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Full text of "Revue belge de numismatique et de sigillographie"

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REVUE  BELGE 


DE 


~2>o*  f° 


NUMISMATIQUE 


1887. 

QUARANTE-TROISIÈME  ANNÉE. 


BRUXELLES, 

LIBRAIRIE  POLYTECHNIQUE  DE  JULES  DECQ, 

Q,    RUE    DE    LA    MADELEINE, 

1887. 


3 


tt.    GOBBA.ERTS,    IMPRIMEUR     l)U    ROI, 
Uruiellea,    21.  rue  de  la    Limita 


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REVUE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE. 


REVUE  BELGE 


NUMISMATIQUE 


POINTS   DIVERS 

de,  l'histoire  métallique  des  pays-bas. 


PREMIER    ARTICLE. 


MÉDAILLES 

DU 

RÈGNE    IDE    ILiOTTIS   X1I"V 

SE  RAPPORTANT  A  L'HISTOIRE  DES  PAYS-BAS 
ET   DONT    LES    COINS    EXISTENT    AU    MUSÉE    MONÉTAIRE    A    PARIS. 

OMISES  DANS  LE  GRAND  OUVRAGE  DE  VAN  LOON 


Nous  avions  remarqué  que  plusieurs  des  mé- 
dailles du  règne  de  Louis  XIV,  que  l'on  peut  bien 
qualifier  officielles,  et  qui  concernent  les  événe- 
ments dont  les  Pays-Bas  ont  été  le  théâtre,  ne 
figurent  pas  dans  Y  Histoire  métallique  des  dix-sept 
provinces  des  Pays-Bas,  de  Van  Loon  :  c'est  ce  qui 
nous  a  conduit  à  vérifier,  au  moyen  du  catalogue, 
imprimé  en  i833,  des  coins  de  médailles  conservés 

Année  1887.  1 


à  l'Hôtel  des  MonnaievS,  à  Paris  ('),  en  quoi  consis- 
tent exactement,  au  point  de  vue  dont  il  s'agit,  les 
omissions  du  savant  Hollandais  (-). 

L'importance  des  lacunes  ainsi  constatées  nous 
a  paru  être  assez  considérable  pour  fournir  large- 
ment matière  à  l'article  que  nous  donnons  ici, 
accompagné  de  notions  préliminaires  destinées  à 
faciliter  l'intelligence  du  sujet. 

Les  coins  des  médailles  du  règne  de  Louis  XIV 
portés  au  catalogue  de  i833  occupent  472  numéros, 
sans  compter  la  série  des«  personnages  de  marque  » 
du  même  règne.  Il  y  a,  communément,  une  mé- 
daille par  numéro,  le  coin  qui  sert  à  frapper  la 
tête  ne  formant  qu'un  seul  article  avec  le  coin  du 
revers.  Il  arrive,  d'ailleurs,  et  assez  fréquemment, 
que  deux  médailles  se  rapportant  à  un  même  sujet, 
et  ne  différant  bien  sensiblement  entre  elles  que 
par  le  module,  sont  décrites  sous  le  même  numéro 
dans  le  catalogue  imprimé.  Du  n°  1  au  n°  387,  aux-* 
quels  commence  et  se  termine  la  suite,  tout  parti- 
culièrement nombreuse,  des  médailles  exécutées 
dansle  module  de  18  lignes,  c'est-à-dire  de  41  milli- 
mètres (3),  le  cas  ne  se  produit   pas   moins   de 


(')  Catalogue  des  poinçons,  coins  et  médailles  du  Musée  monétaire 
de  la  Commission  des  Monnaies  et  Médailles  ;  Paris,  i833,  in-8°. 

(•)  Toutes  les  citations  que  nous  ferons  de  l'ouvrage  de  Van  Loon 
se  rapportent  à  l'édition  en  français  (La  Haye,  1732-1737). 

(3)  Nous  devrons,  à  chaque  instant,  mentionner  les  modules  des 
médailles  dont  nous  aurons  à  parler.  Comme  ces  modules  sont 
exprimés  en  lignes  dans  tous  les  anciens  documents,  et  jusque  dans 


144  fois,  ce  qui  donne  déjà  pour  la  collection  inté- 
ressant directement  Louis  XIV  et  les  faits  de  son 
règne,  un  total  de  616  médailles.  Mais  il  est  cons- 
tant que  ce  n'est  pas  tout,  et  que,  pour  un  certain 
nombre  de  faits,  les  coins  des  médailles  qui  les 
rappellent,  et  sur  lesquels  le  sujet  est  traité  d'une 
manière  presque  identique,  existent  jusqu'en  trois 
modules  différents,  àsavoirde3o  et  de  18  lignes  inva- 
riablement pour  chacun  des  faits,  plus,  pour  chaque 
fait  encore,  un  module  intermédiaire,  tantôt  de 
28  lignes,  tantôt  de  24,  de  22,  ou  même  de  20  lignes. 
Ces  médailles  peuvent  encore  aujourd'hui  être 
frappées  dans  leurs  trois  modules,  bien  qu'elles  ne 
figurent  que  pour  deux  au  catalogue  imprimé  ('). 


le  Catalogue  de  i833,  il  nous  a  paru  bon  de  les  laisser  ainsi  indiqués 
partout  où  nous  les  avons  trouvés  sous  cette  forme.  11  suffit,  pour 
avoir  la  concordance  avec  les  mesures  actuelles,  de  ne  pas  perdre  de 
vue  les  évaluations  suivantes  :  36  lignes  correspondent  à  81  millimètres; 
32  lignes,  à  72  millimètres  ;  3o  lignes,  à  68  millimètres  ;  28  lignes,  à 
63  millimètres;  24  lignes,  à  54  millimètres;  22  lignes,  à  5o  milli- 
mètres; 20  lignes,  à  45  millimètres;  18  lignes,  à  41  millimètres.  Nous 
n'aurons  guère  à  parler  de  médailles  d'un  module  inférieur  à  ce 
dernier. 

(')  Nous  allons  en  signaler  douze  cas,  se  rapportant  tous  à  l'histoire 
métallique  des  Pays  Bas;  nous  laissons  de  côté,  bien  entendu,  ce  que 
l'on  pourrait  trouver  en  dehors  de  ce  cadre,  et  dont  nous  n'avons 
nullement  eu  à  nous  occuper. 

Les  médailles  nos  3t),  74,  200,  216  et  228  du  catalogue  imprimé 
peuvent  se  frapper  dans  le  module  intermédiaire  de  28  lignes;  les 
nos  7,  8  et  i85  en  celui  de  24  lignes;  les  n08  166  et  209  en  celui  de 
22  lignes  ;  et  le  n°  232  en  20  lignes.  Le  n°  192  (bataille  de  Seneffe)  peut 
encore  se  frapper  actuellement  dans  les  modules  intermédiaires  de 


4 

Cette  collection  monumentale  dont  une  flatterie 
courtisanesque  a  malheureusement  enflé  outre 
mesure  le  caractère,  ne  s'est  faite,  ni  toujours 
dans  une  entière  harmonie  de  conception,  ni  à 
toutes  les  époques  du  règne,  à  beaucoup  près.  On 
peut  même  dire,  de  la  majeure  partie  des  médailles 
de  Louis  XIV,  qu'elles  ont  le  grand  défaut  de 
n'avoir  été  imaginées  et  exécutées  que  très  long- 
temps, et  même  quelquefois  plus  d'un  demi-siècle, 
après  les  faits  dont  elles  consacrent  le  souvenir. 
Celles  qui  sont  antérieures  aux  vingt  dernières 
années  du  xvne  siècle  sont  peu  nombreuses,  et  il 
est  souvent  fort  difficile  de  les  distinguer  avec 
quelque  certitude  de  celles  qui  ont  été  faites 
depuis,  à  cause  du  soin  que  l'on  a  pris,  dans  les 
médailles  antidatées,  de  mettre  les  coins  de  tête  en 
rapport  d'âge  pour  le  portrait  du  roi,  et  de  titres 
pour  la  légende,  avec  les  événements  représentés 
au  revers. 

Ce  n'est  pas  que  la  pensée  qu'a  eue  Louis  XIV, 
ou  qui  lui  a  été  suggérée,  d'illustrer  les  événements 
de  son  règne  par  des  médailles  ne  remonte  très 
haut  en  date  ;  mais  les  travaux  de  la  commission 
consistant  en  quelques  membres  ('),  instituée  en 

28  et  de  20  lignes,  ce  qui   fait,  en  tout,  quatre  modules  pour  cette 
médaille  seule. 

(')  Les  quatre  lettrés  ou  érudits  dont  fut  d'abord  composée  cette 
commission,  que  Louis  XIV  avait  choisis  parmi  les  membres  de 
l'Académie  française,  et  qui  se  réunissaient,  à  l'origine,  dans  les  appar- 
tements de  Golbert,   où  celui-ci  les  mettait  au  courant  de  ce  qu'on 


partie  pour  cet  objet,  dite  d'abord  la  petite  Aca- 
démie., et  qui  devait  devenir  par  la  suite  l'Académie 
des  Médailles  et  Inscriptions,  puis  l'Académie  des 
Inscriptions  et  Belles-Lettres,  n'ont  marché  pen- 
dant bien  des  années  qu'avec  une  extrême  lenteur, 
en  ce  qui  concerne  l'élaboration  des  médailles  en 
projet.  Le  roi,  occupé  d'autres  soins,  ayant  d'abord 
laissé  celui  des  médailles  à  ses  ministres,  demeura 
très  longtemps  sans  rien  presser  à  cet  égard. 

Il  n'est  pas  hors  de  propos  de  rappeler  ici  cer- 
tains passages  assez  curieux  d'une  «  épître  »  de 
Charles  Patin  à  Louis  XIV,  datée  du  Ier  avril  1661  ('). 

attendait  d'eux,  étaient  Chapelain,  l'abbé  de  Bourzeis,  l'abbé  Cassagnes 
et  Charpentier,  le  grand  faiseur  d'inscriptions  et  de  devises.  (Alfred 
Maury,  L'ancienne  Académie  des- Inscriptions  et  Belles-Lettres,  1864, 
p.  8.) 

Ceux  de  leurs  successeurs  qui  ont  particulièrement  pris  part  à  la 
composition  des  médailles  du  règne  de  Louis  XIV,  jusqu'en  1700, 
cités  dans  la  préface  du  recueil  officiel  de  ces  médailles,  sont  l'abbé 
Tallemant,  Racine,  Boileau,  Jacques  de  Tourreil,  l'abbé  Renaudot, 
Dacier  et  Pavillon.  Il  convient  d'ajouter  à  ces  noms  ceux  de  Ch.  Per- 
rault et  de  La  Chapelle.  (Voir  le  P.  Ménestrier,  dans  l'avertissement 
de  son  Histoire  de  Louis  le  Grand  par  les  médailles,  etc.,  1689.) 

Nous  ne  parlerons  pas  des  dessinateurs  des  projets  de  médailles,  pris 
généralement  parmi  les  artistes  les  plus  en  renom,  comme  Lebrun, 
Mignard,  Sébastien  Leclerc,  etc.  Ce  que  nous  avons  dit  suffit  bien 
pour  faire  comprendre  que  ce  n'était  pas  sans  être  passée  par  bien  des 
préparations  qu'une  médaille  finissait  par  se  faire. 

(')  L'épître,  ou  lettre,  dont  il  s'agit,  est  réimprimée  à  la  suite  de 
['Introduction  à  la  connaissance  des  médailles,  par  le  même  auteur. 
Voir,  notamment,  l'édition  de  Paris,  1667,  sortie,  en  Hollande,  des 
presses  des  Elzevier,  et  qui  est  donnée  comme  la  deuxième  ;  la  première 
serait  de  i665.  —  On  trouve  déjà  dans  ce  livre  (p.  1 1 3)  un  projet  de 
médaille  en  l'honneur  de  Louis  XIV,  essai  dont  le  goût  de  Charles 


L'auteur  y  adresse  au  roi  toutes  les  félicitations 
possibles  sur  la  détermination  qu'il  a  prise  de 
gouverner  par  lui-même,  et  sur  l'intérêt  dont  il 
s'est  épris  presque  dans  le  même  temps  pour  les 
tableaux,  les  livres  et  les  médailles.  Celles-ci  «  ne 
se  contentent  pas,  dit  Patin,  en  les  opposant  aux 
livres  et  aux  tableaux,  du  récit  ni  de  la  représen- 
tation :  elles  ajoutent  encore  la  preuve,  sans  laquelle 
l'histoire  n'apporte  ni  plaisir  ni  profit.  La  plupart  des 
événements  y  sont  descrits  des  le  temps  mesme,  dont 
elles  portent,  en  différentes  circonstances,  des  traces 
dans  le  concours  desquelles  les  véritables  curieux  ne  se 
trompent  jamais...  ».  Et  après  avoir  parlé  des  por- 
traits de  grands  hommes  que  nous  ont  transmis 
les  médailles  antiques,  ainsi  que  des  mérites  de 
celles-ci  sous  le  rapport  de  l'histoire  et  de  l'art,  ou, 
encore,  de  la  rareté,  l'auteur  ajoute  :  «  Les  médailles 

Patin  ne  mérite  guère,  d'ailleurs,  d'être  loué.  Le  jeune  roi  y  est 
représenté  dans  une  attitude  altière,  tendant  la  main  à  la  «Religion, 
qu'on  dirait  être  à  genoux  devant  lui.  Légende  :  RESTITVTORI 
ORBIS  CHRISTIANI.  Exergue:  1660. 

En  1672  et  1673  quelques  autres  projets  de  médailles  en  l'honneur 
du  roi  se  montrent  dans  les  opuscules  du  chevalier  de  Jant,  celui 
même  qui,  en  1672  aussi,  prédisait  exactement,  comme  on  sait,  en 
interprétant  à  sa  façon  certains  quatrains  des  Centuries  de  Nostra- 
damus,  que  Louis  XIV  pouvait  compter  sur  une  vie  de  soixante-seize 
ans,  et  il  n'en  avait  alors  que  trente-trois.  Nous  aurons  peut-être 
l'occasion  de  revenir  sur  ces  projets  de  médailles  du  chevalier  de  Jant, 
dont  aucun  n'a  été  exécuté,  que  nous  sachions,  bien  qu'on  se  soit 
inspiré  de  l'un  d'eux  dans  la  composition  de  la  médaille  publiée  par 
Van  Loon,  t.  III,  p.  60  (n°  417  du  règne  de  Louis  XIV,  dans  le  Cata- 
logue imprimé  de  i833). 


7 
modernes...,  en  récompense  de  la  rareté  et  d'autres 
perfections  qu'elles  n'ont  pas,  nous  touchent  de  plus 
près.  C'est  là  que  Vostre  Majesté,  après  avoir  vu  dans 
l'antique  V accroissement  de  la  grandeur  romaine  et  les 
triomphes  des  consuls  et  des  Césars,  verra  les  progrez 
de  la  belle  monarchie  qu'elle  possède,  les  victoires  de  ses 
ancestres  et  les  siennes  propres,  enfin  la  paix  qu'elle 
vient  de  donner  à  toute  l'Europe  d'une  manière  qui 
nous  fait  espérer  de  voir  de  temps  en  temps  enrichir  la 
Médaille  des  beaux  exemples  qu'elle  prépare  à  toute  la 
terre.  Que  je  prévois  de  plaisir  pour  vous,  Sire,  dans 
ces  doctes  passetemps,  et  que  Monseigneur  le  duc  d' Or- 
léans a  bien  choisi  lorsqu'il  a  disposé  de  son  cabinet  en 
faveur  de  Vostre  Majesté!...  » 

Cette  lettre  de  Charles- Patin,  qu'il  nous  apprend 
lui-même  avoir  été  gracieusement  accueillie  du 
roi,  est  antérieure  de  deux  années  à  l'Académie 
des  Médailles  et  Inscriptions.  Celle-ci,  en  effet,  ne 
faisait  pas  remonter  son  origine,  même  sous  la 
désignation  de  petite  Académie,  au-delà  de  i663  ('). 
Il  convient,  au  surplus,  de  faire  remarquer,  d'après 
les  sérieuses  recherches  et  l'opinion  de  M.  J.  Guif- 
frey,  que  «  le  projet  d'immortaliser  par  des  mé- 
dailles l'histoire  complète  du  règne  de  Louis  XIV 
paraît  n'avoir  reçu  une  active  impulsion  qu'aux 
environs  de  1686.  Jusqu'à  cette  époque,  on  ren- 

(')  Voir,  notamment,  dans  le  recueil  des  Médailles  du  règne  de 
Louis  le  Grand,  par  la  même  Académie,  celle  de  ces  médailles  qui 
concerne  sa  création,  f°  78  des  deux  éditions  de  1702.  C'est,  du  reste, 
dit  partout. 


contre  bien  quelques  essais  isolés,  mais  aucune 
suite,  aucune  méthode.  Les  graveurs  travaillent 
séparément,  sans  unité,  presque  sans  direction. 
On  n'a  pas  encore  songé  à  imposer  à  leurs  œuvres 
cette  uniformité  solennelle,  mais  un  peu  froide,  à 
laquelle  les  arts  comme  les  lettres  ont  été  asservis 
par  leurs  grands  prêtres  Lebrun  et  Boileau  (').  » 

Il  y  eut  d'abord,  en  effet,  des  médailles  de  tous 
modules.  La  grande  suite,  celle  des  médailles  du 
diamètre  de  18  lignes,  qui  aujourd'hui,  nous  l'avons 
dit,  comprend  387  numéros,  n'a  été  commencée 
qu'en  i6g8  ou  1699  ("),  et  elle  se  composait  déjà  de 
286  pièces  relatives  aux  faits  plus  ou  moins  sail- 


C)  La  Monnaie  des  Médailles  ,  dans  la  Revue  numismatique 
française,  année  1884,  P-  4$o. 

(-)  J.  Guiffrey,  loc.  cit.  Voir  dans  la  Revue  numismatique  fran- 
çaise, année  1884,  p.  48g,  et  année  i885,  pp.  88  à  92,  202  et  438. 
Consulter  aussi  l'avertissement  de  l'édition  de  1702,  in-40,  du  recueil 
officiel  des  Médailles  du  règne  de  Louis  le  Grand.  On  lit,  d'autre  part, 
dans  la  préface,  devenue  très  rare  par  suite  de  suppression,  de  l'édi- 
tion in-folio  de  cette  même  année  1702  :  «  C'est  proprement  depuis 
l'année  1694  que  l'ouvrage  qu'on  publie  aujourd'hui  a  commencé  de 

prendre   la   forme  où  on  le  voit  présentement  » a  M.  Mauger,  en 

moins  de  sept  années,  a  gravé  en  acier  deux  cent  soixante  médailles 
et  toutes  les  testes  du  Roy.  Le  reste  est  de  MM.  Roettiers,  Bernard  et 
Roussel.  » 

Le  désaccord  apparent,  que  l'on  pourrait  voir  ici  dans  le  laps  de 
temps  employé  à  la  gravure  des  coins,  provient  de  ce  que  les  passages 
que  nous  avons  reproduits  de  la  préface  supprimée  ne  se  rapporte n 
pas  uniquement  aux  coins  des  médailles  d'un  seul  module,  ce  qui 
n'empêche  pas  que  le  plus  grand  nombre  de  celles  dues  à  Mauger 
soient  du  diamètre  de  18  lignes. 


9 

lants  de  l'histoire   du  roi  de  1643  à  1700,  quand 
parut,  en  1702,  dans  les  deux  formats,  in-folio  et 
in-40  ,    le    recueil    officiel    bien    connu ,    intitulé 
Médailles  sur  les  principaux  événements  du  régne  de 
Louis  le  Grand,  avec  des  explications  historiques  (par 
l'Académie  royale   des  Médailles  et  Inscriptions.) 
L'intérêt  que  Louis  XIV  attacha  personnelle- 
ment aux  médailles  de  son  histoire  quand  l'œuvre 
fut  une  fois  bien  en  train,  et  le  soin  qu'apportaient 
ses  ministres  à  prévenir  ses  désirs,  firent  qu'elles 
n'étaient  jamais  trouvées  que  bien  difficilement  à 
la  hauteur  d'une  perfection  suffisante,  soit  pour  la 
disposition  et  l'exécution   du  sujet,  soit  pour  la 
délicatesse  de  la  louange  ou  la  dignité  pompeuse 
des  légendes,  et  que  beaucoup  furent  recommencées 
plusieurs  fois  avant  de  satisfaire  le  monarque  ou 
d'être  jugées  dignes  de  lui  par  le  cercle  de  ses  cour- 
tisans. Il  arriva  aussi  que  le  souvenir  de  tel  événe- 
ment qui  avait  d'abord  été  trouvé  mériter  une  mé- 
daille, assombrissait  le  roi,  et  que,  si  les  choses 
n'allaient  pas  jusqu'à  la  suppression  des  coins,  la 
médaille  n'en  était  pas  moins  exclue  de  la  grande 
suite  historique,  et  reléguée  provisoirement  parmi 
les  inutilités  (').  Il  y  eut  dans  tout  cela,  en  définitive, 


(')  C'est  ainsi  que  la  «  destruction  d'Heidelberg  »,  i6g3,  tout  en 
ayant  donné  lieu  à  une  médaille  dont  les  coins  existent  encore  à  la 
Monnaie,  Heidelberga  deleta,  module  36  lignes.  n°  461  du  Catalogue 
imprimé,  n'est  nullement  représentée  dans  la  grande  suite  historique 
des  médailles  de  18  lignes,  ni  dans  les  recueils  officiels  des  médailles 
du  règne  de  Louis  XIV  expliquées  par  l'Académie. 


10 

matière  à  bien  des  tâtonnements,  des  retouches  et 
des  complications  qui  autorisent  à  dire  qu'une 
collection  vraiment  complète  des  médailles  du 
règne  de  Louis  XIV  serait  aujourd'hui  chose  im- 
possible à  faire  (').  Il  en  existe  beaucoup,  au  sur- 
plus, même  parmi  celles  dont  les  coins  sont  encore 
conservés  en  l'Hôtel  des  Monnaies,  à  la  concep- 
tion desquelles  l'Académie  des  Médailles  et  Inscrip- 
tions a  cru  devoir  faire  savoir  qu'elle  était  de- 
meurée étrangère.  Dans  la  préface  de  l'édition 
in-folio  du  recueil  officiel,  mentionnée  plus  haut, 
préface  que  Louis  XIV  fit  supprimer,  après  la 
distribution  de  quelques  exemplaires,  on  lisait 
cette  déclaration,  où  le  ton  de  la  suffisance  n'était 
pas  ce  qui  manquait  le  plus  :  «  L'Académie 
n'avoue  et  ne  reconnoît  pour  son  véritable  ouvrage 
que  les  médailles  qui  composent  cette  Histoire. 
Car,  outre  celles  qu'elle  a  cru  à  propos  de  corriger 

(')  C.  F.  J.  Guiffrey,  dans  la  Revue  numismatique  française, 
année i885,  p.  2o3. 

Parmi  les  sources  nombreuses  des  variétés  qui  se  sont  produites, 
on  doit  noter  celles  qui  résultent  de  ce  que  bien  des  coins  de  tête  avec 
lesquels  les  médailles  sont  frappées  aujourd'hui  (à  part,  toutefois, 
celles  de  18  lignes)  diffèrent  des  coins  avec  lesquels  on  les  frappait 
originairement. 

Une  autre  source  de  variétés  s'est  produite,  vers  la  fin  du  xvne  siècle, 
de  la  question  des  V  voyelles,  que  l'on  s'est  attaché  à  remplacer,  autant 
qu'on  l'a  pu,  dans  la  fabrication  des  médailles,  par  de  véritables  U, 
comme  on  l'a  fait  aussi  pour  la  plupart  des  gravures  qui  sont  données 
de  ces  mêmes  médailles  dans  le  recueil  de  l'Académie,  édition 
in-folio  de  1702  (Robert-Dumesnil,  le  Peintre-graveur  français, 
t.    VII,  pp.  206  et  207). 


II 

ou  supprimer  ('),  il  en  a  paru  beaucoup  d'autres 
dans  le  Recueil  du  Père  Menestrier,  et  chez  des 
curieux,  frappées  même  aux  Balanciers  du  Roy,  et 
qui  toutesfois  n'appartiennent  pas  à  l'Académie. 
On  ne  peut  sans  injustice  lui  attribuer  ces  der- 
nières, et  la  réflexion  la  plus  légère  fera  bien  sentir 
la  différence.  » 

Quand  Louis  XIV  fit  supprimer  la  préface  dont 
cette  citation  est  tirée,  on  s'attacha  à  faire  enten- 
dre qu'il  avait  agi  par  modestie.  L'insinuation  était 
pour  le  moins  singulière,  s'appliquant  à  pareil 
prince,  et  Prosper  Marchand  s'env  est  égayé  dans 
son  Dictionnaire  historique  (*),  en  même  temps  qu'il 
en  a  fait  justice.  Ce  qui  paraît  être  l'exacte  vérité, 
c'est  que  l'amour-propre  du  grand  monarque  fut 
peu  flatté  d'une  préface  dans  laquelle  on  le  louait 
beaucoup,  sans  aucun  doute,  mais  où  l'on  était 
loin  de  s'occuper  exclusivement  de  lui.  Il  est  facile 
de  juger  de  ce  qui  en  fut  par  ce  que  nous  appren- 
nent les  mémoires  concernant  Bossuet,  par  l'abbé 
Ledieu  (3).    «    Dimanche  29  janvier   1702,  M.  de 

(!)  On  ne  peut  pas  ne  pas  remarquer  la  singularité  du  raisonnement 
résultant  de  cette  partie  de  la  préface;  comme  s'il  eût  dépendu  de 
l'Académie  de  faire  que  des  médailles  ne  fussent  plus  «  son  véritable 
ouvrage  »,  parce  qu'il  aura  été  plus  tard  dans  ses  convenances,  spon- 
tanées ou  obligées,  d'en  corriger  la  composition,  ou  même  de  les 
supprimer  en  entier. 

(*)  La  Haye,  1758-1759.  L'auteur  était  mort  en  1756. 

(')  Mémoires  et  journal  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Bossuet,  par 
l'abbé  Ledieu,  publiés,  pour  la  première  fois,  par  M.  l'abbé  Guettée. 
Paris,  i856,  t.  II,  pp.  267  et  268. 


12 


Meaux,  y  est-il  dit,  a  été  au  lever  du  Roi,  puis  il 
est  venu  dire  la  messe  aux  Récollets...  Le  Roi  a 
dit  à  M.  de  Meaux  qu'il  lui  donnait  son  livre  de 
Médailles.  C'est  le  grand  ouvrage  des  Médailles  du 
règne  de  Louis  le  Grand,  imprimé  à  Paris,  à  l'Im- 
primerie royale  et  présenté  au  Roi  au  commence- 
ment de  cette  année,  dont  cinq  cents  exemplaires 
seulement  coûtent  au  Roi  cinquante  mille  écus,  à 
cauvse  de  la  magnificence  de  l'ouvrage... 

«  Le  mardi,  3i  janvier,  M.  de  Meaux...  après  son 
dîner,  a  été  au  dîner  du  Roi,  pour  faire  son  remer- 
ciement de  YHistoire  des  Médailles.  Le  travail  des 
ouvriers,  le  caractère  et  l'impression,  les  gravures 
des  médailles  et  des  bordures,  la  reliure  même, 
tout  cela  est  magnifique  et  admirable,  et  ne  peut 
être  assez  loué  ;  c'est  un  chef-d'œuvre  en  ce  genre. 
Mais  les  auteurs  des  explications  historiques  ont 
fait  plus  de  vingt-quatre  fautes  contre  la  vérité  de 
l'histoire,  qu'on  ne  leur  pardonne  pas  ici.  Le  pis 
est  une  préface  où  ils  s'encensent  les  uns  les 
autres,  à  commencer  par  M.  l'abbé  Bignon  ('),  et 
descendant  jusqu'au  libraire  Anisson  (-),  au  sujet 
de  laquelle  ils  ont  été  siffles  à  la  Cour  et  à  la  ville, 
jusqu'à  être  obligés  d'ôter  leur  préface  de  tous  les 
exemplaires  qui  sont  venus  après  les  soixante-cinq 
premiers,  donnés  d'abord  au  Roi  avec  ce  dis- 
cours, et  qui  ont  été  distribués  aux  princes  et  aux 


(')  Nous  retrouverons  ce  personnage  tout  à  l'heure. 
(")  Anisson  était  le  directeur  de  l'Imprimerie  royale. 


i3 

ducs  et  pairs  sans  qu'on  en  ait  rien  retranché.  » 
Parmi  les  exemplaires  donnés  encore  par  la 
suite,  mais  allégés  de  la  malencontreuse  préface, 
on  doit  une  mention  spéciale  à  ceux  qui  avaient 
été  réservés  pour  les  premiers  présidents  des  par- 
lements et  les  intendants  des  provinces.  Au  mois 
de  mars  1702,  le  comte  de  Pontchartrain,  alors 
chancelier  de  France,  qui  était  chargé  du  soin  des 
Académies  depuis  la  mort  de  Louvois,  et  qui,  avec 
l'aide  de  l'abbé  J.-P.  Bignon,  son  neveu  ('),  s'était 
tout  particulièrement  attaché  à  faire  mener  rapi- 
dement l'achèvement  de  l'histoire  métallique , 
sachant  qu'il  entrait,  en  cela,  dans  les  vues  du  roi, 
adressait  à  chacun  des  hauts  magistrats  et  fonc- 
tionnaires dont  il  s'agitcette  lettre  circulaire  : 

«  A  Versailles,  le  8  mars  1702. 

«  On  vient  d'achever  d'imprimer  au  Louvre  un 
livre  aussy  beau  pour  la  matière  qu'il  traite  que 
curieux  et  rare  par  tout  ce  que  l'art  et  la  science  y 
ont  mis  du  leur  dans  la  manière  de  traiter  une  pré- 
cieuse matière.  C'est  l'histoire  du  règne  du  Roy  par 
les  médailles  qui  ont  esté  frapées  successivement 
pour  chacun  événement  considérable  (*).  Ce  livre 

(')  L'abbé  Jean-Paul  Bignon  était  bibliothécaire  du  Roi.  Il  avait  été 
nommé  membre  honoraire  de  l'Académie  des  Médailles  et  Inscriptions 
en  1701. 

(J)  Nous  n'accuserons  pas  Pontchartrain  d'avoir  voulu,  par  le  mot 
successivement,  donner  ici  à  entendre  que  les  médailles  auraient  été 


i4 

n'est  pas  seulement  un  livre  de  bibliothèque  et  à 
y  garder  précieusement  :  c'est  un  livre  que  tout 
homme  public  doit  toujours  avoir  ou  dans  les 
mains  ou  sur  sa  table,  pour  fournir  à  une  conver- 
sation utile  et  solide.  C'est  dans  cette  pensée  que 
j'ai  cru  vous  faire  plaisir  de  vous  en  destiner  un 
exemplaire.  Donnés  donc  ordre  icy  à  quelqu'un  de 
le  venir  prendre  chés  moy  de  vostre  part,  et  je 
vous  le  donneray  d'autant  plus  volontiers  que  je 
suis  persuadé  que  vous  en  ferés  tout  l'usage  qui 
s'en  peut  faire  (').  » 

La  pression  morale  qui  ressort  de  cette  lettre 
n'est  pas  déguisée  ;  ce  qui  l'est  peut-être,  et  même 
très  probablement,  c'est  son  point  de  départ.  On 
comprend  sans  difficulté  que  ce  n'était  pas,  pour 
Louis  XIV,  le  lieu  d'intervenir  ostensiblement  en 
cette  affaire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  explications  de  l'Académie 


faites  à  mesure  que  se  produisirent  les  événements  qu'elles  rappellent. 
Le  contraire  ressortait  de  la  fameuse  préface.  Celle-ci  avait  bien  été 
supprimée,  sans  nul  doute,  mais  non  pas  assez  radicalement  pour  qu'il 
ne  fût  plus  possible  d'en  connaître  le  contenu.  L'Académie,  au  fol.  73 
de  son  recueil  cité,  éditions  de  1702,  déclare  bien  qu'elle  aurait  toujours 
travaillé  à  la  composition  des  médailles  de  Louis  XIV,  dès  sa  créa- 
tion (i663);  mais  elle  aurait,  dans  ce  cas,  travaillé  très  longtemps  sans 
rien  produire  de  bien  arrêté,  et  il  faut  dire  aussi  qu'il  y  avait  loin 
de  i663  à  la  date  des  plus  anciens  «  événements  considérables  »  du 
règne  de  Louis  XIV. 

(')  Correspondance  administrative  sous  le  règne  de  Louis   XIV, 
recueillie  et  mise  en  ordre  par  Depping,  t.  IV,  p.  624. 


i5 

des  Médailles,  dont  on  aurait  voulu  faire  un  sujet 
de  méditations  favorites  pour  les  grands  représen- 
tants du  pouvoir,  ne  paraissent  pas  avoir  jamais 
été  fort  goûtées  en  France,  où  la  flatterie,  non  plus 
qu'ailleurs,  ne  va  guère  qu'à  ceux  qu'elle  caresse 
ou  qui  en  profitent,  et  beaucoup  de  ces  explications 
furent  sévèrement  appréciées  à  l'étranger,  comme 
aussi  le  ton  de  ces  médailles  elles-mêmes.  Ainsi 
en  est-il,  notamment,  dans  Y  Histoire  de  la  vie  et  du 
règne  de  Louis  XIV,  publiée  à  Francfort  et  à  Bâle, 
de  1740  à  1743  ('),  sous  le  nom  de  De  la  Hode, 
ouvrage  sérieux,  et  plus  impartial  que  bien  d'au- 
tres, dans  lequel  l'auteur,  après  avoir,  à  maintes 
reprises,  fait  ses  remarques  sur  le  recueil  de 
l'Académie  considéré  comme  une  Histoire  du  roi 
par  les  médailles,  s'exprime  ainsi  :  «  Comme  on  a 
souvent  critiqué  cette  Histoire,  on  croit  devoir 
protester  encore  ici  que  ce  n'est  ni  par  affectation 
ni  par  malignité  qu'on  l'a  fait,  mais  uniquement 
par  amour  pour  la  vérité  et  par  une  juste  indigna- 
tion contre  la  flatterie,  qu'on  y  a  portée  jusqu'à 
insulter,  en  quelque  sorte,  aux  autres  nations  et 


(')  Cet  ouvrage,  en  six  volumes  in-40,  qui  contient,  on  le  sait,  de 
nombreuses  pièces  justificatives,  est,  en  outre,  «  enrichi  de  médailles  ». 
Ces  médailles,  pour  la  période  de  1643  à  1700,  sont  reproduites  d'après 
l'édition  in-40,  H02'  du  recueil  de  l'Académie,  sans  compter  deux 
pièces  satiriques  ajoutées.  Pour  la  période  de  1701  à  1715,  on  a  mis 
à  contribution  la  deuxième  édition  dudit  recueil,  1723,  in-folio,  en 
réduisant  les  gravures  de  médailles  y  empruntées  au  module  de  18 
lignes  donné  déjà  à  celles  de  la  période  antérieure. 


i6 

aux  autres  potentats  ;  en  quoi  on  a  eu  d'autant  plus 
de  tort  que  le  monarque  qu'on  vouloit  immor- 
taliser fournissoit  assez  de  matières  à  de  justes 
louanges,  sans  qu'on  donnât  dans  les  exagérations 
et  dans  les  excès  que  nous  croyons  avoir  juste- 
ment remarqués  et  reprochés  (').  » 

Le  tort  que,  à  notre  tour,  nous  reprocherons  à 
ce  jugement,  c'est  qu'il  laisse  Louis  XIV  trop  en 
dehors  de  la  responsabilité  des  flatteries  que  son 
insatiable  soif  de  louanges  encourageait  et  accu- 
mulait autour  de  lui.  Les  médailles,  au  surplus, 
étaient  presque  toujours,  par  elles-mêmes  aussi 
blessantes  dans  leur  composition  et  leurs  empha- 
tiques devises,  que  les  commentaires  de  l'Académie, 
et  il  est  de  toute  évidence  qu'elles  n'auraient  pas 
vu  le  jour,  si  le  roi  ne  les  avait  pas  approuvées, 
malgré  leur  caractère  irritant. 

Nous  ne  conclurons  pas  des  observations  qui 
précèdent  que  les  médailles  du  règne  de  Louis  XIV 
manquent  d'intérêt  comme  renseignements  histo- 
riques. Ce  sont,  au  contraire,  des  documents  qui 
peignent,  en  partie,  l'homme  et  son  siècle,  et  que, 
par  conséquent,  il  ne  faut  pas  plus  négliger  que 
beaucoup  d'autres;  mais  on  ne  doit  pas  non  plus, 
en  accepter  les  témoignages  sans  esprit  de  critique 
et  sans  contrôle,  ce  que  Prosper  Marchand  a  fort 
bien  dit,  en  parlant  des  monuments  numismatiques 
en  général. 

(')  T.  V,  1743.  p.  299.    - 


'7 
Au  point  de  vue  de  l'art,  il  n'est  pas  contestable 
que  les  médailles  du  règne  de  Louis  XIV  sont 
généralement  d'une  fort  bonne  exécution.  Les 
noms  de  graveurs  que  l'on  trouve  encore,  en  en- 
tier pour  la  plupart,  et  quelquefois  en  abrégé  ou 
simplement  indiqués  par  une  initiale,  sur  les  coins 
des  médailles  du  règne,  conservés  actuellement  à 
l'Hôtel  des  Monnaies  sont  ceux-ci  :  Jean  Varin 
(ou  Warin)  (»),  et  son  fils,  du  prénom  de  François, 
Hérard,L.  Loir,  Delahage(ou  de  Haie),  j.  Mauger, 
Molard,  Hupierre ,  Thomas  Bernard,  J.  Nilis, 
F.  Chéron,  J.  Chéron,  Dufour,  Hardy,  Jérôme 
Roussel  (*),  Antoine  Meybusch,  Breton,  Joseph 
Roettiers  ('),  le  premier  et  le  plus  habile  des  gra- 
veurs de  ce  nom,  Roger  (*),  R.  Faltz,  Jean  Duvi- 
vier,  Jean  Le  Blanc  (3). 

(!)  On  écrit  plus  habituellement  aujourd'hui  Warin  que  Varin, 
bien  que  ce  soit  sous  cette  dernière  forme  que  le  nom  du  célèbre 
artiste  est  inscrit  sur  la  médaille  à  son  effigie.  (Voir  le  Catalogue 
de  i833,  n°  486  des  médailles  du  règne  de  Louis  XIV.)  —  Sur  les 
médailles  qu'il  a  exécutées,  son  nom  est  écrit  tantôt  par  un  V,  tantôt 
par  un  W. 

(*)  Plusieurs  de  ses  médailles  sont  signées  H.  Roussel,  ce  qui  a 
quelquefois  fait  croire  que,  de  son  prénom,  il  s'appelait  Henri.  En 
réalité,  la  lettre  H  est  ici  l'initiale  de  Hieronymus. 

(3)  En  général,  ses  médailles  sont  simplement  signées  d'un  R. 
Indépendamment  des  observations  sur  ce  sujet  faites  récemment, 
voir  la  remarque  de  Van  Loon,  t.  III,  p.  61. 

(')  Nous  ne  pouvons  présenter  ce  nom  comme  certain.  Les  médailles 
sur  lesquelles  nous  le  trouvons  (n03  10  et  359  du  Catalogue  imprimé) 
sont  seulement  signées  Rog.,  ou  Rog.f. 

(*)  Il  s'agit  de  médailles  signées  I.  B.  ou  J.  B.  Nous  pensons  que 
Année  1887.  2 


i8 

Quelques-uns  de  ces  graveurs,  comme  Jean  Du- 
vivier  et  Le  Blanc  ('),  n'ont  pas  travaillé  ou  n'ont 
travaillé  que  peu  aux  médailles  de  Louis  XIV  du 
vivant  de  ce  prince.  Ils  furent  particulièrement 
employés  à  remanier  toute  l'œuvre  et  à  la  com- 
pléter lorsque,  sur  la  volonté  de  Louis  XV,  de  faire 
continuer,  pour  le  règne  de  son  bisaïeul,  la  collec- 
tion jusqu'à  la  mort  de  celui-ci,  l'Académie  eut  à 
reviser  une  dernière  fois  les  parties  que  l'on  devait 
croire  bien  achevées  déjà,  et  à  composer  de  toutes 
pièces  les  médailles  concernant  les  événements 
survenus  depuis  1700,  de  telle  sorte  que  l'ensemble 
se  trouvât  exactement  préparé  pour  une  nouvelle 
édition  du  recueil  de  1702,  corrigée,  augmentée  et 
comprenant  le  règne  en  son  entier. 

Cette  nouvelle  édition,  in-folio  comme  la  pre- 
mière, parut  en  1723  (■).  Elle  n'a  pas  été  inconnue 

c'est  à  très  juste  titre  que  cette  signature  a  été  reconnue  par  d'Affry 
pour  être  celle  de  Jean  Le  Blanc.  (Les  jetons  de  l'Echevinage parisien, 
p.  37.) 

Il  y  aurait  lieu  d'ajouter  encore  à  la  liste  ci-dessus  quelques  initiales 
dont  l'application  reste  à  reconnaître  :  M.  R.,  L.  J.,  D.  R.,  etc.  Le 
Catalogue  imprimé  mentionne,  en  outre,  nos  4^9  et  45o,  un  coin 
signé  Arondeaux  ;  mais  ce  coin  a  dû  être  exécuté  en  Hollande,  et  ce 
n'est  que  par  suite  de  circonstances  tout  à  fait  exceptionnelles  qu'il  a 
pu  se  trouver  déposé  à  la  Monnaie  des  médailles  à  Paris.  (Voir  ce  que 
nous  en  avons  dit  dans  la  Revue  belge  de  numismatique,  année  i885, 
p.  335,  en  note.) 

(')  Le  nom  de  Jean  Duvivier  ne  paraît  dans  les  documents  de  comp- 
tabilité conservés,  relatifs  à  la  façon  des  médailles,  qu'à  partir  de  1714, 
et  celui  de  Le  Blanc  qu'à  partir  de  171b.  (Rev.  num.franç.,i885.p.  196.) 

(2)  Médailles  sur  les  principaux  événements  du  règne  entier   de 


*9 
de  Van  Loon,  qui  la  cite,  t.  IV,  p.  3g3,  et  qui 
en  a  tiré  les  gravures  de  toutes  les  médailles  de 
Louis  XIV  postérieures  à  1700  qu'il  a  données 
dans  son  Histoire  métallique  des  dix-sept  provinces. 
Van  Loon  a  connu  également  les  deux  éditions 
de  1702,  in-folio  et  in-40,  ainsi  que  l'ouvrage  du 
P.  Menestrier,  mentionné  succinctement  plus  haut, 
intitulé  :  Histoire  du  Roy  Louis  le  Grand,  par  les 
médailles,  emblèmes,  devises,  jetions,  etc.  (').  Dans  ces 
différentes  sources,  il  y  a  des  médailles  du  règne 
de  Louis  XIV,  intéressant  les  Pays-Bas,  que  l'his- 
torien-numismate  hollandais  n'a  pas  données, 
alors  qu'il  en  a,  au  contraire,  publié  un  certain 
nombre  qu'on  ne  trouve  pas  à  ces  mêmes  sources  (*) 

Louis  le  Grand,  avec  des  explications  historiques.  A  Paris,  de  l'Im- 
primerie royale,  MDCCXXIII. 

(')  Van  Loon  cite  ce  dernier  ouvrage,  peu  exactement  pour  le  titre, 
mais  sans  qu'on  puisse  s'y  méprendre,  t.  III,  p.  178.  La  première 
édition  est  de  1689,  et  la  seconde  et  dernière  porte  la  date  de  i6q3. 
Entre  temps,  en  1691,  une  contrefaçon  du  même  ouvrage  avait  paru 
en  Hollande,  sous  la  rubrique  de  Paris,  mais  tronquée,  remaniée,  et, 
de  plus,  défigurée  par  les  additions  les  plus  injurieuses  à  l'adresse  de 
Louis  XIV,  ce  qui  a  permis  de  dire  que  la  contrefaçon  n'avait  été 
entreprise  que  pour  donner  matière  à  la  production  de  ces  insultes. 
(La  Science  des  médailles,  du  P.  Jobert,  t.  Ier,  p.  18  de  l'édition 
de  1739.) 

(2)  Il  est  bien  entendu  que  nous  ne  parlons  pas  des  médailles  ayant 
un  caractère  bien  évidemment  satirique,  dirigées  contre  Louis  XIV, 
dont  elles  portent  parfois  l'effigie,  en  même  temps  qu'elles  présentent, 
au  premier  aspect,  les  plus  grands  rapports  de  fabrique  avec  celles 
sorties  de  l'officine  royale.  Ce  ne  sont  pas  des  médailles  de  cette  sorte 
que  l'on  peut  être  surpris  de  ne  pas  rencontrer  dans  les  anciens  recueils 
d'origine  française. 


20 


non  plus  que  dans  le  Catalogue  des  coins  de 
médailles  existant  à  l'Hôtel  des  Monnaies. 

Les  omissions  de  Van  Loon  s'expliquent  d'au- 
tant moins  que  l'on  ne  peut  pas  dire  qu'il  ait  voulu 
économiser  les  planches  quand  on  voit  qu'il  les  a 
maintes  fois  multipliées  comme  à  plaisir  pour  y 
étaler  des  variétés  d'une  même  médaille  ne  présen- 
tant entre  elles  que  des  différences  légères,  ou  bien 
encore  des  médailles  tout  à  fait  étrangères  aux 
dix-sept  provinces  des  Pays-Bas  et  à  leur  histoire,  et 
dont  il  ne  pouvait  avoir  à  parler  qu'incidemment. 
Peut-être,  donc,  serait-il  difficile  de  mettre  absolu- 
ment sur  le  compte  de  l'oubli  les  omissions  dont 
il  s'agit.  Mais,  de  quelque  part  qu'elles  viennent, 
elles  n'en  sont  pas  moins  un  fait  constant,  auquel 
nous  avons  cherché  à  remédier  dans  une  certaine 
mesure,  en  notant  ici  celles  que  nous  a  fait  remar- 
quer un  examen  attentif  du  catalogue  de  i833.  Ce 
document  administratif  permet  de  signaler  avec 
toute  sûreté,  dans  l'œuvre  de  Van  Loon,  et  au 
point  de  vue  où  nous  nous  sommes  placés,  le  plus 
grand  nombre  des  lacunes  principales. 

Il  pourra  se  rencontrer  que  plusieurs  des  faits 
que  nous  relèverons  aient  déjà  été  indiqués  som- 
mairement par  M.  J.  Dirks,  dans  son  Penningkundig 
Repertormm,  que  nous  n'avons  pas  eu  l'occasion  de 
consulter  en  entier;  mais  ce  recueil  précieux,  rédigé 
en  néerlandais,  est  peu  répandu  hors  de  Hollande, 
et  notre  plan  est,  d'ailleurs,  tout  différent  de  celui 
de  notre  savant  confrère. 


■21 


Les  descriptions  qui  vont  suivre  sont  presque 
toujours  données  dans  les  termes  mêmes  employés 
au  Catalogue  de  i833.  Nous  serons,  en  général, 
très  sobre  d'observations  au  sujet  des  médailles 
ainsi  décrites.  Nous  ne  nous  écarterons  guère  de 
cette  règle  qu'en  trois  endroits,  qui  méritent  bien, 
au  surplus,  une  exception,  comme  on  le  pourra 
voir.  C'est  d'abord  la  médaille  avec  sa  légende 
en  français,  ce  qui  est  fort  remarquable,  frappée 
en  souvenir  de  l'arc  de  triomphe  du  faubourg 
Saint- Antoine  (1670).  La  seconde  exception  se 
rapporte  à  la  médaille  de  la  statue  érigée  en 
l'honneur  de  Louis  XIV  par  son  adorateur  La 
Feuillade,  sur  la  place  des  Victoires  (1686).  La 
troisième ,  enfin ,  concerne  la  médaille  de  l'affaire 
du  Texel  (1696),  ou  plutôt  l'erreur  de  date  com- 
mise sur  l'une  des  deux  variantes  de  cette  mé- 
daille-là, erreur  d'autant  plus  singulière  qu'elle 
paraît  être  demeurée  inaperçue  lors  de  la  rédaction 
du  catalogue  de  i883. 


22 


§  Ier.  Médailles  entièrement  omises  par 
Van  Loon. 

Les  numéros  donnés  aux  médailles  dans  les  descrip- 
tions qui  suivent  sont  ceux  qu'elles  ont  dans  le  Catalogue 
des  coins.  Lorsque  le  numéro  est  précédé  d'une  astérisque, 
cela  signifie  que  la  médaille  est  du  module  de  18  lignes, 
ou  41  millimètres.  Nous  indiquons  les  modules  diffé- 
rents, dans  la  description  de  chacune  des  médailles  dont 
le  numéro  n'est  pas  précédé  de  l'astérisque. 

Les  médailles  sont  classées  par  ordre  chronologique. 

Nous  ne  nous  occuperons  pas  des  coins  de  tête  dans 
la  description  des  médailles  en  18  lignes.  A  ce  sujet 
il  suffit  de  rappeler  que,  pour  les  387  numéros  dont  se 
compose  toute  la  suite  historique  des  médailles  de  ce 
module,  la  tête  de  Louis  XIV  varie  huit  fois,  et  que  la 
différence  se  produit  aux  années  1643,  164g,  i655,  1660, 
1666,  1673,  1680  et  1691  (n°s3,  43,  61,  83,  128,  184,  244. 
3oo).  De  1691  à  1715,  année  de  la  mort  de  Louis  XIV, 
la  tête  reste  la  même.  Ces  portraits  différents  corres- 
pondent donc,  approximativement,  pour  les  âges  du  roi, 
à  4  ans,  à  10,  à  i(3,  à  21,  à  27,  à  34,  à  41  et  à  52  ans. 
Quant  aux  légendes  desdits  coins  de  tête,  c'est  d'abord 
LUDOVICUS  XIUI  REX  CHRISTIANISSIMUS,  jus- 
qu'au n°  i83  inclusivement  ;  puis,  c'est  LUDOVICUS 
MAGNUS  REX  CHRISTIANISSIMUS,  depuis  le  n°  184 
jusqu'à  la  fin. 

*  28.  Prise  de  Dunkerque  en  1646.  —  Médaille 
différente  du  n°  27  publié  par  Van  Loon,  t.  II, 
p.  286. 

Vires  hostium  navales  accisœ.  Deux  matelots  ga- 
rottés.  A  leurs  pieds  deux  boucliers  aux  armes 
d'Espagne  et  de  la  ville  de  Dunkerque,  que  l'on 


23 

aperçoit  dans  l'éloignement.  —  Exergue  :  Dun- 
kerca  expugnata,  m.  dc.  xlvi. 

{Trésor  de  numismatique  et  de  glyptique ,  choix  de  médailles 
françaises,  t.  III.  pi.  III,  fig.  3.) 

*  29.  Troisième  médaille  sur  le  même  sujet. 
Même  légende  qu'au  n°  28.  La  France  debout, 

sur  le  bord  de  la  mer,  foule  aux  pieds  un  gouver- 
nail; à  gauche,  un  bouclier  aux  armes  de  Dun- 
kerque.  — Exergue  :  x  octobris  m.  dc.  xlvi.  {J.  B.). 

(Médailles  du  règne  de  Louis  le   Grand,  édition  de   1723, 
folio  20  (').) 

*  34.  Prise  d'Ypres  ;  1648. 

Fracta  Hispanorum  fiducia.  L'Espagne  à  demi 
couchée,  éplorée  à  la  vue  de  Mars  enlevant  l'écus- 
son  et  la  couronne  murale  d'Ypres.  —  Exergue  : 
Ypris  captis,  xxvm  maii  m.  dc  xlviii  (D.  V.). 

(M éd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  24.  —  Alph.  Vanden 
Peereboom,  Numismatique yproise,  pi.  R,  fig.  1.) 

(  )  Il  n'y  a  pas  à  douter  que  c'est  une  des  médailles  faites  à  la  suite 
des  ordres  donnés  par  Louis  XV,  pour  la  revision  complémentaire  et 
la  continuation  de  l'histoire  métallique  du  règne  de  son  bisaïeul,  dans 
le  module  de  18  lignes.  Il  en  est  de  même  des  n08  34,  40,  42,  45,  57, 
62,  69.  70.  72,  106,  i38,  142,  145,  i5i  et  219.  Plusieurs  de  ces  médailles 
célèbrent  des  faits  dont  il  n'avait  pas  été  tenu  compte  dans  les  compo- 
sitions précédentes;  plusieurs  aussi  remplacent  d'autres  médailles  qui 
n'étaient  plus  trouvées  d'un  goût  suffisamment  accompli,  mais  dont 
les  coins  ont  néanmoins  été  conservés.  Presque  toutes  elles  se  recon- 
naissent des  médailles  antérieures,  du  même  module,  de  l'œuvre  de 
Mauger,  par  les  initiales  des  graveurs  :  J.  B.  ou  1.  B.  (Jean  Le  Blanc), 
D.  V.  ou  J.  D.  (Jean  Duvivier),  etc. 


24 

*  40-  Paix  de  Westphalie  (ou  de  Munster)  ;  1648. 
—  Médaille  différente  du  n°  41,  publié  par  Van 
Loon,  t.  II,  p.  3o8,  i°. 

Libertus  Germaniœ.  L'Allemagne,  appuyée  sur 
l'autel  de  la  Paix,  foule  aux  pieds  un  joug.  — 
Exergue  :  Fœdus  westphalicum  xxiv  oct.u.  dc.  xlviii. 
(7-  B.). 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  28.* 

*  44.  Campagne  de  Flandre  ;  164g. 

Minerva  fautrix.  Minerve  debout,  appuyée  sur 
son  javelot,  tient  une  petite  statue  de  la  Victoire; 
à  ses  pieds,  les  écussons  des  villes  de  Condé  et 
de  Maubeuge.  —  Exergue  :  Res  in  Belgio  gestœ. 
m.  dc.  xlix  (D.  V.). 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  3o.) 

*  45.  Levée  du  siège  de  Guise;  i65o.  —  Médaille 
différente  du  n°  46  ('),  publié  par  Van  Loon,  t.  II, 
p.  346. 

Hispanorum  commeatu  intercepto.  La  ville  de  Guise 
présente  une  couronne  obsidionale  à  Mars,  debout 
au  milieu  d'un  monceau  de  munitions  de  guerre  et 
de  bouche.  —  Exergue  :  Guisia  liber ata,  1  julii 
m.  dc  l  (D.  V.). 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  3i.) 

*  57.  Arras  secouru;  1654. —  Médaille  différente 
du  n°  58,  publié  par  Van  Loon,  t.  II,  p.  382. 

(')  Le  revers  de  ce  n°  46,  suivant  le  Catalogue  de  i833,  est  signé 
T.  B.  (Thomas  Bernard). 


25 

Perrupto  hispanorum  vallo,  castris  direptis.  La 
Victoire  tenant  d'une  main  une  couronne  val- 
laire;  et  de  l'autre  une  couronne  obsidionale. 
—  Exergue  :  Atrebatum  liber  atum,  xxv  augusti 
M.   DC.    LIV.    (jf.    B.). 

(M éd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1 7 2 j> ,  fol.  3g.) 

*  62.  Prise  de  Landrecies,  etc.  ;  i655.  —  Médaille 
différente  du  n°  61 ,  publié  par  Van  Loon,  t.  II,  p.  394. 

Landrecium,  Condat.  et  Fanum  S.  Gisl.  capt.  Les 
villes  de  Landrecies,  Condé  et  Saint-Ghislain,  en 
pleurs  au  pied  d'une  colonne  sommée  d'un  globe 
aux  armes  de  France.  —  Exergue  :  m.  dc.  lv. 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  42.) 

*6g.  Prise  de  La  Capelle,  i656.  —  Médaille  diffé- 
rente du  n°  68  ('),  publié  par  Van  Loon,  t.  II, 
p.  404. 

Spes  Hispanorum  imminutœ.  La  ville  de  La  Capelle, 
en  pleurs,  assise  auprès  du  Camp  des  Français.  — 
Exergue  :  Capella  capta,  xxvi  septembris  m.  dc.  lvi. 

(y-  d.). 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  46.) 

*  70.  Prise  de  Montmédy;  1657.  —  Médaille 
différente  du  n°  71,  publié  par  Van  Loon,  t.  II, 
p.  412. 

Primo   régis  adventu.   La  ville  de  Montmédy, 

(')  Le  revers  de  ce  n°  68,  suivant  le  Catalogue  de  i833,  est 
signé  T.  B. 


26 

abandonnant  son  écusson,  tombe  aux  pieds  du 
roi,  représenté  sous  les  traits  de  Mars.  — Exergue  : 
Monsmedius  captus.  iv  augusti  m.  dc.  lvii.  {J.  D.). 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723.  fol.  47.) 

*  72.  Levée  du  siège  d'Ardres,  et  prise  de  Saint- 
Venant  et  de  Mardik;  1657.  —  Médaille  différente, 
pour  la  légende  et  l'exergue,  du  n°  73,  publiée  par 
Van  Loon,  t.  II.  p.  413. 

Fines  defensi  et  propagati.  La  France  debout,  etc. 
—  Exergue  :  Arda  obsidione  liber ata  et  Fano  Stl-Ve- 
nantii  ac  Mardico  captis.  m.  dc.  lvii. 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  48.  —  Dancoisne, 
Numismatique  béthunoise,  pi.  XXVII,  n°  6.) 

401.  Paix  des  Pyrénées;  i65g. 

Médaille  datée  de  1660,  du  module  de  3o  lignes, 
semblable  pour  le  revers  à  celle  que  Van  Loon, 
t.  II,  p.  440,  i°,  donne  au  diamètre  de  16  lignes,  et 
qui  ne  figure  pas  en  ce  module-là  dans  le  Cata- 
logue de  i833. 

La  médaille  en  3o  lignes  se  frappe  actuellement 
avec  un  buste  du  roi  signé  R.  ('),  et  à  la  légende 
Ludovicus  xiv  rex  Christianissimus.  Il  ne  nous  paraît 
pas  prouvé  que  cette  légende  fût  en  usage  sur  les 
médailles  de  Louis  XIV  dès  l'époque  à  laquelle 
celle-ci  se  rapporte. 

*  106.  Acquisition  de  Dunkerque  ;  1662.  —  Mé- 

(')  Roettiers. 


27 

daille  différente  du  n°  io5,  publié  par  Van  Loon, 
t.  II,  p.  489. 

Dunquerca  acquisita.  La  ville  de  Dunkerque,  à 
genoux,  remet  ses  clefs  au  roi.  —  Exergue  :  xxvn 
octobris  m.  dc.  lxii. 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723.  fol.  72.) 

*  i38.  Campagne  de  Flandre  ;  1667.  —  Médaille 
différente  de  celle  publiée  par  Van  Loon,  t.  III, 
p.  5.  (Cf.  n°  40g  du  Catalogue  de  i833.) 

Rex  armis  jus  negatum  repetens.  Le  roi  à  cheval, 
en  costume  antique,  le  bâton  de  commandement 
à  la   main.  —  Exergue   :   Profectio    in    Belgium. 

M.  DC.  LXVII. 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  97.) 

408.  Prise  de  Tournai  et  de  Courtrai;  1667.  — 
Médaille  du  module  de  36  lignes. 

Civitates  Tornacensis  et  Curtracensis.  Louis  XIV, 
debout,  vêtu  à  l'antique,  reçoit  les  chefs  des  villes 
de  Tournai  et  de  Courtrai,  qui  les  lui  présentent  à 
genoux.  Le  dieu  de  l'Escaut  est  couché  sur  son 
urne,  aux  pieds  de  la  ville  de  Tournai  ;  celui  de  la 
Lys  est  debout  derrière  la  ville  de  Courtrai.  La 
Renommée,  dans  les  airs,  porte  une  couronne  au 
dessus  de  la  tête  du  roi.  —  Exergue  :  m.  dc  lxvii. 

(Trésor  de  num.  et  glypt.,  choix  de  méd.  françaises,  t.  III. 
pi.  XI.  fig.  6.) 

Cette  pièce,  dont  le  P.  Menestrier  a  fait  graver 
le  revers  dans  son  Histoire  du  roy  Louis  le  Grand, 
par  les  médailles,  etc.,  Paris,  1689,  se  frappe  main- 


28 

tenant  avec  le  buste  du  roi,  à  la  légende  Ludovi- 
cus  xiv,  D.  g.  Fran.  et  Nav.  rex  f). 

*  142.  Prise  de  Courtrai  et  d'Audenarde  ;  1667. 
Curtracum  et  Aldenarda  capta.   Le  roi,  debout 

entre  la  Lys  et  l'Escaut,  reçoit  deux  couronnes 
murales  que  la  Victoire  lui  présente.  —  Exergue  : 
Meuse  julio  m.  dc.  lxvii. 

{Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  100.) 

*  145.  Encore  la  campagne  de  1667. 
Expeditio  belgica.  Le  roi,  sous  la  figure  de  Mars, 

assis  au  pied  d'un  palmier,  sur  un  monceau  d'armes 
et  de  drapeaux.  —  Exergue  :  m.  dc.  lxvii.  {J.  B.). 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  io3.) 

*  i5i.  Paix  d'Aix-la-Chapelle  ;  1668. 

Pax  triumphis  prœlata.  Le  roi,  vêtu  à  l'antique, 
reçoit  une  branche  d'olivier  que  lui  présente  la 
Paix,  assise  sur  des  nuages.  Dans  le  fond,  des 
armures.  — Exergue  :  Fœdus  Aquisgranense,  umaii 

M.  DC  LXVIII. 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723,  fol.  107.) 

Variété  perfectionnée  de  la  médaille  n°  i52. 
Cette  dernière  a  été  publiée  par  Van  Loon,  t.  III, 
p.  20. 

(')  Nous  croyons  savoir  qu'un  coin  du  revers  de  la  même  médaille 
a  été  refait,  il  n'y  a  pas  de  longues  années,  à  un  diamètre  approchant 
de  88  millimètres,  soit  de  3g  lignes. 


29 

*  i66.  Arc  de  triomphe  du  faubourg  Saint- 
Antoine  ;  1670. 

Pour  les  conquestes  de  Flandre  et  de  la  Franche 
Comté.  Un  arc  de  triomphe  surmonté  de  la  statue 
équestre  du  roi.  —  Exergue  :  m.  dc.  lxx. 

Le  même  sujet  existe  en  3o  lignes,  à  la  Monnaie, 
sous  le  même  numéro,  en  même  temps  qu'en 
18  lignes,  et  aussi  en  22  lignes,  bien  que  ne  figu- 
rant pas  pour  ce  dernier  module  au  Catalogue 
de  i833  (').  Dans  les  trois  modules,  les  U  de  la 
légende,  au  revers,  ont  la  forme  de  V,  ce  qui,  pour 
les  médailles  de  Louis  XIV  du  module  de  18  lignes, 
est  tout  à  fait  une  exception. 

Il  s'agissait  d'un  arc  de  triomphe  à  élever  à 
l'extrémité  de  la  grande  rue  du  faubourg  Saint- 
Antoine,  du  côté  de  Vincennes,  en  l'honneur  des 
succès  des  armes  du  roi  en  1667  et  1668,  dans  la 
Flandre  et  la  Franche-Comté. 

Le  monument  fut  commencé  en  1670.  Il  devait 
être  magnifique  et  surpasser  tout  ce  qui  s'était  vu 
en  ce  genre.  Mais,  à  l'exception  des  fondements  et 
des  assisesjusqu'à  la  hauteur  du  soubassement  des 
colonnes,  tout  cela  d'une  solidité  incomparable,  il 
fut  élevé  provisoirement  en  charpente  et  en  plâtre , 


(')  Dans  l'Inventaire  manuscrit  des  poinçons  et  des  carrés,  ou  coins, 
de  médailles  et  de  jetons,  pris  en  charge,  en  1697  et  1698,  par  Nicolas 
de  Lannoy,  directeur  du  Balancier  du  Louvre  {Archives  nationales, 
KK.  960),  cette  médaille  ne  figure  qu'en  un  seul  module,  indiqué  là 
comme  étant  de  20  lignes  (n°  1219). 


3o 

pour  que  l'on  put  se  rendre  plus  tôt  compte  de 
l'effet  du  projet  dans  son  ensemble,  et  en  atten- 
dant la  construction  définitive,  qui  n'eut  jamais 
lieu  ('). 

Nous  donnons  dans  son  plus  grand  module, 
pi.  I  (■),  et  dans  celui  de  18  lignes  pi.  II,  fig.  i,  la 
curieuse  médaille  exécutée  en  souvenir  de  cet  arc 
de  triomphe.  Ce  monument  y  est  représenté  du 
côté  opposé  à  la  ville  de  Paris.  On  aperçoit 
dans  l'éloignement  le  sommet  de  divers  édifices 
de  la  capitale,  parmi  lesquels  on  distingue 
même  très  bien,  sur  le  coin  en  18  lignes,  et 
dans  la  perspective  de  la  voûte  du  milieu,  les 
tours  de  Notre-Dame. 

Le  silence  de  Van  Loon  au  sujet  de  cette  mé- 
daille s'explique  d'autant  moins  qu'elle  était 
publiée,  pour  le  revers,  dès  1689  (*).  Elle  est  la 
seule  du  règne  de  Louis  XIV  dont  la  légende  du 
revers  soit  en  français,  ce  qui  mérite  d'autant  plus 
d'être  remarqué  qu'il  s'agit,  précisément,  du  monu- 
ment à  propos  duquel  fut  débattue  avec  tant  de 
vivacité  et  de  chaleur,  la  question  de  savoir  en  la- 

(')  Piganiol  de  la  Force,  Description  historique  de  la  ville  de 
Paris,  édition  de  1765,  t.  V,  p.  74. 

(*)  Voir  aussi  Trésor  de  numismatique  et  de  glyptique.  Choix  de 
médailles  françaises,  t.  III,  pi.  XIII,  fig.  1.  La  médaille  y  est  publiée 
sans  aucune  remarque  au  sujet  de  la  légende  en  français. 

(')  C'est  dans  la  première  édition  de  l'Histoire  du  règne  de  Louis  le 
Grand  par  les  médailles,  etc.,  du  P.  Ménestrier.  Voir  aussi  la  contre- 
façon hollandaise  de  cette  ouvrage,  sous  la  date  de  1691 ,  pi.  XI. 


3i 

quelle  des  deux  langues,  latine  ou  française,  il 
convenait  le  mieux,  dans  le  royaume,  que  les 
inscriptions  lapidaires  fussent  rédigées.  Des  prin- 
cipaux champions  de  cette  grande  dispute  litté- 
raire, à  laquelle  Colbert  s'intéressait,  nous  ne 
citerons  que  Fr.  Charpentier,  qui  tenait  le  parti  de 
la  langue  nationale,  et  qui  a  fait  à  ce  sujet  un  livre 
qui  n'est  pas  oublié  :  c'est  la  Deffense  de  la  langue 
françoise  pour  l'inscription  de  l'Arc  de  triomphe  ('). 

(')  Paris,  1676,  in-i2.  Le  premier  des  deux  discours  dont  cet  ouvrage 
se  compose  avait  déjà  été  imprimé  en  1672,  au  plus  tard.  L'abbé  de 
Bourzeis,  qui  mourut  en  cette  dernière  année,  y  a  fait  une  réponse. 

Charpentier  fit  suivre  la  Deffense  de  la  langue  françoise  de  deux 
autres  volumes  intitulés  De  l'excellence  de  la  langue  françoise,  qu'il 
publia  en  i683.  Deux  chapitres  de  ce  dernier  ouvrage  traitent  des 
questions  suivantes  : 

(Chap.  XV.)  «  Si  la  langue  latine  convient  mieux  au  dessein  pour 
«  lequel  on  élevé  un  Arc  de  Triomphe  que  la  langue  françoise  ;  et 
«  quel  est  le  véritable  dessein  de  tous  les  monumens  d'honneur  esleve\ 
«  en  public  à  la  gloire  des  grands  personnages.  » 

(Chap.  XXVI.)  «  De  la  différence  qu'il  faut  faire  entre  l'inscription 
«  des  médailles  et  celle  d'un  arc  de  triomphe,  appuyée  sur  la  nature 
«  de  ces  deux  sortes  de  monumens.  » 

Pour  les  médailles,  Charpentier  admet  nettement,  danscette  dernière 
production,  bien  qu'on  lui  eût  fait  le  reproche,  plus  ou  moins  mérité 
dans  le  passé,  d'être  d'un  avis  contraire,  la  préférence  de  la  langue 
latine  à  la  langue  nationale,  en  se  fondant  sur  ce  que  les  médailles  ne 
sont  pas  destinées  à  rester  à  demeure  comme  les  édifices,  mais  bien 
à  porter  en  tous  pays  la  renommée  de  ceux  en  l'honneur  de  qui  elles 
sont  frappées. 

Voir  pour  le  nom  et  le  rôle  de  la  plupart  des  savants  qui  se  sont 
montrés  les  partisans  ou  les  adversaires  de  Charpentier,  dans  la  ques- 
tion de  savoir  «  si  les  inscriptions  des  monumens  publics  de  France 


32 

La  médaille  n°  166  est  un  souvenir  à  ne  pas  né- 
gliger de  l'opinion  que  Charpentier  s'attacha  vail- 
lamment à  faire  prévaloir,  et  qui  avait,  sans  con- 
tredit, sa  valeur.  Ajoutons  que,  rapprochée  des 
données  qui  précèdent,  elle  jette  un  jour  nouveau 
sur  ces  divers  jetons  de  services  administratifs 
royaux  que  l'on  voit  tout  à  coup ,  aux  étrennes 
de  l'année  1674,  paraître  avec  des  devises  en 
français,  véritable  phénomène  qui  ne  se  repro- 
duisit plus  jamais  aussi  complètement,  et  dont  les 
traces  bien  accusées  se  remarquent  encore  sur 
quelques  jetons  des  deux  années  suivantes  ('). 

doivent  être  écrites  en  Latin  ou  en  François  « ,  les  Querelles  litté- 
raires,  par  l'abbé  Irail,  1761,  t.  II,  pp.  97  etsuiv. 

Avec  les  interminables  discussions  soulevées  en  toute  cette  affaire,  on 
n'était  pas  encore  absolument  à  la  fameuse  querelle  des  Anciens  et  des 
Modernes,  mais  il  semble  bien  qu'elles  y  préparaient  les  esprits,  et 
qu'elles  devaient  tout  naturellement  y  conduire. 

(')  Pour  l'année  1674,  et  par  la  seule  inspection  du  Catalogue 
manuscrit  des  coins  de  jetons  conservés  encore  actuellement  dans  les 
vitrines  du  Musée  de  l'Hôtel  des  Monnaies,  nous  ne  comptons  pas 
moins  de  six  jetons  dont  la  légende  appuie  la  particularité  que  nous 
venons  de  poser  en  fait.  -  Trésor  royal  :  Je  récompense  la  vertu. 
Un  laurier.  —  Bâtiments  du  roi  :  J'en  suis  la  force  et  l'ornement.  Une 
colonne  soutenant  une  corniche.  —  Marine  :  C'est  à  moi  de  la  régir. 
Une  rame.  —  Ordinaire  des  guerres  :  Plus  grande  en  sera  la  victoire. 
L'Hydre,  dont  quelques  têtes  restent  à  couper.  —  Jeton  sans  dési- 
gnation de  service  :  Je  nourris  le  plus  grand  des  Dieux.  Un  lis  sur 
lequel  butine  une  abeille.  —  Quant  au  sixième  jeton,  sur  lequel  on 
lit  :  Je  porte  l'abondance  en  tous  lieux,  il  représente  la  Monnaie 
assise,  tenant  des  balances  et  une  corne  d'abondance. 

D'après  le  Catalogue  susmentionné,  les  jetons  à  légendes  en  français 
pour  l'année  1675,  sont  celui  de  l'Ordinaire  des  guerres  et  celui  des 


33 

La  médaille  de  l'arc  de  triomphe  de  1670  ne 
figure  dans  aucune  des  trois  éditions  des  Médailles 
sur  les  principaux  événements  du  règne  de  Louis  le 
Grand,  expliquées  par  l'Académie  des  Médailles  et 
Inscriptions.  Ainsi  qu'on  le  voit  dans  les  notes 
préliminaires  de  notre  article,  c'est  dire  que  ce 
corps  savant  ne  l'a  pas  reconnue  pour  être  de  son 
œuvre. 

*  i85.  Prise  de  Maestricht;  1673. 

Virtus  régis  invictissimi.  Minerve  debout,  etc. 

Le  même  sujet  en  3o  lignes,  sous  le  même 
numéro,  avec  le  buste  du  roi,  couronné  de  laurier, 
signé  R. 

Van  Loon,  t.  III,  p.  112,  a  donné  une  médaille 
semblable  pour  le  revers,  mais  au  diamètre  de 
22  lignes,  non  mentionné  au  Catalogue  de  i833. 
Cette  dernière  est  signée  L.  Loir  sous  le  buste  du 
roi.  Ce  doit  être  la  plus  ancienne  des  trois. 

423.  Prise  de  Cambrai  ;  1677.  —  Médaille  du 
module  de  26  lignes. 

Imp.  finibus  ab  host.  incursionibus  liber atis.  La 
France  debout,  relevant  d'une  main  son  manteau, 


Revenus  casuels  ;  et  pour  l'année  1676  on  ne  rencontre  plus,  dans  les 
mêmes  conditions,  que  le  jeton  de  ce  dernier  service. 

Nous  avons  laissé  de  côté,  dans  ce  relevé,  les  jetons  de  jeu,  de 
galanterie  ou  de  fantaisie,  ou  étrangers  à  l'administration  royale, "que 
l'on  peut  trouver,  à  toutes  les  époques,  avec  des  devises  en  français, 
ce  pour  quoi  ils  n'en  demeureraient  pas  moins  en  dehors  de  notre 
sujet. 

Année  1887.  3 


34 

tient  de  l'autre  une  couronne  d'olivier;  dans  l'éloi- 
gnement,  un  laboureur  conduit  sa  charrue.  — 
Exergue  :  Cameracwn  captum.  m.  dc  lxxvii.  (Du- 
four  /.). 

Cette  médaille  se  frappe  avec  le  buste  du  roi,  à 
la  légende  :  Lud.  Magnus  Fran.  et  Nav.  rex. 

426.  Prise  de  Saint-Omer;  1677.  —  Médaille  du 
module  de  3o  lignes. 

Exercitu  e  Cassellensi  pvœlio  redeunte.  Louis  XIV 
à  cheval,  à  la  tête  de  son  armée,  précédé  par  la 
Victoire  qui  tient  les  rênes  de  son  cheval.  La  ville 
de  Saint-Omer,  à  genoux,  lui  présente  ses  clefs.  — 
Exergue  :  Audomaropolis  dedita,  1677  (R). 

Cette  médaille  se  frappe  avec  le  buste  du  roi  cou- 
ronné de  laurier,  signé  R,,  et  à  la  légende  Ludo- 
vicus  Magnus  rex  Christianissimus. 

(Trésor  de  num.  et  de  glypt.;  méd.  franc. ,\.  III,  pi.  XVIII, 
fig.  5.  -  Alex.  Hermand,  Monnaies,  médailles  et  jetons  de 
Saint-Omer,  pi.  II.) 

*  219.  Levée  du  siège  de  Charleroi  ;  1677. 
Caroloregium  altéra  obsidione  liber atum.  La  ville 

de  Charleroi  s'inclinant  devant  Mars,  lui  présente 
une  couronne  obsidionale.  —  Exergue  :  xiv  augusti 

M.  DC.  LXXVII. 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1723.  fol.  164.) 

*  221.  Même  sujet.  —  Médaille  différente  du 
n°  220,  publié  par  Van  Loon,  t.  III,  p.  219. 

Une  couronne  obsidionale  dans  laquelle  est  cette 


35 
inscription  :  Ob  Caroloregium  bis  obsidione  libêra- 

tum.  M.   DC.  LXXII — M.  DC.  LXXVII. 

La  même  médaille  existe  en  26  lignes,  sous  le 
même  numéro,  avec  le  buste  du  roi  couronné  de 
laurier. 

*  233.  Paix  de  Nimègue  ;  1678.  —  Médaille  diffé- 
rente du  n°  232  sur  le  même  sujet,  et  publiée  par 
Van  Loon,  t.  III,  p.  23i. 

Le  revers  est  occupé  en  entier  par  cette  inscrip- 
tion :  Ludovico  Magno  qui,  Batavis  debellatis,  His- 
panis  loties  devictis,  Sequanis  bis  subactis,  Germanis 
ubique  super atis,  hostium  classibus  fugatis  et  incensis, 
toti  fere  Europœ  conjurâtes  et  fœderatœ  pacem  dédit, 
imperavit.  Anno  m.  dc.  lxxviii. 

Van  Loon,  t.  III,  p.  258,  donne  la  même  inscrip- 
tion d'après  une  médaille  du  module  de  35  lignes, 
non  mentionnée  au  Catalogue  de  i833. 

43i.  Paix  générale  ;  1679. —  Médaille  du  module 
de  3o  lignes. 

Pacatori  or  bis.  Louis  XIV,  revêtu  du  manteau 
royal,  etc. 

A  part  les  dimensions,  cette  médaille,  qui  se 
frappe  avec  le  buste  du  roi  couronné  de  laurier, 
signé  R,  et  à  la  légende  Ludovicus  Magnus  rex 
Christianissimus,  est  la  même,  pour  le  revers,  que 
celle  du  diamètre  de  21  lignes,  avec  le  buste 
signé  L.  Loir,  publiée  par  Van  Loon  ,  t.  III, 
p.  260,  et  que  le  Catalogue  de  i833  ne  mentionne 
pas  en  ce  module. 


36 

448.  Statue  de  la  Place  des  Victoires;  1686. — 
Médaille  du  module  de  28  lignes.  (PL  III.) 

Patri  exercituum  et  ductori  semper  felici.  Statue 
pédestre  du  roi  couronné  par  la  Victoire.  Aux 
quatre  coins  du  piédestal,  les  nations  enchaînées  ; 
sur  la  base,  cette  inscription  :  Viro  immort  ait.  — 
Exergue:  Franc,  vice-com.  d' Aubusson  posuit  in  areâ 
publ.  Lutetiar.  ann.  1686. 

Cette  médaille,  qui  se  frappe  actuellement  avec 
le  buste  du  roi,  couronné  de  laurier,  signé  R, 
légende  Ludovicus  Magnus  rex  Christianissimus, 
représente  le  célèbre  monument  que  le  maréchal 
duc  de  La  Feuillade,  d'assez  originale  mémoire, 
fit  élever  en  l'honneur  de  Louis  XIV,  du  vivant 
de  celui-ci,  sur  la  place  des  Victoires  à  Paris,  qui 
lui  est  due  également,  monument  inauguré  le 
28  mars  1686  ('). 

Nous  n'aurions  pas  à  nous  occuper  de  cette  mé- 
daille si  l'on  ne  savait  qu'il  était  fréquemment 
question  de  faits  relatifs  aux  Pays-Bas  dans  les 
inscriptions  des  bas-reliefs  du  piédestal  de  la 
statue,  ainsi  que  dans  celles  des  quatre  groupes  de 
colonnes  dont  la  place  était  ornée,  et  qui  servaient 
de  supports  à  de  grands  fanaux  destinés  à  l'éclairer. 
Là  étaient  rappelés,  sur  le  piédestal  :  le  passage  du 
Rhin  (1672),  la  paix  de  Nimègue  (1678);  et  sur  les 
colonnes  :  la  bataille  de  Rocroi  (1643),  la  première 


(l)  Piganiol  de  la  Force,  Descript.  hist.  de  la  ville  de  Paris,  1765, 
t.  III,  p.  66. 


3? 
campagne  du  roi  en  Flandre  (1667),  la  prise  de 
Maestricht  (1673),  la  bataille  de  Seneffe  (1674),  la 
flotte  hollandaise  brûlée  à  Tabago  (1676),  la  prise 
de  Valenciennes  (1677),  la  bataille  de  Cassel  (1677), 
la  prise  de  Cambrai  (1677),  celle  de  Gand  (1678),  de 
Luxembourg  (1684). 

Dans  un  acte  notarié  relatif  à  l'entretien  de 
la  fondation  du  duc  de  la  Feuillade,  acte  du 
29  juin  1687,  confirmé  par  lettres-patentes  du  roi 
du  mois  de  juillet  suivant,  il  était  spécifié,  arti- 
cle 11,  que  les  ouvrages  de  la  place  seraient  visités 
tous  les  cinq  ans  par  les  prévôt  des  marchands  et 
échevins  de  la  ville  de  Paris,  et  article  i3,  que,  à 
la  fin  de  la  visite,  des  exemplaires  en  argent  de  la 
médaille  qu'on  vient  de  voir  seraient  remis  :  deux 
au  prévôt  des  marchands,  et  une  à  chacun  des 
quatre  échevins,  ainsi  qu'au  procureur,  au  greffier 
et  au  receveur  de  ladite  ville  de  Paris.  Une  mé- 
daille semblable,  mais  en  or,  devait,  en  outre,  être 
présentée  le  lendemain  au  roi  pour  lors  régnant  ('). 

Les  témoignages  prodigues  de  la  reconnaissance 

(')  Donation  et  substitution  faites  par  Très  Haut  et  très  Puissant 
Seigneur,  Monseigneur  François  Vicomte  a" Aubusson  de  la  Feuillade, 
Duc,  Pair  et  Maréchal  de  France,  Colonel  des  Gardes  Françoises, 
Gouverneur  du  Dauphiné,  le  29  juin  1687;  confirmées  par  lettres 
patentes  en  forme  d'édit  du  mois  de  juillet  1687;  enregistrées  au  Par- 
lement le  4  dudit  mois  de  juillet  1687.  —  Ces  pièces  sont  imprimées, 
notamment,  à  la  suite  d'un  Traité  des  Statues,  par  François  Lemée, 
écrit  cie  circonstance  mis  au  jour  à  Paris,  en  1688,  aux  dépens,  sans 
doute,  de  La  Feuillade,  et,  dans  tous  les  cas,  pour  la  plus  complète 
exaltation  du  monument  dû  à  son  culte  pour  le  roi. 


38 

de  La  Feuillade  envers  Louis  XIV,  qui  l'avait, 
peut-on  dire,  comblé  de  ses  faveurs  ('),  furent 
diversement  appréciés  ;  mais  le  fait  est  qu'ils 
furent  beaucoup  au  goût  du  roi.  «  Pour  moi,  écri- 
vait le  marquis  de  la  Fare,  quoique  la  plupart  des 
gens  ayent  trouvé  dans  cela  une  ostentation  folle, 
je  ne  sçaurois  désapprouver  qu'un  courtisan  qui 
a  reçu  de  grands  bienfaits  de  son  maître  laisse  un 
pareil  monument  de  sa  reconnaissance,  supposé 
qu'on  admette  des  pensées  vaines  dans  un  prince 
sage  et  dans  un  sujet  qui  le  seroit  aussi  (').  » 

Bien  que  l'on  conserve  aujourd'hui  à  la  Mon- 
naie les  coins  de  la  médaille  de  la  fondation  La 
Feuillade,  ils  ne  sont  pas  de  ceux  qui  ont  été  faits 
aux  frais  du  roi.  Il  résulte  même  de  ce  qui  précède 
que  la  médaille  avait  une  destination  toute  spé- 
ciale, et  l'on  ne  voit  pas  qu'il  ait  pu  en  être  frappé 
d'autres  exemplaires  qu'en  argent  et  en  or,  à  moins 
qu'à  titre  d'essai  et  par  caprice. 

*  278.  Ligue  .d'Augsbourg;  1688. 
Disjungam  fœdus  Augustanum.  Les  écussons  des 
puissances  liguées,  enchaînés  circulairement.  Au 


(')  La  Feuillade,  quand  il  fit  ériger  la  statue  de  la  place  des  Victoires, 
devait  déjà  à  Louis  XIV  d'être  duc,  maréchal  de  France,  colonel  du 
régiment  des  Gardes  Françaises,  gouverneur  et  lieutenant  général  du 
roi  en  Dauphiné;  mais  il  ne  reçut  le  collier  des  ordres  du  roi  qu'à  la 
promotion  du  3i  décembre  1688. 

(*)  Mémoires  et  réflexions  sur  les  principaux  événements  du  règne 
de  Louis  XIV,  par  Mr  L.  M.  D.  L.  F.  Rotterdam,  1716.  p.  98. 


39 
milieu,  un  foudre.  La  légende  est  dans  le  champ, 
ainsi  que  la  date  :  m.  dc.  lxxxviii. 

Cette  médaille  a  existé  dans  le  module  de 
3o  lignes.  C'est  en  ce  dernier  module  qu'elle 
figure  à  l'Inventaire  manuscrit,  susmentionné,  des 
poinçons  et  des  carrés,  etc.,  pris  en  charge  par  de 
Launay  en  1698,  art.  145 1.  Les  «  États  Généraux 
de  Hollande  »  sont  une  des  puissances  dont 
l'écusson  est  nommément  désigné,  parmi  les  dix- 
neuf  dont  l'ensemble  se  compose  ('). 

454.  Fontaine  d'Ypres  ;  1689,  1692.  —  Médaille 
de  20  lignes. 

Fundit  inexhaustas.  Vue  d'une  fontaine  surmontée 
de  la  statue  de  Louis  XIV.  —  Dans  le  champ  : 
îprœ,  1689. 

Revers  :  Nobisjam  melius  nitet.  Un  soleil  rayon- 
nant. —  Exergue  :  Castell.  Ipr.  1692. 

(Alph.  Vanden  Peereboom,  Numismatique yproise  ;  Cf.  n°*  1 
et  2.) 

456.  Prise  de  Mons;  1691.  —  Médaille  du  module 
de  28  lignes. 
Le  revers  de  cette  médaille,  qui  se  frappe  avec 


(')  Voici  la  description  du  carré,  ou  coin,  n°  1451,  telle  qu'elle  est 
donnée  à  l'Inventaire  :  «  Dix-neuf  écussons  ovales  des  armes  de  l'Em- 
pire, l'Espagne,  l'Angleterre,  la  Bavière,  le  Brandebourg,  la  Saxe,  le 
Palatinal,  les  États  Généraux  de  Hollande,  et  de  toutes  les  autres 
puissances  liguées  contre  la  France,  et  au  milieu  un  foudre  qui  éclate 
de  toutes  parts.  Au  dessus  d'une  banderolle  :  DISJUNGAM.  Au-dessus 
d'une  autre  banderolle  :  FŒDUS  AUGUSTANUM.  » 


40 

le  buste  du  roi  à  la  légende  Ludovicus  Magnus  rex 
Christianissimus,  est  entièrement  occupé  par  l'ins- 
cription suivante  : 

Montium  urbs  Belg.  munitiss.  Han.  caput,  mense 
mart.  a  Ludovico  M.  obsessa  et  intra  xvi  diem  expu- 
gnata,  consilbut  Hagœ  C.  maie  conjur.  prin. ,  et 
Arau.  Pr.  minaciter  advolante  (  ),  victori  laudem  et 
optatum  peractis  imperiis  decus  arrogavit.  m.  dc.  xc  i. 

(Rev.  num.  belge,  1857.  pi.  XVII.) 

455.  Médaille  du  module  de  32  lignes,  sur  le 
même  sujet,  en  même  temps  que  sur  la  prise  de 
Nice;  1691.  — Au  droit,  buste  du  roi,  signé  De  la 
Haye. 

Extendit  matins  suas  super  montes  et  conturbavit 
régna.  Composition  double  :  i°  vue  de  la  ville  de 
Mons  et  de  ses  fortifications  ;  2°  carte  topogra- 
phique du  pays  de  Nice.  —  Exergue  :  Prœludia 
veris.  m.  dc  xci. 

(Trésor  de  num.  et  de glypt.;  méd.  franc.,  t.  III,  pi.  XXX.) 

*  3o5.  Prise  de  Namur  ;  1692.  —  Médaille  diffé- 
rente du  n°  304,  publiée  par  Van  Loon,  t.  IV, 
p.  88,  n°  2.) 

Ludovicus  Magnus  N amure,  urbem  et  arces  xxx  die 

(')  Consilientibus  Hag  Comitis  maie  conjuratis  principibus,  et 
Arausionensi  Principe  minaciter  advolante.  Il  s'agit  là  du  Coftgrès  de 
La  Haye,  en  1691,  et  du  secours  que  le  Prince  d'Orange  comptait 
porter  à  la  ville  de  Mons.  [Voir,  au  surplus,  l'intéressant  mémoire 
de  M.  J.-F.-G.  Meyer  publié  dans  la  Revue  numismatique  belge, 
année  1857,  p.  246.) 


4i 

obsid.  cœpit.  sub  octdis  Hispan.  Angl.  Germ.  Batav. 
centum  mill.  La  Sambre  et  la  Meuse  mêlant  leurs 
eaux  au  pied  d'un  rocher  sur  lequel  est  élevé  un 
cippe  surmonté  d'une  statue  de  la  Victoire.  — 
Exergue  :  m.  dc.  xcii. 

45g.  Furnes  en  sûreté  sous  la  protection  de  la 
France  ;  i6g2.  —  Médaille  du  module  de  20  lignes, 
qui  ne  diffère  que  par  la  date,  pour  ce  qui  concerne 
le  revers,  de  celle  de  1689,  publiée  par  Van  Loon, 
t.  III,  p.  40g,  et  non  mentionnée  au  Catalogue 
de  i833.  Elle  se  frappe  avec  la  tête  du  roi  couronné 
de  laurier,  signée  J.  Nilis  ('). 

*  32g.  Défaite  de  la  flotte  hollandaise  près  du 
Texel  ;  i6g6.  —  Médaille  différente  du  n°  33o, 
publiée  par  Van  Loon,  t.  IV,  p.  23i. 

Attonita  Batavia.  La  Hollande  effrayée  à  la  vue 
d'un  vaisseau  en  proie  aux  flammes.  —  Exergue  : 
Incensis  aut  capt.  nav.  onerariis  xxx,  bellicis  ni,  ad 
Texeliam.  m.  dc.  xcv.  —  (PI.  II,  fig.  2.) 

Cette  médaille,  qui  porte  une  date  inexacte,  i6g5 
au  lieu  de  i6g6,  rappelle  un  des  hardis  exploits  de 
Jean  Bart.  Elle  ne  diffère  que  par  la  légende  et 
l'exergue,  de  la  médaille  qui  la  suit,  sous  le  n°  33o, 
dans  le  Catalogue  de  i833,  exactement  datée  de 

(')  Pour  ce  coin  à  la  tête  de  Louis  XIV,  voir  dans  Van  Loon,  t.  IV, 
pp.  1 1 1  et  112,  les  médailles,  datées  également  de  1692,  des  villes  de 
Dunkerque  et  de  Bergues-sur-Winoc,  cette  dernière  attribuée  là,  par 
erreur,  à  la  ville  de  Mons.  (J.  Dirks,  Penningkundig  repertorium, 
fascic.  LIV.) 


42 

i6g6,  et  publiée  par  Van  Loon,  t.  IV,  p.  23 1 ,  comme 
nous  venons  de  le  dire. 

En  parlant  de  cette  dernière  médaille,  publiée 
bien  antérieurement  à  l'ouvrage  de  Van  Loon, 
dans  le  recueil  de  l'Académie  des  Médailles  et 
Inscriptions,  nous  ne  saurions  mieux  faire  que  de 
reproduire  l'explication  qui  en  a  été  donnée  par 
cette  compagnie  savante  (*)  : 

«  Flotte  hollandaise  défaite  à  la  vue  du  Texel.  — 
Le  Chevalier  Baëit,  avec  une  petite  escadre  de 
vaisseaux  du  Roi,  rencontra  le  18  de  juin  la  flotte 
marchande  hollandoise  de  la  mer  Baltique,  com- 
posée de  plus  de  cent  voiles  et  escortée  par  cinq 
gros  navires  de  guerre.  Il  les  attaqua  aussitôt, 
aborda  lui-même  le  vaisseau  amiral,  s'en  empara, 
et  força  les  quatre  autres  à  se  rendre.  Ensuite  il 
tomba  sur  les  vaisseaux  marchands,  et  en  -prit 
trente.  Mais  comme  il  se  vit  hors  d'état  de  con- 
duire un  si  grand  nombre  de  prises,  il  brûla  deux 
des  vaisseaux  de  guerre  et  la  plus  grande  partie  des 
vaisseaux  marchands,  et  envoya  le  reste  à  Dun- 
kerque.  L'action  se  passa  près  du  Texel,  presque  à 
la  vue  de  treize  vaisseaux  de  guerre  ennemis,  qui 
n'osèrent  avancer  quoiqu'ils  eussent  le  dessus  du 
vent,  ce  qui  répandit  la  terreur  sur  toutes  les  côtes 
de  la  Hollande  (-).  » 

(')  Feuillet  263  des  deux  éditions  de  1702. 

(*)  Ce  fut  cette  action  brillante  de  Jean  Bart  qui  «  lui  valut  des  lettres 
de  noblesse  »,  lit-on   dans  la  Biographie  universelle  de  Michaud, 


43 

Un  fait  très  singulier,  c'est  que,  pour  cette  mé- 
daille-là, déjà,  la  date  marquée  à  l'exergue,  sur  la 
gravure  qui  en  est  donnée  dans  l'édition  in-40, 1702, 
du  recueil  de  l'Académie,  est  m.  dc.  xcv,  alors  que 
dans  la  description  il  y  a  bien  m.  dc.  xcvi.  De  la 
Hode,  de  son  côté,  a  reproduit,  sans  commentaire 
aucun  sur  ce  point,  la  gravure  du  recueil  in-40,  avec 
la  fausse  date  de  m.  dc  xcv  ('),  et  placé  l'explication 
qu'il  en  donne  parmi  les  événements  de  i6g5.  Quant 
à  Goeree,  à  qui  l'on  doit  une  traduction  en  hollan- 
dais du  recueil  de  l'Académie  (:),  on  peut  dire  que, 
sur  ce  même  point,  son  exactitude  a  été  poussée 
jusqu'à  l'absence  de  la  réflexion  et  du  sens  com- 
mun, car  il  a  laissé  la  date  «  m.  dc  xcv  »  dans  le 
dessin  de  la  médaille,  et  «  i6g6  »  dans  la  descrip- 
tion. 

La  médaille  différente  que  nous  publions  per- 
pétue la  bévue  de  la  fausse  date,  sans  que  l'on 
semble  même,  jusqu'ici,  y  avoir  pris  garde.  Aussi 
le  coin  continue-t-il  à  demeurer,  en  quelque  sorte, 
à  la  disposition  du  public,  qui  peut  toujours,  se 
procurer  à  la  Monnaie  la  frappe  moderne  de  cette 
même  médaille,  comme  s'il  s'agissait  de  la  propa- 


nouvelle  édition,  t.  III.  Mais  il  y  aurait  erreur  dans  l'assertion  de  la 
Biographie  Michaud,  si  l'on  doit  s'en  tenir  à  ce  qu'a  écrit,  de  son  côté, 
La  Chesnaye  des  Bois,  dans  son  Dictionnaire  de  la  Noblesse,  à  savoir 
que  les  lettres  de  noblesse  de  Jean  Bart  remonteraient  à  1694. 

(')  Tome  V,  aux  planches,  fig.  XXX. 

(*)  Historische  Gedenk-penningen  van  Lodewyk  den  XIV;  Amster- 
dam, 1712,  in-8°,  fol.  2Ô3. 


44 

gation  d'un  document  historique  méritant  vérita- 
blement, tel  qu'il  est,  d'être  pris  au  sérieux. 

*  336.  Prise  d'Ath,  de  Barcelonne  et  de  Cartha- 
gène;  1697. 

Victoria  cornes  Francorum.  La  Victoire,  debout, 
grave  sur  trois  boucliers  suspendus  à  un  palmier 
ces  mots  :  Ad  Barcinonem  Hispaniœ.  —  Ad  Atham 
Flandriœ.  —  Ad  Carthaginem  novi  Orbis.  —  Exer- 
gue :  M.  dc.  xcvn. 

(Médailles  du  règne  de  Louis  le  Grand,  éd.  1702,  fol.  269.) 

*  337.  La  France  toujours  victorieuse  ;  1697. 
Gallia  invicta.  La  France  debout,  appuyée  d'une 

main  sur  un  javelot,  porte  sur  l'autre  une  figure  de 
la  Victoire  ;  à  ses  pieds  les  écussons  des  puissances 
ennemies;  on  remarque,  sur  l'un  d'eux,  le  lion  des 
Provinces-Unies,  tenant  les  sept  flèches.  —  Exer- 
gue :  Belloper  decennium  féliciter  gesto.  m.  dc.  xcvii. 

(Méd.  de  Louis  le  Grand,  éd.  1702,  fol.  270.) 

467.  Paix  d'Utrecht;  1713.  —  Médaille  du  mo- 
dule de  32  lignes,  dont  le  droit  est  le  même  que 
pour  le  n°  455  (prise  de  Mons,  1691),  décrit  plus 
haut.  Le  revers  présente  l'inscription  suivante, 
dans  une  couronne  de  laurier  : 

Qnod  sœvissimo  bello  féliciter  confecto  Hispaniarum 
regnum  Philippo  nepoti  assenât,  et  totius  Europœ  tran- 
quillitati  consultât,  anno  regni  lxxi. 


45 

*  382.  La  ville  de  Lille  rendue  à  la  France  par 
la  paix  d'Utrecht  ;  1713. 

Liberatori  paciftco.  Louis  XIV  debout,  vêtu  à 
l'antique,  tend  les  bras  à  la  ville  de  Lille,  qui,  à 
genoux  à  ses  pieds,  lui  présente  une  couronne 
d'olivier.  —  Exergue  :  Prœf.  Ins.  Cons.  1713. 

(Ed.  Van  Hende,  Numismatique  lilloise,  pi.  64,  fig.  549,  mais 
avec  des  variétés  de  coins.  Ici  la  tête  de  Louis  XIV  est  une 
œuvre  de  Thomas  Bernard,  et  il  y  a  au  revers,  en  sous- 
exergue,  trois  initiales  «  J.  G.  R.  »  ('),  dont  il  n'est  pas  fait 
mention  dans  le  catalogue  imprime  de  i833.) 

468.  Paix  de  Rastadt  ;  1714.  —  Médaille  du  mo- 
dule de  26  lignes. 

Uni  debemus  utramque.  Mars  debout,  montrant 
une  couronne  de  laurier  à  Minerve,  qui,  appuyée 
sur  sa  lance,  tient  une  couronne  d'olivier.  — 
Exergue  :  Victoria  pacem  fecit.  m.  dcc.  xiiii. 

On  frappe  actuellement  cette  médaille  avec  le 
buste  de  Louis  XIV,  la  tête  ceinte  d'une  couronne 
de  laurier,  signé  Molart,  et  à  la  légende  Ludovicus 
Magnus  rex  Christianissimus.  Le  revers  en  est  donné 
par  Van  Loon,  t.  V,  p.  241,  mais  avec  le  buste  du 
maréchal  de  Villars  sur  le  côté  opposé. 

(!)  Probablement  Joseph-Charles  Roettiers,  né  à  Paris  en  1692,  reçu 
de  l'Académie  de  peinture  et  sculpture  en  1717,  et  qui  devint  en  1727 
graveur  général  de  la  Monnaie.  (Albert  Barre,  Graveurs  généraux  et 
particuliers  des  Monnaies  de  France,  dans  l'Annuaire  de  la  Société 
française  de  Numismatique  et  d'Archéologie,  année  1867.) 


46 


§  II.  Médailles  du  règne  de  Louis   XIV  men- 
tionnées   DANS  LE  CATALOGUE  IMPRIMÉ    EN   l833 

des  coins  et  médailles  du  musée  monétaire, 
comme  existant  au  diamètre  de  3o  lignes,  et 
que  Van  Loon  n'a  pas  publiées  en  ce  mo- 
dule, MAIS  EN  CELUI  DE  l8  LIGNES,  DONT  LES 
COINS  EXISTENT  ÉGALEMENT  AU  MUSÉE  MONÉ- 
TAIRE. 

Il  est  facile  de  comprendre  que  les  omissions  de  Van 
Loon  qui  rentrent  dans  cette  catégorie  ont  beaucoup 
moins  d'importance  que  celles  dont  nous  avons  dû  nous 
occuper  d'abord.  Nous  ne  ferons  guère  qu'en  donner  la 
liste,  sans  entrer  dans  le  détail  des  variantes  plus  ou 
moins  remarquables  qui  peuvent  exister  entre  les 
médailles  du  module  de  18  lignes  et  celles  de  plus  grand 
module  représentant  le  même  sujet.  Le  lecteur  qui 
désirerait  en  connaître  davantage  aurait  à  recourir  au 
Catalogue  de  i833. 

Les  numéros  donnés  aux  médailles  sont  ceux  qu'elles 
ont,  avec  leurs  semblables  du  module  de  18  lignes,  dans 
ce  même  catalogue. 

Les  indications  entre  parenthèses,  à  la  suite  de  la 
mention  du  sujet  de  la  médaille,  renvoient  au  volume  de 
^Histoire  métallique  de  Van  Loon,  édition  française,  et 
à  la  page  de  ce  volume  où  la  médaille  est  représentée 
dans  le  module  de  18  lignes. 

7.  Bataille  de  Rocroi,  1643.—  (T.  II,  p.  265.) 
Le  Musée   monétaire   possède   en    outre,   non 
indiqués  au  Catalogue  de  i833,  les  coins  pour  la 
frappe  de  la  médaille  dans  le  module  de  24  lignes  ('). 

(')  Ce  renseignement  et  les  autres  de  la  même  nature  qui  suivront 


47 
8.  Prise  de  Thionville  ;  1643.  —  (T.  II,  p.  266.) 
Il  existe  au  Musée  monétaire,  non  indiqués  au 

Catalogue  de  i833,  les  coins  pour  la  frappe  de  la 

médaille  dans  le  module  de  24  lignes. 

3g.  Bataille  de  Lens  ;  1648.  —  (T.  II,  p.  3i6.) 
On  conserve  au  Musée  monétaire,  non  indiqués 

au  Catalogue  de  i833,  les  coins  pour  la  frappe  de 

la  médaille  dans  le  module  de  28  lignes. 
La  médaille  est  représentée  en  ses  trois  modules 

dans  la  Numismatique  bêthunoise,  par  M.  L.  Dan- 

coisne,  pi.  XXIII  à  XXV. 

41.  Paix  de  Westphalie;  1648.-—  (T.  II,  p.  3o8.) 

47.  Bataille  de  Rethel;  i65o.  —  (T.  II,  p.  348.) 

71.  Prise  de  Montmédy  ;  1657.  —  (T.  II,  p.  412.) 

74.  Bataille  des  Dunes;  i658.  —  (T.  II,  p.  417.) 

io5.  Acquisition  de  Dunkerque;  1662.  —  (T.  II, 
p.  489,  i°.) 

125.  Secours  aux  Hollandais;  1662.  —  (T.  II, 
p.  5i8.) 

143.  Prise  de  Lille;  1667.  —  (T.  III,  p.  10.) 
La  médaille  du  module  de  3o  lignes  a  été  publiée 
par  M.  Ed.  Van  Hende,  dans   sa  Numismatique 

encore  résultent  d'une  communication  qui  nous  a  été  faite  par  la  Direc- 
tion générale  des  Monnaies  et  Médailles.  Nous  remercions  particulière- 
ment l'honorable  conservateur  du  Musée  monétaire,  M.  Caignard,  de 
ceux  de  ces  renseignements  que  nous  devons  à  son  obligeance. 


48 

lilloise,  i858,  pi.  5g,  d'après  un  exemplaire  ancien, 
différent,  pour  le  coin  de  tête,  des  exemplaires  en 
frappe  moderne. 

172.  Prise  de  quatre  villes  sur  le  Rhin  (Orsoy, 
Rhinberg,  Burik,  Wesel);  1672.  —  (T.  III,  p.  5o.) 

174.  Passage  du  Rhin;  1672.  —  (T.  III,  p.  53,  i°.) 

175.  Retranchements  de  l'Yssel  forcés  ;  1672.  — 
(T.  III,  p.  55.) 

i83.  Défaite  de  l'électeur  de  Brandebourg,  allié 
des  Hollandais;  1673.  —  (T.  III,  p.  110.) 

184.  Prise  de  Maestricht;  1673.  — (T.  III,  p.  m.) 

186.  Seconde  conquête  de  la  Franche-Comté  ; 
1674.  -  (T.  III,  p.  i37,  i°.) 

On  conserve  au  Musée  monétaire,  non  indiqués 
au  Catalogue  de  i833,  les  coins  pour  la  frappe  de 
la  médaille  dans  le  module  de  28  lignes. 

188.  Prise  de  la  ville  et  de  la  citadelle  de  Besan- 
çon ;  1674.  —  (T.  III,  p.  134,  i°.) 

192.  Bataille  de  Seneffe;  1674.  —  (T.  III, 
p.  144,  i°.) 

Il  existe  au  Musée  monétaire,  non  mentionnés 
au  Catalogue  de  i833,  des  coins  pour  la  frappe  de 
la  médaille  dans  le  module  de  28  lignes  et  dans 
celui  de  20  lignes. 

194.  Levée  du  siège  d'Audenarde  ;  1674.  — 
(T.  III,  p.  146.) 


49 

199.  Prise  de  Dinantetde  Huy;  1675.  —  (T.  III, 
p.  169.) 


200.  Prise  de  Limbourg;  1675.  —  (T.  III, 
p.  171,  i°.) 

Le  Musée  monétaire  possède,  non  indiqués  au 
Catalogue  de  i833,  les  coins  pour  la  frappe  de  la 
médaille  dans  le  module  de  28  lignes. 

209.  Combat  naval  de  Palerme  ;  1675.  — (T.  III, 
p.  178,  i°.) 

La  médaille  peut  être  frappée  en  outre  dans  le 
module  de  22  lignes,  dans  lequel,  au  surplus,  elle 
a  été  publiée  par  Van  Loon,  p.  179,  avec  la  signa- 
ture Ant.  Meybusch  fecit.,  sous  la  tête  du  roi.  Les 
coins  existent  au  Musée  monétaire. 

210.  Prise  d'Aire  ;  1676.  —  (T.  III,  p.  186.) 
D'après  l'inventaire  de  1697-1698  Q,  n°  1294,  *e 

coin  passé  au  Musée  monétaire  ne  serait  pas  tout 
à  fait  du  diamètre  de  3o  lignes,  mais  de  29  lignes, 
et  il  doit  être  signé  H.  R.  F.  (c'est-à-dire  Hierony- 
mus  Roussel  fecit).  Ce  coin  n'est  pas  indiqué  au 
Catalogue  de  i833,  où  la  médaille  de  la  prise 
d'Aire  ne  figure  uniquement  que  pour  le  module 
de  18  lignes. 

228.  Prise  de  Lewe;  1678.  —  (T.  III,  p.  229.) 
Le  Musée  monétaire  possède  les  coins  pour  la 
frappe  de  la  médaille  en  28  lignes. 

(')  Cité  ci-dessus,  aux  notes  de  la  p.  29. 

Année  1887.  4 


5o 

232.  Paix  de  Nimègue  ;  1678.  —  (T.  III,  p.  23i,  i°.) 
Le  Musée  monétaire  possède  les  coins  pour  la 
frappe  de  la  médaille  en  20  lignes. 

264.  Trêve   de    vingt    ans;   1684.  —  (T.    III, 
p.  294,  40.) 

265.  Remise  de  contributions  dues  par  les  Espa- 
gnols ;  1684.  —  (T.  III,  p.  298.) 

292.  Bataille    de    Fleurus  ;    1690.    —   (T.   III, 
p.  447.) 

295.  Les!  trois  victoires  (Fleurus,  Staffart,  Beve- 
sier)  ;  1690.  —  (T.  IV,  p.  i5,  3°.) 

3o2.  Combat  de  Leuze;  1691.  —  (T.  IV,  p.  73.) 

3o6.  Combat  de  Steinkerque  ;  1692.  —  (T.  IV, 
p.  109,  i°.) 

322.  Défaite  des  Anglais  et  des  Hollandais  à 
Brest  ;  1694.  —  (T.  IV,  p.  161.)  • 


Tout  compte  fait,  les  omissions  de  publication, 
par  VanLoon,  que  nous  avons  signalées  ci-dessus 
de  médailles  plus  ou  moins  officielles  du  règne  de 
Louis  XIV,  rentrant  directement  dans  le  cadre  de 
cet  auteur,  ne  montent  pas  à  moins  de  soixante- 
quinze,  sans  que  nous  ayons  même  eu  à  chercher 
des  variétés  dans  les  détails  secondaires.  C'est, 
avons-nous  pensé,  un  fait  qui  méritait  d'être  établi. 

Pour  achever  régulièrement  notre  travail,  il  nous 


5i 

resterait  encore  à  énumérer,  dans  un  troisième 
paragraphe,  les  médailles  de  Louis  XIV  exécutées, 
en  réalité,  au  diamètre  de  18  lignes,  et  dont  Van 
Loon  n'a  donné  les  figures  qu'en  celui  de  32  lignes, 
module  dans  lequel  elles  n'existent  pas  et  n'ont 
jamais  existé.  Ces  médailles,  au  nombre  de  vingt- 
sept,  sont  représentées  de  la  page  372  du  tome  IV 
à  la  page  260  du  tome  V.  Comme  elles  sont  toutes 
examinées  en  détail  dans  notre  article  sur  l'œuvre 
numismatique  prétendue  de  J.-J.  Folkema,  publié 
dans  la.  Revue  belge  de  numismatique  (année  i885),  il 
nous  suffira  bien  ici,  pour  le  but  que  nous  avions 
en  vue,  de  nous  en  tenir  à  cette  mention. 

J.  Rouyer. 


52 


MÉDAILLE  POUR  RÉCOMPENSER 

LES 

SERVICES  MUS  AUX  ARMÉES  DE  L'AUTRICHE  ET  DE  m  ALLIÉS 

EN  GUERRE  AVEC  LA  RÉPUBLIQUE  FRANÇAISE 


1792-1794 


Planche    IV. 

La  révolution  grondait  en  France  et  menaçait 
les  trônes. 

L'empereur  d'Autriche  et  le  roi  de  Prusse, 
effrayés  par  cet  élan  formidable  d'une  nation  qui 
brisait  ses  chaînes,  se  liguèrent  pour  défendre  la 
cause  de  Louis  XVI.  Dans  la  crainte  que  ce  mou- 
vement ne  s'étendît  jusqu'à  leurs  Etats,  ils  vou- 
lurent étouffer  l'insurrection  dans  son  berceau  : 
il  leur  fallait  la  dissolution  de  l'assemblée  natio- 
nale, sinon  l'Europe  tout  entière  mettrait  la  France 
à  la  raison. 

La  mort  empêcha  Léopold  II  (ier  mars  1792) 
d'exécuter  ses  menaces. 


53 

Son  {successeur,  François  II,  essaya  aussitôt 
d'accomplir  les  projets  de  son  père  et,  comme  si 
c'était  la  chose  la  plus  naturelle  du  monde,  somma 
l'assemblée  française  de  rétablir  la  monarchie 
absolue. 

La  Constituante  releva  ce  défi  en  déclarant  la 
guerre  (20  avril  1792). 

La  France  envoya  trois  corps  d'armée  pour 
envahir  les  provinces  belgiques  :  l'un,  commandé 
par  La  Fayette,  devait  marcher  de  Givet  sur  Namur 
et  Bruxelles  ;  un  autre,  sous  les  ordres  du  général 
Biron,  sur  Mons,  et  le  troisième,  sur  Tournai. 

Cette  campagne  fut  désastreuse  pour  les  Fran- 
çais :  arrivés  près  des  portes  de  Mons,  les  soldats 
de  Biron,  saisis  d'une  folle  panique,  s'enfuirent  en 
déroute;  une  marche  du  général  Luckner  sur 
Courtrai  ne  fut  pas  plus  heureuse  ;  les  troupes  du 
général  Dillon  se  mutinèrent,  et  leur  chef,  obligé 
de  rentrer  à  Lille,  d'où  il  était  parti,  fut  massacré 
par  le  peuple  mécontent;  La  Fayette,  instruit  de 
ces  revers,  n'osa  pas  avancer. 

L'armée  coalisée  prit  alors  l'offensive,  ce  qui 
n'empêcha  point  le  duc  de  Brunswick  d'être 
repoussé  du  territoire  français  par  Dumouriez. 
De  son  côté,  le  duc  Albert  de  Saxe-Teschen  avait 
marché  sur  Lille  avec  quinze  mille  hommes  et 
bombardé  cette  ville  pendant  six  jours  (octo- 
bre 1792),  mais  les  habitants  se  défendirent  avec 
un  si  grand  héroïsme  que  le  duc,  voyant  ses  efforts 
inutiles  et  craignant  l'arrivée  de  Dumouriez  qui 


H 

marchait  au  secours  des  assiégés,  leva  précipi- 
tamment le  siège  pour  se  porter  au  devant  de 
l'armée  républicaine.  Celle-ci  remporta  une  vic- 
toire complète  à  Jemmapes  (6  novembre  1792), 
malgré  les  efforts  des  deux  braves  généraux  belges 
Clairfayt  etBeaulieu,  dont  les  vingt  mille  soldats 
ne  purent  résister  aux  quarante  mille  hommes 
commandés  par  Dumouriez.  Les  Autrichiens 
battirent  en  retraite  derrière  la  ligne  de  la  Meuse, 
de  sorte  que  l'armée  française  pût  pénétrer  en 
toute  liberté  au  centre  même  de  la  Belgique.  Le 
i3  novembre,  le  général  victorieux  faisait  son 
entrée  à  Bruxelles  ;  le  28,  il  était  à  Liège,  et  dès 
lors  nos  provinces  furent  toutes  en  son  pouvoir. 

Mais  l'année  suivante  Dumouriez,  vaincu  à 
Neerwinden  (18  mars  1793),  repassa  la  frontière,  et 
ce  n'est  qu'en  1794  que  les  Français,  victorieux 
à  Fleurus  (26  juin),  parvinrent  à  reconquérir  nos 
provinces  qui  devaient  cette  fois-ci  leur  appartenir 
pendant  dix-neuf  années. 

Durant  cette  lutte  contre  la  France,  le  gouverne- 
ment autrichien  fit  plus  d'une  fois  appel  au  dévoue- 
ment de  ses  sujets  belges  (')  ;  c'est  ainsi  qu'il  réor- 


(')  Tous  les  employés  du  gouvernement  offrirent,  chaque  année,  un 
don  proportionné  à  leurs  gages,  pour  couvrir  les  frais  de  la  guerre. 
Les  employés  de  la  Monnaie  s'empressèrent  d'imiter  cet  exemple  et 
envoyèrent  tous  les  mois,  pendant  la  durée  de  la  guerre,  au  comité 
des  dons  patriotiques,  une  partie  de  leurs  gages  proportionnée  à  leurs 
appointements.  Entre  autres,  le  graveur  général  van  Berckel  versait 
10  florins  par  mois,  l'essayeur  général  Brichaut,  4  florins  par  mois. 


55 

ganisa  le  corps  des  volontaires  limbourgeois  (') 
qui  lui  avait  été  si  utile  pendant  la  révolution 
brabançonne;  d'autres  volontaires  accouraient 
dans  les  rangs  autrichiens;  de  simples  citoyens 
prêtaient  leurs  bons  offices  à  l'armée  soit  comme 
guides,  soit  comme  infirmiers  pour  ramasser  et 
soigner  les  blessés  ;  des  médecins  apportaient  gra- 
tuitement le  secours  de  leur  art,  enfin  beaucoup  de 
personnes  montraient  le  plus  grand  zèle  à  fournir, 
sans  aucune  indemnité,  des  subsistances  aux 
soldats. 

Tous  ces  sacrifices  méritaient  certes  reconnais- 
sance, mais  comment  faire  pour  récompenser 
dignement  de  tels  services?  Des  gratifications 
pécuniaires  pouvaient  froisser  certaines  suscepti- 
bilités et  auraient  eu  surtout  l'inconvénient  d'obérer 
le  trésor  public,  déjà  fortement  épuisé  par  les  frais 
de  la  guerre  ;  la  campagne  de  1790  avait,  du  reste, 
démontré  que  beaucoup  d'individus,  malgré  de 
grosses  rémunérations  en  argent,  n'avaient  pas 
laissé  d'accabler  et  d'importuner  le  gouvernement 
de  réclamations,  de  demandes  d'emplois  ou  d'in- 
demnités. Il  s'agissait  donc  de  trouver  un  moyen 
de  payer  ces  dettes  d'une  manière  peu  coûteuse  et 
de  satisfaire  en  même  temps  toutes  les  petites 
vanités;  les  états  ne  prodiguaient  pas  alors  et 
n'avilissaient  pas,  comme  de  nos  jours,  les  mar- 

(')  Vqy.    notre    étude    sur    les   volontaires   limbourgeois   et  leur 
médaille.  Revue,   1886,  pp.   180  et  suiv. 


56 

ques  d'honneur;  on  n'avait  pas  encore  inventé 
à  cette  époque  ces  innombrables  décorations 
qu'on  jette  à  tout  le  monde  :  quoi  de  plus 
naturel  dans  ces  conditions,  et  puisqu'on  voulait 
faire  des  économies,  que  d'offrir  des  médailles 
ou  des  jetons  avec  une  inscription  commé- 
morative. 

Cette  idée  fut  mise  en  avant  par  le  colonel  baron 
de  Seckendorff  à  qui  elle  fut  suggérée  par  le  rap- 
port du  colonel  prince  de  Ligne  sur  l'engagement 
du  27  mai  1792,  près  de  Condé.  Dans  la  relation  de 
cette  affaire,  le  rapporteur  recommandait  spéciale- 
ment trois  gardes-chasse  du  prince  de  Croy  qui 
avaient  guidé  quelques  détachements  autrichiens 
et  les  avaient  menés  jusque  dans  les  retranche- 
ments ennemis,  en  s'exposant  comme  les  soldats  et 
en  participant  à  la  fusillade.  Une  telle  bravoure, 
pensait  Seckendorff,  méritait  mieux  qu'une  récom- 
pense pécuniaire  et  c'est  pourquoi,  dans  une  très 
humble  note  qu'il  adressa,  le  Ier  juin  1792,  à 
LL.  AA.  RR.  Marie-Christine  et  Albert  de  Saxe- 
Teschen,  il  formula  la  proposition  de  faire  frapper 
des  jetons  portant,  d'un  côté,  les  bustes  de  Leurs 
Altesses  Royales  et,  de  l'autre,  une  légende  dans  le 
genre  de  celle-ci  :  Services  récompensés  rendus  au 
militaire. 

Il  paraît  que  Leurs  Altesses  préférèrent  que 
ce  fût  le  buste  de  S.  M.  François  II  qui  figurât 
sur  la  médaille  et  que  la  légende  fût  modifiée 
ainsi   :    Services  rendus  au    militaire   récompensés. 


57 
Nous  verrons  bientôt  que  cette  légende  subit 
de  nouveaux  changements. 

Dès  le  4  juin,  S.  A.  R.  l'Archiduchesse,  par  un 
décret  adressé  au  conseil  des  finances,  chargea 
l'abbé  Mann  (')  de  donner  son  avis  sur  la  légende 
qui   conviendrait  le  mieux  pour  cette   médaille. 

Le  savant  académicien  commença  par  présenter 
une  série  d'observations  qu'il  est  intéressant  de 
reproduire  ici  : 

i°  Pour  se  conformer  au  bon  goût  du  style  lapi- 
daire, dont  les  anciens  nous  ont  laissé  tant  de 
modèles  achevés  dans  leurs  inscriptions  et  sur 
les  monnaies,  une  légende  ne  peut  pas  être  trop 
courte  ni  conçue  en  termes  trop  généraux  ; 

2°  C'était  une  règle  à  laquelle  les  anciens  ont 
rarement  dérogé  que  si  un  côté  d'une  médaille 
portait  le  buste  du  souverain  ou  du  personnage 
en  l'honneur  de  qui  elle  avait  été  frappée,  on 
ne  répétait  presque  jamais  dans  l'inscription  du 
revers  les  noms  et  qualités  qui  entouraient  déjà 
l'effigie  ;  le  buste  et  sa  légende  déterminaient,  en 
effet,  suffisamment  l'objet  de  la  médaille; 

3°  Le  souverain  étant  la  personnification  de 
l'État,  tout  service  rendu  à  l'Etat  est,  par  consé- 
quent, rendu  au  souverain.  C'est  pourquoi,  il  n'est 
pas  nécessaire  de  dire  :  pour  services  rendus  au  mili- 

(')  L'abbé  Mann,  chanoine  de  l'église  collégiale  de  Courtrai,  habitait 
à  Bruxelles,  rue  des  Petits-Carmes.  Il  était  membre  de  l'Académie 
impériale  et  royale  des  sciences  et  belles-lettres,  établie  à  Bruxelles, 
par  lettres-patentes  du  16  décembre  1772. 


58 

taire,  ni  à  l'État,  ni  même  au  souverain,  parce  que  le 
buste  de  celui-ci  indique  bien  que  les  services  lui 
ont  été  rendus  et  que  c'est  Lui  qui  en  donne  la 
récompense  ; 

4°  Cette  médaille  devant  servir  de  récompense 
populaire,  il  semble  plus  convenable  que  la  légende 
du  revers  soit  en  français  et  entourée  d'une  cou- 
ronne de  laurier  ou  de  quelques  attributs  emblé- 
matiques. 

Se  conformant  à  ces  principes,  l'abbé  Mann 
proposait,  sauf  correction,  les  inscriptions  sui- 
vantes : 

I.  —  Pour  l'inscription  autour  du  buste  de  Sa 
Majesté  : 

FRANCISCVS,  DEI  GRATIA,  HVNGARI2E 
ET  BOHEMLE  REX,  PRINCEPS  BELGICE. 

Par  abréviation  : 

FRANCISC.  D.  G.  HVNG.  BOH.  REX.  PRINC. 
BELG. 

II.  —  Sur  le  revers  : 

POUR  ou  EN  RÉCOMPENSE  DES  SER- 
VICES RENDUS. 

Ou  mieux  encore  : 

RÉCOMPENSE  DE  SERVICES  RENDUS. 

En  latin  :  PRiEMIVM  OFFICIORVM  ou 
PRiEMIVM  FIDELITATIS  ET  OFFICIORVM. 

Ce  rapport  fut  envoyé  le  11  juin  1792. 


59 

Il  faut  supposer  que  le  conseil  des  finances 
engagea  l'abbé  à  modifier  ces  légendes  et  à  les 
composer  l'une  et  l'autre  en  langue  française,  ce 
qui  était  réellement  plus  logique  et  plus  conforme 
à  la  destination  de  la  médaille  ('),  puisque,  dans  une 
note  jointe  à  la  lettre  adressée,  le  25  juillet  1792, 
par  le  conseiller  des  finances  Sanchez  de  Aguilar 
à  l'archiduchesse  Marie-Christine,  il  est  dit  que 
l'abbé  Mann  proposait,  pour  entourer  le  buste  de 
l'Empereur,  la  légende  suivante  : 

FRANÇOIS  II,  EMPEREUR  DES  ROMAINS, 
ROI  DE  HONGRIE  ET  DE  BOHÊME,  SOUVE- 
RAIN DE  LA  BELGIQUE. 

Ou  en  abrégé  : 

FRANÇOIS  II,  EMP.  DES  ROM.  ROI  DE 
HONG.  ET  DE  BOH.  SOUV.  DE  LA  BELG. 

Et,  au  revers,  renfermée  dans  une  couronne  de 
laurier,  l'inscription  : 

POUR 

SERVICES  RENDUS 

AUX  ARMÉES 

MDCCXCII. 

Mais  la  légende  entourant  le  buste  devait  encore 

(')  Généralement  les  médailles  que  le  gouvernement  autrichien  fit 
frapper  en  Belgique  portent  des  légendes  latines. 


6o 

subir  quelques  changements;  dans  sa  lettre  à  l'Ar- 
chiduchesse, le  conseiller  de  Aguilar  faisait  remar- 
quer que  la  médaille  ne  mentionnerait  le  nom 
d'aucune  province,  parce  qu'il  était  impossible  de 
les  citer  toutes  et  que  si  l'on  se  décidait  à  inscrire 
les  noms  de  quelques-unes  d'entre  elles,  la  médaille 
ne  conviendrait  plus  pour  les  habitants  des  autres 
provinces.  C'est  pour  ce  motif  que  l'abbé  Mann 
proposait  l'expression  de  souverain  de  la  Bel- 
gique. Cependant  ce  titre  ne  pouvait  convenir 
puisque  certaines  parties  de  la  Belgique  n'appar- 
tenaient pas  à  l'Empereur  et  qu'il  serait  plus 
exact  de  dire  :  Souverain  de  la  Belgique  autrichienne  ; 
du  reste,  concluait  le  conseiller  des  finances,  il 
était  inutile  de  discuter  cette  question  plus  lon- 
guement, parce  que,  malgré  l'abréviation  des 
titres  indispensables,  celui  de  Souverain  de  la 
Belgique  ne  pouvait  trouver  place  sur  la  médaille. 
Par  conséquent  la  légende  définitive  devait  être  : 

ê 

FRANÇOIS  II  EMP.  DES  ROM.  ROI  DE 
HONG.  ET  DE  BOH  (•). 

Quant  à  la  légende  du  revers,  M.  de  Aguilar 
approuvait  complètement  le  projet  de  l'abbé 
Mann  (*),   mais  pensait   qu'il  valait  mieux,   par 


(')  C'est  la  légende  qui  fut  adoptée. 

(*)  Ce  projet  fut  exécuté,    mais   on   modifia,   par   suite  du   défaut 
d'espace,  la  disposition  des  mots  composant  l'inscription. 


6.i 

économie  et  pour  gagner  du  temps,  ne  pas  frapper 
des  médailles  de  différents  modules,  comme  le 
demandait  Se'ckendorff. 

Le  conseiller  des  finances  remarquait  ensuite 
qu'il  n'existait  alors  que  trois  poinçons  du  buste 
de  l'Empereur  destinés  aux  jetons  de  trois  modules 
distincts,  à  fabriquer  pour  célébrer  l'inauguration 
de  Sa  Majesté.  Il  suffisait  donc,  si  l'on  voulait 
obtenir  rapidement  la  médaille  pour  services 
rendus  aux  armées,  d'employer  l'un  ou  l'autre  de 
ces  poinçons. 

Ces  conseils  emportèrent  l'assentiment  des 
gouverneurs,  qui  résolurent  de  faire  frapper  vingt- 
cinq  médailles  en  or  et  cinquante  médailles  en 
argent. 

Toutefois,  le  graveur  général  van  Berckel,  consi- 
dérant que  le  buste  fait  avec  le  poinçon  préparé 
pour  les  jetons  n'aurait  pas  le  relief  nécessaire  à 
une  médaille,  proposa,  si  plus  de  temps  lui  était 
accordé,  de  graver  un  nouveau  poinçon  qui  servi- 
rait aussi  pour  les  médailles  de  l'inauguration 
(troisième  dimension).  La  dépense,  ajoutait  l'émi- 
nent  artiste,  ne  serait  pas  beaucoup  plus  grande; 
il  ne  lui  faudrait  que  trois  semaines  pour  ter- 
miner ce  poinçon  et  cinq  semaines,  en  tout,  pour 
achever  complètement  les  médailles,  tandis  qu'il 
pourrait  en  livrer  quelques-unes  au  bout  d'une 
quinzaine  de  jours  en  usant  du  poinçon  destiné 
aux  jetons. 

Par  une  lettre  du  6  août  1792,  le  conseiller  des 


62 

finances,  Sanchez  de  Aguilar,  supplie  l'archidu- 
chesse Marie-Christine  de  lui  faire  connaître  sa 
décision  à  ce  sujet  et  annonce  en  même  temps  à 
Son  Altesse  Royale  que  van  Berckel  a  déjà  com- 
mencé à  travailler  au  poinçon  pour  les  médailles 
de  l'inauguration,  celui-ci  devant  être  fait  dans 
tous  les  cas. 

L'Archiduchesse  se  rallia  à  la  proposition  du 
graveur  général. 

Le  poinçon  du  buste  qui  servit  à  la  médaille 
pour  services  rendus  aux  armées  est  donc  le  même 
qui  fut  employé  plus  tard  pour  les  médailles 
d'inauguration,  du  plus  petit  module. 

Le  g  août  1792,  le  conseil  des  finances  envoya 
l'ordre  suivant  aux  officiers  de  la  Monnaie,  à 
Bruxelles  : 

«  Nous  vous  fesons  la  présente  afin  que  vous 
«  fassiez  graver  le  plus  tôt  possible  par  le  graveur 
«  général  van  Berckel  et  battre  ensuite  25  médailles 
«  d'or  et  5o  médailles  d'argent,  les  unes  et  les  autres 
«  de  forme  octogonale,  portant  d'un  côté  le  buste 
«  de  S.  M.  l'empereur  avec  l'inscription  :  François  II 
«  emp.  des  rom.  roi  de  hong.  et  de  boh.,et,  de  l'autre 
«  part,  la  légende  :  pour  services  rendus  aux  armées  . 
«  mdccxcii  .  entourée  d'une  couronne  de  laurier. 
«  La  grandeur  de  ces  médailles  sera  telle  que  le 
«  poinçon  du  buste  puisse  servir  ci-après  aux 
«  médailles  de  la  3e  grandeur  pour  l'inauguration 
«  et  elles  devront  être  munies  chacune  d'un  anneau 


63 

«  d'or  ou  d'argent  pour  pouvoir  être  portées  à  un 
«  ruban. 

«  Paraphé  Desandrouin.  Signé  de  Maleck.  » 


Van  Berckel  avait  terminé  son  travail  vers  le 
milieu  du  mois  de  septembre  et  dès  le  27  du  même 
mois  il  adressait  une  requête  au  conseil  des  finances 
pour  en  obtenir  payement. 

Il  réclamait  1,435  florins  18  sols,  argent  courant 
de  Brabant,  pour  avoir  fait  les  carrés  (coins),  les 
médailles  d'or  et  d'argent,  y  compris  les  anneaux 
fabriqués  par  l'orfèvre  Brichaut. 

L'ordonnance  de  payement  porte  la  date  du 
11  octobre  1792  et  mentionne  vingt-cinq  médailles 
d'or  et  cinquante  médailles  en  argent  (')• 

Ces  médailles  doivent  donc  être  très  rares  car  il 
est  probable  que  toutes  ne  furent  pas  distribuées  et 
que  plusieurs  ont  été  fondues  lorsque  nos  provinces 
passèrent  sous  la  domination  française. 

Nous  ne  connaissons  aucune  collection  privée 
ou  publique  qui  en  possède  une  (*). 

Le  coin  est  cependant  conservé  à  l'hôtel  des 
monnaies,  à  Vienne,  et  mentionné  dans  le  cata- 
logue d'Arneth  (*),  sous  le  n°  465. 

(')  Le  manuscrit  parle  de  vingt-cinq  médailles  en  argent,  mais  c'est 
probablement  par  erreur,  car  l'ordre  aux  officiers  de  la  Monnaie 
mentionne  cinquante  médailles  d'argent. 

(*)  Voy.  cependant  la  note  i  de  la  page  67. 

(3)  Voy.  Arneth,  Catalog  der  kaiserlich-kôniglichen-Medaillen- 


64 

Grâce  à  l'extrême  obligeance  et  à  la  grande 
influence  de  notre  éminent  confrère  M.  Charles 
von  Ernst,  conseiller  supérieur  des  mines  de  l'État, 
à  Vienne,  nous  avons  pu  obtenir  une  refrappe  de 
cette  médaille  sur  une  mince  plaque  d'étain.  Nous 
remercions  mille  fois  notre  confrère  de  sa  com- 
plaisante démarche  qui  nous  permet  de  donner 
aujourd'hui  une  description  de  visu  : 

Au  droit,  le  buste  de  l'Empereur  lauré,  en  profil 
droit;  de  longues  boucles  de  cheveux  retombent 
sur  la  nuque. 

Légende  :  FRANÇOIS  II  EMP  ■  DES  ROM  • 
ROI  DE  HONG  ■  ET  DE  BOH. 

Rev.  Au  centre  d'une  couronne  de  laurier, 
l'inscription  suivante  : 

POUR 

SERVICES 

RENDUS 

AUX 

ARMÉES 

MDCCXCII. 

Forme  :  octogonale.  Diamètre  :  33  millim.  (d'un  côté  à  l'autre). 

Cette  médaille,  avons-nous  dit,  servit  à  récom- 
penser les  civils  qui  pendant  la  guerre  se  distin- 

StâmpelSammlung,  in-40 ,  Vienne,  183c),  et  Piot,  Catalogue  des 
coins,  poinçons  et  matrices,  etc.,  dressé  en  exécution  de  l'arrêté 
royal  du  18  décembre  1841,  2e  édition,  Bruxelles,  1880,  p.  xx 
de  l'introduction. 


65 

guèrent  par  un  acte  de  bravoure  ou  rendirent  un 
autre  service  essentiel  à  l'armée. 

Le  gouvernement  autrichien  n'eut  sans  doute 
pas  le  temps  de  distribuer  toutes  ces  médailles, 
car  un  mois  et  demi  après  leur  achèvement  par 
van  Berckel,  arrivait  la  défaite  de  Jemmapes 
(6  novembre  1792),  qui  mettait  momentanément 
fin  à  la  domination  autrichienne  ;  mais  après  la 
victoire  de  Neerwinden  (18  mars  1793),  le  gouver- 
nement autrichien  recommença  à  décerner  ces 
marques  de  distinction.  Il  paraît  cependant  qu'il 
ne  possédait  plus  aucune  des  médailles  frappées 
en  1792  (')  ou  peut-être  ne  pouvait-il  plus  en  faire 
usage,  puisque,  le  8  août  1793,  le  conseil  des 
finances  ordonne  aux  officiers  de  la  Monnaie  de 
fabriquer  une  médaille  en  or  semblable  à  celles 
de  l'année  précédente,  mais  portant  le  millésime  de 
l'année  courante.  Le  21  août,  cette  médaille  était 
déjà  fournie. 

Il  s'agissait  d'en  gratifier  un  chirurgien  de 
Courtrai,  nommé  Beck,  qui  avait  soigné  gratuite- 
ment des  soldats  malades. 

C'est  le  prince  de  Cobourg  qui  fut  chargé  de 
remettre  cette  décoration. 

Trois  autres  médailles  d'or  furent  décernées  par 
l'entremise  du  magistrat  de  Mons  :  l'une  au  sieur 


(')  Ces  médailles,  ne  pouvant  plus  servir  pour  l'année  1793,  furent 
probablement  fondues,  car  nous  doutons  que  toutes  furent  distribuées 
en  1792.  Il  fallait  donc  en  faire  de  nouvelles  avec  le  millésime  1793. 
Année  1887.  •  5 


66 

Pourveur,  serrurier  de  la  ville,  pour  avoir  sauvé 
le  vinaigre  destiné  aux  troupes  impériales;  la 
seconde  au  sieur  Herin,  chirurgien,  en  récom- 
pense des  soins  intelligents  et  dévoués  qu'il  avait 
donnés  aux  malades  et  aux  blessés  de  l'hôpital 
militaire  de  Mons;  la  troisième  au  sieur  Noël 
Frise,  fermier  à  Cuesmes,  qui,  le  jour  de  la 
bataille  de  Jemmapes,  avait  mis  en  sûreté  une 
pièce  de  canon  abandonnée  par  les  Autrichiens. 

La  remise  de  ces  médailles  eut  .lieu  solennelle- 
ment le  g  mai  1793,  ainsi  que  nous  l'apprend  le 
registre  aux  résolutions  des  magistrats  de  la  ville 
de  Mons  ('). 

Van  Berckel  reçut  109  florins  12  sols  argent 
courant  de  Brabant  pour  les  médailles  frappées 
pendant  l'année  1793. 

Elles  ne  devaient  donc  pas  être  nombreuses  (*). 

Le  19  mars  1794,  le  secrétaire  d'Etat  et  de 
Guerre   écrivit  au  trésorier  général  pour  obtenir 


(')  Fol.  5o.  Archives  communales  de  Mons. 

Ces  renseignements  sur  les  médailles  distribuées  à  Mons  ont  été 
publiés  en  i883,  dans  le  Bulletin  des  séances  du  Cercle  archéo- 
logique de  Mons,  4e  série,  4e  bull.  Mons,  i883,  pp.  3y3  et  374, 
par  l'avocat  Ernest  Matthieu,  secrétaire  du  Cercle  archéologique 
d'Enghien.  Notre  obligeant  confrère  nous  a  gracieusement  autorisé  à 
reproduire  ici  les  faits  historiques  qu'il  avait  mis  au  jour.  Nous 
publions  aux  annexes  les  deux  extraits  du  registre  aux  résolutions 
des  magistrats  de  la  ville  de  Mons,  qui  accompagnent  la  notice  de 
M.  Matthieu. 

(*)  Ordonnance  de  payement  du  conseil  des  finances,  28  novem- 
bre 1793. 


67 

encore  quelques  médailles  ;  les  commandants  mili- 
taires réclamaient,  paraît-il,  un  certain  nombre  de 
ces  décorations  pour  les  placer  sur  les  poitrines 
des  braves  paysans  des  frontières  qui  avaient  pris 
les  armes.  On  frappa,  dans  ce  but,  six  nouvelles 
médailles  d'or  et  vingt  médailles  en  argent,  sans 
doute  avec  le  millésime  de  l'année  1794  ('). 
Van  Berckel  toucha  33g  florins  18  sols  argent 
courant  de  Brabant  pour  les  médailles  faites  pen- 
dant l'année  1794. 

L'ordonnance  de  payement  est  du  28  avril  1794. 

Toutes  ces  médailles  de  1792,  1793  et  1794, 
n'ayant  été  frappées  qu'à  très  petit  nombre,  sont 
par  conséquent  fort  rares.  Elles  manquent  aux 
collections  de  l'État  belge  (*). 

Bientôt  survint  le  désastre  de  Fleurus  (26  juin). 
La  domination  autrichienne  fut  définitivement 
supprimée  ;  la  République  française  s'annexa  nos 
provinces,  et  dès  lors  nul  n'aurait  osé  porter  une 


(')  Lettre  des  officiers  de  la  Monnaie,  26  mars  1794. 

(2)  Notre  obligeant  confrère,  M.  le  baron  Surmont  de  Volsberghe 
nous  écrit  que  cette  médaille  ne  se  trouve  pas  dans  sa  riche  collection 
de  médailles  gravées  par  van  Berckel.  M.  Onghena  ne  possédait 
pas  non  plus  cette  décoration.  M.  le  baron  Surmont  se  rappelle 
cependant  l'avoir  vue.  Elle  faisait  partie  de  la  collection  De  Coster  et 
se  trouve  indiquée  sous  le  numéro  931  du  catalogue  de  son  cabinet  de 
jetons  historiques  {Description  du  cabinet  de  jetons  historiques  d'or 
et  d'argent  frappés  dans  les  Pays-Bas,  à  partir  du  milieu  du 
xve  siècle  jusqu'à  nos  jours,  formé  par  feu  M.  L.  De  Coster;  Bruxelles, 
i883).  Cette  pièce  a  été  achetée,  lors  de  la  vente  de  ces  collections,  par 
M.  le  comte  Du  Val  de  Beaulieu,  pour  la  modique  somme  de  i3  francs. 


décoration  aussi  mal  vue  par  les  envahisseurs; 
presque  tous  les  titulaires  de  cet  honneur  s'em- 
pressèrent, sans  doute,  de  détruire  une  marque 
aussi  compromettante,  et  ces  événements  ainsi  que 
la  misère  qui  régna  en  Belgique,  par  suite  des 
exactions  des  agents  républicains,  contribuèrent  à 
faire  disparaître  ces  médailles  et  à  les  rendre 
presque  introuvables  de  nos  jours. 

G.  Cumont. 


69 


ANNEXE. 


Extraits    du   registre    aux   résolutions  des    magistrats 
de  la  ville  de  Mons. 

6  mai  1793.  —  Sur  intimation  faite  à  la  compagnie  par 
le  commissariat  de  guerre  de  S.  A.  S.  le  feldt-maréchal 
prince  de  Saxe-Cobourg  y  avoit  fait  parvenir  trois  médailles 
d'or  pour  être  remises  sous  quittance  à  MM.  les  magistrats 
et  par  eux  distribuées  l'une  au  '  serrurier  de  la  ville  Pour- 
veur,  pour  avoir  conservé  le  vinaigre  destiné  aux  troupes 
de  S.  M.,  la  2de  au  chirurgien  Herin  de  cette  ville,  en 
récompense  des  secours  qu'il  a  portés  volontairement  aux 
soldats  malades  et  blessés  dans  l'hôpital  militaire  de  cette 
ville,  la  3me  à  Noël  Frise,  censier  à  Cuesmes,  pour  avoir, 
dans  la  retraite. du  6  novembre  1792,  sauvé  une  pièce  de 
canon  que  l'armée  de  S.  M.  étoit  forcée  d'abandonner  et 
l'avoir  ramené  au  camp  des  troupes  impériales. 

Conclu  de  prier  les  deux  premiers  échevins  et  le  pension- 
naire de  service  d'aller  recevoir  les  trois  médailles  d'or  au 
commissariat  de  guerre,  les  autorisant  d'en  donner  quittance 
pour  la  compagnie  et  de  décorer  de  ces  médailles  les  trois 
personnes  à  qui  elles  sont  destinées  jeudi  prochain  9  de  ce 
mois,  fête  de  l'Ascension,  à  sept  heures  et  demie  du  matin, 
lorsque  la  compagnie  sera  assemblée  en  robe  pour  la 
cérémonie  de  la  procession  dudit  jour. 


7o 

9  mai  1793.  —  Ce  jour,  Messieurs  étant  assemblés  en 
leur  hôtel,  en  robes,  à  8  heures  du  matin,  le  serrurier 
Pourveur,  le  chirurgien  Herin  et  Noël  Frise  de  Cuesmes 
furent  introduits  et  complimentés  par  le  pensionnaire 
Vigneron  au  nom  de  Mrs  les  magistrats,  et  étant  sortis 
de  l'hôtel,  à  l'entrée  de  la  Grand' Place,  les  trois  sermens  de 
la  ville  en  uniformes  et  la  garde  bourgeoise  sous  les  armes, 
le  tambour  battant  aux  champs,  le  baron  de  Francque, 
Ier  échevin,  attacha  la  médaille  d'or  ornée  de  ruban  rouge 
à  l'habit  du  serrurier  Pourveur,  le  2d  échevin,  M.  de 
Biseau  de  Familieureux,  attacha  la  seconde  à  l'habit  du 
chirurgien  Herin,  et  la  3e  fut  attachée  à  l'habit  de  Noël 
Frise  par  Mr  Du  Bois,  3e  échevin,  aux  applaudissemens 
des  spectateurs. 


7' 


LE  SCEL  ET  LE  CONTRE-SCEL  DO  CONSEIL  DE  GUELDRE. 


Jean-Baptiste  Harrewyn,  graveur  particulier  de 
la  Monnaie  de  Bruxelles,  avait  été  chargé  d'exé- 
cuter le  scel  et  le  contre-scel  pour  le  conseil  de  la 
Gueldre. 

Nous  possédons  la  requête  (5  juillet  1780)  par 
laquelle  il  réclame  le  payement  de  ce  travail  :  la 
note  du  graveur  de  scels  et  cachets  de  Sa  Majesté 
fixait  la  somme  due  à  1,000  florins  de  change  ('). 

Cet  ouvrage  avait  été  commandé  par  le  Conseil 
des  Finances,  au  commencement  de  l'année  177g 
et  devait  être  achevé  au  bout  de  quatre  mois  ;  mais 
prétextant  les  difficultés  de  la  gravure,  l'artiste 
avait  obtenu  un  délai  jusqu'au  mois  d'octobre  ; 
ce  temps  passé,  Harrewyn  ne  fut  pas  encore  en 
mesure  de  livrer  ces  deux  sceaux. 

