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Full text of "Revue belge de numismatique et de sigillographie"

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REVUE  BELGE 


DE 


NUMISMATIQUE 


SOUS  LIS  AUSPICES  DE  LU  SOGIBÊ  ROYALE  DE  NUMISMATIOUE. 


1896.  —  CINQUANTEDEUXIÈME  ANNÉE. 


mWM 


BRUXELLES, 

J.   GOEMAERE,    IMPRIMEUR    DU    ROI. 
T^ue  de  la  Limite,  1 1 . 

1896 


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REVUE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE. 


REVUE  BELGE 

DE 


NUMISMATIQUE, 


DIRECTKURS  :  MM.  le  Vf  B.  de  JONGHE,  G.  CUMONT  tx  A.  dk  VVITTE. 

189e 

CINQUANTE-DEUXIÈME  ANNÉE. 


BRUXELLES, 

J.   GOEMAERE,    IMPRIMEUR    DU    ROI, 
'T^we  de  la  Limite,  21. 

1896 


3  l(  ,_   JU!   1  u  I97Q 


REVUE  BELGE 

DE 

NUMISMATIQUE 

TROIS  MONNAIES  LIÉGEOISES  INÉDITES. 


I.  Droit.  Buste  de  profil  adroite. 
Devant  le  buste,  une  crosse. 
L^^^w^é  :  •S-LA(NBERT)VS. 
Rev.  Bâtiment  avec  trois  tours  et  porte  centrale 
au  fond  d'une  enceinte  emmuraillée. 
Légende  :  LE— (G)— lA  (i). 

Argent.  Poids  :  og'',72.  Notre  collection. 

Ce  curieux  denier,  dont  l'attribution  est  certaine, 
est  resté  inconnu  au  baron  de  Chestret  de  Haneffe. 
Il  semble  être  contemporain  du  denier  de  Huy,  au 
buste  de  Saint-Domitien,  figuré  sous  le  n"  21. 
dans  le  bel  ouvrage  de  cet  auteur:  Ninnismatique de 
Liège  et  de  ses  dépendances.  Les  deux  pièces  sont  du 
même  module  et  ont  entre  elles  un  air  de  famille 
incontestable.  Les  poids  même  devaient  concor- 
der, si  l'on  tient  compte  qu'il  manque  un  morceau 

(1)  L'E  de  LEGIA,  qui  peut  paraître  douteux  sur  la  vignette,  est 
absolument  certain  sur  notre  denier. 


assez  conséquent  au  denier  de  Huy,  connu  à  un 
seul  exemplaire. 


2.  Droit.  Armoiries  de  George  d'Autriche, 
prince-évêque  de  Liège,  remplissant  le  champ.  Ces 
armes  sont  :  écartelé,  au  i  et  au  4,  de  gueules  à  la 
fasce  d'argent  {Autriche)]  au  2  et  au  3,  d'or  au  lion 
de  gueules  [Habsbourg). 

Légende  :  ^  GEORGIVS  +  AB  -r  AVSnHRIA 
+  DE(I  -!-  GR)A. 

Rev.  Croix  ancrée,  ornée,  coupant  la  légende  et 
cantonnée  de  deux  (A)?  et  de  deux  perrons.  Dans 
le  centre  évidé  de  la  croix,  une  étoile  (?). 

Légende  :  EPS  +  LE  —  OD  +  DV(îv)  —  BVIjL(O) 
-'  GO  -V  LOS  — . 

Billon  blanc.  Poids  :  ie'",2o.  Notre  collection. 

Ce  demi-patard  (?),  qui  est  légèrement  ébréché, 
paraît  être,  à  cause  de  la  forme  ancienne  des 
lettres  de  la  légende,  le  demi-patard  évalué  dans 
le  cri  de  1545,  tout  au  commencement  du  règne  de 
George  d'Autriche.  Le  baron  de  Chestret  donne, 
sous  les  n°^  479  et  480  de  son  livre  précité,  deux 
patards  et,  sous  le  n"  481,  un  quart  de  patard,  qui 
paraissent,  tous  trois,  être  contemporains  de  notre 
pièceetfai  repartie,  avec  elle,  d'une  mêmeémission. 


3.  Droit.  Écusson  découpé  et  orné  de  l'évêque 
Robert  de  Berghes.  L'écu  est  coupé  :  au  i,  parti  :  a. 
de  sable  au  lion  d'or  armé  et  lampassé  de  gueules 
[Brabant),  6.  d'or  à  trois  pals  de  gueules  {Berthottt); 
au  2,  de  sinopleàtroismâcles  d^Rrgent  {Bautersem). 
L'écusson  est  surmonté  d'un  heaume  couronné 
avec  lambrequins,  ayant  pour  cimier  une  tête 
d'âne  (?)  entre  deux  jambières.  Aux  côtés  de 
l'écu  :  15-58. 

Légende  :  ROBERTVS  hc  A  *  BER  —  EPS  * 
LEO'  *  D'  *  B'  *  C  *  LOS'  — . 

Rev.  Double  aigle  impériale  couronnée. 

Légende  :  FERDINANDVS  *  ELEC  %  ROM'  % 
IMP  *  SEP'  *  AV  — . 

Argent.  Poids  :  i4S''.34.  Notre  collection. 

Ce  rarissime  demi-daeldre  n'a  pas  été  connu  du 
baron  de  Chestret,  qui  a  donné  le  daeldre  au  même 
type  sous  le  n°  5o4  de  son  ouvrage.  Il  dit,  avec  rai- 
son, que  ces  pièces  pourraient  bien  avoir  été 
frappées  à  Hasselt,  en  vertu  de  la  commission  de 
waradin  de  cet  atelier,  donnée,  le  ig  août  i558,  à 

Jean  van  Honycke. 

V**  Baudouin  de  Jonghe. 


RESTITUTION  D'UN  FLORIN  ffOR 


GOEDARD    (GOTHARD),    SEIGNEUR    DE    HEIJDEN. 


M.  Piot  nous  a  donné  dans  la  Revue  belge  de 
7iumisinatique,  tome  V  (1849),  un  intéressant  Essai 
sur  les  monnaies  des  seigneurs  de  Heinsberg,  et  a 
attribué,  à  Godefroid  III,  un  florin  d'or  au  type  de 
Florence,  gravé  planche  VIII,  figure  14.  Voici  le 
dessin  et  la  description  d'un  second  exemplaire  de 
cette  rare  monnaie. 


>}<  S.  lOHA  —  NNES  B.  ^  Saint  Jean  debout 
de  face,  nimbé. 
Rev.  ►î<  G0G:D  —  I^SIDS:.  Grande  fleur  de  lis. 

L'auteur  du  catalogue  de  la  collection  Michiels 
van  Verduynen,  dans  laquelle  se  trouvait  l'exem- 
plaire unique  de  ce  florin  d'or,  l'a  également  attri- 
bué à  Godefroid  III,  de  Heinsberg,  ainsi  que  mon 
ami  M.Paul  Joseph,  dans  son  Uebersicht  der  Gold- 


gulden  vom  Florentiner  Gepràge  [Anhang  zum  Bret- 
zenheimer  Goldguldenfunde) . 

J'ai  eu,  dernièrement,  la  bonne  fortune  de  faire 
l'acquisition  du  florin  d'or  en  question,  et  quoique 
la  remarque  de  M.  Piot  «  qu'il  paraît  que  les  gra- 
veurs de  ces  monnaies  (de  Heinsberg)  n'étaient 
pas  forts  sur  l'orthographe  »  se  trouve  confirmée, 
un  examen  attentif  du  florin  d'or  au  point  de  vue 
de  la  gravure  et  notamment  de  celle  de  ses  lettres 
très  soignées,  prouve  que  le  graveur  devait  être  un 
ouvrier  de  premier  ordre.  Il  faut  donc  être  étonné 
qu'on  ait  classé,  jusqu'à  ce  jour,  cette  pièce  avec 
la  légende  GOSD  b^eiIDS,  d'un  travail  si  bon, 
parmi  les  monnaies  des  seigneurs  de  Heinsberg. 

Je  vais  essayer  de  restituer  cette  rare  monnaie  à 
son  véritable  auteur,  Gothard  de  Heijden,  voisin 
et  allié  des  seigneurs  de  Heinsberg. 

Le  professeur  P.  O.  van  der  Cbijs,  dans  son 
ouvrage  célèbre  :  De  Munten  der  leenen  van  de  voor- 
malige  Hertogdonwien  Braband  en  Limburg,  enz, 
nous  donne  quelques  notes  sur  la  seigneurie  de 
Heijd  ou  Terheijden  et  Blijt  et,  à  la  planche  XVI, 
le  dessin  d'un  thaler  de  Guillaume  I",  de  Bongart, 
seigneur  de  Heijd  (lisez  Heijden)  et  Blijt,  et,  à  la 
planche  XXXI,  celui  d'un  teston  de  Guillaume  III, 
de  Bongart,  seigneur  des  mêmes  localités.  C'est 
dans  la  même  seigneurie  de  Heijd,  Heijden  ou 
Terheijden  que  la  monnaie  d'or  qu'on  a  classée, 
jusqu'ici,  parmi  les  monnaies  des  seigneurs  de 
Heinsberg,  a  été  frappée. 


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Je  n'ai  pu  reconstituer  l'histoire  des  seigneurs 
de  Heijden  antérieurement  au  seigneur  qui  nous 
occupe,  mais  il  résulte  dedivers  actes  de  la  seconde 
moitié  du  xiv^  siècle  que  ce  Godefroid,  Gothard 
ou  Goedard  de  Heijden  était  un  des  chevaliers  les 
plus  en  vue  de  la  cour  de  Wenceslas  et  Jeanne, 
duc   et  duchcvSse   de   Brabant  et  de  Limbourg. 

On  lit  dans  Ernst,  Histoire  du  Limbourg ,  tome  V , 
page  log:  «  Dans  le  temps  que  le  duc  (Wenceslas) 
était  à  Maestricht,  Godefroi  Van  der  Heijden  lui 
ayant  offert  la  maison  ou  le  château-fort  qu'il  avait 
à  Oyes,  au  comté  de  Daelhem,  le  duc,  après  y 
avoir  ajouté  les  biens  qu'il  possédait  dans  le 
même  village  binnen  d en  synen  lui  donna  le  tout 
ensemble  pour  le  tenir  en  fief  mouvant  du  duché 
de  Limbourg,  sous  la  condition,  néanmoins,  que 
ceux  qui,  dans  cet  endroit,  auraient  commis  un 
crime  méritant  la  mort,  seraient  livrés  au  duc  ou 
à  son  officier  pour  subir  le  châtiment  encouru, 
mais  que  les  biens  en  seraient  confisqués  au  profit 
du  seigneur  vassal.  (Acte  daté  de  Maestricht, 
le  8  février  i55y.) 

On  lit  dans  le  même  tome,  page  120: 

«  Avant  les  sires  de  Gronsfeld,  Godefroi  Van  der 
Heijden  avait  tenu  quelque  temps  en  engagement 
le  premier  de  ces  endroits  (le  village  d'Eysden), 
avec  des  rentes  assignées  sur  la  douane  de  Roi- 
duc  »  (i).  Cette  douane  était  alors  considérable, 

(1)   Tables  des  dipl.  Bel^.  Godefroi,  sire  van  der  Heiden,  libère 


1 1 


puisque  toutes  les  marchandises  chargées  à 
Cologne  pour  la  rive  gauche  de  la  Meuse  devaient 
passer  par  Rolduc,  Fauquemont  et  Maestricht  (i). 
GoTHARD,siRE  DE  Heijden,  fut  nommé,  le  II  no- 
vembre 1364,  juré  pour  le  maintien  de  la  Land- 
friede  par  les  ducs  Wenceslas  et  Jeanne,  ce  qui 
résulte  du  texte  dans  Ernst,  loc.  cit.,  page  124.  Dans 
cet  intervalle,  la  confédération  pour  le  maintien 
de  la  paix  publique  ou  Landfriede,  faite  sous  les 
auspices  du  duc  Jean  III  pour  dix  ans,  était  expi- 
rée. Wenceslas  et  Jeanne,  qui,  à  leur  avènement, 
avaient  promis  de  la  maintenir,  et  qui  même 
l'avaient  encore  renforcée  en  i358,  jugèrent  à  pro- 
pos de  la  renouveler  pour  dix  ans  avec  le  magis- 
trat de  la  ville  d'Aix-la-Chapelle.  L'acte  en  fut 
dressé  le  11  avril  1364.  Ces  princes  s'y  engagèrent 
à  garantir  la  liberté  des  chemins  publics  entre  la 
Meuse  et  le  Rhin,  parce  que,  disaient-ils,  la  domi- 
nation et  le  droit  de  conduite  leur  en  appartenaient. 
Ils  nommèrent  pour  leurs  jurés  ou  juges  des 
infractions  au  repos  public  :  Reinard,  sire  de 
Schoonvorst,  Jean,  sire  de  Wittem  et  Henri,  sire 
de  Gronsveld,  lequel,  trois  ans  après,  fut  remplacé 

Wenceslas  et  Jeanne,  ducs  de  Brabant,  de  leurs  dettes,  moyennant 
qu'il  retienne,  sa  vie  durant,  Esden  (Eysden)  et  les  renies  qu'il  perçoit 
sur  la  douane  de  Rolduc.  (9  janvier  iSôg  ) 

(1)  Tables  desdipl.  Belg.  Attestation  des  hommes  de  fief,  Godkfroi 
VAN  DER  Heiden,  Adam  d'Oud-Eresteijne,  Jean  de  Gronsfeld  et  autres, 
déclarant  que  toutes  les  marchandises  chargées  pour  le  pays  au  delà 
de  la  Meuse  doivent  passer  par  Rolduc,  Fauquemont  et  Maestricht. 
Donné  à  Rolduc   i363,  le  i5  mars,  secundum  stylupi  curta  Leodiensis. 


12 


parHerpen  de  Rode.  Guillaume  VI,  duc  de  Juliers, 
ayant  demandé  à  entrer  dans  cette  confédération, 
on  en  dressa,  le  ii  novembre  de  la  même  année, 
un  nouvel  acte  pour  cinq  ans,  et  nos  ducs  ajoutè- 
rent encore  à  leurs  jurés  trois  autres  chevaliers, 
qui  étaient  Gothard,  sire  de  Heijden,  Herman, 
sire  d'Einenberg  ou  Einenbourg  et  Gérard,  sire 
de  Roitstock. 

Notre  Godart  van  der  Heijden  mourut  sans 
laisser  d'enfants,  le  5  décembre  iSyS,  après  avoir 
disposé  de  ses  biens  en  faveur  de  son  neveu,  Jean 
de  Gronsveld,  par  acte  du  8  février  i368. 

«  Wir,  GOIDART  HERE  ZER  Heiden,  doiiitkont  allen 
luden  die  diesen  brieff  sollen  sien  off  hoeren  lesen,  dat  wir 
heren  Johanne  van  Grontzelt  Ritter  onsne  lieven  neven 
gegeven  haven  énd  oevermitz  diesen  brieflf  geven  ind  in 
kenlichen  scholt  bekantzij  en  dusent  goiden  swairegulden 
goit  ind  gewichte,  ane  aile  deme  erve  slos  lant  ind  liede 
waskunne  die  sijn  die  wir  haven  of  laissen  moegen,  also 
dat  de  vurs,  her  Johan  na  ons  me  doide  die  vurs,  somme 
guldenane  aile  derti  vurs,  onsme  erve  ind  goide  haven  hef- 
fen  ind  bueren  sal  sonder  einge  wieden  spraich  van 
yemanne  van  geisdichen  reichte  of  werrendiche.  Ind  umb 
dal  eine  dièse  vurs  scholt  ind  vurwerden  des  briefs  vast 
ind  stede  sij,  ind  he  da  ane  bewart  sij  ind  blieve,  so  hain 
wir  GOIDART  HERE  ZER  HeideN,  vurs  heren  Johanne 
vurs,  diesen  brieff  mit  onsme  siegel  besiegilt  gegeven.  Ind 
vort  gebeden  heren  Heinrich  den  hère  van  Grontzelt  onsen 
lieven  swag-er  dat  he  zo  mère  steitgeide  ind  sichereide  aile 
dieser  vurwerden  sijn  siegel  bij  dat  onse  an  diesen  brieft 
hancijen  wille.  Dat  wir  Heinrich  hère  zo  Gronzelt  umb 


i3 

beden  wille  des  vurs  heren  VAN  DER  Heiden  onss  lievsn 
swagers  int  in  steitgeide  ind  sichereide  heren  Johans  onss 
soens  vurs,  onse  siegelan  diesen  brieff  gehancgen.  Gegeven 
int  jair  Onss  Heren  dusent  dri  hondert  sieven  ind  seistzich 
des  Eichden  daichs  in  febraario  »  (Voir  Histoire  de  la  Sei- 
gneurie impériale  de  Gronsveld,  par  le  baron  J.  de  Ches- 
trel  de  Haneffe,  d'après  J.  Strange  :  (Généalogie  der  Her- 
ren  und  Freiherren  von  Bongart) . 

Godard  de  Heijden  était  de  la  même  famille  des 
Bongart  qui  ont  frappé  les  monnaies  du  xvi^  et  du 
commencement  du  xvii^  siècle,  dont  j'ai  fait  men- 
tion ci-dessus.  Le  seigneur  Henri  de  Gronsveld 
l'appelle  son  gendre,  et  lui-même  avait  épousé 
Mech tilde  (Mathilde,  d'après  Wouters)  van  der 
Heijden,  fille  d'Arnold,  dit  de  Bongart.  Godard 
van  der  Heijden  et  la  dame  Mechtilde  étaient  les 
enfants  d'Arnold  de  Bongart. 

Gothard  van  der  Heijden  scella,  en  i365,  avec 
Jean  de  Gronsveld,  chevalier,  l'engagement  par 
lequel  Thierry  d'Eijs,  chevalier,  se  soumettait  aux 
jurés  de  la  Landfriede. 

En  i367,  le  chevalier  Jean  de  Gronsveld  et 
l'écuyer  Guillaume  de  Ghoer  donnèrent  procura- 
tion à  Renaud,  seigneur  de  Schoonvorst,  Henri, 
seigneur  de  Gronsveld  et  à  Goedart,  seigneur  à 
Heijden  pour  régler  le  différend  qui  avait  surgi 
entre  eux  et  la  famille  de  Husen. 

«  Wir,  Johann  van Gronselt,  ritter,  ind  Willem  van  Goer, 
wonende  te  Wolfrôde,  chassie  van  wapen,  doen  kunt  allen 
lûden  overmitz  diesen  oflfenen  brief  ind  bekennen   offen- 


beirlichen.  Wantzwyst,  zweyungevijantschaffindunminne 
uperstanden  geweist  sijnt  als  van  den  doetslagen  die  ges- 
chiet  sijnvan  Adam  van  Husen  charp,  ind  ijren  môgen  ind 
helperen  up  eijn  sijde  ind  uns  ind  unsen  môgen  ind  hel- 
peren  dp  die  ander  sijde,  w^ilche  sachen  ind  aile  geschefts 
diesich  dan  afFbis  up  diesen  hûdigen  dagh  ergangen  haven, 
w^ir  mit  gueden  willen,  gentzlich  ind  ze  môle  in  hand  ind 
maicht  unss  liever  môge  ind  vrûnde  mit  namen  hère 
Reijnartz  herr  zu  schoinvorst,  hère  Heijnrich,  hère  zû 
Gronsfelt,  ind  heren  GOEDART,  hère  zer  HEU  DEN,  gesat 
haven  ind  haint  die  vûrsch  unse  môge  ind  vrûnde  dièse 
sachen  niet  unsen  gueden  willen  so  wie  sich  die  verloissen 
haven,  vort  in  hant  maicht  ind  beveijlness  der  vûnfzien 
gesworenre  des  lantvreden  unss  genediger  heren  der  heren 
ind  der  stede  tuschen  Mase  ind  Rijn  gesat,  etc.  » 

Gothard  de  Heijden  fut  mêlé,  en  i36g,  à  toutes 
les  querelles  des  remuants  seigneurs  deGronsveld, 
ses  parents.  Jean  de  Gronsveld  fit  la  guerre  à 
Thierri  de  Wildenrath  et  à  son  fils  Guillaume  van 
der  Stege.  Il  avait  pour  auxiliaires,  Gothard  van 
der  Heijden,  Gérard  de  Nurheim  et  Renaud 
de  Vlodorp.  Toutefois,  les  deux  partis  furent 
obligés  de  déférer  le  jugement  de  leur  querelle  aux 
députés  de  la  Landfriede. 

«  Ich,  Dyederich  van  Wilderade,  ritter,  duin  kunt  allen 
luden  dat  alsulcher  sachen  as  ich  inde  Willem  mijn  son 
her  Willem  vamne  stege  in  aile  unse  helper  gaëntz  inttze 
schaffen  haen  mijt  heren  GODART  hère  VAN  DER  Hejden, 
heren  Johanne  van  Grunsfilt,  Gérard  van  Nijertheijm, 
Reijnardt  van    Vlodorp,  inde  aile  yrren  helperen  inde  sij 


i5 

wieder  mijt  uns  gesetzlich  inde  tzemail  bleven  si)n  an  den 
gesworrenen  des  verbontz  der  heren  inde  der  stedetusschen 
Mass  in  de  Rijn  in  al  sûlcher  vuijgen  dat  so  wat  sij  uns 
na  unsen  ijgelichs  ansprachen  in  de  antwarden  sagen  vur 
recht  na  ijren  besten  sinnen  inde  mir  under  sijegel  des 
verbontz  over  beschreven  gheven  in  guden  truwen  inde  ii;î 
Eytzstalich  Didderôde  vurschr  :  gelasst  hain  inde  gesicher^ 
vast  stede  tze  halden  in  de  duin  halden  sonder  aile  arge- 
list,  etc.  )i  ^ 

(Voir,  pour  les  trois  dernières  citations,  l'ouvrage  de 
M.  J.  Wolters  :  Recherches  sur  V ancien  comté  de  Grons- 
veld  et  sur  les  anciennes  seigneuries  d'Elsloo  et  de 
Randenraedt.) 

La  forme,  en  bas -allemand,  du  nom  du  seigneur 
de  Heijden  dans  l'acte  du  8  février  i368,  savoir 
GoiDART,  et  celle  de  Goedart,  dans  l'acte  de  iSôy, 
du  jour  de  Saint  Jean-Baptiste,  où  il  est  qualifié  : 
hère  zer  Heijden,  ne  permettent  pas  de  douter  qu'il 
ne  faille  restituer  à  ce  Goedard,  seigneur  de  ter 
Heijden,  de  Richterich,  Bank,Steinstrass,Eygels- 
hoven  et  Berensberg,  au  pays  d'outre  Meuse,  et 
d'Oijes,  dans  le  comté  de  Dalhem,  le  florin  d'or 
qu'on  a  erronément  attribué  à  Godefroid,  seigneur 
de  Heinsberg.  Nous  en  avons  donné  ci-dessus  le 
dessin  et  la  description  d'après  l'exemplaire  que 
nous  avons  récemment  découvert,  exemplaire 
d'ailleurs  tout  à  fait  semblable  à  celui  décrit  et 
figuré  dans  l'article  précité  de  M.  Piot. 

Le  seigneur  de  Heijden  étant  mort  en  i373, 
l'attribution  à  ce  prince  de  ce  florin  d'or,  au  type 


i6 

de  Florence,  concorde  admirablement  avec  l'émis- 
sion des  pièces  semblables  de  ses  voisins,  entre 
autres  de  Thierry  Loef  de  Hornes  (iSSS-iSgo),  de 
Thierry  de  Looz  (i336-i36i);  de  Godefroid  de 
Looz  (i36i-i363)  ;  de  Renaud  deSchoonvorst-Fau- 
quemont  (i354  55).  Ce  dernier  prend  également  un 
aigle  comme  marque  monétaire. 

On  trouvera  sans  doute,  un  jour,  un  florin  d'or 
appartenant  aux  seigneurs  de  Heinsberg,  auxquels 
nous  enlevons  aujourd'hui  un  florin  qui  leur  avait 
été  indûment  attribué,  pour  le  rendre  à  un  sei- 
gneur inconnu  jusqu'à  ce  jour  dans  la  numisma- 
tique si  intéressante  du  Limbourg. 

J.    SCHULMAN. 
Amersfoort,  août  i8g5. 


HISTOIRE  NUMISMATIQUE 


HUITIÈME    ARTICLE    (l). 


CHARLES    II 

TUTEUR 

1420-1424. 

Au  jour  de  son  mariage  avec  Isabelle  de  Lor- 
raine, célébré  le  14  octobre  1420,  René  d'Anjou, 
le  nouveau  duc  de  Bar,  seulement  âgé  de  douze 
ans  et  demi,  étant  incapable  de  s'occuper  du  gou- 
vernement de  ses  États,  le  duc  Charles  prit  en 
main  l'administration  de  l'héritage  de  son  jeune 
gendre,  se  qualifia  dès  lors  du  titre  de  mainbourg, 
ainsi  que  le  prouvent  plusieurs  actes  publics  (2), 
et  joignit  à  ses  armes  celles  du  duché  de  Bar. 

A  partir  de  cette  époque,  le  duc  de  Lorraine 
introduisit  dans  le  type  de  ses  monnaies  un  chan- 
gement notable,  sans  cependant  modifier  en  rien 
le  coin  du  droit,  qui,  sur  les  gros,  nous  montre  le 
duc  debout,  portant  une  large  écharpe  aux  armes 

(i)  Vqy.  Revue,  1894,  pp.  iG5,  828  et  437,  et  1895,  pp.  24,  180,  Saô 
et  477. 

(2)  «  Nous,  Charles  de  Lorraine,  duc  et  marchis,  mainbour  ayant 
«  le  bail  et  gouvernement  de  notre  très  cher  et  très  amé  fils  messire 
«  René  d'Anjou,  duc  de  Bar,  marquis  ds  Pont,  comte  de  Guise.  » 
26  mai  1421.  —  Histoire  de  la  maison  du  Châtelet,  par  Dom  Calmet. 
Preuves  xlix. 

Année  189G.  2 


de  Lorraine,  l'épée  à  l'épaule,  la  main  gauche 
appuyée  à  la  hanche  et  la  légende  KAROLVS 
DVX  LOTHOR  •  ig  •  M.  Désormais,  la  croix  du 
revers  sera  cantonnée  des  armes  de  Lorraine  et  de 
Bar,  puis  brochant  sur  le  tout,  sera  placé  un 
écusson  parti  au  premier  de  Jérusalem,  au  second 
de  Naples  (Anjou  ancien)  et  d'Anjou  moderne, 
qui  était  celui  de  la  famille  de  son  gendre  et 
pupille  (i).' 


I^TÎROIiVS  DVX  LOnni-jOR  £  ^  m.  Le  duc 
debout,  coiffé  d'un  chapel  de  roses,  tient  son  épée 
à  l'épaule;  il  a  la  main  gauche  appuyée  sur  la 
hanche  ;  son  écharpe  porte  les  alérions  de  Lor- 
raine. 


(i)  Lorsque,  le  i3  août  1419,  le  cardinal  Louis  Ht  don  du  duclié  de 
Bar  à  René  d'Anjou,  celui-ci  promit  «  de  porter  le  nom  et  armes  de 
«  Bar,  excepté  que  dedans  l'escu  des  pleines  armes  de  Bar  il  pourra 
«  porter  un  petit  écusson  des  armes  d'Anjou  dont  il  est  issu  ••). 

La  reine  de  Sicile  Yolande,  duchesse  d'Anjou,  et  Louis  d'Anjou,  son 
fils,  consentent  à  ce  que  René  d'Anjou,  leur  fils  et  frère,  porte  les  armes 
de  Bar  :  «  Consentons  et  voulons  que  nostre  dict  fils  et  frère  sa  vie 
durant  prengne,  doye  et  soit  tenu  de  porter  les  armes  de  Bar  à  l'or- 
donnance, dewis  et  bon  plaisir  de  nostre  dict  oncle...  »  Meun-sur- 
Yèvre,  le  24"  jour  de  juin,  l'an  1419.  —  (Bibliothèque  nationale.  Fonds 
français,  collection  Dupuy,  vol.  Syô,  p.  108.) 


19 

Rev.  sinn  .^  uo  ma  $  Dm  BsneiD  lexnnvm. 

Croix  coupant  la  légende.  Champ  écartelé  de  Lor- 
raine et  de  Bar;  au  centre,  brochant  sur  le  tout, 
un  écusson  parti  au  i"  de  Jérusalem,  au  2^  de 
Naples  et  d'Anjou  moderne. 

Gros  d'argent.  Poids  2.610  (Saulcy,  PI.  VII, 
fig.  3). 

Ancienne  collection  Monnier  (17  fr.). 

Dans  la  collection  de  M.  Widranges,  de  Bar-le- 
Duc,  il  se  trouvait  un  exemplaire  dont  chaque 
mot  des  légendes  était  accompagné  d'une  étoile. 


Mêmes  types,  mêmes  légendes. 

Demi-gros  d'argent.  Poids  1.458  (Saulcy,  PI.  VII, 

fig-  4)- 
Ancienne  collection  Monnier  (10  fr.). 

Nous  ignorons  si  le  gros  et  le  demi-gros  décrits 
ci-dessus,  qui  n'offrent  ni  l'un  ni  l'autre  le  nom 
de  l'atelier  d'où  ils  sont  sortis,  ont  été  frappés  à 
Nancy,  ce  qui  est  probable  ;  l'exemplaire  suivant 
prouve  que  des  monnaies  au  même  type  furent 
émises  dans  l'atelier  de  Saint-Mihiel  par  le  tuteur 
de  René  d'Anjou. 


2b 


Même  type  et  même  légende  au  droit. 

Rev.  mona  ïïs-k  %  paTî'  •  m  %  s  t  m 

IdPjTTIi.  Dans  le  champ  mêmes  armoiries. 

Gros  d'argent.  Poids  2.655  (Saulcy,  PI.  VII, 
fig.  5). 

Ancienne  collection  Voillemier,  de  Senlis  (lofr., 
3o  fr.). 

Dom  Calmet,  on  le  voit,  n'était  pas  bien  informé 
en  déclarant  que  «  depuis  la  cession  du  Barrois  au 
«  duc  René  on  n'a  plus  frappé  monnoye  ni  à  Bar, 
«  ni  dans  aucune  autre  ville  du  Barrois  »  (i). 

Notre  historien  lorrain  aurait  pu  éviter  cette 
erreur,  s'il  avait  porté  plus  d'attention  aux  termes 
précis  de  la  déclaration  faite  en  i583  par  Fran- 
çois de  Rosières  qui  rapporte  «  avoir  vu  des  vieux 
«  sols  et  carolus  du  Barrois  auxquels  étaient  deux 
«  barbeaux  et  une  épée  qui  avoient  été  forgés  au 
«  duché  de  Bar  »  (2). 

Or,  ces  vieux  carolus  ne  sont  autres  que  les 
variétés  suivantes  : 


(i)  Histoire  de  Lorraine,  2^  édition,  t.  III.  Dissertations,  p.  cxv. 
(2)  Idem,  id.,        t.  Vll.  Id.,  p.  xcj. 


21 


I^TTROliVS  "^s  DVK  LOrri^O)^  '^'s  2  =o%>  JT?.  Épée, 
la  pointe  en  bas,  recouverte  par  un  écusson  de 
Lorraine  penché. 

Rev.  mORS  WT^FaTÎ  m  'Is  S  'Is  m  IGCï^TCL. 
Croix  coupant  la  légende,  cantonnée  d'alérions 
et  de  barbeaux  accostés  de  croix  au  pied  fiché. 

Billon.  Poids  0.972  (Saulcy ,  Monn.  Lorr., 
PI.  IX,  fig.  i5). 

Notre  collection  (3  fr.,  4  fr.). 

Variété  :    I^TÏROIiVS  *  DV2C  *   liOnnï^OR  t 


Rev.  mono:  fttî  *  fgctî  m  î  s  t  m  lah.Tïij. 

Billon.  Poids  1.200. 
Notre  collection. 

Charles  II  fit  également  frapper,  à  ce  type,  des 
monnaies  où  le  nom  de  l'atelier  n'est  point  indi- 
qué; la  présence  du  bar  dans  les  cantons  de  la 
croix  nous  engage  à  considérer  ces  pièces  comme 
de  véritables  monnaies  barroises  émises  de  1420 
à   1424. 


22 


7?^u.  sirr  o  no  ma  o  Dm  BansD  lecnnvm. 

Billon.  Poids  0.92. 
Notre  collection. 

Variété   avec  étoiles  remplaçant  les  annelets 
comme  points  séparatifs. 
Billon.  Poids  0.92. 
Notre  collection. 

Les  monnaies  à  ce  type  furent  imitées  par  les 
seigneurs  de  Sombreffe,  sires  de  Reckheim,  qui 
ont  possédé  cette  terre  de  i3go  à  1442  (i). 

Le  type  à  l'aiglon  essorant,  créé  par  Jean  I"  et 
que  le  duc  Charles  II  avait  continué  dans  ses  ate- 
liers de  Nancy  et  de  Sierck,  fut  fidèlement  copié 
dans  celui  deSaint-Mihiel,  pendant  toute  la  durée 
de  l'administration  du.  duc  de  Lorraine.  Au  lieu  de 
deux  roses,  de  deux  étoiles  qui  accostent  l'épée 
sur  les  produits  de  l'atelier  de  Nancy,  de  deux 
aiglons  qui  se  remarquent  sur  les  espèces  sorties 
de  celui  de  Sierck,  les  monnaies  frappées  à  Saint- 
Mihiel  présentent  dans  le  champ  du  revers  l'alé- 
rion  de  Lorraine  et  le  barbeau  du  Barrois. 

(1)  Van  der  Chus,  Monnaies  des  feudataires  du  Brabant,  p.  xxv, 
fig.  3.  Revue  num.  belge.  i852,  t,  II,  2e  série,  pi.  IV,  fig.  2,  p.  i58. 

Chautard,  Imitations  de  quelques  types  monétaires  propres  à  la 
Lorraine,  etc.,  etc.,  pi.  II,  fig.  2,  p.  35. 


23 


Vi'K^OhVB  8  DV2C.  Aiglon  essorant  sur  un 
écusson  de  Lorraine. 

Rev.  îT2one:nn7T  =  ds  =  s  o  miai^izu.  Épée, 

la  pointe  en  bas,  accostée  d'un  alérion  et  d'un  bar. 
Billon.  Poids  0.57  (Saulcy,  PI.  IX,  n°  6). 
Notre  collection. 

Variété  :  I^T^ROIjVS  -h  DVX  -1-. 

Rev.  monerTTT  .  De  .  S  :  miaii'Kh. 

Billon.  Poids  o.5o. 

Notre  collection. 

C'est  également  à  cette  période  de  1420-1424  que 
l'on  doit  classer  les  monnaies  suivantes,  au  même 
type,  sorties  de  l'atelier  de  Nancy,  sur  lesquelles 
l'aiglon  et  le  bar  accostent  l'épée  du  revers. 


i^TTROLVS  -I-  DVX  -h. 

Rev.  Mouan}?:  :  ds  .  ui^nau. 

Billon.  Poids  0.622  (Saulcy,  PL  IX,  n°  4). 


I^TÎROIJ..  DV2v. 


24 

Rev.  monsnnTT  n2^nae:io  pgtt. 

Bas  billon.  Poids  0.324  (Saulcy,  PI.  IX,  n"  5). 
Cabinet  de  M.  de  Geneste  {Recueil  de  Mory  d'El- 
vange). 

RENÉ    I 


Roi  de  France   .     ■ 

Duc  de  Lorraine 
Duc  de  Bourgogne  . 
Comte  de  Luxembourg 
Evêque  de  Metz.     . 
Evêque  de  Toul .     . 
Evêque  de  Verdun  . 


1419-1431. 

Charles  Vi,  le  Fou     .     .     .  1380-1422 

Charles  VII,  le  Victorieux    .  1422-1461 

Charles  il 1390-1431 

Philippe  III 1419-1467 

Elisabeth  et  Jean  de  Bavière.  1415-1451 

Conrad-Baycr  de  Boppart     .  1416-1459 

Henri  de  Ville 1409-1436 

Louis,  cardinal  de  Bar   ■     .  1420-1430 


Les  renseignements  sur  les  maîtres  de  la  mon- 
naie deviennent  déplus  en  plus  rares  à  mesure  que 
l'on  avance  dans  le  xv"  siècle.  Ne  rencontrant 
point  de  monnaies  au  nom  du  duc  Edouard  III, 
pour  la  période  de  141 1  à  1415,  nous  avions  émis 
l'idée  que,  peut-être,  durant  ce  court  règne,  l'atelier 
de  Saint-Mihiel  était  demeuré  inactif,  sans  per- 
sonnel, ni  directeur.  Or,  le  cardinal-duc  ayant, 
en  1428,  rappelé  à  Saint-Mihiel  certains  mon- 
nayeurs  qui  avaient  pris  du  service  dans  l'atelier 
royal  de  Châlons-sur-Marne,  on  doit  admettre 
qu'à  cette  époque  l'officine  sanmihieloise  avait 
repris  un  peu  d'activité  sous  la  direction  de  Jehan 
Desmoines,  alors  maistre  de  la  Monnoye  qui, 
quelques  mois  plus  tard,  était  remplacé  par  maistre 
Arnold  le  monnoier.  Cest  pendant  l'administration 


25 

de  ces  deux  personnages  que  furent  émises  les 
monnaies  suivantes  : 

Jehan  Desmoines 

....-1427. 

Arnould 


1427- 


Le  monnayage  de  René  se  divise  en  deux  groupes 
nettement  déterminés  :  le  premier  en  date  com- 
prend les  espèces  frappées  entre  le  4  août  1424, 
époque  à  laquelle  prit  fin  la  tutelle  exercée  par 
Charles  II,  et  la  mort  de  ce  prince,  arrivée  le 
25  janvier  1431  ;  dans  l'autre  prennent  place  les 
monnaies  sur  lesquelles  René  d'Anjou,  héritier 
des  Etats  de  son  beau-père,  joint  à  son  titre  de  duc 
de  Bar,  qui  lui  appartenait  en  propre,  celui  de  duc 
de  Lorraine. 

PREMIER  GROUPE. 

1424-143 1. 


RSnTîrr?  D  B7ÎR?  •  m?  P*aO'.  Le  duc  armé, 
debout  et  coiffé  d'un  chapel  de  roses,  tenant  l'épée 
nue  à  l'épaule,  s'appuie  sur  un  écusson  écartelé 
d'Anjou  et  de  Bar,  Lorraine  brochant  sur  le  tout. 


26 

Rev.  mon  (SJ^'K  S'  mi  GCI^TT.  Croix  recou- 
pant le  grènetis  et  la  légende  intérieure.  En 
légende  extérieure  :  >ï<  Sim  nomsn  •:•  DO^IRI 
.;.  BeRSDIGCrrvm. 

Gros  d'argent  bas.  Poids  2.25  (Saulcy,  PI.  X, 
n*»  lo). 

Notre  collection  (lo  fr.). 

Il  existeplusieurs  variétés,  offrant  des  différences 
soit  dans  les  signes  séparatifs,  soit  dans  les  abré- 
viations du  mot  Benedictum  reproduit  BEHE- 
Diari^,  BSRSDia. 


Ce  type  du  duc  armé  s'appuyant  sur  un  écusson 
à  ses  armes  est  une  modification  de  celui  du  duc 
Charles  II,  décrit  par  Saulcy  (i);  il  rappelle  le  gros 
de  Maestricht  aux  noms  de  Venceslas  et  Jeanne  de 
Brabant  (i355-i383)  (2).  Sur  cette  pièce,  le  jeune 
prince  prend  les  titres  de* duc  de  Bar,  de  marquis 
de  Pont  et  de  comte  de  Guise,  qui  lui  appartenaient 
du  chef  de  sa  famille.  En  effet,  il  n'est  pas  pos- 
sible de  découvrir  dans  les  trois  dernières  lettres 
de  la  légende  du  droit  :  Tulli  CO mes,  comme  le 

(1)  Numismatique  lorraine,  pi.  IX,  n"  lo. 

(2)  Serrure,  Notice  sur  le  cabinet  monétaire  du  prince  de  Ligne, 
1880,  p.  161,  n<'423. 


27 

croyait  Dom  Calmet  (i),  ni,  avec  Saulcy,  Vrovinciœ 
COr.ies  (2),  titre  dont  René  hérita  seulement 
en  1434,  à  la  mort  de  son  frère  Louis  d'Anjou. 

On  acceptera  d'autant  plus  facilement  notre 
explication,  que  le  premier  acte  de  René,  duc  de 
Lorraine,  daté  du  22  février  143 1  (nouveau  style), 
commence  ainsi  :  «  René,  fils  du  roi  de  Jérusalem 
et  de  Sicile,  duc  de  Bar  et  de  Lorraine,  Marchis, 
marquis  de  Pont  et  comte  de  Guise...  »  (3).  Sur 
le  sceau  appendu  à  cet  acte  les  armoiries  du  duc 
sont  identiques  à  celles  qui  se  voient  sur  l'écusson 
du  droit  :  d'Anjou  au  i**"  et  au  4%  de  Bar  au  2°  et 
au  3%  Lorraine  brochant  sur  le  tout. 

Ici  on  peut  se  demander,  avec  Dom  Calmet, 
pourquoi  sur  cette  pièce  apparaît  en  cœur  l'écu 
aux  trois  alérions,  puisque  le  jeune  prince  n'était 
pas  encore  duc  de  Lorraine;  et  même,  en  admet- 
tant que  le  gros  en  question  ait  été  frappé  posté- 
rieurement à  l'année  1431,  pourquoi  René,  devenu 
dès  lors  duc  de  Lorraine,  n'en  prenait  il  pas  le 
titre  sur  cette  monnaie? 


^  RSnTTrUVS  +  DVS  B7ÏR'  m\   Écu  écar- 

(i)  26  édition,  t.  II,  no  22 

(2)  Numismatique  lorraine,  p.  88. 

(3)  PiCART,  Origine  de  lamaison  de  Lorraine,  ip.  3ç)b. 


28 

télé  d'Anjou  et  de  Bar,  Lorraine  brochant  sur  le 
tout. 

Rev.  mona^T^  S^^  miGCb^TTSIi.  Épée,  la 
pointe  en  bas,  entre  un  alérion  et  un  bar. 

Billon.  Poids  0,40  (Dumont,  PI.  IV,  fig.  8). 

Notre  collection.  (10  fr.). 


>h  RSnT^nnVS  DVX  BT^?  m\  Mêmeécusson. 
Rev.  ÎIÎORennTT  s  %  ÇnmiiK,  Épée,  la  pointe 
en  bas,  entre  un  alérion  et  un  bar. 
Billon.  (Dumont,  PL  IV,  fig.  9.) 
Ane.  collection  Gillet,  de  Nancy  (3  fr.). 


>h  RSOTCWVS  DVS  B7TR.  Champ  écartelé 
d'Anjou  et  de  Bar,  Lorraine  brochant  sur  le  tout. 

Rev.  mou  eiïïST^  Sffil  GI^TT.  Croix  coupant 
le  grènetis  et  la  légende,  cantonnée  d'une  croix 
à  pied  fiché,  d'un  lis,  d'un  bar  et  d'une  croisette. 

Billon.  Poids  0,41  (Dumont,  PI.  IV,  fig.  10). 

Notre  collection  (4  fr.). 

Variété  :  mOXl  SnHTÎ  S  •  m\  Q^, 


2q 


^  RERTînni  DVX  :  BSRR.  Champ  écartelé 
d'Anjou  et  de  Bar,  Lorraine  brochant  le  tout. 

Rev,  ffiOnEO^TÎ  •:•  DE  •:•  S  •:■  ffîiai-jTÎIi.  Croix. 

Billon.  Poids  0.27  (Dumont,  PI.  IV,  fig.  7). 

Ane.  collection  de  M.  Remy,  avocat  au  Parle- 
ment de  Nancy.  Manuscrit  de  Mory  d'Elvange. 

Variété  avec  ÇQlOr^T^,  du  poids  de  0,40. 
Notre  collection. 


>h  RERTîrri  D V Dans  le  champ  R?E  ou  RR? 

Rev.  mORSnnTÎ   Oa  s?  •   lai^T^U.   Épée,  la 
pointe  en  bas. 
Billon.  (Dumont,  PI.  IV,  fig.  11). 
Ane.  collection  Gillet,  de  Nancy. 

SECOND   GROUPE. 
143 1-1445. 

A  lamortde  son  beau-père,  Charles  II,  René  I", 
d'Anjou  devint  duc  de  Lorraine  et  prit  aussitôt  en 
mains  l'administration  de  son  nouveau  duché. 
Toutefois,  considérant  le  Barrois  comme  un  bien 
qui  lui  était  propre,  il  voulut  pour  ce  motif  que, 


3o 

dans  tous  les  actes  publiés  en  son  nom,  le  titre  de 
duc  de  Bar  précédât  celui  de  duc  de  Lorraine,  Les 
légendes  des  monnaies  suivantes  viennent  con- 
firmer ce  fait. 


ÎXX'.  Champ  écartelé  d'Anjou  et  de  Bar,  Lorraine 
brochant  le  tout. 

Rev.  moHEnnTr  *  novTî  de^s-^  miaiiT^UE. 

Epée,  la  pointe  en  bas,  entre  un  bar  accosté  de 
trois  croisettes  et  un  alérion. 

Gros  d'argent.  Poids 2,46  (Dumont,  PL  V,  fig.  i). 

Notre  collection  (3  fr.). 


Variété  :  B7ÎRRE^^SIS  -î-  2  :  LOT^ï^O- 

Rev.  DE  -h  S  4-  ffilŒI^^U. 

Poids  2,43. 

Ane.  collection  Saulcy  (Saulcy,  PI.  XI,  n°  i). 


3i 


Mory  d'Elvange  cite  un  exemplaire  de  la  collec- 
tion Dordelu,  du  poids  de  2,376,  offrant  le  nom 
de  l'atelier  sous  la  forme  ffîlGï^TTElJ. 


*  m'  -k.  Champ  écartelé  d'Anjou  et  de  Bar,  Lor- 
raine brochant  sur  le  tout. 

Rev.  monan:^7i  *  F7\:ann7T  *  m  *  s  *  mi- 

GCI^TTL.  Epée,  la  pointe  en  bas,  entre  un  bar 
accosté  de  trois  croisettes  et  un  alérion. 

Billon.  Poids  i,35  (Saulcy,  Num.  lorr.,  PL  XI, 
n*»  2). 

Notre  collection. 


Variété  dans  la  disposition  des  lis  de  l'écusson 
d'Anjou. 

Poids  1,242. 

Ane.  collection  Saulcy  (Saulcy,  Num.  lorr., 
PI.  XI,  n°3). 

Variétés  :  avec  ffîlQI^T^  ou  miCII^TTeiL,  indi- 


32 


quées  par  Saulcy,  mais  non  reproduites  dans  ses 
planches. 


>i<  RERT^rri  X  DVK  X  BTÎRRSn  ^  UO.  Champ 
écartelé  d'Anjou  et  de  Bar,  Lorraine  brochant  sur 
le  tout. 

Rev.  'i<  mOREWTÎ  x  in  x  S  x  miGI^TT.  Croix. 

Billon.  Poids  o,3o. 

Notre  collection. 

Alamême  époque  l'atelier  de  Nancy  émettait 
des  monnaies  au  même  type  et  dans  les  trois 
modules  que  nous  venons  de  reprodu  ire. 


♦  RenTTmVS  DVX  hmn\\  champ  écartelé 
d'Anjou  et  de  Bar,  Lorraine  brochant  sur  le  tout. 

Rev.  mon  SnnTÎ  Smi  GI^TÎU.  Croix  coupant 
le  grènetis  et  la  légende  ,  cantonnée  de  quatre 
trèfles. 

Nous  ignorons  si  Saulcy  avait  quelque  doute 
sur  la  fidélité  de  ce  dessin,  relevé  par  lui  dans  le 
recueil  de  M.  le  baron  Vincent;  nous  ne  pouvons 
nous  expliquer  la  valeur  des  initiales  li.ffî.nn. 


33 


RERTTrm  DVX  *  BTÎRREH  *  2  *  liOnHI^  ^  m. 
Epée,  la  pointe  en  bas,  sur  laquelle  est  appliqué 
un  écusson  écartelé  d'Anjou  et  de  Bar,  Lorraine 
brochant  sur  le  tout. 

Rev.  >i<  BNDiccnnv  sinn  noma  om  rri  iî^v 

2CPI,  en  légende  extérieure;  ^  ÇUOUEWK  ^  S 
SIÎIGC^jTTIi,  en  légende  intérieure. 

Dans  le  champ,  croix  de  Lorraine  potencée  à  ses 
extrémités. 

Gros  d'argent.  Poids  i,85  [Rev.  mim.  1862, 
PL  V,  n°3). 

Notre  collection. 

Nous  croyons  cette  pièce  postérieure  à  Tan- 
née 1435,  puisque  ce  fut  seulement  après  cette 
époque  que  René,  légataire  universel  de  Jeanne  de 
Duras,  reine  de  Naples  et  de  Hongrie,  put  joindre 
à  ses  titres  celui  de  roi  de  Hongrie  et  adopter  dans 
ses  armoiries  la  croix  à  double  traverse,  dite  de 
Hongrie  ou  du  Saint-Sépulcre.  Placée,  dès  lors, 
partout,  sur  les  monnaies,  les  vitraux,  les  meubles, 
les  tapisseries,  etc.,  cette  croix  perdit  bientôt  son 
nom  originaire  pour  prendre  celui  de  croix  de 
Lorraine. 

Année  189G.  3 


H 

Dans  la  commission  donnée,  le  i"  juillet  1445, 
par  René  P""  à  son  fils  Jean  d'Anjou,  duc  de  Cala- 
bre,  pour  gouverner  en  son  absence  les  duchés 
de  Lorraine  et  de  Bar,  il  est  dit  que  le  jeune  prince 
est  autorisé  à  «  faire  battre  et  forgier  monnoyes 
«  en  nos  dits  pays  et  chacun  d'iceulx  armoyés  de 
«  nos  armes,  comme  il  appartient,  laquelle  ait 
'«  cours  en  iceux  et  les  pays  voisins  (i)  ».  On  peut 
donc  croire  que  bon  nombre  des  espèces  précé- 
demment décrites  furent  frappées  durant  la  période 
comprise  entre  le  mois  de  juillet  1445  et  le 
26  mars  1453,  époque  à  laquelle  René  I",  devenu 
veuf,  remit  à  son  fils  le  duché  de  Lorraine,  qui 
était  la  propriété  de  sa  mère  Isabelle. 

En  faisant  cette  cession,  René  ne  s'était  point 
dépouillé  de  son  duché  du  Barrois  ;  il  le  conserva 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1480,  le  laissant  «  à 
Madame  Yolande,  sa  fille  aisnée,  et  à  cause  d'elle 
au  duc  de  Lorraine,  son  seul  fils  et  héritier  ». 
Toutefois,  René  II  ne  put  entrer  définitivement  en 
posseSvsion  de  tout  le  duché  de  Bar  avant  l'année 
1485,  par  suite  du  traité  conclu,  le  23  sep- 
tembre 1484,  avec  Madame  de  Beaujeu,  tutrice  du 
jeune  roi  Charles  VIII. 

(0  Dom  Calmet,  Histoire  de  Lorraine,  t.  V,  pr.,  p.  clxxj. 


35 


Rois  de  France 


Duc  de  Bourgogne 
Evèques  de  Metz. 


RENE    II. 
14731508. 

.     Louis  XI 1461-1483 

.    Charles  VIII 1483-1497 

.     Louis  XII 1497-1515 

.     Charles  le  Téméraire    .     .  1467-1477 

Henri  de  Lorraine  .     .     .  1484-1505 

.     Jean  IV,  de  Lorraine         .  1505-1550 


Maître  de  la  partie  du  Barrois  non  mouvant  de 
la  couronne  de  France,  il  se  peut,  comme  le  dit 
M.  Dumont,  que  René  II,  héritier  des  deux  duchés 
de  Lorraine  et  de  Bar,  «  pour  ses  besoins  ou  pour 
«  laisser  une  trace  de  son  passage  dans  cette  double 
«  souveraineté  »,  ait  fait  reprendre  la  fabrication 
dans  l'atelier  de  Saint-Mihiel.  Cependant  aucun 
document  authentique  ne  vient  à  l'appui  de  cette 
supposition. 

Jean  d'Anjou  et  Nicolas,  son  fils,  ducs  de  Lor- 
raine, mais  non  de  Barrois,  n'ayant  pu  utiliser 
l'atelier  de  Saint-Mihiel ,'  celui-ci ,  abandonné 
depuis  plusieurs  années,  converti  en  habitation 
particulière,  avait  été  loué  successivement,  en  1457, 
à  Jeannotle  Brailly,  puis,  en  1463  et  1464,  à  Jehan 
l'Avantgarde. 

Si  donc  René  II  fit  frapper  monnaie  dans  cet 
atelier,  demeuré  si  longtemps  inactif,  ce  fut  sans 
doute  dans  le  cours  des  trois  premières  années  de 
son  règne,  puisque,  en  l'année  1476,  il  ascençait  à 
perpétuité  à  Trusson  Xaubourel,  prévôt  de  Saint- 
Mihiel,  les  bâtiments  de  l'ancien  hôtel  des  mon- 


36 

naies,  sous  la  condition  «  que  toutes  et  quantes 
fois  qu'il  plairait  au  duc  de  Bar  faire  forger  mon- 
noie  au  dit  lieu  de  Saint-Mihiel  les  monnoyers  la 
5^  feront  faire  et  forger,  ainsi  que  l'on  a  fait  du 
temps  passé  ».  En  i5oo,  ce  prince  cédait  définiti- 
vement la  maison  de  la  monnaie  à  Jehan  de  Sam- 
pigny,  en  échange  de  la  part  que  celui-ci  possédait 
à  Rembercourt-aux-Pots. 

Nous  reproduisons  d'après  Mory  d'Elvange,  qui 
l'avait  dessinée  sur  l'exemplaire  de  Dupré  de 
Geneste,  la  pièce  suivante,  classée  par  Saulcy  à 
René  II,  duc  de  Lorraine. 


RSnTïrrVS  •  DV2C  •  LOrri^OR.  Épée,  la  pointe 
en  bas,  accostée  de  deux  R. 

Rev.  ►î<  rnOOSn^TÎ  •  F  STîRri!  rRICI^TT.  Croix 
de  Lorraine. 

Billon.  Poids  o,3i8  (Saulcy, M/w.  lorr,,  PI.  XIII, 
fig.  5). 

Mory  d'Elvange  cite  également  une  monnaie 
au  type  reproduit  par  Saulcy,  pi.  XII,  fig.  i3,  mais 
avec  les  légendes  ReinTîrTVS  •  R  •  SI  •  liCW  • 

Dvx.  —  îî^oneinaTî  •  psao^s  •  m  •  s  •  m\- 

GI^TTIj.  Nous  n'avons  rencontré  dans  les  collec- 
tions qui  nous  ont  été  ouvertes  ni  cette  pièce,  ni 
la  précédente. 


37 

CHARLES    III. 
1545-1608. 

Fermé  vers  l'année  i32i,  l'atelier  de  Bar  ne  fut 
point  rouvert  sous  les  successeurs  de  Henri  IV  et, 
jusqu'aux  dernières  années  du  xvi*  siècle,  les  ducs 
de  Lorraine  s'abstinrent  d'exercer,  dans  la  partie 
du  duché  de  Bar  qui  relevait  de  la  couronne  de 
France,  le  droit  de  monnayage  dont  ils  usaient 
dans  le  Barrois  non  mouvant.  Rien  ne  faisait  pré- 
voir la  réouverture  de  cet  atelier,  lorsque,  vers 
i56g,  soulevant  à  nouveau  la  question  toujours 
irrésolue  des  droits  régaliens  dans  son  duché  de 
Bar,  Charles  III  revendiqua,  pour  lui  et  ses  succes- 
seurs, l'exercice  des  droits  de  souveraineté  dans 
l'étendue  des  terres  du  Barrois  situées  sur  la  rive 
gauche  de  la  Meuse. 

Déjà  en  iSSg,  à  la  suite  de  conflits  survenus 
entre  les  officiers  du  roi  de  France  et  ceux  du  duc 
de  Lorraine,  au  sujet  de  la  juridiction  et  de  l'exer- 
cice de  la  justice  dans  le  Barrois,  le  duc  Antoine, 
s'appuyant  sur  les  services  rendus  à  la  France  par 
les  princes  de  sa  maison,  avait  réclamé  du  roi 
François  I"  le  libre  exercice  des  droits  de  régale 
dans  les  terres  de  mouvance  française. 

Cette  demande  fut  agréée  sans  trop  de  difficultés, 
car  en  accordant,  par  un  privilège  spécial ,  au 
duc  de  Lorraine,  les  droits  régaliens  dans  tout  le 
duché  de  Bar  «  pour  en  jouir  sa  vie  durant  seule- 
ment ».  le  roi  de  France  espérait  amener  Antoine 


38 

à  se  reconnaître  son  vassal.  Cette  condition  humi- 
liante que  lui  imposait  le  traité  de  Rumilly  fut 
repoussée  par  le  duc  de  Lorraine;  toutefois  celui-ci 
et  son  fils  François,  duc  de  Bar,  par  un  acte  daté 
de  Bar,  le  i5  novembre  1541,  durent  reconnaître 
ne  pouvoir  user  des  droits  de  régale  qui  leur  avaient 
été  concédés  par  le  roi  de  France  «  que  leurs  vies 
«  durant,  n'entendant  pas  pour  cela  les  prétendre, 
«  ne  acquérir,  ny  que  leurs  successeurs  ou  ayant 
«  cause  y  puissent  aucune  chose  quereller  ne 
demander  »  (i). 

Cette  tentative  de  complète  émancipation,  après 
avoir  échoué  sous  Antoine,  fut  menée  à  bonne  fin 
soixante  ans  plus  tard;  les  temps,  il  est  vrai, 
n'étaient  plus  les  mêmes  :  Claude  de  France,  sœur 
du  roi  Charles  IX,  était  duchesse  de  Lorraine  et 
le  duc  son  mari  était  cousin  des  Guise,  alors  tout 
puissants  sur  l'esprit  du  jeune  roi.  C'est  pourquoi, 
malgré  les  observations  de  son  conseil,  cédant 
aux  pressantes  sollicitations  qui  lui  étaient  faites, 
Charles  IX  accorda  à  son  beau-frère,  pour  lui  et 
tous  ses  descendants  :  «  tous  droits  de  régalle  et 
«  de  souveraineté  es  terre  du  bailliage  de  Bar, 
«  prévôté  de  la  Marche,  Châtillon,  Conflans  et 
«  Gondrecourt  »  (2).  Cette  concession,  accordée  le 
25  janvier  1 571,  fut  confirmée  en  termes  plus  expli- 
cites, le  8  août  1575,  par  le  roi  Henri  III  :  «  pourra 


(i)^Bibliothèque  nationale.  Collection  Decamps,  Barrois,  p.  53. 
(2)  Éibliothèque  nationale.  Collection  Decamps,  Barrois,  p.  304. 


39 

aussy  nostre  dit  frère  faire  forger  monnoie  et  y 
donner  cours  en  son  dit  bailliage  de  Bar  et  terres 
de  la  mouvance,  de  telles  sortes  et  espèces,  prix  et 
valleur  que  bon  lui  semblera  »  (i). 

Dès  lors,  aux  termes  de  ce  concordat,  le  duc  de 
Lorraine,  remis  en  possession  du  droit  de  frapper 
monnaie  dans  les  terres  du  Barrois  mouvant,  pou- 
vait mettre  à  profit  la  concession  inespérée  qui 
venait  de  lui  être  concédée  parle  roi,  malgré  les 
remontrances  du  Parlement. 

Le  privilège  enfin  accordé,  on  ne  pouvait  songer 
à  utiliser  l'ancien  atelier  de  Saint-Mihiel  ;  c'était 
sur  les  terres  de  mouvance  française  que  devait 
s'exercer  ce  droit  de  monnayage  octroyé  par  la 
faveur  du  roi,  droit  qui  devait  affirmer  aux  yeux 
de  tous  l'étendue  du  pouvoir  souverain  du  duc  de 
Lorraine  et  de  Bar. 

Il  ne  paraît  toutefois  pas  qu'aussitôt  obtenu  ce 
privilège  ait  été  mis  à  profit;  les  monnaies  de 
Charles  III  continuent  à  être  frappées  dans  le  seul 
atelier  de  Nancy  et  rien  dans  les  archives  du  duché 
de  Bar  ne  fait  allusion  à  la  création  d'un  nouvel 
atelier  monétaire  dans  le  Barrois.  Cependant,  la 
découverte  que  nous  avons  faite  dans  les  manus- 
crits delà  Bibliothèque  nationale  d'un  document, 
sans  date  ni  signature,  intitulé  :  Estât  de  ce  qu'il 
fault  pour  dresser  une  nionnoye  à  Bar  {2),  prouve  que 

(1)  Bibliothèque  nationale.  Collection  Decamps,  Barrois,  p.  3j4. 

(2)  Collection  lorraine,  n"  464.  Bibliothèque  nationale,  manuscrits. 


40 


l'on  se  préoccupait  fort  de  cette  question.  Quand 
cet  atelier  fut-il  établi?  nous  l'ignorons,  mais  le 
teston  suivant  prouve  son  existence  momentanée 
en  l'année  1600. 


CAROL  •  D  •  G  •  GAL  •  LOTH  •  B  •  GEL  •  DV. 

Buste  à  gauche  ;  au-dessous  :  1600. 

Rev.  ♦  MONETA  •  NOVA  •  BARRI  •  CVSA. 
Écu  de  Bar  couronné. 

Teston  d'argent.  Poids  9^'". 40  (Saulcy,  Num. 
lorr.,  PI.  XXIV,  n°  i). 

Cabinet  national.  Le  cabinet  national  possède 
un  exemplaire  en  cuivre  rouge  qui  est,  peut  être, 
un  essai  de  ce  teston. 

Dans  la  légende  du  revers,  sous  l'écusson,  se 
trouve  inscrite  la  lettre  G,  omise  dans  le  dessin 
reproduit  ci-dessus  ;  c'est  l'initiale  de  Nicolas 
Gennetaire,  maître  des  monnaies  du  duché  de 
Lorraine  depuis  l'année  i582. 

Ni  Dom  Calmet,  qui  le    premier  fit  connaître 

Ce  document  a  été  publié  in  extenso  dans  nos  «  Recherches  histo- 
riques sur  les  monnayeurs  et  les  ateliers  monétaires  du  Barrois.  » 
Revue  de  la  numismatique  belge,  5"  série,  t.  VI,  p.  325. 


41 

cette  pièce  (i),  ni  Saulcy,  qui  la  décrivit  avec  exac- 
titude, ne  nous  ont  fourni  le  moindre  renseigne- 
ment au  sujet  de  son  émission.  L'exemplaire  vu 
par  notre  historien  dans  le  Cabinet  du  roi  est 
demeuré  unique;  aussi,  croyons-nous,  peut-on 
considérer  ce  teston  comme  ayant  été  frappé, non 
pour  être  mis  en  circulation,  mais  pour  affirmer 
l'existence  du  droit  monétaire  que  possédait  le 
duc  Charles  dans  toute  l'étendue  des  terres  sou- 
mises à  sa  puissance  souveraine. 

On  ne  connaît  aucune  monnaie  émise  aux  noms 
des  successeurs  de  ce  prince;  l'ordonnance  rendue, 
le  2  juillet  1662,  par  le  duc  Charles  IV,  prescrivant 
la  fabrication  des  monnaies  d'or  et  d'argent  à 
Nancy  et  à  Bar  (2),  demeura  sans  effet,  ainsi  que 
le  prouve  le  compte  rendu  en  i663  par  M.  Claude 
Vaultrin,  commis-trésorier-général  des  finances 
de  Lorraine  et  de  Bar.  C'est  désormais  à  l'aide  des 
jetons  émis  par  la  Chambre  des  comptes,  de  ceux 
de  l'Hôtel  de  ville  et  des  médailles  frappées  par 
quelques  personnages  ou  à  l'occasion  d'événe- 
ments remarquables,  qu'il  deviendra  possible  de 
continuer  V  Histoire  numismatique  du  Barr  ois  jusqu'à. 
l'époque  de  la  Révolution. 

(1)  Histoire  de  Lorraine,  i^e  édition,  t  II,  pi.  4,  n°  LXXI.  La 
légende  :  CAROLVS  •  D  •  G  •  LOTH  ■  B  GELD  •  DVX  est  inexacte 
et  la  date  1600  est  omise. 

(2)  Layette  Ordonnances  II,  n»  i5o. 


42 

Dès  le  début  des  recherches  entreprises  pour 
réunir  les  matériaux  de  cette  étude,  nous  avions 
relevé  avec  soin,  dans  les  documents  mis  à  notre 
disposition,  tous  les  actes  où  il  est  fait  mention  de 
paiements  en  monnaies  ayant  cours  dans  le  Bar- 
rois  aux  xiii^,  XIV®  et  xv^  siècles  (i);  nous  espé- 
rions trouver  dans  le  dépouillement  de  ces  notes 
de  précieux  renseignements  permettant  de  déter- 
miner, en  deniers  tournois,  la  valeur  des  diffé- 
rentes espèces  émises  par  nos  princes,  puis  éta- 
blir le  rapport  qui  pouvait  exister  entre  ces 
monnaies  et  celles  des  provinces  voisines.  Nous 
n'avions  pas  alors  songé  que  les  continuels  chan- 
gements survenus  dans  la  fabrication  des  mon- 
naies barroises ,  l'altération  fréquente  du  titre 
auquel  elles  avaient  été  émises,  leur  grande  perte 
au  change,  devaient  rendre  bien  difficile  l'accom- 
plissement d'une  telle  tâche.  En  effet,  dans  un 
même  compte,  bien  souvent  on  rencontre  les  esti- 
mations les  plus  diverses  pour  une  même  mon- 
naie; de  plus,  la  dépréciation  de  certaines  espèces 
était  tellement  rapide  que,  dans  l'espace  de  quel- 
ques jours  seulement,  elles  perdaient  parfois  la 
moitié  de  leur  valeur. 

Les  comptes  de  cette  époque,  dressés  par  les 
receveurs  généraux  du  Barrois,  les  prévôts  et 
receveurs  particuliers,  les  gruyers  et  autres  officiers 

(i)  Ces  relevés  sont  à  la  disposition  de  ceux  de  mes  confrères  qu'ils 
pourraient  intéresser. 


43 

dans  l'étendue  de  leurs  juridictions,  ne  sont  pas 
toujours  établis  en  francs  et  deniers  barrois,  mais 
bien  en  espèces  les  plus  diverses  ayant  cours  dans 
la  région.  Quelques-uns  sont  stipulés  en  monnaies 
messines,  d'autres  en  estevenans  et,  suivant  les 
temps  et  les  régions,  c'est  en  deniers /ors  ou /lèves, 
tournois  ou  provinois,  en  châlonnais,  toulois  et 
verdunois,  en  gros,  sols,  francs,  livres,  écus  et 
florins  que  sont  rédigés  ces  comptes,  où  appa- 
raissent rarement  les  mentions  :  momiaie  de  Bar, 
monnaie  de  Saint-Mihiel, 

Dans  l'un  d'eux,  établi  en  i527-i528,  par 
Mengin  de  Saulsure,  seigneur  de  Dommartin, 
prévôt,  gruyer  et  receveur  de  Bouconville,  on 
retrouve  l'indication  du  50/  nantais  (i),  dont  la 
dénomination  apparaît  pour  la  première  fois  en 
Lorraine  dans  un  pouillé  de  Toul  antérieur  au 
xiii^  siècle,  puis  dans  un  acte  de  i3oi,  par 
lequel  Mathieu  de  Charmes,  écuyer,  reconnaît 
devoir  au  duc  Ferry  la  somme  de  48  livres  de 
nantais  qu'il  avait  reçue  de  ce  prince  à  titre  de 
prêt  (2). 

Quelle  était  cette  monnaie,  dont  il  est  parlé  dans 
une  ordonnance  de  Guy,  comte  de  Flandre,  du 
II  juin  1299  (3),  puis  dans  une  autre,  rendue,  le 

(1)  «  et  vault  le  sol  nantois  deux  blancs  monnoie  de  ce  compte.  » 
Archives  de  la  Meuse,  B,  iSyy. 

(2)  Trésor  des  Chartes,  layette  Charmes,  n"  i3.  Archives  dç 
Lorraine 

(3)  Revue  numismatique,  iSSy,  p.  21 3. 


44 

10  août  i3g4,  par  les  échevins  de  Metz?  (i)Elle  ne 
saurait  être  le  nantois  de  Jean  le  Roux,  duc  de 
Bretagne,  auquel  fait  allusion  l'édit  de  saint  Louis 
de  1265  (2);  serait-ce  autre  chose  qu'une  monnaie 
de  compte? 

Dans  les  documents  consultés  par  nous  appa- 
raissent quelques  dénominations  officielles,  telles 
quQ  plaqtte,  heaume,  beguinette,  poillevillain ;  puis,  en 
plus  grand  nombre,  des  monnaies  désignées  par 
le  peuple  :  aillets,  aillots,  aglots,  aiguillons,  alletins, 
behardons,  cabochins,  clinquars,  couronnes,  estevins, 
estevenans,  griffons,  jollutruis,  macquarels,  niquets, 
palefrois,  wissepains 

Cette  multiplicité  d'espèces  si  diverses,  en  circu- 
lation dans  les  différentes  prévôtés  et  châtellenies 
du  Barrois,  trouve  son  explication  dans  la  situation 
géographique  de  ce  petit  État.  En  effet,  son  terri- 
toire étant  enchevêtré  dans  les  terres  de  Luxem- 
bourg, de  Lorraine,  de  Franche-Comté  et  de  Cham- 
pagne, dans  les  possessions  des  évêques  de  Toul, 
de  Metz  et  de  Verdun,  les  nécessités  commerciales 
le  contraignaient  à  admettre  les  monnaies  de  ses 

voisins. 

L.  Maxe-Werly. 

(1)  «  ung  bon  Nantois  pour  ij  angevines.  »  Histoire  de  Met^,  IV, 
p.  454 

(2)  (c  que  l'on  prangnc  nantois  à  l'écu  et  angevins  quinze  pour  dix 
tournois  et  mançois.  »  Recueil  des  Ordonnances  des  rois  de  France, 
t.   I,    p.  94. 


4i 


LES  MONNAIES 

FRAPPÉES  A  AVIGNON 

DURANT  LA  VICE-LÉGATION  DE  MAZARIN 

(1634-1637). 


Planche    I. 


Les  meilleurs  auteurs  enseignent  que  Mazarin 
fut  vice-légat  d'Avignon  de  1634  à  i636  ;  la  der- 
nière de  ces  dates  est  erronée.  Le  futur  ministre 
de  Louis  XIV  fut  désigné  par  le  pape  Urbain  VIII 
pour  occuper  la  vice-légation  de  cette  ville  au 
mois  d'août  1634,  à  la  suite  de  la  nomination  du 
vice-légat,  Marins  Philonardi,  au  poste  de  nonce 
auprès  du  roi  de  Pologne.  Il  quitta  Rome  le 
25  août  de  cette  année  pour  passer  par  la  Toscane 
et  visiter  le  duc  et  la  duchesse  de  Lorraine  et  la 
grande-duchesse  de  Florence,  conformément  aux 
instructions  que  lui  avait  données  le  cardinal 
Antoine  Barberini.  C'est  seulement  le  ig  octobre 
suivant  qu'il  fit  son  entrée  à  Carpentras,  capitale  du 
Comtat-Venaissin.  Cette  ville  avait  au  xvii^  siècle 
une  Monnaie,  où  il  fut  fabriqué  pas  mal  de  pièces 
et  même  des  monnaies  de  grandes  dimensions, 
telles  que  des  piastres.  Néanmoins,  pour  se  con- 
former aux  usages  locaux,  on  n'offrit  pas  la  moin- 


46 

dre  médaille  à  Mazarin  ;  il  lui  fut  remis  par  les 
consuls  dix-huit  boîtes  de  dragées  ou  de  confi- 
tures sèches,  deux  salmées  de  vin  blanc,  deux 
salmées  de  vin  clairet  et  enfin  un  veau.  Le 
21  octobre,  il  parvint  enfin  à  Avignon,  capitale  de 
l'Etat  de  ce  nom  et  siège  du  gouvernement.  De 
nombreuses  pièces  littéraires,  écrites  soit  en 
latin,  soit  en  français,  en  prose  ou  en  vers,  furent 
rédigées  pour  fêter  cet  événement.  L'atelier  moné- 
taire d'Avignon  ne  frappa  pas  de  médaille,  selon 
la  coutume  observée. 

Mazarin  partit  d'Avignon  le  28  octobre,  pour  se 
rendre  à  Paris.  Il  avait  choisi  auparavant  pour 
lieutenant  ou,  pour  employer  l'expression  techni- 
que, pour  pro-vice-légat,  l'évêque  de  Cavaillon, 
Fabrice  de  la  Bourdaisière.  Au  commencement 
de  l'année  i636,les  intrigues  espagnoles  obtinrent 
du  Saint-Siège  le  rappel  de  Mazarin  de  la  cour  de 
France  et  son  renvoi  dans  sa  vice-légation.  Ce 
prélat  quitta  Paris  dès  les  premiers  jours  du  mois 
de  mars  et  arriva  à  Avignon  le  8  avril  i636.  Grâce 
à  d'habiles  menées,  il  réussit  six  mois  plus  tarda 
se  faire  rappeler  à  Rome  ;  il  abandonna  Avignon 
pour  toujours,  au  mois  d'octobre  i636.  Son  pro- 
vice-légat, Fabrice  de  la  Bourdaisière,  signa  en 
cette  qualité  sa  dernière  ordonnance  le  i5  mai 
1637.  C'est  à  cette  époque  que  le  successeur  de 
Mazarin,  Frédéric  Sforza,  fut  désigné.  Les  docu- 
ments historiques  mis  au  jour  démontrent  que 
La  Bourdaisière  ne  fut  qu'un  simple  lieutenant, 


I 


47 

agissant  sous  les  ordres  et  sous  la  propre  respon- 
sabilité de  Mazarin.  Malgré  le  très  court  séjour 
fait,  soit  dans  l'Etat  d'Avignon,  soit  dans  le  Com- 
tat  par  ce  dernier,  il  se  préoccupa  jusqu'à  l'expi- 
ration  de  ses  fonctions  des  besoins  et  des  vœux 
de  ces  pays  et  se  consacra  activement  à  leur  admi- 
nistration (i). 

Jusqu'à  ce  jour  on  n'a  attribué  à  la  vice-légation 
de  Mazarin  qu'une  seule  pièce,  un  quadruple  écu, 
daté  de  i635  et  offrant  ses  armes  sous  le  buste  du 
pape  Urbain  VIII.  En  réalité,  le  quadruple  écu 
émis  à  Avignon  l'année  suivante  présente  égale- 
ment cette  particularité.  D'autre  part,  diverses 
monnaies  ont  été  frappées  de  1634  à  1637,  sous  le 
gouvernement  du  héros  de  Casai,  et  sur  à  peu 
près  toutes  est  figurée  une  étoile,  qui  est  empruntée 
à  son  blason. 

I.  Quadruples  écus. 

Ces  monnaies  sont  fort  rares;  on  ne  connaît 
qu'un  très  petit  nombre  d'exemplaires  de  chaque 
variété.  Scilla,  copié  par  Cinagli  (2),  décrit  une 
pièce  de  quatre  écus  de  1634,  en  indiquant  qu'au- 
dessous  du  buste  d'Urbain  VIII  se  trouve  un 
écusson  aux  armes  du  vice-légat.  Ces  deux  auteurs 
disent  à  propos  du  quadruple  de  i635  ;  s  Rittrato, 

(1)  Mémoires  de  V Académie  de  Vaucluse,  i885,  3e  trimestre.  A/a^a- 
rin,  vice-légat  d'Avignon  (i634-i636). 

(2)  Le  monete  dei papi,  etc  ,  p.  210, 


48 

e  sotto  l'arm'  d'un'  altro  vicelegato  »  (i).  11  s'en 
suit  que  le  blason  gravé  sur  la  pièce  de  1634  est 
celui  du  prédécesseur  de  Mazarin,  c'est-à-dire 
celui  du  vice-légat  Marius  Philonardi.  Il  n'était 
pas  émis  des  monnaies  d'or  toutes  les  années  par 
la  Monnaie  d'Avignon.  Pour  se  servir  de  l'expres- 
sion usuelle,  «  la  costume  encienne  estoit  en  la 
dicte  ville  de  en  fourger,  après  quelques  années, 
quelques  quantités  ».  Si  Mazarin  a  fait  forger  des 
quadruples  en  1634,  aucun  spécimen  n'est  parvenu 
jusqu'à  nous, 

I.— VRBANVS,  étoile  entre  deux  points,  VIII  • 
PONT-  MAX  •  i635  •  entre  deux  grènetis.  Buste  à 
droite  du  pape  Urbain  VIII,  la  tête  nue,  mais  revêtu 
des  ornements  sacerdotaux.  Au-dessous, les  armes 
de  Mazarin  :  d'azur  à  tme  hache  consulaire  d'argent 
futée  d'or,  environnée  d'un  faisceau  dîi  même,  lié 
d'argent,  posée  en  pal;  à  la  fasce de  gueides chargée  de 
trois  étoiles  d'or  brochant  sur  le  tout  (2). 

Rev.  Étoile  •  ANTON IVS  •  GARD  '  BARBE- 
RINVS  •  LEGAT  •  AVEN  •  entre  deux  grènetis. 
Dans  le  champ,  l'écu  du  légat  Antoine  Barberini, 
d'azur  à  trois  abeilles  d'or,  posées  2  et  1,  accolé  de  la 

(1)  Ibid.,  p.  210.  —  SciLLA.  Brève  notice  délie  monete  pontificie, 
antiche  e  moderne,  etc  ,  p.  143. 

(2)  Reynard-Lespinasse,  Armoriai  historique  du  diocèse  et  de  l'État 
d'Avignon,  p.  ig3.  —  Le  Dictionnaire  Héraldique  de  la  Coll.  Migne 
p.  464,  donne  la  même  lecture,  sauf  pour  la  hache  qu'il  appelle  «  hache 
d'armes  ». 


49 

croix  de  l'ordre  de  Malte  et  d'une  croix  tréflée  de 
légat  (i). 

L'étoile  insérée  dans  la  légende  du  droit  et 
dans  celle  du  revers  fait  allusion  aux  trois  étoiles 
de  la  fasce  du  blason  de  Mazarin. 

Le  dessin  de  Poey  d'Avant  donne  à  tort  la  date 
de  i633  (2).  D'autre  part,  le  rédacteur  du  catalogue 
de  la  collection  Gréau  a  lu  par  erreur  i636  (3). 

Cabinet  de  Marseille.  Poids  :  i3^%6o  cent. 
Planche  1,  n"  i  (4). 

Cette  pièce,  peut-être  unique,  a  été  découverte  à 
Benêt  (Vendée).  Après  avoir  appartenu  successi- 
vement à  Benjamin  Fillon,  à  M.  Gréau  et  à 
Charvet,  elle  a  été  acquise  par  M.  Laugier,  l'érudit 
conservateur  du  Cabinet  des  médailles  de  la  ville 
de  Marseille,  au  prix  de  750  francs.  Elle  a  été 
gravée  dans  les  catalogues  des  collections  dont 
elle  a  fait  partie.  En  comparant  les  dessins  entre 
eux,  on  remarque,  en  dehors  de  l'imperfection  de 
la  frappe  du  droit,  les  mêmes  détails  dans  le 
contour  et  dans  les  grènetis.  Il  s'en  suit  que  la 
monnaie  du  Cabinet  de  Marseille  est  bien  celle  qui 
a  été  mise  au  jour  en  Vendée. 

(1)  L'Art  héraldique  de  Baron,  nouvelle  édition  par  Playne, 
indique  que  ces  trois  abeilles  sont  marquetées  de  sable  (p.  loô). 

(2)  Monnaies  féodales  de  France,  no  4,402. 

(3)  Description  des  monnaies  françaises  et  étrangères  exc,  n°  1,217. 

(4)  Ce  dessin,  comme  ceux  des  monnaies  du  Cabinet  de  Marseille, 
reproduites  dans  ce  mémoire,  est  dû  à  la  plume  si  habile  de 
M.  Laugier. 

Année  1896.  4 


5o 

Les  chapeaux  qui  surmontent  les  écus  de 
Mazarin  et  d'Antoine  Barberini  sont  tous  les  deux 
à  six  houppes.  Cependant,  les  traités  de  blason 
nous  enseignent  que  les  cardinaux  ont  un  chapeau 
de  gueules  à  quinze  houppes,  que  les  archevêques 
portent  un  chapeau  de  sinople  à  dix  houppes  et 
que  le  chapeau  des  évêques  est  de  sinople  à  six 
houppes;  ces  nombres  de  houppes,  quinze,  dix  et 
six,  ne  se  rapportent  qu'à  un  seul  côté  du  chapeau. 
Ces  principes  semblent  avoir  été  méconnus  par 
les  graveurs  de  la  Monnaie  d'Avignon  :  il  n'en 
est  rien.  Les  auteurs  de  la  fin  du  xvii*  siècle  (i), 
après  avoir  mentionné  ces  règles,  indiquent 
qu'elles  n'ont  pas  toujours  existé.  On  peut  exa- 
miner, une  à  une,  toutes  les  monnaies  forgées 
durant  le  xvi^  et  le  xvii^  siècle, soit  à  Avignon, soit 
à  Carpentras,qui  portent  les  armes  d'un  cardinal, 
accompagnées  du  chapeau.  On  y  verra  toujours 
un  chapeau  à  six  houppes,  même  sur  les  dernières 
pièces  émises  à  Avignon  en  1692  et  en  i6g3,  les 
pièces  de  cinq  sols  avec  le  nom  et  les  armes  du 
cardinal  Pierre  Ottoboni.  D'autre  part,  si  l'on  con- 
sulte Ciaconius,  imprimé  en  i63o  (2),  on  consta- 
tera que  les  chapeaux  de  cardinaux  n'ont  que  six 
houppes.  C'est  donc  à  bon  droit  que  le  tailleur  des 
coins  du  quadruple  de  i635  n'a  attribué  que  six 
houppes  au  chapeau  du  cardinal  Antoine  Barbe- 
rini. Le  seul  reproche  qu'on  puisse  lui  adresser, 

(i)  Baron,  op.  cit.,  p.  i38. 

(2)  Vitce  et  ves  gestce  Pontificum  Romanorum,  elc. 


51 

c'est  d'avoir  dessiné  au-dessous  une  croix  bou- 
lonnée au  lieu  d'une  croix  tréflée.  Certaines  mon- 
naies, telles  que  la  piastre  de  Carpentras  de  i5g8, 
au  nom  de  Clément  VIII,  ne  présentent  qu'un 
chapeau  à  quatre  houppes.  Quant  aux  chapeaux 
accompagnant  l'écu  des  vice-légats,  ils  n'ont  par- 
fois que  trois  houppes  ;  quelquefois  ils  ne  sont  pas 
reproduits. 

L'usage  de  mettre  leurs  armes  sur  les  monnaies 
a  été  adopté  par  les  vice-légats  à  la  fin  du 
xvi^  siècle,  durant  le  pontificat  de  Clément  VIII. 
Au  xvii^  siècle,  les  cardinaux  italiens  plaçaient 
une  croix  tréflée  derrière  leur  écu,  lorsqu'ils  étaient 
légats  ou  archevêques;  les  quinze  houppes  appa- 
rurent à  Avignon  pour  la  première  fois  sous  la 
légation  de  Pamphili  Camille  (1644- i65o),  ainsi 
qu'il  résulte  de  l'examen  des  bulles  scellées  avec 
son  sceau.  Enfin  les  grands  prieurs  et  les  com- 
mandeurs de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem 
avaient  seuls  le  droit  d'insérer  la  croix  de  Malte 
dans  leurs  armoiries  (i). 

2.  —  Mêmes  légendes  et  types.  i636.  Poey 
d'Avant,  n°  4408. 

Cabinet  des  médailles  à  Paris.  Planche  I,  n°  2. 

Ce  quadruple  a  été  frappé  avec  beaucoup  plus 
de  soin  que  le  précédent. 

(i)  Menestrier.  La  nouvelle  Méthode  raisonnée  du  Blason  {ij3^), 
p  209. —  Blancard.  Iconographie  des  sceaux  des  archives  des  Bouches- 
du-Rhône,  pi.  III ,  n»  3. 


52 

Le  quadruple  de  i635  n  avait  jamais  été  décrit 
complètement.  Celui  de  l'année  suivante  n'a  été 
cité  que  par  Poey  d'Avant.  Les  légendes  étant  les 
mêmes,  il  n'y  a  pas  lieu  de  recommencer  une  des- 
cription. Le  dessin  prouve  qu'il  s'agit  encore 
d'une  monnaie  due  à  l'initiative  de  Mazarin. 
L'étoile  du  droit  et  celle  du  revers  de  la  pièce  n°  i 
n'avaient  pas  pu  être  interprétées.  Il  en  est  de 
même  de  la  croix  de  légat  et  de  la  croix  de  Malte  à 
huit  pomtes  qui  accolent  l'écu  du  légat  Antoine 
Barberini.  Ce  prince  de  l'Eglise  était,  en  effet,  sim- 
plement légat  à  ce  moment  et  ce  n'est  que  plus 
tard  qu'il  devint  archevêque.  D'autre  part,  il  avait 
été  destiné  à  l'ordre  de  Malte  et  il  fut  nommé 
grand-prieur  de  Rome  lorsque  son  oncle  fut  élu 
pape(i).  Richelieu  s'opposa  enfin  avec  la  dernière 
énergie  à  l'élévation  de  ce  légat  à  la  souveraineté 
élective  de  l'ordre,  à  la  suite  du  décès  du  grand- 
maître,  Antoine  de  Paul,  survenu  au  mois  de 
juillet  i636. 

Lorsque  j'ai  publié  un  méreau  uniface  de 
l'Aumône  générale  d'Avignon,  j'ai  été  indécis  au 
sujet  de  l'origine  de  la  croix  tréflée  qui  se  trouve 
au-dessus  de  l'écu  aux  armes  de  la  ville.  Personne 
n'avait  pu  expliquer  la  présence  de  croix  analo- 
gues sur  certaines  monnaies  papales  ouvrées  à 
Avignon,  ou  battues  à  Carpentras.  J'avais  sup- 
posé  qu'il  s'agissait  d'une  croix  de  légat,  mal 

(i)  MoRERi.  Le  grand  dictionnaire^  etc.,  t.  II,  p.  gg  (édition 
de  1759). 


53 

dessinée  (i).  Eh  bien  !  toutes  ces  croix  sont  réelle- 
ment des  croix  tréflées  de  légat,  correctement 
reproduites.  Au  xvii^  siècle,  les  cardinaux  italiens, 
qui  étaient  en  même  temps  archevêques  ou  légats, 
plaçaient  une  croix  de  cette  nature  derrière  leur 
écu  (2).  Le  plus  souvent,  les  légats  d'Avignon 
étaient  cardinaux,  sans  être  revêtus  de  la  dignité 
d'archevêque.  On  doit  donc  appeler  croix  de  légat, 
les  croix  tréflées  que  l'on  voit  sur  les  monnaies 
d'Avignon,  sur  celles  de  Carpentras,  ou  sur  les 
jetons  et  les  méreaux. 

Les  quadruples  émis  à  partir  de  lôSy  inclusive- 
ment, ont,  au  lieu  de  l'étoile  du  droit  et  de  celle 
du  revers  de  ceux  de  i635  et  de  i636,  une  petite 
croix,  qu'avec  un  peu  d'attention  on  détermine 
rapidement  :  c'est  une  croix  de  Malte,  allusion  à 
la  situation  du  légat  Antoine  Barberini  (3).  La 
représentation  de  ces  deux  croisette^  cessa  natu- 
rellement lors  de  l'expiration  des  pouvoirs  de  ce 
prince  de  l'Eglise. 

Les  rarissimes  exemplaires  connus  du  quadru- 
ple de  1637  sont  aux  armes  de  Frédéric  Sforza, 
successeur  de  Mazarin.  Ils  ont  été  forgés  posté- 
rieurement au  mois  de  juin  de  cette  année. 

(i)  Marques  de  la  confrérie  du  Saint-Esprit,  etc.,  d'Avignon,  p.  12. 
Des  trois  vice-légats  que  je  cite  (p.  i5),  on  ne  doit  laisser  subsister  que 
Hyacinthe  Libelli,  qui  était  archevêque. 

12)  Menestrier.   La  nouvelle  méthode  raisonnée  du  blason,  p.  210. 

(3)  Le  plus  souvent  la  légende  du  revers  débute  par  un  point  clos 
(ma  collection). 


54 


II.  Demi-francs. 


On  a  décoré  des  noms  de  Jules,  de  deux  jukvS, 
de  demi-écu  ou  de  teston,  les  monnaies  d'argent 
de  grandes  dimensions,  au  nom  de  Urbain  VIII, 
sur  lesquelles  ce  pape  est  représenté  au  droit  en 
buste  tourné  à  droite  et  au  revers  desquelles  une 
grande  croix  feuillue  et  fleurdelisée  orne  le  champ. 
Le  poids  ordinaire  des  pièces  de  cette  nature, 
lorsqu'elles  sont  bien  conservées,  atteint  6^',8o  (i). 
D'autre  part,  leur  type  est  une  contrefaçon  des 
demi-francs  de  Louis  XIII,  créés  en  i636,  au 
poids  théorique  de  y^^og^.  Ce  sont  donc  aussi  des 
demi-francs;  ils  sont  du  reste  peu  communs. 

Poey  d'Avant  cite  l'une  de  ces  monnaies  sous 
le  n"  4,435,  avec  la  désignation  «  jules  »,  d'après 
Cinagli  (2),  et  sans  dessin.  Quelques  numéros  plus 
haut,  le  même  numismatiste  mentionne  une  pièce, 
sous  le  vocable  «  demi-écu  » ,  datée  de  1637  (3) ,  ayant 
au  droit  «  un  buste  »  et  au  revers  une  «  croix 
fleurie  »,  tout  en  renvoyant  à  la  Revue  Numisma- 
tique (4),  011  cette  espèce  est  publiée  comme  étant 
au  type  du  demi-franc  de  France  de  Henri  III  et  de 
Henri  IV.  Les  n°'  4,407  et  4,435  de  Poey  d'Avant 
ne  concernent  qu'une  seule  pièce.  On  doit,  dès  à 
présent,  rayer  l'un  de  ces  deux  numéros.   Enfin 

(i)  Ma  collection. 

(2)  Op.  cit.,  p.  220,  n»  214. 

(3)  No  4,407. 

(4)  i83g,  p.  280,  n"  80. 


55 

Scilla  décrit  avec  raison  un  demi-franc  analogue, 
daté  de  1640  (i),  mais  il  l'appelle  à  tort  un  double 
Jules. 

Je  possède  ces  deux  demi-francs  de  1637  et  de 
1640.  Ce  n'est  pas  le  lieu  de  les  étudier.  Je  dois 
seulement  constater  que  celui  de  1637  a  été  émis 
pendant  la  vice-légation  de  Frédéric  Sforza  et 
qu'il  est  étranger  à  Mazarin.  Les  mots  de  la 
légende  de  l'avers  sont  séparés  par  une  feuille 
triangulaire  et  une  petite  croix  de  Malte  accom- 
pagne cette  légende.  Ces  monnaies  reçurent  le 
nom  vulgaire  de  Barberines. 

III.  Quarts  de  franc. 

Scilla  a  mis  au  jour  la  monnaie  suivante  : 
«  Urbanus  •  VIII  '  Pont  •  Max  •  i636.  Ritratto.   » 
«  Antonius  •  Card  •  Barberinus  •  Le  •  Ave.  Nel 
mezzo,  una  Croce  gigliata.  .  .  .  Giulio  »  (2). 

Cartier  l'a  mentionnée  dans  la  Revue  Numisma- 
tique (i83g,  p.  280,  n°  80)  sans  commentaires. 
Cinagli  (n"2i3)  reproduit  la  description  de  Scilla, 
sous  le  nom  de  giulio.  Poey  d'Avant  déclare  que 
c'est  une  variété  du  n°  4,435,  sans  la  croisette  de 
la  légende  du  droit  (n°  4,436). 

(0  Op.  cit.,  p.  84.  La  planche  XCVI,  no  8,  où  est  figuré  le  dessin 
du  n"  4.407,  nous  montre  au  contraire  une  pièce  hybride  qui  n'a  jamais 
existé  que  dans  l'imagination  de  Poey  d'Avant  :  d'un  côté  au  nom 
d'Urbain  VIH  et  à  la  date  de  1637  et  de  l'autre  côté  au  nom  du  légat 
Scipion  Borghèse  (i6o5-i62i). 

(2)  P.  83. 


36 

,,  Cette  pièce  est  un  quart  de  franc  ç^i  non  un  jules. 
Jusqu'à  ce  jour,  elle  n'a  pas  été  publiée  avec  exac- 
titude et  aucune  reproduction  n'en  a  été  donnée. 

•  VRBANVS  •  VIII  •  PONT  •  MAX  •  étoile, 
feuille  triangulaire,  i636.  Dans  le  champ,  buste 
du  pape  à  droite. 

:  ANTONIVS  •  CAR  •  BARBERINVS  •  LE 
AVE  •  Croix  feuillue  et  fleurdelisée. 

Pièce  unique  au  Cabinet  de  Marseille.  Poids 
3g^35.  PLI,  n°3. 

L'étoile  du  droit  rappelle  le  blason  de  Mazarin. 
S'il  faut  en  croire  Scilla,  une  variété  porterait  au 
revers  Card,  au  lieu  de  Car. 

Je  n'appelle  pas  ces  pièces,  monnaies  de  cinq 
sols;  je  leur  donne  simplement  le  nom  de  quarts 
de  franc.  A  cette  époque,  en  effet,  le  franc  ne 
valait  pas  20  sols,  mais  il  circulait  pour  27  sols. 
Le  quart  de  cette  somme  s'élève  à  6  sols  3  liards. 

On  connaitles  demi-francs  de  1637,  i638,  1640, 
1641  et  1642(1).  Celui  de  1639  n'a  pas  été  retrouvé. 
Deux  variétés  du  quart  de  franc  existent  et  sont 
datées  de  i636.  Ces  dates,  d'Un  côté,  le  type,  d'un 
autre  côté,  établissent  clairement  que  ces  mon- 
naies sont  des  contrefaçons  des  demi-francs  et  des 
quarts  de  franc  de  Louis  XIII,  émis  en  vertu  des 
lettres   patentes  des  8   mai,   28  juin  et  22   sep- 


(i)  lôSy  et  1640  (ma  collection);  i638,  1641  et  1642  (Cab.  de  Mar- 
seille). 


57 

tembre  i636  (i),  notamment  à  Lyon  pour  le  sud- 
est  du  royaume.  Quant  au  nom  de  demi-franc  et  à 
celui  de  quart  de  franc  que  je  leur  attribue,  je 
peux,  après  avoir  insisté  sur  le  poids  et  sur  la 
forme  du  champ  du  revers,  citer  un  texte  relatif 
aux  demi-francs  de  1640.  Le  14  mai  de  cette  der- 
nière année,  l'Avignonnais  Paul-Antoine  Roure, 
ouvrier  à  la  Monnaie,  fit  constater  que  son 
recochonnage  ou  apprentissage  était  terminé  et 
demanda  à  être  admis  à  faire  son  chef-d'œuvre. 
On  lui  remit  «  deux  marcs  argent,  à  faire  demy- 
francs  »,à  7  heures  du  matin.  On  l'enferma  ensuite 
à  clef  dans  une  pièce.  A  une  heure  de  l'après- 
midi,  le  personnel  de  l'atelier  constata,  par  procès- 
verbal  régulier,  que  Roure  avait  «  exhibé  et  fait  voir 
à  tous  dans  un  bassin  sur  la  table  de  la  dite  salle 
les  deux  marcz  de  demy- franco,  ouvrez  en 
68  pièces  »  (2).  Il  était  d'usage  d'imposer  pour  les 
chefs  d'œuvre  la  fabrication  d'un  certain  nombre 
de  pièces  courantes. 

Sur  les  demi-francs  et  sur  les  quarts  de  francs 
on  distingue  une  feuille  triangulaire,  d'aspect 
bizarre.  Le  moindre  signe,  reproduit  sur  une 
monnaie  avignonnaise,  doit  s'expliquer.  Dans  les 

(1)  Le  Blanc,  Traité  historique  des  monnayes  de  France, -ç.  329  — 
Hoffmann.  Les  monnaies  rojales  de  France  etc.,  §  Louis  KFII, 
nos  63  et  64. 

(2)  Archives  municipales  d'Avignon,  CC,  boîte  17,  n»  27  :  En 
France,  les  demi  francs,  créés  en  i636,  furent  taillés  sur  le  pied  de 
34  1/4,  au  lieu  de  34,  au  même  marc  de  Paris. 


58 

armes  du  pro-vice-légat  de  Mazarin,  Fabrice  de  la 
Bourdaisière,  figure  un  rameau  de  vesce;  dans 
celle  du  vice-légat  Sforza,  successeur  de  Mazarin, 
on  voit  une  branche  de  cognassier  au  naturel  (i). 
Ni  les  feuilles  de  vesce,  ni  celles  du  cognassier, 
n'offrent  le  moindre  rapport  avec  la  feuille  qu'il 
s'agit  de  déterminer  (2).  Durant  le  gouvernement 
de  Mazarin.  la  Monnaie  d'Avignon  fut  dirigée, 
d'abord ,  par  deux  maîtres  associés,  Sébastien  Bour- 
don et  Samson.  La  même  marque  se  retrouvant 
sur  des  monnaies  faites  après  1637,  lorsque  Bour- 
don était  maître  unique,  je  l'attribue  au  graveur. 

IV.  Barberins  ou  pièces  de  cinq  sols. 

Le  28  janvier  1634,  le  conseil  de  ville  d'Avignon 
se  réunit  à  la  nouvelle  que  la  cour  des  comptes 
de  Louis  XIII  venait  de  décrier  les  gros  patards,  les 
liards  et  les  barberins  «  qui  se  font  en  ceste  ville  au 
grand  détriment  du  public  et  du  commerce  d'i- 
celle.  »  Les  consuls  exposèrent  qu'ils  avaient  déjà 
prié  le  vice-légat  de  faire  cesser  la  frappe  de  ces 
monnaies.  Marins  Philonardi  avait  déclaré  qu'a- 
vant de  prendre  une  décision,  il  voulait  envoyer 
des  délégués  en  Provence  et  dans  le  Languedoc 
pour  examiner  si  dans  ces  deux  provinces  «  les 
dictes  monnaies   auraient  mise  non   obstant  les 

(1)  Reynaud  Lespinasse.  Op.  cit.,  pp.  19461195. 

(2)  Du  reste,  les  dates  s'opposent  à  ce  que  ce  soit  un  différent,  faisant 
allusion  au  blason  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces  prélats. 


59 

dicts  arrêts,  lesquelz  bien  souvent  ne  sont  point 
mis  à  exécution.  »  On  délibéra  cependant  de 
supplier  le  vice-légat  de  «  faire  superséder  »  (i)  à 
la  fabrication  de  ces  espèces  (2). 

Quelle  peut  être  la  pièce  désignée  sous  le  nom 
de  barberin?  Il  s'agit  évidemment  d'une  monnaie 
où  sont  figurées  un  grand  nombre  d'abeilles  ou 
barbarini{3).  D'autre  part,  cette  pièce  a  une  valeur 
supérieure  au  liard  et  au  patard,  d'après  l'ordre 
indiqué  dans  la  délibération  du  28  janvier  1634. 

Une  seule  monnaie  remplit  toutes  ces  condi- 
tions. Au  droit,  on  voit  dans  le  champ  un  grand 
écu  aux  armes  du  pape;  le  champ  du  revers  est 
orné  d'une  image  de  Saint-Pierre,  représenté  à 
mi-corps,  au-dessus  des  armes  du  légat.  Il  existe 
sur  cette  pièce  six  abeilles,  à  raison  de  la  figuration 
du  blason  d'Urbain  VIII  et  à  cause  de  la  représen- 
tation de  l'écusson  du  légat,  son  neveu.  Le  nom 
de  barberin  est  pleinement  justifié. 

Le  type  des  barberins  est  emprunté  aux  pièces 
similaires  émises  à  Avignon  durant  le  pontificat 
de  Clément  VIII  (i5g2-i6o5).  Les  armes  de  ce  pape 
remplissent  le  champ  du  droit;  au  revers,  Saint- 
Pierre  est  figuré  au-dessus  des   armes  du  légat 

(  1)  Faire  surseoir  à  . 

(2)  Archives  mun.  d'Avignon,  registre  des  conseils,  i634,  fol.  ijy. 

(3j  A  mon  sens,  la  meilleure  description  des  armes  des  Barberini  a 
été  donnée  par  Menestrier  Le  véritable  Art  du  blason  ou  l'usage  des 
Armoiries,  p.  36)  :  d'apir  à  trois  mouches  ou  taons  d'or,  que  les 
Italiens  nomment  barbarini. 


6o 

Aquaviva.  Sur  un  second  type,  la  légende  du 
revers  rappelle  Saint-Pierre  et  Saint-Paul,  dont 
on  voit  les  deux  images  au-dessus  de  l'écu  du 
légat:  d'autre  part,  le  mot  Avenio  a  été  supprimé, 
à  cause  du  défaut  de  place  (i).  Ces  monnaies 
ne  peuvent  recevoir  le  vocable  de  pdes  que  les 
auteurs  leur  infligent.  Les  ordonnances  monétaires 
inédites,  que  j'ai  consultées,  les  dénomment  clé- 
ments ou  clémentins.  Il  était  tout  naturel  d'adopter 
le  nom  de  barberins  pour  celles  frappées  durant  le 
règne  d'un  Barberini. 

Le  commerce  accueillit  les  clémentins  avec  une 
défaveur  tellement  marquée,  qu'aucune  espèce  de 
cette  nature  ne  fut  forgée  sous  les  deux  successeurs 
immédiats  de  Clément  VIII,  Paul  V  et  Gré- 
goire XV.  Quoiqu'ils  valussent  un  peu  moins  de 
cinq  sols,  le  légat  Aquaviva  avait  essayé,  en  effet, 
de  les  faire  circuler  sur  le  même  pied  que  les 
quarts  de  franc. 

Dès  1623,  le  légat  François  Barberini  fit  frapper 
des  barberins.  On  retrouve  ces  pièces  avec  les 
dates  1623,  1624,  1626,  1627,  1628,  i63o,  i63i, 
i632,  i633,i636, 1637  et  1640.  En  outre,  une  variété 
ne  porte  pas  de  date  (2).  Comme  les  clémentins 
n'étaient  pas  datés,  j'estime  que  le  barberin 
dépourvu  de  date  a  été  forgé  en  i623,  au  début  de 
l'émission.  Les  barberins  avaient  une  valeur  de 

(1)  SCILLA,    op.  cit.,    p.  69. 

(2)  CiGNALi,  op.  cit.,  pp.  219  et  220.  Je  possède  les  barberins  de 
1634,  1627  et  de  i63o. 


6i 

cinq  sols,  le  prix  du  marc  d'argent  ayant  été  haussé 
lorsque  leur  frappe  commença. 

La  Monnaie  d'Avignon  ouvra  un  nombre  con- 
sidérable de  barberins  en  i633.  De  là  les  protes- 
tations du  public  et  la  délibération  du  28  janvier 
1634  que  j'ai  analysée  en  tête  de  ce  paragraphe. 
La  fabrication  fut  suspendue  à  ce  moment;  elle 
ne  fut  reprise  qu'en  i636  et  en  1637. 
Scilla  décrit  les  deux  pièces  suivantes  : 
«  VRBANVS  •  VIII  •  PO  •  M  •  i636.  Arme. 
«  S  •  PETRVS  •  AVENIO.    Mezza    figura,  e 
sotto  l'arme  del  Card.  Antonio  Barberini.  Giulio. 
«  VRBANVS  •  VIII  •  PO  •  M  •  1637.  Arme. 
«  S  •  PETRVS  •  AVENIO.   Mezza  figura,  e 
sotto  l'arme  del  Card.  Antonio  Barberini.  Giu- 
lio »  (i). 

La  première  de  ces  monnaies  se  rattache  évi- 
demment au  gouvernement  de  Mazarin,  à  cause 
de  la  date  de  i636.  Je  considère  la  deuxième 
comme  ayant  été  émise  durant  la  même  période, 
c'est-à-dire,  au  plus  tard,  au  mois  de  mai  1637. 

J'aurais  été  bien  aise  de  pouvoir  donner  le  dessin 
de  ces  deux  barberins.  Mais  ils  n'existent  dans 
aucune  collection  à  ma  connaissance.  Depuis 
Scilla,  aucun  auteur  ne  les  a  vus.  Les  abréviations 
PO  •  M  •  du  droit  se  traduisent  par  Pontifex  Maxi- 
mus.  D'habitude  une  rose  est  gravée  après  le  mot 
Avenio.  Je  ne  sais  si  sur  les  deux  barberins   de 

(1)  Scilla,  op.  cit.,  p.  83. 


62 

i636  et  1637,  la  rose  n'est  pas  remplacée  par  une 
étoile,  rappelant  les  armes  de  Mazarin.  Quoi  qu'il 
en  soit,  ces  deux  barberins  sont  au  nombre  des 
monnaies  les  plus  rares  de  la  série  pontificale 
d'Avignon  (i).  Le  cabinet  des  médailles  de  Mar- 
seille, qui  est  si  riche,  grâce  à  l'activité  de  M.  Lau- 
gier,  ne  les  a  pas. 

V.    LiARDS. 

De  même  qu'au  début  de  l'année  1634,  le  trop 
grand  nombre  de  liards  pontificaux  en  circulation 
à  Avignon  provoqua  d'énergiques  réclamations 
de  la  part  des  consuls,  les  nouvelles  émissions  de 
ces  pièces,  en  i636,  obligèrent  ces  derniers  à  faire 
entendre  leurs  doléances  à  Mazarin,  dans  les  pre- 
miers jours  de  l'année  1637.  Le  3  février  de  cette 
année,  on  exposa  au  conseil  de  ville  que  «  les 
monnaies  basses  et  particulièrement  les  liards  ont 
causé  un  très  grand  désordre  en  ceste  ville,  dont 
le  négoce  en  est  grandement  interrompu,  jusques 
même  que  tout  plein  de  populace,  qui  n'ont  que 
des  liards,  sont  venus  crier  en  la  maison  de  ville, 
disant  qu'ils  meurent  de  faim,  quoiqu'ils  aient 
d'argent  en  main  pour  acheter  du  pain,  lequel 
argent  on  ne  veut  recevoir  parce  que  ne  consiste 
qu'en  liards  ;  ce  qu'ont  voulu  faire  savoir  au  con- 


(1)  Le  barberin  que  j'ai  vu  le  plus  souvent  dans  les  collections  est 
celui  de  1 633. 


63 

seil.  Sur  quoi  a  esté  conclu  d'écrire  à  Mgr  Mazarin, 
vice-légat,  et  le  supplier  de  vouloir  remédier  aux 
désordres  que  les  liards  qui  se  fabriquent  en  ceste 
ville  portent  en  la  dicte  ville  et  le  supplier  de  faire 
superséder  à  la  fabrique  des  liards  et  gros  patacs 
et  remis  à  MM.  les  consuls  et  assesseurs  de  faire 
et  dresser  les  mémoires  nécessaires  pour  cet 
effet  »  (i). 

Il  s'en  suit  que  Mazarin  a  fait  forger  à  Avignon 
des  liards.  On  connaît  deux  types  de  liards  d'Ur- 
bain VIII  :  le  liard  à  l'M  et  le  liard  au  V  (2). 

Le  liard  à  l'M  était  destiné  à  faire  concurrence 
aux  liards  analogues  faits  à  Orange,  au  nom  du 
prince  Maurice  (1618-1625),  puis  à  celui  de  son 
frère  Frédéric  Henri  (1625-1647).  Ceux-ci  étaient 
eux-mêmes  une  contrefaçon  des  liards  de  Marie 
des  Bombes  (1608  1626).  Gaston  d'Orléans  (1627- 
1657)  émit  de  son  côté  des  liards  au  G. 

Aucun  des  liards  d'Urbain  VIII  n'est  daté. 
Aujourd'hui  ilssontfort rares  et,  commeleurfrappe 
a  été  bien  négligée,  il  est  très  difficile  d'en  rencon- 
trer à  légendes  entières. 

J'estime  que  les  liards  au  V  sont  postérieurs  à 
la  vice-légation  de  Mazarin,  à  qui  j'attribue  la 
variété  suivante  de  liard  à  l'M,  qui  est  inédite  : 

(+  .  VRBANVS  •  V)  III  •  PONT  •  OP.  Dans  le 
champ,  sous  une  couronne,  un  M  accosté  de  trois 
abeilles  mal    ordonnées  et  dépourvues    de  leur 

(1)  Archives  d'Avignon,  23e  registre  des  conseils,  fol.  32 1  et  322, 
o   ^2)  PoEY  d'Avant,  op.  cit.,  n"s  4438  et  4439. 


64 

aiguillon,  de  leursantennes  et  de  leurs  pattes.  Cha- 
cune de  ces  trois  abeilles  ressemble  à  un  volant 
dont  on  se  vsert  dans  le  jeu  de  ce  nom.  Etant  ren- 
versées, elles  imitent  les  trèfles  des  liards  d'Orange 
et  les  lis  des  liards  des  Dombes.  OP  est  l'abré- 
viation à'Optimus.  La  formule  pontifex  optimus 
maximus  se  lit  sur  un  certain  nombre  de  monnaies 
avignonnaises  de  Paul  V  et  de  Grégoire  XV,  pré- 
décesseurs d'Urbain  VIII. 

Rev.  (+  ANT  •  CAR  •  B)  AR  •  LE  •  AV  •  Croix 
dite  du  Saint-Esprit,  ornée  au  centre  d'une  feuille 
dans  chaque  canton. 

Poids  :  0,70  cent.  Cabinet  de  Marseille.  PI.  I,  n°  4. 

J'attribue  cette  pièce  à  la  vice-légation  de 
Mazarin  à  cause  surtout  delà  forme  extraordinaire 
donnée  aux  abeilles,  forme  que  nous  allons 
retrouver  sur  les  doubles  tournois  ou  gros  patards. 
Peut-être  que  l'on  distinguera  une  étoile  sur  un 
exemplaire  de  parfaite  conservation. 

VI.   Gros  patards  ou  doubles  tournois. 

Les  patards  avaient  été  émis  en  si  grandes 
quantités  durant  la  première  partie  du  règne  d'Ur- 
bain VIII  que  leur  cours  fut  prohibé  en  France,  en 
même  temps  que  la  circulation  des  liards  et  des 
barberins.  Le  vice-légat  fut  obligé  de  faire  sus- 
pendre leur  frappe,  au  début  de  l'année  1634. 

Mazarin  maintint  cette  décision,  mais  il  ordonna 
de  continuer  à  imiter  les  doubles  tournois  français. 


65 

La  nouvelle  monnaie  valut  deux  sols  comme  les 
patards,  avec  cette  différence  que  son  poids  fut 
presque  trois  fois  supérieur.  Sa  ressemblance  avec 
les  doubles  tournois  faits  à  l'atelier  royal  de  Ville- 
neuve-lez-Avignon (i),  fut  poussée  à  un  tel  point 
que  son  admission  dans  les  provinces  voisines  ne 
souffrit  aucune  difficulté.  C'est  à  tort  que  les 
numismatistes  appellent  cette  espèce  un  quattrino; 
c'est  un  double  tournois,  ou  pour  employer  l'expres- 
sion vulgaire  de  l'époque,  un  gros  patard. 

Les  patards  n'étaient  pas  datés.  Il  est  tout 
naturel  que  les  premiers  doubles  tournois  aient 
présenté  la  même  particularité.  Il  existe  plusieurs 
variétés  de  doubles  tournois  dépourvus  de  date  ; 
ils  sont  peu  communs.  Cinagli  les  mentionne.  Ils 
sont  restés  inconnus  en  nature  à  Poey  d'Avant. 

M.  Laugier  a  publié  le  double  tournois  sui- 
vant : 

I.  —  Étoile.  VRBANVS  •  VIII  •  PONT-  MAX. 
Buste  du  pape  à  droite. 

Rev.  ANT  •  CARD  •  BARB  •  LEG  •  AVEN. 
Trois  abeilles  mal  ordonnées  et  privées  de  leurs 
antennes  ornent  le  champ  (2). 

Cab.  de  Marseille.  Ma  collection.  Poids  2^'",g25. 
PI.  I,  n°  5. 

(1)  Roger  Vai.lentin.  Les  doubles  tournois  et  les  deniers  tournois 
frappés  à  Villeneiive-le^- Avignon,  durant  le  règne  de  Louis  XI IL 
(1610-1643). 

f2)  Monnaies  inédites  ou  peu  connues  de  papes  et  légats  d'Avignon 
appartenant  au  cabinet  des  médailles  de  Marseille,  §  Urbain  VIII. 
.  Année   1896.  5 


66 

Les  doubles  royaux  dont  celui-ci  est  la  copie  Ont 
au  droit  la  lettre  d'atelier  et  sont  datés  ;  au  revers, 
la  légende,  précédée  d'une  croisette,  commence  à 
droite  et  en  haut.  Le  différent  est  remplacé  ici  par 
une  étoile,  empruntée  à  Técu  de  Mazarin.  Les 
abeilles  du  revers  sont  plus  aisées  à  déterminer 
que  sur  le  liard  précédent,  car  cette  fois,  on  leur  a 
conservé  au  moins  leurs  pattes.  Etant  renversées 
et  leurs  antennes  ayant  été  supprimées,  elles 
imitent  assez  bien  des  lis. 

Sur  mon  exemplaire,  les  antennes  sont  vague- 
ment indiquées.  En  outre  aucun  point  ne  sépare 
les  mots  Barb.  et  Leg. 

Cette  pièce  est  la  seule  connue  de  nos  jours.  Il 
existe  deux  autres  variétés,  d'après  Cinagli. 

2.  —  Même  légende  au  droit,  sauf  M  au  lieu  de 
MAX.   Même  type. 

Rev.  Même  légende  et  même  type. 

3.  —  Même  légende  et  même  type. 

Rev.  ANT  •  CAR  •  BAR  •  LE  •  AVE.  Même 
type  (i). 

Cinagli  n'annonce  la  présence  d'aucune  étoile 
sur  les  trois  doubles  non  datés  qu'il  décrit.  Si  les 
deux  dernières  de  ces  monnaies  ont  une  étoile 
comme  la  première,  on  doit  lés  attribuer  à  Maza- 
rin. Si,  au  contraire,  l'étoile  n'est  pas  figurée 
sur  l'une  d'entre  elles,  ou  sur  toutes  les  deux,  ces 

(i)  Op.  cit.,  §  Urbain  VIII,  n"»  370  et  Syi.  Le  n"  Sôg  est  un  double, 
identique  à  celui  de  ma  collection. 


67 

monnaies  ou  cette  pièce  doivent  être  rattachées 
à  la  vice-légation  de  Marins  Philonardi. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  classe  à  l'année  1634  les 
doubles  tournois  de  Mazarin  non  datés. 

4.  —  Dès  i635,  la  fabrication  des  doubles  fut 
pratiquée  à  Avignon  sur  une  vaste  échelle. 

Étoile  •  VRBANVS  •  VIII  •  POiNT  •  MAX. 
Buste  du  pape  à  droite.  Le  graveur  a  inscrit  par 
erreur  une  molette  au  lieu  d'une  étoile. 

ANT  •  CAR  •  BAR  •  LE  •  AVE  •  i635.  Dans  le 
champ  trois  abeilles,  pourvues  de  leurs  pattes, 
d'une  sorte  d'aiguillon  et  de  légères  antennes. 
Cette  fois  les  abeilles  sont  bien  ordonnées.  Cette 
mesure  dut  être  prise  sur  les  réclamations  du  roi 
de  France.  La  copie  des  doubles  français  est  encore 
flagrante;  mais  on  voit  très  bien  dans  le  champ 
trois  abeilles  et  non  trois  lis.  L'atelier  royal  de 
Villeneuve,  situé  de  l'autre  côté  du  Rhône  et  en 
face  d'Avignon,  n'ouvrait  plus  depuis  1627  (i).  Du 
reste  le  moulin  installé  à  cette  Monnaie  fut  brisé, 
en  vertu  d'un  arrêt  du  mois  d'août  i635  (2).  Les 
généraux-maîtres  du  royaume  surveillaient  atten- 
tivement les  émissions  papales  d'Avignon.  En 
retournant  les  doubles,  les  trois  lis  sont  remar- 

(  1  )  R.  Vallentin,  Les  doubles  tournois  et  les  deniers  tournois  frappés 
à  Vil leneuve-le^- Avignon,  durant  le  règne  de  Louis  X///  (1610-1643), 

P-  14. 

(2)  Delombardv,  Catal.  des  monnaies  françaises  de  la  collection  de 
M.  Rignault,  p.  54. 


68 

quablement  simulés.  Le  vice-légat  d'Avignon 
pouvait  affirmer  que  la  contrefaçon  des  doubles 
de  Louis  XIII  n'était  pas  absolue. 

Ma  collection.  Cinagli,  n°  357.  Poey  d'Avant, 
n°44i6.  Le  numéro  4416  et  le  n°  4414  paraissent 
faire  double  emploi  (i).  Quelques  exemplaires 
peuvent  être  dépourvus  au  revers  du  grènetis  inté- 
rieur. Poids  :  a^'jSo  cent.  Planche  I,  n°  6. 

5.  — Variété,  avec  LEG  au  lieu  de  LE  au  revers. 
Cinagli,  n"  355.  Poey  d'Avant,  n°  4415. 

6.  —  Variété  du  n"  4,  avec  BARB.  à  la  place  de 
BAR  dans  la  légende  du  revers. 

Cartier,  Revue  Num. ,  iSSg.  Cinagli,  n"  358. 
Poey  d'Avant,  n°  4417. 

Comme  pour  les  doubles  non  datés,  Cinagli  ne 
signale  pas  d'étoile  avant  la  légende  du  droit  sur 
les  doubles  de  1635. 

Il  existe  encore  d'autres  variétés,  relativement  à 
la  ponctuation  des  légendes.  Elles  sont  trop  peu 
importantes  pour  être  signalées. 

7.  —  Mêmes  légendes  et  types  que  sur  le  n°  4. 
i636.  Les  mots  de  chaque  légende  ne  sont  séparés 
par  aucun  point.  Les  pattes  et  les  antennes  des 
abeilles  sont  rigoureusement  supprimées,  comme 
sur  le  liard  déjà  étudié. 

Ma  collection  :  deux  exemplaires.  Sur  l'un  d'eux, 

(1)  Poey  d'Avant,  Description  des  monnaies  seigneuriales  fran- 
çaises composant  la  collection  de  M.  F.  Poey  d'Avant,  n"  1292. 


i 


69 

l'étoile  précédant  la  légende  du  droit  est  très  bien 
figurée.  Sur  l'autre,  on  voit  une  molette  au  lieu 
d'une  étoile.  Planche  I,  n°  7.  Inédit.  Poids  :  a^^gS 
et  2S'",g5. 

8.  —  Variété  du  numéro  précédent  :  LEG  à  la 
place  de  LE. 
Cinagli,  n°  35g.  Double  omis  par  Poey  d'Avant. 

g.  —  Variété  du  n°  7  avec  BARB  au  revers.  i636. 

Cartier,  Revue  Num.,  i83g.  Cinagli,  h"  36 1. 
Double  oublié  par  Poey  d'Avant. 

Cinagli  n'a  pas  mentionné  encore  l'étoile, 
précédant  la  légende  du  droit  sur  les  deux  variétés 
de  i636. 

10.  —  Nous  avons  vu  que  Mazarin  quitta  Avi- 
gnon pour  toujours  au  mois  d'octobre  i636.  Son 
remplacement  paraissant  certain,  on  supprima 
l'étoile  du  droit  des  doubles  avignonnais  pour  lui 
substituer  une  croix  que  personne  n'a  encore  pu 
identifier.  C'est  une  petite  croix  de  Malte  empruntée 
au  blason  du  légat. 

Les  légendes  nous  montrent  une  ponctuation 
régulière.  On  lit  BARB  au  revers,  comme  sur 
le  numéro  8. 

Le  surplus  est  identique  au  n°  4.  i636.  Les 
antennes  et  les  pattes  des  abeilles  ont  disparu  (i). 

(1)  Généralement,  on  indiquait  sur  les  blasons  les  antennes  et  le 
paUes  des  abeilles  d'une  façon  très  superficielle.  Voj'.,  par  exemple, 
les  armes  de  M.  Des  Entelles,  gravées  sur  l'estampe  de  C.  N.  ^'arin, 
intitulée  t<  Les  spadassins  en  fête  de  vilage  «.  (Ma  collection.') 


70 

Ma  collection  :  deux  exemplaires.  Cinagli,  n°36o. 
Poey  d'Avant,  n°44r8.  Planche  I,n° 8.  Poids  2S'",7o 
et  2S'",3o. 

11.  —  En  1637,  l'étoile  apparut  de  nouveau  sur 
les  doubles.  Mêmes  légendes  que  celles  du 
numéro  g.  1637. 

Cinagli,  n°  364.  Omis  par  Poey  d'Avant. 

12.  —  Légendes  du  numéro  g.  1637. 
Cartier,  Revue  Num.,  i83g.  Cinagli,  n*'365. 

i3.  —  La  croix  de  Malte  fut  de  nouveau  substi- 
tuée à  l'étoile.  Légendes  du  numéro  g.  1637. 

Ma  collection  :  deux  exemplaires.  Cinagli,  n^362. 
Planche  I,  n°  g.  Poids  :  2S^8I  et  2e%8o. 

14.  —  Légendes  du  numéro  4.  1637. 

Cinagli  n"  363.  Poey  d'Avant,  sous  le  n°  4413, 
décrit  ainsi  cette  monnaie  :  «  Même  légende.  Buste 
du  pape  à  gauche  (????),  dans  un  grènetis. 

ANT  •  CAR  •  LE  •  AVE.  Dans  le  champ,  trois 
abeilles  simulant  des  lis. 

Cuivre.  Quattrino.  5i  grains  (Poey  d'Avant, 
n°  I2g2.  Revue,  18  3g,  n"  82).  » 

Le  dessin  donné  par  cet  auteur  est  cependant 
correct.  Le  chapitre  consacré  à  Urbain  VIII  est 
tout  entier  à  refaire. 

Lorsque  le  successeur  de  Mazarin  fut  nommé, 
la  frappe  des  doubles  tournois  d'Avignon  avait 
cessé.  Elle  ne  fut  reprise  qu'en  1640. 

J'ai  indiqué  plus  haut  que  les  doubles  tournois 


7' 

dépourvus  du  millésime  et  n'ayant  pas  d'étoile  au 
droit  devaient  être  classés  au  prédécesseur  de 
Mazarin.  C'est  à  Marins  Philonardi  qu'est  due, 
en  effet,  la  création  de  cette  espèce.  La  délibéra- 
tion consulaire  du  28  janvier  1634  en  fait  mention 
et  voici  la  copie  d'un  autre  texte  encore  plus  expli- 
cite. Je  considère  les  premières  émissions  de  gros 
patards  comme  ayant  eu  lieu  dans  les  derniers 
jours  de  l'année  i633  : 

«  Du  temps  de  Monseigneur  Philonardy,  arche - 
»  vêque  et  vice -légat,  on  a  fait  faire  si  grande  quan- 
»  tité  de  petites  et  basses  monnayes,  que  non  seule- 
»  mentlesparticuliers,  maisaussi  notre  ville  encore 
»    en  a  reçu  de  très  grands  dommages  et  pertes. 

»  Plus  le  dit  seigneur  archevêque  et  après  lui 
»  autres  (i)  ont  fait  battre  une  énorme  quantité  de 
»  gros  patats  pour  la  fabrique  desquels  on  travail- 
»  lait  nuit  et  jour  et  y  avait  certain  nombre  d'ou- 
»  vriers  pour  le  jour  et  certain  nombre  pour  la  nuit. 
»  On  pourra  faire  aussi  voir  à  Sa  Sainteté  quelques- 
»  uns  des  dits  doubles. 

»  Et  pour  faire  que  personne  ne  dit  mot,  le  dict 
»  seigneur  Philonardy  fit  mettre  dans  le  contrat  du 
>>  maître  des  monnaies  un  pache  (2)  que  les  doubles 
»  et  patats  se  débiteraient  hors  de  l'Etat  de  Sa 
»  Sainteté. 

»  Mais  cette  grande  et  effrénée  quantité  de  dou- 

(i)  Les  consuls  visent  Mazarin  et  son  successeur  Sforza. 
•    (2)  Condition,  en  langue  vulgaire  (pactiim).  ' 


72 

»  blés  fabriqués  dans  Avignon  a  été  cause  qu'ils 
»  ont  été  décriés,  et  quand  nous  avons  voulu  atta- 
»  quer  le  maître  de  la  Monnaie,  conformément  à 
»  son  obligation,  le  maître  s'est  retiré  et  ses  cau- 
»  tions  ont  répondu  qu'ils  n'étaient  cautions  que 
»  pour  la  Chambre  (i)  et  non  pour  autre  personne. 
»  Et  d'ailleurs  nous  n'avons  jamais  pu  avoir  copie 
»  du  dit  contrat,  duquel  le  notaire  disait  qu'il  lui 
»  avait  été  défendu  d'en  donner  aucune  copie, 
»  tellement  que  le  public  et  les  particuliers  y  ont 
»  fait  de  grosses  et  signalées  pertes,  même  plus  que 
»  du  double  de  ce  que  les  dits  gros  patats  s'expo- 
»  saient  (2).  » 

Ces  lignes  sont  extraites  des  instructions  iné- 
dites données  par  les  consuls  d'Avignon  à  leurs 
délégués,  ou,  pour  se  servir  de  l'expression  con- 
sacrée, à  leurs  ambassadeurs,  auprès  du  pape 
Urbain  VIII.  Ces  instructions  sont  un  véritable 
réquisitoire  contre  les  émissions  de  monnaies 
faites  sur  les  ordres  des  vices-légats  successifs 
Philonardi,  Mazarin  et  Sforza.  Le  nom  de  Maza- 
rin  est  passé  sous  silence,  quoique  les  plaintes 
formulées  visent  aussi  les  mesures  monétaires 
qu'il  crut  devoir  prendre.  Les  premiers  magis- 
trats de  la  cité  d'Avignon  demandaient  l'inter- 
vention  formelle   du  souverain   pontife   et  blâ- 

(1)  Chambre  Apostolique  d'Avignon, 

(2)  D'après  une  copie  fautive  de  Paul  Achard,  se  trouvant  dans  ses 
papiers  au  Musée  Calvet.  Le  texte  original  fait  partie  des  archives 
municipales  d'Avignon.  Il  n'est  pas  classé;  je  n'ai  pas  pu  le  retrouver. 


73 

maient  ouvertement  le  vice-légat   en  fonctions, 
Frédéric  Sforza. 

VIL 

On  peut  lire  dans  les  Mémoires  de  V Académie  de 
Vmicluse  (i),  une  ordonnance  rendue  par  le  pro- 
vice-légat de  Mazarin,  le  i5  mai  1637,  relative- 
ment aux  faux  patards.  Les  trois  états  du  Comtat 
Venaissin  et  le  procureur -général  d'Avignon 
s'étaient  fait  l'écho,  auprès  de  ce  prélat,  des 
plaintes  du  commerce  au  sujet  des  «  petits  pataz 
noirs  à  deux  clefs,  faux  et  contrefaitz  ».  Fabrice 
de  la  Bourdaisière  décida  que  tous  les  détenteurs 
de  patards  quelconques  devaient,  avant  de  les 
mettre  en  circulation,  les  montrer  «  aux  commis 
qui  seront  spécialement  députés  »,  pour  en  effec- 
tuer «  la  triaille  et  séparation  et  ceulx  qui  seront 
recognus  faulx,  estre  par  iceulx  commis,  en  pré- 
sence des  parties,  coupés  et  sizellés  (2)  et  les  pièces 
rendues  aux  dites  parties  ». 

Le  pro-vice-légat  de  Mazarin  rendit  deux  ordon- 
nances, absolument  inédites,  relatives  au  billon- 
nage,  le  11  février  et  le  4  mars  1637  : 

«  1°  Du  mandement  de  Monseigneur  Illustris- 
»  sime  et  Révérendissime,  évesque  de  Cavaillon, 
»  pro-vice-légat  pour  Monseigneur  l'Illustrissime 
»  Julie  (sic)  Mazarin,  vice-légat  et  gouverneur 
»  général  ez-cité  et  légation  d'Avignon  et  à  la 

(0  i885,  p.  170. 
(2)  Cisaillés. 


74 

»  requeste  de  Monsieur  Sébastien  Bourdon,  fer- 
»  mier  général  des  Monnoyes  de  Nostre  Sainct 
»  Père  en  cet  Estât,  joint  à  luy  illustre  seigneur 
»  Monsieur  François  de  Labeau-Bérard,  advocat 
»  et  procureur  général  de  Nostre  Sainct  Père,  ez- 
»  cité  et  légation  du  dict  Avignon, en  exécution  et 
»  conformité  des  ordres  cy-devant  faicts ,  et  notam- 
»  ment  le  vingt  huictiesme  septembre  mil  six 
»  cent  trante  trois,  par  ces  présentes  est  inhibé  (i) 
»  et  déffandu  à  toutes  personnes  de  quelle  qualité 
»  et  condition  que  ce  soit  de  billoner,  achepter, 
»  ny  vendre,  ny  faire  achepter  ou  vendre  de  billon 
»  en  or  ou  en  argent,  monoié  ou  non  monoié, 
»  ny  autre  mestail  meslé  et  servant  de  billon,  tant 
»  en  ceste  ville  que  ailleurs  dans  le  présent  estât, 
»  transporter  ny  faire  transporter  le  dict  billon 
»  hors  d'icelluy ,  le  tout  sans  l'exprès  consantement 
»  du  dict  sieur  fermier  général  et  licence  de  mon 
»  dict  seigneur,  à  paine  de  confiscation  du  dict 
»  billon  et  de  vingt  cinq  marcs  d'argent  qu'encou- 
»  riroyt  chascun  des  vandeurs,  achepteurs  et  entre- 
»  meteurs  ou  courratiers  (2),  aplicables  au  fisc  de 
»  Sa  Sainteté  sans  autre  déclaration,  le  tiers  de 
»  laquelle  confiscation,  dès  maintenant  comme 
»  pour  lors,  appartiendra  au  dénonciateur  ou 
»  dénonciateurs  de  tels  contrevenants,  lesquels 
»  seront  tenus  secrets,  et  le  restant  appartiendra 
»  un  tiers  à  la  révérende  Chambre  et  l'autre  tiers 

(1)  Inhibere. 

(2)  Courtiers  en  provençal. 


75 

»  au  dict  sieur  fermier.  Mandant  et  commandant 
»  mon  dict  seigneur  à  tous  juges,  magistrats, 
»  justiciers,  officiers  de  Nostre  Sainct  Père  et  à 
»  chascun  d'iceux  de  procurer  l'exécution  des 
»  présentes,  lorsque  seront  requis  par  les  dits  ins- 
»  tants(i),  etleurpresteraide,faveur  et  assistance, 
»  à  paine  de  désobéivssance,  et  à  ce  que  aucun  ne 
»  puisse  alléguer  ignorance  des  présentes,  mon 
»  dict  seigneur  a  voulu  et  ordonné,  veut  et  or- 
»  donne  les  présentes  estre  publiées  àson  et  cry  de 
»  trompe  et  affigées  (2)  par  tous  les  lieux  et  carre- 
»  fours  de  la  présente  ville  et  autres  lieux  du  comté 
»  que  besoing  sera. 

»  Donné  en  Avignon  au  palais  apostolic,  ce 
»  onziesme  jour  du  mois  de  febvrier  mil  six  cens 
»  trente  sept. 

»  F.  Ep.  Cav.,  p.  V.  leg.  (3).  » 

Cette  ordonnance  fut  publiée  à  Avignon,  le 
16  février  lôSy,  par  Jean  Palme  «  trompette  juré 
du  dict  Avignon  ».  Elle  ne  donna  pas  les  résultats 
qu'on  attendait.  Le  transport  du  billon  continua 
à  être  effectué  sur  une  vaste  échelle. 

Fabrice  de  la  Bourdaisière  se  vit  contraint  de 
prendre  une  nouvelle  décision  : 

(i)  Demandeurs  [instare). 

(2)  Affichées. 

(3)  Copie  d'une  ordonnance  de  Monseigneur  l'évesque  de  Cavaillon, 
provicelégat,  an  sujet  du  billionage  de  l'an  lôSy,  cottée  G,  no  7.  — 
Archives  d'Avignon,  boite  17. 


