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REVUE BELGE
DE
NUMISMATIQUE
SOUS LIS AUSPICES DE LU SOGIBÊ ROYALE DE NUMISMATIOUE.
1896. — CINQUANTEDEUXIÈME ANNÉE.
mWM
BRUXELLES,
J. GOEMAERE, IMPRIMEUR DU ROI.
T^ue de la Limite, 1 1 .
1896
Mf^E^'
^^^M
REVUE BELGE DE NUMISMATIQUE.
REVUE BELGE
DE
NUMISMATIQUE,
DIRECTKURS : MM. le Vf B. de JONGHE, G. CUMONT tx A. dk VVITTE.
189e
CINQUANTE-DEUXIÈME ANNÉE.
BRUXELLES,
J. GOEMAERE, IMPRIMEUR DU ROI,
'T^we de la Limite, 21.
1896
3 l( ,_ JU! 1 u I97Q
REVUE BELGE
DE
NUMISMATIQUE
TROIS MONNAIES LIÉGEOISES INÉDITES.
I. Droit. Buste de profil adroite.
Devant le buste, une crosse.
L^^^w^é : •S-LA(NBERT)VS.
Rev. Bâtiment avec trois tours et porte centrale
au fond d'une enceinte emmuraillée.
Légende : LE— (G)— lA (i).
Argent. Poids : og'',72. Notre collection.
Ce curieux denier, dont l'attribution est certaine,
est resté inconnu au baron de Chestret de Haneffe.
Il semble être contemporain du denier de Huy, au
buste de Saint-Domitien, figuré sous le n" 21.
dans le bel ouvrage de cet auteur: Ninnismatique de
Liège et de ses dépendances. Les deux pièces sont du
même module et ont entre elles un air de famille
incontestable. Les poids même devaient concor-
der, si l'on tient compte qu'il manque un morceau
(1) L'E de LEGIA, qui peut paraître douteux sur la vignette, est
absolument certain sur notre denier.
assez conséquent au denier de Huy, connu à un
seul exemplaire.
2. Droit. Armoiries de George d'Autriche,
prince-évêque de Liège, remplissant le champ. Ces
armes sont : écartelé, au i et au 4, de gueules à la
fasce d'argent {Autriche)] au 2 et au 3, d'or au lion
de gueules [Habsbourg).
Légende : ^ GEORGIVS + AB -r AVSnHRIA
+ DE(I -!- GR)A.
Rev. Croix ancrée, ornée, coupant la légende et
cantonnée de deux (A)? et de deux perrons. Dans
le centre évidé de la croix, une étoile (?).
Légende : EPS + LE — OD + DV(îv) — BVIjL(O)
-' GO -V LOS — .
Billon blanc. Poids : ie'",2o. Notre collection.
Ce demi-patard (?), qui est légèrement ébréché,
paraît être, à cause de la forme ancienne des
lettres de la légende, le demi-patard évalué dans
le cri de 1545, tout au commencement du règne de
George d'Autriche. Le baron de Chestret donne,
sous les n°^ 479 et 480 de son livre précité, deux
patards et, sous le n" 481, un quart de patard, qui
paraissent, tous trois, être contemporains de notre
pièceetfai repartie, avec elle, d'une mêmeémission.
3. Droit. Écusson découpé et orné de l'évêque
Robert de Berghes. L'écu est coupé : au i, parti : a.
de sable au lion d'or armé et lampassé de gueules
[Brabant), 6. d'or à trois pals de gueules {Berthottt);
au 2, de sinopleàtroismâcles d^Rrgent {Bautersem).
L'écusson est surmonté d'un heaume couronné
avec lambrequins, ayant pour cimier une tête
d'âne (?) entre deux jambières. Aux côtés de
l'écu : 15-58.
Légende : ROBERTVS hc A * BER — EPS *
LEO' * D' * B' * C * LOS' — .
Rev. Double aigle impériale couronnée.
Légende : FERDINANDVS * ELEC % ROM' %
IMP * SEP' * AV — .
Argent. Poids : i4S''.34. Notre collection.
Ce rarissime demi-daeldre n'a pas été connu du
baron de Chestret, qui a donné le daeldre au même
type sous le n° 5o4 de son ouvrage. Il dit, avec rai-
son, que ces pièces pourraient bien avoir été
frappées à Hasselt, en vertu de la commission de
waradin de cet atelier, donnée, le ig août i558, à
Jean van Honycke.
V** Baudouin de Jonghe.
RESTITUTION D'UN FLORIN ffOR
GOEDARD (GOTHARD), SEIGNEUR DE HEIJDEN.
M. Piot nous a donné dans la Revue belge de
7iumisinatique, tome V (1849), un intéressant Essai
sur les monnaies des seigneurs de Heinsberg, et a
attribué, à Godefroid III, un florin d'or au type de
Florence, gravé planche VIII, figure 14. Voici le
dessin et la description d'un second exemplaire de
cette rare monnaie.
>}< S. lOHA — NNES B. ^ Saint Jean debout
de face, nimbé.
Rev. ►î< G0G:D — I^SIDS:. Grande fleur de lis.
L'auteur du catalogue de la collection Michiels
van Verduynen, dans laquelle se trouvait l'exem-
plaire unique de ce florin d'or, l'a également attri-
bué à Godefroid III, de Heinsberg, ainsi que mon
ami M.Paul Joseph, dans son Uebersicht der Gold-
gulden vom Florentiner Gepràge [Anhang zum Bret-
zenheimer Goldguldenfunde) .
J'ai eu, dernièrement, la bonne fortune de faire
l'acquisition du florin d'or en question, et quoique
la remarque de M. Piot « qu'il paraît que les gra-
veurs de ces monnaies (de Heinsberg) n'étaient
pas forts sur l'orthographe » se trouve confirmée,
un examen attentif du florin d'or au point de vue
de la gravure et notamment de celle de ses lettres
très soignées, prouve que le graveur devait être un
ouvrier de premier ordre. Il faut donc être étonné
qu'on ait classé, jusqu'à ce jour, cette pièce avec
la légende GOSD b^eiIDS, d'un travail si bon,
parmi les monnaies des seigneurs de Heinsberg.
Je vais essayer de restituer cette rare monnaie à
son véritable auteur, Gothard de Heijden, voisin
et allié des seigneurs de Heinsberg.
Le professeur P. O. van der Cbijs, dans son
ouvrage célèbre : De Munten der leenen van de voor-
malige Hertogdonwien Braband en Limburg, enz,
nous donne quelques notes sur la seigneurie de
Heijd ou Terheijden et Blijt et, à la planche XVI,
le dessin d'un thaler de Guillaume I", de Bongart,
seigneur de Heijd (lisez Heijden) et Blijt, et, à la
planche XXXI, celui d'un teston de Guillaume III,
de Bongart, seigneur des mêmes localités. C'est
dans la même seigneurie de Heijd, Heijden ou
Terheijden que la monnaie d'or qu'on a classée,
jusqu'ici, parmi les monnaies des seigneurs de
Heinsberg, a été frappée.
lO
Je n'ai pu reconstituer l'histoire des seigneurs
de Heijden antérieurement au seigneur qui nous
occupe, mais il résulte dedivers actes de la seconde
moitié du xiv^ siècle que ce Godefroid, Gothard
ou Goedard de Heijden était un des chevaliers les
plus en vue de la cour de Wenceslas et Jeanne,
duc et duchcvSse de Brabant et de Limbourg.
On lit dans Ernst, Histoire du Limbourg , tome V ,
page log: « Dans le temps que le duc (Wenceslas)
était à Maestricht, Godefroi Van der Heijden lui
ayant offert la maison ou le château-fort qu'il avait
à Oyes, au comté de Daelhem, le duc, après y
avoir ajouté les biens qu'il possédait dans le
même village binnen d en synen lui donna le tout
ensemble pour le tenir en fief mouvant du duché
de Limbourg, sous la condition, néanmoins, que
ceux qui, dans cet endroit, auraient commis un
crime méritant la mort, seraient livrés au duc ou
à son officier pour subir le châtiment encouru,
mais que les biens en seraient confisqués au profit
du seigneur vassal. (Acte daté de Maestricht,
le 8 février i55y.)
On lit dans le même tome, page 120:
« Avant les sires de Gronsfeld, Godefroi Van der
Heijden avait tenu quelque temps en engagement
le premier de ces endroits (le village d'Eysden),
avec des rentes assignées sur la douane de Roi-
duc » (i). Cette douane était alors considérable,
(1) Tables des dipl. Bel^. Godefroi, sire van der Heiden, libère
1 1
puisque toutes les marchandises chargées à
Cologne pour la rive gauche de la Meuse devaient
passer par Rolduc, Fauquemont et Maestricht (i).
GoTHARD,siRE DE Heijden, fut nommé, le II no-
vembre 1364, juré pour le maintien de la Land-
friede par les ducs Wenceslas et Jeanne, ce qui
résulte du texte dans Ernst, loc. cit., page 124. Dans
cet intervalle, la confédération pour le maintien
de la paix publique ou Landfriede, faite sous les
auspices du duc Jean III pour dix ans, était expi-
rée. Wenceslas et Jeanne, qui, à leur avènement,
avaient promis de la maintenir, et qui même
l'avaient encore renforcée en i358, jugèrent à pro-
pos de la renouveler pour dix ans avec le magis-
trat de la ville d'Aix-la-Chapelle. L'acte en fut
dressé le 11 avril 1364. Ces princes s'y engagèrent
à garantir la liberté des chemins publics entre la
Meuse et le Rhin, parce que, disaient-ils, la domi-
nation et le droit de conduite leur en appartenaient.
Ils nommèrent pour leurs jurés ou juges des
infractions au repos public : Reinard, sire de
Schoonvorst, Jean, sire de Wittem et Henri, sire
de Gronsveld, lequel, trois ans après, fut remplacé
Wenceslas et Jeanne, ducs de Brabant, de leurs dettes, moyennant
qu'il retienne, sa vie durant, Esden (Eysden) et les renies qu'il perçoit
sur la douane de Rolduc. (9 janvier iSôg )
(1) Tables desdipl. Belg. Attestation des hommes de fief, Godkfroi
VAN DER Heiden, Adam d'Oud-Eresteijne, Jean de Gronsfeld et autres,
déclarant que toutes les marchandises chargées pour le pays au delà
de la Meuse doivent passer par Rolduc, Fauquemont et Maestricht.
Donné à Rolduc i363, le i5 mars, secundum stylupi curta Leodiensis.
12
parHerpen de Rode. Guillaume VI, duc de Juliers,
ayant demandé à entrer dans cette confédération,
on en dressa, le ii novembre de la même année,
un nouvel acte pour cinq ans, et nos ducs ajoutè-
rent encore à leurs jurés trois autres chevaliers,
qui étaient Gothard, sire de Heijden, Herman,
sire d'Einenberg ou Einenbourg et Gérard, sire
de Roitstock.
Notre Godart van der Heijden mourut sans
laisser d'enfants, le 5 décembre iSyS, après avoir
disposé de ses biens en faveur de son neveu, Jean
de Gronsveld, par acte du 8 février i368.
« Wir, GOIDART HERE ZER Heiden, doiiitkont allen
luden die diesen brieff sollen sien off hoeren lesen, dat wir
heren Johanne van Grontzelt Ritter onsne lieven neven
gegeven haven énd oevermitz diesen brieflf geven ind in
kenlichen scholt bekantzij en dusent goiden swairegulden
goit ind gewichte, ane aile deme erve slos lant ind liede
waskunne die sijn die wir haven of laissen moegen, also
dat de vurs, her Johan na ons me doide die vurs, somme
guldenane aile derti vurs, onsme erve ind goide haven hef-
fen ind bueren sal sonder einge wieden spraich van
yemanne van geisdichen reichte of werrendiche. Ind umb
dal eine dièse vurs scholt ind vurwerden des briefs vast
ind stede sij, ind he da ane bewart sij ind blieve, so hain
wir GOIDART HERE ZER HeideN, vurs heren Johanne
vurs, diesen brieff mit onsme siegel besiegilt gegeven. Ind
vort gebeden heren Heinrich den hère van Grontzelt onsen
lieven swag-er dat he zo mère steitgeide ind sichereide aile
dieser vurwerden sijn siegel bij dat onse an diesen brieft
hancijen wille. Dat wir Heinrich hère zo Gronzelt umb
i3
beden wille des vurs heren VAN DER Heiden onss lievsn
swagers int in steitgeide ind sichereide heren Johans onss
soens vurs, onse siegelan diesen brieff gehancgen. Gegeven
int jair Onss Heren dusent dri hondert sieven ind seistzich
des Eichden daichs in febraario » (Voir Histoire de la Sei-
gneurie impériale de Gronsveld, par le baron J. de Ches-
trel de Haneffe, d'après J. Strange : (Généalogie der Her-
ren und Freiherren von Bongart) .
Godard de Heijden était de la même famille des
Bongart qui ont frappé les monnaies du xvi^ et du
commencement du xvii^ siècle, dont j'ai fait men-
tion ci-dessus. Le seigneur Henri de Gronsveld
l'appelle son gendre, et lui-même avait épousé
Mech tilde (Mathilde, d'après Wouters) van der
Heijden, fille d'Arnold, dit de Bongart. Godard
van der Heijden et la dame Mechtilde étaient les
enfants d'Arnold de Bongart.
Gothard van der Heijden scella, en i365, avec
Jean de Gronsveld, chevalier, l'engagement par
lequel Thierry d'Eijs, chevalier, se soumettait aux
jurés de la Landfriede.
En i367, le chevalier Jean de Gronsveld et
l'écuyer Guillaume de Ghoer donnèrent procura-
tion à Renaud, seigneur de Schoonvorst, Henri,
seigneur de Gronsveld et à Goedart, seigneur à
Heijden pour régler le différend qui avait surgi
entre eux et la famille de Husen.
« Wir, Johann van Gronselt, ritter, ind Willem van Goer,
wonende te Wolfrôde, chassie van wapen, doen kunt allen
lûden overmitz diesen oflfenen brief ind bekennen offen-
beirlichen. Wantzwyst, zweyungevijantschaffindunminne
uperstanden geweist sijnt als van den doetslagen die ges-
chiet sijnvan Adam van Husen charp, ind ijren môgen ind
helperen up eijn sijde ind uns ind unsen môgen ind hel-
peren dp die ander sijde, w^ilche sachen ind aile geschefts
diesich dan afFbis up diesen hûdigen dagh ergangen haven,
w^ir mit gueden willen, gentzlich ind ze môle in hand ind
maicht unss liever môge ind vrûnde mit namen hère
Reijnartz herr zu schoinvorst, hère Heijnrich, hère zû
Gronsfelt, ind heren GOEDART, hère zer HEU DEN, gesat
haven ind haint die vûrsch unse môge ind vrûnde dièse
sachen niet unsen gueden willen so wie sich die verloissen
haven, vort in hant maicht ind beveijlness der vûnfzien
gesworenre des lantvreden unss genediger heren der heren
ind der stede tuschen Mase ind Rijn gesat, etc. »
Gothard de Heijden fut mêlé, en i36g, à toutes
les querelles des remuants seigneurs deGronsveld,
ses parents. Jean de Gronsveld fit la guerre à
Thierri de Wildenrath et à son fils Guillaume van
der Stege. Il avait pour auxiliaires, Gothard van
der Heijden, Gérard de Nurheim et Renaud
de Vlodorp. Toutefois, les deux partis furent
obligés de déférer le jugement de leur querelle aux
députés de la Landfriede.
« Ich, Dyederich van Wilderade, ritter, duin kunt allen
luden dat alsulcher sachen as ich inde Willem mijn son
her Willem vamne stege in aile unse helper gaëntz inttze
schaffen haen mijt heren GODART hère VAN DER Hejden,
heren Johanne van Grunsfilt, Gérard van Nijertheijm,
Reijnardt van Vlodorp, inde aile yrren helperen inde sij
i5
wieder mijt uns gesetzlich inde tzemail bleven si)n an den
gesworrenen des verbontz der heren inde der stedetusschen
Mass in de Rijn in al sûlcher vuijgen dat so wat sij uns
na unsen ijgelichs ansprachen in de antwarden sagen vur
recht na ijren besten sinnen inde mir under sijegel des
verbontz over beschreven gheven in guden truwen inde ii;î
Eytzstalich Didderôde vurschr : gelasst hain inde gesicher^
vast stede tze halden in de duin halden sonder aile arge-
list, etc. )i ^
(Voir, pour les trois dernières citations, l'ouvrage de
M. J. Wolters : Recherches sur V ancien comté de Grons-
veld et sur les anciennes seigneuries d'Elsloo et de
Randenraedt.)
La forme, en bas -allemand, du nom du seigneur
de Heijden dans l'acte du 8 février i368, savoir
GoiDART, et celle de Goedart, dans l'acte de iSôy,
du jour de Saint Jean-Baptiste, où il est qualifié :
hère zer Heijden, ne permettent pas de douter qu'il
ne faille restituer à ce Goedard, seigneur de ter
Heijden, de Richterich, Bank,Steinstrass,Eygels-
hoven et Berensberg, au pays d'outre Meuse, et
d'Oijes, dans le comté de Dalhem, le florin d'or
qu'on a erronément attribué à Godefroid, seigneur
de Heinsberg. Nous en avons donné ci-dessus le
dessin et la description d'après l'exemplaire que
nous avons récemment découvert, exemplaire
d'ailleurs tout à fait semblable à celui décrit et
figuré dans l'article précité de M. Piot.
Le seigneur de Heijden étant mort en i373,
l'attribution à ce prince de ce florin d'or, au type
i6
de Florence, concorde admirablement avec l'émis-
sion des pièces semblables de ses voisins, entre
autres de Thierry Loef de Hornes (iSSS-iSgo), de
Thierry de Looz (i336-i36i); de Godefroid de
Looz (i36i-i363) ; de Renaud deSchoonvorst-Fau-
quemont (i354 55). Ce dernier prend également un
aigle comme marque monétaire.
On trouvera sans doute, un jour, un florin d'or
appartenant aux seigneurs de Heinsberg, auxquels
nous enlevons aujourd'hui un florin qui leur avait
été indûment attribué, pour le rendre à un sei-
gneur inconnu jusqu'à ce jour dans la numisma-
tique si intéressante du Limbourg.
J. SCHULMAN.
Amersfoort, août i8g5.
HISTOIRE NUMISMATIQUE
HUITIÈME ARTICLE (l).
CHARLES II
TUTEUR
1420-1424.
Au jour de son mariage avec Isabelle de Lor-
raine, célébré le 14 octobre 1420, René d'Anjou,
le nouveau duc de Bar, seulement âgé de douze
ans et demi, étant incapable de s'occuper du gou-
vernement de ses États, le duc Charles prit en
main l'administration de l'héritage de son jeune
gendre, se qualifia dès lors du titre de mainbourg,
ainsi que le prouvent plusieurs actes publics (2),
et joignit à ses armes celles du duché de Bar.
A partir de cette époque, le duc de Lorraine
introduisit dans le type de ses monnaies un chan-
gement notable, sans cependant modifier en rien
le coin du droit, qui, sur les gros, nous montre le
duc debout, portant une large écharpe aux armes
(i) Vqy. Revue, 1894, pp. iG5, 828 et 437, et 1895, pp. 24, 180, Saô
et 477.
(2) « Nous, Charles de Lorraine, duc et marchis, mainbour ayant
« le bail et gouvernement de notre très cher et très amé fils messire
« René d'Anjou, duc de Bar, marquis ds Pont, comte de Guise. »
26 mai 1421. — Histoire de la maison du Châtelet, par Dom Calmet.
Preuves xlix.
Année 189G. 2
de Lorraine, l'épée à l'épaule, la main gauche
appuyée à la hanche et la légende KAROLVS
DVX LOTHOR • ig • M. Désormais, la croix du
revers sera cantonnée des armes de Lorraine et de
Bar, puis brochant sur le tout, sera placé un
écusson parti au premier de Jérusalem, au second
de Naples (Anjou ancien) et d'Anjou moderne,
qui était celui de la famille de son gendre et
pupille (i).'
I^TÎROIiVS DVX LOnni-jOR £ ^ m. Le duc
debout, coiffé d'un chapel de roses, tient son épée
à l'épaule; il a la main gauche appuyée sur la
hanche ; son écharpe porte les alérions de Lor-
raine.
(i) Lorsque, le i3 août 1419, le cardinal Louis Ht don du duclié de
Bar à René d'Anjou, celui-ci promit « de porter le nom et armes de
« Bar, excepté que dedans l'escu des pleines armes de Bar il pourra
« porter un petit écusson des armes d'Anjou dont il est issu ••).
La reine de Sicile Yolande, duchesse d'Anjou, et Louis d'Anjou, son
fils, consentent à ce que René d'Anjou, leur fils et frère, porte les armes
de Bar : « Consentons et voulons que nostre dict fils et frère sa vie
durant prengne, doye et soit tenu de porter les armes de Bar à l'or-
donnance, dewis et bon plaisir de nostre dict oncle... » Meun-sur-
Yèvre, le 24" jour de juin, l'an 1419. — (Bibliothèque nationale. Fonds
français, collection Dupuy, vol. Syô, p. 108.)
19
Rev. sinn .^ uo ma $ Dm BsneiD lexnnvm.
Croix coupant la légende. Champ écartelé de Lor-
raine et de Bar; au centre, brochant sur le tout,
un écusson parti au i" de Jérusalem, au 2^ de
Naples et d'Anjou moderne.
Gros d'argent. Poids 2.610 (Saulcy, PI. VII,
fig. 3).
Ancienne collection Monnier (17 fr.).
Dans la collection de M. Widranges, de Bar-le-
Duc, il se trouvait un exemplaire dont chaque
mot des légendes était accompagné d'une étoile.
Mêmes types, mêmes légendes.
Demi-gros d'argent. Poids 1.458 (Saulcy, PI. VII,
fig- 4)-
Ancienne collection Monnier (10 fr.).
Nous ignorons si le gros et le demi-gros décrits
ci-dessus, qui n'offrent ni l'un ni l'autre le nom
de l'atelier d'où ils sont sortis, ont été frappés à
Nancy, ce qui est probable ; l'exemplaire suivant
prouve que des monnaies au même type furent
émises dans l'atelier de Saint-Mihiel par le tuteur
de René d'Anjou.
2b
Même type et même légende au droit.
Rev. mona ïïs-k % paTî' • m % s t m
IdPjTTIi. Dans le champ mêmes armoiries.
Gros d'argent. Poids 2.655 (Saulcy, PI. VII,
fig. 5).
Ancienne collection Voillemier, de Senlis (lofr.,
3o fr.).
Dom Calmet, on le voit, n'était pas bien informé
en déclarant que « depuis la cession du Barrois au
« duc René on n'a plus frappé monnoye ni à Bar,
« ni dans aucune autre ville du Barrois » (i).
Notre historien lorrain aurait pu éviter cette
erreur, s'il avait porté plus d'attention aux termes
précis de la déclaration faite en i583 par Fran-
çois de Rosières qui rapporte « avoir vu des vieux
« sols et carolus du Barrois auxquels étaient deux
« barbeaux et une épée qui avoient été forgés au
« duché de Bar » (2).
Or, ces vieux carolus ne sont autres que les
variétés suivantes :
(i) Histoire de Lorraine, 2^ édition, t. III. Dissertations, p. cxv.
(2) Idem, id., t. Vll. Id., p. xcj.
21
I^TTROliVS "^s DVK LOrri^O)^ '^'s 2 =o%> JT?. Épée,
la pointe en bas, recouverte par un écusson de
Lorraine penché.
Rev. mORS WT^FaTÎ m 'Is S 'Is m IGCï^TCL.
Croix coupant la légende, cantonnée d'alérions
et de barbeaux accostés de croix au pied fiché.
Billon. Poids 0.972 (Saulcy , Monn. Lorr.,
PI. IX, fig. i5).
Notre collection (3 fr., 4 fr.).
Variété : I^TÏROIiVS * DV2C * liOnnï^OR t
Rev. mono: fttî * fgctî m î s t m lah.Tïij.
Billon. Poids 1.200.
Notre collection.
Charles II fit également frapper, à ce type, des
monnaies où le nom de l'atelier n'est point indi-
qué; la présence du bar dans les cantons de la
croix nous engage à considérer ces pièces comme
de véritables monnaies barroises émises de 1420
à 1424.
22
7?^u. sirr o no ma o Dm BansD lecnnvm.
Billon. Poids 0.92.
Notre collection.
Variété avec étoiles remplaçant les annelets
comme points séparatifs.
Billon. Poids 0.92.
Notre collection.
Les monnaies à ce type furent imitées par les
seigneurs de Sombreffe, sires de Reckheim, qui
ont possédé cette terre de i3go à 1442 (i).
Le type à l'aiglon essorant, créé par Jean I" et
que le duc Charles II avait continué dans ses ate-
liers de Nancy et de Sierck, fut fidèlement copié
dans celui deSaint-Mihiel, pendant toute la durée
de l'administration du. duc de Lorraine. Au lieu de
deux roses, de deux étoiles qui accostent l'épée
sur les produits de l'atelier de Nancy, de deux
aiglons qui se remarquent sur les espèces sorties
de celui de Sierck, les monnaies frappées à Saint-
Mihiel présentent dans le champ du revers l'alé-
rion de Lorraine et le barbeau du Barrois.
(1) Van der Chus, Monnaies des feudataires du Brabant, p. xxv,
fig. 3. Revue num. belge. i852, t, II, 2e série, pi. IV, fig. 2, p. i58.
Chautard, Imitations de quelques types monétaires propres à la
Lorraine, etc., etc., pi. II, fig. 2, p. 35.
23
Vi'K^OhVB 8 DV2C. Aiglon essorant sur un
écusson de Lorraine.
Rev. îT2one:nn7T = ds = s o miai^izu. Épée,
la pointe en bas, accostée d'un alérion et d'un bar.
Billon. Poids 0.57 (Saulcy, PI. IX, n° 6).
Notre collection.
Variété : I^T^ROIjVS -h DVX -1-.
Rev. monerTTT . De . S : miaii'Kh.
Billon. Poids o.5o.
Notre collection.
C'est également à cette période de 1420-1424 que
l'on doit classer les monnaies suivantes, au même
type, sorties de l'atelier de Nancy, sur lesquelles
l'aiglon et le bar accostent l'épée du revers.
i^TTROLVS -I- DVX -h.
Rev. Mouan}?: : ds . ui^nau.
Billon. Poids 0.622 (Saulcy, PL IX, n° 4).
I^TÎROIJ.. DV2v.
24
Rev. monsnnTT n2^nae:io pgtt.
Bas billon. Poids 0.324 (Saulcy, PI. IX, n" 5).
Cabinet de M. de Geneste {Recueil de Mory d'El-
vange).
RENÉ I
Roi de France . ■
Duc de Lorraine
Duc de Bourgogne .
Comte de Luxembourg
Evêque de Metz. .
Evêque de Toul . .
Evêque de Verdun .
1419-1431.
Charles Vi, le Fou . . . 1380-1422
Charles VII, le Victorieux . 1422-1461
Charles il 1390-1431
Philippe III 1419-1467
Elisabeth et Jean de Bavière. 1415-1451
Conrad-Baycr de Boppart . 1416-1459
Henri de Ville 1409-1436
Louis, cardinal de Bar ■ . 1420-1430
Les renseignements sur les maîtres de la mon-
naie deviennent déplus en plus rares à mesure que
l'on avance dans le xv" siècle. Ne rencontrant
point de monnaies au nom du duc Edouard III,
pour la période de 141 1 à 1415, nous avions émis
l'idée que, peut-être, durant ce court règne, l'atelier
de Saint-Mihiel était demeuré inactif, sans per-
sonnel, ni directeur. Or, le cardinal-duc ayant,
en 1428, rappelé à Saint-Mihiel certains mon-
nayeurs qui avaient pris du service dans l'atelier
royal de Châlons-sur-Marne, on doit admettre
qu'à cette époque l'officine sanmihieloise avait
repris un peu d'activité sous la direction de Jehan
Desmoines, alors maistre de la Monnoye qui,
quelques mois plus tard, était remplacé par maistre
Arnold le monnoier. Cest pendant l'administration
25
de ces deux personnages que furent émises les
monnaies suivantes :
Jehan Desmoines
....-1427.
Arnould
1427-
Le monnayage de René se divise en deux groupes
nettement déterminés : le premier en date com-
prend les espèces frappées entre le 4 août 1424,
époque à laquelle prit fin la tutelle exercée par
Charles II, et la mort de ce prince, arrivée le
25 janvier 1431 ; dans l'autre prennent place les
monnaies sur lesquelles René d'Anjou, héritier
des Etats de son beau-père, joint à son titre de duc
de Bar, qui lui appartenait en propre, celui de duc
de Lorraine.
PREMIER GROUPE.
1424-143 1.
RSnTîrr? D B7ÎR? • m? P*aO'. Le duc armé,
debout et coiffé d'un chapel de roses, tenant l'épée
nue à l'épaule, s'appuie sur un écusson écartelé
d'Anjou et de Bar, Lorraine brochant sur le tout.
26
Rev. mon (SJ^'K S' mi GCI^TT. Croix recou-
pant le grènetis et la légende intérieure. En
légende extérieure : >ï< Sim nomsn •:• DO^IRI
.;. BeRSDIGCrrvm.
Gros d'argent bas. Poids 2.25 (Saulcy, PI. X,
n*» lo).
Notre collection (lo fr.).
Il existeplusieurs variétés, offrant des différences
soit dans les signes séparatifs, soit dans les abré-
viations du mot Benedictum reproduit BEHE-
Diari^, BSRSDia.
Ce type du duc armé s'appuyant sur un écusson
à ses armes est une modification de celui du duc
Charles II, décrit par Saulcy (i); il rappelle le gros
de Maestricht aux noms de Venceslas et Jeanne de
Brabant (i355-i383) (2). Sur cette pièce, le jeune
prince prend les titres de* duc de Bar, de marquis
de Pont et de comte de Guise, qui lui appartenaient
du chef de sa famille. En effet, il n'est pas pos-
sible de découvrir dans les trois dernières lettres
de la légende du droit : Tulli CO mes, comme le
(1) Numismatique lorraine, pi. IX, n" lo.
(2) Serrure, Notice sur le cabinet monétaire du prince de Ligne,
1880, p. 161, n<'423.
27
croyait Dom Calmet (i), ni, avec Saulcy, Vrovinciœ
COr.ies (2), titre dont René hérita seulement
en 1434, à la mort de son frère Louis d'Anjou.
On acceptera d'autant plus facilement notre
explication, que le premier acte de René, duc de
Lorraine, daté du 22 février 143 1 (nouveau style),
commence ainsi : « René, fils du roi de Jérusalem
et de Sicile, duc de Bar et de Lorraine, Marchis,
marquis de Pont et comte de Guise... » (3). Sur
le sceau appendu à cet acte les armoiries du duc
sont identiques à celles qui se voient sur l'écusson
du droit : d'Anjou au i**" et au 4% de Bar au 2° et
au 3% Lorraine brochant sur le tout.
Ici on peut se demander, avec Dom Calmet,
pourquoi sur cette pièce apparaît en cœur l'écu
aux trois alérions, puisque le jeune prince n'était
pas encore duc de Lorraine; et même, en admet-
tant que le gros en question ait été frappé posté-
rieurement à l'année 1431, pourquoi René, devenu
dès lors duc de Lorraine, n'en prenait il pas le
titre sur cette monnaie?
^ RSnTTrUVS + DVS B7ÏR' m\ Écu écar-
(i) 26 édition, t. II, no 22
(2) Numismatique lorraine, p. 88.
(3) PiCART, Origine de lamaison de Lorraine, ip. 3ç)b.
28
télé d'Anjou et de Bar, Lorraine brochant sur le
tout.
Rev. mona^T^ S^^ miGCb^TTSIi. Épée, la
pointe en bas, entre un alérion et un bar.
Billon. Poids 0,40 (Dumont, PI. IV, fig. 8).
Notre collection. (10 fr.).
>h RSnT^nnVS DVX BT^? m\ Mêmeécusson.
Rev. ÎIÎORennTT s % ÇnmiiK, Épée, la pointe
en bas, entre un alérion et un bar.
Billon. (Dumont, PL IV, fig. 9.)
Ane. collection Gillet, de Nancy (3 fr.).
>h RSOTCWVS DVS B7TR. Champ écartelé
d'Anjou et de Bar, Lorraine brochant sur le tout.
Rev. mou eiïïST^ Sffil GI^TT. Croix coupant
le grènetis et la légende, cantonnée d'une croix
à pied fiché, d'un lis, d'un bar et d'une croisette.
Billon. Poids 0,41 (Dumont, PI. IV, fig. 10).
Notre collection (4 fr.).
Variété : mOXl SnHTÎ S • m\ Q^,
2q
^ RERTînni DVX : BSRR. Champ écartelé
d'Anjou et de Bar, Lorraine brochant le tout.
Rev, ffiOnEO^TÎ •:• DE •:• S •:■ ffîiai-jTÎIi. Croix.
Billon. Poids 0.27 (Dumont, PI. IV, fig. 7).
Ane. collection de M. Remy, avocat au Parle-
ment de Nancy. Manuscrit de Mory d'Elvange.
Variété avec ÇQlOr^T^, du poids de 0,40.
Notre collection.
>h RERTîrri D V Dans le champ R?E ou RR?
Rev. mORSnnTÎ Oa s? • lai^T^U. Épée, la
pointe en bas.
Billon. (Dumont, PI. IV, fig. 11).
Ane. collection Gillet, de Nancy.
SECOND GROUPE.
143 1-1445.
A lamortde son beau-père, Charles II, René I",
d'Anjou devint duc de Lorraine et prit aussitôt en
mains l'administration de son nouveau duché.
Toutefois, considérant le Barrois comme un bien
qui lui était propre, il voulut pour ce motif que,
3o
dans tous les actes publiés en son nom, le titre de
duc de Bar précédât celui de duc de Lorraine, Les
légendes des monnaies suivantes viennent con-
firmer ce fait.
ÎXX'. Champ écartelé d'Anjou et de Bar, Lorraine
brochant le tout.
Rev. moHEnnTr * novTî de^s-^ miaiiT^UE.
Epée, la pointe en bas, entre un bar accosté de
trois croisettes et un alérion.
Gros d'argent. Poids 2,46 (Dumont, PL V, fig. i).
Notre collection (3 fr.).
Variété : B7ÎRRE^^SIS -î- 2 : LOT^ï^O-
Rev. DE -h S 4- ffilŒI^^U.
Poids 2,43.
Ane. collection Saulcy (Saulcy, PI. XI, n° i).
3i
Mory d'Elvange cite un exemplaire de la collec-
tion Dordelu, du poids de 2,376, offrant le nom
de l'atelier sous la forme ffîlGï^TTElJ.
* m' -k. Champ écartelé d'Anjou et de Bar, Lor-
raine brochant sur le tout.
Rev. monan:^7i * F7\:ann7T * m * s * mi-
GCI^TTL. Epée, la pointe en bas, entre un bar
accosté de trois croisettes et un alérion.
Billon. Poids i,35 (Saulcy, Num. lorr., PL XI,
n*» 2).
Notre collection.
Variété dans la disposition des lis de l'écusson
d'Anjou.
Poids 1,242.
Ane. collection Saulcy (Saulcy, Num. lorr.,
PI. XI, n°3).
Variétés : avec ffîlQI^T^ ou miCII^TTeiL, indi-
32
quées par Saulcy, mais non reproduites dans ses
planches.
>i< RERT^rri X DVK X BTÎRRSn ^ UO. Champ
écartelé d'Anjou et de Bar, Lorraine brochant sur
le tout.
Rev. 'i< mOREWTÎ x in x S x miGI^TT. Croix.
Billon. Poids o,3o.
Notre collection.
Alamême époque l'atelier de Nancy émettait
des monnaies au même type et dans les trois
modules que nous venons de reprodu ire.
♦ RenTTmVS DVX hmn\\ champ écartelé
d'Anjou et de Bar, Lorraine brochant sur le tout.
Rev. mon SnnTÎ Smi GI^TÎU. Croix coupant
le grènetis et la légende , cantonnée de quatre
trèfles.
Nous ignorons si Saulcy avait quelque doute
sur la fidélité de ce dessin, relevé par lui dans le
recueil de M. le baron Vincent; nous ne pouvons
nous expliquer la valeur des initiales li.ffî.nn.
33
RERTTrm DVX * BTÎRREH * 2 * liOnHI^ ^ m.
Epée, la pointe en bas, sur laquelle est appliqué
un écusson écartelé d'Anjou et de Bar, Lorraine
brochant sur le tout.
Rev. >i< BNDiccnnv sinn noma om rri iî^v
2CPI, en légende extérieure; ^ ÇUOUEWK ^ S
SIÎIGC^jTTIi, en légende intérieure.
Dans le champ, croix de Lorraine potencée à ses
extrémités.
Gros d'argent. Poids i,85 [Rev. mim. 1862,
PL V, n°3).
Notre collection.
Nous croyons cette pièce postérieure à Tan-
née 1435, puisque ce fut seulement après cette
époque que René, légataire universel de Jeanne de
Duras, reine de Naples et de Hongrie, put joindre
à ses titres celui de roi de Hongrie et adopter dans
ses armoiries la croix à double traverse, dite de
Hongrie ou du Saint-Sépulcre. Placée, dès lors,
partout, sur les monnaies, les vitraux, les meubles,
les tapisseries, etc., cette croix perdit bientôt son
nom originaire pour prendre celui de croix de
Lorraine.
Année 189G. 3
H
Dans la commission donnée, le i" juillet 1445,
par René P"" à son fils Jean d'Anjou, duc de Cala-
bre, pour gouverner en son absence les duchés
de Lorraine et de Bar, il est dit que le jeune prince
est autorisé à « faire battre et forgier monnoyes
« en nos dits pays et chacun d'iceulx armoyés de
« nos armes, comme il appartient, laquelle ait
'« cours en iceux et les pays voisins (i) ». On peut
donc croire que bon nombre des espèces précé-
demment décrites furent frappées durant la période
comprise entre le mois de juillet 1445 et le
26 mars 1453, époque à laquelle René I", devenu
veuf, remit à son fils le duché de Lorraine, qui
était la propriété de sa mère Isabelle.
En faisant cette cession, René ne s'était point
dépouillé de son duché du Barrois ; il le conserva
jusqu'à sa mort, arrivée en 1480, le laissant « à
Madame Yolande, sa fille aisnée, et à cause d'elle
au duc de Lorraine, son seul fils et héritier ».
Toutefois, René II ne put entrer définitivement en
posseSvsion de tout le duché de Bar avant l'année
1485, par suite du traité conclu, le 23 sep-
tembre 1484, avec Madame de Beaujeu, tutrice du
jeune roi Charles VIII.
(0 Dom Calmet, Histoire de Lorraine, t. V, pr., p. clxxj.
35
Rois de France
Duc de Bourgogne
Evèques de Metz.
RENE II.
14731508.
. Louis XI 1461-1483
. Charles VIII 1483-1497
. Louis XII 1497-1515
. Charles le Téméraire . . 1467-1477
Henri de Lorraine . . . 1484-1505
. Jean IV, de Lorraine . 1505-1550
Maître de la partie du Barrois non mouvant de
la couronne de France, il se peut, comme le dit
M. Dumont, que René II, héritier des deux duchés
de Lorraine et de Bar, « pour ses besoins ou pour
« laisser une trace de son passage dans cette double
« souveraineté », ait fait reprendre la fabrication
dans l'atelier de Saint-Mihiel. Cependant aucun
document authentique ne vient à l'appui de cette
supposition.
Jean d'Anjou et Nicolas, son fils, ducs de Lor-
raine, mais non de Barrois, n'ayant pu utiliser
l'atelier de Saint-Mihiel ,' celui-ci , abandonné
depuis plusieurs années, converti en habitation
particulière, avait été loué successivement, en 1457,
à Jeannotle Brailly, puis, en 1463 et 1464, à Jehan
l'Avantgarde.
Si donc René II fit frapper monnaie dans cet
atelier, demeuré si longtemps inactif, ce fut sans
doute dans le cours des trois premières années de
son règne, puisque, en l'année 1476, il ascençait à
perpétuité à Trusson Xaubourel, prévôt de Saint-
Mihiel, les bâtiments de l'ancien hôtel des mon-
36
naies, sous la condition « que toutes et quantes
fois qu'il plairait au duc de Bar faire forger mon-
noie au dit lieu de Saint-Mihiel les monnoyers la
5^ feront faire et forger, ainsi que l'on a fait du
temps passé ». En i5oo, ce prince cédait définiti-
vement la maison de la monnaie à Jehan de Sam-
pigny, en échange de la part que celui-ci possédait
à Rembercourt-aux-Pots.
Nous reproduisons d'après Mory d'Elvange, qui
l'avait dessinée sur l'exemplaire de Dupré de
Geneste, la pièce suivante, classée par Saulcy à
René II, duc de Lorraine.
RSnTïrrVS • DV2C • LOrri^OR. Épée, la pointe
en bas, accostée de deux R.
Rev. ►î< rnOOSn^TÎ • F STîRri! rRICI^TT. Croix
de Lorraine.
Billon. Poids o,3i8 (Saulcy, M/w. lorr,, PI. XIII,
fig. 5).
Mory d'Elvange cite également une monnaie
au type reproduit par Saulcy, pi. XII, fig. i3, mais
avec les légendes ReinTîrTVS • R • SI • liCW •
Dvx. — îî^oneinaTî • psao^s • m • s • m\-
GI^TTIj. Nous n'avons rencontré dans les collec-
tions qui nous ont été ouvertes ni cette pièce, ni
la précédente.
37
CHARLES III.
1545-1608.
Fermé vers l'année i32i, l'atelier de Bar ne fut
point rouvert sous les successeurs de Henri IV et,
jusqu'aux dernières années du xvi* siècle, les ducs
de Lorraine s'abstinrent d'exercer, dans la partie
du duché de Bar qui relevait de la couronne de
France, le droit de monnayage dont ils usaient
dans le Barrois non mouvant. Rien ne faisait pré-
voir la réouverture de cet atelier, lorsque, vers
i56g, soulevant à nouveau la question toujours
irrésolue des droits régaliens dans son duché de
Bar, Charles III revendiqua, pour lui et ses succes-
seurs, l'exercice des droits de souveraineté dans
l'étendue des terres du Barrois situées sur la rive
gauche de la Meuse.
Déjà en iSSg, à la suite de conflits survenus
entre les officiers du roi de France et ceux du duc
de Lorraine, au sujet de la juridiction et de l'exer-
cice de la justice dans le Barrois, le duc Antoine,
s'appuyant sur les services rendus à la France par
les princes de sa maison, avait réclamé du roi
François I" le libre exercice des droits de régale
dans les terres de mouvance française.
Cette demande fut agréée sans trop de difficultés,
car en accordant, par un privilège spécial , au
duc de Lorraine, les droits régaliens dans tout le
duché de Bar « pour en jouir sa vie durant seule-
ment ». le roi de France espérait amener Antoine
38
à se reconnaître son vassal. Cette condition humi-
liante que lui imposait le traité de Rumilly fut
repoussée par le duc de Lorraine; toutefois celui-ci
et son fils François, duc de Bar, par un acte daté
de Bar, le i5 novembre 1541, durent reconnaître
ne pouvoir user des droits de régale qui leur avaient
été concédés par le roi de France « que leurs vies
« durant, n'entendant pas pour cela les prétendre,
« ne acquérir, ny que leurs successeurs ou ayant
« cause y puissent aucune chose quereller ne
demander » (i).
Cette tentative de complète émancipation, après
avoir échoué sous Antoine, fut menée à bonne fin
soixante ans plus tard; les temps, il est vrai,
n'étaient plus les mêmes : Claude de France, sœur
du roi Charles IX, était duchesse de Lorraine et
le duc son mari était cousin des Guise, alors tout
puissants sur l'esprit du jeune roi. C'est pourquoi,
malgré les observations de son conseil, cédant
aux pressantes sollicitations qui lui étaient faites,
Charles IX accorda à son beau-frère, pour lui et
tous ses descendants : « tous droits de régalle et
« de souveraineté es terre du bailliage de Bar,
« prévôté de la Marche, Châtillon, Conflans et
« Gondrecourt » (2). Cette concession, accordée le
25 janvier 1 571, fut confirmée en termes plus expli-
cites, le 8 août 1575, par le roi Henri III : « pourra
(i)^Bibliothèque nationale. Collection Decamps, Barrois, p. 53.
(2) Éibliothèque nationale. Collection Decamps, Barrois, p. 304.
39
aussy nostre dit frère faire forger monnoie et y
donner cours en son dit bailliage de Bar et terres
de la mouvance, de telles sortes et espèces, prix et
valleur que bon lui semblera » (i).
Dès lors, aux termes de ce concordat, le duc de
Lorraine, remis en possession du droit de frapper
monnaie dans les terres du Barrois mouvant, pou-
vait mettre à profit la concession inespérée qui
venait de lui être concédée parle roi, malgré les
remontrances du Parlement.
Le privilège enfin accordé, on ne pouvait songer
à utiliser l'ancien atelier de Saint-Mihiel ; c'était
sur les terres de mouvance française que devait
s'exercer ce droit de monnayage octroyé par la
faveur du roi, droit qui devait affirmer aux yeux
de tous l'étendue du pouvoir souverain du duc de
Lorraine et de Bar.
Il ne paraît toutefois pas qu'aussitôt obtenu ce
privilège ait été mis à profit; les monnaies de
Charles III continuent à être frappées dans le seul
atelier de Nancy et rien dans les archives du duché
de Bar ne fait allusion à la création d'un nouvel
atelier monétaire dans le Barrois. Cependant, la
découverte que nous avons faite dans les manus-
crits delà Bibliothèque nationale d'un document,
sans date ni signature, intitulé : Estât de ce qu'il
fault pour dresser une nionnoye à Bar {2), prouve que
(1) Bibliothèque nationale. Collection Decamps, Barrois, p. 3j4.
(2) Collection lorraine, n" 464. Bibliothèque nationale, manuscrits.
40
l'on se préoccupait fort de cette question. Quand
cet atelier fut-il établi? nous l'ignorons, mais le
teston suivant prouve son existence momentanée
en l'année 1600.
CAROL • D • G • GAL • LOTH • B • GEL • DV.
Buste à gauche ; au-dessous : 1600.
Rev. ♦ MONETA • NOVA • BARRI • CVSA.
Écu de Bar couronné.
Teston d'argent. Poids 9^'". 40 (Saulcy, Num.
lorr., PI. XXIV, n° i).
Cabinet national. Le cabinet national possède
un exemplaire en cuivre rouge qui est, peut être,
un essai de ce teston.
Dans la légende du revers, sous l'écusson, se
trouve inscrite la lettre G, omise dans le dessin
reproduit ci-dessus ; c'est l'initiale de Nicolas
Gennetaire, maître des monnaies du duché de
Lorraine depuis l'année i582.
Ni Dom Calmet, qui le premier fit connaître
Ce document a été publié in extenso dans nos « Recherches histo-
riques sur les monnayeurs et les ateliers monétaires du Barrois. »
Revue de la numismatique belge, 5" série, t. VI, p. 325.
41
cette pièce (i), ni Saulcy, qui la décrivit avec exac-
titude, ne nous ont fourni le moindre renseigne-
ment au sujet de son émission. L'exemplaire vu
par notre historien dans le Cabinet du roi est
demeuré unique; aussi, croyons-nous, peut-on
considérer ce teston comme ayant été frappé, non
pour être mis en circulation, mais pour affirmer
l'existence du droit monétaire que possédait le
duc Charles dans toute l'étendue des terres sou-
mises à sa puissance souveraine.
On ne connaît aucune monnaie émise aux noms
des successeurs de ce prince; l'ordonnance rendue,
le 2 juillet 1662, par le duc Charles IV, prescrivant
la fabrication des monnaies d'or et d'argent à
Nancy et à Bar (2), demeura sans effet, ainsi que
le prouve le compte rendu en i663 par M. Claude
Vaultrin, commis-trésorier-général des finances
de Lorraine et de Bar. C'est désormais à l'aide des
jetons émis par la Chambre des comptes, de ceux
de l'Hôtel de ville et des médailles frappées par
quelques personnages ou à l'occasion d'événe-
ments remarquables, qu'il deviendra possible de
continuer V Histoire numismatique du Barr ois jusqu'à.
l'époque de la Révolution.
(1) Histoire de Lorraine, i^e édition, t II, pi. 4, n° LXXI. La
légende : CAROLVS • D • G • LOTH ■ B GELD • DVX est inexacte
et la date 1600 est omise.
(2) Layette Ordonnances II, n» i5o.
42
Dès le début des recherches entreprises pour
réunir les matériaux de cette étude, nous avions
relevé avec soin, dans les documents mis à notre
disposition, tous les actes où il est fait mention de
paiements en monnaies ayant cours dans le Bar-
rois aux xiii^, XIV® et xv^ siècles (i); nous espé-
rions trouver dans le dépouillement de ces notes
de précieux renseignements permettant de déter-
miner, en deniers tournois, la valeur des diffé-
rentes espèces émises par nos princes, puis éta-
blir le rapport qui pouvait exister entre ces
monnaies et celles des provinces voisines. Nous
n'avions pas alors songé que les continuels chan-
gements survenus dans la fabrication des mon-
naies barroises , l'altération fréquente du titre
auquel elles avaient été émises, leur grande perte
au change, devaient rendre bien difficile l'accom-
plissement d'une telle tâche. En effet, dans un
même compte, bien souvent on rencontre les esti-
mations les plus diverses pour une même mon-
naie; de plus, la dépréciation de certaines espèces
était tellement rapide que, dans l'espace de quel-
ques jours seulement, elles perdaient parfois la
moitié de leur valeur.
Les comptes de cette époque, dressés par les
receveurs généraux du Barrois, les prévôts et
receveurs particuliers, les gruyers et autres officiers
(i) Ces relevés sont à la disposition de ceux de mes confrères qu'ils
pourraient intéresser.
43
dans l'étendue de leurs juridictions, ne sont pas
toujours établis en francs et deniers barrois, mais
bien en espèces les plus diverses ayant cours dans
la région. Quelques-uns sont stipulés en monnaies
messines, d'autres en estevenans et, suivant les
temps et les régions, c'est en deniers /ors ou /lèves,
tournois ou provinois, en châlonnais, toulois et
verdunois, en gros, sols, francs, livres, écus et
florins que sont rédigés ces comptes, où appa-
raissent rarement les mentions : momiaie de Bar,
monnaie de Saint-Mihiel,
Dans l'un d'eux, établi en i527-i528, par
Mengin de Saulsure, seigneur de Dommartin,
prévôt, gruyer et receveur de Bouconville, on
retrouve l'indication du 50/ nantais (i), dont la
dénomination apparaît pour la première fois en
Lorraine dans un pouillé de Toul antérieur au
xiii^ siècle, puis dans un acte de i3oi, par
lequel Mathieu de Charmes, écuyer, reconnaît
devoir au duc Ferry la somme de 48 livres de
nantais qu'il avait reçue de ce prince à titre de
prêt (2).
Quelle était cette monnaie, dont il est parlé dans
une ordonnance de Guy, comte de Flandre, du
II juin 1299 (3), puis dans une autre, rendue, le
(1) « et vault le sol nantois deux blancs monnoie de ce compte. »
Archives de la Meuse, B, iSyy.
(2) Trésor des Chartes, layette Charmes, n" i3. Archives dç
Lorraine
(3) Revue numismatique, iSSy, p. 21 3.
44
10 août i3g4, par les échevins de Metz? (i)Elle ne
saurait être le nantois de Jean le Roux, duc de
Bretagne, auquel fait allusion l'édit de saint Louis
de 1265 (2); serait-ce autre chose qu'une monnaie
de compte?
Dans les documents consultés par nous appa-
raissent quelques dénominations officielles, telles
quQ plaqtte, heaume, beguinette, poillevillain ; puis, en
plus grand nombre, des monnaies désignées par
le peuple : aillets, aillots, aglots, aiguillons, alletins,
behardons, cabochins, clinquars, couronnes, estevins,
estevenans, griffons, jollutruis, macquarels, niquets,
palefrois, wissepains
Cette multiplicité d'espèces si diverses, en circu-
lation dans les différentes prévôtés et châtellenies
du Barrois, trouve son explication dans la situation
géographique de ce petit État. En effet, son terri-
toire étant enchevêtré dans les terres de Luxem-
bourg, de Lorraine, de Franche-Comté et de Cham-
pagne, dans les possessions des évêques de Toul,
de Metz et de Verdun, les nécessités commerciales
le contraignaient à admettre les monnaies de ses
voisins.
L. Maxe-Werly.
(1) « ung bon Nantois pour ij angevines. » Histoire de Met^, IV,
p. 454
(2) (c que l'on prangnc nantois à l'écu et angevins quinze pour dix
tournois et mançois. » Recueil des Ordonnances des rois de France,
t. I, p. 94.
4i
LES MONNAIES
FRAPPÉES A AVIGNON
DURANT LA VICE-LÉGATION DE MAZARIN
(1634-1637).
Planche I.
Les meilleurs auteurs enseignent que Mazarin
fut vice-légat d'Avignon de 1634 à i636 ; la der-
nière de ces dates est erronée. Le futur ministre
de Louis XIV fut désigné par le pape Urbain VIII
pour occuper la vice-légation de cette ville au
mois d'août 1634, à la suite de la nomination du
vice-légat, Marins Philonardi, au poste de nonce
auprès du roi de Pologne. Il quitta Rome le
25 août de cette année pour passer par la Toscane
et visiter le duc et la duchesse de Lorraine et la
grande-duchesse de Florence, conformément aux
instructions que lui avait données le cardinal
Antoine Barberini. C'est seulement le ig octobre
suivant qu'il fit son entrée à Carpentras, capitale du
Comtat-Venaissin. Cette ville avait au xvii^ siècle
une Monnaie, où il fut fabriqué pas mal de pièces
et même des monnaies de grandes dimensions,
telles que des piastres. Néanmoins, pour se con-
former aux usages locaux, on n'offrit pas la moin-
46
dre médaille à Mazarin ; il lui fut remis par les
consuls dix-huit boîtes de dragées ou de confi-
tures sèches, deux salmées de vin blanc, deux
salmées de vin clairet et enfin un veau. Le
21 octobre, il parvint enfin à Avignon, capitale de
l'Etat de ce nom et siège du gouvernement. De
nombreuses pièces littéraires, écrites soit en
latin, soit en français, en prose ou en vers, furent
rédigées pour fêter cet événement. L'atelier moné-
taire d'Avignon ne frappa pas de médaille, selon
la coutume observée.
Mazarin partit d'Avignon le 28 octobre, pour se
rendre à Paris. Il avait choisi auparavant pour
lieutenant ou, pour employer l'expression techni-
que, pour pro-vice-légat, l'évêque de Cavaillon,
Fabrice de la Bourdaisière. Au commencement
de l'année i636,les intrigues espagnoles obtinrent
du Saint-Siège le rappel de Mazarin de la cour de
France et son renvoi dans sa vice-légation. Ce
prélat quitta Paris dès les premiers jours du mois
de mars et arriva à Avignon le 8 avril i636. Grâce
à d'habiles menées, il réussit six mois plus tarda
se faire rappeler à Rome ; il abandonna Avignon
pour toujours, au mois d'octobre i636. Son pro-
vice-légat, Fabrice de la Bourdaisière, signa en
cette qualité sa dernière ordonnance le i5 mai
1637. C'est à cette époque que le successeur de
Mazarin, Frédéric Sforza, fut désigné. Les docu-
ments historiques mis au jour démontrent que
La Bourdaisière ne fut qu'un simple lieutenant,
I
47
agissant sous les ordres et sous la propre respon-
sabilité de Mazarin. Malgré le très court séjour
fait, soit dans l'Etat d'Avignon, soit dans le Com-
tat par ce dernier, il se préoccupa jusqu'à l'expi-
ration de ses fonctions des besoins et des vœux
de ces pays et se consacra activement à leur admi-
nistration (i).
Jusqu'à ce jour on n'a attribué à la vice-légation
de Mazarin qu'une seule pièce, un quadruple écu,
daté de i635 et offrant ses armes sous le buste du
pape Urbain VIII. En réalité, le quadruple écu
émis à Avignon l'année suivante présente égale-
ment cette particularité. D'autre part, diverses
monnaies ont été frappées de 1634 à 1637, sous le
gouvernement du héros de Casai, et sur à peu
près toutes est figurée une étoile, qui est empruntée
à son blason.
I. Quadruples écus.
Ces monnaies sont fort rares; on ne connaît
qu'un très petit nombre d'exemplaires de chaque
variété. Scilla, copié par Cinagli (2), décrit une
pièce de quatre écus de 1634, en indiquant qu'au-
dessous du buste d'Urbain VIII se trouve un
écusson aux armes du vice-légat. Ces deux auteurs
disent à propos du quadruple de i635 ; s Rittrato,
(1) Mémoires de V Académie de Vaucluse, i885, 3e trimestre. A/a^a-
rin, vice-légat d'Avignon (i634-i636).
(2) Le monete dei papi, etc , p. 210,
48
e sotto l'arm' d'un' altro vicelegato » (i). 11 s'en
suit que le blason gravé sur la pièce de 1634 est
celui du prédécesseur de Mazarin, c'est-à-dire
celui du vice-légat Marius Philonardi. Il n'était
pas émis des monnaies d'or toutes les années par
la Monnaie d'Avignon. Pour se servir de l'expres-
sion usuelle, « la costume encienne estoit en la
dicte ville de en fourger, après quelques années,
quelques quantités ». Si Mazarin a fait forger des
quadruples en 1634, aucun spécimen n'est parvenu
jusqu'à nous,
I.— VRBANVS, étoile entre deux points, VIII •
PONT- MAX • i635 • entre deux grènetis. Buste à
droite du pape Urbain VIII, la tête nue, mais revêtu
des ornements sacerdotaux. Au-dessous, les armes
de Mazarin : d'azur à tme hache consulaire d'argent
futée d'or, environnée d'un faisceau dîi même, lié
d'argent, posée en pal; à la fasce de gueides chargée de
trois étoiles d'or brochant sur le tout (2).
Rev. Étoile • ANTON IVS • GARD ' BARBE-
RINVS • LEGAT • AVEN • entre deux grènetis.
Dans le champ, l'écu du légat Antoine Barberini,
d'azur à trois abeilles d'or, posées 2 et 1, accolé de la
(1) Ibid., p. 210. — SciLLA. Brève notice délie monete pontificie,
antiche e moderne, etc , p. 143.
(2) Reynard-Lespinasse, Armoriai historique du diocèse et de l'État
d'Avignon, p. ig3. — Le Dictionnaire Héraldique de la Coll. Migne
p. 464, donne la même lecture, sauf pour la hache qu'il appelle « hache
d'armes ».
49
croix de l'ordre de Malte et d'une croix tréflée de
légat (i).
L'étoile insérée dans la légende du droit et
dans celle du revers fait allusion aux trois étoiles
de la fasce du blason de Mazarin.
Le dessin de Poey d'Avant donne à tort la date
de i633 (2). D'autre part, le rédacteur du catalogue
de la collection Gréau a lu par erreur i636 (3).
Cabinet de Marseille. Poids : i3^%6o cent.
Planche 1, n" i (4).
Cette pièce, peut-être unique, a été découverte à
Benêt (Vendée). Après avoir appartenu successi-
vement à Benjamin Fillon, à M. Gréau et à
Charvet, elle a été acquise par M. Laugier, l'érudit
conservateur du Cabinet des médailles de la ville
de Marseille, au prix de 750 francs. Elle a été
gravée dans les catalogues des collections dont
elle a fait partie. En comparant les dessins entre
eux, on remarque, en dehors de l'imperfection de
la frappe du droit, les mêmes détails dans le
contour et dans les grènetis. Il s'en suit que la
monnaie du Cabinet de Marseille est bien celle qui
a été mise au jour en Vendée.
(1) L'Art héraldique de Baron, nouvelle édition par Playne,
indique que ces trois abeilles sont marquetées de sable (p. loô).
(2) Monnaies féodales de France, no 4,402.
(3) Description des monnaies françaises et étrangères exc, n° 1,217.
(4) Ce dessin, comme ceux des monnaies du Cabinet de Marseille,
reproduites dans ce mémoire, est dû à la plume si habile de
M. Laugier.
Année 1896. 4
5o
Les chapeaux qui surmontent les écus de
Mazarin et d'Antoine Barberini sont tous les deux
à six houppes. Cependant, les traités de blason
nous enseignent que les cardinaux ont un chapeau
de gueules à quinze houppes, que les archevêques
portent un chapeau de sinople à dix houppes et
que le chapeau des évêques est de sinople à six
houppes; ces nombres de houppes, quinze, dix et
six, ne se rapportent qu'à un seul côté du chapeau.
Ces principes semblent avoir été méconnus par
les graveurs de la Monnaie d'Avignon : il n'en
est rien. Les auteurs de la fin du xvii* siècle (i),
après avoir mentionné ces règles, indiquent
qu'elles n'ont pas toujours existé. On peut exa-
miner, une à une, toutes les monnaies forgées
durant le xvi^ et le xvii^ siècle, soit à Avignon, soit
à Carpentras,qui portent les armes d'un cardinal,
accompagnées du chapeau. On y verra toujours
un chapeau à six houppes, même sur les dernières
pièces émises à Avignon en 1692 et en i6g3, les
pièces de cinq sols avec le nom et les armes du
cardinal Pierre Ottoboni. D'autre part, si l'on con-
sulte Ciaconius, imprimé en i63o (2), on consta-
tera que les chapeaux de cardinaux n'ont que six
houppes. C'est donc à bon droit que le tailleur des
coins du quadruple de i635 n'a attribué que six
houppes au chapeau du cardinal Antoine Barbe-
rini. Le seul reproche qu'on puisse lui adresser,
(i) Baron, op. cit., p. i38.
(2) Vitce et ves gestce Pontificum Romanorum, elc.
51
c'est d'avoir dessiné au-dessous une croix bou-
lonnée au lieu d'une croix tréflée. Certaines mon-
naies, telles que la piastre de Carpentras de i5g8,
au nom de Clément VIII, ne présentent qu'un
chapeau à quatre houppes. Quant aux chapeaux
accompagnant l'écu des vice-légats, ils n'ont par-
fois que trois houppes ; quelquefois ils ne sont pas
reproduits.
L'usage de mettre leurs armes sur les monnaies
a été adopté par les vice-légats à la fin du
xvi^ siècle, durant le pontificat de Clément VIII.
Au xvii^ siècle, les cardinaux italiens plaçaient
une croix tréflée derrière leur écu, lorsqu'ils étaient
légats ou archevêques; les quinze houppes appa-
rurent à Avignon pour la première fois sous la
légation de Pamphili Camille (1644- i65o), ainsi
qu'il résulte de l'examen des bulles scellées avec
son sceau. Enfin les grands prieurs et les com-
mandeurs de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem
avaient seuls le droit d'insérer la croix de Malte
dans leurs armoiries (i).
2. — Mêmes légendes et types. i636. Poey
d'Avant, n° 4408.
Cabinet des médailles à Paris. Planche I, n° 2.
Ce quadruple a été frappé avec beaucoup plus
de soin que le précédent.
(i) Menestrier. La nouvelle Méthode raisonnée du Blason {ij3^),
p 209. — Blancard. Iconographie des sceaux des archives des Bouches-
du-Rhône, pi. III , n» 3.
52
Le quadruple de i635 n avait jamais été décrit
complètement. Celui de l'année suivante n'a été
cité que par Poey d'Avant. Les légendes étant les
mêmes, il n'y a pas lieu de recommencer une des-
cription. Le dessin prouve qu'il s'agit encore
d'une monnaie due à l'initiative de Mazarin.
L'étoile du droit et celle du revers de la pièce n° i
n'avaient pas pu être interprétées. Il en est de
même de la croix de légat et de la croix de Malte à
huit pomtes qui accolent l'écu du légat Antoine
Barberini. Ce prince de l'Eglise était, en effet, sim-
plement légat à ce moment et ce n'est que plus
tard qu'il devint archevêque. D'autre part, il avait
été destiné à l'ordre de Malte et il fut nommé
grand-prieur de Rome lorsque son oncle fut élu
pape(i). Richelieu s'opposa enfin avec la dernière
énergie à l'élévation de ce légat à la souveraineté
élective de l'ordre, à la suite du décès du grand-
maître, Antoine de Paul, survenu au mois de
juillet i636.
Lorsque j'ai publié un méreau uniface de
l'Aumône générale d'Avignon, j'ai été indécis au
sujet de l'origine de la croix tréflée qui se trouve
au-dessus de l'écu aux armes de la ville. Personne
n'avait pu expliquer la présence de croix analo-
gues sur certaines monnaies papales ouvrées à
Avignon, ou battues à Carpentras. J'avais sup-
posé qu'il s'agissait d'une croix de légat, mal
(i) MoRERi. Le grand dictionnaire^ etc., t. II, p. gg (édition
de 1759).
53
dessinée (i). Eh bien ! toutes ces croix sont réelle-
ment des croix tréflées de légat, correctement
reproduites. Au xvii^ siècle, les cardinaux italiens,
qui étaient en même temps archevêques ou légats,
plaçaient une croix de cette nature derrière leur
écu (2). Le plus souvent, les légats d'Avignon
étaient cardinaux, sans être revêtus de la dignité
d'archevêque. On doit donc appeler croix de légat,
les croix tréflées que l'on voit sur les monnaies
d'Avignon, sur celles de Carpentras, ou sur les
jetons et les méreaux.
Les quadruples émis à partir de lôSy inclusive-
ment, ont, au lieu de l'étoile du droit et de celle
du revers de ceux de i635 et de i636, une petite
croix, qu'avec un peu d'attention on détermine
rapidement : c'est une croix de Malte, allusion à
la situation du légat Antoine Barberini (3). La
représentation de ces deux croisette^ cessa natu-
rellement lors de l'expiration des pouvoirs de ce
prince de l'Eglise.
Les rarissimes exemplaires connus du quadru-
ple de 1637 sont aux armes de Frédéric Sforza,
successeur de Mazarin. Ils ont été forgés posté-
rieurement au mois de juin de cette année.
(i) Marques de la confrérie du Saint-Esprit, etc., d'Avignon, p. 12.
Des trois vice-légats que je cite (p. i5), on ne doit laisser subsister que
Hyacinthe Libelli, qui était archevêque.
12) Menestrier. La nouvelle méthode raisonnée du blason, p. 210.
(3) Le plus souvent la légende du revers débute par un point clos
(ma collection).
54
II. Demi-francs.
On a décoré des noms de Jules, de deux jukvS,
de demi-écu ou de teston, les monnaies d'argent
de grandes dimensions, au nom de Urbain VIII,
sur lesquelles ce pape est représenté au droit en
buste tourné à droite et au revers desquelles une
grande croix feuillue et fleurdelisée orne le champ.
Le poids ordinaire des pièces de cette nature,
lorsqu'elles sont bien conservées, atteint 6^',8o (i).
D'autre part, leur type est une contrefaçon des
demi-francs de Louis XIII, créés en i636, au
poids théorique de y^^og^. Ce sont donc aussi des
demi-francs; ils sont du reste peu communs.
Poey d'Avant cite l'une de ces monnaies sous
le n" 4,435, avec la désignation « jules », d'après
Cinagli (2), et sans dessin. Quelques numéros plus
haut, le même numismatiste mentionne une pièce,
sous le vocable « demi-écu » , datée de 1637 (3) , ayant
au droit « un buste » et au revers une « croix
fleurie », tout en renvoyant à la Revue Numisma-
tique (4), 011 cette espèce est publiée comme étant
au type du demi-franc de France de Henri III et de
Henri IV. Les n°' 4,407 et 4,435 de Poey d'Avant
ne concernent qu'une seule pièce. On doit, dès à
présent, rayer l'un de ces deux numéros. Enfin
(i) Ma collection.
(2) Op. cit., p. 220, n» 214.
(3) No 4,407.
(4) i83g, p. 280, n" 80.
55
Scilla décrit avec raison un demi-franc analogue,
daté de 1640 (i), mais il l'appelle à tort un double
Jules.
Je possède ces deux demi-francs de 1637 et de
1640. Ce n'est pas le lieu de les étudier. Je dois
seulement constater que celui de 1637 a été émis
pendant la vice-légation de Frédéric Sforza et
qu'il est étranger à Mazarin. Les mots de la
légende de l'avers sont séparés par une feuille
triangulaire et une petite croix de Malte accom-
pagne cette légende. Ces monnaies reçurent le
nom vulgaire de Barberines.
III. Quarts de franc.
Scilla a mis au jour la monnaie suivante :
« Urbanus • VIII ' Pont • Max • i636. Ritratto. »
« Antonius • Card • Barberinus • Le • Ave. Nel
mezzo, una Croce gigliata. . . . Giulio » (2).
Cartier l'a mentionnée dans la Revue Numisma-
tique (i83g, p. 280, n° 80) sans commentaires.
Cinagli (n"2i3) reproduit la description de Scilla,
sous le nom de giulio. Poey d'Avant déclare que
c'est une variété du n° 4,435, sans la croisette de
la légende du droit (n° 4,436).
(0 Op. cit., p. 84. La planche XCVI, no 8, où est figuré le dessin
du n" 4.407, nous montre au contraire une pièce hybride qui n'a jamais
existé que dans l'imagination de Poey d'Avant : d'un côté au nom
d'Urbain VIH et à la date de 1637 et de l'autre côté au nom du légat
Scipion Borghèse (i6o5-i62i).
(2) P. 83.
36
,, Cette pièce est un quart de franc ç^i non un jules.
Jusqu'à ce jour, elle n'a pas été publiée avec exac-
titude et aucune reproduction n'en a été donnée.
• VRBANVS • VIII • PONT • MAX • étoile,
feuille triangulaire, i636. Dans le champ, buste
du pape à droite.
: ANTONIVS • CAR • BARBERINVS • LE
AVE • Croix feuillue et fleurdelisée.
Pièce unique au Cabinet de Marseille. Poids
3g^35. PLI, n°3.
L'étoile du droit rappelle le blason de Mazarin.
S'il faut en croire Scilla, une variété porterait au
revers Card, au lieu de Car.
Je n'appelle pas ces pièces, monnaies de cinq
sols; je leur donne simplement le nom de quarts
de franc. A cette époque, en effet, le franc ne
valait pas 20 sols, mais il circulait pour 27 sols.
Le quart de cette somme s'élève à 6 sols 3 liards.
On connaitles demi-francs de 1637, i638, 1640,
1641 et 1642(1). Celui de 1639 n'a pas été retrouvé.
Deux variétés du quart de franc existent et sont
datées de i636. Ces dates, d'Un côté, le type, d'un
autre côté, établissent clairement que ces mon-
naies sont des contrefaçons des demi-francs et des
quarts de franc de Louis XIII, émis en vertu des
lettres patentes des 8 mai, 28 juin et 22 sep-
(i) lôSy et 1640 (ma collection); i638, 1641 et 1642 (Cab. de Mar-
seille).
57
tembre i636 (i), notamment à Lyon pour le sud-
est du royaume. Quant au nom de demi-franc et à
celui de quart de franc que je leur attribue, je
peux, après avoir insisté sur le poids et sur la
forme du champ du revers, citer un texte relatif
aux demi-francs de 1640. Le 14 mai de cette der-
nière année, l'Avignonnais Paul-Antoine Roure,
ouvrier à la Monnaie, fit constater que son
recochonnage ou apprentissage était terminé et
demanda à être admis à faire son chef-d'œuvre.
On lui remit « deux marcs argent, à faire demy-
francs »,à 7 heures du matin. On l'enferma ensuite
à clef dans une pièce. A une heure de l'après-
midi, le personnel de l'atelier constata, par procès-
verbal régulier, que Roure avait « exhibé et fait voir
à tous dans un bassin sur la table de la dite salle
les deux marcz de demy- franco, ouvrez en
68 pièces » (2). Il était d'usage d'imposer pour les
chefs d'œuvre la fabrication d'un certain nombre
de pièces courantes.
Sur les demi-francs et sur les quarts de francs
on distingue une feuille triangulaire, d'aspect
bizarre. Le moindre signe, reproduit sur une
monnaie avignonnaise, doit s'expliquer. Dans les
(1) Le Blanc, Traité historique des monnayes de France, -ç. 329 —
Hoffmann. Les monnaies rojales de France etc., § Louis KFII,
nos 63 et 64.
(2) Archives municipales d'Avignon, CC, boîte 17, n» 27 : En
France, les demi francs, créés en i636, furent taillés sur le pied de
34 1/4, au lieu de 34, au même marc de Paris.
58
armes du pro-vice-légat de Mazarin, Fabrice de la
Bourdaisière, figure un rameau de vesce; dans
celle du vice-légat Sforza, successeur de Mazarin,
on voit une branche de cognassier au naturel (i).
Ni les feuilles de vesce, ni celles du cognassier,
n'offrent le moindre rapport avec la feuille qu'il
s'agit de déterminer (2). Durant le gouvernement
de Mazarin. la Monnaie d'Avignon fut dirigée,
d'abord , par deux maîtres associés, Sébastien Bour-
don et Samson. La même marque se retrouvant
sur des monnaies faites après 1637, lorsque Bour-
don était maître unique, je l'attribue au graveur.
IV. Barberins ou pièces de cinq sols.
Le 28 janvier 1634, le conseil de ville d'Avignon
se réunit à la nouvelle que la cour des comptes
de Louis XIII venait de décrier les gros patards, les
liards et les barberins « qui se font en ceste ville au
grand détriment du public et du commerce d'i-
celle. » Les consuls exposèrent qu'ils avaient déjà
prié le vice-légat de faire cesser la frappe de ces
monnaies. Marins Philonardi avait déclaré qu'a-
vant de prendre une décision, il voulait envoyer
des délégués en Provence et dans le Languedoc
pour examiner si dans ces deux provinces « les
dictes monnaies auraient mise non obstant les
(1) Reynaud Lespinasse. Op. cit., pp. 19461195.
(2) Du reste, les dates s'opposent à ce que ce soit un différent, faisant
allusion au blason de l'un ou de l'autre de ces prélats.
59
dicts arrêts, lesquelz bien souvent ne sont point
mis à exécution. » On délibéra cependant de
supplier le vice-légat de « faire superséder » (i) à
la fabrication de ces espèces (2).
Quelle peut être la pièce désignée sous le nom
de barberin? Il s'agit évidemment d'une monnaie
où sont figurées un grand nombre d'abeilles ou
barbarini{3). D'autre part, cette pièce a une valeur
supérieure au liard et au patard, d'après l'ordre
indiqué dans la délibération du 28 janvier 1634.
Une seule monnaie remplit toutes ces condi-
tions. Au droit, on voit dans le champ un grand
écu aux armes du pape; le champ du revers est
orné d'une image de Saint-Pierre, représenté à
mi-corps, au-dessus des armes du légat. Il existe
sur cette pièce six abeilles, à raison de la figuration
du blason d'Urbain VIII et à cause de la représen-
tation de l'écusson du légat, son neveu. Le nom
de barberin est pleinement justifié.
Le type des barberins est emprunté aux pièces
similaires émises à Avignon durant le pontificat
de Clément VIII (i5g2-i6o5). Les armes de ce pape
remplissent le champ du droit; au revers, Saint-
Pierre est figuré au-dessus des armes du légat
( 1) Faire surseoir à .
(2) Archives mun. d'Avignon, registre des conseils, i634, fol. ijy.
(3j A mon sens, la meilleure description des armes des Barberini a
été donnée par Menestrier Le véritable Art du blason ou l'usage des
Armoiries, p. 36) : d'apir à trois mouches ou taons d'or, que les
Italiens nomment barbarini.
6o
Aquaviva. Sur un second type, la légende du
revers rappelle Saint-Pierre et Saint-Paul, dont
on voit les deux images au-dessus de l'écu du
légat: d'autre part, le mot Avenio a été supprimé,
à cause du défaut de place (i). Ces monnaies
ne peuvent recevoir le vocable de pdes que les
auteurs leur infligent. Les ordonnances monétaires
inédites, que j'ai consultées, les dénomment clé-
ments ou clémentins. Il était tout naturel d'adopter
le nom de barberins pour celles frappées durant le
règne d'un Barberini.
Le commerce accueillit les clémentins avec une
défaveur tellement marquée, qu'aucune espèce de
cette nature ne fut forgée sous les deux successeurs
immédiats de Clément VIII, Paul V et Gré-
goire XV. Quoiqu'ils valussent un peu moins de
cinq sols, le légat Aquaviva avait essayé, en effet,
de les faire circuler sur le même pied que les
quarts de franc.
Dès 1623, le légat François Barberini fit frapper
des barberins. On retrouve ces pièces avec les
dates 1623, 1624, 1626, 1627, 1628, i63o, i63i,
i632, i633,i636, 1637 et 1640. En outre, une variété
ne porte pas de date (2). Comme les clémentins
n'étaient pas datés, j'estime que le barberin
dépourvu de date a été forgé en i623, au début de
l'émission. Les barberins avaient une valeur de
(1) SCILLA, op. cit., p. 69.
(2) CiGNALi, op. cit., pp. 219 et 220. Je possède les barberins de
1634, 1627 et de i63o.
6i
cinq sols, le prix du marc d'argent ayant été haussé
lorsque leur frappe commença.
La Monnaie d'Avignon ouvra un nombre con-
sidérable de barberins en i633. De là les protes-
tations du public et la délibération du 28 janvier
1634 que j'ai analysée en tête de ce paragraphe.
La fabrication fut suspendue à ce moment; elle
ne fut reprise qu'en i636 et en 1637.
Scilla décrit les deux pièces suivantes :
« VRBANVS • VIII • PO • M • i636. Arme.
« S • PETRVS • AVENIO. Mezza figura, e
sotto l'arme del Card. Antonio Barberini. Giulio.
« VRBANVS • VIII • PO • M • 1637. Arme.
« S • PETRVS • AVENIO. Mezza figura, e
sotto l'arme del Card. Antonio Barberini. Giu-
lio » (i).
La première de ces monnaies se rattache évi-
demment au gouvernement de Mazarin, à cause
de la date de i636. Je considère la deuxième
comme ayant été émise durant la même période,
c'est-à-dire, au plus tard, au mois de mai 1637.
J'aurais été bien aise de pouvoir donner le dessin
de ces deux barberins. Mais ils n'existent dans
aucune collection à ma connaissance. Depuis
Scilla, aucun auteur ne les a vus. Les abréviations
PO • M • du droit se traduisent par Pontifex Maxi-
mus. D'habitude une rose est gravée après le mot
Avenio. Je ne sais si sur les deux barberins de
(1) Scilla, op. cit., p. 83.
62
i636 et 1637, la rose n'est pas remplacée par une
étoile, rappelant les armes de Mazarin. Quoi qu'il
en soit, ces deux barberins sont au nombre des
monnaies les plus rares de la série pontificale
d'Avignon (i). Le cabinet des médailles de Mar-
seille, qui est si riche, grâce à l'activité de M. Lau-
gier, ne les a pas.
V. LiARDS.
De même qu'au début de l'année 1634, le trop
grand nombre de liards pontificaux en circulation
à Avignon provoqua d'énergiques réclamations
de la part des consuls, les nouvelles émissions de
ces pièces, en i636, obligèrent ces derniers à faire
entendre leurs doléances à Mazarin, dans les pre-
miers jours de l'année 1637. Le 3 février de cette
année, on exposa au conseil de ville que « les
monnaies basses et particulièrement les liards ont
causé un très grand désordre en ceste ville, dont
le négoce en est grandement interrompu, jusques
même que tout plein de populace, qui n'ont que
des liards, sont venus crier en la maison de ville,
disant qu'ils meurent de faim, quoiqu'ils aient
d'argent en main pour acheter du pain, lequel
argent on ne veut recevoir parce que ne consiste
qu'en liards ; ce qu'ont voulu faire savoir au con-
(1) Le barberin que j'ai vu le plus souvent dans les collections est
celui de 1 633.
63
seil. Sur quoi a esté conclu d'écrire à Mgr Mazarin,
vice-légat, et le supplier de vouloir remédier aux
désordres que les liards qui se fabriquent en ceste
ville portent en la dicte ville et le supplier de faire
superséder à la fabrique des liards et gros patacs
et remis à MM. les consuls et assesseurs de faire
et dresser les mémoires nécessaires pour cet
effet » (i).
Il s'en suit que Mazarin a fait forger à Avignon
des liards. On connaît deux types de liards d'Ur-
bain VIII : le liard à l'M et le liard au V (2).
Le liard à l'M était destiné à faire concurrence
aux liards analogues faits à Orange, au nom du
prince Maurice (1618-1625), puis à celui de son
frère Frédéric Henri (1625-1647). Ceux-ci étaient
eux-mêmes une contrefaçon des liards de Marie
des Bombes (1608 1626). Gaston d'Orléans (1627-
1657) émit de son côté des liards au G.
Aucun des liards d'Urbain VIII n'est daté.
Aujourd'hui ilssontfort rares et, commeleurfrappe
a été bien négligée, il est très difficile d'en rencon-
trer à légendes entières.
J'estime que les liards au V sont postérieurs à
la vice-légation de Mazarin, à qui j'attribue la
variété suivante de liard à l'M, qui est inédite :
(+ . VRBANVS • V) III • PONT • OP. Dans le
champ, sous une couronne, un M accosté de trois
abeilles mal ordonnées et dépourvues de leur
(1) Archives d'Avignon, 23e registre des conseils, fol. 32 1 et 322,
o ^2) PoEY d'Avant, op. cit., n"s 4438 et 4439.
64
aiguillon, de leursantennes et de leurs pattes. Cha-
cune de ces trois abeilles ressemble à un volant
dont on se vsert dans le jeu de ce nom. Etant ren-
versées, elles imitent les trèfles des liards d'Orange
et les lis des liards des Dombes. OP est l'abré-
viation à'Optimus. La formule pontifex optimus
maximus se lit sur un certain nombre de monnaies
avignonnaises de Paul V et de Grégoire XV, pré-
décesseurs d'Urbain VIII.
Rev. (+ ANT • CAR • B) AR • LE • AV • Croix
dite du Saint-Esprit, ornée au centre d'une feuille
dans chaque canton.
Poids : 0,70 cent. Cabinet de Marseille. PI. I, n° 4.
J'attribue cette pièce à la vice-légation de
Mazarin à cause surtout delà forme extraordinaire
donnée aux abeilles, forme que nous allons
retrouver sur les doubles tournois ou gros patards.
Peut-être que l'on distinguera une étoile sur un
exemplaire de parfaite conservation.
VI. Gros patards ou doubles tournois.
Les patards avaient été émis en si grandes
quantités durant la première partie du règne d'Ur-
bain VIII que leur cours fut prohibé en France, en
même temps que la circulation des liards et des
barberins. Le vice-légat fut obligé de faire sus-
pendre leur frappe, au début de l'année 1634.
Mazarin maintint cette décision, mais il ordonna
de continuer à imiter les doubles tournois français.
65
La nouvelle monnaie valut deux sols comme les
patards, avec cette différence que son poids fut
presque trois fois supérieur. Sa ressemblance avec
les doubles tournois faits à l'atelier royal de Ville-
neuve-lez-Avignon (i), fut poussée à un tel point
que son admission dans les provinces voisines ne
souffrit aucune difficulté. C'est à tort que les
numismatistes appellent cette espèce un quattrino;
c'est un double tournois, ou pour employer l'expres-
sion vulgaire de l'époque, un gros patard.
Les patards n'étaient pas datés. Il est tout
naturel que les premiers doubles tournois aient
présenté la même particularité. Il existe plusieurs
variétés de doubles tournois dépourvus de date ;
ils sont peu communs. Cinagli les mentionne. Ils
sont restés inconnus en nature à Poey d'Avant.
M. Laugier a publié le double tournois sui-
vant :
I. — Étoile. VRBANVS • VIII • PONT- MAX.
Buste du pape à droite.
Rev. ANT • CARD • BARB • LEG • AVEN.
Trois abeilles mal ordonnées et privées de leurs
antennes ornent le champ (2).
Cab. de Marseille. Ma collection. Poids 2^'",g25.
PI. I, n° 5.
(1) Roger Vai.lentin. Les doubles tournois et les deniers tournois
frappés à Villeneiive-le^- Avignon, durant le règne de Louis XI IL
(1610-1643).
f2) Monnaies inédites ou peu connues de papes et légats d'Avignon
appartenant au cabinet des médailles de Marseille, § Urbain VIII.
. Année 1896. 5
66
Les doubles royaux dont celui-ci est la copie Ont
au droit la lettre d'atelier et sont datés ; au revers,
la légende, précédée d'une croisette, commence à
droite et en haut. Le différent est remplacé ici par
une étoile, empruntée à Técu de Mazarin. Les
abeilles du revers sont plus aisées à déterminer
que sur le liard précédent, car cette fois, on leur a
conservé au moins leurs pattes. Etant renversées
et leurs antennes ayant été supprimées, elles
imitent assez bien des lis.
Sur mon exemplaire, les antennes sont vague-
ment indiquées. En outre aucun point ne sépare
les mots Barb. et Leg.
Cette pièce est la seule connue de nos jours. Il
existe deux autres variétés, d'après Cinagli.
2. — Même légende au droit, sauf M au lieu de
MAX. Même type.
Rev. Même légende et même type.
3. — Même légende et même type.
Rev. ANT • CAR • BAR • LE • AVE. Même
type (i).
Cinagli n'annonce la présence d'aucune étoile
sur les trois doubles non datés qu'il décrit. Si les
deux dernières de ces monnaies ont une étoile
comme la première, on doit lés attribuer à Maza-
rin. Si, au contraire, l'étoile n'est pas figurée
sur l'une d'entre elles, ou sur toutes les deux, ces
(i) Op. cit., § Urbain VIII, n"» 370 et Syi. Le n" Sôg est un double,
identique à celui de ma collection.
67
monnaies ou cette pièce doivent être rattachées
à la vice-légation de Marins Philonardi.
Quoi qu'il en soit, je classe à l'année 1634 les
doubles tournois de Mazarin non datés.
4. — Dès i635, la fabrication des doubles fut
pratiquée à Avignon sur une vaste échelle.
Étoile • VRBANVS • VIII • POiNT • MAX.
Buste du pape à droite. Le graveur a inscrit par
erreur une molette au lieu d'une étoile.
ANT • CAR • BAR • LE • AVE • i635. Dans le
champ trois abeilles, pourvues de leurs pattes,
d'une sorte d'aiguillon et de légères antennes.
Cette fois les abeilles sont bien ordonnées. Cette
mesure dut être prise sur les réclamations du roi
de France. La copie des doubles français est encore
flagrante; mais on voit très bien dans le champ
trois abeilles et non trois lis. L'atelier royal de
Villeneuve, situé de l'autre côté du Rhône et en
face d'Avignon, n'ouvrait plus depuis 1627 (i). Du
reste le moulin installé à cette Monnaie fut brisé,
en vertu d'un arrêt du mois d'août i635 (2). Les
généraux-maîtres du royaume surveillaient atten-
tivement les émissions papales d'Avignon. En
retournant les doubles, les trois lis sont remar-
( 1 ) R. Vallentin, Les doubles tournois et les deniers tournois frappés
à Vil leneuve-le^- Avignon, durant le règne de Louis X/// (1610-1643),
P- 14.
(2) Delombardv, Catal. des monnaies françaises de la collection de
M. Rignault, p. 54.
68
quablement simulés. Le vice-légat d'Avignon
pouvait affirmer que la contrefaçon des doubles
de Louis XIII n'était pas absolue.
Ma collection. Cinagli, n° 357. Poey d'Avant,
n°44i6. Le numéro 4416 et le n° 4414 paraissent
faire double emploi (i). Quelques exemplaires
peuvent être dépourvus au revers du grènetis inté-
rieur. Poids : a^'jSo cent. Planche I, n° 6.
5. — Variété, avec LEG au lieu de LE au revers.
Cinagli, n" 355. Poey d'Avant, n° 4415.
6. — Variété du n" 4, avec BARB. à la place de
BAR dans la légende du revers.
Cartier, Revue Num. , iSSg. Cinagli, n" 358.
Poey d'Avant, n° 4417.
Comme pour les doubles non datés, Cinagli ne
signale pas d'étoile avant la légende du droit sur
les doubles de 1635.
Il existe encore d'autres variétés, relativement à
la ponctuation des légendes. Elles sont trop peu
importantes pour être signalées.
7. — Mêmes légendes et types que sur le n° 4.
i636. Les mots de chaque légende ne sont séparés
par aucun point. Les pattes et les antennes des
abeilles sont rigoureusement supprimées, comme
sur le liard déjà étudié.
Ma collection : deux exemplaires. Sur l'un d'eux,
(1) Poey d'Avant, Description des monnaies seigneuriales fran-
çaises composant la collection de M. F. Poey d'Avant, n" 1292.
i
69
l'étoile précédant la légende du droit est très bien
figurée. Sur l'autre, on voit une molette au lieu
d'une étoile. Planche I, n° 7. Inédit. Poids : a^^gS
et 2S'",g5.
8. — Variété du numéro précédent : LEG à la
place de LE.
Cinagli, n° 35g. Double omis par Poey d'Avant.
g. — Variété du n° 7 avec BARB au revers. i636.
Cartier, Revue Num., i83g. Cinagli, h" 36 1.
Double oublié par Poey d'Avant.
Cinagli n'a pas mentionné encore l'étoile,
précédant la légende du droit sur les deux variétés
de i636.
10. — Nous avons vu que Mazarin quitta Avi-
gnon pour toujours au mois d'octobre i636. Son
remplacement paraissant certain, on supprima
l'étoile du droit des doubles avignonnais pour lui
substituer une croix que personne n'a encore pu
identifier. C'est une petite croix de Malte empruntée
au blason du légat.
Les légendes nous montrent une ponctuation
régulière. On lit BARB au revers, comme sur
le numéro 8.
Le surplus est identique au n° 4. i636. Les
antennes et les pattes des abeilles ont disparu (i).
(1) Généralement, on indiquait sur les blasons les antennes et le
paUes des abeilles d'une façon très superficielle. Voj'., par exemple,
les armes de M. Des Entelles, gravées sur l'estampe de C. N. ^'arin,
intitulée t< Les spadassins en fête de vilage «. (Ma collection.')
70
Ma collection : deux exemplaires. Cinagli, n°36o.
Poey d'Avant, n°44r8. Planche I,n° 8. Poids 2S'",7o
et 2S'",3o.
11. — En 1637, l'étoile apparut de nouveau sur
les doubles. Mêmes légendes que celles du
numéro g. 1637.
Cinagli, n° 364. Omis par Poey d'Avant.
12. — Légendes du numéro g. 1637.
Cartier, Revue Num., i83g. Cinagli, n*'365.
i3. — La croix de Malte fut de nouveau substi-
tuée à l'étoile. Légendes du numéro g. 1637.
Ma collection : deux exemplaires. Cinagli, n^362.
Planche I, n° g. Poids : 2S^8I et 2e%8o.
14. — Légendes du numéro 4. 1637.
Cinagli n" 363. Poey d'Avant, sous le n° 4413,
décrit ainsi cette monnaie : « Même légende. Buste
du pape à gauche (????), dans un grènetis.
ANT • CAR • LE • AVE. Dans le champ, trois
abeilles simulant des lis.
Cuivre. Quattrino. 5i grains (Poey d'Avant,
n° I2g2. Revue, 18 3g, n" 82). »
Le dessin donné par cet auteur est cependant
correct. Le chapitre consacré à Urbain VIII est
tout entier à refaire.
Lorsque le successeur de Mazarin fut nommé,
la frappe des doubles tournois d'Avignon avait
cessé. Elle ne fut reprise qu'en 1640.
J'ai indiqué plus haut que les doubles tournois
7'
dépourvus du millésime et n'ayant pas d'étoile au
droit devaient être classés au prédécesseur de
Mazarin. C'est à Marins Philonardi qu'est due,
en effet, la création de cette espèce. La délibéra-
tion consulaire du 28 janvier 1634 en fait mention
et voici la copie d'un autre texte encore plus expli-
cite. Je considère les premières émissions de gros
patards comme ayant eu lieu dans les derniers
jours de l'année i633 :
« Du temps de Monseigneur Philonardy, arche -
» vêque et vice -légat, on a fait faire si grande quan-
» tité de petites et basses monnayes, que non seule-
» mentlesparticuliers, maisaussi notre ville encore
» en a reçu de très grands dommages et pertes.
» Plus le dit seigneur archevêque et après lui
» autres (i) ont fait battre une énorme quantité de
» gros patats pour la fabrique desquels on travail-
» lait nuit et jour et y avait certain nombre d'ou-
» vriers pour le jour et certain nombre pour la nuit.
» On pourra faire aussi voir à Sa Sainteté quelques-
» uns des dits doubles.
» Et pour faire que personne ne dit mot, le dict
» seigneur Philonardy fit mettre dans le contrat du
>> maître des monnaies un pache (2) que les doubles
» et patats se débiteraient hors de l'Etat de Sa
» Sainteté.
» Mais cette grande et effrénée quantité de dou-
(i) Les consuls visent Mazarin et son successeur Sforza.
• (2) Condition, en langue vulgaire (pactiim). '
72
» blés fabriqués dans Avignon a été cause qu'ils
» ont été décriés, et quand nous avons voulu atta-
» quer le maître de la Monnaie, conformément à
» son obligation, le maître s'est retiré et ses cau-
» tions ont répondu qu'ils n'étaient cautions que
» pour la Chambre (i) et non pour autre personne.