Probablement  ne  se  sentait-il  pas  assez  d'habi- 
leté pour  se  tirer  avec  honneur  de  la  tâche  qu'il 
avait  assumée,  d'autant  plus  qu'il  pouvait  craindre 
une    comparaison    fâcheuse    pour   lui,   avec    les 


(')  Le  florin  de  change  vaut  fr.  2-1 1 58  ;  1,000  florins  équivalent  donc 
à  fr.  2,1  i5-8o. 


72 

œuvres  si  achevées  et  si  belles  de  son  nouveau 
collègue  le  graveur  général  van  Berckel 

Aussi  remit-il  prudemment  les  plaques  d'ar- 
gent à  celui-ci,  qui  les  eut  bientôt  gravées  moyen- 
nant la  promesse  faite  parHarrewyn  d'abandonner 
à  son  confrère  la  moitié  de  la  somme  que  payerait 
le  gouvernement. 

Toutefois,  ce  dernier  trouva  la  note  d'Harrewyn 
trop  salée. 

On  avait,  en  effet,  payé  en  1672,  pour  le  dernier 
scel  de  Gueldre,  600  florins,  et  100  florins  pour  le 
contre-scel,  plus  70  florins  17  sols  pour  l'argent  et 
le  bois  employés  à  leur  monture. 

Il  semblait  donc  que  le  travail  actuel  ne  méritât 
pas  un  plus  fort  salaire. 

Sans  doute,  l'œuvre  de  van  Berckel,  par  sa 
perfection  et  sa  finesse,  valait  largement  700  florins 
et  n'allait  être  rétribuée  que  par  la  modique  somme 
de  35o  florins,  à  cause  de  la  convention  passée 
avec  Harrewyn,  mais  le  gouvernement  ne  voulait 
pas  entrer  dans  ces  considérations,  parce  qu'à  son 
avis,  le  graveur  particulier  était  seul  censé  avoir 
effectivement  gravé  les  sceaux  en  question  ('). 

Selon  toute  apparence,  ce  pauvre  motif  suffit  au 
gouvernement    pour   réaliser  une    économie    de 


(')  Plus  tard,  van  Berckel  fut  nommé  graveur  des  sceaux  et  cachets 
de  l'Empereur.  Voy.  Registre  aux  patentes  et  commissions  de  1770 
à  1785,  fol.  g3  r°,  dans  les  archives  du  conseil  des  finances,  aux 
archives  générales  du  royaume,  à  Bruxelles. 


73 

200  à  3oo  florins  et  lui  parut  péremptoire  pour 
lésiner  sur  le  salaire  d'un  artiste  dont  il  aurait 
fallu  mieux  encourager  les  admirables  qualités. 

G.  Cumont. 


74 


NUMISMATIQUE  LIÉGEOISE, 


Jean  d'Arkel  (1364-1378).  —  Georges  d'Autriche  (1544-1557). 
—  Gérard  de  Groesbeeck  (1563-1580). 


Pl.  IV,   nos  !,   2  et  3. 
I. 

Jean  d'Arkel,  fils  de  Jean,  sire  d'Arkel,  et  d'Er- 
mengarde  de  Clèves,  frappa  monnaie  à  Liège, 
à  Tongres  et  à  Saint-Pierre  lez-Maestricht  ('). 

Plusieurs  des  monnaies  de  cet  évêque  sont 
restées  inédites  ou,  plus  exactement,  n'ont  pas, 
jusqu'ici,  été  reproduites  par  la  gravure  ;  d'autres 
doivent  encore  être  retrouvées  ("). 

La  pièce  dont  nous  donnons  le  dessin  pl.  IV, 
n°  i ,  d'après  l'exemplaire  de  la  collection  de 
M.  le  baron  de  Chestret  de  Haneffe,  a  été  décrite 
par  Perreau  dans  la  Revue  belge  de  numismatique, 
année  1862,  p.  217,  n°  7. 

(') 'Avant  d'être  appelé  par  le  pape  Urbain  V  au  siège  épiscopal  de 
Liège,  Jean  avait  été,  pendant  vingt-trois  ans,  évêque  d'Utrecht; 
il  battit  monnaie  en  cette  qualité.  (Vqy.  Van  der  Chus.) 

(*)  Bulletin  mensuel  de  numismatique,  t.  V,  p.  26,  R.  Serrure,  Les 
monnaies  de  Jean  d  A  rkel. 


75 

C'est  le  gros  à  l'évêque  à  mi-corps,  frappé  à 
Liège  («). 

Droit.  Buste  mitre  d'évêque  à  mi-corps  de  face, 
tenant  de  la  main  gauche  une  crosse  et  bénissant 
de  la  droite  ;  au-dessous  du  buste  l'écu  d'Arkel  : 

iOb0's  $  ap>s  x  _  x  LGODiensis'. 

Rev.  Croix  pâtée.  Légende  intérieure  :  *i*  ST20- 
nSrH7î   *   L30DES*. 

Légende  extérieure  :  *  BPDICHnV  :  SUE  f  130- 
(T)G  :  DV,l  :  RRI  •  II7V  :'  2CPI. 

Notre  confrère  M.  Pety  de  Thozée  possédait 
jadis  le  demi-gros  au  même  type  de  l'évêque  à 
mi-corps  et  bénissant.  Cette  rare  monnaie  est 
entrée  il  y  a  quelques  mois  dans  les  cartons  de 
M.  de  Chestret.  Elle  est  restée  complètement 
inédite. 

II. 

Écusson  découpé  et  écartelé  aux  armes  de  l'évê- 
que Georges  d'Autriche  ;  aux  côtés,  la  date  i5-56. 
+  GEORG  *  AB  *  AVS  *  D  *  G  *  EP  *  LEO  * 
D  *  BVL  *  C  *  LO. 

Rev.  Double  aigle  impériale  couronnée  :  CARO- 
LVS  O  V  O  ROM  o  IMP  G  SEMP  o  AVG  f). 

PI.  IV,  n°  2. 

(')  La  ville  de  Liège  possède  aussi  un  exemplaire  de  cette  pièce;  la 
collection  Piat  en  renferme  également  un,  pensons-nous. 

O  Une  variété  de  cette  pièce  de  billon  blanc  existe  dans  la  collection 


76 

Cette  monnaie,  décrite  par  Perreau  ('),  est  une 
subdivision  du  daalder  d'argent,  frappé  pour  la 
première  fois  en  i552,  conformément  aux  pres- 
criptions de  l'empire  qui  imposaient  aux  villes 
impériales,  aux  abbayes  et  aux  feudataires  investis 
des  droits  régaliens  d'inscrire  le  nom  de  l'em- 
pereur sur  les  espèces  qu'ils  émettaient  (•). 

Une  ordonnance  de  l'évêque  de  i552,  à  son 
maître  des  monnaies  Jaspard  Vleminckx,  publiée 
une  première  fois  par  M.  F.  Henaux  (5)  et  tout 
récemment  reproduite  avec  quelques  corrections 
par  M.  le  baron  de  Chestret,  renferme  tous  les 
détails  désirables  au  sujet  de  la  fabrication  de  ces 
pièces.  La  commission  pour  faire  crier  et  publier 
ces  monnaies,  datée  du  5  septembre  i552,  est 
aussi  donnée  par  notre  érudit  confrère,  dans  sa 
savante  étude  sur  l'histoire  monétaire  de  la  prin- 
cipauté de  Liège;  enfin,  le  même  auteur  nous 
fait  connaître  «  le  cri  proclamé  au  perron,  à 
Liège,  sur  la  valeur  des  nouvelles  monnaies,  du 
8  août  i556  (4)  ».  Ce  dernier  acte  officiel  concerne 

de    M.    le   baron  de    Chestret   :    CAROLVS  8   V  0   ROM  ©    IMPo 

SEMP©    AVO' 
(')  Revue  belge  de  numismatique,  année  i863,  p.  72,  n°  16. 

(2)  Chapeauville,  Gesta  pontificum  Leodiensium ,  t.  III,  p.  370. 

(3)  Revue  belge  de  numismatique,  année  1861.  p.  80. 

(*)  Coup  d'œil  sur  l'histoire  monétaire  de  la  principauté  de  Liège, 
pièces  justificatives  nos  VIII,  IX  et  XI.  Les  cris  étaient  proclamés  à 
son  de  trompe  et  mis  en  garde  de  loi  au  perron  de  Liège,  en  présence 
du  grand  maïeur  et  de  deux  échevins.  Des  tarifs  ou  placards,  qu'on 
affichait  à  la  porte  de  Saint- Lambert  et  en  d'autres  endroits  publics  de 


77 
directement  la  monnaie  que  nous  venons  de 
décrire.  Nous  y  voyons  que  l'écu  au  nom  de 
l'empereur  et  à  celui  de  l'évêque,  étant  fait  sur 
le  même  pied  que  ceux  du  roi  des  Romains,  des 
villes  impériales  et  des  autres  princes  soumis  à 
l'empire,  aura  le  cours  des  daalders  d'Allemagne. 
En  i556,  Balthus  de  Bomershoven  et  Renier 
Burdels  étaient  commissionnés  en  qualité  de 
monnayeurs  de  l'atelier  de  Liège.  Ajoutons  que 
le  monnayeur  Renier  Burdels  n'est  autre  que  le 
père  de  René  Budels  ou  Budelius,  l'auteur  de 
l'ouvrage  intitulé  :  De  monetis  et  re  numaria, 
Cologne,  i5gi  ('). 

III. 

La  pièce  d'or  dont  la  description  suit  n'est 
connue  qu'à  deux  exemplaires  :  l'un  fait  partie 
de  la  collection  Piat,  à  Roubaix  ;  l'autre,  se 
trouve  à  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris.  Elle 
est  d'un  type  complètement  nouveau  pour  notre 
pays  et  représente  certes  l'un  des  plus  curieux 
produits  de  l'officine  liégeoise.  (Voy.  pi.  IV,  n°  3.) 


la  principauté,  les  faisaient  connaître  ensuite  aux  habitants  et  spécia- 
lement aux  nombreux  changeurs  du  piys.  (Même  ouvrage,  p.  29.) 
Il  existe  un  recueil  de  ces  cris  allant  de  1477  à  1675.  par  L.  Van 
Vlierden.  La  première  édition  de  ce  volume  s'arrête  à  l'année  1623. 
Ce  travail  est  fort  incomplet. 

(')  C'est  M.  le  baron  de  Chestret  qui  nous  a  fait  connaître  ce  détail 
généalogique. 


78 

Saint  Lambert,  la  tête  nimbée,  est  assis  de 
profil  sur  un  siège  orné;  il  porte  la  mitre  et 
vsoutient  de  la  main  gauche  la  crosse  épiscô- 
pale.  La  main  droite  étendue  semble  bénir  le 
peuple  de  Liège  :  SANTVS  ■  LAMBERTVS  ° 
EPISCOP. 

Rev.  GE  »  A  o  G  —  EP  o  LE  —  DV  -  B  o  M  — 
F  9  CO  »  L.  Croix  ondée,  portant  au  centre  les 
armes  de  Gérard  de  Groesbeeck  et  cantonnée 
de  DI  —  L  —  I  —  GE,  devise  de  l'évêque. 
Chacune  des  branches  de  la  croix  se  termine  par 
un  petit  écusson  orné,  aux  armes  :  le  premier 
du  duché  de  Bouillon;  le  deuxième,  du  comté 
de  Loos;  le  troisième,  du  marquisat  de  Fran- 
chimont  ;  le  quatrième  porte  un  petit  écu  en 
sautoir,  que  nous  ne  sommes  point  parvenu  à 
déterminer  et  qui,  sur  l'exemplaire  de  la  collec- 
tion Piat,  semble  lisse  tandis  qu'il  paraît  poin- 
tillé sur  celui  de  la  bibliothèque  de  Paris. 
Dans  le  doute,  et  faute  d'un  échantillon  de 
conservation  parfaite,  nous  préférons  n'émettre 
aucune  hypothèse  au  sujet  de  ces  dernières 
armoiries. 


Maintenant,  cette  jolie  pièce  est-elle  un  florin 
d'or  ou  un  jeton?  Nous  n'osons  nous  prononcer 
d'une  manière  absolue  à  cet  égard. 

M.  de  Chestret,  notre  maître  à  tous  en  numis- 
matique liégeoise,  incline  à  croire  que  nous  nous 


79 

trouvons  en  face  d'un  jeton  et  non  d'une  monnaie. 
Voici  les  motifs  qui  le  font  pencher  en  faveur  de 
cette  opinion,  motifs  qu'il  a  eu  l'obligeante  cour- 
toisie de  nous  communiquer  : 

i°  Le  droit  a  la  plus  grande  analogie  avec 
le  revers  du  n°  3  de  de  Renesse  (Gérard  de 
Groesbeeck,  pi.  XXXIII),  qui  est  évidemment  un 
jeton  (')  ; 

2°  La  devise  dilige  n'est  connue  que  sur  ce 
dernier  jeton  et  n'apparaît  pas  sur  les  mon- 
naies ('-)  ; 

3°  Les  nombreuses  ordonnances  de  l'époque  ne 
mentionnent  qu'un  florin  d'or  de  Gérard  (3). 

Malgré  la  valeur  incontestable  de  ces  arguments 
et  le  poids  que  leur  donne  leur  savante  origine, 
nous  avouons  qu'ils  ne  nous  ont  pas  entièrement 
convaincu.  Un  heureux  hasard  fera  peut-être  un 
jour  découvrir  dans  l'un  ou  l'autre  dépôt  d'archives 
un  document  officiel  qui  viendra  trancher  la 
question  d'une  façon  irréfutable.  En  attendant, 
remarquons  que  notre  pièce  a  bien  le  diamètre  et 
l'épaisseur  du  florin  d'or  connu  de  l'évêque  de 
Groesbeeck.  Quoique  le  droit  ait  quelques  ressem- 


(')  Il  existe  une  variété  de  ce  jeton  de  1567.  Dugniolle,  n°  2472. 

(a)  On  la  retrouve  aussi  sur  une  médaille  de  plomb,  dont  l'original, 
dit  de  Renesse,  est  en  or.  (Vqy.  de  Renesse.  pi.  XXXIII,  n°  2.) 

(5)  De  Renesse,  pi.  XXXIII,  n°  1.  Ne  manque-t-il  aucune  de  ces 
ordonnances  ?  Les  comptes  monétaires  de  l'épiscopat  de  Gérard  sont- 
ils  connus?  Les  renseignements  que  nous  avons  recueillis  sont  loin 
d'être  affirmatifs  à  cet  égard. 


8o 

blances  lointaines  avec  l'un  des  côtés  d'un  jeton  de 
cuivre  de  Gérard ,  présentant  :  une  femme  assise, 
une  corne  d'abondance  à  la  main  gauche  et  offrant 
de  la  droite  un  cœur  enflammé  à  un  enfant  nu  qui 
se  tient  debout  devant  elle  ;  il  n'en  est  pas  moins 
la.  copie  exacte,  absolue,  parfaite  de  la  face  d'une 
monnaie  d'or  d'Hercules  II,  duc  de  Ferrare,  au 
Saint-Géminien  assis  et  bénissant.  Cette  dernière 
monnaie  devait  être  assez  répandue  dans  les  Pays- 
Bas,  vers  cette  époque,  puisqu'elle  se  trouve  repro- 
duite sous  le  nom  de  couronne  de  Ferrare,  dans 
une  ordonnance  du  roi  Philippe  II,  imprimée  à 
Anvers,  en  1576,  chez  Christophe  Plantin.  Her- 
cules II  régna  de  i534  à  i55g;  son  monnayage  fut 
donc  antérieur  de  quelques  années  à  celui  de  Gérard, 
de  Groesbeeck,  qui  ne  monta  sur  le  trône  épis- 
copal  de  Liège  qu'en  i563.  Le  duc  de  Ferrare 
n'avait  fait,  du  reste,  qu'imiter  presque  servile- 
ment (la  forme  du  siège  sur  lequel  est  assis  le 
saint  diffère  seule  quelque  peu)  le  droit  d'un 
ducat  au  Saint-Géminien  assis  et  bénissant,  frappé 
par  le  pape  Clément  VII  (i523-i534).  Ce  ducat 
est  aussi  reproduit  dans  un  recueil  imprimé  chez 
Plantin,  en  i575,  à  Anvers,  et  intitulé  :  Dongheva- 
lueerde  gouden  ende  silveren  munte  van  diveersche 
konenckrycken,  etc.,  etc.  Quoi  d'étonnant,  dès  lors, 
à  ce  que  l'évêque  Gérard,  qui,  en  sa  qualité  d'ecclé- 
siastique, devait  avoir  de  fréquentes  relations  avec 
le  pape  et  par  suite  avec  l'Italie,  ait  copié  les 
ducats  du  Souverain  Pontife  ou  les  florins  d'or 


8i 

d'un  prince  italien,  tous  deux  presque  ses  contem- 
porains (')  ? 

Que  ce  soit  un  jeton  ou  une  monnaie,  la  pièce 
d'or  qui  nous  occupe  a  dû  être  frappée  avant  1578, 
c'est-à-dire  antérieurement  à  l'élévation  de  l'é- 
vêque  Gérard  de  Groesbeeck  au  cardinalat,  puis- 
qu'il n'y  est  pas  fait  mention  de  cette  dignité. 
Elle  pourrait  donc  fort  bien  être  l'œuvre  de 
l'artiste  liégeois  Georges  Monachy  ou  Munincx, 
graveur  des  coins  de  la  monnaie  de  Liège  de 
1567  à  1571,  époque  où  momentanément  cet  ate- 
lier fut  fermé,  pour  ne  se  rouvrir  qu'en  1578  (*). 

Alphonse  de  Witte. 

(')  Il  ne  faut  pas  oublier  non  plus  que,  sous  Charles-Quint  et 
Philippe  II,  les  relations  entre  les  Pays-Bas  espagnols  et  l'Italie 
furent  des  plus  suivies.  L'imitation  d'une  monnaie  italienne  par  un 
évêque  de  Liège  n'a  rien  qui  puisse  surprendre  :  Thibaut  de  Bar 
(  1 3o3-i 3 1 3),  par  exemple,  forgea  déjà  un  grand  denier  d'argent  au  type 
des  pièces  au  Saint-Ambroise  de  Milan.  Au  xvie  siècle  d'ailleurs,  ainsi 
que  le  remarque  M.  Chalon  à  la  page  i3o  de  la  Revue  belge 
année  1861,  «  bien  des  seigneurs  des  Pays-Bas  allèrent  souvent 
chercher  en  Italie  le  type  de  leurs  monnaies  ».  Enfin,  sans  vouloir 
tirer  aucune  conséquence  de  ce  fait,  nous  dirons  que  la  pièce  au 
Saint-Lambert  assis  est  classée  à  la  bibliothèque  de  Paris  comme 
monnaie  liégeoise  et  nullement  comme  jeton. 

(*)  Pinchart  ,  Les  graveurs  belges.  —  Revue  belge  de  numismatique, 
année  i853,  p.  194. 


Année  1! 


82 


PETITS  MÉREAUX  DE  PLOMB  D'ARRÂS. 


Planches  V  et  VI. 

J'ai  publié,  en  1884,  dans  la  Revue  belge  de 
numismatique,  une  notice  sur  Les  petits  mëreaux  de 
plomb  d'Arras  aux  types  de  mailles,  reproduisant 
quarante  de  ces  pièces  dont  la  plupart  ont  sans 
doute  tenu  lieu  de  monnaies  de  très  faible  valeur. 
J'y  disais  que  je  possédais  encore  à  peu  près  le 
même  nombre  d'autres  méreaux  de  cette  ville,  qui 
leur  ressemblaient  sous  beaucoup  de  rapports, 
mais  qui  en  différaient  essentiellement  par  leurs 
types. 

Je  n'avais  pas  l'intention  de  faire  connaître 
cette  seconde  série  que  je  ne  trouvais  pas  assez 
importante  pour  être  publiée  ;  comme  j'y  suis 
engagé,  je  m'y  décide,  malgré  l'aridité  du  sujet. 
Cette  seconde  partie,  complément  de  la  première, 
comprend  trente-huit  méreaux  qui  pourront  encore 
intéresser  quelques  numismates. 

Les  soixante-dix-huit  méreaux  décrits  dans  les 
deux  articles  ont  entre  eux  une  affinité  bien  visible  ; 
ils  ont  une  origine  commune,  aussi  peut-on  sup- 
poser qu'ils  ont  servi  aux  mêmes  usages,  quoique 
leurs  types  soient  si  différents.  Il  y  a  donc  lieu  de 
dire  que  ce  qui  a  été  énoncé  dans  la  première 


83 

partie   se    rapporte    généralement   encore    à    la 
seconde. 

Les  méreaux  qui  seront  décrits  ci-après  ont  été, 
comme  les  premiers,  trouvés  et  recueillis  un  à  un 
en  une  trentaine  d'années.  Ils  proviennent  aussi  du 
curage  des  canaux  de  la  ville  et  des  balayures 
éparses  jadis  sur  les  champs  de  la  banlieue. 

Les  petits  méreaux  d'Arrassont  bien  de  l'époque 
des  mailles  artésiennes  et  flamandes  ;  ceux  de  la 
présente  catégorie  pourraient  être  un  peu  moins 
anciens  que  ceux  de  la  première,  mais  la  différence 
ne  saurait  être  grande.  Tous  appartiennent  aux 
xme  et  xive  siècles.  Ces  plombs  populaires  durent 
être,  au  moins  en  bonne  partie,  employés  par  le 
petit  commerce  d'Arras  comme  espèces  de  bien 
minime  valeur  à  échanger  (').  Le  nombre  qui  en 
circula  fut  considérable. Toutefois  le  cours  de  cette 
espèce  de  monnaie  ne  put  être  toléré  bien  long- 
temps, car  il  devait  causer  de  graves  et  nombreux 
abus.  D'ailleurs  les  monnaies  noires  devaient 
remplacer  peu  à  peu  les  petits  méreaux  arra- 
geois  (*).  Mais  en  perdant  leur  caractère  mercan- 
tile, les  plombs  purent  encore  servir  sous  d'autres 
formes  à  vingt  autres  usages. 

Les  méreaux  publiés  dans  les  deux  articles  sont 

(')  Nos  bons  de  circulation  émis  en  1870  par  les  communes  et  les 
particuliers  avaient  assez  le  caractère  de  cette  espèce  de  monnaie  pré- 
caire et  privée. 

(2)  Il  était  déjà  question  de  monnaies  noires  en  1263.  (Voir  Recueil 
de  monnaies  de  Douai,  p.  29.) 


84 

sans  doute  uniques,  du  moins  ce  sont  les  seuls  que 
je  connaisse.  Il  est  vrai  que  si  cette  espèce  de 
plombs  n'a  pas  été  mieux  recherchée  par  les  col- 
lectionneurs, c'est  qu'elle  .ne  leur  offrait  rien  de 
bien  attrayant.  Je  crois  ne  pas  trop  m'avancer  en 
disant  que  si  je  ne  m'étais  pas  occupé  de  ce  sujet, 
nul,  dans  la  région,  n'y  penserait. 

Les  petits  méreaux  d' Arras  sont  d'un  plomb  bien 
pur;  ils  ont  été  coulés  dans  des  moules  de  pierre 
bleue  dite  de  Tournai  (').  Comme  nos  mailles,  ils 
ont  un  module  de  5  à  7  mill.;  ils  pèsent  en  moyenne 
5sr.8o,  ce  qui  leur  donne  un  poids  supérieur  d'un 
tiers  à  ces  deniers. 

Il  me  reste  à  décrire  ici  les  méreaux  qui  font 
l'objet  de  cette  notice. 

1.  Croix  latine  avec  base,  pouvant  rappeler  ainsi 
le  sommet  du  châtel  tournois. 

Rev.  Croix  dont  chaque  branche  est  chargée  de 
deux  petites  barres.  Un  cercle  entoure  les  deux  côtés 
de  ce  méreau. 

2.  Espèce  de  fleur  de  lis  dans  un  encadrement 
en  forme  de  toit;  à  sa  droite  est  un  globule. 

Rev.  Croix  dont  chaque  branche  porte  trois 
barres  ;  quatre  anneaux  la  cantonnent  et  un  cercle 
l'entoure. 


(')  Sur  le  mode  de  fabrication  des  petits  plombs,  voir  l'ouvrage  de 
Forgeais  :  Collection  de  plombs  historiés  trouvés  dans  la  Seine. 
(5e  partie,  pp.  252  et  253). 


85 

3.  Deux  branches  réunies  formant  une  cou- 
ronne qu'entoure  un  large  cercle. 

Rev.  Croix  à  doubles  bras  qu'un  cercle  encadre. 

4.  Trèfle  dans  un  double  cercle. 

Rev.  Double  cercle  renfermant  une  croix  aux 
branches  ornées  de  barres  et  d'annelets. 

5.  Quarte-feuille  avec  perle  centrale  dans  un 
large  grènetis. 

Rev.  Croix  aux  branches  losangées,  ayant  en 
cœur  un  annelet. 

6.  Fleur  ou  rosace  de  quatre  grandes  feuilles 
coupées  par  un  cercle. 

Rev.  Croix  carlovingienne  dans  un  cercle. 

7.  Autre  rosace  composée  de  quatre  feuilles, 
comme  le  sont  aussi  les  cinq  numéros  suivants  ; 
elle  est  entourée  d'un  double  cercle  avec  petites 
lignes  tenant  lieu  de  légende. 

Rev.  Dans  une  même  bordure,  croix  bourdonnée 
ou  pommetée,  cantonnée  de  quatre  globules. 

8.  Même  rosace  avec  annelet  au  centre;  ses 
cantons  sont  chargés  de  trois  lignes  circulaires. 
Pour  les  deux  côtés,  bordure  semblable  à  celle  du 
numéro  précédent. 

Rev.  Croix  ancrée,  cantonnée  de  quatre  glo- 
bules. 

g.  Même  rosace  sans  l'annelet  ;  elle  est  ornée  de 
trois  globules  dans  chaque  canton  ;  un  simple 
cercle  l'entoure. 


86 

Rev.  Dans  un  encadrement  cordé,  croix  dont 
chaque  branche  est  ornée  de  trois  petits  globules. 

10.  Même  rosace  aux  feuilles  fort  larges  dont 
chacune  porte  un  gros  globule  près  du  centre  ;  elle 
est,  comme  le  revers,  entourée  d'un  cercle  avec 
petits  traits. 

Rev.  Croix  avec  perle  en  cœur;  la  branche  infé- 
rieure a  seulement  une  petite  perle,  tandis  que  les 
autres  portent  chacun  trois  forts  globules. 

il.  Autre  rosace  formée  de  feuilles  plus  arron- 
dies ;  elle  recouvre  une  croix  dont  les  branches 
sont  pommetées.  Au  centre  et  sur  chaque  feuille 
se  trouve  un  globule. 

Rev.  Croix  dont  chaque  branche  se  termine  par 
trois  globules.  Les  deux  côtés  de  ce  méreau  sont 
entourés  d'un  cercle. 

12.  Rosace  dont  chacune  des  feuilles  est  garnie 
de  trois  globules. 

Rev.  La  croix  est  la  même  que  celle  du  numéro 
précédent,  si  ce  n'est  qu'elle  porte  en  cœur  un 
globule.  Un  large  encadrement  cordé  borde  les 
deux  côtés  de  ce  plomb. 

i3.  Rosace  de  six  feuilles  avec  point  au  centre; 
un  grènetis  l'entoure. 

Rev.  Croix  pattée  avec  globules  en  cœur  et  dans 
chaque  canton.  L'entourage  est  le  même  que 
celui  du  numéro  io. 

14.  Très  petite  croix  ornée  de  cinq  points. 


«7 

Rev.  Croix  dont  les  trois  branches  supérieures 

portent  chacune  trois  globules  et  la  quatrième  un 

seul.  La  bordure  des  deux  côtés  est  aussi  celle  du 

numéro  10. 

i5.  Croix  à  doubles  bras  dans  un  cercle.  Ce 
plomb  est  le  seul  qui  n'ait  pas  de  revers. 

16.  Croix  simple  qu'entoure  un  cercle  avec 
petites  lignes  droites  bien  espacées,  simulant  une 
légende.  Les  deux  côtés  sont  semblables. 

17.  Etoile  à  six  rayons  dans  une  bordure  cordée. 
Rev.  Croix  simple  entourée  de  même. 

18.  Rosace  de  six  feuilles  dans  un  simple  cercle. 
Rev.  Croix  dont  chaque  branche  est  munie  de 

deux  longues  barres. 

19.  Ornement  à  six  rayons  cantonnés  de  glo- 
bules; un  cercle  l'entoure. 

Rev.  Dans  un  encadrement  semblable,  croix 
bourdonnée  que  cantonnent  des  globules. 

20.  Etoile  ou  ornement  à  huit  rayons  dans  un 
petit  cercle. 

Rev.  Dans  un  double  cercle,  petite  croix  bour- 
donnée, portant  un  globule  au  centre  et  quatre 
dans  les  cantons. 

21.  Petite  roue  à  huit  bras  dans  une  bordure  de 
petits  marteaux. 

Rev.  Croix  à  doubles  bras  enfermée  dans  une 
bordure  à  petites  lignes. 


22.  Roue  à  huit  bras  divisés  par  deux;  même 
bordure. 

Rev.  Croix  aux  branches  ornées  de  trois  glo- 
bules, avec  perle  au  centre.  Bordure  semblable. 

23.  Variété  garnie  de  quatre  globules  dans  les 
cantons. 

Rev.  Croix  simple  avec  globule  au  centre.  L'en- 
cadrement des  deux  côtés  est  celui  du  numéro 
précédent. 

24.  Bordure  ordinaire  avec  perle  centrale. 
Rev.  Dans  un  même  encadrement,  croix  bour- 

donnée  avec  globule  au  centre. 

25.  Roue  à  six  bras  avec  chaque  canton  chargé 
d'un  globule. 

Rev.  Croix  avec  quatre  globules  ;  elle  coupe  son 
encadrement  cordé. 

26.  Ecu  triangulaire  à  trois  bandes  de...  chargé 
d'une  face  de...  à  quatre  tires. 

Rev.  Croix  évidée  et  ancrée  dans  une  bordure 
légère. 

27.  Carreaux  formés  de  six  lignes. 

Rev.  Petite  croix  pattée  qu'entoure  une  large 
bordure  de  petites  lignes  mieux  espacées. 

28.  Variété  moins  régulière. 

Rev.  Croix  aux  branches  chargées  de  trois  glo- 
bules. 

2g.  Cœur  avec  de  légers  détails. 

Rev.  Croix  aux  branches  recroisetées;  elle  porte 


89 

en  cœur  une  perle.  Un  cercle  encadre  les  deux 
côtés  de  ce  méreau. 

3o.  Vase  de  forme  singulière. 
Rev.  Croix    aux    branches    terminées   par    des 
croissants. 

3i.  Variété  mieux  formée;  elle  est  entourée 
d'une  large  bordure  à  petites  lignes  bien  régulières. 

Rev.  Grande  croix  aux  branches  pommetées, 
garnies  de  globules. 

32.  Aumônière  dans  un  lourd  grènetis. 

Rev.  Croix  à  triples  bras  avec  bordure  cordée. 

33.  Hanap  ou  sablier  avec  trois  demi-cercles. 
Rev.  Dans  un  cercle  cordé,  croix  dont  chaque 

branche  est  terminée  par  un  groupe  de  trois  glo- 
bules. 

34.  Gantelet  avec  doigts  ouverts  ;  bordure  ordi- 
naire. 

Rev.  Dans  une  même  bordure,  mais  plus  large, 
croix  pattée  cantonnée  de  quatre  globules. 

35.  Arbalète  dans  un  cercle. 

Rev.  Croix  évidée  et  ancrée,  portant  un  point  en 
cœur;  un  cercle  l'entoure. 

36.  Tête  grossière  vue  de  face,  dans  un  cercle. 
Rev.  Même  croix  plus  grande,  sans  le  point. 

37.  Chien  vu  à  mi-corps,  allant  à  droite. 

Rev.  Grande  croix  pattée  et  évidée  que  quatre 


9° 

petits  globules  cantonnent.  Un  cercle  borde  les 
deux  côtés  de  ce  méreau. 

38.  Coq  à  droite  dans  la  bordure  à  petites 
lignes. 

Rev.  Dans  un  même  entourage,  petite  croix 
pommetée,  avec  point  au  centre. 

Dancoisne. 


9' 


LA  TROUVAILLE  DE  DRONRYP  EN  FRISE. 


Planches  A ,  B  et  C. 

Le  matin  du  lundi  i3  mars  1876,  le  journalier 
Wybren  Douma,  en  exhaussant  une  partie  d'un 
tertre  situé  immédiatement  derrière  le  bois  du 
château  ou  villa  Schatzenbourg,  propriété  du 
Dr  A.  Quaestius,  demeurant  actuellement  (en  1886) 
à  Groningue,  près  du  village  de  Dronryp,  com- 
mune de  Menaldumadeel,  province  de  Frise, 
trouva  une  quantité  de  monnaies  et  d'objets  d'or, 
que  nous  allons  énumérer  et  décrire.  Le  tertre 
qui  renfermait  ces  objets  précieux  dépassait  alors, 
par  sa  hauteur  et  son  étendue,  tous  les  autres  de 
Dronryp  qui  ont  été  enlevés  depuis. 

Les  objets  se  trouvaient  dans  la  pente  de  la 
colline  artificielle,  à  une  profondeur  de  deux  pieds 
environ. 

On  sait  qu'ils  étaient  enfermés  dans  un  petit  pot 
d'argile,  percé,  au  milieu,  par  l'ouvrier  avec  sa 
bêche  de  fer,  et  si  complètement  anéanti  que  l'on 
n'a  découvert  aucun  des  débris. 

D'abord  on  y  compta  vingt-huit  tiers  de  sol; 
puis  on  put  y  ajouter  encore  les  très  petites 
pièces  nos  2g-3o,  figurées  sur  les  planches  A  et  B, 
et  les  objets,  tous  en  or,  qui  se  trouvent  sur  la 


92 

planche  C,nos  1-6,  et  se  composent  de  quatre  pièces 
principales  (1-4),  dont  le  n°  4  était  brisé  en  deux 
morceaux,  mais  a  été  réuni  ensuite  par  la  soudure. 
Le  n°  5  paraît  être  un  petit  ornement  auquel  on  a 
enlevé  le  bijou. 

Le  n°  6  est  une  barre  ou  lingot  d'or  très  pur, 
pesant  45?m,5.  Tous  les  objets  ont  été  représentés 
en  grandeur  naturelle.  Le  propriétaire  du  tertre, 
le  sieur  G. -H.  Van  der  Kooi,  demeurant  dans  les 
Poelen,  à  l'est  de  Dronryp,  a  retenu  encore  un 
objet  d'or,  long,  ovale,  en  forme  de  cœur,  assez 
grand,  orné  de  trois  pattes  en  verre  rouge  ou 
couleur  de  rubis. 

Occupons-nous  d'abord  des  objets  figurés  pi.  C, 
nos  1-4,  avant  de  passer  aux  monnaies  pi.  A 
et  B. 

La  figure  1  de  la  planche  C  représente  les  deux 
côtés  d'un  fermoir  ou  serrure,  c'est-à-dire  l'inté- 
rieur et  l'extérieur.  On  y  voit  très  distinctement  le 
trou  servant  à  passer  la  clef. 

Les  autres  trous  plus  petits  auront  servi  à 
attacher  la  serrure  à  la  grande  bourse  à  ressort, 
nommée  en  hollandais  beugeltas. 

Les  nos  2  et  3  percés  de  petits  trous,  tous 
semblables,  ont  formé  des  parties  d'une  bordure  en 
or  de  l'objet.  Ils  auront  constitué  les  parties  exté- 
rieures, tandis  que  le  n°  4,  sans  trou,  aura  été 
une  partie  intérieure;  on  y  voit  à  l'intérieur  une 
petite  plaque  pour  l'attacher. 

Le  lingot   représente    probablement   la  partie 


93 

fondue  de  la  bordure.  L'or  des  quatre  objets  prin- 
cipaux est  du  même  titre.  Leur  poids  est  :  du  n°  i, 
20  grammes;  du  n°  2,  2igm,5;  du  n°  3,  2ipm,5;  du 
n°  4,  12  grammes;  du  n°  5,  3  grammes;  du 
n°6,4$*»,5. 

La  bordure  aura  eu  la  longueur  d'à  peu  près  une 
palme  ou  décimètre. 

La  trouvaille  de  ces  objets  joints  aux  tiers  de  sol 
leur  attribue  un  âge  assez  reculé,  mais  l'usage  de 
bourses  aussi  grandes,  à  ressort,  à  bordure  et 
à  fermoir,  en  argent  et  même  en  or,  n'est  nulle- 
ment étranger  à  la  Frise.  En  visitant  le  Musée  de 
la  Société  frisonne  d'histoire,  d'antiquités  et  de 
linguistique,  à  Leeuwarden,  capitale  de  la  Frise, 
l'on  y  verra  deux  exemplaires  magnifiques,  ciselés, 
portés  par  la  femme  et  la  fille  de  Hindelopen. 
Ils  sont  en  argent,  mais  j'en  connais  deux  en 
or,  gardés  dans  la  même  famille  {Catalogue  de 
V exposition  frisonne,  1876,  p.  240,  nos  1  et  3),  et 
un  troisième  était  possédé  par  feu  ma  belle- 
sœur,  Mme  Witteveen-Bolman.  (V.  Gids,  p.  240, 
n°  2.)  Pourtant  il  y  a  lieu  de  s'étonner  que  dans  des 
temps  si  reculés  des  femmes  frisonnes  portassent 
déjà  des  objets  si  coûteux.  C'est  une  preuve  de  la 
richesse  du  pays  déjà  aux  temps  mérovingiens, 
richesse  disparue  depuis,  par  les  invasions  rapaces 
des  Francs  et  des  Normands  ('). 

(1)  Itaque  cum  innumerabilibus  spoliis  (Pepinus),  A0  697,  victor  ad 
propria  reversus  est.  (Pertz,  I,  p.  32 1,  A0  697.)  Cum  magnis  spoliis  et 


94 

Passons  maintenant  aux  monnaies.  Je  m'abs- 
tiendrai de  les  décrire  minutieusement  et  d'en 
approfondir  les  secrets  contenus  dans  les  lettres 
difformes  de  plusieurs  de  ces  petits  bijoux  numis- 
matiques.  Pouvant  affirmer  que  les  dessins  sont 
d'une  exactitude  irréprochable,  j'invite  MM.  les 
numismates  plus  versés  que  moi  à  en  offrir  les 
attributions  dans  la  Revue,  qui  sera  à  cet  égard 
pour  moi  un  questionnaire.  Sans  doute,  il  y  a 
plus  d'une  de  ces  pièces  qui  sera  déjà  publiée  quel- 
que part,  surtout  en  France,  mais  dont  les  indica- 
tions ne  me  sont  pas  parvenues.  Dans  le  doute, 
abstenons-nous  de  faire  des  conjectures. 

i.  —  Poids  igr,ig.  —  Buste  tourné  à  droite 
comme  dans  Vander  Chys  [De  munten  der  Fran- 
kische  en  Duitsche  Vorsten,  1866,  pi.  VII,  nos  ii-i3) 
(Utrecht  ou  Maestricht);  mais  avec  M.  Perreau 
(Revue  de  la  numismatique  belge,  1846,  p.  333,  n°  1), 
j'attribue  la  légende  mutilée  +  TRIECTO,  à  Maes- 
tricht (Limbourg). 

Rev.  Croix  à  branches  égales  (selon  Lelewel, 
Tab.,  XXXII  et  XXXVI,  19-21,  environ  A0  700), 
cantonnée,  en  haut  de  deux  globules.  —  Légende  : 
+  ANSOALDO  (mutilée). 

prœdis  victor  (Carolus  Martellus)  reversus  est  in  regnum  Francorum 
(A0  734).  Anonymus  in  Historia  Francorum,  etc.  etc.  Voy.  notre 
mémoire  sur  le  commerce  des  Frisons  avant  la  mort  de  Charle- 
magne  (Koophandel  der  Frie^en,  enz.;  Utrecht,  1846,  pp.  140-141). 
Les  Normands  emportaient,  en  810,  cent  livres  d'argent.  Ils  revenaient 
déjà  en  l'an  8i3.  {Ibid.,  pp.  141-142.) 


95 

2.  —  Poids  1^,17.  —  Buste  tourné  à  droite; 
devant  le  buste  + .  Légende  (coupée)  :  MAVR1NVS 
MON(etarius). 

Rev.  Croix  haussée  pommetée,  selon  Lelewel 
(Tab.,  XXXVI,  55o-75o).  Légende  :  AURELIANIS 
CIV (itas).  Orléans.  (V.  Monétaires  mérovingiens, 
Paris,  1853,  4e,  pi.  X,  n°  8)  avec  ClVI(tas).—  (Conf. 
Lelewel,  pi.  IV,  n°  5,  pp.  36  et  60.)  «  Maurinus 
ornait  quelques-unes  de  ses  pièces  d'une  croisette 
devant  le  profil,  ce  qui  paraît  les  attribuer  à  la 
seconde  moitié  du  vie  siècle.  » 

3.  —  Poids  igr,27-  —  Buste  à  diadème  difforme 
ou  chapeau  perlé.  —  Légende  :  CHOE  FI(/). 
Frappée  à  Huy  ('),  selon  la  découverte  faite  par 
L.  de  Coster  (Revue  de  la  numismatique  belge,  1848, 
p.  345,  et  1860,  p.  36g). 

Rev.  Croix  posée  sur  un  piédouche.  Légende  : 
BEOTRALDO.  (Comp.  Monétaires  mérovingiens, 
pi.  21,  29.) 

4.  —  Poids  igr,26.  —  Buste  heaume,  tourné  à 
gauche,  très  barbare,  entouré  de  petites  globules. 

Rev.  Croix  à  pied  fixe  dans  un  cercle  de  perles, 
accompagnée  des  lettres  mutilées  U<  =  LV. 
Légende  indéchiffrable. 

5.  —  Poids  1^,26.  —  A  peu  près  conforme  au 
n°3.  m=  LV. 


(1)  Autrefois  attribuée  à  Cayeux  par  Lelewel,  et,  dans  les  Monétaires 
mérovingiens, pi.  I,  n°  i3,etpl.  XXIII,  n°»  14-17,8  Coye.en  Beauvaisis. 


96 

6.  —  Poids  i*r,24.  —  Le  droit  est  à  peu  près 
conforme  aux  nos  4  et  5  ;  mais  le  revers  a  la  croix 
plus  longue  et  sans  légende  ;  LU  =  LV. 

7.  —  Poids  1^,13.  —  Buste  un  peu  moins  bar- 
bare, tourné  à  droite  et  accosté  des  deux  let- 
tres M  L. 

Rev.  Croix  double  accostée  des  lettres  AV  —  LV. 
Légende  très  mutilée. 

Je  crois  que  ces  quatre  monnaies  (4-7),  ou  du 
moins  les  trois  premières  (4-6)  proviennent  du 
même  atelier  monétaire  et  que  les  deux  lettres  aux 
côtés  de  la  croix,  plus  ou  moins  mutilées,  repré- 
sentent toujours  LV. 

Je  pensais  à  Lugdunum  (Lyon),  lorsque  feu 
M.  Hooft  van  Iddekinge  m'a  dit  que  ces  monnaies 
avaient  été  frappées  à  Cologne.  Je  ne  puis  partager 
cette  opinion,  mais  j'accepte  l'assurance  qu'elles 
doivent  leur  origine  à  un  atelier  voisin  de  la  Frise 
actuelle,  puisque  des  monnaies  de  ce  type  s'y  pré- 
sentent assez  souvent.  Moi-même,  j'en  ai  publié 
une  dans  la  Revue  de  la  numismatique  belge  de  l'an 
i858,  pi.  I,  n°  6,  p.  12,  trouvée  en  Frise,  reproduite 
par  M.  Van  der  Chys,  loc.  cit.,  en  1866,  pi.  II, 
n°  21 ,  p.  36 ,  et  augmentée  d'un  second  exem- 
plaire, pi.  XX,  n°  5,  p.  37.  Conf.  à  la  pi.  XXVIII, 
nos  9-1 1,  des  Monétaires  mérovingiens,  où  les  let- 
tres LV  se  voient  très  distinctement  sur  le  n°  g. 
L'on  y  attribue  (p.  7)  les  monnaies  de  la  plan- 
che XXVIII,  nos  2-S,  avec  LV,  à  Lyon,  mais  les 


97 

n03  g-n  «  seraient  une  dégradation  du  type  de 
Sigebert  à  Marseille  (638-656)?  ».  Toutefois  cette 
attribution  est  suivie  d'un  point  d'interrogation. 
De  même  M.  Akerman  n'explique  pas  les  légendes 
d'une  monnaie  à  peu  près  semblable,  trouvée  à 
Baschot-Head  et  décrite  dans  The  numismatic  chro- 
nicle,  1870,  p.  169,  figurée  pi.  I,  n°  i5,  et  les 
légendes  pi.  III,  n°  i5. 

Rebuté  pour  Lyon,  cherchons  le  nom  d'une 
autre  ville  commençant  avec  les  lettres  LU  ou  LV, 
moins  éloignée  de  la  Frise  actuelle  que  le  Lyon 
français,  et  nous  trouvons  Lugdunum  Batavorum, 
remontant  au  temps  de  la  domination  romaine. 

Rappelons  à  nos  lecteurs  les  paroles  suivantes  se 
trouvant  dans  The  numismatic  chronicle,  année  1872, 
IIe  partie,  p.  77,  et  que  le  vicomte  Ponton  d'Amé- 
court,  connaisseur  excellent  de  la  monnaie  méro- 
vingienne, a  dites  à  l'occasion  de  la  description 
d'un  tiers  de  sol  semblable  trouvé  avec  quantité 
d'autres  en  1825,  à  Crondal  (Hantshire,  Angle- 
terre) (voy.  Numismatic  chronicle,  pi.  VI  et  X, 
pp.  164-176)  :  «  N°  i5.  Cette  monnaie  se  rencontre 
assez  souvent  dans  les  collections  françaises. 
Quoique  ses  légendes  soient  toujours  barbares  et 
qu'on  n'ait  pas  encore  retrouvé  un  prototype,  on 
peut  sans  trop  de  témérité  l'attribuer  à  Lugdunum 
Batavorum  (Leyde),  à  cause  des  LV  qui  accostent  la 
croix.  »  M.  le  vicomte  de  Ponton  d'Amécourt  a 
exposé  au  Trocadéro,  onze  de  ces  pièces  avec  l'in- 
dication Leyde?  [Annuaire  de  la  Société  française 

Année   1887.  7 


98 

de  numismatique  et  d'archéologie,  1880,  p.  164.) 
Il  faut  pourtant  observer  que  la  ville  de  Leyde 
n'occupe  pas  la  place  où  le  Lugdunum  Batavorum 
se  trouvait.  On  le  cherche  aux  bords  du  Rhin, 
à  2  kilomètres  plus  à  l'ouest. 

8.  —  Poids  Ier,  19  (V3)-  —  Buste  tourné  à  droite, 
quasi  posé  sur  un  trépied,  mais  représentant  la 
cuirasse  ou  habit  rayé.  Légende  :  +  RIOM  ...  PAS 
(Riomagus),  Riom,  chef-lieu  du  département  du 
Puy-de-Dôme. 

Rev.  Croix  entourée  de  perles.  Légende  : 
(CA)ARIFREDVS  {Monetarius). 

9.  —  Poids  1^,29  (à  fleur  de  coin).  —  Buste 
tourné  à  gauche.  Devant  le  buste  :  VICO  F{it.), 
comme  dans  les  Monétaires  mérovingiens,  pi.  XLIX, 
n°  2,  où  se  voient  encore  quelques  lettres  derrière 
le  buste,  et  où  l'on  lit,  p.  n  :  Puce  frappée  en 
Auvergne,  la  Monnaie.  Je  trouve  aussi  en  Auvergne, 
Vicus  ad  Cerem,  Vic-sur-Cere,  ou  Vic-en-Cartades, 
avec  des  eaux  minérales  qui  probablement  étaient 
déjà  connues  anciennement. 

Le  revers  de  cette  pièce  diffère  entièrement  du 
revers  de  milliers  d'autres  tiers  de  sol  qui  repré- 
sentent ordinairement  une  croix  plus  ou  moins 
simple,  accostée  de  lettres.  Nous  y  voyons  un 
homme  en  tunique  courte  ou  habit  de  chasse,  placé 
de  face,  reposant  la  main  gauche  sur  un  bâton 
noueux  ou  tourné  en  lance  et  tenant  dans  la  main 
droite,  qui  est  levée,  un  animal  quelconque  (un 


99 
loup?)  tué.  Notons  que  le  pays  montagneux  d'Au- 
vergne, d'où  sortent  la  Loire,  la  Cher,  la  Vienne 
et  le  Lot,  était  anciennement  un  pays  où  les  loups 
séjournaient. 

Cette  figure  se  retrouve,  de  face,  chez  Petau, 
Explication  de  plusieurs  antiquités,  Amsterdam,  1756, 
pi.  IX, ligne  i,  n°3  (tiers  de  sols),  mais  la  lance  est 
défigurée  en  croix.  Le  personnage  tourné  à  gauche 
se  retrouve  dans  les  Monétaires  mérovingiens, 
pi.  XLIX,  n°  2,  tourné  à  droite.  L'objet  qu'il  porte 
dans  Petau  et  dans  les  Monétaires  est  confus.  Notre 
figure  le  redresse.  Il  y  a  des  traces  de  légende  : 
sur  notre  pièce  AR,  sous  la  planche  double  ou 
grenier  où  se  pose  le  chasseur.  Dans  les  Moné- 
taires on  lit  :  ...10  MO (netarius). 

io.  —  Poids  igr,24.  —  Buste  à  diadème  perlé, 
avec  de  longs  cheveux,  tourné  à  droite.  Légende 
MOGVNCIACO  Fl(t).  Frappé  à  Mayence.  (Conf. 
Monétaires  mérovingiens,  pi.  LVII,  n°  2.) 

Rev.  Croix  flanquée  de  VII  (chiffres  indiquant 
selon  E.  Cartier,  Revue  française,  i83g,  p.  427,  le 
poids  primitif  de  28  grains),  entourée  d'un  cercle 
perlé.  Légende,  en  lettres  coupées  probablement  : 
GAROALDO  MON  (etarius).  (Comp.  Monétaires  mé- 
rovingiens, pi.  XXXII,  n°  12,  du  monétaire  Man- 
tanarius.) 

Le  n°  11,  du  poids  de  igr,27,  n'a  qu'un  côté. 
Au  revers  des  traces  du  nom  Garoaldo  (Mayence) 
autour  de  la  croix  flanquée  de  VII. 


IOO 


Le  n°  12,  du  poids  de  i*r,i4  n'a  aussi  qu'un  côté. 

Les  chiffres  accostant  la  croix  sont  placés  II  V. 
La  pièce  peut  bien  être  coulée  sur  un  coin.  D'un 
côté,  il  y  a  quelques  restes  de  lettres.  (Mayence.) 

i3.  —  Poids  i*r,25.  —  Buste  comme  celui  du 
n°  10  (Mayence?). 

Rev.  Croix  flanquée  des  chiffres  VII,  entourée 
d'une  couronne  de  palmes.  Le  nom  du  monétaire 
m'échappe. 

De  cette  pièce  le  droit  est  coulé. 

14.  —  Poids  ig",22  (à  fleur  de  coin).  Croix  de 
Jérusalem  haussée,  mais  posée  sur  un  demi-globe 
ou  petit  calvaire  arrondi,  comme  dans  les  Moné- 
taires mérovingiens,  pi.  LVII,  n°  4. 

La  légende  contient  la  lettre  grecque  A,  mais 
perlée,  et  des  lettres  difformes.  Charade  pour  moi 
et  pour  M.  Raymond  Serrure,  qui  a  publié  un  autre 
tiers  de  sol,  aussi  trouvé  en  Frise  et  dont  le  droit 
ressemble  au  nôtre,  dans  la  Revue  numismatique 
(Paris,  1886,  pi.  VI,  n°  11,  p.  47).  M.  R.  Serrure  y 
lit  TASIVAO.  Les  revers  diffèrent. 

Rev.  La  croix  accostée  de  VII  dans  un  cercle  de 
perles.  Légende  à  déchiffrer. 

i5.  —  Poids  1^,25.  —  Pièce  coulée.  Croix  de 
Jérusalem  posée  sur  un  demi-globe  ou  roue  (pié- 
douche  croiseté).  Légende  :  BODOVILVS  (?). 

Rev.  Croix  pommetée,  accostée  de  IIV,  dans  un 
cercle  de  perles.  Traces  de  légende. 


La  demi-roue  est-elle  une  indication  pour  y  voir 
la  roue  de  Mayence? 

16.  —  Poids  1^,11.  —  D'or  pâle.  Au  droit  on 
voit  les  traces  d'un  buste  diadème  (?). 

Rev.  Croix  d'une  forme  insolite,  à  crochet  ou 
appendice  (chrismée)  que  nous  voyons  aussi  sur 
les  nos  17  et  18  et  plus  courbé  sur  le  n°  19,  entourée 
d'une  couronne  d'épines  (?).  —  Légende  indéchif- 
frable pour  moi. 

17.  —  Poids  igr,2i.  —  D'or  pur,  coulée  très 
visiblement.  Les  mêmes  traces  d'un  buste  (ou 
d'une  croix  formée  de  globules)  entouré  de  quel- 
ques lettres. 

Rev.  La  croix  à  crochetentourée  d'une  couronne 
hérissée  d'où  sortent  trois  clous. 

18.  —  Poids  igr,24  (à  fleur  de  coin).  —  D'or  pur. 
Buste  très  difforme,  à  peu  près  méconnaissable, 
formé  de  globules  ou  perles  et  entouré  de  quelques 
fragment  de  lettres.    . 

Rev.  La  croix  à  crochet  entourée  d'un  cercle  de 
perles,  d'où  sortent  les  trois  clous.  Des  lettres  en 
légende  qui  m'échappent. 

19.  —  Poids  igr,24-  —  Croix  cintrée  entourée 
d'une  couronne  d'épines  d'où  sortent  deux  clous 
et  deux  pointes  de  lance  à  l'intérieur  et  d'autres 
à  l'extérieur.  Type  présentant  quelques  ressem- 
blances avec  une  roue  de  moulin. 

Rev.  Croix  à  branches  égales,  entourée  d'une 


102 


couronne   d'épines  d'où  sortent  deux  triangles. 
Légende  très  barbare;  quelques  traces  de  lettres. 

20.  —  Poids  1^,25.  —  Pièce  coulée.  Droit  à  peu 
près  fruste. 

Rev.  Croix  à  branches  égales  pommetées,  accom- 
pagnée au  bas  de  trois  globules  placés  en  forme 
de  trifolium,  le  tout  entouré  d'une  couronne  de 
perles.  Légende  :  quelques  traces  de  lettres 
(Mayence  ?). 

21.  —  Poids  1^,16.  —  Croix  à  branches  égales 
entourée  d'une  couronne  de  laurier  (?)  attachées  à 
peu  près  à  une  couronne  semblable  extérieure 
entourant  une  légende,  où  je  vois  des  lettres  que  je 
retrouve  aussi  en  partie  sur  le  numéro  suivant. 

Rev.  Croix  dite  brabançonne  (Lelewel,  Tab., 
XXXII,  n°  48)  pour  des  temps  moins  reculés,  dans 
un  cercle  perlé.  Légende  :  des  lettres  coupées. 
(Mayence  ?) 

22.  Poids  igr,22.  —  Comme  le  n°  21.  La  légende 
du  droit  renferme  des  lettres  assez  lisibles. 

23.  —  Poids  1^,22.  —  Pièce  coulée  très  barbare. 
Croix  à  branches  égales  entourée  d'une  couronne 
attachée  au  bord.  Légende  :  des  lettres  coupées. 

Rev.  Comme  les  nos  21  et  22,  mais  très  difforme 
(Mayence?). 

24.  —  Poids  1^,17.  —  Comme  les  nos  21-23, 
mais  l'attache  de  la  couronne  manque. 

Légende  formée  de  lettres  très  mutilées. 


io3 

25.  —  Poids  1^,11.  —  Pièce  très  fortement 
rognée  et  formant  à  peu  près  un  carré.  Buste 
casqué  tourné  à  droite.  Traces  de  légende. 

Rev.  Croix  à  pied;  au-dessous  d'elle,  un  globe  et 
deux  globules  accostés  des  traces  des  chiffres  VII, 
encerclé  de  grènetis.  Imitation  barbare.  (Cologne?). 

26.  —  Poids  1^,17.  —  Gravure  très  prononcée. 
Buste  tourné  à  droite,  ou  tête  couverte  d'une  cou- 
ronne de  laurier  (?).  Devant,  deux  lettres. 

Rev.  La  croix  des  nos  23-24,  entourée  d'un  cercle 
de  perles,  avec  une  légende  où  l'on  ne  voit  qu'une 
partie  de  quelques  lettres.  (Mayence  ?). 

27.  —  Poids  igr,28.  —  Pièce  coulée.  Buste  de 
face  très  barbare,  entouré  de  quelques  lettres. 

Rev.  Croix  à  branches  égales,  cantonnée  de 
quatre  globules.  Légende  :  BETTVS  (?). 

28.  —  Poids  igr,26.  —  Pièce  coulée.  Buste  tourné 
à  droite,  très  barbare.  Traces  de  légende. 

Rev.  Croix  sur  pied  flanquée  de  deux  globules. 
Légende  :  SIGOALDVS  (?)  (Huy.) 

2g.  —  Poids  1^,30. 

3o.  —  Poids  1^,24. 

Il  n'y  a  rien  à  définir  sur  ces  grains  monnayés. 

Ce  petit  trésor,  dont  la  trouvaille  fut  indiquée 
par  M.  le  docteur  A.  Quaestius,  numismate  et 
membre  honoraire  de  la  Société  frisonne,  fut 
acquis  par  MM.  les  députés  des  Etats  de  la  Frise 


ro4 

et  se  trouve  maintenant  en  dépôt  dans  le  Musée  de 
cette  Société.  D'autres  travaux  importants  achevés 
et  en  partie  publiés  depuis  le  temps  de  la  décou- 
verte m'ont  empêché  jusqu'ici  d'en  publier  le  con- 
tenu. Mieux  vaut  tard  que  jamais. 

J.  Dirks, 

de  l'Académie  royale  des  sciences  des  Pays-Bas. 
Leeuwarden,  octobre  1886. 


ANNOTATIONS. 

I.  Dronrijp. — Ce  village  est  connu  comme  le  lieu 
de  naissance  du  peintre  célèbre  L.  Aima  Tadema, 
R.  A.  Il  y  naquit  le  8  janvier  i836,  et  son  premier 
tableau  mérovingien,  Clotilde  visitant  le  tombeau  de 
ses  grands-enfants,  date  de  l'année  i852. 

Nos  monnaies  ont  été  découvertes  en  1876. 
Nonobstant  ces  dates,  nous  notons  les  mots  sui- 
vants, révélant  la  fantaisie  d'un  biographe  et  tirés 
du  The  Art  annual  for  1886  (L.  Aima  Tadema, 
R.  A.,  his  life  and  works,  by  H.  Zimmern,  illus- 
trated  with  engravings  and  fac-similés)  : 

Page  2.  «  It  is  also  worthy  of  notice  that  the  pro- 
«  vince  in  which  the  painter  was  born  and  lived 
«  as  a  boy,  is  one  of  the  many  in  Holland  where 
«  merovingians  antiquities  or  coins  and  medals(!!) 


io5 

«  are  found,  and  itwas  the  meroviiigians  who  first 
«  attracted  him  in  history.  »  Après  avoir  indiqué 
que  YHistoire  des  Francs,  de  Grégoire  de  Tours, 
fut  une  des  principales  sources  auxquelles  puisa 
le  célèbre  peintre  pour  s'initier  aux  temps  méro- 
vingiens, le  biographe  continue  ainsi  :  «  No  could 
«  he  content  himself  with  hints  as  could  be 
«  gathered  from  this  volume,  no  possible  means 
«  of  obtaining  informations  was  lost  ;  every  Utile 
«  coin  found  near  his  home  was  studied.  »  C'est  ainsi 
que  l'on  écrit  l'histoire.  Post  ergo  propter. 

II.  En  relisant  les  lettres  échangées,  en  1876  et 
1877,  entre  feu  M.  Hooft  van  Iddekinge  et  moi,  à 
l'occasion  de  la  trouvaille  de  Dronrijp,  j'y  trouve 
une  esquisse  reconstitutive  des  quatre  pièces  de  la 
planche  C,  nos  1  à  4,  et  j'y  vois  une  agrafe  à  peu 
près  de  la  même  forme  que  celle  que  nous  avons 
figurée  dans  la  Revue  de  l'année  1867,  pi.  V,  n°  6. 
M.  Hooft  van  Iddekinge  combine  le  n°  1  extérieu- 
rement avec  les  nos  3  et  4,  les  trois  pièces  étant 
percées  de  trous.  Il  voit  dans  les  trous  les  creux 
où  se  trouvaient  attachés  les  ornements  perdus  :  il 
place  le  n°  2,  dessus  le  n°  3,  et  y  voit  l'attache  du 
crochet  et  dans  le  tout  une  partie  d'une  agrafe  de 
ceinture  de  cuir. 

La  serrure  en  haut  du  n°  1  lui  semble  un  reste 
des  ornements.  Pourtant,  tous  les  orfèvres  qui 
ont  vu  ces  restes  y  découvrent  plutôt  les  débris 
d'un  ressort  pour  fermeture  d'une  bourse,  comme 


io6 

ils  en  fabriquent  encore  tous  les  jours  pour  les 
paysannes. 

III.  Planche  B,  nos  2g-3o. 

Ce  n'est  pas  la  seule  fois  que  l'on  a  déterré, 
en  Frise,  de  ces  petits  globes  ou  boules  d'or  mar- 
quées. Déjà  avant  l'année  1866,  feu  M.  le  profes- 
seur Vander  Chys  en  trouva  une  dans  le  cabinet 
de  feu  M.  Bloembergen-Santée ,  passée  en  1877 
dans  celui  de  M.  Looxma-Ypey,  en  la  même 
ville  de  Leeuwarde.  Il  le  publia  dans  les  Munten 
der  Frankische  en  Nederduitsche  vorsten  (Haarlem, 
1866,  pi.  XX,  n°  1).  Il  nota,  dans  la  description, 
p.  6  («  Avec  trois  globules.  Rev.  Quelques  petits 
grains  ou  globules  (or  fin,  pièce  épaisse)  »),  que 
c'était  le  seul  exemplaire  qu'il  avait  rencontré. 
Il  le  considérait  comme  une  pièce  d'échange. 

M.  Bloembergen-Santée  n'achetait  de  ces  mon- 
naies qu'isolément,  au  fur  et  à  mesure  qu'on  les 
lui  présentait  ;  il  en  avait,  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
en  1876,  à  peu  près  le  monopole.  Malheureuse- 
ment il  n'annotait  jamais  le  lieu  de  provenance. 
En  1876,  il  doit  avoir  acheté  une  autre  trouvaille 
de  quatorze  tiers  de  sol  découverts  également  à 
Dronrijp.  Feu  M.  Hooft  van  Iddekinge,  de  concert 
avec  M.  le  Dr  Pleyte,  les  a  fait  photographier. 
Il  les  considérait  comme  contemporaines,  par 
le  motif  qu'on  y  trouva  les  mêmes  monnaies  de 
Mayence.  Sa  conjecture  pourtant,  que  les  deux 
trouvailles   ne    formaient  qu'un  seul  dépôt,   me 


107 

semble  trop  hasardée.  Dès  que  la  trouvaille  qui 
vient  d'être  décrite,  eut  eu  lieu  (i3  mars  1876), 
M.  Quaestius  m'en  fit  part  par  une  lettre  du 
i5  du  même  mois.  Heureusement  les  quatorze 
pièces  n'ont  fait  que  changer  de  maître  ou  de 
possesseur.  —  En  i858,  j'ai  publié  seize  pièces, 
dont  quinze  en  or,  parmi  lesquelles  dix  tiers  de 
sol  provenant  du  même  cabinet.  [Revue  belge  de 
numismatique,  i858,  pi.  I-II,  pp.  5-35.) 


io8 


CUEILLOIR  NUMISMATIQUE. 


Septième  lettre  du  Comte  de  Marsy  à  M.  Alphonse 
de  Schodt,  vice-président  de  la  Société  royale  belge 
de  numismatique  et  directeur  de  la  Revue. 


Monsieur  et  honoré  Confrère, 

Au  milieu  d'une  série  de  réunions  scientifiques, 
après  avoir  pris  part  à  Amiens  au  cinquantenaire 
des  Antiquaires  de  Picardie  et  présidé  à  Nantes  le 
congrès  archéologique  de  France,  à  la  veille  d'as- 
sister à  la  réunion  de  la  Fédération  des  sociétés 
historiques  belges  à  Namur,  et  peut-être  même 
aux  congrès  de  Turin  et  .de  Vienne,  je  vous  envoie 
à  la  hâte  quelques  notes  qui  n'ont  d'autre  mérite 
que  leur   actualité. 

A  vous  de  voir  si  elles  offrent  un  intérêt  suffisant, 
pour  que  vous  vouliez  bien  continuer  à  leur 
accorder  l'hospitalité  de  la  Revue  numismatique 
belge. 


Revue   des   travaux    relatifs    à    la  numismatique 
grecque  et  romaine.  —  M.  Babelon  a  commencé 


109 

à  publier,  dans  V American  journal  ofarchœology  and 
of  the  history  of  the  fines  arts,  publié  à  Baltimore 
(octobre  i885,  pp.  387-400),  une  revue  critique  des 
travaux  relatifs  à  la  numismatique  antique;  nul 
n'est  mieux  préparé  que  notre  confrère  à  un  travail 
de  ce  genre,  et  nous  regrettons  que  le  premier 
article  publié,  et  qui  ne  renferme  que  la  critique 
des  travaux  contenus  dans  des  recueils  périodiques, 
n'ait  pas  encore  été  suivi  d'une  suite  annoncée  et 
qui  doit  comprendre  les  livres  de  numismatique 
les  plus  récents  ('). 

Les  monnaies  de  Comana.  —  M.  Babelon  a  lu,  à 
la  séance  du  2  juin  1886,  à  la  Société  des  Anti- 
quaires de  France,  une  note  sur  les  monnaies  de 
Comana.  Trois  villes  d'Orient  portaient  ce  nom  : 
l'une  en  Cappadoce,  l'autre  en  Pisidie,  la  troisième 
dans  la  province  du  Pont.  On  n'a  pas  su  jusqu'ici 
distinguer  les  monnaies  particulières  à  chacune  de 
ces  villes.  De  récentes  découvertes  épigraphiques 
ont  jeté  un  jour  nouveau  sur  cette  question  et 
M.  Babelon  s'est  efforcé  d'établir  un  classement 
rationnel  de  ces  monnaies  en  s'appuyant  sur  ces 
dernières  données. 


(')  L' American  journal  of  arckœology,  dont  la  publication  a  com- 
mencé en  i885,  est  un  recueil  fort  intéressant,  dont  nous  sommes 
heureux  d'annoncer  la  naissance.  Bien  que  rédigé  presque  entièrement 
en  anglais,  il  insère  des  articles  écrits  en  français,  tels  que  celui  de 
M.  Babelon,  et  traite  non  seulement  de  l'archéologie  antique,  mais  des 
monuments  du  moyen  âge. 


I  10 


Le  denier  de  Judas.  —  Quelle  était  au  point  de 
vue  monétaire  la  nature  des  deniers  donnés 
à  Judas  pour  sa  trahison?  Voilà  un  sujet  que  ne 
désavouerait  pas  comme  thèse  une  université 
allemande  et  qui,  peut-être,  a  déjà  dû  susciter  la 
publication  de  nombreuses  dissertations  au 
xviie  siècle.  La  notice  de  Mgr  Barbier  de  Mon- 
tault,  dont  nous  voulons  parler  aujourd'hui,  est 
fort  courte  et,  du  reste,  ce  n'est  qu'un  paragraphe 
de  l'étude  qu'il  vient  de  consacrer,  dans  la  Revue 
de  l'art  chrétien  (1886,  2e  livraison),  au  reliquaire 
conservé  à  Rome,  dans  la  chapelle  des  reliques  de 
la  Passion,  attenant  à  la  Basilique  de  Sainte- 
Croix  de  Jérusalem.  Cet  objet  d'orfèvrerie,  de  la  fin 
du  xve  siècle  ou  du  commencement  du  xvie,  fut 
donné  à  cette  église,  par  Bernardin  de  Carvajal, 
créé  cardinal  en  1493  et  mort  en  i523. 

Le  denier  qui  aurait  servi  au  payement  de  Judas 
n'est  plus  exposé  depuis  quelques  années  et  il 
n'est  même  pas  montré  aux  étrangers;  mais 
en  i863,  Mgr  Barbier  de  Montault  put  le  faire 
examiner  par  M.  Rollin,  qui  se  trouvait  alors 
à  Rome.  Celui-ci  crut  y  reconnaître  une  monnaie 
de  Rhodes,  des  Cariens,  autant  qu'il  était  possible 
d'en  juger  par  la  seule  face  visible,  sur  laquelle  on 
voyait  une  fleur  épanouie  et  portée  sur  un  pédon- 
cule. 

Seulement ,  Mgr  Barbier  de  Montault  fait 
remarquer  que  cette  pièce,  qui  date  du  111e  ou 
du  ive  siècle  avant  notre  ère,  n'avait  plus  cours  en 


1 1 1 


Palestine  au  temps  de  Jésus-Christ,  où  les  seules 
monnaies  en  usage  étaient  les  espèces  romaines 
et  juives. 

M.  Rohault  de  Fleury,  qui  s'est  pourtant  occupé 
du  denier  de  Judas,  dans  son  grand  Mémoire  sur 
les  instruments  de  la  Passion,  a  négligé  cet  aspect 
de  la  question  et  s'est  seulement  occupé  de  la 
valeur  vénale  du  prix  de  la  trahison.  Toutefois, 
M.  Rohault  de  Fleury  dit  qu'outre  la  pièce  con- 
tenue dans  le  reliquaire  de  Sainte-Croix,  on 
conserve  encore  deux  autres  deniers  de  Judas, 
à  Paris  et  à  Malte  :  Voilà  encore  un  problème 
à  résoudre  ! 

Médailles  romaines  et  gauloises  représentant  des 
guerriers  décorés  du  Torques. —  Nous  avons  signalé 
précédemment  la  lecture  faite  à  la  réunion  de  la 
Sorbonne  en  i885,  par  M.  le  baron  de  Baye,  d'un 
mémoire  sur  le  port  du  torques  par  les  hommes 
chez  les  Gaulois.  Ce  travail  vient  de  paraître  dans 
le  Bulletin  monumental  (1886,  pp.  175-196)  et  il  est 
accompagné  d'un  certain  nombre  de  reproduc- 
tions de  monnaies,  parmi  lesquelles  nous  devons 
citer  tout  particulièrement  celle  d'un  semis  et 
d'un  triens  d'Ariminum,  conservés  au  musée 
Kircher,  à  Rome,  et  dont  il  n'avait  pas  encore  été 
donné  de  dessins  suffisamment  exacts. 

La  Domus  divina  et  les  Divi.  —  M.  Ch.  Robert, 


I  12 


a,  dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue  ('),  fait 
allusion  à  la  part  que  M.  Robert  Mowat  donnait  à 
la  numismatique  dans  le  Bulletin  épigraphique  qu'il 
dirige.  On  nous  permettra  de  revenir  sur  cette 
publication  et  de  signaler  d'autres  travaux  ren- 
trant dans  ces  études  et  qui  y  ont  trouvé  place 
depuis  deux  ans. 

Nous  signalerons  d'abord  le  mémoire  sur  la 
Domus  divina  et  les  divi  (*).  Après  avoir  examiné 
les  divers  sens  donnés  à  ces  expressions,  M.  Mowat 
établit  que  Domus  divina  a  successivement  signifié 
«  descendance  du  divin  (Jules),  famille  des  déifiés  » 
et  «  maison  divine  ».  Nous  ne  nous  arrêterons  pas 
aux  exemples  nombreux  relatifs  aux  apothéoses 
que  l'auteur  tire  des  inscriptions,  mais,  ce  qu'il  est 
intéressant  de  signaler  ici,  c'est  qu'il  a  consacré 
une  partie  très  étendue  de  son  travail  à  la  numis- 
matique, relevant  les  inexactitudes  que  présentent 
à  ce  sujet  les  travaux  d'Eckhel.  Cette  étude  est 
terminée  par  un  «  essai  de  restitution  d'un 
catalogue  général  des  personnages  qui  ont  été 
divinisés  à  l'époque  impériale  »,  travail  rédigé 
principalement  d'après  les  médailles. 

L'abréviation  SU  sur  les  monnaies  impériales  ro- 
maines.—  Dans  un  travail  qu'il  consacre  aux  sigles 

(')  P.  482,  à  propos  de  la  monnaie  de  Vagaxa.  Ajoutons  que 
M.  Mowat  a  donné  un  dessin  de  cette  pièce,  qui  provient  de  la  collection 
Guéroult. 

(')  i885,  pp.  221  et3o8  ;  1886,  p.  3i. 


1 1 3 

et  autres  abréviations,  dans  le  même  recueil, 
M.  Mowat  donne  une  note  assez  étendue  sur 
l'abréviation  SU  placée  au  revers  d'un  grand 
bronze  d'Hadrien.  Cette  abréviation,  dit-il,  n'est 
autre  que  la  forme  intervertie  de  la  notation  ordi- 
naire IIS  et  signifie  comme  elle  sestertium  ('). 

Monnaie  d'Iconium.  —  A  la  séance  de  la  Société 
des  Antiquaires  de  France,  du  3o  juin  1886, 
M.  Babelon  a  lu  un  autre  mémoire  sur  un  pro- 
consul de  Galatie,  du  nom  de  M.  Annius  Afrinus, 
et  communiqué  une  monnaie  inédite  iïlconium, 
sur  laquelle  on  voit  le  portrait  de  ce  personnage. 
M.  Annius  Afrinus  fut  d'abord,  sous  le  règne 
de  Claude,  consul  suffectus,  puis  proconsul  de 
Galatie,  et  Vespasien  l'envoya  comme  légat  en 
Pannonie. 

Découvertes  de  monnaies  romaines  en  France.  — 
Chaque  année  quelques  découvertes  de  ce  genre 
ont  lieu  ;  malheureusement  elles  •  sont,  presque 
toujours,  trop  hâtivement  dispersées  et  il  n'est 
pas  possible  de  les  étudier  au  point  de  vue  de 
leur  composition,  qui  peut  souvent  fournir  de 
nouveaux  et  utiles  éléments  de  chronologie. 

A  Angivilliers  (canton  de  Saint-Just,  Oise),  a 
eu  lieu,  au  commencement  de  janvier,  la  décou- 
verte d'un  vase  en  terre  trouvé  dans  un  champ,  par 

0  1886,  pp.  196-197. 

Annke  I  87.  8 


II4 

un  laboureur,  et  qui  renfermait  environ  huit  cents 
pièces  romaines. 

Cette  cachette  appartenait  au  111e  siècle,  comme 
presque  toutes  celles  que  l'on  trouve  en  France  ; 
on  y  remarquait  principalement  des  pièces  de 
Gallien,  de  Philippe,  de  Valérien,  d'Etruscille,etc. 
Il  n'y  avait,  je  le  crois,  rien  d'important,  et  la 
majeure  partie  des  pièces  vint  échouer  chez  un 
boulanger  de  Montdidier  «  qui  les  offrait  pour  dix 
centimes  aux  amateurs  et  aux  curieux  » ,  en  même 
temps  que  ses  petits  pains. 

A  Cazères  (Haute-Garonne)  eut  lieu,  vers  le 
même  moment,  une  découverte  signalée  à  la  séance 
des  Antiquaires  de  France,  du  n  novembre  i885, 
par  M.  l'abbé  Thédenat.  Il  s'agissait  d'une  trou- 
vaille de  1,200  deniers  romains  «de  l'époque  impé- 
riale »,  écrivait  son  correspondant,  qui  négligeait 
seulement  de  donner  les  noms  des  empereurs  aux- 
quels ces  pièces  appartenaient. 

Finissons  par  l'indication  de  la  découverte  de 
Moind,  près  Montbrison  (Loire).  Dans  de  nou- 
velles fouilles  entreprises  cet  hiver  à  Moind,  où 
d'importantes  contructions  romaines  et  notamment 
les  restes  d'un  théâtre  ont  été  mis  à  jour  (*), 
on  a  trouvé  dans  un  égout,  à  om,8o,  de  profon- 
deur, un  vase  en  bronze,  renfermant  une  bague 
d'or,  assez  massive,  au  chaton  formé  d'un  chien, 


(')  Voy.  le  travail  de  M.  T.  Rochigneux,  lu   au  Congrès  archéolo 
gique  de  Montbrison  en  i885,  en  ce  moment  en  cours  d'impression. 


u5 

et  i,328  deniers  romains  d'une  frappe  excellente. 
Les  plus  anciennes  de  ces  monnaies  datent  de  la 
première  moitié  du  111e  siècle  et  les  plus  récentes 
du  règne  de  Salonin,  qui  mourut  vers  l'époque 
des  premières  incursions  des  barbares  dans  le 
Forez,  en  268  et  26g. 

Coustaty  et  ses  antiquités  romaines.  —  Tel  est  le 
titre  d'un  article  que  M.  Louis  Carvès  consacre  à 
une  localité  de  la  Dordogne  où,  à  côté  de  débris 
importants  de  constructions  romaines,  de  fûts  de 
colonne  et  de  fines  mosaïques,  on  a  découvert  un 
assez  grand  nombre  de  monnaies  (l).  L'auteur  de 
l'article  les  décrit  avec  soin  en  suivant  la  classifi- 
cation de  Cohen,  mais  en  négligeant  systéma- 
tiquement d'indiquer  le  nombre  de  pièces  de 
chaque  type,  seule  indication  utile  pour  déter- 
miner l'époque  de  l'occupation  des  monuments 
découverts.    • 

La  Tombe  d'un  monétaire.  —  Telle  est  la  sépul- 
ture que  M.  Michel  Hardy  croit  avoir  découverte 
dans  le  cimetière  franc  d'Eu  (Seine-Inférieure), 
déjà  connu  par  les  trouvailles  qu'y  fit  Capperon, 
en  1721.  Après  avoir  fait  l'objet  de  discussions 
entre  Lebeuf,  l'abbé  des  Thuilleries  et  d'autres 
antiquaires  du  xvme  siècle,   les  sépultures  d'Eu, 


(')  Bulletin  de  la  Société  historique  du  Périgord,  t.  XIII,  pp.  270- 
276, 1886. 


n6 

que  l'on  croyait  romaines,  furent  étudiées  de 
nouveau  d'après  les  publications  de  l'époque,  par 
l'abbé  Cochet,  qui  les  crut  mérovingiennes,  mais 
sans  pouvoir  en  fournir  la  preuve. 

En  i883,  à  l'occasion  des  travaux  du  chemin  de 
fer  d'Eu  à  Dieppe,  on  mit  au  jour  un  cimetière  qui 
ne  tarda  pas  à  révéler  de  soixante  à  soixante-dix 
sépultures  de  l'époque  franque. 

La  plus  importante  était  celle  d'un  person- 
nage ayant  à  côté  de  lui  les  objets  suivants  : 
une  lance  ou  framée,  une  grande  épée,  un  scra- 
masax,  deux  petits  couteaux  de  fer,  une  boucle, 
une  aiguille  et  une  précieuse  petite  balance.  C'est 
cette  dernière  pièce  qui  a  porté  M.  Hardy  à  donner 
à  cette  sépulture  l'attribution  qu'il  propose. 

«  Ce  délicat  petit  instrument  se  compose,  dit-il, 
d'un  fléau  aux  extrémités  duquel  deux  petits  pla- 
teaux étaient  suspendus  à  l'aide  de  fils  ou  de  cor- 
delettes. Long  de  86  mill.jle  fléau  est  surmonté 
d'une  aiguille  plate  pouvant  se  mouvoir  entre  les 
deux  montants.  Un  petit  anneau  servait  à  tenir  à  la 
main  ce  dernier;  deux  autres  anneaux, dont  un  est 
encore  mobile,  se  trouvent  aux  extrémités  de  la 
grande  branche.  Cet  ensemble  du  fléau  ne  pèse 
que  3  gr.  53  centigr.  Les  plateaux,  fort  minces  et 
à  peine  infléchis  sur  le  milieu,  mesurent  35  mill. 
de  diamètre.  » 

Cette  balance  est  la  sixième  qu'on  a  trouvée 
dans  des  cimetières  mérovingiens;  l'une  avait  déjà 
été  découverte,  en  i855,  à  Envermeu,  par  l'abbé 


ii7 

Cochet  ;  trois  ont  été  recueillies  par  M.  Frédéric 
Moreau  père,  à  Arcy-Sainte-Restitute  ;  la  dernière 
à  Hermès.  Deux  d'entre  elles  paraissent  avoir  été 
renfermées  dans  un  étui  en  cuir.  A  côté  de  celle 
recueillie  par  l'abbé  Cochet  se  trouvait  un  peson, 
petite  pièce  de  bronze  semblable  à  une  monnaie, 
du  poids  de  4  gr.  40,  correspondant  à  peu  près  à 
celui  du  sol  d'or  impérial  ayant  cours  au  commen- 
cement du  vie  siècle.  Près  d'une  de  celles  d'Arcy, 
on  recueillit  deux  groupes  de  monnaies  romaines 
d'Antonin  le  Pieux,  maintenues  et  serrées  par  une 
petite  patte  de  bronze.  Dans  l'écrin  de  celle  de 
Hermès,  on  trouva  également  une  monnaie.  Ces 
balances  n'ont  pu  servir  qu'à  peser  des  matières 
précieuses,  monnaies  ou  pierreries;  mais  les  armes 
et  les  objets  d'équipement  militaire  ne  permettent 
pas  d'y  voir  un  orfèvre  ou  un  bijoutier.  Par  suite, 
on  est  amené  à  penser  à  un  agent  du  fisc,  à  un 
receveur  ou  à  un  officier  monétaire. 

Cette  opinion  avait  déjà  été  exposée  par  l'abbé 
Cochet  et  combattue  par  Pétigny.  Elle  est  aujour- 
d'hui reprise  avec  plus  de  force  par  M.  Hardy,  qui 
fait  toutefois  une  distinction,  considérant  les  sépul- 
tures d'Arcy-Sainte-Restitute,  qui  ne  renferment 
pas  d'épée,  comme  celles  de  simples  monnayeurs, 
et  celles  de  Hermès  et  d'Envermeu  comme  celles 
de  monétaires,  fonctionnaires  d'un  ordre  élevé. 

Telle  est  l'hypothèse  de  M.  Hardy;  elle  nous 
paraît  ingénieuse,  mais  il  faut  attendre  pour  l'ad- 
mettre complètement  de  nouvelles  preuves ,  qui  ne 


n8 

manqueront  pas  de  se  produire  du  moment  où 
l'attention  des  archéologues  se  trouvera  appelée 
sur  ce  point  ('). 

Un  tiers  de  sol  d'or,  frappé  à  Die.  —  M.  le  comte 
de  la  Sizeranne,  qui  a  déjà  publié  d'intéressantes 
études  sur  la  numismatique  dauphinoise,  vient  de 
faire  connaître,  dans  une  note  (Valence,  imp. 
Céas,  1886,  in-8°),  la  découverte  à  Clausayes 
(Drôme)  d'une  monnaie  mérovingienne,  grossière 
imitation  des  pièces  de  Justin  II,  qui  porte  dans 
le  champ  du  revers  les  lettres  DIA,  accostant  une 
croix  posée  sur  un  gradin  et  sur  un  globe.  C'est 
la  première  pièce  connue  portant  le  nom  de  cet 
atelier  monétaire. 

Les  premières  pages  de  la  brochure  de  M.  de 
la  Sizeranne  renferment  une  bibliographie  fort 
étendue  de  la  numismatique  mérovingienne  qui 
mérite  d'être  signalée. 

Monnaies  Carlovingîennes  de  Poitiers,  à  la  légende 
SCI  CRUCIS.  —  M.  Ducrocq,  dans  une  commu- 
nication faite  à  la  Société  des  Antiquaires  de 
l'Ouest  (2),  à  l'occasion  de  la  vente  de  M.  d'Amé- 
court,  a  passé  en  revue  les  pièces  de  Pépin,  de 
Carloman   et    de    Charlemagne,   au    revers    SCI 

(')  Le  cimetière  franc  d'Eu  (Seine-inférieure)  et  la  tombe  d'un  moné- 
taire. Rouen,  Métérie,  1884,  in-8°,  32  pp.,  fig.  et  pi. 
(*)  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  1886,  pp.  97-101. 


ii9 

CRUCIS,  et  maintenu,  contrairement  à  l'opinion 
de  M.  Lecointre-Dupont,  leur  attribution  à  Poi- 
tiers. 

Une  trouvaille  de  monnaies  carlovingiennes  en 
Poitou.  —  A  la  séance  de  la  Société  des  Antiquaires 
de  l'Ouest,  du  20  mai  1886  ('),  M.  Ch.  Babinet  a 
offert  un  petit  trésor  de  212  oboles,  à  la  légende 
CARLUS  REX  et  METALLO,  trouvé  dans  un 
champ  de  la  ferme  de  Lambertières,  commune  de 
Rouillé  (*).  Ces  pièces  ont  été  mises  à  découvert 
par  la  charrue,  sans  être  accompagnées  d'aucune 
trace  de  vase  ou  d'enveloppe. 

Découverte  de  Montfort-V Amaury  (3).  —  Cette 
trouvaille,  faite  en  1884,  lors  de  recherches  entre- 
prises pour  retrouver  les  substructions  du  château 
de  Montfort,  consiste  en  2,200  pièces  d'argent, 
contenues  dans, un  vase  en  terre  noirâtre.  Ces 
monnaies  du  xie  et  du  xne  siècle  consistent  princi- 
palement en  espèces  champenoises.  M.  le  comte  A. 
de  Dion  vient  de  décrire  la  moitié  de  la  trouvaille, 
c'est-à-dire  la  part  appartenant  à  la  ville  de 
Montfort,  dans  le  Bulletin  de  la  commission  des 
antiquités  et  des  arts  de  Seine-et-Oise  (*).  Cette 
description,  faite  à  la  suite  d'un  classement  de 

(')  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  p.  58. 

(2)  Canton  de  Lusignan  (Vienne). 

(3j  Seine-et  Oise. 

(*)  T.  VI,  1886,  tirageàpart. 


120 


M.  Feuardent,  est  accompagnée  de  reproductions 
grandies  d'un  tiers  et  exécutées  avec  grand  soin 
sur  les  dessins  de  M.  Mangeant.  Voici,  d'après 
M.  de  Dion,  la  composition  de  la  moitié  de  la 
trouvaille  :  471  deniers  anonymes  de  Provins  ('), 
22g  de  Troyes,  et  32g  de  Meaux  au  nom  de  l'évêque 
Gautier  (1045- 1082)  ;  4  deniers  de  Philippe  Ier  et 
3o  de  Louis  VI,  dont  18  frappés  à  Mantes  et  6  à 
Paris  ;  enfin  quelques  pièces  de  Chartres,  Châ- 
teaudun,  Amiens,  Bordeaux,  etc.  La  plus  récente 
est  un  denier  de  Conan,  comte  de  Bretagne 
en  1112. 

Découverte  de  deniers  et  oboles  morlans,  au  nom  de 
Centrale,  à  Gondrin  (Gers).  —  M.  Emile  Taillebois, 
qui  avait  déjà  publié  il  y  a  quelques  années  une 
étude  sur  la  monnaie  morlane  au  nom  de  Cen tulle, 
à  propos  d'une  découverte  faite  à  Pessan  (Gers), 
vient  d'avoir  la  bonne  fortune  de  pouvoir  exa- 
miner une  nouvelle  trouvaille  de  5,3g5  pièces 
analogues  faite  à  Gondrin  (Gers),  le  22  décem- 
bre i885.  Malgré  la  monotonie  que  peut  présenter 
l'étude  d'un  nombre  aussi  considérable  de  pièces 
presque  similaires,  M.  Taillebois  a  entrepris  cou- 
rageusement le  relevé  des  variantes  que  présentait 
ce  trésor,  trouvé  dans  un  champ,  contenu  dans  un 
vase  en  terre  grossière  et  accompagné  de  trois 


(')  Une  note  publiée  par  M.  de  Dion,  dans  la  Revue  numismatique 
française,  attribuait  d'abord  ces  deniers  à  Sens. 


121 


clés,  dont  l'oxydation  a  altéré  un  certain  nombre 
de  ces  pièces.  Une  vingtaine  de  pièces  royales  ou 
seigneuriales  trouvées  avec  les  monnaies  de  Cen- 
tulle  ont  permis  à  M.  Taillebois  de  fixer  la  date 
de  la  frappe  de  ces  monnaies  morlanes  à  la  fin  du 
xme  siècle,  vers  1270.  (Bulletin  de  la  Société  de 
Borda,  àDax,  1886,  pp.  67-71.) 

La  Fontaine  d'or.  Découverte  de  monnaies  de  la 
période  anglo-française.  —  On  désigne  depuis  très 
longtemps  un  faubourg  du  village  de  Pontenx-les- 
Forges  (Landes),  sous  le  nom  de  la  Fontaine  d'or 
et  on  rattache  ce  lieu-dit  à  l'origine  d'un  trésor 
apporté  dans  ce  pays  par  un  homme  qui  aurait 
disparu  avec  une  cassette,  dans  la  fontaine  qui  a 
reçu  ce  nom. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  légende,  elle  vient  de 
se  trouver  justifiée  par  la  découverte  dans  un 
jardin  d'une  marmite  en  bronze,  enfouie  à  i5  cent, 
de  profondeur  seulement  du  sol  actuel,  et  renfer- 
mant 45    pièces   d'or   et   4,116  pièces    d'argent. 

M.  Emile  Taillebois  a  encore  eu  la  bonne  fortune 
de  pouvoir  examiner  ce  trésor  et  il  en  donne  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  de  Borda,  à  Dax  (1886, 
pp.  47-65),  une  description  complète.  Les  pièces 
les  plus  nombreuses  sont  les  hardis  de  Richard  II 
(10  en  or  et  928  en  argent)  et  ceux  d'Henri  IV 
(i3  en  or,  3, 160  en  argent).  Le  surplus  de  la  trou- 
vaille se  compose  de  pièces  en  petit  nombre  de 
Charles  V  et  de  Charles  VI,  d'Edouard  III  et 


122 


d'Henri  V,  de  Raimond  IV,  prince  d'Orange,  et 
d'Urbain  V.  —  D'après  ces  données,  M.  Taillebois 
a  établi  que  ce  trésor  avait  dû  être  enfoui  en  141 5 
ou  fort  peu  de  temps  après.  L'approche  d'un  parti 
ennemi,  si  fréquent  à  cette  l'époque,  a  été  vraisem- 
blablement la  eau»,  qui  a  forcé  un  habitant  du 
pays  à  se  sauver  en  cachant  ce  qu'il  avait  de  plus 
précieux. 

Découvertes  de  monnaies  du  moyen  âge  à  Reims 
en  i885,  près  de  l'église  Saint- Jacques.  —  Deux 
trouvailles  ont  été  faites  lors  des  travaux  néces- 
sités par  la  construction  d'un  passage  entre  l'im- 
passe Saint-Jacques  et  la  Rue  de  Vesle. 

La  première  consistait  en  un  vase,  que  M.  Con- 
tant n'a  pu  voir,  et  qui  renfermait  des  francs  à 
cheval  de  Jean  II  et  de  Charles  V  et  des  écus  d'or 
de  Charles  VI,  ces  derniers  provenant  de  l'atelier 
de  Tournai  et  antérieurs  à  1387.  La  seconde,  sous- 
traite par  un  ouvrier,  renfermait,  suivant  sa  décla- 
ration 36g  pièces,  écus  de  Charles  VII,  d'ateliers  et 
de  types  différents  (  ). 

La  monnaie  de  Lyon  sous  Charles  VIL  —  Nous 
citerons  un  mandement  de  Charles  VII,  alors 
régent,  aux  généraux  des  finances,  de  faire  compter 
400  livres  tournois  à  «  Loys  Chapuys,  maistre  par- 

(')  Travaux  de  l'Académie  nationale  de  Reims,  1886.  t.  LXXVII, 
p.  207. 


123 

ticulier  de  la  monnoye  de  Lyon  »,  pour  le  «  def- 
frayer  des  gratis  pertes  et  dommaiges  qu'il  a  euz 

et  soustenuz  pour  nous  faire  plusieurs   preps 

lesquels  nous  lui  avons  fait  rendre,  restituer  et 
paier  en  plus  foible  monnoie  assez  que  la  monnoie 
n'estoit  pour  le  temps  qu'il  nous  fist  les  dis 
preps.  »  Saint-Symphorien  près  Tours,  2  février 
1419  (1420  n.  s.).  (Vente  d'autographes,  par  Eug. 
Charavay,  2g  mai  1886,  n°  24.) 

Les  monnaies  anglo-françaises  frappées  au  Mans, 
au  nom  de  Henri  VI  (1425-1432).  —  Tel  est  le  titre 
d'un  article  publié  par  M.  André  Joubert,  dans  la 
Revue  historique  et  archéologique  du  Maine  (t.  XX, 
pp.  I23-i3o  et  3  pi.),  et  dans  lequel  il  étudie  l'orga- 
nisation de  la  monnaie  du  Mans,  pendant  la 
domination  anglaise,  fait  connaître  les  maîtres  de 
la  monnaie  nommés  par  Popham  et  Falstaff,  et 
décrit  les  espèces  frappées  dans  leurs  ateliers. 

M.  Joubert  examine  à  ce  propos  le  différent  de 
l'atelier  du  Mans,  appelle  par  M.  de  Saulcy 
racine  d'après  les  textes,  expression  critiquée  par 
M.  Hucher,  qui  proposait  d'y  voir  la  représenta- 
tion de  la  source  miraculeuse  de  Saint-Julien , 
patron  de  l'église  du  Mans.  S'appuyant  sur  des 
exemples  fournis  par  des  armoriaux  anglais  con- 
temporains, M.  Joubert  établit  que  ce  différent  est 
bien  une  racine  et  qu'à  cette  époque  la  racine  sert  de 
base  aux  supports  des  armoiries  du  duc  de  Bedfort 
et  que  c'est  ainsi  qu'elle  a  été  adoptée  par  les 


124 

monétaires  pendant  la  domination  anglaise   au 
Mans. 

Documents  pour  servir  à  l'histoire  monétaire  de  la 
Navarre  et  du  Béarn  de  i562  à  162g.  —  M.  J.  Adrien 
Blanchet  vient  de  donner,  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  de  Borda,  publié  à  Dax  (1886,  pp.  132-167), 
le  relevé  de  tous  les  documents  renfermés  aux 
archives  des' Basses-Pyrénées,  relatifs  à  la  fabrica- 
tion des  monnaies  à  Pau,  à  Morlaas  et  à  Saint- 
Palay. 

Il  a  relevé  non  seulement  les  ordonnances  spé- 
ciales relatives  au  monnayage,  mais  aussi  les 
délivrances  de  monnaies  avec  le  nombre  de  cha- 
cune des  espèces  frappées.  A  la  fin  de  son  travail, 
il  examine  les  types  des  monnaies  émises  par  ces 
ateliers.  A  la  suite  se  trouve  une  liste  des  graveurs 
et  essayeurs  des  monnaies  de  Pau  et  de  Morlaas  et 
des  généraux,  des  monnaies  du  Béarn  jusqu'au 
xvme  siècle.  Le  travail  de  M.  Blanchet,  inspiré  par 
la  publication  des  travaux  de  M.  de  Saulcy  sur  les 
documents  relatifs  au  monnayage  royal,  sera 
utilement  consulté  par  tous  ceux  qui  s'occupent 
de  la  numismatique  du  Béarn  et  de  la  Navarre. 

Bulletin  numismatique  de  la  Normandie.  — Imitant 
l'excellent  exemple  donné  depuis  longtemps  par 
M.  Buhot  de  Kersers,  à  Bourges,  et  que  je  désire- 
rais voir  suivi  dans  toutes  nos  Sociétés  provin- 
ciales,    M.    Ch.    du    Plessis    inaugure,  dans    le 


125 

XIIIe  volume  du  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires 
de  Normandie  (pp.  472-480),  une  revue  des  décou- 
vertes numismatiques  faites  principalement  dans  le 
Calvados  et  dans  la  Manche  pendant  l'année  i883. 
Malheureusement,  les  trouvailles  signalées  sem- 
blent offrir  peu  d'intérêt  ;  toutefois,  M.  du  Plessis 
a  pu  décrire  avec  soin  quelques  pièces  inédites  qui 
sont  venues  enrichir  le  médailler  de  la  Société  et 
il  a  donné  une  note  intéressante  sur  les  monnaies 
d'Henri  II  frappées  à  Caen. 

Nous  devons  signaler  aussi  quelques  mots  rela- 
tifs à  l'atelier  mérovingien  placé  par  M.  d'Amé- 
court  à  Caen  et  qu'avec  M.  A.  de  Barthélémy, 
M.  du  Plessis  restitue  à  Riom,  ainsi  qu'à  la  ques- 
tion de  l'atelier  de  Courtison  qu'il  donne  à  Saosne, 
près  Mamers,  acceptant  sur  ce  point  les  recherches 
de  M.  Doucet,  contrairement  à  l'opinion  de 
M.  Gariel. 

Histoire  de  la  monnaie  en  Danemark,  de  1241 
à  1377.  —  M.  P.  Hauberg  a  publié  en  1884,  dans 
les  Aarboger  de  la  Société  des  Antiquaires  du 
Nord,  un  mémoire  sur  le  monnayage  et  les 
monnaies  de  Danemark  dans  la  période  de  1241 
à  1377,  dont  M.  E.  Beauvois  vient  de  donner 
un  résumé,  en  français,  accompagné  de  nom- 
breux dessins,  dans  la  livraison  de  1886  des 
Mémoires  ('). 

0)  On  sait  que.   sous  le  titre  de   Mémoires,  la  Société  royale  des 


I2Ô 

Les  pièces  décrites  dans  ce  travail  appartien- 
nent au  groupe  dit  monnaies  de  guerre  civile,  «  pièces 
de  peu  d'apparence  et  de  valeur,  souvent  en  pur 
billon,  pourvues  assez  rarement  d'inscriptions, 
mais  le  plus  souvent  de  très  simples  marques  ou 
figures  ». 

Les  pièces  étudiées  par  M.  Hauberg  appar- 
tiennent aux  ateliers  de  Lund,  de  Roskilde,  du 
Jutland  septentrional  (Viborg,  Aarhus,  Aalborg, 
Hjœrring,  Randers  et  Horsens),  de  Ribe  et  de 
Sleswig. 

Toutes  ces  pièces  sont  d'une  frappe  très  gros- 
sière et  appartiennent  à  cette  époque  de  profonde 
décadence  et  de  désorganisation  du  royaume 
danois  qui  se  prolongea  jusqu'au  règne  de  Val- 
demar  A  Iterdag.  Les  monnaies  étrangères  affluaient 
dans  le  pays  et  les  pièces  danoises  avaient  subi 
une  telle  dépréciation  qu'elles  étaient  refusées  non 
seulement  par  les  étrangers,  mais  par  les  Danois 
eux-mêmes.  On  avait  même  cessé  le  plus  souvent 
de  les  employer  dans  les  comptes,  où  elles  avaient 
cédé  la  place  au  marc  d'argent  et  aux  monnaies 
françaises,  anglaises  et  lubeckoises. 

Le  mémoire  de  M.  Hauberg  mérite  donc  d'attirer 
l'attention  à  un  double  titre,  d'abord  au  point 
de  vue  de  la  numismatique  proprement  dite,  et 


Antiquaires  du  Nord  publie  annuellement  et  distribue  à  ses  membres 
correspondants  un  résumé  en  français,  en  anglais  ou  en  allemand,  des 
principaux  travaux  publiés  en  danois  dans  les  Aarboger. 


127 

ensuite  sous  le  rapport  de  l'histoire  économique  et 
de  la  valeur  monétaire. 

Les  fondeurs,  les  ciseleurs,  modeleurs  en  bronze  et 
doreurs  depuis  le  moyen  âge  jusqu'à  V époque  actuelle. 
—  Tels  sont  les  artistes  dont  M.  de  Champeaux 
donne  le  catalogue  dans  le  Dictionnaire,  dont  il  vient 
d'entreprendre  la  publication  (Paris,  Rouam,  1886, 
in-12,  Ier  volume,  A-C).  Mais  il  aurait  pu  aussi 
ajouter  les  médailleurs,  car  à  l'époque  des  Michel- 
Ange  et  des  Cellini,  les  sculpteurs  étaient  souvent 
aussi  capables  de  graver  des  médailles  que  de 
fondre  des  cloches  ou  des  canons,  de  bâtir  des 
églises  ou  de  fortifier  des  villes.  Aussi  le  Diction- 
naire des  fondeurs  sera-t-il  utilement  placé  sur  la 
table  des  numismates  qui  s'occupent  de  la  Renais- 
sance, à  côté  des  ouvrages  de  Pinchart,  de  Berto- 
lotti,  d'Heiss,  d'Armand  et  de  Rondot. 

Les  Plaquettes  de  la  Renaissance.  —  Voilà  encore 
un  sujet  qui  touche  de  bien  près  à  la  numismatique 
artistique.  Car,  combien  de  fois  ces  petits  bas- 
reliefs  ne  sont-ils  à  proprement  parler  que  des 
revers  de  médailles,  bien  que  l'on  n'en  connaisse 
pas  toujours  les  autres  faces.  Aussi,  les  collec- 
tionneurs feront-ils  bon  accueil  et  donneront-ils 
volontiers  place  sur  leurs  rayons,  auprès  des  livres 
que  nous  venons  de  citer,  à  l'excellente  publi- 
cation dont  M.  Emile  Molinier  vient  de  faire 
paraître  le  premier  volume  :  Les   bronzes   de   la 


128 

Renaissance  ;  les  Plaquettes  ;  catalogue  raisonné,  pré- 
cédé d'une  introduction  (Paris,  Rouam,  1886,  in-8°). 
L'ouvrage  de  M.  Molinier  est  non  seulement  le 
fruit  de  longues  et  sérieuses  recherches,  mais  il 
témoigne  encore  du  goût  fin  et  délicat  de  son 
auteur,  qui  a  su,  dans  le  grand  nombre  de  ces 
petits  monuments  qui  lui  sont  passés  sous  les 
yeux,  discerner  les  meilleures  épreuves,  indiquer 
les  différents  états,  enfin  faire  connaître  les  mo- 
dèles dont  se  sont  inspirés  les  artistes,  orfèvres 
et  ciseleurs  auxquels  nous  devons  ces  bas-reliefs, 
souvent  d'un  travail  si  remarquable  et  dont  de 
nombreuses  gravures  nous  font  connaître  les 
types  les  plus  intéressants. 

Les médailleurs  français  à  Rome,  duxv* au xvne siècle. 
—  C'est  encore  au  même  ordre  d'idées  que  nous 
devons  rattacher  la  nouvelle  publication  de  M.  le 
chevalier  Bertolotti  sur  les  artistes  qui  ont  travaillé 
à  Rome.  On  sait  que,  chargé  pendant  quelques 
années  de  la  direction  des  archives  romaines, 
M.  Bertolotti  a  puisé  dans  le  dépôt  qui  lui  était 
confié  de  très  nombreux  documents  sur  les  artistes 
de  tous  les  pays  qui  ont  travaillé  pendant  deux 
siècles  dans  la  capitale  du  monde  catholique. 
Marchés,  procès,  testaments,  inventaires,  actes  de 
l' état-civil,  registres  de  police,,M.  Bertolotti  a  tout 
parcouru,  tout  dépouillé  et  déjà  presque  tout 
publié.  On  n'a  pas  oublié  son  volume  sur  les 
artistes  belges  et  hollandais  auquel  il  a  récem- 


129 

ment  donné  un  supplément.  Aujourd'hui ,  c'est 
dans  celui  qu'il  consacre  aux  artistes  français  que 
nous  allons  glaner  f). 

Citons  d'abord  la  demande  d'un  sauf-conduit, 
adressée  en  i5gg,  au  gouverneur  de  Rome,  par 
Claude  Langlois  (Claudio  Anglese),  Français,  qui 
avait  reçu  du  marquis  Malaspina  la  direction  de  la 
monnaie  de  Tregiana,  et  y  avait  fait  de  la  fausse 
monnaie  imitant  celles  des  princes  voisins  et 
notamment  celles  du  Saint-Siège  qu'il  écoulait  à 
Venise.  Langlois  demande  à  venir  expliquer  que 
c'est  par  ordre  du  marquis  Malaspina  qu'il  a  agi 
ainsi  (p.  57).  C'était,  du  reste,  on  l'a  vu  par  de 
nombreux  exemples,  l'usage  constant  des  petits 
princes  italiens  à  cette  époque. 

En  i665,  Alexandre  VII  désigne  Jean  Baricourt 
pour  diriger  le  travail  de  ses  monnaies  et  conduire 
la  machine  et  les  autres  engins  de  la  nouvelle 
monnaie  (p.  190). 

En  1673,  Benedetto  Damos  reçoit  y 5  écus  pour 
la  gravure  d'un  certain  nombre  de  sceaux  destinés 
à  la  trésorerie  du  Pape. 

François  Chéron,  auteur  des  médailles  de  Pierre 

de  Cortone,  du    Bernin,  considéré   par  Mariette 

comme  un  des  meilleurs  graveurs  en  creux,  est 

mentionné  comme  s'étant  trouvé  à  Rome  en  1670. 

D'assez   intéressants  documents    sont    encore 


(')  Artisti  francesi  in  cHpma  nei  secoli  xv,  xvt  e  xvn.  Ricerche  e 
studi  negli  archivi  romani,  per  A.  Bertolotti,  Mantova,  1886,  in-8°. 
Année  1887.  9 


i3o 

ceux  qui  constatent  les  résultats  d'essai  faits  à  la 
monnaie  pontificale,  en  1622,  pour  s'assurer  de  la 
valeur  réelle  de  pièces  de  Venise  (pp.  186-187). 

Une  autre  publication  récente  de  M.  Bertolotti, 
Artisti  bolognesi,  ferraresi  ed  alcuni  altri  del  già 
stato  pontifico  in  Roma  nei  secoli  XV,  XVI  e  X VII 
(Bologna,  Regia  tipografia,  i885,  in-8°),  nous 
fournit  aussi  de  nombreux  renseignements  pour 
l'histoire  de  la  numismatique  pontificale. 

Parmi  les  graveurs  de  la  monnaie  de  Rome, 
nous  y  rencontrons,  de  1461  à  1485,  Emiliano  de 
Foligno,  qualifié  aussi  d'orfèvre,  en  1541,  Jean  do 
Castel,  Bolonais  très  estimé  et  sur  lequel  nous 
possédons  un  témoignage  des  plus  flatteurs  de 
Benvenuto. 

En  1547,  un  payement  de  dix  écus  est  fait  à 
G.  B.  da  Imola  pour  la  fourniture  de  200  médailles 
à  l'effigie  du  Pape,  à  placer  dans  les  fondations 
des  différents  monuments  que  l'on  construisait 
alors  à  Rome. 

Signalons,  en  i52Ô,  le  roman  d'un  faux-mon- 
nayeur  par  amour,  envoyé  aux  galères  et  gracié 
par  le  Pape  (p.  95).  Il  nous  serait  facile  de  mul- 
tiplier les  emprunts  que  nous  venons  de  faire  aux 
dernières  publications  de  M.  Bertolotti,  mais  ces 
quelques  exemples  suffiront  pour  en  indiquer  l'im- 
portance pour  l'histoire  monétaire  à  Rome  du 
xve  au  xviie  siècle. 

La  monnaie  de  Paris  en  17 17.  —  M.   Maurice 


i3i 

Tourneux ,  qui  a  donné  de  nombreuses  études 
sur  le  xvme  siècle  et  réédité  la  correspondance 
littéraire  de  Grimm,  vient  de  publier,  pour  la  Société 
des  Bibliophiles  français,  YHistoire  journalière  de 
Paris,  de  Dubois  de  Saint-Gelais.  Dans  ces  annales 
de  l'année  1716-1717,  le  futur  secrétaire  de  l'Aca- 
démie de  peinture  nous  donne  d'intéressants  dé- 
tails pour  l'histoire  numismatique.  Nous  citerons 
notamment  Y  Origine  de  la  monnaie  des  médailles 
(XXII),  la  visite  de  Pierre  le  Grand  à  la  Monnaie  de 
Paris  (XXI)  et  une  dissertation  sur  l'origine  des 
jetons  et  de  leur  arrangement. 

La    numismatique    à    V Exposition    rétrospective 
d'Amiens.    —    La    Société'  des    Antiquaires    de 
Picardie,  pour  célébrer  le  cinquantenaire  de  sa  fon- 
dation, a  organisé  à  Amiens,  au  mois  de  juin,  un 
congrès  auquel  elle  a  convié  tous  les  membres  des 
Sociétés  avec  lesquelles  elle   est  en  relations  de 
correspondance,  et  une  exposition  rétrospective, 
composée  principalement  d'objets  d'art  ou  d'anti- 
quités se  rapportant  à  la  Picardie.  La  numisma- 
tique n'était  guère  représentée  dans  les  galeries 
de  l'Exposition  que  par  la  collection  de  monnaies 
de  plomb  des  évêques  des  innocents  d'Amiens, 
appartenant  à  M.  Dubois.  Du  reste,  cette  lacune 
s'expliquait    d'autant   plus    facilement  que,  dans 
les  salles  du  premier  étage  du  Musée  de  Picardie 
simultanément  ouvertes  au  public,  on  pouvait  voir 
la  collection  numismatique  du  Musée,   suite  fort 


l32 

considérable  et  fort  intéressante  au  point  de  vue 
picard,  à  côté  de  laquelle  se  trouve  réunie,  dans 
une  salle  spéciale,  la  collection  révolutionnaire 
léguée  par  M.  Lagrené,  et  qui,  après  la  collection 
Liesville,  aujourd'hui  au  Musée  Carnavalet  à 
Paris,  est,  croyons-nous,  la  plus  riche  en 
France,  au  point  de  vue  de  la  numismatique  de 
la  première  et  de  la  seconde  république. 

Veuillez,  Monsieur  et  honoré  confrère,  me  per- 
mettre de  vous  offrir,  en  terminant  cette  lettre, 
toutes  mes  félicitations  pour  la  nouvelle  distinc- 
tion dont  vous  venez  d'être  l'objet  ('),  et  de  vous 
prier  d'agréer  l'expression  de  mes  sentiments  les 
plus  affectueusement  dévoués. 

Comte  de  Marsy. 

(!)  La  croix  de  commandeur  de  l'ordre  de  Léopold  de  Belgique. 


i33 


CORRESPONDANCE. 


Lettre  de  M.  le  général  C.  Cocheteux 

à  M.  G.  Cumont, 

directeur  de  la  Revue  belge  de  numismatique. 


Cher  Confrère, 

Mes  quelques  observations  ne  vous  suffisent  pas 
et  vous  me  demandez  une  lettre  à  faire  imprimer 
sous  le  titre  :  Correspondance,  concernant  l'intéres- 
sant article  de  M.  Heins  intitulé  :  La  monnaie  et 
le  prix  des  choses  à  Gand,  au  temps  de  Jacques  Van 
Artevelde. 

Comme  vous  êtes  mieux  à  même  que  moi  de 
faire  ressortir  le  mérite  de  cet  article,  en  même 
temps  que  d'en  relever  les  quelques  erreurs  et  de 
rectifier  les  interprétations  erronées,  je  vous  soup- 
çonne fort  de  vouloir  me  faire  sortir  du  mutisme 
dans  lequel  je  m'étais  enfermé.  Soit,  je  répondrai, 
d'abord  pour  vous  être  agréable,  à  vous  mon 
excellent  Confrère,  puis  parce  que  j'estime  fort 
l'article  de  M.  Heins  que,  à  regret,  je  n'ai  pas 
l'honneur  de  connaître. 

Pour  m'efforcer  d'être  clair  et  méthodique,  je 
diviserai  ma  lettre  en  trois  parties  : 

i°  Pourquoi  j'estime  fort  l'article  de  M.  Heins; 


i?4 

2°  Erreurs  commises  relatives  à  l'histoire  nu- 
mismatique française  de  l'époque  carolingienne  ; 
3°  Erreur  d'interprétation  de  lecteurs. 

i° 

Je  prise  fort  l'article  de  M.  Heins  parce  qu'il 
entre  dans  une  voie  que  je  n'ai  cessé  de  recom- 
mander et  parce  qu'il  nous  promet  un  zélé  et  éru- 
dit  investigateur  de  nos  archives  nationales. 

Les  lois  du  type,  si  savamment  exposées  par 
l'illustre  Lelewel,  notre  premier  président  d'hon- 
neur, ont  été  bien  développées  depuis;  mais,  pour 
nos  contrées,  l'aloi  et  le  poids  des  pièces, —  classées 
d'abord  d'après  les  types,  —  doivent  encore  venir 
éclairer  les  points  restés  obscurs  dans  les  dévelop- 
pements de  l'histoire  monétaire  de  la  France,  de 
l'Allemagne  et  des  provinces  belges  du  vme  au 
xve  siècle. 

C'est  pour  ce  motif  que  je  lis  toujours  avec 
plaisir  les  articles  dans  lesquels  on  s'occupe  de 
rechercher  le  poids  et  le  titre  des  monnaies  du 
moyen  âge,  ou,  si  l'on  veut,  leur  teneur  en  argent. 

La  recherche  de  la  contenance  en  argent  de 
monnaies  contemporaines  de  différents  pays , 
permettra  d'arriver  à  la  connaissance  des  règles 
qui  y  présidaient  au  monnayage  et  les  quelques 
documents  écrits  que  l'on  possède  devront  servir 
de  contrôle. 

Enfin,  en  comparant  la  valeur  des  monnaies 


i35 

au  prix  des  choses,  on  créera  la  numismatique 
sociale,  bien  autrement  importante  que  certaines 
fantaisies  que  l'on  rattache  à  cette  science,  et 
l'on  pourra  apprécier  le  rôle  utile  de  la  bonne 
monnaie  pour  développer  le  commerce. 

Cette  étude  servira  aussi  à  expliquer  des  révolu- 
tions ou  émeutes  dues  aux  indignes  falsifications 
monétaires,  sans  dénaturer,  comme  l'ont  fait  cer- 
tains écrivains  numismates  ('),  —  pour  lesquels 
les  souverains  ne  peuvent  avoir  tort, —  le  caractère 
de  chefs  de  communes  qui,  comme  le  prévôt  des 
marchands  Marcel,  n'hésitèrent  pas  à  prendre  en 
main  la  défense  des  intérêts  de  leurs  concitoyens,  si 
étrangement  spoliés  sous  le  couvert  du  monnayage 
royal. 

2° 

Une  première  erreur  historique  de  M.  Heins  par- 
lant des  perturbations  économiques  provoquées 
par  les  altérations  des  monnaies  (p.  3g8)  consiste 
en  ceci  :  «  Ajoutons  à  cela  que  le  comte  de-Flandre 
«  qui  avait  le  droit  de  battre  monnaie,  renchéris- 
«  sait  sur  son  suzerain  le  roi  de  France  ». 

Cette  assertion  est  inexacte,  car  il  est  au  con- 
traire nettement  établi  que  jamais  les  monnaies 
flamandes  ne  subirent  les  scandaleuses  altérations 


(')  Voir  dans  Y  Histoire  monétaire  de  Jean  le  Bon,  les  injures  que 
feu  de  Saulcy  prodigue  au  prévôt  Marcel. 


i36 

auxquelles  furent  soumises  les  monnaies  françaises 
du  xive  siècle. 

Même  page  l'auteur  dit  :  «  La  livre  tournois  était, 
«  nominalement,  la  base  de  tous  les  calculs  en 
«  matière  de  monnaies.  Mais  cette  livre  tournois 
«  n'était  elle-même  qu'une  altération  de  la  livre 
«  parisis,  qui  avait  été  l'unité  monétaire  primitive 
»  en  France.  » 

La  livre  sans  qualification  d'atelier,  divisée  en 
20  sols  de  12  deniers  chacun,  était  généralement 
la  base  de  tous  les  calculs  monétaires  au  xne  siècle. 
Dans  le  centre  et  le  midi  de  la  France  l'usage  pré- 
valut de  se  servir  de  la  livre  tournoise,  dans  le 
nord  et  dans  les  provinces  belges  on  employait  au 
contraire  la  livre  parisis  supérieure  d'un  quart 
à  la  livre  tournoise. 

La  monnaie  tournoise  a  pour  origine  les  mon- 
naies de  Tours  ;  mais  elle  fut  frappée  dans  de  nom- 
breux ateliers  et  non  exclusivement  dans  cette  ville; 
elle  a  sa  nature  propre  et  n'est  à  aucun  titre  une 
altération  de  la  livre  parisis. 

Antérieurement  au  règne  de  saint  Louis,  c'est- 
à-dire  avant  l'apparition  du  gros  tournois,  les 
deniers  de  Tours  étaient  frappés  à  l'étalon  du  marc 
de  Tours  4098  grains,  ceux  de  Paris  à  celui 
du  marc  de  cette  ville  4608  grains.  Telle  est,  je 
pense,  l'origine  de  la  première  différence  des  deux 
deniers,  différence  qui  fut  quelque  peu  modifiée 
dans  la  suite,  afin  de  mieux  établir  les  rapports  de 
ces  deniers  avec  les  monnaies  qui  avaient  cours 
les  unes  au  nord,  les  autres  au  midi. 


i37 

Je  crois  devoir  encore  rectifier  une  erreur  qui  a 
échappé  à  M.  Heins  : 

Il  dit  en  effet  (p.  401)  que  :  «  la  livre  de  gros 
«  et  la  livre  de  payement  valaient  20  sous  de 
10  deniers  ».  Ce  dernier  nombre  est  fautif,  c'est 
12  deniers  qu'il  faut  lire  et  l'auteur  en  fournit  lui- 
même  la  preuve  dans  les  transformations  sui- 
vantes : 

5o  livres  par.  =  166  ffe  i3  sous  4  deniers  de  paye- 
ment (p.  401); 

104  targes  à  4  gros  =  69  ft  6  sous  8  deniers  de 
payement  (p.  404); 

Je  dois  cependant  ajouter,  à  la  décharge  de 
M.  Heins,  que  le  gros  flamand  de  i337,  de  68 
en  taille  et  de  10  deniers  6  grains  d'aloi  (41/48), 
devait  contenir  3*mo87  d'argent  pur,  tandis  que  le 
double  denier  parisisde  la  même  époque  n'en  con- 
tenait que  ogm6i6,  soit  o°m3o8pour  le  denier  simple, 
c'est-à-dire  le  dixième.  Mais  de  ces  calculs  il  faut 
simplement  conclure  :  que  12  deniers  par.  pour  un 
gros  flamand,  cela  constituait  un  change  passa- 
blement élevé  d'un  sixième  en  faveur  de  ce  gros. 

Enfin  je  ne  saurais  trop  recommander  à  M.  Heins 
de  conserver  intégralement  les  données  fournies 
par  les  textes,  quand  ces  données  sont  évidem- 
ment correctes.  C'est  ainsi  que  les  gros  de  Louis 
de  Crécy,  au  titre  de  10  deniers  6  grains,  sont  au 
41/48  et  non  au  20/24  (p.  403). 


i38 


3° 

Le  paragraphe  commençant  par  ces  mots 
(p.  3g8)  :  «  L'emploi  de  la  livre  parisis...  considé- 
«  rée  comme  valant  12  fois  moins  que  la  livre  de 
«  gros  »  exigerait  de  longs  développements;  je  vais 
toutefois  essayer  de  l'expliquer  aussi  brièvement 
que  possible. 

L'assertion,  exacte  cependant,  que  la  livre  de 
gros  vaut  12  livres  parisis,  a,  paraît-il,  étonné 
quelques  lecteurs  habitués  à  voir  dans  la  forte  pièce 
d'argent  un  sou  valant  12  deniers,  c'est-à-dire  la 
vingtième  partie  de  la  livre  et  non  la  deux  cent 
quarantième.  Mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  qu'à 
leur  origine  les  fortes  monnaies  flamandes  n'eurent 
pas  de  douzièmes  ou  deniers  et  que  l'on  forma  alors 
la  livre  de  gros,  comptant  autant  de  gros  que  les 
livres  parisis  ou  tournoises  comportaient,  elles,  de 
deniers;  ou  que  les  livres  communales,  épiscopales 
ou  abbatiales  des  Flandres,  de  l'Artois  et  du  Tour- 
naisis  avaient  de  mailles  à  la  livre  aux  xne  et  xme 
siècles. 

La  livre  de  gros  vaut  donc  bien  12  livres 
parisis  ('). 

Je  ne  pense  pas  qu'il  faille  attribuer  à  une  action 
particulière  de  J.  Van  Artevelde  la  cessation  de 
l'emploi  de  la  livre  parisis  comme  base  de  calcul 


(1)  Voir,  à  ce  sujet,  les  Recherches  sur  les  monnaies  des  comtes  de 
Flandre,  par  Victor  Gaillard,  t.  II,  p.  3i,  pièces  justificatives. 


i3g 

dans  les  payements.  Une  telle  modification  dans 
les  habitudes  d'un  peuple  ne  dépend  ni  du  caprice, 
ni  même  de  l'action  légitime  d'un  personnage,  si 
puissant  qu'il  puisse  être. 

C'est  surtout  dans  les  intérêts  froissés  qu'il 
faut  rechercher  l'origine  et  le  développement 
d'un  pareil  changement.  Or,  les  Flamands,  depuis 
longtemps  en  guerre  avec  les  rois  de  France, 
étaient  en  outre  spoliés  dans  leur  commerce  par 
les  scandaleux  tripotages  des  monnaies  françaises  ; 
c'est  pourquoi  ils  avaient  reporté  vers  l'Angleterre 
et  le  Brabant  leur  activité  commerciale,  le  mon- 
nayage dans  ces  pays  n'ayant  pas  subi  les  fraudu- 
leuses altérations  des  monnaies  françaises. 

Lors  donc  qu'ils  adoptèrent  un  gros  d'argent  à 
haut  titre,  analogue  au  gros  tournois,  les  types  et 
surtout  les  monnaies  divisionnaires  furent  du 
système  anglais  ou  allemand  (l'esterling).  D'autre 
part,  l'habitude  de  compter  en  livres  de  240  pièces, 
leur  fit  adopter  la  livre  de  gros  et,  par  suite, 
l'emploi  de  la  livre  parisis  ne  tarda  pas  à  dis- 
paraître. 

Il  faut  regretter  que  M.  Heins  n'ait  point 
cherché  à  déterminer  l'origine  de  la  livre  de  paye- 
ment valant  le  7i0  de  ^a  livre  de  gros  flamands. 
N'y  arriverait-on  pas  en  comparant  la  valeur 
argent  des  dernières  mailles  communales  avec  la 
teneur  argent  du  gros  de  Guy  de  Dampierre  ? 


140 

L'histoire  comparée  des  monnayages  français, 
allemand,  anglais,  avec  celui  des  provinces  belges, 
présenterait  le  plus  grand  intérêt  et  servirait  à 
résoudre  bien  des  questions  restées  obscures 
jusqu'ici. 

Afin  de  pouvoir  apprécier  le  poids  des  mon- 
naies d'après  la  taille  ou  réciproquement  la  taille 
d'après  le  poids  d'une  pièce  bien  conservée,  je 
terminerai  ma  lettre  par  un  exposé  succinct  de  la 
valeur  des  marcs  qui,  jusqu'au  xve  siècle,  servi- 
rent d'étalons  monétaires  dans  le  nord  ('). 

i°  Le  marc  de  Paris  comprend  4608  grains 
français  de  ogm,o53333...;  il  pesait  donc  à  l'ori- 
gine 245^,760.  Lors  du  contrôle  avec  le  marc  des 
Pays-Bas  en  i52g  (*),  le  premier  fut  trouvé  inférieur 
au  second  de  24  grains;  il  ne  pesait  donc  plus 
que  244^,480;  mais  le  nombre  des  grains  restant 
constamment  de  4608,  il  en  résulte  qu'à  cette  date 
le  grain  français  ne  valait  déjà  plus  que  0^,0530, 
valeur  généralement  admise  actuellement. 

2°  Le  marc  de  Cologne,  dérivant  de  la  livre 
romaine, aurait  dû  originairement  peser  5184gr.ro. 
de 0^,0474074... ou  245^,760. Mais  lorsqu'en78g(?), 
à  Aix-la-ChapeUe,  Charlemagne  fit  une  ordon- 
nance «  pour  rendre  justes  et  égaux  les  poids  et  les 
mesures  »  la  livre  rhénane,  portée  alors  à  7680  aes, 

(1)  Dans  son  Histoire  monétaire  de  Jean  II,  de  Saulcy  a  calculé  le 
poids  des  monnaies  sur  un  étalon  pesant  260  grammes  ! 

(2)  Voir  le  mémoire  de  notre  savant  confrère  et  ami  J.  Rouyer 
Revue  belge,  t.  V,  5e  série. 


141 

fut  faite  égale  à  la  livre  de  Paris,  et  l'aes  répondit 
par  suite  à  ogm,o48;  par  conséquent,  auxie  siècle,  le 
marc  de  Cologne  eut  le  même  poids  que  le  marc 
de  Paris. 

Il  semble  avoir  longtemps  conservé  cette  valeur; 
mais  plus  tard  le  marc  de  Cologne  s'altéra  et  l'on 
est  généralement  d'accord  pour  reconnaître  qu'au 
siècle  dernier  il  ne  pesait  plus  que  233"m,855.  Ce 
marc  se  divisait  en  8  onces,  l'once  en  20  esterlings, 
l'esterling  en  32  aes. 

3°  Le  petit  marc  de  Flandre,  étalon  monétaire 
des  Flandres,  de  l'Artois  et  du  Tournaisis  jusque 
vers  la  fin  du  xme siècle,  pesait  3456  grains  français, 
ou  3840  aes  et  valait  par  conséquent  i84gra,320  f). 

Lors  de  l'introduction  •  de  la  forte  monnaie,  ce 
petit  marc  fut  remplacé  par  celui  de  Cologne  qui 
était  en  usage  dans  les  autres  provinces  belges.  Il 
fut  d'abord  mentionné  simplement  sous  le  nom  de 
marc;  mais  un  peu  plus  tard  l'on  vit  apparaître 
dans  les  chartes  l'expression  livre  troy,  empruntée, 
semble-t-il,  à  l'Angleterre  et  dont  on  fit  bientôt  le 
marc  de  Troyes. 

40  Le  marc  d'Angleterre,  appelé  dans  ce  pays 
livre  troy  ou  livre  de  Charlemagne,  —  n'en  déplaise 

(1)  Dans  les  archives  tournaisiennes,  le  petit  marc  de  Flandre  est 
mentionné  comme  pesant  tantôt  6  onces,  tantôt  120  esterlings,  poids 
ou  monnaie  primitive  de  160  en  taille  au  marc  de  Cologne  ou  240  à  la 
livre  troy;  on  le  trouve  aussi  cité  comme  valant  128  esterlings,  mais  il 
s'agit  alors  des  esterlings,  monnaie  de  la  seconde  catégorie,  de  170  %\t 
en  taille  au  marc  de  Cologne  ou  256  au  marc  anglais 


142 

à  M.  Deloche,  —  pesait  primitivement  368^,640  et 
comportait  5760  grains  anglais  de  0^,064. 

Ce  marc  ou  livre  troy  se  partageait  en  12  onces, 
l'once  en  20  esterlings  ou  penny  weight  et  l'ester- 
ling  en  24  grains  anglais. 

Mais  je  m'aperçois  que  je  me  laisse  entraîner  au- 
delà  des  bornes  d'une  simple  lettre  ;  je  finis  donc 
en  vous  renouvelant  l'assurance  de  mes  sentiments 
dévoués  et  affectueux. 

Ch.  Cocheteux, 

général  du  génie  retraité. 
Liège,  16  novembre  1886. 


.43 


MÉLANGES. 


La  numismatique  de  Vogelsanck,  par  l'abbé  Poly- 
dore  Daniels.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société 
d'art  et  d'histoire  du  diocèse  de  Liège,  tome  IV. 
Liège,  L.  Grandmont-Donders,  imp.,  1886, 
in-8°,  12  pages. . 

Cette  petite  monographie,  pleine  d'observa- 
tions heureuses  et  de  faits  nouveaux,  vient  utile- 
ment compléter  et  rectifier  les  précédentes  études 
sur  une  numismatique  seigneuriale  assez  mal 
connue. 

L'auteur,  qui  habite  le  château  de  Vogelsanck  (') 
dont  il  est  le  chapelain,  était  mieux  à  même  que 
personne  de  traiter  un  sujet  qu'il  a  élucidé  avec 
toute  la  sollicitude  que  donne  l'amour  du  clocher. 

MM.  Perreau,  Cuypers  et  Chalon  ('),  MM.  Van 
der  Chys  et  R.  Serrure  (3),  qui  se  sont  occupés  de 
l'histoire  monétaire  de  Vogelsanck,  ont  laissé  cer- 
taines lacunes  dans  la  série  numismatique  et  la 


(')  Vogelsanck  :  province  de  Limbourg,  arrondissement  de  Hasselt, 
canton  de  Beeringen,  commune  de  Zolder. 

(2)  Voir  cette  Revue,  t.  V,  1849,  p.  70;  i852,  p.  i65;  1870,  p.  25o. 

(3)  Van  der  Chys,  Leenen  van  Brabant  en  Limburg ,  p.  252; 
R.  Serrure,  Dictionnaire,  Vis  Vogelsanck,  Zolder,  Zonhoven  ;  Bulletin 
mensuel,  1884-1885. 


144 

partie    historique    de  leurs    écrits    renferme   des 

erreurs  que  l'abbé  Daniels  se  fait  un  devoir  de 

redresser. 

Est-il  vrai,  notamment,  que  le  château  de  Vogel- 
sanck  ait  été  bâti  en  1173  pour  abriter  les  relations 
adultères  de  Marie  de  Gueldre  avec  son  beau-frère 
Hugues  de  Looz,  pendant  l'absence  de  son  mari,  le 
comte  Gérard  de  Looz,  parti  pour  la  Palestine? 
Et  la  ruine  du  château,  en  1178,  est-elle  plus  vrai- 
semblable ?  Cet  asile  des  amours  de  Hugues  et  de 
sa  belle-sœur  n'a  jamais  existé,  pense  l'auteur,  que 
dans  l'imagination  du  docteur  Bovy,  qui  en  raconta 
l'histoire  dans  sa  Promenade  historique  en  Campine, 
insérée  dans  la  Revue  belge,  t.  XVI,  p.  1. 

Les  numismates  cités  ci-dessus  ont  simplement 
reproduit  cette  histoire,  et  Vogelsanck  avait  désor- 
mais sa  légende. 

Voici  les  raisons  très  sérieuses  qui  plaident 
contre  ce  roman  :  Pas  un  historien,  pas  un  chroni- 
queur ne  parle  de  Vogelsanck  à  propos  des  rela- 
tions de  Hugues  avec  la  femme  de  son  frère. 
Le  moine  de  Saint-Trond,  contemporain  de 
Hugues  et  narrateur  très  fidèle  et  très  explicite, 
nous  en  aurait  bien  raconté  quelque  chose  dans 
sa  Chronique  (ii38-ii8o).  Hugues  est  mort  assez 
jeune  :  «  adhuc  fere  intra  pubertatis  annos  agens 
vita  decessit  »,  dit  le  chroniqueur  de  Saint- 
Trond.  Mantelius,  tout  en  signalant  la  vie  licen- 
cieuse de  Hugues,  ne  cite  ni  Vogelsanck,  ni  Zolder, 
et  ne  parle  pas  de  ces  relations  adultères. 


145 

D'ailleurs  Gérard  de  Looz  partit  pour  la  Terre- 
Sainte  en  1173  ;  il  en  revint  avant  l'achèvement  des 
travaux  de  fortification  de  Brusthem  ;  il  est  pré- 
sent avec  Hugues  à  la  diète  d'Aix-la-Chapelle,  le 
24  mars  1174;  en  moins  d'un  an  Hugues  aurait 
donc  eu  sur  les  bras  les  fortifications  de  Brusthem 
et  la  bâtisse  du  château  de  Vogelsanck  ;  et  à  son 
retour  de  Palestine,  le  comte  Gérard  ne  se  serait 
ému  en  rien  de  cette  résidence,  qui  se  dressait 
là  comme  un  témoignage  vivant  de  l'infidélité 
de  son  épouse  et  des  désordres  de  son  frère. 
Aussi  M.  Bovy  et  ceux  qui  l'ont  copié  se  hâtent- 
ils  ,  constate  l'auteur,  de  faire  disparaître  le 
«  château  »  de  Hugues  ;  il  fut  détruit  par  les 
troupes  de  Raoul  de  Zaehringen  en  1 180,  d'après 
M.  Bovy;  en  1178,  d'après  M.  Perreau. 

Malheureusement  les  actes  de  l'évêque  Raoul 
mentionnent  bien  les  incursions  des  troupes 
liégeoises  dans  le  comté  de  Looz,  mais  sont  muets 
sur  Vogelsanck  ('). 

Etudiant  ensuite  la  question  numismatique, 
l'abbé  Daniels  nous  fait  remarquer  que  la  première 
monnaie  de  Vogelsanck  a  été  frappée  au  nom  de 
Guillaume  de  Hamal,  fils  de  Jean,  et  porte  celui  du 
village  de  Zolder.  Elle  a  certainement  été  émise 
avant  l'année  1372,  où  Guillaume  périt  à  la  bataille 
de  Bastweiler.  (Voy.  nos  observations  plus  loin.) 

()  Voir  les  Regesta  de  Raoul  de  Zaehringen  de  M.  le  doyen 
Schoolmeesters,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'art  et  V histoire  du 
diocèse  de  Liège,  t.  Ier,  p.  129. 

Année  1887.  10 


146 

Les  possesseurs  de  Vogelsanck  n'avaient  cepen- 
dant pas  comme  tels  le  droit  de  battre  monnaie. 

Voici  comment  M.  Daniels  explique  l'appari- 
tion de  cette  pièce  : 

«  Arnould  de  Rummen  se  prétendait  comte 
«  légitime  de  Looz  ;  il  battit  même  grosse  mon- 
«  naie  d'argent  à  Rummen,  avec  l'inscription  : 
«  ARNOLDUS  COMES;  il  engagea,  dès  1367, 
«  à  Jean  de  Hamal,  ses  terres  de  Zolder,  Zonho- 
«  ven,  etc. 

«  Avait-il  avant  cette  date  fait  un  contrat  (con- 
«  tractus  pignoris)  en  vertu  duquel  le  prétendant, 
<  en  échange  d'argent  reçu  et  de  services  rendus, 
«  accordait  à  Guillaume  le  droit  de  battre  monnaie 
«  —  au  moins  de  battre  menue  monnaie  au  nom 
«  de  telle  ou  telle  possession  d'Arnoul?  Et  faut-il 
«  par  conséquent  reculer  l'émission  de  la  monnaie 
«  en  question  jusqu'avant  1367  ? 

«  La  fille  puînée  de  Jean  de  Hamal,  Elisabeth, 
«  Dame  de  Vogelsanck,  Zolder,  etc. ,  épousa  Engel- 
«  bert  de  la  Marck,  seigneur  de  Louverval.  Cet 
«  Engelbert  est  le  second  seigneur  de  Vogelsanck 
«  dont  nous  connaissons  des  monnaies.  Il  mourut 
«  en  1422,  sans  laisser  d'enfants,  et  disposa  par 
«  testament  de  Vogelsanck  et  des  quatre  villages 
«  en  faveur  de  son  neveu  Henri  de  Bastogne,  fils 
«  de  Gérard  et  d'Elisabeth  de  La  Marck.  Henri 
«  battit  monnaie  à  Zolder  et  à  Zonhoven. 

«  Après  lui  Vogelsanck  et  les  quatre  villages 
«  entrèrent   dans  la  famille   d'Autel   (d'Elter  ou 


147 

«  Elteren)  par  le  mariage  de  Gobin  ou  Gobert 
«  d'Autel  avec  Jeanne  de  Bastogne,  la  fille  de 
«  Henri. 

«  Le  fils  de  Gobert,  Jean  d'Autel,  fit  relief  le 
«  2  février  1457.  Il  est  le  dernier  seigneur  de 
«  Vogelsanck  qui  battit  monnaie.  M.  Perreau  a 
«  confondu  ce  Jean  d'Autel  avec  un  «  Jean  d'El- 
«  teren  ou  d'Alsteren,  maréchal  héréditaire  de 
«  Cologne  ». 

«  Les  d'Alsteren  n'ont  jamais  rien  eu  de  coin- 
«  mun  avec  les  d'Autel  ;  l'erreur  provient  proba- 
«  blement  de  ce  que  Marie,  la  fille  aînée  de  Jean 
«  de  Hamal,  épousa  Conrad  d'Alsteren,  maréchal 
«  héréditaire  de  Cologne.  La  simple  inspection 
«  des  armoiries  placées  sur  les  monnaies  de  Jean 
«  d'Autel  aurait  dû  mettre  M.  Perreau  en  garde 
«  contre  une  telle  erreur.  » 

Voici  maintenant  la  description  de  ces  mon- 
naies telle  qu'elle  est  donnée  par  M.  Daniels  ;  nous 
croyons  faire  chose  utile  en  la  reproduisant  ici 
in  extenso,  mais  nous  regrettons  que  des  planches 
ne  soient  pas  venues  relever  encore  l'intérêt  du 
texte. 

Guillaume  de  Hamal. 

1.  Denier  noir. 

Écu  écartelé  aux  bandes  et  fleurs  de  lys  de  Bour- 
gogne. 

Lég.  —  *  PVILLEM  •  DNS  ■  SULR  —  Gui- 
lelmus  dominus  sulrensis. 


148 

Rev.  Croix  pattée  dans  un  cercle.  Imitation 
servile  du  denier  d'Arnoul  de  Rummen,  Van  der 
Chys,  pi.  XXIII,  n°  12. 

Lég.  —   *  MONETA  ■  FLANDRES. 

La  légende  monda  flandres  se  trouve  là  sans' 
doute  pour  bénéficier  de   la   position  de   neveu 
d'Elisabeth  de  Flandre,  fille  naturelle  de  Louis  de 
Nevers. 

Inédit.  Collection  Polyd.  Daniels. 

Nous  ne  croyons  pas  que  cette  monnaie  ait  été 
frappée  par  Guillaume  de  Hamal  et  voici  pour- 
quoi :  Guillaume  de  Hamal  périt  à  la  bataille  de 
Bastweiler  en  1372.  Or  la  pièce  décrite  par 
M.  l'abbé  Daniels  est  une  imitation  évidente, 
presque  servile ,  des  deniers  en  billon  noir  de 
Philippe  le  Hardi,  comte  de  Flandre  ;  les  contre- 
facteurs avaient  tout  intérêt  à  copier  des  monnaies 
dont  la  circulation  dans  de  vastes  provinces  facili- 
tait le  placement  en  procurant  en  même  temps  de 
larges  bénéfices.  Ce  devait  être  le  cas  pour  les  mon- 
naies du  comte  de  Flandre,  que  les  petits  seigneurs 
du  Limbourg  ne  se  faisaient  pas  faute  d'imiter  de 
la  façon  la  plus  malhonnête  et  la  plus  éhontée  (■). 

Ce  ne  serait  donc  pas  à  cause  de  sa  position  de 
neveu  d'Elisabeth  de  Flandre,  que  Guillaume  de 


(')  La  pièce  de  Zolder  n'a  donc  pas  été  imitée  du  denier  d'Arnould 
de  Rummen,  mais  celui-ci  a  été  copié,  comme  la  monnaie  de  Zolder, 
du  billon  noir  frappé  par  le  comte  de  Flandre. 


i49 

Hamal  aurait  copié  les  monnaies  du  comte  de 
Flandre,  mais  pour  s'enrichir  frauduleusement, 
comme  d'autres  seigneurs  dont  il  n'aurait  fait  que 
suivre  l'exemple.  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  le 
nom  de  GVILLEM  a  été  transformé  en  PVILLEM 
pour  commencer  par  la  même  lettre  que  PHI- 
LIPPVS;  et  voyez  avec  quelle  facilité  des  gens,  la 
plupart  illettrés,  devaient  confondre  les  deniers 
noirs  du  seigneur  lrmbourgeois  avec  ceux  du  comte 
de  Flandre  :  l'écu  est  le  même;  les  légendes  ont 
beaucoup  d'analogie  dans  leur  ensemble  et  dans 
leur  groupement  : 

*  PMLIPP  •  DVX  •  BVRG  ; 

*  PVILLEM  •  DNS  \  SVLR.  Les  mots  ont  le 
même  nombre  de  lettres. 

Le  revers  est  tout  à  fait  semblable  :  Croix  pattée 
dans  un  cercle. 
Lég.  *  mONETO  •  FLANDRES. 

Mais  Philippe  le  Hardi  (1384-1404),  dont  nous 
venons  de  décrire  le  denier  noir,  ne  régnait  pas 
encore  lorsque  Guillaume  de  Hamal  mourut  (1372) 
et  par  conséquent  celui-ci  n'a  pu  imiter  la  mon- 
naie du  prince  bourguignon. 

Le  père  de  Guillaume,  Jean  de  Hamal,  paraît  en- 
core comme  seigneur  de  Zonhoven  le  11  mai  i386 
(voy.  de  Borman,  Livre  des  fiefs,  p.  232;  Daris, 
Eglises,  t.  VII),  et  il  nous  semble  très  vraisem- 
blable, si  la  légende  de  la  pièce  a  été  bien  lue,  que 
ce  soit  lui  qui  a  frappé  ce  denier  de  billon  noir 


i5o 

contrefait,  en  usant  du  nom  de  son  fils  décédé  pour 
rendre  l'imitation  plus  complète  et  plus  trompeuse, 
ce  qu'il  n'aurait  pu  faire  en  employant  son  propre 
nom.  Arnould  de  Rummen,  qui  se  prétendait  comte 
légitime  de  Looz  et  qui  battit  grosse  monnaie  d'ar- 
gent à  Rummen,  avait  du  reste  engagé,  dès  i367, 
à  Jean  de  Hamal  ses  terres  de  Zolder,  de  Zonho- 
ven,  etc.  C'est  sans  doute  ainsi,  comme  le  suppose 
l'abbé  Daniels,  que  Jean  de  Hamal  sera  arrivé  à 
obtenir  ou  à  s'arroger  le  droit  de  battre  monnaie. 
Quoi  qu'il  en  soit,  si  la  première  monnaie  de 
Vogelsanck  a  été  frappée  au  nom  de  Guillaume  de 
Hamal,  elle  n'a  certainement  pas  été  émise  par  ce 
seigneur,  puisqu'il  aurait  fallu  qu'il  fût  contempo- 
rain de  Philippe  le  Hardi  ;  elle  n'est  pas  antérieure 
à  1372,  puisqu'elle  n'a  pu  être  imitée  qu'après  1384, 
première  année  du  règne  de  ce  comte  de  Flandre. 

Engelbert  de  la  Marck. 

2.  Denier  noir. 

Écu  écartelé,  aux  1  et  4  à  la  face  échiquetée  des 
La  Marck,  aux  2  et  3  aux  fusées  des  Hamal,  rappe- 
lant la  mère  d'Engelbert. 