76 

«  Du  mandement  de  Monseigneur  riUustrissime 

»  et  Révérendissime  Julie  (sic)  Mazarin,  refféran- 

»  dère  de  l'une  et  l'aultre  signature,  vicelégat  et 

»  gouverneur  général  en  ceste  cité   et  légation 

»  d'Avignon  et  à  la  requeste  de  Monsieur  l'advo- 

»  cat  et  procureur  général  de  Nostre  Sainct  Père 

»  en  ceste  dicte  cité  et  légation  du  dict  Avignon, 

»  ayant  au  préalable  sa  dicte  Seigneurie  lUustris- 

»  sime  révocqué,  comme  révocque  par  les  pré- 

»  sentes,  toutes  criées  et  proclamations  faictes  de 

»  l'authorité  des  antécesseurs  de  sa  dicte  Seigneu- 

»  rie  Illustrissime  que  sienne  sur  le  faict  du  billon 

»  et  notamment  celle  du  onziesme  de   febvrier 

»  dernier  et  réduisant  toutes  les  dictes  criées  aux 

»  présantes  qu'a  voulu  et  veut  mon  dict  seigneur 

»  avoir  effaict  tant  seulement,  conformément  à 

»  autre  criée  faicte  le  quinziesme  febvrier  de  l'an- 

»  née  mil  six  cents  trante  quatre.  Est  inhibé  et 

»  deffandu  à  toutes  persones,  dequel  estât,  degré 

»  et  condition  qu'ils  soient^  de  transporter  ny  faire 

»  transporter  hors  la  présante  ville  et  comté  de 

»  Venisse  du  billon  en  or  ou  argent,  monoié  ou 

»  non  monoié,  ny  autre  meslé  servant  de  billon, 

»  sans  l'expresse  licence  par  escript  de  mon  dict 

»  seigneur,  à  peine  de  confiscation  du  dict  billon 

■X  et  de  vingt-cinq  marcs  d'argent  fin  incourables 

»  (sic)  par  chasque  contrevenant,  sans  aultre  décla- 

»  ration  ;  un  tiers  de  laquelle  confiscation  dès  main- 

»  tenant  comme  pour  Ihors  appartiendra  au  fisc  de 

»  Nostre  Sainct  Père,  l'aultre  tiers  au  sieur  fer- 


77 

»  mier  général  de  la  Monoie  et  le  restant  au  dénon- 
»  dateur  de  tels  contrevenants,  lequel  sera  tenu 
»  secret.  Mandant  et  commandant  mon  dict  sei- 
»  gneur  à  tous  juges,  magistrats,  justiciers  et  offi- 
»  ciers  de  Nostre  Sainct  Père  et  à  chascun  d'iceulx 
»  de  procurer  l'exécution  des  présantes,  lors  que 
»  requis  seront  par  le  dict  sieur  advocat  et  luy  pres- 
»  ter  aide,  faveur  et  assistance,  àpainededésobéis- 
»  sance.Etàce  que  aucun  ne  puisse  alléguer  igno- 
»  rance  des  présantes,  mon  dict  seigneur  a  voulu 
»  et  ordonné,  veut  et  ordonne  ces  présentes  estre 
»  publiées  à  son  et  cry  de  trompe  et  affigées  par 
»  tous  les  lieux  et  carrefours  de  la  présente  ville  et 
»  autres  lieux  du  comté  que  besoing  sera. 

»  Donné  au  palais  apostolique  du  dict  Avignon 
»  le  quatriesme  mars  mil  six  centz  trante  sept. 

»  F.  Ep.  Cav.,  p.  V,  leg.  (i).  » 
Roger  Vallentin. 

(i)  Copie  d'une  ordonnance  de  Monseigneur  l'évesquede  CavailU  n, 
provrcelégat,  au  sujet  du  billionage  de  Van  lôSy,  cottée  G,  n"  7.  — 
Archives  d'Avignon,  boîte  17. 


78 


^N   1 


con'ce:<nant  les 


CORPORATIONS  DE  MEDECINS,  CHIRURGIENS,   BARBIERS 

AUX  XVIie   ET   XVIIie   SIÈCLES. 


Planche    II. 
I. 


NOUVEAU    SCEAU    DE    LA     FACULTE    DE   MEDECINE    DE 
PONT-A-MOUSSON. 

Postérieurement  aux  recherches  que  je  fis  paraî- 
tre en  1873,  sur  les  sceaux  médicaux  de  Lor- 
raine (i),    M.    le    chanoine   Hyver  nous  révéla 

(1)  Cf.  :  a,  Sceaux  des  anciennes  institutions  médicales  de  Pont- 
à-Mousson  et  de  Nancy,  par  J.  Chautard,  1  broch.  in-S».  (Extrait 
des  Mémoires  de  la  société  de  Médecine  de  Nancy  pour  1871-1872 
et  de  la  Rev.  num.  belge,  5^  série,  t.  VI,  année  1874,  avec  planches.) 

b)  La  Faculté  de  médecine  de  l'université  de  Pont-à-Mousson,  par 
l'abbé  Hyver,  i  broch.  in-8°,  1876.  (Extrait  des  Mém.  de  la  Soc. 
d'arch.  lorraine  pour  1876.) 

c)  Essai  sigillographique,  par  le  Dr  Dauchez,  à  propos  de  la 
société  de  Saint-Luc,  Saint-Côme  et  Saint-Damien.  1891,  broch.  in-8", 
avec  de  nombr.  vignettes  dans  le  texte.  (Extrait  des  Mém.  de  la  Société 
de  médecine  de  Lille,  1890.) 

d)  Mœurs  et  usages  des  corporations  de  métier  de  la  Belgique 
et  du  nord  de  la  France,  par  Félix  de  Vigne,  un  volume  gr.  in-S°. 
Gand,  1857.  (Planches  XXIX,  XXX  et  XXXI,  sceaux  des  barbiers  de 
Bruxelles,  Audenarde,  Bruges,  etc..) 


79 

l'existence  d'un  nouveau  cachet  de  la  faculté  de 
médecine  de  Pont  à-Mousson,  reproduit  depuis 
par  M.  le  docteur  Dauchez  dans  un  intéressant 
essai  sigillographique  relatif  à  Saint-Luc,  patron 
des  anciennes  facultés  de  médecine  de  France. 
Peut-être  ne  sera-t-il  pas  indifférent  aux  lecteurs 
de  la  Revue  de  connaître  ce  nouveau  sceau  qui  est 
circulaire  et  d'un  diamètre  légèrement  inférieur  à 
celui  de  la  pièce  décrite  dans  mon  premier  travail 
sous  le  nom  de  Sigillum  magnum  :  62  millimètres 
au  lieu  de  66  que  portait  cette  dernière.  J'y  joins  la 
gravure  sur  bois  que  M.  le  docteur  Dauchez  a  bien 
voulu  me  confier. 


On  lit  d'abord  en  légende   circulaire,  placée 


8o 

entie  un  double  filet  intérieur  et  une  bordure  exté- 
rieure formée  de  calices  de  fleurs  se  pénétrant 
l'un  l'autre  :  «  ♦  SIGILLVM  «i-  RECENS  *  FA- 
CVLTATIS  *  MEDICIN^  *  PONTI  '^  MVSSI  », 
le  tout  précédé  d'une  croix  à  pieds  fichés,  et  les 
mots  intercalés  d'une  très  petite  croisette  de 
même.  Dans  le  champ,  on  voit  trois  personna^^es 
portant  la  toque  et  la  longue  robe  de  docteur. 

Deux  d'entre  eux  sont  debout  et  ont  sur  les 
épaules  une  pèlerine  de  fourrure.  Ils  tiennent  dans 
la  main  divers  attributs  :  l'un  a  dans  la  droite  un 
CŒur  enflammé  et  dans  la  gauche  le  miroir  sym- 
bolique de  la  médecine,  dont  le  manche  se  con- 
fond avec  un  objet  assez  peu  distinct  que  le  second 
personnage  porte  de  la  main  droite  et  qui  pourrait 
être  un  serpent,  tandis  que  de  la  gauche  il  tient 
une  espèce  de  sceptre  ou  bâton,  rappelant  celui 
que  roulait  à  la  main  la  personne  que  l'on  sai- 
gnait, afin  de  faciliter  l'écoulement  du  sang.  Le 
troisième  personnage,  coiffé  comme  les  deux 
autres,  mais  vêtu  smiplement  de  la  robe  à  larges 
manches,  sans  chape  de  fourrure,  est  a  genoux, 
dirigé  à  gauche  de  profil  et  les  mains  jointes  vers 
les  deux  premiers.  Au-dessus,  flotte  une  bande- 
rolle  ou  phylactère  avec  ces  trois  abréviations  : 
ANA  PEY  POI,  semblant  désigner  ainsi,  par 
des  mots  grecs  abrégés,  les  sciences  enseignées 
alors  à  la  faculté  de  médecine.  ANA  serait  l'abré- 
viation de  ANATOMIA,  anatomie  et  chirurgie, 
sciences  indiquées  du  reste  assez  clairement  par 


8i 

les  emblèmes  que  porte  le  premier  de  ces  person- 
nages; POI,  de  POIA,  herbe,  indiqueva.it  la  botani- 
que; enfin  PEY,  de  PEUSIS,  rappellerait  la  thé- 
rapeutique, l'une  des  branches  importantes  de  la 
science  médicale. 

Tout  porte  à  croire  que  les  personnages  du 
milieu  représentent  Saint-Côme  et  Saint-Damien, 
patrons  comme  Saint  Luc  de  la  médecine,  et  le 
personnage  agenouillé  figurerait  le  candidat  qui 
attend  d'être  investi  du  pouvoir  de  guérir.  Ces 
deux  saints  avaient,  du  reste,  dans  l'église  Saint- 
Laurent,  paroisse  des  médecins  et  des  légistes  à 
Pont-à-Mousson,  une  chapelle  qui  leur  était  con- 
sacrée et  une  congrégation  sous  le  vocable  de 
Saint  Côme  et  de  Saint-Damien. 

La  matrice  de  ce  sceau  n'existe  plus,  mais 
l'empreinte  en  cire  en  est  conservée  à  la  biblio- 
thèque de  Pont-à-Mousson  ;  elle  est  renfermée 
dans  une  capsule  de  fer  blanc,  comme  les  sceaux 
des  autres  facultés. 

L'iconographie  chrétienne  a  donné  quelquefois 
comme  caractéristique,  aux  S. S.  Côme  et  Damien, 
le  serpent  d'Esculape  enroulé  autour  d'un  bâton 
et  a  revêtu  les  deux  saints  des  insignes  du  docto- 
rat universitaire  :  bonnet  carré,  chape  herminée,' 
longue  robe,  etc.,  et  ainsi  que  nous  le  dirons  plus 
loin,  on  a  vu  à  la.  main  de  ces  mêmes  saints,  un 
cylindre,  un  étui  d'instruments  de  chirurgie,  un 
bocal  de  pharmacien  et,  comme  cela  pourrait 
être  sur  notre  sceau,  une  baguette  rappelant  le 

Année   1896.  6 


82 

bâton  manié,  pendant  la  saignée,  par  le  malade. 
Quelle  était  la  destination  de  chacun  des  deux 
sceaux  de  la  faculté  de  médecine  de  Pont-à- 
Mousson?  On  ne  peut  à  ce  sujet  que  se  livrer  à 
des  conjectures.  Dans  certaines  universités,  on 
retrouve  la  mention  de  trois  sceaux,  l'un  de 
baccalauréat,  un  autre  pour  la  licence,  un  troi- 
sième pour  la  maîtrise  ou  doctorat.  Dans  son 
histoire  de  «  Rabelais  à  l'ancienne  faculté  de  méde- 
cine de  Montpellier  »(i),  le  docteur  Gordon  repro- 
duit la  matrice  des  trois  sceaux  de  formes  diffé- 
rentes, d'inégale  grandeur,  réservés  à  la  sanction 
des  épreuves  en  question.  La  mention  sigillum 
magnum  sur  le  plus  ancien  de  nos  deux  sceaux, 
celui  que  nous  avons  décrit  autrefois,  semble 
indiquer  à  Pont-à-Mousson,  comme  à  Montpellier, 
l'existence  d'autres  cachets  de  grandeur  et  de 
destination  différentes,  celui-ci  étant  réservé  à  la 
consécration  doctorale.  Le  second,  de  date  plus 
récente,  à  en  juger  non  seulement  par  l'inscription 
mais  par  l'ensemble  de  sa  facture,  aurait  été 
destiné  aux  épreuves  de  baccalauréat  ou  de 
licence,  et  pourrait  être  contemporain  de  l'édit 
promulgué  le  6  janvier  lôgg  par  le  duc  Léopold, 
au  moment  de  sa  rentrée  dans  ses  Etats,  pour 
restituer  à  la  faculté  de  médecine  de  Pont-à- 
Mousson  son  ancienne  splendeur. 

(i)  Fr.  Rabelais  à  la  Faculté  de  Montpellier ,    1876,  pp.  i3  etsuiv. 


83 
II. 

SCEAU  DU  COLLÈGE  DE  CHIRURGIE  DE  NANCY. 

Jusqu'à  l'abolition  des  anciennes  universités,  les 
médecins  et  les  chirurgiens  formaient  des  corpo- 
rations distinctes,  qui  étaient  loin  de  présenter 
l'accord  qui  règne  aujourd'hui  entre  les  deux  pro- 
fessions. 

Les  premiers,  supérieurs  aux  seconds  en  science, 
en  dignité,  dédaignaient,  d'après  les  préjugés  de 
l'époque,  les  opérations  manuelles,  dont  ils  aban- 
donnaient le  soin  aux  chirurgiens  et  aux  barbiers, 
qui  parfois,  de  leur  côté,  empiétaient  sur  le  terrain 
de  la  médecine.  De  là  des  luttes  perpétuelles,  des 
rivalités  sans  nombre,  des  prétentions  excessives, 
dont  on  chercha  à  atténuer  les  effets  par  la  créa- 
tion, à  côté  des  facultés  de  médecine,  d'institu- 
tions nommées  collèges  de  chirurgie. 

De  même  que  Paris ,  Rouen  et  plusieurs 
autres  villes,  Nancy  possédait  une  institution 
de  ce  genre ,  à  laquelle  se  rattache  un  sceau 
qui  fait  partie  du  Musée  lorrain  et  dont  nous 
ignorions  l'existence  à  l'époque  de  notre  travail 
sur  les  sceaux  des  institutions  médicales  de  la 
Lorraine. 

Ce  sceau,  dont  nous  avons  pu  obtenir  obli- 
geamment une  bonne  empreinte  en  cire,  est  ovale, 
de  4  centimètres  de  long  sur  3  et  demi  de  large,  et 
bordé  extérieurement  d'une  série  de  petites  étoiles. 
Le  champ,  est  occupé  par  un  cartouche,  de  même 


84 

forme  que  le  sceau,  entouré  de  deux  branches, 
l'une  d'olivier,  l'autre  de  palmier,  qui  se  confon- 
dent avec  des  ornements  en  volutes  que  surmonte 
une  couronne  de  feuillage.  Sur  ce  cartouche,  sont 
les  armes  des  chirurgiens  de  Nancy  :  d'azur  à  trois 
boîtes  d'onguent  d'or,  munies  de  leur  couvercle,  deux 
et  un,  portant  en  chef  le  chardon  de  Nancy.  En  haut 
se  trouve  la  devise  VIRTVTI  ET  MERITO, 
inscrite  circulairement,  puis  en  bas  ces  autres 
mots  en  lettres  capitales,  comme  les  précédents, 
mais  plus  petits  :  COL  •  R  •  —  CHIR  •  NAN  • 
Abréviation  de  Collège  royal  de  chirurgie  de  Nancy, 
indiquant  ainsi  l'usage  spécial  du  cachet.  (PL  II, 
n"  I.) 

On  retrouve  les  mêmes  meubles  sur  les  armes 
des  chirurgiens  de  Paris,  de  Rouen  et  autres  villes 
avec  une  fleur  de  lis  en  abîme  comme  brisure. 
Quant  à  la  devise  virtuti  et  merito,  elle  n'est  pas 
spéciale  aux  chirurgiens  de  Nancy.  On  la  voit 
accompagnan  t  l'écu  de  la  famille  espagnole  Lopez 
de  la  Huerta,  ainsi  que  la  croix  de  divers  ordres 
chevaleresques  :  ordre  équestre  des  Etats  romains 
fondé  en  1847  P^i"  S.  S.  le  Pape  Pie  IX;  ordre 
d'Espagne  de  Charles  III ,  fondé  en  1771  par 
Charles  III,  roi  des  Deux-Siciles  et  ensuite  d'Es- 
pagne (i). 

Ce  fut  en  1770  que  les  chirurgiens  obtinrent  du 
roi  Louis   XV  l'autorisation  d'avoir   une   école 

(i)  Dictionnaire  des  devises  de  Cuk^^&ruT  et  ^Avsi^,  t.  II,  p.  741. 


85 

dans  le  collège  qu'ils  avaient  fondé  à  Nancy  et 
c'est  de  cette  époque  vraisemblablement  que  date 
le  sceau  dont  nous  donnons  la  description. 

III. 

SCEAU    ET   ENSEIGNES   DE   BARBIERS. 

Concurremment  avec  les  chirurgiens  qui  visaient 
à  l'omnipotence  de  leur  art,  se  trouvait  la  petite 
corporation  des  barbiers  considérés  comme  une 
espèce  d'exécuteurs  des  basses  œuvres  chirurgi- 
cales, mais  qui  voulaient  aussi  se  faire  une  place 
honorable  (i). 

En  i5yi,  les  barbiers  de  Paris  (2)  avaient  mis 
leur  confrérie  sous  l'invocation  du  Saint-Sépulcre. 
Peut-être  doit-on  à  cette  circonstance  le  choix  du 
monogramme  du  Christ  IHS,  que  l'on  trouve  joint 
au  blason  de  plusieurs  d'entre  eux,  en  France 
tout  aussi  bien  qu'en  Lorraine. 

On  rencontre,  en  effet,  dans  l'église  paroissiale 
de  Vézelise,  de  curieux  vitraux  qui  semblent  con- 
firmer cette  manière  de  voir  et  dont  la  description 
a  été  donnée  par  M.  Bretagne,  en  187g  (3). 

L'un   des   vitraux   de  la   chapelle    latérale  de 


(1)  DiGOT,  l'historien  de  la  Lorraine,  a  donné  sur  la  profession  des 
barbiers-chirurgiens  au  xvii*  siècle  des  détails  intéressants,  insérés  au 
journal  l'Espérance,  de  Nancy,  du  22  août  1844. 

(2)  Voir  CoRLiEU  :  L'ancienne  Faculté  de  médecine  de  Paris, 
p.  168. 

(3)  Cf.  MÉMOIRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  d'archéologie  LORRAINE,  année  1879, 
Description  de  l'église  de  Vézelise  (pp.  iSoetsuiv.). 


86 

gauche,  sous  le  vocable  de  Saint-Joseph,  «  porte 
le  monogramme  du  Christ,  dans  une  couronne 
de  feuillage  vert  et  au-dessous,  en  forme  d'écu 
armorié,  l'enseigne  d'Etienne  Thouvenin,  barbier 
juré  à  Vézelise,  représenté,  agenouillé,  les  mains 
jointes,  vêtu  d'une  robe  bleu  fourrée  ». 

Cet  écu  -  enseigne ,  que  nous  reproduisons 
(pi.  II,  n°  2),  est  coupé  en  chef  d' argent,  chargé  d'une 
palette  de  chirurgien  de  gueules,  dans  laquelle  coule 
du  sang,  en  pointe  d'azur  avec  deux  roses  placées 
en  fasce.  La  partie  inférieure  du  vitrail,  en 
verre  blanc,  contenait  autrefois  une  inscription, 
enlevée  antérieurement  à  la  Révolution  (i),  et 
ainsi  conçue  :  «  Sous  cet  autel  gU  le  corps  de  Thou- 
venin, barbier  juré,  et  Aurèle,  sa  femme,  qui  mou- 
rurent en  i52g.  Prié  Dieu  pour  eux.  Léonard  Thou- 
venin, leur  fils,  fit  faire  ces  verrières  et  les  donna  à 
l'église  de  céans.  Prié  Dieu  pour  eux  ». 

Cette  mention  de  deux  verrières  vient  de  ce 
qu'on  comptait  probablement  pour  une  verrière, 
chacun  des  deux  compartiments  séparés  par  le 
meneau  de  la  fenêtre. 

Sur  le  vitrail  du  compartiment  de  droite  est 
répété  le  monogramme  du  Christ  dans  une  cou- 
ronne, avec  divers  personnages  dont  l'un  est  le 

(1)  Ces  renseignements  sont  extraits  d'un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque du  Musée  lorrain,  intitulé  :  Origine  du  comté  de  Vaudémont, 
par  Charles  Féron,  p.  7.  Cet  auteur  était  procureur  du  roi  :iu  bail- 
liage de  Vaudémont  et  subdélégué  du  chancelier  à  Vézelise;  il  est 
mort  en  1750. 


87 

donateur  Léonard  Thouvenin,  agenouillé  auprès 
de  Saint  Léonard,  patron  des  prisonniers  (i). 

Le  sentiment  religieux  était  si  profondément 
entré  dans  les  mœurs  aux  xvi^  et  xvii"  siècles,  que 
nous  voyons  beaucoup  de  familles  en  manifester 
l'expression  parle  monogramme  du  Christ,  intro- 
duit dans  leur  blason.  Constatons,  en  particulier, 
la  famille  Périchon,  dont  un  membre,  Guillaume 
Périchon,  consul  de  Paris  en  i653,  fut  en  même 
temps  receveur  général  des  pauvres  et  adminis- 
trateur des  hôpitaux  de  l'Hôtel -Dieu  et  de  la 
Trinité.  Sur  un  de  ses  jetons,  cité  dans  l'ouvrage 
de  d'Affry  de  la  Monnaie,  page  ig6,  se  trouve  un 
écu  portant  le  monogramme  du  Christ,  sommé 
d'une  croix  et  soutenu  d'un  cœur  chargé  de  trois 

(i)  FÉLIX  Vigne,  dans  son  ouvrage  intitule  :  Mœurs  et  usages  des 
corporations  de  métiers  de  la  Belgique  et  du  nord  de  la  France, 
cite  et  représente  (pi.  XXX,  n°  5)  le  blason  d'un  maître  barbier  de 
Bruxelles  sur  lequel  se  trouve  le  monogramme  du  Christ  IHS,  comme 
pièce  principale. 

Le  même  auteur  cite  d'autres  cachets  de  barbiers-chirurgiens  dont 
les  gravures  viennent  à  l'appui  de  plusieurs  assertions  développées 
plus  haut  : 

Ainsi  1°  le  sceau  des  barbiers  de  Bruxelles  porte  au  milieu  Saint 
Côme  et  Saint  Damien,  l'un  tenant  un  mortier  et  son  pilon,  l'autre 
une  fiole  (pi.  XXX,  n«  4); 

2"  Sur  le  sceau  des  chirurgiens-barbiers  de  la  ville  d'Audenarde,  on 
a  représenté  les  deux  patrons  de  la  confrérie  Saint-Côme  et  Saint- 
Damien,  ayant  chacun  un  va^e  ou  une  fiole  en  main  (pi.  XXIX,  n°  2), 
tandis  que  de  l'autre,  ils  tiennent  un  bâton  ; 

3°  Les  mêmes  saints  sont  gravés  sur  le  sceau  des  chirurgiens-bar- 
biers de  Bruges.  Chacun  d'eux  tient  d'une  main  une  fiole,  tandis  que 
de  l'autre  ils  portent  un  livre  (pi.  XXIX,  n"  3). 


88 


n 


clous;  indications  héraldiques  incomplètes,  vu 
l'absence  des  émaux.  L'écu  est  enveloppé  d'une 
couronne  formée  d'une  palme  et  d'une  branche 
de  laurier.  Ce  jeton  est  reproduit  sur  la  planche  II, 
n°  5,  d'après  l'exemplaire  de  notre  collection. 

Mentionnons  encore  la  famille  d'Etienne 
Geoffroy,  célèbre  apothicaire  de  Paris,  et  échevin 
de  i636  à  1637,  dont  les  armes  étaient  d'azur  au 
monogramme  du  Christ  d'or,  accompagné  en  chef  de 
deux  boules  d'or  et  en  pointe  d'une  sphère  céleste  (i). 
(PL  II,  n°  3.) 

IV. 

QUELQUES  JETONS   DES   CHIRURGIENS   DE   PARIS. 

Les  attributions  des  barbiers  ou  chirurgiens  à 
robe  courte,  sont  parfaitement  définies  sur  un 
jeton  qui  fait  partie  de  notre  cabinet  et  qui  sem- 
ble être  une  sorte  de  méreau,  servant  pour  ainsi 
dire  d'ordonnance  ou  mot  de  passe  à  remettre  au 
barbier  par  le  malade  auquel  une  saignée  devait 
être  faite.  Bien  que  ne  rentrant  pas  précisément 
dans  l'objet  de  cette  notice,  la  pièce  est  assez 
curieuse  pour  que  nous  croyons  devoir  en  donner 
ici  la  description  :  d'un  côté,  un  bras  tendu 
qu'une  main  saigne  avec  la  lancette  ;  le  sang 
coule  dans  une  palette  posée  sur  une  table,  tandis 
que  la  main  du  patient  roule  le  bâton  traditionnel. 

(1)  Armoriai  des  gouverneurs,  lieutenants,  prévôts  des  marchands, 
échevins,  etc.,  de  la  ville  de  Paris,  gravé  par  Beaumont,  i6g8. 


89 

En  légende  circulaire,  entre  un  grènetis  et  un  filet, 
une  rose  suivie  de  ces  mots  NE  PARS  SINGERA 
TRAHATVR  {de  peur  que  la  partie  saine  ne  soit 
atteinte).  Au  revers,  une  flamme  au-dessus  de 
l'eau,  entourée  des  mots  VIX  •  NATA  •  EXTIN- 
GVITVR  •  entre  un  filet  intérieur  et  un  grènetis 
extérieur  {par  ce  traitement,  le  mal,  symbolisé  par  la 
flamme,  est  étouffé  à  sa  naissance).  En  exergue,  au- 
dessus  d'un  filet,  la  date  i635.  (PL  II,  n°4.) 

Ce  jeton  a  déjà  été  indiqué  dans  le  tome  XXV 
du  Magasin  Pittoresque,  année  i857,  page  25,  Il  en 
est  de  même  de  deux  autres  jetons,  fort  bien  gravés, 
des  chirurgiens  de  Paris  que  nous  mentionnons 
pour  terminer,  en  y  ajoutant  un  troisième,  complè- 
tement inédit  : 

A.  D'un  côté,  deux  médecins,  figures  de  Saint 
Côme  et  Saint  Damien,  patrons  de  la  médecine, 
coifl"és  du  bonnet  carré,  vêtus  d'une  longue  robe, 
avec  pèlerine  de  fourrure  :  l'un  debout,  l'autre 
agenouillé  près  du  lit  d'un  malade  dont  ils  pren- 
nent la  main  et  auquel  ils  semblent  présenter  un 
remède  ;  des  lits  d'infirmerie  dans  le  fond  à  droite. 
Ce  sujet  est  entouré  d'une  légende  circulaire,  com- 
mençant par  une  croix:  +  S.  S.  COSMA  •  ET  • 
DAMIANVS  •  1668  • 

De  l'autre  côté,  écu  des  chirurgiens  avec  la 
légende:  +  SCOLA  •  REGIA  •  M.  M.  (magistro- 
rum)  CHIRVRGIi'  {chirurgicorum  PARISIEN- 
SIVM.  (PL  II,  n"  6,) 

B'  Table   de  dissection  à  pivot    mobile,   sur 


90 

laquelle  est  étendu  un  cadavre;  derrière,  une 
femme  debout  (sans  doute  Hygie,  déesse  de  la 
santé),  procède  à  l'examen  des  viscères  par  la  dis- 
section de  l'abdomen;  le  socle  de  la  table  porte 
circulairement  sur  la  base  les  mots  :  AVRY  •  F  * 
{■pour  fecit),  nom  du  graveur  (i).  La  légende  du 
pourtour  présente  en  tête  une  étoile  suivie  des 
mots  :  *  REPERIT  •  MONSTRATQ'  {que)  IN  • 
MORTE  •  SALVTEM  •  {Elle  découvre  et  enseigne 
le  salut  dans  la  mort  même.) 

Du  côté  opposé,  écu  des  chirurgiens,  surmonté 
d'un  soleil  rayonnant  figurant  le  roi,  avec  deux 
serpents  dressés  sur  leur  queue  pour  supports, 
accostés  au  bas  des  lettres  P  et  R,  dont  nous  n'avons 
pu  découvrir  la  signification  (2).  En  légende,  les 
mots  VIGENT  •  SVB  •  LVCE  •  BENIGNA  •  {Ils 
sont  florissants  sous  un  soleil  bienfaisant. ){^\.  Il,  n°7.) 

(1)  Plusieurs  graveurs  du  nom  de  Aury  ont  exercé  leur  profession 
dans  le  courant  du  xvne  siècle.  C'est  d'abord  Augustin  Aury,  qui 
paraît  en  1648  comme  graveur  de  cachets.  Son  décès,  d'après  le 
dictionnaire  de  Jal,  serait  du  26  février  1661. 

Pierre  Aury,  fils  d'Augustin,  né  le  4  décembre  1622  et  mort 
en   1692. 

Antoine  Aury,  graveur  ordinaire  du  roi,  dont  le  nom  paraît,  de 
1674  à  1686,   sur  plusieurs  jetons  et  médailles. 

(2)  Plusieurs  jetons  de  Rouen  de  la  fin  du  xviie  siècle  sont  signés 
P.  R.  et  semblent  indiquer  le  graveur  Pierre  Racine  de  Borcherville, 
qui  a  travaillé  à  la  Monnaie  de  Rouen  de  1701  à  171 3,  ou  bien  son  fils, 
de  même  prénom,  qui  a  rempli  des  fonctions  analogues  de  1713  à  1743. 
Mais  rien  n'indique  la  conclusion  que  l'on  pourrait  en  tirer  au  sujet 
de  notre  )eton,  d'une  fabrication  antérieure  à  ces  dates  et  qui  porte 
déjà  sur  l'une  de  ses  faces  le  nom  d'un  autre  graveur. 


9ï 

C.  Buste  de  Saint  Louis  couronné  et  drapé, 
monté  sur  un  socle  derrière  lequel  se  trouvent  le 
sceptre  et  la  main  de  justice  croisés.  Ce  buste  est 
posé  sur  une  table  et  porte,  en  avant  du  pied,  en 
guise  d'exergue,  l'écu  royal  aux  trois  fleurs  de  lis. 
La  légende  consiste  dans  les  mots  :  DIVVS  • 
LVDOVICVS  •  IX  •  FRANCORVM  •  REX  • 

Au  revers  :  écu  des  chirurgiens  de  Paris,  repo- 
sant sur  des  volutes  qu'entoure  de  chaque  côté 
une  branche  de  palmier.  La  fleur  de  lis  de  l'écu 
est  environnée  d'une  gloire.  En  légende  les  mots  : 
^  '  SOCIET  •  CHIRVR  •  PARIS  •  FVNDAT  • 
1268  •  En  exergue,  sur  deux  lignes  :  SCOLA  • 
REGIA  •  CHIRVRG  •  PARISIEN  •  ;  au-dessous  : 
1690.  (PL  II,  n°  8.) 

Les  maîtres  en  chirurgie  de  Paris  tenaient,  en 
effet,  leurs  privilèges  de  Saint  Louis,  et  furent 
constitués  en  collège  l'an  T268,  date  mentionnée 
sur  le  jeton  bien  que  les  bases  en  aient  été  posées 
dès  1226  (i). 

J.  Chautard. 

(i)  Voir  CoRUEU  :  L' ancienne  faculté  de  médecine  de  Paris,  p.  164. 


92 


SCEAU 

lliAlLLESET 


DE  LA  VILLE  DE  HASSELT. 


Planche  III. 


La  ville  de  Hasselt,  capitale  effective  de  l'ancien 
comté  de  Looz,  devenue  postérieurement  l'une  des 
localités  les  plus  importantes  de  la  principauté  de 
Liège,  a  possédé,  dans  le  cours  des  siècles,  des 
gildes  armées  puissantes  qui,  non  seulement  con- 
couraient au  maintien  de  Tordre  intérieur  mais 
servaient  aussi  à  la  défense  des  remparts.  Ces  gildes 
mi-bourgeoises  mi-militaires,  dont  nous  entre- 
prenons l'histoire  interne  et  détaillée  dans  une 
autre  publication  archéologique  (i),  nous  ont  laissé 
quelques  documents  métalliques  qu'il  importe  de 
tirer  de  l'oubli  et  dont  l'étude  appartient  à  notre 
société  de  numismatique.  Les  documents  de  cette 
nature,  il  faut  bien  l'avouer,  ont  été,  malgré  l'intérêt 
historique  qu'ils  présentent,  peu  étudiés  dans  notre 
pays.  Ces  notes  constitueront  quelques  jalons  que 
pourra  utiliser  un  jour  celui  qui  voudra    entre- 

(i)  Ce  travail,  fait  en  collaboration  avec   M.   le  professeur  Emile 
Geraets,  de  Hasselt,  est  soumis  à  l'Académie  d'archéologie  de  Belgique. 


93 

prendre,  pour  notre  pays,  la  monographie  complète 
d'un  sujet  qui  intéresse  peut-être  autant  l'histoire 
de  l'art  que  celle  des  mœurs  et  des  coutumes  de 
nos  ancêtres. 

Les  archives  de  la  ville  de  Hasselt  ne  remontant 
pas  au-delà  de  la  fin  du  xv^  siècle,  postérieurement 
à  la  mort  de  Charles  le-Téméraire,  nous  n'avons 
pu  recueillir  aucun  renseignement  antérieur  à 
cette  époque  sur  ces  compagnies  (i). 

C'est  dans  le  compte  communal  de  1486-1487 
que  nous  voyons  la  première  mention  d'une  société 
d'archers,  qui  possédait  un  jardin  de  tir  à  Hasselt. 
Le  compte  de  l'année  suivante  signale  l'existence 
d'arbalétriers  dans  cette  ville. 

Ce  n'est  que  dix  ans  plus  tard  (1497)  que  nous 
voyons  apparaître  une  gilde  bien  déterminée,  les 
Tireurs  de  saint-Quentin,  Sint-Qitintens  schutteren, 
à  laquelle  le  magistrat  accorde  un  subside  extra- 
ordinaire. 

Au  commencement  du  xvi"  siècle,  il  existait 
encore  deux  autres  corporations  d'arbalétriers, 
celle  de  saint-Georges  et  celle  de  saint-Sébastien. 

Le   II  décembre  i5oo,  Jean  de  Hornes,  pour 

(1,  Un  très  intéressant  travail  de  M.  Josepli  Demarteau,  traitant  Du 
flamand  dans  l'ancienne  principauté  de  Liège  et  publié  dans  le  premier 
volume  des  Conférences  de  la  Société  d'art  et  d'histoire  du  diocèse  de 
Liège,  année  18H8,  nous  apprend  qu'il  existait  déjà  dans  la  première 
moitié  du  xV  siècle  une  société  d'arbalétriers  à  Hasselt.  «  En  juin  1441 , 
dit  M.  Demarteau,  la  cité  liégeoise  organisa  des  joutes  d  arbalète.  Les 
tireurs  de  Hasselt,  de  Maestricht,  de  Tongres  et  de  Bilsen  y  vinrent, 
avec  les  Hutois,  enlever  la  plupart  des  prix.  » 


94 

mettre  fin  sans  doute  aux  nombreux  tiraillements 
que  l'existence  de  plusieurs  sociétés  armées  devait 
nécessairement  produire  dans  une  petite  localité, 
résolut  de  grouper  toutes  ces  forces  en  un  seul 
faisceau,  en  accordant  à  l'écoutète,  aux  bourg- 
mestre, jurés  et  conseil  de  la  ville  de  Hasselt 
le  droit  de  créer  une  compagnie  de  tireurs  d'un 
serment  et  avec  un  serment  et  pas  davantage  (i). 

Quelques  jours  après,  les  deux  chambres  de 
tireurs  de  saint-Georges  et  de  saint-Sébastien  se 
fusionnèrent,  furent  assermentées  par  le  magis- 
trat, subsidiées  par  lui  et  devinrent  dès  lors  un 
rouage  assez  important  dans  l'organisme  com- 
munal. Ils  prirent  le  nom  de  Serment  des  Tireurs 
[Gesworene  scutters). 

Cette  corporation  n'eut  pas  la  vie  longue,  car,  à 
la  fin  de  l'année  i5o6,  elle  fut  dissoute.  Une  partie 
de  ses  membres  s'engagea  dans  la  naissante  Société 
des  arquebusiers  [cloeveniers  ou  hantbuschieters) , 
fondée  en  vertu  d'une  ordonnance  réglementaire 
du  magistrat  de  Hasselt,  à  la  date  du  7  décem- 
bre i5o6  et  se  mit  sous  l'invocation  de  saint- 
Georges.  L'autre  partie  resta  fidèle  au  drapeau 
des  arbalétriers  et  se  fusionna  avec  les  Tireurs  de 
saint-Quentin  dont  ils  adoptèrent  le  patronage. 

Le  sceau  figuré  sous  le  n°  i  de  la  planche  III 
appartient  aux  Gesworene  scutters.  Il  a  donc  dû  être 

(1)  Voir  Recueil  des  ordonnances  de  la  Principauté  de  Liège, 
i'^  série,  p.  igS.  L'original  de  cette  pièce,  écrit  en  flamand  repose  aux 
Archives  communales  de  Hasselt. 


95 

émis  entre  les  années  i5oi  et  i5o6.  C'est  sans  doute 
grâce  à  l'existence  si  éphémère  de  cette  société  qu'il 
faut  attribuer  la  parfaite  conservation,  Xo.  fleur-de- 
coin  de  ce  cachet  buriné  avec  un  art  exquis,  bien 
supérieur,  quant  à  la  gravure,  aux  monnaies  de 
l'époque  et  dont  le  réel  mérite  perpétuera  dans 
l'histoire  le  souvenir  de  ceux  qui  l'ont  fait  exécuter. 

Ce  cachet,  qui  appartient  à  notre  collection,  est 
gravé  sur  bronze  ou  sur  cuivre  rouge.  Il  est  de 
forme  ronde  et  offre  un  diamètre  de  45  millimètres. 
La  partie  centrale  représente  un  homme  sauvage 
soutenant  deux  écus.  Celui  de  droite  porte  les 
armes  de  la  ville  de  Hasselt.  Dans  celui  de  gauche 
figure  une  arbalète,  l'arme  de  la  société. 

Un  enroulement  de  rubans  remplit  les  vides 
entre  la  figure  principale  et  le  cercle  intérieur  de 
l'inscription.  Celle-ci  est  ainsi  conçue,  en  carac- 
tères gothiques  : 

6  :  lier  •  gljcsujucrcu  •  scultcrs  •  ua  •  J^assc It  • 

Les  entailles  sont  nettes  et  profondes  et  le  relief 
de  l'homme  sauvage,  porteur  des  écus,  est  remar- 
quablement accentué  et  dénote  le  travail  d'un 
artiste  supérieur. 

Les  enroulements  de  rubans  et  le  caractère  de  la 
figure  semblent  bien  indiquer,  pour  l'époque,  la 
transition  entre  le  style  ogival  et  la  renaissance 
(fin  du  xv^,  ou  commencement  du  xvi*  siècle  pour 
nos  régions). 

Cette  époque  semble  se  préciser  encore  par  le 


96 

manche,  fort  élégamment  ouvragé,  du  cachet.  Ce 
manche  est  formé  d'une  accolade,  flanquée  au 
centre,  d'un  fleuron  trifolié.  Ce  fleuron  indique 
bien  l'influence  de  la  Renaissance,  tandis  que  la 
section  quadrangulaire,  à  vive  arête,  de  l'accolade, 
ofl're  des  réminiscences,  non  douteuses,  du  style 
ogival. 

On  remarquera  que,  contrairement  à  l'usage 
généralement  adopté  à  cette  époque,  notre  sceau 
ne  porte  aucune  effigie  de  saint.  Seulement,  comme 
nous  l'avons  dit,  ce  serment  de  tireurs  s'était 
constitué  par  la  fusion  de  deux  sociétés,  dont  l'une 
avait  saint-Georges  et  l'autre  saint-Sébastien  pour 
patrons.  Pourne  pas  soulever  d'inévitables  suscep- 
tibilités, le  graveur  aura  jugé  prudent  de  remplacer 
le  saint  traditionnel  par  un  homme  sauvage,  nu, 
velu  et  écheveléjCe  symbole  de  la  force, si  souvent 
employé  dans  l'ornementation  au  moyen  âge  (i). 

La  corporation  des  arquebusiers,  issue  du  Ser- 
ment des  tireurs  ne  tarda  pas  à  acquérir  une  grande 
influence,  une  véritable  prépondérance  parmi  les 
gildes  similaires  à  Hasselt,  car  nous  coUvStatons 
que,  dans  la  deuxième  moitié  du  xvi*  siècle,  les 
arbalétriers  étaient  placés  sous  leurs  ordres. 

Aussi,  cette  Chambre  de  saint-Georges  s'intitu- 
lait-elle pompeusement  la  grande  Chambre  des 
Arqtiebusiers. 


(i)  Voir  sur  ce  sujet  un  intéressant  article  de  M.  Ch.-F.  Comhaire 
dans  le  tome  XXIII  du  Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois. 


97 

Nous  possédons  quelques  insignes  de  membre 
de  cette  confrérie  armée,  frappés  au  commence- 
ment du  xviii^  siècle. 

Ces  insignes,  en  argent  massif,  très  variables 
dans  leur  forme,leurs  dimensions  et  leur  poids  (i), 
représentent  une  croix  de  Malte  bifurquée  de  dif- 
férentes manières  aux  extrémités  des  branches,  et 
portant  en  cœur  un  médaillon  rond.  Sur  l'une  des 
faces  de  ce  dernier,  on  voit  un  saint-Georges  ter- 
rassant le  dragon  avec  la  devise  :  ''"  reddit  constia 
(sic)  fortes.  Au  revers  figurent  deux  arquebuses 
reliées  en  sautoir  par  des  rubans  et  la  date  17-16  (2). 

Voir  n"^  2,  3,  4,  5  de  la  planche  III. 

Les  arbalétriers  de  saint- Quentin  firent  frapper, 
peu  de  temps  après,  des  insignes  d'un  genre 
analogue. 

Nous  n'en  connaissons  qu'un  exemplaire  appar- 
tenant à  M.  Philippen,  de  Hasselt,  notre  ami  et 
collaborateur. 

Ils  sont  aussi  d'argent  massif  et  ont  la  forme 
d'une  croix  ancrée.  Au  centre  de  celle-ci  se  voit 
un  médaillon  ovale,  représentant,  au  droit,  un 
saint-Quentin,  les  bras  dressés,  semblant  bénir, 
et  la  légende  :  St-Quintine  ora  pro  nobis. 

Le  revers  porte  une  arbalète  surmontée  d'une 

(1)  Leur  poids  varie  entre  lo  et  i5  grammes.  Leur  longueur,  prise 
entre  les  extrémités  opposées  de  la  croix,  mesure  de  4  1/2  à  5  centim. 

(2)  M.  J,  Petit  de  Rosen  a  décrit  cette  décoration,  qui  n'a  jamais 
été  reproduite  par  la  gravure,  dans  le  tome  VI  de  la  Revue  de  la  Numis- 
matique belge. 

Année  1896.  7 


98 

couronne  et  entourée  de  deux  paires  de  flèches  en 
sautoir.  Deux  de  ces  flèches  ont  la  pointe  acérée 
et  représentent  des  projectiles  de  combat;  les  deux 
autres,  à  l'extrémité  tronquée,  constituent  des 
flèches  de  concours  de  tirs,  dont  l'agencement 
symbolise  sans  doute  la  devise  de  ces  sociétés  : 
Inpacelœiitiainbellovirtus!  En  dessous,  en  exergue, 
figurent  deux  arquebuses  également  en  sautoir. 
Des  deux  côtés  de  la  couronne,  la  date  17-17. 

Pourexpliquer,  dans  la  gravure  de  cette  médaille, 
l'association  des  deux  espèces  d'armes  qui  y  figu- 
rent, nous  dirons  que,  depuis  l'an  1548,  les  arbalé- 
triers, tout  en  se  trouvant  hiérarchiquement  sous 
les  ordres  des  arquebusiers,  étaient  chargés,  en 
même  temps,  du  service  des  arquebuses  de  rem  - 
part  conjointement  avec  leurs  collègues  de  la 
Chambre  de  saint  Georges. 

Voir  n°  6  de  la  planche  III. 

Plusieurs  autres  confréries  armées  ont  existé  à 
Hasselt  pendant  les  siècles  antérieurs,  mais  aucune 
d'entre  elles  ne  nous  a  révélé  de  souvenirs  métal- 
liques. L'avenir  nous  réserve-t-il  d'en  découvrir 
encore?  Nous  l'espérons. 


D^  C.  Bamps. 


99 


LE   FLORIN 


SXI^.-A.I^Ï'PlA.IIDSaHE     a-XJXjlDE3Sr 


Occupé  à  consulterks  actes  publiés  par  M.  Nij- 
hoff  (i),  je  fus  frappé  par  le  nom  de  Godert  van 
Stramprade,  intendant  de  Guillaume  I,  duc  de 
Gueldre. 

Je  me  demandais  de  suite  s'il  ne  pouvait  y 
avoir  quelque  rapport  entre  ce  nom  et  le  florin 
cité  par  M.  van  der  Chijs  (2),  dit  «  Strampraidsche 
gulden  ».  On  sait  que  bien  des  monnaies  ont  em- 
prunté leurs  noms  aux  maîtres  de  la  Monnaie  qui 
les  avaient  frappées;  par  exemple  les  «  Paedsche 
grooten  »,  frappés  par  le  maître  de  la  Monnaie 
PaedSjles  «  Falcon  Schilde  »,  frappés  à  Anvers  par 
Falco  de  Lampage  de  Pistoie,  etc.,  etc.  Restait 
donc  seulement  la  question  :  y  a-t-il  eu  un  maître 
de  la  Monnaie  gueldroise  du  nom  de  Stramprade? 

Le  fait  qu'en  1414  Arend  van  Stramprade  était 
chargé  de  ces  fonctions  à  De  venter,  ville  limitro- 
phe de  la  Gueldre,  augmenta  beaucoup  ma  pré- 

(1)  NiJHOFF  :  Gedenkwaardigheden  uit  de  Geschiedenis  van  Gel- 
land. 

(2)  Van  der  Chus  :  De  miinten  der  voormalige  graven  en  hertogen 
van  Gelderland,  p.  Sgo. 


lOO 


somption  qu'en  Gueldre  il  y  avait  eu  de  même 
un  maître  de  la  Monnaie  de  ce  nom,  surtout  parce 
qu'on  sait  que  ces  fonctions  étaient  presque 
héréditaires  dans  une  famille. 

D'abord  mes  recherches  n'eurent  qu'un  résultat 
négatif,  mais,  m'étant  adressé  à  M.  le  baron  Sloet, 
conservateur  des  chartes  de  la  Gueldre,  avec 
prière  de  vouloir  bien  consulter  les  pièces  renfer- 
mées dans  le  dépôt  confié  à  ses  soins,  tout  chan- 
gea de  face.  En  effet,  non  seulement  il  eut  l'extrême 
obligeance  de  me  faire  part  que  ma  présomption 
était  parfaitement  juste,  mais  il  m'envoya  eh 
même  temps  la  copie  de  trois  ordonnances,  où 
Godert  van  Stramprade  figure  comme  maître  de 
la  Monnaie  de  la  Gueldre. 

Ces  actes  (reproduits  à  la  suite  de  cette  notice 
nous  apprennent  que  Stramprade  était  en  fonc- 
tion depuis  i38o.  M.  Sloet  m'écrit,  en  outre,  que 
dans  un  acte  de  l'année  rSôg  il  est  déjà  nommé 
ff  muntmeister  in  den  lande  van  Gelren  »,  mais 
qu'en  i3go  il  est  dit  qu'il  était  alors  intendant  ou 
receveur  «  nu  ter  tijd  rentmeister  ». 

L'ordonnance  du  29  juillet  i385  dit  que  Stram- 
prade est  nommé  pour  la  durée  de  six  années 
consécutives,  ce  qui  coïncide  assez  bien  avec 
l'évaluation  qu'on  trouve  dans  M.  van  derChijs^ 
page  390,  laquelle  est  intitulée  :  Nota  van  den  Her- 
toghe  of  Grove  Munte,  où  il  est  dit  :  «  Item  int'  jair 
van  xcii  due  sluechmen  gulden  geheyten  stram- 
praidsche  gui  elck  stuk  xiiii  witden  ». 


lOl 


Or,  si  on  rencontre  Gode rt  van  Stramprade, 
tantôt  comme  maître  de  la  Monnaie  (i36g,  i38o, 
i385,  i386),  tantôt  comme  intendant  (1378,  1390, 
1392,  1394),  il  me  semble  assez  probable  qu'il  a 
réuni  ces  deux  fonctions  dans  sa  personne  et  que 
c'est  bien  à  lui  que  les  florins  mentionnés  dans 
l'évaluation  citée  ont  emprunté  leur  nom,  tandis 
que  le  titre  de  ce  document  indique  assez  qu'il  n'y 
est  question  que  de  monnaies  gueldroises. 

Il  est  presque  incroyable  que  personne,  pas 
même  M.  van  der  Chijs,  le  savant  auteur  de  l'his- 
toire monétaire  néerlandaise,  n'a  remarqué  ce 
fait,  qui  prouve  à  l'évidence  que  ce  florin  n'appar- 
tient pas  au  petit,  village  de  Stramproy,  dans  la 
province  actuelle  de  Limbourg,  mais  bien  dûment 
au  duché  de  Gueldre,  surtout  puisque  cet  écrivain 
avoue,  en  traitant  des  monnaies  de  l'abbaye  de 
Thorn,  à  laquelle  ressortissait  le  village  de  Stram- 
proy, ne  pas  connaître  de  monnaies  de  cette 
abbaye  antérieures  au  seizième  siècle. 

C'est  pour  ces  raisons  que  je  revendique  le  florin 
dit  «  strampraidsche  gulden  »  pour  la  Gueldre  et 
que  je  le  crois  frappé  par  Godert  van  Stramprade. 

Th. -M.  RoEST. 

Leyde,  mai  iSgo. 

PIÈCES    JUSTIFICATIVES. 


'i38o,   11  februari  (fol.   i3). 
WiJ  Willem  van  Gulich,  bi  der  genade  Godfe,  Hertoge 
van  Geire  ende  Grève  van  Zutphen,  doin  kont  ende  kenlich 


102 

allen   luden   dat  wij  gemaket  hebben  ende  gesat,  maken 
ende  setten  overmids  desen  apenen  brieve,  Henric  Hert- 
man,    Gadert  van  Stramprade,  Johanne  van  den    Putte 
ende  Gheerken  van  Hijnsberge,  onse  muntemeijstere  in 
onser   stat  van  Arnhem    of  in  anderen  onsen  steden  daer 
hem  des  ghenoghet,  sess  jaer  lanch  naest  na  eijnvolgende 
na  datum  des  teghenwordigen  briefs,  in  voerwarden  ende 
in   manieren  als  hier  na  bescreven  steet.  Dats  te    w^eten 
dat  onse  muntemeijsteren  vuer  genoemt  solen  maken  ende 
munten  enen  gulden  hellinch  mit  unser  wapenen  also  guet 
als  onse  Ueve  Hère  ende  neve  die  Hertoge  van   Hollant 
doet  munten   ende  maken,  ende   dijere  sal  gaen  up   die 
troijessche  marc  golds  ghewegen  tseventich.   Vortmer  so 
solen   onse  voerg.    muntemeijstere   maken  ende  munten 
eijnen  silveren  penninck  die   sal  heten  eijn  grote,  die  sal 
halden  sess  penninge  coningx  silvers,  drie  greijn  onder  of 
baven,  ende  dijere  sal  gaen  op  die  troijessche  marc  gewe- 
gen  hondert  ende  vive,  eijne  dijere  grote  onder  of  boven 
om  bevangen.  Vortmer  selen  onser  vorg.  muntemeijstere 
maken  ende  munten  eijnen  silveren  penning  die  sal  heijten 
een  half  grote,  ende  dijer  selen   twe  also  guet  wesen  als 
dijere  vorg.  grote  eijn.  Ind  van  desen  vurg.  guldenen  solen 
wij  hebben  te  sleeschat  van  der  marc  golds  wegen  eijnen 
halven  der  vuerg.  guldenen,  ind  van  den  silveren  gelde  solen 
wij  hebben  te  sleeschat  van  der  marc  ghewegen  dijere  voerg. 
grote  twe.  Voirtnier  oft  sake  were  dat  ergher  gelt  geslagen 
worde  up  onse  munte  dan  onse  gelt,  des  en  solden  onse 
voerg.  muntemeijstere  niet  te  schafîen  hebben  in  gheenre 
wiis  vorder  dan  up  hoer  busse  daer  onse  gheswaren  war- 
deijne  aver  ende  aen  hebben  geweest  bij  oren  ede  den  sij 
ons  daer  up  ghedaen  hebbe,  ind  tôt  allen  tiden  solen  onse 
vuerg.   muntemeijstere  quijt  ziin  van  der  aensprake  also 


io3 

verre  als  men  haer  busse  vint  na  inné  halden  hoerre  brieven. 
Ende  w^art  zake  dat  ijemant  up  onse  vuerg.  muntemeijs- 
tere  ghelt  spreke,  dat  solen  si  altoes  verantwerden  mit 
hoerre  bussen  ende  mit  hoerre  werdeijnen  ende  niet  voerder, 
ende  si  solen  w^esen  ende  bliven  in  allen  rechte  dat  ons 
lieven  Heren  ind  neven  des  Hertoghe  van  Hollant  munt- 
meijstere  ziin  ende  bhven.  Voirt  mer  so  hebbe  wij  gelaeft 
ind  laven  onsen  muntemeijsleren  vorg.,  horen  knapen  ende 
coepluden,  dan  niemant  van  onsen  amptluden  si  aentasden 
sal  an  hoer  hif,  noch  aen  hoer  goet,  noch  geynen  man  van 
onser  wegen  om  eijnigher  hande  saken  w^ille  die  si  misdaen 
moghen  hebben,uijt  ghesceijden  drije  punten.diefte,  moert 
ende  vrouwen  krachte.  Aile  dese  vuerg.  punten  hebben  wij 
Hertoge  van  Ghelren  voerg.  gelaeft  ende  ghelaven  in 
gueden  treuven  mit  desen  apenen  brieve  voer  ons  ende 
voer  onse  erven  onsen  muntemeijsteren  voerg.  dese  voerg. 
jaeren  uijt  vaste  stede  ende  onverbrekelich  te  halden  ende 
te  doen  halden  sonder  aile  argelist.  In  oercunde  ons  segels 
dat  wij  an  desen  brief  hebben  doen  hangen,  ind  hebben 
bevalen  heren  Hcnric  van  Steijnbergen,  praest  van  Zutphen, 
onsen  lieven  neve  ende  rentmeijstere  ons  lands  van  Gelre, 
dat  he  sûn  segel  bij  dat  onse  an  desen  brief  heft  gehangen. 
Ind  ic  Henric  van  Steijnbergen,  praest  ende  rentmeijster 
vuerg.  miins  lieven  genedigen  hère  des  Hertogen  van  Gelre 
voerg.  ;  kenne  ende  lie  dat  ic  van  geheijte  ende  bevele 
miins  lieven  heren  van  Gelre  voerg.  miin  zegel  bij  dat  sine 
an  desen  brief  hebbe  gehangen,  want  ic  mit  anders  miins 
lieven  heren  vriende  van  Gelre  voerg.  aver  dese  voers. 
dedinghe  gewest  bin  daer  die  ghededinck  wart. 

Gegeven  in't  jaer  ons  Heren  dusent  driehondert  ende 
tachtentich,  des  sonnendages  in  der  vasten  als  men  singet 
Invocavit. 


I04 


i385,  29  juli  (fol.  12). 

Wij  Willem  van  Gulich  bi  der  ghenade Gaids, H ertoge  van 
Ghelreende Grevevan Zutphen, doin  kont endekenlichallen 
luden  mit  desen  apenen  brieve  ende  bekennen  dat  wij  ghe- 
maickt  hebben  avermids  desen  apenen  brieve  Gadert  van 
Stramprade  onsen  muntemeijster  totArnhem,alsal  dairthe 
munten  van  onser  w^egen  sess  jair  lanck  na  datum  des  brief 
guldene  die  sullen  halden  ain  golde  twijntich  karaet,  ende 
dier  selver  gulden  sullen  gain  up  die  marck  ghewegens 
tseventich,  eijn  quartier  van  enen  gulden  onder  of  baven 
onbegrepen.  Voirt  so  en  sal  Gadert  onse  muntmeijster 
vorg.  noch  siin  knechte  noch  aile  die  ghene  die  eniger 
handen  goit  brengentot  onsen  munten  vorg.  dese  sess  jaer 
lanck  vors.  voir  nijmande  ten  rechten  stain  dan  voir  ons 
ende  voer  onse  werdeijne  tôt  Arnhem,  ende  aile  die  broe 
ken  die  Gaderts  onss  muntemeijsters  knechte  of  die  tôt 
onser  munten  tôt  Arnhem  ghehoiren  verbreken  dair  en 
sullen  sij  voir  nijmande  verantwerden  noch  ten  rechten 
staen  dan  voir  onsen  m  ntemeijster  voirg.  of  voir  onse 
werdeijne  tôt  Arnhem,  uijtghenamen  drie  punten  als 
vrouwen  krachte,  doitslach  ende  diefte  daer  si  mitter  daet 
begrepen  werden.  Voirt  so  en  sal  Gadert  onse  munte- 
meijster vorg,  dit  voirg  gelt  niet  voerder  verantwerden 
dan  voer  onse  werdeijne  tôt  Arnhem  uijt  wes  heren  lande 
dat  si  siin,  aile  weren  si  oick  uijt  onser  viande  lande,  eijn 
gode  seker  veijiicheijt  ende  geleijde  mit  aile  hoiren  gode 
hebben  te  varen  ende  te  komen  aile  onse  lande  doir,  baven 
ende  beneden,  beijde  te  water  ende  te  lande,  voir  ons  ende 
voer  aile  onse  ondersaten  ende  voer  aile  dieghene  die 
omme  onsen  willen  doin  ende  laten  willen  viertennacht 
langh  naden  dat  wij  dat  up  seggen  ain  Gadert  onsen  mun- 


io5 

temeijster  voerg.  mit  onsen  brieven,  sonder  argelist. 
Voirtmer  so  sullen  wij  hebben  van  illiker  marck  goltz  te 
sleeschat  eijnen  halven  gulden,  die  Gadert  onse  mûnt- 
meijster  voerg.  muntet.  Aile  dese  vors.  punten  ende  illich 
punte  sonderlinge  hebben  wij  ghelaift  ende  laven  in 
goeden  trouwen  vaste  stede  ende  onverbrekelich  te  halden 
sonder  enich  wederseggen.  Inorcundedes  is  onse  segel  mit 
onsen  rechter  wetenheijt  ghehangen  an  desen  brief.  Ghe- 
geven  in  den  jair  onss  Heren  dusent  driehondert  viifende 
tachtentich,  des  saterdages  na  sunte  Jacob  dach  des  heij- 
ligen  Apostolen  maioris. 

i386,  14  september  (fol.  11) 

Wij  Willem  van  Gulic,  bider  gnaden  Gaids,  Hertoghe 
van  Gelre  ende  Grève  van  Zutphen,  doen  kont  allen  luden 
mit  desen  apenen  brieve  ende  bekennen  dat  wij  gheoerloft 
hebben  ende  dat  id  mit  onsen  w^ille  sij  ende  is  dat  meijster 
Gadert  van  Stramprade  onse  muntemeijster  th  Arnhem 
slaijn  ende  munten  mach  ende  sal  in  onser  munten  tôt 
Aernhem  guldene  na  ghewichte  ende  weerde  als  onse  lieve 
neve  die  Hertoghe  van  Hollant  nu  ter  tiit  in  siinre  munten 
tôt  Dordrecht  slain  doet,  van  wilker  onser  munten  voerg. 
die  voers.  meijster  Godert  van  elker  marc  golds  die  he  wer- 
ken  sal  ons  sal  gheven  te  sleeschat  eijnen  ghulden  als  he 
slaijn  sal  als  voers.  is.  Ende  dese  voerg.  ghuldene  sal  he 
slaen  thent  onsen  wedersegghen  ende  niet  langher.  Voert 
sal  meijster  Godert  voerg.  tôt  driehondert  marc  silvers  toe 
ijn  onser  voerg.  munten  slain  doijtken  ende  halve  doijtken, 
wilker  doijtken  vier  sullen  èijn  floirken  ghelden,  ende  dier 
selver  doijtken  vier  hondert  ende  twe  lene  sullen  gaijn  op 
die  marck,  wilke  marck  halden  sal  vier  penninghe  coninx 
silvers,  vier  greijne  onder  of  vier  greijne   baven.   Ende 


io6 

meijster  Godert  voerg.  sal  ons  daer  af  te  sleschat  gheven 
van  elker  marcK  silvers  die  hij  werricht  ses  floirkiin.  Voert 
so  confermiren  ende  bestedighen  wij  meister  Godert  voerg, 
aile  alsullike  brieve  als  he  van  ons  heeft  sprekende  op  onse 
munte  voerg.  ende  van  sinen  muntmeijster  ampt,  die  in 
hoerre  alingher  macht  te  bliven,  sonder  arghelist.  In 
orkonde  des  in  onse  seghel  met  onser  rechter  wetentheit 
gehanghen  an  desen  brief. 

Ghegeven  in't  jaer  ons  Heren  dusent  driehondert  sess 
ende    tachtentich,   op    des  heijligen-crucis   dach  Exaltât. 

Sig.  jussu  domini  Ducis  per  Johannen  Kodke  de  Zeller, 
presentibus  de  consilio  domino  Nijcolao  Liefger,  reddi- 
tuario  et  Johanne  Mompelier  de  Oeverhaghen. 


107 


UN  MANUSCRIT  DE  PEIRESC 

DU 

MUSEUM    MEERMANNO    WESTHRENIANUM 
A  LA  HAYE. 


Lecture  faite  à  l'Assemblée  générale  de  la  Société  royale  do  iiuiiiismatiqii 
de  Belgique  du  7  juillet  1895, 


Messieurs, 

Je  ne  réclamerai  votre  bienveillante  attention 
qu'un  instant,  non  pour  le  récit  d'une  trouvaille 
ou  d'une  étude  purement  numismatique,  maispour 
vous  faire  connaître  un  document  très  précieux 
relatif  à  l'histoire  de  la  science  qui  nous  est  chère. 

Il  s'agit  d'un  manuscrit  que  j 'ai  trouvé  à  La  Haye 
dans  le  Muséum  Meermanno  Westhrenianum  et 
qui  contient  les  annotations  et  les  études  du  célè- 
bre archéologue  et  numismate  français  du  xvii*  siè- 
cle, Peiresc.  Dans  ce  manuscrit,  Peiresc  a  annoté 
tous  les  résultats  de  ses  essais  pour  former  une  col- 
lection de  monnaies  grecques,  romaines,  gauloises, 
mérovingiennes  et  carlovingiennes.  C'est,  comme 
nous  espérons  le  démontrer,  un  journal  très  cons- 
ciencieux et  très  complet  de  son  travail  de  numis- 
mate et  de  collectionneur.  Je  n'ai  guère  besoin  de 


io8 

vous  rappeler  que  Claude  Fabre  de  Peiresc  naquit 
en  i58o  à  Beaugensier  en  Provence,  qu'on  lui 
donna  une  éducation  soignée  dans  les  collèges  des 
Pères  Jésuites  à  Avignon  et  à  Tournon  pour  le 
préparer  à  la  carrière  de  jurisconsulte,  mais  qu'il 
s'éprit  de  l'étude  de  l'antiquité  et  de  l'archéologie 
et  voua  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  à  ces  études 
préférées.  Pour  les  numismates,  c'est  toujours  une 
cause  de  fierté  que  Peiresc  soit  entré  dans  le  do- 
maine de  la  science  par  la  porte  de  la  numisma- 
tique. Un  jour,  un  paysan  avait  trouvé,  en  labou- 
rantla  terre,  une  monnaie  d'or  romaine  etl'apporta 
au  père  du  jeune  élève  des  Jésuites.  Peiresc,  âgé  de 
quatorze  ans,  sut  reconnaître  la  monnaie,  un  au- 
reus  de  l'Empereur  Arcadius  et  sut  lire  l'inscription . 
Son  oncle,  ayant  entendu  ce  récit,  lui  donna  d'autres 
médailles  romaines  et  des  livres  numismatiques  ; 
et,  de  cette  première  collection,  naquit  chez  Peiresc 
la  passion  pour  l'archéologie  et  l'étude  de  l'anti- 
quité (i).  Le  manuscrit,  pour  lequel  je  demande  un 
moment  votre  attention,  est  un  manuscrit  en  deux 
volumes  sur  papier,  in-folio,  reliés.  Sur  la  reliure 
dés  deux  volumes  les  armoiries  d'Achille  d'Harlay 
comte  de  Beaumont —  d'argent  à  deux  pals  de  sable 
—  sont  incrustées,  sur  le  dOs  les  initiales  entrela- 
cées AD  H  C  D  B.  A  l'intérieur  de  la  couver- 
ture du  premier  volume,  est  collé  Vex  libris  de  van 


(i)  Gassendi.    Viri  illusbissimi  :  Nicolai  Clan  dii  Fabric  de  Peiresc 
vila.  (Ed  Parisis,  1641.)  ' 


Damme,le  célèbre  collectionneur  Hollandais,  et  à 
l'intérieur  du  second  volume  un  ex  libris  avec  les 
armes  de  la  famille  de  Boze,  d'or  au  chevron 
dentelé  de  gueules  accompagné  de  trois  merlettes. 
Au  dessus  de  ctt  ex  libris,  se  trouve,  comme  dans 
le  premier  volume,  r^;i;/i6m  de  van  Damme. 

Ce  manuscrit  fut,  après  la  mort  de  son  auteur, 
en  possession  du  comte  Achille  d'Harlay  (1629- 
1712),  comte  de  Beaumont,puis  de  Claude  Gabriel 
de  Boze  (1680-1753).  Des  mains  de  ce  dernier,  il 
passa  dans  là  possession  du  président  de  Cotte,  et 
à  la  vente  des  livres  de  ce  dernier,  il  entra  dans 
la  bibliothèque  de  van  Darhme;  enfin  Westhreene 
l'acheta  et  après  sa  mort  le  précieux  document 
devint  propriété  de  l'Etat  Néerlandais. 

Lipsius,  dans  sa  Bibliotheca  Numaria  (II,  n°  3io), 
en  fait  mention  en  ces  termes  :  M.  de  Peiresc, 
recueil  de  catalogues,  notices  et  dissertations  de 
toutes  sortes  de  médailles  et  autres  antiquités, 
pièces  composées  ou  rassemblées.  (Ms  vol.  II.) 

Le  manuscrit  est  écrit  de  la  main  de  Peiresc, 
comme  nous  l'avons  pu  constater  en  le  confron- 
tant avec  une  lettre  autographe  de  Peiresc  à  Hugo 
Grotius.  Cette  lettre  se  trouve  à  la  Bibliothèque  de 
l'Université  de  Leyde. 

Le  premier  volume  a  pour  titre  principal  :  De 
Nummis  Grœcorum,  Romanorum,  Sudœonmi.  Trac- 
tatusde  monetis  Catalogi  rerum  antiquarum.  Parcou- 
rons rapidement  ce  volume.  Peiresc  a  beaucoup 
voyagé  et  encore  plus  écrit  de  lettres  à  presque 


no 


tous  les  collectionneurs  et  savants  de  son  temps. 
Nous  trouvons  les  traces  de  ses  voyages  et  de  sa 
correspondance  dans  les  manuscrits  qui  nous  occu- 
pent. Il  voyagea  en  France ,  visita  les  collections 
de  Paris  (Tristan,  Lauson),  de  Marseille,  de  Lyon 
d'Aix,  etc.  Dans  toutes  ces  villes  il  faisait  des 
annotations  et  les  enregistrait  dans  son  journal  : 
en  haut  de  la  page,  on  lit  par  exemple  :  «  Paris.  — 
J'ai  vu  chez  M.  Tristan...;  »  suit  une  liste  de  mon- 
naies, pierres  gravées  et  antiquités.  Quand  il 
venait  dans  une  ville  il  avait  l'habitude  de  demander 
les  noms  des  connaisseurs  et  des  curieux.  C'est 
ainsi  que  nous  lisons  : 

Il  me  nomma  les  curieux  de  Lyon... 

M.  Villaris,  chez  qui  je  vis  : 
Une  médaille  gauloise. 
Une  pièce  d'argent  de  deux  drachmes 

ayant  une  tête  fort  belle  d'Arsaces. 
Un  tétradrachme  à  une  tête  ceinte  du  dia- 
dème d'Antioche. 

M.  le  Camarier  de  Saint-Pol. 

M.  Frouilleur,  changeur  au  bout  du  pont  de 
Saône,  du  côté  de  Bellegarde. 

Le  parfumeur  du  roy,  vers  le  change  à  l'autre 
bout  du  pont. 

L'orfèvre  Jacquemin,  rue  Saint-Jean. 

Son  voisin  Guainier,  — 

Claude  le  moindre  «  A  l'enfant  qui  pisse  ». 

Un  balancier,  rue  Mercière. 

Un  Mareschal... 


I II 


Vous  voyez,  McvSsieurs,  c'est  un  vrai  Gnecchi 
du  XVII*  siècle  ! 

Peiresc  voyage  en  Angleterre  et  visite  longue- 
ment les  collections  Sanderson  et  surtout  Cotton. 

A  Rome,  il  étudie  les  collections  Pasqualini  et 
Sirmondius;  àBruxelles,  il  admire  surtout  le  musée 
du  peintre  et  antiquaire  Venceslaus  Goberger,  il 
écrit  dans  ses  notes:  «ex  musaeo  eximiiD.Vences- 
lai  Cobergii  »  et  comme  d'ordinaire  suit  une  longue 
liste  de  monnaies.  En  outre,  il  inscrit  la  note 
suivante  :  ex  Musaeo  ornatissimi  D.  Francisci 
Billodii  rerum  antiquarum  studiosissimi,  Bruxel- 
les. Chez  M.  Bromans ,  il  voit  des  antiquités 
romaines. 

En  Hollande,  où  il  passe  en  1606, le  célèbre  Gor- 
laeus,  l'auteur  de  la  Dactyliotheca,  lui  montre  des 
pierres  gravées  et  des  monnaies  Romaines  et 
Grecques. 

En  visitant  les  savants  et  les  connaisseurs,  il 
reçoit  de  temps  en  temps  des  cadeaux  ;  il  en  tient  un 
registre  :  par  exemple,  Lugduni  praeses  Villanensis 
dono  dédit  (10  nov.  1612)  «  un  denarius  d'argent 
»  figura  equestris  galeata,  caput  galeatum  romano 
»  more;  un  dragme  d'argent...  »  etc.  Lui  aussi 
donne  des  cadeaux  ;  il  note  quelque  part  :  «  il  a 
eu  de  moi  :  un  as  de  Janus,  un  semis  de  Saturne, 
une  lampe  antique...  »  etc. 

Mais,  comme  tout  collectionneur,  il  échange  des 
pièces;  par  exemple,  il  échange,  le  26  février  i6og, 
«  un  tétradrachme  d'argent  contre  un  Néron  d'or, 


112 


un  tableau  de  Flora,  l'effigie  en  bois  en  forme  de 
lion  »  etc. 

En  1614,  un  tétradrachme,  un  «  lampas  ficti- 
lis,etc.,  »  et  il  ajoute  «  habuit  ipse  »  «  un  cabinet 
d'Allemagne,  un  coutelas  damasquiné,  un  pisto^ 
let  ».  On  pourrait  multiplier  ces  exemples  àl'infini. 

Mais  à  côté  des  échanges,  il  y  a  les  achats. 

Les  notes  de  ses  achats  abondent;  littéralement 
il  prend  son  bien  où  il  le  trouve  ;  il  achète  partout  : 
«  d'un  marchand  obscur,  d'un  lapidaire  venu 
des  Indes,  d'un  paysan  qui  fouille  ordinaire- 
ment en  la  rivière  la  Seine,  à  Paris  ».  Quelque- 
fois les  achats  sont  plus  sérieux,  par  exemple 
nous  rencontrons  la  notice  suivante  ;  «  Deux  cent 
l>  et  six  médailles  d'or,  partie  françaises  et  partie  de 
»  celles  qu'on  nomme  vulgairement  gothiques, 
»  pesantes  vingt  et  quatre  onces  deux  gros  douze 
»  deniers,  à  raison  de  trente-six  francs  l'once.  » 

«  Deux  cent  quatre-vingt-douze  médailles  d'ar- 
»  gent  gothiques,  tant  grandes  que  moyennes,  à 
»  raison  de  huit  sous  pièce.  »  Voilà  les  résultats 
de  ses  voyages.  Quant  aux  résultats  de  ses  corres- 
pondances, nous  rencontrons  les  mêmes  noms 
que  M.  Tamisey  de  la  Roque  a  publiés  dans  le 
curieuxjournal  de  la  correspondance  de  Peyresc(i). 
Parmi  les  Français  citons  :  le  président  Lauson, 
à  Paris,  connu  par  ses  relations  avec  Rubens  ;  le 
Camérier  de  Saint-Pol  et  M.  de  Villaris,  à  Lyon  ; 

(1)  IV,  «  Petits  mémoires  de  Peiresc  ». 


ii3 

Antoine  Brascas  Bagarris ,  le  célèbre  «  cimé- 
liarque  »  de  Henri  IV;  Jean  Tristan  (iSgS-iôSô), 
à  Paris;  les  Pères  Jésuites  Sirmondius,  à  Rome 
(i55g-i65i),  et  Raynaud  (i583-i663);  puis  Jean- 
Baptiste  Le  Ménétrier  (1564-1634)  ;  Honoré  d'Agut, 
conseiller  au  parlement  d'Aix;  Boniface  Borilly, 
notaire  à  Aix. 

Les  Italiens  :  Ulysse  Adroandi,  Pasqualini  et 
Aleandro. 

Les  Belges  :  Charles,  sire  et  duc  de  Croy  et 
d'Aerschot;  Venceslaus  Goberger,  à  Bruxelles,  et 
Bromans  Laevinus,  prêtre  à  Anvers;  Jérôme  de 
Winghe,  chanoine  de  la  cathédrale  de  Tournai  et 
Rubens.  Le  Hollandais  Gorlaeus. 

Mais  à  côté  de  ces  listes  et  notices,  le  manuscrit 
contient  une  suite  de  planches  très  bien  gravées, 
qui  reproduisent  des  monnaies  grecques.  Elles 
sont  signées  par  Duino,  un  sculpteur  vénitien. 
Un  certain  nombre  de  planches  non  signées  con- 
tiennent des  dessins  de  monnaies  romaines.  Des 
dissertations  et  des  monographies  sur  des  sujets 
ayant  rapport  à  la  numismatique  ancienne  sont 
dispersées  dans  ce  volume.  Un  catalogue  manus- 
crit du  cabinet  Zanobis  (?)  précède  des  catalogues 
imprimés  du  cabinet  de  M.  Guiges,  avocat  au  par- 
lement de  Provence,  un  «  rool  »  des  médailles  et 
autres  antiquités  du  cabinet  de  M.  du  Périer.et  un 
inventaire  en  italien  de  toutes  les  médailles  du 
«  vir  clarissimus,  Sebastiano  Erizio  »,  gentil- 
homme de  Venise.  En  outre,  il  y  a  de  nombreuses 

Année  1896.  8 


114 

citations  et  remarques  sur  les  œuvres  de  Goltzius  : 
(LesFasti,  Julius  Caesar,  etc.),  de  Fulvius  Ursinus 
«  illustrium  imagines  ex  antiquis  marmoribus  » 
d'Agostino ,  de  Gorlaeus ,  et  sur  un  travail  du 
peintre  Goberger  ;  nous  ne  saurions  affirmer  si  ce 
livre  a  été  imprimé.  Lipsius  n'en  fait  pas  mention. 

Le  second  volume  contient  :  Nummi  Gallici, 
GoUhici,  Italici,  Britta'dnici,  Arabici  et  Turcici. 
.  Le  caractère  de  ce  volume  diffère  de  celui  du 
premier.  On  y  rencontre  seulement  quelques  rap- 
ports sur  des  musées  visités  et  quelques  listes 
d'achats  et  d'échanges  ;  mais  le  nombre  des  notices 
est  beaucoup  plus  grand. 

La  première  partie  traite  des  «  monnaies  gau- 
loises», en  commençant  par  les«  Monnaies  d'or  des 
»  Gaulois  chevelus  imitées  sur  les  pièces  de  Phi- 
»  lippe  Roy  de  Macédoine  »  ;  ensuite  viennent 
»  les  monnaies  nommées,  Nummi  a  priscis  Gallis 
»  qui  antequam  in  Romanorum  deditionem  venerint.  » 

Ensuite  le  manuscrit  traite  des  nummi  aurei 
argentei  ex  prima  stirpe  regum  Franciœ  (monnaies 
mérovingiennes).  En  troisième  lieu,  les  nummi 
secundœ  stirpis  (monnaies  carlovingiennes)  ;  enfin 
les  nummi  ex  tertia  stirpe  regum  Franciœ. 

Dans  cette  partie,  nous  trouvons  des  copies  des 
ordonnances  monétaires,  qui  me  paraissent  inté- 
ressantes. Une  excursion  sur  les  florins  d'or  de 
Florence  et  de  Provence  suit  comme  transition  à 
une  étude  sur  les  «  nummi  regum  Siciliœ.  » 

Des  listes,  notices  et  dissertations  sur  des  mon- 


ii5 

naies  anglo-saxonnes  et  arabes  suivent  et  finis- 
sent ce  volume.  Les  noms,  que  nous  y  rencon- 
trons, ne  sont  pas  les  mêmes  que  dans  le  premier 
volume  ;  nous  y  retrouvons  le  duc  d'Aerschot  et 
l'Anglais  Cotton ,  mais  les  autres  étrangers  ne 
sont  pas  mentionnés. 

A  côté  de  collectionneurs  inconnus  nous  y  trou- 
vons Bigot  de  la  Turelle  (+  1647)  conseiller  au 
Parlement  de  Rouen  et  Petaux  conseiller  au  Parle- 
ment de  Paris. 

Avant  de  quitter  nos  manuscrits,  nous  sollici- 
tons encore  un  moment  votre  attention.  Serrure, 
dans  Vintroduction  de  sa  notice  sur  le  cabinet 
du  prince  de  Ligne,  mentionne  le  cabinet  du  duc 
d'Aerschot  et  M.  Ruelens,  dans  le  Bulletin  Rubens 
(t.  II,  p.  37),  donne  un  aperçu  aussi  intéressant  que 
complet  de  l'histoire  de  ce  cabinet  et  de  la  publi- 
cation du  catalogue  par  Jacobus  de  Bie.  M.  Rue- 
lens a  aussi  reproduit  l'article  du  Courrier  de  l'Art 
de  M.  Bonaffé,  qui  traite  de  la  vente  de  ce  cabinet, 
ou  au  moins  d'une  partie,  à  Paris.  Il  paraît  qu'on 
avait  essayé  en  vain  de  vendre  la  collection  à 
Bruxelles.  En  i623,  Rubens,  le  célèbre  peintre,  part 
pour  Paris  et  emporte  une  partie  de  ses  monnaies. 
Là  il  fait  une  convention  avec  M.  le  Président  de 
Lauson  qui  achète  la  collection  pour  en  vendre 
bientôt  la  plus  grande  partie  à  Peiresc. 

Nous  trouvons  tous  ces  détails  dans  nos  manus- 
crits. Pendant  la  vie  du  duc  d'Aerschot,  Peiresc  eut 
des  relations  avec  ce  gentilhomme  belge.  Page  5i 


Il6; 

du  premier  volume  nous  lisons  :  «  Nummi  aenei  a 
duce  Arscotano  mihi  dono  dati  »  suit  une  liste  de 
II  monnaies  en  bronze  de  la  Sicile  et  de  l'Italie 
méridionale. 

Page  iSgdusecond volume, nous  lisons  «nummi 
»  aurei  et  argentei  dono  mihi  a  principe  Carolo 
»  Croyo  duce  Arscotano,  dati  XII  kal.sept.  (année 
»  malheureusement  illisible)  Bellomonti  »  (Beau- 
mont  a  été  un  château  du  duc  de  Croy).  Suit  une 
liste  de  5  monnaies  en  or  mérovingiennes,  des 
monnaies  en  argent  mérovingiennes  et  carlovin- 
giennes,  et  de  40  monnaies  romaines  en  bronze. 

Du  transport  des  monnaies  de  la  collection 
d'Aerschot  à  Paris  et  de  la  convention  de  Rubens 
et  de  Lauson,  nous  trouvons  les  traces  page  27. 
«  Numi  argenteimihi  reservati  cum  aeneis  paginis 
»  subsequentibus  et  auro  plumboso  Vespasiani 
»  pro  pretio  librarum  centum  Parisiis  4  junii 
1623.  »  En  marge  sont  inscrits  les  noms  :  Duc 
d'Aerschot,  M.  Rubens,  M.  Lauson. 

P.  517,  nous  lisons. 

«  Dénombrement  des  pièces  demeurées  au  par- 
»  tage  du  s'  de  Peiresc  sur  le  marché  fait  entre 
»  M.  de  Lauson  et  M.  Rubens  à  tant  moing  des 
»  6,000  Ib.  au  prix  du  total. 

»  De  la  dernière  table  des  Grandes  Grecques 

»  d'argent  (i) 4 

ofte  quatre  pièces. 

(1)  Naturellement,  la  table  du  livre  de  la  description  de  la  collection 
d'Aerschot  (i''^  édition). 


1 


1i 


117 

»  La  Bérénice,  l'Aigle  d'Agrigentum,  une  teste 
»  de  Cibèle  et  une  gothique. 

»  Des  moyennes  Grecques  d'argent  ofte  treize 
»  pièces i3 

»  Des  grandes  Grecques  de  cuivre  ofte  trois 
»  pièces 3 

»  L'Antonin  Pie  du  mont  Garizzi. 

»  Le  —        (?)  d'Appolonia. 

»  Une  gothique  espagnole. 

»  Des  moyennes  Grecques  de  cuivre  ofte 
»  quatre  pièces 4 

»  Un  Hadrien  de  tour. 

»  Un  Marc  Aurèle  du  mont  Argée. 

»  Un  Lucius  Verus  d'une  couronne. 

»  Une  de  Philadelphie. 

*  Des  petites  Grecques  de  cuivre  ofte  un    .       i 
ZEY^  0ACIOC. 

»  Des  petites  Grecques  de  cuivre  sans  cer- 
»  clés,  deux  pièces 2 

»  Un  Auguste  de  Ptolomée. 

»  Un  Trébonien  d'Apollon. 

»  Des  med^  d'or. 

»  Le  Vespasien  du  Neptune  fourré  de  plomb.  » 

En  bas  de  la  page  est  l'avertissement  publié  par 
M.  de  Bonaffé  dans  lequel  M.  Peiresc  constate 
qu'il  achète  les  pièces. 

A  la  page  419,  suit  la  copie  de  la  convention 
signée  par  de  Lauson,  Petro-Paulo  Rubens,  «  de 
«  Peiresc  présent  »  et  que  nous  retrouvons  dans 
le  bulletin  Rubens. 


ii8 

A  la  page  428  nous  trouvons  un  autre  «  dénom- 
brement de  quelques  suittes  des  médailles  du 
duc  d'Aerschot  ;  »  ce  sont  des  suites  de  médailles 
impériales  en  bronze  de  58o  pièces  taxées 
1,800  livres,  une  moyenne  suite  de  406  pièces, 
400  Ib.,  quelques  petites  médailles  basses  au  nom- 
bre de  120  pièces,  3olb.,une  suite  de  médailles 
impériales  d'argent,  i,25o  Ib.,  trois  autres  suites 
de  médailles,  le  tout  ayant  une  valeur  de  4,360  Ib. 

A  la  page  suivante  est  copiée  par  la  main  de 
Peiresc  la  liste  totale  des  monnaies  apportées  à 
Paris  en  juin  i623  :  ce  sont  des  suites  de  600  mé- 
dailles de  cuivre  enchâssées  dans  des  cercles  de 
corne.  Les  médaillons  et  médailles  Grecs  au  nom- 
bre de  120  enchâssés  dans  des  cercles  de  corne. 

Des  médaillons  d'argent  et  deux  grosses  mé- 
dailles Grecques.  La  suite  moyenne  de  408  mé- 
dailles de  cuivre  dans  descercles  de  corne, médailles 
grandes  et  moyennes  sans  cercles,  etc.,  etc. 

Puis,  suite  des  médailles  d'or  au  nombre  de 
de  807  en  tablettes  d'ébène. 

A  la  page  529  suit  encore  un  dénombrement. 
Ce  sont  des  médailles  d'or,  d'argent  et  de  cuivre. 
En  tout  4,677  pièces  pour  9,460  Ib.  A  la  page  431 
enfin,  une  traduction  en  italien  du  même  dénom- 
brement. 

Voilà  ce  que,  pour  le  moment,  j'ai  cru  devoir 
vous  communiquer.  Je  n'insisterai  pas  maintenant 
sur  la  valeur  de  ces  deux  manuscrits.  Avant  d'en- 
treprendre une  étude  plus  approfondie,  il  faudrait 


119 

confronter  notre  manuscrit  avec  les  autres  manus- 
crits de  Peiresc,  surtout  avec  le  codex  IV  de  la 
bibliothèque  de  Carpentras  qui  traite  de  la  numis- 
matique et  est  composé  par  Peiresc.  Si  le  ma- 
nuscrit est  inédit,  sa  publication  aurait,  à  notre 
avis,  un  triple  intérêt. 

En  premier  lieu,  il  nous  apprendrait  à  mieux 
connaître  le  sympathique  et  savant  collectionneur 
Peiresc,  ce  type  d'un  homme  passionné  de  sa 
science,  de  l'art  et  de  l'archéologie,  cet  homme  aux 
idées  larges  et  universelles,  qui  évita  de  se  retran- 
cher dans  les  bornes  trop  étroites  d'un  collection- 
neur limité  dont  l'horizon  ne  s'étend  guère  au  delà 
du  champ  qu'il  s'est  tracé  pour  ses  tendances 
particulières.  Peiresc  sut  combiner  les  qualités 
d'un  collectionneur  zélé  et  consciencieux  avec 
celles  d'un  savant,  dont  les  yeux  étaient  largement 
ouverts  pour  tout  ce  qui  est  beau  et  intéressant. 
Admirateur  passionné  du  grand  trésor  que  la 
Renaissance  avait  révélé  aux  hommes  d'étude, 
fervent  adepte  de  Rome,  de  la  Grèce  et  même  de 
l'Orient  remis  en  lumière  après  l'obscurité  du 
moyen-âge ,  il  fut  l'initiateur  d'une  nouvelle 
science  et  un  des  meilleurs  travailleurs  et  pion- 
niers de  notre  science  moderne.  On  ne  saurait  assez 
étudier  la  vie  de  ce  Français  du  xvii^  siècle  :  comme 
tous  les  grands  hommes,  il  impose  les  traits  de 
son  caractère  très  personnel  à  tous  les  détails  de 
sa  vie. 

En  second  lieu,  ces  manuscrits  forment  de  pré- 


120 


cieux  matériaux  pour  apprendre  à  connaître  l'his- 
toire intime  des  savants  et  des  collectionneurs 
du  XVII*  siècle.  Avec  Peiresc  nous  prenons  place 
devant  leurs  tablettes  et  leurs  «  bahuts  »,  nous 
apprenons  à  connaître  leur  vie  et  leurs  goûts  parti- 
culiers. 

En  troisième  lieu,  un  examen  nouveau  et  cons- 
ciencieux de  ces  manuscrits  montrerait  leur  im- 
portance pour  l'histoire  de  la  numismatique.  Je 
suis  persuadé  que  telle  monnaie  grecque  ou  mé- 
rovingienne,  dont  on  ignore  maintenant  l'ori- 
gine, pourrait  être  retrouvée  dans  ces  manuscrits, 
que  telle  pierre  gravée,  de  l'authenticité  de  laquelle 
on  doute  maintenant,  serait  réhabilitée  parce  que 
Peiresc  en  a  fait  mention. 


DE   DOMPIERRE   DE   ChAUFEPIÉ. 


121 


MÉLANGES. 


UNE  EXPERTISE  DE  MONNAIES  A  ANVERS  EN  1678. 

En  parcourant  dernièrement  les  minutes  du  notaire 
Em.  H.  Pérès  (i),  il  nous  a  été  donné  de  trouver  un 
document,  résumant  en  quelque  sorte  le  résultat  d'une 
expertise  de  monnaies  au  XVll^  siècle.  Les  actes  de  ce  genre 
n'étant  pas  communs,  nous  avons  cru  bien  faire  d'en  donner 
une  analyse  succincte, 

David  Hagenel,  maître  de  la  Monnaie  d'Enckhuysen, 
se  trouvait  à  Anvers,  et,  pour  des  motifs  que  nous 
ignorons,  voulut  faire  expertiser  une  pièce  de  monnaie 
provenant  de  son  atelier,  contradictoirement  avec  une 
autre  de  même  valeur  frappée  à  Dordrecht.  S'il  faut-  en 
croire  la  qualification  donnée  au  monnayeur  hollandais, 
l'atelier  qu'il  dirigeait  était  de  création  récente.  En  effet, 
dans  l'acte  que  nous  analysons,  il  est  qualifié  de  Munt- 
meester  vande  nieujpe  munte  tôt  Enckhuysen. 

On  pourrait  donc  s'expliquer  l'expertise,  en  supposant 
qu'il  aura  voulu  juger  de  la  valeur  des  produits  de  sa  fabri- 
cation en  les  comparant  avec  ceux  des  ateliers  voisins. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Hagenel,  comme  étranger,  ne  pouvait 
pas  agir  personnellement;  il  donne  donc  procuration,  le 
17  février  1678,  à  un  négociant  anversois,  Mathieu  Hooft. 
Ils  se  rendent  ensemble  chez  le  notaire;  et  en  présence  de 
deux  témoins  :  Joos  Smoudt  le  vieux,  et  Judocus  Smoudt 

(1)  Archives  communales  d',\nvers,  fol.  loi. 


122 

le  jeune,  tous  deux  orfèvres,  procèdent  à  leur  expérience 
comparative. 

La  première  pièce,  un  escalin  appelé  scheep  schellingie, 
avait  été  frappée  en  1671  à  Dordrecht.  Elle  portait  à 
l'avers  un  lion,  entouré  de  l'inscription  : 

MO  •  NO  •  ORD  •  HOLL  •  ET  •  WESTFRI  •  1671 
et  au  revers  ces  mots  : 

VIGILATE  DEO  CONFIDENTES. 
La  pièce  d'Enkhuysen  avait  été  frappée  en  1677,  et  portait 
à  l'avers  également  un  lion  avec  l'inscription  : 

MO  :  NO  .  ORD  :  WESFRISCE  .  1677. 
au  revers  étaient  gravés  ces  mots  : 

DEUS  .  FORTITUDO  ET  SPES  NOSTRA. 
Les  deux  pièces  furent  soigneusement  pesées,  et  celle  de 
Dordrecht  atteignit  3  esterlins  et  6  as,  tandis  que  celle 
d'Enkhuysen  n'accusait  qu'un  poids  de  3  esterlins  et  un 
as  (i). 

Mais  cette  épreuve  ne  suffisait  pas.  On  prit  les  deux 
pièces,  et  à  coups  de  marteau  on  les  rendit  tout  à  fait 
informes,  de  manière  qu'il  ne  fut  plus  possible  de  les 
identifier,  ^^oodanich  platgeclopt  dat  beyde  geheel  onken- 
baer  van  munt  \yn.  Toutefois,  on  avait  eu  soin  de  les 
marquer  pour  pouvoir  les  reconnaître  après  l'opération  : 
l'une  portait  une  lettre  T,  l'autre  une  rose. 

Le  notaire  Pérès  remit  les  pièces  à  Pierre  Clenaerts, 
essayeur  juré  de  la  Monnaie  ducale  d'Anvers,  et  le  pria  de 
bien  vouloir  procéder  à  l'essayage  des  deux  pièces.  Celui-ci 
y  consentit,  et  après  avoir  terminé  cette  opération,  déclara 

(1)  L'esterlin,  en  flamand  fMg-e/s,  représentait  la  160»  partie  du  marc 
de  Troye,  et  valait  32  as  ou  1.538  grammes.  L'as,  en  flamand  aes, 
formait  la  5,i2oe  partie  du  marc,  et  valait  4,806252  grammes. 


123 

que  la  pièce  la  moins  blanche,  marquée  d'un  T,  contenait 
6  deniers  et  21  grains,  et  l'autre  10  deniers  et  i3  grains 
d'argent.  Comme  preuve  de  son  expertise,  il  délivra  une 
attestation,  een  assay  hriefken,  scellée  de  son  sceau. 

Ici  se  bornent  les  renseignements  fournis  par  la  pièce 
notariée.  Il  est  regrettable  qu'après  avoir  décrit  si  minu- 
tieusement les  deux  pièces  expertisées,  les  parties  n'aient 
pas  fait  insérer  dans  le  procès-verbal  les  motifs  qui  les 
avaient  poussées  à  faire  constater  comparativement  le 
poids  et  le  titre  des  pièces  provenant  des  deux  ateliers 
voisins. 

Les  pièces  appelées  scheeppes-schellingen ,  provenant  de 
l'atelier  de  Dordrecht,  sont  assez  rares.  Elles  furent  frappés 
par  le  monétaire  Simon  Rottermond  en  1670  et  en  167 1  (i). 

Quant  à  l'atelier  d'Enckhuysen,  il  n'avait  été  que  pério- 
diquement en  activité.  En  effet,  la  Monnaie  de  la  Frise 
Occidentale  était  fixée,  tantôt  dans  cette  place,  et  tantôt  à 
Hoorn  ou  à  Medenblik.  Au  commencement,  chacun  de  ces 
ateliers  travaillait  à  tour  de  rôle  pendant  trois  ans  ;  plus 
tard  cette  période  de  travail  fut  portée  à  sept,  puis  à  dix 
années.  Les  scheeppes-schellingen  d'Enckhuysen  sont 
assez  communs  ;  ils  furent  frappés  par  le  monétaire  Gerrit 
vanRuijmund.  L'atelier  d'Enckhuysen  eut  une  fort  longue 
existence;  il  frappa  les  monnaies  provinciales  jusqu'en 
1796;  à  partir  de  cette  époque  jusqu'en  i8o3,  date  de  sa 
suppression,  il  ne  subsista  plus  que  comme  atelier  général, 
fabriquant  des  monnaies  hollandaises. 

La  marque  monétaire  de  l'atelier  de  Dordrecht  était  une 


(  1  )  Renseignements  fournis  par  M .  Th.  Roest,  de  Leyde.  président  de 
la  Société  de  numismatique  néerlandaise,  et  obligeamment  communi- 
qués par  notre  confrère  et  ami,  M.  Alph.  de  Wittç. 


124 

rosette,  tandis  que  celle  d'Enckhuysen  était  un  astérisque. 

Ce  dernier  atelier  frappa  encore  en  1673  une  monnaie 
obsidionale.  Elle  fut  fabriquée  au  moyen  de  la  vaisselle  que 
les  patriotes  apportèrent,  et  qu'ils  sacrifièrent  généreu- 
sement pour  subvenir  aux  frais  nécessités  par  les  travaux 
de  défense  nationale  et  la  levée  d'une  armée. 

Cette  monnaie,  qui  est  décrite  dans  Mailliet  et  dans  Van 
Loon  (1),  porte  d'une  part  un  cavalier  armé  galopant  à 
droite,  le  sabre  à  la  main.  En  dessous,  coupant  la  légende, 
un  écu  couronné  aux  armes  de  la  Frise  Occidentale,  et 
comme  inscription  : 

MO  •  NO  •  ARG  •  CONFOED  •  BELG  •  PRO 
WEST  FRIS. 

et,  d'autre  part,  au  revers,  les  armes  des  États  Confédérés, 
sommées  d'une  couronne  royale,  et  soutenues  par  deux 
lions  couronnés.  Au  dessous,  les  armes  d'fi!nckhuysen,  qui 
sont  d'azur  à  3  poissons  d'argent,  posés  en  fasces  super- 
posées, et  acccompagnées  de  la  légende  : 

CONCORDIA  RES  PARVtE  CRESCUNT  1673. 
Sur  la  tranche  :  GEEFT  ONS  VREEDE  HEERE  IN 
ONS  DAAGEN. 

Tels  sont  les  quelques  renseignements  que  nous  avons 
pu  nous  procurer  au  sujet  des  pièces  soumises  à  l'expertise, 
dont  nous  venons  de  donner  une  courte  analyse. 


Fernand  Donnet. 


Novembre  1895. 


Nous  apprenons  avec  le  plus  vif  plaisir  que  la  Chambre 
des  députés  de  l'île  de  Crète  vient  de  voter  un  subside  de 


[1)  Nederlandsche  historipenningen,  t.  III,  p.  80. 


125 

cinq  mille  francs  pour  permettre  à  M.  S.  Svoronos,  conser- 
vateur en  chef  du  Cabinet  des  médailles  d'Athènes,  de 
publier  la  seconde  partie  de  son  beau  travail  sur  la  numis- 
matique Cretoise.  Nous  sommes  toujours  heureux  de  voir 
les  gouvernements  venir  en  aide  aux  écrivains  numisma- 
tistes  ;  seulement,  il  paraît  qu'il  faut  aller  en  Crète  pour 
cela. 

A.  DE  W. 


Peintre  de  faux  monnayeurs  (i).  —  J'ai  publié  dans  le 
tome  I  de  la  Correspondance  historique  et  archéologique 
(1894),  pp.  6  et  7,  les  documents  suivants  : 

«  21  février  iSSg  (n.  s.).  —  La  Court  [des  Monnaies 
»  de  Paris]  a  ordonné  à  M*"  Jacques  Morel,  receveur  des 
»  exploitz  et  amendes  d'icelle,  bailler  et  payer  à  Jehan 
»  Rondel,  me  paintre  à  Paris,  la  somme  de  cent  sols  tour- 
))  nois,  à  luy  tauxée  et  ordonnée,  pour  avoir  faict  une 
»  efigye  à  la  semblance  de  Estienne  Vernoillet,  soy-disant 
»  maistre  de  la  Monnoye  de  Romans,  en  Dauphiné,  pour 
»  estre  pendue  et  bruslée  en  la  place  de  Grefve,  suyvant 
»  l'arrest  de  ladicte  Court  du  XVIIl«  février  présent  moys. 

»  Faict  en  la  Court  des  Monnoyes,  le  XXF  jour  de  feb- 

»  vrier  mil  V^LVIII. 

»   [Signé)  DE  LATOURRETE.  DE  VALLES.    » 

(Original,  Archives  Nationales,  ZIb  604.) 
—  Fo/r  aussi  registre  ZIb  i36. 

«  28  mars  iSSg.  —  Aultre  mandement  [de  la  Court  des 
»  Monnaies]  sur  ledict  Morel,  du  XXVIIIe  dudict  mois  de 
»  mars  V^LIX,  pour  paier  à  Jacques  Blasme,  me  painctre 

(1)  Voir  Revue  belge  de  numismatique,  1895,  pp.  449-450. 


126 

»  à  Paris,  la  somme  de  LX  sols  tournois,  pour  l'effigie  de 
»  la  sembldnce  de  Estienne  Vernoillet.  » 

(Arch.  nat.  Reg.  ZIb  i36.) 

«  2"^  juillet  i582.  —  Autre  [mandement  de  la  Court  des 
»  Monnaies]  sur  ledict  Morel,  pour  payer  à  Jacques  Gadot, 
»  me  painctre  à  Paris,  la  somme  de  II  escus  et  demy,  pour 
»  avoir  faict  un  tableau  paint  en  huille  qui  représente 
»  Anthôine  Mauclerc,  receveur  de  Mery-sur-Seyne,  con- 
»  demné  par  arrest  de  ladicte  Court,  du  XIII^  du  présent 
»  mois,  à  estre  pandu  ei  estranglé  pour  le  crime  de  faulce 
»  monnoye.  » 

(Arch.  nat.  Reg.  Zl"  iSy,  fol.  65  vo.) 

Les  portraits  des  faux  monnayeurs  dont  il  est  question 
dans  ces  documents,  servaient  à  l'exécution  en  effigie  des 
condamnés  par  défaut. 

Le  premier  des  documents  cités  ci-dessus,  prouve  que 
«  l'effigie  »  fut  pendue  et  brûlée. 

F.  Mazerolle. 


Monete  Romane,  par  FrangesgoGnegchi, vice-président 
de  la  Société  italienne  de  numismatique.  —  Milano, 
1896. 

Ce  petit  volume  de  propagande  scientifique  fait  partie 
de  la  série  des  manuels  Hoepli.  Illustrées  de  nombreuses 
vignettes,  accompagnées  de  quinze  planches,  imprimées 
avec  soin,  les  Monnaies  romaines  constituent  un  livre  de 
182  pages,  d'aspect  coquet  et  agréable  à  feuilleter  ;  ce  qui  a 
son  importance,  car  avant  tout  il  faut  rendre  la  science 
attrayante  aux  débutants.  En  vingt-six  courts  chapitres, 
M.  Francesco  Gnecchi  résume  avec  clarté  et  méthode  l'his- 


127 

toire  du  monnayage  romain.  C'est  une  œuvre  utile  de  plus 
à  ajouter  à  la  bibliographie  numismatique  italienne  qui 
doit  tant  déjà  à  l'érudit  et  dévoué  vice-président  délia 
Società  italiana  di  Numismatica. 

A.  DE  W. 


Les  pièces  de  la  trouvaille  de  Niel  (voir  la  description  de 
ces  pièces,  Revue,  1895,  p.  408)  ont  été  vendues,  à 
Malines,  le  8  octobre  dernier.  Elles  ont  produit,  au  total, 
1,566  francs  sans  compter  les  10  p.  c.  de  frais.  Le  joyau  de 
cette  trouvaille,  l'ange  d'or  de  Jeanne  de  Brabant,  a  été 
adjugé  à  M.  Aug.  Coster,  riche  amateur  bruxellois,  au  prix 
de  1,400  francs,  c'est-à-dire,  1,540  francs  avec  les  10  p.  c. 
—  L'Etat  belge  avait  poussé  les  enchères  jusqu'à  i  ,000  francs 
et  à  partir  de  ce  prix,  déjà  très  beau,  la  lutte  s'établit  entre 
M.  Bayet,  de  Bruxelles,  M,  R.  Serrure,  de  Paris,  et 
M.  Coster,  l'acquéreur. 

C'est  la  première  fois,  croyons-nous,  qu'une  monnaie  du 
moyen  âge  ait  atteint,  dans  notre  pays,  un  prix  aussi 
élevé.  Parmi  les  autres  pièces  nous  ne  citerons  que  le 
ducat  de  Richard  de  Simmeren  et  l'écu  de  Philippe  de 
Valois,  adjugés  respectivement  à  19  et  à  26  francs  au  même 
M.   Coster. 

Bref,  les  pauvres  de  Malines  n'auront  qu'à  se  féliciter  du 
brillant  résultat  de  cette  vente  qui  était  faite  à  la  requête  du 
bureau  de  Bienfaisance  de  cette  ville,  dans  une  propriété 
duquel  la  trouvaille  avait  eu  lieu. 

G.   CUMONT. 


128  ■ 

M.  G.  Riat  est  nommé  sous-bibliothécaire  au  Cabinet 
des  me'dailles  de  Paris  en  remplacement  de  M.  Adrien 
Blanchet,  démissionnaire.  M.  A.  Blanchet  est  nommé 
bibliothécaire  honoraire.  Notre  confrère,  dont  le  passage 
au  Cabinet  a  été  marqué  par  d'importantes  publications, 
reste  secrétaire  de  la  Revue  de  numismatique. 

A.  DE  W. 


Nous  apprenons,  avec  une  vive  satisfaction,  que  notre 
aimable  et  savant  confrère  M.  Roger  Vallentin  a  entrepris 
d'écrire  une  histoire  numismatique  du  Dauphiné.  Cette  im- 
portante monographie,  qui  comprendra  plusieurs  volumes, 
ne  pourrait  être  faite  par  nul  de  plus  compétent  et  nous 
sommes  persuadé  que  M.  Vallentin  élèvera  un  précieux 
monument  à  la  numismatique  de  son  pays.  Aussi  le 
résultat  des  travaux  de  M.  Vallentin  est-il  attendu  avec 
impatience  par  les  numismates   du    monde   entier. 

G.  C. 


TROUVAILLE  DE  MONNAIES  ROMAINES  A  JUPILLE. 

Au  mois  de  juin  1895,  à  l'endroit  dit  «  Git-le-Coq  »,  à 
Jupille,  on  a  mis  au  jour,  lors  de  travaux  de  terrassement, 
une  urne  contenant  un  grand  nombre  de  monnaies  romaines 
en  argent.  L'ouvrier  qui  l'a  rencontrée  n'a  pas  trouvé  mieux 
pour  montrer  sa  brutale  ignorance,  que  de  la  faire  voler  en 
éclats,  par  un  violent  coup  de  pic,  dispersant  ainsi  les  nom- 
breuses piècesqu'ellerenfermait.Sescompagnonss' en  empa- 
rèrent immédiatement  et,  séance  tenante,  les  distribuèrent 
presque  toutes  à  Jupille,  à  qui  en  voulait,  pour  une  pièce  de 


r29 

dix  sous  ou  une  bouteille  de  genièvre.  Il  est  vrai  que  les 
pièces  étaient  noircies  parla  rouille  et  que  leur  valeur  vénale 
leur  a  échappé  absolument.  L'urne,  d'après  les  morceaux 
que  j'ai  vus,  était  en  terre  cuite  noire,  très  dure,  sans  aucun 
dessin  ni  aucune  inscription.  Elle  était  à  un  mètre  de  pro- 
fondeur, dans  de  la  terre  non  remuée,  mais  avant  d'arriver 
à  elle  on  avait  déterré  de  nombreux  débris  de  briques 
romaines,  de  verres,  de  clous  et  de  vases  dont  un  élégam- 
ment travaillé,  représentant  une  chasse.  La  découverte  de 
ce  trésor  a  été  vite  connue  aux  environs,  et,  trois  Jours 
après,  le  nombre  des  curieux  était  tel  qu'on  approchait 
difficilement  du  travail  des  fondations.  Il  est  vrai  qu'à  ce 
moment  on  découvrait  l'entrée  d'une  ancienne  galerie  rem- 
plie de  débris  romains  également  et  qui  se  prolonge  dans 
le  jardin  voisin.  Des  fouilles  seront  bientôt  entreprises  de 
ce  côté. 

Des  mauvais  plaisants  se  sont  même  amusés  à  enfouir 
dans  une  partie  du  terrain  à  travailler  une  tête  de  vache 
dorée  qui  avait  servi  anciennement  d'enseigne  à  un  boucher. 
L'ouvrier  qui  l'a  trouvée,  croyant  à  un  trésor,  a  failli  en 
perdre  la  raison. 

Pour  en  revenir  à  nos  monnaies,  il  sera  toujours  impos- 
sible d'en  donner  le  détail  complet,  le  propriétaire  du 
terrain,  M.  Thonnard,  n'ayant  pu  en  recueillir  que 
400  environ.  Il  y  en  avait,  paraît-il,  i5  à  lôkilogs;  mais  en 
tenant  compte  de  l'exagération,  toujours  excessive  en  pareil 
cas,  en  descendant  à  la  moitié,  on  sera  moins  éloigné  de 
la  vérité.  Cette  trouvaille  ayant  fait  beaucoup  de  bruit,  j'ai 
pensé  qu'il  était  intéressant  de  la  faire  connaître.  Il  est,  en 
effet,  plus  utile  avant  tout  de  déterminer  la  date  de 
l'enfouissement  et  je  pense  que,  dans  ces  400  pièces,  et  une 
centaine  que  j'ai  vue  en  d'autres  mains,  il  se  trouve  des 
Année   189G.  g 


i3o 

éléments  suffisants  pour  fixer  l'époque  de  l'établissement 
des  Romains  à  Jupille. 

La  plus  ancienne  pièce  remonte  à  Néron,  la  plus  récente 
à  Philippe.  Néron  est  mort  l'an  68  et  l'avènement  de 
Philippe  à  l'empire  date  de  244,  sa  mort  de  249. 

Ce  trésor  comprend  donc  un  espace  d'à  peu  près  deux 
siècles  et  a  dû  être  caché  entre  244  et  249. 

Les  pièces  de  l'empereur  Maximin  I^r  et  d'Alexandre- 
Sévère  forment  le  fond  de  la  trouvaille  et  sont  de  beaucoup 
les  plus  nombreuses.  Voici  d'ailleurs  la  nomenclature  des 
deniers  de  M.  Thonnard  : 

Néron,  i  pièce ;Nerva,  1  pièce;  Vitellius,  i  pièce;  Adrien, 
8  pièces;  Sabine,  i  pièce;  Antonin,  16  pièces;  Faustine, 
II  pièces;  Marc-Aurèle,  9  pièces;  Lucile,  i  pièce; 
Commode,  2  pièces;  Septime-Sévère,  lo  pièces;  Julia 
Domna,  26  pièces;  Julia  Paula,  2  pièces;  Caracalla,  84 
pièces;  Plautille,  i  pièce;  Géta,  5  piè:es;  Macrin,  4 pièces; 
Diaduménien,  2  pièces;  Héhogabale,  i3  pièces;  Juha 
Soemias,  2  pièces;  Alexandre-Sévère,  60  pièces;  Mamea, 
22  pièces;  Maximin,  95  pièces;  Balbin,  5  pièces;  Pupien, 
3  pièces;  Gordien-le-Pieux,  20  pièces  ;  Philippe,  7  pièces; 
enfin  Otacilie,  i  pièce.  — Total  :  363  pièces. 

Toutes  ces  pièces  sont  d'une  belle  conservation,  elles 
sont  toutes  connues,  la  plupart  ont  même  des  revers  très 
communs;  mais  elles  appartiennent  à  un  très  grand 
nombre  de  princes  et  de  princesses  et  comprennent  un  long 
espace  de  temps. 

11  n'en  n'est  pas  toujours  ainsi,  car  il  y  a  deux  ans,  à 
Tilff,  on  a  trouvé  environ  3oo  deniers  ne  comprenant 
qu'une  période  de  27  années  et  appartenant  à  quelques 
empereurs  seulement.  Il  y  a,  je  pense,  à  considérer  ici  deux 
sortes  de  trésors  :  ceux  qui  sont  amassés  de  longue  date  et 


i3i 

ceux  qui  sont  enfouis  par  des  soldats  en  temps  de  guerre  et 
qui  n'ont  que  des  pièces  gagnées  à  la  solde  de  l'empereur  et 
immédiatement  fabriquées  à  sa  suite.  Ces  derniers  trésors 
révèlent  plutôt  le  passage  d'une  armée  qu'un  établissement 
proprement  dit. 

On  atrouvé  aussi  à  Git-le-Coq  une  intaille  représentant  la 
fortune  debout  à  gauche,  tenant  une  corne  d'abondance  de 
la  main  droite  et  la  main  gauche  appuyée  sur  un  gouver- 
nail. Cette  intaille  a  la  grandeur  d'un  quinaire  et  est 
parfaitement  conservée. 

La  découverte  de  ce  trésor  vient  donc  confirmer  une  fois 
de  plus  l'origine  romaine  de  Jupilie.  A  différentes  reprises, 
on  y  a  encore  trouvé  des  antiquités  romaines  qu'on  a  fait 
remonter,  Je  crois,  jusqu'au  IIP  siècle.  La  date  de  l'enfouis- 
sement au  milieu  du  IIl^  siècle  viendrait  corroborer  cette 
attribution.  Jupilie  devait  donc  être  alors  un  endroit  déjà 
important;  peut-être  Jupilie  et  H  erstal,  immédiatement  vis- 
à-vis  de  l'autre  côté  de  la  Meuse,  étaient-ils  sur  une  route 
romaine,  une  étape  pour  les  voyageurs  qui  allaient  à 
Tongres  ou  qui  en  revenaient. 

Dr  SiMONIS. 


Nous  avons  trouvé  dans  les  archives  du  Conseil  des 
finances  (Monnaies,  Carton  n^  389,  Archives  générales 
du  royaume),  un  tableau  de  l'augmentation  de  lu  valeur 
des  espèces  d'or  depuis  1489  jusqu'à  1749.  Nous  croyons 
qu'il  est  utile  de  reproduire  ici  ce  tableau,  non  seulement 
au  point  de  vue  numismatique  mais  aussi  au  point  de  vue 
économique.  Nous  ne  citerons  que  les  monnaies  de  notre 
pays. 


r32 

il 

REAL    d'or    de 

Lion  d'or 

ORDONNANCES. 

Ducats. 

Charles  Quint. 

(Titre 

23  k.  8  1/2  gr.) 

DE   Flandre, 

(Titre 
22  k    9  gr.) 

Du  14  décembre 

1489  . 

FI.  1-5    s. 

» 

I  — 10 

—   22  novembre 

l520    . 

I  — 18 

3—0 

2—4 

—   17  juillet 

1548  . 

2 — 0 

3—3 

2-7 

—  23  mars 

i552  . 

2 — I 

3-6 

2—8 

—  28  octobre 

i359  . 

2—4 

3-10 

2 — 10 

—  27  juillet 

1572  . 

2-7 

3-12 

2 — l3 

—  25  octobre 

1576  . 

2 — 12 

4—0 

2 — 19 

—  1 1  novembre 

1577  • 

3—3 

4     10 

3-10 

—  i3  janvier 

i586  . 

3—6 

5—0 

)) 

—  3o  avril 

1590  . 

3  —  10 

5—6 

» 

—  23  juin 

1602  . 

3— 15 

)) 

» 

—  22  mars 

161 1    . 

3—19 

6—0 

» 

—  18  mars 

i633  . 

4—1 

6—2 

4—10 

—  3i  mai 

1644  . 

4—  10 

6—16 

4 — 10 

—     3  janvier 

1698  . 

5—1 

» 

5—5 

—   19  septembre 

1749  . 

5  —  1 

» 

)) 

i33 


Double 

Double 

Florin 

Florin 

Couronne 

Souverain. 

Albertin. 

Saint-André. 

Carolus. 

d'or. 

(22  k.  3/4  gr.) 

(21  k    5  gr.) 

(18  k.  11  gr.) 

(13  k.  10  gr.) 

(22k.4l,2gr.) 

» 

)) 

I— O 

» 

» 

)) 

» 

1-9 

1 — 0 

» 

)) 

» 

t  —  1 1 

I I 

I  — 18 

» 

)> 

I  —  12 

I — I 

1  —  19 

» 

» 

I  — 13 

I     -  2 

2 —  10 

») 

)! 

I  — 15  1/2 

1—4 

2—3 

''                 » 

)) 

1  —  181/2 

1—6  1/2 

2-8 

» 

» 

2—2 

1—8 

2—14 

» 

)> 

2—9 

I  — 13 

3-0 

» 

)) 

2 — 1 1 

I—  i5 

3—3 

» 

)) 

)) 

» 

)) 

SIJMT.  1614 12—0 

» 

2—18 

I— 18 

3  — 12  1/2 

» 

5—8 

)) 

2—0 

3-14 

i3-6 

6— o 

3—4 

2-4 

» 

i5— o 

6—1 5 

» 

» 

4— to 

i5-6 

6-i5 

» 

» 

» 

i34 


Dans  cette  Revue,  1890,  p.  69,  M.  Chalon  a  publié  un 
tableau  indiquant  les  monnaies  de  compte  et  les  monnaies 
réelles  en  usage,  dans  le  Brabant,  à  Fépoque  de  l'invasion 
française,  en  1794.  On  voit,  d'après  ce  tableau,  qu'à  cette 
époque,  le  ducat  valait  5  flor.  8  sols  (argent  de  change),  le 
double  souverain  i5  flor.  19  s.  6  d. 

Les  autres  monnaies  du  tableau  que  nous  publions 
n'avaient  plus  cours  à  la  fin  du  XVIIF  siècle  et  ne  sont,  par 
conséquent,  pas  mentionnées  dans  le  tableau  de  M.  Cha- 
lon. Les  évaluations  du  Conseil  des  finances  sont  faites  en 
florins  de  change  ou  anciens  florins  dont  M.  Chalon  indique 
(p.  71)  le  rapport  avec  le  florin  courant  établi  en  1704. 
Il  résulte  de  ces  évaluations  et  des  chiffres  indiqués  par 
M.  Chalon  que  la  valeur  du  florin  a  graduellement  et 
continuellement  diminué  depuis  1489  Jusqu'à  la  fin  du 
XVIIF  siècle,  lorsque  la  monnaie  décimale  française  est 
venue  le  supplanter  en  Belgique. 

G.  CUMONT. 


La  dernière  délivrance  de  monnaies  frappées  à  Namur 
date  du  7  décembre  1714.  Voici  une  lettre,  classée  aux 
Archives  générales  du  royaume  entre  les  années  1734 
et  1736,  qui  prouve  que  des  démarches  furent  faites  sous 
le  règne  de  l'empereur  Charles  VI  pour  que  l'atelier  de  cette 
ville  fût  remis  en  activité.  Elle  est  adressée  au  représentant 
du  souverain  autrichien  dans  les  Pays-Bas  méridionaux: 


((  Monseigneur, 

»  La  grande  nécessité  où  se  trouve  le  publicq  par  la 
»  rareté  des  liards.me  fait  prendre  la  liberté  de  représenter 
»  à  vostre  Excellence  que  si  s'estoit  le  bon  plaisir  de  vostre 


i35 

»  Excellence  d'en  ordonner  la  fabrication  pour  une  somme 

»  de  cent  mille  escus  dans  nostre  ville  de  Namur,  icy  un 

))  homme  à  la  main  (existe),  lequel  at  la  matière  preste  et 

»  qui  laisseroit  suivre  pour  le  compte  de  S.  M.  certain 

»  tantième  qui  pourat  monter  à  une  somme  de    10,000 

))  escus  plus  ou  moins  suivant  que  vostre  Excellence  con- 

»  vienderat  avec  luy,  laquelle  somme  il  veut  bien  compter 

»  prestement  pour  faire  le  service  d'un  maître  sitôt  qu'on 

»  lui  aura  délivré  sa  commission. 

«    {Signé:  H I  PO  LITE  FRANÇOIS  BRACONIER.  » 

(Archives  du  Conseil  des  finances.) 

Cette  demande  est,  semble-t-il,  restée  sans  effet. 

A.   DE  W. 


La  date  du  décès    de   Théodore   Van  Berckel. 

Dans  son  très  intéressant  article  sur  les  Dernières  quin:^e 
années  de  Théodore  Van  Berckel,  notre  savant  collègue  et 
ami  M.  le  chevalier  C.  von  Ernst  a  définitivement  établi 
que  le  célèbre  graveur  général  était  mort  le  21  sep- 
tembre  1808.  (V.  Revue,  1895,  pp.  440-441.) 

M.  von  Ernst  a  bien  fait  de  ne  pas  se  laisser  influencer 
par  un  certificat,  délivré  le  4  décembre  1894  par  l'officier  de 
l'état-civil  de  la  ville  de  Bois-le-Duc,  qui  déclarait  que 
Van  Berckel  était  décédéie  23  septembre  1808.  Le  certificat 
porte  cependant  qu'il  est  extrait  du  registre  des  décès  de  la 
commune  de  Bois-le-Duc  pour  l'année  1808.  Eh  bien  !  qui 
l'aurait  cru?  cette  indication  officielle  est  inexacte  et  M,  von 
Ernst  a  eu  raison  de  supposer  que  la  date  du  23  sep- 
tembre 1808  est  celle  des  funérailles  de  Van  Berckel.  En 
effet,  voici  que  notre  cher  ami  et  collègue  M.  le  chevalier 


M.  A.  Snoeck,  de  Bois-le-Duc,  nous  écrit,  le  9  octobre 
dernier,  que  le  certificat  délivré  par  l'officier  de  letat-civil  de 
Bois-le-Duc  a  été  extrait  d'un  registre  sur  la  première  page 
duquel  M.  Snoeck  a  lu  le  titre  suivant  :  «  Register  van  aile 
»  de  lijken  begraven  in  de  Sint-Janskerk  en  op  het  kerkhof, 
»  beginnende  met  i^^"  meij  I778.  »  C'est-à-dire  :  Registre 
de  tous  les  cadavres  enterrés  dans  l'église  Saint-Jean  et 
dans  son  cimetière,  commençant  au  i^r  mai  1778. 

Ce  registre  était  tenu  par  le  sacristain  de  cette  église. 
Actuellement,  ce  registre  est  conservé  au  bureau  de  l'état- 
civil,  à  l'hôtel  de  ville  de  Bois-le-Duc  et  il  n'y  existe  pas 
d'autres  registres  (i) concernant  les  décès  survenus  pendant 
l'année  1808.  Le  registre  de  l'église  Saint-Jean  ne  se  rap- 
porte, d'après  son  titre,  qu'aux  inhumations  et  il  en  résulte 
que  Van  Berckel  a  été  enterré  à  l'église  Saint-Jean  le 
23  septembre  1808,  deux  jours  après  sa  mort,  arrivée  le 
21  septembre  comme  il  conste  de  la  procuration  publiée 
par  M.  von  Ernst. 

G.  CUMONT. 


Albert  de  Saxe-Teschen  et  Marie-Christine,  collectionneurs  de  médailles. 

—  Le  3  septembre  1791,  Leurs  Altesses  Royales  Albert  de 
Saxe-Teschen  et  Marie-Christine,  gouverneurs-généraux 
des  Pays-Bas,  écrivent  au  conseil  des  Finances  : 

«  Etant   intentionnés    de   nous    procurer    pour   notre 
»  compte  une  collection  des  médailles  détaillées  dans  la 


(1)  Il  n'existe  pas.  à  Bois-le-Duc,  de  registres  relatifs  aux  naissances 
et  aux  décès  antérieurs  à  181 1.  C'est  en  cette  année  que  Napoléon  I" 
organisa  l'état-civil  en  Hollande.  Précédemment,  les  registres  des 
baptêmes  et  des  mariage^  étaient  tenus  par  le  clergé,  qui  abandonnait 
aux  marguilliersle  soin  de  tenir  les  registres  des  inliumations. 


i37 

»  liste  ci-jointe,  et  dont  les  quarrez  se  trouvent  à  l'Hôtel 
»  des  Monnaies  en  cette  ville  (Bruxelles),  nous  chargeons 
»  le  conseil  de  faire  expe'dier  au  waradin  Marquart  l'ordre 
»  ne'cessaire,  afin  qu'il  fasse  frapper  deux  médailles  d'argent 
1)  de  chaque  quarré  spécifié  dans  la  susdite  liste,  et  qu'il 
»  nous  les  envoie  à  mesure  qu'elles  seront  frappées.   » 

(Archives  du  Conseil  des  finances  ) 

A.    DE  W. 


IROUVAILLE    DE    LOKEREN. 

Au  commencement  de  septembre  1895,  en  démolissant 
une  cheminée,  à  Lokeren  (Flandre  orientale),  au  lieu  dit 
Puttenen,  on  trouva  les  monnaies  suivantes  : 

Demi-noble  à  la  Rose  de  Campen,  —  Ducat  de  Campen 
(type  des  ducats  de  Ferdinand  et  Isabelle).  —  Florin  d'or 
de  Metz,  1621.  —  Florin  d'or  de  Worms,  16 17,  lég.  : 
MON  •  NOV  •  LIB  •  IMP  •  CIVIT  •  VORMAT.  Au 
revers  :  SUB  •  UMB  •  ALA  •  TUA  •  PROT  •  N  •  1617. 
—  Florin  d'or  de  Lunebourg  de  1 588  :  M  ONE  •  NOVA- 
LVNEBVR.  Rev.  ^  RVDOLPHVS  •  Z  •  ROM  •  IM  • 
SEM  •  AV.  —  Demi-réal  d'or  de  Charles^Quint  (majeur, 
i5i5-i555)  frappé  à  .-Vnvers  (usé).  —  Charles-Quint,  double 
ducat  :  CAROLVS  :  DEI  GRACIA  :  REX  :  ARAGO. 
Rev.  VALENCIE  :  MAIORICARVM  :  SER.  — 
Ducat  de  Frise,  1607.  —  Pistolet  de  Philippe  II,  roi  d'Es- 
pagne et  des  Deux-Siciles;  tête  du  roi  couronnée  :  PHI- 
LIPP  •  REX  -ARA  •  VTR.  Rev.  HlERVSA-SICl- 
LIAE.  Ducat  de  Savoie  :  //'.  EMANVEL  •  D  •  G  •  DVX  • 
SAB  •  \bo\.Rev  Vierge,  PAX  •  IN  •  VIRT  •  TVA.  — 
Double  ducat  de  Ferdinand  et  Isabelle  d'Aragon  et  de 


38 


Castille;  entre  les  deux  têtes  :  •  S  •  —  Florin  d'or,  de 
THOMAS  LB  (liber  baro)  AB  EHRENFELS  DIH. 
Rev.  :  INSV  •  NATE  •  DEI  •  QVAESO  •  ME  •  MEN  • 
ME. 

Ces  douze  pièces  d'or  figurent  toutes  (sauf  le  double 
ducat  de  Charles-Quint),  quelques-unes  avec  des  variantes, 
dans  l'Ordonnance  et  Instruction  pour  les  changeurs, 
imprimée  à  Anvers,  chez  Jérôme  Verdussen,  en  i633. 

Parmi  les  pièces  d'argent  et  de  toute  la  trouvaille  la  plus 
ancienne  est  un  double  briquet  de  Phihppe-le-Beau  (assez 
fruste)  pour  la  Gueldre,  frappé  à  Malines  en  1492.  Lég.  : 
^  Pî^S  -h  TîRGCî^IDVX  -!-  TÎVSrrRIS  r  BVRG  t 
2  4-  GSIi  sous  les  deux  lions,  l'écu  de  Malines.  Rev.  ; 

STîij  vvm  -^  P2ÎGC  4-  POP  vijvm  +  m  vvm  -r  DTca 

li^gZ.  —  Citons  ensuite  une  pièce  de  huit  réaux  d'Espagne, 
de  i562;  un  quart  d'écu  de  Henri  UI  roi  deFrance,  dei585; 
un  escalin  de  la  ville  deGand  (règne  d'Hembyze),  i583  ;  un 
ducaton  ou  philippus  daldre  de  Philippe  II,  frappé  à 
Anvers  en  i573;  un  cinquième  du  philippus  daldre,  frappé 
à  Anvers  en  1 586  ;  un  dixième  de  la  même  pièce,  frappé 
à  Anvers  en  iSyi;  un  cinquième  du  philippus  daldre,  pour 
la  Gueldre,  frappé  en  i565;  un  daldre  d'Overyssel,  de  1617; 
une  pièce  de  trois  réaux  (bustes  à  gauche)  d'Albert  et  Isa- 
belle, frappée  à  Anvers  en  1608;  trois  escalins  au  Paon  des 
mêmes,  pour  le  Brabant,  frappés  en  1620  et  1621  ;  un  réal 
d'argent  des  mêmes  pour  Tournai  ;  six  patagons  des 
mêmes,  sans  date,  frappés  à  Anvers  ;  quatre  patagons  des 
mêmes,  sans  date(DOM  •  TOR  ■  et  TORN  •  ),  frappés 
pour  Tournai  et  le  Tournaisis;  un  patagon,  des  mêmes, 
frappé  à  Bruxelles  en  16 18;  un  autre  frappé  à  Anvers 
en  1618;  un  patagon  des  mêmes  pour  la  Flandre(CO  •  FL.), 
sans  date  ;  un  demi-patagon  des  mêmes,  frappé  à  Bruxelles 


i39 

en  1621;  quart  de  patagon  (trois  pièces)  des  mêmes,  pour 
la  Flandre;  un  demi-ducaton  des  mêmes,  frappé  à  Bru- 
xelles en  16 18;  Philippe  IIII  :  Escalins  au  lion  d'Anvers 
(1622),  de  Bois-le-Duc  (i623),  d'Arras  (1623),  de  Bruxelles 
(1625)  et  d'Anvers  (1626  .  Patagons  :  Bruxelles  (1622);  Bour- 
gogne(DVX  ET  COM  BVRG),de  162?  et  1626;  Bruxelles, 
de  1624  (deux  pièces)  et  de  1628;  Anvers,  de  1625  et  1626  ; 
enfin  Tournai  (trois  pièces)  de  1626. 

Il  résulte  de  ces  différentes  dates  que  le  trésor  de  Lokeren 
a  été  caché  en  1628  ou  peu  de  temps  après. 

G,    CUMONT. 


Dans  un  compte  rendu  de  M.  G.  Cumont,  paru  à  la 
page  58o  de  la  Revue  de  l'an  dernier,  l'auteur  se  demande  — 
si  nous  le  comprenons  bien  —  ce  que  peut  être  et  ce  qu'est 
devenue  la  médaille  d'or  de  Sa  Majesté  impériale  et  royale 
Charles  VI  dont  il  est  question  dans  un  testament  qu'il 
cite,  médaille  que  le  mari  de  la  testatrice  avait  reçue  en  sa 
qualité  de  commis  des  finances. 

Nous  croyons  être  à  même  de  satisfaire  la  curiosité,  si 
naturelle,  de  notre  collègue.  En  effet,  les  comptes  des 
maîtres  de  Monnaie  du  XVIF  et  du  XVlIie  siècle,  apparte- 
nant à  nos  provinces,  donnent  la  solution  du  problème. 
Il  s'agit  tout  simplement  d'une  de  ces  pièces  de  poids 
fort,  ou  gros  deniers,  à  l'efïigie  et  aux  armes  du  Souverain, 
qui  se  distribuaient  à  chaque  émission  d'un  type  nou- 
veau. L'usage  était  d'en  offrir,  entre  autres,  aux  conseil- 
lers et  commis  des  finances.  Ce  qui  est  bien  ici  le  cas. 
C'est,  très  probablement,  parmi  ce  qu'on  a  fautivement  cou- 
tume d'appeler  des  essais  en  or  des  ducatons  de  Charles  VI 
qu'il  faut  chercher  la  «  médaille  »  en  question,  et,  dès  lors, 


peu  importe  ce  qu'elle  a  pu  devenir,  puisqu'elle  ne  se  dis- 
tingue en  rien  des  autres  pièces  de  l'espèce. 

A.  DE  W. 


Le  8  octobre  1895,  le  grand-duc  et  la  grande-duchesse 
Constantin  de  Russie  et  leur  neveu,  le  prince  Nicolas  de 
Grèce,  se  sont  rendus  à  dix  heures  du  matin  à  l'Hôtel  de  la 
Monnaie  de  Paris. 

Les  journaux  rapportent  que  le  directeur  de  cet  établisse- 
ment, M.  de  Foville,  fit  frapper  des  médailles  de  circon- 
stance devant  les  princes  et  leur  en  offrit  plusieurs,  dont  les 
unes  sont  des  reproductions  de  la  médaille  commémorative 
de  la  visite  de  Pierre-le-Grand  à  la  Monnaie,  œuvre  de 
Duvivier  et  dont  les  autres  représentent  la  façade  de  l'Hôtel 
sur  le  quai  Conti,  avec  inscriptions  mentionnant  la  visite 
faite  le  jour  même  par  les  princes. 


Plaques  ifpour  la  régie   des   droits   d'entrée   et  de  sortie.    —    Le 

7  avril  1758,  ordre  est  donné  au  «  waradin  »,  ou  garde  de 
la  Monnaie  de  Bruxelles, de  laisser  J.-B.  Marquart  frapper 
'.(  les  médailles  ou  placques  en  cuivre  sur  le  carré  qu'il  a 
))  gravé  pour  les  gardes  et  à  l'usage  de  la  Régie  pour  les 
»  droits  d'entrées  et  de  sorties  n,  à  lui  commandées  par 
Mgrs  les  surintendant,  trésorier  général,  conseillers  et 
commis  des  finances  de  Sa  Majesté. 

(Archives  du  Conseil  des  finances.) 
Jean-Baptiste  Marquart  avait  été  nommé  essayeur  général 

le  7  juin  1749. 

^  '  ^  A.  DE  W. 


14' 

Du  prétendu  monnayage  mixte  de  Dieiidonné  d' Estaing, 
évêque  de  Saint-Paul  et  de  Charles  VI,  par  ROGER 
Vallentin,  Valence,  iSgS,  in-S»,  lo  pages.  Extrait  du 
Bull,  de  la  Soc.  d'Archéologie  et  de  Statistique  de  la 
Drôme. 