» Et d'ailleurs nous n'avons jamais pu avoir copie
» du dit contrat, duquel le notaire disait qu'il lui
» avait été défendu d'en donner aucune copie,
» tellement que le public et les particuliers y ont
» fait de grosses et signalées pertes, même plus que
» du double de ce que les dits gros patats s'expo-
» saient (2). »
Ces lignes sont extraites des instructions iné-
dites données par les consuls d'Avignon à leurs
délégués, ou, pour se servir de l'expression con-
sacrée, à leurs ambassadeurs, auprès du pape
Urbain VIII. Ces instructions sont un véritable
réquisitoire contre les émissions de monnaies
faites sur les ordres des vices-légats successifs
Philonardi, Mazarin et Sforza. Le nom de Maza-
rin est passé sous silence, quoique les plaintes
formulées visent aussi les mesures monétaires
qu'il crut devoir prendre. Les premiers magis-
trats de la cité d'Avignon demandaient l'inter-
vention formelle du souverain pontife et blâ-
(1) Chambre Apostolique d'Avignon,
(2) D'après une copie fautive de Paul Achard, se trouvant dans ses
papiers au Musée Calvet. Le texte original fait partie des archives
municipales d'Avignon. Il n'est pas classé; je n'ai pas pu le retrouver.
73
maient ouvertement le vice-légat en fonctions,
Frédéric Sforza.
VIL
On peut lire dans les Mémoires de V Académie de
Vmicluse (i), une ordonnance rendue par le pro-
vice-légat de Mazarin, le i5 mai 1637, relative-
ment aux faux patards. Les trois états du Comtat
Venaissin et le procureur -général d'Avignon
s'étaient fait l'écho, auprès de ce prélat, des
plaintes du commerce au sujet des « petits pataz
noirs à deux clefs, faux et contrefaitz ». Fabrice
de la Bourdaisière décida que tous les détenteurs
de patards quelconques devaient, avant de les
mettre en circulation, les montrer « aux commis
qui seront spécialement députés », pour en effec-
tuer « la triaille et séparation et ceulx qui seront
recognus faulx, estre par iceulx commis, en pré-
sence des parties, coupés et sizellés (2) et les pièces
rendues aux dites parties ».
Le pro-vice-légat de Mazarin rendit deux ordon-
nances, absolument inédites, relatives au billon-
nage, le 11 février et le 4 mars 1637 :
« 1° Du mandement de Monseigneur Illustris-
» sime et Révérendissime, évesque de Cavaillon,
» pro-vice-légat pour Monseigneur l'Illustrissime
» Julie (sic) Mazarin, vice-légat et gouverneur
» général ez-cité et légation d'Avignon et à la
(0 i885, p. 170.
(2) Cisaillés.
74
» requeste de Monsieur Sébastien Bourdon, fer-
» mier général des Monnoyes de Nostre Sainct
» Père en cet Estât, joint à luy illustre seigneur
» Monsieur François de Labeau-Bérard, advocat
» et procureur général de Nostre Sainct Père, ez-
» cité et légation du dict Avignon, en exécution et
» conformité des ordres cy-devant faicts , et notam-
» ment le vingt huictiesme septembre mil six
» cent trante trois, par ces présentes est inhibé (i)
» et déffandu à toutes personnes de quelle qualité
» et condition que ce soit de billoner, achepter,
» ny vendre, ny faire achepter ou vendre de billon
» en or ou en argent, monoié ou non monoié,
» ny autre mestail meslé et servant de billon, tant
» en ceste ville que ailleurs dans le présent estât,
» transporter ny faire transporter le dict billon
» hors d'icelluy , le tout sans l'exprès consantement
» du dict sieur fermier général et licence de mon
» dict seigneur, à paine de confiscation du dict
» billon et de vingt cinq marcs d'argent qu'encou-
» riroyt chascun des vandeurs, achepteurs et entre-
» meteurs ou courratiers (2), aplicables au fisc de
» Sa Sainteté sans autre déclaration, le tiers de
» laquelle confiscation, dès maintenant comme
» pour lors, appartiendra au dénonciateur ou
» dénonciateurs de tels contrevenants, lesquels
» seront tenus secrets, et le restant appartiendra
» un tiers à la révérende Chambre et l'autre tiers
(1) Inhibere.
(2) Courtiers en provençal.
75
» au dict sieur fermier. Mandant et commandant
» mon dict seigneur à tous juges, magistrats,
» justiciers, officiers de Nostre Sainct Père et à
» chascun d'iceux de procurer l'exécution des
» présentes, lorsque seront requis par les dits ins-
» tants(i), etleurpresteraide,faveur et assistance,
» à paine de désobéivssance, et à ce que aucun ne
» puisse alléguer ignorance des présentes, mon
» dict seigneur a voulu et ordonné, veut et or-
» donne les présentes estre publiées àson et cry de
» trompe et affigées (2) par tous les lieux et carre-
» fours de la présente ville et autres lieux du comté
» que besoing sera.
» Donné en Avignon au palais apostolic, ce
» onziesme jour du mois de febvrier mil six cens
» trente sept.
» F. Ep. Cav., p. V. leg. (3). »
Cette ordonnance fut publiée à Avignon, le
16 février lôSy, par Jean Palme « trompette juré
du dict Avignon ». Elle ne donna pas les résultats
qu'on attendait. Le transport du billon continua
à être effectué sur une vaste échelle.
Fabrice de la Bourdaisière se vit contraint de
prendre une nouvelle décision :
(i) Demandeurs [instare).
(2) Affichées.
(3) Copie d'une ordonnance de Monseigneur l'évesque de Cavaillon,
provicelégat, an sujet du billionage de l'an lôSy, cottée G, no 7. —
Archives d'Avignon, boite 17.
76
« Du mandement de Monseigneur riUustrissime
» et Révérendissime Julie (sic) Mazarin, refféran-
» dère de l'une et l'aultre signature, vicelégat et
» gouverneur général en ceste cité et légation
» d'Avignon et à la requeste de Monsieur l'advo-
» cat et procureur général de Nostre Sainct Père
» en ceste dicte cité et légation du dict Avignon,
» ayant au préalable sa dicte Seigneurie lUustris-
» sime révocqué, comme révocque par les pré-
» sentes, toutes criées et proclamations faictes de
» l'authorité des antécesseurs de sa dicte Seigneu-
» rie Illustrissime que sienne sur le faict du billon
» et notamment celle du onziesme de febvrier
» dernier et réduisant toutes les dictes criées aux
» présantes qu'a voulu et veut mon dict seigneur
» avoir effaict tant seulement, conformément à
» autre criée faicte le quinziesme febvrier de l'an-
» née mil six cents trante quatre. Est inhibé et
» deffandu à toutes persones, dequel estât, degré
» et condition qu'ils soient^ de transporter ny faire
» transporter hors la présante ville et comté de
» Venisse du billon en or ou argent, monoié ou
» non monoié, ny autre meslé servant de billon,
» sans l'expresse licence par escript de mon dict
» seigneur, à peine de confiscation du dict billon
■X et de vingt-cinq marcs d'argent fin incourables
» (sic) par chasque contrevenant, sans aultre décla-
» ration ; un tiers de laquelle confiscation dès main-
» tenant comme pour Ihors appartiendra au fisc de
» Nostre Sainct Père, l'aultre tiers au sieur fer-
77
» mier général de la Monoie et le restant au dénon-
» dateur de tels contrevenants, lequel sera tenu
» secret. Mandant et commandant mon dict sei-
» gneur à tous juges, magistrats, justiciers et offi-
» ciers de Nostre Sainct Père et à chascun d'iceulx
» de procurer l'exécution des présantes, lors que
» requis seront par le dict sieur advocat et luy pres-
» ter aide, faveur et assistance, àpainededésobéis-
» sance.Etàce que aucun ne puisse alléguer igno-
» rance des présantes, mon dict seigneur a voulu
» et ordonné, veut et ordonne ces présentes estre
» publiées à son et cry de trompe et affigées par
» tous les lieux et carrefours de la présente ville et
» autres lieux du comté que besoing sera.
» Donné au palais apostolique du dict Avignon
» le quatriesme mars mil six centz trante sept.
» F. Ep. Cav., p. V, leg. (i). »
Roger Vallentin.
(i) Copie d'une ordonnance de Monseigneur l'évesquede CavailU n,
provrcelégat, au sujet du billionage de Van lôSy, cottée G, n" 7. —
Archives d'Avignon, boîte 17.
78
^N 1
con'ce:<nant les
CORPORATIONS DE MEDECINS, CHIRURGIENS, BARBIERS
AUX XVIie ET XVIIie SIÈCLES.
Planche II.
I.
NOUVEAU SCEAU DE LA FACULTE DE MEDECINE DE
PONT-A-MOUSSON.
Postérieurement aux recherches que je fis paraî-
tre en 1873, sur les sceaux médicaux de Lor-
raine (i), M. le chanoine Hyver nous révéla
(1) Cf. : a, Sceaux des anciennes institutions médicales de Pont-
à-Mousson et de Nancy, par J. Chautard, 1 broch. in-S». (Extrait
des Mémoires de la société de Médecine de Nancy pour 1871-1872
et de la Rev. num. belge, 5^ série, t. VI, année 1874, avec planches.)
b) La Faculté de médecine de l'université de Pont-à-Mousson, par
l'abbé Hyver, i broch. in-8°, 1876. (Extrait des Mém. de la Soc.
d'arch. lorraine pour 1876.)
c) Essai sigillographique, par le Dr Dauchez, à propos de la
société de Saint-Luc, Saint-Côme et Saint-Damien. 1891, broch. in-8",
avec de nombr. vignettes dans le texte. (Extrait des Mém. de la Société
de médecine de Lille, 1890.)
d) Mœurs et usages des corporations de métier de la Belgique
et du nord de la France, par Félix de Vigne, un volume gr. in-S°.
Gand, 1857. (Planches XXIX, XXX et XXXI, sceaux des barbiers de
Bruxelles, Audenarde, Bruges, etc..)
79
l'existence d'un nouveau cachet de la faculté de
médecine de Pont à-Mousson, reproduit depuis
par M. le docteur Dauchez dans un intéressant
essai sigillographique relatif à Saint-Luc, patron
des anciennes facultés de médecine de France.
Peut-être ne sera-t-il pas indifférent aux lecteurs
de la Revue de connaître ce nouveau sceau qui est
circulaire et d'un diamètre légèrement inférieur à
celui de la pièce décrite dans mon premier travail
sous le nom de Sigillum magnum : 62 millimètres
au lieu de 66 que portait cette dernière. J'y joins la
gravure sur bois que M. le docteur Dauchez a bien
voulu me confier.
On lit d'abord en légende circulaire, placée
8o
entie un double filet intérieur et une bordure exté-
rieure formée de calices de fleurs se pénétrant
l'un l'autre : « ♦ SIGILLVM «i- RECENS * FA-
CVLTATIS * MEDICIN^ * PONTI '^ MVSSI »,
le tout précédé d'une croix à pieds fichés, et les
mots intercalés d'une très petite croisette de
même. Dans le champ, on voit trois personna^^es
portant la toque et la longue robe de docteur.
Deux d'entre eux sont debout et ont sur les
épaules une pèlerine de fourrure. Ils tiennent dans
la main divers attributs : l'un a dans la droite un
CŒur enflammé et dans la gauche le miroir sym-
bolique de la médecine, dont le manche se con-
fond avec un objet assez peu distinct que le second
personnage porte de la main droite et qui pourrait
être un serpent, tandis que de la gauche il tient
une espèce de sceptre ou bâton, rappelant celui
que roulait à la main la personne que l'on sai-
gnait, afin de faciliter l'écoulement du sang. Le
troisième personnage, coiffé comme les deux
autres, mais vêtu smiplement de la robe à larges
manches, sans chape de fourrure, est a genoux,
dirigé à gauche de profil et les mains jointes vers
les deux premiers. Au-dessus, flotte une bande-
rolle ou phylactère avec ces trois abréviations :
ANA PEY POI, semblant désigner ainsi, par
des mots grecs abrégés, les sciences enseignées
alors à la faculté de médecine. ANA serait l'abré-
viation de ANATOMIA, anatomie et chirurgie,
sciences indiquées du reste assez clairement par
8i
les emblèmes que porte le premier de ces person-
nages; POI, de POIA, herbe, indiqueva.it la botani-
que; enfin PEY, de PEUSIS, rappellerait la thé-
rapeutique, l'une des branches importantes de la
science médicale.
Tout porte à croire que les personnages du
milieu représentent Saint-Côme et Saint-Damien,
patrons comme Saint Luc de la médecine, et le
personnage agenouillé figurerait le candidat qui
attend d'être investi du pouvoir de guérir. Ces
deux saints avaient, du reste, dans l'église Saint-
Laurent, paroisse des médecins et des légistes à
Pont-à-Mousson, une chapelle qui leur était con-
sacrée et une congrégation sous le vocable de
Saint Côme et de Saint-Damien.
La matrice de ce sceau n'existe plus, mais
l'empreinte en cire en est conservée à la biblio-
thèque de Pont-à-Mousson ; elle est renfermée
dans une capsule de fer blanc, comme les sceaux
des autres facultés.
L'iconographie chrétienne a donné quelquefois
comme caractéristique, aux S. S. Côme et Damien,
le serpent d'Esculape enroulé autour d'un bâton
et a revêtu les deux saints des insignes du docto-
rat universitaire : bonnet carré, chape herminée,'
longue robe, etc., et ainsi que nous le dirons plus
loin, on a vu à la. main de ces mêmes saints, un
cylindre, un étui d'instruments de chirurgie, un
bocal de pharmacien et, comme cela pourrait
être sur notre sceau, une baguette rappelant le
Année 1896. 6
82
bâton manié, pendant la saignée, par le malade.
Quelle était la destination de chacun des deux
sceaux de la faculté de médecine de Pont-à-
Mousson? On ne peut à ce sujet que se livrer à
des conjectures. Dans certaines universités, on
retrouve la mention de trois sceaux, l'un de
baccalauréat, un autre pour la licence, un troi-
sième pour la maîtrise ou doctorat. Dans son
histoire de « Rabelais à l'ancienne faculté de méde-
cine de Montpellier »(i), le docteur Gordon repro-
duit la matrice des trois sceaux de formes diffé-
rentes, d'inégale grandeur, réservés à la sanction
des épreuves en question. La mention sigillum
magnum sur le plus ancien de nos deux sceaux,
celui que nous avons décrit autrefois, semble
indiquer à Pont-à-Mousson, comme à Montpellier,
l'existence d'autres cachets de grandeur et de
destination différentes, celui-ci étant réservé à la
consécration doctorale. Le second, de date plus
récente, à en juger non seulement par l'inscription
mais par l'ensemble de sa facture, aurait été
destiné aux épreuves de baccalauréat ou de
licence, et pourrait être contemporain de l'édit
promulgué le 6 janvier lôgg par le duc Léopold,
au moment de sa rentrée dans ses Etats, pour
restituer à la faculté de médecine de Pont-à-
Mousson son ancienne splendeur.
(i) Fr. Rabelais à la Faculté de Montpellier , 1876, pp. i3 etsuiv.
83
II.
SCEAU DU COLLÈGE DE CHIRURGIE DE NANCY.
Jusqu'à l'abolition des anciennes universités, les
médecins et les chirurgiens formaient des corpo-
rations distinctes, qui étaient loin de présenter
l'accord qui règne aujourd'hui entre les deux pro-
fessions.
Les premiers, supérieurs aux seconds en science,
en dignité, dédaignaient, d'après les préjugés de
l'époque, les opérations manuelles, dont ils aban-
donnaient le soin aux chirurgiens et aux barbiers,
qui parfois, de leur côté, empiétaient sur le terrain
de la médecine. De là des luttes perpétuelles, des
rivalités sans nombre, des prétentions excessives,
dont on chercha à atténuer les effets par la créa-
tion, à côté des facultés de médecine, d'institu-
tions nommées collèges de chirurgie.
De même que Paris , Rouen et plusieurs
autres villes, Nancy possédait une institution
de ce genre , à laquelle se rattache un sceau
qui fait partie du Musée lorrain et dont nous
ignorions l'existence à l'époque de notre travail
sur les sceaux des institutions médicales de la
Lorraine.
Ce sceau, dont nous avons pu obtenir obli-
geamment une bonne empreinte en cire, est ovale,
de 4 centimètres de long sur 3 et demi de large, et
bordé extérieurement d'une série de petites étoiles.
Le champ, est occupé par un cartouche, de même
84
forme que le sceau, entouré de deux branches,
l'une d'olivier, l'autre de palmier, qui se confon-
dent avec des ornements en volutes que surmonte
une couronne de feuillage. Sur ce cartouche, sont
les armes des chirurgiens de Nancy : d'azur à trois
boîtes d'onguent d'or, munies de leur couvercle, deux
et un, portant en chef le chardon de Nancy. En haut
se trouve la devise VIRTVTI ET MERITO,
inscrite circulairement, puis en bas ces autres
mots en lettres capitales, comme les précédents,
mais plus petits : COL • R • — CHIR • NAN •
Abréviation de Collège royal de chirurgie de Nancy,
indiquant ainsi l'usage spécial du cachet. (PL II,
n" I.)
On retrouve les mêmes meubles sur les armes
des chirurgiens de Paris, de Rouen et autres villes
avec une fleur de lis en abîme comme brisure.
Quant à la devise virtuti et merito, elle n'est pas
spéciale aux chirurgiens de Nancy. On la voit
accompagnan t l'écu de la famille espagnole Lopez
de la Huerta, ainsi que la croix de divers ordres
chevaleresques : ordre équestre des Etats romains
fondé en 1847 P^i" S. S. le Pape Pie IX; ordre
d'Espagne de Charles III , fondé en 1771 par
Charles III, roi des Deux-Siciles et ensuite d'Es-
pagne (i).
Ce fut en 1770 que les chirurgiens obtinrent du
roi Louis XV l'autorisation d'avoir une école
(i) Dictionnaire des devises de Cuk^^&ruT et ^Avsi^, t. II, p. 741.
85
dans le collège qu'ils avaient fondé à Nancy et
c'est de cette époque vraisemblablement que date
le sceau dont nous donnons la description.
III.
SCEAU ET ENSEIGNES DE BARBIERS.
Concurremment avec les chirurgiens qui visaient
à l'omnipotence de leur art, se trouvait la petite
corporation des barbiers considérés comme une
espèce d'exécuteurs des basses œuvres chirurgi-
cales, mais qui voulaient aussi se faire une place
honorable (i).
En i5yi, les barbiers de Paris (2) avaient mis
leur confrérie sous l'invocation du Saint-Sépulcre.
Peut-être doit-on à cette circonstance le choix du
monogramme du Christ IHS, que l'on trouve joint
au blason de plusieurs d'entre eux, en France
tout aussi bien qu'en Lorraine.
On rencontre, en effet, dans l'église paroissiale
de Vézelise, de curieux vitraux qui semblent con-
firmer cette manière de voir et dont la description
a été donnée par M. Bretagne, en 187g (3).
L'un des vitraux de la chapelle latérale de
(1) DiGOT, l'historien de la Lorraine, a donné sur la profession des
barbiers-chirurgiens au xvii* siècle des détails intéressants, insérés au
journal l'Espérance, de Nancy, du 22 août 1844.
(2) Voir CoRLiEU : L'ancienne Faculté de médecine de Paris,
p. 168.
(3) Cf. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ d'archéologie LORRAINE, année 1879,
Description de l'église de Vézelise (pp. iSoetsuiv.).
86
gauche, sous le vocable de Saint-Joseph, « porte
le monogramme du Christ, dans une couronne
de feuillage vert et au-dessous, en forme d'écu
armorié, l'enseigne d'Etienne Thouvenin, barbier
juré à Vézelise, représenté, agenouillé, les mains
jointes, vêtu d'une robe bleu fourrée ».
Cet écu - enseigne , que nous reproduisons
(pi. II, n° 2), est coupé en chef d' argent, chargé d'une
palette de chirurgien de gueules, dans laquelle coule
du sang, en pointe d'azur avec deux roses placées
en fasce. La partie inférieure du vitrail, en
verre blanc, contenait autrefois une inscription,
enlevée antérieurement à la Révolution (i), et
ainsi conçue : « Sous cet autel gU le corps de Thou-
venin, barbier juré, et Aurèle, sa femme, qui mou-
rurent en i52g. Prié Dieu pour eux. Léonard Thou-
venin, leur fils, fit faire ces verrières et les donna à
l'église de céans. Prié Dieu pour eux ».
Cette mention de deux verrières vient de ce
qu'on comptait probablement pour une verrière,
chacun des deux compartiments séparés par le
meneau de la fenêtre.
Sur le vitrail du compartiment de droite est
répété le monogramme du Christ dans une cou-
ronne, avec divers personnages dont l'un est le
(1) Ces renseignements sont extraits d'un manuscrit de la biblio-
thèque du Musée lorrain, intitulé : Origine du comté de Vaudémont,
par Charles Féron, p. 7. Cet auteur était procureur du roi :iu bail-
liage de Vaudémont et subdélégué du chancelier à Vézelise; il est
mort en 1750.
87
donateur Léonard Thouvenin, agenouillé auprès
de Saint Léonard, patron des prisonniers (i).
Le sentiment religieux était si profondément
entré dans les mœurs aux xvi^ et xvii" siècles, que
nous voyons beaucoup de familles en manifester
l'expression parle monogramme du Christ, intro-
duit dans leur blason. Constatons, en particulier,
la famille Périchon, dont un membre, Guillaume
Périchon, consul de Paris en i653, fut en même
temps receveur général des pauvres et adminis-
trateur des hôpitaux de l'Hôtel -Dieu et de la
Trinité. Sur un de ses jetons, cité dans l'ouvrage
de d'Affry de la Monnaie, page ig6, se trouve un
écu portant le monogramme du Christ, sommé
d'une croix et soutenu d'un cœur chargé de trois
(i) FÉLIX Vigne, dans son ouvrage intitule : Mœurs et usages des
corporations de métiers de la Belgique et du nord de la France,
cite et représente (pi. XXX, n° 5) le blason d'un maître barbier de
Bruxelles sur lequel se trouve le monogramme du Christ IHS, comme
pièce principale.
Le même auteur cite d'autres cachets de barbiers-chirurgiens dont
les gravures viennent à l'appui de plusieurs assertions développées
plus haut :
Ainsi 1° le sceau des barbiers de Bruxelles porte au milieu Saint
Côme et Saint Damien, l'un tenant un mortier et son pilon, l'autre
une fiole (pi. XXX, n« 4);
2" Sur le sceau des chirurgiens-barbiers de la ville d'Audenarde, on
a représenté les deux patrons de la confrérie Saint-Côme et Saint-
Damien, ayant chacun un va^e ou une fiole en main (pi. XXIX, n° 2),
tandis que de l'autre, ils tiennent un bâton ;
3° Les mêmes saints sont gravés sur le sceau des chirurgiens-bar-
biers de Bruges. Chacun d'eux tient d'une main une fiole, tandis que
de l'autre ils portent un livre (pi. XXIX, n" 3).
88
n
clous; indications héraldiques incomplètes, vu
l'absence des émaux. L'écu est enveloppé d'une
couronne formée d'une palme et d'une branche
de laurier. Ce jeton est reproduit sur la planche II,
n° 5, d'après l'exemplaire de notre collection.
Mentionnons encore la famille d'Etienne
Geoffroy, célèbre apothicaire de Paris, et échevin
de i636 à 1637, dont les armes étaient d'azur au
monogramme du Christ d'or, accompagné en chef de
deux boules d'or et en pointe d'une sphère céleste (i).
(PL II, n° 3.)
IV.
QUELQUES JETONS DES CHIRURGIENS DE PARIS.
Les attributions des barbiers ou chirurgiens à
robe courte, sont parfaitement définies sur un
jeton qui fait partie de notre cabinet et qui sem-
ble être une sorte de méreau, servant pour ainsi
dire d'ordonnance ou mot de passe à remettre au
barbier par le malade auquel une saignée devait
être faite. Bien que ne rentrant pas précisément
dans l'objet de cette notice, la pièce est assez
curieuse pour que nous croyons devoir en donner
ici la description : d'un côté, un bras tendu
qu'une main saigne avec la lancette ; le sang
coule dans une palette posée sur une table, tandis
que la main du patient roule le bâton traditionnel.
(1) Armoriai des gouverneurs, lieutenants, prévôts des marchands,
échevins, etc., de la ville de Paris, gravé par Beaumont, i6g8.
89
En légende circulaire, entre un grènetis et un filet,
une rose suivie de ces mots NE PARS SINGERA
TRAHATVR {de peur que la partie saine ne soit
atteinte). Au revers, une flamme au-dessus de
l'eau, entourée des mots VIX • NATA • EXTIN-
GVITVR • entre un filet intérieur et un grènetis
extérieur {par ce traitement, le mal, symbolisé par la
flamme, est étouffé à sa naissance). En exergue, au-
dessus d'un filet, la date i635. (PL II, n°4.)
Ce jeton a déjà été indiqué dans le tome XXV
du Magasin Pittoresque, année i857, page 25, Il en
est de même de deux autres jetons, fort bien gravés,
des chirurgiens de Paris que nous mentionnons
pour terminer, en y ajoutant un troisième, complè-
tement inédit :
A. D'un côté, deux médecins, figures de Saint
Côme et Saint Damien, patrons de la médecine,
coifl"és du bonnet carré, vêtus d'une longue robe,
avec pèlerine de fourrure : l'un debout, l'autre
agenouillé près du lit d'un malade dont ils pren-
nent la main et auquel ils semblent présenter un
remède ; des lits d'infirmerie dans le fond à droite.
Ce sujet est entouré d'une légende circulaire, com-
mençant par une croix: + S. S. COSMA • ET •
DAMIANVS • 1668 •
De l'autre côté, écu des chirurgiens avec la
légende: + SCOLA • REGIA • M. M. (magistro-
rum) CHIRVRGIi' {chirurgicorum PARISIEN-
SIVM. (PL II, n" 6,)
B' Table de dissection à pivot mobile, sur
90
laquelle est étendu un cadavre; derrière, une
femme debout (sans doute Hygie, déesse de la
santé), procède à l'examen des viscères par la dis-
section de l'abdomen; le socle de la table porte
circulairement sur la base les mots : AVRY • F *
{■pour fecit), nom du graveur (i). La légende du
pourtour présente en tête une étoile suivie des
mots : * REPERIT • MONSTRATQ' {que) IN •
MORTE • SALVTEM • {Elle découvre et enseigne
le salut dans la mort même.)
Du côté opposé, écu des chirurgiens, surmonté
d'un soleil rayonnant figurant le roi, avec deux
serpents dressés sur leur queue pour supports,
accostés au bas des lettres P et R, dont nous n'avons
pu découvrir la signification (2). En légende, les
mots VIGENT • SVB • LVCE • BENIGNA • {Ils
sont florissants sous un soleil bienfaisant. ){^\. Il, n°7.)
(1) Plusieurs graveurs du nom de Aury ont exercé leur profession
dans le courant du xvne siècle. C'est d'abord Augustin Aury, qui
paraît en 1648 comme graveur de cachets. Son décès, d'après le
dictionnaire de Jal, serait du 26 février 1661.
Pierre Aury, fils d'Augustin, né le 4 décembre 1622 et mort
en 1692.
Antoine Aury, graveur ordinaire du roi, dont le nom paraît, de
1674 à 1686, sur plusieurs jetons et médailles.
(2) Plusieurs jetons de Rouen de la fin du xviie siècle sont signés
P. R. et semblent indiquer le graveur Pierre Racine de Borcherville,
qui a travaillé à la Monnaie de Rouen de 1701 à 171 3, ou bien son fils,
de même prénom, qui a rempli des fonctions analogues de 1713 à 1743.
Mais rien n'indique la conclusion que l'on pourrait en tirer au sujet
de notre )eton, d'une fabrication antérieure à ces dates et qui porte
déjà sur l'une de ses faces le nom d'un autre graveur.
9ï
C. Buste de Saint Louis couronné et drapé,
monté sur un socle derrière lequel se trouvent le
sceptre et la main de justice croisés. Ce buste est
posé sur une table et porte, en avant du pied, en
guise d'exergue, l'écu royal aux trois fleurs de lis.
La légende consiste dans les mots : DIVVS •
LVDOVICVS • IX • FRANCORVM • REX •
Au revers : écu des chirurgiens de Paris, repo-
sant sur des volutes qu'entoure de chaque côté
une branche de palmier. La fleur de lis de l'écu
est environnée d'une gloire. En légende les mots :
^ ' SOCIET • CHIRVR • PARIS • FVNDAT •
1268 • En exergue, sur deux lignes : SCOLA •
REGIA • CHIRVRG • PARISIEN • ; au-dessous :
1690. (PL II, n° 8.)
Les maîtres en chirurgie de Paris tenaient, en
effet, leurs privilèges de Saint Louis, et furent
constitués en collège l'an T268, date mentionnée
sur le jeton bien que les bases en aient été posées
dès 1226 (i).
J. Chautard.
(i) Voir CoRUEU : L' ancienne faculté de médecine de Paris, p. 164.
92
SCEAU
lliAlLLESET
DE LA VILLE DE HASSELT.
Planche III.
La ville de Hasselt, capitale effective de l'ancien
comté de Looz, devenue postérieurement l'une des
localités les plus importantes de la principauté de
Liège, a possédé, dans le cours des siècles, des
gildes armées puissantes qui, non seulement con-
couraient au maintien de Tordre intérieur mais
servaient aussi à la défense des remparts. Ces gildes
mi-bourgeoises mi-militaires, dont nous entre-
prenons l'histoire interne et détaillée dans une
autre publication archéologique (i), nous ont laissé
quelques documents métalliques qu'il importe de
tirer de l'oubli et dont l'étude appartient à notre
société de numismatique. Les documents de cette
nature, il faut bien l'avouer, ont été, malgré l'intérêt
historique qu'ils présentent, peu étudiés dans notre
pays. Ces notes constitueront quelques jalons que
pourra utiliser un jour celui qui voudra entre-
(i) Ce travail, fait en collaboration avec M. le professeur Emile
Geraets, de Hasselt, est soumis à l'Académie d'archéologie de Belgique.
93
prendre, pour notre pays, la monographie complète
d'un sujet qui intéresse peut-être autant l'histoire
de l'art que celle des mœurs et des coutumes de
nos ancêtres.
Les archives de la ville de Hasselt ne remontant
pas au-delà de la fin du xv^ siècle, postérieurement
à la mort de Charles le-Téméraire, nous n'avons
pu recueillir aucun renseignement antérieur à
cette époque sur ces compagnies (i).
C'est dans le compte communal de 1486-1487
que nous voyons la première mention d'une société
d'archers, qui possédait un jardin de tir à Hasselt.
Le compte de l'année suivante signale l'existence
d'arbalétriers dans cette ville.
Ce n'est que dix ans plus tard (1497) que nous
voyons apparaître une gilde bien déterminée, les
Tireurs de saint-Quentin, Sint-Qitintens schutteren,
à laquelle le magistrat accorde un subside extra-
ordinaire.
Au commencement du xvi" siècle, il existait
encore deux autres corporations d'arbalétriers,
celle de saint-Georges et celle de saint-Sébastien.
Le II décembre i5oo, Jean de Hornes, pour
(1, Un très intéressant travail de M. Josepli Demarteau, traitant Du
flamand dans l'ancienne principauté de Liège et publié dans le premier
volume des Conférences de la Société d'art et d'histoire du diocèse de
Liège, année 18H8, nous apprend qu'il existait déjà dans la première
moitié du xV siècle une société d'arbalétriers à Hasselt. « En juin 1441 ,
dit M. Demarteau, la cité liégeoise organisa des joutes d arbalète. Les
tireurs de Hasselt, de Maestricht, de Tongres et de Bilsen y vinrent,
avec les Hutois, enlever la plupart des prix. »
94
mettre fin sans doute aux nombreux tiraillements
que l'existence de plusieurs sociétés armées devait
nécessairement produire dans une petite localité,
résolut de grouper toutes ces forces en un seul
faisceau, en accordant à l'écoutète, aux bourg-
mestre, jurés et conseil de la ville de Hasselt
le droit de créer une compagnie de tireurs d'un
serment et avec un serment et pas davantage (i).
Quelques jours après, les deux chambres de
tireurs de saint-Georges et de saint-Sébastien se
fusionnèrent, furent assermentées par le magis-
trat, subsidiées par lui et devinrent dès lors un
rouage assez important dans l'organisme com-
munal. Ils prirent le nom de Serment des Tireurs
[Gesworene scutters).
Cette corporation n'eut pas la vie longue, car, à
la fin de l'année i5o6, elle fut dissoute. Une partie
de ses membres s'engagea dans la naissante Société
des arquebusiers [cloeveniers ou hantbuschieters) ,
fondée en vertu d'une ordonnance réglementaire
du magistrat de Hasselt, à la date du 7 décem-
bre i5o6 et se mit sous l'invocation de saint-
Georges. L'autre partie resta fidèle au drapeau
des arbalétriers et se fusionna avec les Tireurs de
saint-Quentin dont ils adoptèrent le patronage.
Le sceau figuré sous le n° i de la planche III
appartient aux Gesworene scutters. Il a donc dû être
(1) Voir Recueil des ordonnances de la Principauté de Liège,
i'^ série, p. igS. L'original de cette pièce, écrit en flamand repose aux
Archives communales de Hasselt.
95
émis entre les années i5oi et i5o6. C'est sans doute
grâce à l'existence si éphémère de cette société qu'il
faut attribuer la parfaite conservation, Xo. fleur-de-
coin de ce cachet buriné avec un art exquis, bien
supérieur, quant à la gravure, aux monnaies de
l'époque et dont le réel mérite perpétuera dans
l'histoire le souvenir de ceux qui l'ont fait exécuter.
Ce cachet, qui appartient à notre collection, est
gravé sur bronze ou sur cuivre rouge. Il est de
forme ronde et offre un diamètre de 45 millimètres.
La partie centrale représente un homme sauvage
soutenant deux écus. Celui de droite porte les
armes de la ville de Hasselt. Dans celui de gauche
figure une arbalète, l'arme de la société.
Un enroulement de rubans remplit les vides
entre la figure principale et le cercle intérieur de
l'inscription. Celle-ci est ainsi conçue, en carac-
tères gothiques :
6 : lier • gljcsujucrcu • scultcrs • ua • J^assc It •
Les entailles sont nettes et profondes et le relief
de l'homme sauvage, porteur des écus, est remar-
quablement accentué et dénote le travail d'un
artiste supérieur.
Les enroulements de rubans et le caractère de la
figure semblent bien indiquer, pour l'époque, la
transition entre le style ogival et la renaissance
(fin du xv^, ou commencement du xvi* siècle pour
nos régions).
Cette époque semble se préciser encore par le
96
manche, fort élégamment ouvragé, du cachet. Ce
manche est formé d'une accolade, flanquée au
centre, d'un fleuron trifolié. Ce fleuron indique
bien l'influence de la Renaissance, tandis que la
section quadrangulaire, à vive arête, de l'accolade,
ofl're des réminiscences, non douteuses, du style
ogival.
On remarquera que, contrairement à l'usage
généralement adopté à cette époque, notre sceau
ne porte aucune effigie de saint. Seulement, comme
nous l'avons dit, ce serment de tireurs s'était
constitué par la fusion de deux sociétés, dont l'une
avait saint-Georges et l'autre saint-Sébastien pour
patrons. Pourne pas soulever d'inévitables suscep-
tibilités, le graveur aura jugé prudent de remplacer
le saint traditionnel par un homme sauvage, nu,
velu et écheveléjCe symbole de la force, si souvent
employé dans l'ornementation au moyen âge (i).
La corporation des arquebusiers, issue du Ser-
ment des tireurs ne tarda pas à acquérir une grande
influence, une véritable prépondérance parmi les
gildes similaires à Hasselt, car nous coUvStatons
que, dans la deuxième moitié du xvi* siècle, les
arbalétriers étaient placés sous leurs ordres.
Aussi, cette Chambre de saint-Georges s'intitu-
lait-elle pompeusement la grande Chambre des
Arqtiebusiers.
(i) Voir sur ce sujet un intéressant article de M. Ch.-F. Comhaire
dans le tome XXIII du Bulletin de l'Institut archéologique liégeois.
97
Nous possédons quelques insignes de membre
de cette confrérie armée, frappés au commence-
ment du xviii^ siècle.
Ces insignes, en argent massif, très variables
dans leur forme,leurs dimensions et leur poids (i),
représentent une croix de Malte bifurquée de dif-
férentes manières aux extrémités des branches, et
portant en cœur un médaillon rond. Sur l'une des
faces de ce dernier, on voit un saint-Georges ter-
rassant le dragon avec la devise : ''" reddit constia
(sic) fortes. Au revers figurent deux arquebuses
reliées en sautoir par des rubans et la date 17-16 (2).
Voir n"^ 2, 3, 4, 5 de la planche III.
Les arbalétriers de saint- Quentin firent frapper,
peu de temps après, des insignes d'un genre
analogue.
Nous n'en connaissons qu'un exemplaire appar-
tenant à M. Philippen, de Hasselt, notre ami et
collaborateur.
Ils sont aussi d'argent massif et ont la forme
d'une croix ancrée. Au centre de celle-ci se voit
un médaillon ovale, représentant, au droit, un
saint-Quentin, les bras dressés, semblant bénir,
et la légende : St-Quintine ora pro nobis.
Le revers porte une arbalète surmontée d'une
(1) Leur poids varie entre lo et i5 grammes. Leur longueur, prise
entre les extrémités opposées de la croix, mesure de 4 1/2 à 5 centim.
(2) M. J, Petit de Rosen a décrit cette décoration, qui n'a jamais
été reproduite par la gravure, dans le tome VI de la Revue de la Numis-
matique belge.
Année 1896. 7
98
couronne et entourée de deux paires de flèches en
sautoir. Deux de ces flèches ont la pointe acérée
et représentent des projectiles de combat; les deux
autres, à l'extrémité tronquée, constituent des
flèches de concours de tirs, dont l'agencement
symbolise sans doute la devise de ces sociétés :
Inpacelœiitiainbellovirtus! En dessous, en exergue,
figurent deux arquebuses également en sautoir.
Des deux côtés de la couronne, la date 17-17.
Pourexpliquer, dans la gravure de cette médaille,
l'association des deux espèces d'armes qui y figu-
rent, nous dirons que, depuis l'an 1548, les arbalé-
triers, tout en se trouvant hiérarchiquement sous
les ordres des arquebusiers, étaient chargés, en
même temps, du service des arquebuses de rem -
part conjointement avec leurs collègues de la
Chambre de saint Georges.
Voir n° 6 de la planche III.
Plusieurs autres confréries armées ont existé à
Hasselt pendant les siècles antérieurs, mais aucune
d'entre elles ne nous a révélé de souvenirs métal-
liques. L'avenir nous réserve-t-il d'en découvrir
encore? Nous l'espérons.
D^ C. Bamps.
99
LE FLORIN
SXI^.-A.I^Ï'PlA.IIDSaHE a-XJXjlDE3Sr
Occupé à consulterks actes publiés par M. Nij-
hoff (i), je fus frappé par le nom de Godert van
Stramprade, intendant de Guillaume I, duc de
Gueldre.
Je me demandais de suite s'il ne pouvait y
avoir quelque rapport entre ce nom et le florin
cité par M. van der Chijs (2), dit « Strampraidsche
gulden ». On sait que bien des monnaies ont em-
prunté leurs noms aux maîtres de la Monnaie qui
les avaient frappées; par exemple les « Paedsche
grooten », frappés par le maître de la Monnaie
PaedSjles « Falcon Schilde », frappés à Anvers par
Falco de Lampage de Pistoie, etc., etc. Restait
donc seulement la question : y a-t-il eu un maître
de la Monnaie gueldroise du nom de Stramprade?
Le fait qu'en 1414 Arend van Stramprade était
chargé de ces fonctions à De venter, ville limitro-
phe de la Gueldre, augmenta beaucoup ma pré-
(1) NiJHOFF : Gedenkwaardigheden uit de Geschiedenis van Gel-
land.
(2) Van der Chus : De miinten der voormalige graven en hertogen
van Gelderland, p. Sgo.
lOO
somption qu'en Gueldre il y avait eu de même
un maître de la Monnaie de ce nom, surtout parce
qu'on sait que ces fonctions étaient presque
héréditaires dans une famille.
D'abord mes recherches n'eurent qu'un résultat
négatif, mais, m'étant adressé à M. le baron Sloet,
conservateur des chartes de la Gueldre, avec
prière de vouloir bien consulter les pièces renfer-
mées dans le dépôt confié à ses soins, tout chan-
gea de face. En effet, non seulement il eut l'extrême
obligeance de me faire part que ma présomption
était parfaitement juste, mais il m'envoya eh
même temps la copie de trois ordonnances, où
Godert van Stramprade figure comme maître de
la Monnaie de la Gueldre.
Ces actes (reproduits à la suite de cette notice
nous apprennent que Stramprade était en fonc-
tion depuis i38o. M. Sloet m'écrit, en outre, que
dans un acte de l'année rSôg il est déjà nommé
ff muntmeister in den lande van Gelren », mais
qu'en i3go il est dit qu'il était alors intendant ou
receveur « nu ter tijd rentmeister ».
L'ordonnance du 29 juillet i385 dit que Stram-
prade est nommé pour la durée de six années
consécutives, ce qui coïncide assez bien avec
l'évaluation qu'on trouve dans M. van derChijs^
page 390, laquelle est intitulée : Nota van den Her-
toghe of Grove Munte, où il est dit : « Item int' jair
van xcii due sluechmen gulden geheyten stram-
praidsche gui elck stuk xiiii witden ».
lOl
Or, si on rencontre Gode rt van Stramprade,
tantôt comme maître de la Monnaie (i36g, i38o,
i385, i386), tantôt comme intendant (1378, 1390,
1392, 1394), il me semble assez probable qu'il a
réuni ces deux fonctions dans sa personne et que
c'est bien à lui que les florins mentionnés dans
l'évaluation citée ont emprunté leur nom, tandis
que le titre de ce document indique assez qu'il n'y
est question que de monnaies gueldroises.
Il est presque incroyable que personne, pas
même M. van der Chijs, le savant auteur de l'his-
toire monétaire néerlandaise, n'a remarqué ce
fait, qui prouve à l'évidence que ce florin n'appar-
tient pas au petit, village de Stramproy, dans la
province actuelle de Limbourg, mais bien dûment
au duché de Gueldre, surtout puisque cet écrivain
avoue, en traitant des monnaies de l'abbaye de
Thorn, à laquelle ressortissait le village de Stram-
proy, ne pas connaître de monnaies de cette
abbaye antérieures au seizième siècle.
C'est pour ces raisons que je revendique le florin
dit « strampraidsche gulden » pour la Gueldre et
que je le crois frappé par Godert van Stramprade.
Th. -M. RoEST.
Leyde, mai iSgo.
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
'i38o, 11 februari (fol. i3).
WiJ Willem van Gulich, bi der genade Godfe, Hertoge
van Geire ende Grève van Zutphen, doin kont ende kenlich
102
allen luden dat wij gemaket hebben ende gesat, maken
ende setten overmids desen apenen brieve, Henric Hert-
man, Gadert van Stramprade, Johanne van den Putte
ende Gheerken van Hijnsberge, onse muntemeijstere in
onser stat van Arnhem of in anderen onsen steden daer
hem des ghenoghet, sess jaer lanch naest na eijnvolgende
na datum des teghenwordigen briefs, in voerwarden ende
in manieren als hier na bescreven steet. Dats te w^eten
dat onse muntemeijsteren vuer genoemt solen maken ende
munten enen gulden hellinch mit unser wapenen also guet
als onse Ueve Hère ende neve die Hertoge van Hollant
doet munten ende maken, ende dijere sal gaen up die
troijessche marc golds ghewegen tseventich. Vortmer so
solen onse voerg. muntemeijstere maken ende munten
eijnen silveren penninck die sal heten eijn grote, die sal
halden sess penninge coningx silvers, drie greijn onder of
baven, ende dijere sal gaen op die troijessche marc gewe-
gen hondert ende vive, eijne dijere grote onder of boven
om bevangen. Vortmer selen onser vorg. muntemeijstere
maken ende munten eijnen silveren penning die sal heijten
een half grote, ende dijer selen twe also guet wesen als
dijere vorg. grote eijn. Ind van desen vurg. guldenen solen
wij hebben te sleeschat van der marc golds wegen eijnen
halven der vuerg. guldenen, ind van den silveren gelde solen
wij hebben te sleeschat van der marc ghewegen dijere voerg.
grote twe. Voirtnier oft sake were dat ergher gelt geslagen
worde up onse munte dan onse gelt, des en solden onse
voerg. muntemeijstere niet te schafîen hebben in gheenre
wiis vorder dan up hoer busse daer onse gheswaren war-
deijne aver ende aen hebben geweest bij oren ede den sij
ons daer up ghedaen hebbe, ind tôt allen tiden solen onse
vuerg. muntemeijstere quijt ziin van der aensprake also
io3
verre als men haer busse vint na inné halden hoerre brieven.
Ende w^art zake dat ijemant up onse vuerg. muntemeijs-
tere ghelt spreke, dat solen si altoes verantwerden mit
hoerre bussen ende mit hoerre werdeijnen ende niet voerder,
ende si solen w^esen ende bliven in allen rechte dat ons
lieven Heren ind neven des Hertoghe van Hollant munt-
meijstere ziin ende bhven. Voirt mer so hebbe wij gelaeft
ind laven onsen muntemeijsleren vorg., horen knapen ende
coepluden, dan niemant van onsen amptluden si aentasden
sal an hoer hif, noch aen hoer goet, noch geynen man van
onser wegen om eijnigher hande saken w^ille die si misdaen
moghen hebben,uijt ghesceijden drije punten.diefte, moert
ende vrouwen krachte. Aile dese vuerg. punten hebben wij
Hertoge van Ghelren voerg. gelaeft ende ghelaven in
gueden treuven mit desen apenen brieve voer ons ende
voer onse erven onsen muntemeijsteren voerg. dese voerg.
jaeren uijt vaste stede ende onverbrekelich te halden ende
te doen halden sonder aile argelist. In oercunde ons segels
dat wij an desen brief hebben doen hangen, ind hebben
bevalen heren Hcnric van Steijnbergen, praest van Zutphen,
onsen lieven neve ende rentmeijstere ons lands van Gelre,
dat he sûn segel bij dat onse an desen brief heft gehangen.
Ind ic Henric van Steijnbergen, praest ende rentmeijster
vuerg. miins lieven genedigen hère des Hertogen van Gelre
voerg. ; kenne ende lie dat ic van geheijte ende bevele
miins lieven heren van Gelre voerg. miin zegel bij dat sine
an desen brief hebbe gehangen, want ic mit anders miins
lieven heren vriende van Gelre voerg. aver dese voers.
dedinghe gewest bin daer die ghededinck wart.
Gegeven in't jaer ons Heren dusent driehondert ende
tachtentich, des sonnendages in der vasten als men singet
Invocavit.
I04
i385, 29 juli (fol. 12).
Wij Willem van Gulich bi der ghenade Gaids, H ertoge van
Ghelreende Grevevan Zutphen, doin kont endekenlichallen
luden mit desen apenen brieve ende bekennen dat wij ghe-
maickt hebben avermids desen apenen brieve Gadert van
Stramprade onsen muntemeijster totArnhem,alsal dairthe
munten van onser w^egen sess jair lanck na datum des brief
guldene die sullen halden ain golde twijntich karaet, ende
dier selver gulden sullen gain up die marck ghewegens
tseventich, eijn quartier van enen gulden onder of baven
onbegrepen. Voirt so en sal Gadert onse muntmeijster
vorg. noch siin knechte noch aile die ghene die eniger
handen goit brengentot onsen munten vorg. dese sess jaer
lanck vors. voir nijmande ten rechten stain dan voir ons
ende voer onse werdeijne tôt Arnhem, ende aile die broe
ken die Gaderts onss muntemeijsters knechte of die tôt
onser munten tôt Arnhem ghehoiren verbreken dair en
sullen sij voir nijmande verantwerden noch ten rechten
staen dan voir onsen m ntemeijster voirg. of voir onse
werdeijne tôt Arnhem, uijtghenamen drie punten als
vrouwen krachte, doitslach ende diefte daer si mitter daet
begrepen werden. Voirt so en sal Gadert onse munte-
meijster vorg, dit voirg gelt niet voerder verantwerden
dan voer onse werdeijne tôt Arnhem uijt wes heren lande
dat si siin, aile weren si oick uijt onser viande lande, eijn
gode seker veijiicheijt ende geleijde mit aile hoiren gode
hebben te varen ende te komen aile onse lande doir, baven
ende beneden, beijde te water ende te lande, voir ons ende
voer aile onse ondersaten ende voer aile dieghene die
omme onsen willen doin ende laten willen viertennacht
langh naden dat wij dat up seggen ain Gadert onsen mun-
io5
temeijster voerg. mit onsen brieven, sonder argelist.
Voirtmer so sullen wij hebben van illiker marck goltz te
sleeschat eijnen halven gulden, die Gadert onse mûnt-
meijster voerg. muntet. Aile dese vors. punten ende illich
punte sonderlinge hebben wij ghelaift ende laven in
goeden trouwen vaste stede ende onverbrekelich te halden
sonder enich wederseggen. Inorcundedes is onse segel mit
onsen rechter wetenheijt ghehangen an desen brief. Ghe-
geven in den jair onss Heren dusent driehondert viifende
tachtentich, des saterdages na sunte Jacob dach des heij-
ligen Apostolen maioris.
i386, 14 september (fol. 11)
Wij Willem van Gulic, bider gnaden Gaids, Hertoghe
van Gelre ende Grève van Zutphen, doen kont allen luden
mit desen apenen brieve ende bekennen dat wij gheoerloft
hebben ende dat id mit onsen w^ille sij ende is dat meijster
Gadert van Stramprade onse muntemeijster th Arnhem
slaijn ende munten mach ende sal in onser munten tôt
Aernhem guldene na ghewichte ende weerde als onse lieve
neve die Hertoghe van Hollant nu ter tiit in siinre munten
tôt Dordrecht slain doet, van wilker onser munten voerg.
die voers. meijster Godert van elker marc golds die he wer-
ken sal ons sal gheven te sleeschat eijnen ghulden als he
slaijn sal als voers. is. Ende dese voerg. ghuldene sal he
slaen thent onsen wedersegghen ende niet langher. Voert
sal meijster Godert voerg. tôt driehondert marc silvers toe
ijn onser voerg. munten slain doijtken ende halve doijtken,
wilker doijtken vier sullen èijn floirken ghelden, ende dier
selver doijtken vier hondert ende twe lene sullen gaijn op
die marck, wilke marck halden sal vier penninghe coninx
silvers, vier greijne onder of vier greijne baven. Ende
io6
meijster Godert voerg. sal ons daer af te sleschat gheven
van elker marcK silvers die hij werricht ses floirkiin. Voert
so confermiren ende bestedighen wij meister Godert voerg,
aile alsullike brieve als he van ons heeft sprekende op onse
munte voerg. ende van sinen muntmeijster ampt, die in
hoerre alingher macht te bliven, sonder arghelist. In
orkonde des in onse seghel met onser rechter wetentheit
gehanghen an desen brief.
Ghegeven in't jaer ons Heren dusent driehondert sess
ende tachtentich, op des heijligen-crucis dach Exaltât.
Sig. jussu domini Ducis per Johannen Kodke de Zeller,
presentibus de consilio domino Nijcolao Liefger, reddi-
tuario et Johanne Mompelier de Oeverhaghen.
107
UN MANUSCRIT DE PEIRESC
DU
MUSEUM MEERMANNO WESTHRENIANUM
A LA HAYE.
Lecture faite à l'Assemblée générale de la Société royale do iiuiiiismatiqii
de Belgique du 7 juillet 1895,
Messieurs,
Je ne réclamerai votre bienveillante attention
qu'un instant, non pour le récit d'une trouvaille
ou d'une étude purement numismatique, maispour
vous faire connaître un document très précieux
relatif à l'histoire de la science qui nous est chère.
Il s'agit d'un manuscrit que j 'ai trouvé à La Haye
dans le Muséum Meermanno Westhrenianum et
qui contient les annotations et les études du célè-
bre archéologue et numismate français du xvii* siè-
cle, Peiresc. Dans ce manuscrit, Peiresc a annoté
tous les résultats de ses essais pour former une col-
lection de monnaies grecques, romaines, gauloises,
mérovingiennes et carlovingiennes. C'est, comme
nous espérons le démontrer, un journal très cons-
ciencieux et très complet de son travail de numis-
mate et de collectionneur. Je n'ai guère besoin de
io8
vous rappeler que Claude Fabre de Peiresc naquit
en i58o à Beaugensier en Provence, qu'on lui
donna une éducation soignée dans les collèges des
Pères Jésuites à Avignon et à Tournon pour le
préparer à la carrière de jurisconsulte, mais qu'il
s'éprit de l'étude de l'antiquité et de l'archéologie
et voua la plus grande partie de sa vie à ces études
préférées. Pour les numismates, c'est toujours une
cause de fierté que Peiresc soit entré dans le do-
maine de la science par la porte de la numisma-
tique. Un jour, un paysan avait trouvé, en labou-
rantla terre, une monnaie d'or romaine etl'apporta
au père du jeune élève des Jésuites. Peiresc, âgé de
quatorze ans, sut reconnaître la monnaie, un au-
reus de l'Empereur Arcadius et sut lire l'inscription .
Son oncle, ayant entendu ce récit, lui donna d'autres
médailles romaines et des livres numismatiques ;
et, de cette première collection, naquit chez Peiresc
la passion pour l'archéologie et l'étude de l'anti-
quité (i). Le manuscrit, pour lequel je demande un
moment votre attention, est un manuscrit en deux
volumes sur papier, in-folio, reliés. Sur la reliure
dés deux volumes les armoiries d'Achille d'Harlay
comte de Beaumont — d'argent à deux pals de sable
— sont incrustées, sur le dOs les initiales entrela-
cées AD H C D B. A l'intérieur de la couver-
ture du premier volume, est collé Vex libris de van
(i) Gassendi. Viri illusbissimi : Nicolai Clan dii Fabric de Peiresc
vila. (Ed Parisis, 1641.) '
Damme,le célèbre collectionneur Hollandais, et à
l'intérieur du second volume un ex libris avec les
armes de la famille de Boze, d'or au chevron
dentelé de gueules accompagné de trois merlettes.
Au dessus de ctt ex libris, se trouve, comme dans
le premier volume, r^;i;/i6m de van Damme.
Ce manuscrit fut, après la mort de son auteur,
en possession du comte Achille d'Harlay (1629-
1712), comte de Beaumont,puis de Claude Gabriel
de Boze (1680-1753). Des mains de ce dernier, il
passa dans là possession du président de Cotte, et
à la vente des livres de ce dernier, il entra dans
la bibliothèque de van Darhme; enfin Westhreene
l'acheta et après sa mort le précieux document
devint propriété de l'Etat Néerlandais.
Lipsius, dans sa Bibliotheca Numaria (II, n° 3io),
en fait mention en ces termes : M. de Peiresc,
recueil de catalogues, notices et dissertations de
toutes sortes de médailles et autres antiquités,
pièces composées ou rassemblées. (Ms vol. II.)
Le manuscrit est écrit de la main de Peiresc,
comme nous l'avons pu constater en le confron-
tant avec une lettre autographe de Peiresc à Hugo
Grotius. Cette lettre se trouve à la Bibliothèque de
l'Université de Leyde.
Le premier volume a pour titre principal : De
Nummis Grœcorum, Romanorum, Sudœonmi. Trac-
tatusde monetis Catalogi rerum antiquarum. Parcou-
rons rapidement ce volume. Peiresc a beaucoup
voyagé et encore plus écrit de lettres à presque
no
tous les collectionneurs et savants de son temps.
Nous trouvons les traces de ses voyages et de sa
correspondance dans les manuscrits qui nous occu-
pent. Il voyagea en France , visita les collections
de Paris (Tristan, Lauson), de Marseille, de Lyon
d'Aix, etc. Dans toutes ces villes il faisait des
annotations et les enregistrait dans son journal :
en haut de la page, on lit par exemple : « Paris. —
J'ai vu chez M. Tristan...; » suit une liste de mon-
naies, pierres gravées et antiquités. Quand il
venait dans une ville il avait l'habitude de demander
les noms des connaisseurs et des curieux. C'est
ainsi que nous lisons :
Il me nomma les curieux de Lyon...
M. Villaris, chez qui je vis :
Une médaille gauloise.
Une pièce d'argent de deux drachmes
ayant une tête fort belle d'Arsaces.
Un tétradrachme à une tête ceinte du dia-
dème d'Antioche.
M. le Camarier de Saint-Pol.
M. Frouilleur, changeur au bout du pont de
Saône, du côté de Bellegarde.
Le parfumeur du roy, vers le change à l'autre
bout du pont.
L'orfèvre Jacquemin, rue Saint-Jean.
Son voisin Guainier, —
Claude le moindre « A l'enfant qui pisse ».
Un balancier, rue Mercière.
Un Mareschal...
I II
Vous voyez, McvSsieurs, c'est un vrai Gnecchi
du XVII* siècle !
Peiresc voyage en Angleterre et visite longue-
ment les collections Sanderson et surtout Cotton.
A Rome, il étudie les collections Pasqualini et
Sirmondius; àBruxelles, il admire surtout le musée
du peintre et antiquaire Venceslaus Goberger, il
écrit dans ses notes: «ex musaeo eximiiD.Vences-
lai Cobergii » et comme d'ordinaire suit une longue
liste de monnaies. En outre, il inscrit la note
suivante : ex Musaeo ornatissimi D. Francisci
Billodii rerum antiquarum studiosissimi, Bruxel-
les. Chez M. Bromans , il voit des antiquités
romaines.
En Hollande, où il passe en 1606, le célèbre Gor-
laeus, l'auteur de la Dactyliotheca, lui montre des
pierres gravées et des monnaies Romaines et
Grecques.
En visitant les savants et les connaisseurs, il
reçoit de temps en temps des cadeaux ; il en tient un
registre : par exemple, Lugduni praeses Villanensis
dono dédit (10 nov. 1612) « un denarius d'argent
» figura equestris galeata, caput galeatum romano
» more; un dragme d'argent... » etc. Lui aussi
donne des cadeaux ; il note quelque part : « il a
eu de moi : un as de Janus, un semis de Saturne,
une lampe antique... » etc.
Mais, comme tout collectionneur, il échange des
pièces; par exemple, il échange, le 26 février i6og,
« un tétradrachme d'argent contre un Néron d'or,
112
un tableau de Flora, l'effigie en bois en forme de
lion » etc.
En 1614, un tétradrachme, un « lampas ficti-
lis,etc., » et il ajoute « habuit ipse » « un cabinet
d'Allemagne, un coutelas damasquiné, un pisto^
let ». On pourrait multiplier ces exemples àl'infini.
Mais à côté des échanges, il y a les achats.
Les notes de ses achats abondent; littéralement
il prend son bien où il le trouve ; il achète partout :
« d'un marchand obscur, d'un lapidaire venu
des Indes, d'un paysan qui fouille ordinaire-
ment en la rivière la Seine, à Paris ». Quelque-
fois les achats sont plus sérieux, par exemple
nous rencontrons la notice suivante ; « Deux cent
l> et six médailles d'or, partie françaises et partie de
» celles qu'on nomme vulgairement gothiques,
» pesantes vingt et quatre onces deux gros douze
» deniers, à raison de trente-six francs l'once. »
« Deux cent quatre-vingt-douze médailles d'ar-
» gent gothiques, tant grandes que moyennes, à
» raison de huit sous pièce. » Voilà les résultats
de ses voyages. Quant aux résultats de ses corres-
pondances, nous rencontrons les mêmes noms
que M. Tamisey de la Roque a publiés dans le
curieuxjournal de la correspondance de Peyresc(i).
Parmi les Français citons : le président Lauson,
à Paris, connu par ses relations avec Rubens ; le
Camérier de Saint-Pol et M. de Villaris, à Lyon ;
(1) IV, « Petits mémoires de Peiresc ».
ii3
Antoine Brascas Bagarris , le célèbre « cimé-
liarque » de Henri IV; Jean Tristan (iSgS-iôSô),
à Paris; les Pères Jésuites Sirmondius, à Rome
(i55g-i65i), et Raynaud (i583-i663); puis Jean-
Baptiste Le Ménétrier (1564-1634) ; Honoré d'Agut,
conseiller au parlement d'Aix; Boniface Borilly,
notaire à Aix.
Les Italiens : Ulysse Adroandi, Pasqualini et
Aleandro.
Les Belges : Charles, sire et duc de Croy et
d'Aerschot; Venceslaus Goberger, à Bruxelles, et
Bromans Laevinus, prêtre à Anvers; Jérôme de
Winghe, chanoine de la cathédrale de Tournai et
Rubens. Le Hollandais Gorlaeus.
Mais à côté de ces listes et notices, le manuscrit
contient une suite de planches très bien gravées,
qui reproduisent des monnaies grecques. Elles
sont signées par Duino, un sculpteur vénitien.
Un certain nombre de planches non signées con-
tiennent des dessins de monnaies romaines. Des
dissertations et des monographies sur des sujets
ayant rapport à la numismatique ancienne sont
dispersées dans ce volume. Un catalogue manus-
crit du cabinet Zanobis (?) précède des catalogues
imprimés du cabinet de M. Guiges, avocat au par-
lement de Provence, un « rool » des médailles et
autres antiquités du cabinet de M. du Périer.et un
inventaire en italien de toutes les médailles du
« vir clarissimus, Sebastiano Erizio », gentil-
homme de Venise. En outre, il y a de nombreuses
Année 1896. 8
114
citations et remarques sur les œuvres de Goltzius :
(LesFasti, Julius Caesar, etc.), de Fulvius Ursinus
« illustrium imagines ex antiquis marmoribus »
d'Agostino , de Gorlaeus , et sur un travail du
peintre Goberger ; nous ne saurions affirmer si ce
livre a été imprimé. Lipsius n'en fait pas mention.
Le second volume contient : Nummi Gallici,
GoUhici, Italici, Britta'dnici, Arabici et Turcici.
. Le caractère de ce volume diffère de celui du
premier. On y rencontre seulement quelques rap-
ports sur des musées visités et quelques listes
d'achats et d'échanges ; mais le nombre des notices
est beaucoup plus grand.
La première partie traite des « monnaies gau-
loises», en commençant par les« Monnaies d'or des
» Gaulois chevelus imitées sur les pièces de Phi-
» lippe Roy de Macédoine » ; ensuite viennent
» les monnaies nommées, Nummi a priscis Gallis
» qui antequam in Romanorum deditionem venerint. »
Ensuite le manuscrit traite des nummi aurei
argentei ex prima stirpe regum Franciœ (monnaies
mérovingiennes). En troisième lieu, les nummi
secundœ stirpis (monnaies carlovingiennes) ; enfin
les nummi ex tertia stirpe regum Franciœ.
Dans cette partie, nous trouvons des copies des
ordonnances monétaires, qui me paraissent inté-
ressantes. Une excursion sur les florins d'or de
Florence et de Provence suit comme transition à
une étude sur les « nummi regum Siciliœ. »
Des listes, notices et dissertations sur des mon-
ii5
naies anglo-saxonnes et arabes suivent et finis-
sent ce volume. Les noms, que nous y rencon-
trons, ne sont pas les mêmes que dans le premier
volume ; nous y retrouvons le duc d'Aerschot et
l'Anglais Cotton , mais les autres étrangers ne
sont pas mentionnés.
A côté de collectionneurs inconnus nous y trou-
vons Bigot de la Turelle (+ 1647) conseiller au
Parlement de Rouen et Petaux conseiller au Parle-
ment de Paris.
Avant de quitter nos manuscrits, nous sollici-
tons encore un moment votre attention. Serrure,
dans Vintroduction de sa notice sur le cabinet
du prince de Ligne, mentionne le cabinet du duc
d'Aerschot et M. Ruelens, dans le Bulletin Rubens
(t. II, p. 37), donne un aperçu aussi intéressant que
complet de l'histoire de ce cabinet et de la publi-
cation du catalogue par Jacobus de Bie. M. Rue-
lens a aussi reproduit l'article du Courrier de l'Art
de M. Bonaffé, qui traite de la vente de ce cabinet,
ou au moins d'une partie, à Paris. Il paraît qu'on
avait essayé en vain de vendre la collection à
Bruxelles. En i623, Rubens, le célèbre peintre, part
pour Paris et emporte une partie de ses monnaies.
Là il fait une convention avec M. le Président de
Lauson qui achète la collection pour en vendre
bientôt la plus grande partie à Peiresc.
Nous trouvons tous ces détails dans nos manus-
crits. Pendant la vie du duc d'Aerschot, Peiresc eut
des relations avec ce gentilhomme belge. Page 5i
Il6;
du premier volume nous lisons : « Nummi aenei a
duce Arscotano mihi dono dati » suit une liste de
II monnaies en bronze de la Sicile et de l'Italie
méridionale.
Page iSgdusecond volume, nous lisons «nummi
» aurei et argentei dono mihi a principe Carolo
» Croyo duce Arscotano, dati XII kal.sept. (année
» malheureusement illisible) Bellomonti » (Beau-
mont a été un château du duc de Croy). Suit une
liste de 5 monnaies en or mérovingiennes, des
monnaies en argent mérovingiennes et carlovin-
giennes, et de 40 monnaies romaines en bronze.
Du transport des monnaies de la collection
d'Aerschot à Paris et de la convention de Rubens
et de Lauson, nous trouvons les traces page 27.
« Numi argenteimihi reservati cum aeneis paginis
» subsequentibus et auro plumboso Vespasiani
» pro pretio librarum centum Parisiis 4 junii
1623. » En marge sont inscrits les noms : Duc
d'Aerschot, M. Rubens, M. Lauson.
P. 517, nous lisons.
« Dénombrement des pièces demeurées au par-
» tage du s' de Peiresc sur le marché fait entre
» M. de Lauson et M. Rubens à tant moing des
» 6,000 Ib. au prix du total.
» De la dernière table des Grandes Grecques
» d'argent (i) 4
ofte quatre pièces.
(1) Naturellement, la table du livre de la description de la collection
d'Aerschot (i''^ édition).
1
1i
117
» La Bérénice, l'Aigle d'Agrigentum, une teste
» de Cibèle et une gothique.
» Des moyennes Grecques d'argent ofte treize
» pièces i3
» Des grandes Grecques de cuivre ofte trois
» pièces 3
» L'Antonin Pie du mont Garizzi.
» Le — (?) d'Appolonia.
» Une gothique espagnole.
» Des moyennes Grecques de cuivre ofte
» quatre pièces 4
» Un Hadrien de tour.
» Un Marc Aurèle du mont Argée.
» Un Lucius Verus d'une couronne.
» Une de Philadelphie.
* Des petites Grecques de cuivre ofte un . i
ZEY^ 0ACIOC.
» Des petites Grecques de cuivre sans cer-
» clés, deux pièces 2
» Un Auguste de Ptolomée.
» Un Trébonien d'Apollon.
» Des med^ d'or.
» Le Vespasien du Neptune fourré de plomb. »
En bas de la page est l'avertissement publié par
M. de Bonaffé dans lequel M. Peiresc constate
qu'il achète les pièces.
A la page 419, suit la copie de la convention
signée par de Lauson, Petro-Paulo Rubens, « de
« Peiresc présent » et que nous retrouvons dans
le bulletin Rubens.
ii8
A la page 428 nous trouvons un autre « dénom-
brement de quelques suittes des médailles du
duc d'Aerschot ; » ce sont des suites de médailles
impériales en bronze de 58o pièces taxées
1,800 livres, une moyenne suite de 406 pièces,
400 Ib., quelques petites médailles basses au nom-
bre de 120 pièces, 3olb.,une suite de médailles
impériales d'argent, i,25o Ib., trois autres suites
de médailles, le tout ayant une valeur de 4,360 Ib.
A la page suivante est copiée par la main de
Peiresc la liste totale des monnaies apportées à
Paris en juin i623 : ce sont des suites de 600 mé-
dailles de cuivre enchâssées dans des cercles de
corne. Les médaillons et médailles Grecs au nom-
bre de 120 enchâssés dans des cercles de corne.
Des médaillons d'argent et deux grosses mé-
dailles Grecques. La suite moyenne de 408 mé-
dailles de cuivre dans descercles de corne, médailles
grandes et moyennes sans cercles, etc., etc.
Puis, suite des médailles d'or au nombre de
de 807 en tablettes d'ébène.
A la page 529 suit encore un dénombrement.
Ce sont des médailles d'or, d'argent et de cuivre.
En tout 4,677 pièces pour 9,460 Ib. A la page 431
enfin, une traduction en italien du même dénom-
brement.
Voilà ce que, pour le moment, j'ai cru devoir
vous communiquer. Je n'insisterai pas maintenant
sur la valeur de ces deux manuscrits. Avant d'en-
treprendre une étude plus approfondie, il faudrait
119
confronter notre manuscrit avec les autres manus-
crits de Peiresc, surtout avec le codex IV de la
bibliothèque de Carpentras qui traite de la numis-
matique et est composé par Peiresc. Si le ma-
nuscrit est inédit, sa publication aurait, à notre
avis, un triple intérêt.
En premier lieu, il nous apprendrait à mieux
connaître le sympathique et savant collectionneur
Peiresc, ce type d'un homme passionné de sa
science, de l'art et de l'archéologie, cet homme aux
idées larges et universelles, qui évita de se retran-
cher dans les bornes trop étroites d'un collection-
neur limité dont l'horizon ne s'étend guère au delà
du champ qu'il s'est tracé pour ses tendances
particulières. Peiresc sut combiner les qualités
d'un collectionneur zélé et consciencieux avec
celles d'un savant, dont les yeux étaient largement
ouverts pour tout ce qui est beau et intéressant.
Admirateur passionné du grand trésor que la
Renaissance avait révélé aux hommes d'étude,
fervent adepte de Rome, de la Grèce et même de
l'Orient remis en lumière après l'obscurité du
moyen-âge , il fut l'initiateur d'une nouvelle
science et un des meilleurs travailleurs et pion-
niers de notre science moderne. On ne saurait assez
étudier la vie de ce Français du xvii^ siècle : comme
tous les grands hommes, il impose les traits de
son caractère très personnel à tous les détails de
sa vie.
En second lieu, ces manuscrits forment de pré-
120
cieux matériaux pour apprendre à connaître l'his-
toire intime des savants et des collectionneurs
du XVII* siècle. Avec Peiresc nous prenons place
devant leurs tablettes et leurs « bahuts », nous
apprenons à connaître leur vie et leurs goûts parti-
culiers.
En troisième lieu, un examen nouveau et cons-
ciencieux de ces manuscrits montrerait leur im-
portance pour l'histoire de la numismatique. Je
suis persuadé que telle monnaie grecque ou mé-
rovingienne, dont on ignore maintenant l'ori-
gine, pourrait être retrouvée dans ces manuscrits,
que telle pierre gravée, de l'authenticité de laquelle
on doute maintenant, serait réhabilitée parce que
Peiresc en a fait mention.
DE DOMPIERRE DE ChAUFEPIÉ.
121
MÉLANGES.
UNE EXPERTISE DE MONNAIES A ANVERS EN 1678.
En parcourant dernièrement les minutes du notaire
Em. H. Pérès (i), il nous a été donné de trouver un
document, résumant en quelque sorte le résultat d'une
expertise de monnaies au XVll^ siècle. Les actes de ce genre
n'étant pas communs, nous avons cru bien faire d'en donner
une analyse succincte,
David Hagenel, maître de la Monnaie d'Enckhuysen,
se trouvait à Anvers, et, pour des motifs que nous
ignorons, voulut faire expertiser une pièce de monnaie
provenant de son atelier, contradictoirement avec une
autre de même valeur frappée à Dordrecht. S'il faut- en
croire la qualification donnée au monnayeur hollandais,
l'atelier qu'il dirigeait était de création récente. En effet,
dans l'acte que nous analysons, il est qualifié de Munt-
meester vande nieujpe munte tôt Enckhuysen.
On pourrait donc s'expliquer l'expertise, en supposant
qu'il aura voulu juger de la valeur des produits de sa fabri-
cation en les comparant avec ceux des ateliers voisins.
Quoi qu'il en soit, Hagenel, comme étranger, ne pouvait
pas agir personnellement; il donne donc procuration, le
17 février 1678, à un négociant anversois, Mathieu Hooft.
Ils se rendent ensemble chez le notaire; et en présence de
deux témoins : Joos Smoudt le vieux, et Judocus Smoudt
(1) Archives communales d',\nvers, fol. loi.
122
le jeune, tous deux orfèvres, procèdent à leur expérience
comparative.
La première pièce, un escalin appelé scheep schellingie,
avait été frappée en 1671 à Dordrecht. Elle portait à
l'avers un lion, entouré de l'inscription :
MO • NO • ORD • HOLL • ET • WESTFRI • 1671
et au revers ces mots :
VIGILATE DEO CONFIDENTES.
La pièce d'Enkhuysen avait été frappée en 1677, et portait
à l'avers également un lion avec l'inscription :
MO : NO . ORD : WESFRISCE . 1677.
au revers étaient gravés ces mots :
DEUS . FORTITUDO ET SPES NOSTRA.
Les deux pièces furent soigneusement pesées, et celle de
Dordrecht atteignit 3 esterlins et 6 as, tandis que celle
d'Enkhuysen n'accusait qu'un poids de 3 esterlins et un
as (i).
Mais cette épreuve ne suffisait pas. On prit les deux
pièces, et à coups de marteau on les rendit tout à fait
informes, de manière qu'il ne fut plus possible de les
identifier, ^^oodanich platgeclopt dat beyde geheel onken-
baer van munt \yn. Toutefois, on avait eu soin de les
marquer pour pouvoir les reconnaître après l'opération :
l'une portait une lettre T, l'autre une rose.
Le notaire Pérès remit les pièces à Pierre Clenaerts,
essayeur juré de la Monnaie ducale d'Anvers, et le pria de
bien vouloir procéder à l'essayage des deux pièces. Celui-ci
y consentit, et après avoir terminé cette opération, déclara
(1) L'esterlin, en flamand fMg-e/s, représentait la 160» partie du marc
de Troye, et valait 32 as ou 1.538 grammes. L'as, en flamand aes,
formait la 5,i2oe partie du marc, et valait 4,806252 grammes.
123
que la pièce la moins blanche, marquée d'un T, contenait
6 deniers et 21 grains, et l'autre 10 deniers et i3 grains
d'argent. Comme preuve de son expertise, il délivra une
attestation, een assay hriefken, scellée de son sceau.
Ici se bornent les renseignements fournis par la pièce
notariée. Il est regrettable qu'après avoir décrit si minu-
tieusement les deux pièces expertisées, les parties n'aient
pas fait insérer dans le procès-verbal les motifs qui les
avaient poussées à faire constater comparativement le
poids et le titre des pièces provenant des deux ateliers
voisins.
Les pièces appelées scheeppes-schellingen , provenant de
l'atelier de Dordrecht, sont assez rares. Elles furent frappés
par le monétaire Simon Rottermond en 1670 et en 167 1 (i).
Quant à l'atelier d'Enckhuysen, il n'avait été que pério-
diquement en activité. En effet, la Monnaie de la Frise
Occidentale était fixée, tantôt dans cette place, et tantôt à
Hoorn ou à Medenblik. Au commencement, chacun de ces
ateliers travaillait à tour de rôle pendant trois ans ; plus
tard cette période de travail fut portée à sept, puis à dix
années. Les scheeppes-schellingen d'Enckhuysen sont
assez communs ; ils furent frappés par le monétaire Gerrit
vanRuijmund. L'atelier d'Enckhuysen eut une fort longue
existence; il frappa les monnaies provinciales jusqu'en
1796; à partir de cette époque jusqu'en i8o3, date de sa
suppression, il ne subsista plus que comme atelier général,
fabriquant des monnaies hollandaises.
La marque monétaire de l'atelier de Dordrecht était une
( 1 ) Renseignements fournis par M . Th. Roest, de Leyde. président de
la Société de numismatique néerlandaise, et obligeamment communi-
qués par notre confrère et ami, M. Alph. de Wittç.
124
rosette, tandis que celle d'Enckhuysen était un astérisque.
Ce dernier atelier frappa encore en 1673 une monnaie
obsidionale. Elle fut fabriquée au moyen de la vaisselle que
les patriotes apportèrent, et qu'ils sacrifièrent généreu-
sement pour subvenir aux frais nécessités par les travaux
de défense nationale et la levée d'une armée.
Cette monnaie, qui est décrite dans Mailliet et dans Van
Loon (1), porte d'une part un cavalier armé galopant à
droite, le sabre à la main. En dessous, coupant la légende,
un écu couronné aux armes de la Frise Occidentale, et
comme inscription :
MO • NO • ARG • CONFOED • BELG • PRO
WEST FRIS.
et, d'autre part, au revers, les armes des États Confédérés,
sommées d'une couronne royale, et soutenues par deux
lions couronnés. Au dessous, les armes d'fi!nckhuysen, qui
sont d'azur à 3 poissons d'argent, posés en fasces super-
posées, et acccompagnées de la légende :
CONCORDIA RES PARVtE CRESCUNT 1673.
Sur la tranche : GEEFT ONS VREEDE HEERE IN
ONS DAAGEN.
Tels sont les quelques renseignements que nous avons
pu nous procurer au sujet des pièces soumises à l'expertise,
dont nous venons de donner une courte analyse.
Fernand Donnet.
Novembre 1895.
Nous apprenons avec le plus vif plaisir que la Chambre
des députés de l'île de Crète vient de voter un subside de
[1) Nederlandsche historipenningen, t. III, p. 80.
125
cinq mille francs pour permettre à M. S. Svoronos, conser-
vateur en chef du Cabinet des médailles d'Athènes, de
publier la seconde partie de son beau travail sur la numis-
matique Cretoise. Nous sommes toujours heureux de voir
les gouvernements venir en aide aux écrivains numisma-
tistes ; seulement, il paraît qu'il faut aller en Crète pour
cela.
A. DE W.
Peintre de faux monnayeurs (i). — J'ai publié dans le
tome I de la Correspondance historique et archéologique
(1894), pp. 6 et 7, les documents suivants :
« 21 février iSSg (n. s.). — La Court [des Monnaies
» de Paris] a ordonné à M*" Jacques Morel, receveur des
» exploitz et amendes d'icelle, bailler et payer à Jehan
» Rondel, me paintre à Paris, la somme de cent sols tour-
)) nois, à luy tauxée et ordonnée, pour avoir faict une
» efigye à la semblance de Estienne Vernoillet, soy-disant
» maistre de la Monnoye de Romans, en Dauphiné, pour
» estre pendue et bruslée en la place de Grefve, suyvant
» l'arrest de ladicte Court du XVIIl« février présent moys.
» Faict en la Court des Monnoyes, le XXF jour de feb-
» vrier mil V^LVIII.
» [Signé) DE LATOURRETE. DE VALLES. »
(Original, Archives Nationales, ZIb 604.)
— Fo/r aussi registre ZIb i36.
« 28 mars iSSg. — Aultre mandement [de la Court des
» Monnaies] sur ledict Morel, du XXVIIIe dudict mois de
» mars V^LIX, pour paier à Jacques Blasme, me painctre
(1) Voir Revue belge de numismatique, 1895, pp. 449-450.
126
» à Paris, la somme de LX sols tournois, pour l'effigie de
» la sembldnce de Estienne Vernoillet. »
(Arch. nat. Reg. ZIb i36.)
« 2"^ juillet i582. — Autre [mandement de la Court des
» Monnaies] sur ledict Morel, pour payer à Jacques Gadot,
» me painctre à Paris, la somme de II escus et demy, pour
» avoir faict un tableau paint en huille qui représente
» Anthôine Mauclerc, receveur de Mery-sur-Seyne, con-
» demné par arrest de ladicte Court, du XIII^ du présent
» mois, à estre pandu ei estranglé pour le crime de faulce
» monnoye. »
(Arch. nat. Reg. Zl" iSy, fol. 65 vo.)
Les portraits des faux monnayeurs dont il est question
dans ces documents, servaient à l'exécution en effigie des
condamnés par défaut.
Le premier des documents cités ci-dessus, prouve que
« l'effigie » fut pendue et brûlée.
F. Mazerolle.
Monete Romane, par FrangesgoGnegchi, vice-président
de la Société italienne de numismatique. — Milano,
1896.
Ce petit volume de propagande scientifique fait partie
de la série des manuels Hoepli. Illustrées de nombreuses
vignettes, accompagnées de quinze planches, imprimées
avec soin, les Monnaies romaines constituent un livre de
182 pages, d'aspect coquet et agréable à feuilleter ; ce qui a
son importance, car avant tout il faut rendre la science
attrayante aux débutants. En vingt-six courts chapitres,
M. Francesco Gnecchi résume avec clarté et méthode l'his-
127
toire du monnayage romain. C'est une œuvre utile de plus
à ajouter à la bibliographie numismatique italienne qui
doit tant déjà à l'érudit et dévoué vice-président délia
Società italiana di Numismatica.
A. DE W.
Les pièces de la trouvaille de Niel (voir la description de
ces pièces, Revue, 1895, p. 408) ont été vendues, à
Malines, le 8 octobre dernier. Elles ont produit, au total,
1,566 francs sans compter les 10 p. c. de frais. Le joyau de
cette trouvaille, l'ange d'or de Jeanne de Brabant, a été
adjugé à M. Aug. Coster, riche amateur bruxellois, au prix
de 1,400 francs, c'est-à-dire, 1,540 francs avec les 10 p. c.
— L'Etat belge avait poussé les enchères jusqu'à i ,000 francs
et à partir de ce prix, déjà très beau, la lutte s'établit entre
M. Bayet, de Bruxelles, M, R. Serrure, de Paris, et
M. Coster, l'acquéreur.
C'est la première fois, croyons-nous, qu'une monnaie du
moyen âge ait atteint, dans notre pays, un prix aussi
élevé. Parmi les autres pièces nous ne citerons que le
ducat de Richard de Simmeren et l'écu de Philippe de
Valois, adjugés respectivement à 19 et à 26 francs au même
M. Coster.
Bref, les pauvres de Malines n'auront qu'à se féliciter du
brillant résultat de cette vente qui était faite à la requête du
bureau de Bienfaisance de cette ville, dans une propriété
duquel la trouvaille avait eu lieu.
G. CUMONT.
128 ■
M. G. Riat est nommé sous-bibliothécaire au Cabinet
des me'dailles de Paris en remplacement de M. Adrien
Blanchet, démissionnaire. M. A. Blanchet est nommé
bibliothécaire honoraire. Notre confrère, dont le passage
au Cabinet a été marqué par d'importantes publications,
reste secrétaire de la Revue de numismatique.
A. DE W.
Nous apprenons, avec une vive satisfaction, que notre
aimable et savant confrère M. Roger Vallentin a entrepris
d'écrire une histoire numismatique du Dauphiné. Cette im-
portante monographie, qui comprendra plusieurs volumes,
ne pourrait être faite par nul de plus compétent et nous
sommes persuadé que M. Vallentin élèvera un précieux
monument à la numismatique de son pays. Aussi le
résultat des travaux de M. Vallentin est-il attendu avec
impatience par les numismates du monde entier.
G. C.
TROUVAILLE DE MONNAIES ROMAINES A JUPILLE.
Au mois de juin 1895, à l'endroit dit « Git-le-Coq », à
Jupille, on a mis au jour, lors de travaux de terrassement,
une urne contenant un grand nombre de monnaies romaines
en argent. L'ouvrier qui l'a rencontrée n'a pas trouvé mieux
pour montrer sa brutale ignorance, que de la faire voler en
éclats, par un violent coup de pic, dispersant ainsi les nom-
breuses piècesqu'ellerenfermait.Sescompagnonss' en empa-
rèrent immédiatement et, séance tenante, les distribuèrent
presque toutes à Jupille, à qui en voulait, pour une pièce de
r29
dix sous ou une bouteille de genièvre. Il est vrai que les
pièces étaient noircies parla rouille et que leur valeur vénale
leur a échappé absolument. L'urne, d'après les morceaux
que j'ai vus, était en terre cuite noire, très dure, sans aucun
dessin ni aucune inscription. Elle était à un mètre de pro-
fondeur, dans de la terre non remuée, mais avant d'arriver
à elle on avait déterré de nombreux débris de briques
romaines, de verres, de clous et de vases dont un élégam-
ment travaillé, représentant une chasse. La découverte de
ce trésor a été vite connue aux environs, et, trois Jours
après, le nombre des curieux était tel qu'on approchait
difficilement du travail des fondations. Il est vrai qu'à ce
moment on découvrait l'entrée d'une ancienne galerie rem-
plie de débris romains également et qui se prolonge dans
le jardin voisin. Des fouilles seront bientôt entreprises de
ce côté.
Des mauvais plaisants se sont même amusés à enfouir
dans une partie du terrain à travailler une tête de vache
dorée qui avait servi anciennement d'enseigne à un boucher.
L'ouvrier qui l'a trouvée, croyant à un trésor, a failli en
perdre la raison.
Pour en revenir à nos monnaies, il sera toujours impos-
sible d'en donner le détail complet, le propriétaire du
terrain, M. Thonnard, n'ayant pu en recueillir que
400 environ. Il y en avait, paraît-il, i5 à lôkilogs; mais en
tenant compte de l'exagération, toujours excessive en pareil
cas, en descendant à la moitié, on sera moins éloigné de
la vérité. Cette trouvaille ayant fait beaucoup de bruit, j'ai
pensé qu'il était intéressant de la faire connaître. Il est, en
effet, plus utile avant tout de déterminer la date de
l'enfouissement et je pense que, dans ces 400 pièces, et une
centaine que j'ai vue en d'autres mains, il se trouve des
Année 189G. g
i3o
éléments suffisants pour fixer l'époque de l'établissement
des Romains à Jupille.
La plus ancienne pièce remonte à Néron, la plus récente
à Philippe. Néron est mort l'an 68 et l'avènement de
Philippe à l'empire date de 244, sa mort de 249.
Ce trésor comprend donc un espace d'à peu près deux
siècles et a dû être caché entre 244 et 249.
Les pièces de l'empereur Maximin I^r et d'Alexandre-
Sévère forment le fond de la trouvaille et sont de beaucoup
les plus nombreuses. Voici d'ailleurs la nomenclature des
deniers de M. Thonnard :
Néron, i pièce ;Nerva, 1 pièce; Vitellius, i pièce; Adrien,
8 pièces; Sabine, i pièce; Antonin, 16 pièces; Faustine,
II pièces; Marc-Aurèle, 9 pièces; Lucile, i pièce;
Commode, 2 pièces; Septime-Sévère, lo pièces; Julia
Domna, 26 pièces; Julia Paula, 2 pièces; Caracalla, 84
pièces; Plautille, i pièce; Géta, 5 piè:es; Macrin, 4 pièces;
Diaduménien, 2 pièces; Héhogabale, i3 pièces; Juha
Soemias, 2 pièces; Alexandre-Sévère, 60 pièces; Mamea,
22 pièces; Maximin, 95 pièces; Balbin, 5 pièces; Pupien,
3 pièces; Gordien-le-Pieux, 20 pièces ; Philippe, 7 pièces;
enfin Otacilie, i pièce. — Total : 363 pièces.
Toutes ces pièces sont d'une belle conservation, elles
sont toutes connues, la plupart ont même des revers très
communs; mais elles appartiennent à un très grand
nombre de princes et de princesses et comprennent un long
espace de temps.
11 n'en n'est pas toujours ainsi, car il y a deux ans, à
Tilff, on a trouvé environ 3oo deniers ne comprenant
qu'une période de 27 années et appartenant à quelques
empereurs seulement. Il y a, je pense, à considérer ici deux
sortes de trésors : ceux qui sont amassés de longue date et
i3i
ceux qui sont enfouis par des soldats en temps de guerre et
qui n'ont que des pièces gagnées à la solde de l'empereur et
immédiatement fabriquées à sa suite. Ces derniers trésors
révèlent plutôt le passage d'une armée qu'un établissement
proprement dit.
On atrouvé aussi à Git-le-Coq une intaille représentant la
fortune debout à gauche, tenant une corne d'abondance de
la main droite et la main gauche appuyée sur un gouver-
nail. Cette intaille a la grandeur d'un quinaire et est
parfaitement conservée.
La découverte de ce trésor vient donc confirmer une fois
de plus l'origine romaine de Jupilie. A différentes reprises,
on y a encore trouvé des antiquités romaines qu'on a fait
remonter, Je crois, jusqu'au IIP siècle. La date de l'enfouis-
sement au milieu du IIl^ siècle viendrait corroborer cette
attribution. Jupilie devait donc être alors un endroit déjà
important; peut-être Jupilie et H erstal, immédiatement vis-
à-vis de l'autre côté de la Meuse, étaient-ils sur une route
romaine, une étape pour les voyageurs qui allaient à
Tongres ou qui en revenaient.
Dr SiMONIS.
Nous avons trouvé dans les archives du Conseil des
finances (Monnaies, Carton n^ 389, Archives générales
du royaume), un tableau de l'augmentation de lu valeur
des espèces d'or depuis 1489 jusqu'à 1749. Nous croyons
qu'il est utile de reproduire ici ce tableau, non seulement
au point de vue numismatique mais aussi au point de vue
économique. Nous ne citerons que les monnaies de notre
pays.
r32
il
REAL d'or de
Lion d'or
ORDONNANCES.
Ducats.
Charles Quint.
(Titre
23 k. 8 1/2 gr.)
DE Flandre,
(Titre
22 k 9 gr.)
Du 14 décembre
1489 .
FI. 1-5 s.
»
I — 10
— 22 novembre
l520 .
I — 18
3—0
2—4
— 17 juillet
1548 .
2 — 0
3—3
2-7
— 23 mars
i552 .
2 — I
3-6
2—8
— 28 octobre
i359 .
2—4
3-10
2 — 10
— 27 juillet
1572 .
2-7
3-12
2 — l3
— 25 octobre
1576 .
2 — 12
4—0
2 — 19
— 1 1 novembre
1577 •
3—3
4 10
3-10
— i3 janvier
i586 .
3—6
5—0
))
— 3o avril
1590 .
3 — 10
5—6
»
— 23 juin
1602 .
3— 15
))
»
— 22 mars
161 1 .
3—19
6—0
»
— 18 mars
i633 .
4—1
6—2
4—10
— 3i mai
1644 .
4— 10
6—16
4 — 10
— 3 janvier
1698 .
5—1
»
5—5
— 19 septembre
1749 .
5 — 1
»
))
i33
Double
Double
Florin
Florin
Couronne
Souverain.
Albertin.
Saint-André.
Carolus.
d'or.
(22 k. 3/4 gr.)
(21 k 5 gr.)
(18 k. 11 gr.)
(13 k. 10 gr.)
(22k.4l,2gr.)
»
))
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I— 18
3 — 12 1/2
»
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2—0
3-14
i3-6
6— o
3—4
2-4
»
i5— o
6—1 5
»
»
4— to
i5-6
6-i5
»
»
»
i34
Dans cette Revue, 1890, p. 69, M. Chalon a publié un
tableau indiquant les monnaies de compte et les monnaies
réelles en usage, dans le Brabant, à Fépoque de l'invasion
française, en 1794. On voit, d'après ce tableau, qu'à cette
époque, le ducat valait 5 flor. 8 sols (argent de change), le
double souverain i5 flor. 19 s. 6 d.
Les autres monnaies du tableau que nous publions
n'avaient plus cours à la fin du XVIIF siècle et ne sont, par
conséquent, pas mentionnées dans le tableau de M. Cha-
lon. Les évaluations du Conseil des finances sont faites en
florins de change ou anciens florins dont M. Chalon indique
(p. 71) le rapport avec le florin courant établi en 1704.
Il résulte de ces évaluations et des chiffres indiqués par
M. Chalon que la valeur du florin a graduellement et
continuellement diminué depuis 1489 Jusqu'à la fin du
XVIIF siècle, lorsque la monnaie décimale française est
venue le supplanter en Belgique.
G. CUMONT.
La dernière délivrance de monnaies frappées à Namur
date du 7 décembre 1714. Voici une lettre, classée aux
Archives générales du royaume entre les années 1734
et 1736, qui prouve que des démarches furent faites sous
le règne de l'empereur Charles VI pour que l'atelier de cette
ville fût remis en activité. Elle est adressée au représentant
du souverain autrichien dans les Pays-Bas méridionaux:
(( Monseigneur,
» La grande nécessité où se trouve le publicq par la
» rareté des liards.me fait prendre la liberté de représenter
» à vostre Excellence que si s'estoit le bon plaisir de vostre
i35
» Excellence d'en ordonner la fabrication pour une somme
» de cent mille escus dans nostre ville de Namur, icy un
)) homme à la main (existe), lequel at la matière preste et
» qui laisseroit suivre pour le compte de S. M. certain
» tantième qui pourat monter à une somme de 10,000
)) escus plus ou moins suivant que vostre Excellence con-
» vienderat avec luy, laquelle somme il veut bien compter
» prestement pour faire le service d'un maître sitôt qu'on
» lui aura délivré sa commission.