Lég.  —  *  ENGELB  ■  D  ■  MAR  ■  DNS  ■  SO  — 

(Engelbertus  de  Marcha  dominus  sonhoviensis). 

Rev.  Croix  pattée  dans  un  cercle. 

Lég.  —  MONETA  ■  NOVA  ■  SONVEN. 

Inédit.  Collection  Polyd.   Daniels. 


i5i 


3.  Denier  noir. 

Variété  du  précédent.  Au  droit  la  légende 
porte  : 

*  ENGELB  •  D  ■  MAR  ■  DNS  •  SON.  Au 
revers  les  points  manquent. 

Revue,  i852.  —  Van  der  Chys,  pi.  XXII. 

4.  Denier  noir. 

Variété  du  n°  2.  Au  droit  : 

*  ENGEL  •  •  •  ON  E  SON  —  La  pièce  a  été 
mal  rengrénée. 

Le  revers  n'est  guère  lisible  : 

*  -  ■  NET-A  BREIT  (?) 

Inédit.  Collection  vicomte  B.  de  Jonghe. 

Henri  de  Bastogne. 

5.   Demi-griffon  d'argent. 

Griffon  tenant  un  écu  écartelé,  aux  1  et  4  de 
Bastogne  (d'or  à  six  bandes  de  sable),  aux  2  et  3 
au  lion  de 

Lég.  :  *  HEN  •  DE  ■  BAST  •  DNS  ■  SVL- 
RENS. 

(Henricus  de  Bastonia  dominus  sulrensis). 

Rev.  Croix  pattée  traversant  la  légende  et  ornée 
au  cœur  d'un  petit  écusson  blasonné  de  Bastogne 
entouré  d'une  épicycloïde  et  d'arcs  de  cercle. 

Lég.  —  MONE  —  TA  •  NO  —  VA  •  SV  — 
LREN  — 

Imitation  des  demi-griffons  de  Jean  de  Bavière. 


l52 

Nous  ne  savons  à  qui  se  rapporte  le  lion  des 
2  et  3  quartiers,  mais  les  Bastogne,  seigneurs  de 
Vogelsanck,  mayeurs  héréditaires  de  Durbuy,  ont 
toujours  porté  d'or  à  six  bandes  de  sable. 

Revue,    t.   V.   pi.  I.  -    Van  der  Chys, 
pi.  XXII. 

6.  Demi-griffon  d'argent. 

Variété  du  précédent.  Au  droit,  la  légende  porte  : 

*  HEN  •  DE  ■  BAST  ■  DNS  ■  SONVE. 

Revue,  t.    V,    pi.    I.    Van    der    Chys 
pi.  XXII. 

7.  Demi-griffon  d'argent. 

Variété  du  précédent.  Au  revers  .:  MON  — 
ET  AN  —  OVAS  —  ONVE. 

Serrure.  Bulletin,  1884-1885  pi.    IV. 

8.  Demi-griffon   d'argent. 

Variété  du  précédent.  Au  droit  la  légende  porte  : 

*  HEN  •  DE  .  BAST  .  DNS  ■  SVLREN. 
Au    revers  :   MON   —   ENET   —   ANOV  — 

SONV.  (sic.) 

Inédite.  Collection  Polyd.  Daniels. 
9.   Denier  noir. 

Ecu  écartelé  comme  aux  précédents. 
Lég.  *  HER  DE  BAST  DNS  SONVE. 
Rev.  Croix  pattée  dans  un  cercle. 
Lég.  —  *  MONETA  NOVA  SONVEN. 

Revue,  1870. 


i53 


Jean  d'Autel. 

10.  Denier  noir. 

Ecu  écartelé,  aux  i  et  4  d'Autel,  aux  2  et  3  de 
Bastogne. 

Lég.  —  *  IOHS  :  DE  :  ELTEREN  :  DNS  : 
DE  :  VOG. 

(Johannes  de  Elteren  dominus  de  Vogelsanck). 

Rev.  Grande  croix  pattée  dans  un  cercle. 

Lég.  —  .  .  NETA  *  NOVA  *  FAC  .  .  SV... 

Les  armoiries  d'Autel  sont  :  de  gueules  à  la 
croix  d'or  cantonnée  de  vingt  billettes  du  même 
posées  cinq  en  sautoir  dans  chaque  canton. 

Revue,  1849  —  Van  der  Chys,  pi.  XXII. 

1 1.  Denier  noir. 

Variété  du  précédent. 

Droit  semblable  à  celui  du  précédent. 

Lég.  —  *  IOHS  :  DE  :  ELTEREN  :  DNS  : 
DE  :  VOGE. 

Rev.  —  Croix  pattée  é vidée  au  centre  en  losange, 
enfermant  un  I  (Johannes). 

Lég.  —  MONETA  *  NOVA  *  SVELRENS. 

Revue,  1849  —  Van  DER  Chys,  pi.  XXII. 

Nous  félicitons  M.  l'abbé  Daniels  d'avoir  écrit 
cette  intéressante  page  de  numismatique  seigneu- 
riale :  celle-ci  n'est  pas  facile  à  étudier  et  par  con- 
séquent se  trouve  trop  délaissée  par  nos  numis- 


i54 

mates  belges  ;  la  pénurie  des  documents  historiques, 
le  défaut  de  bonnes  généalogies  viennent  d'autre 
part  arrêter  ou  décourager  les  chercheurs.  Aussi, 
est-ce  une  vraie  bonne  aubaine  pour  les  amateurs 
lorsqu'ils  rencontrent  une  monographie  aussi  soi- 
gnée et  aussi  pleine  de  faits  nouveaux  que  celle  du 
savant  abbé  de  Vogelsanck. 

G.  Cumont. 

3q  septembre   1886. 


Quelques  mots  d'histoire  et  de  numismatique  sur  les 
localités  qui  font  aujourd'hui  partie  de  l 'arrondisse- 
ment de  Charleroi,  par  J.  Fiévet.  Mons,  1886, 
in-8°,  43  pages  et  2  planches. 

La  notice  de  M.  Fiévet  constitue  une  suite  heu- 
reuse à  l'histoire  métallique  de  la  ville  de  Char- 
leroi publiée,  en  1871,  par  M.  Van  Bastelaer. 

L'auteur  débute  par  Beaumont  et,  d'accord  en 
cela  avec  la  plupart  des  numismates  de  notre 
époque,  il  enlève  à  cette  ville  le  triens  à  la  légende 
BELLO  MONTE  du  monétaire  Audiermus.  Cette 
pièce  évidemment  française  est  donnée  par  notre 
confrère  àBeaumont-en-Argonne.  Si  nos  souvenirs 
ne  nous  trompent  pas,  c'est  l'avis  de  M.  le  vicomte 
de  Ponton  d'Amécourt. 

Les  monnaies  des  seigneurs  de  Beaumont  sont 
peu  nombreuses,  nous  ne  connaissons,  pour  ce 


t55 

comté,  que  trois  ou  quatre  variétés  d'un  petit 
gros  au  cavalier,  frappé  à  Valenciennes  par  Beau- 
douin  Ier  (1246-1288).  C'est  M.  Celliez  qui,  le  pre- 
mier, a  déterminé  le  lieu  d'émission  de  ces  pièces. 
Gui  II  (i356-i3g7),  un  acte  officiel  publié  par 
M.  Chalon  le  prouve,  battit  monnaie  en  son  châ- 
teau de  Flémaing,  mais  aucun  échantillon  de  ce 
monnayage  n'a  encore  été  retrouvé.  A  moins  de 
découvertes  futures,  «  Beaumont  doit  disparaître 
de  la  liste  des  ateliers  monétaires  belges  ». 

M.  Fiévet  passe  ensuite  aux  Estinnes  et  déve- 
loppe quelques  considérations  historiques  à  propos 
du  fameux  denier  de  Charles  le  Chauve  portant 
LEPTINAS  FISCO. 

M.  Ernest  Gariel,  dans  son  grand  et  bel  ouvrage  : 
Les  monnaies  royales  de  France  sous  la  race  caro- 
lingienne, a  donné  un  excellent  dessin  de  cette 
pièce  d'après  l'exemplaire,  resté  unique,  de  la 
bibliothèque  de  Paris  ('). 

A  la  liste  des  ateliers  belges  publiée  par  l'auteur  : 
Gand,  Bruges,  Chièvres,  Courtrai,  Tournai,  Mons, 
Estinnes,  Nivelles,  Tongres,  Visé,  Huy  et  Namur, 
où  Charles  le  Chauve  fit  forger,  nous  ajouterons 
au  courant  de  la  plume  :  Gembloux,  Dinant, 
Enghien  et  Curange. 

M.  Demanet  dota  Fontaine-l'Evêque  d'un  demi- 

(')  E.  Gariel,  Les  monnaies  royales  de  France,  etc.  Deuxième 
partie,  in-40  Paris,  1884-I885,  p.  23 1  et  pi.  XXX,  n°  i3i.  —  Vqye^  aussi 
Leblanc,  Traité  historique  des  monnaies  de  France,  pp.  104  et  140. 
Paris,  i6go,  et  Amsterdam,  1692. 


i56 

gros  au  type  de  Saint-Charlemagne  d'Aix-la-Cha- 
pelle, battu  selon  lui  par  Baudouin  de  Hennin. 

L'auteur  de  l'histoire  numismatique  de  l'arron- 
dissement de  Charleroi  fait  toutes  ses  réserves  au 
sujet  de  cette  attribution.  Il  va  plus  loin  et  semble 
même  douter  de  l'existence  de  la  pièce  avec 
MONETA  :  NOVA  :  FONTEINIS,  qu'il  ne  con- 
naît dans  aucune  collection. 

Cette  monnaie  a  cependant  été  publiée,  mais 
non  déterminée,  par  M.  Chalon  dans  la  Revue 
belge  de  numismatique,  année  1866,  pi.  X,  n°  2;  elle 
faisait  alors  partie  des  séries  de  M.  de  Coster.  En 
admettant  nos  renseignements  comme  exacts,  elle 
se  trouverait,  aujourd'hui,  dans  le  cabinet  de 
M.  Jos.  Emunds,  juge  à  Aix-la-Chapelle. 

Arrivons  maintenant  à  Thuin.  M.  Fiévet  se 
range  à  l'opinion  de  de  Longperier  et,  se  basant 
d'après  M.  R.  Serrure,  sur  des  motifs  philologi- 
ques, il  retire  à  cette  localité  le  denier  de  Charle- 
magne  à  la  légende  TVNNIS,  contrairement  à 
l'avis  de  MM.  Conbrousse,  Piot  et  Liedts. 

Viennent  ensuite  pour  cette  ville  les  deniers  des 
empereurs  Henri  II  (1002-1024)  et  Conrad  leSalique 
(1024-1039)  ;  puis,  avec  Théoduin,  évêque  de  Liège 
(1046-1075),  commence  la  série  des  monnaies  épis- 
copales. 

On  en  connaît  de  Théoduin  de  Bavière,  d'Otbert 
(1091-1119),  d'Hugues  de  Chalon  (1296-1301)  et  de 
Thibaut  de  Bar  (i3o3-i3i3).  Notre  confrère  profite 
de  l'occasion  que  lui  présente  la  description  de  ces 


1 57 

pièces  pour  combattre  l'idée,  jadis  admise,  devoir 
dans  une  église  accostée  de  deux  oiseaux  l'em- 
blème monétaire  exclusif  de  l'atelier  de  Thuin.  Il 
est  en  cela,  ajoute-t-il,  d'accord  avec  M.  de  Chestret. 

L'étude  de  M.  Fiévet  se  termine  par  la  nomen- 
clature des  espèces  émises  à  Viesville  par  les 
comtes  de  Namur.  Aucune  nouveauté  à  signaler. 
L'auteur  classe  cependant  à  Henri  l'Aveugle  un 
denier  au  cavalier  donné  jadis  par  M.  Chalon  au 
neveu  de  ce  prince,  Baudouin  de  Hainaut. 

Nous  devons  à  la  vérité  d'avouer  que  les  plan- 
ches qui  accompagnent  cette  notice  manquent 
quelque  peu  d'exactitude  ('),  mais  c'est  là  une 
simple  critique  de  détail,  qui  n'enlève  rien  à  la 
valeur  de  l'ensemble. 

En  écrivant  ces  quelques  pages  M.  Fiévet  a  dû 
certainement  s'inspirer  du  vœu  émis  par  M.  Cumont 
au  congrès  archéologique  d'Anvers  de  voir  naître, 
dans  tout  le  pays,  des  monographies  moné- 
taires par  arrondissement.  Il  a  parfaitement  atteint 
le  but  qu'il  se  proposait;  son  étude  est  très  com- 
plète, fort  intéressante,  et  nous  sommes  heureux 
de  pouvoir  présenter  ici  à  notre  cher  confrère  toutes 

nos  félicitations. 

A.  de  Witte. 

(')  Le  n°  2  de  la  planche  I  nous  présente  le  denier  des  Estinnes  ren- 
versé. Le  n°  14,  gros  de  Jean  Ier  frappé  à  Viesville,  nous  montre  le 
portail  brabançon  au  lieu  du  chastel  namurois.  Nous  ajouterons,  ayant 
eu  l'exemplaire  entre  les  mains,  que  les  tréfeuilles  de  la  bordure^sont 
inexactement  reproduites.  (Vqyeç  du  reste  le  Bulletin  de  numismatique, 
t.  V,  pi.  VIII.  n<>  4.) 


58 


Sceaux  de  Philippe  de  Luxembourg,  evèque  du  Mans, 
parE.  Hucher.  Mamers,  1886,  in-8°,  5  pages  et 
3  vignettes. 

En  ces  quelques  pages,  M.  Hucher  décrit,  avec 
sa  compétence  bien  connue,  trois  sceaux  du 
fameux  cardinal  Philippe  de  Luxembourg.  Le  pre- 
mier, qui  se  rattache  intimement  par  ses  représen- 
tations aux  scènes  figurées  dans  le  célèbre  jubé  de 
pierre  de  la  cathédrale  du  Mans,  détruit,  en  i5Ô2, 
par  les  Huguenots,  avait  déjà  été  publié  par  l'au- 
teur lui-même.  Le  deuxième  est  antérieur  à  l'élé- 
vation de  l'évêque  au  cardinalat;  enfin  le  troisième, 
en  assez  mauvais  état,  est  de  tous  le  plus  récent. 
Ces  deux  derniers  étaient  restés  inédits . 

A.  de  Witte. 


La   Monnaie    de  Bruxelles    après   le   bombardement 
de  i6g5. 

Du  i3  au  i5  août  i6g5,  c'est-à-dire  pendant 
quarante-huit  heures  consécutives,  le  maréchal  de 
Villeroy,  à  la  tête  de  60,000  Français,  bombarda 
avec  furie  la  malheureuse  ville  de  Bruxelles. 

Nous  ne  rappellerons  pas  ici  les  ruines  innom- 
brables que  causa  cette  vengeance  aussi  barbare 
qu'inutile  de  Louis  XIV;  nous  nous  bornerons  à 
constater  que  la  Monnaie  de  Bruxelles  partagea  le 


i59 

sort  d'autres  monuments  et  fut  saccagée  de  fond 
en  comble. 

A  la  suite  de  ces  événements,  le  gouvernement 
des  Pays-Bas  exposa  en  vente  une  partie  du  terrain 
occupé  naguère  par  les  bâtiments  de  la  Monnaie  ; 
mais  le  Magistrat  de  Bruxelles  fit  opposition  à  la 
vente  devant  le  Conseil  de  Brabant. 

Par  sentence  du  6  septembre  1696,  cette  vente 
n'eut  son  plein  effet  qu'à  la  suite  d'une  déclara- 
tion écrite  du  Conseiller  Procureur  général  de 
laquelle  il  résultait  que  Sa  Majesté  n'avait  nulle- 
ment l'intention  d'anéantir  la  Monnaie,  mais  dési- 
rait au  contaire  rétablir  et  restaurer  ce  bâtiment 
avec  les  deniers  que  produirait  la  vente  de  cette 
parcelle  de  terrain,  à  moins,  ajoutaient  les  conclu- 
sions, que  ceux  du  Magistrat  ne  voulussent  rebâtir 
la  Monnaie,  à  leurs  frais,  telle  qu'elle  existait  avant 
le  bombardement. 

Ce  ne  fut  toutefois  qu'en  1756,  que  le  gouverne- 
ment s'occupa  sérieusement  de  réparer  la  Monnaie 
de  Bruxelles,  quand  il  fut  décidé  que  les  Monnaies 
de  Bruges  et  d'Anvers  cesseraient  d'être  en  activité. 
On  avait  surtout  en  vue  de  faire  des  économies  en 
centralisant  tout  ce  qui  concernait  la  fabrication 
des  monnaies  et  médailles,  et  cette  réforme  était 
d'autant  plus  urgente  que  les  ateliers  monétaires 
ne  continuaient  plus  à  être  affermés  comme  cela  se 
pratiquait  précédemment.  Chaque  Monnaie  exi- 
geait en  effet  un  commissaire  spécial  chargé  de 
surveiller  la  direction.  C'est  principalement  pour 


i6o 

éviter  ces  frais  que  le  Gouvernement  remit  en  état 
la  Monnaie  de  Bruxelles,  où  n'existaient  plus  que 
les  seules  chambres  renfermant  les  presses  dont 
il  avait  été  fait  usage  pour  la  fabrication  des  liards, 
en  1744  et  1745. 

Tous  les  numismates  connaissent  le  jeton  gravé 
par  Jacques  Roettiers  pour  rappeler  cette  recons- 
truction (')  ;  nous  nous  bornerons  à  remarquer  que 
le  revers  représente  la  façade  du  nouvel  hôtel  des 
Monnaies,  qui  de  nos  jours  vient  d'être  démoli 
pour  faire  place  à  l'hôtel  des  Postes.  La  légende 
est  :  RESTAUR  ■  OFFICIN  •  MONET  •  BRUX. 

En  exergue  le  millésime  :  m  .  dcc  .  lvi  {iy56), 
date  de  la  réédification. 

G.    CUMONT. 


Das  Probirbuch  des  niirnberger  Munzwardeins  Hans 
Huefnagel.  {Le  livre  de  contrôle  du  Waradin  de  la 
Monnaie  de  Nuremberg  Hans  Huefnagel  (1605-1612), 
par  Ad.  Meyer,  Vienne,  1886,  in-8°,  56  pages, 
2  planches.  (Extrait  du  volume  XVIII  de  la 
Numismatische  Zeitschrift  de  Vienne,  année  1886.) 

L'auteur  a  cru  faire  chose  utile  pour  les  numis- 
mates en  publiant  l'inventaire  de  ce  livre,  parce 
qu'il  contient  la  description  et  les  empreintes  de 


(')  Reproduit  parmi  les  médailles  frappées  sous  le  règne  de  Marie- 
Thérèse,  Vienne,  1782,  première  partie,  p.  i63. 


monnaies  devenues  très  rares  ou  même  tout  à  fait 
inconnues.il  a  aussi  jugé  indispensable  d'y  joindre 
les  dates  correspondantes  des  vérifications  (Mïrnz- 
probationstage)  des  monnaies  telles  qu'elles  sont  indi- 
quées dans  l'ouvrage  de  Lori  sur  le  droit  monétaire 
bavarois. 

Huefnagel  s'était  servi  des  coins  originaux  pour 
obtenir  des  empreintes  au  moyen  d'encre  ou  de 
couleur  noire,  et  ce  sont  les  plus  intéressantes  de 
ces  empreintes  que  reproduisent  en  photogra- 
vure les  deux  planches  jointes  à  la  brochure 
de  M.  Meyer. 

Le  manuscrit  d'Huefnagel  est  relié  en  parchemin 
et  se  compose  de  quatre-vingt-dix  pages  in-folio 
numérotées,  plus  deux  pages  de  titre.  Sur  la  cou- 
verture est  imprimée  en  lettres  d'or  l'inscription  : 

M  M  V  H 

1610. 

On  sait  peu  de  chose  de  ce  Hans  Huefnagel.  Les 
actes  parvenus  jusqu'à  nous  mentionnent  qu'il  fut 
d'abord  essayeur  et  devait  en  cette  qualité  examiner 
le  titre  des  objets  d'or  et  d'argent  fabriqués  à 
Nuremberg.  Le  i5  octobre  1602,  il  fut  nommé,  en 
remplacement  de  Georges  Dietrich,  waradin  du 
cercle  de  Franconie.  D'après  une  note  écrite  sur  la 
page  35  du  manuscrit,  Hans  Huefnagel  mourut 
le  21  février  1612.  Son  successeur  fut  l'essayeur 
Jean  Butzer,  élu  le  14  mai  1612. 

Le  maître  de  la  Monnaie  Paul  Dietherr  était 

Année  1887.  11 


IÔ2 

mort  le  n  décembre  1610.  Ses  héritiers  continuè- 
rent à  frapper  monnaie  jusqu'à  l'installation  du 
nouveau  maître  Henri  Mùller,  le  10  janvier  161 1. 
Celui-ci  ne  paraît  avoir  rempli  ces  fonctions  que 
peu  d'années,  car  en  1616,  c'est  Hans  Putzer  qui  est 
maître  de  la  monnaie  de  Nuremberg. 

L'auteur  analyse  soigneusement  ce  curieux 
manuscrit  et  donne  la  liste  des  pièces  y  indiquées, 
en  attirant  l'attention  sur  les  monnaies  rares  ou 
inconnues  de  nos  jours.  Comme  celles-ci  n'inté- 
ressent que  faiblement  les  numismates  belges,  nous 
n'avons  pas  à  citer  ici  ces  raretés,  que  les  spécia- 
listes ou  les  amateurs  de  monnaies  allemandes 
pourront  aller  découvrir  dans  la  revue  viennoise 
où  se  trouve  inséré  le  remarquable  travail  de  notre 
erudit  confrère  M.  Meyer. 

G.  C. 


Deux  jetons  commémoratifs  de  faits  namu- 
rois  ont  été  frappés  dans  l'intervalle  de  huit 
jours. 

L'un  porte  le  buste  de  saint  Feuillen,  patron  de 
Fosses,  avec  la  date  de  la  dernière  marche  armée, 
26  septembre  1886.  Notre  Revue  donne  de  longs 
détails  sur  ce  cortège  septennal,  à  propos  de  la 
décoration  militaire  de  Saint-Feuillen,  dont  le  mé- 
daillier  de  la  Compagnie  possède  un  des  rares  spé- 
cimens (voir  5e  série,  t.  II,  pp.  557-5g). 

Le    second  jeton  ;   deux    lignes    circulaires    : 


i63 

L'union  fait  la  force.  — Qu 'elle  fasse  jaillir  la  lumière. 
—  Au  centre  le  lion  belge  élevant  un  flambeau 
allumé.  Au  revers  :  Manifestation  du  3  octobre  1886. 
Namur.  —  Protestation  contre  l'acte  illégal  qui 
révoque  M.  Véchevin  Ronvaux. 

Ont  encore  été  distribuées  dix  médailles  com- 
mémoratives  du  festival  namurois,  3  octobre  1886, 
organisé  par  les  soins  de  la  Députation  perma- 
nente, à  l'occasion  du  cinquantenaire  de  l'institu- 
tion des  Conseils  provinciaux. 

Enfin,  citons  encore,  pour  mémoire,  la  belle 
médaille  du  Congrès  historique  et  archéologique 
de  Namur,  au  millésime  17-19  août  1886. 

Je  persiste  à  penser  que  nos  confrères,  chacun 
pour  sa  province,  feraient  chose  utile  en  mention- 
nant à  cette  place  et  sous  une  forme  concise  les 
pièces  de  la  valeur  de  celles  qui  nous  occupent 
et  qui,  bien  que  ne  pouvant  être  reléguées  qu'au 
dernier  plan  de  nos  médailliers,  n'en  profilent  pas 
moins  avec  une  certaine  netteté  la  physionomie 
d'une  province  ou    d'une    localité  pour   l'année 

écoulée. 

A.  L.  C. 


Nous  venons  de   recevoir  un   fort  volume  de 
622  pages  intitulé  : 

Inscriptions campanaires  du  département  de  l'Isère  ('), 

(')  Montbéliard,  imprimerie  P.  Hoffmann,  1886.  Tiré  à  40  exemplaires 
sur  papier  de  Hollande  et  160  sur  papier  ordinaire,  tous  numérotés. 


164 

signé  du  nom  de  notre  confrère  Gustave  Vallier. 
Il  comprend  1,398  inscriptions  de  cloches  de  ce 
département.  Nombreuses  gravures  dans  le  texte. 
C'est  un  travail  de  bénédictin  qui  fait  le  plus 
grand  éloge  du  savoir  de  l'auteur.  Nous  y  revien- 
drons. 

A.  Bri. 


M.  Maurice  Heins  a  publié  dans  la  dernière 
livraison  de  la  Revue  un  mémoire  sur  la  monnaie 
et  le  prix  des  choses,  à  Gand,  au  temps  de  Jacques 
Van  Artevelde.  Il  est  regrettable  que  pour  établir 
ses  calculs,  l'auteur  se  soit  basé  sur  des  évalua- 
tions erronées,  dont  nous  n'examinerons  qu'une 
seule. 

«  Il  existe,  dit  M.  Heins  (p.  401),  en  matière 
«  monétaire  une  unité  de  poids  dont  le  nom  n'a 
«  pas  varié  depuis  le  moyen  âge  et  dont  la  valeur 
«  est  restée  sensiblement  la  même  :  c'est  le  marc. 
«  On  distingue  le  marc  de  Troyes  du  marc  de 
«  Cologne.  Ce  dernier  est  d'un  58e  et  '/«  ou  de  3/,,c 
«  plus  faible  que  le  marc  de  Troyes.  Mais  c'est 
«  celui-ci  qui,  alors,  était  en  usage  en  France,  et 
«  dans  la  Flandre,  qui  relevait  de  la  France.  Le 
«  marc  de  Troyes  était,  en  matière  monétaire, 
«  l'équivalent  de  244,6  de  nos  grammes  actuels.  » 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  le  marc  de 
Cologne  aurait  dû  peser  244gr,6  moins  7'">  ou 
238*r,3. 


i65 

Or,  tous  les  traités  de  métrologie  que  nous  avons 
consultés,  sont  en  désaccord  avec  ces  estimations 
et  ce  rapport  des  deux  marcs. 

René  Budels  ou  Budelîus,  fils  et  frère  de  mon- 
nayeurs,  jurisconsulte  et  directeur  des  affaires 
monétaires  d'Ernest  de  Bavière,  archevêque  de 
Cologne  et  évêque  de  Liège,  par  conséquent 
une  autorité  en  cette  matière ,  dit  positive- 
ment, dans  son  traité  De  monetis  et  re  numaria 
(pp.  63  et  64),  que  le  marc  de  Cologne  pèse  un 
esterlin  de  moins  à  l'once  que  le  marc  de  Troyes. 
Or,  l'once  se  divisant  en  vingt  esterlins,  le  marc  de 
Cologne  devait  être  d'un  vingtième  plus  faible  que 
celui  de  Troyes. 

Une  ordonnance  de  Ferdinand  de  Bavière,  suc- 
cesseur d'Ernest  (Bîdl.  de  VInst.  arch.  liég.,  t.  XVIII, 
p.  3i6),  prescrit  de  réduire  le  poids  de  Cologne  en 
poids  de  Troyes  «  portant  cincques  sur  cent  »,  ou 
un  vingtième. 

Horace  Doursther,  dans  son  Dictionnaire  universel 
des  poids  et  mesures,  évalue  l'ancien  marc  de  Troyes 
d'Amsterdam,  de  5, 120  as,  à  246^,08  ;  et  le  marc 
de  Cologne,  de  4,864  as  ou  ig  marcs,  à  233gT,Jj. 
Toujours  un  vingtième  ! 

Le  marc  de  Troyes,  autrefois  en  usage  chez  les 
orfèvres  du  pays  de  Liège,  est  compté  aujour- 
d'hui à  246^,028. 

M.  le  général  Cocheteux,  dans  ses  remarquables 
études  sur  nos  anciens  systèmes  monétaires  (Rev. 
belge  de  num.,  i885,  pp.  i65  et  170),  assimile  le  marc 


i66 

de  Paris  à  celui  de  Troyes,  qu'il  évalue  à  245^,76. 

En  Allemagne ,  le  marc  de  Troyes  vaut 
246*r,o83g. 

Le  vieux  marc  de  Cologne  pèse,  d'après  le  plus 
ancien  exemplaire  conservé  dans  cette  ville, 
233*r,8i2.  (Meyers,  Konversations-Lexikon y  voc. 
Mark.)  Une  ordonnance  de  1816  en  fixa  le  poids 
à  233^,8555. 

Nous  pourrions  multiplier  ces  citations  à  l'infini, 
sans  trouver  entre  les  chiffres  d'autres  différences 
que  celles,  relativement  minimes,  qui  résultent  des 
altérations  de  l'étalon.  Partout  le  marc  de  Troyes 
est  évalué  à  environ  246  grammes;  celui  de 
Cologne,  a  près  de  234  grammes,  ce  qui  corres- 
pond encore  une  fois  à  la  différence  d'un  vingtième 
constatée  par  Budelius,  au  xvie  siècle. 

Bon  de  Chestret. 


Dans  son  article  sur  la  valeur  de  la  monnaie  au 
temps  de  Van  Artevelde  (Revue,  1886,  p.  397), 
M.  Heins  a  parlé  de  la  livre  tournois  et  de  la  livre 
parisis  comme  si  c'étaient  des  monnaies  réelles 
tandis  qu'elles  représentaient  des  monnaies  fic- 
tives ou  de  compte.  (Voy.  note  1,  page  3g8.)  Cette 
note  avait  passé  inaperçue.  Pour  rectifier  cette 
erreur,  voici  le  passage  de  Leber  que  M.  Maurice 
Heins  a  mal  interprété  et  inexactement  résumé  : 

«  La   différence  de  la  livre  parisis  à  la  livre 


167 

«  tournois  est  un  autre  sujet  d'hésitation  et  de 
«  doute  qui  se  présente  fréquemment  dans  un 
«  travail  d'évaluation.  Cette  distinction  paraît 
«  s'être  établie  sous  le  règne  de  Philippe  Ier,  mort 
«  en  1108.  Alors,  on  fabriquait  à  Tours  une  mon- 
«  naie  plus  faible  que  celle  de  Paris  et  qu'on 
«  distingua  de  cette  dernière  par  la  dénomination 
«  de  tournois  tirée  du  lieu  de  son  origine.  » 

La  Direction. 


Mme  Mailliet,  née  Campion,  vient  de  faire 
hommage  à  la  Société  royale  de  numismatique  de 
presque  tous  les  manuscrits  dont  son  mari,  notre 
regretté  confrère,  était  l'auteur. 

C'est  là  un  exemple  que  l'on  ne  peut  assez  louer 
et  nous  présentons  à  la  généreuse  donatrice  nos 
plus  vifs  remerciements  pour  cet  acte  d'intelli- 
gente largesse.  Grâce  à  Mme  Mailliet,  les  tra- 
vaux et  les  études  du  colonel  ne  seront  pas 
perdus  pour  la  science  ;  aussi  a-t-elle  droit  désor- 
mais à  la  reconnaissance  de  tous  ceux  qui  s'occu- 
pent sérieusement  d'histoire  et  de  numisma- 
tique f). 

(1)  Voyez  la  nomenclature  de  ces  volumes  dans  la  liste  des  ouvrages 
reçus  à  la  bibliothèque  pendant  le  quatrième  trimestre  1886. 


i68 

Au  dernier  concours  de  l'Académie  de  Bor- 
deaux, M.  E.  Taillebois,  archiviste  et  secrétaire 
général  intérimaire  de  la  Société  de  Borda,  a  rem- 
porté un  prix  de  600  francs  pour  son  beau  travail 
intitulé  :  Recherches  sur  la  numismatique  de  la 
Novempopulanie . 

A.  de  Witte. 


Monete  e  medaglioni  romani  inediti  nella  collezione 
Francesco  Gnecchi.  Terza  série.  —  Extrait  de  la 
Gazzetta  Numismatica  du  docteur  Solone  Ambro- 
soli.  Corne,  1886,  in-8°,  papier  teinté,  104  pages. 

Adoptant  le  système  suivi  avec  tant  de  succès 
par  M.  A.  de  Belfort  pour  ses  Recherches  des  mon- 
naies impériales  romaines  non  mentionnées  dans  V ou- 
vrage de  Cohen,  travail  en  voie  de  publication, 
depuis  1882,  dans  l'annuaire  de  la  Société  fran- 
çaise de  numismatique,  M.  Gnecchi  nous  donne, 
sous  forme  de  catalogue  et  de  la  façon  la  plus 
minutieuse ,  la  description  de  545  monnaies  romaines 
inédites  (').  Toutes  ces  pièces  font  partie  de  sa 
collection  personnelle;  i65  sont  en  or,  19g  en 
argent  et  seulement  181  de  bronze.  Cette  nomen- 
clature débute  avec  Marc-Antoine  et  Octave  pour 
s'arrêter  aux  monnaies  signées  Léon  III ,  Constantin 


(')  Ou  peu  connues,  ce  qui  serait  peut-être  plus  exact  pour  quelques 
unes  de  ces  médailles. 


169 

Copronime  et  Léon  IV  (751-775).  Elle  embrasse 
donc  environ  huit  siècles  du  monnayage  impérial. 
Nous  ne  pouvons  que  féliciter  l'auteur  de  l'excel- 
lent exemple  qu'il  donne  aux  possesseurs  de  séries 
numismatiques  importantes  et  souhaiter  de  lui 
voir  bientôt  de  nombreux  imitateurs. 

A.  de  Witte. 


La  troisième  livraison  de  l'année  1886  du  Bul- 
letin de  la  Société  de  Borda  renferme  un  intéres- 
sant article  de  M.  Blanchet  sur  les  jetons  de  la 
famille  de  Henri  II  de  Navarre  (Henri  IV  de 
France).  L'auteur  y  décrit,  avec  soin,  cinq  jetons 
d'Antoine  de  Bourbon  ;  huit  de  Jeanne  d'Albret  ; 
un  de  Henri  de  Bourbon  enfant  ;  cinq  de  Catherine 
de  Bourbon  et  enfin  onze  de  Marguerite  de  Valois. 
Cette  notice  est  accompagnée  d'une  planche  très 
bien  gravée  par  Dardel,  et  sur  laquelle  se  trouvent 
représentés  six  jetons  d'argent  fort  beaux. 

A.  de  Witte. 


Vade  mecum  del  raccoglitore  di  monete  italiane, 
par  G.  Bazzi  et  M!  Santoni.  Camerino,  1886, 
in-8°  de  2i5  pages. 

Ce  dictionnaire  de  l'histoire  monétaire  de  l'Italie 
se  divise  en  trois  parties.  La  première  donne  par 
ordre  alphabétique,  méthode  suivie  du  reste  dans 

Année   1887.  10 


170 

tout  l'ouvrage,  les  monogrammes,  armoiries,  em- 
blèmes, légendes,  etc.,  qui  se  rencontrent  sur  les 
monnaies  italiennes,  en  indiquant  à  la  suite,  les 
noms  des  villes  et  des  princes  qui  les  ont  adoptés. 
La  deuxième  partie  comprend  :  i°  une  liste  des 
ateliers  monétaires  du  pays,  avec  quelques  brefs 
renseignements  historiques  et  numismatiques  ; 
2°  les  noms  des  principales  familles  seigneuriales 
qui  usèrent  du  privilège  de  battre  monnaie  ;  3°  la 
suite  de  tous  les  saints  dont  les  noms  ou  l'effigie  se 
retrouvent  sur  les  espèces  métalliques,  et  les  lieux 
où  ces  espèces  furent  forgées.  La  troisième  partie 
embrasse  la  bibliographie  numismatique  de  l'Italie. 
Elle  nous  semble  assez  incomplète,  puisque  les  au- 
teurs ne  citent  pas  même  cent  cinquante  ouvrages, 
publications  périodiques  ou  notices  diverses.  Il  est 
vrai  que  MM.  Bazzi  et  Santoni,  dans  leur  utile 
volume  si  bien  ordonné,  ne  s'occupent  que  du 
moyen  âge  et  de  l'époque  moderne. 

A.  de  Witte. 


M.  Jos.  Leroux,  auteur  du  Catalogue  des  monnaies 
canadiennes  de  cuivre,  de  Y  Atlas  numismatique  du 
Canada  et  du  Vade  mecum  du  collectionneur,  vient  de 
fonder  à  Montréal  un  nouveau  journal  numisma- 
tique :  Le  Collectionneur.  Cette  feuille  mensuelle, 
écrite  en  deux  langues,  le  français  et  l'anglais, 
n'est  pas  exclusivement  scientifique  :  une  partie  est 


171 


réservée  aux  annonces.  Prix  de  l'abonnement  pour 
l'Europe,  65  cts. 

A.    DE   WlTTE. 


Collection  Mailliet.  —  Vente  à  Paris 
le  22  novembre  1886  et  jours  suivants. 

Les  monnaies  obsidionales  et  de  nécessité 
recueillies  par  notre  regretté  confrère  le  colonel 
Mailliet  viennent  d'être  vendues  à  Paris  sous 
l'habile  direction  de  M.  Van  Peteghem.  Cette  série, 
unique  en  son  genre  et  remarquable  surtout  sous 
le  rapport  du  nombre,  n'était  pas  sans  renfermer 
quelques  exemplaires  fort  douteux.  Nous  citerons, 
par  exemple,  la  monnaie  de  nécessité,  en  or,  de 
Bruxelles  à  la  date  de  1584  et  à  la  légende  D.  O.  M. 
BRUXELLA  CONFIRMATA,  etc.,  etc. 

Voici,  sans  commentaires  faute  de  place,  les 
enchères  les  plus  importantes  que  nous  ayons 
notées  ; 

N°  3.  Aire  assiégée  par  les  Espagnols,  1641, 
argent,  carré 72  francs. 

177.  Braunau  assiégée, en  1743,  par 
les  Autrichiens.  Or io5      — 

201.  Brésil.  Monnaie  d'or  de  1646 
de  la  compagnie  des  Indes  en  guerre 
contre  les  Portugais  (1647-1654)    .     .     3oo      — : 

220.  Demi-couronne  de  Charles  Ier 
en  guerre  contre  les  Parlementaires, 
frappée  à  Bristol  en  1644 100      — 


I72 

5g4-5g5.  Jamètz  assiégée,  en  i588, 
par  le  duc  de  Lorraine,  pièce  de  20  et 
pièce  de  10  sols,  cuivre  rond,  chacune.       5o  francs. 

Ces  deux  monnaies  sont  des  raretés  de  premier 
ordre. 

762.  Obsidionale  de  Maestricht 
assiégée  par  les  Français  en  1794, 
pièce  d'argent  de  100  st.  Droit  connu 
des  unifaces.  Rev.  TRAIECTUM 
AD  MOSAM  en  légende  circulaire, 
au  centre  une  étoile  à  cinq  raies    .     .       62      — 

Nous  avons  acquis  tout  dernièrement  à  une 
vente  de  Bruxelles  l'essai  en  plomb  de  cette 
curieuse  monnaie,  dont  le  type,  trouvé  trop  com- 
pliqué ,  ne  fut  pas  adopté  par  la  régence  de 
Maestricht. 

72g.  Demi-thaler  de  Magdebourg 
assiégée,  en  i55i,  par  les  alliés  de 
l'Empire gg  francs. 

760.  Mayence  occupée  par  les  Fran- 
çais en  i688-i68g.  Deux  tiers  de  thaler 
au  monogramme  de  Louis  XIV    .     .     i5o      — 

785.  Middelbourg assiégée,  en  i5j3, 
par  le  prince  d'Orange.  4  ducats,  or.     i65      — 

8o3.  Modène  occupée  par  les  Fran- 
çais, 1704-1705,  monnaie  d'or  inédite, 
à  l'aigle  éployée 145      — 

824.  Munster  assiégée  par  son 
évêque.  3  ducats 145      — 


i73 

841.  Nice  assiégée  par  les  Turcs 
et  les  Français,  argent 320  francs. 

C'est  le  plus  haut  prix  qui  ait  été 
atteint  à  cette  vente. 

io32.  Tournai  assiégée  par  Charles- 
Quint  en  i52i,  une  tour  entre  deux 
F  couronnés,  au  droit,  argent.     .     .     260      — 

Le  catalogue,  œuvre  de  M.  Mailliet  lui-même, 
comptait  i.35o  numéros,  et  les  enchères  ont  pro- 
duit tout  près  de  i3,ooo  francs,  ce  qui  est  un  beau 
résultat. 

A.  de  Witte. 


V Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique  et 
d'archéologie,  juillet-août  1886  ('),  vient  de  paraître.  Som- 
maire : 

I.  —  L'ère  de  Tripolis,  par  M.  P.  SIX. 

II.  —  Lettre  à  M.  le  président  de  la  Société  de  numis- 
matique sur  quelques  pièces  rares  ou  inédites  de  la  collec- 
tion orientale  de  M.  P.  De  Lhotellerie,  par  M.  H.  SAU- 
VAIRE. 

II.  —  Sur  quelques  médailles  consulaires  inédites  des 
musées  Roumianzew  et  de  l'Université  de  Moscou,  par 
M.  M.  BAHRFELDT. 

IV.  —  CHRONIQUE.  Prix  Duchalais.  L'Académie  des 
Inscriptions  et  Belles-Lettres  vient  de  faire  son  appréciation 
des  ouvrages  qui  ont  concouru  pour  le  prix  Duchalais.  Ce 
prix  est  décerné  à  mérite  égal  aux  Monnaies  royales  fran- 

{')  Paris,  au  siège  de  la  Société  de  numismatique,  46,  rue  de  Verneuil. 


'74 

çaises  de  la  race  Carolingienne  de  feu  ERNEST  GARIEL,et 
aux  Médailleurs  de  la  Renaissance  de  M.  ALOÏSS  HEISS. 

Nécrologie  :  M.  Joseph  Newald,  l'un  des  membres  les 
plus  distingués  de  la  Société  viennoise  de  numismatique, 
est  décédé  à  Gratz,  en  Styrie,  le  4  mars  1886. 

On  annonce  également  la  mort  d'un  autre  savant  numis- 
matiste,  M.  B.  Biondelli,  conservateur  du  musée  Bréra , 
à  Milan. 

Bibliographie.  —  Arcantodan,  en  Gaulois,  est  un  nom 
commun  et,  suivant  toute  apparence,  un  titre  de  magistrat 
monétaire.  Article  publié  par  M.  P.  Ch.  ROBERT. 
Les  volontaires  Limbourgeois  et  leur  médaille,  1790- 1794. 
Révolution  brabançonne.  Invasion  française,  par  GEORGES 
CUMONT.  —  Atti  del  Museo  Civico  di  Antichita  in 
Trieste.  Publication  du  musée  de  Trieste.  —  Coup  d'oeil 
sur  l'histoire  monétaire  de  la  principauté  de  Liège  et  de 
ses  dépendances,  par  M.  le  baron  J.  DE  CHESTRET  DE 
HANEFFE.  —  Guida  numismatica  universale ,  compilata 
da  FRANCESCO  E  ERCOLE  GNECCHI.  Milano,  1886. 

Trouvailles  de  monnaies.  —  M.  Alberto  Puschi  publie 
la  relation  de  la  découverte  d'un  trésor  du  XIIIe  siècle  à 
Cosina.  -  M.  J.  Dirks  donne  la  description  détaillée  des 
monnaies  consulaires  et  des  monnaies  impériales  d'Auguste 
que  contenaient  les  trouvailles  d'Onna  et  de  Feins. 

Vente  de  monnaies.  —  Les  Carolingiennes  de  la  collec- 
tion de  M.  le  vicomte  Ponton  d'Amécourt,  par  R.  de 
Grimmont  (Serrure). 

Vente  P.  Charles  Robert,  par  M.  J.  Hermerel.  —  Prix 
de  vente  de  la  collection  des  monnaies  gauloises  et  fran- 
çaises de  M.  le  vicomte  Ponton  d'Amécourt. 

A.  BRI. 


i75 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


Réunion  du  bureau  du  1  novembre  1886. 

...  Sur  la  proposition  de  MM.  R.  Chalon  et 
A.  de  Witte,  le  titre  d'associé  étranger  a  été 
conféré  à  M.  Milciade  Santoni,  directeur  du  Bul- 
letino  di  numismatica  e  sfragistica,  à  Camerino, 
Italie. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

G.  Cumont.  R.  Chalon. 


176 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


LISTE  DES  OUVRAGES  REÇUS  PENDANT  LE  4'  TRIMESTRE  1886. 


Avis  Important  :  tes  ouvrages  et  publication*  destinés  à  la 
Société  doivent  être,  désormais,  adressés  à  U.  tlph.  de  Wltte, 
bibliothécaire  de  la  Société  royale  de  numismatique,  au 
Palais  des  «endémies,  à  Itru&clles.  Mculs,  les  volumes  des- 
tinés personnellement  à  M.  It.  t'huloii,  continueront  a  être 
envoyés  rue  du  Trône,    lis.  a  Ixelles. 


Ouvrages  manuscrits  de  M.  le  lieutenant  -colonel  Mailliet,  offerts  à 
la  Bibliothèque  de  la  Société  royale  de  numismatique  de  Belgique 
par  Mme  Mailliet,  née  Campion. 

Nota  :  Les  titres  des  ouvrages  sont  textuellement  transcrits. 
I.  Catalogue  des  monnaies  obsidionales.  Format  agenda. 
IL  Catalogue  des  monnaies  obsidionales  et  de  nécessité  du  cabinet 
de  M.  le  lieutenant-colonel  Mailliet.  1  vol.  relié. 

III.  Planches  manuscrites    de  l'atlas  du  catalogue  des  monnaies 

obsidionales  et  de  nécessité.  3  vol.  reliés. 

IV.  Catalogue  des  monnaies,  jetons  et  médailles  de  la  Belgique. 

1  vol.  format  agenda. 
V.  Catalogue  des  monnaies,  jetons,  méreaux  et  médailles  de  la 

collection  du  lieutenant-colonel  Mailliet.  11  vol.  reliés. 
VI.  Catalogue  des  médailles  de  l'histoire*  métallique  des  Pays-Bas 
de  Van  Mieris,  Van  Loon  et  de  la  suite  à  Van  Loon,  indiquant 
le  motif  pour  lequel  elles  ont  été  frappées,  par  Prosper  Mail- 
liet. Tournai,  1854;  1  vol.  relié. 
VIL  Catalogue  ou  table  alphabétique  des  légendes  des  médailles  de 
ces  mêmes  ouvrages,  principalement  de  celles  du  revers. 
1  vol.  relié. 


i77 

VIII.  Description  de  monnaies  brabançonnes  et  de  quelques  mon- 
naies flamandes.  1  vol.  avec  nombreux  dessins. 
IX.  Chronologie  de  tous  les  hommes  qui  ont  gouverné  les  diffé- 
rentes parties  de  l'Europe  depuis  Jésus-Christ  jusqu'à  nos 
jours,  à  l'usage  des  numismates,  i  gros  vol.  relié  et  2  vol.  de 
supplément  cartonnés. 
X.  Correspondances  numismatiques.  —  Lettres  d'un  grand  nombre 
de  numismates  ayant  trait  aux  monnaies  obsidionales  ou  de 
nécessité. 
XI.  Souvenirs   numismatiques   du   cinquantième    anniversaire    de 
l'indépendance  de  la  Belgique.  Manuscrit  original  en  feuilles 
détachées. 
XII.  Notes  concernant  les  monnaies  obsidionales  et  de  nécessité.  En 
feuilles  détachées.  * 

XIII.  Description  des  médailles  de  Tournai  depuis  l'année  1600  jus- 

qu'en 1881.  En  feuilles. 

XIV.  Catalogue  des  légendes  des  jetons  de  Tournai  depuis  1422  jus- 

qu'en 1881.  En  feuilles. 

XV.  Description  des  jetons  tournaisiens  du  moyen  âge  et  des  temps 

modernes.  Brouillon  en  feuilles  détachées. 
XVI.  Catalogue  des  méreaux  de  la  collection  Mailliet.  En  feuillets. 

XVII.  Cahier  renfermant  quelques  notes  concernant  l'héraldique  et  la 
numismatique. 

XVIII.  Un  paquet  de  quelques  planches  dépareillées  de  l'atlas  des 
monnaies  obsidionales  et  du  cinquantenaire  de  l'indépen- 
dance. 

Ouvrages  périodiques. 

Allemagne.  —  Berliner  Mûn\blàtter,  nos  66-67,  68-69,  7°'  71_72» 
73,  74.  —  Catalogues  Weyl,  nos  76,  76,  77  et  78. 
—  Berliner  Mûn\-Verkehr  von  Julius  Hahlo, 
n°  10.  —  Numismatischer  Verkehr  von  Thieme, 
nos  7  et  8,  année  i&86.  —  Blâtterfûr  Mûnifreunde, 
nos  i3o,  i3i  et  i32,  avec  les  planches  8b  et  86. 

Angleterre.  —  The  numismatic  chronicle,  année  1886.  Part.  II, 
n°  22. 


i78 

ndxlqiir.  —  Revue  belge  de  numismatique,  année  1886.  —  Bul- 
letin de  l'Académie  royale  des  sciences,  tome  XII, 
n08  7  et  8.  — Annales  du  Cercle  archéologique 
dEnghien,  tome  II,  liv.  1,  2  et  3.  —  Messager  des 
sciences  historiques,  année  1886,  3e  liv.  —  Bulletin 
de  l'Institut  archéologique  liégeois,  tome  XVI II  et 
ire  liv.  du  tome  XIX.  —  Rapports  sur  la  situation 
de  l'Institut,  1878  à  i883, 1884,  i885.  —  Analectes 
pour  servir  à  l'histoire  ecclésiastique  de  la  Bel- 
gique, 2e  série,  tome  IV,  ire  liv. 

France.  —  Bulletin  de  la  Société  de  Borda,  année  1886,  3e  tri- 

mestre. —  Bulletin  archéologique  du  Tarn-et- 
Garonne,  2e  trimestre  1886.  —  Bulletin  de  la 
Société  archéologique  et  historique  de  l'Orléanais, 
n°e  42,  45,  82,  83,  84,  85,  86,  88,  93,  1 13,  1 14,  1 15 
et  121. 

■(aile.    —  Bulletino  di  numismatica  e  sfragistica  du  Dr  San- 

toni,  tome  II,  n09  11-12 

PayM-Baa  c*  Grand-Duché. —  Provinciaal  genootschap  van  Noord- 
Brabant,  fascicule  1884-1885.  —  Règlement  de  cette 
société.  —  Publications  de  la  section  historique 
de  l'Institut  du  grand-duché  de  Luxembourg , 
tomes  XXXVII  et  XXXVIII. 


CUMONT. 


De  Marsv. 


A.    DE    WlTTE. 


Ouvrages  non  périodiques. 

Prosper  Mailliet.  Nécrologie.  Bruxelles,  1886;  in-8°, 
3  pages. 

Supplément  à  l'article  intitulé  :  Projet  de  médaille 
pour  récompenser  de  leurs  services  les  représen  - 
tants  de  Malines.  Bruxelles,  1886;  in-8°,  3  pages. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

Discours  d'ouverture  du  congrès  archéologique  de 
Nantes.  Paris,  1886;  petit  in-8°.  (Hommage  de 
l'auteur.) 

Trois  deniers  de  Henri  le  Blondel,  comte  de  Luxem- 
bourg. Bruxelles,  1886;  in-8°,  5  pages,  3  vignettes. 
(Hommage  de  l'auteur.) 


i79 


Gnecchi. 


GOOVAERTS. 


Fiévet.  Rapport  sur  la  découverte  d'une  villa  romaine  à 

Morlanwel^.  In-8°,  24  pages  et  3  planches. 

—  Note  sur  les  grès  cérames  émaillés  en  teintes  plates 

bleues  de  Ferri'eres-la-Petite  au  xvme  siècle.  In-8° , 
3i  pages. 

—  Quelques  mots  d'histoire  et  de  numismatique  sur  les 

localités  qui  font  aujourd'hui  partie  de  l'arrondis- 
sement de  Charleroi.  Mons,  1886  ;  in  8°,  43  pages 
et  2  planches.  {Hommage  de  l'auteur.) 
Monete  e  medaglioni  romani  inediti  nella  colle^ione 
Francesco  Gnecchi  di  Milano.  Terza  série.  Como, 
1886;  petit  in-8°,  104  pages.  (Hommage  de  Fau- 
teur.) 

Catalogues  des  collections  Van  der  Straelen,  Moons, 

Van  Lerius.  Monnaies,  médailles  et  jetons.  (Don 

de  M.  A.  de  Witte.) 
Découverte  d'une  villa  romaine  à  Morlanwel^.  In  8°, 

1881 ,  g  pages  et  1  planche.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Goldmim\en  des  xive  und  xve  Jahrhunderts  (Disibo- 

denbergerFund).  Frankfurt-am-Main,  1882;  in-8°, 

232  pages  et  4  planches. 

—  Historisch-Krilische  Beschreibung  des  Bret^enhei- 

mer    Goldguldenfundes    (vergraben     um     1390). 
Mainz,  i883,  in-8°,  96  pages  et  2  planches. 

—  Die  Mùn^en  des  grâf lichen  und  fùrstlichen  hauses 

Leiningen.    Wien,    1884;    in-8°,    110    pages    et 
2  planches,  cartonné.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Santoni  (M.).        Délia  ^ecca  e  délie  monete  di  Camerino.  Firenze, 
1875;  in-8°,  79  pages  et  6  planches. 

—  Domenico  Ridolfino  Camerte.  Firenze,  1877;  in-8°, 

27  pages. 

—  Statuta  communis  et  populi  civitatis  Vissi  antiqui  et 

fidelis,  jussa  vel  disposita   ante  an.  MCDLXI . 
Camerino,  1884;  grand  in-8°,  i3g  pages. 

—  Sisto  V e  la  sua  statua  a  Camerino.  Foligno,  i885; 

in-8°,  3i  pages  et  1  planche. 


Peny. 


P.  Joseph. 


i8o 

Santoni  (M.)  et  Bazzi.  Vade-mecum  del  raccoglitore  di  monete  ita- 
liane.  Camerino,  1886;  in-8°,  2i5  pages.  {Hom- 
mage de  M.  Santoni.) 

Vitalini.  Tariffa  délie  monete  pontificie  secondo  l'or  dîne  del 

cinagli.  Camerino,  1882;  in-8°,  39  pages.  (Don  de 
M.  Santoni.) 

Anonymes. 

Catalogue  de  la  collection  du  lieutenant-colonel  Mailliet.  In-8°  de 
38o  pages.  (Envoi  de  M.  Van  Peteghem.) 

Collection  du  lieutenant-colonel  Mailliet.  Monnaies  obsidionales  et 
de  nécessité.  (Envoi  de  M.  Van  Peteghem.) 

Catalogue  d'une  belle  collection  de  monnaies  obsidionales  et  de 
nécessité.  (Envoi  de  M.  R.  Duprieç.) 

Canadian  numismatic  Bibliography.  Montréal,  1886. 

Catalogue  des  médailles  et  des  monnaies  délaissées  par  feu 
M.  Théod.  Bom.  (Envoi  de  M.  A.  Bom.) 

Acquisition. 

Recueil  de  médailles,  manuscrit  de  M.  le  lieutenant-colonel  Mail- 
liet, avec  de  nombreux  dessins  à  la  plume. 

Le  Bibliothécaire,  ■ 
Alphonse  de  Witte. 
Bruxelles,  le  20  novembre  1886. 


ERRATA. 

Revue,  1886  :  pp.  401,  416,  425  et  426,  lisez  M.  N.  de  Wailly  au 
lieu  de  le  Bailly,  membre  de  l'Institut  de  France. 

Page  452  du  dernier  numéro  de  la  Revue,  ligne  19  :  QU'UN; 
lisej  :  Q'UN  (sic). 


£VUE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE  1887. 


ÇLavalette.  del*  fc  jcuU 


EVUE  BELGE  DE  WUMISMflTIQUE.16 


M: 


6.  Lavaktte,  k'C 


BEVUE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE .  1887. 


PL  III. 


Q.  Lavalette,  del!  ^  soûl1 


RE1/UE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE.  1887. 


Tl,  IV. 


OR  s,  A 


.<^v^ 


1         £#C 


<V  .toilette,  ad' 4  seul' 


PL,  V. 


\  Lavalette  dd'  ^  pculï 


PETIT?  MENEAUX  D'ARM?. 


REVUE  BELGE  DE  NUMSMTIQUE.1837. 


PI,  VI 


.  vil7  t 


36 


Gt-JUayaiette,  del!  &  scolî 


PETITS  MEipUX  D'ARRfl£. 


D  R  0  N  R  I J  P 


A 


11. 


w'Wè 


/'/. 


DRONRIJP. 


B. 


16. 


J9. 


Wf~% 


22. 


25 


27. 


28. 


30. 


D  R  0  N  R IJ  P 


Bovcm.yde.  7.  Binntn%ade 


175 


Planche  non  numérotée.  —  Médaille  Chalon. 

La  Société  belge  de  numismatique  fut  fondée  définitive- 
ment, à  Bruxelles,  le  28  novembre  1841.  Adoptant  la 
forme  républicaine,  dans  la  plus  large  acception  du  mot, 
les  membres  présents  à  chaque  réunion  se  contentaient 
d'élire,  au  début,  un  directeur  de  la  séance.  Une  com- 
mission de  sept  membres  régissaient  la  Société:  Dans 
l'assemblée  du  9  avril  1849,  l'on  décida  de  nommer  un 
Président  annuel  chargé  de  veiller  aux  intérêts  de  tous. 
M.  Chalon  fut  choisi  par  ses  collègues  pour  occuper  ce 
poste  de  confiance.  Depuis  lors  et  sans  interruption  il 
fut  chaque  année  réélu  Président.  Parvenu  à  un  âge  fort 
avancé,  M.  Chalon  —  ayant  déjà,  depuis  quelque  temps 
et  à  diverses  reprises,  manifesté  le  désir  formel  d'aban- 
donner à  d'autres  la  conduile  de  la  Société,  —  fut,  dans 
l'assemblée  générale  du  5  juillet  1885,  acclamé  Pré- 
sident d'honneur  à  vie. 

C'est  ce  témoignage  d'estime  et  de  juste  reconnaissance, 
donné  par  tous  ses  confrères  au  doyen  des  numismates 
belges,  que  M.  Brichaut  a  rappelé  sur  le  jeton  suivant  : 

Buste  à  droite  de  R.  Chalon. 

Lég.  RENIER  CHALON.  Sous  le  buste:  ch.  wurden. 

Rev.  SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE  BELGE 

en  légende  circulaire.  Au  centre,  dans  une  couronne 
formée  d'une  branche  de  chêne  et  d'une  branche  de  lau- 
rier : 


—  174  — 

5   JUILLET    1885 
ACCLAMÉ 

président 
d'honneur 

A   VIE 

Sous  la  couronne  :  brichaut  direxit  (*). 

Un  exemplaire  d'argent  de  cette  médaille  et  un  autre 
de  bronze  ont  été  offerts  par  l'auteur  à  M.  Chalon  (*). 

Le  coin  de  cette  petite  médaille  avait  déjà  servi  pour  la 
confection  du  jeton  de  présence  distribué  aux  membres 
de  la  Société  de  numismatique,  lors  de  l'assemblée  tenue 
à  Louvain  le  9  mai  1886.  La  légende  centrale  seule  diffé- 
rait. Ces  derniers  jetons  ont  été  frappés  à  cinq  exem- 
plaires d'argent  et  à  vingt-cinq  de  bronze  (■). 

Enfin  M.  Brichaut  a  encore  employé  les  coins  de  cette 
médaille  pour  créer  toute  une  petite  série  numismatique, 
intéressante  à  plus  d'un  titre.  Chaque  exemplaire  nous 
montre  au  droit  le  portrait  de  M.  Chalon,  personnifiant  la 
Société  belge  de  numismatique,  et  au  revers,  il  porte, 


(')  Le  droit  n'est  aulre  chose  qu'une  réduction  de  celui  de  la  grande 
médaille  publiée  dans  la  Revue,  année  1880,  pi.  XXIII,  médaille  dont 
il  lut  fait  hommage  à  M.  Chalon  à  l'occasion  du  39*  anniversaire  de 
la  Société  correspondant  avec  le  cinquantenaire  de  l'indépendance 
nationale. 

(*)  Lors  de  l'installation  du  bureau,  le  7  décembre  1883,  une  médaille 
diplôme  d'argent  rappelant  le  même  fait  fut  présentée,  au  nom  des 
membres  de  la  Société,  à  M.  Chalon,  par  le  vice-président,  M.  le  baron 
Geelhand.  (Voy.  Revue  belge,  année  1886,  p.  281.) 

(5)  Revue  belge,  année  1886,  p.  388. 


-  475  — 

dans  le  cercle  inte'rieur,  le  nom  de  l'un  des  membres  de 
cette  Socie'te',  avec  la  date  de  son  admission. 

Cette  série  n'est  pas  termine'e.  Jusqu'à  pre'sent  nous 
connaissons  de  ces  me'dailles  au  nom  de 

MM.  E.  Van  Hende,  4  juin  1861  ; 
Bon  Surmont  de  Volsberghe,         5  juillet  1863  ; 

A.  Lecatte,  3  juillet  1864; 

A,cBrichaut,  7  juillet  1867; 

G.  Vallier,  5  janvier  1870; 

Van  Dyk  van  Matenesse,  14  juillet  1871  ; 

Jean  Van  der  Auwera,  7  juillet  1872  ; 
Chevalier  Magnus  Lagerberg,     10  septembre  1872; 

Lecointre  Dupont,  5  juin  1879; 

J.  Laugier,  24  juillet  1880; 

John  West  Wilson,  6  mai  1883; 

Adrien  Bom,  20  janvier  1885; 

Alphonse  de  Witte,  5  juillet  1885. 

Ces  pièces  ont  été'  frappées  à  petit  nombre,  en  argent 
et  en  bronze,  pour  chacun  des  titulaires. 


N°  85,  pi.  LXX.  Dans  le  champ  :  façade  et  vue  perspec- 
tive de  la  maison  de  sûreté.  —  Légende  :  maison  de  sûreté 
a  s'-gilles.  —  Exergue  :  j.  devolder,   ministre   de  la 

JUSTICE  —    GAUTIER    DE   RASSE    ADMK  DES   PRISONS   —  ET    DE 
LA  SÛRETÉ  PUBLIQUE    —  15  JUIN  1885.  —   J.   WIENER.   F. 

Rev.  Dans  le  champ  le  plan  de  la  prison.  En  légende 
circulaire  :  BÈGNE  DE  LÉOPOLD  H  BOI  DES  BELGES. 
A  l'exergue:  1878-1885. 

Il  est  d'usage,  en  Belgique,  de  rappeler  par  une 
médaille  l'édification  de  chacune  des  prisons  nouvelles  du 
royaume.  Ces  souvenirs  métalliques, œuvres  la  plupart  de 


—  176  — 

M.  Jacques  Wiener,  sont  nombreux  :  M.  C.  Picque'  en  a 
publié  un  spe'cimen  dans  ce  recueil  même,  pi.  XV,  n°  17. 
La  belle  me'daille  que  nous  reproduisons  aujourd'hui 
rappelle  que,  le  15  juin  1885,  —  M.  J.  Devolder  e'tant 
ministre  de  la  Justice  et  M.  Gautier  de  Rasse,  administra- 
teur des  prisons  et  de  la  sûreté  publique,  —  fut  terminée 
la  construction  de  la  maison  cellulaire  à  Saint-Gilles.  Ce 
nouvel  établissement  philanthropique  avait  été  commencé 
en  1878  ;  il  est  l'un  des  mieux  réussis  du  pays. 


N°  86,  pi.  LXXI.  Dans  le  champ  :  Une  locomotive,  le 
Slad  Eccloo,  en  arrêt  sur  un  viaduc  à  deux  arches  ;  le  tout 
dans  une  épaisse  couronne  de  feuilles  de  lierre,  ornée 
de  cinq  écus.  Le  premier  est  aux  armes  de  la  ville  de 
Gand  ;  le  deuxième  d'argent  à  un  rinceau  de  chêne  de 
sinople,  glandé  du  même,  posé  en  orle  autour  de  l'écu  de 
Flandre,  appartient  à  Eecloo.  Les  trois  autres  écussons 
sont  emblématiques  et  représentent  l'un  le  commerce, 
l'autre  l'industrie  et  le  dernier  l'agriculture.  Sur  le  ruban 
qui  ferme  la  couronne  :  lemaire. 

Rev.  Dans  le  champ  : 

HULDE 

AAN 

ISIDOOR  NEELEMANS 

STICHTEK 

DER  L1JN 

Dans  un  entourage  circulaire,  en  relief  sur  la  partie 
centrale   :   xxvBTB   verjaring    der   inhuldiging   van    den 

IJZEREN  WEG   EECLOO    —   GENT    °oS<?    1861-1886  ?£. 


—  177  — 

Le  1er  juillet  1886  eut  lieu  la  céle'bration  du  25e  anni- 
versaire de  l'inauguration  de  l'exploitation  de  la  ligne  de 
Gand  à  Eecloo. 

C'est  à  M.  Isidore  Neelemans  que  cette  dernière  ville 
doit  d'avoir  e'té  relie'e  de  bonne  heure  au  grand  re'seau 
des  voies  ferre'es  de  l'État  belge. 

Dès  le  26  avril  1858,  M.  Neelemans  obtenait  du  gou- 
vernement la  concession  provisoire  pour  l'e'tablissement 
d'un  chemin  de  fer  de  Gand  à  Eecloo.  Cette  concession, 
ratifie'e  par  les  Chambres,  fut  sanctionnée  par  arrête'  royal 
le  25  janvier  1859. 

Sans  perdre  de  temps,  M.  Neelemans  se  mit  à  l'œuvre. 
Une  Société  anonyme  fut  constituée  ;  les  travaux  de 
construction,  poussés  avec  activité,  s'achevèrent  en  deux 
ans  et,  le  1er  juillet  1861,  l'on  inaugura  la  ligne.  Non 
content  de  ce  premier  résultat,  M.  Neelemans  obtint,  pour 
parachever  son  œuvre,  l'autorisation  d'établir  un  chemin 
de  fer  reliant  Eecloo  à  Bruges.  Il  fut  livré  à  l'exploitation 
le  21  juin  1865»  La  voie  la  plus  courte  et  la  moins  coû- 
teuse entre  Anvers,  Bruges  et  Ostende  se  trouva  dès  lors 
définitivement  créée. 

Pour  rendre  un  plus  complet  hommage  au  fondateur 
de  la  Société  d'Eecloo-Gand,  il  avait  été  décidé  de  faire 
graver,  à  l'occasion  du  25e  anniversaire  de  l'exploitation, 
une  médaille  qui  aurait  présenté,  au  droit,  les  traits 
d'Isidore]  Neelemans.  Malheureusement  le  temps  man- 
quait absolument  et  le  graveur  s'est  vu  obligé  de  repro- 
duire, à  la  face,  le  sujet  qui  d'après  le  projet  primitif 
devait  servir  à. orner  le  revers.  Cette  médaille,  fort  bien 
réussie    et    du  plus  agréable  aspect ,   a  été  frappé   à 


—  178  — 


iO  exemplaires  de  vermeil  et  à  124  de  bronze.  Un  seul 
exemplaire  existe  en  argent,  il  appartient  à  M.  Lemaire. 
Les  coins  ont  e'té  déposés  au  siège  de  la  compagnie 
d'Eecloo-Gand,  dont  ils  sont  la  propriété. 


N°  87,  pi.  LXXI.  Tête  du  roi  Léopold  II,  en  profil 
gauche,  léopold  ii  roi  des  belges. 

Rcv.  Couronne  composée  d'une  branche  de  laurier  et 
d'une  branche  de  chêne  réunies  par  un  nœud  de  rubans. 
Au  centre  : 


BRUXELLES 

LE 

IX   AVRIL 

MDCCCLXXXV 


En  légende  circulaire  extérieure  : 

«    OU    PEUT-ON  ÊTRE   MIEUX  QU'AU  SEIN  DE   SA   FAMILLE  !   » 

Celte  médaille  a  été  frappée,  à  cinq  exemplaires  d'ar- 
gent et  à  dix  de  bronze,  par  M.  À.  Brichaut  à  l'occasion 
du  cinquantenaire  de  la  naissance  du  roi  Léopold  II. 

S.  A.  Philippe  de  Saxe-Cobourg  et  Gotha,  membre 
d'honneur  de  notre  Société  de  numismatique ,  a  bien 
voulu  se  charger*  d'offrir,  à  son  Auguste  beau-père,  en 
hommage  de  l'auteur,  un  écrin  contenant  deux  exem- 
plaires, l'un  en  argent,  l'autre  en  bronze,  de  cette  jolie 
petite  médaille.  Le  prince  a  transmis  ensuite  à  M.  Bri- 
chaut l'expression  de  la  reconnaissance  de  Sa  Majesté. 

Alp.  de  W. 


MEDAILLES  HISTORIQUES  DE  BELGIQUE. 


PL.LXX. 


Vlavàlette   deU  4  seul' 


Règne  de  Léopold  II. 


MEDAILLES  HISTORIQUES  DE  BELGIQUE. 


PL.LXXI. 


lègne  de  Léopold  IL 


(} .  Lavalette,  AeVa.  seul' 


i8i 


NUMISMATIQUE  BRABANÇONNE, 


LES  GODEFROID  (ilOÔ-Iigo).  —  HENRI  Ier  (ligO-1235). 
HENRI   III    (1248-I261). 


Pl.  VII,  nob  1  a  10. 


I. 

I.  Buste  à  tête  casquée  du  duc,  à  gauche;  la 
main  droite  tient  un  glaive  à  deux  tranchants. 
Lég.  :  DVX. 

Rev.  Edifice  composé  d'une  partie  centrale,  à 
toit  triangulaire,  flanquée,  à  droite  et  à  gauche, 
d'une  construction  de  moindre  importance. 

Denier.     Pl.  VII,  n°  1.  Collection  de  Witte. 

Van  der  Chys  donne  cette  pièce  ('),  mais  le 
dessin  de  notre  confrère  hollandais,  où  le  duc 
est  représenté  la  tête  nue,  s'éloigne  tellement  du 
modèle  qu'il  est  devenu  utile  de  reproduire  à  nou- 
veau cette  monnaie  brabançonne,  d'autant  plus 
que  le  numéro  suivant  n'est  autre  que  l'obole  au 
même  type. 

(')  Van  der  Chys,  De  munten  der  voormalige  hertogdommen 
Braband  en  Limburg,  pl.  III,  n°  5. 

Année  1887.       .  12 


182 

II.  Buste  à  tête  casquée  du  duc,  à  gauche,  en 
tout  semblable  au  numéro  précédent.  Lég.  :  DVX. 

Rev.  Edifice  à  toit  triangulaire,  flanqué  de  deux 
tourelles,  sommées,  chacune,  d'une  fleur  de  lis. 

Demi-denier.  PI.  VII,  n°  2.         Collection   du   vicomte    B.    de 

Jonghe. 

III.  Buste  armé  et  casqué  du  duc,  à  gauche; 
la  main  droite  tient  un  étendard.  La  légende  est 
remplacée  par  des  annelets. 

Rev.  Édifice  d'un  travail  compliqué  f). 

Demi-denier.  PI.  VII,  n°  3.  Collection    du    vicomte    B.    de 

Jonghe. 

Jusqu'ici  on  n'attribuait  aux  Godefroid  que  des 
deniers  d'argent.  C'est  grâce  à  l'obligeance  de 
M.  le  vicomte  Baudouin  de  Jonghe,  auquel  nous 
sommes  heureux  de  pouvoir  présenter  tous  nos 
remercîments,  qu'il  nous  est  donné  de  faire  con- 
naître, aux  lecteurs  de  la  Revue,  deux  demi-deniers 
de  ces  ducs. 

L'existence  de  ces  rares  monnaies,  soupçonnée 
depuis  longtemps  déjà,  est  maintenant  établie 
d'une  façon  irréfutable  ;  leur  émission  remonte, 
comme  on  le  voit,  aux  premiers  temps  du  mon- 
nayage ducal.  Ce  fait  est  certes  du  plus  haut 
intérêt  au  point  de  vue  de  l'histoire  métallique  du 
Brabant  et,  dès  à  présent,  il  est  permis  d'espérer, 
pour  les  Godefroid  aussi  bien  que  pour  les  Henri, 

(')  C'est  la  fraction  du  denier  gravé  dans  Van  der  Chys,  pi.  III,  n°  3. 


i83 

voir,  avec  le  temps,  se  former  à  côté  de  la  suite  des 
deniers  une  série  correspondante  d'oboles  aux 
mêmes  types. 

IL 

I.  Personnage  debout,  de  face,  vêtu  d'une  robe 
longue  serrée  à  la  taille.  La  tête  nue  présente  la 
coiffure  rendue  populaire,  en  numismatique,  par 
les  esterlins  anglais  du  roi  Edouard  Ier  (1272-1307). 
Les  cheveux,  courts  sur  le  front,  tombent  en 
longues  mèches  sur  les  tempes.  Le  duc  tient  de  la 
main  droite  un  gonfanon  lancéolé  et  de  la  gauche 
un  grand  bouclier,  sans  armoiries.  Lég.  :  DVX. 
Le  tout  dans  un  double  cercle,  entouré  d'un  rang 
de  perles. 

Rev.  Édifice  composé  de  deux  tourelles,  som- 
mées chacune  d'une  fleur  de  lis  et  réunies  entre 
elles  par  une  espèce  de  dôme  à  toit  rond  proté- 
geant lui-même  une  petite  construction  centrale, 
qui  pourrait  bien  être  tout  simplement  un  portail. 

Sur  le  toit  du  dôme  une  croix  accostée  de  deux 
étoiles  à  cinq  rais.  Un  cercle  perlé  entoure  le  tout. 

PI.  VII,  n"  4.  Cabinet  de  l'État  belge. 

II.  Même  droit,  mais  de  coin  différent. 

Rev.  Le  toit  du  dôme  est  triangulaire.  L'édifice 
central  présente  un  dessin  qui  s'éloigne  assez  du 
premier. 

PI.  VII,  n°  5.  Cabinet  de  l'État  belge. 


184 

III.  La  chevelure  du  duc  est  fort  bien  marquée; 
les  mèches  en  sont  longues  et  ondulées. 

Rev.  Le  dôme  principal  est  assez  semblable  à 
celui  du  numéro  I,  l'édifice  central,  au  contraire, 
se  rapproche  de  celui  du  numéro  IL 

PI.  VII,  n<>  6.  Collection  de  Wilte. 

IV.  Le  personnage  a  de  plus  fortes  proportions, 
la  gravure  est  plus  lâchée  que  sur  les  autres  exem- 
plaires. Lég.  :  DVK. 

PI.  VII,  n°  7.  Cabinet  de  l'État  belge. 

Cette  dernière  variété  a  été  publiée,  en  i853, 
dans  la  Revue  belge,  pi.  VII,  litta  a,  d'après  un 
exemplaire  trouvé  à  Saint-Trond  (').  La  mauvaise 
fabrique  de  la  lettre  X,  à  laquelle  l'un  des  angles 
latéraux  rempli  donnait  l'aspect  d'un  K  ayant  la 
barre  verticale  très  épaisse,  si  épaisse  même  que 
la  partie  supérieure  presque  arrondie  permettait  de 
considérer  le  K  comme  un  R,  et  aussi  la  forme  A 
affectée  par  l'U,  firent  adopter  pour  la  légende  la 
lecture  RAD,  abréviation  de  Radulfus. 

L'apparence  liégeoise  de  la  pièce  était  si  évi- 
dente que  l'on  se  contentait  de  rechercher  l'exis- 
tence d'un  évêque  de  Liège  dont  le  nom  pût 
s'accorder  avec  la  lecture  RAD  et  avec  l'âge 
présumé  de  la  monnaie. 

(')  Notice  sur  un  dépôt  de  monnaies  du  XIIe  siècle,  trouvé  à 
Maestricht,  par  Meyers.  Revue  belge  de  numismatique,  année  i853, 
p.  129.  Ce  dessin  ne  donne  malheureusement  pas  une  idée  bien  exacte 
de  la  monnaie. 


[85 

Raould  ou  Rodolphe  de  Zaeringhen  occupa  le 
siège  épiscopal  de  1167  à  ngi  ;  ce  fut  à  lui  que  le 
denier  fut  classé,  bien  qu'il  différa,  comme  dia- 
mètre, de  toutes  les  espèces  forgées  par  l'Evêque. 
Cette  attribution  admise  généralement  s'est  main- 
tenue sans  protestation  jusqu'à  ce  jour. 

Nous  venons  d'examiner,  au  cabinet  de  l'État  et 
chez  quelques-uns  de  nos  confrères,  un  certain 
nombre  de  ces  deniers  ;  à  part  un  seul,  celui  décrit 
ici  sous  le  numéro  IV,  ils  portent  tous  trop  lisible- 
ment la  légende  DVX  pour  qu'il  soit  possible  de 
les  classer  encore  à  Raould  de  Zaeringhen. 

Un  fait  subsiste  cependant,  c'est  l'analogie  de 
la  gravure  de  ces  monnaies  avec  celle  des  espèces 
liégeoises,  ressemblance  si  frappante  qu'elle  indui- 
sit jadis  en  erreur  tout  le  monde  numismatique. 

Il  est  donc  certain  que  les  pièces  avec  DVX  ont 
vu  le  jour  dans  une  contrée  voisine,  dans  un  pays 
limitrophe  du  territoire  de  Liège. 

Vers  l'époque  qui  nous  occupe,  deux  duchés 
confinaient  à  l'évêché  :  le  duché  de  Brabant  et 
celui  de  Limbourg. 

Aucune  monnaie  bien  certaine  des  ducs  lim- 
bourgeois  n'a  été  retrouvée  jusqu'ici  et  il  serait 
téméraire  de  vouloir  leur  attribuer  un  numéraire 
quelconque  sans  preuves  absolument  probantes  et 
incontestables.  Nous  préférons  donc  considérer 
les  deniers  en  question  comme  provenant  d'un 
atelier  monétaire  de  la  partie  orientale  du  Bra- 
bant. 


i86 

Les  dimensions  assez  exiguës  de  ces  pièces 
(i4mm  de  diamètre  au  maximum)  ne  nous  permet- 
tent pas  de  les  classer  à  Gode  froid  III,  dont  tous 
les  deniers  connus  ont  au  moins  i6ram.  En  revan- 
che, ils  conviennent  parfaitement  à  l'époque  de 
Henri  Ier  (ngo-1235)  dont  le  numéraire  varie 
de  16  à  I4mm  de  diamètre  pour  les  espèces  les 
plus  récentes. 

Le  costume  du  personnage,  au  droit,  s'accorde 
aussi  fort  bien  avec  le  long  vêtement  donné  à 
Henri  sur  le  tombeau  de  ce  prince  en  l'église  de 
Saint-Pierre,  à  Louvain,  où  il  était  représenté 
couché,  vêtu  d'une  robe  serrée  à  la  taille  et  tom- 
bant jusqu'à  mi-jambe.  De  la  main  droite  le  duc 
tient  un  sceptre  terminé  par  une  fleur  de  lis.  C'est 
aussi  cette  fleur  qui  somme  les  tourelles  figurées 
au  revers  des  pièces  que  nous  venons  de  décrire  (')'. 

Enfin,  ce  qui  confirme  notre  attribution,  c'est 
la  ressemblance  du  faire,  l'identité  de  gravure  qui 
existent  entre  ces  monnaies  et  certains  deniers 
d'Hugues  de  Pierrepont  (1200-1229),  contemporain 
de  Henri  Ier.  C'est  le  même  aplatissement  des 
parties  en  relief,  la  même  absence  de  netteté  dans 
les  arêtes,  qui  donnent  à  l'ensemble  une  rotondité 
d'aspect  des  plus  caractéristiques. 

En  1204,  l'empereur  Philippe  donna  à  Henri  Ier 
tous  les   droits   qu'il  avait  encore  sur  la  ville 

(')  Butkens,  Trophées  du  Brabant,  t.  Ier,  p.  201. 
Sur  son  tombeau  de  marbre,  à  Zutphen,  Gerhard  III,  comte  de 
Gueldre  (1202-1229),  Porte  auss>  la  même  coiffure  et  le  même  costume. 


187 

de  Maestricht;  la  paroisse  de  Notre-Dame  ou 
de  Sainte-Marie  était,  dès  le  commencement 
du  xc  siècle,  propriété  de  l'église  de  Liège.  Les 
évêques  y  avaient  une  officine  monétaire. 

Le  duc  de  Brabant  fit  évidemment,  selon  l'usage 
et  pour  marquer  sa  prise  de  possession,  battre 
monnaie,  sans  retard,  dans  sa  nouvelle  acquisi- 
tion. 

Le  monnayage  brabançon  devait,  semble-t-il, 
au  moins  durant  un  certain  temps,  subir  là,  plus 
que  partout  ailleurs,  l'influence  de  l'art  liégeois. 

Si  donc  les  deniers,  au  prince  debout,  ont  avec 
les  pièces  de  l'évêque  Hugues  plus  d'analogies 
que  tout  autre  monnaie  de  Henri,  si  la  ressem- 
blance de  leur  fabrication  est  telle  qu'il  avait  été 
possible  de  considérer  ces  deniers  comme  liégeois, 
c'est  qu'ils  ont  été,  très  vraisemblablement  frap- 
pés à  Maestricht. 

Le  type  du  personnage  debout  tenant  un  éten- 
dard avait,  du  reste,  déjà  été  employé  sur  des  mon- 
naies sortant  de  l'atelier  maestrichtois,  s'il  est 
permis  de  considérer  comme  ayant  été  émis  dans 
cette  ville  le  denier  impérial  que  lui  attribue 
M.  Roest  0). 

Nous  concluons  donc,  en  retirant  à  Rodolphe 
de  Zaeringen  les  deniers  au  prince  debout  et  à  la 
légende  DVX,  pour  les  donner  à  Henri  Ier,  duc  de 
Brabant.  Il  est,  de  plus,  probable  que  ces  pièces 

(')  Revue  belge  de  numismatique,  année  1882,  p.  46g  et  pi.  XVII,  n°  4. 


i  88 

ont  été  forgées  à  Maestricht,  quelque  temps  après 
l'annexion  de  cette  ville  au  Brabant.  Mais  il  vaut 
mieux  ne  pas  appuyer  sur  ce  dernier  point,  d'ail- 
leurs sans  grande  importance  numismatique. 

Ces  monnaies  se  trouvaient  représentées  à  une 
douzaine  d'exemplaires  dans  un  petit  dépôt,  tombé 
heureusement  entre  les  mains  de  membres  de  notre 
Société  (').  Grâce  au  zèle  intelligent  de  M.  C.  Pic- 
qué,  toujours  empressé  à  saisir  toutes  les  occa- 
sions sérieuses  d'accroître  les  richesses  confiées 
à  ses  soins,  les  collections  du  cabinet  de  l'Etat  se 
sont  augmentées  de  six  variétés  de  ces  deniers, 
tous  de  bonne  conservation  et  présentant  ainsi  un 
ensemble  aussi  curieux  qu'utile  à  la  science. 


III. 


I.  Bateau  portant,  au  centre,  un  mât  étayé  par 
quatre  haubans  et  muni  de  la  hune  au  sommet. 
De  chaque  côté  une  étoile,  entre  un  annelet  et  un 
point. 

Rev.  Croix  bastinienne   cantonnée    de   quatre 


(')  Cette  trouvaille,  faite  vers  la  fin  de  i885,  près  du  cimetière  de 
Grand-Axhe,  dans  la  province  de  Liège,  se  composait,  outre  les  pièces 
brabançonnes,  de  deniers  d"Hugues  de  Pierrepont  (1200-1229);  de 
Bertram  (1179-1212)  et  de  Conrad  de  Scharphenneck  (1212-1225), 
évêques  de  Metz;  enfin  de  quelques  monnaies  de  l'archevêché  de 
Trêves.  Ce  petit  trésor  a  donc  été  confié  à  la  terre  du  vivant  d'Hugues 
de  Pierrepont,  entre  les  années  1212-1229. 


189 

annelets  ponctués  ;  au-dessus  de  chacun  de  ces 
annelets  un  globule. 

PI.  VII,  n°  8.  Cabinet  de  l'État. 

II.  Variété  du  précédent.  Le  flanc  du  navire  est 
différemment  orné.  Le  mât  possède  six  haubans  ; 
de  chaque  côté  du  mât  un  seul  annelet  ponctué. 

Rev.  Croix  bastinienne  cantonnée  de  quatre 
annelets,  à  chacun  desquels  sont  fixées  trois  tiges 
se  terminant  par  un  globule. 

PI.  VII,  n°  9.  Cabinet  de  l'État. 

Ces  deux  deniers,  a  eu  l'obligeance  de  nous 
écrire  M.  Picqué,  sont  du  même  poids,  c'est-à-dire 
d'environ  ogr,5o. 

III.  Dessin  du  navire  du  n°  I  ;  à  l'avant  et  à 
l'arrière,  un  ornement  vertical.  De  chaque  côté 
du  mât  un  annelet  ponctué  et  un  globule.  Le 
tout  dans  un  double  cercle  perlé. 

Rev.  Croix  bastinienne  cantonnée  de  quatre 
globules  à  chacun  desquels  sont  fixées  trois  tiges 
se  terminant  elles-mêmes  par  des  globules. 

PI.  VII,  n°  10.  Cabinet  de  M.  le  vicomte  B.  de 

Jonghe. 

Cette  pièce  est  d'une  gravure  fine  et  soignée  qui 
semble  devoir  la  faire  considérer  comme  quelque 
peu  postérieure  aux  deux  autres. 

Le  bateau  se  rencontre  parfois  sur  les  monnaies 
émises,  au   moyen  âge,  dans  les  Pays-Bas. 

Sans  nous  arrêter  aux  sceattas,  que  l'on  décou- 


190 

vre,  de  nos  jours,  en  si  grande  abondance,  dans 
la  Frise  ou  à  Domburg,  et  sur  un  certain  nombre 
desquelles  plusieurs  numismates  veulent  voir  la 
représentation  barbare  d'une  barque,  nous  cite- 
rons tout  d'abord  le  précieux  denier  frappé  à 
Duerstede  à  l'effigie  de  Charlemagne  et  offrant  au 
revers  un  bateau  ('). 

Pareil  navire  se  retrouve,  comme  chacun  le  sait, 
sur  des  monnaies  que  Louis  le  Débonnaire  forgea 
dans  la  même  ville  (*). 

Enfin,"  pour  une  époque  moins  éloignée,  nous 
connaissons  un  grand  denier  au  navire,  frappé 
selon  M.  de  Coster  (3)  à  Celles,  près  de  Dinant,  par 
l'empereur  Henri  IV  (1054-1078). 

Les  trois  deniers  décrits,  en  tête  de  cet  articulet, 
sont  bien  évidemment  brabançons  et  datent  certes 
du  règne  de  Henri  III.  Leur  fabrique  et  la  croix 
bastinienne  du  revers  le  prouvent  surabondam- 
ment. On  peut  aussi  les  considérer  comme  ayant 
été  émis  par  une  ville  fluviale  du  duché.  Main- 
tenant, quelle  peut  être  cette  ville  ?  Ici  commence 
l'incertitude. 

Deux  cités  brabançonnes,  situées  sur  le  bord 
d'un  fleuve,  peuvent  seules,  semble-t-il,  à  cette 
époque,  réclamer,  avec  quelque  raison,  ces  rares 
deniers.  Ce  sont  Anvers  et  Maestricht. 

(')  De  Coster,  Revue  belge  de  numismatique,  année  1861,  p.   125 
(*)  Van  der  Chys,  De  munten  der  Frankische  en  Duitsch-Neder- 
landsche  vorsten,  pi.  XIII,  n°s  6  et  7  ;  pi.  XXI,  n°  12. 
(3)  Revue  belge  de  numismatique,  année  i856,"  p.  41 3,  pi.  XX,  n°  20. 


igi 

Il  y  a  cependant  de  graves  objections  contre 
l'une  et  l'autre  de  ces  attributions. 

Le  sceau  d'Anvers  ainsi  que  ses  deniers  (à  part 
un  seul  au  lion)  (')  portent  un  château.  D'un  autre 
côté,  les  monnaies  de  Maestricht  paraissent  avoir 
un  aspect  plus  liégeois. 

Nos  préférences  personnelles  sont  pour  Anvers, 
sans  toutefois  pouvoir  fournir  aucune  preuve  en 
faveur  de  cette  opinion. 

Les  Anversois  avaient  le  privilège  de  percevoir 
un  droit  de  passage  sur  les  navires  qui  naviguaient 
dans  les  eaux  de  l'Escaut,  devant  leur  ville.  Peut- 
être,  le  choix,  par  les  magistrats  d'Anvers,  d'un 
bateau,  comme  type  monétaire,  pour  une  petite 
partie  du  numéraire  communal,  n'est-il  pas  sans 
avoir  quelques  corrélations  avec  ce  droit  de  péage 
maritime  ? 

Mais  c'est  là  une  simple  conjecture,  bien  hasar- 
dée sans  doute,  et  nous  préférons  laisser  à  d'autres 
le  soin  de  déterminer,  d'une  façon  plus  heu- 
reuse et  surtout  plus  exacte,  le  lieu  d'émission 
de  ces  curieux  deniers  brabançons  de  l'époque  de 
Henri  III. 

A.    DE   WlTTE. 
28  novembre  1886. 

(')  Van   der  Chys,    De    munten    der   voormalige   hertogdommen 
Braband  en  Limburg,  pi.  I,  n°  7. 


192 


MÉDAILLES  ET  JETONS  DAUPHINOIS. 


TROISIEME   ARTICLE. 


Planche  VIII. 

IX. 

Jeton  a  l'emblème  des  Trois  Ordres  du 
Dauphiné. 

:  DISPVNGENDAR(wm)    RATIONVM    DAL- 

PHINA(ftîs).  —  {De  la  vérification  des  comptes 
du  Dauphiné)  ;  Ecusson  en  forme  de  cœur, 
renfermant  trois  autres  cœurs  posés  2  —  1, 
sommé  d'un  grand  dauphin  qui  l'étreint  dans 
la  partie  supérieure  et  soutenu  par  deux  petits 
dauphins  affrontés  par  le  bas.  Au-dessous, 
une  banderole  sur  laquelle  on  lit  :  vnitas  ; 
au-dessous  encore,  et  joignant  la  banderole, 
je  crois  voir  un  nœud  ou  tout  autre  embellis- 
sement dû  au  caprice  du  graveur. 
Rev.  HOMINVM  -*■  AMATOR  {l'ami  des 
hommes)  ;  Colonne  sur  laquelle  on  lit  :  sur  le 
chapiteau,  le  mot  clervs  ;  sur  le  fût,  le  mot 
nobilitas,  et,  sur  la  base,  le  mot  plebs.  Cette 


193 

colonne  surmontée  d'un  dauphin  arqué  sous 
une  couronnelle,  broche  sur  l'enroulement 
d'un  ruban  sur  lequel  on  lit  le  mot  concordia. 

LAITON.  —  Mod.  27  millim.  PI.  VIII,  n°  1. 

Ma    collection.    —    Cab.    de    Lyon     (2    exempl.).    —    Collection 
Eug.  Chaper  (2  exempl.).  —  Collection  de  Lamorte-Félines. 

Je  ne  me  livrerai  à  aucun  commentaire  au  sujet 
de  ce  jeton;  mais  le  dessin  que  j'en  donne  étant 
pour  ainsi  dire  inédit,  puisqu'il  a  été  mal  compris 
jusqu'à  ce  jour,  je  veux  profiter  de  l'occasion  pour 
reproduire  in-extenso  une  rare  plaquette  de  la  fin 
du  siècle  passé,  son  peu  d'étendue  me  permettant 
de  l'offrir  aux  lecteurs  de  la  Revue,  comme  un  écrit 
aussi  curieux  que  le  jeton  qu'il  concerne.  On  ne 
saurait,  du  reste,  mieux  dire  ce  qu'en  dehors  de 
l'application  ingénieuse,  mais  un  peu  naïve,  qu'on 
voulut  en  faire  au  moment  de  la  découverte,  nous 
avons  à  apprendre  de  cette  pièce,  de  l'émission  de 
laquelle  on  a  suffisamment  établi  l'esprit  et  les 
motifs.  Pour  mon  compte,  et  faute  de  mieux, 
je  déclare  me  rallier  aux  appréciations  renfermées 
dans  cet  écrit  sur  ce  point  de  vue  particulier.  La 
numismatique  n'a  point  à  rougir  de  n'en  savoir  pas 
davantage,  et  je  trouve  qu'il  est  loyal  de  respecter 
une  idée,  lorsqu'on  n'a  rien  à  changer  à  ce  qui  a 
été  avancé.  J'ajouterai  néanmoins,  que,  pour  ce 
qui  concerne  l'époque  où  ce  jeton  a  été  frappé, 
mon  sentiment  est  qu'il  ne  peut  l'avoir  été  qu'en 
plein  xvie  siècle,  et  même  plutôt  vers  ses  dernières 


'94 

années,  si  ce  n'est  au  commencement  du  xvi% 
suivant  l'opinion  de  l'écrivain. 

Quel  est  l'auteur  de  cet  écrit?..  On  l'ignorera 
toujours  sans  doute  ;  mais,  —  cela  ressort  de  sa 
lecture,  —  son  impression  dut  suivre  de  près  la 
découverte  de  M.  Letourneau. 

Cette  trouvaille  fit  beaucoup  de  bruit  alors. 
Qu'on  en  juge  par  les  publications  dont  elle  devint 
le  motif  et  dont,  si  je  ne  me  trompe,  voici  la 
nomenclature  complète  : 

i°.  —  Article  de  M.  Letourneau  ('),  imprimé  sans 


(')  Quel  était  ce  personnage,  dont  nous  trouvons  ailleurs  le  nom 
sous  la  forme  de  M.  de  L'Etourneau?  Je  ne  sais;  mais  il  existe,  sur 
des  livres  de  sa  bibliothèque,  un  ex-libris  sans  armoiries  et  portant 
simplement  cette  indication  :  M.  Letourneau,  secrétaire  du  Roi. 
Là  encore  se  dressait  pour  moi  un  nouveau  point  d'interrogation  à 
propos  de  ce  titre,  lorsqu'un  bienveillant  confrère  m'a  signalé  ce  nom 
dans  le  Recueil  des  Réglemens  et  titres  du  Lycée  des  Sciences  et  A  rts 
de  la  commune  de  Grenoble,  etc.  (titre  primitif  de  Y  Académie 
delphinale).  J'y  ai  trouvé,  en  effet,  sous  la  date  du  29  .Ventôse  An  VII, 
un  M.  Letourneau,  employé  à  la  Direction  des  Etapes,  reçu  membre 
dudit  Lycée,  où,  le  ier  Thermidor  suivant,  il  lut  un  Traité  élémentaire 
de  Gnomonique  ;  puis,  le  3o  Germinal  An  IX.  changeant  cette  position 
de  membre  contre  celle  à' associé -correspondant ,  par  suite  de  sa 
nomination  au  Contrôle  des  Contributions  à  Voiron.  Un  demi- siècle 
plus  tard  (7  mars  i85i;  Bull,  de  l'Acad.  delph.,  i853,  t.  III,  p.  536), 
M.  Auzias,  membre  de  cette  Société  savante,  fait  une  lecture  sur  un 
manuscrit  du  xvine  siècle,  qui  n'est  autre  qu'une  sorte  de  journal  dont 
M.  Letourneau  était  l'auteur,  mais  dont  les  volumes  sont  malheureu- 
sement disséminés  dans  diverses  bibliothèques.  Enfin,  une  note, 
publiée  par  M.  E.  Maignien  (Anonymes  et  pseudonymes  dauphinois, 
par  un  Bibliophile.  Description  d'une  médaille,  etc.),  nous  apprend 
que  «  Pierre-Joseph-Augustin    Letourneau,    avocat   au    Parlement, 


i95 

gravure,  dans  les  Affiches  du  Dauphiné  (').  «  Il  ne 
paraît,  dit  l'auteur  à  la  fin  de  sa  lettre  au  directeur 
de  cette  feuille,  aucun  vestige  du  temps  où  cette 
pièce-  a  été  frappée  ;  mais  il  est  hors  de  doute 
qu'elle  l'a  été  relativement  aux  anciens  Etats  de  la 
Province.  J'ignore,  au  fond,  le  degré  de  valeur  que 
les  connaisseurs  pourront  attacher  à  cette  décou  • 
verte  ;  mais  il  me  semble,  si  j'en  juge  d'après  moi, 
qu'elle  aura  tout  au  moins  le  mérite  de  retracer  de 
douces  réminiscences  dans  le  cœur  de  tout  bon 
patriote  ;  et  c'est  sous  ce  dernier  rapport  que  je 
vous  prie  de  vouloir  bien  la  rendre  publique  par 
la  voie  de  vos  Feuilles.  » 

2°.  —  Une  planche  sur  cuivre  ,  entièrement 
gravée  au  burin  (texte  et  figure).  La  reproduction 
du  jeton  est  parfaite ,  sauf  toutefois  les  deux 
dauphins  des  supports,  qui  n'ont  pas  été  compris, 
par  suite  sans  doute  de  l'usure  de  la  pièce.  Voici, 
du  reste,  le  contenu  de  cette  planche,  plus  rare 
encore  peut-être  que  la  pièce,  car  je  n'en  connais 


naquit  à  Grenoble  le  3i  août  1750;  il  était  fils  de  Pierre- François 
Letourneau,  secrétaire  de  l'Intendance,  etc.  » 

De  P. -F.  Letourneau  ou  de  son  fils  (peut-être  même  de  son  petit- 
fils  ou  tout  au  moins  d'un  parent,  car  j'ignore  si  l'employé  des  Etapes 
est  le  même  que  l'avocat),  je  crois,  sans  pouvoir  l'affirmer,  que  ce  fut 
Pierre-François  qui  découvrit  le  jeton  de  Corenc,  et  je  laisse  aux 
généalogistes  de  l'avenir  le  soin  de  débrouiller  ce  point  peu  important. 
Qu'on  me  pardonne  cette  note  un  peu  longue;  mais  le  nom  de 
M.  Letourneau  ne  se  trouvant  point  dans  la  Biographie  du  Dauphiné 
de  M.  Ad.  Rochas,  j'ai  cru  devoir  la  placer  ici. 

(')  N°  du  2i  novembre  1788.  p.  25 1. 


196 

que  les  deux  exemplaires  de  la  Bibliothèque  de 
Grenoble  et  de  M.  Chaper. 

«  Empreinte  et  grandeur  exacte  de  la  Médaille 
en  cuivre  annoncée  dans  les  Affiches  de  Dauphinê, 
du  21  Novembre  1788,  trouvée  le  11  du  même  mois 
par  les  nommés  Jean  Quaix  et  Pierre  Gontier, 
habitants  à  Courenc  ('),  en  creusant  le  terrain  d'une 
basse-cour,  près  d'un  bâtiment  très-ancien,  chez 
M.  Letourneau,  Secrétaire  du  Roi,  en  sa  maison 
de  campagne  audit  lieu,  au-dessus  du  Prieuré 
Royal  de  Montfleury,  près  Grenoble.  » 

Prix  6  sols. 

Ces  lignes  sont  gravées  dans  un  encadrement 
carré,  au-dessous  duquel  on  lit,  à  gauche  :  Gravé 
par  Ter  on,  à  Grenoble. 

La  gravure  du  jeton,  qui,  à  part  les  supports  de 
l'écusson,  est  soignée  et  fort  exacte,  en  donne  la 
juste  dimension,  soit  27  millimètres. 

3°.  —  La  plaquette  qui  nous  occupe  et  qui  dut 
suivre  de  près  la  note  de  M.  Letourneau  (à  certains 
indices,  je  ne  serais  point  étonné  qu'elle  fût  de  lui). 
La  gravure  qui  l'accompagne  est  plus  grande  que 
l'original  de  5  millimètres  (32  millim.  au  lieu 
de  27)  et  assez  médiocre  d'exécution. 

40.  —  J'ai  vu  une  autre  reproduction  de  ce  jeton 
dans  la  bibliothèque  de  M.  Armand  de  Saint- 
Ferriol,  lors  de  la  vente  qui  en  fut  faite  en  1881, 

(')  Corenc. 


197 

mais  dans  une  dimension  beaucoup  plus  considé- 
rable et  avec  des  bords  à  pans  coupés.  «  Outre  une 
figure  dans  le  texte,  dit  le  catalogue  de  la 
vente  ('),  notre  exemplaire  possède  la  grande  figure 
gravée  par  Martinet,  représentant  la  susdite  mé- 
daille avec  l'indication  qu'elle  a  été  retrouvée  par 
M,  L'Etourneau  (très-rare).  »  C'est  la  planche 
même  que  je  reproduis  ici.  Je  n'en  connais  que 
cet  unique  exemplaire  et  je  ne  saurais  trop  remer- 
cier M.  Eug.  Chaper,  dans  la  bibliothèque  duquel 
il  a  passé  de  celle  de  M.  de  Saint-Ferriol,  pour 
l'autorisation  qu'il  a  bien  voulu  me  donner  de  la 
faire  photographier  et  reproduire  par  la  gravure  (*). 
Plusieurs  personnes  étant  disposées  à  considérer 
cette  médaille,  ainsi  reproduite,  comme  ayant 
existé  de  la  sorte,  j'ai  regardé  comme  un  devoir 
d'en  donner  l'image.  Mes  confrères  comprendront 
bien  vite  que  cette  planche  ne  fut  que  l'œuvre  d'un 
spéculateur  qui  voulut  sans  doute  renchérir  sur 
l'œuvre  plus  modeste,  et  surtout  plus  véridique,  du 
graveur  Téron,  afin  d'écouler  plus  facilement  les 
produits  de  son  burin.  C'est  une  édition  revue, 
corrigée  et  augmentée  du  jeton  de  Corenc,  une 
sorte  de  paraphrase  ou  de  boniment  d'un  artiste 
qui  n'y  regardait  pas  de  si  près  en  ce  qui  touche  à 
l'histoire  ou  à  la  vérité,  ou  qui,  —  même  sans  y 
mettre  tant  de  malice,  —  a  peut-être  simplement 


(')  N°  1527. 

(2)  Voir  la  pi.  VIII,  n°  2. 

Année  1887.  i3 


ig8 

voulu  donner  un  cachet  plus  moderne  à  la  pièce 
originale  qui  faisait  alors  tant  de  bruit  autour  de 
lui.  Inutile  donc  d'ajouter  que  cette  dernière  pro- 
duction, émanée  de  son  cerveau,  n'a  jamais  été 
frappée.  Je  conviendrai  sans  peine,  du  reste,  que 
cette  planche  est  fort  curieuse,  soit  par  les  chan- 
gements que  l'artiste  a  fait  subir  aux  types  primi- 
tifs, soit  par  les  enjolivements  qu'il  lui  a  plu  d'y 
ajouter,  tels  que  le  plan  de  la  ville  de  Grenoble  se 
détachant  sur  le  fond  même  de  la  colonne,  etc. 

J'insisterai  enfin  sur  cette  particularité  qui  n'a 
rien  de  blessant  pour  des  gens  exempts  de  préten- 
tions numismatiques,  que,  de  tous  ceux  qui  ont 
publié  ce  jeton,  aucun  n'a  su  découvrir  les  deux 
petits  dauphins  affrontés  par  le  bas,  et  que,  ne 
sachant  les  deviner,  tous  ont  gardé  le  silence  sur 
ces  supports  de  l'écusson  aux  trois  cœurs,  dont 
leur  dessin  fait  une  sorte  d'écot  ou  de  tronc 
d'arbre  entrouvert  par  le  haut  et  dans  la  fente 
duquel  ledit  écusson  semble  reposer,  ou  bien 
encore  un  ornement  indéfini  dont  la  base  vient 
apparaître  au-dessous  de  la  devise  (').  Cette  der- 
nière partie,  autant  que  je  puis  en  juger  d'après 
les  exemplaires  de  ce  jeton  que  j'ai  eus  sous  les 


(')  Si  l'auteur  de  l'article  que  l'on  va  lire  ci-après  s'est  tu  sur  les 
deux  dauphins  servant  de  supports  à  l'écusson,  il  n'en  est  pas  de  même 
du  graveur  dont  le  burin  semble  les  avoir  soupçonnés  ou  plutôt 
tracés,  mais  sans  se  rendre  compte  de  ce  qu'ils  sont  réellement,  et  en 
avoir  fait  simplement  une  sorte  d'ornement  combiné  avec  le  nœud  (?) 
placé  au-dessous  de  la  devise. 


i99 

yeux,  me  paraît,  ainsi  que  je  l'ai  dit  en  commen- 
çant, être  tout  simplement  une  espèce  de  nœud  ou 
tout  autre  embellissement  dû  au  caprice  du  gra- 
veur, peut-être  même  ses  initiales  (?)  Atten- 
dons, pour  nous  prononcer,  un  exemplaire  d'une 
conservation  plus  satisfaisante. 

C'est  encore  la  gravure  de  Téron  qui  se  rap- 
proche le  plus  de  la  véritable  effigie    (*).    Mon 


(')  Mon  honorable  confrère,  M.  G.  Cumont,  à  qui  j'ai  soumis  ce 
jeton,  croit  voir  dans  cet  ornement  trois  triangles  juxtaposés,  symbo- 
lisant sans  doute  l'unité  des  trois  Ordres  (Nobilitas,  Clerus  et  Plebs), 
peut-être  par  allusion  à  certaine  relation  avec  les  idées  platoniciennes, 
et  veut  bien  me  demander  mon  sentiment  à  ce  sujet.  L'unité  des  trois 
Ordres  étant  déjà  proclamée  sur  les  deux  faces  de  la  médaille  par  la 
colonne  en  trois  fractions  et  par  les  trois  cœurs  battant  dans  un  seul, 
il  me  semble  qu'il  y  aurait  superfétation  à  revenir  de  nouveau  sur  le 
symbole  de  l'unité  qui  se  trouve  déjà  exprimé  deux  fois,  et  je  m'en 
tiens,  sous  la  réserve  d'une  étude  plus  approfondie,  à  mon  idée  d'un 
simple  ornement  destiné  par  le  graveur  à  rompre  la  monotonie  de  la 
ligne  un  peu  trop  horizontale  de  la  banderole. 

(*1  J'allais  oublier  de  citer  un  article  publié  dans  le  Bulletin  de 
l'Académie  delphinale  de  1880  (t.  XV,  p.  196),  dont  le  signataire, 
près  de  cent  ans  après  les  publications  que  je  viens  de  nommer,  sentant 
le  besoin  de  se  montrer  moins  réservé  et  plus  perspicace  que  ses 
devanciers,  déclare,  —  c'est  trancher  bien  légèrement,  —  que  le 
revers  de  notre  jeton  représente  une  main  en  pal  chargée  d'une 
banderole  sur  laquelle  on  lit  VNITAS  et  tenant  un  cœur  qui  Contient 
trois  autres  cœurs  plus  petits,  etc. 

Cette  main  en  pal  n'est-elle  pas  une  trouvaille,  et  ce  cœur  qui 
contient  trois  cœurs  plus  petits  (que  serait-ce  s'ils  étaient  plus  grands'.), 
ne  fait-il  pas  rêver?  Quanta  la  date,  il  la  fixe  à  la  première  moitié  du 
xvie  siècle 

On  me  permettra  de  ne  pas  insister  davantage. 


200 


article  donne  donc  pour  la  première  fois  un  dessin 
fidèle  de  ce  jeton. 

Ceci  dit,  voici  la  reproduction  promise  de  la 
plaquette  mentionnée  plus  haut. 

Description  d'une  Médaille  trouvée  dans  la  terre, 
à  Courenc,  près  Grenoble,  le  n  Novembre  1788. 
(Sans  date,  ni  lieu,  ni  nom  d'imprimeur,  7  pages 
p.  in-8°.) 

Si  l'on  croyoit  encore  aux  augures,  on  pourroit 
en  offrir  un  bien  favorable  à  la  province  de  Dau- 
phiné. 

Le  11  novembre  dernier,  après  midi,  M.  de 
l'Etourneau  faisoit  creuser  dans  une  cour  de  sa 
maison  de  campagne,  situé  au-dessus  de  Mont- 
fleury,  dans  la  paroisse  de  Courenc,  près  de  Gre- 
noble ;  les  nommés  Jean  Quaix  et  Pierre  Gontier, 
habitants  du  lieu,  étoient  employés  à  ce  travail. 
Ils  trouvent  trois  pièces  de  cuivre  qu'ils  remettent 
à  M.  de  l'Etourneau.  Il  s'empresse  d'enlever  la 
terre  qui  les  couvre.  Il  voit  d'abord  un  denier  de 
Louis  XIII  et  un  jeton  du  règne  de  Louis  XIV; 
jusques-là,  il  doit  être  peu  satisfait  de  la  décou- 
verte; mais  quel  est  son  étonnement,  lorsqu'en 
examinant  la  troisième  pièce,  il  trouve  une  Médaille 
qui  semble  avoir  été  frappée  pour  les  circonstances 
actuelles.  Toutes  les  personnes  qui  habitent  sa 
maison  sont  témoins  de  sa  surprise  et  de  sa  joie; 
d'autres   qu'on    pourroit   citer,   surviennent    un 


201 


moment  après,  sont  instruites  de  cet  événement, 
et  se  hâtent  d'interroger  les  ouvriers. 

Cette  pièce  intéressante  n'a  point  de  Millésime, 
comme  si  l'on  eût  voulu  cacher  la  date  de  sa  fabri- 
cation pour  lui  conserver  plus  d'analogie  avec  le 
temps  présent. 

Les  personnes  qui  ne  l'ont  point  examinée 
ne  peuvent  croire  qu'elle  ait  été  trouvée  dans  la 
terre,  et  soutiennent  qu'elle  n'a  été  frappée  que 
depuis  les  dernières  Assemblées  Générales  des 
Trois  Ordres  :  mais  le  sieur  Teron,  graveur  à 
Grenoble,  dont  les  talents  sont  connus,  attestera 
qu'elle  est  ancienne.  Pour  dissiper  tous  les 
doutes,  il  suffit  de  la  voir;  non  pas  qu'elle  ait 
été  frappée  à  une  époque  très-reculée,  mais  la 
plus  moderne  qu'on  puisse  lui  supposer,  est  le 
commencement  du  dix-septieme  siècle,  c'est-à- 
dire,  les  premières  années  du  règne  de  Louis  XIII. 
La  Médaille  indique,  il  est  vrai,  la  plus  grande 
union  entre  les  Ordres  de  la  province;  tandis 
que  sous  Louis  XIII  leurs  dissentions  entraî- 
nèrent la  suspension  des  Etats.  Mais  l'harmonie 
put  se  rétablir  pendant  un  intervalle  suffisant 
pour  faire  naître  le  dessein  d'en  célébrer  le  retour. 
A  quelques  motifs  qu'on  puisse  l'attribuer,  il  est 
du  moins  certain  qu'elle  s'applique  si  naturelle- 
ment à  tout  ce  qui  se  passe  aujourd'hui,  qu'il 
seroit  impossible  d'en  imaginer  une  plus  conve- 
nable et  plus  ingénieuse. 

Cette  Médaille  représente  d'un  côté,  une  colonne. 


202 

Sur  la  base  est  le  mot  Plebs;  le  peuple  est  en 
effet  la  base,  le  soutien  de  l'État.  Tout  émane  de 
lui.  Au  milieu  de  la  colonne  est  le  mot  Nobi- 
litas.  Sur  le  chapiteau,  le  mot  Clerus. 

La  colonne  est  entourée  d'un  nœud  sur  lequel 
est  le  mot  Concordia  . 

Ainsi,  la  Médaille  indique  une  parfaite  union 
entre  le  Clergé,  la  Noblesse  et  le  Peuple;  s'ils 
venoient  en  effet  à  se  séparer,  s'ils  cessoient  d'être 
animés  du  même  esprit,  s'ils  avoient  un  autre 
but  que  celui  de  la  félicité  de  tous  les  Citoyens, 
la  colonne  formée  par  leur  réunion,  seroit  bientôt 
renversée. 

Sur  la  colonne  repose  un  Dauphin  couronné, 
au-dessus  sont  les  mots  Hominum  Amator ,  l'ami 
des  Hommes.  On  sait  que  les  anciens  croioient  au 
Dauphin  beaucoup  d'affection  pour  les  Hommes. 
La  province  de  Dauphiné  vient  de  justifier  son 
emblème.  Elle  a  prouvé  qu'elle  aime  les  Hommes. 
Bien  loin  de  s'isoler  et  de  n'écouter  que  son 
intérêt,  elle  resserre  ses  liens  avec  la  Monarchie, 
elle  se  dévoue  au  salut  de  l'Etat,  et  elle  inspire 
aux  autres  Provinces  le  zèle  dont  elle  est  animée  ; 
elle  sait  que  le  Prince  veut  rendre  les  François 
heureux,  mais  qu'il  ne  peut  y  parvenir  s'il  n'est 
secondé  par  tous  les  efforts  du  patriotisme  ;  elle 
se  sent  capable  de  tous  ceux  qu'il  peut  désirer. 
C'est  que  le  Dauphiné  aime  les  Hommes,  et  que 
l'amour  de  l'humanité  est  la  source  de  toutes  les 
vertus. 


203 

L'autre  face  de  la  Médaille  représente  un  Cœur 
qui  en  renferme  trois  plus  petits  et  qui  est  surmonté 
d'un  Dauphin  :  au-dessous  est  écrit  le  mot 
Unitas. 

Les  Cœurs  indiquent  les  Trois-Ordres  réunis. 
S'ils  se  séparent ,  ils  sont  trois.  Ils  peuvent 
avoir  trois  systèmes  différents.  Chacun  d'eux 
peut  sacrifier  le  bien  général  à  ses  propres 
avantages. 

S'ils  se  réunissent,  ils  sont  un,  ils  ne  forment 
qu'un  seul  Corps.  On  y  distingue  toujours,  il  est 
vrai,  les  Membres  du  Clergé  placés  au  premier 
rang,  pour  donner  l'exemple  de  toutes  les  vertus  ; 
les  Membres  de  la  Noblesse  placés  au  second  rang, 
pour  donner  celui  de  l'enthousiasme  de  l'honneur, 
et  les  Membres  du  Tiers-Etat,  dignes  émules  des 
autres  Ordres,  soutenant  les  intérêts  de  la  Patrie 
avec  tous  les  avantages  que  donnent  les  lumières 
et  la  constance  :  mais  le  désir  d'augmenter  la 
félicité  publique  les  rassemble  et  les  réunit  par  des 
liens  si  puissants,  qu'ils  tendent  tous  au  même  but, 
et  que  la  pluralité  des  suffrages  forme  le  vœu 
commun.  Ils  n'ont  plus  qu'un  cœur,  qu'une 
volonté.  Trois  ne  font  qu'un. 

Ce  côté  de  la  Médaille  a  pour  légende  :  Dispun- 
gendar  rationum  Dalphina.  Examen  des  Comptes  de 
Dauphinê.  Les  recettes  et  les  dépenses  de  la  Pro- 
vince vont  être  soumises  en  effet  à  l'examen  des 
Représentants  du  Peuple  et  même  à  celui  de  tous 
les  Citoyens, puisqu'elles  seront  rendues  publiques 


204 

par  la  voie  de  l'impression.  La  cupidité  craignant 
de  dévoiler  ses  honteuses  manœuvres,  sera  forcée 
de  respecter  le  Trésor  public,  et  chaque  individu 
connoissant  l'usage  auquel  on  destine  ses  contri- 
butions, éprouvera  dans  le  paiement  des  subsides, 
la  satisfaction  qui  accompagne  toujours  l'accom- 
plissement d'un  devoir. 

Ici  était  représenté  le  jeton  décrit  au  commencement 
de  cette  notice  et  que  Von  avait  fait  suivre  de  ces  mots  : 

Nota.  La  Médaille  ci-dessus  décrite  a  été  confiée 
à  M.  le  Secrétaire  des  Etats. 

G.  Vallier. 


Grenoble,  12  décembre  1886. 


2o5 


AUQUEL  FUT  SOUMIS  THÉODORE  VAN  BERCKEL 


POUR    OBTENIR 


LE  TITRE  DE  GRAVEUR  GÉNÉRAL  DE  LA  MONNAIE,  A  BRUXELLES. 


Planche    IX. 


Jacques  Roettiers  était  mort  subitement  à 
Bruxelles,  en  juillet  1772;  La  place  de  graveur 
général  des  monnaies  des  Pays-Bas,  qu'il  avait 
remplie  depuis  le  3i  août  1733,  était  encore  vacante 
en  1775,  sans  que  le  Gouvernement  se  fût  active- 
ment occupé  de  lui  chercher  un  successeur. 

Les  talents  du  graveur  particulier  J.-B.  Har- 
rewyn  étaient  très  médiocres. 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit  à  propos  du  jeton 
d'étrennes  de  l'année  1771  f),  les  œuvres  de  Jac- 
ques Roettiers,  vers  la  fin  de  son  existence,  laissè- 
rent tellement  à  désirer  qu'il  fallut  s'adresser  à  un 
artiste  viennois  pour  la  gravure  de  ce  jeton  et  à 
Duvivier  de  Paris,  pour  les  coins  d'une  médaille 
destinée  à  la  Société  littéraire  de  Bruxelles. 

(1)  Voy.  Revue  belge  de  numismatique,  1886,  pp.  33  et  suiv. 


206 

Aussi,  valait-il  mieux,  dans  ces  circonstances, 
ouvrir  un  concours  pour  la  place  vacante  :  le 
mérite  seul  déterminerait  le  choix  du  titulaire. 

Six  candidats  présentèrent  requête  au  Gouverne- 
ment (').  • 

C'étaient  :  Simon-Joseph  Cattoir,  graveur  en 
taille-douce  des  Etats  de  Brabant,  né  à  Bruxelles  et 
âgé  de  soixante  ans  ; 

Joseph  Bischops;  le  juif  Simon  Hartogh  ;  Jac- 
ques-Joseph van  den  Bossche  ;  le  graveur  particu- 
lier Jean-Baptiste  Harrewyn  et  Jacques  Lavau,  un 
élève  de  feu  Roettiers. 

Un  rapport  sur  les  qualités  de  ces  aspirants, 
adressé,  le  26  janvier  1775,  à  la  Chambre  des 
comptes,  contient  l'avis  que  les  quatre  premiers  ne 
sont  pas  de  force  à  s'acquitter  dignement  des  obli- 
gations d'un  graveur  général. 

Les  œuvres  et  la  capacité  d'Harrewyn  ne  devaient 
plus  être  signalées;  elles  étaient  trop  connues. 

Quant  à  Lavau,  l'auteur  du  rapport  n'ose  pas  se 
prononcer  parce  qu'il  n'a  vu  aucune  des  œuvres 
que  pouvait  avoir  faites  ce  graveur  depuis  son 
départ  d'Anvers. 

Roettiers,  ajoute-t-il,  a  eu  pour  élèves  les  deux 
frères  Lavau,  mais  l'aîné  avait  beaucoup  plus 
de  talent  que  le  cadet,  dont  il  est  ici  question. 

En  réalité,  aucun  de  ces  aspirants  n'était  capable 

(')  Lettre  adressée  le  14  janvier  1775  au  waradin  de  l'hôtel  des 
monnaies  à  Bruxelles  par  la  Chambre  des  comptes. 


207 

d'affronter,  avec  honneur,  l'épreuve  d'un  tel  con- 
cours et  ne  possédait  les  aptitudes  indispensables 
à  un  graveur  général. 

Celui-ci  devait  être  au  moins  assez  habile  pour 
reproduire  bien  exactement  par  la  gravure  un  por- 
trait quelconque  ainsi  qu'un  groupe  de  figures 
allégoriques  pour  orner  le  revers  de  la  médaille. 
•  Les  candidats  recevaient  le  projet  par  écrit  ou 
bien  des  modèles  moulés.  D'après  ces  indications, 
ils  devaient  exécuter  un  dessin  ayant  les  dimen- 
sions exigées  pour  le  graver  ensuite  en  creux  ;  ils 
obtenaient  ainsi  une  première  matrice  au  moyen 
de  laquelle  étaient  façonnés  les  poinçons  de  la 
tête  ou  du  buste  et  des  figures  du  revers  Q. 

Ces  poinçons  étaient  alors  retravaillés,  améliorés 
et  trempés  ;  puis,  servaient  à  former  une  seconde 
matrice  pour  les  carrés  ou  coins  de  la  médaille  (•). 

Le  concours  fut  commencé  le  19  août  1776  et 
dura  plusieurs  jours. 

Trois  commissaires,  assistés  du  greffier  de  la 
Jointe  des  monnaies  J.  Mienens,  avaient  été  dési- 
gnés pour  surveiller  et  juger  toutes  les  opérations, 
de  ce  concours  :  c'étaient  le  conseiller  d'Etat  et 
des  Finances  de  Witt,  en  sa  qualité  d'assesseur  de 
la  Jointe  des  monnaies,  les  conseillers  et  maîtres 

(1)  On  prélevait  des  poinçons  sur  cette  première  matrice  pour 
obtenir  l'effigie  en  relief. 

(')  Voy.  ci-après,  comme  annexe,  une  note  qui  explique  la  fabrica- 
tion actuelle  des  médailles.  Il  est  en  effet  intéressant  de  mettre  en 
parallèle  les  procédés  modernes  avec  la  manière  ancienne. 


208 

de  la  Chambre  des  comptes  Barret  et  Van  de  Velde, 
délégués  par  cette  chambre. 

Des  six  candidats  qui  avaient  présenté  requête 
l'année  précédente,  un  seul,  Simon-Joseph  Cattoir 
comparut  pour  se  soumettre  aux  épreuves  dési- 
gnées par  cette  commission.  Encore  déclara-t-il 
de  prime  abord  qu'il  ne  pouvait  sur-le-champ  se 
mettre  à  la  besogne  à  cause  d'un  travail  pressant 
qu'il  devait  terminer.  Il  prit  toutefois  ses  disposi- 
tions pour  faire  son  ouvrage  dans  le  cabinet  des 
médailles. 

Le  graveur  Van  Berckel  dont  les  concurrents 
avaient  déserté  la  lutte  l'un  après  l'autre,  avait 
déjà  fini  sans  que  Cattoir  eût  même  commencé  à 
travailler;  aussi,  notifia-t-on  à  ce  dernier  f)  que 
le  concours  était  clos,  en  l'informant,  conformé- 
ment à  la  résolution  prise  par  les  commissaires 
le  21  août  précédent,  qu'il  ne  serait  plus  admis  à 
participer  aux  épreuves. 

Il  paraît  probable  que  Cattoir  n'aura  plus  osé  se 
mesurer  avec  un  graveur  de  la  force  de  Van 
Berckel. 

Les  autres  concurrents  étaient  Adrien  Van 
Baerle,  François-Joseph  Bis  et  Conrad-Joseph 
Nethe  («). 

(')  Cette  notification  fut  envoyée  le  20  septembre  1776. 

(*)  11  n'est  donc  pas  vrai,  comme  l'avance  M.  Pinchart  (Histoire  de 
la  gravure  des  médailles  en  Belgique  depuis  le  xv  siècle  jusqu'en  1794 
—  Bruxelles,  1870)  que  dans  ce  concours  Van  Berckel  eut  pour  com- 
pétiteur Jean- Baptiste  Harrewyn.  Celui-ci  n'est  pas  mentionné  dans  le 


209 

Théodore  Van  Berckel,  âgé  alors  de  trente-sept 
ans  ('),  n'était  plus  un  inconnu  :  élève  distingué 
de  J.-C.  Marmé,  graveur  de  la  Monnaie  de  Clèves, 
son  talent  s'était  révélé  dans  la  gravure  des  jetons 
communaux  de  sa  ville  natale  (-)  et  bientôt  sa 
réputation  s'étendit  au  loin,  après  qu'il  se  fut  établi 
à  Rotterdam  où  il  eut  l'occasion  de  graver  quan- 
tité de  médailles  et  de  jetons,  si  recherchés  par  les 
nombreux  amateurs  de  la  Hollande  méridionale. 
Dans  notre  pays,  Van  Berckel  avait  aussi  fait  ses 
preuves  en  mettant  son  burin  au  service  de  la  ville 
de  Malines,  qui  lui  avait  commandé,  en  1775,  une 
médaille  pour  perpétuer  le  souvenir  du  grand 
jubilé  de  '  Saint-Rombaut  (s)  ;  puis,  lorsqu'il  fut 
question  de  poser  la  première  pierre  de  l'église  de 
Caudenberg  à  Bruxelles,  on  proposa  de  lui  confier 
la  gravure  de  la  médaille  commémorative  de  cet 
événement  (*). 

procès-verbal  de  ce  concours  (Archives  du  Royaume);  seuls,  les  cinq 
graveurs  cités  ci-dessus  se  présentèrent  devant  les  commissaires. 

(')  Van  Berckel  était  né  à  Bois-le-Duc,  le  21  avril  1739;  il  y  mourut  le 
19  septembre  1808.  (Et  non  pas  à  Vienne  en  1794,  comme  dit  M.  Piot). 

(2)  Jetons  des  années  1761,  1762,  1763  et  1765. 

(3)  Jubilé  millénaire.  Voy.  De  Munck,  Gedenckschriften  dienende  tôt 
ophelderinge  van  het  leven,  etc.,  van  den  heiligen  Rumoldus,  p.  284.. 

(*)  Le  duc  Charles  de  Lorraine  devait  poser  la  première  pierre  de 
l'église  de  Caudenberg,  le  17  janvier  1776.  L'abbé  de  Caudenberg 
désirait  que  cet  événement  fut  rappelé  par  une  médaille. 

Charles  de  Lorraine  exauça  ce  vœu  et  accorda  même  à  l'abbé  la 
faveur  de  ne  rien  payer  pour  les  coins  ainsi  que  pour  les  médailles  en 
or  et  en  argent  qui  devaient  être  distribuées  à  la  Cour  et  aux  membres 
du  Gouvernement.  L'abbé  ne  reçut  gratuitement  qu'un  certain  nombre 


210 

Le  troisième  concurrent,  Adrien-Martin-Joseph 
Van  Baerle  n'était  point  parvenu  à  pareille  renom- 
mée; né  aux  environs  de  Ruremonde,  il  avait  en  ce 
moment  quarante-sept  ans  et  remplissait  la  charge 
de  graveur  de  l'atelier  monétaire  de  Dordrecht. 

Enfin,  les  deux  autres,  moins  connus  encore,  ne 
devaient  guère  inspirer  de  crainte  à  Van  Berckel. 

Le  procès-verbal  du  concours  se  borne  à  cons- 
tater que  François  Bis  était  né  à  Douai  et  avait 
quarante  et  un  ans,  tandis  que  Conrad  Nethe,  natif 
de  Koenigsberg,  en  Prusse,  n'était  âgé  que  de  trente- 
trois  ans  ;  c'était  le  plus  jeune  des  cinq  compétiteurs. 

N'osant  pas  affronter  la  lutte  avec  ses  aînés,  il 
n'essaya  même  pas  d'exécuter  le  travail  proposé 
et  quitta  le  champ  de  bataille  sans  avoir  pris  la 
moindre  part  au  combat. 

de   médailles  et  dut  payer  celles  qu'il   voulait  distribuer  à  ses  amis. 

Dans  une  lettre  écrite,  le  25  décembre  1775,  par  le  chancelier  du 
Brabant,  Crumpipen,  au  trésorier  général  des  Finances,  le  baron  de 
Casier,  il  est  abandonné  au  discernement  de  celui-ci  de  confier  la 
gravure  de  cette  médaille  à  Van  Berckel,  qui  sollicitait  déjà  à  cette 
époque  la  place  de  graveur  général.  {Vqy.  Archives  du  conseil  des 
Finances.  —  Archives  générales  du  Royaume.) 

Ce  ne  fut  cependant  pas  Van  Berckel  qui  exécuta  la  gravure  de  cette 
médaille.  Sans  doute  par  économie  et  parce  que  Van  Berckel  deman- 
dait un  prix  trop  élevé,  on  utilisa  pour  le  droit  un  coin  de  Roettiers 
qui  avait  servi  en  1769  pour  les  médailles  du  251'  anniversaire  du 
gouvernement  de  Charles  de  Lorraine  (module  le  plus  grand). 
Roettiers  était  mort  à  cette  époque  (1776)  depuis  environ  quatre  ans. 

Le  revers  ne  porte  qu'une  inscription  : 

PRINCIPI.  OPTIMO.  —  ET  PI1SSIM0.  —  QUOD.  —  TEMPLI. 
CAUDENB.— PRIMUM.LAPIDEM.— POSUERIT.— 17.JAN.1776. 


211 

Dès  le  troisième  jour,  le  graveur  Bis  fut  à  son 
tour  découragé;  le  21  août,  au  matin,  étant  peu 
satisfait  de  l'ébauche  de  son  œuvre  et  convaincu 
de  son  infériorité,  il  trouva  bon  d'abandonner  la 
partie. 

Restaient  seulement  deux  adversaires  en  pré- 
sence :  Van  Berckel  et  Van  Baerle,  tous  deux  Hol- 
landais. 

Après  avoir  examiné  le  projet  de  la  médaille  à 
faire  et  avant  de  mettre  la  main  à  l'ouvrage,  ce 
dernier  déclara  qu'il  ne  pouvait  terminer  une  gra- 
vure d'une  aussi  longue  et  aussi  difficile  exécution 
dans  l'espace  de  temps  que  sa  charge  de  graveur 
de  la  Monnaie  de  Dordrecht  lui  permettait  de  con- 
sacrer aux  devoirs  du  concours  ('). 

Il  sollicita  en  conséquence  la  permission  de 
s'absenter  au  bout  de  huit  jours,  avec  la  faculté  de 
reprendre  le  travail  commencé  après  l'expiration 
de  son  congé. 

Les  commissaires  jugeant  ne  pouvoir  accorder 
cet  avantage  de  leur  propre  autorité,  résolurent  de 
consulter  le  gouvernement  dont  ils  feraient  con- 
naître, sans  retard,  la  décision  au  solliciteur.  Dans 
l'entre-temps  rien  n'empêchait  celui-ci  de  se  livrer 
à  sa  besogne.  Van  Baerle  accepta  ces  conditions 
et  fut  placé  dans  le  cabinet  de  l'essayeur  particu- 
lier où  il  reçut  les  modèles  et  les  blocs  d'acier  (-). 

(')  En  1781,  Van  Baerle  grava  la  médaille  commémorative  du  voyage 
de  Joseph  II,  en  Hollande  (voy.  Catalogue  De  Coster,  n°  882). 

(')  Ces  blocs  d'acier  furent  marqués  d'un  briquet  de  la  Toison  d'or, 


212 


Il  fit  immédiatement  tous  les  préparatifs  néces- 
saires et  travailla  régulièrement  du  20  au  24  août  ; 
ce  jour-là,  dès  son  arrivée,  le  conseiller  Van  de 
Velde  lui  communiqua  une  lettre  du  conseiller- 
secrétaire  d'Etat  et  de  guerre  Crumpipen,  de 
laquelle  il  résultait  que  le  ministre  refusait  absolu- 
ment tout  congé  pendant  la  période  des  épreuves. 

Van  Baerle  confessa  alors  qu'il  s'était  rendu  à 
Bruxelles  sans  prévenir  de  l'objet  de  son  voyage, 
pensant  que  l'ouvrage  exigé  aurait  demandé  moins 
de  temps,  mais  comme  il  ne  pouvait  avoir  terminé 
sa  médaille  à  l'époque  où  les  devoirs.de  son  office 
le  rappelleraient  indispensablement  à  Dordrecht, 
il  préférait  se  retirer  dès  maintenant. 

Les  commissaires  lui  permirent,  après  avoir  pris 
un  moule  en  cire,  d'emporter  le  poinçon  inachevé 
et  lui  remboursèrent  l'argent  qu'il  n'avait  consigné 
que  sous  condition  d'une  absence  intermédiaire. 

Le  motif  allégué  par  Van  Baerle  pour  déserter  le 
champ  clos  était-il  bien  sérieux  ou  faut-il  n'y  voir 
qu'une  échappatoire  habilement  ménagée  pour 
opérer  une  retraite  honorable  si  les  chances  du 
combat  semblaient  favoriser  l'adversaire  ? 

Nous  ne  sommes  pas  éloigné  d'admettre  ce 
second  mobile,  car  Van  Baerle  devait  connaître  et 
redouter  la  force  de  son  confrère  hollandais  ;  et, 
d'autre  part,  un  lutteur  déterminé  n'entre  pas  dans 


d'un  fleuron  et  des  nombres  respectifs  de  1-2-3-4-5,  d'après  l'ordre 
d'admission  des  concurrents. 


213 

la  lice  avec  des  entraves  dont  il  pouvait  au 
préalable  facilement  se  débarrasser. 

Ainsi  Van  Berckel  restait  maître  du  champ  de 
bataille  et  la  victoire  ne  pouvait  plus  guère  lui 
échapper. 

On  lui  avait  réservé  le  laboratoire  de  feu  Roet- 
tiers  où  étaient  préparés  deux  modèles  moulés 
ainsi  que  deux  blocs  d'acier  destinés  au  buste  et 
au  revers  de  la  médaille  à  exécuter. 

Dès  l'origine,  Van  Berckel  se  montra  le  plus 
assidu  et  consacra,  chaque  jour,  le  plus  d'heures  à 
son  travail  :  ordinairement,  il  commençait  sa 
besogne,  le  matin,  à  sept  heures  et  la  poursuivait 
jusque  vers  une  heure  pour  la  reprendre,  l'après- 
midi,  depuis  deux  heures  jusqu'à  sept  heures  ;  il 
travaillait  donc  onze  heures  par  jour. 

Le  29  août,  ayant  terminé  une  matrice,  il  la  mit 
au  feu  et  ensuite  dans  l'eau  pour  la  tremper.  Le 
lendemain,  en  la  retirant,  il  s'aperçut  qu'elle  était 
crevassée  en  plusieurs  endroits,  mais  heureuse- 
ment de  telle  façon  que  le  buste  n'était  aucunement 
endommagé. 

Il  plaça  ensuite  cette  matrice  sous  la  presse  pour 
en  tirer  un  poinçon  et  se  contenta  premièrement 
d'obtenir  le  contour  du  buste.  Pour  épargner  au- 
tant que  possible  la  matrice  au  moyen  de  laquelle 
il  devait  continuer  à  parfaire  son  poinçon,  il  eut 
soin  d'alléger  celui-ci  en  champlevant  le  pour- 
tour; toutes  ces  opérations  furent  répétées  plu- 
sieurs fois. 

Année  1887.  14 


214 

Le  3i  août,  Van  Berckel  travailla  encore  à  per- 
fectionner ce  poinçon.  Ce  jour-là,  les  commissaires 
considérant  que  Van  Berckel  n'avait  plus  de  con- 
currents et  que  d'autre  part,  personne,  en  la  Mon- 
naie de  Bruxelles,  se  trouvait  en  état  de  l'assister, 
décidèrent,  avec  l'assentiment  du  ministre,  que 
leur  présence  était  inutile  et  permirent  au  candidat 
d'achever  sa  médaille  sous  l'unique  surveillance 
du  waradin  ('). 

Au  bout  d'un  mois,  le  19  septembre,  Van  Berckel 
était  parvenu  à  l'heureux  achèvement  de  sa  tâche  ; 
les  commissaires  se  rendirent  l'après-midi,  à  trois 
heures,  à  la  Monnaie,  pour  voir  frapper  quelques 
pièces  ;  une  d'elles,  en  cuivre,  fut  jointe  au  procès- 
verbal  du  concours  (4  et a). 

(')  Vqy.  le  procès-verbal  du  concours  des  aspirants  à  la  place  de 
graveur  général  des  monnaies  de  S.  M.  aux  Pays-Bas,  signé  par  le 
greffier  (actuaire)  de  la  Jointe  des  monnaies  J.  Mienens  et  déposé  le 
19  septembre  1776.  (Archives  générales  du  Royaume  :  Archives  du 
conseil  des  Finances.) 

(*)  Nous  n'avons  pu  trouver  dans  les  Archives  la  description  de  cette 
médaille  et  nous  ignorons  ce  qu'elle  représentait.  Il  résulte  cependant 
du  procès-verbal  qu'au  droit,  elle  portait  un  buste,  probablement  celui 
de  Charles  de   Lorraine,  alors  gouverneur  des  provinces  belgiques. 

Nous  sommes  très  porté  à  croire  qu'elle  avait  pour  sujet  l'érection 
de  la  statue  du  duc  Charles  de  Lorraine,  à  Bruxelles,  le  17  jan- 
vier 1775.  J.-B.  Harrewyn  venait  de  graver  à  cette  occasion  un  jeton 
d'étrcnnes  octogone  (voy.  Médailles  du  règne  de  Marie- Thérèse, 
Vienne,  1782.  deuxième  partie,  p.  379;  vqy.  aussi  Piot,  Catalogue  des 
coins,  poinçons  et  matrices,  2m«  édition,  1880,  p.  io3),  et  il  nous  paraît 
très  vraisemblable  que  le  même  sujet,  rappelant  un  événement  récent, 
aura  été  indiqué  pour  le  concours.  Cela  semble  d'autant  plus  certain 


2  I  5 

Son    travail    parut    satisfaisant    puisqu'il    fut 


qu'il  existe  une  médaille  très  rare  et  encore  inédite,  signée  par  Van 
Berckel,  représentant  identiquement,  mais  d'une  manière  beaucoup 
plus  parfaite,  le  sujet  traité  par  Harrewyn.  Cette  médaille,  en  bronze, 
a  été  vendue  à  Bruxelles  avec  les  pièces  de  la  collection  Kluyskens;  elle 
repose  maintenant  dans  les  tiroirs  du  cabinet  de  l'Etat  belge.  M.  le 
baron  Surmont  de  Volsberghe  possède  aussi  cette  médaille  dans  sa 
riche  collection  des  œuvres  de  Van  Berckel. 

Le  coin  du  revers  existe  dans  la  collection  Van  Berckel,  à  la  Monnaie 
de  Bruxelles;  M.  Van  der  Beken,  conservateur  de  cette  collection  a  eu 
l'obligeance  de  nous  montrer  ce  coin  et  de  nous  procurer  une  empreinte 
sur  plomb.  Nous  avons  pu  nous  convaincre  que  le  poinçon,  que 
M.  Piot  indique  dans  son  catalogue  sous  le  n°  g38,  en  s'imaginant  sans 
doute  que  ce  poinçon  pouvait  avoir  servi  à  former  le  droit  de  cette 
médaille,  est  celui  d'un  buste  tout  différent  et  plus  petit,  utilisé 
probablement  pour  quelque  jeton  d'étrennes  de  forme  octogonale. 
{Voy.  Piot,  Catalogue,  etc.,  p.  io3,  nos  g38  et 939.) 

Quoi  qu'il  en  soit,  comme  cette  médaille  est  fort  belle  et  inédite 
nous  l'avons  fait  reproduire  avec  cette  notice. 

(*)  Au  waradin  de  l'hôtel  des  monnaies  de  S.  M.  de  cette  ville, 
Marquart. 

Les  président  et  gens  de  la  chambre  des  comptes  de  S.  M. 

Le  nommé  Van  Berckel,  aspirant  à  la  place  de  graveur  général,  étant 
prêt  à  frapper  la  médaille  qu'il  a  été  chargé  de  faire  pour  sa  preuve, 
nous  vous  faisons  les  présentes  pour  vous  autoriser  à  lui  laisser  fournir 
hors  du  magasin  de  l'hôtel  des  monnaies,  l'argent  dont  il  aura  besoin 
pour  ses  médailles,  moyennant  qu'il  en  paie  la  valeur  et  vous  en 
passiez  dûment  livrance  de  la  manière  accoutumée.  —  Ecrit  en  la 
chambre  des  comptes  de  S.  M.  l'Impératrice-Reine,  etc. 

Le  19  sept.  1776. 

Wavr.  v*. 
(de  Wavrans,  président  de  la  chambre  des  comptes.) 

(Signé)  P.  J.  Van  Heurck, 
greffier. 


2l6 

nommé  graveur  général  par  lettres  du  29  septem- 
bre 1776  ('). 

Comme  plusieurs  auteurs  attribuent  une  autre 
date  à  ces  lettres,  nous  jugeons  nécessaire  de 
transcrire  ici  leur  texte  tel  qu'il  a  été  copié  dans  les 
archives  du  royaume  : 

«  Marie-Thérèse,  par  la  grâce  de  Dieu,  Impé- 
ratrice Douairière  des  Romains,  etc.  A  tous  ceux 
qui  ces  présentes  verront,  salut.  Savoir  faisons  que 
pour  le  bon  rapport  qui  nous  a  été  fait  de  Théo- 
dore Van  Berckel,  nous  confiant  à  plein  de  ses 
léaulté,  preudhommie,  bonne  diligence  et  parfaite 
intelligence  au  fait  de  bien  tailler  les  coins  et 
monnoies ,  avons  par  avis  de  nos  très  chers  et 
féaux  les  trésorier  général,  conseillers  et  commis 
de  nos  domaines  et  finances,  à  la  délibération  de 
notre  très  cher  et  très  aimé  beau-frère  et  cousin 
Charles  Alexandre,  administrateur  de  la  grande 
maîtrise  en  Prusse,  grand-maître  de  l'ordre  Teu- 
tonique  en  Allemagne  et  Italie,  Duc  de  Lorraine  et 
de  Baar,  notre  lieutenant,  gouverneur  et  capitaine 


(')  M.  Ch.  Piot  fait  erreur  lorsqu'il  dit  (p.  xvn,  note  i,  introduction 
de  son  Catalogue  des  coins,  poinçons  et  matrices,  2me  édition, 
Bruxelles,  1880)  que  Van  Berckel  fut  nommé  par  lettres  du  2  octo- 
bre 1772.  Roettiers  était  mort,  il  est  vrai,  cette  année-là,  mais  le 
concours  pour  le  remplacer  n'eut  lieu  qu'en  1776,  quatre  ans  après  sa 
mort.  M.  Pinchart  parle  de  lettres  du  2  octobre  1776.  Nous  avons  vu 
qu'elles  sont  du  29  septembre;  il  aura  confondu  avec  la  date  de  la 
prestation  de  serment  qui  eut  lieu  le  2  novembre  1776. 


2,7 
général  des  Pays-Bas,  retenu,  commis,  ordonné 
et  établi  comme  nous  retenons,  commettons,  or- 
donnons et  établissons  par  ces  présentes  ledit 
Théodore  Van  Berckel  à  l'état  de  premier  tailleur 
général  de  nos  coins  et  monnoies  en  nos  dits  Pays- 
Bas,  vacant  par  la  mort  de  N.  Roettiers,  en  lui 
donnant  plein  pouvoir,  autorité  et  mandement 
spécial,  pour  doresnavant  exercer  et  déservir  ledit 
Etat  et  faire  généralement  tout  ce  que  bon  et  liai 
premier  tailleur  général  susdit  peut  et  doit  faire  au 
pied  des  instructions  qui  lui  seront  délivrées  de 
notre  part  par  ceux  de  notre  Chambre  des  comptes 
qu'il  appartiendra  et  ce  aux  gages  de  deux  mille 
trois  cent  trente  trois  livres  six  sols  huit  deniers  du 
prix  de  quarante  gros  monnaie  de  Flandres  la 
livre  (')  et  outre  ce,  lui  sera  paie  pour  poinçons, 
matrices  et  quarrés  originaux,  des  espèces  qu'il 
fera  pour  notre  service  selon  qu'il  sera  taxé  et 
réglé  et,  au  surplus,  aux  bénéfices  (*),  exemptions, 
privilèges  et  franchises  afferans  à  ladite  place  de 
tailleur  général,  sur  quoi  et  de  le  bien  et  duement 
acquitter  en  l'exercice  de  ladite  charge  ledit 
Théodore  Van  Berckel  sera  tenu  de  faire  le  ser- 


(')  Environ  4,25o  francs  en  chiffres  ronds. 