L'article  6  du  traité  conclu  à  Grenoble,  le  2  5  septem- 
bre 1408,  stipulait  : 

«  Item.Dominus  noster  Delphinuspoteritet  valebit  cudi 
facere  etfabricari  in  dicta  civitate  Tricastina  monetam  tam 
auri  quam  argenti,  arma  Régis  Delphini  domini  nostri  et 
crossam  communiter  habentem.   )^ 

Comme  il  re'sulte  de  ce  texte,  le  monnayage  mixte  e'tait 
laissé  à  Yinitiative  du  dauphin. 

L'évêque  n'était  pas  maître  d'en  prendre  la  responsabi- 
lité. Les  espèces  delphinales  pouvaient  désormais  libre- 
ment circuler  aux  environs  de  Saint-Paul-Trois-Châteaux 
et  d'autre  part  le  Roi-Dauphin  n'avait  aucun  intérêt  à 
consacrer  officiellement  un  droit  régalien  d'un  prélat. 

Donc,  à  priori,  on  est  en  droit  de  nier  l'existence  de  ces 

monnaies  mixtes.  Aucune  ordonnance  relative  àceprétendu 

monnayage  n'a  été  rencontrée  ;  aucune  trace  d'apurement 

de  comptes  y  relatifs.  Notre  érudit  collègue  Vallentin  en 

conclut  que  ce  monnayage  mixte  n'a  jamais  eu  lieu  et  que 

l'officine  commune  de  S^-Paul  est  purement  imaginaire. 

Nous  pensons  que  tous  les  numismates  se  rangeront  à  son 

avis. 

G.  G. 


Sous  le  titre  Sveriges  mynt  under  mideltiden  (Monnaies 
suédoises  du  moyen  âge),  M.  Hans  Hildebrand,  l'érudit 
conservateur  en  chef  du  Cabinet  des  médailles  de  Stock- 


holm,  vient  de  publier  un  important  mémoire,  orné  de 
nombreuses  vignettes,  qui  ne  compte  pas  moins  de 
i6o  pages  grand  in-S".  Nous  regrettons  vivement  que  notre 
ignorance  du  suédois  nous  oblige  à  nous  borner  à  porter  à 
la  connaissance  de  nos  lecteurs  l'apparition  de  l'œuvre  nou- 
velle du  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  royale  de  Suède. 

A.  DE  W. 


Une  vente  d'aurci  romains  recueillis  en  Orient  a  eu  lieu, 
à  Paris,  le  29  octobre  de  l'année  dernière,  sous  la  direction 
de  M.  R.  Serrure,  expert.  La  pièce  décrite  sous  le  n»  21  du 
catalogue  vient  combler  une  lacune  de  la  numismatique 
impériale  de  Rome,  car  jusqu'ici  on  ne  connaissait  aucune 
monnaie  authentique  de  Saturnin,  général  d'Aurélien,né  en 
Gaule  et  proclamé,  en  280,  empereur  par  les  habitants 
d'Alexandrie.  Voici  la  description  de  l'aureus  frappé  à  son 
effigie  : 

IMP  •  G  •  IVL  ■  SATVRNINVS  AVG.  Buste  lauré 
de  Saturnin  en  profil  droit. 

Rev.  VIGTORIAE  AVG.  Victoire  marchant  à  droite, 
tenant  une  couronne  et  une  palme. 

On  sait  que  le  règne  de  Saturnin  eut  une  durée  tout 
éphémère.  Assiégé  dans  son  camp  par  Probus,  il  mourut 
étranglé  par  un  de  ses  soldats.  Son  aureus  a  été  adjugé 
6,200  francs.  Il  est  fort  probable  que  la  tête  de  Saturnin 
n'a  pas  rapporté  autant  à  son  meurtrier. 

A.  DE  Vv^. 


Nous  avons  sous  les  yeux  le  rapport  pour  1894,  de  M.  de 
Dompierre  de  Chaufepié,  directeur  du  Cabinet  royal  des 
médailles  de  La  Haye.  Ce  document,  qui  renferme  beau- 


143 

coup  de  renseignements  utiles  et  intéressants,  donne  les 
accroissements  des  collections  de  cet  important  établisse- 
ment pendant  cette  année,  et  témoigne  hautement  du  zèle 
et  de  l'intelligence  de  la  Direction  de  ce  dépôt, 

Vte  B.  DE  J. 


Noti:{ie  storiche  intorno  alla  institu\ione  délie  officine 
monetarie  italiane  dalla  cadiita  deirimpero  romano 
d'occidente  fino  ai  nostre  giorni,  par  G.  Gaucich, 
Firenze-Roma,  1895,  Fascicolo  I. 

Depuis  la  création  de  la  Rivista  italiana  di  numismatica 
et  la  fondation  d'une  Société  de  numismatique,  les  numis- 
matistes  italiens  semblent  s'être  pris  tout  à  coup  d'une 
belle  ardeur  de  production.  Grâce  à  l'active  impulsion 
imprimée  aux  études  numismaliques  par  MM.  Francesco 
et  Ercole  Gnecchi,  nous  voici  revenu  au  beau  temps  des 
Promis,  des  Lazari,  des  Brambilla,  des  San  Quintino,  des 
Kunz,  des  Strozzi  dont  MM.  Ambrosoli,  Papadapoli, 
Ruggero,  E.  et  F.  Gnecchi,  Sambon  et  bien  d'autres  sont 
les  dignes  successeurs. 

M.  Guido  Caucich,  fils  de  M.  A.-R.  Gaucich,  l'ancien 
directeur  du  Biilletino  de  numismatica  italiana,  saisi 
d'émulation,  descend  aujourd'hui  à  son  tour  dans  l'arène, 
ses  notifie  à  la  main,  Le  premier  fascicule  des  recherches 
historiques  sur  l'établissement  des  ateliers  monétaires  ita- 
liens, depuis  la  chute  de  l'empire  romain  d'occident  jusqu'à 
nos  jours,  est,  nous  semble-t-il,  un  heureux  début.  Il  com- 
prend la  liste  des  hôtels  monétaires  où  les  princes  de 
l'antique  et  noble  maison  de  Savoie  firent  frapper  et,  toute 


144 

une  suite  de  chapitres  consacrés  aux  ateliers  de  S.  Giovanni 
di  Moriana,  Acqui,  Alexandria,  Asti,  Cuneo,  Ivrea. 
Novara,  Tortona  et  Vercelli. 

Le  travail  de  M.  Caucich  dénote  un  chercheur  patient, 
parfaitement  au  courant  de  la  bibliographie  numismatique 
italienne  et  à  la  hautenr  de  la  tâche  qu'il  s'est  imposée  dans 
l'intérêt  de  tous. 

A    DE  W. 


Sommaire  des  publications  périodiques. 

Revue  Suisse  de  numismatique.  1895,  livraisons  I  à  III. 

—  THOMMEN.  Ein  Mûnzvertragausdem  XV  Jahrhundert. 

—  Vallentin,  De  la  moneta  Blaffardorum.  —  Haas. 
Die  Mûnzen  des  Standes  Luzern  —  Grossmann.  Berner 
RoUbatzen  oder  Plappart  zu  24  Haller.  —  Mazerolle. 
Dassier  et  Montesquieu.  —  Mayor.  Médailles  suisses 
nouvelles. —  Mélanges. 

Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique. 
4e  liv.  —  Bordeaux.  Etat  des  connaissances  numisma- 
tiques  concernant  les  ateliers  monétaires  de  Compiègne  et 
de  Melun  pendant  la  Ligue.  —  DE  MarchÉVILLE.  Les 
francs  à  pied  frappés  à  Limoges  et  à  la  Rochelle.  — 
TRACHSEL.  Une  curieuse  petite  médaille  satirique 
inédite,  avec  légende  latine  en  caractères  runiques.  — 
R.  VallENTIN.  De  la  détermination  des  monnaies  du 
dauphin  Louis  1er.  __  Bon  r,  dE  PoNTON  D'AMÉCOURT. 
Description  générale  des  monnaies  au  type  chinonais. 

5«  livraison.  —  BORDEAUX.  Les  ateliers  monétaires  de 
Clermont-Ferrand  et  de  Riom  pendant  la  Ligue;  le  sceau 
de  l'hôtel  des  monnaies  de  Riom.  —  Bo"  R.  DE  PONTON 


145 

D'AMÉCOURT.  Description  générale  des  monnaies  au  type 
chinonais.  —  DUTILH.  Monnaies  alexandrines,  terre 
cuite  du  Fayoum  et  les  seize  génies  de  la  statue  du  Nil.  — 
L.  Blancard.  Rectifications  numismatiques  concer- 
nant le  quaternal  et  le  patac  de  Provence  et  d'Avignon 
frappés  en  1414. 

Revue  numismatique.  1895,  3^  trim.  —  Babelon. 
Étude  sur  les  monnaies  primitives  d'Asie-Mineure  ;  l'étalon 
milésien.  —  DROUIN.  Onomastique  arsacide;  essai  d'expli- 
cation des  noms  des  rois  Parthes.  —  CASANOVA.  Numis- 
matique des  Danichmendites.  —  RONDOT.  Le  diamètre 
des  médailles  coulées. —  DE  LA  TOUR.  Jean  de  Gandida. 

Bulletin  de  numismatique.  T.  III,  n»  5.  —  O^  DE 
Castellane.  Double  parisis  inédit  d'Eudes  IV,  duc  de 
Bourgogne. — Vallentin.  Du  prétendu  atelier  carolingien 
de  Venasque.  Mélanges. 

Mittheilungen  des  Clubs  der  Mun:{-und  Medaillen- 
freunde  in  Wien,  N»  63.  -  CUBASCH.  Die  Munzen  unter 
der  Regierung  des  Kaisers  Franz  Joseph  I.  —  VOETTER. 
Ahnenmûnzen  Kaiser  Constantin  des  Grossen.  —  VON 
HoFKEN.  Weihemûnzen.  —  SCHALK.  Ein  Zeitgenosse  ûber 
die  Tûrkischen  Munzen  zu   Ende  des  XVI  Jahrhunderts 

No  64.  —  CUBASCH.  Die  Munzen  unter  der  Regierung 
des  Kaisers  Franz  Joseph  I. —  J.  N.  Œsterreichische  seltene 
Schulprâmièn  aus  der  guten  alten  Zeit.  Neue  Prâgungen. 

N°65.  —  CUBASGH.  Die  Munzen  unter  der  Regierung 
des  Kaisers  Franz  Joseph  I.  —  NENTWICH.  Wiener 
Stiftungspfennige.—  Die  rômische  Mûnzstâtte  Viminatium. 

Monthljr  numismatic  circular,  N"  34.  —  H.  W^ 
Uebersetzungen  aus  Eckhels  Proiegomena  zur  Doctrioa 

Année  1896.  10 


Ï46 

Numorum  Vetefum.  —  HANDS.  Chats  ôa  Roman  Coihè 
wiih  young  coUectors.  '—r  J.  P.  Modem  MedalLic  Art.  --r 
HazliTT.  Hazlitt's  coins  ôf  Europe. 

N°  35.  —  H.  W.  UebersetzLingen  aus  Eckhel's  Prolego- 
mena  zurDoctrina;  Numorum  Veterum. —  Hands.  Chats 
on  Roman  Coins  with  young  colleclors  —  HAZLITT.  Haz- 
litt's Coins  of  Europe. —  The  new  Bronze  Coinage,  1&95. 

N<>  36.  —  Hands.  Chats  on  Roman  coins  with  young 
coUectors.  —  H.  W.  Uebersetzungen  aus  Eckhel's  Prole- 
gomena  zur  Doctrina  Numorum  Veterum.  —  The  new 
British  colonial  Dollar.  —  The  baron  Schroder  medal. 

N»  37.  —  Hands.  Chiits  on  Roman  Coins  with  young 
coUectors.  —  NUDROWSKI.  Humor  in  der  Numismatik. 
—  Hazlitt.  Hazlitt's  Coins  of  Europe.  —  H.  W.  Ueber- 
setzungen aus  Eckhel's  Prolegomena  generalia  zur  Doctrina 
Numorum  veterum.  —  P.  W.  M.  The  mints  of  byzantine 
Coins. 

American  Journal  of  Numismatics.  T.  XXX,  n°  i.  — 
SVORONOS.  On  the  signification  of  certain  ançient 
monetary  types.  —  StoreR.  The  medals,  jetons  and 
tokens  illustrative  of  the  science  of  medicine.  —  LymaN 
Haynes  LOW.  Some  observations  upon  the  counterfeiting 
of  coins  and  medals.  —  M.\RVIN.  The  Botetourt  iftedal  of 
William  and  Mary  collège.  —  Bastow.  Furlher  notes  on 
spanish-american  silver  coins.  —  MARVIN.,  Masonic 
medals.  —  Storer.  The  medals  and  tokens  of  Rhode 
Island. 

T.  XXX,  no   2.  —  SVORONOS.  Ulysses  on  a  coinoF 
Mantinea.  —  The  new  dollar  for  English  Colonies  in  the 
last. —  PRENTISS  CÛMMINGS.  Homer  and  astronomie 
coin-types. —  The  «  Money  on  Folly,  »  -^  STORE R.  Thé 


H7 

medals  and  tokens  of  Rhode  Island.  —  The  «  Mexican 
Martyrs  »  Masonics.  —  Storer.  The  medals,  jetons  and 
tokens  illustrative  of  thé  science  of  medicine.  —  Marvin. 
Masonic  medals. 

Tijdschrift  van  liet  Nederlandsch  Genootschap  voor 
Munt-  enpenningkunde.  T.  III,  4e  liv.  —  Vallentin.  De 
la  circulation  des  florins  d'Utrecht  en  Dauphiné,  à 
Avignon  et  dans  le  Comtat.  —  Chev.  A.  Snoeck.  Drie 
Penningen  op  het  5o  jarig  jubilee  der  nieuwe  Koninklijke 
Harmonie  te  Tilburg,  in  1893.  —  LE  MÊME.  Zeven 
religieuse  draagpenninkjes  op  Onze  Lieve  Vrouw  van 
'sHertogenbosch.  —  V^e  B.  DE  JONGHE.  Quatre  monnaies 
de  Guillaume  de  Bronckhorst,  seigneur  de  Batenbourg  et 
de  Steyn.  —  Van  Gemund.  Het  leven  en  de  werken  van 
den  Stempelsnijder  Johann  Crocker. 

Rivista  italiana  di  numismatica.  Fasc.  III,  1895.  — 
F.  Gnecchi  Appunti  di  Numismatica  Romana.  Ancora 
intorno  ai  Contorniati.—  GabrICI.  Contributo  alla  Storia 
délia  monetaromanada  Augustoa  Domiziano.  —  MlLANI. 
Monetina  aurea  col  nome  e  col  ritratto  di  Sesto  Pompeo. 
—  ROSSI.  Il  fiorino  d'oro  di  Urbano  V.  —  MOTTA. 
Documenti  Visconteo  -  Sforzeschi  per  la  storia  délia  zecca 
di  Milano. 

Wiadomoscî  numi:{matyc^nO'  archeologic^ne ,  N»**  24  et 
25.  —  PlEKOSINSKI.  Monnaies  trouvées  à  Gorzow.  — 
T.  POCHWALKI.  Supplément  à  l'étude  sur  le  «  Trojak  »  à 
la  couronne  de  Sigismond  111  et  divers  articles  archéolo- 
giques. 

The numismatic Chronicle,  1895,  part.  HI.  —  J.  P.  Six. 
Monnaies  grecques  inédites  et  incertaines.  —  Lient. -col. 
B.  LOWSLEY.  Coins  and  Tokens  of  Ceylon. 


148 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMiSMATigUE. 


EXTRAITS  DKS  PROCES-VERBAUX. 


Béunlon  du  bureau  du  tt  septembre  180S. 

...  A  la  demande  de  M.  le  Chevalier  M.  A. 
Snoeck  et  sur  la  proposition  de  MM.  le  vicomte 
B.  de  Jonghe  et  A.  de  Witte,  le  titre  de  membre 
associé  étranger  a  été  conféré  à  M.  le  notaire 
Auguste  Sassen,  à  Helmond,  Pays-Bas. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

G.  CuMONT.  V^^  B.  DE  Jonghe. 


149 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATiQUE. 


LISTE  DES  OUVRAGES  REÇUS  PENDANT  LE  4«  TRIMESTRE  1895. 


Avis  important  :  Les  publications  et  les  dons  destinés  à 
la  Société  doivent,  sans  exception,  être  ailressés  à  M.  Alph* 
de  Witte,  liibliotliécaire  fie  la  Société  royale  de  nniliisma- 
(Ique,  Palais  des  Académies,  à  llrnxeiles. 


Ouvrages  périodiques. 

Allemagne.  —  Blâtter  fur  Mûn^freunde,  n"^  202  et  206.—  Berliner. 
Mûn^blàtter,  n°  17g. —  Niimismatisch-sphragistischer  Ani^eiger, 
.•895,  nos  3-10.  —  Ntimismatisches-Litterattur  Blatt,  nos  85  à  88. 

.Amérique.  — American  Journal  of  numismatics,  t.  XXX,  n"  i. 

.Angleterre. —  The  Monthly  mimismatic  circular,  nos  3^^  36 

Autriche-Hongrie.  —  Mittheilungen  des  Clubs  der  Mûn^-  und 
Medaillenfreunde  in  Wien,  nos  63-63.  —  Wiadomosci  numisma- 
tyc![no-archeologic^nc,  n"*  2461  25. —  Monatsblatt,  nos  142  à  147. 

Belgique.  —  Bulletin  de  V Académie  royale,  t.  LXV,  nos  y  et  8.  — 
Revue  belge  de  numismatique,  t.  LI.  —  Messager  des  Sciences 
historiques,  iSgS,  2"  liv.  —  Annales  de  la  Société  archéologique 
de  Namur,  t.  XXI,  i^e  ijv.;  Rapport,  1894.  —  Analcctes  pour 
servir  à  l'histoire  ecclésiastique  de  la  Belgique,  t  XXV,  4e  liv.  — 
Académie  d'archéologie  :  Annales,  t.  XLVIII,  3^  liv.;  Bulletin, 
no  XXIII.  —  Bulletin  du  Cercle  archéologique  de  Gand,  t.  III,  n"  5. 
—  Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois,  t.  XXIV,  2'-'  liv.; 
Rapport,  1894.  —  Institut  archéologique  du  Luxembourg,  Annales, 
t.  XXX. 

i-'rancc. —  Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique,  iSgS, 
liv.  4  et  5.  —  Polybiblion,  partie  littéraire,  t.  LXXIV,  3e  et  4e  liv  ; 
partie  technique,  t.  LXXV,  liv.  9  et  10  .  -  Revue  numismatique ,  1895, 
3^  liv.  —  Société  de  Borda,  Bulletin,  1895,  2^  trim. 

Kalie.  —  Rivista  di  Storia  antica,  t.  I,  2e  Hv, 


i5o 

Pays-Bas.  —  Tijdschrift  van  het  Nederlandsch  Genootschap  voor 

munt- enpenningkunde,  \..\\\,^'^\\v. 
t^iiède.  —  Numismatiska  middelanden,  nos  6,  7,  12  et  i3.  —  Auti- 

quarisk  tidskrift,  t.  XVI,  11°  1. 


Ouvrages  non  périodiques. 

Bethune  (Bon).    —    Méreaux   des  familles    brugeoises.    —    Jean 

de  Vleeschomi>er,  chevalier  et  Barbe  de    Witte.  Bruxelles,    i8g5, 

in-8*,  4  pages,  1  vignette.  {Hommage  de  l'auteur.) 
DE  JoNGHE  (Vte  B.).  — Deux  monnaies  frappées  à  Luxembourg  par 

les  archiducs  Albert  et  Isabelle.   Bruxelles,    iSgS,  in-S».  4  pages, 

2  vignettes. —  Nécrologie  :  Le  comte  Maurin  de  Nahuys.  Bruxelles, 

1895,  in-80,  2  pages.  [Honimàge  de  l'auteur.) 
DE  Man  (Mlle).  —  Médaille  uni/ace  de  Levinus  Bloccenus  à  Burgh. 

Bruxelles,  in-80,  6  pages,  i  vignette.  {Hommage  de  Vautour. ) 
DE  Renesse  (Cte).  —  Dictionnaire  des  figures  héraldiques,  t.  II,  liv,  6. 

{Don  des  éditeurs.) 
de  Witte.  —  Notes  sur  les  Roëttiers,  2e  article,  Paris,    iSgB,  in-8", 

4  pages.   —  Médaille    religieuse  et  méreau  de  Notre-Dame  de 

Miséricorde,  à  Verviers.  Bruxelles,  1895,  in-80,  6  pages,  1  planche. 

{Hommage  de  l'auteur.) 
Hess   (A.).  —  Medaillen-Sammlung  Eugen   Félix.    Frankfurt-am- 

Mein,    iSgS,  in-4°,  47  pages,  6  planches.  {Hommage  de  l'auteur.) 
Hildebrand  (H.).  -  Sverigesmyntunder  mideltiden.  Stockholm,  i8g5, 

in-80,  ,5o  pages,  vignettes.  {Hommage  de  l'auteur.) 
Ladé  (Dr  A.).  —  Le  Trésor  du  Pas-dc  l'Échelle,  contribution  à  l'his- 
toire monétaire  de  l'évêché  de  Genève  Genève,  1895,  in-40,  12g  pp. 

12  planches.  {Don  de  la  Société  suisse  de  Numismatique.) 
Mazerolle.  —  Dassier  et  Montesquieu.  Genève,  i8g5,  in-8°,  3  pages. 

{Hommage  de  l'auteur.) 
Mellier.   —  Étude  sur  François   Chéron,   graveur  en   médailles. 

Nancy,  i8g4,  in-8",  26  pages,  i  planche.  {Don  de  M.  J.  Rouyer.) 
RoEST.  —  Die  Mûn:ien   der  Herrschaft  Anholt.  Amsterdam,    1895, 

in-80,  47  pages.  {Hommage  de  l'auteur.) 
Snoeck  (CHer.),  -  Drie  penningen  op  het  5o  jarig  jubilee  der  nieuwe 

koninklijke  Harmonie  te  Tilburg  in  18g?,  etc.  Amsterdam,   iSg^, 

in-80,  4  pp.  {Hommage  de  l'auteur.) 


I5'I 

SvoROiJOS. —  Numismatique  de  la  Crète  ancienne.  Mâcon,  1890,  un 

vol.  in-4"  de  358  pages  et  un  atlas  de  35  planches. 
Trachsel  (Dr).  —  Die  MûHien  und  Medaillen   Graubundeus,  etc  , 

m*  et  IVe  parties,  pages  65  à  127,  planches  III  et  IV.  {Hommage  de 

r  auteur.) 

Ouvrages  anonymes  et  catalogues. 

Der  Frankfurter  Mûnifreund,  n»  6.  —  Catalogue  de  vente  avec 
2  planches.  [Envoi  de  M.Hess.]—  Numîsmatisches  Offerten-Blatt, 
de  E.  Rappapôrï,  ï)P^  27-29.  —  Catalogue  de  monnaies  suisses, 
ire  partie.  {Envoi  de  M.  C.  Stroehlin).  —  Collection  du  baron  de 
Oliveiro  Castro.  [Envoi  de  M  Schulman).  —  Collections  Hoeufft 
van  Vel^en  et  Vostennan  van  Oyen.  [Envoi  de  M.  Bom).  —  Cata- 
logue à  prix  marqués  de  Fejer  Jo^sef  à  BiidaPest.  —  Auktions 
Katalog,  n°  iHg.  —  Catalogue  Zschiesche  et  Koder,  no  63.  —  La 
circulaire  numismatique  universelle,  nos  g  et  10.  —  Catalogue 
Marchio,  de  Venise,  n°  6.  — '•  Vente  Joly,  2  planches.  {Envoi  de 
M.  Duprie:{).  —  Monnaies  antiques  et  françaises  ;  Monnaies  royales 
françaises,  2  planches.  [Envoi  de  M.  Serrure).  —  Catalogue  Baer, 
livres  de  numismatique.  —  Catalogues  Weyl,  n^s  i3  et  14.  — 
Numismatischer  Verkehr,  1895,  nos  y  et  8.  —  Berliner  MUn:{- 
Verkehr,  n°  26.  —  Catalogue  Schulman,  n»  XXIX.  —  Antiquités 
Himyarites  et  Palmyréniennes  du  musée  impérial  Ottoman.  [Don 

.    de  la  direction  du  musée'. 


CABINET  NUMISMATIQUE. 


Don  de  M.  Peny. 

Inauguration  du  nouvel  hôtel  communal  de  Morlanwelz.  Médaille  en 

bronze,  par  P.    Fisch.  -  Jeton  en  laiton  commémoratit  du  même 

événement. 

Don  de  M.  Soil. 

Cinquantenaire  de   la   Société  historique    et  littéraire   de   Tournai, 
médaille  en  bronze,  fournie  par  la  maison  de  Vigne-Hart. 

Don  de  M.  Fisch. 
Exposition  du  Cycle.  1895. —  XXlI«  fête  fédérale  belge  de  gymnastique. 


l52 

—  Exposition  d'aviculture.  Trois  médailles,  bronze-vieil  argent, 
gravées  par  P.  Fisch. 

Don  de  M.  Naveau. 
Evêché  de   Liège.    Brûlé   de  Jean    de  Horn  ;  2    brûlés  d'Ernest  de 
Bavière  ;  daler  et  escalin  de  Ferdinand  de  Bavière  ;  escalin  et  cuivre 
de  Maximilien-Henri  ;  escalin  de  Jean-Théodore.  Deux  méreaux  de 
Saint-Lambert  et  un  méreau  de  Saint-Jacques.    , 

Don  de  M.  Baetes. 
Chambre  de  commerce  d'Anvers,  centenaire  de  la  libération  de  l'Es- 
caut, bronze  argenté  et  Régates  internationales,  bronze  :  2  médailles 
gravées  par  Baetes. 

Don  de  M.  Ch.  Stroehlin. 
Jeton  personnel  de  M,  Charles  Stroehlin,  numismate  genevois. 

Don  de  la  Société  suisse  de  numismatique. 
Jeton  de  présence  à  la  réunion  de  Lucerne  (iSgS). 

Don  de  M.  A.  de  Witte. 
Colonies  anglaises  :   Guyane,  iles  Bermudcs,   Nouveau    Brunswick, 
Virginie,  Canada,  6  pièces  cuivre.  —  Colombie,  3  pièces  cuivre.  — 
Chili,  une  pièce  cuivre.  —  Médaille  en  bronze  à  l'effigie  de  Charles 
Robert,  par  Bellevoye. 

Liquidation  de  doubles;  acquisitions. 
Brabant  :  réal  d'or  de   Philippe  II  et  10  pièces  d'argent.  —  Luxem- 
bourg :  6  pièces  d'argent. —  Tournai  :  une  pièce  d'argent. —  Hainaut  : 

5  pièces  d'argent  et  de  billon,  4  pièces  de  cuivre.  —  Namur  :  5  pièces 
d'argent  et  de  billon.  —  Liège  :  7  pièces  d'argent.  —  Heinsberg  : 
1  denier.  —  Elincourt  :  demi  cromstert.  —  Jean  de  Louvain  :  2  petits 
gros.  —  Dombes  :  un  denier. —  Honoré  de  Monaco  :  pièce  de  5  francs. 

—  Cosme  de  Médicis  :   1  pièce  d'argent.  —  Gaule  :    1    aureus  et 

6  pièces  de  poiin  et  de  bronze.  —  Obsidionale  d'argent  de  Bréda.  — 
3  jetons  belges,  dont  1  en  argent.  —  2  méreaux  anversois.  —  Louis- 
r Enfant  et  Charles-le-Gros:  2  deniers  pour  Cologne  — Jeton  d'argent 
des  pharmaciens  de  Paris,  —  Médaille  de  Marie -Thérèse  frappée 
en  étain. 

Soit  en  tout  :  74  monnaies   7  jetons,  5  méreaux  et  9  médailles. 
Bruxelles,  le  1 5  octobre  1895. 

Le  bibliothécaire-conservateur  des  collections, 
Alphonse  de  Witte. 


i53 


TRIENS  MÉROVINGIEN  INÉDIT 

FRAPPÉ  A  HUY. 


Tm  +  OHO. 

Buste  à  droite,  la  tête  ceinte  d'un  diadème  perlé. 
Grènetis  extérieur. 

BEï/ToALDo. 

Croix,  la  traverse  ornée  de  deux  pendentifs,  sur 
une  base  trapézoïdale  encadrant  un  point.  Cercle 
perlé  extérieur. 

Poids  :  ig'".32. 

Ce  tiers  de  sol,  dont  la  pièce  décrite  par  M. Prou 
dans  son  Catalogue  des  monnaies  mérovingiennes  de 
la  Bibliothèque  nationale,  sous  le  n°  1206,  pourrait 
passer  pour  une  barbare  imitation,  fait  partie  des 
acquisitions  que  M.  G.  Picqué,  le  savant  conser- 
vateur du  Cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque 
royale  de  Belgique, a  faites,  l'année  dernière,  pour 
le  médaillier  de  l'État  belge. 

Année  1896.  11 


i54 

D'une  gravure  relativement  soignée,  il  offre  au 
droit  cette  particularité  curieuse  qu'il  porte,  comme 
letriens  précité,  une  légende  rétrograde,  plus  cor- 
recte toutefois  (i).  Cette  anomalie  résulte  évidem- 
ment de  l'inadvertance  du  graveur  à  qui  il  est 
parfois  arrivé,  après  avoir  fait  une  tête,  un  buste 
ou  certaines  lettres  dans  les  conditions  voulues, 
d'oublier  tout  à  coup  que  ce  qu'il  trace  sur  son 
coin  sera  renversé  sur  le  flan  monétaire  (2). 

Du  côté  du  revers,  se  lit  au  cas  indirect  (3), assez 
souvent  employé  en  numismatique  mérovin- 
gienne, le  nom  du  monétaire  Bertoaldus,  nom 
d'origine  germanique  dont  le  thème  a  donné  nais- 
sance à  quarante  et  un  autres  noms  recueillis  par 
Fôrstemann  (4),  duquel  sont   également  dérivés 


(1)  On  remarquera  que  la  croisette  qui  surmonte  le  profil  diadème, 
tient  lieu  de  l'E  dans  la  légende. 

(2)  Vqy.  Prou,  Catalogue  des  monnaies  mérovingiennes  de  la 
Bibliothèque  nationale.  Introduction,  p.  88. 

(3)  Dans  le  latin  de  l'époque  mérovingienne,  l'ablatif  est,  pour  les 
noms  propres  francs,  la  forme  presque  unique  du  cas  indirect  de  la 
2e  déclinaison  en  usage  dans  les  diplômes,  tandis  que  l'accusatif  était 
resté  en  usage  pour  les  noms  d'origine  latine.  Les  monnaies  donnent 
lieu  à  une  observation  identique.  Quand  les  noms  de  monétaires  s'y 
présentent  à  un  autre  cas  que  le  nominatif,  ce  cas  est  l'ablatif,  à  moins 
que  la  voyelle  de  la  flexion  casuelle  n'ait  disparu.  (d'Arbois  de  Jubain- 
viLLE,  Etude  sur  la  déclinaison  des  noms  propres  dans  la  langue 
franque,  p.  322;  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XXXI.) 

M.  Prou  {op.  cit.  Introd.,  pp.  77,  78)  est  davis  de  voir, dans  ce  cas 
indirect,  une  espèce  d'ablatif  absolu,  que  monetario  soit  alors  exprimé 
ou  sous-entendu  :  un  tel  étant  monétaire. 

(4)  Alt  deutsches  Namenbuch. 


ceux  des  saints  encore  vénérés  de  nos  jours  Ber- 
told,  Bertou  et  Bertaut. 

Jusqu'aujourd'hui,  on  connaissait  de  Bertoal- 
dus  (i),  pour  la  citéhutoise,  six  triens  différents. 
Celui-ci  augmente  donc  d'une  -unité  la  liste  des 
monnaies  signées  de  son  nom,  et  cette  liste,  des 
trouvailles  viendront  probablement  la  grossir 
encore.  Il  ressort  aussi  de  l'examen  des  produc- 
tions de  notre  monnayeur,  en  admettant  l'hypo- 
thèse suivant  laquelle  les  monétaires  étaient  à  la 
fois  directeurs  d'ateliers  et  artisans  —  témoins 
Abbon  et  saint  Eloi  —  que  son  faire  fut  très 
inégal  et  que  la  pièce  que  je  publie  peut  être 
considérée  comme  sa  meilleure  œuvre. 

Le  type  de  la  croix  ornée  de  pendentifs  que  l'on 
rencontre  ici  est  un  de  ceux  qui  furent  le  plus  en 
usage  à  Huy,  où  l'on  employait  aussi  :  la  croix 
chrismée,  la  croix  grecque  potencée  seule  ou  sur 
un  globe,  la  croix  latine  sur  un  degré,  la  croix 
avec  les  lettres  alpha  et  oméga  suspendues  au 
croisillon  (monétaire  Rigoaldus)  (2). 

M.  Prou,  dans  la  savante  introduction  de  son 
livre  (3),  nous  donne  du  type  de  la  croix  ornée  de 
pendentifs  une  explication  très  nette.  «  Ce  fut 
l'habitude,  dit  cet  auteur  érudit,  dans  les  premiers 
siècles  chrétiens  et  pendant  la  période  barbare,  de 

(1)  Il  est  à  supposer  qu'il  n'eut  pas  d'homonyme  à  Huy. 

(2)  Vo)^.  DE  Belfort,  Description  générale  des  monnaies  méro- 
vingiennes, t.  I,  no  1546,  p.  4?9. 

(3)  Catalogue  des  monnaies  mérovingiennes,  Introd.,  p.  88. 


i56 

suspendre  à  la  traverse  de  la  croix,  avec  de  petites 
chaînettes,  les  lettres  AetCO.  Le  monnayage  méro- 
vingien (i)  témoigne  de  cet  usage.  Le  mode  de  sus- 
pension est  même  sommairement  indiqué  sur  des 
triens  de  Frisia  et  de  Huy  ».  Et  M .  Prou  se  demande 
si  les  chaînes  de  suspension  ne  seraient  pas  l'ori- 
gine des  pendentifs  qui  tombent  des  bras  de  la  croix  ? 
Evidemment,  c'est  là  leur  origine  et  j'ajouterai 
que  l'on  peut  suivre  à  Huy,  notamment,  la  dégéné- 
rescence du  type.  N'y  voit-on  pas,  en  effet,  sur 
un  triens  du  monétaire  Rigoaldus,  la  croix  avec  les 
lettres  A  et  CD  suspendues,  tandis  que  sur  d'autres 
elles  ont  déjà  disparu  et  que,  seuls,  les  pendentifs 
restent,  que  sur  une  troisième  série  de  pièces,  les 
pendentifs  ont  fait  place  à  des  points  (2), et  qu'enfin 
sur  d'autres  triens  encore,  les  points  n'existent 
même  plus.  Le  type  primitif  a  subi  le  sort  très 
fréquent  des  figures  représentées  sur  les  monnaies  : 
en  s'altérant  progressivement,  il  est  finalement 
arrivé  à  l'immobilisation. 

Donc,  en  observant  la  marche  suivie  par  la  dis- 
parition successive  des  deux  lettres  symboliques, 
des  pendentifs  et  des  points,  on  pourra,  si  l'on 
veut,  établir  un  classement  plus  ou  moins  chrono- 
logique des  triens  de  Huy  appartenant  au  type  delà 
croix  placée  sur  une  base  trapézoïdale.  De  cette 

(1)  Et  aussi  les  inscriptions  {vqy.  Leblanc,  Inscriptions  chrétiennes 
de  la  Gaule,  t.  I,  passim,  et  pi.  XV,  no  67). 

(2)  J'entends  parler  des  points   placés  sous  le  croisillon,  car   ceux 
que  l'on  voit  parfois  au-dessus  ont  une  autre  origine. 


1^7 

dégénérescence  du  type  découlera  d'ores  et  déjà 
pour  moi  cette  constatation  que  le  tiers  de  sol 
du  Cabinet  de  l'Etat  doit  être  postérieur  au  n"  1546 
de  la  Description  générale  des  monnaies  mérovin- 
giennes de  M.  A.  de  Belfort,  et  certainement  anté- 
rieur aux  triens  au  revers  desquels  les  pendentifs 
sont  remplacés  sous  le  croisillon  par  des  points. 
La  pièce  est,  en  outre,  frappée  dans  un  métal 
assez  pur  et  accuse  un  poids  presque  fort  :  Is^32. 
La  bonne  qualité  de  l'or,  l'élévation  du  poids  (i), 
la  correction  relative  du  style  ou  plutôt  du  faire 
étant  autant  d'indices  d'ancienneté,  je  ne  croirai 
pas  m'être  beaucoup  abusé  si  j'assigne  à  ce  tiers 
de  sou  les  premières  années  du  vii^  siècle  pour 
époque  de  fabrication. 


* 

*    * 


Avant  de  terminer  cet  article,  j'insisterai,  une 
fois  de  plus,  sur  l'exactitude  de  l'identification 
avec  Huy  des  légendes  monétaires  mérovingiennes 
Choae,  Choe,  Choiu,  Choi,  etc.,  ne  fût-ce  que 
pour  enrayer  certaines  tendances  (2)  à  en  revenir 

(1)  Le  poids  des  monnaies  mérovingiennes  suit  une  progression 
décroissante  depuis  iRr.^o  jusque  ogi'.gS.  (Ponton  d'Amécourt,  Essai 
sur  la  numismatique  comparée  à  la  géographie  de  Grégoire  de  Tours, 
p.  7.) 

(2)  Le  vicomte  de  Ponton  d'Amécourt  écrit,  vingt  ans  après  DeCoster  : 
«  Il  est  permis  de  se  demander  si  l'on  n'a  pas  eu  tort  d'attribuer  à  Huy 

les  nombreuses  monnaies  dont  la  légende  est  Choae  fit )^  {Comptes 

rendus  de  la  Société  française  de  numismatique,  t.  I,  p.  21 3,) 


i58 

encore  aux  Coye  et  aux  Cayeux  des  Combrouse 
et  des  Voillemier,  et  faire  disparaître  de  la  carte 
des  ateliers  monétaires  annexée  au  Catalogue  des 
monnaies  mérovingiennes  de  la  Bibliothèque  nationale, 
le  point  d'interrogation  qui  s'y  trouve  placé  à 
côté  du  nom  mérovingien  de  Huy. 

Si  beaucoup  d'identifications  de  localités  ont  été 
faites  un  peu  au  hasard  et  fournissent  encore 
matière  à  discussion,  il  faut  reconnaître  qu'il  ne 
peut  en  être  de  même  de  celle  que  proposa  jadis 
De  Coster  (i).  Basée  sur  les  trouvailles,  les  textes 
et  des  raisons  linguistiques  on  ne  peut  plus  accep- 
tables, elle  est  et  restera  l'une  des  plus  vraisem- 
blables et  des  plus  sûres  de  la  numismatique 
mérovingienne. 

Huy,  en  latin  Hoyum  (2),  en  néerlandais  Hoey 
ou  Hoei,  à  laquelle  certains  auteurs  attribuent  une 
origine  gauloise,  fut  bâtie,  selon  les  anciennes 
chroniques  (3),  par  l'empereur  Antonin  le  Pieux. 
Cette  assertion  que  semblent  corroborer  des  trou- 
vailles de  monnaies  et  d'antiquités  romaines  (4) 
faites  sur  l'emplacement  et  dans  les  environs  de  la 

(1)  Revue  belge  de  numismatique,  1849,  P-  ^^^■ 

(2)  Hoium  (626).  —  Albric),  Chron.  apud  Pert^,  Scr.  23,  696,  8. 
Hogium  (744).  —  Diplom.,  I,  88,  25. 

Hoyum  (844).  —  Gesta  abbat.  Trudon.  contin.,  III,  Scr.  10,374,  1. 
Hoy  (1121).  —  Ann.  Rodens.,  Scr.  16,  700,  5i. 
Hoye  (1225,    1228,  i328,   1406,  etc.).  —  Oesterley,  Hist.-geogr. 
Worterbuch  des  deutschen  Mittelalters . 

(3)  Joan,  Presbyt.  ap.  Chapeauville,  t.  II,  p.  32o. 

(4)  Voy.  ScHUERMANS  dans  les  ^  «Ma/es  rfM  Cercle  liutois  des  Sciences 


i59 

ville  actuelle,  mérite  croyance,  bien  que  la  ville 
ne  figure  ni  dans  l'Itinéraire  d'Antonin,  ni  dans 
celui  de  Théodose,  connu  sous  le  nom  de  Table 
de  Peutinger.  Si  l'on  ajoute  à  ces  quasi-arguments 
que  l'on  possède  des  preuves  certaines  de  son  exis- 
tence à  partir  de  saint  Materne,  premier  évêque 
de  Tongres,  auquel  Maestricht,  Dinant,  Namur, 
Ciney,  Saint-Hubert  sont  redevables  de  leur  pre- 
mière église  et  dont  l'apostolat  est  fixé  au  com- 
mencement du  iv""  siècle  (i),  il  n'est  guère  néces- 
saire d'invoquer  plus  de  raisons  pour  étayer 
l'attribution  de  monnaies  mérovingiennes  à  Huy. 
Cependant  il  resterait  à  citer  un  monument  dont 
on  n'a  pas  apprécié  l'importance  capitale,  puis- 
qu'il fut  écrit  au  vii^  siècle  et  non  au  ix*",  comme 
on  l'a  dit  précédemment  dans  cette  Revue; 
j'ai  nommé  la  Cosmographie  de  l'Anonyme  de 
Ravenne  (2),  qui  range  la  ville  au  nombre  des 
cités  de  la  Francia  Rhenensis  sur  la  même  ligne 
que  Nassaga  (3),  Deonantis,  Namon,  Neonsigo  (?) 
et  Trega. 

et  des  Arts,  1875-1876,  p.  157,  et  le  prince  C.  de  Looz  dans  le  Bulle- 
tin des  Commissions  d'Art  et  d'Archéologie,  t.  XIV,  p.  202. 

(1)  MÉLART  et  GoRissEN,  Histoire  de  Huy,  p.  32. 

Voy.  aussi  Gilles  d'Orval  dans  Pert^,  Scr.  XXV,  et  les  Acta 
Sanct.  Belgii,  t.  I,  81. 

(2)  Ravennatis  Anonymi  Cosmographia,  edid.  Pinder  et  Parthey, 
Berolini,  1860,  p.  233,  chap   IV,  26 

(3)  Nassogne,  simple  commune  aujourd'hui,  est  une  des  localités 
dont  l'antiquité  est  le  mieux  constatée. En  372,Valentinieny  rendit  trois 
constitutions  insérées  au  Code  Théodosien. 


lOO 


L'existence  de  Huy,  en  tant  que  ville,  à  l'époque 
mérovingienne,  est  donc  parfaitement  établie 
par  un  texte  irréfutable.  De  plus,  la  preuve  de  son 
existence,  comme  ville  forte,  castrum,  résulte  de  la 
lecture  d'un  triens  (i).  Toutefois,  l'Anonyme  de 
Ravenne  donne  à  la  cité  du  Hoyoux  (2)  le  nom 
à.' Oint,  mais  il  est  à  peu  près  certain  que,  comme  il 
est  arrivé  souvent  pour  les  noms  géographiques, 
l'orthographe  du  mot  a  été  altérée  par  les  copistes 
et  qu'il  faut  lire  Oitim,  appellation  équivalente,  à 
l'aspiration  près,  àHoium. 

De  Hoium  à  Chom,  l'hiatus  est  alors  assez 
faible,  surtout  si  l'on  admet  que  le  monétaire  a 
pu  négliger  de  placer  sur  Vu  le  signe  abréviatif 
tenant  lieu  de  Vm.  De  Hoium  à  Choae  ou  Choe,  au 
contraire,  il  y  a  une  grande  distance. 

Pour  expliquer  cet  écart,  il  faut,  selon  moi,  con- 
sidérer que  Hoium  était  déjà  au  vii^  siècle  le  nom 
latin  officiel  de  Huy,  tandis  que  Choae,  Choe 
n'étaient  que  des  appellations  appartenant  à  la 
langue  vulgaire,  c'est-à-dire  à  la  langue  parlée 
par  la  population  germanique  de  l'endroit.  Ces 
appellations,  dont  Choae  est  la  première  en  date  (3), 

(i)Prou,  Op.  cit.,  n°i2oi. 

(2)  La  rivière  qui  passe  par  Huy  se  nommait  primitivement  Hoïus 
(Mir.  II,  935  an.  885  :  hoc  est  in  vico  super  fluvium  ejusdem  nominis 
Hoio),  mais  on  a  préféré  ensuite  la  forme  diminutive  Hoiolus,  d'où 
le  nom  actuel  :  Hoyoux.  (Grangagnage,  Mém.  sur  les  anc.  noms  de 
lieux,  p.  i3o,  tome  XXVI  des  Mém.  cour,  de  l'Acad.  royale  de 
Belgique.) 

(3)  Contrairement   à    l'opinion  de   Voillemier    (Revue  française 


i6i 

ont  dû  donner  naissance  à  une  forme  adoucie 
Choei,  que  je  ne  trouve,  il  est  vrai,  ni  dans  le  livre 
de  M.  de  Belfort,  ni  dans  celui  de  M.  Prou, 
mais  qui  a  dû  être  lue  sur  une  monnaie  de  Huy, 
puisque  je  la  relève  dans  la  liste  des  légendes 
monétaires  mérovingiennes  publiée  parM.Blan- 
chet  dans  la  nouvelle  édition  qu'il  a  donnée  du 
Manuel  de  numismatique  du  moyen  âge,  de  M.  de  Bar- 
thélémy. 

Or,  si  de  Choei,  on  retranche  le  c  placé  devant  Vh, 
à  la  manière  germanique,  pour  en  renforcer  l'aspi- 
ration (i),  on  obtient  Hoei,  c'est-à-dire  la  forme 
fixe  sous  laquelle  le  nom  de  Huy  (2),  traversant  les 
temps  et  les  dialectes,  est  arrivé  jusqu'à  nous  en 
néerlandais. 

Fréd.  Alvin. 

de  numismatique,  1846,  p.  100),  car  les  monnaies  sur  lesquelles  se  lit 
Choae  avec  a  se  rapprochent  bien  plus  des  types  romains,  que  celles 
qui  portent  Choe. 

(1)  Les  noms  de  personnes  offrent  plus  d'exemples  de  ce  renforce- 
ment d'aspiration  que  les  noms  de  lieux  :  Chariulfus  pour  Hariulfus, 
Charoald  pour  Haroald,  Chlodowich  pour  Hlodowig,  Chugobert  pour 
Hugobert,  Chattuarii  pour  Hattuarii  et  Attuarii,  Chaganbach  pour 
Haganbacli(VIII«S.). 

(2)  Voillemier  et  De  Coster  ont  noté  ce  phénomène  phonétique 
d'une  importante  signification  que  Huy  se  prononce  encore  aujour- 
d'hui dans  tout  le  pays  de  Liège  comme  s'il  s'écrivait  par  un  chi  grec. 


102 


JESA 


SEIGNEUR  DE   MARQUETTES,   SUPERINTENDANT   DU   QUARTIER    O'YPRES 

(i582-i583). 


Nous  possédons,  depuis  quelque  temps  déjà,  un 
écu  de  Philippe  II,  pour  l'Overyssel, frappé  en  i563. 
Cette  pièce  est  contremarquée  d'un  Y  couronné. 


Notre  confrère  et  ami,  M.  de  Witte,  a  dans  ses 
cartons  un  double  sou  de  Philippe-le-Beau,  pour  le 
Brabant,  de  1496,  surfrappé  de  la  même  manière. 

Ces  Y  couronnés,  quoique  plus  petits,  sont  en 
tout  semblables  à  celui  figuré  sur  le  plomb  de  la 
draperie  décrit  page  320  et  donné  sous  le  n°  3  de  la 
planche  00  de  V Essai  de  numismatique  yproise,  par 
Alphonse  Vandenpeereboom.  Ce  plomb  date  vrai- 
semblablement du  xvii^  siècle. 


)63 

La  ressemblance  que  nous  signalons  est  frap- 
pante. Y  et  couronne  sont  les  mêmes  sur  les  trois 
pièces  et  il  ne  serait  pas  du  tout  étonnant  que 
contremarque  de  notre  écu  et  coins  du  plomb 
fussent  sortis  du  même  burin. 

La  comparaison  des  trois  monuments  ne  permet 
donc  pas  le  moindre  doute  quant  à  l'origine 
yproise  de  la  contremarque  qui  nous  occupe  (i). 

(i)  On  a  voulu  donner  au  Portugal  les  monnaies  contremarquées 
d'un  Y  couronné,  à  cause  de  la  ressemblance  de  cette  estampille  avec 
le  type  des  réaux  d'argent  de  Jean  II,  roi  de  Portugal  (1481-1495). 
(V.  Descripçâo  gérai  e  historica  das  moedas  cunhadas  em  nome  dos 
rets,  régentes  e  governadores  de  Portugal,  par  A.-C.  Teixeira 
DE  Aragâo,  1. 1,  p.  241  et  pi.  XIII,  nos 6,  y,  8,  9,  10  et  1 1.)  Nouscroyons 
que  cette  attribution  ne  peut  subsister  si  l'on  compare  les  pièces  ainsi 
poinçonnées  avec  le  plomb  dont  nous  avons  parlé  au  commencement 
de  cette  notice,  plomb  dont  l'origine  yproise  est  absolument  certaine. 
Il  serait,  en  outre,  étrange  que  les  rares  pièces  connues  contremarquées 
d'un  Y  couronné  fussent  presque  toutes  des  monnaies  ayant  été  frappées 
dans  les  Pays-Bas,  si  l'estami  iile  en  question  avait  réellement  une 
origine  portugaise.  De  plus,  la  gravure  de  la  contremarque  aurait  été 
alors,  semble-t-il,  d'un  tout  autre  style,  ce  que  l'examen  attentif  des 
réaux  de  Jean  II,  roi  de  Portugal,  prouve  à  l'évidence.  Enfin,  et  ce 
dernier  argument  semble  bien  difficile  à  réfuter,  Jean  II  et  Jean  III, 
rois  de  Portugal,  étaient  tous  deux  morts  en  i563,  date  de  la  frappe  de 
notre  écu  de  Philippe  II.  La  contremarque  qui  s'y  trouve  ne  peut 
donc  représenter  l'initiale  du  nom  d'un  de  ces  princes.  Il  n'est  pas 
vraisemblable  que  ce  soit  celle  de  Jean  IV,  dont  le  règne  commença 
seulement  en  1640,  cette  même  estampille  figurant  aussi  sur  une 
monnaie  de  Charles  le  Téméraire,  qui  vient  de  nous  être  commu- 
niquée. Le  duc  de  Bourgogne  étant  décédé  près  de  deux  siècles 
avant  l'avènement  du  roi  Jean  IV,  il  n'est  guère  probable  que  le 
numéraire  de  Charles  le  Téméraire  circulait  encore  en  Portugal  à 
cette  époque. 


164 

Des  Y  couronnés  du  même  genre  fiorurent  encore 
sur  les  n°^  I,  2  et  3  de  la  planche  PP  du  même 
ouvrage. 

Il  nous  reste  à  rechercher  à  quelle  époque  et  à 
la  suite  de  quels  événements  nos  deux  monnaies 
ont  été  contremarquées. 

Le  millésime  i563,  qui  se  trouve  sur  notre  écu 
de  Philippe  II,  assigne  à  ces  événements  une  date 
postérieure  à  cette  année.  D'un  autre  côté,  la  pré- 
sence de  l'Y  couronné  sur  un  double  sou  de  1496 
nous  force  à  limiter  nos  recherches  à  une  époque 
pas  trop  postérieure  à  i563,  vu  la  période  de  temps 
déjà  longue  comprise  entre  ces  deux  dates.  Nous 
avons  borné  nos  investigations  à  la  fin  du  xvi^  siè- 
cle, tant  à  cause  de  la  parfaite  ressemblance  de 
l'estampille  de  nos  pièces  avec  l'Y  du  plomb  de  la 
première  moitié  (?)  du  xvii*  siècle  dont  nous  avons 
parlé,  que  de  la  succession  rapide,  pendant  ces 
années  troublées,  d'événements  ayant  pu  donner 
lieu  à  des  faits  monétaires  extraordinaires.  Il  est 
de  plus  avéré  que  les  dépôts  de  monnaies  enfouis 
sous  le  règne  de  Philippe  II  renferment  souvent 
des  espèces  de  Philippe-le-Beau,  preuve  évidente 
que  le  numéraire  de  ce  prince  circulait  encore  à 
cette  époque,  concurremment  avec  celui  de  Phi- 
lippe II,  ce  que  les  tarifs  du  temps,  réglant  le 
cours  des  monnaies,  constatent  d'ailleurs  sura- 
bondamment. 

En  i582,  la  Flandre  était  profondément  trou- 
blée. Gand,  Bruges,  le  Franc  de  Bruges  et  Ypres, 


i65 

qui  en  constituaient  les  quatre  membres,  suivaient 
une  politique  différente, 

Gand,  le  premier  viiemhre,  qui  se  qualifiait, 
dès  i58i,  de  métropole  des  Flandres,  sur  les  mon- 
naies frappées  dans  ses  murs,  reconnaissait  cepen- 
dant le  duc  d'Alençon  à  cette  époque,  mais  plutôt 
comme  protecteur  que  comme  souverain.  La 
faction  d'Hembize,  qui  triompha  définitivement, 
en  i583,  de  celle  de  Ryhove,  ne  voulait  pas  se 
soumettre  à  ce  prince  étranger. 

La  ville  de  Bruges,  le  deuxième  membre,  et  le 
Franc  de  Bruges,  le  q^iatrieme  membre,  avaient  tous 
deux  leur  juridiction  dans  cette  cité.  Ces  deux 
membres,  qui  suivaient,  en  i582,  le  parti  du  duc 
d'Alençon,  formaient,  en  i583,  un  groupe  soute- 
nant en  apparence  les  États  pour  arriver,  à  la  suite 
d'une  espèce  de  neutralité  armée,  à  une  réconci- 
liation avec  le  duc  de  Parme.  Le  duc  de  Croy  pré- 
sidait, comme  gouverneur,  aux  destinées  de  ces 
deux  membres. 

Ypres,  le  troisième  membre,  resta  bientôt  isolé 
dans  son  attachement  sincère  à  la  cause  des  États. 
Cet  isolement  devint  complet  à  la  suite  de  la  prise 
de  Menin  et  de  Dixmude  par  les  Espagnols. 

Le  3  septembre  i582,  le  duc  d'xA.lençon  informait 
le  magistrat  d'Ypres  (i)  qu'il  lui  envoyait,  ainsi 


(i)Kervyn  de  Volkaersbeke  et  Diegerick,  Docuynents  historiques 
inédits  concernant  les  troubles  des  Pays-Bas,  Gand,  1849,  t.  II, 
p.  362. 


i66 

qu'il  l'avait  demandé,  un  gentilhomme  bien  expé- 
rimenté en  fait  de  guerre,  le  seigneur  de  Mar- 
quettes, pour  l'assister  de  son  conseil,  en  ce  qui 
avait  trait  à  la  guerre  et  à  la  défense  de  la 
ville,  etc. 

Quelques  jours  après,  le  12  septembre,  le  prince 
d'Orange  écrivait  lui-même  au  magistrat  (i)  : 
«  Comme  Son  Alteze  a  trouvé  bon  de  commeetre 
»  le  sieur  de  Marquettes  à  la  superintendance  de  votre 
»  ville  (2)  au  faict  de  la  guerre  et  que  présente- 
»  ment  il  se  porte  vers  vous  pour  s'étendre  à  sa 
»  charge,  je  n'ai  pas  voulu  le  laisser  partir  sans 
»  l'accompagner  de  ces  mots  pour  vous  prier  de 
»  luy  vouloir  porter  le  respect  et  donner  Vobéis- 
»  sance  qui  convient.  » 

Le  seigneur  de  Marquettes  avait  donc  reçu  des 
pouvoirs  étendus  de  l'autorité  centrale  qui  tenait 
parti  contre  Philippe  II.  Il  est  donc  bien  naturel 
d'admettre  qu'il  ait  pu,  en  vertu  de  ces  pouvoirs, 
faire  relever,  quand  le  besom  s'en  fit  sentir,  la 
valeur  des  espèces  qui  formaient  son  trésor.  Cette 
nécessité  dut  se  produire  rapidement.  Les  com- 
munications avec  le  dehors  étaient  devenues  diffi- 
ciles, Farnèse  s'étant  étendu  partout  dans  le  plat 
pays,  tactique  qui  rendait  la  chute  des  villes  iné- 
vitable. 


(1)  Kervyn  DE  VoLKAERSBEKE  et  DiEGERicK,  Documents  historiques 
inédits  concernant  les  troubles  des  Pays-Bas.  Gand,  1849,  t   II,  p.  363. 

(2)  La  ville  et  le  quartier  d'Ypres  formaient  une  seule  et  même  super- 
intendance. 


167 

L'isolement  complet  dans  lequel  se  trouvait  dès 
lors  le  quartier  d'Ypres  dut  amener,  à  bref  délai, 
une  grande  pénurie  d'argent  monnayé  et  le  sei- 
gneur de  Marquettes  dut  bientôt  se  voir  obligé  de 
relever  la  valeur  des  rares  espèces  qu'il  avait  à  sa 
disposition.  Ce  fut  alors,  croyons-nous, que  furent 
contremarquées  les   pièces  qui  nous   occupent. 

Plus  tard,  le  siège  se  continuant,  le  numéraire 
devint  de  plus  en  plus  rare  et  la  détresse  des  assié- 
gés alla  en  augmentant,  surtout  après  que  deux 
grandes  sorties,  tentées  pour  ravitailler  la  place, 
eurent  été  repoussées,  l'une,  près  de  Bergues 
Saint-Winocq,  l'autre,  aux  portes  mêmes  d'Ypres. 

C'est  à  la  suite  de  ces  désastres  que  furent  sans 
doute  émises  les  pièces  obsidionales,  en  étain, 
de  XX  et  de  X  sous,  pièces  portant  la  date  i583. 
La  frappe.de  ces  dernières  monnaies  n  a  pas  laissé 
de  traces  dans  les  archives.  Cela  résulte  à  l'évi- 
dence du  mutisme  du  livre  de  M.  Vandenpeere- 
boom  à  cet  égard. 

Quoi  d'étonnant  dès  lors  que  la  mesure  du  relè- 
vement de  la  valeur  des  espèces,  mesure  aussi 
mise  en  pratique  au  pays  de  Waas  (i)  et  qui  a  dû 
précéder  l'émission  du  numéraire  en  étain,  ne  se 
trouve  non  plus  mentionnée  dans  aucun  document? 

Les  recherches  à  ce  sujet  gracieusement  faites, 
à  notre  demande,  dans  les  archives  d'Ypres, par 
M.  Merghelynck,  dans  celles  de  Gand,  par  M.  Die- 

(1)  Revue  belge  de  numisynaliqtie,  1894,  p,  367, 


i68 

gerick,  dans  celles  deBruxelles,  par  M.Verkooren, 
sont  restées  sans  résultat.  Cela  ne  doit  pas  nous 
surprendre,  disons-nous,  car,  en  vertu  de  ses  pou- 
voirs de  guerre  discrétionnaires,  le  seigneur  de 
Marquettes  a  dû  prendre  les  mesures  financières 
en  question  sans  consulter  le  magistrat,  dont  il 
n'avait  pas  à  demander  l'autorisation. 

Le  14  avril  1684,  le  prince  de  Parme  donne  ses 
instructions  aux  commissaires  envoyés  à  Ypres, 
après  la  reddition  de  cette  ville  (i). 

Il  leur  prescrit,  entre  autres,  d'  «  enquester  les 
»  moiens  que  ceulx  de  la  dite  ville  et  chastellenie 
»  ont  tenu  et  observé  pour  trouver  argent  au 
»  paiement  et  entretènement  de  leurs  garnisons  ». 
11  est  vraisemblable  que  la  découverte  de  cette 
enquête,  restée  introuvable,  fournirait  des  rensei- 
gnements intéressants  sur  le  sujet  qui  nous  occupe. 

Le  silence  des  archives  de  l'époque  nous  paraît 
bien  naturel  après  tout  ce  qui  précède,  et  il  nous 
semble  avoir  suffisamment  établi  que  les  mon- 
naies contremarquées  d'un  Y  couronné  ont  été 
estampillées  à  Ypres  vers  i582,  par  les  ordres  du 
seigneur  de  Marquettes,  superintendant  de  la  ville 
d'Ypres  et  de  son  quartier. 

V'^  Baudouin  de  Jonghe. 


(1)  Archives  du  royaume  à  Bruxelles  et  Compte-rendu  des  séauces 
de  la  Commission  royale  d'histoire  ou  Recueil  de  ses  bidletins,  3«  S., 
t.  XIII.  Bruxelles,  Hayez,  1872,  p.  84,  ccccxxxiv. 


lôg 


RECHERCHES  NUMISMATIQUES. 


TEOISIEME     AKTICLE. 
Planche    IV. 


I. 

BRONZE  GAULOIS  A  LA  LÉGENDE  GAI  CA... 

Tête  de  Janus.  Lèg.  :  CAI  CA... 
Rev.hïon  passant  à  droite;  un  rameau  au-dessus 
de  lui.  Pas  de  trace  visible  de  légende. 

Bronze.  Poids  :  2gr.4o  Collection  de  Witte. 

Trouvé  en  Belgique.  PI.  IV,  n°  i . 

Cette  pièce  n'est  pas  inédite,  c'est  une  simple 
variété  de  la  monnaie  déjà  publiée  ;  elle  n'en  est 
pas  moins  intéressante,  car  les  lettres  que  laisse 
voir  notre  exemplaire  viennent  contredire  la  lec- 
ture de  la  légende,  admise  jusqu'ici.  Nous  avons 
donc  cru  faire  œuvre  utile  en  reproduisant  le  petit 
bronze  de  notre  collection  d'après  un  dessin  que 
nous  devons  à  l'obligeance  de  notre  confrère 
M.  Seeldrayers,  artiste-peintre  et  numismatiste. 
Chacun  pourra  se  faire  ainsi  une  opinion  en 
connaissance  de  cause. 

Lorsqu'il  s'agit  de  numismatique  gauloise, 
chaque  monnaie  de  quelque  importance  a  pour 
ainsi  dire  son  histoire.  Celle  de  notre  petit  bronze 
n'est  pas  des  moins  intéressantes, 

ANNÉE    1896.  12 


170 

M.  Duchalais,  dans  la  Description  des  médailles 
gauloises  faisant  partie  des  collections  de  la  Bibliothè- 
que royale,  classe  cette  pièce  sous  la  rubrique  : 
Autonomes  de  Cavaillon  et  la  décrit  comme  suit  : 

44.  —  CAL..  (COL.  CAI).  Tête  de  Janus,  barbue 
et  laurée.  Grènetis  au  pourtour. 

Rev.  ...  AN...  Lion  marchant  à  droite. 

JE.  Diamètre -M  5  millimètres.  PI.  I,  n"  3. 

(MioNNET,  Gaule  narbonnaise,  x\°  27,  JE.  4.) 

Puis  il  ajoute  :  «  Pellerin  et  M.  Mionnet  ont  lu 
»  sur  cette  pièce  CABE  au  droit,  et  M,  ANT  au 
»  revers  ;  ils  voyaient  tous  deux  de  ce  côté  une 
»  tête  de  Marc-Antoine,  au  lieu  d'un  lion(!)  mais 
»  M.  de  la  Saussaye,  p.  145  de  la  Gaide  narbon- 
•»  naise,  a  déjà  détruit  cette  erreur;  c'est  bien  un 
»  lion  qu'il  faut  reconnaître  dans  ce  type.  Jamais 
»  on  n'a  pu  retrouver  sur  notre  pièce  CABE  ou 
»  M.  ANT,  comme  le  prétendent  ces  deux  savants. 
»  Il  n'y  a  que  CAI  et  AN,  ou  tout  au  plus  ANT. 
»  Cependant,  en  tournant  l'exemplaire  que  pos- 
»  sède  le  Cabinet  d'une  certaine  façon  et  en  l'ex- 
»  posant  à  un  certain  jour,  on  arrive  à  grand'peine 
»  à  reconnaître  quelques  traits  qui  semblent  se 
>^  rattacher  au  I  et  peuvent,  si  ce  ne  sont  des  aspé- 
»  rites  du  flan,  avoir  formé  un  B  lorsque  la  pièce 
»  était  entière.  Aussi  avons-nous  hésité  longtemps 
»  avant  d'adopter  la  classification  reçue,  et  ne 
»  l'avons-nous  acceptée  qu'après  avoir  trouvé 
»  dans  le  Catalogue  des  médailles  de  M.  Desains  (de 


T7I 

»  Saint-Quentin),  rédigé,  en  1843,  par  M.  de  Long- 
»  périer,  la  description  d'une  médaille  semblable, 
»  où  on  lit  COL.  CAI.  Toutes  les  pièces  de  Ca- 
»  vaillon  décrites  plus  haut  portent,  on  se  le  rap- 
»  pelle,  COL.  CABE.  Le  mot  COL.  se  retrouvant 
»  ici  est  un  grand  argument  en  faveur  de  l'opinion 
5  admise,  et  il  peut  bien  se  faire,  en  outre,  que  le 
»  I  final  soit  un  signe  indicatif  d'une  qualifi- 
■»  cation,  et  qu'il  faille  lire  COhonia  CABellio 
»  lulia.  On  sait  combien,  en  Espagne,  cette  sorte 
»  d'épithète  était  alors  fréquemment  usitée,  et  que 
»  cet  usage  était  passé  en  Gaule,  puisque  sur  les 
»  grands  bronzes  de  Vienne  nous  lisons  C.  L  V., 
»  que  l'on  explique  par  Colonia  lulia  Vienna.  » 

Cette  note  sent  vraiment  trop  la  gêne,  l'hési- 
tation. 11  faut  avouer  que  pour  donner  le  bronze 
à  la  tête  de  Janus  et  au  lion  à  Cavaillon,  il  fallait 
le  tourner  dans  bien  des  sens,  supposer  bien  des 
choses  ;  aussi,  M.  Muret,  dans  le  Catalogue  des 
monnaies  gauloises  de  la  Bibliothèque  nationale  paru 
en  i88g,  laisse-t-il  prudemment  ces  monnaies  aux 
incertaines  de  la  Narbonnaise.  Il  n'en  décrit  pas 
moins  de  six  exemplaires  : 

2614.  CAL..  Tête  de  Janus. 
Rev.  Lion  à  droite.  Br.  2^'. 04. 

2615.  Id.  Br.  2«'.36. 

2616.  CAL..  Tête  de  Janus. 

Rev.  Lion  à  droite  ;  à  l'exergue  AN.  Br.  2'^Mo. 

2617.  CAITIO.  Tête  de  Janus. 
Rev.  Lion  à  droite.  Br.  i^'.go. 


172 

26i8.  Id.Br.  28^55. 

261g.  CAL..  Tête  de  Janus. 

Rev.  Lion  à  droite;  à  l'exergue  AN.  Br.  I8^g5. 

«  Ces  pièces,  fait  remarquer  M.  Muret,  sont 
»  classées  à  Cabellio  dans  la  Numismatique  de  la 
»  Gaide  narbonnaise,  par  M.  de  la  Saussaye.  Voyez 
»  pi.  XVII,  5,  et  page  143  du  corps  d'ouvrage. 
»  A  Apta  Julia,  Dictionnaire  archéologique  de  la 
»  Gaule,  page  66.  » 

Du  moment  où  la  légende  ne  peut  se  lire  CABE 
COL,  il  faut  bien  avouer  qu'il  est  difficile  de 
maintenir  à  Cabellio  l'attribution  des  bronzes 
«  Janus-lion  »,  qui  n'ont  ni  la  fabrique  ni  le  type 
des  espèces  émises  dans  la  Gaule  narbonnaise. 
L'emploi  de  la  tête  de  Janus  est  assez  rare  sur  le 
numéraire  gaulois  (i)  ;  il  en  est  tout  autrement  du 
lion,  qui  se  rencontre  sur  une  infinité  de  mon- 
naies; mais  il  est  à  noter  qu'en  dehors  des  pièces 
dont  nous  nous  occupons,  la  tête  de  Janus  ne  se 
retrouve  accolée  à  la  figuration  d'un  lion  que  sur 
des  bronzes  anépigraphes,  qu'on  est  généralement 
d'accord  pour  donner  au  pays  des  Rèmes  (2). 

Nous  ne  voyons  donc  pas  trop  pourquoi  les 
pièces  CAI  CA...  n'appartiendraient  pas  aussi  à  la 
région  occupée  par  ce  peuple,  l'allié  fidèle  des 

(1)  Muret.  Catalogue  des  monnaies  gauloises  de  la  Bibliothèque 
nationale,  nos  2614-2619;  8io6-8i23;  8933-8944;  9464-9465;  9897- 
9899. 

(2)  Muret.  Catalogue  des  monnaies  gauloises  de  la  Bibliothèque 
na^/oMfl/^,  nos  8106-8123. 


Romains,  sur  les  espèces  duquel  apparaît  parfois 
la  signature  A  HlRtius,  IMFerator  (i).  CAlus  CA... 
—  nous  n'osons  écrire  Caius  Carinas  (2)  —  y  serait 
donc  fort  bien  à  sa  place.  Dans  tous  les  cas,  ce 
qu'il  y  a  de  certain,  que  l'on  admette  la  lecture  de 
M.  Muret,  CAITIO,  ou  la  nôtre,  CAI  CA,  c'est  que 
la  leçon  COL  CABE  est  fautive  et  que,  dès  lors, 
tombe  d'elle-même  l'attribution  à  Cabellio-Cavail- 
lon  et  à  la  Narbonnaise.  Cette  seule  rectification 
a  son  importance. 

II. 

DUCAT   DE   MARGUERITE   DE   BRÉDERODE. 

Écu  écartelé  de  quatre  lions  :  ^^  MARGA  0  D  ® 
BREDROD  ®  AB  ®  THORE'. 

Rev.  Vierge  couronnée,  assise,  tenant  dans  ses 
bras  l'enfant  Jésus  nimbé.  A  ses  pieds,  un  crois- 
sant; à  l'exergue,  coupant  la  légende,  un  petit  écu 
au  lion  :  MONETA  ®  NOV  —  AVREA  ® 
THORN  ® 

Ducat  d'or.  Collection  du  Vicomte  B.  de  Jonghe. 

Poids  :  3gr.37.  PI.  IV,  no  2. 

(1)  M.  Maxe-Werly  ne  croit  pas  pouvoir  attribuer  ces  monnaies  aux 
Rèmes  proprement  dits,  mais  bien  uh  la  partie  delà  Gaule  Belgiquedont 
dépendait  cette  nation».  Revue  belge  de  tiumismatiqiie,  t.XLIV,p.433. 

Nos  faibles  connaissances  en  numismatique  gauloise  ne  nous  per- 
mettent pas  de  prendre  parti  en  l'occurence. 

{2)  Caius  Albius  Carinas  succéda  dès  l'an  3i  avant  J.-C.  à  Aulus 
Hirtius,  propréteur  de  la  Gaule  Belgique.  On  lui  donne  une  monnaie 
à  l'éléphant  et  aux  insignes  du  Pontificat,  avec  la  légende  CARINA,  en 
rétrograde,  à  l'exergue  du  droit.  Revue  belge  de  numismatique, 
t.  XLIV,  p.  440. 


174 

Van  der  Chijs,  lorsqu'il  publia  ses  Munten  der 
Leenen  van  Brahand  en  Limburg,  ne  connaissait  pas 
cette  rare  monnaie  en  nature  : 

«  Op  PI.  XVI,  geven  wij  onder  n°  i,  écrit-il, 
»  een  ducaat,  die  wij  alleen  uit  het  Thresoor  ken- 
»  nen  »  (i). 

Il  y  a  deux  ou  trois  ans,  nous  avons  rencontré 
cette  pièce  chez  un  antiquaire  de  Gand.  L'exem- 
plaire, mieux  conservé,  que  nous  reproduisons 
aujourd'hui,  appartient  à  la  collection  de  notre 
excellent  confrère  M.  le  V*"  B.  de  Jonghe. 

Marguerite  de  Bréderode  était  fille  de  Walraven 
van  Bréderode  et  de  sa  seconde  femme  Anne  van 
Nuenar  ou  Nieuwenaar.  Thorn  est  un  bourg  qui 
fait  actuellement  partie  du  Limbourg  hollandais. 
Il  est  situé  à  une  lieue  et  demie  au  nord  de 
Maeseyck,  sur  la  grand'route  qui  conduit  de  cette 
ville  à  Venlo.  Au  x^  siècle,  un  certain  comte 
Ansfrid  et  sa  femme  Hilsonde  y  fondèrent  un 
monastère,  qui  fut  converti,  plus  tard,  en  chapitre 
de  chanoinesses. 

L'abbesse  de  Thorn  était  dame  temporelle  du 
pays  de  ce  nom  et  des  communes  de  Graethem, 
Ittervoort,  Hunsel,  Eelen,  Baexem  et  Stamproy. 
Elle  possédait  aussi  la  seigneurie  de  Neeroeterein, 
dans  le  comté  de  Looz,  et  celle  d'Ubach,  au  pays 
de  Juliers  (2) . 

(1)  Page  196. 

(2)  WoLTERS,  Notice  historique  sur  l'ancien  Chapitre  impérial  de 
Chanoinesses  à  Thorn,  pp.  6  et  7. 


175 

Sa  monnaie,  depuis  Marguerite  de  Bréderode 
(i53i-i577),  relevait  du  cercle  de  Westphalie. 

La  plus  ancienne  monnaie  connue  des  abbesses 
de  Thorn  est  un  denier  du  commencement  du 
xi^  siècle,  signé  Gerberga  (i). 

Le  17  juillet  1548,  Charles-Quint  publia  une 
ordonnance  vStipulant  que,  désormais,  toute  mon- 
naie frappée  en  terre  d'empire  porterait,  outre  le 
nom  du  seigneur  qui  l'émettait,  l'emblème  impé- 
rial et  le  nom  de  l'empereur  régnant  (2). 

L'abbesse  de  Thorn  fut  un  des  rares  souverains 
des  Pays-Bas  qui  se  soumit  à  la  volonté  de  Charles 
Quint. 

Le  ducat  que  nous  publions  ne  porte  pas  le  nom 
de  l'empereur  d'Allemagne;  il  a  donc, selon  toute 
vraisemblance,  été  forgé  antérieurement  à  l'année 
1548. 

IIL 

DENIER    NOIR    DE   BORN. 

^  IIOnanaTÎ  BORKŒLDans  le  champ,  en  deux 
lignes  :  I^GI  —  ÏÏGCL 

Rev.  Croix  brève  et  pattée.  Lég.  ♦  IIOnGCO^TÎ 
BORRa. 

Denier  noir,  poids  :  igr.ôo  Collection  de  Witte. 

PI.  IV,  no  3. 

(\)  Cm \i.oii.  La  plus  ancienne  monnaie  des  Abbesses  de  Thorn. 
Revue  belge  de  numismatique,  t.  XVIII,  pp  466-469. 

(2)  DE  BoRGHRAVE. //zstoire  dcs  rapports  de  droit  public  qui  existè- 
rent entre  les  vrovinccs  belges  et  l'empire  d' Allemagne,  p.  206. 


176 

Van  der  Chijs,  pi.  IV,  n°*  2  et  3  des  Munten  dey 
Leenen  van  voormalige  hertogdommen  Braband  en 
Limburg,  donne  à  Renaud  de  Dalembroeck,  sire 
de  Born  (i378-i396)deux  billons  noirs,  légèrement 
variés,  portant  dans  le  champ  du  droit  l'inscrip- 
tion bilinéaire  RQil/nSR.  C'est  M.  Perreau  qui 
proposa  le  premier  la  lecture  Reinerus  et  l'attri- 
bution à  Renaud  de  Born,  bien  que  ce  seigneur 
soit  toujours  désigné  dans  les  chartes  sous  le  nom 
de  Reinoldus  (i).  Cette  attribution  a  été  admise; 
nous  n'avons  nullement  l'intention  d'y  contredire. 

M.  Piot  a  publié,  dans  le  tome  XI  de  la  Revue 
belge  de  numismatique  (2)  une  généalogie  des  sires 
de  Born  à  laquelle  nous  croyons  pouvoir  nous 
rapporter,  en  raison  de  l'autorité  que  lui  donne 
le  nom  du  savant  archiviste  général  du  royaume 
de  Belgique.  Cette  généalogie  nous  apprend  que 
Renaud  de  Dalembroeck  mourut  le  17  janvier  i3g6. 
Son  neveu  Simon,  comte  de  Salm,  hérita  de  ses 
biens.  Simon  mourut  le  16  janvier  1398  et  la  sei- 
gneurie de  Born  devint,  d'après  M.  Perreau,  la 
propriété  de  son  frère  Jean  et  de  sa  sœur  Odile. 
Jean  et  Odile  auraient  vendu  à  Guillaume  de 
Juliers,  le  8  décembre  1400,  Born,  Sittard  et  Sus- 
teren  pour  une  somme  de  70,000  florins  d'or. 
M.  Piot  cite,  comme  auteurs  de  cette  vente,  Odile 
et  son  époux  Jean,  sire  de  la  Lecke  et  de  Bréda. 

(1)  Revue  belge  de  numismatique,  t.  I«r,  pp.  365-368.  Avant 
M.  Perreau  on  donnait  ces  pièces  à  la  Gueldre. 

(2)  Pp.  49  et  5o. 


177 

Les  deniers  noirs  de  Renaud  de  Dalembroeck, 
publiés  par  Van  der  Chijs  d'après  les  planches  de 
Lelewel,  sont  imités  des  pièces  émises  par  la  du- 
chesse Jeanne  de  Brabant  à  la  suite  de  la  conven- 
tion conclue  entre  elle  et  le  comte  de  Flandre, 
Philippe-le-Hardi.  Les  deniers  noirs  de  Jeanne, 
appelés  «  mites  »  dans  les  comptes,  furent  frappés 
à  Louvain,  du  i6  septembre  i384  au  i6  mars  i386, 
au  nombre  de  662,640.  Ils  avaient  cours  les  douze 
pour  un  gros  (t).  Au  centre,  sur  deux  lignes  sépa- 
rées par  un  trait,  se  lisaient  les  noms  des  associés, 
la  duchesse  et  le  comte,  I0P7/PI^S. 

L'inscription  du  billon  de  Born  de  notre  collec- 
tion se  rapproche  davantage  de  la  légende  IOI7/PI7S 
que  ne  le  fait  l'inscription  des  pièces  déjà  connues 
du  même  type,  frappées  par  Renaud  de  Dalem- 
broeck. La  similitude  est  même  telle  qu'il  semble 
tout  d'abord  voir  écrit,  en  rétrograde,  IOI7/IOI7, 
ce  qui  classerait  la  pièce  au  Jean,  successeur  de 
Renaud.  Mais,  un  examen  plus  attentif  des  carac- 
tères graphiques  et  la  comparaison  des  lettres  qui 
composent  l'inscription  centrale  avec  les  lettres 
qui  constituent  les  légendes  circulaires,  viennent 
complètement  modifier  cette  première  impres- 
sion. Nous  nous  trouvons  tout  simplement  en 
présence  d'un  trompe-l'œil  des  mieux  réussis,  et 
c'est  Rei/Rei,  ou  Rai/uai  qu'il  faut  lire.  Notre 

(1)  A.  DE  WiTTE,  Histoire  monétaire  des  comtes  de  Louvain,  ducs 
de  Brabant,  t.  I,  p.  166. 


178 

pièce  constitue  donc  une  troisième  variété  des 
deniers  noirs  émis, à  Born,par  Renaud  de  Dalem- 
broeck.  La  seigneurie  de  Born  était  située  au  pays 
d'outre-Meuse,  dans  le  duché  de  Juliers,  à  peu  de 
distance  de  la  petite  ville  de  Sittard.  Le  village 
de  Born  appartient  aujourd'hui  au  royaume  de 
Prusse. 

IV. 

QUART  DE  GROS  DE  MARIE  DE  BOURGOGNE  POUR 
LA  HOLLANDE. 

M    en    plein    champ.    Lég.   :    «f    CPTÎRITïei 

GCominnissTî  *  17. 

Rev.  Croix  courte  et  pattée  ayant  en  cœur  une 
petite  rosace.  Dans  les  cantons,  deux  rosaces  et 
deux  fleurs  de  lis.  ^  IR  -h  HOmiRS  *  DOmiI?!  *. 

Quart  de  gros,  poids  :  oz'^.'j^  Collection  de  Witte. 

PI.  IV,  n°  4. 

Ce  petit  billon,  élégamment  gravé,  n'est  donné 
ni  par  Van  der  Chijs,  De  munten  der  voormalige 
Graafschappen  Holland  en  Zeeland,  ni  par  Jean 
Meyer,  dans  la  suite  d'articles  qu'il  a  publiés  dans 
la  Revus  belge  de  numismatiqtie,  concernant  les 
monnaies  rares  ou  médailles  inédites  du  cabinet 
de  La  Haye,  dont  il  était  le  conservateur. 

Le  quart  de  gros  de  Marie  de  Bourgogne  de 
notre  collection  offre  la  particularité  de  présenter, 
au  revers,  une  croix  cantonnée  de  deux  fleurs  de 
lis  et  de  deux  petites  roses.  Or,  la  rOvSe  de  Dor- 


179 
drecht  ne  se  retrouve,  ainsi  employée,  que  sur  des 
pièces  de  billon  émises  au  temps  de  Philippe-le- 
Beau  (1496-1506)  (i).  Elle  est  accompagnée  alors 
de  deux  lions  ou  d'un  lion  et  d'une  fleur  de  lis. 
On  sait  que  certains  petits  deniers  à  tête,  forgés 
par  les  comtes  de  Hollande  au  xiii^  siècle,  por- 
taient déjà,  dans  les  cantons  de  la  croix  qui 
marque  leurs  revers,  des  petites  roses  ou  quinte- 
feuilles. 

Le  quart  de  gros  de  Marie  de  Bourgogne  est 
doté  d'une  légende  fautive  au  droit  :  Mariae  comi- 
tissa  h,  y  lit-on  pour  Maria  comitissa  h.  C'est  une 
intéressante  variété  à  joindre  à  la  liste,  déjà  longue, 
des  espèces  hollandaises  frappées  au  nom  de 
l'épouse  de  Maximilien. 

V. 

MÉREAU   DE   JEAN   BONT,    CHANTRE    DU    CHAPITRE   DE 
SAINTE-GUDULE,  A  BRUXELLES. 

>h  SKUamiSi  *  DSI  :  *  :  GVDaUK  :  -k  : 
VIRGO  :  *  :  Sainte-Gudule,  la  tête  nimbée, 
s'avance  de  face  ;  elle  tient  de  la  main  droite  une 
lanterne  et  de  la  main  gauche  un  livre  ouvert.  Le 
tout  séparé  de  la  légende  par  un  cercle  perlé  et  par 
un  entourage  formé  de  neuf  arcs  de  cercle,  ornés  à 
leurs  intersections  de  tiercefeuilles.  Dans  la  partie 
concave  de  chaque  arc  de  cercle,  une  étoile. 

(i)  Van  der  Chus.  De  miinten  der  voormalige  Graafschappen  Hol- 
land  en  Zeeland,  pi.  XXI,  nos  5  à  11,  nos  i3  et  14. 


i8o 

Rev.  ^  :  -^  :  lOï^TTNNQIS  :  *  :  BON^T  :  ^  : 
GCTîHnnOR  :  *  :  Dans  le  champ  un  V,  placé  dans 
un  entourage  de  neuf  arcs  de  cercle,  ornés  à 
chacune  de  leurs  intersections  d'une  tiercefeuille. 
Une  étoile  est  placée  à  leur  centre.  Le  tout  séparé 
de  la  légende  par  un  cercle  perlé. 

Cuivre  jaune.  Coll.  de  M.  Éd.VandenBroeck. 

PI.  IV,  no  5. 

M.  R.  Serrure  a  déjà  fait  connaître  ce  méreau  (i). 
Si  nous  nous  en  occupons  une  fois  encore,  c'est 
que  la  publication,  dans  la  Revue,  d'une  pièce  au 
même  type,  avec  la  lettre  STÎ  au  centre,  a  donné 
lieu  à  une  interprétation  fautive  qu'il  importe  de 
rectifier  dans  le  recueil  même  où  l'erreur  a  été 
commise. 

Jean  Bont,  chanoine  trésorier  et  chantre  du 
chapitre  de  Sainte-Gudule,  à  Bruxelles,  occupa 
diverses  fonctions  publiques.  Il  embrassa  le  parti 
du  duc  de  Brabant,  Jean  IV,  lors  des  démêlés  de 
ce  prince  avec  les  Etats  et  fut  nommé  chancelier 
du  Brabant,  en  1427,  par  Philippe  de  Saint-Paul. 
Bont  mourut  en  l'année  1453. 

M.  Goddons  a  fait  graver,  planche  III,  n"  10  du 
tome  XIII  de  la  Revue  belge  de  mmismatique,  un 
autre  méreau  de  ce  personnage  qui  ne  diffère  du 
méreau  de  la  collection  de  M.  Vanden  Broeck 
que  par  la  lettre  (D,  qui,  au  revers,  remplace  la 

(1)  Bulletin  de  numismatique,  t.  II,  p.  7g. 


I«I 


lettre  V.  M.  Goddons  considérait  la  lettre  (D 
comme  l'initiale  du  mot  merellus,  méreau. 
M.  Minard,  qui,  lui  aussi,  a  reproduit  le  méreau 
à  rCD  du  chantre  de  Sainte-Gudule,  à  la  page  i6g 
du  tome  III  de  la  Description  des  méreaux  et  jetons 
de  présence  des  Gildes  et  corps  de  métiers  des  Pays- 
Bas,  lisait  (Varia,  car  «  ces  méreaux  étaient  desti- 
»  nés  »,  ajoutait-il,  «  à  être  distribués  de  préférence 
»  aux  membres  de  la  réunion  de  la  Vierge,  fondée 
»  par  le  chanoine  Bont  »  ! 

Il  faut  évidemment  voir  dans  les  lettres  O")  et  V 
de  nos  méreaux  les  initiales  des  noms  des  offices 
religieux,  au  cours  desquels  ils  étaient  distribués, 
comme  marques  de  présence,  aux  chanoines  qui 
assistaient  à  ces  offices. 

Une  ordonnance  du  chapitre  de  Sainte- Gudule, 
du  27  novembre  1497,  enjoint  aux  chapelains  de 
réclamer,  chaque  jour  avant  de  dire  la  messe,  un 
plomb,  afin  qu'il  soit  possible  ainsi  de  déterminer 
le  nombre  de  messes  qu'ils  ont  célébrées  pendant 
le  mois  (i). 

Sans  parler  de  la  messe,  les  heures  canoniales 
dites  chaque  jour  par  les  chanoines  sont  laudes 
et  matines,  prime,  tierce,  sexte,  none,  vêpres  et 
compiles,  auxquelles  viennent  s'ajouter,  la  veille 
des  fêtes,  les  vigiles. 

Les  méreaux  au  nom  de  Jean  Bont,  chantre  et 
trésorier  du  chapitre,  marqués  de  la  lettre  fP,  ont 

(1)  Revue  belge  de  numismatique^  t.  XLVI,  p.  553. 


l82 

donc  pu  convenir  comme  jetons  de  présence  aussi 
bien  pour  la  messe  que  pourles  matines.  Quant  aux 
méreaux  au  V,  il  semble  qu'en  les  faisant  ouvrer, 
on  ait  eu  surtout  en  vue  les  vêpres,  offices  quoti- 
diens, plutôt  que  les  vigiles,  qui  ne  se  disaient 
qu'exceptionnellement. 

Il  est  à  remarquer  qu'il  existe  pour  Termonde 
des  méreaux  signés  Theodericus  cantor  ou  Theo- 
dericus  de  Gorthem,  portant  au  centre  du  revers 
l'une  des  lettres  m,  P  ou  V  et  qui  semblent  avoir 
avec  les  méreaux  de  Jean  Bont,  une  commune 
origine,  un  objet  identique  (i). 

VI. 

PLOMB  DES  DRAPS  DE  BRUGES. 

En  plein  champ  les  armes  au  lion  de  Bruges, 
en  partie,  tout  au  moins. 
Rev,  Un  mouton  couronné. 

Plomb.  Collection  de  Witte. 

PI.  IV,  no  6. 

Les  principaux  métiers  qui  s'occupaient  de  la 
fabrication  des  draps,  sans  parler  des  teinturiers, 
étaient  les  tisserands,  les  foulons  et  les  tondeurs. 
Les  tisserands  travaillaient  les  dr.aps  aux  métiers, 
les  foulons,  appelés  aussi  foulonniers  et  mou- 
liniers,  préparaient  les  étoffes  de  laine  en  les  faisant 

(i)  MiNARD.  Description  des  méreaux  et  jetons  de  présence  des 
gildes  et  corps  de  métiers,  etc.,  t.  111,  pp.  174-176. 


i83 

fouler,  presser  au  moulin ,  ce  qui  rendait  le  drap  plus 
ferme  et  plus  serré.  Les  tondeurs  donnaient  au 
tissu  son  dernier  apprêt.  A  Bruges,  les  tondeurs 
étaient  divisés  en  deux  classes,  les  uns  étaient 
nommés  raemscheerers,  tondeurs  au  châssis, 
parce  que,  pour  exercer  leur  métier,  ils  étendaient 
le  drap  sur  un  espèce  de  châssis;  les  autres,  scep- 
scheerers,  qui  tondaient  avec  plus  de  perfection. 
Les  tondeurs  brugeois  étaient  fort  renommés.  Au 
XV*  siècle,  c'était  à  Bruges  que  les  draps  de  Gand, 
Bruxelles,  Ypres,  Malines,  Saint-Omer,  Dix- 
mude,  Tourcoing,  Eecloo,  Commines,  Roulers, 
Warneton,  Maubeuge,  Valenciennes,  Vilvorde, 
recevaient  souvent  leur  dernier  apprêt. 

Les  scepscheerers  pouvaient,  comme  les  ton- 
deurs au  châssis,  fermer  les  pièces  de  draps  pliées. 
Cette  dernière  opération  se  faisait  avec  des  fils 
de  soie  ou  de  lin.  On  y  mettait  des  nœuds  et  des 
franges  (roosen  en  fringen)  en  forme  d'ornements. 

Le  plomb  était  apposé  par  le  doyen  du  métier  et 
par  ceux  que  les  échevins  désignaient  pour  cette 
opération  qui  servait  de  contrôle  au  point  de 
vue  fiscal  et  de  garantie  au  point  de  vue  de  l'ori- 
gine de  la  marchandise. 

Dans  les  Flandres,  les  métiers  étaient  régis  par 
des  «  Keuren  »  qui  énonçaient  les  règles  à  suivre 
par  le  fabricant,  le  producteur.  Les  «Neeringhen  » 
servaient  de  code  au  commerçant,  au  marchand. 
Les  premiers  s'adressaient  à  l'industrie,  les 
seconds  concernaient  le  commerce.  Bien  que  les 


i84 

corps  des  métiers  de  Flandre  apparaissent  dès  le 
xiii°  siècle  dans  des  documents  authentiques,  les 
«  Keuren  »  des  drapiers  de  Bruges  parvenus  jus- 
qu'à nous  ne  remontent  pas  au-delà  des  premières 
années  du  xv*  siècle.  On  peut  consulter  à  leur 
égard  le  livre  des  Ambachten  en  Neeringen  van 
Brugge  de  Gailliard  et  le  livre  des  Keures  des  drapiers 
et  foulons  de  Bruges,  publié,  en  1842,  par  la  Société 
d'émulation  de  cette  ville. 

Le  plomb  des  draps  de  Bruges  de  notre  collec- 
tion nous  semble  de  la  fin  du  xv^  ou  du  commen- 
cement du  XVI* siècle.  Minard  n'en  fait  pas  mention 
dans  sa  description  des  «  Méreaux  et  jetons  de  pré- 
sence, etc.,  des  Gildes  et  corps  de  métiers,  églises  des 
Pays-Bas  »  (i).  Nous  avions  signalé,  jadis,  ce 
plomb  à  M.  de  Schodt,  qui  en  a  dit  un  mot  dans 
son  «  Résumé  historique  de  la  numismatique  bru- 
geoise  »  (2).  Cet  auteur  donne  comme  fabriquant  à 
Bruges  les  coins  des  marques  de  marchandises  aux 
XV* et  XVI*  siècles:  Charles  deGrute  ouden  Grutere, 
Antoine  den  Grutere,  Chrétien  den  Grutere,  Arnold 
Cabilliau,  Hubert  Poire,  Guillaume  Hebbrechts, 
Pierre  Lamsins,  Vincent  Van  Helzen,  Josse 
Warnier,  Pierre  Lodewyck  et  Corneille  de 
Cueninck. 


(1)  Voir  t.  III,  pp.  117-123. 

(2)  Page  46. 


i85 


VIL 

DEMI-ONCE   DE   BINCHE. 

Poids  de  forme  rectangulaire,  arrondi  aux 
angles.  Écu  du  Hainaut  aux  quatre  lions. 

Rev.  Dans  une  sorte  de  carré,  orné  d'un  annelet 
à  chacun  de  ses  angles,  les  armes  de  Binche,  un 
lion  de  sable  armé  et  lampassé  de  gueules. 

Cuivre  jaune,  poids  :  25g'".o5  Cabinet  de  l'Etat  belge. 

PI.  IV,  n»  7. 

Nous  avons  fait  connaître  dans  la  Revtie  belge 
de  numismatique,  t.  XLVI,  pp.  5i7-52i,  une  double- 
once  de  Binche  remontant  au  xiv^  siècle,  du  poids 
de  Tio  grammes.  L'exemplaire,  fort  avarié,  du 
cabinet  de  l'Etat  belge  correspond  donc  à  la 
demi-once.  C'est  une  unité  de  plus  à  joindre  à  la 
petite  série  de  poids  belges  de  marchandises  déjà 
publiés.  Espérons  que  peu-à-peu  ces  intéressants 
monuments  sortiront  ainsi  de  l'oubli  où  une  cou- 
pable indifférence  les  a  laissés  plongés  trop  long- 
temps. 

VIIL 

MÉDAILLE  DE  l'aCADÉMIE  DES  BEAUX-ARTS  DE  LIEGE. 

Voici  comment  le  baron  deChestret  de  Haneffe, 
dans  son  excellente  A^o/ic^  sur  P.  J.  Jacoby,  graveur 
liégeois  du  xviii*  siècle  (i),  décrit  cette  médaille  : 

(1)  Revue  belge  de  numismatique,  t.  XLVII,  pp.  88-102,  pi.  III,  n"  3. 
Année  1896.  i3 


i86 

«  Inscription  en  six  lignes,  remplissant  le  champ: 
REGNANTE  —  FRANCISCO  CAROLO  —  ACA- 
DEMIA— PICTURyE  SCULPTUR^E  —  SCALP- 
TUR^  —  LEODII  ERECTA. 

»  Rev.  Les  génies  de  la  Sculpture,  de  la  Peinture 
et  de  la  Gravure,  sous  les  figures  de  trois  enfants, 
avec  le  perron  au  milieu  d'eux.  L'un  taille  un 
buste  antique,  l'autre  peint  un  héros  tenant  une 
corne  d'abondance,  le  troisième  grave  les  armes 
du  prince  de  Velbruck. 

Légende:  ARTES  m^TAURKTM.  AVexergue: 
MDCCLXXV;  et  plus  bas:  Jacoby  f. 

»  Un  document  récemment  découvert  (i),  ajoute 
le  baron  de  Çhestret,  nous  apprend,  en  effet,  qu'un 
certain  Jean  Simons,  au  nom  du  prince  de  Vel- 
bruck, demanda  et  obtint,  en  1776,  la  permission 
de  frapper  à  la  Monnaie  de  Bruxelles  «  plusieurs 
médailles  pour  l'Académie  de  peinture,  de  sculp- 
ture etde  gravure  à  Liège», parce  que  le  balancier  de 
cette  ville  était  brisé  ». 

Les  papiers  de  la  Jointe  des  monnaies  aux  Ar- 
chives générales  de  Belgique  renferment  la  requête 
de  Jean  Simon  ou  Simons,  le  jeune,  maître  sellier 
en  la  ville  de  Bruxelles,  adressée,  en  décembre  1777, 
à  S.  A.  Mgr  le  prince  de  Starhemberg,  ministre 
plénipotentiaire.  Jean  Simon  remontre  humble- 
ment «  qu'étant  chargé  de  la  part  de  S.  A.  le  Prince 
de    Liège    de    faire    frapper    à    la    Monnaie   de 

(1)  Revue  belge  de  numis^natique,  t.  XLII,  p.  1 16. 


Bruxelles  deux  médailles  d'or  et  vingt  cinq  en  argent 
destinées  pour  l'Académie  de  peinture  et  gravure 
érigée  à  Liège  »,  il  lui  serait  fort  agréable  d'obte- 
tenir  l'autorisation  de  faire  exécuter  ce  travail  aux 
frais  de  l'évêque. 

Le  gouvernement,  ne  s'expliquant  pas  trop  cette 
demande,  ordonna  tout  d'abord  une  enquête. 
Simon  exposa  alors  qu'il  avait  été  chargé  de  faire 
frapper  ces  médailles  à  Bruxelles,  parce  qu'à  Liège 
le  balancier  de  la  Monnaie  était  cassé. 

Comme  preuve  de  sa  mission  il  montra,  dit  le 
rapport,  les  carrés,  lesquels  consistaient  «  l'une 
»  pièce  dans  un  obélisque  (i)  au  pied  duquel 
»  travaillent  quelques  Génies,  et  l'autre  pièce  en 
»  une  inscription  analogue  au  sujet.  » 

La  demande  de  Simon  lui  fut  accordée  le  lo  jan- 
vier 1778. 

Alphonse  de  Witte. 

(1)  Le  perron  liégeois. 


i88 


PIÈCES  RARES  OU  INÉDITES 


Encore  un  méreau  du  moulin  communal  d'Alost.  —  Méreau 
anépigraphe  de  Louvain.  —  Jeton  à  déterminer.  —  Jeton 
de  Charles  II,  duc  de  Savoie.  —  Deneral  d'une  monnaie  de 
Louis  XIII,  par  W.  Briot.  —  Jeton  satirique  de  Louis  XIV. 
—  Plaque  des  douanes  sous  Marie-Thérèse.  —  Méreau  du 
fermier  des  domaines  ducaux,  à  Anvers,  en  1771. 


Planche  V. 


I 

Dans  cette  Revue,  année  iSgS,  p.  400,  j'ai  dit  que 
mes  recherches  m'avaient  permis  de  porter  à  sept 
le  nombre  des  méreaux  du  moulin  communal 
d'Alost  connus  jusqu'à  maintenant.  Voici  que 
mon  obligeant  ami  et  collègue,  M.  P.-J.  van  Dijk 
van  Matenesse,  bourgmestre  de  Schiedam,  me 
signale  un  huitième  méreau  de  ce  moulin  et  me 
permet  de  décrire  ici  cette  pièce  unique  de  sa  riche 
collection,  autorisation  dont  je  le  remercie  bien 
vivement.  Ainsi  se  complète,  petit  à  petit,  la  série 
de  ces  méreaux  si  peu  connus  jusqu'aujourd'hui, 
qui  s'augmentera,  je  l'espère,  encore,  si  mes  col- 
lègues veulent  bien  m'indiquer  les  pièces  nou- 
velles du  même  ordre  qu'ils  posséderaient  dans 
leurs  cartons.  Ceci  dit,  je  me  hâte  de  décrire  cet 
intéressant  méreau  : 

Droit.  Monogramme  du  Christ  surmonté  d'une 
couronne  à  trois  fleurs  de  lis. 


iSg 
Entre   deux   cercles   dentelés   :    mautfocn   m 

mautc  ^  tjan  ^  aclCt  ^ 

Rev.  Quatre  briquets  posés  en  croix,  les  bases 
tournées  vers  le  centre  ;  au  milieu,  un  silex  ou  le 
joyau  de  la  Toison  d'Or.  Entre  deux  cercles  den- 
telés : 

;.  tttTîutsoen  ;.  VTîn  ;.  ^îsijst 

Laiton.  Collection  de  M.  P.  J.  van  Dijk  van 

Matenesse. 

Ce  méreau  porte,  au  droit,  le  monogramme  du 
Christ,  comme  au  revers  du  méreau  décrit  planche 
XI,  n°  I  {Revue,  1894).  Ce  monogramme  paraît  sur 
de  nombreux  méreaux  et  jetons  du  xv^  siècle. 

Le  revers  est  presque  identique  à  celui  du  mé- 
reau décrit  planche  VII,  n°  4  [Revue,  i895),  que 
M.  Chalon  considérait  comme  contemporain  de 
Philippe-le-Bon,  mais  qui  pourrait  bien  être  plus 
récent.  Cette  grande  analogie  fera  facilement  ad- 
mettre que  ces  deux  méreaux  ont  été  frappés  à  une 
époque  assez  rapprochée.  A  remarquer  le  mot 
mautsoen  répété  au  droit  et  au  revers  et  dont  j'ai 
essayé  de  donner  l'explication  dans  \2iRev11e,  i8g5, 
p.  404,  explication  justifiée  par  la  légende  du  droit, 
où,  à  l'instar  du  méreau  n°  2,  planche  VII,  Revue, 
189.5,  on  voit  le  mot  maute  à  la  suite  du  mot  maut- 
soen. répété  comme  synonyme  de  ce  dernier,  signi- 
fiant l'un  et  l'autre  mouture  (i). 

(1)  Mon  excellent  confrère  et  ami  M.  J.  Moens,  de  Lede,  pense  que 


190 

II 

Il  ne  sera  pas  inutile  de  reproduire  ici  un 
méreau  anépigraphe  de  Louvain,  de  la  seconde 
moitié  du  xv^  siècle  et  très  inexactement  dessiné 
dans  le  Messager  des  Sciences  et  des  Arts,  1837,  t,  V, 
p.  465. 

Ce  méreau  porte  au  droit  et  au  revers,  comme 
celui  que  M.  C.-P.  Serrure  a  décrit,  la  même  con- 
tremarque représentant  sans  doute  deux  feuilles 
trilobées  ou  des  fleurs  quelconques.  Cette  contre- 
marque existe  très  souvent  sur  ces  méreaux  de 
Louvain. 

Cuivre  Ma  collection. 

III 

Droit.  L'agneau  divin  allant  vers  la  droite,  la 
tête  nimbée  et  tournée  vers  la  gauche,  accom- 
pagné de  la  bannière  à  la  croix  dite  de  la  Résur- 
rection ;  la  hampe  est  surmontée  d'une  croix. 

Devant  l'agneau  la  lettre  I.  Le  champ  est  en- 
touré de  onze  arcs  de  cercle  juxtaposés  et  réunis 
par  des  fleurs  de  lis.  Le  tout  dans  un  cercle  cir- 
conscrit par  un  grènetis. 

Rev.  Cor  accosté,  à  droite  et  à  gauche,  de  la  lettre 
gothique  S,  dans  un  entourage  formé  de  cinq  arcs 
de  cercle  et  d'un  angle  saillant  ;  le  tout  dans  un 

le  mot  mautsoen  signifie  simplement  malt.  La  présence  sur  le  méreau 
ci-dessus  décrit  des  mots  mautsoen  et  maute  écrits  à  la  suite  l'un  de 
l'autre  et  comme  synonymes  semble  corroborer  l'opinion  de  M.  Moens. 


d 


iqi 

cercle  circonscrit  par  un  grènetis.  Au-dessus  du 
cor,  une  contremarque  consistant  en  la  lettre  b- 

Laiton.  Ma  collection. 

Ce  jeton  paraît  être  de  la  fin  du  xv*  siècle.  L'en- 
cadrement du  revers  ressemble  étonnamment  à 
celui  du  jeton  bruxellois  décrit  par  M.  Chalon 
dans  la  Revue,  i86g,  p.  294,  et  figuré,  planche  IX, 
sous  le  n"  3. 

Faut-il  en  conclure  que  mon  jeton  est  bruxellois 
ou  du  moins  brabançon?  Une  simple  analogie 
peut  être  trompeuse,  d'autant  plus  que  l'agneau 
divin  figure  vsur  beaucoup  de  jetons  ou  de  mé- 
reaux  et  que  le  cor  est  non  moins  ordinaire  sur 
ces  pièces. 

Faut-il  considérer  les  lettres  S  accostant  le  cor 
comme  les  initiales  de  saint  Eustache  dont  la 
légende,  bien  que  beaucoup  plus  ancienne,  est  la 
même  que  celle  de  saint  Hubert  ? 

[Voy.  dans  J.  de  Fontenay,  Manuel  de  l'Amateur 
de  jetons,  1854,  pp.  219-222,  des  jetons  avec  un  cor 
semblable  accosté  de  deux  lettres  S  que  Fontenay 
dit  être  les  initiales  d'Eustache.) 

Ne  s'agit-il  que  d'un  jeton  banal  sans  autre 
usage  que  celui  de  compter  ? 

Avec  d'aussi  faibles  indices  toutes  les  suppo- 
sitions sont  permises,  et  je  serais  très  satisfait  si 
quelque  collègue,  mieux  informé  ou  documenté, 
pouvait  me  donner  une  explication  plus  pré- 
cise. 

Dans  cet  espoir,  j'ai  cru  bon  de  publier  ce  jeton, 


ig2 

dont  le  type  est,  en  tout  cas,  intéressant  par  ses 
analogies  avec  d'autres  pièces  connues. 

IV 

Écu  penché,  aux  armes  de  Savoie,  qui  sont  de 
gueules  à  la  croix  d'argent.  Au-dessus  de  récu,un 
casque  dont  la  partie  supérieure  représente  une  tête 
de  lion  ayant  comme  cimier  cinq  tiges  terminées 
par  des  fleurs  de  chardon  et  orné  de  lambrequins 
finissant  par  des  houppes.  Dans  le  champ,  et 
accostant  le  casque,  à  gauche  une  rose  à  cinq  pé- 
tales, à  droite  la  lettre  K. — Bordure  de  quinze  arcs 
de  cercles  festonnés. 

Rev.  Dans  une  même  bordure  de  vingt-  trois  arcs 
de  cercles  festonnés,  deux  grands  lacs  d'amour 
terminés  aux  deux  extrémités  par  des  houppes, 
placés  perpendiculairement,  entre  deux  annelets  à 
droite  et  à  gauche;  au  centre  et  entre  ces  deux 

.     PB 
lacs  d'amour,  la  devise  des  ducs  de  Savoie     • 

au  dessus  et  en  dessous  un  annelet. 

Laiton.  Ma  collection. 

On  sait  que  l'ordre  du  Lacs  d'amour  a  été  insti- 
tué en  Savoie,  en  i355,  par  Amédée  V. 

Si  l'on  compare  ce  jeton  aux  monnaies  des  ducs 
de  Savoie  (Promis,  Mon.  dei  reali  di  Savoia),  on 
voit  qu'il  se  rapproche  le  plus  des  pièces  de 
Charles  II(i5o4-i553)  et  qu'il  est  permis  de  l'attri- 
buer au  règne  de  ce  duc.  En  effet,  le  style  du  jeton 


193 

convient  parfaitement  à  cette  époque  ;  l'initiale  K 
est  celle  de  KAROLVS  ;  les  lacs  d'amour  sont  ter- 
minés par  des  floches  et  l'écu  est  échancré  à  sa 
partie  supérieure,  exactement  comme  sur  les  mon- 
naies de  Charles  II. 

Le  revers  de  ce  jeton,  qui  n'a  pas  été  décrit  par 
M.  F.  Rabut  {voyez  Revue,  1873, pp.  463-470  et  pU. 
XII  et  XIII),  rappelle  beaucoup  le  revers  du  jeton 
que  ce  professeur  a  fait  dessiner  sous  le  n"  12  de 
sa  planche  XIII. 

Dans  leur  Histoire  du  Jeton  au  moyen  âge,  i858, 
MM.  J .  Rouyer  et  Hucher  ont  fait  connaître  un  autre 
jeton  de  Savoie  dont  le  type  est  assez  différent  de 
celui  du  mien  (voyez  pp.  176-177  et  pi.  XVII, 
n°  142)  ;  mais  M.  E.  Cartier  a  signalé  en  1848,  dans 
la  Revue  française  de  Numismatique  (p.  223,  pi.  XII, 
n°  5)  un  jeton  qui  a  grande  analogie  avec  celui  que 
je  viens  de  décrire.  Ill'attribue,  sans  hésitation, 
à  René  de  Savoie,  surnommé  le  Grand  Bâtard  de 
Savoie. 

Je  ne  sais  si  M.  E.  Cartier  a  raison,  mais  je  me 
bornerai  à  objecter  que  la  lettre  ¥1  gothique  peut 
facilement  être  confondue  avec  la  lettre  R  (ce  qui 
m'est  du  reste  arrivé,  à  première  vue,  pour  la  dé- 
termination de  mon  jeton)  et  que  l'interprétation 

S  •  R  • 

des  lettres  R  •  S  *,   peut-être   peu  distinctes  ou 
P   •  II 

mal  lues,  par  la  phrase   Sabaudiae  Renatus  Phi- 

lippi  Ilfilius  me  semble  peu  naturelle  et  très  sujette 

à  caution. 


194 

Cette  réserve  est  d'autant  plus  nécessaire  qu'en 
1848  la  précision  dans  la  description  et  la  repro- 
duction des  pièces  était  généralement  négligée. 
La  même  observation  paraît  devoir  être  faite  au 
sujet  d'un  jeton  encore  beaucoup  plus  semblable 
au  mien  (il  diffère  par  le  cimier,  accosté  de  deux 
roses)  publié  par  M.  J.  de  Fontenay  dans  le  Manuel 
de  l'Amateur  de  jetons,  1854,  p.  46,  et  attribué  aussi 
à  René  de  Savoie.  Ce  jeton  a  t-il  été  exactement 
dessiné  et  interprété?  On  en  douterait,  quand  l'au- 
teur voit  entre  les  deux  lacs  d'amour  les  lettres 

RP 

•      qui,  très  probablement,  auraient  dû  être  lues 

PSRnn,  comme  sur  le  jeton  que  j'ai  montré  à  mes 
collègues  lors  de  la  réunion  générale  de  notre 
Société,  le  7  juillet  dernier  (voyez  Revue,  1895, 
p.  597  et  Revue,  1896,  pi.  V,  n°  4).  Comme  nous 
ne  possédons  pas  à  la  Bibliothèque  royale  ni  dans 
la  collection  de  notre  Société  de  Numismatique  le 
livre  de  Vincent  Promis  :  Tessere  dei  principi  délia 
Casa  di  Savoia,  publié  à  Turin  en  1879,  je  me  suis 
adressé  à  notre  savant  collègue  italien  M.  Fran- 
cesco  Gnecchi,  qui  a  eu  l'obligeance  de  me  faire 
connaître  que  mon  jeton  n'a  pas  été  publié  par 
Promis.  Les  numéros  3i  à  39  de  la  planche  III  de 
cet  ouvrage  ressemblent  beaucoup  à  ma  pièce, 
quant  au  droit,  tandis  que  les  numéros  3i  et  32 
ont  un  revers  analogue,  mais  pas  identique.  Mon 
jeton  est  donc  une  variété  nouvelle.  Promis  consi- 
dère la  lettre  K  du  droit  comme  un  R  (initiale  de 


195 

Renatus),  de  sorte  que  le  jeton  appartiendrait  à 
René  de  Savoie.  Mais  il  me  semble  que  la  lettre  R 
du  mot  FSRnn,  au  revers  de  mon  jeton,  diffère 
sensiblement  de  l'initiale  du  droit  qui  me  paraît, 
à  cause  de  cette  différence,  devoir  être  considéré 
comme  un  K  dont  la  branche  supérieure  con- 
tournée peut  faire  confondre  cette  lettre  avec 
un  R.  Quelques  monnaies  de  cette  époque  portent 
la  lettre  K  tracée  de  cette  manière  (voir  notam- 
ment les  pièces  de  Charles-Quint) .  Je  citerai 
comme  preuve  le  nom  de  KAROLVS  écrit  avec  la 
lettre  K  dont  la  branche  supérieure  forme  presque 
boucle. 

Il  est  bon  de  signaler  cette  difficulté  de  lecture, 
rien  que  pour  remettre  en  discussion  l'attribution 
de  ces  jetons. 

V 

Dans  son  très  intéressant  article  sur  V Œuvre  dii, 
médailleur  Nicolas  Briot,  M.  J.  Rouyer  dit  :  «Nous 
sommes  persuadé  qu'il  existe  beaucoup  de  dene- 
raux  français,  de  la  fin,  peut-être,  du  règne  de 
Louis  XIII  dont  les  coins  ont  été  gravés  par 
Briot,  encore  bien  que  la  signature  B  y  fasse 
défaut.  »  (Voyez  Revue ^  1895,  p.  532). 

Il  y  a  peu  de  temps,  j'ai  eu  la  chance  de  trouver 
un  poids  d'une  monnaie  de  Louis  XIII,  portant  la 
signature, c'est-à-dire  l'initiale  de  Briot.  Ce  poids 
est  du  type  de  celui  de  Louis  XIV  jeune,  figuré 
sous  le  n"  71  de  la  planche  IX  du  travail  de 


196 

M.  Rouyer.  Voici  la  description  de  ce  deneral  : 
LVD  •  XIII  •  D:  G  •  FRAN  •  ET  •  NA  •  REX  • 
Tête  de  Louis  XIII  couronné  de  lauriers.  Sous  le 
cou,  l'initiale  W  renversé.  Le  tout  dans  un  cercle 
de  perles. 

La  figure  du  roi  disparaît  sous  une  contremarque 
composée  d'une  couronne  surmontant  une  fleur 
de  lis  placée  au-dessus  de  la  lettre  B  aussi  renver- 
sée. Ce  poinçon  aurait-il  aussi  été  gravé  par  Briot? 
La  lettre  B  le  ferait  croire. 

Rev.  Sous  la  couronne  royale  de  France,  l'in- 
dication de  la  pesanteur,  V .  de  .  Vî .  gr  .  (5  deniers 
6  grains).  Plus  bas,  une  fleurde  lis  entre  deux  points. 
Le  tout  dans  un  cercle  de  perles. 

Poids  :  6s>',65  (le  poids  normal  est         Ma  collection. 
6sr,68,  mais  le  deneral  a  perdu 
3  centigrammes  par  l'usure). 

D'après  M.  Rouyer  c'est  le  deneral  de  l'écu  blanc 
de  i5  sols,  ou  quart  de  louis  d'argent.  (Voyez  Revue, 
1895,  p.  53o,  où  il  s'agit  d'une  pièce  de  même  poids 
mais  de  Louis  XIV). 

VI 

Dans  son  ouvrage  intitulé  :  Le  jeton  historique 
des  dix-sept  provinces  des  Pays-Bas,  M.  le  D""  J.  F. 
DugnioUe  décrit^  sous  le  n°  SySS  (t.  III,  p.  228), 
un  jeton  qu'il  dit  inconnu  mais  que  le  catalogue 
de  Roye  de  Wichen  avait  naguère  mentionné  sous 
len°ii9o. 


197 

La  description  donnée  par  M.  DugnioUe,  sans 
doute  d'après  les  indications  de  ce  catalogue,  est 
très  incomplète  et  peu  exacte.  Il  suffit  de  la  com- 
parer à  celle  que  je   suis  à  même  de  présenter 
aujourd'hui,  avec  la  pièce  sous  les  yeux. 
Voici  d'abord  la  description  de  M.  Dugniolle  : 
LVDO  XIIII  D  •  G  FR  ET  NA  •  REX  CH  •  Le 
roi,  assis  à  une  table. 
Rev.  PROPAGO  •  IMPERI  •  1618  • 
En  réalité,  ce  jeton  doit  être  ainsi  décrit  : 
Le  roi  n'est  pas  assis  à  une  table,  mais  debout 
devant  une  table  drapée  supportant  un  casque  orné 
d'une  plume.  Le  roi  tient  de  la  main  droite  un 
sceptre  fleurdelisé  et  de  la  main  gauche  un  bâton 
de  commandement.   Il   porte   à  la  ceinture  une 
longue  épée.  Sa  couronne  est  à  pointes,  son  cos- 
tume assez  extraordinaire  est  plutôt  du  commen- 
cement du  xvii^  siècle  et  tout-à-fait  fantaisiste  pour 
Louis  XIV. 

Le  roi  pose  les  pieds  sur  un  pavement  en  car- 
reaux. Il  est  probable  que  cette  figure,  comme  les 
personnages  du  revers, a  été  copiée  d'un  jeton  ou 
d'une  médaille  d'une  époque  plus  ancienne;  ainsi 
s'expliquerait  l'anachronisme  du  costume  royal. 
Lég.  :  LVDO  •  XIIII  •  D  :  G  •  FR  •  ETN  AREXCH 
On  voit  qu'à  la  fin  de  la  légende,  le  graveur, 
n'ayant  plus  assez  de  place,  n'a  plus  espacé  les 
mots  et  ne  les  a  plus  séparés  par  des  points  (i). 

(1)  Le  dessinateur  de  la  planche  n'a  pas  bien  suivi  la  ponctuation. 


Rev.  C'est  une  mauvaise  copie  du  revers  d'une 
médaille  de  Georges  Dupré,  représentée  sous  le 
n°  4,  planche  III,  du  Trésor  de  mcmismatique  et  de 
glyptique,  médailles  françaises,  Paris,  1834. 

Ce  revers  est  ainsi  décrit  :  PROPAGO  IMPERI 
(Perpétuité  de  l'empire)  i6o3  ;  Henri  IV,  en  cos- 
tume de  guerrier  antique,  donnant  la  main  à  Marie 
de  Médicis,  revêtue  des  attributs  de  Minerve. 

Entre  eux ,  leur  jeune  fils  —  depuis  Louis  XIII  — 
pose  le  pied  sur  un  dauphin,  et  s'efforce  de  placer 
sur  sa  tête  le  lourd  casque  de  son  père.  Près  de  lui 
est  un  grand  bouclier.  Un  aigle,  descendant  du 
ciel,  apporte  au-dessus  de  la  tête  du  dauphin  une 
couronne  non  fermée. 

En  i6o5,  Dupré  a  repris  ce  sujet  pour  le  revers 
d'une  médaille  d'un  module  beaucoup  plus  grand. 
Voici  sa  description  dans  le  même  ouvrage 
planche  XX*>'«:  PROPAGO  IMPERII  (rejeton  de  la 
royauté)  i6o5.  Henri  IV  et  Marie  de  Médicis,  vêtus, 
l'un  en  Mars,  l'autre  en  Pallas,  sedonnant  la  main. 
Entre  eux,  leur  jeune  fils  nu  essaie  de  soulever  le 
casque  de  son  père, et  pose  le  pied  sur  un  dauphin. 
Au-dessus,  un  aigle  descendant  du  ciel,  apporte 
une  couronne. 

La  légende  du  jeton  est  celle-ci  :  ^  PROPAGO 
^  IMPERI  ^  16  §8. 

C'est  donc  la  légende  de  la  médaille  de  i6o3.  La 
date  du  jeton  n'est  pas  1618,  comme  dit  DugnioUe 
(Louis  XIV  n'était  pas  encore  né),  mais  1678,  le 
chiffre  7  étant  représenté  par  un  petit  dauphin  qui 


I 


199 
a  pu  facilement  être  confondu  avec  le  chiffre  i. 

Cuivre.  Ma  collection. 

C'est  en  1678  que  fut  conclue  la  paix  de  Nimègue 
(11  août).  Louis  XIV  venait,  en  vrai  barbare,  de 
ravager  les  Pays-Bas,  aussi  était-il  exécré  et  mau- 
dit dans  nos  provinces.  On  ne  lui  ménageait  pas 
la  satire  sous  toutes  ses  formes. 

Le  jeton  que  je  viens  de  décrire  serait  donc  une 
pièce  satirique,  frappée  probablement  en  Hollande 
ou  dans  une  ville  frontière  d'Allemagne  pendant 
la  guerre  des  Pays-Bas,  pour  tourner  en  ridicule 
le  Grand  Roi  auquel  précisément  venait  de  naître 
le  6  juin  1678  un  fils  adultérin  de  la  marquise  de 
Montespan  (i).  C'était  là  en  effet  une  belle  propage 
imperii  ! 

VII 

A  l'assemblée  extraordinaire  tenue  à  Anvers  le 
27  mai  1894  (Voyez  Revue,  1894,  p.  431),  j'ai  parlé 
d'une  large  pièce  de  plomb  du  temps  de  Marie- 
Thérèse,  qui  porte  l'inscription  :  Droits  •  d'entrée 
et  '  sortie. 


(1)  Louis-Alexandre  de  Bourbon,  comte  de  Toulouse,  duc  de  Dam- 
ville,  etc.,  bâtard  de  France  (fils  de  Louis  XIV  et  de  Françoise- Athé- 
naïs  de  Rochechouart-Mortemar ,  femme  de  Louis  de  Gondrin , 
marquis  de  Montespan),  légitimé  en  1681,  amiral  de  France  en  i683. 
Ce  bâtard  fut  la  tige  des  ducs  de  Penthièvre.  Voir  la  liste  des  nombreux 
enfants  naturels  de  Louis  XIV  dans  le  Siècle  de  Louis  XIV,  par 
Voltaire. 


200 


Depuis  lors,  j'ai  trouvé  une  plaque  presque  sem- 
blable, mais  en  bronze,  d'un  module  plus  petit.  La 
plaque  en  plomb  est  frappée  ;  elle  a  80  millimètres 
de  diamètre  et  6g  millimètres  seulement  jusqu'au 
bord  extérieur  du  cercle  qui  entoure  l'armoirie. 
La  plaque  en  bronze  est  coulée  et  son  diamètre 
total  est  de  67  millimètres.  D'après  leurs  inscrip- 
tions presque  identiques  (variantes  dans  les 
lettres),  ces  deux  plaques  paraissent  se  rapporter 
aux  douanes. 

Leurs  armoiries  sur  une  grande  croix  de 
Bourgogne  surmontée  d'une  couronne  impériale, 
comme  sur  les  monnaies  de  Marie-Thérèse  (voyez 
Ordonnance  de  Marie-Thérèse  donnée  à  Bruxelles 
le  19  septembre  1749)  indiquent  que  ces  plaques 
furent  en  usage  dans  nos  provinces  sous  le  règne 
de  cette  impératrice. 

Voici  la  description  de  la  plaque  en  bronze  que 
je  reproduis  sous  le  n°  7  de  la  planche  V  : 

Armes  mi-partie  d'Autriche  et  de  Bourgogne 
ancien  sur  une  grande  croix  de  Bourgogne,  l'-écu 
surmonté  de  la  couronne  impériale.  A  chaque 
extrémité  des  bras  de  cette  croix,  deux  trous  qui 
servaient  sans  doute  à  fixer  cette  plaque  au  moyen 
de  ficelles. 

Légende  :  DROITS  •  D'ENTRÉE 

ET  • 
SORTIE 

Bronze  uniface.  Ma  collection. 


201 


La  plaque  en  plomb  diffère  encore  de  la  plaque 
en  bronze  par  la  dimension  plus  petite  de  la 
couronne  qui  surmonte  les  armoiries.  La  pre- 
mière est  aussi  plus  épaisse  que  la  seconde.  Il 
s'agit  donc  de  2  plaques  à  l'usage  des  douanes, 
mais  probablement  d'un  emploi  distinct.  (Voyez 
ci-dessus  p.  140,  plaques  pour  la  régie  des  droits 
d'entrée  et  de  sortie,  gravées  et  frappées  par 
J.-B.  Marquart,  essayeur  général  de  la  Monnaie 
de  Bruxelles,) 

VIII 

C'est  un  méreau,  en  cuivre  rouge,  gravé  au  trait. 
Les  inscriptions  expliquent  clairement  sa  destina- 
tion, qui  se  rapportait  à  l'administration  des 
domaines  de  la  couronne. 

Droit.  Au  centre,les  armoiries  d'Anvers.  Autour, 
entre  deux  cercles,  la  légende  :  vj'  HENRICUS  J: 
B  :  BOGHE  (tel  est  le  nom  du  fermier).  Extérieure- 
ment une  couronne  de  feuilles  avançant  l'une  sur 
l'autre. 

Rev.  Au  centre,  une  croix  de  Bourgogne  ayant 
en  cœur  un  briquet  (comme  sur  les  pièces  de  5  sols 
et  de  dix  liards  de  Marie-Thérèse,  voyez  Ordon- 
nance du  ig  septembre  1749),  surmontée  d'une 
couronne  ducale  (duché  deBrabant)  et  accostée  de 
la  date  17  —  71.  —  Sous  le  briquet,  quatre  étin- 
celles. —  Autour,  entre  deux  cercles,  la  légende  : 
ERFLAET  *  VAN  *  SHERTHOGHEN  *  DO- 
MYNEN  *  (Fermier   des  domaines  ducaux).    A 

Année  1896.  14 


202 


l'extérieur,  une  couronne  de  feuilles  semblable  à 
à  celle  du  droit. 


Ma  collection. 


Mon  cher  et  aimable  collègue  M.  Fernand 
Donnet,  si  versé  dans  tout  ce  qui  concerne  l'his- 
toire de  sa  ville  natale,  a  eu  l'obligeance  de  faire 
quelques  recherches  dans  les  archives  d'Anvers 
au  sujet  du  mot  flamand  erflaet. 

Ce  terme  signifie  tout  simplement  celui  qui 
prenait  à  ferme,  le  fermier.  —  Il  y  avait  le  fermier 
des  domaines  ;  il  y  avait  encore  le  fermier  de  la 
Chambre  du  tonlieu  (erflaet  van  Syne  Majesteit 
tholcamere). 

On  mettait,  dit  M.  Donnet,  en  adjudication 
l'exploitation  soit  d'un  certain  impôt,  soit  de  cer- 
tains revenus  ducaux  pendant  un  temps  déterminé 
et  celui  qui  restait  adjudicataire  de  la  charge  était 
erflaet.  Il  ne  s'ajoutait  à  ces  fonctions  temporaires, 
que  le  premier  venu  pouvait  remplir,  aucune  idée 
féodale  ou  héréditaire. 

D'autres  méreaux  anversois  du  même  genre 
existent  probablement. 

G.  CUMONT. 


203 


UNE  MÉDAILLE  LIÉGEOISE  INÉDITE 


Grande  médaille 
avec  bélière  et  an- 
neau. 

Droit.  Buste  de  trois 
quarts  à  droite, en  fort 
relief  et  finement  re- 
touché  au   burin,  de 
François-Lambert  de 
Sélys,    grand    doyen 
du  Chapitre  de  Liège. 
Revers.    Dans   le 
champ   sont  gravées 
les   armes   du   prélat 
(d'azur  à  la  croix  d'ar- 
gent chargée  de  cinq 
coquilles    de    sable), 
placées  dans  un  car- 
touche de  style  Louis 
XIV    et    surmontées 
d'une    couronne    à 
neuf  perles;  en  des- 
sous, sur  une  bande- 
role, sa  devise  :  VIR- 
TUS  IN  CRUCE. 

Cuivre  doré. 

Baron    F'erdinand 
de  Sélys- Fanson. 


204 

François-Lambert  de  Sélys  naquit  à  Liège  le 
29  auguste  1668,  de  François  de  Sélys,  échevin  de 
la  Souveraine  Justice  et  membre  du  Conseil  privé, 
et  de  Jeanne  de  Liverlo. 

Il  appartenait  à  une  famille  dont  plus  d'un 
membre  s'était  distingué  au  service  du  pays. 

Destiné  à  l'Eglise  dès  son  jeune  âge,  il  alla 
faire  ses  études  au  Collège  liégeois  de  Louvain, 
puis  à  Reims  et  enfin,  après  avoir  suivi  les  cours 
de  droit  à  l'université  de  Pont-à-Mousson,  il  y 
prit  ses  licences  le  6  octobre  1698. 

En  1689,  le  Chapitre  de  Liège  l'avait  désigné 
comme  coadjuteur  de  son  oncle  Arnold-Philippe 
de  Sélys  et,  le  12  décembre  1698,  il  fut  admis  dans 
cette  illustre  compagnie  en  qualité  de  chanoine 
gradué. 

Dès  lors,  François-Lambert  ne  cessa  de  prendre 
une  part  active  au  gouvernement  de  la  princi- 
pauté, et  nous  verrons  qu'il  eut  bientôt  l'occasion 
de  servir  son  pays  dans  des  temps  difficiles. 

Au  début  de  la  guerre  de  la  succession  d'Es- 
pagne, l'alliance  du  prince-évêque  Joseph- Clément 
de  Bavière  avec  Louis  XIV  avait  amené  les  Fran- 
çais dans  le  pays  de  Liège.  La  capitale  elle-même 
n'avait  pas  tardé  à  tomber  entre  les  mains  des  enva- 
hisseurs (novembre  1700).  Le  séjour  des  troupes 
françaises  dans  notre  pays  ne  fut  pas  long,  car, 
dès  le  mois  d'octobre  de  l'année  suivante,  une 
armée  des  alliés,  sous  les  ordres  du  duc  de  Marl- 
borough,  du  comte  d'Athlone  et  de  Coehorn,  les 


2o5 

força  de  repasser  nos  frontières  et  obligea  le 
prince  Joseph-Clément  de  Bavière,  mis  au  banc 
de  l'Empire,  d'aller  chercher  un  refuge  à  Bonn. 

Ces  succès  des  alliés  avaient  délivré  les  Pro- 
vinces-unies de  la  perspective  d'une  invasion 
française  et  les  Etats-Généraux,  pour  parer  au 
danger  d'une  invasion  future  de  leur  territoire  par 
le  pays  de  Liège  et  la  vallée  de  la  Meuse,  faisaient 
tous  leurs  efforts  auprès  de  l'empereur  Léopold 
pour  qu'il  leur  permît  de  mettre  désormais  des 
garnisons  hollandaises  dans  les  citadelles  de  Liège 
et  de  Huy.  Ils  avaient,  dans  ce  but,  ouvert  des 
conférences  à  La  Haye. 

En  l'absence  du  prince,  le  Chapitre  et  le  magis- 
trat de  Liège,  d'accord  avec  le  gouverneur  im- 
périal, résolurent  d'envoyer  en  Hollande  une  dépu- 
tation  chargée  de  défendre  la  neutralité  du  pays. 

Le  Chapitre  chargea  le  tréfoncier  de  Sélys  du 
soin  de  le  représenter  à  ces  conférences  et  la  ré- 
gence lui  adjoignit  comme  collègues  les  barons 
de  Méan  et  de  Horion. 

Après  d'assez  longs  pourparlers,  ces  députés 
obtinrent  un  arrangement  stipulant  que  les  Lié- 
geois payeraient  aux  Etats-Généraux  une  contri- 
bution annuelle  au  moyen  de  laquelle  ceux-ci 
s'engageaient  à  subventionner  un  corps  d'armée 
destiné  à  faire  cause  commune  avec  les  troupes 
impériales.*  Par  ce  moyen, dit  l'historien  Bouille, 
»  le  pays  de  Liège  fut  délivré,  non  seulement  des 
»  demandes  et  contributions  de  la  France,  mais 


206 

»  aussi  des  grosses  tailles  que  les  Etats-Généraux 
»  lui  demandaient  chaque  mois  avant  la  prise 
»  de  cette  ville  (i)  et  qui  auraient  achevé  de  le 
■»  ruiner  (2).  »  De  retour  à  Liège,  à  l'issue  de  cette 
mission,  François-Lambert  de  Sélys  fut  arrêté  et 
incarcéré  à  la  citadelle  (i3  avril  iyo3),  sous  l'in- 
culpation d'avoir  conspiré  avec  la  France  contre 
les  alliés.  Il  ne  recouvra  sa  liberté  que  le  10  oc- 
tobre suivant,  après  que  la  femme  qui  l'accusait 
d'avoir  ainsi  trahi  son  pays,  ayant  été  condamnée 
à  mort  pour  de  nombreux  méfaits,  eût  avoué  au 
moment  suprême,  que  son  accusation  contre  notre 
tréfoncier  était  calomnieuse  et  inventée  par  elle. 
L'historien  FouUon ,  en  rapportant  ce  fait,  ajoute 
que  cette  réhabilitation  valut  à  François-Lambert 
de  Sélys  une  lettre  de  félicitations  des  Etats- Géné- 
raux (3). 

(1)  Le  14  octobre  1702. 

(2)  Vqy.  B0V11.LE,  Histoire  de  la  Ville  et  Paysde  Liège, r..  III, p.  522. 

(3)  Voy.  FouLLON,  Historia  Leodiensis,  t,  III,  p.  471. 