« {Signé: H I PO LITE FRANÇOIS BRACONIER. »
(Archives du Conseil des finances.)
Cette demande est, semble-t-il, restée sans effet.
A. DE W.
La date du décès de Théodore Van Berckel.
Dans son très intéressant article sur les Dernières quin:^e
années de Théodore Van Berckel, notre savant collègue et
ami M. le chevalier C. von Ernst a définitivement établi
que le célèbre graveur général était mort le 21 sep-
tembre 1808. (V. Revue, 1895, pp. 440-441.)
M. von Ernst a bien fait de ne pas se laisser influencer
par un certificat, délivré le 4 décembre 1894 par l'officier de
l'état-civil de la ville de Bois-le-Duc, qui déclarait que
Van Berckel était décédéie 23 septembre 1808. Le certificat
porte cependant qu'il est extrait du registre des décès de la
commune de Bois-le-Duc pour l'année 1808. Eh bien ! qui
l'aurait cru? cette indication officielle est inexacte et M, von
Ernst a eu raison de supposer que la date du 23 sep-
tembre 1808 est celle des funérailles de Van Berckel. En
effet, voici que notre cher ami et collègue M. le chevalier
M. A. Snoeck, de Bois-le-Duc, nous écrit, le 9 octobre
dernier, que le certificat délivré par l'officier de letat-civil de
Bois-le-Duc a été extrait d'un registre sur la première page
duquel M. Snoeck a lu le titre suivant : « Register van aile
» de lijken begraven in de Sint-Janskerk en op het kerkhof,
» beginnende met i^^" meij I778. » C'est-à-dire : Registre
de tous les cadavres enterrés dans l'église Saint-Jean et
dans son cimetière, commençant au i^r mai 1778.
Ce registre était tenu par le sacristain de cette église.
Actuellement, ce registre est conservé au bureau de l'état-
civil, à l'hôtel de ville de Bois-le-Duc et il n'y existe pas
d'autres registres (i) concernant les décès survenus pendant
l'année 1808. Le registre de l'église Saint-Jean ne se rap-
porte, d'après son titre, qu'aux inhumations et il en résulte
que Van Berckel a été enterré à l'église Saint-Jean le
23 septembre 1808, deux jours après sa mort, arrivée le
21 septembre comme il conste de la procuration publiée
par M. von Ernst.
G. CUMONT.
Albert de Saxe-Teschen et Marie-Christine, collectionneurs de médailles.
— Le 3 septembre 1791, Leurs Altesses Royales Albert de
Saxe-Teschen et Marie-Christine, gouverneurs-généraux
des Pays-Bas, écrivent au conseil des Finances :
« Etant intentionnés de nous procurer pour notre
» compte une collection des médailles détaillées dans la
(1) Il n'existe pas. à Bois-le-Duc, de registres relatifs aux naissances
et aux décès antérieurs à 181 1. C'est en cette année que Napoléon I"
organisa l'état-civil en Hollande. Précédemment, les registres des
baptêmes et des mariage^ étaient tenus par le clergé, qui abandonnait
aux marguilliersle soin de tenir les registres des inliumations.
i37
» liste ci-jointe, et dont les quarrez se trouvent à l'Hôtel
» des Monnaies en cette ville (Bruxelles), nous chargeons
» le conseil de faire expe'dier au waradin Marquart l'ordre
» ne'cessaire, afin qu'il fasse frapper deux médailles d'argent
1) de chaque quarré spécifié dans la susdite liste, et qu'il
» nous les envoie à mesure qu'elles seront frappées. »
(Archives du Conseil des finances )
A. DE W.
IROUVAILLE DE LOKEREN.
Au commencement de septembre 1895, en démolissant
une cheminée, à Lokeren (Flandre orientale), au lieu dit
Puttenen, on trouva les monnaies suivantes :
Demi-noble à la Rose de Campen, — Ducat de Campen
(type des ducats de Ferdinand et Isabelle). — Florin d'or
de Metz, 1621. — Florin d'or de Worms, 16 17, lég. :
MON • NOV • LIB • IMP • CIVIT • VORMAT. Au
revers : SUB • UMB • ALA • TUA • PROT • N • 1617.
— Florin d'or de Lunebourg de 1 588 : M ONE • NOVA-
LVNEBVR. Rev. ^ RVDOLPHVS • Z • ROM • IM •
SEM • AV. — Demi-réal d'or de Charles^Quint (majeur,
i5i5-i555) frappé à .-Vnvers (usé). — Charles-Quint, double
ducat : CAROLVS : DEI GRACIA : REX : ARAGO.
Rev. VALENCIE : MAIORICARVM : SER. —
Ducat de Frise, 1607. — Pistolet de Philippe II, roi d'Es-
pagne et des Deux-Siciles; tête du roi couronnée : PHI-
LIPP • REX -ARA • VTR. Rev. HlERVSA-SICl-
LIAE. Ducat de Savoie : //'. EMANVEL • D • G • DVX •
SAB • \bo\.Rev Vierge, PAX • IN • VIRT • TVA. —
Double ducat de Ferdinand et Isabelle d'Aragon et de
38
Castille; entre les deux têtes : • S • — Florin d'or, de
THOMAS LB (liber baro) AB EHRENFELS DIH.
Rev. : INSV • NATE • DEI • QVAESO • ME • MEN •
ME.
Ces douze pièces d'or figurent toutes (sauf le double
ducat de Charles-Quint), quelques-unes avec des variantes,
dans l'Ordonnance et Instruction pour les changeurs,
imprimée à Anvers, chez Jérôme Verdussen, en i633.
Parmi les pièces d'argent et de toute la trouvaille la plus
ancienne est un double briquet de Phihppe-le-Beau (assez
fruste) pour la Gueldre, frappé à Malines en 1492. Lég. :
^ Pî^S -h TîRGCî^IDVX -!- TÎVSrrRIS r BVRG t
2 4- GSIi sous les deux lions, l'écu de Malines. Rev. ;
STîij vvm -^ P2ÎGC 4- POP vijvm + m vvm -r DTca
li^gZ. — Citons ensuite une pièce de huit réaux d'Espagne,
de i562; un quart d'écu de Henri UI roi deFrance, dei585;
un escalin de la ville deGand (règne d'Hembyze), i583 ; un
ducaton ou philippus daldre de Philippe II, frappé à
Anvers en i573; un cinquième du philippus daldre, frappé
à Anvers en 1 586 ; un dixième de la même pièce, frappé
à Anvers en iSyi; un cinquième du philippus daldre, pour
la Gueldre, frappé en i565; un daldre d'Overyssel, de 1617;
une pièce de trois réaux (bustes à gauche) d'Albert et Isa-
belle, frappée à Anvers en 1608; trois escalins au Paon des
mêmes, pour le Brabant, frappés en 1620 et 1621 ; un réal
d'argent des mêmes pour Tournai ; six patagons des
mêmes, sans date, frappés à Anvers ; quatre patagons des
mêmes, sans date(DOM • TOR ■ et TORN • ), frappés
pour Tournai et le Tournaisis; un patagon, des mêmes,
frappé à Bruxelles en 16 18; un autre frappé à Anvers
en 1618; un patagon des mêmes pour la Flandre(CO • FL.),
sans date ; un demi-patagon des mêmes, frappé à Bruxelles
i39
en 1621; quart de patagon (trois pièces) des mêmes, pour
la Flandre; un demi-ducaton des mêmes, frappé à Bru-
xelles en 16 18; Philippe IIII : Escalins au lion d'Anvers
(1622), de Bois-le-Duc (i623), d'Arras (1623), de Bruxelles
(1625) et d'Anvers (1626 . Patagons : Bruxelles (1622); Bour-
gogne(DVX ET COM BVRG),de 162? et 1626; Bruxelles,
de 1624 (deux pièces) et de 1628; Anvers, de 1625 et 1626 ;
enfin Tournai (trois pièces) de 1626.
Il résulte de ces différentes dates que le trésor de Lokeren
a été caché en 1628 ou peu de temps après.
G, CUMONT.
Dans un compte rendu de M. G. Cumont, paru à la
page 58o de la Revue de l'an dernier, l'auteur se demande —
si nous le comprenons bien — ce que peut être et ce qu'est
devenue la médaille d'or de Sa Majesté impériale et royale
Charles VI dont il est question dans un testament qu'il
cite, médaille que le mari de la testatrice avait reçue en sa
qualité de commis des finances.
Nous croyons être à même de satisfaire la curiosité, si
naturelle, de notre collègue. En effet, les comptes des
maîtres de Monnaie du XVIF et du XVlIie siècle, apparte-
nant à nos provinces, donnent la solution du problème.
Il s'agit tout simplement d'une de ces pièces de poids
fort, ou gros deniers, à l'efïigie et aux armes du Souverain,
qui se distribuaient à chaque émission d'un type nou-
veau. L'usage était d'en offrir, entre autres, aux conseil-
lers et commis des finances. Ce qui est bien ici le cas.
C'est, très probablement, parmi ce qu'on a fautivement cou-
tume d'appeler des essais en or des ducatons de Charles VI
qu'il faut chercher la « médaille » en question, et, dès lors,
peu importe ce qu'elle a pu devenir, puisqu'elle ne se dis-
tingue en rien des autres pièces de l'espèce.
A. DE W.
Le 8 octobre 1895, le grand-duc et la grande-duchesse
Constantin de Russie et leur neveu, le prince Nicolas de
Grèce, se sont rendus à dix heures du matin à l'Hôtel de la
Monnaie de Paris.
Les journaux rapportent que le directeur de cet établisse-
ment, M. de Foville, fit frapper des médailles de circon-
stance devant les princes et leur en offrit plusieurs, dont les
unes sont des reproductions de la médaille commémorative
de la visite de Pierre-le-Grand à la Monnaie, œuvre de
Duvivier et dont les autres représentent la façade de l'Hôtel
sur le quai Conti, avec inscriptions mentionnant la visite
faite le jour même par les princes.
Plaques ifpour la régie des droits d'entrée et de sortie. — Le
7 avril 1758, ordre est donné au « waradin », ou garde de
la Monnaie de Bruxelles, de laisser J.-B. Marquart frapper
'.( les médailles ou placques en cuivre sur le carré qu'il a
)) gravé pour les gardes et à l'usage de la Régie pour les
» droits d'entrées et de sorties n, à lui commandées par
Mgrs les surintendant, trésorier général, conseillers et
commis des finances de Sa Majesté.
(Archives du Conseil des finances.)
Jean-Baptiste Marquart avait été nommé essayeur général
le 7 juin 1749.
^ ' ^ A. DE W.
14'
Du prétendu monnayage mixte de Dieiidonné d' Estaing,
évêque de Saint-Paul et de Charles VI, par ROGER
Vallentin, Valence, iSgS, in-S», lo pages. Extrait du
Bull, de la Soc. d'Archéologie et de Statistique de la
Drôme.
L'article 6 du traité conclu à Grenoble, le 2 5 septem-
bre 1408, stipulait :
« Item.Dominus noster Delphinuspoteritet valebit cudi
facere etfabricari in dicta civitate Tricastina monetam tam
auri quam argenti, arma Régis Delphini domini nostri et
crossam communiter habentem. )^
Comme il re'sulte de ce texte, le monnayage mixte e'tait
laissé à Yinitiative du dauphin.
L'évêque n'était pas maître d'en prendre la responsabi-
lité. Les espèces delphinales pouvaient désormais libre-
ment circuler aux environs de Saint-Paul-Trois-Châteaux
et d'autre part le Roi-Dauphin n'avait aucun intérêt à
consacrer officiellement un droit régalien d'un prélat.
Donc, à priori, on est en droit de nier l'existence de ces
monnaies mixtes. Aucune ordonnance relative àceprétendu
monnayage n'a été rencontrée ; aucune trace d'apurement
de comptes y relatifs. Notre érudit collègue Vallentin en
conclut que ce monnayage mixte n'a jamais eu lieu et que
l'officine commune de S^-Paul est purement imaginaire.
Nous pensons que tous les numismates se rangeront à son
avis.
G. G.
Sous le titre Sveriges mynt under mideltiden (Monnaies
suédoises du moyen âge), M. Hans Hildebrand, l'érudit
conservateur en chef du Cabinet des médailles de Stock-
holm, vient de publier un important mémoire, orné de
nombreuses vignettes, qui ne compte pas moins de
i6o pages grand in-S". Nous regrettons vivement que notre
ignorance du suédois nous oblige à nous borner à porter à
la connaissance de nos lecteurs l'apparition de l'œuvre nou-
velle du secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Suède.
A. DE W.
Une vente d'aurci romains recueillis en Orient a eu lieu,
à Paris, le 29 octobre de l'année dernière, sous la direction
de M. R. Serrure, expert. La pièce décrite sous le n» 21 du
catalogue vient combler une lacune de la numismatique
impériale de Rome, car jusqu'ici on ne connaissait aucune
monnaie authentique de Saturnin, général d'Aurélien,né en
Gaule et proclamé, en 280, empereur par les habitants
d'Alexandrie. Voici la description de l'aureus frappé à son
effigie :
IMP • G • IVL ■ SATVRNINVS AVG. Buste lauré
de Saturnin en profil droit.
Rev. VIGTORIAE AVG. Victoire marchant à droite,
tenant une couronne et une palme.
On sait que le règne de Saturnin eut une durée tout
éphémère. Assiégé dans son camp par Probus, il mourut
étranglé par un de ses soldats. Son aureus a été adjugé
6,200 francs. Il est fort probable que la tête de Saturnin
n'a pas rapporté autant à son meurtrier.
A. DE Vv^.
Nous avons sous les yeux le rapport pour 1894, de M. de
Dompierre de Chaufepié, directeur du Cabinet royal des
médailles de La Haye. Ce document, qui renferme beau-
143
coup de renseignements utiles et intéressants, donne les
accroissements des collections de cet important établisse-
ment pendant cette année, et témoigne hautement du zèle
et de l'intelligence de la Direction de ce dépôt,
Vte B. DE J.
Noti:{ie storiche intorno alla institu\ione délie officine
monetarie italiane dalla cadiita deirimpero romano
d'occidente fino ai nostre giorni, par G. Gaucich,
Firenze-Roma, 1895, Fascicolo I.
Depuis la création de la Rivista italiana di numismatica
et la fondation d'une Société de numismatique, les numis-
matistes italiens semblent s'être pris tout à coup d'une
belle ardeur de production. Grâce à l'active impulsion
imprimée aux études numismaliques par MM. Francesco
et Ercole Gnecchi, nous voici revenu au beau temps des
Promis, des Lazari, des Brambilla, des San Quintino, des
Kunz, des Strozzi dont MM. Ambrosoli, Papadapoli,
Ruggero, E. et F. Gnecchi, Sambon et bien d'autres sont
les dignes successeurs.
M. Guido Caucich, fils de M. A.-R. Gaucich, l'ancien
directeur du Biilletino de numismatica italiana, saisi
d'émulation, descend aujourd'hui à son tour dans l'arène,
ses notifie à la main, Le premier fascicule des recherches
historiques sur l'établissement des ateliers monétaires ita-
liens, depuis la chute de l'empire romain d'occident jusqu'à
nos jours, est, nous semble-t-il, un heureux début. Il com-
prend la liste des hôtels monétaires où les princes de
l'antique et noble maison de Savoie firent frapper et, toute
144
une suite de chapitres consacrés aux ateliers de S. Giovanni
di Moriana, Acqui, Alexandria, Asti, Cuneo, Ivrea.
Novara, Tortona et Vercelli.
Le travail de M. Caucich dénote un chercheur patient,
parfaitement au courant de la bibliographie numismatique
italienne et à la hautenr de la tâche qu'il s'est imposée dans
l'intérêt de tous.
A DE W.
Sommaire des publications périodiques.
Revue Suisse de numismatique. 1895, livraisons I à III.
— THOMMEN. Ein Mûnzvertragausdem XV Jahrhundert.
— Vallentin, De la moneta Blaffardorum. — Haas.
Die Mûnzen des Standes Luzern — Grossmann. Berner
RoUbatzen oder Plappart zu 24 Haller. — Mazerolle.
Dassier et Montesquieu. — Mayor. Médailles suisses
nouvelles. — Mélanges.
Annuaire de la Société française de numismatique.
4e liv. — Bordeaux. Etat des connaissances numisma-
tiques concernant les ateliers monétaires de Compiègne et
de Melun pendant la Ligue. — DE MarchÉVILLE. Les
francs à pied frappés à Limoges et à la Rochelle. —
TRACHSEL. Une curieuse petite médaille satirique
inédite, avec légende latine en caractères runiques. —
R. VallENTIN. De la détermination des monnaies du
dauphin Louis 1er. __ Bon r, dE PoNTON D'AMÉCOURT.
Description générale des monnaies au type chinonais.
5« livraison. — BORDEAUX. Les ateliers monétaires de
Clermont-Ferrand et de Riom pendant la Ligue; le sceau
de l'hôtel des monnaies de Riom. — Bo" R. DE PONTON
145
D'AMÉCOURT. Description générale des monnaies au type
chinonais. — DUTILH. Monnaies alexandrines, terre
cuite du Fayoum et les seize génies de la statue du Nil. —
L. Blancard. Rectifications numismatiques concer-
nant le quaternal et le patac de Provence et d'Avignon
frappés en 1414.
Revue numismatique. 1895, 3^ trim. — Babelon.
Étude sur les monnaies primitives d'Asie-Mineure ; l'étalon
milésien. — DROUIN. Onomastique arsacide; essai d'expli-
cation des noms des rois Parthes. — CASANOVA. Numis-
matique des Danichmendites. — RONDOT. Le diamètre
des médailles coulées. — DE LA TOUR. Jean de Gandida.
Bulletin de numismatique. T. III, n» 5. — O^ DE
Castellane. Double parisis inédit d'Eudes IV, duc de
Bourgogne. — Vallentin. Du prétendu atelier carolingien
de Venasque. Mélanges.
Mittheilungen des Clubs der Mun:{-und Medaillen-
freunde in Wien, N» 63. - CUBASCH. Die Munzen unter
der Regierung des Kaisers Franz Joseph I. — VOETTER.
Ahnenmûnzen Kaiser Constantin des Grossen. — VON
HoFKEN. Weihemûnzen. — SCHALK. Ein Zeitgenosse ûber
die Tûrkischen Munzen zu Ende des XVI Jahrhunderts
No 64. — CUBASCH. Die Munzen unter der Regierung
des Kaisers Franz Joseph I. — J. N. Œsterreichische seltene
Schulprâmièn aus der guten alten Zeit. Neue Prâgungen.
N°65. — CUBASGH. Die Munzen unter der Regierung
des Kaisers Franz Joseph I. — NENTWICH. Wiener
Stiftungspfennige.— Die rômische Mûnzstâtte Viminatium.
Monthljr numismatic circular, N" 34. — H. W^
Uebersetzungen aus Eckhels Proiegomena zur Doctrioa
Année 1896. 10
Ï46
Numorum Vetefum. — HANDS. Chats ôa Roman Coihè
wiih young coUectors. '—r J. P. Modem MedalLic Art. --r
HazliTT. Hazlitt's coins ôf Europe.
N° 35. — H. W. UebersetzLingen aus Eckhel's Prolego-
mena zurDoctrina; Numorum Veterum. — Hands. Chats
on Roman Coins with young colleclors — HAZLITT. Haz-
litt's Coins of Europe. — The new Bronze Coinage, 1&95.
N<> 36. — Hands. Chats on Roman coins with young
coUectors. — H. W. Uebersetzungen aus Eckhel's Prole-
gomena zur Doctrina Numorum Veterum. — The new
British colonial Dollar. — The baron Schroder medal.
N» 37. — Hands. Chiits on Roman Coins with young
coUectors. — NUDROWSKI. Humor in der Numismatik.
— Hazlitt. Hazlitt's Coins of Europe. — H. W. Ueber-
setzungen aus Eckhel's Prolegomena generalia zur Doctrina
Numorum veterum. — P. W. M. The mints of byzantine
Coins.
American Journal of Numismatics. T. XXX, n° i. —
SVORONOS. On the signification of certain ançient
monetary types. — StoreR. The medals, jetons and
tokens illustrative of the science of medicine. — LymaN
Haynes LOW. Some observations upon the counterfeiting
of coins and medals. — M.\RVIN. The Botetourt iftedal of
William and Mary collège. — Bastow. Furlher notes on
spanish-american silver coins. — MARVIN., Masonic
medals. — Storer. The medals and tokens of Rhode
Island.
T. XXX, no 2. — SVORONOS. Ulysses on a coinoF
Mantinea. — The new dollar for English Colonies in the
last. — PRENTISS CÛMMINGS. Homer and astronomie
coin-types. — The « Money on Folly, » -^ STORE R. Thé
H7
medals and tokens of Rhode Island. — The « Mexican
Martyrs » Masonics. — Storer. The medals, jetons and
tokens illustrative of thé science of medicine. — Marvin.
Masonic medals.
Tijdschrift van liet Nederlandsch Genootschap voor
Munt- enpenningkunde. T. III, 4e liv. — Vallentin. De
la circulation des florins d'Utrecht en Dauphiné, à
Avignon et dans le Comtat. — Chev. A. Snoeck. Drie
Penningen op het 5o jarig jubilee der nieuwe Koninklijke
Harmonie te Tilburg, in 1893. — LE MÊME. Zeven
religieuse draagpenninkjes op Onze Lieve Vrouw van
'sHertogenbosch. — V^e B. DE JONGHE. Quatre monnaies
de Guillaume de Bronckhorst, seigneur de Batenbourg et
de Steyn. — Van Gemund. Het leven en de werken van
den Stempelsnijder Johann Crocker.
Rivista italiana di numismatica. Fasc. III, 1895. —
F. Gnecchi Appunti di Numismatica Romana. Ancora
intorno ai Contorniati.— GabrICI. Contributo alla Storia
délia monetaromanada Augustoa Domiziano. — MlLANI.
Monetina aurea col nome e col ritratto di Sesto Pompeo.
— ROSSI. Il fiorino d'oro di Urbano V. — MOTTA.
Documenti Visconteo - Sforzeschi per la storia délia zecca
di Milano.
Wiadomoscî numi:{matyc^nO' archeologic^ne , N»** 24 et
25. — PlEKOSINSKI. Monnaies trouvées à Gorzow. —
T. POCHWALKI. Supplément à l'étude sur le « Trojak » à
la couronne de Sigismond 111 et divers articles archéolo-
giques.
The numismatic Chronicle, 1895, part. HI. — J. P. Six.
Monnaies grecques inédites et incertaines. — Lient. -col.
B. LOWSLEY. Coins and Tokens of Ceylon.
148
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMiSMATigUE.
EXTRAITS DKS PROCES-VERBAUX.
Béunlon du bureau du tt septembre 180S.
... A la demande de M. le Chevalier M. A.
Snoeck et sur la proposition de MM. le vicomte
B. de Jonghe et A. de Witte, le titre de membre
associé étranger a été conféré à M. le notaire
Auguste Sassen, à Helmond, Pays-Bas.
Le Secrétaire, Le Président,
G. CuMONT. V^^ B. DE Jonghe.
149
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATiQUE.
LISTE DES OUVRAGES REÇUS PENDANT LE 4« TRIMESTRE 1895.
Avis important : Les publications et les dons destinés à
la Société doivent, sans exception, être ailressés à M. Alph*
de Witte, liibliotliécaire fie la Société royale de nniliisma-
(Ique, Palais des Académies, à llrnxeiles.
Ouvrages périodiques.
Allemagne. — Blâtter fur Mûn^freunde, n"^ 202 et 206.— Berliner.
Mûn^blàtter, n° 17g. — Niimismatisch-sphragistischer Ani^eiger,
.•895, nos 3-10. — Ntimismatisches-Litterattur Blatt, nos 85 à 88.
.Amérique. — American Journal of numismatics, t. XXX, n" i.
.Angleterre. — The Monthly mimismatic circular, nos 3^^ 36
Autriche-Hongrie. — Mittheilungen des Clubs der Mûn^- und
Medaillenfreunde in Wien, nos 63-63. — Wiadomosci numisma-
tyc![no-archeologic^nc, n"* 2461 25. — Monatsblatt, nos 142 à 147.
Belgique. — Bulletin de V Académie royale, t. LXV, nos y et 8. —
Revue belge de numismatique, t. LI. — Messager des Sciences
historiques, iSgS, 2" liv. — Annales de la Société archéologique
de Namur, t. XXI, i^e ijv.; Rapport, 1894. — Analcctes pour
servir à l'histoire ecclésiastique de la Belgique, t XXV, 4e liv. —
Académie d'archéologie : Annales, t. XLVIII, 3^ liv.; Bulletin,
no XXIII. — Bulletin du Cercle archéologique de Gand, t. III, n" 5.
— Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XXIV, 2'-' liv.;
Rapport, 1894. — Institut archéologique du Luxembourg, Annales,
t. XXX.
i-'rancc. — Annuaire de la Société française de numismatique, iSgS,
liv. 4 et 5. — Polybiblion, partie littéraire, t. LXXIV, 3e et 4e liv ;
partie technique, t. LXXV, liv. 9 et 10 . - Revue numismatique , 1895,
3^ liv. — Société de Borda, Bulletin, 1895, 2^ trim.
Kalie. — Rivista di Storia antica, t. I, 2e Hv,
i5o
Pays-Bas. — Tijdschrift van het Nederlandsch Genootschap voor
munt- enpenningkunde, \..\\\,^'^\\v.
t^iiède. — Numismatiska middelanden, nos 6, 7, 12 et i3. — Auti-
quarisk tidskrift, t. XVI, 11° 1.
Ouvrages non périodiques.
Bethune (Bon). — Méreaux des familles brugeoises. — Jean
de Vleeschomi>er, chevalier et Barbe de Witte. Bruxelles, i8g5,
in-8*, 4 pages, 1 vignette. {Hommage de l'auteur.)
DE JoNGHE (Vte B.). — Deux monnaies frappées à Luxembourg par
les archiducs Albert et Isabelle. Bruxelles, iSgS, in-S». 4 pages,
2 vignettes. — Nécrologie : Le comte Maurin de Nahuys. Bruxelles,
1895, in-80, 2 pages. [Honimàge de l'auteur.)
DE Man (Mlle). — Médaille uni/ace de Levinus Bloccenus à Burgh.
Bruxelles, in-80, 6 pages, i vignette. {Hommage de Vautour. )
DE Renesse (Cte). — Dictionnaire des figures héraldiques, t. II, liv, 6.
{Don des éditeurs.)
de Witte. — Notes sur les Roëttiers, 2e article, Paris, iSgB, in-8",
4 pages. — Médaille religieuse et méreau de Notre-Dame de
Miséricorde, à Verviers. Bruxelles, 1895, in-80, 6 pages, 1 planche.
{Hommage de l'auteur.)
Hess (A.). — Medaillen-Sammlung Eugen Félix. Frankfurt-am-
Mein, iSgS, in-4°, 47 pages, 6 planches. {Hommage de l'auteur.)
Hildebrand (H.). - Sverigesmyntunder mideltiden. Stockholm, i8g5,
in-80, ,5o pages, vignettes. {Hommage de l'auteur.)
Ladé (Dr A.). — Le Trésor du Pas-dc l'Échelle, contribution à l'his-
toire monétaire de l'évêché de Genève Genève, 1895, in-40, 12g pp.
12 planches. {Don de la Société suisse de Numismatique.)
Mazerolle. — Dassier et Montesquieu. Genève, i8g5, in-8°, 3 pages.
{Hommage de l'auteur.)
Mellier. — Étude sur François Chéron, graveur en médailles.
Nancy, i8g4, in-8", 26 pages, i planche. {Don de M. J. Rouyer.)
RoEST. — Die Mûn:ien der Herrschaft Anholt. Amsterdam, 1895,
in-80, 47 pages. {Hommage de l'auteur.)
Snoeck (CHer.), - Drie penningen op het 5o jarig jubilee der nieuwe
koninklijke Harmonie te Tilburg in 18g?, etc. Amsterdam, iSg^,
in-80, 4 pp. {Hommage de l'auteur.)
I5'I
SvoROiJOS. — Numismatique de la Crète ancienne. Mâcon, 1890, un
vol. in-4" de 358 pages et un atlas de 35 planches.
Trachsel (Dr). — Die MûHien und Medaillen Graubundeus, etc ,
m* et IVe parties, pages 65 à 127, planches III et IV. {Hommage de
r auteur.)
Ouvrages anonymes et catalogues.
Der Frankfurter Mûnifreund, n» 6. — Catalogue de vente avec
2 planches. [Envoi de M.Hess.]— Numîsmatisches Offerten-Blatt,
de E. Rappapôrï, ï)P^ 27-29. — Catalogue de monnaies suisses,
ire partie. {Envoi de M. C. Stroehlin). — Collection du baron de
Oliveiro Castro. [Envoi de M Schulman). — Collections Hoeufft
van Vel^en et Vostennan van Oyen. [Envoi de M. Bom). — Cata-
logue à prix marqués de Fejer Jo^sef à BiidaPest. — Auktions
Katalog, n° iHg. — Catalogue Zschiesche et Koder, no 63. — La
circulaire numismatique universelle, nos g et 10. — Catalogue
Marchio, de Venise, n° 6. — '• Vente Joly, 2 planches. {Envoi de
M. Duprie:{). — Monnaies antiques et françaises ; Monnaies royales
françaises, 2 planches. [Envoi de M. Serrure). — Catalogue Baer,
livres de numismatique. — Catalogues Weyl, n^s i3 et 14. —
Numismatischer Verkehr, 1895, nos y et 8. — Berliner MUn:{-
Verkehr, n° 26. — Catalogue Schulman, n» XXIX. — Antiquités
Himyarites et Palmyréniennes du musée impérial Ottoman. [Don
. de la direction du musée'.
CABINET NUMISMATIQUE.
Don de M. Peny.
Inauguration du nouvel hôtel communal de Morlanwelz. Médaille en
bronze, par P. Fisch. - Jeton en laiton commémoratit du même
événement.
Don de M. Soil.
Cinquantenaire de la Société historique et littéraire de Tournai,
médaille en bronze, fournie par la maison de Vigne-Hart.
Don de M. Fisch.
Exposition du Cycle. 1895. — XXlI« fête fédérale belge de gymnastique.
l52
— Exposition d'aviculture. Trois médailles, bronze-vieil argent,
gravées par P. Fisch.
Don de M. Naveau.
Evêché de Liège. Brûlé de Jean de Horn ; 2 brûlés d'Ernest de
Bavière ; daler et escalin de Ferdinand de Bavière ; escalin et cuivre
de Maximilien-Henri ; escalin de Jean-Théodore. Deux méreaux de
Saint-Lambert et un méreau de Saint-Jacques. ,
Don de M. Baetes.
Chambre de commerce d'Anvers, centenaire de la libération de l'Es-
caut, bronze argenté et Régates internationales, bronze : 2 médailles
gravées par Baetes.
Don de M. Ch. Stroehlin.
Jeton personnel de M, Charles Stroehlin, numismate genevois.
Don de la Société suisse de numismatique.
Jeton de présence à la réunion de Lucerne (iSgS).
Don de M. A. de Witte.
Colonies anglaises : Guyane, iles Bermudcs, Nouveau Brunswick,
Virginie, Canada, 6 pièces cuivre. — Colombie, 3 pièces cuivre. —
Chili, une pièce cuivre. — Médaille en bronze à l'effigie de Charles
Robert, par Bellevoye.
Liquidation de doubles; acquisitions.
Brabant : réal d'or de Philippe II et 10 pièces d'argent. — Luxem-
bourg : 6 pièces d'argent. — Tournai : une pièce d'argent. — Hainaut :
5 pièces d'argent et de billon, 4 pièces de cuivre. — Namur : 5 pièces
d'argent et de billon. — Liège : 7 pièces d'argent. — Heinsberg :
1 denier. — Elincourt : demi cromstert. — Jean de Louvain : 2 petits
gros. — Dombes : un denier. — Honoré de Monaco : pièce de 5 francs.
— Cosme de Médicis : 1 pièce d'argent. — Gaule : 1 aureus et
6 pièces de poiin et de bronze. — Obsidionale d'argent de Bréda. —
3 jetons belges, dont 1 en argent. — 2 méreaux anversois. — Louis-
r Enfant et Charles-le-Gros: 2 deniers pour Cologne — Jeton d'argent
des pharmaciens de Paris, — Médaille de Marie -Thérèse frappée
en étain.
Soit en tout : 74 monnaies 7 jetons, 5 méreaux et 9 médailles.
Bruxelles, le 1 5 octobre 1895.
Le bibliothécaire-conservateur des collections,
Alphonse de Witte.
i53
TRIENS MÉROVINGIEN INÉDIT
FRAPPÉ A HUY.
Tm + OHO.
Buste à droite, la tête ceinte d'un diadème perlé.
Grènetis extérieur.
BEï/ToALDo.
Croix, la traverse ornée de deux pendentifs, sur
une base trapézoïdale encadrant un point. Cercle
perlé extérieur.
Poids : ig'".32.
Ce tiers de sol, dont la pièce décrite par M. Prou
dans son Catalogue des monnaies mérovingiennes de
la Bibliothèque nationale, sous le n° 1206, pourrait
passer pour une barbare imitation, fait partie des
acquisitions que M. G. Picqué, le savant conser-
vateur du Cabinet des médailles de la Bibliothèque
royale de Belgique, a faites, l'année dernière, pour
le médaillier de l'État belge.
Année 1896. 11
i54
D'une gravure relativement soignée, il offre au
droit cette particularité curieuse qu'il porte, comme
letriens précité, une légende rétrograde, plus cor-
recte toutefois (i). Cette anomalie résulte évidem-
ment de l'inadvertance du graveur à qui il est
parfois arrivé, après avoir fait une tête, un buste
ou certaines lettres dans les conditions voulues,
d'oublier tout à coup que ce qu'il trace sur son
coin sera renversé sur le flan monétaire (2).
Du côté du revers, se lit au cas indirect (3), assez
souvent employé en numismatique mérovin-
gienne, le nom du monétaire Bertoaldus, nom
d'origine germanique dont le thème a donné nais-
sance à quarante et un autres noms recueillis par
Fôrstemann (4), duquel sont également dérivés
(1) On remarquera que la croisette qui surmonte le profil diadème,
tient lieu de l'E dans la légende.
(2) Vqy. Prou, Catalogue des monnaies mérovingiennes de la
Bibliothèque nationale. Introduction, p. 88.
(3) Dans le latin de l'époque mérovingienne, l'ablatif est, pour les
noms propres francs, la forme presque unique du cas indirect de la
2e déclinaison en usage dans les diplômes, tandis que l'accusatif était
resté en usage pour les noms d'origine latine. Les monnaies donnent
lieu à une observation identique. Quand les noms de monétaires s'y
présentent à un autre cas que le nominatif, ce cas est l'ablatif, à moins
que la voyelle de la flexion casuelle n'ait disparu. (d'Arbois de Jubain-
viLLE, Etude sur la déclinaison des noms propres dans la langue
franque, p. 322; Bibliothèque de l'École des chartes, t. XXXI.)
M. Prou {op. cit. Introd., pp. 77, 78) est davis de voir, dans ce cas
indirect, une espèce d'ablatif absolu, que monetario soit alors exprimé
ou sous-entendu : un tel étant monétaire.
(4) Alt deutsches Namenbuch.
ceux des saints encore vénérés de nos jours Ber-
told, Bertou et Bertaut.
Jusqu'aujourd'hui, on connaissait de Bertoal-
dus (i), pour la citéhutoise, six triens différents.
Celui-ci augmente donc d'une -unité la liste des
monnaies signées de son nom, et cette liste, des
trouvailles viendront probablement la grossir
encore. Il ressort aussi de l'examen des produc-
tions de notre monnayeur, en admettant l'hypo-
thèse suivant laquelle les monétaires étaient à la
fois directeurs d'ateliers et artisans — témoins
Abbon et saint Eloi — que son faire fut très
inégal et que la pièce que je publie peut être
considérée comme sa meilleure œuvre.
Le type de la croix ornée de pendentifs que l'on
rencontre ici est un de ceux qui furent le plus en
usage à Huy, où l'on employait aussi : la croix
chrismée, la croix grecque potencée seule ou sur
un globe, la croix latine sur un degré, la croix
avec les lettres alpha et oméga suspendues au
croisillon (monétaire Rigoaldus) (2).
M. Prou, dans la savante introduction de son
livre (3), nous donne du type de la croix ornée de
pendentifs une explication très nette. « Ce fut
l'habitude, dit cet auteur érudit, dans les premiers
siècles chrétiens et pendant la période barbare, de
(1) Il est à supposer qu'il n'eut pas d'homonyme à Huy.
(2) Vo)^. DE Belfort, Description générale des monnaies méro-
vingiennes, t. I, no 1546, p. 4?9.
(3) Catalogue des monnaies mérovingiennes, Introd., p. 88.
i56
suspendre à la traverse de la croix, avec de petites
chaînettes, les lettres AetCO. Le monnayage méro-
vingien (i) témoigne de cet usage. Le mode de sus-
pension est même sommairement indiqué sur des
triens de Frisia et de Huy ». Et M . Prou se demande
si les chaînes de suspension ne seraient pas l'ori-
gine des pendentifs qui tombent des bras de la croix ?
Evidemment, c'est là leur origine et j'ajouterai
que l'on peut suivre à Huy, notamment, la dégéné-
rescence du type. N'y voit-on pas, en effet, sur
un triens du monétaire Rigoaldus, la croix avec les
lettres A et CD suspendues, tandis que sur d'autres
elles ont déjà disparu et que, seuls, les pendentifs
restent, que sur une troisième série de pièces, les
pendentifs ont fait place à des points (2), et qu'enfin
sur d'autres triens encore, les points n'existent
même plus. Le type primitif a subi le sort très
fréquent des figures représentées sur les monnaies :
en s'altérant progressivement, il est finalement
arrivé à l'immobilisation.
Donc, en observant la marche suivie par la dis-
parition successive des deux lettres symboliques,
des pendentifs et des points, on pourra, si l'on
veut, établir un classement plus ou moins chrono-
logique des triens de Huy appartenant au type delà
croix placée sur une base trapézoïdale. De cette
(1) Et aussi les inscriptions {vqy. Leblanc, Inscriptions chrétiennes
de la Gaule, t. I, passim, et pi. XV, no 67).
(2) J'entends parler des points placés sous le croisillon, car ceux
que l'on voit parfois au-dessus ont une autre origine.
1^7
dégénérescence du type découlera d'ores et déjà
pour moi cette constatation que le tiers de sol
du Cabinet de l'Etat doit être postérieur au n" 1546
de la Description générale des monnaies mérovin-
giennes de M. A. de Belfort, et certainement anté-
rieur aux triens au revers desquels les pendentifs
sont remplacés sous le croisillon par des points.
La pièce est, en outre, frappée dans un métal
assez pur et accuse un poids presque fort : Is^32.
La bonne qualité de l'or, l'élévation du poids (i),
la correction relative du style ou plutôt du faire
étant autant d'indices d'ancienneté, je ne croirai
pas m'être beaucoup abusé si j'assigne à ce tiers
de sou les premières années du vii^ siècle pour
époque de fabrication.
*
* *
Avant de terminer cet article, j'insisterai, une
fois de plus, sur l'exactitude de l'identification
avec Huy des légendes monétaires mérovingiennes
Choae, Choe, Choiu, Choi, etc., ne fût-ce que
pour enrayer certaines tendances (2) à en revenir
(1) Le poids des monnaies mérovingiennes suit une progression
décroissante depuis iRr.^o jusque ogi'.gS. (Ponton d'Amécourt, Essai
sur la numismatique comparée à la géographie de Grégoire de Tours,
p. 7.)
(2) Le vicomte de Ponton d'Amécourt écrit, vingt ans après DeCoster :
« Il est permis de se demander si l'on n'a pas eu tort d'attribuer à Huy
les nombreuses monnaies dont la légende est Choae fit )^ {Comptes
rendus de la Société française de numismatique, t. I, p. 21 3,)
i58
encore aux Coye et aux Cayeux des Combrouse
et des Voillemier, et faire disparaître de la carte
des ateliers monétaires annexée au Catalogue des
monnaies mérovingiennes de la Bibliothèque nationale,
le point d'interrogation qui s'y trouve placé à
côté du nom mérovingien de Huy.
Si beaucoup d'identifications de localités ont été
faites un peu au hasard et fournissent encore
matière à discussion, il faut reconnaître qu'il ne
peut en être de même de celle que proposa jadis
De Coster (i). Basée sur les trouvailles, les textes
et des raisons linguistiques on ne peut plus accep-
tables, elle est et restera l'une des plus vraisem-
blables et des plus sûres de la numismatique
mérovingienne.
Huy, en latin Hoyum (2), en néerlandais Hoey
ou Hoei, à laquelle certains auteurs attribuent une
origine gauloise, fut bâtie, selon les anciennes
chroniques (3), par l'empereur Antonin le Pieux.
Cette assertion que semblent corroborer des trou-
vailles de monnaies et d'antiquités romaines (4)
faites sur l'emplacement et dans les environs de la
(1) Revue belge de numismatique, 1849, P- ^^^■
(2) Hoium (626). — Albric), Chron. apud Pert^, Scr. 23, 696, 8.
Hogium (744). — Diplom., I, 88, 25.
Hoyum (844). — Gesta abbat. Trudon. contin., III, Scr. 10,374, 1.
Hoy (1121). — Ann. Rodens., Scr. 16, 700, 5i.
Hoye (1225, 1228, i328, 1406, etc.). — Oesterley, Hist.-geogr.
Worterbuch des deutschen Mittelalters .
(3) Joan, Presbyt. ap. Chapeauville, t. II, p. 32o.
(4) Voy. ScHUERMANS dans les ^ «Ma/es rfM Cercle liutois des Sciences
i59
ville actuelle, mérite croyance, bien que la ville
ne figure ni dans l'Itinéraire d'Antonin, ni dans
celui de Théodose, connu sous le nom de Table
de Peutinger. Si l'on ajoute à ces quasi-arguments
que l'on possède des preuves certaines de son exis-
tence à partir de saint Materne, premier évêque
de Tongres, auquel Maestricht, Dinant, Namur,
Ciney, Saint-Hubert sont redevables de leur pre-
mière église et dont l'apostolat est fixé au com-
mencement du iv"" siècle (i), il n'est guère néces-
saire d'invoquer plus de raisons pour étayer
l'attribution de monnaies mérovingiennes à Huy.
Cependant il resterait à citer un monument dont
on n'a pas apprécié l'importance capitale, puis-
qu'il fut écrit au vii^ siècle et non au ix*", comme
on l'a dit précédemment dans cette Revue;
j'ai nommé la Cosmographie de l'Anonyme de
Ravenne (2), qui range la ville au nombre des
cités de la Francia Rhenensis sur la même ligne
que Nassaga (3), Deonantis, Namon, Neonsigo (?)
et Trega.
et des Arts, 1875-1876, p. 157, et le prince C. de Looz dans le Bulle-
tin des Commissions d'Art et d'Archéologie, t. XIV, p. 202.
(1) MÉLART et GoRissEN, Histoire de Huy, p. 32.
Voy. aussi Gilles d'Orval dans Pert^, Scr. XXV, et les Acta
Sanct. Belgii, t. I, 81.
(2) Ravennatis Anonymi Cosmographia, edid. Pinder et Parthey,
Berolini, 1860, p. 233, chap IV, 26
(3) Nassogne, simple commune aujourd'hui, est une des localités
dont l'antiquité est le mieux constatée. En 372,Valentinieny rendit trois
constitutions insérées au Code Théodosien.
lOO
L'existence de Huy, en tant que ville, à l'époque
mérovingienne, est donc parfaitement établie
par un texte irréfutable. De plus, la preuve de son
existence, comme ville forte, castrum, résulte de la
lecture d'un triens (i). Toutefois, l'Anonyme de
Ravenne donne à la cité du Hoyoux (2) le nom
à.' Oint, mais il est à peu près certain que, comme il
est arrivé souvent pour les noms géographiques,
l'orthographe du mot a été altérée par les copistes
et qu'il faut lire Oitim, appellation équivalente, à
l'aspiration près, àHoium.
De Hoium à Chom, l'hiatus est alors assez
faible, surtout si l'on admet que le monétaire a
pu négliger de placer sur Vu le signe abréviatif
tenant lieu de Vm. De Hoium à Choae ou Choe, au
contraire, il y a une grande distance.
Pour expliquer cet écart, il faut, selon moi, con-
sidérer que Hoium était déjà au vii^ siècle le nom
latin officiel de Huy, tandis que Choae, Choe
n'étaient que des appellations appartenant à la
langue vulgaire, c'est-à-dire à la langue parlée
par la population germanique de l'endroit. Ces
appellations, dont Choae est la première en date (3),
(i)Prou, Op. cit., n°i2oi.
(2) La rivière qui passe par Huy se nommait primitivement Hoïus
(Mir. II, 935 an. 885 : hoc est in vico super fluvium ejusdem nominis
Hoio), mais on a préféré ensuite la forme diminutive Hoiolus, d'où
le nom actuel : Hoyoux. (Grangagnage, Mém. sur les anc. noms de
lieux, p. i3o, tome XXVI des Mém. cour, de l'Acad. royale de
Belgique.)
(3) Contrairement à l'opinion de Voillemier (Revue française
i6i
ont dû donner naissance à une forme adoucie
Choei, que je ne trouve, il est vrai, ni dans le livre
de M. de Belfort, ni dans celui de M. Prou,
mais qui a dû être lue sur une monnaie de Huy,
puisque je la relève dans la liste des légendes
monétaires mérovingiennes publiée parM.Blan-
chet dans la nouvelle édition qu'il a donnée du
Manuel de numismatique du moyen âge, de M. de Bar-
thélémy.
Or, si de Choei, on retranche le c placé devant Vh,
à la manière germanique, pour en renforcer l'aspi-
ration (i), on obtient Hoei, c'est-à-dire la forme
fixe sous laquelle le nom de Huy (2), traversant les
temps et les dialectes, est arrivé jusqu'à nous en
néerlandais.
Fréd. Alvin.
de numismatique, 1846, p. 100), car les monnaies sur lesquelles se lit
Choae avec a se rapprochent bien plus des types romains, que celles
qui portent Choe.
(1) Les noms de personnes offrent plus d'exemples de ce renforce-
ment d'aspiration que les noms de lieux : Chariulfus pour Hariulfus,
Charoald pour Haroald, Chlodowich pour Hlodowig, Chugobert pour
Hugobert, Chattuarii pour Hattuarii et Attuarii, Chaganbach pour
Haganbacli(VIII«S.).
(2) Voillemier et De Coster ont noté ce phénomène phonétique
d'une importante signification que Huy se prononce encore aujour-
d'hui dans tout le pays de Liège comme s'il s'écrivait par un chi grec.
102
JESA
SEIGNEUR DE MARQUETTES, SUPERINTENDANT DU QUARTIER O'YPRES
(i582-i583).
Nous possédons, depuis quelque temps déjà, un
écu de Philippe II, pour l'Overyssel, frappé en i563.
Cette pièce est contremarquée d'un Y couronné.
Notre confrère et ami, M. de Witte, a dans ses
cartons un double sou de Philippe-le-Beau, pour le
Brabant, de 1496, surfrappé de la même manière.
Ces Y couronnés, quoique plus petits, sont en
tout semblables à celui figuré sur le plomb de la
draperie décrit page 320 et donné sous le n° 3 de la
planche 00 de V Essai de numismatique yproise, par
Alphonse Vandenpeereboom. Ce plomb date vrai-
semblablement du xvii^ siècle.
)63
La ressemblance que nous signalons est frap-
pante. Y et couronne sont les mêmes sur les trois
pièces et il ne serait pas du tout étonnant que
contremarque de notre écu et coins du plomb
fussent sortis du même burin.
La comparaison des trois monuments ne permet
donc pas le moindre doute quant à l'origine
yproise de la contremarque qui nous occupe (i).
(i) On a voulu donner au Portugal les monnaies contremarquées
d'un Y couronné, à cause de la ressemblance de cette estampille avec
le type des réaux d'argent de Jean II, roi de Portugal (1481-1495).
(V. Descripçâo gérai e historica das moedas cunhadas em nome dos
rets, régentes e governadores de Portugal, par A.-C. Teixeira
DE Aragâo, 1. 1, p. 241 et pi. XIII, nos 6, y, 8, 9, 10 et 1 1.) Nouscroyons
que cette attribution ne peut subsister si l'on compare les pièces ainsi
poinçonnées avec le plomb dont nous avons parlé au commencement
de cette notice, plomb dont l'origine yproise est absolument certaine.
Il serait, en outre, étrange que les rares pièces connues contremarquées
d'un Y couronné fussent presque toutes des monnaies ayant été frappées
dans les Pays-Bas, si l'estami iile en question avait réellement une
origine portugaise. De plus, la gravure de la contremarque aurait été
alors, semble-t-il, d'un tout autre style, ce que l'examen attentif des
réaux de Jean II, roi de Portugal, prouve à l'évidence. Enfin, et ce
dernier argument semble bien difficile à réfuter, Jean II et Jean III,
rois de Portugal, étaient tous deux morts en i563, date de la frappe de
notre écu de Philippe II. La contremarque qui s'y trouve ne peut
donc représenter l'initiale du nom d'un de ces princes. Il n'est pas
vraisemblable que ce soit celle de Jean IV, dont le règne commença
seulement en 1640, cette même estampille figurant aussi sur une
monnaie de Charles le Téméraire, qui vient de nous être commu-
niquée. Le duc de Bourgogne étant décédé près de deux siècles
avant l'avènement du roi Jean IV, il n'est guère probable que le
numéraire de Charles le Téméraire circulait encore en Portugal à
cette époque.
164
Des Y couronnés du même genre fiorurent encore
sur les n°^ I, 2 et 3 de la planche PP du même
ouvrage.
Il nous reste à rechercher à quelle époque et à
la suite de quels événements nos deux monnaies
ont été contremarquées.
Le millésime i563, qui se trouve sur notre écu
de Philippe II, assigne à ces événements une date
postérieure à cette année. D'un autre côté, la pré-
sence de l'Y couronné sur un double sou de 1496
nous force à limiter nos recherches à une époque
pas trop postérieure à i563, vu la période de temps
déjà longue comprise entre ces deux dates. Nous
avons borné nos investigations à la fin du xvi^ siè-
cle, tant à cause de la parfaite ressemblance de
l'estampille de nos pièces avec l'Y du plomb de la
première moitié (?) du xvii* siècle dont nous avons
parlé, que de la succession rapide, pendant ces
années troublées, d'événements ayant pu donner
lieu à des faits monétaires extraordinaires. Il est
de plus avéré que les dépôts de monnaies enfouis
sous le règne de Philippe II renferment souvent
des espèces de Philippe-le-Beau, preuve évidente
que le numéraire de ce prince circulait encore à
cette époque, concurremment avec celui de Phi-
lippe II, ce que les tarifs du temps, réglant le
cours des monnaies, constatent d'ailleurs sura-
bondamment.
En i582, la Flandre était profondément trou-
blée. Gand, Bruges, le Franc de Bruges et Ypres,
i65
qui en constituaient les quatre membres, suivaient
une politique différente,
Gand, le premier viiemhre, qui se qualifiait,
dès i58i, de métropole des Flandres, sur les mon-
naies frappées dans ses murs, reconnaissait cepen-
dant le duc d'Alençon à cette époque, mais plutôt
comme protecteur que comme souverain. La
faction d'Hembize, qui triompha définitivement,
en i583, de celle de Ryhove, ne voulait pas se
soumettre à ce prince étranger.
La ville de Bruges, le deuxième membre, et le
Franc de Bruges, le q^iatrieme membre, avaient tous
deux leur juridiction dans cette cité. Ces deux
membres, qui suivaient, en i582, le parti du duc
d'Alençon, formaient, en i583, un groupe soute-
nant en apparence les États pour arriver, à la suite
d'une espèce de neutralité armée, à une réconci-
liation avec le duc de Parme. Le duc de Croy pré-
sidait, comme gouverneur, aux destinées de ces
deux membres.
Ypres, le troisième membre, resta bientôt isolé
dans son attachement sincère à la cause des États.
Cet isolement devint complet à la suite de la prise
de Menin et de Dixmude par les Espagnols.
Le 3 septembre i582, le duc d'xA.lençon informait
le magistrat d'Ypres (i) qu'il lui envoyait, ainsi
(i)Kervyn de Volkaersbeke et Diegerick, Docuynents historiques
inédits concernant les troubles des Pays-Bas, Gand, 1849, t. II,
p. 362.
i66
qu'il l'avait demandé, un gentilhomme bien expé-
rimenté en fait de guerre, le seigneur de Mar-
quettes, pour l'assister de son conseil, en ce qui
avait trait à la guerre et à la défense de la
ville, etc.
Quelques jours après, le 12 septembre, le prince
d'Orange écrivait lui-même au magistrat (i) :
« Comme Son Alteze a trouvé bon de commeetre
» le sieur de Marquettes à la superintendance de votre
» ville (2) au faict de la guerre et que présente-
» ment il se porte vers vous pour s'étendre à sa
» charge, je n'ai pas voulu le laisser partir sans
» l'accompagner de ces mots pour vous prier de
» luy vouloir porter le respect et donner Vobéis-
» sance qui convient. »
Le seigneur de Marquettes avait donc reçu des
pouvoirs étendus de l'autorité centrale qui tenait
parti contre Philippe II. Il est donc bien naturel
d'admettre qu'il ait pu, en vertu de ces pouvoirs,
faire relever, quand le besom s'en fit sentir, la
valeur des espèces qui formaient son trésor. Cette
nécessité dut se produire rapidement. Les com-
munications avec le dehors étaient devenues diffi-
ciles, Farnèse s'étant étendu partout dans le plat
pays, tactique qui rendait la chute des villes iné-
vitable.
(1) Kervyn DE VoLKAERSBEKE et DiEGERicK, Documents historiques
inédits concernant les troubles des Pays-Bas. Gand, 1849, t II, p. 363.
(2) La ville et le quartier d'Ypres formaient une seule et même super-
intendance.
167
L'isolement complet dans lequel se trouvait dès
lors le quartier d'Ypres dut amener, à bref délai,
une grande pénurie d'argent monnayé et le sei-
gneur de Marquettes dut bientôt se voir obligé de
relever la valeur des rares espèces qu'il avait à sa
disposition. Ce fut alors, croyons-nous, que furent
contremarquées les pièces qui nous occupent.
Plus tard, le siège se continuant, le numéraire
devint de plus en plus rare et la détresse des assié-
gés alla en augmentant, surtout après que deux
grandes sorties, tentées pour ravitailler la place,
eurent été repoussées, l'une, près de Bergues
Saint-Winocq, l'autre, aux portes mêmes d'Ypres.
C'est à la suite de ces désastres que furent sans
doute émises les pièces obsidionales, en étain,
de XX et de X sous, pièces portant la date i583.
La frappe.de ces dernières monnaies n a pas laissé
de traces dans les archives. Cela résulte à l'évi-
dence du mutisme du livre de M. Vandenpeere-
boom à cet égard.
Quoi d'étonnant dès lors que la mesure du relè-
vement de la valeur des espèces, mesure aussi
mise en pratique au pays de Waas (i) et qui a dû
précéder l'émission du numéraire en étain, ne se
trouve non plus mentionnée dans aucun document?
Les recherches à ce sujet gracieusement faites,
à notre demande, dans les archives d'Ypres, par
M. Merghelynck, dans celles de Gand, par M. Die-
(1) Revue belge de numisynaliqtie, 1894, p, 367,
i68
gerick, dans celles deBruxelles, par M.Verkooren,
sont restées sans résultat. Cela ne doit pas nous
surprendre, disons-nous, car, en vertu de ses pou-
voirs de guerre discrétionnaires, le seigneur de
Marquettes a dû prendre les mesures financières
en question sans consulter le magistrat, dont il
n'avait pas à demander l'autorisation.
Le 14 avril 1684, le prince de Parme donne ses
instructions aux commissaires envoyés à Ypres,
après la reddition de cette ville (i).
Il leur prescrit, entre autres, d' « enquester les
» moiens que ceulx de la dite ville et chastellenie
» ont tenu et observé pour trouver argent au
» paiement et entretènement de leurs garnisons ».
11 est vraisemblable que la découverte de cette
enquête, restée introuvable, fournirait des rensei-
gnements intéressants sur le sujet qui nous occupe.
Le silence des archives de l'époque nous paraît
bien naturel après tout ce qui précède, et il nous
semble avoir suffisamment établi que les mon-
naies contremarquées d'un Y couronné ont été
estampillées à Ypres vers i582, par les ordres du
seigneur de Marquettes, superintendant de la ville
d'Ypres et de son quartier.
V'^ Baudouin de Jonghe.
(1) Archives du royaume à Bruxelles et Compte-rendu des séauces
de la Commission royale d'histoire ou Recueil de ses bidletins, 3« S.,
t. XIII. Bruxelles, Hayez, 1872, p. 84, ccccxxxiv.
lôg
RECHERCHES NUMISMATIQUES.
TEOISIEME AKTICLE.
Planche IV.
I.
BRONZE GAULOIS A LA LÉGENDE GAI CA...
Tête de Janus. Lèg. : CAI CA...
Rev.hïon passant à droite; un rameau au-dessus
de lui. Pas de trace visible de légende.
Bronze. Poids : 2gr.4o Collection de Witte.
Trouvé en Belgique. PI. IV, n° i .
Cette pièce n'est pas inédite, c'est une simple
variété de la monnaie déjà publiée ; elle n'en est
pas moins intéressante, car les lettres que laisse
voir notre exemplaire viennent contredire la lec-
ture de la légende, admise jusqu'ici. Nous avons
donc cru faire œuvre utile en reproduisant le petit
bronze de notre collection d'après un dessin que
nous devons à l'obligeance de notre confrère
M. Seeldrayers, artiste-peintre et numismatiste.
Chacun pourra se faire ainsi une opinion en
connaissance de cause.
Lorsqu'il s'agit de numismatique gauloise,
chaque monnaie de quelque importance a pour
ainsi dire son histoire. Celle de notre petit bronze
n'est pas des moins intéressantes,
ANNÉE 1896. 12
170
M. Duchalais, dans la Description des médailles
gauloises faisant partie des collections de la Bibliothè-
que royale, classe cette pièce sous la rubrique :
Autonomes de Cavaillon et la décrit comme suit :
44. — CAL.. (COL. CAI). Tête de Janus, barbue
et laurée. Grènetis au pourtour.
Rev. ... AN... Lion marchant à droite.
JE. Diamètre -M 5 millimètres. PI. I, n" 3.
(MioNNET, Gaule narbonnaise, x\° 27, JE. 4.)
Puis il ajoute : « Pellerin et M. Mionnet ont lu
» sur cette pièce CABE au droit, et M, ANT au
» revers ; ils voyaient tous deux de ce côté une
» tête de Marc-Antoine, au lieu d'un lion(!) mais
» M. de la Saussaye, p. 145 de la Gaide narbon-
•» naise, a déjà détruit cette erreur; c'est bien un
» lion qu'il faut reconnaître dans ce type. Jamais
» on n'a pu retrouver sur notre pièce CABE ou
» M. ANT, comme le prétendent ces deux savants.
» Il n'y a que CAI et AN, ou tout au plus ANT.
» Cependant, en tournant l'exemplaire que pos-
» sède le Cabinet d'une certaine façon et en l'ex-
» posant à un certain jour, on arrive à grand'peine
» à reconnaître quelques traits qui semblent se
>^ rattacher au I et peuvent, si ce ne sont des aspé-
» rites du flan, avoir formé un B lorsque la pièce
» était entière. Aussi avons-nous hésité longtemps
» avant d'adopter la classification reçue, et ne
» l'avons-nous acceptée qu'après avoir trouvé
» dans le Catalogue des médailles de M. Desains (de
T7I
» Saint-Quentin), rédigé, en 1843, par M. de Long-
» périer, la description d'une médaille semblable,
» où on lit COL. CAI. Toutes les pièces de Ca-
» vaillon décrites plus haut portent, on se le rap-
» pelle, COL. CABE. Le mot COL. se retrouvant
» ici est un grand argument en faveur de l'opinion
5 admise, et il peut bien se faire, en outre, que le
» I final soit un signe indicatif d'une qualifi-
■» cation, et qu'il faille lire COhonia CABellio
» lulia. On sait combien, en Espagne, cette sorte
» d'épithète était alors fréquemment usitée, et que
» cet usage était passé en Gaule, puisque sur les
» grands bronzes de Vienne nous lisons C. L V.,
» que l'on explique par Colonia lulia Vienna. »
Cette note sent vraiment trop la gêne, l'hési-
tation. 11 faut avouer que pour donner le bronze
à la tête de Janus et au lion à Cavaillon, il fallait
le tourner dans bien des sens, supposer bien des
choses ; aussi, M. Muret, dans le Catalogue des
monnaies gauloises de la Bibliothèque nationale paru
en i88g, laisse-t-il prudemment ces monnaies aux
incertaines de la Narbonnaise. Il n'en décrit pas
moins de six exemplaires :
2614. CAL.. Tête de Janus.
Rev. Lion à droite. Br. 2^'. 04.
2615. Id. Br. 2«'.36.
2616. CAL.. Tête de Janus.
Rev. Lion à droite ; à l'exergue AN. Br. 2'^Mo.
2617. CAITIO. Tête de Janus.
Rev. Lion à droite. Br. i^'.go.
172
26i8. Id.Br. 28^55.
261g. CAL.. Tête de Janus.
Rev. Lion à droite; à l'exergue AN. Br. I8^g5.
« Ces pièces, fait remarquer M. Muret, sont
» classées à Cabellio dans la Numismatique de la
» Gaide narbonnaise, par M. de la Saussaye. Voyez
» pi. XVII, 5, et page 143 du corps d'ouvrage.
» A Apta Julia, Dictionnaire archéologique de la
» Gaule, page 66. »
Du moment où la légende ne peut se lire CABE
COL, il faut bien avouer qu'il est difficile de
maintenir à Cabellio l'attribution des bronzes
« Janus-lion », qui n'ont ni la fabrique ni le type
des espèces émises dans la Gaule narbonnaise.
L'emploi de la tête de Janus est assez rare sur le
numéraire gaulois (i) ; il en est tout autrement du
lion, qui se rencontre sur une infinité de mon-
naies; mais il est à noter qu'en dehors des pièces
dont nous nous occupons, la tête de Janus ne se
retrouve accolée à la figuration d'un lion que sur
des bronzes anépigraphes, qu'on est généralement
d'accord pour donner au pays des Rèmes (2).
Nous ne voyons donc pas trop pourquoi les
pièces CAI CA... n'appartiendraient pas aussi à la
région occupée par ce peuple, l'allié fidèle des
(1) Muret. Catalogue des monnaies gauloises de la Bibliothèque
nationale, nos 2614-2619; 8io6-8i23; 8933-8944; 9464-9465; 9897-
9899.
(2) Muret. Catalogue des monnaies gauloises de la Bibliothèque
na^/oMfl/^, nos 8106-8123.
Romains, sur les espèces duquel apparaît parfois
la signature A HlRtius, IMFerator (i). CAlus CA...
— nous n'osons écrire Caius Carinas (2) — y serait
donc fort bien à sa place. Dans tous les cas, ce
qu'il y a de certain, que l'on admette la lecture de
M. Muret, CAITIO, ou la nôtre, CAI CA, c'est que
la leçon COL CABE est fautive et que, dès lors,
tombe d'elle-même l'attribution à Cabellio-Cavail-
lon et à la Narbonnaise. Cette seule rectification
a son importance.
II.
DUCAT DE MARGUERITE DE BRÉDERODE.
Écu écartelé de quatre lions : ^^ MARGA 0 D ®
BREDROD ® AB ® THORE'.
Rev. Vierge couronnée, assise, tenant dans ses
bras l'enfant Jésus nimbé. A ses pieds, un crois-
sant; à l'exergue, coupant la légende, un petit écu
au lion : MONETA ® NOV — AVREA ®
THORN ®
Ducat d'or. Collection du Vicomte B. de Jonghe.
Poids : 3gr.37. PI. IV, no 2.
(1) M. Maxe-Werly ne croit pas pouvoir attribuer ces monnaies aux
Rèmes proprement dits, mais bien uh la partie delà Gaule Belgiquedont
dépendait cette nation». Revue belge de tiumismatiqiie, t.XLIV,p.433.
Nos faibles connaissances en numismatique gauloise ne nous per-
mettent pas de prendre parti en l'occurence.
{2) Caius Albius Carinas succéda dès l'an 3i avant J.-C. à Aulus
Hirtius, propréteur de la Gaule Belgique. On lui donne une monnaie
à l'éléphant et aux insignes du Pontificat, avec la légende CARINA, en
rétrograde, à l'exergue du droit. Revue belge de numismatique,
t. XLIV, p. 440.
174
Van der Chijs, lorsqu'il publia ses Munten der
Leenen van Brahand en Limburg, ne connaissait pas
cette rare monnaie en nature :
« Op PI. XVI, geven wij onder n° i, écrit-il,
» een ducaat, die wij alleen uit het Thresoor ken-
» nen » (i).
Il y a deux ou trois ans, nous avons rencontré
cette pièce chez un antiquaire de Gand. L'exem-
plaire, mieux conservé, que nous reproduisons
aujourd'hui, appartient à la collection de notre
excellent confrère M. le V*" B. de Jonghe.
Marguerite de Bréderode était fille de Walraven
van Bréderode et de sa seconde femme Anne van
Nuenar ou Nieuwenaar. Thorn est un bourg qui
fait actuellement partie du Limbourg hollandais.
Il est situé à une lieue et demie au nord de
Maeseyck, sur la grand'route qui conduit de cette
ville à Venlo. Au x^ siècle, un certain comte
Ansfrid et sa femme Hilsonde y fondèrent un
monastère, qui fut converti, plus tard, en chapitre
de chanoinesses.
L'abbesse de Thorn était dame temporelle du
pays de ce nom et des communes de Graethem,
Ittervoort, Hunsel, Eelen, Baexem et Stamproy.
Elle possédait aussi la seigneurie de Neeroeterein,
dans le comté de Looz, et celle d'Ubach, au pays
de Juliers (2) .
(1) Page 196.
(2) WoLTERS, Notice historique sur l'ancien Chapitre impérial de
Chanoinesses à Thorn, pp. 6 et 7.
175
Sa monnaie, depuis Marguerite de Bréderode
(i53i-i577), relevait du cercle de Westphalie.
La plus ancienne monnaie connue des abbesses
de Thorn est un denier du commencement du
xi^ siècle, signé Gerberga (i).
Le 17 juillet 1548, Charles-Quint publia une
ordonnance vStipulant que, désormais, toute mon-
naie frappée en terre d'empire porterait, outre le
nom du seigneur qui l'émettait, l'emblème impé-
rial et le nom de l'empereur régnant (2).
L'abbesse de Thorn fut un des rares souverains
des Pays-Bas qui se soumit à la volonté de Charles
Quint.
Le ducat que nous publions ne porte pas le nom
de l'empereur d'Allemagne; il a donc, selon toute
vraisemblance, été forgé antérieurement à l'année
1548.
IIL
DENIER NOIR DE BORN.
^ IIOnanaTÎ BORKŒLDans le champ, en deux
lignes : I^GI — ÏÏGCL
Rev. Croix brève et pattée. Lég. ♦ IIOnGCO^TÎ
BORRa.
Denier noir, poids : igr.ôo Collection de Witte.
PI. IV, no 3.
(\) Cm \i.oii. La plus ancienne monnaie des Abbesses de Thorn.
Revue belge de numismatique, t. XVIII, pp 466-469.
(2) DE BoRGHRAVE. //zstoire dcs rapports de droit public qui existè-
rent entre les vrovinccs belges et l'empire d' Allemagne, p. 206.
176
Van der Chijs, pi. IV, n°* 2 et 3 des Munten dey
Leenen van voormalige hertogdommen Braband en
Limburg, donne à Renaud de Dalembroeck, sire
de Born (i378-i396)deux billons noirs, légèrement
variés, portant dans le champ du droit l'inscrip-
tion bilinéaire RQil/nSR. C'est M. Perreau qui
proposa le premier la lecture Reinerus et l'attri-
bution à Renaud de Born, bien que ce seigneur
soit toujours désigné dans les chartes sous le nom
de Reinoldus (i). Cette attribution a été admise;
nous n'avons nullement l'intention d'y contredire.
M. Piot a publié, dans le tome XI de la Revue
belge de numismatique (2) une généalogie des sires
de Born à laquelle nous croyons pouvoir nous
rapporter, en raison de l'autorité que lui donne
le nom du savant archiviste général du royaume
de Belgique. Cette généalogie nous apprend que
Renaud de Dalembroeck mourut le 17 janvier i3g6.
Son neveu Simon, comte de Salm, hérita de ses
biens. Simon mourut le 16 janvier 1398 et la sei-
gneurie de Born devint, d'après M. Perreau, la
propriété de son frère Jean et de sa sœur Odile.
Jean et Odile auraient vendu à Guillaume de
Juliers, le 8 décembre 1400, Born, Sittard et Sus-
teren pour une somme de 70,000 florins d'or.
M. Piot cite, comme auteurs de cette vente, Odile
et son époux Jean, sire de la Lecke et de Bréda.
(1) Revue belge de numismatique, t. I«r, pp. 365-368. Avant
M. Perreau on donnait ces pièces à la Gueldre.
(2) Pp. 49 et 5o.
177
Les deniers noirs de Renaud de Dalembroeck,
publiés par Van der Chijs d'après les planches de
Lelewel, sont imités des pièces émises par la du-
chesse Jeanne de Brabant à la suite de la conven-
tion conclue entre elle et le comte de Flandre,
Philippe-le-Hardi. Les deniers noirs de Jeanne,
appelés « mites » dans les comptes, furent frappés
à Louvain, du i6 septembre i384 au i6 mars i386,
au nombre de 662,640. Ils avaient cours les douze
pour un gros (t). Au centre, sur deux lignes sépa-
rées par un trait, se lisaient les noms des associés,
la duchesse et le comte, I0P7/PI^S.
L'inscription du billon de Born de notre collec-
tion se rapproche davantage de la légende IOI7/PI7S
que ne le fait l'inscription des pièces déjà connues
du même type, frappées par Renaud de Dalem-
broeck. La similitude est même telle qu'il semble
tout d'abord voir écrit, en rétrograde, IOI7/IOI7,
ce qui classerait la pièce au Jean, successeur de
Renaud. Mais, un examen plus attentif des carac-
tères graphiques et la comparaison des lettres qui
composent l'inscription centrale avec les lettres
qui constituent les légendes circulaires, viennent
complètement modifier cette première impres-
sion. Nous nous trouvons tout simplement en
présence d'un trompe-l'œil des mieux réussis, et
c'est Rei/Rei, ou Rai/uai qu'il faut lire. Notre
(1) A. DE WiTTE, Histoire monétaire des comtes de Louvain, ducs
de Brabant, t. I, p. 166.
178
pièce constitue donc une troisième variété des
deniers noirs émis, à Born,par Renaud de Dalem-
broeck. La seigneurie de Born était située au pays
d'outre-Meuse, dans le duché de Juliers, à peu de
distance de la petite ville de Sittard. Le village
de Born appartient aujourd'hui au royaume de
Prusse.
IV.
QUART DE GROS DE MARIE DE BOURGOGNE POUR
LA HOLLANDE.
M en plein champ. Lég. : «f CPTÎRITïei
GCominnissTî * 17.
Rev. Croix courte et pattée ayant en cœur une
petite rosace. Dans les cantons, deux rosaces et
deux fleurs de lis. ^ IR -h HOmiRS * DOmiI?! *.
Quart de gros, poids : oz'^.'j^ Collection de Witte.
PI. IV, n° 4.
Ce petit billon, élégamment gravé, n'est donné
ni par Van der Chijs, De munten der voormalige
Graafschappen Holland en Zeeland, ni par Jean
Meyer, dans la suite d'articles qu'il a publiés dans
la Revus belge de numismatiqtie, concernant les
monnaies rares ou médailles inédites du cabinet
de La Haye, dont il était le conservateur.
Le quart de gros de Marie de Bourgogne de
notre collection offre la particularité de présenter,
au revers, une croix cantonnée de deux fleurs de
lis et de deux petites roses. Or, la rOvSe de Dor-
179
drecht ne se retrouve, ainsi employée, que sur des
pièces de billon émises au temps de Philippe-le-
Beau (1496-1506) (i). Elle est accompagnée alors
de deux lions ou d'un lion et d'une fleur de lis.
On sait que certains petits deniers à tête, forgés
par les comtes de Hollande au xiii^ siècle, por-
taient déjà, dans les cantons de la croix qui
marque leurs revers, des petites roses ou quinte-
feuilles.
Le quart de gros de Marie de Bourgogne est
doté d'une légende fautive au droit : Mariae comi-
tissa h, y lit-on pour Maria comitissa h. C'est une
intéressante variété à joindre à la liste, déjà longue,
des espèces hollandaises frappées au nom de
l'épouse de Maximilien.
V.
MÉREAU DE JEAN BONT, CHANTRE DU CHAPITRE DE
SAINTE-GUDULE, A BRUXELLES.
>h SKUamiSi * DSI : * : GVDaUK : -k :
VIRGO : * : Sainte-Gudule, la tête nimbée,
s'avance de face ; elle tient de la main droite une
lanterne et de la main gauche un livre ouvert. Le
tout séparé de la légende par un cercle perlé et par
un entourage formé de neuf arcs de cercle, ornés à
leurs intersections de tiercefeuilles. Dans la partie
concave de chaque arc de cercle, une étoile.
(i) Van der Chus. De miinten der voormalige Graafschappen Hol-
land en Zeeland, pi. XXI, nos 5 à 11, nos i3 et 14.
i8o
Rev. ^ : -^ : lOï^TTNNQIS : * : BON^T : ^ :
GCTîHnnOR : * : Dans le champ un V, placé dans
un entourage de neuf arcs de cercle, ornés à
chacune de leurs intersections d'une tiercefeuille.
Une étoile est placée à leur centre. Le tout séparé
de la légende par un cercle perlé.
Cuivre jaune. Coll. de M. Éd.VandenBroeck.
PI. IV, no 5.
M. R. Serrure a déjà fait connaître ce méreau (i).
Si nous nous en occupons une fois encore, c'est
que la publication, dans la Revue, d'une pièce au
même type, avec la lettre STÎ au centre, a donné
lieu à une interprétation fautive qu'il importe de
rectifier dans le recueil même où l'erreur a été
commise.
Jean Bont, chanoine trésorier et chantre du
chapitre de Sainte-Gudule, à Bruxelles, occupa
diverses fonctions publiques. Il embrassa le parti
du duc de Brabant, Jean IV, lors des démêlés de
ce prince avec les Etats et fut nommé chancelier
du Brabant, en 1427, par Philippe de Saint-Paul.
Bont mourut en l'année 1453.
M. Goddons a fait graver, planche III, n" 10 du
tome XIII de la Revue belge de mmismatique, un
autre méreau de ce personnage qui ne diffère du
méreau de la collection de M. Vanden Broeck
que par la lettre (D, qui, au revers, remplace la
(1) Bulletin de numismatique, t. II, p. 7g.
I«I
lettre V. M. Goddons considérait la lettre (D
comme l'initiale du mot merellus, méreau.
M. Minard, qui, lui aussi, a reproduit le méreau
à rCD du chantre de Sainte-Gudule, à la page i6g
du tome III de la Description des méreaux et jetons
de présence des Gildes et corps de métiers des Pays-
Bas, lisait (Varia, car « ces méreaux étaient desti-
» nés », ajoutait-il, « à être distribués de préférence
» aux membres de la réunion de la Vierge, fondée
» par le chanoine Bont » !
Il faut évidemment voir dans les lettres O") et V
de nos méreaux les initiales des noms des offices
religieux, au cours desquels ils étaient distribués,
comme marques de présence, aux chanoines qui
assistaient à ces offices.
Une ordonnance du chapitre de Sainte- Gudule,
du 27 novembre 1497, enjoint aux chapelains de
réclamer, chaque jour avant de dire la messe, un
plomb, afin qu'il soit possible ainsi de déterminer
le nombre de messes qu'ils ont célébrées pendant
le mois (i).
Sans parler de la messe, les heures canoniales
dites chaque jour par les chanoines sont laudes
et matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et
compiles, auxquelles viennent s'ajouter, la veille
des fêtes, les vigiles.
Les méreaux au nom de Jean Bont, chantre et
trésorier du chapitre, marqués de la lettre fP, ont
(1) Revue belge de numismatique^ t. XLVI, p. 553.
l82
donc pu convenir comme jetons de présence aussi
bien pour la messe que pourles matines. Quant aux
méreaux au V, il semble qu'en les faisant ouvrer,
on ait eu surtout en vue les vêpres, offices quoti-
diens, plutôt que les vigiles, qui ne se disaient
qu'exceptionnellement.
Il est à remarquer qu'il existe pour Termonde
des méreaux signés Theodericus cantor ou Theo-
dericus de Gorthem, portant au centre du revers
l'une des lettres m, P ou V et qui semblent avoir
avec les méreaux de Jean Bont, une commune
origine, un objet identique (i).
VI.
PLOMB DES DRAPS DE BRUGES.
En plein champ les armes au lion de Bruges,
en partie, tout au moins.
Rev, Un mouton couronné.
Plomb. Collection de Witte.
PI. IV, no 6.
Les principaux métiers qui s'occupaient de la
fabrication des draps, sans parler des teinturiers,
étaient les tisserands, les foulons et les tondeurs.
Les tisserands travaillaient les dr.aps aux métiers,
les foulons, appelés aussi foulonniers et mou-
liniers, préparaient les étoffes de laine en les faisant
(i) MiNARD. Description des méreaux et jetons de présence des
gildes et corps de métiers, etc., t. 111, pp. 174-176.
i83
fouler, presser au moulin , ce qui rendait le drap plus
ferme et plus serré. Les tondeurs donnaient au
tissu son dernier apprêt. A Bruges, les tondeurs
étaient divisés en deux classes, les uns étaient
nommés raemscheerers, tondeurs au châssis,
parce que, pour exercer leur métier, ils étendaient
le drap sur un espèce de châssis; les autres, scep-
scheerers, qui tondaient avec plus de perfection.
Les tondeurs brugeois étaient fort renommés. Au
XV* siècle, c'était à Bruges que les draps de Gand,
Bruxelles, Ypres, Malines, Saint-Omer, Dix-
mude, Tourcoing, Eecloo, Commines, Roulers,
Warneton, Maubeuge, Valenciennes, Vilvorde,
recevaient souvent leur dernier apprêt.
Les scepscheerers pouvaient, comme les ton-
deurs au châssis, fermer les pièces de draps pliées.
Cette dernière opération se faisait avec des fils
de soie ou de lin. On y mettait des nœuds et des
franges (roosen en fringen) en forme d'ornements.
Le plomb était apposé par le doyen du métier et
par ceux que les échevins désignaient pour cette
opération qui servait de contrôle au point de
vue fiscal et de garantie au point de vue de l'ori-
gine de la marchandise.
Dans les Flandres, les métiers étaient régis par
des « Keuren » qui énonçaient les règles à suivre
par le fabricant, le producteur. Les «Neeringhen »
servaient de code au commerçant, au marchand.
Les premiers s'adressaient à l'industrie, les
seconds concernaient le commerce. Bien que les
i84
corps des métiers de Flandre apparaissent dès le
xiii° siècle dans des documents authentiques, les
« Keuren » des drapiers de Bruges parvenus jus-
qu'à nous ne remontent pas au-delà des premières
années du xv* siècle. On peut consulter à leur
égard le livre des Ambachten en Neeringen van
Brugge de Gailliard et le livre des Keures des drapiers
et foulons de Bruges, publié, en 1842, par la Société
d'émulation de cette ville.
Le plomb des draps de Bruges de notre collec-
tion nous semble de la fin du xv^ ou du commen-
cement du XVI* siècle. Minard n'en fait pas mention
dans sa description des « Méreaux et jetons de pré-
sence, etc., des Gildes et corps de métiers, églises des
Pays-Bas » (i). Nous avions signalé, jadis, ce
plomb à M. de Schodt, qui en a dit un mot dans
son « Résumé historique de la numismatique bru-
geoise » (2). Cet auteur donne comme fabriquant à
Bruges les coins des marques de marchandises aux
XV* et XVI* siècles: Charles deGrute ouden Grutere,
Antoine den Grutere, Chrétien den Grutere, Arnold
Cabilliau, Hubert Poire, Guillaume Hebbrechts,
Pierre Lamsins, Vincent Van Helzen, Josse
Warnier, Pierre Lodewyck et Corneille de
Cueninck.
(1) Voir t. III, pp. 117-123.
(2) Page 46.
i85
VIL
DEMI-ONCE DE BINCHE.
Poids de forme rectangulaire, arrondi aux
angles. Écu du Hainaut aux quatre lions.
Rev. Dans une sorte de carré, orné d'un annelet
à chacun de ses angles, les armes de Binche, un
lion de sable armé et lampassé de gueules.
Cuivre jaune, poids : 25g'".o5 Cabinet de l'Etat belge.
PI. IV, n» 7.
Nous avons fait connaître dans la Revtie belge
de numismatique, t. XLVI, pp. 5i7-52i, une double-
once de Binche remontant au xiv^ siècle, du poids
de Tio grammes. L'exemplaire, fort avarié, du
cabinet de l'Etat belge correspond donc à la
demi-once. C'est une unité de plus à joindre à la
petite série de poids belges de marchandises déjà
publiés. Espérons que peu-à-peu ces intéressants
monuments sortiront ainsi de l'oubli où une cou-
pable indifférence les a laissés plongés trop long-
temps.
VIIL
MÉDAILLE DE l'aCADÉMIE DES BEAUX-ARTS DE LIEGE.
Voici comment le baron deChestret de Haneffe,
dans son excellente A^o/ic^ sur P. J. Jacoby, graveur
liégeois du xviii* siècle (i), décrit cette médaille :
(1) Revue belge de numismatique, t. XLVII, pp. 88-102, pi. III, n" 3.
Année 1896. i3
i86
« Inscription en six lignes, remplissant le champ:
REGNANTE — FRANCISCO CAROLO — ACA-
DEMIA— PICTURyE SCULPTUR^E — SCALP-
TUR^ — LEODII ERECTA.
» Rev. Les génies de la Sculpture, de la Peinture
et de la Gravure, sous les figures de trois enfants,
avec le perron au milieu d'eux. L'un taille un
buste antique, l'autre peint un héros tenant une
corne d'abondance, le troisième grave les armes
du prince de Velbruck.
Légende: ARTES m^TAURKTM. AVexergue:
MDCCLXXV; et plus bas: Jacoby f.
» Un document récemment découvert (i), ajoute
le baron de Çhestret, nous apprend, en effet, qu'un
certain Jean Simons, au nom du prince de Vel-
bruck, demanda et obtint, en 1776, la permission
de frapper à la Monnaie de Bruxelles « plusieurs
médailles pour l'Académie de peinture, de sculp-
ture etde gravure à Liège», parce que le balancier de
cette ville était brisé ».
Les papiers de la Jointe des monnaies aux Ar-
chives générales de Belgique renferment la requête
de Jean Simon ou Simons, le jeune, maître sellier
en la ville de Bruxelles, adressée, en décembre 1777,
à S. A. Mgr le prince de Starhemberg, ministre
plénipotentiaire. Jean Simon remontre humble-
ment « qu'étant chargé de la part de S. A. le Prince
de Liège de faire frapper à la Monnaie de
(1) Revue belge de numis^natique, t. XLII, p. 1 16.
Bruxelles deux médailles d'or et vingt cinq en argent
destinées pour l'Académie de peinture et gravure
érigée à Liège », il lui serait fort agréable d'obte-
tenir l'autorisation de faire exécuter ce travail aux
frais de l'évêque.
Le gouvernement, ne s'expliquant pas trop cette
demande, ordonna tout d'abord une enquête.
Simon exposa alors qu'il avait été chargé de faire
frapper ces médailles à Bruxelles, parce qu'à Liège
le balancier de la Monnaie était cassé.
Comme preuve de sa mission il montra, dit le
rapport, les carrés, lesquels consistaient « l'une
» pièce dans un obélisque (i) au pied duquel
» travaillent quelques Génies, et l'autre pièce en
» une inscription analogue au sujet. »
La demande de Simon lui fut accordée le lo jan-
vier 1778.
Alphonse de Witte.
(1) Le perron liégeois.
i88
PIÈCES RARES OU INÉDITES
Encore un méreau du moulin communal d'Alost. — Méreau
anépigraphe de Louvain. — Jeton à déterminer. — Jeton
de Charles II, duc de Savoie. — Deneral d'une monnaie de
Louis XIII, par W. Briot. — Jeton satirique de Louis XIV.
— Plaque des douanes sous Marie-Thérèse. — Méreau du
fermier des domaines ducaux, à Anvers, en 1771.
Planche V.
I
Dans cette Revue, année iSgS, p. 400, j'ai dit que
mes recherches m'avaient permis de porter à sept
le nombre des méreaux du moulin communal
d'Alost connus jusqu'à maintenant. Voici que
mon obligeant ami et collègue, M. P.-J. van Dijk
van Matenesse, bourgmestre de Schiedam, me
signale un huitième méreau de ce moulin et me
permet de décrire ici cette pièce unique de sa riche
collection, autorisation dont je le remercie bien
vivement. Ainsi se complète, petit à petit, la série
de ces méreaux si peu connus jusqu'aujourd'hui,
qui s'augmentera, je l'espère, encore, si mes col-
lègues veulent bien m'indiquer les pièces nou-
velles du même ordre qu'ils posséderaient dans
leurs cartons. Ceci dit, je me hâte de décrire cet
intéressant méreau :
Droit. Monogramme du Christ surmonté d'une
couronne à trois fleurs de lis.
iSg
Entre deux cercles dentelés : mautfocn m
mautc ^ tjan ^ aclCt ^
Rev. Quatre briquets posés en croix, les bases
tournées vers le centre ; au milieu, un silex ou le
joyau de la Toison d'Or. Entre deux cercles den-
telés :
;. tttTîutsoen ;. VTîn ;. ^îsijst
Laiton. Collection de M. P. J. van Dijk van
Matenesse.
Ce méreau porte, au droit, le monogramme du
Christ, comme au revers du méreau décrit planche
XI, n° I {Revue, 1894). Ce monogramme paraît sur
de nombreux méreaux et jetons du xv^ siècle.
Le revers est presque identique à celui du mé-
reau décrit planche VII, n° 4 [Revue, i895), que
M. Chalon considérait comme contemporain de
Philippe-le-Bon, mais qui pourrait bien être plus
récent. Cette grande analogie fera facilement ad-
mettre que ces deux méreaux ont été frappés à une
époque assez rapprochée. A remarquer le mot
mautsoen répété au droit et au revers et dont j'ai
essayé de donner l'explication dans \2iRev11e, i8g5,
p. 404, explication justifiée par la légende du droit,
où, à l'instar du méreau n° 2, planche VII, Revue,
189.5, on voit le mot maute à la suite du mot maut-
soen. répété comme synonyme de ce dernier, signi-
fiant l'un et l'autre mouture (i).
(1) Mon excellent confrère et ami M. J. Moens, de Lede, pense que
190
II
Il ne sera pas inutile de reproduire ici un
méreau anépigraphe de Louvain, de la seconde
moitié du xv^ siècle et très inexactement dessiné
dans le Messager des Sciences et des Arts, 1837, t, V,
p. 465.
Ce méreau porte au droit et au revers, comme
celui que M. C.-P. Serrure a décrit, la même con-
tremarque représentant sans doute deux feuilles
trilobées ou des fleurs quelconques. Cette contre-
marque existe très souvent sur ces méreaux de
Louvain.
Cuivre Ma collection.
III
Droit. L'agneau divin allant vers la droite, la
tête nimbée et tournée vers la gauche, accom-
pagné de la bannière à la croix dite de la Résur-
rection ; la hampe est surmontée d'une croix.
Devant l'agneau la lettre I. Le champ est en-
touré de onze arcs de cercle juxtaposés et réunis
par des fleurs de lis. Le tout dans un cercle cir-
conscrit par un grènetis.
Rev. Cor accosté, à droite et à gauche, de la lettre
gothique S, dans un entourage formé de cinq arcs
de cercle et d'un angle saillant ; le tout dans un
le mot mautsoen signifie simplement malt. La présence sur le méreau
ci-dessus décrit des mots mautsoen et maute écrits à la suite l'un de
l'autre et comme synonymes semble corroborer l'opinion de M. Moens.
d
iqi
cercle circonscrit par un grènetis. Au-dessus du
cor, une contremarque consistant en la lettre b-
Laiton. Ma collection.
Ce jeton paraît être de la fin du xv* siècle. L'en-
cadrement du revers ressemble étonnamment à
celui du jeton bruxellois décrit par M. Chalon
dans la Revue, i86g, p. 294, et figuré, planche IX,
sous le n" 3.
Faut-il en conclure que mon jeton est bruxellois
ou du moins brabançon? Une simple analogie
peut être trompeuse, d'autant plus que l'agneau
divin figure vsur beaucoup de jetons ou de mé-
reaux et que le cor est non moins ordinaire sur
ces pièces.
Faut-il considérer les lettres S accostant le cor
comme les initiales de saint Eustache dont la
légende, bien que beaucoup plus ancienne, est la
même que celle de saint Hubert ?
[Voy. dans J. de Fontenay, Manuel de l'Amateur
de jetons, 1854, pp. 219-222, des jetons avec un cor
semblable accosté de deux lettres S que Fontenay
dit être les initiales d'Eustache.)
Ne s'agit-il que d'un jeton banal sans autre
usage que celui de compter ?
Avec d'aussi faibles indices toutes les suppo-
sitions sont permises, et je serais très satisfait si
quelque collègue, mieux informé ou documenté,
pouvait me donner une explication plus pré-
cise.
Dans cet espoir, j'ai cru bon de publier ce jeton,
ig2
dont le type est, en tout cas, intéressant par ses
analogies avec d'autres pièces connues.
IV
Écu penché, aux armes de Savoie, qui sont de
gueules à la croix d'argent. Au-dessus de récu,un
casque dont la partie supérieure représente une tête
de lion ayant comme cimier cinq tiges terminées
par des fleurs de chardon et orné de lambrequins
finissant par des houppes. Dans le champ, et
accostant le casque, à gauche une rose à cinq pé-
tales, à droite la lettre K. — Bordure de quinze arcs
de cercles festonnés.
Rev. Dans une même bordure de vingt- trois arcs
de cercles festonnés, deux grands lacs d'amour
terminés aux deux extrémités par des houppes,
placés perpendiculairement, entre deux annelets à
droite et à gauche; au centre et entre ces deux
. PB
lacs d'amour, la devise des ducs de Savoie •
au dessus et en dessous un annelet.
Laiton. Ma collection.
On sait que l'ordre du Lacs d'amour a été insti-
tué en Savoie, en i355, par Amédée V.
Si l'on compare ce jeton aux monnaies des ducs
de Savoie (Promis, Mon. dei reali di Savoia), on
voit qu'il se rapproche le plus des pièces de
Charles II(i5o4-i553) et qu'il est permis de l'attri-
buer au règne de ce duc. En effet, le style du jeton
193
convient parfaitement à cette époque ; l'initiale K
est celle de KAROLVS ; les lacs d'amour sont ter-
minés par des floches et l'écu est échancré à sa
partie supérieure, exactement comme sur les mon-
naies de Charles II.
Le revers de ce jeton, qui n'a pas été décrit par
M. F. Rabut {voyez Revue, 1873, pp. 463-470 et pU.
XII et XIII), rappelle beaucoup le revers du jeton
que ce professeur a fait dessiner sous le n" 12 de
sa planche XIII.
Dans leur Histoire du Jeton au moyen âge, i858,
MM. J . Rouyer et Hucher ont fait connaître un autre
jeton de Savoie dont le type est assez différent de
celui du mien (voyez pp. 176-177 et pi. XVII,
n° 142) ; mais M. E. Cartier a signalé en 1848, dans
la Revue française de Numismatique (p. 223, pi. XII,
n° 5) un jeton qui a grande analogie avec celui que
je viens de décrire. Ill'attribue, sans hésitation,
à René de Savoie, surnommé le Grand Bâtard de
Savoie.
Je ne sais si M. E. Cartier a raison, mais je me
bornerai à objecter que la lettre ¥1 gothique peut
facilement être confondue avec la lettre R (ce qui
m'est du reste arrivé, à première vue, pour la dé-
termination de mon jeton) et que l'interprétation
S • R •
des lettres R • S *, peut-être peu distinctes ou
P • II
mal lues, par la phrase Sabaudiae Renatus Phi-
lippi Ilfilius me semble peu naturelle et très sujette
à caution.
194
Cette réserve est d'autant plus nécessaire qu'en
1848 la précision dans la description et la repro-
duction des pièces était généralement négligée.
