un instant, les artilleurs furent
maîtres des lieux. »
On s'étonnera, à bon droit, qu'une position
249
stratégique de l'importance du fort de la Char-
treuse ait été aussi mal gardée par les Hollandais.
Il s'y trouvait de quoi ravitailler largement la
citadelle, car les projectiles découverts furent
évalués à plus de 5oo,ooo florins. Il y avait, en
outre, 3g canons, dont 7 pièces de 24, 7 de 18,
6 de 12, 12 de 6, 5 mortiers et 2 obusiers, plus
80 affûts qui servirent à monter les canons
parqués à la fonderie de Saint - Léonard , à la
disposition de la garde bourgeoise qui occupait
ce poste (').
Il me resterait , pour terminer cet article , à
dire quelques mots de la pièce portant, au droit,
dans un grènetis :
PAROISSE
de S* Nicolas
LIEGE
1817.
et au revers, également dans un grènetis :
LES PAUVRES
RECONNOISSANS
Cuivre. PI. X, n° 3.
(') Ce dernier renseignement m'a été fourni par le Journal de la
province de Liège (20 et 21 septembre).
2 5o
Je n'ai, malheureusement, pu recueillir aucun
renseignement à son sujet. M. le baron de Chestret
a bien voulu faire faire, pour moi, des recherches
à Liège, dans les Archives provinciales ; mais ces
recherches n'ont pas abouti. Je n'en remercie pas
moins, ici encore, mon savant et obligeant
confrère. J'ai parcouru les journaux de l'époque,
bien que la besogne offrît peu d'attraits. Je me
suis en outre encore adressé, à Liège, au curé
de Saint-Nicolas. Mes démarches ont toutes été
vaines, et force m'est de me contenter de dire
que l'opinion de M. le baron de Chestret qui ferait
de la pièce ci-dessus un méreau, au moyen duquel
les pauvres allaient retirer leurs pains, est partagée
par plusieurs numismates à l'avis desquels je me
range.
Fréd. Alvin.
25l
JETONS ET MÉREAUX
ci^:-A.ïiBOisr3srA.C3-ES.
Planche XI, figg. i a 7.
HAINAUT.
Au commencement de ce siècle, peut-être déjà
à la fin du précédent, on. se servait, dans quel-
ques-unes des mines de houille du Hainaut, de
jetons ou méreaux comme intermédiaire pour le
règlement des salaires des ouvriers.
Ces pièces étaient vulgairement appelées danses
dans le Bassin du Centre, où leur emploi était
assez répandu.
A notre connaissance, on en faisait usage dans
quatre charbonnages : à Mariemont, à l'Olive,
à Bascoup et à Sars-Longchamps.
Dans un cinquième, à Haine-Saint-Pierre et
La Hestre, on a employé, il y a moins longtemps,
un intermédiaire analogue, mais beaucoup moins
intéressant au point de vue numismatique.
En poursuivant nos recherches, nous pourrons
probablement établir d'une façon certaine qu'il
a existé des méreaux dans d'autres houillères
252
de la province. Dans le Borinage, notamment,
d'anciens employés de fosses déclarent que dans
leur enfance, ils ont entendu parler de jetons
à quelques charbonnages, et ils citent l'Escouf-
fiaux (nommé au siècle dernier « la machine
autrichienne »), Longterne, le Bois-de-Boussu.
Du reste, un usage de ce genre, qui existait dans
le Bassin du Centre et dans celui de Valen-
ciennes (*), ne devait pas vraisemblablement
avoir été exclu des houillères du Couchant de
Mons situées entre ces deux Bassins.
En tout cas, il est assez curieux de constater
que, même dans l'administration de certains des
cinq charbonnages du Centre susdits, on ignorait
que des méreaux y aient été en usage : ce n'est
que difficilement, et aidé très obligeamment par
des directeurs ou ingénieurs de nos amis, que
nous avons pu nous procurer un exemplaire de
ceux de ces jetons qui ont si rapidement disparu
et ont été si vite oubliés.
Cette prompte et presque complète disparition,
peu d'années après leur démonétisation, s'expli-
que par ce fait que les méreaux en question ont
une certaine valeur comme métal, alors qu'ils
n'en ont pas au point de vue artistique : ils sont,
en effet, en bronze ou en cuivre d'assez forte
épaisseur, de sorte que le charbonnage les réex-
(') D'anciens méreaux des mines de houille de Vieux-Condé ,
d'Anzin et d'Aniches se trouvent dans la collection de l'auteur.
253
pédiait chez le fondeur, dès leur mise hors service,
et, quant aux ouvriers, ils n'avaient pas d'avan-
tage à en conserver, au contraire, comme on le
verra plus loin.
J'espère que le petit regain de notoriété que
leur vaudra cette courte notice, en fera sortir
quelques-uns des vieux tiroirs et les sauvera de
la fonderie au profit des collections.
Tout autre est le jeton en argent, dont il sera
parlé à la fin, frappé en i838, par la Compagnie
houillère du Centre du Flénu.
MÉREAUX DE MARIEMONT.
Sous le nom de Mariemont, il faut entendre
ici les houillères de la concession dite du « Parc
de Mariemont », commune de Morlanwelz. L'ex-
traction du charbon dans la forêt de Mariemont
est très ancienne : un compte du domaine de
Binche, année i38o, déposé aux Archives du
royaume, mentionne à l'article Morlanwelz : « un
conduit au bos de Morlanwez dallez l'Olive pour
trouver carbon > (').
Cette exploitation avait repris une certaine
activité sous le prince Charles de Lorraine qui
habitait la résidence de Mariemont comme gouver-
neur général des Pays-Bas. Lorsque les troupes
françaises, conduites par le général Charbonnier,
(') Mon'oyer, Mémoire sur le bassin du Centre, Mons, 1873.
254
— un nom prédestiné, — eurent réduit en cendres,
en 1794, le vaste château des archiducs autri-
chiens, il fut créé, par le comité de salut public,
une concession des mines de houille se trouvant
dans l'enceinte du Parc de Mariemont. Cette con-
cession fut octroyée une première fois, par décret
du 22 germinal an III (11 avril 1795), signé Chazal,
Merlin, Roux, Creuze, Latouche et Aubry. Mais
la révocation des concessionnaires dut être pro-
posée deux ans après par l'Administration du
département de Jemmapes, et le 22 brumaire
an VI, le directoire rapportait le décret ci-dessus.
L'année suivante, l'administration du départe-
ment de Jemmapes accordait cette concession à
M. J.-B. Hardenpont, de Mons, ce que les consuls
confirmèrent le 16 pluviôse an IX (5 février 1801).
Une société se forma le 8 juillet 1802, compor-
tant trente-deux sous ou actions, réparties entre
MM. J.-B. Hardenpont, Isidore Warocqué, Charles
Duvivier, P. -F. Tiberghien et Nicolas Warocqué («) .
Lorsque fut faite la délimitation des territoires
concédés , par le citoyen Lavallée , secrétaire
général de la préfecture du département de Jem-
(') Une médaille reste comme souvenir de cette première asso-
ciation; elle est à l'effigie de Guillaume Ier, avec l'inscription :
« guilelmus 1 belgarum rex »; au revers , dans une couronne de
feuilles, elle porte ces mots gravés : offert par la société de
MARIMONT A Mr N. WAROCQUÉ, S*0N ADMINISTRATEUR. l8l8. » La mé-
daille a 5o millimètres de diamètre; elle est marquée du nom du
graveur Braemt.
255
mapes, assisté du citoyen Troye, sous-préfet de
Charleroi, — c'était le n germinal an IX, —
une plaque en bronze fut gravée avec cette ins-
cription :
BUONAPARTE PREMIER CONSUL DE La
République Française,
Chaptal, Ministre de L'intérieur,
Etienne Garnier, Préfet du
Département de Jemmappes,
Concession des Mines de Marie-Mont,
Accordée a J.-B. Hardenpont,
Arrêté des Consuls du XVI
Pluviôse An IX.
« Cette plaque, dit le rapport du citoyen
Lavallée, fut scellée entre deux pierres ainsi que
quelques pièces de monnaie au type républicain,
et sera placée à l'endroit même où elle fut scellée
au fond de la machine hydraulique. »
Cet intéressant souvenir a été retrouvé : il est
maintenant en mains de M. Georges Warocqué.
De tout ce qui précède, on peut conclure que les
danses doivent avoir une origine assez ancienne ;
malheureusement aucun document n'a été retrouvé
qui y soit relatif.
Elles étaient de trois sortes, représentant des
valeurs différentes. (PI. XI, figg. i, 2 et 3.) Il y
avait des pièces marquées en relief MT 10, —
dix sous; — pour les ouvriers à veine; d'autres
256
marquées MT 8, — huit sous, — pour les char-
geurs ou pour les meneurs de montements ; enfin
les danses marquées MT 7 étaient pour les petits
meneurs, lesquels se partagaient quelquefois cette
journée à deux.
Ces méreaux sont unifaces, de forme carrée ;
toutefois du côté opposé au monogramme, ils
portaient le même numéro qu'au droit, mais poin-
çonné et de grandeur moitié : c'est ce coup de
poinçon, donné par un agent du charbonnage,
qui établissait l'authenticité de la pièce.
Dans les dernières années de leur emploi, les
méreaux avaient une valeur conventionnelle supé-
rieure à celle qui y était inscrite, le taux des
salaires ayant augmenté.
Chaque ouvrier, sa journée finie, recevait une
danse représentant le salaire convenu, et, au jour
des payements périodiques, il allait échanger ses
danses au bureau du payeur contre la somme
d'argent correspondante.
Ce mode de contrôle des journées, tenant lieu
du pointage actuellement en usage, n'est pas aban-
donné partout comme il l'est dans les houillères,
et nous pourrions citer quelques industriels en
Belgique qui usent encore de méreaux analogues.
C'est surtout à la demande des ouvriers qu'on a
cessé leur emploi dans les charbonnages : le
mineur a fini par se plaindre de ce qu'il perdait
une journée quand il lui arrivait d'égarer une
pièce. Pour y obvier, on a essayé de faire tenir à
257
la fosse une liste de journées par le gailleteur ou
surveillant au jour, et c'était sur le vu de cette
liste qu'au bureau principal, on délivrait journel-
lement les danses. Mais il en résultait un dépla-
cement de plus pour les ouvriers, et du reste les
méreaux faisaient alors double emploi, ou à peu
près, avec les listes dressées aux sièges de travail.
En 1840, d'après les uns, en 1842, d'après
d'autres, ils ont été mis définitivement hors de
service, mais de vieux porions et ouvriers nous
assurent qu'à Mariemont ils ont été en désuétude
dès i838.
Ces pièces sont en bronze coulé. On les fabri-
quait en dernier lieu chez Séraphin Mayor, à
Jolimont, et chez Campion, à La Hestre.
Leur épaisseur est assez variable : les méreaux
de 7 et 8 sous pèsent de 5 à 7 grammes ; ceux de
10 sous pèsent de 6 1/2 à 7 1/2 grammes.
MÉREAUX DE L'OLIVE.
La concession houillère de l'Olive, qui s'étend
sous les communes de Morlanwelz et deBellecourt,
est un peu plus récente que celle dite du parc
de Mariemont. L'empereur Napoléon l'octroya à
MM. Bonaventure et Nicolas Warocqué, par décret
du 4 août 1806.
C'était l'Olive qui donnait son nom aux carbon-
nïeres citées dans des archives de i38o et de 1493 :
ce nom était celui d'une Abbaye fondée en 1218 à
258
une extrémité de la forêt dont une partie a pris le
nom de Marie-Mont au milieu du xvie siècle, quand
la reine Marie de Hongrie , gouvernante des
Pays-Bas, y érigea un château important à proxi-
mité des sources d'eaux minérales qu'elle affec-
tionnait.
Les concessions de l'Olive et du Parc de Marie-
mont sont maintenant confondues comme exploi-
tation; il est assez difficile, — et du reste peu
intéressant dans cette note, — d'établir d'une façon
précise dans laquelle des deux a commencé
l'extraction de la houille.
Ces gisements, avec ceux de Chaud-Buisson, de
Carrières-Nord et de Carrières-Sud, constituent
aujourd'hui le vaste champ d'exploitation de la
Société anonyme des charbonnages de Mariemont.
Des méreaux ont été frappés à deux époques
pour le charbonnage de l'Olive.
Les plus anciens sont des mêmes types que
ceux qui ont été décrits ci-dessus pour le char-
bonnage de Mariemont, sauf que le monogramme
MT est remplacé par OL.
La figure 4 de la planche XI représente le seul
exemplaire retrouvé, et comme il est très fruste,
on ne peut plus déterminer si le coin comportait
un encadrement, soit qu'il fût simple, soit qu'il fût
festonné comme aux piècesprécédemment décrites.
Il pèse 5 1/2 grammes.
Les méreaux plus récents (pi. XI, fig. 5) sont
rectangulaires et unifaces également. Dans un
* 259
double encadrement, ils portent en relief les
lettres 0 L non entrelacées, et tracées avec plus
de soin.
Comme à cette seconde période des danses, le
prix des journées augmentait et variait, la valeur
représentative de la pièce n'était plus marquée de
coulée, mais était indiquée par un chiffre poin-
çonné des deux côtés de la pièce. Celle que nous
représentons est marquée 10 à droite de la lettre L.
Son poids est de 8 1/2 grammes.
Le mode de travail à l'entreprise, dans le fond
des houillères, ne permettait plus qu'un emploi
restreint de ce système d'intermédiaire monétaire,
et, vers i85o, les méreaux de l'Olive ont été défini-
tivement retirés de la circulation dans le charbon-
nage.
On les fabriquait à La Hestre et à Jolimont.
MÉREAUX DE BASCOUP.
Le charbonnage de Bascoup, qui s'étend sous
les communes de Chapelle-lez-Herlaimont, Tra-
zegnies, Gouy -lez -Piéton , Souvret, Forchies,
Piéton et Manage, est moins anciennement connu
que les précédents. Cependant, en 1766 déjà,
l'impératrice Marie-Thérèse octroyait à MM. Be-
noît Poliart et Cie le droit de rechercher et extraire
la houille sous les trois premières communes
susdites. Ce droit fut prorogé le 9 juillet 1777 et,
en 1788, on établissait, à ces exploitations , une
2ÔO
machine d'exhaure, dite pompe-à-feu, de l'inven-
tion de Newcomen.
La concession définitive de Bascoup, celle qui
a donné naissance à l'importante société actuelle,
date du 25 février 1808 : le décret de l'empereur
Napoléon, qui l'octroyait à MM. Annect et De
Cock, désignait ces mines de houille sous le nom
de charbonnage de Basse cour.
Les méreaux ne datent pas de cette époque,
du moins ceux dont nous avons pu établir l'exis-
tence : ils n'ont été créés qu'en i835 et n'ont servi
que pendant 9 à 10 ans.
Ils étaient aussi de trois sortes, représentant
trois valeurs différentes ; seulement, ces valeurs ne
se distinguaient pas par un chiffre marqué, mais
bien par la dimension de la pièce : les plus grands
pour les ouvriers à veine, équivalaient à 10 sous
de Brabant, les moyens pour chargeurs à 8 sous,
et les plus petits pour meneurs, à 7 sous.
Carrés , unifaces , comme les précédents , en
bronze ou en cuivre, ils étaient marqués BC, et
mesuraient environ 12, 10 et 8 millimètres de
côté, respectivement.
Voilà les renseignements que nous avons
recueillis de la bouche de plusieurs vieux char-
bonniers, mais il nous a été impossible de nous
procurer un spécimen de ces pièces, malgré des
recherches pour lesquelles il a été fait preuve de
beaucoup de complaisance et de soins.
26 1
MÉREAUX DE SARS-LONGCHAMPS.
Les charbonnages de Sars - Longchamps et
Bouvy ont obtenu, en 1747, leur première con-
cession sous les communes de Saint- Vaast et
de Haine-Saint -Paul. Différents octrois de con-
cession intervinrent ultérieurement, au nom de
personnes associées demeurant à Valenciennes,
jusqu'au décret impérial du 6 octobre 1810, qui
a définitivement confirmé les concessions.
Une société civile fut constituée, par devant
un notaire de Binche, le 26 septembre 1821.
C'est antérieurement à celle-ci, pensons-nous,
que le système des méreaux a été mis en vigueur
dans ce charbonnage, — sans doute par l'admi-
nistrateur, qui gérait en même temps les houillères
de Mariemont où leur emploi était général. Ils ont
cessé d'être en usage à l'époque de la constitution
de la Société anonyme, en i835, quand M. Nicolas
Warocqué (') s'est retiré de ce charbonnage.
(') En 1820, une médaille lui a été offerte par les propriétaires du
charbonnage de Sars-Longchamps. Cette médaille, qui a 57 milli-
mètres de diamètre, est l'œuvre de Braemt. D'un côté, elle montre
l'Industrie couronnant le Travail, assise, s'appuyant de la main
gauche sur une sorte de bouclier, au centre duquel est l'écu couronné
de Hollande; le Travail, qui est ailé, tient une ruche dans la main
droite. Au-dessus, les mots : belgar. industrie. En bas : artes .
rémunérât^: ex . decreto . reg. — Au revers, dans une large
couronne de feuilles, il est gravé : voté a l'unanimité par l'assemblée
GÉNÉRALE DU CHARBONNAGE DE SARS-LONG-CHAMPS, A MONSIEUR N. J.
WAROCQUÉ, SON ADMINISTRATEUR, LE 1er AOUT l820.
Année 1887. 17
2Ô2
Les méreaux ou danses de Sars-Longchamps
sont devenus fort rares : nous n'avons pu en
voir que deux exemplaires, qui sont du même
type.
Ils sont ronds, et, comme les autres méreaux
du Centre, ils sont unifaces. Ils portent au milieu
trois grosses lettres : S L C, sous lesquelles se
trouve le chiffre 3, indiquant le numéro de la
fosse. Ces lettres et chiffre sont fortement en
saillie.
Une marque au poinçon (voir pi. XI, n° 6)
indiquait que la pièce était authentique.
Le chiffre variait suivant le numéro de la fosse
où la danse pouvait servir, et la valeur conven-
tionnelle de celle-ci était déterminée par son
diamètre. Ce n'était donc pas par le chiffre venu
de coulée que l'on distinguait s'il s'agissait d'une
journée d'un ouvrier véritable, d'un chargeur ou
d'un meneur, mais bien par la grandeur de la
pièce.
Telles sont les déclarations de quelques survi-
vants de cette période des travaux d'exploitation ;
là, non plus, aucun document n'est connu préci-
sant les indications relatives aux méreaux.
L'exemplaire, dont nous donnons le dessin,
a 25 millimètres de diamètre, et pèse n grammes.
Il est en cuivre.
Aux Charbonnages de Haine-Saint-Pierre et La
263
Hestre ('), on ne se souvient, en fait de méreaux,
que de pièces rondes, en zinc, employées il y a
trente ans et dont l'usage s'est continué jusqu'en
novembre 1877, époque de la mise en Société ano-
nyme de cette exploitation. Ces plaques représen-
taient le montant de la quinzaine, c'est-à-dire
qu'elles portaient un numéro, correspondant à un
numéro d'ordre du tableau des salaires qui indi-
quait en regard la somme gagnée par l'ouvrier
porteur de la pièce.
Ces espèces de méreaux avaient 43 millimètres
de diamètre et 3/4 de millimètre d'épaisseur ; les
chiffres étaient frappés en leur milieu, et avaient
10 millimètres de hauteur. En dessous était poin-
çonné un signe conventionnel figurant une étoile.
Ils nous paraissent sans valeur au point de vue
de la numismatique, et si nous les avons men-
tionnés ici, c'est que nous inclinons à penser,
comme certains nous l'ont dit, que, dans ces char-
bonnages, d'exploitation plus que séculaire, ces
plaquettes ont succédé, après un intervalle assez
long, à des méreaux du genre de ceux employés
(') Leur plus ancienne concession date de 1755 : elle était octroyée
par le baron de Noyel, vicomte de La Hestre (ou La Heest), à de
Schruytener, N. Croquet, F. et J. Morlet, A. Laurent, Jean et Joseph
Bernard et B. Waterlot. Ces associés obtinrent l'année suivante du
baron de Molenbaix la concession sous une partie de sa seigneurie de
Redemont. Le 9 mars 1779, la douairière d'Hane, de Haine-Saint-
Pierre, leur accorda la concession de Jolimont. (Ces renseignements
sont extraits de l'ouvrage précité de M. Jules Monoyer.)
264
dans les deux charbonnages qui y confinent :
Mariemont et Sars-Longchamps.
JETON DU CENTRE DU FLÉNU.
Il est en argent, de forme octogonale, très bien
gravé, pesant 25 grammes.
Comme le montre la figure 7 de la planche XI,
il porte d'un côté l'inscription :
COMPAGNIE
HOUILLÈRE
DU CENTRE DU
FLÉNU
1838.
De l'autre, il reproduit un bâtiment de fosse,
maçonné en briques avec pierres de taille, devant
lequel un wagonnet est en chargement en haut
d'un plan incliné ('). Derrière le bâtiment, se voit
une grande cheminée en maçonnerie, dont la
fumée s'étend en nuage au-dessus de celui-ci, et,
entre ces deux constructions, à l'arrière-plan, on
distingue un mur qui doit appartenir, dans la
pensée du graveur, au massif des chaudières à
vapeur. La porte du bâtiment est ouverte devant
un chemin qui serpente à travers un élégant jar-
din, semble-t-il. Là, nous sommes en pleine fan-
(') Au Flénu, il y avait ainsi plusieurs plans inclinés aux abords de
fosses.
265
taisie, car il est fort douteux qu'il y a cinquante
ans, pas plus que maintenant, on ait fait de l'hor-
ticulture d'agrément aux abords des bâtiments
d'extraction. Le long d'un des bords de l'enca-
drement polygonal, on lit : Roquelay, F.
Le millésime i838, inscrit sur le jeton, est
l'année de la formation de la Compagnie houillère
du Centre du Flénu. Ses fosses étaient sur Quare-
gnon et sur Jemmapes. Mais la Compagnie était
française, ayant son siège et son directeur à Paris
où elle s'était constituée avec M. Lafitte pour ban-
quier (').
Elle avait repris les concessions de la Société des
Vingt- Actions (le Fief du Flénu, la Pucelette, le
Grand-Moulin, et partie de la concession deTur-
lupu). Ses exploitations ont cessé maintenant.
La médaille qu'elle avait fait frapper, à Paris
probablement, représentait, au choix du déten-
teur, une marque honorifique ou une gratification.
Nous pensons cependant que, dans l'origine de
la Société, jusqu'en 1842, elle a dû servir, à Paris,
comme jeton de présence des administrateurs.
Elle était offerte aux personnes qui avaient
rendu à la Société des services signalés ou qui,
(') Quelques fondateurs cependant étaient de Mons : M. Goffint-
Delrue, Mmes Gain-Goffint et Sapin-Goffint, MM. Tercelin et Dusart,
Dans le Borinage, elle avait un sous-directeur, fonction qui a été
occupée pendant quelques années par mon beau-père, décédé en i85i,
de qui me vient un des jetons en question; c'est le seul exemplaire que
je connaisse.
266
dans un accident, avaient posé un acte de courage.
On nous a cité un conducteur de travaux qui,
s'étant distingué dans un incendie souterrain, avait
reçu vingt-cinq de ces pièces.
Elles étaient évaluées à 5 francs l'une et pou-
vaient être échangées, pour cette valeur, dans les
caisses de la Société, sur la demande des posses-
seurs.
Nous continuerons à rechercher les jetons et
méreaux des charbonnages du Hainaut, et nous
espérons qu'une suite pourra être donnée à cette
première note.
Edmond Peny.
Morlanwelz, le 8 janvier 1887.
267
NOTE
MEDAILLE TOURNAISIENNE.
La Revue de i852 a donné la description
(voy. p. 148) et le dessin (voy. pi. XVII, n° 1) d'une
médaille aux armes anciennes de Tournai portant
ces seuls mots en légende : LA VILLE DE
TOURNAY RECONNOISSANTE.
Au revers , se voyait un trophée d'armes
antiques entouré d'une bande en relief, qui sem-
blait attendre une inscription.
Ni archivistes , ni collectionneurs ne purent
fournir de renseignements sur la destination de
cette pièce à M. Chalon, notre vénérable prési-
dent d'honneur, qui la signalait à l'attention des
curieux et faisait appel à leur perspicacité.
L'acquisition faite récemment à la vente
Mailliet, pour le Cabinet des médailles de la
Bibliothèque royale, par M. Camille Picqué, mon
savant maître, vient répondre aujourd'hui à la
question posée, il y a trente -quatre ans. Cette
268
acquisition consiste en un exemplaire en étain de
la pièce prérappelée. Pour cet exemplaire, on n'a
pas jugé convenable, non plus que pour l'autre,
de tirer parti, en y plaçant une légende, de la
bande qui entoure, au revers, le trophée d'armes;
mais la tranche de la pièce porte, gravée au
burin, l'inscription : AUX BELGES POUR LA
DEFFENCE DU 3i MARS 1814.
La médaille est percée d'un trou, ce qui nous
fait penser qu'elle a dû être fixée, par un clou,
soit à un cadre, soit à la muraille, comme une
chère relique, dans la demeure d'un vieux brave
qui, sans doute, avait pris part à la défense dont
la ville des Chonq Clotiers fut le théâtre , le
3i mars 1814.
La date 1814 nous reporte à cette époque de
notre histoire où les Français firent de suprêmes
efforts pour disputer le territoire au flot envahis-
sant des armées alliées.
Le 17 février, à quatre heures du matin, sept
mille hommes de cavalerie et d'infanterie, com-
posant la garnison française de Tournai, quittè-
rent cette ville sous le commandement des
généraux Maison, Obert, Barrois, Penn , et se
dirigèrent sur Lille.
Bientôt après, arrivait un détachement de
hussards des avant -postes prussiens. Un corps
de dix mille hommes devait le suivre, qui aurait
refoulé le général Maison jusque sous les murs
de Lille.
269
Le détachement se rangea en bataille sur la
Grand'Place, où le maire de la ville, escorté de
bourgeois à cheval, remit à l'officier commandant
les clefs de Tournai.
La ville était désormais occupée par les alliés.
Les jours suivants, d'autres corps de troupes
vinrent s'y fixer.
Nous n'appuierons pas ici sur les événements
qui marquèrent la chute de l'Empire , nous
bornant à relever, dans le volumineux et naïf
Essai chronologique pour servir à l'histoire de
Tournai (*) d'Hoverlantde Beauwelaere, dont nous
respectons l'orthographe et la grammaire, les
particularités locales de l'attaque dont Tournai
eut à se deffendre et à laquelle notre médaille fait
allusion.
« Le 3i mars 1814, un corps de troupe française
de dix à douze mille hommes, commandés par le
général en chef comte Maison, revenant d'Anvers,
dirige une attaque sérieuse sur Tournay, avec
du canon et des obus :
« L'on tire à boulets rouges sur la malheu-
reuse ville de Tournay, du côté de la porte des
Sept-Fontaines ;
« L'attaque commence entre six à sept heures
le soir, et finit vers onze heures la nuit.
« Les troupes françaises vinrent par trois fois
à la charge pour escalader les palissades de la
(') Voy. t. XCIX, p. 28.
270
porte des Sept-Fontaines, et trois fois ils sont
repoussés avec perte.
« L'artillerie volante, placée sur nos remparts,
et servie par nos nouveaux canoniers belges, qui
venaient d'être enrôlés quelques jours avant ; cette
artillerie servie par ces fidels et courageux belges,
sauva la ville du pillage, que le général Le Marrois
promettait aux troupes françaises qu'il encoura-
geait par l'espoir de cette picorée carmagnolique.»
Qu'il me soit permis d'interrompre ici, un
instant, l'historien de Tournai, pour rapporter
l'opinion d'un journal de l'époque sur la conduite
des mêmes Belges :
« C'est à cette affaire, dit Y Oracle ('), qu'un
détachement d'artillerie belge, à peine formé, et
qui venait d'arriver à Tournay, s'est distingué
par son intrépide valeur. Cette petite troupe a
prouvé que les Belges d'aujourd'hui sont des
guerriers aussi vaillans que ceux qui disputaient
jadis à César la possession de cette même ville
de Tournay. Dans le même temps, nos canon-
niers se distinguaient par leur audace et leur
adresse devant Maubeuge, dont le bombardement
est poussé avec activité. »
Hoverlant de Beauwelaere, poursuivant sa nar-
ration, s'exprimait ainsi :
« Plusieurs hôtels furent fracassés et endom-
magés par l'artillerie française, tels que ceux de
(') Mercredi, 6 avril 1814.
27I
Lamotte-Baraffe, Hoverlant-Beauwelaere, Brias,
quai de l'Arsenal, l'hôtel du Mont-de-Piété de
Tournay, rue des Carmes, tous essuyèrent de forts
dommages.
« A la troisième attaque vers la porte des
Sept-Fontaines, un corps de chasseurs à pied de
troupes françaises, s'avança vers les murailles de
nos remparts et y planta des échelles pour les
emporter d'assaut.
« Cette attaque eut alors également lieu, vers
les portes de Lille et de Saint-Martin ;
« Les canonniers belges, qui en ce moment,
n'avaient plus de munitions pour faire jouer leurs
pièces, ce dont l'ennemi s'était d'abord apperçu ;
« Ces braves canonniers belges, arrachent les
fusils des mains des soldats saxons, se mettent à
découvert, sur les parapets des ramparts, et tuent
ou renversent à coups de bayonnettes, tous les
Français qui montaient à l'échelle;
« Cette action fut chaude et dura près de trois
quarts d'heure;
« Un colonel de chasseurs d'infanterie française,
fut tué à l'assaut, ce qui rallentit le courage des
assaillants ;
« Alors arrivèrent enfin des munitions d'artil-
lerie aux canonniers belges, qui les employèrent
avec tant de succès, que les troupes françaises en
essuyèrent une perte de plus de huit cents hommes,
tant tués que blessés.
« Vers minuit, l'on entendit la voix de stentor
272
des généraux Lemarrois et Roguet, qui ordon-
nèrent de battre la retraite, qui se fit avec beau-
coup de désordre. »
Fréd. Alvin.
273
QUATRE ÉNIGMES.
Planche D.
Ce titre, qui se rapporte à la planche D, que j'ai
l'honneur d'offrir à la Société royale de numisma-
tique , indique mon opinion personnelle. Je ne
doute pas que des lecteurs de la Revue, en exami-
nant les quatre figures gravées, n'y retrouvent tout
de suite une ou deux vieilles connaissances. Ce ne
sera peut-être pas le cas pour les deux monnaies
aux inscriptions arabes. Pour moi, j'ai perdu mon
latin à en demander l'interprétation à plus d'un
savant.
En ce qui regarde le tiers de sol et la bractéate
Scandinave en or, je ne les ai découverts dans
aucun livre à ma disposition. Il ne me reste donc
que la publication pour les mettre sous les yeux
des personnes plus versées que moi en numisma-
tique.
1. Tiers de sol appartenant à M. le docteur
A. Looxma Ypey, trouvé dans son tertre à Menal-
dum et conservé avec les antiquités de ce tertre
(un terra mare frison) à sa villa Vyverlust, à Ryper-
kerk.
Buste avec bonnet, tourné à droite.
274
Légende : TOMOUuOlIM, ou quelque chose de
semblable.
Rev. Croix à branches égales, accostée de deux
points en haut.
Légende : CHHAIVEBE (?) et deux )(.
Leblanc (édition d'Amsterdam, 1692, p. 66) fait
remarquer que le nom de Chéribert I, l'aîné des
enfants de Clotaire, roi des Francs, à Paris (56 1-
567), est indiqué sur six de ses monnaies comme
Utaribertus, Charibertus, Cheribertus, Heribertus;
mais les monnaies de ce prince paraissent avoir
au revers un calice à deux anses surmonté d'une
croix.
Faut-il donc penser à Chéribert II, régnant dans
le pays de la Garonne (A0 63o) ?
Leblanc produit, p. 65, d'autres monnaies au
nom d'un autre Cheribertus ; au revers, croix
élevée, accostée de M- A (Massilia). — Judicent
peritiores.
2. Bractéate en or, à bélière, uniface. Buste
coiffé ou heaume, à l'œil très grand, en cuirasse
ou habit tout boutonné, levant la main droite, à
peu près comme dans le salut militaire. Entre la
main levée et le menton se voit un I ; derrière le
buste, quatre perles. La légende consiste en qua-
torze I placés verticalement ou horizontalement.
Nous n'avons aperçu nulle part un insigne ou
ornement-bractéate qui ressemblât à cette pièce,
275
probablement trouvée en Drenthe, possédée par
M. le Dr P.-D. Kymmell, à Leeuwarde, depuis
novembre 1878, et provenant d'Assen.
Vu la ressemblance que cette bractéate présente
avec une autre figurée dans V Atlas de l'Archéologie
du Nord, tab. II, 26, nous osons la nommer une
pièce Scandinave. Mais sur la pièce indiquée par
moi, il y a le fameux corbeau d'Odin. Celui-ci
manque pourtant sur une troisième pièce, tab. III,
n° 33, à figure coiffée de la même manière que notre
n°2, mais le personnage y élève les deux bras.
Le droit est à comparer avec de Saulcy, pi. I,
nos 4 et 10, d'Anastase (4gi-5i5) ; le revers, avec
la pi. XXIII de Tibère-Constantin (582).
Nos 3-4. Avant de m 'occuper de ces deux mon-
naies, je dois rappeler ou indiquer à mes lecteurs,
s'il y en a, que, dans la Revice belge de numismatique
de l'an 1861 (3e série, t. V), existe une note de ma
main, intitulée : Souvenirs numismatiques des Croi-
sades. En tête de cette note, p. 243, est gravée une
monnaie appartenant aux Almohades, dynastie
qui, de 1121 à 1269, a régné en Espagne et en
Afrique.
La monnaie figurée p. 243, trouvée au bourg
ou château d'Idsinga, en Ostfrise, faisait partie
du butin enlevé par les Frisons croisés, probable-
ment entre le 3i juillet 1217 et le 4 août 1217,
à Santa-Maria (Hairin) ou à Rota, sur la côte
occidentale du Portugal, ou à Cadix, en Espagne.
276
Quand je publiais le n° 3, trouvé depuis au
village de Goënga, près de la ville de Sneek, en
Frise, dans le Vrye Fries, en i883, on m'avait
affirmé que les légendes des deux monnaies,
savoir celles d'Idsinga et de Goënga étaient à peu
près identiques; mais mon si exact lithographe,
M. A. Van Calsbeek, m'ayant assuré, après coup,
que les légendes diffèrent, il m'a semblé nécessaire
de donner un camarade à la figure d'une autre troi-
sième monnaie, également aux légendes arabes,
découverte postérieurement à Staveren.
Observons que la monnaie n° 3 fut trouvée à
Goënga.
J'ai vainement essayé d'obtenir des renseigne-
ments plus précis, mais j'ai fixé dans le Vrye Fries
l'attention sur les rapports qui existaient entre le
cloître Floridus Campus (Groningen-Ommelanden)
et le cloître Aula Dei à Goënga, fondé par Ubol-
dus (1245), ancien laïque du Floridus Campus, dont
l'abbé Emo de Wierum avait publié le récit de la
croisade de l'an 1217.
J'ai soupçonné que cet Uboldus avait possédé
et emporté de Floridus Campus à Aula Dei cette
monnaie qui faisait partie du butin de la croisade
susdite.
Le n° 4, à légendes semblables des deux côtés,
fut trouvé dans l'antique ville de Staveren ,
en i883, par un journalier exhaussant le bastion
de cette ville, au lieu où, auparavant, avait été le
blockhuis ou forteresse. C'est par l'intermédiaire
277
de M. le notaire Tjebbes de Workum que cette
monnaie, transformée en fibule, fut conservée,
ainsi qu'antérieurement celle de Goënga, pour le
musée de la Société frisonne. Celle de Goënga
porte aussi des traces de soudure, tandis que celle
d'Idsinga est couverte, au revers, d'une croix en
or, pour se prémunir contre l'effet diabolique des
caractères cabalistiques qui s'y trouvent.
Ma tâche se borne simplement à donner quelques
indications sur les lieux de trouvaille, indications
qui, en ce qui regarde les monnaies aux inscrip-
tions arabes, sont assez intéressantes, puisque ce
sont, je suppose, des croisés frisons qui les ont
rapportées dans leur pays.
J. Dirks,
de l'Académie royale des Pays-Bas.
Leeuwarde, 20 décembre 1886.
Année 1887. 18
278
CORRESPONDANCE.
Lettre de M. le baron Surmont de Volsberghe
à M. G. Cumont, à propos de la médaille pour
récompenser les services rendus aux armées de
l'Autriche et de ses alliés en guerre avec la répu-
blique française.
Monsieur et Confrère,
Vous vous rappelez sans doute les nombreuses
investigations que vous avez faites pour vous
éclairer au sujet d'une médaille austro-belge
de 1792 et sur laquelle vous avez publié un article
si intéressant que vous avez bien voulu m 'en-
voyer ().
Je vous disais alors que je me rappelais avoir vu
cette pièce ; je ne me trompais pas, mais je me
trompais en vous disant que je ne l'avais pas dans
ma collection ( ). Aujourd'hui, en intercalant
quelques nouvelles acquisitions, j'ai trouvé la
(') Vqy. ci-dessus pp. 52 à 70.
C) Vqy. noie 2, p. 67.
279
médaille en question ; elle est en cuivre rouge (peut-
être une épreuve ou une pièce de mise en train),
très correctement frappée, sans bélière et sans
traces d'en avoir eu une autrefois; du reste, com-
plètement semblable à la médaille que vous avez
décrite.
J'oubliais de vous dire que je dois avoir cette
pièce depuis longtemps puisque j'avais complète-
ment oublié sa possession.
Bon Surmont de Volsberghe.
Gand, 12 février 1887.
28o
NÉCROLOGIE,
M. Charles-François Onghena, membre effectif
de la Société royale de numismatique de Belgique
depuis le 4 juillet 1875, est décédé, à Gand,
le 16 décembre 1886, à l'âge de quatre-vingts ans
et six mois. Notre confrère était un graveur de
mérite et son œuvre compte plus de mille pièces
diverses. Dès l'âge de douze ans, il maniait le
burin : son premier essai date de 1818. Notre
Revue lui doit la gravure des cinquante-huit pre-
mières planches des médailles historiques du règne
de Léopold II.
M. Onghena possédait des antiquités de valeur
et une petite série numismatique, intéressante
surtout au point de vue des médailles des trois
Van Berckel. Ces collections, comme chacun le
sait, furent vendues publiquement à Gand, en
octobre i885.
A. de Witte.
28 1
MÉLANGES.
Medallic illustrations of the history of Great Britain
and Ireland to the death of George II, compiled
by the late Edward Hawkins, F. R. S., F. S. A.,
and edited by Augustus W. Franks, F. R. S.,
F. S. A., and Herbert A. Grueber. Printed by
order of the trustées of the British Muséum.
London : i885. 2 vol. in-8°.
L'utilité de cet ouvrage se faisait sentir depuis
longtemps. Il y a, en effet, plus de trois quarts de
siècle qu'aucun traité général et complet sur les
médailles anglaises n'ait paru. La seconde édition
de Pinkerton 's medallic History of En gland to the
Révolution remonte à 1802, et que de lacunes
encore dans cette publication déjà merveilleuse-
ment élaborée pour l'époque !
En fait, comme le dit très bien l'éditeur dans sa
préface, le nouveau livre que j'ai sous les yeux
fournira aux hommes d'études de l'Angleterre
des matériaux pour l'histoire de leur pays, sem-
blables à ceux que l'on trouve, pour l'histoire des
Pays-Bas, dans Van Mieris, Van Loon et leurs
continuateurs.
La première compilation des Medallic illustra-
282
tions of the history of Great Britain and Ireland est
l'œuvre de feu Edward Hawkins, nommé en 1826
conservateur-adjoint des antiquités et médailles
du British Muséum et, peu après, conservateur du
même département, poste qu'il occupa jusqu'à sa
retraite, en 1861. Il mourut en 1867.
Hawkins, dès sa tendre enfance, s'était passionné
pour les médailles et les caricatures politiques
relatives à son pays. Des deux grandes collections
qu'il forma de ces sortes de choses, la première fut
acquise en 1860 et l'autre en 1868, par le gouver-
nement anglais. Bien avant d'entrer au service des
curateurs du British Muséum, il avait préparé et se
disposait à publier un catalogue de ses médailles ;
mais il fut décidé plus tard que cette entreprise
particulière verrait le jour comme publication du
British Muséum. Une partie du catalogue était
imprimée en i852. Elle s'arrêtait au règne de
Guillaume III. Soumise aux Trustées du Musée
britannique, ceux-ci y remarquèrent des insinua-
tions contre les caractères publics, que l'on pou-
vait admettre dans une publication privée, mais qui
n'étaient pas à leur place dans un livre publié par
le gouvernement. Ce contre-temps valut à l'ou-
vrage trente-trois ans de portefeuille. En 1864, la
question revint sur le tapis : il fut décidé qu'avec
l'autorisation de M. Hawkins on re viserait les
notes historiques et qu'on chargerait de ce travail
MM. Vaux et Franks.
En procédant à la revision, on s'aperçut que le
283
premier auteur n'avait pas eu l'occasion de visiter
les médailliers étrangers, si ce n'est pourtant
celui de la Bibliothèque nationale de Paris. Avec
l'autorisation des curateurs du Musée britan-
nique, M. Franks parcourut l'Europe, visitant
successivement les collections de France, de Bel-
gique, de Hollande, d'Allemagne, de Danemark,
de Suède et de Russie.
Le résultat du voyage et des investigations de
M. Franks permit d'ajouter quatre cent quarante-
six pièces à l'ouvrage et de fixer, une fois pour
toutes, le public sur le degré de rareté des
médailles anglaises (car la rareté est indiquée pour
chaque pièce dans le livre).
M. Grueber, du département des coins et mé-
dailles du British Muséum, mérite une mention
spéciale pour la façon avec laquelle il a travaillé à
mener à bien l'importante entreprise. Il a écrit, en
outre, pour le livre une introduction fort intéres-
sante et des index à l'usage des chercheurs.
Pour ne pas porter à l'exagération le volume et
le prix de l'ouvrage, on a dû se contenter de ne
figurer que les pièces les plus importantes et qui
jusqu'ici n'avaient pas été reproduites. Les auteurs
se sont arrêtés au règne de Georges II, pour la
raison que les médailles des règnes suivants sont
en nombre trop considérable et ne demandent pas,
à la vérité, d'être accompagnées de descriptions et
de renseignements historiques qu'il eût fallu faire
et rechercher avec le même soin et la même
284
patience que pour les pièces plus importantes des
siècles antérieurs.
Fréd. A.
Deux médailles de la Société d'agriculture du Brabant
septentrional (Pays-Bas).
Ces médailles dont nous pouvons faire la des-
cription, grâce aux indications fournies par notre
zélé confrère M. le chevalier M. -A. Snoeck, de
Bois-le-Duc, portent toutes les deux au revers un
taureau cheminant dans une prairie à l'horizon
de laquelle se profilent un moulin à vent et le
clocher pointu d'une église ; ce paysage est
entouré d'une guirlande d'instruments agricoles,
de produits de la terre et de diverses plantes four-
ragères au milieu desquels surgissent à droite une
tête de bœuf et à gauche une tête de cheval. En
outre, à côté de quelques gerbes est placée une
ruche environnée d'abeilles ; les extrémités supé-
rieures de la guirlande sont réunies par un ruban
au milieu duquel est posée en guise de couronne-
ment une tête de bélier; sur la banderole est
inscrite la phrase : TUA RES — AGITUR.
La médaille de la Société d'agriculture du Bra-
bant septentrional a été gravée, en 1884, par
M. Janssen, de Breda.
285
Elle porte, au droit, les armes du Brabant sep-
tentrional surmontées du bonnet ducal (duché
de Brabant) et entourées d'une couronne de lau-
rier; au-dessous : m. janssen . breda, et autour :
NOORDBRABANTSCHE MAATSCHAPPIJ
VAN LANDBOUW *
(Société d'agriculture du Brabant septentrional.)
Cette médaille nous a été donnée par M. Snoeck
que nous tenons à remercier de cette gracieuseté.
Quanta la seconde médaille frappée pour récom-
penser les lauréats de l'exposition agricole orga-
nisée à Eindhoven , en 1886, nous n'avons à signaler
qu'une légère différence avec la première pièce :
Les armoiries du Brabant entourées d'une cou-
ronne de laurier ont fait place à l'inscription :
AFDEELING EINDHOVEN
ONDER AFDEELING STRATUM.
(Section d'Eindhoven, sous-division de Stratum
ou Straten.)
G. C.
286
La planche reproduisant les nouvelles monnaies
de la République de Bolivie et publiée dans cette
livraison a été gracieusement offerte à la Société
par MM. Eschger-Ghesquière.
Les pièces de 10 et de 5 centavos sont en alliage
de nickel au titre de 75 p. % de cuivre et de 25 p. %
de nickel et du poids respectif de 4 grammes et de
2 1/2 grammes.
Les pièces de 2 et de 1 centavos sont en bronze
au titre et au poids des monnaies françaises,
A. Bri.
Canadian numismatics. A catalogue of the coins,
medals and tokens of the Dominion of Canada.
Part. I. Montréal, 1886, gr. in-8°, 127 pages, plan-
ches et vignettes dans le texte.
Sous ce titre, M. Robert Wallace Mclachlan
décrit avec science, en les accompagnant de nom-
breux commentaires historiques et numisma-
tiques, six cent dix-neuf monnaies, médailles et
jetons fabriqués pour ou dans le territoire cana-
dien.
Faisons remarquer cependant que sur les pièces
de i5 et de 5 sols (Hoffmann, Monnaies royales de
France, pi. XCVI, nos 100 et 101), frappées par
ESCHGER, aHESQUIERE & Ê
Republique de Bolivie,.
76>
287
Louis XIV, en 1670, la marque de l'atelier moné-
taire n'est pas, comme l'avance M. Mclachlan, un
soleil, au droit, et une petite tour, au revers, mais
tout simplement la lettre A, Paris, placée sous l'écu
de France.
Un oubli aussi à signaler pour les monnaies
émises pendant la domination française : c'est le
double tournois forgé à Paris et portant au droit :
LVDOVICVS • D ■ GR • FRAN ■ ET ■ NAV •
REX. Grand L surmonté d'une couronne et accosté
de 16 - 70. Rev. DOVBLE — DELA — MERIQVE
FRANÇOISE • en quatre lignes ; au-dessous, A
cerné par trois rieurs de lis. Cette pièce n'est pas
citée par M. Weyl comme faisant partie de la
collection Fonrobert, mais elle se trouvait dans
les séries de M. Gréau, vendues à Paris, en 1867,
n° 735 du catalogue.
L'auteur de la Canadian numismatics annonce,
au surplus, pour 1888, une deuxième partie dans
laquelle il espère pouvoir faire connaître encore
deux ou trois cents pièces. Il fait appel à ce propos
à tous les possesseurs de monnaies, jetons ou mé-
dailles se rapportant au Canada. Cette suite viendra
donc parachever d'une façon sensible l'étude, déjà
si étendue, publiée aujourd'hui.
A. de Witte.
Découverte d'antiquités gallo-romaines faite à Cas-
teau, en 1784; par G. Cumont. In-8°, 7 pages.
Notre collègue, M. G. Cumont, vient de publier
dans le tome XX des Annales du Cercle archéologique
de Mous, deux documents relatifs à une découverte
de monnaies romaines, faite à Casteau, en 1784.
L'un de ces rapports, signé par l'avocat fiscal
Papin et adressé, sur l'ordre du gouvernement,
au conseil des Finances, a déjà été reproduit par
M. Pinchart; l'autre, resté inédit, émane de
Nicolas Duchesne, mayeur du village de Casteau.
Cette communication est accompagnée de notes
explicatives qui lui donnent un renouveau d'intérêt.
A. de W.
Numismatique de V Alsace, par Arthur Engel,
ancien membre des écoles françaises d'Athènes
et de Rome, et Ernest Lehr, docteur en droit,
auteur de Y Alsace noble. Paris, Ernest Leroux,
28, rue Bonaparte, 1887. In-40, 272 pages,
46 planches et nombreuses vignettes dans
le texte.
Sous le titre de Versuch einer Miïnzgeschichte
des Elsasses, le baron Auguste de Berstett avait
publié, en 1840, un essai de la numismatique
générale de l'Alsace. Depuis lors ce recueil, non
289
sans mérite mais fort incomplet et comparable,
sous plus d'un rapport, à l'histoire numismatique
de l'évêché de Liège du comte de Renesse-Breid-
bach, était resté malheureusement le seul vade-
mecum possible de tous les collectionneurs des
monnaies alsaciennes.
MM. Engel et Lehr sont venus mettre fin à ce
regrettable état de choses en faisant paraître leur
splendide volume : La numismatique de V Alsace.
Le projet de cette monographie est dû à M. Engel,
qui, pendant dix ans, s'est occupé à réunir les
premiers matériaux de cette difficile étude. Lui et
M. Lehr ont ensuite élaboré, en commun, le plan
du livre même. Ils se sont partagé les chapitres,
chacun signant son texte, tout en revisant mutuel-
lement leurs travaux afin d'obtenir l'homogénéité
indispensable à un bon ensemble.
De cette association de deux hommes de talent
et de science est née l'une des plus belles œuvres
numismatiques que nous connaissions, tant au
point de vue de l'érudition qu'à celui de l'exécu-
tion matérielle, partie si importante dès qu'il s'agit
de monnaies. Les planches phototypiques qui
terminent le volume, comme aussi les dessins, dus
au procédé :Gillot, intercalés dans le corps de
l'ouvrage, sont absolument irréprochables.
« Nous avons volontairement, disent les auteurs
« dans leur préface, laissé de côté les médailles
« contemporaines, à quelques très rares excep-
« tions près. Pour les monnaies, nous ne dépas-
290
« sons que dans un seul cas, — pour les monnaies
« obsidionales de Strasbourg de 1814 à i8i5, — le
« premier tiers du xvme siècle : il n'y a plus
« au-delà de cette époque de monnaies alsaciennes
« proprement dites, c'est-à-dire de monnaies frap-
« pées dans le pays et spécialement pour le pays. »
Comme toutes les provinces belges, sauf la
Flandre, l'Alsace faisait jadis partie de la Lotha-
ringie.
A ce titre sa numismatique n'est pas sans avoir
quelque intérêt pour nous ; c'est ce qui nous décide
à essayer de donner un aperçu rapide, trop rapide
à notre désir, du magnifique travail de nos savants
confrères.
Dans une courte et intéressante introduction,
MM. Engel et Lehr embrassent brièvement, dans
son ensemble, l'histoire métallique de la province
alsacienne ; puis ils nous signalent toute une série
d'ateliers monétaires apocryphes, comme aussi ils
nous indiquent les officines connues par les textes,
mais dont on n'a pas jusqu'ici retrouvé les pro-
duits. Cette étude préliminaire, de la plus haute
utilité pratique, se termine par la désignation des
noms et des valeurs des monnaies citées et aussi par
une courte définition de chacun des termes tech-
niques employés par la suite. Enfin, nous trouvons
une bibliographie numismatique fort complète de
l'Alsace, et nous voilà arrivés au premier chapitre,
qui traite de l'atelier de Bergheim, dont on ne
connaît encore qu'un seul échantillon. C'est une
291
bractéate, publiée en i858, par le docteur Meyer
de Zurich.
Colmar, ville impériale, qui frappe monnaie
dès le xive siècle, ne nous' donne pas moins de
quatre-vingt-seize variétés d'espèces métalliques
forgées tant au nom seul de la ville qu'à celui des
empereurs Charles V (?), Ferdinand Ier, Maximi-
lien II, Rodolphe II et Léopold Ier.
Ensisheim, l'atelier monétaire des landgraves
de la Haute-Alsace de la maison de Habsbourg,
fournit un numéraire abondant; et, bien que cette
officine ne resta ouverte que de 1584 à i632, c'est
par centaines que se comptent les variétés de
thalers qui y furent frappées. M. Lehr décrit d'ail-
leurs trois cent vingt-quatre monnaies émises par
les landgraves et neuf jetons aux armes du land-
graviat.
La baronnie de Froberg (Montjoye) n'est connue
que par un billon resté unique.
Le monnayage d'Haguenau, ville impériale dès
1255, débute par un denier au buste de l'empereur
et à la légende IMPERATOR. Cette pièce doit être
du xiie siècle. Viennent ensuite les monnaies
d'argent que la trouvaille d'Illingen a mises au
jour. Enfin, avec un florin d'or au Saint-Jean-
Baptiste, que les auteurs conservent à l'Alsace,
commence la période municipale, incontestable
seulement à partir de 1600. Cette période se
termine en l'année 1673, après l'émission de
quatre-vingt-sept monnaies diverses ou variées.
292
Landau ne nous offre que des obsidionales et
des médailles relatives aux différents sièges subits
par cette vaillante ville.
Les comtes de Hanau - Lichtenberg avaient
obtenu déjà, en i368, le droit de battre monnaie,
mais ce n'est qu'en 1587 que Philippe IV et son
fils, Philippe V, qu'il avait associé au gouverne-
ment, se décidèrent à faire usage de cette préro-
gative. Ils établirent un atelier monétaire à Wœrth
qui se ferma en i632. Jean-René Ier fit forger, en
même temps, de 161 1 à 1629, à Babenhausen. Sous
Frédéric-Casimir, l'on travailla à la fois à Hanau
et à Bouxwiller. « Après lui, il n'y a plus, à pro-
« prement parler de monnaies alsaciennes pour
« Hanau-Lichtenberg. » Cependant, M. Lehr fait
encore connaître le numéraire émis par les neveux
de Frédéric - Casimir , Philippe -René et Jean-
René II, qui successivement héritèrent de Lichten-
berg. Nous obtenons airïsi le chiffre respectable
de deux cent vingt-six monnaies pour cette sei-
gneurie.
Nous ne nous arrêterons pas aux petites mon-
naies, de caractère local, attribuées dubitative-
ment à Molsheim et nous passerons immédiatement
à Mulhouse, république alliée des Suisses. Sa
numismatique compte dans l'ouvrage de nos
savants confrères dix-neuf numéros dont un est
consacré à une médaille rappelant la prise de
Mulhouse, en 1587.
En 1544, Charles V conféra à l'abbaye de Mur-
293
bach le droit de battre monnaie. L'on connaît des
pièces aux noms des abbés : Jean-Rodolphe, Jean-
Ulric de Raittenau, André d'Autriche, Léopold V,
archiduc d'Autriche, Léopold-Guillaume d'Au-
triche, Colomban d'Andlau et François-Egon de
Furstenberg ou Félix-Egon.
Bien que les seigneurs de Ribeaupierre aient
monnayé dès le xme siècle, une seule de leurs
monnaies, au nom d'Egénolphe et au millésime
de 1564, est parvenue jusqu'à nous.
Ensuite M. Engel décrit deux médailles de
Schlestadt et un denier à deux bustes impériaux
vraisemblablement de l'abbaye de Seltz.
Nous voici maintenant à l'article traitant de la
numismatique de Strasbourg.
Ce chapitre, qui l'emporte en importance sur
tous les autres puisqu'il ne renferme pas moins de
sept cent vingt-trois numéros, est l'œuvre parfaite-
ment réussie de M. Arthur Engel.
L'époque mérovingienne est représentée pour
Strasbourg par quelques triens seulement. La
période carolingienne est plus riche puisque nous
possédons des deniers de Pépin le Bref, de Louis
le Débonnaire, de Lothaire Ier et II, de Louis le
Germanique, de Carloman, de Louis de Germanie
et de Charles le Simple.
Othbert est le premier évêque qui se hasarde,
tout au commencement du xe siècle, à placer ses
initiales au revers des monnaies, frappées au nom
des empereurs.
Année 1887. 19
294
M. Engel fait cependant judicieusement remar-
quer que la prime preuve de la participation d'un
évêque de Strasbourg au monnayage impérial,
nous est fournie par un denier de Louis le Débon-
naire, et cela sous la forme de la volute d'une
crosse glissée timidement entre les lettres de la
légende.
Godfried, Richwin, Eberhard, Udo III suivirent
l'exemple d'Othbert; toutes leurs pièces sont
d'ailleurs extrêmement rares. Erkenbold va plus
loin et inscrit hardiment son nom et son titre sur
l'une des faces des deniers (965-ggi).
Cependant jusqu'à cet évêque et même de loin
en loin après lui, il existe, à côté du numéraire
épiscopal, un monnayage purement impérial, assez
abondant, au nom unique de l'empereur.
Wernher (1001-1028) signe seul un certain nom-
bre de pièces « puis, au début du deuxième quart
« du xie siècle, c'est-à-dire à l'époque qui corres-
« pond précisément au plus grand développement
« de la puissance féodale, le monnayage stras-
« bourgeois signé s'arrête et les Husgenossen vont
« désormais consacrer leurs soins à l'émission des
« pièces anonymes. » Henri Ier (1181) fait seul
exception à cette règle : sa monnaie porte son
nom HENRICVS.
Outre l'atelier établi à Strasbourg, les évêques
monnayèrent à Altorf et à Chatenoi; puis, beaucoup
plus tard, après que la municipalité de leur cité
épiscopale se fut emparé de l'officine monétaire de
295
la ville, à Molsheim, à Saverne, à Guebwiller.
Enfin, postérieurement à l'arrivée des Français
en Alsace, ils frappèrent à Oberkirch et à Gunz-
bourg.
« A la fin du xme siècle, Conrad de Lichtenberg
« et, dans la suite, la plupart de ses successeurs,
« cédèrent, tantôt à des groupes d'entrepreneurs
« appartenant à la bourgeoisie strasbourgeoise,
« tantôt à la ville elle-même, l'exploitation de leur
« forge monétaire. » En 1422, les droits de l'évê-
que se trouvaient réduits à la nomination du
maître de la monnaie. Par lettres datées du 20 jan-
vier i5o8, l'empereur Maximilien Ier accorda à
Strasbourg le droit d'émettre des florins d'or et la
ville conserva le privilège de battre monnaie même
quelques années après l'occupation de la cité
argentine par les Français. Ce ne fut qu'en i6g3
que Louis XIV y fit frapper monnaie pour son
propre compte. Et encore le cours des pièces avec
MONETA NOVA ARGENTINENSIS était -il
réservé à la seule province d'Alsace. A partir
de 17 16 toutes les monnaies portent le type ordi-
naire des monnaies de France et avec cette année
se termine définitivement le monnayage local de
Strasbourg.
Les médailles des évêques stràsbourgeois sont
relativement nombreuses ; M. Engel les explique
avec soin. Ce chapitre capital s'achève par l'énu-
mération des médailles des corporations, du tir
de i5go, des jubilés religieux, de l'Académie, du
296
règne de Louis XIV, des particuliers et aussi par
la description des monnaies de nécessité de 1814
et de i8i5.
Thann nous donne une pièce frappée par un
archiduc d'Autriche, Léopold, et, comme produit
de son atelier municipal, une cinquantaine de
monnaies.
A Weinbourg, les comtes Palatins de Deux-
Ponts- Veldenz, Georges-Jean Ier et Léopold-Louis
émettent de l'argent et du billon. Enfin nous
faisons connaissance avec le monnayage de l'ab-
baye et de la ville de Wissembourg.
La description d'un certain nombre de monnaies
encore à classer termine la Numismatique de l'Al-
sace, œuvre réellement remarquable qui fait le
plus grand honneur à ses auteurs et dont la place
est marquée, désormais, dans la bibliothèque de
.tout vrai numismate.
Alphonse de Witte.
Penningkundig repcrtorium de M. J. Dirks.
Depuis notre dernière communication sur cet
important travail , l'éminent numismate néer-
landais a fait paraître cinq nouveaux fascicules
(LVIII à LXII), comprenant encore une partie
de l'année i6g5 jusqu'à la fin de 1697, n° 2384
à n° 2549.
297
Comme dans les livraisons précédentes, nous y
trouvons de nombreuses données et indications
des plus précieuses. Ce travail est une riche
source d'érudition pour tous ceux qui s'occupent
de la numismatique des xve, xvie et xvne siècles.
A propos des médailles prétenduement faites
par Folkema, graveur en taille douce, qui ne fut
jamais médailleur ('), M. Dirks communique,
dans une note au n° 2504, qu'à sa demande,
M. E.-Ph. Erfmann, de Rotterdam, et M. J.
Schulman, d'Amersfoort, ont examiné au cabinet
royal des médailles, à la Haye, et au cabinet de feu
M. P. -H. van Gelder (musée de l'Etat), les trente
et une médailles attribuées erronément à Folkema
et que ces messieurs ont constaté qu'aucune de
ces pièces ne porte ce nom.
Les suppositions de notre savant confrère,
M. Jules Rouyer, sont sous tous les points pleine-
ment confirmées. Dans l'ouvrage de Van Loon,
les pièces en question n'ont pas été reproduites
d'après les médailles elles-mêmes, mais d'après
des dessins gravés et signés par Folkema.
Cte M. N.
(') Voy. l'article de M. Jules Rouyer, De l'orfèvre frison Jean-
Jacques Folkema, en ce qui concerne les médailles de Louis XIV et
autres qui lui sont attribuées. Examen de la question de savoir s'il y
a de ces médailles qui sont de lui. Revue belge de numismatique,
i885, pp. 333-348, et notre communication sur le travail de M. Dirks.
Revue belge de numismatique , 1886, pp. 371-372.
298
M. J. Dirks vient de publier les acquisitions
faites par le cabinet numismatique et sphragis-
tique, à Leeuwarden, du Ier juillet i885 au 10 sep-
tembre 1886.
Parmi les cent vingt-six numéros de cette liste,
nous avons particulièrement remarqué les nos 11-
14, quatre précieux et curieux ornements en or et
à belières, dits bractéates Scandinaves remontant
du ve au vme siècle, et représentant le Mitgard-
slang ou Jormungandur, monstre ou serpent marin
de la mythologie du Nord.
Le n° 60, environ cent monnaies d'évêques et
de préfets d'Utrecht du xne siècle, dont était com-
posée la trouvaille de Hijum.