Le  hasard  nous  a  fait  découvrir  le  texte  de  ce  curieux  document,  et 
nous  avons  pensé  qu'il  ne  méritait  pas  de  rester  dans  l'oubli.  Le  voici  : 

0  Monsieur, 

»  Ayant  reçu  vôtre  lettre  du  21  de  ce  mois,  nous  avons  bien  voulu 
vous  asseurer,  par  la  présente,  que  nous  sommes  entièrement  persua- 
dez et  convaincus  de  la  fausseté  des  accusations,  par  lesquelles  on  a 
tâché  de  rendre  suspecte  vôtre  conduite  et  qui  ont  donné  lieu  à  vôtre 
arrêt  duquel  et  de  la  parole  que  vous  aviez  donnée  nous  vous  déchar 
geons  entièrement  :  mais  aussi  nous  déclarons  très  volontiers  que  nous 
n'avons  rien  à  vôtre  charge  étant  fort  indignez  de  ce  qu'on  a  voulu 
vous  imposer  à  votre  désavantage. 

»  Nous  espérons  que  cette  affaire  fâcheuse,  dont  l'issue  s'est  tout  à 


207 

Deux  ans  après  ces  événements,  nous  retrou- 
vons Sélys  à  La  Haye.  Une  nouvelle  invasion  du 
pays  de  Liège  par  les  Français,  en  juin  lyoS,  avait 
remis  en  question  l'existence  du  traité  de  1703  :  les 
Etats-Généraux  tenant  plus  que  jamais,  et  pour 
cause,  à  leur  barrière,  faisaient  de  nouvelles 
instances  pour  pouvoir  faire  occuper  par  leurs 
troupes  les  citadelles  de  Liège  et  de  Huy. 

Dans  cette  occurrence,  sur  la  proposition  du 
Chapitre,  on  avait  renvoyé  en  Hollande  (octobre 
1705)  MM.  de  Méan,  de  Sélys  et  de  Horion,  avec 
mission  d'obtenir  le  maintien  de  ce  traité  de  1703 
qu'ils  avaient  autrefois  aidé  à  conclure.  Les  dé- 
putés rentrèrent  à  Liège  l'année  suivante,  après 
avoir,  une  vseconde  fois,  mené  à  bonne  fin  leurs 
négociations. 

Le  3i  mai  1709,  François-Lambert  de  Sélys 
fut  député  par  le  Chapitre  aux  Etats  du  pays  et 
cette  mission  lui  fut  confiée  une  seconde  fois,  le 
i5  novembre  1723.  Dans  l'intervalle,  ses  confrères 
l'avaient  honoré  de  la  dignité  de  grand  doyen  de  la 

fait  tournée  à  vôtre  honneur  et  vous  doit  donner  une  entière  satisfac- 
tion, ne  changera  rien  en  vôtre  conduite  ni  en  vôtre  zèle  pour  le  bien 
public 
»  Nous  vous  prions  de  croire  que  nous  sommes  véritablement 

»  Monsieur,  vos  très  affectionnez  à  vous  rendre  service 
»  Les  Etats-Généraux  des  Provinces-unies  des  Païs-Bas. 

»    Par  Ordonnance  d'Iceux 
»  Du  Tour,  ut.  Fagel. 

»  à  la  Haye,  ce  24.  septembre  lyoS.  « 


2o8 

cathédrale  —  (12  d'auguste  1710).  Il  était,  depuis 
1717,  prévôt  de  Maeseyck,  d'Hansinne,  de  Heusden 
et  d'Hilvarenbeeck  et  proviseur  du  séminaire  (i). 

A  la  mort  du  prince  Joseph- Clément  de  Bavière 
(1723),  le  Chapitre,  lassé  de  voir  le  trône  occupé 
par  des  princes  d'origine  étrangère,  toujours  les 
alliés  de  l'un  ou  de  l'autre  souverain  puissant  et 
entraînant  par  là  le  pays  dans  les  malheurs  de  la 
guerre,  forcés  de  plus  par  leurs  nombreuses 
dignités  de  résider  la  plupart  du  temps  à  l'étranger, 
au  grand  préjudice  de  la  marche  régulière  des 
affaires  et  de  la  tranquillité  intérieure,  résolut  cette 
fois  de  confier  le  pouvoir  à  un  prélat  qui  réside- 
rait dans  la  capitale  et  digne  par  son  mérite  d'oc- 
cuper cette  charge  suprême. 

En  présence  de  ce  courant  de  l'opinion  publique, 
le  grand  doyen  de  Sélys  posa  sa  candidature  et  la 
manière  dont  elle  fut  accueillie  ne  laissa  pas  de 
lui  en  faire  espérer  le  succès. 

Malheureusement,  il  rencontra  bientôt  un  con- 
current redoutable  en  la  personne  du  grand  prévôt 
de  Liège,  Maximilien-Henri  comte  de  Pottier.  Il  y 
avait  en  outre  sur  les  rangs  quelques  prélats  étran- 
gers, mais  comme  ils  n'avaient  d'autres  titres  aux 
suffrages  que  leurs  dignités  et  l'appui  de  leurs  sou- 
verains, leurs  candidatures,  dans  l'état  actuel  des 
esprits,  jouissaient  d'un  succès  fort  médiocre  (2). 

(1)  Vqy.  DE  Theux,  Le  Chapitre  de  Saint-Lambert,  t.  III,  p.  Syo. 

(2)  Vqy.  Daris,  Histoire  du  diocèse  et  de  la  principauté  de  Liège 
(1724-1852),  tome  1er,  p.  54. 


2og 

Il  en  était  bien  autrement  du  grand  prévôt  :  des- 
cendant d'une  ancienne  et  importante  famille  du 
pays  de  Liège  il  avait,  au  cours  d'une  longue  car- 
rière, eu  l'occasion  de  rendre  maints  services  à  la 
principauté  ;  aussi  pouvait-il  compter  d'avance 
sur  les  suffrages  de  bon  nombre  de  ses  confrères. 

Dans  de  pareilles  conditions,  il  devenait  certain 
qu'aucun  candidat  n'obtiendrait  la  majorité  abso- 
lue des  voix  ;  c'était  pour  le  pays  les  graves  incon- 
vénients d'une  élection  contestée,  la  prolongation 
de  l'interrègne  et  partant,  celle  des  intrigues,  suite 
nécessaire  de  toute  vacance  du  siège. 

Le  grand  prévôt  et  le  grand  doyen  eurent  alors 
l'abnégation  bien  rare  de  mettre  le  bien  public 
au-dessus  de  leur  propre  gloire  :  l'un  et  l'autre 
retirèrent  leur  candidature  et,  d'accord  en  ceci  avec 
le  chapitre,  ils  convinrent  de  faire  élire  par  leurs 
confrères  celui  de  trois  candidats  désignés  par  le 
grand  prévôt  que  choisirait  le  grand  doyen.  — 
Ainsi  se  fit  l'élection  de  Georges-Louis  de  Berghes 
au  trône  épiscopal  (7  février  1724). 

Là  se  termine  la  carrière  politique  de  Fran- 
çois-Lambert de  Sélys  ;  il  mourut  à  Liège  le 
14  mars  1729. 

Il  nous  reste,  en  terminant,  à  dire  un  mot  de 
l'événement  auquel  la  tradition  rapporte  l'origine 
de  notre  médaille  :  nous  voulons  parler  de  la 
reconstruction  de  l'Hôtel  de  ville  de  Liège. 

L'ancienne  «  Maison  de  la  Cité  »,  communément 
appelée  «  la  Violette  » ,  avait  été  ruinée  de  fond  en 


210 


combleparles boulets  rouges  du  maréchal  deBouf- 
flers,  lors  du  bombardement  de  i6gi.  Les  guerres 
continuelles  de  cette  époque  et  la  misère  qui  s'en- 
suivit n'avaient  point  permis  aux  magistrats  de 
songer  à  reconstruire  l'édifice.  En  1714  seulement, 
le  calme  étant  enfin  rétabli,  on  put  mettre  la  main 
à  l'œuvre:  la  pose  de  la  première  pierre  fut  fixée 
au  14  auguste  de  cette  année.  Retenu  à  l'étranger 
et  ne  pouvant  donc  commencer  par  lui-même  les 
travaux  de  maçonnerie, le  prince  Joseph-Clément 
de  Bavière  chargea  du  soin  de  le  remplacer  le  grand 
doyen  de  Sélys,  en  lui  recommandant  d'entourer 
cette  solennité  de  tout  l'éclat  possible. 

La  cérémonie  se  fit,  et  nos  annalistes, en  rappor- 
tantles  détailsde  lafête,  sont  unanimes  à  constater 
que  le  grand  doyen  sut  à  merveille  exécuter  les 
ordres  du  prince,  tant  par  le  luxe  qu'il  déploya  en 
qualité  de  représentant  du  souverain,  que  par  les 
largesses  qu'il  fit  au  peuple  et  dont  celui-ci  con- 
serva longtemps  l'agréable  souvenir. 

Pour  en  perpétuer  la  mémoire,  la  régence  fit 
encastrer  dans  une  des  murailles  de  la  salle  des 
Pas  Perdus  de  la  nouvelle  «  Violette  »  une  plaque 
en  marbre  noir  portant  une  incription  commé- 
morative  surmontée  des  armes  du  grand  doyen 
et  elle  offrit  à  celui-ci  la  médaille  décrite  au  début 
de  cet  article. 

Léon  Naveau. 


MEREAU    GRAVE 

DE    LA 

VIELLE    GILDE    DES    ARBALÉTRIERS 
DE   BOIS-LE-DUC 

1680. 


La  collection  de  jetons  et  monnaies  de  feu  le 
chevalier  Albéric  van  den  Bogaerde  van  Moer- 
gestel,  conservée  au  château  d'Heeswyk,  renferme 
un  méreau  en  argent,  gravé  au  trait,  pesant 
48  grammes  et  ayant  66  millimètres  de  diamètre. 
{Voyez  tableau  de  mensuration  Stephanik.) 

Au  droit,  ce  méreau  porte  les  armoiries  couron- 
nées de  la  ville  de  Bois-le-Duc. 

Légende  circulaire  :  *  ONDER  •  S^  (sieur) 
VAN  •  BOXMEER  •  SARGANT  •  VAN  DEN  • 
ED  •  (elen)  OUDEN  •  VOETBOOGH. 

Rev.  Un  écu  (croix  de  Saint-Georges,  de  gueules 
sur  un  champ  d'argent),  au-dessus  duquel  un  tron- 
çon de  branche  auquel  pend  un  ruban  terminé  par 
des  houppes  entourant  l'écu  des  deux  côtés. 

Légende  circulaire  :  *  INT  •  lAER  •  ANNO  •  i68o- 
WAS  • CORPERAEL • ARNOLDVS • OOMS 


212 

Ce  méreau  provient  de  la  collection  't  Hooft  van 
Benthuijzen  vendue  à  Dordrecht,  le  14  juin  187g 
(p.  126,  n°  3734  du  catalogue).  [Voyez  Dirks, 
Kepertorium,  n°  i865  et  mes  Bijdragen,  n°  igS.) 

L'année  1680  était  une  époque  de  troubles  pour 
Bois-le-Duc  à  cause  de  la  guerre  avec  la  France. 
Les  quatres  corporations  armées  qui,  en  l'an- 
née 1672,  avaient,  sur  la  plaine  d*exercice,  prêté 
serment  de  fidélité  à  Leurs  Hautes  Puissances, 
jouaient  un  rôle  sérieux  dans  la  défense  de  la 
place. 

Elles  étaient  sous  la  dépendance  de  l'admi- 
nistration communale,  comme  il  résulte  de 
diverses  résolutions  aussi  bien  de  Leurs  Hautes 
Puissances  que  du  pouvoir  communal  lui-même. 
Elles  furent,  pour  ce  motif,  toujours  conservées 
sur  pied  de  guerre,  plus  considérées  et  mieux 
traitées  que  d'autres  troupes.  Les  anciennes  cor- 
porations armées  cessèrent  d'exister  en  1787. 

En  cette  année,  le  gouverneur  de  la  ville  s'op- 
posa tellement  à  ce  que  ces  gildes  continuassent 
à  monter  la  garde  et  à  se  réunir  pour  s'exercer  au 
maniement  des  armes,  sans  avoir  préalablement 
obtenu  sa  permission,  que  cette  défense  souleva  de 
très  vives  réclamations.  Dans  ces  circonstances, 
parut  un  décret  du  i3  août  de  cette  même  année, 
qui  faisait  remarquer  que  depuis  quelque  temps, 
plusieurs  communes  de  la  Mairie  de  Bois-le-Duc 
avaient  organisé  des  corporations  armées,  sans 
l'autorisation  de  Leurs  Hautes  Puissances  et  qui 


2r3 


214 

faisait  défense  d'organiser  ou  de  former  désormais 
d'autres  réunions  du  même  genre. 

Ce  décret  fut  aussi  proclamé  à  Bois-le-Duc,  mais 
ne  fut  cependant  pas  appliqué  à  ses  quatre  corpo- 
rations armées,  de  sorte  qu'elles  continuèrent  à 
s'exercer  au  maniement  des  armes  et  que,  le 
24  septembre  1787,  l'administration  de  la  ville 
délégua  quelques-uns  de  ses  membres  pour  passer 
la  Revue  de  ces  corporations. 

Par  résolution  des  États  en  date  du  3  octobre 
suivant,  elles  furent  cependant  désarmées  et  dis- 
soutes,sous  prétexte  que  Bois-le-Duc  était  une 
forteresse  frontière  et  que  sa  garde  incombait 
uniquement  au  gouverneur  militaire.  L'admi- 
nistration communale  protesta  contre  cette  déci- 
sion et  invoqua  les  anciens  droits  et  privilèges  des 
gildes;  mais  ce  fut  en  vain,  car  leur  suppression 
fut  définitivement  consommée  par  résolution  de 
Leurs  Hautes  Puissances,  le  g  novembre  1787.  (i) 
Il  semble  que  l'émission  de  ce  méreau  n'est  pas 
due  à  la  ville.  Je  croirais  plutôt  qu'elle  a  été  faite 
par  la  gilde  elle-même. 

Les  van  Boxmeer  (2)  étaient  d'estimables  bour- 

(1)  Jonkheer  M''  J.  B.  Verheuen,  Bijdrage  tôt  de  Geschiedenis  der 
vôormalige  schuttersgilden  te  's  Hertogenbosch,  p.  Sy. 

(2)  Heraldieke Bibliotheek,  1876,  p.  288.  «  De  famille  van  Boxmeer 
oudtijds  zeer  aanzienlijk  in  de  stad  en  meijerij  van  's  Hertogenbosch, 
uit  welke  Jonker  Henrik  van  Boxmeer  omtrent  liet  jaar  161 5,  getrouwd 
met  juffrouw  Anna,  dochter  van  Jonker-Hugo  van  Berckel,  schout 
van  Peelland,  die  het  slot  ten  Hout,  te  S'-Oedenrode  met  haar  be- 
kwam    »  (La  famille  van  Boxmeer  autrefois  très  considérable  dans  la 


2ID 

eeois  :  les  Ooms  étaient   aussi  dans  une  bonne 
position. 

Dans  les  archives  de  la  ville  il  n'existe  aucun 
document  au  sujet  de  l'émission  ou  de  l'usage  de 
ce  méreau. 


Jonkheer  M.  A.  Snoeck. 


ville  et  mairie  de  Bois-le-Duc,  dont  Jonker  Henri  van  Boxmeer 
épousa  vers  l'an  i6i5,  demoiselle  Anne,  fille  de  Jonkheer  Hugo  van 
Berckel,  échevin  de  Peelland,  qui  obtint  avec  elle  le  château  de  ten 
Hout,  à  S*^-Oedenrode.)  Armoiries  :  d'or  semé  de  billettes  d'azur,  au 
lion  du  même  brochant  sur  le  tout. 


2l6 


NÉCROLOGIE. 


M.  Butor. 

M.  Butor,  ancien  magistrat,  associé  étranger  de 
notre  Compagnie  depuis  le  7  mars  1891,  est  mort 
à  Saint-Omer,  le  7  novembre  1895.  Président  de 
la  Société  des  Antiquaires  de  la  Morinie,  M.  Butor 
était  bien  plus  un  archéologue  qu'un  numis- 
matiste.  Il  avait  formé,  cependant,  des  suites 
assez  importantes  de  monnaies  françaises  et 
romaines  ;  mais  nous  ne  connaissons  de  lui  aucun 
écrit  se  rattachant  à  nos  études. 

A.  DE  W. 


Edmond  VANDERSTRAETEN. 

La  mort  vient  de  conduire  dans  la  tombe  un  des. 
vétérans  de  lanumismatique.  M.  Edmond  Vander- 
straeten  est  décédé  à  Audenarde,  sa  ville  natale,  le 
25  novembre  dernier,  âgé  de  près  de  soixante-dix 
ans.  Attaché  pendant  de  longues  années  aux; 
Archives  générales  du  royaume  et  chargé  ensuite 
par  le  Gouvernement  de  faire  des  recherches  aux 
archives  en  France,  en  Allemagne,  en  Italie  et  en 
Espagne,  Vanderstraeten  y  compléta  les  éléments 
de  son  histoire,  en  six  volumes,  sur  «  La  musiqtie 


Mix  Pays-Bas  avant  le  xix^  siècle  »  ;  parurent  ensuite 
son  «  Histoire  du  Théâtre  villageois  en  Flandre  » 
ainsi  que  quantité  d'autres  travaux  du  savant 
musicographe. 

Ces  publications  spéciales  ont  fait  connaître 
l'historien  de  la  musique;  il  ne  nous  reste  plus  qu'à 
dire  un  mot  du  numismate. 

Audenardais  de  naissance  et  plus  encore  de 
cœur,  tous  les  travaux  de  Vanderstraeten  furent 
consacrés  à  sa  ville  natale.  En  i85i,  il  publia  dans 
noiTt  Revue,  ses  recherches  sur  les  méreaux  d'Au- 
denarde  et  d'Eyne.  Ce  premier  travail  fut  suivi  de 
plusieurs  autres  qui  traitaient  de  jetons  aux  armes 
d'Audenarde,d'un  jeton  aux  besicles  et  de  méreaux 
religieux. 

Enfin,  en  189^, parut  le  dernier  travail  numisma- 
tique de  notre  regretté  confrère.  Il  y  complétait, 
avec  sa  compétence  ordinaire,  l'attribution  d'une 
maille  à  Audenarde,  faite  par  M.  Caron  dans  les 
Mémoires  du  Congres  international  de  numismatique 
de  Bruxelles.  Il  nous  reste  à  mentionner  parmi 
les  ouvrages  de  Vanderstraeten  un  volume  fort 
rare,  paru  à  Audenarde  en  i858  et  1860  et  inti- 
tulé :  «  Recherches  sur  les  communautés  religieuses 
et  de  bienfaisance   établies  à   Audenarde  depuis  le 
xif  siècle  jusqu' à  la  fin  du  xviii^  ».  Cet  ouvrage,  qui 
n'a  été  tiré  qu'à  40  exemplaires,  contient  des  ren- 
seignements très  intéressants  sur  les  méreaux  des 
récollets,  des  capucins,  de  la  corporation  de  Saint- 
Michel  et  des  pauvres  d'Audenarde. 

Année   i8q6.  l5 


2:8 

Pendant  les  dernières  années  de  sa  vie,  Vander- 
straeten  vivait  fort  retiré, ne  recevant  que  quelques 
rares  amis,  qui  étaient  heureux  de  profiter  de  ses 
avis,  toujours  empreints  de  la  plus  profonde  lo- 
gique. Sa  mort  est  une  perte  pour  la  science  et 
l'hommage  que  nous  venons  rendre  à  la  mémoire 
de  ce  fécond  et  infatigable  travailleur  nous  est 
dicté  par  le  respect  et  la  sympathie  que  nous  ont 
toujours  inspirés  la  franchise  et  la  droiture  de  son 
caractère. 

M.  Vanderstraeten  fit  partie  de  1861  à  i86g  de  la 
Société  de  numismatique  en  qualité  de  correspon- 
dant regnicole. 

V.  De  Munter. 

Audenarde,  le  7  décembre  iSgS. 


Ghalib  Edhem  Bey. 

La  Société  royale  de  numismatique  de  Belgique 
vient  de  perdre  l'un  de  ses  membres  les  plus 
distingués. 

J.  Ghalib  Edhem  Bey,  fils  de  l'ancien  Grand 
vizir  Edhem  Pacha,  naquit  à  Constantinople,  en 
18^7.  Il  suivit  avec  succès  les  cours  des  écoles 
supérieures  ottomanes  et,  fort  jeune  encore,  entra 
au  Conseil  d'État  qui  venait  d'être  créé.  * 

Après  avoir  brillamment  rempli  pendant  plu- 
sieurs années  les  fonctions  de  second  et  de 
premier  adjoint  à  la  section  des  Travaux  publics, 


219 

il  fut  nommé,  en  1881,  conseiller  d'Etat  dans  la 
section  législative,  poste  qu'il  quitta,  en  i8g5, 
pour  se  rendre  à  La  Canée,  en  qualité  de  con- 
seiller du  gouvernement  de  l'île  de  Crète.  C'est 
dans  ce  pays  qu'il  contracta  la  maladie  qui  devait 
l'enlever  à  l'affection  des  siens  et  à  l'estime  de  ses 
collègues,  le  i5  décembre  dernier. 

J.  Ghalib  Edhem  Bey  commença  à  s'occuper  de 
collections  et  d'études  numismatiques  en  1870. 
Depuis,  il  se  passionna  de  plus  en  plus  pour  la 
science  des  monnaies  et  c'est  aux  recherches  et 
aux  travaux  de  notre  savant  ami  que  la  numisma- 
tique ottomane  doit,  en  grande  partie,  d'être 
enfin  sortie  des  limbes  où,  trop  longtemps,  elle 
avait  sommeillé. 

L'œuvre  de  Ghalib  est  colossale,  non-seulement 
par  le  nombre  des  sujets  qu'elle  embrasse,  mais 
encore  par  la  somme  des  connaissances  histo- 
riques et  numismatiques  mises  en  œuvre.  Ses 
essais  de  numismatique  seljoukide  et  ottomane, 
ses  catalogues  des  monnaies  turcomanes  et  des 
monnaies  des  califes  sont  des  travaux  de  haut 
mérite,  qui  font  époque  et  qui  placent  leur  auteur 
au  premier  rang  des  numismatistes  contempo- 
rains. 

La  Société  royale  de  numismatique  de  Bel- 
gique avait  l'honneur  de  le  compter,  depuis  le 
27  décembre  1894,  ^^  nombre  de  ses  associés 
étrangers. 

Il  publia   dans  la   Revue  de  l'an   dernier  une 


220 


intéressante  notice  sur  :   Une  monnaie  d'Alaeddin- 
Qeirobad  III,  associé  au  nom  du  Grand  Ilkhan. 

Heureusement  pour  la  science  numismatique 
ottomane  que  son  fils,  Mubarek  Ghalib  Bey, 
promet  de  suivre  les  traces  de  notre  éminent  et 
regretté  confrère. 

Alphonse  de  Witte. 


22  I 


MÉLANGES. 


MONNAIE  DE  BRUXELLES,  1895. 


FABRICATION. 

Il  a  été  frappé  pour  le  Gouvernement  belge  en  monnaie 
de  nickel  : 

12,916,065  pièces  d'une  valeur  nominale  de  fr.  859,073.75 
se  décomposant  comme  suit  : 

4,265,410  pièces  de  10  centimes  ==  426,541.   » 

et8,65o,655         »  5         »  =  432,532.75 

DÉMONÉTISATION. 

9,695,000  pièces  de  deux  centimes  retirées  de  la  circula- 
tion en  1894  et  représentant  une  valeur  nominale  de 
193,900  francs  ont  été  coupées  en  deux  fragments  au  cours 
de  l'année  1895. 

Il  a  été  fait  face  aux  frais  résultant  de  cette  opération  : 

1°  Par  le  bénéfice  provenant  de  la  fabrication  des  pièces 
de  un  centime  faite  en  1894  (art.  3,  §  3  de  la  loi  du  budget 
des  recettes  et  des  dépenses  extraordinaires  pour  1894);  et 

20  Par  une  partie  du  crédit  de  25o,ooo  francs  inscrit  à 
lart.  38  du  budget  du  ministère  des  Finances,  exercice 
1895,  pour  retrait  et  annulation  de  pièces  de  deux  centimes. 

ACTES   OFFICIELS. 
Par  arrêté  royal  du  28  janvier  1895,  l'emploi  de  Graveur 


222 

des  monnaies,  vacant  depuis  le  de'cès  de  M.  Léopold 
Wiener  (24  janvier  1891)  a  été  supprimé. 

Le  Graveur  des  monnaies  est  remplacé  par  un  agent  por- 
tant la  qualification  de  chef  de  la  fabrication  des  Coins 
monétaires. 

M.  Alphonse  Michaux,  artiste-graveur,  attaché  depuis 
18  ans  aux  ateliers  de  la  gravure  de  la  Monnaie,  a  été 
nommé  chef  de  la  fabrication  des  Coins  monétaires,  par 
arrêté  ministériel  du  29  Janvier  1895. 

Réouverture  du  bureau  de  change  aux  matières  d'or 
destinées  au  monnayage. 

Le  Ministre  des  Finances, 
Revu  l'arrêté  ministériel  du  21  août  1891  portant  que  le  bureau  de 
change  de  l'Hôtel  des  Monnaies  de  Bruxelles  est  provisoirement  fermé 
aux  matières  destinées  à  être  monnayées  ou  affinées, 
Arrête  : 
L'arrêté  du  21    août    1891    est   rapporté   en    ce  qui  concerne  les 
matières  d'or  propres  à  être  monnayées  et  contenant  au  moins  9/10  de 
fin,  pour  autant  que  les  quantités  présentées  correspondent  à  une 
frappe  d'au  moins  deux  millions  de  francs. 

Bruxelles,  le  2g  janvier  1895. 
P.  DE  Smet  de  Naeyer. 

Loi  relative  à  Vinterdiction  des  monnaies  de  billon  étran- 
gères et  à  la  faculté  d'échange  des  monnaies  de  billon 
nationales. 

LÉOPOLD  11,  Roi  DES  Belges, 
A  tous  présents  et  à  venir,  Salut. 
Les  Chambres  ont  adopté  et  Nous  sanctionnons  ce  qui  suit  : 
Art.  i«'".  ^-11  est  défendu  de  donner  en  payement  des  monnaies 
étrangères  de  bronze,  de  nickel  ou  de  cuivre. 


223 

Toutefois,  dans  les  localités  voisines  de  la  frontière  qui  seront  dési- 
gnées par  arrêté  royal,  ces  monnaies  pourront  être  données  en 
payement  jusqu'à  concurrence,  pour  chaque  transaction,  d'une  valeur 
nominale  ne  dépassant  pas  2  francs. 

Art,  2.  —  Il  est  défendu  à  tous  comptables  de  l'État,  des  provinces 
et  des  communes  d'accepter  les  dites  monnaies  en  payement  des 
sommes  qu'ils  ont  à  recevoir  en  vertu  de  leurs  fonctions. 

La  même  défense  s'applique  à  toutes  entreprises  de  transport  de 
voyageurs  en  commun. 

Art.  3.  —  Les  contraventions  aux  articles  1"  et  2  seront  punies 
d'une  amende  de  5  à  200  francs 

Art.  4.  —  Le  Gouvernement  est  autorisé  à  étendre  aux  monnaies  de 
cuivre  belge  de  1  et  de  2  centimes  les  dispositions  de  l'article  8  de  la 
loi  du  20  décembre  1860,  relatives  aux  monnaies  de  nickel. 

Promulguons  la  présente  loi,  ordonnons  qu'elle  soit  revêtue  du 
sceau  de  l'Etat  et  publiée  par  la  voie  du  Moniteur. 

Donné  à  Ostende,  le  19  juillet  1895. 

LÉOPOLD. 
Par  le  Roi  : 
Le  Ministre  des  Finances, 
P.  De  Smet  de  Naeyer. 


Circulation  des  monnaies  de  hillon  étrangères 
Tolérance  admise. 

LÉOPOLD  II,  Roi  DES  Belges, 
A  tous  présents  et  à  venir,  Salut. 

Vu  les  articles  i",  2  et  3  de  la  loi  du  19  juillet  iSgS,  ainsi  conçus  : 

Art.  ler.  —  n  est  défendu  de  donner  en  payement  des  monnaies 
étrangères  de  bronze,  de  nickel  ou  de  cuivre. 

Toutefois,  dans  les  localités  voisines  de  la  frontière  qui  seront  dési- 
gnées par  arrêté  royal,  ces  monnaies  pourront  être  données  en 
payement  jusqu'à  concurrence,  pour  chaque  transaction,  dune  valeur 
nominale  ne  dépassant  pas  deux  francs. 

Art.  2.  —  11  est  défendu  à  tous  comptables  de  l'État,  des  provinces 


2  24 

et  des  communes  d'accepter  les  dites  monnaies  en  payement  des 
sommes  qu'ils  ont  à  recevoir  en  vertu  de  leurs  fonctions. 

La  même  défense  s'applique  à  toutes  entreprises  de  transport  de 
voyageurs  en  commun. 

Art.  3.  —  Les  contraventions  aux  articles  i  et  2  seront  punies  d'une 
amende  de  5  à  200  francs. 

Revu  l'article  i^r  de  la  loi  du  16  août  1887  portant  que  les  salaires 
des  ouvriers  doivent  être  payés  en  monnaie  métallique  ou  fiduciaire 
ayant  cours  légal  ; 

Sur  la  proposition  de  Notre  Ministre  des  Finances, 

Nous  avons  arrêté  et  arrêtons  : 

Art.  iT.  ^  Sauf  les  cas  où  l'emploi  de  la  monnaie  de  billon  étran- 
gère est  interdit  d'une  manière  absolue  par  l'article  i*^"^  de  la  loi  du 
16  août  1887  et  par  l'article  2  de  la  loi  du  19  juillet  1895,  ceux  qui  don- 
neront en  payement,  dans  les  communes  indiquées  sous  les  litt.  A,  B, 
C  et  Z)  de  la  liste  ci-annexée,  les  monnaies  de  billon  étrangères,  respec- 
tivement désignées  sous  les  mêmes  lettres  de  cette  liste,  ne  seront 
point  passibles  de  l'amende  édictée  par  l'article  3  de  la  loi  précitée  du 
19  juillet  1895,  à  la  condition  que  la  valeur  nominale  des  dites  mon- 
naies n'excède  pas,  pour  une  même  transaction,  le  total  de  2  francs. 

Art.  2  —  Notre  Ministre  des  Finances  est  chargé  de  l'exécution  du 
présent  arrêté. 

Donné  à  Aix-les-Bains,  le  6  septembre  1895. 

LÉOPOLD. 
Par  le  Roi  : 
Le  Ministre  des  Finances, 
P.  DE  Smet  de  Naeyer. 


ANNEXE. 

Litt.  A.  —  Monnaies  françaises  de  10,  de  5  et  de  2  centimes. 

Toutes  les  communes  dont  le  territoire  est  contigu  au  territoire  fran- 
çais ou  au  territoire  du  grand-duché  de  Luxembourg,  et,  en  outre,  les 
communes  suivantes  : 

Flandre  occidentale.  —   Aelbeke,  Belleghem,  Bulscamp,  Courtrai, 


22:) 

Coyghem,  Dottignies,  Espierres,  Furnes,  Gheluwe,  Helchin,  Lauwe, 
Marcke,  Proven,  Reninghelst,  Rolleghem  et  Saint-Génois; 

Province  de  H  autant  —  Athis,  Audregnies,  Baileux,  Baillœul, 
Beaumont,  Bougnies,  Bourlers,  Croix  lez-Rouveroy,  Esquelmes, 
Estaimbourg,  Forges,  Froidmond,  Harchies,  Hoilain,  Jollain-Merlin, 
Lesdain,  Marquain,  Monceau  Imbrechies,  Montignies-sur-Roc,  Mont- 
rœul-sur-Haine,  Onnezies,  Péronnes  lez-Antoing,  Pommerœul,  Quévy- 
le-Petit,  Rance,  Robechies,  Saint-Remy,  Salles,  Taintignies  et  Villers- 
la-Tour  ; 

Province  de  Namur. —  Baronville,  Blaimont,  Bourseigne-Vieille, 
Finnevaux,  Gimnée,  Gochenée,  Hermeton-sur-Meuse,  Houdremont, 
Javingue-Sevry,  Louette  Saint-Pierre,  Membre,  Niverlée,  Rienne, 
Vencimont,  Vierves,  Vodelée  et  Vresse; 

Province  de  Luxembourg.  —  Arlon,  Dohan,  Ethe,  Habergy, 
Heinsch,  Meix-devant-Virton.  Mussy-la-Ville,  Thiaumont,  Villers-la- 
Loue  et  Virton. 

LiTT.  B.  —  Monnaies  du  grand-duché  de  Luxembourg 
de  lo,  de  S  et  de  2  centimes. 

Toutes  les  communes  dont  le  territoire  est  contigu  au  territoire  du 

grand-duché  de  Luxembourg,  et,  en  outre,  les  communes  suivantes: 

Arlon,  Bastogne,  Habergy,  Heinsch,  Mussy-la-Ville  et  Thiaumont. 

LiTT.  C.  —  Monnaies  allemandes  de  10,  de  5  et  de  2 pfennigs. 

Toutes  les  communes  dont  le  territoire  est  contigu  au  territoire  alle- 
mand. 

LiTT.  D.  —  Monnaies  néerlandaises  de  2  1/2  cents  et  de  1  cent. 

Toutes  les  communes  dont  le  territoire  est  contigu  au  territoire 
néerlandais. 
Vu  pour  être  annexé  à  Notre  arrêté  en  date  de  ce  jour. 

Donné  à  Aix-les-Bains,  le  6  septembre  iSgS. 

LÉOPOLD. 
Par  le  Roi  : 

Le  Ministre  des  Finances, 

P  DE  Smet  de  Naeyer. 


220 


Echange  des  monnaies  de  nickel. 

La  loi  du  3o  mai  1894  autorisait  le  Gouvernement  à  sus- 
pendre pendant  un  an,  au  plus,  les  stipulations  de  l'art.  8 
de  la  loi  du  20  de'cembre  1860  relatif  à  l'échange  des  mon- 
naies de  nickel. 

Par  arrêté  royal  du  i^r  juin  1894,  l'échange  des  monnaies 
de  nickel  fut  totalement  suspendu. 

L'échange  fut  rétabli  aux  bureaux  du  Caissier  de  l'État 
à  Bruxelles  par  arrêté  royal  du  2  5  juillet  1894;  aux  bureaux 
du  Caissier  de  l'État,  à  Anvers,  à  Gand  et  à  Liège  par 
arrêté  du  2  février  1895  ;  et  à  tous  les  bureaux  du  Caissier 
de  l'Etat,  sauf  aux  agences  de  Furnes,  de  Tournai  et  de 
Péruwelz  par  arrêté  royal  du  6  septembre  1895. 

N.  B.  —  L'échange  ne  peut  avoir  lieu  que  par  somme 
de  cent  francs  au  minimum  pour  chaque  espèce  de  mon- 
naie. 

Ch.  van  der  Beken. 


NUMISMATIQUE  MALINOISE. 

Dans  le  tome  huitième  de  ^Inventaire  des  archives  de 
la  ville  de  Malines  (Mahnes,  1895,  in-80,  417  pages), 
M.  V-  Hermans,  archiviste-bibliothécaire  de  cette  ville 
publie  quelques  renseignements  intéressants  (pp.  3 1 5-328) 
sur  les  médailles,  jetons,  méreaux  et  monnaies  de  Malines. 
Parmi  ces  pièces,  signalons  les  moins  connues  : 

Un  méreau  en  plomb  pour  les  ouvriers  sans  travail 
prescrit  par  l'administration  française,  à  la  fin  du  XVilI^  siè- 
cle. Lég.  :  Attelier  [sic]  public  de  Malines.  —  Un  méreau 
de  i656  pour  les  pauvres  de  l'Église  Saint- Pierre  et  Saint- 


227 

Paul.  Un  méreau  pour  les  chantres  de  Saint- Rombaut, 
portant  le  chiflfre  i8o.  —  Soixante  plombs  des  XIIF,  xive, 
XV^,  XVF  et  XVIie  siècles  ayant  servi  à  marquer  les  draps 
fabriqués  à  Malines.  Sept  d'entre  eux  sont  encore  attachés 
à  des  échantillons  de  drap.  Cette  précieuse  collection  a  été 
formée  par  M.  A.  A.  E.  De  Bruyne. 

En  outre,  trois  anciens  grands  plombs  des  fabricants  de 
drap,  mais  d'un  type  tout  différent. 

Un  plomb  des  boulangers,  mais  autre  que  celui  de 
Minard-Van  Hoorebeke.  —  Dix-neuf  petits  plombs  encore 
indéterminés.  —  Deux  méreaux  de  la  Gilde  des  Archers. 
—  Dix  jetons  différents  de  la  fondation  Jean  Van  Heme- 
Iryck,  donc  huit  en  argent  et  deux  en  bronze.  Ces  jetons 
furent  fournis  à  la  ville,  par  Jacob  de  Keyser,  en  iyb3  ; 
par  P.  Alewaters,  en  1773  ;  par  C.  Gillis,  en  1780  et  par 
J.  Boschmans,  de  1785  à  1792.  Voici  quelques  extraits  des 
comptes  communaux  relatifs  à  cette  fondation  : 

i55i-i552,  p.  287  yo  :  Payé  pour  les  jetons  au  Saint- 
Esprit  qui  sont  distribués  chaque  année,  au  mois  d'août, 
aux  magistrats,  à  l'époque  du  renouvellement  de  la  régence, 
conformément  à  la  fondation  Jean  Hemelrycx. 

1 568- 1569,  p.  216  vo  :  Payé  (quinze  florins)  à  Jérôme 
van  Antwerpen  pour  enfoncer  et  graver  les  coins  des  jetons 
au  Saint-Esprit  qui  sont  annuellement  distribués  aux 
magistrats.  Payé  (vingt  florins)  au  maître  de  la  monnaie 
van  Antwerpen  pour  frapper  les  dits  jetons. 

1 599-1600,  p.  2o5  :  Payé  à  Nicolas  vanden  Bossche, 
orfèvre,  trente-cinq  florins  quinze  sous,  pour  soixante-deux 
jetons  au  Saint-Esprit  Hvrés  à  la  ville  et  distribués  aux 
magistrats  et  à  d'autres  dignitaires,  à  la  messe  du  i5  août, 

1644-1645,  p.  [65  vo  :  Payé  à  Thierry  van  Eyck, orfèvre, 
la  somme  de  trente  florins  dix-huit  sous,  pour  quarante- 


228  " 

sept  Jetons  au  Saint-Esprit  distribués  aux  magistrats  à  la 
messe  du  Saint-Esprit,  etc. 

1743-1744,  p.  i53  V"  :  Payé  à  Jean  Verschueren,  qua- 
rante-neuf florins,  deux  sous,  un  liard,  pour  ces  mêmes 
jetons  distribués  à  la  messe  du  Saint-Esprit,  en  l'année  1744. 

1791-1792,  p.  124  :  Payé  à  J.  Boschmans,  quarante-neuf 
florins,  deux  sous,  trois  deniers  pour  ces  mêmes  jetons  de 
l'année  1792. 

Dans  ses  chroniques,  Rombaut  Gootens  décrit  ainsi 
(p.  162)  ces  jetons  : 

D'un  côté,  un  Saint-Esprit  autour  duquel  les  mots  sui- 
vants :  Santé  (sic)  Spiritus  adsit  nobis  gratia  tua;  de 
l'autre  côté,  une  sorte  de  maison  du  ciel  avec  deux  portes  que 
garde  un  ange  qui  y  laisse  entrer  les  âmes  des  élus  en 
disant  :  Pax  huic  domui  et  omnibus  habitantibus  in  ea. 
(A  consulter  encore  sur  ces  jetons  :  «  Wekelycks  bericht 
voor  de  provincie  van  Mechelen  »,  1778,  pp.  414  et  suiv.) 

Méreau  en  laiton  de  la  fondation  faite,  en  [590,  dans 
l'église  Saint-Rombaut  par  Anna  Bernaerts,  veuve  d'Aard 
van  den  Wiele.  —  Méreau  obituaire  en  laiton  du  célèbre 
prédicateur  et  écrivain  Rombaut  Backx  (né  à  Malines  le 
24  août  1648  et  décédé  à  Anvers  le  3  juin  1703).  Un  chapitre 
(p.  325)  est  spécialement  consacré  aux  monnaies  des  sei- 
gneurs de  Malines  frappées  dans  cette  ville.  Toutes  ces  mon- 
naies sont  bien  connues.  L'auteur  transcrit  deux  documents, 
publiés  dans  cette  Revue  (1845,  pp.  83  et  suiv.)  par 
M.  Ch.  Piot  et  qui  se  rapportent  à  la  Monnaie  de  Malines 
oùlemonnayagecommença  le  8  août  1 357,  dans  une  maison 
achetée  à  Jean  Sconejan.  M.  Hermans  ajoute  les  renseigne- 
ments suivants  :  «  Par  suite  d'une  lacune  dans  nos  actes 
échevinaux,  allant  de  1 354  à  1 371 ,  il  nous  est  impossible  de 
fixer    l'emplacement    du    premier    atelier    monétaire    de 


229 

Malines.  Dans  un  acte  échevinal  du  4  février  1407  (carton 
n°  io3),  il  est  question  d'une  maison  sise  à  la  chaussée  (den 
steenweg)  du  côté  de  la  rue  des  Béguines,  nommée  à  cette 
époque  La  Monnaie  (de  Munte)  et,  depuis  le  3  janvier  1701, 
Le  Pélican  (den  Pellicaen),  comme  il  est  dit  dans  les  regis- 
tres des  divers  quartiers  de  la  ville  (Wijkboeken,  reg.  10, 
fol.  201  et  211).  L'auteur  se  demande  si  ce  n'était  pas  là 
qu'était  située  la  Monnaie  primitive. 

Par  lettre  du  5  août  1423,  Philippe  le  Bon  vend  à  Adrien 
Adeleyn  le  local  de  la  deuxième  Monnaie  :  «  Par  ces  pntes 
vendons,  cédons,  transportons  et  délaissons  au  dessus  nomé 
Adrien  Adeleyn,  une  aut  maison  appellée   la  Monnoye, 
séant  en  nre  avant  dite  ville  de  Malines  en  la  rue  appellée 
le  oude  Brueil,  tenant  dun  costé  à  lostel  te  heritoige  de 
Messr.  Henry  de  Collem,  dune  part  et  daut  costé  à  une 
petite  ruelle  appelée  Tstoofstraetken,  et  sestent  jusques  à 
la  rivière  appellée  le  Melane,  semblemt  avec  tout  ce  qui  y 
apptient  devant  etderrie...  »  Du   12  avril  1485  au  24  dé- 
cembre 1489,  on  frappa  à  Malines  une  énorme  quantité  de 
monnaies  dont  relativement  peu  d'exemplaires  sont  arrivés 
jusqu'à  nous.  Ces  pièces  furent  forgées  dans  une  maison 
de  Jean  Schoof,  située  rue  d'Adeghem,  entre  den  Kemps 
(le  chanvre)  et  den  Lepeleir  (la  Cuiller),  comme  il  résulte 
du  suivant  acte  échevinal  du  i5  avril  149 1  (reg.  1488- 1492, 
fol.  69  vo)  :  ((  Claes  Schoof,  wylen  Jan  Schoofs  sone,  heeft 
terve  gegheven   Janne  Schoof  sinen  brueder,  syne  huy- 
singhen   ende    erven    metten    hoven,    plaetsen,    stallen, 
gronde   ende   allen   anderen    haeren    toebehoerten,    dair 
men  geplogen  heeft  de  munte  te   hoiiden    (où   avait   été 
la  Monnaie),  geleghen  inde  Aedegeemstrate,  tusschen  een 
erve   geheeten   den   Kempe,    toehoerende   Gommaren   de 
Poirtcr,  aen  deen  zyde,ende  een  erve  geheeten  den  Lepeleir, 


23o 

toehoerende  Merten  de  Reghere,  aen  dander  zyde » 

Verachler  dit  que  cette  maison  fut  louée,  en  1485,  par 
Jean  Schoof  aux  archiducs,  moyennant  un  loyer  annuel  de 
quatre-vingt-dix  florins  du  Rhin. 

G.  CUMONT. 


CHROIVIQUE.    —   QUELQUES   PUBLICATIONS   FRAN- 
ÇAISES RÉCENTES. 

Monnaies  gauloises  trouvées  à  Vermand  (Aisne).  — 
J'ai,  dans  une  précédente  livraison  de  la  Revue,  signalé 
une  publication  de  M.  Derôme,  sur  la  Numismatique  du 
Vermandois  ;  je  dois  aujourd'hui  indiquer  une  note  assez 
courte  de  M.  Pilloy,  sur  les  monnaies  gauloises  recueillies 
à  Vermand.  Beaucoup  de  ces  pièces,  trouvées  depuis  de 
longues  années,  ont  été  dispersées  et  sont  conservées  par  des 
amateurs  qui  en  ignorent  la  provenance  ;  aussi  Fexamen  de 
M.  Pilloy  n'a-t-il  porté  que  sur  trente-neuf  pièces,  mais 
elles  ont  semblé  assez  intéressantes  à  M.  Anatole  de  Bar- 
thélémy pour  qu'il  en  ait  proposé  la  publication  dans  le 
Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques 
et  scientifiques  (i).  —  A  l'exception  d'une  pièce  apparte- 
nant à  la  Bretagne  insulaire,  toutes  les  monnaies  trouvées 
à  Vermand  émanent  de  peuples  du  Nord  de  la  Gaule.  Six, 
en  bronze  coulé,  portent  au  droit  une  tête  à  gauche  garnie 
de  grosses  boucles  de  cheveux  et  la  légende  SOLLOS,  et 
au  revers  un  lion  en  marche  avec  la  même  légende  qu'au 
droit  (2).  Ces  pièces  paraissent  devoir  être  attribuées  aux 
Veromandui. 

(1)  Paris,  Imprimerie  nationale,  1894,  pp.  479-484. 

(2)  Cf.  Bibliothèque  nationale,  n^s  8370-8572. 


23l 

La  trouvaille  d" Aiitrèches  (i).  —  Peu  de  temps  avant  sa 
mort,  M.  Albert  de  Roucy,  président  honoraire  du  tribu- 
bunal  de  Compiègne  (2)  avait  communiqué  à  la  Société 
historique  de  cette  ville  une  note  sur  la  trouvaille  faite  à 
Autrèches  d'un  vase  de  terre  gris  noirâtre,  retourné,  ren- 
fermant une  suite  de  monnaies  romaines  du  troisième 
siècle,  huit  cents  environ,  et  deux  bagues  en  argent,  dont  une 
ornée  d'une  pâte  de  verre  entaillée  d'une  figure  représentant 
un  guerrier.  Ces  monnaies  appartiennent  toutes  à  la 
seconde  moitié  du  IIF  siècle,  la  plupart  sont  de  Gallien,  de 
Victorin,  des  deux  Tétricus  et  de  Claude.  Une  pièce  de 
Probus  permet  de  fixer  la  date  extrême  de  l'enfouissement 
de  ce  petit  trésor  à  276  ou  277.  C'est  du  reste  la  date  habi- 
tuelle, 262-278,  de  ces  cachettes  dans  la  Picardie  et  l'Ile- 
de-France. 

La  numismatique  dans  le  département  de  la  Seine- 
Inférieure  en  1894.  —  J'ai  eu  plus  d'une  fois  l'occasion 
de  signaler  dans  mes  cueilloirs  numismatiques  des  décou- 
vertes ou  des  travaux  dont  l'indication  m'était  fournie  par 
les  Bulletins  de  la  Commission  des  Antiquités  de  la  Seine- 
Inférieure.  Si,  dans  chaque  département  les  sociétés 
savantes  prenaient  le  même  soin  que  cette  Commission,  il 
est  peu  de  découvertes  qui  resteraient  ignorées  du  public. 

Le  fascicule  consacré  aux  procès -verbaux  de  l'année 
1894  qui  vient  de  paraître  (3)  n'est  pas  aussi  bien  fourni  que 

(1)  Canton  d' Autrèches  (Oise).  —  Bulletin  de  la  Société  historique 
de  Compiègne,  iSgS,  pp.  i28-i33et  2  planches. 

(21  M.  de  Roucy  est  mort  à  Compiègne  le  6  janvier  1894.  Le  recueil 
des  Procès  verbaux,  rapports  et  communications  diverses  de  la 
Société  historique ,  t.  III,  1894,  pp.  7-14  renferme  à  la  suite  d'un  dis- 
cours de  M.  Sorel,  une  liste  de  ses  publications. 

(3)  T.  X,  irp  livraison.  Rouen,  imprimerie  Cagnard,  1895,  in-8". 


232 

plusieurs  de  ceux  qui  l'ont  précédé  ;  j'y  relève  cependant 
quelques  renseignements  qui  ne  me  semblent  pas  sans 
intérêt.  Je  les  résume  par  ordre  chronologique. 

Découverte  à  Longroy,  d'une  monnaie  en  or  de  Marc- 
Aurèle,  avec  la  légende  ANTONINVS,  AVG.  ARME- 
NIACUS.  Rev.  Victoire  debout,  etc.  Je  ne  signale  cette 
pièce  que  parce  que  M.  Drouet  a  fait  remarquer  à  cette 
occasion  que  les  monnaies  d'or  se  rencontraient  fort 
rarement  dans  cette  partie  de  la  Normandie  (p.  20). 

Cachette  monétaire,  au  petit-séminaire  du  Mont-aux- 
Malades  à  Rouen.  Découverte  d'un  vase  en  terre  vernissée 
verte,  du  XVP  siècle,  renfermant  environ  200  monnaies 
du  XVF  siècle,  dont  la  plus  récente  est  un  huitième  d'écu, 
pièce  posthume  du  cardinal  de  Bourbon  frappée  à  Rouen, 
avec  la  date  de  iSpi,  ce  qui  indique  que  ce  petit  trésor  à 
été  caché  au  commencement  des  guerres  de  la  Ligue.  On 
y  distingue  onze  pièces  en  or  de  François  I^r,  d'Henri  II, 
de  François  II  et  de  Charles  IX;  de  Charles-Quint,  de 
Philippe  II  et  de  Don  Sébastien  de  Portugal  et  deux  cents 
pièces  d'argent,  dont  197  françaises,  d'Henri  II,  de 
Charles  IX,  d'Henri  III  et  de  Charles  X  ;  plusieurs  de  ces 
pièces  sont  frappées  à  Rouen  et  M  l'Abbé  Tougard  a 
donné  au  sujet  de  ces  dernières  d'assez  curieuses  indica- 
tions (p.  181). 

Monnaies  du  cardinal  de  Bourbon.  M.  l'abbé  Tougard, 
à  l'occasion  d'autres  monnaies  de  celui  que  l'on  a  appelé 
le  Roi  de  la  Ligue,  a  signalé  la  saisie  de  coins  de  ces  pièces 
opérée  chez  les  jésuites  de  Paris  en  1763  et  leur  dépôt  aux 
archives  du  Parlement,  en  faisant  remarquer  la  singularité 
de  cette  saisie  «  rétroactive»  (p.  11 5). 

Jeton  de  la  famille  de  Piperay.  —  M.  P.  le  Verdier  a 
donné  la  description  d'un  jeton  portant  au  droit  un  écusson 


233 

d'argent  à  trois  têtes  de  grue  de  sable,  au  chef  d'azur 
chargé  de  trois  molettes  d'éperon  du  champ  (les  émaux  ne 
sont  pas  indiqués),  supporté  par  deux  licornes,  timbré  d'un 
casque  de  face,  fermé,  orné  de  lambrequins  et  surmonté 
d'une  tête  de  licorne  en  cimier.  On  lit  en  exergue  la  devise  : 
Vïr  p7'obus  prœest.  Le  revers  porte  un  chardon  entouré 
de  la  devise  :  Nemo  me  impune  lacessit  et  la  date  1647. 

Ces  armoiries  sont  celles  de  noble  homme  maître 
Robert  Piperai,  écuyer,  sieur  de  MaroUes  et  Monthérault, 
etc.,  conseiller  du  roi,  général  des  monnaies  de  Normandie. 

M.  Le  Verdier  a  donné  des  renseignements  sur  cette 
famille  dont  trois  membres  ont  occupé  successivement  les 
fonctions  de  général  des  monnaies.  Il  a  rapproché  pour 
l'exécution,  ce  jeton  d'une  série  de  jetons  frappés,  de  1616 
à  1645,  par  une  autre  famille  normande,  les  Morant  du 
Mesnil-Garnier,  pour  célébrer  leurs  mariages  (p.  3i). 

Jeton  et  méreau.  —  M.  Lormier  a  communiqué  aussi 
un  jeton  de  la  ville  de  Rouen  (1608),  dont  le  type  est  bien 
connu  (1),  avec  la  signature  de  Nicolas  Briot  (p.  34),  et 
une  petite  pièce  de  cuivre  portant  la  légende  :  Rouen,  visite 
générale,  surmontant  le  mouton  des  armes  de  Rouen. 
M.  Charles  de  Beaurepaire  croit  que  celte  pièce  se  rattache 
au  contrôle  de  la  draperie  qui  était  confié  par  le  roi  à  des 
inspecteurs  (p.  12). 

Je  supprime  quelques  autres  communications  de  pièces 
sans  intérêt. 

Les  jetons  des  maires  de  Nantes.  —  Pendant  de  longues 
années,  M.  Alexandre  Perthuis-Laurent  s'est  attaché  à 
réunir  une  collection  probablement  unique  des  jetons  des 
maires  de  Nantes  et,  il  y  a  quelque  temps,  il  les  publia  dans 

(1)  Cf.  Revue  belge  de  Numismatique,  1894,  pp.  38  et  Sg. 
Année  i8q6,  16 


234 

une  nouvelle  édition  du  Livre  doré  de  V Hôtel  de  Ville  de 
Nantes  (i).  M.  Perthuis  est  mort  le  14  novembre  1894, 
mais  il  n'a  pas  voulu  que  cette  collection  fût  dispersée  et  il 
ena  fait  don  au  musée  archéologique  de  la  ville  de  Nantes(2). 

Médaille  toulousaine  inédite.  —  M.  Delorme  a  lu  à  la 
Société  archéologique  du  Midi  de  la  France  une  note  sur 
la  pose  de  la  première  pierre  de  l'écluse  de  l'Embouchure 
à  Toulouse,  en  1667,  sur  le  canal  des  Deux-Mers,  ou  canal 
de  Riquet.  Il  a  fait  connaître  une  médaille  de  bronze 
frappée  à  cette  occasion  et  qu'il  croit  inédite.  En  voici  la 
description  :  Droit.  Buste  cuirassé  et  drapé  de  Louis  XIV 
lauré.  Légende  :  VNDARVM  TERREE  Q.  POTENS 
ATQVE  ARBITER  ORBIS.  (Cette  légende,  ainsi  que  celle 
du  revers,  est  gravée  au  burin,  sur  un  fond  pointillé.  Exergue, 
sur  deux  lignes  :  LVD.  XI III.  FRA.  ET  NA.  REX. 

Rev.  Vue  de  Toulouse  à  vol  d'oiseau.  Légende  : 
EXPECTATA  DIV  POPVLIS  COMMERGIA  PAN- 
DIT. Sur  une  banderole  au-dessus  de  la  ville  :  TOLOSA 
VTRIVSQVE  MARIS  EMPORIVM.  Exergue  1667. 

Diamètre,  42  mill. 

M.  Delorme  signale  une  médaille  à  peu  près  semblable 
en  argent,  avec  les  mêmes  légendes,  plus  petite  et  mieux 
gravée.  Un  procès-verbal  contemporain  rappelle  le  dépôt 
de  ces  médailles  de  bronze  dans  les  fondations  avec  une 
inscription  gravée  sur  une  lame  de  bronze  (3). 
20  décembre  1893. 

Comte  de  Marsy. 

(1  )  Avec  les  armoiries  et  les  jetons  des  maires,  en  collaboration  avec 
M. S.  delà  Nicollière-Teijéro, Nantes,  1873,2  vol.  grand in-S»,  planches. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Nantes,  t.  XXXIII,  1894. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Midi  de  la  France.  Tou- 
louse, Privât,  1893,  in-80,  pp.  198-201  et  reproduction  du  revers  de  la 
médaille. 


235 


LA   MEDAILLE  DONNEE  A  COLUMBANUS. 


Dans  une  note  imprimée  ci-dessus,  p.  iSg,  M.  de  Witte, 
répondant  à  une  question  que  J'ai  faite  dans  cette  Revue, 
l'an  dernier,  prétend  que  la  médaille  dont  j'ai  parlé  n'est 
qu'une  monnaie  de  poids  fort. 

L'usage  était  d'en  offrir  aux  conseillers  et  commis  des 
finances.  Cet  usage,  je  le  connaissais;  mais,  est-ce  bien  cer- 
tain qu'il  ne  soit  pas  question  d'une  vraie  médaille  dans  le 
testament  (i)  que  j'ai  cité?  Celle-ci  avait  été  conférée  au 
défunt  mari  de  la  testatrice,  François  Columbanus,  seigneur 
de  Berenhove,  depuis  1706,  conseiller  et  commis  des  do- 
ma,ines  et  finances  du  Brabant. 

L'électeur  Jean-Guillaume,  comte  palatin  du  Rhin, 
l'avait  nommé  son  conseiller  et  son  résident  à  la  Cour  de 
Bruxelles  dès  1690,  et,  cinq  ans  plus  tard,  son  intendant  de 
la  seigneurie  de  Winendale. 

Il  rendit  de  grands  services  à  ce  prince,  ainsi  qu'il  ré- 
sulte, parmi  d'autres  documents  contemporains  très  nom- 
breux, de  l'acte  du  26  juillet  i852,  par  lequel  le  roi  Maximi- 
lien  II  de  Bavière  confère  le  titre  de  chevalier  au  fils  de  la 
dernière  descendante  de  François-Joseph  Stroobant,  lequel 
fils  avait  invoqué,  dans  sa  requête  tendant  à  obtenir  cette 
faveur,  les  mérites  de  son  aïeul  maternel  Columbanus.  Ce 
dernier  était  donc  un  important  personnage  et  sa  haute 
situation  à  la  Cour  de  Bruxelles  explique  très  bien  qu'il 
ait  reçu  une  véritable  médaille  d'or  de  l'empereur  et  roi 
Charles  VI. 

(i)  Testament  du  26  février  1722,  par  lequel  Dame  Marie-Catherine 
Munos  lègue  la  grande,  médaille  d'or  de  Jean-Guillaume,  comte  pala- 
tin à  son  petit-fils,  François-Joseph  Stroobant  seigneur  deTer-Brug- 
gen  et  la  médaille  d'or  de  Charles  VI  à  sa  petite-fille,  Marie-Henriette 
Stroobant,  dame  de  Berenhove. 


•236 

Quoi  d'étonnant  et  d'extraordinaire  dans  une  pareille 
distinction,  puisque  Columbanus  avait  de'jà  été  gratifié 
d'une  grande  médaille  en  or,  que  lui  avait  donnée  le  comte 
palatin  Jean-Guillaume  pour  reconnaître  les  services  rendus 
en  qualité  de  son  résident  à  la  Cour  de  Bruxelles. 

S'agissant  de  médailles  d'or,  pièces  évidemment  plus 
rares  et  plus  précieuses  que  des  monnaies  de  poids  fort, 
distribuées  à  chaque  émission  d'un  type  nouveau  et  par 
conséquent  assez  banales,  on  comprend  la  clause  du  tes- 
tament qui  stipulait  que  ces  deux  médailles  devaient  être 
éternellement  conservées,  comme  souvenir,  dans  la  famille 
de  la  testatrice. 

Cette  recommandation  expresse  eût  été  vraiment  risible 
pour  de  vulgaires  monnaies  de  poids  fort  que  tout  con- 
seiller et  commis  des  finances  possédait  dans  ses  tiroirs. 

G.  CUMONT. 


NOUVEAU  JETON  AU   TYPE   DE   L  ORANGER 
DE   LA  FAMILLE   DE   LANGHEAG. 

En  décrivant,  il  y  a  quelques  mois,  un  jeton  anépigraphe 
au  type  de  l'oranger,  de  la  maison  de  Langheac,  je  laissais 
quelque  peu  indécis  le  nom  du  personnage  auquel  la  pièce 
devait  se  rapporter.  Grâce  à  un  nouveau  et  fort  joli  jeton 
complètement  inédit,  entré  depuis  peu  dans  ma  collection, 
également  au  type  de  l'oranger  et  de  la  même  famille,  je 
suis  en  mesure  de  pouvoir  préciser  mon  assertion. 

Cette  pièce  porte  d'un  côté  deux  écus  ovales  et  accolés, 
l'un  aux  armes  de  LANGHEAC,  d'or  à  trois  pals  de  pair, 


237 

l'autre  à  celles  de  MONTPEYROUX  {\),fascé d^or  et  d'azur 
à  la  bordure  de  gueules,  posés  sur  un  cartouche  orné  de 
volutes  et  surmontés  d'une  couronne  de  marquis;  en  cimier, 
une  queue  de  Dauphin  contournée  vers  le  haut  à  gauche; 
en  exergue,  au  dessous  d'un  trait,  la  date  17-25  séparée  en 
deux  par  le  bas  des  ornements  de  l'écu.  Le  revers  est  au 
type  ordinaire  de  l'oranger  dans  sa  caisse  au  milieu  de  la 
campagne. 


La  terre  de  Montpeyroux  était  une  ancienne  baronnie 
située  en  Bourgogne  et  dépendant  de  celle  de  Bourbon- 
Lancy.  Elle  fut  donnée  en  dot,  au  XV^  siècle,  à  Catherine 
de  Bourbon  par  son  mariage  avec  Guyot  Palatin  de  Dyo, 
tige  des  seigneurs  de  Montpeyroux.  Cette  terre,  érigée  en 
baronnie,  vers  i5go,  en  faveur  de  Jacques  Palatin  de  Dyo 
de  Montpeyroux,  devint  marquisat  sous  son  fils  François- 
Éléonore,  comte  de  Montpeyroux,  et  fut  réunie  à  la 
maison  de  Langheac  par  le  mariage,  en  1725,  de  Jeanne- 
Marie-Palatin  de  Dyo  de  Montpeyroux  avec  Marie-Roger 
de  Langheac,  capitaine  au  régiment  du  Roi  (2).  Ce  person- 
nage, fils  de  Gilbert- AlHre  VI  de  Langheac,  comte  de  Dalet, 
marquis  de  Coligny,  mort  au  siège  de  Condé  en  1676  (3), 

(1)  Voir  Armoriai  général,  de  Rietstap,  t.  II. 

(2)  BouiLLET,  Nobiliaire  d'Auvergne,  t.  III,  pp.  338  et  SSg. 

(3)  Quoiqu'en   dise  M™*^  de   Sévigné,  qui  écrit  à  sa  fille  (lettre  du 


238 

rendit  hommage  au  roi,  en  1722,  à  cause  de  Dalet  et  de 
Malintrat  et  décéda  à  Avignon  en  1746,  n'ayant  eu  de  son 
épouse,  Marie  de  Montpayroux,  que  six  filles.  Quatre 
furent  religieuses;  les  deux  autres  prirent  alliance  dans  les 
maisons  de  la  Guiche  et  de  Cugnac  de  Dampierre. 

Après  les  détails  qui  précèdent,  nous  pouvons  être  fixés 
sur  les  jetons  aux  armes  de  Langheac  dont  nous  avons 
parlé  antérieurement  et  sur  celui  que  nous  décrivons  aujour- 
d'hui. Ceux-ci  furent  incontestablement  frappés  par  Marie- 
Roger,  soit  à  l'occasion  de  son  mariage, soit  en  sa  qualité  d'élu 
de  la  noblesse  aux  États  de  Bourgogne.  Le  jeton  qui  nous 
occupe  actuellement  porte  une  date  irréfutable.  La  pièce  à 
l'oranger  du  précédent  article  n'est  pas  moins  sûre  d'attri- 
bution. 

Quant  aux  deux  autres  jetons  aux  armes  de  Langheac, 
très  incomplètement  indiqués  par  FONTENAY  (i),  sans 
description  du  revers,  et  rappelant  l'élection,  en  1724,  de 
Marie- Roger  aux  États  de  Bourgogne,  comme  représen- 
tant de  la  noblesse,  ils  portent  l'un  et  l'autre  la  date 
de  1725,  sans  coupure,  au  dessous  de  i'écusson  de  la 
famille  dont  un  trait  la  sépare.  Cet  écu  est  surmonté  d'une 
couronne  de  marquis  avec  une  queue  de  dauphin  pour 
cimier  et  offre  comme  support,  de  chaque  côté,  un  hercule 
appuyé  sur  sa  massue.  Sur  la  face  opposée,  l'une  des  pièces 
porte  les  armes  de  la  province  sur  un  riche  manteau  semé 
d'hermines  et  timbré  d'une  couronne  ducale  (collection 
Richard,  à  Paris).  Sur  la  seconde  pièce,  suivant  les  tra- 
ditions de  l'époque,  le  roi  devenu  majeur  est  représenté 
par  un  soleil  dardant  ses  rayons  sur  un  cadran  solaire  avec 

29  avril  1676)  :  «  Cette  victoire  ne  nous  coûte  que  quelques  soldats  et 
pas  un  homme  qui  ait  un  nom.  » 

(1)  Manuel  de  l'amateur  de  jetons,  pp.  267,  3o3  et  322. 


239 

la  devise  :  REGIT  ME  ET  DIRIGIT  ORBEM,  avec  la 
date  1725  reproduite.  (Collection  Sarriau,  à  Paris.) 

Il  étaitd'usage,  en  effet,  qu'à  chaque  triennalité  des  États, 
les  Élus  fissent  frapper  un  jeton,  offrant  d'un  côté  leurs 
armes  personnelles  et  reproduisant,  de  l'autre,  le  revers  du 
jeton  des  États.  Pour  la  famille  de  Langheac,  cette  repro- 
duction aff"ecte  exceptionnellement  un  double  caractère, 
puisque  les  deux  faces  du  jeton  des  États  sont  alternative- 
ment reproduits  sur  celui  aux  armes  de  Langheac,  ce  qui 
perpétue  ainsi,  par  deux  pièces  distinctes,  le  souvenir  de 
l'événement  qui  en  a  provoqué  l'émission. 

Nous  pouvons  juger  de  la  diff"usion  des  jetons  au  type  de 
l'oranger  à  la  fin  du  17^  et  au  commencement  du  18^  siècle 
par  Je  tableau  que  nous  donnons  ici  (i). 

A.  —  Jetons  à  la  tête  de  Louis  XIV. 

1°  Tête  nue  du  roi  signée  HRF  (Jérôme  Roussel  Fecit). 
2°  id.  même  signature  en   caractères  plus 

petits, 
3°  id.  signée  R  (Roettiers). 

40  id.  signée  G  (Chéron). 

5°  Tête  laurée  du  Roi  avec  les  lettres  I .  B.  (Jean Leblanc). 
6"  id.  avec  les  lettres  IGL  (Lazare  Gottlieb 

Lauffer). 
7"  Tête  nue  du  Roi  avec  la  signature  précédente. 

B.  —  Jetons  de  famille. 
go  Mre  Philippe  Habert,  sieur  Dumesnil. 

(1)  Se  reporter  à  la  description  complète  qui  en  a  été  donnée, 
Revue  belge  de  numismatique,  i8gi,  avec  addition  en  1895. 


240 

9°  Radegondede  Hodon. 
10»  Marie  de  Rubentel. 
1 1°  M""  le  Marquis  de  Pontcallec. 
12°  Guillaume  Heurtaut,  s»"  de  Merolles. 
i3o  Perdrix,  Paumier  du  Roi. 
140  Filley'de  la  Barre. 
i5o  J.  B.  Girard  de  Villetaneuse. 
160  Marie-Roger  de  Langheac. 
170  Le  même  aux  armes  de  Montpeyroux. 

G.  —  Jetons  banaux  anonymes. 

18°  Goin  associé  au  revers  des  trois  pensées. 
190  id.  au  type  de  l'amour  ailé. 

D.  —  Jetons  de  petit  module  de  fabrique  allemande. 

20°  Louis  XVI  couronné  avec  la  signature  IGR.  (Jean 

Ghrétien-Reich). 
21°  Léopold  empereur  d'Autriche.  —  E.  L.  S.  (Lauer). 

J.  Ghautard. 


Mûn^geschichte  der  Schn^ei:(,  von  Leodegar  GORAG- 
GIONI,  Verlag  von  Paul  Strœhlin  &  Gi^,  comptoir  de  nu- 
mismatique et  d'héraldique,  Genève,  rue  des  Granges,  5, 
1896,  in-40  de  XI-184  pages  et  L  planches.  Prix  de 
l'ouvrage  cartonné  :  3o  francs. 

Ce  beau  volume,  édité  par  la  maison  P.  Strœhlin  et  G'^, 
est  l'œuvre  d'un  membre  de  la  Société  suisse  de  Numis- 
matique, M.  Goraggioni.  G'est  un  excellent  corpus  de  l'his- 
toire monétaire  suisse,  où  l'on  trouve  résumé  avec  science 
et  méthode  tout  ce  qui  a  été  écrit,  jusqu'ici,  sur  le  mon- 


241 

nayage  helvétique,  depuis  les  «  Regenbogenschûsselchen  » 
des  Boïens,  jusqu'aux  pièces  de  20  et  de  5  francs,  frappées 
en  1890,  par  la  Confédération  suisse.  Cinquante  magni- 
fiques planches  reproduisent  les  types  principaux  des  mon- 
naies émises  par  les  anciens  habitants  du  pays,  par  les 
cantons,  les  villes,  les  prélats,  les  seigneurs,  la  République 
et  la  Confédération  helvétiques. 

Si  l'auteur  n'a  reculé  devant  aucun  labeur  pour  parfaire 
son  travail  —  et  à  ce  point  de  vue  la  liste  des  ouvrages 
consultés  par  lui  est  démonstrative  —  les  éditeurs,  eux, 
n'ont  reculé  devant  aucune  dépense  pour  faire  de  la  Mun:{- 
geschichte der  Schjpei:{,  non  seulement  un  des  plus  luxueux 
livres  de  numismatique  qui  soit,  mais  encore  un  monu- 
ment vraiment  national.  Tout,  en  effet,  a  été  exécuté  en 
Suisse  :  le  texte  sort  des  presses  de  l'imprimeur  H.  Keller, 
de  Lucerne,  les  planches,  de  superbe  venue,  sont  signées 
Brunner  et  Hauser,  de  Zurich.  Toutes  les  monnaies  repro- 
duites font  partie  des  musées  suisses  ou  de  la  collection 
personnelle  de  M.  Paul  Strœhlin.  C'est  donc  bien  une 
œuvre  nationale  dans  la  plus  large  acception  du  mot  ; 
elle  fait  honneur  à  tous  ceux  qui  y  ont  contribué.  Nos  féli- 
citations à  l'auteur  et  aux  éditeurs. 

A.  DE  W. 


Quelques  médailles.  —  Les  méreaux  des  pompiers  de 
Weesp. 

Il  y  a  trois  mois,  M.  Kuneman,  secrétaire  de  la  ville  de 
Weesp,  Hollande  septentrionale,  me  montra  une  petite 
série  de  médailles,  qu'il  me  pria  de  vouloir  bien  déterminer 
ou  expliquer.  Je  crois  utile  d'en  donner  dans  cette  Revue 


% 


242 


un  bref  aperçu,  car  cette  collection  renferme  des  pièces 
restées  inconnues  Jusqu'ici.  Ce  sont  les  me'reaux  des  pom- 
piers de  la  ville  deWeesp.  Dirks  ne  décrit  pas  de  méreaux 
de  cette  localité,  et  nulle  part,  dans  aucune  collection,  je 
n'eu  ai  rencontré,  sauf  dans  le  catalogue  de  Bom,  19  juin 
1876,  no  1624,  où  ils  sont  décrits  en  ces  termes  :  «  Als- 
voi^en  van  Weesp,  K,  »  sans  indication  de  figures.  Ce 
méreau  a  40  mill.  de  diamètre  et  nous  montre  à  l'avers 
les  armoiries  de  Weesp  (d'azur  au  pal  d'argent)  sommées 
de  la  couronne  impériale  et  soutenues  par  deux  lions  ;  au- 
dessous,  dans  un  cartouche  :  W  *  S  •  B,  qu'on  peut  expli- 
quer :  Weesper  Slang  Brandspuit. 

Le  revers  offre  une  pompe  à  feu  d'ancienne  construction, 
entourée  d'un  serpent.  Un  autre  exemplaire  de  ce  méreau, 
appartenant  au  bourgmestre,  a  les  mêmes  armoiries  que  le 
précédent,  mais  les  lettres  N»  3  •  B  au  lieu  de  W  •  S  *  B. 
Au  revers  on  voit  une  pompe  de  la  nouvelle  construction, 
entourée  d'un  serpent  et  le  numéro  60. 

Cet  exemplaire  est  indubitablement  coulé. 

Quand  on  examine  plus  exactement  ces  deux  méreaux, 
on  peut  s'étonner  de  la  cowonne  impériale  au-dessus  de 
l'écu,  car  la  ville  de  Weesp  n'a  jamais  eu  le  droit  de  porter 
une  pareille  couronne,  comme  Amsterdam,  Nimègue, 
Medemblik  et  d'autres  villes.  Mais  cet  étonnement  dispa- 
raît quand  on  remarque  sur  le  pal  les  restes  de  trois  sau- 
toirs, que  la  lime  a  négligé  de  faire  disparaître  entièrement. 
Les  lettres  doivent  s'expliquer  ainsi  :  W(ijk)  S(chouw) 
B(urg)  =  Quartier  du  théâtre,  et  :  N»  3  B(uitenwijk)  == 
N°  3  faubourg. 

Ce  sont  tous  les  deux  des  méreaux  d'Amsterdam,  géné- 
ralement connus. 

Voici  l'explication  la  plus  vraisemblable  : 


243 

Le  magistrat  de  Weesp  aura  acheté  une  quantité  de 
méreaux  de  la  ville  d'Amsterdam  pour  les  distribuer  à  son 
corps  de  pompiers,  après  les  avoir  rendus  propres  à  ce  but 
en  écartant  à  la  lime  les  trois  sautoirs  d'Amsterdam  ;  il 
était  cependant  impossible  de  faire  disparaître  la  couronne 
impériale  et  de  la  remplacer  par  une  couronne  à  cinq  fleu- 
rons. Lorsque  la  quantité  fut  épuisée,  le  gouvernement 
municipal  a  fait  mouler  en  cuivre  jaune  une  nouvelle  pro- 
vision et  a  anéanti  les  traces  de  la  fonte  au  bord  par  la  lime. 
Les  preuves  de  la  fonte  et  du  limage  sont  incontestables. 

Les  comptes  des  trésoriers,  dans  les  archives  de  Weesp, 
ne  m'ont  donné  aucun  éclaircissement  sur  cette  affaire; 
au  surplus  les  pièces  elles-mêmes  racontent  leur  histoire. 

La  petite  collection  qui  nous  occupe,  comprend  encore 
une  médaille  en  fer  de  59  mill.  de  diamètre,  au  millésime 
de  1687,  rappelant  les  victoires  de  Siklos,  Peterwardein, 
Valpo,  Bulsyen  et  Essek,  remportées  par  les  Autrichiens 
sur  les  Turcs  (i),  une  médaille  d'argent  commémorative 
du  traité  de  commerce  conclu  entre  la  ville  d'Amsterdam 
et  la  République  américaine  (1782),  suite  à  van  Loon, 
no  575,  deux  médailles  d'argent  offertes,  suivant  un  usage 
assez  répandu  en  Hollande,  à  MM.  Hendrick  Ogelwight 
(5  oct.  1783)  et  lohs  Kuneman(5  feb.  182 1)  à  l'occasion  du 
cinquantième  anniversaire  de  leur  naissance,  une  petite 
médaille  d'argent  aux  armes  d'Amsterdam,  souvenir  du 
dévouement  déployé  par  les  médecins  lors  de  l'épidémie 
cholérique  de  i852,  enfin  une  médaille  d'argent  gravée  par 
C.-F.  Kons  à  l'occasion  du  centenaire  de  la  fondation  de 
l'orphelinat  luthérien  d'Amsterdam. 


(1)  Cette  pièce  se  trouve  aux  Archives  de  la  ville  de  Weesp. 


244 

Voilà  donc  une  toute  petite  collection  compose'e  d'élé- 
ments assez  hétérogènes.  De  pareils  cabinets  en  miniature 
se  cachent  encore  partout  chez  des  particuliers  et  dans  des 
institutions  publiques  et  contiennent  parfois  des  objets  qui 
piquent  la  curiosité  des  amateurs,  qui  leur  sont  même 
inconnus,  comme  les  méreaux  des  pompiers  de  Weesp. 

J.-E.  TER  GOUW. 


Histoire  de  la  monnaie,  1 252-1894,  par  W.-A.  Shaw, 
traduit  de  l'anglais  par  Arthur  Raffalovich.  Paris,  1896, 
in-80,  384  pages. 

Sérieux  travail  qui  vient  pour  ainsi  dire  compléter  \ His- 
toire économique  de  la  propriété,  des  denrées,  etc.,  du 
vicomte  d'Avenel.  C'est  dire  que  le  volume  de  M.  Shaw, 
qui  a  déjà  eu  deux  éditions  anglaises,  s'adresse  à  la  fois  aux 
numismatistes  et  aux  économistes.  Trois  chapitres  sont 
consacrés  à  l'histoire  de  la  monnaie  proprement  dite  : 
1°  Depuis  le  commencement  des  frappes  d'or  jusqu'à  la 
découverte  de  l'Amérique  (i 252- 1492);  2°  depuis  la  décou- 
verte de  l'Amérique  jusqu'à  la  fin  du  premier  cycle  de  l'in- 
fluence des  métaux  du  Nouveau-Monde  sur  les  monnaies 
de  l'Europe  (1493-1660)  ;  3"  de  la  fin  du  premier  cycle  de 
l'influence  américaine  jusqu'à  nos  jours  (1660-1894).  Puis 
viennent,  en  appendice,  des  aperçus  des  systèmes  moné- 
taires de  Florence,  de  Venise,  de  l'Espagne,  des  Pays-Bas, 
de  l'Allemagne,  de  la  France,  des  États-Unis  et  de  la 
Russie. 

«  Le  but  de  ce  livre  est  double,  écrit  l'auteur  dans  sa 
»  préface  :  d'abord,  d'éclairer  avant  tout  une  question  de 
»  principe  par  l'assistance  et  l'application  de  la  preuve  his- 


245 

))  torique;  en  second  lieu,  de  fournir  à  ceux  qui  étudient 
»  l'histoire  un  manuel  élémentaire  des  monnaies  des  prin- 
»  cipaux  États  de  l'Europe  du  XIII^  siècle  à  la  fin  du 
»  Xixe  siècle.  » 

Ce  double  but,  M.  Shaw  semble  l'avoir  très  convena- 
blement atteint,  et  son  ouvrage  a  tout  au  moins  le  mérite 
d'être  établi  à  l'aide  de  données  sérieuses  puisées  le  plus 
souvent  à  des  sources  numismatiques.  U Histoire  de  la 
monnaie  n'a  malheureusement  pas  gagné  en  clarté  à  la 

traduction. 

A.  DE  WiTTE. 


A  propos  de  lange  d'or  de  Jeanne  de  Bradant. 

J'ai  dit,  ci-dessus,  p.  127,  que  l'ange  d'or  de  Jeanne  de 
Brabant  avait  été  vendu  1,540  francs.  Depuis  lors,  on  a 
répandu  le  bruit  qu'un  expert  avait  attribué  à  cette  mon- 
naie une  valeur  de  3oo  francs. 

Cela  paraît  un  conte  inventé  à  plaisir:  en  effet,  qui 
aurait  l'idée  d'estimer  à  un  si  faible  prix  une  monnaie 
unique,  du  plus  haut  intérêt,  puisque  tout  le  monde  sait 
combien,  des  amateurs,  se  disputant  une  pièce,  peuvent 
faire  monter  son  prix.  Donc,  serait  vraiment  téméraire 
celui  qui  oserait  fixer,  dans  ces  conditions,  une  valeur 
précise.  C'est  ce  que  j'ai  pensé  lorsque  M.  le  receveur  du 
bureau  de  bienfaisance  de  Malines  m'a  fait  l'honneur  de 
me  consulter  au  sujet  de  la  trouvaille  de  Niel.  Je  lui  ai 
répondu  qu'il  était  impossible  d'assigner  à  cette  pièce 
unique  une  valeur  exacte.  Tout  au  plus  pouvait-on  affir- 
mer qu'elle  YSLlah  plusieurs  centaines  de  francs  et  qu'elle 
se  vendrait  peut-être,  en  vente  publique,  à  un  prix  même 
supérieur  à  mille  francs.  Cette  prévision  a  été  complète- 


246 

ment  réalisée,  et  si  le  prétendu  amateur-expert  dont  on 
parle  avait  agi  avec  la  même  prudence,  nul  aristarque, 
même  le  plus  sévère,  n'eût  trouvé  à  lui  faire  des  reproches. 

G.  CUMONT. 


Sous  ce  titre  :  The  war  medal  record,  a  monthly  chro- 
nicle  for  collectors  of  naval  and  military  medals  and 
orders  of  chivalrjr,  la  maison  Spink  and  son,  17  et  18 
Piccadilly,  Londres,  vient  de  créer  un  périodique  nouveau 
qui  ne  sera  pas  sans  intérêt  pour  les  numismatistes. 
L'abonnement  est  de  12  sh.  6. 

A.  DE  W. 


Deux  jetons  pour  les  noces  d'or  de  Simon  Van  den  Bergh 
et  d'Elisabeth  Van  der  Wielen,  célébrées  en  novembre 
1894. 

A.  Jeton  en  cuivre  doré,  avec  bélière  et  anneau  ;  diamètre 
33  millim.  ;  —  Ma  collection. 

Droit.  Les  bustes  affrontés  des  deux  époux  jubilaires  vus 
de  trois  quarts,  chacun  dans  un  médaillon  ovale  entouré 
d'un  grènetis.  Au-dessus,  dans  un  assemblage  de  branches 
de  laurier  :  à  droite,  sur  une  banderole  :  S.^imon)  V.(an) 
D.(en)  B.(ergh);  à  gauche,  sur  une  autre  :  E.(lisabeth) 
V.(an)  D.(er)  W.(ielen).  Ces  deux  banderoles  sont  réunies 
par  une  troisième  sur  laquelle  on  lit  :  4.  NOV.(ember). 
Sous  les  médaillons,  également  un  assemblage  de  branches 
de  laurier  et  une  banderole  avec  les  dates  :  1844-1894. 
Le  tout  entouré  d'un  cercle  de  perles. 

Rev.  Dans  un  cercle  de  perles  et  en  cinq  lignes,  se  trouve 


247 

l'inscription  suivante  :  TER  |  HERINNERING  i  AAN 
HET  I  GOUDEN  |  HUWELYHSFEEST  (i).  Dessous, 
un  ornement. 

B.  Jeton  en  argent,  de  forme  rhomboidale.  Un  ruban 
aux  couleurs  nationales  (rouge,  blanc  et  bleu)  est  attaché 
à  l'anneau  de  la  bélière.  Diamètre  :  27  millim,  —  Ma  col- 
lection. 

Droit.  Au  milieu  d'un  cercle  de  perles,  les  armes  de  la 

ville  de   Clèves   (2);    tout   autour,    l'inscription    :    Z(ur) 

ER(innerun)  G  A.(n)  D.(er)  FEIER  D.(er)  GOLD(enen)  | 

HOCHZEIT  I  D.(es)   BEGRÙNDERS    D.(er)  FIRMA 

1  SIMON  VANDENBERGH  |  NOVEMBER   18940^ 

Rev.  Le  rhomboïde  est  divisé  en  trois;  au-dessus,  l'in- 
scription :  FABRIK  CLEVE  ;  au  milieu,  vue  de  la  fabri- 
que de  Clèves  ;  au-dessous,  case  vide  ;  le  tout  dans  un  cercle 
de  perles. 

Exécuté  dans  l'établissement  de  gravure  et  de  frappe  de 
G.  Schnûrle,  à  Dûsseldorf. 

Simon  van  den  Bergh  (3),  né  à  GefFen  le  26  octobre  1819, 

(i)  On  aurait  dû  graver  correctement  :  HUWELIJKSFEEST. 

(2)  V.  Volker,  professeur  au  Gymnasium  royal  de  Clèves.  «  Cleve  und 
dessen  Umgegend»,  p. 17.  «  Dièses  Wappen  ist  ein  herzfôrmiges  rothes 
Schild,  worauf  sich  drei  vergoldete  Kleeblâtter  in  einem  versilberten 
Herzschilde  befinden  zum  Schildhalter  hat  es  eine  mànnliche  Figur  in 
Panzerrûstung  mit  vergoldeten  Bûgeln  ;  den  Helm  ziert  eine  grâfliche 
Krone,  auf  der  Krone  sitzt  ein  weisser  Schwan,  an  dessen  Halse  das 
soeben  bezeichnete  Schild  im  Kleinen  hângt.  An  beiden  Seiten  hat  der 
Helm  Arabesken  zu  Verzierung,  die  aussen  roth  und  inwendig  ver- 
goldet  sind.  Der  Schildhalter  hâlt  in  stehender  Stellungdas  Wappen 
mit  nach  beiden  Seiten  hin  ausgestreckten  Armen  an  zwei  blauen  Bân- 
dern;inder  rechten  H  and  hat  er  zugleich  einen  Speer,  und  an  der 
Seiten  einen  Degen  mit  vergoldetem  Gefâss.  » 

(3)  Fils  de  Zadok,  qui  mourut  à  GefFen,  le  11  octobre  1857,  âgé  de 


248 

épousa,  à  Oss,  en  octobre  1844,  Elisabeth  van  der  Wie- 
len  (i),  née  à  Oss  le  17  Juin  182 1.  Simon  van  den  Bergh, 
un  des  plus  considérables  fabricants  de  margarine,  com- 
mença par  fonder  une  fabrique  à  Oss,  qu'il  transféra  en- 
suite à  Rotterdam  (2),  et  depuis  il  éleva  encore  des  fabri- 
ques à  Bruxelles,  à  Londres  et  à  Cièves,  C'est  à  l'occasion 
de  ses  noces  d'or  que  furent  frappés  les  jetons  que  je  viens 
de  décrire.  Les  jetons  aux  légendes  allemandes  mentionnés 
sous  litt.  B  furent  spécialement  faits  pour  être  distribués 
au  personnel  de  la  fabrique  de  Cièves. 

Jonkheer  M. -A.  Snoeck. 


M.  Alph.  de  Witte  a  réuni  des  documents  d'archives 
en  quantité  suffisante  pour  qu'il  lui  soit  possible  de  com- 
mencer l'an  prochain,  dans  la  Revue,  l'étude  des  jetons 
et  médailles  d'inauguration  aux  Pays-Bas.  Il  prie  ceux  de 
ses  confrères  qui  posséderaient  sur  ce  sujet  des  renseigne- 
ments intéressants  de  bien  vouloir  les  lui  faire  parvenir. 
Il  lui  serait  surtout  utile  de  savoir  où.  se  trouvent  les 
exemplaires  d'or  de  ces  diverses  pièces. 


Chronique  des  ventes  en  Belgique.  --  Les  14 
et  16  décembre  1895, a  eu  lieu  à  Bruxelles, sous  la  direction 

89  ans  et  d'Elisabeth  van  der  Wielen  qui  mourut  à  Geffen,  le  i5  février 
i83o,  à  l'âge  de  56  ans. 

(1)  Fille  d'Abraham,  qui  mourut  à  Oss,  le  8  mars  1857,  âgé  de  76  ans 
et  d'Aldegonde  van  Osten  qui  décéda  à  Oss,  le  16  décembre  1861,  à 
l'âge  de  68  ans 

(2)  Voy.  l'article  «  Over  Kunstboter  »  dans  1'^  ms^er^ammer  Week- 
blad  voor  Nederland,  n°  924,  1895,  avec  deux  représentations  de  la 
fabrique  de  Rotterdam,  vue  delà  Meuse  et  vue  à  l'intérieur. 


249 

de  M  M.  Van  Duyse  et  Fiévez,  la  vente  de  la  collection  que 
M.  Boddaert,  de  Deynze,  avait  mis  cinquante  ans  à  former. 
'  La  perle  de  cette  collection,  surtout  riche  en  monnaies 
flamandes,  était  un  petit  denier  signé  du  monétaire  Simon, 
portant  un  R  dans  le  champ  du  droit.  Cette  pièce,  publiée 
jadis  par  M.  Piot  dans  la  Revue  belge  de  numismatique, 
t.  XIV,  p.  280,  est  restée  unique  ;  elle  a  été  adjugée  au  prix 
relativement  modeste  de  5o  francs  (i). 

La  vente  de  la  collection  Boddaert  marque  une  reprise 
pour  les  monnaies  flamandes,  que  des  trouvailles  impor- 
tantes étaient  venues  déprécier  outre-mesure  depuis  une 
dizaine  d'années.  Voici  d'ailleurs  quelques  prix  de  mon- 
naies d'or  : 


Florin  de  Louis  de  Crécy 


5i  francs 


Mouton  d'or  de  Louis  de  Mâle  ...  26  — 

Cavalier  du  même 3o  — 

Lion  heaume 41  — 

Noble  de  Philippe-le-Bon     .     .     .     .  i5o  — 

àM.Coster.  C'est  le  prix  le  plus  élevé   atteint  jusqu'ici, 
en  vente  publique,  par  cette  monnaie. 

Quart  de  Noble  de  Gand  révolté  .     .     Sy  francs 
Quelques  jetons  complétaient  les  séries  de  M.  Boddaert. 
Ils  ont  été  vendus  par  lots  de  1 5  à  40  pièces  à  des  prix  fort 
convenables.  Les  434  numéros  du  catalogue  ont  produit 
environ  2,000  francs. 

A.  DE  W. 

(1)  Cette  maille  est  entrée  depuis  dans  la  collection  de  M.  le  vicomte 
B.  de  Jonghe. 


Année  i8g6.  17 


M.  Cumont,  page  235,  s'occupe  à  nouveau  de  la  mé- 
daille Columbanus.  Il  nous  semble  que  notre  confrère 
oublie  le  passage  du  testament  cité  par  lui  dans  son  compte- 
rendu  {Revue,  i8g5,  p.  58o)  ;  qu'il  nous  soit  permis  de  le 
rappeler  :  «  la  médaille  d'or  de  Sa  Majesté  impériale  et  royale 
Charles  VI  que  feu  le  mari  de  cette  femme  (Columbanus) 
avait  reçue,  en  sa  qualité  de  commis  des  finances  de  Sa 
Majesté  » . 

C'est  donc  simplement  comme  commis  des  finances  que 
Columbanus  reçut  une  médaille  et  Je  ne  vois  pas,  dès  lors, 
en  quoi  mon  hypothèse  puisse  tant  surprendre  M.  Cumont. 
Je  ne  l'ai  d'ailleurs  émise,  cette  hypothèse,  que  pour  répon- 
dre à  son  appel. 

A,   DE  W. 


AJUSTEURS  JURES   DES   POIDS   ET   BALANCES  AUX 
PAYS-BAS  AUTRICHIENS. 

De  Corduanier.  —  Dans  une  supplique  adressée  le 
17  février  175 3  à  la  Jointe  des  monnaies,  concernant  ses 
fonctions  d'ajusteur  juré  des  poids  et  balances,  à  Bruxelles, 
Corduanier  fait  remarquer  :  «  Que  le  suppliant  depuis  un 
»  an  passé,  étant  à  la  ville  de  Bruges  sur  la  foire,  y  a  débité 
))  ses  poids  comme  aussy  cette  année,  mais  cette  dernière 
»  fois,  il  s'est  informé  aux  achepteurs  d'iceux,  même  jus- 
»  qu'au  greffier* du  magistrat,  s'ils  en  étoient  comptants, 
»  ont  unanigmement  répondu  qu'ouy,  que  plus  est  ont  dit 
))  qu'il  seroit  très  nécessaire  d'avoir  un  adjusteur  en  leur 
))  ville  tel  que  le  suppliant.  »  Corduanier  conclut  en 
priant  la  Jointe  de  daigner  lui  accorder  cette  place.  Cette 
demande  lui  fut  accordée,  car  en  marge  du  document  on 
lit  :  «  Le  ig  juin  1753,  tous  présens,  résolu  de  faire  dépêcher 


2D1 

»  gratis  commission  au  supliant  pour  faire  la  fonction 
»  d'ajusteur  des  poids  de  Troyes  et  balances  dans  la  ville 
»  de  Bruges  jusqu'à  ce  qu'il  y  aura  un  ajusteur  des  poids 
»  et  balances  domicilié  dans  la  d'^  ville.  » 

Everard  Op  de  Beek.  —  Le  24  octobre  1753,  la  Jointe 
prévient  l'auditeur  Van  den  Boom  de  bien  vouloir  informer 
l'horloger  Everard  Op  de  Beek,  à  Anvers,  qu'en  suite  de 
l'avis  dudit  auditeur  il  a  été  résolu  «  de  faire  dépécher  en 
»  sa  faveur  une  commission  d'ajusteur  des  poids  de  Troye 
»  et  de  balances  avec  la  charge  que  vous  avez  proposé  qu'il 
»  ne  pourra  faire  aucune  balance  ou  poids  d'essay  pour 
»  personne  sans  la  permission  de  la  jointe.  » 

Mousset.  —  Le  i5  janvier  lySy,  l'ajusteur  des  poids  et 
balances  Mousset  présente  requête  pour  obtenir  la  place  de 
directeur  de  la  Monnaie  de  Bruxelles,  qu'il  croit  être  libre. 
—  On  sait  que  Mousset  ne  fut  pas  nommé  à  ce  poste. 

A.   DE  W. 


Sommaire  des  publications  périodiques 

Revue  numismatique,  1895,  4"^  trim.  —  Reinach. 
Sur  la  valeur  relative  des  métaux  monétaires  dans  la  Sicile 
grecque.  —  SOUTZO.  Nouvelles  recherches  sur  les  origines 
et  les  rapports  de  quelques  poids  antiques.  —  DE  Cas- 
TELLANE  (Gte).  Demi-gros  de  Henri  V  d'Angleterre, 
frappé  à  Caen.  —  DE  LA  ToUR.  Médailles  modernes 
récemment  acquises  par  le  Cabinet  des  médailles. 

Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique, 
1895,  6™e  liv.  —  Bordeaux.  L'atelier  monétaire  de  Laon 
pendant  la  Ligue.  —  Trachsel.  Laurea  Noves  Petrarc 
amata,  médaille  originale  du  xive  siècle.  —  Vallentin. 


252 

Calculs  sur  le  marc  de  Paris  et  ses  subdivisions.  —  DE 
Ponton  D'AmÉCOURT.  Description  ge'ne'rale  des  mon- 
naies au  type  chinonais. 

Tijdschrift  van  het  Nederlandsch  Genootschap  voor 
Miint- en  Penningskunde.  T.  IV,  liv.  I.  — J.-A.Van  DER 
CHUS.  Particulier  papierengeld  in  Nederlandsch  Indië.  — 
A.  DE  WiTTE,  Le  jeton  dans  les  comptes  des  maîtres  des 
monnaies  du  duché'  de  Brabant  aux  XVIF  et  XVIIie  siècles. 
D.  C.  Twee  penningen  van  Koningin  Wilhelmina.  — 
Gedenkpenning  uitgereikt  aan  M^  G.  N.  de  Stoppelaar.  — 
J.  E.  TER  GOUW.  Onuitgegeven  munt  van  Batenburg. — 
DE  DompierredeChaufepiÉ.  Les  trouvailles  de  mon- 
naies en  1894. 

Revue  suisse  de  yiumismatique ,  1895,  liv.  IV  et  V.  — 
Haas.  DieMûnzen  des  Standes  Luzern.  — Vaf.lENTIN. 
Du  compte  par  livre,  sol  et  denier,  synonymes  respectifs 
des  nombres  240,  12  et  1.  — Grossman.  Médaille  reli- 
gieuse inédite  de  Fribourg,  —  Stuckelberg.  Barbaren- 
mijnzen  des  III  Jahrhunderts  n.  Chr.  aus  der  Schweiz. — 
Mayor.  Médailles  suisses  nouvelles. 

Bulletin  de  numismatique,  i.Wl,  liv.  6.  —  R  SER- 
RURE. Note  sur  un  denier  de  Henri  1er,  duc  ^e  Brabant. 
—  Van  Gennep.  Jeton  de  Yolande  de  France,  duchesse 
de  Savoie.  —VAN  Bemmel.  Les  projets  de  monnaies  de 
nickel  de  M.  T.  Michelin.  —  Varia. 

N"  7.  —  Ch.  de  Pas.  Denier  inédit  de  l'abbaye  de 
Saint-Bertin  à  Saint-Omer.  —  FORTH.  Le  nouveau  dollar 
colonial  anglais. 

Mittheilungetî  des  Clubs  der  MUn:{-und  Medaillen- 
freunde  in  Wien ,  n°  66.  —  CUBASCH.  Die  Miinzen 
unter  der  Regierungdes  Kaisers  Franz-Joseph  I.  —  Nent- 


233 

WICH.  Wiener  Stiftungspfennige.  —  SCHALK,  Nachtrag 
zum  Verzeichniss  der  im  historischen  Muséum  der  Stadt 
VVien  ausgestellen  Mûnzen. 

N»  67. —  An  unsere  Léser. — VOETTER.  Kryptogramme 
auf  rômischen  Mûnz-Serien.  —  VAN  HôFKEN,  Weih- 
mûnzen. 

No  68.  —  Unger.  Zur  Geschichte  der  Wiener  Raths- 
und  Salvator-Pfennige. 

Monthly  numismatic  Circular,  n»  38.  —  Hands.  Chats 
on  Roman  Coins  with  young  Collectors.  —  M'^e  MARIE 
DE  M  AN.  Inedited  or  liltle  known  Anglo-Saxon  Sceattas. 
—  HaZLITT.  «  Coins  ofEuropa  ».  — The  mints  of  Spanish 
Coins.  —  Un  médailleur  suisse.  —  Vauxhall  Gardens 
admission  Pass.  —  An  unpublished  two  and  six  Penny 
Token  of  Birmingham. 

N»  39.  —  Hands.  Chats  on  Roman  Coins  with  Young 
Collectors.  —  HAZLITT.  «  Coins  of  Europa  ».  —  The 
Coinage  of  Switzerland. 

Rivista  italiana  di  nnmismatica,  1895,  4"^^  liv.  — 
F.  Gnecchi.  Appunti  di  numismatica  Romana  XXXVI. 
Suir  autenticita  degli  aurei  di  Uranio  Antonino.  —  Dl 
Palma.  La  Zecca  di  Campobassa.  —  Papadopoli  {O^). 
La  Zécca  di  Nasso.  —  Mariani.  Desana-Mirandola.  — 
Van  Gennep.  Les  viennois  noirs  d'Amédée  VIH,  duc  de 
Savoie,  de  1416a  1439.  — MORSOLIN.  Medaglia  in  onore 
di  Mursiglio  da  Carrara;  medaglia  in  onore  di  Nicolo 
Quinto. 

Wiadomosci  niimiimatyc!^no-archeolo:[ic\ne,  n»  26.  — 
POCHWALSKI.  Sur  le  triple  gros  à  la  couronne  de  Sigis- 
mond  HL — BOLSUNOWSKY.  Les  marques  en  plomb  trou- 
vées près  de  Drohiczyn,  et  divers  articles  archéologiques. 


■■H 


% 


Zeitschriftfûr  Numismatik,  Band  XX,  Heft  I. —  Dan- 
NENBERG.  Unedirte  Mittelaltermûnzen  mciner  Samm- 
lung.  — WUNDERLICH,  Mecklenburgische  Mûnzfunde. — 
HEINEMANN.  Ein  Beitrag  zur  Kenntniss  der  Brakteaten 
Bischof  Hartberts  von  Hildesheim,  —  Friedensburg. 
Ein  verkannter  Schlesischer  Denar.  —  VON  Fritze.  Bei- 
trag ziir  Mûnzkunde  von  Delphi.  —  KULL.  Studien  zur 
GeschichtederMiinzender  Herzôge  von  Bayern-Landshut. 

Heft  IL  —  Friedensburg.  Ein  Dukat  des  Bischofs 
Johannes  V,  Turzo  von  Breslau.  —  Seltmann.  Eine 
unbekannte  Mûnze  der  Antonia  und  Julia,  die  Tociiter 
des  Augustus.  —  Dannenberg.  Mûnzfunde  aus  Pom- 
mern  und  Meklenburg.  —  voiST  Fritze.  Die  Mûnztypen 
von  Athen  im  6.  Jahrhundert  V,  Chr.  —  J.  CaHN.  Ein 
Beitrag  zur  Frage  des  Munzrechts  deutsciier  Konige  in 
Stadten  mit  autonomer  Miinze.  —  Gaebi.ER.  Zur  Mûnz- 
kunde  Makedoniens. 


255 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUIVIISIVIATIQUE. 


EXTRAITS  DES  PROOÈS-VERBAM. 


r 


iréiiiiion  du  bureau  «lu  9  Jnnvlcr   1S90. 

...  Sur  la  proposition  de  MM.  le  vicomte  B.  de 
Jonghe  et  A.  de  Witte,  le  titre  de  membre  associé 
étranger  a  été  conféré  à  M.  Mubarek  Ghalib  Bey, 
attaché  à  la  dette  publique  ottomane,  à  Constan- 
tinople. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

G.  CUMONT.  V*^  B.  DE  JONGHE. 


Itcuiiioii  «lu  bureau  «lu  9  5  février   1906. 

...  Sur  la  proposition  de  MM.  Pety  de  Thozée 
et  A.  de  Witte,  le  titre  de  membre  associé  étranger 
a  été  conféré  à  M.  D.  E.  Tacchella,  conservateur 
du  musée  national  de  Sophia. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

G.  CuMONT.  V""  B.  DE  JONGHE. 


256 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


LISTE  DES  OIJVKAGES  REÇUS  PENDANT  LE  !«>•  THIMESTRK  1896. 


Avis  important  :  l.es  publication.s  et  les  dons  def«(lné«i  à 
la  Société  doivent,  sans  exception,  être  ndresséM  à  M.  Alpli. 
de  Witte,  iiil>liotliérnire  de  la  Société  royale  de  numiNina- 
tlque,  l'alalN  dew   Académies,  à   Hriixclles. 


Ouvrages  périodiques. 

Allemagne.  —  Blâtter  fur  Mûn^freunde,  no  207.  —  Zeitschrift  des 
Historischen  Vereins  fur  Niedersachsen,  année  1895  —  Berliner 
Mûn:{blâiter,  n°i8o. —  Neues  Lausikisches  Maga:{in,  t.  LXXI.—  Zeit- 
schrift fur  Numismatik,  t.  XX,  liv.  1  et  2.  —  Sit^ungsberichte  der 
numismatischen  Gesellschaft  :{ii  Berlin,  .8g5.  —  Numismatische.s 
Literatur-Blatt,  nos  89  et  90.  —  Numismatisch-Sphragistischer 
An:(eiger,  iSgS,  nos  11  et  12. 

Amérique.  —  American  Journal  of  numismatics,  vol.  XXX,  n"  2. 

Anicleterrc.  —  Numismatic  Chronicle,  1895,  part  III.  —  The 
Monthly  numismatic  circular,  nos  3y  à  89 

Autrlche-llon$;rie.  —  Mittheilungen  des  Clubs  der  Mûn^-  und 
Medaillenfreunde  in  Wien,  nos  66  à  68.  —  Wiadomosci  numisma- 
tyc:{no-archeologic:{nc,  n»  26.  —  Monatsblatt,  nos  148  à  i5o.  — 
Magyar  Tudomanyos  Akademia  :  .°  Archœolog.  Ertento,  t.  XIII, 
n°s  3-5,  XIV,  nos  i-5,  XV,  nos  i_3  ;  20  Archœologiai  ko^leményeh, 
t.  XVII;  3°  Ungarische  Revue,  i8g3,6-io;  1894,  i-io;i895,  1-4; 
4°  Rapports,  1898  et  1894  ;  5°  Hampel:  A  Régibb  ko^epkor  emlekei, 
t.  I;  60  Meyer,  S^t. -Simon  c^^ûst  koporsôja  Zârâban. 

Uelgique.  —  Annales  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles, 
t.  IX,  4<'  livraison;  t.  X,  ire  livraison.  —  Annales  du  Cercle  archéo- 
logique d'Enghien,  t.  IV.  4^  livraison.  ~  Annales  du  Cercle  histo- 


2D7 

tique  et  archéologique  de  Gand,  t.  Il,  2®  livraison;  Bulletin,  t.  III, 
liv.  6  et  7. —  Bulletin  de  TA  cadémie  royale,  iSgS,  liv.  9- 1 2  ;  J  nnuaire, 
1896.  —  Alessager  des  Sciences  historiques,  iSgS,  3"  livraison. — 
Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois,  t.  XXIV,  3<=  livraison. — 
Revue  bibliographique  belge,  année  I,  II,  III  et  IV  [don  du  bibliothé- 
caire). Vie  année,  liv.  no  10.—  Bulletin  de  V Académie  d'archéologie 
de  Belgique,  nos  24  et  25. 
France.  —  Bulletin  de  la  Société  de  Borda,  t.  XX,  3«  et  4e  trimestre. 

—  Polybiblion,  partie  littéraire,  t.  LXXIV,  liv.  5  et  6,  t.  LXXVI, 
liv.  1  ;  partie  technique,  t.  LXXV,  liv.  11  et  12,  t.  LXXVIII,  liv.  1.  — 
Revue  numismatique,  1895,  4e  trimestre.  —  Annuaire  de  la  Société 
de  numismatique,  iSgS,  b"^  livraison.  —  Bulletin  de  la  Société  archéo- 
logique du  Midi  de  la  France,  série  in-8°,  n°  i5.  ^  Société  archéolo- 
gique de  l'Orléanais  :  Bulletin,  n^s  154  et  i55.  —  Antiquaires  de 
Picardie  :  Bulletin,  1894,  no  4  ;  1895,  n°  i.  —  Académie  d'Hippone  : 
Bulletin,  \\°  27,  et  Comptes  rendus  des  séances,  1894,  pp.  xlix-lxi  ; 
1895,  pp.  I-XXIV. 

Luxembourg;  (Grand-Duché).  —  Publications  de  la  section  histo- 
rique de  Vlnstitut,  t.  XLII,  XLIII  et  XUV. 

Pay-ti-ita^.  —  Tijdschrift  van  het  Nederlandsch  Genootschap  voor 
Munt-  en  Penningkunde,  t.  IV,  liv.  i. 

Portugal.  —  O  archeologo  Portugues,  vol.  I,  liv.  1-10. 

Quelle.  —  Antiquarisk  Tidskrift,  t.  XVI,  liv.  2  et  3. 

(Suisse.  —  Revue  numis7natique,  1895,  liv.  IV-V. 

Ouvrages  non  périodiques. 

Bordeaux.  -  Monnaies  royales  françaises  inédites  ou  peu  connues. 
Paris,  i8u5.  in-8'',  5i  pages,  i  planche.  —  État  des  connaissances 
nutnismatiques  concernant  les  ateliers  monétaires  de  Compiègne  et 
de  Melun  pendant  la  Ligue.  Paris,  1895  grand  in-8",  i5  pages, 
vignettes.  —  Les  ateliers  monétaires  de  Clermont-Ferrand  et  de 
Riom pendant  la  Ligue.  Paris,  1895,  grand  in-80,  25  pages,  vignettes. 

—  Le  sceau  de  la  corporation  des  monnayeurs  de  Figeac,  etc. 
Paris,  1895,  grand  in-8",  56  pages,  vignettes. —  Uatelier  monétaire 
de  Laon  pendant  la  Ligue.  Paris,  1890,  grand  in-80,  14 
vignettes.  [Homtnage  de  l'auteur.) 


258 

Carnoy.  —  Le  comte  Arthur  de  Marsy.   Paris,    iSgS,  petit  in-4°, 

7  pages,  portrait.  {Don  du  comte  de  Marsy.) 

Caucich.  —  Notifie  storiche  intorno  alla  institu:[ione  délie  officine 
monetarie  italiane.  Firenze,  1895,  fascicule  I.  (Hommage  de 
Fauteur.) 

Chautard.  —  De  la  préparation  et  de  la  conservation  des  empreintes 
de  monnaies  et  jetons.  Essai  de  classification  à  suivre  dans  l'étude 
du  jeton  français.  Genève,  in-80,  12  pages.  [Hommage  de  l'auteur  ) 

CoRAGGioNi.  —  Mun:^geschichte  der  Schwei^.  Genève,  1896,  in-4°, 
XI- 184  pages  et  L  planches.  (Don  des  éditeurs,  MM.  Stroehlin  et  C"'.) 

Daremberg  et  Saglio.  —  Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et 
romaines,  fascicule  21.  {Hommage  des  auteurs.) 

DE  DoMPiERRE  DE  Chaufepié.  —  KoninkHjk  kabinet  van  Munten  Pen- 
ningen  en  gesneden  Steenen.  La  Haye.iSqS.  {Hommage  de  l'auteur.) 

de  Jonche  (V'te  B.).  —  Quatre  monnaies  de  Guillaume  de  Bronckhorst, 
seigneur  de  Batenbourg  et  de  Steyn.  Amsterdam,  1895,  in-80, 
5  pages,  1  planche. —  Trois  monnaies  liésceoises  inédites.  Bruxelles, 
1896.  in-8°,  3  pages  et  vignettes.  (Hommage  de  l'auteur.) 

de  Marsy  (Oe  A.).  —  L'exposition  rétrospective  de  Reims.  Paris,  i8g5, 
in-S^»,  20    pages.  —  Notes  bibliographiques.  Anvers,    i8g5,  in-8°, 

8  pages.  (Hoynmage  de  l'auteur.) 

DE  WiTTE  (A.).  —  Histoire  monétaire  des  comtes  de  Louvain,  ducs  de 
Brabant,  etc.  T.  II,  i^e  livraison.  (Envoi  de  l'Académie  d'archéo- 
logie.) —  Notes  sur  les  Roëttiers,  3e  article,  Paris,  1895,  in-8", 
10  pages.  {Hommage  de  l'auteur.) 

DoNNET  (F.)  —  Rapport  sur  le  congrès  de  Tournai.  Anvers,  1896, 
in-80,  23  pages.  {Hommage  de  l'auteur.) 

Gnecchi  (F.).  —  Monete  romane.  Milano,  1896,  in-12,  xv-182  pages, 
i5  planches  et  vignettes.  —  Appunti  di  numismatica  Romana, 
XXXVI,  Milano,  1895,  grand  in-8°,  3o  pages  1  planche.  {Hommage 
de  l'auteur.) 

Leite  de  Vasconcellos.  —  Elencho  das  Liçoës  di  numismatica. 
Lisboa,  1894,  in-80,  gy  pages.  {Hommage  de  l'auteur.) 

Maxe-Werly  (L.).  —  Histoire  numismatique  du  Barrois.  Bruxelles, 
1895,  in-80, 265  pages, nombreuses  vignettes. (//owmag-ef/f^/'aMfewr.) 

Mazerolle  —  Les  Blarti,  orfèvres  et  graveurs  parisiens  Paris,  1895, 
in-8°,  35  pages.  {Hommage  de  l'auteur.) 


259 

QuiNTARD.  —  Les  fouilles  du  Vieil-Aître,  cimetière  mérovingien. 
Nancy,  i8g5,  in-8o,  38  pages,  5  planches.  {Hommage  de  l'auteur.) 

RoEST.  —  Le  florin  dit  a  Strampraidsche  Guldenn.  Bruxelles,  i8g6, 
in-8°,  8  pages.  {Hommage  de  l'auteur.) 

RouYER.  —  L'œuvre  du  médailleur  Nicolas  Brioi  en  ce  qui  concerne 
les  jetons.  Nancy,  i8g5,  in-8°,  238  pages,  XIV  planches  et  vignettes. 
{Hommage  de  l'auteur.) 

Storer.  —  The  medals  and  tokens  of  Rhode  Island.  Boston,  189?, 
petit  in-40,  14  pages.  {Hommage  de  l'auteur.) 

Trachsel.  —  Laurea  Noves,  Petrac  amata,  médaille  originale  du 
xive  siècle.  Paris,  1895,  grand  in -8°,  10  pages,  2  planches.  {Hommage 
de  l'auteur.) 

Vallentin  (R.).  —  La  monnaie  d'Embrun.  Paris,  1895,  grand  in  80 
57  pages, — Du  prétendu  monnayage  mixte  de  Dieudonné  dEstaing 
évêque  de  Saint-Paul,  et  de  Charles  VI.  Valence,  1895,  in-8" 
10  pages  —  De  la  moneta  Blaffardorum.  Genève,  iSgS,  in-80 
18  pages.  —  Les  liards  créés  par  Henri  III  en  iSyy.  Paris,  1895 
in-8°,  10  pages,  vignettes.  {Hommage  de  l'auteur.) 

Ouvrages  anonymes  et  catalogues. 

Circulaire  numismatique  universelle,  n"»  11-1 3.  —  Zschieeche  et 
Kôder,  Catalogues  n°^  14  et  i3.  —  Numismatischen  Offerten-Blatt , 
nos  3o-'<2.  — Auktions  Katalog,  nos  140-141.  —  Catalogue  Mer!{- 
bacher.  —  Bidletino  numismatico,  de  Sangiorgi,  à  Rome.  —  Cata- 
logo  de  monete  antiche,  n»  7,  de  Morchio  et  Mayer,  —  Collection 
du  marquis  Luigi  Paulucci  de'  Calboli  Pia^:ja.  Rome,  1896,  avec 
1  planche.  {Envoi  de  M.  le  chevalier  Vitalini.)  —  Catalogue  de 
vente,  de  M  Hess;  Catalogue  de  la  collection  Schult^e,  avec  2  pi.; 
Catalogue  de  collection  von  der  Heyden,  avec  4  planches.  {Envoi 
de  M.  Hess]  —  Vente  de  monnaies  françaises,  Paris,  i8g5,  avec 
1  planche.  Collection  Timothée  Brent  ;  Collection  Rodrigo 
J.  Alve:{  Soiit:{o,  avec  1  planche.  Monnaies  romaines  et  grecques 
recueillies  en  Orient,  avec  2  pi.  Collection  Butor,  avec  2  pi.  {Envoi 
de  M.  R.  Serrure.)  —  N umismatischer  Verkehr,  1896,  nos  1-2.  — 
Catalogue  no  19  à  prix  marqués,  de  M.  A.  Sattler.  —  Catalogue 
à  prix  marqués,  de  M.  de  Nobele.  —  Catalogue  m  20  à  prix  mar- 


26o 


qités,  de  M.  C.  Dupriez  —  De  drie  stempehnijders  ofmedaiUews 
Theoioriciis  van  Berckcl.  {Don  du  bibliothécaire.)  —  Feuille- 
ordonnance  monétaire  de  l'évêque  de  Liège,  1772.  {Don  du  bibliothé 
caire.) 


CABINET  NUMISMATIQUE. 


Don  de  la  ville  de  Bruxelles. 
Médaille  en  bronze  à  l'effigie  de  Joseph  Godefroid,  par  Jul.  Dillens. 

Don  de  M.  Vanden  Broeck 
Médaille  en  bronze  à  l'effigie  d'Ignace  van  Brée,  par  Hart. 

Don  de  M.  le  lieutenant  Docq. 
Jeton  de  cuivre  frappé  à  Bruxelles,  en  1576. 

Don  de  M.  A.  de  Witte. 

Gauloise,  en  potin,  attribuée  aux  Nerviens.  —  Saïga  mérovingienne. 

—  France  :  Florette  de  Charles  VII  et  pièce  d'argent  de  Louis  XIV. 

—  Quatre  jetons  français.  —  Deux  monnaies,  argent  et  billon,  de 
Charles-Quint  pour  la  Franche-Comté. — Cuivre  de  Napoléon  III.  — 
Deux  poids  monétaires  d'Anvers. 

Soit  en  tout  :  7  monnaies,  5  jetons,  2  médailles  et  2  poids  monétaires. 

Bruxelles,  le  18  février  1896. 

Le  bibliothécaire-conservateur  des  collections, 
Alphonse  de  Witte. 


26  1 


UN  DENIER  INEDIT 


I^EÏ'Ilsr      TulB      BREF 


(752-768). 


L'or  fut,  dans  les  premiers  temps  de  la  période 
mérovingienne,  le  métal  à  peu  près  exclusivement 
employé  à  la  frappe  des  monnaies. 

Les  raisons,  généralement  admises,  de  sem- 
blable organisation  monétaire  assez  peu  fré- 
quente, sont  les  suivantes  : 

i°Le  produit  des  impôts,  lesquels  se  percevaient 
vraisemblablement,  en  majeure  partie,  en  nature, 
était  transformé  en  or  par  les  officiers  receveurs, 
monnayé  par  eux  et  mis  en  circulation  avec  la 
garantie  de  leur  signature  et  le  nom  de  la  localité 
qui  avait  fourni  les  taxes  ; 

2°  L'immense  quantité  de  deniers  d'argent  et  de 
erands  bronzes  romains  encore  en  circulation  à 

o 

cette  époque,  suffisait  amplement  aux  besoins  de 
la  population  chez  laquelle  les  transactions  par 
échanges  étaient  d'ailleurs  encore  fort  nom- 
breuses. 

Cet  état  de  choses  fut  probablement  modifié 
à   la   fin    de    la  période  mérovingienne,  tant  à 

Année   189^.  18 


202 

cause  des  nombreux  abus  qui  s'étaient  glissés  dans 
la  fabrication  des  monnaies  d'or  que  de  la  dispa- 
rition progressive  des  espèces  monnayées  ro- 
maines en  argent  et  en  bronze.  De  plus,  les 
besoins  monétaires  avaient  sensiblement  aug- 
menté aux  vii^  et  viii^  siècles,  et  le  développement 
des  mines  d'argent  avait  naturellement  fait  songer 
à  l'utilisation  de  ces  nouvelles  richesses  métal- 
liques.    . 

Ces  temps  virent  sans  doute  la  cessation  de  la 
frappe  des  monnaies  en  or  et  l'émission  de  ces 
nombreux  deniers  mérovingiens  en  argent,  si  rares 
avant  les  découvertes  de  Plassac,  de  Vence  et  de 
Cimiez  et  dont  la  circulation  devait  être  abon- 
dante au  moment  de  l'avènement  de  Pépin  le  Bref. 

Ce  prince  puissant  ne  dut  pas  changer  les  usages 
monétaires  existant  au  début  de  son  règne,  ce  qui 
explique  parfaitement  que  l'on  n'ait  pas  retrouvé 
de  pièces  en  or  à  son  nom,  sans  que  l'on  connaisse 
pourtant  de  document  où  il  parle  de  la  suppres- 
sion de  ces  espèces.  Ses  premières  monnaies 
furent  certainement  des  deniers  petits  et  épais  res- 
semblant beaucoup  aux  pièces  mérovingiennes  en 
argent  et  aux  sceattas  ou  saïgas,  ces  monnaies  de 
transition  dont  l'émission  suivit  celle  des  deniers 
mérovingiens. 

Nous  avons  eu  la  bonne  fortune  de  mettre  la 
main  sur  une  de  ces  rares  premières  monnaies  de 
petit  module  de  Pépin  le  Bref.  En  voici  le  dessin 
et  la  description  : 


263 


Droit.  Monogramme  dont  les  éléments  prin- 
cipaux sont  les  lettres  :  P,  I,  R  et  F  (PIpinus  Rex 
Francorum).  Plusieurs  globules  se  voient  dans  le 
champ. 

Revers.  Croix  très  pattée,  à  bras  très  larges, 
avec  un  globule  au  centre,  et  que  l'on  rencontre 
pour  la  première  fois  sur  une  monnaie  de  Pépin. 
Chose  très  curieuse,  une  croix  analogue  se  re- 
trouve sur  les  deniers  dits  bastiniens,  du  Brabant. 
Des  globules  se  voient  également  dans  les  bran- 
ches et  dans  les  cantons  de  la  croix. 

Argent.  Poids:  iff^'-agô.  Notre  collection. 

Notre  denier  est  frappé  sur  flan  très  épais  et  rap- 
pelle beaucoup  les  saïgas  et  comme  aspect  et 
comme  style.  Il  a  un  air  de  famille  incontestable 
avec  le  numéraire  des  dernières  années  de  la 
période  mérovingienne  et  a  dû  être  forgé  tout  à 
fait  au  début  du  règne  de  Pépin,  peut-être  même 
avant  qu'il  n'ait  pris  le  titre  de  roi  des  Francs  (752) . 
Cette  dernière  hypothèse  expliquerait  la  petitesse 
des  caractères  P  et  I  par  rapport  aux  lettres  R  et  F, 
qui  seules  désigneraient  la  personnalité  du  roi  des 
Francs.  Notre  denier  serait  alors  un  des  premiers 
essais  d'usurpation  des  droits  monétaires  par 
Pépin,  encore  maire  du  palais  (i). 

(1)  On  pourrait  être  tenté,  vu  le  caractère  encore  si  mérovingien  de 
notre  pièce,  d'y  voir  peut-être  le  résultat  d'un  monnayage  plus  ancien 


264 

Quant  au  lieu  d'origine  du  denier  qui  nous 
occupe,  il  faut  vraisemblablement  le  chercher 
dans  le  nord  de  la  monarchie,  où  les  monnaies 
pipiniennes  portent  fréquemment  le  nom  du 
prince  sous  la  forme  pipi,  forme  qui  se  rencontre 
rarement  dans  le  centre  et  dans  le  midi  du 
royaume.  Le  caractère  particulier  de  la  croix  du 
revers  vient  fortifier  cette  manière  de  voir. 

Le  denier  que  nous  venons  de  décrire  diffère 
sensiblement  des  monnaies  de  Pépin  retrouvées 
jusqu'à  ce  jour.  L'importance  de  cette  pièce,  qui 
fait  connaître  un  rare  échantillon  du  tout  premier 
monnayage  de  petit  module  de  Pépin  le  Bref  dans 
le  nord  de  la  monarchie,  n'échappera  pas  aux 
nombreux  amateurs  de  monnaies  de  la  deuxième 
race.  Ils  peuvent,  à  partir  de  maintenant,  espérer 
découvrir  encore  de  nouveaux  deniers  de  cette 
période  historique  si  intéressante  et  trop  peu 
connue.  Ces  pièces  viendraient  peut-être  jeter  un 
peu  de  jour  sur  l'histoire  monétaire  si  obscure  de 
ces  temps  reculés. 

V'^  Baudouin  de  Jonghe. 

encore,  dû  à  Pépin  de  Herstal,  major  domus  d'Austrasie,  soit  même  à 
Pépin  de  Landen,  qui  a  occupé  les  mêmes  fonctions.  Une  semblable 
tentative  d'émancipation  nous  semble  cependant  complètement  inad- 
missible, aune  époque  aussi  reculée. 


i 


265 


MONNAIES 

DES 

COMTES  DE  LIMBURG-SUR-LA-LENNE 


I 


Pl.    VI    ET    VII. 

Le  comté  de  Limburg-sur-la-Lenne  était  un 
démembrement  de  l'ancien  comté  d'Isenburg  ou 
Isenberg,  qui  avait  été  confisqué  sur  le  comte 
Frédéric  d'Isenburg,  condamné,  en  1226,  à  la 
diète  tenue  à  Francfort,  pour  le  meurtre  de  saint 
Engelbert,  archevêque  de  Cologne,  qu'on  lui 
imputait;  d'après  la  sentence,  les  fiefs  devaient 
faire  retour  aux  seigneurs  dont  ils  relevaient  et 
les  alleux  partagés  entre  les  plus  proches  parents 
du  comte,  à  l'exclusion  absolue  de  sa  femme  et  de 
ses  enfants.  Cette  sentence  était  à  peine  connue, 
que  les  seigneurs  voisins,  et  parmi  eux  le  plus 
ardent  était  le  comte  Adolphe  de  la  Marck,  cousin 
du  comte  Frédéric,  envahirent  le  comté  pour  se 
le  partager. 

Le  duc  Henri  IV,  de  Limbourg,  beau-frère  du 
comte  d'Isenburg,  qui  désapprouvait  la  sévérité  de 
la  sentence  qui  frappait  le  comte  et  ses  enfants,  et 
la  rigueur  avec  laquelle  elle  avait  été  mise  à  exécu- 
tion, prit  la  défense  de  ses  neveux  et,  pour  empê- 
cher qu'on  ne  les  dépouillât  entièrement  du  patri- 
moine de  leur  père,  fit  sommer  le  comte  de  la 

Année  1896.  19 


266 

Marck,  qui  s'était  déjà  emparé  d'une  grande  partie 
du  comté,  de  se  dessaisir  de  ses  conquêtes.  Sur  son 
refus,  le  duc  se  vit  contraint  de  recourir  à  la  force 
des  armes  pour  l'y  obliger  (1227)  ^^  d'attaquer  le 
comte,  qui  était  soutenu  parle  nouvel  archevêque 
de  Cologne. 

La  guerre  se  prolongea  quelques  années  ;  elle 
ne  se  termina  qu'en  1243,  par  suite  d'un  accord 
conclu  avec  Adolphe,  comte  de  laMarck,  parleduc 
Henri  et  Englebert,  évêque  d'Osnabruck,  oncles 
de  Thierry  d'Isenburg,  fils  de  Frédéric.  Grâce  à 
cet  accommodement,  Thierry  recouvra  une  partie 
de  la  succession  de  son  père  et  consentit  à  ce  que 
l'autre  partie,  dont  l'archevêque  de  Cologne  avait 
déjà  investi  le  comte  de  la  Marck,  restât  à  celui-ci. 
Cet  accord  fut  confirmé  par  Frédéric,  frère  de 
Thierry  et  leurs  trois  sœurs.  Ce  sont  les  biens 
attribués  à  Thierry  qui  formèrent  le  comté  de 
Limburg  (i),  pas  bien  étendu  et  presqu'enclavé 
dans  le  comté  de  la  Marck. 

On  était  convenu  dans  cet  arrangement  que 
Thierry  serait  libre  de  faire  fortifier  le  château  de 
Neuen-Limburg,  qui  était  sa  résidence,  mais  qu'il 
ne  pourrait  fortifier  la  ville  bâtie  au  pied  de  la 
forteresse. 

Le  château  de  Limburg,  appelé  également 
Hohen-Limburg  ou  Neuen-Limburg  (Novi  Castri 
Limburg  super  Lennam)  (2) ,  bâti  sur  une  montagne 

(1)  Vojy.  Kreuer,  Academische  Beitràge,  II,  p.  124. 

(2)  Accord  de  1243. 


267 

que  baigne  la  rivière  la  Lenne,  avait  été  construit 
par  le  duc  de  Limbourg  pour  son  neveu,  au  com- 
mencement de  la  guerre  qu'il  avait  entreprise  pour 
le  réintégrer  dans  les  possessions  de  sa  famille  (i). 
Afin  de  s'assurer  plus  promptement  de  ce  poste,  le 
duc  en  fit  d'abord  faire  les  constructions  en  bois 
et  le  munit  de  fortifications  ;  on  disait  dans  le 
temps  que  le  duc  y  avait  amené  autant  de  soldats 
qu'on  avait  employé  d'ais  pour  le  fortifier  (2). 

Le  17  juillet  1242,  Thierry,  qui  s'intitule  sei- 
gneur d'Isenberg,  reprit  en  fief  de  son  oncle  Henri, 
duc  de  Limbourg,  comte  de  Berg,  l'alleu  du  châ- 
teau de  Limburg  sur  la  Lenne  avec  les  curtes  de 
Hufele  et  de  Wamemell,  du  consentement  de  ses 
oncles  paternels;  c'était  un  moyen  de  s'assurer 
un  appui  contre  ses  puissants  voisins. 

Le  Roi  des  Romains,  Guillaume  de  Hollande, 
accorda,  en  1252,  à  Thierry,  comte  d'Isenburg,  le 
droit  d'établir  des  foires  hebdomadaires  dans 
tels  endroits  de  ses  domaines  qu'il  le  jugerait  con- 
venable; c'est  à  cette  concession  que  Grote  croit 
pouvoir  faire  remonter  l'origme  du  droit  de  battre 
monnaie  que  les  comtes  ont  exercé  à  Limburg, 
car  ce  droit  était  ordinairement  la  conséquence 
de  la  concession  d'un  marché  (3). 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  château  de  Limburg 

(i)  Ce  fut  vers  1227,  mais  les  opinions  varient  sur  cette  date. 

(2)  Levold  von  Northof,  Chronik  der  Grafen  von  der  Marck, 
p.  76,  édit.  de  Tross. 

(3)  Grote,  Blàtter  fur  Mûn^kunde,  lil,  p.  116.  —  Voy.  Leitzmann. 


268 

avec  les  autres  endroits  portant  le  même  nom,  où 
a  été  exercé  le  droit  de  monnayage.  Sans  compter  le 
duché  de  Limbourg,  en  Belgique ,  on  en  trouve 
plusieurs  en  Allemagne  :  il  y  a  d'abord  la  seigneu- 
rie de  Limburg-sur-la  Lahn,  au  duché  de  Nassau; 
en  outre,  le  comté  de  Limpurg,  situé  sur  les  con- 
fins de  la  Souabe  et  de  la  Franconie,  et  l'abbaye 
de  Bénédictins  de  ce  nom,  dans  le  comté  de 
Linange  (Bavière  rhénane)  que  le  Roi  des 
Romains,  Henri  IV,  donna  à  Einhard,  évêque 
de  Spire,  abbatiam  Lintburch  in  pago  Spirgowe, 
en  y  attachant  le  droit  de  battre  monnaie,  droit 
que  les  comtes  de  Linange  ont  exercé  en  qualité 
d'avoués  de  l'abbaye.  Il  existe  un  denier  d'un  de 
ces  seigneurs  qui  porte  la  légende  EMECHO 
COMES  DE  LI,  et  au  revers  LI.  M.  B.  V.  R.  G. 
E.  N.  SIS  (i).  On  donne  aussi  parfois  le  nom  de 
Limborch  à  la  seigneurie  de  Limbricht,  située 
dans  le  Limbourg,  et  les  abréviations  usitées  dans 
les  légendes  des  monnaies  ont  amené  une  confu- 
sion entre  les  monnaies  de  Limburg  et  celles 
frappées  à  Limbricht  (2). 

Les  comtes  deLimburg-sur-la-Lenne  ont  frappé 
des  monnaies  non  seulement  à  Limburg,  mais 
également  à  Broich  et  à  Rellinghausen,  en  qualité 

(1)  Vqy.  Leitzmann,  Wegwciser  auf  dem  Gebiete  der  deutschen 
Mûnzkunde,  p.  456.  —  J.-G.  Lehmann,  Geschichte  des  Klosters 
l.imburg  bei  Durckheim  an  der  Hàardt. 

(2)  Van  der  Chus,  De  Munienderleenenvan  de  voormalige  herio^- 
dommen  Braband  en  Limburg,  p.  3o8. 


26o 

d'avoués  du  Chapitre  des  Dames  qui  y  existait. 

La  Revue  belge  de  Numismatique  a  publié  un  tra- 
vail sur  les  monnaies  de  Limburg  :  plusieurs  des 
pièces  ici  publiées  y  ont  été  décrites.  Aussi  l'étude 
que  la  Revue  a  bien  voulu  accueillir  n'est-elle 
pas  entièrement  nouvelle,  mais  nous  avons  pu 
compléter  la  série  des  monnaies  et,  grâce  aux 
indications  qu'un  numismate  a  bien  voulu  nous 
fournir,  nous  avons  cru  pouvoir  imprimer  cette 
nouvelle  édition.  L'attribution  de  certaines  pièces 
peut  soulever  des  objections,  mais  il  est  souvent 
difficile  de  déterminer  des  monnaies  quand  celles-ci 
ne  nous  fournissent  pas,  par  elles-mêmes,  des 
éléments  de  solution. 

L'histoire  des  comtes  de  Limburg-sur-la-Lenne 
a  été  faite  par  Kremer,  qui  l'a  publiée  dans  le 
second  volume  de  ses  :  Beitràge  zur  Jiilischen 
Geschichte;  il  l'a  établie  sur  des  documents  de 
l'époque  et  il  a  pu  rectifier  les  erreurs  que  conte- 
naient les  anciennes  généalogies. 