La même observation paraît devoir être faite au
sujet d'un jeton encore beaucoup plus semblable
au mien (il diffère par le cimier, accosté de deux
roses) publié par M. J. de Fontenay dans le Manuel
de l'Amateur de jetons, 1854, p. 46, et attribué aussi
à René de Savoie. Ce jeton a t-il été exactement
dessiné et interprété? On en douterait, quand l'au-
teur voit entre les deux lacs d'amour les lettres
RP
• qui, très probablement, auraient dû être lues
PSRnn, comme sur le jeton que j'ai montré à mes
collègues lors de la réunion générale de notre
Société, le 7 juillet dernier (voyez Revue, 1895,
p. 597 et Revue, 1896, pi. V, n° 4). Comme nous
ne possédons pas à la Bibliothèque royale ni dans
la collection de notre Société de Numismatique le
livre de Vincent Promis : Tessere dei principi délia
Casa di Savoia, publié à Turin en 1879, je me suis
adressé à notre savant collègue italien M. Fran-
cesco Gnecchi, qui a eu l'obligeance de me faire
connaître que mon jeton n'a pas été publié par
Promis. Les numéros 3i à 39 de la planche III de
cet ouvrage ressemblent beaucoup à ma pièce,
quant au droit, tandis que les numéros 3i et 32
ont un revers analogue, mais pas identique. Mon
jeton est donc une variété nouvelle. Promis consi-
dère la lettre K du droit comme un R (initiale de
195
Renatus), de sorte que le jeton appartiendrait à
René de Savoie. Mais il me semble que la lettre R
du mot FSRnn, au revers de mon jeton, diffère
sensiblement de l'initiale du droit qui me paraît,
à cause de cette différence, devoir être considéré
comme un K dont la branche supérieure con-
tournée peut faire confondre cette lettre avec
un R. Quelques monnaies de cette époque portent
la lettre K tracée de cette manière (voir notam-
ment les pièces de Charles-Quint) . Je citerai
comme preuve le nom de KAROLVS écrit avec la
lettre K dont la branche supérieure forme presque
boucle.
Il est bon de signaler cette difficulté de lecture,
rien que pour remettre en discussion l'attribution
de ces jetons.
V
Dans son très intéressant article sur V Œuvre dii,
médailleur Nicolas Briot, M. J. Rouyer dit : «Nous
sommes persuadé qu'il existe beaucoup de dene-
raux français, de la fin, peut-être, du règne de
Louis XIII dont les coins ont été gravés par
Briot, encore bien que la signature B y fasse
défaut. » (Voyez Revue ^ 1895, p. 532).
Il y a peu de temps, j'ai eu la chance de trouver
un poids d'une monnaie de Louis XIII, portant la
signature, c'est-à-dire l'initiale de Briot. Ce poids
est du type de celui de Louis XIV jeune, figuré
sous le n" 71 de la planche IX du travail de
196
M. Rouyer. Voici la description de ce deneral :
LVD • XIII • D: G • FRAN • ET • NA • REX •
Tête de Louis XIII couronné de lauriers. Sous le
cou, l'initiale W renversé. Le tout dans un cercle
de perles.
La figure du roi disparaît sous une contremarque
composée d'une couronne surmontant une fleur
de lis placée au-dessus de la lettre B aussi renver-
sée. Ce poinçon aurait-il aussi été gravé par Briot?
La lettre B le ferait croire.
Rev. Sous la couronne royale de France, l'in-
dication de la pesanteur, V . de . Vî . gr . (5 deniers
6 grains). Plus bas, une fleurde lis entre deux points.
Le tout dans un cercle de perles.
Poids : 6s>',65 (le poids normal est Ma collection.
6sr,68, mais le deneral a perdu
3 centigrammes par l'usure).
D'après M. Rouyer c'est le deneral de l'écu blanc
de i5 sols, ou quart de louis d'argent. (Voyez Revue,
1895, p. 53o, où il s'agit d'une pièce de même poids
mais de Louis XIV).
VI
Dans son ouvrage intitulé : Le jeton historique
des dix-sept provinces des Pays-Bas, M. le D"" J. F.
DugnioUe décrit^ sous le n° SySS (t. III, p. 228),
un jeton qu'il dit inconnu mais que le catalogue
de Roye de Wichen avait naguère mentionné sous
len°ii9o.
197
La description donnée par M. DugnioUe, sans
doute d'après les indications de ce catalogue, est
très incomplète et peu exacte. Il suffit de la com-
parer à celle que je suis à même de présenter
aujourd'hui, avec la pièce sous les yeux.
Voici d'abord la description de M. Dugniolle :
LVDO XIIII D • G FR ET NA • REX CH • Le
roi, assis à une table.
Rev. PROPAGO • IMPERI • 1618 •
En réalité, ce jeton doit être ainsi décrit :
Le roi n'est pas assis à une table, mais debout
devant une table drapée supportant un casque orné
d'une plume. Le roi tient de la main droite un
sceptre fleurdelisé et de la main gauche un bâton
de commandement. Il porte à la ceinture une
longue épée. Sa couronne est à pointes, son cos-
tume assez extraordinaire est plutôt du commen-
cement du xvii^ siècle et tout-à-fait fantaisiste pour
Louis XIV.
Le roi pose les pieds sur un pavement en car-
reaux. Il est probable que cette figure, comme les
personnages du revers, a été copiée d'un jeton ou
d'une médaille d'une époque plus ancienne; ainsi
s'expliquerait l'anachronisme du costume royal.
Lég. : LVDO • XIIII • D : G • FR • ETN AREXCH
On voit qu'à la fin de la légende, le graveur,
n'ayant plus assez de place, n'a plus espacé les
mots et ne les a plus séparés par des points (i).
(1) Le dessinateur de la planche n'a pas bien suivi la ponctuation.
Rev. C'est une mauvaise copie du revers d'une
médaille de Georges Dupré, représentée sous le
n° 4, planche III, du Trésor de mcmismatique et de
glyptique, médailles françaises, Paris, 1834.
Ce revers est ainsi décrit : PROPAGO IMPERI
(Perpétuité de l'empire) i6o3 ; Henri IV, en cos-
tume de guerrier antique, donnant la main à Marie
de Médicis, revêtue des attributs de Minerve.
Entre eux , leur jeune fils — depuis Louis XIII —
pose le pied sur un dauphin, et s'efforce de placer
sur sa tête le lourd casque de son père. Près de lui
est un grand bouclier. Un aigle, descendant du
ciel, apporte au-dessus de la tête du dauphin une
couronne non fermée.
En i6o5, Dupré a repris ce sujet pour le revers
d'une médaille d'un module beaucoup plus grand.
Voici sa description dans le même ouvrage
planche XX*>'«: PROPAGO IMPERII (rejeton de la
royauté) i6o5. Henri IV et Marie de Médicis, vêtus,
l'un en Mars, l'autre en Pallas, sedonnant la main.
Entre eux, leur jeune fils nu essaie de soulever le
casque de son père, et pose le pied sur un dauphin.
Au-dessus, un aigle descendant du ciel, apporte
une couronne.
La légende du jeton est celle-ci : ^ PROPAGO
^ IMPERI ^ 16 §8.
C'est donc la légende de la médaille de i6o3. La
date du jeton n'est pas 1618, comme dit DugnioUe
(Louis XIV n'était pas encore né), mais 1678, le
chiffre 7 étant représenté par un petit dauphin qui
I
199
a pu facilement être confondu avec le chiffre i.
Cuivre. Ma collection.
C'est en 1678 que fut conclue la paix de Nimègue
(11 août). Louis XIV venait, en vrai barbare, de
ravager les Pays-Bas, aussi était-il exécré et mau-
dit dans nos provinces. On ne lui ménageait pas
la satire sous toutes ses formes.
Le jeton que je viens de décrire serait donc une
pièce satirique, frappée probablement en Hollande
ou dans une ville frontière d'Allemagne pendant
la guerre des Pays-Bas, pour tourner en ridicule
le Grand Roi auquel précisément venait de naître
le 6 juin 1678 un fils adultérin de la marquise de
Montespan (i). C'était là en effet une belle propage
imperii !
VII
A l'assemblée extraordinaire tenue à Anvers le
27 mai 1894 (Voyez Revue, 1894, p. 431), j'ai parlé
d'une large pièce de plomb du temps de Marie-
Thérèse, qui porte l'inscription : Droits • d'entrée
et ' sortie.
(1) Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, duc de Dam-
ville, etc., bâtard de France (fils de Louis XIV et de Françoise- Athé-
naïs de Rochechouart-Mortemar , femme de Louis de Gondrin ,
marquis de Montespan), légitimé en 1681, amiral de France en i683.
Ce bâtard fut la tige des ducs de Penthièvre. Voir la liste des nombreux
enfants naturels de Louis XIV dans le Siècle de Louis XIV, par
Voltaire.
200
Depuis lors, j'ai trouvé une plaque presque sem-
blable, mais en bronze, d'un module plus petit. La
plaque en plomb est frappée ; elle a 80 millimètres
de diamètre et 6g millimètres seulement jusqu'au
bord extérieur du cercle qui entoure l'armoirie.
La plaque en bronze est coulée et son diamètre
total est de 67 millimètres. D'après leurs inscrip-
tions presque identiques (variantes dans les
lettres), ces deux plaques paraissent se rapporter
aux douanes.
Leurs armoiries sur une grande croix de
Bourgogne surmontée d'une couronne impériale,
comme sur les monnaies de Marie-Thérèse (voyez
Ordonnance de Marie-Thérèse donnée à Bruxelles
le 19 septembre 1749) indiquent que ces plaques
furent en usage dans nos provinces sous le règne
de cette impératrice.
Voici la description de la plaque en bronze que
je reproduis sous le n° 7 de la planche V :
Armes mi-partie d'Autriche et de Bourgogne
ancien sur une grande croix de Bourgogne, l'-écu
surmonté de la couronne impériale. A chaque
extrémité des bras de cette croix, deux trous qui
servaient sans doute à fixer cette plaque au moyen
de ficelles.
Légende : DROITS • D'ENTRÉE
ET •
SORTIE
Bronze uniface. Ma collection.
201
La plaque en plomb diffère encore de la plaque
en bronze par la dimension plus petite de la
couronne qui surmonte les armoiries. La pre-
mière est aussi plus épaisse que la seconde. Il
s'agit donc de 2 plaques à l'usage des douanes,
mais probablement d'un emploi distinct. (Voyez
ci-dessus p. 140, plaques pour la régie des droits
d'entrée et de sortie, gravées et frappées par
J.-B. Marquart, essayeur général de la Monnaie
de Bruxelles,)
VIII
C'est un méreau, en cuivre rouge, gravé au trait.
Les inscriptions expliquent clairement sa destina-
tion, qui se rapportait à l'administration des
domaines de la couronne.
Droit. Au centre,les armoiries d'Anvers. Autour,
entre deux cercles, la légende : vj' HENRICUS J:
B : BOGHE (tel est le nom du fermier). Extérieure-
ment une couronne de feuilles avançant l'une sur
l'autre.
Rev. Au centre, une croix de Bourgogne ayant
en cœur un briquet (comme sur les pièces de 5 sols
et de dix liards de Marie-Thérèse, voyez Ordon-
nance du ig septembre 1749), surmontée d'une
couronne ducale (duché deBrabant) et accostée de
la date 17 — 71. — Sous le briquet, quatre étin-
celles. — Autour, entre deux cercles, la légende :
ERFLAET * VAN * SHERTHOGHEN * DO-
MYNEN * (Fermier des domaines ducaux). A
Année 1896. 14
202
l'extérieur, une couronne de feuilles semblable à
à celle du droit.
Ma collection.
Mon cher et aimable collègue M. Fernand
Donnet, si versé dans tout ce qui concerne l'his-
toire de sa ville natale, a eu l'obligeance de faire
quelques recherches dans les archives d'Anvers
au sujet du mot flamand erflaet.
Ce terme signifie tout simplement celui qui
prenait à ferme, le fermier. — Il y avait le fermier
des domaines ; il y avait encore le fermier de la
Chambre du tonlieu (erflaet van Syne Majesteit
tholcamere).
On mettait, dit M. Donnet, en adjudication
l'exploitation soit d'un certain impôt, soit de cer-
tains revenus ducaux pendant un temps déterminé
et celui qui restait adjudicataire de la charge était
erflaet. Il ne s'ajoutait à ces fonctions temporaires,
que le premier venu pouvait remplir, aucune idée
féodale ou héréditaire.
D'autres méreaux anversois du même genre
existent probablement.
G. CUMONT.
203
UNE MÉDAILLE LIÉGEOISE INÉDITE
Grande médaille
avec bélière et an-
neau.
Droit. Buste de trois
quarts à droite, en fort
relief et finement re-
touché au burin, de
François-Lambert de
Sélys, grand doyen
du Chapitre de Liège.
Revers. Dans le
champ sont gravées
les armes du prélat
(d'azur à la croix d'ar-
gent chargée de cinq
coquilles de sable),
placées dans un car-
touche de style Louis
XIV et surmontées
d'une couronne à
neuf perles; en des-
sous, sur une bande-
role, sa devise : VIR-
TUS IN CRUCE.
Cuivre doré.
Baron F'erdinand
de Sélys- Fanson.
204
François-Lambert de Sélys naquit à Liège le
29 auguste 1668, de François de Sélys, échevin de
la Souveraine Justice et membre du Conseil privé,
et de Jeanne de Liverlo.
Il appartenait à une famille dont plus d'un
membre s'était distingué au service du pays.
Destiné à l'Eglise dès son jeune âge, il alla
faire ses études au Collège liégeois de Louvain,
puis à Reims et enfin, après avoir suivi les cours
de droit à l'université de Pont-à-Mousson, il y
prit ses licences le 6 octobre 1698.
En 1689, le Chapitre de Liège l'avait désigné
comme coadjuteur de son oncle Arnold-Philippe
de Sélys et, le 12 décembre 1698, il fut admis dans
cette illustre compagnie en qualité de chanoine
gradué.
Dès lors, François-Lambert ne cessa de prendre
une part active au gouvernement de la princi-
pauté, et nous verrons qu'il eut bientôt l'occasion
de servir son pays dans des temps difficiles.
Au début de la guerre de la succession d'Es-
pagne, l'alliance du prince-évêque Joseph- Clément
de Bavière avec Louis XIV avait amené les Fran-
çais dans le pays de Liège. La capitale elle-même
n'avait pas tardé à tomber entre les mains des enva-
hisseurs (novembre 1700). Le séjour des troupes
françaises dans notre pays ne fut pas long, car,
dès le mois d'octobre de l'année suivante, une
armée des alliés, sous les ordres du duc de Marl-
borough, du comte d'Athlone et de Coehorn, les
2o5
força de repasser nos frontières et obligea le
prince Joseph-Clément de Bavière, mis au banc
de l'Empire, d'aller chercher un refuge à Bonn.
Ces succès des alliés avaient délivré les Pro-
vinces-unies de la perspective d'une invasion
française et les Etats-Généraux, pour parer au
danger d'une invasion future de leur territoire par
le pays de Liège et la vallée de la Meuse, faisaient
tous leurs efforts auprès de l'empereur Léopold
pour qu'il leur permît de mettre désormais des
garnisons hollandaises dans les citadelles de Liège
et de Huy. Ils avaient, dans ce but, ouvert des
conférences à La Haye.
En l'absence du prince, le Chapitre et le magis-
trat de Liège, d'accord avec le gouverneur im-
périal, résolurent d'envoyer en Hollande une dépu-
tation chargée de défendre la neutralité du pays.
Le Chapitre chargea le tréfoncier de Sélys du
soin de le représenter à ces conférences et la ré-
gence lui adjoignit comme collègues les barons
de Méan et de Horion.
Après d'assez longs pourparlers, ces députés
obtinrent un arrangement stipulant que les Lié-
geois payeraient aux Etats-Généraux une contri-
bution annuelle au moyen de laquelle ceux-ci
s'engageaient à subventionner un corps d'armée
destiné à faire cause commune avec les troupes
impériales.* Par ce moyen, dit l'historien Bouille,
» le pays de Liège fut délivré, non seulement des
» demandes et contributions de la France, mais
206
» aussi des grosses tailles que les Etats-Généraux
» lui demandaient chaque mois avant la prise
» de cette ville (i) et qui auraient achevé de le
■» ruiner (2). » De retour à Liège, à l'issue de cette
mission, François-Lambert de Sélys fut arrêté et
incarcéré à la citadelle (i3 avril iyo3), sous l'in-
culpation d'avoir conspiré avec la France contre
les alliés. Il ne recouvra sa liberté que le 10 oc-
tobre suivant, après que la femme qui l'accusait
d'avoir ainsi trahi son pays, ayant été condamnée
à mort pour de nombreux méfaits, eût avoué au
moment suprême, que son accusation contre notre
tréfoncier était calomnieuse et inventée par elle.
L'historien FouUon , en rapportant ce fait, ajoute
que cette réhabilitation valut à François-Lambert
de Sélys une lettre de félicitations des Etats- Géné-
raux (3).
(1) Le 14 octobre 1702.
(2) Vqy. B0V11.LE, Histoire de la Ville et Paysde Liège, r.. III, p. 522.
(3) Voy. FouLLON, Historia Leodiensis, t, III, p. 471.
Le hasard nous a fait découvrir le texte de ce curieux document, et
nous avons pensé qu'il ne méritait pas de rester dans l'oubli. Le voici :
0 Monsieur,
» Ayant reçu vôtre lettre du 21 de ce mois, nous avons bien voulu
vous asseurer, par la présente, que nous sommes entièrement persua-
dez et convaincus de la fausseté des accusations, par lesquelles on a
tâché de rendre suspecte vôtre conduite et qui ont donné lieu à vôtre
arrêt duquel et de la parole que vous aviez donnée nous vous déchar
geons entièrement : mais aussi nous déclarons très volontiers que nous
n'avons rien à vôtre charge étant fort indignez de ce qu'on a voulu
vous imposer à votre désavantage.
» Nous espérons que cette affaire fâcheuse, dont l'issue s'est tout à
207
Deux ans après ces événements, nous retrou-
vons Sélys à La Haye. Une nouvelle invasion du
pays de Liège par les Français, en juin lyoS, avait
remis en question l'existence du traité de 1703 : les
Etats-Généraux tenant plus que jamais, et pour
cause, à leur barrière, faisaient de nouvelles
instances pour pouvoir faire occuper par leurs
troupes les citadelles de Liège et de Huy.
Dans cette occurrence, sur la proposition du
Chapitre, on avait renvoyé en Hollande (octobre
1705) MM. de Méan, de Sélys et de Horion, avec
mission d'obtenir le maintien de ce traité de 1703
qu'ils avaient autrefois aidé à conclure. Les dé-
putés rentrèrent à Liège l'année suivante, après
avoir, une vseconde fois, mené à bonne fin leurs
négociations.
Le 3i mai 1709, François-Lambert de Sélys
fut député par le Chapitre aux Etats du pays et
cette mission lui fut confiée une seconde fois, le
i5 novembre 1723. Dans l'intervalle, ses confrères
l'avaient honoré de la dignité de grand doyen de la
fait tournée à vôtre honneur et vous doit donner une entière satisfac-
tion, ne changera rien en vôtre conduite ni en vôtre zèle pour le bien
public
» Nous vous prions de croire que nous sommes véritablement
» Monsieur, vos très affectionnez à vous rendre service
» Les Etats-Généraux des Provinces-unies des Païs-Bas.
» Par Ordonnance d'Iceux
» Du Tour, ut. Fagel.
» à la Haye, ce 24. septembre lyoS. «
2o8
cathédrale — (12 d'auguste 1710). Il était, depuis
1717, prévôt de Maeseyck, d'Hansinne, de Heusden
et d'Hilvarenbeeck et proviseur du séminaire (i).
A la mort du prince Joseph- Clément de Bavière
(1723), le Chapitre, lassé de voir le trône occupé
par des princes d'origine étrangère, toujours les
alliés de l'un ou de l'autre souverain puissant et
entraînant par là le pays dans les malheurs de la
guerre, forcés de plus par leurs nombreuses
dignités de résider la plupart du temps à l'étranger,
au grand préjudice de la marche régulière des
affaires et de la tranquillité intérieure, résolut cette
fois de confier le pouvoir à un prélat qui réside-
rait dans la capitale et digne par son mérite d'oc-
cuper cette charge suprême.
En présence de ce courant de l'opinion publique,
le grand doyen de Sélys posa sa candidature et la
manière dont elle fut accueillie ne laissa pas de
lui en faire espérer le succès.
Malheureusement, il rencontra bientôt un con-
current redoutable en la personne du grand prévôt
de Liège, Maximilien-Henri comte de Pottier. Il y
avait en outre sur les rangs quelques prélats étran-
gers, mais comme ils n'avaient d'autres titres aux
suffrages que leurs dignités et l'appui de leurs sou-
verains, leurs candidatures, dans l'état actuel des
esprits, jouissaient d'un succès fort médiocre (2).
(1) Vqy. DE Theux, Le Chapitre de Saint-Lambert, t. III, p. Syo.
(2) Vqy. Daris, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège
(1724-1852), tome 1er, p. 54.
2og
Il en était bien autrement du grand prévôt : des-
cendant d'une ancienne et importante famille du
pays de Liège il avait, au cours d'une longue car-
rière, eu l'occasion de rendre maints services à la
principauté ; aussi pouvait-il compter d'avance
sur les suffrages de bon nombre de ses confrères.
Dans de pareilles conditions, il devenait certain
qu'aucun candidat n'obtiendrait la majorité abso-
lue des voix ; c'était pour le pays les graves incon-
vénients d'une élection contestée, la prolongation
de l'interrègne et partant, celle des intrigues, suite
nécessaire de toute vacance du siège.
Le grand prévôt et le grand doyen eurent alors
l'abnégation bien rare de mettre le bien public
au-dessus de leur propre gloire : l'un et l'autre
retirèrent leur candidature et, d'accord en ceci avec
le chapitre, ils convinrent de faire élire par leurs
confrères celui de trois candidats désignés par le
grand prévôt que choisirait le grand doyen. —
Ainsi se fit l'élection de Georges-Louis de Berghes
au trône épiscopal (7 février 1724).
Là se termine la carrière politique de Fran-
çois-Lambert de Sélys ; il mourut à Liège le
14 mars 1729.
Il nous reste, en terminant, à dire un mot de
l'événement auquel la tradition rapporte l'origine
de notre médaille : nous voulons parler de la
reconstruction de l'Hôtel de ville de Liège.
L'ancienne « Maison de la Cité », communément
appelée « la Violette » , avait été ruinée de fond en
210
combleparles boulets rouges du maréchal deBouf-
flers, lors du bombardement de i6gi. Les guerres
continuelles de cette époque et la misère qui s'en-
suivit n'avaient point permis aux magistrats de
songer à reconstruire l'édifice. En 1714 seulement,
le calme étant enfin rétabli, on put mettre la main
à l'œuvre: la pose de la première pierre fut fixée
au 14 auguste de cette année. Retenu à l'étranger
et ne pouvant donc commencer par lui-même les
travaux de maçonnerie, le prince Joseph-Clément
de Bavière chargea du soin de le remplacer le grand
doyen de Sélys, en lui recommandant d'entourer
cette solennité de tout l'éclat possible.
La cérémonie se fit, et nos annalistes, en rappor-
tantles détailsde lafête, sont unanimes à constater
que le grand doyen sut à merveille exécuter les
ordres du prince, tant par le luxe qu'il déploya en
qualité de représentant du souverain, que par les
largesses qu'il fit au peuple et dont celui-ci con-
serva longtemps l'agréable souvenir.
Pour en perpétuer la mémoire, la régence fit
encastrer dans une des murailles de la salle des
Pas Perdus de la nouvelle « Violette » une plaque
en marbre noir portant une incription commé-
morative surmontée des armes du grand doyen
et elle offrit à celui-ci la médaille décrite au début
de cet article.
Léon Naveau.
MEREAU GRAVE
DE LA
VIELLE GILDE DES ARBALÉTRIERS
DE BOIS-LE-DUC
1680.
La collection de jetons et monnaies de feu le
chevalier Albéric van den Bogaerde van Moer-
gestel, conservée au château d'Heeswyk, renferme
un méreau en argent, gravé au trait, pesant
48 grammes et ayant 66 millimètres de diamètre.
{Voyez tableau de mensuration Stephanik.)
Au droit, ce méreau porte les armoiries couron-
nées de la ville de Bois-le-Duc.
Légende circulaire : * ONDER • S^ (sieur)
VAN • BOXMEER • SARGANT • VAN DEN •
ED • (elen) OUDEN • VOETBOOGH.
Rev. Un écu (croix de Saint-Georges, de gueules
sur un champ d'argent), au-dessus duquel un tron-
çon de branche auquel pend un ruban terminé par
des houppes entourant l'écu des deux côtés.
Légende circulaire : * INT • lAER • ANNO • i68o-
WAS • CORPERAEL • ARNOLDVS • OOMS
212
Ce méreau provient de la collection 't Hooft van
Benthuijzen vendue à Dordrecht, le 14 juin 187g
(p. 126, n° 3734 du catalogue). [Voyez Dirks,
Kepertorium, n° i865 et mes Bijdragen, n° igS.)
L'année 1680 était une époque de troubles pour
Bois-le-Duc à cause de la guerre avec la France.
Les quatres corporations armées qui, en l'an-
née 1672, avaient, sur la plaine d*exercice, prêté
serment de fidélité à Leurs Hautes Puissances,
jouaient un rôle sérieux dans la défense de la
place.
Elles étaient sous la dépendance de l'admi-
nistration communale, comme il résulte de
diverses résolutions aussi bien de Leurs Hautes
Puissances que du pouvoir communal lui-même.
Elles furent, pour ce motif, toujours conservées
sur pied de guerre, plus considérées et mieux
traitées que d'autres troupes. Les anciennes cor-
porations armées cessèrent d'exister en 1787.
En cette année, le gouverneur de la ville s'op-
posa tellement à ce que ces gildes continuassent
à monter la garde et à se réunir pour s'exercer au
maniement des armes, sans avoir préalablement
obtenu sa permission, que cette défense souleva de
très vives réclamations. Dans ces circonstances,
parut un décret du i3 août de cette même année,
qui faisait remarquer que depuis quelque temps,
plusieurs communes de la Mairie de Bois-le-Duc
avaient organisé des corporations armées, sans
l'autorisation de Leurs Hautes Puissances et qui
2r3
214
faisait défense d'organiser ou de former désormais
d'autres réunions du même genre.
Ce décret fut aussi proclamé à Bois-le-Duc, mais
ne fut cependant pas appliqué à ses quatre corpo-
rations armées, de sorte qu'elles continuèrent à
s'exercer au maniement des armes et que, le
24 septembre 1787, l'administration de la ville
délégua quelques-uns de ses membres pour passer
la Revue de ces corporations.
Par résolution des États en date du 3 octobre
suivant, elles furent cependant désarmées et dis-
soutes,sous prétexte que Bois-le-Duc était une
forteresse frontière et que sa garde incombait
uniquement au gouverneur militaire. L'admi-
nistration communale protesta contre cette déci-
sion et invoqua les anciens droits et privilèges des
gildes; mais ce fut en vain, car leur suppression
fut définitivement consommée par résolution de
Leurs Hautes Puissances, le g novembre 1787. (i)
Il semble que l'émission de ce méreau n'est pas
due à la ville. Je croirais plutôt qu'elle a été faite
par la gilde elle-même.
Les van Boxmeer (2) étaient d'estimables bour-
(1) Jonkheer M'' J. B. Verheuen, Bijdrage tôt de Geschiedenis der
vôormalige schuttersgilden te 's Hertogenbosch, p. Sy.
(2) Heraldieke Bibliotheek, 1876, p. 288. « De famille van Boxmeer
oudtijds zeer aanzienlijk in de stad en meijerij van 's Hertogenbosch,
uit welke Jonker Henrik van Boxmeer omtrent liet jaar 161 5, getrouwd
met juffrouw Anna, dochter van Jonker-Hugo van Berckel, schout
van Peelland, die het slot ten Hout, te S'-Oedenrode met haar be-
kwam » (La famille van Boxmeer autrefois très considérable dans la
2ID
eeois : les Ooms étaient aussi dans une bonne
position.
Dans les archives de la ville il n'existe aucun
document au sujet de l'émission ou de l'usage de
ce méreau.
Jonkheer M. A. Snoeck.
ville et mairie de Bois-le-Duc, dont Jonker Henri van Boxmeer
épousa vers l'an i6i5, demoiselle Anne, fille de Jonkheer Hugo van
Berckel, échevin de Peelland, qui obtint avec elle le château de ten
Hout, à S*^-Oedenrode.) Armoiries : d'or semé de billettes d'azur, au
lion du même brochant sur le tout.
2l6
NÉCROLOGIE.
M. Butor.
M. Butor, ancien magistrat, associé étranger de
notre Compagnie depuis le 7 mars 1891, est mort
à Saint-Omer, le 7 novembre 1895. Président de
la Société des Antiquaires de la Morinie, M. Butor
était bien plus un archéologue qu'un numis-
matiste. Il avait formé, cependant, des suites
assez importantes de monnaies françaises et
romaines ; mais nous ne connaissons de lui aucun
écrit se rattachant à nos études.
A. DE W.
Edmond VANDERSTRAETEN.
La mort vient de conduire dans la tombe un des.
vétérans de lanumismatique. M. Edmond Vander-
straeten est décédé à Audenarde, sa ville natale, le
25 novembre dernier, âgé de près de soixante-dix
ans. Attaché pendant de longues années aux;
Archives générales du royaume et chargé ensuite
par le Gouvernement de faire des recherches aux
archives en France, en Allemagne, en Italie et en
Espagne, Vanderstraeten y compléta les éléments
de son histoire, en six volumes, sur « La musiqtie
Mix Pays-Bas avant le xix^ siècle » ; parurent ensuite
son « Histoire du Théâtre villageois en Flandre »
ainsi que quantité d'autres travaux du savant
musicographe.
Ces publications spéciales ont fait connaître
l'historien de la musique; il ne nous reste plus qu'à
dire un mot du numismate.
Audenardais de naissance et plus encore de
cœur, tous les travaux de Vanderstraeten furent
consacrés à sa ville natale. En i85i, il publia dans
noiTt Revue, ses recherches sur les méreaux d'Au-
denarde et d'Eyne. Ce premier travail fut suivi de
plusieurs autres qui traitaient de jetons aux armes
d'Audenarde,d'un jeton aux besicles et de méreaux
religieux.
Enfin, en 189^, parut le dernier travail numisma-
tique de notre regretté confrère. Il y complétait,
avec sa compétence ordinaire, l'attribution d'une
maille à Audenarde, faite par M. Caron dans les
Mémoires du Congres international de numismatique
de Bruxelles. Il nous reste à mentionner parmi
les ouvrages de Vanderstraeten un volume fort
rare, paru à Audenarde en i858 et 1860 et inti-
tulé : « Recherches sur les communautés religieuses
et de bienfaisance établies à Audenarde depuis le
xif siècle jusqu' à la fin du xviii^ ». Cet ouvrage, qui
n'a été tiré qu'à 40 exemplaires, contient des ren-
seignements très intéressants sur les méreaux des
récollets, des capucins, de la corporation de Saint-
Michel et des pauvres d'Audenarde.
Année i8q6. l5
2:8
Pendant les dernières années de sa vie, Vander-
straeten vivait fort retiré, ne recevant que quelques
rares amis, qui étaient heureux de profiter de ses
avis, toujours empreints de la plus profonde lo-
gique. Sa mort est une perte pour la science et
l'hommage que nous venons rendre à la mémoire
de ce fécond et infatigable travailleur nous est
dicté par le respect et la sympathie que nous ont
toujours inspirés la franchise et la droiture de son
caractère.
M. Vanderstraeten fit partie de 1861 à i86g de la
Société de numismatique en qualité de correspon-
dant regnicole.
V. De Munter.
Audenarde, le 7 décembre iSgS.
Ghalib Edhem Bey.
La Société royale de numismatique de Belgique
vient de perdre l'un de ses membres les plus
distingués.
J. Ghalib Edhem Bey, fils de l'ancien Grand
vizir Edhem Pacha, naquit à Constantinople, en
18^7. Il suivit avec succès les cours des écoles
supérieures ottomanes et, fort jeune encore, entra
au Conseil d'État qui venait d'être créé. *
Après avoir brillamment rempli pendant plu-
sieurs années les fonctions de second et de
premier adjoint à la section des Travaux publics,
219
il fut nommé, en 1881, conseiller d'Etat dans la
section législative, poste qu'il quitta, en i8g5,
pour se rendre à La Canée, en qualité de con-
seiller du gouvernement de l'île de Crète. C'est
dans ce pays qu'il contracta la maladie qui devait
l'enlever à l'affection des siens et à l'estime de ses
collègues, le i5 décembre dernier.
J. Ghalib Edhem Bey commença à s'occuper de
collections et d'études numismatiques en 1870.
Depuis, il se passionna de plus en plus pour la
science des monnaies et c'est aux recherches et
aux travaux de notre savant ami que la numisma-
tique ottomane doit, en grande partie, d'être
enfin sortie des limbes où, trop longtemps, elle
avait sommeillé.
L'œuvre de Ghalib est colossale, non-seulement
par le nombre des sujets qu'elle embrasse, mais
encore par la somme des connaissances histo-
riques et numismatiques mises en œuvre. Ses
essais de numismatique seljoukide et ottomane,
ses catalogues des monnaies turcomanes et des
monnaies des califes sont des travaux de haut
mérite, qui font époque et qui placent leur auteur
au premier rang des numismatistes contempo-
rains.
La Société royale de numismatique de Bel-
gique avait l'honneur de le compter, depuis le
27 décembre 1894, ^^ nombre de ses associés
étrangers.
Il publia dans la Revue de l'an dernier une
220
intéressante notice sur : Une monnaie d'Alaeddin-
Qeirobad III, associé au nom du Grand Ilkhan.
Heureusement pour la science numismatique
ottomane que son fils, Mubarek Ghalib Bey,
promet de suivre les traces de notre éminent et
regretté confrère.
Alphonse de Witte.
22 I
MÉLANGES.
MONNAIE DE BRUXELLES, 1895.
FABRICATION.
Il a été frappé pour le Gouvernement belge en monnaie
de nickel :
12,916,065 pièces d'une valeur nominale de fr. 859,073.75
se décomposant comme suit :
4,265,410 pièces de 10 centimes == 426,541. »
et8,65o,655 » 5 » = 432,532.75
DÉMONÉTISATION.
9,695,000 pièces de deux centimes retirées de la circula-
tion en 1894 et représentant une valeur nominale de
193,900 francs ont été coupées en deux fragments au cours
de l'année 1895.
Il a été fait face aux frais résultant de cette opération :
1° Par le bénéfice provenant de la fabrication des pièces
de un centime faite en 1894 (art. 3, § 3 de la loi du budget
des recettes et des dépenses extraordinaires pour 1894); et
20 Par une partie du crédit de 25o,ooo francs inscrit à
lart. 38 du budget du ministère des Finances, exercice
1895, pour retrait et annulation de pièces de deux centimes.
ACTES OFFICIELS.
Par arrêté royal du 28 janvier 1895, l'emploi de Graveur
222
des monnaies, vacant depuis le de'cès de M. Léopold
Wiener (24 janvier 1891) a été supprimé.
Le Graveur des monnaies est remplacé par un agent por-
tant la qualification de chef de la fabrication des Coins
monétaires.
M. Alphonse Michaux, artiste-graveur, attaché depuis
18 ans aux ateliers de la gravure de la Monnaie, a été
nommé chef de la fabrication des Coins monétaires, par
arrêté ministériel du 29 Janvier 1895.
Réouverture du bureau de change aux matières d'or
destinées au monnayage.
Le Ministre des Finances,
Revu l'arrêté ministériel du 21 août 1891 portant que le bureau de
change de l'Hôtel des Monnaies de Bruxelles est provisoirement fermé
aux matières destinées à être monnayées ou affinées,
Arrête :
L'arrêté du 21 août 1891 est rapporté en ce qui concerne les
matières d'or propres à être monnayées et contenant au moins 9/10 de
fin, pour autant que les quantités présentées correspondent à une
frappe d'au moins deux millions de francs.
Bruxelles, le 2g janvier 1895.
P. DE Smet de Naeyer.
Loi relative à Vinterdiction des monnaies de billon étran-
gères et à la faculté d'échange des monnaies de billon
nationales.
LÉOPOLD 11, Roi DES Belges,
A tous présents et à venir, Salut.
Les Chambres ont adopté et Nous sanctionnons ce qui suit :
Art. i«'". ^-11 est défendu de donner en payement des monnaies
étrangères de bronze, de nickel ou de cuivre.
223
Toutefois, dans les localités voisines de la frontière qui seront dési-
gnées par arrêté royal, ces monnaies pourront être données en
payement jusqu'à concurrence, pour chaque transaction, d'une valeur
nominale ne dépassant pas 2 francs.
Art, 2. — Il est défendu à tous comptables de l'État, des provinces
et des communes d'accepter les dites monnaies en payement des
sommes qu'ils ont à recevoir en vertu de leurs fonctions.
La même défense s'applique à toutes entreprises de transport de
voyageurs en commun.
Art. 3. — Les contraventions aux articles 1" et 2 seront punies
d'une amende de 5 à 200 francs
Art. 4. — Le Gouvernement est autorisé à étendre aux monnaies de
cuivre belge de 1 et de 2 centimes les dispositions de l'article 8 de la
loi du 20 décembre 1860, relatives aux monnaies de nickel.
Promulguons la présente loi, ordonnons qu'elle soit revêtue du
sceau de l'Etat et publiée par la voie du Moniteur.
Donné à Ostende, le 19 juillet 1895.
LÉOPOLD.
Par le Roi :
Le Ministre des Finances,
P. De Smet de Naeyer.
Circulation des monnaies de hillon étrangères
Tolérance admise.
LÉOPOLD II, Roi DES Belges,
A tous présents et à venir, Salut.
Vu les articles i", 2 et 3 de la loi du 19 juillet iSgS, ainsi conçus :
Art. ler. — n est défendu de donner en payement des monnaies
étrangères de bronze, de nickel ou de cuivre.
Toutefois, dans les localités voisines de la frontière qui seront dési-
gnées par arrêté royal, ces monnaies pourront être données en
payement jusqu'à concurrence, pour chaque transaction, dune valeur
nominale ne dépassant pas deux francs.
Art. 2. — 11 est défendu à tous comptables de l'État, des provinces
2 24
et des communes d'accepter les dites monnaies en payement des
sommes qu'ils ont à recevoir en vertu de leurs fonctions.
La même défense s'applique à toutes entreprises de transport de
voyageurs en commun.
Art. 3. — Les contraventions aux articles i et 2 seront punies d'une
amende de 5 à 200 francs.
Revu l'article i^r de la loi du 16 août 1887 portant que les salaires
des ouvriers doivent être payés en monnaie métallique ou fiduciaire
ayant cours légal ;
Sur la proposition de Notre Ministre des Finances,
Nous avons arrêté et arrêtons :
Art. iT. ^ Sauf les cas où l'emploi de la monnaie de billon étran-
gère est interdit d'une manière absolue par l'article i*^"^ de la loi du
16 août 1887 et par l'article 2 de la loi du 19 juillet 1895, ceux qui don-
neront en payement, dans les communes indiquées sous les litt. A, B,
C et Z) de la liste ci-annexée, les monnaies de billon étrangères, respec-
tivement désignées sous les mêmes lettres de cette liste, ne seront
point passibles de l'amende édictée par l'article 3 de la loi précitée du
19 juillet 1895, à la condition que la valeur nominale des dites mon-
naies n'excède pas, pour une même transaction, le total de 2 francs.
Art. 2 — Notre Ministre des Finances est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Donné à Aix-les-Bains, le 6 septembre 1895.
LÉOPOLD.
Par le Roi :
Le Ministre des Finances,
P. DE Smet de Naeyer.
ANNEXE.
Litt. A. — Monnaies françaises de 10, de 5 et de 2 centimes.
Toutes les communes dont le territoire est contigu au territoire fran-
çais ou au territoire du grand-duché de Luxembourg, et, en outre, les
communes suivantes :
Flandre occidentale. — Aelbeke, Belleghem, Bulscamp, Courtrai,
22:)
Coyghem, Dottignies, Espierres, Furnes, Gheluwe, Helchin, Lauwe,
Marcke, Proven, Reninghelst, Rolleghem et Saint-Génois;
Province de H autant — Athis, Audregnies, Baileux, Baillœul,
Beaumont, Bougnies, Bourlers, Croix lez-Rouveroy, Esquelmes,
Estaimbourg, Forges, Froidmond, Harchies, Hoilain, Jollain-Merlin,
Lesdain, Marquain, Monceau Imbrechies, Montignies-sur-Roc, Mont-
rœul-sur-Haine, Onnezies, Péronnes lez-Antoing, Pommerœul, Quévy-
le-Petit, Rance, Robechies, Saint-Remy, Salles, Taintignies et Villers-
la-Tour ;
Province de Namur. — Baronville, Blaimont, Bourseigne-Vieille,
Finnevaux, Gimnée, Gochenée, Hermeton-sur-Meuse, Houdremont,
Javingue-Sevry, Louette Saint-Pierre, Membre, Niverlée, Rienne,
Vencimont, Vierves, Vodelée et Vresse;
Province de Luxembourg. — Arlon, Dohan, Ethe, Habergy,
Heinsch, Meix-devant-Virton. Mussy-la-Ville, Thiaumont, Villers-la-
Loue et Virton.
LiTT. B. — Monnaies du grand-duché de Luxembourg
de lo, de S et de 2 centimes.
Toutes les communes dont le territoire est contigu au territoire du
grand-duché de Luxembourg, et, en outre, les communes suivantes:
Arlon, Bastogne, Habergy, Heinsch, Mussy-la-Ville et Thiaumont.
LiTT. C. — Monnaies allemandes de 10, de 5 et de 2 pfennigs.
Toutes les communes dont le territoire est contigu au territoire alle-
mand.
LiTT. D. — Monnaies néerlandaises de 2 1/2 cents et de 1 cent.
Toutes les communes dont le territoire est contigu au territoire
néerlandais.
Vu pour être annexé à Notre arrêté en date de ce jour.
Donné à Aix-les-Bains, le 6 septembre iSgS.
LÉOPOLD.
Par le Roi :
Le Ministre des Finances,
P DE Smet de Naeyer.
220
Echange des monnaies de nickel.
La loi du 3o mai 1894 autorisait le Gouvernement à sus-
pendre pendant un an, au plus, les stipulations de l'art. 8
de la loi du 20 de'cembre 1860 relatif à l'échange des mon-
naies de nickel.
Par arrêté royal du i^r juin 1894, l'échange des monnaies
de nickel fut totalement suspendu.
L'échange fut rétabli aux bureaux du Caissier de l'État
à Bruxelles par arrêté royal du 2 5 juillet 1894; aux bureaux
du Caissier de l'État, à Anvers, à Gand et à Liège par
arrêté du 2 février 1895 ; et à tous les bureaux du Caissier
de l'Etat, sauf aux agences de Furnes, de Tournai et de
Péruwelz par arrêté royal du 6 septembre 1895.
N. B. — L'échange ne peut avoir lieu que par somme
de cent francs au minimum pour chaque espèce de mon-
naie.
Ch. van der Beken.
NUMISMATIQUE MALINOISE.
Dans le tome huitième de ^Inventaire des archives de
la ville de Malines (Mahnes, 1895, in-80, 417 pages),
M. V- Hermans, archiviste-bibliothécaire de cette ville
publie quelques renseignements intéressants (pp. 3 1 5-328)
sur les médailles, jetons, méreaux et monnaies de Malines.
Parmi ces pièces, signalons les moins connues :
Un méreau en plomb pour les ouvriers sans travail
prescrit par l'administration française, à la fin du XVilI^ siè-
cle. Lég. : Attelier [sic] public de Malines. — Un méreau
de i656 pour les pauvres de l'Église Saint- Pierre et Saint-
227
Paul. Un méreau pour les chantres de Saint- Rombaut,
portant le chiflfre i8o. — Soixante plombs des XIIF, xive,
XV^, XVF et XVIie siècles ayant servi à marquer les draps
fabriqués à Malines. Sept d'entre eux sont encore attachés
à des échantillons de drap. Cette précieuse collection a été
formée par M. A. A. E. De Bruyne.
En outre, trois anciens grands plombs des fabricants de
drap, mais d'un type tout différent.
Un plomb des boulangers, mais autre que celui de
Minard-Van Hoorebeke. — Dix-neuf petits plombs encore
indéterminés. — Deux méreaux de la Gilde des Archers.
— Dix jetons différents de la fondation Jean Van Heme-
Iryck, donc huit en argent et deux en bronze. Ces jetons
furent fournis à la ville, par Jacob de Keyser, en iyb3 ;
par P. Alewaters, en 1773 ; par C. Gillis, en 1780 et par
J. Boschmans, de 1785 à 1792. Voici quelques extraits des
comptes communaux relatifs à cette fondation :
i55i-i552, p. 287 yo : Payé pour les jetons au Saint-
Esprit qui sont distribués chaque année, au mois d'août,
aux magistrats, à l'époque du renouvellement de la régence,
conformément à la fondation Jean Hemelrycx.
1 568- 1569, p. 216 vo : Payé (quinze florins) à Jérôme
van Antwerpen pour enfoncer et graver les coins des jetons
au Saint-Esprit qui sont annuellement distribués aux
magistrats. Payé (vingt florins) au maître de la monnaie
van Antwerpen pour frapper les dits jetons.
1 599-1600, p. 2o5 : Payé à Nicolas vanden Bossche,
orfèvre, trente-cinq florins quinze sous, pour soixante-deux
jetons au Saint-Esprit Hvrés à la ville et distribués aux
magistrats et à d'autres dignitaires, à la messe du i5 août,
1644-1645, p. [65 vo : Payé à Thierry van Eyck, orfèvre,
la somme de trente florins dix-huit sous, pour quarante-
228 "
sept Jetons au Saint-Esprit distribués aux magistrats à la
messe du Saint-Esprit, etc.
1743-1744, p. i53 V" : Payé à Jean Verschueren, qua-
rante-neuf florins, deux sous, un liard, pour ces mêmes
jetons distribués à la messe du Saint-Esprit, en l'année 1744.
1791-1792, p. 124 : Payé à J. Boschmans, quarante-neuf
florins, deux sous, trois deniers pour ces mêmes jetons de
l'année 1792.
Dans ses chroniques, Rombaut Gootens décrit ainsi
(p. 162) ces jetons :
D'un côté, un Saint-Esprit autour duquel les mots sui-
vants : Santé (sic) Spiritus adsit nobis gratia tua; de
l'autre côté, une sorte de maison du ciel avec deux portes que
garde un ange qui y laisse entrer les âmes des élus en
disant : Pax huic domui et omnibus habitantibus in ea.
(A consulter encore sur ces jetons : « Wekelycks bericht
voor de provincie van Mechelen », 1778, pp. 414 et suiv.)
Méreau en laiton de la fondation faite, en [590, dans
l'église Saint-Rombaut par Anna Bernaerts, veuve d'Aard
van den Wiele. — Méreau obituaire en laiton du célèbre
prédicateur et écrivain Rombaut Backx (né à Malines le
24 août 1648 et décédé à Anvers le 3 juin 1703). Un chapitre
(p. 325) est spécialement consacré aux monnaies des sei-
gneurs de Malines frappées dans cette ville. Toutes ces mon-
naies sont bien connues. L'auteur transcrit deux documents,
publiés dans cette Revue (1845, pp. 83 et suiv.) par
M. Ch. Piot et qui se rapportent à la Monnaie de Malines
oùlemonnayagecommença le 8 août 1 357, dans une maison
achetée à Jean Sconejan. M. Hermans ajoute les renseigne-
ments suivants : « Par suite d'une lacune dans nos actes
échevinaux, allant de 1 354 à 1 371 , il nous est impossible de
fixer l'emplacement du premier atelier monétaire de
229
Malines. Dans un acte échevinal du 4 février 1407 (carton
n° io3), il est question d'une maison sise à la chaussée (den
steenweg) du côté de la rue des Béguines, nommée à cette
époque La Monnaie (de Munte) et, depuis le 3 janvier 1701,
Le Pélican (den Pellicaen), comme il est dit dans les regis-
tres des divers quartiers de la ville (Wijkboeken, reg. 10,
fol. 201 et 211). L'auteur se demande si ce n'était pas là
qu'était située la Monnaie primitive.
Par lettre du 5 août 1423, Philippe le Bon vend à Adrien
Adeleyn le local de la deuxième Monnaie : « Par ces pntes
vendons, cédons, transportons et délaissons au dessus nomé
Adrien Adeleyn, une aut maison appellée la Monnoye,
séant en nre avant dite ville de Malines en la rue appellée
le oude Brueil, tenant dun costé à lostel te heritoige de
Messr. Henry de Collem, dune part et daut costé à une
petite ruelle appelée Tstoofstraetken, et sestent jusques à
la rivière appellée le Melane, semblemt avec tout ce qui y
apptient devant etderrie... » Du 12 avril 1485 au 24 dé-
cembre 1489, on frappa à Malines une énorme quantité de
monnaies dont relativement peu d'exemplaires sont arrivés
jusqu'à nous. Ces pièces furent forgées dans une maison
de Jean Schoof, située rue d'Adeghem, entre den Kemps
(le chanvre) et den Lepeleir (la Cuiller), comme il résulte
du suivant acte échevinal du i5 avril 149 1 (reg. 1488- 1492,
fol. 69 vo) : (( Claes Schoof, wylen Jan Schoofs sone, heeft
terve gegheven Janne Schoof sinen brueder, syne huy-
singhen ende erven metten hoven, plaetsen, stallen,
gronde ende allen anderen haeren toebehoerten, dair
men geplogen heeft de munte te hoiiden (où avait été
la Monnaie), geleghen inde Aedegeemstrate, tusschen een
erve geheeten den Kempe, toehoerende Gommaren de
Poirtcr, aen deen zyde,ende een erve geheeten den Lepeleir,
23o
toehoerende Merten de Reghere, aen dander zyde »
Verachler dit que cette maison fut louée, en 1485, par
Jean Schoof aux archiducs, moyennant un loyer annuel de
quatre-vingt-dix florins du Rhin.
G. CUMONT.
CHROIVIQUE. — QUELQUES PUBLICATIONS FRAN-
ÇAISES RÉCENTES.
Monnaies gauloises trouvées à Vermand (Aisne). —
J'ai, dans une précédente livraison de la Revue, signalé
une publication de M. Derôme, sur la Numismatique du
Vermandois ; je dois aujourd'hui indiquer une note assez
courte de M. Pilloy, sur les monnaies gauloises recueillies
à Vermand. Beaucoup de ces pièces, trouvées depuis de
longues années, ont été dispersées et sont conservées par des
amateurs qui en ignorent la provenance ; aussi Fexamen de
M. Pilloy n'a-t-il porté que sur trente-neuf pièces, mais
elles ont semblé assez intéressantes à M. Anatole de Bar-
thélémy pour qu'il en ait proposé la publication dans le
Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques
et scientifiques (i). — A l'exception d'une pièce apparte-
nant à la Bretagne insulaire, toutes les monnaies trouvées
à Vermand émanent de peuples du Nord de la Gaule. Six,
en bronze coulé, portent au droit une tête à gauche garnie
de grosses boucles de cheveux et la légende SOLLOS, et
au revers un lion en marche avec la même légende qu'au
droit (2). Ces pièces paraissent devoir être attribuées aux
Veromandui.
(1) Paris, Imprimerie nationale, 1894, pp. 479-484.
(2) Cf. Bibliothèque nationale, n^s 8370-8572.
23l
La trouvaille d" Aiitrèches (i). — Peu de temps avant sa
mort, M. Albert de Roucy, président honoraire du tribu-
bunal de Compiègne (2) avait communiqué à la Société
historique de cette ville une note sur la trouvaille faite à
Autrèches d'un vase de terre gris noirâtre, retourné, ren-
fermant une suite de monnaies romaines du troisième
siècle, huit cents environ, et deux bagues en argent, dont une
ornée d'une pâte de verre entaillée d'une figure représentant
un guerrier. Ces monnaies appartiennent toutes à la
seconde moitié du IIF siècle, la plupart sont de Gallien, de
Victorin, des deux Tétricus et de Claude. Une pièce de
Probus permet de fixer la date extrême de l'enfouissement
de ce petit trésor à 276 ou 277. C'est du reste la date habi-
tuelle, 262-278, de ces cachettes dans la Picardie et l'Ile-
de-France.
La numismatique dans le département de la Seine-
Inférieure en 1894. — J'ai eu plus d'une fois l'occasion
de signaler dans mes cueilloirs numismatiques des décou-
vertes ou des travaux dont l'indication m'était fournie par
les Bulletins de la Commission des Antiquités de la Seine-
Inférieure. Si, dans chaque département les sociétés
savantes prenaient le même soin que cette Commission, il
est peu de découvertes qui resteraient ignorées du public.
Le fascicule consacré aux procès -verbaux de l'année
1894 qui vient de paraître (3) n'est pas aussi bien fourni que
(1) Canton d' Autrèches (Oise). — Bulletin de la Société historique
de Compiègne, iSgS, pp. i28-i33et 2 planches.
(21 M. de Roucy est mort à Compiègne le 6 janvier 1894. Le recueil
des Procès verbaux, rapports et communications diverses de la
Société historique , t. III, 1894, pp. 7-14 renferme à la suite d'un dis-
cours de M. Sorel, une liste de ses publications.
(3) T. X, irp livraison. Rouen, imprimerie Cagnard, 1895, in-8".
232
plusieurs de ceux qui l'ont précédé ; j'y relève cependant
quelques renseignements qui ne me semblent pas sans
intérêt. Je les résume par ordre chronologique.
Découverte à Longroy, d'une monnaie en or de Marc-
Aurèle, avec la légende ANTONINVS, AVG. ARME-
NIACUS. Rev. Victoire debout, etc. Je ne signale cette
pièce que parce que M. Drouet a fait remarquer à cette
occasion que les monnaies d'or se rencontraient fort
rarement dans cette partie de la Normandie (p. 20).
Cachette monétaire, au petit-séminaire du Mont-aux-
Malades à Rouen. Découverte d'un vase en terre vernissée
verte, du XVP siècle, renfermant environ 200 monnaies
du XVF siècle, dont la plus récente est un huitième d'écu,
pièce posthume du cardinal de Bourbon frappée à Rouen,
avec la date de iSpi, ce qui indique que ce petit trésor à
été caché au commencement des guerres de la Ligue. On
y distingue onze pièces en or de François I^r, d'Henri II,
de François II et de Charles IX; de Charles-Quint, de
Philippe II et de Don Sébastien de Portugal et deux cents
pièces d'argent, dont 197 françaises, d'Henri II, de
Charles IX, d'Henri III et de Charles X ; plusieurs de ces
pièces sont frappées à Rouen et M l'Abbé Tougard a
donné au sujet de ces dernières d'assez curieuses indica-
tions (p. 181).
Monnaies du cardinal de Bourbon. M. l'abbé Tougard,
à l'occasion d'autres monnaies de celui que l'on a appelé
le Roi de la Ligue, a signalé la saisie de coins de ces pièces
opérée chez les jésuites de Paris en 1763 et leur dépôt aux
archives du Parlement, en faisant remarquer la singularité
de cette saisie « rétroactive» (p. 11 5).
Jeton de la famille de Piperay. — M. P. le Verdier a
donné la description d'un jeton portant au droit un écusson
233
d'argent à trois têtes de grue de sable, au chef d'azur
chargé de trois molettes d'éperon du champ (les émaux ne
sont pas indiqués), supporté par deux licornes, timbré d'un
casque de face, fermé, orné de lambrequins et surmonté
d'une tête de licorne en cimier. On lit en exergue la devise :
Vïr p7'obus prœest. Le revers porte un chardon entouré
de la devise : Nemo me impune lacessit et la date 1647.
Ces armoiries sont celles de noble homme maître
Robert Piperai, écuyer, sieur de MaroUes et Monthérault,
etc., conseiller du roi, général des monnaies de Normandie.
M. Le Verdier a donné des renseignements sur cette
famille dont trois membres ont occupé successivement les
fonctions de général des monnaies. Il a rapproché pour
l'exécution, ce jeton d'une série de jetons frappés, de 1616
à 1645, par une autre famille normande, les Morant du
Mesnil-Garnier, pour célébrer leurs mariages (p. 3i).
Jeton et méreau. — M. Lormier a communiqué aussi
un jeton de la ville de Rouen (1608), dont le type est bien
connu (1), avec la signature de Nicolas Briot (p. 34), et
une petite pièce de cuivre portant la légende : Rouen, visite
générale, surmontant le mouton des armes de Rouen.
M. Charles de Beaurepaire croit que celte pièce se rattache
au contrôle de la draperie qui était confié par le roi à des
inspecteurs (p. 12).
Je supprime quelques autres communications de pièces
sans intérêt.
Les jetons des maires de Nantes. — Pendant de longues
années, M. Alexandre Perthuis-Laurent s'est attaché à
réunir une collection probablement unique des jetons des
maires de Nantes et, il y a quelque temps, il les publia dans
(1) Cf. Revue belge de Numismatique, 1894, pp. 38 et Sg.
Année i8q6, 16
234
une nouvelle édition du Livre doré de V Hôtel de Ville de
Nantes (i). M. Perthuis est mort le 14 novembre 1894,
mais il n'a pas voulu que cette collection fût dispersée et il
ena fait don au musée archéologique de la ville de Nantes(2).
Médaille toulousaine inédite. — M. Delorme a lu à la
Société archéologique du Midi de la France une note sur
la pose de la première pierre de l'écluse de l'Embouchure
à Toulouse, en 1667, sur le canal des Deux-Mers, ou canal
de Riquet. Il a fait connaître une médaille de bronze
frappée à cette occasion et qu'il croit inédite. En voici la
description : Droit. Buste cuirassé et drapé de Louis XIV
lauré. Légende : VNDARVM TERREE Q. POTENS
ATQVE ARBITER ORBIS. (Cette légende, ainsi que celle
du revers, est gravée au burin, sur un fond pointillé. Exergue,
sur deux lignes : LVD. XI III. FRA. ET NA. REX.
Rev. Vue de Toulouse à vol d'oiseau. Légende :
EXPECTATA DIV POPVLIS COMMERGIA PAN-
DIT. Sur une banderole au-dessus de la ville : TOLOSA
VTRIVSQVE MARIS EMPORIVM. Exergue 1667.
Diamètre, 42 mill.
M. Delorme signale une médaille à peu près semblable
en argent, avec les mêmes légendes, plus petite et mieux
gravée. Un procès-verbal contemporain rappelle le dépôt
de ces médailles de bronze dans les fondations avec une
inscription gravée sur une lame de bronze (3).
20 décembre 1893.
Comte de Marsy.
(1 ) Avec les armoiries et les jetons des maires, en collaboration avec
M. S. delà Nicollière-Teijéro, Nantes, 1873,2 vol. grand in-S», planches.
(2) Bulletin de la Société archéologique de Nantes, t. XXXIII, 1894.
(3) Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France. Tou-
louse, Privât, 1893, in-80, pp. 198-201 et reproduction du revers de la
médaille.
235
LA MEDAILLE DONNEE A COLUMBANUS.
Dans une note imprimée ci-dessus, p. iSg, M. de Witte,
répondant à une question que J'ai faite dans cette Revue,
l'an dernier, prétend que la médaille dont j'ai parlé n'est
qu'une monnaie de poids fort.
L'usage était d'en offrir aux conseillers et commis des
finances. Cet usage, je le connaissais; mais, est-ce bien cer-
tain qu'il ne soit pas question d'une vraie médaille dans le
testament (i) que j'ai cité? Celle-ci avait été conférée au
défunt mari de la testatrice, François Columbanus, seigneur
de Berenhove, depuis 1706, conseiller et commis des do-
ma,ines et finances du Brabant.
L'électeur Jean-Guillaume, comte palatin du Rhin,
l'avait nommé son conseiller et son résident à la Cour de
Bruxelles dès 1690, et, cinq ans plus tard, son intendant de
la seigneurie de Winendale.
Il rendit de grands services à ce prince, ainsi qu'il ré-
sulte, parmi d'autres documents contemporains très nom-
breux, de l'acte du 26 juillet i852, par lequel le roi Maximi-
lien II de Bavière confère le titre de chevalier au fils de la
dernière descendante de François-Joseph Stroobant, lequel
fils avait invoqué, dans sa requête tendant à obtenir cette
faveur, les mérites de son aïeul maternel Columbanus. Ce
dernier était donc un important personnage et sa haute
situation à la Cour de Bruxelles explique très bien qu'il
ait reçu une véritable médaille d'or de l'empereur et roi
Charles VI.
(i) Testament du 26 février 1722, par lequel Dame Marie-Catherine
Munos lègue la grande, médaille d'or de Jean-Guillaume, comte pala-
tin à son petit-fils, François-Joseph Stroobant seigneur deTer-Brug-
gen et la médaille d'or de Charles VI à sa petite-fille, Marie-Henriette
Stroobant, dame de Berenhove.
•236
Quoi d'étonnant et d'extraordinaire dans une pareille
distinction, puisque Columbanus avait de'jà été gratifié
d'une grande médaille en or, que lui avait donnée le comte
palatin Jean-Guillaume pour reconnaître les services rendus
en qualité de son résident à la Cour de Bruxelles.
S'agissant de médailles d'or, pièces évidemment plus
rares et plus précieuses que des monnaies de poids fort,
distribuées à chaque émission d'un type nouveau et par
conséquent assez banales, on comprend la clause du tes-
tament qui stipulait que ces deux médailles devaient être
éternellement conservées, comme souvenir, dans la famille
de la testatrice.
Cette recommandation expresse eût été vraiment risible
pour de vulgaires monnaies de poids fort que tout con-
seiller et commis des finances possédait dans ses tiroirs.
G. CUMONT.
NOUVEAU JETON AU TYPE DE L ORANGER
DE LA FAMILLE DE LANGHEAG.
En décrivant, il y a quelques mois, un jeton anépigraphe
au type de l'oranger, de la maison de Langheac, je laissais
quelque peu indécis le nom du personnage auquel la pièce
devait se rapporter. Grâce à un nouveau et fort joli jeton
complètement inédit, entré depuis peu dans ma collection,
également au type de l'oranger et de la même famille, je
suis en mesure de pouvoir préciser mon assertion.
Cette pièce porte d'un côté deux écus ovales et accolés,
l'un aux armes de LANGHEAC, d'or à trois pals de pair,
237
l'autre à celles de MONTPEYROUX {\),fascé d^or et d'azur
à la bordure de gueules, posés sur un cartouche orné de
volutes et surmontés d'une couronne de marquis; en cimier,
une queue de Dauphin contournée vers le haut à gauche;
en exergue, au dessous d'un trait, la date 17-25 séparée en
deux par le bas des ornements de l'écu. Le revers est au
type ordinaire de l'oranger dans sa caisse au milieu de la
campagne.
La terre de Montpeyroux était une ancienne baronnie
située en Bourgogne et dépendant de celle de Bourbon-
Lancy. Elle fut donnée en dot, au XV^ siècle, à Catherine
de Bourbon par son mariage avec Guyot Palatin de Dyo,
tige des seigneurs de Montpeyroux. Cette terre, érigée en
baronnie, vers i5go, en faveur de Jacques Palatin de Dyo
de Montpeyroux, devint marquisat sous son fils François-
Éléonore, comte de Montpeyroux, et fut réunie à la
maison de Langheac par le mariage, en 1725, de Jeanne-
Marie-Palatin de Dyo de Montpeyroux avec Marie-Roger
de Langheac, capitaine au régiment du Roi (2). Ce person-
nage, fils de Gilbert- AlHre VI de Langheac, comte de Dalet,
marquis de Coligny, mort au siège de Condé en 1676 (3),
(1) Voir Armoriai général, de Rietstap, t. II.
(2) BouiLLET, Nobiliaire d'Auvergne, t. III, pp. 338 et SSg.
(3) Quoiqu'en dise M™*^ de Sévigné, qui écrit à sa fille (lettre du
238
rendit hommage au roi, en 1722, à cause de Dalet et de
Malintrat et décéda à Avignon en 1746, n'ayant eu de son
épouse, Marie de Montpayroux, que six filles. Quatre
furent religieuses; les deux autres prirent alliance dans les
maisons de la Guiche et de Cugnac de Dampierre.
Après les détails qui précèdent, nous pouvons être fixés
sur les jetons aux armes de Langheac dont nous avons
parlé antérieurement et sur celui que nous décrivons aujour-
d'hui. Ceux-ci furent incontestablement frappés par Marie-
Roger, soit à l'occasion de son mariage, soit en sa qualité d'élu
de la noblesse aux États de Bourgogne. Le jeton qui nous
occupe actuellement porte une date irréfutable. La pièce à
l'oranger du précédent article n'est pas moins sûre d'attri-
bution.
Quant aux deux autres jetons aux armes de Langheac,
très incomplètement indiqués par FONTENAY (i), sans
description du revers, et rappelant l'élection, en 1724, de
Marie- Roger aux États de Bourgogne, comme représen-
tant de la noblesse, ils portent l'un et l'autre la date
de 1725, sans coupure, au dessous de i'écusson de la
famille dont un trait la sépare. Cet écu est surmonté d'une
couronne de marquis avec une queue de dauphin pour
cimier et offre comme support, de chaque côté, un hercule
appuyé sur sa massue. Sur la face opposée, l'une des pièces
porte les armes de la province sur un riche manteau semé
d'hermines et timbré d'une couronne ducale (collection
Richard, à Paris). Sur la seconde pièce, suivant les tra-
ditions de l'époque, le roi devenu majeur est représenté
par un soleil dardant ses rayons sur un cadran solaire avec
29 avril 1676) : « Cette victoire ne nous coûte que quelques soldats et
pas un homme qui ait un nom. »
(1) Manuel de l'amateur de jetons, pp. 267, 3o3 et 322.
239
la devise : REGIT ME ET DIRIGIT ORBEM, avec la
date 1725 reproduite. (Collection Sarriau, à Paris.)
Il étaitd'usage, en effet, qu'à chaque triennalité des États,
les Élus fissent frapper un jeton, offrant d'un côté leurs
armes personnelles et reproduisant, de l'autre, le revers du
jeton des États. Pour la famille de Langheac, cette repro-
duction aff"ecte exceptionnellement un double caractère,
puisque les deux faces du jeton des États sont alternative-
ment reproduits sur celui aux armes de Langheac, ce qui
perpétue ainsi, par deux pièces distinctes, le souvenir de
l'événement qui en a provoqué l'émission.
Nous pouvons juger de la diff"usion des jetons au type de
l'oranger à la fin du 17^ et au commencement du 18^ siècle
par Je tableau que nous donnons ici (i).
A. — Jetons à la tête de Louis XIV.
1° Tête nue du roi signée HRF (Jérôme Roussel Fecit).
2° id. même signature en caractères plus
petits,
3° id. signée R (Roettiers).
40 id. signée G (Chéron).
5° Tête laurée du Roi avec les lettres I . B. (Jean Leblanc).
6" id. avec les lettres IGL (Lazare Gottlieb
Lauffer).
7" Tête nue du Roi avec la signature précédente.
B. — Jetons de famille.
go Mre Philippe Habert, sieur Dumesnil.
(1) Se reporter à la description complète qui en a été donnée,
Revue belge de numismatique, i8gi, avec addition en 1895.
240
9° Radegondede Hodon.
10» Marie de Rubentel.
1 1° M"" le Marquis de Pontcallec.
12° Guillaume Heurtaut, s»" de Merolles.
i3o Perdrix, Paumier du Roi.
140 Filley'de la Barre.
i5o J. B. Girard de Villetaneuse.
160 Marie-Roger de Langheac.
170 Le même aux armes de Montpeyroux.
G. — Jetons banaux anonymes.
18° Goin associé au revers des trois pensées.
190 id. au type de l'amour ailé.
D. — Jetons de petit module de fabrique allemande.
20° Louis XVI couronné avec la signature IGR. (Jean
Ghrétien-Reich).
21° Léopold empereur d'Autriche. — E. L. S. (Lauer).
J. Ghautard.
Mûn^geschichte der Schn^ei:(, von Leodegar GORAG-
GIONI, Verlag von Paul Strœhlin & Gi^, comptoir de nu-
mismatique et d'héraldique, Genève, rue des Granges, 5,
1896, in-40 de XI-184 pages et L planches. Prix de
l'ouvrage cartonné : 3o francs.
Ce beau volume, édité par la maison P. Strœhlin et G'^,
est l'œuvre d'un membre de la Société suisse de Numis-
matique, M. Goraggioni. G'est un excellent corpus de l'his-
toire monétaire suisse, où l'on trouve résumé avec science
et méthode tout ce qui a été écrit, jusqu'ici, sur le mon-
241
nayage helvétique, depuis les « Regenbogenschûsselchen »
des Boïens, jusqu'aux pièces de 20 et de 5 francs, frappées
en 1890, par la Confédération suisse. Cinquante magni-
fiques planches reproduisent les types principaux des mon-
naies émises par les anciens habitants du pays, par les
cantons, les villes, les prélats, les seigneurs, la République
et la Confédération helvétiques.
Si l'auteur n'a reculé devant aucun labeur pour parfaire
son travail — et à ce point de vue la liste des ouvrages
consultés par lui est démonstrative — les éditeurs, eux,
n'ont reculé devant aucune dépense pour faire de la Mun:{-
geschichte der Schjpei:{, non seulement un des plus luxueux
livres de numismatique qui soit, mais encore un monu-
ment vraiment national. Tout, en effet, a été exécuté en
Suisse : le texte sort des presses de l'imprimeur H. Keller,
de Lucerne, les planches, de superbe venue, sont signées
Brunner et Hauser, de Zurich. Toutes les monnaies repro-
duites font partie des musées suisses ou de la collection
personnelle de M. Paul Strœhlin. C'est donc bien une
œuvre nationale dans la plus large acception du mot ;
elle fait honneur à tous ceux qui y ont contribué. Nos féli-
citations à l'auteur et aux éditeurs.
A. DE W.
Quelques médailles. — Les méreaux des pompiers de
Weesp.
Il y a trois mois, M. Kuneman, secrétaire de la ville de
Weesp, Hollande septentrionale, me montra une petite
série de médailles, qu'il me pria de vouloir bien déterminer
ou expliquer. Je crois utile d'en donner dans cette Revue
%
242
un bref aperçu, car cette collection renferme des pièces
restées inconnues Jusqu'ici. Ce sont les me'reaux des pom-
piers de la ville deWeesp. Dirks ne décrit pas de méreaux
de cette localité, et nulle part, dans aucune collection, je
n'eu ai rencontré, sauf dans le catalogue de Bom, 19 juin
1876, no 1624, où ils sont décrits en ces termes : « Als-
voi^en van Weesp, K, » sans indication de figures. Ce
méreau a 40 mill. de diamètre et nous montre à l'avers
les armoiries de Weesp (d'azur au pal d'argent) sommées
de la couronne impériale et soutenues par deux lions ; au-
dessous, dans un cartouche : W * S • B, qu'on peut expli-
quer : Weesper Slang Brandspuit.
Le revers offre une pompe à feu d'ancienne construction,
entourée d'un serpent. Un autre exemplaire de ce méreau,
appartenant au bourgmestre, a les mêmes armoiries que le
précédent, mais les lettres N» 3 • B au lieu de W • S * B.
Au revers on voit une pompe de la nouvelle construction,
entourée d'un serpent et le numéro 60.
Cet exemplaire est indubitablement coulé.
Quand on examine plus exactement ces deux méreaux,
on peut s'étonner de la cowonne impériale au-dessus de
l'écu, car la ville de Weesp n'a jamais eu le droit de porter
une pareille couronne, comme Amsterdam, Nimègue,
Medemblik et d'autres villes. Mais cet étonnement dispa-
raît quand on remarque sur le pal les restes de trois sau-
toirs, que la lime a négligé de faire disparaître entièrement.
Les lettres doivent s'expliquer ainsi : W(ijk) S(chouw)
B(urg) = Quartier du théâtre, et : N» 3 B(uitenwijk) ==
N° 3 faubourg.
Ce sont tous les deux des méreaux d'Amsterdam, géné-
ralement connus.
Voici l'explication la plus vraisemblable :
243
Le magistrat de Weesp aura acheté une quantité de
méreaux de la ville d'Amsterdam pour les distribuer à son
corps de pompiers, après les avoir rendus propres à ce but
en écartant à la lime les trois sautoirs d'Amsterdam ; il
était cependant impossible de faire disparaître la couronne
impériale et de la remplacer par une couronne à cinq fleu-
rons. Lorsque la quantité fut épuisée, le gouvernement
municipal a fait mouler en cuivre jaune une nouvelle pro-
vision et a anéanti les traces de la fonte au bord par la lime.
Les preuves de la fonte et du limage sont incontestables.
Les comptes des trésoriers, dans les archives de Weesp,
ne m'ont donné aucun éclaircissement sur cette affaire;
au surplus les pièces elles-mêmes racontent leur histoire.
La petite collection qui nous occupe, comprend encore
une médaille en fer de 59 mill. de diamètre, au millésime
de 1687, rappelant les victoires de Siklos, Peterwardein,
Valpo, Bulsyen et Essek, remportées par les Autrichiens
sur les Turcs (i), une médaille d'argent commémorative
du traité de commerce conclu entre la ville d'Amsterdam
et la République américaine (1782), suite à van Loon,
no 575, deux médailles d'argent offertes, suivant un usage
assez répandu en Hollande, à MM. Hendrick Ogelwight
(5 oct. 1783) et lohs Kuneman(5 feb. 182 1) à l'occasion du
cinquantième anniversaire de leur naissance, une petite
médaille d'argent aux armes d'Amsterdam, souvenir du
dévouement déployé par les médecins lors de l'épidémie
cholérique de i852, enfin une médaille d'argent gravée par
C.-F. Kons à l'occasion du centenaire de la fondation de
l'orphelinat luthérien d'Amsterdam.
(1) Cette pièce se trouve aux Archives de la ville de Weesp.
244
Voilà donc une toute petite collection compose'e d'élé-
ments assez hétérogènes. De pareils cabinets en miniature
se cachent encore partout chez des particuliers et dans des
institutions publiques et contiennent parfois des objets qui
piquent la curiosité des amateurs, qui leur sont même
inconnus, comme les méreaux des pompiers de Weesp.
J.-E. TER GOUW.
Histoire de la monnaie, 1 252-1894, par W.-A. Shaw,
traduit de l'anglais par Arthur Raffalovich. Paris, 1896,
in-80, 384 pages.
Sérieux travail qui vient pour ainsi dire compléter \ His-
toire économique de la propriété, des denrées, etc., du
vicomte d'Avenel. C'est dire que le volume de M. Shaw,
qui a déjà eu deux éditions anglaises, s'adresse à la fois aux
numismatistes et aux économistes. Trois chapitres sont
consacrés à l'histoire de la monnaie proprement dite :
1° Depuis le commencement des frappes d'or jusqu'à la
découverte de l'Amérique (i 252- 1492); 2° depuis la décou-
verte de l'Amérique jusqu'à la fin du premier cycle de l'in-
fluence des métaux du Nouveau-Monde sur les monnaies
de l'Europe (1493-1660) ; 3" de la fin du premier cycle de
l'influence américaine jusqu'à nos jours (1660-1894). Puis
viennent, en appendice, des aperçus des systèmes moné-
taires de Florence, de Venise, de l'Espagne, des Pays-Bas,
de l'Allemagne, de la France, des États-Unis et de la
Russie.
« Le but de ce livre est double, écrit l'auteur dans sa
» préface : d'abord, d'éclairer avant tout une question de
» principe par l'assistance et l'application de la preuve his-
245
)) torique; en second lieu, de fournir à ceux qui étudient
» l'histoire un manuel élémentaire des monnaies des prin-
» cipaux États de l'Europe du XIII^ siècle à la fin du
» Xixe siècle. »
Ce double but, M. Shaw semble l'avoir très convena-
blement atteint, et son ouvrage a tout au moins le mérite
d'être établi à l'aide de données sérieuses puisées le plus
souvent à des sources numismatiques. U Histoire de la
monnaie n'a malheureusement pas gagné en clarté à la
traduction.
A. DE WiTTE.
A propos de lange d'or de Jeanne de Bradant.
J'ai dit, ci-dessus, p. 127, que l'ange d'or de Jeanne de
Brabant avait été vendu 1,540 francs. Depuis lors, on a
répandu le bruit qu'un expert avait attribué à cette mon-
naie une valeur de 3oo francs.
Cela paraît un conte inventé à plaisir: en effet, qui
aurait l'idée d'estimer à un si faible prix une monnaie
unique, du plus haut intérêt, puisque tout le monde sait
combien, des amateurs, se disputant une pièce, peuvent
faire monter son prix. Donc, serait vraiment téméraire
celui qui oserait fixer, dans ces conditions, une valeur
précise. C'est ce que j'ai pensé lorsque M. le receveur du
bureau de bienfaisance de Malines m'a fait l'honneur de
me consulter au sujet de la trouvaille de Niel. Je lui ai
répondu qu'il était impossible d'assigner à cette pièce
unique une valeur exacte. Tout au plus pouvait-on affir-
mer qu'elle YSLlah plusieurs centaines de francs et qu'elle
se vendrait peut-être, en vente publique, à un prix même
supérieur à mille francs. Cette prévision a été complète-
246
ment réalisée, et si le prétendu amateur-expert dont on
parle avait agi avec la même prudence, nul aristarque,
même le plus sévère, n'eût trouvé à lui faire des reproches.
G. CUMONT.
Sous ce titre : The war medal record, a monthly chro-
nicle for collectors of naval and military medals and
orders of chivalrjr, la maison Spink and son, 17 et 18
Piccadilly, Londres, vient de créer un périodique nouveau
qui ne sera pas sans intérêt pour les numismatistes.
L'abonnement est de 12 sh. 6.
A. DE W.
Deux jetons pour les noces d'or de Simon Van den Bergh
et d'Elisabeth Van der Wielen, célébrées en novembre
1894.
A. Jeton en cuivre doré, avec bélière et anneau ; diamètre
33 millim. ; — Ma collection.
Droit. Les bustes affrontés des deux époux jubilaires vus
de trois quarts, chacun dans un médaillon ovale entouré
d'un grènetis. Au-dessus, dans un assemblage de branches
de laurier : à droite, sur une banderole : S.^imon) V.(an)
D.(en) B.(ergh); à gauche, sur une autre : E.(lisabeth)
V.(an) D.(er) W.(ielen). Ces deux banderoles sont réunies
par une troisième sur laquelle on lit : 4. NOV.(ember).
Sous les médaillons, également un assemblage de branches
de laurier et une banderole avec les dates : 1844-1894.
Le tout entouré d'un cercle de perles.
Rev. Dans un cercle de perles et en cinq lignes, se trouve
247
l'inscription suivante : TER | HERINNERING i AAN
HET I GOUDEN | HUWELYHSFEEST (i). Dessous,
un ornement.
B. Jeton en argent, de forme rhomboidale. Un ruban
aux couleurs nationales (rouge, blanc et bleu) est attaché
à l'anneau de la bélière. Diamètre : 27 millim, — Ma col-
lection.
Droit. Au milieu d'un cercle de perles, les armes de la
ville de Clèves (2); tout autour, l'inscription : Z(ur)
ER(innerun) G A.(n) D.(er) FEIER D.(er) GOLD(enen) |
HOCHZEIT I D.(es) BEGRÙNDERS D.(er) FIRMA
1 SIMON VANDENBERGH | NOVEMBER 18940^
Rev. Le rhomboïde est divisé en trois; au-dessus, l'in-
scription : FABRIK CLEVE ; au milieu, vue de la fabri-
que de Clèves ; au-dessous, case vide ; le tout dans un cercle
de perles.
Exécuté dans l'établissement de gravure et de frappe de
G. Schnûrle, à Dûsseldorf.
Simon van den Bergh (3), né à GefFen le 26 octobre 1819,
(i) On aurait dû graver correctement : HUWELIJKSFEEST.
(2) V. Volker, professeur au Gymnasium royal de Clèves. « Cleve und
dessen Umgegend», p. 17. « Dièses Wappen ist ein herzfôrmiges rothes
Schild, worauf sich drei vergoldete Kleeblâtter in einem versilberten
Herzschilde befinden zum Schildhalter hat es eine mànnliche Figur in
Panzerrûstung mit vergoldeten Bûgeln ; den Helm ziert eine grâfliche
Krone, auf der Krone sitzt ein weisser Schwan, an dessen Halse das
soeben bezeichnete Schild im Kleinen hângt. An beiden Seiten hat der
Helm Arabesken zu Verzierung, die aussen roth und inwendig ver-
goldet sind. Der Schildhalter hâlt in stehender Stellungdas Wappen
mit nach beiden Seiten hin ausgestreckten Armen an zwei blauen Bân-
dern;inder rechten H and hat er zugleich einen Speer, und an der
Seiten einen Degen mit vergoldetem Gefâss. »
(3) Fils de Zadok, qui mourut à GefFen, le 11 octobre 1857, âgé de
248
épousa, à Oss, en octobre 1844, Elisabeth van der Wie-
len (i), née à Oss le 17 Juin 182 1. Simon van den Bergh,
un des plus considérables fabricants de margarine, com-
mença par fonder une fabrique à Oss, qu'il transféra en-
suite à Rotterdam (2), et depuis il éleva encore des fabri-
ques à Bruxelles, à Londres et à Cièves, C'est à l'occasion
de ses noces d'or que furent frappés les jetons que je viens
de décrire. Les jetons aux légendes allemandes mentionnés
sous litt. B furent spécialement faits pour être distribués
au personnel de la fabrique de Cièves.
Jonkheer M. -A. Snoeck.
M. Alph. de Witte a réuni des documents d'archives
en quantité suffisante pour qu'il lui soit possible de com-
mencer l'an prochain, dans la Revue, l'étude des jetons
et médailles d'inauguration aux Pays-Bas. Il prie ceux de
ses confrères qui posséderaient sur ce sujet des renseigne-
ments intéressants de bien vouloir les lui faire parvenir.
Il lui serait surtout utile de savoir où. se trouvent les
exemplaires d'or de ces diverses pièces.
Chronique des ventes en Belgique. -- Les 14
et 16 décembre 1895, a eu lieu à Bruxelles, sous la direction
89 ans et d'Elisabeth van der Wielen qui mourut à Geffen, le i5 février
i83o, à l'âge de 56 ans.
(1) Fille d'Abraham, qui mourut à Oss, le 8 mars 1857, âgé de 76 ans
et d'Aldegonde van Osten qui décéda à Oss, le 16 décembre 1861, à
l'âge de 68 ans
(2) Voy. l'article « Over Kunstboter » dans 1'^ ms^er^ammer Week-
blad voor Nederland, n° 924, 1895, avec deux représentations de la
fabrique de Rotterdam, vue delà Meuse et vue à l'intérieur.
249
de M M. Van Duyse et Fiévez, la vente de la collection que
M. Boddaert, de Deynze, avait mis cinquante ans à former.
' La perle de cette collection, surtout riche en monnaies
flamandes, était un petit denier signé du monétaire Simon,
portant un R dans le champ du droit. Cette pièce, publiée
jadis par M. Piot dans la Revue belge de numismatique,
t. XIV, p. 280, est restée unique ; elle a été adjugée au prix
relativement modeste de 5o francs (i).
La vente de la collection Boddaert marque une reprise
pour les monnaies flamandes, que des trouvailles impor-
tantes étaient venues déprécier outre-mesure depuis une
dizaine d'années. Voici d'ailleurs quelques prix de mon-
naies d'or :
Florin de Louis de Crécy
5i francs
Mouton d'or de Louis de Mâle ... 26 —
Cavalier du même 3o —
Lion heaume 41 —
Noble de Philippe-le-Bon . . . . i5o —
àM.Coster. C'est le prix le plus élevé atteint jusqu'ici,
en vente publique, par cette monnaie.
Quart de Noble de Gand révolté . . Sy francs
Quelques jetons complétaient les séries de M. Boddaert.
Ils ont été vendus par lots de 1 5 à 40 pièces à des prix fort
convenables. Les 434 numéros du catalogue ont produit
environ 2,000 francs.
A. DE W.
(1) Cette maille est entrée depuis dans la collection de M. le vicomte
B. de Jonghe.
Année i8g6. 17
M. Cumont, page 235, s'occupe à nouveau de la mé-
daille Columbanus. Il nous semble que notre confrère
oublie le passage du testament cité par lui dans son compte-
rendu {Revue, i8g5, p. 58o) ; qu'il nous soit permis de le
rappeler : « la médaille d'or de Sa Majesté impériale et royale
Charles VI que feu le mari de cette femme (Columbanus)
avait reçue, en sa qualité de commis des finances de Sa
Majesté » .
C'est donc simplement comme commis des finances que
Columbanus reçut une médaille et Je ne vois pas, dès lors,
en quoi mon hypothèse puisse tant surprendre M. Cumont.
Je ne l'ai d'ailleurs émise, cette hypothèse, que pour répon-
dre à son appel.
A, DE W.
AJUSTEURS JURES DES POIDS ET BALANCES AUX
PAYS-BAS AUTRICHIENS.
De Corduanier. — Dans une supplique adressée le
17 février 175 3 à la Jointe des monnaies, concernant ses
fonctions d'ajusteur juré des poids et balances, à Bruxelles,
Corduanier fait remarquer : « Que le suppliant depuis un
» an passé, étant à la ville de Bruges sur la foire, y a débité
)) ses poids comme aussy cette année, mais cette dernière
» fois, il s'est informé aux achepteurs d'iceux, même jus-
» qu'au greffier* du magistrat, s'ils en étoient comptants,
» ont unanigmement répondu qu'ouy, que plus est ont dit
)) qu'il seroit très nécessaire d'avoir un adjusteur en leur
)) ville tel que le suppliant. » Corduanier conclut en
priant la Jointe de daigner lui accorder cette place. Cette
demande lui fut accordée, car en marge du document on
lit : « Le ig juin 1753, tous présens, résolu de faire dépêcher
2D1
» gratis commission au supliant pour faire la fonction
» d'ajusteur des poids de Troyes et balances dans la ville
» de Bruges jusqu'à ce qu'il y aura un ajusteur des poids
» et balances domicilié dans la d'^ ville. »
Everard Op de Beek. — Le 24 octobre 1753, la Jointe
prévient l'auditeur Van den Boom de bien vouloir informer
l'horloger Everard Op de Beek, à Anvers, qu'en suite de
l'avis dudit auditeur il a été résolu « de faire dépécher en
» sa faveur une commission d'ajusteur des poids de Troye
» et de balances avec la charge que vous avez proposé qu'il
» ne pourra faire aucune balance ou poids d'essay pour
» personne sans la permission de la jointe. »
Mousset. — Le i5 janvier lySy, l'ajusteur des poids et
balances Mousset présente requête pour obtenir la place de
directeur de la Monnaie de Bruxelles, qu'il croit être libre.
— On sait que Mousset ne fut pas nommé à ce poste.
A. DE W.
Sommaire des publications périodiques
Revue numismatique, 1895, 4"^ trim. — Reinach.
Sur la valeur relative des métaux monétaires dans la Sicile
grecque. — SOUTZO. Nouvelles recherches sur les origines
et les rapports de quelques poids antiques. — DE Cas-
TELLANE (Gte). Demi-gros de Henri V d'Angleterre,
frappé à Caen. — DE LA ToUR. Médailles modernes
récemment acquises par le Cabinet des médailles.
Annuaire de la Société française de numismatique,
1895, 6™e liv. — Bordeaux. L'atelier monétaire de Laon
pendant la Ligue. — Trachsel. Laurea Noves Petrarc
amata, médaille originale du xive siècle. — Vallentin.
252
Calculs sur le marc de Paris et ses subdivisions. — DE
Ponton D'AmÉCOURT. Description ge'ne'rale des mon-
naies au type chinonais.
Tijdschrift van het Nederlandsch Genootschap voor
Miint- en Penningskunde. T. IV, liv. I. — J.-A.Van DER
CHUS. Particulier papierengeld in Nederlandsch Indië. —
A. DE WiTTE, Le jeton dans les comptes des maîtres des
monnaies du duché' de Brabant aux XVIF et XVIIie siècles.
D. C. Twee penningen van Koningin Wilhelmina. —
Gedenkpenning uitgereikt aan M^ G. N. de Stoppelaar. —
J. E. TER GOUW. Onuitgegeven munt van Batenburg. —
DE DompierredeChaufepiÉ. Les trouvailles de mon-
naies en 1894.
Revue suisse de yiumismatique , 1895, liv. IV et V. —
Haas. DieMûnzen des Standes Luzern. — Vaf.lENTIN.
Du compte par livre, sol et denier, synonymes respectifs
des nombres 240, 12 et 1. — Grossman. Médaille reli-
gieuse inédite de Fribourg, — Stuckelberg. Barbaren-
mijnzen des III Jahrhunderts n. Chr. aus der Schweiz. —
Mayor. Médailles suisses nouvelles.
Bulletin de numismatique, i.Wl, liv. 6. — R SER-
RURE. Note sur un denier de Henri 1er, duc ^e Brabant.
— Van Gennep. Jeton de Yolande de France, duchesse
de Savoie. —VAN Bemmel. Les projets de monnaies de
nickel de M. T. Michelin. — Varia.
N" 7. — Ch. de Pas. Denier inédit de l'abbaye de
Saint-Bertin à Saint-Omer. — FORTH. Le nouveau dollar
colonial anglais.
Mittheilungetî des Clubs der MUn:{-und Medaillen-
freunde in Wien , n° 66. — CUBASCH. Die Miinzen
unter der Regierungdes Kaisers Franz-Joseph I. — Nent-
233
WICH. Wiener Stiftungspfennige. — SCHALK, Nachtrag
zum Verzeichniss der im historischen Muséum der Stadt
VVien ausgestellen Mûnzen.
N» 67. — An unsere Léser. — VOETTER. Kryptogramme
auf rômischen Mûnz-Serien. — VAN HôFKEN, Weih-
mûnzen.
No 68. — Unger. Zur Geschichte der Wiener Raths-
und Salvator-Pfennige.
Monthly numismatic Circular, n» 38. — Hands. Chats
on Roman Coins with young Collectors. — M'^e MARIE
DE M AN. Inedited or liltle known Anglo-Saxon Sceattas.
— HaZLITT. « Coins ofEuropa ». — The mints of Spanish
Coins. — Un médailleur suisse. — Vauxhall Gardens
admission Pass. — An unpublished two and six Penny
Token of Birmingham.
N» 39. — Hands. Chats on Roman Coins with Young
Collectors. — HAZLITT. « Coins of Europa ». — The
Coinage of Switzerland.
Rivista italiana di nnmismatica, 1895, 4"^^ liv. —
F. Gnecchi. Appunti di numismatica Romana XXXVI.
Suir autenticita degli aurei di Uranio Antonino. — Dl
Palma. La Zecca di Campobassa. — Papadopoli {O^).
La Zécca di Nasso. — Mariani. Desana-Mirandola. —
Van Gennep. Les viennois noirs d'Amédée VIH, duc de
Savoie, de 1416a 1439. — MORSOLIN. Medaglia in onore
di Mursiglio da Carrara; medaglia in onore di Nicolo
Quinto.
Wiadomosci niimiimatyc!^no-archeolo:[ic\ne, n» 26. —
POCHWALSKI. Sur le triple gros à la couronne de Sigis-
mond HL — BOLSUNOWSKY. Les marques en plomb trou-
vées près de Drohiczyn, et divers articles archéologiques.
■■H
%
Zeitschriftfûr Numismatik, Band XX, Heft I. — Dan-
NENBERG. Unedirte Mittelaltermûnzen mciner Samm-
lung. — WUNDERLICH, Mecklenburgische Mûnzfunde. —
HEINEMANN. Ein Beitrag zur Kenntniss der Brakteaten
Bischof Hartberts von Hildesheim, — Friedensburg.
Ein verkannter Schlesischer Denar. — VON Fritze. Bei-
trag ziir Mûnzkunde von Delphi. — KULL. Studien zur
GeschichtederMiinzender Herzôge von Bayern-Landshut.
Heft IL — Friedensburg. Ein Dukat des Bischofs
Johannes V, Turzo von Breslau. — Seltmann. Eine
unbekannte Mûnze der Antonia und Julia, die Tociiter
des Augustus. — Dannenberg. Mûnzfunde aus Pom-
mern und Meklenburg. — voiST Fritze. Die Mûnztypen
von Athen im 6. Jahrhundert V, Chr. — J. CaHN. Ein
Beitrag zur Frage des Munzrechts deutsciier Konige in
Stadten mit autonomer Miinze. — Gaebi.ER. Zur Mûnz-
kunde Makedoniens.
255
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUIVIISIVIATIQUE.
EXTRAITS DES PROOÈS-VERBAM.
r
iréiiiiion du bureau «lu 9 Jnnvlcr 1S90.
... Sur la proposition de MM. le vicomte B. de
Jonghe et A. de Witte, le titre de membre associé
étranger a été conféré à M. Mubarek Ghalib Bey,
attaché à la dette publique ottomane, à Constan-
tinople.
Le Secrétaire, Le Président,
G. CUMONT. V*^ B. DE JONGHE.
Itcuiiioii «lu bureau «lu 9 5 février 1906.
... Sur la proposition de MM. Pety de Thozée
et A. de Witte, le titre de membre associé étranger
a été conféré à M. D. E. Tacchella, conservateur
du musée national de Sophia.