Ensuite plusieurs monnaies fort rares de la
Frise, entre autres n° 61, monnaie de Dokkum,
sous Bruno (io38-io57), inédite; n° 64, monnaie
de Bolsward, sous Egbert (1057-1068) ; nos 65 et 66,
monnaies rares de Leeuwarden ; n° 67, florin d'or
de Georges de Saxe, gouverneur de Frise (i5oo-
i5i5); n° 69, demi-écu à l'aigle de 1584; n° 70,
ducat de i5g5, inédit; n° 72, pièce de 7 sous de 1601,
inédite ; n° 73, écu au lion de 1602, avec Mo — no
— ord., inédit.
Nos 74 et 77, dûtes de i6o5 et 1-617, avec Msî dns
nobiscv etnobiscvm, inédites; n° 81, médaille mor-
tuaire, en argent et gravée, de Bernard Scho-
tanus, professeur à l'université d'Utrecht, mort
le i5 octobre i652; n° 97, jeton inédit de Bucho
van Ayta; n° 97*, médaille de la diète frisonne,
299
1711, au buste de Jean-Guillaume-Friso, prince
d'Orange-Nassau, stadhouder de Frise; n° gg,
médaille inédite au buste de Guillaume IV,
prince d'Orange -Nassau, de 1748; et enfin les
n08 117 et 118, exemplaires en argent et en bronze
de la médaille offerte en or, en argent et en bronze,
à M. J. Dirks, par la Société historique, archéolo-
gique et littéraire de la Frise, dont voici la descrip-
tion :
Mr JACOB DIRKS. i836 — 28 MAART 1886.
Buste.
Rev. HET FRIESCH GENOOTSCHAP VAN
GESCHIED-, OUDHEID- EN TAALKUNDE.
(La Société frisonne d'histoire, d'archéologie et
de philologie.)
Dans une couronne de myrte :
LID 28 MAART i836
PENNINGMEESTER 5 APRIL 1841
VOORZITTER 8 JULI i852.
(Membre, 28 mars i836; trésorier, 5 avril 1841 ;
président, 8 juillet i852.)
Hommage certes bien mérité (').
Cte M. N.
(') Voy. Revue, 1886, p. 353
3oo
Description des monnaies de la Numidie et de la Mau-
ritanie et leur prix basé sur le degré de rareté, par
L. Charrier. ire partie. Numidie. Bône, typog.
A. Carie, 1886, in-40, 48 pages et 6 planches (').
Le classement adopté dans cet ouvrage diffère
en bien des points de celui suivi jusqu'ici et pré-
senté, jadis, par MM. Muller, Falbe et Lindberg
dans leur numismatique de l'ancienne Afrique.
Les appréciations nouvelles émises par M. Char-
rier prouvent, chez lui, un esprit fin, observateur et,
de plus, une étude longue et consciencieuse de son
si ingrat sujet. Le système de notre savant confrère
repose, en ce qui concerne les monnaies royales
tout au moins, sur un examen minutieux des traits
des personnages représentés et aussi sur les lieux
d'origine des trouvailles, autant, peut-être, que
sur la lecture des légendes. Ces dernières, écrites
en caractères puniques, le plus souvent incom-
plètes , d'un sens difficile à saisir , offrent de
grandes difficultés d'interprétation et peuvent
donner matière à de nombreuses controverses.
Juger du bien fondé des opinions de l'auteur,
lorsqu'il discute l'une ou l'autre attribution, sans
avoir les exemplaires en nature (*) sous les yeux,
(') Prix franco, i5 francs. S'adresser à l'auteur, sous-préfecture de
Bône, Algérie.
(2) Ou tout au moins les planches. 11 faudrait pour l'intelligence des
lecteurs reproduire les dessins des monnaies en litige ; ce qui, natu-
rellement, est impossible.
3oi
nous semble, dans la plupart des cas, difficile avec
sa manière de procéder. Nous nous bornerons
donc à résumer brièvement et simplement ces
intéressantes et curieuses pages.
La description des monnaies de la Numidie se
divise en trois parties :
I. LES ROIS.
Masinissa, fils de Gala (202-148 av. J.-C). — A ce
roi ou plus exactement à l'époque de son règne,
M. Charrier attribue une série de dix pièces —
moyens et petits bronzes — dont quatre encore
inédites. Ces médailles portent, au droit, une tête
barbue et diadémée, à gauche; et, au revers, un
cheval, quelquefois avec traces de légende. Muller
avait classé ces monnaies aux rois Adherbal et
Hiempsal et donné à Masinissa de l'argent et du
bronze qui se rencontrent, paraît-il, en Sicile et
en Espagne, mais jamais dans le territoire de l'an-
cienne Numidie.
Micipsa (148-118). — Sept bronzes de différents
modules. Tête à gauche et cheval, au revers, le
plus souvent avec une légende. « Les pièces don-
"« nées à Micipsa, a bien voulu nous écrire
« M. Charrier, ont fait l'objet d'un classement
« nouveau. Une petite partie seulement a été
« reconnue appartenir à ce roi. Il a fallu, en pré-
« sence des portraits distincts, que présentent les
« autres, les classer aux incertaines. »
302
Adherbal et Hiempsal-Jugurtha (n 8-106). — Les
monnaies attribuées jusqu'à ce jour à Jugurtha
sont rejetées par l'auteur qui s'appuie, ici encore,
sur le fait qu'aucune découverte n'en a jamais été
faite en Algérie. Il ne connaît pas de numéraire
pouvant convenir à Adherbal ou à Hiempsal.
Hiempsal II (106-60). — Six pièces, en bronze
et en argent. Au droit : tête de Cérès ou un profil
imberbe ; au revers : cheval à droite, avec légende
et attributs divers. Le dernier denier d'argent
publié par M. Charrier est inédit et pourrait
représenter, d'après lui, le profil d'Hiarbas,
compétiteur d'Hiempsal II.
Jiiba Ier, fils d'Hiempsal (60-46). — Neuf pièces
diverses. L'art gréco-africain s'efface devant l'in-
fluence de Rome. « D'importantes modifications
« se remarquent ici, dans la fabrique des mon-
« naies. Les pièces d'argent sont frappées dans le
« système romain : denier, quinaire et sesterce.
« Le type du cheval, distinctif des monnaies
« numidiques depuis plusieurs siècles, disparaît
« des monnaies de bronze et le nom du roi est
« écrit tantôt en punique, tantôt en latin. »
Masinissa, contemporain de Juba. — D'accord
avec Muller, M. Charrier classe à ce prince deux
bronzes à légendes puniques, puis il fait connaître
une pièce représentant, croit-il, Arabian, fils de
Masinissa, qui aurait régné du vivant de son père.
Vient ensuite toute une série de monnaies
royales incertaines. « Elles entrent dans la pro-
3o3
« portion de neuf dixièmes sur le chiffre des pièces
« numidiques connues. Elles présentent aussi un
« grand nombre de portraits de rois. »
II. MONNAIES DES VILLES.
M. Charrier est parvenu à reconnaître le mon-
nayage de douze villes, qui sont : Cirta (4 bronzes),
Rusicada (2), Gazauphala (2), Hippo regius (3),
Tabraca (1), Sitifis (2), Saraï (1), Bulla regia (2),
Macomada (3), Salviana (2), Theveste (3) et
Tagura (1).
Les monnaies attribuées à Rusicada l'avaient
été par Muller d'abord à Utique, puis à Tocatua;
celles données à Theveste étaient restées jusqu'ici
parmi les incertaines de la Numidie, etc., etc.
III. ROIS DE MASSÉSYLIE.
Syphax et Vermina sont les deux seuls rois de
la Numidie occidentale dont l'histoire nous ait
conservé le souvenir. Quatre bronzes leur appar-
tenant sont décrits par M. Charrier qui ne voit pas
dans la tête nue aux cheveux courts du droit des
trois premières de ces monnaies la personnifica-
tion du peuple numide, mais bien le portrait du
roi Syphax. Le quatrième bronze serait de Ver-
mina. L'auteur termine enfin en donnant dubi-
tativement à Lacumacès un joli denier d'argent
considéré par Muller comme étant de Bocchus Ier
ou de Vermina, fils de Syphax.
3 04
La description des monnaies de la Numidie est
accompagnée de six planches reproduisant photo-
graphiquement presque toutes les pièces citées
dans le texte, le plan de Rusicada et l'inscription
néo-punique de la nécropole de Djenan Ald-Er-
Rahman ('). A bientôt, espérons-le, la numisma-
tique de la Maurétanie.
A. DE WlTTE.
Histoire monétaire de Genève de i535 à 1792, par
Eugène Demole, Docteur en philosophie, Con-
servateur du Cabinet de Numismatique de
Genève, avec 9 planches de reproductions de
monnaies. Genève, 1887. Un beau volume in-40
de 373 pages. (Extrait des Mémoires et Docu-
ments de la Société d'Histoire et d'Archéologie
de Genève.)
Nous ne savons ce que l'on doit le. plus admirer
des profondes connaissances de l'auteur dans la
numismatique de son pays ou de la patience dont
il a fait preuve dans la recherche des documents
nécessaires à l'achèvement d'un pareil travail; et,
quand on a pu s'en rendre un compte exact, on est
amené à supposer que, s'il a pris tout le temps et
(') M. Charrier mécontent du résultat obtenu par la photographie,
vient de se décider à recourir à la phototypie. Les planches seront
refaites à Paris.
3o5
les soins nécessaires pour le mener à bonne fin,
il a dû y consacrer plusieurs années. C'est bien à
ses poumons que la poussière des Archives a dû
rappeler souvent le Mémento, homo, quia pulvis es de
la Genèse !...
Aussi, n'avons-nous pas la prétention d'analyser
ce beau livre, l'espace dans lequel nous sommes
tenu de nous renfermer nous interdisant d'en
donner un précis raisonné qui dépasserait les
limites permises. Nous dirons seulement que, des
trois périodes. successives du monnayage genevois
auxquelles cette étude aurait pu donner lieu, la
période bourguignonne et mérovingienne, celle
des Evêques, et enfin celle des Magistrats de
Genève constituée en Etat indépendant, la der-
nière seule, en majeure partie du moins, a été
abordée par M. Eug. Demole : elle s'étend de
i535 à 1792, et le savant conservateur du Cabinet"
de Numismatique explique pourquoi il ne l'a pas
continuée jusqu'à nos jours.
L'organisation de cet atelier est étudiée dans la
première partie de ce mémoire. On y trouve le rôle
des officiers et des employés de la Monnaie, les
procédés de fabrication et les emplacements de
l'atelier. La seconde partie est consacrée à l'acti-
vité de l'atelier ; elle comprend l'étude des sys-
tèmes monétaires suivis à Genève de i535 à 1792
et l'énumération des diverses monnaies frappées,
avec les ordonnances qui en fixent le titre, le
poids, le type et la quantité. La troisième partie
3o6
est réservée aux relations monétaires de Genève
avec l'étranger, et la quatrième partie aux descrip-
tions.
Enfin, ce magnifique volume est accompagné
de 9 planches avec 85 figures.
Ce travail, parfaitement coordonné, est accom-
pagné de tableaux précieux, bien faits pour en aug-
menter la valeur aux yeux des numismates, qui,
sans de longues perquisitions, pourront classer
avec certitude leurs monnaies les plus douteuses.
Ajoutons, enfin, que, si M. Eug. Demole nous
a donné les motifs pour lesquels son Histoire moné-
taire de Genève s'arrête à la date de 1792, il n'a pas
renoncé pour cela à la continuer jusqu'en 1848,
et qu'il nous en fait espérer l'achèvement pour un
avenir prochain. Mais alors, qu'il nous permette,
en terminant, de lui exprimer nos regrets de ce qu'il
n'a pas jugé convenable de commencer son travail
par l'étude approfondie des deux premières périodes
du monnayage de Genève. C'était un ouvrage
digne de son érudition et nul mieux que lui ne
pouvait le mener à bonne fin. Ab Jove principium.
Il aurait dû commencer par là. Espérons donc que,
s'il a mis la charrue avant les bœufs, — ou plutôt
la locomotive avant le train, — l'auteur n'en tra-
cera pas moins ce sillon si intéressant à exploiter,
surtout quand on dispose, comme lui, de la science
acquise. Sa patrie lui en sera reconnaissante.
G. V.
307
Dans YInstructie voor aile wisseleers de gêner ael
Meesters van de Coninck Maiesteyts munte, etc., impri-
mée à Anvers, en i58o, chez Guillaume Van Parys,
se trouve gravé, à la page 88, parmi les monnaies
d'or pour lesquelles les changeurs auront à payer,
à l'esterlin, « xix st. xxviij myten », le florin au
Saint-Lambert assis, décrit par nous dans la pré-
cédente livraison de la Revue. Cette pièce est donc
bien une monnaie (').
Remarquons, en passant, que, d'après la vignette
de l'instruction anversoise, le petit écu placé en
cœur ou en abîme, sur l'un des écussons qui ter-
minent les branches de la croix du revers, est lisse
et non pointillé. C'est le contraire qui existe sur
les deux exemplaires connus, une nouvelle étude
de ces pièces nous a permis de le constater.
A. de Witte.
Les desiderata de la numismatique du Dauphiné, par
G. Vallier. Grenoble, 1886, in-8°, 23 pages,
4 figures sur bois dans le texte et une planche.
Extrait de la Petite Revue Dauphinoise.
Dans cette notice, particulièrement intéressante
(')C'est à cette opinion que s'est aussi arrêté M. le baron de Chestret,
après avoir examiné, en nature, l'exemplaire de la collection Piat.
Malheureusement la lettre que notre érudit confrère a bien voulu nous
écrire à ce sujet nous est parvenue trop tard pour qu'il fût possible d'en
faire usage. Notre article : Numismatique liégeoise, était déjà imprimé
3o8
pour les collectionneurs de pièces dauphinoises,
M. Vallier a voulu signaler aux amateurs de cette
numismatique, des monnaies, des jetons et des
médailles dont la fabrication est certaine ou pro-
bable, mais qui n'ont pas encore été retrouvés.
Parmi les médailles nous devons spécialement
citer celle qui est attribuée par M. Vallier au
connétable de Lesdiguières, parce que cette pièce
est une œuvre d'art des plus remarquables et qu'elle
est du reste admirablement reproduite par la pho-
totypie d'après la gravure de L. Gaucherel, con-
tenue dans la Description des médailles et jetons com-
posant le cabinet de M. Petetin, par J. Charvet (').
Nous regrettons cependant que M. Vallier n'ait
pas indiqué ou recherché le nom de l'artiste qui
a créé ce chef-d'œuvre et nous pourrions aussi
reprocher à notre infatigable et zélé confrère de
ne pas avoir dit sur quelles preuves, en l'absence
de toutes légendes, il s'appuie pour voir sur le
revers de cette médaille le buste cuirassé de Fran-
çois de Bonne, duc de Lesdiguières, maréchal et
connétable de France. Nous espérons que M. Val-
lier ne tardera pas à remplir cette lacune de son
travail, qui mérite néanmoins tous nos éloges.
G. Cumont.
(') Voy. p. 18, n° 48 de son Catalogue. Paris, 1860.
3oo.
Annuaire de la Société française de numismatique.
Septembre-octobre 1886.
I. Vente P. Charles Robert (suite et fin), par M. J. HER-
MEREL.
II. Bronzes grecs à lettres nume'rales, par M. J.-P. Six.
III. Début du monnayage de Philippe le Bel, par
M. Louis Blancard.
IV. Un dernier mot sur la trouvaille d'Accolay (Yonne),
par M. CARON.
Trésor composé d'environ 2,800 féodales françaises
du XIIe siècle, intéressantes surtout pour les ate-
liers d'Auxerre, de Tonnerre et de Nevers.
V. Bibliographie par MM. A. DE BELFORT et R. SER-
RURE.
VI. Ventes de monnaies, en France, par M. J. HER-
MEREL; en Belgique, par M. ALPH. DE WlTTE.
VII. Correspondance. Lettre de M. Charles Robert.
Novembre-décembre.
I. Recherches des monnaies impériales romaines non
décrites dans l'ouvrage de M. H. Cohen, par
M. A. DE BELFORT.
II. Observation au sujet de la trouvaille de Sarzana et
de quelques pièces publiées par M. E. Gariel,
par M. W. BOYNE.
III. Observations sur les tiers de sol mérovingiens de
Vico-Juli, Dia et Vienna-Vico, par M. VALLIER.
IV. Trouvaille de monnaies du XIe siècle, par M. E.
CARON.
Monnaies seigneuriales et royales françaises, décou-
vertes à Verneuil (Eure), parmi lesquelles des
Année 1887. 10
3io
deniers et des oboles de Robert II (HOFFMANN,
pi. II, nos i et 2) en nombre encore indéterminé.
Ces pièces n'étaient connues jusqu'ici qu'à trois
exemplaires.
V. Fabrication des monnaies françaises, en i885, par
M. L. SUDRE.
VI. Chronique, nécrologie, bibliographie, revues pério-
diques, trouvailles par MM. A. DE BELFORT,
F. G. et ALPH. DE WlTTE.
A. DE W.
Revue numismatique. — Sommaire de 1886 (').
II. J.-P. SIX. Monnaies lyciennes (2e article). — O. VAU-
VILLE. Monnaies gauloises trouvées dans le département
de l'Aisne. — J.-M. PROU. Tiers de sou d"or mérovingien
de Tidiriciacum. — L. BLANCARD. Sur le florin pro-
vençal (fin). — G. SCHLUMBERGER. Sceau inédit de
Boniface de Montferrat, avec le plan de la ville de Salo-
nique. — J. ROUYER. Déneraux et autres poids monétaires
de France et des Pays-Bas.
III. T. REINACH. Essai sur la numismatique des rois
de Cappadoce. — G. SCHLUMBERGER. Monnaies inédites
des Éthiopiens et des Homérites. — M. DELOCHE.
Monnaies mérovingiennes (suite); considérations générales
sur les monnaies d'or au nom du roi Théodebert Ier. —
(') Voy. le sommaire de la première livraison, dans la Revue
de 1886, p. 384.
3n
A. ENGEL. Imitations monétaires de Château-Renault
(2e article). — T. SAUZIER. Numismatique coloniale;
la piastre Decaen.
IV. J.-P. SIX. Monnaies lyciennes (3e article). —
E. BABELON. Sur la numismatique des rois de Cappa-
doce (suite et fin). — P. LAMBROS. Découverte du ducat
d'or du Grand-maître de Rhodes Dieudonné de Gozon. —
H.-J. ROMAN. Classement des monnaies épiscopales de
Saint-Paul-Trois-Châteaux.
La troisième livraison de l'année 1886 de la Numismaiic
Chronicle nous est parvenue en décembre dernier. Voici
le sommaire de cet intéressant fascicule :
I. Un trésor de monnaies d'or anglaises, trouvé Park
street, près de Saint -Albans, par M. JOHN EVANS.
1 planche;
II. Une monnaie unique et inédite d'Anthony Browne,
premier vicomte Montaigu , par M. H. -A. GRUEBER.
1 planche;
III. Monnaies d'or européennes du moyen-âge, par
M. J.-G. Hall. 2 planches. L'auteur reproduit sur ses
planches l'écu au lion et le mouton de Louis de Maie,
le noble de Philippe le Hardi, le cavalier et le lion d'or
de Philippe le Bon ;
IV. Fasti Arabici, par M. STANLEY LANE-POOLE;
V. Notes sur les récentes publications numismatiques ;
VI. Miscellanées. Entre autres articles, ces mélanges
renferment une notice signée GEORGES SlM, rendant
compte d'une trouvaille de 12, 236 monnaies d'argent,
faite en mai 1886 à Aberdeen. Nous voyons figurer dans
3l2
ce trésor, outre de nombreux esterlins d'Edouard Ier, II
et III ('), et pas mal de pièces écossaises d'Alexandre III,
de Robert Bruce et de Jean Baliol, quelques monnaies
belges dont voici la nomenclature : Robert de Béthune,
Alost, 12 pièces; du même, Gand, i pièce; Arnould VIII,
comte de Looz, 3; Jean l'Aveugle, comte de Luxem-
bourg, 7 ; Gaucher de Châtillon, comte de Porcien, Yves, 7 ;
Jean II d'Avesnes, Mons, 7; Walerand de Luxembourg,
seigneur de Ligny, 8; Guillaume d'Avesnes, évêque de
Cambrai, 1; Jean III de Brabant, 6; Gui de Dam-
pierre, 3.
A. DE W.
Sous presse : Catalogue luxueux orné de trente
planches reproduisant les spécimens les plus rares
et les plus recherchés d'un millier de monnaies
romaines en or, formant la collection de M. le
vicomte Ponton d'Amécourt.
La vente de tous ces trésors, aura lieu en avril
prochain sous la direction de MM. Rollin et Feuar-
dent; elle est appelée à faire sensation dans le
monde numismatique.
A. Bri.
(') Voici, au point de vue de l'activité des divers ateliers monétaires
anglais représentés dans cette trouvaille, le nombre des exemplaires
appartenant à chacun d'eux : Berwick, 204; Bristol, 275; Bury-Saint-
Edmunds, 408; Canterbury, 3, 134; Chester, 21; Durham, 1,118;
Exeter, i5; Kingston (Hull), 16; Lincoln, 106; Londres, 5. 930; New-
Castle, i52; York, 272; Dublin, 45; Waterford, 21.
3i3
On nous annonce la vente prochaine, sous la
direction de M. C. Van Peteghem, des monnaies
formant la riche collection de M. C. De l'Écluse.
Cette collection comprend des suites très com-
plètes de pièces de toute l'Europe, ainsi que des
pays d'outre-mer.
A. Bri.
TROUVAILLE DE LOERBEEK.
Dans le courant du mois de janvier, on a déterré un
petit trésor de monnaies, toutes à peu près de la fin
du XVe siècle.
Cette trouvaille fut faite' dans un fossé desséché de la
ferme Loerbeek, au village de Zeddam, commune de
Bergh ou 's Heerenberg.
D'après les légendes, il se trouvait auparavant un château
sur cette terre, qui est le point le plus élevé de l'ancien
comté de 's Heerenberg et qui portait déjà ce nom en 1240,
ainsi qu'on peut le voir dans un acte de cette année ('),
ayant trait à une vente faite au couvent de Bethlemen, près
de Dirtichem, de quelques terres parmi lesquelles figurent
deux waren (-), situées dans les bois de Stokhem et
Loberke ; il est vrai que ce nom n'est pas parfaitement
le même, mais il me semble assez probable que le nom de
Loerbeek est dérivé de Loberke.
(') M. L.-A.-J.-W. Baron Sloet van de Beele. Oorkondenboek der
Graafschappen Gelre en Zutphen.
(2) Au moyen âge, ce mot signifiait, en Gueldre, terrain, terre,
propriété territoriale ; en Hollande, on disait were.
3i4
Ce trésor, que j'ai eu l'avantage d'acquérir, contenait une
seule monnaie d'or et soixante-dix-neuf pièces d'argent,
dont la plus ancienne est le klinkaert de Guillaume V,
comte de Hollande, et la plus récente le demi-sou de
Nimègue, au millésime 1499, ce qui fait présumer qu'il
fut enfoui au commencement du XVIe siècle
Voici la liste de toutes les pièces comprises dans cette
trouvaille :
GUELDRE.
trnould, 14*3-1493.
I'ieccs.
i. Double gros. VAN DER CHUS ('), pi. XI, n° 17 . 1
Charles d'Egmond, mineur.
2. Sou de 1478. van der Chus, pi. XIV, n° 2 . . i
3. Sou de 1480. IDEM, pi. XIV, n° 3 . . 1
Charles d'Egmond, llîtî-l.Vls.
4. Demi-sou. VAN DER CHUS, pi. XVI, n° i3. . . 2
5. Demi-sou. IDEM, pi. XVI, n° i5. . . 1
ftimcgue.
6. Demi-sou de 1485. VAN DER CHUS(9), pi. I, n° 10 1
7. Demi-sou de 1499. IDEM, pi. I,n°i3 3
Parmi ces pièces, il y en a quelques-unes qui
offrent des variétés plus ou moins sensibles avec
celles qui ont été figurées par M. van der Chijs et
que j'aurais dû signaler, si je n'avais l'intention de
A reporter ... 10
(') P. -O. van der Chus. De munten der vormalige Graven en
Hertogen van Gelderland.
(2) Id. De munten der Heeren en steden van Gelderland.
3i5
Pièces.
Report . . . 10
décrire sous peu de temps, toutes les variétés et les
monnaies inédites de la Gueldre. Je profite de cette
occasion pour prier mes confrères qui posséderaient
dans leurs cartons des pièces inédites ou bien "dés
variétés, de vouloir bien me les faire connaître, afin
de pouvoir donner une liste assez complète, en leur
témoignant d'avance ma plus parfaite gratitude.
HOLLANDE.
Guillaume V, 1316-1359.
8. Klinkaert. VAN DER CHUS ('), pi. V, n° 4. . . 1
Jean de Havlère, ilil-i l.'.V
9. Gros, van der Chus, pi. XII, n° i3. . . . 1
ÉVÊCHÉD'UTRECHT.
Rodolphe de Diepholt, 1131 1 155.
10. Gros de Deventer. VAN DER CHUS (2), pi. XVI,
no 8 . 5
David de Bourgogne, 1155-1196.
il. Demi-gros de 1466. VAN DER CHUS, pi. XVII,
n° i3 1
12. Demi-sou de 1494. IDEM, pi. XIX, n° 39. 1
i3. Sou au Saint-Martin. IDEM, pi. XX, n° 60. 3
14. Sou au Saint-Kilian. IDEM, pi. XX, n° 62. 1
A reporter ... 23
(') P.-O. van der Chus. De munten der voormalige Graafschappen
Holland en Zeeland.
(*) Id. De munten der Bisschoppen van de Heerlijkheid en stad
Utrecht.
3i6
Pièces.
Report ... 23
VILLE DE CAMPEN.
i5. Gros. VAN DERChijs('), pi. XV, n° 9 ... i
16. Gros. Idem, pi. XV, n° 10 . . . 2
VILLE DE GRONINGUE.
17. Olde Vleemsche. VAN DER CHUS (-), pi. IX,
n° 26 1
18. Demi-Jager de 1454. IDEM, pi. X, n° 48. 1
19. Demi-Jager de 1467. IDEM, pi. XI, n° 60. 1
20. Jager de 1472. IDEM, pi. XI, n° 63. 1
21. Jager de 1476. IDEM, pi. XII, n° 67. 3
22. Sou de 1485. Idem, pi. XIII, 11077. 1
BRABANT.
Charles le Téméraire, HilMi;;.
23. Demi-briquet de 1475. VAN DER CHUS (;),
pi. XVII, no 8 1
SEIGNEURIE DE SCHOONVORST.
Gérard de Jiilier.x. 1439-1459.
24. Gros de 1452. VAN DERCHUS(i), pi. XXIX, n» i3. 1
A reporter. . . 36
(') P.-O. van der Chus. De munten der Heeren en Steden van
Overijssel.
(3) Id., De munten van Friesland, Groningen en Drcnthe.
(3) Id., De munten der voormalige Hertogdommen, Braband en
Limburg.
(*) \D.,De munten der leenen van de voormalige Hertogdommen
Braband en Limburg.
3i7
Pièces.
Report ... 36
FLANDRE.
Philippe le Hardi, 1394-14041.
25. Gros. Revue française ('), pi. VIII, n° 19. . . 3
Philippe le Bon, 1130-11G9.
26. Gros dit Kromstaert. Revue française, pi. XI,
no 36 1
ÉVÊCHÉ DE LIEGE.
Guillaume de la Ilarck (main Itou r).
27. Demi-patard de l'an 1482. DE RENESSE (s),
pi. LXXVII, n° 7 1
CLÈVES.
Jean I«r, Ui: llsi.
28. Gros. MADER (5), t. VI, p. 171, n° 9 . . . . 14
29. Gros de l'an 1475. GROTE (*), t. V, n° 86 . . 1
30. Gros de l'an 1479, comparez le double gros.
GROTE, t. V, n° 90 1
Jean II, 14»l-IStl.
3i. Gros de l'an 1489. Dans le champ les armes
écartelées de Clèves-Marck : *ï< IOlfjS' *
A reporter ... Sj
(') P.-O. van der Chus. Revue française, 1861.
(*) De Renesse-Breidbach. Histoire numismatique de l'évêché et
principauté de Liège.
(3) Mader. Kritische Beitràge %ur Mun^kunde des Mittelalters.
(*) Grote. Mun\studien.
3i8
Pièces.
Report ... 57
DVX* GCLIV&'S' * Z * ŒO>*MïïR.
7?ey. Croix évidée , au centre un astérisque,
cantonnée de quatre rieurs de lis : ffîO' *
no? — we:s7î — Lie: * 7^ —
D> * 1489 3
32. Demi-gros de l'an 1496. Dans une épicycloïde de
trois arcs de cercle et de trois angles, l'écusson
aux armes de Clèves : g$> IOI^S ° DV2C °
• cclivsrs ? cco ° wkr.
Rev. Dans un entourage pareil, l'écusson de
Marck : $ tfJO UO WaS^LIS 7T
STKKKKI96 1
JULIERS ET BERG.
Gérard, t 133-1 135.
33. Demi-gros de Dulken. Écusson incliné, sur-
monté d'un heaume couronné, écartelé aux
armes de Juliers-Berg, ayant l'écusson de
Ravensberg en surtout : GQR7TRDVS —
DVX * IVIi? * M.
Rev. Croix pattée, cantonnée de quatre écus-
sons, aux armes de Juliers, Berg et Ravens-
berg: mon— nov?— dvli *— v^an *. i
34. Gros de Duren de l'an 1471. Le duc à mi-corps
de face tenant l'épée ; devant lui l'écusson
écartelé de Juliers-Berg avec Ravensberg en
abîme : 6SR7TRD VS S° — D VX § I VIP
î Z îM.
A reporter ... 62
3i9
Pièces.
Report ... 62
Rev. Croix pattée ; légende intérieure: MOD€C?
o nOV7î o DVRSn, écusson de Ravens-
berg. Légende extérieure : *i* 7ZÏÏÏÏO § DHI?
o miLSsimo °o aaaauxzi ... 1
MARCK.
Gérard, (iiî-lMii.
35. Gros de Unna. Écusson incliné de Marck, sur-
monté du heaume couronné au cimier de
Marck : 66IRhu * D * ŒLSV — GCO
Rev. Dans un compartiment formé par neuf arcs
de cercle, l'écusson de Clèves : •:'.; MOnSnHTÏ
n nov7T n P7rann7T7î a m a vh^tt. i
ABBAYE D'ESSEN.
Sophie de Gleichen, I 45» l ISO.
36. Gros de Borbek. GROTE, t. III, pi. XI Ia, n° 14. 1
37. Gros. Idem, 1. III, pi. XIIa, n° 16 . . . . 1
VILLE DE DORTMUND.
Frédéric III, 1430-I403.
38. Gros. L'empereur à mi-corps tenant un sceptre
et un globe FRIDQIRiaVS ROMAfiOR
LMP.
Rev. L'écusson de Dortmund en abîme sur une
croix fleuronnée : MOU — nOV7^ —
trqm - orne 3
A reporter . . 69
320
Pièces.
Report ... 69
39. Demi-gros. GROTE, t. V, pi. 9, n° 149
PALATINAT.
Frédéric, ilin-iKU.
40. Gros. GROTE, t. V, pi. 3, n° 45. . .
AIX-LA-CHAPELLE.
41. Gros de l'an 1420. GROTE, t. V, n° 1 35 . . . 1
42. Demi-gros. IDEM, t. V, n° i35d 1
FRANCE.
Charles VII, 14» IISI.
43. Gros. LE BLANC('), p. 248, i,n°6 .... 3
44. Grand blanc. IDEM, p. 248, 2, n°9. ... 1
45. Demi-gros du Dauphiné. IDEM, p. 248, 3,
n° 8 1
BOURGOGNE.
Phlllppe-Ic-Bon, l ll<>- 11413.
46. Blanc. Confrontez P. D'AVANT (»), CXXXIII-8. i
SAVOIE.
Louis, 1 l IO 1 165.
47. Boppo biancho. Confrontez PROMIS, VIII, n°6 i
~8o
Leide, février 1887.
Th. -M. Roest.
(') Le Blanc. Traité historique des monnqyes de France.
(s) Poey d'Avant. Description des monnaies seigneuriales Fran-
çaises.
321
Médaille d'origine allemande à l'image de Notre-
Dame de Bon-Secours de Nancy , par Jules
Rouyer. Nancy, imp. G. Crépin-Leblond, 1886,
19 pages in-8° avec planche.
La rare médaille qui fait l'objet principal de
cette bonne notice et qui appartient à l'impor-
tante collection de numismatique religieuse for-
mée par M. l'abbé Berger, à Paris, rappelle la
prise de la ville de Bude, en Hongrie, conquise
sur les Turcs, le 2 septembre 1686, par les forces
réunies sous le commandement du duc de Lor-
raine Charles V, généralissime des armées impé-
riales.
Elle présente , d'un côté , avec la légende
AVXILIUM CHRISTIANORVM, la Notre-Dame
de Bon-Secours des Lorrains, les pieds sur un
croissant, abritant de son manteau protecteur
quatre personnages agenouillés à ses pieds (le
pape, l'empereur Léopold et, sans doute, le géné-
ralissime et Maximilien-Emmanuol , électeur de
Bavière). Au revers, on voit la ville de Bude, sur
le Danube, assiégée, bombardée par les impé-
riaux; au premier plan, sur la rive droite du
fleuve, on aperçoit en partie les murs et les édi-
fices de Pesth. Un ange, descendant sur Bude, y
apporte la croix, ce signe chrétien qui en avait été
si longtemps banni. Légende : BVDACVM DEO
RECVPERATA. 2. SEPT. A. 1686. L'auteur
322
s'occupe en même temps d'une autre médaille
allemande sur la paix de Bude, et d'une troisième
sur la délivrance de Vienne assiégée par les Turcs,
le 12 septembre i683.
De S.
Deux ventes publiques fort intéressantes ont eu
lieu à Paris, dans le courant du premier trimes-
tre de 1887; la première, du 14 février, avait pour
objet un choix de monnaies françaises et de mon-
naies et médailles des ducs de Lorraine et des
papes (coins de Saint-Urbain, etc.); elle a été
dirigée par MM. Rolin et Feuardent ; la seconde,
des 2 et 3 mars, renfermait 41g lots; c'était la
première partie des monnaies gauloises, mérovin-
giennes et carolingiennes de la précieuse collec-
tion de M. H. Hoffmann.
Nous avons appris avec une grande satisfac-
tion que nos sympathiques confrères, MM. Jules
Rouyer et le comte Arthur de Marsy, ont été
nommés chevaliers de l'ordre de Léopold, pour
les services qu'ils ont rendus respectivement à
la numismatique et à l'archéologie.
323
Nous avons sous les yeux le prospectus du
manuel de monnaies grecques, Historia numorum,
a manual of Greek numismatics, par Barclay V.
Head, adjoint au Département des monnaies et
médailles du British Muséum. Le but principal de
cet ouvrage est d'essayer un classement chrono-
logique des diverses séries de monnaies grecques
et par suite d'établir un essai d'histoire métallique
de l'ancien monde hellénique, à partir du vne siècle
avant l'ère chrétienne jusqu'à la fin du me siècle
après Jésus-Christ, c'est-à-dire durant un espace
d'environ mille ans. Ce volume, royal in-8°, de
800 pages, est imprimé avec beaucoup de luxe, et
les nombreuses gravures intercalées dans le texte
rendent, nous semble-t-il; avec une entière fidé-
lité le caractère de ces monnaies antiques, et cela
grâce à un nouveau procédé photographique.
A la fin du volume se trouvent quatre planches de
caractères alphabétiques, qui seront d'une grande
utilité, dans l'opinion de l'auteur, aux curieux qui
auront à consulter son ouvrage.
G. C.
ERRATUM.
Page 17, au lieu de : Delahage (ou de Haie), lise% : Delahaye (ou
de la Haie).
324
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX.
Réunion du bureau du 17 février 1887.
A la demande de MM. R. Chalon et G. Val-
lier et sur la proposition de MM. A. de Schodt
et G. Cumont, le titre d'associé étranger a été
conféré à M. Eugène Demole, conservateur du
Cabinet des médailles de la ville de Genève.
Le Vice-Président ffom de Président,
Le Secrétaire, De Schodt.
G. Cumont.
Réunion du bureau du 4 mars 1887.
Sur la proposition de MM. A. de Schodt et
A. de Witte, le titre d'associé étranger a été conféré
à M. Louis Charrier, à Bône (Algérie), membre
de l'Académie d'Hippone.
Le Vice-Président ffon' de Président,
Le Secrétaire, De Schodt.
G. Cumont.
325
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
LISTE DES OUVRAGES REÇUS PENDANT LE 1" TRIMESTRE 1887.
Avis Important : Les ouvrage»* et publications destinés a
la Société doivent être, désormais, adressés à M. Alph. de
Wltte, bibliothécaire de la Société royale de numismatique,
Palais des Académies, à Bruxelles.
Ouvrages périodiques.
Allemagne. — Berliner Mùn\blàtter, n03 75, 76, 77, 78 et 79, avec
une planche. — Catalogues cI'Adolphe Weyl,
nos 79, 80, 81, 82, et Numismatische Correspon-
dent, cat. nos 44-52. — Ver^eichniss verkaùflicher
Mûn^en von E. Rappaport. — Numismatische
literatur Blatt, nos 33-34- — Numismatischer
Verkehr von Thieme, 1887. nos 1-2. — Blâtter fur
Mûntfreunde,nos 1 36, 137, i38et 139, avec la plan-
che 88. — Catalogue à prix marqués, Zschiesche
et Kôder. — Zeitschrift des historischen Vereins
fur Niedersachsen, année 1886. — Genealog : und
heraldik Katalog von Ludwig Rosenthal. —
Verçeichniss verkaùflicher Mun^en und Medaillen
von Otto Helbing, nos 1, 2, 3. — Baltische
Studien : Gesellschaft fur pommersche Geschichte
und Alterthumskunde, t. XXXVI. — Gesellschaft
fur riùt\liche Forschungen %u Trier; Jahresbericht
von 1874 bis 1877; idem von 1878 bis 1881. —
Festschrift $ur begrussung der XIV allgemeinen
versammlung der deutschen anthropologischen
326
gesellschaft . Uberreicht von der Gesellschaftfiïr
nut^lichen Forschungen in Trier.
Amérique. — Smithsonian institution. Rapport, 1884.
Angleterre. — Numismatic chronicle, 1886, part. III.
Belgique. — Bulletin de la commission d'art et d'archéologie,
t. XXV, n°s 3-4, 5, 6, 7-8. — Bulletin de T Académie
royale des sciences, 3e série, t. XII, nosg-io, 11
et 12. — Annuaire de l'Académie, ar.r.ée 1887. —
Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de
la Belgique, t. XX, 2e liv. — Annales de la
Société archéologique de Namur, t. XVII, ire liv.
— Annales du Cercle archéologique de Mons,
t. XVII, XVIII et XIX, et Bulletin des séances,
4e série, n° 6; 5e série, n09 1 et 2. — Messager des
sciences historiques, 1886, 4e liv. — Société libre
démulation à Liège. Mémoires, t. II (1862) et
t. VII (1886). — Annuaire de la même Société,
année i863.
France. — Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie,
t. XV. — Polybiblion : partie littéraire, t. XXIII,
n°s4, 5 et 6; t. XXIV, n°* 1, 2, 3,4. 5et6; t. XXV,
n° 1. - Partie technique : t. XII, nos 4, 5, 6. 7, 8,
9, 10, 11 et 12; t. XIII, n° 1. — L'intermédiaire des
chercheurs et des curieux, année 1886, nos 428
à 444. — Académie d'Hippone (Algérie). Bulletin
n° 21 ; fascicule 3-4. — Bulletin de la Société
archéologique de l'Orléanais, t. VIII, nos 125, 126,
127 et 128. — Mémoires de la même Société,
t. IV avec atlas, VII, VIII. IX avec atlas, X, XI avec
atlas, XII avec atlas, XIII, XIV, XV avec atlas,
XVII avec atlas. - Bulletin de la Société de
Borda, ire liv. 1881, 4e liv. 1882, année i883,
4<= liv. 1886.
Pays-Bas et Grand-Buché. — Prijslijst n° 1 de P. Lankelma, à
Utrecht. — Institut historique de Luxembourg,
t. XVI (1860) et XXXIII (1880).
Suisse. — Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire
327
et d'archéologie de Genève, série in-8°, 1886,
t. XXII. — Catalogue des livres appartenant à la
même Société, 1869. Série in-40, t. Ier, 2e fascicule :
Le bas- relief du collège à Genève. 4e fascicule :
Histoire monétaire de Genève.
Ouvrages non périodiques.
Cumont. Découverte d'antiquités gallo - romaines faite à
Casteau, en 1784, in-8°. Mons, 1886, 7 pages.
— Médaille pour récompenser les services rendus aux
armées de l'Autriche et de ses alliés. — Le scel
et le contre-scel du conseil de Gueldre. Bruxelles,
1887, in-8°, 23 pages et 1 planche. (Hommage de
l'auteur.)
De Caisne. Notes (manuscrites) sur la numismatique. 3 volumes.
(Don du bibliothécaire.)
Demole. Histoire monétaire de Genève de i535 à 1792.
Genève, 1887, in-40, 3y3 pages, 9 planches.
(Hommage de l'auteur.)
De Witte (Alp.) Numismatique liégeoise : Jean d'Arkel, Georges
d'Autriche, Gérard de Groesbeeck, in-8°, 8 pages
et 1 planche. Bruxelles, 1887. (Hommage de
l'auteur.)
Mci.achlan. Canadian numismatics. — A catalogue of the coins,
medals and tokens of the dominion of Canada.
Part. I. Montréal, 1886, grand in-8°, 127 pages,
2 planches et vignettes. [Hommage de l'auteur.)
Mever(Adolphe). Prâgungen Brandenbur g-Preussens, betreffenddes-
sen Afrikanische Besit\ungen und Aussenhandel,
1681-1810. Berlin, i885, in-8°, 27 pages et 2 plan-
ches. (Hommage de l'auteur.)
Vallier. Iconographie et numismatique des Dauphinois dignes
de mémoire. Guillaume Farel. Gap, 1887, in-8°,
26 pages et 3 planches. (Hommage de l'auleur.)
Van Werveke. Catalogue descriptif des monnaies luxembour-
geoises conservées au musée de la section histo-
328
rique de l'institut royal grand-ducal à Luxem-
bourg. Luxembourg, 1880, in-8°, 5o pages.
(Hommage de l'auteur.)
Anonyme.
Catalogue des doubles de la collection de M. J. B., de Bruxelles.
Vente le 3i janvier 1887. {Envoi de M. Duprief.)
Le Bibliothécaire,
Alphonse de Witte.
Bruxelles, le 24 février 1887.
CABINET NUMISMATIQUE.
Don de l'auteur, M. Ch. Wurden :
Médaille en bronze de la ville de Bruxelles, pour prix à la fête
nationale de i885.
Don de l'auteur, M. Ant. Fisch :
Médaille en bronze de la ville de Bruxelles. — Denier des écoles. —
Cortège de charité.
Don du Ministère de la Justice :
Médaille en bronze : Maison de sûreté cellulaire à Saint-Gilles,
par M. J. Wiener.
Don de l 'auteur, M. Vermeiren :
Médaille en bronze pour l'inauguration du monument de
H. Conscience.
Don de M. F. Herry de Cocq_uéau :
Deux exemplaires d'une monnaie de cuivre, frappée à Bruxelles,
pour Zanzibar.
REVUE BELGE DE NUMISMATIQUE 1887.
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329
LE SIDUS JULIUM
SUR DES
MONNAIES FRAPPÉES APRÈS LA MORT DE CÉSAR (M.
PL. XIV ET XV.
L'orbe du soleil se voile en signe de deuil (*) ;
la volonté implacable du destin s'accomplit (s) ;
les sinistres présages se réalisent (l), et la foudre
(') Cette notice a été lue, en partie, pendant la séance extraordinaire
que la Société royale belge de numismatique a tenue à Louvain, le
9 mai 1886. Dans l'espoir de rendre la lecture de cette partie moins
sèche, l'auteur a cru pouvoir lui donner une forme exceptionnelle.
(*) Virgile, Géorg., liv. I, v. 467 (caput obscura nitidum ferrugine
texit), et son commentateur Servius (éd. Alb. Lion, Gottingae, 1826J,
646, 487.488 ; Plutarque, Vie de César (éd. Paris, Didier, 1843), LXX V ;
Sext. Aurel. Victor, Hist. rom., Amstelodami, 1733, de Viris illust.,
c. 78, qui semble parler d'une éclipse du soleil, ce que Scaliger,
de Emend. Temp., liv. V, p. 441, considère comme faux (sol orbem
suum celasse dicitur).
C3) Nicolas Damascène, nouv. édit. N. Piccolos, avec traduction
française par M. A. D. Paris, Firmin Didot, MDCGL, p. 47; Ovide,
Métam., liv. XV, v. 780 et suiv., et 799 et suiv. ; Velleius Patercu-
lus, II, 57 ; Appien, Guerres civiles, trad. Combes-Dounous, liv. II,
116; FYorus, liv. IV, 2.
(*) Voir sur les prodiges et présages antérieurs à la mort de César :
Tite-Live (apud Servium, Géorg., I, v. 472); Velleius Paterculus,
liv. II, 57; Valère Maxime, liv. I, c. VI, i3; Plutarque, Vie de César,
LXIX; Appien, liv. II, n5, 116, 149; Dion, trad. Gros, liv. XLIII,
21.XLIV, 17; Florus, liv. IV, 2; Julius Obsequens, CXXVII (64);
Année 1887. 21
33o
répond par des grondements terribles (•) à la per-
pétration d'un grand crime. Un lieu sacré est
profané (») : Caivs Ivlivs Caesar, victime d'un
sacrilège (3), tombe sous le fer parricide (4), et
Xiphilin (Hist. rom. , trad. par Cousin, i685), p. 3o; Zonare (Chro-
niques et Annales, trad. par J. Millet de Saint-Amour, i56o, p. i3o).
Suétone, C. J. Cœsar, Si, écrit que quelques mois avant la mort
de César, les colons à qui la loi Julia avait donné des terres dans la
Campanie, trouvèrent, en fouillant un tombeau où était, dit-on, ense-
veli Capys, le fondateur de Capoue, une table d'airain qui portait en
grec une inscription ainsi conçue :« Quand on aura découvert les cendres
de Capys, un descendant d'Iule (Virgile, Enéide, I, 288) périra de la
main de ses proches et sera bientôt vengé par les malheurs de l'Italie. »
Quant aux prétendus prodiges qui suivirent la mort de César, on
lira avec intérêt et enthousiasme : Virgile, Géorg., liv. I, v. 466 et
suiv., et la traduction de Delille ; Ovide, Métam., liv. X, v. 782 et suiv.
Voir aussi Plutarque, César, LXXV.
(') Virgile, Géorg. I, v. 487, 488 ; Dion Cass., XLIV, 52.
(*) Appien, liv. II, 118. 134. La curie où s'assemblait le Sénat était un
lieu sacré. On ferma, dit Dion (XLVII, 19). sur le champ la salle où il
avait été tué, et, dans la suite, on la convertit en latrines.
Voir pour les détails sur les événements qui suivirent immédiatement
la mort de César : Nicolas Damascène, pp. 43 et suiv. ; Plutarqjje,
Vie de César, LXX et suiv. ; Vie d'Antoine, XV et suiv. ; Appien, liv. II,
117 et suiv.; Dion, liv., XLIV; De Schodt, Quelques pages de
numismatique et d'histoire de la République romaine, pp. 17 et suiv.
(Revue belge num., 1882, pp. 582 et suiv.).
(3) Ovide, Fastes, liv. III, v. 706; Appien, liv. IV, 134.
(*) Rentré à Rome d'Espagne, au mois d'octobre 709 (45 av. J.-C.)
(Velleius Pat., liv. II, 56), J. César fut assassiné, à l'âge de cinquante-
six ans (Suét., LXXXVIII; Plut., Vie de César, LXXV), aux ides de
mars de l'an de Rome 710 (44 av. J.-C); c'était le jour de la fête
joyeuse d'Anna Pérenna (Ovide, Fastes, liv. III, v. 523). Les ides de mars
furent appelées Parricides (Suét . , C. J. Cœsar, LXXXVIII; Appien,
liv. II), et comptées parmi les jours néfastes (Dion, XLVII, 19).
33i
le Père de la patrie, selon l'histoire (■), le Parais
patriae, selon le marbre (•) et la médaille (3), a
inondé de son sang le pied de la statue de
Pompée (4), son unique rival (5).
Le cadavre du maître du monde est là, dans
la curie déserte, criblé de coups (°), gisant sur
le sol, et c'est à peine si, pour l'emporter, osent
l'approcher trois esclaves fidèles (7).
Faut-il le traîner au croc des gémonies et le
(') w:ip x*i rxTflt&t (Dion, XLIV, 4, 36, 48; Appien, liv. II, 106, 144);
pater patrice (Tite-Live, Epitome, CXVI; Suétone, C. J. Cœs.,
LXXVI, LXXXV ; Zonare, p. 37). On trouve cependant dans la lettre
d'Antoine à Hirtius, extraite de la i3e Philippique (X) : parentem
patrice.
(*) Suét., C. J. Cœsar, LXXXV; Golztius, de Re nummaria anti-
qua, \. I, p. 182; Orelli, Inscription, latinar. selectar., t. I, n° 585, et
Th. Mommsen, Inscript, latin., t. I, p. 182, avec parentis patriœ.
Orelli (t. I, p. i53) cite une autre inscription qui porte patri patriœ
(Brundusii, Mur., 219, 3), mais il la trouve suspecte. Cicéron, dans une
lettre à Cassius, datée d'octobre 710 (44) {ad Fam., XII, 3), parle
d'une statue qu'Antoine venait d'élever à la mémoire de J. César, avec
cette inscription : Parenti optime merito.
(3) Cohen, Consul., Cossutia, n° 2; Julia, n° 33; Sepullia, n° 10.
(•) Cicéron, de Divin., II, c. IX; Nicolas, p. 3c, qui fait cette
réflexion que « la fatalité est bien puissante, si toutefois il faut recon-
naître sa main dans tous ces événements »; Plutarque, LXXII ;
Appien, II, 117; Dion, XLIV, 52.
(s) Nicolas, p. 85.
(6) Nicolas, p. 47; Plut., LXXII j Appien, liv. II, 117; Dion,
XLIV, 36.
(7) Nicolas, p. 47; Plutaro_ue, César, LXXII; Suétone, LXXXI1;
Appien, liv. II, 118; Cicéron, de Div., liv. II, c. IX, exagère un peu
lorsqu'il dit que pas même un de ses esclaves n'osa approcher le
cadavre.
332
livrer sans sépulture (') aux eaux fangeuses du
Tibre (*)? Un cri sorti du sein des conjurés le
demande.
La multitude, informée du crime, reste frappée
de stupeur, partagée entre la crainte, la pitié, la
tristesse et l'indignation (>).
Non, peuple, inconstant (*) parfois, mais sensible
et généreux, il ne sera pas dit à la postérité que
vous aurez permis que l'on inflige, comme à un
tyran infâme (3), le comble de l'ignominie (") au
plus illustre des Romains, au descendant de Vénus
et d'Énée ('), à votre grand pontife (8), que vous
(') Val. Maxime, liv. V, ch. I. 10; Appien, II, 127, i34 et 1 36, III,
18; Dion Cassius, XLIV, 35.
(*) Val. Maxime, liv. V, ch. I, 10; Suétone, LXXXII.
(3) Nicolas, p. 47, 48, 83; Plutarque, César, LXXIII ; 'Appien. II,
118, 143, 147; Dion, XLIV, 20, 5o.
(') Appien, liv. III, 20.
(s) Quelques-uns voulaient confisquer la succession de César, sous
prétexte que c'était un tyran (Suétone, LXXXII; Appien, liv. II, 121,
127, i36, i5i ; III, 34).
(6) Appien, liv. II, 127, 134.
(7) Lucrèce, de Natur. rerum., liv. I; Virgile, Eglogue, IX. 47;
Ovide, Fastes, liv. IV, v. 123, 124; Manilius. Astron, liv. I, v. 773,
liv. IV, v. D7; Velleius Paterculus, liv. II, 41; Plut., César,
XLVIII; Appien, liv. II, 68; Dion, XLIII, 22; XLIV, 36, 48; etc., etc.
(Voir nos Quelques pages de num. et d'hist. de la république romaine.
Rev. belge de num., 1882, pp. 56g et suiv.)
(8) J. César fut créé grand pontife en l'an 691 (63 av. J. C). « César,
dit Vesta, dans les Fastes d'Ovide (liv. III, v. 699 et 670), fut prêtre de
mes autels ; c'est contre moi que se sont armées des mains sacrilèges. »
Voir aussi Appien, liv. II, 106, 148. et liv. IV, 134.
333
adoriez pendant sa vie ('), à celui dont vous invo-
quiez le nom dans vos serments (-), à celui enfin
que vous avez déclaré sacré et inviolable (3), et
nommé Jupiter Julius (4) !
Non, César est dieu (5) ; sa place est marquée
parmi les astres (8). Brutus et Cassius n'ont outragé
et détruit que le corps mortel de César, « car une
divinité ne saurait s'éteindre (7) ». Bientôt, en
son honneur, on immolera, aux autels de Rome,
les victimes consacrées aux mânes des héros et
des dieux (8), et bientôt aussi viendra l'heure où,
poussée par une force divine et vengeresse, la
main scélérate des chefs de la conspiration retour-
nera contre eux-mêmes le fer homicide (J), qu'ils
0 Suétone, C. J. Cœsar, LXXVI1; Dion, XLIV, 4; XLV, 7.
(*) Suétone, C. J. Cœsar, LXXV; Appien, liv. II, 45; Dion,
XLIV, 5o.
(5) Appien, liv. II, 106, 1 3 1 , 144; liv. III, 34; Dion, XLIV, 5,49, 5o;
Zonare, pp. 137, i38.
(") Appien, liv. II, 106; Dion, XLIV, 6.
(5) Cicéron, Philipp., II, CXLIII, etc.; Appien, Discours d Antoine,
liv. II, 144, 145, 146, et liv. III, 9, 34; Zonare, p. i38. Voir l'Appendice.
(6) Voir l'Appendice I à XV.
(;) Ovide, Métamorph., liv. XV, v. 840-850; Fastes, liv. III, v. 702 :
Quœ ceciditferro, Cœsaris umbra fuit; Val. Maxime, liv. I, c. VIII,
8; Plutarque, César, LXXV.
(8) Cicéron, PhiL, II, c. XLII, XLIII. Suétone, C. J. Cœsar,
LXXXV; Appien, liv. II, 148; Dion, XLIV, 5i ; XLVII, 18.
(9) Ovide, Fastes, liv. III, v. 705 et suiv. :
At quicumque nefas ausi, prohibente deorum
Numine, polluerant pontificale caput;
334
brandissent aujourd'hui encore tout couvert du
sang de leur bienfaiteur (') !
L'apothéose de Jules César, qui fut la seule
accordée sous la république (*-), avait été préparée
d'avance. Déjà Rome avait décerné à César vivant
des honneurs qui dépassaient ceux qu'on rendait
à un être humain (3). Chaque tribu lui avait offert
des sacrifices (*) ; à la faveur de décrets, on lui
Morte jacent mérita : testes estote Philippi;
Et quorum sparsis ossibus albet humus.
« Mais tous ceux dont l'audace criminelle, malgré la majesté divine,
a profané cette tête pontificale, ont trouvé la mort qu'ils méritaient :
demandez aux champs de Philippes et à la terre blanchissante au loin
d'ossements épars. » (Trad. d'E. Pessonneaux.)
Voir Tite-Live, Epitome, CXXIV; Plut., Vie de Brutus. c. XLI,
LVI, LX, et Vie de César, LXXV, LXXVI; Appien, liv. IV, 134;
Dion Cassius, XLVII, 46, et XLVIII, 1; Zonare, II, p. 149. — Les
poignards dont Brutus et Cassius ont frappé César, sont représentés
sur une monnaie de la famille Junia. (Cohen, Méd. consul., n° 28,
Méd. imp., 2e éd., t. I, p. 27, n° 14, et Babelon, Descript. histor. et
chron. de la républ. rom., t. II, p. 119, n° 5i." Voir nos Quelques
pages, etc., pp. 583 et suiv.)
(') Nicolas, p. 45; Plutarque, Brutus, XXI, et César, LXVIII,
LXXIII; Velleius Paterculus, liv. II, 56; Appien, liv. II, 119, 146;
Dion, XLVIII, 1; Zonare, II, p. \3j; Voir Quelques pages, etc.,
p. 585.
(*) Sous la royauté, le chef sabin Tatius fut divinisé par son collègue,
consors (Suet., Tib., I) Romulus (Tacite, Hist., Il, 95), lequel
fut ensuite également apothéose sous le nom de Quirinus. (Voir Rob.
Mowat, Bulletin épigraphique, t. V, p. 226.)
(3) Cicéron, Phil., II, c. XLIII; Suétone, C. J. Ccesar, LXXVI;
Plutarque, César, LXII; Dion, XLIV,4; XLVII, 18.
C) Appien, liv. II, 106; Dion, XL1V,4-
335
avait élevé plusieurs temples et autels, comme à
un dieu ('), entre autres, le temple qui lui était
commun avec la Clémence (4), ainsi que le confirme
une médaille frappée en son honneur l'an 710
(44 av. J.-C.) par P. Sepullius Macer (3). Dans son
discours de l'année 707 (47 av. J.-C), pour Mar-
cellus (l), Cicéron lui-même, l'adversaire connu
de Jules César (5), proclamait que « César, par sa
clémence, s'était égalé à la divinité ». Le grand
dictateur avait aussi reçu un siège d'or dans les
théâtres (6), une couronne d'or garnie de pier-
reries, pareille à celle des dieux (7) ; comme eux,
il avait un lit sacré, pulvinar (8) ; comme Jupiter,
il avait un flamine (9).
Il ne paraît pas trop téméraire de dire que le
numéraire de Jules César peut avoir eu une
(') Suétone, C. J. Cœsar, LXXVI; Appien, II, 106 ; Dion, XLIV, 4;
Zonare, p. 137.
(*) Plutarque, César, LXIII ; Appien, II, 106.
(r) Cohen, Consul., Sepullia, n° 11, pi. XXXVII, 10, où le temple
est figuré.
(") C. III.
(5) Discours sur les provinces, Consul., X, etc.; et discours pour le
roi Déjotarus, écrit XII, où Cicéron s'écrie : a Oui, César, vous
êtes le seul dont la victoire n'ait coûté la vie à personne hors du
champ de bataille. »
(6) Nicolas, p. 57; Appien, liv. III, 28; Dion, XLIV, 6; Compar.
Cicéron, adFam., XV, 3.
(7) Nicolas, p. 57 ; Dion, XLIV, 4, 6.
(8) Suétone, C. J. Cœsar, LXXVI.
(9) Cicéron, Phil., II, 43, et XIII, 19; Suétone, C. J. Cœsar,
LXXVI ; Dion, Cassius, XLIV, 6.
336
certaine part d'influence dans la préparation du
remarquable événement de l'apothéose du héros.
Ne voyons-nous pas figurer, sur plus de vingt
médailles différentes de César, sur la plupart
même, les images de ses nobles et divins ancêtres,
que le peuple de Rome avait ainsi constamment
sous les yeux : Enée, le jeune Iule, la déesse
Vénus surtout. Ailleurs, c'est Cérès, sœur et
amante de Jupiter, père de Vénus, ou c'est la
Victoire qui se confond avec Vénus ('), ou c'est
Pallas, dont l'image sacrée fut, d'après la tradi-
tion et la médaille, sauvée par le fils d'Anchise et
de Vénus, au moment de l'incendie d'Ilion.
Ailleurs encore, c'est Mars tout armé debout ('),
ou son trophée, ou bien c'est la louve romaine,
allaitant les divins rejetons de Mars et d'Ilia, ces
autres descendants de la fille de Dionée.
Un numéraire fréquent, marqué de tels types,
ne devait-il pas saisir et occuper l'imagination
féconde d'un peuple religieux et nourri de supers-
titions ?
Ce fut cette céleste origine que, dans le discours
funèbre prononcé sur la robe sanglante de César,
Antoine rappela en termes éloquents et pom-
peux (3).
(') Varron, Ling. lat., liv. V, 62 et suiv.
(2) Denier frappé l'an 711 (43), avant l'apothéose, par Auguste, à la
mémoire de J. César. (Cohen, Consul., Claudia, n° i5.)
(3) Dion Cassius, XLIV, 07. Voir aussi nos Quelques pages, etc.,
pp. 569 et suiv.
337
Que fallait-il de plus pour élever l'illustre con-
quérant jusqu'au royaume des astres?
Le poète Ennius nous a donné, dans deux hexa-
mètres de ses Annales, les noms des dit consentes,
les grands dieux qui formaient le conseil suprême
de Jupiter (') :
Juno, Vesta, Minerva, Ceres, Diana, Venus, Mars,
Mercurius, Jovis, Neptunus, Vulcanus, Apollo.
La numismatique relative à Jules César a ceci
de remarquable qu'elle offre, soit par leurs images,
soit par l'un ou l'autre de leurs symboles, la
représentation de ces douze divinités, Vulcain
seul excepté (!). A ce nombre ajoutons Janus qui se
confond avec le dieu Soleil, et d'autres divinités
d'ordre inférieur, telles que Némésis, Cupidon,
la Piété, etc.
Notre plan n'est pas de réunir ici tout ce qui se
rapporte en numismatique à la consécration du
divin Jules, tant de fois rappelée sur les médailles ;
il s'arrête aux médailles de l'époque de César
Auguste, qui offrent le signe le plus marquant de
cette déification, connu sous le nom de Sidtis
Julium, et célébré dans l'antiquité par les poètes
(') Iliade, liv. IV, v. 1; Ausone, trad. par Jaubert, Paris, MDCCLIX,
pp. 3o6, 307.
(*) Neptune ne figure que par le dauphin (Cohen, Imp. , 2e éd.,
J. César, n° 8; Lyon Copia, ibid., 19, p. 22) ; mais, par contre, son
fils Trinacre est représenté debout sur un denier d'argent (Cohen,
ibid., n° 1).