Thierry  L 

Thierry,  premier  comte  de  Limburg,  porta 
jusqu'en  1263  le  titre  de  comte  d'Isenburg,  mais 
en  126g  on  le  trouve  qualifié  de  comte  de  Lim- 
burg, bien  que  ce  ne  fût  qu'en  1275  qu'il  céda  à 
l'archevêque  de  Cologne  le  château  d'Isenburg, 
avec  l'avouerie  et  d'autres  biens,  moyennant  le 
paiement  d'une  pension.  Sur  son  sceau,  il  conserva 
la  rose  d'Altena  ou  d'Isenburg,  qui  était  l'écusson 


I 


270 

primitif  de  sa  famille;  ses  descendants  modifièrent 
leurs  armoiries  pour  adopter  le  lion  de  Limbourg, 
mais  ils  conservèrent  la  rose  sur  leurs  monnaies 
comme  souvenir  de  leur  origine.  Ces  changements 
d'armoiries  étaient  fréquents  à  cette  époque  ;  on 
en  trouve  un  exemple  dans  la  famille  d'Altena 
dont  descendait  le  comte  Thierry  :  les  trois  bran- 
ches qu'elle  form^a  avant  le  xiii^  siècle  portaient 
toutes  les  trois  des  écus  différents. 

On  ne  connait  pas  de  monnaies  de  Thierry  I, 
mais  si  on  peut  accepter  l'opinion  de  Grote  que  la 
concession  d'un  marché  entraînait  celle  du  droit 
de  monnayage,  il  n'est  pas  improbable  que  ce 
seigneur  ait  usé  de  ce  droit  après  l'octroi  qui  lui 
fut  fait,  en  I252,  par  le  Roi  des  Romains. 

Thierry  I  vécut  jusqu'à  un  âge  très  avancé,  car 
il  vivait  encore  en  1297,  et,  d'après  les  historiens, 
il  n'avait  guère  plus  de  quinze  ans  lors  de  la  con- 
damnation de  son  père,  en  1225.  On  lui  connait 
deuxfils,Jean  etEverard;  celui-ci  fut  l'auteur  de  la 
branche  cadette  de  la  famille  connue  sous  le  nom 
de  Limburg-Stirum. 

Jean  continua  la  lignée  des  comtes  de  Hohen- 
Limburg  ou  Limburg;  il  fut  associé  par  son  père 
au  gouvernement,  mais  il  mourut  avant  lui  ;  il  est 
encore  cité  en  1275,  mais  en  1280  il  n'existait 
plus,  comme  le  prouve  l'accord  conclu  cette  année 
avec  l'abbaye  de  Werden.  Jean  laissa  deux  fils, 
l'aîné  nommé  Thierry  comme  son  grand-père,  le 
second,  Frédéric.  C'est  avec  Thierry  II  que  l'on 


2^1 


peut  commencer  la  série  des  monnaies  des  comtes 


de  Limburg. 


Thierry  II. 


Thierry  II  et  son  frère  Frédéric,  fils  de  feu 
Jean  de  Limburg,  figurent  dans  un  accord  conclu 
en  1280,  par  leur  grand-père,  le  comte  Thier- 
ry, avec  l'abbaye  de  Werden  pour  l'avouerie  à 
Eicholt  (i).  En  1297,  il  donna  à  l'abbaye  de  Fron- 
denberg,  du  consentement  de  son  grand-père 
Thierry  et  de  son  oncle  Everard,  un  bien  à 
Bertinclo,  nommé  Wiegut  (2). 

Aucun  historien  ne  nous  apprend  si  les  comtes 
Thierry  de  Limburg  prirent  part  à  la  guerre  qui 
éclata,  en  1288,  entre  le  duc  Jean  de  Brabant  et 
Renaud,  comte  de  Gueldre,  pour  la  succession  au 
duché  de  Limbourg;  il  est  probable  qu'ils  se  ran- 
gèrent du  parti  du  comte  de  Gueldre,  comme  le 
fit  le  comte  Everard  (3),  car  le  comte  de  la  Marck, 
allié  du  duc  de  Brabant,  s'empara  du  château  de 
Limburg,  où  l'archevêque  de  Cologne  avait  mis 
garnison  (1288  ou  1289). 

Bien  que  la  bataille  de  Woeringen  eût  décidé 
du  sort  du  duché  de  Limbourg  en  faveur  du  duc, 

(1)  Kremer,  [cite),  p.  42. 

(2)  vonSteinen,    Westfâlische  Geschichte,  II,  p.  828. 

(3)  Une  chronique  citée  par  Willems  dans  son  édition  de  Van  Heelu, 
nomme  parmi  les  alliés  du  comte  de  Gueldre  un  Jean,  seigneur  de 
Limburg.  S'il  n'y  a  pas  une  erreur  dans  le  nom.  ce  Jean  ne  peut  être 
que  le  lîls  aîné  de  Thierry  II  (Van  Heelu,  p.  379).  Voy  J.-T,  Bro- 
sius.  Ann.  CHviœ,  II,  p.  25. 


272 

la  guerre  continua  en  Westphalie  entre  le  comte 
de  la  Marck  et  Sigefroid,  archevêque  de  Cologne, 
successeur  de  l'archevêque  Wighbold  de  Holte. 
En  1299,  1^  chevalier  Sobbe  qui  était  venu  au 
secours  de  l'archevêque,  ravagea  avec  ses  troupes 
le  comté  de  la  Marck  et  reprit  le  château  de 
Limburg  au  profit  du  jeune  comte.  L'année  sui- 
vante, le  comte  de  la  Marck  détruisit  le  château  de 
Sobbe,  à  Warden  sur  la  Ruhr  et  fit  bâtir  sur  le 
mont  Eicke,  en  face  de  Limburg,  un  château, 
auquel  il  donna  le  nom  de  Eickel  (i),  pour  servir 
de  poste  d'observation.  La  paix  conclue  peu  de 
jours  avant  la  Noël  de  cette  année,  remit  de  nou- 
veau le  comte  de  la  Marck  en  possession  du 
château  de  Limburg. 

Les  hostilités  ne  tardèrent  pas  à  reprendre  et  de 
nouvelles  vicissitudes  vinrent  fondre  sur  le  châ- 
teau. En  i3o3,  Ludolf  de  Dycke,  chanoine  de 
Cologne  et  officiai  de  l'archevêque,  reprit  le  châ- 
teau sur  le  comte  de  la  Marck,  mais  le  nouvel 
archevêque  de  Cologne,  Henri  de  Virnenburg, 
qui  devait  en  partie  son  élection  au  comte  de  la 
Marck,  le  lui  rendit.  Quelques  années  plus  tard, 
grâce,  sans  doute,  à  l'influence  d'amis,  il  le 
remit  à  son  légitime  propriétaire,  qui,  entretemps, 
avait  atteint  un  âge  plus  viril  (2).  Cette  dernière 
circonstance  indique  qu'il  s'agit  de  Thierry  III  et 


(1)  Levold  von  Northof,  VI,  i3o. 

(2)  VON  Steinen, /.  c,  II,  6i3i7. 


I 


non  de  Thierry  II,  qui  n'est  plus  cité  dans  les 
chartes  après  1297. 

On  peut  attribuer  à  Thierry  II,  un  denier  sur 
lequel  le  comte  est  représenté  de  face  à  mi-corps, 
la  tête  ceinte  d'un  chapel  de  roses  ;  il  tient  de  la 
main  droite  une  branche  et  de  la  gauche  une  fleur  ; 
sur  la  poitrine,  il  porte  un  écu  au  lion  de  Lim- 
bourg,  la  queue  fourchée.  La  légende  manque. 

Rev.  Dans  un  triangle,  le  buste  du  comte  posé 
de  face,  la  tête  ceinte  également  d'un  chapel  de 
roses,  dans  les  coins  des  angles  trois  globules 
posés  un  et  deux;  on  ne  lit  plus  qu'un  fragment 
de  la  légende  :  MOn-STTÎ. 

PI.  VI,  no  1. 
Notre  collection. 

Ce  denier  rappelle  ceux  de  Guillaume  I",  comte 
de  Berg  (1296-1308)  (i)  qui,  eux-mêmes,  s'inspi- 
rent des  deniers  impériaux  deDortmund,  d'abord 
émis  par  Rodolphe  de  Habsbourg  (2). 

Le  comte  Thierry  II  avait  épousé  Berthe  de 
Gotterswyck,  dont  il  eut  un  fils  nommé  Jean;  la 
pénurie  de  documents  de  l'époque  relatifs  à  la 
famille,  comme  le  constate  Kremer,  ne  permet  pas 
d'établir  d'une  manière  certaine  le  degré  de 
parenté  existant  entre  Thierry  II  et  son  successeur 
Thierry  III  :  celui-ci  était  son  fils  ou  son  petit- fils, 


(\)  Çjv.ot'e,  Mùn^studien.  Bandj,p[.  VII. 

(2)  Cappe,    Die  MUn^en    der   Deutschen   Kaiser.  Dresden,    li 
pi.  XI,  n°»  75a  à  757. 


274 

fils  de  Jean.  Kremer  pense  que  Thierry  III  était 
frère  cadet  de  Jean. 

Thierry  III. 

Thierry  III,  comte  de  Limburg,  fut,  comme  on 
l'a  vu  plus  haut,  réintégré  dans  la  possession  du 
château  de  Limburg,  vers  iSog,  par  la  cesvsion 
que  lui  en  fit  le  comte  de  la  Marck.  Une  charte  de 
l'année  i3i8  nous  apprend  que  l'archevêque  de 
Cologne  l'excommunia  à  cause  de  ses  empiéte- 
ments sur  les  droits  de  l'abbaye  d'Essen,  dont  il 
s'était  injustement  approprié  les  biens.  L'arche- 
vêque interdit  aussi  à  sa  femme  l'entrée  des 
églises  de  son  diocèse  ;  celle-ci  nommée  Lise  ou 
Elisabeth,  est  renseignée  dans  l'acte  de  renon- 
ciation qu'elle  et  son  mari  firent  à  Thierry,  comte 
de  Clèves,  de  leurs  prétentions  sur  la  seigneurie 
de  Strunckede. 

Thierry  III  vivait  encore  en  1342.  Kremer  pense 
qu'il  mourut  peu  après  et  qu'en  1348,  Thierry  IV 
lui  avait  déjà  succédé.  Il  y  a,  à  mon  avis,  une 
confusion  entre  les  deux  membres  de  cette  famille  : 
il  est  d'autant  plus  important  de  la  relever,  que  la 
filiation  que  cet  auteur  a  établie  a  été  générale- 
ment admise,  sauf  par  l'éditeur  des  Westfàlische 
Siegel  des  Mittelalters,  qui  fait  vivre  ce  comte 
jusqu'en  i354. 

Le  comte  Thierry  de  Limburg,  son  fils  Cracht 
et  son  petit-fils  (eenclin)  Thierry,  ainsi  que  ses 
parents  Jean   de    Limburg,    chevalier,   dit    von 


i 


I 


275 

Styerheim,  et  Thierry,  frère  de  celui-ci,  apparte- 
tenant  à  la  branche  cadette  de  cette  famille,  et 
Burchard  de  Broich  conclurent,  en  1348,  un  traité 
d'alliance  avec  Gérard  de  Juliers,  comte  de  Berg, 
en  vertu  duquel  les  seigneurs  de  Limburg  s'en- 
gagaient  à  perpétuité  à  venir  en  aide  au  comte  de 
Berg,  s'il  avait  une  guerre  à  soutenir  (i). 

Cet  acte  doit  concerner  Thierry  III  et  non  son 
successeur,  comme  le  dit  Kremer,  qui  n'a  pas  pris 
garde  que  la  chronologie  s'oppose  à  ce  que  ce 
dernier  eût  déjà  un  fils,  et  à  plus  forte  raison  un 
petit-fils,  majeur  en  1348;  en  calculant  le  nom- 
bre de  générations  existant  entre  Thierry  P*"  et 
Thierry  IV,  celui-ci  était  né  au  plus  tôt  en  i32o; 
cette  date  correspondrait  à  peu  près  à  celle  de  la 
naissance  du  petit-fils  (eenclin)  (2)  de  Thierry  III, 
qui  était  fort  jeune  en  1348.  puisqu'il  n'avait  pas 
encore  de  sceau  propre. 

En  outre,  le  chevalier  Cracht,  qui,  d'après 
Kremer,  était  un  fils  de  Thierry  IV,  était,  d'après 
un  document  de  l'année  1340,  frère  d'Everard, 
fils  aîné  du  comte  Thierry  III,  mais  qui  mourut 
jeune.  Cracht  est  encore  cité  en  i35o  comme  fils 
du  comte  Thierry  dans  l'acte  par  lequel  celui-ci 
reconnaît  que  son  château  de  Limburg  sera  ouvert 
au  comte  de  Berg  et  qu'il  y  aura  libre  accès.  Ce 

(1)  Kremer,  cité,  p,  146  Le  traité  de  1348  a  été  publié  également 
par  Lacomblet,  mais  d'après  une  expédition  moins  complète. 

{2)  Les  glossaires  allemands  varient  sur  la  signification  du  mot 
penclin,  qui  correspondrait  à  Enkel. 


276 

droit  avait  été  reconnu  dans  un  accord  conclu 
en  1271,  et  le  comte  de  Berg  en  avait  usé  en  y 
plaçant  Gérard  Schinkert  après  que  le  comte 
Thierry  avait  été  dépossédé  dans  la  lutte  qu'il 
avait  soutenue  contre  le  comte  de  la  Marck.  Le 
comte  le  confia,  en  i35o,  au  comte  de  Limburg,  à 
condition  de  donner  une  nouvelle  reconnaissance 
de  cette  obligation.  Il  semble  indiqué  qu'il  s'agit 
ici  de  Thierry  III. 

On  peut  attribuer  au  comte  Thierry  III  un  gros 
tournois  ne  portant  que  le  prénom  du  seigneur 
qui  l'a  fait  frapper  avec  la  m.ention  de  son  titre  de 
comte,  sans  indication  du  lieu  de  provenance. 

>P  nnVRONVS  CIVIS.  Type  ordinaire  des  gros 
tournois,  châtel  entouré  d'une  bordure  de  fleurs 
de  lis. 

Rev.  >i<  DIDERICVS  COMS  en  légende  inté- 
rieure ;  la  légende  extérieure  porte  BNDICTV 
I  SIT  NOflQSN  DNI  1  NRIHVXII;  un  lion 
précède  la  légende  ;  au  centre  une  croix. 

PI.  VI,n°2. 
Notre  collection. 

Van  der  Chijs  (i)  l'attribue  à  Thierry  de  Heins- 
berg,  comte  de  Looz.  Cette  attribution  concordait 
pour  la  date,  ce  comte  étant  un  des  rares  seigneurs 
ayant  droit  de  frapper  monnaie  qui  portaient  à 
cette  époque  le  prénom  de  Thierry  ;  mais  il  faut 
faire  observer  que  les  autres  gros  tournois  de  ce 

(v)  Van  der  Chus,  Miinten  van  Braband,  pi  XXXIl,  n»  2. 


277 

seigneur  portent  le  nom  de  la  localité  pour 
laquelle  ils  ont  été  frappés,  et  il  serait  difficile 
d'expliquer  sur  celui-ci  le  petit  lion  qui  précède 
la  légende,  car  il  ne  fait  pas  partie  des  armes  de 
Looz,  ni  de  Heinsberg,  et  il  ne  se  retrouve  pas 
sur  les  autres  gros  tournois  de  ces  seigneurs, 
tandis  qu'il  est  tout  naturel  de  l'attribuer  à  Lim- 
burg,  où  il  a  sa  raison  d'être. 

On  ne  peut  guère  séparer  cette  pièce  d'une 
autre  qui  porte  un  type  semblable  : 

>ï<  rrvRONVs  •  aivis. 

Rev.  DIDERICOS  GCOMS  en  légende  inté- 
rieure ;  la  légende  extérieure  porte  :  BHDIGCTV  * 
vSITHOmeHDHI  •  HRH ;  au  centre  une  croix. 

PI.  VI,  nos. 

Revue  belge  de  numismatique,  1862 

Ce  gros  doit  être  de  provenance  allemande.  Le 
seul  exemplaire  connu  porte  au  revers  une  contre- 
marque à  la  roue,  emblème  de  Mayence  ou  d'Os- 
nabruck,  preuve  qu'il  a  circulé  en  Westphalie 
ou  dans  les  provinces  rhénanes.  Le  fait  qui 
rend  l'attribution  à  Limburg  plus  probable,  c'est 
que  l'on  connaît  des  monnaies  de  cette  nature 
frappées  par  les  abbés  de  Werden,  les  abbesses 
d'Essen  et  les  comtes  de  Nassau,  qui  étaient  voi- 
sins de  ce  comté. 

La  forme  os  donnée  au  nom  n'est  pas  sans 
exemple  dans  la  numismatique  allemande  du 
xiv^  siècle  :  sur  les  deniers  de  l'empereur  Charles  IV 


frappés  à  Dortmund,  on  lit  Carolos  imp.  au  lieu 
de  Carolus. 

Je  n'oserais  attribuer  à  Limburg  le  mouton 
d'or  avec  la  légende  DOD  —  GO  —  Li,  cette  mon- 
naie doit  plutôt  revenir  à  Thierry  de  Heinsberg, 
comte  de  Looz  ;  elle  est  identique  de  gravure  au 
mouton  frappé  par  Arnould  d'Oreye,  seigneur  de 
Rummen,  proche  voisin  de  Looz,  la  légende  elle- 
même  est  conçue  dans  une  forme  analogue  : 
7ÎR'  — DO  •  R. 

Mais  on  peut  lui  donner  avec  plus  de  raison  un 
florin  d'or  avec  la  légende  :  S  lOHA  —  HHES  B. 
Dans  le  champ  de  la  pièce  un  Saint-Jean-Baptiste 
debout  tenant  une  croix  longue  ;  à  côté  de  la  tête, 
une  aigle. 

Rev.  DQ:0RI  —  a  :  aOMeCS.  Une  fleur  de  lis. 

PI.  VI,  no  7 
Notre  collection. 

On  l'a  attribué  à  Thierry  de  Heinsberg,  comte 
de  Looz,  mais  le  florin  d'or  de  ce  seigneur  est 
d'une  gravure  toute  différente  et  porte  la  légende 
nnERIGCS  —  UOS  COM  • .  Le  nom  du  comté  de 
Looz  est  également  indiqué  dans  la  légende  du 
florin  d'or  de  Godefroid  de  Dalenbroeck,  qui 
prétendit  à  la  succession  de  Looz  après  la 
mort  de  Thierry  de  Heinsberg  et  il  est  calqué 
sur  celui  de  son  prédécesseur. 

Celui  que  nous  décrivons  a  un  aspect  plutôt 
rhénan  que  belge.  Il  est  exactement  imité  de  celui 
de  Guillaume  V,  duc  de  Juliers  (i357-i36i)  qui  porte 


279 

l'inscription  ^  WILHSLMVS  DVX,  sans  indi- 
cation non  plus  du  pays  où  il  a  été  frappé.  Les 
autres  princes  qui  ont  frappé  de  ces  florins,  ont 
tous  monnayé  de  i35o  à  i36o. 

Quelques  autres  différences  entre  les  florins  de 
Looz  et  de  Limburg  méritent  d'être  signalées.  La 
croisette  qui  précède  le  nom  ne  se  retrouve  pas 
sur  les  florins  frappés  en  Belgique;  le  comte  de 
Looz  semble  s'être  attaché  à  imiter  exactement 
le  type  de  ceux-ci,  car  l'aigle  placée  à  côté  de  la 
tête  de  Saint-Jean  est  plus  petite  sur  le  florin  de 
Looz  que  sur  celui  de  Limburg,  et  on  peut 
remarquer  que  les  têtes  de  lion  qui  se  trouvent 
sur  les  florins  de  Brabant  et  de  Flandre  sont  de 
dimension  moindre  que  les  aigles  ou  les  lions  des 
florins  allemands. 

La  diff'érence  dans  la  manière  d'écrire  le  nom 
DGIORIGC  au  lieu  de  OlSRIGCS  rend  aussi  très  pro- 
bable la  supposition  que  ces  deux  pièces  n'ont  pas 
été  frappées  par  le  même  seigneur. 

Il  existe  pour  cette  époque  une  série  de  billons 
imités  de  ceux  que  Louis  de  Crécy,  comte  de 
Flandre  (i322-i346),  frappa  d'abord  avec  indica- 
tion des  ateliers  monétaires  d'Alost  et  de  Gand, 
puis  sans  indication  d'officine  monétaire  (i).  Le 
classement  de  ces  petites  pièces  présente  certaines 
difficultés;  on  peut  cependant  attribuer  à  Thier- 


(i)  Recherches  sur  les   monnaies  des    Comtes   de   Flandre,   par 
Victor  Gaillard.  Gand,  i852. 


28o 

ry  III,  trois  d'entr'elles  portant  une  légende  alle- 
mande. 

HF<  GReVS  l  DIDDSRIGC  |  ï^.  Dans  le  champ 
un  grand  L,  accompagné  de  deux  tréfeuilles  et  de 
deux  quatrefeuilles  ;  les  mots  de  l'inscription  sont 
séparés  par  des  rosettes  ainsi  que  les  deux  der- 
nières lettres. 

Rev.  GCIVI-nnTîS-IiVM-aOM.  (Civitas  lymbur- 
gensis  comitis  ou  comitatus.)  Croix  longue  cou- 
pant la  légende. 

Cette  pièce,  par  son  aloi  et  son  style,  rappelle 
plutôt  les  billons  flamands  de  la  première  caté- 
gorie, il  n'en  est  plus  de  même  des  suivantes  qui 
sont  de  plus  bas  titre. 

PI.  VI,  no  4. 
Notre  collection. 

GRSVe:  DIDDSRIGCI^"--  Même  type  que  le 
numéro  précédent. 

Kev.  Mon  —  an^K  —  osl  —  kdb'. 

PI.  VI,  no  5. 

Notre  collection. 

Revue  belge  de  numismatique,  1862. 

>i<  GRSVG:  DIDDGIRIGCr^-  - 
Rev.  MOU   —  SrrTÎ  —  DSIj  —   IMB.    Une 
croix  coupe  la  légende  comme  surles  autres  pièces. 

PI.  VI,  n"  6. 
Notre  collection. 

La  lettre  L  placée  au  milieu  du  champ  de 
l'avers  est  peut-être  destinée  à  faire  suite  à  la 


légende  et  à  la  compléter.  Ce  même  type  à  l'L  a 
été  employé  par  différents  seigneurs:  par  Jean,  sei- 
gneur de  Cunre,  par  Arnould,  seigneur  de 
Stein,  etc. 

Thierry  IV. 

Thierry  IV,  comte  de  Limburg,  était  petit-fils 
de  Thierry  III  ;  son  père  Everard  est  cité  dans  une 
charte  de  1342,  comme  fils  aîné  du  comte,  mais 
il  mourut  peu  de  temps  après,  et  avant  son  père, 
car  il  n'est  plus  cité  dans  le  traité  conclu  en  1348 
entre  le  comte  de  Berg  et  tous  les  membres  de  la 
famille  de  Limburg.  Thierry,  petit-fils  de  Thier- 
ry III,  y  figure  aussi,  mais  il  devait  être  fort  jeune 
à  cette  époque,  car  il  n'avait  acquis  alors  aucun 
des  degrés  de  la  chevalerie,  et  il  ne  scella  pas  ce 
traité  parce  qu'il  n'avait  pas  encore  de  sceau. 

Il  put  terminer  d'une  manière  avantageuse, 
en  i366,  le  conflit  qui  existait  déjà  entre  son 
grand-père  Thierry  etBourchard  de  Broich,  rela- 
tivement au  patronage  de  l'église  de  Mulheim-sur- 
la-Ruhr  que  celui-ci  lui  contestait;  les  arbitres, 
Engelbertde  laMarck  et  Guillaume  de  Berg,  comte 
de  Ravensberg,  se  prononcèrent  en  sa  faveur. 
Bourchard  de  Broich  mourut  peu  après  ;  son  fils 
Thierry,  désirant  mettre  fin  à  cette  contestation, 
abandonna  toutes  ses  prétentions  au  patronage  de 
l'église  ;  l'acte  en  fut  dressé  à  l'abbaye  d'Essen 
le  2  juillet  i368, 

Thierry  IV  a  également  fait  frapper  des  mon- 
naies de  billon. 

ANNÉE   i8q6,  20 


282 

>î<  MOnennTT  o  li'BOReineCS.  Grand  L  entouré 
de  tréfeuilles  ou  quatrefeuilles. 

Rev.  ^  rnoo  —  GCOS  —  L'BO  —  ReiR.  Croix 
coupant  la  légende. 

PI.  VI,  n"  8. 
Notre  collection. 

^  MOnSnnTÎ  ...  BORH.  Le  grand  L  du  champ 
est  surmonté  de  3  roses  posées  en  triangle  et  il  est 
accompagné  de  deux  quatrefeuilles  et  d'un  trèfle. 

Rev.  ÏÏSDO  —  aom...  S.  Croix  coupant  la 
légende. 

Pl.VI,  nog. 
Notre  collection. 

*h  MOnSnnTÎ  lilMBORenS.  Grand  L  accom- 
pagné  de  deux  roses  en  chef  et  d'une  en  pointe, 
et  de  deux  quatrefeuilles  sur  les  côtés. 

Rev.  Le  nom  du  comte  est  remplacé  par  une 
devise  pieuse  TîVe!  —  mTÏR  —  I7ÎG  —  RTTrr. 

Pi.  VI,  n°  lo. 

Notre  collection. 

On  ne  pourrait  voir  dans  les  roses  qui  se  trou- 
vent sur  ces  petites  pièces  une  réminiscence  des 
anciennes  armoiries  de  la  famille  que  Thierry  et 
Guillaume  I"  ont  fait  reproduire  sur  leurs  deniers 
en  y  plaçant  la  rose;  elles  me  semblent  devoir 
servir  ici  de  simple  ornement. 

Thierry  IV  ne  posséda  pas  longtemps  le  comté 
de  Limburg,  car,  d'après  Kremer,  son  fils  lui  avait 
déjà  succédé  en  i377;  le  seul  document  le  con- 
cernant   d'une  manière  certaine  est  l'arbitrage 


283 

de  i366,  je  ne  crois  pas  pouvoir  m'écarter  de  la 
filiation  établie  par  cet  auteur  :  elle  a  été  admise 
par  les  auteurs  modernes,  notamment  par  Grote 
et  par  l'éditeur  des  sceaux  de  la  Westphalie  {Die 
Westfàlische  Siegel  des  Mittelalters.  Munster)  ;  elle 
peut  se  concilier  avec  la  chronologie;  mais  rien 
ne  s'opposerait  à  ce  qu'on  eût  prolongé  l'exis- 
tence de  Thierry  IV  jusqu'en  1.397  pour  lui  attri- 
buer les  actes  rapportés  à  Thierry  V  ;  son  ma- 
riage avec  Lutgarde  de  Broich  aurait  été  le  gage 
de  la  réconciliation  des  deux  familles  en  i368, 
d'autant  plus  que  notre  comte  était  du  même 
âge  que  Thierry,  frère  de  Lutgarde,  car,  dans 
l'accord  de  i368,  il  est  dit  que  ni  l'un  ni  l'autre 
n'ont  pu  sceller  cet  acte,  ne  possédant  pas 
encore  de  sceau.  La  comparaison  des  sceaux  des 
comtes  de  Limburg  pourrait  seule  élucider  ce 
point,  mais  ceux  qui  sont  connus  ne  donnent  pas 
de  renseignements  assez  précis. 

Thierry  V. 

Thierry  V,  comte  de  Limburg,  fils  et  successeur 
de  Thierry  IV,  acquit  la  seigneurie  de  Broich  (i) 
par  son  mariage  avec  Lutgarde  de  Broich,  qui 
en  hérita,  en  1372,  au  décès  de  son  frère  Thierry. 
Elle  était  fille  de  Burchard,-' seigneur  de  Broich, 
qui  eut  des  démêlés  avec  nos  comtes  au  sujet  du 
patronat  de  l'église  de  Mulheim  et  qui  prit  part  au 

(1)  VON  Kamp,  Dus  Schloss  und  die  H errschaft  Broich.  Mûlheim, 

i85i. 


284 

traité  d'alliance  conclu  par  eux  avec  le  comte  de 
Berg  en  1348.  Le  20  septembre  i3g4,  Lutgarde 
renonça  aux  droits  de  douaire  que  son  mari  le 
comte  Thierry  lui  avait  constitués  sur  le  bien  de 
Kothen  à  Keverlo,  vendu  par  lui  à  l'abbaye  de 
Relinghuysen  (i). 

En  1377,  le  comte  s'engagea  envers  Guillaume 
de  Juliers,  comte  de  Berg,  à  lui  remettre  dès  qu'il 
en  serait  requis,  les  châteaux  de  Limburg  et  de 
Broich  et  à  venir  à  son  secours  en  cas  de  guerre  ; 
en  1397,  il  prit  avec  son  fils  Guillaume  un  engage- 
ment de  même  nature  et  il  stipula  que,  pendant 
que  durerait  la  guerre  contre  le  comte  deLaMarck, 
il  lui  donnerait  tous  les  mois  une  aide  de  200  flo- 
rins du  Rhin. 

Thierry  mourut  peu  de  temps  après,  car  en  1401, 
ses  fils  Guillaume  et  Thierry  reçurent  l'investiture 
des  châteaux  de  Limburg  et  de  Broich. 

Ses  prédécesseurs  avaient  adopté  pour  leurs 
monnaies  le  type  belge,  mais  Thierry  V  reprit, 
tout  en  modifiant  le  revers,  un  type  allemand  qui 
avait  pour  point  de  départ  primitif  les  deniers 
impériaux  de  Dortmund;  il  faut  peut-être  cher- 
cher les  raisons  de  ce  changement  dans  les  consé- 
quences de  la  bataille  de  Bastweiler  (i373). 

On  connaît  de  Thierry  V  un  denier  avec  la 
légende  : 

C&  rrSODSRI  —  GCOmSS.  Une  rose  précède  la 

(1)  Lacomblet,  cité,  II,  p.  881. 


285 

première  lettre.  Le  comte  à  mi-corps,  la  tête  cou- 
ronnée, est  assis  sur  un  siège;  il  porte  l'épée  de  la 
main  droite  et  de  la  gauche  trois  tiges  de  plante. 
Rev.  ^  mOneirUTT  ^  m  ©iJimBOR.  Rose  dans 
le  champ. 

PI.  VII,  n»  n. 

Revue  belge  de  numismatique,  1862. 

Grote  décrit,  d'après  Mader,  un  denier  qui  est 
une  variété  de  celui-ci;  la  légende  du  revers  seule 
diffère  :  mORST^TÎ  m  liimBORGPj,  elle  est  plus 
complète.  Il  cite  également,  d'après  le  même 
auteur^  un  denier  en  tout  semblable  ;  dans  la 
légende  du  droit  on  ne  lit  plus  que  le  mot  :  GOn^SS 
et  au  revers  :  mOneirTTT  IH  SmoeiO  (?),  et  il  en 
mentionne  deux  autres  où  le  nom  de  l'atelier 
monétaire  est  illisible.  Il  existe  aux  limites  du 
comté  de  Limburg  une  localité  nommée  Enden, 
située  dans  le  comté  de  la  Marck,  près  de  la  petite 
ville  de  Herdicke  (i),  mais  il  faut  plutôt  croire  que 
ce  denier  appartient  à  une  autre  famille,  peut-être 
aux  comtes  d'Oostfrise,  qui  avaient  un  atelier 
monétaire  à  Emden.  D'autres  seigneurs  ont  fait 
frapper  des  deniers  au  même  type.  M.  Roest,  dans 
son  étude  sur  les  monnaies  d'Anholt,  en  reproduit 
un  de  Gisbert  de  Batenbourg,  et  il  ajoute  que 
Jean  III,  de  Megen  et  Guillaume  de  'SHeerenberg 
en  ont  frappé  de  semblables  (2). 

(1)  Grote,  Blâtter,  etc.,  III,  p.  116. 

(2)  Roest.  Die  Mûn:{en  der  Herrscha/t  Anholt,  p.   22.  Dans  la  : 
Tijdschrift  van  het  Ned.  Gen.  voor  Munten  Penningkunde. 


286 


Guillaume  P'. 


Après  la  mort  de  leur  père,  le  comte  Thierry 
Guillaume  et  Thierry,  son  frère  firent,  en  1401,  le 
relief  des  châteaux  de  Limburg   et    de  Broich. 
Guillaume  prend  dès  lors  le  titre  de  comte  de 
Limburg  et  de  seigneur  de  Broich  ;  mais  en  1407 
Thierry  prit  le  dernier  titre,  en  vertu  sans  doute 
d'un  arrangement  conclu  entre  les  deux  frères  (i)  ; 
car,  en  1412,  ils  firent  un  nouvel  accord  au  sujet 
de  la  succession  de  leur  père  :  Guillaume  obtint  le 
château  et  le  comté  de  Limburg,  Thierry,  le  châ- 
teau de  Vitinghofe  et  l'avouerie  de  Rellinghausen. 
Quant  à  la  seigneurie  de  Broich,  il  fut  stipulé 
que   la  maison  d'en    haut    (oberste  Haus),  qui 
contenait  la  tour,  serait  attribuée  à  Guillaume  et  à 
ses  héritiers  et  le    château    d'en   bas  (niederste 
Schloss)  dans  lequel  se  trouvait  la  maison  de 
pierre  (Steinhaus)  reviendrait  à  Thierry.  Celui-ci 
conserva  cependant  certains  droits  sur  le  château 
de  Limburg,  tels  que  la  libre   entrée  quand  il 
conviendrait  à  son  frère,  des  droits  au  bailliage 
et  à  la  juridiction;  les  officiers  du  château  de- 
vaient prêter  serment  de  fidélité  à  tous  deux,  et  il 
fut  stipulé  que  si  l'un  des  deux  voulait  vendre  sa 
part  dans  Broich,  il  devait  en  donner  connais- 
sance à  son  frère  (2).  En  1437,  Guillaume  aban- 

(1)  Guillaume  est  encore  qualifié  de  seigneur  de  Broich  en  1425. 
Lacomblet,  IV,  no  ii5. 

(2)  VON  Steinen,  IV,  p.  l332. 


287 

donna  complètement  sa  part  dans  Broich  à  son 
frère,  en  échange  de  la  cour  et  des  dîmes  de 
Wulfrad. 

Guillaume  I  épousa,  en  1403,  Mathilde  ou  Metta, 
fille  de  Jean  de  Reifferscheid,  seigneur  de  Bedbur 
et  de  Dick,  et  de  Richarde  de  Bollanden  ;  il  fut 
stipulé  dans  le  contrat  que  Mathilde,  à  la  mort  de 
son  père,  aurait  les  seigneuries  de  Bedbur  et  de 
Hakenbruch.  Mais,  à  la  mort  de  Jean  de  Reiffer- 
scheidt,  la  possession  de  ces  terres  lui  fut  con- 
testée par  Jutte  de  Calembourg,  sa  veuve,  au 
nom  de  son  fils  Jean  ;  le  différend  fut  soumis  au 
comte  Renaud  de  Juliers  et  de  Gueldre,  qui,  en 
qualité  d'arbitre,  se  prononça  en  faveur  de  Guil- 
laume I  et  déclara  que  Jean  aurait  les  terres  de 
Reifferscheid  et  de  Dick. 

Guillaume  n'eut  qu'une  seule  fille,  Marguerite, 
qui  épousa,  en  1425,  Gumbrecht,  seigneur  de 
Nuenar  et  avoué  héréditaire  de  Cologne  ;  la  sei- 
gneurie de  Bedbur  fut  assurée  à  Marguerite,  par 
contrat  de  mariage,  le  père  ayant  réservé  Lim- 
burg,  en  cas  de  naissance  d'un  fils;  mais,  en 
1442,  il  en  fit  don  à  sa  fille  et  à  son  gendre  ;  cette 
donation  donna  lieu,  à  la  mort  de  Guillaume,  à 
de  longues  difficultés. 

Vassal  du  duc  de  Berg,  Guillaume  prit  part 
aux  guerres  entreprises  par  le  duc,  soit  contre  le 
comte  de  la  Marck,  soit  contre  l'archevêque  de 
Cologne  ;  en  1425,  il  signa  la  trêve  conclue  entre 
celui-ci  et  Arnould,  duc  de  Gueldre  et  Juliers;  il 


est  mentionné  également  dans  la  lettre  que  le 
légat  du  Saint-Siège  adressa  en  1442,  à  l'arche- 
vêque et  à  Jean, duc  deClèves,  pour  amener  la  fin 
de  la  guerre  qu'ils  se  faisaient  (i). 

On  connaît  du  comte  Guillaume  I"  un  grand 
nombre  de  monnaies  ;  Grote  en  cite  quelques- 
unes  qu'il  croit  pouvoir  lui  attribuer  d'une  ma- 
nière certaine.  Les  deniers  qu'il  fit  frapper  sont  du 
même  type  que  celui  de  son  père  Thierry  V. 

B  WILHSL  —  M.  B  GCOM  S.  Le  comte,  à 
mi-corps,  assis  sur  un  siège,  porte  sur  la  tête  le 
chapel  de  roses,  de  la  main  droite  il  tient  l'épée, 
de  la  main  gauche,  un  objet  que  l'on  ne  peut 
déterminer. 

Rev.  MOnennTÎ  ^  ROVTÎ  <S3  LinB...  Dans  le 
champ  une  rose. 

PI.  VII,  no  12. 

Revue  belge  de  numismatique,  1862. 

. .  .  CCOMQ! ...  Ce  denier  offre  le  même  type  que 
le  précédent,  mais  il  est  d'un  faire  tout  différent  ; 
on  distingue  la  branche  de  roses  que  le  comte 
tient  de  la  main  gauche. 

Rev.  MOne:  .  .  .  LIRB.  Une  rose. 

PI.  VII,  no  i3. 
Notre  collection. 

.  .  .  GCOMfl!  .  .  .  L'extrémité  de  la  chaise  est 
surmontée  d'une  rose  ou  quatrefeuille. 

(1)  Lacomblkt,  IV,  p.  346. 


m 


289 
Rev.  .  .  .  LiIMBSR  .  .  .  Une  rose. 

PI  VII,  n»  14. 

Notre  collection. 

WIIiliQiLiMVS  ©  GC  ...  La  légende  commence 
par  en  bas,  à  la  droite  du  comte.  Le  comte  tient 
une  rose  dans  la  main  gauche. 

Rev.  MOnSrnz:  cg3  nOV2ï  <g3  m  .  .  .  Une 
rose. 

PI.  VII,  no  i5. 

Notre  collection. 

^  VILMVS  '%>  GCOM  ^3  DS  -3^  LIBGS  % 
Rev.  ^  œonSrTTT  #  R0V7Î  ^  LiIBSaVS- 

PI.  vu,  n»  i6. 
Notre  collection. 

-^  WILM'  a  ô^  DG:  cg.  LIMB'.Ce  denier,  comme 
ceux  décrits  plus  loin,  diffère  des  précédents  par 
la  position  que  l'on  donne  au  comte  ;  la  tête  est 
placée  contre  le  rebord  de  la  pièce  et  la  légende 
continue  sans  interruption. 

Rev.  <S3  MORSrrT^  «5  RO'  «3  LIMBVR'. 

PI.  VII.  n»  17. 

Revue  belge  de  numismatique,  1863. 

/^  WIIjM'  GCO?  DSLP  B'  Trois  roses   dans 
la  légende  avant  le  nom  du  comte. 
Rev.  <5  MOner^TÎ  <3  RO  <3  LIMBVR'. 

PI.  VII,  no  18. 
Notre  collection. 

Obole  n'offrant  pas  de  légendes. 

Le  comte  de  face  à  mi-corps   porte  l'écu  de 


290 

Limburg  sur  la  poitrine  et  de  la  main  droite 
tient  l'épée. 

Rev.  Heaume  de  profil  avec  deux  branches 
feuillues  comme  cimier. 

Cette  obole  pourrait  être  de  Thierry  VI. 

PI.  VII,  n»  :g. 
Notre  collection. 

wiiiffî'  aom'  —  De:  °  iJimBO°. 

PI.  VII,  n"  20. 
Notre  collection. 

Wllim?  aom?  —  DS  +  LIMB'. 

Rev.  s  MORSrrTÎ  ^&^  nOV2î  <^  LIÎI2BVRG. 

PI.  VII,  no  21. 
Notre  collection. 

WILM'  aC  —  De  lilMB'. 

/e^ï;.  «3  MonsnnTT  ^  no?  ©  ijIMbor'. 

PI.  VII,  n°  22. 
Notre  collection. 

C*  Th.  de  Limburg-Stirum. 

(.4  continuer.) 


291 


QUELQUES  MONNAIES 

R-A-RES    OTJ   IITÉrJITES 

DE   LA 

PRINCIPAUTÉ  D'ORANGE. 


Planche   VIII. 


GUILLAUME   LE   TACITURNE,  l544-l584. 

M  •  N  •  G  •  III  •  P  •  AVR  •  C  •  N  •  i56o  • 
(Moneta  nova  Guillelmi  III,  princîpis  Aurasicae, 
comîtis  Nassaviae.) 

Croix  à  fuseaux  dans  un  cercle  à  huit  lobes  fleu- 
ronnés. 

Rev.  'i<  MANV  •  TENEBO  •  NASSAV  •  Dans 
le  champ,  deux  cornets  et  un  lion. 

Poids  :  igr.45. 
PI.  VIII,  n»  j. 

Les  monnaies  de  Guillaume  le  Taciturne  sont 
très  peu  nombreuses.  Poey  d'Avant,  dans  son 
ouvrage  sur  les  monnaies  féodales  de  France,  n'en 
cite  que  deux,  l'écu  d'argent  du  Cabinet  de  la 
Haye  et  la  petite  pièce  de  cuivre  de  la  collection 
Nogent  Saint-Laurent,  qu'il  indique  comme  étant 
une  obole,  mais  qui  est  plutôt  un  liard,  et  dont  il 


292 

donne  une  description  inexacte  à  cause  de  son 
mauvais  état  de  conservation  (i). 

On  ne  connaissait  jusqu'à  présent  aucune  mon- 
naie d'or  de  ce  prince;  l'exemplaire  que  je  décris 
peut  faire  supposer  qu'il  n'est  que  la  fraction  d'une 
monnaie  plus  forte.  En  me  basant  sur  le  poids  des 
pièces  d'or  de  Philippe-Guillaume,  son  succes- 
seur, celle-ci  serait,  à  quelques  centigrammes  près, 
le  quart  de  la  pistole,  ce  qui  fait  supposer  l'exis- 
tence de  la  pistole  et  de  la  demie,  car  la  fabrication 
de  la  monnaie  d'or  n'a  pas  dû  ne  se  borner  qu'à 
cette  petite  pièce. 

La  légende  MANV  TENEBO  NASSAV  n'a 
pas  été  continuée  telle  quelle  sur  les  monnaies 
des  successeurs  de  Guillaume  le  Taciturne.  On 
n'en  retrouve  qu'une  variante  sur  un  douzain  de 
Philippe-Guillaume,  où  le  mot  NASSAV  est  rem- 
placé par  PIET  •  ET  •  IVSTITIA  • 

PHILIPPE-GUILLAUME,    I584-1618. 

^  PHIL  •  G  •  I  •  D  •  G  •   PRINC  •  AVR  • 

COM  •  NA  •  Buste  du  prince  à  droite  ,  des- 
sous :  F. 

Rev.  •  SOLI  •  DEO  •  HONOR  •  ET  •  GLOR  • 
1617  •  Ecusson  portant  dans  ses  partitions  les 
armes  de   Nassau,    Catzenellenbogen,  Vianden, 

(1)  L'exemplaire  du  Musée  de  Marseille  un  peu  plus  complet  laisse 
voir  parfaitement  le  nom  du  prince  G  •  III  après  les  lettres  M  •  N 
{Moneta  nova]. 


29^ 

Dietz,  Chalon,  Orange  et  Genève,  dans  le  champ, 
l'indice  II-II. 

Poids  :  ygr.e. 
PI.  VIII,  no  2. 

Poey  d'Avant  cite  deux  pièces  du  Cabinet  de 
France  qu'il  désigne  sous  les  noms  de  pistole  et 
demi-pistole  (n°*  4680  et  458i),  mais  comme  il  n'en 
donne  pas  le  dessin  et  qu'il  renvoie  comme 
légendes  et  types  à  la  pièce  précédente  (n°  457g), 
qui  est  un  teston,  sa  description  insuffisante  ne 
donne  aucune  idée  de  ce  que  peuvent  être  ces  deux 
monnaies  d'or.  Si  celle  qu'il  indique  comme  pis- 
tole est  de  la  dimension  du  teston,  elle  est  incon- 
testablement une  quadruple.  Celle  du  Cabinet  de 
Marseille  que  j'ai  publiée  dans  la  Revtie  en  1873, 
et  que  j'avais  improprement  appelée  pistole,  pèse 
12  grammes  8  décigrammes.  C'est  le  poids  ordi- 
naire des  quadruples  de  Frédéric-Henri  et  du  pape 
Urbain  VIII,  lesquelles  varient  d'environ  un 
gramme,  soit  en  plus  soit  en  moins,  car  il  y  a 
beaucoup  d'irrégularité  dans  le  poids  de  ces  mon- 
naies. 

La  pièce  que  je  donne  aujourd'hui  est  absolu- 
ment au  même  type  que  la  quadruple  que  j'avais 
publiée  ;  elle  diffère  donc  des  monnaies  d'or  indi- 
quées par  Poey  d'Avant.  L'indice  IIII  placé  dans 
le  champ  semblerait  indiquer  qu'elle  n'est  que  le 
quart  de  la  quadruple;  cependant,  son  poids  étant 
de  7  grammes  6  décigrammes,  me  la  fait  désigner 
commeen  étant  la  demie.  Dans  ce  cas,  les  pièces 


294 

de  Frédéric-Henri,  dont  le  poids  varie  entre 
3  grammes  4  décigrammes  et  5  grammes  3  déci- 
grammes,  seraient  réellement  des  pistoles. 

FRÉDÉRIC-MAURICE   DE   LA  TOUR    d'aUVERGNE, 
PRINCE   INTÉRIMAIRE,    1673-1679. 

FRE  •  MAV  •  D  •  L  •  TO  '  PR  •  AV  •  Buste  du 
prince  à  droite. 

Rev  ^  DENIER  ^s  TOVRNOIS  %"s  1677.  Trois 
grandes  fleurs  de  lys  et  une  plus  petite  au-dessus 
d'une  petite  tour. 

PI.  VIII,  n"  3. 

Ce  revers  porte  une  partie  des  armes  de  Frédéric- 
Maurice  qui  étaient  :  Écartelé  au  i"  d'azur,  semé 
de  fleurs  de  lis  d'or,  à  la  tour  d'argent,  qui  est  La  Tour  ; 
au  2^  d'or,  à  trois  tourteaux  de  gueides,  qui  est 
Boulogne  ;  au  3"*  cotticé  d'or  et  de  gueules,  qui  est 
Turenne  ;  au  4°*  de  gueules,  à  la  fasce  d'argent,  qui 
est  Bouillon,  et  sur  le  tout  Auvergne. 

Ce  denier  tournois  est  bien  différent  de  celui 
que  Poey  d'Avant  décrit  sous  le  n"  4657  des  mon- 
naies de  Frédéric-Maurice,  auquel  il  donne  le  nom 
de  Godefroy,  commettant  ainsi  une  erreur  de  per- 
sonne attendu  que  Godefroy-Maurice  n'a  jamais 
été  prince  d'Orange.  C'est  son  frère  puîné,  Fré- 
déric-Maurice, qui  devint  le  souverain  de  la  princi- 
pauté, par  le  don  que  lui  en  fit  Louis  XIV  pour 
l'indemniser  des  propriétés  qu'il  possédait  dans 


295 

les  Pays-Bas  et  que  le  prince  Guillaume-Henri  lui 
avait  confisquées. 

Cette  souveraineté,  qui  ne  fut  qu'intérimaire, 
dura  six  ans;  elle  prit  fin  en  1679  lors  du  traité  de 
Nimègue,  par  lequel  il  fut  stipulé  que  la  princi- 
pauté serait  restituée  à  son  prince  légitime;  mais, 
les  troupes  du  roi  ayant  été  maintenues  dans  le 
pays,  Louis  XIV  resta  en  quelque  sorte  maître  de 
la  principauté,  puisqu'il  y  établit  un  gouverneur  et 
un  commandant  militaire.  Toutefois,  il  laissa  une 
ombre  d'autorité  à  ceux  qui  commandaient  dans 
l'État  pour  le  prince  d'Orange,  mais  cette  autorité 
était  à  peu  près  illusoire. 

Poey  d'Avant  ne  donne  pas  le  dessin  de  ce 
denier,  dont  la  description  est  fautive  par  suite  de 
la  lettre  G  qui  commence  la  légende  et  à  laquelle 
il  faut  substituer  le  véritable  nom  du  prince  FRE- 
deric. 

Les  premiers  deniers  fabriqués  au  nom  de 
Frédéric-Maurice  offrent  une  particularité  singu- 
lière, c'est  le  buste  jeune  vêtu  à  la  romaine  qu'on 
y  a  figuré  et  qui  n'est  nullement  son  portrait.  Le 
graveur  a  utilisé  un  poinçon  qui  avait  déjà  servi 
pour  Guillaume-Henri  enfant;  ce  type  connu  était 
un  espèce  de  trompe-l'œil  des  monnaies  de  ce 
prince.  Ce  n'a  été  que  sur  les  émissions  posté- 
rieures qu'on  a  mis  le  buste  de  Frédéric-Maurice 
coiffé  d'une  grande  perruque,  absolument  comme 
l'époque  le  comportait. 

Les  deniers  à  ce  dernier  type  n'ont  encore  été 


296 

cités  nulle  part,  du  moins  je  n'en  ai  jamais  vu  la 
description  ni  le  dessin.  En  le  publiant,  je  crois 
devoir  en  faire  connaître  un  autre  très  curieux  et 
tout  à  fait  original. 

TANDIS  «  n  V  ^%  PVT.  Buste  de  Frédéric-Mau- 
rice semblable  au  denier  précédent.  (Deux  lettres 
illisibles.) 

Rev.  DENIER  A  PLAISIR  •  1680  •  Trois  trèfles 
simulant  les  fleurs  de  lis. 

PI.  VIII,  n»  4. 

On  rencontre  parfois  dans  les  suites  monétaires 
des  pièces  bizarres  qui  constituent  de  véritables 
énigmes:  tel  est  le  cas  de  ce  denier  dont  je  n'ai  pu 
trouver  le  sens  de  la  légende  qui  entoure  la  tête  et 
qui  est  bien  celle  de  Frédéric-Maurice.  Le  revers 
est  doublement  curieux.  Au  lieu  de  représenter  les 
armes  de  ce  prince,  qui  se  composent  de  la  tour  et 
du  semé  de  fleurs  de  lis,  on  y  voit  les  trois  trèfles 
qui  se  trouvent  sur  les  deniers  de  Guillaume-Henri 
et  de  ses  prédécesseurs,  de  plus,  il  porte  la 
date  1680.  Or,  à  cette  époque,  Frédéric-Maurice 
n'exerçait  plus  aucune  autorité  dans  la  principauté 
et  ne  pouvait  plus  y  émettre  des  monnaies  à  son 
effigie. 

La  légende  DENIER  A  PLAISIR  indique  bien 
que  ce  denier  n'était  pas  destiné  à  la  circulation, 
mais  il  est  bien  singulier  d'y  voir  les  trèfles  de 
Guillaume-Henri  au  revers  du  buste  de  Frédéric- 
Maurice  et  une  date  qui  n'a  plus  de  raison  d'être 


297 

pour  ce  dernier  prince.  Ces  particularités  font  de 
cette  pièce  une  curiosité  numismatique  qu'il  est 
bon  de  signaler,  quoiqu'elle  ne  tire  pas  beaucoup 
à  conséquence. 

Laugier. 


Année  1896. 


298 


LA  NUMISMATIQUE 

DU 

JUBILÉ  DE  SAINT  ROMBAUT  A  MALINES 

E3Sr     IT'T'S 


Après  des  siècles  d'agitations  et  de  luttes  inces- 
santes, nos  provinces  avaient  vu  renaître  enfin, 
sous  le  gouvernement  bienveillant  des  princes  de 
la  maison  d'Autriche,  une  ère  de  paix  et  de  tran- 
quillité. Le  règne  bienfaisant  de  Marie-Thérèse, 
l'administration  sage  et  éclairée  de  Charles  de  Lor- 
raine vinrent  mettre  un  baume  sur  nos  blessures, 
faire  revivre  notre  commerce,  favoriser  l'essor  des 
arts,  et  rendre  à  notre  vie  intérieure  son  ancien 
cachet  de  richesse  et  de  luxe.  Certes,  le  temps 
n'était  plus  où  l'opulence  inouïe  de  notre  bour- 
geoisie forçait  l'étonnement  et  l'admiration  des 
cours  étrangères;  mais  les  populations  de  nos 
villes,  entourées  des  splendeurs  du  passé,  vivant 
au  milieu  des  monuments  somptueux  qu'avaient 
édifiés  nos  pères,  étaient  restées,  comme  eux, 
éprises  de  luxe.  Le  peuple  aimait  à  voir  se  dérou- 
ler dans  les  rues,  à  l'ombre  des  édifices  superbes, 
des  fiers  palais  communaux  et  des    grandioses 


'■■r^ 


299 

cathédrales,  les  cavalcades  brillantes  qui  faisaient 
revivre  à  ses  yeux  les  gloires  des  temps  passés.  Il 
aimait  à  revoir  les  riches  costumes  aux  couleurs 
chatoyantes,  les  cavaliers  élégants  caracolant 
autour  des  chars  somptueux,  les  nobles  dames  aux 
riches  atours,  les  gens  de  guerre  à  l'allure  martiale, 
rappelant  les  communiers  d'autrefois.  Le  clergé, 
si  puissant  à  cette  époque,  ne  dédaignait  pas  de 
s'associer  à  ces  fêtes  du  peuple,  et,  souvent,  on  le 
voyait  organiser  des  cortèges  religieux,  où.  le  luxe 
de  la  bourgeoisie  se  confondait  avec  la  pompe 
majestueuse  de  l'Eglise  romaine. 

Malines,  siège  d'un  archevêché,  dut  être  — 
naturellement  —  l'une  des  villes  de  Belgique  où 
les  cortèges  religieux  furent  organisés  le  plus  fré- 
quemment, et  avec  le  plus  de  succès.  Cette  ville 
avait  de  tout  temps  consacré  un  culte  spécial  à 
saint  Rombaut,  son  patron  et  son  fondateur, 
mort,  dit-on,  en  775.  Dix  siècles  plus  tard,  on 
songea  à  célébrer  le  millénaire  de  cet  événement 
par  une  cavalcade  dont  l'éclat  est  attesté  par  les 
historiens  du  temps  (i).  Les  dimensions  de  notre 
modeste  travail  ne  nous  permettent  pas  de  rap- 
porter ici  les  détails,  assurément  fort  intéressants, 
qui  nous  ont  été  obligeamment  communiqués  au 

(i)  Voir  le  récit  détaillé  de  la  cavalcade  et  des  fêtes  qui  eurent  lieu 
à  Malines  dans  :  Gedenk-schriften  dienende  tôt  ophelderinge  van 
het  leven,  lyden,  wonderheden  ende  duysent  jaerige  eer-bewysinge 
van  den  heyligen  Rumoldus ,  door  I.  I.  Demunck.  Mechelen,  by 
Joannes-Franciscus  Vander  Elst,  1777. 


-•-oo 


sujet  des  fêtes  mémorables  de  1775.  Nous  devons 
nous  borner  aux  seuls  faits  qui  présentent  un 
intérêt  spécial,  au  point  de  vue  de  la  numisma- 
tique. 

Les  gildes  malinoises,  dans  le  but  de  rehauSvSer 
autant  qu'il  était  en  leur  pouvoir  l'éclat  du  jubilé, 
avaient  conçu  le  projet  d'organiser  des  concours 
de  tir,  et  leur  premier  soin,  naturellement,  fut 
de  s'adresser  au  magistrat  dans  le  but  d'obtenir 
un  large  subside.  Celui-ci  ne  se  laissa  pas  trop 
tirer  l'oreille  ;  il  se  montra  disposé  à  octroyer  le 
subside  sollicité  et  il  chargea  son  secrétaire,  le 
sieur  Vanderlinden,  de  présenter  une  requête  au 
Conseil  des  finances  pour  obtenir  l'autorisation 
de  faire  frapper,  à  la  Monnaie  de  Bruxelles,  un 
certain  nombre  de  médailles  en  argent  doré,  qui 
devaient  porter,  au  droit,  le  buste  du  gouverneur 
général  et,  au  revers,  un  trophée  aux  armes  de 
Malines,  entourées  des  attributs  des  gildes. 

Quelques  jours  plus  tard,  Vanderlinden  fit  con- 
naître qu'après  avoir  obtenu  du  Conseil  des  finan- 
ces l'autorisation  de  faire  frapper  le  nombre  de 
jetons  d'argent  qu'on  jugerait  nécessaire,  il  s'était 
rendu  à  Bruxelles  auprès  du  sieur  Marquart,  wa- 
radin  de  la  Monnaie,  et,  aidé  de  ce  fonctionnaire,  il 
avait  examiné  les  différents  coins  ayant  servi  anté- 
rieurement à  reproduire  le  buste  du  gouverneur 
général  :  l'un  d'eux  fut  trouvé  d'un  module  conve- 
nable pour  l'exécution  de  la  médaille  projetée  (i). 

(1)  Le  coin  sur  lequel  Vanderlinden  et  Marquart  fixèrent  leur  choix 


3oi 

Le  waradin,  qui  s'était  chargé  de  faire  graver  le 
coin  du  revers  portant  l'écu  aux  armes  de  Malines 
et  la  date  du  jubilé,  s'engageait  à  prendre  sur  lui 
tous  les  soins  que  demandait  cette  affaire  ;  mais  il 
désirait  connaître  le  nombre  exact  de  médailles 
dont  on  avait  besoin.  Le  conseil  délibéra  et  décida 
de  faire  frapper  provisoirement  trente-six  jetons 
d'argent  qui,  d'après  l'estimation  du  waradin, 
devaient  revenir,  tous  frais  compris,  à  environ  2 
ou  3  florins  la  pièce.  Mais  cette  décision  étant 
prise,  la  pensée  vint  apparemment  au  magistrat 
de  Malines  qu'un  simple  jeton  en  argent  doré  était 
peut-être  une  amorce  un  peu  maigre,  insuffisante 
pour  déterminer  les  gildes  étrangères  à  accourir  à 
Malines.  Or,  on  voulait  les  avoir  en  grand  nombre, 
on  voulait  attirer  aux  fêtes  une  grande  affluence 
de  monde,  et  les  gildes  désiraient  rendre  aussi 
alléchantes  et  attractives  que  possible  les  invita- 
tions et  circulaires,  qu'elles  comptaient  distribuer 
à  profusion.  Le  magistrat,  ayant  pesé  toutes  ces 
considérations,  chargea  son  secrétaire  de  s'infor- 
mer si  la  médaille  projetée  ne  pouvait  être  exécu- 
tée en  or,  pour  le  prix  de  trois  ou  quatre  doubles 
souverains. 

Vanderlinden  s'en  retourna  donc  auprès  du 
waradin,  l'instruire  du  nouveau  desideratum  de 
l'édilité  malinoise.  Celui-ci  ayant  répondu  qu'il 

est  celui  qui  a  servi  de  droit  au  jeton  gravé,  en  1771,  par  Roéttiers. 
pour  le  phare  d"Ostende.  —  Médailles  de  Marie-Thérèse,  w  242, 
p.  339.  —  PioT.  Catalogue  des  coins  de  l'État,  n°  889,  p.  99. 


3o2 

lui  était  défendu  d'employer  de  l'or  sans  une  auto- 
risation expresse,  le  zélé  secrétaire  courut  immé- 
diatement chez  le  Trésorier  général,  qui  accorda 
gracieusement  la  dite  autorisation,  et  fit  envoyer 
des  ordres  en  conséquence  à  la  Monnaie. 

L'après-midi  du  même  jour,  nouvelle  visite  de 
Vanderlinden  auprès  du  waradin  Marquart,  qui, 
cette  fois,  accepta  de  faire  ce  qu'on  lui  demandait. 
Il  lui  était  cependant  arrivé  un  mécompte  :  un 
premier  coin  du  revers  s'était  fendu  lors  de  la 
trempe,  et  il  avait  été  obligé  d'en  faire  graver  un 
autre.  Il  promit,  aussitôt  que  ce  second  coin  serait 
en  sa  possession ,  d'envoyer  à  Malines  une 
empreinte  de  la  médaille,  avec  le  prix  de  revient 
de  chaque  exemplaire  en  or. 

Le  magistrat  de  Malines  eut  lieu  d'être  satisfait 
de  la  célérité  avec  laquelle  le  sieur  Marquart 
s'acquitta  de  la  mission  qui  lui  avait  été  confiée  : 
car,  tandis  que  la  commande  avait  été  faite  le 
29  mai,  déjà  le  conseil,  en  sa  séance  du  12  juin, 
soit  quinze  jours  après,  avait  sous  les  yeux  le  coin 
de  la  médaille  destinée  à  être  offerte  aux  gildes. 
Le  waradin,  en  envoyant  le  coin,  avait  fait  savoir 
que  la  médaille  aurait  une  valeur  de  trois  doubles 
souverains  d'or,  non  compris  les  frais  résultant 
de  la  gravure  et  de  la  frappe.  Ce  prix  étant  con- 
forme à  celui  fixé  par  la  délibération  du  8  juin,  le 
magistrat  fit  la  commande  de  six  exemplaires 
en  or. 

Notre  obligeant  ami  M.  Alphonse  de  Witte,  au 


3o3 

cours  des  patientes  recherches  qu'il  fait  constam- 
ment aux  archives,  a  retrouvé  l'autorisation  don- 
née, le  19  mai,  au  commissaire  de  la  Monnaie 
Vanderveld,  de  faire  procéder  à  cette  fabrication. 
Il  a,  en  outre,  découvert  que,  le  magistrat  de  Ma- 
lines  ayant  réclamé  presque  immédiatement  un 
plus  grand  nombre  de  médailles,  il  fut  frappé  en 
réalité,  le  19  juin,  huit  exemplaires  d'or  et  trente- 
sept  d'argent,  comme  l'établit  le  compte  du  maître 
de  la  Monnaie  de  Bruxelles,  Thomas  van  der  Mot- 
ten.  Cependant,  M.  Henry  Cordemans,  qui  a  bien 
voulu  faire  pour  nous  des  recherches  dans  les 
comptes  de  la  ville  de  Malines,  n'a  trouvé  mention 
que  d'une  somme  de  370  florins  i3  sous,  pour  le 
paiement  des  six  premières  médailles  d'or  et  n'a 
rien  pu  découvrir  quant  au  paiement  des  deux 
autres,  ni  quant  aux  trente-sept  médailles  d'ar- 
gent. 

Comme  on  pourra  le  voir  plus  loin,  la  ville  n'a, 
en  effet,  distribué  que  six  médailles  d'or  aux  diffé- 
rentes gildes,  et  puisque,  ni  dans  les  comptes 
communaux,  ni  dans  les  résolutions  du  magistrat, 
on  ne  trouve  de  traces  soit  du  paiement,  soit  de 
l'emploi  des  médailles  faisant  l'objet  de  la  fabri- 
cation supplémentaire,  je  crois  qu'il  faut  en  con- 
clure que  les  deux  médailles  d'or  et  les  trente-sept 
médailles  d'argent  ont  été  payées  et  employées 
par  un  tiers. 

Dès  que  la  ville  fut  en  possession  des  médaillen 
d'or,  elle  les  confia  à  l'orfèvre  Van  Campenhout, 


3o4 

pour  y  ajouter  des  bélières  du  même  métal  et  un 
ruban  de  soie  jaune  et  rouge,  aux  couleurs  de 
Malines.  Le  conseil  décida  en  même  temps  de 
donner,  à  titre  de  gratification,  au  directeur  de  la 
Monnaie,  un  double  souverain  d'or  et  un  jeton 
d'argent,  comme  témoignage  de  reconnaissance 
pour  l'avance  faite  par  ce  fonctionnaire  du  métal 
nécessaire  à  la  fabrication  des  pièces  (i). 

Les  jeux  furent  inaugurés  le  28  juin  par  la  gilde 
de  la  Vieille  Arbalète  :  aux  frères  de  Tirlemont 
échut  la  médaille  en  or  attribuée  à  la  gilde  venue 
de  la  ville  la  plus  éloignée,  tandis  que  ceux  de 
Lierre  obtinrent  la  médaille  réservée  à  la  gilde  qui 
avait  déployé  le  plus  de  luxe  par  le  nombre  de  ses 
membres  et  par  la  richesse  de  ses  costumes.  Le  len- 
demain, les  deux  gildes  malinoises  de  la  Vieille 
et  de  la  Jeune  Arbalète,  vinrent  également  recevoir 
sur  le  perron  de  l'hôtel  de  ville,  chacune,  un  exem- 
plaire en  or  de  la  même  médaille. 

Les  couleuvriniers,  auxquels  étaient  destinés 
deux  exemplaires,  se  rendirent  le  5  juillet  à  l'hô- 
tel de  ville,  précédés  de  leurs  insignes  et  d'un 
corps  de  musique.  Pour  les  couleuvriniers  comme 
pour  les  arbalétriers,  ce  furent  les  frères  de  Lierre 
qui  reçurent  la  médaille  d'or  attribuée  à  la  gilde 
la  plus  luxueusement  costumée,  tandis  que  les 
Termondois,  qui  étaient  venus  de  la  ville  la  plus 
éloignée,  emportèrent  la  dernière  des  six  médailles 

^solutions  du  magistrat  de  Malines,  tolio  1 13. 


. 


?o5 

Il  nous  a  naturellement  été  impossible  de  con- 
naître le  sort  réservé  à  la  plupart  de  ces  médailles. 
De  Munck  (i),  cependant, nous  apprend  que  la  gilde 
des  arbalétriers  de  Lierre  offrit  sur  l'autel  de  saint 
Gommaire,  patron  de  la  ville,  la  médaille  d'or 
qu'elle  avait  obtenue  à  Malines.  Cette  médaille  fut 
portée  par  une  jeune  pucelle,  sur  un  plateau  d'ar- 
gent, et  remise  au  sieur  Van  Brand,  marguillier, 
pour  être  pendue  au  reliquaire  de  saint  Gommaire. 
Le  lendemain,  la  gilde  des  couleuvriniers  revint 
également  de  Malines  avec  un  autre  exemplaire 
de  la  même  médaille,  qu'elle  pendit  au  reliquaire 
du  même  saint.  Quelque  temps  après, les  frères  des 
deux  gildes  firent  orner  les  médailles  ;  les  arbalé- 
triers y  ajoutèrent  une  chaîne  en  or,  qui  venait  se 
rattacher  à  la  médaille  par  une  couronne  traversée 
de  deux  flèches. 

Nous  ignorons  combien  de  temps  ces  deux  sou- 
venirs du  jubilé  restèrent  la  propriété  de  l'église 
de  Lierre;  toujours  est-il  qu'actuellement  ils  ont 
disparu,  ayant  eu  probablement  le  sort  de  tant 
d'autres  objets  d'art,  détruits,  perdus,  dispersés 
dans  la  tourmente  révolutionnaire  de  la  fin  du 
siècle  passé.  S'il  ne  nous  a  pas  été  donné  de  trou- 
ver trace  d'aucun  exemplaire  en  or,  nous  avons 
été  plus  heureux  en  ce  qui  concerne  les  exemplai- 
res d'argent;  car  nous  avons  pu  en  acquérir  un 
pour  notre  collection,  et  il  nous  est  arrivé  d'en 

(i)  De  Munck,  Gedenk-Schnften ,  etc.  Supplément,  pp.  35  et  36. 


3o6 

rencontrer  d'autres  exemplaires.  Les  comptes  de  la 
Monnaie, qui  ne  renseignent  que  la  frappe  de  trente- 
sept  médailles  en  argent,  viennent  d'ailleurs  proU' 
ver  la  rareté  relative  de  la  pièce. 

Les  comptes  de  la  ville  de  Malines  ne  nous 
apprennent  pas  le  nom  de  l'artiste  qui  a  gravé  le 
revers  de  la  médaille  qui  nous  occupe.  Ce  qui  est 
certain,  c'est  qu'il  n'est  pas  dû  au  burin  de  Van 
Berckel  :  il  suffit  de  l'examiner  pour  se  convaincre, 
sans  aucun  doute  possible,  que  cet  artiste  y  est 
resté  étranger.  S'il  m'est  permis  d'émettre  une 
opinion,  qui,  à  la  vérité,  ne  repose  sur  aucun 
document,  je  dirai  que  cette  pièce,  à  mon  sens,  a 
été  gravée  par  Marquart  lui-même.  Marquart 
était  graveur,  à  ce  qu'il  paraît.  C'est  à  lui  que  le 
magistrat  de  Malines  s'est  adressé  directement 
pour  faire  frapper  cette  pièce.  Il  y  a  par  consé- 
quent lieu  de  croire  qu'il  en  est  l'auteur.  Ce  qui 
est  certain  à  nos  yeux,  c'est  que  la  médaille  gravée, 
en  1775,  aux  armoiries  de  Christophe,  baron  de 
Bartenstein,  est  due  à  l'artiste  qui  a  produit  notre 
médaille  jubilaire.  On  retrouve,  dans  l'une  comme 
dans  l'autre,  la  même  sécheresse  dans  le  dessin, 
avec  le  même  écu  se  détachant  sur  des  ornements 
qui,  groupés  tout  autour  de  façon  maladroite,  ne 
parviennent  pas  à  s'allier  entre  eux  pour  donner 
de  l'unité  au  travail. 

Voici,  maintenant,  la  description  de  la  médaille 
dont  le  droit  est,  comme  nous  l'avons  dit,  le  même 
que  pour  le  jeton  gravé,  en  1771,  par  Roëttiers 


3o7 

pour  le  phare  d'Ostende,à  l'exception  de  la  date, 
qui  a  été  enlevée  après  la  frappe. 

Au  droit,  le  buste  du  gouverneur  général  Charles 
de  Lorraine,  cuirassé  et  drapé  du  manteau  de 
l'ordre  teutonique;  sur  la  coupure  du  bras,  la 
lettre  R,  initiale  de  Roëttiers.  Légende  :  CAR  • 
ALEX  •  LOTH  •  DUX  •  BELG  •  PR^F. 

Rev.  Armes  de  Malines  :  d'or  à  trois  pals  de 
gueules,  ayant  sur  le  tout,  en  .cœur,  un  petit  écu 
à  l'aigle  de  l'empire.  L'écu  est  surmonté  d'une 
couronne  comtale  et  entouré  de  branches  de  lau- 
rier, de  drapeaux,  d'arbalètes  et  d'autres  attributs 
des  gildes.  Légende  :  ANNO  JUBIL.EI  M  •  DCC  • 
LXXV  •  S  •  P  •  Q  •  MECHLIN  • 


Cette  pièce  est  gravée,  mais  imparfaitement, 
dans  De  Munck,  loco  citato,  page  284.  Le  coin  du 
revers  fait  partie  de  la  collection  des  coins  de  l'Etat 
et  est  catalogué  dans  la  2*  édition  sous  les  n"'  940 
et  941. 


* 
*   * 


I^a  médaille  que  nous  venons  de  décrire  n'est 


3o8 

pas  le  seul  monument  qui  ait  vu  le  jour  à  l'occa- 
sion du  millénaire  de  la  mort  de  saint  Rombaut. 
De  Munck  nous  apprend  que,  pendant  la  période 
des  fêtes,  on  vendait  des  exemplaires,  en  or  et  en 
argent,  d'un  jeton  frappé  en  Hollande,  portant,  au 
droit,  le  buste  du  saint  et,  au  revers,  la  pucelle  de 
Malines  appuyée  sur  un  écu  aux  armes  de  la  ville. 
L'administration  communale  fit  également  usage 
de  ce  second  jeton  dans  les  circonstances  sui- 
vantes. En  séance  du  12  juillet  1775,  le  trésorier 
avait  fait  connaître  au  conseil  qu'il  avait  trouvé 
dans  les  comptes  de  la  ville  des  documents  d'où 
résultait  que  précédemment  les  enfants  qui  avaient 
participé  à  la  cavalcade  avaient  reçu  de  la  part  de 
la  ville  un  paquet  de  sucre  de  la  valeur  d'un  florin. 
Le  trésorier  trouvait  bon  de  continuer  à  donner 
un  petit  présent  aux  enfants,  mais  il  estimait  que, 
ceux-ci  étant  très  souvent   incommodés  par  le 
sucre,  il  semblait  préférable  de  donner  à  chacun 
d'eux  un  jeton  en  argent.  Ce  don,  un  peu  plus 
coûteux,  avait  cet  avantage,  suivant  l'observa- 
tion profonde  du  sage  trésorier,  d'être  de  beau- 
coup plus  agréable  aux  parents,  qui  avaient  à 
supporter  la  dépense  considérable  des  costumes 
d'apparat  de  leurs  enfants. 

Le  conseil,  après  avoir  entendu  le  rapport  du 
trésorier,  décida  de  le  prier  de  s'informer  par 
lettre  du  prix  que  devait  coûter  chaque  exemplaire 
du  jeton  proposé,  et,  pour  le  cas  où  ce  prix  ne 
dépasserait  que  d'un  ou  deux  sous  la  valeur  d'un 


3o9 

paquet  de  sucre,  il  décida  que  l'on  distribuerait 
des  jetons  commémoratifs. 

Il  est  assez  intéressant,  par  parenthèse,  d'ob- 
server que  cette  coutume  de  distribuer  en  de  sem- 
blables occasions  du  sucre  aux  enfants  existe 
encore  de  nos  jours  dans  certaines  villes.  C'est 
ainsi  notamment  qu'à  Louvain,  à  chaque  sortie 
annuelle  des  processions  paroissiales,  il  est  distri- 
bué aux  enfants  qui  ont  figuré  dans  le  cortège 
quelques  menues  dragées. 

Le  17  juillet,  le  trésorier  Poullet  fit  connaître 
que  chaque  jeton  ne  reviendrait  pas  à  moins  de 
vingt-six  et  demi  sous  la  pièce,  ce  qui  dépassait 
de  six  sous  et  demi  le  prix  de  chaque  paquet  de 
sucre  :  or  trois  cent  quarante  enfants  avaient 
droit  au  jeton,  ce  qui  faisait  pour  la  ville  une  aug- 
mentation de  dépense  de  cent  dix  à  cent  douze 
florins.  Le  conseil  résolut  néanmoins  d'autoriser 
le  sieur  Poullet  à  commander  le  nombre  voulu  de 
jetons,  attendu  que  le  jubilé  ne  se  célébrait  que 
tous  les  cent  ans  et  que  la  mémoire  de  cet  événe- 
ment ne  pouvait  être  mieux  conservée  que  par  un 
jeton  ;  de  plus  la  ville  avait  fait  de  beaux  bénéfices, 
grâce  au  grand  nombre  d'étrangers  que  les  splen- 
deurs de  la  cavalcade  avaient  attirés  à  Malines. 

Le  magistrat  s'étant  montré  si  large  et  si  géné- 
reux vis-à-vis  des  enfants,  d'autres  demandes  ne 
tardèrent  pas  à  se  produire.  C'est  ainsi  que  nous 
voyons,  le  24  juillet,  le  préfet  du  collège  des  Ora- 
toriens  réclamer  trois  ou  quatre  jetons  en  récom- 


3io 

pense  des  services  qu'il  avait  rendus  pour  l'orga- 
nisation et  la  direction  du  cortège.  Le  conseil,  en 
veine  de  générosité,  fit  droit  à  cette  demande. 

Après  avoir  obtenu  pour  son  propre  compte 
quelques  jetons  d'argent,  et  encouragé  par  ce 
premier  succès,  le  préfet  du  collège  des  Orato- 
riens  fit  une  nouvelle  demande  à  la  ville,  dans 
le  but  d'obtenir  quelques  jetons  pour  être  distri- 
bués aux  lauréats  des  concours.  Le  préfet  préten- 
dait que  ses  élèves  avaient  consacré  tout  leur 
temps  aux  préparatifs  de  la  cavalcade  et  que,  par 
suite,  il  avait  dû  renoncer  à  l'idée  de  leur  faire 
représenter  une  petite  pièce  théâtrale  le  jour  de  la 
distribution  des  prix  ;  dans  ces  conditions,  il  crai- 
gnait de  ne  pouvoir  trouver  un  Mécène  qui  voulût 
offrir  des  prix,  et  il  lui  semblait  convenable,  de  la 
part  du  magistrat,  d'exciter  l'émulation  parmi  les 
élèves  en  distribuant  quelques  jetons.  Il  suffisait 
de  vingt-trois  ou  vingt-quatre  médailles  pour 
satisfaire  à  la  demande  du  préfet,  et  le  conseil, 
après  avoir  entendu  les  explications  du  bourg- 
mestre, autorisa  le  trésorier  à  se  les  procurer  en 
Hollande  aux  frais  de  la  ville. 

Le  jeton  dont  nous  parlons  se  trouve  gravé 
dans  De  Munck,  page  284,  n°  2.  Nous  avons  jugé 
nécessaire  de  le  reproduire  ici,  attendu  que  la 
gravure  en  laisse  énormément  à  désirer  et  que, 
d'ailleurs,  peu  de  bibliothèques  privées  possèdent 
cet  ouvrage. 

Au  droit,  l'on  trouve  le  buste  de  saint  Rombaut, 


3ii 

à  droite,  entouré  de  la  légende  :  S  •  RUMOLDUS 
MART  •  MECHLIN  •  PATRON  • 

Au  revers,  la  Ville  de  Malines,  une  couronne 
murale  sur  la  tête,  appuyant  le  bras  droit  sur  un 
écu  ovale  à  ses  armes.  Dans  la  main  gauche  elle 
tient  un  encensoir,  dans  la  droite,  une  croix  et  la 
palme  des  martyrs.  A  l'exergue  MeChLInIa.  Lé- 
gende du  tour  :  PraesULI  sUo  DeVota  JUbILat. 


Les  coins  du  droit  et  du  revers  font  actuelle- 
ment partie  de  la  collection  de  l'Etat  Belge  et 
sont  catalogués  sous  les  n°'  942  et  943. 

Il  est  hors  de  doute  que  le  jeton  qui  nous  occupe 
en  ce  moment  n'ait  été  gravé  par  Théodore  Van 
Berckel  :  le  plus  simple  examen  de  la  pièce 
démontre  que  ce  grand  artiste  en  est  l'auteur; 
mais  comme  en  numismatique,  de  même  qu'en 
toute  autre  science,  abondance  de  preuves  ne  nuit 
pas,  je  ferai  remarquer,  d'une  part,  que  dans  les 
Résolutions  dti  magistrat  de  Malines,  folio  119,  il 
est  dit  que  les  jetons  ont  été  fabriqués  en  Hol- 
lande et,  d'autre  part,  que  les  coins  ont  été  acquis 
par  l'Etat  des  descendants  de  Van  Berckel,  lors 
de  l'achat  d'une  grande   partie  de  coins  gravés 


3ia 

par  cet  artiste.  Le  compte  communal  de  Malines 
de  1775,  registre  1452,  folio  i57,  nous  apprend 
qu'il  a  été  payé  au  sieur  PouUet  une  somme  de 
5ii  florins  i3  sous  6  deniers  pour  le  rembourse- 
ment du  paiement  fait  par  lui  de  quatre  cent  quatre 
jetons  d'argent  à  22  sous  pièce,  argent  courant  de 
Hollande. 

Le  jeton  qui  vient  d'être  décrit  se  rencontre  fré- 
quemment en  argent.  Nous  ne  l'avons  jamais  vu 
en  or,  quoique  De  Munck  nous  dise  que  pendant 
les  fêtes  on  vendait  de  ces  jetons  en  or  et  en  argent. 
Nous  ne  connaissons  d'autre  exemplaire  en  cuivre 
que  celui  que  nous  avons  pu  acquérir  il  y  a  peu  de 
temps  à  une  vente  publique  à  Malines. 

Avant  de  terminer,  il  nous  reste  à  adresser  nos 
plus  sincères  remerciements  à  M.  Henry  Corde- 
mans,  de  Malines,  pour  la  rare  complaisance  avec 
laquelle  il  a  bien  voulu  nous  laisser  mettre  à  profit 
ses  patientes  et  fructueuses  recherches  dans  les 
archives  de  la  ville  de  Malines. 

Victor  De  Munter. 

Audenarde,  le  7  mars  1896 


LE  NOM  DE  JÉSUS 

EMPLOYÉ   COMME  TYPE 

SUR  LES  MONUMENTS  NUMISMATIQUES  DU  XV^  SIÈCLE 

PRINCIPALEMENT  EN  FRANCE  ET  DANS  LES  PAYS  VOISINS. 


Planche  IX. 


Au  milieu  des  calamités  de  toutes  sortes,  sans 
nombre  et  sans  mesure,  qui  s'appesantirent  sur 
l'humanité  au  cours  du  xv*  siècle,  la  dévotion 
envers  le  nom  de  Jésus  se  montra  et  se  propagea 
comme  un  remède  souverain.  Quiconque  avait  foi 
en  elle  et  la  professait  par  les  manifestations  d'un 
culte  extérieur,  comme,  par  exemple,  le  port  d'une 
image  ou  d'une  enseigne  représentant  ce  nom  sous 
un  type  convenu,  devait  avoir  l'espoir  d'être  moins 
éprouvé,  quand  il  n'avait  pas  celui  de  se  trouver 
à  l'abri  de  tous  les  fléaux. 

Le  rôle  de  saint  Bernardin  de  Sienne,  dans  ce 
qui  se  fit  pour  l'établissement  de  cette  dévotion,  est 
aujourd'hui  bien  connu.  Ce  que,  généralement,  on 
n'ignore  pas  non  plus,  c'est  que  saint  Bernardin  de 
Sienne,  l'une  des  gloires  de  l'Eglise  au  temps  même 
où  il  vécut,  était  un  religieux  de  saint  François,  de 
ceux  dits  de  l'Observance,  ou  Observantins. 

Nous  ne  saurions  nous  dispenser  de  luiconsacrer 

Année  1896.  32 


3i4 

toutd'abordquelquespages,  àproposdelaquestion 
que  nous  avons  l'intention  de  traiter.  Le  sujet  en 
vaut  d'ailleurs  lapeine,  ayant  été  jugé  assez  intéres- 
sant pour  trouver  place,  au  moyen  de  quelques  pré- 
cautions littéraires,  jusque  parmi  les  matières  sou- 
mises aux  lecteurs  de  la  Revue  des  Deux  Mondes  (i). 

Notre  saint  avait  vu  lejour  à  Massa,ville  de  l'Etat 
Siennois,  le  8  septembre  i38o,  fête  de  la  Nativité 
Notre-Dame,  comme  si  ce  dût  être  un  gage  du  culte 
de  marque  pour  la  Vierge  Marie,  qu'il  professerait 
toute  sa  vie.  Il  commençait,  en  1403,  son  année  de 
probation,  qu'il  passa  dans  un  couvent  d'Italie, 
et  il  célébrait  sa  première  messe  en  1405  (2). 

Dégagé  de  ces  premiers  soins,  le  nouveau  moine 
songea  à  rendre  sa  vie  utile  à  tous  par  le  dévelop 
pement  de  son   inclination   pour  la  prédication 
publique. 

Longtemps,  et  dans  la  mesure  de  ce  que  lui  per- 

(1)  Jeanne  d^ Arc  et  les  Ordres  mendiants,  par  M.  Siméon  Luce  ; 
mémoire  inséré  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes,  fascicule  du 
i«'  mai  1881.  —  Mentionnons,  en  outre,  l'étude,  d'un  attrait  si  vif  et 
si  soutenu,  que  M.  Thlreau-Dangin,  de  l'Académie  française,  vient 
de  faire  paraître  (en  un  beau  volume  in  18»  de  XIII-328  pages)  au  sujet 
de  S.  Bernardin  de  Sienne,  de  ses  travaux  et  de  ses  dévotions,  le  tout 
sous  le  titre  suivant  :  Un  prédicateur  populaire  dans  l'Italie  de  la 
Renaissance.  Paris,  Pion,  i8g6. 

(2)  Les  Vies  des  Saints  (par  Adrien  Baillet),  édition  de  Paris, 
1724,  in-f^,  t.  II  ;  rubrique  du  20  mai,  col.  334-  —  Ayant  ici  à  citer  un 

hagiographe,  sans  vouloir  entrer  dans  des  détails  fastidieux  pour  celui 
qui  nous  lirait,  et  plus  que  superflus  pour  notre  but,  nous  avons  choisi 
Baillet,  de  préférence  à  tous  autres,  cet  auteur  étant  particulièrement 
connu  pour  sa  concision  et  pour  l'autorité  de  sa  critique. 


3i5 

mettait  l'accomplissement  de  ses  obligations  quo- 
tidiennes, il  travailla  à  se  perfectionner  dans  la 
pratique  de  cet  art  tout  de  dévouement.  «  Il  se 
préparoit  au  ministère  de  la  prédication,  écrit 
Baillet  (i),  dans  le  silence,  la  retraite  et  la  médita- 
tion continuelle  de  la  parole  de  Dieu....  Quatorze 
ans  se  passèrent  dans  ces  premiers  essais,  jusqu'à 
ce  qu'étant  venu  prêcher  à  Milan  [1418],  les  applau- 
dissements extraordinaires  qu'il  y  reçut  commen- 
cèrent cette  haute  réputation  à  laquelle  on  le  vit 
arriver  depuis...  » 

Il  avait  reçu  du  ciel,  «  avec  les  talents  extérieurs 
du  geste  et  de  la  voix,  toutes  les  qualités  qui  pou- 
voient  rendre  un  prédicateur  accompli  :  une  intel- 
ligence profonde  des  Saintes-Ecritures,...  une 
imagination  vive  et  brillante,  une  facilité  de  conce  - 
voir  promptement,  de  s'exprimer  avec  autant 
d'élégance  que  de  force.  On  ne  parloit  par  toute 
ritalie  que  des  fruits  surprenans  de  sa  prédication, 
de  conversions  miraculeuses,  de  renoncemens  au 
monde  procurés  par  son  moyen...  » 

On  cite,  comme  ayant  été  principalement  le 
théâtre  de  ses  prédications  et  de  ses  succès  mer- 
veilleux. Plaisance,  Bergame,  Vérone,  Venise, 
Milan,  Bologne,  Modène,  Florence,  Lucques, 
Pérouse,  et  bien  d'autres  endroits  encore  dont 
nous  omettons  les  noms  pour  abréger.  Mais  s'il  est 
une  ville  que  nous  ne  devons  pas  oublier,  dans 
nos  mentions,  c'CvSt  Rome,  à  cause  de  faits  qui 

(1)  Ibid.,  col.  335. 


3i6 

sont  ici  du  plus  sérieux  intérêt,  comme  se  rappor- 
tant aux  pratiques  de  vénération  du  saint,  à  l'égard 
du  nom  divin  dont  il  a  introduit  le  culte.  Nous 
copions  encore  : 

«  Ce  fut  en  cette  ville  (de  Rome)  que  l'envie  des 
médisans,  qui  le  poursuivoit  partout,  fit  de  nou- 
veaux efforts  pour  ruiner  sa  réputation  [1427].  Des 
personnes  mal  intentionnées  l'accusèrent  devant  le 
pape  Martin  V  d'avancer  beaucoup  de  choses 
téméraires  et  de  nouveautés  dangereuses  dans  ses 
sermons.  N'ayant  pu  réussir  à  décrier  sa  morale, 
qui  n'étoit  autre  que  celle  de  l'Evangile,  ni  à  le 
convaincre  d'aucune  erreur  dans  ses  dogmes  sur 
les  mystères,  comme  ils  se  l'étoient  promis,  ils  se 
trouvèrent  réduits  à  lui  objecter  pour  tout  crime 
qu'il  portoit  ses  auditeurs  à  adorer  le  nom  de 
Jésus,  sous  prétexte  qu'en  prêchant  il  tenoit  sou- 
vent à  la  main  un  petit  tableau  où  ce  saint  nom 
étoit  écrit  en  lettres  d'or  environnées  de  rayons. 
Le  pape  voulut  l'entendre  dans  ses  défenses,  et  il 
fut  si  satisfait  de  ses  raisons  et  de  toute  sa  conduite, 
qu'il  l'exhorta  à  continuer  l'ouvrage  du  Seigneur, 
où  il  travailloit  avec  tant  de  succès...  »  (i). 

Le  nom  divin,  que  nous  venons  de  voir  inscrit 
en  lettres  d'or  au  centre  d'un  cercle  de  rayons 
éblouissants,  ce  que  l'on  appelle  une  gloire  dans 
le  langage  emblématique  de  l'art  religieux,  tel 
fut  le  symbole  originaire  et  constant  sous  le  cou- 

(i)  Baillet,  ibid.,  col.  336. 


vert  duquel  la  dévotion  envers  ce  même  nom  fit, 
dès  le  début,  de  si  rapides  et  gigantesques  progrès. 
Il  serait  d'ailleurs  assez  difficile,  pensons-nous, 
de  préciser  à  quelle  époque,  entre  1405  et  1427, 
l'ardent  et  pieux  cordelier  a  commencé  à  utiliser 
dans  ses  sermons,  ou  à  exposer  à  la  suite  de  ses 
sermons,  le  tableau  dont  il  vient  d'être  parlé. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  n'avons  pas  à  suivre 
avec  détail  l'hagiographe  dans  les  circonstances 
qu'il  relate  de  la  vie  et,  pourrait-on  dire,  de  l'apos- 
tolat de  ce  même  religieux.  Il  nous  suffira  d'ajouter 
encore,  d'après  Baillet,  que  Bernardin  de  Sienne, 
après  s'être  vu  porté,  non  sans  la  plus  vive  oppo- 
sition de  sa  part,  aux  fonctions  les  plus  élevées  de 
son  ordre  (i),  et  aussi  après  avoir,  à  maintes 
reprises,  décliné  l'honneur  de  l'épiscopat,  que  lui 
offrait  avec  insistance  le  Saint-Siège,  mourut  à 
Aquila  le  20  mai  1444,  en  tournée  de  prédication, 
et  dans  l'état  le  plus  complet  de  pauvreté  mona- 
cale; qu'il  fut  canonisé  en  1450,  et  que  le  pape 
Nicolas  V  célébrait  solennellement  sa  canoni- 
sation le  25  mai  de  cette  année. 

En  raison  de  l'intérêt  des  faits,  sous  le  rapport 


(1)  En  1438,  il  avait,  à  son  grand  désespoir,  été  nommé  et  reconnu 
«vicaire  général  de  l'ordre  pour  toutes  les  maisons  ou  couvents  de 
Saint-François,  dans  l'Italie,  que  l'on  appeloitde  l'Observance».  Aussi 
longtemps  qu'il  conserva  la  charge  de  cette  fonction,  il  y  rendit  les 
plus  grands  services  à  la  cause  de  la  religion  ainsi  qu'aux  institutions 
de  saint  François,  dont  il  procura  la  réforme  et  le  développement. 
(Baillet,  loc.  cit.,  col.  SSy  et  338.) 


3i8 

de  la  dévotion  au  nom  sacré  de  Jésus,  nous  devons 
revenir  pour  quelques  instants  sur  les  circon- 
stances de  la  cause  dénoncée  au  Saint-Siège 
en  1427,  en  vue  de  ruiner  le  crédit  dont  jouissait 
à  Rome  le  fidèle  disciple,  le  fils  spirituel  dévoué 
de  saint  François  d'Assise.  L'étude  très  remar- 
quable de  M.  Siméon  Luce,  à  laquelle  nous  avons 
déjà  eu  l'occasion  de  nous  référer  dans  une  note, 
nous  fournira,  cette  fois,  l'élément  de  nos  obser- 
vations. Nous  ne  pouvons  assurément  mieux  faire 
que  de  laisser  au  savant  académicien  lui-même 
le  soin  de  s'exprimer  (i)  : 

«  Au  commencement  de  1427,  Bernardin  prê- 
chait le  carême  à  Viterbe,  lorsqu'il  fut  invité  par 
le  Saint-Père  à  se  rendre  immédiatement  à  Rome 
pour  y  répondre  à  une  accusation  d'hérésie.  On 
avait  dénoncé  au  pape  Martin  V,  comme  entachée 
d'idolâtrie,  cette  dévotion  aux  images  ou  représen- 
tations matérielles  du  nom  de  Jésus  que  le  pieux 
cordelier  s'efforçait  d'introduire.  Les  principaux 
auteurs  de  ces  dénonciations  étaient  des  frères 
prêcheurs  et  des  ermites  de  Saint-Augustin  (2), 
qui  avaient  compulsé  avec  le  plus  grand  soin  tous 


(1)  Voir  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes,  fascicule  du  i«r  mai  i88i, 
p.  73,  au  mémoire  mentionné  plus  haut. 

(2)  Aux  époques  dont  il  s'agit,  il  n'arrivait  que  trop  souvent  que  des 
religieux  de  différents  ordres  fussent  en  guerre  les  uns  contre  les 
autres,  pour  des  questions  de  doctrine  ou  de  rivalité,  ce  qui  s'est  parti- 
culièrement produit  entre  les  frères  prêcheurs,  ou  dominicains,  et  les 
cordeliers,  ou  franciscains, 


les  écrits  de  Bernardin  de  Sienne  afin  d'y  trouver 
des  chefs  d'accusation  contre  lui.  Les  cordeliers, 
comprenant  qu'on  les  voulait  frapper  dans  la  per- 
sonne du  plus  illustre  d'entr'eux,  se  levèrent  tous 
comme  un  seul  homme  pour  détourner  le  coup 
qui  les  menaçait.  Jean  Capistran  et  Mathieu 
Cimarra  (i)  accoururent  à  Rome,  où  ils  avaient  à 
cœur  de  concourir  à  la  défense  de  leur  maître... 

»  Capistran  se  trouvait  alors  à  Aquila,  sa 
patrie.  Aussitôt  qu'il  apprend  l'accusation  qui 
pèse  sur  Bernardin  de  Sienne,  il  arbore  une  ban- 
nière où  resplendit  le  nom  de  Jésus,  et  décide  sans 
peine  un  certain  nombre  d'habitants  de  sa  ville 
natale  à  le  suivre.  En  chemin,  son  escorte  se  gros- 
sit peu  à  peu  de  tous  les  fidèles  zélés  qu'il  ren- 
contre et  qu'il  entraîne  sur  ses  pas.  Lorsqu'il  fait 
son  entrée  dans  Rome,  cette  escorte  est  devenue 
une  armée.  Capistran,  qui  porte  la  sainte  ban- 
nière, s'avance  le  premier,  et  ses  prosélytes  le 
suivent  en  chantant  un  cantique  composé  en  l'hon- 
neur du  nom  de  Jésus. . .  Electrisés  par  ce  spectacle , 
les  Romains  eux-mêmes  s'empressent  de  se  joindre 
à  la  manifestation  et  la  rendent  ainsi  plus  impo- 
li) Le  Napolitain  Jean  de  Capistran  et  le  Sicilien  Mathieu  Cimarra, 
étaient  tous  les  deux  «  des  principaux  disciples  de  saint  Bernardin  de 
Sienne  ».  L'un  comme  l'autre,  ils  «  contribuèrent  surtout  à  propager, 
chacun  dans  le  pays  d'où  il  tirait  son  origine,  la  doctrine  du  maître.  » 
(SiMÉON  Luge,  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes,  loc.  cit.,  p.,  72.)  Il  va 
de  soi  que,  dans  ce  que  l'on  entend  ici  par  la  doctrine  du  maître,  la 
dévotion  envers  le  nom  de  Jésus  n'est  pafe  oubliée. 


320 

santé...  Du  reste,  l'issue  du  procès  de  1427  fut 
entièrement  favorable  à  Bernardin  de  Sienne.  A  la 
suite  d'un  débat  contradictoire,  la  cour  de  Rome 
reconnut  solennellement  l'orthodoxie  des  prati- 
ques recommandées  par  le  prédicateur  de  Viterbe, 
et  le  culte  extérieur  rendu  au  nom  de  Jésus,  soit 
seul,  soit  associé  au  nom  de  Marie,  fit  dès  lors 
partie  intégrante  de  la  liturgie  catholique  (i).  La 
victoire  remportée  par  Bernardin  de  Sienne  sur 
ses  adversaires  fut  considérée  par  les  frères  mi- 
neurs comme  un  triomphe  de  l'ordre  tout  entier... 
Les  vicaires  provinciaux,  les  prieurs  de  couvents, 
les  simples  religieux,  qui  assistèrent  au  chapitre 
de  Verceil  [8  juin  1427],  furent  invités  à  user  de 
toute  leur  influence  afin  de  propager  dans  les 
diverses  parties  de  la  chrétienté  la  dévotion  au 
nom  de  Jésus.  Entraînés  par  l'exemple  de  leurs 
frères    d'Italie,    les    observants    cismontains    se 

(i)  Le  récit  émouvant  qu'on  vient  de  lire  ne  doit  pas  empêcher  de 
prendre  en  sérieux  intérêt  ce  que  Baillet  dit  de  saint  Jean  de  Capis- 
tran,  dans  la  vie  de  ce  dernier  :  «  11  se  tenoitdans  un  commerce  conti- 
nuel avec  Dieu,  auquel  il  tâchoit.  de  s'unir  encore  plus  étroitement  par 
le  repos  de  l'oraison  mentale  et  de  la  contemplation  ;  il  n'en  sortoit  que 
pour  secourir  les  malades  dans  les  hôpitaux,  et  pour  aller  prêcher  la 
parole  de  Dieu  :  ei  il  se  rendit  le  disciple  de  saint  Bernardin  de  Sienne 
par  le  désir  de  se  perfectionner  dans  ce  saint  ministère.  Il  suivit  de  fort 
près  les  vestiges  d'un  tel  maître  ;  et,  non  content  d'être  devenu  le  secta- 
teur de  sa  vertu  et  de  sa  doctrine,  il  se  fit  encore  son  apologiste,  et 
alla  exprès  à  Rome  pour  le  défendre  devant  le  Pape  et  les  Cardinaux, 
contre  les  calomnies  de  ceux  qui  l'accusoient  d'enseigner  des  erreurs 
en  prêchant  la  dévotion  au  saint  nom  de  Jésus...»  {Les  Vies  des  Saints, 
t.  m  de  l'édition  citée,  coi.  Syi  de  la  partie  d'octobre.) 


^21 

mirent  aussitôt  à  l'œuvre  pour  répandre  autour 
d'eux  cette  dévotion  nouvelle...  Un  des  mission- 
naires qui  se  dévouèrent  en  France  à  la  propa- 
gande franciscaine,  le  seul  dont  l'histoire  ait  con- 
servé le  souvenir,  fut  le  célèbre  Frère  Richard...» 
Rappelons  que  ce  Frère  Richard,  dont  le  nom 
se  mêle  dès  la  fin  de  1428  aux  événements  histo- 
riques de  l'époque  de  Charles  VII  (i),  est  une  con- 
naissance de  date  ancienne  déjà  dans  les  études 
numismatiques,  envisagées  notamment  au  point 
de  vue  des  méreaux,  ainsi  que  des  enseignes  et 
médailles  religieuses.  Voilà  près  de  soixante  ans 
que  Leber,  dans  son  Coup  d'œil  sur  les  médailles  de 
plomb,  etc.  (2),  appelait  l'attention  sur  la  person- 
nalité de  ce  prédicateur  populaire  et  particulière- 
ment actif,  qui,  sous  le  règne  encore  mal  établi 
de  Charles  VII,  voulut,  par  sa  présence  et  l'in- 
fluence de   sa  parole  parmi  les  troupes  du  roi, 

(1)  Ce  fut  d'abord,  suivant  des  appréciations  qui  paraissent  être 
fort  justes,  vers  F  Avant  de  Noél  1428,  «  pendant  la  seconde  quinzaine 
de  décembre  »,  au  cours  d'une  mission  prêchée  par  ce  cordelier,  dans 
les  Diocèses  de  Troyes  et  de  Châlons  en  Champagne,  mission  dont 
l'objet,  dans  un  langage  à  mots  plus  ou  moins  couverts,  n'aurait  pas 
été,  suppose-t-on,  moins  patriotique  que  religieux.  (Siméon  Luge,  loc. 
cit.,  pp.  75  et  76.) 

(2)  Ce  travail  a  paru  à  Paris  en  1837,  et  comme  Introduction,  en  tête 
du  curieux  ouvrage  du  Docteur  Rigollot  sur  les  Monnaies  inconnues 
des  Evêques,  des  Innocents,  des  Fous  et  de  quelques  autres  associations 
singulières  du  même  temps.  Le  volume,  bien  qu'ayant  vieilli  à  certains 
égards,  n'en  a  pas  moins  conservé  un  grand  intérêt  tant  pour  le  texte  du 
principal  auteur  que  pour  l'Introduction  de  Leber,  dont  nous  aurons  à 
reparler, 


322 

contribuer  au  relèvement  de  celui-ci,  aux  temps 
mêmes  où  Jeanne  d'Arc,  secondée  d'un  prestige 
bien  autrement  manifeste,  travaillait  à  replacer  le 
royaume  sous  l'autorité  de  son  légitime  souverain. 

En  ces  temps-là  mêmes,  en  1429,  que  vint  faire 
notre  franciscain  à  Paris,  dont  les  habitants  se 
trouvaient  encore  sous  l'autorité  et  l'ascendant 
moral  des  Anglais?  N'y  fut-il  chargé  d'aucun  rôle 
secret?  Ce  n'est  pas  à  nous,  assurément,  qu'il 
appartient  d'en  décider.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  but 
avoué  de  l'armagnac  Frère  Richard,  durant  le 
séjour  qu'il  fit  à  Paris  dans  la  seconde  quinzaine 
du  mois  d'avril,  fut  la  prédication  publique. 

Laissant  forcément  dans  l'ombre  ce  qui  concer- 
nait la  politique  et  les  partis,  il  obtint  dans  ses 
sermons,  entremêlés  de  pratiques  de  dévotion 
envers  le  nom  de  Jésus,  —  adjonction  qu'atteste 
clairement  certain  mériau  d'estaing  empreint  de  ce 
nom  sacré,  qu'il  recommandait  à  ses  auditeurs  de 
porter  (i),  —  un  succès  qui  tint  presque  du  prodige. 

Ce  à  propos  de  quoi  nous  avons  rappelé  le  tra- 
vail de  Leber,en  lui  laissant  avec  toute  justice 
l'initiative  de  la  mise  en  lumière  des  faits,  est  tiré 
du  Journal  d'tm  bourgeois  de  Paris,  sous  les  règnes 
de  Charles  VI  et  de  Charles  VII.  Aussi  est-ce  à  cette 
source,  d'ailleurs  très  connue,  qu'il  convient  de 
recourir  quand  on  veut  être  plus  complètement 
renseigné  (2).  Sous  la  plume  de  l'auteur  de  cette 

(1)  Nous  reviendrons  plus  loin  sur  ce  sujet. 

(2)  Nous  avons  suivi,  pour  les  extraits  que  nous  reproduisons  de  ce 


323 

chronique,  et  malgré  son  respect  constant  de  la 
chose  religieuse,  si  l'on  peut  dire,  l'ironie  perce 
bien  un  peu,  parfois,  dans  les  endroits  où  il  parle 
du  missionnaire  cordelier;  mais  cela  ne  surprend 
pas  si  l'on  se  rend  compte  des  situations  :  l'auteur 
du  Journal  tenait  alors  pour  le  parti  des  Anglais, 
et  ce  n'était  pas  sans  raison  qu'il  entrevoyait  un 
ennemi  dans  le  nouveau  venu. 

Après  avoir  signalé  un  fait  remontant  au 
4  avril  1429,  sans  rapport  avec  ce  qui  nous  occupe, 
l'auteur  du  Journal  mentionne  l'arrivée  dans  la 
capitale,  à  huit  jours  de  là,  environ,  de  ce  «  corde- 
lier nommé  Frère  Richart,  homme  de  très  grant 
prudence,  sçavant  à  oraison,  semeur  de  bonne 
doctrine  pour  édifier  son  proxisme  ».  Chacun  le 
voulait  voir  :  «  enviz  le  crevoit  qui  ne  l'auroit 
veu  ».  Il  fit  entendre  à  Paris  la  parole  de  son  divin 
ministère  du  16  au  26  avril,  inclusivement,  prê- 
chant par  les  rues  et  sur  les  places  publiques,  au- 
devant  des  églises,  monté  sur  un  échafaud  dont 
la  hauteur  ne  mesurait  guère  moins  d'une  toise  et 
demie  (i).  Durant  son  séjour  dans  la  capitale,  «  il 
ne  fut  qu'une  jornée  sans  faire  prédication  ».  Ce 
n'est  pas  qu'il  ménageât  ses  forces,  car  il  «  com- 
mençoit  son  sermon  environ  cinq  heures  au 
matin,  et  duroit  jusques  entre  dix  et  onze;  et  y 

Journal,  l'édition  estimée  qui  s'en  trouve  dans  les  Mémoires  pour 
servir  à  l'histoire   de  France  et  de  Bourgogne,    volume   publié   à 
Paris,  1729,  par  De  la  Barre. 
(1)  Un  peu  moins  de  trois  mètres. 


avoit    toujours  quelque   cinq   ou  six  mille   per- 
sonnes à  son  sermon...  » 

Le  sujet  mêm.e  du  présent  mémoire  nous  oblige, 
ainsi  qu'on  le  verra  par  la  suite,  à  constater  les 
résultats  de  ces  prédications.  Voici  ce  qui  se  pro- 
duisit :  c'est  que,  vers  la  fin  de  la  mission  du  cor- 
delier,  «  furent  les  gens  de  Paris  tellement  tournez 
en  dévocion,  et  esmeus,  qu'en  moins  de  trois 
heures  ou  de  quatre,  eussiez  veu  plus  de  cent  feux 
en  quoi  les  hommes  ardoient  tables  et  tabliers, 
dés,  cartes...  et  toutes  choses  à  quoy  on  se  pou- 
voit  courcer  et  maugréer  à  jeux  convoîteux  ».  — 
Les  femmes  de  commune  condition  brûlèrent,  à  la 
vue  de  tous,  «  les  atours  de  leurs  testes  »,  et  les 
damoiselles  «  laissèrent  leurs  cornes  et  leurs 
queues  »,  sans  compter  maints  autres  ornements 
de  toilette  frivole.  Et  vraiment,  conclut  le  chro- 
niqueur, dix  sermons  que  le  cordelier  fit  à  Paris, 
et  un  à  Boulogne-la-Petite,  «  tournèrent  plus  le 
peuple  à  dévocion  que  tous  les  sermoneurs  qui 
puis  cent  ans  avoient  presché  à  Paris  »  (i). 

Il  semblerait  bien,  après  de  semblables  témoi- 
gnages, que  le  Frère  Richard  eût  répandu  la  bonne 
parole  dans  le  lieu  le  mieux  préparé  pour  la  rece- 
voir; malheureusement,  il  en  fut  com.me  des  se- 
mences que  le  laboureur  de  l'Evangile  avait  laissé 
tomber  sur  une  terre  inféconde,  et,  dans  l'espèce, 
la  politique  étant  venue  se  mêler  aux  affaires  de  la 

(i)  Journal,  p.  120. 


325 

religion,  il  en  résulta  pour  celle-ci  un  véritable 
échec/Quand  on  sut  à  Paris,  quelques  mois  après 
le  départ  du  cordelier,  que  celui-ci  était  un  arma- 
gnac résolu,  vivant  au  milieu  des  soldats  de 
Charles  VII,  les  sentiments  de  vive  sympathie  et 
d'enthousiasme  que  les  bourgeois  avaient  témoi- 
gnés jusque-là  pour  sa  personne  et  les  œuvres  de 
piété  recommandées  dans  ses  prédications,  se 
changèrent  tout  à  coup  en  un  bruyant  mépris.  On 
lit  dans  la  chronique  citée  qu'  «  ils  le  maudissoient 
de  Dieu  et  de  ses  saints,  et,  qui  pis  est,  les  jeux  de 
tables,  de  boules,  dez,  brief  tous  autres  jeux  qu'il 
avoit  deffendus,  recommencèrent  en  despit  de 
luy;  et  mesmes  ung  mériaii  d'estaing  où  estait 
empraint  le  Notn  de  Jésus,  qu'il  leur  avoit  fait 
prendre,  laissèrent-ils;  et  prindrent,  tretous  la 
Croix  S.  Andry  (i).  » 

Pour  ne  pas  interrompre  outre  mesure  le  cours 
de  nos  remarques  d'ensemble,  nous  devons  différer 
de  quelques  pages  encore,  nonobstant  l'intérêt 
tout  spécial  qu'il  présente,  la  description  de 
l'exemplaire,  dont  une  chance  heureuse  nous  a 
rendu  possesseur,  du  méreau  d'étain  au  nom  de 
Jésus  mentionné  ci-dessus.  On  peut  bien  penser 
que  ce  sera  l'un  des  pivots  de  notre  mémoire. 

Ce  que  devenait  le  Frère  Richard  à  la  divStance 
de  deux  années  de  là,  on  ne  le  sait.  On  suit  bien 

(i)  Journal,  p.  laS,  à  l'année  142g,  vers  la  fin  de  juillet.  -  La  Croix 
Saint- Andry,  ou  Croix  de  Saint-André,  était  le  signe  de  ralliement  des 
Bourguignons,  qui  étaient  alors  les  alliés  des  Anglais. 


sa  présence  dans  la  milice  royale  plusieurs  mois 
encore  après  la  délivrance  d'Orléans  par  Jeanne 
d'Arc  (8  mai  1429).  Plusieurs  fois  il  fut  en  confé- 
rence avec  l'héroïne  inspirée.  On  sait  également 
qu'en  mars  1431,  suivant  le  style  actuel,  il  prêchait 
le  carême  àOrléans:  mais  on  peut  conjecturer  qu'il 
rentra  vers  le  même  temps  «  dans  l'obscurité  d'où 
ses  relations  avec  la  Pucelle  l'avaient  un  moment 
fait  sortir.  » 

Cette  opinion,  très  vraisemblable,  est  de 
M.  Siméon  Luce  (i),  aux  travaux  duquel  nous 
ferons  encore  un  emprunt  avant  de  nous  séparer 
du  Frère  Richard.  Il  s'agit,  cette  fois,  de  la  pro- 
pagation du  culte  extérieur  voué  au  nom  de  Jésus, 
à  laquelle,  dit  l'auteur,  on  sait  que  le  religieux 
franciscain  «  se  livra  avec  ardeur  dans  tous  les 
pays  qui  furent  le  théâtre  de  ses  prédications.  » 
Nous  transcrivons  : 

«  Ce  n'est  pas  seulement  à  Paris  qu'il  persuada 
à  ses  auditeurs,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  de  porter,  en 
guise  d'amulettes,  des  médailles  frappées  à  l'em- 
preinte du  nom  de  Jésus.  A  Orléans,  où  il  se 
trouvait  avec  le  titre  de  «  prêcheur  de  la  ville  », 
pendant  le  carême  de  1431,  nous  lisons  dans  les 
comptes  municipaux  qu'un  graveur,  nommé 
Philippe  ou  Philippot  d'Orléans,  exécuta,  moyen- 
nant six  saluts,  un  «  Jésus  en  cuivre  »,  qui  lui 
avait  été  commandé  par  Frère  Richard.  »  (2) 

(1)  Revue  des  Deux  Mondes,  loc.  cit.,  p.  83. 

(2)  Ibid.  p.  77. 


327 

Nous  croyons  avec  M.  Luce  que  le  Jésus  en 
cuivre  fait  en  ou  vers  I43i,  à  Orléans,  est  un 
Nom  de  Jésus  en  cuivre,  et  non  pas  une  image  du 
Christ.  Sculpture,  ciselure  ou  estampage,  ce  ne 
devait  pas,  d'ailleurs,  être  peu  de  chose  que  l'objet 
religieux  exécuté  sur  la  commande  du  Frère 
Richard,  à  en  juger  par  la  dépense  que  le  travail  a 
coûté  (i).  C'était,  peut-on  croire,  quelque  plaque, 
digne  d'être  mise  en  parallèle  avec  le  tableau  à  ce 
même  nom  sacré,  dont  saint  Bernardin  de  Sienne 
usait  si  heureusement  en  ftalie  à  la  même  époque. 

Deux  des  femmes  qui,  au  xv*  siècle,  ont  fait  le 
plus  d'honneur  à  leur  sexe,  Jeanne  d'Arc  et  sainte 
Colette  de  Corbie,  n'ont  pas  peu  contribué  non 
plus,  chacune  de  son  côté,  à  l'exaltation  du  nom 
sacré  de  Jésus,  que,  dans  leurs  invocations,  elles 
accompagnaient  ordinairement  du  nom  de  la 
mère  du  Sauveur.  Notons,  à  ce  propos,  que,  de 
même  qu'il  en  avait  été  pour  le  nom  de  Jésus 
vénéré  isolément,  et  auquel  la  suprématie  fut  tou- 
jours conservée,  la  dévotion  envers  les  deux  noms 
réunis  de  Jésus  et  de  Marie  avait,  elle  aussi,  pris 
naissance  en  Italie  et  chez  les  franciscains.  On 

(i)  Six  saluts,  a-t-on  vu.  La  frappe  du  salut,  monnaie  déclarée  d'or 
fin,  avait  commencé  sous  le  règne  de  Charles  VI,  mais  elle  s'était  tout 
particulièrement  multipliée  sous  la  domination  des  Anglais  en  France, 
au  temps  de  Henri  V  et  de  Henri  VI.  Elle  avait  le  plus  communément 
lieu  à  la  taille  de  63  au  marc,  ce  qui  donnait  7.3  grains  pour  le  poids 
moyen,  soit  3  grammes  87.  Hoffmann  signale  les  poids  de  3  grammes85, 
3  grammes  80,  3  grammes  40,  et  3  grammes  42.  (Monnaies  rojales  de 
France,  1878,  pp.  49,  53  et  56.) 


328 

cite  particulièrement,  pour  leur  zèle  à  propager 
le  culte  en  double  objet,  les  deux  plus  distingués 
disciples  de  saint  Bernardin  de  Sienne,  dont  les 
noms  se  sont  déjà  trouvés  sous  notre  plume  : 
saint  Jean  de  Capistran  et  Mathieu  Cimarra  (i). 

On  se  rappelle  qu'en  1429,  étant  encore  de 
séjour  à  Tours,  Jeanne  d'Arc,  un  mois  à  peine 
avant  son  départ  pour  la  levée  du  siège  d'Orléans, 
avait  fait  faire,  ainsi  que  le  dit  Vallet  de  Viriville, 
«  deux  bannières  ou  enseignes  de  guerre  pour  son 
usage  »  (2).  Il  nous  suffira  ici  de  décrire,  d'après 
le  même  auteur,  la  bannière  principale,  et  encore 
ne  le  ferons-nous  qu'en  raison  des  sujets  que 
Jeanne  elle-même  y  avait  fait  représenter.  Cette 
bannière  était  blanche,  et  peinte  des  deux  côtés. 
Sur  la  face  principale,  semée  de  fleurs  de  lis,  on 
voyait  le  Père  éternel  en  majesté,  ayant  pour  siège 
l'arc-en-ciel,  et  portant  dans  sa  main  le  globe  du 
monde.  Au-dessus  se  lisait  l'inscription  Jhesus 
Maria  (3).  Deux  anges  agenouillés  offraient  à  Dieu 
une  fleur  de  lis,  emblème  du  royaume  de  France. 

(1)  Cf.  Revue  des  Deux  Mondes,  loc  cit.,  p.  72. 

(2)  Hist.  de  Charles  VII,  Roi  de  France  et  de  son  époque,  Paris, 
i863,  t.  II,  p.  65. 

(3)  Dans  le  texte  donné  par  Vallet  de  Viriville,  au  lieu  de  Jhesus 
Maria,  on  lit  Jhesu  Maria,  leçon  qui  est  d'ailleurs  particulière  à  cet 
auteur,  si  toutefois  ce  n'est  pas  quelque  faute  d'impression. 

Quant  à  l'intrusion  de  la  lettre  h  dans  le  mot  Jhesus,  ce  dont  il  se 
présente  ici  un  double  exemple,  on  sait  assez  combien  cette  forme  anor- 
male du  nom  du  Sauveur  a  été  employée  fréquemment  aux  xiv"  et 
xye  siècles.  Nous  laisserons,  dans  chacune  de  nos  citations,  ce  nom 


329 

Il  y  avait  au  revers  un  écu  de  France,  tenu  par 
deux  anges. 

Il  est   constant   que,    dans   l'esprit  de  Jeanne 
d'Arc,  la  formule  Jhesus  Maria,  qu'elle  y  eût  été 
initiée  par  quelque  religieux  franciscain  ou  par 
ailleurs,  avait  une  signification  de  haute  portée. 
On  la  retrouve  sur  les  différentes  lettres  d'un  carac- 
tère politique,    ou  respirant    l'amour    national, 
écrites  au  nom  de  Jeanne,  que  l'on  possède  encore 
en  original,  ou  dont   on    conserve   des    copies 
authentiques.    «   Les  sommations   aux   Anglais, 
datées  des  22  mars  et  5  mai  1429,  le  billet  envoyé 
de  Gien  le  25  juin  suivant  aux  habitants  de  Tour- 
nai, le  message  transmis  de  Reims  le  17  juillet  à 
Philippe,  duc  de  Bourgogne,  la  réponse  au  comte 
d'Armagnac,  dictée  àCompiègne,  le  22  août  de  la 
même  année,  la  lettre  comminatoire  adressée  aux 
Hussites,  le  3  mars  1430,  tous  ces  documents  sont 
précédés  de  lasuscription  ou  suivis  de  la  souscrip- 
tion j^A^sws  Maria  (i)  ».  Les  mêmes  mots  étaient 
gravés  sur  une  bague  de  minime  valeur  que  por- 
tait la  Pucelle,   et  qui  lui   fut  enlevée   lorsque, 
devant  Compiègne,  le  24  mai  1430,  elle  tomba  au 
pouvoir  des  Bourguignons,  qui  combattaient  avec 
les  Anglais  (2). 

écrit  avec  ou  sans  A,  suivant  la  forme  sous  laquelle  nous  l'avons  trouvé 
à  la  source  même  d'où  la  citation  aura  été  tirée. 

(1)  SiMÉON  Luge,  loc.  cit ,  p.  83. 

(2)  Dans  le  cours  de  son  procès,  interrogée  à  propos  de  cet  anneau 
c<    où    il  estoit   escript   Jésus    Maria   »,   Jeanne   répond   qu'elle    le 

Année  1896.  33 


33o 

Sainte  Colette  de  Corbie  usait,  elle  aussi,  avons- 
nous  dit,  de  la  formule  Jhesus  Maria.  La  célèbre 
et  pieuse  réformatrice  des  religieuses  de  sainte 
Claire  (i)  faisait  en  France  et  dans  les  Pays-Bas 
bourguignons,  pour  la  dévotion  envers  le  nom 
divin,  de  même  qu'envers  le  nom  de  Marie,  ce  que 
Bernardin  de  Sienne,  Jean  deCapistran  et  d'autres 
encore  de  leurs  frères  et  sœurs  en  saint  François 
d'Assise,  faisaient,  dans  le  même  but  et  dans 
le  même  temps,  de  l'autre  côté  des  Alpes.  Fran- 
ciscaine de  cœur  et  d'âme,  ainsi  que  de  fait,  elle 
pratiquait  le  culte  recommandé  dans  les  diffé- 
rents ordres  institués  par  saint  François,  et  elle 

tient  de  ses  père  et  mère  ;  qu'elle  ne  sait  à  proprement  parler  de 
quelle  matière  il  est;  qu'en  tous  cas,  s'il  est  d'or,  il  n'est  pas  de  fin  or; 
qu'elle  ne  sait  même  «  se  c'est  or  ou  laton  ».  C'était  donc,  simplement, 
quelque  bijou  de  pacotille,  comme  on  en  fabriquait  tant  pour  les  per- 
sonnes d'une  condition  peu  aisée  et  notamment  pour  les  habitants  des 
campagnes.  Et  vraiment,  ici,  l'objet  ne  nous  paraît  en  avoir  que  plus 
d'intérêt,  par  son  caractère  populaire. 

Les  interrogatoires  que  l'on  fit  subir  à  Jeanne  d'Arc,  et  dont  le 
contenu  a  été  conservé,  fourniraient  aisément  d'autres  témoignages 
plus  manifestes  de  sa  dévotion  pour  les  noms  de  Jésus  et  de  Marie. 
A  cet  égard,  d'ailleurs,  les  faits  relatés  au  procès  ne  font  guère  que 
rappeler  ce  que  l'on  connaît  de  reste.  Nous  fermons,  pour  ne  plus 
les  rouvrir,  les  pages  de  cet  instrumentum  maudit. 

Nous  ne  saurions  terminer  cette  note  sans  rappeler  que,  sur  le 
bûcher  qui  devait  consumer  la  sublime  martyre,  le  dernier  cri  qu'elle 
fit  entendre  fut  le  nom  de  Jésus,  itérativement  invoqué. 

(i)  Sans  compter,  nous  dit  Baillet,  différents  a  monastères 
d'hommes  qui  voulurent  bien  se  réformer  aussi  sur  le  plan  qu'elle  leur 
donna  ».  [Les  Vies  des  Saints,  t.  I  de  l'édition  citée,  col.  69  de  la  parti  e 
de  mars.) 


33t 

le  pratiquait  en  prêchant  d'exemple.  «  Cette  sainte 
entretenait  une  correspondance  très  active,  soit 
avec  les  religieux  et  les  religieuses  des  couvents 
qu'elle  avait  fondés  ou  réformés,  soit  avec  des 
personnes  séculières,  affiliées  au  tiers-ordre  de 
saint  François,  qui  avaient  embrassé  sa  réforme. 
Quelques  rares  monuments  de  cette  correspon- 
dance sont  parvenus  jusqu'à  nous...  En  tête  de 
chacune  de  ces  lettres  figure  la  suscription  Jhesus 
ou  Jhesus  Maria,  parfois  avec  l'addition  Franciscus 
et  Clara.  L'adresse,  même,  est  le  plus  souvent  pré- 
cédée du  moi  Jhesus...  »  (i) 

Quand  l'abbesse  Colette  Boylet,  dite  de  Corbie, 
mourut  à  Gand,  le  6  mars  1447  (n.  s.),  âgée  de 
soixante-six  ans,  elle  en  avait  plus  de  quarante  de 
profession.  Jean  de  Capistran  décédait  en  1455,  et 
Bernardin  de  Sienne  était  sorti  de  ce  monde 
en  1444.  A  l'époque  où  l'on  voit  disparaître  ces 
figures  de  premier  ordre  pour  notre  sujet,  c'est-à- 
dire  vers  le  milieu  du  xv^  siècle,  la  dévotion  pour 
le  nom  du  divin  Maître  avait  fait  déjà  de  si  grands 
progrès  qu'elle  s'étendait  à  tous  les  degrés  de 
l'échelle  sociale  par  tous  les  pays  chrétiens. 

Tels  avaient  été  les  résultats  du  zèle  et  de  la 
persévérance  qu'avait  déployés  la  grande  famille 
séraphique,  répandue  en  si  grand  nombre  dans 
toutes  les  régions  où  la  foi  avait  pénétré  ;  mais  on 
peut  bien  dire  que  la  dévotion  envers  le  saint  nom 

(1)  SiMÉON  LucE,  loc.  cit.,  p.  84 


332 

avait  fini  par  gagner  tous  les  ordres  religieux, 
et  non  seulement  ces  ordres,  mais  aussi  les 
fidèles  de  tous  les  rangs  et  de  toutes  les  classes, 
laïcs  aussi  bien  que  personnes  d'église.  Le  cou- 
rant qu'elle  formait  avait  pris  un  si  grand  déve- 
loppement qu'aucun  effort  humain,  si  tant  est  qu'il 
eût  pu  s'en  produire,  ne  serait  parvenu  à  enrayer 
les  effets  irrésistibles  d'une  puissance  de  cette 
force. 

Une  situation  aussi  prospère  devait  entraîner  la 
création  d'une  fête  annuelle,  de  nature  à  en  assurer 
la  perpétuité.  Nous  ne  saurions  dire  si  l'on  est 
aujourd'hui  très  bien  fixé  sur  les  circonstances  et 
l'époque  de  ses  commencements;  mais  voici  ce 
qu'on  en  écrivait  au  xviii*  siècle: 

Cette  fête  de  dévotion  libre  (i)...  «  a  un  office 
particulier  qui  est  autorisé  par  le  Saint-Siège. 
L'attention  singulière  qu'on  doit  faire  sur  la  vertu 
de  ce  saint  nom  que  nous  ne  saurions  même  pro- 
noncer comme  il  faut,  selon  l'apôtre  (2),  que  par 
le  mouvement  du  Saint-Esprit,  est  cause  qu'on  en 
a  détaché  la  solennité  d'avec  celle  de  la  Circonci- 
sion, afin  de  pouvoir  la  célébrer  à  part...  Plusieurs 
églises  d'Allemagne  et  des  Pays-Bas  la  célèbrent 
le  i5  de  janvier,  quelques-unes  le  8  du  mois, 
comme  pour  honorer  l'octave  de  la  Circoncision  ; 
d'autres  le  dimanche  suivant...  Quelques  auteurs 


(1)  La  «  fête  du  Saint  Nom  de  Jésus,  » 

(2)  Cor.,  XII,  3. 


estiment  que  nous  avons  l'obligation  de  cette  fête 
aux  religieux  de  saint  François,  qui  semblent 
avoir  procuré  l'établissement  public  et  fixe  de 
cette  dévotion  aux  fidèles  dès  les  commencements 
du  xvi°  siècle.  L'on  croit  effectivement  que  ce  fut 
sur  leurs  remontrances  que  le  pape  Clément  VII 
en  permit  la  fête  avec  l'office,  l'an  i53o.  Mais  on 
ne  peut  disconvenir  que  quelques  bréviaires  et 
quelques  martyrologes  n'en  fissent  déjà  mention 
avant  ce  temps...  »  (i). 

Le  fait  auquel  nous  devons  maintenant  une 
mention  a  bien  son  importance  à  un  point  de 
vue  général,  mais  il  ne  peut  manquer  surtout 
d'appeler  l'attention  de  ceux  qu'intéresse  particu- 
lièrement l'étude  de  l'histoire  religieuse  dans  les 
provinces  méridionales  de  la  Belgique.  Un  prêtre 
flamand,  Jacques  Meyer,  historien  et  chroniqueur 
estimé,  qui,  à  ses  heures,  a  cultivé  la  poésie 
latine,  livrait  à  l'impression  dès  i53i,  tant  à 
Bruges  qu'à  Anvers  (2),  certain  hymne  en  vers 
trochaïques,  ayant  pour  objet  l'exaltation  du  saint 
nom  de  Jésus,  et  dans  laquelle  il  posait  en  prin- 
cipe l'établissement,  à  cette  fin,  d'une  fête  univer- 


(1)  Baillet,  Vies  des  Saints,  t.  I  de  l'édition  citée,  Paris,  1724.  Voir 
aux  col.  7  et  8,  sous  la  rubrique  du  i«r  janvier. 

(2)  Jacobi  Meyeri  Baliolani,  Flandricarum  rerum  tomi  X..  ,  cum 
Hymno  de  Sanctissimo  Nomine  lESV.  L'édition  que  nous  avons  sous 
les  yeux,  de  ce  rare  opuscule,  réimprimé  à  Bruges  en  1843,  est  celle 
d' Anwers  [Antwerpice,  apiid  Guilielrmcm  Vorstermammm),  i53i,  pet. 
in-8°.  FoiV  au  folio  67,  verso. 


334 

selle.  On  jugera  de  son  enthousiasme  parce  début  : 

Surge  qui  soles  fidelem  convocare  Ecclesiam  ; 
Surge,  cantus  aedit  aies,  appétit  diluculum. 
Scande  sacri  celsa  templi  sedulo  fastigia. 
Tange  funes,  aéra  pelle,  fac  modos  laudabiles. 
Omnis  hoc  die  per  orbem  ferietur  civitas, 
Dulce  JESV  nomeii  odis  et  canat  celebribus... 

Nous  craindrions  de  dépasser  notre  but,  en 
prolongeant  cette  citation,  qui  suffit  bien,  au  sur- 
plus, dans  les  conditions  où  nous  l'avons  donnée. 

Le  nom  de  Jésus  tel  que  nous  le  voyons  au 
xv^  siècle,  en  iconographie,  consiste  le  plus  ordi- 
nairement dans  le  chiffre  ou  monogramme  i|)S, 
avec  le  montant  de  la  lettre  1)  traversé  horizon- 
talement d'un  trait  d'abréviation  qui  lui  donne 
l'aspect  d'une  croix.  Parfois,  la  lettre  t  est  rem- 
placée par  un  J  ce  qui  modifie  ainsi  le  mono- 
gramme :  jl]S  (i).  Cette  formule  il)9,  ou  jl]S, 
crucifère,  présentée  à  tous  chrétiens  comme  un 
symbole  de  vénération  essentiellement  efficace, 
avait  pénétré,  durant  le  même  siècle,  dans  toutes 
les  classes  de  la  société,  comme  nous  l'avons  dit, 
et,  ajouterons-nous,  dans  tous  les  usages  de  la 
vie.  On  en  constatait  la  présence  sur  les  hosties, 

(i)  La  forme  gl^s  est  plus  fréquente  que  nous  n'avions  pu  le  penser, 
quand  nous  avons  écrit  cette  partie  de  notre  mémoire  On  le  verra 
plus  loin.  Autant  que  nous  en  pouvons  juger,  c'est  en  Italie  qu'elle 
paraîtrait  avoir  pris  naissance. 


335 

OU  pains  d'autel  (i);  elle  ornait,  non  seulement  les 
édifices  religieux,  les  vêtements  sacerdotaux,  les 
vases  sacrés,  les  cloches  de  quantité  d'églises  (2) 
et  maints  autres  objets  affectés  au  culte,  mais 
aussi  les  habitations  des  particuliers  (3),  tant  à 
l'extérieur  des  maisons  (4)  qu'à  l'intérieur  des 
appartements  ;  elle  se  trouvait  reproduite  sur  les 
mobilier  des  ménages,  sur  les  ustensiles  de  toutes 
sortes.  Des  couvents  en  ornaient  leurs  sceaux  (5); 
on  en  historiait  des  tombes  (6),  des  reliures  de 
livres  (7).  On  imprimait  au  même  type  des  images 
en  papier  ou  en  parchemin,  et  l'on  tapissait  de 

(1)  E.  HncHER,  Notice  sur  quelques  monuments  historiques  du  dépt 
de  la  Sarthe.  Paris,  i85o,  p.  5i. 

(2)  G.  Vaulïer,  Inscriptions  campanaires  du  département  de  l'Isère. 
Montbéliard,  i8H6,  passim.  -  Léon  Germain,  Les  anciennes  cloches  de 
Saugues.  Nancy,  i8go,  p.  12,  —  Barbier  de  Montault,  Traité  d Ico- 
nographie chrétienne,  t.  II,  p.  io5,  et  pi.  XXIV,  fig.  268.  —  Etc. 

(3)  SiMÉoN  Luge,  loc.  cit.,  p.  72. 

(4)  C'est  ce  qu'à  Sienne,  particulièrement,  on  voit  encore  fréquem- 
ment aujourd'hui  en  divers  quartiers  de  la  ville,  ce  que  constate  en 
partie  un  article  du  Correspondant ,  fascicule  du  10  mai  1896.  p,  562. 

(5)  G.  Demay,  Le  costume  au  moyen  âge  d  après  les  sceaux,  p.  353. 
L'auteur  donne  pour   exemple  le  sceau  de  la  Grande-Chartreuse, 

usité  en  1441. 

(6)  Bernard  Prost,  Notice  sur  sept  dalles  funéraires.  Lons-le-Saul- 
nier,  s.  d.,  passim.  (Communication  de  M.  Léon  Germain.) 

^7)  Un  livre  de  notre  bibliothèque,  incunable  en  latin,  traitant 
de  matières  religieuses,  imprimé  à  Venise  en  1483,  et  demeuré  dans 
sa  reliure  primitive,  a  les  ais  recouverts  de  veau  brun,  avec  gaufrures 
figurant  un  fretté.  Les  compartiments  en  claire-voie  de  ce  frelté  sont 
occupés  chacun  p;ir  un  petit  médaillon,  soit  au  monogramme  i|)ô 
crucifère,  soit  au  monogramme  ma,  donnant  en  abrégé  le  vnox.  Maria. 
Ces  médaillons  ont  été  appliqués  de  manière  à  alterner  entre  eux. 


336 

ces  estampes  l'intérieur  des  coffres-forts,  à  l'effet 
de  protéger  le  contenu  contre  tous  mauvais  des- 
seins (i).  Les  fidèles  la  portaient  sur  eux  ou  à  leur 
chaperon,  en  guise  d'enseigne,  nom  sous  lequel 
étaient  encore  désignées  les  images  en  tous  métaux, 
en  toutes  matières,  et  de  toutes  formes  qui  ont 
précédé  nos  médailles  de  piété  actuelles.  Au 
résumé,  peut-on  dire,  elle  était  placée  partout. 