Le Secrétaire, Le Président,
G. CuMONT. V"" B. DE JONGHE.
256
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
LISTE DES OIJVKAGES REÇUS PENDANT LE !«>• THIMESTRK 1896.
Avis important : l.es publication.s et les dons def«(lné«i à
la Société doivent, sans exception, être ndresséM à M. Alpli.
de Witte, iiil>liotliérnire de la Société royale de numiNina-
tlque, l'alalN dew Académies, à Hriixclles.
Ouvrages périodiques.
Allemagne. — Blâtter fur Mûn^freunde, no 207. — Zeitschrift des
Historischen Vereins fur Niedersachsen, année 1895 — Berliner
Mûn:{blâiter, n°i8o. — Neues Lausikisches Maga:{in, t. LXXI.— Zeit-
schrift fur Numismatik, t. XX, liv. 1 et 2. — Sit^ungsberichte der
numismatischen Gesellschaft :{ii Berlin, .8g5. — Numismatische.s
Literatur-Blatt, nos 89 et 90. — Numismatisch-Sphragistischer
An:(eiger, iSgS, nos 11 et 12.
Amérique. — American Journal of numismatics, vol. XXX, n" 2.
Anicleterrc. — Numismatic Chronicle, 1895, part III. — The
Monthly numismatic circular, nos 3y à 89
Autrlche-llon$;rie. — Mittheilungen des Clubs der Mûn^- und
Medaillenfreunde in Wien, nos 66 à 68. — Wiadomosci numisma-
tyc:{no-archeologic:{nc, n» 26. — Monatsblatt, nos 148 à i5o. —
Magyar Tudomanyos Akademia : .° Archœolog. Ertento, t. XIII,
n°s 3-5, XIV, nos i-5, XV, nos i_3 ; 20 Archœologiai ko^leményeh,
t. XVII; 3° Ungarische Revue, i8g3,6-io; 1894, i-io;i895, 1-4;
4° Rapports, 1898 et 1894 ; 5° Hampel: A Régibb ko^epkor emlekei,
t. I; 60 Meyer, S^t. -Simon c^^ûst koporsôja Zârâban.
Uelgique. — Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles,
t. IX, 4<' livraison; t. X, ire livraison. — Annales du Cercle archéo-
logique d'Enghien, t. IV. 4^ livraison. ~ Annales du Cercle histo-
2D7
tique et archéologique de Gand, t. Il, 2® livraison; Bulletin, t. III,
liv. 6 et 7. — Bulletin de TA cadémie royale, iSgS, liv. 9- 1 2 ; J nnuaire,
1896. — Alessager des Sciences historiques, iSgS, 3" livraison. —
Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XXIV, 3<= livraison. —
Revue bibliographique belge, année I, II, III et IV [don du bibliothé-
caire). Vie année, liv. no 10.— Bulletin de V Académie d'archéologie
de Belgique, nos 24 et 25.
France. — Bulletin de la Société de Borda, t. XX, 3« et 4e trimestre.
— Polybiblion, partie littéraire, t. LXXIV, liv. 5 et 6, t. LXXVI,
liv. 1 ; partie technique, t. LXXV, liv. 11 et 12, t. LXXVIII, liv. 1. —
Revue numismatique, 1895, 4e trimestre. — Annuaire de la Société
de numismatique, iSgS, b"^ livraison. — Bulletin de la Société archéo-
logique du Midi de la France, série in-8°, n° i5. ^ Société archéolo-
gique de l'Orléanais : Bulletin, n^s 154 et i55. — Antiquaires de
Picardie : Bulletin, 1894, no 4 ; 1895, n° i. — Académie d'Hippone :
Bulletin, \\° 27, et Comptes rendus des séances, 1894, pp. xlix-lxi ;
1895, pp. I-XXIV.
Luxembourg; (Grand-Duché). — Publications de la section histo-
rique de Vlnstitut, t. XLII, XLIII et XUV.
Pay-ti-ita^. — Tijdschrift van het Nederlandsch Genootschap voor
Munt- en Penningkunde, t. IV, liv. i.
Portugal. — O archeologo Portugues, vol. I, liv. 1-10.
Quelle. — Antiquarisk Tidskrift, t. XVI, liv. 2 et 3.
(Suisse. — Revue numis7natique, 1895, liv. IV-V.
Ouvrages non périodiques.
Bordeaux. - Monnaies royales françaises inédites ou peu connues.
Paris, i8u5. in-8'', 5i pages, i planche. — État des connaissances
nutnismatiques concernant les ateliers monétaires de Compiègne et
de Melun pendant la Ligue. Paris, 1895 grand in-8", i5 pages,
vignettes. — Les ateliers monétaires de Clermont-Ferrand et de
Riom pendant la Ligue. Paris, 1895, grand in-80, 25 pages, vignettes.
— Le sceau de la corporation des monnayeurs de Figeac, etc.
Paris, 1895, grand in-8", 56 pages, vignettes. — Uatelier monétaire
de Laon pendant la Ligue. Paris, 1890, grand in-80, 14
vignettes. [Homtnage de l'auteur.)
258
Carnoy. — Le comte Arthur de Marsy. Paris, iSgS, petit in-4°,
7 pages, portrait. {Don du comte de Marsy.)
Caucich. — Notifie storiche intorno alla institu:[ione délie officine
monetarie italiane. Firenze, 1895, fascicule I. (Hommage de
Fauteur.)
Chautard. — De la préparation et de la conservation des empreintes
de monnaies et jetons. Essai de classification à suivre dans l'étude
du jeton français. Genève, in-80, 12 pages. [Hommage de l'auteur )
CoRAGGioNi. — Mun:^geschichte der Schwei^. Genève, 1896, in-4°,
XI- 184 pages et L planches. (Don des éditeurs, MM. Stroehlin et C"'.)
Daremberg et Saglio. — Dictionnaire des antiquités grecques et
romaines, fascicule 21. {Hommage des auteurs.)
DE DoMPiERRE DE Chaufepié. — KoninkHjk kabinet van Munten Pen-
ningen en gesneden Steenen. La Haye.iSqS. {Hommage de l'auteur.)
de Jonche (V'te B.). — Quatre monnaies de Guillaume de Bronckhorst,
seigneur de Batenbourg et de Steyn. Amsterdam, 1895, in-80,
5 pages, 1 planche. — Trois monnaies liésceoises inédites. Bruxelles,
1896. in-8°, 3 pages et vignettes. (Hommage de l'auteur.)
de Marsy (Oe A.). — L'exposition rétrospective de Reims. Paris, i8g5,
in-S^», 20 pages. — Notes bibliographiques. Anvers, i8g5, in-8°,
8 pages. (Hoynmage de l'auteur.)
DE WiTTE (A.). — Histoire monétaire des comtes de Louvain, ducs de
Brabant, etc. T. II, i^e livraison. (Envoi de l'Académie d'archéo-
logie.) — Notes sur les Roëttiers, 3e article, Paris, 1895, in-8",
10 pages. {Hommage de l'auteur.)
DoNNET (F.) — Rapport sur le congrès de Tournai. Anvers, 1896,
in-80, 23 pages. {Hommage de l'auteur.)
Gnecchi (F.). — Monete romane. Milano, 1896, in-12, xv-182 pages,
i5 planches et vignettes. — Appunti di numismatica Romana,
XXXVI, Milano, 1895, grand in-8°, 3o pages 1 planche. {Hommage
de l'auteur.)
Leite de Vasconcellos. — Elencho das Liçoës di numismatica.
Lisboa, 1894, in-80, gy pages. {Hommage de l'auteur.)
Maxe-Werly (L.). — Histoire numismatique du Barrois. Bruxelles,
1895, in-80, 265 pages, nombreuses vignettes. (//owmag-ef/f^/'aMfewr.)
Mazerolle — Les Blarti, orfèvres et graveurs parisiens Paris, 1895,
in-8°, 35 pages. {Hommage de l'auteur.)
259
QuiNTARD. — Les fouilles du Vieil-Aître, cimetière mérovingien.
Nancy, i8g5, in-8o, 38 pages, 5 planches. {Hommage de l'auteur.)
RoEST. — Le florin dit a Strampraidsche Guldenn. Bruxelles, i8g6,
in-8°, 8 pages. {Hommage de l'auteur.)
RouYER. — L'œuvre du médailleur Nicolas Brioi en ce qui concerne
les jetons. Nancy, i8g5, in-8°, 238 pages, XIV planches et vignettes.
{Hommage de l'auteur.)
Storer. — The medals and tokens of Rhode Island. Boston, 189?,
petit in-40, 14 pages. {Hommage de l'auteur.)
Trachsel. — Laurea Noves, Petrac amata, médaille originale du
xive siècle. Paris, 1895, grand in -8°, 10 pages, 2 planches. {Hommage
de l'auteur.)
Vallentin (R.). — La monnaie d'Embrun. Paris, 1895, grand in 80
57 pages, — Du prétendu monnayage mixte de Dieudonné dEstaing
évêque de Saint-Paul, et de Charles VI. Valence, 1895, in-8"
10 pages — De la moneta Blaffardorum. Genève, iSgS, in-80
18 pages. — Les liards créés par Henri III en iSyy. Paris, 1895
in-8°, 10 pages, vignettes. {Hommage de l'auteur.)
Ouvrages anonymes et catalogues.
Circulaire numismatique universelle, n"» 11-1 3. — Zschieeche et
Kôder, Catalogues n°^ 14 et i3. — Numismatischen Offerten-Blatt ,
nos 3o-'<2. — Auktions Katalog, nos 140-141. — Catalogue Mer!{-
bacher. — Bidletino numismatico, de Sangiorgi, à Rome. — Cata-
logo de monete antiche, n» 7, de Morchio et Mayer, — Collection
du marquis Luigi Paulucci de' Calboli Pia^:ja. Rome, 1896, avec
1 planche. {Envoi de M. le chevalier Vitalini.) — Catalogue de
vente, de M Hess; Catalogue de la collection Schult^e, avec 2 pi.;
Catalogue de collection von der Heyden, avec 4 planches. {Envoi
de M. Hess] — Vente de monnaies françaises, Paris, i8g5, avec
1 planche. Collection Timothée Brent ; Collection Rodrigo
J. Alve:{ Soiit:{o, avec 1 planche. Monnaies romaines et grecques
recueillies en Orient, avec 2 pi. Collection Butor, avec 2 pi. {Envoi
de M. R. Serrure.) — N umismatischer Verkehr, 1896, nos 1-2. —
Catalogue no 19 à prix marqués, de M. A. Sattler. — Catalogue
à prix marqués, de M. de Nobele. — Catalogue m 20 à prix mar-
26o
qités, de M. C. Dupriez — De drie stempehnijders ofmedaiUews
Theoioriciis van Berckcl. {Don du bibliothécaire.) — Feuille-
ordonnance monétaire de l'évêque de Liège, 1772. {Don du bibliothé
caire.)
CABINET NUMISMATIQUE.
Don de la ville de Bruxelles.
Médaille en bronze à l'effigie de Joseph Godefroid, par Jul. Dillens.
Don de M. Vanden Broeck
Médaille en bronze à l'effigie d'Ignace van Brée, par Hart.
Don de M. le lieutenant Docq.
Jeton de cuivre frappé à Bruxelles, en 1576.
Don de M. A. de Witte.
Gauloise, en potin, attribuée aux Nerviens. — Saïga mérovingienne.
— France : Florette de Charles VII et pièce d'argent de Louis XIV.
— Quatre jetons français. — Deux monnaies, argent et billon, de
Charles-Quint pour la Franche-Comté. — Cuivre de Napoléon III. —
Deux poids monétaires d'Anvers.
Soit en tout : 7 monnaies, 5 jetons, 2 médailles et 2 poids monétaires.
Bruxelles, le 18 février 1896.
Le bibliothécaire-conservateur des collections,
Alphonse de Witte.
26 1
UN DENIER INEDIT
I^EÏ'Ilsr TulB BREF
(752-768).
L'or fut, dans les premiers temps de la période
mérovingienne, le métal à peu près exclusivement
employé à la frappe des monnaies.
Les raisons, généralement admises, de sem-
blable organisation monétaire assez peu fré-
quente, sont les suivantes :
i°Le produit des impôts, lesquels se percevaient
vraisemblablement, en majeure partie, en nature,
était transformé en or par les officiers receveurs,
monnayé par eux et mis en circulation avec la
garantie de leur signature et le nom de la localité
qui avait fourni les taxes ;
2° L'immense quantité de deniers d'argent et de
erands bronzes romains encore en circulation à
o
cette époque, suffisait amplement aux besoins de
la population chez laquelle les transactions par
échanges étaient d'ailleurs encore fort nom-
breuses.
Cet état de choses fut probablement modifié
à la fin de la période mérovingienne, tant à
Année 189^. 18
202
cause des nombreux abus qui s'étaient glissés dans
la fabrication des monnaies d'or que de la dispa-
rition progressive des espèces monnayées ro-
maines en argent et en bronze. De plus, les
besoins monétaires avaient sensiblement aug-
menté aux vii^ et viii^ siècles, et le développement
des mines d'argent avait naturellement fait songer
à l'utilisation de ces nouvelles richesses métal-
liques. .
Ces temps virent sans doute la cessation de la
frappe des monnaies en or et l'émission de ces
nombreux deniers mérovingiens en argent, si rares
avant les découvertes de Plassac, de Vence et de
Cimiez et dont la circulation devait être abon-
dante au moment de l'avènement de Pépin le Bref.
Ce prince puissant ne dut pas changer les usages
monétaires existant au début de son règne, ce qui
explique parfaitement que l'on n'ait pas retrouvé
de pièces en or à son nom, sans que l'on connaisse
pourtant de document où il parle de la suppres-
sion de ces espèces. Ses premières monnaies
furent certainement des deniers petits et épais res-
semblant beaucoup aux pièces mérovingiennes en
argent et aux sceattas ou saïgas, ces monnaies de
transition dont l'émission suivit celle des deniers
mérovingiens.
Nous avons eu la bonne fortune de mettre la
main sur une de ces rares premières monnaies de
petit module de Pépin le Bref. En voici le dessin
et la description :
263
Droit. Monogramme dont les éléments prin-
cipaux sont les lettres : P, I, R et F (PIpinus Rex
Francorum). Plusieurs globules se voient dans le
champ.
Revers. Croix très pattée, à bras très larges,
avec un globule au centre, et que l'on rencontre
pour la première fois sur une monnaie de Pépin.
Chose très curieuse, une croix analogue se re-
trouve sur les deniers dits bastiniens, du Brabant.
Des globules se voient également dans les bran-
ches et dans les cantons de la croix.
Argent. Poids: iff^'-agô. Notre collection.
Notre denier est frappé sur flan très épais et rap-
pelle beaucoup les saïgas et comme aspect et
comme style. Il a un air de famille incontestable
avec le numéraire des dernières années de la
période mérovingienne et a dû être forgé tout à
fait au début du règne de Pépin, peut-être même
avant qu'il n'ait pris le titre de roi des Francs (752) .
Cette dernière hypothèse expliquerait la petitesse
des caractères P et I par rapport aux lettres R et F,
qui seules désigneraient la personnalité du roi des
Francs. Notre denier serait alors un des premiers
essais d'usurpation des droits monétaires par
Pépin, encore maire du palais (i).
(1) On pourrait être tenté, vu le caractère encore si mérovingien de
notre pièce, d'y voir peut-être le résultat d'un monnayage plus ancien
264
Quant au lieu d'origine du denier qui nous
occupe, il faut vraisemblablement le chercher
dans le nord de la monarchie, où les monnaies
pipiniennes portent fréquemment le nom du
prince sous la forme pipi, forme qui se rencontre
rarement dans le centre et dans le midi du
royaume. Le caractère particulier de la croix du
revers vient fortifier cette manière de voir.
Le denier que nous venons de décrire diffère
sensiblement des monnaies de Pépin retrouvées
jusqu'à ce jour. L'importance de cette pièce, qui
fait connaître un rare échantillon du tout premier
monnayage de petit module de Pépin le Bref dans
le nord de la monarchie, n'échappera pas aux
nombreux amateurs de monnaies de la deuxième
race. Ils peuvent, à partir de maintenant, espérer
découvrir encore de nouveaux deniers de cette
période historique si intéressante et trop peu
connue. Ces pièces viendraient peut-être jeter un
peu de jour sur l'histoire monétaire si obscure de
ces temps reculés.
V'^ Baudouin de Jonghe.
encore, dû à Pépin de Herstal, major domus d'Austrasie, soit même à
Pépin de Landen, qui a occupé les mêmes fonctions. Une semblable
tentative d'émancipation nous semble cependant complètement inad-
missible, aune époque aussi reculée.
i
265
MONNAIES
DES
COMTES DE LIMBURG-SUR-LA-LENNE
I
Pl. VI ET VII.
Le comté de Limburg-sur-la-Lenne était un
démembrement de l'ancien comté d'Isenburg ou
Isenberg, qui avait été confisqué sur le comte
Frédéric d'Isenburg, condamné, en 1226, à la
diète tenue à Francfort, pour le meurtre de saint
Engelbert, archevêque de Cologne, qu'on lui
imputait; d'après la sentence, les fiefs devaient
faire retour aux seigneurs dont ils relevaient et
les alleux partagés entre les plus proches parents
du comte, à l'exclusion absolue de sa femme et de
ses enfants. Cette sentence était à peine connue,
que les seigneurs voisins, et parmi eux le plus
ardent était le comte Adolphe de la Marck, cousin
du comte Frédéric, envahirent le comté pour se
le partager.
Le duc Henri IV, de Limbourg, beau-frère du
comte d'Isenburg, qui désapprouvait la sévérité de
la sentence qui frappait le comte et ses enfants, et
la rigueur avec laquelle elle avait été mise à exécu-
tion, prit la défense de ses neveux et, pour empê-
cher qu'on ne les dépouillât entièrement du patri-
moine de leur père, fit sommer le comte de la
Année 1896. 19
266
Marck, qui s'était déjà emparé d'une grande partie
du comté, de se dessaisir de ses conquêtes. Sur son
refus, le duc se vit contraint de recourir à la force
des armes pour l'y obliger (1227) ^^ d'attaquer le
comte, qui était soutenu parle nouvel archevêque
de Cologne.
La guerre se prolongea quelques années ; elle
ne se termina qu'en 1243, par suite d'un accord
conclu avec Adolphe, comte de laMarck, parleduc
Henri et Englebert, évêque d'Osnabruck, oncles
de Thierry d'Isenburg, fils de Frédéric. Grâce à
cet accommodement, Thierry recouvra une partie
de la succession de son père et consentit à ce que
l'autre partie, dont l'archevêque de Cologne avait
déjà investi le comte de la Marck, restât à celui-ci.
Cet accord fut confirmé par Frédéric, frère de
Thierry et leurs trois sœurs. Ce sont les biens
attribués à Thierry qui formèrent le comté de
Limburg (i), pas bien étendu et presqu'enclavé
dans le comté de la Marck.
On était convenu dans cet arrangement que
Thierry serait libre de faire fortifier le château de
Neuen-Limburg, qui était sa résidence, mais qu'il
ne pourrait fortifier la ville bâtie au pied de la
forteresse.
Le château de Limburg, appelé également
Hohen-Limburg ou Neuen-Limburg (Novi Castri
Limburg super Lennam) (2) , bâti sur une montagne
(1) Vojy. Kreuer, Academische Beitràge, II, p. 124.
(2) Accord de 1243.
267
que baigne la rivière la Lenne, avait été construit
par le duc de Limbourg pour son neveu, au com-
mencement de la guerre qu'il avait entreprise pour
le réintégrer dans les possessions de sa famille (i).
Afin de s'assurer plus promptement de ce poste, le
duc en fit d'abord faire les constructions en bois
et le munit de fortifications ; on disait dans le
temps que le duc y avait amené autant de soldats
qu'on avait employé d'ais pour le fortifier (2).
Le 17 juillet 1242, Thierry, qui s'intitule sei-
gneur d'Isenberg, reprit en fief de son oncle Henri,
duc de Limbourg, comte de Berg, l'alleu du châ-
teau de Limburg sur la Lenne avec les curtes de
Hufele et de Wamemell, du consentement de ses
oncles paternels; c'était un moyen de s'assurer
un appui contre ses puissants voisins.
Le Roi des Romains, Guillaume de Hollande,
accorda, en 1252, à Thierry, comte d'Isenburg, le
droit d'établir des foires hebdomadaires dans
tels endroits de ses domaines qu'il le jugerait con-
venable; c'est à cette concession que Grote croit
pouvoir faire remonter l'origme du droit de battre
monnaie que les comtes ont exercé à Limburg,
car ce droit était ordinairement la conséquence
de la concession d'un marché (3).
Il ne faut pas confondre le château de Limburg
(i) Ce fut vers 1227, mais les opinions varient sur cette date.
(2) Levold von Northof, Chronik der Grafen von der Marck,
p. 76, édit. de Tross.
(3) Grote, Blàtter fur Mûn^kunde, lil, p. 116. — Voy. Leitzmann.
268
avec les autres endroits portant le même nom, où
a été exercé le droit de monnayage. Sans compter le
duché de Limbourg, en Belgique , on en trouve
plusieurs en Allemagne : il y a d'abord la seigneu-
rie de Limburg-sur-la Lahn, au duché de Nassau;
en outre, le comté de Limpurg, situé sur les con-
fins de la Souabe et de la Franconie, et l'abbaye
de Bénédictins de ce nom, dans le comté de
Linange (Bavière rhénane) que le Roi des
Romains, Henri IV, donna à Einhard, évêque
de Spire, abbatiam Lintburch in pago Spirgowe,
en y attachant le droit de battre monnaie, droit
que les comtes de Linange ont exercé en qualité
d'avoués de l'abbaye. Il existe un denier d'un de
ces seigneurs qui porte la légende EMECHO
COMES DE LI, et au revers LI. M. B. V. R. G.
E. N. SIS (i). On donne aussi parfois le nom de
Limborch à la seigneurie de Limbricht, située
dans le Limbourg, et les abréviations usitées dans
les légendes des monnaies ont amené une confu-
sion entre les monnaies de Limburg et celles
frappées à Limbricht (2).
Les comtes deLimburg-sur-la-Lenne ont frappé
des monnaies non seulement à Limburg, mais
également à Broich et à Rellinghausen, en qualité
(1) Vqy. Leitzmann, Wegwciser auf dem Gebiete der deutschen
Mûnzkunde, p. 456. — J.-G. Lehmann, Geschichte des Klosters
l.imburg bei Durckheim an der Hàardt.
(2) Van der Chus, De Munienderleenenvan de voormalige herio^-
dommen Braband en Limburg, p. 3o8.
26o
d'avoués du Chapitre des Dames qui y existait.
La Revue belge de Numismatique a publié un tra-
vail sur les monnaies de Limburg : plusieurs des
pièces ici publiées y ont été décrites. Aussi l'étude
que la Revue a bien voulu accueillir n'est-elle
pas entièrement nouvelle, mais nous avons pu
compléter la série des monnaies et, grâce aux
indications qu'un numismate a bien voulu nous
fournir, nous avons cru pouvoir imprimer cette
nouvelle édition. L'attribution de certaines pièces
peut soulever des objections, mais il est souvent
difficile de déterminer des monnaies quand celles-ci
ne nous fournissent pas, par elles-mêmes, des
éléments de solution.
L'histoire des comtes de Limburg-sur-la-Lenne
a été faite par Kremer, qui l'a publiée dans le
second volume de ses : Beitràge zur Jiilischen
Geschichte; il l'a établie sur des documents de
l'époque et il a pu rectifier les erreurs que conte-
naient les anciennes généalogies.
Thierry L
Thierry, premier comte de Limburg, porta
jusqu'en 1263 le titre de comte d'Isenburg, mais
en 126g on le trouve qualifié de comte de Lim-
burg, bien que ce ne fût qu'en 1275 qu'il céda à
l'archevêque de Cologne le château d'Isenburg,
avec l'avouerie et d'autres biens, moyennant le
paiement d'une pension. Sur son sceau, il conserva
la rose d'Altena ou d'Isenburg, qui était l'écusson
I
270
primitif de sa famille; ses descendants modifièrent
leurs armoiries pour adopter le lion de Limbourg,
mais ils conservèrent la rose sur leurs monnaies
comme souvenir de leur origine. Ces changements
d'armoiries étaient fréquents à cette époque ; on
en trouve un exemple dans la famille d'Altena
dont descendait le comte Thierry : les trois bran-
ches qu'elle form^a avant le xiii^ siècle portaient
toutes les trois des écus différents.
On ne connait pas de monnaies de Thierry I,
mais si on peut accepter l'opinion de Grote que la
concession d'un marché entraînait celle du droit
de monnayage, il n'est pas improbable que ce
seigneur ait usé de ce droit après l'octroi qui lui
fut fait, en I252, par le Roi des Romains.
Thierry I vécut jusqu'à un âge très avancé, car
il vivait encore en 1297, et, d'après les historiens,
il n'avait guère plus de quinze ans lors de la con-
damnation de son père, en 1225. On lui connait
deuxfils,Jean etEverard; celui-ci fut l'auteur de la
branche cadette de la famille connue sous le nom
de Limburg-Stirum.
Jean continua la lignée des comtes de Hohen-
Limburg ou Limburg; il fut associé par son père
au gouvernement, mais il mourut avant lui ; il est
encore cité en 1275, mais en 1280 il n'existait
plus, comme le prouve l'accord conclu cette année
avec l'abbaye de Werden. Jean laissa deux fils,
l'aîné nommé Thierry comme son grand-père, le
second, Frédéric. C'est avec Thierry II que l'on
2^1
peut commencer la série des monnaies des comtes
de Limburg.
Thierry II.
Thierry II et son frère Frédéric, fils de feu
Jean de Limburg, figurent dans un accord conclu
en 1280, par leur grand-père, le comte Thier-
ry, avec l'abbaye de Werden pour l'avouerie à
Eicholt (i). En 1297, il donna à l'abbaye de Fron-
denberg, du consentement de son grand-père
Thierry et de son oncle Everard, un bien à
Bertinclo, nommé Wiegut (2).
Aucun historien ne nous apprend si les comtes
Thierry de Limburg prirent part à la guerre qui
éclata, en 1288, entre le duc Jean de Brabant et
Renaud, comte de Gueldre, pour la succession au
duché de Limbourg; il est probable qu'ils se ran-
gèrent du parti du comte de Gueldre, comme le
fit le comte Everard (3), car le comte de la Marck,
allié du duc de Brabant, s'empara du château de
Limburg, où l'archevêque de Cologne avait mis
garnison (1288 ou 1289).
Bien que la bataille de Woeringen eût décidé
du sort du duché de Limbourg en faveur du duc,
(1) Kremer, [cite), p. 42.
(2) vonSteinen, Westfâlische Geschichte, II, p. 828.
(3) Une chronique citée par Willems dans son édition de Van Heelu,
nomme parmi les alliés du comte de Gueldre un Jean, seigneur de
Limburg. S'il n'y a pas une erreur dans le nom. ce Jean ne peut être
que le lîls aîné de Thierry II (Van Heelu, p. 379). Voy J.-T, Bro-
sius. Ann. CHviœ, II, p. 25.
272
la guerre continua en Westphalie entre le comte
de la Marck et Sigefroid, archevêque de Cologne,
successeur de l'archevêque Wighbold de Holte.
En 1299, 1^ chevalier Sobbe qui était venu au
secours de l'archevêque, ravagea avec ses troupes
le comté de la Marck et reprit le château de
Limburg au profit du jeune comte. L'année sui-
vante, le comte de la Marck détruisit le château de
Sobbe, à Warden sur la Ruhr et fit bâtir sur le
mont Eicke, en face de Limburg, un château,
auquel il donna le nom de Eickel (i), pour servir
de poste d'observation. La paix conclue peu de
jours avant la Noël de cette année, remit de nou-
veau le comte de la Marck en possession du
château de Limburg.
Les hostilités ne tardèrent pas à reprendre et de
nouvelles vicissitudes vinrent fondre sur le châ-
teau. En i3o3, Ludolf de Dycke, chanoine de
Cologne et officiai de l'archevêque, reprit le châ-
teau sur le comte de la Marck, mais le nouvel
archevêque de Cologne, Henri de Virnenburg,
qui devait en partie son élection au comte de la
Marck, le lui rendit. Quelques années plus tard,
grâce, sans doute, à l'influence d'amis, il le
remit à son légitime propriétaire, qui, entretemps,
avait atteint un âge plus viril (2). Cette dernière
circonstance indique qu'il s'agit de Thierry III et
(1) Levold von Northof, VI, i3o.
(2) VON Steinen, /. c, II, 6i3i7.
I
non de Thierry II, qui n'est plus cité dans les
chartes après 1297.
On peut attribuer à Thierry II, un denier sur
lequel le comte est représenté de face à mi-corps,
la tête ceinte d'un chapel de roses ; il tient de la
main droite une branche et de la gauche une fleur ;
sur la poitrine, il porte un écu au lion de Lim-
bourg, la queue fourchée. La légende manque.
Rev. Dans un triangle, le buste du comte posé
de face, la tête ceinte également d'un chapel de
roses, dans les coins des angles trois globules
posés un et deux; on ne lit plus qu'un fragment
de la légende : MOn-STTÎ.
PI. VI, no 1.
Notre collection.
Ce denier rappelle ceux de Guillaume I", comte
de Berg (1296-1308) (i) qui, eux-mêmes, s'inspi-
rent des deniers impériaux deDortmund, d'abord
émis par Rodolphe de Habsbourg (2).
Le comte Thierry II avait épousé Berthe de
Gotterswyck, dont il eut un fils nommé Jean; la
pénurie de documents de l'époque relatifs à la
famille, comme le constate Kremer, ne permet pas
d'établir d'une manière certaine le degré de
parenté existant entre Thierry II et son successeur
Thierry III : celui-ci était son fils ou son petit- fils,
(\) Çjv.ot'e, Mùn^studien. Bandj,p[. VII.
(2) Cappe, Die MUn^en der Deutschen Kaiser. Dresden, li
pi. XI, n°» 75a à 757.
274
fils de Jean. Kremer pense que Thierry III était
frère cadet de Jean.
Thierry III.
Thierry III, comte de Limburg, fut, comme on
l'a vu plus haut, réintégré dans la possession du
château de Limburg, vers iSog, par la cesvsion
que lui en fit le comte de la Marck. Une charte de
l'année i3i8 nous apprend que l'archevêque de
Cologne l'excommunia à cause de ses empiéte-
ments sur les droits de l'abbaye d'Essen, dont il
s'était injustement approprié les biens. L'arche-
vêque interdit aussi à sa femme l'entrée des
églises de son diocèse ; celle-ci nommée Lise ou
Elisabeth, est renseignée dans l'acte de renon-
ciation qu'elle et son mari firent à Thierry, comte
de Clèves, de leurs prétentions sur la seigneurie
de Strunckede.
Thierry III vivait encore en 1342. Kremer pense
qu'il mourut peu après et qu'en 1348, Thierry IV
lui avait déjà succédé. Il y a, à mon avis, une
confusion entre les deux membres de cette famille :
il est d'autant plus important de la relever, que la
filiation que cet auteur a établie a été générale-
ment admise, sauf par l'éditeur des Westfàlische
Siegel des Mittelalters, qui fait vivre ce comte
jusqu'en i354.
Le comte Thierry de Limburg, son fils Cracht
et son petit-fils (eenclin) Thierry, ainsi que ses
parents Jean de Limburg, chevalier, dit von
i
I
275
Styerheim, et Thierry, frère de celui-ci, apparte-
tenant à la branche cadette de cette famille, et
Burchard de Broich conclurent, en 1348, un traité
d'alliance avec Gérard de Juliers, comte de Berg,
en vertu duquel les seigneurs de Limburg s'en-
gagaient à perpétuité à venir en aide au comte de
Berg, s'il avait une guerre à soutenir (i).
Cet acte doit concerner Thierry III et non son
successeur, comme le dit Kremer, qui n'a pas pris
garde que la chronologie s'oppose à ce que ce
dernier eût déjà un fils, et à plus forte raison un
petit-fils, majeur en 1348; en calculant le nom-
bre de générations existant entre Thierry P*" et
Thierry IV, celui-ci était né au plus tôt en i32o;
cette date correspondrait à peu près à celle de la
naissance du petit-fils (eenclin) (2) de Thierry III,
qui était fort jeune en 1348. puisqu'il n'avait pas
encore de sceau propre.
En outre, le chevalier Cracht, qui, d'après
Kremer, était un fils de Thierry IV, était, d'après
un document de l'année 1340, frère d'Everard,
fils aîné du comte Thierry III, mais qui mourut
jeune. Cracht est encore cité en i35o comme fils
du comte Thierry dans l'acte par lequel celui-ci
reconnaît que son château de Limburg sera ouvert
au comte de Berg et qu'il y aura libre accès. Ce
(1) Kremer, cité, p, 146 Le traité de 1348 a été publié également
par Lacomblet, mais d'après une expédition moins complète.
{2) Les glossaires allemands varient sur la signification du mot
penclin, qui correspondrait à Enkel.
276
droit avait été reconnu dans un accord conclu
en 1271, et le comte de Berg en avait usé en y
plaçant Gérard Schinkert après que le comte
Thierry avait été dépossédé dans la lutte qu'il
avait soutenue contre le comte de la Marck. Le
comte le confia, en i35o, au comte de Limburg, à
condition de donner une nouvelle reconnaissance
de cette obligation. Il semble indiqué qu'il s'agit
ici de Thierry III.
On peut attribuer au comte Thierry III un gros
tournois ne portant que le prénom du seigneur
qui l'a fait frapper avec la m.ention de son titre de
comte, sans indication du lieu de provenance.
>P nnVRONVS CIVIS. Type ordinaire des gros
tournois, châtel entouré d'une bordure de fleurs
de lis.
Rev. >i< DIDERICVS COMS en légende inté-
rieure ; la légende extérieure porte BNDICTV
I SIT NOflQSN DNI 1 NRIHVXII; un lion
précède la légende ; au centre une croix.
PI. VI,n°2.
Notre collection.
Van der Chijs (i) l'attribue à Thierry de Heins-
berg, comte de Looz. Cette attribution concordait
pour la date, ce comte étant un des rares seigneurs
ayant droit de frapper monnaie qui portaient à
cette époque le prénom de Thierry ; mais il faut
faire observer que les autres gros tournois de ce
(v) Van der Chus, Miinten van Braband, pi XXXIl, n» 2.
277
seigneur portent le nom de la localité pour
laquelle ils ont été frappés, et il serait difficile
d'expliquer sur celui-ci le petit lion qui précède
la légende, car il ne fait pas partie des armes de
Looz, ni de Heinsberg, et il ne se retrouve pas
sur les autres gros tournois de ces seigneurs,
tandis qu'il est tout naturel de l'attribuer à Lim-
burg, où il a sa raison d'être.
On ne peut guère séparer cette pièce d'une
autre qui porte un type semblable :
>ï< rrvRONVs • aivis.
Rev. DIDERICOS GCOMS en légende inté-
rieure ; la légende extérieure porte : BHDIGCTV *
vSITHOmeHDHI • HRH ; au centre une croix.
PI. VI, nos.
Revue belge de numismatique, 1862
Ce gros doit être de provenance allemande. Le
seul exemplaire connu porte au revers une contre-
marque à la roue, emblème de Mayence ou d'Os-
nabruck, preuve qu'il a circulé en Westphalie
ou dans les provinces rhénanes. Le fait qui
rend l'attribution à Limburg plus probable, c'est
que l'on connaît des monnaies de cette nature
frappées par les abbés de Werden, les abbesses
d'Essen et les comtes de Nassau, qui étaient voi-
sins de ce comté.
La forme os donnée au nom n'est pas sans
exemple dans la numismatique allemande du
xiv^ siècle : sur les deniers de l'empereur Charles IV
frappés à Dortmund, on lit Carolos imp. au lieu
de Carolus.
Je n'oserais attribuer à Limburg le mouton
d'or avec la légende DOD — GO — Li, cette mon-
naie doit plutôt revenir à Thierry de Heinsberg,
comte de Looz ; elle est identique de gravure au
mouton frappé par Arnould d'Oreye, seigneur de
Rummen, proche voisin de Looz, la légende elle-
même est conçue dans une forme analogue :
7ÎR' — DO • R.
Mais on peut lui donner avec plus de raison un
florin d'or avec la légende : S lOHA — HHES B.
Dans le champ de la pièce un Saint-Jean-Baptiste
debout tenant une croix longue ; à côté de la tête,
une aigle.
Rev. DQ:0RI — a : aOMeCS. Une fleur de lis.
PI. VI, no 7
Notre collection.
On l'a attribué à Thierry de Heinsberg, comte
de Looz, mais le florin d'or de ce seigneur est
d'une gravure toute différente et porte la légende
nnERIGCS — UOS COM • . Le nom du comté de
Looz est également indiqué dans la légende du
florin d'or de Godefroid de Dalenbroeck, qui
prétendit à la succession de Looz après la
mort de Thierry de Heinsberg et il est calqué
sur celui de son prédécesseur.
Celui que nous décrivons a un aspect plutôt
rhénan que belge. Il est exactement imité de celui
de Guillaume V, duc de Juliers (i357-i36i) qui porte
279
l'inscription ^ WILHSLMVS DVX, sans indi-
cation non plus du pays où il a été frappé. Les
autres princes qui ont frappé de ces florins, ont
tous monnayé de i35o à i36o.
Quelques autres différences entre les florins de
Looz et de Limburg méritent d'être signalées. La
croisette qui précède le nom ne se retrouve pas
sur les florins frappés en Belgique; le comte de
Looz semble s'être attaché à imiter exactement
le type de ceux-ci, car l'aigle placée à côté de la
tête de Saint-Jean est plus petite sur le florin de
Looz que sur celui de Limburg, et on peut
remarquer que les têtes de lion qui se trouvent
sur les florins de Brabant et de Flandre sont de
dimension moindre que les aigles ou les lions des
florins allemands.
La diff'érence dans la manière d'écrire le nom
DGIORIGC au lieu de OlSRIGCS rend aussi très pro-
bable la supposition que ces deux pièces n'ont pas
été frappées par le même seigneur.
Il existe pour cette époque une série de billons
imités de ceux que Louis de Crécy, comte de
Flandre (i322-i346), frappa d'abord avec indica-
tion des ateliers monétaires d'Alost et de Gand,
puis sans indication d'officine monétaire (i). Le
classement de ces petites pièces présente certaines
difficultés; on peut cependant attribuer à Thier-
(i) Recherches sur les monnaies des Comtes de Flandre, par
Victor Gaillard. Gand, i852.
28o
ry III, trois d'entr'elles portant une légende alle-
mande.
HF< GReVS l DIDDSRIGC | ï^. Dans le champ
un grand L, accompagné de deux tréfeuilles et de
deux quatrefeuilles ; les mots de l'inscription sont
séparés par des rosettes ainsi que les deux der-
nières lettres.
Rev. GCIVI-nnTîS-IiVM-aOM. (Civitas lymbur-
gensis comitis ou comitatus.) Croix longue cou-
pant la légende.
Cette pièce, par son aloi et son style, rappelle
plutôt les billons flamands de la première caté-
gorie, il n'en est plus de même des suivantes qui
sont de plus bas titre.
PI. VI, no 4.
Notre collection.
GRSVe: DIDDSRIGCI^"-- Même type que le
numéro précédent.
Kev. Mon — an^K — osl — kdb'.
PI. VI, no 5.
Notre collection.
Revue belge de numismatique, 1862.
>i< GRSVG: DIDDGIRIGCr^- -
Rev. MOU — SrrTÎ — DSIj — IMB. Une
croix coupe la légende comme surles autres pièces.
PI. VI, n" 6.
Notre collection.
La lettre L placée au milieu du champ de
l'avers est peut-être destinée à faire suite à la
légende et à la compléter. Ce même type à l'L a
été employé par différents seigneurs: par Jean, sei-
gneur de Cunre, par Arnould, seigneur de
Stein, etc.
Thierry IV.
Thierry IV, comte de Limburg, était petit-fils
de Thierry III ; son père Everard est cité dans une
charte de 1342, comme fils aîné du comte, mais
il mourut peu de temps après, et avant son père,
car il n'est plus cité dans le traité conclu en 1348
entre le comte de Berg et tous les membres de la
famille de Limburg. Thierry, petit-fils de Thier-
ry III, y figure aussi, mais il devait être fort jeune
à cette époque, car il n'avait acquis alors aucun
des degrés de la chevalerie, et il ne scella pas ce
traité parce qu'il n'avait pas encore de sceau.
Il put terminer d'une manière avantageuse,
en i366, le conflit qui existait déjà entre son
grand-père Thierry etBourchard de Broich, rela-
tivement au patronage de l'église de Mulheim-sur-
la-Ruhr que celui-ci lui contestait; les arbitres,
Engelbertde laMarck et Guillaume de Berg, comte
de Ravensberg, se prononcèrent en sa faveur.
Bourchard de Broich mourut peu après ; son fils
Thierry, désirant mettre fin à cette contestation,
abandonna toutes ses prétentions au patronage de
l'église ; l'acte en fut dressé à l'abbaye d'Essen
le 2 juillet i368,
Thierry IV a également fait frapper des mon-
naies de billon.
ANNÉE i8q6, 20
282
>î< MOnennTT o li'BOReineCS. Grand L entouré
de tréfeuilles ou quatrefeuilles.
Rev. ^ rnoo — GCOS — L'BO — ReiR. Croix
coupant la légende.
PI. VI, n" 8.
Notre collection.
^ MOnSnnTÎ ... BORH. Le grand L du champ
est surmonté de 3 roses posées en triangle et il est
accompagné de deux quatrefeuilles et d'un trèfle.
Rev. ÏÏSDO — aom... S. Croix coupant la
légende.
Pl.VI, nog.
Notre collection.
*h MOnSnnTÎ lilMBORenS. Grand L accom-
pagné de deux roses en chef et d'une en pointe,
et de deux quatrefeuilles sur les côtés.
Rev. Le nom du comte est remplacé par une
devise pieuse TîVe! — mTÏR — I7ÎG — RTTrr.
Pi. VI, n° lo.
Notre collection.
On ne pourrait voir dans les roses qui se trou-
vent sur ces petites pièces une réminiscence des
anciennes armoiries de la famille que Thierry et
Guillaume I" ont fait reproduire sur leurs deniers
en y plaçant la rose; elles me semblent devoir
servir ici de simple ornement.
Thierry IV ne posséda pas longtemps le comté
de Limburg, car, d'après Kremer, son fils lui avait
déjà succédé en i377; le seul document le con-
cernant d'une manière certaine est l'arbitrage
283
de i366, je ne crois pas pouvoir m'écarter de la
filiation établie par cet auteur : elle a été admise
par les auteurs modernes, notamment par Grote
et par l'éditeur des sceaux de la Westphalie {Die
Westfàlische Siegel des Mittelalters. Munster) ; elle
peut se concilier avec la chronologie; mais rien
ne s'opposerait à ce qu'on eût prolongé l'exis-
tence de Thierry IV jusqu'en 1.397 pour lui attri-
buer les actes rapportés à Thierry V ; son ma-
riage avec Lutgarde de Broich aurait été le gage
de la réconciliation des deux familles en i368,
d'autant plus que notre comte était du même
âge que Thierry, frère de Lutgarde, car, dans
l'accord de i368, il est dit que ni l'un ni l'autre
n'ont pu sceller cet acte, ne possédant pas
encore de sceau. La comparaison des sceaux des
comtes de Limburg pourrait seule élucider ce
point, mais ceux qui sont connus ne donnent pas
de renseignements assez précis.
Thierry V.
Thierry V, comte de Limburg, fils et successeur
de Thierry IV, acquit la seigneurie de Broich (i)
par son mariage avec Lutgarde de Broich, qui
en hérita, en 1372, au décès de son frère Thierry.
Elle était fille de Burchard,-' seigneur de Broich,
qui eut des démêlés avec nos comtes au sujet du
patronat de l'église de Mulheim et qui prit part au
(1) VON Kamp, Dus Schloss und die H errschaft Broich. Mûlheim,
i85i.
284
traité d'alliance conclu par eux avec le comte de
Berg en 1348. Le 20 septembre i3g4, Lutgarde
renonça aux droits de douaire que son mari le
comte Thierry lui avait constitués sur le bien de
Kothen à Keverlo, vendu par lui à l'abbaye de
Relinghuysen (i).
En 1377, le comte s'engagea envers Guillaume
de Juliers, comte de Berg, à lui remettre dès qu'il
en serait requis, les châteaux de Limburg et de
Broich et à venir à son secours en cas de guerre ;
en 1397, il prit avec son fils Guillaume un engage-
ment de même nature et il stipula que, pendant
que durerait la guerre contre le comte deLaMarck,
il lui donnerait tous les mois une aide de 200 flo-
rins du Rhin.
Thierry mourut peu de temps après, car en 1401,
ses fils Guillaume et Thierry reçurent l'investiture
des châteaux de Limburg et de Broich.
Ses prédécesseurs avaient adopté pour leurs
monnaies le type belge, mais Thierry V reprit,
tout en modifiant le revers, un type allemand qui
avait pour point de départ primitif les deniers
impériaux de Dortmund; il faut peut-être cher-
cher les raisons de ce changement dans les consé-
quences de la bataille de Bastweiler (i373).
On connaît de Thierry V un denier avec la
légende :
C& rrSODSRI — GCOmSS. Une rose précède la
(1) Lacomblet, cité, II, p. 881.
285
première lettre. Le comte à mi-corps, la tête cou-
ronnée, est assis sur un siège; il porte l'épée de la
main droite et de la gauche trois tiges de plante.
Rev. ^ mOneirUTT ^ m ©iJimBOR. Rose dans
le champ.
PI. VII, n» n.
Revue belge de numismatique, 1862.
Grote décrit, d'après Mader, un denier qui est
une variété de celui-ci; la légende du revers seule
diffère : mORST^TÎ m liimBORGPj, elle est plus
complète. Il cite également, d'après le même
auteur^ un denier en tout semblable ; dans la
légende du droit on ne lit plus que le mot : GOn^SS
et au revers : mOneirTTT IH SmoeiO (?), et il en
mentionne deux autres où le nom de l'atelier
monétaire est illisible. Il existe aux limites du
comté de Limburg une localité nommée Enden,
située dans le comté de la Marck, près de la petite
ville de Herdicke (i), mais il faut plutôt croire que
ce denier appartient à une autre famille, peut-être
aux comtes d'Oostfrise, qui avaient un atelier
monétaire à Emden. D'autres seigneurs ont fait
frapper des deniers au même type. M. Roest, dans
son étude sur les monnaies d'Anholt, en reproduit
un de Gisbert de Batenbourg, et il ajoute que
Jean III, de Megen et Guillaume de 'SHeerenberg
en ont frappé de semblables (2).
(1) Grote, Blâtter, etc., III, p. 116.
(2) Roest. Die Mûn:{en der Herrscha/t Anholt, p. 22. Dans la :
Tijdschrift van het Ned. Gen. voor Munten Penningkunde.
286
Guillaume P'.
Après la mort de leur père, le comte Thierry
Guillaume et Thierry, son frère firent, en 1401, le
relief des châteaux de Limburg et de Broich.
Guillaume prend dès lors le titre de comte de
Limburg et de seigneur de Broich ; mais en 1407
Thierry prit le dernier titre, en vertu sans doute
d'un arrangement conclu entre les deux frères (i) ;
car, en 1412, ils firent un nouvel accord au sujet
de la succession de leur père : Guillaume obtint le
château et le comté de Limburg, Thierry, le châ-
teau de Vitinghofe et l'avouerie de Rellinghausen.
Quant à la seigneurie de Broich, il fut stipulé
que la maison d'en haut (oberste Haus), qui
contenait la tour, serait attribuée à Guillaume et à
ses héritiers et le château d'en bas (niederste
Schloss) dans lequel se trouvait la maison de
pierre (Steinhaus) reviendrait à Thierry. Celui-ci
conserva cependant certains droits sur le château
de Limburg, tels que la libre entrée quand il
conviendrait à son frère, des droits au bailliage
et à la juridiction; les officiers du château de-
vaient prêter serment de fidélité à tous deux, et il
fut stipulé que si l'un des deux voulait vendre sa
part dans Broich, il devait en donner connais-
sance à son frère (2). En 1437, Guillaume aban-
(1) Guillaume est encore qualifié de seigneur de Broich en 1425.
Lacomblet, IV, no ii5.
(2) VON Steinen, IV, p. l332.
287
donna complètement sa part dans Broich à son
frère, en échange de la cour et des dîmes de
Wulfrad.
Guillaume I épousa, en 1403, Mathilde ou Metta,
fille de Jean de Reifferscheid, seigneur de Bedbur
et de Dick, et de Richarde de Bollanden ; il fut
stipulé dans le contrat que Mathilde, à la mort de
son père, aurait les seigneuries de Bedbur et de
Hakenbruch. Mais, à la mort de Jean de Reiffer-
scheidt, la possession de ces terres lui fut con-
testée par Jutte de Calembourg, sa veuve, au
nom de son fils Jean ; le différend fut soumis au
comte Renaud de Juliers et de Gueldre, qui, en
qualité d'arbitre, se prononça en faveur de Guil-
laume I et déclara que Jean aurait les terres de
Reifferscheid et de Dick.
Guillaume n'eut qu'une seule fille, Marguerite,
qui épousa, en 1425, Gumbrecht, seigneur de
Nuenar et avoué héréditaire de Cologne ; la sei-
gneurie de Bedbur fut assurée à Marguerite, par
contrat de mariage, le père ayant réservé Lim-
burg, en cas de naissance d'un fils; mais, en
1442, il en fit don à sa fille et à son gendre ; cette
donation donna lieu, à la mort de Guillaume, à
de longues difficultés.
Vassal du duc de Berg, Guillaume prit part
aux guerres entreprises par le duc, soit contre le
comte de la Marck, soit contre l'archevêque de
Cologne ; en 1425, il signa la trêve conclue entre
celui-ci et Arnould, duc de Gueldre et Juliers; il
est mentionné également dans la lettre que le
légat du Saint-Siège adressa en 1442, à l'arche-
vêque et à Jean, duc deClèves, pour amener la fin
de la guerre qu'ils se faisaient (i).
On connaît du comte Guillaume I" un grand
nombre de monnaies ; Grote en cite quelques-
unes qu'il croit pouvoir lui attribuer d'une ma-
nière certaine. Les deniers qu'il fit frapper sont du
même type que celui de son père Thierry V.
B WILHSL — M. B GCOM S. Le comte, à
mi-corps, assis sur un siège, porte sur la tête le
chapel de roses, de la main droite il tient l'épée,
de la main gauche, un objet que l'on ne peut
déterminer.
Rev. MOnennTÎ ^ ROVTÎ <S3 LinB... Dans le
champ une rose.
PI. VII, no 12.
Revue belge de numismatique, 1862.
. . . CCOMQ! ... Ce denier offre le même type que
le précédent, mais il est d'un faire tout différent ;
on distingue la branche de roses que le comte
tient de la main gauche.
Rev. MOne: . . . LIRB. Une rose.
PI. VII, no i3.
Notre collection.
. . . GCOMfl! . . . L'extrémité de la chaise est
surmontée d'une rose ou quatrefeuille.
(1) Lacomblkt, IV, p. 346.
m
289
Rev. . . . LiIMBSR . . . Une rose.
PI VII, n» 14.
Notre collection.
WIIiliQiLiMVS © GC ... La légende commence
par en bas, à la droite du comte. Le comte tient
une rose dans la main gauche.
Rev. MOnSrnz: cg3 nOV2ï <g3 m . . . Une
rose.
PI. VII, no i5.
Notre collection.
^ VILMVS '%> GCOM ^3 DS -3^ LIBGS %
Rev. ^ œonSrTTT # R0V7Î ^ LiIBSaVS-
PI. vu, n» i6.
Notre collection.
-^ WILM' a ô^ DG: cg. LIMB'.Ce denier, comme
ceux décrits plus loin, diffère des précédents par
la position que l'on donne au comte ; la tête est
placée contre le rebord de la pièce et la légende
continue sans interruption.
Rev. <S3 MORSrrT^ «5 RO' «3 LIMBVR'.
PI. VII. n» 17.
Revue belge de numismatique, 1863.
/^ WIIjM' GCO? DSLP B' Trois roses dans
la légende avant le nom du comte.
Rev. <5 MOner^TÎ <3 RO <3 LIMBVR'.
PI. VII, no 18.
Notre collection.
Obole n'offrant pas de légendes.
Le comte de face à mi-corps porte l'écu de
290
Limburg sur la poitrine et de la main droite
tient l'épée.
Rev. Heaume de profil avec deux branches
feuillues comme cimier.
Cette obole pourrait être de Thierry VI.
PI. VII, n» :g.
Notre collection.
wiiiffî' aom' — De: ° iJimBO°.
PI. VII, n" 20.
Notre collection.
Wllim? aom? — DS + LIMB'.
Rev. s MORSrrTÎ ^&^ nOV2î <^ LIÎI2BVRG.
PI. VII, no 21.
Notre collection.
WILM' aC — De lilMB'.
/e^ï;. «3 MonsnnTT ^ no? © ijIMbor'.
PI. VII, n° 22.
Notre collection.
C* Th. de Limburg-Stirum.
(.4 continuer.)
291
QUELQUES MONNAIES
R-A-RES OTJ IITÉrJITES
DE LA
PRINCIPAUTÉ D'ORANGE.
Planche VIII.
GUILLAUME LE TACITURNE, l544-l584.
M • N • G • III • P • AVR • C • N • i56o •
(Moneta nova Guillelmi III, princîpis Aurasicae,
comîtis Nassaviae.)
Croix à fuseaux dans un cercle à huit lobes fleu-
ronnés.
Rev. 'i< MANV • TENEBO • NASSAV • Dans
le champ, deux cornets et un lion.
Poids : igr.45.
PI. VIII, n» j.
Les monnaies de Guillaume le Taciturne sont
très peu nombreuses. Poey d'Avant, dans son
ouvrage sur les monnaies féodales de France, n'en
cite que deux, l'écu d'argent du Cabinet de la
Haye et la petite pièce de cuivre de la collection
Nogent Saint-Laurent, qu'il indique comme étant
une obole, mais qui est plutôt un liard, et dont il
292
donne une description inexacte à cause de son
mauvais état de conservation (i).
On ne connaissait jusqu'à présent aucune mon-
naie d'or de ce prince; l'exemplaire que je décris
peut faire supposer qu'il n'est que la fraction d'une
monnaie plus forte. En me basant sur le poids des
pièces d'or de Philippe-Guillaume, son succes-
seur, celle-ci serait, à quelques centigrammes près,
le quart de la pistole, ce qui fait supposer l'exis-
tence de la pistole et de la demie, car la fabrication
de la monnaie d'or n'a pas dû ne se borner qu'à
cette petite pièce.
La légende MANV TENEBO NASSAV n'a
pas été continuée telle quelle sur les monnaies
des successeurs de Guillaume le Taciturne. On
n'en retrouve qu'une variante sur un douzain de
Philippe-Guillaume, où le mot NASSAV est rem-
placé par PIET • ET • IVSTITIA •
PHILIPPE-GUILLAUME, I584-1618.
^ PHIL • G • I • D • G • PRINC • AVR •
COM • NA • Buste du prince à droite , des-
sous : F.
Rev. • SOLI • DEO • HONOR • ET • GLOR •
1617 • Ecusson portant dans ses partitions les
armes de Nassau, Catzenellenbogen, Vianden,
(1) L'exemplaire du Musée de Marseille un peu plus complet laisse
voir parfaitement le nom du prince G • III après les lettres M • N
{Moneta nova].
29^
Dietz, Chalon, Orange et Genève, dans le champ,
l'indice II-II.
Poids : ygr.e.
PI. VIII, no 2.
Poey d'Avant cite deux pièces du Cabinet de
France qu'il désigne sous les noms de pistole et
demi-pistole (n°* 4680 et 458i), mais comme il n'en
donne pas le dessin et qu'il renvoie comme
légendes et types à la pièce précédente (n° 457g),
qui est un teston, sa description insuffisante ne
donne aucune idée de ce que peuvent être ces deux
monnaies d'or. Si celle qu'il indique comme pis-
tole est de la dimension du teston, elle est incon-
testablement une quadruple. Celle du Cabinet de
Marseille que j'ai publiée dans la Revtie en 1873,
et que j'avais improprement appelée pistole, pèse
12 grammes 8 décigrammes. C'est le poids ordi-
naire des quadruples de Frédéric-Henri et du pape
Urbain VIII, lesquelles varient d'environ un
gramme, soit en plus soit en moins, car il y a
beaucoup d'irrégularité dans le poids de ces mon-
naies.
La pièce que je donne aujourd'hui est absolu-
ment au même type que la quadruple que j'avais
publiée ; elle diffère donc des monnaies d'or indi-
quées par Poey d'Avant. L'indice IIII placé dans
le champ semblerait indiquer qu'elle n'est que le
quart de la quadruple; cependant, son poids étant
de 7 grammes 6 décigrammes, me la fait désigner
commeen étant la demie. Dans ce cas, les pièces
294
de Frédéric-Henri, dont le poids varie entre
3 grammes 4 décigrammes et 5 grammes 3 déci-
grammes, seraient réellement des pistoles.
FRÉDÉRIC-MAURICE DE LA TOUR d'aUVERGNE,
PRINCE INTÉRIMAIRE, 1673-1679.
FRE • MAV • D • L • TO ' PR • AV • Buste du
prince à droite.
Rev ^ DENIER ^s TOVRNOIS %"s 1677. Trois
grandes fleurs de lys et une plus petite au-dessus
d'une petite tour.
PI. VIII, n" 3.
Ce revers porte une partie des armes de Frédéric-
Maurice qui étaient : Écartelé au i" d'azur, semé
de fleurs de lis d'or, à la tour d'argent, qui est La Tour ;
au 2^ d'or, à trois tourteaux de gueides, qui est
Boulogne ; au 3"* cotticé d'or et de gueules, qui est
Turenne ; au 4°* de gueules, à la fasce d'argent, qui
est Bouillon, et sur le tout Auvergne.
Ce denier tournois est bien différent de celui
que Poey d'Avant décrit sous le n" 4657 des mon-
naies de Frédéric-Maurice, auquel il donne le nom
de Godefroy, commettant ainsi une erreur de per-
sonne attendu que Godefroy-Maurice n'a jamais
été prince d'Orange. C'est son frère puîné, Fré-
déric-Maurice, qui devint le souverain de la princi-
pauté, par le don que lui en fit Louis XIV pour
l'indemniser des propriétés qu'il possédait dans
295
les Pays-Bas et que le prince Guillaume-Henri lui
avait confisquées.
Cette souveraineté, qui ne fut qu'intérimaire,
dura six ans; elle prit fin en 1679 lors du traité de
Nimègue, par lequel il fut stipulé que la princi-
pauté serait restituée à son prince légitime; mais,
les troupes du roi ayant été maintenues dans le
pays, Louis XIV resta en quelque sorte maître de
la principauté, puisqu'il y établit un gouverneur et
un commandant militaire. Toutefois, il laissa une
ombre d'autorité à ceux qui commandaient dans
l'État pour le prince d'Orange, mais cette autorité
était à peu près illusoire.
Poey d'Avant ne donne pas le dessin de ce
denier, dont la description est fautive par suite de
la lettre G qui commence la légende et à laquelle
il faut substituer le véritable nom du prince FRE-
deric.
Les premiers deniers fabriqués au nom de
Frédéric-Maurice offrent une particularité singu-
lière, c'est le buste jeune vêtu à la romaine qu'on
y a figuré et qui n'est nullement son portrait. Le
graveur a utilisé un poinçon qui avait déjà servi
pour Guillaume-Henri enfant; ce type connu était
un espèce de trompe-l'œil des monnaies de ce
prince. Ce n'a été que sur les émissions posté-
rieures qu'on a mis le buste de Frédéric-Maurice
coiffé d'une grande perruque, absolument comme
l'époque le comportait.
Les deniers à ce dernier type n'ont encore été
296
cités nulle part, du moins je n'en ai jamais vu la
description ni le dessin. En le publiant, je crois
devoir en faire connaître un autre très curieux et
tout à fait original.
TANDIS « n V ^% PVT. Buste de Frédéric-Mau-
rice semblable au denier précédent. (Deux lettres
illisibles.)
Rev. DENIER A PLAISIR • 1680 • Trois trèfles
simulant les fleurs de lis.
PI. VIII, n» 4.
On rencontre parfois dans les suites monétaires
des pièces bizarres qui constituent de véritables
énigmes: tel est le cas de ce denier dont je n'ai pu
trouver le sens de la légende qui entoure la tête et
qui est bien celle de Frédéric-Maurice. Le revers
est doublement curieux. Au lieu de représenter les
armes de ce prince, qui se composent de la tour et
du semé de fleurs de lis, on y voit les trois trèfles
qui se trouvent sur les deniers de Guillaume-Henri
et de ses prédécesseurs, de plus, il porte la
date 1680. Or, à cette époque, Frédéric-Maurice
n'exerçait plus aucune autorité dans la principauté
et ne pouvait plus y émettre des monnaies à son
effigie.
La légende DENIER A PLAISIR indique bien
que ce denier n'était pas destiné à la circulation,
mais il est bien singulier d'y voir les trèfles de
Guillaume-Henri au revers du buste de Frédéric-
Maurice et une date qui n'a plus de raison d'être
297
pour ce dernier prince. Ces particularités font de
cette pièce une curiosité numismatique qu'il est
bon de signaler, quoiqu'elle ne tire pas beaucoup
à conséquence.
Laugier.
Année 1896.
298
LA NUMISMATIQUE
DU
JUBILÉ DE SAINT ROMBAUT A MALINES
E3Sr IT'T'S
Après des siècles d'agitations et de luttes inces-
santes, nos provinces avaient vu renaître enfin,
sous le gouvernement bienveillant des princes de
la maison d'Autriche, une ère de paix et de tran-
quillité. Le règne bienfaisant de Marie-Thérèse,
l'administration sage et éclairée de Charles de Lor-
raine vinrent mettre un baume sur nos blessures,
faire revivre notre commerce, favoriser l'essor des
arts, et rendre à notre vie intérieure son ancien
cachet de richesse et de luxe. Certes, le temps
n'était plus où l'opulence inouïe de notre bour-
geoisie forçait l'étonnement et l'admiration des
cours étrangères; mais les populations de nos
villes, entourées des splendeurs du passé, vivant
au milieu des monuments somptueux qu'avaient
édifiés nos pères, étaient restées, comme eux,
éprises de luxe. Le peuple aimait à voir se dérou-
ler dans les rues, à l'ombre des édifices superbes,
des fiers palais communaux et des grandioses
'■■r^
299
cathédrales, les cavalcades brillantes qui faisaient
revivre à ses yeux les gloires des temps passés. Il
aimait à revoir les riches costumes aux couleurs
chatoyantes, les cavaliers élégants caracolant
autour des chars somptueux, les nobles dames aux
riches atours, les gens de guerre à l'allure martiale,
rappelant les communiers d'autrefois. Le clergé,
si puissant à cette époque, ne dédaignait pas de
s'associer à ces fêtes du peuple, et, souvent, on le
voyait organiser des cortèges religieux, où. le luxe
de la bourgeoisie se confondait avec la pompe
majestueuse de l'Eglise romaine.
Malines, siège d'un archevêché, dut être —
naturellement — l'une des villes de Belgique où
les cortèges religieux furent organisés le plus fré-
quemment, et avec le plus de succès. Cette ville
avait de tout temps consacré un culte spécial à
saint Rombaut, son patron et son fondateur,
mort, dit-on, en 775. Dix siècles plus tard, on
songea à célébrer le millénaire de cet événement
par une cavalcade dont l'éclat est attesté par les
historiens du temps (i). Les dimensions de notre
modeste travail ne nous permettent pas de rap-
porter ici les détails, assurément fort intéressants,
qui nous ont été obligeamment communiqués au
(i) Voir le récit détaillé de la cavalcade et des fêtes qui eurent lieu
à Malines dans : Gedenk-schriften dienende tôt ophelderinge van
het leven, lyden, wonderheden ende duysent jaerige eer-bewysinge
van den heyligen Rumoldus , door I. I. Demunck. Mechelen, by
Joannes-Franciscus Vander Elst, 1777.
-•-oo
sujet des fêtes mémorables de 1775. Nous devons
nous borner aux seuls faits qui présentent un
intérêt spécial, au point de vue de la numisma-
tique.
Les gildes malinoises, dans le but de rehauSvSer
autant qu'il était en leur pouvoir l'éclat du jubilé,
avaient conçu le projet d'organiser des concours
de tir, et leur premier soin, naturellement, fut
de s'adresser au magistrat dans le but d'obtenir
un large subside. Celui-ci ne se laissa pas trop
tirer l'oreille ; il se montra disposé à octroyer le
subside sollicité et il chargea son secrétaire, le
sieur Vanderlinden, de présenter une requête au
Conseil des finances pour obtenir l'autorisation
de faire frapper, à la Monnaie de Bruxelles, un
certain nombre de médailles en argent doré, qui
devaient porter, au droit, le buste du gouverneur
général et, au revers, un trophée aux armes de
Malines, entourées des attributs des gildes.
Quelques jours plus tard, Vanderlinden fit con-
naître qu'après avoir obtenu du Conseil des finan-
ces l'autorisation de faire frapper le nombre de
jetons d'argent qu'on jugerait nécessaire, il s'était
rendu à Bruxelles auprès du sieur Marquart, wa-
radin de la Monnaie, et, aidé de ce fonctionnaire, il
avait examiné les différents coins ayant servi anté-
rieurement à reproduire le buste du gouverneur
général : l'un d'eux fut trouvé d'un module conve-
nable pour l'exécution de la médaille projetée (i).
(1) Le coin sur lequel Vanderlinden et Marquart fixèrent leur choix
3oi
Le waradin, qui s'était chargé de faire graver le
coin du revers portant l'écu aux armes de Malines
et la date du jubilé, s'engageait à prendre sur lui
tous les soins que demandait cette affaire ; mais il
désirait connaître le nombre exact de médailles
dont on avait besoin. Le conseil délibéra et décida
de faire frapper provisoirement trente-six jetons
d'argent qui, d'après l'estimation du waradin,
devaient revenir, tous frais compris, à environ 2
ou 3 florins la pièce. Mais cette décision étant
prise, la pensée vint apparemment au magistrat
de Malines qu'un simple jeton en argent doré était
peut-être une amorce un peu maigre, insuffisante
pour déterminer les gildes étrangères à accourir à
Malines. Or, on voulait les avoir en grand nombre,
on voulait attirer aux fêtes une grande affluence
de monde, et les gildes désiraient rendre aussi
alléchantes et attractives que possible les invita-
tions et circulaires, qu'elles comptaient distribuer
à profusion. Le magistrat, ayant pesé toutes ces
considérations, chargea son secrétaire de s'infor-
mer si la médaille projetée ne pouvait être exécu-
tée en or, pour le prix de trois ou quatre doubles
souverains.
Vanderlinden s'en retourna donc auprès du
waradin, l'instruire du nouveau desideratum de
l'édilité malinoise. Celui-ci ayant répondu qu'il
est celui qui a servi de droit au jeton gravé, en 1771, par Roéttiers.
pour le phare d"Ostende. — Médailles de Marie-Thérèse, w 242,
p. 339. — PioT. Catalogue des coins de l'État, n° 889, p. 99.
3o2
lui était défendu d'employer de l'or sans une auto-
risation expresse, le zélé secrétaire courut immé-
diatement chez le Trésorier général, qui accorda
gracieusement la dite autorisation, et fit envoyer
des ordres en conséquence à la Monnaie.
L'après-midi du même jour, nouvelle visite de
Vanderlinden auprès du waradin Marquart, qui,
cette fois, accepta de faire ce qu'on lui demandait.
Il lui était cependant arrivé un mécompte : un
premier coin du revers s'était fendu lors de la
trempe, et il avait été obligé d'en faire graver un
autre. Il promit, aussitôt que ce second coin serait
en sa possession , d'envoyer à Malines une
empreinte de la médaille, avec le prix de revient
de chaque exemplaire en or.
Le magistrat de Malines eut lieu d'être satisfait
de la célérité avec laquelle le sieur Marquart
s'acquitta de la mission qui lui avait été confiée :
car, tandis que la commande avait été faite le
29 mai, déjà le conseil, en sa séance du 12 juin,
soit quinze jours après, avait sous les yeux le coin
de la médaille destinée à être offerte aux gildes.
Le waradin, en envoyant le coin, avait fait savoir
que la médaille aurait une valeur de trois doubles
souverains d'or, non compris les frais résultant
de la gravure et de la frappe. Ce prix étant con-
forme à celui fixé par la délibération du 8 juin, le
magistrat fit la commande de six exemplaires
en or.
Notre obligeant ami M. Alphonse de Witte, au
3o3
cours des patientes recherches qu'il fait constam-
ment aux archives, a retrouvé l'autorisation don-
née, le 19 mai, au commissaire de la Monnaie
Vanderveld, de faire procéder à cette fabrication.
Il a, en outre, découvert que, le magistrat de Ma-
lines ayant réclamé presque immédiatement un
plus grand nombre de médailles, il fut frappé en
réalité, le 19 juin, huit exemplaires d'or et trente-
sept d'argent, comme l'établit le compte du maître
de la Monnaie de Bruxelles, Thomas van der Mot-
ten. Cependant, M. Henry Cordemans, qui a bien
voulu faire pour nous des recherches dans les
comptes de la ville de Malines, n'a trouvé mention
que d'une somme de 370 florins i3 sous, pour le
paiement des six premières médailles d'or et n'a
rien pu découvrir quant au paiement des deux
autres, ni quant aux trente-sept médailles d'ar-
gent.
Comme on pourra le voir plus loin, la ville n'a,
en effet, distribué que six médailles d'or aux diffé-
rentes gildes, et puisque, ni dans les comptes
communaux, ni dans les résolutions du magistrat,
on ne trouve de traces soit du paiement, soit de
l'emploi des médailles faisant l'objet de la fabri-
cation supplémentaire, je crois qu'il faut en con-
clure que les deux médailles d'or et les trente-sept
médailles d'argent ont été payées et employées
par un tiers.
Dès que la ville fut en possession des médaillen
d'or, elle les confia à l'orfèvre Van Campenhout,
3o4
pour y ajouter des bélières du même métal et un
ruban de soie jaune et rouge, aux couleurs de
Malines. Le conseil décida en même temps de
donner, à titre de gratification, au directeur de la
Monnaie, un double souverain d'or et un jeton
d'argent, comme témoignage de reconnaissance
pour l'avance faite par ce fonctionnaire du métal
nécessaire à la fabrication des pièces (i).
Les jeux furent inaugurés le 28 juin par la gilde
de la Vieille Arbalète : aux frères de Tirlemont
échut la médaille en or attribuée à la gilde venue
de la ville la plus éloignée, tandis que ceux de
Lierre obtinrent la médaille réservée à la gilde qui
avait déployé le plus de luxe par le nombre de ses
membres et par la richesse de ses costumes. Le len-
demain, les deux gildes malinoises de la Vieille
et de la Jeune Arbalète, vinrent également recevoir
sur le perron de l'hôtel de ville, chacune, un exem-
plaire en or de la même médaille.
Les couleuvriniers, auxquels étaient destinés
deux exemplaires, se rendirent le 5 juillet à l'hô-
tel de ville, précédés de leurs insignes et d'un
corps de musique. Pour les couleuvriniers comme
pour les arbalétriers, ce furent les frères de Lierre
qui reçurent la médaille d'or attribuée à la gilde
la plus luxueusement costumée, tandis que les
Termondois, qui étaient venus de la ville la plus
éloignée, emportèrent la dernière des six médailles
^solutions du magistrat de Malines, tolio 1 13.
.
?o5
Il nous a naturellement été impossible de con-
naître le sort réservé à la plupart de ces médailles.
De Munck (i), cependant, nous apprend que la gilde
des arbalétriers de Lierre offrit sur l'autel de saint
Gommaire, patron de la ville, la médaille d'or
qu'elle avait obtenue à Malines. Cette médaille fut
portée par une jeune pucelle, sur un plateau d'ar-
gent, et remise au sieur Van Brand, marguillier,
pour être pendue au reliquaire de saint Gommaire.
Le lendemain, la gilde des couleuvriniers revint
également de Malines avec un autre exemplaire
de la même médaille, qu'elle pendit au reliquaire
du même saint. Quelque temps après, les frères des
deux gildes firent orner les médailles ; les arbalé-
triers y ajoutèrent une chaîne en or, qui venait se
rattacher à la médaille par une couronne traversée
de deux flèches.
Nous ignorons combien de temps ces deux sou-
venirs du jubilé restèrent la propriété de l'église
de Lierre; toujours est-il qu'actuellement ils ont
disparu, ayant eu probablement le sort de tant
d'autres objets d'art, détruits, perdus, dispersés
dans la tourmente révolutionnaire de la fin du
siècle passé. S'il ne nous a pas été donné de trou-
ver trace d'aucun exemplaire en or, nous avons
été plus heureux en ce qui concerne les exemplai-
res d'argent; car nous avons pu en acquérir un
pour notre collection, et il nous est arrivé d'en
(i) De Munck, Gedenk-Schnften , etc. Supplément, pp. 35 et 36.
3o6
rencontrer d'autres exemplaires. Les comptes de la
Monnaie, qui ne renseignent que la frappe de trente-
sept médailles en argent, viennent d'ailleurs proU'
ver la rareté relative de la pièce.
Les comptes de la ville de Malines ne nous
apprennent pas le nom de l'artiste qui a gravé le
revers de la médaille qui nous occupe. Ce qui est
certain, c'est qu'il n'est pas dû au burin de Van
Berckel : il suffit de l'examiner pour se convaincre,
sans aucun doute possible, que cet artiste y est
resté étranger. S'il m'est permis d'émettre une
opinion, qui, à la vérité, ne repose sur aucun
document, je dirai que cette pièce, à mon sens, a
été gravée par Marquart lui-même. Marquart
était graveur, à ce qu'il paraît. C'est à lui que le
magistrat de Malines s'est adressé directement
pour faire frapper cette pièce. Il y a par consé-
quent lieu de croire qu'il en est l'auteur. Ce qui
est certain à nos yeux, c'est que la médaille gravée,
en 1775, aux armoiries de Christophe, baron de
Bartenstein, est due à l'artiste qui a produit notre
médaille jubilaire. On retrouve, dans l'une comme
dans l'autre, la même sécheresse dans le dessin,
avec le même écu se détachant sur des ornements
qui, groupés tout autour de façon maladroite, ne
parviennent pas à s'allier entre eux pour donner
de l'unité au travail.
Voici, maintenant, la description de la médaille
dont le droit est, comme nous l'avons dit, le même
que pour le jeton gravé, en 1771, par Roëttiers
3o7
pour le phare d'Ostende,à l'exception de la date,
qui a été enlevée après la frappe.
Au droit, le buste du gouverneur général Charles
de Lorraine, cuirassé et drapé du manteau de
l'ordre teutonique; sur la coupure du bras, la
lettre R, initiale de Roëttiers. Légende : CAR •
ALEX • LOTH • DUX • BELG • PR^F.
Rev. Armes de Malines : d'or à trois pals de
gueules, ayant sur le tout, en .cœur, un petit écu
à l'aigle de l'empire. L'écu est surmonté d'une
couronne comtale et entouré de branches de lau-
rier, de drapeaux, d'arbalètes et d'autres attributs
des gildes. Légende : ANNO JUBIL.EI M • DCC •
LXXV • S • P • Q • MECHLIN •
Cette pièce est gravée, mais imparfaitement,
dans De Munck, loco citato, page 284. Le coin du
revers fait partie de la collection des coins de l'Etat
et est catalogué dans la 2* édition sous les n"' 940
et 941.
*
* *
I^a médaille que nous venons de décrire n'est
3o8
pas le seul monument qui ait vu le jour à l'occa-
sion du millénaire de la mort de saint Rombaut.
De Munck nous apprend que, pendant la période
des fêtes, on vendait des exemplaires, en or et en
argent, d'un jeton frappé en Hollande, portant, au
droit, le buste du saint et, au revers, la pucelle de
Malines appuyée sur un écu aux armes de la ville.
L'administration communale fit également usage
de ce second jeton dans les circonstances sui-
vantes. En séance du 12 juillet 1775, le trésorier
avait fait connaître au conseil qu'il avait trouvé
dans les comptes de la ville des documents d'où
résultait que précédemment les enfants qui avaient
participé à la cavalcade avaient reçu de la part de
la ville un paquet de sucre de la valeur d'un florin.
Le trésorier trouvait bon de continuer à donner
un petit présent aux enfants, mais il estimait que,
ceux-ci étant très souvent incommodés par le
sucre, il semblait préférable de donner à chacun
d'eux un jeton en argent. Ce don, un peu plus
coûteux, avait cet avantage, suivant l'observa-
tion profonde du sage trésorier, d'être de beau-
coup plus agréable aux parents, qui avaient à
supporter la dépense considérable des costumes
d'apparat de leurs enfants.
Le conseil, après avoir entendu le rapport du
trésorier, décida de le prier de s'informer par
lettre du prix que devait coûter chaque exemplaire
du jeton proposé, et, pour le cas où ce prix ne
dépasserait que d'un ou deux sous la valeur d'un
3o9
paquet de sucre, il décida que l'on distribuerait
des jetons commémoratifs.
Il est assez intéressant, par parenthèse, d'ob-
server que cette coutume de distribuer en de sem-
blables occasions du sucre aux enfants existe
encore de nos jours dans certaines villes. C'est
ainsi notamment qu'à Louvain, à chaque sortie
annuelle des processions paroissiales, il est distri-
bué aux enfants qui ont figuré dans le cortège
quelques menues dragées.
Le 17 juillet, le trésorier Poullet fit connaître
que chaque jeton ne reviendrait pas à moins de
vingt-six et demi sous la pièce, ce qui dépassait
de six sous et demi le prix de chaque paquet de
sucre : or trois cent quarante enfants avaient
droit au jeton, ce qui faisait pour la ville une aug-
mentation de dépense de cent dix à cent douze
florins. Le conseil résolut néanmoins d'autoriser
le sieur Poullet à commander le nombre voulu de
jetons, attendu que le jubilé ne se célébrait que
tous les cent ans et que la mémoire de cet événe-
ment ne pouvait être mieux conservée que par un
jeton ; de plus la ville avait fait de beaux bénéfices,
grâce au grand nombre d'étrangers que les splen-
deurs de la cavalcade avaient attirés à Malines.
Le magistrat s'étant montré si large et si géné-
reux vis-à-vis des enfants, d'autres demandes ne
tardèrent pas à se produire. C'est ainsi que nous
voyons, le 24 juillet, le préfet du collège des Ora-
toriens réclamer trois ou quatre jetons en récom-
3io
pense des services qu'il avait rendus pour l'orga-
nisation et la direction du cortège. Le conseil, en
veine de générosité, fit droit à cette demande.
Après avoir obtenu pour son propre compte
quelques jetons d'argent, et encouragé par ce
premier succès, le préfet du collège des Orato-
riens fit une nouvelle demande à la ville, dans
le but d'obtenir quelques jetons pour être distri-
bués aux lauréats des concours. Le préfet préten-
dait que ses élèves avaient consacré tout leur
temps aux préparatifs de la cavalcade et que, par
suite, il avait dû renoncer à l'idée de leur faire
représenter une petite pièce théâtrale le jour de la
distribution des prix ; dans ces conditions, il crai-
gnait de ne pouvoir trouver un Mécène qui voulût
offrir des prix, et il lui semblait convenable, de la
part du magistrat, d'exciter l'émulation parmi les
élèves en distribuant quelques jetons. Il suffisait
de vingt-trois ou vingt-quatre médailles pour
satisfaire à la demande du préfet, et le conseil,
après avoir entendu les explications du bourg-
mestre, autorisa le trésorier à se les procurer en
Hollande aux frais de la ville.
Le jeton dont nous parlons se trouve gravé
dans De Munck, page 284, n° 2. Nous avons jugé
nécessaire de le reproduire ici, attendu que la
gravure en laisse énormément à désirer et que,
d'ailleurs, peu de bibliothèques privées possèdent
cet ouvrage.
Au droit, l'on trouve le buste de saint Rombaut,
3ii
à droite, entouré de la légende : S • RUMOLDUS
MART • MECHLIN • PATRON •
Au revers, la Ville de Malines, une couronne
murale sur la tête, appuyant le bras droit sur un
écu ovale à ses armes. Dans la main gauche elle
tient un encensoir, dans la droite, une croix et la
palme des martyrs. A l'exergue MeChLInIa. Lé-
gende du tour : PraesULI sUo DeVota JUbILat.
Les coins du droit et du revers font actuelle-
ment partie de la collection de l'Etat Belge et
sont catalogués sous les n°' 942 et 943.
Il est hors de doute que le jeton qui nous occupe
en ce moment n'ait été gravé par Théodore Van
Berckel : le plus simple examen de la pièce
démontre que ce grand artiste en est l'auteur;
mais comme en numismatique, de même qu'en
toute autre science, abondance de preuves ne nuit
pas, je ferai remarquer, d'une part, que dans les
Résolutions dti magistrat de Malines, folio 119, il
est dit que les jetons ont été fabriqués en Hol-
lande et, d'autre part, que les coins ont été acquis
par l'Etat des descendants de Van Berckel, lors
de l'achat d'une grande partie de coins gravés
3ia
par cet artiste. Le compte communal de Malines
de 1775, registre 1452, folio i57, nous apprend
qu'il a été payé au sieur PouUet une somme de
5ii florins i3 sous 6 deniers pour le rembourse-
ment du paiement fait par lui de quatre cent quatre
jetons d'argent à 22 sous pièce, argent courant de
Hollande.
Le jeton qui vient d'être décrit se rencontre fré-
quemment en argent. Nous ne l'avons jamais vu
en or, quoique De Munck nous dise que pendant
les fêtes on vendait de ces jetons en or et en argent.
Nous ne connaissons d'autre exemplaire en cuivre
que celui que nous avons pu acquérir il y a peu de
temps à une vente publique à Malines.
Avant de terminer, il nous reste à adresser nos
plus sincères remerciements à M. Henry Corde-
mans, de Malines, pour la rare complaisance avec
laquelle il a bien voulu nous laisser mettre à profit
ses patientes et fructueuses recherches dans les
archives de la ville de Malines.
Victor De Munter.
Audenarde, le 7 mars 1896
LE NOM DE JÉSUS
EMPLOYÉ COMME TYPE
SUR LES MONUMENTS NUMISMATIQUES DU XV^ SIÈCLE
PRINCIPALEMENT EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS.
Planche IX.
Au milieu des calamités de toutes sortes, sans
nombre et sans mesure, qui s'appesantirent sur
l'humanité au cours du xv* siècle, la dévotion
envers le nom de Jésus se montra et se propagea
comme un remède souverain. Quiconque avait foi
en elle et la professait par les manifestations d'un
culte extérieur, comme, par exemple, le port d'une
image ou d'une enseigne représentant ce nom sous
un type convenu, devait avoir l'espoir d'être moins
éprouvé, quand il n'avait pas celui de se trouver
à l'abri de tous les fléaux.
Le rôle de saint Bernardin de Sienne, dans ce
qui se fit pour l'établissement de cette dévotion, est
aujourd'hui bien connu. Ce que, généralement, on
n'ignore pas non plus, c'est que saint Bernardin de
Sienne, l'une des gloires de l'Eglise au temps même
où il vécut, était un religieux de saint François, de
ceux dits de l'Observance, ou Observantins.
Nous ne saurions nous dispenser de luiconsacrer
Année 1896. 32
3i4
toutd'abordquelquespages, àproposdelaquestion
que nous avons l'intention de traiter. Le sujet en
vaut d'ailleurs lapeine, ayant été jugé assez intéres-
sant pour trouver place, au moyen de quelques pré-
cautions littéraires, jusque parmi les matières sou-
mises aux lecteurs de la Revue des Deux Mondes (i).
Notre saint avait vu lejour à Massa,ville de l'Etat
Siennois, le 8 septembre i38o, fête de la Nativité
Notre-Dame, comme si ce dût être un gage du culte
de marque pour la Vierge Marie, qu'il professerait
toute sa vie. Il commençait, en 1403, son année de
probation, qu'il passa dans un couvent d'Italie,
et il célébrait sa première messe en 1405 (2).
Dégagé de ces premiers soins, le nouveau moine
songea à rendre sa vie utile à tous par le dévelop
pement de son inclination pour la prédication
publique.
Longtemps, et dans la mesure de ce que lui per-
(1) Jeanne d^ Arc et les Ordres mendiants, par M. Siméon Luce ;
mémoire inséré dans la Revue des Deux Mondes, fascicule du
i«' mai 1881. — Mentionnons, en outre, l'étude, d'un attrait si vif et
si soutenu, que M. Thlreau-Dangin, de l'Académie française, vient
de faire paraître (en un beau volume in 18» de XIII-328 pages) au sujet
de S. Bernardin de Sienne, de ses travaux et de ses dévotions, le tout
sous le titre suivant : Un prédicateur populaire dans l'Italie de la
Renaissance. Paris, Pion, i8g6.
(2) Les Vies des Saints (par Adrien Baillet), édition de Paris,
1724, in-f^, t. II ; rubrique du 20 mai, col. 334- — Ayant ici à citer un
hagiographe, sans vouloir entrer dans des détails fastidieux pour celui
qui nous lirait, et plus que superflus pour notre but, nous avons choisi
Baillet, de préférence à tous autres, cet auteur étant particulièrement
connu pour sa concision et pour l'autorité de sa critique.
3i5
mettait l'accomplissement de ses obligations quo-
tidiennes, il travailla à se perfectionner dans la
pratique de cet art tout de dévouement. « Il se
préparoit au ministère de la prédication, écrit
Baillet (i), dans le silence, la retraite et la médita-
tion continuelle de la parole de Dieu.... Quatorze
ans se passèrent dans ces premiers essais, jusqu'à
ce qu'étant venu prêcher à Milan [1418], les applau-
dissements extraordinaires qu'il y reçut commen-
cèrent cette haute réputation à laquelle on le vit
arriver depuis... »
Il avait reçu du ciel, « avec les talents extérieurs
du geste et de la voix, toutes les qualités qui pou-
voient rendre un prédicateur accompli : une intel-
ligence profonde des Saintes-Ecritures,... une
imagination vive et brillante, une facilité de conce -
voir promptement, de s'exprimer avec autant
d'élégance que de force. On ne parloit par toute
ritalie que des fruits surprenans de sa prédication,
de conversions miraculeuses, de renoncemens au
monde procurés par son moyen... »
On cite, comme ayant été principalement le
théâtre de ses prédications et de ses succès mer-
veilleux. Plaisance, Bergame, Vérone, Venise,
Milan, Bologne, Modène, Florence, Lucques,
Pérouse, et bien d'autres endroits encore dont
nous omettons les noms pour abréger. Mais s'il est
une ville que nous ne devons pas oublier, dans
nos mentions, c'CvSt Rome, à cause de faits qui
(1) Ibid., col. 335.
3i6
sont ici du plus sérieux intérêt, comme se rappor-
tant aux pratiques de vénération du saint, à l'égard
du nom divin dont il a introduit le culte. Nous
copions encore :
« Ce fut en cette ville (de Rome) que l'envie des
médisans, qui le poursuivoit partout, fit de nou-
veaux efforts pour ruiner sa réputation [1427]. Des
personnes mal intentionnées l'accusèrent devant le
pape Martin V d'avancer beaucoup de choses
téméraires et de nouveautés dangereuses dans ses
sermons. N'ayant pu réussir à décrier sa morale,
qui n'étoit autre que celle de l'Evangile, ni à le
convaincre d'aucune erreur dans ses dogmes sur
les mystères, comme ils se l'étoient promis, ils se
trouvèrent réduits à lui objecter pour tout crime
qu'il portoit ses auditeurs à adorer le nom de
Jésus, sous prétexte qu'en prêchant il tenoit sou-
vent à la main un petit tableau où ce saint nom
étoit écrit en lettres d'or environnées de rayons.
Le pape voulut l'entendre dans ses défenses, et il
fut si satisfait de ses raisons et de toute sa conduite,
qu'il l'exhorta à continuer l'ouvrage du Seigneur,
où il travailloit avec tant de succès... » (i).
Le nom divin, que nous venons de voir inscrit
en lettres d'or au centre d'un cercle de rayons
éblouissants, ce que l'on appelle une gloire dans
le langage emblématique de l'art religieux, tel
fut le symbole originaire et constant sous le cou-
(i) Baillet, ibid., col. 336.
vert duquel la dévotion envers ce même nom fit,
dès le début, de si rapides et gigantesques progrès.
Il serait d'ailleurs assez difficile, pensons-nous,
de préciser à quelle époque, entre 1405 et 1427,
l'ardent et pieux cordelier a commencé à utiliser
dans ses sermons, ou à exposer à la suite de ses
sermons, le tableau dont il vient d'être parlé.
Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas à suivre
avec détail l'hagiographe dans les circonstances
qu'il relate de la vie et, pourrait-on dire, de l'apos-
tolat de ce même religieux. Il nous suffira d'ajouter
encore, d'après Baillet, que Bernardin de Sienne,
après s'être vu porté, non sans la plus vive oppo-
sition de sa part, aux fonctions les plus élevées de
son ordre (i), et aussi après avoir, à maintes
reprises, décliné l'honneur de l'épiscopat, que lui
offrait avec insistance le Saint-Siège, mourut à
Aquila le 20 mai 1444, en tournée de prédication,
et dans l'état le plus complet de pauvreté mona-
cale; qu'il fut canonisé en 1450, et que le pape
Nicolas V célébrait solennellement sa canoni-
sation le 25 mai de cette année.
En raison de l'intérêt des faits, sous le rapport
(1) En 1438, il avait, à son grand désespoir, été nommé et reconnu
«vicaire général de l'ordre pour toutes les maisons ou couvents de
Saint-François, dans l'Italie, que l'on appeloitde l'Observance». Aussi
longtemps qu'il conserva la charge de cette fonction, il y rendit les
plus grands services à la cause de la religion ainsi qu'aux institutions
de saint François, dont il procura la réforme et le développement.
(Baillet, loc. cit., col. SSy et 338.)
3i8
de la dévotion au nom sacré de Jésus, nous devons
revenir pour quelques instants sur les circon-
stances de la cause dénoncée au Saint-Siège
en 1427, en vue de ruiner le crédit dont jouissait
à Rome le fidèle disciple, le fils spirituel dévoué
de saint François d'Assise. L'étude très remar-
quable de M. Siméon Luce, à laquelle nous avons
déjà eu l'occasion de nous référer dans une note,
nous fournira, cette fois, l'élément de nos obser-
vations. Nous ne pouvons assurément mieux faire
que de laisser au savant académicien lui-même
le soin de s'exprimer (i) :
« Au commencement de 1427, Bernardin prê-
chait le carême à Viterbe, lorsqu'il fut invité par
le Saint-Père à se rendre immédiatement à Rome
pour y répondre à une accusation d'hérésie. On
avait dénoncé au pape Martin V, comme entachée
d'idolâtrie, cette dévotion aux images ou représen-
tations matérielles du nom de Jésus que le pieux
cordelier s'efforçait d'introduire. Les principaux
auteurs de ces dénonciations étaient des frères
prêcheurs et des ermites de Saint-Augustin (2),
qui avaient compulsé avec le plus grand soin tous
(1) Voir dans la Revue des Deux Mondes, fascicule du i«r mai i88i,
p. 73, au mémoire mentionné plus haut.
(2) Aux époques dont il s'agit, il n'arrivait que trop souvent que des
religieux de différents ordres fussent en guerre les uns contre les
autres, pour des questions de doctrine ou de rivalité, ce qui s'est parti-
culièrement produit entre les frères prêcheurs, ou dominicains, et les
cordeliers, ou franciscains,
les écrits de Bernardin de Sienne afin d'y trouver
des chefs d'accusation contre lui. Les cordeliers,
comprenant qu'on les voulait frapper dans la per-
sonne du plus illustre d'entr'eux, se levèrent tous
comme un seul homme pour détourner le coup
qui les menaçait. Jean Capistran et Mathieu
Cimarra (i) accoururent à Rome, où ils avaient à
cœur de concourir à la défense de leur maître...
» Capistran se trouvait alors à Aquila, sa
patrie. Aussitôt qu'il apprend l'accusation qui
pèse sur Bernardin de Sienne, il arbore une ban-
nière où resplendit le nom de Jésus, et décide sans
peine un certain nombre d'habitants de sa ville
natale à le suivre. En chemin, son escorte se gros-
sit peu à peu de tous les fidèles zélés qu'il ren-
contre et qu'il entraîne sur ses pas. Lorsqu'il fait
son entrée dans Rome, cette escorte est devenue
une armée. Capistran, qui porte la sainte ban-
nière, s'avance le premier, et ses prosélytes le
suivent en chantant un cantique composé en l'hon-
neur du nom de Jésus. . . Electrisés par ce spectacle ,
les Romains eux-mêmes s'empressent de se joindre
à la manifestation et la rendent ainsi plus impo-
li) Le Napolitain Jean de Capistran et le Sicilien Mathieu Cimarra,
étaient tous les deux « des principaux disciples de saint Bernardin de
Sienne ». L'un comme l'autre, ils « contribuèrent surtout à propager,
chacun dans le pays d'où il tirait son origine, la doctrine du maître. »
(SiMÉON Luge, dans la Revue des Deux Mondes, loc. cit., p., 72.) Il va
de soi que, dans ce que l'on entend ici par la doctrine du maître, la
dévotion envers le nom de Jésus n'est pafe oubliée.