(*)  Le  graveur  particulier  jouissait  d'un  droit  de  marc,  consistant 
dans  la  rétribution  d'un  sol  19  mites  par  marc  d'or,  de  24  mites  par 
marc  d'argent  de  haut  aloi,  de  3o  mites  par  marc  d'argent  de  bas  aloi 
et  de  24  mites  par  marc  d'espèces  de  cuivre. 

C'est  ce  droit  que  Van  Berckel  perdit  par  la  nomination  du  graveur 
particulier  Christian  Haller  (1787). 


2l8 

ment  à  ce  dû  et  pertinent  et  en  outre  jurer  que 
pour  obtenir  ledit  état  il  n'a  offert,  promis  ni 
donné,  ni  fait  offrir  promettre  ni  donner,  à  qui  que 
ce  soit,  aucun  argent  ni  autre  chose  quelconque  ni 
le  donnera  directement  ni  indirectement,  ni  autre- 
ment en  aucune  manière  sauf  et  excepté  ce  que 
l'on  est  accoutumé  de  donner  pour  l'expédition  des 
dépêches  et  ce  es  mains  de  ceux  de  notre  dite  Cham- 
bre des  comptes  que  nous  commettons  à  ce  par 
cette  et  leur  mandons  que  ledit  serment  fait  par 
ledit  Théodore  Van  Berckel  ainsi  que  dit  est  ils  le 
mettent  et  instituent  de  par  nous  en  la  jouissance 
dudit  office  de   premier  tailleur  général  de  nos 
coins  et  monnoies,  ensemble  aux  honneurs,  droits, 
libertés,  franchises,  prééminences  et  émolumens, 
susdits,  ils  et  tous  autres  justiciers,  officiers  et  sujets 
fassent,  souffrent  et  laissent  pleinement  et  paisi- 
blement jouir  et  user,  cessant  tous  contredits  et 
empêchement  au  contraire,  car  ainsi  Nous  plaît-il, 
en  témoignage  nous  avons  fait  mettre  notre  grand 
scel,  de  Bruxelles,  le  vingt  neuvième  jour  du  mois 
de  septembre  mil  sept  cent  soixante  seize  et  de  nos 
règnes  le  trente  sixième. 

Signé  Charles  de  Lorrayne. 
Le  baron  de  Cazier. 
J.  De  Witte. 
Baudier. 

Archives  du  royaume.  Extrait  du  volume  intitulé  : 
a  Octrois  du  Conseil  des  Finances,  du  16  jan- 
vier 1775  au  26  novembre  1781  »,  p.  ni  recto. 


219 

Enfin  le  2  novembre  suivant,  Van  Berckel  prêta 
entre  les  mains  de  Messire  le  baron  de  Cazier, 
trésorier-général  des  domaines  et  finances  de 
Sa  Majesté,  chef  de  la  Jointe  des  Monnaies,  le 
serment  d'observer  fidèlement  les  instructions 
imposées  au  graveur  général  ('). 

G.  Cumont. 

(')  Voy.  Ces  instructions  ci-après,  aux  annexes. 


220 


ANNEXE  I. 

Délivré  le  2  ç^re  1776. 

Instruction  pour  Théodore  Van  Berckel,  graveur  général 
des  monnoyes  de  Sa  Majesté  aux  Pays-Bas. 


Le  tailleur  géne'ral  de  toutes  les  monnoyes  sera  tenu  de 
tailler  tous  les  poinçons  nécessaires  et  servans  pour  la  gra- 
vure des  coings  pour  monnoyer  les  espèces  tant  d'or, 
d'argent  que  autres  desquels  la  fabrication  sera  permise  et 
accordée  et  d'iceux  poinçons,  faire  matrices  à  suffisance 
pour  être  livrées  aux  tailleurs  particuliers  des  dtes  monnoyes 
et  à  chacun  d'eux,  et  en  ce  faire  telle  diligence  que  les  d» 
tailleurs  particuliers  ne  chomment  après  lui  sur  peine  de 
cinquante  flors  pour  la  première  fois,  du  double  pour  la 
seconde  et  là  où  qu'il  serait  trouvé  en  faute  pour  la  3e  fois 
de  privation  de  son  office. 

2° 

Lesquels  poinçons  et  matrices  susdits  il  sera  tenu  faire 
de  telle  sorte,  forme  et  manière  qu'ils  soient  du  tout 
conformes  tant  en  grandeur  qu'autrement  aux  patrons  desds 
coings  qui  lui  seront  livrés  de  la  part  de  Sa  Maj,é  par  ceux 
de  la  jointe  des  monnoies  et  étant  faits  les  livrera  es  mains 
desds  de  la  jointe  qui  seront  tenus  de  faire  regitre  de  la 
recette  d'iceux  et  en  donner  récépissé  au  d*  tailleur  gén. 
pour  sa  décharge  le  tout  à  peine  que  dessus  et  outre  ce  de 
punition  corporelle  selon  l'exigence  du  cas. 


221 


3» 

Bien  entendu,  comme  les  ds  matrices  doivent  être  gra- 
vées en  plusieurs  poinçons  et  pour  chacune  sorte  d'espèces 
de  monnoye  différente  pour  être  livrées  aux  tailleurs  parti- 
culiers, icelui  taill.  gén.  sera  tenu  faire  et  graver  des  ds 
poinçons  les  premiers  coings  des  ds  espèces  de  monnoyes 
conformes  aux  patrons  susdits  en  toute  manière  et  les  livrer 
avec  les  ds  matrices  aux  ds  de  la  jointe  des  monn.  en  pre- 
nant récépissé  le  tout  comme  dessus  pour  en  après  être 
fait  par  les  ds  de  la  jointe  ce  qu'il  appartient. 


Sur  quoi  et  de  se  bien  et  duement  acquitter  en  tout  ce  que 
dit  est  ci-dessus  et  de  faire  tout  ce  que  bon  et  léal  taill.  gén. 
des  ds  monn.  pourrait  ou  devrait  faire,  il  sera  tenu  de  faire 
serment  pertinent  es  mains  des  ds  de  la  jointe  des  monnoyes 
ou  de  l'un  d'iceux  et  le  d*  serment  fait  et  mis  au  pied  de 
cette,  icelui  taill.  gén.  sera  tenu  le  tout  faire  enregistrer  à 
la  Ch.  des  Comptes  de  Sa  dte  Maj.  là  où  il  appartiendra. 

5o 

Le  d*  taill.  gén.  ne  pourra  graver  aucuns  coings  pour 
princes  ou  seigneurs  étrangers  spirituels  ou  temporels  ni 
faire  aucunes  médailles  pour  villes,  communautés  ou  autres 
personnes  quelles  qu'elles  pourraient  être  ne  fût  du  sceu  et 
consentement  du  gouvernement. 


222 


ANNEXE  II. 

Ce  jourd'hui  2  9bre  1776.  —  Théod.  Van  Berckel, 
graveur  gén.  des  monn.  de  S.  M.. aux  Pays-Bas,  a  prêté  le 
serment  sur  l'observance  des  susds  instructions  et  ce  es 
mains  de  Messire  le  Baron  de  Cazier,  commandeur  de 
l'Ordre  royal  de  St-Etienne,  du  Conseil  d'Etat,  Trésorier 
général  des  Domaines  et  finances  de  Sa  Majesté,  chef  de  la 
jointe  des  monnayes,  etc. 

Moy  présent, 

(Signé)  J.  MlENENS 


ANNEXE  III. 

Après  avoir  indiqué  dans  la  précédente  notice  la  manière 
de  fabriquer  les  médailles,  vers  la  fin  du  XVIIIe  siècle,  nous 
avons  jugé  nécessaire  de  décrire  pour  nos  lecteurs  non 
initiés  à  la  science  du  médailleur,  les  procédés  usités  de 
nos  jours. 

M.  Edouard  Geerts,  l'habile  artiste  qui  a  doté  notre 
pays  de  si  nombreuses  et  de  si  belles  médailles,  a  bien 
voulu  nous  fournir  les  renseignements  que  nous  trans- 
crivons ci-après.  Nous  tenons  à  remercier  ici  M.  Geerts 
de  sa  gracieuse  obligeance. 

Aujourd'hui,  les  procédés  pour  faire  une  médaille  ne 
sont  plus  les  mêmes  qu'à  l'époque  de  Van  Berckel,  surtout 
s'il  s'agit  de  portraits  ou  de  figures  allégoriques. 

On  modèle  d'abord  (généralement  en  cire)  la  face  et  le 
revers  de  la  médaille,  à  des  dimensions  qui  varient  entre 


223 

18  et  3o  centimètres  de  diamètre.  Ces  cires  sont  ensuite 
moulées  en  plâtre  et  ces  modèles  en  plâtre,  bien  achevés, 
sont  coulés  en  bronze  ou  en  fer  pour  être  placés  sur  te 
tour  à  réduire  afin  d'obtenir  mécaniquement  une  réduc- 
tion sur  acier.  Cette  réduction  est  revue  et  terminée  par 
le  graveur  et  sert  alors  de  poinçon  pour  enfoncer  dans  un 
autre  morceau  d'acier  qui  devient  à  son  tour  la  matrice 
avec  laquelle  seront  fabriquées  les  médailles. 

Ces  tours  rendent  de  très  grands  services  aux  graveurs  : 
Ceux-ci  ont  d'une  part  l'avantage  de  voir  en  grand  le  sujet 
à  graver  et  d'autre  part  arrivent  à  travailler  plus  vite  et 
d'une  façon  plus  certaine. 

Au  commencement  de  l'emploi  de  ces  tours,  les  graveurs 
avaient  pris  l'habitude  de  champlever  les  réductions  ('), 
afin  de  permettre  au  poinçon  de  descendre  plus  profondé- 
ment dans  l'acier  lorsqu'il  fallait  enfoncer  ce  poinçon  pour 
faire  la  matrice.  Alors,  la  surface  de  celle-ci  était  limée  à  la 
hauteur  exigée  par  le  modelage  ;  les  inscriptions  y  étaient 
ensuite  frappées  au  moyen  de  poinçons  d'alphabets  tout 
préparés  ou  que  le  graveur  avait  confectionnés  spéciale- 
ment pour  la  médaille  qu'il  exécutait. 

Le  coin  étant  ainsi  préparé,  on  y  tournait  le  filet  (*)  en  le 
décolletant  pour  le  faire  entrer  dans  la  virole  de  frappe- 
ment (5). 

Depuis    quelque    temps,    les  médailleurs    français    ne 

(')  Abaisser  au  moyen  de  burins  ou  petits  ciseaux  le  fond  ou  le  champ 
qui  entoure  la  partie  modelée. 

(*)  La  partie  qui  termine  le  champ  de  la  médaille. 

(s)  La  virole  de  frappement  est  un  anneau  en  acier  trempé  dans 
lequel  viennent  se  placer  les  deux  coins  l'un  sur  l'autre,  séparés  par  le 
métal  dont  on  veut  faire  la  médaille;  cet  anneau  empêche  la  matière 
d'aller  plus  loin  que  les  bords  des  coins,  quand  on  frappe  la  médaille. 


224 

champlèvent  plus  leurs  poinçons  et  les  enfoncent  avec 
fond,  inscriptions  et  filet,  de  sorte  qu'il  n'y  a  plus  qu'à 
décolleter  le  coin  pour  le  faire  entrer  dans  la  virole  de 
frappement. 

Avec  le  procédé  de  limer  la  surface  de  la  matrice,  on 
attaquait  par  l'acide  (')  toute  la  surface  de  la  médaille  et 
après  la  trempe  de  la  matrice,  on  polissait  le  fond  qui 
avait  été  limé  :  on  obtenait  alors  une  médaille  avec  la 
gravure  mate  et  le  fond  brillant.  Tandis  qu'avec  la  nou- 
velle méthode  française,  il  n'est  guère  possible  de  polir 
les  coins  ;  le  fond  de  la  médaille  étant  souvent  très  iné- 
gal, les  graveurs  français  préfèrent  laisser  les  coins 
entièrement  mats. 

(')  Acide  nitrique  pour  mater  l'acier  et  donner  à  la  gravure  un  ton 
ou  un  grain  uni. 


225 


UN  PROJET  DE  MÉDAILLE 


A    L  EFFIGIE    DU 


RÉaBNT     E>  E      LA.     BELGIQUE. 


Planche    IX. 


Les  traits  que  reproduit  la  médaille  de  la  planche 
ci-contre  n'ont  pas  encore  été  rendus  d'une  façon 
aussi  délicate,  bien  qu'ils  aient  été  gravés  déjà 
par  un  artiste  dont  il  faut  reconnaître  le  grand 
talent  ('). 

Cette  longue  chevelure,  cette  figure  si  expres- 
sive, qui  rappellent  Franklin,  sont  d'un  homme 
dont  la  carrière  fut  extraordinairement  remplie. 

Erasme-Louis  Surlet  de  Chokier  apparaît  sur  la 
scène  de  notre  histoire  en  178g,  au  moment  où  la 
cité  de  Liège,  subissant  l'influence  des  idées  fran- 
çaises qui  donnèrent  naissance  à  la  grande  révo- 
lution, vient  de  se  soulever.  Issu  de  noble  race, 
quoi  qu'aient  pu  dire  ses  détracteurs,  il  était  des- 
tiné à  l'état  ecclésiastique,  mais  il  se  sentait  si  peu 
de  vocation  qu'à  vingt  ans,  on  le  trouve  rangé 


(')  Nous  voulons  parler  de  J.  Leclercq.  Il  existe  encore  une 
médaille  du  baron  Surlet  de  Chokier,  mais  beaucoup  moins  bonne, 
due  au  burin  de  Veyrat. 


22Ô 

parmi  les  adversaires  de  la  domination  cléricale, 
attaché  en  qualité  d'aide  de  camp  au  général 
Donceel,  commandant  de  l'armée  des  patriotes 
liégeois. 

Surlet  de  Chokier  passa,  avec  le  grade  de  lieute- 
nant, après  le  triomphe  de  la  chambre  impériale 
de  Wetzlar,  dans  les  rangs  des  Belges  soulevés 
contre  la  domination  autrichienne. 

Le  Ier  prairial  an  V  (1797),  il  fut  élu  administra- 
teur du  département  de  la  Meuse-Inférieure. 

En  i8o5,  il  créa  la  Société  pastorale  de  la  sénato- 
rerie  de  Liège  pour  le  perfectionnement  des  laines  et  la 
propagation  des  mérinos.  En  1809,  il  possédait  mille 
deux  cent  quarante-cinq  moutons,  qui  paissaient 
sous  son  œil  vigilant. 

On  montre  encore,  près  de  Gingelom,  la  maison 
où  le  bonus  pastor  sed  maie  habens,  comme  il  se 
dénomme  lui-même  en  écrivant  à  Mgr  Van 
Bommel,  évêque  de  Liège,  où  le  bon  pasteur, 
dis-je,  prenait  gîte,  quand,  après  avoir  rempli 
tous  ses  devoirs  envers  la  patrie,  il  songeait  enfin 
au  repos. 

Dans  la  ferme  de  Cameryk,  il  vivait  de  la  vie 
qu'a  chantée  Virgile,  au  milieu  de  ses  troupeaux. 
Fortunate  senex,  pourrais-je  m 'écrier  avec  le  poète, 
deus  tibihaec  otiafecerat. 

A  quarante-trois  ans,  il  était  nommé  membre 
du  Corps  législatif.  Il  eut  l'honneur  de  se  trouver 
aux  Tuileries  le  Ier  janvier  1814.  Napoléon  revenait 
alors  de  la  fameuse  campagne  de  i8i3.  Il  était 


227 

rentré  à  Pans  au  mois  de  novembre,  après  la 
désastreuse  bataille  de  Leipzig.  Une  commission, 
exprimant  le  vœu  de  la  France,  venait  lui  demander 
l'abandon  des  conquêtes  et  le  rétablissement  de  la 
liberté.  Surlet  faisait  partie  de  cette  commission 
et  c'est  à  lui  et  à  ses  collègues  que  l'empereur  dit 
ces  célèbres  paroles  rapportées  par  Thiers  :  Que 
voulez-vous?  Vous  emparer  du  pouvoir;  mais  qu'en 
feriez-vous?  La  France  me  connaît;  vous  connaît-elle? 
Elle  m'a  deux  fois  élu  pour  son  chef  par  plusieurs  mil- 
lions de  voix,  et  vous,  elle  vous  a  désignés  dans  l'enceinte 
étroite  des  départements,  pour  venir  voter  des  lois  que 
je  fais  et  que  vous  ne  faites  point.  Le  trône,  c'est  un 
homme,  et  cet  homme,  c'est  moi. 

Des  plumes  plus  autorisées  que  la  mienne  ont 
écrit  la  biographie  de  Surlet  de  Chokier,  mettant 
au  jour  les  détails  restés  inédits  durant  la  vie  de 
cet  homme,  qui  s'était  toujours  refusé  à  fournir 
aux  biographes  les  moindres  renseignements  sur 
ses  faits  et  gestes. 

Je  n'essayerai  donc  pas  de  recommencer  un 
travail  sans  profit  pour  personne.  Je  me  conten- 
terai, en  publiant  cette  médaille,  d'enrichir  notre 
histoire  numismatique  d'un  monument  et  de 
rendre  hommage  au  grand  citoyen  qui  tint  en 
mains  les  rênes  du  pouvoir  au  moment  où  la  Bel- 
gique, en  présence  du  refus  de  la  couronne  par  le 
duc  de  Nemours,  avait  à  accepter  ou  la  répu- 
blique ou  le  prince  d'Orange. 

La  médaille,  qui  représente  ici  la  tête,  à  droite, 


228 

du  régent,  est  l'œuvre  de  Léonard  Jéhotte,  œuvre 
malheureusement  restée  à  l'état  de  projet. 

Mme  Jéhotte  (')  au  cours  d'une  visite  que  j'eus 
l'honneur  de  lui  faire,  voulut  bien  me  l'offrir 
pour  le  cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
royale,  en  même  temps  que  quelques  essais,  en 
plomb,  comme  celui-ci  du  reste,  et  gravés  par  feu 
son  beau-père. 

Parmi  ces  essais,  se  trouvait  celui  que  Léonard 
Jéhotte  avait  gravé  pour  l'inauguration  du  chemin 
de  fer  Belge-Rhénan.  Il  le  destinait  à  l'inaugura- 
tion de  la  station  de  Liège,  d'après  ce  que  révèle, 
en  exergue,  au  revers,  cette  inscription  tracée  à 
l'encre,  et  encore  lisible  en  partie  : 

INAUG  •  DE  LA  STATION 

DE  LIÈGE 

10  JUILLET  1842. 

Cette  médaille  ne  fut  jamais  frappée.  Le  coin 
en  fut  détruit.  Deux  épreuves  en  étain  existaient, 
au  dire  de  Guioth  (t.  Ier,  p.  5g).  L'épreuve  que  j'ai 
sous  les  yeux  est  celle  que  Jéhotte  avait  conservée 
et  qui  passa,  après  sa  mort,  à  son  fils  Louis,  avec 
ses  papiers  et  la  médaille  de  Surlet  de  Chokier, 
très  probablement. 

On  peut  considérer  la  médaille  du  régent  comme 

(')  La  veuve  de  Louis  Jéhotte,  en  son  vivant  statuaire  à  Bruxelles. 


229 

une  des  meilleures  de  Jéhotte.  On  y  retrouve,  unie 
à  une  ingénieuse  finesse  d'observation,  toute  la 
délicatesse  d'un  burin  qui  avait  débuté  par  la 
gravure  en  pierres  fines. 

Fréd.  Alvin, 


An.née  1887.  ,5 


23û 


ISMATK 


La  cour  des  monnaies  du  royaume  des  Pays-Bas 
a  fait  paraître  le  quatrième  numéro  du  catalogue 
de  la  collection  numismatique  de  l'hôtel  des 
monnaies  à  Utrecht  (')  contenant  les  espèces  d'or, 
d'argent  et  de  cuivre  d'origine  européenne  frappées 
pour  les  Indes  Orientales  Néerlandaises,  depuis 
la  fondation  de  la  première  Compagnie,  en  i5g4, 
jusqu'à  ce  jour. 

Les  pièces  y  sont  classées  d'après  l'ouvrage  de 
MM.  Netscher  et  Vander  Chijs  :  De  Munten  van 
Nederlandsch  Indie,  et  le  catalogue  est  divisé  en 
neuf  parties,  savoir  : 

I.  Monnaies  espagnoles  en  circulation  lors 
de  l'établissement  de  la  Compagnie  des 
Indes  Orientales  ;  trois  numéros  ; 

II.  Compagnie  dite  :  Van  Verre  (de  loin), 
1594-1602  ;  six  numéros  ; 

III.  Compagnie  Unie  des  Indes  Orientales, 
1602-1799;  soixante-dix-huit  numéros; 

(')  Nous  avons  parlé  successivement  des  trois  premières  parties  de 
ce  Catalogue  dans  la  Revue  belge  de  numismatique  de  i883,  pp.  437- 
438,  et  de  i885,  pp.  321-322  et  pp.  5i8-5ig. 


23l 

IV.  République    Batave,    1800-1806/7    (1800- 

1806)  ;  vingt-deux  numéros  ; 
V,  Royaume  de  Hollande,  1807-1811  (1806- 
181 1);  treize  numéros  ; 

VI.  Domination  anglaise,  1811-1816;  qua- 
torze numéros  ; 

VII.  Monnaies  frappées  par  la  Compagnie 
anglaise  des  Indes  Orientales  et  par  des 
particuliers,  pour  Sumatra  et  autres 
îles  ;  vingt-cinq  numéros  ; 
VIII.  Royaume  des  Pays-Bas,  depuis  i8i5  jus- 
qu'à 1854  ;  vingt-quatre  numéros  ; 

IX.  Royaume  des  Pays-Bas,  monnaies  frap- 
pées en  vertu  de  la  loi  du  Ier  mai  1854  ; 
quarante-quatre  numéros,  y  compris 
une  intéressante  série  de  projets  des- 
sinés et  de  pièces  d'essais. 

En  outre,  les  monnaies  sont  classées  dans 
chaque  partie  selon  qu'elles  ont  été  frappées  en 
Néerlande  ou  aux  Indes  et  suivant  leur  métal, 
or,  argent  et  cuivre. 

Dans  la  partie  III,  parmi  les  pièces  désignées 
comme  incertaines,  on  trouve  à  la  page  5i,  sous 
le  n°  78,  une  pièce  indiquée  comme  «  monnaie 
de  nécessité  »,  à  la  marque  de  la  Compagnie 
des  Indes  Orientales  et  représentant  au  revers 
une  figure  ayant  quelque  ressemblance  avec 
une  harpe,  non  décrite  dans  l'ouvrage  précité  de 
MM.  Netscher  et  Vander  Chijs. 


232 

A  la  rigueur  on  pourrait  donner  le  nom  de 
monnaie  de  nécessité  à  plusieurs  espèces  de  cuivre, 
dont  certaines  ne  sont  que  des  morceaux  informes, 
comme  l'a  du  reste  fait  notre  regretté  confrère 
M.  le  colonel  Mailliet  dans  son  ouvrage  sur  les 
monnaies  obsidionales  et  de  nécessité.  Mais  quant 
à  la  pièce  en  question,  nous  ne  pensons  pas  qu'elle 
puisse  être  classée  dans  cette  catégorie. 

Nous  la  possédons  en  plomb,  et  nous  en  donnons 
ici  le  dessin.  En  présence  de  l'absence  complète 
d'indication  de  la  valeur,  il  nous  semble  difficile 
d'admettre  que  cette  pièce  soit  une  monnaie, 
attendu  qu'à  l'exception  des  dûtes  et  demi-dutes, 
dont  la  plupart  n'avaient  pas  d'indication  de 
valeur,  toutes  les  autres  pièces  en  étaient  mar- 
quées, ce  qui  était  d'autant  plus  nécessaire  pour 
les  pièces  de  module  et  de  type  plus  ou  moins 
extraordinaires,  telles  que  celle  qui  nous  occupe. 


Nous  croyons  pouvoir  sans  hésiter  classer  cette 
pièce  parmi  les  méreaux  et  nous  pensons  qu'elle 
aura  servi  comme  marque  d'acquittement  d'un 
droit  quelconque,  peut-être  celui  de  balise,  et  que 
la  figure  du  revers  serait  une  balise  ou  bouée, 
émergeant  en  partie  de  l'eau. 


233 

Une  autre  pièce  aussi  en  notre  possession,  bien 
qu'également  dépourvue  d'indication  de  valeur  et 
de  millésime,  nous  semble  toutefois  avoir  pu 
circuler  aux  Indes,  plus  particulièrement  dans  l'île 
de  Java,  sous  le  règne  du  roi  Louis-Napoléon, 
parmi  les  dûtes  de  cette  époque  qui  portaient  les 
initiales  du  souverain,  sans  indication  de  valeur. 
Cette  pièce  est  un  half  penny  irlandais  de  cuivre 
du  roi  Georges  Ier,  de  l'an  1723,  sur  la  face 
duquel  ont  été  empreintes  les  initiales  N  L 
(Napoléon-Louis)  et  sur  le  revers  un  B  (Batavia). 

Quant  au  placement  des  initiales  du  roi,  nous 
ferons  observer  que  le  premier  type  approuvé  des 
monnaies  de  Louis-Napoléon,  roi  de  Hollande, 
portait  dans  la  légende  NAP.  LODEW.  La  mé- 
daille frappée  lors  de  son  avènement  au  trône, 
porte  également  NAP.  LOUIS  ('). 

L'indication  de  Batavia  au  lieu  de  Java  ne  doit 
pas  non  plus  trop  nous  étonner,  attendu  qu'aupa- 
ravant déjà  on  avait  frappé  des  monnaies  aux 
armes  de  Batavia  et  qu'à  la  fin  du  xvne  siècle  on 
avait  introduit  à  Java,  pour  des  sommes  considéra- 
bles, des  ducats  d'or  lesquels  avaient  été  empreints 
également  d'un  B,  comme  contremarque,  pour  les 
faire  circuler  dans  les  possessions  néerlandaises 
aux  Indes  Orientales. 

Le  type  monétaire  pour  les  Indes  adopté  en  1802 

(')  Vqy.  notre  Histoire  numismatique  de  Hollande,  t.  Ier,  n08  3,  40, 
41,  42,  43,  et  t.  II,  n08  22,  23. 


234 

par  la  république  Batave,  aux  armes  couronnées 
des  Provinces-Unies  avec  INDLE .  BAT AVORVM 
ou  INDICE  BATAV,  fut  longtemps  conservé  pour 
les  espèces  de  cuivre  ;  d'abord  sous  le  royaume  de 
Hollande  et  ensuite  sous  le  royaume  des  Pays-Bas 
jusqu'en  1826.  On  trouve  ces  pièces  mentionnées 
dans  le  catalogue,  partie  IV,  sous  les  nos  2,  3, 4,  5, 
6,  7,  i3,  14,  i5  et  17;  partie  V,  sous  les  nos  2,  3  et  i3; 
partie  VIII,  sous  les  nos  8,  9,  10,  16  (1/2  sou),  19 
et  20.  Partout  on  a  ajouté  à  la  description  de  ces 
pièces  qu'elles  portent  les  armes  néerlandaises  (') 
sans  billettes  dans  le  champ  !  ! 

Nous  nous  demandons  comment  il  peut  être 
question  de  billettes  dans  le  champ  des  armoiries 
néerlandaises  avant  i8i5;  ce  fut  alors  seulement 
que  le  lion  néerlandais  fut  enlevé  du  champ  de 
gueules  des  Provinces-Unies  pour  être  placé  sur 
le  champ  d'azur  semé  de  billettes  d'or  de  la  maison 
de  Nassau,  pour  devenir  les  armes  du  nouveau 
royaume  des  Pays-Bas. 

(')  Mieux  aurait  valu  dire  les  armes  des  Provinces-Unies(  Vereenigde- 
Nederlanden),  ainsi  que  nous  l'avons  fait  dans  notre  Histoire  numis- 
matique de  Hollande,  t.  Ier,  p.  112,  n°s  47  et  48,  où  l'on  aurait  aussi 
trouvé  l'explication  des  chiffres  indiquant  la  valeur  de  ces  pièces,  dont 
MiM.  Netscher  et  Vander  Chijs  ont  déclaré  ne  pas  avoir  pu  découvrir 
la  signification.  Les  pièces  de  cuivre  étaient  des  dûtes  et  des  demi- 
dutes  portant  comme  indication  de  valeur  5  —  7.6  G  et  5  —  'j3,G: 
par  conséquent,  cinq  de  ces  dûtes  et  demi-dutes  valaient  respecti- 
vement 7,6  et  /Ja  du  florin  de- 80  dûtes,  soit  1  '/«  et  '/s  de  sou 
de  20  dans  un  florin  et  non  pas  1  '/.  &  3U  comme  il  est  dit  à  la 
page  18  du  Catalogue,  ou  bien  1  '/<  et  3/4  de  sou  de  24  dans  un  florin. 


235 

Nous  croyons  de  notre  devoir  de  signaler  une 
erreur  d'autant  plus  inexcusable  qu'elle  se  trouve 
dans  un  recueil  publié  aux  frais  du  gouvernement 
néerlandais. 

Les  pièces  portant  le  millésime  1807  y  sont 
toutes  mal  classées  et  n'appartiennent  pas  à  la 
république  Batave,  mais  au  royaume  de  Hollande, 
qui  fut  fondé  en  vertu  du  traité  du  24  mai  1806, 
tandis  que  la  proclamation  du  roi  Louis-Napoléon 
eut  lieu  le  5  juin  suivant. 

Le  n°  8,  pp.  58  et  5g,  demi-sou  de  Java,  1810, 
aux  lettres  Jg%.  entrelacées  et  surmontées  de 
l'indication  de  la  valeur  avec  guirlande  de  fleurs, 
mentionnée  comme  ne  se  trouvant  pas  dans  l'ou- 
vrage de  MM.  Netscher  et  Vander  Chijs,  est  décrit 
et  représenté  dans  notre  Histoire  numismatique  de 
Hollande,  t.  II,  p.  49,  pi.  VI,  n°  44. 

La  traduction  de  l'inscription  en  caractères 
arabes  des  ducats  et  roupies  javanais  y  est  par- 
tout incomplète  et  partant  inexacte. 

Meilleure  que  ce  catalogue  défectueux  est  la 
notice  historique  qui  le  précède,  due  à  la  plume 
de  notre  honorable  confrère  M.  L.-W.-A.  Besier, 
référendaire  près  de  la  cour  des  monnaies  à 
Utrecht.  L'auteur  y  donne  un  fort  intéressant 
aperçu  de  l'histoire  monétaire  des  Indes  Néerlan- 
daises depuis  le  commencement  du  xvne  siècle. 
En  effet,  ce  ne  fut  qu'en  1601  que  la  Compagnie 
dite  Van  Verre  (de  loin)  fit  frapper,  avec,  autorisa- 
tion des  Etats  de  Hollande,  le  premier  numéraire 


236 

métallique  destiné  à  circuler  dans  les  colonies  aux 
Indes  Orientales.  Auparavant  on  ne  s'y  servait 
que  de  monnaies  espagnoles  et  portugaises. 

La  Compagnie  Unie  des  Indes  Orientales,  qui 
succéda  en  1602,  introduisit  des  espèces  néerlan- 
daises qui  furent  tarifées,  et,  en  1645,  elle  fit 
fabriquer  à  Batavia  des  couronnes  d'argent  avec 
ses  subdivisions,  1/2  et  1/4,  ornées  des  armes  de 
cette  ville  ;  mais  on  eut  bientôt  de  nouveau  recours 
à  l'importation  d'espèces  néerlandaises  et,  en  1673, 
de  monnaies  d'or  du  Japon.  En  1686,  on  intro- 
duisit dans  la  circulation  des  ducats  d'or  néerlan- 
dais préalablement  empreints  ou  contremarques 
d'un  B  (Batavia).  On  en  importa  successivement 
70,000  pièces  qui  furent  retirées  de  la  circula- 
tion en  1690.  De  1682  à  1692  et  puis  de  nouveau 
en  1700,  on  se  servit  aussi  de  ducatons  néerlandais 
d'argent  contremarques  d'un  cavalier.  Des  roupies 
asiatiques  munies  de  la  même  empreinte  circu- 
laient également. 

En  1726,  la  Compagnie  se  décida  à  faire  frapper 
à  son  compte  dans  la  mère-patrie,  des  ducatons 
d'argent  au  type  de  ceux  des  diverses  provinces  et 
avec  la  marque  de  la  Compagnie,  un  monogramme 
consistant  en  un  V  avec  les  lettres  O  et  C  (Ver- 
eenigde  Oost-Indische  Compagnie),  Compagnie  Unie 
dés  Indes  Orientales,  que  porte  le  méreau  de  plomb 
représenté  plus  haut. 

Le  Soesoehoenan  de  Soerakarta  ayant  cédé 
son  droit  de  battre  monnaie,  la  Compagnie  fit 


237 

frapper  en  1744  des  ducats  d'or  javanais  et  l'année 
suivante  des  doubles  ducats  d'or  javanais  avec 
inscriptions  en  caractères  arabes.  Par  erreur  on 
mit  sur  ces  espèces  d'or  le  mot  derhammin,  mon- 
naie d'argent  ('). 

De  1747  à  1751  on  fabriqua  des  roupies  d'argent 
et  puis  on  eut  de  nouveau  recours  à  l'importation 
de  ducats  néerlandais,  cette  fois-ci  empreints  du 
mot  Djawa  (Java)  en  caractères  arabes,  contre- 
marque qui  fut  supprimée  en  1761. 

En  1765,  il  fut  accordé  aux  particuliers  de  faire 
frapper  des  pièces  d'or  d'une,  de  deux  et  de  quatre 
roupies;  cependant  cette  autorisation  fut  retirée 
déjà  en  1768,  ainsi  que  les  pièces  émises  en  vertu 
de  cette  permission.  On  renouvela  cette  autorisa- 
tion en  1782,  mais  on  en  usa  si  peu  que  l'on  fut 
obligé  d'admettre  dans  la  circulation  diverses 
espèces  d'or  étrangères  que  l'on  tarifa. 

La  Compagnie  décida  en  1786  de  faire  frapper 
dans  la  mère-patrie  des  pièces  d'argent  de  3,  1 
et  1/2  florins  au  type  de  celles  des  diverses  pro- 
vinces avec  la  marque  de  la  Compagnie. 

Pour  le  numéraire  de  cuivre,  même  désordre. 
Bien  que  la  Compagnie  eût  chargé,  en  1644,  un 
Chinois  de  la  fabrication  de  1/2  et  de  1/4  de  sou, 
aux  armes  de  Batavia  et  à  la  marque  de  la  Com- 


(')  Partout  dans  le  Catalogue  on  a  traduit  le  mot  derhammin,  qui  se 
trouve  également  sur  les  roupies  d'or  comme  sur  celles  d'argent, 
simplement  par  monnaie  au  lieu  de  monnaie  d'argent. 


238 

pagnie,  le  besoin  de  petites  monnaies  d'appoint  se 
fit  tellement  sentir  que  l'on  fut  obligé,  en  i658, 
d'émettre  comme  monnaies  des  morceaux  de 
cuivre  et  même  d'étain,  et  d'admettre  dans  la 
circulation  des  pièces  de  cuivre  japonaises  dont 
on  fabriqua  même  un  certain  nombre  à  Batavia. 
Après  que  l'on  eut  fait  venir  des  quantités  de 
dûtes  de  Hollande,  la  Compagnie  fit  frapper 
depuis  1726,  successivement  dans  les  divers  ate- 
liers monétaires  des  Provinces-Unies,  des  dûtes 
et  plus  tard  des  demi-dutes  portant  au  revers  la 
marque  de  la  Compagnie,  pièces  qui  ont  circulé 
jusqu'en  i85g.  En  outre,  la  Compagnie  fit  fabriquer 
à  Batavia  diverses  espèces  en  cuivre,  des  dûtes, 
des  sous,  des  imitations  de  pièces  japonaises  et 
même  des  dûtes  trouées  en  étain,  enfin  des  mor- 
ceaux de  cuivre  portant  l'indication  de  leur  valeur 
de  1  et  de  2  sous. 

Sous  la  république  Batave  et  le  royaume  de 
Hollande  et  même  pendant  les  premières  années 
du  royaume  des  Pays-Bas,  on  continua  à  émettre 
de  ces  horribles  morceaux  de  cuivre.  Il  y  en  a  de 
l'année  i8o3  de  8  sous.  On  frappa  aussi  sous  les  trois 
différents  gouvernements  dans  la  mère-patrie  et 
aux  Indes  des  espèces  en  cuivre  aux  anciens  types. 

On  a  aussi  des  roupies  d'or  de  l'année  1807  ('), 

(')  La  roupie  d'or  frappée  en  1807  sous  le  royaume  de  Hollande 
et  classée  erronément  dans  le  Catalogue  comme  appartenant  à  la 
république  Batave,  ne  nous  était  pas  connue  lors  de  la  publication  de 
notre  Histoire  numismatique  de  Hollande.  Nous  y  avons  publié  la 


239 

des  roupies  d'argent  des  années  i8o3,  1804,  i8o5, 
1806  et  1808,  et  des  demi-roupies  d'argent  de  i8o5 
et  1806. 

En  1802,  la  république  Batave  fit  frapper  à 
Enkhuizen  des  monnaies  d'un  nouveau  type  dont 
il  a  déjà  été  question  plus  haut  ;  en  argent  :  des 
pièces  de  1,  1/2,  1/4, 1/8  et  1/16  florin,  et  en  cuivre  : 
des  dûtes  (')  et  demi-dutes. 

Sous  le  royaume  de  Hollande,  on  fabriqua  à 
Soerabaya,  diverses  espèces  en  cuivre  aux  initiales 
du  roi  Louis-Napoléon,  des  sous,  des  demi-sous 
et  des  dûtes  à  deux  types  différents.  Sous  le  régime 
anglais  on  frappa  à  Soerabaya,  des  roupies  et  demi- 
roupies  d'or,  des  roupies  et  des  demi-roupies  d'ar- 
gent, des  dûtes,  des  sous  et  des  demi-sous  en  cuivre 
ainsi  que  des  dûtes  en  étain. 

Le  roi  Guillaume  Ier  des  Pays-Bas  ordonna,  par 
décret  du  16  janvier  182 1,  la  fabrication  pour  les 
Indes  de  pièces  de  trois  florins  et  d'un  florin  à  son 
effigie  et  aux  armes  du  royaume  (4),  et  par  décret 
secret  du  1.1  février  1826  celles  de  1/2  et  1/4  florin, 


roupie  d'argent  de  1808,  avec  la  traduction  correcte  de  l'inscription 
en  caractères  arabes  {voy.  la  note  précédente),  dans  le  tome  II,  n°  25, 
pi.  III,  p.  27. 

(')  Les  dûtes  aux  armes  de  la  province  d'Overyssel  ont  été  frappées 
à  Kampen. 

(*)  Dans  le  Catalogue,  on  a  constamment  ajouté  à  la  description  des 
pièces  portant  les  armes  du  royaume  des  Pays-Bas,  que  le  champ  est 
semé  de  billettes,  comme  s'il  existait  deux  armoiries  différentes  de  ce 
royaume,  avec  et  sans  billettes  dans  le  champ. 


240 

portant  au  revers  l'indication  de  la  valeur  entre 
deux  branches  de  palmier.  D'autres  décrets  ordon- 
nèrent la  fabrication  d'espèces  de  cuivre  de  1/2, 
1/4  et  1/8  sou  frappées  à  Utrecht,  et  de  pièces  de 
1  et  2  cents  qui  sortirent  des  ateliers  monétaires 
de  Batavia  et  de  Soerabaya,  toutes  aux  armes  du 
royaume  des  Pays-Bas. 

Enfin  la  loi  du  Ier  mai  1854  dota  les  Indes  Néer- 
landaises d'un  bon  système  monétaire.  Les  pièces 
de  2  1/2,  de  1  et  1/2  florins  des  Pays-Bas  furent 
déclarées  aussi  monnaies  courantes  pour  les  Indes, 
tandis  qu'en  vertu  de  cette  loi  on  frappa  pour  ces 
colonies,  des  monnaies  d'appoint  en  argent  de  1/4, 
1/10  et  1/20  florin,  et  en  cuivre  de  1  et  1/2  cent; 
une  loi  du  20  avril  i855  ordonna,  en  outre,  la  fabri- 
cation de  2  1/2  cents.  Toutes  ces  pièces  portent 
l'indication  de  la  valeur  en  néerlandais,  javanais 
et  malais  ('). 

C'est  un  excellent  travail  que  cette  notice  de 
M.  Besier;  on  y  trouve  des  détails  fort  intéressants 
relativement  au  nombre  des  pièces  frappées,  ainsi 
que  sur  des  monnaies  projetées;  une  foule  de  docu- 
ments y  sont  aussi  mentionnés,  ce  qui  ajoute  beau- 
coup à  la  valeur  de  cette  dissertation. 

Ctc  Maurin  Nahuys. 

(')  Voy.,  par  rapport  à  ces  nouvelles  monnaies  d'appoint  des  Indes 
Néerlandaises,  l'article  de  feu  le  savant  professeur  H.  C.  Millies,  Notice 
sur  les  nouvelles  monnaies  pour  les  colonies  orientales  néerlandaises, 
inséré  dans  la  Revue  de  la  numismatique  belge,  3e  série,  t.  II,  pp.  58 
et  suiv. 


241 


NUMISMATIQUE  CONTEMPORAINE. 


i8i6-i83o. 


Premier  mariage  de  Léopold   Ier  et  mort  de  sa  première 

femme,  la  princesse  Charlotte. 

Prise  du  fort  de  la  Chartreuse,  etc.,  à  Liège. 

Les  pauvres  reconnaissants 

à  la  paroisse  de  Saint-Nicolas,  à  Liège. 


PL.    X,     Noi    1    A    4. 


Si  les  médailles  de  Léopold  Ier  ont  été  ample- 
ment décrites,  en  revanche  il  n'a  guère  été  question 
des  souvenirs  numismatiques  qui  ont  précédé  son 
avènement  au  trône. 

Animé  du  désir  d'apporter  mon  obole  aux 
matériaux  de  l'histoire,  ce  n'est  pas  sans  un 
certain  empressement  patriotique  que  je  saisis 
l'occasion  de  tirer  de  l'oubli  où  elles  seraient 
restées,  longtemps  peut-être,  deux  petites  pièces 
se  rapportant  à  la  jeunesse  de  notre  premier  roi. 

Elles  ont  été  faites,  l'une  et  l'autre  en  Angle- 
terre. La  première,  dont  voici  ladescription, 
rappelle  le  mariage  du  prince  Léopold  de  Saxe- 


242 

Cobourg  avec  la  princesse  de  Galles,  Charlotte, 
fille  de  Georges  IV  : 

H  :  R  •  H  •  PRIN  :  CHARLOTTE  &  LEOP  ■ 
PRIN  :  OF  COBOURG. 

Bustes  conjugués  du  prince  et  de  la  princesse, 
à  droite. 

Rev.  Deux  mains  enlacées  (Foi)  en  signe  d'al- 
liance. Au-dessus,  des  rayons  traversant  un 
nuage. 

Au-dessous  : 

MAY  2  . 
1816. 

Le  tout,  entre  deux  branches  de  laurier,  formant 
couronne. 

Pl.X,  n°  1. 

Le  médaillier  de  l'État  possède  de  cette  petite 
pièce  qui,  sans  être  bien  rare,  est  peu  connue,  un 
exemplaire  de  cuivre  et  un  exemplaire  de  plomb. 

Léopold-Georges-Chrétien-Frédéric  de  Saxe- 
Cobourg,  comme  la  plupart  de  ses  ancêtres,  entra 
de  bonne  heure  dans  la  carrière  militaire.  Il  vou- 
lait marcher  sur  les  traces  de  son  grand-oncle, 
le  prince  Frédéric-Josias  de  Cobourg,  pour  lequel 
il  ressentait  une  affection  toute  particulière. 

Les  traits  du  prince  Frédéric-Josias  nous  ont  été 
conservés  par  une  médaille  frappée  à  l'occasion 
de  la  sanglante  bataille  de  Fokschan,  livrée  aux 


243 

Turcs,  par  les  Autrichiens  et  les  Russes,  le  3i  juil- 
let 1789.  Général  au  service  de  l'Autriche,  il  com- 
mandait, dans  la  guerre  contre  les  Turcs,  l'armée 
de  Gallicie.  C'est  à  lui  qu'on  doit  les  victoires  de 
Choczin  (1788),  de  Martinetsie  (1789)  et  de  Fok- 
schan  (même  année).  La  médaille  de  Fokschan 
est  au  cabinet  de  l'État,  elle  représente  Frédéric- 
Josias,  en  buste,  de  trois  quarts,  à  gauche.  Au 
revers,  se  voit  l'engagement  de  deux  armées. 
A  l 'avant-plan,  à  droite,  des  cavaliers  turcs  mor- 
dent la  poussière  ;  à  gauche,  le  feld-maréchal  lance 
ses  hussards  sur  la  cavalerie  ottomane,  qui  fuit  en 
désordre . 

Mais,  revenons  au  prince  Léopold.  Après  les 
campagnes  de  i8i3  et  de  1814,  auxquelles  il  prit 
une  part  des  plus  actives  et  où,  maintes  fois,  il 
trouva  l'occasion  de  se  distinguer,  il  accompagna, 
en  qualité  de  lieutenant-général  au  service  de  la 
Russie,  le  czar  Alexandre  en  Angleterre.  A  Carl- 
ton-House,  la  demeure  du  régent,  il  fut  présenté 
à  la  princesse  Charlotte,  qui  venait  de  refuser  la 
main  du  prince  d'Orange,  fils  de  Guillaume  Ier. 

Georges  IV  avait  d'abord  montré  une  telle 
irritation  de  l'éloignement  de  son  candidat  de 
prédilection,  que  la  jeune  princesse  avait  dû  se 
réfugier  chez  sa  mère.  Plus  tard,  cependant,  il 
déféra  aux  vœux  de  sa  fille,  et  accueillit  favorable- 
ment le  prince  Léopold,  qu'elle  avait  choisi  pour 
époux. 

Le  mariage  fut  fixé  au  2  mai.  Bien  avant  cette 


244 

date,  le  prince,  à  qui  le  régent  avait  conféré  le 
grade  de  général,  était  déclaré  citoyen  anglais  et 
doté,  par  acte  du  Parlement,  d'une  pension  de 
5o,ooo  livres  sterling. 

L'union  fut  célébrée,  le  soir,  à  g  heures,  dans  le 
grand  salon  rouge  de  Carlton-House.  Le  matériel 
religieux  avait  été  emprunté  à  la  chapelle  de  Saint- 
James,  et  l'archevêque  de  Cantorbéry  officiait. 

Après  la  cérémonie,  les  augustes  époux  partirent 
pour  Oatlands;  plus  tard,  ils  se  fixèrent  dans  le 
domaine  de  Claremont. 

La  princesse,  qui  n'avait  pas  été  sans  souffrir  des 
dissensions  de  ses  parents,  ne  devait  pas  jouir 
longtemps  de  son  bonheur.  Le  6  novembre  de 
l'année  suivante,  l'Angleterre  pleurait  sa  mort. 
C'est  le  sujet  du  jeton  que  je  décris  ici  : 

H.  R.  H.  THE  PRINCESS   CHARLOTTE. 

Buste  diadème  de  la  princesse,  à  droite. 

Rev.  BRITANNIA  MOURNS  HER  PRIN- 
CESS DEAD. 

Saule  pleureur  couvrant  de  ses  branches  pen- 
dantes une  urne  funéraire,  placée  sur  une  stèle. 

A  l'exergue  :  DIED  NOV.  6  1817. 
AGED  21. 

Cuivre.  PI.  X,  n°  2. 

S.  A.  R.  la  princesse  Charlotte-Augusta  ac- 
coucha, le  6  novembre  1817,  d'un  enfant  mâle 
mort-né.  Le  même  jour,  elle  expirait  vers  deux 
heures  du  matin. 


245 


M.  Picqué  publiait  en  i883,  dans  nos  Médailles 
historiques  de  Belgique,  sous  le  numéro  lxix,  un 
souvenir  numismatique  du  cinquantenaire  de  la 
reddition  de  la  citadelle  de  Liège  et  du  combat  de 
Sainte-Walburge .  A  la  vente  des  collections  du 
colonel  Mailliet,  le  cabinet  de  l'État  fit  l'acquisi- 
tion d'une  petite  médaille  de  bronze,  cette  fois 
contemporaine  des  deux  événements. 

Cette  fine  petite  pièce  ne  porte  pas  de  signature. 
On  y  lit  d'un  côté  : 

VIVE  LA  LIBERTE. 

Le  lion  belge,  à  droite.    ■ 

Le  tout  dans  un  grènetis. 

Rev.  Légende  :  EVACUATION  DE  LA  CITA- 
DELLE LIEGE  i83o. 

Dans  le  champ  : 

PRISE 

DU  FORT 

LA  CHARTREUSE 


COMBAT 

DE 

STB   WALBURGE 

PI.  X,  n°  4. 

La   prise  du   fort  de   la   Chartreuse   eut   lieu 
le  21  septembre  i83o;  elle  précéda  la  reddition 

Année  1887.  16 


246 

et  l'évacuation  de  la  citadelle  vis-à-vis  de  laquelle 
le  fort  est  situé. 

Cet  épisode  liégeois  de  notre  révolution  de  i83o 
mérite  d'être  rapporté.  Sous  la  date  du  20,  le 
Courrier  de  la  Meuse  insérait  ce  qui  suit  dans  ses 
colonnes  : 

«  La  journée  d'hier  (ig)  se  serait  passée  tran- 
quillement sans  un  funeste  événement  qui  a 
produit  la  sensation  la  plus  pénible  sur  l'esprit  de 
la  population. 

«  Un  jeune  homme,  nommé  Wibrin,  se  trouvait 
près  de  la  mare  d'eau  en-deça  du  cabaret  dit 
Ma  Campagne,  à.  Sainte-Walburge.  Son  maintien 
n'avait  rien  d'offensif  pour  la  sentinelle  qui  était 
postée  à  quelque  distance  de  là  sur  les  glacis  de  la 
citadelle.  Cependant,  la  sentinelle  le  couche  en 
joue,  lui  tire  son  coup  de  fusil,  et  le  jeune  homme 
tombe  mort  sur  la  place,  la  balle  lui  ayant  fracassé 
la  tête.  La  nouvelle  s'en  répandit  aussitôt  dans  la 
ville  et  y  causa  la  plus  grande  rumeur.  Les  parents 
et  les  amis  de  la  victime  étaient  exaspérés  et 
voulaient  à  tout  prix  venger  cette  mort.  Toutefois 
l'attitude  de  la  garde  bourgeoise  a  prévenu  un 
désordre  qui  paraissait  inévitable.  » 

La  mort  du  plus  jeune  des  quatre  fils  de 
M.  Wibrin,  huissier  ('),  ne  pouvait  rester  impunie. 
Le  commandant  général  de  la  garde  bourgeoise 
et  les  chefs  de  légion  essayèrent   de  calmer  les 

(')  Voy.  journaux  de  l'époque. 


247 

esprits  en  informant  le  public  qu'ils  étaient  en 
correspondance  très  active  avec  MM.  le  lieute- 
nant-général Cort-Heyligers  et  le  général-major 
Van  Boecop,  afin  d'obtenir  justice  du  meurtre 
commis.  Cela  n'empêcha  pas  les  Liégeois  de 
donner  cours  à  leur  vengeance,  et  cela  d'une 
façon  à  la  fois  résolue  et  intelligente,  comme 
nous  Talions  voir.  Prenons  le  Courrier  de  la  Meuse 
du  22  : 

«  Hier,  au  moment  où  nous  venions  de  mettre 
sous  presse,  nous  avons  appris  que  le  fort  de  la 
Chartreuse,  situé  à  l'opposite  de  la  citadelle,  avait 
été  occupé  par  environ  soixante  bourgeois  armés, 
faisant  pour  le  plus  grand  nombre  partie  de  la 
compagnie  d'artilleurs.  Une  tentative  avait  été 
faite  pendant  la  nuit  pour  s'en  emparer,  mais  les 
assaillants  étant  peu  nombreux  et  n'ayant  point 
d'échelles ,  ils  s'étaient  bornés  à  détruire  une 
barrière. 

«  Un  poste  de  dix  militaires  qui  occupaient  le 
fort  fut  fait  prisonnier.  On  conduisit  ces  mili- 
taires premièrement  à  l'hôtel  de  ville,  d'où  on  les 
a  fait  passer  dans  la  prison  civile.  La  garde 
bourgeoise  a  prétendu  qu'on  devait  retenir  ces 
hommes ,  et  qu'ils  serviraient  comme  otages 
pendant  les  négociations  qui  ont  lieu  au  sujet  du 
meurtre  commis,  avant-hier,  sur  un  bourgeois, 
par  une  sentinelle  de  la  citadelle. 

«  Le  drapeau  aux  couleurs  liégeoises  a  été 
aussitôt  arboré  sur  le  fort  par  le  frère  du  nommé 


248 

Wibrin.  La  mort  de  cet  infortuné  avait  tellement 
exalté  les  esprits  que  rien  n'aurait  pu  retenir 
l'ardeur  de  ceux  qui  se  sont  emparés  du  fort  de 
la  Chartreuse. 

«  Le  commandant  de  la  Citadelle  ayant  eu 
connaissance  de  cet  événement  a  fait,  dit-on,  des 
représentations  à  la  régence,  et  l'a  engagée  à  faire 
abandonner  le  fort,  sinon  qu'il  tirerait  sur  la 
ville.  La  régence  doit  avoir  répondu,  entre  autres, 
qu'il  serait  de  la  plus  grande  injustice  de  se 
venger  sur  la  ville  d'un  acte  isolé  auquel  elle 
n'avait  pas  pris  part.  Le  commandant  s'est  rendu 
à  ces  raisons,  et  le  fort  continue  d'être  occupé 
par  les  bourgeois.  » 

Dans  le  Journal  de  la  province  de  Liège  (22  sep- 
tembre), nous  trouvons  les  renseignements  com- 
plémentaires suivants  : 

«  Avant  -  hier ,  une  centaine  de  personnes 
s'étaient  portées  sur  la  Chartreuse,  mais  n'ayant 
point  d'échelles,  elles  ne  purent  rien  effectuer. 
Hier  matin,  les  nouvelles  arrivées  de  Bruxelles 
firent  une  telle  impression,  entre  autres,  sur  la 
compagnie  d'artilleurs  de  la  caserne  des  Écoliers, 
qu'elle  partit  avec  échelles  et  suivie  d'une  foule 
de  monde.  Arrivée  au  pied  des  murs,  la  compagnie 
somma  les  soldats  chargés  de  la  garde  du  fort 
de  se  rendre.  Sur  leur  refus,  les  échelles  furent 
posées  et,  en  un  instant,  les  artilleurs  furent 
maîtres  des  lieux.  » 

On  s'étonnera,  à  bon  droit,   qu'une  position 


249 

stratégique  de  l'importance  du  fort  de  la  Char- 
treuse ait  été  aussi  mal  gardée  par  les  Hollandais. 
Il  s'y  trouvait  de  quoi  ravitailler  largement  la 
citadelle,  car  les  projectiles  découverts  furent 
évalués  à  plus  de  5oo,ooo  florins.  Il  y  avait,  en 
outre,  3g  canons,  dont  7  pièces  de  24,  7  de  18, 
6  de  12,  12  de  6,  5  mortiers  et  2  obusiers,  plus 
80  affûts  qui  servirent  à  monter  les  canons 
parqués  à  la  fonderie  de  Saint  -  Léonard ,  à  la 
disposition  de  la  garde  bourgeoise  qui  occupait 
ce  poste  ('). 


Il  me  resterait ,  pour  terminer  cet  article ,  à 
dire  quelques  mots  de  la  pièce  portant,  au  droit, 
dans  un  grènetis  : 

PAROISSE 

de   S*   Nicolas 

LIEGE 

1817. 

et  au  revers,  également  dans  un  grènetis  : 

LES  PAUVRES 
RECONNOISSANS 

Cuivre.  PI.  X,  n°  3. 

(')  Ce  dernier  renseignement   m'a  été  fourni  par  le  Journal  de  la 
province  de  Liège  (20  et  21  septembre). 


2  5o 

Je  n'ai,  malheureusement,  pu  recueillir  aucun 
renseignement  à  son  sujet.  M.  le  baron  de  Chestret 
a  bien  voulu  faire  faire,  pour  moi,  des  recherches 
à  Liège,  dans  les  Archives  provinciales  ;  mais  ces 
recherches  n'ont  pas  abouti.  Je  n'en  remercie  pas 
moins,  ici  encore,  mon  savant  et  obligeant 
confrère.  J'ai  parcouru  les  journaux  de  l'époque, 
bien  que  la  besogne  offrît  peu  d'attraits.  Je  me 
suis  en  outre  encore  adressé,  à  Liège,  au  curé 
de  Saint-Nicolas.  Mes  démarches  ont  toutes  été 
vaines,  et  force  m'est  de  me  contenter  de  dire 
que  l'opinion  de  M.  le  baron  de  Chestret  qui  ferait 
de  la  pièce  ci-dessus  un  méreau,  au  moyen  duquel 
les  pauvres  allaient  retirer  leurs  pains,  est  partagée 
par  plusieurs  numismates  à  l'avis  desquels  je  me 
range. 

Fréd.  Alvin. 


25l 


JETONS  ET  MÉREAUX 


ci^:-A.ïiBOisr3srA.C3-ES. 


Planche  XI,  figg.   i  a  7. 


HAINAUT. 


Au  commencement  de  ce  siècle,  peut-être  déjà 
à  la  fin  du  précédent,  on.  se  servait,  dans  quel- 
ques-unes des  mines  de  houille  du  Hainaut,  de 
jetons  ou  méreaux  comme  intermédiaire  pour  le 
règlement  des  salaires  des  ouvriers. 

Ces  pièces  étaient  vulgairement  appelées  danses 
dans  le  Bassin  du  Centre,  où  leur  emploi  était 
assez  répandu. 

A  notre  connaissance,  on  en  faisait  usage  dans 
quatre  charbonnages  :  à  Mariemont,  à  l'Olive, 
à  Bascoup  et  à  Sars-Longchamps. 

Dans  un  cinquième,  à  Haine-Saint-Pierre  et 
La  Hestre,  on  a  employé,  il  y  a  moins  longtemps, 
un  intermédiaire  analogue,  mais  beaucoup  moins 
intéressant  au  point  de  vue  numismatique. 

En  poursuivant  nos  recherches,  nous  pourrons 
probablement  établir  d'une  façon  certaine  qu'il 
a  existé   des  méreaux   dans  d'autres  houillères 


252 

de  la  province.  Dans  le  Borinage,  notamment, 
d'anciens  employés  de  fosses  déclarent  que  dans 
leur  enfance,  ils  ont  entendu  parler  de  jetons 
à  quelques  charbonnages,  et  ils  citent  l'Escouf- 
fiaux  (nommé  au  siècle  dernier  «  la  machine 
autrichienne  »),  Longterne,  le  Bois-de-Boussu. 
Du  reste,  un  usage  de  ce  genre,  qui  existait  dans 
le  Bassin  du  Centre  et  dans  celui  de  Valen- 
ciennes  (*),  ne  devait  pas  vraisemblablement 
avoir  été  exclu  des  houillères  du  Couchant  de 
Mons  situées  entre  ces  deux  Bassins. 

En  tout  cas,  il  est  assez  curieux  de  constater 
que,  même  dans  l'administration  de  certains  des 
cinq  charbonnages  du  Centre  susdits,  on  ignorait 
que  des  méreaux  y  aient  été  en  usage  :  ce  n'est 
que  difficilement,  et  aidé  très  obligeamment  par 
des  directeurs  ou  ingénieurs  de  nos  amis,  que 
nous  avons  pu  nous  procurer  un  exemplaire  de 
ceux  de  ces  jetons  qui  ont  si  rapidement  disparu 
et  ont  été  si  vite  oubliés. 

Cette  prompte  et  presque  complète  disparition, 
peu  d'années  après  leur  démonétisation,  s'expli- 
que par  ce  fait  que  les  méreaux  en  question  ont 
une  certaine  valeur  comme  métal,  alors  qu'ils 
n'en  ont  pas  au  point  de  vue  artistique  :  ils  sont, 
en  effet,  en  bronze  ou  en  cuivre  d'assez  forte 
épaisseur,  de  sorte  que  le  charbonnage  les  réex- 


(')    D'anciens   méreaux   des    mines   de    houille    de   Vieux-Condé , 
d'Anzin  et  d'Aniches  se  trouvent  dans  la  collection  de  l'auteur. 


253 

pédiait  chez  le  fondeur,  dès  leur  mise  hors  service, 
et,  quant  aux  ouvriers,  ils  n'avaient  pas  d'avan- 
tage à  en  conserver,  au  contraire,  comme  on  le 
verra  plus  loin. 

J'espère  que  le  petit  regain  de  notoriété  que 
leur  vaudra  cette  courte  notice,  en  fera  sortir 
quelques-uns  des  vieux  tiroirs  et  les  sauvera  de 
la  fonderie  au  profit  des  collections. 

Tout  autre  est  le  jeton  en  argent,  dont  il  sera 
parlé  à  la  fin,  frappé  en  i838,  par  la  Compagnie 
houillère  du  Centre  du  Flénu. 


MÉREAUX   DE   MARIEMONT. 

Sous  le  nom  de  Mariemont,  il  faut  entendre 
ici  les  houillères  de  la  concession  dite  du  «  Parc 
de  Mariemont  »,  commune  de  Morlanwelz.  L'ex- 
traction du  charbon  dans  la  forêt  de  Mariemont 
est  très  ancienne  :  un  compte  du  domaine  de 
Binche,  année  i38o,  déposé  aux  Archives  du 
royaume,  mentionne  à  l'article  Morlanwelz  :  «  un 
conduit  au  bos  de  Morlanwez  dallez  l'Olive  pour 
trouver  carbon  >  ('). 

Cette  exploitation  avait  repris  une  certaine 
activité  sous  le  prince  Charles  de  Lorraine  qui 
habitait  la  résidence  de  Mariemont  comme  gouver- 
neur général  des  Pays-Bas.  Lorsque  les  troupes 
françaises,  conduites  par  le  général  Charbonnier, 

(')  Mon'oyer,  Mémoire  sur  le  bassin  du  Centre,  Mons,  1873. 


254 

—  un  nom  prédestiné,  —  eurent  réduit  en  cendres, 
en  1794,  le  vaste  château  des  archiducs  autri- 
chiens, il  fut  créé,  par  le  comité  de  salut  public, 
une  concession  des  mines  de  houille  se  trouvant 
dans  l'enceinte  du  Parc  de  Mariemont.  Cette  con- 
cession fut  octroyée  une  première  fois,  par  décret 
du  22  germinal  an  III  (11  avril  1795), signé  Chazal, 
Merlin,  Roux,  Creuze,  Latouche  et  Aubry.  Mais 
la  révocation  des  concessionnaires  dut  être  pro- 
posée deux  ans  après  par  l'Administration  du 
département  de  Jemmapes,  et  le  22  brumaire 
an  VI,  le  directoire  rapportait  le  décret  ci-dessus. 
L'année  suivante,  l'administration  du  départe- 
ment de  Jemmapes  accordait  cette  concession  à 
M.  J.-B.  Hardenpont,  de  Mons,  ce  que  les  consuls 
confirmèrent  le  16  pluviôse  an  IX  (5  février  1801). 

Une  société  se  forma  le  8  juillet  1802,  compor- 
tant trente-deux  sous  ou  actions,  réparties  entre 
MM.  J.-B.  Hardenpont,  Isidore  Warocqué,  Charles 
Duvivier,  P.  -F.  Tiberghien  et  Nicolas  Warocqué  («) . 

Lorsque  fut  faite  la  délimitation  des  territoires 
concédés ,  par  le  citoyen  Lavallée ,  secrétaire 
général  de  la  préfecture  du  département  de  Jem- 


(')  Une  médaille  reste  comme  souvenir  de  cette  première  asso- 
ciation; elle  est  à  l'effigie  de  Guillaume  Ier,  avec  l'inscription  : 
«  guilelmus  1  belgarum  rex  »;  au  revers ,  dans  une  couronne  de 
feuilles,  elle   porte  ces   mots  gravés    :    offert    par    la    société    de 

MARIMONT  A  Mr  N.  WAROCQUÉ,  S*0N  ADMINISTRATEUR.  l8l8.  »  La  mé- 
daille a  5o  millimètres  de  diamètre;  elle  est  marquée  du  nom  du 
graveur  Braemt. 


255 

mapes,  assisté  du  citoyen  Troye,  sous-préfet  de 
Charleroi,  —  c'était  le  n  germinal  an  IX,  — 
une  plaque  en  bronze  fut  gravée  avec  cette  ins- 
cription : 

BUONAPARTE   PREMIER    CONSUL   DE   La 

République  Française, 

Chaptal,    Ministre    de    L'intérieur, 

Etienne  Garnier,  Préfet  du 

Département  de  Jemmappes, 

Concession  des  Mines  de  Marie-Mont, 

Accordée  a  J.-B.  Hardenpont, 

Arrêté  des  Consuls  du  XVI 

Pluviôse  An  IX. 

«  Cette  plaque,  dit  le  rapport  du  citoyen 
Lavallée,  fut  scellée  entre  deux  pierres  ainsi  que 
quelques  pièces  de  monnaie  au  type  républicain, 
et  sera  placée  à  l'endroit  même  où  elle  fut  scellée 
au  fond  de  la  machine  hydraulique.  » 

Cet  intéressant  souvenir  a  été  retrouvé  :  il  est 
maintenant  en  mains  de  M.  Georges  Warocqué. 

De  tout  ce  qui  précède,  on  peut  conclure  que  les 
danses  doivent  avoir  une  origine  assez  ancienne  ; 
malheureusement  aucun  document  n'a  été  retrouvé 
qui  y  soit  relatif. 

Elles  étaient  de  trois  sortes,  représentant  des 
valeurs  différentes.  (PI.  XI,  figg.  i,  2  et  3.)  Il  y 
avait  des  pièces  marquées  en  relief  MT  10,  — 
dix  sous;  —  pour  les  ouvriers  à  veine;   d'autres 


256 

marquées  MT  8,  —  huit  sous,  —  pour  les  char- 
geurs ou  pour  les  meneurs  de  montements  ;  enfin 
les  danses  marquées  MT  7  étaient  pour  les  petits 
meneurs,  lesquels  se  partagaient  quelquefois  cette 
journée  à  deux. 

Ces  méreaux  sont  unifaces,  de  forme  carrée  ; 
toutefois  du  côté  opposé  au  monogramme,  ils 
portaient  le  même  numéro  qu'au  droit,  mais  poin- 
çonné et  de  grandeur  moitié  :  c'est  ce  coup  de 
poinçon,  donné  par  un  agent  du  charbonnage, 
qui  établissait  l'authenticité  de  la  pièce. 

Dans  les  dernières  années  de  leur  emploi,  les 
méreaux  avaient  une  valeur  conventionnelle  supé- 
rieure à  celle  qui  y  était  inscrite,  le  taux  des 
salaires  ayant  augmenté. 

Chaque  ouvrier,  sa  journée  finie,  recevait  une 
danse  représentant  le  salaire  convenu,  et,  au  jour 
des  payements  périodiques,  il  allait  échanger  ses 
danses  au  bureau  du  payeur  contre  la  somme 
d'argent  correspondante. 

Ce  mode  de  contrôle  des  journées,  tenant  lieu 
du  pointage  actuellement  en  usage,  n'est  pas  aban- 
donné partout  comme  il  l'est  dans  les  houillères, 
et  nous  pourrions  citer  quelques  industriels  en 
Belgique  qui  usent  encore  de  méreaux  analogues. 

C'est  surtout  à  la  demande  des  ouvriers  qu'on  a 
cessé  leur  emploi  dans  les  charbonnages  :  le 
mineur  a  fini  par  se  plaindre  de  ce  qu'il  perdait 
une  journée  quand  il  lui  arrivait  d'égarer  une 
pièce.  Pour  y  obvier,  on  a  essayé  de  faire  tenir  à 


257 

la  fosse  une  liste  de  journées  par  le  gailleteur  ou 
surveillant  au  jour,  et  c'était  sur  le  vu  de  cette 
liste  qu'au  bureau  principal,  on  délivrait  journel- 
lement les  danses.  Mais  il  en  résultait  un  dépla- 
cement de  plus  pour  les  ouvriers,  et  du  reste  les 
méreaux  faisaient  alors  double  emploi,  ou  à  peu 
près,  avec  les  listes  dressées  aux  sièges  de  travail. 

En  1840,  d'après  les  uns,  en  1842,  d'après 
d'autres,  ils  ont  été  mis  définitivement  hors  de 
service,  mais  de  vieux  porions  et  ouvriers  nous 
assurent  qu'à  Mariemont  ils  ont  été  en  désuétude 
dès  i838. 

Ces  pièces  sont  en  bronze  coulé.  On  les  fabri- 
quait en  dernier  lieu  chez  Séraphin  Mayor,  à 
Jolimont,  et  chez  Campion,  à  La  Hestre. 

Leur  épaisseur  est  assez  variable  :  les  méreaux 
de  7  et  8  sous  pèsent  de  5  à  7  grammes  ;  ceux  de 
10  sous  pèsent  de  6  1/2  à  7  1/2  grammes. 

MÉREAUX   DE   L'OLIVE. 

La  concession  houillère  de  l'Olive,  qui  s'étend 
sous  les  communes  de  Morlanwelz  et  deBellecourt, 
est  un  peu  plus  récente  que  celle  dite  du  parc 
de  Mariemont.  L'empereur  Napoléon  l'octroya  à 
MM.  Bonaventure  et  Nicolas  Warocqué,  par  décret 
du  4  août  1806. 

C'était  l'Olive  qui  donnait  son  nom  aux  carbon- 
nïeres  citées  dans  des  archives  de  i38o  et  de  1493  : 
ce  nom  était  celui  d'une  Abbaye  fondée  en  1218  à 


258 

une  extrémité  de  la  forêt  dont  une  partie  a  pris  le 
nom  de  Marie-Mont  au  milieu  du  xvie  siècle,  quand 
la  reine  Marie  de  Hongrie ,  gouvernante  des 
Pays-Bas,  y  érigea  un  château  important  à  proxi- 
mité des  sources  d'eaux  minérales  qu'elle  affec- 
tionnait. 

Les  concessions  de  l'Olive  et  du  Parc  de  Marie- 
mont  sont  maintenant  confondues  comme  exploi- 
tation; il  est  assez  difficile,  —  et  du  reste  peu 
intéressant  dans  cette  note,  —  d'établir  d'une  façon 
précise  dans  laquelle  des  deux  a  commencé 
l'extraction  de  la  houille. 

Ces  gisements,  avec  ceux  de  Chaud-Buisson,  de 
Carrières-Nord  et  de  Carrières-Sud,  constituent 
aujourd'hui  le  vaste  champ  d'exploitation  de  la 
Société  anonyme  des  charbonnages  de  Mariemont. 

Des  méreaux  ont  été  frappés  à  deux  époques 
pour  le  charbonnage  de  l'Olive. 

Les  plus  anciens  sont  des  mêmes  types  que 
ceux  qui  ont  été  décrits  ci-dessus  pour  le  char- 
bonnage de  Mariemont,  sauf  que  le  monogramme 
MT  est  remplacé  par  OL. 

La  figure  4  de  la  planche  XI  représente  le  seul 
exemplaire  retrouvé,  et  comme  il  est  très  fruste, 
on  ne  peut  plus  déterminer  si  le  coin  comportait 
un  encadrement,  soit  qu'il  fût  simple,  soit  qu'il  fût 
festonné  comme  aux  piècesprécédemment  décrites. 

Il  pèse  5  1/2  grammes. 

Les  méreaux  plus  récents  (pi.  XI,  fig.  5)  sont 
rectangulaires  et   unifaces  également.   Dans  un 


*  259 

double  encadrement,  ils  portent  en  relief  les 
lettres  0  L  non  entrelacées,  et  tracées  avec  plus 
de  soin. 

Comme  à  cette  seconde  période  des  danses,  le 
prix  des  journées  augmentait  et  variait,  la  valeur 
représentative  de  la  pièce  n'était  plus  marquée  de 
coulée,  mais  était  indiquée  par  un  chiffre  poin- 
çonné des  deux  côtés  de  la  pièce.  Celle  que  nous 
représentons  est  marquée  10  à  droite  de  la  lettre  L. 

Son  poids  est  de  8  1/2  grammes. 

Le  mode  de  travail  à  l'entreprise,  dans  le  fond 
des  houillères,  ne  permettait  plus  qu'un  emploi 
restreint  de  ce  système  d'intermédiaire  monétaire, 
et,  vers  i85o,  les  méreaux  de  l'Olive  ont  été  défini- 
tivement retirés  de  la  circulation  dans  le  charbon- 
nage. 

On  les  fabriquait  à  La  Hestre  et  à  Jolimont. 

MÉREAUX   DE   BASCOUP. 

Le  charbonnage  de  Bascoup,  qui  s'étend  sous 
les  communes  de  Chapelle-lez-Herlaimont,  Tra- 
zegnies,  Gouy -lez -Piéton  ,  Souvret,  Forchies, 
Piéton  et  Manage,  est  moins  anciennement  connu 
que  les  précédents.  Cependant,  en  1766  déjà, 
l'impératrice  Marie-Thérèse  octroyait  à  MM.  Be- 
noît Poliart  et  Cie  le  droit  de  rechercher  et  extraire 
la  houille  sous  les  trois  premières  communes 
susdites.  Ce  droit  fut  prorogé  le  9  juillet  1777  et, 
en  1788,  on  établissait,  à  ces  exploitations ,  une 


2ÔO 

machine  d'exhaure,  dite  pompe-à-feu,  de  l'inven- 
tion de  Newcomen. 

La  concession  définitive  de  Bascoup,  celle  qui 
a  donné  naissance  à  l'importante  société  actuelle, 
date  du  25  février  1808  :  le  décret  de  l'empereur 
Napoléon,  qui  l'octroyait  à  MM.  Annect  et  De 
Cock,  désignait  ces  mines  de  houille  sous  le  nom 
de  charbonnage  de  Basse  cour. 

Les  méreaux  ne  datent  pas  de  cette  époque, 
du  moins  ceux  dont  nous  avons  pu  établir  l'exis- 
tence :  ils  n'ont  été  créés  qu'en  i835  et  n'ont  servi 
que  pendant  9  à  10  ans. 

Ils  étaient  aussi  de  trois  sortes,  représentant 
trois  valeurs  différentes  ;  seulement,  ces  valeurs  ne 
se  distinguaient  pas  par  un  chiffre  marqué,  mais 
bien  par  la  dimension  de  la  pièce  :  les  plus  grands 
pour  les  ouvriers  à  veine,  équivalaient  à  10  sous 
de  Brabant,  les  moyens  pour  chargeurs  à  8  sous, 
et  les  plus  petits  pour  meneurs,  à  7  sous. 

Carrés ,  unifaces ,  comme  les  précédents ,  en 
bronze  ou  en  cuivre,  ils  étaient  marqués  BC,  et 
mesuraient  environ  12,  10  et  8  millimètres  de 
côté,  respectivement. 

Voilà  les  renseignements  que  nous  avons 
recueillis  de  la  bouche  de  plusieurs  vieux  char- 
bonniers, mais  il  nous  a  été  impossible  de  nous 
procurer  un  spécimen  de  ces  pièces,  malgré  des 
recherches  pour  lesquelles  il  a  été  fait  preuve  de 
beaucoup  de  complaisance  et  de  soins. 


26 1 


MÉREAUX   DE   SARS-LONGCHAMPS. 

Les  charbonnages  de  Sars  -  Longchamps  et 
Bouvy  ont  obtenu,  en  1747,  leur  première  con- 
cession sous  les  communes  de  Saint- Vaast  et 
de  Haine-Saint -Paul.  Différents  octrois  de  con- 
cession intervinrent  ultérieurement,  au  nom  de 
personnes  associées  demeurant  à  Valenciennes, 
jusqu'au  décret  impérial  du  6  octobre  1810,  qui 
a  définitivement  confirmé  les  concessions. 

Une  société  civile  fut  constituée,  par  devant 
un  notaire  de  Binche,  le  26  septembre  1821. 

C'est  antérieurement  à  celle-ci,  pensons-nous, 
que  le  système  des  méreaux  a  été  mis  en  vigueur 
dans  ce  charbonnage,  —  sans  doute  par  l'admi- 
nistrateur, qui  gérait  en  même  temps  les  houillères 
de  Mariemont  où  leur  emploi  était  général.  Ils  ont 
cessé  d'être  en  usage  à  l'époque  de  la  constitution 
de  la  Société  anonyme,  en  i835,  quand  M.  Nicolas 
Warocqué  (')  s'est  retiré  de  ce  charbonnage. 

(')  En  1820,  une  médaille  lui  a  été  offerte  par  les  propriétaires  du 
charbonnage  de  Sars-Longchamps.  Cette  médaille,  qui  a  57  milli- 
mètres de  diamètre,  est  l'œuvre  de  Braemt.  D'un  côté,  elle  montre 
l'Industrie  couronnant  le  Travail,  assise,  s'appuyant  de  la  main 
gauche  sur  une  sorte  de  bouclier,  au  centre  duquel  est  l'écu  couronné 
de  Hollande;  le  Travail,  qui  est  ailé,  tient  une  ruche  dans  la  main 
droite.  Au-dessus,  les  mots  :  belgar.  industrie.  En  bas  :  artes  . 
rémunérât^:  ex  .  decreto  .  reg.  —  Au  revers,  dans  une  large 
couronne  de  feuilles,  il  est  gravé  :  voté  a  l'unanimité  par  l'assemblée 

GÉNÉRALE     DU     CHARBONNAGE     DE     SARS-LONG-CHAMPS,    A    MONSIEUR    N.    J. 
WAROCQUÉ,    SON    ADMINISTRATEUR,    LE     1er    AOUT    l820. 

Année  1887.  17 


2Ô2 

Les  méreaux  ou  danses  de  Sars-Longchamps 
sont  devenus  fort  rares  :  nous  n'avons  pu  en 
voir  que  deux  exemplaires,  qui  sont  du  même 
type. 

Ils  sont  ronds,  et,  comme  les  autres  méreaux 
du  Centre,  ils  sont  unifaces.  Ils  portent  au  milieu 
trois  grosses  lettres  :  S  L  C,  sous  lesquelles  se 
trouve  le  chiffre  3,  indiquant  le  numéro  de  la 
fosse.  Ces  lettres  et  chiffre  sont  fortement  en 
saillie. 

Une  marque  au  poinçon  (voir  pi.  XI,  n°  6) 
indiquait  que  la  pièce  était  authentique. 

Le  chiffre  variait  suivant  le  numéro  de  la  fosse 
où  la  danse  pouvait  servir,  et  la  valeur  conven- 
tionnelle de  celle-ci  était  déterminée  par  son 
diamètre.  Ce  n'était  donc  pas  par  le  chiffre  venu 
de  coulée  que  l'on  distinguait  s'il  s'agissait  d'une 
journée  d'un  ouvrier  véritable,  d'un  chargeur  ou 
d'un  meneur,  mais  bien  par  la  grandeur  de  la 
pièce. 

Telles  sont  les  déclarations  de  quelques  survi- 
vants de  cette  période  des  travaux  d'exploitation  ; 
là,  non  plus,  aucun  document  n'est  connu  préci- 
sant les  indications  relatives  aux  méreaux. 

L'exemplaire,  dont  nous  donnons  le  dessin, 
a  25  millimètres  de  diamètre,  et  pèse  n  grammes. 
Il  est  en  cuivre. 


Aux  Charbonnages  de  Haine-Saint-Pierre  et  La 


263 

Hestre  ('),  on  ne  se  souvient,  en  fait  de  méreaux, 
que  de  pièces  rondes,  en  zinc,  employées  il  y  a 
trente  ans  et  dont  l'usage  s'est  continué  jusqu'en 
novembre  1877,  époque  de  la  mise  en  Société  ano- 
nyme de  cette  exploitation.  Ces  plaques  représen- 
taient le  montant  de  la  quinzaine,  c'est-à-dire 
qu'elles  portaient  un  numéro,  correspondant  à  un 
numéro  d'ordre  du  tableau  des  salaires  qui  indi- 
quait en  regard  la  somme  gagnée  par  l'ouvrier 
porteur  de  la  pièce. 

Ces  espèces  de  méreaux  avaient  43  millimètres 
de  diamètre  et  3/4  de  millimètre  d'épaisseur  ;  les 
chiffres  étaient  frappés  en  leur  milieu,  et  avaient 
10  millimètres  de  hauteur.  En  dessous  était  poin- 
çonné un  signe  conventionnel  figurant  une  étoile. 

Ils  nous  paraissent  sans  valeur  au  point  de  vue 
de  la  numismatique,  et  si  nous  les  avons  men- 
tionnés ici,  c'est  que  nous  inclinons  à  penser, 
comme  certains  nous  l'ont  dit,  que,  dans  ces  char- 
bonnages, d'exploitation  plus  que  séculaire,  ces 
plaquettes  ont  succédé,  après  un  intervalle  assez 
long,  à  des  méreaux  du  genre  de  ceux  employés 


(')  Leur  plus  ancienne  concession  date  de  1755  :  elle  était  octroyée 
par  le  baron  de  Noyel,  vicomte  de  La  Hestre  (ou  La  Heest),  à  de 
Schruytener,  N.  Croquet,  F.  et  J.  Morlet,  A.  Laurent,  Jean  et  Joseph 
Bernard  et  B.  Waterlot.  Ces  associés  obtinrent  l'année  suivante  du 
baron  de  Molenbaix  la  concession  sous  une  partie  de  sa  seigneurie  de 
Redemont.  Le  9  mars  1779,  la  douairière  d'Hane,  de  Haine-Saint- 
Pierre,  leur  accorda  la  concession  de  Jolimont.  (Ces  renseignements 
sont  extraits  de  l'ouvrage  précité  de  M.  Jules  Monoyer.) 


264 

dans  les  deux  charbonnages  qui  y  confinent  : 
Mariemont  et  Sars-Longchamps. 

JETON  DU  CENTRE  DU  FLÉNU. 

Il  est  en  argent,  de  forme  octogonale,  très  bien 
gravé,  pesant  25  grammes. 

Comme  le  montre  la  figure  7  de  la  planche  XI, 
il  porte  d'un  côté  l'inscription  : 

COMPAGNIE 

HOUILLÈRE 

DU   CENTRE   DU 

FLÉNU 
1838. 

De  l'autre,  il  reproduit  un  bâtiment  de  fosse, 
maçonné  en  briques  avec  pierres  de  taille,  devant 
lequel  un  wagonnet  est  en  chargement  en  haut 
d'un  plan  incliné  (').  Derrière  le  bâtiment,  se  voit 
une  grande  cheminée  en  maçonnerie,  dont  la 
fumée  s'étend  en  nuage  au-dessus  de  celui-ci,  et, 
entre  ces  deux  constructions,  à  l'arrière-plan,  on 
distingue  un  mur  qui  doit  appartenir,  dans  la 
pensée  du  graveur,  au  massif  des  chaudières  à 
vapeur.  La  porte  du  bâtiment  est  ouverte  devant 
un  chemin  qui  serpente  à  travers  un  élégant  jar- 
din, semble-t-il.  Là,  nous  sommes  en  pleine  fan- 


(')  Au  Flénu,  il  y  avait  ainsi  plusieurs  plans  inclinés  aux  abords  de 
fosses. 


265 

taisie,  car  il  est  fort  douteux  qu'il  y  a  cinquante 
ans,  pas  plus  que  maintenant,  on  ait  fait  de  l'hor- 
ticulture d'agrément  aux  abords  des  bâtiments 
d'extraction.  Le  long  d'un  des  bords  de  l'enca- 
drement polygonal,  on  lit  :  Roquelay,  F. 

Le  millésime  i838,  inscrit  sur  le  jeton,  est 
l'année  de  la  formation  de  la  Compagnie  houillère 
du  Centre  du  Flénu.  Ses  fosses  étaient  sur  Quare- 
gnon  et  sur  Jemmapes.  Mais  la  Compagnie  était 
française,  ayant  son  siège  et  son  directeur  à  Paris 
où  elle  s'était  constituée  avec  M.  Lafitte  pour  ban- 
quier ('). 

Elle  avait  repris  les  concessions  de  la  Société  des 
Vingt- Actions  (le  Fief  du  Flénu,  la  Pucelette,  le 
Grand-Moulin,  et  partie  de  la  concession  deTur- 
lupu).  Ses  exploitations  ont  cessé  maintenant. 

La  médaille  qu'elle  avait  fait  frapper,  à  Paris 
probablement,  représentait,  au  choix  du  déten- 
teur, une  marque  honorifique  ou  une  gratification. 
Nous  pensons  cependant  que,  dans  l'origine  de 
la  Société,  jusqu'en  1842,  elle  a  dû  servir,  à  Paris, 
comme  jeton  de  présence  des  administrateurs. 

Elle  était  offerte  aux  personnes  qui  avaient 
rendu  à  la  Société  des  services  signalés  ou  qui, 

(')  Quelques  fondateurs  cependant  étaient  de  Mons  :  M.  Goffint- 
Delrue,  Mmes  Gain-Goffint  et  Sapin-Goffint,  MM.  Tercelin  et  Dusart, 
Dans  le  Borinage,  elle  avait  un  sous-directeur,  fonction  qui  a  été 
occupée  pendant  quelques  années  par  mon  beau-père,  décédé  en  i85i, 
de  qui  me  vient  un  des  jetons  en  question;  c'est  le  seul  exemplaire  que 
je  connaisse. 


266 

dans  un  accident,  avaient  posé  un  acte  de  courage. 

On  nous  a  cité  un  conducteur  de  travaux  qui, 
s'étant  distingué  dans  un  incendie  souterrain,  avait 
reçu  vingt-cinq  de  ces  pièces. 

Elles  étaient  évaluées  à  5  francs  l'une  et  pou- 
vaient être  échangées,  pour  cette  valeur,  dans  les 
caisses  de  la  Société,  sur  la  demande  des  posses- 
seurs. 


Nous  continuerons  à  rechercher  les  jetons  et 
méreaux  des  charbonnages  du  Hainaut,  et  nous 
espérons  qu'une  suite  pourra  être  donnée  à  cette 
première  note. 

Edmond  Peny. 

Morlanwelz,  le  8  janvier  1887. 


267 


NOTE 


MEDAILLE     TOURNAISIENNE. 


La  Revue  de  i852  a  donné  la  description 
(voy.  p.  148)  et  le  dessin  (voy.  pi.  XVII,  n°  1)  d'une 
médaille  aux  armes  anciennes  de  Tournai  portant 
ces  seuls  mots  en  légende  :  LA  VILLE  DE 
TOURNAY  RECONNOISSANTE. 

Au  revers ,  se  voyait  un  trophée  d'armes 
antiques  entouré  d'une  bande  en  relief,  qui  sem- 
blait attendre  une  inscription. 

Ni  archivistes  ,  ni  collectionneurs  ne  purent 
fournir  de  renseignements  sur  la  destination  de 
cette  pièce  à  M.  Chalon,  notre  vénérable  prési- 
dent d'honneur,  qui  la  signalait  à  l'attention  des 
curieux  et  faisait  appel  à  leur  perspicacité. 

L'acquisition  faite  récemment  à  la  vente 
Mailliet,  pour  le  Cabinet  des  médailles  de  la 
Bibliothèque  royale,  par  M.  Camille  Picqué,  mon 
savant  maître,  vient  répondre  aujourd'hui  à  la 
question  posée,  il  y  a  trente -quatre  ans.   Cette 


268 

acquisition  consiste  en  un  exemplaire  en  étain  de 
la  pièce  prérappelée.  Pour  cet  exemplaire,  on  n'a 
pas  jugé  convenable,  non  plus  que  pour  l'autre, 
de  tirer  parti,  en  y  plaçant  une  légende,  de  la 
bande  qui  entoure,  au  revers,  le  trophée  d'armes; 
mais  la  tranche  de  la  pièce  porte,  gravée  au 
burin,  l'inscription  :  AUX  BELGES  POUR  LA 
DEFFENCE  DU  3i  MARS  1814. 

La  médaille  est  percée  d'un  trou,  ce  qui  nous 
fait  penser  qu'elle  a  dû  être  fixée,  par  un  clou, 
soit  à  un  cadre,  soit  à  la  muraille,  comme  une 
chère  relique,  dans  la  demeure  d'un  vieux  brave 
qui,  sans  doute,  avait  pris  part  à  la  défense  dont 
la  ville  des  Chonq  Clotiers  fut  le  théâtre ,  le 
3i  mars  1814. 

La  date  1814  nous  reporte  à  cette  époque  de 
notre  histoire  où  les  Français  firent  de  suprêmes 
efforts  pour  disputer  le  territoire  au  flot  envahis- 
sant des  armées  alliées. 

Le  17  février,  à  quatre  heures  du  matin,  sept 
mille  hommes  de  cavalerie  et  d'infanterie,  com- 
posant la  garnison  française  de  Tournai,  quittè- 
rent cette  ville  sous  le  commandement  des 
généraux  Maison,  Obert,  Barrois,  Penn ,  et  se 
dirigèrent  sur  Lille. 

Bientôt  après,  arrivait  un  détachement  de 
hussards  des  avant -postes  prussiens.  Un  corps 
de  dix  mille  hommes  devait  le  suivre,  qui  aurait 
refoulé  le  général  Maison  jusque  sous  les  murs 
de  Lille. 


269 

Le  détachement  se  rangea  en  bataille  sur  la 
Grand'Place,  où  le  maire  de  la  ville,  escorté  de 
bourgeois  à  cheval,  remit  à  l'officier  commandant 
les  clefs  de  Tournai. 

La  ville  était  désormais  occupée  par  les  alliés. 
Les  jours  suivants,  d'autres  corps  de  troupes 
vinrent  s'y  fixer. 

Nous  n'appuierons  pas  ici  sur  les  événements 
qui  marquèrent  la  chute  de  l'Empire ,  nous 
bornant  à  relever,  dans  le  volumineux  et  naïf 
Essai  chronologique  pour  servir  à  l'histoire  de 
Tournai  (*)  d'Hoverlantde  Beauwelaere,  dont  nous 
respectons  l'orthographe  et  la  grammaire,  les 
particularités  locales  de  l'attaque  dont  Tournai 
eut  à  se  deffendre  et  à  laquelle  notre  médaille  fait 
allusion. 

«  Le  3i  mars  1814,  un  corps  de  troupe  française 
de  dix  à  douze  mille  hommes,  commandés  par  le 
général  en  chef  comte  Maison,  revenant  d'Anvers, 
dirige  une  attaque  sérieuse  sur  Tournay,  avec 
du  canon  et  des  obus  : 

«  L'on  tire  à  boulets  rouges  sur  la  malheu- 
reuse ville  de  Tournay,  du  côté  de  la  porte  des 
Sept-Fontaines  ; 

«  L'attaque  commence  entre  six  à  sept  heures 
le  soir,  et  finit  vers  onze  heures  la  nuit. 

«  Les  troupes  françaises  vinrent  par  trois  fois 
à  la  charge  pour  escalader  les  palissades  de  la 

(')  Voy.  t.  XCIX,  p.  28. 


270 

porte  des  Sept-Fontaines,  et  trois  fois  ils  sont 
repoussés  avec  perte. 

«  L'artillerie  volante,  placée  sur  nos  remparts, 
et  servie  par  nos  nouveaux  canoniers  belges,  qui 
venaient  d'être  enrôlés  quelques  jours  avant  ;  cette 
artillerie  servie  par  ces  fidels  et  courageux  belges, 
sauva  la  ville  du  pillage,  que  le  général  Le  Marrois 
promettait  aux  troupes  françaises  qu'il  encoura- 
geait par  l'espoir  de  cette  picorée  carmagnolique.» 

Qu'il  me  soit  permis  d'interrompre  ici,  un 
instant,  l'historien  de  Tournai,  pour  rapporter 
l'opinion  d'un  journal  de  l'époque  sur  la  conduite 
des  mêmes  Belges  : 

«  C'est  à  cette  affaire,  dit  Y  Oracle  ('),  qu'un 
détachement  d'artillerie  belge,  à  peine  formé,  et 
qui  venait  d'arriver  à  Tournay,  s'est  distingué 
par  son  intrépide  valeur.  Cette  petite  troupe  a 
prouvé  que  les  Belges  d'aujourd'hui  sont  des 
guerriers  aussi  vaillans  que  ceux  qui  disputaient 
jadis  à  César  la  possession  de  cette  même  ville 
de  Tournay.  Dans  le  même  temps,  nos  canon- 
niers  se  distinguaient  par  leur  audace  et  leur 
adresse  devant  Maubeuge,  dont  le  bombardement 
est  poussé  avec  activité.  » 

Hoverlant  de  Beauwelaere,  poursuivant  sa  nar- 
ration, s'exprimait  ainsi  : 

«  Plusieurs  hôtels  furent  fracassés  et  endom- 
magés par  l'artillerie  française,  tels  que  ceux  de 

(')  Mercredi,  6  avril  1814. 


27I 

Lamotte-Baraffe,  Hoverlant-Beauwelaere,  Brias, 
quai  de  l'Arsenal,  l'hôtel  du  Mont-de-Piété  de 
Tournay,  rue  des  Carmes,  tous  essuyèrent  de  forts 
dommages. 

«  A  la  troisième  attaque  vers  la  porte  des 
Sept-Fontaines,  un  corps  de  chasseurs  à  pied  de 
troupes  françaises,  s'avança  vers  les  murailles  de 
nos  remparts  et  y  planta  des  échelles  pour  les 
emporter  d'assaut. 

«  Cette  attaque  eut  alors  également  lieu,  vers 
les  portes  de  Lille  et  de  Saint-Martin  ; 

«  Les  canonniers  belges,  qui  en  ce  moment, 
n'avaient  plus  de  munitions  pour  faire  jouer  leurs 
pièces,  ce  dont  l'ennemi  s'était  d'abord  apperçu  ; 

«  Ces  braves  canonniers  belges,  arrachent  les 
fusils  des  mains  des  soldats  saxons,  se  mettent  à 
découvert,  sur  les  parapets  des  ramparts,  et  tuent 
ou  renversent  à  coups  de  bayonnettes,  tous  les 
Français  qui  montaient  à  l'échelle; 

«  Cette  action  fut  chaude  et  dura  près  de  trois 
quarts  d'heure; 

«  Un  colonel  de  chasseurs  d'infanterie  française, 
fut  tué  à  l'assaut,  ce  qui  rallentit  le  courage  des 
assaillants  ; 

«  Alors  arrivèrent  enfin  des  munitions  d'artil- 
lerie aux  canonniers  belges,  qui  les  employèrent 
avec  tant  de  succès,  que  les  troupes  françaises  en 
essuyèrent  une  perte  de  plus  de  huit  cents  hommes, 
tant  tués  que  blessés. 

«  Vers  minuit,  l'on  entendit  la  voix  de  stentor 


272 


des  généraux  Lemarrois  et  Roguet,  qui  ordon- 
nèrent de  battre  la  retraite,  qui  se  fit  avec  beau- 
coup  de  désordre.  » 

Fréd.  Alvin. 


273 


QUATRE   ÉNIGMES. 


Planche    D. 


Ce  titre,  qui  se  rapporte  à  la  planche  D,  que  j'ai 
l'honneur  d'offrir  à  la  Société  royale  de  numisma- 
tique ,  indique  mon  opinion  personnelle.  Je  ne 
doute  pas  que  des  lecteurs  de  la  Revue,  en  exami- 
nant les  quatre  figures  gravées,  n'y  retrouvent  tout 
de  suite  une  ou  deux  vieilles  connaissances.  Ce  ne 
sera  peut-être  pas  le  cas  pour  les  deux  monnaies 
aux  inscriptions  arabes.  Pour  moi,  j'ai  perdu  mon 
latin  à  en  demander  l'interprétation  à  plus  d'un 
savant. 

En  ce  qui  regarde  le  tiers  de  sol  et  la  bractéate 
Scandinave  en  or,  je  ne  les  ai  découverts  dans 
aucun  livre  à  ma  disposition.  Il  ne  me  reste  donc 
que  la  publication  pour  les  mettre  sous  les  yeux 
des  personnes  plus  versées  que  moi  en  numisma- 
tique. 

1.  Tiers  de  sol  appartenant  à  M.  le  docteur 
A.  Looxma  Ypey,  trouvé  dans  son  tertre  à  Menal- 
dum  et  conservé  avec  les  antiquités  de  ce  tertre 
(un  terra  mare  frison)  à  sa  villa  Vyverlust,  à  Ryper- 
kerk. 

Buste  avec  bonnet,  tourné  à  droite. 


274 

Légende  :  TOMOUuOlIM,  ou  quelque  chose  de 
semblable. 

Rev.  Croix  à  branches  égales,  accostée  de  deux 
points  en  haut. 

Légende  :  CHHAIVEBE  (?)  et  deux  )(. 

Leblanc  (édition  d'Amsterdam,  1692,  p.  66)  fait 
remarquer  que  le  nom  de  Chéribert  I,  l'aîné  des 
enfants  de  Clotaire,  roi  des  Francs,  à  Paris  (56 1- 
567),  est  indiqué  sur  six  de  ses  monnaies  comme 
Utaribertus,  Charibertus,  Cheribertus,  Heribertus; 
mais  les  monnaies  de  ce  prince  paraissent  avoir 
au  revers  un  calice  à  deux  anses  surmonté  d'une 
croix. 

Faut-il  donc  penser  à  Chéribert  II,  régnant  dans 
le  pays  de  la  Garonne  (A0  63o)  ? 

Leblanc  produit,  p.  65,  d'autres  monnaies  au 
nom  d'un  autre  Cheribertus  ;  au  revers,  croix 
élevée,  accostée  de  M- A  (Massilia).  —  Judicent 
peritiores. 

2.  Bractéate  en  or,  à  bélière,  uniface.  Buste 
coiffé  ou  heaume,  à  l'œil  très  grand,  en  cuirasse 
ou  habit  tout  boutonné,  levant  la  main  droite,  à 
peu  près  comme  dans  le  salut  militaire.  Entre  la 
main  levée  et  le  menton  se  voit  un  I  ;  derrière  le 
buste,  quatre  perles.  La  légende  consiste  en  qua- 
torze I  placés  verticalement  ou  horizontalement. 

Nous  n'avons  aperçu  nulle  part  un  insigne  ou 
ornement-bractéate  qui  ressemblât  à  cette  pièce, 


275 

probablement  trouvée  en  Drenthe,  possédée  par 
M.  le  Dr  P.-D.  Kymmell,  à  Leeuwarde,  depuis 
novembre  1878,  et  provenant  d'Assen. 

Vu  la  ressemblance  que  cette  bractéate  présente 
avec  une  autre  figurée  dans  V Atlas  de  l'Archéologie 
du  Nord,  tab.  II,  26,  nous  osons  la  nommer  une 
pièce  Scandinave.  Mais  sur  la  pièce  indiquée  par 
moi,  il  y  a  le  fameux  corbeau  d'Odin.  Celui-ci 
manque  pourtant  sur  une  troisième  pièce,  tab.  III, 
n°  33,  à  figure  coiffée  de  la  même  manière  que  notre 
n°2,  mais  le  personnage  y  élève  les  deux  bras. 

Le  droit  est  à  comparer  avec  de  Saulcy,  pi.  I, 
nos  4  et  10,  d'Anastase  (4gi-5i5)  ;  le  revers,  avec 
la  pi.  XXIII  de  Tibère-Constantin  (582). 

Nos  3-4.  Avant  de  m 'occuper  de  ces  deux  mon- 
naies, je  dois  rappeler  ou  indiquer  à  mes  lecteurs, 
s'il  y  en  a,  que,  dans  la  Revice  belge  de  numismatique 
de  l'an  1861  (3e  série,  t.  V),  existe  une  note  de  ma 
main,  intitulée  :  Souvenirs  numismatiques  des  Croi- 
sades. En  tête  de  cette  note,  p.  243,  est  gravée  une 
monnaie  appartenant  aux  Almohades,  dynastie 
qui,  de  1121  à  1269,  a  régné  en  Espagne  et  en 
Afrique. 

La  monnaie  figurée  p.  243,  trouvée  au  bourg 
ou  château  d'Idsinga,  en  Ostfrise,  faisait  partie 
du  butin  enlevé  par  les  Frisons  croisés,  probable- 
ment entre  le  3i  juillet  1217  et  le  4  août  1217, 
à  Santa-Maria  (Hairin)  ou  à  Rota,  sur  la  côte 
occidentale  du  Portugal,  ou  à  Cadix,  en  Espagne. 


276 

Quand  je  publiais  le  n°  3,  trouvé  depuis  au 
village  de  Goënga,  près  de  la  ville  de  Sneek,  en 
Frise,  dans  le  Vrye  Fries,  en  i883,  on  m'avait 
affirmé  que  les  légendes  des  deux  monnaies, 
savoir  celles  d'Idsinga  et  de  Goënga  étaient  à  peu 
près  identiques;  mais  mon  si  exact  lithographe, 
M.  A.  Van  Calsbeek,  m'ayant  assuré,  après  coup, 
que  les  légendes  diffèrent,  il  m'a  semblé  nécessaire 
de  donner  un  camarade  à  la  figure  d'une  autre  troi- 
sième monnaie,  également  aux  légendes  arabes, 
découverte  postérieurement  à  Staveren. 

Observons  que  la  monnaie  n°  3  fut  trouvée  à 
Goënga. 

J'ai  vainement  essayé  d'obtenir  des  renseigne- 
ments plus  précis,  mais  j'ai  fixé  dans  le  Vrye  Fries 
l'attention  sur  les  rapports  qui  existaient  entre  le 
cloître  Floridus  Campus  (Groningen-Ommelanden) 
et  le  cloître  Aula  Dei  à  Goënga,  fondé  par  Ubol- 
dus  (1245),  ancien  laïque  du  Floridus  Campus,  dont 
l'abbé  Emo  de  Wierum  avait  publié  le  récit  de  la 
croisade  de  l'an  1217. 

J'ai  soupçonné  que  cet  Uboldus  avait  possédé 
et  emporté  de  Floridus  Campus  à  Aula  Dei  cette 
monnaie  qui  faisait  partie  du  butin  de  la  croisade 
susdite. 

Le  n°  4,  à  légendes  semblables  des  deux  côtés, 
fut  trouvé  dans  l'antique  ville  de  Staveren , 
en  i883,  par  un  journalier  exhaussant  le  bastion 
de  cette  ville,  au  lieu  où,  auparavant,  avait  été  le 
blockhuis  ou  forteresse.  C'est  par  l'intermédiaire 


277 

de  M.  le  notaire  Tjebbes  de  Workum  que  cette 
monnaie,  transformée  en  fibule,  fut  conservée, 
ainsi  qu'antérieurement  celle  de  Goënga,  pour  le 
musée  de  la  Société  frisonne.  Celle  de  Goënga 
porte  aussi  des  traces  de  soudure,  tandis  que  celle 
d'Idsinga  est  couverte,  au  revers,  d'une  croix  en 
or,  pour  se  prémunir  contre  l'effet  diabolique  des 
caractères  cabalistiques  qui  s'y  trouvent. 

Ma  tâche  se  borne  simplement  à  donner  quelques 
indications  sur  les  lieux  de  trouvaille,  indications 
qui,  en  ce  qui  regarde  les  monnaies  aux  inscrip- 
tions arabes,  sont  assez  intéressantes,  puisque  ce 
sont,  je  suppose,  des  croisés  frisons  qui  les  ont 
rapportées  dans  leur  pays. 

J.  Dirks, 

de  l'Académie  royale  des  Pays-Bas. 
Leeuwarde,  20  décembre  1886. 


Année  1887.  18 


278 


CORRESPONDANCE. 


Lettre  de  M.  le  baron  Surmont  de  Volsberghe 
à  M.  G.  Cumont,  à  propos  de  la  médaille  pour 
récompenser  les  services  rendus  aux  armées  de 
l'Autriche  et  de  ses  alliés  en  guerre  avec  la  répu- 
blique française. 


Monsieur  et  Confrère, 

Vous  vous  rappelez  sans  doute  les  nombreuses 
investigations  que  vous  avez  faites  pour  vous 
éclairer  au  sujet  d'une  médaille  austro-belge 
de  1792  et  sur  laquelle  vous  avez  publié  un  article 
si  intéressant  que  vous  avez  bien  voulu  m 'en- 
voyer (). 

Je  vous  disais  alors  que  je  me  rappelais  avoir  vu 
cette  pièce  ;  je  ne  me  trompais  pas,  mais  je  me 
trompais  en  vous  disant  que  je  ne  l'avais  pas  dans 
ma  collection  (  ).  Aujourd'hui,  en  intercalant 
quelques   nouvelles  acquisitions,   j'ai  trouvé  la 


(')  Vqy.  ci-dessus  pp.  52  à  70. 
C)  Vqy.  noie  2,  p.  67. 


279 

médaille  en  question  ;  elle  est  en  cuivre  rouge  (peut- 
être  une  épreuve  ou  une  pièce  de  mise  en  train), 
très  correctement  frappée,  sans  bélière  et  sans 
traces  d'en  avoir  eu  une  autrefois;  du  reste,  com- 
plètement semblable  à  la  médaille  que  vous  avez 
décrite. 

J'oubliais  de  vous  dire  que  je  dois  avoir  cette 
pièce  depuis  longtemps  puisque  j'avais  complète- 
ment oublié  sa  possession. 

Bon  Surmont  de  Volsberghe. 

Gand,  12  février  1887. 


28o 


NÉCROLOGIE, 


M.  Charles-François  Onghena,  membre  effectif 
de  la  Société  royale  de  numismatique  de  Belgique 
depuis  le  4  juillet  1875,  est  décédé,  à  Gand, 
le  16  décembre  1886,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans 
et  six  mois.  Notre  confrère  était  un  graveur  de 
mérite  et  son  œuvre  compte  plus  de  mille  pièces 
diverses.  Dès  l'âge  de  douze  ans,  il  maniait  le 
burin  :  son  premier  essai  date  de  1818.  Notre 
Revue  lui  doit  la  gravure  des  cinquante-huit  pre- 
mières planches  des  médailles  historiques  du  règne 
de  Léopold  II. 

M.  Onghena  possédait  des  antiquités  de  valeur 
et  une  petite  série  numismatique,  intéressante 
surtout  au  point  de  vue  des  médailles  des  trois 
Van  Berckel.  Ces  collections,  comme  chacun  le 
sait,  furent  vendues  publiquement  à  Gand,  en 
octobre  i885. 

A.  de  Witte. 


28 1 


MÉLANGES. 


Medallic  illustrations  of  the  history  of  Great  Britain 
and  Ireland  to  the  death  of  George  II,  compiled 
by  the  late  Edward  Hawkins,  F.  R.  S.,  F.  S.  A., 
and  edited  by  Augustus  W.  Franks,  F.  R.  S., 
F.  S.  A.,  and  Herbert  A.  Grueber.  Printed  by 
order  of  the  trustées  of  the  British  Muséum. 
London  :  i885.  2  vol.  in-8°. 

L'utilité  de  cet  ouvrage  se  faisait  sentir  depuis 
longtemps.  Il  y  a,  en  effet,  plus  de  trois  quarts  de 
siècle  qu'aucun  traité  général  et  complet  sur  les 
médailles  anglaises  n'ait  paru.  La  seconde  édition 
de  Pinkerton  's  medallic  History  of  En  gland  to  the 
Révolution  remonte  à  1802,  et  que  de  lacunes 
encore  dans  cette  publication  déjà  merveilleuse- 
ment élaborée  pour  l'époque  ! 

En  fait,  comme  le  dit  très  bien  l'éditeur  dans  sa 
préface,  le  nouveau  livre  que  j'ai  sous  les  yeux 
fournira  aux  hommes  d'études  de  l'Angleterre 
des  matériaux  pour  l'histoire  de  leur  pays,  sem- 
blables à  ceux  que  l'on  trouve,  pour  l'histoire  des 
Pays-Bas,  dans  Van  Mieris,  Van  Loon  et  leurs 
continuateurs. 

La  première  compilation  des  Medallic  illustra- 


282 

tions  of  the  history  of  Great  Britain  and  Ireland  est 
l'œuvre  de  feu  Edward  Hawkins,  nommé  en  1826 
conservateur-adjoint  des  antiquités  et  médailles 
du  British  Muséum  et,  peu  après,  conservateur  du 
même  département,  poste  qu'il  occupa  jusqu'à  sa 
retraite,  en  1861.  Il  mourut  en  1867. 

Hawkins,  dès  sa  tendre  enfance,  s'était  passionné 
pour  les  médailles  et  les  caricatures  politiques 
relatives  à  son  pays.  Des  deux  grandes  collections 
qu'il  forma  de  ces  sortes  de  choses,  la  première  fut 
acquise  en  1860  et  l'autre  en  1868,  par  le  gouver- 
nement anglais.  Bien  avant  d'entrer  au  service  des 
curateurs  du  British  Muséum,  il  avait  préparé  et  se 
disposait  à  publier  un  catalogue  de  ses  médailles  ; 
mais  il  fut  décidé  plus  tard  que  cette  entreprise 
particulière  verrait  le  jour  comme  publication  du 
British  Muséum.  Une  partie  du  catalogue  était 
imprimée  en  i852.  Elle  s'arrêtait  au  règne  de 
Guillaume  III.  Soumise  aux  Trustées  du  Musée 
britannique,  ceux-ci  y  remarquèrent  des  insinua- 
tions contre  les  caractères  publics,  que  l'on  pou- 
vait admettre  dans  une  publication  privée,  mais  qui 
n'étaient  pas  à  leur  place  dans  un  livre  publié  par 
le  gouvernement.  Ce  contre-temps  valut  à  l'ou- 
vrage trente-trois  ans  de  portefeuille.  En  1864,  la 
question  revint  sur  le  tapis  :  il  fut  décidé  qu'avec 
l'autorisation  de  M.  Hawkins  on  re viserait  les 
notes  historiques  et  qu'on  chargerait  de  ce  travail 
MM.  Vaux  et  Franks. 

En  procédant  à  la  revision,  on  s'aperçut  que  le 


283 

premier  auteur  n'avait  pas  eu  l'occasion  de  visiter 
les  médailliers  étrangers,  si  ce  n'est  pourtant 
celui  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris.  Avec 
l'autorisation  des  curateurs  du  Musée  britan- 
nique, M.  Franks  parcourut  l'Europe,  visitant 
successivement  les  collections  de  France,  de  Bel- 
gique, de  Hollande,  d'Allemagne,  de  Danemark, 
de  Suède  et  de  Russie. 

Le  résultat  du  voyage  et  des  investigations  de 
M.  Franks  permit  d'ajouter  quatre  cent  quarante- 
six  pièces  à  l'ouvrage  et  de  fixer,  une  fois  pour 
toutes,  le  public  sur  le  degré  de  rareté  des 
médailles  anglaises  (car  la  rareté  est  indiquée  pour 
chaque  pièce  dans  le  livre). 

M.  Grueber,  du  département  des  coins  et  mé- 
dailles du  British  Muséum,  mérite  une  mention 
spéciale  pour  la  façon  avec  laquelle  il  a  travaillé  à 
mener  à  bien  l'importante  entreprise.  Il  a  écrit,  en 
outre,  pour  le  livre  une  introduction  fort  intéres- 
sante et  des  index  à  l'usage  des  chercheurs. 

Pour  ne  pas  porter  à  l'exagération  le  volume  et 
le  prix  de  l'ouvrage,  on  a  dû  se  contenter  de  ne 
figurer  que  les  pièces  les  plus  importantes  et  qui 
jusqu'ici  n'avaient  pas  été  reproduites.  Les  auteurs 
se  sont  arrêtés  au  règne  de  Georges  II,  pour  la 
raison  que  les  médailles  des  règnes  suivants  sont 
en  nombre  trop  considérable  et  ne  demandent  pas, 
à  la  vérité,  d'être  accompagnées  de  descriptions  et 
de  renseignements  historiques  qu'il  eût  fallu  faire 
et  rechercher  avec  le   même  soin  et  la  même 


284 

patience  que  pour  les  pièces  plus  importantes  des 
siècles  antérieurs. 

Fréd.  A. 


Deux  médailles  de  la  Société  d'agriculture  du  Brabant 
septentrional  (Pays-Bas). 

Ces  médailles  dont  nous  pouvons  faire  la  des- 
cription, grâce  aux  indications  fournies  par  notre 
zélé  confrère  M.  le  chevalier  M. -A.  Snoeck,  de 
Bois-le-Duc,  portent  toutes  les  deux  au  revers  un 
taureau  cheminant  dans  une  prairie  à  l'horizon 
de  laquelle  se  profilent  un  moulin  à  vent  et  le 
clocher  pointu  d'une  église  ;  ce  paysage  est 
entouré  d'une  guirlande  d'instruments  agricoles, 
de  produits  de  la  terre  et  de  diverses  plantes  four- 
ragères au  milieu  desquels  surgissent  à  droite  une 
tête  de  bœuf  et  à  gauche  une  tête  de  cheval.  En 
outre,  à  côté  de  quelques  gerbes  est  placée  une 
ruche  environnée  d'abeilles  ;  les  extrémités  supé- 
rieures de  la  guirlande  sont  réunies  par  un  ruban 
au  milieu  duquel  est  posée  en  guise  de  couronne- 
ment une  tête  de  bélier;  sur  la  banderole  est 
inscrite  la  phrase  :  TUA  RES  —  AGITUR. 

La  médaille  de  la  Société  d'agriculture  du  Bra- 
bant septentrional  a  été  gravée,  en  1884,  par 
M.  Janssen,  de  Breda. 


285 

Elle  porte,  au  droit,  les  armes  du  Brabant  sep- 
tentrional surmontées  du  bonnet  ducal  (duché 
de  Brabant)  et  entourées  d'une  couronne  de  lau- 
rier; au-dessous  :  m.  janssen  .  breda,  et  autour  : 

NOORDBRABANTSCHE  MAATSCHAPPIJ 
VAN  LANDBOUW  * 

(Société  d'agriculture  du  Brabant  septentrional.) 

Cette  médaille  nous  a  été  donnée  par  M.  Snoeck 
que  nous  tenons  à  remercier  de  cette  gracieuseté. 

Quanta  la  seconde  médaille  frappée  pour  récom- 
penser les  lauréats  de  l'exposition  agricole  orga- 
nisée à  Eindhoven ,  en  1886,  nous  n'avons  à  signaler 
qu'une  légère  différence  avec  la  première  pièce  : 
Les  armoiries  du  Brabant  entourées  d'une  cou- 
ronne de  laurier  ont  fait  place  à  l'inscription  : 

AFDEELING  EINDHOVEN 
ONDER  AFDEELING  STRATUM. 

(Section  d'Eindhoven,  sous-division  de  Stratum 
ou  Straten.) 

G.  C. 


286 


La  planche  reproduisant  les  nouvelles  monnaies 
de  la  République  de  Bolivie  et  publiée  dans  cette 
livraison  a  été  gracieusement  offerte  à  la  Société 
par  MM.  Eschger-Ghesquière. 

Les  pièces  de  10  et  de  5  centavos  sont  en  alliage 
de  nickel  au  titre  de  75  p.  %  de  cuivre  et  de  25  p.  % 
de  nickel  et  du  poids  respectif  de  4  grammes  et  de 
2  1/2  grammes. 

Les  pièces  de  2  et  de  1  centavos  sont  en  bronze 
au  titre  et  au  poids  des  monnaies  françaises, 

A.  Bri. 


Canadian  numismatics.  A  catalogue  of  the  coins, 
medals  and  tokens  of  the  Dominion  of  Canada. 
Part.  I.  Montréal,  1886,  gr.  in-8°,  127 pages,  plan- 
ches et  vignettes  dans  le  texte. 

Sous  ce  titre,  M.  Robert  Wallace  Mclachlan 
décrit  avec  science,  en  les  accompagnant  de  nom- 
breux commentaires  historiques  et  numisma- 
tiques,  six  cent  dix-neuf  monnaies,  médailles  et 
jetons  fabriqués  pour  ou  dans  le  territoire  cana- 
dien. 

Faisons  remarquer  cependant  que  sur  les  pièces 
de  i5  et  de  5  sols  (Hoffmann,  Monnaies  royales  de 
France,  pi.  XCVI,  nos  100  et   101),   frappées  par 


ESCHGER,  aHESQUIERE  &  Ê 


Republique     de    Bolivie,. 


76> 


287 

Louis  XIV,  en  1670,  la  marque  de  l'atelier  moné- 
taire n'est  pas,  comme  l'avance  M.  Mclachlan,  un 
soleil,  au  droit,  et  une  petite  tour,  au  revers,  mais 
tout  simplement  la  lettre  A,  Paris,  placée  sous  l'écu 
de  France. 

Un  oubli  aussi  à  signaler  pour  les  monnaies 
émises  pendant  la  domination  française  :  c'est  le 
double  tournois  forgé  à  Paris  et  portant  au  droit  : 
LVDOVICVS  •  D  ■  GR  •  FRAN  ■  ET  ■  NAV  • 
REX.  Grand  L  surmonté  d'une  couronne  et  accosté 
de  16  -  70.  Rev.  DOVBLE  —  DELA  —  MERIQVE 
FRANÇOISE  •  en  quatre  lignes  ;  au-dessous,  A 
cerné  par  trois  rieurs  de  lis.  Cette  pièce  n'est  pas 
citée  par  M.  Weyl  comme  faisant  partie  de  la 
collection  Fonrobert,  mais  elle  se  trouvait  dans 
les  séries  de  M.  Gréau,  vendues  à  Paris,  en  1867, 
n°  735  du  catalogue. 

L'auteur  de  la  Canadian  numismatics  annonce, 
au  surplus,  pour  1888,  une  deuxième  partie  dans 
laquelle  il  espère  pouvoir  faire  connaître  encore 
deux  ou  trois  cents  pièces.  Il  fait  appel  à  ce  propos 
à  tous  les  possesseurs  de  monnaies,  jetons  ou  mé- 
dailles se  rapportant  au  Canada.  Cette  suite  viendra 
donc  parachever  d'une  façon  sensible  l'étude,  déjà 
si  étendue,  publiée  aujourd'hui. 

A.  de  Witte. 


Découverte  d'antiquités  gallo-romaines  faite  à  Cas- 
teau,  en  1784;  par  G.  Cumont.  In-8°,  7  pages. 

Notre  collègue,  M.  G.  Cumont,  vient  de  publier 
dans  le  tome  XX  des  Annales  du  Cercle  archéologique 
de  Mous,  deux  documents  relatifs  à  une  découverte 
de  monnaies  romaines,  faite  à  Casteau,  en  1784. 
L'un  de  ces  rapports,  signé  par  l'avocat  fiscal 
Papin  et  adressé,  sur  l'ordre  du  gouvernement, 
au  conseil  des  Finances,  a  déjà  été  reproduit  par 
M.  Pinchart;  l'autre,  resté  inédit,  émane  de 
Nicolas  Duchesne,  mayeur  du  village  de  Casteau. 

Cette  communication  est  accompagnée  de  notes 
explicatives  qui  lui  donnent  un  renouveau  d'intérêt. 

A.  de  W. 


Numismatique  de  V Alsace,  par  Arthur  Engel, 
ancien  membre  des  écoles  françaises  d'Athènes 
et  de  Rome,  et  Ernest  Lehr,  docteur  en  droit, 
auteur  de  Y  Alsace  noble.  Paris,  Ernest  Leroux, 
28,  rue  Bonaparte,  1887.  In-40,  272  pages, 
46  planches  et  nombreuses  vignettes  dans 
le  texte. 

Sous  le  titre  de  Versuch  einer  Miïnzgeschichte 
des  Elsasses,  le  baron  Auguste  de  Berstett  avait 
publié,  en  1840,  un  essai  de  la  numismatique 
générale  de  l'Alsace.  Depuis  lors  ce  recueil,  non 


289 

sans  mérite  mais  fort  incomplet  et  comparable, 
sous  plus  d'un  rapport,  à  l'histoire  numismatique 
de  l'évêché  de  Liège  du  comte  de  Renesse-Breid- 
bach,  était  resté  malheureusement  le  seul  vade- 
mecum  possible  de  tous  les  collectionneurs  des 
monnaies  alsaciennes. 

MM.  Engel  et  Lehr  sont  venus  mettre  fin  à  ce 
regrettable  état  de  choses  en  faisant  paraître  leur 
splendide  volume  :  La  numismatique  de  V Alsace. 
Le  projet  de  cette  monographie  est  dû  à  M.  Engel, 
qui,  pendant  dix  ans,  s'est  occupé  à  réunir  les 
premiers  matériaux  de  cette  difficile  étude.  Lui  et 
M.  Lehr  ont  ensuite  élaboré,  en  commun,  le  plan 
du  livre  même.  Ils  se  sont  partagé  les  chapitres, 
chacun  signant  son  texte,  tout  en  revisant  mutuel- 
lement leurs  travaux  afin  d'obtenir  l'homogénéité 
indispensable  à  un  bon  ensemble. 

De  cette  association  de  deux  hommes  de  talent 
et  de  science  est  née  l'une  des  plus  belles  œuvres 
numismatiques  que  nous  connaissions,  tant  au 
point  de  vue  de  l'érudition  qu'à  celui  de  l'exécu- 
tion matérielle,  partie  si  importante  dès  qu'il  s'agit 
de  monnaies.  Les  planches  phototypiques  qui 
terminent  le  volume,  comme  aussi  les  dessins,  dus 
au  procédé  :Gillot,  intercalés  dans  le  corps  de 
l'ouvrage,  sont  absolument  irréprochables. 

«  Nous  avons  volontairement,  disent  les  auteurs 
«  dans  leur  préface,  laissé  de  côté  les  médailles 
«  contemporaines,  à  quelques  très  rares  excep- 
«  tions  près.  Pour  les  monnaies,  nous  ne  dépas- 


290 

«  sons  que  dans  un  seul  cas,  —  pour  les  monnaies 
«  obsidionales  de  Strasbourg  de  1814  à  i8i5,  —  le 
«  premier  tiers  du  xvme  siècle  :  il  n'y  a  plus 
«  au-delà  de  cette  époque  de  monnaies  alsaciennes 
«  proprement  dites,  c'est-à-dire  de  monnaies  frap- 
«  pées  dans  le  pays  et  spécialement  pour  le  pays.  » 

Comme  toutes  les  provinces  belges,  sauf  la 
Flandre,  l'Alsace  faisait  jadis  partie  de  la  Lotha- 
ringie. 

A  ce  titre  sa  numismatique  n'est  pas  sans  avoir 
quelque  intérêt  pour  nous  ;  c'est  ce  qui  nous  décide 
à  essayer  de  donner  un  aperçu  rapide,  trop  rapide 
à  notre  désir,  du  magnifique  travail  de  nos  savants 
confrères. 

Dans  une  courte  et  intéressante  introduction, 
MM.  Engel  et  Lehr  embrassent  brièvement,  dans 
son  ensemble,  l'histoire  métallique  de  la  province 
alsacienne  ;  puis  ils  nous  signalent  toute  une  série 
d'ateliers  monétaires  apocryphes,  comme  aussi  ils 
nous  indiquent  les  officines  connues  par  les  textes, 
mais  dont  on  n'a  pas  jusqu'ici  retrouvé  les  pro- 
duits. Cette  étude  préliminaire,  de  la  plus  haute 
utilité  pratique,  se  termine  par  la  désignation  des 
noms  et  des  valeurs  des  monnaies  citées  et  aussi  par 
une  courte  définition  de  chacun  des  termes  tech- 
niques employés  par  la  suite.  Enfin,  nous  trouvons 
une  bibliographie  numismatique  fort  complète  de 
l'Alsace,  et  nous  voilà  arrivés  au  premier  chapitre, 
qui  traite  de  l'atelier  de  Bergheim,  dont  on  ne 
connaît  encore  qu'un  seul  échantillon.   C'est  une 


291 

bractéate,  publiée  en  i858,  par  le  docteur  Meyer 
de  Zurich. 

Colmar,  ville  impériale,  qui  frappe  monnaie 
dès  le  xive  siècle,  ne  nous' donne  pas  moins  de 
quatre-vingt-seize  variétés  d'espèces  métalliques 
forgées  tant  au  nom  seul  de  la  ville  qu'à  celui  des 
empereurs  Charles  V  (?),  Ferdinand  Ier,  Maximi- 
lien  II,  Rodolphe  II  et  Léopold  Ier. 

Ensisheim,  l'atelier  monétaire  des  landgraves 
de  la  Haute-Alsace  de  la  maison  de  Habsbourg, 
fournit  un  numéraire  abondant;  et,  bien  que  cette 
officine  ne  resta  ouverte  que  de  1584  à  i632,  c'est 
par  centaines  que  se  comptent  les  variétés  de 
thalers  qui  y  furent  frappées.  M.  Lehr  décrit  d'ail- 
leurs trois  cent  vingt-quatre  monnaies  émises  par 
les  landgraves  et  neuf  jetons  aux  armes  du  land- 
graviat. 

La  baronnie  de  Froberg  (Montjoye)  n'est  connue 
que  par  un  billon  resté  unique. 

Le  monnayage  d'Haguenau,  ville  impériale  dès 
1255,  débute  par  un  denier  au  buste  de  l'empereur 
et  à  la  légende  IMPERATOR.  Cette  pièce  doit  être 
du  xiie  siècle.  Viennent  ensuite  les  monnaies 
d'argent  que  la  trouvaille  d'Illingen  a  mises  au 
jour.  Enfin,  avec  un  florin  d'or  au  Saint-Jean- 
Baptiste,  que  les  auteurs  conservent  à  l'Alsace, 
commence  la  période  municipale,  incontestable 
seulement  à  partir  de  1600.  Cette  période  se 
termine  en  l'année  1673,  après  l'émission  de 
quatre-vingt-sept  monnaies  diverses  ou  variées. 


292 

Landau  ne  nous  offre  que  des  obsidionales  et 
des  médailles  relatives  aux  différents  sièges  subits 
par  cette  vaillante  ville. 

Les  comtes  de  Hanau  -  Lichtenberg  avaient 
obtenu  déjà,  en  i368,  le  droit  de  battre  monnaie, 
mais  ce  n'est  qu'en  1587  que  Philippe  IV  et  son 
fils,  Philippe  V,  qu'il  avait  associé  au  gouverne- 
ment, se  décidèrent  à  faire  usage  de  cette  préro- 
gative. Ils  établirent  un  atelier  monétaire  à  Wœrth 
qui  se  ferma  en  i632.  Jean-René  Ier  fit  forger,  en 
même  temps,  de  161 1  à  1629,  à  Babenhausen.  Sous 
Frédéric-Casimir,  l'on  travailla  à  la  fois  à  Hanau 
et  à  Bouxwiller.  «  Après  lui,  il  n'y  a  plus,  à  pro- 
«  prement  parler  de  monnaies  alsaciennes  pour 
«  Hanau-Lichtenberg.  »  Cependant,  M.  Lehr  fait 
encore  connaître  le  numéraire  émis  par  les  neveux 
de  Frédéric  -  Casimir ,  Philippe -René  et  Jean- 
René  II,  qui  successivement  héritèrent  de  Lichten- 
berg. Nous  obtenons  airïsi  le  chiffre  respectable 
de  deux  cent  vingt-six  monnaies  pour  cette  sei- 
gneurie. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  aux  petites  mon- 
naies, de  caractère  local,  attribuées  dubitative- 
ment à  Molsheim  et  nous  passerons  immédiatement 
à  Mulhouse,  république  alliée  des  Suisses.  Sa 
numismatique  compte  dans  l'ouvrage  de  nos 
savants  confrères  dix-neuf  numéros  dont  un  est 
consacré  à  une  médaille  rappelant  la  prise  de 
Mulhouse,  en  1587. 

En  1544,  Charles  V  conféra  à  l'abbaye  de  Mur- 


293 

bach  le  droit  de  battre  monnaie.  L'on  connaît  des 
pièces  aux  noms  des  abbés  :  Jean-Rodolphe,  Jean- 
Ulric  de  Raittenau,  André  d'Autriche,  Léopold  V, 
archiduc  d'Autriche,  Léopold-Guillaume  d'Au- 
triche, Colomban  d'Andlau  et  François-Egon  de 
Furstenberg  ou  Félix-Egon. 

Bien  que  les  seigneurs  de  Ribeaupierre  aient 
monnayé  dès  le  xme  siècle,  une  seule  de  leurs 
monnaies,  au  nom  d'Egénolphe  et  au  millésime 
de  1564,  est  parvenue  jusqu'à  nous. 

Ensuite  M.  Engel  décrit  deux  médailles  de 
Schlestadt  et  un  denier  à  deux  bustes  impériaux 
vraisemblablement  de  l'abbaye  de  Seltz. 

Nous  voici  maintenant  à  l'article  traitant  de  la 
numismatique  de  Strasbourg. 

Ce  chapitre,  qui  l'emporte  en  importance  sur 
tous  les  autres  puisqu'il  ne  renferme  pas  moins  de 
sept  cent  vingt-trois  numéros,  est  l'œuvre  parfaite- 
ment réussie  de  M.  Arthur  Engel. 

L'époque  mérovingienne  est  représentée  pour 
Strasbourg  par  quelques  triens  seulement.  La 
période  carolingienne  est  plus  riche  puisque  nous 
possédons  des  deniers  de  Pépin  le  Bref,  de  Louis 
le  Débonnaire,  de  Lothaire  Ier  et  II,  de  Louis  le 
Germanique,  de  Carloman,  de  Louis  de  Germanie 
et  de  Charles  le  Simple. 

Othbert  est  le  premier  évêque  qui  se  hasarde, 
tout  au  commencement  du  xe  siècle,  à  placer  ses 
initiales  au  revers  des  monnaies,  frappées  au  nom 
des  empereurs. 

Année  1887.  19 


294 

M.  Engel  fait  cependant  judicieusement  remar- 
quer que  la  prime  preuve  de  la  participation  d'un 
évêque  de  Strasbourg  au  monnayage  impérial, 
nous  est  fournie  par  un  denier  de  Louis  le  Débon- 
naire, et  cela  sous  la  forme  de  la  volute  d'une 
crosse  glissée  timidement  entre  les  lettres  de  la 
légende. 

Godfried,  Richwin,  Eberhard,  Udo  III  suivirent 
l'exemple  d'Othbert;  toutes  leurs  pièces  sont 
d'ailleurs  extrêmement  rares.  Erkenbold  va  plus 
loin  et  inscrit  hardiment  son  nom  et  son  titre  sur 
l'une  des  faces  des  deniers  (965-ggi). 

Cependant  jusqu'à  cet  évêque  et  même  de  loin 
en  loin  après  lui,  il  existe,  à  côté  du  numéraire 
épiscopal,  un  monnayage  purement  impérial,  assez 
abondant,  au  nom  unique  de  l'empereur. 

Wernher  (1001-1028)  signe  seul  un  certain  nom- 
bre de  pièces  «  puis,  au  début  du  deuxième  quart 
«  du  xie  siècle,  c'est-à-dire  à  l'époque  qui  corres- 
«  pond  précisément  au  plus  grand  développement 
«  de  la  puissance  féodale,  le  monnayage  stras- 
«  bourgeois  signé  s'arrête  et  les  Husgenossen  vont 
«  désormais  consacrer  leurs  soins  à  l'émission  des 
«  pièces  anonymes.  »  Henri  Ier  (1181)  fait  seul 
exception  à  cette  règle  :  sa  monnaie  porte  son 
nom  HENRICVS. 

Outre  l'atelier  établi  à  Strasbourg,  les  évêques 
monnayèrent  à  Altorf  et  à  Chatenoi;  puis,  beaucoup 
plus  tard,  après  que  la  municipalité  de  leur  cité 
épiscopale  se  fut  emparé  de  l'officine  monétaire  de 


295 

la  ville,  à  Molsheim,  à  Saverne,  à  Guebwiller. 
Enfin,  postérieurement  à  l'arrivée  des  Français 
en  Alsace,  ils  frappèrent  à  Oberkirch  et  à  Gunz- 
bourg. 

«  A  la  fin  du  xme  siècle,  Conrad  de  Lichtenberg 
«  et,  dans  la  suite,  la  plupart  de  ses  successeurs, 
«  cédèrent,  tantôt  à  des  groupes  d'entrepreneurs 
«  appartenant  à  la  bourgeoisie  strasbourgeoise, 
«  tantôt  à  la  ville  elle-même,  l'exploitation  de  leur 
«  forge  monétaire.  »  En  1422,  les  droits  de  l'évê- 
que  se  trouvaient  réduits  à  la  nomination  du 
maître  de  la  monnaie.  Par  lettres  datées  du  20  jan- 
vier i5o8,  l'empereur  Maximilien  Ier  accorda  à 
Strasbourg  le  droit  d'émettre  des  florins  d'or  et  la 
ville  conserva  le  privilège  de  battre  monnaie  même 
quelques  années  après  l'occupation  de  la  cité 
argentine  par  les  Français.  Ce  ne  fut  qu'en  i6g3 
que  Louis  XIV  y  fit  frapper  monnaie  pour  son 
propre  compte.  Et  encore  le  cours  des  pièces  avec 
MONETA  NOVA  ARGENTINENSIS  était -il 
réservé  à  la  seule  province  d'Alsace.  A  partir 
de  17 16  toutes  les  monnaies  portent  le  type  ordi- 
naire des  monnaies  de  France  et  avec  cette  année 
se  termine  définitivement  le  monnayage  local  de 
Strasbourg. 

Les  médailles  des  évêques  stràsbourgeois  sont 
relativement  nombreuses  ;  M.  Engel  les  explique 
avec  soin.  Ce  chapitre  capital  s'achève  par  l'énu- 
mération  des  médailles  des  corporations,  du  tir 
de  i5go,  des  jubilés  religieux,  de  l'Académie,  du 


296 

règne  de  Louis  XIV,  des  particuliers  et  aussi  par 
la  description  des  monnaies  de  nécessité  de  1814 
et  de  i8i5. 

Thann  nous  donne  une  pièce  frappée  par  un 
archiduc  d'Autriche,  Léopold,  et,  comme  produit 
de  son  atelier  municipal,  une  cinquantaine  de 
monnaies. 

A  Weinbourg,  les  comtes  Palatins  de  Deux- 
Ponts- Veldenz,  Georges-Jean  Ier  et  Léopold-Louis 
émettent  de  l'argent  et  du  billon.  Enfin  nous 
faisons  connaissance  avec  le  monnayage  de  l'ab- 
baye et  de  la  ville  de  Wissembourg. 

La  description  d'un  certain  nombre  de  monnaies 
encore  à  classer  termine  la  Numismatique  de  l'Al- 
sace, œuvre  réellement  remarquable  qui  fait  le 
plus  grand  honneur  à  ses  auteurs  et  dont  la  place 
est  marquée,  désormais,  dans  la  bibliothèque  de 
.tout  vrai  numismate. 

Alphonse  de  Witte. 


Penningkundig  repcrtorium  de  M.  J.  Dirks. 

Depuis  notre  dernière  communication  sur  cet 
important  travail ,  l'éminent  numismate  néer- 
landais a  fait  paraître  cinq  nouveaux  fascicules 
(LVIII  à  LXII),  comprenant  encore  une  partie 
de  l'année  i6g5  jusqu'à  la  fin  de  1697,  n°  2384 
à  n°  2549. 


297 

Comme  dans  les  livraisons  précédentes,  nous  y 
trouvons  de  nombreuses  données  et  indications 
des  plus  précieuses.  Ce  travail  est  une  riche 
source  d'érudition  pour  tous  ceux  qui  s'occupent 
de  la  numismatique  des  xve,  xvie  et  xvne  siècles. 

A  propos  des  médailles  prétenduement  faites 
par  Folkema,  graveur  en  taille  douce,  qui  ne  fut 
jamais  médailleur  ('),  M.  Dirks  communique, 
dans  une  note  au  n°  2504,  qu'à  sa  demande, 
M.  E.-Ph.  Erfmann,  de  Rotterdam,  et  M.  J. 
Schulman,  d'Amersfoort,  ont  examiné  au  cabinet 
royal  des  médailles,  à  la  Haye,  et  au  cabinet  de  feu 
M.  P. -H.  van  Gelder  (musée  de  l'Etat),  les  trente 
et  une  médailles  attribuées  erronément  à  Folkema 
et  que  ces  messieurs  ont  constaté  qu'aucune  de 
ces  pièces  ne  porte  ce  nom. 

Les  suppositions  de  notre  savant  confrère, 
M.  Jules  Rouyer,  sont  sous  tous  les  points  pleine- 
ment confirmées.  Dans  l'ouvrage  de  Van  Loon, 
les  pièces  en  question  n'ont  pas  été  reproduites 
d'après  les  médailles  elles-mêmes,  mais  d'après 
des  dessins  gravés  et  signés  par  Folkema. 

Cte  M.  N. 


(')  Voy.  l'article  de  M.  Jules  Rouyer,  De  l'orfèvre  frison  Jean- 
Jacques  Folkema,  en  ce  qui  concerne  les  médailles  de  Louis  XIV  et 
autres  qui  lui  sont  attribuées.  Examen  de  la  question  de  savoir  s'il  y 
a  de  ces  médailles  qui  sont  de  lui.  Revue  belge  de  numismatique, 
i885,  pp.  333-348,  et  notre  communication  sur  le  travail  de  M.  Dirks. 
Revue  belge  de  numismatique ,  1886,  pp.  371-372. 


298 

M.  J.  Dirks  vient  de  publier  les  acquisitions 
faites  par  le  cabinet  numismatique  et  sphragis- 
tique,  à  Leeuwarden,  du  Ier  juillet  i885  au  10  sep- 
tembre 1886. 

Parmi  les  cent  vingt-six  numéros  de  cette  liste, 
nous  avons  particulièrement  remarqué  les  nos  11- 
14,  quatre  précieux  et  curieux  ornements  en  or  et 
à  belières,  dits  bractéates  Scandinaves  remontant 
du  ve  au  vme  siècle,  et  représentant  le  Mitgard- 
slang  ou  Jormungandur,  monstre  ou  serpent  marin 
de  la  mythologie  du  Nord. 

Le  n°  60,  environ  cent  monnaies  d'évêques  et 
de  préfets  d'Utrecht  du  xne  siècle,  dont  était  com- 
posée la  trouvaille  de  Hijum. 

Ensuite  plusieurs  monnaies  fort  rares  de  la 
Frise,  entre  autres  n°  61,  monnaie  de  Dokkum, 
sous  Bruno  (io38-io57),  inédite;  n°  64,  monnaie 
de  Bolsward,  sous  Egbert  (1057-1068)  ;  nos  65  et  66, 
monnaies  rares  de  Leeuwarden  ;  n°  67,  florin  d'or 
de  Georges  de  Saxe,  gouverneur  de  Frise  (i5oo- 
i5i5);  n°  69,  demi-écu  à  l'aigle  de  1584;  n°  70, 
ducat  de  i5g5,  inédit;  n°  72,  pièce  de  7  sous  de  1601, 
inédite  ;  n°  73,  écu  au  lion  de  1602,  avec  Mo  —  no 
—  ord.,  inédit. 

Nos  74  et  77,  dûtes  de  i6o5  et  1-617,  avec  Msî  dns 
nobiscv  etnobiscvm,  inédites;  n°  81,  médaille  mor- 
tuaire, en  argent  et  gravée,  de  Bernard  Scho- 
tanus,  professeur  à  l'université  d'Utrecht,  mort 
le  i5  octobre  i652;  n°  97,  jeton  inédit  de  Bucho 
van  Ayta;  n°  97*,  médaille  de  la  diète  frisonne, 


299 

1711,  au  buste  de  Jean-Guillaume-Friso,  prince 
d'Orange-Nassau,  stadhouder  de  Frise;  n°  gg, 
médaille  inédite  au  buste  de  Guillaume  IV, 
prince  d'Orange -Nassau,  de  1748;  et  enfin  les 
n08  117  et  118,  exemplaires  en  argent  et  en  bronze 
de  la  médaille  offerte  en  or,  en  argent  et  en  bronze, 
à  M.  J.  Dirks,  par  la  Société  historique,  archéolo- 
gique et  littéraire  de  la  Frise,  dont  voici  la  descrip- 
tion : 

Mr  JACOB  DIRKS.  i836  —  28  MAART  1886. 
Buste. 

Rev.  HET  FRIESCH  GENOOTSCHAP  VAN 
GESCHIED-,   OUDHEID-  EN  TAALKUNDE. 

(La  Société  frisonne  d'histoire,  d'archéologie  et 
de  philologie.) 

Dans  une  couronne  de  myrte  : 

LID  28  MAART  i836 

PENNINGMEESTER  5  APRIL  1841 

VOORZITTER  8  JULI  i852. 

(Membre,  28  mars  i836;  trésorier,  5  avril  1841  ; 
président,  8  juillet  i852.) 
Hommage  certes  bien  mérité  ('). 

Cte  M.  N. 

(')  Voy.  Revue,  1886,  p.  353 


3oo 


Description  des  monnaies  de  la  Numidie  et  de  la  Mau- 
ritanie et  leur  prix  basé  sur  le  degré  de  rareté,  par 
L.  Charrier.  ire  partie.  Numidie.  Bône,  typog. 
A.  Carie,  1886,  in-40,  48  pages  et  6  planches  ('). 

Le  classement  adopté  dans  cet  ouvrage  diffère 
en  bien  des  points  de  celui  suivi  jusqu'ici  et  pré- 
senté, jadis,  par  MM.  Muller,  Falbe  et  Lindberg 
dans  leur  numismatique  de  l'ancienne  Afrique. 

Les  appréciations  nouvelles  émises  par  M.  Char- 
rier prouvent,  chez  lui,  un  esprit  fin,  observateur  et, 
de  plus,  une  étude  longue  et  consciencieuse  de  son 
si  ingrat  sujet.  Le  système  de  notre  savant  confrère 
repose,  en  ce  qui  concerne  les  monnaies  royales 
tout  au  moins,  sur  un  examen  minutieux  des  traits 
des  personnages  représentés  et  aussi  sur  les  lieux 
d'origine  des  trouvailles,  autant,  peut-être,  que 
sur  la  lecture  des  légendes.  Ces  dernières,  écrites 
en  caractères  puniques,  le  plus  souvent  incom- 
plètes ,  d'un  sens  difficile  à  saisir ,  offrent  de 
grandes  difficultés  d'interprétation  et  peuvent 
donner  matière  à  de  nombreuses  controverses. 

Juger  du  bien  fondé  des  opinions  de  l'auteur, 
lorsqu'il  discute  l'une  ou  l'autre  attribution,  sans 
avoir  les  exemplaires  en  nature  (*)  sous  les  yeux, 

(')  Prix  franco,  i5  francs.  S'adresser  à  l'auteur,  sous-préfecture  de 
Bône,  Algérie. 

(2)  Ou  tout  au  moins  les  planches.  11  faudrait  pour  l'intelligence  des 
lecteurs  reproduire  les  dessins  des  monnaies  en  litige  ;  ce  qui,  natu- 
rellement, est  impossible. 


3oi 

nous  semble,  dans  la  plupart  des  cas,  difficile  avec 
sa  manière  de  procéder.  Nous  nous  bornerons 
donc  à  résumer  brièvement  et  simplement  ces 
intéressantes  et  curieuses  pages. 