La  numismatique,  dont  les  investigations  em- 
brassent tant  de  faits, pour  y  jeter  la  lumière  ou  un 
redoublement  de  preuves,  ne  pouvait  pas  demeu- 
rer étrangère  à  l'étude  de  ceux  dont  il  est  question 
dans  ce  mémoire.  C'est  de  la  numismatique,  prin- 
cipalement, qu'il  s'agira  désormais  ici,  pour  la 
description  et  l'interprétation  des  monuments  de 
son  ressort  dont  il  nous  est  loisible  de  soumettre 
la  connaissance  à  l'intérêt  du  lecteur. 

Nous  ne  saurions  trop  répéter,  en  terminant 
nos  remarques  générales,  que  nous  ne  nous  occu- 
perons pas,  dans  l'étude  que  nous  portons  aujour- 
d'hui à  la  connaissance  de  nos  confrères,  des 
témoignages  de  vénération  ou  d'adoration  rendus 
au  nom  du  Sauveur  avant  le  xv^  siècle.  Il  faudrait, 
pour  aller  à  la  source,  remonter  aux  années  que 
le  Christ  a  passées  sur  la  terre,  où  son  nom  fut 
dès  lors  si  souvent  invoqué,  et  parfois  même, 
comme  nous  l'apprend  l'Evangile,  employé,  pour 

(i)  Nous  avons  vu  dans  la  collection  d'un  ami,  un  de  ces  coftres- 
forts,  du  xve  siècle,  armé  intérieurement  de  l'image  au  ll)S  crucifère. 
Cette  image  était  placardée  à  l'intérieur  du  couvercle. 


337 

opérer  des  miracles,  par  des  individus  demeurés 
en  dehors  du  cercle  de  ses  disciples  (i).  Quant  à  la 
forme  il]S  donnée  au  nom  de  Jésus,  on  sait  assez 
qu'elle  était  un  emprunt  fait  à  l'épigraphie  grecque, 
où  le  mot  est  écrit  IH20Y2,  et  l'on  ne  connaît 
pas  moins  les  métamorphoses  par  lesquelles  elle 
est  passée  pour  s'introduire  dans  l'épigraphie 
latine  en  la  façon  IHESVS,  puis  dans  les  écritures 
du  moyen  âge  dites  gothiques.  Ainsi,  encore,  le 
XPirr02  des  Grecs  fut  transformé  en  XPISTVS, 
ou  XPS,  pour  tenir  la  place,  dans  les  textes  ou 
les  inscriptions  en  latin,  des  formes  régulières 
CHRISTVS,  CHRS. 

L'institution  des  ^m^^/^s,  ordre  religieux  italien 
qui  n'eut  jamais  une  très  grande  importance, 
remonte,  paraît-il,  à  i355  environ  (2).  On  dit  que 
«  les  Jésuates  ont  été  ainsi  appelés  parce  qu'ils 
avaient  souvent  le  nom  de  Jésus  en  la  bouche  (3)  » . 
D'autres  ajoutent  que  ces  religieux  ont  porté, 
entre  autres  insignes,  et  se  dessinant  sur  un  fond 
d'azur,  un  nom  de  Jésus  avec  des  rayons  d'or. 
Que  le  fait  soit  exact  ou  non,  nous  n'avons  pas,  en 
raison  de  l'époque  où  il  se  serait  produit,  à  faire 
plus  que  de  le  signaler.  Notre  travail  a  ses  bornes 

(1)  Li;c  ,  cap.  IX,  v.4g:  «  Respondens  autem  Joannes  dixit  :  Prce- 
ceptor,  vidimus  quenidani  in  nomme  tuo  ejicientem  dœmonia,  et  pro- 
hibuimur  eum,  quia  non  seqiiitur  nobiscuin...  » 

(2)  Hermant,  Hist.des  Ordres  religieux  et  des  Congrégations  régu- 
lières et  séculières  de  l'Eglise.  Rouen,  1710,  t.  II,  p.  342. 

(3)  Hermant,  Ibid. 


338 

naturelles  marquées  par  la  dévotion  dont  Ber- 
nardin de  Sienne  se  fit  avec  amour  l'initiateur  et 
le  divulgateur,  dévotion  dont  il  a  été  conservé, 
grâce  surtout  à  la  numismatique,  tant  de  vestiges 
contemporains,  et  qui,  debout  depuis  près  de  cinq 
siècles,  se  manifeste  encore  aujourd'hui,  si  cons- 
tante et  si  inaltérable. 


Nous  arrivons  aux  descriptions  de  nos  monu- 
ments métalliques.  La  première  description  sera 
celle  de  certaine  enseigne  dans  laquelle  il  nous 
paraîtrait  difficile  de  ne  pas  reconnaître  un  exem- 
plaire du  mériau  d'estaing  que  le  Frère  Richard, 
en  1429,  recommandait  aux  Parisiens  de  porter,  et 
que  beaucoup  de  ceux-ci  rejetèrent  bientôt  après, 
à  la  suite  des  circonstances  que  nous  avons  rela- 
tées plus  haut.  Notre  exemplaire,  que  nous  possé- 
dons depuis  plus  de  quarante  ans,  a  été  retiré  de  la 
Seine,  à  Paris,  dans  des  travaux  de  dragage 
exécutés  entre  la  Cité  et  les  dépendances  du  Quar- 
tier Latin. 

I.  Le  nom  de  Jésus,  figuré  par  la  formule  tl)S, 
dontla  lettre  l],  en  signe  d'abréviation,  a  la  hampe 
traversée  d'un  trait  horizontal,  qui  donne  au  som- 
met l'apparence  d'une  croix,  d'autant  mieux  carac- 
térisée que  ses  bras  improvisés  sont  chargés  de 
deux  clous  de  la  Passion.  Cette  formule  est  dans 
un  encadrement  circulaire  de  douze  rayons  flam- 
boyants, enjolivés  de  petits  jets  de  lumière,  placés. 


330 

trois  par  trois,  dans  chacun  des  intervalles  qui 
séparent  les  rayons  l'un  de  l'autre. 

Rev.  Répétition  du  type  précédent,  sauf  pour  ce 
qui  concerne  la  première  lettre  de  la  formule  cru- 
cifère du  nom  divin,  commençant  cette  fois  par 
un  g,  au  lieu  d'un  i,  ce  qui  produit  la  leçon  jl)S. 
Deux  clous  de  la  Passion  adhèrent  aux  bras  de  la 
croix.  Un  troisième  clou  a  la  pointe  enfoncée  dans 
le  montant  de  cette  croix,  vers  le  bas.  Les  rayons 
dans  le  cercle  desquels  le  monogramme  est  enca- 
dré offrent  la  même  disposition  que  sur  le  côté 
opposé. 

Enseigne  ronde  avec  bélière.  Nous  avons  dit 
qu'elle  est  en  étain.  Son  diamètre,  non  compris  la 
bélière,  est  de  25  à  26  millimètres. 

PI.  IX,  fig.  I. 

Tout,  dans  cette  pièce  capitale,  est  à  considérer 
et  à  examiner  avec  un  soin  scrupuleux. 

On  ne  saurait  douter  qu'elle  soit  aux  types 
qu'offraient  aux  hommages  de  tous  saint  Bernar- 
din de  Sienne  et  les  autres  religieux  attachés  à 
propager  la  dévotion  nouvelle.  Mais,  d'autre  part, 
on  est  naturellement  porté  à  se  demander  pour 
quelle  raison,  sur  l'enseigne  en  cause,  la  formule 
crucifère  du  nom  divin  se  trouve  orthographiée  de 
deux  manières  si  distinctes,  îl)S  et  fllS.  Il  est, 
certes,  très  intéressant  de  trouver  ainsi  réunies  les 
deux  leçons  sous  lesquelles  apparaît  au  xv^  siècle 
le  dulce  Nomen;  mais  le  fait,  à  première  vue,  n'en 
semble  pas  plus  normal. 


340 

Disons  sans  plus  tarder  que  l'on  se  trouve  ici  en 
présence  d'une  difficulté  plus  apparente  que  réelle. 
Evidemment,  celui  qui  a  présidé  à  la  composition 
de  l'enseigne  s'est  laissé  guider,  en  y  introduisant 
le  nom  de  Jésus  sous  une  double  expression,  par 
la  pensée  qu'il  la  mettrait  par  ce  moyen  d'autant 
plus  à  la  portée  de  tous,  bon  nombre  de  fidèles 
pouvant  ne  connaître  la  signification  du  mono- 
gramme divin  que  sous  l'une  des  deux  formes,  et 
ne  se  trouver  disposés  à  placer  leur  confiance  et 
leur  dévotion  que  dans  le  symbole  qui  leur  était 
familier. 

Dans  les  régions  françaises,  dans  les  Pays-Bas, 
et  ailleurs  encore,  la  forme  t[)S  était,  incontesta- 
blement, de  beaucoup  la  plus  commune  ;  mais  on 
peut  douter  qu'il  en  fût  de  même  partout,  notam- 
ment dans  certaines  contrées  de  l'Italie  et  de  l'Alle- 
magne (i).  Il  ne  serait  même  pas  surprenant,  ainsi 
qu'on  le  verra  dans  la  vsuite  de  cette  étude,  que 
saint  Bernardin  de  Sienne  eût  tenu  pour  la 
forme  gl]S. 

(t)  Dans  une  Notice  sur  quelques  manuscrits  précieux  sous  le  rap- 
port de  l'art,  tirage  à  part  de  la  Ga^^ette des  Beaux-Arts,  mai-novem- 
bre 1866,  M.  Vallet  de  Viriville,  Professeur  à  l'École  des  Chartes, 
a  consigné  quelques  observations,  dont  nous  donnons  un  extrait  :  «  Au 
moyen  âge,  a-t-il  dit,  Vi  et  le  j  étaient  alternativement  voyelles  et 
consonnes.  Us  s'employaient  absolument  l'un  pour  l'autre...  Dans 
quelques  noms,  l'Y  a  pu  se  substituer,  non  seulement  à  l'I  voyelle, 
dont  il  était  l'équivalent,  mais  même  au  J  consonne.  Ainsi  Jésus, 
Jérusalem,  Jérôme,  ont  pu  s'écrire  Ihésus,  Ihérusalem,  Ihérôme,  et 
même,  par  conséquent,  Yésus,  Yérusalem,  Yérôme..   »  Vallet  de  Viri- 


341 
Ce  qui    complète  particulièrement  le   rapport 


ville  n'a  agité  à  ce  propos  aucune  question  de  lieux,  bien  que  cela  eût 
pu  avoir  son  intérêt. 

En  Italie,  d'autres,  mieux  placés  que  nous  pour  y  effectuer  des  véri- 
fications bien  nécessaires,  examineront,  à  Rome  et  à  Modène,  sur  les 
tableaux  circulaires  au  nom  de  Jésus  que  l'on  sait  avoir  appartenu  à 
saint  Bernardin  de  Sienne,  comment,  en  réalité,  y  est  composé  le 
monogramme  divin.  Ce  que  nous  pouvons,  quant  à  nous,  constater  dès 
à  présent,  c'est  que  sur  certains  médaillons  d'art  italien,  dont  quelques- 
uns  reproduisent  les  traits  de  Bernardin  de  Sienne,  et  qui  sont  de 
bien  peu  postérieurs  à  sa  mort,  le  monogramme  divin  qui  y  figure  est 
formé  des  lettres  g!l6.  Il  existe  à  Paris,  au  Musée  de  l'Hôtel  de  Cluny, 
dans  les  collections  de  faïences  d'art  italien,  fabrique  de  Cafagioli, 
n°  2807,  une  plaque  votive  de  forme  circulaire,  et  du  diamètre  de 
44  centimètres,  qui  paraît  être  une  imitation,  mais  trop  capricieusement 
exécutée,  des  tableaux  circulaires  à  l'usage  de  saint  Bernardin  de  Sienne. 
Au  centre  de  cette  plaque  votive,  la  première  des  trois  lettres  compo- 
sant le  monogramme  divin  crucifère  est  un  j).  Une  inscription,  boi- 
dant  l'objet,  est  ainsi  conçue  :  -f-  NICOLAVS  :  DE-  RAGNOLIS- 
AD  •  HONOREM  •  DEI  •  ET  •  SANTI  •  MICHAELIS  •  FECIT  • 
FIERI  •  ANNO  •  1475. 

En  l'église  Sainte-Croix-de-Jérusalem,  à  Rome,  les  étiquettes  de 
différentes  reliques  y  conservées  sont  ainsi  conçues  :  «  De  lapide  quo 
tegitur  sepulchrum  Yhesu;  de  sepulcliro  Xpisti  Yhesu  »,  etc.  (^Mgr 
Barbier  de  Montault,  l'Année  liturgique  à  Rome,  édition  de  f870, 
p.  iSg.) 

Une  estampe,  datée  de  1434,  image  populaire  de  dévotion  exécutée 
dans  le  genre  dit  criblé,  dont  les  produits  sont  assez  généralement, 
pour  la  plupart,  attribués  à  des  Allemands  plus  artisans  qu'artistes, 
montre  saint  Bernardin  entièrement  à  l'action  d'une  prédication 
publique  sur  son  théâtre  en  plein  vent.  Debout  et  les  bras  étendus  en 
croix,  il  expose,  de  la  main  droite,  le  tableau,  en  forme  de  cercle 
radié,  chargé  du  monogramme  divin  crucifère,  dont  la  première  des 
trois  lettres  qui  le  composent  est  un  ^  ;  de  la  main  gauche,  il  porte 
une  sorte  d'écriteau  sur  lequel  est  formulée  cette  exhortation  : 
PtîlC,  UflC  bulcc  no{men).  —  Voir  dans  la  Bibliothèque  de  VEnsei- 


342 

entre  notre  enseigne  et  le  tableau  (i)  à  l'usage  de 
saint  Bernardin,  ce  sont  les  rayons  qui  entourent 
le  monogramme  crucifère.  On  sait  que,  pour  être 
en  harmonie  avec  les  principes  du  saint,  les 
rayons  devaient  être  au  nombre  de  douze,  comme 
ils  sont  en  eftet  sur  l'enseigne.  On  trouve,  dansun 
des  sermons  que  l'on  a  conservés  de  lui,  l'énumé- 
ration  des  «  douze  rayons  mystiques  ou  attributs  du 
nom  de  Jésus  »  (2).  Mais,  sans  se  livrer,  sur  un 
semblable  sujet,  à  des  considérations  par  trop 
spéculatives,  chacun,  du  moins,  peut  se  souvenir 

gnement  des  Beaux-Arts,  le  volume  intitulé  :  La  Gravure,  par  le 
Vte  Henri  Delaborde,  pp.  44  et  48. 

On  retrouvera  encore,  dans  la  continuation  de  ce  mémoire,  et  en 
dehors  des  médaillons  italiens  dont  il  vient  d'être  succinctement  parlé, 
quelques  exemples  du  monogramme  ^1)6  crucifère,  quand  nous  serons 
à  la  description  des  jetons  de  fabrique  nurembergeoise  que  leurs 
types  font  entrer  dans  notre  cadre. 

(1)  Au  lieu  de  le  tableau,  on  pourrait  dire  les  tableaux,  car  Bernar- 
din de  Sienne  en  a  eu  plusieurs.  Voir  à  la  note  suivante. 

(2)  Voir  ce  qu'AoRiEN  de  Longpérier  a  écrit  au  sujet  du  nom  de 
Jésus,  dans  la  Revue  numismatique  française,  année  1860,  p.  894,  en  se 
fondant  principalement  sur  les  deux  opuscules  suivants,  dus  à  l'éru- 
dition de  Cavedoni  : 

Dell'  origine  e  valore  délia  scritura  compendiosa  IHS  del  sacro- 
santo  nome  di  Gesu.  Modena,  1846. 

Dell'  orig.  e  val.  délia  scritt.  comp.  IHS  del  sacr.  nome  del  Salva- 
tore,  e  del  suo  culto.  Modena,  i855. 

Longpérier  aurait  pu  citer  un  travail  plus  ancien,  de  nature  à 
prouver  l'intérêt  que  les  Italiens  attachent  depuis  longtemps  à  l'étude 
de  ces  questions  ;  c'est  le  livre  de  Vettori,  De  vetustate  et  forma  mono- 
grammatis  Nominis  Jesu    Roma,  1747. 

Rappelons,  d'après  Longpérier,  que  Bernardin  de  Sienne  «  avait 
donné,  en  1423,  à  l'église  Sainte-Marie   délie  Asse,  à  Modène,   un 


343 

que  le  nombre  douze  était  celui  des  apôtres  du 
Sauveur,  et  remarquer  que  ce  nombre  fut  égale- 
ment celui  des  premiers  compagnons  de  saint 
François  d'Assise,  accourus  successivement  à  sa 
parole,  pour  travailler  avec  lui,  dans  leur  évan- 
gélique  pauvreté,  à  la  fondation  de  l'institut  séra- 
phique.Pourtoutbon  cordelier,  comme  Bernardin 
de  Sienne  ou  le  Frère  Richard,  il  ne  pouvait  y 
avoir  à  méconnaître  le  haut  caractère  de  ce 
«  dernier  trait  de  ressemblance  entre  le  nouvel 
institut  et  le  collège  apostolique  »  (i). 

Le  mérite  de  l'auteur  ne  nous  permet  pas  de 
passer  absolument  sous  silence,  nonobstant  les 
bizarreries  dont  elle  est  semée,  l'attribution  tentée 

tableau  représentant  en  or  sur  fond  d'azur  le  monogramme  sacré 
entouré  de  rayons  et  de  fleurons  ». 

Nous  trouvons,  d'autre  part,  dans  V Année  liturgique  à  Rome, 
par  Mgr  Barbier  de  Montault,  1870,  les  deux  mentions  que  nous 
allons  reproduire.  Elles  sont  extraites  du  Propre  des  Saints  : 

P.  44.  20 mai  :  S.  Bernardin  de  Sienne...  «  Sa  vie  a  été  peinte  à  fres- 
que au  xv»  siècle...  sur  les  murs  de  sa  chapelle,  à  Sainte-Marie  in  Ara 
Cceli,  où  l'on  expose  le  monogramme  du  Christ,  qu'il  portait  dans  les 
missions.  » 

P.  89.  23  octobre  :  S.  Jean  de  Capistran...  «A  Sainte-Marie  in  Ara 
Cceli,  on  conserve  le  monogramme  du  nom  de  Jésus,  dont  il  prit  la 
défense,  à  la  basilique  vaticane,  en  présence  de  Martin  V  et  des  cardi- 
naux. » 

On  a  vu  ci-dessus  dans  quelles  circonstances  Jean  de  Capistran  avait 
jugé  bon  d'intervenir,  moins  pour  la  défense  du  monogramme  de 
Jésus  que  pour  la  défense  de  Bernardin  de  Sienne,  attaqué  à  propos  de 
ce  monogramme. 

(1)  Saint  François  d" Assise,  par  le  R.  P.  Léopold  de  Chérancé,  de 
l'Ordre  des  Frères  Mineurs  Capucins.  Edition  de  Paris.  1886,  p.  80. 


344 

autrefois  par  Leber,  au  sujet  d'une  pièce  de  plomb 
ou  d'étain ,  et  de  conservation  moins  que  médiocre, 
qu'il  aurait  volontiers  présentée  comme  étant 
quelque  exemplaire  du  mériau  de  142g.  Il  lisait  en 
fragment  de  légende  sur  cette  pièce,  autour  d'une 
sorte  de  rébus  dont  il  a  donné  une  interprétation 
assez  singulière  pour  ne  pouvoir  être  prise  fort  au 
sérieux,  les  mots:  AVCTORE.  lESV.  PETRVS. 
C'est  en  se  fondant  sur  le  mot  Jesu  placé,  sans 
aucune  marque  spéciale  de  nature  à  éveiller 
l'attention,  dans  le  contexte  de  cette  inscription 
incomplète,  qu'il  conclut  surtout  à  l'attribution 
qu'il  propose.  Son  argumentation  est  d'ailleurs 
des  plus  faible  (i), et  elle  ne  peut  empêcher  de  recon- 
naître aujourd'hui,  dans  la  pièce  en  question,  une 
de  ces  monnaies  des  Innocents  et  des  Fous  publiées 
en  si  grand  nombre  dans  le  travail  du  docteur 
Rigollot,  auquel  celui  de  Leber  sert  d'introduc- 
tion. 

Il  est  peu  de  mots  qui  aient  eu  au  xv*  siècle  et 
encore  longtemps  après,  autant  d'acceptions  diver- 
ses que  le  mot  méreau  sous  ses  différentes  formes  : 
mériau,  mérel,  etc.;  et  il  n'y  a  certainement  pas  de 
quoi  être  surpris  de  le  voir  employé  par  l'auteur 
du  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  pour  désigner 
une  enseigne  ronde,  une  sorte  de  médaille  de 
dévotion,  comme  l'est  notre  enseigne  n°  i,  oià  le 

(1)  Nous  reprendrons  dans  une  note  additionnelle  l'examen  des 
explications  de  Leber. 


345 

nom  de  Jésus,  exprimé  dans  les  deux  formes  les 
plus  usitées  à  l'époque,  se  trouve  exposé  en  pleine 
évidence,  et  non  pas  comme  abrité  obscurément 
parmi  les  autres  mots  d'une  légende  où.  rien  ne  le 
distingue  à  la  vue,  où  rien  ne  provoque  à  l'y  aller 
chercher. 

Nous  n'insisterons  pas  davantage  sur  l'attribu- 
tion que  nous  nous  sommes  attaché  à  mettre  en 
relief,  et  dans  laquelle  nous  avons,  quant  à  nous, 
une  confiance  entière.  Les  uns  l'accepteront  ; 
d'autres,  peut-être,  la  contesteront;  et  le  temps, 
comme  il  est  arrivé  tant  de  fois  dans  les  élucubra- 
tionsnumismatiques,  finira  bien  par  donner  raison 
à  la  vérité.  Mais,  à  propos  même  de  notre  attribu- 
tion, on  pourrait  nous  reprocher,  et  ce  ne  serait 
pas  sans  raison,  de  n'avoir  pas  fait  usage  d'une 
des  considérations  le  plus  particulièrement  de 
nature  à  la  fortifier,  si  nous  n'en  disions  pas,  tout 
au  moins,  quelques  mots  ici.  Il  s'agit  d'un  rappro- 
chement qu'il  convient  d'établir,  ce  à  quoi  nous 
regrettons  de  n'avoir  été  que  tardivement  en 
mesure  de  songer,  entre  notre  enseigne  n°  i  et  les 
médaillons  italiens  du  xv°  siècle  sur  lesquels  figure 
le  monogramme  jl]S  crucifère,  avec  les  détails 
significatifs  que  saint  Bernardin  de  Sienne  paraî- 
trait surtout  avoir  adoptés.  Nous  ne  pouvons 
pour  le  moment  que  prendre  simplement  acte  des 
faits,  sauf  à  y  revenir  lorsque  nous  serons  à  l'exa- 
men des  médaillons  italiens. 

Une  dernière  question    est,    pensons-nous,  à 

Année   1896.  24 


346 

poser  plutôt  qu'à  résoudre,  parce  qu'elle  ne  nous 
paraît  pas  avoir  pu  encore  être  l'objet  d'une  étude 
suffisamment  mûrie. 

Les  enseignes  au  nom  de  Jésus  mises  en  faveur  à 
Paris,  en  142g,  par  les  prédications  du  Frère 
Richard,  ont-elles  été  exécutées  dans  la  capitale, 
ou  bien  y  avaient-elles  été  apportées  par  ce  reli- 
gieux, qui  en  aurait  eu  ainsi  à  sa  disposition  le 
débit,  dès  les  premiei'S  temps  de  sa  mission  ? 

Notre  enseigne  n**  i  ne  présente,  en  tout  cas, 
aucun  caractère  spécial  à  une  localité  plutôt  qu'à 
une  autre;  et  c'est  ce  qui  convenait  tout  particu- 
lièrement, ainsi  qu'on  a  pu  le  voir  ci-dessus,  au 
but  que  tout  religieux  de  saint  François  devait  se 
proposer  pour  la  propagation  cosmopolite  de  la 
dévotion  envers  le  nom  sacré.  Nous  avons  rap- 
pelé plus  haut,  également,  et  d'après  les  observa- 
tions de  M.  Siméon  Luce,  que  le  Frère  Richard 
n'a  pas  poursuivi  ce  but  seulement  à  Paris,  mais 
qu'il  s'y  montrait  attentif  partout  où  l'appelait  son 
ministère.  D'après  ces  considérations,  il  n'y 
aurait  rien  de  surprenant  à  ce  que  des  exemplaires 
de  notre  enseigne  n°  i  pussent  être  retrouvés  à  des 
distances  des  plus  éloignées  les  unes  des  autres. 
Il  est  évident  que  la  question  est  encore  de  celles 
auxquelles  le  temps,  aidé  de  l'observation  des 
archéologues,  pourra  surtout  se  charger  de  répon- 
dre avec  utilité. 

{A  suivre.)  J.  Rouyer. 


347 


NÉCROLOGIE. 


Adrien-Juste  Enschedé. 

Enschedé,  qui  était  membre  associé  de  notre 
société  depuis  le  2  août  1880,  vient  de  mourir  à. 
Harlem  vers  le  milieu  de  mars  dernier. 

C'était  un  des  plus  anciens  associés  de  l'impri- 
merie Joh.  Enschedé  et  fils,  éditeurs  du  journal 
Haarlemsche  courant. 

Il  remplit  pendant  longtemps,  avec  le  plus 
grand  zèle,  les  fonctions  d'archiviste-bibliothé- 
caire de  la  ville  de  Harlem,  à  laquelle  il  rendit 
d'éminents  services  comme  président  de  la  com- 
mission directrice  du  Musée  local  et  comme  pré- 
sident de  la  Société  pour  le  développement  des 
collections  artistiques  de  ce  musée,  dontplusieurs 
objets  remarquables  sont  dus  à  sa  générosité. 
Enschedé  allait  même  jusqu'à  abandonner  son 
traitement  de  bibliothécaire  pour  acheter  de  nom- 
breux livres  qui  manquaient  aux  collections  de  la 
ville. 

La  Société  pour  l'embellissement  de  Harlem  et 
de  ses  environs  eut  à  se  réjouir  maintes  fois  de 
compter  Enschedé  parmi  ses  directeurs  :  grâce  à 
à  lui,  plus  d'un  précieux  monument  historique 
fut  conservé  et  restauré. 


348 

L'Eglise  wallonne  dont  il  faisait  partie  n'eut  pas 
moins  à  se  louer  de  ses  services,  surtout  pour  le 
classement  des  archives  qu'elle  possède  et  aussi 
comme  membre  de  la  Commission  de  l'histoire 
des  églises  wallonnes. 

En  outre.  Enschedé  dépensait  sa  grande  activité 
à  diriger  la  Société  hollandaise  des  sciences,  à 
soutenir,  comme  membre,  la  Société  Teyler,  la 
Société  Néerlandaise  de  l'Industrie  dont  il  était  du 
Comité  et  à  remplir  les  fonctions  de  commissaire 
de  l'Ecole  des  pupilles  de  la  marine. 

Le  défunt  n'a  rien  écrit  dans  notre  Revue  de 
numismatique. 

Il  était  officier  d'académie,  chevalier  du  Lion 
Néerlandais  et  chevalier  de  4*  clas'se  du  Lion  d'Or 
de  Nassau, 

G.  C. 


'49 


MELANGES, 


Documents  relatifs  à  F.  Harrewyn  et  à  J.-B.  Marquart. 

Gravé  pour  Son  Excellence  le  comte  de  Cobenzl,  deux 

passeports  par  ordre  de  M.  Crumpipen,  secrétaire  d'État 

et  de  Guerre. 

Gravé    par    moi,    F.    Harrewyn,    graveur  général   de 

S.  M.  l'Impératrice- Reine. 

Pour  la  gravure  du  grand  passeport,  4  gui- 
nées  = fl.     53-5 

Pour  le  petit  passeport,  2  guinées  =  .     .     26-12  1/2 

Quittance  du  i5  novembre  1753 fl.     79-17  1/2 

Renouvelé  le  petit  passeport  de  S.  A.  R.  par 
ordre  de  M.  Crumpipen  (regravé  et  renou- 
velé)      fl.      i3-6  1/4 

(Secret.  d'État  et  de  Guerre:  Gastos  Secrelos.  Reg.  678, 

Archives  générales  du  royaume.) 


Nous  chargeons  l'essayeur  général  des  monnaies  de  Sa 
Majesté,  Marquart,  de  faire  une  stampille  pour  le  nom  de 
Nobili  et  il  s'en  servira  pour  l'usage  que  le  conseiller  d'État 
de  Nobili  lui  prescrira  de  notre  part;  à  l'effet  de  quoi  le  dit 
Marquart  est  autorisé  par  le  présent  acte,  fait  à  Bruxelles 
le  1 1  octobre  1758.  »  (Quoique  cet  acte  porte  la  date  du 
1 1  octobre,  il  n'a  cependant  été  signé  et  remis  à  Marquart 
que  le  6  novembre  1758.) 


35o 


La  veuve  Nettine  paiera  au  graveur  des  monnaies  de 
Sa  Majesté,  Harrewyn,  la  somme  de  quarante-deux  florins 
argent  courant  de  Brabant,  pour  avoir  gravé  selon  l'état 
ci-joint  notre  petit  titre  et  corrigé  le  grand  titre  de  la 
planche  des  passeports  pour  rapport  aux  changemens  sur- 
venus dans  les  titres  de  Sa  Majesté  parle  mot  Apostolique. 

Fait  à  Bruxelles,  le  22  décembre  lySS. 
Pour  le  petit  titre,  pour  les  dépenses  courantes,     fl.     3i-io 
Pour  la  correction  du  passeport lo-io 


fl.     42-0 

(F.  Gastos  Secretos.  Reg.  680,  Archives  générales  du 
royaume.) 

La  veuve  Nettine  paiera  au  graveur  de  Sa  Majesté, 
Harrewyn,  la  somme  de  91  fl.  10  sols  argent  courant  de  Bra- 
bant, à  quoi  monte  l'état  ci-joint  du  chef  de  deux  platines 
de  cuivre  qu'il  a  fournies  ainsi  que  le  prix  de  la  gravure 
qu'il  y  a  faite  de  nos  titres  comme  ministre  plénipotentiaire 
(comte  de  Starhemberg),  pour  l'expédition  des  lettres  closes 
et  des  passeports,  laquelle  somme  sera  portée  aux  gastos 
secretos. 

Deux  platines  de  cuivre  rouge fl.       7-10  s. 

Pour  la  gravure  de  la  petite  platine 21-0 

Pour  la  gravure  de  la  grande  et  les  passeports  .     63-o 


fl.     91-10  s. 

Ordonnance  du  16  juillet  1760. 

(Gastos    Secretos.    Reg.    681,   Archives    générales    du 
royaume.) 


35 1 

Nous  avons  trouvé  la  mention  que  Harrewyn  fils  s'oc- 
cupa de  gravure,  à  Vienne. 


La  veuve  Nettine  paiera  à  Tessaieur  général  des  mon- 
noies  Marquart  pour  avoir  gravé  le  passeport  à  nos  titres, 
les  planches  de  nos  petits  titres  ainsi  que  le  cachet  à  nos 
armes,  la  somme  de  1 59  florins  argent  courant  de  Brabant. 
le  tout  ayant  eu  lieu  à  l'occasion  des  changements  qu'exige 
notre  qualité  de  Grand  Maître  de  l'Ordre  Teutonique 
(Charles  de  Lorraine).  Bruxelles,  le  9  juin  1761. 

(Gastos  Secretos.  Reg.  682.  Archives  générales  du 
royaume.) 

Gravé  par  le  soussigné  essayeur  général  des  monnoies 
de  Sa  Majesté  aux  Pays-Bas. 
Gravé  sur  cuivre  le  passeport  au  grand  titre  de 

S.  A.  R.  à  8  pistoles    .     .     .     .     .     .     .     .  fl.       84-0 

Gravé  deux  fois,  aussi  sur  cuivre,  le  petit  titre  de 

S.  A.  R.  à  2  pistoles  chaque 42-0 

Déboursé  pour  les  platines  de  cuivre  polies  .     .     .         9-0 
Gravé  le  cachet  de  S.  A.  R.  sur  argent  avec  les 

attributs  de  la  Grande  Maîtrise  de  l'Ordre  Teu-  . 

tonique,  à  2  pistoles 21-0 

Pour  l'argent  et  le  manche  du  cachet 3-o 

fl.      159-0 
Bruxelles,  le  6  juin  1761. 
J.-B.  G.  Marquart. 

(Même  registre.) 

((   La  veuve  Nettine  paiera  à  l'essaieur  général  des  mon- 


352 

noies  de  Sa  Majesté,  Marquart,  la  somme  de  42  florins 
i5  3/4  sols  argent  courant  de  Brabant,  à  quoi  selon  le 
billet  ci-joint  montent  les  frais  d'impression  des  passeports 
et  des  feuilles  de  nos  titres  servant  aux  dépêches  pour  les 
affaires  du  gouvernement  y  compris  le  renouvellement  de 
la  gravure  de  la  planche  des  dits  titres.  Bruxelles,  le  23  fé- 
vrier 1764. 

Imprimé  pour  la  secrétairerie  d'État  et  Guerre  par  ordre 
de  M.  de  Crumpipen,  depuis  le  22  juin  1761  jusqu'au 
17  février  1764  : 

i,5oo  petits  passeports  à  3  escalins  le  cent.  .  fl.  i5-i5-o 
675  grands  passeports  à  7  escalins  le  cent  .  .  .  16-10-9 
Avoir  raccommodé  et  regravé  la  planche    .     .     .     lo-io-o 

fl.     42-15-9 
(Gastos    Secretos.   Reg.    683,    Archives    générales    du 
royaume.) 

Le  waradin  de  la  Monnoie  de  Sa  Majesté  Impériale  et 
Royale  Apostolique,  Marquart,  aiant  gravé  par  nos  ordres  : 
1°  une  planche  pour  l'impression  des  passeports  que  le 
ministre  plénipotentiaire,  prince  de  Starhemberg,  sera  dans 
le  cas  de  faire  expédier  et  2»  une  planche  pour  l'impression 
du  titre  du  même  ministre,  sur  du  papier  destiné  à  servir 
pour  l'expédition  de  lettres  et  actes  du  gouvernement,  la 
veuve  Nettine  paiera  84  florins  argent  courant  de  Brabant. 

Bruxelles,  le  7  mai  1770. 
Gravure  des  passeports  à fl.     63 

—       du  petit  titre  pour  lettres,  actes,  etc.     ...21 

fl.     84 
(Gastos    Secretos.    Reg.    686,    Archives    générales    du 
royaume.) 


353 


Nous  pensons  qu'il  est  inutile  d'ajouter  à  ces  actes  un 
commentaire  quelconque;  ils  sont  assez  explicites  par  eux- 
mêmes.  Nous  les  avons  donc  publiés  tels  que  nous  les 
avons  trouvés  dans  les  Gastos  Secretos  afin  de  compléter 
les  renseignements   biographiques  sur    F,    Harrewyn  et 

J.-B.  Marquart. 

G.  CUMONT. 


Denier  de  Born.  —  En  faisant  connaître  dans  la 
Revue  de  cette  année,  p.  lyS,  un  denier  noir  de  Born,  nous 
avions  cru  pouvoir  reproduire,  de  confiance,  quelques 
renseignements  concernant  cette  seigneurie,  puisés  dans 
des  articles  publiés,  jadis,  par  MM.  Perreau  et  Piot(i).  On 
va  voir,  par  l'extrait  suivant  d'une  lettre  que  notre  excel- 
lent confrère  M.  le  baron  de  Chestret  de  HanefFe,  dans  son 
amitié  pour  nous,  a  pris  la  peine  de  nous  adresser,  com- 
bien nous  avons  eu  tort  de  ne  pas  vérifier  les  dires  de  nos 
devanciers  : 

«  Je  tiens  avec  vous  pour  absolument  certain  que  le 
»  billon  noir  publié  dans  la  dernière  livraison  de  la  Revue 
»  (p.  175),  doit  être  attribué  à  Renaud,  seigneur  de  Born 
»  (1378- 1396),  que  l'on  trouve  indifféremment  désigné 
»  dans  les  chartes  et  les  reliefs  sous  les  prénoms  de  Rei- 
»  noldus,  Renerus,  Reynarr,  etc.  Seulement,  au  lieu  de 
))  l'appeler  Renaud  de  Dalembroeck,  il  importe  de  lui 
»  restituer  son  véritable  nom  :  Renaud  de  Fauquemont, 
»  seigneur  de  Born  et  de  Sittard.  C'est  ainsi  notamment 
»  qu'il  s'intitule  dans  l'acte  du  9  janvier   i393,  par  lequel 

(1)  Revue  belge  de  Numismatique,  t  I,  p.  365  et  t.  XI,  p.  49  —  Voir 
aussi  VANDER  Chijs,  Leenen  van  Braband,  etc.,  p.  71. 


354 

»  il  constitue  en  douaire  à  sa  femme  Elisabeth  de  Clèves, 
»  de  la  maison  de  la  Marck,  le  château  de  Ravenstein, 
»  avec  les  terres  de  Herpen  et  d'Uden  (Lacomblet,  t.  III. 
»  n"  977).  Ce  qui  a  donné  lieu  à  M.  Piot  d'en  faire  un 
»  sire  de  Dalembroeck,  c'est  qu'il  éleva  des  prétentions  sur 
»  cette  terre,  qu'il  voulait  enlever  à  la  maison  de  Heins- 
»  berg-Looz  (KreMER,  Akad.  Beitràge,  t.  I,  p.  37). 

»  J'ajouterai  que  la  Seigneurie  de  Born  n'était  pas  située 
»  dans  le  duché  de  Juliers,  mais  qu'elle  relevait  du  comté 
»  de  Looz,  comme  fief  du  Maesland.  Aussi  fait-elle  partie 
»  aujourd'hui  du  Limbourg  hollandais  et  non  du  royaume 
»  de  Prusse.  » 

Grâce  aux  profondes  connaissances  historiques  de  M.  le 
baron  de  Chestret  et  à  son  obligeance  toute  confraternelle, 
voilà  donc  rectifiées  une  série  d'erreurs  que  nous  avions 
commis  la  légèreté  de  rééditer. 

A.  DEWITTE. 


Droits  d'entrée  et  de  sortie. 

Nous  avons  parlé,  ci-dessus,  p.  199,  d'une  plaque  rela- 
tive aux  droits  d'entrée  et  de  sortie,  sous  Marie-Thérèse. 
Les  bureaux  principaux  des  droits  d'entrée  et  de  sortie 
étaient  en  1745  :  Mons,  Charleroi,  Namur,  Anvers, 
Turnhout,  Tirlemont,  Navagne  (1),  Ruremonde,  Luxem- 
bourg, St-'Vith  et  Marche. 

Il  y  avait  encore  :  Bruges,  Ypres,  Nieuport.  Tournai, 

(i)  Navagne,  dépendance  de  Mouland,  province  de  Liège,  canton  de 
Dalhem. 


355 

Beaumont,  Bruxelles,  Gand,  Ostende,  St- Philippe,  Cour- 
trai,  Anvers,  Manage  et  Ath. 

(Secret.  d'État  et  de  Guerre  :  Gastos  Secretos.  Reg,  677, 
Archives  générales  du  royaume.) 

G.  G. 


Le  monnayeur  franc  sur  la  monnaie  mérovingienne,  par 
Louis  Blancard.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Aca- 
démie de  Marseille.) 

Le  curieux  et  rare  revers  d'un  tiers  de  sou  d'or  représentant 
un  monnayeur  franc  occupé  à  frapper  monnaie,  a  fourni  à 
notre  savant  confrère  l'occasion  de  définir  les  fonctions  de 
ces  officiers  monétaires.  Il  s'étend  ensuite  longuement  sur 
le  sens  qu'il  faut  donner  au  mot  metallum  et  termine  son 
intéressante  notice  en  démontrant  que  le  triens  devait 
être  la  véritable  unité  monétaire  à  l'époque  mérovingienne. 

Un  fidèle  agrandissement  du  revers  qui  fait  l'objet  de  la 
notice  que  nous  résumons,  agrandissement  dû  à  des  procé- 
dés photographiques,  accompagne  le  travail  de  M.  Blan- 
card. 

Vte  B.  DE  J. 


Die  Mûn\en  unter  der  Regierung  seiner  Kais.  u.  Kon. 

Apostolischen  Majesîat  des  Kaisers  Fran:^  Joseph  I. 
Bis  :{ur  Einfiihrung  der  Kronenwàhrung.  Beschrieben 
von  HEINRICH  Cubasch,  Jun.  Wien,  1896,  in-40, 
81  p.,  2  pi,  ' 

Les  travaux  de  numismatique  contemporaine  sont  rares 
de  nos  jours;  peut-être  est-ce  un  mal,  et  les  numismatistes 


356 

de  l'avçnir  regretteront-ils  l'oubli  dans  lequel  nous  laissons 
de  parti  pris  les  monnaies  du  XIX^  siècle,  qui  sont  loin, 
cependant,  de  manquer  d'intérêt.  Ces  réflexions  nous  sont 
suggérées  par  la  lecture  du  beau  volume  que  M.  Henri 
Cubasch,  junior,  vient  de  faire  paraître  sur  le  numéraire, 
si  varié,  créé  en  Autriche  au  cours  du  règne  de  l'empereur 
François-Joseph  I^r. 

On  se  fera  une  idée  du  soin  apporté  par  l'auteur  dans 
ses  recherches  en  constatant  qu'il  ne  décrit  pas  moins  de 
244  monnaies  diverses. 

M.  Cubasch  complète  son  œuvre  par  de  nombreux  ta- 
bleaux fort  instructifs,  la  liste  des  ateliers  monétaires  et 
leurs  différends,  la  suite  des  maîtres  des  Monnaies  et, 
enfin,  la  nomenclature  complète  des  graveurs  de  coins. 

Deux  planches  viennent  donner  un  intérêt  de  plus  à  cet 
excellent  mémoire. 

A.  DE  W. 


Médaille  pour  les   représentants   de   Malines   pendant 
l'occupation  française  de  1792  à  1793. 

Dans  cette  Revue,  année  1886,  pp.  296  et  467,  nous 
avons  déjà  parlé  de  cette  médaille  et  nous  avons  dit  que 
Th.  van  Berckel  semblait  avoir  terminé  la  gravure  des 
coins  (droit  et  revers)  lorsque  survint,  le  27  avril  1793,  la 
défense  de  graver  et  de  distribuer  ces  médailles.  Le  revers 
de  cette  médaille  étant  conservé  dans  la  collection  de  la 
Monnaie  de  Bruxelles,  mais  le  droit  n'ayant  pas  été 
retrouvé,  on  pouvait  douter  si  van  Berckel  avait  eu  le  temps 
d'achever  les  deux  coins.  Aujourd'hui,  nous  avons  la  certi- 
tude que  ces  coins  étaient  achevés  lors  de  l'interdiction 
ci-dessus  mentionnée, et  si  le  coin  du  droit  n'existe  pas  dans 


357 

la  collection,  c'est  qu'il  a  été  détruit  ou  égaré.  La  requête 
du  Pensionnaire  Goubau  au  Conseil  des  finances  (v.  Revue 
1886,  p.  3o2)  nous  avait  du  reste  déjà  fait  présumer  que  van 
Berckel  avait  achevé  la  gravure  des  deux  coins. 

M.V.  Hermans,  archiviste-bibliothécaire  de  la  ville  de 
Malines,  qui  avait  eu  l'obligeance,  en  1886,  de  nous  com- 
muniquer plusieurs  documents  relatifs  à  cette  médaille, 
vient  de  trouver  dans  le  dernier  registre  des  comptes  com- 
munaux de  1719  à  1793.  le  renseignement  inédit  que 
voici  : 

('.  Au  sieur  van  Berckel,  pour  avoir  fait,  à  la  requête  du 
Magistrat,  une  paire  de  coins  pour  les  médailles  destinées 
à  être  offertes  aux  ex-représentants  du  peuple  à  l'époque  de 
l'occupation  de  l'armée  française,  i3i-5.  »  (Traduction  du 
texte  flamand.) 

La  dite  somme  lui  fut  payée  en  vertu  de  la  résolution 
suivante  du  Magistrat,  prise  le  7  octobre  1793  : 

«  Le  7  octobre  1793,  est  lue  la  lettre  du  sieur  van 
Berckel  avec  compte  détaillé  des  frais  et  honoraires  pour  la 
gravure  des  coins  des  médailles  commandées  pour  être 
distribuées  aux  membres  ayant  composé  la  représentation 
du  peuple  de  Malines  à  l'époque  de  la  dernière  occupation 
française,  le  dit  compte  se  montant  à  fl.  i3i-5-o  que  les 
sieurs  trésoriers  ont  été  autorisés  à  payer  et  le  sieur  Pen- 
sionnaire du  Conseil  Goubau  a  été  chargé  de  prier  van 
Berckel  de  vouloir  nous  envoyer  ces  coins.  »  (Traduction 
du  texte  flamand.  Voy.  Résolutions  du  Magistrat  de 
Malines,  reg.  27,  fol.  29.) 

Nous  savons  que  les  efforts  faits  par  Goubau  pour 
mettre  le  Magistrat  en  possession  des  coins  de  la  médaille 
n'aboutirent  pas. 

Ces  deux   notes  des  comptes  communaux,  publiées  par 


358 

M.  V.  Hefmans  dans  son  intéressant  Inventaire  des 
archives  de  la  ville  de  Malines,  tome  huitième,  p.  424, 
viennent  compléter  très  heureusement  les  pièces  justifica- 
tives que  nous  avons  insérées  dans  la  Revue,  1886,  p,  3o2, 
à  la  suite  de  notre  première  étude  sur  la  médaille  en  ques- 
tion. 

G.  CUMONT. 


Sceaux  armoriés  des  Pays-Bas  et  des  pays  avoisi- 
NANTS  (Belgique,  Royaume  des  Pays-Bas,  Luxem- 
bourg, Allemagne,  France),  par  J.-Th.  DE  RAADT. 

Voici  un  livre  qui  sera  certainement  bien  accueilli  par  tous 
ceux,  et  ils  sont  nombreux,  qui  s'occupent  d'histoire,  de 
généalogie  ou  de  blason. 

Admis  par  l'auteur  à  en  feuilleter  le  manuscrit,  nous 
croyons  être  utile  à  nos  confrères  de  la  Société  royale  belge 
de  Numismatique  en  attirant  d'avance  (ce  qui  est  du  reste 
un  peu  dans  les  traditions  de  la  Société)  leur  attention  sur  ce 
vaste  recueil,  fruit  de  longues  et  patientes  recherches  dans 
les  archives  du  pays  et  de  l'étranger. 

Disons  tout  de  suite  que  le  travail  de  M.  de  Raadt  repose 
sur  des  documents  d'uneauthenticiié  absolue,  c'est-à-dire  les 
chartes  et  diplômes,  et  surtout  les  sceaux  qui  y  sont  appen- 
dus.  L'auteur  donne  de  ceux-ci  une  description  générale- 
ment très  fidèle,  souvent  accompagnée  de  fac-similé  ou  de 
dessins,  ainsi  qu'une  analyse  succincte  des  pièces,  quand 
elles  présentent  des  renseignements  intéressants  au  point 
de  vue  de  l'histoire.  Le  tout  est  accompagné  de  l'indication 
des  sources,  ce  qui  permet  de  vérifier  les  données  fournies, 
et  aussi,  si  on  le  désire,  de  se  procurer,  soit  la  copie  des 
documents  cités,  soit  les  moulages  des  sceaux  décrits. 


359 

L'auteur,  que  l'aridité  d'un  pareil  travail  n'a  point  rebuté, 
passe  en  revue  des  milliers  d'actes  concernant  la  noblesse, 
tels  que  reliefs  de  fief,  actes  d'inféodation  ou  de  réconci- 
liation, nominations,  partages,  etc.,  etc. 

Aux  précieux  détails,  presque  tous  inédits,  que  fournis- 
sent ces  documents,  viennent  se  joindre  des  renseignements 
analogues  sur  la  grande  et  la  petite  bourgeoisie.  Enfin,  un 
nombre  considérable  de  quittances  relatives  aux  indemnités 
payées  par  nos  princes  aux  chevaliers,  écuyers  et  simples 
hommes  d'armes  qui  ont  pris  part  à  leurs  guerres  et  à  leurs 
chevauchées  complètent  l'ouvrage. 

Si  l'historien,  l'archéologue  et  l'amateur  de  généalogie 
pelivent  être  assurés  de  trouver  dans  ce  vaste  répertoire 
une  somme  inespérée  d'indications,  a  fortiori  les  numis- 
mates, qui  ont  toujours  eu  à  regretter  l'absence  d'un  livre- 
outil  pouvant  les  guider  sûrement  dans  leurs  difiiciles 
recherches,  pourront-ils  y  puiser  largement.  Depuis  long- 
temps déjà,  les  représentants  les  plus  autorisés  de  la  science 
numismatique  ont  reconnu  les  défauts  et  les  lacunes  de 
l'armoriai  de  RiETSTAP,  le  plus  considérable  dont  ils  aient 
pu  disposer  jusqu'à  présent.  Heureusement,  cet  armoriai 
est  aujourd'hui  rendu  d'une  consultation  plus  facile,  grâce 
à  l'ouvrage,  en  cours  de  publication,  du  comte  Th.  de 
Renesse,  ce  qui  n'atténue  en  rien  cependant  les  critiques 
que  nous  venons  de  rappeler. 

Dans  son  Introduction,  qui  constitue  une  sorte  de  traité 
héraldique,  spécialement  basé  sur  les  éléments  sigillogra- 
phiques  mis  en  œuvre,  et  qui  contient  une  foule  d'observa- 
tions nouvelle>,  M.  de  Raadt  donne  un  aperçu  méthodique 
qui  est  appelé  à  rendre  aux  chercheurs  en  général,  et  parti- 
culièrement à  ceux  qui  étudient  les  jetons  et  les  monnaies, 
de  très  réels  services.  Nous  voulons  parler  du  relevé  des 


36o 

familles  portant  dans  leurs  armoiries  des  meubles  iden- 
tiques. En  effet,  l'auteur  y  groupe  les  noms  de  façon  à 
permettre  à  chacun  de  retrouver  immédiatement  dans  son 
livre  toutes  les  familles  ayant  scellé  des  mêmes  figures  héral- 
diques. 

Qu'il  nous  soit  permis  de  nous  borner  à  deux  exemples  : 
les  cinq  losanges  en  croix,  appartenant  à  une  des  plus  célè- 
bres familles  bruxelloises,  les  de  Mol,  se  rencontrent  égale- 
ment dans  les  blasons  des  Ghindertalen,  des  Kessel,  des 
Conincxloo,  des  Ophem,  des  Rode,  des  Schoor,  des 
Slaterbec,  des  Spiegel,  des  Wellen,  des  échevins  à'Eegen- 
hoven,  etc.  ;  en  second  lieu,  les  cinq  coquilles  en  croix 
forment,  entre  autres,  les  armoiries  des  hvcnWQs  Eschweiler , 
Esselen,  Hertoghe,  Camborne,  Coninc,  Mans,  Noot,  Pla- 
tea,  Spiegel,  Steemveg,  Storm. 

L'auteur,  tout  en  embrassant  dans  ses  recherches  les 
Pays-Bas,  dans  la  plus  vaste  acception  du  terme,  et  la  par- 
tie des  pays  les  plus  proches  de  nos  anciennes  provinces,  a 
fait  une  place  très  large  à  l'héraldique  bruxelloise,  en  décri- 
vant tous  les  sceaux  des  anciens  échevins,  receveurs, 
conseillers,  qu'il  a  pu  rencontrer  dans  les  dépôts  publics  et 
dans  les  collections  particulières,  d'un  accès  parfois  si  diffi- 
cile aux  chercheurs,  ou  ignorés  d'eux. 

Les  armoiries  étant  dépourvues  de  l'indication  des  émaux 
sur  les  sceaux  du  moyen  âge,  il  a  été  suppléé  à  celte  lacune 
par  l'emprunt  fait  à  d'anciens  manuscrits,  à  des  chroniques, 
et  même  à  des  romans  de  chevalerie,  des  couleurs  dont  ils 
offrent  quelquefois  la  description  ou  l'image  enluminée. 

Les  documents  publiés  par  M.  de  Raadt  serviront  au 
surplus  de  contrôle  aux  assertions  contenues  dans  ces  diffé- 
rentes catégories  d'ouvrages  et  aideront  puissamment  à  une 
meilleure  compréhension  de  certains  anciens  travaux  très 


36i 

étendus  et  constamment  consultés, tels  que  le  Miroir  des 
nobles  de  Hasbqye,  de  JACQUES  DE  HemricouRT,  le 
Wapenboek  du  hérault  d'armes  GELRE,  les  Chroniques  de 
FROISSART,  etc.,  etc. 

Tout  en  n'excluant,  en  principe,  aucune  époque,  c'est  le 
XI  ve  siècle  qui  se  trouve  le  plus  largement  représenté  dans 
l'ouvrage  dont  nous  avons  tenu  à  signaler  à  nos  confrères 
la  prochaine  apparition. 

J.   VAN   MALDERGHEM. 


Numismatique  malinoise. 
A  te  lier  s  monétaires . 

Nous  avons  publié,  ci-dessus,  p.  226,  quelques  rensei- 
gnements concernant  la  numismatique  malinoise,  extraits 
du  tome  huitième  de  XInventaire  des  archives  de  la  ville 
de  Malines,  par  M.  V.  Hermans,  le  savant  et  zélé  archi- 
viste-bibliothécaire de  cette  ville.  Aujourd'hui,  M.  Hermans 
vient  d'augmenter  ce  tome  huitième  de  quelques  pages  de 
rectifications  et  de  documents  nouveaux.  Parmi  eux  nous 
devons  mentionner  ici  les  textes  relatifs  aux  Ateliers  moné- 
taires. Le  premier  atelier  monétaire,  remontant  à  l'année 
1357,  était  établi,  dit  M.  Hermans,  au  Vieux  Bruel,  comme 
il  résulte  de  trois  passages  du  compte  communal  de  iBôg- 
iSyo,  fol.  70.  (Les  citations  sont  en  flamand  et  sont  trans- 
crites dans  le  supplément  du  tome  VIII,  p.  438-439.) 

Le  nom  de  munte  donné,  en  1407,  à  une  maison,  rue  de 
la  Chaussée  (v.  ci-dessus,  p.  229),  n'était,  dit  l'auteur, 
qu'un  nom  d'emprunt  et  rien  de  plus.  Ainsi  donc  vient  à 
tomber,  ajoule-t-il,  sa  conjecture  relative  à  l'endroit  de  la 
ville  occupé  par  le  premier  atelier  monétaire  de  Malines. 

«  Par  acte  du  5  août  1423,  comme  il  est  dit  à  la  page  327, 
Année  1896.  25 


362 

»  Adrien  Adeleyn  acquit  l'ancien  hôtel  de  la  Monnaie, 
»  situé  rue  du  Vieux  Bruel.  Le  i8  octobre  1425,  celui-ci 
»  échut  à  Jacques  de  Heffene  et,  le  19  août  de  l'année  sui- 
»  vante,  à  Gauthier  de  Duffle,  dit  Berthout.  En  1448,  il 
»  appartenait  en  partie  aux  frères  Jean  et  Florent  Bock. 
»  L'année  suivante,  ceux-ci  vendirent  à  Jean  de  Muysene 
»  leur  part  dans  la  moitié  du  dit  hôtel.  De  1476  à  iSoy,  il 
»  fut  habité  successivement  par  le  chancelier  de  Bour- 
»  gogne  Guillaume  Hugonet  et  son  fils  Guillaume  de 
»  Saillant,  qui  le  vendit  alors  à  Philippe  Wielant,  conseil- 
»  1er  et  maître  des  requêtes  près  le  Grand  Conseil.  De 
»  i5o7  à  1 558,  cette  propriété  fut  possédée,  d'abord  par 
»  Messire  Ferry  Laureyns,  seigneur  de  Tardeghem,  puis 
»  par  Albert  Bouw^enssen,  procureur  près  le  Grand  Con- 
»  seil,  et  enfin  par  Messire  Jacques  Quarré.  En  i635,  elle 
»  passa  sous  la  désignation  vulgaire  de  "t  Huys  van  Quarré 
))  en  mains  de  Pierre  de  Dryver,  qui  la  convertit  en  bras- 
»  série.  Dès  lors  disparaît  cette  dernière  dénomination 
»  pour  faire  place  à  celle  de  den  Eenhoren  (la  Licorne), 
»  nom  qu'elle  porta  jusqu'à  sa  démolition,  en  1870.  » 

Telles  sont  les  vicissitudes  de  cet  hôtel  monétaire. 

Le  savant  archiviste  de  Malines  a  pu  réunir,  pour  les 
établir,  une  série  de  documents  écrits  en  latin  et  en  flamand 
et  mentionnés  sous  le  titre  de  pièces  justificatives  dans  le 
supplément  ci-dessus  indiqué,  pp.  439  à  446.  Nous  félici- 
tons vivement  M.  Hermans  d'avoir  réussi  à  former  un 
aussi  important  faisceau  de  preuves. 

G.  CUMONT. 

Dans  le  même  supplément  (pp.  432-438  et  p.  456), 
M.  Hermans  indique,  d'après  les  comptes  de  Malines  de 
1443-46   à    1706-07,  une  liste  des  sceaux  scabinaux  et   les 


363 

noms  de  leurs  graveurs  (i).  Cette  liste  vient  compléter 
celle  que  feu  notre  regretté  collègue  Pinchart  nous  a  fait 
si  bien  connaître  dans  ses  Recherches  sur  la  vie  et  les  tra- 
vaux des  graveurs  de  médailles^  de  sceaux  et  de  monnaies 
des  Pays-Bas. 

G.  C. 


v 


Sur  le  rapport  de  M.  Muntz,  le  prix  Duchalais,  d'une 
valeur  de  800  francs,  a  été  décerné  à  M.  de  la  Tour,  biblio- 
thécaire au  Cabinet  des  médailles  à  Paris,  pour  les  quatre 
mémoires  qu'il  a  présentés  sur  des  médailles  italiennes  de 
la  Renaissance, 

La  commission  accorde  en  outre  une  mention  toute 
spéciale  à  l'ouvrage  de  M.  de  Belfort  :  Description  générale 
des  monnaies  mérovingiennes,  qui  avait  été  présenté  au 
même  concours. 

Nos  félicitations  les  plus  chaleureuses  aux  deux  lauréats 
dont  les  travaux  sur  la  numismatique  sont  si  avantageuse- 
ment connus  du  monde  savant. 

VieB.  DE  J. 


Il  y  a  un  an  à  peine,  on  s'en  souvient,  M.  le  comte 
de  Nahuys  réclamait,  dans  la  Revue,  de  l'obligeance  de 
tous  ses  confrères,  la  communication  des  renseignements 
inédits  qu'ils  pourraient  posséder  sur  le  monnayage  du  roi 
Jérôme  de  Westphalie.  Depuis,  la  mort  est  venue  frapper 
notre  excellent  collègue,  au  moment  même  où  il  terminait 
son  travail. 

M.Goemaere,  éditeur,  21  rue  de  la  Limite,  à  Bruxelles, 

(1)  Voir  encore  quelques  graveurs  d'autres  sceaux,  pp.  448-449. 


364 

s'inspirant  du  seul  intérêt  scientifique  et  avec  un  désintéres- 
sement auquel  nous  nous  plaisons  à  rendre  hommage,  est 
tout  disposé  à  entreprendre  la  publication  de  L'HISTOIRE 
NUMISMATIQUE  DU  ROYAUME  DE  WESTPHALIE,  SOUS 
LE  RÈGNE  DU  ROI  JÉROME-NAPOLÉON  (i),  à  la  seule 
condition  d'obtenir,  tout  d'abord,  l'appui  de  quelques 
souscripteurs  qui  le  mettraient  à  couvert  d'une  partie  de 
ses  frais.  Nous  espérons  que  son  appel  sera  entendu  et  que 
l'œuvre  du  comte  de  Nahuys  ne  sera  par  perdue  pour  les 
numismatistes. 

A.  DE  W. 


La  monnaie  de  Jovinpeu  ou  Saint-Donat  {894-I02S?) 
par  M.  Roger  Vallentin.  Valence,  imp.  Jules  Céas 
et  fils,  1895,  in-80,  24  pages.  Extrait  du  Bulletin  de  la 
Société  d' Archéologie  et  de  Statistique  de  la  Drôme. 

Les  auteurs  les  plus  récents  ont  négligé  de  signaler 
l'existence  de  l'atelier  épiscopal  de  Saint-Donat  (Drôme). 
Cependant  il  est  bien  établi  que  les  évêques  de  Grenoble 
ont  battu  monnaie  dans  cette  localité.  Notre  savant  collè- 
gue pense  que  celte  officine  a  été  installée  après  le  1 1  août 
894,  à  une  date  inconnue,  et  qu'elle  a  été  mise  en  activité 
de  temps  à  autre  jusqu'en  io25  environ  au  plus  tard.  Il 
démontre  qu'il  est  tout  naturel  que  les  évêques  de  Grenoble 
aient  exercé  dans  ce  village  l'un  de  leurs  droits  régaliens, 

(1)  Édition  de  luxe,  grand  in-40,  enrichie  de  nombreuses  planclies 
en  couleur  et  de  documents  inédits,  sur  le  plan  de  l'Histoire  numis- 
matique du  royaume  de  Hollande  sous  le  règne  de  Louis-Napoléon 
et  l'Histoire  numismatique  de  la  Hollande  pendant  sa  réunion  à 
r  Empire  français.  —  Prix  :  20  francs. 


365 

Jovinzieu  se  trouvant  dans  le  comitatus  onpagus  de  Vienne. 
Le  nom  de  Jovinzieu  fut  changé  en  celui  de  Saint-DonaL 
vers  g  10.  L'auteur  ajoute  que  les  espèces  ouvrées  à  Saint- 
Donat  devaient  mentionner  d'une  manière  plus  ou  moins 
explicite  ce  même  Saint-Donat,  patron  de  cette  ville,  mais 
que  la  rareté  extrême  de  ces  espèces,  inconnues  aujourd'hui, 
permet  de  prétendre  que  l'atelier  de  Saint-Donat  n'a  eu 
qu'une  existence  éphémère  et  n'a  fonctionné  que  d'une 
manière  très  intermittente  durant  le  laps  de  temps  indiqué 
ci-dessus. 

Espérons  que  ce  desideratum  de  la  numismatique  du 
Dauphiné  finira  par  être  comblé,  car  M.  R.  Vallentin  a  très 
bien  déblayé  la  route  pour  y  parvenir. 

G.  G. 


Bibliographie   des  travaux  de  Frédéric  Soret,  relatifs 
à  la  numismatique. 

La  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève  a  publié 
à  l'occasion  du  Congrès  des  Orientalistes  qui  eut  lieu  en 
cette  ville  en  1894,  une  fort  élégante  plaquette  (i)  rédigée 
par  M.  Edouard  Favre,  actuellement  président  de  la 
savante  compagnie.  Cette  plaquette  contient  un  inven- 
taire des  nombreux  travaux  d'orientalisme  lus  aux  séances 
de  la  Société  depuis  sa  fondation,  en  i838,  Jusqu'à  l'année 
du  Congrès  ;  on  y  trouve  deux  excellents  portraits  d'orien- 
talistes célèbres,  membres-fondateurs  de  la  Société,  Adolphe 
Pictet,  l'auteur  des  Origines  indo-européennes,  et  Frédé- 
ric Soret,  l'illustre  numismate,  l'un  de  nos  zélés  collabora- 
teurs de  Jadis.  Et  M.  Favre  a  pensé  fort  Judicieusement 

(x)  Les  études  orientales  à  la  Société  d'histoire  et  d archéologie 
de  Genève,  1838-1894.  Genève,  imp.  Kûndig,  5o  pp.,  in-S". 


■366 

que  c'était  le  cas  de  donner  la  bibliographie  des  nombreux 
travaux  numismatiques  de  Soret;  on  ne  pouvait  mieux 
taire.  Malheureusement,  l'opuscule  en  question  a  été 
réservé  aux  seuls  membres  du  Congrès  et  de  la  Société 
d'histoire  ;  les  numismates,  nos  confrères,  ne  pourront  pas 
facilement  profiter  de  cette  précieuse  bibliographie  qui  ne 
comprend  pas  moins  de  17  pages  in-S",  consacrées  à  la 
nomenclature  des  écrits  publiés  par  Soret  lui-même,  et 
des  lettres  à  lui  adressées,  concernant  ses  collections  et 
annotées  par  le  savant  numismatiste. 

J.  M. 


Denier  royal  et  épiscopal  frappé  à  Melle  sous  Charle- 
magne,  par  LOUIS  BlancARD.  Extrait  des  Mémoires 
de  r Académie  de  Marseille,  3  pages  in-8°  et  figure. 

On  sait  que  l'église  de  Poitiers  jouissait  du  droit  de 
monnayage  à  l'époque  mérovingienne. 

L'auteur  démontre  qu'elle  avait  encore  ce  droit  sous 
Charlemagne,  mais  en  participation  avec  le  roi.  Cela 
résulte  de  la  double  légende  du  curieux  denier  publié  par 
notre  savant  collègue.  Au  droit,  le  nom  de  Charlemagne, 
CAROLVS.  Au  revers,  un  monogramme  signifiant 
MetuUum  (Melle),  les  autres  lettres  pouvant  être  interpré- 
tées £P(iscopus)  (Crosse)  P(ictaviensis).  En  effet,  la  ville 
de  Melle  est  dans  le  diocèse  de  Poitiers  et  l'évêque  de  Poi- 
tiers était  le  seul  évêque  qui  piàt  avoir  droit  de  seigneu- 
riage  sur  la  monnaie  de  Melle. 

M.  Blancard  constate  donc  qu'au  monnayage  de  Melle 
participaient,  au  commencement  du  règne  de  Charle- 
magne, l'Évêque  et  le  Roi. 

G.  C. 


367 


De  drie  merkwaardige  Schellingen  :  het  Schild,  het  Lam 
en  de  Gulden  van  gewicht  of  de  munten  van  3,  2  1/2 
en  2  Tremissen  met  daarmede  in  verband  staande 
Pondenstelsels.  Uitvoerige  beschrijving  van  het  middel- 
eeuwsche  Pond-  of  Geldwezen  met  tal  van  berekeningen, 
zoo  voor  het  bepalen  van  het  gewicht,  als  voor  de  waar- 
de  van  oude  munten,  door  A.  HOLLESTELLE,  te  Tho- 
len.  Tholen,  J.  M.  G.  Pot,  1896,  i^  partie.  Un  volume 
in-80  de  98  pages. 

Le  remarquable  travail  de  M.  HoUestelle  est  le  complé- 
ment d'un  ouvrage  du  même  auteur  intitule'  Het  Schild 
en  de  daarmede  in  verband  staande  Pondenstelsels.  Notre 
regretté  collègue,  M.  le  comte  de  Nahuys,  en  a  donné  un 
excellent  compte-rendu  dans  nos  annales  de  1893,  i«  livrai- 
son, p.  108. 

Dans  l'ouvrage  qui  nous  occupe  maintenant,  l'auteur  a 
élargi  son  terrain  :  il  ne  se  contente  plus  d'étudier  l'écu,  il 
englobe  l'agnel  et  le  florin. 

Successivement,  les  marks  de  Cologne,  de  Louvain,  les 
denarii  aurei  sont  étudiés.  Puis,  il  s'attaque  aux  onces, 
aux  sterlings  de  Londres  et  aux  deniers  de  1257,  aux  mon- 
naies du  monnayeur  Rednathes  ;  plus  loin,  il  parle  du  1/4 
de  mark  (Fertho).  de  l'aureolus.  des  drachmes  d'or  et  des 
livres  de  Groningue. 

L'agnel  d'or  et  l'emploi  de  la  livre  de  63  fl.  ;  deux  inté- 
ressants esterlings  de  fl.  0.14  7/12  et  de  fl.  o.ii  2/3;  la 
monnaie  de  Gulm;  le  double  agnel  d'or;  l'écusson  et  l'an- 
gelot sont  tour  à  tour  étudiés,  discutés. 

M.  HoUestelle  nous  livre  un  travail  fortement  écha- 
faudé;  il  fourmille  de  données  exactes,  puisées  aux  sources 
les  plus  certaines,  les  plus  sûres;  maints  points  obscurs 


368 

sont  élucidés  et  les  numismates  y  trouveront  des  éléments 
utiles  pour  la  numismatique  du  moyen  âge. 

C'est  un  monument  précieux,  pour  lequel  nous  expri- 
mons toute  notre  gratitude  au  consciencieux  auteur. 

M.  le  comte  de  Nahuys  regrettait  de  ne  pas  trouver  une 
table  analytique  à  la  première  étude  de  M.  Hollestelle.  Je 
m'associe  au  regret  de  notre  ancien  collègue  et  l'exprime 
encore  au  sujet  de  l'ouvrage  qui  nous  occupe  aujour- 
d'hui. 

Seeldrayers. 


Plombs  des  toiles  de  Courtrai  et  de  Menin. 

Le  tome  VI  du  Recueil  des  anciennes  ordonnances  des 
Pays-Bas  autrichiens  renferme  une  ordonnance  de  l'inten- 
dant, pour  le  roi  de  France,  Moreau  de  Séchelle,  donnée  le 
22  juin  1744,  dont  nous  extrayons  le  passage  suivant  : 

«  Que  les  baillis  et  échevins  des  villages  de  la  châtel- 
«  lenie  de  Courtray  et  de  la  verge  de  Menin  seront  tenus 
«  de  se  pourvoir,  dans  la  huitaine,  à  compter  de  ce  jour, 
«  d'une  marque  chacun  pour  apposer  sur  les  toiles  qui  se 
«  trouveront  actuellement  dans  les  dites  paroisses,  prove- 
«  nant  de  la  fabrique  des  habitants,  sur  celles  qui  s'y  fabri- 
«  quent  actuellement  et  qu'ils  fabriqueront  à  l'avenir,  des- 
«  quelles  marques  ils  remettront  une  des  empreintes  dans 
«  les  bureaux  de  Menin  et  de  Courtray,  avec  leur  certifi- 
«  cat,  pour  y  avoir  recours  au  besoin  ». 

Cette  ordonnance  est  rendue  à  la  requête  de  M«  Jacques 
Forceville,  adjudicataire  général  des  fermes  du  Roi,  qui 
démontre  la  nécessité  d'établir  une  police  concernant  la 
marque  des  toiles  fabriquées  dans  la  châtellenie  de  Cour- 
trai et  la  verge  de  Menin,  afin  de  pouvoir  les  distinguer 


369 

de  celles  que  l'on  fabriquait  dans  les  pays  voisins.  Les 
plombs  qui,  désormais,  devaient  être  apposés  aux  toiles  de 
Courtrai  et  de  Menin,  portaient,  d'un  côté,  «  les  armes  de 
la  châtellenie  de  Courtray  et  verge  de  Menin  »,  et,  de  l'au- 
tre, «  le  nom  du  lieu  où  les  dites  toiles  étoient  fabriquées.  » 

^.  DE  w. 


\ 


Voyage  de  J.  B.  Marquart,  à  Paris,  pour  Vétalon- 
nement  des  poids  des  monnaies  de  Sa  Majesté  aux 
Pays-Bas. 

Voici  quelques  documents  intéressants,  relatifs  à  ce 
voyage,  tirés  des  Gastos  Secretos  (Secret.  d'État  et  de 
Guerre,  Reg.  679,  Archives  gén.  du  royaume)  : 

«  Indépendamment  des  20  pistoles  à  10  florins  10  sols 
pièce,  que,  par  notre  ordonnance  du  26  octobre  lySS,  nous 
avons  assigné  sur  les  Gastos  Secretos  à  N.  Marquart  pour 
fraix  d'un  voiage  qu'il  devoit  faire  à  Paris  pour  le  R.  ser- 
vice, relativement  à  l'étallonnement  des  poids  pour 
les  monnoies  de  Sa  Majesté  aux  Pais-Bas,  le  même  Mar- 
quart a  dû  faire  des  dépenses  ultérieures  pendant  son 
séjour  à  Paris,  du  su  et  de  la  connoissance  du  Ministre 
Impérial  le  comte  de  Starhemberg,  dont  l'import  va  à 
douze  cens  livres  de  France,  lesqueles  lui  ont  été  avancés 
par  ledit  Ministre  (hors  des  deniers  que  le  comte  de 
Cobenzl  avoit  à  Paris),  nous  chargeons  la  veuve  Nettine 
d'en  faire  rembourser  ce  dernier  et  de  porter  les  douze 
cens  livres  dans  ses  comptes  des  Gastos  Secretos  où  la 
même  somme  lui  sera  passée  parmi  la  présente  ordonnance 
et  respectives  les  quittances  y  afférentes.  Fait  à  Bruxelles, 
le  1 1  mars  iy56.   » 


Syo 


«  Le  soussigné  reconnois  avoir  reçu  de  S.  E.  le  comte  de 
Starhemberg  tant  pour  mon  voiage  que  pour  les  fraix  de 
l'étallonnement  des  poids  que  pour  ma  subsistance,  la 
somme  de  cinquante  louis  faisant  douze  cent  livres  de 
France. 

»  Â  Paris,  ce  trois  de  mars  de  l'année  mil  sept  cent  cin- 
quante-six. 

»  J.  B.  Marquart,  1756.   » 


«  Fraix  faits  au  sujet  de  l'étallonnement  dit  vérification 
des  poids  de  soixante-quatre  marcs  en  la  Cour  des  mon- 
noyes  de  Paris  : 

Primo,  pour  avoir  fait  graver  les  armes  de 
Sa  Majesté  l'Impératrice  Reine  sur  la  pille  et 
les  lettres  sur  le  poids 18  livres. 

Pour  avoir  fait  faire  un  étuy  garni  de  ferure 
et  crochet  de  fer 18     — 

Payé  aux  balanciers  LeCanu  et  Fremin  pour 
une  pille  que  je  leur  ai  fait  faire,  8  louis  d'or  =192     — 

De  plus  payé  aux  susdits  balanciers  pour 
leurs  vacations,  chacun  douze  livres,  pour 
avoir  étallonné  laditte  pile  à  la  Cour  des  mon- 
noyes 24    — 

Payé  au  procureur  le  S""  Harmand  pour  de- 
voir et  ses  droits 3o    — 

Donné  aux  quatre  huissiers  pour  gratifica- 
tion     18     — 

Aux  serviteurs  tant  de  la  buvette  qu'à  d'au- 
tres domestiques  de  la  Cour 24     — 

Au  laquais  du  procureur  général     ....       6     — 


3ji 

Aux  laquais  du  premier  président  ....  12  livres. 
Aux  commis  et  écrivains  du  greffe.  .  .  .  18  — 
Donné  tant  aux  laquais  des  commissaires, 
greffier  en  chef  et  substitut  du  procureur  géné- 
ral la  somme  de  18  livres,  les  dits  commis- 
saires et  greffier  en  chef  et  substitut  n'ayant 
pas  voulu  recevoir  de  vacations 18     — 


Approuvé,  le  comte  de  Starhemberg  .     .     .  378  livres. 

La  veuve  Nettine  paiera  hors  de  la  caisse  des  Gastos 
Secretos  à  N.  Marquart  la  somme  de  i5o  florins  argent 
courant  qui  lui  est  encore  due  pour  reste  de  la  dépense 
qu'il  a  faite  pendant  son  séjour  à  Paris. 

Bruxelles,  le  29  juillet  1756. 

La  veuve  Mathias  Nettine  tenait  une  banque  à  Bruxelles 
et  était  chargée,  à  cette  époque,  du  service  des  Gastos 
Secretos  ou  dépenses  secrètes. 

Quant  à  J.  B.  Marquart,  il  était,  en  1756,  essayeur  géné- 
ral des  monnaies  de  S.  M.  l'Impératrice  Marie-Thérèse. 

G.  CUMONT. 


Les  casques  francs  sur  les  monnaies  mérovingiennes,  par 
Louis  BlanCARD.  (Extrait  des  Mémoires  de  l Académie 
de  Marseille.) 

L'érudit  archéologue  fait  défiler  sous  nos  yeux  les  nom- 
breux et  différents  types  de  casques  représentés  sur  le  numé- 
raire mérovingien.  Monnaies  et  textes  ontété  consciencieuse- 
ment consultés  par  l'auteur.  Il  prouve  victorieusement,  pour 
finir  son  travail  si  curieux,  que  le  type  prétendu  diadème 
est  simplement  Une  tête  casquée.   La  notice  si  instructive 


372 

dont  nous  venons  de  donner  un  aperçu  très  sommaire, 
sera  lue  avec  un  vif  intérêt  par  tous  ceux  qui  s'occupent  de 
l'étude  si  attrayante  des  costumes  et  des  armures  à  l'époque 
franque. 

V^-^B.  DE  J. 


Notes  sur  Forigine  de  la  monnaie  tournois,  par  M .  A.  DE 
Barthélémy.  Extrait  dés  Mémoires  de  V Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres.  Paris,  1896,  in-40,  14  pages. 

Travail  du  plus  haut  intérêt.  Nous  ne  pouvons  mieux 
faire,  vu  l'importance  du  sujet,  que  de  transcrire  in  extenso 
les  conclusions  auxquelles  arrive  l'éminent  académicien  : 

jo  Que,  depuis  8o5,  la  monnaie  de  Tours  fut  frappée 
pour  le  roi,  par  les  comtes,  jusqu'en  909;  qu'alors  le  duc- 
abbé  Robert  obtint  de  Charles-le-Simple  le  droit  de  frapper 
monnaie  en  faveur  de  la  communauté  dont  il  était  abbé 
laïque  ; 

2"  Que,  depuis  919,  la  monnaie  fut  ouvrée  à  Tours  pour 
le  duc-abbé  et  pour  ses  successeurs,  jusqu'au  couronnement 
de  Hugues  Capet  ; 

3°  Que  les  ducs-abbés  avaient  donné  une  grande  exten- 
sion à  leur  privilège,  en  faisant  monnayer  dans  plusieurs 
villes  de  leurs  dépendance,  comme  Chinon,  Blois  et 
Orléans  ; 

4«  Qu'à  l'avènement  des  Capétiens,  les  lieutenants  des 
anciens  ducs  des  Francs  frappèrent  pour  eux-mêmes  dans 
leurs  fiefs,  en  conservant  traditionnellement  un  type  qui 
rappelait  le  chef  de  saint  Martin  ; 

5"  Que  la  monnaie  de  Tours,  après  la  disparition  du 
dernier  duc,  continua  d'appartenir  aux  comtes,  représentés 
successivement  par  les  comtes  de  Blois,  puis  ceux  d'Anjou  ; 


373 

6°  Que  Philippe- Auguste  prit  possession  de  la  monnaie 
de  Tours  à  titre  de  successeur  des  comtes  ; 

7°  Que,  lors  de  la  promulgation  de  l'ordonnance  moné- 
taire de  i3i4,  la  collégiale  tenta,  sans  succès,  de  faire 
revivre  son  privilège,  devenu  caduc  depuis  plusieurs  siècles. 

A.  DE  W. 


Chronique  des  ventes  en  Belgique. 

I.  Vente  Cocheteux .  —  Les  12  et  i3  mars  1896  ont  été 
dispersées,  à  Bruxelles,  par  les  soins  de  MM.  Dupriez  et 
Cordemans,  experts,  les  collections  numismatiques  d'un  des 
plus  anciens  membres  de  notre  société,  le  général  Cocheteux. 

Tournaisien  de  naissance,  notre  confrère  s'était  surtout 
appliqué  à  réunir  une  suite,  aussi  complète  que  possible, 
des  monnaies  frappées  dans  sa  ville  natale  ;  224  numéros 
du  catalogue  sont  consacrés  à  Tournai. 

Parmi  les  pièces  de  cette  série,  dont  malheureusement 
peu  d'amateurs  s'occupent,  nous  citerons,  comme  ayant 
atteint  des  prix  assez  élevés,  une  couronne  d'or  de  Philippe  1 1 , 
65  francs;  un  rare  ducaton  d'Albert  et  Isabelle,  70  francs  ; 
enfin,  un  double  florin  d'argent  des  mêmes  princes,  5o  fr. 

M.  Cocheteux  possédait  aussi  une  assez  jolie  suite  de 
monnaies  romaines  et  quelques  jetons  et  méreaux  : 

N0519.  —  Denier  d'argent  de  Constantin  Jer,  offrant, 
au  revers,  au  dire  du  catalogue,  la  Porta- Nigra  de 
Trêves fr.     42 

N'^ioSS.  —  Jeton  de  Tournai  :  Vive  Carie  empereur 
de  Romme fr.     1 1 

N»  1069,  —  Jeton  des  maîtres  de  la  Monnaie  de  Bruges, 

1468 fr.     10 

etc.,  etc. 


374 

Parmi  les  pièces  de  provenance    diverse,  il  nous   faut 

encore  citer  : 

N°  i533.  —    Un    statère    dor  de  Panticapée,    adjugé 

looo  francs  à  M.  Coster. 
N»  1 543.  —  Demi-statère  d'Agathocle  de  Syracuse,  fr.  200 
N»  i633.  —  Médaille  d'argent,  de  grand  module,  commé- 

morative  de  la  paix  de  Westminster  entre  les  Pays-Bas  et 

l'Angleterre fr.     120 

Les    1,655    numéros  du  catalogue  ont  produit  en  tout 

fr.  7,264.30. 

C'est  là  un  résultat  dont  les  experts  peuvent  se  féliciter. 
1 1 .  Collection  de  feu  M.  V.  de  L.. . ,  capitaine  d'artillerie 

en  retraite,  à  Landrecies.   Vente    à   Bruxelles,  les  18  et 

19  mai  1896.  Expert  M.  R.  Serrure. 
Des  monnaies  grecques  et  romaines,  une  assez  jolie  suite 

du  Hainaut,  quelques  pièces  de  Brabant,  de  Tournai,  de 

Flandre,  de  Liège,  etc.,  etc.,  des  monnaies  étrangères,  des 

médailles  et  des  jetons,  en  tout  544  lots. 
Voici  quelques  prix. 
Panorme    sous    la  domination    carthaginoise.     Tétra- 

drachme  à  la  tête  d'Hercule  jeune fr.     59 

Cyme.  Tétradrachme 54 

Démétrius  II,  Nicator,  roi  de  Syrie.  Tétradrachme  5o 
Ptolémée  I,  Soter,  roi  d'Egypte.  Tétradrachme  .  80 
Antonin  le  Pieux.  Aureus  au  revers  de  la  Félicité  .     61 

Pupienus.  Grand  bronze  à  la  Victoire 3o 

Jovien.  Sou  d'or 60 

Les  monnaies  belges  ont  atteint  des  prix  élevés. 
Hainaut,  Guillaume  II.  Tiers  de  gros  au  lion,  en  argent; 

connu  jusqu'ici  seulement  en  cuivre  saucé    ....     76 

Guillaume  III.  Grand  mouton  d'or i65 

Flandre.  Noble  de  Philippe  le  Hardi 102 


375 

Minorité  de  Philippe  le  Beau.  Demi-florin  d'or  .  fr.     95 

Brabant,  Jeanne  etWenceslas.  Florin  d'or  au  Saint- 
Servais  à  M.  Meyer,  de  Paris     .     .     .     .     .     .     .  fr.  327 

Cette  monnaie  avait  été  adjugée  200  francs,  en  i885, 
à  la  vente  Dugniolle  et  176  francs  tout  récemment  à  la 
vente  Dumoulin,  tenue  à  Amsterdam   en  avril  dernier. 

Gros  de  l'évêque-élu  de  Liège,  Henri  de  Bavière,  frappé 
à  Saint-Trond fr.     55 

Piedfort,  en  bas  argent,  du  mouton  d'or  de  l'évêque 
d'Utrecht,  Florent  de  Wevelinckhove fr.   ib5 

La  vente  a  produit  environ  5,900  francs. 

A.  DE  W. 


SOMMAIRE  DES   PUBLICATIONS   PERIODIQUES. 

Numismatic  chronicle.  1895,  Part.  IV.  —  IMHOOF- 
Blumer.  Grieschische  Mûnzen.  —  MONTAGU.  Furlher 
notes  concerning  Bishoph  de  Bury  and  the  Durham  coinage. 
—  Parkes  Weber.  Medals  of  Centenarians. 

Revue  numismatique.  1896,  ic  trim.  —  BabeloN. 
L'éléphant  d'Annibal.  —  Blanchet.  Les  fonctions  des 
triumvirs  monétaires  romains.  —  Van  Gennep.  Notes 
sur  le  monnayage  d'Amédée  IX,  de  Savoie.  —  ROBERT.  Les 
jetons  des  États  de  Bretagne. — DE  La  ToUR.  Médailles 
modernes  récemment  acquises  par  le  Cabinet  de  France. 

Rivista  italiana  di  numismatica.  T.  IX,  fascicule  I.  — 
F.  Gnecchi.  Appunti  di  numismatica  romana.  —  CanO- 
BIANCHI.  Il  denaro  pavese  ed  il  suo  corso  in  Italia  nel  XII 
secolo.  —  RUGGERO.  Annotazioni  numismatische  geno- 
vesi.  —  ClANI.  Frinco  e  Messerano  :  monete  inédite.  — 
MoRSOI.lN.    Una  medaglia  satirica  di  Camillo  Mariani. 


376 

—  MOTTA.  Documenti  Visconteo-Sforzeschi  per  la  storia 
délia  zecca  di  Milano.  —  Ambrosoli.  Bibliografia  numis- 
matisca  di  Giangiacomo  de'  Medici. 

Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique .  1896, 
i^e  livraison.  —  Vallentin.  Deux  nouveaux  ateliers 
monétaires  delphinaux.  —  DE  VIENNE.  La  prétendue  livre 
de  Charlemagne.  —  JOUY.  Lettre  à  M.  le  Directeur  de 
l'Annuaire  au  sujet  de  la  médaille  de  Laure  de  Noves.  — 
Sambon.  Monnaies  de  Charles  VIII  frappées  en  Italie.  — 
Trachsel.  Trouvaille  de  Chevroux,  en  1886. 

Wiadomosci  numi\matyc:{no-archeologicine,  n»  27.  — 
PlEKOSINSKI.  Deux  monnaies  polonaises  inconnues  du 
moyen  âge.  —  BOLSUNOWSKI.  Les  marques  en  plomb 
trouvées  près  de  Drohiczyn.  —  Triple  gros  à  la  couronne 
de  Sigismond  III  et  divers  articles  archéologiques. 

American  Journal  of  numismatics.  Vol.  XXX,  no  3.  — 
J.  A.  Blanchet.  a  curions  eretrian  coin-type.  —  P.  Six. 
Some  undescribed  Greek  coins.  —  PARKER  Weber. 
Gems  used  as  money.  —  StoreR.  The  medals,  jetons, 
und  Tokens  illustrative  of  the  science  of  medicine. — A 
curions  rosicruciam  medal.  — The  Louisburg  medal  of  the 
Society  of  colonial  wars.  —  E.  Cleveland.  Jeton  of  the 
Prince  of  Orange  and  princess  Anna.  —  MARVIN.  Maso- 
nic  medals. 

Mittheilungen  des  Clubs  der  Miin^-  und  Medaillen- 
freunde  in  Wien.  N»  6g.  —  T.  Unger.  Zur  Geschichte 
der  Wiener  Raths-  und  Salvator  Pfennige. 

No  70.  —  T.  Rhode.  Das  Mûnzzeichen  O  auf  ôster- 
reichischen  Kupfermunzen  von  Kaiser  Franz  I,  aus  den 
Jahren  1812  und  1816.  —  Beilagen  aus  den  Oberkamme- 


377 

rants-Raittungen  und  Wirthschafs-Protokollen  der  Stadt 
Wien  von  1 575-1777. 

N»  71.  —  Scharff-Medaillen.  —  Beilagen  aus  den  Ober- 
kammerants-Raittungen  und  Wirthschafs-Protokollen 
der  Stadt  Wien  von  1575-1777. 

Monthly  numismatic  circular.  N°40.  —  FarcINET.  Un 
spécimen  de  médaillier.  —  Hands.  Chats  on  Roman  coins 
vvith  young  collectors.  —  HazLITT,  The  coins  of  Europe. 

N°  41.  —  Hands,  Chats  on  Roman  coins  with  young 
collectors.  —  HAZLITT.  The  coins  of  Europe.  —  NOR- 
MAN. Money. 

N«  42.  —  W.  C.  Hazlitt.  Coins  of  Europe.  -— 
HANDS.  Chats  on  Roman  coins  with  young  collectors.  — 
Norman.  Money, 

Mittheilungen  der  Bayerischen  Numismatischen  Ge- 
sellschaft.  T.  XIV,  —  FlKENTSCHER.  Versuch  zu  einer 
Mùnzgeschichte  der  Herzoge  von  Meranien,  Markgrafen 
von  Istrien,  Grafen  von  Andechs  und  Plassenburg  welti- 
chen  und  geistUchen  Standes.  —  RaimaNN.  Der  Mûnz- 
fund  bei  Pfuffenmûnster.  —  RlGGAUER.  Eine  unedirte 
Médaille  auf  Ludiger  von  Raesfeldt.  —  Tauber.  Eine 
Denkmûnze  des  Grafen  Sébastian  I,  von  Ortenburg. 

Bulletin  de  numismatique.  T,  HI,  liv.  8,  —  DE  Mar- 
CHÉVILLE.  Les  florettes  de  Charles  VII.  —  Zay.  Mada- 
gascar. La  primitive  monnaie  coloniale.  —  Chronique. 

Revue  suisse  de  numismatique.  T.V,  liv.  6.  —  IMHOOF- 
Blumer.  Zur  Munzkunde  Kleinasiens.  —  CahorN. 
Les  monnaies  de  Claris.  —  Van  Gennep.  Les  monnaies 
d'Amédée  VIII,  de  Savoie.  —  Liebenau.  Ein  luzerner 
Pathenpfennig.  —  Mayor.  Médailles  suisses  nouvelles. 
Annke  189G.  26 


378 

Tijdschrift  van  het  nederlandsch  Genootschap  voor 
Munt-en  Penningkunde,  t.  IV,  2^^  liv.  —  TER  GOUW. 
Het  muntwezen  op  Lombok.  —  SNOECK.  Gedenkpen- 
ningen  ter  herinnering  aan  het  bezoek  van  HH.  MM.  de 
Koninginnen  aan  de  zuidelijke  Provinciën.  —  M^^^  DE 
Man.  Gildepenning  van  Abraham  Hildernisse,  deken  van 
het  timmersmansgilde  te  Middelburg.  —  Z.  Aanvulling 
van  Dirk's  Repertorium.  —  DE  DOMPIERRE  DE  ChauFE- 
PIÉ.  Les  trouvailles  de  monnaies  de  l'année  1894. 


379 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


Réunion  du  bureau  du  18  avril   1990. 

...  A  la  demande  de  M.  le  chevalier  Snoeck  et 
sur  la  proposition  de  MM.  le  vicomte  B.  de  Jonghe 
et  A.  de  Witte,  le  titre  de  membre  associé  étranger 
a  été  conféré  à  M.  le  chevalier  G.-J.-Th.  Beelaerts 
van  Blokland,  docteur  en  droit,  membre  de  la 
chambre  des  Etats  généraux  des  Pays-Bas,  envoyé 
extraordinaire  et  ministre  phénipotentiaire  de  la 
République  Sud-Africaine  à  Berlin,  Paris  et  Lis- 
bonne. 

Résidence   à  La  Haye,  Koninginne  gracht,  62. 

Le  Secrétaire f  Le  Président, 

G.    CUMONT.  V**   B.    DE   JONGHE. 


AMMenibiée  ((énéraie    tenue    h  1%'aniiir,   le   iO    avril    flfl90,  au 
Munée  de  la    Noclété  archéologique  de  cette  ville. 

La  séance  est  ouverte  à  une  heure. 

Sont  présents  :  Monseigneur  le  chanoine  baron 
Félix  Bethune,  président  d'honneur;  MM.  le  vicomte 
B.  DE  JoNGHE,  président;  le  comte  Th.  de  Lim- 
burg-Stirum,  vice-président;  Cumont,  secrétaire; 
Vanden  Broeck,  trésorier;  deRoissart,  contrôleur; 


38o 

MM.  le  baron  Liedts,  Bequet,  Peny,  l'abbé 
Daniels,  de  Schodt,  Wallaert,  Lemaire,  Wil- 
LEMS  et  le  capitaine-commandant  Tinne,  membres 
effectifs;  MM.  Gautier  de  Rasse,  Simonis  et  Ver- 
MEYLEN,  membres  correspondants  regnicoles. 

Assistent  à  la  séance  :  M.  Coliez,  associé  étran- 
ger et  M.  Adrien  Oger,  conservateur  du  musée 
de  la  Société  archéologique  de  Namur. 

Se  sont  excusés:  MM.  de  Witte,  bibliothécaire; 
le  baron  de  Chestret  de  Haneffe,  le  baron 
J.-B.  Bethune,  van  Schoor,  Bamps,  de  Munter, 
le  baron  Surmont  de  Volsberghe,  le  major  che- 
valier VAN  Eersel,  Naveau,  Moens,  le  chevalier 
Mayer  van  den  Bergh,  Seeldrayers,  Visart  de 
BocARMÉ  et  le  comte  de  Ghellinck  d'Elseghem, 
membres  effectifs;  MM,  Van  der  Beken,  Ballion, 
van  der  Stappen,  Liégeois,  Donnet,  Van  Mal- 
derghem,  Moyaux  et  Bernays,  membres  correspon- 
dants regnicoles  ;  M.  Roest,  membre  honoraire  ; 
M"*"*^  DE  Man,  mm.  le  comte  de  Marsy,  le  che- 
valier Snoeck,  le  chevalier  de  Grez,  De  Meu- 
nynck,  Blanchet,  Bordeaux  et  de  Dompierre  de 
Chaufepié,  associés  étrangers. 

Le  Président  remercie  vivement  M.  Bequet, 
vice-président  de  la  Société  archéologique  de 
Namur,  de  l'accueil  si  aimable  qu'il  a  bien  voulu 
réservera  la  Compagnie.  M.  le  vicomte  de  Jonghe 
dit  que  les  membres  de  la  Société  de  numisma- 
tique ont  été  émerveillés  des  nombreuses  richesses 
que  renferme  le  musée  de  Namur  et  rappelle,  avec 


38i 

satisfaction,  que  ces  magnifiques  collections  ont 
été  réunies  et  classées,  pour  la  plus  grande  partie, 
par  notre  zélé  et  savant  confrère,  M.  Bequet. 
Celui-ci  exprime,  en  son  nom  et  au  nom  de  la 
Société  d'archéologie,  tout  le  plaisir  que  leur 
fait  la  visite  des  membres  de  la  Société  royale  de 
numismatique. 

i\I.  le  Président  remercie  ensuite,  au  nom  du 
bureau,  M.  Coliez  et  les  membres  belges  d'être 
venus  à  la  réunion. 

Le  procès-verbal  de  l'assemblée  générale  du 
7  juillet  i8g5  est  approuvé  sans  observations. 

M.  de  Jonghe  rend  hommage  à  la  mémoire  de 
M.  le  comte  M.  de  Nahuys,  membre  honoraire,  et 
de  MM.  Butor,  Enschedé  et  Ghalib  Edhem  Bey, 
associés  étrangers,  décédés  depuis  la  dernière 
séance. 

L'assemblée  passe  ensuite  à  l'examen  des  candi- 
datures aux  places  vacantes. 

M.  Vermeylen  est  délégué  pour  représenter  la 
Société  au  Congrès  historique  et  archéologique  de 
Gand,  au  mois  d'août  prochain. 

Le  Président  annonce  que  la  Société  française 
d'archéologie,  dirigée  si  brillamment  par  M.  le 
comte  de  Marsy,  tiendra  son  congrès,  cette  année, 
du  3  au  II  juin,  en  Bretagne,  à  Morlaix  et  à 
Brest.  M.  le  comte  de  Marsy  sera  très  heureux 
d'accueillir  ses  collègues  de  la  Société  de  numis- 
matique qui  voudront  bien  répondre  à  son  invi- 
tation. 


382 


LECTURES   ET   COMMUNICATIONS 

M.  le  docteur  Simonis  fait  circuler  un  maeni- 
fique  denier  à  tête  inédit  de  Louis-le-Débonnaire, 
frappé  à  Trévise.  Cette  pièce  sera  publiée  dans  la 
Revue. 

Le  même  membre  présente  ensuite  l'une  des 
deux  médailles  en  or  frappées  à  l'occasion  de  la 
fondation  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  de 
Liège. 

11  exhibe,  enfin,  une  médaille  de  bronze  de 
Jean  IV,  évêque  de  Strasbourg.  On  en  connaît  un 
seul  exemplaire  en  plomb,  au  musée  de  Stras- 
bourg. {Renier  ciments .) 

M.  Frantz  Vermeylen  montre  divers  médaillons 
et  médailles,  représentant  les  personnages  sui- 
vants : 

1°  Isabelle  de  Capoue,  femme  de  Ferdinand  de 
Gonzague,  par  Jaccopo  de  Trezzo.  (V.  Loon,  t.I, 
p.  i6.) 

2°  Hippolyte  de  Gonzague,  fille  de  Ferdinand 
de  Gonzague,  par  Léon  Aretino.  (V.  Loon,  t.  I, 
p.  266,  n"i.) 

3°  Anna-Maurella  Oldofredi.  (Idem.) 

4"  Le  duc  d'Albe,  iSyi.  (V.  Loon,  t.  I,  p.  134, 
n"  I.) 

5°  J.-B.  Christyn,  par  Denis  Waterloos,  1674. 
(V.  Loon,  t.  III,  p.  206.) 

6°  Georges  d'Egmont,  par  Stéph.  H. 

7"  Nicolas  Todin. 


383 

Il  soumet  encore  à  ses  confrères  : 

Un  médaillon  genre  Renaissance  italienne,  signé 
Laura  Pezan,  une  médaille  de  travail  français, 
du  xvii^  siècle,  trois  intéressantes  médailles 
padouanes  et  un  médaillon  de  femme  inconnue 
par  Denis  Waterloos.  {Remer ciments.) 

M.  Gautier  de  Rasse  fait  circuler  une  médaille 
en  argent  d'Alexis  Michaelowitch,  1662.  {Remer- 
ciments.) 

M.  Peny  exhibe  trois  pièces  relatives  à  la  numis- 
matique des  mines  : 

i"  Un  bronze  romain  (D  =  18  m/m)  pour  les 
mines  d'Ulpiana,  en  Dardanie  (actuellement 
Lipljan,  en  Serbie). 

A  l'avers  :  IMP  CAES  TRAIAN  AVG  GER 
DAC,  buste  lauré  de  Trajan,  à  droite.  Au  revers  : 
METALLI  VLPIANI,  l'équité  debout,  à  gauche, 
tenant  une  corne  d'abondance  et  ime  balance. 
Un  autre  exemplaire  de  cette  pièce  minière  est  au 
Cabinet  de  Copenhague; 

2"  Un  méreau  en  cuir^  uniface,  pour  les  mines 
de  Suède,  usines  de  Wattholma  :  «  I  LAST.  — 
WATTOLMA.  BRUKS.  KOLMARKE.  »  ; 

3"  Une  médaille,  en  argent,  très  rare,  à  l'effigie 
du  roi  Charles  et  de  la  reine  Amélie,  1754,  pour  les 
mines  de  la  Calabre,  dont  la  vue  extérieure  a  été 
reproduite  à  l'avers  avec  un  maître  mineur  en  cos- 
tume et  un  Mercure  lui  apportant  sa  lampe  de  mine. 

Au  nom  de  M.  de  Witte,  absent,  M.  le  Président 
parle  d'une  médaille  inédite,   en  argent  au  buste 


384 

de  profil  droit  du  baron  Charles  de  Berlaymont, 
chevalier  de  la  Toison  d'Or,  gravée  probablement 
à  l'occasion  de  sa  nomination  de  gouverneur  du 
comté  de  Namur.  Sous  le  bras,  la  date  1564. 

Cette  œuvre,  du  plus  haut  mérite  artistique 
et  dont  M.  de  Jonghe  fait  circuler  une  repro- 
duction photographique,  est  malheureusement 
anonyme,  comme  tant  de  chefs-d'œuvre  de  la 
médaillistique  belge  du  xvi^  siècle. 

La  médaille  de  Charles  de  Berlaymont  a  été 
exposée  lors  de  l'Exposition  rétrospective  d'art 
industriel  à  Bruxelles,  en  1888.  Elle  appartenait 
alors  au  comte  de  Berlaymont  de  Bormenville,  à 
Hamois  (i). 

Cette  médaille  est  vraisemblablementde  Jacques 
Jonghelinck,  né  à  Anvers,  le  25  octobre  i53o, 
y  décédé  le  3i  mai  1606.  [Remer ciments. ) 

M.  de  Jonghe  lit  enfin  une  notice  sur  un  esterlin 
inédit  au  type  édwardin,  frappé  par  Renaud  de 
Schônau,  comme  engagiste  des  comtés  de  Durbuy 
et  de  la  Roche.  [Applaudissements.) 

Il  montre  encore  : 

1°  L'écu  et  le  quart  d'écu  d'Herman  de  Lynden 
(i5go-i6o3),  seigneur  de  Reckheim.  Ces  monnaies 
sont  imitées  des  pièces  de  la  ville  impériale  de 
ZwoUe.  Wolters  a  décrit  l'écu  et  fait  dessiner  le 
quart  dans  sa  Notice  historique  sur  l'ancien  comté 
impérial  de  Reckheim; 

(1)   Voir  l'article  de  feu  M.  le  comte  M.  de  Nahiiys,  Revue  belge  de 
numismatique,  1889,  page  SgS. 


385 

2"  Un  esterlin  à  tête  de  Jean  l'Aveugle, comte  de 
Luxembourg  (i3og-i346).  La  pièce,  qui  estfrappée 
à  Poilvache,  est  le  seul  esterlin  à  ce  type  portant 
le  titre  de  comte  de  Luxembourg  ; 

3"  Un  florin  d'or  au  saint  Jean  Baptiste  d'Ar- 
nould  d'Orey  et  de  Quaetbeke,  seigneur  de  Rum- 
men  (i33i-i364)  ; 

4°  Une  pièce  qui  semble  être  l'obole  du  denier 
de  Gui  deDampierre,  comte  de  Namur(i263-I297), 
décrit  par  Chalon  sous  le  n**  55  de  son  ouvrage  : 
Recherches  sur  les  monnaies  des  comtes  de  Namur; 

5"  L'exemplaire  unique  de  l'esterlin  au  lion, 
frappé,  à  Bouvignes,  par  Guillaume  I"  comte  de 
Namur  (Chalon,  n°  iSy); 

6°  Le  florin  d'or  Philippus  de  la  minorité  de 
Charles-Quint  pour  Namur.  Inconnu  à  Chalon. 
{Remer  ciments.) 

La  séance  est  levée  vers  deux  heures. 

Le  Secrétaire^  Le  Président, 

G.  CUMONT.  V*  B.   DE  JONGHE. 


néiinlon  fin  bureau  du  tl  avril  1896. 

...  Sur  la  proposition  de  MM.  le  vicomte  B.  de 
Jonghe  et  A.  de  Witte,  le  titre  de  membre  associé 
étranger  a  été  conféré  à  M.  Adolphe  Hess,  succes- 
seur, 7,  Westendstrasse,  Francfort  s/M. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

G.    CuMONT.  V**   B.    DE   JONGHE. 


386 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATigUE. 


LISTE  DES  OUVRAGES  REÇUS  PENDANT  LE  2«  TRIMESTRK  1896. 


Avis  important  :  r.es  pubIication.<i  et  le»  «Ions  dcHtinéM  à 
la  Mocictc  doivent,  MaiiM  exception,  être  ndreAHés  à  ill.  Alph. 
de  %Vitte,  bibliothécaire  de  la  Société  royale  de  nnniliinia- 
tlque,  Palain  dew  Académies,  à  KriixelleM. 


Ouvrages  périodiques. 

Alleniagno.  —  Mittheilungen  der  Bayerischen  Numismatischen 
Gesellschaft,  t.  XIV.  —  Berliner  Mûm^blàiter,  n°  181. 

Amérique.  —  American  Journal  0/ mimismatics,  t.  XXX,  n"  3.  — 
Thirteenth  annual  Report  of  the  public  Muséum  of  the  city  of 
Milwankie. 

Ansleterrc.  —  The  numismatic  Chronicle,  \8gô,  part.  IV.  —  The 
Monthly  numismatic  Circular,  nos  ^o  à  42 

Autriche-Hongrie.  —  Monatsblatt,  nos  i5i  à  i53.  —  Mittheilungen 
des  Clubs  der  Mûn^-  und  Medaillenfreunde  in  Wien,  nos  69  à  71.  — 
Wiadomosci  numismatyc^no-archeologic^nc,  n"  27. 

Belgique.  —  Bulletin  de  V Académie  royale,  1896,  liv.  1  à  3.  — 
Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  1894, 
n°s  7  à  12;  1895,  n°s  134.  —  Messager  des  Sciences  historiques, 

1895,  48  livraison.  —  Cercle  historique  et  archéologique  de  Gand  : 
Bulletin,  3e  année,  n°s8  à  9;  4e  année,  n"  1.  Annales,  t.  II,  3e  fasci- 
cule. —  Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur,  t.  XXII, 
2®  livraison.  —  Analectes  pour  servir  à  l'histoire  ecclésiastique  de 
la  Belgique,  2e  série,  t.  X,  ire  livraison;  11^  section,  série  des  cartu- 
laires,  fasc.  2.  —  Revue  bibliographique  belge,  1896,  n"'  2  et  3.  — 
Société  d'archéologie  de  Bruxelles  :  Annales,  t.  X,  2^  livraison; 
Annuaire,  1896.  —  Académie  d'archéologie  de  Belgique  :  Annales, 
t.  XLVIII,  4e  livraison;  t.  XLIX,  ii«  livraison;  Bulletin,  n°  26. 

France Polybiblion,  partie  littéraire,  t.  LXXVI,  liv.  2  à  4;  partie 

technique,  t.  LXXVIII,  liv.  2  à.  4.  —  Revue  numismatique,  1896, 
icr  trimestre.  —  Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique, 

1896,  ire  livraison. 

Italie.  —  Rivista  italiana  di  numismatica,  t.  VIII,  fasc.  2^4;  t.  IX, 
fasc.  1. 


387 

Payiw-lias.  —  Tijdschrift  van  het  nederlandsch  Genootschap  voor 

munt-  en  penningkunde,  t.  IV,  liv.  2. 
P«r(ugal.  —  O  archeologo  Português,  t.  I,  n°s  11  et  12;  t.  II,  n»  1. 
SuiMsc.  —  Revue  suisse  de  numismatique,  1895,  liv.  6. 

Ouvrages  non  périodiques. 

Cahorn.  —  Les  monnaies  de  Claris.  Genève,  1896,  in-8°,  27  pages, 

2  planches.  {Hommage  de  l'auteur.) 

CuBASCH  (H.  JuN.).  —  Die  Mûn:^en  unter  der  Regierung  seinerkais. 

M.  kon.  apostolischen  Majestàt  des  Kaisers  Fran^-Joseph  I.  Wien, 

1896,  in-4°,  80  pages,  2  planches.  (Hommage  de  Fauteur.) 
DE  JoNGHE  (Vte  B.).  —  Monnaies  contremarquées  à  Ypres,  par  le  sei- 
gneur de  Marquettes  (1 582-1 583).  Bruxelles,  1896,  in-8'>,  7  pages  et 

vignettes.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Deloche.  —  Le  port  des  anneaux  dans  l'antiquité  romaine  et  dans 

les  premiers  siècles  du  moyen  âge.  Paris,   189b,  in-40,  112  pages 

(Hommage  de  l'auteur.) 
DE  Man  (Ml'e  M.).  —  Gildepenning  van  Abraham  Hildernisne.  Ams 

terdam,  1896,  in-8",  9  pages. 
DE  Renesse  (Ct«  T.).  —  Dictionnaire  des  figures  héraldiques,  t.  I II 

fasc.  1  et  2.  [Don  de  Véditeur.) 
DE  WiTTE  (A.).  —  Ghalib  Edhem  Bey,  nécrologie,   Bruxelles,  1896 

in-8°,  2  pages.  —  Recherches  numismatiques .  Bruxelles,  1896,  in-S" 

19  pages,  1  planche.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Gnecchi  (F.).  —  Appunti  di  numismatica  Romana,  n»  XXXVII.  Milano 

1896,  grand  in-8°,  1 1  pages,  1  vignette.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Hollestelle.  —  De  drie  merkwaardige  schellingen  :  Het  Schild, 

het  Lam  en  de  Gulden  van  gewicht,  etc.  Eerste  gedeelte.  Tholen 

1896,  in-80,  96  pages.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Naveau.  —   Une  médaille  liégeoise  inédite.  Bruxelles,  1896,  in-80 

8  pages,  1  vignette.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Papadapoli  (C'e  N.).  —  La  Zecca  di  Nasso.  Milano,  1895,  grand  in-8'' 

10  pages,  1  vignette.  (Hommage  de  l'auteur.) 

RoLLiN  et  Feuardent. —  Collection  de  feu  M.  H.  Montagu.  Paris,  189(3 
grand  in-8°,  180  pages,  XLI  planches.  (Envoi  des  experts.) 

Snoeck  (Jonkheer).  —  Méreau  gravé  de  la  vieille  gilde  des  arbalé 
triers  de  Bois-le-Duc.  Bruxelles,  1896,  in-8°,  5  pages,  1  vignette.  — 
Cedenkpenningen  ter  herinnering  aan  hetbe:{oek  van  HH.MM.de 
koninginnen  aan  de  Zuidelijke  Provinciën.  Amsterdam,  1896,  in-8» 

3  pages,  1  planche.  —    Varia.  Amsterdam,   1896,   in-80,  3  pages 
1  vignette.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Ter  Gouw.  —  Het  muntwesen  op  Lombok,  Amsterdam,  1896,  in-8" 

1 1  pages.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Vallentin  (R.).  —  La  monnaie  de  lovin^ieu  ou  Saint-Donat,  Valence 


388 

iSgS,  in-8o,  24  pages. — Du  prétendu  atelier  carolingien  de  Venasque. 
Paris,  1895,  in-8",  8  pages.  —  De  la  circulation  des  florins  d'Utrecht 
en  Dauphiné,  à  Avignon  et  dans  le  Comtat.  Amsterdam,  i8g5,  in-80, 
8  pages.  — De  la  détermination  des  monnaies  du  dauphin  Louis  /e'. 
Paris,  1895,  gr.  in-8°,  38  pages,  vignettes.  {Hommage  de  l'auteur.) 

Ouvrages  anonymes  et  catalogues. 

Numismatisches  Offerten-Blatt,  n°s  33  à  35.  —  Vente  de  monnaies  à 
Munich,  mars  1896.  {Envoi  de  M .  Helbing.) — Collection  du  général 
Cocheteux.  [Envoi  de  M.  C.  Duprie^.)  —  Collection  de  la  Roche. 
(Envoi  de  M.  Floranges.)  —  Catalogues  Flor anges,  à  prix  mar- 
qués, nos  14  à  16.  —  Numismatische  Corresponden:^,  nos  14g  et  i5o. 
—  La  Circulaire  numismatique  universelle,  n"  14.  —  Collection 
Kube,  1  planche.  {Envoi  de  M.  Weyl.)  —  Catalogue  à  prix  mar- 
qués, de  E  Fischer,  à  Vienne.  —  Catalogue  Cubasch,  de  Vienne,  à 
prix  marqués.  —  Catalogue  à  prix  marqués,  de  Fejer,  de  Buda- 
pesth.  —  Catalogue  n°  66,  de  Zschiesche  et  Kôder,  de  Leipzig.  — 
Numismatischer  Verkehr,  1896,  nos  3  et  4.  —  Catalogue  à  prix 
marqués,  n"  8,  de  Marchio  et  Mayer,  à  Venise. —  Bollettino  numis- 
matico,  no  66. —  Colle^ione  delfu  marchese  Dura^^o.  Gênes,  1896, 
5  planches.  {Envoi  de  M.  Rutto.)  —  Collection  de  M.  L,  Courtin. 
Paris,  1896,  IX  planches;  Collection  du  co7tite  de  Castellane.  Paris, 
1896,  3  planches;  Monnaies  antiques  et  françaises.  Paris,  1896. 
(Envoi  de  M.  R.  Serrure.)  —  Gedenkpenning  uitgereikt  aan 
Mr.  G.  N.  de  Stoppclaer.  Amsterdam,  1896,  in-80,  3  pages,  i  planche. 


CABINET  NUMISMATIQUE. 


Don  de  M.  A.  de  Witte. 

Monnaies  russes  :  deux  dengas  d'argent,  trois  pièces  de  billon  et 

quinze  pièces  de  cuivre. 
Soit  en  tout  :  vingt  monnaies. 

Bruxelles,  le  11  mai  1896. 


Le  bibliothécaire-conservateur  des  collections, 
Alphonse  de  Witte. 


389 


POIDS  ANTIQUES  AUTONOMES 

IDE     TOn^vdlIS- 


Planche    X. 


Nous  reproduisons  sur  notre  planche  trois 
poids  antiques  en  plomb  que  l'on  peut,  avec  cer- 
titude, attribuer  à  l'antique  Tomis. 

Les  deux  premiers  appartiennent  au  musée  de 
Bucarest  et  ont  déjà  été  publiés  :  l'un  (fig.  i),  par 
nous,  dans  notre  première  étude  sur  les  poids 
grecs  (i),  l'autre  (fig.  3),  par  M.  E.  Bormann,  dans 
son  travail  sur  les  poids  antiques  en  plomb  trou- 
vés dans  la  Dobrogea  (2). 

Le  troisième  (fig.  4)  est  encore  inédit  et  nous 
l'avons  acquis  récemment.  Tous  trois  ont  été 
trouvés ,  sur  place ,  à  Constantza ,  l'ancienne 
Tomis.  Ce  fait  ne  constitue  pour  eux  qu'une  pré- 
somption d'origine,  car  l'on  a  trouvé  à  Tomis 
d'autres  poids  antiques  qui  sont  manifestement 
étrangers  à  cette  cité  (3). 

(1)  Etalons  pondéraux  primitifs  et  lingots  monétaires,  pi.  III,  fig.  i. 
(Extrait  de  la  Revue  roumaine  d'archéologie,  1884.) 

(2)  Archaelogische-Epigraphische  Mittheilungen  aus  Oesterreich- 
Ungarn,  JahrXIV,  1891. 

(3)  Etalons  pondéraux  primitifs,  no  3o3,  pi.  III,  fig.  2  (poids  de 
Mangalia)  et  n"  299,  fig.  3  (poids  d'Héraclée). 

Année  1896.  27 


^9o 

Nous  laisserons  un  instant  de  côté  le  dernier  de 
ces  poids  pour  nous  occuper  des  deux  autres.  Ils 
nous  représentent  un  type  commun,  le  buste  de 
Mercure  à  gauche  ;  le  dieu  est  coiffé  du  pétase  et 
l'on  a  figuré  devant  lui  un  caducée  placé  oblique- 
ment. 

Le  n°  I  porte  la  légende  TE  HPo,  dont  la  pre- 
mière partie  est  indicative  de  la  valeur  (le  quart) 
et  dont  la  seconde  nous  donne  l'abréviation  du 
nom  d'un  magistrat  de  Tomis  préposé  à  la  sur- 
veillance des  étalons  pondéraux. 

Notre  poids  pèse  i6i  grammes  et  la  mine  uni- 
taire à  laquelle  il  se  rapporte  est  d'environ 
644  grammes. 

Le  poids  n''  3  porte  la  légende  TPITH  et  pèse 
2I2S^20  ;  il  représente  le  tiers  d'une  mine  d'environ 
636s^6o  qui  s'identifie  sûrement  avec  la  précé- 
dente. Nos  deux  poids  sont  des  fractions  évidentes 
d'une  unité  commune. 

On  retrouve  sur  quelques  petites  monnaies  de 
bronze  autonomes  de  Tomis  la  tête  de  Mercure 
coiftee  du  pétase,  mais  cette  tête  n'est  nullement 
caractéristique  des  monnaies  de  Tomis  ;  d'autres 
têtes  divines  :  de  Jupiter,  des  Dioscures,  etc., 
figurent  beaucoup  plus  souvent  que  celle  de  Mer- 
cure sur  les  pièces  autonomes  de  notre  ville. 
L'attribution  de  nos  deux  poids  à  Tomis  resterait 
donc  incertaine,  si  une  monnaie  autonome  de 
cette  cité  ne  venait  heureusement  la  confirmer. 

La  figure  2  de  notre  planche  représente  cette 


3gi 

monnaie  dont  les  types  sont  connus  depuis  long- 
temps :  la  tête  de  Jupiter  (i),  au  droit  et,  au  revers, 
l'aigle    dans    une    couronne    de  chêne    avec    la 
légende  TOMI.  Le  nom  de  magistrat  HPO  inscrit 
sur  notre  exemplaire  est  au  contraire  tout  à  fait 
inédit.  Ce  nom  est  le  même  que  celui  qui  figure 
sur  le  poids  n°  i,  etla  manière  identique  dont  il  est 
écrit  avec  un  o  minuscule  équivaut  à  une  signa- 
ture et  témoigne  avec  certitude  que  le  magistrat 
dont  le  nom  commençait  par  ces  lettres,  était  pré- 
posé à  la  fois  à  la  frappe  des  monnaies  de  Tomis 
et  à  la  fabrication  de  ses  étalons  pondéraux. 

Notre  poids  n°  i  et  par  suite  le  n°  3  sont  donc 
bien  des  poids  autonomes.  Ils  sont  contemporains 
de  notre  monnaie  et  antérieurs  à  la  domination 
romaine. 

Il  est  assez  naturel  de  croire  que  le  poids  de 
Tomis  et  la  monnaie  de  cette  ville,  qui  portent  le 
nom  du  même  magistrat,  ne  sont  pas  étrangers 
l'un  à  l'autre.  Le  bronze  était  le  seul  métal  moné- 
taire employé  à  Tomis;  et  la  drachme  de  cuivre, 
centième  de  la  mine,  l'unité  monétaire  probable 
de  cette  ville.  Notre  monnaie  de  bronze  pèse 
IIS^20  et  il  lui  manque  deux  petits  fragments  ;  de 
plus,  nous  savons  que  les  cuivres  anciens  pèsent 
effectivement  beaucoup  moins  que  leurs  poids 
légaux.  Il  nous  semble  donc  présumable  que  notre 

(i)  M.  Pcrcy  Gardnev  {Catalogue  of  Greek  Coins)  croit  reconnaître 
un  Neptune  cians  ce  dieu. 


392 

monnaie  devait  peser  normalement  un  double 
centième  de  la  mine  de  Tomis  reconnue  plus 
haut,  c'est-à-dire  I2S^88  environ,  et  qu'elle  nous 
représente  un  staûre  de  bronze  de  Tomis. 

Dans  notre  dernière  étude  sur  les  poids  grecs  (i), 
nous  avons  déjà  identifié  la  mine  de  Tomis  de 
644  grammes  avec  la  mine  bilibrale  des  Romains 
et  la  mine  commerciale  attique  de  i5o  drachmes, 
dont  le  poids  légal  est  de  657  grammes.  Le  talent 
de  cette  mine  est  mentionné  par  l'Anonyme 
d'Alexandrie, sous  le  nom  de  «  talent  de  l'île  » ,  parmi 
les  plus  célèbres  unités  de  pesée  de  l'antiquité. 

Les  rapports  existants  entre  la  mine  bilibrale, 
les  statères  d'argent  d'Egine  et  les  tétradrachmes 
cistophores  ont  déjà  été  signalés  par  nous  dans  la 
même  étude. 

Le  statère  de  cuivre  de  Tomis  aurait  donc  un 
poids  égal  à  celui  de  ces  deux  monnaies,  c'est-à- 
dire  I3-^o8. 

Le  statère  de  cuivre  de  Tomis  vaudrait  ainsi 
I  Va  chalque  macédonien  et  la  drachme  d'argent 
d'Alexandre  de  poids  attique,  qui  vaut  60  chalques 
macédoniens,  valait  en  même  temps  40  statères 
de  cuivre  de  Tomis.  Les  tétradrachmes  d'argent 
macédoniens  et  ceux  de  Thasos^  contemporains 
de  notre  monnaie,  valaient  160  statères  de  cuivre 
de  Tomis  et  les  cistophores  d'argent  120  statères 


(i)  Nouvelles  recherches  sur  les  origines  et  les  rapports  de  quelques 
poids  antiques  [Revue  numismatique  française,  iSgS). 


393 

de  cuivre.    Cette  monnaie  était  en  même  temps 
identique  à  l'as  semi-oncial  des  Roma,ins. 

Il  nous  reste,  pour  finir,  à  parler  du  troisième 
poids  autonome  de  Tomis  que  nous  possédons. 
Il  porte  la  légende  TO  HM  et  son  origine  est  cer- 
taine. Son  poids  étant  de  29IS^25,  il  nous  repré- 
sente la  moitié  d'une  mine  d'environ  582^^5o,  sen- 
siblement plus  légère  que  celle  étudiée  plus  haut. 

La  figure  virile,  coiffée  du  pileus  (?),  représentée 
sur  ce  monument,  nous  paraît  être  Mercure,  mais 
cette  attribution  est  assez  incertaine;  l'absence 
du  caducée  et  la  forme  de  la  coiffure  établissent 
une  différence  bien  tranchée  entre  la  tête  figurant 
sur  ce  poids  et  les  bustes  de  Mercure  représentés 
sur  les  deux  premiers  monuments  que  nous  avons 
décrits.  Il  n'est  pas  très  aisé  non  plus  de  fixer  le 
poids  normal  de  la  mine  à  laquelle  se  rapporte 
ce  poids  et  l'on  pourrait  hésiter  entre  plusieurs 
unités  pondérales  antiques. 

En  présence  d'un  seul  monument  et  sans  autre 
élément  d'information,  tout  essai  d'identification 
nous  paraît  prématuré  et  nous  devons  attendre 
que  des  monuments  nouveaux,  poids  ou  mon- 
naies, viennent  nous  aider  à  résoudre  le  pro- 
blème. 

Michel  C.  Soutzo. 

Bucarest,  5  août  iSgG 


394 


UN  DENIER 


A  TETE   DE   LOUIS    LE   DÉBONNAIRE 


FRAPPE   A   TREVISE. 


Nous  avons,  tout  récemment,  acquis  à  Liège, 
d'un  inconnu  qui  en  ignorait  lui-même  la  prove- 
nance, un  denier  à  tête  de  Louis  le  Débonnaire 
pour  la  ville  de  Trévise. 


Il  porte,  au  droit,  le  buste  de  Louis  le  Débon- 
naire, avec  la  tête  couronnée,  tournée  à  droite,  et 
la  légende  suivante  :  HLVDOVVICVS  IMPAVG. 

Au  revers,  se  voient  une  porte  de  ville  ayant 
une  croix  sous  elle  et  la  légende  circulaire  :  TAR- 
VISIVM. 

Cette  pièce,  qui  pèse  i  gr.  60,  est  très  bien  con- 
servée. 

Les  monnaies  carolingiennes  connues  pour  cette 


395 

ville  italienne  appartiennent,   d'après   Gariel,  à 
Charlemagne,  à  Louis  et  à  Lothaire  empereurs. 

Les  pièces  deCharlemagne  (T.II,pl.XII,n°'i8o, 
i8i,  182)  sont  de  deux  types  différents: 

Les  n°®  180, 181  offrent  au  droit,  en  deux  lignes, 
le  nom  de  Charles  ;  au  revers,  une  croix  et,  en 
légende  circulaire,  le  nom  de  l'atelier,  TARVI- 
SIVS. 

Le  n°  182  nous  donne,  autour  d'une  croix,  l'ins- 
cription :  CARLVS  REXFR.  et,  au  revers,  autour 
du  monogramme  carolingien,  le  nom  de  l'atelier, 
TARVIS. 

Voici  maintenant  comment  Gariel  décrit  les 
deuxdeniersdeLouisleDébonnaire  (T. II,  pi. XIX, 
n°'  i38  et  iSg)  : 

N°  i38.  ^h  HLVDOVVICUS  IMP  entre  deux 
grènetis,  croix  au  centre. 

Au  revers  :TARVI-SIVM  en  deux  lignes,  cercle 
de  grènetis. 

N°  i3g.  HLVDOVVICVS  IMP  entre  deux  grè-. 
netis  ;  croix  au  centre. 

Au  revers  :  TARVI-SIUM  en  deux  lignes,  au 
centre  quatre  points  disposés  en  losange,  cercle 
de  grènetis. 

La  pièce  de  Lothaire  (T.  II,  pi.  LX,n°  27) porte 
V  HLOTARIVS  IMP  AV  entre  deux  grènetis. 

Rev.  SRBISIO  (TA  liés),  dans  un  grènetis,  en 
une  ligne. 

Les  deniers  à  tête  de  Louis  le  Débonnaire  connus 
jusqu'à    ce  jour   appartiennent,  selon    Engel  et 


396 

Serrure,  aux  sept  villes  suivantes  :  Arles,  Orléans, 
Pavie,  Sens,  Strasbourg,  Toulouse  et  Tours. 

Le  denier  à  tête  de  Trévise  était  donc  inconnu 
jusqu'ici  et,  bien  qu'il  n'appartienne  pas  à  nos 
provinces,  il  n'en  présente  pas  moins  beaucoup 
d'intérêt  pour  nous,  le  bassin  de  la  Meuse  étant 
pour  ainsi  dire  le  berceau  de  la  race  carolingienne. 
Cette  pièce,  qui  date  des  premières  années  du 
règne  de  Louis,  est  encore  une  preuve  vivante  de 
la  renaissance  momentanée  de  l'art  monétaire, 
tombé  si  bas  sous  les  rois  de  la  première  race. 

D*"   J.    SiMONIS. 


397 


SIX  MONNAIES  LIÉGEOISES  INÉDITES. 


Planche  XI. 

«  Décidément,  la  numismatique  liégeoise  est 
inépuisable  »,  disait  le  baron  de  Chestret  de 
Haneffe,  en  se  voyant  forcé  de  donner  à  son  grand 
travail  sur  les  monnaies  de  notre  principauté  un 
supplément,  comprenant  cinq  pièces  découvertes 
pendant  la  publication  même  de  sa  mono- 
graphie. 

Les  paroles  de  notre  savant  confrère  se  sont 
encore  justifiées  davantage  depuis  lors. 

En  effet,  dès  le  mois  de  juin  i8go,  M.  Georges 
Cumont  publiait  dans  la  Revue  belge  de  numisma- 
tique (i)  une  magnifique  couronne  d'or  de  Jean  de 
Bavière  découverte  au  Huis  ter  Lune  en  Frise. 

Trois  ans  plus  tard,  à  la  réunion  de  la  Société 
royale  de  numismatique  du  2  juillet  iSgS,  M.  Ca- 
mille Picqué  faisait  passer  sous  les  yeux  de  ses 
confrères  un  vierlander  inédit  frappé  en  1485  par 
Jean  de  Hornes. 

Enfin,  cette  année  même,  notre  sympathique 
président  décrit  dans  la  Revue  «  Trois  monnaies 
liégeoises  inédites  »  de  sa  collection  (2). 

(1)  Voy.  Revue  belge  de  numismatique,  année  i8<.jo.  p.  33o. 

(2)  Voy.  Revue  belge  de  numisinatique ,  année  1896,  p.  5. 


Nous  allons  augmenter  quelque  peu  cette  série, 
déjà  longue  pourtant,  en  décrivant  six  monnaies 
inédites  de  notre  médaillier.  Celles-ci  non  plus, 
sans  doute,  ne  seront  pas  les  dernières  et  nous 
espérons  bien  que  d'autres  trouvailles  pourront 
bientôt  permettre  à  M.  de  Chestret  d'ajouter  un 
nouveau  supplément  à  son   excellent  ouvrage. 


*     * 


I.  Droit.    Tête  à  cheveux  hérissés,  de  profil  à 
gauche. 
Légende  :  S  'ôOMITIAN. 

Rev.  HOII  dans  un  cercle  perlé. 

Légende  :  (blET)  VINVcn. 

Argent.  Poids  :  iS'',ioo.  PI.  XI,  n°  i. 

Collection  de  l'auteur. 

Le  revers  de  ce  denier  est  presque  identique  à 
celui  du  denier  qui  figure  sous  le  n°  3i  dans  la 
Numismatique  de  la  principauté  de  Liège  et  de  ses 
dépendances.  Une  légère  différence,  pourtant:  les 
quatre  petites  boules  qui  sont  aux  côtés  des  deux 
petites  croix  du  champ  sur  la  pièce  décrite  par  le 
baron  de  Chestret  ne  figurent  point  sur  la  nôtre. 
Ajoutons  que  celle-ci  est  d'une  fabrication  telle- 
ment barbare  que,  vue  seule,  elle  donnerait  une 
très  pauvre  idée  du  talent  des  monnayeurs  de 
l'évêque  Théoduiiî. 


-^99 

IL  Droit.  Buste  à  mi-corps,  de  face,  tenant  de 
la  main  droite  une  crosse  tournée  à  gauche.  Tête 
à  chevelure  étagée. 

Rev.  Dans  un  grènetis,  un  mur  percé  d'une 
porte  et  renfermant  un  dôme  de  style  roman 
accosté  de  deux  tourelles. 

Argent.   Poids  :  ogr,438.  PI.  XI,  no  2. 

Collection  de  l'auteur. 

C'est  au  règne  d'Otbert,  déjà  si  riche  tant  par  le 
nombre  que  par  la  variété  des  types  et  la  finesse 
de  leur  exécution,  qu'il  convient  de  restituer  cette 
jolie  obole.  Elle  ne  déparera  pas,  d'ailleurs,  cette 
belle  série.  A  notre  avis,  elle  est  un  produit  de 
l'atelier  de  Liège  et  le  bâtiment  flanqué  de  deux 
tours  du  revers  est,  à  n'en  point  douter,  l'église 
romane  de  Saint-Lambert.  Cet  édifice,  identique  à 
celui  que  nous  montre  le  denier  d'Otbert,  décrit 
par  M.  de  Chestret  (i)  sous  le  n°  44,  est  bien 
aussi  le  même  que  celui  que  donne,  accompagné 
delà  légende  LEGIA,  le  denier  de  l'évêque  Théo- 
duin  décrit  sous  le  n°  2g  et  dont  l'origine  est,  sans 
doute,  incontestable. 

IIL  Droit.  Tête  de  face,  à  longs  cheveux, 
coiffée  d'un  chapel  de  roses. 

Légende:  ♦  ffiOnsrTA  x  I^CYGnse. 

Rev.  Croix  anglée  de  douze  globules  et  traver- 
sant la  légende. 

(1)  Voy.  DE  Chestrf.t,  ouvrage  cité,  p.  82. 


400 

Légende.  I^VG  —  ORI  —  SSP  —  ISG. 

Argent.  Poids  :  i&^285.  PI.  XI,  no  3. 

Collection  de  l'auteur. 

La  phrase  de  M.  de  Chestret  citée  en  tête  de  cet 
article,  a-t-elle  donc  été  tout  spécialement  écrite 
pour  la  numismatique  du  règne  de  Hugues  de 
Châlon  ?  Depuis  1890,  voilà  la  troisième  pièce 
à  ajouter  à  la  série  de  cet  évêque.  En  outre,  ces 
pièces  nouvelles  sont  toutes  trois  à  ce  type  anglais 
si  rare  autrefois  dans  la  série  liégeoise.  Ajoutons 
que  notre  esterlin  est  en  métal  de  bon  aloi,  autre 
rareté  pour  une  monnaie  de  Hugues  de  Châlon. 

IV.  Droit.  Croix  gothique  avec  un  quatre-feuilles 
au  centre,  ajourée  et  ornée,  séparant  quatre  écus- 
sons  placés  en  sautoir,  la  pointe  vers  le  centre, 
deux  aux  armes  de  La  Marck  alternant  avec  deux 
aux  armes  d'Arenberg. 

Légende  :   >ï<  SVSRS!  D  S  ffiSRG'o  PROWl 

Rev.  Saint  Hubert  mitre,  debout  et  traversant 
la  légende.  Il  tient  la  crosse  de  la  main  gauche  et 
de  la  droite  un  missel  (?)  sur  lequel  est  le  dix-cors 
avec  la  croix  entre  la  ramure. 

Légende:  °o°  —  SSnanr.VS  — Î^VPSRWV'.SP'. 

Or  pâle.   Poids  :  2g'", 700.  PI.  XI,  n"  4. 

Collection  de  l'auteur. 

Pour  établir  la  date  de  l'émission  de  ce  superbe 
florin  d'or  et,  autant  que  possible,  l'atelier  moné- 


401 

taire  où  il  fut  frappé,  il  nous  faudra  passer  briève- 
ment en  revue  les  principaux  événements  du  début 
du  règne  de  Jean  de  Hornes. 