320
santé... Du reste, l'issue du procès de 1427 fut
entièrement favorable à Bernardin de Sienne. A la
suite d'un débat contradictoire, la cour de Rome
reconnut solennellement l'orthodoxie des prati-
ques recommandées par le prédicateur de Viterbe,
et le culte extérieur rendu au nom de Jésus, soit
seul, soit associé au nom de Marie, fit dès lors
partie intégrante de la liturgie catholique (i). La
victoire remportée par Bernardin de Sienne sur
ses adversaires fut considérée par les frères mi-
neurs comme un triomphe de l'ordre tout entier...
Les vicaires provinciaux, les prieurs de couvents,
les simples religieux, qui assistèrent au chapitre
de Verceil [8 juin 1427], furent invités à user de
toute leur influence afin de propager dans les
diverses parties de la chrétienté la dévotion au
nom de Jésus. Entraînés par l'exemple de leurs
frères d'Italie, les observants cismontains se
(i) Le récit émouvant qu'on vient de lire ne doit pas empêcher de
prendre en sérieux intérêt ce que Baillet dit de saint Jean de Capis-
tran, dans la vie de ce dernier : « 11 se tenoitdans un commerce conti-
nuel avec Dieu, auquel il tâchoit. de s'unir encore plus étroitement par
le repos de l'oraison mentale et de la contemplation ; il n'en sortoit que
pour secourir les malades dans les hôpitaux, et pour aller prêcher la
parole de Dieu : ei il se rendit le disciple de saint Bernardin de Sienne
par le désir de se perfectionner dans ce saint ministère. Il suivit de fort
près les vestiges d'un tel maître ; et, non content d'être devenu le secta-
teur de sa vertu et de sa doctrine, il se fit encore son apologiste, et
alla exprès à Rome pour le défendre devant le Pape et les Cardinaux,
contre les calomnies de ceux qui l'accusoient d'enseigner des erreurs
en prêchant la dévotion au saint nom de Jésus...» {Les Vies des Saints,
t. m de l'édition citée, coi. Syi de la partie d'octobre.)
^21
mirent aussitôt à l'œuvre pour répandre autour
d'eux cette dévotion nouvelle... Un des mission-
naires qui se dévouèrent en France à la propa-
gande franciscaine, le seul dont l'histoire ait con-
servé le souvenir, fut le célèbre Frère Richard...»
Rappelons que ce Frère Richard, dont le nom
se mêle dès la fin de 1428 aux événements histo-
riques de l'époque de Charles VII (i), est une con-
naissance de date ancienne déjà dans les études
numismatiques, envisagées notamment au point
de vue des méreaux, ainsi que des enseignes et
médailles religieuses. Voilà près de soixante ans
que Leber, dans son Coup d'œil sur les médailles de
plomb, etc. (2), appelait l'attention sur la person-
nalité de ce prédicateur populaire et particulière-
ment actif, qui, sous le règne encore mal établi
de Charles VII, voulut, par sa présence et l'in-
fluence de sa parole parmi les troupes du roi,
(1) Ce fut d'abord, suivant des appréciations qui paraissent être
fort justes, vers F Avant de Noél 1428, « pendant la seconde quinzaine
de décembre », au cours d'une mission prêchée par ce cordelier, dans
les Diocèses de Troyes et de Châlons en Champagne, mission dont
l'objet, dans un langage à mots plus ou moins couverts, n'aurait pas
été, suppose-t-on, moins patriotique que religieux. (Siméon Luge, loc.
cit., pp. 75 et 76.)
(2) Ce travail a paru à Paris en 1837, et comme Introduction, en tête
du curieux ouvrage du Docteur Rigollot sur les Monnaies inconnues
des Evêques, des Innocents, des Fous et de quelques autres associations
singulières du même temps. Le volume, bien qu'ayant vieilli à certains
égards, n'en a pas moins conservé un grand intérêt tant pour le texte du
principal auteur que pour l'Introduction de Leber, dont nous aurons à
reparler,
322
contribuer au relèvement de celui-ci, aux temps
mêmes où Jeanne d'Arc, secondée d'un prestige
bien autrement manifeste, travaillait à replacer le
royaume sous l'autorité de son légitime souverain.
En ces temps-là mêmes, en 1429, que vint faire
notre franciscain à Paris, dont les habitants se
trouvaient encore sous l'autorité et l'ascendant
moral des Anglais? N'y fut-il chargé d'aucun rôle
secret? Ce n'est pas à nous, assurément, qu'il
appartient d'en décider. Quoi qu'il en soit, le but
avoué de l'armagnac Frère Richard, durant le
séjour qu'il fit à Paris dans la seconde quinzaine
du mois d'avril, fut la prédication publique.
Laissant forcément dans l'ombre ce qui concer-
nait la politique et les partis, il obtint dans ses
sermons, entremêlés de pratiques de dévotion
envers le nom de Jésus, — adjonction qu'atteste
clairement certain mériau d'estaing empreint de ce
nom sacré, qu'il recommandait à ses auditeurs de
porter (i), — un succès qui tint presque du prodige.
Ce à propos de quoi nous avons rappelé le tra-
vail de Leber,en lui laissant avec toute justice
l'initiative de la mise en lumière des faits, est tiré
du Journal d'tm bourgeois de Paris, sous les règnes
de Charles VI et de Charles VII. Aussi est-ce à cette
source, d'ailleurs très connue, qu'il convient de
recourir quand on veut être plus complètement
renseigné (2). Sous la plume de l'auteur de cette
(1) Nous reviendrons plus loin sur ce sujet.
(2) Nous avons suivi, pour les extraits que nous reproduisons de ce
323
chronique, et malgré son respect constant de la
chose religieuse, si l'on peut dire, l'ironie perce
bien un peu, parfois, dans les endroits où il parle
du missionnaire cordelier; mais cela ne surprend
pas si l'on se rend compte des situations : l'auteur
du Journal tenait alors pour le parti des Anglais,
et ce n'était pas sans raison qu'il entrevoyait un
ennemi dans le nouveau venu.
Après avoir signalé un fait remontant au
4 avril 1429, sans rapport avec ce qui nous occupe,
l'auteur du Journal mentionne l'arrivée dans la
capitale, à huit jours de là, environ, de ce « corde-
lier nommé Frère Richart, homme de très grant
prudence, sçavant à oraison, semeur de bonne
doctrine pour édifier son proxisme ». Chacun le
voulait voir : « enviz le crevoit qui ne l'auroit
veu ». Il fit entendre à Paris la parole de son divin
ministère du 16 au 26 avril, inclusivement, prê-
chant par les rues et sur les places publiques, au-
devant des églises, monté sur un échafaud dont
la hauteur ne mesurait guère moins d'une toise et
demie (i). Durant son séjour dans la capitale, « il
ne fut qu'une jornée sans faire prédication ». Ce
n'est pas qu'il ménageât ses forces, car il « com-
mençoit son sermon environ cinq heures au
matin, et duroit jusques entre dix et onze; et y
Journal, l'édition estimée qui s'en trouve dans les Mémoires pour
servir à l'histoire de France et de Bourgogne, volume publié à
Paris, 1729, par De la Barre.
(1) Un peu moins de trois mètres.
avoit toujours quelque cinq ou six mille per-
sonnes à son sermon... »
Le sujet mêm.e du présent mémoire nous oblige,
ainsi qu'on le verra par la suite, à constater les
résultats de ces prédications. Voici ce qui se pro-
duisit : c'est que, vers la fin de la mission du cor-
delier, « furent les gens de Paris tellement tournez
en dévocion, et esmeus, qu'en moins de trois
heures ou de quatre, eussiez veu plus de cent feux
en quoi les hommes ardoient tables et tabliers,
dés, cartes... et toutes choses à quoy on se pou-
voit courcer et maugréer à jeux convoîteux ». —
Les femmes de commune condition brûlèrent, à la
vue de tous, « les atours de leurs testes », et les
damoiselles « laissèrent leurs cornes et leurs
queues », sans compter maints autres ornements
de toilette frivole. Et vraiment, conclut le chro-
niqueur, dix sermons que le cordelier fit à Paris,
et un à Boulogne-la-Petite, « tournèrent plus le
peuple à dévocion que tous les sermoneurs qui
puis cent ans avoient presché à Paris » (i).
Il semblerait bien, après de semblables témoi-
gnages, que le Frère Richard eût répandu la bonne
parole dans le lieu le mieux préparé pour la rece-
voir; malheureusement, il en fut com.me des se-
mences que le laboureur de l'Evangile avait laissé
tomber sur une terre inféconde, et, dans l'espèce,
la politique étant venue se mêler aux affaires de la
(i) Journal, p. 120.
325
religion, il en résulta pour celle-ci un véritable
échec/Quand on sut à Paris, quelques mois après
le départ du cordelier, que celui-ci était un arma-
gnac résolu, vivant au milieu des soldats de
Charles VII, les sentiments de vive sympathie et
d'enthousiasme que les bourgeois avaient témoi-
gnés jusque-là pour sa personne et les œuvres de
piété recommandées dans ses prédications, se
changèrent tout à coup en un bruyant mépris. On
lit dans la chronique citée qu' « ils le maudissoient
de Dieu et de ses saints, et, qui pis est, les jeux de
tables, de boules, dez, brief tous autres jeux qu'il
avoit deffendus, recommencèrent en despit de
luy; et mesmes ung mériaii d'estaing où estait
empraint le Notn de Jésus, qu'il leur avoit fait
prendre, laissèrent-ils; et prindrent, tretous la
Croix S. Andry (i). »
Pour ne pas interrompre outre mesure le cours
de nos remarques d'ensemble, nous devons différer
de quelques pages encore, nonobstant l'intérêt
tout spécial qu'il présente, la description de
l'exemplaire, dont une chance heureuse nous a
rendu possesseur, du méreau d'étain au nom de
Jésus mentionné ci-dessus. On peut bien penser
que ce sera l'un des pivots de notre mémoire.
Ce que devenait le Frère Richard à la divStance
de deux années de là, on ne le sait. On suit bien
(i) Journal, p. laS, à l'année 142g, vers la fin de juillet. - La Croix
Saint- Andry, ou Croix de Saint-André, était le signe de ralliement des
Bourguignons, qui étaient alors les alliés des Anglais.
sa présence dans la milice royale plusieurs mois
encore après la délivrance d'Orléans par Jeanne
d'Arc (8 mai 1429). Plusieurs fois il fut en confé-
rence avec l'héroïne inspirée. On sait également
qu'en mars 1431, suivant le style actuel, il prêchait
le carême àOrléans: mais on peut conjecturer qu'il
rentra vers le même temps « dans l'obscurité d'où
ses relations avec la Pucelle l'avaient un moment
fait sortir. »
Cette opinion, très vraisemblable, est de
M. Siméon Luce (i), aux travaux duquel nous
ferons encore un emprunt avant de nous séparer
du Frère Richard. Il s'agit, cette fois, de la pro-
pagation du culte extérieur voué au nom de Jésus,
à laquelle, dit l'auteur, on sait que le religieux
franciscain « se livra avec ardeur dans tous les
pays qui furent le théâtre de ses prédications. »
Nous transcrivons :
« Ce n'est pas seulement à Paris qu'il persuada
à ses auditeurs, ainsi qu'on l'a vu, de porter, en
guise d'amulettes, des médailles frappées à l'em-
preinte du nom de Jésus. A Orléans, où il se
trouvait avec le titre de « prêcheur de la ville »,
pendant le carême de 1431, nous lisons dans les
comptes municipaux qu'un graveur, nommé
Philippe ou Philippot d'Orléans, exécuta, moyen-
nant six saluts, un « Jésus en cuivre », qui lui
avait été commandé par Frère Richard. » (2)
(1) Revue des Deux Mondes, loc. cit., p. 83.
(2) Ibid. p. 77.
327
Nous croyons avec M. Luce que le Jésus en
cuivre fait en ou vers I43i, à Orléans, est un
Nom de Jésus en cuivre, et non pas une image du
Christ. Sculpture, ciselure ou estampage, ce ne
devait pas, d'ailleurs, être peu de chose que l'objet
religieux exécuté sur la commande du Frère
Richard, à en juger par la dépense que le travail a
coûté (i). C'était, peut-on croire, quelque plaque,
digne d'être mise en parallèle avec le tableau à ce
même nom sacré, dont saint Bernardin de Sienne
usait si heureusement en ftalie à la même époque.
Deux des femmes qui, au xv* siècle, ont fait le
plus d'honneur à leur sexe, Jeanne d'Arc et sainte
Colette de Corbie, n'ont pas peu contribué non
plus, chacune de son côté, à l'exaltation du nom
sacré de Jésus, que, dans leurs invocations, elles
accompagnaient ordinairement du nom de la
mère du Sauveur. Notons, à ce propos, que, de
même qu'il en avait été pour le nom de Jésus
vénéré isolément, et auquel la suprématie fut tou-
jours conservée, la dévotion envers les deux noms
réunis de Jésus et de Marie avait, elle aussi, pris
naissance en Italie et chez les franciscains. On
(i) Six saluts, a-t-on vu. La frappe du salut, monnaie déclarée d'or
fin, avait commencé sous le règne de Charles VI, mais elle s'était tout
particulièrement multipliée sous la domination des Anglais en France,
au temps de Henri V et de Henri VI. Elle avait le plus communément
lieu à la taille de 63 au marc, ce qui donnait 7.3 grains pour le poids
moyen, soit 3 grammes 87. Hoffmann signale les poids de 3 grammes85,
3 grammes 80, 3 grammes 40, et 3 grammes 42. (Monnaies rojales de
France, 1878, pp. 49, 53 et 56.)
328
cite particulièrement, pour leur zèle à propager
le culte en double objet, les deux plus distingués
disciples de saint Bernardin de Sienne, dont les
noms se sont déjà trouvés sous notre plume :
saint Jean de Capistran et Mathieu Cimarra (i).
On se rappelle qu'en 1429, étant encore de
séjour à Tours, Jeanne d'Arc, un mois à peine
avant son départ pour la levée du siège d'Orléans,
avait fait faire, ainsi que le dit Vallet de Viriville,
« deux bannières ou enseignes de guerre pour son
usage » (2). Il nous suffira ici de décrire, d'après
le même auteur, la bannière principale, et encore
ne le ferons-nous qu'en raison des sujets que
Jeanne elle-même y avait fait représenter. Cette
bannière était blanche, et peinte des deux côtés.
Sur la face principale, semée de fleurs de lis, on
voyait le Père éternel en majesté, ayant pour siège
l'arc-en-ciel, et portant dans sa main le globe du
monde. Au-dessus se lisait l'inscription Jhesus
Maria (3). Deux anges agenouillés offraient à Dieu
une fleur de lis, emblème du royaume de France.
(1) Cf. Revue des Deux Mondes, loc cit., p. 72.
(2) Hist. de Charles VII, Roi de France et de son époque, Paris,
i863, t. II, p. 65.
(3) Dans le texte donné par Vallet de Viriville, au lieu de Jhesus
Maria, on lit Jhesu Maria, leçon qui est d'ailleurs particulière à cet
auteur, si toutefois ce n'est pas quelque faute d'impression.
Quant à l'intrusion de la lettre h dans le mot Jhesus, ce dont il se
présente ici un double exemple, on sait assez combien cette forme anor-
male du nom du Sauveur a été employée fréquemment aux xiv" et
xye siècles. Nous laisserons, dans chacune de nos citations, ce nom
329
Il y avait au revers un écu de France, tenu par
deux anges.
Il est constant que, dans l'esprit de Jeanne
d'Arc, la formule Jhesus Maria, qu'elle y eût été
initiée par quelque religieux franciscain ou par
ailleurs, avait une signification de haute portée.
On la retrouve sur les différentes lettres d'un carac-
tère politique, ou respirant l'amour national,
écrites au nom de Jeanne, que l'on possède encore
en original, ou dont on conserve des copies
authentiques. « Les sommations aux Anglais,
datées des 22 mars et 5 mai 1429, le billet envoyé
de Gien le 25 juin suivant aux habitants de Tour-
nai, le message transmis de Reims le 17 juillet à
Philippe, duc de Bourgogne, la réponse au comte
d'Armagnac, dictée àCompiègne, le 22 août de la
même année, la lettre comminatoire adressée aux
Hussites, le 3 mars 1430, tous ces documents sont
précédés de lasuscription ou suivis de la souscrip-
tion j^A^sws Maria (i) ». Les mêmes mots étaient
gravés sur une bague de minime valeur que por-
tait la Pucelle, et qui lui fut enlevée lorsque,
devant Compiègne, le 24 mai 1430, elle tomba au
pouvoir des Bourguignons, qui combattaient avec
les Anglais (2).
écrit avec ou sans A, suivant la forme sous laquelle nous l'avons trouvé
à la source même d'où la citation aura été tirée.
(1) SiMÉON Luge, loc. cit , p. 83.
(2) Dans le cours de son procès, interrogée à propos de cet anneau
c< où il estoit escript Jésus Maria », Jeanne répond qu'elle le
Année 1896. 33
33o
Sainte Colette de Corbie usait, elle aussi, avons-
nous dit, de la formule Jhesus Maria. La célèbre
et pieuse réformatrice des religieuses de sainte
Claire (i) faisait en France et dans les Pays-Bas
bourguignons, pour la dévotion envers le nom
divin, de même qu'envers le nom de Marie, ce que
Bernardin de Sienne, Jean deCapistran et d'autres
encore de leurs frères et sœurs en saint François
d'Assise, faisaient, dans le même but et dans
le même temps, de l'autre côté des Alpes. Fran-
ciscaine de cœur et d'âme, ainsi que de fait, elle
pratiquait le culte recommandé dans les diffé-
rents ordres institués par saint François, et elle
tient de ses père et mère ; qu'elle ne sait à proprement parler de
quelle matière il est; qu'en tous cas, s'il est d'or, il n'est pas de fin or;
qu'elle ne sait même « se c'est or ou laton ». C'était donc, simplement,
quelque bijou de pacotille, comme on en fabriquait tant pour les per-
sonnes d'une condition peu aisée et notamment pour les habitants des
campagnes. Et vraiment, ici, l'objet ne nous paraît en avoir que plus
d'intérêt, par son caractère populaire.
Les interrogatoires que l'on fit subir à Jeanne d'Arc, et dont le
contenu a été conservé, fourniraient aisément d'autres témoignages
plus manifestes de sa dévotion pour les noms de Jésus et de Marie.
A cet égard, d'ailleurs, les faits relatés au procès ne font guère que
rappeler ce que l'on connaît de reste. Nous fermons, pour ne plus
les rouvrir, les pages de cet instrumentum maudit.
Nous ne saurions terminer cette note sans rappeler que, sur le
bûcher qui devait consumer la sublime martyre, le dernier cri qu'elle
fit entendre fut le nom de Jésus, itérativement invoqué.
(i) Sans compter, nous dit Baillet, différents a monastères
d'hommes qui voulurent bien se réformer aussi sur le plan qu'elle leur
donna ». [Les Vies des Saints, t. I de l'édition citée, col. 69 de la parti e
de mars.)
33t
le pratiquait en prêchant d'exemple. « Cette sainte
entretenait une correspondance très active, soit
avec les religieux et les religieuses des couvents
qu'elle avait fondés ou réformés, soit avec des
personnes séculières, affiliées au tiers-ordre de
saint François, qui avaient embrassé sa réforme.
Quelques rares monuments de cette correspon-
dance sont parvenus jusqu'à nous... En tête de
chacune de ces lettres figure la suscription Jhesus
ou Jhesus Maria, parfois avec l'addition Franciscus
et Clara. L'adresse, même, est le plus souvent pré-
cédée du moi Jhesus... » (i)
Quand l'abbesse Colette Boylet, dite de Corbie,
mourut à Gand, le 6 mars 1447 (n. s.), âgée de
soixante-six ans, elle en avait plus de quarante de
profession. Jean de Capistran décédait en 1455, et
Bernardin de Sienne était sorti de ce monde
en 1444. A l'époque où l'on voit disparaître ces
figures de premier ordre pour notre sujet, c'est-à-
dire vers le milieu du xv^ siècle, la dévotion pour
le nom du divin Maître avait fait déjà de si grands
progrès qu'elle s'étendait à tous les degrés de
l'échelle sociale par tous les pays chrétiens.
Tels avaient été les résultats du zèle et de la
persévérance qu'avait déployés la grande famille
séraphique, répandue en si grand nombre dans
toutes les régions où la foi avait pénétré ; mais on
peut bien dire que la dévotion envers le saint nom
(1) SiMÉON LucE, loc. cit., p. 84
332
avait fini par gagner tous les ordres religieux,
et non seulement ces ordres, mais aussi les
fidèles de tous les rangs et de toutes les classes,
laïcs aussi bien que personnes d'église. Le cou-
rant qu'elle formait avait pris un si grand déve-
loppement qu'aucun effort humain, si tant est qu'il
eût pu s'en produire, ne serait parvenu à enrayer
les effets irrésistibles d'une puissance de cette
force.
Une situation aussi prospère devait entraîner la
création d'une fête annuelle, de nature à en assurer
la perpétuité. Nous ne saurions dire si l'on est
aujourd'hui très bien fixé sur les circonstances et
l'époque de ses commencements; mais voici ce
qu'on en écrivait au xviii* siècle:
Cette fête de dévotion libre (i)... « a un office
particulier qui est autorisé par le Saint-Siège.
L'attention singulière qu'on doit faire sur la vertu
de ce saint nom que nous ne saurions même pro-
noncer comme il faut, selon l'apôtre (2), que par
le mouvement du Saint-Esprit, est cause qu'on en
a détaché la solennité d'avec celle de la Circonci-
sion, afin de pouvoir la célébrer à part... Plusieurs
églises d'Allemagne et des Pays-Bas la célèbrent
le i5 de janvier, quelques-unes le 8 du mois,
comme pour honorer l'octave de la Circoncision ;
d'autres le dimanche suivant... Quelques auteurs
(1) La « fête du Saint Nom de Jésus, »
(2) Cor., XII, 3.
estiment que nous avons l'obligation de cette fête
aux religieux de saint François, qui semblent
avoir procuré l'établissement public et fixe de
cette dévotion aux fidèles dès les commencements
du xvi° siècle. L'on croit effectivement que ce fut
sur leurs remontrances que le pape Clément VII
en permit la fête avec l'office, l'an i53o. Mais on
ne peut disconvenir que quelques bréviaires et
quelques martyrologes n'en fissent déjà mention
avant ce temps... » (i).
Le fait auquel nous devons maintenant une
mention a bien son importance à un point de
vue général, mais il ne peut manquer surtout
d'appeler l'attention de ceux qu'intéresse particu-
lièrement l'étude de l'histoire religieuse dans les
provinces méridionales de la Belgique. Un prêtre
flamand, Jacques Meyer, historien et chroniqueur
estimé, qui, à ses heures, a cultivé la poésie
latine, livrait à l'impression dès i53i, tant à
Bruges qu'à Anvers (2), certain hymne en vers
trochaïques, ayant pour objet l'exaltation du saint
nom de Jésus, et dans laquelle il posait en prin-
cipe l'établissement, à cette fin, d'une fête univer-
(1) Baillet, Vies des Saints, t. I de l'édition citée, Paris, 1724. Voir
aux col. 7 et 8, sous la rubrique du i«r janvier.
(2) Jacobi Meyeri Baliolani, Flandricarum rerum tomi X.. , cum
Hymno de Sanctissimo Nomine lESV. L'édition que nous avons sous
les yeux, de ce rare opuscule, réimprimé à Bruges en 1843, est celle
d' Anwers [Antwerpice, apiid Guilielrmcm Vorstermammm), i53i, pet.
in-8°. FoiV au folio 67, verso.
334
selle. On jugera de son enthousiasme parce début :
Surge qui soles fidelem convocare Ecclesiam ;
Surge, cantus aedit aies, appétit diluculum.
Scande sacri celsa templi sedulo fastigia.
Tange funes, aéra pelle, fac modos laudabiles.
Omnis hoc die per orbem ferietur civitas,
Dulce JESV nomeii odis et canat celebribus...
Nous craindrions de dépasser notre but, en
prolongeant cette citation, qui suffit bien, au sur-
plus, dans les conditions où nous l'avons donnée.
Le nom de Jésus tel que nous le voyons au
xv^ siècle, en iconographie, consiste le plus ordi-
nairement dans le chiffre ou monogramme i|)S,
avec le montant de la lettre 1) traversé horizon-
talement d'un trait d'abréviation qui lui donne
l'aspect d'une croix. Parfois, la lettre t est rem-
placée par un J ce qui modifie ainsi le mono-
gramme : jl]S (i). Cette formule il)9, ou jl]S,
crucifère, présentée à tous chrétiens comme un
symbole de vénération essentiellement efficace,
avait pénétré, durant le même siècle, dans toutes
les classes de la société, comme nous l'avons dit,
et, ajouterons-nous, dans tous les usages de la
vie. On en constatait la présence sur les hosties,
(i) La forme gl^s est plus fréquente que nous n'avions pu le penser,
quand nous avons écrit cette partie de notre mémoire On le verra
plus loin. Autant que nous en pouvons juger, c'est en Italie qu'elle
paraîtrait avoir pris naissance.
335
OU pains d'autel (i); elle ornait, non seulement les
édifices religieux, les vêtements sacerdotaux, les
vases sacrés, les cloches de quantité d'églises (2)
et maints autres objets affectés au culte, mais
aussi les habitations des particuliers (3), tant à
l'extérieur des maisons (4) qu'à l'intérieur des
appartements ; elle se trouvait reproduite sur les
mobilier des ménages, sur les ustensiles de toutes
sortes. Des couvents en ornaient leurs sceaux (5);
on en historiait des tombes (6), des reliures de
livres (7). On imprimait au même type des images
en papier ou en parchemin, et l'on tapissait de
(1) E. HncHER, Notice sur quelques monuments historiques du dépt
de la Sarthe. Paris, i85o, p. 5i.
(2) G. Vaulïer, Inscriptions campanaires du département de l'Isère.
Montbéliard, i8H6, passim. - Léon Germain, Les anciennes cloches de
Saugues. Nancy, i8go, p. 12, — Barbier de Montault, Traité d Ico-
nographie chrétienne, t. II, p. io5, et pi. XXIV, fig. 268. — Etc.
(3) SiMÉoN Luge, loc. cit., p. 72.
(4) C'est ce qu'à Sienne, particulièrement, on voit encore fréquem-
ment aujourd'hui en divers quartiers de la ville, ce que constate en
partie un article du Correspondant , fascicule du 10 mai 1896. p, 562.
(5) G. Demay, Le costume au moyen âge d après les sceaux, p. 353.
L'auteur donne pour exemple le sceau de la Grande-Chartreuse,
usité en 1441.
(6) Bernard Prost, Notice sur sept dalles funéraires. Lons-le-Saul-
nier, s. d., passim. (Communication de M. Léon Germain.)
^7) Un livre de notre bibliothèque, incunable en latin, traitant
de matières religieuses, imprimé à Venise en 1483, et demeuré dans
sa reliure primitive, a les ais recouverts de veau brun, avec gaufrures
figurant un fretté. Les compartiments en claire-voie de ce frelté sont
occupés chacun p;ir un petit médaillon, soit au monogramme i|)ô
crucifère, soit au monogramme ma, donnant en abrégé le vnox. Maria.
Ces médaillons ont été appliqués de manière à alterner entre eux.
336
ces estampes l'intérieur des coffres-forts, à l'effet
de protéger le contenu contre tous mauvais des-
seins (i). Les fidèles la portaient sur eux ou à leur
chaperon, en guise d'enseigne, nom sous lequel
étaient encore désignées les images en tous métaux,
en toutes matières, et de toutes formes qui ont
précédé nos médailles de piété actuelles. Au
résumé, peut-on dire, elle était placée partout.
La numismatique, dont les investigations em-
brassent tant de faits, pour y jeter la lumière ou un
redoublement de preuves, ne pouvait pas demeu-
rer étrangère à l'étude de ceux dont il est question
dans ce mémoire. C'est de la numismatique, prin-
cipalement, qu'il s'agira désormais ici, pour la
description et l'interprétation des monuments de
son ressort dont il nous est loisible de soumettre
la connaissance à l'intérêt du lecteur.
Nous ne saurions trop répéter, en terminant
nos remarques générales, que nous ne nous occu-
perons pas, dans l'étude que nous portons aujour-
d'hui à la connaissance de nos confrères, des
témoignages de vénération ou d'adoration rendus
au nom du Sauveur avant le xv^ siècle. Il faudrait,
pour aller à la source, remonter aux années que
le Christ a passées sur la terre, où son nom fut
dès lors si souvent invoqué, et parfois même,
comme nous l'apprend l'Evangile, employé, pour
(i) Nous avons vu dans la collection d'un ami, un de ces coftres-
forts, du xve siècle, armé intérieurement de l'image au ll)S crucifère.
Cette image était placardée à l'intérieur du couvercle.
337
opérer des miracles, par des individus demeurés
en dehors du cercle de ses disciples (i). Quant à la
forme il]S donnée au nom de Jésus, on sait assez
qu'elle était un emprunt fait à l'épigraphie grecque,
où le mot est écrit IH20Y2, et l'on ne connaît
pas moins les métamorphoses par lesquelles elle
est passée pour s'introduire dans l'épigraphie
latine en la façon IHESVS, puis dans les écritures
du moyen âge dites gothiques. Ainsi, encore, le
XPirr02 des Grecs fut transformé en XPISTVS,
ou XPS, pour tenir la place, dans les textes ou
les inscriptions en latin, des formes régulières
CHRISTVS, CHRS.
L'institution des ^m^^/^s, ordre religieux italien
qui n'eut jamais une très grande importance,
remonte, paraît-il, à i355 environ (2). On dit que
« les Jésuates ont été ainsi appelés parce qu'ils
avaient souvent le nom de Jésus en la bouche (3) » .
D'autres ajoutent que ces religieux ont porté,
entre autres insignes, et se dessinant sur un fond
d'azur, un nom de Jésus avec des rayons d'or.
Que le fait soit exact ou non, nous n'avons pas, en
raison de l'époque où il se serait produit, à faire
plus que de le signaler. Notre travail a ses bornes
(1) Li;c , cap. IX, v.4g: « Respondens autem Joannes dixit : Prce-
ceptor, vidimus quenidani in nomme tuo ejicientem dœmonia, et pro-
hibuimur eum, quia non seqiiitur nobiscuin... »
(2) Hermant, Hist.des Ordres religieux et des Congrégations régu-
lières et séculières de l'Eglise. Rouen, 1710, t. II, p. 342.
(3) Hermant, Ibid.
338
naturelles marquées par la dévotion dont Ber-
nardin de Sienne se fit avec amour l'initiateur et
le divulgateur, dévotion dont il a été conservé,
grâce surtout à la numismatique, tant de vestiges
contemporains, et qui, debout depuis près de cinq
siècles, se manifeste encore aujourd'hui, si cons-
tante et si inaltérable.
Nous arrivons aux descriptions de nos monu-
ments métalliques. La première description sera
celle de certaine enseigne dans laquelle il nous
paraîtrait difficile de ne pas reconnaître un exem-
plaire du mériau d'estaing que le Frère Richard,
en 1429, recommandait aux Parisiens de porter, et
que beaucoup de ceux-ci rejetèrent bientôt après,
à la suite des circonstances que nous avons rela-
tées plus haut. Notre exemplaire, que nous possé-
dons depuis plus de quarante ans, a été retiré de la
Seine, à Paris, dans des travaux de dragage
exécutés entre la Cité et les dépendances du Quar-
tier Latin.
I. Le nom de Jésus, figuré par la formule tl)S,
dontla lettre l], en signe d'abréviation, a la hampe
traversée d'un trait horizontal, qui donne au som-
met l'apparence d'une croix, d'autant mieux carac-
térisée que ses bras improvisés sont chargés de
deux clous de la Passion. Cette formule est dans
un encadrement circulaire de douze rayons flam-
boyants, enjolivés de petits jets de lumière, placés.
330
trois par trois, dans chacun des intervalles qui
séparent les rayons l'un de l'autre.
Rev. Répétition du type précédent, sauf pour ce
qui concerne la première lettre de la formule cru-
cifère du nom divin, commençant cette fois par
un g, au lieu d'un i, ce qui produit la leçon jl)S.
Deux clous de la Passion adhèrent aux bras de la
croix. Un troisième clou a la pointe enfoncée dans
le montant de cette croix, vers le bas. Les rayons
dans le cercle desquels le monogramme est enca-
dré offrent la même disposition que sur le côté
opposé.
Enseigne ronde avec bélière. Nous avons dit
qu'elle est en étain. Son diamètre, non compris la
bélière, est de 25 à 26 millimètres.
PI. IX, fig. I.
Tout, dans cette pièce capitale, est à considérer
et à examiner avec un soin scrupuleux.
On ne saurait douter qu'elle soit aux types
qu'offraient aux hommages de tous saint Bernar-
din de Sienne et les autres religieux attachés à
propager la dévotion nouvelle. Mais, d'autre part,
on est naturellement porté à se demander pour
quelle raison, sur l'enseigne en cause, la formule
crucifère du nom divin se trouve orthographiée de
deux manières si distinctes, îl)S et fllS. Il est,
certes, très intéressant de trouver ainsi réunies les
deux leçons sous lesquelles apparaît au xv^ siècle
le dulce Nomen; mais le fait, à première vue, n'en
semble pas plus normal.
340
Disons sans plus tarder que l'on se trouve ici en
présence d'une difficulté plus apparente que réelle.
Evidemment, celui qui a présidé à la composition
de l'enseigne s'est laissé guider, en y introduisant
le nom de Jésus sous une double expression, par
la pensée qu'il la mettrait par ce moyen d'autant
plus à la portée de tous, bon nombre de fidèles
pouvant ne connaître la signification du mono-
gramme divin que sous l'une des deux formes, et
ne se trouver disposés à placer leur confiance et
leur dévotion que dans le symbole qui leur était
familier.
Dans les régions françaises, dans les Pays-Bas,
et ailleurs encore, la forme t[)S était, incontesta-
blement, de beaucoup la plus commune ; mais on
peut douter qu'il en fût de même partout, notam-
ment dans certaines contrées de l'Italie et de l'Alle-
magne (i). Il ne serait même pas surprenant, ainsi
qu'on le verra dans la vsuite de cette étude, que
saint Bernardin de Sienne eût tenu pour la
forme gl]S.
(t) Dans une Notice sur quelques manuscrits précieux sous le rap-
port de l'art, tirage à part de la Ga^^ette des Beaux-Arts, mai-novem-
bre 1866, M. Vallet de Viriville, Professeur à l'École des Chartes,
a consigné quelques observations, dont nous donnons un extrait : « Au
moyen âge, a-t-il dit, Vi et le j étaient alternativement voyelles et
consonnes. Us s'employaient absolument l'un pour l'autre... Dans
quelques noms, l'Y a pu se substituer, non seulement à l'I voyelle,
dont il était l'équivalent, mais même au J consonne. Ainsi Jésus,
Jérusalem, Jérôme, ont pu s'écrire Ihésus, Ihérusalem, Ihérôme, et
même, par conséquent, Yésus, Yérusalem, Yérôme.. » Vallet de Viri-
341
Ce qui complète particulièrement le rapport
ville n'a agité à ce propos aucune question de lieux, bien que cela eût
pu avoir son intérêt.
En Italie, d'autres, mieux placés que nous pour y effectuer des véri-
fications bien nécessaires, examineront, à Rome et à Modène, sur les
tableaux circulaires au nom de Jésus que l'on sait avoir appartenu à
saint Bernardin de Sienne, comment, en réalité, y est composé le
monogramme divin. Ce que nous pouvons, quant à nous, constater dès
à présent, c'est que sur certains médaillons d'art italien, dont quelques-
uns reproduisent les traits de Bernardin de Sienne, et qui sont de
bien peu postérieurs à sa mort, le monogramme divin qui y figure est
formé des lettres g!l6. Il existe à Paris, au Musée de l'Hôtel de Cluny,
dans les collections de faïences d'art italien, fabrique de Cafagioli,
n° 2807, une plaque votive de forme circulaire, et du diamètre de
44 centimètres, qui paraît être une imitation, mais trop capricieusement
exécutée, des tableaux circulaires à l'usage de saint Bernardin de Sienne.
Au centre de cette plaque votive, la première des trois lettres compo-
sant le monogramme divin crucifère est un j). Une inscription, boi-
dant l'objet, est ainsi conçue : -f- NICOLAVS : DE- RAGNOLIS-
AD • HONOREM • DEI • ET • SANTI • MICHAELIS • FECIT •
FIERI • ANNO • 1475.
En l'église Sainte-Croix-de-Jérusalem, à Rome, les étiquettes de
différentes reliques y conservées sont ainsi conçues : « De lapide quo
tegitur sepulchrum Yhesu; de sepulcliro Xpisti Yhesu », etc. (^Mgr
Barbier de Montault, l'Année liturgique à Rome, édition de f870,
p. iSg.)
Une estampe, datée de 1434, image populaire de dévotion exécutée
dans le genre dit criblé, dont les produits sont assez généralement,
pour la plupart, attribués à des Allemands plus artisans qu'artistes,
montre saint Bernardin entièrement à l'action d'une prédication
publique sur son théâtre en plein vent. Debout et les bras étendus en
croix, il expose, de la main droite, le tableau, en forme de cercle
radié, chargé du monogramme divin crucifère, dont la première des
trois lettres qui le composent est un ^ ; de la main gauche, il porte
une sorte d'écriteau sur lequel est formulée cette exhortation :
PtîlC, UflC bulcc no{men). — Voir dans la Bibliothèque de VEnsei-
342
entre notre enseigne et le tableau (i) à l'usage de
saint Bernardin, ce sont les rayons qui entourent
le monogramme crucifère. On sait que, pour être
en harmonie avec les principes du saint, les
rayons devaient être au nombre de douze, comme
ils sont en eftet sur l'enseigne. On trouve, dansun
des sermons que l'on a conservés de lui, l'énumé-
ration des « douze rayons mystiques ou attributs du
nom de Jésus » (2). Mais, sans se livrer, sur un
semblable sujet, à des considérations par trop
spéculatives, chacun, du moins, peut se souvenir
gnement des Beaux-Arts, le volume intitulé : La Gravure, par le
Vte Henri Delaborde, pp. 44 et 48.
On retrouvera encore, dans la continuation de ce mémoire, et en
dehors des médaillons italiens dont il vient d'être succinctement parlé,
quelques exemples du monogramme ^1)6 crucifère, quand nous serons
à la description des jetons de fabrique nurembergeoise que leurs
types font entrer dans notre cadre.
(1) Au lieu de le tableau, on pourrait dire les tableaux, car Bernar-
din de Sienne en a eu plusieurs. Voir à la note suivante.
(2) Voir ce qu'AoRiEN de Longpérier a écrit au sujet du nom de
Jésus, dans la Revue numismatique française, année 1860, p. 894, en se
fondant principalement sur les deux opuscules suivants, dus à l'éru-
dition de Cavedoni :
Dell' origine e valore délia scritura compendiosa IHS del sacro-
santo nome di Gesu. Modena, 1846.
Dell' orig. e val. délia scritt. comp. IHS del sacr. nome del Salva-
tore, e del suo culto. Modena, i855.
Longpérier aurait pu citer un travail plus ancien, de nature à
prouver l'intérêt que les Italiens attachent depuis longtemps à l'étude
de ces questions ; c'est le livre de Vettori, De vetustate et forma mono-
grammatis Nominis Jesu Roma, 1747.
Rappelons, d'après Longpérier, que Bernardin de Sienne « avait
donné, en 1423, à l'église Sainte-Marie délie Asse, à Modène, un
343
que le nombre douze était celui des apôtres du
Sauveur, et remarquer que ce nombre fut égale-
ment celui des premiers compagnons de saint
François d'Assise, accourus successivement à sa
parole, pour travailler avec lui, dans leur évan-
gélique pauvreté, à la fondation de l'institut séra-
phique.Pourtoutbon cordelier, comme Bernardin
de Sienne ou le Frère Richard, il ne pouvait y
avoir à méconnaître le haut caractère de ce
« dernier trait de ressemblance entre le nouvel
institut et le collège apostolique » (i).
Le mérite de l'auteur ne nous permet pas de
passer absolument sous silence, nonobstant les
bizarreries dont elle est semée, l'attribution tentée
tableau représentant en or sur fond d'azur le monogramme sacré
entouré de rayons et de fleurons ».
Nous trouvons, d'autre part, dans V Année liturgique à Rome,
par Mgr Barbier de Montault, 1870, les deux mentions que nous
allons reproduire. Elles sont extraites du Propre des Saints :
P. 44. 20 mai : S. Bernardin de Sienne... « Sa vie a été peinte à fres-
que au xv» siècle... sur les murs de sa chapelle, à Sainte-Marie in Ara
Cceli, où l'on expose le monogramme du Christ, qu'il portait dans les
missions. »
P. 89. 23 octobre : S. Jean de Capistran... «A Sainte-Marie in Ara
Cceli, on conserve le monogramme du nom de Jésus, dont il prit la
défense, à la basilique vaticane, en présence de Martin V et des cardi-
naux. »
On a vu ci-dessus dans quelles circonstances Jean de Capistran avait
jugé bon d'intervenir, moins pour la défense du monogramme de
Jésus que pour la défense de Bernardin de Sienne, attaqué à propos de
ce monogramme.
(1) Saint François d" Assise, par le R. P. Léopold de Chérancé, de
l'Ordre des Frères Mineurs Capucins. Edition de Paris. 1886, p. 80.
344
autrefois par Leber, au sujet d'une pièce de plomb
ou d'étain , et de conservation moins que médiocre,
qu'il aurait volontiers présentée comme étant
quelque exemplaire du mériau de 142g. Il lisait en
fragment de légende sur cette pièce, autour d'une
sorte de rébus dont il a donné une interprétation
assez singulière pour ne pouvoir être prise fort au
sérieux, les mots: AVCTORE. lESV. PETRVS.
C'est en se fondant sur le mot Jesu placé, sans
aucune marque spéciale de nature à éveiller
l'attention, dans le contexte de cette inscription
incomplète, qu'il conclut surtout à l'attribution
qu'il propose. Son argumentation est d'ailleurs
des plus faible (i), et elle ne peut empêcher de recon-
naître aujourd'hui, dans la pièce en question, une
de ces monnaies des Innocents et des Fous publiées
en si grand nombre dans le travail du docteur
Rigollot, auquel celui de Leber sert d'introduc-
tion.
Il est peu de mots qui aient eu au xv* siècle et
encore longtemps après, autant d'acceptions diver-
ses que le mot méreau sous ses différentes formes :
mériau, mérel, etc.; et il n'y a certainement pas de
quoi être surpris de le voir employé par l'auteur
du Journal d'un bourgeois de Paris pour désigner
une enseigne ronde, une sorte de médaille de
dévotion, comme l'est notre enseigne n° i, oià le
(1) Nous reprendrons dans une note additionnelle l'examen des
explications de Leber.
345
nom de Jésus, exprimé dans les deux formes les
plus usitées à l'époque, se trouve exposé en pleine
évidence, et non pas comme abrité obscurément
parmi les autres mots d'une légende où. rien ne le
distingue à la vue, où rien ne provoque à l'y aller
chercher.
Nous n'insisterons pas davantage sur l'attribu-
tion que nous nous sommes attaché à mettre en
relief, et dans laquelle nous avons, quant à nous,
une confiance entière. Les uns l'accepteront ;
d'autres, peut-être, la contesteront; et le temps,
comme il est arrivé tant de fois dans les élucubra-
tionsnumismatiques, finira bien par donner raison
à la vérité. Mais, à propos même de notre attribu-
tion, on pourrait nous reprocher, et ce ne serait
pas sans raison, de n'avoir pas fait usage d'une
des considérations le plus particulièrement de
nature à la fortifier, si nous n'en disions pas, tout
au moins, quelques mots ici. Il s'agit d'un rappro-
chement qu'il convient d'établir, ce à quoi nous
regrettons de n'avoir été que tardivement en
mesure de songer, entre notre enseigne n° i et les
médaillons italiens du xv° siècle sur lesquels figure
le monogramme jl]S crucifère, avec les détails
significatifs que saint Bernardin de Sienne paraî-
trait surtout avoir adoptés. Nous ne pouvons
pour le moment que prendre simplement acte des
faits, sauf à y revenir lorsque nous serons à l'exa-
men des médaillons italiens.
Une dernière question est, pensons-nous, à
Année 1896. 24
346
poser plutôt qu'à résoudre, parce qu'elle ne nous
paraît pas avoir pu encore être l'objet d'une étude
suffisamment mûrie.
Les enseignes au nom de Jésus mises en faveur à
Paris, en 142g, par les prédications du Frère
Richard, ont-elles été exécutées dans la capitale,
ou bien y avaient-elles été apportées par ce reli-
gieux, qui en aurait eu ainsi à sa disposition le
débit, dès les premiei'S temps de sa mission ?
Notre enseigne n** i ne présente, en tout cas,
aucun caractère spécial à une localité plutôt qu'à
une autre; et c'est ce qui convenait tout particu-
lièrement, ainsi qu'on a pu le voir ci-dessus, au
but que tout religieux de saint François devait se
proposer pour la propagation cosmopolite de la
dévotion envers le nom sacré. Nous avons rap-
pelé plus haut, également, et d'après les observa-
tions de M. Siméon Luce, que le Frère Richard
n'a pas poursuivi ce but seulement à Paris, mais
qu'il s'y montrait attentif partout où l'appelait son
ministère. D'après ces considérations, il n'y
aurait rien de surprenant à ce que des exemplaires
de notre enseigne n° i pussent être retrouvés à des
distances des plus éloignées les unes des autres.
Il est évident que la question est encore de celles
auxquelles le temps, aidé de l'observation des
archéologues, pourra surtout se charger de répon-
dre avec utilité.
{A suivre.) J. Rouyer.
347
NÉCROLOGIE.
Adrien-Juste Enschedé.
Enschedé, qui était membre associé de notre
société depuis le 2 août 1880, vient de mourir à.
Harlem vers le milieu de mars dernier.
C'était un des plus anciens associés de l'impri-
merie Joh. Enschedé et fils, éditeurs du journal
Haarlemsche courant.
Il remplit pendant longtemps, avec le plus
grand zèle, les fonctions d'archiviste-bibliothé-
caire de la ville de Harlem, à laquelle il rendit
d'éminents services comme président de la com-
mission directrice du Musée local et comme pré-
sident de la Société pour le développement des
collections artistiques de ce musée, dontplusieurs
objets remarquables sont dus à sa générosité.
Enschedé allait même jusqu'à abandonner son
traitement de bibliothécaire pour acheter de nom-
breux livres qui manquaient aux collections de la
ville.
La Société pour l'embellissement de Harlem et
de ses environs eut à se réjouir maintes fois de
compter Enschedé parmi ses directeurs : grâce à
à lui, plus d'un précieux monument historique
fut conservé et restauré.
348
L'Eglise wallonne dont il faisait partie n'eut pas
moins à se louer de ses services, surtout pour le
classement des archives qu'elle possède et aussi
comme membre de la Commission de l'histoire
des églises wallonnes.
En outre. Enschedé dépensait sa grande activité
à diriger la Société hollandaise des sciences, à
soutenir, comme membre, la Société Teyler, la
Société Néerlandaise de l'Industrie dont il était du
Comité et à remplir les fonctions de commissaire
de l'Ecole des pupilles de la marine.
Le défunt n'a rien écrit dans notre Revue de
numismatique.
Il était officier d'académie, chevalier du Lion
Néerlandais et chevalier de 4* clas'se du Lion d'Or
de Nassau,
G. C.
'49
MELANGES,
Documents relatifs à F. Harrewyn et à J.-B. Marquart.
Gravé pour Son Excellence le comte de Cobenzl, deux
passeports par ordre de M. Crumpipen, secrétaire d'État
et de Guerre.
Gravé par moi, F. Harrewyn, graveur général de
S. M. l'Impératrice- Reine.
Pour la gravure du grand passeport, 4 gui-
nées = fl. 53-5
Pour le petit passeport, 2 guinées = . . 26-12 1/2
Quittance du i5 novembre 1753 fl. 79-17 1/2
Renouvelé le petit passeport de S. A. R. par
ordre de M. Crumpipen (regravé et renou-
velé) fl. i3-6 1/4
(Secret. d'État et de Guerre: Gastos Secrelos. Reg. 678,
Archives générales du royaume.)
Nous chargeons l'essayeur général des monnaies de Sa
Majesté, Marquart, de faire une stampille pour le nom de
Nobili et il s'en servira pour l'usage que le conseiller d'État
de Nobili lui prescrira de notre part; à l'effet de quoi le dit
Marquart est autorisé par le présent acte, fait à Bruxelles
le 1 1 octobre 1758. » (Quoique cet acte porte la date du
1 1 octobre, il n'a cependant été signé et remis à Marquart
que le 6 novembre 1758.)
35o
La veuve Nettine paiera au graveur des monnaies de
Sa Majesté, Harrewyn, la somme de quarante-deux florins
argent courant de Brabant, pour avoir gravé selon l'état
ci-joint notre petit titre et corrigé le grand titre de la
planche des passeports pour rapport aux changemens sur-
venus dans les titres de Sa Majesté parle mot Apostolique.
Fait à Bruxelles, le 22 décembre lySS.
Pour le petit titre, pour les dépenses courantes, fl. 3i-io
Pour la correction du passeport lo-io
fl. 42-0
(F. Gastos Secretos. Reg. 680, Archives générales du
royaume.)
La veuve Nettine paiera au graveur de Sa Majesté,
Harrewyn, la somme de 91 fl. 10 sols argent courant de Bra-
bant, à quoi monte l'état ci-joint du chef de deux platines
de cuivre qu'il a fournies ainsi que le prix de la gravure
qu'il y a faite de nos titres comme ministre plénipotentiaire
(comte de Starhemberg), pour l'expédition des lettres closes
et des passeports, laquelle somme sera portée aux gastos
secretos.
Deux platines de cuivre rouge fl. 7-10 s.
Pour la gravure de la petite platine 21-0
Pour la gravure de la grande et les passeports . 63-o
fl. 91-10 s.
Ordonnance du 16 juillet 1760.
(Gastos Secretos. Reg. 681, Archives générales du
royaume.)
35 1
Nous avons trouvé la mention que Harrewyn fils s'oc-
cupa de gravure, à Vienne.
La veuve Nettine paiera à Tessaieur général des mon-
noies Marquart pour avoir gravé le passeport à nos titres,
les planches de nos petits titres ainsi que le cachet à nos
armes, la somme de 1 59 florins argent courant de Brabant.
le tout ayant eu lieu à l'occasion des changements qu'exige
notre qualité de Grand Maître de l'Ordre Teutonique
(Charles de Lorraine). Bruxelles, le 9 juin 1761.
(Gastos Secretos. Reg. 682. Archives générales du
royaume.)
Gravé par le soussigné essayeur général des monnoies
de Sa Majesté aux Pays-Bas.
Gravé sur cuivre le passeport au grand titre de
S. A. R. à 8 pistoles . . . . . . . . fl. 84-0
Gravé deux fois, aussi sur cuivre, le petit titre de
S. A. R. à 2 pistoles chaque 42-0
Déboursé pour les platines de cuivre polies . . . 9-0
Gravé le cachet de S. A. R. sur argent avec les
attributs de la Grande Maîtrise de l'Ordre Teu- .
tonique, à 2 pistoles 21-0
Pour l'argent et le manche du cachet 3-o
fl. 159-0
Bruxelles, le 6 juin 1761.
J.-B. G. Marquart.
(Même registre.)
(( La veuve Nettine paiera à l'essaieur général des mon-
352
noies de Sa Majesté, Marquart, la somme de 42 florins
i5 3/4 sols argent courant de Brabant, à quoi selon le
billet ci-joint montent les frais d'impression des passeports
et des feuilles de nos titres servant aux dépêches pour les
affaires du gouvernement y compris le renouvellement de
la gravure de la planche des dits titres. Bruxelles, le 23 fé-
vrier 1764.
Imprimé pour la secrétairerie d'État et Guerre par ordre
de M. de Crumpipen, depuis le 22 juin 1761 jusqu'au
17 février 1764 :
i,5oo petits passeports à 3 escalins le cent. . fl. i5-i5-o
675 grands passeports à 7 escalins le cent . . . 16-10-9
Avoir raccommodé et regravé la planche . . . lo-io-o
fl. 42-15-9
(Gastos Secretos. Reg. 683, Archives générales du
royaume.)
Le waradin de la Monnoie de Sa Majesté Impériale et
Royale Apostolique, Marquart, aiant gravé par nos ordres :
1° une planche pour l'impression des passeports que le
ministre plénipotentiaire, prince de Starhemberg, sera dans
le cas de faire expédier et 2» une planche pour l'impression
du titre du même ministre, sur du papier destiné à servir
pour l'expédition de lettres et actes du gouvernement, la
veuve Nettine paiera 84 florins argent courant de Brabant.
Bruxelles, le 7 mai 1770.
Gravure des passeports à fl. 63
— du petit titre pour lettres, actes, etc. ...21
fl. 84
(Gastos Secretos. Reg. 686, Archives générales du
royaume.)
353
Nous pensons qu'il est inutile d'ajouter à ces actes un
commentaire quelconque; ils sont assez explicites par eux-
mêmes. Nous les avons donc publiés tels que nous les
avons trouvés dans les Gastos Secretos afin de compléter
les renseignements biographiques sur F, Harrewyn et
J.-B. Marquart.
G. CUMONT.
Denier de Born. — En faisant connaître dans la
Revue de cette année, p. lyS, un denier noir de Born, nous
avions cru pouvoir reproduire, de confiance, quelques
renseignements concernant cette seigneurie, puisés dans
des articles publiés, jadis, par MM. Perreau et Piot(i). On
va voir, par l'extrait suivant d'une lettre que notre excel-
lent confrère M. le baron de Chestret de HanefFe, dans son
amitié pour nous, a pris la peine de nous adresser, com-
bien nous avons eu tort de ne pas vérifier les dires de nos
devanciers :
« Je tiens avec vous pour absolument certain que le
» billon noir publié dans la dernière livraison de la Revue
» (p. 175), doit être attribué à Renaud, seigneur de Born
» (1378- 1396), que l'on trouve indifféremment désigné
» dans les chartes et les reliefs sous les prénoms de Rei-
» noldus, Renerus, Reynarr, etc. Seulement, au lieu de
)) l'appeler Renaud de Dalembroeck, il importe de lui
» restituer son véritable nom : Renaud de Fauquemont,
» seigneur de Born et de Sittard. C'est ainsi notamment
» qu'il s'intitule dans l'acte du 9 janvier i393, par lequel
(1) Revue belge de Numismatique, t I, p. 365 et t. XI, p. 49 — Voir
aussi VANDER Chijs, Leenen van Braband, etc., p. 71.
354
» il constitue en douaire à sa femme Elisabeth de Clèves,
» de la maison de la Marck, le château de Ravenstein,
» avec les terres de Herpen et d'Uden (Lacomblet, t. III.
» n" 977). Ce qui a donné lieu à M. Piot d'en faire un
» sire de Dalembroeck, c'est qu'il éleva des prétentions sur
» cette terre, qu'il voulait enlever à la maison de Heins-
» berg-Looz (KreMER, Akad. Beitràge, t. I, p. 37).
» J'ajouterai que la Seigneurie de Born n'était pas située
» dans le duché de Juliers, mais qu'elle relevait du comté
» de Looz, comme fief du Maesland. Aussi fait-elle partie
» aujourd'hui du Limbourg hollandais et non du royaume
» de Prusse. »
Grâce aux profondes connaissances historiques de M. le
baron de Chestret et à son obligeance toute confraternelle,
voilà donc rectifiées une série d'erreurs que nous avions
commis la légèreté de rééditer.
A. DEWITTE.
Droits d'entrée et de sortie.
Nous avons parlé, ci-dessus, p. 199, d'une plaque rela-
tive aux droits d'entrée et de sortie, sous Marie-Thérèse.
Les bureaux principaux des droits d'entrée et de sortie
étaient en 1745 : Mons, Charleroi, Namur, Anvers,
Turnhout, Tirlemont, Navagne (1), Ruremonde, Luxem-
bourg, St-'Vith et Marche.
Il y avait encore : Bruges, Ypres, Nieuport. Tournai,
(i) Navagne, dépendance de Mouland, province de Liège, canton de
Dalhem.
355
Beaumont, Bruxelles, Gand, Ostende, St- Philippe, Cour-
trai, Anvers, Manage et Ath.
(Secret. d'État et de Guerre : Gastos Secretos. Reg, 677,
Archives générales du royaume.)
G. G.
Le monnayeur franc sur la monnaie mérovingienne, par
Louis Blancard. (Extrait des Mémoires de l'Aca-
démie de Marseille.)
Le curieux et rare revers d'un tiers de sou d'or représentant
un monnayeur franc occupé à frapper monnaie, a fourni à
notre savant confrère l'occasion de définir les fonctions de
ces officiers monétaires. Il s'étend ensuite longuement sur
le sens qu'il faut donner au mot metallum et termine son
intéressante notice en démontrant que le triens devait
être la véritable unité monétaire à l'époque mérovingienne.
Un fidèle agrandissement du revers qui fait l'objet de la
notice que nous résumons, agrandissement dû à des procé-
dés photographiques, accompagne le travail de M. Blan-
card.
Vte B. DE J.
Die Mûn\en unter der Regierung seiner Kais. u. Kon.
Apostolischen Majesîat des Kaisers Fran:^ Joseph I.
Bis :{ur Einfiihrung der Kronenwàhrung. Beschrieben
von HEINRICH Cubasch, Jun. Wien, 1896, in-40,
81 p., 2 pi, '
Les travaux de numismatique contemporaine sont rares
de nos jours; peut-être est-ce un mal, et les numismatistes
356
de l'avçnir regretteront-ils l'oubli dans lequel nous laissons
de parti pris les monnaies du XIX^ siècle, qui sont loin,
cependant, de manquer d'intérêt. Ces réflexions nous sont
suggérées par la lecture du beau volume que M. Henri
Cubasch, junior, vient de faire paraître sur le numéraire,
si varié, créé en Autriche au cours du règne de l'empereur
François-Joseph I^r.
On se fera une idée du soin apporté par l'auteur dans
ses recherches en constatant qu'il ne décrit pas moins de
244 monnaies diverses.
M. Cubasch complète son œuvre par de nombreux ta-
bleaux fort instructifs, la liste des ateliers monétaires et
leurs différends, la suite des maîtres des Monnaies et,
enfin, la nomenclature complète des graveurs de coins.
Deux planches viennent donner un intérêt de plus à cet
excellent mémoire.
A. DE W.
Médaille pour les représentants de Malines pendant
l'occupation française de 1792 à 1793.
Dans cette Revue, année 1886, pp. 296 et 467, nous
avons déjà parlé de cette médaille et nous avons dit que
Th. van Berckel semblait avoir terminé la gravure des
coins (droit et revers) lorsque survint, le 27 avril 1793, la
défense de graver et de distribuer ces médailles. Le revers
de cette médaille étant conservé dans la collection de la
Monnaie de Bruxelles, mais le droit n'ayant pas été
retrouvé, on pouvait douter si van Berckel avait eu le temps
d'achever les deux coins. Aujourd'hui, nous avons la certi-
tude que ces coins étaient achevés lors de l'interdiction
ci-dessus mentionnée, et si le coin du droit n'existe pas dans
357
la collection, c'est qu'il a été détruit ou égaré. La requête
du Pensionnaire Goubau au Conseil des finances (v. Revue
1886, p. 3o2) nous avait du reste déjà fait présumer que van
Berckel avait achevé la gravure des deux coins.
M.V. Hermans, archiviste-bibliothécaire de la ville de
Malines, qui avait eu l'obligeance, en 1886, de nous com-
muniquer plusieurs documents relatifs à cette médaille,
vient de trouver dans le dernier registre des comptes com-
munaux de 1719 à 1793. le renseignement inédit que
voici :
('. Au sieur van Berckel, pour avoir fait, à la requête du
Magistrat, une paire de coins pour les médailles destinées
à être offertes aux ex-représentants du peuple à l'époque de
l'occupation de l'armée française, i3i-5. » (Traduction du
texte flamand.)
La dite somme lui fut payée en vertu de la résolution
suivante du Magistrat, prise le 7 octobre 1793 :
« Le 7 octobre 1793, est lue la lettre du sieur van
Berckel avec compte détaillé des frais et honoraires pour la
gravure des coins des médailles commandées pour être
distribuées aux membres ayant composé la représentation
du peuple de Malines à l'époque de la dernière occupation
française, le dit compte se montant à fl. i3i-5-o que les
sieurs trésoriers ont été autorisés à payer et le sieur Pen-
sionnaire du Conseil Goubau a été chargé de prier van
Berckel de vouloir nous envoyer ces coins. » (Traduction
du texte flamand. Voy. Résolutions du Magistrat de
Malines, reg. 27, fol. 29.)
Nous savons que les efforts faits par Goubau pour
mettre le Magistrat en possession des coins de la médaille
n'aboutirent pas.
Ces deux notes des comptes communaux, publiées par
358
M. V. Hefmans dans son intéressant Inventaire des
archives de la ville de Malines, tome huitième, p. 424,
viennent compléter très heureusement les pièces justifica-
tives que nous avons insérées dans la Revue, 1886, p, 3o2,
à la suite de notre première étude sur la médaille en ques-
tion.
G. CUMONT.
Sceaux armoriés des Pays-Bas et des pays avoisi-
NANTS (Belgique, Royaume des Pays-Bas, Luxem-
bourg, Allemagne, France), par J.-Th. DE RAADT.
Voici un livre qui sera certainement bien accueilli par tous
ceux, et ils sont nombreux, qui s'occupent d'histoire, de
généalogie ou de blason.
Admis par l'auteur à en feuilleter le manuscrit, nous
croyons être utile à nos confrères de la Société royale belge
de Numismatique en attirant d'avance (ce qui est du reste
un peu dans les traditions de la Société) leur attention sur ce
vaste recueil, fruit de longues et patientes recherches dans
les archives du pays et de l'étranger.
Disons tout de suite que le travail de M. de Raadt repose
sur des documents d'uneauthenticiié absolue, c'est-à-dire les
chartes et diplômes, et surtout les sceaux qui y sont appen-
dus. L'auteur donne de ceux-ci une description générale-
ment très fidèle, souvent accompagnée de fac-similé ou de
dessins, ainsi qu'une analyse succincte des pièces, quand
elles présentent des renseignements intéressants au point
de vue de l'histoire. Le tout est accompagné de l'indication
des sources, ce qui permet de vérifier les données fournies,
et aussi, si on le désire, de se procurer, soit la copie des
documents cités, soit les moulages des sceaux décrits.
359
L'auteur, que l'aridité d'un pareil travail n'a point rebuté,
passe en revue des milliers d'actes concernant la noblesse,
tels que reliefs de fief, actes d'inféodation ou de réconci-
liation, nominations, partages, etc., etc.
Aux précieux détails, presque tous inédits, que fournis-
sent ces documents, viennent se joindre des renseignements
analogues sur la grande et la petite bourgeoisie. Enfin, un
nombre considérable de quittances relatives aux indemnités
payées par nos princes aux chevaliers, écuyers et simples
hommes d'armes qui ont pris part à leurs guerres et à leurs
chevauchées complètent l'ouvrage.
Si l'historien, l'archéologue et l'amateur de généalogie
pelivent être assurés de trouver dans ce vaste répertoire
une somme inespérée d'indications, a fortiori les numis-
mates, qui ont toujours eu à regretter l'absence d'un livre-
outil pouvant les guider sûrement dans leurs difiiciles
recherches, pourront-ils y puiser largement. Depuis long-
temps déjà, les représentants les plus autorisés de la science
numismatique ont reconnu les défauts et les lacunes de
l'armoriai de RiETSTAP, le plus considérable dont ils aient
pu disposer jusqu'à présent. Heureusement, cet armoriai
est aujourd'hui rendu d'une consultation plus facile, grâce
à l'ouvrage, en cours de publication, du comte Th. de
Renesse, ce qui n'atténue en rien cependant les critiques
que nous venons de rappeler.
Dans son Introduction, qui constitue une sorte de traité
héraldique, spécialement basé sur les éléments sigillogra-
phiques mis en œuvre, et qui contient une foule d'observa-
tions nouvelle>, M. de Raadt donne un aperçu méthodique
qui est appelé à rendre aux chercheurs en général, et parti-
culièrement à ceux qui étudient les jetons et les monnaies,
de très réels services. Nous voulons parler du relevé des
36o
familles portant dans leurs armoiries des meubles iden-
tiques. En effet, l'auteur y groupe les noms de façon à
permettre à chacun de retrouver immédiatement dans son
livre toutes les familles ayant scellé des mêmes figures héral-
diques.
Qu'il nous soit permis de nous borner à deux exemples :
les cinq losanges en croix, appartenant à une des plus célè-
bres familles bruxelloises, les de Mol, se rencontrent égale-
ment dans les blasons des Ghindertalen, des Kessel, des
Conincxloo, des Ophem, des Rode, des Schoor, des
Slaterbec, des Spiegel, des Wellen, des échevins à'Eegen-
hoven, etc. ; en second lieu, les cinq coquilles en croix
forment, entre autres, les armoiries des hvcnWQs Eschweiler ,
Esselen, Hertoghe, Camborne, Coninc, Mans, Noot, Pla-
tea, Spiegel, Steemveg, Storm.
L'auteur, tout en embrassant dans ses recherches les
Pays-Bas, dans la plus vaste acception du terme, et la par-
tie des pays les plus proches de nos anciennes provinces, a
fait une place très large à l'héraldique bruxelloise, en décri-
vant tous les sceaux des anciens échevins, receveurs,
conseillers, qu'il a pu rencontrer dans les dépôts publics et
dans les collections particulières, d'un accès parfois si diffi-
cile aux chercheurs, ou ignorés d'eux.
Les armoiries étant dépourvues de l'indication des émaux
sur les sceaux du moyen âge, il a été suppléé à celte lacune
par l'emprunt fait à d'anciens manuscrits, à des chroniques,
et même à des romans de chevalerie, des couleurs dont ils
offrent quelquefois la description ou l'image enluminée.
Les documents publiés par M. de Raadt serviront au
surplus de contrôle aux assertions contenues dans ces diffé-
rentes catégories d'ouvrages et aideront puissamment à une
meilleure compréhension de certains anciens travaux très
36i
étendus et constamment consultés, tels que le Miroir des
nobles de Hasbqye, de JACQUES DE HemricouRT, le
Wapenboek du hérault d'armes GELRE, les Chroniques de
FROISSART, etc., etc.
Tout en n'excluant, en principe, aucune époque, c'est le
XI ve siècle qui se trouve le plus largement représenté dans
l'ouvrage dont nous avons tenu à signaler à nos confrères
la prochaine apparition.
J. VAN MALDERGHEM.
Numismatique malinoise.
A te lier s monétaires .
Nous avons publié, ci-dessus, p. 226, quelques rensei-
gnements concernant la numismatique malinoise, extraits
du tome huitième de XInventaire des archives de la ville
de Malines, par M. V. Hermans, le savant et zélé archi-
viste-bibliothécaire de cette ville. Aujourd'hui, M. Hermans
vient d'augmenter ce tome huitième de quelques pages de
rectifications et de documents nouveaux. Parmi eux nous
devons mentionner ici les textes relatifs aux Ateliers moné-
taires. Le premier atelier monétaire, remontant à l'année
1357, était établi, dit M. Hermans, au Vieux Bruel, comme
il résulte de trois passages du compte communal de iBôg-
iSyo, fol. 70. (Les citations sont en flamand et sont trans-
crites dans le supplément du tome VIII, p. 438-439.)
Le nom de munte donné, en 1407, à une maison, rue de
la Chaussée (v. ci-dessus, p. 229), n'était, dit l'auteur,
qu'un nom d'emprunt et rien de plus. Ainsi donc vient à
tomber, ajoule-t-il, sa conjecture relative à l'endroit de la
ville occupé par le premier atelier monétaire de Malines.
« Par acte du 5 août 1423, comme il est dit à la page 327,
Année 1896. 25
362
» Adrien Adeleyn acquit l'ancien hôtel de la Monnaie,
» situé rue du Vieux Bruel. Le i8 octobre 1425, celui-ci
» échut à Jacques de Heffene et, le 19 août de l'année sui-
» vante, à Gauthier de Duffle, dit Berthout. En 1448, il
» appartenait en partie aux frères Jean et Florent Bock.
» L'année suivante, ceux-ci vendirent à Jean de Muysene
» leur part dans la moitié du dit hôtel. De 1476 à iSoy, il
» fut habité successivement par le chancelier de Bour-
» gogne Guillaume Hugonet et son fils Guillaume de
» Saillant, qui le vendit alors à Philippe Wielant, conseil-
» 1er et maître des requêtes près le Grand Conseil. De
» i5o7 à 1 558, cette propriété fut possédée, d'abord par
» Messire Ferry Laureyns, seigneur de Tardeghem, puis
» par Albert Bouw^enssen, procureur près le Grand Con-
» seil, et enfin par Messire Jacques Quarré. En i635, elle
» passa sous la désignation vulgaire de "t Huys van Quarré
)) en mains de Pierre de Dryver, qui la convertit en bras-
» série. Dès lors disparaît cette dernière dénomination
» pour faire place à celle de den Eenhoren (la Licorne),
» nom qu'elle porta jusqu'à sa démolition, en 1870. »
Telles sont les vicissitudes de cet hôtel monétaire.
Le savant archiviste de Malines a pu réunir, pour les
établir, une série de documents écrits en latin et en flamand
et mentionnés sous le titre de pièces justificatives dans le
supplément ci-dessus indiqué, pp. 439 à 446. Nous félici-
tons vivement M. Hermans d'avoir réussi à former un
aussi important faisceau de preuves.
G. CUMONT.
Dans le même supplément (pp. 432-438 et p. 456),
M. Hermans indique, d'après les comptes de Malines de
1443-46 à 1706-07, une liste des sceaux scabinaux et les
363
noms de leurs graveurs (i). Cette liste vient compléter
celle que feu notre regretté collègue Pinchart nous a fait
si bien connaître dans ses Recherches sur la vie et les tra-
vaux des graveurs de médailles^ de sceaux et de monnaies
des Pays-Bas.
G. C.
v
Sur le rapport de M. Muntz, le prix Duchalais, d'une
valeur de 800 francs, a été décerné à M. de la Tour, biblio-
thécaire au Cabinet des médailles à Paris, pour les quatre
mémoires qu'il a présentés sur des médailles italiennes de
la Renaissance,
La commission accorde en outre une mention toute
spéciale à l'ouvrage de M. de Belfort : Description générale
des monnaies mérovingiennes, qui avait été présenté au
même concours.
Nos félicitations les plus chaleureuses aux deux lauréats
dont les travaux sur la numismatique sont si avantageuse-
ment connus du monde savant.
VieB. DE J.
Il y a un an à peine, on s'en souvient, M. le comte
de Nahuys réclamait, dans la Revue, de l'obligeance de
tous ses confrères, la communication des renseignements
inédits qu'ils pourraient posséder sur le monnayage du roi
Jérôme de Westphalie. Depuis, la mort est venue frapper
notre excellent collègue, au moment même où il terminait
son travail.
M.Goemaere, éditeur, 21 rue de la Limite, à Bruxelles,
(1) Voir encore quelques graveurs d'autres sceaux, pp. 448-449.
364
s'inspirant du seul intérêt scientifique et avec un désintéres-
sement auquel nous nous plaisons à rendre hommage, est
tout disposé à entreprendre la publication de L'HISTOIRE
NUMISMATIQUE DU ROYAUME DE WESTPHALIE, SOUS
LE RÈGNE DU ROI JÉROME-NAPOLÉON (i), à la seule
condition d'obtenir, tout d'abord, l'appui de quelques
souscripteurs qui le mettraient à couvert d'une partie de
ses frais. Nous espérons que son appel sera entendu et que
l'œuvre du comte de Nahuys ne sera par perdue pour les
numismatistes.
A. DE W.
La monnaie de Jovinpeu ou Saint-Donat {894-I02S?)
par M. Roger Vallentin. Valence, imp. Jules Céas
et fils, 1895, in-80, 24 pages. Extrait du Bulletin de la
Société d' Archéologie et de Statistique de la Drôme.
Les auteurs les plus récents ont négligé de signaler
l'existence de l'atelier épiscopal de Saint-Donat (Drôme).
Cependant il est bien établi que les évêques de Grenoble
ont battu monnaie dans cette localité. Notre savant collè-
gue pense que celte officine a été installée après le 1 1 août
894, à une date inconnue, et qu'elle a été mise en activité
de temps à autre jusqu'en io25 environ au plus tard. Il
démontre qu'il est tout naturel que les évêques de Grenoble
aient exercé dans ce village l'un de leurs droits régaliens,
(1) Édition de luxe, grand in-40, enrichie de nombreuses planclies
en couleur et de documents inédits, sur le plan de l'Histoire numis-
matique du royaume de Hollande sous le règne de Louis-Napoléon
et l'Histoire numismatique de la Hollande pendant sa réunion à
r Empire français. — Prix : 20 francs.
365
Jovinzieu se trouvant dans le comitatus onpagus de Vienne.
Le nom de Jovinzieu fut changé en celui de Saint-DonaL
vers g 10. L'auteur ajoute que les espèces ouvrées à Saint-
Donat devaient mentionner d'une manière plus ou moins
explicite ce même Saint-Donat, patron de cette ville, mais
que la rareté extrême de ces espèces, inconnues aujourd'hui,
permet de prétendre que l'atelier de Saint-Donat n'a eu
qu'une existence éphémère et n'a fonctionné que d'une
manière très intermittente durant le laps de temps indiqué
ci-dessus.
Espérons que ce desideratum de la numismatique du
Dauphiné finira par être comblé, car M. R. Vallentin a très
bien déblayé la route pour y parvenir.
G. G.
Bibliographie des travaux de Frédéric Soret, relatifs
à la numismatique.
La Société d'histoire et d'archéologie de Genève a publié
à l'occasion du Congrès des Orientalistes qui eut lieu en
cette ville en 1894, une fort élégante plaquette (i) rédigée
par M. Edouard Favre, actuellement président de la
savante compagnie. Cette plaquette contient un inven-
taire des nombreux travaux d'orientalisme lus aux séances
de la Société depuis sa fondation, en i838, Jusqu'à l'année
du Congrès ; on y trouve deux excellents portraits d'orien-
talistes célèbres, membres-fondateurs de la Société, Adolphe
Pictet, l'auteur des Origines indo-européennes, et Frédé-
ric Soret, l'illustre numismate, l'un de nos zélés collabora-
teurs de Jadis. Et M. Favre a pensé fort Judicieusement
(x) Les études orientales à la Société d'histoire et d archéologie
de Genève, 1838-1894. Genève, imp. Kûndig, 5o pp., in-S".
■366
que c'était le cas de donner la bibliographie des nombreux
travaux numismatiques de Soret; on ne pouvait mieux
taire. Malheureusement, l'opuscule en question a été
réservé aux seuls membres du Congrès et de la Société
d'histoire ; les numismates, nos confrères, ne pourront pas
facilement profiter de cette précieuse bibliographie qui ne
comprend pas moins de 17 pages in-S", consacrées à la
nomenclature des écrits publiés par Soret lui-même, et
des lettres à lui adressées, concernant ses collections et
annotées par le savant numismatiste.
J. M.
Denier royal et épiscopal frappé à Melle sous Charle-
magne, par LOUIS BlancARD. Extrait des Mémoires
de r Académie de Marseille, 3 pages in-8° et figure.
On sait que l'église de Poitiers jouissait du droit de
monnayage à l'époque mérovingienne.
L'auteur démontre qu'elle avait encore ce droit sous
Charlemagne, mais en participation avec le roi. Cela
résulte de la double légende du curieux denier publié par
notre savant collègue. Au droit, le nom de Charlemagne,
CAROLVS. Au revers, un monogramme signifiant
MetuUum (Melle), les autres lettres pouvant être interpré-
tées £P(iscopus) (Crosse) P(ictaviensis). En effet, la ville
de Melle est dans le diocèse de Poitiers et l'évêque de Poi-
tiers était le seul évêque qui piàt avoir droit de seigneu-
riage sur la monnaie de Melle.
M. Blancard constate donc qu'au monnayage de Melle
participaient, au commencement du règne de Charle-
magne, l'Évêque et le Roi.
G. C.
367
De drie merkwaardige Schellingen : het Schild, het Lam
en de Gulden van gewicht of de munten van 3, 2 1/2
en 2 Tremissen met daarmede in verband staande
Pondenstelsels. Uitvoerige beschrijving van het middel-
eeuwsche Pond- of Geldwezen met tal van berekeningen,
zoo voor het bepalen van het gewicht, als voor de waar-
de van oude munten, door A. HOLLESTELLE, te Tho-
len. Tholen, J. M. G. Pot, 1896, i^ partie. Un volume
in-80 de 98 pages.
Le remarquable travail de M. HoUestelle est le complé-
ment d'un ouvrage du même auteur intitule' Het Schild
en de daarmede in verband staande Pondenstelsels. Notre
regretté collègue, M. le comte de Nahuys, en a donné un
excellent compte-rendu dans nos annales de 1893, i« livrai-
son, p. 108.
Dans l'ouvrage qui nous occupe maintenant, l'auteur a
élargi son terrain : il ne se contente plus d'étudier l'écu, il
englobe l'agnel et le florin.
Successivement, les marks de Cologne, de Louvain, les
denarii aurei sont étudiés. Puis, il s'attaque aux onces,
aux sterlings de Londres et aux deniers de 1257, aux mon-
naies du monnayeur Rednathes ; plus loin, il parle du 1/4
de mark (Fertho). de l'aureolus. des drachmes d'or et des
livres de Groningue.
L'agnel d'or et l'emploi de la livre de 63 fl. ; deux inté-
ressants esterlings de fl. 0.14 7/12 et de fl. o.ii 2/3; la
monnaie de Gulm; le double agnel d'or; l'écusson et l'an-
gelot sont tour à tour étudiés, discutés.
M. HoUestelle nous livre un travail fortement écha-
faudé; il fourmille de données exactes, puisées aux sources
les plus certaines, les plus sûres; maints points obscurs
368
sont élucidés et les numismates y trouveront des éléments
utiles pour la numismatique du moyen âge.
C'est un monument précieux, pour lequel nous expri-
mons toute notre gratitude au consciencieux auteur.
M. le comte de Nahuys regrettait de ne pas trouver une
table analytique à la première étude de M. Hollestelle. Je
m'associe au regret de notre ancien collègue et l'exprime
encore au sujet de l'ouvrage qui nous occupe aujour-
d'hui.
Seeldrayers.
Plombs des toiles de Courtrai et de Menin.
Le tome VI du Recueil des anciennes ordonnances des
Pays-Bas autrichiens renferme une ordonnance de l'inten-
dant, pour le roi de France, Moreau de Séchelle, donnée le
22 juin 1744, dont nous extrayons le passage suivant :
« Que les baillis et échevins des villages de la châtel-
« lenie de Courtray et de la verge de Menin seront tenus
« de se pourvoir, dans la huitaine, à compter de ce jour,
« d'une marque chacun pour apposer sur les toiles qui se
« trouveront actuellement dans les dites paroisses, prove-
« nant de la fabrique des habitants, sur celles qui s'y fabri-
« quent actuellement et qu'ils fabriqueront à l'avenir, des-
« quelles marques ils remettront une des empreintes dans
« les bureaux de Menin et de Courtray, avec leur certifi-
« cat, pour y avoir recours au besoin ».
Cette ordonnance est rendue à la requête de M« Jacques
Forceville, adjudicataire général des fermes du Roi, qui
démontre la nécessité d'établir une police concernant la
marque des toiles fabriquées dans la châtellenie de Cour-
trai et la verge de Menin, afin de pouvoir les distinguer
369
de celles que l'on fabriquait dans les pays voisins. Les
plombs qui, désormais, devaient être apposés aux toiles de
Courtrai et de Menin, portaient, d'un côté, « les armes de
la châtellenie de Courtray et verge de Menin », et, de l'au-
tre, « le nom du lieu où les dites toiles étoient fabriquées. »
^. DE w.
\
Voyage de J. B. Marquart, à Paris, pour Vétalon-
nement des poids des monnaies de Sa Majesté aux
Pays-Bas.
Voici quelques documents intéressants, relatifs à ce
voyage, tirés des Gastos Secretos (Secret. d'État et de
Guerre, Reg. 679, Archives gén. du royaume) :
« Indépendamment des 20 pistoles à 10 florins 10 sols
pièce, que, par notre ordonnance du 26 octobre lySS, nous
avons assigné sur les Gastos Secretos à N. Marquart pour
fraix d'un voiage qu'il devoit faire à Paris pour le R. ser-
vice, relativement à l'étallonnement des poids pour
les monnoies de Sa Majesté aux Pais-Bas, le même Mar-
quart a dû faire des dépenses ultérieures pendant son
séjour à Paris, du su et de la connoissance du Ministre
Impérial le comte de Starhemberg, dont l'import va à
douze cens livres de France, lesqueles lui ont été avancés
par ledit Ministre (hors des deniers que le comte de
Cobenzl avoit à Paris), nous chargeons la veuve Nettine
d'en faire rembourser ce dernier et de porter les douze
cens livres dans ses comptes des Gastos Secretos où la
même somme lui sera passée parmi la présente ordonnance
et respectives les quittances y afférentes. Fait à Bruxelles,
le 1 1 mars iy56. »
Syo
« Le soussigné reconnois avoir reçu de S. E. le comte de
Starhemberg tant pour mon voiage que pour les fraix de
l'étallonnement des poids que pour ma subsistance, la
somme de cinquante louis faisant douze cent livres de
France.
» Â Paris, ce trois de mars de l'année mil sept cent cin-
quante-six.
» J. B. Marquart, 1756. »
« Fraix faits au sujet de l'étallonnement dit vérification
des poids de soixante-quatre marcs en la Cour des mon-
noyes de Paris :
Primo, pour avoir fait graver les armes de
Sa Majesté l'Impératrice Reine sur la pille et
les lettres sur le poids 18 livres.
Pour avoir fait faire un étuy garni de ferure
et crochet de fer 18 —
Payé aux balanciers LeCanu et Fremin pour
une pille que je leur ai fait faire, 8 louis d'or =192 —
De plus payé aux susdits balanciers pour
leurs vacations, chacun douze livres, pour
avoir étallonné laditte pile à la Cour des mon-
noyes 24 —
Payé au procureur le S"" Harmand pour de-
voir et ses droits 3o —
Donné aux quatre huissiers pour gratifica-
tion 18 —
Aux serviteurs tant de la buvette qu'à d'au-
tres domestiques de la Cour 24 —
Au laquais du procureur général .... 6 —
3ji
Aux laquais du premier président .... 12 livres.
Aux commis et écrivains du greffe. . . . 18 —
Donné tant aux laquais des commissaires,
greffier en chef et substitut du procureur géné-
ral la somme de 18 livres, les dits commis-
saires et greffier en chef et substitut n'ayant
pas voulu recevoir de vacations 18 —
Approuvé, le comte de Starhemberg . . . 378 livres.
La veuve Nettine paiera hors de la caisse des Gastos
Secretos à N. Marquart la somme de i5o florins argent
courant qui lui est encore due pour reste de la dépense
qu'il a faite pendant son séjour à Paris.
Bruxelles, le 29 juillet 1756.
La veuve Mathias Nettine tenait une banque à Bruxelles
et était chargée, à cette époque, du service des Gastos
Secretos ou dépenses secrètes.
Quant à J. B. Marquart, il était, en 1756, essayeur géné-
ral des monnaies de S. M. l'Impératrice Marie-Thérèse.
G. CUMONT.
Les casques francs sur les monnaies mérovingiennes, par
Louis BlanCARD. (Extrait des Mémoires de l Académie
de Marseille.)
L'érudit archéologue fait défiler sous nos yeux les nom-
breux et différents types de casques représentés sur le numé-
raire mérovingien. Monnaies et textes ontété consciencieuse-
ment consultés par l'auteur. Il prouve victorieusement, pour
finir son travail si curieux, que le type prétendu diadème
est simplement Une tête casquée. La notice si instructive
372
dont nous venons de donner un aperçu très sommaire,
sera lue avec un vif intérêt par tous ceux qui s'occupent de
l'étude si attrayante des costumes et des armures à l'époque
franque.
V^-^B. DE J.
Notes sur Forigine de la monnaie tournois, par M . A. DE
Barthélémy. Extrait dés Mémoires de V Académie des
inscriptions et belles-lettres. Paris, 1896, in-40, 14 pages.
Travail du plus haut intérêt. Nous ne pouvons mieux
faire, vu l'importance du sujet, que de transcrire in extenso
les conclusions auxquelles arrive l'éminent académicien :
jo Que, depuis 8o5, la monnaie de Tours fut frappée
pour le roi, par les comtes, jusqu'en 909; qu'alors le duc-
abbé Robert obtint de Charles-le-Simple le droit de frapper
monnaie en faveur de la communauté dont il était abbé
laïque ;
2" Que, depuis 919, la monnaie fut ouvrée à Tours pour
le duc-abbé et pour ses successeurs, jusqu'au couronnement
de Hugues Capet ;
3° Que les ducs-abbés avaient donné une grande exten-
sion à leur privilège, en faisant monnayer dans plusieurs
villes de leurs dépendance, comme Chinon, Blois et
Orléans ;
4« Qu'à l'avènement des Capétiens, les lieutenants des
anciens ducs des Francs frappèrent pour eux-mêmes dans
leurs fiefs, en conservant traditionnellement un type qui
rappelait le chef de saint Martin ;
5" Que la monnaie de Tours, après la disparition du
dernier duc, continua d'appartenir aux comtes, représentés
successivement par les comtes de Blois, puis ceux d'Anjou ;
373
6° Que Philippe- Auguste prit possession de la monnaie
de Tours à titre de successeur des comtes ;
7° Que, lors de la promulgation de l'ordonnance moné-
taire de i3i4, la collégiale tenta, sans succès, de faire
revivre son privilège, devenu caduc depuis plusieurs siècles.
A. DE W.
Chronique des ventes en Belgique.
I. Vente Cocheteux . — Les 12 et i3 mars 1896 ont été
dispersées, à Bruxelles, par les soins de MM. Dupriez et
Cordemans, experts, les collections numismatiques d'un des
plus anciens membres de notre société, le général Cocheteux.
Tournaisien de naissance, notre confrère s'était surtout
appliqué à réunir une suite, aussi complète que possible,
des monnaies frappées dans sa ville natale ; 224 numéros
du catalogue sont consacrés à Tournai.
Parmi les pièces de cette série, dont malheureusement
peu d'amateurs s'occupent, nous citerons, comme ayant
atteint des prix assez élevés, une couronne d'or de Philippe 1 1 ,
65 francs; un rare ducaton d'Albert et Isabelle, 70 francs ;
enfin, un double florin d'argent des mêmes princes, 5o fr.
M. Cocheteux possédait aussi une assez jolie suite de
monnaies romaines et quelques jetons et méreaux :
N0519. — Denier d'argent de Constantin Jer, offrant,
au revers, au dire du catalogue, la Porta- Nigra de
Trêves fr. 42
N'^ioSS. — Jeton de Tournai : Vive Carie empereur
de Romme fr. 1 1
N» 1069, — Jeton des maîtres de la Monnaie de Bruges,
1468 fr. 10
etc., etc.
374
Parmi les pièces de provenance diverse, il nous faut
encore citer :
N° i533. — Un statère dor de Panticapée, adjugé
looo francs à M. Coster.
N» 1 543. — Demi-statère d'Agathocle de Syracuse, fr. 200
N» i633. — Médaille d'argent, de grand module, commé-
morative de la paix de Westminster entre les Pays-Bas et
l'Angleterre fr. 120
Les 1,655 numéros du catalogue ont produit en tout
fr. 7,264.30.
C'est là un résultat dont les experts peuvent se féliciter.
1 1 . Collection de feu M. V. de L.. . , capitaine d'artillerie
en retraite, à Landrecies. Vente à Bruxelles, les 18 et
19 mai 1896. Expert M. R. Serrure.
Des monnaies grecques et romaines, une assez jolie suite
du Hainaut, quelques pièces de Brabant, de Tournai, de
Flandre, de Liège, etc., etc., des monnaies étrangères, des
médailles et des jetons, en tout 544 lots.
Voici quelques prix.
Panorme sous la domination carthaginoise. Tétra-
drachme à la tête d'Hercule jeune fr. 59
Cyme. Tétradrachme 54
Démétrius II, Nicator, roi de Syrie. Tétradrachme 5o
Ptolémée I, Soter, roi d'Egypte. Tétradrachme . 80
Antonin le Pieux. Aureus au revers de la Félicité . 61
Pupienus. Grand bronze à la Victoire 3o
Jovien. Sou d'or 60
Les monnaies belges ont atteint des prix élevés.
Hainaut, Guillaume II. Tiers de gros au lion, en argent;
connu jusqu'ici seulement en cuivre saucé .... 76
Guillaume III. Grand mouton d'or i65
Flandre. Noble de Philippe le Hardi 102
375
Minorité de Philippe le Beau. Demi-florin d'or . fr. 95
Brabant, Jeanne etWenceslas. Florin d'or au Saint-
Servais à M. Meyer, de Paris . . . . . . . fr. 327
Cette monnaie avait été adjugée 200 francs, en i885,
à la vente Dugniolle et 176 francs tout récemment à la
vente Dumoulin, tenue à Amsterdam en avril dernier.
Gros de l'évêque-élu de Liège, Henri de Bavière, frappé
à Saint-Trond fr. 55
Piedfort, en bas argent, du mouton d'or de l'évêque
d'Utrecht, Florent de Wevelinckhove fr. ib5
La vente a produit environ 5,900 francs.
A. DE W.
SOMMAIRE DES PUBLICATIONS PERIODIQUES.
Numismatic chronicle. 1895, Part. IV. — IMHOOF-
Blumer. Grieschische Mûnzen. — MONTAGU. Furlher
notes concerning Bishoph de Bury and the Durham coinage.
— Parkes Weber. Medals of Centenarians.
Revue numismatique. 1896, ic trim. — BabeloN.
L'éléphant d'Annibal. — Blanchet. Les fonctions des
triumvirs monétaires romains. — Van Gennep. Notes
sur le monnayage d'Amédée IX, de Savoie. — ROBERT. Les
jetons des États de Bretagne. — DE La ToUR. Médailles
modernes récemment acquises par le Cabinet de France.
Rivista italiana di numismatica. T. IX, fascicule I. —
F. Gnecchi. Appunti di numismatica romana. — CanO-
BIANCHI. Il denaro pavese ed il suo corso in Italia nel XII
secolo. — RUGGERO. Annotazioni numismatische geno-
vesi. — ClANI. Frinco e Messerano : monete inédite. —
MoRSOI.lN. Una medaglia satirica di Camillo Mariani.
376
— MOTTA. Documenti Visconteo-Sforzeschi per la storia
délia zecca di Milano. — Ambrosoli. Bibliografia numis-
matisca di Giangiacomo de' Medici.
Annuaire de la Société française de numismatique . 1896,
i^e livraison. — Vallentin. Deux nouveaux ateliers
monétaires delphinaux. — DE VIENNE. La prétendue livre
de Charlemagne. — JOUY. Lettre à M. le Directeur de
l'Annuaire au sujet de la médaille de Laure de Noves. —
Sambon. Monnaies de Charles VIII frappées en Italie. —
Trachsel. Trouvaille de Chevroux, en 1886.
Wiadomosci numi\matyc:{no-archeologicine, n» 27. —
PlEKOSINSKI. Deux monnaies polonaises inconnues du
moyen âge. — BOLSUNOWSKI. Les marques en plomb
trouvées près de Drohiczyn. — Triple gros à la couronne
de Sigismond III et divers articles archéologiques.
American Journal of numismatics. Vol. XXX, no 3. —
J. A. Blanchet. a curions eretrian coin-type. — P. Six.
Some undescribed Greek coins. — PARKER Weber.
Gems used as money. — StoreR. The medals, jetons,
und Tokens illustrative of the science of medicine. — A
curions rosicruciam medal. — The Louisburg medal of the
Society of colonial wars. — E. Cleveland. Jeton of the
Prince of Orange and princess Anna. — MARVIN. Maso-
nic medals.
Mittheilungen des Clubs der Miin^- und Medaillen-
freunde in Wien. N» 6g. — T. Unger. Zur Geschichte
der Wiener Raths- und Salvator Pfennige.
No 70. — T. Rhode. Das Mûnzzeichen O auf ôster-
reichischen Kupfermunzen von Kaiser Franz I, aus den
Jahren 1812 und 1816. — Beilagen aus den Oberkamme-
377
rants-Raittungen und Wirthschafs-Protokollen der Stadt
Wien von 1 575-1777.
N» 71. — Scharff-Medaillen. — Beilagen aus den Ober-
kammerants-Raittungen und Wirthschafs-Protokollen
der Stadt Wien von 1575-1777.