338
et les historiens ; citons Virgile, Ovide, Horace,
Properce, Manilius, Sénèque, Valère Maxime,
Pline le naturaliste, Silius Italicus, Plutarque,
Suétone, Julius Obsequens, Xiphilin, etc.
Comme il ne s'agit pas d'introduire, dans notre
texte, les nombreux passages de cesanciens, qui se
rattachent à l'astre merveilleux, nous avons cru
intéressant de présenter le complément dans un
appendice.
« Rome, écrit Pline ('), est le seul lieu de l'univers
qui ait élevé un temple à une comète (*), celle que
le dieu Auguste jugea de si bon augure pour lui.
Elle apparut lors des débuts de sa fortune, pendant
les jeux qu'il célébrait en l'honneur de Vénus
Genitrix, peu de temps après la mort de son père,
et, dans le collège institué pour ces fêtes par ce
dernier; il exprima en ces termes la joie que la
comète lui causait : « Pendant la célébration de
mes jeux, on aperçut sept jours durant une comète
dans la région du ciel qui est au septentrion. Elle
commençait à paraître vers la onzième heure (cinq
heures du soir) ; elle eut beaucoup d'éclat etfut visi-
ble de toutes les parties de la terre. Suivant l'opi-
nion générale, cet astre annonça que l'âme de César
avait été reçue au nombre des divinités éter-
nelles (») ; c'est à ce titre qu'une comète fut ajoutée
(■) Hist. nat., II, a3.
(*) Voir notre planche XIV, n° 4.
(3) Conf. Suét., C. J. Ccesar, LXXXVIII, etc.; Ovide, Métam.,
33g
à sa statue, que peu de temps après nous consa-
crâmes dans le forum ('). » Tel fut du moins son
langage public; mais, dans l'intimité, il se félicitait
de l'apparition de cette comète, née, disait-il, pour
lui, et dans laquelle il naissait à son tour (*). »
A cette époque pourtant il y avait aussi des incré-
dules, et quelques-uns prétendaient que l'appari-
tion de la comète n'avait que la signification
ordinaire. Parmi ces coupables se trouvait l'arus-
pice Vulcatius, dont Servius a conservé le nom et
qui affirma avec assurance que la comète indiquait
la fin du neuvième siècle et le commencement du
dixième ; mais comme Vulcatius avait ainsi, malgré
les dieux , révélé le secret des choses , il tomba
mort avant qu'il eût achevé son discours. C'est
ce qu'Auguste a consigné lui-même dans les
Mémoires de sa vie (3).
Il est intéressant de se rendre compte de l'époque
de l'année où se montra la fameuse comète
de 710 (44).
Pline, comme on vient de le voir, Sénèque (*) et
Julius Obsequens (5) rapportent que le phénomène
eut lieu pendant les fêtes célébrées par Octave en
liv. XV, v. 840-850 ; Servius sur Virg., Églog., IX, 47. (Voir Appendice.)
(') Dion, XLV, 6; Suétone, C. J. Ccesar, LXXXVIII ; Plut. Cœs,
LXXV; Serv. sur Virg. , Églog. , IX, 47; Énéid., XIII. 678; Zonare, p. 1 63.
(') Traduction de E. Littré ; voir texte dans l'appendice.
(s) Servius sur Virgile, Églog. IX, 47.
(4) Quest. natur., liv. VII, 17, et appendice.
(s) Des prodiges, c. XXVIII (67).
340
l'honneur de Vénus Genitrix, ou, suivant Dion ('),
pendant les fêtes instituées pour l'achèvement du
temple de Vénus. D'après Servius (*), ce fut lorsque
Auguste célébra les jeux funèbres à la mémoire de
son père, cum Augustus Cœsar ludos funèbres patri
celebraret. D'un autre côté, Suétone, après avoir
parlé (') de l'étoile chevelue, qui brilla sept jours
durant aux jeux que donna Octave après la mort
de César, Suétone raconte, plus loin (J), qu'Auguste
(après son arrivée à Rome d'Apollonie) donna lui-
même les jeux institués pour « la victoire de César,
ludos victoriœ Cœsaris ». Or, ces derniers jeux com-
mençaient le 20 juillet et finissaient le 3o (5), tandis
que la fête de Vénus in foro Cœsaris n'était que
d'un jour, celui du 25 septembre (G). Comme le
fait parfaitement observer l'éminent professeur
berlinois Th. Mommsen (), il n'est donc pas
permis de rapporter la comète à cette dernière
fête, et ce n'est que pendant les premiers jeux
(') Liv. XLV, 6 et 7.
(2) Sur Virgil., Eglog., IX, 47, et Enéid., VIII, v. 681; à ce dernier
endroit, Servius dit: « pendant les sacrifices à Vénus et la célébration
des )eux funèbres de César. »
(») C.J. Cœs., 4, XXXVIII.
0) Oct. Aug., X.
(5) Mommsen, Inscriptiones lat inarum antiquissimarum, 1. 1, p. 397;
Calendrier de Ch. Em. Ruelle (Dict. des antiq.. par Daremberg et
Saglio, V° Calendarium, p. 487).
(6) Voir Rosinus, Roman, antiq., pp. 248, 2qo; Mommsen, Insc.
lat., p. 402.
(7) Lettre à l'auteur, du i3 mai 1887 (Appendice, XV).
34 1
pour la Victoire de César, qu'elle peut avoir paru
pendant sept jours consécutifs.
Ainsi que nous l'avons déjà énoncé, sur l'auto-
rité de Varron ('), la Victoire et Vénus étaient, au
fond, la même divinité; la Vénus Genitrix et la
Vénus Victrix de la maison Julia s'identifiaient
également avec elle. De cette manière se concilie
la double narration de Suétone, et l'on comprend,
dès lors, que, dans leurs récits, d'autres auteurs
latins ont aisément pu confondre les fêtes de Vénus
Genitrix et les jeux célébrés pour la Victoire de
César (*).
Comme le fait également remarquer M. Momm-
sen (s), à propos de la dédicace du temple que
Pompée avait élevé à Vénus Victrix, Tiron Tul-
lius (*) appelle cet édifice œdem Victoriœ. C'est, dit
aussi M. Mommsen, la même déesse qui figure
sur des monnaies de la famille Porcia (5).
(') Ling. lat., liv. V, 62 et suiv. « La Vénus Victrix, écrit aussi
Preller (Les Dieux de l'ancienne Rome, trad. L. Dietz, Paris, 2e éd.,
pp. 269 et suiv.), est souvent identifiée à Rome avec la Victoria, et elle
est à ce titre adorée souvent en Italie et au-dehors. Elle trouva dans le
Latium un très facile accès : ... César enfin dut à son origine de
fondre en une seule divinité la Vénus Victrix et la Vénus Genitrix.
Cette dernière fut dès lors la mère des Énéades, de la race d'Albe, des
Jules; elle devint une déesse nationale quand l'histoire convention-
nelle de la famille de César prit un caractère officiel et public. »
(2) Conf. Mommsen, Insc. latin., t. I, p. 392, et lettre citée.
(3) Insc. lat., t. 1er, p. 397.
(*) Apud Aul-.Gell. , liv. X, c. I, n" 1 , éd. Paris, Dubochet, 1 843.p.586.
(s) Avec la légende victrix. (Cohen, pi. XXXV, nos 7, 8 et 9; Babel.,
Porcia, nos 9, 10 et 1 1) ; Insc. lat., p. 397.
342
Les jeux pour la Victoire de César furent insti-
tués en 708 (46 av. J.-C), par le dictateur lui-
même, lorsque, après ses triomphes, il fit la
dédicace du temple de Vénus en septembre,
le 24 ou le 25 (les fastes varient). Si les jours
ont été changés ensuite, cela tient, semble-t-il
à M. Mommsen, au changement qui fut opéré,
en ce temps, à l'année : conformément aux fastes
Juliens, les 24-25 septembre correspondaient alors
aux 23-24 juillet (').
Dans l'antiquité, il y en avait qui croyaient que
la comète que l'on.vit, avant la mort de l'empereur
Claude, l'an 54 ap. J.-C. (*), et celle qui se montra,
pendant six mois, sous Néron, en l'année 64 (3),
étaient la même que la comète dont nous nous
occupons spécialement (').
L'astronome anglais Edm. Halley (5), se fondant
sur le système de la périodicité des comètes, a cru
découvrir que la fameuse comète qui, faisant sa
révolution autour du soleil tous les 575 ans, parut
à la fin de 1680, était un retour des comètes de
1106 et de 53i après J.-C, et de celle de Jules
(') Inscript, lat., p. 397.
(*) Sénèque, Quest. nat., liv. VII, 21, 29; Suétone, Claude, XLVI ;
Xiphilin, p. 184.
(s) Sénèque, ouv. cité, liv. VII, 21 ; Suétone, Claude Néron,
XXXVI ; Tacite, Annal., liv. XV, 47.
(*) Sénèque, ouv. cité, VII, 17.
(5) Synopsis 0/ cometary astronomy : Voir Pingre, Cométo graphie
Paris, 1784, p. 1 36.
343
César. Il fut approuvé (') par le grand Newton et
par la plupart des autres astronomes. Struyck s'est
emparé de l'idée de Halley et a cru découvrir des
retours de la même comète dans les années 619,
1194 et 1769 avant l'ère vulgaire. Enfin, le fan-
tasque Whiston, auteur du xvne siècle (*), est
remonté plus haut : c'est, selon lui, cette comète
qui, 575 ans auparavant, vers l'an 2345, a occa-
sionné le déluge universel (!).
Toutefois, la proposition de Halley a trouvé de
(') On lit, en effet, ce qui suit dans l'ouvrage intitulé : Isaaci
Newtoni Opéra quae existant omnia , comment ariis illustrabat
Samuel Horsley, t. III, p. 141 : « Porro Halleius, observando quod
Cometa insignis intervalle) annorum b~j5 quater apparuisset, scilicet
mense septembri post caedem Julii Caesaris, anno Christi 53 1. Lam-
padio etOreste coss. anno Christi 1106 mense februario, et sub finem
anni 1680, idque cum caudâ longâ et insigni praeterquam quod sub
mortem Caesaris, cauda, ob incommodam telluris positionem, minus
apparuisset : quaesivit orbem ellipticum , cujus axis major esset
partium 1382957, existente mediocri distantiâ telluris à sole par-
tium 10000 : in quo orbe utique cometa annis 5y5 revolvi possit. »
(a) Nouvelle théorie de la terre, 5e éd. Londres, 1737, pp. 188
et suiv.
(') Plusieurs chronologistes reculent bien plus loin l'époque du
déluge, comme le fait remarquer Pingre (t. Ier, p. 245). Cet auteur, tout
en s'abstenant naturellement de discuter la rêverie de Whiston,
incline à reconnaître que la comète de 1680 convient à celles
de 1106 et de 44 av. J. C. (43, selon la chronologie qu'il adopte);
mais il considère comme impossible que la première ait été visible
en 53o (t. II, pp. i36, i38, et t. Ier, pp. 3i6, 387), et il finit par avouer
que ses notions ne sont pas suffisantes pour dire que les phénomènes
observés relativement à ces comètes ne peuvent pas convenir à bien
d'autres comètes (t. II, p. 1 38).
344
sérieux contradicteurs, notamment dans les per-
sonnes des astronomes Hind et Encke, professeur
à Berlin. En i852, dans une notice, intitulée :
On the supposed Period of Révolution of the Great
Cornet of 1680 ('), Hind, invoquant l'autorité
d'Encke, a écrit que la périodicité de la comète
de 1680 n'est en réalité établie ni par l'histoire, ni
par les calculs, et il est certain que si Halley
avait été en possession des divers comptes rendus
sur les anciennes comètes, qui ont été collec-
tionnés depuis longtemps, ce dernier n'aurait
pas posé sa conclusion sur la périodicité de
575 ans.
Il faut en tout cas, comme l'a dit Jules Janin (*),
« se défier de ces vérifications rétrospectives trop
« prolongées dans le passé ».
Quoi qu'il en soit, les astronomes qui ont étudié
la comète de Jules César, ayant généralement pris
pour point de départ la donnée de son apparition
vers la fin de septembre (*), nous pouvons nous
demander quelle serait l'influence de nouveaux
calculs astronomiques, fondés sur la visite de la
(') De la périodicité présumée de révolution de la grande comète
de 1680 par M. Hind. (Monthly notices of the royal astronomical
society. Londres, i852, pp. 142 et suiv.) Voir aussi Y Astronomie de
Chambers.
(') Revue des deux Mondes, icr octobre 1881, p. 583.
(') Isaaci Newtoni Opéra quae existant omnia, commentariis illus-
trabat Samuel Horsley, t. III, p. 41; Pingre, t. II. p. i38; Monthly
notices, etc.. notice citée, p. 143, etc.; etc.
345
comète entre le 20 et le 3o juillet 44 av. J.-C. ? Son
retour, d'après Halley, en 2255, déterminera peut-
être une conclusion sérieuse.
On a parlé d'une autre comète, qui aurait été
vue l'an 44 av. J.-C. et qu'après l'événement on
supposa avoir pronostiqué la mort de Jules
César (') ; mais l'histoire moderne des comètes
ne paraît pas avoir confirmé ce récit et mentionne
immédiatement avant celle qui parut après l'assas-
sinat, la comète de 48 (*), que l'on vit pendant la
guerre entre César et Pompée (5).
Depuis l'antiquité la plus reculée jusqu'au
moyen âge et même jusqu'à l'apparition de 1680,
les comètes ont été considérées comme des pré-
sages de malheurs publics (4). C'est à l'occasion
de cette apparition que Bayle a composé ses
pensées sur la comète, où il attaque ce préjugé
vulgaire (").
(') B. Dupiney de Vorepierre, Dict. franc, illustré, 1860, V° Comète,
p. 667.
(J) Pingre, ouv. cité, sect. I, Histoire des comètes. Cependant Biot
signale deux étoiles extraordinaires, qui se montrèrent, l'une en
avril-mai 47, dans le Sagittaire, l'autre en juin 46, dans les Pléiades.
(3) Pline, liv. II, c. XXIII (XXV); Lucain, Pharsale, liv. I™, v. 529.
(4) Pline, liv. II, c. XXIII (XXV); Lucain, loc. cit.; Suétone,
Claud. Nér., XXXVI; Justin, liv. XXXVII, 2; Silius Italicus, liv. VIII,
v. 638, etc., etc.; J. Janin, notice citée; Claude Comiers, La nature et
présage des comètes, Lyon, i665, pp. i5g, 210; Bouillet, Dict.
univ. des sciences, etc., 1880, p. 384, V° Comète; Larousse,
Gr. dict. univ., V° Comète, p. 698.
(*) Pensées diverses écrites à un docteur de Sorbonne à l'occasion
Année 1887. 22
346
Quelques citoyens de Bruxelles, ayant promené
par les rues, une caricature qui représentait la
comète de 1578, des notables sérieux, en expiation
de cette plaisanterie sacrilège, firent graver une
médaille-jeton, portant au revers les mots : offensi
numinis astvum, « l'astre de la divinité offensée ('). »
La médaillette ou jeton en losange, qui concerne
la comète de novembre 1618, la représente, entre
autres, avec l'inscriptien : cometa venturi Dei virga,
« la comète est la verge du Dieu qui va venir » , et
le distique allemand : Reines wirdt versert, Wer Gott
rechtehrt, « n'a rien à craindre, celui qui sert Dieu
comme il faut » (-).
Enfin, la fameuse comète de 1680 se trouve
figurée sur deux jetons, dont l'un indique, à
l'exergue, les dates des 16 décembre 1680 et
janvier 1681, et l'autre, celles des 16 décem-
bre 1680 et 11 février 1681 (5).
Un autre point intéressant est celui de savoir
quand se fit l'apothéose de Jules César, dont le
Sidus Jidium est le signe .
Si l'on s'attache à la place que donne à l'événe-
de la comète qui parut au mois de décembre 1680. Amst., Herm.
Uitwerf, 1722.
(') Larousse, Grand dict., V° Comète; Van Loon, Beschrijving
der nederlansche historiepenningen, t. Ier, p. 243; éd. franc., t. Ier,
p. 23g.
(2) Van Loon, II, p. io3; éd. fr., II, p. io3.
(5) Van Loon, t. III, p. 295 ; éd. fr.. t. III, p. 276.
347
ment la narration de Plutarque ('), le Sénat pres-
crivit qu'on rendrait à César les honneurs divins,
en même temps qu'il décrétait l'amnistie générale
du passé, ce qui eut lieu dès le lendemain de
l'assassinat, c'est-à-dire le 17 mars 710 (44 av.
J.-C). Mais c'est là certes une erreur. Il est vrai
qu'Antoine ne négligea aucun effort pour obtenir
la consécration immédiate de son ancien ami et
bienfaiteur (*). Dans son discours funèbre, il com-
mença à chanter un hymne à la louange de César
« comme à un dieu du ciel » (3). Il insista princi-
palement sur le décret relatif à la consécration
de la personne de César pendant la vie de celui-ci.
Il parla, dit-il, pour lui décerner une gloire
immortelle (l). Il désirait, dit-il aussi, que les
honneurs divins qui avaient été antérieurement
décernés, fussent maintenus (5). Conduisons-donc,
s'écria- t-il, le sacré au séjour des bienheureux,
Ailleurs, Appien (7) nous apprend que, le jour
même des funérailles, le peuple porta le corps de
César au Capitole pour l'y ensevelir, comme s'il
(') Vie de César, LXXIII, éd. Paris, Didier, 1843.
(s) Sext. Aurelius Victor écrit {De viris illust., cap. LXXXV, 1) '.
« ... Marcus - Antonius in omnibus expeditionibus Julio Caesari
cornes .... mortuo divinos honores decrevit. v
(s) Appien, liv. II, 146.
(*) Id., liv. III, 19, i35.
(5) rtfMi aiico toc; itiXoet â'ifoy.ivxi Ufa-j'zTOvs Aopmîy (APPIEN, liv. III, 34).
(6) Appien, liv. II, 145.
(') Liv. II, !48.
348
avait été consacré, *« *qfe et placé parmi les dieux
futi %m 9<t9*î, mais qu'il en fut empêché par les
prêtres.
Enfin, cet auteur ajoute, sans citer de date, que
ce fut Octave qui fit décerner les honneurs divins,
Ttftw \-crJïw ifwrm, à son père (').
M. Babelon (') dit que Jules César fut « déifié,
c'est-à-dire qu'il reçut le titre de divus, » après sa
mort, le 5 des kalendes de décembre 712 (av. J.-C.
42), et il cite en note l'ouvrage de M. Guill.
Caland, intitulé De nummis M. Antonii III viri
commmtatio (''). Nous avons vainement cherché un
texte confirmant cette idée. Voici ce qu'écrit
littéralement M. Caland : « Comme on estime
que César fut fait divus après le V des kalendes
de décembre 43 (4), donc à la fin de cette année,
on pense que c'est pendant la même année que ces
monnaies (5) ont été frappées et que Clodius et les
trois autres (,;) étaient quatuorvirs. Mais, au témoi-
gnage de Dion (47,18,3), César fut reçu au nombre
des dieux après l'achèvement de l'année 43 et dans
la première partie de l'année suivante, avant que
(') Liv. II, 148.
(2) Description historique et chronologique des monnaies de la
république romaine, t. II, pp. 10 et 47.
(3) Ludguni Batavorum, apud E.-J. Brill, i883, p. 3i.
(*) Non en l'an 42.
(3) Monnaies signées des quatuorvirs monétaires, entre autres, de
Clodius.
(6) L. Mussidius Longus, L. Livineius Regulus et C. Vibius Varu*.
349
les triumvirs déclarassent la guerre à Brutus et à
Cassius. Dion, en effet, après avoir commencé à
narrer les événements de l'an 42, au chapitre XVI,
rappelle dans deux chapitres, les honneurs divins
décrétés ensuite à César, et comme il n'existe
aucune raison pour que nous négligions l'autorité
de Dion, il n'est pas permis de nier que César a été
fait divus dans la première partie de l'année 42,
alors surtout que plusieurs arguments viennent à
l'appui (de la version). » Puis M. Caland cite en
note Mommsen, R. Staatsr., 11% 733.2.
C'est là également l'opinion que nous avions
déjà conçue avant la réception de l'ouvrage de
M. Caland. Nous placerons donc la cérémonie
de l'apothéose au commencement de 712 (42 av.
J.-C). Voici, du reste, le texte de Dion, mis sous
le consulat de M. Lepidus et de L. Plancus, qui
eut lieu en cette année (Livre XLVII, 18) : « Telle
était la conduite des triumvirs. En même temps,
ils comblaient d'honneurs le premier César... ; ils
accumulaient sur lui tous les honneurs qui lui avaient
été précédemment décernés, et ils en ajoutèrent de
nouveaux. Le premier jour de l'année, ils jurèrent
eux-mêmes et firent jurer aux autres de ratifier
tous ses actes ; ils lui érigèrent un heroon ('), dans
(■) Comme le fils, nous écrit M. Mommsen (lettre citée), s'appelle
Gai filius, encore après le 27 novembre 711, et comme Dion rapporte
le décret d'érection d'un temple au père, à l'année 712, je crois peu
probable que la loi, à laquelle se rattachent et le changement de nom
et le temple , ait été de beaucoup antérieure ( Voir les Fastes capi-
35o
le Forum, à la place même où son corps avait été
brûlé, et promenèrent dans les jeux du cirque une
statue de César avec une statue de Vénus... » Un
piédestal en marbre, qui se trouve à Rome, au
Musée du Vatican, porte l'inscription suivante (') :
DIVO . IVLIO . IVSSV
POPVLI ROMANI.
STATVTVM (*) EST . LEGE a. c. 711 ?
RVFRENA.
C'est sans doute à la même époque de la consé-
cration qu'il est permis d'attribuer cette inscrip-
tion lapidaire. Seulement la loi Rufrena (*), qu'on
ne trouve citée nulle part, est-elle bien celle qui
tolins, cités par M. Mommsen, Insc. lat., t. 1, p. 182, où l'on trouve en
l'an 711 (43), C. Julius Cf., et non divifilius.
(') Orelli, Corpus inscriptionum latinarum selectarum, n° 586;
Mommsen, Insc. lat., t. I, p. i83, n° 626.
(*) On ne peut pas lire STATVAM, comme le porte l'ouvrage de
M. Babelon (t. II, p. 47), probablement par suite d'une erreur de copie
ou d'impression.
(s) Dans une lettre écrite par Plancus à Cicéron (ad Fam., liv. X, 21),
en mai 71 1 (43), il est question d'un Rufrenus qui, d'après Y Index histo-
ricus de Schûtz (M. Tullii Ciceronis Opéra, Augustae Taurinorum,
1834, t. XVI, p. 760), était lieutenant du triumvir Lépide, ou tribun,
ou « quelque chose de semblable ». M. Caland fait remarquer que
Rufrenus ne pouvait être tribun du peuple en 43 (ouv. cité, p. 32).
M. Mommsen (Insc. lat., t. I, p. 184) croit que Rufrenus est l'auteur
de la loi sur l'apothéose et celui qui, d'après la lettre citée de Plancus,
poussa Lépide, de concert avec Canidius et autres, à demander la paix
avec Antoine. (Conf. Caland, p. 32.)
35i
a décrété l'apothéose de Jules César? C'est pos-
sible, mais nous n'avons, à cet égard, aucune
certitude. Toutefois il est admissible, avec M. Ba-
belon ('), que l'inscription a rapport à une statue
élevée à Jules César à l'occasion de son apo-
théose : un denier (s) à l'effigie du triumvir Octave,
avec la légende POPVLI IVSSV et une statue
équestre au revers, semble autoriser cette inter-
prétation de M. Babelon.
Quant au titre de divifilius, pris par Octave sur
les monnaies, on ignore la date à laquelle il com-
mença à figurer sur la monnaie ; mais nous avons'
dit ailleurs (s) qu'il est probable que ce fut après
la défaite de Sexte Pompée en Sicile, vers la fin
de 718 (36 av. J.-C. (4).
Il faut se garder de confondre, dans l'explica-
tion des monnaies, le Sidtis jfulium, astre propre
à J. César, avec un autre astre, que l'on remarque
quelquefois sur les monnaies de la famille Julia.
Celui-ci appartient à Vénus, aïeule de cette
famille (5), quand il ne fait pas allusion à la
réforme du calendrier d'après le cours du soleil,
(') T. II, p. 47-
(*) Cohen, Imp., Octave, p. 227, auteur qui, avec d'autres, a pris la
statue pour celle d'Octave lui-même.
(3) Apollon sur les monnaies de César Auguste (Revue belge de
numism., i885, p. 86).
(*) Compar. Borghesi, Œuv. complètes, t. I, p. 111 ; Mommsen, Hist.
de la monn. rom., t. III, p. 5.
(5) Voir entre autres, Cohen, Imp., Jules César, nos 7, 40, 41, etc.
352
faite par César avec l'aide de l'astronome Sosi-
gène ('). D'après Virgile, l'étoile de Vénus montra
la route à Enée, lorsqu'il sortit de Troie, et elle
ne disparut qu'à son arrivée aux champs de Lau-
rente (*)« C'est de l'astre de Vénus que César, mis
au rang des dieux, contemple, d'un œil paternel,
le triomphe d'Octave à la bataille d'Actium (*). Et,
de même que plus tard Constantin le Grand, après
sa conversion au christianisme, orna son casque
du monogramme du Christ, de même Octave se
mit à porter sur le sien l'astre paternel, après la
consécration officielle de Jules César. C'est de ce
casque étincelant qu'Octave se ceignit à la fameuse
bataille que nous venons de nommer : patriumque
aperitur vertice sidus (l)
L'astre de Jules César a tantôt huit rayons,
tantôt six, exceptionnellement moins; il est par-
fois chevelu, et sur deux pièces de la famille San-
quinia (planche XIV, nos 5 et 6), la chevelure
cache un des rayons, de manière à n'en laisser
apparaître que cinq.
L'étoile ou la comète, lorsqu'elle n'occupe pas
(') Plut., Vie de César, LXV, LXXVII; Appien, liv. II, 154;
Censorin, XX; Macrobe, Saturn., c. XIV; Voir nos Quelques
pages, etc., p. 582.
(') Énéid., I, v. 382; Varrqn, apud Servium sur Virg., t. I, p. 69,
v. 382, « in secundo (rerum) divinarum »; Servius, Enéid., liv. VIII,
t. I, p. 491, v. 590.
(3) Properce, liv. IV, chant XI, v. 5g.
(«) Virgile, Énéid., liv. VIII, v. 681, et Servius sur Virg.,
eod. loco.
353
le champ du revers de la médaille, est placée
devant le front ou la tête, ou au-dessus ou derrière
celle-ci.
Nous arrivons enfin à la description des pièces.
N° i. M- ANTON • IMP • III • VIR • R • P • C
(Marcus Antonius triumvir reipublicae constituendaé).
Tête nue à droite de Marc- Antoine ; au-dessous,
astre à huit rayons.
Rev. CAESAR IMP (imperator) III • VIR • R • P
• C • Tête nue d'Octave à droite.
Argent.
Cohen, Consul., Julia, n° 5, pi. III, n° 4; Impér. (2e édit.),
t. I, p. 48, n° 1.
Babelon, Description, etc., Antonia, n° 38.
Gravé, pi. XIV, n° 1.
On voit les têtes des deux triumvirs réunies sur
la même pièce, ce qui marque son émission pen-
dant leur alliance. Ils y sont tous deux qualifiés
d'imperator.
Dans une lettre qui fut adressée par Brutus
et Cassius, en août 710 (44), à Marc Antoine (*), il
ne reçoit pas encore cette qualification (*). D'après
Appien (), il fut créé imperator par l'armée macé-
donienne, et, dans la i3e Philippique (*), Cicéron
lui reproche d'avoir usurpé ce titre, qu'Antoine
(') Cic. Ad/am., X, 3.
(*) Conf. Eckhel. t. VI, p. 66.
(3) Liv. III, 25.
(*) C. X.
354
renonça à prendre dans une lettre à Hirtius et à
Octave, qui fut lue, en assemblée du sénat, le
20 mars 711; ainsi l'acclamation est antérieure à
la victoire d'Antoine sur Pansa (milieu d'avril 711),
lequel mourut le 28 avril, le lendemain de la défaite
d'Antoine à Modène ('). Celui-ci fut ensuite pro-
clamé , dit -on, imper ator iterum pendant l'été
(milieu de juillet?) de l'an 716 (38), à la suite
d'une seconde victoire remportée sur les Parthes
par son lieutenant P. Ventidius Crassus (*)„
Quant à Octave, il fut appelé imper ator pour la
première fois en l'an 711 (43), le 14 avril, à la
bataille de Modène ('), et la seconde fois, en 713
(41), pour la bataille de Pérouse (l).
Le triumvirat fut définitivement constitué entre
Lépide, Antoine et Octave, le 27 novembre 711
(43), puis renouvelé à partir du Ier janvier 717
(37) 0-
D'après ce qui précède , ne pourrait-on pas classer
ce denier comme frappé entre le 27 novembre 711
(43) et l'été de 716 (38), et la prudence ne comman-
(') Duruy, Hist. rom., 1873, p. 844.
(*) Caland, p. 25; Babel., Rev. num.fr., 1884, p. 410.
(3) Ovide, Fastes, IV, v. 627; Appien, liv. III, 5i ; Dion, XLI, 38;
Eckhel, t. VI, p. 70. Ni pour Antoine, ni pour Octave, nous n'avons
rencontré sur les monnaies la mention du 2e généralat.
.(*) Dion, XLVIII, 16.
(5) Dion, XLVIII. iw-^mc D'après la Tabula collatiana, le triumvirat
dura d'abord depuis le 27 novembre 71 1 jusqu'au 3i décembre 716, et
ensuite depuis le ier janvier 717 jusqu'au 3 décembre 721. (Gruter,
p. 298; Mommsen, Res gestœ, i865, p. 17.)
355
derait-elle point de ne pas le classer après 713 (43) ?
Cavedoni ('), qui regarde cette médaille comme
très importante, à cause de la présence de l'astre,
ajoute que celui-ci paraît être la comète de Jules
César ou la planète Vénus, et qu'il est peut-être
placé au-dessus de la tête d'Antoine pour faire
allusion à la paix de Brindes, conclue entre les
deux triumvirs, ce qui fixerait (*) la date de l'émis-
sion à 715 {3g). Quant à l'étoile, Morell (*) en
explique la présence par le fait qu'Antoine était le
flamine de J. César, du vivant de celui-ci (*). Mais
une quatrième version est possible : sur un denier
similaire, l'étoile est remplacée, derrière la tête
d'Antoine, par le lituus; or, le lituus est le symbole
de l'augurât qu'Antoine avait obtenu en 7o5 (4g),
et, de cette manière, l'astre pourrait être allusif à
Apollon, le chef suprême des augures (3), ou au
Soleil, pour qui Antoine avait un culte particulier.
Quoi qu'il en soit, nous croyons qu'il s'agit ici
plutôt de l'astre de Vénus, la monnaie nous parais-
sant avoir été frappée au commencement du
triumvirat, à la fin de 711 (43) ou au commence-
ment de l'année suivante, avant la consécration
officielle de J. César. Du reste, il ne faut pas
(') Rev. num.fr., 1857, p. 191 .
(2) Borghêse, Décad., XII, oss. 2.
(3) T. II, p. 5o5.
(*) Cic, Phil. II, 43 et XIII, 19 ; Suét., C.-J. Cœs, LXXVI, Dion,
XLIV, 6 ; Xiphilin, p. 29.
(5) Eckhel, t. V, p. 38; Cavedoni, apud Cohen, p. 38.
356
supposer facilement qu'Antoine ait représenté
l'astre du divin Jules sur la monnaie qui lui était
commune avec le fils adoptif du déifié, avant que
ce fils eût inscrit lui-même sur sa monnaie propre
le titre de divifilius.
Les auteurs qui ont rapporté le denier à 711
(43) ou 712 (42) n'auraient donc peut-être pas tort.
N° 2. ANT • IMP • IIIVIR R • P * C • (Antonius
imper ator, triumvir reipublicae constituendae). Tête
nue de Marc Antoine, à droite; derrière le lituus.
Rev. CN • {Cnaeus) DOMIT{ius) ■ AHENOBAR-
BVS IMF(erator). Proue de navire à droite; au-
dessus, une étoile.
Or et Argent.
Cohen, Consul., Domitia, Imp., Marc Antoine, n08 9 et 10.
Gravé, pi. XIV, n° 2, où il y a,
par erreur, IIVIR.
Cnaeus Domitius iEnobarbus, bisaïeul de
Néron , fut enveloppé , quoique innocent selon
Suétone et Appien ('), dans la condamnation pro-
noncée par la loi Pedia contre les meurtriers de
César, et il se retira auprès de Bru tus et Cassius,
auxquels il était allié. Après la mort de ceux-ci,
il conserva et augmenta même la flotte qu'ils lui
avaient confiée. Il la remit seulement à Marc
(') Suét., Nero Claud., III, et* Appien, liv. V, 52. Voir cependant,
quant à cette culpabilité, la note 2 de J.-J. Combes, le traducteur
d' Appien, t. III, p. 120, sur l'opinion de Dion Cassius.
357
Antoine lorsque son parti fut complètement défait,
et, ce par un accommodement volontaire, dont
on lui sut si bon gré que, seul de tous ceux
qu'avait frappés la même loi Pedia, il fut réintégré
dans sa patrie et élevé aux plus hautes dignités. Il
fut l'un des consuls de l'an 722 (32). Plus tard, il finit
par passer du côté d'Auguste. Il mourut peu de
jours après, ne laissant pas une réputation intacte,
car Antoine prétendait qu'il ne l'avait abandonné
que pour obéir au désir de sa maîtresse Servilia
Naïs ('). Velleius Paterculus remarque qu'^no-
barbus était le seul des partisans d'Antoine qui
n'eût jamais salué Cléopâtre par son nom de
reine (-). Au moment de se donner à Antoine,
^Enobarbus fit ranger son navire à côté de celui
du triumvir, et, avant de faire voile pour Brindes,
dont ils firent ensemble le siège soutenu par
Octave, ^Enobarbus fut reçu dans le propre vais-
seau d'Antoine, auquel il céda sa tente (5). Ceci
se passait en 714 (40 av. J.-C). C'est alors
qu'yEnobarbus frappa, dans l'atelier monétaire
qu'il avait organisé, Yaureus et le denier dont
il s'agit (l). Il fut, paraît-il, salué imperator, pour
la bataille navale qu'il gagna en 712 (42), con-
jointement avec Murcus contre Domitius Calvi-
(') Sic : Suét., Nero Claud., III. Voir aussi Appien, liv. III, 55, et
Dion Cassius,jL, i3.
(2) Liv. II, 84.
(3) Appien, liv. V, 55.
(*) Fr. Lenormant, La monnaie dans'/ antiquité, t. II, p. 348.
358
nus, lieutenant des triumvirs ('). La proue repré-
sentée sur le revers rappelle ses succès maritimes
et notamment ceux qu'il obtint en 7i3 (-) con-
tre les forces navales d'Octave. Quant à l'astre
qu'on aperçoit au-dessus du navire, Eckhel (3)
trouve, avec raison, que la signification n'en est
pas certaine. Vaillant (l) y a vu le nom du navire;
Morel (a) estime que c'est plutôt l'astre du soleil
et que les monnaies qui le portent ont été frap-
pées à l'usage de la flotte d'Antoine, à Rhodes,
où Apollon avait un colosse et était particulière-
ment adoré (°) . Nous préférerions nous figurer ici
l'astre de Vénus, qui rappelle le parti césarien
qu\#£nobarbus venait d'embrasser, d'autant plus
que cette déesse passait pour être favorable à la
navigation (;). L'étoile à huit rayons étant l'em-
blème du parti césarien ("), il n'est pas probable,
quoiqu'il soit question d'une époque postérieure
à l'apothéose officielle de César, qu'Antoine, nous
le répétons, ait mis le sidus julium sur la monnaie
à son effigie, avant qu'Octave s'en soit servi de
même ou ait pris le titre de divi films sur ses pro-
pres deniers.
(') Appien, liv. IV, nos n5, 116; Madden, Num. chronicle, i865,
new série, t. V, p. 17.
(*) Appien, liv.»V, 26.
(3) Doct. num., t. V, p. 202.
(') Nummi antiqui familiarum romanarum, Amsterd., 1703, p. 3g|.
(5) T. I,p. i55, VIII.
(«) Pline, liv. XXXIV, c. XVIII (VII).
(7) Servius sur Virg., liv. III, 19.
(8) Borghesi, Œuvr. compl., t. II, p. 54.
359
Un aureus qui faisait partie du cabinet de France,
avant le vol de i83i, est décrit comme il suit dans
l'ouvrage de M. Babelon (') :
M • ANTONIVS M • F • M • N • AVG • IMP •
ITE (Marcus Antonius Marci filius, Marci Nepos,
augur, imper ator iterum). Marc Antoine debout, à
droite, vêtu du costume militaire, tenant une lance
et un parazonium, et posant le pied sur la proue
d'un navire.
Rev. III VIR • R • P • C • C • COS • DESIG ■
ITER • ET TERT (triumvir reipublicae constituen-
dae, consul designatus iterum et tertio). Lion mar-
chant à gauche et tenant une épée; au-dessus, une
étoile.
Cette pièce se classe entre les années 716 (38) et
718 (36) (■). On sait qu'après la guerre parthique
en 718 (36), Antoine voulait se faire passer pour
Osiris, le soleil des Egyptiens. La monnaie paraît
antérieure à cette campagne, où Ventidius, lieu-
tenant d'Antoine, repoussa les Parthes et tua
Labienus (3g-38), et, dès lors, l'étoile pourrait
être encore ici une allusion au culte d'Apollon,
le dieu des augures, parmi lesquels se trouvait
Antoine, comme la pièce l'indique.
N° 3. DIVI F(ilius). Tête nue d'Octave, à droite ;
devant, une étoile.
(') T. I, p. i83.
(*) Conf. Babelon, t. I, p. i83. En octobre ou novembre (Calland
p. 25).
36o
Rev. DIVOS IVLIVS, en deux lignes, dans une
couronne de laurier avec des baies.
Grand bronze.
Cohen, Consul., Julia, n° 4Ô;Imp., Oct. Aug.,<^b.
Babelon, Julia, n° 101, qui cite, au n° 102, une variété
avec la légende CAESAR D1V1 F, au droit.
Gravé, pi. XV, n° 1 .
L'étoile qu'on voit au droit, avec le titre de
fils du divin, est bien l'astre de J. César. La cou-
ronne du revers nous rappelle que le dictateur
rjçut du sénat la permission de porter toujours
la couronne de laurier ('), et d'avoir, dans les
théâtres, un siège doré et une couronne d'or garnie
de pierreries, pareille à celle des dieux (4), objets
qu'Antoine défendit à Octave de produire aux
jeux édiliciens de Critonius et aux jeux qu'Octave
fît célébrer ensuite en l'honneur de Vénus (3). La
dernière couronne représentait aussi des branches
de laurier, mais sans baies, comme le prouve un
denier du triumvir Octave, sur lequel elle figure
avec la sella aurea (*). Morell (5) a fait connaître un
exemplaire de notre grand bronze, qui a été
frappé sur un as de Sexte Pompée et qui laisse
(') Suétone, C. J. Ccesar, XLV; Dion Cassius, liv. XLIII, 43.
Voir nos Quelques pages, etc., p. 579.
(0 Dion, XLIV, 4.
(') Appien, liv. III, 28.
(4) Cohen. Consul., Julia, pi. XX, n° 22; Babelon, Julia, n° 89.
(5) Thésaurus Morellianus, Amsterd., 1734, p. 216, litt. D, et
pi. VII, D.
36i
voir encore une partie de la proue et le mot PI VS .
Après la bataille de Munda, Sextus renouvela la
guerre en Espagne ; il s'y maintint dans les der-
niers mois de la vie de César, et après la mort
de celui-ci jusqu'à l'automne de 710, époque où
il fut rappelé en Italie. C'est pendant ce temps
qu'il fit fabriquer en Espagne des pièces d'un as,
rares partout ailleurs, mais communes dans les
dépôts espagnols (').
Suivant la surfrappe et ce que nous avons
énoncé plus haut au sujet de l'époque à laquelle
Octave peut avoir pris sur la monnaie le titre de
divi filius, c'est-à-dire après la défaite de Sextus-
Pompée en Sicile, vers 718 (36 av. J.-C), il est
permis de croire que l'as à la couronne de laurier
n'est pas de beaucoup postérieur à cette défaite,
s'il n'a été frappé peu après la mort de Sexte
Pompée, arrivée en 71g (35 av. J.-C). Ces pièces
ne sont pas de fabrication romaine, et l'on pense
généralement qu'elles sont de coin espagnol.
Dans la légende du revers, on remarque l'ortho-
graphe ancienne DIVOS pour DIVVS, ortho-
graphe qui laisse deviner la prononciation latine
de Vu. L'o et Vu, dit Quintilien (*), n'ont-ils pas été
employés l'un pour l'autre? On écrivait Hecoba,
notrix, au lieu de Hecuba, nutrix. L'inscription de
(') Conf. Mommsen, Ann. de l'Inst. archéol., i863, p. j"i; Mommsen-
de Blacas-de Witte, Hist. de la monn. rom., t. II, pp. 538-53g, note
de M. de Witte; Fr. Lenormant, Hist. de l'antiq., t. II, p. 3i2.
(2) Instit. orator., I, 4.
Année 1887. i"S
362
Duillius porte : primos ornavit, pour primas ornavit.
La même orthographe a été suivie régulièrement,
entre autres, dans la loi des douze tables, dans
l'inscription tumulaire de Lucius Scipion et dans
plusieurs autres du même âge ('). La forme divos
rappelle ce vers de Lucrèce (*) :
jEneadum genitrix, hominuin divomque voluptas.
Or, l'ouvrage de Lucrèce n'est pas de longtemps
antérieur à l'époque de l'émission des as dont il
s'asfit. On trouve aussi divos iulius sur des mon-
naies africaines de Leptis minor et d'Achulla, et
sur des bronzes de grand module frappés à Lyon
sous Auguste (5), et l'on trouve divos avgvstvs sur
des monnaies de Phénicie (l).
Les flans des pièces n'ont pas toujours la même
épaisseur (*).
La collection de J. Gréau, n°63i, renfermait une
médaille semblable de fabrique barbare, mais du
module du moyen bronze, avec DIVOS IVLIVS.
N° 4. IMP • DIVI ■ IVLI • F • TER (ou ITER) •
III'VIRR'P'C. (Imper ator divi Jidiifilius, tertio
(') Prompsault, Gramm. latine, p. 106.
(*) De la nature des choses, liv. I, v. 1.
(s) Boutkowski, Dict. num., t. I, n° 145; Lenormant, De quelques
espèces de monn. grecq. mentionnées dans les auteurs anciens et dans
les inscript. Rev. num. fr., 1867, p. 167.
(*) Robert, Monnaies gauloises (sa collection), Paris, 1880, p. 36.
(5) Catalogue de la collection de J. Gréau, n05 629, 63o.
363
ou iterum triumvir reipublicœ constituendœ.) Tête de
Jules César, lauré, jeune et divinisé, à droite ;
devant le front, une étoile.
Rev. M • AGRIPPA ■ COS ■ DESIG. (Marcus
Agrippa, consul désignâtes), en deux lignes, dans
le champ.
Or.
Cohen, Cons., Vipsania, n° 3.
Babelon, Vipsania, n° 2.
Gravé, pi. XIV, n° 3.
L'astre qu'on observe devant le front de Jules
César est bien, cette fois, le sidus Julium, et
Octave prend sur la monnaie le titre de divifilius.
La légende inscrite au revers de cet aureus l'est en
l'honneur d'Agrippa. Marcus Vipsanius Agrippa,
issu d'une famille obscure, naquit, pense-t-on,
l'an 691 (63 av. J.-C). Il partagea l'éducation
donnée à Auguste, avec qui il fut lié d'une étroite
amitié ('). Agrippa contribua puissamment aux
victoires d'Octave dans les journées de Philippes
l'an 712 (42) et d'Actium l'an 723 (3i). Il géra trois
fois le consulat, en 717, 726 et 727 (37, 28, 27).
Il fut décoré de la puissance tribunitienne l'an 736
(18), dignité qui lui fut continuée pendant cinq
autres années l'an 741 (i3) (*). Agrippa fut désigné
consul, pour la première fois, l'an 716 (38), date
à laquelle se rapporte la médaille. Il mourut en
(') Nicolas de Damas, de ceduc.
(') Dion, liv. LIV, 28.
364
Campanie l'an 742 (12). Dion Cassius (') l'appelle
l'homme le plus recommandable de son siècle et
qui n'usa de l'amitié d'Auguste que pour rendre,
et au prince lui-même et à l'État, les plus grands
services.
La légende ITER (I et T en monogramme?
sinon TER) a donné lieu à interprétation. Bor-
ghesi (2) a lu ITER, et M. Mommsen (») a lu
TERTIO, en rapprochant de ce mot celui à1 im-
per ator. M. Babelon (') se range à la lecture de
Borghesi et dit qu'il ne saurait accepter l'opi-
nion du savant allemand pour les deux raisons
suivantes : i° il serait sans exemple en numis-
matique que le chiffre de la salutation impé-
riale fût éloigné du mot imperator; 20 sur les
monnaies d'Octave, le chiffre de la salutation
impériale n'est jamais marqué quand le mot
imperator est placé comme un prénom devant
le nom de Cœsar. Cette dernière interprétation
aurait au moins le mérite de la simplicité ; mais si
on l'adopte, la légende offre une difficulté chrono-
logique : « Le renouvellement du triumvirat, dit
Fr. Lenormant (5), eut lieu en janvier 37 (717 de
(') Dion, liv. LIV, 28.
(2) Œuv. comf1., t. I, pp. io5 et s.
(J) Staatsrecht, II, 657, Anm. 4 (apud Babelon, p. 56).
(*) M. Mommsen (Staatsrecht, II*, p. 774, a. 2) a démontré, d'après
M. Calland (p. 14, note 4), que les mots imp. ter doivent être rapportés
tant au prénom d'imperator qua la troisième proclamation.
(s) Ouv. cité, t. II, p. 357.
365
Rome) , en même temps qu'Agrippa entrait en
fonctions comme consul. Si donc on rapporte
iterum à triumvir, il faut supposer que le renouvel-
lement fut mentionné proleptiquement sur la
monnaie dans les derniers mois de 38, quand
Agrippa n'était encore que consul designatus; c'est
l'opinion de M. Von Sallet ('), quoique l'on ne
trouve aucun autre exemple où l'itération de ce
titre soit mentionné dans la numismatique d'Oc-
tave. En tous cas, ces monnaies se rapportent à la
campagne d'Agrippa sur le Rhin, à la fin de 38. »
Le triumvirat fut, en effet, renouvelé l'an 717 (37),
sous le consulat d'Agrippa et de L. Caninius
Gallus, lorsque, comme le dit Dion (■), le premier
terme quinquennal était déjà expiré. Quoiqu'il en
soit, comme Octave fut salué imperator pour la
troisième fois en Ji5 (3g), et pour la quatrième
fois en 718 (36), la version de M. Mommsen, qui
donne la médaille à l'année 716 (38), est digne
d'une sérieuse réflexion.
N° 5. IMP • CAESAR • DIVI • F • III ■ VIR •
ITER • R • P • C (reipublicae constituendae). Tête
d'Auguste, nue et barbue, à droite.
Rev. COS • ITER ■ ET ■ TER • DESIG.
Jules César, debout de face, dans un temple à
quatre colonnes, tenant le bâton d'augure ; sur la
(') Zeitschr.fûr Num., t. IV, p. 141.
C) Liv. XLVIII, in fine.
366
frise on lit : DIVO IVL; sur le fronton, une
étoile à huit rayons; à gauche, un autel orné et
allumé.
Or et argent.
Cohen, Consul., Julia, nos 58 et 5g; Impér., Auguste, nos 89
et 90.
Babelon, Julia, nos )38 et i3g.
Gravé, pi. XIV, n° 4.
Octave fut consul pour la seconde fois en l'an 721
(33 av. J.-C), consul désigné -pour la troisième fois,
l'année suivante 722 (32), et consul pour la troisième
fois l 'an 723 (3 1). Ces pièces sont donc censées avoir
été frappées, sinon en l'an 722 (32), au moins entre
les années 721 et 723 (33-3i) ('), pendant le second
triumvirat qui, commencé en 717 (37), puis réduit
à deux membres Antoine et Octave, fut définitive-
ment aboli par la bataille d'Actium (2 septem-
bre 723 (3 1)) (•).
Octave porte une barbe légère. D'après Dion (3),
il ne se rasa pour la première fois la barbe que
cinq ans après la mort de César, donc en Ji5.
Cependant il la portait encore, en signe du deuil
de la mort de J. César, jusqu'à la défaite de Sexte
Pompée, à la fin 718 (36 av. J.-C.) (4).
Le revers de la monnaie nous offre la représen-
tation du temple de Jules César.
(') Babelon, II, p. 60.
(*) Compar. Tacite, Annal., liv. I, 2.
(3) Liv. XLVIII, 34.
(') Compar. Eckhel, t. VI, p. 76.
367
Au commencement de l'an 712 (42 av. J.-C),
sous le consulat de M. Lepidus et de L. Plancus,
les triumvirs, on l'a déjà dit, érigèrent à Jules
César divinisé, ce temple ('), œdes, en grec */*•»,
dans le Forum, à l'endroit même où son corps
avait été brûlé (*), et où se trouvait auparavant
l'autel élevé au même César, après sa mort, par le
peuple, et que le consul Dolabella fit renverser (5).
La dédicace du temple eut lieu postérieurement,
le 18 août (4) 725 (29 av. J.-C), sous le consulat
d'Octave V et de Sextus Apulleius (3), après
qu'Octave eut triomphé pendant trois jours.
Zumpst (°), selon M. Mommsen (7), aurait dû s'abs-
tenir de critiquer l'époque désignée par Dion; c'est
aussi notre manière de voir. Il faut induire de ce
qui précède que la représentation du temple sur la
médaille est antérieure de quelques années à la
(i) Dion, XLVII, 18.
(*) Appien, liv. II, 148; Dion, XLVIII, 18; Zonare, p. i38, etc.
(3) Cicéron, ire Philipp., II, et 2e, XLII; ad Fam., liv. XIV, i5;
Dion, XLIV, 5i.
(*) Mommsen, Insc. latin., I, p. 399; Calendrier de Ch. Ém. Ruelle
ouv. cité, p. 847.
(5) Dion, LI, 22.
(6) A. W. Zumptius, Augusti index rerum a se gestarum, sive
Monumentum ancyranum, Berlin, 1845, p. 68; on lit sur ce monu-
ment : JEdem Divi Juli... feci.
(7) Mommsen, Res gestœ divi Augusti ex monumentis ancyrano et
apoloniensi, Berlin, apud Weidemans, i883, p. 80. L'auteur ajoute :
« Non enim secundum dedicationem dies aedificia enumerantur, sed
secundum tempus quo perfecta sunt. »
368
dédicace officielle de l'édifice, et aucune notion,
que l'on sache, ne vient contrarier cette induc-
tion ('). A côté du temple, le monétaire a placé un
autel qui, d'après un bel exemplaire de notre
collection, a la forme ronde, de manière à lui
donner tout l'aspect d'une petite colonne. Or, c'est,
d'après Cicéron (*) , une colonne, columna, que
Dolabella renversa. Ampère (') suppose que Cicé-
ron dit la colonne, pour éloigner l'idée de profana-
tion ; « car, ajoute-t-il, c'était bien un autel, puis-
qu'on y sacrifiait; Suétone lui-même (Cœs, 85) dit
que l'on y offrait des sacrifices » (l). L'autel était
petit; on ne saurait donc l'identifier avec la
colonne de près de vingt pieds de haut, portant
l'inscription parenti patriae, dont parle Suétone (5).
L'autel figuré sur la médaille est-il un autel restitué
par ordre d'Octave et auquel peut-être on avait
donné plus ou moins la forme de l'autel détruit?
Ou serait-il plutôt un petit monument de la même
forme, qui faisait partie de Yœdes divi Julii? La
question se réduit encore à de simples hypothèses(6) .
(') Conf. Lettre de M. Mommsen, citée plus haut.
(') 1" Phil., II, Lettre ad Atticum, ad Fam., liv. XIV, i5. Dans la
2e Philippique, XLII, Cicéron parle d'un bustum, tombeau ou monu-
ment funèbre. LACTANCE.(Inst. div., De falsa religione, c. XV, p. 59,
Anvers, 1570) écrit : Dolabellœ cos. qui columnam inforo, id est titu-
lum eius evertit. Appien (liv. II, 198) et Dion (XLIV, 5i) disent ëWôv.
(3) L'empire à Rome, p. 106.
(*) Conf. Dion, XLIV, 5i.
(8) C. J. Ccesar, LXXXV.
(*) Consult. lettre citée de M. Mommsen.
369
« Ce temple, écrit Ampère ( ), que Dion Cassius
appelle un heroon, ce qui prouve que ses dimen-
sions étaient peu considérables, s'élevait à l'extré-
mité du Forum Nous savons que le temple de
César était voisin du temple de Castor et Pollux (*),
dont il subsiste encore aujourd'hui trois belles
colonnes ; nous savons aussi qu'il faisait face au
temple de Jupiter Capitolin (*) Le temple était
élancé, avec des entre-colonnements étroits (*);
et le fronton était dominé par une statue de Jules
César. Il avait un soubassement élevé f). L'esca-
lier, qui conduisait au sommet de ce soubasse-
ment, forma les degrés de ce qu'on appelle les
Rostres Juliens.
Quant à l'emplacement du temple, Stace a aidé
à le retrouver. S'occupant de la statue colossale
de Domitien, le héros qu'il chante, le poète dit
qu'en face elle regarde le monument de celui qui
a le premier ouvert le chemin du ciel à nos princes,
hinc obria limina pandit — qui primus iter nostris
(') Ouv. cité, pp. 108- 10g.
(l) Fratribus adsimilis, quos proxima templa tenentes
Divus ab excelsa Julius aede videt.
Ov., de Pont, II, v. 285.
(3) . . « Ut semper Capitolia nostra forumque
Divus ab excelsa prospectet Julius arce. »
Ov., Met., XV, 840.
(4) Vitruve, III, 3.
(s) C'est, je crois, dit Ampère, ce que veut dire l'épithète excelsa,
employée deux fois par Ovide. « Ce petit temple ne pouvait être par
lui-même très élevé. »
370
ostendit in œthera divis (liv. I, Silve I, v. 22 et s.).
Assez récemment , on a découvert d'informes
substructions du temple de César, à l'est du
Forum, au milieu de l'espace qui s'éleva depuis
le temple de Castor jusqu'à celui d'Antoine et de
Faustine. Après avoir ainsi rappelé cette décou-
verte, M. Gaston Boissier (') ajoute : « On s'aperçut
que les marches de l'escalier (du temple) ne s'éten-
daient pas, comme c'est l'usage, tout le long de la
façade ; le milieu est occupé par un mur de pépe-
rin revêtu de plaques de marbre, qui se dresse
entre deux escaliers étroits. Ce mur soutenait une
plate-forme, d'où les orateurs pouvaient parler
au public. Or, nous savons que César imagina
de construire une nouvelle tribune aux harangues
en face de l'ancienne, qu'Auguste l'orna d'éperons
de navire pris à la bataille d'Atium, et qu'elle était
placée au devant du temple qu'il avait bâti en
l'honneur de son oncle, sur le lieu même où le
corps du grand dictateur avait été brûlé. La tribune
retrouvée, nous sommes sûr que le monument
auquel elle est adossée ne peut être que le temple
de César. » La découverte du temple de César est
d'autant plus importante qu'elle achève, d'après
M. Boissier, de limiter parfaitement le Forum (*).
(') Promenades archéologiques. Les fouilles de l'Esquilin et du
Forum de Rome; Revue des deux mondes, 1877, t. XX.
(2) M. Mommsen, dans son travail de i883, p. 80, sur le monument
d'Ancyre, écrit également que les fondements de Yœdes julii décou-
verts récemment, nuper, se voient aujourd'hui dans le forum ; puis il
371
Le temple de J. César fut orné de dépouilles de
l'Egypte. On y suspendit un grand nombre d'of-
frandes, et la consécration de l'édifice fut accom-
pagnée de jeux de toute espèce ; les spectacles
durèrent plusieurs jours ('). Ce fut dans le même
heroon qu'Auguste plaça la Vénus Anadyomène
(sortant de la mer) de l'illustre peintre Apelle (*),
et qu'en 743 (11 av. J.-C), exposa le corps de sa
sœur Octavie, qui venait de mourir; il plaça un
voile entre lui et le cadavre, en présence duquel
il prononça l'oraison funèbre de la sympathique
défunte (5).
N° 6. M • (Marcus) SANQVINIVS • III ■ VIR.
Tête laurée de Jules César jeune et divinisé , à
droite ; en haut une comète.
Rev. AVGVSTVS • DIVI • F. Tête nue d'Au-
guste, à droite.
Argent.
Cohen, Consul., Sanquinia, n° 1.
Babelon, Sanquinia, n° 3.
Gravé, pi. XIV, n° 5.
On s'accorde aujourd'hui à reconnaître dans la
tête du droit, représentée sur cette pièce et sur les
suivantes (n° 7), la tête divinisée de Jules César;
ajoute : Exposuit de ea Henricus Iordan in Hermae, vol. 9, p. 342
seq.
(') Dion, LI. 22.
(s) Pline, Hist. nat., liv. XXXV, 36,
(8) Dion, LIV, 35.
372
l'astre qui se voit au-dessus de la tête est le Sidus
jfulium. Toutefois Cavedoni, apud Riccio,p. 201, a
fait remarquer, avec raison selon Hucher('), que la
chevelure du personnage et la couronne de laurier
ne ressemblent pas à celles de J. César, qui sont
gravées par ses monétaires aprèsy3o (24 av. J.-C).
Eckhel (*) fait la même remarque quant aux traits
du visage. Mais cette circonstance n'est pas assez
décisive pour repousser l'opinion commune (5).
Suivant Borghesi, cité par Riccio (4), ce denier
semble avoir été frappé, comme le suivant, au
droit duquel il est identique, en souvenir des jeux
séculaires, dont la cinquième célébration se fit
par Auguste dans l'année 737 (17 av. J.-C.) (5),
en qualité de quindecemvir sacrisfaciundis (°).
M. Sanquinius était monétaire d'Auguste.
(') Catalogue raisonné des monnaies romaines trouvées dans le
jardin du collège du Mans, p. 290.
(s) T. V, p. 299.
(8) Consult. Ursinus, p. 23i; Morell., t. I, p. 372; Riccio, La
monete délie antiche famiglie di Roma, p. 201.
(*) Riccio, p. 201, n° 2.
(5) Dion, liv. LUI, 18, et Censorin, de Die natal., c. 17, qui dit :
« Quintos Iudos C. Furnio, C. Junio Silanos cos. anno DCCXXXVII
Caesar Augustus et Agrippa fecerunt. » C'est à tort qu'en suivant
distraitement Ursinus (Fam. rom., p. 23 1) et Morell. (t. I, p. 372),
nous avons indiqué, dans notre Apollon, la sixième célébration et
Tan 736 (18).
(6) Le monument d'Ancyre porte, en effet: Pro conlegio XV virorum
magister conlegii conlega Agrippa (ludos) saeculares C. Furnio
C. Silano cos. (feci). Voir Mommsen, Res gestœ divi Augusti, édit. de
373
Fr. Lenormant, après avoir rappelé qu'avec les
triumvirs monétaires d'Auguste, M. Sanquinius
et P. Licinius Stolo, reparut la fabrication de
monnaies de cuivre, s'exprime en ces termes (') :
« On place généralement la magistrature de ces
deux personnages en 737 de Rome (17 av. J.-C),
pour M. Sanquinius, parce que le type de son
denier a trait aux jeux séculaires, célébrés, en
effet, dans cette année (*), et pour L. Licinius
Stolo, parce que l'analogie de son monnayage
avec celui du précédent oblige à le classer à la
même année (s). Mais les jeux séculaires de 737
sont encore mentionnés sur les pièces dont la
fabrication fut dirigée par L. Mescinius Rufus,
qui exerça le triumvirat en 738, jusque sous la
huitième puissance tribunitienne d'Auguste (*).
La raison décisive d'après laquelle on avait cru
pouvoir fixer en 737 la date de ces deux magis-
trats, se trouve ainsi écartée. Il est, au contraire,
vraisemblable qu'ils ont dû être en charge un peu
plus tard, car un fait aussi considérable que la
reprise de la fabrication des espèces de cuivre
à Rome, après soixante ans d'abandon, dut être
Berlin, i855, pp. 63, 64; Voir aussi Eckhel, t. VI, p. 102. Comp. Cohen,
Mescinia, n°4; Babelon, Mescinia, n° 4.
(') La monnaie dans l'antiquité, t. III, pp. 179, 180.
(2) Eckhel, D. N., t. VI, p. 102; Borghesi, Osserv. num. , décad.
IV, 8; Œuvres complètes, t. I, p. 243.
(5) Cavedoni, Ripostigli , p. 237.
(*) Elle commença le 27 juin 738 (16) et finit le 26 juin 739 (i5).
374
le point de départ d'un monnayage nouveau,
continué ensuite sans interruption. Ceci conduit
à adopter l'opinion de M. Morarasen ('), qui
reconnaît dans M. Sanquinius et P. Licinius
Stolo deux des triumvirs du collège monétaire
de l'an 739 (i5 av. J.-C). »
Nous nous rangeons à cette opinion.
C'est l'an de Rome 727 (27 av. J.-C), au mois
de janvier, qu'Octave reçut du sénat, avec le
consentement unanime du peuple, le surnom
d'Auguste (*).
N° 7. M • SANQVINIVS III VIR. Tête laurée
de Jules César, jeune et divinisé, à droite ; en
haut, une comète.
Rev. AVGVST DIVI F LVDOS. SAE. Augus-
tus divi filius ludos saeculares (fecit). Personnage
debout avec un casque orné de deux plumes,
tenant un caducée ailé et un bouclier rond, au
milieu duquel est figurée une étoile à six rayons.
Or et argent.
Cohen, Consul., Sanquinia, n° 2.
Babelon, Sanquinia, nos 1 et 2.
Gravé, pi. XIV, n° 6.