La  description  des  monnaies  de  la  Numidie  se 
divise  en  trois  parties  : 

I.    LES   ROIS. 

Masinissa,  fils  de  Gala  (202-148  av.  J.-C).  —  A  ce 
roi  ou  plus  exactement  à  l'époque  de  son  règne, 
M.  Charrier  attribue  une  série  de  dix  pièces  — 
moyens  et  petits  bronzes  —  dont  quatre  encore 
inédites.  Ces  médailles  portent,  au  droit,  une  tête 
barbue  et  diadémée,  à  gauche;  et,  au  revers,  un 
cheval,  quelquefois  avec  traces  de  légende.  Muller 
avait  classé  ces  monnaies  aux  rois  Adherbal  et 
Hiempsal  et  donné  à  Masinissa  de  l'argent  et  du 
bronze  qui  se  rencontrent,  paraît-il,  en  Sicile  et 
en  Espagne,  mais  jamais  dans  le  territoire  de  l'an- 
cienne Numidie. 

Micipsa  (148-118). — Sept  bronzes  de  différents 
modules.  Tête  à  gauche  et  cheval,  au  revers,  le 
plus  souvent  avec  une  légende.  «  Les  pièces  don- 
"«  nées  à  Micipsa,  a  bien  voulu  nous  écrire 
«  M.  Charrier,  ont  fait  l'objet  d'un  classement 
«  nouveau.  Une  petite  partie  seulement  a  été 
«  reconnue  appartenir  à  ce  roi.  Il  a  fallu,  en  pré- 
«  sence  des  portraits  distincts,  que  présentent  les 
«  autres,  les  classer  aux  incertaines.  » 


302 

Adherbal  et  Hiempsal-Jugurtha  (n 8-106).  —  Les 
monnaies  attribuées  jusqu'à  ce  jour  à  Jugurtha 
sont  rejetées  par  l'auteur  qui  s'appuie,  ici  encore, 
sur  le  fait  qu'aucune  découverte  n'en  a  jamais  été 
faite  en  Algérie.  Il  ne  connaît  pas  de  numéraire 
pouvant  convenir  à  Adherbal  ou  à  Hiempsal. 

Hiempsal  II  (106-60).  —  Six  pièces,  en  bronze 
et  en  argent.  Au  droit  :  tête  de  Cérès  ou  un  profil 
imberbe  ;  au  revers  :  cheval  à  droite,  avec  légende 
et  attributs  divers.  Le  dernier  denier  d'argent 
publié  par  M.  Charrier  est  inédit  et  pourrait 
représenter,  d'après  lui,  le  profil  d'Hiarbas, 
compétiteur  d'Hiempsal  II. 

Jiiba  Ier,  fils  d'Hiempsal  (60-46).  —  Neuf  pièces 
diverses.  L'art  gréco-africain  s'efface  devant  l'in- 
fluence de  Rome.  «  D'importantes  modifications 
«  se  remarquent  ici,  dans  la  fabrique  des  mon- 
«  naies.  Les  pièces  d'argent  sont  frappées  dans  le 
«  système  romain  :  denier,  quinaire  et  sesterce. 
«  Le  type  du  cheval,  distinctif  des  monnaies 
«  numidiques  depuis  plusieurs  siècles,  disparaît 
«  des  monnaies  de  bronze  et  le  nom  du  roi  est 
«  écrit  tantôt  en  punique,  tantôt  en  latin.  » 

Masinissa,  contemporain  de  Juba.  —  D'accord 
avec  Muller,  M.  Charrier  classe  à  ce  prince  deux 
bronzes  à  légendes  puniques,  puis  il  fait  connaître 
une  pièce  représentant,  croit-il,  Arabian,  fils  de 
Masinissa,  qui  aurait  régné  du  vivant  de  son  père. 

Vient  ensuite  toute  une  série  de  monnaies 
royales  incertaines.  «  Elles  entrent  dans  la  pro- 


3o3 

«  portion  de  neuf  dixièmes  sur  le  chiffre  des  pièces 
«  numidiques  connues.  Elles  présentent  aussi  un 
«  grand  nombre  de  portraits  de  rois.  » 

II.    MONNAIES   DES  VILLES. 

M.  Charrier  est  parvenu  à  reconnaître  le  mon- 
nayage de  douze  villes,  qui  sont  :  Cirta  (4  bronzes), 
Rusicada  (2),  Gazauphala  (2),  Hippo  regius  (3), 
Tabraca  (1),  Sitifis  (2),  Saraï  (1),  Bulla  regia  (2), 
Macomada  (3),  Salviana  (2),  Theveste  (3)  et 
Tagura  (1). 

Les  monnaies  attribuées  à  Rusicada  l'avaient 
été  par  Muller  d'abord  à  Utique,  puis  à  Tocatua; 
celles  données  à  Theveste  étaient  restées  jusqu'ici 
parmi  les  incertaines  de  la  Numidie,  etc.,  etc. 

III.    ROIS  DE  MASSÉSYLIE. 

Syphax  et  Vermina  sont  les  deux  seuls  rois  de 
la  Numidie  occidentale  dont  l'histoire  nous  ait 
conservé  le  souvenir.  Quatre  bronzes  leur  appar- 
tenant sont  décrits  par  M.  Charrier  qui  ne  voit  pas 
dans  la  tête  nue  aux  cheveux  courts  du  droit  des 
trois  premières  de  ces  monnaies  la  personnifica- 
tion du  peuple  numide,  mais  bien  le  portrait  du 
roi  Syphax.  Le  quatrième  bronze  serait  de  Ver- 
mina. L'auteur  termine  enfin  en  donnant  dubi- 
tativement à  Lacumacès  un  joli  denier  d'argent 
considéré  par  Muller  comme  étant  de  Bocchus  Ier 
ou  de  Vermina,  fils  de  Syphax. 


3  04 

La  description  des  monnaies  de  la  Numidie  est 
accompagnée  de  six  planches  reproduisant  photo- 
graphiquement  presque  toutes  les  pièces  citées 
dans  le  texte,  le  plan  de  Rusicada  et  l'inscription 
néo-punique  de  la  nécropole  de  Djenan  Ald-Er- 
Rahman  (').  A  bientôt,  espérons-le,  la  numisma- 
tique de  la  Maurétanie. 

A.  DE  WlTTE. 


Histoire  monétaire  de  Genève  de  i535  à  1792,  par 
Eugène  Demole,  Docteur  en  philosophie,  Con- 
servateur du  Cabinet  de  Numismatique  de 
Genève,  avec  9  planches  de  reproductions  de 
monnaies.  Genève,  1887.  Un  beau  volume  in-40 
de  373  pages.  (Extrait  des  Mémoires  et  Docu- 
ments de  la  Société  d'Histoire  et  d'Archéologie 
de  Genève.) 

Nous  ne  savons  ce  que  l'on  doit  le.  plus  admirer 
des  profondes  connaissances  de  l'auteur  dans  la 
numismatique  de  son  pays  ou  de  la  patience  dont 
il  a  fait  preuve  dans  la  recherche  des  documents 
nécessaires  à  l'achèvement  d'un  pareil  travail;  et, 
quand  on  a  pu  s'en  rendre  un  compte  exact,  on  est 
amené  à  supposer  que,  s'il  a  pris  tout  le  temps  et 


(')  M.  Charrier  mécontent  du  résultat  obtenu  par  la  photographie, 
vient  de  se  décider  à  recourir  à  la  phototypie.  Les  planches  seront 
refaites  à  Paris. 


3o5 

les  soins  nécessaires  pour  le  mener  à  bonne  fin, 
il  a  dû  y  consacrer  plusieurs  années.  C'est  bien  à 
ses  poumons  que  la  poussière  des  Archives  a  dû 
rappeler  souvent  le  Mémento,  homo,  quia  pulvis  es  de 
la  Genèse  !... 

Aussi,  n'avons-nous  pas  la  prétention  d'analyser 
ce  beau  livre,  l'espace  dans  lequel  nous  sommes 
tenu  de  nous  renfermer  nous  interdisant  d'en 
donner  un  précis  raisonné  qui  dépasserait  les 
limites  permises.  Nous  dirons  seulement  que,  des 
trois  périodes. successives  du  monnayage  genevois 
auxquelles  cette  étude  aurait  pu  donner  lieu,  la 
période  bourguignonne  et  mérovingienne,  celle 
des  Evêques,  et  enfin  celle  des  Magistrats  de 
Genève  constituée  en  Etat  indépendant,  la  der- 
nière seule,  en  majeure  partie  du  moins,  a  été 
abordée  par  M.  Eug.  Demole  :  elle  s'étend  de 
i535  à  1792,  et  le  savant  conservateur  du  Cabinet" 
de  Numismatique  explique  pourquoi  il  ne  l'a  pas 
continuée  jusqu'à  nos  jours. 

L'organisation  de  cet  atelier  est  étudiée  dans  la 
première  partie  de  ce  mémoire.  On  y  trouve  le  rôle 
des  officiers  et  des  employés  de  la  Monnaie,  les 
procédés  de  fabrication  et  les  emplacements  de 
l'atelier.  La  seconde  partie  est  consacrée  à  l'acti- 
vité de  l'atelier  ;  elle  comprend  l'étude  des  sys- 
tèmes monétaires  suivis  à  Genève  de  i535  à  1792 
et  l'énumération  des  diverses  monnaies  frappées, 
avec  les  ordonnances  qui  en  fixent  le  titre,  le 
poids,  le  type  et  la  quantité.  La  troisième  partie 


3o6 

est  réservée  aux  relations  monétaires  de  Genève 
avec  l'étranger,  et  la  quatrième  partie  aux  descrip- 
tions. 

Enfin,  ce  magnifique  volume  est  accompagné 
de  9  planches  avec  85  figures. 

Ce  travail,  parfaitement  coordonné,  est  accom- 
pagné de  tableaux  précieux,  bien  faits  pour  en  aug- 
menter la  valeur  aux  yeux  des  numismates,  qui, 
sans  de  longues  perquisitions,  pourront  classer 
avec  certitude  leurs  monnaies  les  plus  douteuses. 

Ajoutons,  enfin,  que,  si  M.  Eug.  Demole  nous 
a  donné  les  motifs  pour  lesquels  son  Histoire  moné- 
taire de  Genève  s'arrête  à  la  date  de  1792,  il  n'a  pas 
renoncé  pour  cela  à  la  continuer  jusqu'en  1848, 
et  qu'il  nous  en  fait  espérer  l'achèvement  pour  un 
avenir  prochain.  Mais  alors,  qu'il  nous  permette, 
en  terminant,  de  lui  exprimer  nos  regrets  de  ce  qu'il 
n'a  pas  jugé  convenable  de  commencer  son  travail 
par  l'étude  approfondie  des  deux  premières  périodes 
du  monnayage  de  Genève.  C'était  un  ouvrage 
digne  de  son  érudition  et  nul  mieux  que  lui  ne 
pouvait  le  mener  à  bonne  fin.  Ab  Jove  principium. 
Il  aurait  dû  commencer  par  là.  Espérons  donc  que, 
s'il  a  mis  la  charrue  avant  les  bœufs,  —  ou  plutôt 
la  locomotive  avant  le  train,  —  l'auteur  n'en  tra- 
cera pas  moins  ce  sillon  si  intéressant  à  exploiter, 
surtout  quand  on  dispose,  comme  lui,  de  la  science 
acquise.  Sa  patrie  lui  en  sera  reconnaissante. 

G.  V. 


307 

Dans  YInstructie  voor  aile  wisseleers  de  gêner ael 
Meesters  van  de  Coninck  Maiesteyts  munte,  etc.,  impri- 
mée à  Anvers,  en  i58o,  chez  Guillaume  Van  Parys, 
se  trouve  gravé,  à  la  page  88,  parmi  les  monnaies 
d'or  pour  lesquelles  les  changeurs  auront  à  payer, 
à  l'esterlin,  «  xix  st.  xxviij  myten  »,  le  florin  au 
Saint-Lambert  assis,  décrit  par  nous  dans  la  pré- 
cédente livraison  de  la  Revue.  Cette  pièce  est  donc 
bien  une  monnaie  ('). 

Remarquons,  en  passant,  que,  d'après  la  vignette 
de  l'instruction  anversoise,  le  petit  écu  placé  en 
cœur  ou  en  abîme,  sur  l'un  des  écussons  qui  ter- 
minent les  branches  de  la  croix  du  revers,  est  lisse 
et  non  pointillé.  C'est  le  contraire  qui  existe  sur 
les  deux  exemplaires  connus,  une  nouvelle  étude 
de  ces  pièces  nous  a  permis  de  le  constater. 

A.  de  Witte. 


Les  desiderata  de  la  numismatique  du  Dauphiné,  par 
G.  Vallier.  Grenoble,  1886,  in-8°,  23  pages, 
4  figures  sur  bois  dans  le  texte  et  une  planche. 
Extrait  de  la  Petite  Revue  Dauphinoise. 

Dans  cette  notice,  particulièrement  intéressante 

(')C'est  à  cette  opinion  que  s'est  aussi  arrêté  M.  le  baron  de  Chestret, 
après  avoir  examiné,  en  nature,  l'exemplaire  de  la  collection  Piat. 
Malheureusement  la  lettre  que  notre  érudit  confrère  a  bien  voulu  nous 
écrire  à  ce  sujet  nous  est  parvenue  trop  tard  pour  qu'il  fût  possible  d'en 
faire  usage.  Notre  article  :  Numismatique  liégeoise,  était  déjà  imprimé 


3o8 

pour  les  collectionneurs  de  pièces  dauphinoises, 
M.  Vallier  a  voulu  signaler  aux  amateurs  de  cette 
numismatique,  des  monnaies,  des  jetons  et  des 
médailles  dont  la  fabrication  est  certaine  ou  pro- 
bable, mais  qui  n'ont  pas  encore  été  retrouvés. 
Parmi  les  médailles  nous  devons  spécialement 
citer  celle  qui  est  attribuée  par  M.  Vallier  au 
connétable  de  Lesdiguières,  parce  que  cette  pièce 
est  une  œuvre  d'art  des  plus  remarquables  et  qu'elle 
est  du  reste  admirablement  reproduite  par  la  pho- 
totypie  d'après  la  gravure  de  L.  Gaucherel,  con- 
tenue dans  la  Description  des  médailles  et  jetons  com- 
posant le  cabinet  de  M.  Petetin,  par  J.  Charvet  ('). 
Nous  regrettons  cependant  que  M.  Vallier  n'ait 
pas  indiqué  ou  recherché  le  nom  de  l'artiste  qui 
a  créé  ce  chef-d'œuvre  et  nous  pourrions  aussi 
reprocher  à  notre  infatigable  et  zélé  confrère  de 
ne  pas  avoir  dit  sur  quelles  preuves,  en  l'absence 
de  toutes  légendes,  il  s'appuie  pour  voir  sur  le 
revers  de  cette  médaille  le  buste  cuirassé  de  Fran- 
çois de  Bonne,  duc  de  Lesdiguières,  maréchal  et 
connétable  de  France.  Nous  espérons  que  M.  Val- 
lier ne  tardera  pas  à  remplir  cette  lacune  de  son 
travail,  qui  mérite  néanmoins  tous  nos  éloges. 

G.  Cumont. 

(')  Voy.  p.  18,  n°  48  de  son  Catalogue.  Paris,  1860. 


3oo. 


Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique. 

Septembre-octobre  1886. 
I.  Vente  P.  Charles  Robert  (suite  et  fin),  par  M.  J.  HER- 

MEREL. 
II.  Bronzes  grecs  à  lettres  nume'rales,  par  M.  J.-P.  Six. 
III.  Début    du    monnayage   de    Philippe  le    Bel,    par 

M.  Louis  Blancard. 
IV.   Un  dernier  mot  sur  la  trouvaille  d'Accolay  (Yonne), 
par  M.  CARON. 
Trésor  composé  d'environ  2,800  féodales  françaises 
du  XIIe  siècle,  intéressantes   surtout  pour  les  ate- 
liers d'Auxerre,  de  Tonnerre  et  de  Nevers. 
V.  Bibliographie  par  MM.  A.  DE  BELFORT  et  R.  SER- 
RURE. 
VI.  Ventes  de  monnaies,  en   France,  par  M.  J.  HER- 
MEREL;  en  Belgique,  par  M.  ALPH.  DE  WlTTE. 
VII.  Correspondance.  Lettre  de  M.  Charles  Robert. 

Novembre-décembre. 
I.  Recherches  des  monnaies  impériales  romaines  non 
décrites  dans  l'ouvrage  de  M.  H.  Cohen,  par 
M.  A.  DE  BELFORT. 
II.  Observation  au  sujet  de  la  trouvaille  de  Sarzana  et 
de  quelques  pièces  publiées  par  M.  E.  Gariel, 
par  M.  W.  BOYNE. 

III.  Observations  sur  les  tiers  de  sol  mérovingiens  de 

Vico-Juli,  Dia  et  Vienna-Vico,  par  M.  VALLIER. 

IV.  Trouvaille  de  monnaies  du  XIe  siècle,  par  M.  E. 

CARON. 
Monnaies  seigneuriales  et  royales  françaises,  décou- 
vertes à  Verneuil   (Eure),   parmi   lesquelles   des 

Année  1887.  10 


3io 

deniers  et  des  oboles  de  Robert  II  (HOFFMANN, 
pi.  II,  nos  i  et  2)  en  nombre  encore  indéterminé. 
Ces  pièces  n'étaient  connues  jusqu'ici  qu'à  trois 
exemplaires. 
V.  Fabrication  des  monnaies  françaises,  en  i885,  par 
M.  L.  SUDRE. 
VI.  Chronique,  nécrologie,  bibliographie,  revues  pério- 
diques, trouvailles  par  MM.  A.  DE  BELFORT, 
F.  G.  et  ALPH.  DE  WlTTE. 

A.   DE  W. 


Revue  numismatique.  —  Sommaire  de  1886  ('). 

II.  J.-P.  SIX.  Monnaies  lyciennes  (2e  article).  —  O.  VAU- 
VILLE.  Monnaies  gauloises  trouvées  dans  le  département 
de  l'Aisne.  —  J.-M.  PROU.  Tiers  de  sou  d"or  mérovingien 
de  Tidiriciacum.  —  L.  BLANCARD.  Sur  le  florin  pro- 
vençal (fin).  —  G.  SCHLUMBERGER.  Sceau  inédit  de 
Boniface  de  Montferrat,  avec  le  plan  de  la  ville  de  Salo- 
nique.  — J.  ROUYER.  Déneraux  et  autres  poids  monétaires 
de  France  et  des  Pays-Bas. 

III.  T.  REINACH.  Essai  sur  la  numismatique  des  rois 
de  Cappadoce.  —  G.  SCHLUMBERGER.  Monnaies  inédites 
des  Éthiopiens  et  des  Homérites.  —  M.  DELOCHE. 
Monnaies  mérovingiennes  (suite);  considérations  générales 
sur  les  monnaies  d'or  au  nom  du  roi  Théodebert  Ier.  — 


(')    Voy.   le  sommaire   de  la   première    livraison,  dans  la  Revue 
de  1886,  p. 384. 


3n 

A.  ENGEL.  Imitations  monétaires  de  Château-Renault 
(2e  article).  —  T.  SAUZIER.  Numismatique  coloniale; 
la  piastre  Decaen. 

IV.  J.-P.  SIX.  Monnaies  lyciennes  (3e  article).  — 
E.  BABELON.  Sur  la  numismatique  des  rois  de  Cappa- 
doce  (suite  et  fin).  —  P.  LAMBROS.  Découverte  du  ducat 
d'or  du  Grand-maître  de  Rhodes  Dieudonné  de  Gozon. — 
H.-J.  ROMAN.  Classement  des  monnaies  épiscopales  de 
Saint-Paul-Trois-Châteaux. 


La  troisième  livraison  de  l'année  1886  de  la  Numismaiic 
Chronicle  nous  est  parvenue  en  décembre  dernier.  Voici 
le  sommaire  de  cet  intéressant  fascicule  : 

I.  Un  trésor  de  monnaies  d'or  anglaises,  trouvé  Park 
street,  près  de  Saint  -Albans,  par  M.  JOHN  EVANS. 
1  planche; 

II.  Une  monnaie  unique  et  inédite  d'Anthony  Browne, 
premier  vicomte  Montaigu ,  par  M.  H. -A.  GRUEBER. 
1  planche; 

III.  Monnaies  d'or  européennes  du  moyen-âge,  par 
M.  J.-G.  Hall.  2  planches.  L'auteur  reproduit  sur  ses 
planches  l'écu  au  lion  et  le  mouton  de  Louis  de  Maie, 
le  noble  de  Philippe  le  Hardi,  le  cavalier  et  le  lion  d'or 
de  Philippe  le  Bon  ; 

IV.  Fasti  Arabici,  par  M.  STANLEY  LANE-POOLE; 

V.  Notes  sur  les  récentes  publications  numismatiques  ; 

VI.  Miscellanées.  Entre  autres  articles,  ces  mélanges 
renferment  une  notice  signée  GEORGES  SlM,  rendant 
compte  d'une  trouvaille  de  12, 236  monnaies  d'argent, 
faite  en  mai  1886  à  Aberdeen.  Nous  voyons  figurer  dans 


3l2 

ce  trésor,  outre  de  nombreux  esterlins  d'Edouard  Ier,  II 
et  III  ('),  et  pas  mal  de  pièces  écossaises  d'Alexandre  III, 
de  Robert  Bruce  et  de  Jean  Baliol,  quelques  monnaies 
belges  dont  voici  la  nomenclature  :  Robert  de  Béthune, 
Alost,  12  pièces;  du  même,  Gand,  i  pièce;  Arnould  VIII, 
comte  de  Looz,  3;  Jean  l'Aveugle,  comte  de  Luxem- 
bourg, 7  ;  Gaucher  de  Châtillon,  comte  de  Porcien,  Yves,  7  ; 
Jean  II  d'Avesnes,  Mons,  7;  Walerand  de  Luxembourg, 
seigneur  de  Ligny,  8;  Guillaume  d'Avesnes,  évêque  de 
Cambrai,  1;  Jean  III  de  Brabant,  6;  Gui  de  Dam- 
pierre,  3. 

A.  DE  W. 


Sous  presse  :  Catalogue  luxueux  orné  de  trente 
planches  reproduisant  les  spécimens  les  plus  rares 
et  les  plus  recherchés  d'un  millier  de  monnaies 
romaines  en  or,  formant  la  collection  de  M.  le 
vicomte  Ponton  d'Amécourt. 

La  vente  de  tous  ces  trésors,  aura  lieu  en  avril 
prochain  sous  la  direction  de  MM.  Rollin  et  Feuar- 
dent;  elle  est  appelée  à  faire  sensation  dans  le 
monde  numismatique. 

A.  Bri. 

(')  Voici,  au  point  de  vue  de  l'activité  des  divers  ateliers  monétaires 
anglais  représentés  dans  cette  trouvaille,  le  nombre  des  exemplaires 
appartenant  à  chacun  d'eux  :  Berwick,  204;  Bristol,  275;  Bury-Saint- 
Edmunds,  408;  Canterbury,  3, 134;  Chester,  21;  Durham,  1,118; 
Exeter,  i5;  Kingston  (Hull),  16;  Lincoln,  106;  Londres,  5. 930;  New- 
Castle,  i52;  York,  272;  Dublin,  45;  Waterford,  21. 


3i3 

On  nous  annonce  la  vente  prochaine,  sous  la 
direction  de  M.  C.  Van  Peteghem,  des  monnaies 
formant  la  riche  collection  de  M.  C.  De  l'Écluse. 
Cette  collection  comprend  des  suites  très  com- 
plètes de  pièces  de  toute  l'Europe,  ainsi  que  des 
pays  d'outre-mer. 

A.  Bri. 


TROUVAILLE  DE  LOERBEEK. 

Dans  le  courant  du  mois  de  janvier,  on  a  déterré  un 
petit  trésor  de  monnaies,  toutes  à  peu  près  de  la  fin 
du  XVe  siècle. 

Cette  trouvaille  fut  faite' dans  un  fossé  desséché  de  la 
ferme  Loerbeek,  au  village  de  Zeddam,  commune  de 
Bergh  ou  's  Heerenberg. 

D'après  les  légendes,  il  se  trouvait  auparavant  un  château 
sur  cette  terre,  qui  est  le  point  le  plus  élevé  de  l'ancien 
comté  de  's  Heerenberg  et  qui  portait  déjà  ce  nom  en  1240, 
ainsi  qu'on  peut  le  voir  dans  un  acte  de  cette  année  ('), 
ayant  trait  à  une  vente  faite  au  couvent  de  Bethlemen,  près 
de  Dirtichem,  de  quelques  terres  parmi  lesquelles  figurent 
deux  waren  (-),  situées  dans  les  bois  de  Stokhem  et 
Loberke  ;  il  est  vrai  que  ce  nom  n'est  pas  parfaitement 
le  même,  mais  il  me  semble  assez  probable  que  le  nom  de 
Loerbeek  est  dérivé  de  Loberke. 

(')  M.  L.-A.-J.-W.  Baron  Sloet  van  de  Beele.  Oorkondenboek  der 
Graafschappen  Gelre  en  Zutphen. 

(2)  Au  moyen  âge,  ce  mot  signifiait,  en  Gueldre,  terrain,  terre, 
propriété  territoriale  ;  en  Hollande,  on  disait  were. 


3i4 

Ce  trésor,  que  j'ai  eu  l'avantage  d'acquérir,  contenait  une 
seule  monnaie  d'or  et  soixante-dix-neuf  pièces  d'argent, 
dont  la  plus  ancienne  est  le  klinkaert  de  Guillaume  V, 
comte  de  Hollande,  et  la  plus  récente  le  demi-sou  de 
Nimègue,  au  millésime  1499,  ce  qui  fait  présumer  qu'il 
fut  enfoui  au  commencement  du  XVIe  siècle 

Voici  la  liste  de  toutes  les  pièces  comprises  dans  cette 
trouvaille  : 

GUELDRE. 

trnould,   14*3-1493. 

I'ieccs. 

i.  Double  gros.  VAN  DER  CHUS  ('),  pi.  XI,  n°  17     .  1 

Charles  d'Egmond,  mineur. 

2.  Sou  de  1478.  van  der  Chus,  pi.  XIV,  n°  2  .    .        i 

3.  Sou  de  1480.  IDEM,  pi.  XIV,  n°  3    .     .         1 

Charles  d'Egmond,    llîtî-l.Vls. 

4.  Demi-sou.  VAN  DER  CHUS,  pi.  XVI,  n°  i3.     .     .         2 

5.  Demi-sou.  IDEM,  pi.  XVI,  n°  i5.     .     .         1 

ftimcgue. 

6.  Demi-sou  de  1485.  VAN  DER  CHUS(9),  pi.  I,  n°  10         1 

7.  Demi-sou  de  1499.  IDEM,  pi.  I,n°i3         3 

Parmi  ces  pièces,  il  y  en  a  quelques-unes  qui 
offrent  des  variétés  plus  ou  moins  sensibles  avec 
celles  qui  ont  été  figurées  par  M.  van  der  Chijs  et 
que  j'aurais  dû  signaler,  si  je  n'avais  l'intention  de 

A  reporter ...       10 

(')  P. -O.  van  der  Chus.  De  munten  der  vormalige  Graven  en 
Hertogen  van  Gelderland. 

(2)  Id.  De  munten  der  Heeren  en  steden  van  Gelderland. 


3i5 

Pièces. 

Report  .  .  .  10 
décrire  sous  peu  de  temps,  toutes  les  variétés  et  les 
monnaies  inédites  de  la  Gueldre.  Je  profite  de  cette 
occasion  pour  prier  mes  confrères  qui  posséderaient 
dans  leurs  cartons  des  pièces  inédites  ou  bien  "dés 
variétés,  de  vouloir  bien  me  les  faire  connaître,  afin 
de  pouvoir  donner  une  liste  assez  complète,  en  leur 
témoignant  d'avance  ma  plus  parfaite  gratitude. 

HOLLANDE. 
Guillaume  V,    1316-1359. 

8.  Klinkaert.  VAN  DER  CHUS  ('),  pi.  V,  n°  4.     .     .         1 

Jean  de  Havlère,   ilil-i  l.'.V 

9.  Gros,  van  der  Chus,  pi.  XII,  n°  i3.    .    .    .        1 

ÉVÊCHÉD'UTRECHT. 
Rodolphe  de  Diepholt,   1131  1 155. 

10.  Gros  de  Deventer.  VAN  DER  CHUS  (2),  pi.  XVI, 

no  8 .         5 

David  de  Bourgogne,   1155-1196. 

il.  Demi-gros  de  1466.  VAN  DER  CHUS,  pi.  XVII, 

n°  i3 1 

12.   Demi-sou    de    1494.       IDEM,      pi.  XIX,  n°  39.  1 

i3.  Sou  au  Saint-Martin.      IDEM,      pi.  XX,    n°  60.  3 

14.   Sou  au  Saint-Kilian.      IDEM,      pi.  XX,  n°  62.  1 

A  reporter  ...       23 

(')  P.-O.  van  der  Chus.  De  munten  der  voormalige  Graafschappen 
Holland  en  Zeeland. 

(*)  Id.  De  munten  der  Bisschoppen  van  de  Heerlijkheid  en  stad 
Utrecht. 


3i6 


Pièces. 

Report   ...       23 


VILLE  DE  CAMPEN. 

i5.  Gros.  VAN  DERChijs('),  pi.  XV,  n°  9     ...  i 

16.  Gros.         Idem,              pi.  XV,  n°  10    .     .    .  2 

VILLE   DE  GRONINGUE. 

17.  Olde  Vleemsche.  VAN   DER  CHUS  (-),  pi.  IX, 

n°  26 1 

18.  Demi-Jager  de    1454.    IDEM,     pi.     X,    n°  48.  1 

19.  Demi-Jager  de    1467.  IDEM,     pi.    XI,    n°  60.  1 

20.  Jager  de  1472.                IDEM,      pi.  XI,    n°  63.  1 

21.  Jager  de  1476.                IDEM,      pi.  XII,   n°  67.  3 

22.  Sou  de  1485.                Idem,     pi.  XIII,  11077.  1 


BRABANT. 
Charles  le  Téméraire,    HilMi;;. 

23.  Demi-briquet  de    1475.     VAN    DER    CHUS  (;), 

pi.  XVII,  no  8 1 

SEIGNEURIE    DE  SCHOONVORST. 
Gérard  de  Jiilier.x.    1439-1459. 

24.  Gros  de  1452.  VAN  DERCHUS(i),  pi.  XXIX,  n»  i3.         1 

A  reporter.     .     .       36 

(')  P.-O.  van  der  Chus.  De  munten  der  Heeren  en  Steden  van 
Overijssel. 

(3)  Id.,  De  munten  van  Friesland,  Groningen  en  Drcnthe. 

(3)  Id.,  De  munten  der  voormalige  Hertogdommen,  Braband  en 
Limburg. 

(*)  \D.,De  munten  der  leenen  van  de  voormalige  Hertogdommen 
Braband  en  Limburg. 


3i7 

Pièces. 

Report    ...      36 

FLANDRE. 
Philippe  le  Hardi,   1394-14041. 

25.  Gros.  Revue  française  ('),  pi.  VIII,  n°  19.     .     .        3 

Philippe  le  Bon,   1130-11G9. 

26.  Gros  dit  Kromstaert.  Revue  française,  pi.  XI, 

no  36 1 

ÉVÊCHÉ  DE   LIEGE. 
Guillaume  de  la  Ilarck  (main Itou r). 

27.  Demi-patard  de  l'an   1482.    DE  RENESSE   (s), 

pi.   LXXVII,  n°  7 1 

CLÈVES. 
Jean  I«r,    Ui:    llsi. 

28.  Gros.  MADER  (5),  t.  VI,  p.  171,  n°  9  .     .     .     .       14 

29.  Gros  de  l'an  1475.  GROTE  (*),  t.  V,  n°  86     .     .         1 

30.  Gros  de  l'an  1479,   comparez  le  double  gros. 

GROTE,  t.  V,  n°  90 1 

Jean  II,   14»l-IStl. 

3i.  Gros  de  l'an  1489.  Dans  le  champ  les  armes 
écartelées  de  Clèves-Marck  :     *ï<     IOlfjS'  * 


A  reporter  ...       Sj 

(')  P.-O.  van  der  Chus.  Revue  française,  1861. 
(*)  De   Renesse-Breidbach.  Histoire  numismatique  de  l'évêché  et 
principauté  de  Liège. 

(3)  Mader.  Kritische  Beitràge  %ur  Mun^kunde  des  Mittelalters. 
(*)  Grote.  Mun\studien. 


3i8 

Pièces. 

Report    ...       57 
DVX*  GCLIV&'S'  *  Z  *  ŒO>*MïïR. 
7?ey.   Croix  évidée ,    au  centre   un  astérisque, 
cantonnée  de  quatre  rieurs  de  lis  :  ffîO'  * 

no?  —  we:s7î  —  Lie:  *  7^  — 
D>  *  1489 3 

32.  Demi-gros  de  l'an  1496.  Dans  une  épicycloïde  de 

trois  arcs  de  cercle  et  de  trois  angles,  l'écusson 
aux  armes  de  Clèves  :   g$>    IOI^S  °  DV2C  ° 

•    cclivsrs  ?  cco  °  wkr. 

Rev.  Dans  un  entourage  pareil,  l'écusson  de 
Marck  :  $  tfJO  UO  WaS^LIS  7T 
STKKKKI96 1 

JULIERS     ET     BERG. 
Gérard,    t  133-1  135. 

33.  Demi-gros    de   Dulken.    Écusson  incliné,   sur- 

monté d'un  heaume  couronné,  écartelé  aux 
armes  de  Juliers-Berg,  ayant  l'écusson  de 
Ravensberg  en  surtout  :  GQR7TRDVS  — 
DVX  *  IVIi?  *  M. 
Rev.  Croix  pattée,  cantonnée  de  quatre  écus- 
sons,  aux  armes  de  Juliers,  Berg  et  Ravens- 
berg: mon— nov?— dvli  *— v^an  *.      i 

34.  Gros  de  Duren  de  l'an  1471.  Le  duc  à  mi-corps 

de  face  tenant  l'épée  ;  devant  lui  l'écusson 
écartelé  de  Juliers-Berg  avec  Ravensberg  en 
abîme  :  6SR7TRD  VS  S°  —  D  VX  §  I  VIP 

î  Z  îM. 

A  reporter  ...       62 


3i9 

Pièces. 

Report    ...       62 
Rev.  Croix  pattée  ;  légende  intérieure:  MOD€C? 
o  nOV7î  o  DVRSn,  écusson  de  Ravens- 
berg.  Légende  extérieure  :  *i*  7ZÏÏÏÏO  §  DHI? 

o  miLSsimo  °o  aaaauxzi    ...      1 

MARCK. 
Gérard,    (iiî-lMii. 

35.  Gros  de  Unna.  Écusson  incliné  de  Marck,  sur- 

monté  du   heaume   couronné  au  cimier  de 
Marck  :  66IRhu  *  D   *  ŒLSV    —    GCO 

Rev.  Dans  un  compartiment  formé  par  neuf  arcs 
de  cercle,  l'écusson  de  Clèves  :  •:'.;  MOnSnHTÏ 

n  nov7T  n  P7rann7T7î  a  m  a  vh^tt.      i 

ABBAYE  D'ESSEN. 
Sophie  de  Gleichen,    I  45»  l  ISO. 

36.  Gros  de  Borbek.  GROTE,  t.  III,  pi.  XI Ia,  n°  14.         1 

37.  Gros.  Idem,  1.  III,  pi.  XIIa,  n°  16    .    .    .    .        1 

VILLE  DE   DORTMUND. 
Frédéric  III,  1430-I403. 

38.  Gros.  L'empereur  à  mi-corps  tenant  un  sceptre 

et  un  globe  FRIDQIRiaVS   ROMAfiOR 
LMP. 
Rev.  L'écusson  de  Dortmund  en  abîme  sur  une 
croix     fleuronnée  :     MOU    —    nOV7^    — 

trqm  -  orne 3 

A  reporter  .     .  69 


320 


Pièces. 

Report    ...       69 


39.  Demi-gros.  GROTE,  t.  V,  pi.  9,  n°  149 

PALATINAT. 
Frédéric,    ilin-iKU. 

40.  Gros.  GROTE,  t.  V,  pi.  3,  n°  45.     .     . 


AIX-LA-CHAPELLE. 

41.  Gros  de  l'an  1420.  GROTE,  t.  V,  n°  1 35    .     .     .         1 

42.  Demi-gros.  IDEM,  t.  V,  n°  i35d 1 

FRANCE. 
Charles  VII,   14»  IISI. 

43.  Gros.  LE  BLANC('),  p.  248,  i,n°6     ....         3 

44.  Grand  blanc.     IDEM,    p.  248,  2,  n°9.     ...         1 

45.  Demi-gros  du    Dauphiné.    IDEM,    p.    248,    3, 

n°  8 1 

BOURGOGNE. 
Phlllppe-Ic-Bon,    l  ll<>- 11413. 

46.  Blanc.  Confrontez  P.  D'AVANT  (»),  CXXXIII-8.         i 

SAVOIE. 

Louis,    1  l  IO    1  165. 

47.  Boppo  biancho.  Confrontez  PROMIS,  VIII,  n°6         i 

~8o 

Leide,  février  1887. 

Th. -M.  Roest. 

(')  Le  Blanc.    Traité  historique  des  monnqyes  de  France. 
(s)  Poey  d'Avant.  Description  des  monnaies  seigneuriales  Fran- 
çaises. 


321 


Médaille  d'origine  allemande  à  l'image  de  Notre- 
Dame  de  Bon-Secours  de  Nancy  ,  par  Jules 

Rouyer.  Nancy,  imp.  G.  Crépin-Leblond,  1886, 
19  pages  in-8°  avec  planche. 

La  rare  médaille  qui  fait  l'objet  principal  de 
cette  bonne  notice  et  qui  appartient  à  l'impor- 
tante collection  de  numismatique  religieuse  for- 
mée par  M.  l'abbé  Berger,  à  Paris,  rappelle  la 
prise  de  la  ville  de  Bude,  en  Hongrie,  conquise 
sur  les  Turcs,  le  2  septembre  1686,  par  les  forces 
réunies  sous  le  commandement  du  duc  de  Lor- 
raine Charles  V,  généralissime  des  armées  impé- 
riales. 

Elle  présente ,  d'un  côté ,  avec  la  légende 
AVXILIUM  CHRISTIANORVM,  la  Notre-Dame 
de  Bon-Secours  des  Lorrains,  les  pieds  sur  un 
croissant,  abritant  de  son  manteau  protecteur 
quatre  personnages  agenouillés  à  ses  pieds  (le 
pape,  l'empereur  Léopold  et,  sans  doute,  le  géné- 
ralissime et  Maximilien-Emmanuol ,  électeur  de 
Bavière).  Au  revers,  on  voit  la  ville  de  Bude,  sur 
le  Danube,  assiégée,  bombardée  par  les  impé- 
riaux; au  premier  plan,  sur  la  rive  droite  du 
fleuve,  on  aperçoit  en  partie  les  murs  et  les  édi- 
fices de  Pesth.  Un  ange,  descendant  sur  Bude,  y 
apporte  la  croix,  ce  signe  chrétien  qui  en  avait  été 
si  longtemps  banni.  Légende  :  BVDACVM  DEO 
RECVPERATA.    2.   SEPT.    A.   1686.   L'auteur 


322 

s'occupe  en  même  temps  d'une  autre  médaille 
allemande  sur  la  paix  de  Bude,  et  d'une  troisième 
sur  la  délivrance  de  Vienne  assiégée  par  les  Turcs, 
le  12  septembre  i683. 

De  S. 


Deux  ventes  publiques  fort  intéressantes  ont  eu 
lieu  à  Paris,  dans  le  courant  du  premier  trimes- 
tre de  1887;  la  première,  du  14  février,  avait  pour 
objet  un  choix  de  monnaies  françaises  et  de  mon- 
naies et  médailles  des  ducs  de  Lorraine  et  des 
papes  (coins  de  Saint-Urbain,  etc.);  elle  a  été 
dirigée  par  MM.  Rolin  et  Feuardent  ;  la  seconde, 
des  2  et  3  mars,  renfermait  41g  lots;  c'était  la 
première  partie  des  monnaies  gauloises,  mérovin- 
giennes et  carolingiennes  de  la  précieuse  collec- 
tion de  M.  H.  Hoffmann. 


Nous  avons  appris  avec  une  grande  satisfac- 
tion que  nos  sympathiques  confrères,  MM.  Jules 
Rouyer  et  le  comte  Arthur  de  Marsy,  ont  été 
nommés  chevaliers  de  l'ordre  de  Léopold,  pour 
les  services  qu'ils  ont  rendus  respectivement  à 
la  numismatique  et  à  l'archéologie. 


323 

Nous  avons  sous  les  yeux  le  prospectus  du 
manuel  de  monnaies  grecques,  Historia  numorum, 
a  manual  of  Greek  numismatics,  par  Barclay  V. 
Head,  adjoint  au  Département  des  monnaies  et 
médailles  du  British  Muséum.  Le  but  principal  de 
cet  ouvrage  est  d'essayer  un  classement  chrono- 
logique des  diverses  séries  de  monnaies  grecques 
et  par  suite  d'établir  un  essai  d'histoire  métallique 
de  l'ancien  monde  hellénique,  à  partir  du  vne  siècle 
avant  l'ère  chrétienne  jusqu'à  la  fin  du  me  siècle 
après  Jésus-Christ,  c'est-à-dire  durant  un  espace 
d'environ  mille  ans.  Ce  volume,  royal  in-8°,  de 
800  pages,  est  imprimé  avec  beaucoup  de  luxe,  et 
les  nombreuses  gravures  intercalées  dans  le  texte 
rendent,  nous  semble-t-il;  avec  une  entière  fidé- 
lité le  caractère  de  ces  monnaies  antiques,  et  cela 
grâce  à  un  nouveau  procédé  photographique. 
A  la  fin  du  volume  se  trouvent  quatre  planches  de 
caractères  alphabétiques,  qui  seront  d'une  grande 
utilité,  dans  l'opinion  de  l'auteur,  aux  curieux  qui 
auront  à  consulter  son  ouvrage. 

G.  C. 


ERRATUM. 

Page  17,  au  lieu  de  :  Delahage  (ou  de  Haie),  lise%  :  Delahaye  (ou 
de  la  Haie). 


324 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 

EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX. 


Réunion  du  bureau  du  17  février  1887. 

A  la  demande  de  MM.  R.  Chalon  et  G.  Val- 

lier  et  sur  la  proposition  de  MM.  A.  de  Schodt 
et  G.  Cumont,  le  titre  d'associé  étranger  a  été 
conféré  à  M.  Eugène  Demole,  conservateur  du 
Cabinet  des  médailles  de  la  ville  de  Genève. 

Le  Vice-Président  ffom  de  Président, 
Le  Secrétaire,  De  Schodt. 

G.  Cumont. 


Réunion  du  bureau  du  4  mars  1887. 

Sur  la  proposition  de  MM.  A.  de  Schodt  et 

A.  de  Witte,  le  titre  d'associé  étranger  a  été  conféré 
à  M.  Louis  Charrier,  à  Bône  (Algérie),  membre 
de  l'Académie  d'Hippone. 

Le  Vice-Président  ffon'  de  Président, 
Le  Secrétaire,  De  Schodt. 

G.  Cumont. 


325 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


LISTE  DES  OUVRAGES  REÇUS  PENDANT  LE  1"  TRIMESTRE  1887. 


Avis  Important  :  Les  ouvrage»*  et  publications  destinés  a 
la  Société  doivent  être,  désormais,  adressés  à  M.  Alph.  de 
Wltte,  bibliothécaire  de  la  Société  royale  de  numismatique, 
Palais  des  Académies,  à  Bruxelles. 


Ouvrages  périodiques. 

Allemagne.  —  Berliner  Mùn\blàtter,  n03  75,  76,  77,  78  et  79,  avec 
une  planche.  —  Catalogues  cI'Adolphe  Weyl, 
nos  79,  80,  81,  82,  et  Numismatische  Correspon- 
dent, cat.  nos  44-52.  —  Ver^eichniss  verkaùflicher 
Mûn^en  von  E.  Rappaport.  —  Numismatische 
literatur  Blatt,  nos  33-34-  —  Numismatischer 
Verkehr  von  Thieme,  1887.  nos  1-2.  —  Blâtter  fur 
Mûntfreunde,nos  1 36,  137,  i38et  139,  avec  la  plan- 
che 88.  —  Catalogue  à  prix  marqués,  Zschiesche 
et  Kôder.  —  Zeitschrift  des  historischen  Vereins 
fur  Niedersachsen,  année  1886.  —  Genealog  :  und 
heraldik  Katalog  von  Ludwig  Rosenthal.  — 
Verçeichniss  verkaùflicher  Mun^en  und  Medaillen 
von  Otto  Helbing,  nos  1,  2,  3.  —  Baltische 
Studien  :  Gesellschaft fur  pommersche  Geschichte 
und  Alterthumskunde,  t.  XXXVI.  —  Gesellschaft 
fur  riùt\liche Forschungen  %u  Trier;  Jahresbericht 
von  1874  bis  1877;  idem  von  1878  bis  1881. — 
Festschrift  $ur  begrussung  der  XIV  allgemeinen 
versammlung   der    deutschen   anthropologischen 


326 

gesellschaft .  Uberreicht  von  der  Gesellschaftfiïr 
nut^lichen  Forschungen  in  Trier. 

Amérique.    —  Smithsonian  institution.  Rapport,  1884. 

Angleterre.  —  Numismatic  chronicle,  1886,  part.  III. 

Belgique.  —  Bulletin  de  la  commission  d'art  et  d'archéologie, 
t.  XXV,  n°s  3-4, 5,  6,  7-8.  —  Bulletin  de  T Académie 
royale  des  sciences,  3e  série,  t.  XII,  nosg-io,  11 
et  12.  —  Annuaire  de  l'Académie,  ar.r.ée  1887.  — 
Analectes pour  servir  à  l'histoire  ecclésiastique  de 
la  Belgique,  t.  XX,  2e  liv.  —  Annales  de  la 
Société  archéologique  de  Namur,  t.  XVII,  ire  liv. 
—  Annales  du  Cercle  archéologique  de  Mons, 
t.  XVII,  XVIII  et  XIX,  et  Bulletin  des  séances, 
4e  série,  n°  6;  5e  série,  n09  1  et  2.  —  Messager  des 
sciences  historiques,  1886,  4e  liv.  —  Société  libre 
démulation  à  Liège.  Mémoires,  t.  II  (1862)  et 
t.  VII  (1886).  —  Annuaire  de  la  même  Société, 
année  i863. 

France.  —  Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie, 
t.  XV.  —  Polybiblion  :  partie  littéraire,  t.  XXIII, 
n°s4,  5  et  6;  t.  XXIV,  n°*  1,  2,  3,4.  5et6;  t.  XXV, 
n°  1.  -  Partie  technique  :  t.  XII,  nos  4,  5,  6.  7,  8, 
9,  10,  11  et  12;  t.  XIII,  n°  1.  —  L'intermédiaire  des 
chercheurs  et  des  curieux,  année  1886,  nos  428 
à  444.  —  Académie  d'Hippone  (Algérie).  Bulletin 
n°  21  ;  fascicule  3-4.  —  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  de  l'Orléanais,  t.  VIII,  nos  125,  126, 
127  et  128.  —  Mémoires  de  la  même  Société, 
t.  IV  avec  atlas,  VII,  VIII.  IX  avec  atlas,  X,  XI  avec 
atlas,  XII  avec  atlas,  XIII,  XIV,  XV  avec  atlas, 
XVII  avec  atlas.  -  Bulletin  de  la  Société  de 
Borda,  ire  liv.  1881,  4e  liv.  1882,  année  i883, 
4<=  liv.  1886. 

Pays-Bas  et  Grand-Buché.  —  Prijslijst  n°  1  de  P.  Lankelma,  à 
Utrecht.  —  Institut  historique  de  Luxembourg, 
t.  XVI  (1860)  et  XXXIII  (1880). 

Suisse.  —  Mémoires  et  documents  publiés  par  la  Société  d'histoire 


327 

et  d'archéologie  de  Genève,  série  in-8°,  1886, 
t.  XXII.  —  Catalogue  des  livres  appartenant  à  la 
même  Société,  1869.  Série  in-40,  t.  Ier,  2e  fascicule  : 
Le  bas- relief  du  collège  à  Genève.  4e  fascicule  : 
Histoire  monétaire  de  Genève. 


Ouvrages  non  périodiques. 

Cumont.  Découverte    d'antiquités  gallo  -  romaines   faite    à 

Casteau,  en  1784,  in-8°.  Mons,  1886,  7  pages. 
—  Médaille  pour  récompenser  les  services  rendus  aux 

armées  de  l'Autriche  et  de  ses  alliés.  —  Le  scel 
et  le  contre-scel  du  conseil  de  Gueldre.  Bruxelles, 
1887,  in-8°,  23  pages  et  1  planche.  (Hommage  de 
l'auteur.) 

De  Caisne.  Notes  (manuscrites)  sur  la  numismatique.  3  volumes. 

(Don  du  bibliothécaire.) 

Demole.  Histoire   monétaire    de    Genève   de    i535    à  1792. 

Genève,  1887,  in-40,  3y3  pages,  9  planches. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

De  Witte  (Alp.)  Numismatique  liégeoise  :  Jean  d'Arkel,  Georges 
d'Autriche,  Gérard  de  Groesbeeck,  in-8°,  8  pages 
et  1  planche.  Bruxelles,  1887.  (Hommage  de 
l'auteur.) 

Mci.achlan.  Canadian  numismatics.  —  A  catalogue  of  the  coins, 

medals  and  tokens  of  the  dominion  of  Canada. 
Part.  I.  Montréal,  1886,  grand  in-8°,  127  pages, 
2  planches  et  vignettes.   [Hommage  de  l'auteur.) 

Mever(Adolphe).  Prâgungen  Brandenbur g-Preussens,  betreffenddes- 
sen  Afrikanische  Besit\ungen  und  Aussenhandel, 
1681-1810.  Berlin,  i885,  in-8°,  27  pages  et  2  plan- 
ches. (Hommage  de  l'auteur.) 

Vallier.  Iconographie  et  numismatique  des  Dauphinois  dignes 

de  mémoire.  Guillaume  Farel.  Gap,  1887,  in-8°, 
26  pages  et  3  planches.  (Hommage  de  l'auleur.) 

Van  Werveke.  Catalogue  descriptif  des   monnaies  luxembour- 

geoises conservées  au  musée  de  la  section  histo- 


328 

rique  de  l'institut  royal  grand-ducal  à  Luxem- 
bourg. Luxembourg,  1880,  in-8°,  5o  pages. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

Anonyme. 

Catalogue  des  doubles  de  la  collection  de  M.  J.  B.,  de  Bruxelles. 
Vente  le  3i  janvier  1887.  {Envoi de  M.  Duprief.) 

Le  Bibliothécaire, 
Alphonse  de  Witte. 

Bruxelles,  le  24  février  1887. 


CABINET  NUMISMATIQUE. 


Don  de  l'auteur,  M.  Ch.  Wurden  : 

Médaille  en  bronze  de  la  ville  de  Bruxelles,  pour  prix  à  la   fête 
nationale  de  i885. 

Don  de  l'auteur,  M.  Ant.  Fisch  : 
Médaille  en  bronze  de  la  ville  de  Bruxelles.  —  Denier  des  écoles.  — 
Cortège  de  charité. 

Don  du  Ministère  de  la  Justice  : 
Médaille  en   bronze  :    Maison  de  sûreté  cellulaire  à  Saint-Gilles, 
par  M.  J.  Wiener. 

Don  de  l 'auteur,  M.  Vermeiren  : 
Médaille    en     bronze     pour     l'inauguration     du     monument     de 
H.  Conscience. 

Don  de  M.  F.  Herry  de  Cocq_uéau  : 
Deux  exemplaires  d'une  monnaie  de  cuivre,  frappée  à  Bruxelles, 
pour  Zanzibar. 


REVUE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE  1887. 


PL  VI 


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10 


C(  Walttu.  cU>  «^  jetû' 


REVUE  BELGE  DE  «MRTIQUE,  1887. 


pl  m 


rnà/tlnei. 


REVUE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE,  1887. 


PI,  IX. 


Q.^avalette,  ciel  -  ^  sculî 


REVUE  BELGE  DE  MJMISMflTIQUE,  1887. 


}L.X. 


& .  I*avaiett«  ,  del  '    *  peur 


BEVUE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE.  1887. 


PL.» 


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MdDUlLLEM  1 

BU  CKÏWIRE  DU  | 
F  LÉ  HE 


rAxmjt&vsmj 


Q.  Ls-valttte  .deL'^acui! 


1). 


OR. 


Lith.  A  v.Calsbeek.Leeuvrcarden. 


329 

LE  SIDUS  JULIUM 

SUR    DES 

MONNAIES  FRAPPÉES    APRÈS    LA   MORT    DE  CÉSAR  (M. 


PL.    XIV  ET  XV. 


L'orbe  du  soleil  se  voile  en  signe  de  deuil  (*)  ; 
la  volonté  implacable  du  destin  s'accomplit  (s)  ; 
les  sinistres  présages  se  réalisent  (l),  et  la  foudre 

(')  Cette  notice  a  été  lue,  en  partie,  pendant  la  séance  extraordinaire 
que  la  Société  royale  belge  de  numismatique  a  tenue  à  Louvain,  le 
9  mai  1886.  Dans  l'espoir  de  rendre  la  lecture  de  cette  partie  moins 
sèche,  l'auteur  a  cru  pouvoir  lui  donner  une  forme  exceptionnelle. 

(*)  Virgile,  Géorg.,  liv.  I,  v.  467  (caput  obscura  nitidum  ferrugine 
texit),  et  son  commentateur  Servius  (éd.  Alb.  Lion,  Gottingae,  1826J, 
646, 487.488  ;  Plutarque,  Vie  de  César  (éd.  Paris,  Didier,  1843),  LXX  V  ; 
Sext.  Aurel.  Victor,  Hist.  rom.,  Amstelodami,  1733,  de  Viris  illust., 
c.  78,  qui  semble  parler  d'une  éclipse  du  soleil,  ce  que  Scaliger, 
de  Emend.  Temp.,  liv.  V,  p.  441,  considère  comme  faux  (sol  orbem 
suum  celasse  dicitur). 

C3)  Nicolas  Damascène,  nouv.  édit.  N.  Piccolos,  avec  traduction 
française  par  M.  A.  D.  Paris,  Firmin  Didot,  MDCGL,  p.  47;  Ovide, 
Métam.,  liv.  XV,  v.  780  et  suiv.,  et  799  et  suiv.  ;  Velleius  Patercu- 
lus,  II,  57  ;  Appien,  Guerres  civiles,  trad.  Combes-Dounous,  liv.  II, 
116;  FYorus,  liv.  IV,  2. 

(*)  Voir  sur  les  prodiges  et  présages  antérieurs  à  la  mort  de  César  : 
Tite-Live  (apud  Servium,  Géorg.,  I,  v.  472);  Velleius  Paterculus, 
liv.  II,  57;  Valère  Maxime,  liv.  I,  c.  VI,  i3;  Plutarque,  Vie  de  César, 
LXIX;  Appien,  liv.  II,  n5,  116,  149;  Dion,  trad.  Gros,  liv.  XLIII, 
21.XLIV,  17;  Florus,  liv.  IV,  2;  Julius  Obsequens,  CXXVII  (64); 
Année  1887.  21 


33o 

répond  par  des  grondements  terribles  (•)  à  la  per- 
pétration d'un  grand  crime.  Un  lieu  sacré  est 
profané  (»)  :  Caivs  Ivlivs  Caesar,  victime  d'un 
sacrilège  (3),  tombe  sous  le  fer  parricide  (4),   et 

Xiphilin  (Hist.  rom. ,  trad.  par  Cousin,  i685),  p.  3o;  Zonare  (Chro- 
niques et  Annales,  trad.  par  J.  Millet  de  Saint-Amour,  i56o,  p.  i3o). 

Suétone,  C.  J.  Cœsar,  Si,  écrit  que  quelques  mois  avant  la  mort 
de  César,  les  colons  à  qui  la  loi  Julia  avait  donné  des  terres  dans  la 
Campanie,  trouvèrent,  en  fouillant  un  tombeau  où  était,  dit-on,  ense- 
veli Capys,  le  fondateur  de  Capoue,  une  table  d'airain  qui  portait  en 
grec  une  inscription  ainsi  conçue  :«  Quand  on  aura  découvert  les  cendres 
de  Capys,  un  descendant  d'Iule  (Virgile,  Enéide,  I,  288)  périra  de  la 
main  de  ses  proches  et  sera  bientôt  vengé  par  les  malheurs  de  l'Italie.  » 
Quant  aux  prétendus  prodiges  qui  suivirent  la  mort  de  César,  on 
lira  avec  intérêt  et  enthousiasme  :  Virgile,  Géorg.,  liv.  I,  v.  466  et 
suiv.,  et  la  traduction  de  Delille  ;  Ovide,  Métam.,  liv.  X,  v.  782  et  suiv. 
Voir  aussi  Plutarque,  César,  LXXV. 

(')  Virgile,  Géorg.  I,  v.  487,  488  ;  Dion  Cass.,  XLIV,  52. 

(*)  Appien,  liv.  II,  118. 134.  La  curie  où  s'assemblait  le  Sénat  était  un 
lieu  sacré.  On  ferma,  dit  Dion  (XLVII,  19).  sur  le  champ  la  salle  où  il 
avait  été  tué,  et,  dans  la  suite,  on  la  convertit  en  latrines. 

Voir  pour  les  détails  sur  les  événements  qui  suivirent  immédiatement 
la  mort  de  César  :  Nicolas  Damascène,  pp.  43  et  suiv.  ;  Plutarqjje, 
Vie  de  César,  LXX  et  suiv.  ;  Vie  d'Antoine,  XV  et  suiv.  ;  Appien,  liv.  II, 
117  et  suiv.;  Dion,  liv.,  XLIV;  De  Schodt,  Quelques  pages  de 
numismatique  et  d'histoire  de  la  République  romaine,  pp.  17  et  suiv. 
(Revue  belge  num.,  1882,  pp.  582  et  suiv.). 

(3)  Ovide,  Fastes,  liv.  III,  v.  706;  Appien,  liv.  IV,  134. 

(*)  Rentré  à  Rome  d'Espagne,  au  mois  d'octobre  709  (45  av.  J.-C.) 
(Velleius  Pat.,  liv.  II,  56),  J.  César  fut  assassiné,  à  l'âge  de  cinquante- 
six  ans  (Suét.,  LXXXVIII;  Plut.,  Vie  de  César,  LXXV),  aux  ides  de 
mars  de  l'an  de  Rome  710  (44  av.  J.-C);  c'était  le  jour  de  la  fête 
joyeuse  d'Anna  Pérenna  (Ovide,  Fastes,  liv.  III,  v.  523).  Les  ides  de  mars 
furent  appelées  Parricides  (Suét . ,  C.  J.  Cœsar,  LXXXVIII;  Appien, 
liv.  II),  et  comptées  parmi  les  jours  néfastes  (Dion,  XLVII,  19). 


33i 

le  Père  de  la  patrie,  selon  l'histoire  (■),  le  Parais 
patriae,  selon  le  marbre  (•)  et  la  médaille  (3),  a 
inondé  de  son  sang  le  pied  de  la  statue  de 
Pompée  (4),  son  unique  rival  (5). 

Le  cadavre  du  maître  du  monde  est  là,  dans 
la  curie  déserte,  criblé  de  coups  (°),  gisant  sur 
le  sol,  et  c'est  à  peine  si,  pour  l'emporter,  osent 
l'approcher  trois  esclaves  fidèles  (7). 

Faut-il  le  traîner  au  croc  des  gémonies  et  le 

(')  w:ip  x*i  rxTflt&t  (Dion,  XLIV,  4,  36,  48;  Appien,  liv.  II,  106,  144); 
pater  patrice  (Tite-Live,  Epitome,  CXVI;  Suétone,  C.  J.  Cœs., 
LXXVI,  LXXXV  ;  Zonare,  p.  37).  On  trouve  cependant  dans  la  lettre 
d'Antoine  à  Hirtius,  extraite  de  la  i3e  Philippique  (X)  :  parentem 
patrice. 

(*)  Suét.,  C.  J.  Cœsar,  LXXXV;  Golztius,  de  Re  nummaria  anti- 
qua,  \.  I,  p.  182;  Orelli,  Inscription,  latinar.  selectar.,  t.  I,  n°  585,  et 
Th.  Mommsen,  Inscript,  latin.,  t.  I,  p.  182,  avec  parentis  patriœ. 
Orelli  (t.  I,  p.  i53)  cite  une  autre  inscription  qui  porte  patri  patriœ 
(Brundusii,  Mur.,  219,  3),  mais  il  la  trouve  suspecte.  Cicéron,  dans  une 
lettre  à  Cassius,  datée  d'octobre  710  (44)  {ad  Fam.,  XII,  3),  parle 
d'une  statue  qu'Antoine  venait  d'élever  à  la  mémoire  de  J.  César,  avec 
cette  inscription  :  Parenti  optime  merito. 

(3)  Cohen,  Consul.,  Cossutia,  n°  2;  Julia,  n°  33;  Sepullia,  n°  10. 

(•)  Cicéron,  de  Divin.,  II,  c.  IX;  Nicolas,  p.  3c,  qui  fait  cette 
réflexion  que  «  la  fatalité  est  bien  puissante,  si  toutefois  il  faut  recon- 
naître sa  main  dans  tous  ces  événements  »;  Plutarque,  LXXII  ; 
Appien,  II,  117;  Dion,  XLIV,  52. 

(s)  Nicolas,  p.  85. 

(6)  Nicolas,  p.  47;  Plut.,  LXXII  j  Appien,  liv.  II,  117;  Dion, 
XLIV,  36. 

(7)  Nicolas,  p.  47;  Plutaro_ue,  César,  LXXII;  Suétone,  LXXXI1; 
Appien,  liv.  II,  118;  Cicéron,  de  Div.,  liv.  II,  c.  IX,  exagère  un  peu 
lorsqu'il  dit  que  pas  même  un  de  ses  esclaves  n'osa  approcher  le 
cadavre. 


332 

livrer  sans  sépulture  (')  aux  eaux  fangeuses  du 
Tibre  (*)?  Un  cri  sorti  du  sein  des  conjurés  le 
demande. 

La  multitude,  informée  du  crime,  reste  frappée 
de  stupeur,  partagée  entre  la  crainte,  la  pitié,  la 
tristesse  et  l'indignation  (>). 

Non,  peuple,  inconstant  (*)  parfois,  mais  sensible 
et  généreux,  il  ne  sera  pas  dit  à  la  postérité  que 
vous  aurez  permis  que  l'on  inflige,  comme  à  un 
tyran  infâme  (3),  le  comble  de  l'ignominie  (")  au 
plus  illustre  des  Romains,  au  descendant  de  Vénus 
et  d'Énée  ('),  à  votre  grand  pontife  (8),  que  vous 


(')  Val.  Maxime,  liv.  V,  ch.  I.  10;  Appien,  II,  127,  i34  et  1 36,  III, 
18;  Dion  Cassius,  XLIV,  35. 

(*)  Val.  Maxime,  liv.  V,  ch.  I,  10;  Suétone,  LXXXII. 

(3)  Nicolas,  p.  47,  48,  83;  Plutarque,  César,  LXXIII  ;  'Appien.  II, 
118,  143,  147;  Dion,  XLIV,  20,  5o. 

(')  Appien,  liv.  III,  20. 

(s)  Quelques-uns  voulaient  confisquer  la  succession  de  César,  sous 
prétexte  que  c'était  un  tyran  (Suétone,  LXXXII;  Appien,  liv.  II,  121, 
127,  i36,  i5i  ;  III,  34). 

(6)  Appien,  liv.  II,  127,  134. 

(7)  Lucrèce,  de  Natur.  rerum.,  liv.  I;  Virgile,  Eglogue,  IX.  47; 
Ovide,  Fastes,  liv.  IV,  v.  123,  124;  Manilius.  Astron,  liv.  I,  v.  773, 
liv.  IV,  v.  D7;  Velleius  Paterculus,  liv.  II,  41;  Plut.,  César, 
XLVIII;  Appien,  liv.  II,  68;  Dion,  XLIII,  22;  XLIV,  36,  48;  etc.,  etc. 
(Voir  nos  Quelques  pages  de  num.  et  d'hist.  de  la  république  romaine. 
Rev.  belge  de  num.,  1882,  pp.  56g  et  suiv.) 

(8)  J.  César  fut  créé  grand  pontife  en  l'an  691  (63  av.  J.  C).  «  César, 
dit  Vesta,  dans  les  Fastes  d'Ovide  (liv.  III,  v.  699  et  670),  fut  prêtre  de 
mes  autels  ;  c'est  contre  moi  que  se  sont  armées  des  mains  sacrilèges.  » 
Voir  aussi  Appien,  liv.  II,  106,  148.  et  liv.  IV,  134. 


333 

adoriez  pendant  sa  vie  ('),  à  celui  dont  vous  invo- 
quiez le  nom  dans  vos  serments  (-),  à  celui  enfin 
que  vous  avez  déclaré  sacré  et  inviolable  (3),  et 
nommé  Jupiter  Julius  (4)  ! 

Non,  César  est  dieu  (5)  ;  sa  place  est  marquée 
parmi  les  astres  (8).  Brutus  et  Cassius  n'ont  outragé 
et  détruit  que  le  corps  mortel  de  César,  «  car  une 
divinité  ne  saurait  s'éteindre  (7)  ».  Bientôt,  en 
son  honneur,  on  immolera,  aux  autels  de  Rome, 
les  victimes  consacrées  aux  mânes  des  héros  et 
des  dieux  (8),  et  bientôt  aussi  viendra  l'heure  où, 
poussée  par  une  force  divine  et  vengeresse,  la 
main  scélérate  des  chefs  de  la  conspiration  retour- 
nera contre  eux-mêmes  le  fer  homicide  (J),  qu'ils 


0  Suétone,  C.  J.  Cœsar,  LXXVI1;  Dion,  XLIV,  4;  XLV,  7. 

(*)  Suétone,  C.  J.  Cœsar,  LXXV;  Appien,  liv.  II,  45;  Dion, 
XLIV,  5o. 

(5)  Appien,  liv.  II,  106,  1 3 1 ,  144;  liv.  III,  34;  Dion,  XLIV,  5,49,  5o; 
Zonare,  pp.  137,  i38. 

(")  Appien,  liv.  II,  106;  Dion,  XLIV,  6. 

(5)  Cicéron,  Philipp.,  II,  CXLIII,  etc.;  Appien,  Discours  d Antoine, 
liv.  II,  144,  145, 146,  et  liv.  III,  9,  34;  Zonare,  p.  i38.  Voir  l'Appendice. 

(6)  Voir  l'Appendice  I  à  XV. 

(;)  Ovide,  Métamorph.,  liv.  XV,  v.  840-850;  Fastes,  liv.  III,  v.  702  : 
Quœ  ceciditferro,  Cœsaris  umbra  fuit;  Val.  Maxime,  liv.  I,  c.  VIII, 
8;  Plutarque,  César,  LXXV. 

(8)  Cicéron,  PhiL,  II,  c.  XLII,  XLIII.  Suétone,  C.  J.  Cœsar, 
LXXXV;  Appien,  liv.  II,  148;  Dion,  XLIV,  5i  ;  XLVII,  18. 

(9)  Ovide,  Fastes,  liv.  III,  v.  705  et  suiv.  : 

At  quicumque  nefas  ausi,  prohibente  deorum 
Numine,  polluerant  pontificale  caput; 


334 

brandissent  aujourd'hui  encore  tout  couvert  du 
sang  de  leur  bienfaiteur  (')  ! 

L'apothéose  de  Jules  César,  qui  fut  la  seule 
accordée  sous  la  république  (*-),  avait  été  préparée 
d'avance.  Déjà  Rome  avait  décerné  à  César  vivant 
des  honneurs  qui  dépassaient  ceux  qu'on  rendait 
à  un  être  humain  (3).  Chaque  tribu  lui  avait  offert 
des  sacrifices  (*)  ;  à  la  faveur  de  décrets,  on  lui 


Morte  jacent  mérita  :  testes  estote  Philippi; 
Et  quorum  sparsis  ossibus  albet  humus. 

«  Mais  tous  ceux  dont  l'audace  criminelle,  malgré  la  majesté  divine, 
a  profané  cette  tête  pontificale,  ont  trouvé  la  mort  qu'ils  méritaient  : 
demandez  aux  champs  de  Philippes  et  à  la  terre  blanchissante  au  loin 
d'ossements  épars.  »  (Trad.  d'E.  Pessonneaux.) 

Voir  Tite-Live,  Epitome,  CXXIV;  Plut.,  Vie  de  Brutus.  c.  XLI, 
LVI,  LX,  et  Vie  de  César,  LXXV,  LXXVI;  Appien,  liv.  IV,  134; 
Dion  Cassius,  XLVII,  46,  et  XLVIII,  1;  Zonare,  II,  p.  149.  —  Les 
poignards  dont  Brutus  et  Cassius  ont  frappé  César,  sont  représentés 
sur  une  monnaie  de  la  famille  Junia.  (Cohen,  Méd.  consul.,  n°  28, 
Méd.  imp.,  2e  éd.,  t.  I,  p.  27,  n°  14,  et  Babelon,  Descript.  histor.  et 
chron.  de  la  républ.  rom.,  t.  II,  p.  119,  n°  5i."  Voir  nos  Quelques 
pages,  etc.,  pp.  583  et  suiv.) 

(')  Nicolas,  p.  45;  Plutarque,  Brutus,  XXI,  et  César,  LXVIII, 
LXXIII;  Velleius  Paterculus,  liv.  II,  56;  Appien,  liv.  II,  119,  146; 
Dion,  XLVIII,  1;  Zonare,  II,  p.  \3j;  Voir  Quelques  pages,  etc., 
p.  585. 

(*)  Sous  la  royauté,  le  chef  sabin  Tatius  fut  divinisé  par  son  collègue, 
consors  (Suet.,  Tib.,  I)  Romulus  (Tacite,  Hist.,  Il,  95),  lequel 
fut  ensuite  également  apothéose  sous  le  nom  de  Quirinus.  (Voir  Rob. 
Mowat,  Bulletin  épigraphique,  t.  V,  p.  226.) 

(3)  Cicéron,  Phil.,  II,  c.  XLIII;  Suétone,  C.  J.  Ccesar,  LXXVI; 
Plutarque,  César,  LXII;  Dion,  XLIV,4;  XLVII,  18. 

C)  Appien,  liv.  II,  106;  Dion,  XL1V,4- 


335 

avait  élevé  plusieurs  temples  et  autels,  comme  à 
un  dieu  ('),  entre  autres,  le  temple  qui  lui  était 
commun  avec  la  Clémence  (4),  ainsi  que  le  confirme 
une  médaille  frappée  en  son  honneur  l'an  710 
(44  av.  J.-C.)  par  P.  Sepullius  Macer  (3).  Dans  son 
discours  de  l'année  707  (47  av.  J.-C),  pour  Mar- 
cellus  (l),  Cicéron  lui-même,  l'adversaire  connu 
de  Jules  César  (5),  proclamait  que  «  César,  par  sa 
clémence,  s'était  égalé  à  la  divinité  ».  Le  grand 
dictateur  avait  aussi  reçu  un  siège  d'or  dans  les 
théâtres  (6),  une  couronne  d'or  garnie  de  pier- 
reries, pareille  à  celle  des  dieux  (7)  ;  comme  eux, 
il  avait  un  lit  sacré,  pulvinar  (8)  ;  comme  Jupiter, 
il  avait  un  flamine  (9). 

Il  ne  paraît  pas  trop  téméraire  de  dire  que  le 
numéraire   de   Jules   César  peut   avoir  eu    une 

(')  Suétone,  C.  J.  Cœsar,  LXXVI;  Appien,  II,  106  ;  Dion,  XLIV,  4; 
Zonare,  p.  137. 

(*)  Plutarque,  César,  LXIII  ;  Appien,  II,  106. 

(r)  Cohen,  Consul.,  Sepullia,  n°  11,  pi.  XXXVII,  10,  où  le  temple 
est  figuré. 

(")  C.  III. 

(5)  Discours  sur  les  provinces,  Consul.,  X,  etc.;  et  discours  pour  le 
roi  Déjotarus,  écrit  XII,  où  Cicéron  s'écrie  :  a  Oui,  César,  vous 
êtes  le  seul  dont  la  victoire  n'ait  coûté  la  vie  à  personne  hors  du 
champ  de  bataille.  » 

(6)  Nicolas,  p.  57;  Appien,  liv.  III,  28;  Dion,  XLIV,  6;  Compar. 
Cicéron,  adFam.,  XV,  3. 

(7)  Nicolas,  p.  57  ;  Dion,  XLIV,  4,  6. 

(8)  Suétone,  C.  J.  Cœsar,  LXXVI. 

(9)  Cicéron,  Phil.,  II,  43,  et  XIII,  19;  Suétone,  C.  J.  Cœsar, 
LXXVI  ;  Dion,  Cassius,  XLIV,  6. 


336 

certaine  part  d'influence  dans  la  préparation  du 
remarquable  événement  de  l'apothéose  du  héros. 
Ne  voyons-nous  pas  figurer,  sur  plus  de  vingt 
médailles  différentes  de  César,  sur  la  plupart 
même,  les  images  de  ses  nobles  et  divins  ancêtres, 
que  le  peuple  de  Rome  avait  ainsi  constamment 
sous  les  yeux  :  Enée,  le  jeune  Iule,  la  déesse 
Vénus  surtout.  Ailleurs,  c'est  Cérès,  sœur  et 
amante  de  Jupiter,  père  de  Vénus,  ou  c'est  la 
Victoire  qui  se  confond  avec  Vénus  ('),  ou  c'est 
Pallas,  dont  l'image  sacrée  fut,  d'après  la  tradi- 
tion et  la  médaille,  sauvée  par  le  fils  d'Anchise  et 
de  Vénus,  au  moment  de  l'incendie  d'Ilion. 
Ailleurs  encore,  c'est  Mars  tout  armé  debout  ('), 
ou  son  trophée,  ou  bien  c'est  la  louve  romaine, 
allaitant  les  divins  rejetons  de  Mars  et  d'Ilia,  ces 
autres  descendants  de  la  fille  de  Dionée. 

Un  numéraire  fréquent,  marqué  de  tels  types, 
ne  devait-il  pas  saisir  et  occuper  l'imagination 
féconde  d'un  peuple  religieux  et  nourri  de  supers- 
titions ? 

Ce  fut  cette  céleste  origine  que,  dans  le  discours 
funèbre  prononcé  sur  la  robe  sanglante  de  César, 
Antoine  rappela  en  termes  éloquents  et  pom- 
peux (3). 

(')  Varron,  Ling.  lat.,  liv.  V,  62  et  suiv. 

(2)  Denier  frappé  l'an  711  (43),  avant  l'apothéose,  par  Auguste,  à  la 
mémoire  de  J.  César.  (Cohen,  Consul.,  Claudia,  n°  i5.) 

(3)  Dion  Cassius,  XLIV,  07.  Voir  aussi  nos   Quelques  pages,  etc., 
pp.  569  et  suiv. 


337 

Que  fallait-il  de  plus  pour  élever  l'illustre  con- 
quérant jusqu'au  royaume  des  astres? 

Le  poète  Ennius  nous  a  donné,  dans  deux  hexa- 
mètres de  ses  Annales,  les  noms  des  dit  consentes, 
les  grands  dieux  qui  formaient  le  conseil  suprême 
de  Jupiter  (')  : 

Juno,  Vesta,  Minerva,  Ceres,  Diana,  Venus,  Mars, 
Mercurius,  Jovis,  Neptunus,  Vulcanus,  Apollo. 

La  numismatique  relative  à  Jules  César  a  ceci 
de  remarquable  qu'elle  offre,  soit  par  leurs  images, 
soit  par  l'un  ou  l'autre  de  leurs  symboles,  la 
représentation  de  ces  douze  divinités,  Vulcain 
seul  excepté  (!).  A  ce  nombre  ajoutons  Janus  qui  se 
confond  avec  le  dieu  Soleil,  et  d'autres  divinités 
d'ordre  inférieur,  telles  que  Némésis,  Cupidon, 
la  Piété,  etc. 

Notre  plan  n'est  pas  de  réunir  ici  tout  ce  qui  se 
rapporte  en  numismatique  à  la  consécration  du 
divin  Jules,  tant  de  fois  rappelée  sur  les  médailles  ; 
il  s'arrête  aux  médailles  de  l'époque  de  César 
Auguste,  qui  offrent  le  signe  le  plus  marquant  de 
cette  déification,  connu  sous  le  nom  de  Sidtis 
Julium,  et  célébré  dans  l'antiquité  par  les  poètes 

(')  Iliade,  liv.  IV,  v.  1;  Ausone,  trad.  par  Jaubert,  Paris,  MDCCLIX, 
pp.  3o6,  307. 

(*)  Neptune  ne  figure  que  par  le  dauphin  (Cohen,  Imp. ,  2e  éd., 
J.  César,  n°  8;  Lyon  Copia,  ibid.,  19,  p.  22)  ;  mais,  par  contre,  son 
fils  Trinacre  est  représenté  debout  sur  un  denier  d'argent  (Cohen, 
ibid.,  n°  1). 


338 

et  les  historiens  ;  citons  Virgile,  Ovide,  Horace, 
Properce,  Manilius,  Sénèque,  Valère  Maxime, 
Pline  le  naturaliste,  Silius  Italicus,  Plutarque, 
Suétone,  Julius  Obsequens,  Xiphilin,  etc. 

Comme  il  ne  s'agit  pas  d'introduire,  dans  notre 
texte,  les  nombreux  passages  de  cesanciens,  qui  se 
rattachent  à  l'astre  merveilleux,  nous  avons  cru 
intéressant  de  présenter  le  complément  dans  un 
appendice. 

«  Rome,  écrit  Pline  ('),  est  le  seul  lieu  de  l'univers 
qui  ait  élevé  un  temple  à  une  comète  (*),  celle  que 
le  dieu  Auguste  jugea  de  si  bon  augure  pour  lui. 
Elle  apparut  lors  des  débuts  de  sa  fortune,  pendant 
les  jeux  qu'il  célébrait  en  l'honneur  de  Vénus 
Genitrix,  peu  de  temps  après  la  mort  de  son  père, 
et,  dans  le  collège  institué  pour  ces  fêtes  par  ce 
dernier;  il  exprima  en  ces  termes  la  joie  que  la 
comète  lui  causait  :  «  Pendant  la  célébration  de 
mes  jeux,  on  aperçut  sept  jours  durant  une  comète 
dans  la  région  du  ciel  qui  est  au  septentrion.  Elle 
commençait  à  paraître  vers  la  onzième  heure  (cinq 
heures  du  soir)  ;  elle  eut  beaucoup  d'éclat  etfut  visi- 
ble de  toutes  les  parties  de  la  terre.  Suivant  l'opi- 
nion générale,  cet  astre  annonça  que  l'âme  de  César 
avait  été  reçue  au  nombre  des  divinités  éter- 
nelles (»)  ;  c'est  à  ce  titre  qu'une  comète  fut  ajoutée 


(■)  Hist.  nat.,  II,  a3. 

(*)  Voir  notre  planche  XIV,  n°  4. 

(3)  Conf.   Suét.,  C.  J.  Ccesar,   LXXXVIII,  etc.;  Ovide,  Métam., 


33g 

à  sa  statue,  que  peu  de  temps  après  nous  consa- 
crâmes dans  le  forum  (').  »  Tel  fut  du  moins  son 
langage  public;  mais,  dans  l'intimité,  il  se  félicitait 
de  l'apparition  de  cette  comète,  née,  disait-il,  pour 
lui,  et  dans  laquelle  il  naissait  à  son  tour (*).  » 

A  cette  époque  pourtant  il  y  avait  aussi  des  incré- 
dules, et  quelques-uns  prétendaient  que  l'appari- 
tion de  la  comète  n'avait  que  la  signification 
ordinaire.  Parmi  ces  coupables  se  trouvait  l'arus- 
pice  Vulcatius,  dont  Servius  a  conservé  le  nom  et 
qui  affirma  avec  assurance  que  la  comète  indiquait 
la  fin  du  neuvième  siècle  et  le  commencement  du 
dixième  ;  mais  comme  Vulcatius  avait  ainsi,  malgré 
les  dieux ,  révélé  le  secret  des  choses ,  il  tomba 
mort  avant  qu'il  eût  achevé  son  discours.  C'est 
ce  qu'Auguste  a  consigné  lui-même  dans  les 
Mémoires  de  sa  vie  (3). 

Il  est  intéressant  de  se  rendre  compte  de  l'époque 
de  l'année  où  se  montra  la  fameuse  comète 
de  710  (44). 

Pline,  comme  on  vient  de  le  voir,  Sénèque  (*)  et 
Julius  Obsequens  (5)  rapportent  que  le  phénomène 
eut  lieu  pendant  les  fêtes  célébrées  par  Octave  en 


liv.  XV,  v.  840-850  ;  Servius  sur  Virg.,  Églog.,  IX,  47.  (Voir  Appendice.) 

(')  Dion,  XLV,  6;  Suétone,  C.  J.  Ccesar,  LXXXVIII  ;  Plut.  Cœs, 
LXXV;  Serv.  sur  Virg. ,  Églog. ,  IX,  47;  Énéid.,  XIII.  678;  Zonare,  p.  1 63. 

(')  Traduction  de  E.  Littré  ;  voir  texte  dans  l'appendice. 

(s)  Servius  sur  Virgile,  Églog.  IX,  47. 

(4)  Quest.  natur.,  liv.  VII,  17,  et  appendice. 

(s)  Des  prodiges,  c.  XXVIII  (67). 


340 

l'honneur  de  Vénus  Genitrix,  ou,  suivant  Dion  ('), 
pendant  les  fêtes  instituées  pour  l'achèvement  du 
temple  de  Vénus.  D'après  Servius  (*),  ce  fut  lorsque 
Auguste  célébra  les  jeux  funèbres  à  la  mémoire  de 
son  père,  cum  Augustus  Cœsar  ludos  funèbres  patri 
celebraret.  D'un  autre  côté,  Suétone,  après  avoir 
parlé  (')  de  l'étoile  chevelue,  qui  brilla  sept  jours 
durant  aux  jeux  que  donna  Octave  après  la  mort 
de  César,  Suétone  raconte,  plus  loin  (J),  qu'Auguste 
(après  son  arrivée  à  Rome  d'Apollonie)  donna  lui- 
même  les  jeux  institués  pour  «  la  victoire  de  César, 
ludos  victoriœ  Cœsaris  ».  Or,  ces  derniers  jeux  com- 
mençaient le  20  juillet  et  finissaient  le  3o  (5),  tandis 
que  la  fête  de  Vénus  in  foro  Cœsaris  n'était  que 
d'un  jour,  celui  du  25  septembre  (G).  Comme  le 
fait  parfaitement  observer  l'éminent  professeur 
berlinois  Th.  Mommsen  (),  il  n'est  donc  pas 
permis  de  rapporter  la  comète  à  cette  dernière 
fête,   et  ce  n'est  que  pendant  les  premiers  jeux 

(')  Liv.  XLV,  6  et  7. 

(2)  Sur  Virgil.,  Eglog.,  IX,  47,  et  Enéid.,  VIII,  v.  681;  à  ce  dernier 
endroit,  Servius  dit:  «  pendant  les  sacrifices  à  Vénus  et  la  célébration 
des  )eux  funèbres  de  César.  » 

(»)  C.J.  Cœs.,  4,  XXXVIII. 

0)  Oct.  Aug.,  X. 

(5)  Mommsen,  Inscriptiones  lat inarum  antiquissimarum,  1. 1,  p.  397; 
Calendrier  de  Ch.  Em.  Ruelle  (Dict.  des  antiq..  par  Daremberg  et 
Saglio,  V°  Calendarium,  p.  487). 

(6)  Voir  Rosinus,  Roman,  antiq.,  pp.  248,  2qo;  Mommsen,  Insc. 
lat.,  p.  402. 

(7)  Lettre  à  l'auteur,  du  i3  mai  1887  (Appendice,  XV). 


34 1 

pour  la  Victoire  de  César,  qu'elle  peut  avoir  paru 
pendant  sept  jours  consécutifs. 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  énoncé,  sur  l'auto- 
rité de  Varron  ('),  la  Victoire  et  Vénus  étaient,  au 
fond,  la  même  divinité;  la  Vénus  Genitrix  et  la 
Vénus  Victrix  de  la  maison  Julia  s'identifiaient 
également  avec  elle.  De  cette  manière  se  concilie 
la  double  narration  de  Suétone,  et  l'on  comprend, 
dès  lors,  que,  dans  leurs  récits,  d'autres  auteurs 
latins  ont  aisément  pu  confondre  les  fêtes  de  Vénus 
Genitrix  et  les  jeux  célébrés  pour  la  Victoire  de 
César  (*). 

Comme  le  fait  également  remarquer  M.  Momm- 
sen  (s),  à  propos  de  la  dédicace  du  temple  que 
Pompée  avait  élevé  à  Vénus  Victrix,  Tiron  Tul- 
lius  (*)  appelle  cet  édifice  œdem  Victoriœ.  C'est,  dit 
aussi  M.  Mommsen,  la  même  déesse  qui  figure 
sur  des  monnaies  de  la  famille  Porcia  (5). 

(')  Ling.  lat.,  liv.  V,  62  et  suiv.  «  La  Vénus  Victrix,  écrit  aussi 
Preller  (Les  Dieux  de  l'ancienne  Rome,  trad.  L.  Dietz,  Paris,  2e  éd., 
pp.  269  et  suiv.),  est  souvent  identifiée  à  Rome  avec  la  Victoria,  et  elle 
est  à  ce  titre  adorée  souvent  en  Italie  et  au-dehors.  Elle  trouva  dans  le 
Latium  un  très  facile  accès  :  ...  César  enfin  dut  à  son  origine  de 
fondre  en  une  seule  divinité  la  Vénus  Victrix  et  la  Vénus  Genitrix. 
Cette  dernière  fut  dès  lors  la  mère  des  Énéades,  de  la  race  d'Albe,  des 
Jules;  elle  devint  une  déesse  nationale  quand  l'histoire  convention- 
nelle de  la  famille  de  César  prit  un  caractère  officiel  et  public.  » 

(2)  Conf.  Mommsen,  Insc.  latin.,  t.  I,  p.  392,  et  lettre  citée. 

(3)  Insc.  lat.,  t.  1er,  p.  397. 

(*)  Apud  Aul-.Gell.  ,  liv.  X,  c.  I,  n"  1 ,  éd.  Paris,  Dubochet,  1 843.p.586. 
(s)  Avec  la  légende  victrix.  (Cohen,  pi.  XXXV,  nos  7,  8  et  9;  Babel., 
Porcia,  nos  9,  10  et  1 1)  ;  Insc.  lat.,  p.  397. 


342 

Les  jeux  pour  la  Victoire  de  César  furent  insti- 
tués en  708  (46  av.  J.-C),  par  le  dictateur  lui- 
même,  lorsque,  après  ses  triomphes,  il  fit  la 
dédicace  du  temple  de  Vénus  en  septembre, 
le  24  ou  le  25  (les  fastes  varient).  Si  les  jours 
ont  été  changés  ensuite,  cela  tient,  semble-t-il 
à  M.  Mommsen,  au  changement  qui  fut  opéré, 
en  ce  temps,  à  l'année  :  conformément  aux  fastes 
Juliens,  les  24-25  septembre  correspondaient  alors 
aux  23-24  juillet  ('). 

Dans  l'antiquité,  il  y  en  avait  qui  croyaient  que 
la  comète  que  l'on.vit,  avant  la  mort  de  l'empereur 
Claude,  l'an  54  ap.  J.-C.  (*),  et  celle  qui  se  montra, 
pendant  six  mois,  sous  Néron,  en  l'année  64  (3), 
étaient  la  même  que  la  comète  dont  nous  nous 
occupons  spécialement  ('). 

L'astronome  anglais  Edm.  Halley  (5),  se  fondant 
sur  le  système  de  la  périodicité  des  comètes,  a  cru 
découvrir  que  la  fameuse  comète  qui,  faisant  sa 
révolution  autour  du  soleil  tous  les  575  ans,  parut 
à  la  fin  de  1680,  était  un  retour  des  comètes  de 
1106  et  de  53i  après  J.-C,  et  de  celle  de  Jules 


(')  Inscript,  lat.,  p.  397. 

(*)  Sénèque,  Quest.  nat.,  liv.  VII,  21,  29;  Suétone,  Claude,  XLVI  ; 
Xiphilin,  p.  184. 

(s)  Sénèque,  ouv.  cité,  liv.  VII,  21  ;  Suétone,  Claude  Néron, 
XXXVI  ;  Tacite,  Annal.,  liv.  XV,  47. 

(*)  Sénèque,  ouv.  cité,  VII,  17. 

(5)  Synopsis  0/  cometary  astronomy :  Voir  Pingre,  Cométo graphie 
Paris,  1784,  p.  1 36. 


343 

César.  Il  fut  approuvé  (')  par  le  grand  Newton  et 
par  la  plupart  des  autres  astronomes.  Struyck  s'est 
emparé  de  l'idée  de  Halley  et  a  cru  découvrir  des 
retours  de  la  même  comète  dans  les  années  619, 
1194  et  1769  avant  l'ère  vulgaire.  Enfin,  le  fan- 
tasque Whiston,  auteur  du  xvne  siècle  (*),  est 
remonté  plus  haut  :  c'est,  selon  lui,  cette  comète 
qui,  575  ans  auparavant,  vers  l'an  2345,  a  occa- 
sionné le  déluge  universel  (!). 
Toutefois,  la  proposition  de  Halley  a  trouvé  de 


(')  On  lit,  en  effet,  ce  qui  suit  dans  l'ouvrage  intitulé  :  Isaaci 
Newtoni  Opéra  quae  existant  omnia ,  comment ariis  illustrabat 
Samuel  Horsley,  t.  III,  p.  141  :  «  Porro  Halleius,  observando  quod 
Cometa  insignis  intervalle)  annorum  b~j5  quater  apparuisset,  scilicet 
mense  septembri  post  caedem  Julii  Caesaris,  anno  Christi  53 1.  Lam- 
padio  etOreste  coss.  anno  Christi  1106  mense  februario,  et  sub  finem 
anni  1680,  idque  cum  caudâ  longâ  et  insigni  praeterquam  quod  sub 
mortem  Caesaris,  cauda,  ob  incommodam  telluris  positionem,  minus 
apparuisset  :  quaesivit  orbem  ellipticum  ,  cujus  axis  major  esset 
partium  1382957,  existente  mediocri  distantiâ  telluris  à  sole  par- 
tium  10000  :  in  quo  orbe  utique  cometa  annis  5y5  revolvi  possit.  » 

(a)  Nouvelle  théorie  de  la  terre,  5e  éd.  Londres,  1737,  pp.  188 
et  suiv. 

(')  Plusieurs  chronologistes  reculent  bien  plus  loin  l'époque  du 
déluge,  comme  le  fait  remarquer  Pingre  (t.  Ier,  p.  245).  Cet  auteur,  tout 
en  s'abstenant  naturellement  de  discuter  la  rêverie  de  Whiston, 
incline  à  reconnaître  que  la  comète  de  1680  convient  à  celles 
de  1106  et  de  44  av.  J.  C.  (43,  selon  la  chronologie  qu'il  adopte); 
mais  il  considère  comme  impossible  que  la  première  ait  été  visible 
en  53o  (t.  II,  pp.  i36,  i38,  et  t.  Ier,  pp.  3i6,  387),  et  il  finit  par  avouer 
que  ses  notions  ne  sont  pas  suffisantes  pour  dire  que  les  phénomènes 
observés  relativement  à  ces  comètes  ne  peuvent  pas  convenir  à  bien 
d'autres  comètes  (t.  II,  p.  1 38). 


344 

sérieux  contradicteurs,  notamment  dans  les  per- 
sonnes des  astronomes  Hind  et  Encke,  professeur 
à  Berlin.  En  i852,  dans  une  notice,  intitulée  : 
On  the  supposed  Period  of  Révolution  of  the  Great 
Cornet  of  1680  ('),  Hind,  invoquant  l'autorité 
d'Encke,  a  écrit  que  la  périodicité  de  la  comète 
de  1680  n'est  en  réalité  établie  ni  par  l'histoire,  ni 
par  les  calculs,  et  il  est  certain  que  si  Halley 
avait  été  en  possession  des  divers  comptes  rendus 
sur  les  anciennes  comètes,  qui  ont  été  collec- 
tionnés depuis  longtemps,  ce  dernier  n'aurait 
pas  posé  sa  conclusion  sur  la  périodicité  de 
575  ans. 

Il  faut  en  tout  cas,  comme  l'a  dit  Jules  Janin  (*), 
«  se  défier  de  ces  vérifications  rétrospectives  trop 
«  prolongées  dans  le  passé  ». 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  astronomes  qui  ont  étudié 
la  comète  de  Jules  César,  ayant  généralement  pris 
pour  point  de  départ  la  donnée  de  son  apparition 
vers  la  fin  de  septembre  (*),  nous  pouvons  nous 
demander  quelle  serait  l'influence  de  nouveaux 
calculs  astronomiques,  fondés  sur  la  visite  de  la 


(')  De  la  périodicité  présumée  de  révolution  de  la  grande  comète 
de  1680  par  M.  Hind.  (Monthly  notices  of  the  royal  astronomical 
society.  Londres,  i852,  pp.  142  et  suiv.)  Voir  aussi  Y  Astronomie  de 
Chambers. 

(')  Revue  des  deux  Mondes,  icr  octobre  1881,  p.  583. 

(')  Isaaci  Newtoni  Opéra  quae  existant  omnia,  commentariis  illus- 
trabat  Samuel  Horsley,  t.  III,  p.  41;  Pingre,  t.  II.  p.  i38;  Monthly 
notices,  etc..  notice  citée,  p.  143,  etc.;  etc. 


345 

comète  entre  le  20  et  le  3o  juillet  44  av.  J.-C.  ?  Son 
retour,  d'après  Halley,  en  2255,  déterminera  peut- 
être  une  conclusion  sérieuse. 

On  a  parlé  d'une  autre  comète,  qui  aurait  été 
vue  l'an  44  av.  J.-C.  et  qu'après  l'événement  on 
supposa  avoir  pronostiqué  la  mort  de  Jules 
César  (')  ;  mais  l'histoire  moderne  des  comètes 
ne  paraît  pas  avoir  confirmé  ce  récit  et  mentionne 
immédiatement  avant  celle  qui  parut  après  l'assas- 
sinat, la  comète  de  48  (*),  que  l'on  vit  pendant  la 
guerre  entre  César  et  Pompée  (5). 

Depuis  l'antiquité  la  plus  reculée  jusqu'au 
moyen  âge  et  même  jusqu'à  l'apparition  de  1680, 
les  comètes  ont  été  considérées  comme  des  pré- 
sages de  malheurs  publics  (4).  C'est  à  l'occasion 
de  cette  apparition  que  Bayle  a  composé  ses 
pensées  sur  la  comète,  où  il  attaque  ce  préjugé 
vulgaire  ("). 


(')  B.  Dupiney  de  Vorepierre,  Dict.  franc,  illustré,  1860,  V°  Comète, 
p.  667. 

(J)  Pingre,  ouv.  cité,  sect.  I,  Histoire  des  comètes.  Cependant  Biot 
signale  deux  étoiles  extraordinaires,  qui  se  montrèrent,  l'une  en 
avril-mai  47,  dans  le  Sagittaire,  l'autre  en  juin  46,  dans  les  Pléiades. 

(3)  Pline,  liv.  II,  c.  XXIII  (XXV);  Lucain,  Pharsale,  liv.  I™,  v.  529. 

(4)  Pline,  liv.  II,  c.  XXIII  (XXV);  Lucain,  loc.  cit.;  Suétone, 
Claud.  Nér.,  XXXVI;  Justin,  liv.  XXXVII,  2;  Silius  Italicus,  liv.  VIII, 
v.  638,  etc.,  etc.;  J.  Janin,  notice  citée;  Claude  Comiers,  La  nature  et 
présage  des  comètes,  Lyon,  i665,  pp.  i5g,  210;  Bouillet,  Dict. 
univ.  des  sciences,  etc.,  1880,  p.  384,  V°  Comète;  Larousse, 
Gr.  dict.  univ.,  V°  Comète,  p.  698. 

(*)  Pensées  diverses  écrites  à  un  docteur  de  Sorbonne  à  l'occasion 
Année  1887.  22 


346 

Quelques  citoyens  de  Bruxelles,  ayant  promené 
par  les  rues,  une  caricature  qui  représentait  la 
comète  de  1578,  des  notables  sérieux,  en  expiation 
de  cette  plaisanterie  sacrilège,  firent  graver  une 
médaille-jeton,  portant  au  revers  les  mots  :  offensi 
numinis  astvum,  «  l'astre  de  la  divinité  offensée  (').  » 
La  médaillette  ou  jeton  en  losange,  qui  concerne 
la  comète  de  novembre  1618,  la  représente,  entre 
autres,  avec  l'inscriptien  :  cometa  venturi  Dei  virga, 
«  la  comète  est  la  verge  du  Dieu  qui  va  venir  » ,  et 
le  distique  allemand  :  Reines  wirdt  versert,  Wer  Gott 
rechtehrt,  «  n'a  rien  à  craindre,  celui  qui  sert  Dieu 
comme  il  faut  »  (-). 

Enfin,  la  fameuse  comète  de  1680  se  trouve 
figurée  sur  deux  jetons,  dont  l'un  indique,  à 
l'exergue,  les  dates  des  16  décembre  1680  et 
janvier  1681,  et  l'autre,  celles  des  16  décem- 
bre 1680  et  11  février  1681  (5). 

Un  autre  point  intéressant  est  celui  de  savoir 
quand  se  fit  l'apothéose  de  Jules  César,  dont  le 
Sidus  Jidium  est  le  signe . 

Si  l'on  s'attache  à  la  place  que  donne  à  l'événe- 

de  la  comète  qui  parut  au  mois  de  décembre  1680.  Amst.,  Herm. 
Uitwerf,  1722. 

(')  Larousse,  Grand  dict.,  V°  Comète;  Van  Loon,  Beschrijving 
der  nederlansche  historiepenningen,  t.  Ier,  p.  243;  éd.  franc.,  t.  Ier, 
p.  23g. 

(2)  Van  Loon,  II,  p.  io3;  éd.  fr.,  II,  p.  io3. 

(5)  Van  Loon,  t.  III,  p.  295  ;  éd.  fr..  t.  III,  p.  276. 


347 

ment  la  narration  de  Plutarque  ('),  le  Sénat  pres- 
crivit qu'on  rendrait  à  César  les  honneurs  divins, 
en  même  temps  qu'il  décrétait  l'amnistie  générale 
du  passé,  ce  qui  eut  lieu  dès  le  lendemain  de 
l'assassinat,  c'est-à-dire  le  17  mars  710  (44  av. 
J.-C).  Mais  c'est  là  certes  une  erreur.  Il  est  vrai 
qu'Antoine  ne  négligea  aucun  effort  pour  obtenir 
la  consécration  immédiate  de  son  ancien  ami  et 
bienfaiteur  (*).  Dans  son  discours  funèbre,  il  com- 
mença à  chanter  un  hymne  à  la  louange  de  César 
«  comme  à  un  dieu  du  ciel  »  (3).  Il  insista  princi- 
palement sur  le  décret  relatif  à  la  consécration 
de  la  personne  de  César  pendant  la  vie  de  celui-ci. 
Il  parla,  dit-il,  pour  lui  décerner  une  gloire 
immortelle  (l).  Il  désirait,  dit-il  aussi,  que  les 
honneurs  divins  qui  avaient  été  antérieurement 
décernés,  fussent  maintenus  (5).  Conduisons-donc, 
s'écria- t-il,  le  sacré  au  séjour  des  bienheureux, 

Ailleurs,  Appien  (7)  nous  apprend  que,  le  jour 
même  des  funérailles,  le  peuple  porta  le  corps  de 
César  au  Capitole  pour  l'y  ensevelir,  comme  s'il 

(')  Vie  de  César,  LXXIII,  éd.  Paris,  Didier,  1843. 

(s)  Sext.  Aurelius  Victor  écrit  {De  viris  illust.,  cap.  LXXXV,  1)  '. 
«  ...  Marcus - Antonius  in  omnibus  expeditionibus  Julio  Caesari 
cornes  ....  mortuo  divinos  honores  decrevit.  v 

(s)  Appien,  liv.  II,  146. 

(*)  Id.,  liv.  III,  19,  i35. 

(5)  rtfMi  aiico  toc;  itiXoet  â'ifoy.ivxi  Ufa-j'zTOvs  Aopmîy  (APPIEN,    liv.  III,  34). 

(6)  Appien,  liv.  II,  145. 
(')  Liv.  II,  !48. 


348 

avait  été  consacré,  *«  *qfe  et  placé  parmi  les  dieux 
futi  %m  9<t9*î,  mais  qu'il  en  fut  empêché  par  les 
prêtres. 

Enfin,  cet  auteur  ajoute,  sans  citer  de  date,  que 
ce  fut  Octave  qui  fit  décerner  les  honneurs  divins, 
Ttftw  \-crJïw  ifwrm,  à  son  père  ('). 

M.  Babelon  (')  dit  que  Jules  César  fut  «  déifié, 
c'est-à-dire  qu'il  reçut  le  titre  de  divus,  »  après  sa 
mort,  le  5  des  kalendes  de  décembre  712  (av.  J.-C. 
42),  et  il  cite  en  note  l'ouvrage  de  M.  Guill. 
Caland,  intitulé  De  nummis  M.  Antonii  III  viri 
commmtatio  ('').  Nous  avons  vainement  cherché  un 
texte  confirmant  cette  idée.  Voici  ce  qu'écrit 
littéralement  M.  Caland  :  «  Comme  on  estime 
que  César  fut  fait  divus  après  le  V  des  kalendes 
de  décembre  43  (4),  donc  à  la  fin  de  cette  année, 
on  pense  que  c'est  pendant  la  même  année  que  ces 
monnaies  (5)  ont  été  frappées  et  que  Clodius  et  les 
trois  autres  (,;)  étaient  quatuorvirs.  Mais,  au  témoi- 
gnage de  Dion  (47,18,3),  César  fut  reçu  au  nombre 
des  dieux  après  l'achèvement  de  l'année  43  et  dans 
la  première  partie  de  l'année  suivante,  avant  que 


(')  Liv.  II,  148. 

(2)  Description  historique  et  chronologique  des    monnaies    de   la 
république  romaine,  t.   II,  pp.   10  et  47. 

(3)  Ludguni  Batavorum,  apud  E.-J.  Brill,  i883,  p.  3i. 
(*)  Non  en  l'an  42. 

(3)  Monnaies  signées  des  quatuorvirs  monétaires,  entre  autres,  de 
Clodius. 

(6)  L.  Mussidius  Longus,  L.  Livineius  Regulus  et  C.  Vibius  Varu*. 


349 

les  triumvirs  déclarassent  la  guerre  à  Brutus  et  à 
Cassius.  Dion,  en  effet,  après  avoir  commencé  à 
narrer  les  événements  de  l'an  42,  au  chapitre  XVI, 
rappelle  dans  deux  chapitres,  les  honneurs  divins 
décrétés  ensuite  à  César,  et  comme  il  n'existe 
aucune  raison  pour  que  nous  négligions  l'autorité 
de  Dion,  il  n'est  pas  permis  de  nier  que  César  a  été 
fait  divus  dans  la  première  partie  de  l'année  42, 
alors  surtout  que  plusieurs  arguments  viennent  à 
l'appui  (de  la  version).  »  Puis  M.  Caland  cite  en 
note  Mommsen,  R.  Staatsr.,  11%  733.2. 

C'est  là  également  l'opinion  que  nous  avions 
déjà  conçue  avant  la  réception  de  l'ouvrage  de 
M.  Caland.  Nous  placerons  donc  la  cérémonie 
de  l'apothéose  au  commencement  de  712  (42  av. 
J.-C).  Voici,  du  reste,  le  texte  de  Dion,  mis  sous 
le  consulat  de  M.  Lepidus  et  de  L.  Plancus,  qui 
eut  lieu  en  cette  année  (Livre  XLVII,  18)  :  «  Telle 
était  la  conduite  des  triumvirs.  En  même  temps, 
ils  comblaient  d'honneurs  le  premier  César...  ;  ils 
accumulaient  sur  lui  tous  les  honneurs  qui  lui  avaient 
été  précédemment  décernés,  et  ils  en  ajoutèrent  de 
nouveaux.  Le  premier  jour  de  l'année,  ils  jurèrent 
eux-mêmes  et  firent  jurer  aux  autres  de  ratifier 
tous  ses  actes  ;  ils  lui  érigèrent  un  heroon  ('),  dans 

(■)  Comme  le  fils,  nous  écrit  M.  Mommsen  (lettre  citée),  s'appelle 
Gai  filius,  encore  après  le  27  novembre  711,  et  comme  Dion  rapporte 
le  décret  d'érection  d'un  temple  au  père,  à  l'année  712,  je  crois  peu 
probable  que  la  loi,  à  laquelle  se  rattachent  et  le  changement  de  nom 
et  le  temple ,  ait  été  de  beaucoup  antérieure  (  Voir  les  Fastes  capi- 


35o 

le  Forum,  à  la  place  même  où  son  corps  avait  été 
brûlé,  et  promenèrent  dans  les  jeux  du  cirque  une 
statue  de  César  avec  une  statue  de  Vénus...  »  Un 
piédestal  en  marbre,  qui  se  trouve  à  Rome,  au 
Musée  du  Vatican,  porte  l'inscription  suivante  (')  : 

DIVO  .  IVLIO  .  IVSSV 

POPVLI  ROMANI. 

STATVTVM  (*)  EST  .  LEGE  a.  c.  711  ? 

RVFRENA. 

C'est  sans  doute  à  la  même  époque  de  la  consé- 
cration qu'il  est  permis  d'attribuer  cette  inscrip- 
tion lapidaire.  Seulement  la  loi  Rufrena  (*),  qu'on 
ne  trouve  citée  nulle  part,  est-elle  bien  celle  qui 


tolins,  cités  par  M.  Mommsen,  Insc.  lat.,  t.  1,  p.  182,  où  l'on  trouve  en 
l'an  711  (43),  C.  Julius  Cf.,  et  non  divifilius. 

(')  Orelli,  Corpus  inscriptionum  latinarum  selectarum,  n°  586; 
Mommsen,  Insc.  lat.,  t.  I,  p.  i83,  n°  626. 

(*)  On  ne  peut  pas  lire  STATVAM,  comme  le  porte  l'ouvrage  de 
M.  Babelon  (t.  II,  p.  47),  probablement  par  suite  d'une  erreur  de  copie 
ou  d'impression. 

(s)  Dans  une  lettre  écrite  par  Plancus  à  Cicéron  (ad  Fam.,  liv.  X,  21), 
en  mai  71 1  (43),  il  est  question  d'un  Rufrenus  qui,  d'après  Y  Index  histo- 
ricus  de  Schûtz  (M.  Tullii  Ciceronis  Opéra,  Augustae  Taurinorum, 
1834,  t.  XVI,  p.  760),  était  lieutenant  du  triumvir  Lépide,  ou  tribun, 
ou  «  quelque  chose  de  semblable  ».  M.  Caland  fait  remarquer  que 
Rufrenus  ne  pouvait  être  tribun  du  peuple  en  43  (ouv.  cité,  p.  32). 
M.  Mommsen  (Insc.  lat.,  t.  I,  p.  184)  croit  que  Rufrenus  est  l'auteur 
de  la  loi  sur  l'apothéose  et  celui  qui,  d'après  la  lettre  citée  de  Plancus, 
poussa  Lépide,  de  concert  avec  Canidius  et  autres,  à  demander  la  paix 
avec  Antoine.  (Conf.  Caland,  p.  32.) 


35i 

a  décrété  l'apothéose  de  Jules  César?  C'est  pos- 
sible, mais  nous  n'avons,  à  cet  égard,  aucune 
certitude.  Toutefois  il  est  admissible,  avec  M.  Ba- 
belon  ('),  que  l'inscription  a  rapport  à  une  statue 
élevée  à  Jules  César  à  l'occasion  de  son  apo- 
théose :  un  denier  (s)  à  l'effigie  du  triumvir  Octave, 
avec  la  légende  POPVLI  IVSSV  et  une  statue 
équestre  au  revers,  semble  autoriser  cette  inter- 
prétation de  M.  Babelon. 

Quant  au  titre  de  divifilius,  pris  par  Octave  sur 
les  monnaies,  on  ignore  la  date  à  laquelle  il  com- 
mença à  figurer  sur  la  monnaie  ;  mais  nous  avons' 
dit  ailleurs  (s)  qu'il  est  probable  que  ce  fut  après 
la  défaite  de  Sexte  Pompée  en  Sicile,  vers  la  fin 
de  718  (36  av.  J.-C.  (4). 

Il  faut  se  garder  de  confondre,  dans  l'explica- 
tion des  monnaies,  le  Sidtis  jfulium,  astre  propre 
à  J.  César,  avec  un  autre  astre,  que  l'on  remarque 
quelquefois  sur  les  monnaies  de  la  famille  Julia. 
Celui-ci  appartient  à  Vénus,  aïeule  de  cette 
famille  (5),  quand  il  ne  fait  pas  allusion  à  la 
réforme  du  calendrier  d'après  le  cours  du  soleil, 


(')  T.  II,  p.  47- 

(*)  Cohen,  Imp.,  Octave,  p.  227,  auteur  qui,  avec  d'autres,  a  pris  la 
statue  pour  celle  d'Octave  lui-même. 

(3)  Apollon  sur  les  monnaies  de  César  Auguste  (Revue  belge  de 
numism.,  i885,  p.  86). 

(*)  Compar.  Borghesi,  Œuv.  complètes,  t.  I,  p.  111  ;  Mommsen,  Hist. 
de  la  monn.  rom.,  t.  III,  p.  5. 

(5)  Voir  entre  autres,  Cohen,  Imp.,  Jules  César,  nos  7,  40,  41,  etc. 


352 

faite  par  César  avec  l'aide  de  l'astronome  Sosi- 
gène  (').  D'après  Virgile,  l'étoile  de  Vénus  montra 
la  route  à  Enée,  lorsqu'il  sortit  de  Troie,  et  elle 
ne  disparut  qu'à  son  arrivée  aux  champs  de  Lau- 
rente  (*)«  C'est  de  l'astre  de  Vénus  que  César,  mis 
au  rang  des  dieux,  contemple,  d'un  œil  paternel, 
le  triomphe  d'Octave  à  la  bataille  d'Actium  (*).  Et, 
de  même  que  plus  tard  Constantin  le  Grand,  après 
sa  conversion  au  christianisme,  orna  son  casque 
du  monogramme  du  Christ,  de  même  Octave  se 
mit  à  porter  sur  le  sien  l'astre  paternel,  après  la 
consécration  officielle  de  Jules  César.  C'est  de  ce 
casque  étincelant  qu'Octave  se  ceignit  à  la  fameuse 
bataille  que  nous  venons  de  nommer  :  patriumque 
aperitur  vertice  sidus  (l) 

L'astre  de  Jules  César  a  tantôt  huit  rayons, 
tantôt  six,  exceptionnellement  moins;  il  est  par- 
fois chevelu,  et  sur  deux  pièces  de  la  famille  San- 
quinia  (planche  XIV,  nos  5  et  6),  la  chevelure 
cache  un  des  rayons,  de  manière  à  n'en  laisser 
apparaître  que  cinq. 

L'étoile  ou  la  comète,  lorsqu'elle  n'occupe  pas 

(')  Plut.,  Vie  de  César,  LXV,  LXXVII;  Appien,  liv.  II,  154; 
Censorin,  XX;  Macrobe,  Saturn.,  c.  XIV;  Voir  nos  Quelques 
pages,  etc.,  p.  582. 

(')  Énéid.,  I,  v.  382;  Varrqn,  apud  Servium  sur  Virg.,  t.  I,  p.  69, 
v.  382,  «  in  secundo  (rerum)  divinarum  »;  Servius,  Enéid.,  liv.  VIII, 
t.  I,  p.  491,  v.  590. 

(3)  Properce,  liv.  IV,  chant  XI,  v.  5g. 

(«)  Virgile,  Énéid.,  liv.  VIII,  v.  681,  et  Servius  sur  Virg., 
eod.  loco. 


353 

le  champ  du  revers  de  la  médaille,  est  placée 
devant  le  front  ou  la  tête,  ou  au-dessus  ou  derrière 
celle-ci. 
Nous  arrivons  enfin  à  la  description  des  pièces. 

N°  i.  M-  ANTON  •  IMP  •  III  •  VIR  •  R  •  P  •  C 
(Marcus  Antonius  triumvir  reipublicae  constituendaé). 
Tête  nue  à  droite  de  Marc- Antoine  ;  au-dessous, 
astre  à  huit  rayons. 

Rev.  CAESAR  IMP  (imperator)  III  •  VIR  •  R  •  P 
•  C  •  Tête  nue  d'Octave  à  droite. 

Argent. 
Cohen,  Consul.,  Julia,  n°  5,  pi.  III,  n°  4;  Impér.  (2e édit.), 

t.  I,  p.  48,  n°  1. 
Babelon,  Description,  etc.,  Antonia,  n°  38. 

Gravé,  pi.  XIV,  n°  1. 

On  voit  les  têtes  des  deux  triumvirs  réunies  sur 
la  même  pièce,  ce  qui  marque  son  émission  pen- 
dant leur  alliance.  Ils  y  sont  tous  deux  qualifiés 
d'imperator. 

Dans  une  lettre  qui  fut  adressée  par  Brutus 
et  Cassius,  en  août  710  (44),  à  Marc  Antoine  (*),  il 
ne  reçoit  pas  encore  cette  qualification  (*).  D'après 
Appien  (),  il  fut  créé  imperator  par  l'armée  macé- 
donienne, et,  dans  la  i3e  Philippique  (*),  Cicéron 
lui  reproche  d'avoir  usurpé  ce  titre,  qu'Antoine 

(')  Cic.  Ad/am.,  X,  3. 
(*)  Conf.  Eckhel.  t.  VI,  p.  66. 
(3)  Liv.  III,  25. 
(*)  C.  X. 


354 

renonça  à  prendre  dans  une  lettre  à  Hirtius  et  à 
Octave,  qui  fut  lue,  en  assemblée  du  sénat,  le 
20  mars  711;  ainsi  l'acclamation  est  antérieure  à 
la  victoire  d'Antoine  sur  Pansa  (milieu  d'avril  711), 
lequel  mourut  le  28  avril,  le  lendemain  de  la  défaite 
d'Antoine  à  Modène  (').  Celui-ci  fut  ensuite  pro- 
clamé ,  dit -on,  imper  ator  iterum  pendant  l'été 
(milieu  de  juillet?)  de  l'an  716  (38),  à  la  suite 
d'une  seconde  victoire  remportée  sur  les  Parthes 
par  son  lieutenant  P.  Ventidius  Crassus  (*)„ 

Quant  à  Octave,  il  fut  appelé  imper  ator  pour  la 
première  fois  en  l'an  711  (43),  le  14  avril,  à  la 
bataille  de  Modène  ('),  et  la  seconde  fois,  en  713 
(41),  pour  la  bataille  de  Pérouse  (l). 

Le  triumvirat  fut  définitivement  constitué  entre 
Lépide,  Antoine  et  Octave,  le  27  novembre  711 
(43),   puis  renouvelé  à  partir  du   Ier  janvier  717 

(37)  0- 
D'après  ce  qui  précède ,  ne  pourrait-on  pas  classer 

ce  denier  comme  frappé  entre  le  27  novembre  711 

(43)  et  l'été  de  716  (38),  et  la  prudence  ne  comman- 

(')  Duruy,  Hist.  rom.,  1873,  p.  844. 

(*)  Caland,  p.  25;  Babel.,  Rev.  num.fr.,  1884,  p.  410. 

(3)  Ovide,  Fastes,  IV,  v.  627;  Appien,  liv.  III,  5i  ;  Dion,  XLI,  38; 
Eckhel,  t.  VI,  p.  70.  Ni  pour  Antoine,  ni  pour  Octave,  nous  n'avons 
rencontré  sur  les  monnaies  la  mention  du  2e  généralat. 
.(*)  Dion,  XLVIII,  16. 

(5)  Dion,  XLVIII.  iw-^mc  D'après  la  Tabula  collatiana,  le  triumvirat 
dura  d'abord  depuis  le  27  novembre  71 1  jusqu'au  3i  décembre  716,  et 
ensuite  depuis  le  ier  janvier  717  jusqu'au  3  décembre  721.  (Gruter, 
p.  298;  Mommsen,  Res  gestœ,  i865,  p.  17.) 


355 

derait-elle  point  de  ne  pas  le  classer  après  713  (43)  ? 
Cavedoni  ('),  qui  regarde  cette  médaille  comme 
très  importante,  à  cause  de  la  présence  de  l'astre, 
ajoute  que  celui-ci  paraît  être  la  comète  de  Jules 
César  ou  la  planète  Vénus,  et  qu'il  est  peut-être 
placé  au-dessus  de  la  tête  d'Antoine  pour  faire 
allusion  à  la  paix  de  Brindes,  conclue  entre  les 
deux  triumvirs,  ce  qui  fixerait  (*)  la  date  de  l'émis- 
sion à  715  {3g).  Quant  à  l'étoile,  Morell  (*)  en 
explique  la  présence  par  le  fait  qu'Antoine  était  le 
flamine  de  J.  César,  du  vivant  de  celui-ci  (*).  Mais 
une  quatrième  version  est  possible  :  sur  un  denier 
similaire,  l'étoile  est  remplacée,  derrière  la  tête 
d'Antoine,  par  le  lituus;  or,  le  lituus  est  le  symbole 
de  l'augurât  qu'Antoine  avait  obtenu  en  7o5  (4g), 
et,  de  cette  manière,  l'astre  pourrait  être  allusif  à 
Apollon,  le  chef  suprême  des  augures  (3),  ou  au 
Soleil,  pour  qui  Antoine  avait  un  culte  particulier. 
Quoi  qu'il  en  soit,  nous  croyons  qu'il  s'agit  ici 
plutôt  de  l'astre  de  Vénus,  la  monnaie  nous  parais- 
sant   avoir  été    frappée   au    commencement   du 
triumvirat,  à  la  fin  de  711  (43)  ou  au  commence- 
ment de  l'année  suivante,  avant  la  consécration 
officielle  de  J.  César.  Du  reste,  il  ne   faut   pas 

(')  Rev.  num.fr.,  1857,  p.  191 . 

(2)  Borghêse,  Décad.,  XII,  oss.  2. 

(3)  T.  II,  p.  5o5. 

(*)  Cic,  Phil.  II,  43  et  XIII,  19  ;  Suét.,  C.-J.  Cœs,  LXXVI,  Dion, 
XLIV,  6  ;  Xiphilin,  p.  29. 
(5)  Eckhel,  t.  V,  p.  38;  Cavedoni,  apud  Cohen,  p.  38. 


356 

supposer  facilement  qu'Antoine  ait  représenté 
l'astre  du  divin  Jules  sur  la  monnaie  qui  lui  était 
commune  avec  le  fils  adoptif  du  déifié,  avant  que 
ce  fils  eût  inscrit  lui-même  sur  sa  monnaie  propre 
le  titre  de  divifilius. 

Les  auteurs  qui  ont  rapporté  le  denier  à  711 
(43)  ou  712  (42)  n'auraient  donc  peut-être  pas  tort. 

N°  2.  ANT  •  IMP  •  IIIVIR  R  •  P  *  C  •  (Antonius 
imper ator,  triumvir  reipublicae  constituendae).  Tête 
nue  de  Marc  Antoine,  à  droite;  derrière  le  lituus. 

Rev.  CN  •  {Cnaeus)  DOMIT{ius)  ■  AHENOBAR- 
BVS  IMF(erator).  Proue  de  navire  à  droite;  au- 
dessus,  une  étoile. 

Or  et  Argent. 
Cohen,  Consul.,  Domitia,  Imp.,  Marc  Antoine,  n08  9  et  10. 

Gravé,  pi.  XIV,  n°  2,  où  il  y  a, 
par  erreur,  IIVIR. 

Cnaeus  Domitius  iEnobarbus,  bisaïeul  de 
Néron ,  fut  enveloppé ,  quoique  innocent  selon 
Suétone  et  Appien  ('),  dans  la  condamnation  pro- 
noncée par  la  loi  Pedia  contre  les  meurtriers  de 
César,  et  il  se  retira  auprès  de  Bru  tus  et  Cassius, 
auxquels  il  était  allié.  Après  la  mort  de  ceux-ci, 
il  conserva  et  augmenta  même  la  flotte  qu'ils  lui 
avaient  confiée.   Il   la  remit  seulement  à  Marc 

(')  Suét.,  Nero  Claud.,  III,  et* Appien,  liv.  V,  52.  Voir  cependant, 
quant  à  cette  culpabilité,  la  note  2  de  J.-J.  Combes,  le  traducteur 
d' Appien,  t.  III,  p.  120,  sur  l'opinion  de  Dion  Cassius. 


357 

Antoine  lorsque  son  parti  fut  complètement  défait, 
et,  ce  par  un  accommodement  volontaire,  dont 
on  lui  sut  si  bon  gré  que,  seul  de  tous  ceux 
qu'avait  frappés  la  même  loi  Pedia,  il  fut  réintégré 
dans  sa  patrie  et  élevé  aux  plus  hautes  dignités.  Il 
fut  l'un  des  consuls  de  l'an  722  (32).  Plus  tard,  il  finit 
par  passer  du  côté  d'Auguste.  Il  mourut  peu  de 
jours  après,  ne  laissant  pas  une  réputation  intacte, 
car  Antoine  prétendait  qu'il  ne  l'avait  abandonné 
que  pour  obéir  au  désir  de  sa  maîtresse  Servilia 
Naïs  (').  Velleius  Paterculus  remarque  qu'^no- 
barbus  était  le  seul  des  partisans  d'Antoine  qui 
n'eût  jamais  salué  Cléopâtre  par  son  nom  de 
reine  (-).  Au  moment  de  se  donner  à  Antoine, 
^Enobarbus  fit  ranger  son  navire  à  côté  de  celui 
du  triumvir,  et,  avant  de  faire  voile  pour  Brindes, 
dont  ils  firent  ensemble  le  siège  soutenu  par 
Octave,  ^Enobarbus  fut  reçu  dans  le  propre  vais- 
seau d'Antoine,  auquel  il  céda  sa  tente  (5).  Ceci 
se  passait  en  714  (40  av.  J.-C).  C'est  alors 
qu'yEnobarbus  frappa,  dans  l'atelier  monétaire 
qu'il  avait  organisé,  Yaureus  et  le  denier  dont 
il  s'agit  (l).  Il  fut,  paraît-il,  salué  imperator,  pour 
la  bataille  navale  qu'il  gagna  en  712  (42),  con- 
jointement avec  Murcus  contre  Domitius  Calvi- 

(')  Sic  :  Suét.,  Nero  Claud.,  III.  Voir  aussi  Appien,  liv.  III,  55,  et 
Dion  Cassius,jL,  i3. 

(2)  Liv.  II,  84. 

(3)  Appien,  liv.  V,  55. 

(*)  Fr.  Lenormant,  La  monnaie  dans'/ antiquité,  t.  II,  p.  348. 


358 

nus,  lieutenant  des  triumvirs  (').  La  proue  repré- 
sentée sur  le  revers  rappelle  ses  succès  maritimes 
et  notamment  ceux  qu'il  obtint  en  7i3  (-)  con- 
tre les  forces  navales  d'Octave.  Quant  à  l'astre 
qu'on  aperçoit  au-dessus   du  navire,   Eckhel  (3) 
trouve,  avec  raison,  que  la  signification  n'en  est 
pas  certaine.  Vaillant  (l)  y  a  vu  le  nom  du  navire; 
Morel  (a)  estime  que  c'est  plutôt  l'astre  du  soleil 
et  que  les  monnaies  qui  le  portent  ont  été  frap- 
pées à  l'usage  de  la  flotte  d'Antoine,  à  Rhodes, 
où  Apollon  avait  un  colosse  et  était  particulière- 
ment adoré  (°) .  Nous  préférerions  nous  figurer  ici 
l'astre  de  Vénus,  qui  rappelle  le  parti   césarien 
qu\#£nobarbus  venait  d'embrasser,  d'autant  plus 
que  cette  déesse  passait  pour  être  favorable  à  la 
navigation  (;).  L'étoile  à  huit  rayons  étant  l'em- 
blème du  parti  césarien  ("),  il  n'est  pas  probable, 
quoiqu'il  soit  question  d'une  époque  postérieure 
à  l'apothéose  officielle  de  César,  qu'Antoine,  nous 
le  répétons,  ait  mis  le  sidus  julium  sur  la  monnaie 
à  son  effigie,  avant  qu'Octave  s'en  soit  servi  de 
même  ou  ait  pris  le  titre  de  divi  films  sur  ses  pro- 
pres deniers. 

(')  Appien,  liv.  IV,  nos  n5,  116;  Madden,   Num.  chronicle,  i865, 
new  série,  t.  V,  p.  17. 
(*)  Appien,  liv.»V,  26. 
(3)  Doct.  num.,  t.  V,  p.  202. 

(')  Nummi  antiqui familiarum  romanarum,  Amsterd.,  1703,  p.  3g|. 
(5)  T.  I,p.  i55,  VIII. 
(«)  Pline,  liv.  XXXIV,  c.  XVIII  (VII). 

(7)  Servius  sur  Virg.,  liv.  III,  19. 

(8)  Borghesi,  Œuvr.  compl.,  t.  II,  p.  54. 


359 

Un  aureus  qui  faisait  partie  du  cabinet  de  France, 
avant  le  vol  de  i83i,  est  décrit  comme  il  suit  dans 
l'ouvrage  de  M.  Babelon  (')  : 

M  •  ANTONIVS  M  •  F  •  M  •  N  •  AVG  •  IMP  • 
ITE  (Marcus  Antonius  Marci  filius,  Marci  Nepos, 
augur,  imper ator  iterum).  Marc  Antoine  debout,  à 
droite,  vêtu  du  costume  militaire,  tenant  une  lance 
et  un  parazonium,  et  posant  le  pied  sur  la  proue 
d'un  navire. 

Rev.  III  VIR  •  R  •  P  •  C  •  C  •  COS  •  DESIG  ■ 
ITER  •  ET  TERT  (triumvir  reipublicae  constituen- 
dae,  consul  designatus  iterum  et  tertio).  Lion  mar- 
chant à  gauche  et  tenant  une  épée;  au-dessus,  une 
étoile. 

Cette  pièce  se  classe  entre  les  années  716  (38)  et 
718  (36)  (■).  On  sait  qu'après  la  guerre  parthique 
en  718  (36),  Antoine  voulait  se  faire  passer  pour 
Osiris,  le  soleil  des  Egyptiens.  La  monnaie  paraît 
antérieure  à  cette  campagne,  où  Ventidius,  lieu- 
tenant d'Antoine,  repoussa  les  Parthes  et  tua 
Labienus  (3g-38),  et,  dès  lors,  l'étoile  pourrait 
être  encore  ici  une  allusion  au  culte  d'Apollon, 
le  dieu  des  augures,  parmi  lesquels  se  trouvait 
Antoine,  comme  la  pièce  l'indique. 

N°  3.  DIVI  F(ilius).  Tête  nue  d'Octave,  à  droite  ; 
devant,  une  étoile. 

(')  T.  I,  p.  i83. 

(*)  Conf.  Babelon,  t.  I,  p.  i83.  En  octobre  ou  novembre  (Calland 
p.  25). 


36o 

Rev.  DIVOS  IVLIVS,  en  deux  lignes,  dans  une 
couronne  de  laurier  avec  des  baies. 

Grand  bronze. 
Cohen,  Consul.,  Julia,  n°  4Ô;Imp.,  Oct.  Aug.,<^b. 
Babelon,  Julia,  n°  101,  qui   cite,  au   n°   102,  une  variété 
avec  la  légende  CAESAR  D1V1  F,  au  droit. 

Gravé,  pi.  XV,  n°  1 . 

L'étoile  qu'on  voit  au  droit,  avec  le  titre  de 
fils  du  divin,  est  bien  l'astre  de  J.  César.  La  cou- 
ronne du  revers  nous  rappelle  que  le  dictateur 
rjçut  du  sénat  la  permission  de  porter  toujours 
la  couronne  de  laurier  ('),  et  d'avoir,  dans  les 
théâtres,  un  siège  doré  et  une  couronne  d'or  garnie 
de  pierreries,  pareille  à  celle  des  dieux  (4),  objets 
qu'Antoine  défendit  à  Octave  de  produire  aux 
jeux  édiliciens  de  Critonius  et  aux  jeux  qu'Octave 
fît  célébrer  ensuite  en  l'honneur  de  Vénus  (3).  La 
dernière  couronne  représentait  aussi  des  branches 
de  laurier,  mais  sans  baies,  comme  le  prouve  un 
denier  du  triumvir  Octave,  sur  lequel  elle  figure 
avec  la  sella  aurea  (*).  Morell  (5)  a  fait  connaître  un 
exemplaire  de  notre  grand  bronze,  qui  a  été 
frappé  sur  un  as  de  Sexte  Pompée  et  qui  laisse 

(')  Suétone,  C.  J.  Ccesar,   XLV;   Dion   Cassius,  liv.   XLIII,  43. 
Voir  nos  Quelques  pages,  etc.,  p.  579. 
(0  Dion,  XLIV,  4. 
(')  Appien,  liv.  III,  28. 

(4)  Cohen.  Consul.,  Julia,  pi.  XX,  n°  22;  Babelon,  Julia,  n°  89. 

(5)  Thésaurus  Morellianus,  Amsterd.,    1734,   p.   216,   litt.   D,  et 
pi.  VII,  D. 


36i 

voir  encore  une  partie  de  la  proue  et  le  mot  PI VS . 
Après  la  bataille  de  Munda,  Sextus  renouvela  la 
guerre  en  Espagne  ;  il  s'y  maintint  dans  les  der- 
niers mois  de  la  vie  de  César,  et  après  la  mort 
de  celui-ci  jusqu'à  l'automne  de  710,  époque  où 
il  fut  rappelé  en  Italie.  C'est  pendant  ce  temps 
qu'il  fit  fabriquer  en  Espagne  des  pièces  d'un  as, 
rares  partout  ailleurs,  mais  communes  dans  les 
dépôts  espagnols  ('). 

Suivant  la  surfrappe  et  ce  que  nous  avons 
énoncé  plus  haut  au  sujet  de  l'époque  à  laquelle 
Octave  peut  avoir  pris  sur  la  monnaie  le  titre  de 
divi  filius,  c'est-à-dire  après  la  défaite  de  Sextus- 
Pompée  en  Sicile,  vers  718  (36  av.  J.-C),  il  est 
permis  de  croire  que  l'as  à  la  couronne  de  laurier 
n'est  pas  de  beaucoup  postérieur  à  cette  défaite, 
s'il  n'a  été  frappé  peu  après  la  mort  de  Sexte 
Pompée,  arrivée  en  71g  (35  av.  J.-C).  Ces  pièces 
ne  sont  pas  de  fabrication  romaine,  et  l'on  pense 
généralement  qu'elles  sont  de  coin  espagnol. 
Dans  la  légende  du  revers,  on  remarque  l'ortho- 
graphe ancienne  DIVOS  pour  DIVVS,  ortho- 
graphe qui  laisse  deviner  la  prononciation  latine 
de  Vu.  L'o  et  Vu,  dit  Quintilien  (*),  n'ont-ils  pas  été 
employés  l'un  pour  l'autre?  On  écrivait  Hecoba, 
notrix,  au  lieu  de  Hecuba,  nutrix.  L'inscription  de 

(')  Conf.  Mommsen,  Ann.  de  l'Inst.  archéol.,  i863,  p.  j"i;  Mommsen- 
de  Blacas-de  Witte,  Hist.  de  la  monn.  rom.,  t.  II,  pp.  538-53g,  note 
de  M.  de  Witte;  Fr.  Lenormant,  Hist.  de  l'antiq.,  t.  II,  p.  3i2. 

(2)  Instit.  orator.,  I,  4. 

Année  1887.  i"S 


362 

Duillius  porte  :  primos  ornavit,  pour  primas  ornavit. 
La  même  orthographe  a  été  suivie  régulièrement, 
entre  autres,  dans  la  loi  des  douze  tables,  dans 
l'inscription  tumulaire  de  Lucius  Scipion  et  dans 
plusieurs  autres  du  même  âge  (').  La  forme  divos 
rappelle  ce  vers  de  Lucrèce  (*)  : 

jEneadum  genitrix,  hominuin  divomque  voluptas. 

Or,  l'ouvrage  de  Lucrèce  n'est  pas  de  longtemps 
antérieur  à  l'époque  de  l'émission  des  as  dont  il 
s'asfit.  On  trouve  aussi  divos  iulius  sur  des  mon- 
naies  africaines  de  Leptis  minor  et  d'Achulla,  et 
sur  des  bronzes  de  grand  module  frappés  à  Lyon 
sous  Auguste  (5),  et  l'on  trouve  divos  avgvstvs  sur 
des  monnaies  de  Phénicie  (l). 

Les  flans  des  pièces  n'ont  pas  toujours  la  même 
épaisseur  (*). 

La  collection  de  J.  Gréau,  n°63i,  renfermait  une 
médaille  semblable  de  fabrique  barbare,  mais  du 
module  du  moyen  bronze,  avec  DIVOS  IVLIVS. 

N°  4.  IMP  •  DIVI  ■  IVLI  •  F  •  TER  (ou  ITER)  • 

III'VIRR'P'C.  (Imper  ator  divi  Jidiifilius,  tertio 


(')  Prompsault,  Gramm.  latine,  p.  106. 

(*)  De  la  nature  des  choses,  liv.  I,  v.  1. 

(s)  Boutkowski,  Dict.  num.,  t.  I,  n°  145;  Lenormant,  De  quelques 
espèces  de  monn.  grecq.  mentionnées  dans  les  auteurs  anciens  et  dans 
les  inscript.  Rev.  num.  fr.,  1867,  p.  167. 

(*)  Robert,  Monnaies  gauloises  (sa  collection),  Paris,  1880,  p.  36. 

(5)  Catalogue  de  la  collection  de  J.  Gréau,  n05  629,  63o. 


363 

ou  iterum  triumvir  reipublicœ  constituendœ.)  Tête  de 
Jules  César,  lauré,  jeune  et  divinisé,  à  droite  ; 
devant  le  front,  une  étoile. 

Rev.  M  •  AGRIPPA  ■  COS  ■  DESIG.  (Marcus 
Agrippa,  consul  désignâtes),  en  deux  lignes,  dans 
le  champ. 

Or. 

Cohen,  Cons.,  Vipsania,  n°  3. 
Babelon,  Vipsania,  n°  2. 

Gravé,  pi.  XIV,  n°  3. 

L'astre  qu'on  observe  devant  le  front  de  Jules 
César  est  bien,  cette  fois,  le  sidus  Julium,  et 
Octave  prend  sur  la  monnaie  le  titre  de  divifilius. 
La  légende  inscrite  au  revers  de  cet  aureus  l'est  en 
l'honneur  d'Agrippa.  Marcus  Vipsanius  Agrippa, 
issu  d'une  famille  obscure,  naquit,  pense-t-on, 
l'an  691  (63  av.  J.-C).  Il  partagea  l'éducation 
donnée  à  Auguste,  avec  qui  il  fut  lié  d'une  étroite 
amitié  (').  Agrippa  contribua  puissamment  aux 
victoires  d'Octave  dans  les  journées  de  Philippes 
l'an  712  (42)  et  d'Actium  l'an  723  (3i).  Il  géra  trois 
fois  le  consulat,  en  717,  726  et  727  (37,  28,  27). 
Il  fut  décoré  de  la  puissance  tribunitienne  l'an  736 
(18),  dignité  qui  lui  fut  continuée  pendant  cinq 
autres  années  l'an  741  (i3)  (*).  Agrippa  fut  désigné 
consul,  pour  la  première  fois,  l'an  716  (38),  date 
à  laquelle  se  rapporte  la  médaille.  Il  mourut  en 


(')  Nicolas  de  Damas,  de  ceduc. 
(')  Dion,  liv.  LIV,  28. 


364 

Campanie  l'an  742  (12).  Dion  Cassius  (')  l'appelle 
l'homme  le  plus  recommandable  de  son  siècle  et 
qui  n'usa  de  l'amitié  d'Auguste  que  pour  rendre, 
et  au  prince  lui-même  et  à  l'État,  les  plus  grands 
services. 

La  légende  ITER  (I  et  T  en  monogramme? 
sinon  TER)  a  donné  lieu  à  interprétation.  Bor- 
ghesi  (2)  a  lu  ITER,  et  M.  Mommsen  (»)  a  lu 
TERTIO,  en  rapprochant  de  ce  mot  celui  à1  im- 
per ator.  M.  Babelon  (')  se  range  à  la  lecture  de 
Borghesi  et  dit  qu'il  ne  saurait  accepter  l'opi- 
nion du  savant  allemand  pour  les  deux  raisons 
suivantes  :  i°  il  serait  sans  exemple  en  numis- 
matique que  le  chiffre  de  la  salutation  impé- 
riale fût  éloigné  du  mot  imperator;  20  sur  les 
monnaies  d'Octave,  le  chiffre  de  la  salutation 
impériale  n'est  jamais  marqué  quand  le  mot 
imperator  est  placé  comme  un  prénom  devant 
le  nom  de  Cœsar.  Cette  dernière  interprétation 
aurait  au  moins  le  mérite  de  la  simplicité  ;  mais  si 
on  l'adopte,  la  légende  offre  une  difficulté  chrono- 
logique :  «  Le  renouvellement  du  triumvirat,  dit 
Fr.  Lenormant  (5),  eut  lieu  en  janvier  37  (717  de 


(')  Dion,  liv.  LIV,  28. 

(2)  Œuv.  comf1.,  t.  I,  pp.  io5  et  s. 

(J)  Staatsrecht,  II,  657,  Anm.  4  (apud  Babelon,  p.  56). 

(*)  M.  Mommsen  (Staatsrecht,  II*,  p.  774,  a.  2)  a  démontré,  d'après 
M.  Calland  (p.  14,  note  4),  que  les  mots  imp.  ter  doivent  être  rapportés 
tant  au  prénom  d'imperator  qua  la  troisième  proclamation. 

(s)  Ouv.  cité,  t.  II,  p.  357. 


365 

Rome) ,  en  même  temps  qu'Agrippa  entrait  en 
fonctions  comme  consul.  Si  donc  on  rapporte 
iterum  à  triumvir,  il  faut  supposer  que  le  renouvel- 
lement fut  mentionné  proleptiquement  sur  la 
monnaie  dans  les  derniers  mois  de  38,  quand 
Agrippa  n'était  encore  que  consul  designatus;  c'est 
l'opinion  de  M.  Von  Sallet  ('),  quoique  l'on  ne 
trouve  aucun  autre  exemple  où  l'itération  de  ce 
titre  soit  mentionné  dans  la  numismatique  d'Oc- 
tave. En  tous  cas,  ces  monnaies  se  rapportent  à  la 
campagne  d'Agrippa  sur  le  Rhin,  à  la  fin  de  38.  » 
Le  triumvirat  fut,  en  effet,  renouvelé  l'an  717  (37), 
sous  le  consulat  d'Agrippa  et  de  L.  Caninius 
Gallus,  lorsque,  comme  le  dit  Dion  (■),  le  premier 
terme  quinquennal  était  déjà  expiré.  Quoiqu'il  en 
soit,  comme  Octave  fut  salué  imperator  pour  la 
troisième  fois  en  Ji5  (3g),  et  pour  la  quatrième 
fois  en  718  (36),  la  version  de  M.  Mommsen,  qui 
donne  la  médaille  à  l'année  716  (38),  est  digne 
d'une  sérieuse  réflexion. 

N°  5.  IMP  •  CAESAR  •  DIVI  •  F  •  III  ■  VIR  • 
ITER  •  R  •  P  •  C  (reipublicae  constituendae).  Tête 
d'Auguste,  nue  et  barbue,  à  droite. 

Rev.  COS  •  ITER  ■  ET  ■  TER  •  DESIG. 
Jules  César,  debout  de  face,  dans  un  temple  à 
quatre  colonnes,  tenant  le  bâton  d'augure  ;  sur  la 


(')  Zeitschr.fûr  Num.,  t.  IV,  p.  141. 
C)  Liv.  XLVIII,  in  fine. 


366 

frise  on  lit  :  DIVO  IVL;  sur  le  fronton,  une 
étoile  à  huit  rayons;  à  gauche,  un  autel  orné  et 
allumé. 

Or  et  argent. 
Cohen,  Consul.,  Julia,  nos  58  et  5g;  Impér.,  Auguste,  nos  89 

et  90. 
Babelon,  Julia,  nos  )38  et  i3g. 

Gravé,  pi.  XIV,  n°  4. 

Octave  fut  consul  pour  la  seconde  fois  en  l'an  721 
(33  av.  J.-C),  consul  désigné -pour  la  troisième  fois, 
l'année  suivante  722  (32),  et  consul  pour  la  troisième 
fois  l 'an  723  (3 1).  Ces  pièces  sont  donc  censées  avoir 
été  frappées,  sinon  en  l'an  722  (32),  au  moins  entre 
les  années  721  et  723  (33-3i)  ('),  pendant  le  second 
triumvirat  qui,  commencé  en  717  (37),  puis  réduit 
à  deux  membres  Antoine  et  Octave,  fut  définitive- 
ment aboli  par  la  bataille  d'Actium  (2  septem- 
bre 723  (3 1))  (•). 

Octave  porte  une  barbe  légère.  D'après  Dion  (3), 
il  ne  se  rasa  pour  la  première  fois  la  barbe  que 
cinq  ans  après  la  mort  de  César,  donc  en  Ji5. 
Cependant  il  la  portait  encore,  en  signe  du  deuil 
de  la  mort  de  J.  César,  jusqu'à  la  défaite  de  Sexte 
Pompée,  à  la  fin  718  (36  av.  J.-C.)  (4). 

Le  revers  de  la  monnaie  nous  offre  la  représen- 
tation du  temple  de  Jules  César. 

(')  Babelon,  II,  p.  60. 

(*)  Compar.  Tacite,  Annal.,  liv.  I,  2. 

(3)  Liv.  XLVIII,  34. 

(')  Compar.  Eckhel,  t.  VI,  p.  76. 


367 

Au  commencement  de  l'an  712  (42  av.  J.-C), 
sous  le  consulat  de  M.  Lepidus  et  de  L.  Plancus, 
les  triumvirs,  on  l'a  déjà  dit,  érigèrent  à  Jules 
César  divinisé,    ce  temple  ('),  œdes,  en  grec  */*•», 
dans  le  Forum,  à  l'endroit  même  où  son  corps 
avait  été  brûlé  (*),  et  où  se  trouvait  auparavant 
l'autel  élevé  au  même  César,  après  sa  mort,  par  le 
peuple,  et  que  le  consul  Dolabella  fit  renverser  (5). 
La  dédicace  du  temple  eut  lieu  postérieurement, 
le  18  août  (4)  725  (29  av.  J.-C),  sous  le  consulat 
d'Octave   V  et    de  Sextus    Apulleius    (3),    après 
qu'Octave    eut    triomphé    pendant    trois   jours. 
Zumpst  (°),  selon  M.  Mommsen  (7),  aurait  dû  s'abs- 
tenir de  critiquer  l'époque  désignée  par  Dion;  c'est 
aussi  notre  manière  de  voir.  Il  faut  induire  de  ce 
qui  précède  que  la  représentation  du  temple  sur  la 
médaille  est  antérieure  de  quelques  années  à  la 


(i)  Dion,  XLVII,  18. 

(*)  Appien,  liv.  II,  148;  Dion,  XLVIII,  18;  Zonare,  p.  i38,  etc. 