Monthly numismatic circular. N°40. — FarcINET. Un
spécimen de médaillier. — Hands. Chats on Roman coins
vvith young collectors. — HazLITT, The coins of Europe.
N° 41. — Hands, Chats on Roman coins with young
collectors. — HAZLITT. The coins of Europe. — NOR-
MAN. Money.
N« 42. — W. C. Hazlitt. Coins of Europe. -—
HANDS. Chats on Roman coins with young collectors. —
Norman. Money,
Mittheilungen der Bayerischen Numismatischen Ge-
sellschaft. T. XIV, — FlKENTSCHER. Versuch zu einer
Mùnzgeschichte der Herzoge von Meranien, Markgrafen
von Istrien, Grafen von Andechs und Plassenburg welti-
chen und geistUchen Standes. — RaimaNN. Der Mûnz-
fund bei Pfuffenmûnster. — RlGGAUER. Eine unedirte
Médaille auf Ludiger von Raesfeldt. — Tauber. Eine
Denkmûnze des Grafen Sébastian I, von Ortenburg.
Bulletin de numismatique. T, HI, liv. 8, — DE Mar-
CHÉVILLE. Les florettes de Charles VII. — Zay. Mada-
gascar. La primitive monnaie coloniale. — Chronique.
Revue suisse de numismatique. T.V, liv. 6. — IMHOOF-
Blumer. Zur Munzkunde Kleinasiens. — CahorN.
Les monnaies de Claris. — Van Gennep. Les monnaies
d'Amédée VIII, de Savoie. — Liebenau. Ein luzerner
Pathenpfennig. — Mayor. Médailles suisses nouvelles.
Annke 189G. 26
378
Tijdschrift van het nederlandsch Genootschap voor
Munt-en Penningkunde, t. IV, 2^^ liv. — TER GOUW.
Het muntwezen op Lombok. — SNOECK. Gedenkpen-
ningen ter herinnering aan het bezoek van HH. MM. de
Koninginnen aan de zuidelijke Provinciën. — M^^^ DE
Man. Gildepenning van Abraham Hildernisse, deken van
het timmersmansgilde te Middelburg. — Z. Aanvulling
van Dirk's Repertorium. — DE DOMPIERRE DE ChauFE-
PIÉ. Les trouvailles de monnaies de l'année 1894.
379
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
Réunion du bureau du 18 avril 1990.
... A la demande de M. le chevalier Snoeck et
sur la proposition de MM. le vicomte B. de Jonghe
et A. de Witte, le titre de membre associé étranger
a été conféré à M. le chevalier G.-J.-Th. Beelaerts
van Blokland, docteur en droit, membre de la
chambre des Etats généraux des Pays-Bas, envoyé
extraordinaire et ministre phénipotentiaire de la
République Sud-Africaine à Berlin, Paris et Lis-
bonne.
Résidence à La Haye, Koninginne gracht, 62.
Le Secrétaire f Le Président,
G. CUMONT. V** B. DE JONGHE.
AMMenibiée ((énéraie tenue h 1%'aniiir, le iO avril flfl90, au
Munée de la Noclété archéologique de cette ville.
La séance est ouverte à une heure.
Sont présents : Monseigneur le chanoine baron
Félix Bethune, président d'honneur; MM. le vicomte
B. DE JoNGHE, président; le comte Th. de Lim-
burg-Stirum, vice-président; Cumont, secrétaire;
Vanden Broeck, trésorier; deRoissart, contrôleur;
38o
MM. le baron Liedts, Bequet, Peny, l'abbé
Daniels, de Schodt, Wallaert, Lemaire, Wil-
LEMS et le capitaine-commandant Tinne, membres
effectifs; MM. Gautier de Rasse, Simonis et Ver-
MEYLEN, membres correspondants regnicoles.
Assistent à la séance : M. Coliez, associé étran-
ger et M. Adrien Oger, conservateur du musée
de la Société archéologique de Namur.
Se sont excusés: MM. de Witte, bibliothécaire;
le baron de Chestret de Haneffe, le baron
J.-B. Bethune, van Schoor, Bamps, de Munter,
le baron Surmont de Volsberghe, le major che-
valier VAN Eersel, Naveau, Moens, le chevalier
Mayer van den Bergh, Seeldrayers, Visart de
BocARMÉ et le comte de Ghellinck d'Elseghem,
membres effectifs; MM, Van der Beken, Ballion,
van der Stappen, Liégeois, Donnet, Van Mal-
derghem, Moyaux et Bernays, membres correspon-
dants regnicoles ; M. Roest, membre honoraire ;
M"*"*^ DE Man, mm. le comte de Marsy, le che-
valier Snoeck, le chevalier de Grez, De Meu-
nynck, Blanchet, Bordeaux et de Dompierre de
Chaufepié, associés étrangers.
Le Président remercie vivement M. Bequet,
vice-président de la Société archéologique de
Namur, de l'accueil si aimable qu'il a bien voulu
réservera la Compagnie. M. le vicomte de Jonghe
dit que les membres de la Société de numisma-
tique ont été émerveillés des nombreuses richesses
que renferme le musée de Namur et rappelle, avec
38i
satisfaction, que ces magnifiques collections ont
été réunies et classées, pour la plus grande partie,
par notre zélé et savant confrère, M. Bequet.
Celui-ci exprime, en son nom et au nom de la
Société d'archéologie, tout le plaisir que leur
fait la visite des membres de la Société royale de
numismatique.
i\I. le Président remercie ensuite, au nom du
bureau, M. Coliez et les membres belges d'être
venus à la réunion.
Le procès-verbal de l'assemblée générale du
7 juillet i8g5 est approuvé sans observations.
M. de Jonghe rend hommage à la mémoire de
M. le comte M. de Nahuys, membre honoraire, et
de MM. Butor, Enschedé et Ghalib Edhem Bey,
associés étrangers, décédés depuis la dernière
séance.
L'assemblée passe ensuite à l'examen des candi-
datures aux places vacantes.
M. Vermeylen est délégué pour représenter la
Société au Congrès historique et archéologique de
Gand, au mois d'août prochain.
Le Président annonce que la Société française
d'archéologie, dirigée si brillamment par M. le
comte de Marsy, tiendra son congrès, cette année,
du 3 au II juin, en Bretagne, à Morlaix et à
Brest. M. le comte de Marsy sera très heureux
d'accueillir ses collègues de la Société de numis-
matique qui voudront bien répondre à son invi-
tation.
382
LECTURES ET COMMUNICATIONS
M. le docteur Simonis fait circuler un maeni-
fique denier à tête inédit de Louis-le-Débonnaire,
frappé à Trévise. Cette pièce sera publiée dans la
Revue.
Le même membre présente ensuite l'une des
deux médailles en or frappées à l'occasion de la
fondation de l'Académie des Beaux-Arts de
Liège.
11 exhibe, enfin, une médaille de bronze de
Jean IV, évêque de Strasbourg. On en connaît un
seul exemplaire en plomb, au musée de Stras-
bourg. {Renier ciments .)
M. Frantz Vermeylen montre divers médaillons
et médailles, représentant les personnages sui-
vants :
1° Isabelle de Capoue, femme de Ferdinand de
Gonzague, par Jaccopo de Trezzo. (V. Loon, t.I,
p. i6.)
2° Hippolyte de Gonzague, fille de Ferdinand
de Gonzague, par Léon Aretino. (V. Loon, t. I,
p. 266, n"i.)
3° Anna-Maurella Oldofredi. (Idem.)
4" Le duc d'Albe, iSyi. (V. Loon, t. I, p. 134,
n" I.)
5° J.-B. Christyn, par Denis Waterloos, 1674.
(V. Loon, t. III, p. 206.)
6° Georges d'Egmont, par Stéph. H.
7" Nicolas Todin.
383
Il soumet encore à ses confrères :
Un médaillon genre Renaissance italienne, signé
Laura Pezan, une médaille de travail français,
du xvii^ siècle, trois intéressantes médailles
padouanes et un médaillon de femme inconnue
par Denis Waterloos. {Remer ciments.)
M. Gautier de Rasse fait circuler une médaille
en argent d'Alexis Michaelowitch, 1662. {Remer-
ciments.)
M. Peny exhibe trois pièces relatives à la numis-
matique des mines :
i" Un bronze romain (D = 18 m/m) pour les
mines d'Ulpiana, en Dardanie (actuellement
Lipljan, en Serbie).
A l'avers : IMP CAES TRAIAN AVG GER
DAC, buste lauré de Trajan, à droite. Au revers :
METALLI VLPIANI, l'équité debout, à gauche,
tenant une corne d'abondance et ime balance.
Un autre exemplaire de cette pièce minière est au
Cabinet de Copenhague;
2" Un méreau en cuir^ uniface, pour les mines
de Suède, usines de Wattholma : « I LAST. —
WATTOLMA. BRUKS. KOLMARKE. » ;
3" Une médaille, en argent, très rare, à l'effigie
du roi Charles et de la reine Amélie, 1754, pour les
mines de la Calabre, dont la vue extérieure a été
reproduite à l'avers avec un maître mineur en cos-
tume et un Mercure lui apportant sa lampe de mine.
Au nom de M. de Witte, absent, M. le Président
parle d'une médaille inédite, en argent au buste
384
de profil droit du baron Charles de Berlaymont,
chevalier de la Toison d'Or, gravée probablement
à l'occasion de sa nomination de gouverneur du
comté de Namur. Sous le bras, la date 1564.
Cette œuvre, du plus haut mérite artistique
et dont M. de Jonghe fait circuler une repro-
duction photographique, est malheureusement
anonyme, comme tant de chefs-d'œuvre de la
médaillistique belge du xvi^ siècle.
La médaille de Charles de Berlaymont a été
exposée lors de l'Exposition rétrospective d'art
industriel à Bruxelles, en 1888. Elle appartenait
alors au comte de Berlaymont de Bormenville, à
Hamois (i).
Cette médaille est vraisemblablementde Jacques
Jonghelinck, né à Anvers, le 25 octobre i53o,
y décédé le 3i mai 1606. [Remer ciments. )
M. de Jonghe lit enfin une notice sur un esterlin
inédit au type édwardin, frappé par Renaud de
Schônau, comme engagiste des comtés de Durbuy
et de la Roche. [Applaudissements.)
Il montre encore :
1° L'écu et le quart d'écu d'Herman de Lynden
(i5go-i6o3), seigneur de Reckheim. Ces monnaies
sont imitées des pièces de la ville impériale de
ZwoUe. Wolters a décrit l'écu et fait dessiner le
quart dans sa Notice historique sur l'ancien comté
impérial de Reckheim;
(1) Voir l'article de feu M. le comte M. de Nahiiys, Revue belge de
numismatique, 1889, page SgS.
385
2" Un esterlin à tête de Jean l'Aveugle, comte de
Luxembourg (i3og-i346). La pièce, qui estfrappée
à Poilvache, est le seul esterlin à ce type portant
le titre de comte de Luxembourg ;
3" Un florin d'or au saint Jean Baptiste d'Ar-
nould d'Orey et de Quaetbeke, seigneur de Rum-
men (i33i-i364) ;
4° Une pièce qui semble être l'obole du denier
de Gui deDampierre, comte de Namur(i263-I297),
décrit par Chalon sous le n** 55 de son ouvrage :
Recherches sur les monnaies des comtes de Namur;
5" L'exemplaire unique de l'esterlin au lion,
frappé, à Bouvignes, par Guillaume I" comte de
Namur (Chalon, n° iSy);
6° Le florin d'or Philippus de la minorité de
Charles-Quint pour Namur. Inconnu à Chalon.
{Remer ciments.)
La séance est levée vers deux heures.
Le Secrétaire^ Le Président,
G. CUMONT. V* B. DE JONGHE.
néiinlon fin bureau du tl avril 1896.
... Sur la proposition de MM. le vicomte B. de
Jonghe et A. de Witte, le titre de membre associé
étranger a été conféré à M. Adolphe Hess, succes-
seur, 7, Westendstrasse, Francfort s/M.
Le Secrétaire, Le Président,
G. CuMONT. V** B. DE JONGHE.
386
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATigUE.
LISTE DES OUVRAGES REÇUS PENDANT LE 2« TRIMESTRK 1896.
Avis important : r.es pubIication.<i et le» «Ions dcHtinéM à
la Mocictc doivent, MaiiM exception, être ndreAHés à ill. Alph.
de %Vitte, bibliothécaire de la Société royale de nnniliinia-
tlque, Palain dew Académies, à KriixelleM.
Ouvrages périodiques.
Alleniagno. — Mittheilungen der Bayerischen Numismatischen
Gesellschaft, t. XIV. — Berliner Mûm^blàiter, n° 181.
Amérique. — American Journal 0/ mimismatics, t. XXX, n" 3. —
Thirteenth annual Report of the public Muséum of the city of
Milwankie.
Ansleterrc. — The numismatic Chronicle, \8gô, part. IV. — The
Monthly numismatic Circular, nos ^o à 42
Autriche-Hongrie. — Monatsblatt, nos i5i à i53. — Mittheilungen
des Clubs der Mûn^- und Medaillenfreunde in Wien, nos 69 à 71. —
Wiadomosci numismatyc^no-archeologic^nc, n" 27.
Belgique. — Bulletin de V Académie royale, 1896, liv. 1 à 3. —
Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, 1894,
n°s 7 à 12; 1895, n°s 134. — Messager des Sciences historiques,
1895, 48 livraison. — Cercle historique et archéologique de Gand :
Bulletin, 3e année, n°s8 à 9; 4e année, n" 1. Annales, t. II, 3e fasci-
cule. — Annales de la Société archéologique de Namur, t. XXII,
2® livraison. — Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de
la Belgique, 2e série, t. X, ire livraison; 11^ section, série des cartu-
laires, fasc. 2. — Revue bibliographique belge, 1896, n"' 2 et 3. —
Société d'archéologie de Bruxelles : Annales, t. X, 2^ livraison;
Annuaire, 1896. — Académie d'archéologie de Belgique : Annales,
t. XLVIII, 4e livraison; t. XLIX, ii« livraison; Bulletin, n° 26.
France Polybiblion, partie littéraire, t. LXXVI, liv. 2 à 4; partie
technique, t. LXXVIII, liv. 2 à. 4. — Revue numismatique, 1896,
icr trimestre. — Annuaire de la Société française de numismatique,
1896, ire livraison.
Italie. — Rivista italiana di numismatica, t. VIII, fasc. 2^4; t. IX,
fasc. 1.
387
Payiw-lias. — Tijdschrift van het nederlandsch Genootschap voor
munt- en penningkunde, t. IV, liv. 2.
P«r(ugal. — O archeologo Português, t. I, n°s 11 et 12; t. II, n» 1.
SuiMsc. — Revue suisse de numismatique, 1895, liv. 6.
Ouvrages non périodiques.
Cahorn. — Les monnaies de Claris. Genève, 1896, in-8°, 27 pages,
2 planches. {Hommage de l'auteur.)
CuBASCH (H. JuN.). — Die Mûn:^en unter der Regierung seinerkais.
M. kon. apostolischen Majestàt des Kaisers Fran^-Joseph I. Wien,
1896, in-4°, 80 pages, 2 planches. (Hommage de Fauteur.)
DE JoNGHE (Vte B.). — Monnaies contremarquées à Ypres, par le sei-
gneur de Marquettes (1 582-1 583). Bruxelles, 1896, in-8'>, 7 pages et
vignettes. (Hommage de l'auteur.)
Deloche. — Le port des anneaux dans l'antiquité romaine et dans
les premiers siècles du moyen âge. Paris, 189b, in-40, 112 pages
(Hommage de l'auteur.)
DE Man (Ml'e M.). — Gildepenning van Abraham Hildernisne. Ams
terdam, 1896, in-8", 9 pages.
DE Renesse (Ct« T.). — Dictionnaire des figures héraldiques, t. I II
fasc. 1 et 2. [Don de Véditeur.)
DE WiTTE (A.). — Ghalib Edhem Bey, nécrologie, Bruxelles, 1896
in-8°, 2 pages. — Recherches numismatiques . Bruxelles, 1896, in-S"
19 pages, 1 planche. (Hommage de l'auteur.)
Gnecchi (F.). — Appunti di numismatica Romana, n» XXXVII. Milano
1896, grand in-8°, 1 1 pages, 1 vignette. (Hommage de l'auteur.)
Hollestelle. — De drie merkwaardige schellingen : Het Schild,
het Lam en de Gulden van gewicht, etc. Eerste gedeelte. Tholen
1896, in-80, 96 pages. (Hommage de l'auteur.)
Naveau. — Une médaille liégeoise inédite. Bruxelles, 1896, in-80
8 pages, 1 vignette. (Hommage de l'auteur.)
Papadapoli (C'e N.). — La Zecca di Nasso. Milano, 1895, grand in-8''
10 pages, 1 vignette. (Hommage de l'auteur.)
RoLLiN et Feuardent. — Collection de feu M. H. Montagu. Paris, 189(3
grand in-8°, 180 pages, XLI planches. (Envoi des experts.)
Snoeck (Jonkheer). — Méreau gravé de la vieille gilde des arbalé
triers de Bois-le-Duc. Bruxelles, 1896, in-8°, 5 pages, 1 vignette. —
Cedenkpenningen ter herinnering aan hetbe:{oek van HH.MM.de
koninginnen aan de Zuidelijke Provinciën. Amsterdam, 1896, in-8»
3 pages, 1 planche. — Varia. Amsterdam, 1896, in-80, 3 pages
1 vignette. (Hommage de l'auteur.)
Ter Gouw. — Het muntwesen op Lombok, Amsterdam, 1896, in-8"
1 1 pages. (Hommage de l'auteur.)
Vallentin (R.). — La monnaie de lovin^ieu ou Saint-Donat, Valence
388
iSgS, in-8o, 24 pages. — Du prétendu atelier carolingien de Venasque.
Paris, 1895, in-8", 8 pages. — De la circulation des florins d'Utrecht
en Dauphiné, à Avignon et dans le Comtat. Amsterdam, i8g5, in-80,
8 pages. — De la détermination des monnaies du dauphin Louis /e'.
Paris, 1895, gr. in-8°, 38 pages, vignettes. {Hommage de l'auteur.)
Ouvrages anonymes et catalogues.
Numismatisches Offerten-Blatt, n°s 33 à 35. — Vente de monnaies à
Munich, mars 1896. {Envoi de M . Helbing.) — Collection du général
Cocheteux. [Envoi de M. C. Duprie^.) — Collection de la Roche.
(Envoi de M. Floranges.) — Catalogues Flor anges, à prix mar-
qués, nos 14 à 16. — Numismatische Corresponden:^, nos 14g et i5o.
— La Circulaire numismatique universelle, n" 14. — Collection
Kube, 1 planche. {Envoi de M. Weyl.) — Catalogue à prix mar-
qués, de E Fischer, à Vienne. — Catalogue Cubasch, de Vienne, à
prix marqués. — Catalogue à prix marqués, de Fejer, de Buda-
pesth. — Catalogue n° 66, de Zschiesche et Kôder, de Leipzig. —
Numismatischer Verkehr, 1896, nos 3 et 4. — Catalogue à prix
marqués, n" 8, de Marchio et Mayer, à Venise. — Bollettino numis-
matico, no 66. — Colle^ione delfu marchese Dura^^o. Gênes, 1896,
5 planches. {Envoi de M. Rutto.) — Collection de M. L, Courtin.
Paris, 1896, IX planches; Collection du co7tite de Castellane. Paris,
1896, 3 planches; Monnaies antiques et françaises. Paris, 1896.
(Envoi de M. R. Serrure.) — Gedenkpenning uitgereikt aan
Mr. G. N. de Stoppclaer. Amsterdam, 1896, in-80, 3 pages, i planche.
CABINET NUMISMATIQUE.
Don de M. A. de Witte.
Monnaies russes : deux dengas d'argent, trois pièces de billon et
quinze pièces de cuivre.
Soit en tout : vingt monnaies.
Bruxelles, le 11 mai 1896.
Le bibliothécaire-conservateur des collections,
Alphonse de Witte.
389
POIDS ANTIQUES AUTONOMES
IDE TOn^vdlIS-
Planche X.
Nous reproduisons sur notre planche trois
poids antiques en plomb que l'on peut, avec cer-
titude, attribuer à l'antique Tomis.
Les deux premiers appartiennent au musée de
Bucarest et ont déjà été publiés : l'un (fig. i), par
nous, dans notre première étude sur les poids
grecs (i), l'autre (fig. 3), par M. E. Bormann, dans
son travail sur les poids antiques en plomb trou-
vés dans la Dobrogea (2).
Le troisième (fig. 4) est encore inédit et nous
l'avons acquis récemment. Tous trois ont été
trouvés , sur place , à Constantza , l'ancienne
Tomis. Ce fait ne constitue pour eux qu'une pré-
somption d'origine, car l'on a trouvé à Tomis
d'autres poids antiques qui sont manifestement
étrangers à cette cité (3).
(1) Etalons pondéraux primitifs et lingots monétaires, pi. III, fig. i.
(Extrait de la Revue roumaine d'archéologie, 1884.)
(2) Archaelogische-Epigraphische Mittheilungen aus Oesterreich-
Ungarn, JahrXIV, 1891.
(3) Etalons pondéraux primitifs, no 3o3, pi. III, fig. 2 (poids de
Mangalia) et n" 299, fig. 3 (poids d'Héraclée).
Année 1896. 27
^9o
Nous laisserons un instant de côté le dernier de
ces poids pour nous occuper des deux autres. Ils
nous représentent un type commun, le buste de
Mercure à gauche ; le dieu est coiffé du pétase et
l'on a figuré devant lui un caducée placé oblique-
ment.
Le n° I porte la légende TE HPo, dont la pre-
mière partie est indicative de la valeur (le quart)
et dont la seconde nous donne l'abréviation du
nom d'un magistrat de Tomis préposé à la sur-
veillance des étalons pondéraux.
Notre poids pèse i6i grammes et la mine uni-
taire à laquelle il se rapporte est d'environ
644 grammes.
Le poids n'' 3 porte la légende TPITH et pèse
2I2S^20 ; il représente le tiers d'une mine d'environ
636s^6o qui s'identifie sûrement avec la précé-
dente. Nos deux poids sont des fractions évidentes
d'une unité commune.
On retrouve sur quelques petites monnaies de
bronze autonomes de Tomis la tête de Mercure
coiftee du pétase, mais cette tête n'est nullement
caractéristique des monnaies de Tomis ; d'autres
têtes divines : de Jupiter, des Dioscures, etc.,
figurent beaucoup plus souvent que celle de Mer-
cure sur les pièces autonomes de notre ville.
L'attribution de nos deux poids à Tomis resterait
donc incertaine, si une monnaie autonome de
cette cité ne venait heureusement la confirmer.
La figure 2 de notre planche représente cette
3gi
monnaie dont les types sont connus depuis long-
temps : la tête de Jupiter (i), au droit et, au revers,
l'aigle dans une couronne de chêne avec la
légende TOMI. Le nom de magistrat HPO inscrit
sur notre exemplaire est au contraire tout à fait
inédit. Ce nom est le même que celui qui figure
sur le poids n° i, etla manière identique dont il est
écrit avec un o minuscule équivaut à une signa-
ture et témoigne avec certitude que le magistrat
dont le nom commençait par ces lettres, était pré-
posé à la fois à la frappe des monnaies de Tomis
et à la fabrication de ses étalons pondéraux.
Notre poids n° i et par suite le n° 3 sont donc
bien des poids autonomes. Ils sont contemporains
de notre monnaie et antérieurs à la domination
romaine.
Il est assez naturel de croire que le poids de
Tomis et la monnaie de cette ville, qui portent le
nom du même magistrat, ne sont pas étrangers
l'un à l'autre. Le bronze était le seul métal moné-
taire employé à Tomis; et la drachme de cuivre,
centième de la mine, l'unité monétaire probable
de cette ville. Notre monnaie de bronze pèse
IIS^20 et il lui manque deux petits fragments ; de
plus, nous savons que les cuivres anciens pèsent
effectivement beaucoup moins que leurs poids
légaux. Il nous semble donc présumable que notre
(i) M. Pcrcy Gardnev {Catalogue of Greek Coins) croit reconnaître
un Neptune cians ce dieu.
392
monnaie devait peser normalement un double
centième de la mine de Tomis reconnue plus
haut, c'est-à-dire I2S^88 environ, et qu'elle nous
représente un staûre de bronze de Tomis.
Dans notre dernière étude sur les poids grecs (i),
nous avons déjà identifié la mine de Tomis de
644 grammes avec la mine bilibrale des Romains
et la mine commerciale attique de i5o drachmes,
dont le poids légal est de 657 grammes. Le talent
de cette mine est mentionné par l'Anonyme
d'Alexandrie, sous le nom de « talent de l'île » , parmi
les plus célèbres unités de pesée de l'antiquité.
Les rapports existants entre la mine bilibrale,
les statères d'argent d'Egine et les tétradrachmes
cistophores ont déjà été signalés par nous dans la
même étude.
Le statère de cuivre de Tomis aurait donc un
poids égal à celui de ces deux monnaies, c'est-à-
dire I3-^o8.
Le statère de cuivre de Tomis vaudrait ainsi
I Va chalque macédonien et la drachme d'argent
d'Alexandre de poids attique, qui vaut 60 chalques
macédoniens, valait en même temps 40 statères
de cuivre de Tomis. Les tétradrachmes d'argent
macédoniens et ceux de Thasos^ contemporains
de notre monnaie, valaient 160 statères de cuivre
de Tomis et les cistophores d'argent 120 statères
(i) Nouvelles recherches sur les origines et les rapports de quelques
poids antiques [Revue numismatique française, iSgS).
393
de cuivre. Cette monnaie était en même temps
identique à l'as semi-oncial des Roma,ins.
Il nous reste, pour finir, à parler du troisième
poids autonome de Tomis que nous possédons.
Il porte la légende TO HM et son origine est cer-
taine. Son poids étant de 29IS^25, il nous repré-
sente la moitié d'une mine d'environ 582^^5o, sen-
siblement plus légère que celle étudiée plus haut.
La figure virile, coiffée du pileus (?), représentée
sur ce monument, nous paraît être Mercure, mais
cette attribution est assez incertaine; l'absence
du caducée et la forme de la coiffure établissent
une différence bien tranchée entre la tête figurant
sur ce poids et les bustes de Mercure représentés
sur les deux premiers monuments que nous avons
décrits. Il n'est pas très aisé non plus de fixer le
poids normal de la mine à laquelle se rapporte
ce poids et l'on pourrait hésiter entre plusieurs
unités pondérales antiques.
En présence d'un seul monument et sans autre
élément d'information, tout essai d'identification
nous paraît prématuré et nous devons attendre
que des monuments nouveaux, poids ou mon-
naies, viennent nous aider à résoudre le pro-
blème.
Michel C. Soutzo.
Bucarest, 5 août iSgG
394
UN DENIER
A TETE DE LOUIS LE DÉBONNAIRE
FRAPPE A TREVISE.
Nous avons, tout récemment, acquis à Liège,
d'un inconnu qui en ignorait lui-même la prove-
nance, un denier à tête de Louis le Débonnaire
pour la ville de Trévise.
Il porte, au droit, le buste de Louis le Débon-
naire, avec la tête couronnée, tournée à droite, et
la légende suivante : HLVDOVVICVS IMPAVG.
Au revers, se voient une porte de ville ayant
une croix sous elle et la légende circulaire : TAR-
VISIVM.
Cette pièce, qui pèse i gr. 60, est très bien con-
servée.
Les monnaies carolingiennes connues pour cette
395
ville italienne appartiennent, d'après Gariel, à
Charlemagne, à Louis et à Lothaire empereurs.
Les pièces deCharlemagne (T.II,pl.XII,n°'i8o,
i8i, 182) sont de deux types différents:
Les n°® 180, 181 offrent au droit, en deux lignes,
le nom de Charles ; au revers, une croix et, en
légende circulaire, le nom de l'atelier, TARVI-
SIVS.
Le n° 182 nous donne, autour d'une croix, l'ins-
cription : CARLVS REXFR. et, au revers, autour
du monogramme carolingien, le nom de l'atelier,
TARVIS.
Voici maintenant comment Gariel décrit les
deuxdeniersdeLouisleDébonnaire (T. II, pi. XIX,
n°' i38 et iSg) :
N° i38. ^h HLVDOVVICUS IMP entre deux
grènetis, croix au centre.
Au revers :TARVI-SIVM en deux lignes, cercle
de grènetis.
N° i3g. HLVDOVVICVS IMP entre deux grè-.
netis ; croix au centre.
Au revers : TARVI-SIUM en deux lignes, au
centre quatre points disposés en losange, cercle
de grènetis.
La pièce de Lothaire (T. II, pi. LX,n° 27) porte
V HLOTARIVS IMP AV entre deux grènetis.
Rev. SRBISIO (TA liés), dans un grènetis, en
une ligne.
Les deniers à tête de Louis le Débonnaire connus
jusqu'à ce jour appartiennent, selon Engel et
396
Serrure, aux sept villes suivantes : Arles, Orléans,
Pavie, Sens, Strasbourg, Toulouse et Tours.
Le denier à tête de Trévise était donc inconnu
jusqu'ici et, bien qu'il n'appartienne pas à nos
provinces, il n'en présente pas moins beaucoup
d'intérêt pour nous, le bassin de la Meuse étant
pour ainsi dire le berceau de la race carolingienne.
Cette pièce, qui date des premières années du
règne de Louis, est encore une preuve vivante de
la renaissance momentanée de l'art monétaire,
tombé si bas sous les rois de la première race.
D*" J. SiMONIS.
397
SIX MONNAIES LIÉGEOISES INÉDITES.
Planche XI.
« Décidément, la numismatique liégeoise est
inépuisable », disait le baron de Chestret de
Haneffe, en se voyant forcé de donner à son grand
travail sur les monnaies de notre principauté un
supplément, comprenant cinq pièces découvertes
pendant la publication même de sa mono-
graphie.
Les paroles de notre savant confrère se sont
encore justifiées davantage depuis lors.
En effet, dès le mois de juin i8go, M. Georges
Cumont publiait dans la Revue belge de numisma-
tique (i) une magnifique couronne d'or de Jean de
Bavière découverte au Huis ter Lune en Frise.
Trois ans plus tard, à la réunion de la Société
royale de numismatique du 2 juillet iSgS, M. Ca-
mille Picqué faisait passer sous les yeux de ses
confrères un vierlander inédit frappé en 1485 par
Jean de Hornes.
Enfin, cette année même, notre sympathique
président décrit dans la Revue « Trois monnaies
liégeoises inédites » de sa collection (2).
(1) Voy. Revue belge de numismatique, année i8<.jo. p. 33o.
(2) Voy. Revue belge de numisinatique , année 1896, p. 5.
Nous allons augmenter quelque peu cette série,
déjà longue pourtant, en décrivant six monnaies
inédites de notre médaillier. Celles-ci non plus,
sans doute, ne seront pas les dernières et nous
espérons bien que d'autres trouvailles pourront
bientôt permettre à M. de Chestret d'ajouter un
nouveau supplément à son excellent ouvrage.
* *
I. Droit. Tête à cheveux hérissés, de profil à
gauche.
Légende : S 'ôOMITIAN.
Rev. HOII dans un cercle perlé.
Légende : (blET) VINVcn.
Argent. Poids : iS'',ioo. PI. XI, n° i.
Collection de l'auteur.
Le revers de ce denier est presque identique à
celui du denier qui figure sous le n° 3i dans la
Numismatique de la principauté de Liège et de ses
dépendances. Une légère différence, pourtant: les
quatre petites boules qui sont aux côtés des deux
petites croix du champ sur la pièce décrite par le
baron de Chestret ne figurent point sur la nôtre.
Ajoutons que celle-ci est d'une fabrication telle-
ment barbare que, vue seule, elle donnerait une
très pauvre idée du talent des monnayeurs de
l'évêque Théoduiiî.
-^99
IL Droit. Buste à mi-corps, de face, tenant de
la main droite une crosse tournée à gauche. Tête
à chevelure étagée.
Rev. Dans un grènetis, un mur percé d'une
porte et renfermant un dôme de style roman
accosté de deux tourelles.
Argent. Poids : ogr,438. PI. XI, no 2.
Collection de l'auteur.
C'est au règne d'Otbert, déjà si riche tant par le
nombre que par la variété des types et la finesse
de leur exécution, qu'il convient de restituer cette
jolie obole. Elle ne déparera pas, d'ailleurs, cette
belle série. A notre avis, elle est un produit de
l'atelier de Liège et le bâtiment flanqué de deux
tours du revers est, à n'en point douter, l'église
romane de Saint-Lambert. Cet édifice, identique à
celui que nous montre le denier d'Otbert, décrit
par M. de Chestret (i) sous le n° 44, est bien
aussi le même que celui que donne, accompagné
delà légende LEGIA, le denier de l'évêque Théo-
duin décrit sous le n° 2g et dont l'origine est, sans
doute, incontestable.
IIL Droit. Tête de face, à longs cheveux,
coiffée d'un chapel de roses.
Légende: ♦ ffiOnsrTA x I^CYGnse.
Rev. Croix anglée de douze globules et traver-
sant la légende.
(1) Voy. DE Chestrf.t, ouvrage cité, p. 82.
400
Légende. I^VG — ORI — SSP — ISG.
Argent. Poids : i&^285. PI. XI, no 3.
Collection de l'auteur.
La phrase de M. de Chestret citée en tête de cet
article, a-t-elle donc été tout spécialement écrite
pour la numismatique du règne de Hugues de
Châlon ? Depuis 1890, voilà la troisième pièce
à ajouter à la série de cet évêque. En outre, ces
pièces nouvelles sont toutes trois à ce type anglais
si rare autrefois dans la série liégeoise. Ajoutons
que notre esterlin est en métal de bon aloi, autre
rareté pour une monnaie de Hugues de Châlon.
IV. Droit. Croix gothique avec un quatre-feuilles
au centre, ajourée et ornée, séparant quatre écus-
sons placés en sautoir, la pointe vers le centre,
deux aux armes de La Marck alternant avec deux
aux armes d'Arenberg.
Légende : >ï< SVSRS! D S ffiSRG'o PROWl
Rev. Saint Hubert mitre, debout et traversant
la légende. Il tient la crosse de la main gauche et
de la droite un missel (?) sur lequel est le dix-cors
avec la croix entre la ramure.
Légende: °o° — SSnanr.VS — Î^VPSRWV'.SP'.
Or pâle. Poids : 2g'", 700. PI. XI, n" 4.
Collection de l'auteur.
Pour établir la date de l'émission de ce superbe
florin d'or et, autant que possible, l'atelier moné-
401
taire où il fut frappé, il nous faudra passer briève-
ment en revue les principaux événements du début
du règne de Jean de Hornes.
Sans parler des contestations qui surgirent à
propos de son élection au trône épiscopal, con-
testations qui le mirent, dès lors, aux prises avec
les seigneurs de la maison de La Marck et aux-
quelles la paix de Tongres mit fin (21 mai 1484),
nous rappellerons seulement que, en l'année qui
suivit cette paix, un complot entre Maximilien
d'Autriche, l'évêque Jean de Hornes et Frédéric,
sire de Montigny, son frère, débarrassa le pays
de la tyrannie de Guillaume de La Marck et fit
mourir sur l'échafaud, à Maestricht, le redoutable
Sanglier des Ardennes (i5 juin 1485).
Cet assassinat eut pour conséquence immédiate
la reprise de la guerre de désolation à peine ter-
minée.
En effet, Everard et Robert de La Marck jurèrent
de venger la mort de leur frère et ne tardèrent
pas à tenir trop fidèlement leur serment. Maîtres
de la plupart des châteaux-forts du pays, ils en
firent bientôt des repaires de routiers et de pillards
vivant de rapines et ne sortant de ces retraites que
pour rançonner et piller le plat pays, pendant
qu'eux-mêmes faisaient au prince une guerre à
outrance.
Stockheim, Hasselt et Saint-Trond étaient
tombés en leur pouvoir en quelques mois. Deux
entreprises contre Liège (i486 et janvier 1487)
402
étaient restées sans résultat, quand, le i3 mars 1488,
Everard de La Marck parvint à s'en rendre maître.
Il se décerna aussitôt le titre de « Protecteur des
église, cité et pays de Liège ».
Sa dom.ination dans la capitale dura deux ans
environ : en avril 1490, la paix d'Aix-la-Chapelle,
en rétablissant le pouvoir de Jean de Hornes,
confia le gouvernement du pays, avec la qualité de
mambour,à Englebert de Nassau, jusqu'à l'exé-
cution complète des clauses du traité.
A peine signée, cette paix fut violée : le 28 octo-
bre de cette même année 1490, Robert de La Marck
se présenta devant Liège, pénétra dans la ville le
2 novembre suivant et prit immédiatement le titre
de mambour. L'anarchie recommença de plus
belle et il fallut la paix de Donchéry (avril 1492)
pour y mettre définitivement un terme et permettre
à Jean de Hornes de prendre enfin paisible posses-
sion de son trône épiscopal.
Toutes les monnaies liégeoises d'Everard de
La Marck connues jusqu'à ce jour, portent le
titre de « Protector Leodiensis » et furent, par consé-
quent, frappées de 1488 à 1490, années pendant
lesquelles il exerça sa protection (?) sur la princi-
pauté. Sauf notre florin, toutes d'ailleurs portent
au revers l'une des deux dates 1489, 1490.
Quant à l'atelier où fut forgé notre florin, il est
bien difficile à déterminer. Ce n'est pas, toutefois,
celui de la capitale, car le perron, signe distinctif
de l'officine liégeoise, n'y figure pas comme diffé-
4°^
rent monétaire, tandis qu'on le remarque sur
quatre autres monnaies du protecteur.
Il faudrait donc ranger notre pièce, en com-
pagnie des trois autres pièces d'Everard (i) por-
tant comme elle la croix comme différent, parmi
les espèces « forgées dans les forteresses », sui-
vant la qualification donnée à certaines monnaies
de Guillaume de La Marck par l'édit de Jean
de Hornes de 1487. Or, la question de savoir dans
quelles forteresses le protecteur monnaya n'est
guère facile à résoudre.
La présence de saint Hubert au revers du florin
nous a fait croire (2) qu'il pourrait bien avoir été
frappé au château de Mirwart : ce domaine voisin
de Saint-Hubert, et dont dépendait l'avouerie de
cette ville, comptait au nombre des seigneuries
féodales de Liège et était possédé à l'époque qui
nous occupe, ainsi que l'avouerie de Saint-Hubert,
par Éverard de La Marck (3).
D'autre part, en mettant sur son florin d'or
l'effigie du second patron de Liège, Éverard n'a
peut-être fait que copier servilement le postulat de
Messire Guillaume, émis jadis par son frère le San-
glier, ou celui de Jean de La Marck, dit le Postulé,
(1) Voy. DE Chestret, ouvrage cité, pp. 21701 2 18 et n°s 379, 382 et 384.
(2) Voy. Revue belge de numismatique, année 1893, p. 563.
(3) Everard fit le relief delà seigneurie de Mirwart le 23 janvier 1480
et, le 3 janvier 1498, son fils Everard releva la même terre par décès
d'Everard son père. Voy. Bormans, Seigneuries féodales de Liège,
p. 277, Mirwart.
404
pièces qui ne nous sont, hélas! connues l'une et
l'autre que par la mention qu'en fait le « Cri de
i486 ». La découverte de l'une d'elles viendrait à
propos pour dissiper nos doutes à cet égard.
V. Droit. Ecu de Hornes; au-dessus, des nuages.
Légende. ^ IOI7S • S (PS • h) SOD (DVX)
BVIi ŒQ • LOS'.
Rev. Croix légèrement ornée, coupant la légende
et renfermant au centre un fleuron. Dans les
angles, deux lions alternant avec deux cors.
Légende : (SI DSV) / r>OB'((I) / OSaon /
nO(S-9) 9..
Cuivre jaune. PI. XI, n° 5.
Collection de l'auteur.
Ce brûlé, frappé à Liège, en 1494, est, sauf quel-
ques légères différences, la copie exacte du nouveau
blanc de Liège émis la même année.
VL Droit. Buste à droite de Maximilien-Henri
de Bavière coiffé de la longue perruque Louis XIV
et vêtu du costume électoral.
Légende : MAX • HEN • D • G • ARC • COL •
PR • EL.
Rev. Dans un écu ovale terminé en pointe, posé
sur un cartouche et sommé du bonnet ducal, les
armes écartelées de Bavière et du Palatinat avec
l'écu de Bouillon sur le tout. Aux côtés du bonnet
ducal : 16—64.
Légende : EP • ET • PRIN • LEOD • DVX • BVL •
MA • FR • CO • LO • HO
Or. Poids: 3gr,436. PI. XI, no 6.
Collection de l'auteur.
Ducat d'un autre type que celui reproduit sous
le n" 634 à.2in^ l'ouvrage de M. de Chestret, et
d'une gravure beaucoup plus fine. Inconnu en
nature jusqu'à présent, la date de sa frappe seule
nous était renseignée par les registres de la Cham-
bre des finances.
*
*
»
Nous est-il permis de terminer ce travail par la
description d'une modeste pièce d'essai en cuivre
d'un ducat liégeois du milieu du xviii^ siècle ?
Nous craignons fort qu'elle fasse pauvre figure à
la suite des pièces d'importance décrites plus haut.
Toutefois, nous est avis qu'en numismatique, de
même qu'en histoire, les détails ont souvent leur
importance et qu'en ces matières le superflu même
peut devenir chose très nécessaire; comme, d'ail-
leurs, notre pseudo-ducat est seul aujourd'hui à
tenir la place de la monnaie d'or dont il fut jadis
l'épreuve, nous ne ferons peut-être pas chose
complètement inutile en le signalant aux numis-
mates, à défaut du ducat lui-même.
Droit. Buste à gauche de saint Lambert mitre ;
au-dessous, 1744.
Année 1896. 28
4o6
Légende:^ • LAMBERTUS — PATRO-LEOD.
Rev. Armes écartelées de la principauté (Bouil-
lon, Franchimont, Looz et Hornes, avec Liège
sur le tout) dans un écusson ovale sommé du
bonnet ducal et placé sur un manteau fourré
d'hermine.
Légende : ^s DEC • ET • CAP • LEOD • SEDE •
VACANTE.
Cuivre. PI. XI, n° 7.
Collection de l'auleur'.
Le revers de cette pièce n'a aucune ressem-
blance avec celui du ducat « sede vacante » de 1744
que l'on connaît. Par contre, le type de ce revers
est très exactement celui que donne le ducat de la
vacance du siège de 1763. Sur cette dernière pièce,
toutefois, outre une légère variété dans la légende,
les armoiries sont représentées avec leurs émaux,
chose qui n'existe pas sur notre essai.
Léon Naveau.
407
UN ESTEKLIN
AU TYPE ANGLAIS
FRAPPÉ PAR RENA.RD DE SCHÔNAU
COMME ËNGAOISTË DES c< COMTES » DE DURBUY ET DE LÀ ROCHE.
Droit. Tête de face couronnée.
Légende : ^ QQORefTTÎ ^ GOMinHIS ^ .
Rev. Croix coupant la légende et cantonnée de
douze globules.
Légende : >î< RE — P2ÏR _ D' GO — ffias.
Argent.
Poids : i&r. 102.
Notre collection.
ï
Notre première pensée avait été de donner l'es-
terlin qui nous occupe à un des Renaud qui ont
régné sur la Gueldre. M. Roest, pour qui la numis-
matique gueldroise n'a pas de secrets, veut bien
nous écrire que les raisons suivantes s'opposent
à cette attribution :
i°La forme i^^w^fi pour Renaud ne se rencontre
4o8
sur aucune monnaie et dans aucun document
gueldrois.
2° Les monnaies de la Gueldre, contrée impor-
tante, portent toujours soit le nom du pays, soit
le nom de la ville où elles ont été frappées. Le
mutisme de notre esterlin à cet égard est la preuve
presque certaine qu'il est l'œuvre d'un petit sei-
gneur dont les droits monétaires étaient plus ou
moins bien établis.
Il nous a donc fallu chercher ailleurs le lieu
d'origine de notre esterlin.
Les comtés de Hanau, en Hesse, et de Wester-
bourg, en Nassau, ont été gouvernés, au moyen
âge, par des comtes du nom de Reinhard. Nous
ne croyons pas cependant que notre esterlin puisse
être donné à aucun de ces seigneurs, le type de
l'esterlin édwardin primitif n'ayant pas été copié
dans ces régions. De plus, le style de notre pièce
doit faire rechercher sa patrie beaucoup plus vers
l'ouest, dans les environs de nos provinces de
l'est.
La forme Renard du nom du dynaste qui a fait
frapper notre esterlin, nous a fait songer à Renard
de Schônau, sire de Schoonvorst, dont le nom
figure, ainsi orthographié, sur les sceaux dont se
servait ce seigneur.
Mais que faire du titre de comte que notre
Renard ne semble jamais avoir eu le droit de
porter ?
La lecture d'un travail remarquable sur Renard
409
de Schônau, de notre confrère et ami, le baron
J. de Chestret de Haneffe (i), nous a permis de
résoudre cette difficulté qui, au début, semblait
insurmontable. L'auteur, dans cet écrit, cite les
nombreuses sources auxquelles il a puisé ses
renseignements si instructifs. Nous nous dispen-
serons d'en faire autant et nous bornerons à
renvoyer le lecteur au travail en question.
Nous lisons dans cette intéressante étude que
Renard de Schdnau, dynaste aussi avide au gain
que rusé, était le plus jeune fils de Raes II, dit
d'Oulpixhe ou Ulpich et de la sœur de Gérard du
Jardin, laquelle paraît avoir été de la maison de
Bongaert ou de Pomerio.
Élevé au milieu des Bénédictins de Saint-Trond,
Renard obtint un canonicat à Saint-Servais à
Maestricht et vécut alors dans l'intimité de Guil-
laume V, margrave de Juliers.
Il commença dès cette époque les nombreuses
opérations financières qui devaient en faire un des
seigneurs les plus riches de son temps. Nous ne le
suivrons pas dans sa carrière agitée et passerons
immédiatement aux faits qui amenèrent Renard de
Schônau à devenir engagiste des comtés de Durbuy
et de La Roche.
Walram de Juliers, frère du margrave, occupait
alors le trône archiépiscopal de Cologne. Ce
(i) Renard de Schônau, sire de Schoonvorst. — Un financier gentil-
homme duwv^ siècle. Extrait du tome XLVII âc^ Mémoires couronnés
et autres Mémoires ■puhWts'ps.v l'Académie royale de Belgique.
410
prélat, très obéré à la suite de guerres nombreuses,
se vit obligé d'engager à Renard ses domaines,
châteaux et revenus particuliers. Le roi Jean de
Bohême, comte de Luxembourg, qui voulait faire
parvenir son fils Charles à l'Empire, acheta la voix
deWalram en promettant à Renard de Schônaules
64,000 royaux et les i5,5oo écus, le tout de bon or
et de poids, que lui devait l'électeur. Renard, aussi
prudent que rapace, obtint, par convention passée
le i5 juin 1346, que 20,000 royaux et 3,3oo écus de
sa créance fussent garantis par l'engagement du
château, de la ville et du pays de Durbuy, avec
leurs appartenances. Jean l'Aveugle fut tué, le
26 août 1346, à la bataille de Crécy, avant d'avoir
pu rembourser entièrement sa dette à Renard de
Schônau. La transaction du 17 avril 1348 nous
apprend que Renard avait en outre reçu en gage
le comté de La Roche. Par cette transaction, les
héritiers d'Arnouldd'Arlon promettent à Baudouin
de Luxembourg, archevêque de Trêves, stipulant
pour son petit-neveu Charles, roi des Romains et
comte de Luxembourg, de payer à « Renier de
Schonowe » 20,000 royaux d'or, pour dégager les
comtés de La Roche et de Durbuy. Baudouin racheta
lui-même, peu après, le comté de La Roche à
Renard et cela sans attendre le remboursement
stipuléci dessus. Charles IVreconnut,le6mai 1348,
devoir à « Reinhard de Schonawe » une première
somme de 9,5oo royaux et une autre de 5oo florins,
en garantie desquelles il lui donna le château de
I
411
Rulland, la ville et le château de Durbuy, ainsi
que l'avouerie de Stavelot et de Malmédy. Tous
ces biens, patrimoine de sa famille, furent finale-
ment rachetés par l'archevêque, qui s'en fit délivrer
une reconnaissance par le roi Charles, le 4 fé-
vrier 134g.
Il résulte des faits qui précèdent que, suivant les
coutumes en usage au moyen âge, Renaud s'est
trouvé, pendant le temps qu'il tenait les comtés
de Durbuy et de La Roche en gage, en possession
légale des droits et des prérogatives des proprié-
taires légitimes de ces comtés. Les avantages
pécuniaires à retirer de semblable situation n'ont
pas dû échapper à un financier de la valeur de
Renard. Quelle belle occasion d'augmenter ses
capitaux lui offrait l'exercice du droit de mon-
nayage dans ces nouvelles acquisitions tempo-
raires situées dans ce même Luxembourg où circu-
laient les nombreuses espèces de Jean de Bohême
et spécialement les innombrables esterlins à tête
au type anglais si connus sous le nom de lucebour-
nes (i) ! Il n'y avait qu'une difficulté à l'exécution
des projets que devait sans doute nourrir l'insa-
tiable Renard, c'est que les droits monétaires des
comtes de La Roche étaient peu solidement établis
(1) Les temps, de plus, étaient assez favorables pour tenter pareille
usurpation si profitable, Charles IV ne s'occupant guère du gouverne-
ment du Luxembourg. Il en avait laissé le soin à son grand-oncle
Baudouin, archevêque de Trêves, qui, lui aussi, ne songeait à ce mal-
heureux pays que pour en tirer]de l'argent.
412
et avaient même déjà été contestés par les comtes
de Luxembourg. C'est à cause de ces difficultés,
sans doute, et surtout pour s'épargner des désagré-
ments éventuels, que l'habile Renard se sera con-
tenté de faire forger des esterlins portant son nom
avec son titre temporaire de comte et ne men-
tionnant, à dessein, ni les indications de seigneu-
ries ni celles d'atelier monétaire. Ces prudentes
omissions lui permettaient, le cas échéant, de
nier toute participation dans cette affaire sca-
breuse et lui assuraient tous les bénéfices de cette
opération plus ou moins licite.
Telles sont, croyons-nous, les circonstances
qui donnèrent lieu à la frappe de notre curieuse
monnaie au nom de Renard. Cette monnaie a un
air de famille évident avec les nombreux esterlins
à tête de Jean l'Aveugle, air de famille qui a frappé
M. VanWerveke, à qui nous avons écrit de l'attri-
bution de la pièce qui nous occupe. Cet obligeant
savant, qui connaît l'histoire du Luxembourg
dans ses moindres détails et qui a bien voulu faire
des recherches au sujet de l'estedin de Renard,
nous écrit qu'il n'a trouvé aucun document per-
mettant d'affirmer positivement que Renard a
frappé monnaie pendant qu'il tenait les comtés de
Durbuy et de La Roche en engagère, mais qu'il
est néanmoins très porté à croire à la possibilité
de l'existence de semblable numéraire. Quarante
ans plus tard, dit M. Van Werveke, nous voyons
Jean de Luxembourg, alias de Goerlitz, porter.
4i3
dans les actes, le titre de duc de Luxembourg en
même temps que Wenceslas II, dont il avait reçu
le duché en engagère. Josse de Moravie et Elisa-
beth de Gœrlitz, qui tinrent postérieurement le
même duché en gage, agirent de même. Nous
pourrions encore citer de nombreux exemples de
faits semblables, qui prouvent à l'évidence que les
seigneurs engagistes se substituaient légalement
aux seigneurs dont ils tenaient les possessions en
gage et cela dans tous leurs droits et prérogatives,
celle de frapper monnaie entre autres.
Nous nous contenterons, pour terminer cette
notice, de mentionner à l'appui de cette dernière
assertion , parmi les nombreuses monnaies forgées
dans les mêmes conditions :
1° Le tuin frappé par Jean de Looz, de Heins-
berg et de Lewenberg, à Schoonvorst qu'il tenait
en engagère (i) ;
2° Le gros à l'effigie debout de Jean de Meurs,
seigneur de Bare, gros forgé à Gangelt que ce
prince tenait en gage (2).
V** Baudouin de Jonghe.
(1) Revue de la numismatique belge, 1864, p. 2i3 et pi. XIII, n» 5.
(2) Revue de la numismatique belge, 1864, p. 445 et pi. XXIV, n" 2.
414
MONNAIES
DES
COMTES DE LIMBURG-SUR-LA-LENNE.
{Suite) (i).
Planche XII.
Guillaume I, comte de Limburg (suite).
Ouire les deniers frappés par ce comte, on peut
lui attribuer les pièces suivantes, forgées à Lim-
burg :
• • • I-jGIL — o M • aOMSS — 0 DS • IjIM • Écu
au lion de Limbourg posé dans un entourage
triangulaire, formé de trois ogives reliées par des
demi-cercles ; dans les ogives, une rose séparée
de l'écu par un chevron.
Rev. . >ï< iMOnSrrTÎ S • - • • 8 MBVRnnb^ % Dans le
champ, une croix fleuronnée portant en cœur un
écu au lion à queue fourchée.
PL XII, no 23.
Notre collection.
Ce gros est imité de ceux des ducs de Juliers
Guillaume (i3g3-i402) et Renaud (1402 -1423).
Thierry, frère de Guillaume, a fait frapper pour
Broich un gros à peu près semblable.
«3 WIIjI'^SIjM I GCOMQiS t^^t lilMBSRSb,.
(i) V on Revue, 1896. p. 265.
4.5
Ecu parti : au premier, un lion à queue fourchée,
au second, une figure qui semble être un lambel;
ce sont peut-être les armes de la femme de Guil-
laume, Mathilde de Reifferscheidt.
Rev. ^ SirrnO * — * MeOD | — » BSHGID *
— * IGCn[^ V «•', en légende extérieure ; la légende
intérieure se lit : MGR — fiOV — IjIM — "Q^^GK
Dans le champ, une croix coupant la légende.
PI. XII, n" 24.
Revue de la numismatique belge, 1862.
>ï< WIlJl^EIjmVS % GCO l LI^BVRGEn. Un
lion en plein champ ; il porte sur l'épaule un
écusson avec une aigle.
Rev. >h mOnETITî % HOVTÎ § PaTî % liim-
BVRG'. Une croix pattée accompagnée de quatre
étoiles chargées d'une rose.
Gros au lion imité de ceux des ducs de Luxem-
bourg, Wenceslas II et Josse de Moravie.
PI. XII, no 25.
Notre collection.
^ WILI^SIiM l DSI l GRS l aOM l IjIM-
BSR'. Lion couronné portant sur la poitrine un
écu écartelé de deux lions et de deux fleurs de lis.
Rev. ^ monsnnTT § kovtî § fgtï i lim-
BSRCCI^SRS. Croix cantonnée de deux lions et
de deux fleurs de lis.
Ce gros au lion, dit Cromstert, est imité de ceux
frappés par Antoine de Bourgogne, comme duc
de Luxembourg (1409-1415).
PL XII, no 26.
Revue de la numismatique belge, 1862.
4i6
>ï< WlIiï^aiimVS o GCOMSS. Façade d'en-
ceinte à trois tours, avec porte d'entrée.
Rev. ^ MORSnnTÏ o LIMBVRG. Même façade
que sur l'avers.
PI. XII, no 27.
Cette monnaie a été publiée, d'après le seul
exemplaire connu de la collection Wippo , à
Munster, dans les Blàtter fïir Miinzfreimde, en 187g,
n° 78, p. 689, pi. 58, n° 5. Grote, en publiant cette
monnaie, dit qu'elle est une reproduction exacte
de celles frappées à Hambourg de 1408 à 1413,
avec les armes de la ville sur chaque côté; les
cercles ou boules de la légende se retrouvent sur
la plupart des sceaux de Hambourg à cette époque.
Le comte Guillaume mourut en 1459 ; c'est
l'opinion généralement admise. Kremer, toutefois,
dit que ce fut en 1449 (i) ; mais cet auteur a dû se
tromper, car, en 1460, le comte Guillaume de Lim-
burg, seigneur de Bedbur, assivSta à la réunion des
seigneurs qui apposèrent leur signature à la con-
vention conclue entre l'archevêque de Cologne et
le duc Gérard de Juliers et de Berg, pour régler la
succession de ces duchés au cas où le duc vien-
drait à mourir sans enfants ; le comte Guillaume
figure en tête des signataires (2).
Il est à croire que le comte avait de son vivant
associé son gendre au gouvernement; car celui-ci,
(1) Akad. Beitràge, II, p. 64.
{2) Brosius, Annal. Juliac, p 5g.
4'7
en 1456, avait nommé les frères Engelbert et Daen
von den Westhove, officiers du haut-château de
Limburg (i).
On a vu plus haut que Guillaume n'avait eu de
son mariage avec Metza de Reifferscheidt qu'une
seule fille , Marguerite , mariée à Gumbrecht ,
comte de Nuwenaer, et qu'il avait donné à celui-ci,
en 1442, son château et comté de Limburg. Cette
donation comprenait toutes ses possessions en
terres, bois, fiefs, droits seigneuriaux et même
son titre et ses armes, son heaume et sa mon-
naie (2), ce qui indique sans doute le droit de
battre monnaie. Le roi des Romains avait ratifié
la même année cet acte de transfert et investi en
même temps le comte de Nuwenaer de tous les
fiefs de la couronne; en 149g, l'empereur Maximi-
lien le confirma également.
Cette donation avait vivement mécontenté les
neveux du comte Guillaume, fils de son frère
Thierry, seigneur de Broich, qui étaient ses plus
proches agnats, Guillaume III, Henri etThierry VIL
A peine leur oncle eut-il fermé les yeux, qu'ils
obtinrent de Gérard, duc de Juliers et de Berg,
dont Henri était conseiller, l'inféodation du châ-
teau et du comté de Limburg (25 juin I45g). Ils
mirent ensuite le siège devant le château, dont ils
( 1 ) Nouvelles archives historiques des Pays-Bas, t.V, pp. 228 et suiv.
(2) Die Graf- und Herrschaft fw Limburg, mit Helm, Schilte,
Wapen und Wahremtitel, Schlossern und Mûn^en, etc. — von Stbinen,
/. c, IV, p. 1337.
4i8
s'emparèrent avec l'aide du drossart de Berg ,
Jean de Nesselrode , seigneur de Stein , et de
Bertrand de Nesselrode , seigneur d'Ehrenstein ,
maréchal héréditaire du duché de Berg ; Guil-
laume II prit dès lors le titre de comte de Lim-
burg.
Grâce à l'intervention de Thierry, archevêque
de Cologne, et de Vincent, comte de Moers et de
Sarwerden, la paix ne tarda pas à se faire, et les
parties belligérantes firent un arrangement qui fut
signé le vendredi après la fête de la Nativité de la
Vierge, 1460.
Il fut stipulé que le château avec le comté de
Limburg et tout ce qui en dépendait appartien-
drait en commun par moitié à chacune des parties
contractantes, que le château serait divisé en
deux habitations.
Cet accord qui était une vraie burgfrede, conte-
nait les conditions stipulées ordinairement dans
les paix de cette nature, relativement aux attentats
consommés sur les personnes et sur les biens.
Cette paix devait s'étendre sur le pays qui com-
prenait le château et le Nieuwenhuys et qui était
délimité par une ligne partant de la montagne
droit au Namer, et du Namer, en descendant la
montagne, jusqu'à la Lenne, et le long de cette
rivière jusqu'au pont où se trouve l'image de
Notre-Dame, où la Weschelbeek se jette dans la
Lenne, et de là jusqu'au Kuythassel, pour remonter
ensuite en ligne droite jusque sur le mont vers
»
419
le Nieuwenhuys. Dans ce territoire, la paix devait
exister et demeurer ferme.
Il était stipulé que tous les hommes de fief de
Limburg recevraient des deux partis l'investiture
de leurs fiefs et devraient les aider tous les deux.
Le patronat de Milheim et les autres bénéfices
ecclésiastiques devaient être exercés alternative-
ment, les dettes partagées par moitié, et le comte de
Nuwenaer devait conserver la maison et les autres
biens de Wulfrad ainsi que la rente de 20 florins
que l'abbesse d'Essen devait payer annuellement
sur la maison de Greusel.
L'année suivante, les frères de Limburg accor^
dèrent à Jean de Nesselrode, seigneur d'Ehren-
stein, maréchal héréditaire du duché de Berg, qui
les avait aidés dans la reprise de Limburg, un
logement dans le haut-burg de Limburg, une
écurie pour ses chevaux dans la seigneurie, l'exer-
cice du bailliage sous Limburg pour la revendi-
cation de ses droits, mais en réservant les droits
des baillis. En outre, ceux de Nesselrode et ceux
de Limburg devront réciproquement jurer de tenir
la burgfrede, leurs héritiers devront s'y engager
également aussi souvent qu'il sera 'nécessaire.
En 1478, le duc Guillaume de Juliers donna son
approbation à cet arrangement, sous la réserve
que ses droits et ceux de ses héritiers, au point
de vue de la vassalité, fussent sauvegardés (i).
(1) VON Steinen, /. c, IV, pp. iSSg et suiv.
420
Pendant l'époque que le comté de Limburg était
possédé en commun par le comte de Nuwenaer et
les neveux de Guillaume I, on continua à frapper
monnaie à Limburg; la seule pièce de cette émis-
sion que l'on connaisse ne porte pas le nom du
seigneur, mais seulement l'indication de l'atelier
monétaire, ce qui permet de croire que le droit de
monnayage a été exercé en commun.
Voici la description de cette intéressante mon-
naie :
>ï< sinn + ROMsn -î- d — vv f BsneiDiarr.
Double aigle tenant dans ses serres un écu fascé.
Rev. >-'b MOnSnaTÏ + nOVT^ + ijUBORGeiRSI.
Croix pattée.
Notre collection.
Cette monnaie est imitée des plaques de Gro-
ningue, fra^^pées d'après Van der Chijs vers le
milieu du xv^ siècle (i).
La paix conclue en 1460 ne fut pas de longue
durée, comme il était à prévoir; à la mort du
comte Guillaume II, en 1478, le duc Guillaume
(1) Van der Chus, De Munten van Friesland, Groningen en
Drenthe, pi. IX, n"s 28-29, pi. XXII, n» 6.
421
de Juliers et de Berg inféoda à Henri, son frère
et son héritier, les châteaux de Limburg et de
Broich, en son nom et comme tuteur de Jean et
de Marie, enfants de son frère (i). On ignore les
raisons qui amenèrent cette rupture de la paix
conclue entre les familles de Nuwenaer et de Lim-
burg. D'ailleurs, tout ce qui se rapporte à l'his-
toire de nos comtes à cette époque dénote les
troubles qui agitaient les esprits, les querelles
intestines qui divisaient les familles; dans tous
les cas, cette rupture de la bitrgfrede donna lieu à
de nouvelles difficultés qui ne furent aplanies que
parle mariage, dont il sera parlé plus loin, de Jean
de Limburg avec l'héritière de Nuwenaer, en 1492.
Thierry VI de Limburg, seigneur de Broich.
Ce seigneur était le frère cadet de Guillaume I,
comte de Limburg. Les deux frères, après la mort
de leur père Thierry V, avaient relevé les châteaux
de Limburg et de Broich (1401). Guillaume prit
depuis lors le titre de comte de Limburg et de
seigneur de Broich, mais, à partir de 1407,
Thierry, qui portait seulement soti nom de
famille, s'intitula seigneur de Broich, bien que
son frère prît encore parfois ce titre. En 1412, les
deux frères conclurent un arrangement dont
nous avons rapporté les principales clauses et qui
(1) VON Camp, p. 48. Cet auteur fixe en 1478 la mort de Guillaume ;
cette date a été contestée.
Année 1896. 29
422
stipulait la division du château en deux parties.
Le comte Guillaume abandonna, en 1437, à son
frère tous ses droits sur la seigneurie de Broich,
en échange d'autres biens ; mais il faut croire que,
déjà avant cette époque , Thierry possédait la
seigneurie, car, le 9 juillet 1413, il s'engagea vis
à vis du duc Adolphe de Berg à l'aider de sa per-
sonne en tout temps et contre tous ses ennemis,
à l'exception de son frère Guillaume et de son
cousin Evert de Limburg, à Stirum, et il comprit
dans cet engagement son château de Broich et
toutes ses forces.
Il fut admis de ce chef parmi les nobles vassaux
de Berg et reçut en fief une pension de 20 florins
et, en outre, la moitié de la dîme de Wulfrad et
deux foudres de vin. En 1423, le même duc
Adolphe l'admit comme noble dans sa noblesse
à Angermund et lui donna en fief une rente
annuelle de 40 florins du Rhin dans le bailliage
de Medman.
Peu d'années après, il rompit avec son suzerain
pour s'attacher à Adolphe , duc de Clèves et
comte de la Marck.
En 1420, le duc de Berg avait donné en enga-
gère, à ce dernier, la ville de Mulheim-sur-la-
Ruhr avec le château de Broich, pour six mille
bons vieux écus. Pour des raisons que l'on ne
connaît pas, le seigneur de Broich prêta, le i" sep-
tembre 1432, hommage au duc de Clèves pour son
château de Broich qui était un fief de Berg et il
423
en fut réinvesti le lendemain. Quelques années
plus tard, il tomba en disgrâce et le duc de Clèves
le déposséda de son château et en investit, en
143g, Henri, second fils de Thierry, mais celui-ci
dut promettre de ne pas laisser entrer son père
dans le château.
Henri resta pendant quelque temps en posses-
sion du château et Thierry mourut avant d'avoir
pu le récupérer. On ignore l'époque de sa mort,
mais elle suivit de près ces événements.
Thierry de Limburg, seigneur de Broich, avait
épousé Rica de Wisch, qui vivait encore en 145g.
Il en eut un grand nombre d'enfants, qui sont :
Guillaume II, seigneur de Broich,
Henri, que nous avons cité,
Thierry VII,
Eberhard, qualifié de seigneur de Limburg et
d'Hardenberg,
Jean, prévôt de Werden,
Agnès, qui épousa son cousin, Guillaume de
Limburg, seigneur de Stirum, lequel reçut, en
1442, de l'empereur Maximilien l'investiture des
fiefs possédés par sa famille (i),
Lutgarde, mariée à Kraft Steke. — Ce seigneur
fut envoyé, en 1444, àSoest, parle duc de Clèves,
avec une troupe de soixante cavaliers pour y pré-
parer son arrivée (2). Il posséda, du chef de sa
femme, l'avouerie de Rellinghausen.
(1) Chai te en ma possession.
(2) Seibertz, Quellen der westfal, Geschichte, II, p. 281.
424
Et Catherine.
Thierry VI, de Limburg, a frappé monnaie à
Broich et à Rellinghausen, en qualité d'avoué.
La seigneurie de Broich était située sur les
confins des comtés, puis duchés de Berg et de
Clèves, entre la seigneurie de Stirum et les
abbayes d'Essen et de Werden ; elle était traversée
par la Ruhr, rivière qui reçoit la Lenne et se
jette elle-même dans le Rhin, à Ruhrort, près de
Duisburg. C'était un fief de Berg.
On connaît , pour Rellinghausen , plusieurs
deniers qu'on peut lui attribuer :
DIDSRIGC — GRSVe: ^. Écu au lion de Lim-
bourg, surmonté d'un casque avec cimier formé
de deux branches feuillées. Ce cimier est celui de
la branche des seigneurs de Broich et diffère de
celui de la branche aînée des comtes de Limburg.
Rev. * MORSnnTÎ * RSIilRGCI^VSSn. Rose
dans le champ.
PI. XII, n0 28
Revue de la numismatique belge, 1862.
Notre collection.
— DIDSR — GRSVe: *. Même type que sur
le numéro précédent.
Rev. ^ MOnSnnTÎ <a RSIiinai^VSe:'. Rose
dans le champ.
PI. XII, no 29.
Revue de la numismatique belge, 1862.
Notre collection.
^ DIDSl^IGC^ * GRSVe * . Le comte, à mi-
corps, la tête couronnée. Il porte de la main droite
4^5
l'épée, sur la cuirasse unécu au liondeLimbourg.
Rev. - MOnSnnAx 1^0' RSIilOGCP^VS. Même
type à la rose.
PI. XII, n"3o.
Revue de la numismatique belge, 1862.
Notre collection
* DIDSRIGCh ^ GReVS *. Ce denier est une
variété du précédent.
Rev. ^ MonannTc 4- ne ReiLinai^v'.
PI. XII. n°3i.
Notre collection.
* DIRa?j' — oGRSVe: ^. Le comte, à mi-
corps, la tête couronnée du chapel de roses. Il
tient l'épée de la main droite et appuie la gauche
sur un écusson au lion.
Rev. ^ MORSnnT: -:- ne RSIiinGCr^V. Type à
la rose.
PI. XII, n°.33.
Notre collection.
Le monastère de Rellinghausen (i), dépendance
de l'abbaye d'Essen était situé sur la Ruhr, entre
Werden et Steele,non loin de l'abbaye d'Essen et
se trouvait tout près du château d'Lsenburg, rési-
dence du comte Frédéric, ancêtre des comtes de
Limburg-sur-la-Lenne. Le comte Frédéric était
avoué de ce monastère et avait hérité de ce fief à
la mort de son père. Cette dignité lui donnait la
juridiction sur les biens du monastère, certains
(i) Il ne faut pas confondre Rellinghausen avec Recklinghausen,
comme l'a fait Leitzmann : cette dernière localité était un atelier moné-
taire des archevêques de Cologne
426
droits, tels que le tODlieu et le droit de monnayage,
et lui procurait des revenus importants ; il était,
en outre, avoué des abbayes d'Essen, de Wer-
den, etc. Ce furent les empiétements qu'il se per-
mettait sur les droits de l'abbaye d'Essen , en
abusant injustement de sa qualité d'avoué, et les
mesures de rigueur que dut prendre saint Engel-
bert, archevêque de Cologne, pour réprimer les
violences et la rapacité des seigneurs envers les
abbayes, qui furent l'origine du complot tramé
'contre l'archevêque, complot dont il fut la mal-
heureuse victime.
Après la sentence de condamnation prononcée
contre le comte d'Isenburg, pour la part qu'il
avait prise à ce meurtre, et la confiscation de ses
biens, les avoueries des abbayes d'Essen, de Rel-
linghausen, de Stoppenberg et de Werden, qui
lui appartenaient, devinrent vacantes et firent
retour aux abbayes. C'est dans ce sens que s'ex-
prime le légat du Saint-Siège dans la lettre qu'il
adressa à l'abbé de Werden, relativement aux
avoueries des cinq curtes que Vimpius Fredericus
quondam cornes de Ysenbergh tenait en fief de l'ab-
baye . Elles étaient dévolues de plein droit à celle-ci
en vertu de la sentence, et le légat défendit de les
aliéner à l'avenir (1226). Cette lettre fut confirmée
l'année suivante par l'empereur (i). Les avoueries
ne furent pas supprimées , mais la nature des
(1) KrEMER, /. C, II, p. 121.
427
fonctions de ceux qui en étaient titulaires fut mo-
difiée. Ils devinrent représentants des abbés, dont
ils furent des fonctionnaires dépendant d'eux.
Les descendants du comte Frédéric élevèrent
des prétentions sur l'avouerie d'Essen, en 1275;
le comte Thierry la comprit dans l'échange qu'il
fit avec l'archevêque de Cologne quand il lui
céda le château d'Isenburg contre une rente ; mais
on ne trouve pas de documents qui prouvent
qu'ils l'aient possédée.
Quant à l'avouerie de Rellinghausen, le comte
Adolphe de la Marck s'en était emparé après la
confiscation des biens du comte d'Isenburg, lors-
qu'il avait envahi le comté. Il en avait reçu l'in-
vestiture de l'archevêque de Cologne, mais il fut
obligé de s'en dessaisir par ordre de l'empereur
et l'avouerie fit retour à l'abbaye d'Essen.
Après l'accord conclu, en 1243, entre la famille
de Limburg et le comte de la Marck, en vertu
duquel une partie du patrimoine et des fiefs du
comte d'Isenburg fut rendue à son fils Thierry,
celui-ci reçut en fief de l'abbesse d'Essen l'avoue-
rie deRellinghausen avec les revenus de l'avouerie
sur les maisons d'Ehrenzell, Brockhof et Beck,
mais les droits d'avouerie sur ces maisons res-
tèrent à l'abbaye qui les fit exercer par ses officiers.
Le 25 juin 1286, le comte Thierry engagea à l'ab-
besse Berthe l'avouerie d'Ehrenzell (i).
(1) F'uNCKE, Geschiclite des Fiïrstentimms iind der Stadt Essen.
Elberfeld, i85i.
428
En i363, le comte Thierry de Limburg et
Thierry de Limburg, fils d'Evrard, firent à Dus-
seldorf un arrangement avec la prieure du mo-
nastère de Rellingbausen, concernant l'exercice
du droit de justice dans cette localité. Les deux
parties, après avoir consulté leurs amis, recon-
nurent qu'elles y avaient des droits égaux et
qu'on partagerait les amendes. Cet accord est
mentionné dans les conventions faites, en 1577
et 1647, entre le chapitre et les possesseurs de
l'avouerie. Celle-ci échut à Thierry VI, de Lim-
burg, dans le partage de la succession de son
père, en 1412. En 1474, elle fut donnée en dot à
Lutgarde de Limburg, quand elle épousa le che-
valier Kraft Steeke, en même temps que la partie
de l'avouerie située dans la seigneurie d'Harden-
berg avec goo florins donnés par son frère Guil-
laume pour le rachat d'une somme pareille dont
elle était grevée. L'inféodation qui en fut faite par
l'abbesse d'Essen dut être ratifiée par les cinq
frères de la future. Parmi eux il y en avait un qui
était prévôt du couvent d'Aix-la-Chapelle. En
i5i3, l'avouerie appartenait à Gosken Steeke, de
Baldenei, fils de Kraft et de Lutgarde; lui-même
avait épousé Stina de Vitinghof.
L'historien de l'abbaye d'Essen, Funcke, dit,
d'après Gelenius, que le possesseur du château de
Baldenei était chambellan de l'abbaye d'Essen,
avoué de Rellingbausen et maréchal de l'abbaye
de Werden. Le château de Baldenei avait été
429
construit après la destruction du château d'Isen-
burg, et près de celui-ci, avec les pierres prises
dans ses ruines.
Thierry VI frappa également différentes mon-
naies à Broich. On connaît de lui un denier et
quelques gros :
* DIDQIRiab^ * GRGIVe: *. Même type que
sur le n° 3i.
Rev. ^ MORGirrîT ^ R0V2Î ^ Br^OGCI^. Type
à la rose.
PI. XII, n» 32.
Notre collection.
DIRia <g3 — ^ aOîTîSS * — <5 lil^BO *. Ecu
au lion, la queue fourchée, posé dans un entou-
rage triangulaire formé d'ogives reliées entre
elles par des demi-cercles; dans les ogives, des
quatrefeuilles, séparés de l'écu par des triangles.
Rev. MonsnnT^ îrovtîîdcc t BRoai^i^^e:.
La légende est précédée d'une aigle (?). Croix fleu-
ronnée portant en cœur un écusson à la double
aigle éployée.
PI XII, no 34.
Grote, Blâtter, etc., 187g.
Ce gros a été publié par Grote (i), qui en indique
le diamètre : 24millim. et le poids : is',75; c'est,
dit-il, une imitation des monnaies frappées à Dùren
par les ducs de Juliers Guillaume III (1398-1402)
et Renaud (1402-1423).
(1) Grote, Blâtter fur Mûnifreunde, n° 78 (1879), p. 658.
430
DIDSRIG)^ cS5 aO' Da <S3 lilMBOR?. Saint
Pierre, à mi-corps, sous un portique; il tient de
la main droite une croix longue.
i?^?;. *MOne:m * — * 7Î RO V A * — * BROGCI^ *.
Le revers est le même que l'avers du numéro pré-
cédent : un écu au lion dans un entourage trian-
gulaire.
PI. XII, no 35.
Revue de la numismatique belge, 1862.
Grote, 1837, pi. VI, no 126.
Grote attribue ce gros à Thierry VI. Il fait à son
sujet quelques observations, qui ont un certain
fondement car l'attribution de ce gros soulève des
difficultés ; il en est de même des deniers que nous
donnons à ce seigneur.
Au point de vue de la classification des Rader-
Albus, dit-il, celui-ci doit être antérieur à 1430;
il peut, en ce cas, appartenir à Thierry VI, bien
qu'on ne le voie nulle part qualifié de comte. Son
père, Thierry V, posséda, il est vrai, le comté de
Limburg et la seigneurie de Broich, mais il est
mort à une époque qui ne permet pas de le lui
attribuer, car ce serait trop reculer la date de son
émission : cette pièce est postérieure à sa mort.
Grote ajoute qu'il n'est pas à supposer qu'un aussi
petit seigneur ait frappé monnaie en Westphalie
et dans le Bas-Rhin, mais cette observation ne
peut pas avoir la portée qu'il lui donne, parce que
le gros décrit sous le numéro suivant prouve que
l'un des deux Thierry, le père ou le fils, a frappé
43i
monnaie à Limburg et à Broich. On ne peut guère
séparer ces monnaies, car elles sont contempo-
raines.
<S3 nnb^SODR -B aOUaS <^ LIMB? «3. Saint
Pierre sous un portique, comme sur le n° 35,
sauf que le saint porte une clef dans la main
gauche.
Rev. <5 MOn' — «3 RO V — LIM «? — <S3 BOR'.
Écu au lion de Limbourg, dans un entourage qua-
drilobé formé d'ogives alternant avec des angles;
dans les ogives quatre petits écussons, le i" por-
tant une aigle, le 2* et le 3^, un lion, le 4°, quatre
pals.
PI. XII, no 36.
Notre collection.
Ces écussons n'ont aucune signification parti-
culière. Ils ne se rapportent pas aux armoiries de
la famille ni à ses possessions, sauf peut-être le
lion.
On se demandera comment il se fait que
Thierry VI ait frappé monnaie à Limburg, qui a
appartenu à son frère Guillaume, et à quel titre il
se qualifiait de comte. Ce seigneur a possédé pen-
dant quelque temps, il est vrai, le comté en com-
mun avec son frère, jusqu'au moment où ils
firent une convention, que nous avons rappelée,
pour le partage de la succession de leur père.
J'hésite, toutefois, à admettre que chacun des
deux frères ait battu monnaie en même temps.
Quant au titre de comte qui se trouve sur les
432
deniers aussi bien que sur ces dernières mon-
naies, il n'était pas porté exclusivement parle pro-
priétaire du comté. Ainsi, l'on voit qu'au xiv^ siècle
il a été porté par Jean, frère cadet de Thierry V.
Henri, seigneur de Broich, le prend également
sur ses monnaies, bien qu'il n'ait pas possédé
Limburg; et quoique l'on ne retrouve pas dans
les rares documents connus de cette époque qu'il
soit qualifié ainsi, il l'est toutefois sur les deniers
décrits aux n°^ 28 et 29, que je crois pouvoir lui
attribuer d'une manière certaine, parce que le
cimier surmontant le casque de l'écusson est celui
de la branche de Broich, tandis que celui de la
branche aînée était formé de deux vols ou queues
de paon et d'un lion.
Des découvertes ultérieures viendront peut-être
donner un jour une vsolution plus certaine à ces
difficultés.
C"= Th. de Limburg-Stirum.
{A suivre.)
I
433
MÉDAILLE
DU COMTE ET DE LA COMTESSE DU NORD
DITE MEDAILLE DES PRINCES RUSSES
GRAVÉE PAR VAN BERCKEL EN 1782.
Au cours d'un voyage en Pologne, en Allema-
gne, en Italie, en France et dans les Pays-Bas, le
grand-duc de Russie Paul Pétrowitz et son épouse
Marie Federowna s'arrêtèrent à Bruxelles, en
juillet 1782.
Les gouverneurs généraux Albert de Saxe-
Teschen et Marie-Christine mirent tout en œuvre
434
pourdistraire leurs hôtes princiers, qu'ils comblè-
rent de prévenances et d'attentions de toutes
natures. C'est ainsi que la visite de la Monnaie
de Bruxelles qu'ils firent faire à Paul Pétrowitz et
à Maria Federowna, le ii juillet dans l'après-
midi, n'eut d'autre objet que de ménager aux
princes russes l'aimable surprise de recevoir, des
mains mêmes de l'auteur, une médaille à leurs
effigies, gravée par Théodore Van Berckel et
frappéesous leurs yeux. La lettre suivante, adressée
de Gand, le lo juillet 1782, par le secrétaire et
conseiller d'Etat Crumpipen au trésorier général
baron de Caziers, va nous renseigner complète-
ment sur l'organisation de cette petite fête intime
de la cour bruxelloise, qui coûta la somme, assez
rondelette pour l'époque, de i,554 florins, argent
courant de Brabant.
« Monsieur le trésorier général,
» Il m'est ordonné de vous prévenir (Jue
LL. AA. RR. conduiront le Comte et la Comtesse
du Nord demain à quatre heures de l'après-midi
à la Monnaie, où je suis chargé de vous prier de
voustrouver.Onneparcourrera pas les chambres,
et on n'examinera pas les détails de la manipula-
tion. On se contentera de voir frapper quelques
souverains et couronnes et même on n'y restera
qu'un quart d'heure ou demi heure tout au plus,
on ne fait même cette visite que pour donner lieu
à la surprise de voir sortir d'une presse la médaille
435
que le graveur a faite. Je suis chargé de vous
prier d'arranger les choses de manière qu'on soit
conduit, après avoir vu battre des souverains,
dans une pièce où on battra pour la forme quinze
ou vingt de ces médailles, mais d'en faire battre
auparavant quatre en or et cent en argent. Van
Berckel lui-même présentera deux en or au Comte
du Nord et deux en or à la Comtesse. Il donnera une
médaille d'argent à chacune des personnes de la
suite de LL. AA. RR. qui seront dans la
chambre avec les Princes, et il en offrira nommé-
ment aussi une d'argent à l'archiduchesse et une
autre à Mgr le duc Albert. S'il en faut d'autres
plus tard, LL. AA. RR. le feront dire, mais
tout doit être arrangé dans l'esprit de la sur-
prise.
» P. S. — Comme il faut quatre médailles en
or pour le Comte et la Comtesse du Nord, vous
pourriez faire frapper d'avance douze en or dont
vous me ferez remettre huit par M. Vander-
veld, etc., etc. »
*
*
Les prescriptions du conseiller Crumpipen
furent ponctuellement observées et Van Berckel
offrit lui-même deux médailles d'or au comte du
Nord et à la comtesse deux autres médailles d'or.
Il présenta ensuite une médaille d'argent à Son
Altesse royale Madame l'archiduchesse, à Son
Altesse royale le duc Albert et à chacune des per-
436
sonnes suivantes : Son Altesse le prince Star-
hemberg, Son Excellence le prince de Gavre,
Son Excellence le prince de Grimberghe, monsieur
le comte de Sart, monsieur le baron de Kempelen,
monsieur le bai on de Seekendorff, monsieur le
conseiller d'Etat, secrétaire d'Etat et de guerre
Crumpipen, monsieur le baron de Caziers,
madame la grande-maîtresse de la comtesse du
Nord, Son Excellence la princesse de Gavre et
madame la comtesse deSart.Le même jour, furent
remises à la secrétairerie d'État 8 médailles d'or et
60 d'argent, le lendemain 12 juillet, 4g autres
médailles d'argent furent encore déposées au
même endroit. Van Berckel avait frappé en tout
12 médailles d'or, pesant chacune un marc sept
onces et trois esterlins au titre des ducats, et
148 médailles en argent dont il garda 28 pour
compte, le Gouvernement n'ayant fait usage que
de 12 médailles d'or et de 120 médailles d'argent.
Van Berckel nous montre les bustes conjugués
du comte et de la comtesse du Nord, en profil
droit, entourés de la légende : PAUL'PETROW •
et MAR • FEDEROWNA MAGNI RUTHEN •
DUCES. Sous la coupure du bras de Paul les
initiales de l'auteur, T. V. B. Le revers offre un
trophée bizarrement composé d'emblèmes com-
merciaux, scientifiques et guerriers.
A l'exergue : BRUXELLIS. | MENSEJUL. |
MDCCLXXXII.
La médaille des princes russes est à classer
437
parmi les meilleures productions du célèbre gra-
veur général des Pays-Bas autrichiens. L'œuvre de
Van Berckel ne se ressent guère de la hâte qu'il
dut mettre à l'exécuter. Le modelé hardi des têtes
nous donne même le sentiment d'une certaine
recherche de réalisme ; seules, les chevelures lais-
sent quelque peu à désirer et ne présentent pas la
finesse de burin habituelle à l'artiste.
Les coins de la médaille existent encore aujour-
d'hui à la Monnaie de Bruxelles (i). Les renseigne-
ments que nous venons de publier à son sujet ont
été puisés par nous aux archives de Belgique.
*
* *
Paul Pétrowitz était fils du Czar Pierre III de
Holstein-Gottorp et de Catherine II, d'Anhalt-
Zerbst. Il naquit le i octobre 1754; notre médaille
le représente donc à l'âge d'environ vingt-huit ans.
Paul épousa en premières noces (10 octobre 1773)
une des filles du landgrave de Hesse-Darmstadt,
Nathalie Alexéievnaeten secondes noces (18 octo-
bre 1776) la princesse de Wurtemberg, Marie
Federowna. Après la mort de sa mère Catherine II,
Paul P"" devint empereur de Russie, le 17 novem-
bre 1796. Il mourut, étranglé, dit-on, dans son
palais par quelques seigneurs russes mécontents,
(1) PioT, Catalogue des coins, poinçons et matrices, etc., 2^ édition,
nos 987 à 989.
Année 1896. 3o
438
le 23 mars 1801. Sa veuve lui survécut jusqu'au
5 novembre 1828. On voit que le comte et la com-
tesse du Nord étaient des personnages de marque
et l'on s'explique , dès lors, les prévenances dont ils
furent l'objet, à leur passage à Bruxelles, de la part
de l'archiduchesse Marie-Christine et de son époux
Albert de Saxe-Teschen.
Alphonse de Witte.
I
4^9
LE NOM DE JÉSUS
EMPLOYÉ COMME TYPE
SUR LES MONUMENTS NUMISMATIQUES DU XV^ SIÈCLE
PRINCIPALEMENT EN PRASCE ET DANS LES PAYS VOISINS.
Suite (i).
Planche XIII,
Quelques médaillons d'art italien, à l'examen
desquels nous n'avons malheureusement songé
qu'un peu tard, et lorsque notre travail était déjà
fort avancé, doivent maintenant nous occuper.
Nous en donnons ici la description :
2. COEPIT • FACERE • ET • POSTEA •
DOCERE. Effigie en buste de Bernardin de Sienne,
tournée à gauche. Le saint, tout courbé, porte l'habit
de son ordre, et a sous le bras un livre fermé.
Ses traits, vieillis et amaigris, sont protégés par un
capuchon de forme arrondie au sommet. La tête
est légèrement ornée d'une auréole consistant
en quelques rares rayons de modeste étendue.
Rev. MANIFESTAVI • NOMEM (2) • TVVM •
HOMINIBVS. Dans un cercle de douze rayons
flamboyants, brochant sur un nombre indéfini
de rayons droits, que, volontiers, nous dirions
(1) Voir Revue, 1896, p. 3i3.
(2) Cette faute dans le mot NOMEN, improprement écrit NOMEM,
existe sur le médaillon.
440
ardents, le nom de Jésus figuré par le mono-
gramme vl]Q crucifère. Les bras delà croix formés
par le tiret horizontal traversant le montant de la
lettre 1] sont surmontés de l'écriteau de Pilate,
mais sans inscription. On lit dans les espaces
vides entre les rayons flamboyants : ANTONIO •
MARESCOTO • DA • FER ARA • F {ecit).
Des deux côtés de la pièce les légendes sont en
caractères romains.
Médaillon en bronze du diamètre PI. XIII, fig. 6 (i).
de 75 millimètres.
La légende qui accompagne l'effigie de Bernardin
de Sienne est l'application à ce religieux, aussi
éminent par le savoir que par ses vertus, d'un
texte emprunté aux Actes des Apôtres, et dans
lequel saint Luc rappelle ce qu'il a écrit déjà pour
(i) Une gravure de celte pièce, particulièrement importante, a été
publiée dans le Trésor de Numismatique et de Glyptique, série des
Médailles coulées et ciselées en Italie, Paris, 1834, t. II, pi i3, fig. 4.
Le médaillon était alors la propriété de M. Rollin, à Paris. Il ne
paraît pas que ce soit l'exemplaire qui repose actuellement au Musée
de Berlin, donné en phototypie par Julius Friedlaender dans ses
travaux sur les Médailles italiennes de 1430 à i53o. Ce dernier exem-
plaire a été signalé depuis par Aloïss Heiss dans ses recherches sur
les Médailleurs de la Renaissance. Alfred Armand n'a pas manqué
non plus de donner une description sommaire de notre médaillon
dans Les Médailleurs italiens des quinpème et sei:{ieme siècles,
!''« édition, 187g, p. 16, et 2« édition, i883, t. I, p. 28. Voir, en outre,
le Muséum Ma^^^uchcllianum. Venetiis, 1761 , 1. 1, pi. g, fig. 1 . L'habile
graveur de la Revue, M. G. Lavalette, a utilisé pour l'exécution de sa
planche le livre de Friedlaender, mis gracieusement à sa disposition
par M. Camille Picqué.
441
la glorification du Sauveur, « de omnibus quœ cœpit
Jésus facere, et docere...-» (i)
Quant à la légende du revers, autour du mono-
gramme sacré, elle est tirée de l'admirable Discours
après la Cène, tel que saint Jean nous l'a transmis
dans sa version de l'Evangile. Le disciple bien-
aimé y fait ainsi s'exprimer Jésus dans ses invoca-
tions au Père éternel : « Pater,... manifestavi nomen
tuum hominibus quos dedisti mihi de nmndo... ».
On comprend aisément l'application qui est
faite, sur le médaillon, de la première partie de
ce texte à Bernardin de Sienne, parlant en ces
termes à Jésus-Christ : MANIFESTAVI NOMEN
TVVM HOMINIBVS. On remarquera, au surplus,
que le même texte a toujours été considéré par les
frères de son ordre comme étant celui qui caracté-
risait le mieux la mission du saint sur la terre,
mission particulièrement consacrée à l'exaltation
du nom du Sauveur.
Dans une Vie de saint Bernardin, imprimée
à Cologne en 1483 parmi divers suppléments à la
Légende dorée, nous lisons ce passage tout parti-
culièrement significatif : « Approprinquante hora
qua spiraret ad Dominum, morem sui patris Francisa
seqtiens, se poni fecit in terrain, et statim quasi ridens,
spiravit ad celas, videlicet ad Deuni qui miser at illum,
(1) Actus Apostolorum, cap. I, v. i. — Saint Mathieu (cap. V, v. ig)
avait déjà mis dans la bouche du Sauveur, formant ses disciples à
pratiquer leurs enseignements, ces propres paroles : « Qui autem
fecerit et dociierit, hic magnus vocabitur in regno cœlorum. »
442
w vigilia Ascensionis dominicœ, die Mercurii, hora
xxij, in qua die per fratres, antea illa, ducebatur
occurrens: Pater, manifestavi nomen tuum homini-
BUS QUOS DEDISTI MIHI, NUNC AUTEM PRO EIS ROGO ET
NON PRO MUNDO, QUIA AD TE VENIO... » (l). Il aurait
été difficile de mieux condenser, en même temps
que d'approprier plus heureusement à la circons-
tance, le texte déjà visé de l'Evangile selon saint
Jean, chapitre 17, versets 5, 6, g et i3. On peut bien
dire, d'autre part, que l'esprit de saint Bernardin
de Sienne a des mieux inspiré, dans la composition
de notre médaillon, types et légendes, l'auteur ou
les auteurs de cette œuvre de haut intérêt.
3. Autre médaillon à l'effigie de Bernardin de
Sienne. Cette effigie serait d'une assez complète
similitude de travail avec celle du médaillon
précédent pour qu'Armand ait pu considérer les
deux pièces comme étant sorties de la main du
même artiste, Antonio Marescotti (2).
Le second médaillon est sensiblement plus
grand que le premier, son module ne mesurant
pas moins de 96 millimètres. Il est représenté dans
les planch es du Muséum Mazzuchellianum (3) , d'après
un exemplaire indiqué comme n'ayant pas de
(i) Legenda Sanctorum aurea, qiiœ alio nomine dicittir Hystoria
longobardica, (Colonise) 1483 ; fol 402, col. 3 et 4.
(2) Les médailleurs italiens, 1879, p. 16; i883, p. 28. Nous n'avons
pas eu l'occasion de pouvoir vérifier les données qui ont servi de base
à Armand pour asseoir son opinion.
(3) T. I, pi. g, fig. 2. (Armand, loc. cit., 1879, p. 17.)