Nous renvoyons pour les jeux séculaires, qui,
maintenant, sont mentionnés sur ces monnaies,
(') M. r., t. III, p. 8.
(*) Voir Apollon, etc., p. 25.
375
pour le monétaire et la date de l'émission, aux
observations faites sous le numéro qui précède.
On prend, généralement, le personnage représenté
sur le revers pour un prêtre salien ('). Les prêtres
saliens n'avaient pas la charge de la célébration
des jeux séculaires. D'autres on cru reconnaître
ici un fécial (*) ; mais l'appareil du personnage
n'appartient pas, dit Eckhel (s), aux féciaux. Le
savant viennois préfère de beaucoup, et avec
raison, pensons-nous, l'avis de ceux qui croyent
reconnaître sur la médaille le héraut, prœco, cou-
vert d'un habit religieux, qui annonçait au peuple
la célébration des jeux. Suétone raconte que
Claude (4) célébra aussi les jeux séculaires, dont
il prétendait qu'Auguste avait devancé l'époque,
et qu'on se moqua alors du héraut, prœco, lorsque
celui-ci convoqua le peuple, selon la formule
habituelle, « à des jeux que personne n'avait vus
et ne reverrait jamais ».
La coiffure du personnage et son bouclier rond
ne conviennent, d'ailleurs, nullement au Salien,
qui portait un bouclier échancré, l'ancile, figuré,
entre autres, sur des monnaies de Pub. Licinius
Stolo (5). Les graveurs négligent quelquefois de
(') Morell., t. I, p. 372; Riccio, p. 201; Cohen, Sanquinia, n° 2;
Babelon, Sanquinia, n° 1 ; etc.
(2) Vaillant, t. II, p. 3y5.
(3) T. V, p. 3oo.
(*) Claud., XXI.
(5) Cohen, Licinia, nos 9 et 10.
376
reproduire la figure de l'étoile à six rayons (') qui
se voit sur le bouclier, en la remplaçant par un
objet vague ou indéterminé. L'étoile nous paraît
être ici un emblème d'Apollon, en l'honneur
duquel les fêtes séculaires étaient célébrées (4).
Boutkowski (5) décrit ainsi un autre denier d'ar-
gent à la comète :
«... NIVS • III • VIR • M • SANQVINIVS.
Tête laurée de Jules César, surmontée d'une
comète.
Rev. Couronne au haut et au bas de laquelle on
lit : OB CIVIS SERVATOS. Inédite. Vente :
Fontana (Paris, 1860); cat. p. 124, n° 2455. —
Inconnue à Cohen.
N° 8. CAESAR AVGVSTVS. Tête à gauche
d'Auguste, couronnée de chêne.
Rev. DIVVS (en haut) AVGVSTVS (en bas).
Comète.
Denier d'argent.
British Muséum.
Conf. Morell, I, p. 217, F, et t. II, tab. 7, F.
Gravé, pi. XIV, n° 7.
(') Morell., t. II, pi. Sanquinia, n° 1, a soin dindiquer nettement
cette étoile. L'exemplaire que nous avons fait graver est superbe de
conservation et appartient au British Muséum. Cet exemplaire, pas
plus que les gravures de Morell et de M. Babelon, ne portent le c dans
l'abréviation de saeculares ; la description d'Ursinus, Vaillant, Morell,
et Eckhel n'en porte pas davantage.
(a) Voir Apollon, etc., p. 14.
(s) Dict. numism., t. I, pp. 46, 47, n094.
377
Nous avons ici la Stella crinita ou \eSidus Julium
en plein champ. Quoique la pièce et les deniers
suivants avec l'astre chevelu ne marquent pas de
date, on a cru pouvoir les classer à la même époque
que les deux précédentes, c'est-à-dire peu après les
fêtes séculaires ().
Cohen ( ) et M. Babelon (r>) décrivent ces pièces
avec la tête laurée. quoique leurs dessins sem-
blent ne pas toujours répondre à cette descrip-
tion, et représentent plutôt une couronne de
chêne. Cette couronne fut décernée à Auguste
en 727 (27 av. J.-C.) (4).
Variété du denier précédent, avec la tête laurée
adroite (sic) : Cohen, Impér., n° 100, et Babelon,
Julia, n° 262.
N°g. CAESAR AVGVSTVS. Tête d'Auguste,
couronnée de chêne, à gauche.
Rev. DIVV'S IVLIVS (dans le champ). Comète.
Denier d'argent.
British Muséum.
Cabinet impérial de Vienne.
Collection de M. Fr. Gnecci, à Milan (s).
(') Comp. Babelon, t. II, p. 84.
(*) Consul., n° 96; Impér., n° 99.
(3) T. III, n<>26i.
(') Ovide, Métam., I, v. 562-563; Dion, liv. LUI. Comp. Mommsen,
Inscript, latin., p. 3i2, Mensis januarii, 14 : Corona querna uti per
ianuam domusimp. Caesaris. — Voir Borghesi, t. II, 108. — Il est fait
aussi mention de la couronne civique sur le monument d'Ancyre.
(5) Monete e medaglioni romani inediti nella colle^ione Francisco
Année 1887. 24
378
Collection de Mg. Fél. Bethune, à Bruges.
Cohen, Consul., Julia, n° 96, et Imp., Auguste, n° 97 (tête
laurée).
Babelon, Julia, n° 263 (tête laurée).
Gravé, pi. XIV, n° 9.
Nous nous sommes adressé vainement aux
cabinets numismatiques de Londres, de Vienne
et de La Haye, dans l'espoir d'obtenir l'une ou
l'autre empreinte avec la tête laurée ; ces cabinets
ne renferment pas de pièces de l'espèce.
Nous possédons un exemplaire où la légende
du revers est composée de lettres un peu plus
grandes que d'ordinaire ; Auguste y porte la cou-
ronne de chêne.
N° 10. CAESAR AVGVSTVS. Tête d'Auguste,
couronnée de chêne, à droite.
Rev. DIVVS IVLIVS (dans le champ). Comète.
Argent.
British Muséum.
Cabinet impérial de Vienne.
Cabinet de l'État à La Haye.
Collection de M. Fr. Gnecci, à Milan.
Morell, t. I, p. 217, et t. II, tab. 7, Julia, E.
Cohen, Consul., Julia, n° 97. Impér., Auguste, n° 98, et
Babelon, Julia, n° 264, qui, ainsi qu;il a été dit, décrivent
la pièce avec la couronne laurée.
Gravé, pi. XIV, n° 8.
Gnecci di Milano, Terza série, p. 93, 5. — M. Gnecci doute de l'exis-
tence des monnaies dont il s'agit (tête à droite ou à gauche) avec ta
couronne de laurier.
379
Eckhel (') donne, d'après Morell, un aurais , avec
la même couronne, sans ajouter si la tête est à
droite ou à gauche ('). Le catalogue de la collec-
tion du prince Charles de Lorraine cite des mon-
naies à la comète avec la tête d'Auguste nue {') ?
N° il. Sur une variété (avec la tête d'Auguste
couronnée de chêne, à gauche) des deniers d'ar-
gent dont la description vient de se faire, on
remarque que les mots DIVVS IVLIVS sont
placés obliquement, le premier, entre le troisième
et le quatrième rayon, et le second, entre le
sixième et le septième. Cette variété est gravée
dans Vaillant, pi. LXXVI, n° 6i,et dans Morell,
tab. 7, V; Ursinus, p. 123, représente une variété
semblable, avec la tête d'Auguste à droite.
Nous nous abstenons de toute réflexion au sujet
de l'authenticité de l'une ou de l'autre de ces
monnaies.
Nous publions maintenant, mais également sous
toutes réserves quant à l'authenticité, la descri-
ption des pièces suivantes, portant la célèbre
comète, et que les auteurs les plus modernes n'ont
peut-être pas eu tort de négliger :
(') T. VI, p. 1.1.
(2) Cet aureus est-il vrai? C'est douteux au moins. Nous renvoyons
à l'ouvrage de Morell, t. II, pi. XX, pour d'autres pièces à la comète,
avec la tête de Jules César, pour celle d'Auguste laurée ou nue, pièces
que nous considérons comme évidemment suspectes.
(3) Catalogus numismatum, etc. Brux., 1791, p. 64, nos n5, 116
et 117.
38o
N° 12. DIVVS • IVLIVS. Tête de Jules César,
à droite.
Rev. Sans légende. Une comète.
Or.
. Morell, dit Boutkowski (t. Ier, vol. I, p. 47,
n° 100), « la rapporte parmi celles qui sont citées
par Goltzius, de sorte que son authenticité reste
fort douteuse. »
N° i3. DIVI IVLI. Tête laurée de Jules César;
au-dessus, une comète.
Rev. CAESAR DIVI F. Tête nue d'Octave.
Or.
Eckhel (t. VI, p. 11), observe Cohen, Consul.,
p. xxv, décrit cette médaille sans dire où elle
existe, et Cohen ajoute qu'il n'en a jamais entendu
parler. Eckhel affirme qu'une médaille antique
semblable existe dans la famille Sanquinia.
N° 14. DIVVS IVLIVS. Tête laurée de Jules
César, à droite ; derrière, une étoile.
Rev. S • C • Tête nue d'Octave.
Or.
Riccio rapporte cette médaille d'après le cata-
logue de Pembrok (Le monete délie antiche fami-
glie di Roma, p. ni, n° 5o; Cohen (Desc. gén. des
monn. de la répub. rom., p. XXV) fait remarquer
que c'est une de celles qui ont été reconnues
fausses.
38 1
N° i5. DIVOS IVLIVS. Tête laurée de Jules
César, à droite; au-dessous, une comète.
Rev. IMP • CAES • TRAIAN ■ AVG • GER ■
DAC • P • P • REST. Vénus, débout, appuyée
sur une colonne, tenant un casque et un javelot.
Or.
Cet aureus, cité par Eckhel (t. VII, p. 12), est
déclaré faux par Alex. Boutkowski, qui le décrit
(Dict. num., tom. I, vol. I, p. 27,- n° 5i); c'est pour
ce motif sans doute que Cohen ne le donne pas.
Ce dernier ('), comme Morell, en rapporte la
description, sans mentionner (*) la comète, et ne
garantit pas l'exactitude de la légende.
ACHULLA (Byzacène),
Aujourd'hui Kasr el Aliah ou El Aliah.
N° 16. DIVOS IVLIVS. Tête laurée de Jules
César, à gauche; derrière, lituus.
Rev. DICTATOR ■ TERT • .... HVLLA.
Moitié d'un vaisseau à gauche, avec un gouvernail
placé transversalement; au-dessus, un astre.
Moyen bronze. JE8.
Mionnet, Desc. des méd. Gr., t. IX, suppl., p. 202, n° 1..
Werlhof, Handbuch der Griech. numism. Hannover i85o,
p. 261.
Sestini, Descri^. délie Med. ant. gr. del Museo Hedervar,
contin. délia terza parte, p. 79, n° 1 ; Tab. XXXIII, fig. 14.
C. M. H., n° 7334, JE 8i.
Boutkowski, t. I. n° 145.
(') Consul., p. xxiii.
(2) T. I, p. 218, IV.
382
Achulla, ancienne ville phénicienne, qui avait
été fondée par des colons venus de Malte, se
montra favorable à César pendant la guerre d'Afri-
que ('). Des citernes spacieuses et de nombreuses
ruines qui couvrent une plaine fertile sur une assez
grande étendue, dit Mûller (*), témoignent de l'an-
cienne importance de cette ville.
HADRUMÈTE (Byzacène).
N° 17. CAESAR. Tête nue de Jules César, à
gauche, entre le bâton d'Augure et une étoile,
qui se trouve derrière le cou.
Rev. AVGVST HADR (Hadrumetum). Tête
nue d'Auguste, à droite; derrière le bonnet de
flamine, apex.
Module, io.5. Grand bronze.
Cabinet de France.
Mionnet, t. VI, p. 579, n° 6.
Cohen, Imp., t. I. p. 23, n° i5.
L. Mûller, Numismat. de l'ancienne Afrique, t. II, p. 52,
n°3o.
Bourt., t. I, p. 74, n° 182 (module n)- Médaillon.
Gravé, pi. XV, n° 2.
C'est heureusement, par erreur, que M. Mûller
affirme dans sa note 5 que cette monnaie ne se
trouve plus au Cabinet de France : par lettre du
12 mai 1887, M. Ern. Babelon a bien voulu nous
écrire qu'elle y est encore.
(') Hirtius, Guerre d'Afrique, XXXIII.
0 Ouv. cité, t. II, p. 44.
383
Hadrumetum , ancienne colonie phéniciene ,
devint colonie romaine sous l'empire. Elle était
la métropole de la Byzacène. Ce fut près de cette
ville que Jules César débarqua, à son arrivée en
Afrique, avec 3,ooo fantassins et i5o cavaliers
(ier janvier 708 — 46 av. J.-C). Vainqueur à
Thapsus, César imposa la ville d'Hadrumète à
trois millions de sesterces ('). Hecklœ ou Herklia,
simple bourgade sur le golfe Hammanet, est, sui-
vant Shaw, l'ancienne Hadrumetum, qui prit,
au moyen âge, le nom de Justiniana, puis celui
d'Heraclea (*).
N° 18. CAESAR. Tête nue de Jules César,
à droite, entre une étoile (derrière) et le bâton
d'augure.
Rev. AVGVSTVS HADR. Tête nue d'Auguste
à gauche ; derrière le bonnet de flamine ou apex.
Mionnet, t. VI, p. 579, no 1.
Coh., p. 23, n° 16.
Mûller, c. II, p. 52, n° 3l.
Bout., p. 74, n° 181 (mod. 8.5).
Gravé, pi. XV, n° 3.
Nous donnons, enfin, sous toute réserve, quant
à l'authenticité réelle de la pièce et de la significa-
tion de l'astre, une médaille grecque ainsi décrite :
(') Voir Hirtius, Guerre d'Afrique, c. III et XCVII.
(s) Malte-Brun, Précis de la géogr. univ. Brux. et La Haye, t. VI,
p. 120.
384
N° 19. KAI2AR, écrit entre les rayons d'un
astre; au bas, E. M. (an 401).
Rev. 1EBACT02, en deux lignes, dans le champ
de la médaille, M\ R\ F0, 3 fr.
Sestini, Descri^. dalc. Med. gr. del Mus. Fontane, p. 65,
n° 4. Tab. XI, fig. 4.
Mio'nnet, Descript. des méd. ant., grecq. et romaines, t. IX,
Suppl., p. 27, n° 14.
CONTORNIATES.
N° 20. Buste lauré de Jules César, à droite;
devant, un sigle formé de la lettre P, dont la haste
porte deux traits horizontaux.
Rev. DONNINVS (à l'exergue) IN VENETO.
Vainqueur regardant à gauche, tenant la palme et
le fouet, debout dans un quadrige dont les che-
vaux ont la tête ornée de palmes.
Bronze.
Gravé, pi. XV, n° 4.
Notre savant confrère M. Ch. Robert, qui a
écrit avec tant de science sur les médaillons con-
torniates, a eu l'extrême obligeance de nous com-
muniquer le dessin de cette pièce et de la pièce
suivante, « en faisant toutes réserves sur l'authen-
ticité du droit. »
Il ajoute : «' On considère généralement les
représentations de Jules César sur les contor-
niates comme étant modernes ; mais ces pièces
sont souvent si bizarres qu'on ne peut répondre
385
de rien » ('). Nous répétons donc toutes les
réserves de M. Ch. Robert, en disant seulement
qu'eu égard au caractère talismanique d'une bonne
partie des contorniates, il ne serait nullement sur-
prenant qu'au ive siècle, auquel les pièces de-
vraient appartenir (*), on eût choisi, pour les jeux
du cirque, l'image du divin Jules avec l'astre.
Sabatier a donné (3) un médaillon contorniate
au même type que celui que nous venons de
décrire; mais le dessin du buste est autre, il est
moins drapé, et le revers porte pour légende,
à l'exergue : ETERNIT • P • R pour ^ETER-
NITAS • P(opuli) R(omani). Mais, ainsi que le
rappelle M. Robert, ce médaillon est fort contesté,
et, selon lui, peut-être vaudrait-il mieux s'en tenir
au buste de notre planche XV.
Sabatier a publié (*) aussi un médaillon contor-
niate, avec le même type au revers, mais qui porte,
suivant cet auteur, DOMINVS AN VENETO;
le droit est différent : il représente deux auriges
vainqueurs debout et tenant le fouet, etc. ; dans
le champ, à gauche, le monogramme incus est
formé « des lettres P. E. » (?).
Il fallait lire, .au revers, IN VENETO, ce qui
signifie que l'aurige vainqueur appartenait, dans
(') Paris, 23 mai 1887.
(*) Ibid.
(3) Description générale des médaillons contorniates, Paris, 1860,
imp. A. Pillet, p. 37, pi. IV, n° 3.
(*) Ouv. cité, pp. 36 et 37.
386
les jeux du cirque, à la faction des bleus (') ; c'est
ainsi qu'on lit, sur d'autres contorniates, pour
celle des verts, in prasino (*).
Quant à la lettre P du sigle, que l'on remarque
dans le champ du droit, on paraît aujourd'hui
d'accord pour admettre qu'elle est l'initiale du
mot prœmia et non du mot palnia. Les traits,
barres ou traverses horizontales, de nombre
variable, marquées sur la haste ou jambage
du P, pourraient indiquer les grandes primes
(praemia) de 10, 20, 3o ou 40,000 sesterces obtenus
par un vainqueur (3).
M. Robert a donné (4) l'explication des acces-
soires souvent figurés dans le champ des contor-
niates, palmes, feuilles, couronnes, hastes, glaives,
petits animaux, chevaux ou fauves, qui seraient la
mention des récompenses spéciales obtenues par
les cochers, les chevaux, les gladiateurs, les
athlètes, les mimes et les musiciens (3).
Le sigle, au lieu d'être en relief, dans le champ,
y est quelquefois poinçonné en creux.
(') Voir Suét. (Vitellius, XIV), qui dit que Vitellius fit périr quel-
ques hommes du peuple, pour le seul crime d'avoir dit tout haut du
mal de la faction des bleus, quod venetce factioni clare maledixerant.
(*) Caligula était si attaché à la faction des verts, prasinœ factioni ,
qu'il mangeait souvent avec eux dans leur écurie, et qu'il y couchait
(Suét., Calig., LV).
(') Voir la belle étude de M. Robert sur les Médaillons contor-
niates, dans la Revue belge de numism., 1882, p. 1 32.
(*) Robert, ouv. cité.
(5) Daremberg et Saglio, Dict. des antiq., V° Contorniati, p. 1488.
387
N° 21. Comme le précédent, mais le sigle n'a
qu'un trait ou barre horizontale.
Rev. Jupiter assis à côté d'un rocher et tenant
une longue haste de la main gauche ; à ses pieds,
un aigle debout. Devant lui, le Dioscure Castor,
le fouet à la main, tenant de la main droite son
cheval par la bride.
Bronze.
Morell, t. I, p. 219, et t. II, tab. 7, L.
Sabatier, p. 72, n° 1, et pi. XI, coll. de M. de Jonquières.
Gravé, pi. XV, n° 5.
Castor et Pollux jouissaient en Grèce, d'une
renommée immense, l'un comme dompteur de
chevaux, l'autre comme pugiliste, et tous deux
comme écuyers et conducteurs des chars. Les
poètes avaient nommé Castor wscTa^i^^vetc. (').
De la Grèce, cette antique réputation se répandit
en Italie et, sous l'empire, les Dioscures prirent,
comme divinités équestres, une importance con-
sidérable. Le desultor se mettait sous la protection
des Castors, et les empereurs, comme cavaliers
et présidents du cirque, trouvaient tout naturel
de s'associer et même de s'identifier avec les
Dioscures (i).
De Schodt.
(') Voir aussi Virgile, Géorg., III, v. 89; Horace, Sat. II, 1, 26,
Odes, I, 12, 25; Ovide, Fastes, liv. V, v. 70.
(s) Sic : Maurice Albert, Le culte de Castor et Pollux, Paris,
i883, pp. 8i,85, 87.
388
APPENDICE.
VIRGILE,
A.
Églogue IX, v. 47. MOERIS.
Daphni, quid antiquos signorum suspicis ortus?
Ecce Dioncei processif Ccesaris astrum ;
Astrum, quo segetes gauderent frugibus ; et quo
Duceret apricis in collibus uva colorem.
Insère, Daphni, piros ; carpent tua poma nepotes.
Pourquoi, Daphnis, contemples-tu le lever des anciennes
étoiles? Vois s'avancer l'astre de César, du petit-fils de
Vénus? Astre heureux, sous lequel la moisson se réjouira
de mûrir, et la grappe va se colorer sur nos coteaux aux
feux du midi ('). Plante tes poiriers, Daphnis ; tes descen-
dants en cueilleront les fruits. (Trad. Aug. Nisard.)
B.
SERVIUS
(Édit. Alb. Lion, Gottingae, apud Vandenhoeck et
(') C'est, pendant le mois de juillet, qui a pris son nom de Jules
César (Dion Cassius, XLV. 7, Servius sur Virgile, Bucol, IX, 47, et
autres), que mûrissent les moissons et se colorent les raisins.
389
Ruprecht, 1826), a commenté ainsi une partie des vers de
Virgile qui précèdent, t. I, p. 161 :
(Bucol., IX), 47. Ecce Dionaei processit Caesaris astrum;
cum Augustus Caesar ludos funèbres patri. celebraret, die
medio Stella apparuit : ille eam esse confirmavit parentis
(sui). Unde sunt versus isti compôsiti. Dionaei autem
longe repetitum est (epitheton) a matre Veneris Dione.
Sane astrum Graece dixit : nam stellam debuit dicere.
[Baebius Macer circa horam octavam stellam amplissimam
quasi * lemniscatis coronatam ortam dicit, quam quidam
ad illustrandam gloriam Caesaris iuvenis pertinere exis-
timabant. Ipse animam patris sui esse voluit, eique in
capitolio statuam, super caput auream stellam habentem,
posuit : Inscriptum in basi fuit : Caesari Emitheo. Sed
Vulcatius aruspex in cautione dixit cometem esse, qui
significaret exitum novi seculi, et ingressum decimi, sed
quod invitis Diis sécréta rerum pronunciaret, statim se
esse moriturum, et nondum finita oratione in ipsa contione
concidit. Hoc etiam Augustus in libro secundo de memoria
vitae suae complexus est ]
Pendant qu'Auguste célébrait les jeux funèbres pour
son père, une étoile apparut au milieu du jour; il affirma
que c'était celle de son père. C'est ce qui a donné lieu à la
composition de ces vers. Il a été depuis longtemps répété
que Dionaei est une épithète tirée de Dione, mère de
Vénus. Virgile dit absolument astrum, dans la forme
grecque : c'est stellam qu'il eût dû dire.
Baebius Macer rapporte qu'il s'éleva, vers la huitième
heure, une étoile d'une immense grandeur et paraissant
couronnée de lemnisques (rubans flottants), dans laquelle
quelques-uns voyaient la glorification du jeune César.
3go
Lui-même voulut que ce fût l'âme de son père, et il lui éleva
dans le Capitole une statue, ayant une étoile d'or au-dessus
de la tête; il fut incrit sur la base : A César demi-dieu.
Cependant l'aruspice Vulcatius a dit avec assurance que
c'était une comète qui indiquait la fin d'un nouveau
siècle et le commencement du dixième ; mais, comme
il avait, malgré les dieux, révélé le secret des choses,
il mourut avant qu'il eût achevé son discours. C'est ce
qu'Auguste a consigné dans le livre deux des mémoires
de sa vie.
Géorgiques I, v. 487 et suiv.
Non aliàs cœlo ceciderunt plura sereno,
Fulgura; nec diri toties arsêre cometae.
Jamais la foudre ne tomba plus fréquemment par un ciel
serein (que lorsque César expira), et jamais ne brillèrent
de plus sinistres comètes.
Diri cometae; criniti [et] pessimi : quia sunt et boni,
ut docuimus in Aeneide (10, 272), facti ex Jove, vel
Venere, quam rem plenissime Avienus exequitur. (SERVIUS
in Virgil. Géorg. I, 488, pp. 227-228.)
Des comètes affreuses, chevelues et très mauvaises
(sinistres, de mauvais augure), car il y en a aussi de bonnes,
comme nous l'avons enseigné dans l'Enéide (10,272),
faites de Jupiter et de Vénus, ce que développe complète-
ment Avienus.
391
D.
Enéide, liv. VIII, v. 678 et suiv.
Hinc Augustus agens Italos in praelia Caesar
Cum Patribus, Populoque, Penatibus, et magnis dis,
Stanscelsa in puppi : geminas cui tampora n'animas
Laeta vomunt, patriumque aperitur vertice sidus.
D'un côté, César Auguste entraîne aux combats l'Italie,
le sénat et le peuple, les Pénates et les grands dieux. Il est
debout sur la poupe; deux flammes jaillissent de son front
joyeux, et sur sa tête brille l'astre paternel. (Trad.
Th. Gabaret-Dupaty.)
E.
Servius commente en ces termes le vers 681 de ï Enéide,
qui vient d'être reproduit: Aperitur vertice sidus ; (appa-
ret) sidus in vertice, hoc est super galeam. Nam ex quo
tempore per diem Stella visa est, dum sacrificaretur
Veneri Genitrici et ludi funèbres Gaesari exhiberentur,
per triduum Stella apparuit in Septentrione quod sidus
Caesaris putatum est Augusto persuadente : nam ideo
Augustus, omnibus statuis, quas ob divinitatem Caesaris
statuit, hanc stellam adiecit. Ipse vero Augustus, in hono-
rem patris Augusti (codd. et al. tantum : exhiberentur,
cuius sidus putatum est Augusto persuadente in honorent
patris, Augustus, etc.), stellam in galea coepit habere
depictam : [Honorifice autem poëta unam stellam sidus
dixit cum sidus ex multis stellis constet.]
L'astre paternel se montre sur sa tête (d'Octave), c'est-
à-dire sur son casque, car, en ce temps-là, une étoile fut
392
visible le jour, pendant les sacrifices faits à Vénus Génitrix
et la célébration des jeux funèbres de César, et elle apparut
pendant trois jours au Septentrion ;l'on crut, sur la persua-
sion d'Auguste, que c'était l'astre de César : c'est pour
cela qu'à toutes les statues qu'il dressa pour la divinité de
César , il ajouta une étoile. Et Auguste lui-même , en
l'honneur de son père, se mit à porter un casque sur lequel
était peinte une étoile. [Mais c'est honorifiquement que
le poète appelle ici l'étoile sidus, alors que le sidus se
compose de plusieurs étoiles.]
IL
HORACE.
Ode XII, liv. I, v. 46.
micat inter omnes
Julium sidus, velut inter ignés
Luna minores.
L'astre de Jules brille entre tous, comme la lune parmi
les feux que son éclat fait pâlir. (Trad. Chevriau.)
III.
OVIDE.
A.
Métamorphoses, liv. XV, v. 840-850.
«... Hanc animam intereacœso de corpore raptam
Fac jubar, ut semper Capitolia nostra forumque
Divus ab excelsa prospectet Julius arce. »
Vix ea fatus erat, média quum sede senatus
393
Constitit aima Venus, nulli cernenda, suique
Caesaris eripuit membris, nec in aéra solvi
Passa recentem animam, caelestibus intulit astris
Dumque tulit, numen capere, atque ignescere sensit
Emisitque sinu : luna volât altius illa,
Flammiferumque trahens spatioso limine crinem
Stella micat natique videns benefacta, fatetur
Esse suis majora, et vinci gaudet ab illo.
(Jupiter dit à Vénus :) « Fais un astre de cette âme
(lame de Jules César), arrachée du corps par l'assassinat,
afin que le Divin Jules veille, du haut des cieux, sur le
Forum et notre Capitole. »
Jupiter avait à peine prononcé ces mots, que la divine
Vénus s'empresse de descendre au milieu du sénat : invi-
sible à tous, elle recueille l'âme du héros expirant, et sans
lui laisser le temps de s'évanouir dans les airs, elle l'em-
porte au milieu des astres célestes. Mais, dans son vol,
Vénus la sent qui se fait dieu et s'embrase : elle la laisse
échapper de son sein ; l'âme s'envole au-dessus de la lune,
et, traînant après elle une longue chevelure enflammée,
elle brille comme une étoile. C'est là que César, témoin
de la gloire de son fils (Octave), plus belle encore que la
sienne, s'applaudit d'être vaincu par lui. (Trad. de Théop.
Baudement, modifiée.)
B.
Métamorphoses, liv. XV, c. VIII, v. 745 et suiv.
Hic tamen accessit delubris advena nostris :
Caesar in urbe sua Deus est : quem Marte, togaque
Prœcipuum, non bella magis finita triumphis,
Resque domi gestae, properataque gloria rerum
Année 1887. .25
394
In sidus vertere novum, stellamque comantem,
Quam sua progenies : neque enim de Caesaris actis
Ullum majus opus, quam quod pater existitit hujus.
Ne foret hic igitur mortali semine cretus,
[lie Deus faciendus (Augustus) erat : quod ut aurea vidit
Mness genitrix; vidit quoque triste parari
Pontifici letum, et conjurata arma moveri.
Palluit, et cunctis, ut cuique erat obvia, Divis,
« Adspice, dicebat, quanta mihi proie parentur
Insidiae, quantaque caput cum fraude petatur,
Quod de Dardanio solum mihi restât Iulo.
Cependant Esculape n'est, dans nos temples, qu'un dieu
étranger : César est dieu dans s'a patrie. Grand sous la
cuirasse et sous la toge, ce n'est pas seulement à ses
triomphes, à ses lois, à ses victoires gagnées en courant,
c'est aussi à son fils qu'il doit de briller parmi les astres,
sous la forme d'une nouvelle comète : et, de tous ses
titres, le plus beau est celui d'avoir donné la vie à Auguste
Auguste ne pouvait sortir du sang d'un mortel ; il fallait
que César. devînt dieu : il le fut; mais la mère d'Enée eut
d'abord la douleur de voir préparer sa mort, et les conjurés
aiguiser leurs poignards. Elle court, pâle d'effroi, et à tous
les dieux qu'elle rencontre : « Voyez, s'écrie-t-elle, voyez
quel affreux complot on trame contre moi, de quels pièges
on entoure l'unique rejeton d'Iule, le descendant de la race
troyenne.... » (Trad. deThéoph. Baudement.)
395
IV.
MANILIUS.
Astronomiques, liv. I, v. y33 et suiv. (sur la voie lactée).
An fortes animae dignataque numina cœlo,
Corporibus resoluta suis, terraque remissa,
Hue migrant ex orbe; suumque habitantia caelum
^Ethereos vivunt annos, mundoque fruuntur,
Atque hic ^Eacidas, hic et veneramur Atridas.
(V. 773.) Venerisque ab origine proies
Julia'descendit cœlo, cœlumque replevit;
Quod régit Augustus, socio per signa Tonante.
Dira-t-on que les âmes des héros qui ont mérité le ciel,
dégagées des liens de leur corps après leur séjour sur la
terre, sont transportées dans cette demeure ; que ce ciel
leur est approprié; qu'elles y mènent une vie céleste,
qu'elles y jouissent du monde entier ? Là sont honorés les
Eacides, les Atrides
La famille des Jules, dont l'origine remonte à Vénus,
et qui était descendue du Ciel, maintenant gouverné par
Auguste, que Jupiter s'est associé dans cet empire
V.
SÉNÈQUE.
Questions naturelles, liv. VII, c. XVII.
Nec est 'quod putemus, eumdem (cometem) visum esse
sub Claudio, quem sub Augusto vidimus; nec hune qui
sub NeroneiCaesareJapparuit, et Cometis detraxit infamiam,
396
illi similem esse, qui post necem divii Julii, Veneris ludis
Genetricis, circa undecim horam diei emersit.
Ne croyons-nous pas que la comète qu'on vit sous
fclaude est la même que celle qui parut sous Auguste, ni
que celle qui s'est montrée sous Néron, et qui a réhabilité
les comètes, ait ressemblé à celle qui, après le meurtre de
Jules César, durant les jeux de Vénus Génitrix, s'éleva
sur l'horizon vers la onzième heure du jour. (Trad. de
Baillard.)
VI.
PLINE.
Histoire naturelle, liv. II, 23.
Comètes in uno totius orbis loco colitur in templo
Romae, admodum faustus divo Augusto judicatus ab
ipso; qui, incipiente eo, apparuit ludis quos faciebat
Veneri Genetrici, non multo post obitum patris Caesaris,
in collegio ab eo instituto. Namque his verbis in gaudium
prodidit : « His ipsis ludorum meorum diebùs, sidus
crinitum per septem dies in regione cœli, quœ sub septem-
trionibus est, conspectum. Id oriebatur circa undecimam
horam diei, clarumque et omnibus terris conspicuum fuit.
Eo sidère significari vulgus credidit, Caesaris animam
inter deorum immortalium numina receptam : quo nomine
id insigne simulacro capitis ejus, quod mox in foro conse-
cravimus, adjectum est. » Hase ille in publicum; interiore
gaudio, si illum natum, seque in eo nasci interpretatus
est : et si verum fatemur, salutare id terris fuit. {Voir la
traduction dans le texte, pp. 338 et 339.)
397
VII.
VALÈRE MAXIME.
Des faits et paroles mémorables. Préface. A Tibère César
Auguste.
A.
Si excellentissimi vates a numine aliquo principia traxe-
runt : mea parvitas eo justius ad favorem tuum decurrerit,
quo cœtera divinitas opinione colligitur, tua prœsenti fide
paterno avitoque sideri par videtur : quorum eximio
fulgore multum caerimoniis nostris inclytœ claritatis
accessit.
Si les plus grands poètes ont mis leurs vers sous la
protection de quelque divinité, avec combien plus de
raison ne dois-je pas, pour mon faible talent, implorer
votre faveur! En effet, la divinité des autres immortels n'a
pour preuve que l'opinion des hommes, et la vôtre se
manifeste par des effets sensibles, semblable à l'astre de
votre père et (à celui) de votre aïeul. (Trad. T. Baudement.)
B.
Liv. III, ch. II, 19.
Sed ut superius armorum et togae, ita nunc etiam side-
rum clarum decus divum Julium, certissimam verae
virtutis effigiem, repraesentemus.
Après les exemples glorieux que nous ont fournis la
toge et les armes, citons celui du divin Jules, cet incom-
parable ornement du Ciel, cette parfaite image de la
véritable bravoure. (Trad. T. Baudement.)
398
VIII.
PLUTARQUE.
Vie de César, LXXV.
Ce génie puissant qu'il (J. César) avait conduit pendant
sa vie, le suivit encore après sa mort
parmi les phénomènes célestes, on vit un premier signe
remarquable dans cette grande comète qui, après le
meurtre de César, brilla avec tant d'éclat pendant sept
nuits et disparut ensuite. Un second signe, ce fut l'obscur-
cissement du globe solaire, qui parut fort pâle toute cette
année-là, et qui, chaque jour, à son lever, au lieu de
rayons étincelants, n'envoyait qu'une lumière faible et une
chaleur si languissante que l'air fut toujours épais et
ténébreux, car la chaleur seule peut le raréfier; son
intempérie fit avorter les fruits, qui se flétrirent avant
d'arriver à leur maturité. (Trad. de Ricard.)
IX.
SUÉTONE.
Les dou\e Césars, C.-J. Caesar, LXXXVIII.
Periit sexto et quinquagesimo aetatis anno : atque in
deorum numerum relatus est, non ore modo decernen-
tium, sed et persuasione vulgi. Siquidem ludis, qu'os
primo consecratos ei hères Augustus edebat, Stella crinita
per septem dies continuos fulsit, exoriens circa undecimam
horam : creditumque est animam esse Caesaris in caelum
recepti : et hac de causa simulacro ejus in vertice additur
Stella.
399
Il (Jules César) périt dans la cinquante-sixième année
de son âge, et fut mis au nombre des dieux, non seulement
par le décret qui ordonna son apothéose, mais aussi par
la foule, persuadée de sa divinité. Pendant les jeux qu'il
avait fait vœu de célébrer et que donna pour lui son héri-
tier Auguste, une étoile chevelue, qui se levait vers la.
onzième heure, brilla durant sept jours de suite, et Ton
crut que c'était l'âme de César reçue dans le ciel. C'est
pour cette raison qu'il est toujours représenté avec une
étoile au-dessus de la tète. (Trad. T. Baudement.)
X.
SILIUS ITALICUS.
Guerres puniques, liv. XIII.
Ille, hirta cui subrigitur coma fronte, décorum
Et gratum terris Magnus caput : ille Deum gens,
Stelligerum adtollens apicem, Trojanuslulo
Caesar avo
Regarde ce front sévère que couronne une chevelure
hérissée : c'est le grand Pompée, tête glorieuse et chère
à l'univers. Celui-là est César. Issu des dieux mêmes et
des Troyens, par Iule, son aïeul, il porte avec fierté l'étoile
qui brille sur sa tête.
XI.
DION CASSIUS.
Liv. XLV, 6. (L'an de Rome 710, av. J.-C. 44.)
les jeux institués pour l'achèvement du temple de
Vénus, que ceux qui s'en étaient chargés du vivant de
400
César négligeaient ae célébrer, de même que les jeux, du
cirque pendant les Palilies, (Octave) lui-même, pour faire
sa cour au peuple, comme si c'eût été une charge qui lui
revenait par droit de naissance, les fit célébrer à ses propres
frais. Cependant ni le siège doré de César, ni la couronne
ornée de pierreries ne furent alors, malgré le décret qui
l'ordonnait, portés au théâtre par crainte d'Antoine.
7. Du reste, une étoile (inp9») ayant tous ces jours paru
du nord au midi, et le peuple, bien que quelques-uns lui
donnassent le nom de comète (jm,<tir«v) et prétendissent
qu'elle n'avait que la signification habituelle, ayant, loin
d'ajouter foi à leur opinion, consacré cette étoile à César
devenu immortel et mis au nombre des astres (îs ri» t«» ittptn)%
Octave, enhardi, lui éleva, dans le temple de Vénus, une
statue d'airain avec une.étoile sur la tête. Comme personne
ne s'y opposa par crainte de la multitude, il en profita
pour faire exécuter plusieurs autres décrets précédemment
rendus en l'honneur de César. Ainsi on donna le nom de
Julius à un mois, et, pendant les supplications consacrées
pour célébrer ses victoires, il y eut un jour où les victimes
furent immolées en son nom. (Trad. de Gros )
XII.
CALPURNIUS.
Eglogue I, v. 77 et suiv.
Cemitis ut puro nox jam vicesima caelo
Fulgeat ? ut placidum radianti luce cometem
Proférât? ut liquidum mittat sine vulnere sidus ?
Numquid utrumque polum, sicut solet, igné cruento
Spargit, et ardenti scintillât sanguine lampas.
At quondam non talis erat, quum Caesare rapto
Indixit miseris fatalia civibus arma.
401
Voici la vingtième nuit qu'à la faveur d'un ciel serein
brille une étincelante comète; elle répand une vive et douce
lumière, et ne présage aucun désastre. Elle n'est point
semblable à celles qui de l'un à l'autre pôle lancent des
rayons de feu et de sang, telles que la comète qui, après la
mort de César, annonça aux Romains une affreuse guerre
civile. (Trad. L. Puget.)
XIII.
JULIUS OBSEQUENS.
Des Prodiges, CXXVIII (67).
Ludis Veneris Genetricis, quos pro collegio fecit, Stella,
hora undecima, crinita sub septentrionis sidère exorta,
convertit omnium oculos. Quod sidus quia ludis Veneris
apparuit, divo Julio insigne capitis consecrari placuit.
Pendant les jeux célébrés en l'honneur de Vénus Mère,
jeux qu'il (Octave) donnait pour le collège des pontifes, une
étoile chevelue parut, sur les onze heures, dans la constel-
lation du Chariot, et attira tous les regards. Comme cet
astre s'était montré pendant les jeux de Vénus, on s'em-
pressa de le consacrer au divin Jules, et d'en faire un
ornement de son diadème. (Trad. T. Baudement.)
XIV,
XIPHILIN.
Histoire romaine, traduite par Cousin, Paris, MDCLXXXVI,
p. 16.
Il y eut en ce temps-là (après la mort de César) des
402
prodiges extraordinaires, une lumière fort e'clatante courut
d'Orient en Occident, un nouvel astre parut durant plu-
sieurs jours. La splendeur du soleil s'éclaircit et s'éteignit ;
puis sembla se diviser en trois cercles dont il y en avoit
un au-dessus duquel on voioit comme une couronne de
feu. Il ne faut pas douter que ces prodiges ne présageas-
sent la ruine delà République.
XV.
Lettre écrite par M. THÉODORE MOMMSEN à M. ALPH.
de schodt.
Monsieur,
Dans ma réponse à votre question sur la date de l'appa-
rition de la comète de Jules César, vous me permettrez de
mettre de côté les auteurs modernes qui ont compliqué un
fait facile à constater, pourvu qu'on le dégage de ses
commentateurs plus ou moins superficiels. Veuillez bien
consulter les calendriers du ier vol. du Corpus, pp. 382
et suiv. ; on n'y parle pas de la comète, mais vous y
trouverez ce qu'il faut pour la déterminer.
Les jeux auxquels ce phénomène parut sont indubita-
blement ceux célébrés pour la Victoria Caesaris, comme
l'attestent M atius lui-même, qui les dirigea (ClC, adfam.,
11, 28, 6, lettre mal datée généralement, qui n'est pas du
26 juin, mais du mois d'août, ou d'une date postérieure
encore, de l'an 710), ainsi que Suétone {Caes. 88, Aug. 10),
qui mentionne expressément la comète. Or, le "calen-
drier césarien nous présente ces jeux aux jours de
juillet 2o-3o, et c'est la date de la comète. Il est vrai que
d'autres écrivains d'autorité moindre {voy. ma note, ouv.
40 3
cité, p. 377) donnent ces jeux à la Venus victrix genetrix,
mais sans doute, comme je pense l'avoir démontré, parce
que ces deux divinités étaient ou identiques ou au moins
faciles à confondre. Si un auteur, souvent embrouillé,
(SERVIUS, ad Virgil., egl. 2, 47), en fait des ludi funèbres,
c'est une erreur qui se comprend aisément, car, en fait, ils
l'étaient; on ne doit y faire aucune attention.
La seule date qui pourrait être mise en concurrence,
serait le 2 5 septembre, date où se célébrait une fête Veneri
genetrici in foro Cœsaris (1. c, p. 402). Mais, d'abord,
nous n'avons pas ici, comme en juillet, la Victoria
Caesaris; puis cette fête ne durait qu'un jour, et il nous
en faut au moins sept pour placer la comète : in ipsis
ludorum meorum diebus sidus crinitum per septem dies,
dit Octave- Auguste, est conspectum.
On pourrait ajouter d'autres arguments, mais nous n'en
avons pas besoin.
Veuillez bien examiner tous les témoignages anciens :
vous verrez qu'aucun ne s'oppose à cette solution.
Les jeux édiliciens mentionnés par Appien, 1. III, 28,
sont les ceriales, avril 12-19; après («?ïs) viennent ceux de
la Venus genetrix.
La lettre de Cicéron ad Att., i5, 2, datée du 18 mai,
mentionne les préparatifs des jeux (apparatus ludorum)
d'Octavius, c'est-à-dire deux mois avant le spectacle.
Je passe sous silence les autres passages qui ne donnent
rien de précis sur la date des jeux et de la comète.
Il faut bien distinguer de la date de l'apparition de la
comète celle où fut votée la loi qui prononçait la consécra-
tion du dictateur. M. Babelon (2, 47), en plaçant celle-ci au
26 novembre 712, a mal rendu Caland {de nummis M. An-
tonii, Lugd. Bat. i883, p. 3i) ; si vous voulez vous donner
404
la peine de le consulter, vous trouverez que M. Caland, en
rapportant un passage de mon Staatsrecht, 2, 733, men-
tionne la date du triumvirat, ce que M. Babelon a confondu
avec celle de la consécration. Les raisons, pour lesquelles
j'ai attribué cette consécration à la fin de 711 ou au com-
mencement de 712, sont exposées au lieu indiqué : comme
le fils s'appelle Gai filius, encore après le 27 novembre 71 1,
et comme Dion rapporte le décret autorisant l'érection
d'un temple au père à l'année 712, je crois peu probable
que la loi à laquelle se rattachent et le changement de
nom et le temple aient été de beaucoup antérieurs.
Le passage de Plutarque, Caes. 67, est évidemment
erroné : la consécration ne se fit pas le lendemain du
meurtre.
Sur Yaedes divi Julii, consulter mon édition (2de) du
monument d'Ancyre, p. 80. Les doutes de M. Zumpst
sont sans fondement; Yaedes a été votée en 712 et dédiée
en 725. Je ne vois pas pourquoi elle ne figurerait pas sur
les médailles quelques années avant la dédicace et pour
quel motif on en aurait attendu la consécration pour
l'y représenter.
Quant aux monuments consacrés au dictateur sur le
forum, il faut en distinguer deux ou peut-être trois :
i° L'autel en forme de colonne, appelé bustum (ClC.
Phil., 1, 2, 5, 12, 42, io3), titulus (LACT., i, i5, 3o),
columna (ClC. /. c, et ad Att. 14, i5, LACT., /. c), fapii,
(DION, XLIV, 5i; App. 2, 148. 3, 2, 3), et renversé
par Dolabella, dans les derniers jours d'avril 710 (ClC, ad
Att. 14, 1 5 - . 1 6) ;
20 La statue dédiée par Antoine in rostris, en septembre
ou au commencement d'octobre 710 (ClC, adfam., i3,3);
3° La colonne haute de vingt pieds inforo, mentionnée
40 5
par Suétone, Caes., 85. S'il n'y a pas d'erreur dans le récit,
il n'est pas possible de l'identifier avec l'autre colonne,
renversée par Dolabella, et il est peu probable qu'elle soit
la statue dédiée par Antoine. On peut admettre qu'elle a
été restituée par l'ordre du fils, pour remplacer celle qui
fut renversée par Dolabella. Mais, en adoptant cette
hypothèse, on ne pourra l'indentifier avec l'autel qui se voit
sur la médaille à côté de Y cèdes divi Julii, car il est trop
petit pour représenter une colonne de cette hauteur.
Agréez, Monsieur, le témoignage de mon respect.
MOMMSEN.
Charlottenburg (près de Berlin), i3 mai 1887.
406
TROIS JETONS DAUPHINOIS.
DOUTES ET INTERROGATIONS D'UN IGNORANT.
A Monsieur Renier Chalon, président d'honneur à
vie de la Société royale de numismatique de
Belgique.
Planche XII, n08 i A4.
Les gens prudents font, dit-on , tourner sept
fois leur langue dans la bouche avant de parler.
Il devrait en être ainsi des numismates avant
d'émettre une opinion, quelque bien assise qu'elle
leur puisse paraître. Mais le moyen de s'arrêter,
quand on a entre les mains une pièce unique,
ayant tous les caractères voulus de l'époque à
laquelle elle appartient, portant un nom facile à
authentiquer, et, à côté de ce nom, des armes qui,
si elles ne se trouvent pas dans les Armoriaux, ont
néanmoins tous les droits à être supposées appar-
tenir audit personnage, dont les armoiries étaient
inconnues jusqu'alors!.. C'est justement ce qui
m'est arrivé et ce qui me donne le droit de parler
d'une bévue que tous ceux qui se sont occupés de
407
ma découverte ont commise comme moi, en lui
donnant droit de cité.
Il y a une douzaine d'années, je publiais (') une
lettre adressée à M. Pilot , archiviste départe-
mental de l'Isère, lettre dans laquelle je donnais
le peu de notes que j'avais pu réunir sur deux
rares pièces arrivées à ma connaissance. Je com-
mis, pour la première de ces pièces, une grave
erreur. Ce n'est pas un crime assurément, surtout
quand on la commet avec bonne foi, — sous le
manteau du chercheur qui interroge et ne veut en
imposer à personne, — et qu'on est prêt à revenir
sur une opinion, avancée pour arriver à une solu-
tion meilleure.
Il s'agit du jeton d'Antoine Moine, clerc des
Comptes du Dauphiné.
Dès l'année 1875, donc, m'appuyant sur le
style, la forme des caractères, certaines particula-
rités de cette pièce et le peu que j'avais pu décou-
vrir du personnage en question, je l'attribuais
sans hésitation au règne de Louis XII. « Ce jeton,
disais-je, a dû être frappé entre le 7 avril 1498,
date de la mort de Charles VIII, et le Ier jan-
vier i5i5, qui vit mourir le Père du Peuple, ou
plutôt l'année i5o5, époque probable du décès
d'Antoine Moine.
Plus tard, en 1879, je reproduisis dans la Revue
(') Simples questions au sujet de deux jetons dauphinois; Grenoble,
Allier, 1875.
408
belge (') mon premier article avec tous les desiderata
qu'il comportait, mais qui restèrent encore sans
réponse. On me permettra, pour le besoin de ma
dissertation, — ou plutôt de l'exposition du pro-
blème que je soumets ici à mes confrères de
France et de Belgique, — de reproduire quelques
lignes de cet article et de les accompagner de la
description de ce jeton.
I. — Un petit dauphin couché. Çïï(aître) : 7^X2-
nnHome: : moine: : ccLGiBa : *; Écus-
son écartelé de France et Dauphiné ,
dans un entourage formé de seize lobes
réunis par des annelets.
Rev. °o DSS : aORP^GIS : (un petit sautoir
fleurdelisé à ses extrémités) DV : DTvVli-
PHIH6C o; Ecusson aux armes de Moine,
dans le même entourage que celui de
l'avers : De ... au chevron de ... accompagné
de 3 besants de ....
AR. — Mod. 29 mill. PI. XII, n° 1.
Ma collection.
Excepté Guy Allard qui nous apprend (*) que
« Moine a été une famille noble d'Avallon en
Graisivaudan », tous nos historiens locaux sont
muets sur ce nom.
(') Médailles et jetons dauphinois, p. 173, pi. IX, n° 1.
(*) Dictionnaire historique (V° Moine).
409
« D'aussi faibles indices, dis-je plus loin, ne
m'apprennent absolument rien sur Antoine Moine,
et je n'aurais su que dire de ce personnage, qui,
selon toutes les probabilités , appartenait à la
famille dont il vient d'être question, si je n'avais
trouvé, dans la liste des Notaires Clercs des Comptes
et Secrétaires des Comptes que M. Pilot a placée en
tête du second volume de Y Inventaire-Sommaire des
Archives départementales de V Isère antérieures à 1790
(p. 102), quelques renseignements d'après lesquels
j'ai pu établir qu'Antoine Moine exerça ses
fonctions de 1472 à i5o5, époque probable de sa
mort, c'est-à-dire, sous les règnes de Louis XI,
Charles VIII et Louis XII.
« Cette observation n'est pas inutile pour l'étude
de notre jeton. Par le style et l'ordonnance géné-
rale, il ne peut appartenir qu'à l'époque du dernier
de ces souverains , dont il rappelle , du reste ,
quelques monnaies, servant ainsi de transition
aux médailles et autres produits analogues, fabri-
qués sous François Ier, et qui ont de singuliers
rapports avec lui. La forme des lettres et la mo-
lette finale de la légende de l'avers sont encore
deux autres motifs qui viennent militer en faveur
de mon opinion : on peut s'assurer que la molette
se trouve, en effet, sur la plupart des monnaies de
Louis XII, et tous les numismates savent que ce
fut sous François Ier que l'on abandonna définiti-
vement l'usage des caractères gothiques pour
revenir aux majuscules romaines. Quant au dau-
Année 1887. 26
4io
phin couché, placé devant le nom d'Anthoine
Moine, c'est un souvenir emprunté aux espèces de
Louis XI. Ce jeton a donc dû être frappé entre le
7 avril 1498, date de la mort de Charles VIII, et le
Ier janvier i5i5, qui, vit mourir le Père du Peuple,
ou plutôt l'année i5o5, époque probable du décès
d'Antoine Moine.
« Mes investigations sur Antoine Moine, disais-
je, en terminant, doivent-elles s'arrêter là? Dois-je,
au contraire, compter sur les révélations d'un
avenir prochain et sur de nouveaux matériaux qui
nous feraient mieux connaître ce personnage?
C'est là l'espoir que je caresse, et c'est à quelques-
uns des lecteurs de la Revue que j'ose en demander
la réalisation. »
L'année suivante, enfin, à des jetons authen-
tiques de la Chambre des Comptes du Dauphiné et
à un grand nombre d'autres beaucoup moins
certains, je réunissais encore ( ) ce même jeton à
cause de sa légende spéciale et dans l'espoir d'en
voir surgir quelque autre à la suite. « C'est le seul
jeton de ce genre que je connaisse, ai-je dit
ailleurs; mais, de ce qu'une seule pièce soit arrivée
jusqu'à nous, il ne s'ensuit pas qu'il ne puisse en
exister d'autres, et je suis persuadé que l'avenir
nous réserve plus d'une surprise de cette espèce. »
(') Revue belge, 1880 : Essai sur les jetons delà Cour des comptes
du Dauphiné.
4u
Savoir attendre !.. Là est le secret qui, parfois,
met bien du temps à se dévoiler, mais qui, cette
fois, ne m'a pas trop fait languir.
J'ai découvert, en effet, depuis cette époque,
dans les cartons du cabinet de France, Yalter ego
de la pièce d'A. Moine.
Je dis bien : Yalter ego. Mais quel problème est
soulevé par cette nouvelle pièce devant mon esprit
étonné ! . . .
2. — Un petit dauphin couché. ÇQ,(aître) :GCin7£RD :
FLSHftRD : KVDIWaVR : ;. Écusson
écartelé de France et Dauphiné, dans un
entourage de seize lobes réunis par des
annelets.
Rev. * °o DS3 : aORP^SS § {un petit sautoir
fleurdelisé aux extrémités) § DV : D7£VL-
PHir?€C o ; Écusson dans un entourage
semblable à celui de l'avers : De..,, au
chevron de . . . accompagné de trois besants
de...
AR. — Mod. 29 mill. PI. XII, n° 2.
Cabinet de France.
A part les noms, ces deux jetons sont les mêmes
au premier aspect. Cependant, avec un peu d'atten-
tion, on constatera, sur celui de Fléhard, la pré-
sence de deux annelets après le sautoir du revers,
et l'absence de la molette à la fin de la légende
précédente ; différences, en somme, que je crois
ne devoir attribuer qu'aux convenances du graveur
4-12
pour la disposition de ses légendes et pour le
remplissage des blancs laissés par elles.
Comme on le voit, même style, même faire,
ressemblance presque identique. Il n'y a de diffé-
rence essentielle que la légende de l'avers. C'est
au même burin, on ne peut en douter, que sont
dus ces deux jetons.
Voyons maintenant quelles connaissances nous
pouvons empruntera l'histoire au sujet du titulaire
du dernier.
L'Armoriai du Dauphinê nous apprend que la
famille Fléard ou Fléhard fut annoblie en 1446,
dans la personne de Vincent Fléhard, par le
Dauphin Louis, plus tard Louis XL II cite trois
membres de cette famille qui portèrent le titre de
premiers présidents de la Chambre des Comptes de
Dauphinê, en 1544, i554 et 1564, et dont le dernier
résigna sa charge pour entrer dans les Ordres et
devenir évêque de Grenoble en îSyS, etc., etc.
Mais d'Eynard Fléhard, pas le moindre mot.
Guy Allard (') dit simplement qu' Aynard Fléard
fut Maître des Comptes à Grenoble, en i5i5. Mais,
peut-on se fier à une seule note de cet historien,
sans la contrôler avec soin? Dans sa liste des
Maîtres et Auditeurs de la Chambre des Comptes,
n'a-t-il pas déjà placé le même personnage, sans
lui assigner une date, entre Etienne Audric (1475)
et Antoine Audric (1483) !...
(') Dictionnaire du Dauphinê.
4i3
Recourons donc à une source plus sûre. L'In-
ventaire Sommaire des Archives du département de
l'Isère (') de M. Pilot nous apporte, à ce sujet, un
renseignement précieux, quoique par trop som-
maire, mais enfin s'appuyant sur des titres indé-
niables et suffisants pour bien asseoir l'attribution
de notre jeton ; et, en attendant les futurs rensei-
gnements, — s'il s'en trouve, — ceux-ci peuvent
très-bien nous satisfaire pour le moment :
« Eynard Fléard; — nommé [Auditeur des
Comptes) par lettres du 23 janvier 1496 (style du
Dauphiné, 1497); — en remplacement d'Eynard
Pradel ("). »
Le jeton d'A. Moine ayant dû être frappé, ainsi
que je l'ai dit, de 1498 à i5o5, celui d'Eynard
Fléhard, sortant vraisemblablement de l'officine
du même graveur, doit aussi dater de la même
époque ; et, en effet, ainsi que nous venons de le
voir, ces deux hommes furent contemporains.
Ici se présente un problème fort curieux et dont
la solution est vivement désirée par moi ; car, là,
se trouve l'origine de l'erreur que je crois avoir
commise et que je tiens à cœur d'élucider dans
le présent article.
J'ai dit — et V Armoriai du Dauphiné l'a répété
de confiance — que l'écusson armorié du revers
de notre premier jeton était celui de la famille
(') T. II, p. 86.
(•) La famille d'Eynard Fléard appartenait au commerce de Grenoble ;
l'une de ses branches parvint bientôt à une haute position, etc., etc.
414
Moine, ignoré jusqu'alors; mais, n'en pouvant déter-
miner les émaux, je m'étais contenté de le décrire
ainsi : De ... au chevron de ... accompagné de trois
besants de ...
Pour les armes de la famille Fléhard, elles sont
parfaitement connues : D'or, au chevron d'azur
chargé d'un soleil d'or et, en pointe, de deux croissants
d'argent. Une deuxième branche de cette famille
brisait en ajoutant sur le champ trois croix nilées
ou bourdonnées de gueules 2-1.
Or, l'écusson armorié, placé sur le revers du
jeton d'Eynard Fléhard, n'étant point celui de sa
famille, je me vois, pour les mêmes motifs, forcé
de refuser à Moine ce que je ne puis accorder à
Fléhard et de rechercher dans d'autres causes
l'existence de cet écusson au revers dudit jeton.
Et si cette cause existe réellement, comme je le
suppose, n'est-il pas à présumer que nous retrou-
verons encore, dans quelque collection inconnue,
d'autres spécimens semblables de la numisma-
tique des collègues de Moine et de Fléhard ?
Mais quel est cet écusson ? A qui appartient-il ?
A quel titre occupe-t-il une place sur ces jetons?
Sur le côté principal, là où la légende nous
donne les noms de nos deux fonctionnaires, nous
voyons les armes de la Province, qui se retrouvent
jusque sur les sceaux de la Chambre des Comptes.
Mais alors, cet écusson nouveau ne pourrait-il
pas avoir quelque trait aux fonctions particulières
des officiers de certains bureaux dépendants de
4i5
cette Chambre, et les besants, ou peut-être les
gectouers placés dans ce blason, n'en seraient-ils
pas l'indice?.. Et ces armes ne seraient-elles point
celles de ce bureau particulier?..
Arrivé là avec tous ces doutes et tous ces points
d'interrogation, j'ai désiré avoir l'opinion d'un
homme bien connu par sa compétence en pareilles
matières et qui, en plus d'une circonstance, m'a
habitué à recevoir des marques de son excellente
confraternité. Je lui ai donc envoyé mes idées, et
je ne puis qu'être fier d'avoir trouvé dans son
esprit, je ne dis pas une preuve de ce que j'avance,
mais un assentiment à ces idées qui ne demandent
qu'à être développées sur des titres ou documents
certains. M. J. Rouyer, du reste, m'en apporte un
que je me garderai bien de négliger....
Mais je préfère lui laisser la parole.
« ... J'ai pris connaissance, attentivement, des
pages que vous avez bien voulu m'adresser, et
qui sont ci-jointes. Ce que j'y trouve, ce sont des
compliments à vous faire; aussi ne puis-je vous
renvoyer ces feuilles que tout-à-fait intactes.
« Vous me demandez ce que je pense de la fin,
ainsi conçue : « Cet écusson nouveau ne pourrait-
« il avoir quelque trait aux fonctions particulières
« des officiers de certains bureaux dépendants de
« cette Chambre,... etc. »
« Il n'y a pas à se montrer âffirmatif dans les
questions dont la solution définitive est subor-
donnée à une série d'observations restant à faire.
416
Mais je crois que votre opinion, mon cher con-
frère, peut très-bien se soutenir, résumée à cette
proposition que les armoiries se rapportaient au
corps de fonctionnaires dont étaient Moine et
Fléhard. Quant aux meubles accompagnant le
chevron , qu'ils soient des besants ou autre
chose, je m'en tiens, quant à moi, à la déno-
mination la plus ordinaire, afin de ne rien com-
pliquer.
« J'ai un jeton de la Chambre du Trésor, à
Paris (i555), où se trouvent les armoiries de cette
institution, déjà bien formée au xive siècle. Sous
un chef à trois fleurs de lys rangées, on y distingue
six besants 3-2-1. (PI. XII, n°4.) Il me semble que
c'est un argument dont il vous serait possible de
tirer parti. Comme il me paraît impossible d'en
prendre une empreinte suffisamment nette pour
vous permettre de le bien dessiner, je vous le com-
munique en nature.... »
Sur cet encouragement à poursuivre mon idée,
une nouvelle idée a surgi tout-à-coup; et, à la
suite des jetons de Moine et de Fléhard, il m'est
venu à la pensée d'en placer un autre, appartenant
à une série bien différente, — quoiqu'ayant avec
elle certaines affinités, — celle des Généraux des
Finances, offrant néanmoins avec les précédents
une analogie si singulière, que je ne puis me
dispenser de la faire remarquer. Tout le monde,
d'ailleurs , sait que les Généraux des Finances
étaient, ainsi que les Maîtres de la Monnaie, placés
4i7
sous la juridiction de la Chambre des Comptes.
Si l'écusson de Fléhard n'est pas le sien, ainsi
que nous avons pu nous en édifier plus haut, et
que, par suite, j'aie été amené à enlever à Moine
des armoiries que j'avais, dans le principe, cru
lui appartenir, pourquoi ne me serait-il pas permis
d'aller plus loin et de supposer qu'un autre offi-
cier du Trésor dont je n'ai point encore parlé et
dont le jeton, — bien qu'en apparence, car nous
n'en connaissons pas les émaux, — porte réelle-
ment la représentation des armes connues de sa
famille, n'a pas plus de droit que Moine à s'attri-
buer personnellement cet écusson. Le hasard
aurait-il permis que les meubles en fussent les
mêmes , ou bien cet écusson appartient-il en
propre au corps auquel son titulaire était attaché?