(3)  Cicéron,  ire  Philipp.,  II,  et  2e,  XLII;  ad  Fam.,  liv.  XIV,  i5; 
Dion,  XLIV,  5i. 

(*)  Mommsen,  Insc.  latin.,  I,  p.  399;  Calendrier  de  Ch.  Ém.  Ruelle 
ouv.  cité,  p.  847. 

(5)  Dion,  LI,  22. 

(6)  A.  W.  Zumptius,  Augusti  index  rerum  a  se  gestarum,  sive 
Monumentum  ancyranum,  Berlin,  1845,  p.  68;  on  lit  sur  ce  monu- 
ment :  JEdem  Divi  Juli...  feci. 

(7)  Mommsen,  Res  gestœ  divi  Augusti  ex  monumentis  ancyrano  et 
apoloniensi,  Berlin,  apud  Weidemans,  i883,  p.  80.  L'auteur  ajoute  : 
«  Non  enim  secundum  dedicationem  dies  aedificia  enumerantur,  sed 
secundum  tempus  quo  perfecta  sunt.  » 


368 

dédicace  officielle  de  l'édifice,  et  aucune  notion, 
que  l'on  sache,  ne  vient  contrarier  cette  induc- 
tion (').  A  côté  du  temple,  le  monétaire  a  placé  un 
autel  qui,  d'après  un  bel  exemplaire  de  notre 
collection,  a  la  forme  ronde,  de  manière  à  lui 
donner  tout  l'aspect  d'une  petite  colonne.  Or,  c'est, 
d'après  Cicéron  (*) ,  une  colonne,  columna,  que 
Dolabella  renversa.  Ampère  (')  suppose  que  Cicé- 
ron dit  la  colonne,  pour  éloigner  l'idée  de  profana- 
tion ;  «  car,  ajoute-t-il,  c'était  bien  un  autel,  puis- 
qu'on y  sacrifiait;  Suétone  lui-même  (Cœs,  85)  dit 
que  l'on  y  offrait  des  sacrifices  »  (l).  L'autel  était 
petit;  on  ne  saurait  donc  l'identifier  avec  la 
colonne  de  près  de  vingt  pieds  de  haut,  portant 
l'inscription  parenti  patriae,  dont  parle  Suétone  (5). 
L'autel  figuré  sur  la  médaille  est-il  un  autel  restitué 
par  ordre  d'Octave  et  auquel  peut-être  on  avait 
donné  plus  ou  moins  la  forme  de  l'autel  détruit? 
Ou  serait-il  plutôt  un  petit  monument  de  la  même 
forme,  qui  faisait  partie  de  Yœdes  divi  Julii?  La 
question  se  réduit  encore  à  de  simples  hypothèses(6) . 

(')  Conf.  Lettre  de  M.  Mommsen,  citée  plus  haut. 

(')  1"  Phil.,  II,  Lettre  ad  Atticum,  ad  Fam.,  liv.  XIV,  i5.  Dans  la 
2e  Philippique,  XLII,  Cicéron  parle  d'un  bustum,  tombeau  ou  monu- 
ment funèbre.  LACTANCE.(Inst.  div.,  De  falsa  religione,  c.  XV,  p.  59, 
Anvers,  1570)  écrit  :  Dolabellœ  cos.  qui  columnam  inforo,  id  est  titu- 
lum  eius  evertit.  Appien  (liv.  II,  198)  et  Dion  (XLIV,  5i)  disent  ëWôv. 

(3)  L'empire  à  Rome,  p.  106. 

(*)  Conf.  Dion,  XLIV,  5i. 

(8)  C.  J.  Ccesar,  LXXXV. 

(*)  Consult.  lettre  citée  de  M.  Mommsen. 


369 

«  Ce  temple,  écrit  Ampère  (  ),  que  Dion  Cassius 
appelle  un  heroon,  ce  qui  prouve  que  ses  dimen- 
sions étaient  peu  considérables,  s'élevait  à  l'extré- 
mité du  Forum Nous  savons  que  le  temple  de 

César  était  voisin  du  temple  de  Castor  et  Pollux  (*), 
dont  il  subsiste  encore  aujourd'hui  trois  belles 
colonnes  ;  nous  savons  aussi  qu'il  faisait  face  au 

temple  de  Jupiter  Capitolin  (*) Le  temple  était 

élancé,  avec  des  entre-colonnements  étroits  (*); 
et  le  fronton  était  dominé  par  une  statue  de  Jules 
César.  Il  avait  un  soubassement  élevé  f).  L'esca- 
lier, qui  conduisait  au  sommet  de  ce  soubasse- 
ment, forma  les  degrés  de  ce  qu'on  appelle  les 
Rostres  Juliens. 

Quant  à  l'emplacement  du  temple,  Stace  a  aidé 
à  le  retrouver.  S'occupant  de  la  statue  colossale 
de  Domitien,  le  héros  qu'il  chante,  le  poète  dit 
qu'en  face  elle  regarde  le  monument  de  celui  qui 
a  le  premier  ouvert  le  chemin  du  ciel  à  nos  princes, 
hinc  obria  limina  pandit  —  qui primus  iter  nostris 

(')  Ouv.  cité,  pp.  108-  10g. 

(l)        Fratribus  adsimilis,  quos  proxima  templa  tenentes 
Divus  ab  excelsa  Julius  aede  videt. 

Ov.,  de  Pont,  II,  v.  285. 

(3)  .  .  «  Ut  semper  Capitolia  nostra  forumque 

Divus  ab  excelsa  prospectet  Julius  arce.  » 

Ov.,  Met.,  XV,  840. 

(4)  Vitruve,  III,  3. 

(s)  C'est,  je  crois,  dit  Ampère,  ce  que  veut  dire  l'épithète  excelsa, 
employée  deux  fois  par  Ovide.  «  Ce  petit  temple  ne  pouvait  être  par 
lui-même  très  élevé.  » 


370 

ostendit  in  œthera  divis  (liv.  I,  Silve  I,  v.  22  et  s.). 
Assez  récemment ,   on    a    découvert   d'informes 
substructions    du    temple    de   César,   à   l'est   du 
Forum,  au  milieu  de  l'espace  qui  s'éleva  depuis 
le  temple  de  Castor  jusqu'à  celui  d'Antoine  et  de 
Faustine.  Après  avoir  ainsi  rappelé  cette  décou- 
verte, M.  Gaston  Boissier  (')  ajoute  :  «  On  s'aperçut 
que  les  marches  de  l'escalier  (du  temple)  ne  s'éten- 
daient pas,  comme  c'est  l'usage,  tout  le  long  de  la 
façade  ;  le  milieu  est  occupé  par  un  mur  de  pépe- 
rin  revêtu  de  plaques  de  marbre,   qui  se   dresse 
entre  deux  escaliers  étroits.  Ce  mur  soutenait  une 
plate-forme,  d'où  les  orateurs  pouvaient  parler 
au  public.  Or,  nous  savons  que  César  imagina 
de  construire  une  nouvelle  tribune  aux  harangues 
en  face  de  l'ancienne,  qu'Auguste  l'orna  d'éperons 
de  navire  pris  à  la  bataille  d'Atium,  et  qu'elle  était 
placée  au  devant  du  temple  qu'il  avait  bâti  en 
l'honneur  de  son  oncle,  sur  le  lieu  même  où  le 
corps  du  grand  dictateur  avait  été  brûlé.  La  tribune 
retrouvée,  nous  sommes  sûr  que  le  monument 
auquel  elle  est  adossée  ne  peut  être  que  le  temple 
de  César.  »  La  découverte  du  temple  de  César  est 
d'autant  plus  importante  qu'elle  achève,  d'après 
M.  Boissier,  de  limiter  parfaitement  le  Forum  (*). 

(')  Promenades  archéologiques.  Les  fouilles  de  l'Esquilin  et  du 
Forum  de  Rome;  Revue  des  deux  mondes,    1877,  t.  XX. 

(2)  M.  Mommsen,  dans  son  travail  de  i883,  p.  80,  sur  le  monument 
d'Ancyre,  écrit  également  que  les  fondements  de  Yœdes  julii  décou- 
verts récemment,  nuper,  se  voient  aujourd'hui  dans  le  forum  ;  puis  il 


371 

Le  temple  de  J.  César  fut  orné  de  dépouilles  de 
l'Egypte.  On  y  suspendit  un  grand  nombre  d'of- 
frandes, et  la  consécration  de  l'édifice  fut  accom- 
pagnée de  jeux  de  toute  espèce  ;  les  spectacles 
durèrent  plusieurs  jours  (').  Ce  fut  dans  le  même 
heroon  qu'Auguste  plaça  la  Vénus  Anadyomène 
(sortant  de  la  mer)  de  l'illustre  peintre  Apelle  (*), 
et  qu'en  743  (11  av.  J.-C),  exposa  le  corps  de  sa 
sœur  Octavie,  qui  venait  de  mourir;  il  plaça  un 
voile  entre  lui  et  le  cadavre,  en  présence  duquel 
il  prononça  l'oraison  funèbre  de  la  sympathique 
défunte  (5). 

N°  6.  M  •  (Marcus)  SANQVINIVS  •  III  ■  VIR. 
Tête  laurée  de  Jules  César  jeune  et  divinisé ,  à 
droite  ;  en  haut  une  comète. 

Rev.  AVGVSTVS  •  DIVI  •  F.  Tête  nue  d'Au- 
guste, à  droite. 

Argent. 
Cohen,  Consul.,  Sanquinia,  n°  1. 
Babelon,  Sanquinia,  n°  3. 

Gravé,  pi.  XIV,  n°  5. 

On  s'accorde  aujourd'hui  à  reconnaître  dans  la 
tête  du  droit,  représentée  sur  cette  pièce  et  sur  les 
suivantes  (n°  7),  la  tête  divinisée  de  Jules  César; 

ajoute  :  Exposuit  de  ea  Henricus  Iordan  in  Hermae,  vol.  9,  p.  342 
seq. 

(')  Dion,  LI.  22. 

(s)  Pline,  Hist.  nat.,  liv.  XXXV,  36, 

(8)  Dion,  LIV,  35. 


372 

l'astre  qui  se  voit  au-dessus  de  la  tête  est  le  Sidus 
jfulium.  Toutefois  Cavedoni,  apud  Riccio,p.  201,  a 
fait  remarquer,  avec  raison  selon  Hucher('),  que  la 
chevelure  du  personnage  et  la  couronne  de  laurier 
ne  ressemblent  pas  à  celles  de  J.  César,  qui  sont 
gravées  par  ses  monétaires  aprèsy3o  (24  av.  J.-C). 
Eckhel  (*)  fait  la  même  remarque  quant  aux  traits 
du  visage.  Mais  cette  circonstance  n'est  pas  assez 
décisive  pour  repousser  l'opinion  commune  (5). 
Suivant  Borghesi,  cité  par  Riccio  (4),  ce  denier 
semble  avoir  été  frappé,  comme  le  suivant,  au 
droit  duquel  il  est  identique,  en  souvenir  des  jeux 
séculaires,  dont  la  cinquième  célébration  se  fit 
par  Auguste  dans  l'année  737  (17  av.  J.-C.)  (5), 
en  qualité  de  quindecemvir  sacrisfaciundis  (°). 
M.  Sanquinius  était  monétaire  d'Auguste. 


(')  Catalogue  raisonné  des  monnaies  romaines  trouvées  dans  le 
jardin  du  collège  du  Mans,  p.  290. 

(s)  T.  V,  p.  299. 

(8)  Consult.  Ursinus,  p.  23i;  Morell.,  t.  I,  p.  372;  Riccio,  La 
monete  délie  antiche  famiglie  di  Roma,  p.  201. 

(*)  Riccio,  p.  201,  n°  2. 

(5)  Dion,  liv.  LUI,  18,  et  Censorin,  de  Die  natal.,  c.  17,  qui  dit  : 
«  Quintos  Iudos  C.  Furnio,  C.  Junio  Silanos  cos.  anno  DCCXXXVII 
Caesar  Augustus  et  Agrippa  fecerunt.  »  C'est  à  tort  qu'en  suivant 
distraitement  Ursinus  (Fam.  rom.,  p.  23 1)  et  Morell.  (t.  I,  p.  372), 
nous  avons  indiqué,  dans  notre  Apollon,  la  sixième  célébration  et 
Tan  736  (18). 

(6)  Le  monument  d'Ancyre  porte,  en  effet:  Pro  conlegio  XV  virorum 
magister  conlegii  conlega  Agrippa  (ludos)  saeculares  C.  Furnio 
C.  Silano  cos.  (feci).  Voir  Mommsen,  Res  gestœ  divi  Augusti,  édit.  de 


373 

Fr.  Lenormant,  après  avoir  rappelé  qu'avec  les 
triumvirs  monétaires  d'Auguste,  M.  Sanquinius 
et  P.  Licinius  Stolo,  reparut  la  fabrication  de 
monnaies  de  cuivre,  s'exprime  en  ces  termes  (')  : 
«  On  place  généralement  la  magistrature  de  ces 
deux  personnages  en  737  de  Rome  (17  av.  J.-C), 
pour  M.  Sanquinius,  parce  que  le  type  de  son 
denier  a  trait  aux  jeux  séculaires,  célébrés,  en 
effet,  dans  cette  année  (*),  et  pour  L.  Licinius 
Stolo,  parce  que  l'analogie  de  son  monnayage 
avec  celui  du  précédent  oblige  à  le  classer  à  la 
même  année  (s).  Mais  les  jeux  séculaires  de  737 
sont  encore  mentionnés  sur  les  pièces  dont  la 
fabrication  fut  dirigée  par  L.  Mescinius  Rufus, 
qui  exerça  le  triumvirat  en  738,  jusque  sous  la 
huitième  puissance  tribunitienne  d'Auguste  (*). 
La  raison  décisive  d'après  laquelle  on  avait  cru 
pouvoir  fixer  en  737  la  date  de  ces  deux  magis- 
trats, se  trouve  ainsi  écartée.  Il  est,  au  contraire, 
vraisemblable  qu'ils  ont  dû  être  en  charge  un  peu 
plus  tard,  car  un  fait  aussi  considérable  que  la 
reprise  de  la  fabrication  des  espèces  de  cuivre 
à  Rome,  après  soixante  ans  d'abandon,  dut  être 


Berlin,  i855,  pp.  63,  64;  Voir  aussi  Eckhel,  t.  VI,  p.  102.  Comp.  Cohen, 
Mescinia,  n°4;  Babelon,  Mescinia,  n°  4. 

(')  La  monnaie  dans  l'antiquité,  t.  III,  pp.  179,  180. 

(2)  Eckhel,  D.  N.,  t.  VI,  p.  102;  Borghesi,  Osserv.  num. ,  décad. 
IV,  8;  Œuvres  complètes,  t.  I,  p.  243. 

(5)  Cavedoni,  Ripostigli ,  p.  237. 

(*)  Elle  commença  le  27  juin  738  (16)  et  finit  le  26  juin  739  (i5). 


374 

le  point  de  départ  d'un  monnayage  nouveau, 
continué  ensuite  sans  interruption.  Ceci  conduit 
à  adopter  l'opinion  de  M.  Morarasen  ('),  qui 
reconnaît  dans  M.  Sanquinius  et  P.  Licinius 
Stolo  deux  des  triumvirs  du  collège  monétaire 
de  l'an  739  (i5  av.  J.-C).  » 

Nous  nous  rangeons  à  cette  opinion. 

C'est  l'an  de  Rome  727  (27  av.  J.-C),  au  mois 
de  janvier,  qu'Octave  reçut  du  sénat,  avec  le 
consentement  unanime  du  peuple,  le  surnom 
d'Auguste  (*). 

N°  7.  M  •  SANQVINIVS  III  VIR.  Tête  laurée 
de  Jules  César,  jeune  et  divinisé,  à  droite  ;  en 
haut,  une  comète. 

Rev.  AVGVST  DIVI  F  LVDOS.  SAE.  Augus- 

tus  divi  filius  ludos  saeculares  (fecit).  Personnage 
debout  avec  un  casque  orné  de  deux  plumes, 
tenant  un  caducée  ailé  et  un  bouclier  rond,  au 
milieu  duquel  est  figurée  une  étoile  à  six  rayons. 

Or  et  argent. 
Cohen,  Consul.,  Sanquinia,  n°  2. 
Babelon,  Sanquinia,  nos  1  et  2. 

Gravé,  pi.  XIV,  n°  6. 

Nous  renvoyons  pour  les  jeux  séculaires,  qui, 
maintenant,  sont  mentionnés  sur  ces  monnaies, 

(')  M.  r.,  t.  III,  p.  8. 

(*)  Voir  Apollon,  etc.,  p.  25. 


375 

pour  le  monétaire   et  la  date  de  l'émission,  aux 
observations  faites  sous  le  numéro  qui  précède. 
On  prend,  généralement,  le  personnage  représenté 
sur  le  revers  pour  un  prêtre  salien  (').  Les  prêtres 
saliens  n'avaient  pas  la  charge  de  la  célébration 
des  jeux  séculaires.  D'autres  on  cru  reconnaître 
ici  un  fécial  (*)  ;  mais  l'appareil  du  personnage 
n'appartient  pas,  dit  Eckhel  (s),  aux  féciaux.  Le 
savant  viennois  préfère   de  beaucoup,    et  avec 
raison,  pensons-nous,  l'avis  de  ceux  qui  croyent 
reconnaître  sur  la  médaille  le  héraut,  prœco,  cou- 
vert d'un  habit  religieux,  qui  annonçait  au  peuple 
la    célébration  des   jeux.    Suétone    raconte    que 
Claude  (4)  célébra  aussi  les  jeux  séculaires,  dont 
il  prétendait  qu'Auguste  avait  devancé  l'époque, 
et  qu'on  se  moqua  alors  du  héraut,  prœco,  lorsque 
celui-ci   convoqua  le    peuple,    selon   la  formule 
habituelle,  «  à  des  jeux  que  personne  n'avait  vus 
et  ne  reverrait  jamais  ». 

La  coiffure  du  personnage  et  son  bouclier  rond 
ne  conviennent,  d'ailleurs,  nullement  au  Salien, 
qui  portait  un  bouclier  échancré,  l'ancile,  figuré, 
entre  autres,  sur  des  monnaies  de  Pub.  Licinius 
Stolo  (5).  Les  graveurs  négligent  quelquefois  de 

(')  Morell.,  t.  I,  p.  372;  Riccio,  p.  201;  Cohen,  Sanquinia,  n°  2; 
Babelon,  Sanquinia,  n°  1  ;  etc. 

(2)  Vaillant,  t.  II,  p.  3y5. 

(3)  T.  V,  p.  3oo. 
(*)  Claud.,  XXI. 

(5)  Cohen,  Licinia,  nos  9  et  10. 


376 

reproduire  la  figure  de  l'étoile  à  six  rayons  (')  qui 
se  voit  sur  le  bouclier,  en  la  remplaçant  par  un 
objet  vague  ou  indéterminé.  L'étoile  nous  paraît 
être  ici  un  emblème  d'Apollon,  en  l'honneur 
duquel  les  fêtes  séculaires  étaient  célébrées  (4). 

Boutkowski  (5)  décrit  ainsi  un  autre  denier  d'ar- 
gent à  la  comète  : 

«...  NIVS  •  III  •  VIR  •  M  •  SANQVINIVS. 
Tête  laurée  de  Jules  César,  surmontée  d'une 
comète. 

Rev.  Couronne  au  haut  et  au  bas  de  laquelle  on 
lit  :  OB  CIVIS  SERVATOS.  Inédite.  Vente  : 
Fontana  (Paris,  1860);  cat.  p.  124,  n°  2455.  — 
Inconnue  à  Cohen. 

N°  8.  CAESAR  AVGVSTVS.  Tête  à  gauche 
d'Auguste,  couronnée  de  chêne. 

Rev.  DIVVS  (en  haut)  AVGVSTVS  (en  bas). 
Comète. 

Denier  d'argent. 
British  Muséum. 
Conf.  Morell,  I,  p.  217,  F,  et  t.  II,  tab.  7,  F. 

Gravé,  pi.  XIV,  n°  7. 

(')  Morell.,  t.  II,  pi.  Sanquinia,  n°  1,  a  soin  dindiquer  nettement 
cette  étoile.  L'exemplaire  que  nous  avons  fait  graver  est  superbe  de 
conservation  et  appartient  au  British  Muséum.  Cet  exemplaire,  pas 
plus  que  les  gravures  de  Morell  et  de  M.  Babelon,  ne  portent  le  c  dans 
l'abréviation  de saeculares ;  la  description  d'Ursinus,  Vaillant,  Morell, 
et  Eckhel  n'en  porte  pas  davantage. 

(a)  Voir  Apollon,  etc.,  p.  14. 

(s)  Dict.  numism.,  t.  I,  pp.  46,  47,  n094. 


377 

Nous  avons  ici  la  Stella  crinita  ou  \eSidus  Julium 
en  plein  champ.  Quoique  la  pièce  et  les  deniers 
suivants  avec  l'astre  chevelu  ne  marquent  pas  de 
date,  on  a  cru  pouvoir  les  classer  à  la  même  époque 
que  les  deux  précédentes,  c'est-à-dire  peu  après  les 
fêtes  séculaires  (). 

Cohen  (  )  et  M.  Babelon  (r>)  décrivent  ces  pièces 
avec  la  tête  laurée.  quoique  leurs  dessins  sem- 
blent ne  pas  toujours  répondre  à  cette  descrip- 
tion, et  représentent  plutôt  une  couronne  de 
chêne.  Cette  couronne  fut  décernée  à  Auguste 
en  727  (27  av.  J.-C.)  (4). 

Variété  du  denier  précédent,  avec  la  tête  laurée 
adroite  (sic)  :  Cohen,  Impér.,  n°  100,  et  Babelon, 
Julia,  n°  262. 

N°g.  CAESAR  AVGVSTVS.  Tête  d'Auguste, 
couronnée  de  chêne,  à  gauche. 
Rev.  DIVV'S  IVLIVS  (dans  le  champ).  Comète. 

Denier  d'argent. 
British  Muséum. 
Cabinet  impérial  de  Vienne. 
Collection  de  M.  Fr.  Gnecci,  à  Milan  (s). 

(')  Comp.  Babelon,  t.  II,  p.  84. 

(*)  Consul.,  n°  96;  Impér.,  n°  99. 

(3)  T.  III,  n<>26i. 

(')  Ovide,  Métam.,  I,  v.  562-563;  Dion,  liv.  LUI.  Comp.  Mommsen, 
Inscript,  latin.,  p.  3i2,  Mensis  januarii,  14  :  Corona  querna  uti  per 
ianuam  domusimp.  Caesaris.  —  Voir  Borghesi,  t.  II,  108.  —  Il  est  fait 
aussi  mention  de  la  couronne  civique  sur  le  monument  d'Ancyre. 

(5)  Monete  e  medaglioni  romani  inediti  nella  colle^ione  Francisco 
Année  1887.  24 


378 

Collection  de  Mg.  Fél.  Bethune,  à  Bruges. 

Cohen,  Consul.,  Julia,  n°  96,  et  Imp.,  Auguste,  n°  97  (tête 

laurée). 
Babelon,  Julia,  n°  263  (tête  laurée). 

Gravé,  pi.  XIV,  n°  9. 

Nous  nous  sommes  adressé  vainement  aux 
cabinets  numismatiques  de  Londres,  de  Vienne 
et  de  La  Haye,  dans  l'espoir  d'obtenir  l'une  ou 
l'autre  empreinte  avec  la  tête  laurée  ;  ces  cabinets 
ne  renferment  pas  de  pièces  de  l'espèce. 

Nous  possédons  un  exemplaire  où  la  légende 
du  revers  est  composée  de  lettres  un  peu  plus 
grandes  que  d'ordinaire  ;  Auguste  y  porte  la  cou- 
ronne de  chêne. 

N°  10.  CAESAR  AVGVSTVS.  Tête  d'Auguste, 
couronnée  de  chêne,  à  droite. 
Rev.  DIVVS  IVLIVS  (dans  le  champ).  Comète. 

Argent. 
British  Muséum. 
Cabinet  impérial  de  Vienne. 
Cabinet  de  l'État  à  La  Haye. 
Collection  de  M.  Fr.  Gnecci,  à  Milan. 
Morell,  t.  I,  p.  217,  et  t.  II,  tab.  7,  Julia,  E. 
Cohen,  Consul.,  Julia,  n°  97.  Impér.,  Auguste,  n°  98,  et 
Babelon,  Julia,  n°  264,  qui,  ainsi  qu;il  a  été  dit,  décrivent 
la  pièce  avec  la  couronne  laurée. 

Gravé,  pi.  XIV,  n°  8. 

Gnecci  di  Milano,  Terza  série,  p.  93,  5.  —  M.  Gnecci  doute  de  l'exis- 
tence des  monnaies  dont  il  s'agit  (tête  à  droite  ou  à  gauche)  avec  ta 
couronne  de  laurier. 


379 

Eckhel  (')  donne,  d'après  Morell,  un  aurais ,  avec 
la  même  couronne,  sans  ajouter  si  la  tête  est  à 
droite  ou  à  gauche  (').  Le  catalogue  de  la  collec- 
tion du  prince  Charles  de  Lorraine  cite  des  mon- 
naies à  la  comète  avec  la  tête  d'Auguste  nue  {')  ? 

N°  il.  Sur  une  variété  (avec  la  tête  d'Auguste 
couronnée  de  chêne,  à  gauche)  des  deniers  d'ar- 
gent dont  la  description  vient  de  se  faire,  on 
remarque  que  les  mots  DIVVS  IVLIVS  sont 
placés  obliquement,  le  premier,  entre  le  troisième 
et  le  quatrième  rayon,  et  le  second,  entre  le 
sixième  et  le  septième.  Cette  variété  est  gravée 
dans  Vaillant,  pi.  LXXVI,  n°  6i,et  dans  Morell, 
tab.  7,  V;  Ursinus,  p.  123,  représente  une  variété 
semblable,  avec  la  tête  d'Auguste  à  droite. 

Nous  nous  abstenons  de  toute  réflexion  au  sujet 
de  l'authenticité  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces 
monnaies. 

Nous  publions  maintenant,  mais  également  sous 
toutes  réserves  quant  à  l'authenticité,  la  descri- 
ption des  pièces  suivantes,  portant  la  célèbre 
comète,  et  que  les  auteurs  les  plus  modernes  n'ont 
peut-être  pas  eu  tort  de  négliger  : 

(')  T.  VI,  p.  1.1. 

(2)  Cet  aureus  est-il  vrai?  C'est  douteux  au  moins.  Nous  renvoyons 
à  l'ouvrage  de  Morell,  t.  II,  pi.  XX,  pour  d'autres  pièces  à  la  comète, 
avec  la  tête  de  Jules  César,  pour  celle  d'Auguste  laurée  ou  nue,  pièces 
que  nous  considérons  comme  évidemment  suspectes. 

(3)  Catalogus  numismatum,  etc.  Brux.,  1791,  p.  64,  nos  n5,  116 
et  117. 


38o 

N°  12.  DIVVS  •  IVLIVS.  Tête  de  Jules  César, 
à  droite. 
Rev.  Sans  légende.  Une  comète. 

Or. 

.  Morell,  dit  Boutkowski  (t.  Ier,  vol.  I,  p.  47, 
n°  100),  «  la  rapporte  parmi  celles  qui  sont  citées 
par  Goltzius,  de  sorte  que  son  authenticité  reste 
fort  douteuse.  » 

N°  i3.  DIVI  IVLI.  Tête  laurée  de  Jules  César; 
au-dessus,  une  comète. 
Rev.  CAESAR  DIVI  F.  Tête  nue  d'Octave. 

Or. 

Eckhel  (t.  VI,  p.  11),  observe  Cohen,  Consul., 
p.  xxv,  décrit  cette  médaille  sans  dire  où  elle 
existe,  et  Cohen  ajoute  qu'il  n'en  a  jamais  entendu 
parler.  Eckhel  affirme  qu'une  médaille  antique 
semblable  existe  dans  la  famille  Sanquinia. 

N°  14.  DIVVS  IVLIVS.  Tête  laurée  de  Jules 
César,  à  droite  ;  derrière,  une  étoile. 
Rev.  S  •  C  •  Tête  nue  d'Octave. 

Or. 

Riccio  rapporte  cette  médaille  d'après  le  cata- 
logue de  Pembrok  (Le  monete  délie  antiche  fami- 
glie  di  Roma,  p.  ni,  n°  5o;  Cohen  (Desc.  gén.  des 
monn.  de  la  répub.  rom.,  p.  XXV)  fait  remarquer 
que  c'est  une  de  celles  qui  ont  été  reconnues 
fausses. 


38 1 

N°  i5.  DIVOS  IVLIVS.  Tête  laurée  de  Jules 
César,  à  droite;  au-dessous,  une  comète. 

Rev.  IMP  •  CAES  •  TRAIAN  ■  AVG  •  GER  ■ 
DAC  •  P  •  P  •  REST.  Vénus,  débout,  appuyée 
sur  une  colonne,  tenant  un  casque  et  un  javelot. 

Or. 

Cet  aureus,  cité  par  Eckhel  (t.  VII,  p.  12),  est 
déclaré  faux  par  Alex.  Boutkowski,  qui  le  décrit 
(Dict.  num.,  tom.  I,  vol.  I,  p.  27,-  n°  5i);  c'est  pour 
ce  motif  sans  doute  que  Cohen  ne  le  donne  pas. 
Ce  dernier  ('),  comme  Morell,  en  rapporte  la 
description,  sans  mentionner  (*)  la  comète,  et  ne 
garantit  pas  l'exactitude  de  la  légende. 

ACHULLA  (Byzacène), 
Aujourd'hui  Kasr  el  Aliah  ou  El  Aliah. 

N°  16.  DIVOS  IVLIVS.  Tête  laurée  de  Jules 
César,  à  gauche;  derrière,  lituus. 

Rev.  DICTATOR  ■  TERT  •  ....  HVLLA. 
Moitié  d'un  vaisseau  à  gauche,  avec  un  gouvernail 
placé  transversalement;  au-dessus,  un  astre. 

Moyen  bronze.  JE8. 
Mionnet,  Desc.  des  méd.  Gr.,  t.  IX,  suppl.,  p.  202,  n°  1.. 
Werlhof,  Handbuch  der  Griech.  numism.  Hannover  i85o, 

p.  261. 
Sestini,  Descri^.  délie  Med.  ant.  gr.  del  Museo  Hedervar, 

contin.  délia  terza  parte,  p.  79,  n°  1  ;  Tab.  XXXIII,  fig.  14. 

C.  M.  H.,  n°  7334,  JE  8i. 
Boutkowski,  t.  I.  n°  145. 

(')  Consul.,  p.  xxiii. 
(2)  T.  I,  p.  218,  IV. 


382 

Achulla,  ancienne  ville  phénicienne,  qui  avait 
été  fondée  par  des  colons  venus  de  Malte,  se 
montra  favorable  à  César  pendant  la  guerre  d'Afri- 
que (').  Des  citernes  spacieuses  et  de  nombreuses 
ruines  qui  couvrent  une  plaine  fertile  sur  une  assez 
grande  étendue,  dit  Mûller  (*),  témoignent  de  l'an- 
cienne importance  de  cette  ville. 

HADRUMÈTE  (Byzacène). 

N°  17.  CAESAR.  Tête  nue  de  Jules  César,  à 
gauche,  entre  le  bâton  d'Augure  et  une  étoile, 
qui  se  trouve  derrière  le  cou. 

Rev.  AVGVST  HADR  (Hadrumetum).  Tête 
nue  d'Auguste,  à  droite;  derrière  le  bonnet  de 
flamine,  apex. 

Module,    io.5.  Grand  bronze. 
Cabinet  de  France. 
Mionnet,  t.  VI,  p.  579,  n°  6. 
Cohen,  Imp.,  t.  I.  p.  23,  n°  i5. 
L.  Mûller,  Numismat.  de  l'ancienne  Afrique,  t.  II,  p.  52, 

n°3o. 
Bourt.,  t.  I,  p.  74,  n°  182  (module  n)-  Médaillon. 

Gravé,  pi.  XV,  n°  2. 

C'est  heureusement,  par  erreur,  que  M.  Mûller 
affirme  dans  sa  note  5  que  cette  monnaie  ne  se 
trouve  plus  au  Cabinet  de  France  :  par  lettre  du 
12  mai  1887,  M.  Ern.  Babelon  a  bien  voulu  nous 
écrire  qu'elle  y  est  encore. 

(')  Hirtius,  Guerre  d'Afrique,  XXXIII. 
0  Ouv.  cité,  t.  II,  p.  44. 


383 

Hadrumetum  ,  ancienne  colonie  phéniciene , 
devint  colonie  romaine  sous  l'empire.  Elle  était 
la  métropole  de  la  Byzacène.  Ce  fut  près  de  cette 
ville  que  Jules  César  débarqua,  à  son  arrivée  en 
Afrique,  avec  3,ooo  fantassins  et  i5o  cavaliers 
(ier  janvier  708  —  46  av.  J.-C).  Vainqueur  à 
Thapsus,  César  imposa  la  ville  d'Hadrumète  à 
trois  millions  de  sesterces  (').  Hecklœ  ou  Herklia, 
simple  bourgade  sur  le  golfe  Hammanet,  est,  sui- 
vant Shaw,  l'ancienne  Hadrumetum,  qui  prit, 
au  moyen  âge,  le  nom  de  Justiniana,  puis  celui 
d'Heraclea  (*). 

N°  18.  CAESAR.  Tête  nue  de  Jules  César, 
à  droite,  entre  une  étoile  (derrière)  et  le  bâton 
d'augure. 

Rev.  AVGVSTVS  HADR.  Tête  nue  d'Auguste 
à  gauche  ;  derrière  le  bonnet  de  flamine  ou  apex. 

Mionnet,  t.  VI,  p.  579,  no  1. 
Coh.,  p.  23,  n°  16. 
Mûller,  c.  II,  p.  52,  n°  3l. 
Bout.,  p.  74,  n°  181  (mod.  8.5). 

Gravé,  pi.  XV,  n°  3. 

Nous  donnons,  enfin,  sous  toute  réserve,  quant 
à  l'authenticité  réelle  de  la  pièce  et  de  la  significa- 
tion de  l'astre,  une  médaille  grecque  ainsi  décrite  : 

(')  Voir  Hirtius,  Guerre  d'Afrique,  c.  III  et  XCVII. 
(s)  Malte-Brun,  Précis  de  la  géogr.  univ.  Brux.  et  La  Haye,  t.  VI, 
p.  120. 


384 

N°  19.  KAI2AR,  écrit  entre  les  rayons  d'un 
astre;  au  bas,  E.  M.  (an  401). 

Rev.  1EBACT02,  en  deux  lignes,  dans  le  champ 
de  la  médaille,  M\  R\  F0,  3  fr. 

Sestini,  Descri^.  dalc.  Med.  gr.  del  Mus.  Fontane,  p.  65, 

n°  4.  Tab.  XI,  fig.  4. 
Mio'nnet,  Descript.  des  méd.  ant.,  grecq.  et  romaines,  t.  IX, 

Suppl.,  p.  27,  n°  14. 

CONTORNIATES. 

N°  20.  Buste  lauré  de  Jules  César,  à  droite; 
devant,  un  sigle  formé  de  la  lettre  P,  dont  la  haste 
porte  deux  traits  horizontaux. 

Rev.  DONNINVS  (à  l'exergue)  IN  VENETO. 
Vainqueur  regardant  à  gauche,  tenant  la  palme  et 
le  fouet,  debout  dans  un  quadrige  dont  les  che- 
vaux ont  la  tête  ornée  de  palmes. 

Bronze. 

Gravé,  pi.  XV,  n°  4. 

Notre  savant  confrère  M.  Ch.  Robert,  qui  a 
écrit  avec  tant  de  science  sur  les  médaillons  con- 
torniates,  a  eu  l'extrême  obligeance  de  nous  com- 
muniquer le  dessin  de  cette  pièce  et  de  la  pièce 
suivante,  «  en  faisant  toutes  réserves  sur  l'authen- 
ticité du  droit.  » 

Il  ajoute  :  «'  On  considère  généralement  les 
représentations  de  Jules  César  sur  les  contor- 
niates  comme  étant  modernes  ;  mais  ces  pièces 
sont  souvent  si  bizarres  qu'on  ne  peut  répondre 


385 

de  rien  »  (').  Nous  répétons  donc  toutes  les 
réserves  de  M.  Ch.  Robert,  en  disant  seulement 
qu'eu  égard  au  caractère  talismanique  d'une  bonne 
partie  des  contorniates,  il  ne  serait  nullement  sur- 
prenant qu'au  ive  siècle,  auquel  les  pièces  de- 
vraient appartenir  (*),  on  eût  choisi,  pour  les  jeux 
du  cirque,  l'image  du  divin  Jules  avec  l'astre. 

Sabatier  a  donné  (3)  un  médaillon  contorniate 
au  même  type  que  celui  que  nous  venons  de 
décrire;  mais  le  dessin  du  buste  est  autre,  il  est 
moins  drapé,  et  le  revers  porte  pour  légende, 
à  l'exergue  :  ETERNIT  •  P  •  R  pour  ^ETER- 
NITAS  •  P(opuli)  R(omani).  Mais,  ainsi  que  le 
rappelle  M.  Robert,  ce  médaillon  est  fort  contesté, 
et,  selon  lui,  peut-être  vaudrait-il  mieux  s'en  tenir 
au  buste  de  notre  planche  XV. 

Sabatier  a  publié  (*)  aussi  un  médaillon  contor- 
niate, avec  le  même  type  au  revers,  mais  qui  porte, 
suivant  cet  auteur,  DOMINVS  AN  VENETO; 
le  droit  est  différent  :  il  représente  deux  auriges 
vainqueurs  debout  et  tenant  le  fouet,  etc.  ;  dans 
le  champ,  à  gauche,  le  monogramme  incus  est 
formé  «  des  lettres  P.  E.  »  (?). 

Il  fallait  lire,  .au  revers,  IN  VENETO,  ce  qui 
signifie  que  l'aurige  vainqueur  appartenait,  dans 

(')  Paris,  23  mai  1887. 
(*)  Ibid. 

(3)  Description  générale  des  médaillons  contorniates,  Paris,  1860, 
imp.  A.  Pillet,  p.  37,  pi.  IV,  n°  3. 
(*)  Ouv.  cité,  pp.  36  et  37. 


386 

les  jeux  du  cirque,  à  la  faction  des  bleus  (')  ;  c'est 
ainsi  qu'on  lit,  sur  d'autres  contorniates,  pour 
celle  des  verts,  in  prasino  (*). 

Quant  à  la  lettre  P  du  sigle,  que  l'on  remarque 
dans  le  champ  du  droit,  on  paraît  aujourd'hui 
d'accord  pour  admettre  qu'elle  est  l'initiale  du 
mot  prœmia  et  non  du  mot  palnia.  Les  traits, 
barres  ou  traverses  horizontales,  de  nombre 
variable,  marquées  sur  la  haste  ou  jambage 
du  P,  pourraient  indiquer  les  grandes  primes 
(praemia)  de  10,  20,  3o  ou  40,000  sesterces  obtenus 
par  un  vainqueur  (3). 

M.  Robert  a  donné  (4)  l'explication  des  acces- 
soires souvent  figurés  dans  le  champ  des  contor- 
niates, palmes,  feuilles,  couronnes,  hastes,  glaives, 
petits  animaux,  chevaux  ou  fauves,  qui  seraient  la 
mention  des  récompenses  spéciales  obtenues  par 
les  cochers,  les  chevaux,  les  gladiateurs,  les 
athlètes,  les  mimes  et  les  musiciens  (3). 

Le  sigle,  au  lieu  d'être  en  relief,  dans  le  champ, 
y  est  quelquefois  poinçonné  en  creux. 

(')  Voir  Suét.  (Vitellius,  XIV),  qui  dit  que  Vitellius  fit  périr  quel- 
ques hommes  du  peuple,  pour  le  seul  crime  d'avoir  dit  tout  haut  du 
mal  de  la  faction  des  bleus,  quod  venetce factioni  clare  maledixerant. 

(*)  Caligula  était  si  attaché  à  la  faction  des  verts,  prasinœ  factioni , 
qu'il  mangeait  souvent  avec  eux  dans  leur  écurie,  et  qu'il  y  couchait 
(Suét.,  Calig.,  LV). 

(')  Voir  la  belle  étude  de  M.  Robert  sur  les  Médaillons  contor- 
niates, dans  la  Revue  belge  de  numism.,  1882,  p.  1 32. 

(*)  Robert,  ouv.  cité. 

(5)  Daremberg  et  Saglio,  Dict.  des  antiq.,  V°  Contorniati,  p.  1488. 


387 

N°  21.  Comme  le  précédent,  mais  le  sigle  n'a 
qu'un  trait  ou  barre  horizontale. 

Rev.  Jupiter  assis  à  côté  d'un  rocher  et  tenant 
une  longue  haste  de  la  main  gauche  ;  à  ses  pieds, 
un  aigle  debout.  Devant  lui,  le  Dioscure  Castor, 
le  fouet  à  la  main,  tenant  de  la  main  droite  son 
cheval  par  la  bride. 

Bronze. 
Morell,  t.  I,  p.  219,  et  t.  II,  tab.  7,  L. 
Sabatier,  p.  72,  n°  1,  et  pi.  XI,  coll.  de  M.  de  Jonquières. 

Gravé,  pi.  XV,  n°  5. 

Castor  et  Pollux  jouissaient  en  Grèce,  d'une 
renommée  immense,  l'un  comme  dompteur  de 
chevaux,  l'autre  comme  pugiliste,  et  tous  deux 
comme  écuyers  et  conducteurs  des  chars.  Les 
poètes  avaient  nommé  Castor  wscTa^i^^vetc.  ('). 
De  la  Grèce,  cette  antique  réputation  se  répandit 
en  Italie  et,  sous  l'empire,  les  Dioscures  prirent, 
comme  divinités  équestres,  une  importance  con- 
sidérable. Le  desultor  se  mettait  sous  la  protection 
des  Castors,  et  les  empereurs,  comme  cavaliers 
et  présidents  du  cirque,  trouvaient  tout  naturel 
de  s'associer  et  même  de  s'identifier  avec  les 
Dioscures  (i). 

De  Schodt. 

(')  Voir  aussi  Virgile,  Géorg.,  III,  v.  89;  Horace,  Sat.  II,  1,  26, 
Odes,  I,  12,  25;  Ovide,  Fastes,  liv.  V,  v.  70. 

(s)  Sic  :  Maurice  Albert,  Le  culte  de  Castor  et  Pollux,  Paris, 
i883,  pp.  8i,85,  87. 


388 


APPENDICE. 


VIRGILE, 

A. 

Églogue  IX,  v.  47.  MOERIS. 

Daphni,  quid  antiquos  signorum  suspicis  ortus? 
Ecce  Dioncei processif  Ccesaris  astrum  ; 
Astrum,  quo  segetes  gauderent  frugibus  ;  et  quo 
Duceret  apricis  in  collibus  uva  colorem. 
Insère,  Daphni,  piros  ;  carpent  tua  poma  nepotes. 

Pourquoi,  Daphnis,  contemples-tu  le  lever  des  anciennes 
étoiles?  Vois  s'avancer  l'astre  de  César,  du  petit-fils  de 
Vénus?  Astre  heureux,  sous  lequel  la  moisson  se  réjouira 
de  mûrir,  et  la  grappe  va  se  colorer  sur  nos  coteaux  aux 
feux  du  midi  (').  Plante  tes  poiriers,  Daphnis  ;  tes  descen- 
dants en  cueilleront  les  fruits.  (Trad.  Aug.  Nisard.) 

B. 

SERVIUS 
(Édit.   Alb.    Lion,    Gottingae,   apud    Vandenhoeck   et 

(')  C'est,  pendant  le  mois  de  juillet,  qui  a  pris  son  nom  de  Jules 
César  (Dion  Cassius,  XLV.  7,  Servius  sur  Virgile,  Bucol,  IX,  47,  et 
autres),  que  mûrissent  les  moissons  et  se  colorent  les  raisins. 


389 

Ruprecht,  1826),  a  commenté  ainsi  une  partie  des  vers  de 
Virgile  qui  précèdent,  t.  I,  p.  161  : 

(Bucol.,  IX), 47.  Ecce Dionaei processit  Caesaris  astrum; 
cum  Augustus  Caesar  ludos  funèbres  patri.  celebraret,  die 
medio  Stella  apparuit  :  ille  eam  esse  confirmavit  parentis 
(sui).  Unde  sunt  versus  isti  compôsiti.  Dionaei  autem 
longe  repetitum  est  (epitheton)  a  matre  Veneris  Dione. 
Sane  astrum  Graece  dixit  :  nam  stellam  debuit  dicere. 
[Baebius  Macer  circa  horam  octavam  stellam  amplissimam 
quasi  *  lemniscatis  coronatam  ortam  dicit,  quam  quidam 
ad  illustrandam  gloriam  Caesaris  iuvenis  pertinere  exis- 
timabant.  Ipse  animam  patris  sui  esse  voluit,  eique  in 
capitolio  statuam,  super  caput  auream  stellam  habentem, 
posuit  :  Inscriptum  in  basi  fuit  :  Caesari  Emitheo.  Sed 
Vulcatius  aruspex  in  cautione  dixit  cometem  esse,  qui 
significaret  exitum  novi  seculi,  et  ingressum  decimi,  sed 
quod  invitis  Diis  sécréta  rerum  pronunciaret,  statim  se 
esse  moriturum,  et  nondum  finita  oratione  in  ipsa  contione 
concidit.  Hoc  etiam  Augustus  in  libro  secundo  de  memoria 
vitae  suae  complexus  est  ] 

Pendant  qu'Auguste  célébrait  les  jeux  funèbres  pour 
son  père,  une  étoile  apparut  au  milieu  du  jour;  il  affirma 
que  c'était  celle  de  son  père.  C'est  ce  qui  a  donné  lieu  à  la 
composition  de  ces  vers.  Il  a  été  depuis  longtemps  répété 
que  Dionaei  est  une  épithète  tirée  de  Dione,  mère  de 
Vénus.  Virgile  dit  absolument  astrum,  dans  la  forme 
grecque  :  c'est  stellam  qu'il  eût  dû  dire. 

Baebius  Macer  rapporte  qu'il  s'éleva,  vers  la  huitième 
heure,  une  étoile  d'une  immense  grandeur  et  paraissant 
couronnée  de  lemnisques  (rubans  flottants),  dans  laquelle 
quelques-uns  voyaient  la  glorification    du   jeune  César. 


3go 

Lui-même  voulut  que  ce  fût  l'âme  de  son  père,  et  il  lui  éleva 
dans  le  Capitole  une  statue,  ayant  une  étoile  d'or  au-dessus 
de  la  tête;  il  fut  incrit  sur  la  base  :  A  César  demi-dieu. 
Cependant  l'aruspice  Vulcatius  a  dit  avec  assurance  que 
c'était  une  comète  qui  indiquait  la  fin  d'un  nouveau 
siècle  et  le  commencement  du  dixième  ;  mais,  comme 
il  avait,  malgré  les  dieux,  révélé  le  secret  des  choses, 
il  mourut  avant  qu'il  eût  achevé  son  discours.  C'est  ce 
qu'Auguste  a  consigné  dans  le  livre  deux  des  mémoires 
de  sa  vie. 


Géorgiques  I,  v.  487  et  suiv. 

Non  aliàs  cœlo  ceciderunt  plura  sereno, 
Fulgura;  nec  diri  toties  arsêre  cometae. 

Jamais  la  foudre  ne  tomba  plus  fréquemment  par  un  ciel 
serein  (que  lorsque  César  expira),  et  jamais  ne  brillèrent 
de  plus  sinistres  comètes. 

Diri  cometae;  criniti  [et]  pessimi  :  quia  sunt  et  boni, 
ut  docuimus  in  Aeneide  (10,  272),  facti  ex  Jove,  vel 
Venere,  quam rem  plenissime  Avienus  exequitur.  (SERVIUS 
in  Virgil.  Géorg.  I,  488,  pp.  227-228.) 

Des  comètes  affreuses,  chevelues  et  très  mauvaises 
(sinistres,  de  mauvais  augure),  car  il  y  en  a  aussi  de  bonnes, 
comme  nous  l'avons  enseigné  dans  l'Enéide  (10,272), 
faites  de  Jupiter  et  de  Vénus,  ce  que  développe  complète- 
ment Avienus. 


391 

D. 

Enéide,  liv.  VIII,  v.  678  et  suiv. 

Hinc  Augustus  agens  Italos  in  praelia  Caesar 
Cum  Patribus,  Populoque,  Penatibus,  et  magnis  dis, 
Stanscelsa  in  puppi  :  geminas  cui  tampora  n'animas 
Laeta  vomunt,  patriumque  aperitur  vertice  sidus. 

D'un  côté,  César  Auguste  entraîne  aux  combats  l'Italie, 
le  sénat  et  le  peuple,  les  Pénates  et  les  grands  dieux.  Il  est 
debout  sur  la  poupe;  deux  flammes  jaillissent  de  son  front 
joyeux,  et  sur  sa  tête  brille  l'astre  paternel.  (Trad. 
Th.  Gabaret-Dupaty.) 

E. 

Servius  commente  en  ces  termes  le  vers  681  de  ï  Enéide, 
qui  vient  d'être  reproduit:  Aperitur  vertice  sidus  ;  (appa- 
ret)  sidus  in  vertice,  hoc  est  super  galeam.  Nam  ex  quo 
tempore  per  diem  Stella  visa  est,  dum  sacrificaretur 
Veneri  Genitrici  et  ludi  funèbres  Gaesari  exhiberentur, 
per  triduum  Stella  apparuit  in  Septentrione  quod  sidus 
Caesaris  putatum  est  Augusto  persuadente  :  nam  ideo 
Augustus,  omnibus  statuis,  quas  ob  divinitatem  Caesaris 
statuit,  hanc  stellam  adiecit.  Ipse  vero  Augustus,  in  hono- 
rem  patris  Augusti  (codd.  et  al.  tantum  :  exhiberentur, 
cuius  sidus  putatum  est  Augusto  persuadente  in  honorent 
patris,  Augustus,  etc.),  stellam  in  galea  coepit  habere 
depictam  :  [Honorifice  autem  poëta  unam  stellam  sidus 
dixit  cum  sidus  ex  multis  stellis  constet.] 

L'astre  paternel  se  montre  sur  sa  tête  (d'Octave),  c'est- 
à-dire  sur  son  casque,  car,  en  ce  temps-là,  une  étoile  fut 


392 

visible  le  jour,  pendant  les  sacrifices  faits  à  Vénus  Génitrix 
et  la  célébration  des  jeux  funèbres  de  César,  et  elle  apparut 
pendant  trois  jours  au  Septentrion  ;l'on  crut,  sur  la  persua- 
sion d'Auguste,  que  c'était  l'astre  de  César  :  c'est  pour 
cela  qu'à  toutes  les  statues  qu'il  dressa  pour  la  divinité  de 
César ,  il  ajouta  une  étoile.  Et  Auguste  lui-même ,  en 
l'honneur  de  son  père,  se  mit  à  porter  un  casque  sur  lequel 
était  peinte  une  étoile.  [Mais  c'est  honorifiquement  que 
le  poète  appelle  ici  l'étoile  sidus,  alors  que  le  sidus  se 
compose  de  plusieurs  étoiles.] 

IL 

HORACE. 
Ode  XII,  liv.   I,  v.  46. 

micat  inter  omnes 

Julium  sidus,  velut  inter  ignés 
Luna  minores. 

L'astre  de  Jules  brille  entre  tous,  comme  la  lune  parmi 
les  feux  que  son  éclat  fait  pâlir.  (Trad.  Chevriau.) 

III. 

OVIDE. 
A. 

Métamorphoses,  liv.  XV,  v.  840-850. 

«...  Hanc  animam  intereacœso  de  corpore  raptam 
Fac  jubar,  ut  semper  Capitolia  nostra  forumque 
Divus  ab  excelsa  prospectet  Julius  arce.  » 
Vix  ea  fatus  erat,  média  quum  sede  senatus 


393 


Constitit  aima  Venus,  nulli  cernenda,  suique 
Caesaris  eripuit  membris,  nec  in  aéra  solvi 
Passa  recentem  animam,  caelestibus  intulit  astris 
Dumque  tulit,  numen  capere,  atque  ignescere  sensit 
Emisitque  sinu  :  luna  volât  altius  illa, 
Flammiferumque  trahens  spatioso  limine  crinem 
Stella  micat  natique  videns  benefacta,  fatetur 
Esse  suis  majora,  et  vinci  gaudet  ab  illo. 


(Jupiter  dit  à  Vénus  :)  «  Fais  un  astre  de  cette  âme 
(lame  de  Jules  César),  arrachée  du  corps  par  l'assassinat, 
afin  que  le  Divin  Jules  veille,  du  haut  des  cieux,  sur  le 
Forum  et  notre  Capitole.   » 

Jupiter  avait  à  peine  prononcé  ces  mots,  que  la  divine 
Vénus  s'empresse  de  descendre  au  milieu  du  sénat  :  invi- 
sible à  tous,  elle  recueille  l'âme  du  héros  expirant,  et  sans 
lui  laisser  le  temps  de  s'évanouir  dans  les  airs,  elle  l'em- 
porte au  milieu  des  astres  célestes.  Mais,  dans  son  vol, 
Vénus  la  sent  qui  se  fait  dieu  et  s'embrase  :  elle  la  laisse 
échapper  de  son  sein  ;  l'âme  s'envole  au-dessus  de  la  lune, 
et,  traînant  après  elle  une  longue  chevelure  enflammée, 
elle  brille  comme  une  étoile.  C'est  là  que  César,  témoin 
de  la  gloire  de  son  fils  (Octave),  plus  belle  encore  que  la 
sienne,  s'applaudit  d'être  vaincu  par  lui.  (Trad.  de  Théop. 
Baudement,  modifiée.) 

B. 

Métamorphoses,  liv.  XV,  c.  VIII,  v.  745  et  suiv. 

Hic  tamen  accessit  delubris  advena  nostris  : 
Caesar  in  urbe  sua  Deus  est  :  quem  Marte,  togaque 
Prœcipuum,  non  bella  magis  finita  triumphis, 
Resque  domi  gestae,  properataque  gloria  rerum 
Année  1887.  .25 


394 


In  sidus  vertere  novum,  stellamque  comantem, 
Quam  sua  progenies  :  neque  enim  de  Caesaris  actis 
Ullum  majus  opus,  quam  quod  pater  existitit  hujus. 

Ne  foret  hic  igitur  mortali  semine  cretus, 

[lie  Deus  faciendus  (Augustus)  erat  :  quod  ut  aurea  vidit 

Mness  genitrix;  vidit  quoque  triste  parari 

Pontifici  letum,  et  conjurata  arma  moveri. 

Palluit,  et  cunctis,  ut  cuique  erat  obvia,  Divis, 

«  Adspice,  dicebat,  quanta  mihi  proie  parentur 

Insidiae,  quantaque  caput  cum  fraude  petatur, 

Quod  de  Dardanio  solum  mihi  restât  Iulo. 


Cependant  Esculape  n'est,  dans  nos  temples,  qu'un  dieu 
étranger  :  César  est  dieu  dans  s'a  patrie.  Grand  sous  la 
cuirasse  et  sous  la  toge,  ce  n'est  pas  seulement  à  ses 
triomphes,  à  ses  lois,  à  ses  victoires  gagnées  en  courant, 
c'est  aussi  à  son  fils  qu'il  doit  de  briller  parmi  les  astres, 
sous  la  forme  d'une  nouvelle  comète  :  et,  de  tous  ses 
titres,  le  plus  beau  est  celui  d'avoir  donné  la  vie  à  Auguste 

Auguste  ne  pouvait  sortir  du  sang  d'un  mortel  ;  il  fallait 
que  César. devînt  dieu  :  il  le  fut;  mais  la  mère  d'Enée  eut 
d'abord  la  douleur  de  voir  préparer  sa  mort,  et  les  conjurés 
aiguiser  leurs  poignards.  Elle  court,  pâle  d'effroi,  et  à  tous 
les  dieux  qu'elle  rencontre  :  «  Voyez,  s'écrie-t-elle,  voyez 
quel  affreux  complot  on  trame  contre  moi,  de  quels  pièges 
on  entoure  l'unique  rejeton  d'Iule,  le  descendant  de  la  race 
troyenne....  »  (Trad.  deThéoph.  Baudement.) 


395 
IV. 

MANILIUS. 
Astronomiques,  liv.  I,  v.  y33  et  suiv.  (sur  la  voie  lactée). 

An  fortes  animae  dignataque  numina  cœlo, 
Corporibus  resoluta  suis,  terraque  remissa, 
Hue  migrant  ex  orbe;  suumque  habitantia  caelum 
^Ethereos  vivunt  annos,  mundoque  fruuntur, 
Atque  hic  ^Eacidas,  hic  et  veneramur  Atridas. 


(V.  773.) Venerisque  ab  origine  proies 

Julia'descendit  cœlo,  cœlumque  replevit; 
Quod  régit  Augustus,  socio  per  signa  Tonante. 

Dira-t-on  que  les  âmes  des  héros  qui  ont  mérité  le  ciel, 
dégagées  des  liens  de  leur  corps  après  leur  séjour  sur  la 
terre,  sont  transportées  dans  cette  demeure  ;  que  ce  ciel 
leur  est  approprié;  qu'elles  y  mènent  une  vie  céleste, 
qu'elles  y  jouissent  du  monde  entier  ?  Là  sont  honorés  les 
Eacides,  les  Atrides 

La  famille  des  Jules,  dont  l'origine  remonte  à  Vénus, 
et  qui  était  descendue  du  Ciel,  maintenant  gouverné  par 
Auguste,  que  Jupiter  s'est  associé  dans  cet  empire  

V. 

SÉNÈQUE. 

Questions  naturelles,  liv.  VII,  c.  XVII. 

Nec  est  'quod  putemus,  eumdem  (cometem)  visum  esse 
sub  Claudio,  quem  sub  Augusto  vidimus;  nec  hune  qui 
sub  NeroneiCaesareJapparuit,  et  Cometis  detraxit  infamiam, 


396 

illi  similem  esse,  qui  post  necem  divii  Julii,  Veneris  ludis 
Genetricis,  circa  undecim  horam  diei  emersit. 

Ne  croyons-nous  pas  que  la  comète  qu'on  vit  sous 
fclaude  est  la  même  que  celle  qui  parut  sous  Auguste,  ni 
que  celle  qui  s'est  montrée  sous  Néron,  et  qui  a  réhabilité 
les  comètes,  ait  ressemblé  à  celle  qui,  après  le  meurtre  de 
Jules  César,  durant  les  jeux  de  Vénus  Génitrix,  s'éleva 
sur  l'horizon  vers  la  onzième  heure  du  jour.  (Trad.  de 
Baillard.) 

VI. 

PLINE. 

Histoire  naturelle,  liv.  II,  23. 

Comètes  in  uno  totius  orbis  loco  colitur  in  templo 
Romae,  admodum  faustus  divo  Augusto  judicatus  ab 
ipso;  qui,  incipiente  eo,  apparuit  ludis  quos  faciebat 
Veneri  Genetrici,  non  multo  post  obitum  patris  Caesaris, 
in  collegio  ab  eo  instituto.  Namque  his  verbis  in  gaudium 
prodidit  :  «  His  ipsis  ludorum  meorum  diebùs,  sidus 
crinitum  per  septem  dies  in  regione  cœli,  quœ  sub  septem- 
trionibus  est,  conspectum.  Id  oriebatur  circa  undecimam 
horam  diei,  clarumque  et  omnibus  terris  conspicuum  fuit. 
Eo  sidère  significari  vulgus  credidit,  Caesaris  animam 
inter  deorum  immortalium  numina  receptam  :  quo  nomine 
id  insigne  simulacro  capitis  ejus,  quod  mox  in  foro  conse- 
cravimus,  adjectum  est.  »  Hase  ille  in  publicum;  interiore 
gaudio,  si  illum  natum,  seque  in  eo  nasci  interpretatus 
est  :  et  si  verum  fatemur,  salutare  id  terris  fuit.  {Voir  la 
traduction  dans  le  texte,  pp.  338  et  339.) 


397 
VII. 

VALÈRE  MAXIME. 

Des  faits  et  paroles  mémorables.  Préface.  A  Tibère  César 
Auguste. 

A. 

Si  excellentissimi  vates  a  numine  aliquo  principia  traxe- 
runt  :  mea  parvitas  eo  justius  ad  favorem  tuum  decurrerit, 
quo  cœtera  divinitas  opinione  colligitur,  tua  prœsenti  fide 
paterno  avitoque  sideri  par  videtur  :  quorum  eximio 
fulgore  multum  caerimoniis  nostris  inclytœ  claritatis 
accessit. 

Si  les  plus  grands  poètes  ont  mis  leurs  vers  sous  la 
protection  de  quelque  divinité,  avec  combien  plus  de 
raison  ne  dois-je  pas,  pour  mon  faible  talent,  implorer 
votre  faveur!  En  effet,  la  divinité  des  autres  immortels  n'a 
pour  preuve  que  l'opinion  des  hommes,  et  la  vôtre  se 
manifeste  par  des  effets  sensibles,  semblable  à  l'astre  de 
votre  père  et  (à  celui)  de  votre  aïeul.  (Trad.  T.  Baudement.) 

B. 

Liv.  III,  ch.  II,  19. 

Sed  ut  superius  armorum  et  togae,  ita  nunc  etiam  side- 
rum  clarum  decus  divum  Julium,  certissimam  verae 
virtutis  effigiem,  repraesentemus. 

Après  les  exemples  glorieux  que  nous  ont  fournis  la 
toge  et  les  armes,  citons  celui  du  divin  Jules,  cet  incom- 
parable ornement  du  Ciel,  cette  parfaite  image  de  la 
véritable  bravoure.  (Trad.  T.  Baudement.) 


398 


VIII. 

PLUTARQUE. 

Vie  de  César,  LXXV. 

Ce  génie  puissant  qu'il  (J.  César)  avait  conduit  pendant 

sa  vie,  le  suivit  encore  après  sa  mort 

parmi  les  phénomènes  célestes,  on  vit  un  premier  signe 
remarquable  dans  cette  grande  comète  qui,  après  le 
meurtre  de  César,  brilla  avec  tant  d'éclat  pendant  sept 
nuits  et  disparut  ensuite.  Un  second  signe,  ce  fut  l'obscur- 
cissement du  globe  solaire,  qui  parut  fort  pâle  toute  cette 
année-là,  et  qui,  chaque  jour,  à  son  lever,  au  lieu  de 
rayons  étincelants,  n'envoyait  qu'une  lumière  faible  et  une 
chaleur  si  languissante  que  l'air  fut  toujours  épais  et 
ténébreux,  car  la  chaleur  seule  peut  le  raréfier;  son 
intempérie  fit  avorter  les  fruits,  qui  se  flétrirent  avant 
d'arriver  à  leur  maturité.  (Trad.  de  Ricard.) 

IX. 

SUÉTONE. 

Les  dou\e  Césars,  C.-J.  Caesar,  LXXXVIII. 

Periit  sexto  et  quinquagesimo  aetatis  anno  :  atque  in 
deorum  numerum  relatus  est,  non  ore  modo  decernen- 
tium,  sed  et  persuasione  vulgi.  Siquidem  ludis,  qu'os 
primo  consecratos  ei  hères  Augustus  edebat,  Stella  crinita 
per  septem  dies  continuos  fulsit,  exoriens  circa  undecimam 
horam  :  creditumque  est  animam  esse  Caesaris  in  caelum 
recepti  :  et  hac  de  causa  simulacro  ejus  in  vertice  additur 
Stella. 


399 

Il  (Jules  César)  périt  dans  la  cinquante-sixième  année 
de  son  âge,  et  fut  mis  au  nombre  des  dieux,  non  seulement 
par  le  décret  qui  ordonna  son  apothéose,  mais  aussi  par 
la  foule,  persuadée  de  sa  divinité.  Pendant  les  jeux  qu'il 
avait  fait  vœu  de  célébrer  et  que  donna  pour  lui  son  héri- 
tier Auguste,  une  étoile  chevelue,  qui  se  levait  vers  la. 
onzième  heure,  brilla  durant  sept  jours  de  suite,  et  Ton 
crut  que  c'était  l'âme  de  César  reçue  dans  le  ciel.  C'est 
pour  cette  raison  qu'il  est  toujours  représenté  avec  une 
étoile  au-dessus  de  la  tète.  (Trad.  T.  Baudement.) 

X. 

SILIUS   ITALICUS. 

Guerres  puniques,  liv.  XIII. 

Ille,  hirta  cui  subrigitur  coma  fronte,  décorum 
Et  gratum  terris  Magnus  caput  :  ille  Deum  gens, 
Stelligerum  adtollens  apicem,  Trojanuslulo 
Caesar  avo 

Regarde  ce  front  sévère  que  couronne  une  chevelure 
hérissée  :  c'est  le  grand  Pompée,  tête  glorieuse  et  chère 
à  l'univers.  Celui-là  est  César.  Issu  des  dieux  mêmes  et 
des  Troyens,  par  Iule,  son  aïeul,  il  porte  avec  fierté  l'étoile 
qui  brille  sur  sa  tête. 

XI. 

DION   CASSIUS. 
Liv.  XLV,  6.  (L'an  de  Rome  710,  av.  J.-C.  44.) 
les  jeux  institués  pour  l'achèvement  du  temple  de 


Vénus,  que  ceux  qui  s'en  étaient  chargés  du  vivant  de 


400 

César  négligeaient  ae  célébrer,  de  même  que  les  jeux,  du 
cirque  pendant  les  Palilies,  (Octave)  lui-même,  pour  faire 
sa  cour  au  peuple,  comme  si  c'eût  été  une  charge  qui  lui 
revenait  par  droit  de  naissance,  les  fit  célébrer  à  ses  propres 
frais.  Cependant  ni  le  siège  doré  de  César,  ni  la  couronne 
ornée  de  pierreries  ne  furent  alors,  malgré  le  décret  qui 
l'ordonnait,  portés  au  théâtre  par  crainte  d'Antoine. 

7.  Du  reste,  une  étoile  (inp9»)  ayant  tous  ces  jours  paru 
du  nord  au  midi,  et  le  peuple,  bien  que  quelques-uns  lui 
donnassent  le  nom  de  comète  (jm,<tir«v)  et  prétendissent 
qu'elle  n'avait  que  la  signification  habituelle,  ayant,  loin 
d'ajouter  foi  à  leur  opinion,  consacré  cette  étoile  à  César 
devenu  immortel  et  mis  au  nombre  des  astres  (îs  ri»  t«»  ittptn)% 
Octave,  enhardi,  lui  éleva,  dans  le  temple  de  Vénus,  une 
statue  d'airain  avec  une.étoile  sur  la  tête.  Comme  personne 
ne  s'y  opposa  par  crainte  de  la  multitude,  il  en  profita 
pour  faire  exécuter  plusieurs  autres  décrets  précédemment 
rendus  en  l'honneur  de  César.  Ainsi  on  donna  le  nom  de 
Julius  à  un  mois,  et,  pendant  les  supplications  consacrées 
pour  célébrer  ses  victoires,  il  y  eut  un  jour  où  les  victimes 
furent  immolées  en  son  nom.  (Trad.  de  Gros  ) 

XII. 

CALPURNIUS. 
Eglogue  I,  v.  77  et  suiv. 

Cemitis  ut  puro  nox  jam  vicesima  caelo 
Fulgeat  ?  ut  placidum  radianti  luce  cometem 
Proférât?  ut  liquidum  mittat  sine  vulnere  sidus  ? 
Numquid  utrumque  polum,  sicut  solet,  igné  cruento 
Spargit,  et  ardenti  scintillât  sanguine  lampas. 
At  quondam  non  talis  erat,  quum  Caesare  rapto 
Indixit  miseris  fatalia  civibus  arma. 


401 

Voici  la  vingtième  nuit  qu'à  la  faveur  d'un  ciel  serein 
brille  une  étincelante  comète; elle  répand  une  vive  et  douce 
lumière,  et  ne  présage  aucun  désastre.  Elle  n'est  point 
semblable  à  celles  qui  de  l'un  à  l'autre  pôle  lancent  des 
rayons  de  feu  et  de  sang,  telles  que  la  comète  qui,  après  la 
mort  de  César,  annonça  aux  Romains  une  affreuse  guerre 
civile.  (Trad.  L.  Puget.) 

XIII. 

JULIUS   OBSEQUENS. 

Des  Prodiges,  CXXVIII  (67). 

Ludis  Veneris  Genetricis,  quos  pro  collegio  fecit,  Stella, 
hora  undecima,  crinita  sub  septentrionis  sidère  exorta, 
convertit  omnium  oculos.  Quod  sidus  quia  ludis  Veneris 
apparuit,  divo  Julio  insigne  capitis  consecrari  placuit. 

Pendant  les  jeux  célébrés  en  l'honneur  de  Vénus  Mère, 
jeux  qu'il  (Octave)  donnait  pour  le  collège  des  pontifes,  une 
étoile  chevelue  parut,  sur  les  onze  heures,  dans  la  constel- 
lation du  Chariot,  et  attira  tous  les  regards.  Comme  cet 
astre  s'était  montré  pendant  les  jeux  de  Vénus,  on  s'em- 
pressa de  le  consacrer  au  divin  Jules,  et  d'en  faire  un 
ornement  de  son  diadème.  (Trad.  T.  Baudement.) 

XIV, 

XIPHILIN. 

Histoire  romaine,  traduite  par  Cousin,  Paris,  MDCLXXXVI, 

p.  16. 

Il  y  eut  en  ce  temps-là  (après  la  mort  de  César)  des 


402 

prodiges  extraordinaires,  une  lumière  fort  e'clatante  courut 
d'Orient  en  Occident,  un  nouvel  astre  parut  durant  plu- 
sieurs jours.  La  splendeur  du  soleil  s'éclaircit  et  s'éteignit  ; 
puis  sembla  se  diviser  en  trois  cercles  dont  il  y  en  avoit 
un  au-dessus  duquel  on  voioit  comme  une  couronne  de 
feu.  Il  ne  faut  pas  douter  que  ces  prodiges  ne  présageas- 
sent la  ruine  delà  République. 

XV. 

Lettre  écrite  par  M.  THÉODORE  MOMMSEN  à  M.  ALPH. 
de  schodt. 

Monsieur, 

Dans  ma  réponse  à  votre  question  sur  la  date  de  l'appa- 
rition de  la  comète  de  Jules  César,  vous  me  permettrez  de 
mettre  de  côté  les  auteurs  modernes  qui  ont  compliqué  un 
fait  facile  à  constater,  pourvu  qu'on  le  dégage  de  ses 
commentateurs  plus  ou  moins  superficiels.  Veuillez  bien 
consulter  les  calendriers  du  ier  vol.  du  Corpus,  pp.  382 
et  suiv.  ;  on  n'y  parle  pas  de  la  comète,  mais  vous  y 
trouverez  ce  qu'il  faut  pour  la  déterminer. 

Les  jeux  auxquels  ce  phénomène  parut  sont  indubita- 
blement ceux  célébrés  pour  la  Victoria  Caesaris,  comme 
l'attestent  M atius  lui-même,  qui  les  dirigea  (ClC,  adfam., 
11,  28,  6,  lettre  mal  datée  généralement,  qui  n'est  pas  du 
26  juin,  mais  du  mois  d'août,  ou  d'une  date  postérieure 
encore,  de  l'an  710),  ainsi  que  Suétone  {Caes.  88,  Aug.  10), 
qui  mentionne  expressément  la  comète.  Or,  le  "calen- 
drier césarien  nous  présente  ces  jeux  aux  jours  de 
juillet  2o-3o,  et  c'est  la  date  de  la  comète.  Il  est  vrai  que 
d'autres  écrivains  d'autorité  moindre  {voy.  ma  note,  ouv. 


40  3 

cité,  p.  377)  donnent  ces  jeux  à  la  Venus  victrix  genetrix, 
mais  sans  doute,  comme  je  pense  l'avoir  démontré,  parce 
que  ces  deux  divinités  étaient  ou  identiques  ou  au  moins 
faciles  à  confondre.  Si  un  auteur,  souvent  embrouillé, 
(SERVIUS,  ad  Virgil.,  egl.  2,  47),  en  fait  des  ludi funèbres, 
c'est  une  erreur  qui  se  comprend  aisément,  car,  en  fait,  ils 
l'étaient;  on  ne  doit  y  faire  aucune  attention. 

La  seule  date  qui  pourrait  être  mise  en  concurrence, 
serait  le  2  5  septembre,  date  où  se  célébrait  une  fête  Veneri 
genetrici  in  foro  Cœsaris  (1.  c,  p.  402).  Mais,  d'abord, 
nous  n'avons  pas  ici,  comme  en  juillet,  la  Victoria 
Caesaris;  puis  cette  fête  ne  durait  qu'un  jour,  et  il  nous 
en  faut  au  moins  sept  pour  placer  la  comète  :  in  ipsis 
ludorum  meorum  diebus  sidus  crinitum  per  septem  dies, 
dit  Octave- Auguste,  est  conspectum. 

On  pourrait  ajouter  d'autres  arguments,  mais  nous  n'en 
avons  pas  besoin. 

Veuillez  bien  examiner  tous  les  témoignages  anciens  : 
vous  verrez  qu'aucun  ne  s'oppose  à  cette  solution. 

Les  jeux  édiliciens  mentionnés  par  Appien,  1.  III,  28, 
sont  les  ceriales,  avril  12-19;  après  («?ïs)  viennent  ceux  de 
la  Venus  genetrix. 

La  lettre  de  Cicéron  ad  Att.,  i5,  2,  datée  du  18  mai, 
mentionne  les  préparatifs  des  jeux  (apparatus  ludorum) 
d'Octavius,  c'est-à-dire  deux  mois  avant  le  spectacle. 

Je  passe  sous  silence  les  autres  passages  qui  ne  donnent 
rien  de  précis  sur  la  date  des  jeux  et  de  la  comète. 

Il  faut  bien  distinguer  de  la  date  de  l'apparition  de  la 
comète  celle  où  fut  votée  la  loi  qui  prononçait  la  consécra- 
tion du  dictateur.  M.  Babelon  (2,  47),  en  plaçant  celle-ci  au 
26  novembre  712,  a  mal  rendu  Caland  {de  nummis  M.  An- 
tonii,  Lugd.  Bat.  i883,  p.  3i)  ;  si  vous  voulez  vous  donner 


404 

la  peine  de  le  consulter,  vous  trouverez  que  M.  Caland,  en 
rapportant  un  passage  de  mon  Staatsrecht,  2,  733,  men- 
tionne la  date  du  triumvirat,  ce  que  M.  Babelon  a  confondu 
avec  celle  de  la  consécration.  Les  raisons,  pour  lesquelles 
j'ai  attribué  cette  consécration  à  la  fin  de  711  ou  au  com- 
mencement de  712,  sont  exposées  au  lieu  indiqué  :  comme 
le  fils  s'appelle  Gai  filius,  encore  après  le  27  novembre  71 1, 
et  comme  Dion  rapporte  le  décret  autorisant  l'érection 
d'un  temple  au  père  à  l'année  712,  je  crois  peu  probable 
que  la  loi  à  laquelle  se  rattachent  et  le  changement  de 
nom  et  le  temple  aient  été  de  beaucoup  antérieurs. 

Le  passage  de  Plutarque,  Caes.  67,  est  évidemment 
erroné  :  la  consécration  ne  se  fit  pas  le  lendemain  du 
meurtre. 

Sur  Yaedes  divi  Julii,  consulter  mon  édition  (2de)  du 
monument  d'Ancyre,  p.  80.  Les  doutes  de  M.  Zumpst 
sont  sans  fondement;  Yaedes  a  été  votée  en  712  et  dédiée 
en  725.  Je  ne  vois  pas  pourquoi  elle  ne  figurerait  pas  sur 
les  médailles  quelques  années  avant  la  dédicace  et  pour 
quel  motif  on  en  aurait  attendu  la  consécration  pour 
l'y  représenter. 

Quant  aux  monuments  consacrés  au  dictateur  sur  le 
forum,  il  faut  en  distinguer  deux  ou  peut-être  trois  : 

i°  L'autel  en  forme  de  colonne,  appelé  bustum  (ClC. 
Phil.,  1,  2,  5,  12,  42,  io3),  titulus  (LACT.,  i,  i5,  3o), 
columna  (ClC.  /.  c,  et  ad  Att.  14,  i5,  LACT.,  /.  c),  fapii, 
(DION,  XLIV,  5i;  App.  2,  148.  3,  2,  3),  et  renversé 
par  Dolabella,  dans  les  derniers  jours  d'avril  710  (ClC,  ad 
Att.  14,  1 5  - .  1 6)  ; 

20  La  statue  dédiée  par  Antoine  in  rostris,  en  septembre 
ou  au  commencement  d'octobre  710  (ClC,  adfam.,  i3,3); 

3°  La  colonne  haute  de  vingt  pieds  inforo,  mentionnée 


40  5 

par  Suétone,  Caes.,  85.  S'il  n'y  a  pas  d'erreur  dans  le  récit, 
il  n'est  pas  possible  de  l'identifier  avec  l'autre  colonne, 
renversée  par  Dolabella,  et  il  est  peu  probable  qu'elle  soit 
la  statue  dédiée  par  Antoine.  On  peut  admettre  qu'elle  a 
été  restituée  par  l'ordre  du  fils,  pour  remplacer  celle  qui 
fut  renversée  par  Dolabella.  Mais,  en  adoptant  cette 
hypothèse,  on  ne  pourra  l'indentifier  avec  l'autel  qui  se  voit 
sur  la  médaille  à  côté  de  Y  cèdes  divi  Julii,  car  il  est  trop 
petit  pour  représenter  une  colonne  de  cette  hauteur. 
Agréez,  Monsieur,  le  témoignage  de  mon  respect. 

MOMMSEN. 
Charlottenburg  (près  de  Berlin),  i3  mai  1887. 


406 


TROIS  JETONS  DAUPHINOIS. 


DOUTES    ET    INTERROGATIONS    D'UN    IGNORANT. 


A  Monsieur  Renier  Chalon,  président  d'honneur  à 
vie  de  la  Société  royale  de  numismatique  de 
Belgique. 


Planche  XII,  n08  i  A4. 


Les  gens  prudents  font,  dit-on  ,  tourner  sept 
fois  leur  langue  dans  la  bouche  avant  de  parler. 
Il  devrait  en  être  ainsi  des  numismates  avant 
d'émettre  une  opinion,  quelque  bien  assise  qu'elle 
leur  puisse  paraître.  Mais  le  moyen  de  s'arrêter, 
quand  on  a  entre  les  mains  une  pièce  unique, 
ayant  tous  les  caractères  voulus  de  l'époque  à 
laquelle  elle  appartient,  portant  un  nom  facile  à 
authentiquer,  et,  à  côté  de  ce  nom,  des  armes  qui, 
si  elles  ne  se  trouvent  pas  dans  les  Armoriaux,  ont 
néanmoins  tous  les  droits  à  être  supposées  appar- 
tenir audit  personnage,  dont  les  armoiries  étaient 
inconnues  jusqu'alors!..  C'est  justement  ce  qui 
m'est  arrivé  et  ce  qui  me  donne  le  droit  de  parler 
d'une  bévue  que  tous  ceux  qui  se  sont  occupés  de 


407 

ma  découverte  ont  commise  comme  moi,  en  lui 
donnant  droit  de  cité. 

Il  y  a  une  douzaine  d'années,  je  publiais  (')  une 
lettre  adressée  à  M.  Pilot ,  archiviste  départe- 
mental de  l'Isère,  lettre  dans  laquelle  je  donnais 
le  peu  de  notes  que  j'avais  pu  réunir  sur  deux 
rares  pièces  arrivées  à  ma  connaissance.  Je  com- 
mis, pour  la  première  de  ces  pièces,  une  grave 
erreur.  Ce  n'est  pas  un  crime  assurément,  surtout 
quand  on  la  commet  avec  bonne  foi,  —  sous  le 
manteau  du  chercheur  qui  interroge  et  ne  veut  en 
imposer  à  personne,  —  et  qu'on  est  prêt  à  revenir 
sur  une  opinion,  avancée  pour  arriver  à  une  solu- 
tion meilleure. 

Il  s'agit  du  jeton  d'Antoine  Moine,  clerc  des 
Comptes  du  Dauphiné. 

Dès  l'année  1875,  donc,  m'appuyant  sur  le 
style,  la  forme  des  caractères,  certaines  particula- 
rités de  cette  pièce  et  le  peu  que  j'avais  pu  décou- 
vrir du  personnage  en  question,  je  l'attribuais 
sans  hésitation  au  règne  de  Louis  XII.  «  Ce  jeton, 
disais-je,  a  dû  être  frappé  entre  le  7  avril  1498, 
date  de  la  mort  de  Charles  VIII,  et  le  Ier  jan- 
vier i5i5,  qui  vit  mourir  le  Père  du  Peuple,  ou 
plutôt  l'année  i5o5,  époque  probable  du  décès 
d'Antoine  Moine. 

Plus  tard,  en  1879,  je  reproduisis  dans  la  Revue 

(')  Simples  questions  au  sujet  de  deux  jetons  dauphinois;  Grenoble, 
Allier,  1875. 


408 

belge  (')  mon  premier  article  avec  tous  les  desiderata 
qu'il  comportait,  mais  qui  restèrent  encore  sans 
réponse.  On  me  permettra,  pour  le  besoin  de  ma 
dissertation,  —  ou  plutôt  de  l'exposition  du  pro- 
blème que  je  soumets  ici  à  mes  confrères  de 
France  et  de  Belgique,  —  de  reproduire  quelques 
lignes  de  cet  article  et  de  les  accompagner  de  la 
description  de  ce  jeton. 

I.  —  Un  petit  dauphin  couché.   Çïï(aître)    :    7^X2- 

nnHome:  :  moine:  :  ccLGiBa  :  *;  Écus- 

son  écartelé  de  France  et  Dauphiné  , 
dans  un  entourage  formé  de  seize  lobes 
réunis  par  des  annelets. 
Rev.  °o  DSS  :  aORP^GIS  :  (un  petit  sautoir 
fleurdelisé  à  ses  extrémités)  DV  :  DTvVli- 
PHIH6C  o;  Ecusson  aux  armes  de  Moine, 
dans  le  même  entourage  que  celui  de 
l'avers  :  De  ...  au  chevron  de  ...  accompagné 
de  3  besants  de  .... 

AR.  —  Mod.  29  mill.  PI.  XII,  n°  1. 

Ma  collection. 

Excepté  Guy  Allard  qui  nous  apprend  (*)  que 
«  Moine  a  été  une  famille  noble  d'Avallon  en 
Graisivaudan  »,  tous  nos  historiens  locaux  sont 
muets  sur  ce  nom. 


(')  Médailles  et  jetons  dauphinois,  p.  173,  pi.  IX,  n°  1. 
(*)  Dictionnaire  historique  (V°  Moine). 


409 

«  D'aussi  faibles  indices,  dis-je  plus  loin,  ne 
m'apprennent  absolument  rien  sur  Antoine  Moine, 
et  je  n'aurais  su  que  dire  de  ce  personnage,  qui, 
selon  toutes  les  probabilités  ,  appartenait  à  la 
famille  dont  il  vient  d'être  question,  si  je  n'avais 
trouvé,  dans  la  liste  des  Notaires  Clercs  des  Comptes 
et  Secrétaires  des  Comptes  que  M.  Pilot  a  placée  en 
tête  du  second  volume  de  Y  Inventaire-Sommaire  des 
Archives  départementales  de  V Isère  antérieures  à  1790 
(p.  102),  quelques  renseignements  d'après  lesquels 
j'ai  pu  établir  qu'Antoine  Moine  exerça  ses 
fonctions  de  1472  à  i5o5,  époque  probable  de  sa 
mort,  c'est-à-dire,  sous  les  règnes  de  Louis  XI, 
Charles  VIII  et  Louis  XII. 

«  Cette  observation  n'est  pas  inutile  pour  l'étude 
de  notre  jeton.  Par  le  style  et  l'ordonnance  géné- 
rale, il  ne  peut  appartenir  qu'à  l'époque  du  dernier 
de  ces  souverains ,  dont  il  rappelle ,  du  reste , 
quelques  monnaies,  servant  ainsi  de  transition 
aux  médailles  et  autres  produits  analogues,  fabri- 
qués sous  François  Ier,  et  qui  ont  de  singuliers 
rapports  avec  lui.  La  forme  des  lettres  et  la  mo- 
lette finale  de  la  légende  de  l'avers  sont  encore 
deux  autres  motifs  qui  viennent  militer  en  faveur 
de  mon  opinion  :  on  peut  s'assurer  que  la  molette 
se  trouve,  en  effet,  sur  la  plupart  des  monnaies  de 
Louis  XII,  et  tous  les  numismates  savent  que  ce 
fut  sous  François  Ier  que  l'on  abandonna  définiti- 
vement l'usage  des  caractères  gothiques  pour 
revenir  aux  majuscules  romaines.  Quant  au  dau- 

Année  1887.  26 


4io 

phin  couché,  placé  devant  le  nom  d'Anthoine 
Moine,  c'est  un  souvenir  emprunté  aux  espèces  de 
Louis  XI.  Ce  jeton  a  donc  dû  être  frappé  entre  le 
7  avril  1498,  date  de  la  mort  de  Charles  VIII,  et  le 
Ier  janvier  i5i5,  qui, vit  mourir  le  Père  du  Peuple, 
ou  plutôt  l'année  i5o5,  époque  probable  du  décès 
d'Antoine  Moine. 

«  Mes  investigations  sur  Antoine  Moine,  disais- 
je,  en  terminant,  doivent-elles  s'arrêter  là?  Dois-je, 
au  contraire,  compter  sur  les  révélations  d'un 
avenir  prochain  et  sur  de  nouveaux  matériaux  qui 
nous  feraient  mieux  connaître  ce  personnage? 
C'est  là  l'espoir  que  je  caresse,  et  c'est  à  quelques- 
uns  des  lecteurs  de  la  Revue  que  j'ose  en  demander 
la  réalisation.  » 

L'année  suivante,  enfin,  à  des  jetons  authen- 
tiques de  la  Chambre  des  Comptes  du  Dauphiné  et 
à  un  grand  nombre  d'autres  beaucoup  moins 
certains,  je  réunissais  encore  (  )  ce  même  jeton  à 
cause  de  sa  légende  spéciale  et  dans  l'espoir  d'en 
voir  surgir  quelque  autre  à  la  suite.  «  C'est  le  seul 
jeton  de  ce  genre  que  je  connaisse,  ai-je  dit 
ailleurs;  mais,  de  ce  qu'une  seule  pièce  soit  arrivée 
jusqu'à  nous,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'il  ne  puisse  en 
exister  d'autres,  et  je  suis  persuadé  que  l'avenir 
nous  réserve  plus  d'une  surprise  de  cette  espèce.  » 


(')  Revue  belge,  1880  :  Essai  sur  les  jetons  delà  Cour  des  comptes 
du  Dauphiné. 


4u 

Savoir  attendre  !..  Là  est  le  secret  qui,  parfois, 
met  bien  du  temps  à  se  dévoiler,  mais  qui,  cette 
fois,  ne  m'a  pas  trop  fait  languir. 

J'ai  découvert,  en  effet,  depuis  cette  époque, 
dans  les  cartons  du  cabinet  de  France,  Yalter  ego 
de  la  pièce  d'A.  Moine. 

Je  dis  bien  :  Yalter  ego.  Mais  quel  problème  est 
soulevé  par  cette  nouvelle  pièce  devant  mon  esprit 
étonné  ! . . . 

2.  —  Un  petit  dauphin  couché.  ÇQ,(aître)  :GCin7£RD  : 
FLSHftRD  :  KVDIWaVR  :  ;.  Écusson 
écartelé  de  France  et  Dauphiné,  dans  un 
entourage  de  seize  lobes  réunis  par  des 
annelets. 
Rev.  *  °o  DS3  :  aORP^SS  §  {un petit  sautoir 
fleurdelisé  aux  extrémités)  §  DV  :  D7£VL- 
PHir?€C  o  ;  Écusson  dans  un  entourage 
semblable  à  celui  de  l'avers  :  De..,,  au 
chevron  de  . . .  accompagné  de  trois  besants 
de... 

AR.  —  Mod.  29  mill.  PI.  XII,  n°  2. 

Cabinet  de  France. 

A  part  les  noms,  ces  deux  jetons  sont  les  mêmes 
au  premier  aspect.  Cependant,  avec  un  peu  d'atten- 
tion, on  constatera,  sur  celui  de  Fléhard,  la  pré- 
sence de  deux  annelets  après  le  sautoir  du  revers, 
et  l'absence  de  la  molette  à  la  fin  de  la  légende 
précédente  ;  différences,  en  somme,  que  je  crois 
ne  devoir  attribuer  qu'aux  convenances  du  graveur 


4-12 

pour  la   disposition  de   ses  légendes  et  pour  le 
remplissage  des  blancs  laissés  par  elles. 

Comme  on  le  voit,  même  style,  même  faire, 
ressemblance  presque  identique.  Il  n'y  a  de  diffé- 
rence essentielle  que  la  légende  de  l'avers.  C'est 
au  même  burin,  on  ne  peut  en  douter,  que  sont 
dus  ces  deux  jetons. 

Voyons  maintenant  quelles  connaissances  nous 
pouvons  empruntera  l'histoire  au  sujet  du  titulaire 
du  dernier. 

L'Armoriai  du  Dauphinê  nous  apprend  que  la 
famille  Fléard  ou  Fléhard  fut  annoblie  en  1446, 
dans  la  personne  de  Vincent  Fléhard,  par  le 
Dauphin  Louis,  plus  tard  Louis  XL  II  cite  trois 
membres  de  cette  famille  qui  portèrent  le  titre  de 
premiers  présidents  de  la  Chambre  des  Comptes  de 
Dauphinê,  en  1544,  i554  et  1564,  et  dont  le  dernier 
résigna  sa  charge  pour  entrer  dans  les  Ordres  et 
devenir  évêque  de  Grenoble  en  îSyS,  etc.,  etc. 
Mais  d'Eynard  Fléhard,  pas  le  moindre  mot. 

Guy  Allard  (')  dit  simplement  qu' Aynard  Fléard 
fut  Maître  des  Comptes  à  Grenoble,  en  i5i5.  Mais, 
peut-on  se  fier  à  une  seule  note  de  cet  historien, 
sans  la  contrôler  avec  soin?  Dans  sa  liste  des 
Maîtres  et  Auditeurs  de  la  Chambre  des  Comptes, 
n'a-t-il  pas  déjà  placé  le  même  personnage,  sans 
lui  assigner  une  date,  entre  Etienne  Audric  (1475) 
et  Antoine  Audric  (1483)  !... 

(')  Dictionnaire  du  Dauphinê. 


4i3 

Recourons  donc  à  une  source  plus  sûre.  L'In- 
ventaire Sommaire  des  Archives  du  département  de 
l'Isère  (')  de  M.  Pilot  nous  apporte,  à  ce  sujet,  un 
renseignement  précieux,  quoique  par  trop  som- 
maire, mais  enfin  s'appuyant  sur  des  titres  indé- 
niables et  suffisants  pour  bien  asseoir  l'attribution 
de  notre  jeton  ;  et,  en  attendant  les  futurs  rensei- 
gnements, —  s'il  s'en  trouve,  —  ceux-ci  peuvent 
très-bien  nous  satisfaire  pour  le  moment  : 

«  Eynard  Fléard;  —  nommé  [Auditeur  des 
Comptes)  par  lettres  du  23  janvier  1496  (style  du 
Dauphiné,  1497);  —  en  remplacement  d'Eynard 
Pradel  (").  » 

Le  jeton  d'A.  Moine  ayant  dû  être  frappé,  ainsi 
que  je  l'ai  dit,  de  1498  à  i5o5,  celui  d'Eynard 
Fléhard,  sortant  vraisemblablement  de  l'officine 
du  même  graveur,  doit  aussi  dater  de  la  même 
époque  ;  et,  en  effet,  ainsi  que  nous  venons  de  le 
voir,  ces  deux  hommes  furent  contemporains. 

Ici  se  présente  un  problème  fort  curieux  et  dont 
la  solution  est  vivement  désirée  par  moi  ;  car,  là, 
se  trouve  l'origine  de  l'erreur  que  je  crois  avoir 
commise  et  que  je  tiens  à  cœur  d'élucider  dans 
le  présent  article. 

J'ai  dit  —  et  V Armoriai  du  Dauphiné  l'a  répété 
de  confiance  —  que  l'écusson  armorié  du  revers 
de  notre  premier  jeton  était  celui  de  la  famille 

(')  T.  II,  p.  86. 

(•)  La  famille  d'Eynard  Fléard  appartenait  au  commerce  de  Grenoble  ; 
l'une  de  ses  branches  parvint  bientôt  à  une  haute  position,  etc.,  etc. 


414 

Moine,  ignoré  jusqu'alors;  mais,  n'en  pouvant  déter- 
miner les  émaux,  je  m'étais  contenté  de  le  décrire 
ainsi  :  De  ...  au  chevron  de  ...  accompagné  de  trois 
besants  de  ... 

Pour  les  armes  de  la  famille  Fléhard,  elles  sont 
parfaitement  connues  :  D'or,  au  chevron  d'azur 
chargé  d'un  soleil  d'or  et,  en  pointe,  de  deux  croissants 
d'argent.  Une  deuxième  branche  de  cette  famille 
brisait  en  ajoutant  sur  le  champ  trois  croix  nilées 
ou  bourdonnées  de  gueules  2-1. 

Or,  l'écusson  armorié,  placé  sur  le  revers  du 
jeton  d'Eynard  Fléhard,  n'étant  point  celui  de  sa 
famille,  je  me  vois,  pour  les  mêmes  motifs,  forcé 
de  refuser  à  Moine  ce  que  je  ne  puis  accorder  à 
Fléhard  et  de  rechercher  dans  d'autres  causes 
l'existence  de  cet  écusson  au  revers  dudit  jeton. 

Et  si  cette  cause  existe  réellement,  comme  je  le 
suppose,  n'est-il  pas  à  présumer  que  nous  retrou- 
verons encore,  dans  quelque  collection  inconnue, 
d'autres  spécimens  semblables  de  la  numisma- 
tique des  collègues  de  Moine  et  de  Fléhard  ? 

Mais  quel  est  cet  écusson  ?  A  qui  appartient-il  ? 
A  quel  titre  occupe-t-il  une  place  sur  ces  jetons? 

Sur  le  côté  principal,  là  où  la  légende  nous 
donne  les  noms  de  nos  deux  fonctionnaires,  nous 
voyons  les  armes  de  la  Province,  qui  se  retrouvent 
jusque  sur  les  sceaux  de  la  Chambre  des  Comptes. 
Mais  alors,  cet  écusson  nouveau  ne  pourrait-il 
pas  avoir  quelque  trait  aux  fonctions  particulières 
des  officiers  de  certains  bureaux  dépendants  de 


4i5 

cette  Chambre,  et  les  besants,  ou  peut-être  les 
gectouers  placés  dans  ce  blason,  n'en  seraient-ils 
pas  l'indice?..  Et  ces  armes  ne  seraient-elles  point 
celles  de  ce  bureau  particulier?.. 

Arrivé  là  avec  tous  ces  doutes  et  tous  ces  points 
d'interrogation,  j'ai  désiré  avoir  l'opinion  d'un 
homme  bien  connu  par  sa  compétence  en  pareilles 
matières  et  qui,  en  plus  d'une  circonstance,  m'a 
habitué  à  recevoir  des  marques  de  son  excellente 
confraternité.  Je  lui  ai  donc  envoyé  mes  idées,  et 
je  ne  puis  qu'être  fier  d'avoir  trouvé  dans  son 
esprit,  je  ne  dis  pas  une  preuve  de  ce  que  j'avance, 
mais  un  assentiment  à  ces  idées  qui  ne  demandent 
qu'à  être  développées  sur  des  titres  ou  documents 
certains.  M.  J.  Rouyer,  du  reste,  m'en  apporte  un 
que  je  me  garderai  bien  de  négliger.... 

Mais  je  préfère  lui  laisser  la  parole. 

«  ...  J'ai  pris  connaissance,  attentivement,  des 
pages  que  vous  avez  bien  voulu  m'adresser,  et 
qui  sont  ci-jointes.  Ce  que  j'y  trouve,  ce  sont  des 
compliments  à  vous  faire;  aussi  ne  puis-je  vous 
renvoyer  ces  feuilles  que  tout-à-fait  intactes. 

«  Vous  me  demandez  ce  que  je  pense  de  la  fin, 
ainsi  conçue  :  «  Cet  écusson  nouveau  ne  pourrait- 
«  il  avoir  quelque  trait  aux  fonctions  particulières 
«  des  officiers  de  certains  bureaux  dépendants  de 
«  cette  Chambre,...  etc.  » 

«  Il  n'y  a  pas  à  se  montrer  âffirmatif  dans  les 
questions  dont  la  solution  définitive  est  subor- 
donnée à  une  série  d'observations  restant  à  faire. 


416 

Mais  je  crois  que  votre  opinion,  mon  cher  con- 
frère, peut  très-bien  se  soutenir,  résumée  à  cette 
proposition  que  les  armoiries  se  rapportaient  au 
corps  de  fonctionnaires  dont  étaient  Moine  et 
Fléhard.  Quant  aux  meubles  accompagnant  le 
chevron ,  qu'ils  soient  des  besants  ou  autre 
chose,  je  m'en  tiens,  quant  à  moi,  à  la  déno- 
mination la  plus  ordinaire,  afin  de  ne  rien  com- 
pliquer. 

«  J'ai  un  jeton  de  la  Chambre  du  Trésor,  à 
Paris  (i555),  où  se  trouvent  les  armoiries  de  cette 
institution,  déjà  bien  formée  au  xive  siècle.  Sous 
un  chef  à  trois  fleurs  de  lys  rangées,  on  y  distingue 
six  besants  3-2-1.  (PI.  XII,  n°4.)  Il  me  semble  que 
c'est  un  argument  dont  il  vous  serait  possible  de 
tirer  parti.  Comme  il  me  paraît  impossible  d'en 
prendre  une  empreinte  suffisamment  nette  pour 
vous  permettre  de  le  bien  dessiner,  je  vous  le  com- 
munique en  nature....  » 

Sur  cet  encouragement  à  poursuivre  mon  idée, 
une  nouvelle  idée  a  surgi  tout-à-coup;  et,  à  la 
suite  des  jetons  de  Moine  et  de  Fléhard,  il  m'est 
venu  à  la  pensée  d'en  placer  un  autre,  appartenant 
à  une  série  bien  différente,  —  quoiqu'ayant  avec 
elle  certaines  affinités,  —  celle  des  Généraux  des 
Finances,  offrant  néanmoins  avec  les  précédents 
une  analogie  si  singulière,  que  je  ne  puis  me 
dispenser  de  la  faire  remarquer.  Tout  le  monde, 
d'ailleurs ,  sait  que  les  Généraux  des  Finances 
étaient,  ainsi  que  les  Maîtres  de  la  Monnaie,  placés 


4i7 

sous  la  juridiction  de  la  Chambre  des  Comptes. 

Si  l'écusson  de  Fléhard  n'est  pas  le  sien,  ainsi 
que  nous  avons  pu  nous  en  édifier  plus  haut,  et 
que,  par  suite,  j'aie  été  amené  à  enlever  à  Moine 
des  armoiries  que  j'avais,  dans  le  principe,  cru 
lui  appartenir,  pourquoi  ne  me  serait-il  pas  permis 
d'aller  plus  loin  et  de  supposer  qu'un  autre  offi- 
cier du  Trésor  dont  je  n'ai  point  encore  parlé  et 
dont  le  jeton,  —  bien  qu'en  apparence,  car  nous 
n'en  connaissons  pas  les  émaux,  —  porte  réelle- 
ment la  représentation  des  armes  connues  de  sa 
famille,  n'a  pas  plus  de  droit  que  Moine  à  s'attri- 
buer personnellement  cet  écusson.  Le  hasard 
aurait-il  permis  que  les  meubles  en  fussent  les 
mêmes ,  ou  bien  cet  écusson  appartient-il  en 
propre  au  corps  auquel  son  titulaire  était  attaché? 

Là  est  la  question  que  je  cherche  à  débrouiller. 

Voici  ce  nouvel  arrivé,  qui,  du  reste,  a  déjà  été 
publié  ('),  mais  avec  l'attribution  personnelle  de 
l'écusson  que  mon  étude  m'appelle  à  ne  lui 
accorder  que  sous  toutes  réserves. 

3.  _  £' MffISWR€C  :  ITÎGVGS  •  îts  -BS7îvne: 

•  Conseiller)  '  b(«)  *  r(oz)  :  Dauphin  à 
gauche,  sommé  d'une  fleur  de  lis  cou- 
ronnée (celle  qui  sert  d'initiale  à  la 
légende). 

(')  Bulletin  de  l'Acad.  delph.,  1879,  p.  2o5. 


418 

Rev.  U/  GSnSRTTIi  :  &V  :  P7V— IS  ;  &V  : 
teVLPFjine;  Semé  de  fleurs  de  lis;  au 
bas,  et  à  moitié  enseveli  dans  la  légende, 
écusson  armorié  :  De  ...  au  chevron  de  ..., 
accompagné  de  trois  besants  de  .... 

AR.  —  Mod.  28  mil!.  PI.  XII,  n°  3. 

Cabinet  de  France. 

Le  hasard  est  bien  singulier  parfois,  disais-je 
tout-à-1'heure.  Rapproché  des  deux  jetons  pré- 
cédents, —  quoique  d'une  autre  main,  —  par  le 
style  et  par  la  date  même  à  laquelle  il  a  dû  être 
frappé,  ce  jeton  nous  offre,  au  revers,  ce  même 
écusson  qui  est  l'objet  de  ma  surprise  et  de  mes 
remarques.  Se  trouve-t-il,  là  encore,  imposé  par 
des  motifs  analogues ,  ou  bien  faut-il  y  voir 
l'écusson  même  de  la  famille  de  Beaune  {de gueules, 
au  chevron  d'argent,  accompagné  de  3  besants  d'or)}... 
Qui  sait  même  si  ces  armoiries  n'ont  pas  été 
données  ou  attribuées  par  erreur  ou  par  ignorance 
à  cette  famille,  uniquement  sur  cette  raison 
qu'elles  se  trouvaient  sur  le  jeton  de  Jacques  de 
Beaune  ('),...  de  même  qu'un  motif  semblable  me 


(')  Il  existe  au  Cabinet  de  France,  et  portant  la  date  de  de  i566,  un 
autre  jeton,  aux  mêmes  armes,  d'un  membre  de  cette  famille,  celui  de 
Claude  de  Beaune,  dame  de  Chambrun  (?).  Or,  n'ayant  pas  trouvé 
celle-ci  indiquée  ailleurs  dans  les  généalogies  de  cette  maison,  et 
l'époque  où  elle  vivait  se  rapportant  exactement  à  celle  de  ce  jeton,  je 
suis  porté  à  la  considérer  comme  la  même  que  Marguerite  de  Beaune 
«   que  d'autres   nomment  Claude.  »  (Voir  Moréri,   V°    Famille  de 


419 

les  avait  fait  attribuer  à  Antoine  Moine?..  Il  faut 
convenir  tout  au  moins  que  ce  rapprochement, 
ou  plutôt  cette  similitude,  est  fort  étrange. 

L'histoire  de  Jacques  de  Beaune-  est  trop  con- 
nue pour  que  je  songe  à  la  placer  ici.  Je  dirai 
seulement,  pour  le  besoin  de  ma  cause,  que, 
fils  de  Jean  de  Beaune,  qui  exerça  la  charge 
d'argentier  des  rois  Louis  XI  et  Charles  VIII, 
Jacques  de  Beaune,  baron  de  Samblancey,  fut 
nommé,  en  1493,  Trésorier  de  la  Reine,  mais 
que  ce  ne  fut  qu'en  1498  qu'il  devint  Général 
des  Finances  de  Languedoc,  Dauphiné,  etc.,  etc., 
jusqu'à  i5o5.  On  connaît  sa  fin  tragique,  et  ce  n'est 
pas  le  lieu  de  faire  de  l'érudition  en  me  rendant 
l'écho  des  récits  passionnés  des  panégyristes  ou 
des  détracteurs  de  l'infortuné  Surintendant  des 
Finances. 

Qu'on  retienne  ici  ces  deux  dates  curieuses, 
1498  et  i5o5,  pour  les  rapprocher  de  celles  que 
j'ai  assignées  précédemment  aux  jetons  de  Moine 
et  de  Fléhard. 

Il  y  a  eu  un  autre  Jacques  de  Beaune  qui  fut 
également  Général  des  Finances  en  Dauphiné 
de  i555  à  1570.  Il  était  le  petit-fils  du  précédent  ; 

Beaune),  laquelle  fut  mariée  :  i°  à  Louis  Burgensis,  2°  à  Claude 
Gouffier.  En  tout  cas,  ce  jeton  prouve  bien  que  ces  armes  étaient 
devenues  celles  de  la  famille.  Mais  cela  suffit-il  à  détruire  mon  hypo- 
thèse, basée  sur  ce  que,  dans  le  principe,  ces  armes  auraient  appar- 
tenu peut-être  à  la  corporation  dont  faisait  partie  le  premier  des 
Beaune  après  son  anoblissement. 


420 

mais  ce  jeton  ne  peut  lui  appartenir,  le  style  en 
étant  trop  ancien. 

J'ai  parlé  du  bizarre  rapprochement  opéré  par 
le  hasard  entre  l'écusson  de  la  famille  de  Beaune 
et  celui  des  jetons  précédents.  Ce  fait  est  peut-être 
moins  singulier  que  je  ne  le  trouvais  au  premier 
abord,  et  je  crois  avoir  fait  entrevoir  une  erreur 
possible  de  la  part  des  héraldistes  qui,  plus  tard, 
voulurent  enrichir  leurs  armoriaux  d'un  écusson 
de  plus.  Quoi  d'étonnant,  en  effet,  à  ce  qu'une 
famille  de  comptables,  ennoblie  par  la  faveur 
royale,  ait  reçu  des  armoiries  rappelant  son  ori- 
gine. Le  besant  se  retrouve  dans  beaucoup  de  cas 
semblables,  et  le  jeton  de  la  Chambre  du  Trésor 
de  France,  cité  par  M.  Rouyer,  vient  bien  à  point 
appuyer  mon  hypothèse.  Le  besant  héraldique  — 
qu'il  représente  une  monnaie  ou  un  gectouer,  peu 
importe  !  —  est  donc  bien  de  mise  dans  les  armoi- 
ries d'employés  des  Finances  ;  mais  ce  n'est  pas 
une  raison  péremptoire  permettant  d'admettre  que 
ces  employés  aient  eu  le  droit  de  placer  leurs  armes 
sur  des  jetons  servant  à  compter  dans  les  admi- 
nistrations de  l'État.  Chez  eux,  sans  doute,  en 
vertu  de  la  faculté  de  tout  possesseur  d'armoiries, 
ils  pouvaient  se  servir  de  pièces  semblables,  frap- 
pées aux  meubles  de  leurs  armoiries  propres  ;  mais 
ici,  sur  les  jetons  d'une  corporation,  ils  devaient 
en  conserver  les  armes  particulières.  Or,  si  nous 
avons  vu,  sur  les  deux  premiers  jetons,  l'avers 
êcartelê  de  France  et  Dauphiné,  et  le  revers  portant 


421 

l'écu  particulier  du  bureau  auquel  ils  apparte- 
naient,—  sous  la  réserve,  bien  entendu,  de  l'ad- 
mission de  mon  idée,  — nous  observons  ici  cette 
différence,  tenant  peut-être  à  celle  des  fonctions 
entre  le  Général  des  Finances  et  les  Maîtres  ou 
Clercs  des  Comptes,  que  l'avers  porte,  seul,  les 
armes  du  Dauphiné  et  le  revers  celles  de  France, 
mais  avec  l'adjonction,  au  bas  de  ces  dernières, 
de  l'écusson  qui  occupait  à  lui  seul  le  revers  des 
deux  premiers  jetons,  et  qui,  malgré  l'identité  des 
meubles,  n'est,  dans  mon  esprit,  que  celui  de  ce 
même  bureau.  Qui  sait  même  si  cet  écusson  n'a 
pas  été  placé  là  à  deux  fins,  eu  égard  aux  armes  de 
Jacques  de  Beaune,  parfaitement  connues,  paraît- 
il,  et  à  celles  que  je  suppose  pour  un  bureau  quel- 
conque dépendant  de  la  Chambre  des  Comptes  ?... 
Je  n'affirme  rien;  mais  je  crois  être  dans  le  vrai, 
et  je  pose  humblement  la  question  devant  de  plus 
autorisés  que  moi. 

Parvenu  à  ce  nouveau  degré  de  l'échelle  de  mes 
idées,  j'ai  voulu  avoir  encore  l'avis  de  M.  Rouyer 
et  je  lui  ai  communiqué  les  lignes  qui  précèdent. 
Plusieurs  lettres  ont  été  échangées  entre  nous  : 
interrogations  et  objections,  en  un  mot  conversa- 
tion numismatique  pleine  d'attrait  pour  moi  et  de 
complaisance  de  la  part  de  mon  honorable 
confrère. 

«  ...  Il  nous  faut,  me  dit-il  dans  sa  lettre  du 
3  décembre  dernier,  il  nous  faut  reprendre  les  faits 
d'un  peu  loin,  afin  de  bien  apprécier  les  questions 
en  jeu. 


422 

«  D'abord,  vous  vous  êtes  vu  en  présence  de  deux 
jetons  d'officiers  de  la  Chambre  des  Comptes  del- 
phinale  :  Antoine  Moine,  clerc,  et  Einard  Fléhard, 
auditeur.  Ne  connaissant  pas  les  armoiries  de  l'un, 
connaissant  les  armoiries  de  la  famille  de  l'autre, 
lesquelles  ne  sont  pas  celles  à  besants  qui  figurent 
sur  le  jeton  d'Einard,  vous  vous  êtes  demandé  si 
ces  armoiries  à  besants,  qui  sont  communes 
aux  deux  jetons,  ne  pourraient  avoir  trait  aux 
fonctions  particulières  de  quelque  bureau  de  la 
Chambre.  Vous  avez  désiré  savoir  si  la  chose  me 
paraissait  possible.  —  Je  vous  ai  répondu  que,  en 
résumant  la  proposition  à  ce  que  les  armoiries  se 
rapporteraient  au  corps  de  fonctionnaires  dont 
étaient  Moine  et  Fléhard,  et  dans  le  cas  où  la  ques- 
tion serait  de  celles  pour  la  solution  desquelles  on 
n'aurait  encore  rien  trouvé  d'affirmatif,  je  croyais 
que  votre  opinion  pouvait  fort  bien  se  soutenir. 
Et  je  vous  ai  communiqué,  pour  être  utilisé  à 
l'appui  de  votre  thèse,  et  par  analogie,  si  vous  le 
jugiez  à  propos,  le  jeton  de  la  Chambre  du  Trésor, 
àParis(i555),  avec  les  armoiries  de  cette  Chambre, 
où  il  y  a  aussi  des  besants.  Heureusement,  mon 
cher  confrère,  —  car  je  crois  que  c'est  heureux,  — 
vous  ne  vous  êtes  pas  tenu  définitivement  à  vos 
premières  remarques.  Vous  avez  poursuivi  les 
investigations,  et  vous  en  êtes  arrivé  à  tenter  un 
autre  rapprochement  à  propos  de  Moine  et  de 
Fléhard,  portant,  cette  fois,  sur  le  jeton  de  Jacques 
de  Beaune,  comme  «  Général  du  Païs  du  Dau- 


423 

phiné  »,  sur  lequel  est  également  placé  un  écu  en 
chevron  accompagné  de  3  besants. 

«  Vous  aurez  pu  voir  par  ma  réponse  à  votre 
communication  à  ce  sujet,  que  cela,  à  mes  yeux, 
changeait  assez  de  face  la  question.  Les  armoiries 
de  Jacques  de  Beaune  et  de  sa  famille  sont  trop 
connues  pour  qu'il  pût  y  avoir  doute  sur  l'identité. 
Aussi,  ai-je  tout  de  suite  cherché  à  établir  une 
distinction  essentielle  entre  : 

«  i°  les  armes  à  besants  appartenant  à  certains 
corps  ou  certaines  compagnies,  et 

«  2°  les  armes  à  besants  portées  par  des  familles 
qui  avaient  dû  leur  notoriété  aux  emplois  occupés 
par  quelqu'un  ou  quelques-uns  de  leurs  membres 
dans  les  services  financiers. 

«  Je  vous  ai  indiqué  de  ces  dernières  armoiries- 
là,  et  vous  en  avez  vous-même  reconnu  d'autres 
depuis.  Vous  m'avez  dit,  en  outre,  que  l'ouvrage 
de  M.  Coustant  d'Yanville  «  vous  avait  ouvert  de 
nouveaux  aperçus  ».  Je  comprends  très  bien  ce 
dernier  point  ;  mais  arrivés  là,  je  ne  sais  pas  si 
nous  voyons  les  choses  de  la  même  manière. 

«  Moi,  je  tiens  beaucoup  à  rester  dans  les  faits 
que  je  crois  pouvoir  considérer  comme  acquis.  Et 
l'un  de  ceux  que  je  considère  comme  tels,  c'est 
la  présence  '  assez  fréquemment  constatée  des  besants 
dans  les  armoiries  de  gens  de  finances  et  de  leurs  des- 
cendants, cas  dans  lequel  il  s'agit  bien  d'armes  de 
famille  proprement  dites. 

«  Je  vais  jusqu'à  craindre,  aujourd'hui,  avec 


4M 

tout  ce  que  nous  avons  vu  depuis  votre  commu- 
nication primitive,  que  ce  ne  fût  s'exposer  à  s'en- 
gager fort,  que  de  chercher,  même  sur  les  jetons 
d'Antoine  Moine  et  d'Einard  Fléhard,  autre  chose 
que  leurs  armes  propres  dans  l'écu  opposé  à  celui 
duDauphiné. 

«  Puisque  je  le  crains,  vous  pensez  bien  que, 
pendant  qu'il  en  est  encore  largement  temps,  je  ne 
puis  pas  le  faire  sans  vous  le  dire  ;  d'autant  plus 
que  j'ignore  s'il  vous  est  bien  prouvé  qu'Einard 
Fléhard  n'a  pas  commencé  par  porteries  armoiries 
qui  sont  sur  son  jeton,  et  si  vous  avez  la  certitude 
que  celles  qui  sont  connues  aujourd'hui  pour 
appartenir  à  la  famille  Fléhard  ne  sont  pas  posté- 
rieures audit  Einard  (').  Les  changements  ou  modi- 
fications d'armoiries  n'ont  pas  toujours  été  des 
choses  bien  rares  dans  les  familles. 

«  Vous  ferez  de  ces  remarques  ce  que  bon  vous 
semblera;  mais  tout  cela,  je  crois,  demande 
réflexion  et  maturité.  Aussi  me  serait-il  très  diffi- 
cile, dans  l'état  des  choses,  de  donner  le  plus  petit 
avis.  Je  serais  fort  embarrassé  moi-même  pour 
prendre  une  résolution.  » 

Que  des  hommes,  annoblis  pour  leurs  services 
dans  les  Finances  ^2),  possèdent  des  besants  com- 

(')  L'idée  qu'émet  ici  M.  Rouyer,  et  dont,  par  malheur,  la  preuve 
nous  fait  défaut,  pourrait  bien  être  vraie  au  fond,  si  on  la  rapproche 
de  la  note  2  placée  par  moi  à  la  page  4.1'i  de  cette  notice. 

(*)  et  ...  Le  chiffre  relativement  considérable  des  offices  de  la 
Chambre  des  Comptes  (232  en  1788)  nous  aide  à  penser  combien  de 


425 

binés  avec  les  autres  meubles  de  leurs  armoiries 
de  famille,  rien  de  plus  naturel,  et  le  grand  ouvrage 
de  M.  H.  Coustant  d'Yanville,  que  j'ai  sous  les 
yeux,  n'en  donne  pas  moins,  pour  la  seule  Chambre 
des  Comptes  de  Paris,  que  le  nombre  assez  élevé 
de  3o.  Tous  ces  écussons  diffèrent  au  moins 
par  une  foule  de  dispositions  où  les  pièces  les  plus 
diverses  se  trouvent  associées  aux  besants.  Mais  à 
côté  de  ces  3o  armoiries,  comment  expliquer  la 
présence  de  7  autres  écussons,  en  tout  semblables 
entre  eux  comme  disposition  ?  Ce  sont  ceux  de  : 

Vincent  Buffet.  Clerc  du  Roi  .     .     .     .en  i33o 


familles  purent  honorablement  acquérir  par  cette  voie  la  noblesse 
héréditaire,  but  de  toutes  les  aspirations,  de  toutes  les  ambitions  de 
l'époque. 

»  Or,  ces  offices  concédaient  la  noblesse  complète,  parfaite;  et  si 
l'on  veut  évaluer  le  nombre  des  charges  qui  pouvaient  alors  conférer 
la  noblesse  à  divers  degrés,  on  trouve  d'abord  celui  de  3,494  charges 
principales,  auxquelles  il  faudrait  ajouter  toutes  celles  des  présidiaux, 
bailliages,  prévôtés,  maîtrises  des  eaux  et  forêts,  greniers  à  sel,  etc., 
qui  conféraient  la  noblesse  graduelle.  Aussi  serions-nous  tentés,  au 
lieu  de  dire  et  de  répéter  qu'il  était  à  peu  près  impossible  d'arriver  à 
la  noblesse,  d'écouter  et  de  croire  plutôt  l'opinion  d'un  homme  forcé- 
ment imbu  des  idées  nobiliaires  de  son  temps,  le  généalogiste  Chérin, 
quand  il  s'écriait  :  «  Hélas!  toute  la  bourgeoisie  y  passera.  »... 

«  ...  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que,  au  lieu  de  reprocher  à  certaines 
familles  leur  extraction  bourgeoise,  on  devrait  les  féliciter  d'avoir  eu 
pour  auteurs  des  gens  qui,  partis  des  derniers  rangs,  surent  par  leur 
probité,  leur  intelligence,  leur  intégrité  et  leurs  talents,  s'élever  aux 
premiers  degrés  de  la  hiérarchie  sociale,  sans  le  secours  du  prestige 
national  des  champs  de  bataille...  »  {Chambre  des  Comptes  de  Paris, 
par  H. -Coustant  d'Yanville.  Paris,  Dumoulin,  1866-1875,  pp.  3gi-2.) 
Année  1887.  27 


426  ' 

Jn  du  Bois  de  Fontaine,  Maître   des 

Comptes en  I4g5 

Pre  Guill.  de  Chavaudon  de  Ste  Maure, 

Président  des  Comptes »  1772 

(d'azur,  au  chevron  d'or,  accompagné  de  3  besants  d'or) . 
Pre  de  Bonnaire,  Clerc  des  Comptes.  .  en  166 1 
M.-Ch.-Ls  de  Bonnaire  de  Gif,  Maître 

des  Comptes »  1776 

(d'azur,  au  chevron  d'or,  accompagné  de  3  besants 

d'argent). 

Nie.  Bolard,  Clerc  des  Comptes  ...   en  1498 

Jacq.  Andras,  id.  ...     »    i636 

(d'argent,   au   chevron    de  gueules,  accompagné  de. 

3  besants  du  même). 

Je  ne  parle  pourtant  que  de  la  Chambre  des 
Comptes  de  Paris.  Que  serait-ce  si  je  pouvais 
contrôler  de  même  les  armoiries  des  officiers 
appartenant  aux  autres  Chambres  du  royaume! 
Pour  le  Dauphiné  seul,  on  voit  que  je  puis  en 
présenter  3  pour  le  moment. 

Est-il  donc  possible  d'admettre  que  cette  même 
formule  héraldique  :  De...,  au  chevron  de...,  accom- 
pagné de  3  besants  de...,  ait  pu  être  conférée  à  tant 
de  familles  et  n'est-on  pas  amené  naturellement  à 
supposer  qu'une  loi  particulière  a  dû  présider  à  la 
concession,  à  l'emploi  ou  à  l'adoption  de  pareilles 
armes.  Il  y  aurait  eu  là  des  confusions  inévitables, 
et  la  prudence  seule  aurait  imposé  l'obligation  de 
ne  pas  s'y  exposer. 


427 

Le  chevron,  symbole  de  protection  et  de  con- 
servation ('),  associé  aux  besants,  symbole  du 
Commerce,  des  Finances,  —  et,  par  suite,  de  la 
Chambre  des  Comptes,  —  conviendrait  en  effet 
assez  bien,  si  l'on  s'en  rapporte  à  l'interprétation 
de  La  Colombière,  à  un  bureau  des  Finances;  et, 
si  cela  a  été  ainsi  que  je  le  suppose,  il  ne  m'est 
pas  interdit  de  penser,  —  sous  la  réserve  de  mon 
ignorance,  —  que  les  membres  de  ce  corps  aient 
eu  le  droit  de  s'en  servir  sur  les  jetons  de  l'admi- 
nistration. Quelques-uns  d'entre  eux  ont  bien  pu, 
à  la  longue  et  à  défaut  d'armoiries  plus  person- 
nelles, employer  peut-être  comme  armes  de  famille 
celles  du  bureau  auquel  ils  avaient  appartenu  ;  ce 
qui  expliquerait  la  diversité  des  émaux  que  nous 
avons  remarqués  ci-dessus ,  émaux  qu'ils  se 
seraient  donnés  pour  se  différencier  entre  eux. 
Serait-il  admissible  autrement  que  tant  de  familles 
aient  possédé  le  même  blason  ? 

D'un  autre  côté,  si  je  parcours  V Armoriai  du 
Dauphiné,  j'y  vois  une  cinquantaine  d'écussons 
possédant  des  besants,  parmi  lesquels  je  ne 
découvre  point  ceux  de  nos  trois  jetons;  mais  j'y 
trouve  celles  d'un  Conseiller  à  la  Cour  des  Mon- 
naies, d'un  Trésorier  de  France,  d'un  Conseiller- 

(')  «  ...  parce  que,  suivant  le  sieur  de  la  Colombière,  il  soustient  le 
couuert  qui  conserue  les  plus  grands  Bastimens,  et  le  deffend  de 
l'injure  de  l'air,  et  qu'il  est  aussi  pris  pour  le  Hiérogliphe  de  la 
constance  et  de  la  fermeté.  »  (Palliot,  La  vraye  et  parfaite  science 
des  armoiries.) 


428 

maître  à  la  Chambre  des  Comptes,  d'un  Procureur 
général  et  d'un  Avocat  général  à  la  même  Chambre . 
Pour  deux  autres  familles  (Moneri  et  Monet),  ces 
meubles  ont  évidemment  été  considérés  comme 
armes  parlantes.  Pour  les  armes  de  la  ville  de 
Crémieu,  c'est  une  allusion  plus  que  transparente 
à  son  atelier  de  la  Monnaie  delphinale  [d'azur,  à 
trois  besants  d'or;  au  chef  de  même,  chargé  d'un 
dauphin  d'azur  barbelé).  Mais  tous  ces  écussons 
représentent  des  combinaisons  diverses,  sans 
aucune  analogie  avec  celle  qui  nous  occupe,  et 
il  me  semble  que,  si  nos  trois  jetons  dauphinois 
représentaient  réellement  des  écussons  de  familles, 
les  noms  d'A.  Moine,  d'E.  Fléhart  et  de  J.  de 
Beaune  auraient  dû  figurer  dans  ledit  Armoriai 
avec  les  armes  que  nous  trouvons  sur  ces  jetons, 
celles  de  Fléhart  surtout. 

Chose  singulière  encore  à  remarquer!  Si  les 
armes  de  Beaune  sont  authentiques,  comment  se 
fait-il  que  Y  Armoriai  de  M.  de  La  Bâtie  (article 
J.  de  Beaune)  laisse  son  écusson  en  blanc,  comme 
si,  pour  lui,  un  doute  subsistait  au  sujet  des 
armoiries  si  bien  reconnues  pourtant  par  les  autres 
héraldistes?  Comme  moi,  cet  auteur  les  aurait-il 
suspectées  aussi?... 

Si  les  observations  que  je  présente  ici  ne  reposent 
point  sur  des  «  faits  acquis  » ,  ainsi  que  le  veut 
sagement  M.  Rouyer;  si,  d'un  autre  côté,  elles 
demandent  aussi,  suivant  mon  honorable  confrère, 
«  réflexion  et  maturité  »,  ce  que  je  suis  loin  de  vou- 


4^9 
loir  contester  et  ce  que  j'approuve  de  toute  ma 
raison,  il  est  bien  permis  néanmoins  à  un  septua- 
génaire d'attacher  le  grelot  à  une  idée  dont  il 
serait  heureux  d'avoir  au  plus  tôt  la  solution,  si 
quelqu'un  des  lecteurs  de  la  Revue  peut  la  lui 
donner.  Il  obligerait  ainsi  plus  d'une  personne, 
puisque  ceux-mêmes  qui  sont  les  plus  compé- 
tents sur  ces  matières ,  se  récusent  et  n'osent 
tenter  la  solution  demandée.  Pour  mon  compte, 
n'ayant  aucune  prétention  à  la  science  du  blason, 
mais  désirant  m'instruire,  je  serais  particulière- 
ment reconnaissant  à  celui  qui  saurait  et  vou- 
drait bien  fixer  le  point  indécis  sur  lequel  j'ai  osé 
appeler  l'attention  de  mes  confrères.  En  admet- 
tant même  que  mes  questions  dénotent  une  nou- 
velle erreur  de  ma  part  et  que  cette  erreur  me  soit 
démontrée,  il  en  restera  toujours  à  déterminer  les 
émaux  des  armes  d'Antoine  Moine  et  à  donner  la 
preuve  que  les  armes  originelles  de  la  famille 
Fléhard  furent  différentes  de  celles  que  leur  accor- 
dent les  Armoriaux.  A  qui  lèvera  mes  doutes  ou 
dissipera  mes  illusions,  j'en  adresse  d'avance  mes 
remerciements. 

G.  Vallier. 

Grenoble,  janvier  1887.  s 


43o 


UN   TRIENS    INÉDIT    FRAPPÉ   A   DINANT. 


Planche    XII. 


Tête  de  profil  tournée  à  droite,  coiffée  d'une 
sorte  de  diadème  retenant  une  chevelure  héris- 
sée :  AEVNTE  FI  («). 

Le  dessin  de  la  tête  est  barbare  et  les  attaches 
du  cou,  ainsi  que  le  buste,  sont  figurés  par  des 
lignes  droites. 

Rev.  —  Croix  haussée  sur  une  base;  au-dessous, 
une  petite  croix  pattée  à  branches  presque  égales  : 
EVSAME  MO  (•). 

Or,  gr.  i-3o.  Trouvé  à  Domburg  (Zélande),  en  1886. 

Collection  de  MUe  de  Man,  à  Middelbourg. 

L'orthographe  Deunte  n'est  qu'une  variante  de 

(')  Ce  caractère  de  la  chevelure  n'a  pas  été  exactement  rendu  par  le 
dessinateur;  les  mèches  de  cheveux  sont  beaucoup  plus  rigides  que 
celles  du  dessin  qui  les  représente  à  tort  comme  étant  ondulées. 

(2)  La  ligne  droite  qui  termine  le  cou  est  complètement  isolée  du 
bord  de  la  pièce  auquel  elle  ne  vient  pas  aboutir  par  deux  lignes  à 
angle  droit  partant  de  ses  extrémités.  C'est  encore  une  faute  du  dessi- 
nateur. 


43 1 

Deonte,  contraction  de  Deonante.  La  forme  Deunte 
est  nouvelle. 

Cusane,  d'après  les  renseignements  que  M.  le 
vicomte  de  Ponton  d'Amécourt  a  eu  l'obligeance 
de  me  donner,  est  l'ablatif  d'un  nom  de  moné- 
taire saxon  CVSA.  Les  peuples  barbares  du  Nord 
avaient  des  habitudes  de  vocalisation  qui  les  por- 
taient à  confondre  A  final  avec  O  final.  Il  en  est 
encore  ainsi  dans  les  langues  suédoises  et  norvé- 
giennes. CVSA  était  donc  pour  eux  une  équiva- 
lence de  CVSO  et  se  déclinait  comme  Cicero 
d'après  la  forme  de  la  troisième  déclinaison.  La 
preuve  de  ce  fait  a  été  fournie  par  les  nombreux 
textes  cités  par  M.  Bonnardot  dans  les  Comptes 
rendus  de  la  Société  française  de  numismatique, 
t.  III. 

Grégoire  de  Tours,  notamment,  dit  Attilanis, 
Attilanem,  Attilane,  lorsqu'il  latinise  le  nom  du 
célèbre  roi  des  Huns. 

La  numismatique  mérovingienne,  ajoute  M.  le 
vicomte  d'Amécourt,  offre  un  certain  nombre 
d'exemples  de  cette  manière  de  décliner  les  noms 
saxons  qui  sont  presque  tous  terminés  par  la 
lettre  A. 

Ainsi,  à  Rouen,  on  trouve  PECCANE,  ablatif 
de  PECCA;  à  Genève,  TILINANE,  ablatif  de 
TILINA,  etc. 

Voici  maintenant  les  tiers  de  sou,  frappés  à 
Dinant,  connus  actuellement  :  M.  Perreau  a  décrit 
dans  notre  Revue  (année  1846)  et  figuré  (pi.  VII, 


432 

n°  3)  un  triens  portant  au  droit  la  légende  DEON- 
TE  X  et  au  revers  :  ABOLBNO  MO.  Le  nom  du 
monétaire  a  été  mal  lu  ;  tous  les  numismates  lisent 
aujourd'hui  :  ABOLENO.  La  lettre  X  de  DEON- 
TE  X  n'est  qu'une  croisette  terminale.  Cette  mon- 
naie, achetée  à  M.  De  Coster,  fait  aujourd'hui 
partie  de  la  riche  collection  de  M.  d'Amécourt, 
qui  la  décrit  ainsi  :  +  AEONTE  -h  —  ABO- 
LENO MO. 

Une  autre  pièce  frappée  par  le  monétaire  CARI- 
FRIDVS  (CARIFRIDO-M)  porte,  au  droit,  une 
légende  que  M.  Perreau  lisait  DEONV  (pi.  VII, 
n°  i),  mais  qui  est  douteuse,  puisque  M.  Robert 
voit  DEONANTEFT  et  M.  d'Amécourt, 
DEONA/VC  CI. 

A  l'époque  de  la  notice  de  M.  Perreau,  cette 
pièce  se  trouvait  dans  le  cabinet  de  M.  Van  der 
Meer,  à  Tongres.  Aujourd'hui,  elle  repose  dans  les 
collections  du  musée  archéologique  de  Namur. 

Notre  aimable  confrère,  M.  Bequet,  de  Namur, 
a  eu  l'obligeance  de  me  soumettre  ce  triens  dont 
j'ai  lu  la  légende  ainsi  :  dEON/WE  FT  — 
CARIFRIDOM. 

Ce  triens,  comme  celui  de  Mlle  de  Man,  montre 
au  revers  une  croix  haussée,  mais  au-dessous,  au 
lieu  d'une  petite  croix,  sont  espacés  six  globules 
rangés  en  deux  lignes. 

Dans  le  même  volume  de  la  Revue,  M.  Chalon 
avait  déjà  signalé  un  triens  trouvé  aux  environs 
de  Mons,  dont  il  lisait  la  légende  :  DEONANTEX 


433 

et  AMERNO  MO  ■  (pi.  VII,  n°  2).  M.  Ch.  Robert 
préfère  lire  le  nom  du  monétaire  :  AHEINO 
MO  '  —  Je  préfère  la  lecture  de  M.  Chalon. 

D'un  autre  côté,  M/  Cartier  avait  fait  connaître 
dans  la  Revue  française  (1840,  p.  107,  pi.  VI,  n°  27) 
un  triens  du  monétaire  ABOLINVS  (ABOLINO), 
avec  le  nom  du  lieu  d'émission  :  DEONANT. 

Combrouse  a  reproduit  cette  pièce  dans  son 
ouvrage  sur  les  Monétaires  des  rois  mérovingiens 
(pi.  XXIII,  n°  9). 

Elle  faisait  partie  de  la  collection  Bohl,  à 
Coblentz. 

M.  le  vicomte  d'Amécourt  possède  dans  sa  riche 
collection  une  variété  de  ce  triens  avec  les 
légendes  :  DEONANTI  et  ABOLINO  ■ 

Enfin,  réunissant  toutes  ces  monnaies,  M.  Piot 
les  a  de  nouveaux  citées  dans  la  Revue  belge 
de  1848,  en  y  ajoutant  toutefois  un  triens  appar- 
tenant alors  à  M.  Justen.  La  légende  du  droit,  en 
partie  illisible,  était  :  AME  ••••  (peut-être  Amer- 
nus).  ON  (mon)  et  celle  du  revers  :  DEONANTE 
FIT.  C'est  peut-être  la  pièce  sur  laquelle  M.  Robert 
distingue  les  caractères  :  DEOI1I11TE  FIT  et 
OIIVNAMI. 

Ne  serait-ce  pas  le  triens  appartenant  au  musée 
archéologique  de  Namur,  avec  une  légende  en 
partie  indéchiffrable,  mais  qui  peut  être  lue  : 

A  M  I   O   •  MON 

DEONANTE  FIT. 


434 

En  i85o,  dans  la  Revue  française  (p.  26,  pi.  I,  n°  8), 
M.  Robert  a  encore  fait  connaître  un  triens  signé 
par  le  monétaire  HAROALDVS  MO  (DEO- 
NANTE  FIT)(cette  pièce,  appartenant  à  M.  d'Amé- 
court,  provient  de  la  collection  Norblin),  et 
M.  Chalon,  dans  notre  Revue  (année  186g,  p.  53), 
a  décrit  un  tiers  de  sou  avec  la  légende  DEV- 
NANTEX  (frappé  par  le  monétaire  AMERINVS. 
Un  triens  presque  semblable  a  été  acheté  à  M.  De 
Coster,  par  M.  le  vicomte  d'Amécourt,  qui  me 
décrit  les  légendes  de  la  manière  suivante  :  DEV- 
NANTE  4-  —  AMERNO  MO  • 

Le  musée  archéologique  de  Namur  possède  un 
triens  sur  lequel  j'ai  lu   très  distinctement  les 

inscriptions  :  DEVNANTEX  —  AMERINO  MO. 

C'est  sans  doute  la  pièce  décrite  par  M.  Chalon. 
Le  triens  acheté  par  M.  d'Amécourt  à  M.  De 
Coster  se  rapproche  par  la  légende  de  la  monnaie 
indiquée  plus  haut. 

Une  autre  pièce  de  sa  collection  porte  :  AENVNV 
IC  —  SIVILQOIO  IU  (?),  mais  son  attribution 
à  Dinant  est  discutable. 

M.  Robert  me  signale  encore  un  triens  où  on 
lit,  d'un  côté,  DEONANT  et,  de  l'autre,  ARO- 
BERTE  M  ;  mais  M.  le  vicomte  d'Amécourt,  qui 
ne  connaît  pas  ce  monétaire,  me  fait  justement 
remarquer  que  AROBERTE  n'est  pas  un  nom  et 
doit  probablement  être  une  altération  de  ARNO- 
BERTE. 


435 

CVSA  est  donc  un  nouveau  nom  qu'il  faut 
ajouter  à  la  liste  des  monétaires  mérovingiens  qui 
ont  frappé  monnaie  à  Dinant.  Aucun  homonyme 
n'est  cité  dans  la  nomenclature  des  monnayeurs 
mérovingiens,  publiée  par  M.  A.  de  Barthélémy. 

G.  Cumont. 

Avril  1887. 


436 


UN  MÉDAILLON  ANÉPIGRAPHE 


ROI  HENRI  IV  ET  D'UN  CONNÉTABLE  DE  FRANCE. 


A  Monsieur  G.  Cumont,  secrétaire  de  la  Société 
royale  de  numismatique  de  Belgique  et  l'un  des 
Directeurs  de  la  Revue. 


Planche  XIII. 


Mon  cher  Confrère, 

Dans  les  Mélanges  du  dernier  fascicule  de  la 
Revue  belge  de  numismatique,  vous  avez  bien  voulu 
,  consacrer,  à  mes  Desiderata  de  la  numismatique  du 
Dauphiné  ('),  quelques  lignes  aussi  courtoises  que 
bienveillantes.  Je  vous  en  remercie,  et  comme 
vous  témoignez  le  désir  desavoir,  d'une' manière 
plus  précise  que  je  ne  l'ai  fait,  sur  quelles  raisons 
je  m'appuie  pour  attribuer  la  belle  médaille  que 
j'y  ai  donnée  au  Connétable  de  Lesdiguières,  je 
m'empresse  de  vous  les  soumettre.  Vous  aurez 
remarqué,  sans  doute,  que  le  titre  de  mon  article, 
Le  Connétable  de  Lesdiguières,  était  un  titre  général 

(')  Petite  Revue  dauphinoise,  1886,  n°  9. 


437 

et  non  spécial  ;  qu'il  ne  concernait  pas  seulement 
cette  médaille,  mais  une  autre  encore,  —  celle-là 
non  sujette  à  discussion,  —  et  que,  du  reste,  la 
partie  de  cet  article  relative  à  la  pièce  en  question 
était  écrite  avec  toutes  sortes  de  prudentes  réserves, 
indiquant  fort  bien  qu'il  n'y  avait  chez  moi  aucun 
parti  pris.  Je  ne  sais  si,  —  dans  une  question  toute 
de  sentiment  et  de  raisonnement,  en  l'absence  de 
preuves,  — je  réussirai  à  vous  ranger  à  mon  opi- 
nion ;  je  la  soumets  néanmoins  en  toute  humilité 
à  votre  jugement  et  à  celui  de  mes  confrères,  et  je 
viens  vous  exposer  les  motifs  qui  l'ont  corroborée 
pour  moi.  J'espère  que,  s'ils  ne  font  pas  tomber 
tous  les  doutes,  ils  trouveront  toutefois  quelque 
chance  de  considération  dans  la  franchise  avec 
laquelle  je  veux  les  exposer.  C'est,  du  reste,  une 
trop  belle  occasion  pour  moi  de  faire  connaître 
une  médaille  que  Charvet,  —  un  fin  connaisseur, 
celui-là,  —  avait  déjà  attribuée  à  Lesdiguières, 
mais  sans  donner  aucun  motif  de  son  affirmation. 
Ce  numismate,  en  effet,  l'avait  publiée  longtemps 
avant  moi  dans  son  Catalogue  de  la  vente  Petetin 
(1860),  devenu  fort  rare,  et  c'est  d'après  la  gravure 
de  ce  dernier  que  j'ai  eu  la  pensée  de  la  reproduire 
dans  notre  Petite  Revue  dauphinoise,  qui  n'est  guère 
répandue  hors  de  la  région.   La  Revue  belge  de 
numismatique   la   fera  donc  connaître  beaucoup 
mieux  (') ,  grâce  aux  nombreux  numismates  français 

(')  PI.  XIII,  n°  1. 


438 

et  étrangers  qu'elle  compte  dans  son  sein.  Autant 
je  suis,  de  ma  nature,  peu  porté  à  des  affirmations 
cassantes  et  sans  preuves,  autant  je  suis  heureux 
d'exposer  mes  assertions  avec  tous  les  moyens 
que  je  crois  propres  à  les  consolider;  et  si,  dans 
l'article  de  mes  Desiderata,  je  n'avais  avancé  aucun 
de  ceux  sur  lesquels  je  m'appuie  pour  soutenir 
mon  opinion,  c'est  que  non  erat  hic  locus.  Je  ne 
fais  donc  aucune  difficulté  de  vous  répondre  et  de 
vous  dire  pourquoi  j'ai  nommé  Lesdiguières  de 
préférence  à  celui  pour  lequel  peut-être  cette 
médaille  a  pu  être  conçue.  Une  affirmation,  pour 
moi,  n'est  jamais  une  preuve,  tant  qu'elle  n'est 
pas  accompagnée  de  bonnes  raisons.  Le  titre  de 
mon  article,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  n'était  qu'une 
enseigne  commune  à  plusieurs  médailles  du  même 
personnage  et  n'ayant,  malgré  l'apparence,  aucune 
intention  affirmative  ou  exclusive  au  sujet  de  celle 
dont  il  s'agit  ici.  Je  me  suis  fait,  du  reste,  les  nom- 
breuses objections  qu'on  pourrait,  je  crois,  m'op- 
poser,  et  je  vais  vous  les  livrer  avec  l'entière  bonne 
foi  dont  je  suis  animé  en  toutes  choses. 

Quelques  faits,  appuyés  de  dates,  sont  ici  néces- 
saires à  invoquer  :  je  les  soumets  à  la  bienveillante 
appréciation  de  tous  mes  confrères. 

Le  Connétable  Anne  de  Montmorency,  qui  avait 
combattu  Henri  IV,  avait  été  tué  à  la  bataille  de 
Saint-Denis,  le  10  novembre  1567.  Il  est  donc  hors 
de  cause  dans  cette  question.  Voyons  si  son  fils 
Henri  y  serait  plus  admissible  que  lui. 


439 

Henri  Ier,  duc  de  Montmorency-Damville,  filleul 
du  roi  Henri  II,  avait  reçu  de  son  parrain  le  collier 
de  Chevalerie  de  son  Ordre  en  i557-  En  i562,  après 
la  bataille  de  Dreux,  le  roi  Charles  IX  lui  conféra 
la  charge  de  son  Lieutenant  général  et  Gouver- 
neur en  Languedoc,  sur  la  démission  de  son  père 
entre  les  mains  de  S.  M.  ;  puis  celle  de  Maréchal 
de  France  en  i566.  Après  la  bataille  de  Saint- 
Denis,  le  roi  le  constitua  son  Lieutenant  général 
au  pays  de  Guienne,  Provence  et  Dauphinê.  Mais, 
sous  Henri  III,  se  voyant  déchu  de  la  faveur  dont 
il  avait  joui  jusqu'alors,  il  se  retira  en  son  gou- 
vernement de  Languedoc  où  il  demeura  près  de 
vingt  ans  sans  venir  à  la  Cour,  se  ligua  avec  les 
Huguenots,  qui  le  firent  leur  chef  en  1574,  etc.,  etc. 
Il  rentra  depuis  dans  son  devoir  et  abandonna  les 
Huguenots  ('). 

Mais  Henri  IV  succéda  à  Henri  III,  et  «  ayant 
esgard  à  sa  longue  expérience  au  fait  de  la  guerre, 
et  à  l'affection  qu'il  auoit  comme  héréditaire  au 
bien  et  à  la  manutention  de  cet  Estât,  il  luy  conféra 
le  vin.  iour  de  Décembre  mille  cinq  cents  quatre- 
vingts-treize,  l'office  de  Connestable  de  France 
auquel  il  n'auoit  encore  esté  pourueu  depuis  le 
décès  d'ANNE  de  Montmorency  son  père.  De  sorte 
qu'il  se  trouue  auoir  été  le  sixiesme  de  sa  Maison, 
qui  a  dignement  exercé  cette  première  charge  de  la 


(')  Le    P.    Anselme,    Hist.    généal.   et  chronol.   de   la    Maison 
royale,  etc.;   Paris,  1712,  p.  336. 


440 

couronne  solstice  des  honneurs   militaires  »  ('). 

Ce  Connétable  mourut  le  Ier  avril  1614.  Il  était 
chevalier  des  Ordres. 

Après  la  mort  d'Henri  IV,  arrivée  en  1610, 
Louis  XIII  était  monté  sur  le  trône,  et  le  Duc  de 
Lesdiguières,  dont  nous  n'avons  pas  à  raconter 
ici,  ce  qui  nous  entraînerait  trop  loin,  la  longue 
carrière  de  fidélité  à  son  souverain  et  les  services 
glorieux  qu'il  lui  avait  rendus,  continua  à  servir 
le  nouveau  roi  avec  la  même  fidélité  et  la  même 
gloire.  Mais  Louis  XIII  ne  songea  point  à  donner 
un  successeur  à  Henri  de  Montmorency. 