Sans  parler  des  contestations  qui  surgirent  à 
propos  de  son  élection  au  trône  épiscopal,  con- 
testations qui  le  mirent,  dès  lors,  aux  prises  avec 
les  seigneurs  de  la  maison  de  La  Marck  et  aux- 
quelles la  paix  de  Tongres  mit  fin  (21  mai  1484), 
nous  rappellerons  seulement  que,  en  l'année  qui 
suivit  cette  paix,  un  complot  entre  Maximilien 
d'Autriche,  l'évêque  Jean  de  Hornes  et  Frédéric, 
sire  de  Montigny,  son  frère,  débarrassa  le  pays 
de  la  tyrannie  de  Guillaume  de  La  Marck  et  fit 
mourir  sur  l'échafaud,  à  Maestricht,  le  redoutable 
Sanglier  des  Ardennes  (i5  juin  1485). 

Cet  assassinat  eut  pour  conséquence  immédiate 
la  reprise  de  la  guerre  de  désolation  à  peine  ter- 
minée. 

En  effet,  Everard  et  Robert  de  La  Marck  jurèrent 
de  venger  la  mort  de  leur  frère  et  ne  tardèrent 
pas  à  tenir  trop  fidèlement  leur  serment.  Maîtres 
de  la  plupart  des  châteaux-forts  du  pays,  ils  en 
firent  bientôt  des  repaires  de  routiers  et  de  pillards 
vivant  de  rapines  et  ne  sortant  de  ces  retraites  que 
pour  rançonner  et  piller  le  plat  pays,  pendant 
qu'eux-mêmes  faisaient  au  prince  une  guerre  à 
outrance. 

Stockheim,  Hasselt  et  Saint-Trond  étaient 
tombés  en  leur  pouvoir  en  quelques  mois.  Deux 
entreprises  contre  Liège  (i486  et  janvier   1487) 


402 

étaient  restées  sans  résultat,  quand,  le  i3  mars  1488, 
Everard  de  La  Marck  parvint  à  s'en  rendre  maître. 
Il  se  décerna  aussitôt  le  titre  de  «  Protecteur  des 
église,  cité  et  pays  de  Liège  ». 

Sa  dom.ination  dans  la  capitale  dura  deux  ans 
environ  :  en  avril  1490,  la  paix  d'Aix-la-Chapelle, 
en  rétablissant  le  pouvoir  de  Jean  de  Hornes, 
confia  le  gouvernement  du  pays,  avec  la  qualité  de 
mambour,à  Englebert  de  Nassau,  jusqu'à  l'exé- 
cution complète  des  clauses  du  traité. 

A  peine  signée,  cette  paix  fut  violée  :  le  28  octo- 
bre de  cette  même  année  1490,  Robert  de  La  Marck 
se  présenta  devant  Liège,  pénétra  dans  la  ville  le 
2  novembre  suivant  et  prit  immédiatement  le  titre 
de  mambour.  L'anarchie  recommença  de  plus 
belle  et  il  fallut  la  paix  de  Donchéry  (avril  1492) 
pour  y  mettre  définitivement  un  terme  et  permettre 
à  Jean  de  Hornes  de  prendre  enfin  paisible  posses- 
sion de  son  trône  épiscopal. 

Toutes  les  monnaies  liégeoises  d'Everard  de 
La  Marck  connues  jusqu'à  ce  jour,  portent  le 
titre  de  «  Protector  Leodiensis  »  et  furent,  par  consé- 
quent, frappées  de  1488  à  1490,  années  pendant 
lesquelles  il  exerça  sa  protection  (?)  sur  la  princi- 
pauté. Sauf  notre  florin,  toutes  d'ailleurs  portent 
au  revers  l'une  des  deux  dates  1489, 1490. 

Quant  à  l'atelier  où  fut  forgé  notre  florin,  il  est 
bien  difficile  à  déterminer.  Ce  n'est  pas,  toutefois, 
celui  de  la  capitale,  car  le  perron,  signe  distinctif 
de  l'officine  liégeoise,  n'y  figure  pas  comme  diffé- 


4°^ 

rent  monétaire,  tandis  qu'on  le  remarque  sur 
quatre  autres  monnaies  du  protecteur. 

Il  faudrait  donc  ranger  notre  pièce,  en  com- 
pagnie des  trois  autres  pièces  d'Everard  (i)  por- 
tant comme  elle  la  croix  comme  différent,  parmi 
les  espèces  «  forgées  dans  les  forteresses  »,  sui- 
vant la  qualification  donnée  à  certaines  monnaies 
de  Guillaume  de  La  Marck  par  l'édit  de  Jean 
de  Hornes  de  1487.  Or,  la  question  de  savoir  dans 
quelles  forteresses  le  protecteur  monnaya  n'est 
guère  facile  à  résoudre. 

La  présence  de  saint  Hubert  au  revers  du  florin 
nous  a  fait  croire  (2)  qu'il  pourrait  bien  avoir  été 
frappé  au  château  de  Mirwart  :  ce  domaine  voisin 
de  Saint-Hubert,  et  dont  dépendait  l'avouerie  de 
cette  ville,  comptait  au  nombre  des  seigneuries 
féodales  de  Liège  et  était  possédé  à  l'époque  qui 
nous  occupe,  ainsi  que  l'avouerie  de  Saint-Hubert, 
par  Éverard  de  La  Marck  (3). 

D'autre  part,  en  mettant  sur  son  florin  d'or 
l'effigie  du  second  patron  de  Liège,  Éverard  n'a 
peut-être  fait  que  copier  servilement  le  postulat  de 
Messire  Guillaume,  émis  jadis  par  son  frère  le  San- 
glier, ou  celui  de  Jean  de  La  Marck,  dit  le  Postulé, 

(1)  Voy.  DE  Chestret,  ouvrage  cité,  pp.  21701 2 18  et  n°s  379, 382  et  384. 

(2)  Voy.  Revue  belge  de  numismatique,  année  1893,  p.  563. 

(3)  Everard  fit  le  relief  delà  seigneurie  de  Mirwart  le  23  janvier  1480 
et,  le  3  janvier  1498,  son  fils  Everard  releva  la  même  terre  par  décès 
d'Everard  son  père.  Voy.  Bormans,  Seigneuries  féodales  de  Liège, 
p.  277,  Mirwart. 


404 

pièces  qui  ne  nous  sont,  hélas!  connues  l'une  et 
l'autre  que  par  la  mention  qu'en  fait  le  «  Cri  de 
i486  ».  La  découverte  de  l'une  d'elles  viendrait  à 
propos  pour  dissiper  nos  doutes  à  cet  égard. 

V.  Droit.  Ecu  de  Hornes;  au-dessus,  des  nuages. 

Légende.  ^  IOI7S  •  S  (PS  •  h)  SOD  (DVX) 
BVIi  ŒQ  •  LOS'. 

Rev.  Croix  légèrement  ornée,  coupant  la  légende 
et  renfermant  au  centre  un  fleuron.  Dans  les 
angles,  deux  lions  alternant  avec  deux  cors. 

Légende  :  (SI  DSV)  /  r>OB'((I)  /  OSaon  / 
nO(S-9)  9.. 

Cuivre  jaune.  PI.  XI,  n°  5. 

Collection  de  l'auteur. 

Ce  brûlé,  frappé  à  Liège,  en  1494,  est,  sauf  quel- 
ques légères  différences,  la  copie  exacte  du  nouveau 
blanc  de  Liège  émis  la  même  année. 

VL  Droit.  Buste  à  droite  de  Maximilien-Henri 
de  Bavière  coiffé  de  la  longue  perruque  Louis  XIV 
et  vêtu  du  costume  électoral. 

Légende  :  MAX  •  HEN  •  D  •  G  •  ARC  •  COL  • 
PR  •  EL. 

Rev.  Dans  un  écu  ovale  terminé  en  pointe,  posé 
sur  un  cartouche  et  sommé  du  bonnet  ducal,  les 
armes  écartelées  de  Bavière  et  du  Palatinat  avec 
l'écu  de  Bouillon  sur  le  tout.  Aux  côtés  du  bonnet 
ducal  :  16—64. 


Légende  :  EP  •  ET  •  PRIN  •  LEOD  •  DVX  •  BVL  • 
MA  •  FR  •  CO  •  LO  •  HO 

Or.   Poids:  3gr,436.  PI.  XI,  no  6. 

Collection  de  l'auteur. 

Ducat  d'un  autre  type  que  celui  reproduit  sous 
le  n"  634  à.2in^  l'ouvrage  de  M.  de  Chestret,  et 
d'une  gravure  beaucoup  plus  fine.  Inconnu  en 
nature  jusqu'à  présent,  la  date  de  sa  frappe  seule 
nous  était  renseignée  par  les  registres  de  la  Cham- 
bre des  finances. 


* 
* 


» 


Nous  est-il  permis  de  terminer  ce  travail  par  la 
description  d'une  modeste  pièce  d'essai  en  cuivre 
d'un  ducat  liégeois  du  milieu  du  xviii^  siècle  ? 
Nous  craignons  fort  qu'elle  fasse  pauvre  figure  à 
la  suite  des  pièces  d'importance  décrites  plus  haut. 
Toutefois,  nous  est  avis  qu'en  numismatique,  de 
même  qu'en  histoire,  les  détails  ont  souvent  leur 
importance  et  qu'en  ces  matières  le  superflu  même 
peut  devenir  chose  très  nécessaire;  comme,  d'ail- 
leurs, notre  pseudo-ducat  est  seul  aujourd'hui  à 
tenir  la  place  de  la  monnaie  d'or  dont  il  fut  jadis 
l'épreuve,  nous  ne  ferons  peut-être  pas  chose 
complètement  inutile  en  le  signalant  aux  numis- 
mates, à  défaut  du  ducat  lui-même. 

Droit.  Buste  à  gauche  de  saint  Lambert  mitre  ; 
au-dessous,  1744. 

Année  1896.  28 


4o6 

Légende:^  •  LAMBERTUS  — PATRO-LEOD. 

Rev.  Armes  écartelées  de  la  principauté  (Bouil- 
lon, Franchimont,  Looz  et  Hornes,  avec  Liège 
sur  le  tout)  dans  un  écusson  ovale  sommé  du 
bonnet  ducal  et  placé  sur  un  manteau  fourré 
d'hermine. 

Légende  :  ^s  DEC  •  ET  •  CAP  •  LEOD  •  SEDE  • 
VACANTE. 

Cuivre.  PI.  XI,  n°  7. 

Collection  de  l'auleur'. 

Le  revers  de  cette  pièce  n'a  aucune  ressem- 
blance avec  celui  du  ducat  «  sede  vacante  »  de  1744 
que  l'on  connaît.  Par  contre,  le  type  de  ce  revers 
est  très  exactement  celui  que  donne  le  ducat  de  la 
vacance  du  siège  de  1763.  Sur  cette  dernière  pièce, 
toutefois,  outre  une  légère  variété  dans  la  légende, 
les  armoiries  sont  représentées  avec  leurs  émaux, 
chose  qui  n'existe  pas  sur  notre  essai. 

Léon  Naveau. 


407 


UN  ESTEKLIN 

AU   TYPE  ANGLAIS 

FRAPPÉ    PAR    RENA.RD    DE     SCHÔNAU 

COMME  ËNGAOISTË  DES  c<  COMTES  »  DE  DURBUY  ET  DE  LÀ  ROCHE. 


Droit.  Tête  de  face  couronnée. 
Légende  :  ^  QQORefTTÎ  ^  GOMinHIS  ^  . 
Rev.  Croix  coupant  la  légende  et  cantonnée  de 
douze  globules. 
Légende  :  >î<  RE  —  P2ÏR  _  D'  GO  —  ffias. 


Argent. 


Poids  :  i&r.  102. 


Notre  collection. 


ï 


Notre  première  pensée  avait  été  de  donner  l'es- 
terlin  qui  nous  occupe  à  un  des  Renaud  qui  ont 
régné  sur  la  Gueldre.  M.  Roest,  pour  qui  la  numis- 
matique gueldroise  n'a  pas  de  secrets,  veut  bien 
nous  écrire  que  les  raisons  suivantes  s'opposent 
à  cette  attribution  : 

i°La  forme  i^^w^fi  pour  Renaud  ne  se  rencontre 


4o8 

sur  aucune  monnaie  et  dans  aucun   document 
gueldrois. 

2°  Les  monnaies  de  la  Gueldre,  contrée  impor- 
tante, portent  toujours  soit  le  nom  du  pays,  soit 
le  nom  de  la  ville  où  elles  ont  été  frappées.  Le 
mutisme  de  notre  esterlin  à  cet  égard  est  la  preuve 
presque  certaine  qu'il  est  l'œuvre  d'un  petit  sei- 
gneur dont  les  droits  monétaires  étaient  plus  ou 
moins  bien  établis. 

Il  nous  a  donc  fallu  chercher  ailleurs  le  lieu 
d'origine  de  notre  esterlin. 

Les  comtés  de  Hanau,  en  Hesse,  et  de  Wester- 
bourg,  en  Nassau,  ont  été  gouvernés,  au  moyen 
âge,  par  des  comtes  du  nom  de  Reinhard.  Nous 
ne  croyons  pas  cependant  que  notre  esterlin  puisse 
être  donné  à  aucun  de  ces  seigneurs,  le  type  de 
l'esterlin  édwardin  primitif  n'ayant  pas  été  copié 
dans  ces  régions.  De  plus,  le  style  de  notre  pièce 
doit  faire  rechercher  sa  patrie  beaucoup  plus  vers 
l'ouest,  dans  les  environs  de  nos  provinces  de 
l'est. 

La  forme  Renard  du  nom  du  dynaste  qui  a  fait 
frapper  notre  esterlin,  nous  a  fait  songer  à  Renard 
de  Schônau,  sire  de  Schoonvorst,  dont  le  nom 
figure,  ainsi  orthographié,  sur  les  sceaux  dont  se 
servait  ce  seigneur. 

Mais  que  faire  du  titre  de  comte  que  notre 
Renard  ne  semble  jamais  avoir  eu  le  droit  de 
porter  ? 

La  lecture  d'un  travail  remarquable  sur  Renard 


409 

de  Schônau,  de  notre  confrère  et  ami,  le  baron 
J.  de  Chestret  de  Haneffe  (i),  nous  a  permis  de 
résoudre  cette  difficulté  qui,  au  début,  semblait 
insurmontable.  L'auteur,  dans  cet  écrit,  cite  les 
nombreuses  sources  auxquelles  il  a  puisé  ses 
renseignements  si  instructifs.  Nous  nous  dispen- 
serons d'en  faire  autant  et  nous  bornerons  à 
renvoyer  le  lecteur  au  travail  en  question. 

Nous  lisons  dans  cette  intéressante  étude  que 
Renard  de  Schdnau,  dynaste  aussi  avide  au  gain 
que  rusé,  était  le  plus  jeune  fils  de  Raes  II,  dit 
d'Oulpixhe  ou  Ulpich  et  de  la  sœur  de  Gérard  du 
Jardin,  laquelle  paraît  avoir  été  de  la  maison  de 
Bongaert  ou  de  Pomerio. 

Élevé  au  milieu  des  Bénédictins  de  Saint-Trond, 
Renard  obtint  un  canonicat  à  Saint-Servais  à 
Maestricht  et  vécut  alors  dans  l'intimité  de  Guil- 
laume V,  margrave  de  Juliers. 

Il  commença  dès  cette  époque  les  nombreuses 
opérations  financières  qui  devaient  en  faire  un  des 
seigneurs  les  plus  riches  de  son  temps.  Nous  ne  le 
suivrons  pas  dans  sa  carrière  agitée  et  passerons 
immédiatement  aux  faits  qui  amenèrent  Renard  de 
Schônau  à  devenir  engagiste  des  comtés  de  Durbuy 
et  de  La  Roche. 

Walram  de  Juliers,  frère  du  margrave,  occupait 
alors  le  trône    archiépiscopal    de    Cologne.    Ce 

(i)  Renard  de  Schônau,  sire  de  Schoonvorst.  —  Un  financier  gentil- 
homme duwv^  siècle.  Extrait  du  tome  XLVII  âc^  Mémoires  couronnés 
et  autres  Mémoires  ■puhWts'ps.v  l'Académie  royale  de  Belgique. 


410 

prélat,  très  obéré  à  la  suite  de  guerres  nombreuses, 
se  vit  obligé  d'engager  à  Renard  ses  domaines, 
châteaux  et  revenus  particuliers.  Le  roi  Jean  de 
Bohême,  comte  de  Luxembourg,  qui  voulait  faire 
parvenir  son  fils  Charles  à  l'Empire,  acheta  la  voix 
deWalram  en  promettant  à  Renard  de  Schônaules 
64,000  royaux  et  les  i5,5oo  écus,  le  tout  de  bon  or 
et  de  poids,  que  lui  devait  l'électeur.  Renard, aussi 
prudent  que  rapace,  obtint,  par  convention  passée 
le  i5  juin  1346,  que  20,000  royaux  et  3,3oo  écus  de 
sa  créance  fussent  garantis  par  l'engagement  du 
château,  de  la  ville  et  du  pays  de  Durbuy,  avec 
leurs  appartenances.  Jean  l'Aveugle  fut  tué,  le 
26  août  1346,  à  la  bataille  de  Crécy,  avant  d'avoir 
pu  rembourser  entièrement  sa  dette  à  Renard  de 
Schônau.  La  transaction  du  17  avril  1348  nous 
apprend  que  Renard  avait  en  outre  reçu  en  gage 
le  comté  de  La  Roche.  Par  cette  transaction,  les 
héritiers  d'Arnouldd'Arlon  promettent  à  Baudouin 
de  Luxembourg,  archevêque  de  Trêves,  stipulant 
pour  son  petit-neveu  Charles,  roi  des  Romains  et 
comte  de  Luxembourg,  de  payer  à  «  Renier  de 
Schonowe  »  20,000  royaux  d'or,  pour  dégager  les 
comtés  de  La  Roche  et  de  Durbuy.  Baudouin  racheta 
lui-même,  peu  après,  le  comté  de  La  Roche  à 
Renard  et  cela  sans  attendre  le  remboursement 
stipuléci  dessus. Charles  IVreconnut,le6mai  1348, 
devoir  à  «  Reinhard  de  Schonawe  »  une  première 
somme  de  9,5oo  royaux  et  une  autre  de  5oo  florins, 
en  garantie  desquelles  il  lui  donna  le  château  de 


I 


411 

Rulland,  la  ville  et  le  château  de  Durbuy,  ainsi 
que  l'avouerie  de  Stavelot  et  de  Malmédy.  Tous 
ces  biens,  patrimoine  de  sa  famille,  furent  finale- 
ment rachetés  par  l'archevêque,  qui  s'en  fit  délivrer 
une  reconnaissance  par  le  roi  Charles,  le  4  fé- 
vrier 134g. 

Il  résulte  des  faits  qui  précèdent  que,  suivant  les 
coutumes  en  usage  au  moyen  âge,  Renaud  s'est 
trouvé,  pendant  le  temps  qu'il  tenait  les  comtés 
de  Durbuy  et  de  La  Roche  en  gage,  en  possession 
légale  des  droits  et  des  prérogatives  des  proprié- 
taires légitimes  de  ces  comtés.  Les  avantages 
pécuniaires  à  retirer  de  semblable  situation  n'ont 
pas  dû  échapper  à  un  financier  de  la  valeur  de 
Renard.  Quelle  belle  occasion  d'augmenter  ses 
capitaux  lui  offrait  l'exercice  du  droit  de  mon- 
nayage dans  ces  nouvelles  acquisitions  tempo- 
raires situées  dans  ce  même  Luxembourg  où  circu- 
laient les  nombreuses  espèces  de  Jean  de  Bohême 
et  spécialement  les  innombrables  esterlins  à  tête 
au  type  anglais  si  connus  sous  le  nom  de  lucebour- 
nes  (i)  !  Il  n'y  avait  qu'une  difficulté  à  l'exécution 
des  projets  que  devait  sans  doute  nourrir  l'insa- 
tiable Renard,  c'est  que  les  droits  monétaires  des 
comtes  de  La  Roche  étaient  peu  solidement  établis 

(1)  Les  temps,  de  plus,  étaient  assez  favorables  pour  tenter  pareille 
usurpation  si  profitable,  Charles  IV  ne  s'occupant  guère  du  gouverne- 
ment du  Luxembourg.  Il  en  avait  laissé  le  soin  à  son  grand-oncle 
Baudouin,  archevêque  de  Trêves,  qui,  lui  aussi,  ne  songeait  à  ce  mal- 
heureux pays  que  pour  en  tirer]de  l'argent. 


412 

et  avaient  même  déjà  été  contestés  par  les  comtes 
de  Luxembourg.  C'est  à  cause  de  ces  difficultés, 
sans  doute,  et  surtout  pour  s'épargner  des  désagré- 
ments éventuels,  que  l'habile  Renard  se  sera  con- 
tenté de  faire  forger  des  esterlins  portant  son  nom 
avec  son  titre  temporaire  de  comte  et  ne  men- 
tionnant, à  dessein, ni  les  indications  de  seigneu- 
ries ni  celles  d'atelier  monétaire.  Ces  prudentes 
omissions  lui  permettaient,  le  cas  échéant,  de 
nier  toute  participation  dans  cette  affaire  sca- 
breuse et  lui  assuraient  tous  les  bénéfices  de  cette 
opération  plus  ou  moins  licite. 

Telles  sont,  croyons-nous,  les  circonstances 
qui  donnèrent  lieu  à  la  frappe  de  notre  curieuse 
monnaie  au  nom  de  Renard.  Cette  monnaie  a  un 
air  de  famille  évident  avec  les  nombreux  esterlins 
à  tête  de  Jean  l'Aveugle,  air  de  famille  qui  a  frappé 
M.  VanWerveke,  à  qui  nous  avons  écrit  de  l'attri- 
bution de  la  pièce  qui  nous  occupe.  Cet  obligeant 
savant,  qui  connaît  l'histoire  du  Luxembourg 
dans  ses  moindres  détails  et  qui  a  bien  voulu  faire 
des  recherches  au  sujet  de  l'estedin  de  Renard, 
nous  écrit  qu'il  n'a  trouvé  aucun  document  per- 
mettant d'affirmer  positivement  que  Renard  a 
frappé  monnaie  pendant  qu'il  tenait  les  comtés  de 
Durbuy  et  de  La  Roche  en  engagère,  mais  qu'il 
est  néanmoins  très  porté  à  croire  à  la  possibilité 
de  l'existence  de  semblable  numéraire.  Quarante 
ans  plus  tard,  dit  M.  Van  Werveke,  nous  voyons 
Jean  de  Luxembourg,  alias  de  Goerlitz,  porter. 


4i3 

dans  les  actes,  le  titre  de  duc  de  Luxembourg  en 
même  temps  que  Wenceslas  II,  dont  il  avait  reçu 
le  duché  en  engagère.  Josse  de  Moravie  et  Elisa- 
beth de  Gœrlitz,  qui  tinrent  postérieurement  le 
même  duché  en  gage,  agirent  de  même.  Nous 
pourrions  encore  citer  de  nombreux  exemples  de 
faits  semblables,  qui  prouvent  à  l'évidence  que  les 
seigneurs  engagistes  se  substituaient  légalement 
aux  seigneurs  dont  ils  tenaient  les  possessions  en 
gage  et  cela  dans  tous  leurs  droits  et  prérogatives, 
celle  de  frapper  monnaie  entre  autres. 

Nous  nous  contenterons,  pour  terminer  cette 
notice,  de  mentionner  à  l'appui  de  cette  dernière 
assertion ,  parmi  les  nombreuses  monnaies  forgées 
dans  les  mêmes  conditions  : 

1°  Le  tuin  frappé  par  Jean  de  Looz,  de  Heins- 
berg  et  de  Lewenberg,  à  Schoonvorst  qu'il  tenait 
en  engagère  (i)  ; 

2°  Le  gros  à  l'effigie  debout  de  Jean  de  Meurs, 
seigneur  de  Bare,  gros  forgé  à  Gangelt  que  ce 
prince  tenait  en  gage  (2). 

V**  Baudouin  de  Jonghe. 

(1)  Revue  de  la  numismatique  belge,   1864,  p.  2i3  et  pi.  XIII,  n»  5. 

(2)  Revue  de  la  numismatique  belge,  1864,  p.  445  et  pi.  XXIV,  n"  2. 


414 

MONNAIES 

DES 

COMTES  DE  LIMBURG-SUR-LA-LENNE. 

{Suite)  (i). 


Planche    XII. 


Guillaume  I,  comte  de  Limburg  (suite). 

Ouire  les  deniers  frappés  par  ce  comte,  on  peut 
lui  attribuer  les  pièces  suivantes,  forgées  à  Lim- 
burg : 

•  •  •  I-jGIL  —  o  M  •  aOMSS  —  0  DS  •  IjIM  •  Écu 
au  lion  de  Limbourg  posé  dans  un  entourage 
triangulaire,  formé  de  trois  ogives  reliées  par  des 
demi-cercles  ;  dans  les  ogives,  une  rose  séparée 
de  l'écu  par  un  chevron. 

Rev. .  >ï<  iMOnSrrTÎ  S  •  -  •  •  8  MBVRnnb^  %  Dans  le 
champ,  une  croix  fleuronnée  portant  en  cœur  un 
écu  au  lion  à  queue  fourchée. 

PL  XII,  no  23. 

Notre  collection. 

Ce  gros  est  imité  de  ceux  des  ducs  de  Juliers 
Guillaume  (i3g3-i402)  et  Renaud  (1402 -1423). 
Thierry,  frère  de  Guillaume,  a  fait  frapper  pour 
Broich  un  gros  à  peu  près  semblable. 

«3  WIIjI'^SIjM  I  GCOMQiS  t^^t  lilMBSRSb,. 

(i)  V on  Revue,  1896.  p.  265. 


4.5 

Ecu  parti  :  au  premier,  un  lion  à  queue  fourchée, 
au  second,  une  figure  qui  semble  être  un  lambel; 
ce  sont  peut-être  les  armes  de  la  femme  de  Guil- 
laume, Mathilde  de  Reifferscheidt. 

Rev.  ^  SirrnO  *  —  *  MeOD  |  —  »  BSHGID  * 
—  *  IGCn[^  V  «•',  en  légende  extérieure  ;  la  légende 
intérieure  se  lit  :  MGR  —  fiOV  —  IjIM  —  "Q^^GK 
Dans  le  champ,  une  croix  coupant  la  légende. 

PI.  XII,  n"  24. 

Revue  de  la  numismatique  belge,  1862. 

>ï<  WIlJl^EIjmVS  %  GCO  l  LI^BVRGEn.  Un 
lion  en  plein  champ  ;  il  porte  sur  l'épaule  un 
écusson  avec  une  aigle. 

Rev.  >h  mOnETITî  %  HOVTÎ  §  PaTî  %  liim- 
BVRG'.  Une  croix  pattée  accompagnée  de  quatre 
étoiles  chargées  d'une  rose. 

Gros  au  lion  imité  de  ceux  des  ducs  de  Luxem- 
bourg, Wenceslas  II  et  Josse  de  Moravie. 

PI.  XII,  no  25. 
Notre  collection. 

^  WILI^SIiM  l  DSI  l  GRS  l  aOM  l  IjIM- 
BSR'.  Lion  couronné  portant  sur  la  poitrine  un 
écu  écartelé  de  deux  lions  et  de  deux  fleurs  de  lis. 

Rev.  ^  monsnnTT  §  kovtî  §  fgtï  i  lim- 

BSRCCI^SRS.  Croix  cantonnée  de  deux  lions  et 
de  deux  fleurs  de  lis. 

Ce  gros  au  lion,  dit  Cromstert,  est  imité  de  ceux 
frappés  par  Antoine  de  Bourgogne,  comme  duc 
de  Luxembourg  (1409-1415). 

PL  XII,  no  26. 

Revue  de  la  numismatique  belge,  1862. 


4i6 

>ï<  WlIiï^aiimVS  o  GCOMSS.  Façade  d'en- 
ceinte à  trois  tours,  avec  porte  d'entrée. 

Rev.  ^  MORSnnTÏ  o  LIMBVRG.  Même  façade 
que  sur  l'avers. 

PI.  XII,  no  27. 

Cette  monnaie  a  été  publiée,   d'après  le  seul 
exemplaire    connu    de   la   collection   Wippo ,   à 
Munster,  dans  les  Blàtter  fïir  Miinzfreimde,  en  187g, 
n°  78,  p.  689,  pi.  58,  n°  5.  Grote,  en  publiant  cette 
monnaie,  dit  qu'elle  est  une  reproduction  exacte 
de  celles  frappées  à  Hambourg  de  1408  à  1413, 
avec  les  armes  de  la  ville  sur  chaque  côté;  les 
cercles  ou  boules  de  la  légende  se  retrouvent  sur 
la  plupart  des  sceaux  de  Hambourg  à  cette  époque. 
Le   comte  Guillaume    mourut  en   1459  ;    c'est 
l'opinion  généralement  admise.  Kremer,  toutefois, 
dit  que  ce  fut  en  1449  (i)  ;  mais  cet  auteur  a  dû  se 
tromper,  car,  en  1460,  le  comte  Guillaume  de  Lim- 
burg,  seigneur  de  Bedbur,  assivSta  à  la  réunion  des 
seigneurs  qui  apposèrent  leur  signature  à  la  con- 
vention conclue  entre  l'archevêque  de  Cologne  et 
le  duc  Gérard  de  Juliers  et  de  Berg,  pour  régler  la 
succession  de  ces  duchés  au  cas  où  le  duc  vien- 
drait à  mourir  sans  enfants  ;  le  comte  Guillaume 
figure  en  tête  des  signataires  (2). 

Il  est  à  croire  que  le  comte  avait  de  son  vivant 
associé  son  gendre  au  gouvernement;  car  celui-ci, 


(1)  Akad.  Beitràge,  II,  p.  64. 

{2)  Brosius,  Annal.  Juliac,  p   5g. 


4'7 
en  1456,  avait  nommé  les  frères  Engelbert  et  Daen 
von  den  Westhove,  officiers  du  haut-château  de 
Limburg  (i). 

On  a  vu  plus  haut  que  Guillaume  n'avait  eu  de 
son  mariage  avec  Metza  de  Reifferscheidt  qu'une 
seule   fille  ,   Marguerite  ,   mariée   à  Gumbrecht , 
comte  de  Nuwenaer,  et  qu'il  avait  donné  à  celui-ci, 
en  1442,  son  château  et  comté  de  Limburg.  Cette 
donation  comprenait  toutes  ses  possessions  en 
terres,  bois,  fiefs,  droits  seigneuriaux  et  même 
son  titre  et  ses  armes,  son  heaume  et  sa  mon- 
naie (2),   ce  qui  indique  sans  doute  le  droit  de 
battre  monnaie.  Le  roi  des  Romains  avait  ratifié 
la  même  année  cet  acte  de  transfert  et  investi  en 
même  temps  le  comte  de  Nuwenaer  de  tous  les 
fiefs  de  la  couronne;  en  149g,  l'empereur  Maximi- 
lien  le  confirma  également. 

Cette  donation  avait  vivement  mécontenté  les 
neveux  du  comte  Guillaume,  fils  de  son  frère 
Thierry,  seigneur  de  Broich,  qui  étaient  ses  plus 
proches  agnats, Guillaume  III, Henri  etThierry  VIL 
A  peine  leur  oncle  eut-il  fermé  les  yeux,  qu'ils 
obtinrent  de  Gérard,  duc  de  Juliers  et  de  Berg, 
dont  Henri  était  conseiller,  l'inféodation  du  châ- 
teau et  du  comté  de  Limburg  (25  juin  I45g).  Ils 
mirent  ensuite  le  siège  devant  le  château,  dont  ils 

(  1  )  Nouvelles  archives  historiques  des  Pays-Bas,  t.V,  pp.  228  et  suiv. 

(2)  Die  Graf-  und  Herrschaft  fw  Limburg,  mit  Helm,  Schilte, 
Wapen  und  Wahremtitel,  Schlossern  und  Mûn^en,  etc. —  von  Stbinen, 
/.  c,  IV,  p.  1337. 


4i8 

s'emparèrent  avec  l'aide  du  drossart  de  Berg  , 
Jean  de  Nesselrode ,  seigneur  de  Stein ,  et  de 
Bertrand  de  Nesselrode ,  seigneur  d'Ehrenstein , 
maréchal  héréditaire  du  duché  de  Berg  ;  Guil- 
laume II  prit  dès  lors  le  titre  de  comte  de  Lim- 
burg. 

Grâce  à  l'intervention  de  Thierry,  archevêque 
de  Cologne,  et  de  Vincent,  comte  de  Moers  et  de 
Sarwerden,  la  paix  ne  tarda  pas  à  se  faire,  et  les 
parties  belligérantes  firent  un  arrangement  qui  fut 
signé  le  vendredi  après  la  fête  de  la  Nativité  de  la 
Vierge,  1460. 

Il  fut  stipulé  que  le  château  avec  le  comté  de 
Limburg  et  tout  ce  qui  en  dépendait  appartien- 
drait en  commun  par  moitié  à  chacune  des  parties 
contractantes,  que  le  château  serait  divisé  en 
deux  habitations. 

Cet  accord  qui  était  une  vraie  burgfrede,  conte- 
nait les  conditions  stipulées  ordinairement  dans 
les  paix  de  cette  nature,  relativement  aux  attentats 
consommés  sur  les  personnes  et  sur  les  biens. 
Cette  paix  devait  s'étendre  sur  le  pays  qui  com- 
prenait le  château  et  le  Nieuwenhuys  et  qui  était 
délimité  par  une  ligne  partant  de  la  montagne 
droit  au  Namer,  et  du  Namer,  en  descendant  la 
montagne,  jusqu'à  la  Lenne,  et  le  long  de  cette 
rivière  jusqu'au  pont  où  se  trouve  l'image  de 
Notre-Dame,  où  la  Weschelbeek  se  jette  dans  la 
Lenne,  et  de  là  jusqu'au  Kuythassel,  pour  remonter 
ensuite  en  ligne  droite  jusque  sur  le  mont  vers 


» 


419 

le  Nieuwenhuys.  Dans  ce  territoire,  la  paix  devait 
exister  et  demeurer  ferme. 

Il  était  stipulé  que  tous  les  hommes  de  fief  de 
Limburg  recevraient  des  deux  partis  l'investiture 
de  leurs  fiefs  et  devraient  les  aider  tous  les  deux. 
Le  patronat  de  Milheim  et  les  autres  bénéfices 
ecclésiastiques  devaient  être  exercés  alternative- 
ment, les  dettes  partagées  par  moitié,  et  le  comte  de 
Nuwenaer  devait  conserver  la  maison  et  les  autres 
biens  de  Wulfrad  ainsi  que  la  rente  de  20  florins 
que  l'abbesse  d'Essen  devait  payer  annuellement 
sur  la  maison  de  Greusel. 

L'année  suivante,  les  frères  de  Limburg  accor^ 
dèrent  à  Jean  de  Nesselrode,  seigneur  d'Ehren- 
stein,  maréchal  héréditaire  du  duché  de  Berg,  qui 
les  avait  aidés  dans  la  reprise  de  Limburg,  un 
logement  dans  le  haut-burg  de  Limburg,  une 
écurie  pour  ses  chevaux  dans  la  seigneurie,  l'exer- 
cice du  bailliage  sous  Limburg  pour  la  revendi- 
cation de  ses  droits,  mais  en  réservant  les  droits 
des  baillis.  En  outre,  ceux  de  Nesselrode  et  ceux 
de  Limburg  devront  réciproquement  jurer  de  tenir 
la  burgfrede,  leurs  héritiers  devront  s'y  engager 
également  aussi  souvent  qu'il  sera 'nécessaire. 
En  1478,  le  duc  Guillaume  de  Juliers  donna  son 
approbation  à  cet  arrangement,  sous  la  réserve 
que  ses  droits  et  ceux  de  ses  héritiers,  au  point 
de  vue  de  la  vassalité,  fussent  sauvegardés  (i). 

(1)  VON  Steinen,  /.  c,  IV,  pp.  iSSg  et  suiv. 


420 


Pendant  l'époque  que  le  comté  de  Limburg  était 
possédé  en  commun  par  le  comte  de  Nuwenaer  et 
les  neveux  de  Guillaume  I,  on  continua  à  frapper 
monnaie  à  Limburg;  la  seule  pièce  de  cette  émis- 
sion que  l'on  connaisse  ne  porte  pas  le  nom  du 
seigneur,  mais  seulement  l'indication  de  l'atelier 
monétaire,  ce  qui  permet  de  croire  que  le  droit  de 
monnayage  a  été  exercé  en  commun. 

Voici  la  description  de  cette  intéressante  mon- 
naie : 

>ï<  sinn  +  ROMsn  -î-  d  —  vv  f  BsneiDiarr. 

Double  aigle  tenant  dans  ses  serres  un  écu  fascé. 
Rev.  >-'b  MOnSnaTÏ  +  nOVT^  +  ijUBORGeiRSI. 
Croix  pattée. 

Notre  collection. 

Cette  monnaie  est  imitée  des  plaques  de  Gro- 
ningue,  fra^^pées  d'après  Van  der  Chijs  vers  le 
milieu  du  xv^  siècle  (i). 

La  paix  conclue  en  1460  ne  fut  pas  de  longue 
durée,  comme  il  était  à  prévoir;  à  la  mort  du 
comte  Guillaume  II,  en  1478,  le  duc  Guillaume 


(1)  Van   der  Chus,   De  Munten   van   Friesland,   Groningen   en 
Drenthe,  pi.  IX,  n"s  28-29,  pi.  XXII,  n»  6. 


421 

de  Juliers  et  de  Berg  inféoda  à  Henri,  son  frère 
et  son  héritier,  les  châteaux  de  Limburg  et  de 
Broich,  en  son  nom  et  comme  tuteur  de  Jean  et 
de  Marie,  enfants  de  son  frère  (i).  On  ignore  les 
raisons  qui  amenèrent  cette  rupture  de  la  paix 
conclue  entre  les  familles  de  Nuwenaer  et  de  Lim- 
burg. D'ailleurs,  tout  ce  qui  se  rapporte  à  l'his- 
toire de  nos  comtes  à  cette  époque  dénote  les 
troubles  qui  agitaient  les  esprits,  les  querelles 
intestines  qui  divisaient  les  familles;  dans  tous 
les  cas,  cette  rupture  de  la  bitrgfrede  donna  lieu  à 
de  nouvelles  difficultés  qui  ne  furent  aplanies  que 
parle  mariage,  dont  il  sera  parlé  plus  loin,  de  Jean 
de  Limburg  avec  l'héritière  de  Nuwenaer,  en  1492. 

Thierry  VI  de  Limburg,  seigneur  de  Broich. 

Ce  seigneur  était  le  frère  cadet  de  Guillaume  I, 
comte  de  Limburg.  Les  deux  frères,  après  la  mort 
de  leur  père  Thierry  V,  avaient  relevé  les  châteaux 
de  Limburg  et  de  Broich  (1401).  Guillaume  prit 
depuis  lors  le  titre  de  comte  de  Limburg  et  de 
seigneur  de  Broich,  mais,  à  partir  de  1407, 
Thierry,  qui  portait  seulement  soti  nom  de 
famille,  s'intitula  seigneur  de  Broich,  bien  que 
son  frère  prît  encore  parfois  ce  titre.  En  1412,  les 
deux  frères  conclurent  un  arrangement  dont 
nous  avons  rapporté  les  principales  clauses  et  qui 

(1)  VON  Camp,  p.  48.  Cet  auteur  fixe  en  1478  la  mort  de  Guillaume  ; 
cette  date  a  été  contestée. 

Année  1896.  29 


422 

stipulait  la  division  du  château  en  deux  parties. 
Le  comte  Guillaume  abandonna,  en  1437,  à  son 
frère  tous  ses  droits  sur  la  seigneurie  de  Broich, 
en  échange  d'autres  biens  ;  mais  il  faut  croire  que, 
déjà  avant  cette  époque ,  Thierry  possédait  la 
seigneurie,  car,  le  9  juillet  1413,  il  s'engagea  vis 
à  vis  du  duc  Adolphe  de  Berg  à  l'aider  de  sa  per- 
sonne en  tout  temps  et  contre  tous  ses  ennemis, 
à  l'exception  de  son  frère  Guillaume  et  de  son 
cousin  Evert  de  Limburg,  à  Stirum,  et  il  comprit 
dans  cet  engagement  son  château  de  Broich  et 
toutes  ses  forces. 

Il  fut  admis  de  ce  chef  parmi  les  nobles  vassaux 
de  Berg  et  reçut  en  fief  une  pension  de  20  florins 
et,  en  outre,  la  moitié  de  la  dîme  de  Wulfrad  et 
deux  foudres  de  vin.  En  1423,  le  même  duc 
Adolphe  l'admit  comme  noble  dans  sa  noblesse 
à  Angermund  et  lui  donna  en  fief  une  rente 
annuelle  de  40  florins  du  Rhin  dans  le  bailliage 
de  Medman. 

Peu  d'années  après,  il  rompit  avec  son  suzerain 
pour  s'attacher  à  Adolphe ,  duc  de  Clèves  et 
comte  de  la  Marck. 

En  1420,  le  duc  de  Berg  avait  donné  en  enga- 
gère,  à  ce  dernier,  la  ville  de  Mulheim-sur-la- 
Ruhr  avec  le  château  de  Broich,  pour  six  mille 
bons  vieux  écus.  Pour  des  raisons  que  l'on  ne 
connaît  pas,  le  seigneur  de  Broich  prêta,  le  i"  sep- 
tembre 1432,  hommage  au  duc  de  Clèves  pour  son 
château  de  Broich  qui  était  un  fief  de  Berg  et  il 


423 

en  fut  réinvesti  le  lendemain.  Quelques  années 
plus  tard,  il  tomba  en  disgrâce  et  le  duc  de  Clèves 
le  déposséda  de  son  château  et  en  investit,  en 
143g,  Henri,  second  fils  de  Thierry,  mais  celui-ci 
dut  promettre  de  ne  pas  laisser  entrer  son  père 
dans  le  château. 

Henri  resta  pendant  quelque  temps  en  posses- 
sion du  château  et  Thierry  mourut  avant  d'avoir 
pu  le  récupérer.  On  ignore  l'époque  de  sa  mort, 
mais  elle  suivit  de  près  ces  événements. 

Thierry  de  Limburg,  seigneur  de  Broich,  avait 
épousé  Rica  de  Wisch,  qui  vivait  encore  en  145g. 
Il  en  eut  un  grand  nombre  d'enfants,  qui  sont  : 
Guillaume  II,  seigneur  de  Broich, 
Henri,  que  nous  avons  cité, 
Thierry  VII, 

Eberhard,  qualifié  de  seigneur  de  Limburg  et 
d'Hardenberg, 
Jean,  prévôt  de  Werden, 

Agnès,  qui  épousa  son  cousin,  Guillaume  de 
Limburg,  seigneur  de  Stirum,  lequel  reçut,  en 
1442,  de  l'empereur  Maximilien  l'investiture  des 
fiefs  possédés  par  sa  famille  (i), 

Lutgarde,  mariée  à  Kraft  Steke.  —  Ce  seigneur 
fut  envoyé,  en  1444,  àSoest,  parle  duc  de  Clèves, 
avec  une  troupe  de  soixante  cavaliers  pour  y  pré- 
parer son  arrivée  (2).  Il  posséda,  du  chef  de  sa 
femme,  l'avouerie  de  Rellinghausen. 

(1)  Chai  te  en  ma  possession. 

(2)  Seibertz,  Quellen  der  westfal,  Geschichte,  II,  p.  281. 


424 

Et  Catherine. 

Thierry  VI,  de  Limburg,  a  frappé  monnaie  à 
Broich  et  à  Rellinghausen,  en  qualité  d'avoué. 

La  seigneurie  de  Broich  était  située  sur  les 
confins  des  comtés,  puis  duchés  de  Berg  et  de 
Clèves,  entre  la  seigneurie  de  Stirum  et  les 
abbayes  d'Essen  et  de  Werden  ;  elle  était  traversée 
par  la  Ruhr,  rivière  qui  reçoit  la  Lenne  et  se 
jette  elle-même  dans  le  Rhin,  à  Ruhrort,  près  de 
Duisburg.  C'était  un  fief  de  Berg. 

On  connaît ,  pour  Rellinghausen ,  plusieurs 
deniers  qu'on  peut  lui  attribuer  : 

DIDSRIGC  —  GRSVe:  ^.  Écu  au  lion  de  Lim- 
bourg,  surmonté  d'un  casque  avec  cimier  formé 
de  deux  branches  feuillées.  Ce  cimier  est  celui  de 
la  branche  des  seigneurs  de  Broich  et  diffère  de 
celui  de  la  branche  aînée  des  comtes  de  Limburg. 

Rev.  *  MORSnnTÎ  *  RSIilRGCI^VSSn.  Rose 
dans  le  champ. 

PI.  XII,  n0  28 

Revue  de  la  numismatique  belge,  1862. 

Notre  collection. 

—  DIDSR  —  GRSVe:  *.  Même  type  que  sur 
le  numéro  précédent. 

Rev.  ^  MOnSnnTÎ  <a  RSIiinai^VSe:'.  Rose 
dans  le  champ. 

PI.  XII,  no  29. 

Revue  de  la  numismatique  belge,  1862. 

Notre  collection. 

^  DIDSl^IGC^  *  GRSVe  *  .  Le  comte,  à  mi- 
corps,  la  tête  couronnée.  Il  porte  de  la  main  droite 


4^5 

l'épée,  sur  la  cuirasse  unécu  au  liondeLimbourg. 
Rev.  -  MOnSnnAx   1^0'  RSIilOGCP^VS.  Même 
type  à  la  rose. 

PI.  XII,  n"3o. 

Revue  de  la  numismatique  belge,  1862. 

Notre  collection 

*  DIDSRIGCh  ^  GReVS  *.  Ce  denier  est  une 
variété  du  précédent. 

Rev.  ^  MonannTc  4-  ne  ReiLinai^v'. 

PI.  XII.  n°3i. 
Notre  collection. 

*  DIRa?j'  —  oGRSVe:  ^.  Le  comte,  à  mi- 
corps,  la  tête  couronnée  du  chapel  de  roses.  Il 
tient  l'épée  de  la  main  droite  et  appuie  la  gauche 
sur  un  écusson  au  lion. 

Rev.  ^  MORSnnT:  -:-  ne  RSIiinGCr^V.  Type  à 
la  rose. 

PI.  XII,  n°.33. 
Notre  collection. 

Le  monastère  de  Rellinghausen  (i),  dépendance 
de  l'abbaye  d'Essen  était  situé  sur  la  Ruhr,  entre 
Werden  et  Steele,non  loin  de  l'abbaye  d'Essen  et 
se  trouvait  tout  près  du  château  d'Lsenburg,  rési- 
dence du  comte  Frédéric,  ancêtre  des  comtes  de 
Limburg-sur-la-Lenne.  Le  comte  Frédéric  était 
avoué  de  ce  monastère  et  avait  hérité  de  ce  fief  à 
la  mort  de  son  père.  Cette  dignité  lui  donnait  la 
juridiction  sur  les  biens  du  monastère,  certains 

(i)  Il  ne  faut  pas  confondre  Rellinghausen  avec  Recklinghausen, 
comme  l'a  fait  Leitzmann  :  cette  dernière  localité  était  un  atelier  moné- 
taire des  archevêques  de  Cologne 


426 

droits,  tels  que  le  tODlieu  et  le  droit  de  monnayage, 
et  lui  procurait  des  revenus  importants  ;  il  était, 
en  outre,  avoué  des  abbayes  d'Essen,  de  Wer- 
den,  etc.  Ce  furent  les  empiétements  qu'il  se  per- 
mettait sur  les  droits  de  l'abbaye  d'Essen ,  en 
abusant  injustement  de  sa  qualité  d'avoué,  et  les 
mesures  de  rigueur  que  dut  prendre  saint  Engel- 
bert,  archevêque  de  Cologne,  pour  réprimer  les 
violences  et  la  rapacité  des  seigneurs  envers  les 
abbayes,  qui  furent  l'origine  du  complot  tramé 
'contre  l'archevêque,  complot  dont  il  fut  la  mal- 
heureuse victime. 

Après  la  sentence  de  condamnation  prononcée 
contre  le  comte  d'Isenburg,  pour  la  part  qu'il 
avait  prise  à  ce  meurtre,  et  la  confiscation  de  ses 
biens,  les  avoueries  des  abbayes  d'Essen,  de  Rel- 
linghausen,  de  Stoppenberg  et  de  Werden,  qui 
lui  appartenaient,  devinrent  vacantes  et  firent 
retour  aux  abbayes.  C'est  dans  ce  sens  que  s'ex- 
prime le  légat  du  Saint-Siège  dans  la  lettre  qu'il 
adressa  à  l'abbé  de  Werden,  relativement  aux 
avoueries  des  cinq  curtes  que  Vimpius  Fredericus 
quondam  cornes  de  Ysenbergh  tenait  en  fief  de  l'ab- 
baye .  Elles  étaient  dévolues  de  plein  droit  à  celle-ci 
en  vertu  de  la  sentence,  et  le  légat  défendit  de  les 
aliéner  à  l'avenir  (1226).  Cette  lettre  fut  confirmée 
l'année  suivante  par  l'empereur  (i).  Les  avoueries 
ne  furent  pas  supprimées ,   mais  la  nature  des 

(1)    KrEMER,  /.  C,    II,  p.    121. 


427 

fonctions  de  ceux  qui  en  étaient  titulaires  fut  mo- 
difiée. Ils  devinrent  représentants  des  abbés,  dont 
ils  furent  des  fonctionnaires  dépendant  d'eux. 

Les  descendants  du  comte  Frédéric  élevèrent 
des  prétentions  sur  l'avouerie  d'Essen,  en  1275; 
le  comte  Thierry  la  comprit  dans  l'échange  qu'il 
fit  avec  l'archevêque  de  Cologne  quand  il  lui 
céda  le  château  d'Isenburg  contre  une  rente  ;  mais 
on  ne  trouve  pas  de  documents  qui  prouvent 
qu'ils  l'aient  possédée. 

Quant  à  l'avouerie  de  Rellinghausen,  le  comte 
Adolphe  de  la  Marck  s'en  était  emparé  après  la 
confiscation  des  biens  du  comte  d'Isenburg,  lors- 
qu'il avait  envahi  le  comté.  Il  en  avait  reçu  l'in- 
vestiture de  l'archevêque  de  Cologne,  mais  il  fut 
obligé  de  s'en  dessaisir  par  ordre  de  l'empereur 
et  l'avouerie  fit  retour  à  l'abbaye  d'Essen. 

Après  l'accord  conclu,  en  1243,  entre  la  famille 
de  Limburg  et  le  comte  de  la  Marck,  en  vertu 
duquel  une  partie  du  patrimoine  et  des  fiefs  du 
comte  d'Isenburg  fut  rendue  à  son  fils  Thierry, 
celui-ci  reçut  en  fief  de  l'abbesse  d'Essen  l'avoue- 
rie deRellinghausen  avec  les  revenus  de  l'avouerie 
sur  les  maisons  d'Ehrenzell,  Brockhof  et  Beck, 
mais  les  droits  d'avouerie  sur  ces  maisons  res- 
tèrent à  l'abbaye  qui  les  fit  exercer  par  ses  officiers. 
Le  25  juin  1286,  le  comte  Thierry  engagea  à  l'ab- 
besse Berthe  l'avouerie  d'Ehrenzell  (i). 

(1)  F'uNCKE,  Geschiclite  des  Fiïrstentimms  iind  der  Stadt  Essen. 
Elberfeld,  i85i. 


428 

En  i363,  le  comte  Thierry  de  Limburg  et 
Thierry  de  Limburg,  fils  d'Evrard,  firent  à  Dus- 
seldorf  un  arrangement  avec  la  prieure  du  mo- 
nastère de  Rellingbausen,  concernant  l'exercice 
du  droit  de  justice  dans  cette  localité.  Les  deux 
parties,  après  avoir  consulté  leurs  amis,  recon- 
nurent qu'elles  y  avaient  des  droits  égaux  et 
qu'on  partagerait  les  amendes.  Cet  accord  est 
mentionné  dans  les  conventions  faites,  en  1577 
et  1647,  entre  le  chapitre  et  les  possesseurs  de 
l'avouerie.  Celle-ci  échut  à  Thierry  VI,  de  Lim- 
burg, dans  le  partage  de  la  succession  de  son 
père,  en  1412.  En  1474,  elle  fut  donnée  en  dot  à 
Lutgarde  de  Limburg,  quand  elle  épousa  le  che- 
valier Kraft  Steeke,  en  même  temps  que  la  partie 
de  l'avouerie  située  dans  la  seigneurie  d'Harden- 
berg  avec  goo  florins  donnés  par  son  frère  Guil- 
laume pour  le  rachat  d'une  somme  pareille  dont 
elle  était  grevée.  L'inféodation  qui  en  fut  faite  par 
l'abbesse  d'Essen  dut  être  ratifiée  par  les  cinq 
frères  de  la  future.  Parmi  eux  il  y  en  avait  un  qui 
était  prévôt  du  couvent  d'Aix-la-Chapelle.  En 
i5i3,  l'avouerie  appartenait  à  Gosken  Steeke,  de 
Baldenei,  fils  de  Kraft  et  de  Lutgarde;  lui-même 
avait  épousé  Stina  de  Vitinghof. 

L'historien  de  l'abbaye  d'Essen,  Funcke,  dit, 
d'après  Gelenius,  que  le  possesseur  du  château  de 
Baldenei  était  chambellan  de  l'abbaye  d'Essen, 
avoué  de  Rellingbausen  et  maréchal  de  l'abbaye 
de  Werden.    Le  château   de  Baldenei   avait  été 


429 

construit  après  la  destruction  du  château  d'Isen- 
burg,  et  près  de  celui-ci,  avec  les  pierres  prises 
dans  ses  ruines. 

Thierry  VI  frappa  également  différentes  mon- 
naies à  Broich.  On  connaît  de  lui  un  denier  et 
quelques  gros  : 

*  DIDQIRiab^  *  GRGIVe:  *.  Même  type  que 
sur  le  n°  3i. 

Rev.  ^  MORGirrîT  ^  R0V2Î  ^  Br^OGCI^.  Type 
à  la  rose. 

PI.  XII,  n»  32. 

Notre  collection. 

DIRia  <g3  —  ^  aOîTîSS  *  —  <5  lil^BO  *.  Ecu 
au  lion,  la  queue  fourchée,  posé  dans  un  entou- 
rage triangulaire  formé  d'ogives  reliées  entre 
elles  par  des  demi-cercles;  dans  les  ogives,  des 
quatrefeuilles,  séparés  de  l'écu  par  des  triangles. 

Rev.  MonsnnT^  îrovtîîdcc  t  BRoai^i^^e:. 

La  légende  est  précédée  d'une  aigle  (?).  Croix  fleu- 
ronnée  portant  en  cœur  un  écusson  à  la  double 
aigle  éployée. 

PI  XII,  no  34. 

Grote,  Blâtter,  etc.,  187g. 

Ce  gros  a  été  publié  par  Grote  (i),  qui  en  indique 
le  diamètre  :  24millim.  et  le  poids  :  is',75;  c'est, 
dit-il,  une  imitation  des  monnaies  frappées  à  Dùren 
par  les  ducs  de  Juliers  Guillaume  III  (1398-1402) 
et  Renaud  (1402-1423). 

(1)  Grote,  Blâtter  fur  Mûnifreunde,  n°  78  (1879),  p.  658. 


430 

DIDSRIG)^  cS5  aO'  Da  <S3  lilMBOR?.  Saint 
Pierre,  à  mi-corps,  sous  un  portique;  il  tient  de 
la  main  droite  une  croix  longue. 

i?^?;.  *MOne:m  *  — * 7Î  RO  V  A  *  —  *  BROGCI^  *. 
Le  revers  est  le  même  que  l'avers  du  numéro  pré- 
cédent :  un  écu  au  lion  dans  un  entourage  trian- 
gulaire. 

PI.  XII,  no  35. 

Revue  de  la  numismatique  belge,  1862. 

Grote,  1837,  pi.  VI,  no  126. 

Grote  attribue  ce  gros  à  Thierry  VI.  Il  fait  à  son 
sujet  quelques  observations,  qui  ont  un  certain 
fondement  car  l'attribution  de  ce  gros  soulève  des 
difficultés  ;  il  en  est  de  même  des  deniers  que  nous 
donnons  à  ce  seigneur. 

Au  point  de  vue  de  la  classification  des  Rader- 
Albus,  dit-il,  celui-ci  doit  être  antérieur  à  1430; 
il  peut,  en  ce  cas,  appartenir  à  Thierry  VI,  bien 
qu'on  ne  le  voie  nulle  part  qualifié  de  comte.  Son 
père,  Thierry  V,  posséda,  il  est  vrai,  le  comté  de 
Limburg  et  la  seigneurie  de  Broich,  mais  il  est 
mort  à  une  époque  qui  ne  permet  pas  de  le  lui 
attribuer,  car  ce  serait  trop  reculer  la  date  de  son 
émission  :  cette  pièce  est  postérieure  à  sa  mort. 
Grote  ajoute  qu'il  n'est  pas  à  supposer  qu'un  aussi 
petit  seigneur  ait  frappé  monnaie  en  Westphalie 
et  dans  le  Bas-Rhin,  mais  cette  observation  ne 
peut  pas  avoir  la  portée  qu'il  lui  donne,  parce  que 
le  gros  décrit  sous  le  numéro  suivant  prouve  que 
l'un  des  deux  Thierry,  le  père  ou  le  fils,  a  frappé 


43i 

monnaie  à  Limburg  et  à  Broich.  On  ne  peut  guère 
séparer  ces  monnaies,  car  elles  sont  contempo- 
raines. 

<S3  nnb^SODR  -B  aOUaS  <^  LIMB?  «3.  Saint 
Pierre  sous  un  portique,  comme  sur  le  n°  35, 
sauf  que  le  saint  porte  une  clef  dans  la  main 
gauche. 

Rev.  <5  MOn'  —  «3  RO V  —  LIM  «?  —  <S3  BOR'. 
Écu  au  lion  de  Limbourg,  dans  un  entourage  qua- 
drilobé  formé  d'ogives  alternant  avec  des  angles; 
dans  les  ogives  quatre  petits  écussons,  le  i"  por- 
tant une  aigle,  le  2*  et  le  3^,  un  lion,  le  4°,  quatre 
pals. 

PI.  XII,  no  36. 
Notre  collection. 

Ces  écussons  n'ont  aucune  signification  parti- 
culière. Ils  ne  se  rapportent  pas  aux  armoiries  de 
la  famille  ni  à  ses  possessions,  sauf  peut-être  le 
lion. 

On  se  demandera  comment  il  se  fait  que 
Thierry  VI  ait  frappé  monnaie  à  Limburg,  qui  a 
appartenu  à  son  frère  Guillaume,  et  à  quel  titre  il 
se  qualifiait  de  comte.  Ce  seigneur  a  possédé  pen- 
dant quelque  temps,  il  est  vrai,  le  comté  en  com- 
mun avec  son  frère,  jusqu'au  moment  où  ils 
firent  une  convention,  que  nous  avons  rappelée, 
pour  le  partage  de  la  succession  de  leur  père. 
J'hésite,  toutefois,  à  admettre  que  chacun  des 
deux  frères  ait  battu  monnaie  en  même  temps. 

Quant  au  titre  de  comte  qui  se  trouve  sur  les 


432 

deniers  aussi  bien  que  sur  ces  dernières  mon- 
naies, il  n'était  pas  porté  exclusivement  parle  pro- 
priétaire du  comté.  Ainsi,  l'on  voit  qu'au  xiv^  siècle 
il  a  été  porté  par  Jean,  frère  cadet  de  Thierry  V. 
Henri,  seigneur  de  Broich,  le  prend  également 
sur  ses  monnaies,  bien  qu'il  n'ait  pas  possédé 
Limburg;  et  quoique  l'on  ne  retrouve  pas  dans 
les  rares  documents  connus  de  cette  époque  qu'il 
soit  qualifié  ainsi,  il  l'est  toutefois  sur  les  deniers 
décrits  aux  n°^  28  et  29,  que  je  crois  pouvoir  lui 
attribuer  d'une  manière  certaine,  parce  que  le 
cimier  surmontant  le  casque  de  l'écusson  est  celui 
de  la  branche  de  Broich,  tandis  que  celui  de  la 
branche  aînée  était  formé  de  deux  vols  ou  queues 
de  paon  et  d'un  lion. 

Des  découvertes  ultérieures  viendront  peut-être 
donner  un  jour  une  vsolution  plus  certaine  à  ces 
difficultés. 

C"=  Th.  de  Limburg-Stirum. 

{A  suivre.) 


I 


433 


MÉDAILLE 


DU  COMTE  ET  DE  LA  COMTESSE  DU  NORD 


DITE  MEDAILLE  DES  PRINCES  RUSSES 


GRAVÉE    PAR    VAN    BERCKEL    EN     1782. 


Au  cours  d'un  voyage  en  Pologne,  en  Allema- 
gne, en  Italie,  en  France  et  dans  les  Pays-Bas,  le 
grand-duc  de  Russie  Paul  Pétrowitz  et  son  épouse 
Marie  Federowna  s'arrêtèrent  à  Bruxelles,  en 
juillet  1782. 

Les  gouverneurs  généraux  Albert  de  Saxe- 
Teschen  et  Marie-Christine  mirent  tout  en  œuvre 


434 

pourdistraire  leurs  hôtes  princiers,  qu'ils  comblè- 
rent de  prévenances  et  d'attentions  de  toutes 
natures.  C'est  ainsi  que  la  visite  de  la  Monnaie 
de  Bruxelles  qu'ils  firent  faire  à  Paul  Pétrowitz  et 
à  Maria  Federowna,  le  ii  juillet  dans  l'après- 
midi,  n'eut  d'autre  objet  que  de  ménager  aux 
princes  russes  l'aimable  surprise  de  recevoir,  des 
mains  mêmes  de  l'auteur,  une  médaille  à  leurs 
effigies,  gravée  par  Théodore  Van  Berckel  et 
frappéesous  leurs  yeux.  La  lettre  suivante,  adressée 
de  Gand,  le  lo  juillet  1782,  par  le  secrétaire  et 
conseiller  d'Etat  Crumpipen  au  trésorier  général 
baron  de  Caziers,  va  nous  renseigner  complète- 
ment sur  l'organisation  de  cette  petite  fête  intime 
de  la  cour  bruxelloise,  qui  coûta  la  somme,  assez 
rondelette  pour  l'époque,  de  i,554  florins,  argent 
courant  de  Brabant. 

«  Monsieur  le  trésorier  général, 

»  Il  m'est  ordonné  de  vous  prévenir  (Jue 
LL.  AA.  RR.  conduiront  le  Comte  et  la  Comtesse 
du  Nord  demain  à  quatre  heures  de  l'après-midi 
à  la  Monnaie,  où  je  suis  chargé  de  vous  prier  de 
voustrouver.Onneparcourrera  pas  les  chambres, 
et  on  n'examinera  pas  les  détails  de  la  manipula- 
tion. On  se  contentera  de  voir  frapper  quelques 
souverains  et  couronnes  et  même  on  n'y  restera 
qu'un  quart  d'heure  ou  demi  heure  tout  au  plus, 
on  ne  fait  même  cette  visite  que  pour  donner  lieu 
à  la  surprise  de  voir  sortir  d'une  presse  la  médaille 


435 

que  le  graveur  a  faite.  Je  suis  chargé  de  vous 
prier  d'arranger  les  choses  de  manière  qu'on  soit 
conduit,  après  avoir  vu  battre  des  souverains, 
dans  une  pièce  où  on  battra  pour  la  forme  quinze 
ou  vingt  de  ces  médailles,  mais  d'en  faire  battre 
auparavant  quatre  en  or  et  cent  en  argent.  Van 
Berckel  lui-même  présentera  deux  en  or  au  Comte 
du  Nord  et  deux  en  or  à  la  Comtesse.  Il  donnera  une 
médaille  d'argent  à  chacune  des  personnes  de  la 
suite  de  LL.  AA.  RR.  qui  seront  dans  la 
chambre  avec  les  Princes,  et  il  en  offrira  nommé- 
ment aussi  une  d'argent  à  l'archiduchesse  et  une 
autre  à  Mgr  le  duc  Albert.  S'il  en  faut  d'autres 
plus  tard,  LL.  AA.  RR.  le  feront  dire,  mais 
tout  doit  être  arrangé  dans  l'esprit  de  la  sur- 
prise. 

»  P.  S.  —  Comme  il  faut  quatre  médailles  en 
or  pour  le  Comte  et  la  Comtesse  du  Nord,  vous 
pourriez  faire  frapper  d'avance  douze  en  or  dont 
vous  me  ferez  remettre  huit  par  M.  Vander- 
veld,  etc.,  etc.  » 

* 


* 


Les  prescriptions  du  conseiller  Crumpipen 
furent  ponctuellement  observées  et  Van  Berckel 
offrit  lui-même  deux  médailles  d'or  au  comte  du 
Nord  et  à  la  comtesse  deux  autres  médailles  d'or. 
Il  présenta  ensuite  une  médaille  d'argent  à  Son 
Altesse  royale  Madame  l'archiduchesse,  à  Son 
Altesse  royale  le  duc  Albert  et  à  chacune  des  per- 


436 

sonnes  suivantes  :  Son  Altesse  le  prince  Star- 
hemberg,  Son  Excellence  le  prince  de  Gavre, 
Son  Excellence  le  prince  de  Grimberghe,  monsieur 
le  comte  de  Sart,  monsieur  le  baron  de  Kempelen, 
monsieur  le  bai  on  de  Seekendorff,  monsieur  le 
conseiller  d'Etat,  secrétaire  d'Etat  et  de  guerre 
Crumpipen,  monsieur  le  baron  de  Caziers, 
madame  la  grande-maîtresse  de  la  comtesse  du 
Nord,  Son  Excellence  la  princesse  de  Gavre  et 
madame  la  comtesse  deSart.Le  même  jour,  furent 
remises  à  la  secrétairerie  d'État  8  médailles  d'or  et 
60  d'argent,  le  lendemain  12  juillet,  4g  autres 
médailles  d'argent  furent  encore  déposées  au 
même  endroit.  Van  Berckel  avait  frappé  en  tout 
12  médailles  d'or,  pesant  chacune  un  marc  sept 
onces  et  trois  esterlins  au  titre  des  ducats,  et 
148  médailles  en  argent  dont  il  garda  28  pour 
compte,  le  Gouvernement  n'ayant  fait  usage  que 
de  12  médailles  d'or  et  de  120  médailles  d'argent. 

Van  Berckel  nous  montre  les  bustes  conjugués 
du  comte  et  de  la  comtesse  du  Nord,  en  profil 
droit,  entourés  de  la  légende  :  PAUL'PETROW  • 
et  MAR  •  FEDEROWNA  MAGNI  RUTHEN  • 
DUCES.  Sous  la  coupure  du  bras  de  Paul  les 
initiales  de  l'auteur,  T.  V.  B.  Le  revers  offre  un 
trophée  bizarrement  composé  d'emblèmes  com- 
merciaux, scientifiques  et  guerriers. 

A  l'exergue  :  BRUXELLIS.  |  MENSEJUL.  | 
MDCCLXXXII. 

La  médaille  des  princes   russes  est  à  classer 


437 

parmi  les  meilleures  productions  du  célèbre  gra- 
veur général  des  Pays-Bas  autrichiens.  L'œuvre  de 
Van  Berckel  ne  se  ressent  guère  de  la  hâte  qu'il 
dut  mettre  à  l'exécuter.  Le  modelé  hardi  des  têtes 
nous  donne  même  le  sentiment  d'une  certaine 
recherche  de  réalisme  ;  seules,  les  chevelures  lais- 
sent quelque  peu  à  désirer  et  ne  présentent  pas  la 
finesse  de  burin  habituelle  à  l'artiste. 

Les  coins  de  la  médaille  existent  encore  aujour- 
d'hui à  la  Monnaie  de  Bruxelles  (i).  Les  renseigne- 
ments que  nous  venons  de  publier  à  son  sujet  ont 
été  puisés  par  nous  aux  archives  de  Belgique. 


* 
*    * 


Paul  Pétrowitz  était  fils  du  Czar  Pierre  III  de 
Holstein-Gottorp  et  de  Catherine  II,  d'Anhalt- 
Zerbst.  Il  naquit  le  i  octobre  1754;  notre  médaille 
le  représente  donc  à  l'âge  d'environ  vingt-huit  ans. 
Paul  épousa  en  premières  noces  (10  octobre  1773) 
une  des  filles  du  landgrave  de  Hesse-Darmstadt, 
Nathalie  Alexéievnaeten  secondes  noces  (18 octo- 
bre 1776)  la  princesse  de  Wurtemberg,  Marie 
Federowna.  Après  la  mort  de  sa  mère  Catherine  II, 
Paul  P""  devint  empereur  de  Russie,  le  17  novem- 
bre 1796.  Il  mourut,  étranglé,  dit-on,  dans  son 
palais  par  quelques  seigneurs  russes  mécontents, 

(1)  PioT,  Catalogue  des  coins,  poinçons  et  matrices,  etc.,  2^  édition, 
nos  987  à  989. 

Année   1896.  3o 


438 

le  23  mars  1801.  Sa  veuve  lui  survécut  jusqu'au 
5  novembre  1828.  On  voit  que  le  comte  et  la  com- 
tesse du  Nord  étaient  des  personnages  de  marque 
et  l'on  s'explique ,  dès  lors,  les  prévenances  dont  ils 
furent  l'objet,  à  leur  passage  à  Bruxelles,  de  la  part 
de  l'archiduchesse  Marie-Christine  et  de  son  époux 
Albert  de  Saxe-Teschen. 

Alphonse  de  Witte. 


I 


4^9 

LE  NOM  DE  JÉSUS 

EMPLOYÉ   COMME  TYPE 

SUR  LES  MONUMENTS  NUMISMATIQUES  DU  XV^  SIÈCLE 

PRINCIPALEMENT  EN  PRASCE  ET  DANS  LES  PAYS  VOISINS. 
Suite  (i). 


Planche  XIII, 


Quelques  médaillons  d'art  italien,  à  l'examen 
desquels  nous  n'avons  malheureusement  songé 
qu'un  peu  tard,  et  lorsque  notre  travail  était  déjà 
fort  avancé,  doivent  maintenant  nous  occuper. 
Nous  en  donnons  ici  la  description  : 

2.  COEPIT  •  FACERE  •  ET  •  POSTEA  • 
DOCERE.  Effigie  en  buste  de  Bernardin  de  Sienne, 
tournée  à  gauche.  Le  saint, tout  courbé,  porte  l'habit 
de  son  ordre,  et  a  sous  le  bras  un  livre  fermé. 
Ses  traits,  vieillis  et  amaigris,  sont  protégés  par  un 
capuchon  de  forme  arrondie  au  sommet.  La  tête 
est  légèrement  ornée  d'une  auréole  consistant 
en  quelques  rares  rayons  de  modeste  étendue. 

Rev.  MANIFESTAVI  •  NOMEM  (2)  •  TVVM  • 
HOMINIBVS.  Dans  un  cercle  de  douze  rayons 
flamboyants,  brochant  sur  un  nombre  indéfini 
de  rayons  droits,  que,  volontiers,  nous  dirions 

(1)  Voir  Revue,  1896,  p.  3i3. 

(2)  Cette  faute  dans  le  mot  NOMEN,  improprement  écrit  NOMEM, 
existe  sur  le  médaillon. 


440 

ardents,  le  nom  de  Jésus  figuré  par  le  mono- 
gramme vl]Q  crucifère.  Les  bras  delà  croix  formés 
par  le  tiret  horizontal  traversant  le  montant  de  la 
lettre  1]  sont  surmontés  de  l'écriteau  de  Pilate, 
mais  sans  inscription.  On  lit  dans  les  espaces 
vides  entre  les  rayons  flamboyants  :  ANTONIO  • 
MARESCOTO  •  DA  •  FER  ARA  •  F  {ecit). 

Des  deux  côtés  de  la  pièce  les  légendes  sont  en 
caractères  romains. 

Médaillon  en  bronze  du  diamètre  PI.  XIII,  fig.  6  (i). 

de  75  millimètres. 

La  légende  qui  accompagne  l'effigie  de  Bernardin 
de  Sienne  est  l'application  à  ce  religieux,  aussi 
éminent  par  le  savoir  que  par  ses  vertus,  d'un 
texte  emprunté  aux  Actes  des  Apôtres,  et  dans 
lequel  saint  Luc  rappelle  ce  qu'il  a  écrit  déjà  pour 

(i)  Une  gravure  de  celte  pièce,  particulièrement  importante,  a  été 
publiée  dans  le  Trésor  de  Numismatique  et  de  Glyptique,  série  des 
Médailles  coulées  et  ciselées  en  Italie,  Paris,  1834,  t.  II,  pi  i3,  fig.  4. 
Le  médaillon  était  alors  la  propriété  de  M.  Rollin,  à  Paris.  Il  ne 
paraît  pas  que  ce  soit  l'exemplaire  qui  repose  actuellement  au  Musée 
de  Berlin,  donné  en  phototypie  par  Julius  Friedlaender  dans  ses 
travaux  sur  les  Médailles  italiennes  de  1430  à  i53o.  Ce  dernier  exem- 
plaire a  été  signalé  depuis  par  Aloïss  Heiss  dans  ses  recherches  sur 
les  Médailleurs  de  la  Renaissance.  Alfred  Armand  n'a  pas  manqué 
non  plus  de  donner  une  description  sommaire  de  notre  médaillon 
dans  Les  Médailleurs  italiens  des  quinpème  et  sei:{ieme  siècles, 
!''«  édition,  187g,  p.  16,  et  2«  édition,  i883,  t.  I,  p.  28.  Voir,  en  outre, 
le  Muséum  Ma^^^uchcllianum.  Venetiis,  1761 , 1. 1,  pi.  g,  fig.  1 .  L'habile 
graveur  de  la  Revue,  M.  G.  Lavalette,  a  utilisé  pour  l'exécution  de  sa 
planche  le  livre  de  Friedlaender,  mis  gracieusement  à  sa  disposition 
par  M.  Camille  Picqué. 


441 

la  glorification  du  Sauveur,  «  de  omnibus  quœ  cœpit 
Jésus  facere,  et  docere...-»  (i) 

Quant  à  la  légende  du  revers,  autour  du  mono- 
gramme sacré,  elle  est  tirée  de  l'admirable  Discours 
après  la  Cène,  tel  que  saint  Jean  nous  l'a  transmis 
dans  sa  version  de  l'Evangile.  Le  disciple  bien- 
aimé  y  fait  ainsi  s'exprimer  Jésus  dans  ses  invoca- 
tions au  Père  éternel  :  «  Pater,...  manifestavi  nomen 
tuum  hominibus  quos  dedisti  mihi  de  nmndo...  ». 

On  comprend  aisément  l'application  qui  est 
faite,  sur  le  médaillon,  de  la  première  partie  de 
ce  texte  à  Bernardin  de  Sienne,  parlant  en  ces 
termes  à  Jésus-Christ  :  MANIFESTAVI  NOMEN 
TVVM  HOMINIBVS.  On  remarquera,  au  surplus, 
que  le  même  texte  a  toujours  été  considéré  par  les 
frères  de  son  ordre  comme  étant  celui  qui  caracté- 
risait le  mieux  la  mission  du  saint  sur  la  terre, 
mission  particulièrement  consacrée  à  l'exaltation 
du  nom  du  Sauveur. 

Dans  une  Vie  de  saint  Bernardin,  imprimée 
à  Cologne  en  1483  parmi  divers  suppléments  à  la 
Légende  dorée,  nous  lisons  ce  passage  tout  parti- 
culièrement significatif  :  «  Approprinquante  hora 
qua  spiraret  ad  Dominum,  morem  sui  patris  Francisa 
seqtiens,  se  poni  fecit  in  terrain,  et  statim  quasi  ridens, 
spiravit  ad  celas,  videlicet  ad  Deuni  qui  miser at  illum, 

(1)  Actus  Apostolorum,  cap.  I,  v.  i.  —  Saint  Mathieu  (cap.  V,  v.  ig) 
avait  déjà  mis  dans  la  bouche  du  Sauveur,  formant  ses  disciples  à 
pratiquer  leurs  enseignements,  ces  propres  paroles  :  «  Qui  autem 
fecerit  et  dociierit,  hic  magnus  vocabitur  in  regno  cœlorum.  » 


442 

w  vigilia  Ascensionis  dominicœ,  die  Mercurii,  hora 
xxij,  in  qua  die  per  fratres,  antea  illa,  ducebatur 
occurrens:  Pater, manifestavi  nomen  tuum  homini- 

BUS  QUOS  DEDISTI  MIHI,  NUNC  AUTEM  PRO  EIS  ROGO  ET 
NON  PRO  MUNDO,  QUIA  AD  TE  VENIO...  »   (l).  Il  aurait 

été  difficile  de  mieux  condenser,  en  même  temps 
que  d'approprier  plus  heureusement  à  la  circons- 
tance, le  texte  déjà  visé  de  l'Evangile  selon  saint 
Jean,  chapitre  17,  versets  5,  6,  g  et  i3.  On  peut  bien 
dire,  d'autre  part,  que  l'esprit  de  saint  Bernardin 
de  Sienne  a  des  mieux  inspiré,  dans  la  composition 
de  notre  médaillon,  types  et  légendes,  l'auteur  ou 
les  auteurs  de  cette  œuvre  de  haut  intérêt. 

3.  Autre  médaillon  à  l'effigie  de  Bernardin  de 
Sienne.  Cette  effigie  serait  d'une  assez  complète 
similitude  de  travail  avec  celle  du  médaillon 
précédent  pour  qu'Armand  ait  pu  considérer  les 
deux  pièces  comme  étant  sorties  de  la  main  du 
même  artiste,  Antonio  Marescotti  (2). 

Le  second  médaillon  est  sensiblement  plus 
grand  que  le  premier,  son  module  ne  mesurant 
pas  moins  de  96  millimètres.  Il  est  représenté  dans 
les  planch es  du  Muséum Mazzuchellianum  (3) ,  d'après 
un   exemplaire  indiqué   comme   n'ayant  pas   de 

(i)  Legenda  Sanctorum  aurea,  qiiœ  alio  nomine  dicittir  Hystoria 
longobardica,  (Colonise)  1483  ;  fol    402,  col.  3  et  4. 

(2)  Les  médailleurs  italiens,  1879,  p.  16;  i883,  p.  28.  Nous  n'avons 
pas  eu  l'occasion  de  pouvoir  vérifier  les  données  qui  ont  servi  de  base 
à  Armand  pour  asseoir  son  opinion. 

(3)  T.  I,  pi.  g,  fig.  2.  (Armand,  loc.  cit.,  1879,  p.  17.) 


443 

revers.  La  légende,  que  l'on  nous  dit  être  en  belles 
capitales  gothiques  rangées  en  cercle  autour  de 
l'effigie,  est  ainsi  reproduite  par  Armand,  quant  à 
sa  composition  :    q<  lU  •  RO^me:  •  II^G:  (i)  • 

Il  semblerait  assez,  d'après  certaines  proba- 
bilités dont  il  convient  de  tenir  compte,  que  le 
second  des  médaillons  à  l'effigie  de  Bernardin  de 
Sienne  (notre  n°  3)  était,  comme  le  premier, destiné 
à  avoir  un  revers,  et  que  ce  revers  devait,  aussi, 
être  au  nom  de  Jésus  en  monogramme,  accom- 
pagné de  ses  douze  rayons  mystiques,  suivant  le 
type  adopté  par  le  fervent  Observantin. 

Sur  ce  dernier  point,  un  troisième  médaillon,  à 
l'effigie,  cette  fois,  d'un  doge  de  Venise,  pourrait 
bien  ne  pas  être  inutilement  à  rapprocher  des 
deux  précédents.  Le  voici  : 

4.  (Légende  en  caractères  romains:)  NICOLA  VS  * 
MARCELLVS  •  DVX.  Buste  du  doge  Nicolas 
Marcello,  appelé  à  cette  dignité  en  1478,  vers 
l'âge  de  quatre-vingt-six  ans,  mort  en  1474.  Le 
buste  est  signé  des  lettres  G. T. F.,  qui  n'ont  pu 
servir  encore  à  en  faire  découvrir  l'auteur. 

Rev.  (Légende  en  capitales  gothiques,  parmi  les- 
quelles il  en  est  plusieurs  qui  sont  liées  :  )  >ï*  IR  • 

(1)  Nous  pensons  qu'il  a  dû  se  glisser  ici  quelque  erreur  de  trans- 
cription, et  qu'il  convient  de  lire  Il^CJi»  au  lieu  de  II^S.   —  On  ne 
sera  pas,  d'ailleurs,  sans  remarquer  que  le  nom  de  Jésus  commence  ici 
par  un  I,  alors  qu'il  commence  par  un  W  dans  le  monogramme  figuré 
au  centre  du  type. 


444 

nomiva-  ihja  •  o  mua  •  caim  •  PijSGcniTTriiaR 
•  eceijeisnnia  •  rr.aRssnnRia  z  mpeiRno.  Le 

monogramme  Jjl)5  crucifère,  au  centre  à^une  gloire 
en  forme  de  cercle  entouré  de  rayons  ardents  et  de 
rayons  flamboyants,  ceux-ci  au  nombre  de  douze. 
Rien  ne  saurait  donner  mieux  l'idée  de  la  magnifi- 
cence de  ce  symbole  que  la  reproduction  scrupu- 
leusement exacte  qui  suit  (i)  : 


Médaillon  de  bronze  du  diamètre  de  96  millimètres.  Exemplaire 
du  Cabinet  des  médailles,  à  Paris.  Communication  obligeante 
de  M.  Henri  de  la  Tour. 

(1)  Voir  la  gravure  de  ce  médaillon,  pour  le  droit  et  le  revers,  déjà 


445 

Le  xv^  siècle  a  été  le  plus  beau  temps  des 
médaillons  italiens,  exécutés  presque  tous  par  des 
artistes  de  haute  valeur.  Aussi  ces  médaillons 
rendent-ils  chaque  jour  encore  les  plus  grands 
services  aux  études  iconographiques  par  les 
portraits  des  célébrités  les  plus  diverses  qu'ils  ont 
transmis  à  la  postérité,  ainsi  que  par  les  sujets 
dont  traite  le  revers,  et  qui  intéressent  le  plus 
souvent,  sur  quelque  point,  la  biographie  des 
personnages  représentés.  Malheureusement,  on 
ignore  en  général  beaucoup  trop  sur  la  commande 
de  quels  intéressés,  et  sous  les  inspirations  de 
quels  hommes  instruits,  plus  ou  moins  versés 
dans  l'art  des  devises,  ces  mêmes  artistes  ont  eu 
à  travailler. 

PourcequiconcerneparticulièrementBernardin 
de  Sienne,  la  grande  vénération,  l'admiration 
sans  bornes  dont  ses  vertus  évangéliques  et  ses 
talents  oratoires  l'avaient  rendu  unanimement 
l'objet  dans  toute  l'Italie,  suffiraient  bien,  sans  le 
moindre  doute,  pour  expliquer  l'existence  des 
médaillons  faits  en  son  honneur.  Il  n'y  aurait, 
d'ailleurs,  rien  de  surprenant  à  ce  que  les  Frères 


donnée  dans  le  Trésor  de  Numismatique,  t.  II  des  Médailles  italiennes, 
pi.  26,  fig.  4.  L'exemplaire  d'après  lequel  la  gravure  a  été  faite  y  est  men- 
tionné comme  appartenant  au  Musée  Impérial  de  Vienne.  Le  revers  de 
celui  du  Cabinet  de  France,  qui  a  servi  pour  la  gravure  de  la  vignette 
ci-dessus,  se  trouve  reproduit  en  phototypie  dans  le  Saint  François 
d'Assise,  édition  de  grand  luxe  de  la  maison  Pion,  Nourrit  et  Oe, 
Paris,  i885,  gr.  in-40,  pi.  2g,  en  regard  de  la  page  3i2,  fig.  4. 


446 

Mineurs  de  TObservance  ne  fussent  pas  demeurés 
étrangers  à  la  composition  de  ces  monuments, 
tant  le  tout  s'y  trouve,  pour  le  choix  des  légendes 
comme  pour  les  types,  en  harmonie  parfaite  avec 
l'esprit  deleurordre  et  les  enseignements  du  saint. 

Nous  avons  donné  ci-dessus  les  explications 
que  pouvaient  comporter  utilement  les  deux 
légendes  du  premier  médaillon.  Quant  au  texte 
In  nomine  Jhesu,  omne  genu  flectatur,  cœlestium, 
terrestrium  et  infernorum,  qui  encadre,  sur  le 
second  médaillon ,  l'effigie  de  Bernardin  de  Sienne, 
on  serait  tenté,  pour  si  peu  qu'on  en  médite 
l'esprit,  de  se  croire  en  présence  de  quelque 
précepte  dont  il  aurait  arrêté  la  formule,  si  l'on  ne 
se  rappelait  que  l'exhortation  est  tirée  en  réalité 
de  l'un  des  passages  les  plus  saillants  de  l'Epître 
de  saint  Paul  aux  Philippiens  (i),  celui  même  que 
tout  le  monde  catholique  entend  lire  chaque 
année  à  la  messe  du  dimanche  des  Rameaux.  La 
parole  de  l'Apôtre  ne  pouvait  assurément  trouver 
un  plus  complet  à-propos  qu'ainsi  placée  dans  la 
bouche  de  Bernardin  de  Sienne. 

Antonio  Marescotti,  qui  peut  avoir  exécuté, 
comme  le  suppose  Armand,  les  deux  médaillons 
reproduisant  les  traits  du  célèbre  religieux,  et  qui, 
dans  tous  les  cas,  est  bien  certainement  l'auteur 
de  celui  décrit  en  première  ligne  (2),  est  présenté 


(1)  Cap.  II,  V.  10. 

(2)  N°  2  de  nos  descriptions 


447 

comme  ayant  travaillé  de  1446  à  1461.  On  a  vu 
déjà  que  Bernardin  de  Sienne  mourut  en  1444  et 
qu'il  fut  canonisé  en  1450.  Il  résulterait  de  ces 
données  que  les  médaillons  n'ont  pu  qu'être  faits 
assez  peu  de  temps  après  sa  mort. 

Quant  au  médaillon  du  doge  de  Venise,  Nicolas 
Marcello,  dont  l'importance  ici  consiste  surtout 
dans  le  monogramme  sacré  occupant  le  revers,  on 
sait  déjà  qu'il  ne  paraît  pouvoir  être  que  de  1473 
ou  1474.  A  cette  époque,  et  en  Italie  surtout,  le 
culte  rendu  au  nom  de  Jésus  depuis  plus  d'un  demi- 
siècle  était  parvenu  à  son  plus  complet  dévelop- 
pement, et  n'était  pas  moins  pratiqué  dans  la  vie 
civile,  la  vie  parmi  le  siècle,  suivant  l'expression 
du  temps,  que  dans  la  vie  religieuse  proprement 
dite.  Il  n'est  certes  besoin  d'aucune  autre  consi- 
dération pour  expliquer,  sur  le  médaillon  vénitien, 
la  présence  de  l'emblème  alors  honoré  et  glorifié 
de  tous. 

On  a  vu,  en  lisant  la  description  du  médaillon, 
que  la  lettre  des  légendes  est  toute  différente  d'un 
côté  à  l'autre  de  la  pièce.  Aussi  est-il  hors  de 
doute  que  le  droit  et  le  revers  ne  sont  pas  d'une 
même  exécution.  De  l'avis  d'archéologues  des  plus 
compétents,  il  ne  serait  pas  impossible  que  ce 
revers,  où  l'expression  du  chiffre  divin  répond  si 
bien  à  la  représentation  qu'en  avait  adoptée 
Bernardin  de  Sienne,  eût  d'abord  servi  pour  quel- 
que médaillon  à  l'effigie  de  ce  dernier.  On  ne  peut 
pas  ne  pas  remarquer,  en  effet,  un  rapport  franche- 


448 

ment  accusé  entre  le  revers  dont  il  s'agit  et  le  grand 
médaillon  au  buste  du  saint,  sans  revers  connu  jus- 
qu'ici, n°  3  de  nos  descriptions.  Même  module  de 
96  millimètres  ;  mêmes  caractères  gothiques  pour  la 
légende;  même  disposition  de  celle-ci,  en  sa  forme 
d'un  cercle  complet.  Ce  qui  pourrait  laisser  quelque 
doute,quantàlaquestiondesavoirsiletoutajamais 
été  employé  à  la  composition  d'un  même  médail- 
lon, c'est  que  la  légende  aurait  été  la  même  au  droit 
et  au  revers.  Nous  abandonnons  la  solution  de  cette 
difficulté  aux  appréciations  du  lecteur  (i),  pour 
nous  livrer  à  l'examen  d'une  autre  question  qui 
nous  préoccupe  davantage  ici  :  nous  voulons  parler 
de  la  composition  du  monogramme  sacré,  telle 
qu'elle  ressort  de  l'étude  des  productions  italiennes. 

Lorsqu'en   ces  derniers  mois,  avec  plus  d'en- 
traînement pour  la   grandeur   du   sujet   que   de 


(1)  Ce  qu'Armand  a  avancé,  tout  au  moins  dans  la  première  édition 
de  son  travail  (p.  34),  en  écrivant  que  le  revers  du  médaillon  de  Nicolas 
Marcello  «  a  été  emprunté  à  la  médaille  de  saint  Bernardin,  ouvrage 
d'Andréa  Guaccialotti  »,  n'est  pas  seulement  une  erreur  de  nom  ;  on 
peut  dire,  sans  la  moindre  méchanceté,  que  l'auteur  s'est  perdu  com- 
plètement dans  ses  souvenirs.  Non  seulement  il  n'existe  pas  de  médaille 
de  saint  Bernardin  de  Sienne  sortie  de  la  main  d'Andréa  Guaccialotti, 
mais  ce  serait  bien  en  vain  que  l'on  chercherait  dans  les  différents 
volumes  mis  au  jour  par  Armand  une  médaille  du  même  saint  ayant 
le  revers  indiqué. 

Des  médailles  de  Bernardin  de  Sienne  connues  jusqu'à  présent,  une 
seule,  classée  par  Armand,  sous  le  2,  dans  l'œuvre  d'Antonio  Marescotti 
(n°  3  du  présent  Mémoire),  est  à  la  lég^de    In  nomine  Jhesn,  etc  ;  et 


449 

préparation  pour  le  traiter,  la  pensée  nous  est 
venue  de  nous  mettre  à  la  rédaction  de  ce  Mémoire, 
jamais  encore  nous  n'avions  songé  que  le  mono- 
gramme du  nom  du  Sauveur,  tel  que  saint  Bernar- 
din de  Sienne  le  présentait  à  l'adoration  de  son 
auditoire,  pût  commencer  autrement  que  par  un  t 
ou  un  t.  Il  y  avait  là,  de  notre  part,  une  faute 
lourde,  et  d'autant  plus  fâcheuse  que  la  première 
partie  de  notre  travail  a  été  écrite,  et  même 
imprimée,  sous  l'influence  de  cette  idée  pré- 
conçue (i).  Nous  remettrons  ici  les  choses  dans 
l'état  où  elles  auraient  dû  être  placées  tout  d'abord. 

Il  est  connu,  et  nous  l'avons  déjà  rappelé  (2), 
que  l'on  expose  à  la  piété  des  fidèles,  dans  l'église 
de  Sainte- Marie  m  Ai'a  Cœli,  des  Pères  de  l'Obser- 
vance, à  Rome,  un  petit  tableau  sur  lequel  est 
figuré  le  monogramme  du  nom  de  Jésus,  et 
présenté  comme  ayant  été  porté  par  saint  Ber- 
nardin de  Sienne  dans  ses  missions.  Le  même 
tableau,  sommairement  désigné  sous  le  titre  de 
«  Monogramme  d'Ara  C^/i», aurait  servi  en  outre 
à  saint  Jean  de  Capistran  (3). 

Dans  la  situation  qu'a  prise  la  question,  il  nous 

cette  légende  n'y  accompagne  pas  un  monogramme  du  nom  divin, 
mais  bien  l'effigie  même  du  religieux  vénéré. 

(1)  Ce  n'a  été  qu'au  moment  de  la  correction  des  épreuves  que  nous 
avons  pu  y  porter  quelque  remède. 

(2)  Revue,  1896,  p.  348;  tirage  à  part,  p.  3i. 

(3)  Ibid.  —  11  s'agit  de  notes  tirées  de  l'Année  liturgique  à  Rome, 
de  Mgr  Barbier  de  Montault. 


était  d'un  grand  intérêt  de  savoir  et  de  pouvoir 
dire  en  quoi  consiste,  en  réalité,  cette  relique 
vénérée.  Une  gravure  que  nous  avons  pu  récem- 
ment nous  en  procurer,  avec  divers  renseigne- 
ments (i),  nous  permet  de  parler  aujourd'hui  sur 
ce  sujet  en  assez  pleine  connaissance  de  cause. 
Ainsi  pouvons-nous  dire  que  le  tableau  est  carré 
et  qu'il  mesure  la  dimension  de  trente-quatre  cen- 
timètres et  cinq  millimètres  sur  chacun  de  ses 
côtés.  Le  centre  est  occupé  par  un  monogramme 
crucifère  du  nom  de  Jésus,  inscrit  dans  un  cercle 
d'où  jaillissent  des  flots  de  lumière,  figurés  par  une 
multitude  de  rayons  droits  accompagnés  de 
rayons  flamboyants,  qui  leur  sont  superposés.  Cet 
ensemble  a  pour  encadrement  un  listel  affectant 
la  forme  de  quatre  arcs  de  cercle  disposés  en  croix 
et  séparés  les  uns  des  autres  par  un  pareil  nombre 
d'angles  saillants.  Le  texte,  déjà  cité  (2),  des 
Épîtresde  saint  Paul,  IN  NOMINEIHESV  OMNE 
GENV  FLECTATVR,  CELESTIVM,  TERRES- 


(1)  Nous  adressons  nos  remerdments  les  plus  sincères  aux  religieux 
éminents  auxquels  nous  devons  ces  renseignements,  pour  la  parfaite 
obligeance  qu'ils  ont  bien  voulu  mettre  à  nous  les  procurer.  Tous  nos 
hommages,  en  conséquence,  auT.  R.  P.  Raphaël  d'Aurillac,  Procureur 
Général  des  Franciscains,  à  Rome  ;  au  T.  R.  P.  Louis-Antoine  de 
Porrentruy,  Provincial  des  Frères  Mineurs  Capucins,  à  Marseille, 
appelé  depuis  à  Rome  pour  faire  partie  du  Conseil  du  Ministre 
Général  de  la  Congrégation  ;  et  aussi  au  R.  P.  Léon  de  Lyon,  du  même 
Ordre,  conservateur  du  Musée  franciscain  du  couvent  des  Capucins, 
à  Marseille. 

(2)  Voir  ci-dessus,  au  n°  4  de  nos  descriptions. 


45, 

TRIVM  ET  INFERNORVM,  tout  en  capitales 
romaines  (i),  se  poursuit  d'un  bout  à  l'autre  du 
listel,  et  celui-ci  est  soutenu  par  quatre  anges, 
cantonnés  dans  les  quatre  coins  du  tableau. 

Complétons  cette  description  par  quelques  par- 
ticularités d'un  intérêt  plus  spécial.  Les  rayons 
flamboyants,  autour  du  cercle  dans  lequel  est 
inscrit  le  monogramme  divin,  sont  bien  au  nom- 
bre de  douze  comme  sur  les  médaillons  italiens, 
n**^2  et  3  de  nos  descriptions,  et  sur  l'enseigne  de 
piété,  n^iimaisaulieu  d'être  touségalementespacés 
entre  eux,  comme  nous  les  avons  vus  jusqu'à 
présent,  ils  sont  ici  réunis  trois  par  trois,  et  placés 
de  manière  à  produire,  en  leurs  quatre  groupes, 
l'apparence  d'une  croix.  D'autre  part,  la  première 
lettre  du  monogramme  divin  est  très  distinctement 
un  y  comme  sur  les  médaillons  décrits.  Par  un 
effet  d'enjolivement,  très  artistement  rendu,  le 
peintre  a  dessiné  les  trois  lettres  et  le  trait  hori- 
zontal d'abréviation  comme  si  le  tout  était  com- 
posé de  morceaux  de  ruban  ajustés  et  collés  à  la  sur- 
face du  tableau,  à  l'exception  de  leurs  extrémités, 
laissées  flottantes.  Il  eût  été  difficile  d'allier  à  cette 
composition  toute  gracieuse  les  clous  de  la  passion 
du  Sauveur;  aussi  n'en  remarquons-nous  aucune 
trace  sur  la  croix  qui  résulte  de  la  hampe  de  la 

(i)  C'est,  du  moins,  ce  qui  résulte  de  la  gravure  que  nous  avons  sous 
les  yeux,  mais  dont  l'exactitude,  pour  ce  qui  concerne  la  forme  des 
caractères  de  l'inscription,  ne  nous  paraît  pas  offrir  de  garantie 
absolue. 


452 

lettre  i)  et  du  trait  d'abréviation  dont  elle  est  tra- 
versée, encore  bien  que  ces  clous  fi.i^urent  assez 
généralement  sur  les  plus  anciens  monuments  de 
la  dévotion  mise  en  pratique  par  saint  Bernardin. 
Que  le  Monogramme  d'Ara  Cœli  ait  été  à  l'usage 
de  saint  Bernardin,  c'est  un  fait  dont  il  n'y  a  pas 
à  douter.  Ce  qui  nous  paraît  moins  certain  c'est 
qu'il  soit  le  tableau  dont  le.  même  saint  a  fait 
montre  le  plus  habituellement  dans  le  cours  de  ses 
missions  et  de  ses  prédications.  Ce  dernier  tableau 
devait  être  de  forme  circulaire,  et  limité,  en  tous 
cas,  à  l'image  du  nom  sacré,  tout  rayonnant  dans 
sa  gloire,  sans  aucune  addition  d'anges.  Ainsi  le 
font  voir  deux  des  plus  anciennes  représentations 
du  saint,  remontant  l'une  et  l'autre  au  xv^  siècle,  et 
dans  lesquelles  il  est  figuré  avec  les  attributs  le 
plus  propres  à  le  caractériser  (i)  ;  il  devait,  en 
outre,  d'après  le  témoignage  des  mêmes  sources, 


(i)  Nous  avons  déjà  cité  une  de  ces  deux  pièces  iconographiques 
{Revue,  1896,  p.  341  ;  tirage  à  part,  p.  29)  ;  c'est  l'estampe,  genre  criblé, 
où  saint  Bernardin  est  représenté,  préchant  en  plein  air,  et  dont  une 
phototypie  se  trouve  tant  dans  le  livre  intitulé  La  Gravure,  par  le 
vicomte  Henri  Delaborde,  que  dans  le  Saint  François  d Assise, 
splendide  publication  de  la  maison  Pion,  Nourrit  et  C'^,  Paris,  i885, 
p.  33o.  Dans  les  deux  ouvrages,  l'estampe  est  présentée  comme  étant 
de  1454.  Nous  ne  sommes  pas  bien  sûr,  quant  à  nous,  que  la  date  qui 
y  est  gravée  ne  soit  pas  1474. 

Quant  à  la  seconde  des  dites  anciennes  représentations  de  saint 
Bernardin,  on  peut  la  voir  également  dans  le  Saint  François  d'Assise 
de  l'édition  Pion,  etc.  C'est  une  miniature  reproduite  d'après  un 
antiphonaire  du  xV  siècle,  conservé  au  Musée  de  Nuremberg. 


453 

être  muni,  dans  sa  partie  inférieure,  d'une  sorte 
de  tige  ou  de  manche  permettant  de  le  tenir  à  la 
main  et  de  l'exposer  aux  regards  de  ses  auditeurs, 
comme  on  aurait  fait  d'une  monstrance  (i).  Le  saint 
a  donc  eu  plusieurs  tableaux  au  chiffre  divin,  et 
l'on  ne  peut  pas  dire,  aussi  longtemps  qu'on  ne 
sera  pas  mieux  renseigné,  qu'ils  aient  tous,  en 
dehors  des  trois  lettres  sacramentelles,  été  conçus 
uniformément  à  certains  égards,  notamment  pour 
ce  qui  concerne  la  présence  ou  l'absence  des  clous 
de  la  Croix,  et  l'agencement  des  douze  grands 
rayons  autour  du  nom  de  Jésus. 

Cette  observation  ne  fait  rien  perdre  de  son 
intérêt  au  Monogramme  à' Ara  Cceli;  mais  elle 
démontre  qu'il  ne  peut,  à  lui  seul,  suffire  pour  fixer 
les  idées  en  ce  qui  concerne  la  composition  de 
l'emblème  divin,  tel  que  Bernardin  de  Sienne  l'a 
offert  à  la  vénération  des  peuples  ;  il  faut  s'aider, 
en  outre,  pour  se  former  solidement  une  opinion 
sur  ce  point,  des  éléments  que  nous  ont  conservés 
les  médaillons  italiens.  Ce  que  nous  considérons 
comme  la  vérité,  en  tenant  compte  de  tout,  c'est 
que  saint  Bernardin  ne  s'est  pas  arrêté  à  un  type 
immuable  jusque  dans  les  détails,  et  qu'il  a,  au 
contraire,  admis  dans  ceux-ci  les  variétés  concilia- 
blés  avec  l'essence  de  son  modèle.  Mais  l'usage  en 
Italie,  du  moins  l'usage  le   plus  ordinaire  (2),   à 

(1)  C'est  le  nom  que  l'on  donnait  alors  aux  ostensoirs. 

(2)  L'usage  le  plus  ordinaire,   disons-nous,  mais  non  pas  absolu. 
Voir  la  note  à  la  page  448,  Sg  des  tirés  à  part. 

Année  1896.  3i 


454 

l'époque  où  les  aspirations  de  son  zèle  y  ont  fait 
triompher  le  culte  du  nom  de  Jésus,  était  d'expri- 
mer le  commencement  du  nom  par  un  J,  ce  qui 
donnait  vljCSUS,  et,  quand  on  voulait  le  repré- 
senter en  abrégé,  de  le  faire  au  moyen  des  trois 
lettres  jl)5,  alors  que  dans  les  contrées  du  Nord 
on  écrivait  il)S^  il)C  (i),  etc.  Saint  Bernardin  se 
conforma,  pour  le  choix  du  type  qu'il  voulait 
glorifier,  à  l'expression  habituelle  du  nom,  comme 
elle  était  surtout  connue  dans  son  pays,  et  nous 
ne  voyons  pas  qu'il  se  sait  jamais,  en  ce  point, 
écarté  de  sa  première  conception.  Les  variantes 
nombreuses  qui  ne  tardèrent  pas  à  se  produire 
dans  le  tracé  du  monogramme  (2)  furent,  pour  la 

(1)  Sur  les  monnaies  d'or  dites  Nobles  frappées  en  Angleterre  dès 
le  règne  d'Edouard  III,  qui  mourut  en  iSyy,  le  nom  de  Jésus  est  ainsi 
formulé  :  11^(1,  au  commencement  de  la  légende  du  revers,  Jesiis 
autem  transiens,  etc. 

(2)  Un  assez  grand  nombre  de  ces  variantes,  rapportées  au  «  Type 
de  saint  Bernardin  de  Sienne  »  sans  trop  de  justification  parfois,  sont 
figurées  dans  le  Saint  François  d'Assise  de  l'édition  Pion,  etc., 
pp.  292,  329,  33o,  33 1,  359;  pi.  29,  en  regard  de  la  p.  3 12,  fig.  4  et  5; 
et  pi.  35,  en  regard  de  la  p.  43o,  sur  la  prédelle  de  la  scène  représentée. 

Dans  les  parties  de  l'ouvrage  qui  traitent  des  époques  postérieures 
à  la  vie  de  saint  François,  les  auteurs  nous  montrent  (pp.329,  33o) 
saint  Bernardin  de  Sienne,  à  peine  arrivé  dans  telles  villes  où  il  venait 
prêcher  une  mission,  peignant  lui-même  ou  faisant  peindre  sous  sa 
direction  quelque  tableau  au  monogramme  du  nom  de  Jésus  entouré 
de  rayons  d'or,  puis,  bientôt,  quand  ses  prédications  étaient  commen- 
cées, distribuant  «  d'innombrables  tablettes  sur  lesquelles  était  repré- 
senté ce  nom  glorieux...  « 

Les  mêmes  auteurs  nous  font  voir  encore,  après  Jeanne  d'Arc  et 
sainte  Colette  de  Corbie,  après  sainte  Jeanne  de  Valois,  tertiaire  de 


455 

plupart,  le  résultat  de  copies  faites  hors  de  l'Italie 
et  sous  l'influence  d'éléments  orthographiques 
différents  de  ceux  que  l'Italie  avait  adoptés. 

Mgr  X.  Barbier  de  Montault,  dont  la  vaste  éru- 
dition iconographique,  au  point  de  vue  de  l'art 
chrétien,  est  si  généralement  appréciée,  veut  bien 
nous  écrire  ce  qui  suit  : 

«  La  forme  jl)5  est  italienne  ;  elle  est  antérieure 
à  saint  Bernardin. 

»  J'en  connais  plusieurs  exemples  à  Rome.  Je 
l'ai  trouvée  à  la  cathédrale  de  Côme  également. 

»  Je  n'en  connais  pas  d'exemple  en  France...  » 

Les  déclarations  du  savant  prélat  sont  à  rappro- 
cher de  ce  que  nous  avons  dit,  sous  le  n°  i  de  nos 
descriptions,  en  publiant  le  méreau-enseigne  que 
le  cordelier  Frère  Richard  faisait  porter  par  les 
Parisiens  en  l'an  142g;  méreau  qui  accuse  si  bien 
les  deux  caractères,  méridional  et  septentrional, 

Saint-François  et  fondatrice  de  l'ordre  des  Annonciades,  cet  autre 
tertiaire,  Christophe  Colomb,  le  grand  Génois,  s'adonnant  au  culte  du 
nom  de  Jésus  :  «  Tous  les  écrits,  constatent-ils,  les  rapports,  les  lettres 
de  Christophe  Colomb  portent  en  tête  les  noms  sacrés  de  Jésus  et  de 
Marie,  et  son  invocation  habituelle  est  cette  belle  prière  :  Jésus,  cum 
Maria,  sit  nobis  in  via  »  (p.  346). 

Outre  les  sources,  pour  l'étude  du  monogramme  divin,  que  nous 
avons  mentionnées  au  cours  de  notre  travail,  nous  ne  pouvons  nous 
dispenser  de  citer  également  les  Caractéristiques  des  Saints  dans  l'art 
populaire,  parle  P.  Cahier,  Paris,  gr.  in-4<^,  t.  I,  aux  mots  Auréole, 
Chiffre,  etc. 


456 

dans  la  double  forme  qu'y  revêt  le  symbole  du 
nom  sacré.  En  même  temps,  les  divers  emblèmes 
représentés  sur  cette  pièce  sont  si  correctement 
exprimés,  que  l'on  se  sent,  avec  elle,  tout  aux 
débuts,  encore,  de  la  dévotion  qu'elle  concerne. 
Mais  ce  serait  très  vainement,  pensons-nous,  que 
l'on  se  demanderait  où  elle  peut  avoir  été  faite, 
tant  elle  convient,  sous  le  rapport  des  indices 
topographiques,  aussi  bien  à  Rome  qu'à  Paris,  à 
l'Italie  qu'à  la  France,  et  réciproquement.  Le  seul 
point  qui  paraisse  incontestable,  quant  à  la  ques- 
tion d'origine,  c'est  qu'elle  doit  le  jour  aux  reli- 
gieux de  saint  François  (i). 

(i)  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  Leber  a  publié  autrefois, 
en  proposant  d'y  voir  quelque  exemplaire  du  méreau  du  Frère 
Richard,  une  pièce  de  plomb  qui  ne  pouvait  être  à  aucun  titre  ce  pour 
quoi  il  la  présentait.  Nous  donnions  à  entendre,  dans  la  première 
partie  de  ce  Mémoire  (Revice,  i8g6,  p.  344;  tirage  à  part,  p.  32),  que 
nous  réfuterions  l'attribution  de  Leber. 

Nous  avons  pu  juger,  depuis  lors,  que  des  raisonnements  étendus, 
à  propos  de  cette  matière,  seraient  aujourd'hui  tout  à  fait  surabondants 
et  inutiles,  ce  dont  nous  nous  sommes  aperçu  en  relisant  certain  article 
de  Danicourt,  concernant  des  «  Enseignes  et  médailles  d'étain  ou  de 
plomb  trouvées  en  Picardie  ^y,  inséré  dans  la  Revue  Numismatique 
française,  année  1887,  pp.  49  à  67. 

Une  des  pseudo-monnaies  provenant  d'évêques  des  Innocents 
d'Amiens,  publiées  par  Danicourt  dans  l'article  dont  il  s'agit,  est 
semblable,  pour  l'un  des  côtés,  à  celle  dans  laquelle  Leber  avait  cru 
reconnaître  le  méreau  du  Frère  Richard.  En  partant  de  ce  point,  il  est 
aisé  de  conclure  avec  assurance,  de  ce  que  l'on  sait  actuellement,  que  la 
pièce  découverte  par  Leber  n'a  jamais  été,  ainsi  que  celle  recueillie 
par  Danicourt,  autre  chose  que  la  monnaie  de  liesse  d'un  évêque  des 
Innocents,  sorti  de  l'abbaye  de  Saint-Martin-aux-Jumeaux  d'Amiens, 


457 

Nous  considérons  comme  étant  de  la  même 
époque  encore,  à  bien  peu  près,  l'enseigne  ou  le 
méreau  dont  la  description  suit  : 

5.  La  Sainte-Vierge,  couronnée,  nimbée,  ayant 
dans  les  bras  l'enfant  Jésus,  se  tient  debout  sur  un 
navire  conduit  par  deux  anges,  montés  sur  les 
galeries  de  poupe  et  de  proue. 

Rev.  Dans  un  cercle  tout  uni  qui  lui  sert  d'enca- 
drement, le  nom  de  Jésus  figuré  parle  monogramme 
crucifère,  ayant  ici  pour  première  lettre  un  t. 
Trois  clous  de  la  Passion  complètent  le  chiffre 
divin,  fixés  à  la  croix  comme  on  les  a  vus  sur  le 
méreau  du  Frère  Richard  ;  et,  comme  sur  ce 
méreau,  également,  ledit  monogramme  est  accosté 
de  deux  gros  points  quadrilatéraux. 

Plomb  ou  étain.  Diamètre  de  PI   XIII.  fig.  7. 

22  millimètres  environ. 

Nous  ne  connaissons  cette  enseigne  que  par  la 
gravure  qu'en  adonnée  Arthur  Forgeais  (i),  avec 

haut  dignitaire  postiche  et  de  bouffonne  mémoire,  qui  s'appelait 
Pierre  Hénin,  si  son  nom  a  été  bien  lu;  enfin,  que  cette  même  pièce 
est  postérieure  de  tout  un  siècle,  pour  le  moins,  à  l'époque  qui  lui 
avait  primitivement  été  assignée  quand  on  l'a  fait  connaître. 

Nous  comptons  faire  paraître  sous  peu,  dans  la  Revue  Numisma- 
tique française,  un  article  spécial  contenant  les  explications  que 
comportent  les  deux  monnaies  d'évêques  des  Innocents  dont  il  est  fait 
mention  dans  la  présente  note,  où  l'on  conçoit  qu'il  ne  pouvait  en  être 
question  que  très  sommairement. 

(1)  Collection  de  plombs  historiés,  trouvés  dans  la  Seine.  Deuxième 
série  :  Enseignes  de  pèlerinages  ;  Paris,  186I-),  in-S".  p.  26. 


458 

indication  que  l'original  a  été  découvert  dans  des 
travaux  de  dragage  de  la  Seine,  exécutés  à  Paris, 
près  du  pont  Notre-Dame.  L'état  d'oxydation  et 
de  dégradation  dans  lequel  la  pièce  a  été  recueillie 
ne  permet  pas  déjuger  si  elle  avait  jadis  été  munie 
d'une  bélière  ou  si  elle  n'en  a  jamais  eu. 

Dès  le  xiv^  siècle,  il  existait  à  proximité  de  Paris 
un  lieu  de  pèlerinage  très  fréquenté  par  les  habi- 
tants de  la  capitale,  connu  sous  le  nom  de  Notre- 
Dame  de  Boulogne-la-Petite,  puis  aussi  de  Bou- 
logne-sur-Seine. C'était,  pour  le  voisinage,  et 
même  dans  un  rayon  assez  étendu,  la  succursale 
d'un  sanctuaire  des  plus  célèbre  :  celui  de  Notre- 
Dame  de  Boulogne-sur-Mer  ;  et  la  représentation 
de  la  Mère  du  Sauveur  qui  y  était  offerte  aux  hom- 
mages des  fidèles,  la  représentation  de  Marie, 
avec  l'enfant  Jésus  entre  les  bras,  montée  sur  un 
bateau  où  l'on  voyait  pour  nautoniers  deux  anges, 
était  la  même  dans  l'un  et  l'autre  lieux.  Ainsi,  du 
reste,  en  est-il  encore  aujourd'hui  (i). 

L'origine  de  notre  n°  5,  enseigne  ou  méreau, 
pourrait  donc,  pour  ce  qui  concerne  le  type  de  la 


(i)  Des  nombreux  ouvrages  traitant  de  l'histoire  et  du  culte  de 
Notre-Dame  de  Boulogne-sur-Mer,  dont  plusieurs  relatent  les  origines 
de  la  succursale  de  Boulogne-sur-Seine,  nous  devons  nous  borner  à 
renvoyer  aux  deux  suivants  : 

Antoine  Le  Roy,  Histoire  de  Nostre-Damc  de  Boulogne.  Paris,  1681 
et  1682,  in-8". 

L'abbé  F. -A.  Lefebvre,  Histoire  de  N.-D.  de  Boulogne  et  de  son 
pèlerinage.    Boulogne-sur-Mer,  1894,  in-12. 


459 

Vierge,  être  rapportée  aussi  bien  à  Boulogne-sur- 
Mer  qu'à  Boulogne-sur-Seine.  Toutefois,  le  mo- 
nogramme divin  du  revers  nous  paraît  si  manifes- 
tement avoir  été  reproduit  d'après  un  des  côtés  du 
méreau  du  Frère  Richard,  le  côté,  surtout,  d'ap- 
parence française,  que  nous  ne  pouvons  pas  ne 
pas  nous  persuader  que  ce  n°  5  a  été  fait  bien  peu 
de  temps  après,  pour  le  compte  du  sanctuaire  de 
Notre-Dame  de  Boulogne-sur-Seine,  et  pour  être 
débité  aux  pèlerins,  dans  les  temps  les  plus  rap- 
prochés du  sermon  que  le  même  cordelier  était 
venu  y  prêcher  avant  l'achèvement  de  sa  mission 
de  Paris.  Ce  sermon,  déjà  mentionné  plus  haut  (i), 
l'avant-dernier  mais  non  pas  le  moindre  de  l'œuvre 
qu'il  avaitentreprise,  fut  prononcé  le  jour  de  Saint- 
Marc,  25  avril  1429,  avec  des  résultats  qui  ont  fait 
époque.  Ce  fut,  en  effet,  en  revenant  de  Boulogne- 
la-Petite  et  de  la  fructueuse  prédication  du  Frère 
Richard,  que  la  population  parisienne  sut  se 
résoudre  à  livrer  aux  flammes,  dans  maints  feux 
allumés  par  les  rues  de  la  ville,  d'innombrables 
quantités  d'objets  de  jeu  et  de  toilette  (2).  On  a  vu, 
d'ailleurs  (3),  comment  le  tout  se  terminait  à 
quelques  mois  de  là. 

[A  suivre.)  J.  Rouyer. 

(1)  Revue  belge  de  numismatique,  1896,  p.  324;  tirage  à  part,  p.  12. 

(2)  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  120  de  l'éditioii  citée. 

(3)  Revue,  loc.  cit.,  p.  324. 


460 


MÉLANGES, 


REFRAPPE  d'anciennes  MONNAIES   POUR   L'EX- 
PORTATION. 

Nous  avons  été  très  surpris  de  lire  dans  un  journal 
financier,  sous  ce  titre  :  Avis  aux  numismates,  l'articulet 
suivant  : 

«  De  1891  à  i8q5,  il  a  été  frappé  en  Autriche  2,000,000 
«  thalers  de  Marie-Thérèse  (pour  l'exportation),  au  millé- 
«  sime  de  1780.  Le  bénéfice  de  frappe  a  été  de  53o,ooo  flo- 
«  rins  environ.   « 

Quelle  est  la  portée  de  cet  avis,  et  la  Belgique  va-t-elle 
bientôt  diminuer  le  stock  de  ses  pièces  de  cinq  francs  en  les 
convertissant  en  monnaie  pour  l'exportation  ? 

É.  V.  D.  B. 


Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  l'on  fabrique,  en  Autriche, 
des  thalers  à  l'effigie  de  Marie-Thérèse  pour  le  Levant,  où 
ils  circulent  sous  le  nom  de  talaris.  Cette  fabrication 
remonte  à  environ  un  siècle  et  demi.  Actuellement  les 
principaux  marchés  de  ces  pièces  d'argent  sont  Trieste, 
Alexandrie,  Zanzibar,  Massouah  et  Tripoli.  On  en  a  fait 
usage,  entre  autres,  lors  de  la  guerre  d'Abyssinie  en  1867 
et  dans  le  pays  des  Ashantis  en  1873.  Les  thalers,  au  mil- 
lésime de  1780,  sont  encore  en  grande  estime  au  Maroc, 
en  Egypte,  à  Zanzibar,  an  Bornou,  à  la  côte  occidentale 
d'Afrique  et  dans  l'Adamouah. 


461 

La  note  de  M.  Vanden  Broeck  nous  fournit  roccasion 
de  publier  un  document  qui  prouve  que  Charles  de  Lor- 
raine eut,  un  moment,  l'idée  de  faire  des  Pays-Bas  autri- 
chiens le  centre  de  celte  fabrication  monétaire  : 

«  Le  17  avril  1766. 

«  Monseigneur, 

«  Par  décret  du  28  mars  dernier,  V.  A.  R.  nous  ordonna 
d'examiner  la  question  si  l'on  ne  pourroit  point  établir  pour 
le  compte  de  S.  M.  avec  le  Levant  un  commerce  des  cou- 
ronnes qui  se  frappent  en  ce  pays  et  de  lui  rendre  compte 
de  notre  sentiment  sur  cet  objet. 

«  Pour  pouvoir  donner  à  Votre  A.  R.  les  éclaircisse- 
ments qu'elle  nous  demande  nous  souhaiterons  avoir  nous- 
mesmes  plusieurs  connoissances  que  nous  n'avons  eu  Jus- 
qu'à présent  ni  l'occasion  ni  les  moyens  de  nous  procurer. 

«  Ce  pays-cy  ne  fait  aucun  commerce  direct  avec  le 
Levant,  mais  tout  ce  qui  nous  vient  de  là  ou  ce  qui  de  ces 
pays-cy  va  vers  ces  contrées  se  réduit  à  fort  peu  de  chose 
et  ne  parvient  à  sa  destination  que  par  seconde  et  tierce 
main.  Nous  devrions  être  informés  avec  exactitude  et  cer- 
titude quelle  proportion  subsiste  dans  ces  pays-là  entre  l'or 
et  l'argent,  en  œuvre  et  hors-d'œuvre.  Cette  connoissance 
nous  seroit  indispensablement  nécessaire,  car  pour  qu'on 
puisse  établire  un  semblable  commerce  pour  le  compte  de 
S.  M.,  nous  pensons  que  ce  ne  pourroit  être  que  dans  le 
cas  que  les  peuples  du  Levant  nous  donnassent  de  l'or  en 
échange  de  nos  couronnes,  toute  autre  marchandise  ne 
pourroit  point  avantageusement  entrer  en  compte,  attendu 
que  S.  M.  ne  peut  point  se  mètre  dans  le  cas  de  devoir  les 
faire  revendre.  Lorsque  nous  aurions  connoissance  de  cette 
proportion  entre  les  métaux,  allors  nous  devrions  encore 


462 

calculer  les  fraix  de  transport,  de  commissions,  et  ceux 
d'assurance  si  le  transport  doit  se  faire  par  mer,  et  ceux 
de  voiture  s'il  doit  se  faire  par  terre.  Le  but  de  louttes  ces 
combinaisons  seroit  de  voir  si  par  le  commerce  nous  pour- 
rions avoir  l'or  à  mellieur  marché  qu'on  nous  le  livre 
actuellement,  et  c'est  le  seul  cas  dans  lequel  le  commerce 
pourroit  être  utile.  Car  comme  ce  pays-cy  ne  produit  ni 
or  ni  argent,  nous  devons  nous-mesmes  acheter  ces  métaux 
chez  l'étranger;  ainsi  le  seul  profit  que  nous  pourions  faire 
seroit  si  les  peuples  du  Levant  nous  fournissoient  pour 
la  même  masse  d'argent  monnoyé  plus  d'or  proportione- 
ment  qu'on  ne  nous  en  donne,  dans  lequel  cas  nous  pou- 
rions peut-être  profiter  de  ce  double  échange  aussi  long- 
temps que  ceux  dont  nous  tirons  actuellement  les  matières 
d'argent  voudroient  bien  nous  laisser  jouir  à  leurs  dépends 
d'un  bénéfice  qu'ils  pourroient  faire  eux-mêmes. 

«  Par  touttes  ces  raisons,  nous  croyons  qu'un  tel  com- 
merce ne  seroit  point  praticable  dans  ce  pays-cy,  mais  si 
V.  A.  R.  désire  d'avoir  sur  cet  objet  des  notitions  plus 
précises  de  notre  part,  nous  la  supplions  très  humblement 
de  daigner  nous  procurer  quelques  connoissances  de  la 
façon  dont  la  monnoye  de  Vienne  fait  à  ce  qu'on  nous  dit 
un  semblable  commerce  avec  le  Levant,  ces  connaissances 
nous  meteroient  probablement  en  état  de  satisfaire  V.  A.  R. 
sur  cet  objet  plus  amplement  et  plus  particulièrement  que 
nous  ne  le  pouvons  faire  à  présent.   » 

(Archives  générales  du  Royaume  :  Jointe 
des  monnaies,  n°  65.) 

Il  semble  qu'il   n'a   pas  été  donné  d'autre  suite  à  ce 

projet,  du  moins  n'avons-nous  rien  retrouvé  aux  archives 

le  concernant. 

A.  DE  W. 


463 

Concours  de  médailles.  —  Voici  du  travail  pour  nos 
graveurs.  La  classe  des  beaux-arts  de  l'Académie  de  Bel- 
gique vient  de  mettre  au  concours  pour  1896  les  deux 
questions  suivantes  : 

Art  appliqué.  —  Peinture.  —  «  On  demande  une  frise 
destinée  à  décorer  un  asile  de  nuit.  » 

Les  cartons  pourront  être  faits  en  dessin  ou  en  grisaille; 
ils  devront  avoir  i™.6o  de  longueur  sur  o^^.So  de  hauteur. 

Un  prix  de  1,000  francs  sera  attribué  à  l'auteur  du 
projet  couronné. 

Gravure  en  médailles.  —  «  On  demande  un  projet  de 
médailles  pour  les  lauréats  des  concours  de  l'Académie 
royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de 
Belgique.  » 

Les  modèles  en  cire  ou  en  plâtre  devront  avoir  o'^.45  de 
diamètre. 

Un  prix  de  600  francs  est  attribué  à  l'auteur  du  médaillon 
couronné. 

Les  cartons  et  les  projets  de  médailles  devront  être  remis, 
francs  de  port,  au  secrétariat  de  l'Académie,  avant  le 
i^r  octobre  1896. 

De  son  côté,  s'il  faut  en  croire  la  Chronique,  la  ville  de 
Tournai  met  au  concours  le  projet  pour  un  nouveau  jeton 
de  présence  du  conseil  communal. 

Une  somme  de  200  francs  sera  allouée  au  projet  classé 
premier,  et  une  de  5o  francs  au  projet  classé  en  second 
rang. 

Demander  le  programme  du  concours  à  l'administration 
communale,  bureau  du  secrétariat. 

É.  V.  D.  B. 


464 


Un  sculpteur  italien  à  Bar-le-Duc,en  1463,  par  M.Maxe- 
Werly.  Extrait  des  Comptes-rendus  de  V Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  in-S»,  1 1  pages. 

Nous  n'avons  à  rendre  cpmpte  de  cette  notice,  d'un  vif 
intérêt  archéologique,  qu'au  seul  point  de  vue  numisma-  • 
tique. 

Pierre  de  Milan ,  architecte  et  célèbre  modeleur  de 
médailles,  vint  en  France  avec  Francisco  Laurana,  à  la 
cour  du  Roi  René,  pendant  les  premières  années  de  la 
seconde  moitié  du  XV^  siècle.  Certains  passages  du  compte 
du  receveur  général  du  duché  de  Bar,  Jean  de  Barbonne, 
autorisent  M.  Maxe-Werly  à  supposer  qu'en  1463  Pierre 
de  Milan  avait  suivi  René  d'Anjou  au  pays  barrois,  où  se 
trouvèrent  groupés,  durant  quelques  mois,  autour  du  roi 
de  Sicile  et  de  la  reine  Jeanne  de  Laval,  Ferri  de  Lorraine, 
son  gendre,  sa  femme  Yolande  et  leur  fils  René  de  Vaudé- 
mont,  Nicolas  de  Lorraine,  enfin  l'infortunée  Marguerite 
d'Anjou  et  le  prince  de  Galles,  chassés  de  leur  royaume. 

De  la  coïncidence  de  la  présence  de  tous  ces  personnages 
dans  le  duché  avec  celle  de  Pierre  de  Milan  à  Bar-le-Duc, 
M.  Maxe-Werly  déduit  qu'il  est  logique  d'attribuer 
l'exécution  «  des  deux  médailles  sans  millésime,  aux 
«  eflfigies  de  Ferri  de  Lorraine  et  de  Marguerite  d'Anjou,  à 
«  l'année  1463-1464  »,  le  roi  René,  arrivé  le  16  juin  1463, 
n'ayant  quitté  le  Barrois  que  le  27  avril  de  l'année  suivante. 

Notre  savant  confrère  est  fort  porté  à  croire  que  Lau- 
rana aurait,  lui  aussi,  suivi  le  roi  dans  le  Nord  et  que 
c'est  là  qu'il  exécuta  la  médaille  aux  bustes  conjugués  de 
René  et  de  Jeanne  de  Laval,  datée  de  1463. 

A.  DE  W. 


465 

Monnaie  obsidionale  de  Maestricht. 

J'ai  recueilli  aux  Archives  nationales,  à  Paris  (K,  i556, 
no  i3)  une  note  dont  voici  la  copie  : 

«  Ceulx  de  Mastrique  ont  forgé  certaine  pièce  de  mon- 
«  noyé  de  cuivre,  sur  laquelle  y  a  escript  :  Traiectum  ab 
((  Hispanis  obsessum  pro  iustœ  caussae  deffensione, 
«  avecque  une  main  tenant  unne  espée  nue  séparante  la 
«  susdicte  sentence,  et  ung  nombre  de  i6,  qu'on  dict  val- 
«  loir  seize  patart  Flandre  qui  vallent  19  solz  tournois  de 
«   France. 

«  De  l'aultre  costé  y  a  unne  estoille  avec  ung  heaulme  et 
«  unne  queue  de  paon,  dans  laquelle  queue  y  a  unne 
«  petitte  estoille,  et  plus  bas  y  a  le  nombre  et  datte  iSyp, 
«  et  l'escripture  est  : 

«  Propter  nominis  tui  gloriam,  protège.  Domine,  po- 
«  pulum  tiium.  » 

Au  dos  du  document,  on  lit  :  «  Titulo  y  devisa  de 
«  cierta  moneda  de  cobre  que  havian  hecho  ultra  mar 
«  bâtir  los  de  Mastrich.   » 

Ce  document,  qui  a  rapport  à  l'une  des  pièces  frappées 
pendant  le  siège  de  Maestricht,  en  iSyp,  est  assez  intéres- 
sant à  cause  des  descriptions  qui  sont  à  peu  près  contem- 
poraines de  la  pièce.  De  plus,  la  note  donne  la  valeur 
relative  du  patard  et  du  sol  tournois. 

J.  Adrien  Blanchet. 


Nous  apprenons  que  le  i^  octobre  prochain  paraîtra,  à 
Bruxelles,  sous  la  direction  de  M.  Charles  Dupriez  (i),  la 

(1)  26,  place  de  Brouckère. 


466  • 

Galette  numismatique,  publication  qui  aura  surtout  pour 
objet  de  tenir  le  public  au  courant  du  mouvement  numis- 
matique et  de  tout  ce  qui  se  rattache  à  la  science  des  mon- 
naies. La  Galette  sera  distribuée  tous  les  mois,  d'octobre  à 
juin,  c'est-à-dire  qu'elle  aura  huit  numéros  par  an.  Le  prix 
de  l'abonnement  est  fixé  à  fr.  2-5o. 

Nous  souhaitons  à  M.  Dupriez  de  réussir  dans  son 
entreprise,  car  il  manque,  en  Belgique,  un  journal  entre- 
tenant les  collectionneurs  des  menus  faits  de  la  numisma- 
tique et  fournissant,  au  jour  le  jour,  des  renseignements 
sur  les  ventes,  les  trouvailles  et  les  publications  scienti- 
fiques. De  tels  organes  sont  des  éléments  de  propagande 
qu'il  est  utile  d'encourager  dans  l'intérêt  de  tous. 

A.  DE  W. 


Gedruckte  Sclupei^er  Mun:{mandate  d'ALFRED  Geigy, 
Dr  phil.  —  Baie,  1896,  de  120  pages  et  deux  planches. 

Notre  honoré  collègue  M.  Georges  Cumont,  lorsqu'il 
nous  dota  de  sa  bibliographie  générale  et  raisonnée  de  la 
numismatique  belge,  compléta  son  œuvre  en  y  ajoutant  une 
nomenclature  des  placards,  tarifs  et  ordonnances  moné- 
taires parus  en  Belgique 

Le  travail  du  D^  Geigy  s'occupe  exclusivement  des 
placards  et  ordonnances  monétaires  parus  en  Suisse 
depuis  le  XVF  jusqu'au  XIX^  siècle.  Un  court  mais  très 
instructif  prolégomène  nous  initie  à  la  numismatique 
suisse,  si  variée,  si  compliquée  à  cause  du  peu  d'entente 
qui  existait  entre  les  différents  États,  entre  les  différentes 
villes. 

La  nomenclature  des  placards  cités  dans  l'ouvrage  qui 
nous  occupe,  est  faite  d'après  les  lieux  où  se  faisaient  les 


467 

ordonnances.  L'auteur  cite  ainsi  24  villes,  cantons,  etc.  où 
lesédits,  placards,  ordonnances  furent  publiés. 

Un  registre  chronologique  énumère  les  544  pièces  citées. 

Quoique  le  D''  Geigy  ait  surtout  visé  les  monnaies 
suisses,  l'étude  consciencieuse  qu'il  nous  donne  sera  d'un 
grand  intérêt  pour  la  numismatique  en  général  et  est 
appelée  à  rendre  le  plus  grand  service  aux  chercheurs. 

Seeldrayers. 


Petite  bibliothèque  d'art  et  d'archéologie.  —  Les  monnaies 
romaines,  par  ADRIEN  Blanchet.  Paris,  1896,  in-i8 
de  145  pages  avec  XII  planches. 

En  1894,  M.  Blanchet  nous  donnait  les  Monnaies 
grecques  (i)  qui  lui  valurent  les  éloges  de  la  presse  numis- 
matique tout  entière;  notre  confrère,  complète  aujourd'hui, 
ce  premier  travail  en  publiant  les  Monnaies  romaines. 
Ecrit  sur  le  même  plan,  ce  nouveau  livre  est  certainement 
appelé  à  avoir  le  succès  de  son  aîné,  car  il  possède  une 
qualité  primordiale  :  la  clarté  de  l'exposition. 

Les  Monnaies  romaines  comprennent  quatre  chapitres. 
I.  Le  système  monétaire  ; 
II.  Fabrication  et  organisation  monétaires; 

III.  Les  types  monétaires.  Leur  origine  et  leurs  trans- 
formations ; 

IV.  L'art  dans  les  monnaies  romaines, 

chapitres  que  viennent  compléter  les  listes  des  familles 

romaines,  des  empereurs,  des  marques  d'ateliers,  etc.,  etc. 

Nous  nous  permettrons  de  signaler  surtout  à  l'attention 

(1)  Revue  belge  de  numismatique,  t.  L,  pp.  399-400. 


468 

du  lecteur  le  chapitre  IV  dans  lequel  l'auteur  établit  un 
utile  parallèle  entre  l'art  monétaire  grec,  souvent  tout 
d'idéalisation  religieuse,  et  l'art  romain,  beaucoup  plus 
teinté  de  naturalisme  dans  ses  reproductions  de  portraits 
impériaux. 