Là est la question que je cherche à débrouiller.
Voici ce nouvel arrivé, qui, du reste, a déjà été
publié ('), mais avec l'attribution personnelle de
l'écusson que mon étude m'appelle à ne lui
accorder que sous toutes réserves.
3. _ £' MffISWR€C : ITÎGVGS • îts -BS7îvne:
• Conseiller) ' b(«) * r(oz) : Dauphin à
gauche, sommé d'une fleur de lis cou-
ronnée (celle qui sert d'initiale à la
légende).
(') Bulletin de l'Acad. delph., 1879, p. 2o5.
418
Rev. U/ GSnSRTTIi : &V : P7V— IS ; &V :
teVLPFjine; Semé de fleurs de lis; au
bas, et à moitié enseveli dans la légende,
écusson armorié : De ... au chevron de ...,
accompagné de trois besants de ....
AR. — Mod. 28 mil!. PI. XII, n° 3.
Cabinet de France.
Le hasard est bien singulier parfois, disais-je
tout-à-1'heure. Rapproché des deux jetons pré-
cédents, — quoique d'une autre main, — par le
style et par la date même à laquelle il a dû être
frappé, ce jeton nous offre, au revers, ce même
écusson qui est l'objet de ma surprise et de mes
remarques. Se trouve-t-il, là encore, imposé par
des motifs analogues , ou bien faut-il y voir
l'écusson même de la famille de Beaune {de gueules,
au chevron d'argent, accompagné de 3 besants d'or)}...
Qui sait même si ces armoiries n'ont pas été
données ou attribuées par erreur ou par ignorance
à cette famille, uniquement sur cette raison
qu'elles se trouvaient sur le jeton de Jacques de
Beaune ('),... de même qu'un motif semblable me
(') Il existe au Cabinet de France, et portant la date de de i566, un
autre jeton, aux mêmes armes, d'un membre de cette famille, celui de
Claude de Beaune, dame de Chambrun (?). Or, n'ayant pas trouvé
celle-ci indiquée ailleurs dans les généalogies de cette maison, et
l'époque où elle vivait se rapportant exactement à celle de ce jeton, je
suis porté à la considérer comme la même que Marguerite de Beaune
« que d'autres nomment Claude. » (Voir Moréri, V° Famille de
419
les avait fait attribuer à Antoine Moine?.. Il faut
convenir tout au moins que ce rapprochement,
ou plutôt cette similitude, est fort étrange.
L'histoire de Jacques de Beaune- est trop con-
nue pour que je songe à la placer ici. Je dirai
seulement, pour le besoin de ma cause, que,
fils de Jean de Beaune, qui exerça la charge
d'argentier des rois Louis XI et Charles VIII,
Jacques de Beaune, baron de Samblancey, fut
nommé, en 1493, Trésorier de la Reine, mais
que ce ne fut qu'en 1498 qu'il devint Général
des Finances de Languedoc, Dauphiné, etc., etc.,
jusqu'à i5o5. On connaît sa fin tragique, et ce n'est
pas le lieu de faire de l'érudition en me rendant
l'écho des récits passionnés des panégyristes ou
des détracteurs de l'infortuné Surintendant des
Finances.
Qu'on retienne ici ces deux dates curieuses,
1498 et i5o5, pour les rapprocher de celles que
j'ai assignées précédemment aux jetons de Moine
et de Fléhard.
Il y a eu un autre Jacques de Beaune qui fut
également Général des Finances en Dauphiné
de i555 à 1570. Il était le petit-fils du précédent ;
Beaune), laquelle fut mariée : i° à Louis Burgensis, 2° à Claude
Gouffier. En tout cas, ce jeton prouve bien que ces armes étaient
devenues celles de la famille. Mais cela suffit-il à détruire mon hypo-
thèse, basée sur ce que, dans le principe, ces armes auraient appar-
tenu peut-être à la corporation dont faisait partie le premier des
Beaune après son anoblissement.
420
mais ce jeton ne peut lui appartenir, le style en
étant trop ancien.
J'ai parlé du bizarre rapprochement opéré par
le hasard entre l'écusson de la famille de Beaune
et celui des jetons précédents. Ce fait est peut-être
moins singulier que je ne le trouvais au premier
abord, et je crois avoir fait entrevoir une erreur
possible de la part des héraldistes qui, plus tard,
voulurent enrichir leurs armoriaux d'un écusson
de plus. Quoi d'étonnant, en effet, à ce qu'une
famille de comptables, ennoblie par la faveur
royale, ait reçu des armoiries rappelant son ori-
gine. Le besant se retrouve dans beaucoup de cas
semblables, et le jeton de la Chambre du Trésor
de France, cité par M. Rouyer, vient bien à point
appuyer mon hypothèse. Le besant héraldique —
qu'il représente une monnaie ou un gectouer, peu
importe ! — est donc bien de mise dans les armoi-
ries d'employés des Finances ; mais ce n'est pas
une raison péremptoire permettant d'admettre que
ces employés aient eu le droit de placer leurs armes
sur des jetons servant à compter dans les admi-
nistrations de l'État. Chez eux, sans doute, en
vertu de la faculté de tout possesseur d'armoiries,
ils pouvaient se servir de pièces semblables, frap-
pées aux meubles de leurs armoiries propres ; mais
ici, sur les jetons d'une corporation, ils devaient
en conserver les armes particulières. Or, si nous
avons vu, sur les deux premiers jetons, l'avers
êcartelê de France et Dauphiné, et le revers portant
421
l'écu particulier du bureau auquel ils apparte-
naient,— sous la réserve, bien entendu, de l'ad-
mission de mon idée, — nous observons ici cette
différence, tenant peut-être à celle des fonctions
entre le Général des Finances et les Maîtres ou
Clercs des Comptes, que l'avers porte, seul, les
armes du Dauphiné et le revers celles de France,
mais avec l'adjonction, au bas de ces dernières,
de l'écusson qui occupait à lui seul le revers des
deux premiers jetons, et qui, malgré l'identité des
meubles, n'est, dans mon esprit, que celui de ce
même bureau. Qui sait même si cet écusson n'a
pas été placé là à deux fins, eu égard aux armes de
Jacques de Beaune, parfaitement connues, paraît-
il, et à celles que je suppose pour un bureau quel-
conque dépendant de la Chambre des Comptes ?...
Je n'affirme rien; mais je crois être dans le vrai,
et je pose humblement la question devant de plus
autorisés que moi.
Parvenu à ce nouveau degré de l'échelle de mes
idées, j'ai voulu avoir encore l'avis de M. Rouyer
et je lui ai communiqué les lignes qui précèdent.
Plusieurs lettres ont été échangées entre nous :
interrogations et objections, en un mot conversa-
tion numismatique pleine d'attrait pour moi et de
complaisance de la part de mon honorable
confrère.
« ... Il nous faut, me dit-il dans sa lettre du
3 décembre dernier, il nous faut reprendre les faits
d'un peu loin, afin de bien apprécier les questions
en jeu.
422
« D'abord, vous vous êtes vu en présence de deux
jetons d'officiers de la Chambre des Comptes del-
phinale : Antoine Moine, clerc, et Einard Fléhard,
auditeur. Ne connaissant pas les armoiries de l'un,
connaissant les armoiries de la famille de l'autre,
lesquelles ne sont pas celles à besants qui figurent
sur le jeton d'Einard, vous vous êtes demandé si
ces armoiries à besants, qui sont communes
aux deux jetons, ne pourraient avoir trait aux
fonctions particulières de quelque bureau de la
Chambre. Vous avez désiré savoir si la chose me
paraissait possible. — Je vous ai répondu que, en
résumant la proposition à ce que les armoiries se
rapporteraient au corps de fonctionnaires dont
étaient Moine et Fléhard, et dans le cas où la ques-
tion serait de celles pour la solution desquelles on
n'aurait encore rien trouvé d'affirmatif, je croyais
que votre opinion pouvait fort bien se soutenir.
Et je vous ai communiqué, pour être utilisé à
l'appui de votre thèse, et par analogie, si vous le
jugiez à propos, le jeton de la Chambre du Trésor,
àParis(i555), avec les armoiries de cette Chambre,
où il y a aussi des besants. Heureusement, mon
cher confrère, — car je crois que c'est heureux, —
vous ne vous êtes pas tenu définitivement à vos
premières remarques. Vous avez poursuivi les
investigations, et vous en êtes arrivé à tenter un
autre rapprochement à propos de Moine et de
Fléhard, portant, cette fois, sur le jeton de Jacques
de Beaune, comme « Général du Païs du Dau-
423
phiné », sur lequel est également placé un écu en
chevron accompagné de 3 besants.
« Vous aurez pu voir par ma réponse à votre
communication à ce sujet, que cela, à mes yeux,
changeait assez de face la question. Les armoiries
de Jacques de Beaune et de sa famille sont trop
connues pour qu'il pût y avoir doute sur l'identité.
Aussi, ai-je tout de suite cherché à établir une
distinction essentielle entre :
« i° les armes à besants appartenant à certains
corps ou certaines compagnies, et
« 2° les armes à besants portées par des familles
qui avaient dû leur notoriété aux emplois occupés
par quelqu'un ou quelques-uns de leurs membres
dans les services financiers.
« Je vous ai indiqué de ces dernières armoiries-
là, et vous en avez vous-même reconnu d'autres
depuis. Vous m'avez dit, en outre, que l'ouvrage
de M. Coustant d'Yanville « vous avait ouvert de
nouveaux aperçus ». Je comprends très bien ce
dernier point ; mais arrivés là, je ne sais pas si
nous voyons les choses de la même manière.
« Moi, je tiens beaucoup à rester dans les faits
que je crois pouvoir considérer comme acquis. Et
l'un de ceux que je considère comme tels, c'est
la présence ' assez fréquemment constatée des besants
dans les armoiries de gens de finances et de leurs des-
cendants, cas dans lequel il s'agit bien d'armes de
famille proprement dites.
« Je vais jusqu'à craindre, aujourd'hui, avec
4M
tout ce que nous avons vu depuis votre commu-
nication primitive, que ce ne fût s'exposer à s'en-
gager fort, que de chercher, même sur les jetons
d'Antoine Moine et d'Einard Fléhard, autre chose
que leurs armes propres dans l'écu opposé à celui
duDauphiné.
« Puisque je le crains, vous pensez bien que,
pendant qu'il en est encore largement temps, je ne
puis pas le faire sans vous le dire ; d'autant plus
que j'ignore s'il vous est bien prouvé qu'Einard
Fléhard n'a pas commencé par porteries armoiries
qui sont sur son jeton, et si vous avez la certitude
que celles qui sont connues aujourd'hui pour
appartenir à la famille Fléhard ne sont pas posté-
rieures audit Einard ('). Les changements ou modi-
fications d'armoiries n'ont pas toujours été des
choses bien rares dans les familles.
« Vous ferez de ces remarques ce que bon vous
semblera; mais tout cela, je crois, demande
réflexion et maturité. Aussi me serait-il très diffi-
cile, dans l'état des choses, de donner le plus petit
avis. Je serais fort embarrassé moi-même pour
prendre une résolution. »
Que des hommes, annoblis pour leurs services
dans les Finances ^2), possèdent des besants com-
(') L'idée qu'émet ici M. Rouyer, et dont, par malheur, la preuve
nous fait défaut, pourrait bien être vraie au fond, si on la rapproche
de la note 2 placée par moi à la page 4.1'i de cette notice.
(*) et ... Le chiffre relativement considérable des offices de la
Chambre des Comptes (232 en 1788) nous aide à penser combien de
425
binés avec les autres meubles de leurs armoiries
de famille, rien de plus naturel, et le grand ouvrage
de M. H. Coustant d'Yanville, que j'ai sous les
yeux, n'en donne pas moins, pour la seule Chambre
des Comptes de Paris, que le nombre assez élevé
de 3o. Tous ces écussons diffèrent au moins
par une foule de dispositions où les pièces les plus
diverses se trouvent associées aux besants. Mais à
côté de ces 3o armoiries, comment expliquer la
présence de 7 autres écussons, en tout semblables
entre eux comme disposition ? Ce sont ceux de :
Vincent Buffet. Clerc du Roi . . . .en i33o
familles purent honorablement acquérir par cette voie la noblesse
héréditaire, but de toutes les aspirations, de toutes les ambitions de
l'époque.
» Or, ces offices concédaient la noblesse complète, parfaite; et si
l'on veut évaluer le nombre des charges qui pouvaient alors conférer
la noblesse à divers degrés, on trouve d'abord celui de 3,494 charges
principales, auxquelles il faudrait ajouter toutes celles des présidiaux,
bailliages, prévôtés, maîtrises des eaux et forêts, greniers à sel, etc.,
qui conféraient la noblesse graduelle. Aussi serions-nous tentés, au
lieu de dire et de répéter qu'il était à peu près impossible d'arriver à
la noblesse, d'écouter et de croire plutôt l'opinion d'un homme forcé-
ment imbu des idées nobiliaires de son temps, le généalogiste Chérin,
quand il s'écriait : « Hélas! toute la bourgeoisie y passera. »...
« ... Il n'en est pas moins vrai que, au lieu de reprocher à certaines
familles leur extraction bourgeoise, on devrait les féliciter d'avoir eu
pour auteurs des gens qui, partis des derniers rangs, surent par leur
probité, leur intelligence, leur intégrité et leurs talents, s'élever aux
premiers degrés de la hiérarchie sociale, sans le secours du prestige
national des champs de bataille... » {Chambre des Comptes de Paris,
par H. -Coustant d'Yanville. Paris, Dumoulin, 1866-1875, pp. 3gi-2.)
Année 1887. 27
426 '
Jn du Bois de Fontaine, Maître des
Comptes en I4g5
Pre Guill. de Chavaudon de Ste Maure,
Président des Comptes » 1772
(d'azur, au chevron d'or, accompagné de 3 besants d'or) .
Pre de Bonnaire, Clerc des Comptes. . en 166 1
M.-Ch.-Ls de Bonnaire de Gif, Maître
des Comptes » 1776
(d'azur, au chevron d'or, accompagné de 3 besants
d'argent).
Nie. Bolard, Clerc des Comptes ... en 1498
Jacq. Andras, id. ... » i636
(d'argent, au chevron de gueules, accompagné de.
3 besants du même).
Je ne parle pourtant que de la Chambre des
Comptes de Paris. Que serait-ce si je pouvais
contrôler de même les armoiries des officiers
appartenant aux autres Chambres du royaume!
Pour le Dauphiné seul, on voit que je puis en
présenter 3 pour le moment.
Est-il donc possible d'admettre que cette même
formule héraldique : De..., au chevron de..., accom-
pagné de 3 besants de..., ait pu être conférée à tant
de familles et n'est-on pas amené naturellement à
supposer qu'une loi particulière a dû présider à la
concession, à l'emploi ou à l'adoption de pareilles
armes. Il y aurait eu là des confusions inévitables,
et la prudence seule aurait imposé l'obligation de
ne pas s'y exposer.
427
Le chevron, symbole de protection et de con-
servation ('), associé aux besants, symbole du
Commerce, des Finances, — et, par suite, de la
Chambre des Comptes, — conviendrait en effet
assez bien, si l'on s'en rapporte à l'interprétation
de La Colombière, à un bureau des Finances; et,
si cela a été ainsi que je le suppose, il ne m'est
pas interdit de penser, — sous la réserve de mon
ignorance, — que les membres de ce corps aient
eu le droit de s'en servir sur les jetons de l'admi-
nistration. Quelques-uns d'entre eux ont bien pu,
à la longue et à défaut d'armoiries plus person-
nelles, employer peut-être comme armes de famille
celles du bureau auquel ils avaient appartenu ; ce
qui expliquerait la diversité des émaux que nous
avons remarqués ci-dessus , émaux qu'ils se
seraient donnés pour se différencier entre eux.
Serait-il admissible autrement que tant de familles
aient possédé le même blason ?
D'un autre côté, si je parcours V Armoriai du
Dauphiné, j'y vois une cinquantaine d'écussons
possédant des besants, parmi lesquels je ne
découvre point ceux de nos trois jetons; mais j'y
trouve celles d'un Conseiller à la Cour des Mon-
naies, d'un Trésorier de France, d'un Conseiller-
(') « ... parce que, suivant le sieur de la Colombière, il soustient le
couuert qui conserue les plus grands Bastimens, et le deffend de
l'injure de l'air, et qu'il est aussi pris pour le Hiérogliphe de la
constance et de la fermeté. » (Palliot, La vraye et parfaite science
des armoiries.)
428
maître à la Chambre des Comptes, d'un Procureur
général et d'un Avocat général à la même Chambre .
Pour deux autres familles (Moneri et Monet), ces
meubles ont évidemment été considérés comme
armes parlantes. Pour les armes de la ville de
Crémieu, c'est une allusion plus que transparente
à son atelier de la Monnaie delphinale [d'azur, à
trois besants d'or; au chef de même, chargé d'un
dauphin d'azur barbelé). Mais tous ces écussons
représentent des combinaisons diverses, sans
aucune analogie avec celle qui nous occupe, et
il me semble que, si nos trois jetons dauphinois
représentaient réellement des écussons de familles,
les noms d'A. Moine, d'E. Fléhart et de J. de
Beaune auraient dû figurer dans ledit Armoriai
avec les armes que nous trouvons sur ces jetons,
celles de Fléhart surtout.
Chose singulière encore à remarquer! Si les
armes de Beaune sont authentiques, comment se
fait-il que Y Armoriai de M. de La Bâtie (article
J. de Beaune) laisse son écusson en blanc, comme
si, pour lui, un doute subsistait au sujet des
armoiries si bien reconnues pourtant par les autres
héraldistes? Comme moi, cet auteur les aurait-il
suspectées aussi?...
Si les observations que je présente ici ne reposent
point sur des « faits acquis » , ainsi que le veut
sagement M. Rouyer; si, d'un autre côté, elles
demandent aussi, suivant mon honorable confrère,
« réflexion et maturité », ce que je suis loin de vou-
4^9
loir contester et ce que j'approuve de toute ma
raison, il est bien permis néanmoins à un septua-
génaire d'attacher le grelot à une idée dont il
serait heureux d'avoir au plus tôt la solution, si
quelqu'un des lecteurs de la Revue peut la lui
donner. Il obligerait ainsi plus d'une personne,
puisque ceux-mêmes qui sont les plus compé-
tents sur ces matières , se récusent et n'osent
tenter la solution demandée. Pour mon compte,
n'ayant aucune prétention à la science du blason,
mais désirant m'instruire, je serais particulière-
ment reconnaissant à celui qui saurait et vou-
drait bien fixer le point indécis sur lequel j'ai osé
appeler l'attention de mes confrères. En admet-
tant même que mes questions dénotent une nou-
velle erreur de ma part et que cette erreur me soit
démontrée, il en restera toujours à déterminer les
émaux des armes d'Antoine Moine et à donner la
preuve que les armes originelles de la famille
Fléhard furent différentes de celles que leur accor-
dent les Armoriaux. A qui lèvera mes doutes ou
dissipera mes illusions, j'en adresse d'avance mes
remerciements.
G. Vallier.
Grenoble, janvier 1887. s
43o
UN TRIENS INÉDIT FRAPPÉ A DINANT.
Planche XII.
Tête de profil tournée à droite, coiffée d'une
sorte de diadème retenant une chevelure héris-
sée : AEVNTE FI («).
Le dessin de la tête est barbare et les attaches
du cou, ainsi que le buste, sont figurés par des
lignes droites.
Rev. — Croix haussée sur une base; au-dessous,
une petite croix pattée à branches presque égales :
EVSAME MO (•).
Or, gr. i-3o. Trouvé à Domburg (Zélande), en 1886.
Collection de MUe de Man, à Middelbourg.
L'orthographe Deunte n'est qu'une variante de
(') Ce caractère de la chevelure n'a pas été exactement rendu par le
dessinateur; les mèches de cheveux sont beaucoup plus rigides que
celles du dessin qui les représente à tort comme étant ondulées.
(2) La ligne droite qui termine le cou est complètement isolée du
bord de la pièce auquel elle ne vient pas aboutir par deux lignes à
angle droit partant de ses extrémités. C'est encore une faute du dessi-
nateur.
43 1
Deonte, contraction de Deonante. La forme Deunte
est nouvelle.
Cusane, d'après les renseignements que M. le
vicomte de Ponton d'Amécourt a eu l'obligeance
de me donner, est l'ablatif d'un nom de moné-
taire saxon CVSA. Les peuples barbares du Nord
avaient des habitudes de vocalisation qui les por-
taient à confondre A final avec O final. Il en est
encore ainsi dans les langues suédoises et norvé-
giennes. CVSA était donc pour eux une équiva-
lence de CVSO et se déclinait comme Cicero
d'après la forme de la troisième déclinaison. La
preuve de ce fait a été fournie par les nombreux
textes cités par M. Bonnardot dans les Comptes
rendus de la Société française de numismatique,
t. III.
Grégoire de Tours, notamment, dit Attilanis,
Attilanem, Attilane, lorsqu'il latinise le nom du
célèbre roi des Huns.
La numismatique mérovingienne, ajoute M. le
vicomte d'Amécourt, offre un certain nombre
d'exemples de cette manière de décliner les noms
saxons qui sont presque tous terminés par la
lettre A.
Ainsi, à Rouen, on trouve PECCANE, ablatif
de PECCA; à Genève, TILINANE, ablatif de
TILINA, etc.
Voici maintenant les tiers de sou, frappés à
Dinant, connus actuellement : M. Perreau a décrit
dans notre Revue (année 1846) et figuré (pi. VII,
432
n° 3) un triens portant au droit la légende DEON-
TE X et au revers : ABOLBNO MO. Le nom du
monétaire a été mal lu ; tous les numismates lisent
aujourd'hui : ABOLENO. La lettre X de DEON-
TE X n'est qu'une croisette terminale. Cette mon-
naie, achetée à M. De Coster, fait aujourd'hui
partie de la riche collection de M. d'Amécourt,
qui la décrit ainsi : + AEONTE -h — ABO-
LENO MO.
Une autre pièce frappée par le monétaire CARI-
FRIDVS (CARIFRIDO-M) porte, au droit, une
légende que M. Perreau lisait DEONV (pi. VII,
n° i), mais qui est douteuse, puisque M. Robert
voit DEONANTEFT et M. d'Amécourt,
DEONA/VC CI.
A l'époque de la notice de M. Perreau, cette
pièce se trouvait dans le cabinet de M. Van der
Meer, à Tongres. Aujourd'hui, elle repose dans les
collections du musée archéologique de Namur.
Notre aimable confrère, M. Bequet, de Namur,
a eu l'obligeance de me soumettre ce triens dont
j'ai lu la légende ainsi : dEON/WE FT —
CARIFRIDOM.
Ce triens, comme celui de Mlle de Man, montre
au revers une croix haussée, mais au-dessous, au
lieu d'une petite croix, sont espacés six globules
rangés en deux lignes.
Dans le même volume de la Revue, M. Chalon
avait déjà signalé un triens trouvé aux environs
de Mons, dont il lisait la légende : DEONANTEX
433
et AMERNO MO ■ (pi. VII, n° 2). M. Ch. Robert
préfère lire le nom du monétaire : AHEINO
MO ' — Je préfère la lecture de M. Chalon.
D'un autre côté, M/ Cartier avait fait connaître
dans la Revue française (1840, p. 107, pi. VI, n° 27)
un triens du monétaire ABOLINVS (ABOLINO),
avec le nom du lieu d'émission : DEONANT.
Combrouse a reproduit cette pièce dans son
ouvrage sur les Monétaires des rois mérovingiens
(pi. XXIII, n° 9).
Elle faisait partie de la collection Bohl, à
Coblentz.
M. le vicomte d'Amécourt possède dans sa riche
collection une variété de ce triens avec les
légendes : DEONANTI et ABOLINO ■
Enfin, réunissant toutes ces monnaies, M. Piot
les a de nouveaux citées dans la Revue belge
de 1848, en y ajoutant toutefois un triens appar-
tenant alors à M. Justen. La légende du droit, en
partie illisible, était : AME •••• (peut-être Amer-
nus). ON (mon) et celle du revers : DEONANTE
FIT. C'est peut-être la pièce sur laquelle M. Robert
distingue les caractères : DEOI1I11TE FIT et
OIIVNAMI.
Ne serait-ce pas le triens appartenant au musée
archéologique de Namur, avec une légende en
partie indéchiffrable, mais qui peut être lue :
A M I O • MON
DEONANTE FIT.
434
En i85o, dans la Revue française (p. 26, pi. I, n° 8),
M. Robert a encore fait connaître un triens signé
par le monétaire HAROALDVS MO (DEO-
NANTE FIT)(cette pièce, appartenant à M. d'Amé-
court, provient de la collection Norblin), et
M. Chalon, dans notre Revue (année 186g, p. 53),
a décrit un tiers de sou avec la légende DEV-
NANTEX (frappé par le monétaire AMERINVS.
Un triens presque semblable a été acheté à M. De
Coster, par M. le vicomte d'Amécourt, qui me
décrit les légendes de la manière suivante : DEV-
NANTE 4- — AMERNO MO •
Le musée archéologique de Namur possède un
triens sur lequel j'ai lu très distinctement les
inscriptions : DEVNANTEX — AMERINO MO.
C'est sans doute la pièce décrite par M. Chalon.
Le triens acheté par M. d'Amécourt à M. De
Coster se rapproche par la légende de la monnaie
indiquée plus haut.
Une autre pièce de sa collection porte : AENVNV
IC — SIVILQOIO IU (?), mais son attribution
à Dinant est discutable.
M. Robert me signale encore un triens où on
lit, d'un côté, DEONANT et, de l'autre, ARO-
BERTE M ; mais M. le vicomte d'Amécourt, qui
ne connaît pas ce monétaire, me fait justement
remarquer que AROBERTE n'est pas un nom et
doit probablement être une altération de ARNO-
BERTE.
435
CVSA est donc un nouveau nom qu'il faut
ajouter à la liste des monétaires mérovingiens qui
ont frappé monnaie à Dinant. Aucun homonyme
n'est cité dans la nomenclature des monnayeurs
mérovingiens, publiée par M. A. de Barthélémy.
G. Cumont.
Avril 1887.
436
UN MÉDAILLON ANÉPIGRAPHE
ROI HENRI IV ET D'UN CONNÉTABLE DE FRANCE.
A Monsieur G. Cumont, secrétaire de la Société
royale de numismatique de Belgique et l'un des
Directeurs de la Revue.
Planche XIII.
Mon cher Confrère,
Dans les Mélanges du dernier fascicule de la
Revue belge de numismatique, vous avez bien voulu
, consacrer, à mes Desiderata de la numismatique du
Dauphiné ('), quelques lignes aussi courtoises que
bienveillantes. Je vous en remercie, et comme
vous témoignez le désir desavoir, d'une' manière
plus précise que je ne l'ai fait, sur quelles raisons
je m'appuie pour attribuer la belle médaille que
j'y ai donnée au Connétable de Lesdiguières, je
m'empresse de vous les soumettre. Vous aurez
remarqué, sans doute, que le titre de mon article,
Le Connétable de Lesdiguières, était un titre général
(') Petite Revue dauphinoise, 1886, n° 9.
437
et non spécial ; qu'il ne concernait pas seulement
cette médaille, mais une autre encore, — celle-là
non sujette à discussion, — et que, du reste, la
partie de cet article relative à la pièce en question
était écrite avec toutes sortes de prudentes réserves,
indiquant fort bien qu'il n'y avait chez moi aucun
parti pris. Je ne sais si, — dans une question toute
de sentiment et de raisonnement, en l'absence de
preuves, — je réussirai à vous ranger à mon opi-
nion ; je la soumets néanmoins en toute humilité
à votre jugement et à celui de mes confrères, et je
viens vous exposer les motifs qui l'ont corroborée
pour moi. J'espère que, s'ils ne font pas tomber
tous les doutes, ils trouveront toutefois quelque
chance de considération dans la franchise avec
laquelle je veux les exposer. C'est, du reste, une
trop belle occasion pour moi de faire connaître
une médaille que Charvet, — un fin connaisseur,
celui-là, — avait déjà attribuée à Lesdiguières,
mais sans donner aucun motif de son affirmation.
Ce numismate, en effet, l'avait publiée longtemps
avant moi dans son Catalogue de la vente Petetin
(1860), devenu fort rare, et c'est d'après la gravure
de ce dernier que j'ai eu la pensée de la reproduire
dans notre Petite Revue dauphinoise, qui n'est guère
répandue hors de la région. La Revue belge de
numismatique la fera donc connaître beaucoup
mieux (') , grâce aux nombreux numismates français
(') PI. XIII, n° 1.
438
et étrangers qu'elle compte dans son sein. Autant
je suis, de ma nature, peu porté à des affirmations
cassantes et sans preuves, autant je suis heureux
d'exposer mes assertions avec tous les moyens
que je crois propres à les consolider; et si, dans
l'article de mes Desiderata, je n'avais avancé aucun
de ceux sur lesquels je m'appuie pour soutenir
mon opinion, c'est que non erat hic locus. Je ne
fais donc aucune difficulté de vous répondre et de
vous dire pourquoi j'ai nommé Lesdiguières de
préférence à celui pour lequel peut-être cette
médaille a pu être conçue. Une affirmation, pour
moi, n'est jamais une preuve, tant qu'elle n'est
pas accompagnée de bonnes raisons. Le titre de
mon article, ainsi que je l'ai dit, n'était qu'une
enseigne commune à plusieurs médailles du même
personnage et n'ayant, malgré l'apparence, aucune
intention affirmative ou exclusive au sujet de celle
dont il s'agit ici. Je me suis fait, du reste, les nom-
breuses objections qu'on pourrait, je crois, m'op-
poser, et je vais vous les livrer avec l'entière bonne
foi dont je suis animé en toutes choses.
Quelques faits, appuyés de dates, sont ici néces-
saires à invoquer : je les soumets à la bienveillante
appréciation de tous mes confrères.
Le Connétable Anne de Montmorency, qui avait
combattu Henri IV, avait été tué à la bataille de
Saint-Denis, le 10 novembre 1567. Il est donc hors
de cause dans cette question. Voyons si son fils
Henri y serait plus admissible que lui.
439
Henri Ier, duc de Montmorency-Damville, filleul
du roi Henri II, avait reçu de son parrain le collier
de Chevalerie de son Ordre en i557- En i562, après
la bataille de Dreux, le roi Charles IX lui conféra
la charge de son Lieutenant général et Gouver-
neur en Languedoc, sur la démission de son père
entre les mains de S. M. ; puis celle de Maréchal
de France en i566. Après la bataille de Saint-
Denis, le roi le constitua son Lieutenant général
au pays de Guienne, Provence et Dauphinê. Mais,
sous Henri III, se voyant déchu de la faveur dont
il avait joui jusqu'alors, il se retira en son gou-
vernement de Languedoc où il demeura près de
vingt ans sans venir à la Cour, se ligua avec les
Huguenots, qui le firent leur chef en 1574, etc., etc.
Il rentra depuis dans son devoir et abandonna les
Huguenots (').
Mais Henri IV succéda à Henri III, et « ayant
esgard à sa longue expérience au fait de la guerre,
et à l'affection qu'il auoit comme héréditaire au
bien et à la manutention de cet Estât, il luy conféra
le vin. iour de Décembre mille cinq cents quatre-
vingts-treize, l'office de Connestable de France
auquel il n'auoit encore esté pourueu depuis le
décès d'ANNE de Montmorency son père. De sorte
qu'il se trouue auoir été le sixiesme de sa Maison,
qui a dignement exercé cette première charge de la
(') Le P. Anselme, Hist. généal. et chronol. de la Maison
royale, etc.; Paris, 1712, p. 336.
440
couronne solstice des honneurs militaires » (').
Ce Connétable mourut le Ier avril 1614. Il était
chevalier des Ordres.
Après la mort d'Henri IV, arrivée en 1610,
Louis XIII était monté sur le trône, et le Duc de
Lesdiguières, dont nous n'avons pas à raconter
ici, ce qui nous entraînerait trop loin, la longue
carrière de fidélité à son souverain et les services
glorieux qu'il lui avait rendus, continua à servir
le nouveau roi avec la même fidélité et la même
gloire. Mais Louis XIII ne songea point à donner
un successeur à Henri de Montmorency.
Ce ne fut que vers 1621, que le duc de Luynes,
son favori, réussit à faire rétablir la Connétablie à
son profit personnel, malgré les services du vieux
maréchal de Lesdiguières, resté protestant. Il la
doit donc à Louis XIII et n 'a jamais eu, du reste,
aucun rapport avec Henri IV. Six mois après,
la mort le saisit, et la charge de Connétable passa
enfin au Duc de Lesdiguières, devenu catholique.
De ce qui précède, n'est-on pas naturellement
porté à donner à Henri de Montmorency cette
magnifique médaille qui unit le premier dignitaire
du royaume à son souverain, à celui qui lui a
conféré le titre qui le rapproche le plus de lui-
même ? Certes, cette attribution a été ma première
pensée... Et pourtant, en y réfléchissant bien, le
(') A. du Chesne, Hist. de la Maison de Montmorency Paris,
Cramoisy, 1624, p. 454.
44i
mutisme des deux faces de cette médaille devient
inexplicable si on veut la considérer comme
contemporaine du roi et de son Connétable. Com-
ment supposer que, pour rappeler un aussi grand
événement, on eût pu, sous le règne même
d'Henri IV, oublier d'y placer les noms de celui
qui conférait l'honneur et surtout de celui qui le
recevait? Cela est inadmissible.
Ainsi que je le disais dans mes Desiderata :
« Dans quelles circonstances ce beau médaillon
a-t-il dû être frappé (j'aurais peut-être mieux fait
de dire exécuté, car je ne l'ai pas vu et n'ai pu en
étudier le travail)? Demande indiscrète!... Et je
répondrai franchement au questionneur que je
l'ignore autant que lui-même. Cependant, s'il faut
absolument émettre un avis, je suis disposé à
penser que le Connétable de Luynes étant mort le
i5 décembre 1621 et Lesdiguières n'ayant pu
obtenir sa succession qu'en 1622, — à la suite de
son abjuration, — ce petit monument commémo-
ratif a été exécuté pour la circonstance; et, comme
Henri IV était mort depuis 1610, je suis porté à
croire qu'en réunissant sur le médaillon le buste
de ce souverain à celui du nouveau Connétable,
on a simplement voulu rappeler les services rendus
par Lesdiguières à celui dont il avait épousé la
cause, qu'il avait contribué par ses hauts faits et
sa fidélité à rétablir sur son trône, et aussi l'estime
dont ce dernier lui avait donné tant de marques.
« Me trompé-je, ajoutais-je?... Cela se peut fort
Année 1887. 28
442
bien. Je ne demande pas mieux que de voir mon
appréciation purement instinctive remplacée par
une opinion non basée sur le sentiment, comme la
mienne, mais s'appuyant sur des preuves réelles. »
Par les dates, je viens de le dire, ce médaillon
semble appartenir de droit à l'époque d'Henri IV,
et, par conséquent, au Connétable Henri de Mont-
morency. Voyons si, par des preuves plus saisis-
sables encore, tirées de l'iconographie, nous ne
pourrons pas nous convaincre qu'il ne peut lui
être attribué.
Je ne connais, il est vrai, que deux portraits du
Connétable Henri de Montmorency : l'un avec la
perruque bouclée, la moustache relevée en éventail
sur les coins de la bouche, la barbe pointue et
réduite au menton seul, le large col brodé et
rabattu sur la cuirasse et l'écharpe de l'époque de
Louis XIII ('); l'autre est une statue équestre
placée sur son tombeau. Le Connétable y est repré-
senté avec une tête entièrement chauve sur la partie
antérieure, la moustache rigide et horizontale,
et la barbe entière taillée à la mode du temps. Il est
couvert de sa cuirasse et ne porte aucun insigne
sur sa poitrine, quoiqu'il fût décoré des Ordres du
Roi (*). Rien, du reste, dans les traits qui fasse
(') Ce portrait se trouve à la Bibliothèque de Grenoble, dans le
Recueil factice de portraits par différents graveurs, 4e vol. portant
en0 8464 de la bibliothèque de Caulet. .
(*) Cette gravure se trouve dans VHist. généalogique de la maison
de Montmorency, d'ANDRÉ du Chesne, Paris, 1624, p. 454.
443
songer à ceux de son père ou de son fils, avec
lesquels, probablement, il a dû avoir cet air de
famille que l'on observe sur leurs médailles. Rien,
non plus, autant sur la première gravure que sur
cette dernière, qui permette de les rapprocher de
ceux que nous offre notre médaillon (').
A ces deux portraits, qui ne me satisfont nulle-
ment au point de vue recherché par moi, je ne
puis opposer que les deux médailles frappées en
l'honneur de Lesdiguières, l'une en 1600, l'autre
en IÔ23 ; mais la première, — celle de 1600, gravée
parDupré, — n'est-elle pas une preuve suffisante
et bien admissible ou plausible? La présente
effigie, en effet, est presque la copie de cette pièce,
à laquelle, pour le besoin de ma démonstration,
j'emprunte son buste (pi. XIII, n° 2). La figure,
pourtant, semble un peu rajeunie et la barbe s'y
trouve moins touffue. Sur dix portraits peints par
des artistes différents, on observera dix ressem-
blances particulières, car chacun d'eux a sa manière
de voir et de rendre ce qu'il voit, et fait plus ou
moins ressemblant. Mais cette médaille, tout en
rappelant celle de Dupré, — comme composition,
mais non comme style, — a bien pu offrir un
portrait rajeuni par le graveur inconnu à qui elle
est due et qui peut-être s'est inspiré, pour son
œuvre, d'un autre portrait de Lesdiguières, moins
avancé en âge. Du reste, même profil, même attitude,
(') PI. XIII, n° 3.
444
même fraise, même cuirasse, à peu de chose près :
on dirait, sauf les différences que j'ai signalées,
la copie de la pièce de Dupré, à laquelle on a
pourtant ajouté l'écharpe flottante, comme pour
l'effigie du roi placée sur l'autre face. Il n'y a rien
d'absolu en fait de ressemblance. Qui sait même
si l'artiste, — en présence des deux médailles que
nous connaissons de Lesdiguières et qui ont des
têtes si différentes, à 21 ans d'intervalle, — n'a
pas eu le parti pris de rajeunir encore notre
Dauphinois pour mieux rappeler sa fidélité à celui
qu'il servait alors qu'il était plus jeune? Le por-
trait du roi lui-même, avec son chapeau et son
fameux panache de combat, semblerait venir à
l'appui de ma conjecture.
Cette médaille, du reste, sort des usages ordi-
naires. Nous en connaissons d'autres, frappées
pour des Connétables ; mais toutes sont person-
nelles, possèdent des légendes, et, sur aucune,
on ne voit le portrait du souverain associé à celui
de son dignitaire. Telles sont, pour cette époque,
celles d'Anne de Montmorency et de Luynes.
Il y a donc eu des motifs particuliers à la concep-
tion de cette pièce d'un genre à part, et, je ne sais
si je me trompe, je crois les avoir indiqués.
Et maintenant, mon cher confrère, malgré les
légères différences que j'ai fait remarquer, diffé-
rences dues sans doute au burin de l'artiste autant
qu'au portrait choisi par lui pour le modèle de sa
gravure, à son faire autant qu'à l'idée peut-être de
445
celui qui aura fait exécuter cette médaille, je laisse
mon lecteur juge d'établir si je m'égare à la pour-
suite per fas et nef as d'une idée qui est la mienne,
comme elle a été celle de Charvet, mais que je
n'entends imposer à personne. Seulement, je donne
mes motifs, tout en ignorant ceux de ce numis-
mate. Et, — comme cela m'a été dit, — qu'on ne
vienne pas m'objecter que ce connaisseur émérite
avait voulu attribuer ainsi cette médaille dans
un but uniquement mercantile!... Une médaille
d'Henri IV, unique et offrant le portrait même
inconnu d'un personnage contemporain, n'avait
pas besoin de pareils moyens pour se vendre avan-
tageusement (*), et je ne suis pas de ceux qui sont
toujours portés à ne considérer que le mauvais côté
des choses ou à intenter des procès de tendance.
La pièce est anépigraphe. Elle ne porte pas de
signature, et je ne suis pas assez versé dans la
connaissance des graveurs de cette époque pour
me permettre d'avancer un nom, qui deviendrait
sans doute une date et un point de repère assuré.
D'autres oseront sans doute, et je ne serai pas
le dernier à applaudir à leurs efforts, s'ils réunis-
sent à donner des preuves d'une apparence plus
spécieuse que les miennes.
Quant à l'époque de son apparition, — selon
(') Disputée su feu des enchères, cette médaille, ainsi que je l'ai
avancé dans mes Desiderata, est passée en Hollande. Elle a été payée
41 5 francs; mais, malgré mes recherches, je n'ai pu découvrir dans
quelle collection elle se trouve maintenant.
446
mon système, — elle a pu tout aussi bien être
faite lors de l'élévation de Lesdiguières à la charge
de Connétable que quelques années plus tard, et
j'incline même à penser maintenant qu'elle pour-
rait être un monument commémoratif consacré à
sa mémoire, lors de sa mort arrivée en 1626, ou
peu après. N'en avait-on pas fait autant pour
le Connétable Anne de Montmorency, dont la
médaille, publiée par Antony Durand f), le repré-
sente à l'âge de soixante-quatorze ans (époque de
sa mort) et la tête couronnée de laurier.
Telles sont, mon cher confrère, les raisons sur
lesquelles j'ai cru devoir m'appuyer dans mon
attribution toute conjecturale. Je n'y ai mis, je
vous le répète, aucun parti pris, et j'ai voulu
chercher la vérité. Si j'y ai réussi, tant mieux !
Si non, je n'ai point de meâ culpâ à me reprocher.
Que cette médaille soit de Lesdiguières ou d'Henri
de Montmorency, peu m'importe ! Je serai suffi-
samment satisfait d'avoir contribué à la faire
connaître. N'appartient-elle pas toujours à un
Gouverneur Lieutenant-général pour le roi en
Dauphiné et, à quelque point de vue que l'on se
place, n'offre-t-elle pas toujours un vif intérêt
pour cette province ?
Agréez, etc.
G. Vallier.
Grenoble, avril 1887. *
(') Médailles et jetons des Numismates ; Genève, Ramboz et Schu-
chardt, i865, p. i36, pi. IX, n° 4.
447
MEREAUX
COLLÉGIALE DE SAINT-JEAN LMNGÉLISTE A LIÈGE,
La collégiale de Saint-Jean l'Evangéliste à
Liège fut bâtie en l'an 982 (') par l'évêque Notger.
Ce prélat y établit trente chanoines, auxquels il fit
don des revenus de l'ancien chapitre de Chèvre-
mont, entre autres, de quinze seigneuries à clo-
cher, que les chanoines possédaient en titre (*).
La collégiale avait , en 1788 , un doyen , un
écolâtre, un coste, un chantre, un secrétaire,
vingt-neuf bénéficiers et dix-neuf non-résidents (3).
(') Tableau ecclésiastique de la ville et du diocèse de Liège, pour
Van MDCCLXXXVIII, p. 35.
(*) Délices des Pays-Bas, 1785, t. IV, p. 102, ouvrage qui fait
remonter la fondation à 980.
(3) Tableau ecclésiastique, déjà cité, pp. 35, 36 à 39.
448
Dès une époque assez ancienne, au xve siècle,
le chapitre faisaitusage.de méreaux ou jetons
de présence, nommés signa, plumba ou plumbeta.
La première mention de méreaux, connue par
les statuts capitulaires qui existent encore aux
Archives de l'État à Liège, remonte à l'an-
née 1497 (') ; elle est conçue dans ces termes :
« Il sera fait des plombs, plumba, qui seront
remis à ceux qui assistent aux matines avant
la première leçon et y demeurent jusqu'au
Benedictus; pour les messes, à ceux qui entrent
avant la Préface et restent jusqu'à YAgnus Dei;
pour les vêpres, à ceux qui y arrivent avant
l'hymne et y sont présents jusqu'aux Laudes.
Le plomb aura pour chacune de ces heures
une valeur de 11 sols liégeois en espèces ou xn
deniers (*). »
« De même, pour les processions à l'extérieur
(!) Registre Statuta ecclesiœ, n° 256g, fol. lxii v°.
(*)' Que faut-il entendre par la valeur de deux sols liégeois en
espèces ou xn deniers (n s. leod. in speciosa vero xn den.)% Notre
savant et obligeant confrère, M. le baron Jules de Chestret, qui
s'occupe avec tant de succès de la numismatique du pays de Liège,
nous écrit, le 28 mai 1887, tout en reconnaissant la difficulté de l'inter-
prétation, qu'il résulte de ce texte, comme de tous les documents du
temps, que les n sols liégeois étaient des monnaies de compte; que les
xn deniers étaient de petits deniers noirs, probablement du système
brabançon, comme les monnaies d'argent de Jean de Horn ; que la
preuve existe dans cette évaluation du cri de 1494 : « Des mites
forgées à Hasselt (grands deniers noirs), les deux feront j solz
liégeois. »
449
du cloître, chaque présent, retournant avec le
chœur, touchera xn sous de liégeois. »
Il fut résolu en chapitre général, le lendemain
de la Saint-Jean-Baptiste de l'année 1498 ('), qu'il
serait donné un plomb aux chanoines assistant
aux heures du jour, horis diurnis, suivant l'ordon-
nance reproduite ci-dessus.
Il conste d'une résolution capitulaire de l'an-
née 1499 qu'au gardien des heures, custos horarum,
appartenait la mission de la distribution des
méreaux et de la tenue de la cartabelle ('2).
Dans un acte du chapitre général célébré le len-
demain de l'Assomption de la même année 1499,
acte intitulé de distributione plumbi, la distribution
de méreaux aux chanoines présents est virtuelle-
ment confirmée ; il est accordé aussi « un denier
de trois sous » , dabitur denarius trium solidorum (3) ,
à ceux qui assistent aux Vigiles des morts et éga-
lement pour la présence aux messes des morts;
toutefois les vieillards débiles et les infirmes ne
perdront rien (4) par leur absence.
Au commencement de i582 (entre le 20 février
et le 2 mars) (6), le chapitre désigne pour son sous-
(') Reg. cité, fol. lxvii.
(2) Reg. cité, fol.' lxvii v°.
(3) Nous ne connaissons pas de denier de 3 sous. S'agit-il bien ici
d'une monnaie liégeoise? D'après la note 2 de la page précédente, les
3 sols valaient 18 petits deniers noirs.
(4) Reg. cité, fol. lxxv.
(5) Reg. n° 470/2571. Actes capitulaires, 1573-1584. La partie supé-
45o
chantre, succentor, maître Adam de Ponte, et lui
alloue un salaire de 3 florins de Brabant, à payer
par le grand compteur, et la même somme en
plombs, in plumbetis, pour toutes les heures aux-
quelles il assistera.
Adam de Ponte était compositeur ; il collabora
au Novus Thésaurus musicus de Pierre Joanelli,
imprimé à Venise en i568. Ce recueil est considéré
comme un des plus splendides et des plus consi-
dérables qui aient vu le jour au xvie siècle (').
Le 2 avril 1601, il est résolu qu'il sera distribué
des plombs, plumbeta, d'un demi-Ernest (*), à
chaque réunion capitulaire indiquée la veille (*).
On se permettait de remettre des méreaux à
ceux qui ne se rendaient pas au chapitre. Cet abus
donna lieu, le 16 mai 1601, à une protestation de
la part de l'écolâtre, qui disait que lui aussi ne
voulait pas perdre son méreau, s'il venait à s'ab-
senter. Le chanoine Massey s'associa à cette pro-
testation (*).
Nous avons l'heureuse chance de posséder un
des méreaux primitifs du xve siècle ; il porte, au
droit, la tête de saint Jean, aux longs cheveux,
rieure du feuillet où se trouve inscrite la date de cet acte capitulaire
est endommagée ; nous ne pouvons donc en donner la date précise.
(*) Sic : Van der Straeten, Musique aux Pays-Bas, t. II, fol. 64.
(*) Le demi-Ernest valait deux vieux partards courants, monnaie
brabançonne.
(3) Reg. n° 473/2574. Actes capitulaires , 1600- i6o5.
(*) Ibid.
45 1
et au revers une rosace entourée de cinq lobes,
cantonnés chacun d'un globule, avec la légende
gothique : S ' (retourné) {sanctus) JOANNES ■ S
(retourné) C (signum capitult). C'est peut-être le
seul méreau de la collégiale retrouvé. Il est gravé
en tête de cette notice.
A la même époque, on qualifiait également les
méreaux de signa, dans la collégiale de Saint-
Sulpjce, à Diest.
De Schodt.
452
CORRESPONDANCE
Deux lettres de M. Pety de Thozée, consul général
de Belgique à Bombay, à M. G. Cumont, secré-
taire de la Société belge de numismatique, à propos
des cowries ou cauris employés aux Indes.
Bombay, le 3i janvier 1887.
Monsieur et honoré Confrère,
Votre lettre est venue me surprendre agréable-
ment. Ici, en fait de numismatique, je n'entends
jamais rien, sauf les frasques de Dame Roupie,
qui fait beaucoup parler d'elle, depuis que je suis
aux Indes. L'arrivée d'un amateur belge en ces
parages n'y est absolument pour rien, je vous prie
de le croire.
Je n'ai pas encore découvert une seule collec-
tion ; mais je verrai des choses curieuses, m'as-
sure-t-on, chez les rajahs, les chefs indigènes, que
je visiterai la saison prochaine. Ils aiment à orner
les colliers de leur femme et de leurs enfants de
monnaies frappées par leurs ancêtres : médailles
de prix et médaillier gracieux. Les nababs d'Eu-
rope ne pourraient tous satisfaire des fantaisies
aussi distinguées.
453
Dans un voyage à Goa, j'ai noté plusieurs
médailles. Je vous enverrai, quelque jour, une
notice de la numismatique de cette colonie
célèbre, dont l'histoire m'intéresse et m'attire
tout spécialement. L'es grands coups d'épée des
Portugais dans l'Inde ont été chantés par les
Lusiades, et je ne connais rien de plus saisissant
que les ruines de Goa, la « reine de l'Orient »,
cachées sous les palmiers de jungles désertes.
Lorsque l'on a visité, sur les côtes immenses de
Malabar et du Konkan, ces forteresses écroulées
où flotta fièrement le drapeau du Portugal, ces
cités détruites ou déchues, Cochin, Cranganore,
Calicut, Goa, Chaul, Bassein, Daman et Diu,
où toutes les richesses de l'Inde affluèrent au
xvie siècle, où vécurent Vasco da Gama, Albu-
querque, Jean de Castro, François - Xavier et
Camoëns, où ces hommes ont souffert et se sont
illustrés, quelle joie de décrire et de commenter
les petits monuments qui rappellent et font
revivre de si glorieux souvenirs !
Paulo minora canamus...
J'ai vu, au bazar de Poona, dans le Deccan, à
119 milles de Bombay, une monnaie courante que
je ne croyais plus rencontrer en Asie, mais seule-
ment chez des peuplades de la Malaisie et de
l'Afrique. Cette monnaie est le cowry; c'est une
petite coquille univalve, appelée par les savants
Cyprœa moneta, de son usage antique et spécial
454
dans quelques parages du vieux monde. Les
cowries ont cours dans plusieurs endroits des
Indes orientales, où le pie, la plus petite monnaie
divisionnaire de cuivre, n'est pas connu. Leur
valeur varie, selon les localités, de 64 à 96 pour
un paisa. Il faut 4 paisas pour un anna, qui vaut
12 pies, environ 12 centimes. Si vous avez bien
suivi ces données, vous aurez saisi que pour payer
un centime, vous compterez 21 à 32 cowries. Le
boursicaut des gamins indous, dans un pli de leur
pagne, n'est souvent garni que de ces coquilles,
qu'ils échangent contre des friandises d'enfant.
Mais les cowries servent à de moins puérils achats.
Les marchands les. rangent au bord de leurs
échoppes, en petits tas de forme pyramidale,
représentant un pie ou un paisa. On n'a jamais
vu de tas d'une roupie; ce serait comparable, pour
les dimensions, avec la pyramide de Chéops. C'est
peut-être en comptant tout jeunes des cowries,
pour acheter des bonbons au bazar, que les
Indous ont développé leur esprit scientifique et
sont devenus de si grands mathématiciens. Le
fait est que leurs aïeux connaissaient la numé-
ration de position et l'algèbre, à une époque où
les ancêtres des Belges étaient des sauvages.
Agréez, cher Monsieur, l'expression de mes
meilleurs sentiments.
Pety de Thozée.
455
Bombay, le i3 mars 1887.
Monsieur et honoré Confrère,
Un post-scriptum à ma lettre du 3i janvier; un
nouveau chapitre de l'histoire de la plus petite
monnaie subdivisionnaire qui soit encore au
monde. Jusqu'aux approches de notre temps, des
paysans écossais ont fait usage de clous comme
instruments des échanges; au Mexique, on s'est
servi de graines de cacao ; en Abyssinie, des fruits
du poivrier; en Russie, de cuirs et de fourrures;
à Terre-Neuve, de morue sèche; en Virginie, du
tabac, auquel un décret de l'an de grâce 1618 donna
cours forcée Les cowries sont bien plus jolis que
toutes ces matières de boutiquiers et de mar-
mitons, plus élégants, plus solides, plus durables,
plus inaltérables, plus homogènes et surtout plus
antiques. Avant d'ajouter plus utiles, je devrais
savoir à quoi peuvent servir ces coquets coquil-
lages. A la parure des femmes, a-t-on dit. Cela
expliquerait qu'ils aient survécu aux autres mon-
naies de fantaisie des peuplades aux mœurs
simples et primitives.
Cristobal Colon découvrit un second monde
en cherchant l'Inde au-delà de l'Atlantique. En
étudiant l'histoire du froment dans l'Indoustan,
je retrouve mes cowries et leurs annales écono-
miques, dans les lourds documents de statistique
456
dont je tourne les pages. Je m'empresse de vous
faire part de ma trouvaille.
Le gouvernement a traité longtemps le cowry
comme une vulgaire marchandise. Une monnaie,
si infime qu'elle soit, a droit à plus d'égards. Le
cowry commun ou de bazar, notre cowry, payait
7 V2 P- % &d valorem, à l'entrée. L'acte du
5 août 1875, qui abolit les derniers droits de
douanes et établit le libre-échange dans l'empire
de l'Inde, presque sans restrictions, abaissa la
taxe à 5 p. %• Tous les coquillages, monnaies ou
non, étaient imposés sur les mêmes bases ; mais la
douane faisait aux cowries la politesse de ne les
tarifer qu'à la valeur de 4 roupies par quintal,
tandis que la plupart des autres écailles étaient
prisées beaucoup plus haut ; les cowries de Sankhli,
par exemple, à 55 roupies, et ceux de Nakhla,
65 roupies. L'acte du 5 août 1875 fixa la valeur du
quintal de cowries à 2 roupies, 8 annas et la noti-
fication du 6 mars 1880, à 3 roupies. Ces mesures
nous apprennent que le cowry ou la cowrie,
comme vous voudrez, a les caprices violents, qui
sont, à notre époque, le caractère distinctif de la
monnaie. Mais la roupie elle-même n'a jamais eu
des changes aussi accidentés ni fait des écarts
de 38 p. % :
Souvent cowrie
Varie;
Bien fol serais de trop l'aimer.
Fais la danser !
{Refrain dune ancienne chanson indoue.)
457
L'acte du 10 mars 1882 affranchit complètement
tous les coquillages. A qui profitait cette réforme,
promulguée le jour même du grand carnaval, du
Holi des Indous, par une aimable attention du
gouvernement, sans doute ? Sont-ce les marchands
du bazar qui devaient allumer des feux de joie ou
leurs clients ? Grosse question !
En i885-i886, — vous savez que l'exercice finan-
cier de l'Inde commence le Ier avril et finit le
3i mars, — pendant cette année, dis-je, il a été
importé 49,844 cwt. (lisez : hundredweights ,
quintaux) de cowries, pour une valeur de
1,85,128 roupies, que vous voudrez bien lire
I lackh, 85 mille, etc., et que vous pourrez tra-
duire en notre monnaie, 36i,ooo et des francs,
La plus grande partie vient de Zanzibar,
41,757 cwt., d'une valeur moyenne de 3 roupies
à peine par quintal ; du Mozambique, 1,078 cwt.,
également d'un prix modéré. Ce doivent être, au
moins pour une forte partie, des cowries de bazar.
De Ceylan, des Maldives, de l'Arabie, d'Aden et
de Maurice, il en est expédié des quantités peu
considérables, valant 8, 10, 25 et 65 roupies; ce
ne sont pas des monnaies, mais de simples cowries
d'ornement. Il faut noter enfin, que Bombay est
le grand marché de l'Inde pour les cowries; il
approvisionne la région voisine où cette monnaie
est la plus répandue,' le Deccan.
Je suis la trace des cowries. Je vois que l'impor-
tation est plus active depuis 1882, et je constate
Année 1887. 29
458
certains déplacements parmi les pays producteurs :
effet ordinaire de l'abolition des barrières doua-
nières. Mais voici qu'antérieurement déjà, les
mêmes évolutions se produisent : le libre-échange
n'est donc pas le seul agent en mouvement. C'est
à étudier au point de vue de la question monétaire,
qui, malgré son nom, n'est pas l'affaire de notre
Société.
Au-delà d'une dizaine d'années, les cowries se
perdent, non pas précisément dans la nuit des
temps, mais dans le tas des coquilles de diverses
sortes. Comme le fatras des premiers documents
de statistique n'a qu'un texte pour toutes, il n'est
pas possible, même par un effort d'imagination,
de faire une place à part pour les petites coquilles,
blanches et luisantes comme la porcelaine, qui
seules intéressent l'amateur de numismatique.
Les autres, plus grandes et plus brillantes, sont
recherchées par les fabricants de boutons et de
manches de couteaux. Dans le contraste de ces
destinées, on trouverait la matière première d'une
fable très morale. Le loisir me manque pour la
tourner, en guise de conclusion, et c'est vraiment
dommage.
Votre dévoué confrère,
Pety de Thozée.
45 g
NÉCROLOGIE,
M. Henri -François- Marie -Ghislain baron
Surmont de Volsberghe, membre effectif de la
Société royale belge de numismatique depuis le
2 juillet i865, est décédé, à Gand, le 3 mai 1887.
Il était né dans cette ville le 3 septembre 1812.
Notre regretté confrère était des plus assidus
à toutes nos séances et ses manières affables et
pleines de bonhomie lui avaient attiré la sym-
pathie unanime de ses collègues.
M. le baron Surmont possédait une fort belle
collection de médailles, parmi lesquelles se distin-
guait une riche série de pièces gravées par Van
Berckel. Les jetons tenaient aussi une place assez
considérable dans ses cartons. Quoique amateur
passionné, M. Surmont n'a guère écrit sur la
numismatique; la Revue de 1871 contient de lui
une notice sur quelques médailles peu connues
ou inédites, pour servir à compléter les mono-
graphies numismatiques relatives à l'histoire de
la Belgique, et tout récemment, le 12 février der-
nier, nous avons publié une lettre qu'il nous
adressait à propos de la médaille pour récom-
penser les services rendus aux armées de l'Au-
triche et de ses alliés en guerre avec la république
française.
4t>o
M. Surmont avait dressé jadis un catalogue des
médailles de Van Berckel et, depuis quelques
mois, il s'occupait activement à compléter cette
nomenclature qu'il avait l'intention de publier
bientôt. La mort vient malheureusement de mettre
ce projet à néant.
G. Cumont.
Le 20 juillet 1886, est mort à Florence le mar-
quis Carlo Strozzi, ancien directeur du Periodico
di numismatica e sfragistica per la storia d'Italia,
importante publication connue de tous les amis
de la science des médailles.
La première étude numismatique du savant
italien remonte déjà à bien des années; elle date
en effet de 1834 et a pour titre : Memorie intorno ad
una moneta argentea di Marin 0 Foliero ; deux ans
plus tard parut son essai de classification générale
des monnaies antiques d'après le système d'Eckhel
et de Mionnet.
Le marquis Carlo Strozzi était membre hono-
raire de la Société royale de numismatique de
Belgique depuis le 5 juillet 1874.
A. de Witte.
461
MÉLANGES,
The medals, jetons and tokens ïllustrative of obstetrics
and gynœcology. Newport, 1887.
Voici au moins du nouveau. S'occuper de la
numismatique au point de vue de l'obstétrique —
partie de la médecine qui traite des accouchements
— c'est bien là une idée américaine et des plus
originales encore. Dans une brochure, in-8° de
14 pages, fort bien faite d'ailleurs et extraite du
New England médical Monthly, M. Horatio R. Storer
décrit cinquante-huit médailles ou jetons, de divers
pays et de différentes époques, se rapportant à cet
intéressant sujet. Cet opuscule a pour objet, dit
l'auteur, d'attirer l'attention des savants sur la
possibilité de faire une histoire médicale illustrée
par des monuments métalliques.
A. de W.
La première livraison du tome XIV des Mémoires
de la société archéologique du midi de la France, qui
vient de nous parvenir, renferme un article de
M. E. Delorme intitulé : Description de trois derhams
musulmans des IXe, x* et xie siècles.
La première de ces pièces est une monnaie
462
omayyade d'Abdérame II, frappée à El Andalos
— comme Mesr indique l'Egypte et aussi le vieux
Caire, El Andalos désigne l'Espagne musulmane
et aussi sa capitale, Cordoue — en l'an 229 de
l'hégire (843-844 de J.-C). La deuxième est un
derham forgé à Ech-Châch, en Perse, par Ismâ'il
ebn Ahmad, de la dynastie turque des Samanides,
en l'année 288 de l'hégire (900-901). Enfin la troi-
sième est une monnaie de bas-argent, émise à
Sarragosse en 465 (1072-107 3), sous le Khalife
Abou-Dja'far Admad Ier, El Mogtader, de la famille
des Beni-Houd.