Ce  ne  fut  que  vers  1621,  que  le  duc  de  Luynes, 
son  favori,  réussit  à  faire  rétablir  la  Connétablie  à 
son  profit  personnel,  malgré  les  services  du  vieux 
maréchal  de  Lesdiguières,  resté  protestant.  Il  la 
doit  donc  à  Louis  XIII  et  n  'a  jamais  eu,  du  reste, 
aucun  rapport  avec  Henri  IV.  Six  mois  après, 
la  mort  le  saisit,  et  la  charge  de  Connétable  passa 
enfin  au  Duc  de  Lesdiguières,  devenu  catholique. 

De  ce  qui  précède,  n'est-on  pas  naturellement 
porté  à  donner  à  Henri  de  Montmorency  cette 
magnifique  médaille  qui  unit  le  premier  dignitaire 
du  royaume  à  son  souverain,  à  celui  qui  lui  a 
conféré  le  titre  qui  le  rapproche  le  plus  de  lui- 
même  ?  Certes,  cette  attribution  a  été  ma  première 
pensée...  Et  pourtant,  en  y  réfléchissant  bien,  le 


(')  A.  du  Chesne,  Hist.  de  la   Maison  de  Montmorency     Paris, 
Cramoisy,  1624,  p.  454. 


44i 

mutisme  des  deux  faces  de  cette  médaille  devient 
inexplicable    si    on   veut    la    considérer   comme 
contemporaine  du  roi  et  de  son  Connétable.  Com- 
ment supposer  que,  pour  rappeler  un  aussi  grand 
événement,    on   eût    pu,    sous   le   règne    même 
d'Henri  IV,  oublier  d'y  placer  les  noms  de  celui 
qui  conférait  l'honneur  et  surtout  de  celui  qui  le 
recevait?  Cela  est  inadmissible. 
Ainsi  que  je  le  disais  dans  mes  Desiderata  : 
«  Dans  quelles  circonstances  ce  beau  médaillon 
a-t-il  dû  être  frappé  (j'aurais  peut-être  mieux  fait 
de  dire  exécuté,  car  je  ne  l'ai  pas  vu  et  n'ai  pu  en 
étudier  le  travail)?  Demande  indiscrète!...  Et  je 
répondrai  franchement  au  questionneur  que  je 
l'ignore  autant  que  lui-même.  Cependant,  s'il  faut 
absolument  émettre   un  avis,  je  suis  disposé    à 
penser  que  le  Connétable  de  Luynes  étant  mort  le 
i5    décembre    1621    et    Lesdiguières  n'ayant  pu 
obtenir  sa  succession  qu'en  1622,  —  à  la  suite  de 
son  abjuration,  —  ce  petit  monument  commémo- 
ratif  a  été  exécuté  pour  la  circonstance;  et,  comme 
Henri  IV  était  mort  depuis  1610,  je  suis  porté  à 
croire  qu'en  réunissant  sur  le  médaillon  le  buste 
de  ce  souverain  à  celui  du  nouveau  Connétable, 
on  a  simplement  voulu  rappeler  les  services  rendus 
par  Lesdiguières  à  celui  dont  il  avait  épousé  la 
cause,  qu'il  avait  contribué  par  ses  hauts  faits  et 
sa  fidélité  à  rétablir  sur  son  trône,  et  aussi  l'estime 
dont  ce  dernier  lui  avait  donné  tant  de  marques. 
«  Me  trompé-je,  ajoutais-je?...  Cela  se  peut  fort 

Année  1887.  28 


442 

bien.  Je  ne  demande  pas  mieux  que  de  voir  mon 
appréciation  purement  instinctive  remplacée  par 
une  opinion  non  basée  sur  le  sentiment,  comme  la 
mienne,  mais  s'appuyant  sur  des  preuves  réelles.  » 

Par  les  dates,  je  viens  de  le  dire,  ce  médaillon 
semble  appartenir  de  droit  à  l'époque  d'Henri  IV, 
et,  par  conséquent,  au  Connétable  Henri  de  Mont- 
morency. Voyons  si,  par  des  preuves  plus  saisis- 
sables  encore,  tirées  de  l'iconographie,  nous  ne 
pourrons  pas  nous  convaincre  qu'il  ne  peut  lui 
être  attribué. 

Je  ne  connais,  il  est  vrai,  que  deux  portraits  du 
Connétable  Henri  de  Montmorency  :  l'un  avec  la 
perruque  bouclée,  la  moustache  relevée  en  éventail 
sur  les  coins  de  la  bouche,  la  barbe  pointue  et 
réduite  au  menton  seul,  le  large  col  brodé  et 
rabattu  sur  la  cuirasse  et  l'écharpe  de  l'époque  de 
Louis  XIII  (');  l'autre  est  une  statue  équestre 
placée  sur  son  tombeau.  Le  Connétable  y  est  repré- 
senté avec  une  tête  entièrement  chauve  sur  la  partie 
antérieure,  la  moustache  rigide  et  horizontale, 
et  la  barbe  entière  taillée  à  la  mode  du  temps.  Il  est 
couvert  de  sa  cuirasse  et  ne  porte  aucun  insigne 
sur  sa  poitrine,  quoiqu'il  fût  décoré  des  Ordres  du 
Roi  (*).  Rien,  du  reste,  dans  les  traits  qui  fasse 

(')  Ce  portrait  se  trouve  à  la  Bibliothèque  de  Grenoble,  dans  le 
Recueil  factice  de  portraits  par  différents  graveurs,  4e  vol.  portant 
en0  8464  de  la  bibliothèque  de  Caulet.     . 

(*)  Cette  gravure  se  trouve  dans  VHist.  généalogique  de  la  maison 
de  Montmorency,  d'ANDRÉ  du  Chesne,  Paris,  1624,  p.  454. 


443 

songer  à  ceux  de  son  père  ou  de  son  fils,  avec 
lesquels,  probablement,  il  a  dû  avoir  cet  air  de 
famille  que  l'on  observe  sur  leurs  médailles.  Rien, 
non  plus,  autant  sur  la  première  gravure  que  sur 
cette  dernière,  qui  permette  de  les  rapprocher  de 
ceux  que  nous  offre  notre  médaillon  ('). 

A  ces  deux  portraits,  qui  ne  me  satisfont  nulle- 
ment au  point  de  vue  recherché  par  moi,  je  ne 
puis  opposer  que  les  deux  médailles  frappées  en 
l'honneur  de  Lesdiguières,  l'une  en  1600,  l'autre 
en  IÔ23  ;  mais  la  première,  —  celle  de  1600,  gravée 
parDupré,  — n'est-elle  pas  une  preuve  suffisante 
et  bien  admissible  ou  plausible?  La  présente 
effigie,  en  effet,  est  presque  la  copie  de  cette  pièce, 
à  laquelle,  pour  le  besoin  de  ma  démonstration, 
j'emprunte  son  buste  (pi.  XIII,  n°  2).  La  figure, 
pourtant,  semble  un  peu  rajeunie  et  la  barbe  s'y 
trouve  moins  touffue.  Sur  dix  portraits  peints  par 
des  artistes  différents,  on  observera  dix  ressem- 
blances particulières,  car  chacun  d'eux  a  sa  manière 
de  voir  et  de  rendre  ce  qu'il  voit,  et  fait  plus  ou 
moins  ressemblant.  Mais  cette  médaille,  tout  en 
rappelant  celle  de  Dupré,  —  comme  composition, 
mais  non  comme  style,  —  a  bien  pu  offrir  un 
portrait  rajeuni  par  le  graveur  inconnu  à  qui  elle 
est  due  et  qui  peut-être  s'est  inspiré,  pour  son 
œuvre,  d'un  autre  portrait  de  Lesdiguières,  moins 
avancé  en  âge.  Du  reste,  même  profil,  même  attitude, 

(')  PI.  XIII,  n°  3. 


444 

même  fraise,  même  cuirasse,  à  peu  de  chose  près  : 
on  dirait,  sauf  les  différences  que  j'ai  signalées, 
la  copie  de  la  pièce  de  Dupré,  à  laquelle  on  a 
pourtant  ajouté  l'écharpe  flottante,  comme  pour 
l'effigie  du  roi  placée  sur  l'autre  face.  Il  n'y  a  rien 
d'absolu  en  fait  de  ressemblance.  Qui  sait  même 
si  l'artiste,  —  en  présence  des  deux  médailles  que 
nous  connaissons  de  Lesdiguières  et  qui  ont  des 
têtes  si  différentes,  à  21  ans  d'intervalle,  —  n'a 
pas  eu  le  parti  pris  de  rajeunir  encore  notre 
Dauphinois  pour  mieux  rappeler  sa  fidélité  à  celui 
qu'il  servait  alors  qu'il  était  plus  jeune?  Le  por- 
trait du  roi  lui-même,  avec  son  chapeau  et  son 
fameux  panache  de  combat,  semblerait  venir  à 
l'appui  de  ma  conjecture. 

Cette  médaille,  du  reste,  sort  des  usages  ordi- 
naires. Nous  en  connaissons  d'autres,  frappées 
pour  des  Connétables  ;  mais  toutes  sont  person- 
nelles, possèdent  des  légendes,  et,  sur  aucune, 
on  ne  voit  le  portrait  du  souverain  associé  à  celui 
de  son  dignitaire.  Telles  sont,  pour  cette  époque, 
celles  d'Anne  de  Montmorency  et  de  Luynes. 
Il  y  a  donc  eu  des  motifs  particuliers  à  la  concep- 
tion de  cette  pièce  d'un  genre  à  part,  et,  je  ne  sais 
si  je  me  trompe,  je  crois  les  avoir  indiqués. 

Et  maintenant,  mon  cher  confrère,  malgré  les 
légères  différences  que  j'ai  fait  remarquer,  diffé- 
rences dues  sans  doute  au  burin  de  l'artiste  autant 
qu'au  portrait  choisi  par  lui  pour  le  modèle  de  sa 
gravure,  à  son  faire  autant  qu'à  l'idée  peut-être  de 


445 

celui  qui  aura  fait  exécuter  cette  médaille,  je  laisse 
mon  lecteur  juge  d'établir  si  je  m'égare  à  la  pour- 
suite per  fas  et  nef  as  d'une  idée  qui  est  la  mienne, 
comme  elle  a  été  celle  de  Charvet,  mais  que  je 
n'entends  imposer  à  personne.  Seulement,  je  donne 
mes  motifs,  tout  en  ignorant  ceux  de  ce  numis- 
mate. Et,  —  comme  cela  m'a  été  dit,  —  qu'on  ne 
vienne  pas  m'objecter  que  ce  connaisseur  émérite 
avait  voulu  attribuer  ainsi  cette  médaille  dans 
un  but  uniquement  mercantile!...  Une  médaille 
d'Henri  IV,  unique  et  offrant  le  portrait  même 
inconnu  d'un  personnage  contemporain,  n'avait 
pas  besoin  de  pareils  moyens  pour  se  vendre  avan- 
tageusement (*),  et  je  ne  suis  pas  de  ceux  qui  sont 
toujours  portés  à  ne  considérer  que  le  mauvais  côté 
des  choses  ou  à  intenter  des  procès  de  tendance. 

La  pièce  est  anépigraphe.  Elle  ne  porte  pas  de 
signature,  et  je  ne  suis  pas  assez  versé  dans  la 
connaissance  des  graveurs  de  cette  époque  pour 
me  permettre  d'avancer  un  nom,  qui  deviendrait 
sans  doute  une  date  et  un  point  de  repère  assuré. 
D'autres  oseront  sans  doute,  et  je  ne  serai  pas 
le  dernier  à  applaudir  à  leurs  efforts,  s'ils  réunis- 
sent à  donner  des  preuves  d'une  apparence  plus 
spécieuse  que  les  miennes. 

Quant  à  l'époque  de  son  apparition,  —  selon 

(')  Disputée  su  feu  des  enchères,  cette  médaille,  ainsi  que  je  l'ai 
avancé  dans  mes  Desiderata,  est  passée  en  Hollande.  Elle  a  été  payée 
41 5  francs;  mais,  malgré  mes  recherches,  je  n'ai  pu  découvrir  dans 
quelle  collection  elle  se  trouve  maintenant. 


446 

mon  système,  —  elle  a  pu  tout  aussi  bien  être 
faite  lors  de  l'élévation  de  Lesdiguières  à  la  charge 
de  Connétable  que  quelques  années  plus  tard,  et 
j'incline  même  à  penser  maintenant  qu'elle  pour- 
rait être  un  monument  commémoratif  consacré  à 
sa  mémoire,  lors  de  sa  mort  arrivée  en  1626,  ou 
peu  après.  N'en  avait-on  pas  fait  autant  pour 
le  Connétable  Anne  de  Montmorency,  dont  la 
médaille,  publiée  par  Antony  Durand  f),  le  repré- 
sente à  l'âge  de  soixante-quatorze  ans  (époque  de 
sa  mort)  et  la  tête  couronnée  de  laurier. 

Telles  sont,  mon  cher  confrère,  les  raisons  sur 
lesquelles  j'ai  cru  devoir  m'appuyer  dans  mon 
attribution  toute  conjecturale.  Je  n'y  ai  mis,  je 
vous  le  répète,  aucun  parti  pris,  et  j'ai  voulu 
chercher  la  vérité.  Si  j'y  ai  réussi,  tant  mieux  ! 
Si  non,  je  n'ai  point  de  meâ  culpâ  à  me  reprocher. 
Que  cette  médaille  soit  de  Lesdiguières  ou  d'Henri 
de  Montmorency,  peu  m'importe  !  Je  serai  suffi- 
samment satisfait  d'avoir  contribué  à  la  faire 
connaître.  N'appartient-elle  pas  toujours  à  un 
Gouverneur  Lieutenant-général  pour  le  roi  en 
Dauphiné  et,  à  quelque  point  de  vue  que  l'on  se 
place,  n'offre-t-elle  pas  toujours  un  vif  intérêt 
pour  cette  province  ? 

Agréez,  etc. 

G.  Vallier. 

Grenoble,  avril  1887.  * 

(')  Médailles  et  jetons  des  Numismates  ;  Genève,  Ramboz  et  Schu- 
chardt,  i865,  p.  i36,  pi.  IX,  n°  4. 


447 


MEREAUX 


COLLÉGIALE  DE  SAINT-JEAN  LMNGÉLISTE  A  LIÈGE, 


La  collégiale  de  Saint-Jean  l'Evangéliste  à 
Liège  fut  bâtie  en  l'an  982  (')  par  l'évêque  Notger. 
Ce  prélat  y  établit  trente  chanoines,  auxquels  il  fit 
don  des  revenus  de  l'ancien  chapitre  de  Chèvre- 
mont,  entre  autres,  de  quinze  seigneuries  à  clo- 
cher, que  les  chanoines  possédaient  en  titre  (*). 

La  collégiale  avait ,  en  1788 ,  un  doyen ,  un 
écolâtre,  un  coste,  un  chantre,  un  secrétaire, 
vingt-neuf  bénéficiers  et  dix-neuf  non-résidents  (3). 

(')  Tableau  ecclésiastique  de  la  ville  et  du  diocèse  de  Liège,  pour 
Van  MDCCLXXXVIII,  p.  35. 

(*)  Délices  des  Pays-Bas,  1785,  t.  IV,  p.  102,  ouvrage  qui  fait 
remonter  la  fondation  à  980. 

(3)  Tableau  ecclésiastique,  déjà  cité,  pp.  35,  36  à  39. 


448 

Dès  une  époque  assez  ancienne,  au  xve  siècle, 
le  chapitre  faisaitusage.de  méreaux  ou  jetons 
de  présence,  nommés  signa,  plumba  ou  plumbeta. 

La  première  mention  de  méreaux,  connue  par 
les  statuts  capitulaires  qui  existent  encore  aux 
Archives  de  l'État  à  Liège,  remonte  à  l'an- 
née 1497  (')  ;  elle  est  conçue  dans  ces  termes  : 

«  Il  sera  fait  des  plombs,  plumba,  qui  seront 
remis  à  ceux  qui  assistent  aux  matines  avant 
la  première  leçon  et  y  demeurent  jusqu'au 
Benedictus;  pour  les  messes,  à  ceux  qui  entrent 
avant  la  Préface  et  restent  jusqu'à  YAgnus  Dei; 
pour  les  vêpres,  à  ceux  qui  y  arrivent  avant 
l'hymne  et  y  sont  présents  jusqu'aux  Laudes. 
Le  plomb  aura  pour  chacune  de  ces  heures 
une  valeur  de  11  sols  liégeois  en  espèces  ou  xn 
deniers  (*).  » 

«  De  même,  pour  les  processions  à  l'extérieur 


(!)  Registre  Statuta  ecclesiœ,  n°  256g,  fol.  lxii  v°. 

(*)'  Que  faut-il  entendre  par  la  valeur  de  deux  sols  liégeois  en 
espèces  ou  xn  deniers  (n  s.  leod.  in  speciosa  vero  xn  den.)%  Notre 
savant  et  obligeant  confrère,  M.  le  baron  Jules  de  Chestret,  qui 
s'occupe  avec  tant  de  succès  de  la  numismatique  du  pays  de  Liège, 
nous  écrit,  le  28  mai  1887,  tout  en  reconnaissant  la  difficulté  de  l'inter- 
prétation, qu'il  résulte  de  ce  texte,  comme  de  tous  les  documents  du 
temps,  que  les  n  sols  liégeois  étaient  des  monnaies  de  compte;  que  les 
xn  deniers  étaient  de  petits  deniers  noirs,  probablement  du  système 
brabançon,  comme  les  monnaies  d'argent  de  Jean  de  Horn  ;  que  la 
preuve  existe  dans  cette  évaluation  du  cri  de  1494  :  «  Des  mites 
forgées  à  Hasselt  (grands  deniers  noirs),  les  deux  feront  j  solz 
liégeois.  » 


449 

du  cloître,  chaque  présent,  retournant  avec  le 
chœur,  touchera  xn  sous  de  liégeois.  » 

Il  fut  résolu  en  chapitre  général,  le  lendemain 
de  la  Saint-Jean-Baptiste  de  l'année  1498  ('),  qu'il 
serait  donné  un  plomb  aux  chanoines  assistant 
aux  heures  du  jour,  horis  diurnis,  suivant  l'ordon- 
nance reproduite  ci-dessus. 

Il  conste  d'une  résolution  capitulaire  de  l'an- 
née 1499  qu'au  gardien  des  heures,  custos  horarum, 
appartenait  la  mission  de  la  distribution  des 
méreaux  et  de  la  tenue  de  la  cartabelle  ('2). 

Dans  un  acte  du  chapitre  général  célébré  le  len- 
demain de  l'Assomption  de  la  même  année  1499, 
acte  intitulé  de  distributione  plumbi,  la  distribution 
de  méreaux  aux  chanoines  présents  est  virtuelle- 
ment confirmée  ;  il  est  accordé  aussi  «  un  denier 
de  trois  sous  » ,  dabitur  denarius  trium  solidorum  (3) , 
à  ceux  qui  assistent  aux  Vigiles  des  morts  et  éga- 
lement pour  la  présence  aux  messes  des  morts; 
toutefois  les  vieillards  débiles  et  les  infirmes  ne 
perdront  rien  (4)  par  leur  absence. 

Au  commencement  de  i582  (entre  le  20  février 
et  le  2  mars)  (6),  le  chapitre  désigne  pour  son  sous- 

(')  Reg.  cité,  fol.  lxvii. 

(2)  Reg.  cité,  fol.' lxvii  v°. 

(3)  Nous  ne  connaissons  pas  de  denier  de  3  sous.  S'agit-il  bien  ici 
d'une  monnaie  liégeoise?  D'après  la  note  2  de  la  page  précédente,  les 
3  sols  valaient  18  petits  deniers  noirs. 

(4)  Reg.  cité,  fol.  lxxv. 

(5)  Reg.  n°  470/2571.  Actes  capitulaires,  1573-1584.  La  partie  supé- 


45o 

chantre,  succentor,  maître  Adam  de  Ponte,  et  lui 
alloue  un  salaire  de  3  florins  de  Brabant,  à  payer 
par  le  grand  compteur,  et  la  même  somme  en 
plombs,  in  plumbetis,  pour  toutes  les  heures  aux- 
quelles il  assistera. 

Adam  de  Ponte  était  compositeur  ;  il  collabora 
au  Novus  Thésaurus  musicus  de  Pierre  Joanelli, 
imprimé  à  Venise  en  i568.  Ce  recueil  est  considéré 
comme  un  des  plus  splendides  et  des  plus  consi- 
dérables qui  aient  vu  le  jour  au  xvie  siècle  ('). 

Le  2  avril  1601,  il  est  résolu  qu'il  sera  distribué 
des  plombs,  plumbeta,  d'un  demi-Ernest  (*),  à 
chaque  réunion  capitulaire  indiquée  la  veille  (*). 

On  se  permettait  de  remettre  des  méreaux  à 
ceux  qui  ne  se  rendaient  pas  au  chapitre.  Cet  abus 
donna  lieu,  le  16  mai  1601,  à  une  protestation  de 
la  part  de  l'écolâtre,  qui  disait  que  lui  aussi  ne 
voulait  pas  perdre  son  méreau,  s'il  venait  à  s'ab- 
senter. Le  chanoine  Massey  s'associa  à  cette  pro- 
testation (*). 

Nous  avons  l'heureuse  chance  de  posséder  un 
des  méreaux  primitifs  du  xve  siècle  ;  il  porte,  au 
droit,  la  tête  de  saint  Jean,  aux  longs  cheveux, 


rieure  du  feuillet  où  se  trouve  inscrite  la  date  de  cet  acte  capitulaire 
est  endommagée  ;  nous  ne  pouvons  donc  en  donner  la  date  précise. 

(*)  Sic  :  Van  der  Straeten,  Musique  aux  Pays-Bas,  t.  II,  fol.  64. 

(*)  Le  demi-Ernest  valait  deux  vieux  partards  courants,  monnaie 
brabançonne. 

(3)  Reg.  n°  473/2574.  Actes  capitulaires ,  1600- i6o5. 

(*)  Ibid. 


45 1 

et  au  revers  une  rosace  entourée  de  cinq  lobes, 
cantonnés  chacun  d'un  globule,  avec  la  légende 
gothique  :  S  '  (retourné)  {sanctus)  JOANNES  ■  S 
(retourné)  C  (signum  capitult).  C'est  peut-être  le 
seul  méreau  de  la  collégiale  retrouvé.  Il  est  gravé 
en  tête  de  cette  notice. 

A  la  même  époque,  on  qualifiait  également  les 
méreaux  de  signa,  dans  la  collégiale  de  Saint- 
Sulpjce,  à  Diest. 

De  Schodt. 


452 


CORRESPONDANCE 


Deux  lettres  de  M.  Pety  de  Thozée,  consul  général 
de  Belgique  à  Bombay,  à  M.  G.  Cumont,  secré- 
taire de  la  Société  belge  de  numismatique,  à  propos 
des  cowries  ou  cauris  employés  aux  Indes. 


Bombay,  le  3i  janvier  1887. 

Monsieur  et  honoré  Confrère, 

Votre  lettre  est  venue  me  surprendre  agréable- 
ment. Ici,  en  fait  de  numismatique,  je  n'entends 
jamais  rien,  sauf  les  frasques  de  Dame  Roupie, 
qui  fait  beaucoup  parler  d'elle,  depuis  que  je  suis 
aux  Indes.  L'arrivée  d'un  amateur  belge  en  ces 
parages  n'y  est  absolument  pour  rien,  je  vous  prie 
de  le  croire. 

Je  n'ai  pas  encore  découvert  une  seule  collec- 
tion ;  mais  je  verrai  des  choses  curieuses,  m'as- 
sure-t-on,  chez  les  rajahs,  les  chefs  indigènes,  que 
je  visiterai  la  saison  prochaine.  Ils  aiment  à  orner 
les  colliers  de  leur  femme  et  de  leurs  enfants  de 
monnaies  frappées  par  leurs  ancêtres  :  médailles 
de  prix  et  médaillier  gracieux.  Les  nababs  d'Eu- 
rope ne  pourraient  tous  satisfaire  des  fantaisies 
aussi  distinguées. 


453 

Dans  un  voyage  à  Goa,  j'ai  noté  plusieurs 
médailles.  Je  vous  enverrai,  quelque  jour,  une 
notice  de  la  numismatique  de  cette  colonie 
célèbre,  dont  l'histoire  m'intéresse  et  m'attire 
tout  spécialement.  L'es  grands  coups  d'épée  des 
Portugais  dans  l'Inde  ont  été  chantés  par  les 
Lusiades,  et  je  ne  connais  rien  de  plus  saisissant 
que  les  ruines  de  Goa,  la  «  reine  de  l'Orient  », 
cachées  sous  les  palmiers  de  jungles  désertes. 
Lorsque  l'on  a  visité,  sur  les  côtes  immenses  de 
Malabar  et  du  Konkan,  ces  forteresses  écroulées 
où  flotta  fièrement  le  drapeau  du  Portugal,  ces 
cités  détruites  ou  déchues,  Cochin,  Cranganore, 
Calicut,  Goa,  Chaul,  Bassein,  Daman  et  Diu, 
où  toutes  les  richesses  de  l'Inde  affluèrent  au 
xvie  siècle,  où  vécurent  Vasco  da  Gama,  Albu- 
querque,  Jean  de  Castro,  François  -  Xavier  et 
Camoëns,  où  ces  hommes  ont  souffert  et  se  sont 
illustrés,  quelle  joie  de  décrire  et  de  commenter 
les  petits  monuments  qui  rappellent  et  font 
revivre  de  si  glorieux  souvenirs  ! 

Paulo  minora  canamus... 

J'ai  vu,  au  bazar  de  Poona,  dans  le  Deccan,  à 
119  milles  de  Bombay,  une  monnaie  courante  que 
je  ne  croyais  plus  rencontrer  en  Asie,  mais  seule- 
ment chez  des  peuplades  de  la  Malaisie  et  de 
l'Afrique.  Cette  monnaie  est  le  cowry;  c'est  une 
petite  coquille  univalve,  appelée  par  les  savants 
Cyprœa  moneta,  de  son  usage  antique  et  spécial 


454 

dans  quelques  parages  du  vieux  monde.  Les 
cowries  ont  cours  dans  plusieurs  endroits  des 
Indes  orientales,  où  le  pie,  la  plus  petite  monnaie 
divisionnaire  de  cuivre,  n'est  pas  connu.  Leur 
valeur  varie,  selon  les  localités,  de  64  à  96  pour 
un  paisa.  Il  faut  4  paisas  pour  un  anna,  qui  vaut 
12  pies,  environ  12  centimes.  Si  vous  avez  bien 
suivi  ces  données,  vous  aurez  saisi  que  pour  payer 
un  centime,  vous  compterez  21  à  32  cowries.  Le 
boursicaut  des  gamins  indous,  dans  un  pli  de  leur 
pagne,  n'est  souvent  garni  que  de  ces  coquilles, 
qu'ils  échangent  contre  des  friandises  d'enfant. 
Mais  les  cowries  servent  à  de  moins  puérils  achats. 
Les  marchands  les.  rangent  au  bord  de  leurs 
échoppes,  en  petits  tas  de  forme  pyramidale, 
représentant  un  pie  ou  un  paisa.  On  n'a  jamais 
vu  de  tas  d'une  roupie;  ce  serait  comparable,  pour 
les  dimensions,  avec  la  pyramide  de  Chéops.  C'est 
peut-être  en  comptant  tout  jeunes  des  cowries, 
pour  acheter  des  bonbons  au  bazar,  que  les 
Indous  ont  développé  leur  esprit  scientifique  et 
sont  devenus  de  si  grands  mathématiciens.  Le 
fait  est  que  leurs  aïeux  connaissaient  la  numé- 
ration de  position  et  l'algèbre,  à  une  époque  où 
les  ancêtres  des  Belges  étaient  des  sauvages. 

Agréez,  cher   Monsieur,  l'expression   de    mes 
meilleurs  sentiments. 

Pety  de  Thozée. 


455 


Bombay,  le  i3  mars  1887. 

Monsieur  et  honoré  Confrère, 

Un  post-scriptum  à  ma  lettre  du  3i  janvier;  un 
nouveau  chapitre  de  l'histoire  de  la  plus  petite 
monnaie  subdivisionnaire  qui  soit  encore  au 
monde.  Jusqu'aux  approches  de  notre  temps,  des 
paysans  écossais  ont  fait  usage  de  clous  comme 
instruments  des  échanges;  au  Mexique,  on  s'est 
servi  de  graines  de  cacao  ;  en  Abyssinie,  des  fruits 
du  poivrier;  en  Russie,  de  cuirs  et  de  fourrures; 
à  Terre-Neuve,  de  morue  sèche;  en  Virginie,  du 
tabac,  auquel  un  décret  de  l'an  de  grâce  1618  donna 
cours  forcée  Les  cowries  sont  bien  plus  jolis  que 
toutes  ces  matières  de  boutiquiers  et  de  mar- 
mitons, plus  élégants,  plus  solides,  plus  durables, 
plus  inaltérables,  plus  homogènes  et  surtout  plus 
antiques.  Avant  d'ajouter  plus  utiles,  je  devrais 
savoir  à  quoi  peuvent  servir  ces  coquets  coquil- 
lages. A  la  parure  des  femmes,  a-t-on  dit.  Cela 
expliquerait  qu'ils  aient  survécu  aux  autres  mon- 
naies de  fantaisie  des  peuplades  aux  mœurs 
simples  et  primitives. 

Cristobal  Colon  découvrit  un  second  monde 
en  cherchant  l'Inde  au-delà  de  l'Atlantique.  En 
étudiant  l'histoire  du  froment  dans  l'Indoustan, 
je  retrouve  mes  cowries  et  leurs  annales  écono- 
miques, dans  les  lourds  documents  de  statistique 


456 

dont  je  tourne  les  pages.  Je  m'empresse  de  vous 
faire  part  de  ma  trouvaille. 

Le  gouvernement  a  traité  longtemps  le  cowry 
comme  une  vulgaire  marchandise.  Une  monnaie, 
si  infime  qu'elle  soit,  a  droit  à  plus  d'égards.  Le 
cowry  commun  ou  de  bazar,  notre  cowry,  payait 
7  V2  P-  %  &d  valorem,  à  l'entrée.  L'acte  du 
5  août  1875,  qui  abolit  les  derniers  droits  de 
douanes  et  établit  le  libre-échange  dans  l'empire 
de  l'Inde,  presque  sans  restrictions,  abaissa  la 
taxe  à  5  p.  %•  Tous  les  coquillages,  monnaies  ou 
non,  étaient  imposés  sur  les  mêmes  bases  ;  mais  la 
douane  faisait  aux  cowries  la  politesse  de  ne  les 
tarifer  qu'à  la  valeur  de  4  roupies  par  quintal, 
tandis  que  la  plupart  des  autres  écailles  étaient 
prisées  beaucoup  plus  haut  ;  les  cowries  de  Sankhli, 
par  exemple,  à  55  roupies,  et  ceux  de  Nakhla, 
65  roupies.  L'acte  du  5  août  1875  fixa  la  valeur  du 
quintal  de  cowries  à  2  roupies,  8  annas  et  la  noti- 
fication du  6  mars  1880,  à  3  roupies.  Ces  mesures 
nous  apprennent  que  le  cowry  ou  la  cowrie, 
comme  vous  voudrez,  a  les  caprices  violents,  qui 
sont,  à  notre  époque,  le  caractère  distinctif  de  la 
monnaie.  Mais  la  roupie  elle-même  n'a  jamais  eu 
des  changes  aussi  accidentés  ni  fait  des  écarts 
de  38  p.  %  : 

Souvent  cowrie 

Varie; 

Bien  fol  serais  de  trop  l'aimer. 

Fais  la  danser  ! 

{Refrain  dune  ancienne  chanson  indoue.) 


457 

L'acte  du  10  mars  1882  affranchit  complètement 
tous  les  coquillages.  A  qui  profitait  cette  réforme, 
promulguée  le  jour  même  du  grand  carnaval,  du 
Holi  des  Indous,  par  une  aimable  attention  du 
gouvernement,  sans  doute  ?  Sont-ce  les  marchands 
du  bazar  qui  devaient  allumer  des  feux  de  joie  ou 
leurs  clients  ?  Grosse  question  ! 

En  i885-i886, — vous  savez  que  l'exercice  finan- 
cier de  l'Inde  commence  le  Ier  avril  et  finit  le 
3i  mars,  —  pendant  cette  année,  dis-je,  il  a  été 
importé  49,844  cwt.  (lisez  :  hundredweights , 
quintaux)  de  cowries,  pour  une  valeur  de 
1,85,128  roupies,  que  vous  voudrez  bien  lire 
I  lackh,  85  mille,  etc.,  et  que  vous  pourrez  tra- 
duire en  notre  monnaie,  36i,ooo  et  des  francs, 
La  plus  grande  partie  vient  de  Zanzibar, 
41,757  cwt.,  d'une  valeur  moyenne  de  3  roupies 
à  peine  par  quintal  ;  du  Mozambique,  1,078  cwt., 
également  d'un  prix  modéré.  Ce  doivent  être,  au 
moins  pour  une  forte  partie,  des  cowries  de  bazar. 
De  Ceylan,  des  Maldives,  de  l'Arabie,  d'Aden  et 
de  Maurice,  il  en  est  expédié  des  quantités  peu 
considérables,  valant  8,  10,  25  et  65  roupies;  ce 
ne  sont  pas  des  monnaies,  mais  de  simples  cowries 
d'ornement.  Il  faut  noter  enfin,  que  Bombay  est 
le  grand  marché  de  l'Inde  pour  les  cowries;  il 
approvisionne  la  région  voisine  où  cette  monnaie 
est  la  plus  répandue,' le  Deccan. 

Je  suis  la  trace  des  cowries.  Je  vois  que  l'impor- 
tation est  plus  active  depuis  1882,  et  je  constate 

Année  1887.  29 


458 

certains  déplacements  parmi  les  pays  producteurs  : 
effet  ordinaire  de  l'abolition  des  barrières  doua- 
nières. Mais  voici  qu'antérieurement  déjà,  les 
mêmes  évolutions  se  produisent  :  le  libre-échange 
n'est  donc  pas  le  seul  agent  en  mouvement.  C'est 
à  étudier  au  point  de  vue  de  la  question  monétaire, 
qui,  malgré  son  nom,  n'est  pas  l'affaire  de  notre 
Société. 

Au-delà  d'une  dizaine  d'années,  les  cowries  se 
perdent,  non  pas  précisément  dans  la  nuit  des 
temps,  mais  dans  le  tas  des  coquilles  de  diverses 
sortes.  Comme  le  fatras  des  premiers  documents 
de  statistique  n'a  qu'un  texte  pour  toutes,  il  n'est 
pas  possible,  même  par  un  effort  d'imagination, 
de  faire  une  place  à  part  pour  les  petites  coquilles, 
blanches  et  luisantes  comme  la  porcelaine,  qui 
seules  intéressent  l'amateur  de  numismatique. 
Les  autres,  plus  grandes  et  plus  brillantes,  sont 
recherchées  par  les  fabricants  de  boutons  et  de 
manches  de  couteaux.  Dans  le  contraste  de  ces 
destinées,  on  trouverait  la  matière  première  d'une 
fable  très  morale.  Le  loisir  me  manque  pour  la 
tourner,  en  guise  de  conclusion,  et  c'est  vraiment 
dommage. 

Votre  dévoué  confrère, 

Pety  de  Thozée. 


45  g 


NÉCROLOGIE, 


M.  Henri  -François-  Marie  -Ghislain  baron 
Surmont  de  Volsberghe,  membre  effectif  de  la 
Société  royale  belge  de  numismatique  depuis  le 
2  juillet  i865,  est  décédé,  à  Gand,  le  3  mai  1887. 
Il  était  né  dans  cette  ville  le  3  septembre  1812. 

Notre  regretté  confrère  était  des  plus  assidus 
à  toutes  nos  séances  et  ses  manières  affables  et 
pleines  de  bonhomie  lui  avaient  attiré  la  sym- 
pathie unanime  de  ses  collègues. 

M.  le  baron  Surmont  possédait  une  fort  belle 
collection  de  médailles,  parmi  lesquelles  se  distin- 
guait une  riche  série  de  pièces  gravées  par  Van 
Berckel.  Les  jetons  tenaient  aussi  une  place  assez 
considérable  dans  ses  cartons.  Quoique  amateur 
passionné,  M.  Surmont  n'a  guère  écrit  sur  la 
numismatique;  la  Revue  de  1871  contient  de  lui 
une  notice  sur  quelques  médailles  peu  connues 
ou  inédites,  pour  servir  à  compléter  les  mono- 
graphies numismatiques  relatives  à  l'histoire  de 
la  Belgique,  et  tout  récemment,  le  12  février  der- 
nier, nous  avons  publié  une  lettre  qu'il  nous 
adressait  à  propos  de  la  médaille  pour  récom- 
penser les  services  rendus  aux  armées  de  l'Au- 
triche et  de  ses  alliés  en  guerre  avec  la  république 
française. 


4t>o 

M.  Surmont  avait  dressé  jadis  un  catalogue  des 
médailles  de  Van  Berckel  et,  depuis  quelques 
mois,  il  s'occupait  activement  à  compléter  cette 
nomenclature  qu'il  avait  l'intention  de  publier 
bientôt.  La  mort  vient  malheureusement  de  mettre 
ce  projet  à  néant. 

G.  Cumont. 


Le  20  juillet  1886,  est  mort  à  Florence  le  mar- 
quis Carlo  Strozzi,  ancien  directeur  du  Periodico 
di  numismatica  e  sfragistica  per  la  storia  d'Italia, 
importante  publication  connue  de  tous  les  amis 
de  la  science  des  médailles. 

La  première  étude  numismatique  du  savant 
italien  remonte  déjà  à  bien  des  années;  elle  date 
en  effet  de  1834  et  a  pour  titre  :  Memorie  intorno  ad 
una  moneta  argentea  di  Marin 0  Foliero  ;  deux  ans 
plus  tard  parut  son  essai  de  classification  générale 
des  monnaies  antiques  d'après  le  système  d'Eckhel 
et  de  Mionnet. 

Le  marquis  Carlo  Strozzi  était  membre  hono- 
raire de  la  Société  royale  de  numismatique  de 
Belgique  depuis  le  5  juillet  1874. 

A.  de  Witte. 


461 


MÉLANGES, 


The  medals,  jetons  and  tokens  ïllustrative  of  obstetrics 
and  gynœcology.  Newport,  1887. 

Voici  au  moins  du  nouveau.  S'occuper  de  la 
numismatique  au  point  de  vue  de  l'obstétrique  — 
partie  de  la  médecine  qui  traite  des  accouchements 
—  c'est  bien  là  une  idée  américaine  et  des  plus 
originales  encore.  Dans  une  brochure,  in-8°  de 
14  pages,  fort  bien  faite  d'ailleurs  et  extraite  du 
New  England  médical  Monthly,  M.  Horatio  R.  Storer 
décrit  cinquante-huit  médailles  ou  jetons,  de  divers 
pays  et  de  différentes  époques,  se  rapportant  à  cet 
intéressant  sujet.  Cet  opuscule  a  pour  objet,  dit 
l'auteur,  d'attirer  l'attention  des  savants  sur  la 
possibilité  de  faire  une  histoire  médicale  illustrée 
par  des  monuments  métalliques. 

A.  de  W. 


La  première  livraison  du  tome  XIV  des  Mémoires 
de  la  société  archéologique  du  midi  de  la  France,  qui 
vient  de  nous  parvenir,  renferme  un  article  de 
M.  E.  Delorme  intitulé  :  Description  de  trois  derhams 
musulmans  des  IXe,  x*  et  xie  siècles. 

La  première   de   ces  pièces  est  une  monnaie 


462 

omayyade  d'Abdérame  II,  frappée  à  El  Andalos 
—  comme  Mesr  indique  l'Egypte  et  aussi  le  vieux 
Caire,  El  Andalos  désigne  l'Espagne  musulmane 
et  aussi  sa  capitale,  Cordoue  —  en  l'an  229  de 
l'hégire  (843-844  de  J.-C).  La  deuxième  est  un 
derham  forgé  à  Ech-Châch,  en  Perse,  par  Ismâ'il 
ebn  Ahmad,  de  la  dynastie  turque  des  Samanides, 
en  l'année  288  de  l'hégire  (900-901).  Enfin  la  troi- 
sième est  une  monnaie  de  bas-argent,  émise  à 
Sarragosse  en  465  (1072-107 3),  sous  le  Khalife 
Abou-Dja'far  Admad  Ier,  El  Mogtader,  de  la  famille 
des  Beni-Houd. 

A.  de  W. 


Samling  af  Svenskt  och  utlàndskt  sedelmynt  samt 
svenska  fôrordningar,  bbcker  och  skrifter  r'ôrande 
riksgàld,  banks-  och  sedelvâsen  m.  m.,  bildad  af 
H.  Bi.  Stockholm,  P.-A.  Nymans  tryckeri,i886. 

En  1868,  la  Banque  de  Suède  célébrait  le  deux- 
centième  anniversaire  de  sa  fondation,  et  à  cette 
occasion  mémorable,  l'éminent  antiquaire  dont 
nous  annonçons  l'ouvrage,  M.  H.  Bukowski, 
s'attendait  à  voir  cette  puissante  institution  pu- 
blier l'histoire  de  son  développement,  si  important 
pour  la  Suède,  accompagnée  de  la  série  complète 
des  modèles  des  billets  qu'elle  avait  émis  dans  le 
cours  de  son  existence. 

C'était  un  désir  d'autant  plus  légitime  que  c'est 


463 

à  la  Suède  que  revient  l'honneur  d'avoir  institué 
la  première  banque  d'émission  de  billets.  En  effet, 
en  i656, Jean  Palmstruch  (né  en  1610,  à  Riga)  reçut 
de  Charles  X  Gustave  le  privilège  d'établir  à  Stoc- 
kholm une  banque  dite  de  lombards,  et  au  mois 
d'août  1661  cette  institution  commença  l'émission 
de  ce  qu'elle  appelait  alors  des  «  billets  de  crédit  », 
qui  correspondent  à  peu  près  à  nos  billets  de 
banque. 

M.  Bukowski  fut  déçu  dans  son  attente.  Alors  il 
se  mit  lui-même  vaillamment  à  l'œuvre,  avec  une 
énergie  et  une  patience  qui  ne  se  sont  pas  démentis 
un  instant.  Encouragé  par  de  savants  amis,  et 
guidé  par  un  rare  talent  de  chercheur,  aussi  bien 
que  par  des  études  approfondies,  il  réussit  au  bout 
de  près  de  vingt  ans,  non  sans  beaucoup  de 
peines  et  de  frais,  à  rassembler  et  à  décrire  les 
précieux  et  parfois  même  uniques  témoins  du 
passé  qui  forment  aujourd'hui  sa  collection,  la 
seule  complète  au  moins  en  ce  qui  concerne  la 
Suède.  Et  c'est  ainsi  qu'il  a  eu  l'honneur  de 
publier  le  premier  catalogue  des  billets  de  banque 
qui  comprenne  autant  de  billets  de  tous  pays. 

Ce  catalogue  mentionne,  en  effet,  1,626  numéros 
se  rapportant  à  la  banque  de  Suède  (nos  1  à  643  1/2), 
aux  banques  privées  suédoises  (nos  644  à  io5g),  à  la 
Norwège,  à  la  Finlande,  au  Danemark,  à  l'Angle- 
terre, à  la  France,  à  l'Italie,  à  la  Pologne  (nos  1404 
à  i5o8),  et  autres  pays  de  l'Europe,  de  l'Asie  et  de 
l'Amérique. 


464 

Le  catalogue  donne  ensuite  la  liste  des  timbres 
mobiles  qui  se  trouvent  dans  la  collection,  puis 
les  ordonnances,  édits  et  circulaires,  etc.,  se  rap- 
portant aux  banques  suédoises,  etc.,  et  se  termine 
par  la  liste  des  ouvrages  publiés  en  suédois  sur  le 
même  sujet. 

Au  point  de  vue  typographique,  l'ouvrage  ne 
laisse  rien  non  plus  à  désirer,  car  il  a  été  imprimé 
par  la  maison  P. -A.  Nyman  qui  pendant  long- 
temps a  eu  pour  spécialité  l'impression  de  la 
plupart  des  billets  de  banque  en  Suède.  Il  faut 
ajouter  enfin  que  les  anciens  billets  de  Suède  et  de 
Norwège  sont  fidèlement  reproduits  à  l'aide  de  la 
phototypie  et  que  deux  planches  lithographiées, 
à  la  fin  du  volume,  donne  en  miniature  le  modèle 
de  tous  les  billets  de  banque  (il  y  en  a  85)  en  cours 
dans  l'année  1884. 

Ce  catalogue  n'est  imprimé  qu'à  un  petit  nombre 
d'exemplaires  et  ne  se  trouve  pas  en  librairie.  Il  a 
reçu  un  accueil  des  plus  flatteurs,  non  seulement 
en  Suède  et  en  Danemark,  mais  en  Allemagne 
(voir  Der  Sammler  du  Ier  février  1887)  et  il  ne  peut 
manquer  d'être  favorablement  accueilli  par  tous 
les  amis  des  arts. 

F.    SCHULTHESS. 


Histoire  numismatique  du  royaume  des  Pays-Bas, 
par  M.  J.  Dirks. 

Depuis  bien  longtemps  déjà  il  fut  question  de  la 


465 

publication  d'une  histoire  numismatique  du  règne 
de  S.  M.  Guillaume  Ier,  roi  des  Pays-Bas  ;  mais  les 
années  se  succédèrent  et  rien  ne  parut. 

Aujourd'hui,  nous  avons  le  plaisir  d'annoncer 
la  bonne  nouvelle  aux  numismates,  que  notre  émi- 
nent  et  infatigable  confrère,  M.  J.  Dirks,  de  Leeu- 
warden,  a  entrepris  la  description  des  médailles 
des  Pays-Bas  et  de  celles  ayant  rapport  à  ce 
royaume  et  aux  Néerlandais  depuis  novem- 
bre i8i3  jusqu'à  novembre  i863. 

Le  savant  auteur  a  eu  la  satisfaction  de  se  voir 
décerner  pour  ce  grand  et  important  travail,  la 
médaille  d'or  de  400  florins  par  la  Société  Teylé- 
rienne,  à  Harlem. 

Dans  cet  ouvrage,  qui  sera  bientôt  mis  sous 
presse,  les  médailles  seront  classées  d'après  l'ordre 
chronologique  et  la  même  manière  de  description 
y  sera  observée  que  dans  la  continuation  de  l'ou- 
vrage de  Van  Loon. 

Le  savant  auteur  s'est  donné  la  peine  immense 
d'indiquer  la  littérature  (prose  et  poésie)  se  rap- 
portant à  chaque  médaille. 

Ce  travail  qui  a  fait  obtenir  à  M.  Dirks  de  nou- 
veaux lauriers,  sera  accueilli  avec  reconnaissance 
tant  par  les  numismates  que  par  les  historiens. 

Outre  plusieurs  autres  publications  remarqua- 
bles, on  est  principalement  redevable  à  M.  Dirks 
des  cinq  dernières  parties  de  la  continuation  de 
l'ouvrage  de  Van  Loon  ;  il  publie  régulièrement 
ses  précieuses  notes  supplémentaires  aux  ouvrages 


466 

de  Van  Mieris  et  de  Van  Loon  et  il  est  l'auteur  de 
l'excellente  monographie  des  méreaux  des  corpo- 
rations de  métiers  des  Provinces-Unies  des  Pays- 
Bas.  Son  nom  est  désormais  inséparable  de  ceux 
de  Schoemaker,  Van  Mieris  et  Van  Loon. 

Cte  M.  N. 


Robert  Mowat.  Explication  d'une  marque  monétaire 
du  temps  de  Constantin.  (Extrait  des  Comptes 
rendus  de  V Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres,  1886.) 

M.  Mowat  a  communiqué  à  l'Académie  des 
Inscriptions  et  Belles-Lettres,  dans  sa  séance  du 
21  avril  1886,  un  mémoire  intitulé  :  Explication 
d'une  marque  monétaire  de  Constantin.  La  marque 
en  question  consiste  en  deux  I  suivis  d'un  s  de  la 
forme  gammée  en  usage  dans  l'épigraphie  latine 
de  l'Orient,  le  tout  surmonté  d'un  X,  soit 


X 

11  r 


On  voit  ce  tétragramme  dans  le  champ  du  revers 
des  monnaies  de  petit  bronze  à  la  légende  IOVI 
CONSERVATORI,  des  empereurs  Constantin  I, 
Licinius  et  Martinien,  des  Césars  Crispus,  Cons- 
tantin II  et  Licinius  jeune  ;  l'exergue  montre  que 


467 

ces  pièces  ont  été  exclusivement  frappées  dans  les 
ateliers  des  provinces  orientales,  à  Alexandrie, 
Antioche,  Cyzique,  Héraclée  et  Nicomédie. 

Jusqu'à  présent  on  avait  lu  le  tétragramme 
comme  si  les  lettres  étaient  écrites  l'une  à  la  suite 
de  l'autre,  sur  une  seule  ligne,  XII Y  ;  M.  Mommsen 
a  donc  cru  voir  dans  cette  transcription  défec- 
tueuse le  nombre  12  1/2,  duodecim  et  semis,  sans 
d'ailleurs  en  expliquer  la  signification.  M.  Mowat 
tenant  compte  de  la  disposition,  visiblement 
intentionnée,  de  cette  marque  en  deux  lignes,  tra- 
duit X  par  décima  et  reconnaît  dans  II T  la  nota- 
tion consacrée  du  sesterce,  IIS;  le  tout  signifie 
donc  décima  {pars)  sestertii,  c'est-à-dire  le  quart 
d'un  as,  puisque  le  sesterce  valait  deux  as  et  demi, 
7<o  de  2  V*  as=  7*  d'as.  Le  module  et  le  poids  de  la 
pièce  attestent  en  effet  qu'elle  est  un  quadrans, 
et  le  tétragramme  paraît  avoir  eu  pour  but  de 
montrer  que  l'on  pouvait  parfaire  un  sesterce  avec 
10  quadrans,  tout  comme  un  as  avec  4  quadrans. 
Le  quadrans  jouissait  donc  de  la  double  propriété 
de  servir  d'appoint,  soit  dans  le  système  duodéci- 
mal des  subdivisions  de  l'as,  soit  dans  le  système 
décimal  inauguré  par  la  création  du  denier. 

Grâce  à  cette  heureuse  combinaison,  une  évolu- 
tion capitale  put  s'accomplir  sans  secousse  dans 
la  computation  monétaire,  par  un  enchaînement 
ininterrompu  de  rapports  décimaux.  C'est  ce  que 
montre  très  clairement  le  tableau  suivant  : 


468 


Quadransouteruncius=3onces,ou  '/4  d'as=  '/,,de  sesterce; 


Bronze 

En 
argent 
sous  la 
Répu- 
blique; 

en 
bronze 
sous, 
l'Em- 
pire 

Argent 

Or 


Semis 
AS 


Sesterce 


Quinaire 
Denier 
|  Aureus 


='/•  as, 


=  2  'l2  as 


=  5  as 

=   4  sesterces 

=  25  deniers 


,  de  quinaire; 
,  de  denier; 


=    îoquadrans; 


=    10  semis; 

s=     io  as. 

=  îoo  sesterces. 


Le  mémoire  de  M.  Mowat  se  termine  par  la 
description,  avec  fac-similé,  d'une  monnaie  inédite 
de  Martinien,  faisant  partie  de  sa  collection  et 
pourvue  du  tétragramme  en  question.  La  légende 
de  tête  de  cette  pièce,  jusqu'à  présent  unique, 
contient  les  tria  nomina  de  cet  empereur. 

IM  •  C  •  S  •  MAR  •  MARTINIANVS  •  P  •  F  • 
AVG  •  Buste  radié  de  Martinien,  vêtu  du  palu- 
damentum,  et  tourné  à  droite. 

Rev.  IOVI  CONSERVATORI.  Jupiter  Nicé- 
phore  debout  à  gauche  ;  à  ses  pieds,  un  aigle  tenant 
une  couronne  dans  le  bec,  à  gauche;  un  captif 

X 

accroupi,  à  droite;  dans  le  champ,  à  droite,  jj  p  ; 

en  exergue  :  SMKA. 

En  résumé  le  travail  de  M.  Mowat  est  neuf  et  des 

plus  intéressants;  aussi  ai-je  cru  être  agréable  aux 

lecteurs  de  la  Revue  en  mettant  ce  résumé  sous 

leurs  yeux. 

P. -Charles  Robert. 


469 


On  lit  dans  Y  Indépendance  belge  du  14  avril  1887  : 
«  Un  éminent  artiste  français,  le  sculpteur  et 
«  graveur  en  médailles  Eugène -André  Oudiné, 
«  vient  de  mourir  à  Paris,  âgé  de  77  ans.  Elève 
«  de  Galle,  dont  il  épousa  la  fille,  prix  de  Rome 
«  en  i83i,  attaché  à  l'hôtel  des  Monnaies,  il  est 
«  l'auteur  d'un  grand  nombre  de  statues,  de 
«  bustes  et  surtout  de  médailles  qui  comptaient 
«  parmi  les  chefs-d'œuvre  du  genre.  Oudiné  était 
«  membre  de  l'Académie  royale  de  Belgique.  » 

Rappelons  à  ce  propos  qu'à  la  date  du  3  mai  1848, 
le  gouvernement  provisoire  décréta  la  fabrication 
de  diverses  monnaies  nationales  au  type  de  la 
république,   savoir  : 

i°  Pour  l'or  :  les  pièces  de  40,  20  et  10  francs  ; 

2°  —  l'argent  :  les  pièces  de  5  et  2  francs, 
1  franc,  5o  et  20  centimes; 

3°  Pour  le  cuivre  :  les  pièces  de  10,  5  et  2  cen- 
times et  1  centime. 

Le  ministre  des  finances,  chargé  de  l'exécution 
du  dit  décret,  ouvrit  un  concours  auquel  trente 
et  un  graveurs  ont  pris  part. 

Voici  les  noms  des  lauréats  : 

Merley,  pour  l'or  ; 

Oudiné,  pour  l'argent  (et  l'accessit  pour  l'or  et 
le  cuivre)  ; 

Demard,  pour  le  cuivre  (et  l'accessit  pour  l'ar- 
gent). 


470 

Voici  la  description  de  la  pièce  de  5  francs  cou- 
ronnée : 

Au  droit  :  Tête  de  la  république  à  gauche  ;  au- 
dessous  :  e.  a.  oudiné.e  — ,  au-dessus  :  une  étoile. 

Légende  :  RÉPUBLIQUE  FRANÇAISE. 

Au  revers  :  Dans  une  couronne  de  chêne,  en 
trois  lignes  :  5  —  FRANCS  —  1848. 

Légende  :  LIBERTÉ.  ÉGALITÉ.  FRATER- 
NITÉ. 

V.  D.  B. 


A  Catalogue  of  english  coins  in  the  British  Muséum. 
Catalogue  des  monnaies  anglaises  du  British 
Muséum.  Série  anglo-saxonne.  Volume  I,  par 
Charles-François  Keary,  édité  par  Reginald- 
Stuart  Poole,  correspondant  de  l'Institut  de 
France.  Trente  planches  très  bien  réussies 
(autotype).  Londres,  1887,  in-8°,xciv  et  282  pages. 

Ce  magnifique  catalogue,  imprimé  avec  le  plus 
grand  soin  et  dressé  suivant  un  plan  très  métho- 
dique, renferme  la  description  des  plus  anciennes 
monnaies  anglo-saxonnes  (date  incertaine)  et  des 
monnaies  des  rois  de  Mercie,  de  Kent,  d'Est- 
Anglie  et  de  Northumbrie,  y  comprises  les  pièces 
des  archevêques  de  York  et  de  Canterbury  et  enfin 
toutes  les  monnaies  avec  des  noms  de  saint 
frappées  dans  ces  divers  territoires. 

Le  métal  de  chaque  pièce  est  indiqué,  ainsi  que 


47i 

son  module,  en  pouces  et  dixièmes  de  pouce. 
Le  poids  des  monnaies  d'or  et  d'argent  est  donné 
en  grains  anglais. 

A  la  fin  du  volume  se  trouvent  des  tables  pour 
convertir  les  grains  en  grammes  et  les  pouces  en 
millimètres  ou  bien  en  mesures  de  l'échelle  de 
Mionnet. 

L'ouvrage,  écrit  par  C.-F.  Keary,  du  Cabinet 
des  médailles,  a  été  soigneusement  revu  par 
M.  Poole  et  par  M.  B.-V.  Head,  conservateur- 
adjoint  des  collections  de  monnaies  du  British 
Muséum. 

Une  fort  bonne  table  générale  termine  ce 
volume.  Elle  est  suivie  d'une  nomenclature  alpha- 
bétique des  monétaires ,  de  listes  d'inscriptions 
remarquables  et  de  types  extraordinaires. 

Une  introduction  très  bien  faite  traite  d'abord 
de  l'origine  et  de  l'histoire  du  monnayage  en 
Angleterre  et  de  ses  rapports  avec  la  monnaie  du 
continent.  Plus  loin  il  est  question  de  l'introduc- 
tion du  penny  dans  l'Angleterre  centrale  et  méri- 
dionale et  dans  la  Northumbrie,  ainsi  que  de  la 
cessation  des  différents  monnayages  de  l'Heptar- 
chie.  De  curieuses  observations  sont  présentées  à 
propos  des  sceattas,  dont  cinquante-quatre  exem- 
plaires figurent  sur  les  planches.  Ces  sceattas  sont 
imitées  de  prototypes  romains  et  francs  ou  bien 
ont  un  caractère  tout  à  fait  anglais.  Le  troisième 
paragraphe  est  consacré  aux  lois  monétaires,  aux 
dénominations,  aux  valeurs    et    aux    poids.   Le 


472 

paragraphe  quatre  s'occupe  de  l'histoire  politique, 
et  le  paragraphe  cinq  contient  des  notices  bio- 
graphiques sur  les  personnages  dont  les  monnaies 
sont  décrites.  Enfin,  le  paragraphe  six  examine 
la  méthode  de  frapper  monnaie,  la  classification 
des  types,  le  côté  artistique,  la  classification  des 
légendes,  les  noms  propres  et  la  paléographie. 
Il  nous  présente  aussi  une  planche  d'inscriptions 
runiques  et  de  caractères  alphabétiques. 

Cette  introduction,  signée  par  M.  C.-F.  Keary, 
n'a  pas  moins  de  94  pages.  Elle  est  très  intéres- 
sante et  pleine  de  renseignements  utiles.  Quant 
au  catalogue  proprement  dit,  nous  approuvons 
beaucoup  son  ordonnance  qui  facilite  les  recher- 
ches, et  nous  considérons  comme  un  arrangement 
très  heureux  d'avoir  indiqué  les  droits  des  pièces 
dans  une  colonne  et  les  revers  dans  une  autre. 

Bref,  ce  catalogue  fait  le  plus  grand  honneur  à 
l'Angleterre,  et  nous  souhaitons  vivement  que  la 
Belgique  aussi  soit  dotée  d'un  inventaire  également 
remarquable  des  richesses  numismatiques  entas- 
sées, sans  grand  profit  pour  la  science,  dans  les 
collections  nationales. 

G.  Cumont. 


M.  Guglielmo  Napoléone  Cassuto,  ingénieur 
à  Livourne,  se  propose  de  publier  une  biblio- 
graphie   numismatique   universelle,   comprenant 


473 

« 

tout  ce  qui  a  été  publié  sur  les  diverses  branches 
de  la  numismatique  tant  ancienne  que  moderne, 
depuis  1801  jusqu'aujourd'hui. 

Nous  engageons  beaucoup  nos  confrères  à  lui 
venir  en  aide  dans  la  composition  d'un  travail 
aussi  important,  en  lui  fournissant  des  notes 
détaillées  sur  leurs  propres  publications  numis- 
matiques,  et  en  lui  indiquant  des  sources  où 
puiser  ainsi  que  des  noms  d'auteurs  et  des  titres 
d'ouvrages. 

Cte  M.  N. 


Le  Monete  dei  Trivulzio  descritte  ed  illustrate  da 
Francesco  ed  Ercole  Gnecchi,  con  i3  Tavole. 
Milano,  fratelli  Dumolard,  1887,  in-40,  j3  pp. 

Cet  ouvrage,  imprimé  avec  luxe,  orné  de  dessins 
et  de  planches  fort  réussis,  est,  comme  tout  ce 
qu'ont  produit  MM.  F.  et  E.  Gnecchi,  une  œuvre 
soignée  et  vraiment  scientifique. 

Les  savants  auteurs  nous  font  d'abord  con- 
naître quelques  détails  historiques  et  généalo- 
giques touchant  la  famille  Trivulzio,  'dont  le 
chef  Gian  Giacomo,  comte  de  Misocco,  marquis 
de  Vigevano,  fut  maréchal  de  France  (1441-1518) 

Puis  vient  la  description  de  dix-neuf  monnaies 
d'or  et  de  cent  quarante-cinq  d'argent  frappées 
par  Gian  Giacomo,  Gian  Francesco,  Ercole  Teo- 

Année   1887.  3o 


474 

doro,    Antonio    Teodoro,    Antonio   Gaetano    et 
Antonio  Tolomeo  Trivulzio  (1487-1767). 

Enfin  cette  belle  monographie  se  termine  par 
la  publication  de  quelques  documents  monétaires 
inédits  du  plus  haut  intérêt  ('). 

A.  de  Witte. 


Penningkundig  Repertorium  de  M.  J.  Dirks. 

Viennent  encore  de  paraître  de  ce  précieux  sup  - 
plément  aux  doctes  ouvrages  de  Van  Mieris  et 
Van  Loon,  les  fascicules  LXIII  et  LXIV,  com- 
prenant les  années  1698,  1699  et   1700,  nos  255o 

à  2627. 

Cte  M.  N. 


Sceaux  de  V église  danoise  du  moyen  âge,  publiés  par 
le  Dr  Henri  Petersen,  conservateur-adjoint  des 
monuments  nationaux  de  Danemark. 

Sous  ce  titre  vient  de  paraître  à  la  librairie  de 
M.  C.-A.  Reitzel,  à  Copenhague,  un  ouvrage  de 

(')  Dans  la  liste  donnée  par  les  auteurs  des  ouvrages  où  il  est  ques- 
tion des  monnaies  de  la  famille  Trivulzio,  nous  constatons  un  léger 
oubli  ;  c'est  la  non-mention  d'une  lettre  adressée  par  M.  Trachsel  à 
M.  Chalon  et  intitulée  :  Les  ateliers  monétaires  de  la  famille  des 
Trivulzio,  comtes  de  Misocco,  seigneurs  de  Rheinwald  et  de  Savien, 
marquis  de  Vigevano,  princes  de  la  vallée  de  Misolcino  et  de  Retegno 
impériale,  etc.  —  Revue  belge  de  numismatique,  année  1870,  p.  2o5, 


475 

haut  intérêt  pour  la  sphragistique  et  l'archéologie. 

Le  savant  auteur  a  examiné  tous  les  sceaux 
ecclésiastiques  du  moyen  âge  qui  se  trouvent  dans 
les  archives  danoises  et  plusieurs  voyages  à 
l'étranger  lui  ont  permis  de  faire  des  recherches 
étendues  sur  des  sceaux  d'origine  danoise  con- 
servés dans  les  archives  de  Stockholm,  Lubeck, 
Schwerin,  etc. 

La  publication  de  M.  le  Dr  Petersen  contient, 
avec  la  description  détaillée  et  exacte  de  tous  les 
sceaux  ecclésiastiques  qu'il  a  trouvés,  un  très 
grand  nombre  de  reproductions  en  gravure,  en 
tout  60  planches  avec  1,034  figures,  et  en  outre 
36  figures  intercalées  dans  le  texte.  L'ouvrage,  en 
un  beau  volume  grand  in-folio,  n'est  tiré  qu'à 
3oo  exemplaires.  Texte  français. 

Cte  M.  N. 


Numismatique  montoise.  Méreau  de  la  fondation 
d'Ysabeau  Druart,  veuve  de  Jean  de  Behault,  par 
Armand  de  Behault  Dornon.  Mons,  18S6  (extrait 
du  tome  XX  des  Annales  du  Cercle  archéologique 
de  Mons),  in-8°,  avec  gravure  dans  le  texte,  i5  pages. 
—  Ce  méreau  de  cuivre,  qui  appartient  à  la  collec- 
tion de  M.  Alph.  de  Schodt,  se  décrit  ainsi  :  au 
droit,  FONDATION  ISABEAV  DRVART;  écu 
losange  aux  armoiries  de  la  famille  de  Behault  de 
Warelles  (d'azur  aux  chevrons  d'or  accompagnés 


476 

en  chef  de  deux  glands),  accolées  avec  celles  de  la 
famille  Druart  (d'azur  à  trois  besants  d'or  en  chef)  ; 
au  revers,  VEVVE  IEAN  DE  BEHAVLT.  Saint 
Claude,  archevêque  de  Besançon,  accosté  de  deux 
enfants  à  genoux  et  les  mains  jointes,  avec  la  date 
16 — 47  au  milieu  du  champ.  L'auteur  nous  apprend 
que  le  méreau  avait  pour  objet  la  distribution 
de  pains  aux  pauvres  qui  assistaient  à  une  messe 
dominicale,  fondée  par  Ysabeau  Druart,  dans  la 
chapelle  de  Saint-Claude,  en  l'église  de  Sainte- 
Waudru  à  Mons,  suivant  testament  du  23  août  1627. 
La  fondatrice  mourut  le  i3  octobre  1637.  La  pièce 
est  contremarquée    d'une  fleur  de   lys   coupée , 
signe  de  son  authenticité.  Il  se  pourrait,  dit  M.  de 
Behault,  que  cette  marque  fût  celle  du  contrôle 
des  échevins,  qui  avaient,  à  Mons,  la  surinten- 
dance des  établissements  charitables,  ou  de  celui 
du  doyen  de  chrétienté,  qui  avait  la  surveillance 
de  l'administration   ecclésiastique.  M.   Alph.   de 
Schodt  possède  également  dans  sa   collection  , 
pour  la  ville  de  Mons,  un  méreau  de  cuivre,  avec 
une  rosace  pour  contremarque,  et  créé  à  l'occa- 
sion de  la  fondation  de  Henri  de  Monsenaire, 
décédé  le  17  août  1667,  et  de  Jeanne  Cantineau, 
femme  de   ce  dernier.   La  notice  de  M.   A.   de 
Behault  est  d'autant  plus  intéressante  que,  sauf  à 
Bruges,  à  Gand  et  à  Anvers,  les  méreaux  de  fon- 
dation, avec  noms  de  famille,  sont  rares  dans  le 
pays  et  ailleurs. 

De  S. 


477 


Vente  Ponton  d'Amécourt.  —  La  vente  des  mon- 
naies d'or  romaines  et  byzantines  réunies  par 
M.  le  vicomte  de  Ponton  d'Amécourt,  président 
de  la  Société  française  de  numismatique,  a  eu  lieu 
à  Paris,  les  25,  26,  27,  28,  29  et  3o  avril  dernier, 
sous  la  savante  direction  de  MM.  Rollin  et 
Feuardent. 

Cette  admirable  collection  comprenait  mille 
pièces  environ  et  les  six  vacations  ont  produit 
un  total  de  366,382  francs. 

Voici,  pour  l'édification  de  nos  lecteurs,  quelques 
prix  d'adjudication  : 

Nos     25.  Brutus.  —  COHEN,  2e édition,  n°  14  .  fr.  3,400 

26.        Id.        Idem,  16 3,3oo 

33.  Domitius  Ahenobarbus. —  IDEM,  1  .     .  i,65o 

35.  Lépide.  —  IDEM,  1 2,210 

36.  Id.        Idem,  3 1,860 

i5o.   Domitille  et  Vespasien.  —  IDEM,  1     .     .     2,600 
172.  Julie  et  Titus. — IDEM,  1 2,900 

372.  Manlia  Scantilla.  —  IDEM,  1   .     .     .     .     1,800 

373.  Didia  Clara. —  IDEM,  2 1,705 

374.  Pescennius    Niger ,     aureus    troué.    — 

Idem,  46 4,100 

375.  Albin  César.  —  IDEM,  29 2,750 

376.  Id.  Idem,  68   ....    .    3, 125 
446.  Diaduménien  César.  —  IDEM,  2  .     .     .     2,55o 

461.  Soaemias.  —  IDEM,  9 2,950 

462.  Maesa.  —  IDEM,  19 2,3oo 

472.   Uranius  Antonin.  —  IDEM,  2  ....     6,100 


47» 

474-  Gordien   d'Afrique,    père.   —  IDEM,  7, 

unique 6,720 

Jusqu'ici  c'est  la  seule  monnaie  d'or  de  ce  règne. 

546.  Lélien.  —  IDEM,  3 2,700 

547.  Id.        Idem,  9 3,55o 

550.  Victorin,  père.  —  IDEM,  72      ....  1,910 

55 1.  Id.              Idem,  io5   .    .    .    .  1,825 

552.  Id.               Idem,  137,  pièce  trouée  i,85o 
557.  Quintille.  —  IDEM,  10,  unique     .     .     .  6,120 

569.  Florien.  —  IDEM,  17 i,25o 

594.  Nigrinien.  —  IDEM,  1 4,o5o 

630.  Carausius.  —  IDEM,  6{  (première  édition)  2,200 

63 1 .  Allectus.  -  I DEM,  4,  variété    ....  2,25o 
636.  Hélène.  —  Unique  et  inédit     ....  6,000 

65 1.  Alexandre,     tyran    d'Afrique.     Unique. 

Idem,  i 4,900 

652.  Alexandre,    tyran    d'Afrique.     Unique. 

Idem,  3 1,730 

Ces  deux  monnaies  sont  les  seules  pièces  en  or  connues  de  ce  prince. 
Nos  663.  Constantin  1er,    empereur.  —  COHEN, 

supp.  n°  3 fr.    10,800 

C'est  le  plus  haut  prix  atteint. 

668.  Même  empereur.  Médaillon  inédit    .     .  5, 000 

698.  Constantin  Ier,  Crispe  et  Constance  II. 

Inédit 3,400 

699.  Fauste.  —  COHEN,  1 2,750 

700.  Id.            Médaillon  inédit  ....  3, 600 

702.  Crispe  César.  Inédit 2,950 

710.  Constantin  II,  César.  Médaillon  inédit.  4,95o 

723.  Constance  II.  Inédit 2,400 

764.  Procope.  —  COHEN,   i,   variété,  pièce 

trouée 2,i5o 


479 

On  le  voit,  il  y  a  encore  de  beaux  jours  à  espérer 
pour  la  numismatique  antique,  et  les  collection- 
neurs auront  sans  cesse  de  l'argent  dès  qu'il  s'agira 
de  satisfaire  leur  passion. 

Dix  mille  huit  cents  francs  pour  un  Constantin  ! 
Plus  du  tiers  du  prix  de  la  fameuse  pièce  d'or  de 
vingt  statères  d'Eucratides,  roi  de  Bactriane,  payée 
jadis  trente  mille  francs  par  le  Cabinet  de  France  ! 

Pour  terminer,  un  incident  plein  d'imprévu  à  la 
troisième  vacation.  Nous  le  rapportons  d'après 
l'annuaire  de  la  Société  française  de  numisma- 
tique, parce  qu'il  est  tout  à  l'honneur  de  l'un  de 
nos  compatriotes,  membre  de  la  Société  royale  de 
numismatique  de  Belgique  : 

«  Au  moment  où  la  vente  des  pièces  de  Victorin 
«  se  terminait,  le  commissaire  priseur  a  annoncé 
«  que  sept  deniers  d'or  avaient  été  acquis  par 
«  M.  le  baron  de  Witte,  pour  le  cabinet  de  France. 
«  Cette  annonce  a  été  accueillie  par  d'unanimes 
«  applaudissements. 

«  Tout  récemment  encore,  M.  le  baron  de  Witte 
»  avait  offert  au  cabinet  des  médailles  une  magni- 
«  fique  série  de  monnaies  des  empereurs  des 
«  Gaules,  dont  ce  nouveau  cadeau  est  le  com- 
«  plément. 

«  L'exemple  donné  par  un  savant  étranger,  qui 
«  a  fait  de  la  France  sa  seconde  patrie,  mérite  la 
«  reconnaissance  de  tous.  » 

Alphonse  de  Witte. 


480 


Revue  numismatique.  —  Premier  trimestre  1887.  Six  : 
Monnaies  lyciennes  (suite  et  fin).  —  WESTPHALEN  :  La 
date  de  l'avènement  au  trône  de  Constantin  le  Grand, 
d'après  Eusèbe  et  les  médailles.  ■ —  Deschamps  de  Pas  : 
Quelques  observations  sur  les  monnaies  de  Fauquem- 
bergues.  —  DANICOURT  :  Enseignes  et  médailles  d'étain 
ou  de  plomb,  trouvées  en  Picardie.  —  SCHLUMBERGER  : 
Une  nouvelle  monnaie  à  légende  grecque  des  émirs 
Danischmendides  de  Cappadoce.  —  VALTON  :  Notice 
sur  une  médaille  faite  au  XV*  siècle  à  la  cour  de  Bour- 
gogne. 

La  notice  sur  les  monnaies  de  Fauquembergues  n'est  pas 
sans  intérêt  pour  la  numismatique  belge.  M.  Deschamps 
de  Pas  y  restitue,  d'après  M.  Blancard,  à  la  dame  de 
Fauquembergues,  Éléonore,  châtelaine  de  Saint -Orner, 
la  petite  maille  gravée  par  Gaillard,  sous  le  n°  143,  pi.  XV 
de  ses  monnaies  des  comtes  de  Flandres.  Ce  dernier  attri- 
buait, non  sans  hésitation,  cette  pièce  à  l'épouse  de  Robert 
de  Béthune,  Mahaut,  dame  de  Tenremonde. 

Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique  et 
d'archéologie.  —  Janvier-février,  1887.  Sommaire  :  Lettre 
à  M.  Lenormant  sur  les  monnaies  de  cuivre  et  d'or  (suite), 
par  M.  REVILLOUT.  —  Trouvaille  de  Troyes,  par 
M.  J.  HERMEREL.  —  Une  monnaie  inédite  d'Abou-Saïd- 
Behadour  Khan,  par  M.  W.  TROUTOWSKI.  —  Dénéraux 
pontificaux,  par  M.  Ch.  BARBIER  DE  MONTAULT.  — 
Chronique.  —  Bibliographie.  —  Les  ventes  monétaires 
en  Allemagne,  par  M.  J.  HERMEREL.  —  Vente  Mailliet 
(obsidionales),  par  M.  J.  HERMEREL.  —  Ventes  de  mon- 
naies, en  Belgique,  par  M.  A.  DE  WlTTE. 


48 1 

Bulletino  de  numismatica  e  sfragistica  per  la  storia 
d'Italia.  —  Tome  III,  fascicules  1-2,  1887.  Quelques 
romaines  d'or  inédites  de  la  collection  Trivulsio  de  Milan, 
par  F.  GNECCHI.  —  Sceau  de  Thomas  de  Thommasselli, 
évêque  de  Recanati  et  Macérata,  par  M.  F.  RAFFAELLI. 
—  De  quelques  monnaies  inédites  et  non  encore  signalées, 
par  O.  VlTALINI. 

A.  DE  W. 


AVIS   IMPORTANT. 

M.  Alph.  de  Witte,  demeurant  à  Ixelles,  rue 
du  Trône,  n°  49,  s'occupe,  en  ce  moment,  de  la 
réunion  des  matériaux  nécessaires  à  une  histoire 
monétaire  complète  du  Brabant.  Il  prie  MM.  les 
membres  de  la  Société  d'avoir  l'obligeance  de 
lui  communiquer  les  monnaies  inédites  ou  les 
empreintes  des  monnaies  de  l'espèce  qu'ils  peu- 
vent avoir  en  leur  possession. 

A.  De  S. 


Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Dupriez  la 
communication  suivante  : 

«  On  vient  de  découvrir  à  Lumay,  près  de  Tir- 
lemont,  un  pot  en  grès  contenant  :  3  pièces  d'or, 
Louis  XII,  François  Ier,  Jacques  d'Angleterre  ; 
i56  pièces  d'argent  de  Philippe  IV,  dont  6  pata- 


482 

gons  frappés  à  Anvers,  en  i636;  enfin  une  grande 
quantité  de  petites  pièces  d'argent  pour  le  Bra- 
bant,  la  Hollande  et  l'Artois.  » 

Nous  reviendrons  sur  cette  trouvaille,  s'il  y  a 
lieu,  dans  la  prochaine  livraison  de  la  Revue. 

A.    DE   W. 


Aperçu  sur  les  découvertes  d'antiquités  antérieures  à 
la  domination  romaine,  faites  dans  le  Limbourg 
belge.  (Age  de  la  pierre.  Époques  celtique, 
gallo-belge  et  belgo-germaine.)  Par  C.  Bamps. 
Hasselt,  M.  Klock,  1887,  in-8°,  88  pages  et  une 
planche. 

Dans  ce  travail,  qui  marque  tout  le  zèle  de 
l'honorable  auteur  pour  la  recherche  des  anti- 
quités de  sa  province ,  M.  Bamps  consacre 
quelques  pages  à  la  numismatique  gauloise.  Il 
.s'occupe  succinctement  de  deux  pièces  d'or 
«  gallo-belges  »,  dont  la  première  comporte, 
selon  nous,  une  étude  spéciale,  fort  attentive,  et 
une  sérieuse  revision  quant  à  la  gravure  et  à  la 
définition  du  droit.  Mais  il  s'arrête  à  une  monnaie 
de  bronze,  avec  AVAVCIA,  dont  nous  nous 
sommes  occupé  plusieurs  fois  dans  cette  Revue 
(i883,  1884,  i885).  Il  partage  complètement  notre 
avis  quant  à  l'attribution  des  monnaies  de  l'espèce 
à  l'ancienne  ville  de  Tongres  (Advatuca  ou  Atva- 


483 

tuca,  Advatucum,  Advaca,  Atvaca);  il  cite  même 
deux  pièces  anépigraphes  de  ce  genre,  acquises 
récemment  à  Tongres,  qui  s'ajoutent  à  toutes  les 
trouvailles  antérieures  sur  le  territoire  de  cette 
localité.  M.  Bamps  pense  seulement,  «  avec  un 
savant  linguiste  »,  dit-il,  que  le  nom  d'AVAUCIA 
n'a  pu  être  le  nom  primitif,  qu'il  croit  «  devoir  se 
«  rendre  plutôt  par  A(d)VAUTUA-CA,  d'où  un 
«  premier  adoucissement  dialectique  gaulois  a 
«  fait  AVAUCIA-CA,  simplifié,  enfin,  par  les 
«  romains,  en  ADUATU-CA  ». 

Notre  travail  intitulé  :  Une  lecture  sur  la  numis- 
matique à  Tongres  (Revtce,  i885)  avait  à  peine  paru 
qu'un  bon  philologue  nous  avait  également  fait 
observer  qu'  «  AVAOCIA  pourrait  être  l'abré- 
viation à.1  avaocia{cum) ,  dérivant  d1 'adoautuacum , 
selon  César,  advatucum  ».  Nous  n'avons  pas  rejeté 
cette  proposition,  qui  nous  a  même  souri.  Nous 
avons  advaca  ou  atvaca;  or,  de  ces  formes  à 
avaucia  il  n'y  a  qu'un  pas. 

Mais  Avaucia  n'était-il  pas,  dans  sa  forme 
abrégée,  le  nom  vulgaire  de  Tongres,  et  Aduatuca 
le  nom  scientifique  (  )  ?  Tout  cela  mérite  une  plus 
ample  étude.  En  tout  cas,  la  forme  adoucie  Avau- 
ciaca  ne  peut  avoir  engendré  la  forme  plus  dure 
Aduatuca.  La  disparition  du  d  se  comprend  :  le  mot 
avenir  vient  du  latin  advenire,  les  mots  avocat,  avoué 
viennent  à'advocatus;  on  dit  encore  aujourd'hui 

(')  On  disait,  dans  la  basse  latinité  cervisa  et  cervisia,  pour  cervoise. 


484 

parfois  en  flamand  advocaet  pour  avocaet.  Quoi 
qu'il  en  soit,  telles  sont  les  réflexions  que  notre 
honorable  philologue  nous  a  suggérées,  et  nous 
engageons  beaucoup  M.  Bamps  à  persévérer  dans 
ses  recherches  archéologiques  et  numismatiques. 

De  S. 


Le  médailleur  Sperandio.  —  Sa  biographie  — possède- 
t-on  de  lui  autre  chose  que  des  médaillons-portraits  ? 
—  Médaillons  dont  il  est  V auteur  —  sujets  qu'il  a 
traités  et  caractère  de  son  talent,  par  M.  C.  Robert. 
In- 12,  24  pages.  (Extrait  du  Journal  des  Arts  du 
18  février  1887.) 

M.  Robert  constate  d'abord  que  les  biographies 
de  Sperandio,  longtemps  réduites  aux  hypothèses, 
sont  loin  d'être  d'accord. 

Après  avoir  résumé  ce  qu'on  a  dit  de  cet  artiste 
éminent,  notre  savant  confrère  signale  un  docu- 
ment d'où  résulte,  sans  conteste,  que  Sperandio 
était  fils  d'un  certain  Bartolomeo  de  Savellis, 
qu'il  habitait  Florence,  en  1477,  et  qu'il  est  né, 
non  à  Mantoue,  mais  à  Rome,  encore  bien  qu'il 
se  qualifiât  de  Mantuanus  sur  ses  médailles  et 
dans  sa  correspondance. 

Ainsi  un  second  document  est  signé  «  Speran- 
deus  de  Mantua,  aurifex  habitans  Ferrariae  » . 

Les  artistes  ont,  en  effet,  souvent  emprunté  leur 


485 

surnom  ethnique  à  la  ville  où  ils  s'étaient  fait  con- 
naître, plutôt  qu'à  leur  lieu  de  naissance.  Pour  ne 
citer  qu'un  belge,  Philippe  de  Mons,  était  né  à 
Malines. 

Toutefois,  si  l'origine  de  Sperandio  est  révélée 
par  un  titre  contemporain,  nous  ne  savons  encore 
exactement  ni  la  date  de  sa  naissance,  ni  celle  de 
sa  mort. 

On  a  attribué  à  Sperandio  un  magnifique  por- 
trait sur  bronze,  en  ronde  bosse,  représentant  le 
célèbre  Mantegna  et  le  tombeau  d'Alexandre  V, 
qui  fut  érigé  dans  un  couvent,  à  Bologne,  et  qui  se 
voit  aujourd'hui  dans  le  cimetière  de  cette  ville. 

D'après  M.  Robert,  ces  attributions  sont  très 
douteuses  et  il  ne  faut  juger  Sperandio  que  par 
ses  œuvres  incontestables,  c'est-à-dire  par  ses 
médailles. 

Le  nombre  des  personnages  représentés  sur 
bronze  par  Sperandio  s'élève  à  quarante  et  un 
ou  à  quarante-quatre,  en  lui  attribuant,  avec 
M.  Heiss,  trois  médailles  non  signées.  M.  Robert 
en  donne  la  liste.  Certains  personnages  ayant  eu 
plus  d'une  médaille,  les  planches  de  M.  Heiss 
comportent  cinquante  et  une  figures.  Il  est  pro- 
bable, cependant,  que  tous  les  médaillons-por- 
traits dus  à  Sperandio  ne  sont  pas  venus  jusqu'à 
nous. 

M.  Robert  termine  son  intéressante  notice  par 
l'éloge  des  grandes  qualités  de  Sperandio  comme 
médailleur,  et  fait  remarquer  que  cet  artiste  est  le 


486 

premier  qui  ait  représenté,  avec  bonheur,  des 
visages  vus  de  face,  et  triomphé  ainsi  d'une  diffi- 
culté qui  n'a  été  abordée  que  par  bien  peu  de 
médailleurs  de  la  Renaissance. 

G.  Cumont. 


Le  comte  Nicolas  Papadopoli,  associé  étranger 
de  notre  Société,  a  donné  lecture,  dans  la  séance 
du  ii  mars  1887  de  l'Institut  royal  des  sciences, 
des  lettres  et  des  arts  de  Venise,  d'une  notice 
numismatique  intitulée  :  Del  Piccolo  e  del  Bianco 
antichissime  monete  Veneziane.  Il  existe  des  tirés 
à  part  de  cette  savante  étude  :  Venezia,  tipogra- 
phia  Antonelli,  1887,  x3  pages,  in-40. 

A.  de  Witte. 


ERRATA. 

A  la  page  3i3,  20e  ligne,  au  lieu  de  :  Dirtichem,  liseç  :  Doetichem. 

Supprimez  :  P.  O.  Van  der  Chus,  à  la  note  1  de  la  page  317. 

Page  3i9, 14-  ligne,  au  lieu  de  :  Fft(OT7OT,  lise?:  FACC^TT  . 


487 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


Réunion  du  bureau  du  28  avril  1887. 

Sur  la  proposition  de  MM.  de  Schodt  et 

Herry  de  Cocquéau,  le  titre  d'associé  étranger  est 
conféré  à  M.  Carlos  Calvo  y  Capdevila,  Ministre 
résident  de  la  République  Argentine,  à  Bruxelles. 

.....  A  la  demande  de  M.  Picqué  et  sur  la  propo- 
sition de  MM.  de  Witte  et  Van  den  Broeck,  le 
titre  d'associé  étranger  est  conféré  à  M.  Jules  Her- 
merel,  numismate,  à  Paris. 

A  la  demande  de  M.  Dirks  et  sur  la  propo- 
sition de  MM.  de  Schodt  et  Cumont,  le  titre 
d'associé  étranger  est  conféré  à  M.  C.-N.-F.-A.  Cor- 
bilyn-Battaerd,  conservateur  du  Musée  archéolo- 
gique et  numismatique  de  la  Société  frisonne 
d'histoire,  à  Leeuwarde. 

A  la  demande  de  M.  Dirks,  sur  la  proposi- 
tion de  MM.  de  Schodt  et  Cumont,  le  titre  d'associé 
étranger  est  conféré  à  M.  J.  Schulman,  numismate 
et  antiquaire,  à  Amersfoort. 

Le  Vice-Président  ffm>  de  Président, 
Le  Secrétaire,  De  Schodt. 

G.  Cumont. 


488 


Réunion  du  bureau  du  4  juin  1887. 

Sur  la  proposition  de  MM.  de  Schodt  et 

de  Witte,  le  titre  d'associé  étranger  a  été  conféré 
à  MM.  Ercole  et  Francesco  Gnecchi,  de  Milan, 
auteurs  de  plusieurs  ouvrages  de  numismatique. 

Le  Vice- Président  ffons  de  Président, 
Le  Secrétaire,  De  Schodt. 

G.  Cumont.* 


Réunion  du  bureau  du  lô  juin  1887. 

A  la  demande  de  M.  le  comte  von  Nahuys 

et  sur  la  proposition  de  MM.  Cumont  et  Van  den 
Broeck,  le  titre  d'associé  étranger  a  été  conféré 
à  M.  Guglielmo  Napoleone  Cassuto,  ingénieur 
à  Livourne  (Italie). 

Le  Vice-Président  ffons  de  Président, 
Le  Secrétaire,  De  Schodt. 

G.  Cumont. 


489 


Assemblée  extraordinaire  tenue  à  Liège,  le  liî  mai  1887,  dans 
la  salle  de  l'Institut  archéologique,  au  Palais  des  Princes- 
Évêques. 


La  séance  est  ouverte  à  une  heure. 

Sont  présents  :  MM.  A.  De  Schodt,  vice-président 
ffom  de  président;  G.  Cumont,  secrétaire;  Vanden 
Broeck,  trésorier;  A.  de  Witte,  bibliothécaire; 
Cocheteux,  Schuermans,  le  baron  de  Chestret, 
Le  Catte  ,  de  Roissart  ,  Bequet  ,  membres 
effectifs;  M.  De  Munter,  membre  correspondant 
regnicole. 

Assistent  à  la  séance  :  MM.  Dumoulin,  membre 
honoraire;  G.  Terme,  associé  étranger;  Stanislas 
Bormans,  vice -président  de  l'Institut  archéolo- 
gique liégeois,  et  Van  de  Casteele,  archiviste  de 
l'État,  à  Liège. 

Se  sont  excusés  :  MM.  Chalon,  le  comte  Nahuys, 
Dancoisne  ,    Rouyer  ,     Mgr    Bethune  ,    Herry 

DE      COCQUÉAU  ,      DUGNIOLLE  ,      MAUS  ,     BRICHAUT  , 

Geelhand,  Helbig,  Vander  Auwera,  le  baron 
Bethune,  Bamps,  Peny,  Alvin  et  Delattre. 

M.  le  vice-président  de  l'Institut  archéologique 
liégeois  souhaite  la  bienvenue  à  la  Société  de 
numismatique  et  M.  De  Schodt  remercie  l'Institut 
archéologique  de  la  gracieuse  hospitalité  que 
celui-ci  a  bien  voulu  accorder  à  notre  Société. 

Année  1887.  ,  3i 


490 

M.  le  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal 
de  la  dernière  séance,  lequel  est  approuvé. 

L'assemblée  s'occupe  de  l'élection  préparatoire 
de  deux  membres  effectifs  et  d'un  membre  hono- 
raire, en  remplacement  de  MM.  Onghena,  baron 
Surmont  de  Volsberghe  et  marquis  Strozzi,  décé- 
dés; ensuite  a  lieu  la  présentation  des  candidats 
pour  deux  places  de  membre  correspondant 
regnicole. 

M.  De  Schodt  distribue  un  jeton  de  présence 
frappé  sous  la  direction  de  M.  Brichaut.  (Remercî- 
ments.) 

Ce  jeton  est  à  l'effigie  de  M.  Chalon,  président 
d'honneur  à  vie,  et  semblable  à  celui  qui  a  été  dis- 
tribué à  la  séance  extraordinaire  tenue,  l'année 
dernière,  à  Louvain,  sauf  l'inscription  placée  au 
centre  du  revers  qui  porte  : 

RÉUNION  DU  i5  MAI  1887  —  LIÈGE. 

M.  Cocheteux  désire  que  la  Revue  ne  publie  plus 
d'article  tel  que  celui  sur  la  marque  d'acquit  de  la 
taxe  des  chiens  à  Bruges  {Revue,  1886,  p.  485).  Il 
trouve  que  ces  marques  sont  trop  peu  intéressantes 
pour  être  mentionnées  dans  notre  Revue. 

M.  De  Schodt,  l'auteur  de  cette  courte  notice, 
fait  remarquer  d'abord  qu'elle  n'a  été  insérée  que 
parmi  les  mélanges;  il  ajoute  que  l'apparition  à 
Bruges  d'un  méreau  constatant  l'acquittement 
d'une  imposition  n'a  été,  pour  lui,  que  l'occasion 


49  « 

d'établir,  '  avec  textes  à  l'appui,  que  cette  forme 
de  méreau  remontait  au  moyen  âge,  et  de  rappeler 
que,  depuis  nombre  d'années,  il  est  fait  également 
usage  de  marques  de  l'espèce  en  Hollande,  où 
elles  sont  recherchées  par  les  amateurs. 

M.  le  président  donne  lecture  d'une  lettre  de 
M.  le  baron  Surmont  de  Volsberghe,  sénateur, 
dans  laquelle  celui-ci  expose  que  son  regretté 
père,  feu  notre  confrère,  avait  fait  graver  une 
médaille  à  l'occasion  du  cinquantenaire  de  son 
mariage,  qui  coïncidait  avec  les  noces  d'argent  de 
sa  fille  aînée,  Mme  de  Kerchove  d'Exaerde.  Il  s'était 
proposé  d'offrir  un  exemplaire  de  cette  médaille 
à  chacun  de  ses  collègues  de  la  Société  de  numis- 
matique. Cette  intention  du  défunt  sera  respectée 
et  M.  le  sénateur  Surmont  fera  parvenir  cette 
médaille  aux  membres  de  la  Société  de  numisma- 
tique. (Remer  ciments.) 

M.  le  baron  de  Chestret  lit  une  note  sur  l'atelier 
monétaire  de  Visé.  Voici  l'intéressante  découverte 
qu'il  a  communiquée  à  l'assemblée  : 

«  La  petite  ville  de  Visé,  entre  Liège  et  Maes- 
tricht,  avait  eu,  comme  on  sait,  un  atelier  moné- 
taire assez  productif,  à  l'époque  reculée  où  la 
foire  établie  en  cette  ville  y  faisait  affluer  les  mar- 
chands des  pays  voisins. 

«  Ce  marché  étant  tombé  en  décadence,  il  y 
avait  plusieurs  siècles  que  le  bruit  du  marteau 
retentissant  sur  l'enclume  des  monnayeurs  s'était 
éteint  à  Visé,   lorsqu'on   y   rouvrit  une   forge, 


492 

en  1640.  Elle  ne  produisit,  hélas  !  que  des  liards 
ne  portant  pas  même  l'empreinte  de  leur  origine, 
mais  frappés,  comme  on  disait  alors  «  au  titre  du 
duché  de  Bouillon  ». 

«  Cette  activité  quasi-posthume  et  momentanée 
de  l'atelier  de  Visé  nous  est  révélée  par  une  série 
d'actes  notariés,  sur  lesquels  M.  Van  de  Casteele, 
archiviste  de  l'Etat,  à  Liège,  a  bien  voulu  appeler 
notre  attention. 

«  Voici  un  extrait  du  plus  important  d'entre 
eux  : 

«  «  L'an  mille  siex  cent  quarante  le  diexième 
«  jour  de  novembre,  en  présence  de  moy  notaire 
«  soubsigné  et  des  tesmoins  embas  dénommez, 
«  personelement  constituez  honorable  Mre  France 
«  Schelbergh,  marchand  orphèvre,  d'une  part,  et 
«  le  sieur  Louys  Voes,  aussi  marchand,  d'autre 
«  part,  lequel  dit  Schelberg  at  promis  comme  par 
«  ceste  promette  livrer  audit  Voes  ce  acceptant, 
«  la  somme  de  douze  mille  libvres  poid  de  troye 
«  de  cuivre  congnez  en  liarts,  à  trentetrois  pattars 
«  chasque  libvre,  à  prendre  et  recepvoir  par  ledit 
«  Voes  icy  en  ceste  cité  de  Liège,  ensuitte  du 
«  contract  entre  eulx  fait  et  passé  l'onzième  de 
«  jullet  dernier  (lequel  demeurerat  en  son  entier 
«  et  sans  y  pouvoir  estre  avant  dérogué),  en  dédui- 
«  sant  ce  que  desjà  ledit  Voes  en  peut  avoir  reçeu 
«  provenant  de  la  forge  de  Visé  seulement,  et  sans 
«  y  comprendre  les  cuivres  que  ledit  Voes  luy 
«  livre  pour  envoyer  à  Dinant At  aussi 


493 

«  ledit  Schelbergh  promis  comme  par  ceste  il 

«  promet  livrer  toutes   les    sepmaines,  à  ladite 

«  monoye  et  forge  de  Visé,  quatorze  fers  de  deseur 

«  et  siex  pieds  de  desoubz  à  congner  lesdits  liarts, 

«  ensemble  de  mettre  continuelement  en  œuvre 

«  sept  ouvriers  congneteurs  travaillants  à  ladite 

«  monoye,  jusques  à  l'entier  livrement  des  sus- 

«  dites  douze  mille  libvres,  etc.  » 

Protocole  du  notaire  Bellevaux, 
registre  i637-i658,  aux  archives 
de  l'Etat,  à  Liège. 

Interpellé  par  le  président  s'il  n'a  pas  quelque 
communication  à  faire  à  l'assemblée,  M.  Coche- 
teux  dit  qu'il  résumera  en  quelques  mots  un  arti- 
cle qu'il  a  depuis  longtemps  préparé  en  réponse 
à  la  notice  de  M.  Deloche,  sur  un  poids  carolin- 
gien du  Musée  royal  d'antiquités  de  Bruxelles. 

ire  partie.  —  M.  Cocheteux  pense  que  ce  petit 
monument  n'est  pas  un  poids  vulgaire,  mais  bien 
un  étalon  monétaire.  Avant  d'aborder  sa  descrip- 
tion ,  il  donne ,  par  un  texte  de  Leblanc ,  une 
nouvelle  preuve  de  l'accroissement  successif  des 
étalons  monétaires  carolingiens;  puis  il  réfute 
l'opinion  de  M.  Deloche  sur  la  non-existence  de 
la  livre  de  Charlemagne. 

Revenant  alors  sur  la  livre  romaine  et  sur  la 
livre  gauloise,  il  dit  que  ces  livres  se  décomposent 
toutes  deux  en  12  onces,  chacune  de  576  grains , 
mais  que  le  grain  romain  est  au  grain  gaulois 


494 

dans  le  rapport  de  8  à  g.  Il  fait  ensuite  un  court 
exposé  de  l'origine  probable  de  la  livre  de  Charle- 
magne  et  de  l'origine  possible  de  la  livre  de 
Cologne. 

2de  partie.  —  Après  avoir  décrit  le  poids  du 
Musée  de  Bruxelles,  M.  Cocheteux  se  livre  à 
l'examen  de  la  double  légende,  ainsi  qu'à  l'inter- 
prétation des  triangles  pointés  et  des  18  points 
en  circonférence.  Ces  points,  diversement  groupés, 
n'ont  absolument  rien  de  mystique,  et  sont  au 
contraire  utiles,  pratiques,  si,  comme  il  le  pense, 
ils  renferment  la  loi  des  accroissements  des  éta- 
lons monétaires. 

Il  discute  ensuite  les  époques  présumées  : 

—  de  la  fabrication  du  poids, 

—  de  l'inscription  de  la  double  légende, 

—  et  de  la  frappe  de  18  points  en  circonférence. 

Il  expose  enfin  les  motifs  qui  le  portent  à  sup- 
poser que  le  poids  a  pu  être  primitivement  celui 
de  la  livre  de  Charlemagne,  avant  l'ablation  du 
bouton  qui,  semble-t-il,  a  dû  le  surmonter. 

M.  Bequet  fait  remarquer  que  les  ornements  de 
ce  poids  indiquent  qu'il  date  d'une  époque  anté- 
rieure à  Charlemagne;  de  tels  ornements  sont 
particulièrement  usités  au  vie  et  au  vne  siècle. 
M.  Schuermans  partage  le  même  avis;  il  se 
fonde  sur  la  forme  des  lettres  et  la  façon  dont 
les  caractères  sont  tracés;  et  M.  de  Chestret 
croit  aussi  que  ce  poids  est  plus  ancien  que  ne  le 
suppose  M.  Cocheteux.   Celui-ci  objecte  la  base 


495 

arrondie  des  U  et  l'emploi  de  la  lettre  F  en 
remplacement  de  la  diphthongue  PH  et  persiste 
à  soutenir  que  ces  ornements  ont  été  également 
employés  au  ixe  siècle. 

M.  De  Schodt  donne  lecture  d'un  travail  sur  les 
méreaux  de  la  collégiale  de  Saint-Jean  l'Evangé- 
liste,  à  Liège,  et  exhibe  un  de  ces  méreaux 
(xve  siècle). 

M.  Cumont  lit  d'abord  quelques  lignes  sur  un 
triens  inédit  de  Dinant  et  fait  ensuite  connaître  le 
résultat  de  ses  recherches  sur  les  jetons  d'étrennes 
des  gouverneurs  généraux  de  la  Belgique,  Albert 
de  Saxe-Teschen  et  Marie-Christine  (1780-1793). 

Cette  étude  paraîtra  dans  une  prochaine  livrai- 
son de  la  Revue. 

M.  de  Witte  lit  une  notice  concernant  le  mon- 
nayage des  Etats  du  Hainaut  et  celui  des  Etats  du 
Tournaisis.  Cette  étude  est  établie  d'après  les 
comptes  de  Simon  de  Malines,  successivement 
maître  de  la  Monnaie  de  Mons  et  de  Tournai 
(1577-1582),  pièces  officielles  que  notre  confrère 
a  eu  la  bonne  fortune  de  retrouver  aux  archives 
générales  du  royaume. 

Il  démontre  que  M.  Chalon  a  indiqué  dans  son 
ouvrage  sur  les  monnaies  du  Hainaut,  des  pièces 
qui  n'ont  jamais  été  frappées. 

La  séance  est  levée  à  3  heures. 

Le  Vice-Président  ffon*  de  Président, 
Le  Secrétaire,  A.  De  Schodt. 

G.  Cumont. 


49<5 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


LISTE  DES  OUVRAGES  REÇUS  PENDANT  LE  2e  TRIMESTRE  1887. 


Avis  important  :  Les  ouvrages  et  publications  destinés  à 
la  Société  doivent  être,  désormais,  adressés  à  M.  Alph.  de 
HlKc,  bibliothécaire  de  la  Société  royale  de  numismatique, 
Palais  des  Académies,  a  Bruxelles. 


Ouvrages  périodiques. 

Allemagne.  —  Catalogue  Weyl,  nos  83,  84  et  85.  —  Numismatische 
Correspondent  du  même,  nos  44-52bis,  53,  54-56, 
57  et  58.  —  Berliner  Mûn^blâtter,  nos  80,  81-82. 
—  Numismatische  literatur  Blatt,  nos  35-36.  — 
Oberlausit^ische  Gesellschaft  der  Wissenschaften, 
Neues  lausit^isches  Magasin,  t.  LXII.liv.  1  et  2, 

1886.  —  Numismatischer  Verkehr  von  Thieme, 

1887,  n08  3-4.  —  Blâtterfûr  Mùntfreunde,  nos  140 
et  141 .  avec  la  pi.  89.  —  Catalogue  à  prix  marqués, 
n°  3i,  de  Zschiesche  et  Kôder.  —  Katalog 
n°  XLVIII  von  L.  Rosenthal's.  —  Jahrbûcher 
und  Jahresberichte  des  Verein  fur  Meklenbur- 
gische  Geschichte  und  A  Iterthumkunde,  5ie  année, 
1886. 

Amérique.  —  Smithsonian  institution.  Report  for  the  year  1884, 
part.  II. 

Angleterre.  —  Numismatic  chronicle,  année  1886,  part.  IV. 

Autriche-Hongrie.  —  Académie  des  sciences  de  Hongrie  :  Unga- 
rische  revue,  années  i885  et  1886;  Bulletins  de 
V Académie  nationale  hongroise  des  sciences,  nos  1, 


497 

2, 3, 4, 5  ;  Archœologigiai  Ertescto,  1884,  IVe  kotet  ; 
i885,  Ve  kotet,  szam  1,  2,  3,  4  et  5  ;  1886,  VIe  kotet, 
szam  2. 

Belgique.  —  Bulletin  de  l'Académie  royale  des  sciences,  3e  série, 
t.  XIII,  n09  1,  2  et  3.  —  Bulletin  de  la  commission 
royale  d'art  et  d'archéologie,  t.  XXV,  nos  9, 10,  1 1 
et  12.  —  Documents  et  rapports  de  la  Société 
paléontologique  et  archéologique  de  l'arrondisse- 
ment judiciaire  de  Charleroi,  t.  XIII  et  XIV.  — 
Messager  des  sciences  historiques,  année  1887, 
ire  livraison.  —  Annales  du  Cercle  archéologique 
de  Mons,  t.  XX.  —  A  nnales  de  la  Société  archéo- 
logique de  l'arrondissement  de  Nivelles,  t.  III, 
liv.  1  et  2.  —  Bulletin  de  la  Société  historique  et 
littéraire  de  Tournai,  t.  XXI  et  un  supplément.  — 
Annales  de  l'Institut  archéologique  de  la  province 
de  Luxembourg,  t.  XVIII  et  atlas  du  t.  VII. 

France.  —  Polybiblion,  partie  littéraire,  t.  XXV,  nos  2,  3  et  4;  partie 
technique,  t.  XIII,  nos  2,  3  et  4.  —  Revue  numis- 
matique, 3e  série,  t.  Ier,  ier  trimestre  1887.  — 
Annuaire  de  la  Société  française  de  numisma- 
tique, année  1887,  ier  fascicule.  —  Bulletin  de  la 
Société  de  Borda,  XIIe  année,  ier  trimestre.  — 
Mémoires  de  la  Société  archéologique  du  midi 
de  la  France,  t.  XIV,  ire  livraison.  —  Bulletin  de 
la  même  Société,  nouvelle  série,  nos  1  et  2.  — 
Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique 
de  l'Orléanais,  t.  VIII,  nos  129  et  i3o.  —  L'Inter- 
médiaire des  chercheurs  et  des  curieux,  XIXeannée, 
nos  445  à  447  ;  XXe  année,  nos  448  à  455. 

Italie.  —  Bulletino  de  numismatica  e  sfragistica,  t.  III,  nos  1  et  2. 
—  Miscellanea  di  storia  Italiana,  t.  XXV. 

Pays-Bas.  —  Genootschap  provinciaal  van  kunsten  en  wetenschap- 
pen  in  Noord-Brabant  ;  De  commanderij  der 
Duitsche  orde  te  Vucht,  door  J.  Hezenmans, 
nieuwe  reeks.  n°  2. 


498 


Ouvrages  non  périodiques. 


Bukowski,  Michel.  Samling  of  Svenskt  och  utlàndskt  sedelmunt 
samt  svenka  forordningar,  bôcker  och  skrifter 
rorande  riksgâld,  banco  och  sedelvâsen  m.  m., 
beldad  af  H.  Bi.  Stockolm,  1886,  in- 8°,  110  pages, 
vign.  et  2  planches.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Burchner,  Ludwig.  Die  Rômischen  und  Deutschen  Kaiser  von  44  vor 
Chr.  bis  1711  nach  Chr.  in  abbildungen  mit 
wahlsprùchen  nach  Christian  Wermuth.  Nurem- 
berg, 1886,  in-8°,  32  pages  et  12  planches.  (Hom- 
mage de  l'auteur.) 

Cumont.  Histoire  du  concours  auquel  fut  soumis  Théodore 

van  Berckel  pour  obtenir  le  titre  de  graveur 
général.  Bruxelles,  1887,  in-8°,  20  pages  et  1  pi. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

De  Witte,  Alph.  Numismatique  brabançonne.  —  Les  Godefroid 
(1106-1190).  -  Henri  Ier  (ngo-1235).  -  Henri  11/ 
(1248-1261).  Bruxelles,  1887,  in-8°,  11  pages  et 
1  planche.  Plus  deux  autres  brochures. 

—  Les   ventes    Mailliet  et  de    Caisnes.    Paris,    1887, 

gr.  in-8°,  g  pages.  (Hommages  de  l'auteur.) 
Dugniolle.  Le  Jeton    historique    des    dix-sept  provinces   des 

Pays-Bas.  Bruxelles,  1876-1880,  4  vol.  in-8°  avec 

planches.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Gnecchi,  F.  et  E.  Le  monete  dei  Trivulpo.  Milan,  1887,  in-8°,  73  pages 

et  i3  planches.  (Hommage  des  auteurs.) 
Hermerel.  Jules.  Ventes  de  monnaies.  Collection  Hermerel.  Compte 

rendu.  Paris,  i885,  gr.  in-8°,  10  pages. 

—  Vente  P. -Charles   Robert.    Compte  rendu.   Paris, 

1886,  gr.  in  8°,  77  pages. 

—  Trouvaille  de    Troyes.    Paris,    1887,    gr.    in  -8°, 

3o  pages.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Keary,  C.-F.        A  catalogue  ofenglish  coins  in  the  British  Muséum. 
A  nglo-Saxon  séries.  Volume  I,  edited  by  R.-Stuart 
Poole.  Londres,  1887,  in-8°,  282  pages  et  3o  plan- 
ches. (Hommage  de  l'auteur.) 


499 

Peny.  Jetons  et  méreaux  de  charbonnages.   —  Hainaut. 

Bruxelles,  1887,  in-8°,  16  pages,  1  planche.  {Hom- 
mage de  l'auteur.) 

Rouyer,  Jules.  Jetons  de  Louis  XIII,  à  la  légende  «fugat  oportune». 
Extrait  du  Journal  de  la  Société  d'archéologie 
lorraine,  année  1880.  Nancy,  1880,  in-8°,  8  pages('). 

—  Représentations   de   Sarrasins  sur   des  jetons   du 

moyen  âge.  Extrait  du  Bulletin  mensuel  de  numis- 
matique et  d'archéologie,   i883,  in-8°,   7   pages. 

—  Jeton  de  Jacques  Charmolue,  changeur  du  Trésor 

sous  les  règnes  de  Louis  XII  et  de  François  Ier. 
Extrait  de  la  Revue  numismatique,  année  i883, 
in-8°,  7  pages,  1  vignette. 

—  Le  vol  auic  jetons,  escroqueries  anciennes  et  modernes. 

Nancy,  1884,  in-8°,  6  pages. 

—  Choix  de  jetons  français  du  moyen  âge,  pour  la 

plupart  inédits.  Extrait  de  la  Revue  numismatique, 
Paris,  1884,  in-8°,  3o  pages  et  1  planche. 

—  Jeton  lorrain  du  temps  du  duc  Antoine  frappé  en 

piéfort.  Extrait  de  la  Revue  numismatique,  Paris, 
i885,  5  pages  et  1  vignette. 

—  De  l'orfèvre  frison  Jean- Jacques  Folkema  en  ce  qui 

concerne  les  médailles  de  Louis  XIV  et  autres  qui 
lui  sont  attribuées.  Bruxelles,  i885,  in-8°,  16  pages. 

—  Dénéraux  et  autres  poids  monétaires  de  France  et 

des  Pays-Bas.  Extrait  de  la  Revue  numismatique. 
Paris,  1886,  in-8°,  35  pages,  2  planches. 

—  Médaille  d'origine  allemande  à  l'image  de  Notre- 

Dame  de  Bon-Seccurs  de  Nancy,  rappelant  la 


(')  Cette  notice  a  pour  objet  de  démontrer  que  le  jeton  daté  de  i632, 
n°  620  du  catalogue  de  la  collection  Monnier,  que  l'on  y  rattachait  à  la 
prise  de  Bar-le-Duc  où  à  celle  de  Vie,  et  qui  est  la  copie,  médiocrement 
réussie,  d'un  jeton  de  i63i,  ne  peut,  comme  celui-ci  même,  que  se 
rapporter  aux  conquêtes  faites  par  les  armes  de  Louis  XIII,  en  i63o, 
du  côté  de  l'Italie.  {Note  de  l'auteur.) 


5oo 

prise  de  la  ville  de  Bude,  etc.  Nancy,  1886,  in-8°, 
19  pages  et  1  planche. 

Rouyer,  Jules.  Points  divers  de  l'histoire  métallique  des  Pays-Bas 
(ier  article).  —  Médailles  du  règne  de  Louis  XIV, 
se  rapportant  à  l'histoire  des  Pays-Bas,  etc., 
omises  dans  le  grand  ouvrage  de  Van  Loon. 
Bruxelles,  1887,  in-8°,  5i  pages,  3  planches 
{Hommages  de  l'auteur.) 

Serrure,  C.-A.  Études  sur  la  numismatique  gauloise  des  Commen- 
taires de  César.  ire  étude.  Louvain,  i885,  in-8°, 
37  pages  et  vignettes. 

—  Idem.  2e  étude.   Louvain,  1886,  in-8°,  40  pages  et 

vignettes.  (Don  du  bibliothécaire.) 
Storer,  Horatio.  The    medals,    jetons    and    tokens    illustrative    of 
obstetrics  and  gy  noecology.  Newport,  1887,  in-8°, 
14  pages.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Wauters.  Documents   concernant   le   canal  de   Bruxelles  à 

Willebroeck,  précédés  d'une  introduction  conte- 
nant un  résumé  de  l'histoire  de  ce  canal.  Bruxelles, 
1882,  in-8°,  190  pages. 

—  Liste  par  ordre  chronologique  des  magistrats  com- 

munaux de  Bruxelles  depuis  1794  jusqu'en  1884. 
Bruxelles,  i885,  in-8°,  77  pages. 

Anonymes. 

Catalogo  délia  colle\ione  A.  Cantoni  di  Milano.  -  Catalogo  délia 
colle\ione  Cavriani,  marchese  Guido  di  Mantova.  2  volumes.  (Envoi 
de  M.  G.  Sambon.) 

Collection  de  Ponton  d'Amécourt.  Monnaies  d'or  romaines  et 
byzantines.  (Catalogue  offert,  par  MM.  Rollin  et  Feuardent.) 

Catalogue  des  livres  composant  la  bibliothèque  de  M.  P.-C.  Robert. 
(Envoi  de  M.  Van  Peteghem.) 

Catalogue  d'une  collection  de  pièces  rares  dont  la  vente  aura  lieu  à 
Bruxelles,  le  23  mai  1887.  (Envoi  de  M.  Duprie^.) 

16  mai  1887. 

Le  bibliothécaire, 

Alphonse  db  Witte. 


EEVUE  BELGE  LE  MMTIQUE  1887 


PLU! 


G.  Lavalette,  âel^Kul' 


MUE  BELGE  DE  UUMJMQUE 


PL.  XII 


0^.)>valetce,  M'  &jaiV. 


REVUE  BELGE  DE  IMSIRTIQUE.1887 


PL.  XIV 


Q.Lyayalette.delf  fr.  ?cuV 


EVDE  BELGE  DE  11I5MRTIQUE.  1887. 


ri,  \\. 


1  e  del'&sc! 


5oi 


Planche    XVI. 


IL 

Un  érudit,M.  Geo.  Godfrey  Pearse,  chevalier  de 
l'ordre  du  Bain,  lieutenant  général  du  Royal 
Horse  Artillery,  à  Cheltenham  (Angleterre),  qui  a 
passé  de  longues  années  aux  Indes  et  y  a  fait  de 
patientes  recherches  et  de  sérieuses  études,  a  eu  la 
bonté  de  nous  faire  des  communications  des  plus 
intéressantes  relativement  à  la  numismatique  des 
possessions  néerlandaises  dans  les  Indes  orien- 
tales aux  xviie  et  xvine  siècles,  qui  répandent  de  la 
clarté  sur  des  points  restés  obscurs  et  se  rappor- 
tent à  des  faits  importants  de  l'histoire.  C'est  avec 
la  bienveillante  autorisation  de  ce  savant  que 
nous  les  publions  dans  ce  nouvel  article. 

On  trouve  d'autres  précieux  renseignements  sur 
les  monnaies  employées  dans  la  circulation  dans 
les  Indes,  au  siècle  dernier,  dans  un  ouvrage  : 
«  Lettres  de  Malabar,  »  publié  vers  le  milieu  du 
xvme  siècle  par  M.  J.  Canter  Visscher  en  langue 
néerlandaise  et  récemment  traduit  en  anglais  par 
M.  le  major  Drury  (').  La  lettre  XII  est  entièrement 

(')  Letters  front  Malabar,  by  Jacob  Ganter  Visscher,  chaplain  at 
Année  1887.  32 


502 

consacrée  à  la  numismatique.  Cet  ouvrage  n'étant 
pas  généralement  connu  des  numismates,  nous 
en  avons  également  emprunté  quelques  détails 
curieux. 

Des  principales  monnaies  qui  circulaient  dans  les 
Indes  orientales  au  milieu  du  xvm  siècle. 

On  peut  ranger  les  monnaies  les  plus  générale- 
ment employées  dans  le  commerce  à  cette  époque 
aux  Indes  en  trois  catégories  :  i°  les  monnaies  des 
païens,  les  Hindous  ;  2°  celles  des  Maures,  Ma- 
poules  ou  Moplays,  c'est-à-dire  des  Mahométans, 
descendant  d'anciens  émigrés  arabes  qui,  jusque 
vers  le  milieu  du  xvme  siècle,  formèrent  un  État 
puissant  ;  et  3°  celles  des  européens.  Les  juifs  dits 
juifs  blancs,  qui  prétendent  descendre  des  juifs 
émigrés  en  l'an  68  de  l'ère  chrétienne,  bien  que 
très  nombreux  au  Cochin,  ne  formant  pas  d'État, 
n'avaient  pas  de  monnaie  qui  leur  était  particu- 
lière. 

Les  monnaies  païennes  ou  hindoues  étaient  des 
pagodes,  espèces  en  or  de  la  valeur  de  deux  ris- 
dales,  ayant  le  même  poids  que  les  ducats,  mais 

Pingjum  ,  Cochin,  i6th  augt  «743,  now  first  translated  from  the 
original,  dutch,  by  major  Heber  Drury,  Madras  Staffcorps ,  late 
assistant  résident  in  Travancore  and  Cochin.  Madras,  printed  by 
Gantz  brothers,  1862.  M.  le  général  Pearse  nous  apprend  que  le 
major  Drury  trouva  l'ouvrage  original,  en  néerlandais  du  xvme  siècle, 
au  Cochin  où  il  le  traduisit  soigneusement  en  anglais. 


5o3 

d'un  titre'  inférieur.  Ces  pièces  doivent  leur  nom 
à  l'image  d'une  idole  qu'elles  portent  d'un  côté. 
On  appelle  les  temples  hindous  construits  en 
plein  air  des  pagodes,  mot  qui  vient  de  l'hindou 
Chag-avati,  c'est-à-dire  maison  sainte.  Les  pièces 
portant  trois  têtes  sont  les  plus  estimées. 

Les  espèces  maures  en  circulation  dans  toutes 
les  Indes  étaient  les  roupies  et  demi-roupies,  en  or 
ou  en  argent. 

Les  monnaies  européennes  étaient,  en  argent  : 
les  écus  dits  risàales,  les  ducatons,  les  piastres  espa- 
gnoles dites  spaansche  matten  ;  en  or  :  les  ducats,  et 
enfin,  en  cuivre,  les  dûtes  et  demi-dutes. 

La  Compagnie  des  Indes  orientales  avait  adopté 
le  florin  comme  unité  de  compte,  bien  que  le 
risdale  équivalant  en  Europe  à  5o  sous  et  aux 
Indes  seulement  à  48  sous,  fût  généralement 
employé  dans  les  transactions  commerciales  pri- 
vées. 

Le  ducaton  était  l'espèce  principalement  mise  en 
circulation  par  la  Compagnie,  surtout  à  Batavia. 
Sa  valeur  fut  fixée  par  le  tarif  de  la  Compagnie 
à  i3  escalins  ou  schellingen  de  6  sous,  tandis  qu'il 
ne  valait  en  réalité  que  10  1/2  escalins  !  De  cette 
manière  la  Compagnie  se  faisait  un  bénéfice  de 
2  1/2  escalins,  soit  i5  sous,  sur  chaque  ducaton  !! 

Les  piastres  étaient  importées  des  îles  Philippines 
à  Batavia  par  les  Espagnols  ;  elles  étaient  évaluées 
à  10  escalins . 

Les  ducats  servaient  surtout  dans  le  commerce 


504 

avec  la  Perse.  Les  établissements  néerlandais  à 
Malabar  et  à  Ceylan  étaient  généralement  pourvus 
de  ducats,  attendu  que  le  commerce  du  poivre  se 
faisait  toujours  avec  cette  monnaie  d'or,  fixée  au 
taux  de  18  escalins.  Les  ducats  de  Venise  étaient 
les  plus  estimés. 

A  Malabar,  les  petites  monnaies  indigènes  d'or 
et  d'argent  étaient  généralement  appelées  fanants. 
Il  en  existe  plusieurs  variétés,  à  cause  du  nombre 
de  monarques  qui  possédaient  le  droit  de  battre 
monnaie  ;  aussi  différaient-ils  entre  eux  en  valeur. 

Les  petites  monnaies  en  plomb  ou  en  cuivre 
s'appelaient  boeserokken  et  cas  ou  cashs. 

Outre  ces  diverses  espèces  de  numéraire  métal- 
lique, on  se  servait  encore  en  guise  de  monnaie 
aux  Indes,  particulièrement  au  Bengale,  de  cer- 
taines petites  coquilles  appelées  cauris,  que  l'on 
trouve  sur  les  côtes  des  îles  Maldives  ;  les  cauris 
blancs  seuls  servaient  de  monnaie. 

COCHIN. 

Cette  ancienne  capitale  du  royaume  de  Cochin, 
située  dans  le  Malabar,  côte  occidentale  de  l'Inde, 
fut  conquise  en  i5o3  par  Alphonse  d'Albuquerque, 
surnommé* le  gratta  et  le  Mars  portugais ,  et  prise 
par  les  Néerlandais  en  i663,  qui  à  leur  tour,  alors 
que  les  Provinces-Unies  avaient  été  transformées 
en  république Batave,  en  furent  dépossédés  par  les 
Anglais  en  1795. 


5o5 

Pendant  la  domination  néerlandaise,  le  fanam  au 
Cochin,  monnaie  indigène  de  ce  royaume,  était  le 
numéraire  dont  se  servaient  les  marchands  aussi 
bien  que  la  Compagnie  des  Indes  qui  payait  les 
salaires  avec  cette  monnaie.  Le  fanam  du  Cochin 
valait  un  quart  d'escalin,  soit  i  1/2  sou,  tandis  que 
les  fanams  de  Calicut  valaient  un  escalin,  et  un 
fanam  de  Quilon  2  1/2  escalins.  Le  droit  de  battre 
les  fanams  appartenait  exclusivement  au  roi  de 
Cochin,  comme  autorité  suprême  du  pays.  Mais 
après  que  l'on  se  fût  aperçu  que  les  préposés  au 
monnayage  avaient  altéré  le  titre  de  ces  espèces, 
la  Compagnie  persuada  au  roi  de  faire  fabriquer 
dorénavant  les  monnaies  sous  le  contrôle  du  com- 
mandant néerlandais,  qui  nomma  des  commis- 
saires pour  veiller  à  ce  que  les  fanams  fussent 
frappés  au  titre  et  au  poids  déterminé  sans  qu'il 
pût  y  avoir  de  fraude. 

,  De  chaque  pièce  on  déduisait  néanmoins  4  p.  °/OJ 
dont  2  pour  le  roi  et  2  pour  le  maître  de  la  monnaie, 
qui  avait  à  supporter  tous  les  frais  de  fabrication 
des  espèces. 

L'alliage  dont  étaient  fabriqués  les  fanams, 
était  composé  de  100/1000  d'or  fin,  de  450/1000 
d'argent  fin  et  de  450/1000  de  cuivre  du  Japon.  On 
coulait  ce  mélange  en  petites  boules,  et  après  s'être 
assuré  que  chacune  d'elles  avait  le  poids  voulu,  on 
les  aplatissait  en  les  frappant  avec  des  coins  por- 
tant certains  types  malabariens.  Ces  pièces  sont 
très  petites  et  d'un   usage  fort  incommode.  La 


5o6 

Compagnie  fournissait  les  métaux  nécessaires  à  ce 
monnayage. 

Les  fanants  du  Cochin  représentent  d'un  côté 
un  homme  à  mi-corps  vêtu  d'une  cotte  de  mailles, 
vu  de  face,  ancien  type  des  monnaies  de  Gupta 
du  deuxième  siècle  de  notre  ère. 

Rev.  Treize  points  rangés  i,  4,  4,  4,  et  un  trait 
recourbé  ;  on  appelle  cela  le  fusil,  le  crocodile,  etc.; 
mais  cette  chose  informe,  ainsi  que  nous  l'assure 
M.  le  général  Pearse,  représente  également  une 
figure  humaine  assise. 

Voy.  n°  1  de  la  pi.  XVI. 

En  outre,  les  commandants  néerlandais  firent 
frapper  à  Cochin,  pour  la  Compagnie,  une  autre 
petite  monnaie  d'une  valeur  infiniment  minime  ; 
elle  était  en  plomb  :  on  l'appelait  boeserok,  pluriel 
boeserokken,  et  elle  circulait,  à  ce  qu'il  paraît, 
exclusivement  au  Cochin. 

Dans  notre  premier  article  ('),  nous  avons  donné 
le  dessin  d'une  pièce  en  plomb  à  la  marque  de  la 
Compagnie  des  Indes  orientales,  un  grand  V  avec 
les  lettres  0  et  C  (Vereenigde  Oost-Indische  Com- 
pagnie. —  Compagnie  Unie  des  Indes  orientales),  et 
représentant  au  revers  une  figure  inexpliquée  ayant 
quelque  ressemblance  avec  une  harpe.  Cette  pièce 
est  indiquée  dans  le  catalogue  de  la  collection 
numismatique  de  l'hôtel  des  monnaies  du  royaume 

(')  Voy.  Revue  belge  de  numismatique,  année  1887,  p.  23o. 


5  07 

des  Pays-Bas  à  Utrecht  (n°  78  à  la  page  5i,  parmi 
les  pièces  incertaines)  comme  «  monnaie  de  néces- 
sité »,  tandis  qu'à  cause  de  l'absence  d'indication 
de  valeur  ou  de  localité,  nous  pensions  qu'elle 
appartenait  plutôt  à  la  catégorie  des  méreaux  et 
qu'elle  avait  servi  comme  marque  d'acquittement 
d'un  droit  quelconque,  peut-être,  disions-nous,  de 
celui  de  balise,  et  qu'alors  la  figure  du  revers  pour- 
rait être  une  balise  ou  bouée  émergeant  en  partie 
de  l'eau.  Aujourd'hui,  nos  doutes  sur  la  nature  de 
cette  pièce  sont  complètement  dissipés,  et  l'énigme 
du  revers  peut  être  expliquée  grâce  à  la  science  et 
à  l'obligeance  de  M.  le  général  Pearse  qui  a  eu  la 
bonté  de  nous  donner  au  sujet  de  cette  curieuse 
pièce  des  renseignements  des  plus  précis  dont  il 
résulte  qu'il  ne  s'agit  pas  plus  de  méreau  que  de 
monnaie  de  nécessité,  mais  d'une  véritable  petite 
monnaie,  d'un  boeserok  du  Cochin. 

Le  boeserok  publié  par  nous  appartient,  comme 
l'indique  la  marque  de  la  Compagnie  des  Indes 
orientales,  à  l'époque  de  la  domination  néerlan- 
daise (1663-1795). 

Il  en  existe  trois  variétés,  toutes  du  même  poids 
et  du  même  module,  que  M.  le  général  Pearse  n'a 
rencontrées  qu'au  Cochin  et  qu'il  ne  s'est  procu- 
rées qu'avec  beaucoup  de  peine  après  de  longues 
recherches  : 

i°  Celle  publiée  par  nous  et  dont  nous  repro- 
duisons ici  le  dessin  ; 


5o8 


2°  Celle  en  tout  semblable  à  la  précédente,  à 
la  différence  près  que  la  marque  de  la  Compagnie 
y  est  surmontée  du  chiffre  8; 

3°  Celle  au  même  type,  mais  perforée  en  deux 
endroits,  c'est-à-dire  à  la  partie  inférieure  de  l'O 
et  du  C  qui  traverse  le  V. 

La  face,  nous  l'avons  dit  déjà,  porte  le  mono- 
gramme de  la  Compagnie  des  Indes  orientales,  et 
le  revers  ne  représente  ni  une  harpe  ni  une  balise, 
mais,  ainsi  que  nous  l'a  expliqué  M.  le  général 
Pearse,  une  imitation  barbare  de  l'écusson  aux 
armes  de  la  ville  d'Utrecht,  tranché  d'argent  et 
de  gueules. 


Copié  d'après  une  dute  ou  demi-dute  de  la 
Compagnie  des  Indes  orientales  aux  armoiries  de 
cette   ville   ('),    que  le  commandant  néerlandais 

(')  Les  dûtes  et  demi-dutes  ayant  servi  de  prototype  aux  boeserokken 
sont  représentées  dans  le  Atuntboek  de  Verkade,  pi.  201,  nos  5  et  6, 
ainsi  que  dans  l'ouvrage  de  MM.  Netscher  et  Vanper  Chus,  de  Mun- 


5o9 

au  Cochin  aura  donnée  comme  modèle  à  suivre  au 
graveur  indigène.  Celui-ci  n'a  reproduit  que  la 
moitié  de  l'écusson,  celle  avec  les  hachures  qui 
sont,  de  plus,  rendues  incorrectement,  croyant 
inutile  d'ajouter  l'autre  moitié  unie,  attendu  qu'il 
n'y  distinguait  rien. 

L'auteur  des  Lettres  de  Malabar  fait  aussi  men- 
tion des  boeserokken,  qu'il  décrit  à  la  page  82 
comme  portant  sur  la  face  la  marque  de  la  Com- 
pagnie des  Indes  orientales,  et  au  revers  une 
figure  ressemblant  à  une  harpe.  Ce  sont  bien  les 
pièces  en  question.  Il  nous  apprend  que  ces 
espèces  ont  été  fabriquées  d'un  mélange  de  plomb 
et  d'étain.  L'alliage,  dont  les  Anglais,  les  Danois, 
les  Portugais  et  les  Néerlandais  se  servaient  ordi- 
nairement aux  Indes  pour  la  fabrication  de  leurs 
menues  monnaies,  s'appelle  tutenag,  ainsi  que 
nous  le  communique  M.  le  général  Pearse,  et  se 
compose  de  404/1000  de  cuivre,  de  254/1000  de 
zinc,  de  3i6/iooo  de  nickel  et  de  26/1000  de  fer. 

M.  Canter  Visser  nous  apprend  encore  que  les 


ten  van  Nederlandsch  Indie,  nos  22b  et  22e.  Ces  derniers  ont  pris  les 
armes  de  la  ville  d'Utrecht  pour  celles  de  la  province  du  même  nom 
qui  sont  écartelées,  1  et  4  de  gueules  à  la  croix  d'argent,  et  2  et  3  d'or 
au  lion  de  gueules,  quelquefois  avec  l'écusson  de  la  ville  en  surtout. 
Voy.  notre  notice  het  Utrechtsche  provinciale  rvapen,  oorsprong  en 
ondergane  veranderingen,  dans  Y  Utrechtsche  Volksalmanak,  1868, 
pp.  129-141.  La  province  d'Utrecht  n'émettait  que  des  espèces  en 
métaux  précieux,  tandis  que  la  ville  n'avait  le  droit  que  de  battre  de 
la  menue  monnaie. 


5io 

boeserokken  furent  coulés,  plusieurs  à  la  fois,  dans 
des  moules  et  ensuite  découpés. 

Soixante  boeserokken  équivalaient  à  un  fanant 
du  Cochin,  soit  à  un  sou  et  demi. 

Le  chiffre  8  qui  se  trouve  sur  quelques-uns  des 
boeserokken ,  est  évidemment  une  indication  de 
valeur.  Mais  nous  ne  saurions  l'expliquer  ?  Amoins 
que,  pendant  un  certain  laps  de  temps,  le  sou  n'eût 
valu  au  Cochin  cinq  dûtes  au  lieu  de  quatre,  ce 
qui  resterait  à  savoir,  mais  ce  qui  toutefois  ne 
serait  pas  impossible,  attendu  qu'ainsi  que  nous  en 
avons  donné  des  exemples  plus  haut,  on  tarifait 
les  monnaies  d'une  manière  assez  arbitraire,  de 
sorte  que  la  valeur  qu'on  leur  attribuait  subissait 
d'assez  fréquentes  variations.  Si  donc  un  sou 
équivalait  à  5  dûtes,  8  boeserokken  auraient  repré- 
senté au  juste  la  valeur  d'une  dute. 

8  boeserokken  =  i  dute. 
40         id.  =  5  dûtes  =  1  sou. 

60         id.  =71/2  »  —  1 1/2  »  =ifanam. 

A  cette  époque,  nous  apprend  M.  le  général 
Pearse,  le  salaire  d'un  coulis  était  d'un  demi  sou, 
soit  20  boeserokken  par  jour. 

Quant  à  l'étymologie  du  nom  boeserok  ou  boese- 
rokken, M.  le  général  pense  que  la  première  partie 
du  mot  serait  du  néerlandais,  et  que  la  seconde 
dériverait  de  rukka,  qui  signifie,  en  sanscrit  et 
indien,  valeur  ou  matière  d'échange,  une  pièce  de 
monnaie.  Peut-être  le  commandant  néerlandais 


5n 

au  Cochin  qui  fit  le  premier  couler  ces  pièces 
s'appelait-il  Boese,  nom  de  famille  existant  dans 
les  Pays-Bas,  et  a-t-on  donné  son  nom  à  ces  nou- 
velles espèces:  boeserokken  ou  monnaies  de  Boese. 

Les  raisons  qui  déterminèrent  les  commandants 
des  divers  établissements  à  faire  fabriquer  ces 
espèces  de  petites  monnaies  sont  très  simples  et 
s'expliquent  facilement  :  d'abord  par  l'insuffisance 
de  menue  monnaie  venant  d'Europe,  et  ensuite 
par  le  fait  que  les  indigènes  en  général  n'aimaient 
pas  la  monnaie  que  l'on  envoyait  de  la  mère- 
patrie  aux  colonies,  car  en  plusieurs  endroits  les 
coulis  ne  voulaient  pas  de  dûtes.  Pour  parer  à  ces 
inconvénients,  on  résolut  de  faire  fabriquer  des 
boeserokken  et  des  cas. 

Aujourd'hui  encore,  nous  écrit  l'obligeant  et 
savant  numismate  et  orientaliste  de  Cheltenham , 
il  arrive  souvent  aux  Indes-Britanniques  que  la 
circulation  des  monnaies  de  cuivre  anglaises  est 
très  limitée,  la  classe  laborieuse  indigène  leur  pré- 
férant les  pièces  de  cuivre  sans  aucun  dessin  que 
l'on  appelle  dubs. 

NÉGAPATAM   OU   NÉGAPATNAM. 

Cette  ville,  située  dans  l'ancien  royaume  de  Tan- 
jore  dans  le  Coromandel  ou  Cholomandel,  côte 
orientale  de  la  péninsule  indienne,  fut  bâtie  par 
les  Portugais  et  prise  par  les  Néerlandais  en  i658. 

Depuis  1781  elle  appartient  aux  Anglais.  On  a 


512 

prétendu  que  son  nom  lui  serait  venu  de  la  quan- 
tité de  serpents  que  l'on  y  rencontre;  or,  ainsi  que 
nous  l'a  fait  remarquer  M.  le  général  Pearse,  il  y 
avait  en  cet  endroit  un  temple  consacré  au  culte 
des  tNagas,  une  secte  bouddhiste,  et  de  là  est 
dérivé  le  nom  de  Nagaputtim,  c'est-à-dire  établis- 
sement des  Nagas  ou  de  leur  culte. 

De  même  que  les  Portugais  firent  frapper  dans 
toutes  leurs  villes  et  stations  des  monnaies  por- 
tant la  lettre  initiale  du  nom  de  la  localité,  comme 
un  G  pour  Goa,  un  D  pour  l'île  de  Diu  ou  la  ville 
de  Daman,  la  Compagnie  Néerlandaise  fit  forger 
des  petites  pièces  en  cuivre  pour  Négapatam  avec 
un  N  ;  pour  Palicat,  sur  la  côte  de  Coromandel, 
avec  un  P;  pour  Trincomali,  dans  l'île  de  Ceylan, 
avec  un  T;  pour  Galle,  également  dans  l'île  de 
Ceylan,  avec  un  G,  etc. 

Les  paisas,  ou  doubles  cas,  frappés  à  Négapatam 
par  les  Néerlandais  de  1668  à  1781,  représentent  sur 
la  face  le  monogramme  de  la  Compagnie  Unie 
des  Indes  orientales  surmonté  d'un  N  (Néga- 
patam). 

Rev.  :  en  tamule,  (')  la  langue  parlée  sur  la  côte  de 
Coromandel,  Nagaputhin  (Négapatam)  (*).  Voyez 
nos  2  et  3  de  la  pi.  XVI. 

(')  Le  tamule,  parlé  sur  la  côte  de  Coromandel,  ainsi  que  le  malaya- 
lum,  parlé  sur  la  côte  de  Malabar,  est  dérivé  du  dravidien. 

(4)  Ce  type  monétaire  est  mentionné  dans  le  catalogue  de  la  collection 
numismatique  de  l'hôtel  des  monnaies  à  Utrecht  parmi  les  pièces 
incertaines,  sous  le  n°  76  à  la  page  5 1 ,  et  il  y  est  correctement  attribué 
à  Negapatnam. 


5i3 


PALICAT    OU    PALIACATE. 

Cette  ville  des  Indes,  située  sur  la  côte  de  Coro- 
mandel,  autrefois  en  possession  des  Néerlandais, 
appartient  depuis  le  commencement  de  ce  siècle  à 
la  Grande-Bretagne. 

Les  Néerlandais  firent  fabriquer  au  xvne  siècle 
des  petites  monnaies  appelées  cas  ou  cashs  qui  por- 
tent d'un  côté  le  monogramme  de  la  Compagnie 
des  Indes  surmonté  d'un  P  (Palicat),  et  au  revers 
les  trois  croissants  de  la  dynastie  d'Adil  Shahie 
ou  Schakide  de  Béjapoof,  conquis  en  1686  par 
l'empereur  Aurung-Seb,  et  incorporé  dans  l'em- 
pire Mongol  en  1688.  Voyez  nos  4  et  5  de  la 
pi.  XVI. 

PONDICHÉRY. 

Dans  cette  ville,  également  située  sur  la  côte  de 
Coromandel,les  Français  fondirent,  en  1676,  un 
comptoir  sous  la  direction  de  Macarat.  Les  Néer- 
landais, jaloux  de  leurs  nouveaux  voisins,  leur 
déclarèrent  la  guerre,  qui  éclata  en  1689. 

Finalement,  Pondichéry  fut  assiégée  et  tomba, 
le  3  septembre  i6g3,  au  pouvoir  des  Néerlandais, 
après  qu'une  capitulation  honorable  eut  été  signée. 
D'après  les  Mémoires  du  temps,  cent  cinquante 
Français  y  auraient  résisté,  pendant  dix  à  douze 
jours,  à  plus  de  trois  mille  cinq  cents  hommes 
venus  avec  équipage  de  vaisseau  et  artillerie. 


5i4 

Les  Néerlandais  n'en  restèrent  pas  longtemps 
maîtres  ;  par  l'article  8  du  traité  de  paix  conclu  à 
Ryswick  en  1697,  il  mt  stipulé  que  Pondichéry 
serait  rendue  à  la  France,  ce  qui  eut  lieu  l'année 
suivante. 

Les  Néerlandais,  pendant  le  peu  de  temps  qu'ils 
furent  en  possession  de  Pondichéry  (1693-1698), 
firent  fabriquer  des  cas  en  cuivre.  Ces  pièces,  deve- 
nues extrêmement  rares,  sont  de  précieux  souve- 
nirs historiques  de  la  courte  occupation  néerlan- 
daise de  cette  place  et  certainement  les  seuls 
monuments  numismatiques  rappelant  cet  événe- 
ment mémorable. 

Elles  représentent,  d'un  côté,  le  Kali  ou  Suli  de 
Tanjore  à  mi-corps  vu  de  face.  Cette  effigie,  comme 
nous  la  communique  M.  le  général  Pearse,  se 
trouvait  antérieurement  à  1693  sur  les  monnaies 
de  Négapatam,  et  ce  type  apparaît  déjà  sur  les 
monnaies  de  Gupta  (Indes  septentrionales)  du 
deuxième  siècle  de  l'ère  chrétienne. 

Revers  :  Sur  deux  lignes  en  tamule  :  Pudu  chché 
(Pondichéry).  Voyez  nos  6,  7  et  8  de  la  pi.  XVI. 

Non  seulement  nous  sommes  redevables  à  M.  le 
général  Pearse  de  plusieurs  indications  et  rensei- 
gnements précieux,  mais  encore  cette  autorité 
compétente  dans  la  numismatique  orientale  a  eu 
l'extrême  gracieuseté  de  nous  offrir,  pour  notre  col- 
lection, les  pièces  curieuses  que  nous  venons  de 
publier. 

Cte  Maurin  Nahuys. 


5i5 


NUMISMATIQUE  BRABANÇONNE 


DES    MONNAIES    DE    NÉCESSITÉ 

FRAPPÉES  A  BRUXELLES 
EIXT     1579     ET     16SO 


Nous  sommes  en  pleine  lutte  des  États  contre 
la  tyrannique  domination  de  Philippe  II.  Vain- 
queur à  Gembloux,  le  3i  janvier  1578,  don  Juan 
d'Autriche  s'empare  sans  tarder  d'une  partie  du 
Brabant  et  du  Hainaut  oriental.  Il  occupe  Louvain 
et  menace  Bruxelles,  Malines  et  Anvers.  Le 
14  février,  il  tente  vainement  de  surprendre  Vil- 
vorde,  où  commande  le  brave  de  Glymes;  mais, 
le  12  mars,  il  est  plus  heureux  devant  Nivelles, 


5i6 

qu'il  emporte  après  plusieurs  assauts  sanglants. 
Ces  succès  devenaient  menaçants  pour  Bruxelles, 
où  l'on  travaillait  encore  à  la  réfection  des  fortifi- 
cations. Heureusement  pour  la  capitale  du  Bra- 
bant,  la  mort  vint  arrêter  le  général  espagnol  au 
milieu  de  ses  victoires.  Don  Juan  mourut  à 
Namur,  le  Ier  octobre  1578.  Alexandre  Farnèse 
lui  succéda. 

Si  le  décès  du  héros  de  Léparite  préserva  peut- 
être  les  Bruxellois  d'une  attaque  immédiate  et  leur 
donna  le  temps  de  terminer  les  travaux  de  défense, 
la  situation  de  leur  ville  n'en  resta  pas  moins 
fort  inquiétante.  Bientôt,  en  effet,  le  17  mai  1579, 
les  Wallons,  adversaires  des  protestants  et  de 
leurs  excès,  conclurent  avec  le  prince  de  Parme 
le  traité  d'Arrâs  et  rentrèrent  sous  l'obéissance  du 
roi  d'Espagne. 

Vers  la  même  époque,  Malines  abandonna  aussi 
le  parti  des  États.  Dès  lors,  le  lieutenant  de  Phi- 
lippe II,  plus  libre  de  ses  mouvements,  put  tourner 
tous  ses  efforts  contre  Maestricht,  qu'il  assiégeait, 
et  qui  fut  enlevé  d'assaut,  le  29  juin  1579,  après 
une  héroïque  et  meurtrière  résistance. 

Pendant  que  le  gouverneur  général  des  Pays- 
Bas  combattait  sur  la  Meuse,  des  troubles  graves 
avaient  éclaté  à  Bruxelles.  Mécontent  des  calvi- 
nistes, Philippe  d'Egmont,  commandant  d'un 
régiment  d'infanterie  et  d'une  cornette  de  cava- 
lerie, d'accord  avec  le  doyen  des  tanneurs,  essaya, 
le  4  juin  1579,  à  la  tête  de  ses  soldats  et  avec  l'aide 


5i7 

des  bourgeois  catholiques  auxquels  s'étaient  joints 
les  partisans  de  l'Espagne,  de  s'emparer  de  l'Hôtel 
de  ville.  Cette  tentative  échoua,  et  d'Egmont, 
obligé  de  s'enfuir,  se  retira  au  château  de  Gaes- 
beeck.  Il  occupa  peu  après  Grammont,  Ninove  et 
le  château  de  Boulaere,  et  s'il  n'abandonna  pas 
absolument  le  parti  des  Etats,  ce  seigneur  n'en 
devint  pas  moins  l'ennemi  personnel  des  Bruxel- 
lois, avec  lesquels  il  resta  en  guerre  ouverte.  Ces 
luttes  intestines  n'étaient  pas  faites  pour  améliorer 
la  situation  de  Bruxelles,  où,  depuis  le  départ  de 
d'Egmont,  régnaient  en  maîtres  les  calvinistes 
ayant  à  leur  tête  le  colonel  commandant  la  gar- 
nison Vandentympel. 