A.  DE  W. 


La  Société  archéologique  de  Montpellier  possède  un 
important  cabinet  numismatique.  Afin  que  tout  le  monde 
puisse  profiter  des  richesses  qu'il  renferme,  elle  s'est  décidée 
à  en  publier  les  catalogues;  M.  Emile  Bonnet  a  été  chargé 
de  ce  soin.  La  i""*^  partie  :  Monnaies  antiques,  i  ,265  numé- 
ros, vient  de  paraître.  Nous  y  rencontrons  quelques  raretés 
de  premier  ordre.  La  méthode  et  la  science  avec  lesquelles  ce 
catalogue  est  établi  fait  bien  augurer  de  l'œuvre  entreprise 
parla  Société,  et  il  y  a  lieu  de  féliciter  M.  Bonnet  d'avoir 
bien  voulu  se  charger  de  cette  pénible  et  fastidieuse  besogne. 

A.  DE  W. 


Une  médaille  brug-eoise. 

C'est  une  médaille  de  bronze,  de  forme  ovale,  de  By  sur 
28  millimètres,  et  représentant  deux  petits  garçons  enlacés 
et  tenant  ensemble  un  flambeau  ;  entre  eux  se  trouve  une 
ruche  et  tout  le  groupe  repose  sur  un  socle.  Dans  l'ouver- 
ture de  cette  base,  on  lit  le  nom  de  la  ville  :  BRUGGE. 
Sous  ce  mot,  le  nom  du  graveur  :  RAYÉ. 

Légende  :  YVER  EN  -  BROEDERMIN. 

Revers  lisse,  pour  recevoir  probablement  le  nom  d'un 
sociétaire,  ou  l'inscription  d'un  prix. 

Cette  jolie  petite  médaille,  non  décrite  par  feu  Guioth 


469 

dans  son  Appel  aux  numismates,  pour  la  publication  des 
médailles  relatives  au  royaume  des  Pays-Bas  (i),  était 
également  inconnue  à  S.  Dirks,  lors  de  la  publication  des 
médailles  de  la  Néerlande,  par  la  Société  Teyler  de  Haar- 
lem,  en  1889,  œuvre  que  cette  Société  avait  couronnée. 

Depuis,  ayant  communiqué  l'exemplaire  de  notre  collec- 
tion à  M.  Th. -M.  Roest,  le  savant  président  de  la  Société 
néerlandaise  de  numismatique  et  conservateur  des  collec- 
tions de  la  Société  Teyler,il  la  décrivit,  sous  la  date  de  1822, 
dans  son  2^  supplément  à  l'œuvre  de  feu  S.  Dirks,  et  la 
fit  reproduire  sous  le  n"  69  dans  l'Atlas  accompagnant 
cette  belle  publication. 

Désireux  de  rassembler  des  notes  sur  les  graveurs  en 
médailles  de  ce  siècle,  nous  serions  charmé  de  recevoir 
quelques  détails  biographiques  sur  le  graveur  Rayé,  ainsi 
que  la  nomenclature  de  ses  œuvres.  Nous  convions  prin- 
cipalement nos  confrères  de  Bruges  à  nous  donner  ces 
renseignements. 

ÉD.  Vanden  Broegk. 


M.  Stenersen,  conservateur  du  cabinet  des  médailles  de 
l'université  de  Christiania,  vient  de  nous  faire  parvenir 
trois  savantes  études  sur  les  trouvailles  de  Graeslid  i  Thy- 
dalen,  d'Imsland  i  Ryfylke,  d'Helgeland  i  Hole.  Les  deux 
premières  sont  déjà  anciennes,  puisqu'elles  datent  de  1878 
et  de  1886;  la  troisième  est  de  1892,  sa  description  a  paru 
seulement  l'an  dernier. 

Parmi  les  pièces  étrangères  à  la  Norwège  qu'elle  ren- 
ferme, nous  signalerons  deux  deniers  namurois,  le  premier 

(1)  Tome  IV  de  la  Revue  de  la  numismatique  belge,  1848,  pages  87 
à  123  et  pages  489  à  453. 

Année  1896.  32 


470 

à   la   légende   CAPVT  autour    de  l'effigie  du  prince,   le 

second    est    frappé    à  Dinant.   Ces   pièces    sont  données 

par  Chalon  et  Dannenberg  au  comte  Albert  III.   (Chalon 

nos  I  et  9.  —  Dannenberg  n°^  164  et  176.)  Pour  bien  des 

numismatistes,  cependant,  le  denier  Caput  est  d'Albert  II. 

La  trouvaille  d'Helgeland,  qui  comprend  des  pièces  de  la 

fin  du  X^  siècle  à  l'année  1076  ne  vient  malheureusement 

jeter  aucun  jour  sur  cette  question,  si  intéressante  pour 

notre  pays. 

A.  DEW. 


Die  Mun\en  von  Frankfw~t-am-Matn  nebst  einer  muni- 
geschichtlichen  Einleitung  und  mehrere?î  Anhàngeti, 
von  Paul  Joseph  und  Eduard  Fellner,  Frank- 
furt  a/M.,  1896.  Gr.  in-80,  viII-681  pages,  avec  yS 
planches  phototypiques  et  52  gravures  dans  le  texte. 

Depuis  la  pubHcation  de  la  chronique  de  Lersner  (i), 
c'est-à-dire  depuis  plus  d'un  siècle  et  demi,  les  monnaies 
francfortoises  n'avaient  plus  été  décrites  dans  leur  ensemble. 
Quelques  travaux  de  détail  avaient  bien  été  élaborés,  avec 
un  zèle  louable,  par  Euler  sur  les  florins  d'or,  par  Rûppell 
sur  les  médailles  et  insignes,  par  le  docteur  Finger  sur  les 
gros  tournois  de  Francfort  ;  mais  aucun  de  ces  travaux,  si 
acceptables  qu'ils  fussent  pour  l'époque  o\x  ils  virent  le 
jour,  ne  portait  sur  une  réunion  de  monnaies  qu'il  eût  été 
possible  de  recueillir  et  d'étudier  conformément  à  la  cri- 
tique. 

Aujourd'hui,  le  magnifique  ouvrage  dû  à  la  collaboration 


(1)  Der  Weit-berûhmten  Freyen  Reichs-Wahl  und  Handels-Stadt 
Franckfurt-am-Mayn  Chronica.  2  vol.;  1706  et  1734. 


471 

de  MM.  Paul  Joseph  et  Edouard  Fellner,  répond  au  desi- 
deratum, 

La  première  partie  du  livre,  comprenant  le  moyen  âge, 
est  intégralement  l'œuvre  de  M.  P.  Joseph  et  débute  par 
un  aperçu  de  l'histoire  monétaire  francfortoise,  rigoureu- 
sement appuyé  sur  les  archives.  On  y  voit  que  la  plus 
ancienne  mention  d'un  atelier  monétaire  à  Francfort  est 
contenue  dans  une  charte  de  l'empereur  Henri  VI,  donnée 
à  Landau  en  1194,  et  que  les  primitives  monnaies  de 
la  ville  sont  des  deniers  taillés  sur  le  pied  de  ceux  de 
Cologne,  c'est-à-dire  à  raison  de  1 3  sous  4  deniers  au  marc  : 
ce  qui  donne  i  gr.  46  pour  le  poids  d'une  pièce. 

Francfort,  comme  l'a  démontré  l'auteur  dans  un  précé- 
dent travail,  a  frappé  aussi  des  bractéates,  dites  du  Wet- 
terau  (trouvaille  de  l'Odenw^ald),  aux  noms  des  empereurs 
Frédéric  I^r  et  Henri  VI,  et  a  continué  à  émettre  des  deniers 
sous  Henri  VII,  Frédéric  II,  Rodolphe  de  Habsbourg  et 
ses  successeurs  jusqu'à  Louis  de  Bavière  (i 3 14-1347). 
A  partir  de  cet  empereur  surgit  une  nouvelle  monnaie,  qui, 
bien  qu'elle  ne  cessa  d'avoir  simultanément  cours  avec  les 
florins  et  les  gros  tournois,  marque  la  transition  entre  la 
période  des  deniers  et  celle  des  gros. 

Cette  monnaie,  c'est  le  heller,  proprement /îa//er,  qui  doit 
son  nom  à  la  ville  de  Hall  en  Souabe,  d'où  il  est  origi- 
naire. Les  plus  anciens  hellers  portaient  d'un  côté  une 
main  ouverte  et  de  l'autre  une  croix.  La  moitié  du  heller 
était  dénommée  hàlbeling,  et  trois  hellers  équivalaient  à  un 
denier  colonais. 

Aux  premiers  hellers  succédèrent  bientôt  les  florins  d'or. 
Ace  propos,  je  remarque  que  M.  P.Joseph  attribue  à  Franc- 
fort les  florins  au  type  florentin  et  au  différent  de  l'aigle 
de  l'empereur  Charles  IV  (1347- 1 378).  Le   savant  auteur 


472 

décrit  ensuite  les  florins  des  successeurs  de  ce  prince 
jusqu'à  Charles-Quint,  au  type  du  Saint-Jean-Baptiste 
diversement  interprété,  aux  revers  de  l'aigle  et  du  globe 
crucigère.  Puis  viennent  des  gros  de  Prague,  contremar- 
ques d'une  petite  aigle  (francfortoise),  que  l'on  retrouve 
exactement  semblable  sur  les  gros  tournois.  Ceux-ci 
paraissent  avoir  joui  à  Francfort  d'une  popularité  sans 
exemple,  qui  fit  qu'on  en  monnaya  jusque  dans  le  cours 
du  XVI IF  siècle. 

Avec  l'apparition  des  gros  tournois  coïncida  celle  des 
esterlins,  à  l'écu  espagnol  écartelé  de  quatre  aiglons  et  à 
la  croix  fleuronnée,  imitant  servilement  nos  esterlins  bra- 
bançons de  Jean  III. 

M.  Paul  Joseph  fait  à  l'endroit  de  chacune  des  espèces 
énumérées  ci-dessus  les  remarques  les  plus  judicieuses, 
indique  leur  prototype  et  leurs  imitations,  et  termine  la 
partie  du  livre  qu'il  s'était  chargé  d'écrire  en  nous  donnant, 
dans  un  chapitre  spécial,  la  description  d'anciens  coins  dont 
certains  contrefacteurs  se  servirent  pour  frapper  des  mon- 
naies hybrides  :  telles  des  tournois  avec  avers  de  florins. 

Dans  la  seconde  partie  des  Mûn^en  von  Frankfurt,  com- 
prenant la  période  qui  s'étend  de  1540  à  1895,  M.  Fellner 
ne  décrit  pas  moins  de  deux  mille  pièces.  L'ordre  chrono- 
logique, strictement  suivi  par  l'auteur,  lui  a  malheureuse- 
ment fait  classer  les  médailles  parmi  les  monnaies,  à 
leur  date  respective.  On  voit  ainsi  se  succéder,  au  milieu 
des  ducats  (imités  de  ceux  des  Provinces-Unies),  des 
doubles  thalers,  thalers,  guldenthalers,  tournois,  demi- 
batzen,  schûsselpfennigs,  thalers  de  tir,  monnaies  commé- 
moratives,  etc.,  frappés  à  Francfort,  les  médailles  et  les 
jetons  des  élections  et  des  couronnements  des  empereurs, 
les  médailles  se  rapportant  aux  événements  de  l'histoire 


473 

de  la  ville  ou  aux  personnages  qui  y   jouèrent  un   rôle. 

Parmi  les  nombreux  thalers  décrits  et  reproduits,  je 
crois  devoir  faire  remarquer  ceux  de  l'année  1620,  imités 
à  Charleville  par  Charles  I^r,  prince  d'Arches,  duc  de 
Mantoue  (1627- 1637),  ceux  plus  modernes  sur  lesquels  se 
développe  le  magnifique  panorama  de  la  ville  et  du  Main, 
ceux  non  moins  intéressants  au  point  de  vue  artistique 
qui  reproduisent  les  traits  de  l'actrice  Fanny  Janauschek. 
Ces  dernières  pièces,  au  dire  de  M.  Fellner,  étaient 
naguère  encore  très  recherchées  et  atteignaient  des  prix 
élevés  en  Amérique  où  on  les  appelait  «  Rothschild-love 
dollars  ». 

Au  nombre  des  monnaies  de  dimension  moindre  qui 
sollicitent  particulièrement  l'attention,  il  me  faut  citer  les 
demi-batzen,  schûssel pfennigs  et  albus  frappés  en  com- 
munauté par  Mayence,  Hesse-Darmstadt,  Nassau-Saar- 
brûck  et  Francfort,  de  1623  à  i636. 

Un  chapitre  spécial  a  été  également  consacré  par 
M.  Fellner  aux  décorations  des  différents  ordres  et  aux 
insignes  maçonniques;  un  autre,  aux  monnaies  que  les 
comtes  de  Slolberg-Kônigstein  auraient  frappées  à  Franc- 
fort et  qui  se  distinguent  par  leur  différent  à  l'écu  à 
l'aigle.  , 

En  somme,  tout  a  été  colligé  et  décrit  avec  le  plus  grand 
soin,  jusqu'aux  contremarques  de  théâtre,  marques  d'om- 
nibus, de  tramways,  jetons  de  jeu  contemporains,  etc.,  et 
le  livre  se  termine  par  un  excellent  index  alphabétique. 

On  ne  peut,  par  conséquent,  que  féliciter  M.  Paul  Joseph 
de  s'être  adjoint  un  collaborateur  qui,  comme  M.  Fellner, 
a  mis  le  fruit  de  ses  patientes  recherches  au  service  de  sa 
science  et  l'a  puissamment  aidé  à  élever  à  la  gloire  de 
Francfort  un  monument  impérissable  que  l'on  peut  consi- 


474 

<iérer   comme    l'histoire   de   cette  ville   par    ses   propres 
monnaies  et  médailles. 

FrÉD.  a. 


The  memorîals  of  Edward  Jenner,  1796-1896.  —  Address 
delivered  at  the  centennial  célébration  held  at  Atlanta, 
by  HORATIO  R.  Storer.  Chicago,  1896. 

Notre  actif  confrère  a  réuni  dans  cette  plaquette,  publiée 
à  l'occasion  du  centenaire  de  la  découverte  de  la  vaccine, 
les  médailles,  les  peintures,  les  statues,  les  bustes,  les  gra- 
vures, les  lithographies,  les  bois  et  les  photographies 
rappelant  d'une  façon  quelconque  l'illustre  médecin  de 
Berkeley.  Les  médailles  concernant  Jenner,  décrites  par 
M.  Storer,  sont  au  nombre  de  dix-sept,  dont  une  gravée 
en  Belgique  par  Charles  Wiener  (i\ 

A.  DEW. 


Les  monnaies  des  ducs  de  Bourgogne,  par  M .  Ed.  DE  LUZE. 
Auxerre,  1896,  in-80,  79  pages. 

Ce  travail  n'est  autre  que  le  catalogue  de  la  collection 
des  monnaies  des  ducs  de  Bourgogne  léguée,  Jadis,  par 
M.Gariel  au  Musée  d'Auxerre.  Il  se  compose  de282  numéros. 
Dressé  avec  le  plus  grand  soin  et  d'après  les  dernières 
données  de  la  science,  il  fait  honneur  aux  connaissances 
numismatiques  de  son  auteur.  La  collection  Gariel  com- 
prenait un  certain  nombre  de  pièces  frappées  par  les  der- 
niers ducs  de  Bourgogne  dans  leurs  possessions  des  Pays- 
Bas.  Nous  regrettons  que  M.  de  Luze  n'ait  pas  cru  devoir 
consulter  à  leur  sujet  les  travaux  des  auteurs  belges  et 

(1)  Voir  la  Revue  belge  de  mim.,  1888,  p.  243. 


47^ 

néerlandais,  il  aurait  évité  ainsi  certains  lapsus,  tels  par 
exemple  de  citer  des  heaumes  d'or,  des  botdragers  et  des 
briquets  d'argent  parmi  les  monnaies  émises,  en  Brabant, 
par  Philippe  le  Bon. 

A.  DE  W. 


O.  VlTALINI.  Un  nuovo  grosso  inedito  di  Gio.  Antonio 
Falletii,  conte  di  Benevello,  grand  in-S",  7  pages, 
3  vignettes. 

Dans  cette  intéressante  brochure,  M.  le  chevalier  Vitalini 
ne  se  borne  pas  à  faire  connaître  un  gros  nouveau  au  cava- 
lier et  au  saint  debout  de  Jean-Antoine  Falletti,  comte  de 
Benevello.  11  résume  avec  soin  tout  ce  qui  a  été  dit  du 
monnayage  de  ce  seigneur  du  XVF  siècle.  C'est  donc  une 
vraie  monographie. 

La  nouvelle  monnaie  de  Falletti  faisait  partie  de  la 
collection  Durazzo,  vendue  à  Gênes  en  mars  dernier;  elle 
est  entrée,  depuis,  dans  les  cartons  de  S.  A.  R.  Mgr  le 
prince  de  Naples  qui,  on  le  sait,  est  un  passionné  numis- 
mate. Sa  collection  est  l'une  des  plus  belles  qui  soient  en 
monnaies  italiennes  du  moyen  âge. 

A.  DE  W. 


CHRONIQUE    DES   VENTES   EN    BELGIQUE. 

Collection  de  feu  le  major  A.  Daufresne  de  la  Cheva- 
lerie. Vente  à  Bruxelles,' le  mardi  26  mai  1896.  Experts  : 
MM.  H.  Cordemans  et  Ch.  Dupriez. 

Collection  générale  comprenant  893  lots. 

Quelques  pièces  grecques  assez  rares  : 

N»  5  Gelas,  Type  du  taureau  à  face  humaine  et  du 
cavalier.  Quart  de  statère.      .     .     .  fr.        i5o 


476 

Nos  j2  Smyrne.  Tête  de  Cybèle.  Tétradrachme.  loo 
14  Mithridate,  roi  de  Pont.  Tétradrachme  .  25o 
i5  Locride.  Tête  de  femme  au  revers  d'Ajax 

nu i3o 

16  Cyzique.  Statèrè 120 

Des  monnaies  romaines  :  Cassius,  aureus  à  la  tête  de  la 
Liberté,  195  francs,  à  M.  Coster;  Agrippine  et  Caligula,  or, 
180  francs,  au  même;  Lucius  Verus,  Rev.  :  REX  ARMEN 
DAT,  170  francs,  toujours  au  même  amateur. 

Parmi  les  pièces  du  moyen  âge  et  modernes,  nous  citerons 
un  bel  exemplaire,  de  poids  double,  du  ducaton  de  Phi- 
lippe V  frappé  à  Anvers,  5o  francs  ;  un  double  louis  aux 
lunettes  de  1776,  60  francs;  un  rare  écu  de  Guillaume  de 
Bongaert,  2  5o  francs,  à  M.  Coster.  A  la  vente  van  der 
Straelen-Moons  van  Lerius,  à  Anvers,  un  écu  semblable 
fut  adjugé  au  prix  élevé  de  460  francs. 

Parmi  les  Jetons  et  les  médailles,  nous  ne  trouvons  à 
noter  qu'un  Jeton  en  or,  au  buste  de  de  Thou,  des  biblio- 
philes de  Paris,  52  francs;  une  belle  médaille,  en  or,  de 
Roettiers,  inauguration  de  Marie-Thérèse,  180  francs,  et 
une  médaille,  en  or,  au  buste  de  Louis  XVI,  du  Cercle 
des  Phialadelphes  établi  au  Cap,  1784. 

La  vente  Daufresne  a  produit  en  tout  fr.  9,223-5o. 

A.   DE  W. 


Nos  abonnés  apprendront  avec  regret  la  retraite  de 
M.  Georges  Cumont,  de  la  direction  de  la  Revue.  Les 
services  que  M.  G.  Cumont  a  rendus  pendant  de  longues 
années  à  cette  publication  lui  ont  acquis  les  droits  les  plus 
justifiés  à  la  reconnaissance  de  nos  lecteurs. 

M.  le  comte  Th.  de  Limburg-Stirum,  vice-président  de 
la  Société  royale  belge  de  numismatique,  166,  rue  de  la  Loi 


477 

à  Bruxelles,  a  e'té  désigné  pour  remplacer,  à  partir  de  la 
prochaine  livraison,  M.  G.  Cumont  dans  ses  fonctions  de 
Directeur  de  la  Revue  belge  de  numismatique. 

La  Direction  de  la  Revue. 


SOMMAIRE  DES   PUBLICATIONS   PERIODIQUES. 

Annuaire  de  la  Société  française  de  numismatique,  1 896, 
2^  fasc.  —  G. -A.  Serrure.  Les  monnaies  des  Voconces, 
essai  d'attribution  et  de  classement  chronologique.  — 
Marc  Fabre  de  Larche.  Les  billets  de  confiance  émis 
pendant  la  guerre  de  1 870-1 871. —  Vallentin.  De  l'envoi 
à  la  cour  des  monnaies  des  boîtes  de  Villeneuve  (1622).  — 
E.  Garon.  Monnaies  mérovingiennes. 

3^  fasc.  —  DUTILH.  Monnaies  alexandrines  et  terres 
cuites  du  Fayoum. —  G. -A.  SERRURE.  Les  monnaies  des 
Voconces,  essai  d'attribution  et  de  classement  chronolo- 
gique.—MARC  Fabre  DE  Larche.  Les  billets  de  confiance 
émis  pendant  la  guerre  de  1 870-1 871.  —  SamboN.  Les 
deniers  siciliens  de  billon  pendant  le  XIF  et  le  XIIF  siècles. 

American  journal  of  numismatics,  vol.  XXX,  n»  4.  — 
Further  notes  on  Mantinean  coins.  —  Bastow.  Gems 
used  as  money .  —  Storer.  The  medals,  jetons  and  tokens 
illustrative  of  the  science  of  médecine. —  MARVIN.  Masonic 
medals.  —  The  columbian  exposition  medal,  etc. 

Vol.  XXXI,  no  I.  —  Talfourd  Ely.  The  process  of 
coiningas  seen  in  a  Wall-Painting  at  Pompéi.  —  Parkes 
Weber.  Analogy  betw^een  Piéforts  and  Roman  bronze 
medallions.  —  Gleveland.  The  EHot  Anglo-American 
medal  of  1772.  —  MARVIN.  British  indian  medals.  — 
LOW.  Goinage  of  the  confederate  states  with  U.  S.  Dies.  — 
Storer.  The   medals,  jetons  and  tokens   illustrative  -  of 


478 

the   science   of  medicine.   —    Croeker.    The    Bartram 
medal.  —  Marvin.  Masonic  medals. 

Numismatic  chronicle,  1896,  part.  I.  —  Weber.  On 
some  unpublished  or  rare  Greek  coins. —  HiLL.  A  portrait 
of  Perseus  of  Macedon.  —  J.  EVANS.  On  some  rare  or 
unpublished  Roman  medalHons. —  Talfourd  Ely.  The 
process  of  coining  as  seen  in  a  Wall-Painting  at  Pompéi. 
—  Packe.  The  coins  ofStephen.  LAWRENCE.  On  a 
find  ot  coins  chiefly  of  the  time  of  Edward  IV. 

Part.  II.  — Warwick  Wroth.  Greek  coins  acquired 
by  the  British  Muséum  in  1895.  —  A.-J.  EVANS.  Contri- 
butions to  Sicilian  numismatics. —  G.  Macdonald.  Notes 
on  Combe's  catalogue  of  the  Hunter  cabinet.  —  White 
KiNG  and  Surgeon-Captain  William  Vost.  Some 
novelties  in  Moghal  coins. 

Rivista  italiana  di  numismatica,  1896,  fasc.  II.  — 
F.  Gnecchi.  Appunti  di  numismatica  Romana.  — 
LiSINL  Medaglie  di  Zecche  italiane.  —  RiCCI.  Il  ripos- 
tiglio  consolare  di  Romagnano  Sesia.  —  MOTTA.  Docu- 
menli  Visconteo-Sforzeschi  per  la  storia  délia  zecca  di 
Milano. 

Monthly  numismatic,  circular  n"  43.  —  HaNDS.  Chats 
on  Roman  coins  with  young  collectors.  —  Hazlitt. 
«  Coins  of  Europe  ».  —  NORMAN.  Money.  —  FarCINET- 
Les  anneaux  antiques. 

N»  44  -  Hands.  Chats  on  Roman  coins  with  young 
collectors. —  HAZLITT.  «  Coins  of  Europe  ».  —  NORMAN. 
Money.  —  Farcinet,  Les  monnaies  des  doges  de  Venise. 

No  ^5.  —  Farcinet.  Une  vente  sensationnelle  de 
médailles  romaines.  —  NadrowsKI.  Die  Mûnzenkunde 
im   Dienste    der   Padagogik.    —     Hazlitt.    «    Coins    of 


479 

Europe  ».  —  HanDS.  Chats  on  Roman  coins  with  young 
collectors. 

N046.  —  Hazlitt.  «  Coins  of  Europe  ».  —  Hands. 
Chats  on  Roman  coins  with  young  collectors.  — 
Gnecchi.  Umberto  Rossi.  —  GUY  TOMEL.  La  collection 
Waddington.  — Varia. 

•  Mittheilungen  des  Clubs  der  Mun:{-  tind  Medaillen- 
freunde  in  Wien.  N»  72.  —  Erzherzog  Carl-Ludwig. 

—  Medaillen  auf  Erzherzog  Carl-Ludwig  von  Oesterreich. 

—  Beilagen  aus  den  Oberkammeramts-Raittungen  und 
Wirlhschafts-Protokollen  der  stadt  Wien  von  1 575-1777. 

—  C.  Schalk.  Bemerkungen  zu  einigen  Goldmûnzen 
des  Meidlinger  Fundes  auf  Grund  zeitgenossischer  Quellen. 

—  Dr.  C.  Pfeiffer,  zur  Jenner-Feier  des  14  mai  1896. 
Medaillen,  Portrats  und  Abbildungen  betreffend  E.  Jenner. 
Tubingen,  1896. 

No  73.  —  Millenium  in  numis.  —  Beilagen  aus  den 
Oberkammeramts-Raittungen  und  Wirthschafts-Proto- 
kollen  der  Stadt  Wien  von  1575  bis  1777.  —  Nentwich. 
Portratmedaillen  des  Erzhauses  Oesterreich  von  Kaiser 
Friedrich  III  bis  Kaiser  Franz  II,  von  C.  Domanig. 

No  74.  —  Das  erste  Mûnzportrat  Kaiser  Franz-Josefs  I. 

—  LOEHR.  Geldzeichen.  Jetons,  Gedachtniss-Munzen  und 
Medaillen  von  und  fur  Eisenbahnen.  —  Beilagen  aus 
Oberkammeramts-Raittungen  und  Wirthschafts-Proto- 
kollen  der  stadt  Wien  von  1575- 1777. 

No  75.  — Zu  denwiener  Thalerpragungen  Jozefs  II.  — 
Geldzeichen,  Jetons,  Gedachtnissmûnzen  und  Medaillen 
von  und  fur  Eisenbahnen.  —  Beilagen  aus  den  Ober- 
kammeramts-Raittungen und  Wirthschafts-Protokollen  der 
Stadt  Wien  von  1575-1777. 


48o 

Bulletin  de  numismatique,  t.  III,  liv,  IX.  —  R.  Val- 
LENTIN.  Les  florins  d'or  de  Gaucher- Adhémar,  seigneur 
de  Monlhélimar.  —  PUIG.  Obole  inédite  de  Gumfred, 
comte  de  Roussillon.  —  Raimbault.  A  propos  des 
florettes  de  Charles  VII. 

X«  livraison.  —  Comte  DE  Castellane.  Les  premiers 
écus  à  la  couronne  fabriqués  à  Poitiers. —  F.  Mazerolle. 
Dispute  entre  les  ouvriers  de  la  Monnaie  de  Paris  et  Jean 
Beaucousin,  tailleur,  au  sujet  de  la  fourniture  des  coins 
nécessaires  pour  fabriquer  les  pièces  de  six  et  de  trois 
blancs,  i3  juin  i583. 

Wiadomosci  numismatjyc^no-archeologic^ne,  n»  28.  — 
KOSTRZEBSKI.  Jean-Thamm,  essayeur  et  maître-mon- 
nayeur  à  la  Monnaie  de  Cracovie.  —  PlEKOSINSKI.  Demi- 
gros  à  double  croix  du  roi  Wladislas  Jagiello.  —  KOPERA. 
Médaille  ou  monnaie  de  Jean-Casimir,  etc. 

Numismatische Zeitschrift,  1895.  ~  Imhoof-Blumer. 
Die  Mûnzstâtte  Babylon  zur  Zeit  der  makedonischen 
Satrapen  und  des  Seleukos  Nikator.  —  RaiLLARD.  Pole- 
mon  von  Pontos  und  Antonius  Polemon  von  Olba.  — 
i^ICK.  Die  Personen-  und  Gôtternamen  auf  Kaisermûnzen 
•von  Bysantion.  —  KenNER.  Der  Mûnzfund  von  Simme- 
ring  in  Wien.  —  KUBITSCHEK.  'Ey  Ko</>£jy«<«-  «?<><«•  K«>i<««v. 

—  KENNER.  Goldmûnzen  der  Sammlung  Bachofen  von 
Echt  in  Wien  -  LE  MÊME.  Silbermedaillon  der  Samm- 
lung G.  Weifert  in  Belgrad.—  ROHDE.  EininedirterAnto- 
ninian  des  Kaisers  Aurelianus  aus  der  Mûnzstâtte  Siscia. 

—  WiLLNER.  Moderne  Falschungen  rômischer  Mûnzen. 

—  QuiLLING  UND  Wehner.  Das  specifische  Gew^icht 
als  Echtheitskriterium  rômischer  Messingmûnzen.  — 
FlALA.  Verschiedenes  aus  der  Haller  Miinzstâtte. — UNGER. 


48 1 

Der  guldene  Ehrpfenning  auf  die  Geburt  der  Erzherzogin 
Elisabeth  von  Oesterreich  aus  dem  Jahre  iSyy.  —  FlALA. 
Die  Beamten  und  Angehôrigen  der  Prager  Mûnzstatte, 
1 537-1660.  —  MÏJLLER.  Die  ersten  Mûnzen  und  Me- 
daillen  des  Kaisers  F'ranz-Joseph  I. 

Repue  numismatique,  i8g6,  2«  trimestre.  —  Babelon. 
Le  tyran  Saturninus.  —  MOWAT,  Monnaies  inédites  ou 
peu  connues  de  Carausius.  —  DROUIN.  Notice  sur  les 
monnaies  des  grands  Kouciians  postérieurs.  —  Vallen- 
TIN.  Les  florins  d'Aymar  VI,  comte  de  Valentinois  et  de 
Diois.  —  GiRAUD.  Un  atelier  de  monnayage  à  Ville- 
neuve-du-Plat.  —  ROBERT.  Jetons  des  Etats  de  Bretagne, 
—  Casanova.  Numismatique  des  Danichmendites.  — 
Blanchet.  Essais  monétaires  romains,  à  propos  de  deux 
pièces  inédites  de  Tetricus  et  de  son  fils. 

Tijdschrift  van  het  Nederlandsch  Genootschap  voor 
Munt-  en  Penningkunde,  1896,  3^  liv.  —  A.  DE  WiTTE. 
Le  jeton  dans  les  comptes  des  maîtres  des  monnaies  du  duché 
de  Brabant  aux  XVIie  et  XVIIie  siècles.  —  BruINVIS.  De 
Alkmaarsche  vroedschapspenning.  —  J  HR  M .  A.  Snoeck. 
Twee  gouden-bruiloftspenningen  van  de  familie  de  Jong 
van  Beek  en  Donk.  —  W.  S.  Penning  op  de  verlegging 
van  de  uitmonding  der  Maas.  —  DE  DOMPIERRE  DE 
ChaufepiÉ.  Les  trouvailles  de  monnaies  pendant  l'an- 
née 1894. 

Revue  suisse  de  numismatique,  t.  VI,  i''^  livraison.  — 
Imhoof-Blumer.  Zur  Mûnzkunde  Kleinasiens.—  LadÉ. 
Contribution  à  la  numismatique  des  ducs  de  Savoie.  — 
Mayor.  Médailles  suisses  nouvelles. 


4^: 


SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


Assciiiblcc  générale  du   iO  Juillet   180B. 

La  séance  est  ouverte  à  onze  heures. 

Sont  présents  :  MM.  le  vicomte  B.  de  Jonghe, 
président;  le  comte  Th.  de  Limburg-Stirum,  vice- 
président;  CuMONT,  secrétaire;  Vanden  Broeck, 
trésorier;  de  Roissart,  contrôleur;  MM.  le  comte 
de  Nédonchel,  le  baron  de  Chestret  de  Haneffe, 
Van  Schoor,  Peny,  De  Monter,  le  baron  Sur- 
mont DE  Volsberghe,  Naveau,  de  Schodt,  Seel- 
drayers,  Lemaire,  Willems  et  le  capitaine-com- 
mandant TiNNE,  membres  effectifs;  MM.  Donnet, 
SiMONis  et  Vermeylen,  membres  correspondants 
regnicoles. 

Assistent  à  la  séance  :  MM.  De  Meunynck  et 
Blanchet,  associés  étrangers. 

Se  sont  excusés  :  Monseigneur  le  chanoine  baron 
Félix  Bethvne,  président  d'honjteur;  MM.  de  Witte, 
bibliothécaire;  Picqué,  le  baron  Liedts,  Bequet,  le 
baron  J.-B.  Bethune,  Bamps,  le  major  chevalier 
van  Eersel,  Cogels,  l'abbé  Daniels,  Moens,  le 
chevalier  Mayer  van  den  Bergh^  Wallaert  et  le 
comte  de  Ghellinck  d'Elseghem,  membres  effec- 
tifs; MM.  Van  der  Beken,  Ballion,  Gautier  de 
Rasse,  vanderStappen,  le  sous-lieutenant  Jooris, 


483 

Liégeois,  Lombaerts  et  Moyaux,  membres  corres- 
pondants regnicoles  ;  MM.  van  Dijk  van  Mate- 
NESSE  et  RoEST,  Membres  honoraires;  MM.  le  comte 
DE  Marsy,  le  chevalier  Snoeck  et  de  Dompierre 
DE  Chaufepié,  associés  étrangers. 

Un  jeton  de  présence,  en  bronze,  à  l'effigie  de 
Van  der  Chijs,  est  distribué  aux  membres  de 
l'assemblée. 

M.  le  Président  rappelle  que  ce  jeton  est  dû  au 
talent  de  M.  Victor  Lemaire  qui  a  bien  voulu 
graver  un  revers  spécial  pour  la  séance  d'aujour- 
d'hui. Il  remercie  M.  Lemaire  au  nom  de  la 
Société.  [Applaudissements.) 

M.  le  Président  adresse  ensuite  des  remercî- 
ments,  au  nom  du  bureau,  aux  membres  étrangers 
et  belges  qui  assistent  à  la  réunion. 

Le  procès-verbal  de  l'assemblée  tenue  àNamur, 
le  ig  avril  i8g6,  est  approuvé  sans  observation. 

M.  le  Trésorier  expose  la  situation  financière  de 
la  Société  pendant  l'année  i8g5. 

Cette  situation  continue  à  être  brillante,  grâce 
à  l'appui  prêté,  jusqu'ici,  à  la  Société  par  le  Gou- 
vernement. 

M.  le  Président  adresse  de  vives  félicitations  à 
M.  le  Trésorier  dont  l'excellente  gestion  pendant 
un  tiers  de  siècle  nous  vaut  la  prospérité  dans 
laquelle  nous  nous  trouvons. 

Il  fait  remarquer  que  c'est  le  3i  décembre  pro- 
chain que  cesseront  les  fonctions  du  trésorier/ 
M.  Vanden  Broeck,  qui  permutera,  à  cette  date, 


484 

avec  M.  de  Roissart,  contrôleur,  si  l'assemblée 
veut  bien  en  décider  ainsi.  Cette  heureuse  combi- 
naison permettrait  à  M.  Vanden  Broeck  de  conti- 
nuer à  faire  partie  du  bureau. 

Le  compte  des  recettes  et  dépenses  est  arrêté  et 
approuvé.  [Remer ciments.) 

M.  le  Secrétaire  lit  ensuite  son  rapport  sur  les 
travaux  de  la  Société  pendant  l'année  iSgS  : 

Messieurs, 

La  numismatique  belge  a  tenu  une  place  importante 
dans  notre  Revue  de  l'année  dernière  : 

M.  le  baron  de  Ghestret  de  Haneffe  a  décrit,  avec  la  plus 
grande  compétence,  les  monnaies  frappées  dans  les  sei- 
gneuries d'Obbicht  et  de  Grevenbicht. 

Les  renseignements  historiques  et  généalogiques  recueillis 
par  l'auteur,  augmentent  l'intérêt  de  cette  étude  pleine 
d'aperçus  nouveaux. 

Deux  monnaies  de  Godefroid  de  Dalenbroeck,  seigneur 
de  Heinsberg,  comte  de  Loo^,  font  l'objet  d'une  notice  non 
moins  digne  de  fixer  votre  attention.  M.  le  vicomte  B.  de 
Jonghe  a  mis  sous  nos  yeux  un  gros,  seule  monnaie  connue 
de  Godefroid,  avec  le  titre  de  comte  de  Looz  et  un  rare 
florin  d'or,  au  type  de  Florence,  où  ce  seigneur  se  dit 
simplement  de  Looz. 

Notre  dévoué  président  nous  a  encore  montré  deux 
monnaies  frappées  à  Luxembourg  par  les  archiducs 
Albert  et  Isabelle.  Le  patagon  et  le  demi-patagon  de  ces 
princes,  frappés  à  Luxembourg,  avaient  échappé  aux 
investigations  de  M.  R.  Serrure,  qui  mentionne  cependant 
un  patagon    ayant  fait  partie  de  la  collection  van  der 


485 

Straelen,  d'Anvers.  M.  de  Jonghe,  qui  possède  aujourd'hui 
ces  deux  pièces,  nous  en  a  donné  une  bonne  reproduction 
et  nous  a  indiqué,  en  même  temps,  combien  on  avait  frappé 
d'exemplaires  de  chacune  d'elles.  Enfin,  dans  une  troi- 
sième notice,  M.  de  Jonghe  nous  a  parlé  d'une  plaque  de 
Charles  IV,  comte  de  Luxembourg,  frappée  à  Marche,  et 
de  deux  autres  monnaies  de  ce  prince.  C'est  la  seule  mon- 
naie de  Charles,  frappée  à  Marche,  qui  ait  été  retrouvée 
jusqu'ici. 

M.  J.-E.  Ter  Gouw  nous  a  entretenu  des  fausses  mon- 
naies au  XVIF  siècle  {deuxième  article).  Il  s'agit  de  pièces 
imitées  par  les  seigneurs  de  Reckheim  et  de  Gronsveld. 
Notre  collègue  hollandais  en  a  donné  d'ingénieuses  expli- 
cations. 

M.  de  Witte  s'est  occupé  de  quelques  ajusteurs  jurés 
des  poids  et  balances  en  fonctions  aux  Pays  Bas  autri- 
chiens durant  la  seconde  moitié  du  XYIII^  siècle.  Après 
avoir  défini  leurs  fonctions,  il  indique  les  mesures  prises 
par  le  gouvernement  autrichien  pour  assurer  la  régularité 
et  la  justesse  des  poids  monétaires  et  mentionne  de  nom- 
breux renseignements  sur  quelques  ajusteurs  jurés  d'An- 
vers, d'Audenarde,  de  Bruges,  de  Bruxelles,  de  Gand,  de 
Louvain,  de  Malines,  de  Mons,  de  Namur,  de  Saint- 
Nicolas  et  de  Tournai. 

M.  de  Witte  nous  a  encore  expliqué,  d'une  manière  très 
complète,  une  médaille  religieuse  et  un  méreau  de  Notre- 
Dame  de  Miséricorde,  à  Verviers. 

Signalons  particulièrement  une  étude  très  détaillée  et 
très  précise  sur  les  dernières  quinze  années  de  Théodore 
van  Berckel.  Cette  partie  de  la  vie  du  célèbre  graveur 
général  de  la  Monnaie  de  Bruxelles  était  restée  dans  l'obs- 
curité. Grâce  aux  patientes  recherches  de  M.  le  chevalier 
Année  i8q6  33 


486 

C.  von  Ernsl,  nous  connaissons  maintenant  l'existence 
misérable  que  van  Berckel  mena  en  Autriche,  après  l'inva- 
sion française  en  Belgique  et  comment  il  mourut  à  Bois-le- 
Duc,  sa  ville  natale,  le  21  septembre  1808. 

Notre  dévoué  correspondant  regnicole  M.  le  docteur 
J.  Simonis  a  publié  ce  qu'il  savait  sur  les  ajusteurs  jurés 
de  l'ancienne  principauté  de  Liège.  Sa  notice,  pleine  de 
faits  nouveaux,  a  vivement  attiré  l'attention  de  tous  ceux 
qui  collectionnent  les  poids  monétaires. 

M.  le  baron  Bethune  poursuit,  avec  succès,  son  remar- 
quable travail  sur  les  méreaux  de  familles  brugeoises. 
Il  nous  a  donné  la  primeur  d'un  méreau  de  Jean  de 
Vleeschouwer,  chevalier,  et  de  Barbe  de  Witte,  1473.  Sou- 
haitons à  notre  zélé  collègue  de  trouver  d'autres  méreaux 
inédits  pour  compléter  sa  belle  monographie  sur  ces  pièces 
si  spéciales  à  Bruges. 

Votre  secrétaire  a  eu  la  chance  de  découvrir  la  médaille 
au  buste  de  Charles-Quint  par  le  poète  Jean  Second, 
médaille  que  Pinchart  déclarait  introuvable  et  que  vous 
avez  pu  examinera  notre  séance  générale  du  i^r  juillet  1894. 
Il  est  regrettable  que  l'imperfection  du  cliché,  qu'il  n'a  pas 
été  possible  d'obtenir  meilleur  par  les  procédés  de  photo- 
gravure usités  à  Bruxelles,  n'ait  point  permis  aux  lecteurs 
de  notre  Revue  d'apprécier  cette  médaille  aussi  complète- 
ment qu'il  eût  été  désirable. 

Un  billùn  noir  inédit  frappé  à  Vilvorde  par  Jean  III, 
duc  de  Braba?ît{i3i2-i355)  fait  l'objetd'une  seconde  notice, 
et  un  troisième  article  est  consacré  à  la  description  de 
quelques  pièces  rares  ou  inédites  et  de  la  trouvaille  de 
Niel-sur-Rupel  qui  contenait  le  fameux  ange  d'or  de 
Jeanne  de  Brabant  vendu  à  Malines,  en  octobre  dernier, 
au  prix  considérable  de  1,540  francs. 


487 

Passons  à  la  numismatique  étrangère  : 

M.  Maxe-Werly  a  terminé  son  excellente  monographie 
sur  la  numismatique  du  Barrois.  Les  tirés  à  part  de  ce 
travail  sur  les  Monnaies  des  comtes  et  des  ducs  de  Bar 
forment  un  beau  volume  de  265  pages,  in-S»,  imprimé  en 
1895  chez  M.  J.  Goemaere,  à  Bruxelles.  Le  tirage  n'a  été 
fait  qu  a  yS  exemplaires.  Ce  livre  est  donc  non  seulement 
un  précieux  traité  de  numismatique  mais  encore  une 
rareté  bibliographique. 

Notre  dévoué  collègue  M.  J.  Rouyer  a  aussi  achevé  son 
admirable  étude  de  Y  Œuvre  du  médailleur  Nicolas  Briot, 
en  ce  qui  concerne  les  jetons.  Outre  ceux-ci,  M.  Rouyer  a 
signalé  plusieurs  deneraux  dont  les  coins  ont  été  gravés  par 
Briot.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  l'éloge  que  nous  avons 
fait  de  ces  consciencieuses  recherches  (voir  rapport  sur  les 
travaux  de  l'année  1893].  Un  excellent  tirage  à  part,  avec 
quelques  observations  additionnelles,  a  été  fait  à  5o  exem- 
plaires in-80,  de  238  pages  et  14  planches. 

Les  Observations  relatives  au  type  des  monnaies 
d'Erétrie,  de  Dicaea  et  de  Mende  sont  très  ingénieuses. 
M.  Adrien  Blanchet  pense,  à  juste  titre,  que  l'idée  du  type 
de  ces  monnaies  a  pu  être  inspiré  par  un  fait  naturel  :  un 
oiseau  posé  sur  le  dos  d'un  quadrupède  et  le  débarrassant 
de  ses  parasites . 

Trois  monnaies  frappées  à  Elincourt  en  Cambrésis  ont 
été  publiées  par  M.  le  vicomte  de  Jonghe  :  d'abord  un 
gros  (double  tiers?)  à  l'aigle  de  Marie  de  Bretagne  qui 
avait  échappé  aux  investigations  de  MM.  Poey- d'Avant  et 
Caron;  ensuite  un  botdrager,  très  rare,  de  Gui  VI,  comte 
de  Luxembourg-Ligny  ;  enfin  un  botdrager  de  Wallerand, 
son  fils. 

M.  le  chevalier  M. -A.  Snoeck  a  eu  le  mérite  de  faire 


488 

connaître  exactement  le  médaillon  rond,  iiniface  et  coulé, 
du  docteur  Jean  Ingéniions^,  médecin  en  chef  et  conseil- 
ler de  la  cour  impériale  autrichienne,  1779.  Ce  médaillon 
est  cité  dans  la  dernière  suite  de  Van  Loon,  mais  cet 
ouvrage  ne  donne  ni  la  légende  correcte  ni  le  dessin. 
L'auteur  explique  dans  quelles  circonstances  ce  médaillon 
a  été  coulé  et  ajoute  quelques  détails  de  la  vie  du  docteur 
Ingenhousz. 

M.  Ém.  Caron  nous  a  parlé  d'Une  singulière  trouvaille 
à  Jérusalem.  Il  s'agit  d'une  grosse  pierre  trouvée  par  le 
R.  P.  Gré  non  loin  de  l'enceinte  sacrée  de  l'ancien  temple 
de  Jérusalem  et  qui  ne  serait  rien  moins  qu'un  poids  du 
roi  David.  L'auteur  examine  les  déductions  tirées  par  le 
père  Gré  du  poids  de  cette  pierre,  42  kilos,  et  du  poids 
des  sicles  hébraïques,  14  grammes,  et  démontre  très  juste- 
ment qu'à  l'époque  de  David,  il  ne  pouvait  être  question 
d'argent  monnayé  mais  seulement  d'une  unité  de  poids,  le 
sicle  n'étant  devenu  unité  monétaire  que  plus  tard.  D'après 
le  système  phénicien,  le  sicle  d'argent  était  de  14  grammes, 
ce  qui,  pour  3, 000  sicles,  donne  exactement  42  kilo- 
grammes. Mais  encore  faudrait-il  savoir  si  l'inscription 
remonte  réellement  au  roi  David  et  n'est  point  le  nom  per- 
pétué d'un  poids  consacré  par  lui. 

Les  appellations  monétaires  sur  les  monnaies  du  moyen 
âge  ont  été  très  savamment  énumérées  par  M.  H.  Dannen- 
berg.  Ges  légendes,  conclut  judicieusement  l'auteur,  ne 
doivent  pas  toujours  être  prises  à  la  lettre,  car  il  arrive 
qu'elles  sont  trompeuses. 

M.  J.  Ghalib  Edhem  a  eu  l'obligeance  de  nous  commu- 
niquer une  monnaie  d'Alaeddin  Qeikobad  III,  associé 
au  nom  du  grand  Ilkhan.  Gette  monnaie  d'argent  inédite 
démontre  et  constate  que  l'empire  seldjoukide,  du  temps 


489 

de  Ghâzân  Mahmoud,  était  presque  entièrement  tombé  au 
pouvoir  des  Ilkhaniens. 

La  monnaie  de  Rodez,  au  XF  siècle,  n'avait  encore  été 
signalée  que  par  des  textes.  M.  Anatole  de  Barthélémy 
aura  été  le  premier  à  nous  en  faire  connaître  un  exem- 
plaire :  il  s'agit  d'un  denier  de  Hugues,  comte  de 
Rouergue  (1008- 1054).  Cette  pièce  a  été  trouvée  à  Rodez 
même  et  présente,  au  revers,  le  type  du  chrisme  adopté 
dans  plusieurs  localités  du  Languedoc  et  du  Sud-Ouest. 

Dans  une  lettre  adressée  à  M.  de  Witte,  M.  Fr.  Gnecchi 
a  donné  l'explication  et  le  fac-similé  d'un  curieux  médail- 
lon inédit  de  Philippe  père,  trouvé  à  Rome,  en  avril  iSgS, 
près  de  la  Porta  Salaria.  Le  revers  de  ce  médaillon  est 
complètement  nouveau  et  représente  une  entrée  triom- 
phale, ïadventus  de  Philippe,  comme  empereur,  à  Rome, 
en  l'année  244. 

Enfin,  M'ie  Marie  de  Man,  reprenant  la  description  d'une 
médaille  uniface  de  Levinus  Bloccenus  a  Burgh,  publiée 
par  M.  Picqué,  dans  la  Revue,  1879,  p.  228,  est  parvenue  à 
déterminer  très  complètement  l'identité  du  seigneur  zélan- 
dais  dont  la  médaille  reproduit  les  traits.  M.  Picqué  n'avait 
pu  déterminer  quel  était  ce  personnage  et  s'était  trompé  au 
sujet  de  la  date  inscrite  sur  la  médaille  qu'il  faut  lire  i556, 
année  de  la  mort  de  Liévin  Bloxsen,  et  non  pas  066.  — 
Remercions  notre  gracieuse  collaboratrice  d'avoir  si  parfai- 
tement élucidé  ces  deux  questions. 

Les  Mélanges  de  notre  Revue  continuent  à  briller  par 
leur  importance  et  leur  variété.  —  La  description  des 
Médailles  modernes,  confiée  aux  soins  de  M.  de  Witte,  a 
été  non  moins  bien  faite  que  les  années  précédentes.  Il  s'agit 
d'une  grande  médaille  au  buste  de  Christophe  Colomb, 
frappée  à  l'occasion  de  l'exposition  universelle  de  Chicago, 


490 

en  1893,  organisée  à  l'occasion  du  400^  anniversaire  de  la 
découverte  de  l'Amérique  ;  d'une  médaille  offerte  par  ses 
élèves  et  ses  amis  (3  mai  1894)  à  M.  Alphonse  de  Marbaix, 
professeur  à  l'Université  de  Lou.vain,  et  enfin  des  jetons 
commémoratifs  de  l'exposition  universelle  d'Anvers,  en  1 894. 

Ces  pièces  sont  dues  au  talent  de  MM.  Victor  Lemaire, 
Franz  Vermeylen,  A.  Michaux  et  P.  Fisch. 

Pendant  l'année  1895,  notre  société  a  perdu  le  plus 
ancien  de  ses  membres  honoraires,  M.  le  comte  Maurin  de 
Nahuys.  Ses  titres  et  ses  nombreux  travaux  ont  été  rap- 
pelés par  M.  le  vicomte  B.  de  Jonghe  dans  une  notice 
nécrologique  publiée  dans  notre  Revue,  1895,  p.  564.  — 
La  mort  nous  a  encore  enlevé  deux  associés  étrangers  : 
M.  Butor,  ancien  magistrat,  et  J.  Ghalib  Edhem  Bey, 
conseiller  du  gouvernement  de  l'île  de  Crète.  Un  de  nos 
anciens  correspondants  regnicoles,  qui  avait  quitté  notre 
compagnie  depuis  1869,  M.  Edmond  Van  der  Straeten, 
est  décédé  à  Audenarde,  sa  ville  natale,  le  25  novembre 
dernier.  C'était  un  musicographe  distingué,  mais  ses  tra- 
vaux sur  la  musique  et  le  théâtre  ne  l'ont  pas  empêché  de 
s'occuper,  avec  talent,  de  notre  science  favorite. 

M.  le  Président  remercie  M.  le  Secrétaire  pour 
le  soin  qu'il  a  mis  à  rédiger  ce  rapport.  {Applau- 
dissements.) 

M.  le  Président  s'excuse  d'avoir  oublié,  chez 
lui,  la  note  sur  les  accroissements  des  collec- 
tions et  de  la  bibliothèque  que  M.  de  VV^itte, 
absent  pour  cause  de  maladie,  lui  a  remise  avant 
son  départ  pour  les  eaux.  Il  constate  avec  satis- 
faction que,  grâce  au  zèle  de  M.  de  Witte,  nos 


49ï 

collections  augmentent  sans  cesse.  {Applaudisse- 
ments.) 

Voici  le  rapport  du  bibliothécaire  : 

Messieurs, 

Des  circonstances  indépendantes  de  ma  volonté  m'empê- 
chent, à  mon  grand  regret,  d'assister  à  la  séance.  Veuillez 
donc  m'excuser  si  mon  rapport  s'en  resserrt. 

Pendant  l'exercice  écoulé,  i6o  volumes  ou  brochures  ont 
été  offerts  à  votre  bibliothèque;  ii3  monnaies,  17  jetons, 
12  médailles,  6  méreaux  et  5  poids  monétaires  sont  entrés 
dans  votre  médaillier  ;  enfin,  neuf  membres  ont  envoyé 
leurs  portraits,  ce  qui  porte  le  nombre  de  nos  photographies 
à  27  t. 

Le  service  des  échanges  s'est  fait  régulièrement;  il  s'est 
même  augmenté  notablement  cette  année,  car  si  nous  avons 
cessé  l'envoi  de  nos  publications  à  l'Académie  d'Hippone, 
nous  les  adressons  au  Cercle  historique  et  archéologique  de 
Gand,  au  Cercle  archéologique  de  Malines.  à  la  Société 
archéologique  de  Lisbonne,  à  la  Société  suédoise  de 
numismatique,  et,  de  plus,  grâce  à  l'obligeant  intermé- 
diaire de  M.  Friedenburg,  président  de  la  Société  numis- 
matique de  Berlin,  la  Zeitschrift  fiir  Numismatik  nous 
parvient  depuis  janvier  dernier.  La  Société  reçoit  ainsi 
presque  toutes  les  publications  périodiques,  de  quelque 
importance,  consacrées  exclusivement  à  la  numismatique; 
nous  en  comptons  une  vingtaine.  Elle  n'en  recevait  que 
quatre  en  1886. 

J"ai  terminé  aussi  le  classement  des  séries  métalliques 
vous  appartenant.  Ces  suites  comportent  2,847  monnaies, 
médailles,  jetons,  méreaux  et  poids  monétaires  divers. 


492 

L'assemblée  procède  ensuite  aux  élections  aux 
diverses  places  vacantes  : 

M.  le  chevalier  Snoeck  est  nommé  membre  hono- 
raire pour  remplacer  M.  le  comte  M.  de  Nahuys, 
décédé.  MM.  Paul  Fisch,  médailleur  à  Bruxelles; 
le  baron  de  Vinck  de  Winnezeele,  membre  du 
comité  du  musée  duSteen,  à  Anvers;  l'avocat  Big- 
wood,  à  Bruxelles;  le  vicomte  Eugène  de  Jonghe, 
à  Bruxelles,  et  Mac  Leod,  professeur  de  botanique 
à  l'université  de  Gand,  sont  nommés  membres 
correspondants  regnicoles. 

L'assemblée  procède  ensuite  au  renouvellement 
du  bureau,  qui,  d'après  les  statuts,  doit  être  élu 
pour  une  période  de  trois  ans  prenant  cours  le 
i*""  janvier  1897. 

Après  avoir  rempli  pendant  treize  ans  les  fonc- 
tions de  secrétaire,  M.  Cumont  prie  l'assemblée 
dé  ne  pas  renouveler  son  mandat.  Il  ajoute  que  sa 
détermination  est  irrévocable. 

M.  de  Jonghe,  au  nom  de  tous  les  membres  de 
la  réunion,  remercie  M.  Cumont  pour  le  zèle  qu'il 
a  apporté  dans  l'exercice  de  ses  fonctions  et  prie 
l'assemblée  de  laisser  la  place  de  secrétaire  ouverte 
jusqu'à  la  prochaine  assemblée  générale  de  juillet. 
Le  bureau  chargera  provisoirement  un  de  ses 
membres  du  secrétariat  à  partir  du  i^''  janvier  1897, 
date  où  prend  fin  le  mandat  de  M.  Cumont.  {Adhé- 
sion unanime.) 

M.  Van  Schoor  regrette  la  décision  prise  par 
M.  Cumont  et  remercie  également  M.  le  Secrétaire 


493 

des  longs  services  qu'il  a  rendus  à  la  Société. 
L'assemblée  s'associe  à  ces  paroles. 
Le  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Président  :  MM.  le  vicomte  B.  de  Jonghe  ; 

Vice-président  :  le  comte  Th.  de  Limburg- 

Stirum  ; 
Secrétaire  :  X.  ; 

Bibliothécaire  :  A.  de  Witte  ; 

Trésorier  :  Am.  de  Roissart  ; 

Contrôleur  :  Ed.  Vanden  Broeck. 

M.  le  vicomte  B.  de  Jonghe,  au  nom  du  bureau, 
remercie  l'assemblée  de  ses  suffrages.  Le  bureau, 
comme  par  le  passé,  fera  tous  ses  efforts  pour 
justifier  la  nouvelle  preuve  de  confiance  qui  vient 
de  lui  être  donnée  par  les  membres  de  la  Société. 

Il  est  procédé  ensuite  à  l'élection  annuelle  des 
membres  de  la  commission  directrice  de  la  Revue. 

M.  Cumont,  qui  a  dirigé  cette  RevtLe  pendant 
dix  ans,  fait  la  même  déclaration  que  pour  le 
secrétariat. 

M.  de  Jonghe,  comme  président  de  l'assemblée, 
remercie  M.  Cumont  pour  sa  longue  collabora- 
tion, aussi  active  qu'intelligente,  à  notre  recueil 
et  propose  à  la  réunion  de  désigner  M.  le  comte 
Th.  de  Limburg-Stirum  pour  lui  succéder  dans 
les  fonctions  de  directeur  de  la  Revue. 

M.  Van  Schoor  adresse  aussi  de  vifs  remercî- 
ments  à  M.  Cumont  et  espère  qu'il  continuera  sa 
collaboration  à  la  Revue. 


494 

Le  président  fait  partie  de  droit  de  la  Com- 
mission directrice  de  la  Revue  (Art.  17  des  Statuts). 

Sont  élus,  par  acclamation,  directeurs  pour 
l'année   1897  '-   MM.  le  comte  Th.  de  Limburg- 

StIRUM   et  A.  DE  WiTTE. 

En  conséquence,  la  direction  de  la  Revue  sera 
confiée  l'année  prochaine  à  : 

MM.  le  vicomte  B.  de  Jonche; 

le  comte  Th.  de  Limburg-Stirum  ; 
A.  de  Witte. 

M.  le  comte  Th.  de  Limburg-Stirum  remercie 
l'assemblée  de  son  élection. 

L'assemblée  décide  que  l'effigie  à  placer  sur  le 
jeton  de  présence  pour  1897-1899  sera  celle  de 
Vredius  (Olivier  de  Wree),  proposée  par  M.  le 
baron  Bethune. 

M,  Vermeylen  veut  bien  se  charger  de  l'exécu- 
tion de  ce  jeton.  {Remerclments.) 


lectures  et  communications. 

M.  Blanchet  lit  une  intéressante  notice  sur  les 
monnaies  en  or  des  empereurs  romains  Trébonien 
et  Volusien.  [Applaudissements.) 

A  la  demande  de  M.  le  Président,  qui  lui  adresse 
ses  félicitations,  M.  Blanchet  promet  de  laisser 
imprimer  son  travail  dans  la  Revue. 

M.  Naveau  a  entretenu  une  correspondance 
avec  M.  Jolivot,  secrétaire  du  conseil  d'Etat  de 


495 

la  principauté  de  Monaco,  au  sujet  de  certaines 
monnaies  liégeoises  (particulièrement  celles  de 
Maximilien-Henri  de  Bavière)  que  M.  Jolivot  pré- 
tend avoir  été  copiées  à  Monaco. 

M.  Naveau,  d'accord  avec  M.  le  baron  deChestret, 
pense  que  certaines  imitations  des  espèces  de 
Maximilien-Henri  ont  pu  effectivement  avoir  été 
frappées  à  Monaco,  mais  qu'il  serait  bien  difficile 
de  les  différencier  des  monnaies  de  cet  évêque. 
C'est  ainsi  que,  pour  les  nécessités  du  com- 
merce, on  frappe  encore  aujourd'hui  des  cou- 
ronnes de  Marie-Thérèse  et  des  dalers  de  Hollande. 
M.  Naveau  promet  d'insérer  une  note  sur  ce  sujet 
dans  les  mélanges  de  la  prochaine  livraison  de  la 
Revue.  {Renier ciments.) 

M.  Cumont  donne  quelques  renseignements 
relatifs  à  la  collection  numismatique  de  Charles 
de  Lorraine  et  fait  connaître  la  liste  des  personnes 
auxquelles,  après  la  mort  de  ce  prince,  fut  envoyé 
le  catalogue  de  sa  collection.  [Applaudissements.) 

M.  le  Président  remercie  M.  Cumont  pour  son 
intéressante  communication  et  espère  que  l'auteur 
voudra  bien  la  laisser  imprimer  dans  la  Revue. 
(A  dhésion  unanime .  ) 

M.  Peny  fait  circuler  quatre  jetons  religieux 
trouvés  dans  les  fouilles  des  ruines  de  l'abbaye  de 
l'Olive,  à  Morlanwelz  (Mariemont).  {Remer ciments.) 

Le  docteur  Simonis  exhibe  une  jolie  médaille 
ovale  au  buste  de  Wolfgang-Wilhelm ,  comte 
palatin  du  Rhin  (Neubourg),  duc  de  Bavière,  de 


49^ 

Juliers,  de  Clèves  et  de  Berg.  Elle  est  reproduite 
dans  Van  Loon,  t.  II,  p.  63.  Elle  est  en  vermeil 
et  entourée  d'un  encadrement  à  jour  de  l'époque 
(1626) ,  admirablement  travaillé  et  très  finement 
émaillé.  Bien  qu'elle  ne  soit  pas  signée,  Adolphe 
Erman,  dans  la  Zeitschrift  fur  Numismatik,  de 
Berlin,  t.  XII,  croit  pouvoir  l'attribuer  à  un  artiste 
de  Munich,  graveur  d'estampes  et  de  médailles 
du  nom  de  Paul  Zeggin,  qui  travaillait  de  i623 
à  1666. 

M.  le  vicomte  de  Jonghe  lit  un  travail  sur  un 
denier  de  l'empereur  Lothaire,  frappé  à  Mayence. 
[Applaudissements.) 

Le  même  exhibe  encore  : 

1°  Un  dalder  de  Philippe  II,  frappé,  en  1672,  à 
Maestricht  et  portant,  en  contremarque,  une  croix 
patriarcale  terminée,  à  sa  partie  inférieure,  par  un 
triangle  ; 

2°  Un  très  curieux  cuivre  de  Ferdinand  de  Lyn- 
den,  comte  de  Reckheim  (i636-i665),  imité  des 
pièces  de  12  hellers  (?)  de  Frédéric-Guillaume, 
comte  de  Ravensberg  (1640-1688).  Le  prototype 
porte  ;  «  Ravensberg  Lant  Muntz.  »  Le  sceptre 
avec  couronne  du  droit  se  trouve  aussi  sur  le  numé- 
raire de  Hervord,  où  il  subsiste  encore  en  1810; 

3''  Une  pièce  de  deux  sous,  unique,  de  Joseph- 
Gobert  de  Lynden ,  comte  d'Aspremont  et  de 
Reckheim  (1708-1720).  Ce  curieux  billon  est  le 
seul  souvenir  monétaire  que  nous  ait  laissé 
Joseph-Gobert,  qui  avait  épousé  la  fille  du  mar- 


497 
quis  de  Prié,  gouverneur  par  intérim  des  Pays- 
Bas.  C'est  peut-être  grâce  à  son  mariage  que  le 
comte  Joseph-Gobert  se  crut  autorisé  à  émettre 
la  piécette  qui  nous  occupe ,  pensant  que  son 
beau-père  fermerait  les  yeux  sur  cette  tentative 
d'émancipation.  Le  jeune  comte  semble  d'ailleurs 
avoir  été  fort  bien  vu  à  la  cour  de  Vienne,  témoin 
la  charte  donnée  en  sa  faveur  par  l'empereur 
Charles  VI,  charte  lui  confirmant  le  privilège  de 
non  evocando,  etc.  Joseph-Gobert  mourut  à  l'âge 
de  26  ans. 
La  séance  est  levée  à  i  heure. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

G.  CUMONT.  V**  B.  DE  JONGHE. 


498 


LISTE   DES  MEMBRES 

DE 

LA  SOCIÉTÉ  ROYALE  Dl]  NUMISMATIQllK 

AU    !«■■  OCTOBRE  1896. 
MEMBRES  D'HONNEUR. 

NOMS   KT   QUALITÉS.  DATE    DK   l'aDMISSION. 

S.     A.    R.     MONSEIGNEUR      LE     PrINCE 

Philippe   DE   Saxe-Cobourg    et 

Gotha,  duc  de  Saxe 7  juiuet  1878. 

S.  A.  S.  MONSEIGNEUR  LE  PrINCE  SOU- 
VERAIN DE  IVIONACO,  Albert  h'  .    .       24  novembre  1889. 

s.    A.   MONSEIGNEUR   LE    PrINCE    PierPe 

DE    SAXE-COBOURG     et     BRAGANCE.  26  novembre  189. 

S.      A.     R.      MONSEIGNEUR    LE    PrINCE 

DE    NAPLES ...        .  22  avril   1892. 

MEMBRES  HONORAIRES  (i)- 

MM. 

Teixeira   de  Ahagaô,  directeur  du  cabinet  des 

médailles  de   S.  M.   le  Roi   de    Portugal,    à 

Lisbonne 2  juillet  1871. 

Harabacek  (le  docteur  Josef),  professor  ordina- 

rius  und  Mitglied  der  kaiserl.  Akademie  der 

Wissenschaften,  Seidlgasse,  41,3  Vienne,  III.  7  juillet  1872. 

(1)  Le  nombre  des  membres  honoraires  est  limité  à  vingt-cinq. 


•    499 

KOMS   BT   QUALITÉS.  DATE   DE    I,' ADMISSION. 

MM. 

ScHMJMBEnGER  (Gustave),  membre  de  l'Institut, 

27,  avenue  d'Antin,  à  Paris 7  juillet  1878. 

Van  Hende  (Edouard),  officier  de  l'instruction 

publique,  rue  Masséna,  5o,  à  Lille   ....  G  juillet  1879. 

DE  Barthéi,e.uy  (Anatole),  membre  de  l'Institut, 

rue  d'Anjou-Saint-Honoré,  9,  à  Paris.    ...  3  juillet  1881. 

ROUYER  (Jules),  directeur  honoraire  des  postes, 

à  Thiaucourt  (Meurthe-et-Moselle) 1  juillet  i883. 

Van  Dijk  van  Matenesse  (P.-J.),  Groote  Markt, 

123,  WijkE',  à  Schiedam 4  juillet   1886. 

Caron  (Emile),    avoué   honoraire,   2^«'»,   rue    du 

Havre,   à  Paris .    .  1   juillet  1888. 

Dannenberg  (Herman),  Landgerichtsrath,  prési- 
dent d'honneur  de  la  Société  de  numismatique 
de  Berlin,  Lessingstrasse,  8,  Berlin,  N.  W.   .  —         — 

Babelon  (Ernest),  conservateur  du  département    . 
des  médailles  et  antiques  de  la  Bibliothèque 
nationale,  à  Paris,  23,  rue  de  Verneuil.    ...  —         — 

]>Iaxe-V^''eri,y    (Léon),    officier    de    l'instruction 

publique,  rue  de  Rennes,  61,  à  Paris   ...  7  juillet   1889. 

Evans  (John),  président  de  la  Société  des  anti- 
quaires et  de  la  Société  anglaise  de  numisma- 
tique, correspondant  de  l'Institut  de  France, 
Nash  Mills,  Hemel  Hempstead,  Angleterre.   .   24  novembre  1889. 

Ghactard   (J.),'  doyen  honoraire   de   la   faculté 

catholique     des     sciences     de    Lille  ,     villa 

Saint-Marc,    par    Croissanville     (Calvados), 

France .  G  juillet  1890. 

ROEST    (Tliéod.-M.),  directeur  du  Musée  de  la 

Teyler  Genootschap,  président  de  la  Société 

néerlandaise  de  numismatique,   Rapenburg, 

3s,  Leyde 5  juillet  1891. 


5oo 

TfOMS  BT  QUALITÉS.  DATB   DE   l'ADUISSION. 

MM. 

llii^DEBRAND  (Hans),  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  royale  de  Suède,  directeur  des 
musées  d'antiquités  de  l'État,  Storgatan,  24,  à 
Stockholm 5  juillet  i8gi. 

LlTSCHIN  VON   EBENGREUTH  (d""  ET  PROF.,  CHEVALIER 

Arnold),  membre  de  l'Académie  impériale  et 

royale  des  sciences  à  Vienne,  ancien  doyen  de 

l'université  de  Gratz, l'hiver  :  Merangasse,  i5; 

l'été  :  Quellengasse,  4,  à  Gratz  (Autriche)  .    .  3  juillet  1892. 

Papadopoi.i  (le  comte  INicolas),  sénateur,  pré- 
sident de  la  Société  italienne  de  numismatique, 

palais  Papadopoli,  Grand  Canal,  San-Silves- 

tro,  Venise —        — 

Laugier  (Joseph),  conservateur  du  cabinet  des 

médailles,  rue  Barthélémy,  32,  à  Marseille  .    .  —        — 

Joseph  (Paul),  professeur,  Schweizerstrasse,  70, 

Sachsenhausen  (Francfort-sur- M ein) 2  juillet  iSgS. 

Gnecchi  (Francesco),  directeur  de  la  Revue  ita- 
lienne de  numismatique,  via  Filodrammatici, 
10,  à  Milan  (Italie) —        — 

Imhoof-Blumer    (Frédéric),    à    Winterthur 

(Suisse) ler  juillet  1894. 

Deloche  (Maximin),  membre  de  l'Institut,  rue 

Herschell,  5,  Paris —        — 

Bahrfeldt  (Max),  major  au  79"  régiment  d'infan- 
terie, Hannoversche  Strasse,  7,  Hildesheim, 
(Hanovre) —        — 

VOM  Ernst  (le  chevalier  Charles),  conseiller 
supérieur  des  Mines  de  l'Etat,  Ungargasse,  3, 
Vienne  (Autriche) —        — 

Snoeck  (le  chevalier  Mathieu-Adrien),  cham- 
bellan de  S.  M.  la  reine  des  Pays-Bas,  à 
Hintham,  près  Bois-le-Duc ig  juillet  1896. 


5or 
MEMBRES  EFFECTIFS  (t). 

NOMS   ET  QUALITÉS.  DATE   DE   l'ADMISSIOS. 

MM. 

Bethune  (monseigneur  le  baron  F.),  chanoine  et 
prélat  de  Sa  Sainteté,  rue  d'Argent,  40,  à 
Bruees .  Fondateur. 

Pety  de  ïnozÉE    (J.),    agent    diplomatique  et  : 

consul  général  de  Belgique,  à  Sophia  ...  4  juillet  i852. 

PiCQUÉ  (Camille),  conservateur  du  cabinet  des 

monnaiesetmédaillesà  la  Bibliothèque  royale,  1 

rue  Dupont,  70,  à  Schaerbeek 8  juillet  1860. 

DE  NÉDOSCHEi,  (le  COMTE  Gcorgcs),  président  de 
la  Société  historique  de  Tournai,  rue  Becque- 
relle,  3,  à  Tournai 5  juillet  i863. 

Vandew  BnOECK  {Edouard),  rue  du  Com- 
merce, 5o,  à  Bruxelles 3  juillet  1864. 

DE  Limburg-Stirum  (le  comte  Thierry),  séna- 
teur, rue  de  la  Loi,  166,  à  Bruxelles      ...  7  juillet    18G7. 

DE    JoHGHE    (le   vicomte    Itauilouiii  ) ,   rue    du 

Trône,  60,  à  Ixelles 4  juillet  1869. 

LiEDTS  (le    baron),  archéologuc,  rue  de  la  Loi, 

88,  à  Bruxelles 3  juillet  1870 

DE  Chestret  de  Uaneffe  (le  baron  J.-IV.->I.- 
Juies),  membre  titulaire  de  l'Académie  royale 
de  Belgique,  rue  des  Augustins,  3i,  à  Liège  .  2  juillet  1871. 

de    Roissart   (Amédée),  conseiller   à    la  Cour 

d'appel,  avenue  de  la  Couronne,  12,  à  Ixelles.  7  juillet  1878. 

CCMONT  (Georges),  avocat  à  la  Cour  d'appel,  rue 

de  l'Aqueduc,    19,  à  Saint -Gilles- Bruxelles 

(quartier  Louise) 2  juillet  1882. 

Bequet    (Alfred),    archéologue,    rue   Grandga- 

gnage,  8,  à  Namur 6  juillet  1884. 

(1)  Le  nombre  des  membres  etiectifs  est  limité  à  trente-cinq. 

Année  1896.  34 


5  02 

NOMS  BT  QUALITÉS.  nATB  BB  t' ADMISSION, 

MM. 

Bethune  (le  baron  Jean-Baptiste),  membre  de 

la    dépuration  permanente,    lo,     rue    Saint- 

Georjcs,  à  Bruges 5  juillet  i885. 

Van  Schoor  (Charles),  procureur  général  près  la 

Cour  d'appel  de  Bruxelles,  avenue  Louise,  gS, 

à  Bruxelles —         — 

Bahps  (Constant),   docteur  en    médecine,    rue 

Maegdendries,  à  Hasselt.    .    .       —        — 

DE    WiTTE    (Alplionse),    ingénieur,    rue     du 

Trône,  49,  à  Ixelles 4  juillet  1886. 

Pr!«y  (E(lmond-Ph.-A.),  ingénieur  et  échevin, 

à  Morlanwelz  .    .    .    .    , 3  juillet  1887. 

De  Munter  (Victor),  agent  de  la  Banque  natio- 
nale, rue  Haute,  3o,  à  Audenarde —        — 

SuRMOKT  DE  VOLSBERGnE  (le  baron),  sénateur  et 

bourgmestre,  à  Ypres 7  juillet  1889. 

Van    Eersel    (le    major   chevalier   Léopold- 

Charles- Marie),    chef   d'état-major    de   la 

2«=  circonscription  militaire,  70,  Vieille  Route, 

Berchem,  Anvers    . 24  novembre  1889. 

INaveau  (Marccl-François-Léon),  au  château  de 

Bommershoven  (par  Jesserenj —        — 

C06EI.S  (Paul),  château  de  Boeckenberg,  Deurne 

lez-Anvers 6  juillet  1890. 

Daniels  (l'abbé  Polydore),  au  château  de  Vogel- 

sanck,  par  Zolder  (Limbourg)        —         — 

De  Schodt  (Georges),  avocat,  rue  de  Londres,  i5, 

à  Ixelles 5  juillet  1891. 

MOENS  (Jean),  avocat, à  Lede,  prèsd'Alost,  Flandre 

orientale.    .    .    .    , —        — 

Maver  van  den  Bergh  (le  chevalier  Fréd.),  rue 

de  l'Hôpital,  21,  à  Anvers '.    .    .  3  juillet  1892. 

DtJitois  (Fernand),  sculpteur  et  médailleur,  rue 

du  Mont-Blanc,  69,  à  Saint-Gilles —        — 


5o3 

KOMS  KT  QUALITÉS.  BAIB   DB   l'aDMISSION. 

MM. 

Seei.dkaters  (Emile),  artiste-peintre,  rue  Pota- 
gère, 123,  à  Saint-Josse-ten-Noode  .    .    ,    .    .  2  juillet  i8g3. 

ViSART  DE  BocARMÉ  (Albert),  rue  des  Aiguilles, 

18,  à  Bruges —        — 

WALiiAERT  (Em.),  docteur  en  droit,  rue  Marie- 
Thérèse,  71,  à  Bruxelles —        — 

Lemaire   (Victor),  médaiileur,    10,  rue  de  la 

Calandre,  à  Gand —        — 

W11-1-EMS  (Joseph),  notaire,  à  Saint-Trond  ...         1"  juillet  1894. 

DE  Ghellinck  d'Ei.seghem  (le  comte  Amaury), 

1 3,  rue  de  l'Industrie,  à  Bruxelles —         — 

TiNNE    (O.),   capitaine-commandant  au  régiment 

des  Grenadiers,  38,  rue  de  Trêves,  Bruxelles  7  juillet  1895. 

Dei.beke  (  a  )  avocat,  membre  de  la  Chambre  des 

Représentants,  i5,  rue  Bourla,  Anvers  ...  —         — 

CORRESPONDANTS  REGNICOLES  (O- 

Van  Even  (Edouard),  membre  titulaire  de  l'Aca- 
démie   royale  de  Belgique,  archiviste  de  la 

ville,  rue  des  Bouchons,  6,  à  Louvain.    ...  4  juillet  1869. 

ou  Chastel  de  la  Uowakdekie  (le  comte  AI- 

béric),  au  château  de  la  Havette,  à  Spa .    .    .  3  juillet  1881. 

A  i-viBi  (Frédéric),  attaché  au  cabinet  des  médailles 

de  l'Etat,  rue  Van  Volsem,  17.  à  Bruxelles.  .  5  juillet  i885. 

Van   der  Beken   (Charlcs-Auffuste-Pierre). 

contrôleur  au  change  et  au  monnayage,  etc., 

à  l'Hôtel  des  Monnaies,  rue  de  Moscou,  i,  à 

Saint-Gilles  (Bruxelles) 7  juillet  1889. 

IJRBAN  (Ernest),  81,  rue  du  Trône,  à  Ixelles   .  6  juillet  i8go 

SiBENAiiER  (J.),  conservateur  du  musée  de  l'Institut 

archéologique  d'Arlon,  à  Arlon —        — 

(1)  Le  nombre  des  correspondants  regnicoles  est  limité  à  trente-cinq. 


5  04 

NOMS   BT  QUALITÉS.  JIATK   DE   l'ADMISSION. 

MM. 
De  Jaer  (Léon),  no,  quai  Orban,  à  Liège  ...  5  juillet  1891. 

Balmon-Vf.rsavel,   chaussée  de  Courtrai,  367, 

Saint-Pierre-Alost,  à  Gand 3  juillet  1892. 

Gautier  de  Rasse  (Léopold),  avocat  à  la  Cour 

d'appel,  i5,  rue  du  Prince  Royal,  à  Ixelles.  —        — 

de  Loê  (le  baron  Alfred),  secrétaire  général  de  la 
Société  d'archéologie  de  Bruxelles,  11,  rue  de 
Londres,  à  Ixelles. —        — 

Van    Baemdonck,  .  avocat    et    bourgmestre,    à 

Beveren-Waes  (Flandre  orientale)  .....  —        — 

Vervloet  (Constant),  notaire,  place  Saint- 
Alphonse,  à  Roulers  (Flandre  occidentale) .    .  2  juillet  1893. 

Van  der  Stappen  (Charles),  statuaire,  avenue  de 

la  Joyeuse- Entrée,  21,  à  Bruxelles —        — 

Jooris  (Franz),  sous-lieutenant  au  i^r  régiment 
de  Guides,  boulevard  de  Waterloo,  n»  5i,  à 
Bruxelles —        — 

Mergheianck  (Écuyer  Arthur),  archiviste  des 
villes  d'Ypres  et  de  Furnes,  rue  d'Elver- 
dinghe,  no  1 ,  à  Ypres —        ^ 

Liégeois  (Edmond),  bibliothécaire  de  la  ville, 

35,  rue  au  Beurre,  à  Ypres i»''  juillet  1894. 

DONNET  (Fernand),   22,   Longue  rue    Lozane, 

à  Anvers —        — 

SiMONis  (J.),  docteur,  à  Jemeppe-sur-Meuse.    .    .  7  juillet  1895. 

Van  Malderghem  (Jean),   archiviste-adjoint  de 

la  ville  de  Bruxelles,  26,  rue  Anoul,  à  Ixelles.  —        — 

LOHBAERTS  (Edmond),   146,   Avenue    des  Arts, 

à  Anvers. —        — 

MOTAUX    (Auguste),    ingénieur.    Boulevard    du 

Régent,  3 1*,  à  Bruxelles.   . —        — 


5o5 

NOMS  ET  QUALITÉS.  DATE    DE    l'aDMISSIOB 

MM. 
Vermeylen  (Franz),  statuaire  et  médailleur,  rue 

des  Récollets,  49,  Louvain 7  juillet  i8g5. 

Lambo  (l'abbé  Aloïs),  professeur  au  Petit  Sémi- 
naire, à  Malines —        — 

Hermans  (Charles),    Canal    des  Brasseurs,   2g, 

à  Anvers.    . —        — 

Bernays  (Edouard),  avocat.  Avenue  Van  Eyck,  42, 

à  Anvers —        — 

FiscH  (Paul),  médailleur,  42,  rue  Antoine  Dan- 

saert,  à  Bruxelles 19  juillet  1896. 

DE  ViNCK  DE  Wii«»iE7.EEi,E  (le  baron),  membre  du 

comité-directeur    du    musée   du  Steen,   i3g, 

avenue  des  Arts,  à  Anvers —        — 

BiGwooD,   avocat,   rue  Washington,    3    (avenue 

Louise),  à  Bruxelles —        — 

DE  JoNGHE  (le  VICOMTE  Eug.),  6o,  rue  du  Trône, 

à  Ixelles —        — 

Mac  Leod,  professeur  de  botanique  à  l'université 

de  Gand,  rue  du  Héron,  3,  à  Gand —        — 

ASSOCIÉS  ÉTRANGERS  (0. 

MORIN-PONS  (Henri),  banquier,  rue  de  la  Répu- 
blique, 2,  à  Lyon 3  novembre  i856. 

Madden  (Frédéric-W.),  esq. ,  membre  de  la 
Société  numismatique  de  Londres,  1 3,  Grand 
Parade,  à  Brighton 14  janvier  i865 

de  Marsy  (le  comte  Arthur),  directeur  de  la 
Société  française  d'archéologie,  26,  rue  Saint- 
Jacques,  à  Compiègne 14  mai  1871. 

Trachsel  (le  docteur  Charles-François),  nu- 
mismate, Petit-riant  Site,  descente  Mont- 
benon,  à  Lausanne —  — 

(1)  Le  nombre  des  associés  étrangers  est  limité  à  cent  cinquante. 


5o6 

M  OMS   ET  QUALITÉS.  DATE  DE   l' ADMISSION. 

MM. 

SuDBE  (L.),  sous-directeur  honoraire  des  mon- 
naies, 3,  quai  Malaquais,  à  Paris 25  janvier   1876. 

LEHMAni»!  (baron  von),  lieutenant  général,  Adolfs- 

allee,  7,  à  Wiesbaden 4  décembre  1877. 

Du  Lac  (Jules),  archéologue,  10,  rue  des  Minimes, 

à  Compiègne 10  avril  1878. 

Engel  (Artbur),  66,  rue  de  l'Assomption,  Paris- 

Auteuil 11   mai   1878. 

RiGAUx   (Henri),  archiviste   de  la    ville,    mairie 

de  Lille  (Nord).    . 23  mai  1878. 

ScHOLs(L.-P.-H.),  docteur  en  médecine,  à  Maes- 

tricht 10  août  1878. 

VEnsiiEB   (Achille),    banquier,    rue    de  Thion- 

vilie,  34,  à  Lille 23  octobre   1878. 

DE    Grez  (le  chevalier  Jcan- Marie- Hcnri- 

Josepli),  numismate,  à  Bois-le-Duc 4  février  1879. 

DisSARD  (Paul),  conservateur  des  musées  de  la 

ville  de  Lyon 5  juillet  1879. 

Pnii.MPS    J«-    (Henry),    Gare    of  the    American 

Philosophial  Society,   1811,  Walnut  Street, 

Philadelphia 10  juin    1880. 

•  Ehrensvakd  (le   comte  Augustin),  officier  au 

régiment  des  hussards  de  Scanie,  à  Liatorp.  17  mars  1881. 

Weyl  (Adolphe),  directeur  des  Berlîner  Mùn^- 

blâtter,  Adlerstrasse,  5,  à  Berlin,  G.  .  .  .  19  janvier  1882. 
De  Meunysck  (Auguste),  membre  de  la  direction 

du   Musée  numismatique,  rue  Masséna,   23, 

à  Lille 9  mars  1882. 

Ouarré-Retbourbobi  (L.),  archéologue,  boule- 
vard de  la  Liberté,  70,3  Lille  ....  2  mai  1882. 
Terme  (Georges),  quai  des  Tanneurs,  3,  à  Liège.  6  mai  1882. 
Andbé  (Ernest),  notaire,  à  Gray  (Haute-Saône).  2  octobre  1882. 
Cavalm  (Gustave),  pharmacien,  à  Skôfde  (Suède).             9  août   i883. 


5o7 

NOMS  ET   QUALITÉS.  DATK    DK   I/'ADMISSIOR. 

MM. 
Wedberg    (J.-O.),  conseiller    de    justice,    Stor- 

gatan,  29,  à  Stockholm .  9  août   i883. 

BOM  (Adrien),   numismate,  Keizergracht.  149,  à 

Amsterdam 20  janvier  i885. 

JoiiïvOT  (Pierre-Charles),  secrétaire  du  gouver- 
neur général  et  du  conseil  d'Etat  de  la  princi- 
pauté de  Monaco 27  avril  i883. 

DE  Man  (M""  Marie),  rue  Saint-Pierre,  à  Middel- 

bourg  (Zélande) .  3o  mai  i885. 

Resier  (Louis-Guillaume-Alexandre),  référen- 
daire près  la  Commission  des  monnaies  des 
Pays-Bas,  Maliesingel,  20,  à  Utrecht  ....         2  octobre  i885. 

IWyer  (Isaac),  membre  de  la  Société  numisma- 
tique de  Philadelphie,  21  East,  6oth  street, 
à  New-York 3o  novembre  i885, 

BuKOWSKi  (H.),  membre  de  la  Société  suédoise 
de  numismatique,  Arsenalsgatan,  29,  à  Stock- 
holm           7  janvier  1886  . 

Germain  (Léon),  bibHothécaire-archiviste  de  la 
Société  d'archéologie  lorraine,  rue  Héré,  26. 
à  Nancy.    . .       ...  14  avril  1886. 

Cahn  (Adolplie-E.),  membre  des  Sociétés  numis- 
matiques  de  Vienne  et  de  Munich,  Niedenau, 
55.  à  Francfort-sur-Mein: 4  juillet  18S6. 

IIei.bikg  (Otto),  membre  des  Sociétés  numisma- 
tiques  de  Vienne,  de  Munich  et  de  Suisse. 
Maximilianstrasse,  32,  à  Munich —        — 

Santosi    (le  chanoine  Milciade),   professeur  à 

l'université  de  Camerino  (Italie)  .....  7  novembre  1886. 
IIermerei.  (Jules),  rue  Oberkampf,    i3,  à  Paris,  28  avril   1887, 

Corbei,ijs-Battaerd  (C.-H.-F.-A.),  à   Groenloo 

(province  de  Gueidre) ...  —         — 


5o8 

sous  ET  QrALITSS  DATE  DE  I.'AI>MI8SIOir. 

MM. 
ScHULMAN  (J.),  Langestraat  F.  54,  à  Amersfoort 

(Pays-Bas) 28  avril  1887. 

Gnecchi  (Ercole),  directeur  de  la  Revue  italienne 

de  numismatique,  \ia  Gesù,  S,  a  M'ûan  (Italie).  4  juin  1887. 

Storer  (Horace-R.),  président  de  la  Société 
médicale  de  Newport,  Washington  street,  58, 
à  Newport,  Rhode-Island  (États-Unis).  ...  28  juin  1887. 

Me  Lachlaw  (R.-'V^''.),  Sainte-Monique  street,  55, 

Montréal  (Canada) 3o  juillet  1887. 

Mazerolle  (Fernand),  archiviste  de  la  Monnaie, 

91,  avenue  Niel,  à  Paris 1er  décembre  1887, 

Kenner  (le  docteur  Frédéric),  membre  de  l'Aca- 
démie impériale  et  royale  des  sciences  de 
Vienne,  directeur  du  Musée  impérial  des 
médailles  et  d'antiquités,  Augustiner  Gang,  à 
Vienne  (Autriche) i3  janvier  1888. 

Stephanik  (Joh.-W.)?  secrétaire  de  la  Société 
numismatique  néerlandaise,  Heerengracht, 
23 1,  à  Amsterdam 26  août  1888. 

Blanchet  (J.-Adrien),  bibliothécaire  honoraire  à 
la  Bibliothèque  nationale,  membre  résidant 
de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  secré- 
taire de  la  Revue  numismatique,  164,  boule- 
vard Pereire,  à  Paris 23  novembre  1888. 

Barozzi  (Nicolas),  ancien  conservateur  du  Musée 
Correr  et  directeur  actuel  des  Galeries  royales 
de  Venise,  Palais  ducal,  à  Venise 23  décembre  1888. 

nE  Ponton  d'Amécourt  (le  baron  R.), rue  Saint- 
Nicolas,  2,  àSaint-Calais(Sarthe),  France  .    .  6  février  1889. 

Vallentin  (Roger),  officier  d'Académie,  receveur 
des  Domaines,  à  Saint- Péray  (Ardèche), 
France 28  septembre  1889. 

Sattler  (Albert),  7,  Blumenrain,  à  Bâle  (Suisse).       12  octobre  1889. 


5  09 

NOMS  ET   QUALITÉS.  DATE   DB   l'ADMISSION. 

MM. 

SouTzo  (Michel-C),  Strada  Romania,  4,  à  Bucha- 

rcst  (Roumanie) 12  octobre  188g. 

Van  Werveke  (Nicolas),  secrétaire  de  l'Institut 

grand-ducal  de  Luxembourg i5  février  1890. 

Ki;iPERs(II.),  Wilhelminastraat,  46,  Haarlem .    .  i5  mars  1890. 

Nentwich  (Joseph),  rédacteur  en  chef  des  Mit- 

theihingen  des  Clubs  derMûn^-  undMedaillen- 
freunde  in  Wien,  Auerspergstrasse,  2 1 , Vienne, 

VIII  (Autriche) —        — 

Stroehlin  (Paul),  président  de  la  Société  suisse 

de  numismatique,  86,  route  de  Chêne, à  Genève  7  juin  1890. 

IIercolani  (le  prince),    144,    rue  de   la  Loi,    à 

Bruxelles —        — 

Meili  (Julius),  ancien  consul  de  la  Confédération 

helvétique,  à  Zurich 4  novembre  1890. 

de  Palézieux  Du  Pan  (Maurice),  rue  Bellot,  4, 

à  Genève 20  Janvier  1891. 

RIayor  (Jacques),  secrétaire  de  la  Société  suisse 

de  numismatique,  Chemin  de   Saint -Jean, 

à  Genève —        — 

Il0LLEBEKE(Paul),Grand'Place,  à  Bailleul(Nord), 

France 27  février  1891. 

BÉTHUNE  (C*.  G.),  25,  rue  Saint-Jacques,  à  Lille, 

France 7  mars  1891. 

Tolstoï  (comte  Jean),  Académie  impériale  des 

Beaux-Arts,  à  Saint-Pétersbourg       —         — 

COMEz,  docteur  en  médecine  et  officier  d'Acadé- 
mie, à  Longwy  (France) 1 5  mars  1891. 

Ruijs    DE  Perez    (Pierre-Jean-Iiaptiste) ,  rue 

Joseph  II,  26,  à  Bruxelles Si   mars   1891. 

BiERHAN  (A.-E.),  18,  Oudekerksplein,  à  Amster- 
dam (Pays-Bas) 11  avril  1891. 

Lankei.ma (P.),  3,  Choorstraat,  à  Utrecht  (Pays- 
Bas) '      _        _ 


5io 

NOUS   BT   QUALITÉS.  BATli   DE   l'aDMISSIOK. 

MM. 

DE  Gyselaar   (le  chevalier  IVicolas-Cliarles), 

docteur  en  droit,  Arkelstraat  (Gorcum)  .  20  mai    1891. 

VAN     DER    DOES     DE    "V\'"lLLEBOIS     U-E      CHEVALIER 

P.-J.-J.-S.-M.),  bourgmestre  de  la  ville  de 

Bois-le-Duc i"""  juillet  1891. 

Van  Meeuwen  (le  chevalier  P.-Hl.-F.),  vice- 
président  de  la  Cour  d'appel,  à  Bois-le-Duc.  —        — 

DE  Marchévii.le  (Marcel),  ancien  maître  des 
requêtes  au  conseil  d'Etat,  i38,  boulevard 
Haussmann,  à  Paris.        ...  ....  9  juillet  1891. 

AMBROSOLi(Solon),  conservateur  du  cabinet  royal 

des  médailles  de  Brera,  à  Milan —         — 

RiGGAUER  (Hans),  conservateur  en  chef  du  cabinet 
royal  de  numismatique,  Neuhaùserstrasse,  5, 
à  Munich —         — 

BliARCARD  (Louis),  correspondant  de  l'Institut  de 
France,  archiviste  du  département  des  Bouches 
du  Rhône,  rue  Silvabelle,  2,  à  Marseille.    .    .  24  juillet  1891. 

(jENtim  di  RovEMiONE  (le  COMTE  Tarquîiiio),  à 

San-Severino  (Marche),  Itahe 3o  octobre  1891. 

Chaix  (Eugène),  quai  des  Grands  Augustins,  46, 

à  Paris .26  novembre  1891. 

Uadberg  (P.),  conservateur  du  cabinet  royal  de 

numismatique  de  Copenhague,  Danemark.    .  —        — 

HÉNAVi.T  (Maurice),  archiviste  municipal,  place 

d'Armes,  i3,  à  Valenciennes 7  janvier  1892. 

pRESL  (Jeaii),Gumpendorferstrasse,  59,  à  Vienne. 

VI,  Autriche 2  mars  1892. 

Geradts  (J.)  ,  au  château  de  Terwinkel,  à  Poster- 

holt,  lez-Ruremonde  (Pays-Bas) 24  avril   1892. 

Castei>i.ani  (Giuseppe),  à  Santarcangelo  di  Ro- 

magna  (Italie) 14  mai   1892. 


5ii 

NOMS  ET  QUALITÉS.  DATE  DJJ   l'aDMISSION. 

MM. 

Heloring  (O.  g.  h.),  capitaine  d'infanterie,  Lan- 

gesiraat,  3o,  à  Amersfoort  (Pays-Bas)  ....  21  mai  1892. 

ViTAMNi  (le  CHEVALIER  Ortenslo),  via  Vittoria,  81, 

à  Rome 2  juin  1892. 

DE  Casteixane  (le  comte),  rue  de  Villersexel,  5, 

à  Paris     ........  7  juin  1892. 

QuiNTAno  (LéopohI),  rue  St-Michel,  3o,  à  Nancy.  28  juin  1892. 

Sagnier  (Alphonse),  docteur  en  droit,  rue  Petite 

Saunerie,  17,  Avignon  (Vaucluse),  France.    .  11  juillet  1892. 

,  Maignien   (Edmond),  conservateur  de  la  biblio- 
thèque de  Grenoble,  à  Grenoble  (Isère),  France.  —         — 
Ruijs  DE  Perez  (Willie),    rue  Joseph   II,    17, 

à  Bruxelles 22  août  1892. 

RuGGERO    (Gluseppe),   colonel   commandant    le 

9«  régiment  des  Bersaglieri,  à  Florence  (Italie).  14  septembre  1892. 
IVERSEN   (Jules),  conseiller  d'État,   conservateur 

en  chef  du  cabinet  des  médailles  au   Musée 

impérial  de  l'Ermitage,  à  Saint-Pétersbourg.      25  octobre  1892. 
SvoRONOs  (Jean-N.),  directeur  du  Musée  national 

de  numismatique,  21,  rue  Kolletis,  à  Athènes.  25  novembre  1892. 
Uai'PAPORT     (Edmond),    banquier,    Hallesche 

strasse,  18,  à  Berlin 28  novembre  1892. 

Troutowski  (W.), secrétaire  général  de  la  Société 

impériale   d'archéologie    et   président    de   la 

Société    de   numismatique  de   Moscou   (Ber- 

sénewka),  à  Moscou 12  décembre  1892. 

Stenersen  (le  Dr  L.-B.),  directeur  du  cabinet  des 

médailles  de  l'Université,  à  Christiania  (Nor- 

wège)  ...        _  _ 

Hoffmann  (Henri),  rue  Benouville,  n,  à  Paris.    i5  décembre  1892. 
Marvin  (W.-T.-R.),  directeur  de  The  American 

Journal  of  ninnismatics,  Fédéral  street,  -j'i,  à 

Boston  (Massachusetts),  U.  S 26  janvier   i8q3. 


5  12 

NOMS  ET  QUALITÉS.  DATE  DE  L'ADMISSION- 

MM. 

DiûsiNC  (Prof.  D'  Adalbert),  à  Quedlinburg.  .   .       26  janvier  i8g3. 

BORDEAL'X  (Paul),  avocat,  98,  boulevard  Maillot, 

à  Neuilly  s/Seine,  France 21  février  i8g3. 

VON  HOFKEN  VON  HaTTINGSHEIM  (lE CHEVALIER  R.), 

directeur  de   l'Archiv  fur  Bracteatenkunde , 

Feldgasse,  35,  à  Vienne  (Autriche) 22  février  iSgS. 

Ter  Gouw  (J.-E.),  Koningsstraat,  38,  àHilversum 

(Hollande  septentrionale),  Pays-Bas 25  février  1893. 

ZwiERziNA  (W.-R.-F.),  receveur  de  l'enregistre- 
ment et  des  domaines,  à  Ossprès  Bois-le-Duc.  18  juin  1893. 

Barbey  (Maurice),  cliâteau  deValleyres  (par  Orbe), 

canton  de  Vaud  (Suisse) 20  juin  1893. 

Oettinger  (Si^i^mund),  professeur,  membre  de  la 
Société  américaine  de  numismatique  et  d'ar- 
cliéologie,  107,  East  45th  Street,  New- York.  .         12  janvier  1894. 

de  Dompierre  de  Cha€Fepié(D.-H.-J.),  directeur 
du  cabinet  royal  de  numismatique ,  rue  de 
Java,  70C,  à  La  Haye 17  mars  1894. 

Bahrfeldt  (docteur  Emile),  Tempelhofer,  Ufer 

3a,  à  Berlin 28  mars  1894. 

ROSA  (A.Iexandre),  président  de  la  Junta  de 
numismatica  americana,  5^3,  Galle  Péru, 
à  Buenos-Aires n  mai  1894. 

Vam  Eeghen  '(Clir.  J.),  bourgmestre,  à   Putten 

(Veluwe),  Pays-Bas 19  juin  1894. 

van  Meeuwen  (le  chevalier  Pierre-Louis),  Ter- 

w^eepark,  4,  à  Leyde  (Pays-Bas) 21  juin  1894. 

Speelman  (chevalier  M.-H!),  Schotersingel ,  11 , 

àHarlem 28  juin  1894 

Van  der   Crab  (A.-J.-E.),   Bezuidenhout,  63^, 

à  La  Haye 4  octobre  1894. 


5r3 

irOMS  ET  QUALITÉS.  DATE  DE  L'ADMISSION. 

MM. 

Derome  (Cil.),  notaire  à  Ribemont(Aisne),  France.     28  octobre  1894. 

Vaw  Lanschot,  avocat,  Kruisstraat,  à  Bois-le-Duc.    3  décembre  1894. 

Kleinschiuidt  (docteur  Arthur),  professeur  à 
l'Université,  20,  Untere  Neckkarstrasse,  à 
Heidelberg 5  janvier  1895. 

FREDZE.SS  (W.-.T),  étudiant, Zoutmansstraat,  19, 

à 's  Gravenhage 21  janvier  1896. 

Grossel  (Arsène),  Grand'Place,   20,  à  Bergues 

Saint- Winoc  (Nord),  France i3  mai  1895, 

Sassew  (Auguste),  notaire  à  Helmond  (Pays- 
Bas)     20  septembre  1895. 

MuBARER  Ghalib  Bey,  fonctionnaire  à  la  Dette 

publique  ottomane,  à  Constantinople  ....         9  janvier  1896. 

Tachella  (M.-D.-E.),  conservateur  du  cabinet  des 

médailles,  au  Musée  national,  à  Sophia.    .    .         25  février  1896. 

Beelaerts  van  BrOKLAND  (le  chevalier),  mem- 
bre de  la  2"  chambre  des  Etats  Généraux, 
62,  Koninginnegracht,  à  La  Haye 19  avril  189G. 

Hess   (Adolpli),  Nachfolger,  Westendstrasse,  7, 

à  Frankfurt  a/M     . 21  avril  189G. 


BUREAU  DE  LA  SOCIÉTÉ  PENDANT  L'ANNÉE   1897  : 

Président  d'honneur  à  vie  :  .ligr  le  chanoine  baron  Félix  Bktuvne. 

Président  : M.  le  vicomte  B.  de  Jowghk. 

Vice-Président  :     ....  m.  le  comte  Th.  de  E.iiiibi;bg-<^tiri;m. 

Secrétaire  : »I.  X. 

Bibliothécaire  : «W.  A.  de  %Vitte. 

Trésorier  : M.  Ani.  db  Uoismart. 

Contrôleur  : M.  Éd.  Vanden  Broeck. 


COMMISSION  DE  LA  REVUE  PENDANT  L'ANNÉE  1897  : 

MM.  le  vicomte  B.  de  Joivghe. 

le  comte  Th.  de  Limrurg-Stirijm. 

A.    DB    IViTTE. 


5i4 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  NUMISMATIQUE. 


LISTE  DES  OUVRAGES  REÇUS  PENDANT  LE  3«  TRIMESTRE  1896. 


Avis  important  :  re»  publicationni  et  len  dons  ileNtiiiéH  à 
la  Société  doivent,  sans  exception,  être  adressés  à  ill.  Alph. 
de  IrYitte,  liibliotliéealre  de  la  Société  royale  «le  nnniisnia- 
tlque,  Palais  des  Académies,  à  llruxelles. 


Ouvrages  périodiques. 

Allemagne.  —  Blâtter  fur  Mûn^freunde,  n"s  211  à  2i3,  pi.  I25.  — 
Numismatisches  Literatur-Blatt,  n^s  gi-g2.  —  Niimismatisch  sphra- 
gistischer  Ani^eiger,  1896,  n^s  1  à  6.  —  Berliner  Mûn:{blâtter, 
n"s  182  à  184. 

Amérique.  —  American  Journal  of  nuynismatics,  t.  XXX,  1104; 
t.  XXXI,  no  1. 

Angleterre.  —  Monthly  numismatic  Circular,  n^s  43  à  45.  —  The 
Numismatic  Chronicle,  1896,  part.  I  et  II. 

Autriche-Hongrie.  —  Archivfûr  Bracteatenkunde,  Band  III,  liv.  9 
à  1 1 .  —  Mittheilungen  des  Clubs  der  Mûn:{-  iind  Medaillenfreunde 
in  Wien,  nos  ya  à  74.  —  Monatsblatt,  n^^  1 54  à  1  Sj  —  Ntimismatiscke 
Zeitschrift,  t.  XXVII.  —  TFiadomosci  niimi^matyc^no  archeolo- 
gic:^ne,  n»  28.  —  Wy-  Dawnictwo  Academii  umiejetnosci  w.  Kra- 
koivie,  wiek  XIV. 

Belgique.—  Académie  d'archéologie  :  .<4«Ha/es,  t. XLIX,  2e  livraison; 
Bulletin,  n°  XXVII.  —  Bulletin  de  l'Académie  royale,  1896,  liv.  4 
à  6.  —  Bulletin  du  Cercle  historique  et  archéologique  de  Gand, 
t.  IV,  no  2.  —  Annales  de  la  Société  d'Archéologie  de  Bruxelles, 
t.  V,  liv.  III  et  IV.  —  Revue  bibliographique  belge,  1896,  n"'  5  à  6. 
—  Congrès  de  Tournai  :  Compte-rendu  des  travaux.  —  Annales  de 
la  Société  archéologique  de  Nivelles,  t.  VI,  ire  livraison. 

Vrance.  —  Revue  numismatique,  1896,  2«  trimestre.  ~  Annuaire  de 
la  Société  française  de  numismatique,  1896,  liv.  2  et  3.  —  Anti- 


5iS 

quaires  de  France  :  Bulletin  et  Mémoires,  années  iSgS;  Tables  des 
années  1807  à  188g.  —  Publications  de  la  Société  archéologique  de 
Montpellier,  2«  série,  n°  2.  —  Bulletin  de  la  Société  archéologique 
de  Tarn  et  Garonne,  t.  XXII  et  XXIII.  —  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  du  midi  de  la  France,  no  16.  —  Bulletin  delà  Société 
des  antiquaires  de  Picardie,  année  i8g5,  n°s  2  et  3.  —  Académie 
d'Hippone  :  Compte-rendu,  fin  iSgS;  idem,  1896,  pp.  i  à  vni.  — 
Société  archéologique  de  l'Orléanais  :  Mémoires,  t.  XXVI,  avec  atlas  ; 
Tables  des  mémoires  et  Bulletins  des  années  18^8  à  1894.  —  Poly- 
biblion,  partie  litttéraire,  t.  LXXVI,  liv.  5  et  6,  t.  LXXVII,  liv.  1  ; 
partie  technique,  t.  LXXVIII,  liv.  5  à  7. 

Italie.  —  Rivista  italiana  di  numismatica,  1896,  t.  IX,  fasc.  I. 

PayN-Bas.  —  Tijdschrift  van  het  nederlandsch  Genootschap  voor 
munt-  en  penningkunde,  t.  IV,  3^  livraison. 

Portugal.  —  O  Archeologo  Portugues,  vol.  II,  n°s  2  et  3. 

i^nèdc.  —  Numismatiska  Meddelunden,  n°  XIV. 

Ouvrages  non  périodiques. 

Ambrosoli.  —  Umberto  Rossi  :  In  memuriam.  Milano,   1896,  grand 

in-80,  20  pages,  vignette.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Daremberg  et  Saglio.   —    Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et 

romaines,  fasc.  22.  (Hommage  des  auteurs.) 
DE  Barthélémy  (A.).  —  Note  sur  l'origine  de  la  monnaie  tournois. 

Paris,  1896,  in-40,  14  pages.  {Hommage  de  l'auteur.) 
DE  JoNGHE  (Vte  B.).  —  Un  denier  inédit  de  Pépin-le-Bref.  Bruxellt  s, 

1896,  in-80,  4  pages,  vignette.  {Hommage  de  l'auteur.) 
De   Munter.  —  La   numismatique  du  jubilé   de  saint  Rombaut  à 

Matines  en  1775.  Bruxelles,  1896,  in-80,  i5  pages,  2  vignettes.  (Hom- 
mage de  l'auteur.) 
DE  Renesse  (Qe  T.).  —  Dictionnaire  des  figures  héraldiques,  t.  III, 

3®  fascicule.  (Envoi  des  éditeurs.) 
DE  WiTTE  (Alph.).  —  Le  développement  de  la  science  numismatique 

en  Belgique,  i83o-i895.  Anvers,  1896,  in-80,   10  pages.  (Hommage 

de  l'auteur.) 
Geigy.  —  Gedruckte  Schwei^er.  Mûn:^mandate.   Basel,  1896,  in-8'', 

120  pages,  planches.  (Hommage  de  l'auteur.) 
Joseph  et  Fellner. —  Die  Mûn^en  von  Frankfurt-am-Main,  2  parties, 


5i6 

gr.  in-8°.  Frankfurt-am-Main,  1895  et  1 896, 680  pages  et  yS  planches. 

{Hommage  des  auteurs.) 
Maxe-Werlv.  —  Un  sculpteur  italien  à  Bar-le-Duc  en  1463.  Paris, 

1896,  in-8°,  11  pages.  {Hommage  de  l'auteur.) 
PiETTE.  —  Etudes  d'ethnographie  préhistorique.  Paris,   1896,  in-8°, 

24  pages,  vignette.  {Hommage  de  l'auteur.) 
Snoeck  (Chev.). —  Twee  gouden-bruiloftspenningcn  van  de  familie 

de  Jong  van  Beek  en  Donk.  Amsterdam,  1896,  in-80,  G  pages,  1  pi. 

—  Deux  jetons  pour  les  noces  d'or   de  Simon  van  den  Bergh. 

Bruxelles,  1896,  in-8°,  3  pages.  {Hojnmage  de  l'auteur.) 
Stenersen.  —  Myntfundet  fra  GroesUd  i   Thydalen.    Christiania, 

1881,  in-40,  74  pactes,  VII  planches.  —  Om  et  myntfund  fra  Ims- 

land  i  Ryfylke.  Christiania,    1889,  in-8'',  i3   pages,    1  planche.  — 

Om  et  myntfund  fra  Helgeland  i  /fo/e.  Christiania,  1893,  gr.  in-80, 

32  pages  et  IV  planches. 

Ouvrages  anonymes  et  catalogues. 

La  circulaire  numismatique  tiniverselle,  n^s  i5-i6.  —  Numismatischer 
Verkehr,  1896,  n°^  5  et  6. —  Marchio  et  Mayer,  Catalogo  di  monete 
antiche,  n°  9.  —  Numismasiisches  Offerten-Blatt,  n°s  36  à  38.  — 
Catalogue  Wormser,  n"s  4  et  5. —  Catalogue  Baer,  livres  de  numis- 
matique. —  Collection  Dumoulin;  Collection  van  Ende.  {Envoi  de 
M.  Bom.)  —  Catalogue  TFeigel,  livres  de  numismatique.  —  Cata- 
logue Cahn,  n°  14.  —  Catalogue  Schulman,  n»  XXXI.  —  Numis- 
matische  Correspo7iden^,  n°s  i5i  à  154.  —  Auktions  Katalog,  de 
Wevl,  n°  143.  —  Collection  G.  de  L.;  Collection  de  la  marquise 
de  X.,  3  planches;  Collection  Lucien  R.;  Collection  Victor  M.; 
Collection  Courtin,  2  planches.  {Envoi  de  M.  R.  Serrure.) 


CABINET  NUMISMATIQUE. 


Don  de  M.  A.  de  Witte. 
Pieter  d'or  de  Philippe  le   Bon,  frappé  à   Valenciennes.  —    Pièce 
de  120  grammi  de  Ferdinand  II,  roi  des  Deux-Siciles,  i852. 

Jeton  de  présence  à  l'assemblée  générale  du  19  juillet  1896. 
Soit  en  tout  :  deux  monnaies  et  un  jeton. 
Bruxelles,  le  11  août  1896. 

Le  bibliothécaire-conservateur  des  collections, 
Alphonse  de  Witte, 


TABIE  DES  MATIERES. 


mkhioires. 

Trois  monnaies  liégeoises  inédites,  par  M.  le  Vte  B.  DE  JoNGHE.    .         5 
Restitution  d'un  florin  d'or  à  Goedard,  seigneur  de  Heijden,  par 

M.  J.  SCHULMAN 8 

Histoire  numismatique  du  Barrois  {huitième  et  dernier  article), 

parM.L.  Maxe-Werly 17 

Les  monnaies   frappées  à  Avignon  durant  la  vice-légation  de 

Mazarin  (1634-1637),  par  M.  R.  Vallentin 43 

Quelques  sceaux,  jetons  et  armoiries  concernant  les  corporations 
de  médecins,  chirurgiens,  barbiers  aux  xvne  et  xvni»  siècles,  par 

M.  J.  Chautard 78 

Sceau,  médailles  et  insignes  des  anciennes  corporations  armées 

de  la  villede  Hasselt,  par  M,  le  D""  G.  Bamps 92 

Le  Florin  dit  «  Strampraidsche  Gulden  »,  par  M.  Th. -M.  Roest.       gg 
Un  manuscrit  de  Peiresc  du  muséum  Meermanno  Westhrenia- 

numà  la  Haye,  par  M.  DE  DoMPiERRE  DE  Chaufepié 107 

Untriensmérovingieninédit,  frappé  à  Huy,  par  M.  Fréd.  Alvin.     i53 
Monnaies   contremarquées  à  Ypres   par  le  seigneur  de   Mar- 
quettes, superintendant  du  quartier  d'Ypres  (i582-i583),  par 

M.  le  Vte  B.  DE  Jonche 162 

Recherches  numismatiques  [troisième  article),  par  M .  A.  de  Witte     1 69 

Pièces  rares  ou  inédites,  par  M.  G.  GuMONT 188 

Une  médaille  liégeoise  inédite,  par  M.  LÉON  Naveau 2o3 

Méreau  gravé  de  la  vieille  gilde  des  arbalétriers  de  Bois-le-Duc 

(1680),  par  M.  le  Jonkheer  M.  A.  Snoeck  .    .    .    • 2u 

Un  denier  inédit  de  Pépin  le  Bref  (752-768),  par  M.  le  V*e  B.  de 

JoNGHE 261 

Année  i8q6.  33 


5i8 

Monnaies    des    comtes  de  Limburg-sur-la-Lenne,    par  M.   le 

Qe  Thierry  de  Limburg-Stirum      ...     - 205 

Quelques  monnaies  rares  ou  inédites  de  la  principauté  d'Orange, 

par  M.  Laugier     , 291 

La  numismatique  du  jubilé  de  Saint- Rombaut  à  Malines  en  1775, 

par  M.  Victor  De  Munter 298 

Le  nom  de  Jésus  employé  comme  type  sur  les  monuments  numis- 

matiques  du  xv»  siècle,  principalement  en  France  et  dans  les 

pays  voisins,  par  M .  J.  Rouyer.     . 3i3 

Poids  antiques  autonomes  de  Tomis,  par  M.  Michel  C.  Soutzo.  389 
Un  denier  à  tête  de  Louis  le  Débonnaire  frappé  à  Trévise,  par 

M.  le  D"^  J.  SiMONis 394 

Six  monnaies  liégeoises  inédites,  par  M.  Léon  Naveau 397 

Un  esterlin  au  type  anglais,    frappé  par  Renard   de  Schônau 

comme  engagiste  des  a  comtés  »  de  Durbuy  et  de  La  Roche, 

par  M.  le  V^^  B.  de  Jonghe 407 

Monnaies  des  comtes  de  Limburg-sur-la-Lenne  {deuxième  article), 

par  M.  le  C*»  Th,  de  Limburg-Stirum 3 14 

Médaille  du  comte  et  de  la  comtesse  du  Nord,  dite  médaille  des 

princes  russes,  gravée  par  Van  Berckel  en  1782,  par  M.  A. 

DE  WiTTE 433 

Le  nom  de  Jésus   employé  comme  type  sur  les  monuments 

numismatiques  du  xv«  siècle,  principalement  en  France  et  dans 

lespays  voisins  {deuxième  article),  par  M.  J.  RovYER  ....     439 


NECROLOGIE. 

M.  Butor,  par  M.  A.  DE  WiTTE 216 

Edmond  Vanderstraeten,  par  M.  V.  De  Monter 216 

Ghalib  Edhem  Bey,  par  M.  A.  de  Witte 218 

M.  Adrien-Juste  Enschedé,  par  M.  G.  CuMONT 347 

lflÉLA]\GES. 

Une  expertise  de  monnaies  à  Anvers  en  1678,  par  M.  F.  Donnet. 
—  Subside  accordé  par  la  Chambre  des  députés  de  l'île  de  Crète 
à  M .  Svoronos  pour  la  publication  de  la  seconde  partie  de  la 


5rQ 


Numismatique  crétoise  ;  note  par  M.  A.  de  Witte.  —  Peintre 
de  faux  monnayeurs,  par  M. F.  Mazerolle. —  Monete  Romane, 
par  M.  F.  Gnecchi;  compte  rendu  par  M.  A.  de  Witte.  —  La 
vente  des  monnaies  de  la  trouvaille  de  Niel,  par  M.  G.  Cumont. 

—  Démission  de  ses  fonctions  au  cabinet  national  des  mé- 
dailles de  M.  A.  Blanchet;  note  par  M.  A.  de  Witte.  — 
Annonce  de  la  publication  d'une  histoire  numismatique  du 
Dauphiné  par  M.  R.  Vallentin;  note  par  M.  G.  Cumont.  — 
Trouvaille  de  monnaies  romaines  à  Jupille,  par  M.  le  D^  Simonis. 

—  Tableau  de  l'augmentation  de  la  valeur  des  espèces  d'or 
depuis  1489  jusqu'à  1749,  par  M.  G.  Cumont.  —  Proposition 
de  frapper  des  espèces  de  cuivre  à  Namur,  au  temps  de  l'em- 
pereur Charles  VI,  par  M.  A.  de  Witte.  —  La  date  du  décès 
de  Théodore  Van  Berckel,  par  M.  G.  Cumont.  —  Albert 
de  Saxe-Teschen  et  Marie-Christine,  collectionneurs  de  mé- 
dailles, par  M.  A.  de  Witte.  —  Trouvaille  de  Lokeren,  par 
M.  G.  Cumont.  —  Réponse  à  une  question  posée  par 
M.  G.  Cumont;  note  parM.  A.  de  Witte.—  Visite  du  grand-duc 
et  de  la  grande- duchesse  Constantin  de  Russie  et  du  prince 
Nicolas  de  Grèce  à  la  Monnaie  de  Paris.  —  Plaque  pour  la 
régie  des  droits  d'entrée  et  de  sortie,  par  M.  A.  de  Witte.  — 
Du  prétendu  monnayage  mixte  de  Dieudonné  d'Estaing, 
évcque  de  Saint-Paul  et  de  Charles  VI,  par  M.  R.  Vallentin;, 
compte  rendu  par  M.  G.  Cumont.  — Sveriges  myni  under 
mideltiden,  par  M.  H.  Hildebrand  ;  compte  rendu  par 
M.  A.  de  Witte.  —  Une  vente  d'aurei  romains  à  Paris,  par 
M.  A.  DE  Witte.  —  Rapport  pour  l'année  1894  de  M.  de  Dom- 
pierre  de  Chaufepié,  directeur  du  Cabinet  royal  des  médailles 
de  La  Haye;  compte  rendu  par  M.  le  Vte  B.  de  Jonghe.  — 
Notizie  storiche  intorno  alla  instituzione  délie  officine  mone- 
tarie  italiane,  par  M.  G.  Caucich  ;  compte  rendu  par  M.  A. 
de  Witte. —  Sommaire  des  publications  périodiques     .     .     . 

Monnaie  de  Bruxelles,  1895.  Fabrication,  par  M.  C.  Van  der 
Beken.  —  Numismatique  malinoise,  par  M.  G.  Cumont.  — 
Chronique  :  Quelques  publications  françaises  récentes,  par 
M.  le  comte  de  Marsy.  —  La  médaille  donnée  àColumbanus, 
par  M.  G.  Cumont.  —  Nouveau  jeton  au  type  de  l'Oranger  de 


?20 

la  famille  de  Langhéac,  par  M.  J.  Chautard.  —  Mûnzge- 
schichte  der  Schweiz  von  L.  Coraggioni;  compte-rendu  par 
M.  A.  de  Witte.  —  Quelques  médailles.  Les  méreaux  des 
pompiers  de  Weesp,  par  M.  J.-E.  Ter  Gouw.  —  Histoire 
de  la  monnaie,  par  M.  W.-A.  Shaw;  compte-rendu  par 
M.  A.  de  Witte. — A  propos  de  l'ange  d'or  de  Jeanne  de  Brabant  ; 
note  par  M,  G.  Cumont.  —  Une  nouvelle  publication  de  la 
maison  Spink  ;  note  par  M .  A.  de  Witte.  —  Deux  jetons  pour 
les  noces  d'or  de  Simon  Van  den  Bergh  et  Elisabeth  van  der 
Wielen,  célébrées  en  novembre  1894,  par  M.  le  Jonkheer 
M.-A.  Snoeck.  —  Appel  de  M.  A.  de  Witte  à  ses  confrères.  — 
Chronique  des  ventes  en  Belgique,  par  M.  A.  de  Witte.  — 
Réponse  à  M.  Cumont,  par  M.  A.  de  Witte.  —  Ajusteurs  jurés 
des  poids  et  balances  aux  Pays-Bas  autrichiens,  par  M.  A.  de 
Witte.  —  Sommaire  des  publications  périodiques 221 

Documents  relatifs  à  F.  Harrewyn  et  à  J.  B.  Marquart,  par 
M.  G.  Cumont.  —  Denier  de  Born  publié  par  M.  A.  de  Witte; 
rectification  par  M.  A.  de  Witte.  —  Droits  d'entrée  et  de 
sortie  sous  Marie-Thérèse,  par  M.  G.  Cumont.  —  Le  mon- 
nayeur  franc  sur  la  monnaie  mérovingienne,  par  M.  Louis 
Blancard;  compte-rendu  par  M.  le  V^e  B.  de  Jonghe.  —  Die 
Mûnzenunter  der  Regierung  seiner  Kais.  u.  Kôn..  Apostolis- 
schen  Majestat  des  Kaisers  Franz-Joseph  I,  etc.  von  Heinrich 
CuBASCH ;  compte-rendu  par  M.  A.  de  Witte.  —  Documents 
relatifs  à  la  médaille  pour  les  représentants  de  Malines  pen- 
dant l'occupation  française  de  1792  à  1793,  par  M.  V.  Hermans; 
résumé  par  M.  G.  Cumont.  —  Sceaux  armoriés  des  Pays-Bas 
et  des  pays  avoisinants,  par  M.  J. -Th.  de  Raadt;  annonce  de 
cet  ouvrage  par  M.  J.  Van  Malderghem  —  Numismatique 
malinoise  :  ateliers  monétaires,  par  M.  V.  Hermans  ;  compte- 
rendu  par  M.  G.  Cumont.  —  Liste  des  sceaux  scabinaux  de 
Malines  de  1445-46  à  1706-07,  par  M.  V.  Hermans;  compte- 
rendu  par  M.  G.  Cumont.  —  Le  prix  Duchalais  est  décerné  à 
M.  de  la  Tour,  bibliothécaire  au  Cabinet  des  médailles  à  Paris 
et  une  mention  spéciale  est  accordée  à  M.  de  Belfort;  annonce 
par  M .  le  Vt^  B.  de  Jonghe. —  M .  J  .Goemaere,  imprimeur  du  Roi, 
se  propose  de  publier  l'Histoire  numismatique  du  royaume  de 


321 

WestphaHe,  sous  le  règne  du  roi  Jérôme-Napoléon,  par  feu 
M.  le  Comte  Maurin  de  Nahuys  ;  annonce  par  M.  A.  de  Witte. 
—  La  monnaie  de  Jovinzieu  ou  Saint- Donat  (894-1025?),  par 
M.  Roger  Vallentin;  compte-rendu  par  M.  G.  Cumont.  — 
Bibliographie  des  travaux  de  l'Yédéric  Soret,  relatifs  à  la 
numismatique;  compte-rendu  par  M.  J.  Mayor.—  Denier 
royal  et  épiscopal  frappé  à  Melle  sous  Charlemagne,  par 
M.  Louis  Blancard;  compte-rendu  par  M.  G.  Cumont.  —  De 
drie  merkwaardige  Schellingen  :  het  Schild,  het  Lam  en  de 
Gulden,  etc.  door  M.  A.  Hollestelle;  compte-rendu  par 
M.  Seeldrayers.  —  Plombs  des  toiles  de  Courtrai  et  de  Menin, 
par  M.  A.  de  Witte.  —  Voyage  de  J.-B.  Marquart  à  Paris, 
pour  l'étalonnement  des  poids  des  monnaies  de  Sa  Majesté 
aux  Pays-Bas,  par  M.  G.  Cumont.  —  Les  casques  francs  sur 
les  monnaies  mérovingiennes,  par  M.  Louis  Blancard; 
compte-rendu  par  M.  le  Vte  B.  de  Jonghe.  —  Notes  sur  l'ori- 
gine de  la  monnaie  tournois,par  M.  A. de  Barthélémy;  compte- 
rendu  par  M.  A.  de  Witte.  —  Chroniques  des  ventes  en  Bel- 
gique, par  M.  A.  de  Witte.    —   Sommaire  des   publications 

périodiques 849 

Refrappe  d'anciennes  monnaies  pour  l'exportation;  note  par 
MM.  E.  Vanden  Broeck  et  A.  de  Witte,  —  Concours  de 
médailles;  communiqué  par  M.  E.  Vanden  Broeck.  —  Un 
sculpteur  italien  à  Bar-le-Duc  en  1463,  par  M.  Maxe-Werly; 
compte  rendu  par  M.  A.  de  Witte.  —  Monnaie  obsidionale  de 
Maestricht;  note  par  M.  J. -Adrien  Blanchet.  —  M.  Charles 
Dupriez  entreprend  la  publication  d'une  Galette  numisma- 
tique; annonce  par  M.  A.  de  Witte.  —  Gedruckte  Schweizer 
Mûnzmandate,  par  Alfred  Geigy;  compte  rendu  par  M.  Seel- 
drayers. —  Les  monnaies  romaines,  par  Adrien  Blanchet  ; 
compte  rendu  par  M.  A.  Witte.  —  Catalogue  des  monnaies 
antiques  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier,  dressé 
par  M.  Bonnet;  compte  rendu  par  M.  A.  de  Witte.  —  Une 
médaille  brugeoise;  note  par  M.  É.  Vanden  Broeck.  —  Les 
trouvailles  de  Graeslid,  d'Imsland  et  d'Helgeland,  par  M.  Ste- 
NERSEN;  note  par  M.  A.  de  Witte,  —  Die  Mûnzen  von  Frank- 
furt-am-Main  nebst  einer  mûnzgeschichtlichen  Einleitung  und 


522 

mehreren  Anhàngen,  von  Paul  Joseph  und  Eduard  Fellner; 
compte  rendu  par  M.  F.  Alvin.  —  The  mémorial  of  Edward 
Jenner.  par  H.  Storer  ;  compte  rendu  par  M.  A.  de  Witte.  — 
Les  monnaies  des  ducs  de  Bourgogne,  par  Ed.  de  Luze  ;  compte 
rendu  par  M.  A.  de  Witte.  —  Un  nuovo  grosso  di  Gio  Antonio 
Falletti,  par  O.  Vitalini ;  compte  rendu  par  M.  A.  de  Witte.  — 
Chronique  des  ventes  en  Belgique,  par  M.  A.  de  Witte.  — 
Communiqué  de  la  direction  de  la  Revue.  —  Sommaire  des 
publications  périodiques 460 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  nuiaisMATiQUE.   —  Extraits  des  procès - 

verbaux  : 

Réunion  du  bureau  du  21  septembre  i8q5 148 

Réunion  du  bureau  du  9  janvier  1896 255 

Réunion  du  bureau  du  25  février  1896 255 

Réunion  du  bureau  du  18  avril  1896 879 

Assemblée  générale  tenue   à  Namur,  le  19  avril  1896,  au  musée 

de  la  Société  archéologique  de  cette  ville 879 

Réunion  du  bureau  du  21  avril  1896 385 

Liste  des  ouvrages  reçus 149,  256,  386,  5i4 

Cabinet  numismatique .  1 5 1,  260,  388,  5 16 

Assemblée  générale  ordinaire  du  19  juillet  1896 482 

Liste  des  membres  de  la  Société  au  le""  octobre  1896  ....  498 

Bureau  de  la  Société  pendant  l'année  1897.      .  .      .      .      .  5i3 

Commission  directrice  de  la  Revue  pendant  l'année  1897.     .      .  5i3 

Table  des  matières 5i7 

Table  des  planches 523 


523 


TABLE  DES  PLANCHES  ET  DES  FIGURES, 

AVEC  nENVOr  AUX  PAGES  OÙ  ELLES  SONT  EXPLIQUÉES. 


Numéros       Numéros 

des  des 

figures.  pages. 


Planche  I. 


5., 

6. 

7- 
8. 


5i 
56 
63 
65 
67 
68 
70 
70 


Planche  II. 


86 
88 
89 

87 
89 
90 
91 


Planche  III. 

1 94 

2 97 

3 97 

4 97 

5 97 

6 98 


Numéros       Numéros 

des  des 

fîgures.  pages 


Planche  IV. 


169 
173 
175 
178 
179 
182 
i83 


Planche  V. 


188 
190 
190 
192 
196 
197 
200 
201 


Planche  VI. 


2 
3 

4 
5 
6 

7 
8 


4-. 
5. , 
6. 

7  • 
8. 


273 
276 
277 
280 
280 
280 
278 
282 
282 
282 


Vuméros 

des 
figures. 


Numé^o^ 

des 

pages. 


Planche  VII. 

Il 284 

12 288 

i3 288 

14 288 

i5 289 

16 289 

17 289 

18 289 

19..   ..  289 

20 290 

21 290 

22 290 

Planche  VIII. 


291 

292 

294 
206 


Planche  IX. 

1 339 

Pour  les  nos  2, 
3,  4  et  5  voir 
l'année  1897. 

Pla.nche  X, 


J90 
3go 


Numéros 

des 
6gures. 

3.... 
4... 


Numéros 

des 

pages. 


090 
393 


Planche  XI. 

1 398 

2 399 

3 399 

4.   . . . .  400 

5 404 

6 404 

7 •  4o5 

Planche  XII. 

23 4'4 

24 414 

25 415 

26 415 

27 416 

28 424 

29 •  424 

3o 424 

3i 425 

32 42g 

33 425 

34 429 

35 43o 

36 43 1 

Planche  XIII. 

6 439 

7 457 


RETOE  BELGE  DE  NUMSMHTIQUE 


S-liivalette^dBl' (i^sculp' 


EEVUE  BELGE  DE  NUWSMTIQUE,  1896 


PL.  Il 


G^.  Uavalette  ,  Sel!  âç  ^culpî 


EE'^AJE  BELGE  DE  NUMIsMlICp.  1896- 


PL  m 


C^-Livalette,  del'à  ^cu^' 


REVUE  BELGE  D. 


&. Ifds^htte ^  iel'^Srficdlp' 


KEVUE  BELGE  DE  NJJMlSMilTIOUE  1896 


PL.V. 


Q ■  Ls^rsihtte .  iel^  é^  Scujpf 


REVUE  BELOE  DE   NUMISMiiTIQUE,  : 


PL  VI 


Thierry  II 


Thierry  III 


a 

HT 


fo 


M 


ffj 


Thierfiyiv 


'j  Lr/slettc,  âeV  &  ^ci'&i.' 


REVUE  BELGE  DE   NU7/SIS24RTIQUE,  1896 


PL.  VII 


Guillaume  i 


/Cf5!Ej%.    1^ 


Q.L.avahch^  de!^  6^  sculp  ^ 


REVUE  BELGE  DE  lUMISMHTIQUE. 


PL  VIII 


h^^xhtr , 


î^  i,a:v4lette ,  scalj' 


REVUE  BELGE  DE  l^IFiISMRTIQUE 


PL.  IX 


^ .  I{3vâlttte ,  del'^  sculp^ 


KhVUE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE  1896. 
N?    1 


PL.X 


N»  4 


poids:  212,2  fr 


Q Ifaydette,  dé'é^sa^f 


REVUE  BELGE  DE  NUMISMATIQUE  1896 


PL.  XI. 


Q.  Ifêoralette,  dePée  sclSp. 


:,ïï  BELGE  DE  UUMISMF.TIOUE   1896 


PL.XJI 


r^TT 


•UILLAUME  I   C Suite  ) 


(^lavéHeae.  iel'  é^  scalp' 


EEVUE  BELGE  DE  MMISMRTIQUE  1896 


PIXUI 


Q .Uayelettu ,    àtl"  ^  5cuZj;* 


TABLE  ALPHABIÎTIOUE 


DES 


mm  ÏOiOMES  COMPOSANT  LES  TROISIÈME  ET  OMTRIlME  SlEIES 


REVUE  NUMISMATIQUE 

(4857-1868) 
Par  Alexandre  PINCHART 

CHEP   DE  BECIION   AUX  AKCHIVBS   GÉNÉEAIES   PU   ROYAUME,   MEMBRE    DE   LA    SOCIÉTÉ 
KOYALE   DE   NUMISMATIQUE    BELGE,    ETC. 


BRtrX.EX.LES,  187S 


Pour  recevoir  la  table,  il  suffît  d'adresser  un  bon  de  poste  de 
5  francs  à  M.  Ed.  Vanden  Broeck,  trésorier  de  la  Société  royale 
de  numismatique,  rue  dn  Commerce,  50,  à  Bruxelles.  11  en  est  de 
même  pour  la  table  des  années  1842-1856, 

On  peut  aussi  souscrire,  dès  à  présent,  à  la  table  des  années 
1869-1892  (en  préparation)  au  prix  de  10  francs. 


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Hevue  belge  de  numismatique 
et  de  sigillographie 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
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UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY 


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