A. de W.
Samling af Svenskt och utlàndskt sedelmynt samt
svenska fôrordningar, bbcker och skrifter r'ôrande
riksgàld, banks- och sedelvâsen m. m., bildad af
H. Bi. Stockholm, P.-A. Nymans tryckeri,i886.
En 1868, la Banque de Suède célébrait le deux-
centième anniversaire de sa fondation, et à cette
occasion mémorable, l'éminent antiquaire dont
nous annonçons l'ouvrage, M. H. Bukowski,
s'attendait à voir cette puissante institution pu-
blier l'histoire de son développement, si important
pour la Suède, accompagnée de la série complète
des modèles des billets qu'elle avait émis dans le
cours de son existence.
C'était un désir d'autant plus légitime que c'est
463
à la Suède que revient l'honneur d'avoir institué
la première banque d'émission de billets. En effet,
en i656, Jean Palmstruch (né en 1610, à Riga) reçut
de Charles X Gustave le privilège d'établir à Stoc-
kholm une banque dite de lombards, et au mois
d'août 1661 cette institution commença l'émission
de ce qu'elle appelait alors des « billets de crédit »,
qui correspondent à peu près à nos billets de
banque.
M. Bukowski fut déçu dans son attente. Alors il
se mit lui-même vaillamment à l'œuvre, avec une
énergie et une patience qui ne se sont pas démentis
un instant. Encouragé par de savants amis, et
guidé par un rare talent de chercheur, aussi bien
que par des études approfondies, il réussit au bout
de près de vingt ans, non sans beaucoup de
peines et de frais, à rassembler et à décrire les
précieux et parfois même uniques témoins du
passé qui forment aujourd'hui sa collection, la
seule complète au moins en ce qui concerne la
Suède. Et c'est ainsi qu'il a eu l'honneur de
publier le premier catalogue des billets de banque
qui comprenne autant de billets de tous pays.
Ce catalogue mentionne, en effet, 1,626 numéros
se rapportant à la banque de Suède (nos 1 à 643 1/2),
aux banques privées suédoises (nos 644 à io5g), à la
Norwège, à la Finlande, au Danemark, à l'Angle-
terre, à la France, à l'Italie, à la Pologne (nos 1404
à i5o8), et autres pays de l'Europe, de l'Asie et de
l'Amérique.
464
Le catalogue donne ensuite la liste des timbres
mobiles qui se trouvent dans la collection, puis
les ordonnances, édits et circulaires, etc., se rap-
portant aux banques suédoises, etc., et se termine
par la liste des ouvrages publiés en suédois sur le
même sujet.
Au point de vue typographique, l'ouvrage ne
laisse rien non plus à désirer, car il a été imprimé
par la maison P. -A. Nyman qui pendant long-
temps a eu pour spécialité l'impression de la
plupart des billets de banque en Suède. Il faut
ajouter enfin que les anciens billets de Suède et de
Norwège sont fidèlement reproduits à l'aide de la
phototypie et que deux planches lithographiées,
à la fin du volume, donne en miniature le modèle
de tous les billets de banque (il y en a 85) en cours
dans l'année 1884.
Ce catalogue n'est imprimé qu'à un petit nombre
d'exemplaires et ne se trouve pas en librairie. Il a
reçu un accueil des plus flatteurs, non seulement
en Suède et en Danemark, mais en Allemagne
(voir Der Sammler du Ier février 1887) et il ne peut
manquer d'être favorablement accueilli par tous
les amis des arts.
F. SCHULTHESS.
Histoire numismatique du royaume des Pays-Bas,
par M. J. Dirks.
Depuis bien longtemps déjà il fut question de la
465
publication d'une histoire numismatique du règne
de S. M. Guillaume Ier, roi des Pays-Bas ; mais les
années se succédèrent et rien ne parut.
Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'annoncer
la bonne nouvelle aux numismates, que notre émi-
nent et infatigable confrère, M. J. Dirks, de Leeu-
warden, a entrepris la description des médailles
des Pays-Bas et de celles ayant rapport à ce
royaume et aux Néerlandais depuis novem-
bre i8i3 jusqu'à novembre i863.
Le savant auteur a eu la satisfaction de se voir
décerner pour ce grand et important travail, la
médaille d'or de 400 florins par la Société Teylé-
rienne, à Harlem.
Dans cet ouvrage, qui sera bientôt mis sous
presse, les médailles seront classées d'après l'ordre
chronologique et la même manière de description
y sera observée que dans la continuation de l'ou-
vrage de Van Loon.
Le savant auteur s'est donné la peine immense
d'indiquer la littérature (prose et poésie) se rap-
portant à chaque médaille.
Ce travail qui a fait obtenir à M. Dirks de nou-
veaux lauriers, sera accueilli avec reconnaissance
tant par les numismates que par les historiens.
Outre plusieurs autres publications remarqua-
bles, on est principalement redevable à M. Dirks
des cinq dernières parties de la continuation de
l'ouvrage de Van Loon ; il publie régulièrement
ses précieuses notes supplémentaires aux ouvrages
466
de Van Mieris et de Van Loon et il est l'auteur de
l'excellente monographie des méreaux des corpo-
rations de métiers des Provinces-Unies des Pays-
Bas. Son nom est désormais inséparable de ceux
de Schoemaker, Van Mieris et Van Loon.
Cte M. N.
Robert Mowat. Explication d'une marque monétaire
du temps de Constantin. (Extrait des Comptes
rendus de V Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 1886.)
M. Mowat a communiqué à l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du
21 avril 1886, un mémoire intitulé : Explication
d'une marque monétaire de Constantin. La marque
en question consiste en deux I suivis d'un s de la
forme gammée en usage dans l'épigraphie latine
de l'Orient, le tout surmonté d'un X, soit
X
11 r
On voit ce tétragramme dans le champ du revers
des monnaies de petit bronze à la légende IOVI
CONSERVATORI, des empereurs Constantin I,
Licinius et Martinien, des Césars Crispus, Cons-
tantin II et Licinius jeune ; l'exergue montre que
467
ces pièces ont été exclusivement frappées dans les
ateliers des provinces orientales, à Alexandrie,
Antioche, Cyzique, Héraclée et Nicomédie.
Jusqu'à présent on avait lu le tétragramme
comme si les lettres étaient écrites l'une à la suite
de l'autre, sur une seule ligne, XII Y ; M. Mommsen
a donc cru voir dans cette transcription défec-
tueuse le nombre 12 1/2, duodecim et semis, sans
d'ailleurs en expliquer la signification. M. Mowat
tenant compte de la disposition, visiblement
intentionnée, de cette marque en deux lignes, tra-
duit X par décima et reconnaît dans II T la nota-
tion consacrée du sesterce, IIS; le tout signifie
donc décima {pars) sestertii, c'est-à-dire le quart
d'un as, puisque le sesterce valait deux as et demi,
7<o de 2 V* as= 7* d'as. Le module et le poids de la
pièce attestent en effet qu'elle est un quadrans,
et le tétragramme paraît avoir eu pour but de
montrer que l'on pouvait parfaire un sesterce avec
10 quadrans, tout comme un as avec 4 quadrans.
Le quadrans jouissait donc de la double propriété
de servir d'appoint, soit dans le système duodéci-
mal des subdivisions de l'as, soit dans le système
décimal inauguré par la création du denier.
Grâce à cette heureuse combinaison, une évolu-
tion capitale put s'accomplir sans secousse dans
la computation monétaire, par un enchaînement
ininterrompu de rapports décimaux. C'est ce que
montre très clairement le tableau suivant :
468
Quadransouteruncius=3onces,ou '/4 d'as= '/,,de sesterce;
Bronze
En
argent
sous la
Répu-
blique;
en
bronze
sous,
l'Em-
pire
Argent
Or
Semis
AS
Sesterce
Quinaire
Denier
| Aureus
='/• as,
= 2 'l2 as
= 5 as
= 4 sesterces
= 25 deniers
, de quinaire;
, de denier;
= îoquadrans;
= 10 semis;
s= io as.
= îoo sesterces.
Le mémoire de M. Mowat se termine par la
description, avec fac-similé, d'une monnaie inédite
de Martinien, faisant partie de sa collection et
pourvue du tétragramme en question. La légende
de tête de cette pièce, jusqu'à présent unique,
contient les tria nomina de cet empereur.
IM • C • S • MAR • MARTINIANVS • P • F •
AVG • Buste radié de Martinien, vêtu du palu-
damentum, et tourné à droite.
Rev. IOVI CONSERVATORI. Jupiter Nicé-
phore debout à gauche ; à ses pieds, un aigle tenant
une couronne dans le bec, à gauche; un captif
X
accroupi, à droite; dans le champ, à droite, jj p ;
en exergue : SMKA.
En résumé le travail de M. Mowat est neuf et des
plus intéressants; aussi ai-je cru être agréable aux
lecteurs de la Revue en mettant ce résumé sous
leurs yeux.
P. -Charles Robert.
469
On lit dans Y Indépendance belge du 14 avril 1887 :
« Un éminent artiste français, le sculpteur et
« graveur en médailles Eugène -André Oudiné,
« vient de mourir à Paris, âgé de 77 ans. Elève
« de Galle, dont il épousa la fille, prix de Rome
« en i83i, attaché à l'hôtel des Monnaies, il est
« l'auteur d'un grand nombre de statues, de
« bustes et surtout de médailles qui comptaient
« parmi les chefs-d'œuvre du genre. Oudiné était
« membre de l'Académie royale de Belgique. »
Rappelons à ce propos qu'à la date du 3 mai 1848,
le gouvernement provisoire décréta la fabrication
de diverses monnaies nationales au type de la
république, savoir :
i° Pour l'or : les pièces de 40, 20 et 10 francs ;
2° — l'argent : les pièces de 5 et 2 francs,
1 franc, 5o et 20 centimes;
3° Pour le cuivre : les pièces de 10, 5 et 2 cen-
times et 1 centime.
Le ministre des finances, chargé de l'exécution
du dit décret, ouvrit un concours auquel trente
et un graveurs ont pris part.
Voici les noms des lauréats :
Merley, pour l'or ;
Oudiné, pour l'argent (et l'accessit pour l'or et
le cuivre) ;
Demard, pour le cuivre (et l'accessit pour l'ar-
gent).
470
Voici la description de la pièce de 5 francs cou-
ronnée :
Au droit : Tête de la république à gauche ; au-
dessous : e. a. oudiné.e — , au-dessus : une étoile.
Légende : RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
Au revers : Dans une couronne de chêne, en
trois lignes : 5 — FRANCS — 1848.
Légende : LIBERTÉ. ÉGALITÉ. FRATER-
NITÉ.
V. D. B.
A Catalogue of english coins in the British Muséum.
Catalogue des monnaies anglaises du British
Muséum. Série anglo-saxonne. Volume I, par
Charles-François Keary, édité par Reginald-
Stuart Poole, correspondant de l'Institut de
France. Trente planches très bien réussies
(autotype). Londres, 1887, in-8°,xciv et 282 pages.
Ce magnifique catalogue, imprimé avec le plus
grand soin et dressé suivant un plan très métho-
dique, renferme la description des plus anciennes
monnaies anglo-saxonnes (date incertaine) et des
monnaies des rois de Mercie, de Kent, d'Est-
Anglie et de Northumbrie, y comprises les pièces
des archevêques de York et de Canterbury et enfin
toutes les monnaies avec des noms de saint
frappées dans ces divers territoires.
Le métal de chaque pièce est indiqué, ainsi que
47i
son module, en pouces et dixièmes de pouce.
Le poids des monnaies d'or et d'argent est donné
en grains anglais.
A la fin du volume se trouvent des tables pour
convertir les grains en grammes et les pouces en
millimètres ou bien en mesures de l'échelle de
Mionnet.
L'ouvrage, écrit par C.-F. Keary, du Cabinet
des médailles, a été soigneusement revu par
M. Poole et par M. B.-V. Head, conservateur-
adjoint des collections de monnaies du British
Muséum.
Une fort bonne table générale termine ce
volume. Elle est suivie d'une nomenclature alpha-
bétique des monétaires , de listes d'inscriptions
remarquables et de types extraordinaires.
Une introduction très bien faite traite d'abord
de l'origine et de l'histoire du monnayage en
Angleterre et de ses rapports avec la monnaie du
continent. Plus loin il est question de l'introduc-
tion du penny dans l'Angleterre centrale et méri-
dionale et dans la Northumbrie, ainsi que de la
cessation des différents monnayages de l'Heptar-
chie. De curieuses observations sont présentées à
propos des sceattas, dont cinquante-quatre exem-
plaires figurent sur les planches. Ces sceattas sont
imitées de prototypes romains et francs ou bien
ont un caractère tout à fait anglais. Le troisième
paragraphe est consacré aux lois monétaires, aux
dénominations, aux valeurs et aux poids. Le
472
paragraphe quatre s'occupe de l'histoire politique,
et le paragraphe cinq contient des notices bio-
graphiques sur les personnages dont les monnaies
sont décrites. Enfin, le paragraphe six examine
la méthode de frapper monnaie, la classification
des types, le côté artistique, la classification des
légendes, les noms propres et la paléographie.
Il nous présente aussi une planche d'inscriptions
runiques et de caractères alphabétiques.
Cette introduction, signée par M. C.-F. Keary,
n'a pas moins de 94 pages. Elle est très intéres-
sante et pleine de renseignements utiles. Quant
au catalogue proprement dit, nous approuvons
beaucoup son ordonnance qui facilite les recher-
ches, et nous considérons comme un arrangement
très heureux d'avoir indiqué les droits des pièces
dans une colonne et les revers dans une autre.
Bref, ce catalogue fait le plus grand honneur à
l'Angleterre, et nous souhaitons vivement que la
Belgique aussi soit dotée d'un inventaire également
remarquable des richesses numismatiques entas-
sées, sans grand profit pour la science, dans les
collections nationales.
G. Cumont.
M. Guglielmo Napoléone Cassuto, ingénieur
à Livourne, se propose de publier une biblio-
graphie numismatique universelle, comprenant
473
«
tout ce qui a été publié sur les diverses branches
de la numismatique tant ancienne que moderne,
depuis 1801 jusqu'aujourd'hui.
Nous engageons beaucoup nos confrères à lui
venir en aide dans la composition d'un travail
aussi important, en lui fournissant des notes
détaillées sur leurs propres publications numis-
matiques, et en lui indiquant des sources où
puiser ainsi que des noms d'auteurs et des titres
d'ouvrages.
Cte M. N.
Le Monete dei Trivulzio descritte ed illustrate da
Francesco ed Ercole Gnecchi, con i3 Tavole.
Milano, fratelli Dumolard, 1887, in-40, j3 pp.
Cet ouvrage, imprimé avec luxe, orné de dessins
et de planches fort réussis, est, comme tout ce
qu'ont produit MM. F. et E. Gnecchi, une œuvre
soignée et vraiment scientifique.
Les savants auteurs nous font d'abord con-
naître quelques détails historiques et généalo-
giques touchant la famille Trivulzio, 'dont le
chef Gian Giacomo, comte de Misocco, marquis
de Vigevano, fut maréchal de France (1441-1518)
Puis vient la description de dix-neuf monnaies
d'or et de cent quarante-cinq d'argent frappées
par Gian Giacomo, Gian Francesco, Ercole Teo-
Année 1887. 3o
474
doro, Antonio Teodoro, Antonio Gaetano et
Antonio Tolomeo Trivulzio (1487-1767).
Enfin cette belle monographie se termine par
la publication de quelques documents monétaires
inédits du plus haut intérêt (').
A. de Witte.
Penningkundig Repertorium de M. J. Dirks.
Viennent encore de paraître de ce précieux sup -
plément aux doctes ouvrages de Van Mieris et
Van Loon, les fascicules LXIII et LXIV, com-
prenant les années 1698, 1699 et 1700, nos 255o
à 2627.
Cte M. N.
Sceaux de V église danoise du moyen âge, publiés par
le Dr Henri Petersen, conservateur-adjoint des
monuments nationaux de Danemark.
Sous ce titre vient de paraître à la librairie de
M. C.-A. Reitzel, à Copenhague, un ouvrage de
(') Dans la liste donnée par les auteurs des ouvrages où il est ques-
tion des monnaies de la famille Trivulzio, nous constatons un léger
oubli ; c'est la non-mention d'une lettre adressée par M. Trachsel à
M. Chalon et intitulée : Les ateliers monétaires de la famille des
Trivulzio, comtes de Misocco, seigneurs de Rheinwald et de Savien,
marquis de Vigevano, princes de la vallée de Misolcino et de Retegno
impériale, etc. — Revue belge de numismatique, année 1870, p. 2o5,
475
haut intérêt pour la sphragistique et l'archéologie.
Le savant auteur a examiné tous les sceaux
ecclésiastiques du moyen âge qui se trouvent dans
les archives danoises et plusieurs voyages à
l'étranger lui ont permis de faire des recherches
étendues sur des sceaux d'origine danoise con-
servés dans les archives de Stockholm, Lubeck,
Schwerin, etc.
La publication de M. le Dr Petersen contient,
avec la description détaillée et exacte de tous les
sceaux ecclésiastiques qu'il a trouvés, un très
grand nombre de reproductions en gravure, en
tout 60 planches avec 1,034 figures, et en outre
36 figures intercalées dans le texte. L'ouvrage, en
un beau volume grand in-folio, n'est tiré qu'à
3oo exemplaires. Texte français.
Cte M. N.
Numismatique montoise. Méreau de la fondation
d'Ysabeau Druart, veuve de Jean de Behault, par
Armand de Behault Dornon. Mons, 18S6 (extrait
du tome XX des Annales du Cercle archéologique
de Mons), in-8°, avec gravure dans le texte, i5 pages.
— Ce méreau de cuivre, qui appartient à la collec-
tion de M. Alph. de Schodt, se décrit ainsi : au
droit, FONDATION ISABEAV DRVART; écu
losange aux armoiries de la famille de Behault de
Warelles (d'azur aux chevrons d'or accompagnés
476
en chef de deux glands), accolées avec celles de la
famille Druart (d'azur à trois besants d'or en chef) ;
au revers, VEVVE IEAN DE BEHAVLT. Saint
Claude, archevêque de Besançon, accosté de deux
enfants à genoux et les mains jointes, avec la date
16 — 47 au milieu du champ. L'auteur nous apprend
que le méreau avait pour objet la distribution
de pains aux pauvres qui assistaient à une messe
dominicale, fondée par Ysabeau Druart, dans la
chapelle de Saint-Claude, en l'église de Sainte-
Waudru à Mons, suivant testament du 23 août 1627.
La fondatrice mourut le i3 octobre 1637. La pièce
est contremarquée d'une fleur de lys coupée ,
signe de son authenticité. Il se pourrait, dit M. de
Behault, que cette marque fût celle du contrôle
des échevins, qui avaient, à Mons, la surinten-
dance des établissements charitables, ou de celui
du doyen de chrétienté, qui avait la surveillance
de l'administration ecclésiastique. M. Alph. de
Schodt possède également dans sa collection ,
pour la ville de Mons, un méreau de cuivre, avec
une rosace pour contremarque, et créé à l'occa-
sion de la fondation de Henri de Monsenaire,
décédé le 17 août 1667, et de Jeanne Cantineau,
femme de ce dernier. La notice de M. A. de
Behault est d'autant plus intéressante que, sauf à
Bruges, à Gand et à Anvers, les méreaux de fon-
dation, avec noms de famille, sont rares dans le
pays et ailleurs.
De S.
477
Vente Ponton d'Amécourt. — La vente des mon-
naies d'or romaines et byzantines réunies par
M. le vicomte de Ponton d'Amécourt, président
de la Société française de numismatique, a eu lieu
à Paris, les 25, 26, 27, 28, 29 et 3o avril dernier,
sous la savante direction de MM. Rollin et
Feuardent.
Cette admirable collection comprenait mille
pièces environ et les six vacations ont produit
un total de 366,382 francs.
Voici, pour l'édification de nos lecteurs, quelques
prix d'adjudication :
Nos 25. Brutus. — COHEN, 2e édition, n° 14 . fr. 3,400
26. Id. Idem, 16 3,3oo
33. Domitius Ahenobarbus. — IDEM, 1 . . i,65o
35. Lépide. — IDEM, 1 2,210
36. Id. Idem, 3 1,860
i5o. Domitille et Vespasien. — IDEM, 1 . . 2,600
172. Julie et Titus. — IDEM, 1 2,900
372. Manlia Scantilla. — IDEM, 1 . . . . 1,800
373. Didia Clara. — IDEM, 2 1,705
374. Pescennius Niger , aureus troué. —
Idem, 46 4,100
375. Albin César. — IDEM, 29 2,750
376. Id. Idem, 68 .... . 3, 125
446. Diaduménien César. — IDEM, 2 . . . 2,55o
461. Soaemias. — IDEM, 9 2,950
462. Maesa. — IDEM, 19 2,3oo
472. Uranius Antonin. — IDEM, 2 .... 6,100
47»
474- Gordien d'Afrique, père. — IDEM, 7,
unique 6,720
Jusqu'ici c'est la seule monnaie d'or de ce règne.
546. Lélien. — IDEM, 3 2,700
547. Id. Idem, 9 3,55o
550. Victorin, père. — IDEM, 72 .... 1,910
55 1. Id. Idem, io5 . . . . 1,825
552. Id. Idem, 137, pièce trouée i,85o
557. Quintille. — IDEM, 10, unique . . . 6,120
569. Florien. — IDEM, 17 i,25o
594. Nigrinien. — IDEM, 1 4,o5o
630. Carausius. — IDEM, 6{ (première édition) 2,200
63 1 . Allectus. - I DEM, 4, variété .... 2,25o
636. Hélène. — Unique et inédit .... 6,000
65 1. Alexandre, tyran d'Afrique. Unique.
Idem, i 4,900
652. Alexandre, tyran d'Afrique. Unique.
Idem, 3 1,730
Ces deux monnaies sont les seules pièces en or connues de ce prince.
Nos 663. Constantin 1er, empereur. — COHEN,
supp. n° 3 fr. 10,800
C'est le plus haut prix atteint.
668. Même empereur. Médaillon inédit . . 5, 000
698. Constantin Ier, Crispe et Constance II.
Inédit 3,400
699. Fauste. — COHEN, 1 2,750
700. Id. Médaillon inédit .... 3, 600
702. Crispe César. Inédit 2,950
710. Constantin II, César. Médaillon inédit. 4,95o
723. Constance II. Inédit 2,400
764. Procope. — COHEN, i, variété, pièce
trouée 2,i5o
479
On le voit, il y a encore de beaux jours à espérer
pour la numismatique antique, et les collection-
neurs auront sans cesse de l'argent dès qu'il s'agira
de satisfaire leur passion.
Dix mille huit cents francs pour un Constantin !
Plus du tiers du prix de la fameuse pièce d'or de
vingt statères d'Eucratides, roi de Bactriane, payée
jadis trente mille francs par le Cabinet de France !
Pour terminer, un incident plein d'imprévu à la
troisième vacation. Nous le rapportons d'après
l'annuaire de la Société française de numisma-
tique, parce qu'il est tout à l'honneur de l'un de
nos compatriotes, membre de la Société royale de
numismatique de Belgique :
« Au moment où la vente des pièces de Victorin
« se terminait, le commissaire priseur a annoncé
« que sept deniers d'or avaient été acquis par
« M. le baron de Witte, pour le cabinet de France.
« Cette annonce a été accueillie par d'unanimes
« applaudissements.
« Tout récemment encore, M. le baron de Witte
» avait offert au cabinet des médailles une magni-
« fique série de monnaies des empereurs des
« Gaules, dont ce nouveau cadeau est le com-
« plément.
« L'exemple donné par un savant étranger, qui
« a fait de la France sa seconde patrie, mérite la
« reconnaissance de tous. »
Alphonse de Witte.
480
Revue numismatique. — Premier trimestre 1887. Six :
Monnaies lyciennes (suite et fin). — WESTPHALEN : La
date de l'avènement au trône de Constantin le Grand,
d'après Eusèbe et les médailles. ■ — Deschamps de Pas :
Quelques observations sur les monnaies de Fauquem-
bergues. — DANICOURT : Enseignes et médailles d'étain
ou de plomb, trouvées en Picardie. — SCHLUMBERGER :
Une nouvelle monnaie à légende grecque des émirs
Danischmendides de Cappadoce. — VALTON : Notice
sur une médaille faite au XV* siècle à la cour de Bour-
gogne.
La notice sur les monnaies de Fauquembergues n'est pas
sans intérêt pour la numismatique belge. M. Deschamps
de Pas y restitue, d'après M. Blancard, à la dame de
Fauquembergues, Éléonore, châtelaine de Saint -Orner,
la petite maille gravée par Gaillard, sous le n° 143, pi. XV
de ses monnaies des comtes de Flandres. Ce dernier attri-
buait, non sans hésitation, cette pièce à l'épouse de Robert
de Béthune, Mahaut, dame de Tenremonde.
Annuaire de la Société française de numismatique et
d'archéologie. — Janvier-février, 1887. Sommaire : Lettre
à M. Lenormant sur les monnaies de cuivre et d'or (suite),
par M. REVILLOUT. — Trouvaille de Troyes, par
M. J. HERMEREL. — Une monnaie inédite d'Abou-Saïd-
Behadour Khan, par M. W. TROUTOWSKI. — Dénéraux
pontificaux, par M. Ch. BARBIER DE MONTAULT. —
Chronique. — Bibliographie. — Les ventes monétaires
en Allemagne, par M. J. HERMEREL. — Vente Mailliet
(obsidionales), par M. J. HERMEREL. — Ventes de mon-
naies, en Belgique, par M. A. DE WlTTE.
48 1
Bulletino de numismatica e sfragistica per la storia
d'Italia. — Tome III, fascicules 1-2, 1887. Quelques
romaines d'or inédites de la collection Trivulsio de Milan,
par F. GNECCHI. — Sceau de Thomas de Thommasselli,
évêque de Recanati et Macérata, par M. F. RAFFAELLI.
— De quelques monnaies inédites et non encore signalées,
par O. VlTALINI.
A. DE W.
AVIS IMPORTANT.
M. Alph. de Witte, demeurant à Ixelles, rue
du Trône, n° 49, s'occupe, en ce moment, de la
réunion des matériaux nécessaires à une histoire
monétaire complète du Brabant. Il prie MM. les
membres de la Société d'avoir l'obligeance de
lui communiquer les monnaies inédites ou les
empreintes des monnaies de l'espèce qu'ils peu-
vent avoir en leur possession.
A. De S.
Nous devons à l'obligeance de M. Dupriez la
communication suivante :
« On vient de découvrir à Lumay, près de Tir-
lemont, un pot en grès contenant : 3 pièces d'or,
Louis XII, François Ier, Jacques d'Angleterre ;
i56 pièces d'argent de Philippe IV, dont 6 pata-
482
gons frappés à Anvers, en i636; enfin une grande
quantité de petites pièces d'argent pour le Bra-
bant, la Hollande et l'Artois. »
Nous reviendrons sur cette trouvaille, s'il y a
lieu, dans la prochaine livraison de la Revue.
A. DE W.
Aperçu sur les découvertes d'antiquités antérieures à
la domination romaine, faites dans le Limbourg
belge. (Age de la pierre. Époques celtique,
gallo-belge et belgo-germaine.) Par C. Bamps.
Hasselt, M. Klock, 1887, in-8°, 88 pages et une
planche.
Dans ce travail, qui marque tout le zèle de
l'honorable auteur pour la recherche des anti-
quités de sa province , M. Bamps consacre
quelques pages à la numismatique gauloise. Il
.s'occupe succinctement de deux pièces d'or
« gallo-belges », dont la première comporte,
selon nous, une étude spéciale, fort attentive, et
une sérieuse revision quant à la gravure et à la
définition du droit. Mais il s'arrête à une monnaie
de bronze, avec AVAVCIA, dont nous nous
sommes occupé plusieurs fois dans cette Revue
(i883, 1884, i885). Il partage complètement notre
avis quant à l'attribution des monnaies de l'espèce
à l'ancienne ville de Tongres (Advatuca ou Atva-
483
tuca, Advatucum, Advaca, Atvaca); il cite même
deux pièces anépigraphes de ce genre, acquises
récemment à Tongres, qui s'ajoutent à toutes les
trouvailles antérieures sur le territoire de cette
localité. M. Bamps pense seulement, « avec un
savant linguiste », dit-il, que le nom d'AVAUCIA
n'a pu être le nom primitif, qu'il croit « devoir se
« rendre plutôt par A(d)VAUTUA-CA, d'où un
« premier adoucissement dialectique gaulois a
« fait AVAUCIA-CA, simplifié, enfin, par les
« romains, en ADUATU-CA ».
Notre travail intitulé : Une lecture sur la numis-
matique à Tongres (Revtce, i885) avait à peine paru
qu'un bon philologue nous avait également fait
observer qu' « AVAOCIA pourrait être l'abré-
viation à.1 avaocia{cum) , dérivant d1 'adoautuacum ,
selon César, advatucum ». Nous n'avons pas rejeté
cette proposition, qui nous a même souri. Nous
avons advaca ou atvaca; or, de ces formes à
avaucia il n'y a qu'un pas.
Mais Avaucia n'était-il pas, dans sa forme
abrégée, le nom vulgaire de Tongres, et Aduatuca
le nom scientifique ( ) ? Tout cela mérite une plus
ample étude. En tout cas, la forme adoucie Avau-
ciaca ne peut avoir engendré la forme plus dure
Aduatuca. La disparition du d se comprend : le mot
avenir vient du latin advenire, les mots avocat, avoué
viennent à'advocatus; on dit encore aujourd'hui
(') On disait, dans la basse latinité cervisa et cervisia, pour cervoise.
484
parfois en flamand advocaet pour avocaet. Quoi
qu'il en soit, telles sont les réflexions que notre
honorable philologue nous a suggérées, et nous
engageons beaucoup M. Bamps à persévérer dans
ses recherches archéologiques et numismatiques.
De S.
Le médailleur Sperandio. — Sa biographie — possède-
t-on de lui autre chose que des médaillons-portraits ?
— Médaillons dont il est V auteur — sujets qu'il a
traités et caractère de son talent, par M. C. Robert.
In- 12, 24 pages. (Extrait du Journal des Arts du
18 février 1887.)
M. Robert constate d'abord que les biographies
de Sperandio, longtemps réduites aux hypothèses,
sont loin d'être d'accord.
Après avoir résumé ce qu'on a dit de cet artiste
éminent, notre savant confrère signale un docu-
ment d'où résulte, sans conteste, que Sperandio
était fils d'un certain Bartolomeo de Savellis,
qu'il habitait Florence, en 1477, et qu'il est né,
non à Mantoue, mais à Rome, encore bien qu'il
se qualifiât de Mantuanus sur ses médailles et
dans sa correspondance.
Ainsi un second document est signé « Speran-
deus de Mantua, aurifex habitans Ferrariae » .
Les artistes ont, en effet, souvent emprunté leur
485
surnom ethnique à la ville où ils s'étaient fait con-
naître, plutôt qu'à leur lieu de naissance. Pour ne
citer qu'un belge, Philippe de Mons, était né à
Malines.
Toutefois, si l'origine de Sperandio est révélée
par un titre contemporain, nous ne savons encore
exactement ni la date de sa naissance, ni celle de
sa mort.
On a attribué à Sperandio un magnifique por-
trait sur bronze, en ronde bosse, représentant le
célèbre Mantegna et le tombeau d'Alexandre V,
qui fut érigé dans un couvent, à Bologne, et qui se
voit aujourd'hui dans le cimetière de cette ville.
D'après M. Robert, ces attributions sont très
douteuses et il ne faut juger Sperandio que par
ses œuvres incontestables, c'est-à-dire par ses
médailles.
Le nombre des personnages représentés sur
bronze par Sperandio s'élève à quarante et un
ou à quarante-quatre, en lui attribuant, avec
M. Heiss, trois médailles non signées. M. Robert
en donne la liste. Certains personnages ayant eu
plus d'une médaille, les planches de M. Heiss
comportent cinquante et une figures. Il est pro-
bable, cependant, que tous les médaillons-por-
traits dus à Sperandio ne sont pas venus jusqu'à
nous.
M. Robert termine son intéressante notice par
l'éloge des grandes qualités de Sperandio comme
médailleur, et fait remarquer que cet artiste est le
486
premier qui ait représenté, avec bonheur, des
visages vus de face, et triomphé ainsi d'une diffi-
culté qui n'a été abordée que par bien peu de
médailleurs de la Renaissance.
G. Cumont.
Le comte Nicolas Papadopoli, associé étranger
de notre Société, a donné lecture, dans la séance
du ii mars 1887 de l'Institut royal des sciences,
des lettres et des arts de Venise, d'une notice
numismatique intitulée : Del Piccolo e del Bianco
antichissime monete Veneziane. Il existe des tirés
à part de cette savante étude : Venezia, tipogra-
phia Antonelli, 1887, x3 pages, in-40.
A. de Witte.
ERRATA.
A la page 3i3, 20e ligne, au lieu de : Dirtichem, liseç : Doetichem.
Supprimez : P. O. Van der Chus, à la note 1 de la page 317.
Page 3i9, 14- ligne, au lieu de : Fft(OT7OT, lise?: FACC^TT .
487
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
Réunion du bureau du 28 avril 1887.
Sur la proposition de MM. de Schodt et
Herry de Cocquéau, le titre d'associé étranger est
conféré à M. Carlos Calvo y Capdevila, Ministre
résident de la République Argentine, à Bruxelles.
..... A la demande de M. Picqué et sur la propo-
sition de MM. de Witte et Van den Broeck, le
titre d'associé étranger est conféré à M. Jules Her-
merel, numismate, à Paris.
A la demande de M. Dirks et sur la propo-
sition de MM. de Schodt et Cumont, le titre
d'associé étranger est conféré à M. C.-N.-F.-A. Cor-
bilyn-Battaerd, conservateur du Musée archéolo-
gique et numismatique de la Société frisonne
d'histoire, à Leeuwarde.
A la demande de M. Dirks, sur la proposi-
tion de MM. de Schodt et Cumont, le titre d'associé
étranger est conféré à M. J. Schulman, numismate
et antiquaire, à Amersfoort.
Le Vice-Président ffm> de Président,
Le Secrétaire, De Schodt.
G. Cumont.
488
Réunion du bureau du 4 juin 1887.
Sur la proposition de MM. de Schodt et
de Witte, le titre d'associé étranger a été conféré
à MM. Ercole et Francesco Gnecchi, de Milan,
auteurs de plusieurs ouvrages de numismatique.
Le Vice- Président ffons de Président,
Le Secrétaire, De Schodt.
G. Cumont.*
Réunion du bureau du lô juin 1887.
A la demande de M. le comte von Nahuys
et sur la proposition de MM. Cumont et Van den
Broeck, le titre d'associé étranger a été conféré
à M. Guglielmo Napoleone Cassuto, ingénieur
à Livourne (Italie).
Le Vice-Président ffons de Président,
Le Secrétaire, De Schodt.
G. Cumont.
489
Assemblée extraordinaire tenue à Liège, le liî mai 1887, dans
la salle de l'Institut archéologique, au Palais des Princes-
Évêques.
La séance est ouverte à une heure.
Sont présents : MM. A. De Schodt, vice-président
ffom de président; G. Cumont, secrétaire; Vanden
Broeck, trésorier; A. de Witte, bibliothécaire;
Cocheteux, Schuermans, le baron de Chestret,
Le Catte , de Roissart , Bequet , membres
effectifs; M. De Munter, membre correspondant
regnicole.
Assistent à la séance : MM. Dumoulin, membre
honoraire; G. Terme, associé étranger; Stanislas
Bormans, vice -président de l'Institut archéolo-
gique liégeois, et Van de Casteele, archiviste de
l'État, à Liège.
Se sont excusés : MM. Chalon, le comte Nahuys,
Dancoisne , Rouyer , Mgr Bethune , Herry
DE COCQUÉAU , DUGNIOLLE , MAUS , BRICHAUT ,
Geelhand, Helbig, Vander Auwera, le baron
Bethune, Bamps, Peny, Alvin et Delattre.
M. le vice-président de l'Institut archéologique
liégeois souhaite la bienvenue à la Société de
numismatique et M. De Schodt remercie l'Institut
archéologique de la gracieuse hospitalité que
celui-ci a bien voulu accorder à notre Société.
Année 1887. , 3i
490
M. le secrétaire donne lecture du procès-verbal
de la dernière séance, lequel est approuvé.
L'assemblée s'occupe de l'élection préparatoire
de deux membres effectifs et d'un membre hono-
raire, en remplacement de MM. Onghena, baron
Surmont de Volsberghe et marquis Strozzi, décé-
dés; ensuite a lieu la présentation des candidats
pour deux places de membre correspondant
regnicole.
M. De Schodt distribue un jeton de présence
frappé sous la direction de M. Brichaut. (Remercî-
ments.)
Ce jeton est à l'effigie de M. Chalon, président
d'honneur à vie, et semblable à celui qui a été dis-
tribué à la séance extraordinaire tenue, l'année
dernière, à Louvain, sauf l'inscription placée au
centre du revers qui porte :
RÉUNION DU i5 MAI 1887 — LIÈGE.
M. Cocheteux désire que la Revue ne publie plus
d'article tel que celui sur la marque d'acquit de la
taxe des chiens à Bruges {Revue, 1886, p. 485). Il
trouve que ces marques sont trop peu intéressantes
pour être mentionnées dans notre Revue.
M. De Schodt, l'auteur de cette courte notice,
fait remarquer d'abord qu'elle n'a été insérée que
parmi les mélanges; il ajoute que l'apparition à
Bruges d'un méreau constatant l'acquittement
d'une imposition n'a été, pour lui, que l'occasion
49 «
d'établir, ' avec textes à l'appui, que cette forme
de méreau remontait au moyen âge, et de rappeler
que, depuis nombre d'années, il est fait également
usage de marques de l'espèce en Hollande, où
elles sont recherchées par les amateurs.
M. le président donne lecture d'une lettre de
M. le baron Surmont de Volsberghe, sénateur,
dans laquelle celui-ci expose que son regretté
père, feu notre confrère, avait fait graver une
médaille à l'occasion du cinquantenaire de son
mariage, qui coïncidait avec les noces d'argent de
sa fille aînée, Mme de Kerchove d'Exaerde. Il s'était
proposé d'offrir un exemplaire de cette médaille
à chacun de ses collègues de la Société de numis-
matique. Cette intention du défunt sera respectée
et M. le sénateur Surmont fera parvenir cette
médaille aux membres de la Société de numisma-
tique. (Remer ciments.)
M. le baron de Chestret lit une note sur l'atelier
monétaire de Visé. Voici l'intéressante découverte
qu'il a communiquée à l'assemblée :
« La petite ville de Visé, entre Liège et Maes-
tricht, avait eu, comme on sait, un atelier moné-
taire assez productif, à l'époque reculée où la
foire établie en cette ville y faisait affluer les mar-
chands des pays voisins.
« Ce marché étant tombé en décadence, il y
avait plusieurs siècles que le bruit du marteau
retentissant sur l'enclume des monnayeurs s'était
éteint à Visé, lorsqu'on y rouvrit une forge,
492
en 1640. Elle ne produisit, hélas ! que des liards
ne portant pas même l'empreinte de leur origine,
mais frappés, comme on disait alors « au titre du
duché de Bouillon ».
« Cette activité quasi-posthume et momentanée
de l'atelier de Visé nous est révélée par une série
d'actes notariés, sur lesquels M. Van de Casteele,
archiviste de l'Etat, à Liège, a bien voulu appeler
notre attention.
« Voici un extrait du plus important d'entre
eux :
« « L'an mille siex cent quarante le diexième
« jour de novembre, en présence de moy notaire
« soubsigné et des tesmoins embas dénommez,
« personelement constituez honorable Mre France
« Schelbergh, marchand orphèvre, d'une part, et
« le sieur Louys Voes, aussi marchand, d'autre
« part, lequel dit Schelberg at promis comme par
« ceste promette livrer audit Voes ce acceptant,
« la somme de douze mille libvres poid de troye
« de cuivre congnez en liarts, à trentetrois pattars
« chasque libvre, à prendre et recepvoir par ledit
« Voes icy en ceste cité de Liège, ensuitte du
« contract entre eulx fait et passé l'onzième de
« jullet dernier (lequel demeurerat en son entier
« et sans y pouvoir estre avant dérogué), en dédui-
« sant ce que desjà ledit Voes en peut avoir reçeu
« provenant de la forge de Visé seulement, et sans
« y comprendre les cuivres que ledit Voes luy
« livre pour envoyer à Dinant At aussi
493
« ledit Schelbergh promis comme par ceste il
« promet livrer toutes les sepmaines, à ladite
« monoye et forge de Visé, quatorze fers de deseur
« et siex pieds de desoubz à congner lesdits liarts,
« ensemble de mettre continuelement en œuvre
« sept ouvriers congneteurs travaillants à ladite
« monoye, jusques à l'entier livrement des sus-
« dites douze mille libvres, etc. »
Protocole du notaire Bellevaux,
registre i637-i658, aux archives
de l'Etat, à Liège.
Interpellé par le président s'il n'a pas quelque
communication à faire à l'assemblée, M. Coche-
teux dit qu'il résumera en quelques mots un arti-
cle qu'il a depuis longtemps préparé en réponse
à la notice de M. Deloche, sur un poids carolin-
gien du Musée royal d'antiquités de Bruxelles.
ire partie. — M. Cocheteux pense que ce petit
monument n'est pas un poids vulgaire, mais bien
un étalon monétaire. Avant d'aborder sa descrip-
tion , il donne , par un texte de Leblanc , une
nouvelle preuve de l'accroissement successif des
étalons monétaires carolingiens; puis il réfute
l'opinion de M. Deloche sur la non-existence de
la livre de Charlemagne.
Revenant alors sur la livre romaine et sur la
livre gauloise, il dit que ces livres se décomposent
toutes deux en 12 onces, chacune de 576 grains ,
mais que le grain romain est au grain gaulois
494
dans le rapport de 8 à g. Il fait ensuite un court
exposé de l'origine probable de la livre de Charle-
magne et de l'origine possible de la livre de
Cologne.
2de partie. — Après avoir décrit le poids du
Musée de Bruxelles, M. Cocheteux se livre à
l'examen de la double légende, ainsi qu'à l'inter-
prétation des triangles pointés et des 18 points
en circonférence. Ces points, diversement groupés,
n'ont absolument rien de mystique, et sont au
contraire utiles, pratiques, si, comme il le pense,
ils renferment la loi des accroissements des éta-
lons monétaires.
Il discute ensuite les époques présumées :
— de la fabrication du poids,
— de l'inscription de la double légende,
— et de la frappe de 18 points en circonférence.
Il expose enfin les motifs qui le portent à sup-
poser que le poids a pu être primitivement celui
de la livre de Charlemagne, avant l'ablation du
bouton qui, semble-t-il, a dû le surmonter.
M. Bequet fait remarquer que les ornements de
ce poids indiquent qu'il date d'une époque anté-
rieure à Charlemagne; de tels ornements sont
particulièrement usités au vie et au vne siècle.
M. Schuermans partage le même avis; il se
fonde sur la forme des lettres et la façon dont
les caractères sont tracés; et M. de Chestret
croit aussi que ce poids est plus ancien que ne le
suppose M. Cocheteux. Celui-ci objecte la base
495
arrondie des U et l'emploi de la lettre F en
remplacement de la diphthongue PH et persiste
à soutenir que ces ornements ont été également
employés au ixe siècle.
M. De Schodt donne lecture d'un travail sur les
méreaux de la collégiale de Saint-Jean l'Evangé-
liste, à Liège, et exhibe un de ces méreaux
(xve siècle).
M. Cumont lit d'abord quelques lignes sur un
triens inédit de Dinant et fait ensuite connaître le
résultat de ses recherches sur les jetons d'étrennes
des gouverneurs généraux de la Belgique, Albert
de Saxe-Teschen et Marie-Christine (1780-1793).
Cette étude paraîtra dans une prochaine livrai-
son de la Revue.
M. de Witte lit une notice concernant le mon-
nayage des Etats du Hainaut et celui des Etats du
Tournaisis. Cette étude est établie d'après les
comptes de Simon de Malines, successivement
maître de la Monnaie de Mons et de Tournai
(1577-1582), pièces officielles que notre confrère
a eu la bonne fortune de retrouver aux archives
générales du royaume.
Il démontre que M. Chalon a indiqué dans son
ouvrage sur les monnaies du Hainaut, des pièces
qui n'ont jamais été frappées.
La séance est levée à 3 heures.
Le Vice-Président ffon* de Président,
Le Secrétaire, A. De Schodt.
G. Cumont.
49<5
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
LISTE DES OUVRAGES REÇUS PENDANT LE 2e TRIMESTRE 1887.
Avis important : Les ouvrages et publications destinés à
la Société doivent être, désormais, adressés à M. Alph. de
HlKc, bibliothécaire de la Société royale de numismatique,
Palais des Académies, a Bruxelles.
Ouvrages périodiques.
Allemagne. — Catalogue Weyl, nos 83, 84 et 85. — Numismatische
Correspondent du même, nos 44-52bis, 53, 54-56,
57 et 58. — Berliner Mûn^blâtter, nos 80, 81-82.
— Numismatische literatur Blatt, nos 35-36. —
Oberlausit^ische Gesellschaft der Wissenschaften,
Neues lausit^isches Magasin, t. LXII.liv. 1 et 2,
1886. — Numismatischer Verkehr von Thieme,
1887, n08 3-4. — Blâtterfûr Mùntfreunde, nos 140
et 141 . avec la pi. 89. — Catalogue à prix marqués,
n° 3i, de Zschiesche et Kôder. — Katalog
n° XLVIII von L. Rosenthal's. — Jahrbûcher
und Jahresberichte des Verein fur Meklenbur-
gische Geschichte und A Iterthumkunde, 5ie année,
1886.
Amérique. — Smithsonian institution. Report for the year 1884,
part. II.
Angleterre. — Numismatic chronicle, année 1886, part. IV.
Autriche-Hongrie. — Académie des sciences de Hongrie : Unga-
rische revue, années i885 et 1886; Bulletins de
V Académie nationale hongroise des sciences, nos 1,
497
2, 3, 4, 5 ; Archœologigiai Ertescto, 1884, IVe kotet ;
i885, Ve kotet, szam 1, 2, 3, 4 et 5 ; 1886, VIe kotet,
szam 2.
Belgique. — Bulletin de l'Académie royale des sciences, 3e série,
t. XIII, n09 1, 2 et 3. — Bulletin de la commission
royale d'art et d'archéologie, t. XXV, nos 9, 10, 1 1
et 12. — Documents et rapports de la Société
paléontologique et archéologique de l'arrondisse-
ment judiciaire de Charleroi, t. XIII et XIV. —
Messager des sciences historiques, année 1887,
ire livraison. — Annales du Cercle archéologique
de Mons, t. XX. — A nnales de la Société archéo-
logique de l'arrondissement de Nivelles, t. III,
liv. 1 et 2. — Bulletin de la Société historique et
littéraire de Tournai, t. XXI et un supplément. —
Annales de l'Institut archéologique de la province
de Luxembourg, t. XVIII et atlas du t. VII.
France. — Polybiblion, partie littéraire, t. XXV, nos 2, 3 et 4; partie
technique, t. XIII, nos 2, 3 et 4. — Revue numis-
matique, 3e série, t. Ier, ier trimestre 1887. —
Annuaire de la Société française de numisma-
tique, année 1887, ier fascicule. — Bulletin de la
Société de Borda, XIIe année, ier trimestre. —
Mémoires de la Société archéologique du midi
de la France, t. XIV, ire livraison. — Bulletin de
la même Société, nouvelle série, nos 1 et 2. —
Bulletin de la Société archéologique et historique
de l'Orléanais, t. VIII, nos 129 et i3o. — L'Inter-
médiaire des chercheurs et des curieux, XIXeannée,
nos 445 à 447 ; XXe année, nos 448 à 455.
Italie. — Bulletino de numismatica e sfragistica, t. III, nos 1 et 2.
— Miscellanea di storia Italiana, t. XXV.
Pays-Bas. — Genootschap provinciaal van kunsten en wetenschap-
pen in Noord-Brabant ; De commanderij der
Duitsche orde te Vucht, door J. Hezenmans,
nieuwe reeks. n° 2.
498
Ouvrages non périodiques.
Bukowski, Michel. Samling of Svenskt och utlàndskt sedelmunt
samt svenka forordningar, bôcker och skrifter
rorande riksgâld, banco och sedelvâsen m. m.,
beldad af H. Bi. Stockolm, 1886, in- 8°, 110 pages,
vign. et 2 planches. (Hommage de l'auteur.)
Burchner, Ludwig. Die Rômischen und Deutschen Kaiser von 44 vor
Chr. bis 1711 nach Chr. in abbildungen mit
wahlsprùchen nach Christian Wermuth. Nurem-
berg, 1886, in-8°, 32 pages et 12 planches. (Hom-
mage de l'auteur.)
Cumont. Histoire du concours auquel fut soumis Théodore
van Berckel pour obtenir le titre de graveur
général. Bruxelles, 1887, in-8°, 20 pages et 1 pi.
(Hommage de l'auteur.)
De Witte, Alph. Numismatique brabançonne. — Les Godefroid
(1106-1190). - Henri Ier (ngo-1235). - Henri 11/
(1248-1261). Bruxelles, 1887, in-8°, 11 pages et
1 planche. Plus deux autres brochures.
— Les ventes Mailliet et de Caisnes. Paris, 1887,
gr. in-8°, g pages. (Hommages de l'auteur.)
Dugniolle. Le Jeton historique des dix-sept provinces des
Pays-Bas. Bruxelles, 1876-1880, 4 vol. in-8° avec
planches. (Hommage de l'auteur.)
Gnecchi, F. et E. Le monete dei Trivulpo. Milan, 1887, in-8°, 73 pages
et i3 planches. (Hommage des auteurs.)
Hermerel. Jules. Ventes de monnaies. Collection Hermerel. Compte
rendu. Paris, i885, gr. in-8°, 10 pages.
— Vente P. -Charles Robert. Compte rendu. Paris,
1886, gr. in 8°, 77 pages.
— Trouvaille de Troyes. Paris, 1887, gr. in -8°,
3o pages. (Hommage de l'auteur.)
Keary, C.-F. A catalogue ofenglish coins in the British Muséum.
A nglo-Saxon séries. Volume I, edited by R.-Stuart
Poole. Londres, 1887, in-8°, 282 pages et 3o plan-
ches. (Hommage de l'auteur.)
499
Peny. Jetons et méreaux de charbonnages. — Hainaut.
Bruxelles, 1887, in-8°, 16 pages, 1 planche. {Hom-
mage de l'auteur.)
Rouyer, Jules. Jetons de Louis XIII, à la légende «fugat oportune».
Extrait du Journal de la Société d'archéologie
lorraine, année 1880. Nancy, 1880, in-8°, 8 pages(').
— Représentations de Sarrasins sur des jetons du
moyen âge. Extrait du Bulletin mensuel de numis-
matique et d'archéologie, i883, in-8°, 7 pages.
— Jeton de Jacques Charmolue, changeur du Trésor
sous les règnes de Louis XII et de François Ier.
Extrait de la Revue numismatique, année i883,
in-8°, 7 pages, 1 vignette.
— Le vol auic jetons, escroqueries anciennes et modernes.
Nancy, 1884, in-8°, 6 pages.
— Choix de jetons français du moyen âge, pour la
plupart inédits. Extrait de la Revue numismatique,
Paris, 1884, in-8°, 3o pages et 1 planche.
— Jeton lorrain du temps du duc Antoine frappé en
piéfort. Extrait de la Revue numismatique, Paris,
i885, 5 pages et 1 vignette.
— De l'orfèvre frison Jean- Jacques Folkema en ce qui
concerne les médailles de Louis XIV et autres qui
lui sont attribuées. Bruxelles, i885, in-8°, 16 pages.
— Dénéraux et autres poids monétaires de France et
des Pays-Bas. Extrait de la Revue numismatique.
Paris, 1886, in-8°, 35 pages, 2 planches.
— Médaille d'origine allemande à l'image de Notre-
Dame de Bon-Seccurs de Nancy, rappelant la
(') Cette notice a pour objet de démontrer que le jeton daté de i632,
n° 620 du catalogue de la collection Monnier, que l'on y rattachait à la
prise de Bar-le-Duc où à celle de Vie, et qui est la copie, médiocrement
réussie, d'un jeton de i63i, ne peut, comme celui-ci même, que se
rapporter aux conquêtes faites par les armes de Louis XIII, en i63o,
du côté de l'Italie. {Note de l'auteur.)
5oo
prise de la ville de Bude, etc. Nancy, 1886, in-8°,
19 pages et 1 planche.
Rouyer, Jules. Points divers de l'histoire métallique des Pays-Bas
(ier article). — Médailles du règne de Louis XIV,
se rapportant à l'histoire des Pays-Bas, etc.,
omises dans le grand ouvrage de Van Loon.
Bruxelles, 1887, in-8°, 5i pages, 3 planches
{Hommages de l'auteur.)
Serrure, C.-A. Études sur la numismatique gauloise des Commen-
taires de César. ire étude. Louvain, i885, in-8°,
37 pages et vignettes.
— Idem. 2e étude. Louvain, 1886, in-8°, 40 pages et
vignettes. (Don du bibliothécaire.)
Storer, Horatio. The medals, jetons and tokens illustrative of
obstetrics and gy noecology. Newport, 1887, in-8°,
14 pages. (Hommage de l'auteur.)
Wauters. Documents concernant le canal de Bruxelles à
Willebroeck, précédés d'une introduction conte-
nant un résumé de l'histoire de ce canal. Bruxelles,
1882, in-8°, 190 pages.
— Liste par ordre chronologique des magistrats com-
munaux de Bruxelles depuis 1794 jusqu'en 1884.
Bruxelles, i885, in-8°, 77 pages.
Anonymes.
Catalogo délia colle\ione A. Cantoni di Milano. - Catalogo délia
colle\ione Cavriani, marchese Guido di Mantova. 2 volumes. (Envoi
de M. G. Sambon.)
Collection de Ponton d'Amécourt. Monnaies d'or romaines et
byzantines. (Catalogue offert, par MM. Rollin et Feuardent.)
Catalogue des livres composant la bibliothèque de M. P.-C. Robert.
(Envoi de M. Van Peteghem.)
Catalogue d'une collection de pièces rares dont la vente aura lieu à
Bruxelles, le 23 mai 1887. (Envoi de M. Duprie^.)
16 mai 1887.
Le bibliothécaire,
Alphonse db Witte.
EEVUE BELGE LE MMTIQUE 1887
PLU!
G. Lavalette, âel^Kul'
MUE BELGE DE UUMJMQUE
PL. XII
0^.)>valetce, M' &jaiV.
REVUE BELGE DE IMSIRTIQUE.1887
PL. XIV
Q.Lyayalette.delf fr. ?cuV
EVDE BELGE DE 11I5MRTIQUE. 1887.
ri, \\.
1 e del'&sc!
5oi
Planche XVI.
IL
Un érudit,M. Geo. Godfrey Pearse, chevalier de
l'ordre du Bain, lieutenant général du Royal
Horse Artillery, à Cheltenham (Angleterre), qui a
passé de longues années aux Indes et y a fait de
patientes recherches et de sérieuses études, a eu la
bonté de nous faire des communications des plus
intéressantes relativement à la numismatique des
possessions néerlandaises dans les Indes orien-
tales aux xviie et xvine siècles, qui répandent de la
clarté sur des points restés obscurs et se rappor-
tent à des faits importants de l'histoire. C'est avec
la bienveillante autorisation de ce savant que
nous les publions dans ce nouvel article.
On trouve d'autres précieux renseignements sur
les monnaies employées dans la circulation dans
les Indes, au siècle dernier, dans un ouvrage :
« Lettres de Malabar, » publié vers le milieu du
xvme siècle par M. J. Canter Visscher en langue
néerlandaise et récemment traduit en anglais par
M. le major Drury ('). La lettre XII est entièrement
(') Letters front Malabar, by Jacob Ganter Visscher, chaplain at
Année 1887. 32
502
consacrée à la numismatique. Cet ouvrage n'étant
pas généralement connu des numismates, nous
en avons également emprunté quelques détails
curieux.
Des principales monnaies qui circulaient dans les
Indes orientales au milieu du xvm siècle.
On peut ranger les monnaies les plus générale-
ment employées dans le commerce à cette époque
aux Indes en trois catégories : i° les monnaies des
païens, les Hindous ; 2° celles des Maures, Ma-
poules ou Moplays, c'est-à-dire des Mahométans,
descendant d'anciens émigrés arabes qui, jusque
vers le milieu du xvme siècle, formèrent un État
puissant ; et 3° celles des européens. Les juifs dits
juifs blancs, qui prétendent descendre des juifs
émigrés en l'an 68 de l'ère chrétienne, bien que
très nombreux au Cochin, ne formant pas d'État,
n'avaient pas de monnaie qui leur était particu-
lière.
Les monnaies païennes ou hindoues étaient des
pagodes, espèces en or de la valeur de deux ris-
dales, ayant le même poids que les ducats, mais
Pingjum , Cochin, i6th augt «743, now first translated from the
original, dutch, by major Heber Drury, Madras Staffcorps , late
assistant résident in Travancore and Cochin. Madras, printed by
Gantz brothers, 1862. M. le général Pearse nous apprend que le
major Drury trouva l'ouvrage original, en néerlandais du xvme siècle,
au Cochin où il le traduisit soigneusement en anglais.
5o3
d'un titre' inférieur. Ces pièces doivent leur nom
à l'image d'une idole qu'elles portent d'un côté.
On appelle les temples hindous construits en
plein air des pagodes, mot qui vient de l'hindou
Chag-avati, c'est-à-dire maison sainte. Les pièces
portant trois têtes sont les plus estimées.
Les espèces maures en circulation dans toutes
les Indes étaient les roupies et demi-roupies, en or
ou en argent.
Les monnaies européennes étaient, en argent :
les écus dits risàales, les ducatons, les piastres espa-
gnoles dites spaansche matten ; en or : les ducats, et
enfin, en cuivre, les dûtes et demi-dutes.
La Compagnie des Indes orientales avait adopté
le florin comme unité de compte, bien que le
risdale équivalant en Europe à 5o sous et aux
Indes seulement à 48 sous, fût généralement
employé dans les transactions commerciales pri-
vées.
Le ducaton était l'espèce principalement mise en
circulation par la Compagnie, surtout à Batavia.
Sa valeur fut fixée par le tarif de la Compagnie
à i3 escalins ou schellingen de 6 sous, tandis qu'il
ne valait en réalité que 10 1/2 escalins ! De cette
manière la Compagnie se faisait un bénéfice de
2 1/2 escalins, soit i5 sous, sur chaque ducaton !!
Les piastres étaient importées des îles Philippines
à Batavia par les Espagnols ; elles étaient évaluées
à 10 escalins .
Les ducats servaient surtout dans le commerce
504
avec la Perse. Les établissements néerlandais à
Malabar et à Ceylan étaient généralement pourvus
de ducats, attendu que le commerce du poivre se
faisait toujours avec cette monnaie d'or, fixée au
taux de 18 escalins. Les ducats de Venise étaient
les plus estimés.
A Malabar, les petites monnaies indigènes d'or
et d'argent étaient généralement appelées fanants.
Il en existe plusieurs variétés, à cause du nombre
de monarques qui possédaient le droit de battre
monnaie ; aussi différaient-ils entre eux en valeur.
Les petites monnaies en plomb ou en cuivre
s'appelaient boeserokken et cas ou cashs.
Outre ces diverses espèces de numéraire métal-
lique, on se servait encore en guise de monnaie
aux Indes, particulièrement au Bengale, de cer-
taines petites coquilles appelées cauris, que l'on
trouve sur les côtes des îles Maldives ; les cauris
blancs seuls servaient de monnaie.
COCHIN.
Cette ancienne capitale du royaume de Cochin,
située dans le Malabar, côte occidentale de l'Inde,
fut conquise en i5o3 par Alphonse d'Albuquerque,
surnommé* le gratta et le Mars portugais , et prise
par les Néerlandais en i663, qui à leur tour, alors
que les Provinces-Unies avaient été transformées
en république Batave, en furent dépossédés par les
Anglais en 1795.
5o5
Pendant la domination néerlandaise, le fanam au
Cochin, monnaie indigène de ce royaume, était le
numéraire dont se servaient les marchands aussi
bien que la Compagnie des Indes qui payait les
salaires avec cette monnaie. Le fanam du Cochin
valait un quart d'escalin, soit i 1/2 sou, tandis que
les fanams de Calicut valaient un escalin, et un
fanam de Quilon 2 1/2 escalins. Le droit de battre
les fanams appartenait exclusivement au roi de
Cochin, comme autorité suprême du pays. Mais
après que l'on se fût aperçu que les préposés au
monnayage avaient altéré le titre de ces espèces,
la Compagnie persuada au roi de faire fabriquer
dorénavant les monnaies sous le contrôle du com-
mandant néerlandais, qui nomma des commis-
saires pour veiller à ce que les fanams fussent
frappés au titre et au poids déterminé sans qu'il
pût y avoir de fraude.
, De chaque pièce on déduisait néanmoins 4 p. °/OJ
dont 2 pour le roi et 2 pour le maître de la monnaie,
qui avait à supporter tous les frais de fabrication
des espèces.
L'alliage dont étaient fabriqués les fanams,
était composé de 100/1000 d'or fin, de 450/1000
d'argent fin et de 450/1000 de cuivre du Japon. On
coulait ce mélange en petites boules, et après s'être
assuré que chacune d'elles avait le poids voulu, on
les aplatissait en les frappant avec des coins por-
tant certains types malabariens. Ces pièces sont
très petites et d'un usage fort incommode. La
5o6
Compagnie fournissait les métaux nécessaires à ce
monnayage.
Les fanants du Cochin représentent d'un côté
un homme à mi-corps vêtu d'une cotte de mailles,
vu de face, ancien type des monnaies de Gupta
du deuxième siècle de notre ère.
Rev. Treize points rangés i, 4, 4, 4, et un trait
recourbé ; on appelle cela le fusil, le crocodile, etc.;
mais cette chose informe, ainsi que nous l'assure
M. le général Pearse, représente également une
figure humaine assise.
Voy. n° 1 de la pi. XVI.
En outre, les commandants néerlandais firent
frapper à Cochin, pour la Compagnie, une autre
petite monnaie d'une valeur infiniment minime ;
elle était en plomb : on l'appelait boeserok, pluriel
boeserokken, et elle circulait, à ce qu'il paraît,
exclusivement au Cochin.