Maestricht  pris,  le  duc  de  Parme  revint  vers  le 
Brabant,  et  jugeant  le  moment  opportun,  il  fit 
attaquer,  le  26  juillet,  par  le  baron  de  Licques, 
gouverneur  de  Louvain,  le  fort  de  Willebroeck. 

Ce  poste  important  laissé,  par  une  négligence 
inconcevable,  presque  sans  défenseurs,  ne  put 
opposer  aucune  résistance  sérieuse  à  l'ennemi,  qui 
s'en  empara  facilement.  Ce  succès  permit  aux 
Espagnols  de  détruire  les  écluses  du  canal,  et 
Bruxelles  n'eut  plus  d'issue  libre  que  du  côté 
de  la  Flandre  ;  encore  le  comte  d'Egmont  occu- 
pait-il la  partie  sud  de  la  frontière  flandro- 
brabançonnë. 

«  Les  incessantes  excursions  des  ennemis,  » 
nous  apprennent  Henné  et  Wauters,  «  portaient  un 
«  préjudice  immense  au  commerce  de  Bruxelles, 

Année  1887.  33 


5i8 

«  et  le  manque  de  numéraire  achevait  d'arrêter 
«  toutes  les  relations  extérieures  (').  » 

Dans  cette  triste  extrémité,  les  bourgmestres, 
échevins,  trésoriers  et  conseillers  de  la  ville  adres- 
sèrent, le  23  août  1579,  une  requête  aux  États 
Généraux  pour  leur  exposer  la  pénible  situation 
financière  à  laquelle  Bruxelles  se  voyait  réduit  : 
Les  changeurs  jurés  et  les  orfèvres  n'avaient  plus 
les  fonds  nécessaires  pour  acheter  l'or  et  l'argent 
non  monnayés  qui  leur  étaient  offerts.  Les  bour- 
geois possesseurs  de  cet  or  et  de  cet  argent,  ne 
pouvant  le  vendre,  se  trouvaient,  dès  lors,  non 
seulement  dans  l'impossibilité  de  venir  en  aide  à 
la  ville,  mais  encore  étaient-ils  plongés  eux-mêmes 
dans  la  plus  profonde  misère,  car  Bruxelles  étant 
entouré  d'ennemis,  il  ne  fallait  pas  songer  à 
réaliser  au  dehors  ces  métaux  précieux.  Un  seul 
moyen  pouvait  remédier  à  ce  déplorable  état  de 
choses:  l'autorisation  de  battre  monnaie.  Aussi 
le  collège  suppliait-il  les  Etats  Généraux  de  faire 
forger  à  Bruxelles  des  monnaies  à  tel  type  qu'ils 
jugeraient  convenable  ou  de  permettre  à  la  ville 
de  frapper  elle-même  des  espèces  à  ses  armes  et 
dont  le  cours  serait  fixé  au  bon  plaisir  des 
États  (*). 

Ceux-ci  se  décidèrent  pour  cette  dernière  propo- 
sition. Après  avoir  consulté  les  maîtres  généraux 


(')  Histoire  de  la  ville  de  Bruxelles,  t.  Ier,  p.  519. 
(*)  Pièces  justificatives,  n°  I,  i°. 


5.9 

des  monnaies,  les  Etats  autorisèrent,  par  lettres 
du  7  septembre  i5jg,  la  régence  de  Bruxelles  à 
faire  fabriquer  des  plates  ou  plaques  carrées  d'or 
et  d'argent  aux  armes  de  la  ville.  Pour  éviter 
toute  fraude,  ces  pièces  devaient  porter,  en  outre, 
la  date  de  leur  émission  et  aussi  l'indication  de 
leur  valeur. 

Enfin,  il  fut  prescrit  à  la  ville  de  nommer  un 
surintendant,  préposé  à  la  surveillance  de  leur 
fabrication  ('). 

L'octroi  des  Etats  Généraux  était  accompagné 
d'une  instruction  signée  par  les  maîtres  généraux 
des  monnaies  Lenart  van  Impeghem,  Melchior 
van  den  Perre  et  Jacob  van  Bylandt,  par  laquelle 
était  prescrite  la  frappe  : 

i°  D'une  plaque  carrée  d'or,  du  poids  de  2  ester- 
lins  20  '/i  as,  de  xxi  carats  or  fin,  en  aloi,  allié  avec 
xviii  grains  d'argent  fin  et  xviii  grains  de  cuivre, 
plaque  dont  le  cours  serait  de  3  florins  carolus  ou 
de  6o  sous. 

2°  D'une  plaque  carrée  d'argent,  du  poids  de 
16  esterlins  g  */*  as,  de  n  deniers  argent  fin  en  aloi 
et  dont  le  cours  serait  égal  à  celui  du  daaldre  des 
Etats  (36  sous). 

La  demi-plaque  à  l'avenant  de  l'entièreu 

L'or  fin  devait  être  payé  aux  marchands  à 
raison  de  2o5  florins  4  sous  le  marc,  l'argent  fin  à 
18  florins  12  sous,  de  façon  à  retirer  sur  l'or,  pour 

(')  Pièces  justificatives,  n°  I,  i°. 


D20 


chaque  marc  d'œuvre,  un  bénéfice  de  3  florins 
i  sou  34  mites  de  Flandre,  et  sur  l'argent  i3  sous 
17  mites.  Ces  bénéfices  devaient  servir  à  couvrir 
tous  les  frais  de  fabrication  ('). 

Le  pensionnaire  de  la  ville  auquel  la  réponse  des 
Etats  avait  été  adressée  la  transmit  immédiate- 
ment au  Magistrat,  lui  recommandant  néanmoins 
de  faire  placer  sur  les  monnaies  que  Bruxelles 
allait  émettre,  outre  la  date  et  la  valeur,  une 
inscription  rappelant  en  quelles  circonstances  elles 
avaient  été  frappées  «  eenige  memoriable  inscriptie.  » 
Il  prescrivit  encore  de  faire  publier  que  toute 
plaque  trouvée  dans  la  circulation  d'un  poids 
inférieur  à  celui  qu'elle  avait  en  sortant  de  la 
forge,  serait  saisie  au  profit  de  la  caisse  des  forti- 
fications. Cette  mesure  avait  sa  raison  d'être,  la 
forme  carrée  de  ces  plates  facilitant  la  fraude  et 
pouvant  tenter  certaines  personnes  à  les  rogner 
dans  le  but  de  réaliser  ainsi  un  bénéfice  illicite. 
En  terminant,  le  pensionnaire  conseillait  de  se 
hâter  et  de  traiter  avec  les  monnayeurs  le  plus 
économiquement  possible,  afin  de  retirer  de  cette 
opération  quelques  profits,  la  ville  ayant  le  plus 
vif  besoin  d'argent  (*). 

Le  changeur  Jean  Marchant  fut  chargé  de  la 
fabrication  ;  il  travailla  du  23  septembre  i5jg  au 
4  juin  i58o. 


(')  Pièces  justificatives,  n°  I,  2°. 
(2)  Pièces  justificatives,  n°  I,  3°. 


D2I 

Voici  d'après  le  compte  de  cet  officier,  rendu  le 
12  décembre  i58o,  le  produit  de  la  forge  bruxel- 
loise pendant  cette  courte  période  d'un  peu  plus 
de  huit  mois  : 

i°  Plaque  d'or  de  60  sous  et  de  60  *f*  de  taille  au 
marc  de  Troyes.  782  pièces  émises  ; 

2°  Plaque  d'argent  de  36  sous  et  de  g  ,4/10  pièces 
de  taille  au  marc  de  Troyes.  Matière  employée, 
déchets  déduits,  1,256  marcs  2  onces  g  esterlins 
21  '/«  as  ;  ce  qui  a  pu  donner  environ  12,400  pièces  ; 

3°  Demi-plaque  d'argent  ayant  cours  pour  18  sous 
et  de  ig  %  pièces  de  taille  au  marc  de  Troyes. 
Matière  employée,  déchets  déduits,  igi  marcs 
1  once  18  esterlins  11  as;  ce  qui  a  dû  produire  à 
peu  près  3,775  pièces  ('). 

A  diverses  reprises,  les  monnaies  de  nécessité 
de  Bruxelles  ont  été  publiées.  Celles  d'argent 
figurent  dans  Van  Loon  (*)  et  aussi  dans  Tobiesen 
Duby  (3);  M.  Mailliet  en  a  fait  connaître  plu- 
sieurs variétés  (4).  Quant  à  la  pièce  d'or,  elle  a 
été  donnée  pour  la  première  fois  dans  le  Supplé- 
ment au  catalogue  des  monnoies  en  or  qui  composent 

(')  Pièces  justificatives,  n°  II.  Nous  croyons  que  c'est  la  première 
fois,  en  Belgique  du  moins,  qu'est  publié  un  compte  concernant  des 
monnaies  de  siège. 

(*)  Van  Loon.  Histoire  métallique  des  Pays-Bas,  t.  Ier,  p.  273. 
Edit.  franc. 

(3)  Tobiesen  Duby.  Recueil  général  des  pièces  obsidionales  et  de 
nécessité,  pi.  VIII,  nos  2  et  3. 

(*)  P.  Mailliet.  Catalogue  descriptif  des  monnaies  obsidionales  et 
de  nécessité,  pi.  XX. 


522 

une  des  différentes  parties  du  cabinet  impérial,  Vienne, 
1769,  p.  83.  Van  Loon  et  Duby  ne  la  connaissaient 
pas.  M.  Perreau,  dans  la  Revue  belge  de  numisma- 
tique, t.  II,  p.  283,  a  publié  une  deuxième  fois  cette 
plaque  d'après  l'exemplaire  assez  douteux  de  la 
collection  de  Roye  de  Wichem;  M.  Mailliet  a 
reproduit  ce  même  dessin  dans  son  Catalogue  des 
monnaies  obsidionales  et  de  nécessité. 

Toutes  ces  monnaies  bruxelloises  furent  contre- 
faites en  grand  nombre  à  l'époque  de  Van  Loon  ; 
mais,  en  général,  le  dessin  des  pièces  fausses  est 
pâteux  et  manque  de  fermeté,  tandis  qu'il  est  plein 
de  finesse,  de  netteté  et  d'énergie  de  frappe  sur 
les  exemplaires  authentiques;  enfin,  l'empreinte 
du  droit  perce  souvent  au  revers  des  pièces  d'or 
imitées  ;  ce  revers  est  lisse  au  contraire  pour  celles 
qui  sont  bien  du  temps. 

Pour  notre  part,  nous  connaissons  trois  plaques 
d'or  que  nous  croyons  pouvoir  admettre  comme 
réellement  authentiques.  La  première  se  trouve 
au  musée  de  Middelbourg;  la  deuxième  fait  partie 
de  la  collection  du  vicomte  B.  de  Jonghe  ;  la 
troisième  appartient  à  M.  Lucas  Eberson,  archi- 
tecte de  S.  M.  le  Roi  des  Pays-Bas,  à  Arnhem. 
Cette  dernière  est  légèrement  variée  de  celle 
gravée  dans  Mailliet;  en  voici  la  description  d'après 
une  empreinte  que  notre  confrère  hollandais  a  eu 
l'obligeance  de  nous  adresser  : 

*  PERFER  •  ET  •  OBTVRA  ».  BRVXËLA. 


523 

Écu  aux  armes  de  la  ville  de  Bruxelles  accosté 
de  7-9.  Au-dessus  la  valeur  3  GVL. 
Rev.  Absolument  lisse. 

M.  Groebe,  dans  son  mémoire  :  Beantwoording 
der  prysvraeg  over  de  munten,  Brussel,  i835,  travail 
couronné  par  l'Académie,  cite  une  ordonnance 
faite  par  le  magistrat  de  Bruxelles,  le  i5  mars  i585, 
de  concert  avec  deux  commissaires  du  prince  de 
Parme,  dans  laquelle  on  évalue  les  pièces  d'or 
carrées  de  Bruxelles  à  10  florins,  et  les  lions  d'or 
récemment  fabriqués  à  4  florins  10.  Mais,  ainsi  que 
le  fait  judicieusement  observer  M.  C.-P.  Serrure, 
il  peut  s'agir  ici  aussi  bien  des  obsidionales  forgées 
en  1584,  que  de  celles  frappées  en  1579  et  i58o. 
Le  taux  de  10  florins  accordé,  en  i585,  à  des 
pièces  émises  à  3  florins  cinq  ans  auparavant,  ne 
doit  cependant  pas  surprendre  outre  mesure,  car 
dans  ces  temps  troublés  la  valeur  coursable  des 
monnaies  allait  sans  cesse  en  augmentant  dans  de 
fortes  proportions. 

Bruxelles,  le  20  juillet  1887. 

Alphonse  de  Witte. 


524 


PIECES  JUSTIFICATIVES 


I. 

i0'  Ordonnancie  ende  ociroy  van  de  generaele  Staeten 
voir  die  vander  stadt  van  Bruessel,  om  te  mogen  by 
previlegie  slaen  ende  munten  \ekeren  goude  ende  silvere 
viercante  plaeten . 

De  generaele  Staten  gedelibereert  hebbende  op  de 
requeste  aen  hen  gepresenteert  by  burgmeesteren,  sche- 
penen,  rentmeesters  ende  raede  der  stede  van  Bruessele, 
den  XXIIIen  augusti  lest  leden,  daer  by  zy  te  kennen  gaven 
dat  de  gesworen  wisselaers  ende  goudt  smeden  der  voor- 
screven  stadt  egheen  middelen  en  hadden  om  vande 
burgers  eenich  goût  oft  zilvere  ongemunt  te  coopen  ende 
de  stadt  van  anderen  gemunten  gelde  t'assisteren,  doer 
dyen  de  stadt  van  allen  canten  byde  vyanden  zoo  gesloten 
is  dat  men  sonder  groot  pericle  vuyt  de  selve  stadt  nyet 
en  can  oft  en  mach  elders  reysen,  mits  den  welcken  de 
goede  burgers  hun  ongemunt  goût  oft  zilvere  nyet  en 
connen  vercoopen  om  hen  metten  gelde  daeraff  te  ontfan- 
gene  te  behelpen  inden  vuytersten  noodt  daer  zyna  inné 
zyn,  daer  mede  de  stadt  geschapen  te  vallen  in  vuyterste 
ruyne  ende  groote  inconvenienten,  ten  waere  dat  ons 
beliefde  daer  inné  met  aile  nersticheyt  te  versiene,  ende 
dat  doende  inde  voorscreven  stadt  te  zendene  zekere  getal 
van  munters,  ende  sulcken  ysers  oft  munte  te  slaene  als 
wy  souden  bevinden  te  behoorene,  oft  dat  men  hen  soude 


525 

toelaeten  zekere  nyeuwe  ysers  ende  munte  zoe  van  goude 
als  zilvere  te  slaen  metten  schilde  der  voorscreven  stadt 
naer  advenant  vande  weerde  vander  munte  daer  loopende, 
oft  op  alsulcken  anderen  voet  als  wy  souden  bevinden  te 
behoirene,  ende  dat  zy  anderssins  by  gebreke  van  dien 
souden  genootsaect  zyn  te  aengrypen  den  voet  die  den 
vuytersten  noodt  hen  soude  thoonen  't  zy  om  munte  te 
slaen  oft  andere  viercante  stucken  van  goude  ende  silvere  : 
hebbende  de  voirscreven  generaele  Staeten  met  voergaende 
advyze  vande  generaels  vander  munten  binnen  der  stadt 
van  Antwerpen  residerende,  geresolveert  ende  by  provisie 
die  van  Bruessele  geaccordeert  't  gène  des  ende  alsoe  hier 
nae  volcht.  Idem,  eersten,  dat  zy  sullen  mogen  slaen  een 
gouden  plaete  wegende  twee  engelschen  twintich  ende  een 
quaert  aes  van  eenentwintich  caraten  fyn  goûts  in  alloy, 
geallieert  met  achthien  greyn  fyn  silvers,  achthien  coopers, 
die  cours  ende  ganck  sal  hebben  (à  l'advenant  den  gouden 
real  tôt  vier  gulden  thien  stuvers  gerekent)  drye  carolus 
guldenen  oft  t'zestich  stuyvers.  Item,  noch  silvere  viercante 
plaeten  gemarkeert  wegende  zesthien  engelschen  negen 
ende  drye  quaert  aes  van  elff  penninghen  fyn  silvers 
intalloy,  die  cours  sal  hebben  gelyck  de  Staeten  daelder 
voer  zessen  dertich  stuyvers;  ende  den  halven  naer  adve- 
nant. Van  welcke  goude  ende  silvere  viercante  plaeten  die 
van  Bruessele  hier  mede  overgegeven  wordt  van  elcx  het 
rechte  gewichte,  waer  op  de  selve  gemaect  sullen  wordden. 
Item,  men  sal  den  coopmans  ende  leveraers  geven  gelyck 
men  op  aile  Co.  Mats  munten  tegenwoirdelyck  geeft,  te 
weten  voer  elck  marck  fyn  goûts  van  vierentwintich  cara- 
ten, twee  hondert  vyff  guldenen  vier  stuyvers;  ende  voer 
elck  marck  fyn  silvers  van  tweelff  penninghen,  achthien 
guldenen  tweelff  stuyvers  :  alsoe  datter  sal  overschieten 


526 

op  dmarck   fyn  goût  van  vierentwintich  caraten,    drye 
guldenen  eenen  stuyver,  vierendertich  myten  vlems  ;  ende 
op  elck  marck  silvers  van   tweelff  penninghen,  derthien 
stuyvers  seventhien  myten  vlems;  aile  dwerck  sal  wesen 
om  te  vervallen  de  oncosten  soe  vande  ysers  te  snyden, 
assayen  te   maken,  markeren,  ende  register  te  houden, 
van   aile   't    gène    datter    ontfangen ,    gemankeert    ende 
gemaect  sal  wordden,  om  van  als,  behoirlycke  rekeninge 
gedaen  te  wordden  by  de  gedeputeerde,  die  de  stadt  sal 
moeten   committeren  totter  supper  intendentie  van  der 
voirscreven  munte,  aen  al    sulcke  commissarisen  als  de 
selve  stadt  sal  schuldich  zyn  daer  toe  t'ordineren  :  wel 
verstaende   dat    op    de   voirscreven    goude    ende  silvere 
plaeten  gemarkeert  sal  wordden   (om  te  verhueden  aile 
bedroch)  de  wapen   vander  stadt  van    Bruessele  metten 
datem  vanden  jaere  ende  de  weerde  vander  plaeten  daer 
voer  datse  sullen  cours  ende  ganck  hebben,  ende  de  selffste 
oick  nyet  laeten  vuytgaen  ten  zy  datze  hebben  hun  vol- 
commen  gewichte  ende  alloy  als  voirscreven  is.  Desgelycx 
sullen  de  gène  die  vander  voirscreven  stadt  weghen  sullen 
geemployeert  wordden  tôt  het  maken  van  der  voirscreven 
viercante  goude  ende  silvere  plaeten,  gehouden  wesen  te 
doen  den  behoirlycken  eedt  van  't  gène  voirscreven  is  wel 
ende  volcommelyck  t'  observeren  ende  te  achtervolgen, 
ende  dat  in  handen  vanden  magistraet  vande  voirscreven 
stede.  Aldus  gedaen  ende  gearresteert  inde  vergaderinge 
vander  generaele  Staten,  den  sesten  septembris  XVe  LXXIX; 
onder  stont  gescreven  :   by  expresse  ordonnance  vande 
voirscreven  Staeten,  ende  geteeckent  :  A.  BLYLEVEN. 


527 


2°  Instructie  voer  die  vander  stadt  van  Brussel,  waer 
nae  \y  henluyden  sullen  reguleren  inden  tegenwoir- 
digen  noot  soe  lange  die  gesloten  sal  wesen ,  ende 
voirder  nyet,  infmerckeren  vande  goude  ende  silvere 
viercante  plaeten. 

In  den  eersten,  een  goude  plaete,  wegende  twee  engel- 
schen  twintich  ende  een  quaert  aes,  van  eenentwintich 
caraten  fyn  goûts  in  alloy,  geallieert  met  achthien  greyn 
fyns  silvers  ende  achthien  greyn  coopers,  die  cours  ende 
ganck  sal  hebben  à  l'advenant  den  gouden  real  tôt  vier 
guldens  thien  stuyvers,  gerekent  voer  drye  carolus  guldens 
oft  zestich  stuyvers. 

Item,  noch  silveren  viercante  plaeten,  gemerkeert  als 
boven,  wegende  zesthien  ingelschen  negen  ende  drye 
quaert  aes,  van  elf  penninghen  fyns  silvers  in  't  alloy,  die 
cours  sal  hebben  gelyck  den  Staeten  daeler  voer  sessen- 
dertich  stuvers;  den  halven  van  dien,  à  l'advenant.  Van 
welcke  viercante  goude  ende  silvere  plaeten  wy  hier  mede 
overgeven  van  elcx  het  recht  gevvichte,  waerop  de  selve 
gemaect  sullen  wordden. 

Item,  men  sal  den  coopman  ende  leveraers  gheven 
gelyck  men  op  aile  Co.  Mats  munten  tegenwoirdelyck 
geeft,  te  weten  :  voer  elck  merck  fyn  goûts  van  vieren- 
twintich  .caraten,  IIe  v  guldens  IIII  stuyvers;  ende  voer 
elck  merck  fyns  silvers  van  tweelff  penninghen,  achthien 
guldens  XII  stuyvers. 

Alsoe  datter  sal  overschieten  op  d merck  fyns  goûts, 
van  XXIIII  caraten,  dry  guldens  eenen  stuver  vierendertich 
myten  vlaems  ;  op  elck  merck  fyn  silvers,  van  twelff  pen- 
ninghen, derthien  stuvers  seventhien  myten  vlems.  Aile 
t'  welck  sal  wesen  om  te  vervallen  de  oncosten  soe  van 


528 

ysers  te  snyden,  assayen  te  maken,  merckeren,  ende 
register  te  houden  van  aile  't  gène  datter  ontfangen, 
gemaect  ende  gemerkeert  sal  wordden,  om  daer  mede 
behoïrlycke  rekeninge  te  doen  wanneer  't  selve  versocht  sal 
wordden. 

Wel  verstaende  dat  op  de  voirscreven  goude  ende 
silvere  viercante  plaeten  gemerckeert  sal  wordden,  om  te 
verhuede  aile  bedroch,  de  wapen  vander  stadt  van  Brues- 
sel,  metten  datum  van  den  jaere,  ende  de  weerde  vande 
plaeten  daer  voer  datse  sal  cours  ende  ganck  hebben,  ende 
de  selve  nyet  laeten  vuytgaen  ten  zy  datze  hebben  hun 
volcommen  gewichte  ende  alloy  als  voirscreven  is.  Ende 
om  dat  de  voirscreven  viercante  plaeten  lichtelyck  souden 
kunnen  geschroyt  wordden,  soe  en  sal  men  die  nyet  ont- 
fangen noch  vuytgeven  dan  met  gewichte,  alsoe  wel  die 
silvere  als  de  goude  plaeten. 

Desgelycx  sullen  de  gène,  die  vande  voirscreven  stadts 
wegen  sullen  geemployeert  wordden  tôt  't  maecken  vande 
voirscreven  goude  ende  silvere  plaeten,  gehouden  wesen 
te  doen  den  behoirlycken  eedt  dese  ordonnance  ende 
instructie  in  aile  huere  poincten  ende  articelen  te  obser- 
veren  ende  te  achtervolgen,  ende  dat  in  handen  van  mynen 
heeren  van  der  rekencamer  in  Brabant  ten  by  syne  van 
eenige  vande  magistraet  vande  voirscreven  stede;  ende  dit 
alsonder  prejuditie  van  Zyne  Ma*  en  zyn  sleyschat  ende 
sonder  getrocken  te  worden  in  consequentie,  onderteec- 
kent  :  LENART  VAN  IMPEGHEM,  MELCHIOR  VANDEN 
PERRE,  JACOB  VAN  BYLANT.  Onder  stont  gescreven  : 
gecollationneert  tegens  zyn  originael,  es  daermede  bevon- 
den  accorderende  by  my,  ende  geteeckent  :  A.  BLYLEVEN 
ou  A.  BLYVENEN. 


529 


3°  Copie  vuyten  brieve  vanden  pensionaris  van  Brues- 
sele  gescreven  aende  Magistraet  der  selver  stadt,  en 
daten  VIIe  septembris  1579. 

Ick  seynde  uwen  Eer.  hier  mede  d'acte  van  der  munte, 
mette  drye  gewichten  daertoe  dienende.  Des  sullen  uwen 
Eer.  moeten  toesien  dat  menJan  Marchant  mochte  geven 
den  last  van  munten,  ende  tôt  hem  vueghen  eenen  getrou- 
wen  boeckhouder  die  souden  subiect  zyn  rekeninge  te 
doen  van  hunnen  handel  volgende  d'acte,  ende  dat  de 
poensoenen  wel  perfect  gemaect,  ende  gemerkeert  wordden 
met  eenige  memoriable  inscriptie  ;  ende  dat  oich  sal 
wordden  gepubliceert  egheen  gemunte  plaetkens  te  ont- 
fangen  sonder  gewichte,  op  verbuerte  vande  stucken  die 
sullen  bevonden  te  licht  te  zyne  tôt  behoeff  vande  fortifi- 
catie  ende  aenbringere.  Des  sullen  uwen  Eer.  metten 
munter  ende  boeckhouders  overcommen  ten  minsten 
pryse;  ende  die  reste  houden  tôt  proffyte  vander  stadt; 
d'welck  zeer  wel  te  passe  sal  commen;  maer  moet  met 
dexteriteyt  aengeleght  wordden. 

Archives  générales  du  royaume.  Chambre 
des  comptes.  Registre  n°  141,  fol.  88  v°. 

II. 

Rekeninge  ende  openinge  vander  bussen  vande  vier- 
cante  goude  ende  silvere  platen  die  de  stede  van  Brussele 
(door  dyen  den  wech  onweyl  was  vande  vyanden  van 
Brussel  tôt  Antwerpen)  heeft  doen  maecken  ende  munten 
met  avoy  van  Zyne  Altese  ende  generael  Staten  by  Jan 
Marchant  wisseleer  der  voorscreven  stede  vanden  XXIII  sep- 
tember  XVe    LXXIX  totten  IIU  juny  XVe  LXXX.    Welcke 


53o 

openinge  is  gedaen  inde  rekencamere  van  Brabant  te 
Brussele  ter  presencien  van  heer  Jacop  Clockman  meestre 
der  voorgenande  camere  ende  de  generaels  van  de 
Majesteyts  munten  van  herwarts  overe  Mor  vande  Perre 
ende  Jacob  van  Bylandt  war  in  den  greffier  der  voor- 
screven  cameren  gedient  heeft  als  werdeyn  te  weeten 
Jan  Cortebacke,  Cornelis  van  Bylandt  assayeur  generael 
welche  rekeninge  gedaen  is  in  karolus  gulden  tôt  twintich 
stuyvers  stuck. 

Goude  viercant  platen  van  LX  stuyvers  stuck.  Den 
voorscreven  Jan  Marchant  heeft  doen  maecken  ende 
munten  binnen  den  voorscreven  tyt  aen  goude  viercante 
platen  van  sestich  stuyvers  stuck  houdende  XXI  karaet  fyn 
goudts  in  alloy  geallieert  met  XVIII  greyn  fyn  silvers 
ende  XVII I  copers  ende  van  LX  ende  dry  quaert  der  selver 
inde  snede  inde  troysche  merck  de  quantiteyt  van  VIIe 
LXXXVII  penningen  war  aen  geen  sisalien  bevonden  en 
zyn  mar  inde  busse  vyff  der  voorscreven  stucken  ende  die 
afgetrocken  rest  VIIe  LXXXII  penningen  de  selve  geconver- 
teert  in  gewichte  maecken  XII  merck  VI  oncen  XIX  engel- 
sen  XVIII  ende  3,4  van  een  aes  ende  ten  fynen  gereduceert 

XI  merck  VI  karaet  dry  ende  dry  quaert  van  een  greyn  ten 
pryse  van  dry  guldens  eenen  stuyver  ende  XXXIIII  myten 
voor  elck  merck  fyns  datter  overschiet  om  te  vervallen  de 
quade  onteosten  beloopt  in  gelde    .     XXXIIII  g.  XV  s.  I  m. 

Van  deze  goude  platen  syn  gewegen  vyff  der  voorscreven 
penningen  ende  bevonden  te  schars  op  elck  merck  werckx 

XII  ende  %  van  een  aes  bedraecht  op  heel  werck  vier 
engelschen  XIX  ende  een  half  aes  ten  pryse  van  Ie  LXXXII  g. 
V  stuyvers  d'merck  beloopt  in  gelde.  V  g.  XII  s.  VII  m. 

Dese  voorscreven  viercante  goude  platen  zyn  bevonden 
by  den  assayeur  generael  coomende  vutten  viere  te  roodt 


53 1 

een  half  greyn  op  elck  merck  werckx  bedraecht  op  't  heel 
werck  ses  ende  J/4  van  een  greyn  ten  pryse  van  XVIII  gul- 
dens  XII  stuyvers  beloopt  in  gelde     .     .     .     VIII  s.  III  m. 

Dese  voorscreven  goude  platen  zyn  bevonden  by  den 
assayeur  generael  coomende  wutten  watere  te  schars  in 
alloy  een  greyn  op  elck  merck  werckx  beloopt  op  'theel 
werck  een  karaet  ende  3/4  van  een  greyn  ten  pryse  van 
IIe  V  g.  IIII  stuyvers.  Compt  in  gelde.  IX  g.  I  s.  XXXIII  m, 

Summa  vanden  wercke  vande  goude  viercante  pla- 
ten     '    .     .     .     .  XLIX  g.  XVI  s.  XLIIII  m.' 

Viercante  silvere  platen  van  XXXVI  stuyvers  stuck. 
De  voorscreven  Jan  Marchant  heeft  noch  doen  maecken 
ende  munten  binnen  den  voorscreven  tyt  aen  viercante 
platen  cours  hebbende  tôt  XXXVI  stuyvers  stuck,  houdendè 
elff  ders  fyn  zilvers  in  alloy  ende  van  IX  ende  14/ie  deel  der 
selver  inde  snede  in  troysse  merck  de  quantiteyt  van  een 
duysent  IIe  ende  LX  merck  seven  oncen  XIX  engelsen  war 
af  bevonden  syn  aen  sisalien  vier  oncen  XVII  ende  eenen 
halven  engelsen  ende  inde  busse  LXVIII  penningen,  sisalien 
afgetrocken  ende  vier  merck  IIe  XXVI  1j2  aes  om  de  assaye 
te  maecken,  rest  Im  IIe  LVI  merck  II  oncen  IX  engelsen 
XXI  ende  een  half  aes,  de  selve  geconverteert  ten  fynen 
blyven  net  Im  Ie  LI  merck  VII  drs  IX  ende  3/4  van  een  greyn 
ten  pryse  van  XIII  stuyvers  XVII  myten  voof  elck  merck 
fyns  die  overschieten  om  te  vervallen  de  quade  onteosten 
beloopt  in  gelde  ....  VIIe  LXVIII  g.  XVIII  s.  XLIII  m. 

Dese  silvere  viercante  stucken  zyn  opgetrocken  ende 
gewegen  byden  assayeur  generael  ende  bevonden  te  schars 
op  elck  merck  werckx  een  ende  3/s  deel  van  een  aes  bedraecht 
op  t'  heel  werck  twee  oncen  XIII  engelsen  XXXI  lj%  aes  ten 
pryse  van  XVII  guldens  XIII  stuyvers  XII  myten  d'merck 
beloopt  in  gelde Vg.  XIX  s.  X  m. 


532 

Dese  viercante  silvere  platen  zyn  bevonden  byden 
assayeur  generael  coomende  wten  viere  te  schars  in  alloy 
dry  achste  deel  van  een  greyn  op  elck  merck  werckx, 
bedraecht  op  't  heel  werck  een  merck  seven  drs  ende 
XV  greyn  ten  pryse  van  XVIII  guldens  XII  stuyvers  beloopt 

in  gelde.  • XXX  g.  VIII  s.  XVIII  m. 

Somma  van  den  wercke  van  de  viercante  silvere  stucken 
cours  hebbende  tôt  XXXVI  s.       .     VIIIe  V  g.  VI  s.  XXIII  m. 
De  halve  vande  voorgaende  silvere  platen  cours  heb- 
bende tôt  XVIII  stuyvers  stuck. 

De  voorscreven  Jan  Marchant  heeft  noch  binnen  den 
voorgaenden  tyt  doen  maecken  ende  munten  aen  halve 
viercante  silvere  platen  cours  hebbende  tôt  XVII!  stuyvers 
stuck  houdende  XI  drs  fyn  silver  in  alloy  ende  van  XIX 
ende  6/s  deel  ende  snede  in  troysse  merck  de  quantiteyt 
van  Ie  XCII  merck  II  oncen  ende  eenen  engelsen  war  af 
geen  sisalien  bevonden  en  zyn  mar  inde  busse  XXXVIII 
stucken  ende  een  merck  II  engelsen  XXI  aes  afgetrocken 
om  de  assaye  te  maecken  rest  net  Ie  XCI  merck  een  once 
XVIII  engelsen  XI  aes  de  zelve  gereduceert  ten  fyne  blyven 
Ie  LXXV  merck  III  drs  XV  ende  een  haelf  greyn  ten  pryse 
van  XIII  stuyvers  XVII  myten  vlems  voor  elck  merck^fyns 
dier  overschieten   om  te  vervallen   de  quade   onteosten 

beloopt  in  gelde Ie  XVII  g.  I  s.  XXI  m. 

Desc  halve  viercante  platen  syn  gewegen  ende  bevonden 
te  schaers  in  't  gewichte  op  elck  merck  werckx  XI  aes 
bedraecht  op  't  heel  werck  dry  oncen  vyff  engelsen  XXIII 
ende  een  half  greyn  ten  pryse  van  XVII  g.  XIII  stuyvers 
XII  myten  d'merck  beloopt  in  gelde  .  VII  g.  V  s.  VII  m. 
De  voorscreven  silvere  platen  zyn  bevonden  byden 
assayeur  generael  coomende  vutten  viere  te  schaers  in  alloy 
een  half  greyn  op  elck  merck  werckx  bedraecht  op  't  heel 


533 

werck  III  drs  XXIII  ende  een  half  greyn  ten  pryse  van  XVIII  g. 
XII  stuyvers,  beloopt  in  gelde  .     .     .     VI  g.  III  s.  XVII  m. 

Somma  vanden  wercke  van  de  halve  silvere  viercante 
platen Ie  XXX  g.  IX  s.  XLV  m. 

Somma  totalis  van  aile  de  wercken  vandeser  bussen . . . 
IXe  LXXXV  g.  XIII  s.  XVI  m. 

Aldus  gesloten  ende  by  de  generael  meesters  van  de 
Majesteyts  munten  (ten  bureele  vande  camere  van  reke- 
ninge)  overgegeven  den  XIIe  van  december  XVe  LXXX. 

MELCHIOR  VANDEN  Perre. 

Jacob  van  Bylandt. 

Archives  générales  du  royaume.  Chambre 
des  comptes  :  acquits,  n°  3586bis. 


Année   1887.  ^4 


534 


MÉLANGES. 


Les  monnaies  massaliotes  du  Cabinet  des  médailles  de 
Marseille,  par  J.  Laugier.  Marseille,  Imprimerie 
Marseillaise,  1887;  in-8°,  55  pp.  et  17  planches. 

Une  nouvelle  monographie  vient  de  voir  le  jour, 
celle  des  Monnaies  massaliotes.  Bien  des  auteurs, 
jusqu'ici,  avaient  traité  de  ces  belles  monnaies, 
reflet  de  l'art  grec,  mais  seulement  de  quelques- 
unes.  Un  grand  nombre  de  ces  médailles  étaient 
encore  ignorées  et  le  Cabinet  municipal  de  Mar- 
seille était  loin  d'avoir  acquis  le  degré  de  splen- 
deur où  il  est  parvenu  par  les  soins  de  notre 
confrère,  M.  J.  Laugier,  son  conservateur  actuel. 

Tous  les  numismates  connaissent  les  travaux 
du  Commandant  Carpentin,  publiés  dans  la  Revue 
de  Marseille;  mais,  avant  lui,  d'autres  déjà  avaient 
ébauché  la  même  étude  :  Goltz,  Pellerin,  Eckhel, 
Mionnet  et  d'autres  encore.  Puis  arriva  le  prési- 
dent Fauris  de  Saint- Vincens,  qui  fut  le  véritable 
créateur  ou  plutôt  le  législateur  de  la  numisma- 
tique provençale.  Le  mis  de  Lagoy,  dans  la  Revue 
numismatique,  fit  aussi  connaître  de  nouvelles 
pièces;  «  mais  le  travail  le  plus  important  qui  ait 
été  fait  à  ce  sujet,  est  la  Numismatique  de  la  Gaule 


.    535 

Narbonnaise, publiée  en  1842  parM.  delà  Saussaye, 
ouvrage  remarquable,  couronné  par  l'Institut,  et 
dans  lequel  sont  décrites  et  dessinées  toutes  les 
monnaies  des  peuples  et  des  villes  qui  faisaient 
partie  de  la  Gaule  Narbonnaise  (1)  ». 

J.  Laugier  cite  également  quelques  travaux 
moins  considérables  sur  ses  monnaies  de  prédilec- 
tion :  un  article  de  M.  Chalande,  dans  la  Revue 
belge  de  numismatique  (1857,  p.  3iy);  V Histoire  de 
la  Monnaie  Romaine,  de  Mommsen  ;  des  articles  de 
M.  Feautrier  et  de  M.  de  Saulcy,  dans  la  Revue 
numismatique  de  1842,  i863  et  186g,  etc.,  etc. 

Depuis  lors,  grâce  aux  soins  dévoués  et  éclairés 
de  l'honorable  Conservateur  du  Médaillier  de  la 
Cité  phocéenne,  ainsi  qu'aux  dons  intelligents  de 
quelques  personnes,  cette  collection,  qui  ne  possé- 
dait qu'une  suite  fort  incomplète  des  monnaies 
autonomes  de  cette  ville  ou  de  la  région,  «  est 
devenue  la  plus  riche  et  la  plus  complète  qui  existe 
dans  son  genre,  »  et  c'est  là  ce  qui  a  permis  à 
l'auteur  du  travail  que  nous  sommes  heureux 
d'annoncer  de  pouvoir  donner  aujourd'hui  une 
monographie  du  monnayage  massaliote,  «  sans 
avoir  besoin  de  citer  des  pièces  autres  que  celles 
qui  existent  dans  le  Cabinet  numismatique  de  Mar- 
seille. » 

Chemin  faisant,  l'auteur  émet  les  idées  les  mieux 
assises  sur  ce  curieux  monnayage,  faisant  passer 

{')  Les  monnaies  massaliotes,  etc.,  p.  6. 


536 

par  le  crible  de  sa  loyale  critique  les  opinions 
présentées  antérieurement  à  lui,  les  adoptant  fré- 
quemment, les  repoussant  avec  la  même  indépen- 
dance d'esprit  pour  y.  substituer  des  idées  meil- 
leures, discutant  tous  ces  divers  sentiments  avec 
une  impartialité  et  une  autorité  que  nul  ne  peut 
contester  ;  nous  apprenant  des  choses  parfois  fort 
curieuses  et  inattendues  (*). 

Dans  cette  étude  faite  avec  amour,  l'auteur  a 
suivi  la  classification  due  à  M.  de  la  Saussaye,  clas- 
sification basée  autant  sur  le  métal  et  ses  divers 
modules  que  sur  les  types  et  sur  le  poids  de  ces 
pièces  ;  mais  il  a  fait  précéder  leur  description  de 
celle  des  monnaies  qui  furent  apportées  par  les 
Phocéens,  lorsqu'ils  vinrent  s'établir  dans  la 
contrée. 

Le  monnayage  massaliote  ne  comporte,  en 
métaux,  que  l'argent  et  le  bronze,  et  l'auteur  nous 
apprend  pourquoi  l'or  n'apparaît  pas  dans  ce  sys- 
tème monétaire.  Mais  quels  problèmes  posés  par 
les  variétés  sans  nombre  des  symboles,  des  lettres 
et  des  monogrammes  qui  accompagnent,  en 
général,  le  lion  placé  au  revers  du  type  de  Diane, 
le  taureau  cornupete  que  l'on  voit  au  revers  de  celui 
&  Apollon,  le  trépied  qui  se  montre  au  revers  des 


(')  Voir  surtout  (p.  19)  le  parti  qu'il  tire  de  l'A,  dont  la  liaison 
transversale  et  horizontale  est  brisée  et  prend  la  forme  d'un  V,  et  où 
il  découvre,  sous  forme  de  monogramme,  tous  les  éléments  du  nom 

de    MAïiAAIA. 


537 

drachmes  frappées  au  type  de  Minerve!...  Et  qui 
se  chargera  de  les  résoudre  ?... 

Viennent  ensuite  les  Monnaies  des  Colonies 
massaliotes  d' Antipolis,  A  g atha,  Avenio,  etc.,  etc. 

Dix -sept  planches,  ne  renfermant  pas  moins  de 
220  pièces,  servent  de  complément  à  ce  savant 
travail,  dessinées  avec  l'exactitude  et  le  talent  qui 
font,  depuis  longtemps,  cortège  au  nom  de 
M.  J.  Laugier. 

Nous  ne  pouvons  tout  dire,  et  nous  nous  hâtons 
de  terminer  notre  appréciation  de  cette  nouvelle 
étude  par  l'éloge  mérité  dû  à  la  patience  et  à  la 
sagacité  autant  qu'à  l'érudition  de  notre  confrère; 
mais  non  sans  regretter  que  son  éditeur  ait  osé 
consacrer  à  une  pareille  publication  un  papier  peu 
digne  d'elle  et  des  planches  qui  auraient  égale- 
ment beaucoup  gagné  à  être  tirées  sur  un  vélin 

plus  convenable. 

G.V. 


Les  médailles  religieuses  de  Merville,  par  M.  L.  Dan- 
coisne.  Dunkerke,  1887  ,  in-8°,  11  pages  et 
2  planches. 

Le  savant  auteur  des  médailles  religieuses  du 
Pas-de-Calais  consacre  cette  nouvelle  étude  aux 
médailles  concernant  les  pèlerinages  de  Saint- 
Amé,  de  Saint-Maurand ,  de  Notre-Dame  des 
Affligés  ou  du  Sart  et  de  Notre-Dame  de  Misé- 
ricorde. 


538 

Ces  objets  de  piété,  reproduits  au  nombre  de 
seize  sur  deux  planches  fort  bien  gravées  pai 
Lavalette,  sont,  à  part  un  seul,  excessivement 
rares  ;  la  plupart  même  sont  uniques,  c'est  dire 
l'utilité  du  travail  de  notre  excellent  confrère. 

A.    DE   WlTTE. 


La  classe  des  lettres  de  l'Académie  royale  de 
Belgique  vient  de  décider,  en  sa  séance  du  9  mai 
dernier,  l'impression  dans  le  recueil  de  ses 
Mémoires  in-40  de  :  La  numismatique  de  la  principauté 
de  Liège  et  de  ses  dépendances  [Bouillon,  Looz) 
depuis  leurs  annexions  (avec  planches),  par  le 
baron  J.  de  Chestret  de  Haneffe. 

La  commission  chargée  d'examiner  cette  étude 
était  composée  de  MM.  Bormans,  Chalon  et 
A.  Le  Roy.  Ces  messieurs  ont  pleinement  rendu 
justice  à  la  profonde  érudition  et  aux  vastes  con- 
naissances tant  historiques  que  numismatiques, 
dont  notre  savant  confrère  a  fait  preuve  dans  son 
beau  et  si  utile  travail. 

«  Je  considère,  dit  M.  Chalon  dans  son  rapport, 
«  le  mémoire  de  M.  de  Chestret  comme  le  plus 
«  remarquable  qui  ait  paru  en  Belgique  sur  la 
«  numismatique  de  notre  pays.  » 

La  Direction. 


539 

Ueber  die  Hohenlohe' schen   ortsgulden   kaiserlichen 
Gepràges,  par  Paul  Joseph,  22  pages,  in-8°. 

Étude  des  plus  instructives,  pleine  de  faits 
nouveaux  et  de  savantes  remarques.  Nous  sommes 
heureux  de  pouvoir  signaler  ces  quelques  pages  à 
l'attention  de  ceux  de  nos  confrères  qui  s'occupent 
de  la  numismatique  d'outre-Rhin. 

A,  de  Witte. 


Denier  au  nom  de  Frédéric,  êvêque  de  Genève,  .par 
E.  Demole  (extrait  de  la  Revue  numismatique). 
Paris,  1887,  in-8°,  7  p.,  1  vig. 

L'érudit  conservateur  du  musée  genevois  nous 
fait  connaître  dans  cette  note  un  précieux  denier 
au  temple  de  l'évêque  de  Genève,  Frédéric.  Cette 
pièce  qui  a  dû  être  frappée  dans  la  deuxième 
moitié  du  xie  siècle,  vient  se  ranger  après  les 
deniers  de  Conrad  et  les  oboles  d'Adalgodus.  Elle 
sert  à  combler  la  lacune  qui  existait  dans  le  mon- 
nayage épiscopal,  dont,  après  Adalgodus  (io3i), 
l'on  ne  connaissait  plus  aucun  produit  jusqu'aux 
premières  années  du  xne  siècle,  époque  où  virent 
le  jour  de  nombreux  deniers  anonymes,  au  typede 
Saint-Pierre,  type  qui  semble  s'être  immobilisé 
pendant  près  de  trois  cents  ans  dans  l'atelier  des 
évêques  de  Genève. 


540  . 

La  monnaie  qui  vient  d'entrer  dans  le  cabinet 
de  médailles  de  Genève  est  donc  un  document 
métallique  de  toute  première  importance. 

A.  de  Witte. 


M.  Adolphe  Hess  annonce  pour  fin  d'octobre  la 
vente  à  Francfort- sur- Mein  de  la  collection 
Sedgwick-Bérend  de  Paris. 

Cette  collection  de  monnaies  allemandes,  ita-" 
liennes  et  suisses  renferme  plusieurs  raretés.  Le 
catalogue  orné  de  cinq  ou  six  planches  sera  distri- 
bué au  commencement  d'octobre. 

En  même  temps  que  cette  collection,  M.  Hess 
vendra  quelques  autres  moindres  collections  de 
monnaies  bavaroises,  du  Palatinat  et  de  médailles 
de  la  maison  de  Wittelsbach.  Leur  catalogue  avec 
deux  tables  au  moins  sera  envoyé  avec  le  cata- 
logue précédent. 

G.  C. 


Origines  de  la  livre  d'argent,  unité  monétaire,  par 
Maurice  de  Vienne.  Grand  in-8°,  48  pages,  Paris, 
Alph.  Picard,  1887.  Dans  ce  savant  travail,  l'au- 
teur rappelle  d'abord  que  c'est  à  Charlemagne 
qu'on  rapporte  ordinairement  la  livre  d'argent, 
unité  monétaire,  comme  aussi  l'établissement  des 
nouvelles  unités  de  poids,  de  longueur,  de  capa- 


541 

cité,  etc.,  en  sorte  que  le  grand  empereur  semble- 
rait être  à  la  tête  d'un  véritable  système  métrique, 
rompant  définitivement  avec  la  tradition  romaine 
pour  devenir  essentiellement  germanique. 

M.  de  Vienne  a  pour  but  de  montrer  quelles  sont  * 
les  parties  qui  sont  propres  à  Charlemagne  et  de 
signaler  ensuite  une  curieuse  permanence  des 
mesures  populaires  traversant  les  contrées  et  les 
âges,  en  obéissant  seulement  à  certaines  lois  fixes 
de  transformation.  Il  cherche,  dit-il,  à  établir  que 
la  fabrication  monétaire  de  Charlemagne  est  la 
continuation  de  la  monnaie  mérovingienne, 
comme  celle-ci  était  la  continuation  de  la  mon- 
naie impériale;  que,  s'il  y  a  eu  réforme,  c'est  qu'il 
y  avait  eu  déformation  ;  que  la  livre-poids  n'a  subi 
aucune  modification  sous  son  règne,  et  que  c'est 
de  la  livre  romaine,  déduite  elle-même  des  mines 
antiques,  que  sont  naturellement  dérivées  les  uni- 
tés modernes,  dont  l'une  subsiste  encore  en 
Angleterre,  les  autres  n'ayant  disparu  que  devant 
la  révolution  métrique  de  la  fin  du  dernier  siècle. 

En  un  mot,  l'auteur  pense  qu'il  n'y  a  pas  de 
création  d'ensemble,  mais  des  restaurations  par- 
tielles. 

Son  travail,  plein  d'intérêt,  mérite  une  sérieuse 
attention. 

De  S. 


NUMISMATIKA     MEDDELANDEN.    SOUS    Ce    titre,    la 


542 

Société  suédoise  de  numismatique  publie  son 
dixième  fascicule,  qui  a  principalement  pour  objet 
les  médailles  d'hommes  illustres  ou  marquants  de 
la  Suède.  Cette  brochure  est  fort  intéressante. 

De  S. 


Sedan.  La  commission  administrative  du  musée 
de  cette  ville,  exclusivementàdépartemental,  vient 
de  publier  : 

i°  Catalogues  raisonnes  des  collections,  deux 
forts  volumes,  rédigés  par  MM.  Dépaquit,  ingé- 
nieur de  la  municipalité,  et  Thiriet,  préfet  au  col- 
lège; ils  comprennent  les  monnaies,  jetons  et 
médailles  d'argent  de  diverse  origine  trouvés  dans 
le  département,  et  notamment  les  pièces  des  sei- 
gneuries des  Ardennes,  pièces  connues  sous  le  nom 
de  féodales  ; 

2°  Un  atlas  d'une  belle  exécution  représentant 
des  plans  et  des  vues  de  Sedan  au  xve  siècle  ; 

3°  Deux  fascicules  du  Bulletin  trimestriel,  dont  la 
direction  est  confiée  à  un  comité  de  rédaction  com- 
posé de  MM.  Marc-Husson  et  Brincourt,  numis- 
mates; Villet  et  Louise,  historiens  ;  Philippotaux, 
secrétaire. 

Ce  musée  date  de  1879.  La  municipalité  lui 
alloua,  jusqu'en  1886,  une  somme  de  12  mille 
francs  à  répartir  sur  différents  exercices.  A  cette 
heure,  une  subvention  annuelle  de  2  mille  francs 
assure  un  fonctionnement  régulier. 


543 

Les  vastes  et  beaux  "bâtiments  qui  renferment  la 
collection  de  formation  récente  sont  devenus  la 
propriété  de  la  ville  grâce  à  la  libéralité  d'un 
citoyen  éclairé,  M.  Crussy. 

D'une  notice  sur  les  monnaies  de  Sedan  et 
Raucourt  insérée  au  Bulletin  par  M.  Brincourt, 
nous  distinguons  ce  passage  qui  n'est  pas  étran- 
ger à  notre  Luxembourg  belge  : 

«  Lorsque  les  ateliers  de  Sedan  et  de  Raucourt, 
les  fabriques  de  Givonne  et  de  Haraucourt  ces- 
sèrent de  fonctionner,  le  matériel  tout  entier  fut 
vendu.  Ferdinand-Charles,  comte  de  Lowestein- 
Rochefort,  qui  se  prétendait  seigneur  de  Cugnon, 
fit  acheter,  à  défaut  d'une  quantité  suffisante  de 
poinçons  à  son  effigie,  la  plus  grande  partie  de  ce 
matériel  pour  sa  Monnaie,  où  on  fabriquait  frau- 
duleusement, comme  du  reste  à  Tour-à-Glaire,  des 
monnaies  de  tous  pays.  On  reconnaît  facilement, 
dans  les  doubles  tournois  de  Cugnon,  de  164g, 
l'effigie  de  Frédéric-Maurice  ;  la  légende  et  les 
revers  sont  seuls  changés.  » 

Plus  bas,  M.  Brincourt  mentionne  trois  variétés 
de  la  monnaie  obsidionale  de  Jametz  (i588),  au 
nom  de  Charlotte  de  la  Marck,  princesse  de  Sedan, 
alors  que  Mailliet  n'en  décrit  que  deux  (n°  2  du 
Bulletin  trimestriel). 

Le  n°  3  du  Bulletin  offre  en  tête  un  article  de 
16  pages  intitulé  :  Description  de  quelques  médailles 
du  musée  de  Sedan  et  de  plusieurs  autres  relatives  à 
V histoire  locale.  C'est  l'œuvre  de  M.  Marc  Husson, 


544 

qui  passe  à  bon  droit,  dans  les  Ardennes,  pour  un 
numismate  des  plus  autorisés. 

A.  L.  C, 


Namur.  La  ville  de  Namur  a  eu  sa  fête  scolaire. 

L'administration  locale  fit  frapper  à  cette  occa- 
sion une  petite  médaille  commémorative  pour 
être  distribuée  aux  élèves  des  écoles  primaires  offi- 
cielles. 

On  voit  et  on  lit  : 

Droit  :  Un  génie  assis  appuyé  sur  les  attributs  de 
l'Etude,  d'une  main  élevant  un  flambeau  lumi- 
neux. L' émancipation  par  l'instruction. 

Rev.  Les  armes  de  la  ville.  Revue  scolaire.  Namur, 
3i  juillet  1887. 

Cercle  artistique  et  littéraire  de  cette  ville.  Orga- 
nisation d'un  Concours  dramatique. 

Médailles  données  aux  vainqueurs  : 

Droit  :  Attributs  des  arts  et  des  lettres  ;  autour, 
Cercle  artistique  et  littéraire  de  Namur  ; 

Rev.  Autour  de  la  place  réservée  aux  noms  des 
titulaires ,  Concours  dramatique,  3i  juillet  et 
Ier  août  1887. 

A.  L.  C. 


MM.  Ch.  Daremberg  et  Edm.  Saglio  viennent 
d'enrichir  la  bibliothèque  de  la  Société  du  XIe  fas- 


545 

cicule  (COP-DEL)  de  leur  superbe  et  important 
ouvrage  intitulé  :  Dictionnaire  des  antiquités  grecques 
et  romaines. 

Ce  fascicule,  contenant  140  gravures,  renferme 
des  données  et  des  figures  très  intéressantes  au 
point  de  vue  de  la  numismatique  ancienne.  Nous 
savons  gré  aux  auteurs  de  leur  gracieuse  attention. 

De  S. 


The  Louisbourg  Medals,  par  R.  W.   McLachlan, 
pet.  in-40,  14  pages. 

Cette  notice  de  M.  McLachlan,  membre  associé 
étranger  de  notre  Société  débute  par  un  bref 
aperçu  de  l'histoire  de  Louisbourg,  fondé  par 
les  Français  au  commencement  du  siècle  dernier 
et  devenu  depuis  chef-lieu  de  l'île  du  Cap-Breton. 
L'auteur  décrit  ensuite  quatorze  médailles  relatives 
à  cette  ville,  qui  toutes,  sauf  deux,  font  partie  de 
sa  riche  collection  personnelle.  Bien  qu'aucun 
dessin  n'illustre  le  texte,  ce  qui  est  toujours  regret- 
table, cette  petite  monographie  est  des  plus  inté- 
ressantes pour  les  amateurs  de  la  numismatique 
américaine. 

A.  de  W. 


546 


Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique 
et  d'archéologie. 

Mars-avril,  1887.  Sommaire  :  Documents  pour  servir 
à  l'histoire  monétaire  de  la  Navarre  et  du  Béarn  de  i562 
à  1629,  par  J.-A.  BLANCHET  —  L'Atelier  monétaire  de 
Lens,  en  Artois,  par  R.  SERRURE.  —  Monnaies,  jetons 
et  médailles  des  évêques  de  Metz,  par  P.-C.  ROBERT.  — 
Chronique,    par    MM.    DE    BELFORT,   "FROEHNER    et 

R.  Serrure. 

Mai-juin  :  Seconde  lettre  à  M.  Lenormant  sur  les  mon- 
naies égyptiennes,  par  E.  REVILLOUT  (suite).  —  Une 
monnaie  au  ' monogramme  BAV,  par  M. -A.  ORESCH- 
NIKOW.  —  Histoire  d'un  aureus  inédit  de  .l'empereur 
Quintille,  par  E.  DEMOLE.  —  Monnaies,  médailles  et 
jetons  des  évêques  de  Metz,  par  P.-C.  ROBERT  (suite).  — 
Un  aureus  inédit  de  l'empereur  Postume,  par  M.  A.  DE 
BELFORT.   —  Chronique,  par   MM.   A.   DE    BELFORT, 

A.  Heiss,  J.  Hermerel  et  R.  Serrure. 

Revue  numismatique  française. 

Deuxième  .trimestre  1887  :  L.  DE  HlRSCH,  Oronto- 
batès  ou  Rhoontopates.  —  REINACH.  Mithridate  Eupator. 
et  son  père.  —  BABËLON.  Marais  Annius  Afrinus , 
gouverneur  de  Galatie.  —  DELOCHE.  Monnaies  méro- 
vingiennes (suite).  Tiers  de  sou  d'or  à  la  légende  Vico 
santi  Rémi  ou  Remidi.  —  DEMOLE.  Denier  au  nom 
de  Frédéric,  évêque  de  Genève.  —  ENGEL.  Imitations 
monétaires  de  Château  -  Renault  (suite).  —  PONCET. 
Denier  inédit  du  Dauphiné. 


547 

Numismatische    Zeitschrift. 

Deuxième  livraison,  juillet-décembre  1886  : 

I.  Dr    F.    IMHOOF-BLUMER.   Zur  Mùnzkunde  Gross- 
griechenlands,  Siciliens,  Kretas,  etc. 

II.  Dr  A.  KLUGMANN.   Beitrage  zur  Numismatik  der 
rômischen  Republik. 

III.  Dr  A.  VON  EBENGREUTH.  Der  Rakwitzer  Munz- 
fund. 

IV.  Dr  F.  KUPIDO.  Ein  Beitrag  zu  den  Babenberger 
Mùnzen. 

V.  C.  VON  HERTLING.  Der  Kaschowitzer  Mûnzfund. 

VI.  BÊLA  POSTA.  Ueber  die  Beziehungen  der  Wiener 
Pfennige  zum  Mùnzwesen  in  Ungarn. 

VII.  MAX  DONEBAUER.  Mùnzwerkehr  on  der  Kipper- 
Periode. 

VIII.  PAUL  JOSEPH.  Ueber  die  Hohenlohe'schen  Orts- 
gulden  kaiserlichen  Geprâges. 

Numismatic  chronicle,  1887.  Parts  I  et  II. 

I.  The  electrum    coinage    of    Cyzicus,    by    the    Rey. 
Canon  W.  Greenwell. 

II.  The  Inscription  on  coins  of  Gortyna.  By  J.-N.  SVO- 
RONOS. 

III.  Coinage  of  .Elhelbald  of  Wessex.   By  H.    MON- 
TAGU. 

IV.  Queen  Anne's  so-çalled  «  Bello  et  Pace  »  Farthing. 
By  H.  MONTAGU. 

V.  Papal  medals  of  the  Fifteenth  Century,  by  the  late 
ARCHDEACON  POWNALL. 

Notices  of  récent  numismatic  Publications. 


548 


ERRATA  ET  ADDITIONS. 

Le  Sidus  Julium. 

Page  354,  note  5,  au  lieu  de  3  décembre,  lisez  3i  décembre. 

—  369,  dernière  ligne  (texte),  au  lieu  de  obria,  lisez  obvia. 

—  375,  6e  ligne,  au  lieu  de  on,  lisez  ont. 

—  378,  note  4,  au  lieu  de  Gnecci,  lisez  Gnecchi. 

Notre  honorable  confrère,  M.  Franc.  Gnecchi,  vient  de  nous  faire 
connaître  obligeamment  qu'il  existe  au  cabinet  numismatique  de 
Brera  un  aureus  inédit,  semblable  au  denier  d'argent  n°  8  de  notre 
planche  XIV.  (Franc.  Gnecchi,  Monete  e  medaglioni  romani  inediti 
nel  R.  Gabixetto  numismatico  de  Brera.) 


Mer  eaux  de  la  collégiale  de  Saint- Jean  V  Êvangêliste, 
à  Liège. 

Page  450,  note  2,  il  faut  lire  :  Le  demi-Ernest  valait  deux  vieux 
patards  de  compte  ou  trois  patards  courants,  monnaie  brabançonne. 


549 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


Assemblée  générale  annuelle  du  3  juillet  1887. 

La  séance  est  ouverte  à  i  heure. 

Sont  présents  :  MM.  A.  De  Schodt,  vice-président 
ffm*  de  président;  G.  Cumont,  secrétaire;  Vanden 
Broeck,  trésorier;  A.  de  Witte,  bibliothécaire; 
Herry  de  Cocquéau,  contrôleur;  Mgr  Bethune, 
Cocheteux,  le  comte  de  Nédonchel,  Maus,  le 
comte  de  Limburg-Stirum,  le  vicomte  de  Jonghe, 
le  baron  de  Chestret,  Le  Catte,  de  Roissart, 
Vander  Auwera,  Van  Bastelaer  et  le  baron 
Bethune,  membres  effectifs;  MM.  Peny,  De  Munter 
et  le  chevalier  Van  Eersel,  membres  correspondants 
régnicoles. 

Assistent  à  la  séance  :  MM.  Van  Dyk  van  Mate- 
nesse,  membre  honoraire;  de  Meunynck  et  Terme, 
membres  associés  étrangers. 

Se  sont  excusés:  MM.  Chalon,  le  comte  De  Marsy, 
le  comte  Nahuys,  Dancoisne,  Dumoulin,  Rouyer, 
Dugniolle,  Brichaut,  Geelhand,  Helbig,  Bequet 
et  Coubeaux. 

Année   1887.  35 


55o 


Les  membres  de  l'assemblée  reçoivent  un  jeton 
à  l'effigie  de  Louis  de  Coster. 


SOCIETE  ROYALE 

DE 
NUMISMATIQUE 

DE 
BELGIQUE 

3  JUILLET 

,        18  8  7       , 


M.  De  Schodt  remercie  les  membres  étrangers 
de  l'honneur  qu'ils  font  à  leurs  confrères  belges 
d'assister  à  la  séance. 

Le  secrétaire  lit  le  procès-verbal  de  la  dernière 
réunion,  lequel  est  adopté  avec  une  légère  modifi- 
cation du  paragraphe  final,  M.  de  Witte  ayant 
demandé  qu'il  fût  remplacé  par  la  phrase  sui- 
vante : 

«  Il  appert  de  ce  travail  qu'il  faut  à  tout  jamais 
«  abandonner  l'espoir  de  retrouver  certaines 
«  pièces  que  M.  Chalon,  dans  son  ouvrage  sur  les 
«  monnaies  du  Hainaut,  a  indiquées  comme  pou- 
«  vant  avoir  été  frappées.  » 

Le  secrétaire  fait  remarquer  que  le  paragraphe 
à  modifier  n'est  pas  en  contradiction  avec  le  sens 
de  la  proposition  de  M.  de  Witte  ;  mais  comme  elle 
est  plus  explicite,  il  peut  sans  doute  être  utile  de  la 


55i 

mentionner  dans  le  compte  rendu  de  la  présente 
séance. 

M.  Cocheteux  demande  la  parole  à  propos  de 
l'exposé  annuel  des  travaux  de  la  Société. 

«  Le  jury  du  concours  quinquennal  d'histoire 
nationale  veut  bien,  dit-il,  s'occuper  de  nos  publi- 
cations; nous  lui  en  devons  des  remercîments, 
toutefois  l'extrait  qui  nous  concerne  dans  le  rap- 
port de  la  huitième  période  ('),  m'oblige  à  présenter 
quelques  observations. 

«  Cet  extrait  me  fait  craindre  que  M.  le  rappor- 
teur, peu  familiarisé  sans  doute  avec  les  études 
numismatiques,  n'ait  pas  lu  nos  cinq  derniers 
volumes  et  qu'il  ait  accepté  de  toute  pièce  l'appré- 
ciation qu'il  a  cru  devoir  insérer  sur  nos  travaux. 

«  Je  ne  prétends  pas  imposer  aux  membres  de 
ce  jury  l'obligation  de  lire  et  surtout  d'étudier  nos 
publications;  mais  les  exposés  annuels,  si  bien  faits 
par  notre  dévoué  secrétaire,  me  paraissant  —  par 
une  lecture  préalable  —  propres  à  éclairer  som- 
mairement les  membres  du  jury  sur  les  travaux 
numismatiques  qu'ils  auraient  à  étudier  et  à 
signaler,  je  viens  proposer  que  des  tirés  à  part  de 
ces  exposés  soient  réservés  pour  être  adressés  aux 
membres  du  jury,  aussitôt  après  sa  formation. 

«  J'exprime  aussi  le  désir  que  l'on  s'abstienne 
de  reproduire,  par  exemple,  le  Moniteur  du  notariat 
pour  rappeler  dans  notre  Revue,  un  fait  déjà  connu 

(')  Extrait  inséré  dans  la  4e  livraison  de  notre  Revue,  année  1886. 


552 

de  nous  tous;  ces  pages  pourraient  être  employées 
plus  utilement  et  plus  scientifiquement.  » 

M.  de  Witte  dit  que  l'Académie  reçoit  notre 
Revue,  mais  qu'on  pourrait  néanmoins  envoyer 
des  exemplaires  aux  membres  de  l'Académie  dési- 
gnés pour  rédiger  le  rapport  quinquennal. 

Il  me  semble,  répond  M.  le  général  Cocheteux, 
que  les  comptes  rendus  annuels  des  travaux  de 
notre  Société,  si  fidèlement  donnés  par  le  secré- 
taire, fourniraient  tous  les  éléments  nécessaires  au 
jugement  de  la  Commission  du  prix  quinquennal. 
(Appuyé  par  M.  De  Schodt.) 

M.  Van  Bastelaer  trouve  qu'il  serait  plus  simple 
de  charger  le  secrétaire  de  fournir  un  compte 
rendu  résumé  des  travaux  des  cinq  années,  soumis 
à  l'appréciation  de  cette  commission  ;  les  jurys 
sont,  en  effet,  ordinairement  très  enclins  à  dimi- 
nuer leur  besogne. 

D'après  M.  Cocheteux,  un  tel  règlement  ne 
serait  pas  sans  inconvénient,  car  le  travail  du 
secrétaire  ne  pourrait  être  contrôlé  par  l'assemblée 
comme  les  rapports  annuels,  et,  d'autre  part,  le 
secrétaire  serait  obligé  d'apprécier  ses  propres 
travaux,  ce  qui  le  mettrait  dans  une  position 
embarrassante. 

Le  secrétaire,  M.  Cumont,  répond  à  M.  Van  Bas- 
telaer que  les  rapports  annuels  sont  déjà  tellement 
résumés  qu'il  ne  serait  guère  possible  de  les 
abréger  encore  en  les  fusionnant  dans  un  compte 
rendu  quinquennal. 


553 

Finalement,  la  proposition  de  M.  Cocheteux  est 
adoptée. 

M.  le  trésorier  Vanden  Broeck  fait  ensuite  l'ex- 
posé de  la  situation  financière  de  la  Société,  à  la 
fin  de  l'année  1886. 

Le  compte  des  recettes  et  dépenses  est  arrêté  et 
approuvé.  (Remer ciments.) 

M.  De  Schodt  propose  à  la  Société  de  voter  des 
remercîments  à  M.  le  sénateur  baron  Surmont  de 
Volsberghe  pour  les  médailles  qu'il  a  offertes  aux 
membres  de  notre  Société,  au  nom  de  son  regretté 
père,  feu  notre  confrère.  —  Adopté.  (Voy.  procès- 
verbal  de  la  réunion  extraordinaire  tenue  à  Liège 
le  i5  mai  1887,  ci-dessus,  page  491.) 

M.  Cumont,  secrétaire,  donne  ensuite  lecture  de 
son  rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  pendant 
l'année  1886  : 

«  Messieurs, 

«  La  Revue  débute  par  un  savant  article  de  M.  le 
baron  de  Chestret,  qui  traite  de  la  restitution  aux 
évêques  de  Liège  de  certaines  monnaies  soi-disant 
impériales.  Le  jus  monetœ  ne  comprend  pas  seule- 
ment la  jouissance  des  profits  du  monnayage, 
mais  le  droit  de  battre  monnaie  lui-même.  Cette 
opinion,  que  l'auteur  défend  avec  de  sérieux  argu- 
ments, nous  paraît  conforme  à  la  vérité,  et  c'est  en 
vain  qu'on  chercherait  une  objection  dans  le  type 
du  monnayage  épiscopal  liégeois,  car  notre  érudit 


554 

confrère  n'a  pas  eu  de  peine  à  démontrer  que  long- 
temps avant  l'apparition  du  type  épiscopal,  la 
monnaie  avait  cessé  d'être  impériale. 

«  Plus  loin,  M.  de  Chestret  s'occupe  de  la  ques- 
tion monétaire  au  pays  de  Liège  sous  Hugues  de 
Châlon,  Adolphe  et  Englebert  de  la  Marck.  Ce  récit 
des  falsifications  de  monnaies  commises  par  ces 
évêques  et  des  troubles  qui  s'en  suivirent,  présente 
le  plus  haut  intérêt;  nous  signalerons  particu- 
lièrement ce  qui  est  dit  à  propos  des  deniers 
appelés  stallefrais,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  la  monnaie  surnommée  stallefrêal. 

«  La  numismatique  bruxelloise  est  l'étude  de  pré- 
dilection de  notre  zélé  trésorier.  Son  Essai  sur  les 
jetons  du  xve  siècle  au  type  de  Saint-Michel  a  été  très 
remarqué. 

«  M.  le  comte  Maurin  Nahuys  nous  a  donné 
une  intéressante  explication  d'un  jeton  du.  règne 
d' Ulrich,  duc  de  Wurtemberg,  probablement  frappé 
pour  rappeler  l'insurrection  dite  du  pauvre  Conrad 
(1514),  que  les  paysans  accablés  d'impôts  et  ruinés 
par  de  mauvaises  récoltes  dirigèrent  contre  leur 
duc. 

«  Dans  une  autre  livraison,  notre  sympathique 
confrère  a  inséré  un  curieux  document  numisma- 
tique relatif  à  l'augmentation  de  la  valeur  des  mon- 
naies, décrétée  dans  la  Flandre  en  i58j„ 

«  Par  une  lettre  écrite  à  M.  Chalon,  notre  infa- 
tigable confrère,  M.  Vallier  signale  les  trouvailles 
monétaires  en  Dauphiné  et  en  Savoie. 


555 

«  Une  autre  lettre  adressée  à  nous-même  fait 
connaître  une  médaille  de  Saint-Bruno,  fondateur  de 
l'ordre  des  Chartreux,  par  Denis  Waterloos,  graveur 
belge  (1627-1715). 

«  Une  troisième  lettre  envoyée  à  M.  De  Schodt 
contient  la  description  de  trois  médailles  hongroises 
de  la  collection  de  S.  A.  R.  le  prince  Philippe  de 
Saxe-Cobourg  et  Gotha. 

«  Enfin,  sous  le  titre  «  Les  médailles  de  la  Réforme 
religieuse  en  Suisse,  M.  Vallier  décrit  quatre 
médailles  frappées  en  l'honneur  du  fougueux 
réformateur  Guillaume  Farel  (  1489- 1 565). 

«  M.  le  comte  de  Marsy  a  continué  son  utile 
Cueilloir  numismatique  dans  une  sixième  lettre 
qu'il  adresse  à  M.  De  Schodt. 

«  Notre  nouveau  confrère,  M.  Frédéric  Alvin, 
s'est  imposé  la  tâche  de  nous  exhiber  quelques 
monnaies  inédites  des  collections  de  l'Etat.  Nous 
devons  féliciter  le  jeune  numismate  de  l'empres- 
sement qu'il  a  mis  à  collaborer  à  notre  Revue  et 
du  soin  qu'il  a  apporté  à  l'étude  de  son  premier 
article.  Il  nous  parle  'successivement  d'un  denier 
noir  de  Jean  II,  duc  de  Brabant  (1294-1312)  ;  de  la 
restitution  d'un  denier  noir  à  la  Flandre  ;  d'un  docu- 
ment de  1364  relatif  aux  monnaies  de  Flandre  et  de 
Brabant;  d'un  petit  gros  au  lion  de  Jean  III,  duc  de 
Brabant  (i3i2-i355),  et  d'une  imitation  faite  à 
Rummen  du  gros  au  lis  de  Philippe  VI,  roi  de  France. 

«  Un  débutant  aussi,  notre  aimable  confrère 
M.  Jules  Fiévet,  a  enrichi  sa  collection  de  deux 


556 

monnaies  rares  et  inédites  dont  il  nous  a  réservé 
la  primeur  :  un  gros  aux  quatre  lions  de  Jean  II 
d'Avesnes,  comte  de  Hainaut  (1280-1304),  frappé  à 
Valenciennes,  et  un  gros  au  châtel  de  Jean  Ier, 
comte  de  Namur  (1297-1331),  sorti  de  l'atelier  de 
Vieuville.  Ces  deux  pièces  proviennent  de  la  trou- 
vaille de  Herck-la- Ville. 

«  Notre  associé  M.  Lucas  Eberson  a  bien  voulu 
nous  communiquer  deux  médailles  commémoratives 
de  feu  le  gouverneur  général  des  Indes  orientales 
néerlandaises  Jacob  Mossel,  l'une  relative  au  cin- 
quantième anniversaire  de  ce  personnage,  l'autre 
à  son  décès  survenu  à  Batavia,  le  i5  mai  1761. 

«  Puis,  notre  confrère  hollandais  nous  dit 
quelques  mots  sur  deux  méreaux  de  la  corporation 
des  bateliers  de  la  ville  d'Arnhem. 

«  Sa  troisième  notice  est  enfin  consacrée  à  la 
représentation  et  à  la  description  d'une  médaille 
commémorative  de  la  fête  séculaire  de  la  vénérable 
Loge  «  De  Geldersche  Broederschap  »  à  l'Orient 
d'Arnhem. 

«  La  première  livraison  se  termine  par  une 
intéressante  lettre  de  M.  Charles  Robert  à  M.  De 
Schodt,  dans  laquelle  notre  savant  confrère  fran- 
çais émet  d'ingénieuses  hypothèses  sur  l'organi- 
sation monétaire  des  Gaules,  et  cherche,  non  sans 
succès,  à  expliquer  le  sens  des  légendes  de 
certaines  monnaies  gauloises. 

«  M.  Alphonse  de  Witte,  notre  zélé  bibliothé- 
caire, n'a  pas  non  plus  tardé  à  nous  gratifier  de  sa 


557 

collaboration  aussi  abondante  que  précieuse.  Son 
premier  article  nous  révèle  quelques  monnaies 
rares  ou  inédites  du  comté  de  Hollande  et  du  duché  de 
Brabant  :  le  gros  à  Vécu  aux  quatre  lions  frappé  à 
Dordrecht  par  Jean  II  d'Avesnes,  comte  de  Hainaut 
et  de  Hollande,  une  variété  du  gros  au  lion,  forgée  à 
Bruxelles  par  Jean  III,  duc .  de  Brabant,  le  demi- 
peeter  d'argent  de  Philippe  le  Bon,  frappé  à  Louvain; 
enfin,  un  gros  à  l'M,  sans  date  et  sans  légende  reli- 
gieuse, de  Maximilien  et  de  Philippe  pour  le  Brabant. 

«  Bientôt  après  M.  de  Witte  nous  a  donné  une 
fort  bonne  description  de  trois  deniers  de' Henri  le 
Blondel,  comte  de  Luxembourg,  restés  inconnus, 
à  MM.  Von  Werveke  et  de  la  Fontaine. 

«  Nous  avons  vu  par  la  Revue  de  cette  année-ci 
que  l'activité  de  M.  de  Witte  est  loin  de  se  ralentir. 

«  L'ardeur  de  nos  jeunes  recrues  montre,  que 
l'armée    des    numismates    belges   veut    encore 
"remporter  des  victoires. 

«  Les  médailles  de  dévotion  du  jubilé  de  xÔ25  ont 
fait  le  sujet  d'une  curieuse  notice  de  notre  dévoué 
et  savant  confrère  M.  Rouyer.  Ces  médailles  ont 
été  fabriquées  à  Rome  et  se  rapportent  au  dou- 
zième jubilé  d'année  sainte,  auquel  présida  le  pape 
Urbain  VIII. 

La  Numismatique  de  Cambrai  a  naturellement 
tenté  notre  associé  cambrésien  M.  Victor  Delattre. 
Ses  recherches  laborieuses  dans  les  archives  de 
cette  ville  lui  ont  permis  de  traiter  avec  compé- 
tence des  jetons  d'argent  ayant  servi  au  règlement 


558 

des  comptes  du  trésorier  de  la  ville  de  Cambrai,  sous 
les  règnes  de  Louis  XIV,  Louis  XV  et  Louis  XV L 

«  M.  Delattre  s'est  bien  gardé  d'oublier  les  jetons 
du  magistrat  et  les  jetons  des  états  de  Cambrai  et  du. 
Cambrésis,  parmi  lesquels  il  a  indiqué  plusieurs 
variétés  et  quelques  nouvelles  pièces  que  le  magis- 
tral ouvrage  de  M.  Robert  sur  la  numismatique 
de  Cambrai  ne  renferme  pas. 

«  Lors  de  notre  réunion  à  Louvain,  le  g  mai  de 
l'année  dernière,  M.  Edouard  van  Even  nous  a 
bien  agréablement  surpris  par  une  attachante  lec- 
ture sur  une  médaille  d'or  offerte,  en  1741,  par  V ar- 
chiduchesse Marie-Elisabeth  à  Henri- Joseph  Rega, 
professeur  à  l'université  de  Louvain. 

«  Le  savant  archiviste  de  Louvain  nous  a  permis 
d'imprimer  dans. la  Revue  ce  travail  plein  d'érudi- 
tion; mais  comme  il  n'y  a  que  le  premier  pas  qui 
coûte,  nous  espérons  que  notre  confrère  voudra 
encore  en  faire  plusieurs  dans  le  chemin  de  la 
numismatique. 

«  M.  Charles  Robert  a  bien  voulu  nous  envoyer 
une  quatrième  notice  sur  les  Médailleurs  de  la  Renais- 
sance, par  M.  Aloïss  Heiss.  Nous  devons  remercier 
M.  Robert  de  cette  délicate  attention  pour  notre 
Société,  et  du  soin  qu'il  a  mis  à  nous  faire  part  des 
mérites  de  Sperandto  de  Mantoue. 

«  M.  Brichaut  a  publié  une  médaille  religieuse 
de  V empereur  et  de  l'impératrice  du  Mexique.  Cette 
médaille  mexicaine  nous  intéresse  particulière- 
ment, parce  qu'elle  reproduit  les  traits  de  l'infor- 


559 

tunée  princesse  Marie- Charlotte,  veuve  de  Maxi- 
milien  et  sœur  du  roi  des  Belges. 

«  La  direction  de  la  Revue  a  fait  imprimer  l'ar- 
rêté royal  du  29  mars  1886,  relatif  au  type  et  à  la 
fabrication  des  monnaies  belges,  avec  légendes  en 
flamand.  Je  ne  vous  dirai  pas  celles-ci  de  peur  de 
vous  blesser  les  oreilles. 

«  M.  Maurice  Heins,  avocat  à  Gand,  a  demandé 
l'hospitalité  de  notre  Revue  pour  une  importante 
étude  sur  la  monnaie  et  le  prix  des  choses ,  à  Gand, 
au  temps  de  Jacques  van  Artevelde.  A  part  quelques 
erreurs  inséparables  d'un  début  et  plus  ou  moins 
excusables  chez  un  écrivain  qui  n'est  pas  numis- 
mate, l'article  de  M.  Heins  mérite  d'attirer  l'atten- 
tion. La  critique  des  défauts  et  des  qualités  de  ce 
difficile  travail,  magistralement  faite  dans  la  pre- 
mière livraison  de  l'année  actuelle  par  M.  le 
général  Cocheteux,  me  dispense  de  vous  en  dire 
plus  long. 

«  M.  Van  Peteghem  a  eu  la  chance  de  découvrir 
une  pièce  qu'il  considère  comme  «m  double  denier 
de  Flandre  et  qu'il  s'imagine  avoir  été  frappée  à 
Saint-Michel-lez-Bruges.  Les  arguments  produits 
par  l'auteur  ne  nous  ont  pas  convaincu  et  l'attri- 
bution de  cette  monnaie  reste  encore  bien  dou- 
teuse. 

«  Les  deniers  en  plomb  du  chapitre  de  Sainte- Alde- 
gonde  de  Maubeuge  sont  l'objet  d'une  utile  commu- 
nication de  M.  Ernest  Matthieu,  secrétaire  de  la 
Société  Archéologique  d'Enghien. 


56o 

«  Le  mandement  du  grand-bailli  de  Hainaut,  inter- 
disant en  1541  la  fabrication  de  ces  deniers,  vient 
compléter  la  liste  des  documents  publiés  d'abord 
par  M.  Lacroix  et  employés  ensuite  par  M.  Chalon 
dans  son  ouvrage  sur  les  monnaies  des  comtes  de 
Hainaut. 

«  Nous  avons  eu  l'honneur  de  vous  faire  le 
récit  des  négociations  concernant  le  jeton  d\étrennes 
pour  la  nouvelle  année  177 1  dans  les  Pays-Bas 
autrichiens. 

«  Les  volontaires  limbourgeois  et  leur  médaille  ont 
ensuite  occupé  notre  attention  et  nous  vous  avons 
enfin  entretenu  d'un  projet  de  médaille  pour  récom- 
penser de  leurs  services  les  représentants  de  Matines 
pendant  V  occupation  française  de  1792  à  1793. 

«  Les  mélanges  grandissent  à  vue  d'œil  et  acquer- 
ront bientôt  leur  pristine  importance. 

«  M.  de  Witte  a  bien  voulu  continuer  la  descrip- 
tion des  médailles  modernes.  Les  pièces  décrites 
en  1886  sont  l'œuvre  des  artistes  Léopold  Wiener, 
Edouard  Geerts,  Lemaire  et  Wurden. 

«  Au  commencement  de  l'année  1886,  la  Société 
a  été  douloureusement  affectée  par  la  mort  ino- 
pinée de  son  dévoué  bibliothécaire,  M.  le  colonel 
Mailliet;  nous  venions  de  perdre  un  de  nos  mem- 
bres les  plus  distingués,  M.  le  rjaron  de  Koehne,  et 
voilà  qu'un  nouveau  deuil  nous  frappait  pour 
augmenter  notre  douleur.  Nous  avons  aussi  appris 
les  décès  de  deux  membres  honoraires  MM.  Man- 
tellier  et  le  marquis  Strozzi,  et  d'un  membre  associé 


56i 

étranger,  M.  J.  De  Groot,  de  Delft.  Le  fils  du 
baron  de  Koehne  nous  a  envoyé  la  notice  nécrolo- 
gique de  son  père,  et  nous-mêmes  avons  prononcé 
le  discours  d'adieu  sur  la  tombe  de  notre  regretté 
collègue  Mailliet.  »  (Applaudissements.) 

M.  le  président  remercie  M.  le  secrétaire. 

Le  secrétaire  dit  que  la  revision  et  la  coordina- 
tion des  statuts  ont  été  renvoyées  par  l'assemblée 
générale  de  1886,  à  la  session  actuelle.  Il  suppose 
que,  conformément  à  la  décision  prise  à  Liège  au 
mois  de  mai  dernier,  l'assemblée  voudra  encore 
remettre  cette  revision  et  cette  coordination  à 
l'année  prochaine.  (Adopté.) 

Comme  M.  Chalon  a  semblé  croire  que  le  secré- 
taire faisait  de  l'augmentation  des  membres  hono- 
raires et  correspondants  une  question  personnelle, 
celui-ci  tient  à  constater  que  c'est  rassemblée  qui 
a  émis,  en  i885,  le  vœu  de  cette  augmentation. 
(Voy.  procès-verbal  de  la  réunion  générale  an- 
nuelle du  5  juillet  i885,  Revue,  i885,  page  537.) 

M.  Cocheteux  ajoute,  à  ce  propos,  les  observa- 
tions suivantes  : 

«  Lorsqu'il  y  a  trente  ans  j'eus  l'honneur  d'être 
nommé  membre  de  la  Société  numismatique,  il 
n'y  avait  pas  alors  de  membres  correspondants. 
Ceux-ci  ne  furent  créés  qu'en  1860,  et  le  nombre 
en  fut  fixé  à  dix  au  plus. 

«  Malheureusement,  presque  toutes  les  nomina- 
tions qui  furent  faites  dans  la  suite  ne  répondirent 


562 

pas  au  but  que  l'on  s'était  proposé  :  —  faciliter 
les  choix  utiles  à  faire  lors  de  nomination  de 
membres  effectifs. 

«  La  Société  se  trouve  donc  dans  la  nécessité 
soit  d'augmenter  le  nombre  de  ses  correspondants, 
soit  de  créer  des  membres  honoraires  régnicoles, 
pour  y  classer,  après  cinq  ans,  les  membres  corres- 
pondants qui  n'assistent  jamais  à  nos  séances  et  ne 
nous  font  parvenir  aucune  communication  numis- 
matique. » 

La  cotisation  annuelle  et  le  prix  d'abonnement  à 
WRevue  sont  maintenus. 

MM.  E.  Hucher  et  Adolphe  Meyer,  membres 
associés  étrangers,  sont  élus  membres  honoraires 
en  remplacement  de  MM.  Mantellier  et  marquis 
Strozzi,  décédés. 

MM.  Edmond  Peny  et  Victor  De  Munter,  mem- 
bres correspondants  régnicoles,  sont  nommés 
membres  effectifs  pour  remplacer  MM.  le  baron 
Surmont  de  Volsberghe  et  Charles  Onghena, 
décédés. 

Ces  messieurs  remercient  l'assemblée  et  pro- 
mettent tout  leur  dévouement  à  la  Société. 

MM.  le  baron  Surmont  de  Volsberghe,  sénateur, 
et  Naveau  sont  élus  membres  correspondants 
régnicoles. 

On  passe  ensuite  au  vote  pour  le  renouvelle- 
ment du  bureau  et  de  la  Commission  directrice  de 
la  Revue  pour  1888. 

Préalablement,    l'assemblée  décide   qu'il   faut 


563 

nommer  un  président   annuel,  M.  Chalon  étant 
président  d'honneur  à  vie. 

Le  scrutin  donne  le  résultat  suivant  : 

Président  :      MM.  A.  De  Schodt  ; 

Vice-président  :  Le  Cte.  de  Limburg-Stirum; 

Secrétaire  :  G.  Cu  m  ont  ; 

Trésorier:  Ed.  Vanden  Broeck; 

Bibliothécaire  :  A.  de  Witte  ; 

Contrôleur  :  Herry  de  Cocquéau. 

M.  De  Schodt  exprime  ses  sentiments  de  grati- 
tude en  ces  termes  : 

«  Messieurs, 

«  Je  vous  suis  profondément  reconnaissant  de 
la  haute  marque  de  confiance  et  de  sympathie  que 
vous  venez  de  me  donner.  Allant  succéder  à  un 
président  aussi  actif,  aussi  habile  et  aussi  con- 
sommé que  M.  Chalon,  je  ne  me  dissimule  pas  la 
difficulté  de  la  tâche.  Mais  soyez  convaincus  que 
je  ne  reculerai  pas  devant  l'effort  pour  la  remplir 
à  votre  satisfaction. 

«  Je  vous  remercie,  Messieurs,  avec  effusion.  » 

Les  directeurs  de  la  Revue  sont  réélus  par  accla- 
mation; en  conséquence,  restent  directeurs  de  la 
Revue  en  1888  : 

MM.  C.  Maus; 

A.  De  Schodt; 
G.  Cumont. 


564 

Après  cette  élection,  M.  Vanden  Broeck  pro- 
nonce les  paroles  suivantes  : 

«  En  ma  qualité  de  plus  ancien  membre  du 
«  Bureau,  je  vous  remercie  bien  vivement,  au  nom 
«  de  mes  collègues,  pour  la  nouvelle  faveur  que 
«  vous  venez  de  nous  accorder,  en  nous  élisant 
«  aux  postes  respectifs  de  secrétaire,  de  bibliothé- 
«  caire,  d'économe  et  de  trésorier.  En  mon  nom 
«  personnel,  je  vous  remercie  de  tout  cœur  de  la 
«  marque  particulière  de  sympathie  que  vous 
«  venez  de  me  donner,  en  me  nommant  pour  la 
«  vingt-cinquième  fois  aux  fonctions  de  trésorier. 
«  Je  voudrais  que  cette  vingt-cinquième  nomina- 
«  tion  fût  en  quelque  sorte  comme  un  nouveau 
«  baptême  pour  me  donner  de  nouvelles  forces, 
«  afin  de  répondre  dignement  à  votre  attente 
«  aussi  longtemps  qu'il  vous  plaira  de  faire  appel 
«  à  mon  zèle  et  à  mon  dévouement.  »  (Applaudis- 
sements.) 

M.  le  bibliothécaire  de  Witte  présente,  en  ces 
termes,  un  rapport  sur  la  situation  de  la  biblio- 
thèque. 

«  Messieurs, 

«  Appelé  par  vous,  en  juillet  dernier,  à  succéder 
au  colonel  Mailliet  en  qualité  de  bibliothécaire, 
je  crois  utile  de  vous  dire  quelques  mots  de  ma 
gestion. 


565 

Avant  de  vous  parler  livre,  il  est  de  mon  devoir, 
devoir  bien  agréable  à  remplir  d'ailleurs,  de  rendre 
une  fois  encore  hommage  au  zèle,  au  dévoue- 
ment de  notre  excellent  et  regretté  confrère  Mail- 
liet  qui,  on  peut  le  dire,  consacra  les  trois  der- 
nières années  de  son  existence  à  classer,  à 
cataloguer  nos  volumes,  à  compléter  nos  séries,  à 
faire  régner  enfin  dans  la  bibliothèque  de  notre 
compagnie  l'ordre  le  plus  sévère.  Après  lui,  ma 
tâche  devenait  facile  ;  elle  se  bornait,  en  effet,  à 
continuer  en  tout  la  manière  de  mon  prédécesseur. 
J'espère  y  avoir  réussi. 

«  La  Société  échange,  vous  le  savez,  Messieurs, 
la  Revue  contre  les  publications  d'une  quarantaine 
de  corps  savants,  tant  du  pays  que  de  l'étranger. 
Le  colonel  Mailliet  a  constaté  dans  son  rapport, 
lu  en  séance  du  5  juillet  i885,  combien  les  suites  de 
ces  publications  étaient  incomplètes;  tous  mes 
efforts  ont  tendu  à  combler  ces  regrettables 
lacunes.  Le  résultat,  vous  allez  en  juger,  a  dépassé 
mes  espérances. 

«  Parmi  les  sociétés  qui  ont  accueilli  avec  le 
plus  de  bienveillance  mes  réclamations,  je  citerai 
tout  d'abord  la  Société  archéologique  et  historique 
de  l'Orléanais,  qui  nous  adressa  quinze  bulletins, 
onze  volumes  de  ses  mémoires  et  six  grands  atlas 
manquant  à  nos  collections  ;  la  Smithsonian  insti- 
tution de  Washington,  qui  envoya  treize  volumes; 
puis  le  Polybiblion,  la  Société  de  Borda,  la  Numis- 
matic   Chronicle,  le   Blàtter  fur   Munzfreunde  de 


566 

M.  Thieme,  la  section  historique  de  l'Institut 
grand-ducal  de  Luxembourg,  la  Société  d'histoire 
et  d'archéologie  de  Genève,  l'Institut  archéolo- 
gique liégeois,  le  Cercle  archéologique  de  Mons, 
la  Société  d'émulation  de  Liège,  les  Sociétés 
archéologiques  de  Charleroi,  du  Luxembourg,  de 
Nivelles,  etc.,  etc. 

«  Je  suis  heureux ,  Messieurs ,  et  en  ceci 
vous  m'approuverez  tous,  j'en  suis  certain, 
je  suis  heureux  de  pouvoir  témoigner  publi- 
quement à  ces  divers  cercles  scientifiques  notre 
reconnaissance  pour  leur  aimable  obligeance, 
et  leur  offrir  nos  vifs  remerciements  pour  la 
façon  toute  confraternelle  avec  laquelle  ils  ont 
satisfait  à  mes  demandes  parfois  quelque  peu 
indiscrètes. 

«  Les  envois  d'auteur  ont  été  nombreux,  eux 
aussi.  Sans  tenir  compte  du  précieux  hommage 
fait  parMme  Mailliet  des  manuscrits  de  son  mari,  la 
bibliothèque  n'a  pas  reçu,  depuis  janvier  1886, 
moins  de  cent  dix  volumes  ou  brochures  diverses. 
C'est  là  un  résultat  dont  nous  pouvous  être  fiers, 
car  s'il  est  dû  en  partie  aux  nombreux  comptes 
rendus  insérés  dans  les  mélanges ,  nous  en 
sommes  redevables  aussi  à  la  vieille  réputation 
scientifique  de  notre  Société. 

«  Grâce  au  concours  de  M.  Brichaut,  il  m'a 
été  possible  d'établir  l'échange  de  la  Revue  avec 
Y  Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique  et 
d' archéologie   et   aussi   avec    la   Revue  de  numis- 


567 

matique  dirigée  par  MM.  de  Barthélémy,  Schlum- 
berger  et  Babelon. 

«  Un  troisième  échange,  demandé  par  une 
société  de  Trêves,  a  été  provisoirement  accepté 
par  le  bureau. 

«  Enfin,  les  prêts  au  dehors  se  sont  multipliés 
cette  année  d'une  manière  sensible,  puisqu'ils 
sont  triples  de  ceux  faits  pendant  l'exercice  pré- 
cédent. 

«  Je  termine,  Messieurs,  en  vous  priant  de  vous 
souvenir  que  notre  compagnie  possède  une  biblio- 
thèque assez  pauvre  encore  et  qui  ne  peut  acquérir 
une  certaine  importance  que  grâce  au  concours 
de  tous,  —  les  achats  d'ouvrages  n'étant  pas 
d'usage  jusqu'ici.  Je  recommande  donc  nos  col- 
lections à  votre  généreuse  attention  ;  le  biblio- 
thécaire vous  serait  personnellement  reconnais- 
sant des  dons  que  vous  voudriez  bien  lui  faire 
parvenir.  » 

M.  le  baron  J.-B.  Bethune  lit  une  intéressante 
notice  sur  les  méreaux  obituaires  de  Bruges. 
Cette  étude  sera  publiée  ultérieurement  dans  la 
Revue. 

M.  De  Schodt  annonce  qu'après  la  clôture  de  la 
séance  de  Liège ,  au  mois  de  mai  dernier, 
M.  Schuermans  a  déposé  entre  ses  mains  les  let- 
tres A,  B  et  C  de  la  nouvelle  table  de  la  Revue, 
avec  prière  de  proposer  à  l'assemblée  générale  de 
revenir  sur  sa  décision  précédente  et  d'ordonner 


568 

la  confection  d'une  table  de  vingt  années,  beau- 
coup plus    simple,    dont  M.    Schuermans  aura 
l'obligeance  de  se  charger.  {Adopté.) 
La  séance  est  levée  à  3  heures. 

Le  Vice-Président  ffom  de  Président, 
Le  Secrétaire,  De  Schodt. 

G.  Cumont. 


569 


Réunion  du  bureau  du  28  juin  1887. 

Sur  la  proposition  de  MM.  Van  den  Broeck 

et  A.  de  Witte,  le  titre  d'associé  étranger  a  été  conféré 
à  M.  Horace-R.  Storer,  président  de  la  Société 
médicale,  à  Newport  (Rhode-Island,  Etats-Unis), 
et  membre  correspondant  de  la  Société  américaine 
de  numismatique  et  d'archéologie. 

Le  Vice-Président  ffom  de  Président, 
Le  Secrétaire,  De  Schodt. 

G.  Cumont. 


Réunion  du  bureau  du  30  juillet  1887. 

Sur  la  proposition  de  MM.  De  Schodt  et 

A.  de  Witte,  le  titre  à' associé  étranger  a  été  conféré 
à  M.  R.-W.-McLachlan ,  membre  de  la  Société 
numismatique  de  Montréal  (Canada). 

Le  Vice-Président  ffons  de  Président, 
Le  Secrétaire,  De  Schodt. 

G.  Cumont. 


Année  1887.  36 


570 


LISTE   DES  MEMBRES 


DE 


LA  SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE 

AU  i«  OCTOBRE  1887. 


■^•^ 


MEMBRES  HONORAIRES  (')• 

HOMS   ET   QUALITÉS.  DATE    DE    l'.Ui»!  ISSUiH. 

S.  A.  R.  le  prince  Philippe  DE  Saxe- 

Cobourg  et  Gotha,  duc  de  Saxe.  7  juillet  is78. 

S.  A.  S.  MONSEIGNEUR  LE  PRINCE  SOU- 
VERAIN de  Monaco s  juillet  >885 

MM. 

Weyer  (J.-F.-G.),  conservateur  du  cabinet  royal 

des  médailles,  à  là  Haye 4  juillet  1841. 

Castellanos  (don  Basilio-Sebastian),  président 

de  l'Académie  royale  d'archéologie,  à  Madrid.     6  juillet  i85i. 

Dirks  (J.),  à  Leeuwarden,  membre  de  l'Académie 
royale  des  Pays-Bas 

Hildebrand  (B.-E.),  conservateur  du  musée  des 
antiques,  à  Stockholm 

Tornberg,  professeur  à  l'université  de  Lund ...  — 

Robert  (Charles),  membre  de  l'Institut,  inten- 
dant général,  rue  de  Bellechasse,  14,  à  Paris.     5  juillet  i863. 

Nahuys  (le   comte    Maurin),   archéologue,   rue 

de  la  Source,  61,  à  Saint-Gilles  (Bruxelles). . .     2  juillet  i865. 

I')  Le  nombre  des  membre»  honoraires  est  fixe  à  vingi-ciiiq. 


57i 


KOHS    ET    QUALITES.  IUTE    DE    L  ADMI1SIUH 

MM. 

Deschamps  de  Pas  (L.),  ingénieur,  à  Saint-Omer.     1  juillet  1866. 

Mulur  (le  docteur  L.),  archéologue,  à  Copen- 
hague       7  juillet  1867. 

Ponton  d'Amécourt  (le  vicomte  de),  président 
de  la  Société  française  de  numismatique,  rue 
de  l'Université,  18,  à  Paris 5  juillet  1868. 

Teixeira  de  AragaÔ,  directeur  du  cabinet  des 
médailles  de  S.  M.  le  roi  de  Portugal,  à 
Lisbonne 2  juillet  1871. 

Karabacek  (le  docteur  Josef),  professor  ordina- 
rius  und  mitglied  der  kaiserl.  Akademie  der 
Wissenschaften,  Seidlgasse,  41,  à  Vienne,  III.     7  juillet  1872. 

Roacii  Smith  (sir  Ch.),  à  Strood,  comté  de  Kent.     5  millet  1874. 

Schlumberger  (Gustave),   faubourg    Saint-Ho- 

noré,  140,  à  Paris. 7  juillet  1878. 

Dancoisne,  notaire  honoraire,  à  Henin-Liétard. .  — 

Van  Hende  (Edouard),  ancien  chef  d'institution, 

rue  Masséna,  5o,  à  Lille 6  juillet  1879. 

De  Barthélémy  (Anatole),  rue  d'Anjou-Saint- 

Honoré,  9,  à  Paris 3  juillet  1881. 

I Ii; iss  (Aloïs),  à  Aulnay,  près  de  Sceaux,  dépar- 
tement de  la  Seine 2  juillet  1882. 

Dumoulin  (F.-L.-J.),  notaire,  rue  des  Capucins, 

1499,  à  Maestricht «  — 

Router  (Jules),  à  Thiaucourt  (Meurthe-et-Mo- 
selle)       1  juillet  i883. 

Vallier  (Gustave),  archéologue  et  numismate, 

place  Saint- André,  5,  à  Grenoble 6  juillet  1884. 

Van  Due  van  Matenesse  (P.-.T.)?  bourgmestre, 

à  Schiedam 4  juillet  1886. 


572 

NOMS    ET    QUALITÉS.  DATE    DE    [  '  A  r>X  I  SSIO> 

MM 

IIucher  (E  ),  conservateur  "du  Musée  archéolo- 
gique du  Mans 3  juillet  1887. 

Meyer    (Adolphe),  Kôniggrâtzerstrasse,    48,    à 

Berlin,  S.  W. 3  ju.lletT.887. 

MEMBRES  EFFECTIFS  C1). 

Chalon  (Renier),  docteur  en  droit,  membre  de 
l'Académie  royale,  etc.,  rue  du  Trône,  n3, 
à  Ixelles,  président  d'honneur  à  vie Fondateur. 

Bethune    (monseigneur),  Jchanoine    et   camérier' 

secret  de  Sa  Sainteté,  rue  d'Argent,  à  Bruges.  — 

Herry  de  Cocquéau  (François), docteur  en  droit, 

rue  du  Marché-au-Bois,  27,^  Bruxelles 6  octobre  1844. 

Lefevre  (E.-C),   rentier,  rue  des   Peignes,  32, 

à  Gand 20  septembre  1846. 

Pety  de  TnozÉE  (J.),  propriétaire,  membre  de 
la  Chambre  des  représentants  et  de  plusieurs 
sociétés  savantes,  au  château  de  Grune 4  juillet  i852. 

De  Witte  (le  baronJJ.),  membre  de  l'Académie 
royale,  associé  de  l'Institut  de  France,  etc., 
rue  Fortin,  5,  à  Paris 5  juillet?i857.  ■ 

Cocheteux  (le  général  C),  à   Embourg,    lez- 

Chênée,  et  à  Liège,  25,  rue  Fabry , — 

DiGMOi.r.i:,  docteur  en  médecine,  rue  Mali- 
bran,  117,  à  Ixelles — 

Picqué  (Camille),  conservateur  chargé  du  cabinet 
de  numismatique  à  la  Bibliothèque  royale, 
rue  de  Naples,  10,  à  Ixelles 8  juillet  1860. 

De  Nédonchee  (le  comte  Georges),  président  de 
la  Société  historique  de  Tournai,  rue  Becque- 
relle,  3,  à  Tournai 5  juillet  i863. 

(')  Le  nom'i/i'i-  des  membre!  cLTeetlfi  est  fixé  à  trentr-cinq. 


573 

ROMS    tT    QUALITÉS.  DATB    DE    l  A  DMISSIOB . 

MM. 

Vanden  Broeck  (Edouard),  agent  de  change,  rue 

»         de  Terre-Neuve,  102,  à  Bruxelles 3  juillet  1864. 

« 
Wiener  (Léopold),  statuaire  et  graveur  en  chef 

des    monnaies,    etc.,    rue    du    Nord,    80,    à 

Bruxelles 3  juillet  1864. 

Maus  (C),  conseiller  à  la  cour  d'appel  de  Bruxelles, 

rue  du  Berger,  27,  à  Ixelles 7  juillet  1867. 

De  Limburg-Stirum  (le  comte),  rue  du  Haut- 
Port,  56,  à  Gand — 

Brichaut     (  Auguste  )  ,     ingénieur  ,    boulevard 

Henri  IV,  6,  à  Paris 5  juillet  1868. 

Geelhand  (le  baron  Louis),  homme  de  lettres  et 

archéologue,  rue  du  Pont-Neuf,  21,  à  Bruxelles.  — 

De    Jonche   (le    vicomte    Baudouin),   rue    du 

Trône,  60,  à  Ixelles — 

Schuerihans  (  Uenri  ) ,  premier  président  de  la 

cour    d'appel    de    Liège,    boulevard    Frère- 

Orban,  48,  à  Liège 

Liedts  (le  baron  Amédée),  archéologue,  rue  de 

la  Loi,  88,  à  Bruxelles 3  juillet  1870. 

De  Chestret  (le  baron  J.-R.-M. -Jules),  quai 

de  l'Industrie,  i3,  à  Liège 2  juillet  1871. 

De  Schodt  (A.),  directeur  général  de  l'enregis- 
trement et  des  domaines,  rue  de  Londres,  i5,  à 
Ixelles... — 

Helbig  (Henri),    archéologue,  rue  de  Joie,  12, 

à  Liège. ...    * • 6  juillet  1873. 

Le  Catte  (Auguste),  membre  de  la  commission 
provinciale  de  statistique  et  de  la  société 
archéologique  de  Namur,  rue  Notre-Dame,  22, 
à  Namur 4  juillet   1875. 

De    Roissart   (Amédée),  conseiller   à   la  cour 

d'appel,  avenue  de  la  Couronne,  12,  à  Ixelles.     7  juillet  1878. 


574 


SOMS    ET   QUALITES.  0AT1    DB    l'aDJIISSIOII. 

MM. 

Vanoer  Aowera  (Jean),  notaire,  à  Louvain 3  juillet  1881. 

Van  Bastelaer  (Désiré),  archéologue  et  numis- 
mate, rue  de  l'Abondance,  24,  à  Bruxelles. ...     2  juillet  1882. 

Comont  (Georges),  avocat  à  la  cour  d'appel,  rue 
Veydt,  3i,  à  Saint-Gilles- Bruxelles  (quartier 
Louise) 

Beqiîet    (Alfred),    archéologue,    rue  Grandga- 

gnage,  8,  à  Namur 6  juillet  1884. 

Rethune  (le  baron  Jean-Baptiste),  conseiller 

provincial,  à  Oostroosebeke.  .    5  juillet  i885. 

Fievet  (Jules),  ingénieur,  à  Bascoup,  Chapelle- 

lez-Herlaimontjj(Hainaut) — 

Van  Schoor  (Charles),    procureur  général  à  la 

cour  d'appel,  avenue  Louise,  87,  à  Bruxelles.  — 

Bahps   (Constant),   docteur    en    médecine,   rue 

Vieille,  23,  à  Hasselt. — 

De    Witte    (  Alphonse  ) ,    ingénieur ,    rue    du 

Trône,  49,  à  Ixelles . .     4  juillet  1886. 

Peny  XEdmond-Ph.-A.),  ingénieur,  à  Morlan- 

welz 3  juillet  1887. 

De  Monter  (Victor),' rue   de    Namur,    io3,    à 

Louvain — 

CORRESPONDANTS  REGNICOLES  (')• 

Cooeeaux    (Hippolyte) ,   archéologue,    rue    des 

Paroissiens,  17,  à  Bruxelles 3  juillet  1864. 

Van  Even  (Edouard),  archiviste,  à  Louvain 4  juillet  1869. 

Parmentier   (Charles),   avocat,    rue    des  Ursu- 

lines,  2,  à  Mons 7  juillet  1872. 

Van  Havre  (le  chevalier  Gustave) ,  archéologue 

rue  Léopold,  25,  à  Anvers 6  juillet  1873. 

(')  I.c  noinlire  des  correspondants  regnicoles  est  limite  à  dix. 


575 

KOKS    ET    QCAUTES.  DATE    Dl    l' AMIHI0.1. 

MM. 
Du  Chastel  (le  comte  Albéric),  au  château  de  la 

Havette,  à  Spa 3  juilletai88i. 

De  Pitteurs  de  Bcdingen  (le  baron  Léon),  rue 

Louvrex,  77,  à  Liège 6  juillet  1884. 

A  rvix  (Frédéric),  attaché  au  cabinet  des  médailles 

de  l'État,  rue  Picard,  56,  à  Bruxelles 5  juillet  i885. 

Van  Eersel  .(le  chevalier  Léopold-Cliarles- 
Marie),  capitaine  d'état-major,  rue  de  la 
Vallée,  77,  à  Ixelles 4  juillet  1886. 

Sukmovt  de  Volsberghe  (le  baron),  sénateur, 

à  Gand 3  juillet  1887. 

ÏVaveau  (Marcel-François-Léon),  au  château  de 

Bommershoven  (par  Tongres) 3  juillet  1887. 

ASSOCIÉS  ÉTRANGERS. 

Nijhoff  (Martinus),  libraire,  à  la  Haye 14  octobre  i856. 

'  Penon  (Casimir)  ,   conservateur   du   musée  des 

Antiquités,  au  château  Borely,  à  Marseille...     3  novembre  i856. 

Morin-Pons  (Henri),  banquier,  à  Lyon ■. .  — 

Bascle  de  Lagrèze  (G.),  conseiller,  à  Pau 3o  août  1857. 

Beale- Poste,  esq.,   archéologue,   à    Maidstone 

(Kent) 10  décembre  i863. 

Madden  (Frédéric-W.),  esq.,  membre  de  la 
Société  numismatique  de  Londres,  Portland 
place,  20,  à  Brighton 14  janvier  i865. 

Caucich  (A.-R.),  directeur  du  Bullettino,  etc.,  à 

Florence 18  janvier  1867. 

Ricard  (Adolphe),  archéologue,  à  Montpellier.     7  octobre  1867. 

Brahbilla  (Camille),  archéologue,  à  Pavie — 

Uamon  (Vidal),  numismate,  à  Barcelone.    24  mai  1868 


576 


»0»s    IT    «L'ALITES.  DATE  DI   l'adMISSIOR. 

MM. 
De  Labatut  (Edouard),  docteur  en  droit,  secré- 
taire de  la  Société  française  de  numismatique 
et  d'archéologie,  à  Paris 17  juillet  1868. 

Ci.ay  (Charles),  M.   D.,  président  de  la  Société 

numismatique,  à  Manchester 5  janvier  1870. 

Luschin  (le  docteur  Arnold,  chevalier  de  Eben- 

greuth),   professeur  ordinaire  à  l'Université 

et    membre     de    l'Académie    impériale    des 

sciences,  Merangasse,  i5,  Gratz 5  juin  1870. 

Van  Peteghem  (Charles),  membre  de  la  Société 
•  française  de  numismatique,  quai  des  Grands- 

Augustins,  41,  à  Paris 14  mai  1871 . 

De  Wabsy  (le  comte  Arthur),  archiviste,  à  Com- 

piègne _ 

Trachsel  (le  docteur  Charles-François),  nu- 
mismate, .Petit-riant  Site,  descente  Mont- 
benon,  à  Lausanne '. 

Chactard  (J.),  doyen  de  la  faculté  catholique  des 

sciences,  boulevard  Vauban.  5o,  à  Lille i5  juillet  1871. 

IIvde,  directeur  général  de  la  Monnaie,  à  Calcutta.  — 

Wi'erst  (Auguste),  capitaine,  à  Bonn.. . 5  janvier  1872. 

IVoest  (Tuéod.-M.),  Rapenburg,  3i ,  à  Leyde  ...     7  juillet  1872. 

Lagerberg  (le  chevalier  Ma^nus),  chambellan 
de  S.  M.  le  roi  de  Suède  et  de  Norwège, 
conservateur  du  musée  de  Gothembourg, 
à  Rada 10  septembre  1872. 

Snoii.sky  (le  comte  C),  chef  des  affaires  politi- 
ques au  département  des  affaires  étrangères, 
un  des  dix-huit  membres  de  l'Académie  sué- 
doise, à  Stockholm 19  novembre  1872. 

Ai.kw  aîné,  officier  d'académie,  membre  de  plu- 
sieurs sociétés  savantes,  avenue  du  Roule, 
à  Neuilly  (Seine) 1  avril  1873. 


577 


IIOIII)    ET    Ql'ALITES.  IIATI    DE    I.    AD»  ISSIO» . 

MM 
Smits  van  Niecwerkerke  (J  -A  ),  à  Dordrecht.  29  novembre  1873. 

Papadopom  (le  comte  Nicolas),  officier  hono- 
raire de  cavalerie,  membre  résident  de  l'Aca- 
démie royale  des  beaux-arts,  à  Venise,  membre 
de  l'Ateneo  Veneto,  correspondant  de  l'Institut 
royal  des  sciences  et  des  lettres  de  Venise, 
palais  Papadopoli  de  Silvestro,  à  Venise.  ...      18  juin   1874. 

Saolck  (le  chevalier  Matthieu-Adrien),  cham- 
bellan de  S.  M.  le  roi  des  Pays-Bas,  à 
Hintham,  près  Bois-le-Duc 3  novembre  1874. 

Maxe-Werly  (Léon),  rue  de  Rennes,  61,  à  Paris.  23  novembre  1874. 

De  Bellenot  (le  baron),  chambellan  de  S.  A.  R. 
le  prince  Frédéric  de  Hesse,  boulevard  de  la 
Marne,  24,  à  Nogent-sur- Marne 3  mai  1875. 

De  l'Ecluse  (Charles),  membre  de  la  Société 
française  de  numismatique,  rue  Jouftroy,  94, 
à  Paris .      .      14  juin  1875. 

Sudre  (L  ),  secrétaire  de  la  Société  française  de 
numismatique,  chef  de  bureau  à  l'hôtel  des 
Monnaies,  quai  Conti,  1 1 ,  à  Paris  25  janvier  1876. 

Derre  (François  1,  architecte,  à  Paris. 14  mai  1876. 

Promis  (le  chevalier  Vincenzo).   bibliothécaire 

du  Roi,  à  Turin 3  janvier  1877. 

Delà  Haut  (Charles),  propriétaire,  à  Charleville.  25  avril  1877. 

De  Donop  (le  baron  Iluyo),  major  chambellan  de 
S.  A.  R.  le  grand-duc  de  Hesse,  à  Wiesbaden 
(l'été,  au  château  de  Panker  dans  le  Holstein).     6  mai  1877. 

Uarets  (l'abbé  Joseph),  président  de  la  Société 
archéologique  du  duché  de  Limbourg,à  Maes- 
tricht. .    14  mai  1877. 

3Iii.ii  r.   (le  docteur  S.),  archiviste  de  la  ville, 

à  Utrecht ■. 10  juin  1877 


578 


HOMS    ET    QUALITES.  DATE    PB    t'ADMISSI  OU . 

MM. 

Du  Lac  (Jules),  archéologue,  etc.,  à  Compiègne.   10  avril  1878. 

Engel  (Arthur),  rue  Marignan,  29,  à  Paris. ...    11  mai  1878. 

Rigaux  (Henri),  archiviste  de  la  ville.  —  Mairie 

de  Lille  (Nord) 23  mai  1878. 

Schols(L.-P.-H.i,  docteur  en  médecine,  à  Maes- 

tricht .  .    10  août  1878. 

Vernier    (Achille),    banquier,    rue    de  Thion- 

ville,  34,  à  Lille 23  octobre  1878 

De  Grez  (le  chevalier  Jean- Marie -Henri- 
Joseph),  numismate,  à  Bois-le-Duc 4  février  187g. 

Le  Cointre-Dupont,  à  Poitiers 5  juin  187Q. 

Eïsseric  (Marcel),  numismate,  à  Sisteron.    ....  — 

Dissard  (Paul),  conservateur  du  Musée  des  anti- 
ques, à  Lyon 5  juillet  1879. 

Eberson  (Lucas-Hermann),  architecte  de  S.  M. 

le  roi  des  Pays-Bas,  à  Arnheim 17  février  1880. 

Sacchetti  (Giuseppe),  vérificateur  à  la  monnaie 

de  Milan 10  juin  1880. 

1 
Phillips  Junior  (Henry),  secrétaire  de  la  Société 

numismatique  et  archéologique  de  Philadel- 
phie   — 

Boutrï  (Julien),  juge,  secrétaire  de  la  commis- 
sion du  musée,  à  Arras 3  juillet  1880. 

Laugier   (Joseph),  conservateur  du  cabinet  des 

médailles,  à  Marseille   24  juillet  1880. 

Enschf.dé  (A.-J.),  membre  de  la  Société  Teylers, 

à  Harlem 2  août  1880. 

Perribi  (André),  numismate,  à  Chambéry (Savoie), 

rue  de  Boigne     .......   20  août  1880. 

Bahrfeldt  (M.),  lieutenant,   Herderstrasse,  57, 

à  Brème 21  février  1881. 


57g 


'  SOMS    ET    QCALI1E*.  DITE    DE    l  AI'MISSIO» 

MM. 
José   do  Amaral  B.   de   Toro,   numismate,  à 

Vizeu-Alcafache  (Portugal) 17  mars  1881. 

Ehrensvard  (le  comte  Augustin),  lieutenant  au 
régiment  des  hussards  de  Scanie,  à  Liatorp, 
près  de  Helsingborg , — 

Maindron  (Ernest),  secrétaire  de  l'Académie  des 

sciences,  au  Palais  de  l'Institut,  à  Paris 24  juin  1881. 

Weyl  (Adolphe),  directeur  du  Berliner  Mùn\- 

blâtter,  Adlerstrasse,  5,  à  Berlin,  C 19  janvier  1882. 

Desriard    (Louis),    numismate,  à  Rive-de-Gier 

(département  de  la  Loire) 25  janvier  1882 

Ort  (le  capitaine  J.-A.),  à  l'Académie  militaire 

de  Breda 22  février  1882. 

De  Meunynck  (Auguste),  membre  de  la  direction 
du  Musée  numismatique,  à  Lille,  rue  des 
Chats-Bossus,  6 9  mars  1882. 

Quarré-Reïbourbon,  archéologue,  à  Lille 2  mai  1882. 

Terme  (Georges),  quai  des  Tanneurs,  6,  à  Liège.     6  mai  1882. 

Ghesquière-Dierickx  (Désiré),  directeur  des 
usines  monétaires  de  Biache-Saint-Vaast,  rue 
Saint-Paul,  28,  à  Paris — 

Gouverneur  (Arthur),  à  Saint-Denis  (départe- 
ment de  la  Seine) 28  juin  1882. 

Delattre  (Yictor),  receveur  municipal,  à  Cam- 
brai   — 

Oldenhuis-Gratama  (L.),  docteur  en  droit,  mem- 
bre des  Etats-Généraux,  à  Assen — 

André  (Ernest),  notaire,  à  Gray 2  octobre  1882. 

John  West  "Wii.son,  à  Gothembourg  (Suède). . .  6  mai  i883. 

Oldenburg  (J.-F.-II.),  à  Stockholm. ...    — 

Cavalli  (Gustave),  pharmacien,  à  Skôfde,  près 

de  Stockholm    9  août  1882. 


58o 


NOMS    ET    QUALITES.  DATE    DE    LADNIS<  In» 

MM. 
Wedberg    (J.-O.),  conseiller    de    justice,    Stor- 

gaten,  29,  à  Stockholm 9  août  i883. 

Fewster    (Charles- Edward)  ,    counsellor ,    à 

Kingston  upon  Hull  (Angleterre) 6  juillet  1884. 

Bom  (Adrien),  numismate,    Keyzersgracht,  428, 

à  Amsterdam 20  janvier  i885. 

Joseph  (Paul),  professeur,  Wielandstrasse,  61'", 

à  Francfort-sur-Mein 

Jomvot  (Pierre-Charles),  secrétaire  du  gouver- 
neur général  et  du  conseil  d'État  de  la  princi- 
pauté de  Monaco 27  avril  i885. 

De  Man  (Marie),  rue  Saint-Pierre,  à  Middelbourg 

(Zélande) 3o  mai  i885. 

Besier  (Louis  Guillaume-Alexandre),  référen- 
daire près  la  commission  des  monnaies  des 
Pays-Bas,  Maliesingel,  20,  à  Utrecht 2  octobre  i885. 

Von  Er.vst  (Charles),  conseiller  supérieur  des 
mines  de  l'État,  Ungargasse ,  3,  à  Vienne 
(Autriche) 16  novembre  i885. 

Myer  (Isaac),  membre  de  la  Société  numisma- 
tique de  Philadelphie,  à  Philadelphie 3o  novembre  i885. 

Bukou'ski  (H  ),  membre  de  la  Société  suédoise 

de  numismatique,  à  Stockholm 7  janvier  1886. 

Germain    (Léon),  bibliothécaire-archiviste  de  la. 
Société  d'archéologie  lorraine,  rue  Héré,  26, 
à   Nancy 14  avril   1886. 

Cahn  (Adolplie-E.),  membre  des  Sociétés  numis- 
matiques  de  Vienne  et  de  Munich,  chaussée 
d'Eschersheim,  36.  à  Francfort-sur-Mein 4  juillet  1886. 

Helbing  (Otto),  membre  des  Sociétés  numisma- 
tiques  de  Vienne,  de  Munich  et  de  Suisse, 
Residenzstrasse,  12,  à  Munich — 


58 1 


M>XS    ET    QUALITES  D»TF.     ME     I    AimlSS  IOK . 

MM. 
Santosi  (Milciade),  directeur  du   Bullettino    di 

nwnismaiica    e    sfragistica ,     à     Camerino 

(Italie) 7  novembre  1886. 

Demole  (Eugène),   conservateur  du  cabinet  des 

médailles  de  la  ville  de  Genève 17  février  1887. 

Charrier  (Louis),  membre  de  l'Académie  d'Hip- 

pone,  à  Bône  (Algérie)  4  mars  1887. 

Caevo  y  Capdeviea  (Carlos),  ministre  résident 

de  la  République  argentine,  à  Bruxelles 28  avril  1887. 

Hermerel  (Jules),  rue  Amelot,  96,  à  Paris — 

Corbii/ïn-IUttaerd  (C.-N.-F.-A.), conservateur 

du  Musée  archéologique  et  numismatique  de 

la  Société  frisonne  d'histoire,  à  Leeuwarden.  .  — 

Schulm  a  si  (J  ),  à  Amersfoort  (Pays-Bas) — 

Gxecchi  (Ercole),  via  monte  di  Pieta,  1,  à  Milan 

(Italie) 4  )"in  l887- 

Gnecchi  (Francesco),  via  monte  di  Pieta,    1,   à 

Milan  (Italie) — 

Casscto    (Guglielmo-IVapoleone),    ingénieur   à 

Livourne  (Italie), 5  juin   1887. 

Storer    (R. -Horace),    président  de    la    Société 

médicale,  à  Newport,  Washington  street,  58, 

Rhode-Island  (Amérique) 28   juin  1887. 

McLachxan     (R.-W.) ,    Osborne     street ,     99, 

Montréal  (Canada) 3o  juillet  1887. 


582 


BUREAU  DE  LA  SOCIÉTÉ  PENDANT  L'ANNÉE   1888 


Président  d'honneur 
Président  : 
Vice-Président  : 
Secrétaire  : 
Bibliothécaire  : 
Contrôleur  : 
Trésorier  : 


M.  Renier  <  u\i.o>. 
M.   De   Mi'hodt. 

M.  le  comte  de  Liuuihu^tikim. 

II.    Ci'iioxt. 

M.   De   IYitte. 

M.  Iliititv  de  Cocquéac. 

M.  Edouard   V.i.\ui:.v   Bhoeck. 


COMMISSION  DE  LA  REVUE  PENDANT  L'ANNÉE   1888: 


lin.  Macs. 

De  Ni  iiodi  . 

(IMOM. 


583 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


LISTE  DES  OUVRAGES  REÇUS  PENDANT  LE  3'  TRIMESTRE  1887. 


Avis  Important  :  Les  ouvrages  et  publications  destinés  à 
la  Société  doivent  être,  désormais,  adressés  à  M.  Alph.  de 
Wltte,  bibliothécaire  de  la  Société  royale  de  numismatique, 
Palais  des  Académies,  a  Bruxelles. 


Ouvrages  périodiques. 

Allemagne.  — Berliner  Mùn^-Verkehr  von  Julius  Hallo,  n°  n. 
Auktions-katalog  von  A.  Weyl,  n°  86.  —  Numis- 
matische  correspondent,  nos  59-61.  —  Berliner 
Mùn^blàtter,  n°  83.  —  Blâtter  fur  Mùn^freunde, 
n°  142.  —  Numismatisch.es  literatur-blatt,  noï  37 
et  38. 

Amérique.  —  Second  annual  report  of  the  Newport  historical 
Society,  1887. 

Angleterre.  —  Numismatic  chronicle,  3e  série,  t.  VII,  nos  25  et  26. 

Autriche.  —  Monatsblatt  der  numismatische  Gesellschaft  in  Wien. 
n°»  3i,  32,  33,  34,  35,  36,  37,  38,  39,  40,  41,  42,  43, 
44,  45,  46  et  47. 

Belgique.  —  Compte  rendu  des  travaux  du  Congrès  tenu  à  Namur, 
les  17-19  août  1886,  par  de  Radiguès  de  Chenne- 
vière.  —  Bulletin  de  l'Académie  royale  des 
sciences,  3e  série,  t.  XIII,  n°s  4  et  5.  —  Catalogue 
des  livres  de  la  bibliothèque  de  l'Académie  royale 
seconde  partie,  2e  fascicule.  Bruxelles,  1887.  — 
Bulletin  des  commissions  royales  d'art  et  d'archéo- 
logie,t.  XXVI,  nos  1  et  2.  —  Messager  des  sciences, 
année  1887,  2e  livraison.  —  Analectes pour  servir 


584 

à  l'histoire  ecclésiastique  de  la  Belgique,  2e  série. 
t.  IV.liv.  III. 

France.  —  Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique, 
années  1882,  i883,  1884,  i885,  1886  et  fascicules  2 
et  3  de  1887.  Revue  numismatique,  3e  série,  t.  V, 
2e  trimestre.  —  Polybiblion,  partie  littéraire, 
2^  série,  t.  XXV,  n°*  5  et  6;  t.  XXVI.  n°  1.  Partie 
technique.  2e  série,  t.  XIII.  nos  5,  6  et  7.  - 
Mémoires  de  la  Société  archéologique  et  histo- 
rique de  l'Orléanais,  t.  XXI,  1886.  —  Bulletin  de 
la  Société  de  Borda,  t.  XII.  2e  trimestre.  —  Société 
des  Antiquaires  de  France  :  Mémoires,  t.  XLVI; 
Bulletins,  année  1884,  4e  livraison  i885,  et  ire,  2e 
et  3e  livraisons  1886. 

Pays-Bas.  —  Werken  van  het  historisch  genootschap  gevestigd  te 
Utrecht,  nieuwe  série,  t.  40,  41,  42,  43,  44  et  45. 
Bydragen  en  mededeelingen  de  la  même  Société, 
t.  IX  et  X. 


Bamps. 


Bahrfeldt. 


CUMONT. 

Daremberg  et 

E.   Saglio. 
Demole. 


Ouvrages  non  périodiques. 

Aperçu  sur  les  découvertes  d'antiquités  antérieures 
à  la  domination  romaine  faites  dans  le  Limbourg 
belge.  Hasselt,  1887,  in-8°,  88  pages  avec  une 
carte,  une  planche  et  des  vignettes  dans  le  texte. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

Beitràge  %ur  numismatik  der  romischen  Republik 
aus  einer  correspondent  mit  Dr  A.  Klûgmann. 
Vienne,  1887,  in-8°,  18  pages.  (Hommage  de 
l'auteur.) 

Un  triens  inédit  frappé  à  Dinant.  Bruxelles,  1887, 
in-8°,6  pages  et  1  vignette.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  romaines. 
Fascicule,  n°  11.  (Hommage  de  M.  E.  Saglio.) 

Denier  au  nom  de  Frédéric,  évéque  de  Genève, 
xie  siècle.  Paris,  1887,  in-8°,  7  pages,  1  vignette. 
(Hommage  de  l'auteur.) 


585 

Ad.  Meyer.  Paul  Henckel,  Gedenkblatt fur  seine freunde.  Vienne, 

1875,  in-8°,  4  pages. 

—  Die  mùn^en  und  medaillen  der  Herren  von  Rantzau. 

Vienne,  1882,  in-8°,  22  pages,  2  planches  et  2  vign. 

—  Mûn^geschichtliches  \u    den   Burgmilchling'schen 

ausprâgen  von  C.-F.  Gebert,  1884,  in-8°,  6  pages. 

—  Die  mùn^en  derfamilie  Schutfbar,  Genannt  Milch- 

ling.  Vienne,  1884,  in-8°,  7  pages,  2  vignettes. 

—  Die  medaillen  derfamilie  Rantzau.  Vienne,  i885, 

in-8°,  8  pages,  1  planche  et  1  vign. 

—  Die  mùn^en  der)\stadt  Dortmund.  Vienne,  in-8° , 

122  pages,  7  planches. 

—  Albrecht  von  Wallenstein,  herçog  von  Friedland, 

und  seine  mùn\en.  Vienne,  1886,  in-8°,  108  pages, 
7  planches. 

—  Das   probirbuch    des    Nùrnberger   mûn\wardeins 

Hans  Huefnagel  (i6o5-i6r2).  Vienne,  1886,  in-8°, 

56  pages.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Papadopoli.  Del piccolo  e  del  Bianco  antichissime  monete  Vene- 

\iane.   Venise,  in-40 ,    i3   pages.    (Hommage   de 

l'auteur.) 
Six.  Monnaies  lyciennes.  Paris,  1887,  in-8°,  109  pages  et 

2  planches.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Van  Bastelaer.  Les    Grès  wallons.   Mons,  i885,  in-8°,  479  pages 

et  19  planches.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Anonymes. 

Collection  de  M.  C.  de  L'Ecluse.  Monnaies  de  tous  les  pays  du 
monde  et  bibliothèque  numismatique.  Paris,  1887,  in-8°,  238  pages 
et  vignettes.  (Envoi  de  M.  Van  Peteghem.) 

10  août  1887. 

Le  bibliothécaire, 

Alphonse    de  Witte. 


Année  1887.  ^7 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


MEMOIRES. 

Points  divers  de  l'histoire  métallique  des  Pays-Bas.  —  Médailles 
du  règne  de  Louis  XIV,  se  rapportant  à  l'histoire  des  Pays-Bas 
et  dont  les  coins  existent  au  Musée  monétaire,  à  Paris,  omises 
dans  le  grand  ouvrage  de  Van  Loon,  par  J.  Rouyer  (ier  article).         1 

Médaille  pour  récompenser  les  services  rendus  aux  armées  de 
l'Autriche  et  de  ses  alliés  en  guerre  avec  la  République  fran- 
çaise (1792-1794),  par  G.  Cumont 52 

Le  scel  et  le  contre-scel  du  conseil  de  Gueldre,  par  G.  Cumont  .       71 

Numismatique  liégeoise.  —  Jean  d'Arkel  (1364-1378).  —  Georges 
d'Autriche  (1544-1557).  —  Gérard  de  Groesbeeck  (i563-i58o), 
par  Alphonse  de  Witte 74 

Petits  méreaux  de  plomb  d'Arras,  par  L.  Dancoisne.    ....       82 

La  trouvaille  de  Dronryp,  en  Frise,  par  J.  Dirks 91 

Cueilloir  numismatique  —  Septième  lettre  du  comte  de  Marsy 
à  M.  Alphonse  de  Schodt,  vice-président  de  la  Société  royale 
belge  de  numismatique  et  directeur  de  la  Revue 108 

Numismatique  brabançonne.  —  Les  Godefroid  (1106-1190).  — 
Henri  Ier  (ngo-1235).  —  Henri  III  (1248-1261),  par  M.  A.  de 
Witte 181 

Médailles  et  jetons  dauphinois  (troisième  article),  par  M.  G.  Val- 
lier 192 

Histoire  du  concours  auquel  fut  soumis  Théodore  Van  Berckel 
pour  obtenir  le  titre  de  graveur  général  de  la  Monnaie,  à 
Bruxelles,  par  M.  G.  Cumont 2o5 

Un  projet  de  médaille  à  l'effigie  du  Régent  de  la  Belgique,  par 

M.  Fréd.  Alvin 225 


587 

Numismatique  des  Indes  néerlandaises,  par  M.  le  Cte  Maurin 
Nahuys         23o 

Numismatique  contemporaine  (1816- i83o).  —  Premier  mariage 
de  Léopold  Ier  et  mort  de  sa  première  femme,  la  princesse 
Charlotte.  —  Prise  du  fort  de  la  Chartreuse,  etc.,  à  Liège.  — 
Les  pauvres  reconnaissants  à  la  paroisse  de  Saint-Nicolas,  à 
Liège,  par  M.  Fréd.  Alvin 241 

Jetons  et  méreaux  de  charbonnages,  par  M!  Edmond  Peny   .    .   .     25i 

Note  sur  une  médaille  tournaisienne,  par  M.  Fréd.  Alvin  .    .    .     267 

Quatre  énigmes,  par  M.  J.  Dirks ......     273 

Le  Sidus  Julium  sur  des  monnaies  frappées  après  la  mort  de 
César,  par  M.  Alph.  De  Schodt 329 

Trois  jetons  dauphinois.  —  Doutes  et  interrogations  d'un  igno- 
rant, par  M.  G.  Vallier 406 

Numismatique  mérovingienne.  —  Un  triens inédit  frappé  à  Dinant, 
par  M.  G.  Cumont 430 

Un  médaillon  anépigraphe  du  roi  Henri  IV  et  d'un  connétable  de 
France,  par  M.  G.  Vallier 436 

Méreaux  de  la  collégiale  de  Saint-Jean  rÉvangéliste  à  Liège,  par 
M.  Alp.  De  Schodt « 447 

Numismatique  des  Indes  néerlandaises,  par  M.  le  Cte  Maurin 
Nahuys 5oi 

Numismatique  brabançonne.  —  Des  monnaies  de  nécessité  frap- 
pées à  Bruxelles  en  1679  et  i58o,  par  M.  Alphonse  de  Witte.      5i5 

CORRESPONDANCE. 

Lettre  de  M.  le  général  Cocheteux  à  M.  G.  Cumont,  directeur 
de  la  Revue  belge  de  numismatique j 33 

Lettre  de  M.  le  baron  Surmont  de  Volsberghe  à  M.  G.  Cumont, 
à  propos  de  la  médaille  pour  récompenser  les  services  rendus 
aux  armées  de  l'Autriche  et  de  ses  alliés  en  guerre  avec  la 
république  française .      278 

Deux  lettres  de  M.  Pety  de  Thozée,  consul  général  de  Belgique 
à  Bombay,  à  M.  G.  Cumont,  secrétaire  de  la  Société  belge  de 
numismatique,  à  propos  de  cowries  ou  cauris  employés  aux 
Indes 452 


588 

nécrologie.  —  Charles-François  Onghena,  par  M.  A.  de  Witte.  280 
Henri-François-Marie  Ghislain  baron    Surmont  de  Volsberghe, 

par  M.  G.  Cumont 469 

Le  marquis  Carlo  Strozzi,  par  M.  A.  de  Witte 460 

MÉLANGES. 

La  numismatique  de  Vogelsanck,  par  l'abbé  Polydore  Daniëi.s. 

—  Quelques  mots  d'histoire  et  de  numismatique  sur  les  loca- 
lités qui  font  aujourd'hui  partie  de  l'arrondissement  de  Char- 
leroi,  par  J.  Fiévet.  —  Sceaux  de  Philippe  de  Luxembourg, 
évêque  du  Mans,  par  F.  Hucher.  —  La  Monnaie  de  Bruxelles 
après  le  bombardement  de  i6q5.  —  Das  Probirbuch  des  riùrn- 
berger  Mïm^wardeins  Hans  Huefnagel,  par  Ad.  Meyer.  — 
Deux  jetons  commémoratifs  namurois.  —  Inscriptions  campa- 
naires  du  département  de  l'Isère,  par  G.  Vallier.  —  La  monnaie 
etle  prixdes  chosesà  Gand,au  temps  de  Jacques  van  Artevelde, 
par  M.  Heins.  —  Note  de  la  Rédaction.  —  Don  de  Mme  veuve 
Mailliet.  —  Prix  remporté  par  M.  Taillebois.  — -  Monete  e 
medaglioni  romani  inediti  nella  colle^ione  Francesco  Gnecchi. 

—  Article  de  M.  Blanchet,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de 
Borda.  —  Vade-mecum  del  raccoglitore  di  monete  italiane,  par 
G.  Bazzi  et  M.  Santoni.  —  Création  au  Canada,  d'un  nouveau 
journal  numismatique.  —  Vente  Mailliet.  —  Sommaire  de 
l'Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique 143 

Medallic  illustrations  of  the  history  of  Great  Britain  and  Ireland. 

—  Deux  médailles  de  la  Société  d'agriculture  du  Brabant 
septentrional.  —  Les  nouvelles  monnaies  de  la  Bolivie.  — 
A  Catalogue  of  the  coins,  medals  and  tokens  of  the  dominion  of 
Canada.  —  Découverte  d'antiquités  gallo-romaines  à  Casteau. 

—  Numismatique  d'Alsace.  —  Penningkundig  repertorium.  — 
Les  acquisitions  du  cabinet  numismatique  et  sphragistique  de 
Leeuwarden.  —  Description  des  monnaies  de  la  Numidie  et 
de  la  Maurétanie.  —  Histoire  monétaire  de  Genève  de  1 535 
à  1792.  —  Le  florin  d'or  au  Saint-Lambert  assis.  -  Les  desi- 
derata de  la  numismatique  du  Dauphiné.  —  Annuaire  de  la 
Société  française  de  numismatique.  —  Revue  numismatique 


589 

française.  Sommaire  de  1886.  —The  Numismatic  chronicle.  — 
Catalogue  de  la  collection  de  M.  le  vicomte  Ponton  d'Amécourt. 

—  Vente  de  la  collection  de  M.  C.  De  l'Ecluse.  —  La  trouvaille 
de  Loerbeek.  —  Médaille  d'origine  allemande  à  l'image  de 
Notre-Dame  de  Bon-Secours  de  Nancy.  —  Deux  ventes 
publiques  à  Paris.  —  MM.  Rouyer  et  le  comte  de  Marsy 
nommés  chevaliers  de  l'ordre  de  Léopold.  —  A  Manual  of 
greek  numismatics 281 

The  medals,  jetons  and  tokens  illustrative  of  obstetrics  and 
gynaecology,  par  Storer.  —  Description  de  trois  derhams 
musulmans,  par  Delorme.  —  Collection  de  billets  de  banque 
suédois  et  étrangers,  par  Bukowski.  —  Histoire  numismatique 
du  royaume  des  Pays-Bas,  par  Dirks.  —  Explication  d'une 
marque  monétaire  du  temps  de  Constantin,  par  Mowat.  — 
Mort  du  graveur  Oudiné.  —  Catalogue  des  monnaies  anglaises 
du  British  Muséum,  par  Ch.  Keary.  —  Bibliographie  numis- 
matique universelle,  par  Cass"uto.  —  Monnaies  de  la  famille 
Trivulzio,  par  les  frères  Gnecchi.  —  Penningkundig  Reperto- 
rium,  par  Dirks.  —  Sceaux  de  l'église  danoise  du  moyen  âge, 
par  Petersen.  —  Numismatique  montoise.  —  Méreau  de  la 
fondation  d'Ysabeau  Druart,  par  Arm.  de  Behault. —  Vente  de 
Ponton  d'Amécourt.  —  Revue  numismatique  et  Annuaire  de  la 
Société  française  de  numismatique.  —  Avis.  —  Trouvaille  de 
Lumay.  —  Aperçu  sur  les  découvertes  d'antiquités  antérieures 
à  la  domination  romaine ,  faites  dans  le  Limbourg  belge,  par 
Bamps.  —  Le  médailleur  Sperandio,  par  C.  Robert.  —  Del 
Piccolo  e  del  Bianco  antichissime  Monete  Veneziane.  par  le 
comte  Papadopoli 461 

Les  monnaies  m  assaliotes  du  cabinet  de  Marseille,  par  J.  Laugier. 

—  Les  médailles  religieuses  de  Merville,  par  L.  Dancoisne  — 
La  numismatique  de  la  principauté  de  Liège  et  de  ses  dépen- 
dances, par  le  Bon  J.  de  Chestret  de  Haneffe.  —  Ueber  die 
Hohenloh'schen  ortsgulden  kaizerlichen  Geprages,  par  Paul 
Joseph.  —  Denier  au  nom  de  Frédéric,  évêquc  de  Genève,  par 
E.  Demole.  -  Ventes  de  collections  de  monnaies,  annoncées  par 
M.  Hess.  —  Origines  de  la  livre  d'argent,  unité  monétaire,  par 
Maurice  de  Vienne.  —  Numismatika  meddelanden,  IIe  fascicule 


590 

de  la  Société  suédoise  de  numismatique.  —  Publications  de  la 
commission  administrative  du  musée  de  la  ville  de  Sedan.  — 
Médaille  de  la  fête  scolaire  de  Namur  et  médaille  offerte  en 
prix  par  le  Cercle  artistique  et  littéraire  de  la  même  ville.  — 
Le  XIe  fascicule  du  Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et 
romaines,  par  Ch.  Daremberg  et  Edm.  Saglio.  —  The  Louis- 
bourg  medals  ,  par  R.-W.  McLochlan.  —  Annuaire  de  la 
Société  française  de  numismatique  et  d'archéologie.  —  Revue 
française  de  numismatique.  —  Numismatische  Zeitschrift.  — 
The  numismatic  Chronicle.  —  Errata 534 

société  royale  de  numismatique.  —  Extrait  des  procès- 
verbaux  : 

Réunion  du  bureau  du  7  novembre  1886 175 

Réunion  du  bureau  du  17  février  1887 324 

Réunion  du  bureau  du  4  mars  1887 324 

Réunion  du  bureau  du  28  avril  1887 487 

Réunion  du  bureau  du  4  juin  1887. 488 

Réunion  du  bureau  du  5  juin  1887 488 

Assemblée  extraordinaire  tenue  à  Liège,  le  i5  mai  1887,  dans  la 

salle  de  l'Institut  archéologique,  au  Palais  des  Princes-Évêques.  489 

Assemblée  générale  annuelle  du  3  juillet  1887 54g 

Réunion  du  bureau  du  28  juin  1887 56q 

Réunion  du  bureau  du  3o  juillet  1887 56q 

Liste    des   membres  de  la  Société  royale  de  numismatique  au 

ier  octobre  1887 5™ 

Liste  des  ouvrages  reçus ,76,  325,  496,  583 

Dons  faits  au  cabinet  numismatique  de  la  Société 328 

Table  des  matières 535 

Table  des  planches 5q, 


591 


TABLE  DES  PLANCHES  ET  DES  FIGURES, 

AVEC  RENVOI  AUX  PAGES  OU  ELLES  SONT  EXPLIQUÉES. 


Numéros       Numéros 

des  des 

figures.  pages. 

Planche  I. 
» 3o 

Planche  II. 

1 3o 

2 41 

Planche  III. 
» 36 

Planche  IV. 

» 64 

1 74 

2 75 

3 77 

Planche  V. 

1,2 84 

3àg....  85 
10  à  14. . .  86 
i5à2o. ..   87 

Planche  VI. 

21 87 

22  à  29. .  88 
3o  à  37  . .  89 
38 90 


Numéros       Numéros 

des  des 

figures.  pages. 

Planche  A. 


2  à5. 
6,7-- 
8,9-- 
10,  11 
11  à  i5 


94 

95 
96 
98 

99 
100 


Planche  B. 
16  à  19  . .   101 
20  à  24..   102 
25  à  3o. .  io3 

Planche  C. 


1 114, 
5,6., 


90 
91 


Planche  VII. 


2,  3... 
4,5... 

6,7--. 
8,  9, 10 


181 
182 
i83 
184 
i8q 


Planche  VIII. 

1 193 

2 197 


Numéros      Numéros 

des  des 

figures.  pages. 

Planche  IX. 

1 205 

2 225 


Planche  X. 


242 
244 

249 

245 


Planche  XI. 

1,2,3...  353 

4,5 258 

6 262 

7 2Ô4 

Planche  XII. 


408 
411 
418 
416 
43o 


Planche  XIII. 

1 4^7 

2,  3 443 


Numéros       Numéros 

des  des 

figures.  pages. 


Planche  XIV. 

1 353 

2 356 

3 363 

4 338,366 

5 371 

6 374 

7 376 

8,9...  378 

Planche  XV. 

i 36o 

2 382 

3 383 

4 485 

Planche  XVI. 

1 5o6 

2,  3. . .  5i2 

4,5...  5i3 

6,7,8.  514 


EEYUE  BELGrE  DE  NlfflSfflTIQUE,1887. 


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3 
t.  43 


Revue  belge  de  numismatiqi 
et  de  sigillographie 


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