Dans notre premier article ('), nous avons donné
le dessin d'une pièce en plomb à la marque de la
Compagnie des Indes orientales, un grand V avec
les lettres 0 et C (Vereenigde Oost-Indische Com-
pagnie. — Compagnie Unie des Indes orientales), et
représentant au revers une figure inexpliquée ayant
quelque ressemblance avec une harpe. Cette pièce
est indiquée dans le catalogue de la collection
numismatique de l'hôtel des monnaies du royaume
(') Voy. Revue belge de numismatique, année 1887, p. 23o.
5 07
des Pays-Bas à Utrecht (n° 78 à la page 5i, parmi
les pièces incertaines) comme « monnaie de néces-
sité », tandis qu'à cause de l'absence d'indication
de valeur ou de localité, nous pensions qu'elle
appartenait plutôt à la catégorie des méreaux et
qu'elle avait servi comme marque d'acquittement
d'un droit quelconque, peut-être, disions-nous, de
celui de balise, et qu'alors la figure du revers pour-
rait être une balise ou bouée émergeant en partie
de l'eau. Aujourd'hui, nos doutes sur la nature de
cette pièce sont complètement dissipés, et l'énigme
du revers peut être expliquée grâce à la science et
à l'obligeance de M. le général Pearse qui a eu la
bonté de nous donner au sujet de cette curieuse
pièce des renseignements des plus précis dont il
résulte qu'il ne s'agit pas plus de méreau que de
monnaie de nécessité, mais d'une véritable petite
monnaie, d'un boeserok du Cochin.
Le boeserok publié par nous appartient, comme
l'indique la marque de la Compagnie des Indes
orientales, à l'époque de la domination néerlan-
daise (1663-1795).
Il en existe trois variétés, toutes du même poids
et du même module, que M. le général Pearse n'a
rencontrées qu'au Cochin et qu'il ne s'est procu-
rées qu'avec beaucoup de peine après de longues
recherches :
i° Celle publiée par nous et dont nous repro-
duisons ici le dessin ;
5o8
2° Celle en tout semblable à la précédente, à
la différence près que la marque de la Compagnie
y est surmontée du chiffre 8;
3° Celle au même type, mais perforée en deux
endroits, c'est-à-dire à la partie inférieure de l'O
et du C qui traverse le V.
La face, nous l'avons dit déjà, porte le mono-
gramme de la Compagnie des Indes orientales, et
le revers ne représente ni une harpe ni une balise,
mais, ainsi que nous l'a expliqué M. le général
Pearse, une imitation barbare de l'écusson aux
armes de la ville d'Utrecht, tranché d'argent et
de gueules.
Copié d'après une dute ou demi-dute de la
Compagnie des Indes orientales aux armoiries de
cette ville ('), que le commandant néerlandais
(') Les dûtes et demi-dutes ayant servi de prototype aux boeserokken
sont représentées dans le Atuntboek de Verkade, pi. 201, nos 5 et 6,
ainsi que dans l'ouvrage de MM. Netscher et Vanper Chus, de Mun-
5o9
au Cochin aura donnée comme modèle à suivre au
graveur indigène. Celui-ci n'a reproduit que la
moitié de l'écusson, celle avec les hachures qui
sont, de plus, rendues incorrectement, croyant
inutile d'ajouter l'autre moitié unie, attendu qu'il
n'y distinguait rien.
L'auteur des Lettres de Malabar fait aussi men-
tion des boeserokken, qu'il décrit à la page 82
comme portant sur la face la marque de la Com-
pagnie des Indes orientales, et au revers une
figure ressemblant à une harpe. Ce sont bien les
pièces en question. Il nous apprend que ces
espèces ont été fabriquées d'un mélange de plomb
et d'étain. L'alliage, dont les Anglais, les Danois,
les Portugais et les Néerlandais se servaient ordi-
nairement aux Indes pour la fabrication de leurs
menues monnaies, s'appelle tutenag, ainsi que
nous le communique M. le général Pearse, et se
compose de 404/1000 de cuivre, de 254/1000 de
zinc, de 3i6/iooo de nickel et de 26/1000 de fer.
M. Canter Visser nous apprend encore que les
ten van Nederlandsch Indie, nos 22b et 22e. Ces derniers ont pris les
armes de la ville d'Utrecht pour celles de la province du même nom
qui sont écartelées, 1 et 4 de gueules à la croix d'argent, et 2 et 3 d'or
au lion de gueules, quelquefois avec l'écusson de la ville en surtout.
Voy. notre notice het Utrechtsche provinciale rvapen, oorsprong en
ondergane veranderingen, dans Y Utrechtsche Volksalmanak, 1868,
pp. 129-141. La province d'Utrecht n'émettait que des espèces en
métaux précieux, tandis que la ville n'avait le droit que de battre de
la menue monnaie.
5io
boeserokken furent coulés, plusieurs à la fois, dans
des moules et ensuite découpés.
Soixante boeserokken équivalaient à un fanant
du Cochin, soit à un sou et demi.
Le chiffre 8 qui se trouve sur quelques-uns des
boeserokken , est évidemment une indication de
valeur. Mais nous ne saurions l'expliquer ? Amoins
que, pendant un certain laps de temps, le sou n'eût
valu au Cochin cinq dûtes au lieu de quatre, ce
qui resterait à savoir, mais ce qui toutefois ne
serait pas impossible, attendu qu'ainsi que nous en
avons donné des exemples plus haut, on tarifait
les monnaies d'une manière assez arbitraire, de
sorte que la valeur qu'on leur attribuait subissait
d'assez fréquentes variations. Si donc un sou
équivalait à 5 dûtes, 8 boeserokken auraient repré-
senté au juste la valeur d'une dute.
8 boeserokken = i dute.
40 id. = 5 dûtes = 1 sou.
60 id. =71/2 » — 1 1/2 » =ifanam.
A cette époque, nous apprend M. le général
Pearse, le salaire d'un coulis était d'un demi sou,
soit 20 boeserokken par jour.
Quant à l'étymologie du nom boeserok ou boese-
rokken, M. le général pense que la première partie
du mot serait du néerlandais, et que la seconde
dériverait de rukka, qui signifie, en sanscrit et
indien, valeur ou matière d'échange, une pièce de
monnaie. Peut-être le commandant néerlandais
5n
au Cochin qui fit le premier couler ces pièces
s'appelait-il Boese, nom de famille existant dans
les Pays-Bas, et a-t-on donné son nom à ces nou-
velles espèces: boeserokken ou monnaies de Boese.
Les raisons qui déterminèrent les commandants
des divers établissements à faire fabriquer ces
espèces de petites monnaies sont très simples et
s'expliquent facilement : d'abord par l'insuffisance
de menue monnaie venant d'Europe, et ensuite
par le fait que les indigènes en général n'aimaient
pas la monnaie que l'on envoyait de la mère-
patrie aux colonies, car en plusieurs endroits les
coulis ne voulaient pas de dûtes. Pour parer à ces
inconvénients, on résolut de faire fabriquer des
boeserokken et des cas.
Aujourd'hui encore, nous écrit l'obligeant et
savant numismate et orientaliste de Cheltenham ,
il arrive souvent aux Indes-Britanniques que la
circulation des monnaies de cuivre anglaises est
très limitée, la classe laborieuse indigène leur pré-
férant les pièces de cuivre sans aucun dessin que
l'on appelle dubs.
NÉGAPATAM OU NÉGAPATNAM.
Cette ville, située dans l'ancien royaume de Tan-
jore dans le Coromandel ou Cholomandel, côte
orientale de la péninsule indienne, fut bâtie par
les Portugais et prise par les Néerlandais en i658.
Depuis 1781 elle appartient aux Anglais. On a
512
prétendu que son nom lui serait venu de la quan-
tité de serpents que l'on y rencontre; or, ainsi que
nous l'a fait remarquer M. le général Pearse, il y
avait en cet endroit un temple consacré au culte
des tNagas, une secte bouddhiste, et de là est
dérivé le nom de Nagaputtim, c'est-à-dire établis-
sement des Nagas ou de leur culte.
De même que les Portugais firent frapper dans
toutes leurs villes et stations des monnaies por-
tant la lettre initiale du nom de la localité, comme
un G pour Goa, un D pour l'île de Diu ou la ville
de Daman, la Compagnie Néerlandaise fit forger
des petites pièces en cuivre pour Négapatam avec
un N ; pour Palicat, sur la côte de Coromandel,
avec un P; pour Trincomali, dans l'île de Ceylan,
avec un T; pour Galle, également dans l'île de
Ceylan, avec un G, etc.
Les paisas, ou doubles cas, frappés à Négapatam
par les Néerlandais de 1668 à 1781, représentent sur
la face le monogramme de la Compagnie Unie
des Indes orientales surmonté d'un N (Néga-
patam).
Rev. : en tamule, (') la langue parlée sur la côte de
Coromandel, Nagaputhin (Négapatam) (*). Voyez
nos 2 et 3 de la pi. XVI.
(') Le tamule, parlé sur la côte de Coromandel, ainsi que le malaya-
lum, parlé sur la côte de Malabar, est dérivé du dravidien.
(4) Ce type monétaire est mentionné dans le catalogue de la collection
numismatique de l'hôtel des monnaies à Utrecht parmi les pièces
incertaines, sous le n° 76 à la page 5 1 , et il y est correctement attribué
à Negapatnam.
5i3
PALICAT OU PALIACATE.
Cette ville des Indes, située sur la côte de Coro-
mandel, autrefois en possession des Néerlandais,
appartient depuis le commencement de ce siècle à
la Grande-Bretagne.
Les Néerlandais firent fabriquer au xvne siècle
des petites monnaies appelées cas ou cashs qui por-
tent d'un côté le monogramme de la Compagnie
des Indes surmonté d'un P (Palicat), et au revers
les trois croissants de la dynastie d'Adil Shahie
ou Schakide de Béjapoof, conquis en 1686 par
l'empereur Aurung-Seb, et incorporé dans l'em-
pire Mongol en 1688. Voyez nos 4 et 5 de la
pi. XVI.
PONDICHÉRY.
Dans cette ville, également située sur la côte de
Coromandel,les Français fondirent, en 1676, un
comptoir sous la direction de Macarat. Les Néer-
landais, jaloux de leurs nouveaux voisins, leur
déclarèrent la guerre, qui éclata en 1689.
Finalement, Pondichéry fut assiégée et tomba,
le 3 septembre i6g3, au pouvoir des Néerlandais,
après qu'une capitulation honorable eut été signée.
D'après les Mémoires du temps, cent cinquante
Français y auraient résisté, pendant dix à douze
jours, à plus de trois mille cinq cents hommes
venus avec équipage de vaisseau et artillerie.
5i4
Les Néerlandais n'en restèrent pas longtemps
maîtres ; par l'article 8 du traité de paix conclu à
Ryswick en 1697, il mt stipulé que Pondichéry
serait rendue à la France, ce qui eut lieu l'année
suivante.
Les Néerlandais, pendant le peu de temps qu'ils
furent en possession de Pondichéry (1693-1698),
firent fabriquer des cas en cuivre. Ces pièces, deve-
nues extrêmement rares, sont de précieux souve-
nirs historiques de la courte occupation néerlan-
daise de cette place et certainement les seuls
monuments numismatiques rappelant cet événe-
ment mémorable.
Elles représentent, d'un côté, le Kali ou Suli de
Tanjore à mi-corps vu de face. Cette effigie, comme
nous la communique M. le général Pearse, se
trouvait antérieurement à 1693 sur les monnaies
de Négapatam, et ce type apparaît déjà sur les
monnaies de Gupta (Indes septentrionales) du
deuxième siècle de l'ère chrétienne.
Revers : Sur deux lignes en tamule : Pudu chché
(Pondichéry). Voyez nos 6, 7 et 8 de la pi. XVI.
Non seulement nous sommes redevables à M. le
général Pearse de plusieurs indications et rensei-
gnements précieux, mais encore cette autorité
compétente dans la numismatique orientale a eu
l'extrême gracieuseté de nous offrir, pour notre col-
lection, les pièces curieuses que nous venons de
publier.
Cte Maurin Nahuys.
5i5
NUMISMATIQUE BRABANÇONNE
DES MONNAIES DE NÉCESSITÉ
FRAPPÉES A BRUXELLES
EIXT 1579 ET 16SO
Nous sommes en pleine lutte des États contre
la tyrannique domination de Philippe II. Vain-
queur à Gembloux, le 3i janvier 1578, don Juan
d'Autriche s'empare sans tarder d'une partie du
Brabant et du Hainaut oriental. Il occupe Louvain
et menace Bruxelles, Malines et Anvers. Le
14 février, il tente vainement de surprendre Vil-
vorde, où commande le brave de Glymes; mais,
le 12 mars, il est plus heureux devant Nivelles,
5i6
qu'il emporte après plusieurs assauts sanglants.
Ces succès devenaient menaçants pour Bruxelles,
où l'on travaillait encore à la réfection des fortifi-
cations. Heureusement pour la capitale du Bra-
bant, la mort vint arrêter le général espagnol au
milieu de ses victoires. Don Juan mourut à
Namur, le Ier octobre 1578. Alexandre Farnèse
lui succéda.
Si le décès du héros de Léparite préserva peut-
être les Bruxellois d'une attaque immédiate et leur
donna le temps de terminer les travaux de défense,
la situation de leur ville n'en resta pas moins
fort inquiétante. Bientôt, en effet, le 17 mai 1579,
les Wallons, adversaires des protestants et de
leurs excès, conclurent avec le prince de Parme
le traité d'Arrâs et rentrèrent sous l'obéissance du
roi d'Espagne.
Vers la même époque, Malines abandonna aussi
le parti des États. Dès lors, le lieutenant de Phi-
lippe II, plus libre de ses mouvements, put tourner
tous ses efforts contre Maestricht, qu'il assiégeait,
et qui fut enlevé d'assaut, le 29 juin 1579, après
une héroïque et meurtrière résistance.
Pendant que le gouverneur général des Pays-
Bas combattait sur la Meuse, des troubles graves
avaient éclaté à Bruxelles. Mécontent des calvi-
nistes, Philippe d'Egmont, commandant d'un
régiment d'infanterie et d'une cornette de cava-
lerie, d'accord avec le doyen des tanneurs, essaya,
le 4 juin 1579, à la tête de ses soldats et avec l'aide
5i7
des bourgeois catholiques auxquels s'étaient joints
les partisans de l'Espagne, de s'emparer de l'Hôtel
de ville. Cette tentative échoua, et d'Egmont,
obligé de s'enfuir, se retira au château de Gaes-
beeck. Il occupa peu après Grammont, Ninove et
le château de Boulaere, et s'il n'abandonna pas
absolument le parti des Etats, ce seigneur n'en
devint pas moins l'ennemi personnel des Bruxel-
lois, avec lesquels il resta en guerre ouverte. Ces
luttes intestines n'étaient pas faites pour améliorer
la situation de Bruxelles, où, depuis le départ de
d'Egmont, régnaient en maîtres les calvinistes
ayant à leur tête le colonel commandant la gar-
nison Vandentympel.
Maestricht pris, le duc de Parme revint vers le
Brabant, et jugeant le moment opportun, il fit
attaquer, le 26 juillet, par le baron de Licques,
gouverneur de Louvain, le fort de Willebroeck.
Ce poste important laissé, par une négligence
inconcevable, presque sans défenseurs, ne put
opposer aucune résistance sérieuse à l'ennemi, qui
s'en empara facilement. Ce succès permit aux
Espagnols de détruire les écluses du canal, et
Bruxelles n'eut plus d'issue libre que du côté
de la Flandre ; encore le comte d'Egmont occu-
pait-il la partie sud de la frontière flandro-
brabançonnë.
« Les incessantes excursions des ennemis, »
nous apprennent Henné et Wauters, « portaient un
« préjudice immense au commerce de Bruxelles,
Année 1887. 33
5i8
« et le manque de numéraire achevait d'arrêter
« toutes les relations extérieures ('). »
Dans cette triste extrémité, les bourgmestres,
échevins, trésoriers et conseillers de la ville adres-
sèrent, le 23 août 1579, une requête aux États
Généraux pour leur exposer la pénible situation
financière à laquelle Bruxelles se voyait réduit :
Les changeurs jurés et les orfèvres n'avaient plus
les fonds nécessaires pour acheter l'or et l'argent
non monnayés qui leur étaient offerts. Les bour-
geois possesseurs de cet or et de cet argent, ne
pouvant le vendre, se trouvaient, dès lors, non
seulement dans l'impossibilité de venir en aide à
la ville, mais encore étaient-ils plongés eux-mêmes
dans la plus profonde misère, car Bruxelles étant
entouré d'ennemis, il ne fallait pas songer à
réaliser au dehors ces métaux précieux. Un seul
moyen pouvait remédier à ce déplorable état de
choses: l'autorisation de battre monnaie. Aussi
le collège suppliait-il les Etats Généraux de faire
forger à Bruxelles des monnaies à tel type qu'ils
jugeraient convenable ou de permettre à la ville
de frapper elle-même des espèces à ses armes et
dont le cours serait fixé au bon plaisir des
États (*).
Ceux-ci se décidèrent pour cette dernière propo-
sition. Après avoir consulté les maîtres généraux
(') Histoire de la ville de Bruxelles, t. Ier, p. 519.
(*) Pièces justificatives, n° I, i°.
5.9
des monnaies, les Etats autorisèrent, par lettres
du 7 septembre i5jg, la régence de Bruxelles à
faire fabriquer des plates ou plaques carrées d'or
et d'argent aux armes de la ville. Pour éviter
toute fraude, ces pièces devaient porter, en outre,
la date de leur émission et aussi l'indication de
leur valeur.
Enfin, il fut prescrit à la ville de nommer un
surintendant, préposé à la surveillance de leur
fabrication (').
L'octroi des Etats Généraux était accompagné
d'une instruction signée par les maîtres généraux
des monnaies Lenart van Impeghem, Melchior
van den Perre et Jacob van Bylandt, par laquelle
était prescrite la frappe :
i° D'une plaque carrée d'or, du poids de 2 ester-
lins 20 '/i as, de xxi carats or fin, en aloi, allié avec
xviii grains d'argent fin et xviii grains de cuivre,
plaque dont le cours serait de 3 florins carolus ou
de 6o sous.
2° D'une plaque carrée d'argent, du poids de
16 esterlins g */* as, de n deniers argent fin en aloi
et dont le cours serait égal à celui du daaldre des
Etats (36 sous).
La demi-plaque à l'avenant de l'entièreu
L'or fin devait être payé aux marchands à
raison de 2o5 florins 4 sous le marc, l'argent fin à
18 florins 12 sous, de façon à retirer sur l'or, pour
(') Pièces justificatives, n° I, i°.
D20
chaque marc d'œuvre, un bénéfice de 3 florins
i sou 34 mites de Flandre, et sur l'argent i3 sous
17 mites. Ces bénéfices devaient servir à couvrir
tous les frais de fabrication (').
Le pensionnaire de la ville auquel la réponse des
Etats avait été adressée la transmit immédiate-
ment au Magistrat, lui recommandant néanmoins
de faire placer sur les monnaies que Bruxelles
allait émettre, outre la date et la valeur, une
inscription rappelant en quelles circonstances elles
avaient été frappées « eenige memoriable inscriptie. »
Il prescrivit encore de faire publier que toute
plaque trouvée dans la circulation d'un poids
inférieur à celui qu'elle avait en sortant de la
forge, serait saisie au profit de la caisse des forti-
fications. Cette mesure avait sa raison d'être, la
forme carrée de ces plates facilitant la fraude et
pouvant tenter certaines personnes à les rogner
dans le but de réaliser ainsi un bénéfice illicite.
En terminant, le pensionnaire conseillait de se
hâter et de traiter avec les monnayeurs le plus
économiquement possible, afin de retirer de cette
opération quelques profits, la ville ayant le plus
vif besoin d'argent (*).
Le changeur Jean Marchant fut chargé de la
fabrication ; il travailla du 23 septembre i5jg au
4 juin i58o.
(') Pièces justificatives, n° I, 2°.
(2) Pièces justificatives, n° I, 3°.
D2I
Voici d'après le compte de cet officier, rendu le
12 décembre i58o, le produit de la forge bruxel-
loise pendant cette courte période d'un peu plus
de huit mois :
i° Plaque d'or de 60 sous et de 60 *f* de taille au
marc de Troyes. 782 pièces émises ;
2° Plaque d'argent de 36 sous et de g ,4/10 pièces
de taille au marc de Troyes. Matière employée,
déchets déduits, 1,256 marcs 2 onces g esterlins
21 '/« as ; ce qui a pu donner environ 12,400 pièces ;
3° Demi-plaque d'argent ayant cours pour 18 sous
et de ig % pièces de taille au marc de Troyes.
Matière employée, déchets déduits, igi marcs
1 once 18 esterlins 11 as; ce qui a dû produire à
peu près 3,775 pièces (').
A diverses reprises, les monnaies de nécessité
de Bruxelles ont été publiées. Celles d'argent
figurent dans Van Loon (*) et aussi dans Tobiesen
Duby (3); M. Mailliet en a fait connaître plu-
sieurs variétés (4). Quant à la pièce d'or, elle a
été donnée pour la première fois dans le Supplé-
ment au catalogue des monnoies en or qui composent
(') Pièces justificatives, n° II. Nous croyons que c'est la première
fois, en Belgique du moins, qu'est publié un compte concernant des
monnaies de siège.
(*) Van Loon. Histoire métallique des Pays-Bas, t. Ier, p. 273.
Edit. franc.
(3) Tobiesen Duby. Recueil général des pièces obsidionales et de
nécessité, pi. VIII, nos 2 et 3.
(*) P. Mailliet. Catalogue descriptif des monnaies obsidionales et
de nécessité, pi. XX.
522
une des différentes parties du cabinet impérial, Vienne,
1769, p. 83. Van Loon et Duby ne la connaissaient
pas. M. Perreau, dans la Revue belge de numisma-
tique, t. II, p. 283, a publié une deuxième fois cette
plaque d'après l'exemplaire assez douteux de la
collection de Roye de Wichem; M. Mailliet a
reproduit ce même dessin dans son Catalogue des
monnaies obsidionales et de nécessité.
Toutes ces monnaies bruxelloises furent contre-
faites en grand nombre à l'époque de Van Loon ;
mais, en général, le dessin des pièces fausses est
pâteux et manque de fermeté, tandis qu'il est plein
de finesse, de netteté et d'énergie de frappe sur
les exemplaires authentiques; enfin, l'empreinte
du droit perce souvent au revers des pièces d'or
imitées ; ce revers est lisse au contraire pour celles
qui sont bien du temps.
Pour notre part, nous connaissons trois plaques
d'or que nous croyons pouvoir admettre comme
réellement authentiques. La première se trouve
au musée de Middelbourg; la deuxième fait partie
de la collection du vicomte B. de Jonghe ; la
troisième appartient à M. Lucas Eberson, archi-
tecte de S. M. le Roi des Pays-Bas, à Arnhem.
Cette dernière est légèrement variée de celle
gravée dans Mailliet; en voici la description d'après
une empreinte que notre confrère hollandais a eu
l'obligeance de nous adresser :
* PERFER • ET • OBTVRA ». BRVXËLA.
523
Écu aux armes de la ville de Bruxelles accosté
de 7-9. Au-dessus la valeur 3 GVL.
Rev. Absolument lisse.
M. Groebe, dans son mémoire : Beantwoording
der prysvraeg over de munten, Brussel, i835, travail
couronné par l'Académie, cite une ordonnance
faite par le magistrat de Bruxelles, le i5 mars i585,
de concert avec deux commissaires du prince de
Parme, dans laquelle on évalue les pièces d'or
carrées de Bruxelles à 10 florins, et les lions d'or
récemment fabriqués à 4 florins 10. Mais, ainsi que
le fait judicieusement observer M. C.-P. Serrure,
il peut s'agir ici aussi bien des obsidionales forgées
en 1584, que de celles frappées en 1579 et i58o.
Le taux de 10 florins accordé, en i585, à des
pièces émises à 3 florins cinq ans auparavant, ne
doit cependant pas surprendre outre mesure, car
dans ces temps troublés la valeur coursable des
monnaies allait sans cesse en augmentant dans de
fortes proportions.
Bruxelles, le 20 juillet 1887.
Alphonse de Witte.
524
PIECES JUSTIFICATIVES
I.
i0' Ordonnancie ende ociroy van de generaele Staeten
voir die vander stadt van Bruessel, om te mogen by
previlegie slaen ende munten \ekeren goude ende silvere
viercante plaeten .
De generaele Staten gedelibereert hebbende op de
requeste aen hen gepresenteert by burgmeesteren, sche-
penen, rentmeesters ende raede der stede van Bruessele,
den XXIIIen augusti lest leden, daer by zy te kennen gaven
dat de gesworen wisselaers ende goudt smeden der voor-
screven stadt egheen middelen en hadden om vande
burgers eenich goût oft zilvere ongemunt te coopen ende
de stadt van anderen gemunten gelde t'assisteren, doer
dyen de stadt van allen canten byde vyanden zoo gesloten
is dat men sonder groot pericle vuyt de selve stadt nyet
en can oft en mach elders reysen, mits den welcken de
goede burgers hun ongemunt goût oft zilvere nyet en
connen vercoopen om hen metten gelde daeraff te ontfan-
gene te behelpen inden vuytersten noodt daer zyna inné
zyn, daer mede de stadt geschapen te vallen in vuyterste
ruyne ende groote inconvenienten, ten waere dat ons
beliefde daer inné met aile nersticheyt te versiene, ende
dat doende inde voorscreven stadt te zendene zekere getal
van munters, ende sulcken ysers oft munte te slaene als
wy souden bevinden te behoorene, oft dat men hen soude
525
toelaeten zekere nyeuwe ysers ende munte zoe van goude
als zilvere te slaen metten schilde der voorscreven stadt
naer advenant vande weerde vander munte daer loopende,
oft op alsulcken anderen voet als wy souden bevinden te
behoirene, ende dat zy anderssins by gebreke van dien
souden genootsaect zyn te aengrypen den voet die den
vuytersten noodt hen soude thoonen 't zy om munte te
slaen oft andere viercante stucken van goude ende silvere :
hebbende de voirscreven generaele Staeten met voergaende
advyze vande generaels vander munten binnen der stadt
van Antwerpen residerende, geresolveert ende by provisie
die van Bruessele geaccordeert 't gène des ende alsoe hier
nae volcht. Idem, eersten, dat zy sullen mogen slaen een
gouden plaete wegende twee engelschen twintich ende een
quaert aes van eenentwintich caraten fyn goûts in alloy,
geallieert met achthien greyn fyn silvers, achthien coopers,
die cours ende ganck sal hebben (à l'advenant den gouden
real tôt vier gulden thien stuvers gerekent) drye carolus
guldenen oft t'zestich stuyvers. Item, noch silvere viercante
plaeten gemarkeert wegende zesthien engelschen negen
ende drye quaert aes van elff penninghen fyn silvers
intalloy, die cours sal hebben gelyck de Staeten daelder
voer zessen dertich stuyvers; ende den halven naer adve-
nant. Van welcke goude ende silvere viercante plaeten die
van Bruessele hier mede overgegeven wordt van elcx het
rechte gewichte, waer op de selve gemaect sullen wordden.
Item, men sal den coopmans ende leveraers geven gelyck
men op aile Co. Mats munten tegenwoirdelyck geeft, te
weten voer elck marck fyn goûts van vierentwintich cara-
ten, twee hondert vyff guldenen vier stuyvers; ende voer
elck marck fyn silvers van tweelff penninghen, achthien
guldenen tweelff stuyvers : alsoe datter sal overschieten
526
op dmarck fyn goût van vierentwintich caraten, drye
guldenen eenen stuyver, vierendertich myten vlems ; ende
op elck marck silvers van tweelff penninghen, derthien
stuyvers seventhien myten vlems; aile dwerck sal wesen
om te vervallen de oncosten soe vande ysers te snyden,
assayen te maken, markeren, ende register te houden,
van aile 't gène datter ontfangen , gemankeert ende
gemaect sal wordden, om van als, behoirlycke rekeninge
gedaen te wordden by de gedeputeerde, die de stadt sal
moeten committeren totter supper intendentie van der
voirscreven munte, aen al sulcke commissarisen als de
selve stadt sal schuldich zyn daer toe t'ordineren : wel
verstaende dat op de voirscreven goude ende silvere
plaeten gemarkeert sal wordden (om te verhueden aile
bedroch) de wapen vander stadt van Bruessele metten
datem vanden jaere ende de weerde vander plaeten daer
voer datse sullen cours ende ganck hebben, ende de selffste
oick nyet laeten vuytgaen ten zy datze hebben hun vol-
commen gewichte ende alloy als voirscreven is. Desgelycx
sullen de gène die vander voirscreven stadt weghen sullen
geemployeert wordden tôt het maken van der voirscreven
viercante goude ende silvere plaeten, gehouden wesen te
doen den behoirlycken eedt van 't gène voirscreven is wel
ende volcommelyck t' observeren ende te achtervolgen,
ende dat in handen vanden magistraet vande voirscreven
stede. Aldus gedaen ende gearresteert inde vergaderinge
vander generaele Staten, den sesten septembris XVe LXXIX;
onder stont gescreven : by expresse ordonnance vande
voirscreven Staeten, ende geteeckent : A. BLYLEVEN.
527
2° Instructie voer die vander stadt van Brussel, waer
nae \y henluyden sullen reguleren inden tegenwoir-
digen noot soe lange die gesloten sal wesen , ende
voirder nyet, infmerckeren vande goude ende silvere
viercante plaeten.
In den eersten, een goude plaete, wegende twee engel-
schen twintich ende een quaert aes, van eenentwintich
caraten fyn goûts in alloy, geallieert met achthien greyn
fyns silvers ende achthien greyn coopers, die cours ende
ganck sal hebben à l'advenant den gouden real tôt vier
guldens thien stuyvers, gerekent voer drye carolus guldens
oft zestich stuyvers.
Item, noch silveren viercante plaeten, gemerkeert als
boven, wegende zesthien ingelschen negen ende drye
quaert aes, van elf penninghen fyns silvers in 't alloy, die
cours sal hebben gelyck den Staeten daeler voer sessen-
dertich stuvers; den halven van dien, à l'advenant. Van
welcke viercante goude ende silvere plaeten wy hier mede
overgeven van elcx het recht gevvichte, waerop de selve
gemaect sullen wordden.
Item, men sal den coopman ende leveraers gheven
gelyck men op aile Co. Mats munten tegenwoirdelyck
geeft, te weten : voer elck merck fyn goûts van vieren-
twintich .caraten, IIe v guldens IIII stuyvers; ende voer
elck merck fyns silvers van tweelff penninghen, achthien
guldens XII stuyvers.
Alsoe datter sal overschieten op d merck fyns goûts,
van XXIIII caraten, dry guldens eenen stuver vierendertich
myten vlaems ; op elck merck fyn silvers, van twelff pen-
ninghen, derthien stuvers seventhien myten vlems. Aile
t' welck sal wesen om te vervallen de oncosten soe van
528
ysers te snyden, assayen te maken, merckeren, ende
register te houden van aile 't gène datter ontfangen,
gemaect ende gemerkeert sal wordden, om daer mede
behoïrlycke rekeninge te doen wanneer 't selve versocht sal
wordden.
Wel verstaende dat op de voirscreven goude ende
silvere viercante plaeten gemerckeert sal wordden, om te
verhuede aile bedroch, de wapen vander stadt van Brues-
sel, metten datum van den jaere, ende de weerde vande
plaeten daer voer datse sal cours ende ganck hebben, ende
de selve nyet laeten vuytgaen ten zy datze hebben hun
volcommen gewichte ende alloy als voirscreven is. Ende
om dat de voirscreven viercante plaeten lichtelyck souden
kunnen geschroyt wordden, soe en sal men die nyet ont-
fangen noch vuytgeven dan met gewichte, alsoe wel die
silvere als de goude plaeten.
Desgelycx sullen de gène, die vande voirscreven stadts
wegen sullen geemployeert wordden tôt 't maecken vande
voirscreven goude ende silvere plaeten, gehouden wesen
te doen den behoirlycken eedt dese ordonnance ende
instructie in aile huere poincten ende articelen te obser-
veren ende te achtervolgen, ende dat in handen van mynen
heeren van der rekencamer in Brabant ten by syne van
eenige vande magistraet vande voirscreven stede; ende dit
alsonder prejuditie van Zyne Ma* en zyn sleyschat ende
sonder getrocken te worden in consequentie, onderteec-
kent : LENART VAN IMPEGHEM, MELCHIOR VANDEN
PERRE, JACOB VAN BYLANT. Onder stont gescreven :
gecollationneert tegens zyn originael, es daermede bevon-
den accorderende by my, ende geteeckent : A. BLYLEVEN
ou A. BLYVENEN.
529
3° Copie vuyten brieve vanden pensionaris van Brues-
sele gescreven aende Magistraet der selver stadt, en
daten VIIe septembris 1579.
Ick seynde uwen Eer. hier mede d'acte van der munte,
mette drye gewichten daertoe dienende. Des sullen uwen
Eer. moeten toesien dat menJan Marchant mochte geven
den last van munten, ende tôt hem vueghen eenen getrou-
wen boeckhouder die souden subiect zyn rekeninge te
doen van hunnen handel volgende d'acte, ende dat de
poensoenen wel perfect gemaect, ende gemerkeert wordden
met eenige memoriable inscriptie ; ende dat oich sal
wordden gepubliceert egheen gemunte plaetkens te ont-
fangen sonder gewichte, op verbuerte vande stucken die
sullen bevonden te licht te zyne tôt behoeff vande fortifi-
catie ende aenbringere. Des sullen uwen Eer. metten
munter ende boeckhouders overcommen ten minsten
pryse; ende die reste houden tôt proffyte vander stadt;
d'welck zeer wel te passe sal commen; maer moet met
dexteriteyt aengeleght wordden.
Archives générales du royaume. Chambre
des comptes. Registre n° 141, fol. 88 v°.
II.
Rekeninge ende openinge vander bussen vande vier-
cante goude ende silvere platen die de stede van Brussele
(door dyen den wech onweyl was vande vyanden van
Brussel tôt Antwerpen) heeft doen maecken ende munten
met avoy van Zyne Altese ende generael Staten by Jan
Marchant wisseleer der voorscreven stede vanden XXIII sep-
tember XVe LXXIX totten IIU juny XVe LXXX. Welcke
53o
openinge is gedaen inde rekencamere van Brabant te
Brussele ter presencien van heer Jacop Clockman meestre
der voorgenande camere ende de generaels van de
Majesteyts munten van herwarts overe Mor vande Perre
ende Jacob van Bylandt war in den greffier der voor-
screven cameren gedient heeft als werdeyn te weeten
Jan Cortebacke, Cornelis van Bylandt assayeur generael
welche rekeninge gedaen is in karolus gulden tôt twintich
stuyvers stuck.
Goude viercant platen van LX stuyvers stuck. Den
voorscreven Jan Marchant heeft doen maecken ende
munten binnen den voorscreven tyt aen goude viercante
platen van sestich stuyvers stuck houdende XXI karaet fyn
goudts in alloy geallieert met XVIII greyn fyn silvers
ende XVII I copers ende van LX ende dry quaert der selver
inde snede inde troysche merck de quantiteyt van VIIe
LXXXVII penningen war aen geen sisalien bevonden en
zyn mar inde busse vyff der voorscreven stucken ende die
afgetrocken rest VIIe LXXXII penningen de selve geconver-
teert in gewichte maecken XII merck VI oncen XIX engel-
sen XVIII ende 3,4 van een aes ende ten fynen gereduceert
XI merck VI karaet dry ende dry quaert van een greyn ten
pryse van dry guldens eenen stuyver ende XXXIIII myten
voor elck merck fyns datter overschiet om te vervallen de
quade onteosten beloopt in gelde . XXXIIII g. XV s. I m.
Van deze goude platen syn gewegen vyff der voorscreven
penningen ende bevonden te schars op elck merck werckx
XII ende % van een aes bedraecht op heel werck vier
engelschen XIX ende een half aes ten pryse van Ie LXXXII g.
V stuyvers d'merck beloopt in gelde. V g. XII s. VII m.
Dese voorscreven viercante goude platen zyn bevonden
by den assayeur generael coomende vutten viere te roodt
53 1
een half greyn op elck merck werckx bedraecht op 't heel
werck ses ende J/4 van een greyn ten pryse van XVIII gul-
dens XII stuyvers beloopt in gelde . . . VIII s. III m.
Dese voorscreven goude platen zyn bevonden by den
assayeur generael coomende wutten watere te schars in
alloy een greyn op elck merck werckx beloopt op 'theel
werck een karaet ende 3/4 van een greyn ten pryse van
IIe V g. IIII stuyvers. Compt in gelde. IX g. I s. XXXIII m,
Summa vanden wercke vande goude viercante pla-
ten ' . . . . XLIX g. XVI s. XLIIII m.'
Viercante silvere platen van XXXVI stuyvers stuck.
De voorscreven Jan Marchant heeft noch doen maecken
ende munten binnen den voorscreven tyt aen viercante
platen cours hebbende tôt XXXVI stuyvers stuck, houdendè
elff ders fyn zilvers in alloy ende van IX ende 14/ie deel der
selver inde snede in troysse merck de quantiteyt van een
duysent IIe ende LX merck seven oncen XIX engelsen war
af bevonden syn aen sisalien vier oncen XVII ende eenen
halven engelsen ende inde busse LXVIII penningen, sisalien
afgetrocken ende vier merck IIe XXVI 1j2 aes om de assaye
te maecken, rest Im IIe LVI merck II oncen IX engelsen
XXI ende een half aes, de selve geconverteert ten fynen
blyven net Im Ie LI merck VII drs IX ende 3/4 van een greyn
ten pryse van XIII stuyvers XVII myten voof elck merck
fyns die overschieten om te vervallen de quade onteosten
beloopt in gelde .... VIIe LXVIII g. XVIII s. XLIII m.
Dese silvere viercante stucken zyn opgetrocken ende
gewegen byden assayeur generael ende bevonden te schars
op elck merck werckx een ende 3/s deel van een aes bedraecht
op t' heel werck twee oncen XIII engelsen XXXI lj% aes ten
pryse van XVII guldens XIII stuyvers XII myten d'merck
beloopt in gelde Vg. XIX s. X m.
532
Dese viercante silvere platen zyn bevonden byden
assayeur generael coomende wten viere te schars in alloy
dry achste deel van een greyn op elck merck werckx,
bedraecht op 't heel werck een merck seven drs ende
XV greyn ten pryse van XVIII guldens XII stuyvers beloopt
in gelde. • XXX g. VIII s. XVIII m.
Somma van den wercke van de viercante silvere stucken
cours hebbende tôt XXXVI s. . VIIIe V g. VI s. XXIII m.
De halve vande voorgaende silvere platen cours heb-
bende tôt XVIII stuyvers stuck.
De voorscreven Jan Marchant heeft noch binnen den
voorgaenden tyt doen maecken ende munten aen halve
viercante silvere platen cours hebbende tôt XVII! stuyvers
stuck houdende XI drs fyn silver in alloy ende van XIX
ende 6/s deel ende snede in troysse merck de quantiteyt
van Ie XCII merck II oncen ende eenen engelsen war af
geen sisalien bevonden en zyn mar inde busse XXXVIII
stucken ende een merck II engelsen XXI aes afgetrocken
om de assaye te maecken rest net Ie XCI merck een once
XVIII engelsen XI aes de zelve gereduceert ten fyne blyven
Ie LXXV merck III drs XV ende een haelf greyn ten pryse
van XIII stuyvers XVII myten vlems voor elck merck^fyns
dier overschieten om te vervallen de quade onteosten
beloopt in gelde Ie XVII g. I s. XXI m.
Desc halve viercante platen syn gewegen ende bevonden
te schaers in 't gewichte op elck merck werckx XI aes
bedraecht op 't heel werck dry oncen vyff engelsen XXIII
ende een half greyn ten pryse van XVII g. XIII stuyvers
XII myten d'merck beloopt in gelde . VII g. V s. VII m.
De voorscreven silvere platen zyn bevonden byden
assayeur generael coomende vutten viere te schaers in alloy
een half greyn op elck merck werckx bedraecht op 't heel
533
werck III drs XXIII ende een half greyn ten pryse van XVIII g.
XII stuyvers, beloopt in gelde . . . VI g. III s. XVII m.
Somma vanden wercke van de halve silvere viercante
platen Ie XXX g. IX s. XLV m.
Somma totalis van aile de wercken vandeser bussen . . .
IXe LXXXV g. XIII s. XVI m.
Aldus gesloten ende by de generael meesters van de
Majesteyts munten (ten bureele vande camere van reke-
ninge) overgegeven den XIIe van december XVe LXXX.
MELCHIOR VANDEN Perre.
Jacob van Bylandt.
Archives générales du royaume. Chambre
des comptes : acquits, n° 3586bis.
Année 1887. ^4
534
MÉLANGES.
Les monnaies massaliotes du Cabinet des médailles de
Marseille, par J. Laugier. Marseille, Imprimerie
Marseillaise, 1887; in-8°, 55 pp. et 17 planches.
Une nouvelle monographie vient de voir le jour,
celle des Monnaies massaliotes. Bien des auteurs,
jusqu'ici, avaient traité de ces belles monnaies,
reflet de l'art grec, mais seulement de quelques-
unes. Un grand nombre de ces médailles étaient
encore ignorées et le Cabinet municipal de Mar-
seille était loin d'avoir acquis le degré de splen-
deur où il est parvenu par les soins de notre
confrère, M. J. Laugier, son conservateur actuel.
Tous les numismates connaissent les travaux
du Commandant Carpentin, publiés dans la Revue
de Marseille; mais, avant lui, d'autres déjà avaient
ébauché la même étude : Goltz, Pellerin, Eckhel,
Mionnet et d'autres encore. Puis arriva le prési-
dent Fauris de Saint- Vincens, qui fut le véritable
créateur ou plutôt le législateur de la numisma-
tique provençale. Le mis de Lagoy, dans la Revue
numismatique, fit aussi connaître de nouvelles
pièces; « mais le travail le plus important qui ait
été fait à ce sujet, est la Numismatique de la Gaule
. 535
Narbonnaise, publiée en 1842 parM. delà Saussaye,
ouvrage remarquable, couronné par l'Institut, et
dans lequel sont décrites et dessinées toutes les
monnaies des peuples et des villes qui faisaient
partie de la Gaule Narbonnaise (1) ».
J. Laugier cite également quelques travaux
moins considérables sur ses monnaies de prédilec-
tion : un article de M. Chalande, dans la Revue
belge de numismatique (1857, p. 3iy); V Histoire de
la Monnaie Romaine, de Mommsen ; des articles de
M. Feautrier et de M. de Saulcy, dans la Revue
numismatique de 1842, i863 et 186g, etc., etc.
Depuis lors, grâce aux soins dévoués et éclairés
de l'honorable Conservateur du Médaillier de la
Cité phocéenne, ainsi qu'aux dons intelligents de
quelques personnes, cette collection, qui ne possé-
dait qu'une suite fort incomplète des monnaies
autonomes de cette ville ou de la région, « est
devenue la plus riche et la plus complète qui existe
dans son genre, » et c'est là ce qui a permis à
l'auteur du travail que nous sommes heureux
d'annoncer de pouvoir donner aujourd'hui une
monographie du monnayage massaliote, « sans
avoir besoin de citer des pièces autres que celles
qui existent dans le Cabinet numismatique de Mar-
seille. »
Chemin faisant, l'auteur émet les idées les mieux
assises sur ce curieux monnayage, faisant passer
{') Les monnaies massaliotes, etc., p. 6.
536
par le crible de sa loyale critique les opinions
présentées antérieurement à lui, les adoptant fré-
quemment, les repoussant avec la même indépen-
dance d'esprit pour y. substituer des idées meil-
leures, discutant tous ces divers sentiments avec
une impartialité et une autorité que nul ne peut
contester ; nous apprenant des choses parfois fort
curieuses et inattendues (*).
Dans cette étude faite avec amour, l'auteur a
suivi la classification due à M. de la Saussaye, clas-
sification basée autant sur le métal et ses divers
modules que sur les types et sur le poids de ces
pièces ; mais il a fait précéder leur description de
celle des monnaies qui furent apportées par les
Phocéens, lorsqu'ils vinrent s'établir dans la
contrée.
Le monnayage massaliote ne comporte, en
métaux, que l'argent et le bronze, et l'auteur nous
apprend pourquoi l'or n'apparaît pas dans ce sys-
tème monétaire. Mais quels problèmes posés par
les variétés sans nombre des symboles, des lettres
et des monogrammes qui accompagnent, en
général, le lion placé au revers du type de Diane,
le taureau cornupete que l'on voit au revers de celui
& Apollon, le trépied qui se montre au revers des
(') Voir surtout (p. 19) le parti qu'il tire de l'A, dont la liaison
transversale et horizontale est brisée et prend la forme d'un V, et où
il découvre, sous forme de monogramme, tous les éléments du nom
de MAïiAAIA.
537
drachmes frappées au type de Minerve!... Et qui
se chargera de les résoudre ?...
Viennent ensuite les Monnaies des Colonies
massaliotes d' Antipolis, A g atha, Avenio, etc., etc.
Dix -sept planches, ne renfermant pas moins de
220 pièces, servent de complément à ce savant
travail, dessinées avec l'exactitude et le talent qui
font, depuis longtemps, cortège au nom de
M. J. Laugier.
Nous ne pouvons tout dire, et nous nous hâtons
de terminer notre appréciation de cette nouvelle
étude par l'éloge mérité dû à la patience et à la
sagacité autant qu'à l'érudition de notre confrère;
mais non sans regretter que son éditeur ait osé
consacrer à une pareille publication un papier peu
digne d'elle et des planches qui auraient égale-
ment beaucoup gagné à être tirées sur un vélin
plus convenable.
G.V.
Les médailles religieuses de Merville, par M. L. Dan-
coisne. Dunkerke, 1887 , in-8°, 11 pages et
2 planches.
Le savant auteur des médailles religieuses du
Pas-de-Calais consacre cette nouvelle étude aux
médailles concernant les pèlerinages de Saint-
Amé, de Saint-Maurand , de Notre-Dame des
Affligés ou du Sart et de Notre-Dame de Misé-
ricorde.
538
Ces objets de piété, reproduits au nombre de
seize sur deux planches fort bien gravées pai
Lavalette, sont, à part un seul, excessivement
rares ; la plupart même sont uniques, c'est dire
l'utilité du travail de notre excellent confrère.
A. DE WlTTE.
La classe des lettres de l'Académie royale de
Belgique vient de décider, en sa séance du 9 mai
dernier, l'impression dans le recueil de ses
Mémoires in-40 de : La numismatique de la principauté
de Liège et de ses dépendances [Bouillon, Looz)
depuis leurs annexions (avec planches), par le
baron J. de Chestret de Haneffe.
La commission chargée d'examiner cette étude
était composée de MM. Bormans, Chalon et
A. Le Roy. Ces messieurs ont pleinement rendu
justice à la profonde érudition et aux vastes con-
naissances tant historiques que numismatiques,
dont notre savant confrère a fait preuve dans son
beau et si utile travail.
« Je considère, dit M. Chalon dans son rapport,
« le mémoire de M. de Chestret comme le plus
« remarquable qui ait paru en Belgique sur la
« numismatique de notre pays. »
La Direction.
539
Ueber die Hohenlohe' schen ortsgulden kaiserlichen
Gepràges, par Paul Joseph, 22 pages, in-8°.
Étude des plus instructives, pleine de faits
nouveaux et de savantes remarques. Nous sommes
heureux de pouvoir signaler ces quelques pages à
l'attention de ceux de nos confrères qui s'occupent
de la numismatique d'outre-Rhin.
A, de Witte.
Denier au nom de Frédéric, êvêque de Genève, .par
E. Demole (extrait de la Revue numismatique).
Paris, 1887, in-8°, 7 p., 1 vig.
L'érudit conservateur du musée genevois nous
fait connaître dans cette note un précieux denier
au temple de l'évêque de Genève, Frédéric. Cette
pièce qui a dû être frappée dans la deuxième
moitié du xie siècle, vient se ranger après les
deniers de Conrad et les oboles d'Adalgodus. Elle
sert à combler la lacune qui existait dans le mon-
nayage épiscopal, dont, après Adalgodus (io3i),
l'on ne connaissait plus aucun produit jusqu'aux
premières années du xne siècle, époque où virent
le jour de nombreux deniers anonymes, au typede
Saint-Pierre, type qui semble s'être immobilisé
pendant près de trois cents ans dans l'atelier des
évêques de Genève.
540 .
La monnaie qui vient d'entrer dans le cabinet
de médailles de Genève est donc un document
métallique de toute première importance.
A. de Witte.
M. Adolphe Hess annonce pour fin d'octobre la
vente à Francfort- sur- Mein de la collection
Sedgwick-Bérend de Paris.
Cette collection de monnaies allemandes, ita-"
liennes et suisses renferme plusieurs raretés. Le
catalogue orné de cinq ou six planches sera distri-
bué au commencement d'octobre.
En même temps que cette collection, M. Hess
vendra quelques autres moindres collections de
monnaies bavaroises, du Palatinat et de médailles
de la maison de Wittelsbach. Leur catalogue avec
deux tables au moins sera envoyé avec le cata-
logue précédent.
G. C.
Origines de la livre d'argent, unité monétaire, par
Maurice de Vienne. Grand in-8°, 48 pages, Paris,
Alph. Picard, 1887. Dans ce savant travail, l'au-
teur rappelle d'abord que c'est à Charlemagne
qu'on rapporte ordinairement la livre d'argent,
unité monétaire, comme aussi l'établissement des
nouvelles unités de poids, de longueur, de capa-
541
cité, etc., en sorte que le grand empereur semble-
rait être à la tête d'un véritable système métrique,
rompant définitivement avec la tradition romaine
pour devenir essentiellement germanique.
M. de Vienne a pour but de montrer quelles sont *
les parties qui sont propres à Charlemagne et de
signaler ensuite une curieuse permanence des
mesures populaires traversant les contrées et les
âges, en obéissant seulement à certaines lois fixes
de transformation. Il cherche, dit-il, à établir que
la fabrication monétaire de Charlemagne est la
continuation de la monnaie mérovingienne,
comme celle-ci était la continuation de la mon-
naie impériale; que, s'il y a eu réforme, c'est qu'il
y avait eu déformation ; que la livre-poids n'a subi
aucune modification sous son règne, et que c'est
de la livre romaine, déduite elle-même des mines
antiques, que sont naturellement dérivées les uni-
tés modernes, dont l'une subsiste encore en
Angleterre, les autres n'ayant disparu que devant
la révolution métrique de la fin du dernier siècle.
En un mot, l'auteur pense qu'il n'y a pas de
création d'ensemble, mais des restaurations par-
tielles.
Son travail, plein d'intérêt, mérite une sérieuse
attention.
De S.
NUMISMATIKA MEDDELANDEN. SOUS Ce titre, la
542
Société suédoise de numismatique publie son
dixième fascicule, qui a principalement pour objet
les médailles d'hommes illustres ou marquants de
la Suède. Cette brochure est fort intéressante.
De S.
Sedan. La commission administrative du musée
de cette ville, exclusivementàdépartemental, vient
de publier :
i° Catalogues raisonnes des collections, deux
forts volumes, rédigés par MM. Dépaquit, ingé-
nieur de la municipalité, et Thiriet, préfet au col-
lège; ils comprennent les monnaies, jetons et
médailles d'argent de diverse origine trouvés dans
le département, et notamment les pièces des sei-
gneuries des Ardennes, pièces connues sous le nom
de féodales ;
2° Un atlas d'une belle exécution représentant
des plans et des vues de Sedan au xve siècle ;
3° Deux fascicules du Bulletin trimestriel, dont la
direction est confiée à un comité de rédaction com-
posé de MM. Marc-Husson et Brincourt, numis-
mates; Villet et Louise, historiens ; Philippotaux,
secrétaire.
Ce musée date de 1879. La municipalité lui
alloua, jusqu'en 1886, une somme de 12 mille
francs à répartir sur différents exercices. A cette
heure, une subvention annuelle de 2 mille francs
assure un fonctionnement régulier.
543
Les vastes et beaux "bâtiments qui renferment la
collection de formation récente sont devenus la
propriété de la ville grâce à la libéralité d'un
citoyen éclairé, M. Crussy.
D'une notice sur les monnaies de Sedan et
Raucourt insérée au Bulletin par M. Brincourt,
nous distinguons ce passage qui n'est pas étran-
ger à notre Luxembourg belge :
« Lorsque les ateliers de Sedan et de Raucourt,
les fabriques de Givonne et de Haraucourt ces-
sèrent de fonctionner, le matériel tout entier fut
vendu. Ferdinand-Charles, comte de Lowestein-
Rochefort, qui se prétendait seigneur de Cugnon,
fit acheter, à défaut d'une quantité suffisante de
poinçons à son effigie, la plus grande partie de ce
matériel pour sa Monnaie, où on fabriquait frau-
duleusement, comme du reste à Tour-à-Glaire, des
monnaies de tous pays. On reconnaît facilement,
dans les doubles tournois de Cugnon, de 164g,
l'effigie de Frédéric-Maurice ; la légende et les
revers sont seuls changés. »
Plus bas, M. Brincourt mentionne trois variétés
de la monnaie obsidionale de Jametz (i588), au
nom de Charlotte de la Marck, princesse de Sedan,
alors que Mailliet n'en décrit que deux (n° 2 du
Bulletin trimestriel).
Le n° 3 du Bulletin offre en tête un article de
16 pages intitulé : Description de quelques médailles
du musée de Sedan et de plusieurs autres relatives à
V histoire locale. C'est l'œuvre de M. Marc Husson,
544
qui passe à bon droit, dans les Ardennes, pour un
numismate des plus autorisés.
A. L. C,
Namur. La ville de Namur a eu sa fête scolaire.
L'administration locale fit frapper à cette occa-
sion une petite médaille commémorative pour
être distribuée aux élèves des écoles primaires offi-
cielles.
On voit et on lit :
Droit : Un génie assis appuyé sur les attributs de
l'Etude, d'une main élevant un flambeau lumi-
neux. L' émancipation par l'instruction.
Rev. Les armes de la ville. Revue scolaire. Namur,
3i juillet 1887.
Cercle artistique et littéraire de cette ville. Orga-
nisation d'un Concours dramatique.
Médailles données aux vainqueurs :
Droit : Attributs des arts et des lettres ; autour,
Cercle artistique et littéraire de Namur ;
Rev. Autour de la place réservée aux noms des
titulaires , Concours dramatique, 3i juillet et
Ier août 1887.
A. L. C.
MM. Ch. Daremberg et Edm. Saglio viennent
d'enrichir la bibliothèque de la Société du XIe fas-
545
cicule (COP-DEL) de leur superbe et important
ouvrage intitulé : Dictionnaire des antiquités grecques
et romaines.
Ce fascicule, contenant 140 gravures, renferme
des données et des figures très intéressantes au
point de vue de la numismatique ancienne. Nous
savons gré aux auteurs de leur gracieuse attention.
De S.
The Louisbourg Medals, par R. W. McLachlan,
pet. in-40, 14 pages.
Cette notice de M. McLachlan, membre associé
étranger de notre Société débute par un bref
aperçu de l'histoire de Louisbourg, fondé par
les Français au commencement du siècle dernier
et devenu depuis chef-lieu de l'île du Cap-Breton.
L'auteur décrit ensuite quatorze médailles relatives
à cette ville, qui toutes, sauf deux, font partie de
sa riche collection personnelle. Bien qu'aucun
dessin n'illustre le texte, ce qui est toujours regret-
table, cette petite monographie est des plus inté-
ressantes pour les amateurs de la numismatique
américaine.
A. de W.
546
Annuaire de la Société française de numismatique
et d'archéologie.
Mars-avril, 1887. Sommaire : Documents pour servir
à l'histoire monétaire de la Navarre et du Béarn de i562
à 1629, par J.-A. BLANCHET — L'Atelier monétaire de
Lens, en Artois, par R. SERRURE. — Monnaies, jetons
et médailles des évêques de Metz, par P.-C. ROBERT. —
Chronique, par MM. DE BELFORT, "FROEHNER et
R. Serrure.
Mai-juin : Seconde lettre à M. Lenormant sur les mon-
naies égyptiennes, par E. REVILLOUT (suite). — Une
monnaie au ' monogramme BAV, par M. -A. ORESCH-
NIKOW. — Histoire d'un aureus inédit de .l'empereur
Quintille, par E. DEMOLE. — Monnaies, médailles et
jetons des évêques de Metz, par P.-C. ROBERT (suite). —
Un aureus inédit de l'empereur Postume, par M. A. DE
BELFORT. — Chronique, par MM. A. DE BELFORT,
A. Heiss, J. Hermerel et R. Serrure.
Revue numismatique française.
Deuxième .trimestre 1887 : L. DE HlRSCH, Oronto-
batès ou Rhoontopates. — REINACH. Mithridate Eupator.
et son père. — BABËLON. Marais Annius Afrinus ,
gouverneur de Galatie. — DELOCHE. Monnaies méro-
vingiennes (suite). Tiers de sou d'or à la légende Vico
santi Rémi ou Remidi. — DEMOLE. Denier au nom
de Frédéric, évêque de Genève. — ENGEL. Imitations
monétaires de Château - Renault (suite). — PONCET.
Denier inédit du Dauphiné.
547
Numismatische Zeitschrift.
Deuxième livraison, juillet-décembre 1886 :
I. Dr F. IMHOOF-BLUMER. Zur Mùnzkunde Gross-
griechenlands, Siciliens, Kretas, etc.
II. Dr A. KLUGMANN. Beitrage zur Numismatik der
rômischen Republik.
III. Dr A. VON EBENGREUTH. Der Rakwitzer Munz-
fund.
IV. Dr F. KUPIDO. Ein Beitrag zu den Babenberger
Mùnzen.
V. C. VON HERTLING. Der Kaschowitzer Mûnzfund.
VI. BÊLA POSTA. Ueber die Beziehungen der Wiener
Pfennige zum Mùnzwesen in Ungarn.
VII. MAX DONEBAUER. Mùnzwerkehr on der Kipper-
Periode.
VIII. PAUL JOSEPH. Ueber die Hohenlohe'schen Orts-
gulden kaiserlichen Geprâges.
Numismatic chronicle, 1887. Parts I et II.
I. The electrum coinage of Cyzicus, by the Rey.
Canon W. Greenwell.
II. The Inscription on coins of Gortyna. By J.-N. SVO-
RONOS.
III. Coinage of .Elhelbald of Wessex. By H. MON-
TAGU.
IV. Queen Anne's so-çalled « Bello et Pace » Farthing.
By H. MONTAGU.
V. Papal medals of the Fifteenth Century, by the late
ARCHDEACON POWNALL.
Notices of récent numismatic Publications.
548
ERRATA ET ADDITIONS.
Le Sidus Julium.
Page 354, note 5, au lieu de 3 décembre, lisez 3i décembre.
— 369, dernière ligne (texte), au lieu de obria, lisez obvia.
— 375, 6e ligne, au lieu de on, lisez ont.
— 378, note 4, au lieu de Gnecci, lisez Gnecchi.
Notre honorable confrère, M. Franc. Gnecchi, vient de nous faire
connaître obligeamment qu'il existe au cabinet numismatique de
Brera un aureus inédit, semblable au denier d'argent n° 8 de notre
planche XIV. (Franc. Gnecchi, Monete e medaglioni romani inediti
nel R. Gabixetto numismatico de Brera.)
Mer eaux de la collégiale de Saint- Jean V Êvangêliste,
à Liège.
Page 450, note 2, il faut lire : Le demi-Ernest valait deux vieux
patards de compte ou trois patards courants, monnaie brabançonne.
549
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
Assemblée générale annuelle du 3 juillet 1887.
La séance est ouverte à i heure.
Sont présents : MM. A. De Schodt, vice-président
ffm* de président; G. Cumont, secrétaire; Vanden
Broeck, trésorier; A. de Witte, bibliothécaire;
Herry de Cocquéau, contrôleur; Mgr Bethune,
Cocheteux, le comte de Nédonchel, Maus, le
comte de Limburg-Stirum, le vicomte de Jonghe,
le baron de Chestret, Le Catte, de Roissart,
Vander Auwera, Van Bastelaer et le baron
Bethune, membres effectifs; MM. Peny, De Munter
et le chevalier Van Eersel, membres correspondants
régnicoles.
Assistent à la séance : MM. Van Dyk van Mate-
nesse, membre honoraire; de Meunynck et Terme,
membres associés étrangers.
Se sont excusés: MM. Chalon, le comte De Marsy,
le comte Nahuys, Dancoisne, Dumoulin, Rouyer,
Dugniolle, Brichaut, Geelhand, Helbig, Bequet
et Coubeaux.
Année 1887. 35
55o
Les membres de l'assemblée reçoivent un jeton
à l'effigie de Louis de Coster.
SOCIETE ROYALE
DE
NUMISMATIQUE
DE
BELGIQUE
3 JUILLET
, 18 8 7 ,
M. De Schodt remercie les membres étrangers
de l'honneur qu'ils font à leurs confrères belges
d'assister à la séance.
Le secrétaire lit le procès-verbal de la dernière
réunion, lequel est adopté avec une légère modifi-
cation du paragraphe final, M. de Witte ayant
demandé qu'il fût remplacé par la phrase sui-
vante :
« Il appert de ce travail qu'il faut à tout jamais
« abandonner l'espoir de retrouver certaines
« pièces que M. Chalon, dans son ouvrage sur les
« monnaies du Hainaut, a indiquées comme pou-
« vant avoir été frappées. »
Le secrétaire fait remarquer que le paragraphe
à modifier n'est pas en contradiction avec le sens
de la proposition de M. de Witte ; mais comme elle
est plus explicite, il peut sans doute être utile de la
55i
mentionner dans le compte rendu de la présente
séance.
M. Cocheteux demande la parole à propos de
l'exposé annuel des travaux de la Société.
« Le jury du concours quinquennal d'histoire
nationale veut bien, dit-il, s'occuper de nos publi-
cations; nous lui en devons des remercîments,
toutefois l'extrait qui nous concerne dans le rap-
port de la huitième période ('), m'oblige à présenter
quelques observations.
« Cet extrait me fait craindre que M. le rappor-
teur, peu familiarisé sans doute avec les études
numismatiques, n'ait pas lu nos cinq derniers
volumes et qu'il ait accepté de toute pièce l'appré-
ciation qu'il a cru devoir insérer sur nos travaux.
« Je ne prétends pas imposer aux membres de
ce jury l'obligation de lire et surtout d'étudier nos
publications; mais les exposés annuels, si bien faits
par notre dévoué secrétaire, me paraissant — par
une lecture préalable — propres à éclairer som-
mairement les membres du jury sur les travaux
numismatiques qu'ils auraient à étudier et à
signaler, je viens proposer que des tirés à part de
ces exposés soient réservés pour être adressés aux
membres du jury, aussitôt après sa formation.
« J'exprime aussi le désir que l'on s'abstienne
de reproduire, par exemple, le Moniteur du notariat
pour rappeler dans notre Revue, un fait déjà connu
(') Extrait inséré dans la 4e livraison de notre Revue, année 1886.
552
de nous tous; ces pages pourraient être employées
plus utilement et plus scientifiquement. »
M. de Witte dit que l'Académie reçoit notre
Revue, mais qu'on pourrait néanmoins envoyer
des exemplaires aux membres de l'Académie dési-
gnés pour rédiger le rapport quinquennal.
Il me semble, répond M. le général Cocheteux,
que les comptes rendus annuels des travaux de
notre Société, si fidèlement donnés par le secré-
taire, fourniraient tous les éléments nécessaires au
jugement de la Commission du prix quinquennal.
(Appuyé par M. De Schodt.)
M. Van Bastelaer trouve qu'il serait plus simple
de charger le secrétaire de fournir un compte
rendu résumé des travaux des cinq années, soumis
à l'appréciation de cette commission ; les jurys
sont, en effet, ordinairement très enclins à dimi-
nuer leur besogne.
D'après M. Cocheteux, un tel règlement ne
serait pas sans inconvénient, car le travail du
secrétaire ne pourrait être contrôlé par l'assemblée
comme les rapports annuels, et, d'autre part, le
secrétaire serait obligé d'apprécier ses propres
travaux, ce qui le mettrait dans une position
embarrassante.
Le secrétaire, M. Cumont, répond à M. Van Bas-
telaer que les rapports annuels sont déjà tellement
résumés qu'il ne serait guère possible de les
abréger encore en les fusionnant dans un compte
rendu quinquennal.
553
Finalement, la proposition de M. Cocheteux est
adoptée.
M. le trésorier Vanden Broeck fait ensuite l'ex-
posé de la situation financière de la Société, à la
fin de l'année 1886.
Le compte des recettes et dépenses est arrêté et
approuvé. (Remer ciments.)
M. De Schodt propose à la Société de voter des
remercîments à M. le sénateur baron Surmont de
Volsberghe pour les médailles qu'il a offertes aux
membres de notre Société, au nom de son regretté
père, feu notre confrère. — Adopté. (Voy. procès-
verbal de la réunion extraordinaire tenue à Liège
le i5 mai 1887, ci-dessus, page 491.)
M. Cumont, secrétaire, donne ensuite lecture de
son rapport sur les travaux de la Société pendant
l'année 1886 :
« Messieurs,
« La Revue débute par un savant article de M. le
baron de Chestret, qui traite de la restitution aux
évêques de Liège de certaines monnaies soi-disant
impériales. Le jus monetœ ne comprend pas seule-
ment la jouissance des profits du monnayage,
mais le droit de battre monnaie lui-même. Cette
opinion, que l'auteur défend avec de sérieux argu-
ments, nous paraît conforme à la vérité, et c'est en
vain qu'on chercherait une objection dans le type
du monnayage épiscopal liégeois, car notre érudit
554
confrère n'a pas eu de peine à démontrer que long-
temps avant l'apparition du type épiscopal, la
monnaie avait cessé d'être impériale.
« Plus loin, M. de Chestret s'occupe de la ques-
tion monétaire au pays de Liège sous Hugues de
Châlon, Adolphe et Englebert de la Marck. Ce récit
des falsifications de monnaies commises par ces
évêques et des troubles qui s'en suivirent, présente
le plus haut intérêt; nous signalerons particu-
lièrement ce qui est dit à propos des deniers
appelés stallefrais, qu'il ne faut pas confondre
avec la monnaie surnommée stallefrêal.
« La numismatique bruxelloise est l'étude de pré-
dilection de notre zélé trésorier. Son Essai sur les
jetons du xve siècle au type de Saint-Michel a été très
remarqué.
« M. le comte Maurin Nahuys nous a donné
une intéressante explication d'un jeton du. règne
d' Ulrich, duc de Wurtemberg, probablement frappé
pour rappeler l'insurrection dite du pauvre Conrad
(1514), que les paysans accablés d'impôts et ruinés
par de mauvaises récoltes dirigèrent contre leur
duc.
« Dans une autre livraison, notre sympathique
confrère a inséré un curieux document numisma-
tique relatif à l'augmentation de la valeur des mon-
naies, décrétée dans la Flandre en i58j„
« Par une lettre écrite à M. Chalon, notre infa-
tigable confrère, M. Vallier signale les trouvailles
monétaires en Dauphiné et en Savoie.
555
« Une autre lettre adressée à nous-même fait
connaître une médaille de Saint-Bruno, fondateur de
l'ordre des Chartreux, par Denis Waterloos, graveur
belge (1627-1715).
« Une troisième lettre envoyée à M. De Schodt
contient la description de trois médailles hongroises
de la collection de S. A. R. le prince Philippe de
Saxe-Cobourg et Gotha.
« Enfin, sous le titre « Les médailles de la Réforme
religieuse en Suisse, M. Vallier décrit quatre
médailles frappées en l'honneur du fougueux
réformateur Guillaume Farel ( 1489- 1 565).
« M. le comte de Marsy a continué son utile
Cueilloir numismatique dans une sixième lettre
qu'il adresse à M. De Schodt.
« Notre nouveau confrère, M. Frédéric Alvin,
s'est imposé la tâche de nous exhiber quelques
monnaies inédites des collections de l'Etat. Nous
devons féliciter le jeune numismate de l'empres-
sement qu'il a mis à collaborer à notre Revue et
du soin qu'il a apporté à l'étude de son premier
article. Il nous parle 'successivement d'un denier
noir de Jean II, duc de Brabant (1294-1312) ; de la
restitution d'un denier noir à la Flandre ; d'un docu-
ment de 1364 relatif aux monnaies de Flandre et de
Brabant; d'un petit gros au lion de Jean III, duc de
Brabant (i3i2-i355), et d'une imitation faite à
Rummen du gros au lis de Philippe VI, roi de France.
« Un débutant aussi, notre aimable confrère
M. Jules Fiévet, a enrichi sa collection de deux
556
monnaies rares et inédites dont il nous a réservé
la primeur : un gros aux quatre lions de Jean II
d'Avesnes, comte de Hainaut (1280-1304), frappé à
Valenciennes, et un gros au châtel de Jean Ier,
comte de Namur (1297-1331), sorti de l'atelier de
Vieuville. Ces deux pièces proviennent de la trou-
vaille de Herck-la- Ville.
« Notre associé M. Lucas Eberson a bien voulu
nous communiquer deux médailles commémoratives
de feu le gouverneur général des Indes orientales
néerlandaises Jacob Mossel, l'une relative au cin-
quantième anniversaire de ce personnage, l'autre
à son décès survenu à Batavia, le i5 mai 1761.
« Puis, notre confrère hollandais nous dit
quelques mots sur deux méreaux de la corporation
des bateliers de la ville d'Arnhem.
« Sa troisième notice est enfin consacrée à la
représentation et à la description d'une médaille
commémorative de la fête séculaire de la vénérable
Loge « De Geldersche Broederschap » à l'Orient
d'Arnhem.
« La première livraison se termine par une
intéressante lettre de M. Charles Robert à M. De
Schodt, dans laquelle notre savant confrère fran-
çais émet d'ingénieuses hypothèses sur l'organi-
sation monétaire des Gaules, et cherche, non sans
succès, à expliquer le sens des légendes de
certaines monnaies gauloises.
« M. Alphonse de Witte, notre zélé bibliothé-
caire, n'a pas non plus tardé à nous gratifier de sa
557
collaboration aussi abondante que précieuse. Son
premier article nous révèle quelques monnaies
rares ou inédites du comté de Hollande et du duché de
Brabant : le gros à Vécu aux quatre lions frappé à
Dordrecht par Jean II d'Avesnes, comte de Hainaut
et de Hollande, une variété du gros au lion, forgée à
Bruxelles par Jean III, duc . de Brabant, le demi-
peeter d'argent de Philippe le Bon, frappé à Louvain;
enfin, un gros à l'M, sans date et sans légende reli-
gieuse, de Maximilien et de Philippe pour le Brabant.
« Bientôt après M. de Witte nous a donné une
fort bonne description de trois deniers de' Henri le
Blondel, comte de Luxembourg, restés inconnus,
à MM. Von Werveke et de la Fontaine.
« Nous avons vu par la Revue de cette année-ci
que l'activité de M. de Witte est loin de se ralentir.
« L'ardeur de nos jeunes recrues montre, que
l'armée des numismates belges veut encore
"remporter des victoires.
« Les médailles de dévotion du jubilé de xÔ25 ont
fait le sujet d'une curieuse notice de notre dévoué
et savant confrère M. Rouyer. Ces médailles ont
été fabriquées à Rome et se rapportent au dou-
zième jubilé d'année sainte, auquel présida le pape
Urbain VIII.
La Numismatique de Cambrai a naturellement
tenté notre associé cambrésien M. Victor Delattre.
Ses recherches laborieuses dans les archives de
cette ville lui ont permis de traiter avec compé-
tence des jetons d'argent ayant servi au règlement
558
des comptes du trésorier de la ville de Cambrai, sous
les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XV L
« M. Delattre s'est bien gardé d'oublier les jetons
du magistrat et les jetons des états de Cambrai et du.
Cambrésis, parmi lesquels il a indiqué plusieurs
variétés et quelques nouvelles pièces que le magis-
tral ouvrage de M. Robert sur la numismatique
de Cambrai ne renferme pas.
« Lors de notre réunion à Louvain, le g mai de
l'année dernière, M. Edouard van Even nous a
bien agréablement surpris par une attachante lec-
ture sur une médaille d'or offerte, en 1741, par V ar-
chiduchesse Marie-Elisabeth à Henri- Joseph Rega,
professeur à l'université de Louvain.
« Le savant archiviste de Louvain nous a permis
d'imprimer dans. la Revue ce travail plein d'érudi-
tion; mais comme il n'y a que le premier pas qui
coûte, nous espérons que notre confrère voudra
encore en faire plusieurs dans le chemin de la
numismatique.
« M. Charles Robert a bien voulu nous envoyer
une quatrième notice sur les Médailleurs de la Renais-
sance, par M. Aloïss Heiss. Nous devons remercier
M. Robert de cette délicate attention pour notre
Société, et du soin qu'il a mis à nous faire part des
mérites de Sperandto de Mantoue.
« M. Brichaut a publié une médaille religieuse
de V empereur et de l'impératrice du Mexique. Cette
médaille mexicaine nous intéresse particulière-
ment, parce qu'elle reproduit les traits de l'infor-
559
tunée princesse Marie- Charlotte, veuve de Maxi-
milien et sœur du roi des Belges.
« La direction de la Revue a fait imprimer l'ar-
rêté royal du 29 mars 1886, relatif au type et à la
fabrication des monnaies belges, avec légendes en
flamand. Je ne vous dirai pas celles-ci de peur de
vous blesser les oreilles.
« M. Maurice Heins, avocat à Gand, a demandé
l'hospitalité de notre Revue pour une importante
étude sur la monnaie et le prix des choses , à Gand,
au temps de Jacques van Artevelde. A part quelques
erreurs inséparables d'un début et plus ou moins
excusables chez un écrivain qui n'est pas numis-
mate, l'article de M. Heins mérite d'attirer l'atten-
tion. La critique des défauts et des qualités de ce
difficile travail, magistralement faite dans la pre-
mière livraison de l'année actuelle par M. le
général Cocheteux, me dispense de vous en dire
plus long.
« M. Van Peteghem a eu la chance de découvrir
une pièce qu'il considère comme «m double denier
de Flandre et qu'il s'imagine avoir été frappée à
Saint-Michel-lez-Bruges. Les arguments produits
par l'auteur ne nous ont pas convaincu et l'attri-
bution de cette monnaie reste encore bien dou-
teuse.
« Les deniers en plomb du chapitre de Sainte- Alde-
gonde de Maubeuge sont l'objet d'une utile commu-
nication de M. Ernest Matthieu, secrétaire de la
Société Archéologique d'Enghien.
56o
« Le mandement du grand-bailli de Hainaut, inter-
disant en 1541 la fabrication de ces deniers, vient
compléter la liste des documents publiés d'abord
par M. Lacroix et employés ensuite par M. Chalon
dans son ouvrage sur les monnaies des comtes de
Hainaut.
« Nous avons eu l'honneur de vous faire le
récit des négociations concernant le jeton d\étrennes
pour la nouvelle année 177 1 dans les Pays-Bas
autrichiens.
« Les volontaires limbourgeois et leur médaille ont
ensuite occupé notre attention et nous vous avons
enfin entretenu d'un projet de médaille pour récom-
penser de leurs services les représentants de Matines
pendant V occupation française de 1792 à 1793.
« Les mélanges grandissent à vue d'œil et acquer-
ront bientôt leur pristine importance.
« M. de Witte a bien voulu continuer la descrip-
tion des médailles modernes. Les pièces décrites
en 1886 sont l'œuvre des artistes Léopold Wiener,
Edouard Geerts, Lemaire et Wurden.
« Au commencement de l'année 1886, la Société
a été douloureusement affectée par la mort ino-
pinée de son dévoué bibliothécaire, M. le colonel
Mailliet; nous venions de perdre un de nos mem-
bres les plus distingués, M. le rjaron de Koehne, et
voilà qu'un nouveau deuil nous frappait pour
augmenter notre douleur. Nous avons aussi appris
les décès de deux membres honoraires MM. Man-
tellier et le marquis Strozzi, et d'un membre associé
56i
étranger, M. J. De Groot, de Delft. Le fils du
baron de Koehne nous a envoyé la notice nécrolo-
gique de son père, et nous-mêmes avons prononcé
le discours d'adieu sur la tombe de notre regretté
collègue Mailliet. » (Applaudissements.)
M. le président remercie M. le secrétaire.
Le secrétaire dit que la revision et la coordina-
tion des statuts ont été renvoyées par l'assemblée
générale de 1886, à la session actuelle. Il suppose
que, conformément à la décision prise à Liège au
mois de mai dernier, l'assemblée voudra encore
remettre cette revision et cette coordination à
l'année prochaine. (Adopté.)
Comme M. Chalon a semblé croire que le secré-
taire faisait de l'augmentation des membres hono-
raires et correspondants une question personnelle,
celui-ci tient à constater que c'est rassemblée qui
a émis, en i885, le vœu de cette augmentation.
(Voy. procès-verbal de la réunion générale an-
nuelle du 5 juillet i885, Revue, i885, page 537.)
M. Cocheteux ajoute, à ce propos, les observa-
tions suivantes :
« Lorsqu'il y a trente ans j'eus l'honneur d'être
nommé membre de la Société numismatique, il
n'y avait pas alors de membres correspondants.
Ceux-ci ne furent créés qu'en 1860, et le nombre
en fut fixé à dix au plus.
« Malheureusement, presque toutes les nomina-
tions qui furent faites dans la suite ne répondirent
562
pas au but que l'on s'était proposé : — faciliter
les choix utiles à faire lors de nomination de
membres effectifs.
« La Société se trouve donc dans la nécessité
soit d'augmenter le nombre de ses correspondants,
soit de créer des membres honoraires régnicoles,
pour y classer, après cinq ans, les membres corres-
pondants qui n'assistent jamais à nos séances et ne
nous font parvenir aucune communication numis-
matique. »
La cotisation annuelle et le prix d'abonnement à
WRevue sont maintenus.
MM. E. Hucher et Adolphe Meyer, membres
associés étrangers, sont élus membres honoraires
en remplacement de MM. Mantellier et marquis
Strozzi, décédés.
MM. Edmond Peny et Victor De Munter, mem-
bres correspondants régnicoles, sont nommés
membres effectifs pour remplacer MM. le baron
Surmont de Volsberghe et Charles Onghena,
décédés.
Ces messieurs remercient l'assemblée et pro-
mettent tout leur dévouement à la Société.
MM. le baron Surmont de Volsberghe, sénateur,
et Naveau sont élus membres correspondants
régnicoles.
On passe ensuite au vote pour le renouvelle-
ment du bureau et de la Commission directrice de
la Revue pour 1888.
Préalablement, l'assemblée décide qu'il faut
563
nommer un président annuel, M. Chalon étant
président d'honneur à vie.
Le scrutin donne le résultat suivant :
Président : MM. A. De Schodt ;
Vice-président : Le Cte. de Limburg-Stirum;
Secrétaire : G. Cu m ont ;
Trésorier: Ed. Vanden Broeck;
Bibliothécaire : A. de Witte ;
Contrôleur : Herry de Cocquéau.
M. De Schodt exprime ses sentiments de grati-
tude en ces termes :
« Messieurs,
« Je vous suis profondément reconnaissant de
la haute marque de confiance et de sympathie que
vous venez de me donner. Allant succéder à un
président aussi actif, aussi habile et aussi con-
sommé que M. Chalon, je ne me dissimule pas la
difficulté de la tâche. Mais soyez convaincus que
je ne reculerai pas devant l'effort pour la remplir
à votre satisfaction.
« Je vous remercie, Messieurs, avec effusion. »
Les directeurs de la Revue sont réélus par accla-
mation; en conséquence, restent directeurs de la
Revue en 1888 :
MM. C. Maus;
A. De Schodt;
G. Cumont.
564
Après cette élection, M. Vanden Broeck pro-
nonce les paroles suivantes :
« En ma qualité de plus ancien membre du
« Bureau, je vous remercie bien vivement, au nom
« de mes collègues, pour la nouvelle faveur que
« vous venez de nous accorder, en nous élisant
« aux postes respectifs de secrétaire, de bibliothé-
« caire, d'économe et de trésorier. En mon nom
« personnel, je vous remercie de tout cœur de la
« marque particulière de sympathie que vous
« venez de me donner, en me nommant pour la
« vingt-cinquième fois aux fonctions de trésorier.
« Je voudrais que cette vingt-cinquième nomina-
« tion fût en quelque sorte comme un nouveau
« baptême pour me donner de nouvelles forces,
« afin de répondre dignement à votre attente
« aussi longtemps qu'il vous plaira de faire appel
« à mon zèle et à mon dévouement. » (Applaudis-
sements.)
M. le bibliothécaire de Witte présente, en ces
termes, un rapport sur la situation de la biblio-
thèque.
« Messieurs,
« Appelé par vous, en juillet dernier, à succéder
au colonel Mailliet en qualité de bibliothécaire,
je crois utile de vous dire quelques mots de ma
gestion.
565
Avant de vous parler livre, il est de mon devoir,
devoir bien agréable à remplir d'ailleurs, de rendre
une fois encore hommage au zèle, au dévoue-
ment de notre excellent et regretté confrère Mail-
liet qui, on peut le dire, consacra les trois der-
nières années de son existence à classer, à
cataloguer nos volumes, à compléter nos séries, à
faire régner enfin dans la bibliothèque de notre
compagnie l'ordre le plus sévère. Après lui, ma
tâche devenait facile ; elle se bornait, en effet, à
continuer en tout la manière de mon prédécesseur.
J'espère y avoir réussi.
« La Société échange, vous le savez, Messieurs,
la Revue contre les publications d'une quarantaine
de corps savants, tant du pays que de l'étranger.
Le colonel Mailliet a constaté dans son rapport,
lu en séance du 5 juillet i885, combien les suites de
ces publications étaient incomplètes; tous mes
efforts ont tendu à combler ces regrettables
lacunes. Le résultat, vous allez en juger, a dépassé
mes espérances.
« Parmi les sociétés qui ont accueilli avec le
plus de bienveillance mes réclamations, je citerai
tout d'abord la Société archéologique et historique
de l'Orléanais, qui nous adressa quinze bulletins,
onze volumes de ses mémoires et six grands atlas
manquant à nos collections ; la Smithsonian insti-
tution de Washington, qui envoya treize volumes;
puis le Polybiblion, la Société de Borda, la Numis-
matic Chronicle, le Blàtter fur Munzfreunde de
566
M. Thieme, la section historique de l'Institut
grand-ducal de Luxembourg, la Société d'histoire
et d'archéologie de Genève, l'Institut archéolo-
gique liégeois, le Cercle archéologique de Mons,
la Société d'émulation de Liège, les Sociétés
archéologiques de Charleroi, du Luxembourg, de
Nivelles, etc., etc.
« Je suis heureux , Messieurs , et en ceci
vous m'approuverez tous, j'en suis certain,
je suis heureux de pouvoir témoigner publi-
quement à ces divers cercles scientifiques notre
reconnaissance pour leur aimable obligeance,
et leur offrir nos vifs remerciements pour la
façon toute confraternelle avec laquelle ils ont
satisfait à mes demandes parfois quelque peu
indiscrètes.
« Les envois d'auteur ont été nombreux, eux
aussi. Sans tenir compte du précieux hommage
fait parMme Mailliet des manuscrits de son mari, la
bibliothèque n'a pas reçu, depuis janvier 1886,
moins de cent dix volumes ou brochures diverses.
C'est là un résultat dont nous pouvous être fiers,
car s'il est dû en partie aux nombreux comptes
rendus insérés dans les mélanges , nous en
sommes redevables aussi à la vieille réputation
scientifique de notre Société.
« Grâce au concours de M. Brichaut, il m'a
été possible d'établir l'échange de la Revue avec
Y Annuaire de la Société française de numismatique et
d' archéologie et aussi avec la Revue de numis-
567
matique dirigée par MM. de Barthélémy, Schlum-
berger et Babelon.
« Un troisième échange, demandé par une
société de Trêves, a été provisoirement accepté
par le bureau.
« Enfin, les prêts au dehors se sont multipliés
cette année d'une manière sensible, puisqu'ils
sont triples de ceux faits pendant l'exercice pré-
cédent.
« Je termine, Messieurs, en vous priant de vous
souvenir que notre compagnie possède une biblio-
thèque assez pauvre encore et qui ne peut acquérir
une certaine importance que grâce au concours
de tous, — les achats d'ouvrages n'étant pas
d'usage jusqu'ici. Je recommande donc nos col-
lections à votre généreuse attention ; le biblio-
thécaire vous serait personnellement reconnais-
sant des dons que vous voudriez bien lui faire
parvenir. »
M. le baron J.-B. Bethune lit une intéressante
notice sur les méreaux obituaires de Bruges.
Cette étude sera publiée ultérieurement dans la
Revue.
M. De Schodt annonce qu'après la clôture de la
séance de Liège , au mois de mai dernier,
M. Schuermans a déposé entre ses mains les let-
tres A, B et C de la nouvelle table de la Revue,
avec prière de proposer à l'assemblée générale de
revenir sur sa décision précédente et d'ordonner
568
la confection d'une table de vingt années, beau-
coup plus simple, dont M. Schuermans aura
l'obligeance de se charger. {Adopté.)
La séance est levée à 3 heures.
Le Vice-Président ffom de Président,
Le Secrétaire, De Schodt.
G. Cumont.
569
Réunion du bureau du 28 juin 1887.
Sur la proposition de MM. Van den Broeck
et A. de Witte, le titre d'associé étranger a été conféré
à M. Horace-R. Storer, président de la Société
médicale, à Newport (Rhode-Island, Etats-Unis),
et membre correspondant de la Société américaine
de numismatique et d'archéologie.
Le Vice-Président ffom de Président,
Le Secrétaire, De Schodt.
G. Cumont.
Réunion du bureau du 30 juillet 1887.
Sur la proposition de MM. De Schodt et
A. de Witte, le titre à' associé étranger a été conféré
à M. R.-W.-McLachlan , membre de la Société
numismatique de Montréal (Canada).
Le Vice-Président ffons de Président,
Le Secrétaire, De Schodt.
G. Cumont.
Année 1887. 36
570
LISTE DES MEMBRES
DE
LA SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE
AU i« OCTOBRE 1887.
■^•^
MEMBRES HONORAIRES (')•
HOMS ET QUALITÉS. DATE DE l'.Ui»! ISSUiH.
S. A. R. le prince Philippe DE Saxe-
Cobourg et Gotha, duc de Saxe. 7 juillet is78.
S. A. S. MONSEIGNEUR LE PRINCE SOU-
VERAIN de Monaco s juillet >885
MM.
Weyer (J.-F.-G.), conservateur du cabinet royal
des médailles, à là Haye 4 juillet 1841.
Castellanos (don Basilio-Sebastian), président
de l'Académie royale d'archéologie, à Madrid. 6 juillet i85i.
Dirks (J.), à Leeuwarden, membre de l'Académie
royale des Pays-Bas
Hildebrand (B.-E.), conservateur du musée des
antiques, à Stockholm
Tornberg, professeur à l'université de Lund ... —
Robert (Charles), membre de l'Institut, inten-
dant général, rue de Bellechasse, 14, à Paris. 5 juillet i863.
Nahuys (le comte Maurin), archéologue, rue
de la Source, 61, à Saint-Gilles (Bruxelles). . . 2 juillet i865.
I') Le nombre des membre» honoraires est fixe à vingi-ciiiq.
57i
KOHS ET QUALITES. IUTE DE L ADMI1SIUH
MM.
Deschamps de Pas (L.), ingénieur, à Saint-Omer. 1 juillet 1866.
Mulur (le docteur L.), archéologue, à Copen-
hague 7 juillet 1867.
Ponton d'Amécourt (le vicomte de), président
de la Société française de numismatique, rue
de l'Université, 18, à Paris 5 juillet 1868.
Teixeira de AragaÔ, directeur du cabinet des
médailles de S. M. le roi de Portugal, à
Lisbonne 2 juillet 1871.
Karabacek (le docteur Josef), professor ordina-
rius und mitglied der kaiserl. Akademie der
Wissenschaften, Seidlgasse, 41, à Vienne, III. 7 juillet 1872.
Roacii Smith (sir Ch.), à Strood, comté de Kent. 5 millet 1874.
Schlumberger (Gustave), faubourg Saint-Ho-
noré, 140, à Paris. 7 juillet 1878.
Dancoisne, notaire honoraire, à Henin-Liétard. . —
Van Hende (Edouard), ancien chef d'institution,
rue Masséna, 5o, à Lille 6 juillet 1879.
De Barthélémy (Anatole), rue d'Anjou-Saint-
Honoré, 9, à Paris 3 juillet 1881.
I Ii; iss (Aloïs), à Aulnay, près de Sceaux, dépar-
tement de la Seine 2 juillet 1882.
Dumoulin (F.-L.-J.), notaire, rue des Capucins,
1499, à Maestricht « —
Router (Jules), à Thiaucourt (Meurthe-et-Mo-
selle) 1 juillet i883.
Vallier (Gustave), archéologue et numismate,
place Saint- André, 5, à Grenoble 6 juillet 1884.
Van Due van Matenesse (P.-.T.)? bourgmestre,
à Schiedam 4 juillet 1886.
572
NOMS ET QUALITÉS. DATE DE [ ' A r>X I SSIO>
MM
IIucher (E ), conservateur "du Musée archéolo-
gique du Mans 3 juillet 1887.
Meyer (Adolphe), Kôniggrâtzerstrasse, 48, à
Berlin, S. W. 3 ju.lletT.887.
MEMBRES EFFECTIFS C1).
Chalon (Renier), docteur en droit, membre de
l'Académie royale, etc., rue du Trône, n3,
à Ixelles, président d'honneur à vie Fondateur.
Bethune (monseigneur), Jchanoine et camérier'
secret de Sa Sainteté, rue d'Argent, à Bruges. —
Herry de Cocquéau (François), docteur en droit,
rue du Marché-au-Bois, 27,^ Bruxelles 6 octobre 1844.
Lefevre (E.-C), rentier, rue des Peignes, 32,
à Gand 20 septembre 1846.
Pety de TnozÉE (J.), propriétaire, membre de
la Chambre des représentants et de plusieurs
sociétés savantes, au château de Grune 4 juillet i852.
De Witte (le baronJJ.), membre de l'Académie
royale, associé de l'Institut de France, etc.,
rue Fortin, 5, à Paris 5 juillet?i857. ■
Cocheteux (le général C), à Embourg, lez-
Chênée, et à Liège, 25, rue Fabry , —
DiGMOi.r.i:, docteur en médecine, rue Mali-
bran, 117, à Ixelles —
Picqué (Camille), conservateur chargé du cabinet
de numismatique à la Bibliothèque royale,
rue de Naples, 10, à Ixelles 8 juillet 1860.
De Nédonchee (le comte Georges), président de
la Société historique de Tournai, rue Becque-
relle, 3, à Tournai 5 juillet i863.
(') Le nom'i/i'i- des membre! cLTeetlfi est fixé à trentr-cinq.
573
ROMS tT QUALITÉS. DATB DE l A DMISSIOB .
MM.
Vanden Broeck (Edouard), agent de change, rue
» de Terre-Neuve, 102, à Bruxelles 3 juillet 1864.
«
Wiener (Léopold), statuaire et graveur en chef
des monnaies, etc., rue du Nord, 80, à
Bruxelles 3 juillet 1864.
Maus (C), conseiller à la cour d'appel de Bruxelles,
rue du Berger, 27, à Ixelles 7 juillet 1867.
De Limburg-Stirum (le comte), rue du Haut-
Port, 56, à Gand —
Brichaut ( Auguste ) , ingénieur , boulevard
Henri IV, 6, à Paris 5 juillet 1868.
Geelhand (le baron Louis), homme de lettres et
archéologue, rue du Pont-Neuf, 21, à Bruxelles. —
De Jonche (le vicomte Baudouin), rue du
Trône, 60, à Ixelles —
Schuerihans ( Uenri ) , premier président de la
cour d'appel de Liège, boulevard Frère-
Orban, 48, à Liège
Liedts (le baron Amédée), archéologue, rue de
la Loi, 88, à Bruxelles 3 juillet 1870.
De Chestret (le baron J.-R.-M. -Jules), quai
de l'Industrie, i3, à Liège 2 juillet 1871.
De Schodt (A.), directeur général de l'enregis-
trement et des domaines, rue de Londres, i5, à
Ixelles... —
Helbig (Henri), archéologue, rue de Joie, 12,
à Liège. ... * • 6 juillet 1873.
Le Catte (Auguste), membre de la commission
provinciale de statistique et de la société
archéologique de Namur, rue Notre-Dame, 22,
à Namur 4 juillet 1875.
De Roissart (Amédée), conseiller à la cour
d'appel, avenue de la Couronne, 12, à Ixelles. 7 juillet 1878.
574
SOMS ET QUALITES. 0AT1 DB l'aDJIISSIOII.
MM.
Vanoer Aowera (Jean), notaire, à Louvain 3 juillet 1881.
Van Bastelaer (Désiré), archéologue et numis-
mate, rue de l'Abondance, 24, à Bruxelles. ... 2 juillet 1882.
Comont (Georges), avocat à la cour d'appel, rue
Veydt, 3i, à Saint-Gilles- Bruxelles (quartier
Louise)
Beqiîet (Alfred), archéologue, rue Grandga-
gnage, 8, à Namur 6 juillet 1884.
Rethune (le baron Jean-Baptiste), conseiller
provincial, à Oostroosebeke. . 5 juillet i885.
Fievet (Jules), ingénieur, à Bascoup, Chapelle-
lez-Herlaimontjj(Hainaut) —
Van Schoor (Charles), procureur général à la
cour d'appel, avenue Louise, 87, à Bruxelles. —
Bahps (Constant), docteur en médecine, rue
Vieille, 23, à Hasselt. —
De Witte ( Alphonse ) , ingénieur , rue du
Trône, 49, à Ixelles . . 4 juillet 1886.
Peny XEdmond-Ph.-A.), ingénieur, à Morlan-
welz 3 juillet 1887.
De Monter (Victor),' rue de Namur, io3, à
Louvain —
CORRESPONDANTS REGNICOLES (')•
Cooeeaux (Hippolyte) , archéologue, rue des
Paroissiens, 17, à Bruxelles 3 juillet 1864.
Van Even (Edouard), archiviste, à Louvain 4 juillet 1869.
Parmentier (Charles), avocat, rue des Ursu-
lines, 2, à Mons 7 juillet 1872.
Van Havre (le chevalier Gustave) , archéologue
rue Léopold, 25, à Anvers 6 juillet 1873.
(') I.c noinlire des correspondants regnicoles est limite à dix.
575
KOKS ET QCAUTES. DATE Dl l' AMIHI0.1.
MM.
Du Chastel (le comte Albéric), au château de la
Havette, à Spa 3 juilletai88i.
De Pitteurs de Bcdingen (le baron Léon), rue
Louvrex, 77, à Liège 6 juillet 1884.
A rvix (Frédéric), attaché au cabinet des médailles
de l'État, rue Picard, 56, à Bruxelles 5 juillet i885.
Van Eersel .(le chevalier Léopold-Cliarles-
Marie), capitaine d'état-major, rue de la
Vallée, 77, à Ixelles 4 juillet 1886.
Sukmovt de Volsberghe (le baron), sénateur,
à Gand 3 juillet 1887.
ÏVaveau (Marcel-François-Léon), au château de
Bommershoven (par Tongres) 3 juillet 1887.
ASSOCIÉS ÉTRANGERS.
Nijhoff (Martinus), libraire, à la Haye 14 octobre i856.
' Penon (Casimir) , conservateur du musée des
Antiquités, au château Borely, à Marseille... 3 novembre i856.
Morin-Pons (Henri), banquier, à Lyon ■. . —
Bascle de Lagrèze (G.), conseiller, à Pau 3o août 1857.
Beale- Poste, esq., archéologue, à Maidstone
(Kent) 10 décembre i863.
Madden (Frédéric-W.), esq., membre de la
Société numismatique de Londres, Portland
place, 20, à Brighton 14 janvier i865.
Caucich (A.-R.), directeur du Bullettino, etc., à
Florence 18 janvier 1867.
Ricard (Adolphe), archéologue, à Montpellier. 7 octobre 1867.
Brahbilla (Camille), archéologue, à Pavie —
Uamon (Vidal), numismate, à Barcelone. 24 mai 1868
576
»0»s IT «L'ALITES. DATE DI l'adMISSIOR.
MM.
De Labatut (Edouard), docteur en droit, secré-
taire de la Société française de numismatique
et d'archéologie, à Paris 17 juillet 1868.
Ci.ay (Charles), M. D., président de la Société
numismatique, à Manchester 5 janvier 1870.
Luschin (le docteur Arnold, chevalier de Eben-
greuth), professeur ordinaire à l'Université
et membre de l'Académie impériale des
sciences, Merangasse, i5, Gratz 5 juin 1870.
Van Peteghem (Charles), membre de la Société
• française de numismatique, quai des Grands-
Augustins, 41, à Paris 14 mai 1871 .
De Wabsy (le comte Arthur), archiviste, à Com-
piègne _
Trachsel (le docteur Charles-François), nu-
mismate, .Petit-riant Site, descente Mont-
benon, à Lausanne '.
Chactard (J.), doyen de la faculté catholique des
sciences, boulevard Vauban. 5o, à Lille i5 juillet 1871.
IIvde, directeur général de la Monnaie, à Calcutta. —
Wi'erst (Auguste), capitaine, à Bonn.. . 5 janvier 1872.
IVoest (Tuéod.-M.), Rapenburg, 3i , à Leyde ... 7 juillet 1872.
Lagerberg (le chevalier Ma^nus), chambellan
de S. M. le roi de Suède et de Norwège,
conservateur du musée de Gothembourg,
à Rada 10 septembre 1872.
Snoii.sky (le comte C), chef des affaires politi-
ques au département des affaires étrangères,
un des dix-huit membres de l'Académie sué-
doise, à Stockholm 19 novembre 1872.
Ai.kw aîné, officier d'académie, membre de plu-
sieurs sociétés savantes, avenue du Roule,
à Neuilly (Seine) 1 avril 1873.
577
IIOIII) ET Ql'ALITES. IIATI DE I. AD» ISSIO» .
MM
Smits van Niecwerkerke (J -A ), à Dordrecht. 29 novembre 1873.
Papadopom (le comte Nicolas), officier hono-
raire de cavalerie, membre résident de l'Aca-
démie royale des beaux-arts, à Venise, membre
de l'Ateneo Veneto, correspondant de l'Institut
royal des sciences et des lettres de Venise,
palais Papadopoli de Silvestro, à Venise. ... 18 juin 1874.
Saolck (le chevalier Matthieu-Adrien), cham-
bellan de S. M. le roi des Pays-Bas, à
Hintham, près Bois-le-Duc 3 novembre 1874.
Maxe-Werly (Léon), rue de Rennes, 61, à Paris. 23 novembre 1874.
De Bellenot (le baron), chambellan de S. A. R.
le prince Frédéric de Hesse, boulevard de la
Marne, 24, à Nogent-sur- Marne 3 mai 1875.
De l'Ecluse (Charles), membre de la Société
française de numismatique, rue Jouftroy, 94,
à Paris . . 14 juin 1875.
Sudre (L ), secrétaire de la Société française de
numismatique, chef de bureau à l'hôtel des
Monnaies, quai Conti, 1 1 , à Paris 25 janvier 1876.
Derre (François 1, architecte, à Paris. 14 mai 1876.
Promis (le chevalier Vincenzo). bibliothécaire
du Roi, à Turin 3 janvier 1877.
Delà Haut (Charles), propriétaire, à Charleville. 25 avril 1877.
De Donop (le baron Iluyo), major chambellan de
S. A. R. le grand-duc de Hesse, à Wiesbaden
(l'été, au château de Panker dans le Holstein). 6 mai 1877.
Uarets (l'abbé Joseph), président de la Société
archéologique du duché de Limbourg,à Maes-
tricht. . 14 mai 1877.
3Iii.ii r. (le docteur S.), archiviste de la ville,
à Utrecht ■. 10 juin 1877
578
HOMS ET QUALITES. DATE PB t'ADMISSI OU .
MM.
Du Lac (Jules), archéologue, etc., à Compiègne. 10 avril 1878.
Engel (Arthur), rue Marignan, 29, à Paris. ... 11 mai 1878.
Rigaux (Henri), archiviste de la ville. — Mairie
de Lille (Nord) 23 mai 1878.
Schols(L.-P.-H.i, docteur en médecine, à Maes-
tricht . . 10 août 1878.
Vernier (Achille), banquier, rue de Thion-
ville, 34, à Lille 23 octobre 1878
De Grez (le chevalier Jean- Marie -Henri-
Joseph), numismate, à Bois-le-Duc 4 février 187g.
Le Cointre-Dupont, à Poitiers 5 juin 187Q.
Eïsseric (Marcel), numismate, à Sisteron. .... —
Dissard (Paul), conservateur du Musée des anti-
ques, à Lyon 5 juillet 1879.
Eberson (Lucas-Hermann), architecte de S. M.
le roi des Pays-Bas, à Arnheim 17 février 1880.
Sacchetti (Giuseppe), vérificateur à la monnaie
de Milan 10 juin 1880.
1
Phillips Junior (Henry), secrétaire de la Société
numismatique et archéologique de Philadel-
phie —
Boutrï (Julien), juge, secrétaire de la commis-
sion du musée, à Arras 3 juillet 1880.
Laugier (Joseph), conservateur du cabinet des
médailles, à Marseille 24 juillet 1880.
Enschf.dé (A.-J.), membre de la Société Teylers,
à Harlem 2 août 1880.
Perribi (André), numismate, à Chambéry (Savoie),
rue de Boigne ....... 20 août 1880.
Bahrfeldt (M.), lieutenant, Herderstrasse, 57,
à Brème 21 février 1881.
57g
' SOMS ET QCALI1E*. DITE DE l AI'MISSIO»
MM.
José do Amaral B. de Toro, numismate, à
Vizeu-Alcafache (Portugal) 17 mars 1881.
Ehrensvard (le comte Augustin), lieutenant au
régiment des hussards de Scanie, à Liatorp,
près de Helsingborg , —
Maindron (Ernest), secrétaire de l'Académie des
sciences, au Palais de l'Institut, à Paris 24 juin 1881.
Weyl (Adolphe), directeur du Berliner Mùn\-
blâtter, Adlerstrasse, 5, à Berlin, C 19 janvier 1882.
Desriard (Louis), numismate, à Rive-de-Gier
(département de la Loire) 25 janvier 1882
Ort (le capitaine J.-A.), à l'Académie militaire
de Breda 22 février 1882.
De Meunynck (Auguste), membre de la direction
du Musée numismatique, à Lille, rue des
Chats-Bossus, 6 9 mars 1882.
Quarré-Reïbourbon, archéologue, à Lille 2 mai 1882.
Terme (Georges), quai des Tanneurs, 6, à Liège. 6 mai 1882.
Ghesquière-Dierickx (Désiré), directeur des
usines monétaires de Biache-Saint-Vaast, rue
Saint-Paul, 28, à Paris —
Gouverneur (Arthur), à Saint-Denis (départe-
ment de la Seine) 28 juin 1882.
Delattre (Yictor), receveur municipal, à Cam-
brai —
Oldenhuis-Gratama (L.), docteur en droit, mem-
bre des Etats-Généraux, à Assen —
André (Ernest), notaire, à Gray 2 octobre 1882.
John West "Wii.son, à Gothembourg (Suède). . . 6 mai i883.
Oldenburg (J.-F.-II.), à Stockholm. ... —
Cavalli (Gustave), pharmacien, à Skôfde, près
de Stockholm 9 août 1882.
58o
NOMS ET QUALITES. DATE DE LADNIS< In»
MM.
Wedberg (J.-O.), conseiller de justice, Stor-
gaten, 29, à Stockholm 9 août i883.
Fewster (Charles- Edward) , counsellor , à
Kingston upon Hull (Angleterre) 6 juillet 1884.
Bom (Adrien), numismate, Keyzersgracht, 428,
à Amsterdam 20 janvier i885.
Joseph (Paul), professeur, Wielandstrasse, 61'",
à Francfort-sur-Mein
Jomvot (Pierre-Charles), secrétaire du gouver-
neur général et du conseil d'État de la princi-
pauté de Monaco 27 avril i885.
De Man (Marie), rue Saint-Pierre, à Middelbourg
(Zélande) 3o mai i885.
Besier (Louis Guillaume-Alexandre), référen-
daire près la commission des monnaies des
Pays-Bas, Maliesingel, 20, à Utrecht 2 octobre i885.
Von Er.vst (Charles), conseiller supérieur des
mines de l'État, Ungargasse , 3, à Vienne
(Autriche) 16 novembre i885.
Myer (Isaac), membre de la Société numisma-
tique de Philadelphie, à Philadelphie 3o novembre i885.
Bukou'ski (H ), membre de la Société suédoise
de numismatique, à Stockholm 7 janvier 1886.
Germain (Léon), bibliothécaire-archiviste de la.
Société d'archéologie lorraine, rue Héré, 26,
à Nancy 14 avril 1886.
Cahn (Adolplie-E.), membre des Sociétés numis-
matiques de Vienne et de Munich, chaussée
d'Eschersheim, 36. à Francfort-sur-Mein 4 juillet 1886.
Helbing (Otto), membre des Sociétés numisma-
tiques de Vienne, de Munich et de Suisse,
Residenzstrasse, 12, à Munich —
58 1
M>XS ET QUALITES D»TF. ME I AimlSS IOK .
MM.
Santosi (Milciade), directeur du Bullettino di
nwnismaiica e sfragistica , à Camerino
(Italie) 7 novembre 1886.
Demole (Eugène), conservateur du cabinet des
médailles de la ville de Genève 17 février 1887.
Charrier (Louis), membre de l'Académie d'Hip-
pone, à Bône (Algérie) 4 mars 1887.
Caevo y Capdeviea (Carlos), ministre résident
de la République argentine, à Bruxelles 28 avril 1887.
Hermerel (Jules), rue Amelot, 96, à Paris —
Corbii/ïn-IUttaerd (C.-N.-F.-A.), conservateur
du Musée archéologique et numismatique de
la Société frisonne d'histoire, à Leeuwarden. . —
Schulm a si (J ), à Amersfoort (Pays-Bas) —
Gxecchi (Ercole), via monte di Pieta, 1, à Milan
(Italie) 4 )"in l887-
Gnecchi (Francesco), via monte di Pieta, 1, à
Milan (Italie) —
Casscto (Guglielmo-IVapoleone), ingénieur à
Livourne (Italie), 5 juin 1887.
Storer (R. -Horace), président de la Société
médicale, à Newport, Washington street, 58,
Rhode-Island (Amérique) 28 juin 1887.
McLachxan (R.-W.) , Osborne street , 99,
Montréal (Canada) 3o juillet 1887.
582
BUREAU DE LA SOCIÉTÉ PENDANT L'ANNÉE 1888
Président d'honneur
Président :
Vice-Président :
Secrétaire :
Bibliothécaire :
Contrôleur :
Trésorier :
M. Renier < u\i.o>.
M. De Mi'hodt.
M. le comte de Liuuihu^tikim.
II. Ci'iioxt.
M. De IYitte.
M. Iliititv de Cocquéac.
M. Edouard V.i.\ui:.v Bhoeck.
COMMISSION DE LA REVUE PENDANT L'ANNÉE 1888:
lin. Macs.
De Ni iiodi .
(IMOM.
583
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
LISTE DES OUVRAGES REÇUS PENDANT LE 3' TRIMESTRE 1887.
Avis Important : Les ouvrages et publications destinés à
la Société doivent être, désormais, adressés à M. Alph. de
Wltte, bibliothécaire de la Société royale de numismatique,
Palais des Académies, a Bruxelles.
Ouvrages périodiques.
Allemagne. — Berliner Mùn^-Verkehr von Julius Hallo, n° n.
Auktions-katalog von A. Weyl, n° 86. — Numis-
matische correspondent, nos 59-61. — Berliner
Mùn^blàtter, n° 83. — Blâtter fur Mùn^freunde,
n° 142. — Numismatisch.es literatur-blatt, noï 37
et 38.
Amérique. — Second annual report of the Newport historical
Society, 1887.
Angleterre. — Numismatic chronicle, 3e série, t. VII, nos 25 et 26.
Autriche. — Monatsblatt der numismatische Gesellschaft in Wien.
n°» 3i, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43,
44, 45, 46 et 47.
Belgique. — Compte rendu des travaux du Congrès tenu à Namur,
les 17-19 août 1886, par de Radiguès de Chenne-
vière. — Bulletin de l'Académie royale des
sciences, 3e série, t. XIII, n°s 4 et 5. — Catalogue
des livres de la bibliothèque de l'Académie royale
seconde partie, 2e fascicule. Bruxelles, 1887. —
Bulletin des commissions royales d'art et d'archéo-
logie,t. XXVI, nos 1 et 2. — Messager des sciences,
année 1887, 2e livraison. — Analectes pour servir
584
à l'histoire ecclésiastique de la Belgique, 2e série.
t. IV.liv. III.
France. — Annuaire de la Société française de numismatique,
années 1882, i883, 1884, i885, 1886 et fascicules 2
et 3 de 1887. Revue numismatique, 3e série, t. V,
2e trimestre. — Polybiblion, partie littéraire,
2^ série, t. XXV, n°* 5 et 6; t. XXVI. n° 1. Partie
technique. 2e série, t. XIII. nos 5, 6 et 7. -
Mémoires de la Société archéologique et histo-
rique de l'Orléanais, t. XXI, 1886. — Bulletin de
la Société de Borda, t. XII. 2e trimestre. — Société
des Antiquaires de France : Mémoires, t. XLVI;
Bulletins, année 1884, 4e livraison i885, et ire, 2e
et 3e livraisons 1886.
Pays-Bas. — Werken van het historisch genootschap gevestigd te
Utrecht, nieuwe série, t. 40, 41, 42, 43, 44 et 45.
Bydragen en mededeelingen de la même Société,
t. IX et X.
Bamps.
Bahrfeldt.
CUMONT.
Daremberg et
E. Saglio.
Demole.
Ouvrages non périodiques.
Aperçu sur les découvertes d'antiquités antérieures
à la domination romaine faites dans le Limbourg
belge. Hasselt, 1887, in-8°, 88 pages avec une
carte, une planche et des vignettes dans le texte.
(Hommage de l'auteur.)
Beitràge %ur numismatik der romischen Republik
aus einer correspondent mit Dr A. Klûgmann.
Vienne, 1887, in-8°, 18 pages. (Hommage de
l'auteur.)
Un triens inédit frappé à Dinant. Bruxelles, 1887,
in-8°,6 pages et 1 vignette. (Hommage de l'auteur.)
Dictionnaire des antiquités grecques et romaines.
Fascicule, n° 11. (Hommage de M. E. Saglio.)
Denier au nom de Frédéric, évéque de Genève,
xie siècle. Paris, 1887, in-8°, 7 pages, 1 vignette.
(Hommage de l'auteur.)
585
Ad. Meyer. Paul Henckel, Gedenkblatt fur seine freunde. Vienne,
1875, in-8°, 4 pages.
— Die mùn^en und medaillen der Herren von Rantzau.
Vienne, 1882, in-8°, 22 pages, 2 planches et 2 vign.
— Mûn^geschichtliches \u den Burgmilchling'schen
ausprâgen von C.-F. Gebert, 1884, in-8°, 6 pages.
— Die mùn^en derfamilie Schutfbar, Genannt Milch-
ling. Vienne, 1884, in-8°, 7 pages, 2 vignettes.
— Die medaillen derfamilie Rantzau. Vienne, i885,
in-8°, 8 pages, 1 planche et 1 vign.
— Die mùn^en der)\stadt Dortmund. Vienne, in-8° ,
122 pages, 7 planches.
— Albrecht von Wallenstein, herçog von Friedland,
und seine mùn\en. Vienne, 1886, in-8°, 108 pages,
7 planches.
— Das probirbuch des Nùrnberger mûn\wardeins
Hans Huefnagel (i6o5-i6r2). Vienne, 1886, in-8°,
56 pages. (Hommage de l'auteur.)
Papadopoli. Del piccolo e del Bianco antichissime monete Vene-
\iane. Venise, in-40 , i3 pages. (Hommage de
l'auteur.)
Six. Monnaies lyciennes. Paris, 1887, in-8°, 109 pages et
2 planches. (Hommage de l'auteur.)
Van Bastelaer. Les Grès wallons. Mons, i885, in-8°, 479 pages
et 19 planches. (Hommage de l'auteur.)
Anonymes.
Collection de M. C. de L'Ecluse. Monnaies de tous les pays du
monde et bibliothèque numismatique. Paris, 1887, in-8°, 238 pages
et vignettes. (Envoi de M. Van Peteghem.)
10 août 1887.
Le bibliothécaire,
Alphonse de Witte.
Année 1887. ^7
TABLE DES MATIÈRES.
MEMOIRES.
Points divers de l'histoire métallique des Pays-Bas. — Médailles
du règne de Louis XIV, se rapportant à l'histoire des Pays-Bas
et dont les coins existent au Musée monétaire, à Paris, omises
dans le grand ouvrage de Van Loon, par J. Rouyer (ier article). 1
Médaille pour récompenser les services rendus aux armées de
l'Autriche et de ses alliés en guerre avec la République fran-
çaise (1792-1794), par G. Cumont 52
Le scel et le contre-scel du conseil de Gueldre, par G. Cumont . 71
Numismatique liégeoise. — Jean d'Arkel (1364-1378). — Georges
d'Autriche (1544-1557). — Gérard de Groesbeeck (i563-i58o),
par Alphonse de Witte 74
Petits méreaux de plomb d'Arras, par L. Dancoisne. .... 82
La trouvaille de Dronryp, en Frise, par J. Dirks 91
Cueilloir numismatique — Septième lettre du comte de Marsy
à M. Alphonse de Schodt, vice-président de la Société royale
belge de numismatique et directeur de la Revue 108
Numismatique brabançonne. — Les Godefroid (1106-1190). —
Henri Ier (ngo-1235). — Henri III (1248-1261), par M. A. de
Witte 181
Médailles et jetons dauphinois (troisième article), par M. G. Val-
lier 192
Histoire du concours auquel fut soumis Théodore Van Berckel
pour obtenir le titre de graveur général de la Monnaie, à
Bruxelles, par M. G. Cumont 2o5
Un projet de médaille à l'effigie du Régent de la Belgique, par
M. Fréd. Alvin 225
587
Numismatique des Indes néerlandaises, par M. le Cte Maurin
Nahuys 23o
Numismatique contemporaine (1816- i83o). — Premier mariage
de Léopold Ier et mort de sa première femme, la princesse
Charlotte. — Prise du fort de la Chartreuse, etc., à Liège. —
Les pauvres reconnaissants à la paroisse de Saint-Nicolas, à
Liège, par M. Fréd. Alvin 241
Jetons et méreaux de charbonnages, par M! Edmond Peny . . . 25i
Note sur une médaille tournaisienne, par M. Fréd. Alvin . . . 267
Quatre énigmes, par M. J. Dirks ...... 273
Le Sidus Julium sur des monnaies frappées après la mort de
César, par M. Alph. De Schodt 329
Trois jetons dauphinois. — Doutes et interrogations d'un igno-
rant, par M. G. Vallier 406
Numismatique mérovingienne. — Un triens inédit frappé à Dinant,
par M. G. Cumont 430
Un médaillon anépigraphe du roi Henri IV et d'un connétable de
France, par M. G. Vallier 436
Méreaux de la collégiale de Saint-Jean rÉvangéliste à Liège, par
M. Alp. De Schodt « 447
Numismatique des Indes néerlandaises, par M. le Cte Maurin
Nahuys 5oi
Numismatique brabançonne. — Des monnaies de nécessité frap-
pées à Bruxelles en 1679 et i58o, par M. Alphonse de Witte. 5i5
CORRESPONDANCE.
Lettre de M. le général Cocheteux à M. G. Cumont, directeur
de la Revue belge de numismatique j 33
Lettre de M. le baron Surmont de Volsberghe à M. G. Cumont,
à propos de la médaille pour récompenser les services rendus
aux armées de l'Autriche et de ses alliés en guerre avec la
république française . 278
Deux lettres de M. Pety de Thozée, consul général de Belgique
à Bombay, à M. G. Cumont, secrétaire de la Société belge de
numismatique, à propos de cowries ou cauris employés aux
Indes 452
588
nécrologie. — Charles-François Onghena, par M. A. de Witte. 280
Henri-François-Marie Ghislain baron Surmont de Volsberghe,
par M. G. Cumont 469
Le marquis Carlo Strozzi, par M. A. de Witte 460
MÉLANGES.
La numismatique de Vogelsanck, par l'abbé Polydore Daniëi.s.
— Quelques mots d'histoire et de numismatique sur les loca-
lités qui font aujourd'hui partie de l'arrondissement de Char-
leroi, par J. Fiévet. — Sceaux de Philippe de Luxembourg,
évêque du Mans, par F. Hucher. — La Monnaie de Bruxelles
après le bombardement de i6q5. — Das Probirbuch des riùrn-
berger Mïm^wardeins Hans Huefnagel, par Ad. Meyer. —
Deux jetons commémoratifs namurois. — Inscriptions campa-
naires du département de l'Isère, par G. Vallier. — La monnaie
etle prixdes chosesà Gand,au temps de Jacques van Artevelde,
par M. Heins. — Note de la Rédaction. — Don de Mme veuve
Mailliet. — Prix remporté par M. Taillebois. — - Monete e
medaglioni romani inediti nella colle^ione Francesco Gnecchi.
— Article de M. Blanchet, dans le Bulletin de la Société de
Borda. — Vade-mecum del raccoglitore di monete italiane, par
G. Bazzi et M. Santoni. — Création au Canada, d'un nouveau
journal numismatique. — Vente Mailliet. — Sommaire de
l'Annuaire de la Société française de numismatique 143
Medallic illustrations of the history of Great Britain and Ireland.
— Deux médailles de la Société d'agriculture du Brabant
septentrional. — Les nouvelles monnaies de la Bolivie. —
A Catalogue of the coins, medals and tokens of the dominion of
Canada. — Découverte d'antiquités gallo-romaines à Casteau.
— Numismatique d'Alsace. — Penningkundig repertorium. —
Les acquisitions du cabinet numismatique et sphragistique de
Leeuwarden. — Description des monnaies de la Numidie et
de la Maurétanie. — Histoire monétaire de Genève de 1 535
à 1792. — Le florin d'or au Saint-Lambert assis. - Les desi-
derata de la numismatique du Dauphiné. — Annuaire de la
Société française de numismatique. — Revue numismatique
589
française. Sommaire de 1886. —The Numismatic chronicle. —
Catalogue de la collection de M. le vicomte Ponton d'Amécourt.
— Vente de la collection de M. C. De l'Ecluse. — La trouvaille
de Loerbeek. — Médaille d'origine allemande à l'image de
Notre-Dame de Bon-Secours de Nancy. — Deux ventes
publiques à Paris. — MM. Rouyer et le comte de Marsy
nommés chevaliers de l'ordre de Léopold. — A Manual of
greek numismatics 281
The medals, jetons and tokens illustrative of obstetrics and
gynaecology, par Storer. — Description de trois derhams
musulmans, par Delorme. — Collection de billets de banque
suédois et étrangers, par Bukowski. — Histoire numismatique
du royaume des Pays-Bas, par Dirks. — Explication d'une
marque monétaire du temps de Constantin, par Mowat. —
Mort du graveur Oudiné. — Catalogue des monnaies anglaises
du British Muséum, par Ch. Keary. — Bibliographie numis-
matique universelle, par Cass"uto. — Monnaies de la famille
Trivulzio, par les frères Gnecchi. — Penningkundig Reperto-
rium, par Dirks. — Sceaux de l'église danoise du moyen âge,
par Petersen. — Numismatique montoise. — Méreau de la
fondation d'Ysabeau Druart, par Arm. de Behault. — Vente de
Ponton d'Amécourt. — Revue numismatique et Annuaire de la
Société française de numismatique. — Avis. — Trouvaille de
Lumay. — Aperçu sur les découvertes d'antiquités antérieures
à la domination romaine , faites dans le Limbourg belge, par
Bamps. — Le médailleur Sperandio, par C. Robert. — Del
Piccolo e del Bianco antichissime Monete Veneziane. par le
comte Papadopoli 461
Les monnaies m assaliotes du cabinet de Marseille, par J. Laugier.
— Les médailles religieuses de Merville, par L. Dancoisne —
La numismatique de la principauté de Liège et de ses dépen-
dances, par le Bon J. de Chestret de Haneffe. — Ueber die
Hohenloh'schen ortsgulden kaizerlichen Geprages, par Paul
Joseph. — Denier au nom de Frédéric, évêquc de Genève, par
E. Demole. - Ventes de collections de monnaies, annoncées par
M. Hess. — Origines de la livre d'argent, unité monétaire, par
Maurice de Vienne. — Numismatika meddelanden, IIe fascicule
590
de la Société suédoise de numismatique. — Publications de la
commission administrative du musée de la ville de Sedan. —
Médaille de la fête scolaire de Namur et médaille offerte en
prix par le Cercle artistique et littéraire de la même ville. —
Le XIe fascicule du Dictionnaire des antiquités grecques et
romaines, par Ch. Daremberg et Edm. Saglio. — The Louis-
bourg medals , par R.-W. McLochlan. — Annuaire de la
Société française de numismatique et d'archéologie. — Revue
française de numismatique. — Numismatische Zeitschrift. —
The numismatic Chronicle. — Errata 534
société royale de numismatique. — Extrait des procès-
verbaux :
Réunion du bureau du 7 novembre 1886 175
Réunion du bureau du 17 février 1887 324
Réunion du bureau du 4 mars 1887 324
Réunion du bureau du 28 avril 1887 487
Réunion du bureau du 4 juin 1887. 488
Réunion du bureau du 5 juin 1887 488
Assemblée extraordinaire tenue à Liège, le i5 mai 1887, dans la
salle de l'Institut archéologique, au Palais des Princes-Évêques. 489
Assemblée générale annuelle du 3 juillet 1887 54g
Réunion du bureau du 28 juin 1887 56q
Réunion du bureau du 3o juillet 1887 56q
Liste des membres de la Société royale de numismatique au
ier octobre 1887 5™
Liste des ouvrages reçus ,76, 325, 496, 583
Dons faits au cabinet numismatique de la Société 328
Table des matières 535
Table des planches 5q,
591
TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES,
AVEC RENVOI AUX PAGES OU ELLES SONT EXPLIQUÉES.
Numéros Numéros
des des
figures. pages.
Planche I.
» 3o
Planche II.
1 3o
2 41
Planche III.
» 36
Planche IV.
» 64
1 74
2 75
3 77
Planche V.
1,2 84
3àg.... 85
10 à 14. . . 86
i5à2o. .. 87
Planche VI.
21 87
22 à 29. . 88
3o à 37 . . 89
38 90
Numéros Numéros
des des
figures. pages.
Planche A.
2 à5.
6,7--
8,9--
10, 11
11 à i5
94
95
96
98
99
100
Planche B.
16 à 19 . . 101
20 à 24.. 102
25 à 3o. . io3
Planche C.
1 114,
5,6.,
90
91
Planche VII.
2, 3...
4,5...
6,7--.
8, 9, 10
181
182
i83
184
i8q
Planche VIII.
1 193
2 197
Numéros Numéros
des des
figures. pages.
Planche IX.
1 205
2 225
Planche X.
242
244
249
245
Planche XI.
1,2,3... 353
4,5 258
6 262
7 2Ô4
Planche XII.
408
411
418
416
43o
Planche XIII.
1 4^7
2, 3 443
Numéros Numéros
des des
figures. pages.
Planche XIV.
1 353
2 356
3 363
4 338,366
5 371
6 374
7 376
8,9... 378
Planche XV.
i 36o
2 382
3 383
4 485
Planche XVI.
1 5o6
2, 3. . . 5i2
4,5... 5i3
6,7,8. 514
EEYUE BELGrE DE NlfflSfflTIQUE,1887.
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JUL^970
3
t. 43
Revue belge de numismatiqi
et de sigillographie
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