443
revers. La légende, que l'on nous dit être en belles
capitales gothiques rangées en cercle autour de
l'effigie, est ainsi reproduite par Armand, quant à
sa composition : q< lU • RO^me: • II^G: (i) •
Il semblerait assez, d'après certaines proba-
bilités dont il convient de tenir compte, que le
second des médaillons à l'effigie de Bernardin de
Sienne (notre n° 3) était, comme le premier, destiné
à avoir un revers, et que ce revers devait, aussi,
être au nom de Jésus en monogramme, accom-
pagné de ses douze rayons mystiques, suivant le
type adopté par le fervent Observantin.
Sur ce dernier point, un troisième médaillon, à
l'effigie, cette fois, d'un doge de Venise, pourrait
bien ne pas être inutilement à rapprocher des
deux précédents. Le voici :
4. (Légende en caractères romains:) NICOLA VS *
MARCELLVS • DVX. Buste du doge Nicolas
Marcello, appelé à cette dignité en 1478, vers
l'âge de quatre-vingt-six ans, mort en 1474. Le
buste est signé des lettres G. T. F., qui n'ont pu
servir encore à en faire découvrir l'auteur.
Rev. (Légende en capitales gothiques, parmi les-
quelles il en est plusieurs qui sont liées : ) >ï* IR •
(1) Nous pensons qu'il a dû se glisser ici quelque erreur de trans-
cription, et qu'il convient de lire Il^CJi» au lieu de II^S. — On ne
sera pas, d'ailleurs, sans remarquer que le nom de Jésus commence ici
par un I, alors qu'il commence par un W dans le monogramme figuré
au centre du type.
444
nomiva- ihja • o mua • caim • PijSGcniTTriiaR
• eceijeisnnia • rr.aRssnnRia z mpeiRno. Le
monogramme Jjl)5 crucifère, au centre à^une gloire
en forme de cercle entouré de rayons ardents et de
rayons flamboyants, ceux-ci au nombre de douze.
Rien ne saurait donner mieux l'idée de la magnifi-
cence de ce symbole que la reproduction scrupu-
leusement exacte qui suit (i) :
Médaillon de bronze du diamètre de 96 millimètres. Exemplaire
du Cabinet des médailles, à Paris. Communication obligeante
de M. Henri de la Tour.
(1) Voir la gravure de ce médaillon, pour le droit et le revers, déjà
445
Le xv^ siècle a été le plus beau temps des
médaillons italiens, exécutés presque tous par des
artistes de haute valeur. Aussi ces médaillons
rendent-ils chaque jour encore les plus grands
services aux études iconographiques par les
portraits des célébrités les plus diverses qu'ils ont
transmis à la postérité, ainsi que par les sujets
dont traite le revers, et qui intéressent le plus
souvent, sur quelque point, la biographie des
personnages représentés. Malheureusement, on
ignore en général beaucoup trop sur la commande
de quels intéressés, et sous les inspirations de
quels hommes instruits, plus ou moins versés
dans l'art des devises, ces mêmes artistes ont eu
à travailler.
PourcequiconcerneparticulièrementBernardin
de Sienne, la grande vénération, l'admiration
sans bornes dont ses vertus évangéliques et ses
talents oratoires l'avaient rendu unanimement
l'objet dans toute l'Italie, suffiraient bien, sans le
moindre doute, pour expliquer l'existence des
médaillons faits en son honneur. Il n'y aurait,
d'ailleurs, rien de surprenant à ce que les Frères
donnée dans le Trésor de Numismatique, t. II des Médailles italiennes,
pi. 26, fig. 4. L'exemplaire d'après lequel la gravure a été faite y est men-
tionné comme appartenant au Musée Impérial de Vienne. Le revers de
celui du Cabinet de France, qui a servi pour la gravure de la vignette
ci-dessus, se trouve reproduit en phototypie dans le Saint François
d'Assise, édition de grand luxe de la maison Pion, Nourrit et Oe,
Paris, i885, gr. in-40, pi. 2g, en regard de la page 3i2, fig. 4.
446
Mineurs de TObservance ne fussent pas demeurés
étrangers à la composition de ces monuments,
tant le tout s'y trouve, pour le choix des légendes
comme pour les types, en harmonie parfaite avec
l'esprit deleurordre et les enseignements du saint.
Nous avons donné ci-dessus les explications
que pouvaient comporter utilement les deux
légendes du premier médaillon. Quant au texte
In nomine Jhesu, omne genu flectatur, cœlestium,
terrestrium et infernorum, qui encadre, sur le
second médaillon , l'effigie de Bernardin de Sienne,
on serait tenté, pour si peu qu'on en médite
l'esprit, de se croire en présence de quelque
précepte dont il aurait arrêté la formule, si l'on ne
se rappelait que l'exhortation est tirée en réalité
de l'un des passages les plus saillants de l'Epître
de saint Paul aux Philippiens (i), celui même que
tout le monde catholique entend lire chaque
année à la messe du dimanche des Rameaux. La
parole de l'Apôtre ne pouvait assurément trouver
un plus complet à-propos qu'ainsi placée dans la
bouche de Bernardin de Sienne.
Antonio Marescotti, qui peut avoir exécuté,
comme le suppose Armand, les deux médaillons
reproduisant les traits du célèbre religieux, et qui,
dans tous les cas, est bien certainement l'auteur
de celui décrit en première ligne (2), est présenté
(1) Cap. II, V. 10.
(2) N° 2 de nos descriptions
447
comme ayant travaillé de 1446 à 1461. On a vu
déjà que Bernardin de Sienne mourut en 1444 et
qu'il fut canonisé en 1450. Il résulterait de ces
données que les médaillons n'ont pu qu'être faits
assez peu de temps après sa mort.
Quant au médaillon du doge de Venise, Nicolas
Marcello, dont l'importance ici consiste surtout
dans le monogramme sacré occupant le revers, on
sait déjà qu'il ne paraît pouvoir être que de 1473
ou 1474. A cette époque, et en Italie surtout, le
culte rendu au nom de Jésus depuis plus d'un demi-
siècle était parvenu à son plus complet dévelop-
pement, et n'était pas moins pratiqué dans la vie
civile, la vie parmi le siècle, suivant l'expression
du temps, que dans la vie religieuse proprement
dite. Il n'est certes besoin d'aucune autre consi-
dération pour expliquer, sur le médaillon vénitien,
la présence de l'emblème alors honoré et glorifié
de tous.
On a vu, en lisant la description du médaillon,
que la lettre des légendes est toute différente d'un
côté à l'autre de la pièce. Aussi est-il hors de
doute que le droit et le revers ne sont pas d'une
même exécution. De l'avis d'archéologues des plus
compétents, il ne serait pas impossible que ce
revers, où l'expression du chiffre divin répond si
bien à la représentation qu'en avait adoptée
Bernardin de Sienne, eût d'abord servi pour quel-
que médaillon à l'effigie de ce dernier. On ne peut
pas ne pas remarquer, en effet, un rapport franche-
448
ment accusé entre le revers dont il s'agit et le grand
médaillon au buste du saint, sans revers connu jus-
qu'ici, n° 3 de nos descriptions. Même module de
96 millimètres ; mêmes caractères gothiques pour la
légende; même disposition de celle-ci, en sa forme
d'un cercle complet. Ce qui pourrait laisser quelque
doute,quantàlaquestiondesavoirsiletoutajamais
été employé à la composition d'un même médail-
lon, c'est que la légende aurait été la même au droit
et au revers. Nous abandonnons la solution de cette
difficulté aux appréciations du lecteur (i), pour
nous livrer à l'examen d'une autre question qui
nous préoccupe davantage ici : nous voulons parler
de la composition du monogramme sacré, telle
qu'elle ressort de l'étude des productions italiennes.
Lorsqu'en ces derniers mois, avec plus d'en-
traînement pour la grandeur du sujet que de
(1) Ce qu'Armand a avancé, tout au moins dans la première édition
de son travail (p. 34), en écrivant que le revers du médaillon de Nicolas
Marcello « a été emprunté à la médaille de saint Bernardin, ouvrage
d'Andréa Guaccialotti », n'est pas seulement une erreur de nom ; on
peut dire, sans la moindre méchanceté, que l'auteur s'est perdu com-
plètement dans ses souvenirs. Non seulement il n'existe pas de médaille
de saint Bernardin de Sienne sortie de la main d'Andréa Guaccialotti,
mais ce serait bien en vain que l'on chercherait dans les différents
volumes mis au jour par Armand une médaille du même saint ayant
le revers indiqué.
Des médailles de Bernardin de Sienne connues jusqu'à présent, une
seule, classée par Armand, sous le 2, dans l'œuvre d'Antonio Marescotti
(n° 3 du présent Mémoire), est à la lég^de In nomine Jhesn, etc ; et
449
préparation pour le traiter, la pensée nous est
venue de nous mettre à la rédaction de ce Mémoire,
jamais encore nous n'avions songé que le mono-
gramme du nom du Sauveur, tel que saint Bernar-
din de Sienne le présentait à l'adoration de son
auditoire, pût commencer autrement que par un t
ou un t. Il y avait là, de notre part, une faute
lourde, et d'autant plus fâcheuse que la première
partie de notre travail a été écrite, et même
imprimée, sous l'influence de cette idée pré-
conçue (i). Nous remettrons ici les choses dans
l'état où elles auraient dû être placées tout d'abord.
Il est connu, et nous l'avons déjà rappelé (2),
que l'on expose à la piété des fidèles, dans l'église
de Sainte- Marie m Ai'a Cœli, des Pères de l'Obser-
vance, à Rome, un petit tableau sur lequel est
figuré le monogramme du nom de Jésus, et
présenté comme ayant été porté par saint Ber-
nardin de Sienne dans ses missions. Le même
tableau, sommairement désigné sous le titre de
« Monogramme d'Ara C^/i», aurait servi en outre
à saint Jean de Capistran (3).
Dans la situation qu'a prise la question, il nous
cette légende n'y accompagne pas un monogramme du nom divin,
mais bien l'effigie même du religieux vénéré.
(1) Ce n'a été qu'au moment de la correction des épreuves que nous
avons pu y porter quelque remède.
(2) Revue, 1896, p. 348; tirage à part, p. 3i.
(3) Ibid. — 11 s'agit de notes tirées de l'Année liturgique à Rome,
de Mgr Barbier de Montault.
était d'un grand intérêt de savoir et de pouvoir
dire en quoi consiste, en réalité, cette relique
vénérée. Une gravure que nous avons pu récem-
ment nous en procurer, avec divers renseigne-
ments (i), nous permet de parler aujourd'hui sur
ce sujet en assez pleine connaissance de cause.
Ainsi pouvons-nous dire que le tableau est carré
et qu'il mesure la dimension de trente-quatre cen-
timètres et cinq millimètres sur chacun de ses
côtés. Le centre est occupé par un monogramme
crucifère du nom de Jésus, inscrit dans un cercle
d'où jaillissent des flots de lumière, figurés par une
multitude de rayons droits accompagnés de
rayons flamboyants, qui leur sont superposés. Cet
ensemble a pour encadrement un listel affectant
la forme de quatre arcs de cercle disposés en croix
et séparés les uns des autres par un pareil nombre
d'angles saillants. Le texte, déjà cité (2), des
Épîtresde saint Paul, IN NOMINEIHESV OMNE
GENV FLECTATVR, CELESTIVM, TERRES-
(1) Nous adressons nos remerdments les plus sincères aux religieux
éminents auxquels nous devons ces renseignements, pour la parfaite
obligeance qu'ils ont bien voulu mettre à nous les procurer. Tous nos
hommages, en conséquence, auT. R. P. Raphaël d'Aurillac, Procureur
Général des Franciscains, à Rome ; au T. R. P. Louis-Antoine de
Porrentruy, Provincial des Frères Mineurs Capucins, à Marseille,
appelé depuis à Rome pour faire partie du Conseil du Ministre
Général de la Congrégation ; et aussi au R. P. Léon de Lyon, du même
Ordre, conservateur du Musée franciscain du couvent des Capucins,
à Marseille.
(2) Voir ci-dessus, au n° 4 de nos descriptions.
45,
TRIVM ET INFERNORVM, tout en capitales
romaines (i), se poursuit d'un bout à l'autre du
listel, et celui-ci est soutenu par quatre anges,
cantonnés dans les quatre coins du tableau.
Complétons cette description par quelques par-
ticularités d'un intérêt plus spécial. Les rayons
flamboyants, autour du cercle dans lequel est
inscrit le monogramme divin, sont bien au nom-
bre de douze comme sur les médaillons italiens,
n**^2 et 3 de nos descriptions, et sur l'enseigne de
piété, n^iimaisaulieu d'être touségalementespacés
entre eux, comme nous les avons vus jusqu'à
présent, ils sont ici réunis trois par trois, et placés
de manière à produire, en leurs quatre groupes,
l'apparence d'une croix. D'autre part, la première
lettre du monogramme divin est très distinctement
un y comme sur les médaillons décrits. Par un
effet d'enjolivement, très artistement rendu, le
peintre a dessiné les trois lettres et le trait hori-
zontal d'abréviation comme si le tout était com-
posé de morceaux de ruban ajustés et collés à la sur-
face du tableau, à l'exception de leurs extrémités,
laissées flottantes. Il eût été difficile d'allier à cette
composition toute gracieuse les clous de la passion
du Sauveur; aussi n'en remarquons-nous aucune
trace sur la croix qui résulte de la hampe de la
(i) C'est, du moins, ce qui résulte de la gravure que nous avons sous
les yeux, mais dont l'exactitude, pour ce qui concerne la forme des
caractères de l'inscription, ne nous paraît pas offrir de garantie
absolue.
452
lettre i) et du trait d'abréviation dont elle est tra-
versée, encore bien que ces clous fi.i^urent assez
généralement sur les plus anciens monuments de
la dévotion mise en pratique par saint Bernardin.
Que le Monogramme d'Ara Cœli ait été à l'usage
de saint Bernardin, c'est un fait dont il n'y a pas
à douter. Ce qui nous paraît moins certain c'est
qu'il soit le tableau dont le. même saint a fait
montre le plus habituellement dans le cours de ses
missions et de ses prédications. Ce dernier tableau
devait être de forme circulaire, et limité, en tous
cas, à l'image du nom sacré, tout rayonnant dans
sa gloire, sans aucune addition d'anges. Ainsi le
font voir deux des plus anciennes représentations
du saint, remontant l'une et l'autre au xv^ siècle, et
dans lesquelles il est figuré avec les attributs le
plus propres à le caractériser (i) ; il devait, en
outre, d'après le témoignage des mêmes sources,
(i) Nous avons déjà cité une de ces deux pièces iconographiques
{Revue, 1896, p. 341 ; tirage à part, p. 29) ; c'est l'estampe, genre criblé,
où saint Bernardin est représenté, préchant en plein air, et dont une
phototypie se trouve tant dans le livre intitulé La Gravure, par le
vicomte Henri Delaborde, que dans le Saint François d Assise,
splendide publication de la maison Pion, Nourrit et C'^, Paris, i885,
p. 33o. Dans les deux ouvrages, l'estampe est présentée comme étant
de 1454. Nous ne sommes pas bien sûr, quant à nous, que la date qui
y est gravée ne soit pas 1474.
Quant à la seconde des dites anciennes représentations de saint
Bernardin, on peut la voir également dans le Saint François d'Assise
de l'édition Pion, etc. C'est une miniature reproduite d'après un
antiphonaire du xV siècle, conservé au Musée de Nuremberg.
453
être muni, dans sa partie inférieure, d'une sorte
de tige ou de manche permettant de le tenir à la
main et de l'exposer aux regards de ses auditeurs,
comme on aurait fait d'une monstrance (i). Le saint
a donc eu plusieurs tableaux au chiffre divin, et
l'on ne peut pas dire, aussi longtemps qu'on ne
sera pas mieux renseigné, qu'ils aient tous, en
dehors des trois lettres sacramentelles, été conçus
uniformément à certains égards, notamment pour
ce qui concerne la présence ou l'absence des clous
de la Croix, et l'agencement des douze grands
rayons autour du nom de Jésus.
Cette observation ne fait rien perdre de son
intérêt au Monogramme à' Ara Cceli; mais elle
démontre qu'il ne peut, à lui seul, suffire pour fixer
les idées en ce qui concerne la composition de
l'emblème divin, tel que Bernardin de Sienne l'a
offert à la vénération des peuples ; il faut s'aider,
en outre, pour se former solidement une opinion
sur ce point, des éléments que nous ont conservés
les médaillons italiens. Ce que nous considérons
comme la vérité, en tenant compte de tout, c'est
que saint Bernardin ne s'est pas arrêté à un type
immuable jusque dans les détails, et qu'il a, au
contraire, admis dans ceux-ci les variétés concilia-
blés avec l'essence de son modèle. Mais l'usage en
Italie, du moins l'usage le plus ordinaire (2), à
(1) C'est le nom que l'on donnait alors aux ostensoirs.
(2) L'usage le plus ordinaire, disons-nous, mais non pas absolu.
Voir la note à la page 448, Sg des tirés à part.
Année 1896. 3i
454
l'époque où les aspirations de son zèle y ont fait
triompher le culte du nom de Jésus, était d'expri-
mer le commencement du nom par un J, ce qui
donnait vljCSUS, et, quand on voulait le repré-
senter en abrégé, de le faire au moyen des trois
lettres jl)5, alors que dans les contrées du Nord
on écrivait il)S^ il)C (i), etc. Saint Bernardin se
conforma, pour le choix du type qu'il voulait
glorifier, à l'expression habituelle du nom, comme
elle était surtout connue dans son pays, et nous
ne voyons pas qu'il se sait jamais, en ce point,
écarté de sa première conception. Les variantes
nombreuses qui ne tardèrent pas à se produire
dans le tracé du monogramme (2) furent, pour la
(1) Sur les monnaies d'or dites Nobles frappées en Angleterre dès
le règne d'Edouard III, qui mourut en iSyy, le nom de Jésus est ainsi
formulé : 11^(1, au commencement de la légende du revers, Jesiis
autem transiens, etc.
(2) Un assez grand nombre de ces variantes, rapportées au « Type
de saint Bernardin de Sienne » sans trop de justification parfois, sont
figurées dans le Saint François d'Assise de l'édition Pion, etc.,
pp. 292, 329, 33o, 33 1, 359; pi. 29, en regard de la p. 3 12, fig. 4 et 5;
et pi. 35, en regard de la p. 43o, sur la prédelle de la scène représentée.
Dans les parties de l'ouvrage qui traitent des époques postérieures
à la vie de saint François, les auteurs nous montrent (pp.329, 33o)
saint Bernardin de Sienne, à peine arrivé dans telles villes où il venait
prêcher une mission, peignant lui-même ou faisant peindre sous sa
direction quelque tableau au monogramme du nom de Jésus entouré
de rayons d'or, puis, bientôt, quand ses prédications étaient commen-
cées, distribuant « d'innombrables tablettes sur lesquelles était repré-
senté ce nom glorieux... «
Les mêmes auteurs nous font voir encore, après Jeanne d'Arc et
sainte Colette de Corbie, après sainte Jeanne de Valois, tertiaire de
455
plupart, le résultat de copies faites hors de l'Italie
et sous l'influence d'éléments orthographiques
différents de ceux que l'Italie avait adoptés.
Mgr X. Barbier de Montault, dont la vaste éru-
dition iconographique, au point de vue de l'art
chrétien, est si généralement appréciée, veut bien
nous écrire ce qui suit :
« La forme jl)5 est italienne ; elle est antérieure
à saint Bernardin.
» J'en connais plusieurs exemples à Rome. Je
l'ai trouvée à la cathédrale de Côme également.
» Je n'en connais pas d'exemple en France... »
Les déclarations du savant prélat sont à rappro-
cher de ce que nous avons dit, sous le n° i de nos
descriptions, en publiant le méreau-enseigne que
le cordelier Frère Richard faisait porter par les
Parisiens en l'an 142g; méreau qui accuse si bien
les deux caractères, méridional et septentrional,
Saint-François et fondatrice de l'ordre des Annonciades, cet autre
tertiaire, Christophe Colomb, le grand Génois, s'adonnant au culte du
nom de Jésus : « Tous les écrits, constatent-ils, les rapports, les lettres
de Christophe Colomb portent en tête les noms sacrés de Jésus et de
Marie, et son invocation habituelle est cette belle prière : Jésus, cum
Maria, sit nobis in via » (p. 346).
Outre les sources, pour l'étude du monogramme divin, que nous
avons mentionnées au cours de notre travail, nous ne pouvons nous
dispenser de citer également les Caractéristiques des Saints dans l'art
populaire, parle P. Cahier, Paris, gr. in-4<^, t. I, aux mots Auréole,
Chiffre, etc.
456
dans la double forme qu'y revêt le symbole du
nom sacré. En même temps, les divers emblèmes
représentés sur cette pièce sont si correctement
exprimés, que l'on se sent, avec elle, tout aux
débuts, encore, de la dévotion qu'elle concerne.
Mais ce serait très vainement, pensons-nous, que
l'on se demanderait où elle peut avoir été faite,
tant elle convient, sous le rapport des indices
topographiques, aussi bien à Rome qu'à Paris, à
l'Italie qu'à la France, et réciproquement. Le seul
point qui paraisse incontestable, quant à la ques-
tion d'origine, c'est qu'elle doit le jour aux reli-
gieux de saint François (i).
(i) Ainsi que nous l'avons dit plus haut, Leber a publié autrefois,
en proposant d'y voir quelque exemplaire du méreau du Frère
Richard, une pièce de plomb qui ne pouvait être à aucun titre ce pour
quoi il la présentait. Nous donnions à entendre, dans la première
partie de ce Mémoire (Revice, i8g6, p. 344; tirage à part, p. 32), que
nous réfuterions l'attribution de Leber.
Nous avons pu juger, depuis lors, que des raisonnements étendus,
à propos de cette matière, seraient aujourd'hui tout à fait surabondants
et inutiles, ce dont nous nous sommes aperçu en relisant certain article
de Danicourt, concernant des « Enseignes et médailles d'étain ou de
plomb trouvées en Picardie ^y, inséré dans la Revue Numismatique
française, année 1887, pp. 49 à 67.
Une des pseudo-monnaies provenant d'évêques des Innocents
d'Amiens, publiées par Danicourt dans l'article dont il s'agit, est
semblable, pour l'un des côtés, à celle dans laquelle Leber avait cru
reconnaître le méreau du Frère Richard. En partant de ce point, il est
aisé de conclure avec assurance, de ce que l'on sait actuellement, que la
pièce découverte par Leber n'a jamais été, ainsi que celle recueillie
par Danicourt, autre chose que la monnaie de liesse d'un évêque des
Innocents, sorti de l'abbaye de Saint-Martin-aux-Jumeaux d'Amiens,
457
Nous considérons comme étant de la même
époque encore, à bien peu près, l'enseigne ou le
méreau dont la description suit :
5. La Sainte-Vierge, couronnée, nimbée, ayant
dans les bras l'enfant Jésus, se tient debout sur un
navire conduit par deux anges, montés sur les
galeries de poupe et de proue.
Rev. Dans un cercle tout uni qui lui sert d'enca-
drement, le nom de Jésus figuré parle monogramme
crucifère, ayant ici pour première lettre un t.
Trois clous de la Passion complètent le chiffre
divin, fixés à la croix comme on les a vus sur le
méreau du Frère Richard ; et, comme sur ce
méreau, également, ledit monogramme est accosté
de deux gros points quadrilatéraux.
Plomb ou étain. Diamètre de PI XIII. fig. 7.
22 millimètres environ.
Nous ne connaissons cette enseigne que par la
gravure qu'en adonnée Arthur Forgeais (i), avec
haut dignitaire postiche et de bouffonne mémoire, qui s'appelait
Pierre Hénin, si son nom a été bien lu; enfin, que cette même pièce
est postérieure de tout un siècle, pour le moins, à l'époque qui lui
avait primitivement été assignée quand on l'a fait connaître.
Nous comptons faire paraître sous peu, dans la Revue Numisma-
tique française, un article spécial contenant les explications que
comportent les deux monnaies d'évêques des Innocents dont il est fait
mention dans la présente note, où l'on conçoit qu'il ne pouvait en être
question que très sommairement.
(1) Collection de plombs historiés, trouvés dans la Seine. Deuxième
série : Enseignes de pèlerinages ; Paris, 186I-), in-S". p. 26.
458
indication que l'original a été découvert dans des
travaux de dragage de la Seine, exécutés à Paris,
près du pont Notre-Dame. L'état d'oxydation et
de dégradation dans lequel la pièce a été recueillie
ne permet pas déjuger si elle avait jadis été munie
d'une bélière ou si elle n'en a jamais eu.
Dès le xiv^ siècle, il existait à proximité de Paris
un lieu de pèlerinage très fréquenté par les habi-
tants de la capitale, connu sous le nom de Notre-
Dame de Boulogne-la-Petite, puis aussi de Bou-
logne-sur-Seine. C'était, pour le voisinage, et
même dans un rayon assez étendu, la succursale
d'un sanctuaire des plus célèbre : celui de Notre-
Dame de Boulogne-sur-Mer ; et la représentation
de la Mère du Sauveur qui y était offerte aux hom-
mages des fidèles, la représentation de Marie,
avec l'enfant Jésus entre les bras, montée sur un
bateau où l'on voyait pour nautoniers deux anges,
était la même dans l'un et l'autre lieux. Ainsi, du
reste, en est-il encore aujourd'hui (i).
L'origine de notre n° 5, enseigne ou méreau,
pourrait donc, pour ce qui concerne le type de la
(i) Des nombreux ouvrages traitant de l'histoire et du culte de
Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer, dont plusieurs relatent les origines
de la succursale de Boulogne-sur-Seine, nous devons nous borner à
renvoyer aux deux suivants :
Antoine Le Roy, Histoire de Nostre-Damc de Boulogne. Paris, 1681
et 1682, in-8".
L'abbé F. -A. Lefebvre, Histoire de N.-D. de Boulogne et de son
pèlerinage. Boulogne-sur-Mer, 1894, in-12.
459
Vierge, être rapportée aussi bien à Boulogne-sur-
Mer qu'à Boulogne-sur-Seine. Toutefois, le mo-
nogramme divin du revers nous paraît si manifes-
tement avoir été reproduit d'après un des côtés du
méreau du Frère Richard, le côté, surtout, d'ap-
parence française, que nous ne pouvons pas ne
pas nous persuader que ce n° 5 a été fait bien peu
de temps après, pour le compte du sanctuaire de
Notre-Dame de Boulogne-sur-Seine, et pour être
débité aux pèlerins, dans les temps les plus rap-
prochés du sermon que le même cordelier était
venu y prêcher avant l'achèvement de sa mission
de Paris. Ce sermon, déjà mentionné plus haut (i),
l'avant-dernier mais non pas le moindre de l'œuvre
qu'il avaitentreprise, fut prononcé le jour de Saint-
Marc, 25 avril 1429, avec des résultats qui ont fait
époque. Ce fut, en effet, en revenant de Boulogne-
la-Petite et de la fructueuse prédication du Frère
Richard, que la population parisienne sut se
résoudre à livrer aux flammes, dans maints feux
allumés par les rues de la ville, d'innombrables
quantités d'objets de jeu et de toilette (2). On a vu,
d'ailleurs (3), comment le tout se terminait à
quelques mois de là.
[A suivre.) J. Rouyer.
(1) Revue belge de numismatique, 1896, p. 324; tirage à part, p. 12.
(2) Journal d'un bourgeois de Paris, p. 120 de l'éditioii citée.
(3) Revue, loc. cit., p. 324.
460
MÉLANGES,
REFRAPPE d'anciennes MONNAIES POUR L'EX-
PORTATION.
Nous avons été très surpris de lire dans un journal
financier, sous ce titre : Avis aux numismates, l'articulet
suivant :
« De 1891 à i8q5, il a été frappé en Autriche 2,000,000
« thalers de Marie-Thérèse (pour l'exportation), au millé-
« sime de 1780. Le bénéfice de frappe a été de 53o,ooo flo-
« rins environ. «
Quelle est la portée de cet avis, et la Belgique va-t-elle
bientôt diminuer le stock de ses pièces de cinq francs en les
convertissant en monnaie pour l'exportation ?
É. V. D. B.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on fabrique, en Autriche,
des thalers à l'effigie de Marie-Thérèse pour le Levant, où
ils circulent sous le nom de talaris. Cette fabrication
remonte à environ un siècle et demi. Actuellement les
principaux marchés de ces pièces d'argent sont Trieste,
Alexandrie, Zanzibar, Massouah et Tripoli. On en a fait
usage, entre autres, lors de la guerre d'Abyssinie en 1867
et dans le pays des Ashantis en 1873. Les thalers, au mil-
lésime de 1780, sont encore en grande estime au Maroc,
en Egypte, à Zanzibar, an Bornou, à la côte occidentale
d'Afrique et dans l'Adamouah.
461
La note de M. Vanden Broeck nous fournit roccasion
de publier un document qui prouve que Charles de Lor-
raine eut, un moment, l'idée de faire des Pays-Bas autri-
chiens le centre de celte fabrication monétaire :
« Le 17 avril 1766.
« Monseigneur,
« Par décret du 28 mars dernier, V. A. R. nous ordonna
d'examiner la question si l'on ne pourroit point établir pour
le compte de S. M. avec le Levant un commerce des cou-
ronnes qui se frappent en ce pays et de lui rendre compte
de notre sentiment sur cet objet.
« Pour pouvoir donner à Votre A. R. les éclaircisse-
ments qu'elle nous demande nous souhaiterons avoir nous-
mesmes plusieurs connoissances que nous n'avons eu Jus-
qu'à présent ni l'occasion ni les moyens de nous procurer.
« Ce pays-cy ne fait aucun commerce direct avec le
Levant, mais tout ce qui nous vient de là ou ce qui de ces
pays-cy va vers ces contrées se réduit à fort peu de chose
et ne parvient à sa destination que par seconde et tierce
main. Nous devrions être informés avec exactitude et cer-
titude quelle proportion subsiste dans ces pays-là entre l'or
et l'argent, en œuvre et hors-d'œuvre. Cette connoissance
nous seroit indispensablement nécessaire, car pour qu'on
puisse établire un semblable commerce pour le compte de
S. M., nous pensons que ce ne pourroit être que dans le
cas que les peuples du Levant nous donnassent de l'or en
échange de nos couronnes, toute autre marchandise ne
pourroit point avantageusement entrer en compte, attendu
que S. M. ne peut point se mètre dans le cas de devoir les
faire revendre. Lorsque nous aurions connoissance de cette
proportion entre les métaux, allors nous devrions encore
462
calculer les fraix de transport, de commissions, et ceux
d'assurance si le transport doit se faire par mer, et ceux
de voiture s'il doit se faire par terre. Le but de louttes ces
combinaisons seroit de voir si par le commerce nous pour-
rions avoir l'or à mellieur marché qu'on nous le livre
actuellement, et c'est le seul cas dans lequel le commerce
pourroit être utile. Car comme ce pays-cy ne produit ni
or ni argent, nous devons nous-mesmes acheter ces métaux
chez l'étranger; ainsi le seul profit que nous pourions faire
seroit si les peuples du Levant nous fournissoient pour
la même masse d'argent monnoyé plus d'or proportione-
ment qu'on ne nous en donne, dans lequel cas nous pou-
rions peut-être profiter de ce double échange aussi long-
temps que ceux dont nous tirons actuellement les matières
d'argent voudroient bien nous laisser jouir à leurs dépends
d'un bénéfice qu'ils pourroient faire eux-mêmes.
« Par touttes ces raisons, nous croyons qu'un tel com-
merce ne seroit point praticable dans ce pays-cy, mais si
V. A. R. désire d'avoir sur cet objet des notitions plus
précises de notre part, nous la supplions très humblement
de daigner nous procurer quelques connoissances de la
façon dont la monnoye de Vienne fait à ce qu'on nous dit
un semblable commerce avec le Levant, ces connaissances
nous meteroient probablement en état de satisfaire V. A. R.
sur cet objet plus amplement et plus particulièrement que
nous ne le pouvons faire à présent. »
(Archives générales du Royaume : Jointe
des monnaies, n° 65.)
Il semble qu'il n'a pas été donné d'autre suite à ce
projet, du moins n'avons-nous rien retrouvé aux archives
le concernant.
A. DE W.
463
Concours de médailles. — Voici du travail pour nos
graveurs. La classe des beaux-arts de l'Académie de Bel-
gique vient de mettre au concours pour 1896 les deux
questions suivantes :
Art appliqué. — Peinture. — « On demande une frise
destinée à décorer un asile de nuit. »
Les cartons pourront être faits en dessin ou en grisaille;
ils devront avoir i™.6o de longueur sur o^^.So de hauteur.
Un prix de 1,000 francs sera attribué à l'auteur du
projet couronné.
Gravure en médailles. — « On demande un projet de
médailles pour les lauréats des concours de l'Académie
royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de
Belgique. »
Les modèles en cire ou en plâtre devront avoir o'^.45 de
diamètre.
Un prix de 600 francs est attribué à l'auteur du médaillon
couronné.
Les cartons et les projets de médailles devront être remis,
francs de port, au secrétariat de l'Académie, avant le
i^r octobre 1896.
De son côté, s'il faut en croire la Chronique, la ville de
Tournai met au concours le projet pour un nouveau jeton
de présence du conseil communal.
Une somme de 200 francs sera allouée au projet classé
premier, et une de 5o francs au projet classé en second
rang.
Demander le programme du concours à l'administration
communale, bureau du secrétariat.
É. V. D. B.
464
Un sculpteur italien à Bar-le-Duc,en 1463, par M.Maxe-
Werly. Extrait des Comptes-rendus de V Académie des
inscriptions et belles-lettres, in-S», 1 1 pages.
Nous n'avons à rendre cpmpte de cette notice, d'un vif
intérêt archéologique, qu'au seul point de vue numisma- •
tique.
Pierre de Milan , architecte et célèbre modeleur de
médailles, vint en France avec Francisco Laurana, à la
cour du Roi René, pendant les premières années de la
seconde moitié du XV^ siècle. Certains passages du compte
du receveur général du duché de Bar, Jean de Barbonne,
autorisent M. Maxe-Werly à supposer qu'en 1463 Pierre
de Milan avait suivi René d'Anjou au pays barrois, où se
trouvèrent groupés, durant quelques mois, autour du roi
de Sicile et de la reine Jeanne de Laval, Ferri de Lorraine,
son gendre, sa femme Yolande et leur fils René de Vaudé-
mont, Nicolas de Lorraine, enfin l'infortunée Marguerite
d'Anjou et le prince de Galles, chassés de leur royaume.
De la coïncidence de la présence de tous ces personnages
dans le duché avec celle de Pierre de Milan à Bar-le-Duc,
M. Maxe-Werly déduit qu'il est logique d'attribuer
l'exécution « des deux médailles sans millésime, aux
« eflfigies de Ferri de Lorraine et de Marguerite d'Anjou, à
« l'année 1463-1464 », le roi René, arrivé le 16 juin 1463,
n'ayant quitté le Barrois que le 27 avril de l'année suivante.
Notre savant confrère est fort porté à croire que Lau-
rana aurait, lui aussi, suivi le roi dans le Nord et que
c'est là qu'il exécuta la médaille aux bustes conjugués de
René et de Jeanne de Laval, datée de 1463.
A. DE W.
465
Monnaie obsidionale de Maestricht.
J'ai recueilli aux Archives nationales, à Paris (K, i556,
no i3) une note dont voici la copie :
« Ceulx de Mastrique ont forgé certaine pièce de mon-
« noyé de cuivre, sur laquelle y a escript : Traiectum ab
(( Hispanis obsessum pro iustœ caussae deffensione,
« avecque une main tenant unne espée nue séparante la
« susdicte sentence, et ung nombre de i6, qu'on dict val-
« loir seize patart Flandre qui vallent 19 solz tournois de
« France.
« De l'aultre costé y a unne estoille avec ung heaulme et
« unne queue de paon, dans laquelle queue y a unne
« petitte estoille, et plus bas y a le nombre et datte iSyp,
« et l'escripture est :
« Propter nominis tui gloriam, protège. Domine, po-
« pulum tiium. »
Au dos du document, on lit : « Titulo y devisa de
« cierta moneda de cobre que havian hecho ultra mar
« bâtir los de Mastrich. »
Ce document, qui a rapport à l'une des pièces frappées
pendant le siège de Maestricht, en iSyp, est assez intéres-
sant à cause des descriptions qui sont à peu près contem-
poraines de la pièce. De plus, la note donne la valeur
relative du patard et du sol tournois.
J. Adrien Blanchet.
Nous apprenons que le i^ octobre prochain paraîtra, à
Bruxelles, sous la direction de M. Charles Dupriez (i), la
(1) 26, place de Brouckère.
466 •
Galette numismatique, publication qui aura surtout pour
objet de tenir le public au courant du mouvement numis-
matique et de tout ce qui se rattache à la science des mon-
naies. La Galette sera distribuée tous les mois, d'octobre à
juin, c'est-à-dire qu'elle aura huit numéros par an. Le prix
de l'abonnement est fixé à fr. 2-5o.
Nous souhaitons à M. Dupriez de réussir dans son
entreprise, car il manque, en Belgique, un journal entre-
tenant les collectionneurs des menus faits de la numisma-
tique et fournissant, au jour le jour, des renseignements
sur les ventes, les trouvailles et les publications scienti-
fiques. De tels organes sont des éléments de propagande
qu'il est utile d'encourager dans l'intérêt de tous.
A. DE W.
Gedruckte Sclupei^er Mun:{mandate d'ALFRED Geigy,
Dr phil. — Baie, 1896, de 120 pages et deux planches.
Notre honoré collègue M. Georges Cumont, lorsqu'il
nous dota de sa bibliographie générale et raisonnée de la
numismatique belge, compléta son œuvre en y ajoutant une
nomenclature des placards, tarifs et ordonnances moné-
taires parus en Belgique
Le travail du D^ Geigy s'occupe exclusivement des
placards et ordonnances monétaires parus en Suisse
depuis le XVF jusqu'au XIX^ siècle. Un court mais très
instructif prolégomène nous initie à la numismatique
suisse, si variée, si compliquée à cause du peu d'entente
qui existait entre les différents États, entre les différentes
villes.
La nomenclature des placards cités dans l'ouvrage qui
nous occupe, est faite d'après les lieux où se faisaient les
467
ordonnances. L'auteur cite ainsi 24 villes, cantons, etc. où
lesédits, placards, ordonnances furent publiés.
Un registre chronologique énumère les 544 pièces citées.
Quoique le D'' Geigy ait surtout visé les monnaies
suisses, l'étude consciencieuse qu'il nous donne sera d'un
grand intérêt pour la numismatique en général et est
appelée à rendre le plus grand service aux chercheurs.
Seeldrayers.
Petite bibliothèque d'art et d'archéologie. — Les monnaies
romaines, par ADRIEN Blanchet. Paris, 1896, in-i8
de 145 pages avec XII planches.
En 1894, M. Blanchet nous donnait les Monnaies
grecques (i) qui lui valurent les éloges de la presse numis-
matique tout entière; notre confrère, complète aujourd'hui,
ce premier travail en publiant les Monnaies romaines.
Ecrit sur le même plan, ce nouveau livre est certainement
appelé à avoir le succès de son aîné, car il possède une
qualité primordiale : la clarté de l'exposition.
Les Monnaies romaines comprennent quatre chapitres.
I. Le système monétaire ;
II. Fabrication et organisation monétaires;
III. Les types monétaires. Leur origine et leurs trans-
formations ;
IV. L'art dans les monnaies romaines,
chapitres que viennent compléter les listes des familles
romaines, des empereurs, des marques d'ateliers, etc., etc.
Nous nous permettrons de signaler surtout à l'attention
(1) Revue belge de numismatique, t. L, pp. 399-400.
468
du lecteur le chapitre IV dans lequel l'auteur établit un
utile parallèle entre l'art monétaire grec, souvent tout
d'idéalisation religieuse, et l'art romain, beaucoup plus
teinté de naturalisme dans ses reproductions de portraits
impériaux.
A. DE W.
La Société archéologique de Montpellier possède un
important cabinet numismatique. Afin que tout le monde
puisse profiter des richesses qu'il renferme, elle s'est décidée
à en publier les catalogues; M. Emile Bonnet a été chargé
de ce soin. La i""*^ partie : Monnaies antiques, i ,265 numé-
ros, vient de paraître. Nous y rencontrons quelques raretés
de premier ordre. La méthode et la science avec lesquelles ce
catalogue est établi fait bien augurer de l'œuvre entreprise
parla Société, et il y a lieu de féliciter M. Bonnet d'avoir
bien voulu se charger de cette pénible et fastidieuse besogne.
A. DE W.
Une médaille brug-eoise.
C'est une médaille de bronze, de forme ovale, de By sur
28 millimètres, et représentant deux petits garçons enlacés
et tenant ensemble un flambeau ; entre eux se trouve une
ruche et tout le groupe repose sur un socle. Dans l'ouver-
ture de cette base, on lit le nom de la ville : BRUGGE.
Sous ce mot, le nom du graveur : RAYÉ.
Légende : YVER EN - BROEDERMIN.
Revers lisse, pour recevoir probablement le nom d'un
sociétaire, ou l'inscription d'un prix.
Cette jolie petite médaille, non décrite par feu Guioth
469
dans son Appel aux numismates, pour la publication des
médailles relatives au royaume des Pays-Bas (i), était
également inconnue à S. Dirks, lors de la publication des
médailles de la Néerlande, par la Société Teyler de Haar-
lem, en 1889, œuvre que cette Société avait couronnée.
Depuis, ayant communiqué l'exemplaire de notre collec-
tion à M. Th. -M. Roest, le savant président de la Société
néerlandaise de numismatique et conservateur des collec-
tions de la Société Teyler,il la décrivit, sous la date de 1822,
dans son 2^ supplément à l'œuvre de feu S. Dirks, et la
fit reproduire sous le n" 69 dans l'Atlas accompagnant
cette belle publication.
Désireux de rassembler des notes sur les graveurs en
médailles de ce siècle, nous serions charmé de recevoir
quelques détails biographiques sur le graveur Rayé, ainsi
que la nomenclature de ses œuvres. Nous convions prin-
cipalement nos confrères de Bruges à nous donner ces
renseignements.
ÉD. Vanden Broegk.
M. Stenersen, conservateur du cabinet des médailles de
l'université de Christiania, vient de nous faire parvenir
trois savantes études sur les trouvailles de Graeslid i Thy-
dalen, d'Imsland i Ryfylke, d'Helgeland i Hole. Les deux
premières sont déjà anciennes, puisqu'elles datent de 1878
et de 1886; la troisième est de 1892, sa description a paru
seulement l'an dernier.
Parmi les pièces étrangères à la Norwège qu'elle ren-
ferme, nous signalerons deux deniers namurois, le premier
(1) Tome IV de la Revue de la numismatique belge, 1848, pages 87
à 123 et pages 489 à 453.
Année 1896. 32
470
à la légende CAPVT autour de l'effigie du prince, le
second est frappé à Dinant. Ces pièces sont données
par Chalon et Dannenberg au comte Albert III. (Chalon
nos I et 9. — Dannenberg n°^ 164 et 176.) Pour bien des
numismatistes, cependant, le denier Caput est d'Albert II.
La trouvaille d'Helgeland, qui comprend des pièces de la
fin du X^ siècle à l'année 1076 ne vient malheureusement
jeter aucun jour sur cette question, si intéressante pour
notre pays.
A. DEW.
Die Mun\en von Frankfw~t-am-Matn nebst einer muni-
geschichtlichen Einleitung und mehrere?î Anhàngeti,
von Paul Joseph und Eduard Fellner, Frank-
furt a/M., 1896. Gr. in-80, viII-681 pages, avec yS
planches phototypiques et 52 gravures dans le texte.
Depuis la pubHcation de la chronique de Lersner (i),
c'est-à-dire depuis plus d'un siècle et demi, les monnaies
francfortoises n'avaient plus été décrites dans leur ensemble.
Quelques travaux de détail avaient bien été élaborés, avec
un zèle louable, par Euler sur les florins d'or, par Rûppell
sur les médailles et insignes, par le docteur Finger sur les
gros tournois de Francfort ; mais aucun de ces travaux, si
acceptables qu'ils fussent pour l'époque o\x ils virent le
jour, ne portait sur une réunion de monnaies qu'il eût été
possible de recueillir et d'étudier conformément à la cri-
tique.
Aujourd'hui, le magnifique ouvrage dû à la collaboration
(1) Der Weit-berûhmten Freyen Reichs-Wahl und Handels-Stadt
Franckfurt-am-Mayn Chronica. 2 vol.; 1706 et 1734.
471
de MM. Paul Joseph et Edouard Fellner, répond au desi-
deratum,
La première partie du livre, comprenant le moyen âge,
est intégralement l'œuvre de M. P. Joseph et débute par
un aperçu de l'histoire monétaire francfortoise, rigoureu-
sement appuyé sur les archives. On y voit que la plus
ancienne mention d'un atelier monétaire à Francfort est
contenue dans une charte de l'empereur Henri VI, donnée
à Landau en 1194, et que les primitives monnaies de
la ville sont des deniers taillés sur le pied de ceux de
Cologne, c'est-à-dire à raison de 1 3 sous 4 deniers au marc :
ce qui donne i gr. 46 pour le poids d'une pièce.
Francfort, comme l'a démontré l'auteur dans un précé-
dent travail, a frappé aussi des bractéates, dites du Wet-
terau (trouvaille de l'Odenw^ald), aux noms des empereurs
Frédéric I^r et Henri VI, et a continué à émettre des deniers
sous Henri VII, Frédéric II, Rodolphe de Habsbourg et
ses successeurs jusqu'à Louis de Bavière (i 3 14-1347).
A partir de cet empereur surgit une nouvelle monnaie, qui,
bien qu'elle ne cessa d'avoir simultanément cours avec les
florins et les gros tournois, marque la transition entre la
période des deniers et celle des gros.
Cette monnaie, c'est le heller, proprement /îa//er, qui doit
son nom à la ville de Hall en Souabe, d'où il est origi-
naire. Les plus anciens hellers portaient d'un côté une
main ouverte et de l'autre une croix. La moitié du heller
était dénommée hàlbeling, et trois hellers équivalaient à un
denier colonais.
Aux premiers hellers succédèrent bientôt les florins d'or.
Ace propos, je remarque que M. P.Joseph attribue à Franc-
fort les florins au type florentin et au différent de l'aigle
de l'empereur Charles IV (1347- 1 378). Le savant auteur
472
décrit ensuite les florins des successeurs de ce prince
jusqu'à Charles-Quint, au type du Saint-Jean-Baptiste
diversement interprété, aux revers de l'aigle et du globe
crucigère. Puis viennent des gros de Prague, contremar-
ques d'une petite aigle (francfortoise), que l'on retrouve
exactement semblable sur les gros tournois. Ceux-ci
paraissent avoir joui à Francfort d'une popularité sans
exemple, qui fit qu'on en monnaya jusque dans le cours
du XVI IF siècle.
Avec l'apparition des gros tournois coïncida celle des
esterlins, à l'écu espagnol écartelé de quatre aiglons et à
la croix fleuronnée, imitant servilement nos esterlins bra-
bançons de Jean III.
M. Paul Joseph fait à l'endroit de chacune des espèces
énumérées ci-dessus les remarques les plus judicieuses,
indique leur prototype et leurs imitations, et termine la
partie du livre qu'il s'était chargé d'écrire en nous donnant,
dans un chapitre spécial, la description d'anciens coins dont
certains contrefacteurs se servirent pour frapper des mon-
naies hybrides : telles des tournois avec avers de florins.
Dans la seconde partie des Mûn^en von Frankfurt, com-
prenant la période qui s'étend de 1540 à 1895, M. Fellner
ne décrit pas moins de deux mille pièces. L'ordre chrono-
logique, strictement suivi par l'auteur, lui a malheureuse-
ment fait classer les médailles parmi les monnaies, à
leur date respective. On voit ainsi se succéder, au milieu
des ducats (imités de ceux des Provinces-Unies), des
doubles thalers, thalers, guldenthalers, tournois, demi-
batzen, schûsselpfennigs, thalers de tir, monnaies commé-
moratives, etc., frappés à Francfort, les médailles et les
jetons des élections et des couronnements des empereurs,
les médailles se rapportant aux événements de l'histoire
473
de la ville ou aux personnages qui y jouèrent un rôle.
Parmi les nombreux thalers décrits et reproduits, je
crois devoir faire remarquer ceux de l'année 1620, imités
à Charleville par Charles I^r, prince d'Arches, duc de
Mantoue (1627- 1637), ceux plus modernes sur lesquels se
développe le magnifique panorama de la ville et du Main,
ceux non moins intéressants au point de vue artistique
qui reproduisent les traits de l'actrice Fanny Janauschek.
Ces dernières pièces, au dire de M. Fellner, étaient
naguère encore très recherchées et atteignaient des prix
élevés en Amérique où on les appelait « Rothschild-love
dollars ».
Au nombre des monnaies de dimension moindre qui
sollicitent particulièrement l'attention, il me faut citer les
demi-batzen, schûssel pfennigs et albus frappés en com-
munauté par Mayence, Hesse-Darmstadt, Nassau-Saar-
brûck et Francfort, de 1623 à i636.
Un chapitre spécial a été également consacré par
M. Fellner aux décorations des différents ordres et aux
insignes maçonniques; un autre, aux monnaies que les
comtes de Slolberg-Kônigstein auraient frappées à Franc-
fort et qui se distinguent par leur différent à l'écu à
l'aigle. ,
En somme, tout a été colligé et décrit avec le plus grand
soin, jusqu'aux contremarques de théâtre, marques d'om-
nibus, de tramways, jetons de jeu contemporains, etc., et
le livre se termine par un excellent index alphabétique.
On ne peut, par conséquent, que féliciter M. Paul Joseph
de s'être adjoint un collaborateur qui, comme M. Fellner,
a mis le fruit de ses patientes recherches au service de sa
science et l'a puissamment aidé à élever à la gloire de
Francfort un monument impérissable que l'on peut consi-
474
<iérer comme l'histoire de cette ville par ses propres
monnaies et médailles.
FrÉD. a.
The memorîals of Edward Jenner, 1796-1896. — Address
delivered at the centennial célébration held at Atlanta,
by HORATIO R. Storer. Chicago, 1896.
Notre actif confrère a réuni dans cette plaquette, publiée
à l'occasion du centenaire de la découverte de la vaccine,
les médailles, les peintures, les statues, les bustes, les gra-
vures, les lithographies, les bois et les photographies
rappelant d'une façon quelconque l'illustre médecin de
Berkeley. Les médailles concernant Jenner, décrites par
M. Storer, sont au nombre de dix-sept, dont une gravée
en Belgique par Charles Wiener (i\
A. DEW.
Les monnaies des ducs de Bourgogne, par M . Ed. DE LUZE.
Auxerre, 1896, in-80, 79 pages.
Ce travail n'est autre que le catalogue de la collection
des monnaies des ducs de Bourgogne léguée, Jadis, par
M.Gariel au Musée d'Auxerre. Il se compose de282 numéros.
Dressé avec le plus grand soin et d'après les dernières
données de la science, il fait honneur aux connaissances
numismatiques de son auteur. La collection Gariel com-
prenait un certain nombre de pièces frappées par les der-
niers ducs de Bourgogne dans leurs possessions des Pays-
Bas. Nous regrettons que M. de Luze n'ait pas cru devoir
consulter à leur sujet les travaux des auteurs belges et
(1) Voir la Revue belge de mim., 1888, p. 243.
47^
néerlandais, il aurait évité ainsi certains lapsus, tels par
exemple de citer des heaumes d'or, des botdragers et des
briquets d'argent parmi les monnaies émises, en Brabant,
par Philippe le Bon.
A. DE W.
O. VlTALINI. Un nuovo grosso inedito di Gio. Antonio
Falletii, conte di Benevello, grand in-S", 7 pages,
3 vignettes.
Dans cette intéressante brochure, M. le chevalier Vitalini
ne se borne pas à faire connaître un gros nouveau au cava-
lier et au saint debout de Jean-Antoine Falletti, comte de
Benevello. 11 résume avec soin tout ce qui a été dit du
monnayage de ce seigneur du XVF siècle. C'est donc une
vraie monographie.
La nouvelle monnaie de Falletti faisait partie de la
collection Durazzo, vendue à Gênes en mars dernier; elle
est entrée, depuis, dans les cartons de S. A. R. Mgr le
prince de Naples qui, on le sait, est un passionné numis-
mate. Sa collection est l'une des plus belles qui soient en
monnaies italiennes du moyen âge.
A. DE W.
CHRONIQUE DES VENTES EN BELGIQUE.
Collection de feu le major A. Daufresne de la Cheva-
lerie. Vente à Bruxelles,' le mardi 26 mai 1896. Experts :
MM. H. Cordemans et Ch. Dupriez.
Collection générale comprenant 893 lots.
Quelques pièces grecques assez rares :
N» 5 Gelas, Type du taureau à face humaine et du
cavalier. Quart de statère. . . . fr. i5o
476
Nos j2 Smyrne. Tête de Cybèle. Tétradrachme. loo
14 Mithridate, roi de Pont. Tétradrachme . 25o
i5 Locride. Tête de femme au revers d'Ajax
nu i3o
16 Cyzique. Statèrè 120
Des monnaies romaines : Cassius, aureus à la tête de la
Liberté, 195 francs, à M. Coster; Agrippine et Caligula, or,
180 francs, au même; Lucius Verus, Rev. : REX ARMEN
DAT, 170 francs, toujours au même amateur.
Parmi les pièces du moyen âge et modernes, nous citerons
un bel exemplaire, de poids double, du ducaton de Phi-
lippe V frappé à Anvers, 5o francs ; un double louis aux
lunettes de 1776, 60 francs; un rare écu de Guillaume de
Bongaert, 2 5o francs, à M. Coster. A la vente van der
Straelen-Moons van Lerius, à Anvers, un écu semblable
fut adjugé au prix élevé de 460 francs.
Parmi les Jetons et les médailles, nous ne trouvons à
noter qu'un Jeton en or, au buste de de Thou, des biblio-
philes de Paris, 52 francs; une belle médaille, en or, de
Roettiers, inauguration de Marie-Thérèse, 180 francs, et
une médaille, en or, au buste de Louis XVI, du Cercle
des Phialadelphes établi au Cap, 1784.
La vente Daufresne a produit en tout fr. 9,223-5o.
A. DE W.
Nos abonnés apprendront avec regret la retraite de
M. Georges Cumont, de la direction de la Revue. Les
services que M. G. Cumont a rendus pendant de longues
années à cette publication lui ont acquis les droits les plus
justifiés à la reconnaissance de nos lecteurs.
M. le comte Th. de Limburg-Stirum, vice-président de
la Société royale belge de numismatique, 166, rue de la Loi
477
à Bruxelles, a e'té désigné pour remplacer, à partir de la
prochaine livraison, M. G. Cumont dans ses fonctions de
Directeur de la Revue belge de numismatique.
La Direction de la Revue.
SOMMAIRE DES PUBLICATIONS PERIODIQUES.
Annuaire de la Société française de numismatique, 1 896,
2^ fasc. — G. -A. Serrure. Les monnaies des Voconces,
essai d'attribution et de classement chronologique. —
Marc Fabre de Larche. Les billets de confiance émis
pendant la guerre de 1 870-1 871. — Vallentin. De l'envoi
à la cour des monnaies des boîtes de Villeneuve (1622). —
E. Garon. Monnaies mérovingiennes.
3^ fasc. — DUTILH. Monnaies alexandrines et terres
cuites du Fayoum. — G. -A. SERRURE. Les monnaies des
Voconces, essai d'attribution et de classement chronolo-
gique.—MARC Fabre DE Larche. Les billets de confiance
émis pendant la guerre de 1 870-1 871. — SamboN. Les
deniers siciliens de billon pendant le XIF et le XIIF siècles.
American journal of numismatics, vol. XXX, n» 4. —
Further notes on Mantinean coins. — Bastow. Gems
used as money . — Storer. The medals, jetons and tokens
illustrative of the science of médecine. — MARVIN. Masonic
medals. — The columbian exposition medal, etc.
Vol. XXXI, no I. — Talfourd Ely. The process of
coiningas seen in a Wall-Painting at Pompéi. — Parkes
Weber. Analogy betw^een Piéforts and Roman bronze
medallions. — Gleveland. The EHot Anglo-American
medal of 1772. — MARVIN. British indian medals. —
LOW. Goinage of the confederate states with U. S. Dies. —
Storer. The medals, jetons and tokens illustrative - of
478
the science of medicine. — Croeker. The Bartram
medal. — Marvin. Masonic medals.
Numismatic chronicle, 1896, part. I. — Weber. On
some unpublished or rare Greek coins. — HiLL. A portrait
of Perseus of Macedon. — J. EVANS. On some rare or
unpublished Roman medalHons. — Talfourd Ely. The
process of coining as seen in a Wall-Painting at Pompéi.
— Packe. The coins ofStephen. LAWRENCE. On a
find ot coins chiefly of the time of Edward IV.
Part. II. — Warwick Wroth. Greek coins acquired
by the British Muséum in 1895. — A.-J. EVANS. Contri-
butions to Sicilian numismatics. — G. Macdonald. Notes
on Combe's catalogue of the Hunter cabinet. — White
KiNG and Surgeon-Captain William Vost. Some
novelties in Moghal coins.
Rivista italiana di numismatica, 1896, fasc. II. —
F. Gnecchi. Appunti di numismatica Romana. —
LiSINL Medaglie di Zecche italiane. — RiCCI. Il ripos-
tiglio consolare di Romagnano Sesia. — MOTTA. Docu-
menli Visconteo-Sforzeschi per la storia délia zecca di
Milano.
Monthly numismatic, circular n" 43. — HaNDS. Chats
on Roman coins with young collectors. — Hazlitt.
« Coins of Europe ». — NORMAN. Money. — FarCINET-
Les anneaux antiques.
N» 44 - Hands. Chats on Roman coins with young
collectors. — HAZLITT. « Coins of Europe ». — NORMAN.
Money. — Farcinet, Les monnaies des doges de Venise.
No ^5. — Farcinet. Une vente sensationnelle de
médailles romaines. — NadrowsKI. Die Mûnzenkunde
im Dienste der Padagogik. — Hazlitt. « Coins of
479
Europe ». — HanDS. Chats on Roman coins with young
collectors.
N046. — Hazlitt. « Coins of Europe ». — Hands.
Chats on Roman coins with young collectors. —
Gnecchi. Umberto Rossi. — GUY TOMEL. La collection
Waddington. — Varia.
• Mittheilungen des Clubs der Mun:{- tind Medaillen-
freunde in Wien. N» 72. — Erzherzog Carl-Ludwig.
— Medaillen auf Erzherzog Carl-Ludwig von Oesterreich.
— Beilagen aus den Oberkammeramts-Raittungen und
Wirlhschafts-Protokollen der stadt Wien von 1 575-1777.
— C. Schalk. Bemerkungen zu einigen Goldmûnzen
des Meidlinger Fundes auf Grund zeitgenossischer Quellen.
— Dr. C. Pfeiffer, zur Jenner-Feier des 14 mai 1896.
Medaillen, Portrats und Abbildungen betreffend E. Jenner.
Tubingen, 1896.
No 73. — Millenium in numis. — Beilagen aus den
Oberkammeramts-Raittungen und Wirthschafts-Proto-
kollen der Stadt Wien von 1575 bis 1777. — Nentwich.
Portratmedaillen des Erzhauses Oesterreich von Kaiser
Friedrich III bis Kaiser Franz II, von C. Domanig.
No 74. — Das erste Mûnzportrat Kaiser Franz-Josefs I.
— LOEHR. Geldzeichen. Jetons, Gedachtniss-Munzen und
Medaillen von und fur Eisenbahnen. — Beilagen aus
Oberkammeramts-Raittungen und Wirthschafts-Proto-
kollen der stadt Wien von 1575- 1777.
No 75. — Zu denwiener Thalerpragungen Jozefs II. —
Geldzeichen, Jetons, Gedachtnissmûnzen und Medaillen
von und fur Eisenbahnen. — Beilagen aus den Ober-
kammeramts-Raittungen und Wirthschafts-Protokollen der
Stadt Wien von 1575-1777.
48o
Bulletin de numismatique, t. III, liv, IX. — R. Val-
LENTIN. Les florins d'or de Gaucher- Adhémar, seigneur
de Monlhélimar. — PUIG. Obole inédite de Gumfred,
comte de Roussillon. — Raimbault. A propos des
florettes de Charles VII.
X« livraison. — Comte DE Castellane. Les premiers
écus à la couronne fabriqués à Poitiers. — F. Mazerolle.
Dispute entre les ouvriers de la Monnaie de Paris et Jean
Beaucousin, tailleur, au sujet de la fourniture des coins
nécessaires pour fabriquer les pièces de six et de trois
blancs, i3 juin i583.
Wiadomosci numismatjyc^no-archeologic^ne, n» 28. —
KOSTRZEBSKI. Jean-Thamm, essayeur et maître-mon-
nayeur à la Monnaie de Cracovie. — PlEKOSINSKI. Demi-
gros à double croix du roi Wladislas Jagiello. — KOPERA.
Médaille ou monnaie de Jean-Casimir, etc.
Numismatische Zeitschrift, 1895. ~ Imhoof-Blumer.
Die Mûnzstâtte Babylon zur Zeit der makedonischen
Satrapen und des Seleukos Nikator. — RaiLLARD. Pole-
mon von Pontos und Antonius Polemon von Olba. —
i^ICK. Die Personen- und Gôtternamen auf Kaisermûnzen
•von Bysantion. — KenNER. Der Mûnzfund von Simme-
ring in Wien. — KUBITSCHEK. 'Ey Ko</>£jy«<«- «?<><«• K«>i<««v.
— KENNER. Goldmûnzen der Sammlung Bachofen von
Echt in Wien - LE MÊME. Silbermedaillon der Samm-
lung G. Weifert in Belgrad.— ROHDE. EininedirterAnto-
ninian des Kaisers Aurelianus aus der Mûnzstâtte Siscia.
— WiLLNER. Moderne Falschungen rômischer Mûnzen.
— QuiLLING UND Wehner. Das specifische Gew^icht
als Echtheitskriterium rômischer Messingmûnzen. —
FlALA. Verschiedenes aus der Haller Miinzstâtte. — UNGER.
48 1
Der guldene Ehrpfenning auf die Geburt der Erzherzogin
Elisabeth von Oesterreich aus dem Jahre iSyy. — FlALA.
Die Beamten und Angehôrigen der Prager Mûnzstatte,
1 537-1660. — MÏJLLER. Die ersten Mûnzen und Me-
daillen des Kaisers F'ranz-Joseph I.
Repue numismatique, i8g6, 2« trimestre. — Babelon.
Le tyran Saturninus. — MOWAT, Monnaies inédites ou
peu connues de Carausius. — DROUIN. Notice sur les
monnaies des grands Kouciians postérieurs. — Vallen-
TIN. Les florins d'Aymar VI, comte de Valentinois et de
Diois. — GiRAUD. Un atelier de monnayage à Ville-
neuve-du-Plat. — ROBERT. Jetons des Etats de Bretagne,
— Casanova. Numismatique des Danichmendites. —
Blanchet. Essais monétaires romains, à propos de deux
pièces inédites de Tetricus et de son fils.
Tijdschrift van het Nederlandsch Genootschap voor
Munt- en Penningkunde, 1896, 3^ liv. — A. DE WiTTE.
Le jeton dans les comptes des maîtres des monnaies du duché
de Brabant aux XVIie et XVIIie siècles. — BruINVIS. De
Alkmaarsche vroedschapspenning. — J HR M . A. Snoeck.
Twee gouden-bruiloftspenningen van de familie de Jong
van Beek en Donk. — W. S. Penning op de verlegging
van de uitmonding der Maas. — DE DOMPIERRE DE
ChaufepiÉ. Les trouvailles de monnaies pendant l'an-
née 1894.
Revue suisse de numismatique, t. VI, i''^ livraison. —
Imhoof-Blumer. Zur Mûnzkunde Kleinasiens.— LadÉ.
Contribution à la numismatique des ducs de Savoie. —
Mayor. Médailles suisses nouvelles.
4^:
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
Assciiiblcc générale du iO Juillet 180B.
La séance est ouverte à onze heures.
Sont présents : MM. le vicomte B. de Jonghe,
président; le comte Th. de Limburg-Stirum, vice-
président; CuMONT, secrétaire; Vanden Broeck,
trésorier; de Roissart, contrôleur; MM. le comte
de Nédonchel, le baron de Chestret de Haneffe,
Van Schoor, Peny, De Monter, le baron Sur-
mont DE Volsberghe, Naveau, de Schodt, Seel-
drayers, Lemaire, Willems et le capitaine-com-
mandant TiNNE, membres effectifs; MM. Donnet,
SiMONis et Vermeylen, membres correspondants
regnicoles.
Assistent à la séance : MM. De Meunynck et
Blanchet, associés étrangers.
Se sont excusés : Monseigneur le chanoine baron
Félix Bethvne, président d'honjteur; MM. de Witte,
bibliothécaire; Picqué, le baron Liedts, Bequet, le
baron J.-B. Bethune, Bamps, le major chevalier
van Eersel, Cogels, l'abbé Daniels, Moens, le
chevalier Mayer van den Bergh^ Wallaert et le
comte de Ghellinck d'Elseghem, membres effec-
tifs; MM. Van der Beken, Ballion, Gautier de
Rasse, vanderStappen, le sous-lieutenant Jooris,
483
Liégeois, Lombaerts et Moyaux, membres corres-
pondants regnicoles ; MM. van Dijk van Mate-
NESSE et RoEST, Membres honoraires; MM. le comte
DE Marsy, le chevalier Snoeck et de Dompierre
DE Chaufepié, associés étrangers.
Un jeton de présence, en bronze, à l'effigie de
Van der Chijs, est distribué aux membres de
l'assemblée.
M. le Président rappelle que ce jeton est dû au
talent de M. Victor Lemaire qui a bien voulu
graver un revers spécial pour la séance d'aujour-
d'hui. Il remercie M. Lemaire au nom de la
Société. [Applaudissements.)
M. le Président adresse ensuite des remercî-
ments, au nom du bureau, aux membres étrangers
et belges qui assistent à la réunion.
Le procès-verbal de l'assemblée tenue àNamur,
le ig avril i8g6, est approuvé sans observation.
M. le Trésorier expose la situation financière de
la Société pendant l'année i8g5.
Cette situation continue à être brillante, grâce
à l'appui prêté, jusqu'ici, à la Société par le Gou-
vernement.
M. le Président adresse de vives félicitations à
M. le Trésorier dont l'excellente gestion pendant
un tiers de siècle nous vaut la prospérité dans
laquelle nous nous trouvons.
Il fait remarquer que c'est le 3i décembre pro-
chain que cesseront les fonctions du trésorier/
M. Vanden Broeck, qui permutera, à cette date,
484
avec M. de Roissart, contrôleur, si l'assemblée
veut bien en décider ainsi. Cette heureuse combi-
naison permettrait à M. Vanden Broeck de conti-
nuer à faire partie du bureau.
Le compte des recettes et dépenses est arrêté et
approuvé. [Remer ciments.)
M. le Secrétaire lit ensuite son rapport sur les
travaux de la Société pendant l'année iSgS :
Messieurs,
La numismatique belge a tenu une place importante
dans notre Revue de l'année dernière :
M. le baron de Ghestret de Haneffe a décrit, avec la plus
grande compétence, les monnaies frappées dans les sei-
gneuries d'Obbicht et de Grevenbicht.
Les renseignements historiques et généalogiques recueillis
par l'auteur, augmentent l'intérêt de cette étude pleine
d'aperçus nouveaux.
Deux monnaies de Godefroid de Dalenbroeck, seigneur
de Heinsberg, comte de Loo^, font l'objet d'une notice non
moins digne de fixer votre attention. M. le vicomte B. de
Jonghe a mis sous nos yeux un gros, seule monnaie connue
de Godefroid, avec le titre de comte de Looz et un rare
florin d'or, au type de Florence, où ce seigneur se dit
simplement de Looz.
Notre dévoué président nous a encore montré deux
monnaies frappées à Luxembourg par les archiducs
Albert et Isabelle. Le patagon et le demi-patagon de ces
princes, frappés à Luxembourg, avaient échappé aux
investigations de M. R. Serrure, qui mentionne cependant
un patagon ayant fait partie de la collection van der
485
Straelen, d'Anvers. M. de Jonghe, qui possède aujourd'hui
ces deux pièces, nous en a donné une bonne reproduction
et nous a indiqué, en même temps, combien on avait frappé
d'exemplaires de chacune d'elles. Enfin, dans une troi-
sième notice, M. de Jonghe nous a parlé d'une plaque de
Charles IV, comte de Luxembourg, frappée à Marche, et
de deux autres monnaies de ce prince. C'est la seule mon-
naie de Charles, frappée à Marche, qui ait été retrouvée
jusqu'ici.
M. J.-E. Ter Gouw nous a entretenu des fausses mon-
naies au XVIF siècle {deuxième article). Il s'agit de pièces
imitées par les seigneurs de Reckheim et de Gronsveld.
Notre collègue hollandais en a donné d'ingénieuses expli-
cations.
M. de Witte s'est occupé de quelques ajusteurs jurés
des poids et balances en fonctions aux Pays Bas autri-
chiens durant la seconde moitié du XYIII^ siècle. Après
avoir défini leurs fonctions, il indique les mesures prises
par le gouvernement autrichien pour assurer la régularité
et la justesse des poids monétaires et mentionne de nom-
breux renseignements sur quelques ajusteurs jurés d'An-
vers, d'Audenarde, de Bruges, de Bruxelles, de Gand, de
Louvain, de Malines, de Mons, de Namur, de Saint-
Nicolas et de Tournai.
M. de Witte nous a encore expliqué, d'une manière très
complète, une médaille religieuse et un méreau de Notre-
Dame de Miséricorde, à Verviers.
Signalons particulièrement une étude très détaillée et
très précise sur les dernières quinze années de Théodore
van Berckel. Cette partie de la vie du célèbre graveur
général de la Monnaie de Bruxelles était restée dans l'obs-
curité. Grâce aux patientes recherches de M. le chevalier
Année i8q6 33
486
C. von Ernsl, nous connaissons maintenant l'existence
misérable que van Berckel mena en Autriche, après l'inva-
sion française en Belgique et comment il mourut à Bois-le-
Duc, sa ville natale, le 21 septembre 1808.
Notre dévoué correspondant regnicole M. le docteur
J. Simonis a publié ce qu'il savait sur les ajusteurs jurés
de l'ancienne principauté de Liège. Sa notice, pleine de
faits nouveaux, a vivement attiré l'attention de tous ceux
qui collectionnent les poids monétaires.
M. le baron Bethune poursuit, avec succès, son remar-
quable travail sur les méreaux de familles brugeoises.
Il nous a donné la primeur d'un méreau de Jean de
Vleeschouwer, chevalier, et de Barbe de Witte, 1473. Sou-
haitons à notre zélé collègue de trouver d'autres méreaux
inédits pour compléter sa belle monographie sur ces pièces
si spéciales à Bruges.
Votre secrétaire a eu la chance de découvrir la médaille
au buste de Charles-Quint par le poète Jean Second,
médaille que Pinchart déclarait introuvable et que vous
avez pu examinera notre séance générale du i^r juillet 1894.
Il est regrettable que l'imperfection du cliché, qu'il n'a pas
été possible d'obtenir meilleur par les procédés de photo-
gravure usités à Bruxelles, n'ait point permis aux lecteurs
de notre Revue d'apprécier cette médaille aussi complète-
ment qu'il eût été désirable.
Un billùn noir inédit frappé à Vilvorde par Jean III,
duc de Braba?ît{i3i2-i355) fait l'objetd'une seconde notice,
et un troisième article est consacré à la description de
quelques pièces rares ou inédites et de la trouvaille de
Niel-sur-Rupel qui contenait le fameux ange d'or de
Jeanne de Brabant vendu à Malines, en octobre dernier,
au prix considérable de 1,540 francs.
487
Passons à la numismatique étrangère :
M. Maxe-Werly a terminé son excellente monographie
sur la numismatique du Barrois. Les tirés à part de ce
travail sur les Monnaies des comtes et des ducs de Bar
forment un beau volume de 265 pages, in-S», imprimé en
1895 chez M. J. Goemaere, à Bruxelles. Le tirage n'a été
fait qu a yS exemplaires. Ce livre est donc non seulement
un précieux traité de numismatique mais encore une
rareté bibliographique.
Notre dévoué collègue M. J. Rouyer a aussi achevé son
admirable étude de Y Œuvre du médailleur Nicolas Briot,
en ce qui concerne les jetons. Outre ceux-ci, M. Rouyer a
signalé plusieurs deneraux dont les coins ont été gravés par
Briot. Nous ne reviendrons pas sur l'éloge que nous avons
fait de ces consciencieuses recherches (voir rapport sur les
travaux de l'année 1893]. Un excellent tirage à part, avec
quelques observations additionnelles, a été fait à 5o exem-
plaires in-80, de 238 pages et 14 planches.
Les Observations relatives au type des monnaies
d'Erétrie, de Dicaea et de Mende sont très ingénieuses.
M. Adrien Blanchet pense, à juste titre, que l'idée du type
de ces monnaies a pu être inspiré par un fait naturel : un
oiseau posé sur le dos d'un quadrupède et le débarrassant
de ses parasites .
Trois monnaies frappées à Elincourt en Cambrésis ont
été publiées par M. le vicomte de Jonghe : d'abord un
gros (double tiers?) à l'aigle de Marie de Bretagne qui
avait échappé aux investigations de MM. Poey- d'Avant et
Caron; ensuite un botdrager, très rare, de Gui VI, comte
de Luxembourg-Ligny ; enfin un botdrager de Wallerand,
son fils.
M. le chevalier M. -A. Snoeck a eu le mérite de faire
488
connaître exactement le médaillon rond, iiniface et coulé,
du docteur Jean Ingéniions^, médecin en chef et conseil-
ler de la cour impériale autrichienne, 1779. Ce médaillon
est cité dans la dernière suite de Van Loon, mais cet
ouvrage ne donne ni la légende correcte ni le dessin.
L'auteur explique dans quelles circonstances ce médaillon
a été coulé et ajoute quelques détails de la vie du docteur
Ingenhousz.
M. Ém. Caron nous a parlé d'Une singulière trouvaille
à Jérusalem. Il s'agit d'une grosse pierre trouvée par le
R. P. Gré non loin de l'enceinte sacrée de l'ancien temple
de Jérusalem et qui ne serait rien moins qu'un poids du
roi David. L'auteur examine les déductions tirées par le
père Gré du poids de cette pierre, 42 kilos, et du poids
des sicles hébraïques, 14 grammes, et démontre très juste-
ment qu'à l'époque de David, il ne pouvait être question
d'argent monnayé mais seulement d'une unité de poids, le
sicle n'étant devenu unité monétaire que plus tard. D'après
le système phénicien, le sicle d'argent était de 14 grammes,
ce qui, pour 3, 000 sicles, donne exactement 42 kilo-
grammes. Mais encore faudrait-il savoir si l'inscription
remonte réellement au roi David et n'est point le nom per-
pétué d'un poids consacré par lui.
Les appellations monétaires sur les monnaies du moyen
âge ont été très savamment énumérées par M. H. Dannen-
berg. Ges légendes, conclut judicieusement l'auteur, ne
doivent pas toujours être prises à la lettre, car il arrive
qu'elles sont trompeuses.
M. J. Ghalib Edhem a eu l'obligeance de nous commu-
niquer une monnaie d'Alaeddin Qeikobad III, associé
au nom du grand Ilkhan. Gette monnaie d'argent inédite
démontre et constate que l'empire seldjoukide, du temps
489
de Ghâzân Mahmoud, était presque entièrement tombé au
pouvoir des Ilkhaniens.
La monnaie de Rodez, au XF siècle, n'avait encore été
signalée que par des textes. M. Anatole de Barthélémy
aura été le premier à nous en faire connaître un exem-
plaire : il s'agit d'un denier de Hugues, comte de
Rouergue (1008- 1054). Cette pièce a été trouvée à Rodez
même et présente, au revers, le type du chrisme adopté
dans plusieurs localités du Languedoc et du Sud-Ouest.
Dans une lettre adressée à M. de Witte, M. Fr. Gnecchi
a donné l'explication et le fac-similé d'un curieux médail-
lon inédit de Philippe père, trouvé à Rome, en avril iSgS,
près de la Porta Salaria. Le revers de ce médaillon est
complètement nouveau et représente une entrée triom-
phale, ïadventus de Philippe, comme empereur, à Rome,
en l'année 244.
Enfin, M'ie Marie de Man, reprenant la description d'une
médaille uniface de Levinus Bloccenus a Burgh, publiée
par M. Picqué, dans la Revue, 1879, p. 228, est parvenue à
déterminer très complètement l'identité du seigneur zélan-
dais dont la médaille reproduit les traits. M. Picqué n'avait
pu déterminer quel était ce personnage et s'était trompé au
sujet de la date inscrite sur la médaille qu'il faut lire i556,
année de la mort de Liévin Bloxsen, et non pas 066. —
Remercions notre gracieuse collaboratrice d'avoir si parfai-
tement élucidé ces deux questions.
Les Mélanges de notre Revue continuent à briller par
leur importance et leur variété. — La description des
Médailles modernes, confiée aux soins de M. de Witte, a
été non moins bien faite que les années précédentes. Il s'agit
d'une grande médaille au buste de Christophe Colomb,
frappée à l'occasion de l'exposition universelle de Chicago,
490
en 1893, organisée à l'occasion du 400^ anniversaire de la
découverte de l'Amérique ; d'une médaille offerte par ses
élèves et ses amis (3 mai 1894) à M. Alphonse de Marbaix,
professeur à l'Université de Lou.vain, et enfin des jetons
commémoratifs de l'exposition universelle d'Anvers, en 1 894.
Ces pièces sont dues au talent de MM. Victor Lemaire,
Franz Vermeylen, A. Michaux et P. Fisch.
Pendant l'année 1895, notre société a perdu le plus
ancien de ses membres honoraires, M. le comte Maurin de
Nahuys. Ses titres et ses nombreux travaux ont été rap-
pelés par M. le vicomte B. de Jonghe dans une notice
nécrologique publiée dans notre Revue, 1895, p. 564. —
La mort nous a encore enlevé deux associés étrangers :
M. Butor, ancien magistrat, et J. Ghalib Edhem Bey,
conseiller du gouvernement de l'île de Crète. Un de nos
anciens correspondants regnicoles, qui avait quitté notre
compagnie depuis 1869, M. Edmond Van der Straeten,
est décédé à Audenarde, sa ville natale, le 25 novembre
dernier. C'était un musicographe distingué, mais ses tra-
vaux sur la musique et le théâtre ne l'ont pas empêché de
s'occuper, avec talent, de notre science favorite.
M. le Président remercie M. le Secrétaire pour
le soin qu'il a mis à rédiger ce rapport. {Applau-
dissements.)
M. le Président s'excuse d'avoir oublié, chez
lui, la note sur les accroissements des collec-
tions et de la bibliothèque que M. de VV^itte,
absent pour cause de maladie, lui a remise avant
son départ pour les eaux. Il constate avec satis-
faction que, grâce au zèle de M. de Witte, nos
49ï
collections augmentent sans cesse. {Applaudisse-
ments.)
Voici le rapport du bibliothécaire :
Messieurs,
Des circonstances indépendantes de ma volonté m'empê-
chent, à mon grand regret, d'assister à la séance. Veuillez
donc m'excuser si mon rapport s'en resserrt.
Pendant l'exercice écoulé, i6o volumes ou brochures ont
été offerts à votre bibliothèque; ii3 monnaies, 17 jetons,
12 médailles, 6 méreaux et 5 poids monétaires sont entrés
dans votre médaillier ; enfin, neuf membres ont envoyé
leurs portraits, ce qui porte le nombre de nos photographies
à 27 t.
Le service des échanges s'est fait régulièrement; il s'est
même augmenté notablement cette année, car si nous avons
cessé l'envoi de nos publications à l'Académie d'Hippone,
nous les adressons au Cercle historique et archéologique de
Gand, au Cercle archéologique de Malines. à la Société
archéologique de Lisbonne, à la Société suédoise de
numismatique, et, de plus, grâce à l'obligeant intermé-
diaire de M. Friedenburg, président de la Société numis-
matique de Berlin, la Zeitschrift fiir Numismatik nous
parvient depuis janvier dernier. La Société reçoit ainsi
presque toutes les publications périodiques, de quelque
importance, consacrées exclusivement à la numismatique;
nous en comptons une vingtaine. Elle n'en recevait que
quatre en 1886.
J"ai terminé aussi le classement des séries métalliques
vous appartenant. Ces suites comportent 2,847 monnaies,
médailles, jetons, méreaux et poids monétaires divers.
492
L'assemblée procède ensuite aux élections aux
diverses places vacantes :
M. le chevalier Snoeck est nommé membre hono-
raire pour remplacer M. le comte M. de Nahuys,
décédé. MM. Paul Fisch, médailleur à Bruxelles;
le baron de Vinck de Winnezeele, membre du
comité du musée duSteen, à Anvers; l'avocat Big-
wood, à Bruxelles; le vicomte Eugène de Jonghe,
à Bruxelles, et Mac Leod, professeur de botanique
à l'université de Gand, sont nommés membres
correspondants regnicoles.
L'assemblée procède ensuite au renouvellement
du bureau, qui, d'après les statuts, doit être élu
pour une période de trois ans prenant cours le
i*"" janvier 1897.
Après avoir rempli pendant treize ans les fonc-
tions de secrétaire, M. Cumont prie l'assemblée
dé ne pas renouveler son mandat. Il ajoute que sa
détermination est irrévocable.
M. de Jonghe, au nom de tous les membres de
la réunion, remercie M. Cumont pour le zèle qu'il
a apporté dans l'exercice de ses fonctions et prie
l'assemblée de laisser la place de secrétaire ouverte
jusqu'à la prochaine assemblée générale de juillet.
Le bureau chargera provisoirement un de ses
membres du secrétariat à partir du i^'' janvier 1897,
date où prend fin le mandat de M. Cumont. {Adhé-
sion unanime.)
M. Van Schoor regrette la décision prise par
M. Cumont et remercie également M. le Secrétaire
493
des longs services qu'il a rendus à la Société.
L'assemblée s'associe à ces paroles.
Le scrutin donne les résultats suivants :
Président : MM. le vicomte B. de Jonghe ;
Vice-président : le comte Th. de Limburg-
Stirum ;
Secrétaire : X. ;
Bibliothécaire : A. de Witte ;
Trésorier : Am. de Roissart ;
Contrôleur : Ed. Vanden Broeck.
M. le vicomte B. de Jonghe, au nom du bureau,
remercie l'assemblée de ses suffrages. Le bureau,
comme par le passé, fera tous ses efforts pour
justifier la nouvelle preuve de confiance qui vient
de lui être donnée par les membres de la Société.
Il est procédé ensuite à l'élection annuelle des
membres de la commission directrice de la Revue.
M. Cumont, qui a dirigé cette RevtLe pendant
dix ans, fait la même déclaration que pour le
secrétariat.
M. de Jonghe, comme président de l'assemblée,
remercie M. Cumont pour sa longue collabora-
tion, aussi active qu'intelligente, à notre recueil
et propose à la réunion de désigner M. le comte
Th. de Limburg-Stirum pour lui succéder dans
les fonctions de directeur de la Revue.
M. Van Schoor adresse aussi de vifs remercî-
ments à M. Cumont et espère qu'il continuera sa
collaboration à la Revue.
494
Le président fait partie de droit de la Com-
mission directrice de la Revue (Art. 17 des Statuts).
Sont élus, par acclamation, directeurs pour
l'année 1897 '- MM. le comte Th. de Limburg-
StIRUM et A. DE WiTTE.
En conséquence, la direction de la Revue sera
confiée l'année prochaine à :
MM. le vicomte B. de Jonche;
le comte Th. de Limburg-Stirum ;
A. de Witte.
M. le comte Th. de Limburg-Stirum remercie
l'assemblée de son élection.
L'assemblée décide que l'effigie à placer sur le
jeton de présence pour 1897-1899 sera celle de
Vredius (Olivier de Wree), proposée par M. le
baron Bethune.
M, Vermeylen veut bien se charger de l'exécu-
tion de ce jeton. {Remerclments.)
lectures et communications.
M. Blanchet lit une intéressante notice sur les
monnaies en or des empereurs romains Trébonien
et Volusien. [Applaudissements.)
A la demande de M. le Président, qui lui adresse
ses félicitations, M. Blanchet promet de laisser
imprimer son travail dans la Revue.
M. Naveau a entretenu une correspondance
avec M. Jolivot, secrétaire du conseil d'Etat de
495
la principauté de Monaco, au sujet de certaines
monnaies liégeoises (particulièrement celles de
Maximilien-Henri de Bavière) que M. Jolivot pré-
tend avoir été copiées à Monaco.
M. Naveau, d'accord avec M. le baron deChestret,
pense que certaines imitations des espèces de
Maximilien-Henri ont pu effectivement avoir été
frappées à Monaco, mais qu'il serait bien difficile
de les différencier des monnaies de cet évêque.
C'est ainsi que, pour les nécessités du com-
merce, on frappe encore aujourd'hui des cou-
ronnes de Marie-Thérèse et des dalers de Hollande.
M. Naveau promet d'insérer une note sur ce sujet
dans les mélanges de la prochaine livraison de la
Revue. {Renier ciments.)
M. Cumont donne quelques renseignements
relatifs à la collection numismatique de Charles
de Lorraine et fait connaître la liste des personnes
auxquelles, après la mort de ce prince, fut envoyé
le catalogue de sa collection. [Applaudissements.)
M. le Président remercie M. Cumont pour son
intéressante communication et espère que l'auteur
voudra bien la laisser imprimer dans la Revue.
(A dhésion unanime . )
M. Peny fait circuler quatre jetons religieux
trouvés dans les fouilles des ruines de l'abbaye de
l'Olive, à Morlanwelz (Mariemont). {Remer ciments.)
Le docteur Simonis exhibe une jolie médaille
ovale au buste de Wolfgang-Wilhelm , comte
palatin du Rhin (Neubourg), duc de Bavière, de
49^
Juliers, de Clèves et de Berg. Elle est reproduite
dans Van Loon, t. II, p. 63. Elle est en vermeil
et entourée d'un encadrement à jour de l'époque
(1626) , admirablement travaillé et très finement
émaillé. Bien qu'elle ne soit pas signée, Adolphe
Erman, dans la Zeitschrift fur Numismatik, de
Berlin, t. XII, croit pouvoir l'attribuer à un artiste
de Munich, graveur d'estampes et de médailles
du nom de Paul Zeggin, qui travaillait de i623
à 1666.
M. le vicomte de Jonghe lit un travail sur un
denier de l'empereur Lothaire, frappé à Mayence.
[Applaudissements.)
Le même exhibe encore :
1° Un dalder de Philippe II, frappé, en 1672, à
Maestricht et portant, en contremarque, une croix
patriarcale terminée, à sa partie inférieure, par un
triangle ;
2° Un très curieux cuivre de Ferdinand de Lyn-
den, comte de Reckheim (i636-i665), imité des
pièces de 12 hellers (?) de Frédéric-Guillaume,
comte de Ravensberg (1640-1688). Le prototype
porte ; « Ravensberg Lant Muntz. » Le sceptre
avec couronne du droit se trouve aussi sur le numé-
raire de Hervord, où il subsiste encore en 1810;
3'' Une pièce de deux sous, unique, de Joseph-
Gobert de Lynden , comte d'Aspremont et de
Reckheim (1708-1720). Ce curieux billon est le
seul souvenir monétaire que nous ait laissé
Joseph-Gobert, qui avait épousé la fille du mar-
497
quis de Prié, gouverneur par intérim des Pays-
Bas. C'est peut-être grâce à son mariage que le
comte Joseph-Gobert se crut autorisé à émettre
la piécette qui nous occupe , pensant que son
beau-père fermerait les yeux sur cette tentative
d'émancipation. Le jeune comte semble d'ailleurs
avoir été fort bien vu à la cour de Vienne, témoin
la charte donnée en sa faveur par l'empereur
Charles VI, charte lui confirmant le privilège de
non evocando, etc. Joseph-Gobert mourut à l'âge
de 26 ans.
La séance est levée à i heure.
Le Secrétaire, Le Président,
G. CUMONT. V** B. DE JONGHE.
498
LISTE DES MEMBRES
DE
LA SOCIÉTÉ ROYALE Dl] NUMISMATIQllK
AU !«■■ OCTOBRE 1896.
MEMBRES D'HONNEUR.
NOMS KT QUALITÉS. DATE DK l'aDMISSION.
S. A. R. MONSEIGNEUR LE PrINCE
Philippe DE Saxe-Cobourg et
Gotha, duc de Saxe 7 juiuet 1878.
S. A. S. MONSEIGNEUR LE PrINCE SOU-
VERAIN DE IVIONACO, Albert h' . . 24 novembre 1889.
s. A. MONSEIGNEUR LE PrINCE PierPe
DE SAXE-COBOURG et BRAGANCE. 26 novembre 189.
S. A. R. MONSEIGNEUR LE PrINCE
DE NAPLES ... . 22 avril 1892.
MEMBRES HONORAIRES (i)-
MM.
Teixeira de Ahagaô, directeur du cabinet des
médailles de S. M. le Roi de Portugal, à
Lisbonne 2 juillet 1871.
Harabacek (le docteur Josef), professor ordina-
rius und Mitglied der kaiserl. Akademie der
Wissenschaften, Seidlgasse, 41,3 Vienne, III. 7 juillet 1872.
(1) Le nombre des membres honoraires est limité à vingt-cinq.
• 499
KOMS BT QUALITÉS. DATE DE I,' ADMISSION.
MM.
ScHMJMBEnGER (Gustave), membre de l'Institut,
27, avenue d'Antin, à Paris 7 juillet 1878.
Van Hende (Edouard), officier de l'instruction
publique, rue Masséna, 5o, à Lille .... G juillet 1879.
DE Barthéi,e.uy (Anatole), membre de l'Institut,
rue d'Anjou-Saint-Honoré, 9, à Paris. ... 3 juillet 1881.
ROUYER (Jules), directeur honoraire des postes,
à Thiaucourt (Meurthe-et-Moselle) 1 juillet i883.
Van Dijk van Matenesse (P.-J.), Groote Markt,
123, WijkE', à Schiedam 4 juillet 1886.
Caron (Emile), avoué honoraire, 2^«'», rue du
Havre, à Paris . . 1 juillet 1888.
Dannenberg (Herman), Landgerichtsrath, prési-
dent d'honneur de la Société de numismatique
de Berlin, Lessingstrasse, 8, Berlin, N. W. . — —
Babelon (Ernest), conservateur du département .
des médailles et antiques de la Bibliothèque
nationale, à Paris, 23, rue de Verneuil. ... — —
]>Iaxe-V^''eri,y (Léon), officier de l'instruction
publique, rue de Rennes, 61, à Paris ... 7 juillet 1889.
Evans (John), président de la Société des anti-
quaires et de la Société anglaise de numisma-
tique, correspondant de l'Institut de France,
Nash Mills, Hemel Hempstead, Angleterre. . 24 novembre 1889.
Ghactard (J.),' doyen honoraire de la faculté
catholique des sciences de Lille , villa
Saint-Marc, par Croissanville (Calvados),
France . G juillet 1890.
ROEST (Tliéod.-M.), directeur du Musée de la
Teyler Genootschap, président de la Société
néerlandaise de numismatique, Rapenburg,
3s, Leyde 5 juillet 1891.
5oo
TfOMS BT QUALITÉS. DATB DE l'ADUISSION.
MM.
llii^DEBRAND (Hans), secrétaire perpétuel de
l'Académie royale de Suède, directeur des
musées d'antiquités de l'État, Storgatan, 24, à
Stockholm 5 juillet i8gi.
LlTSCHIN VON EBENGREUTH (d"" ET PROF., CHEVALIER
Arnold), membre de l'Académie impériale et
royale des sciences à Vienne, ancien doyen de
l'université de Gratz, l'hiver : Merangasse, i5;
l'été : Quellengasse, 4, à Gratz (Autriche) . . 3 juillet 1892.
Papadopoi.i (le comte INicolas), sénateur, pré-
sident de la Société italienne de numismatique,
palais Papadopoli, Grand Canal, San-Silves-
tro, Venise — —
Laugier (Joseph), conservateur du cabinet des
médailles, rue Barthélémy, 32, à Marseille . . — —
Joseph (Paul), professeur, Schweizerstrasse, 70,
Sachsenhausen (Francfort-sur- M ein) 2 juillet iSgS.
Gnecchi (Francesco), directeur de la Revue ita-
lienne de numismatique, via Filodrammatici,
10, à Milan (Italie) — —
Imhoof-Blumer (Frédéric), à Winterthur
(Suisse) ler juillet 1894.
Deloche (Maximin), membre de l'Institut, rue
Herschell, 5, Paris — —
Bahrfeldt (Max), major au 79" régiment d'infan-
terie, Hannoversche Strasse, 7, Hildesheim,
(Hanovre) — —
VOM Ernst (le chevalier Charles), conseiller
supérieur des Mines de l'Etat, Ungargasse, 3,
Vienne (Autriche) — —
Snoeck (le chevalier Mathieu-Adrien), cham-
bellan de S. M. la reine des Pays-Bas, à
Hintham, près Bois-le-Duc ig juillet 1896.
5or
MEMBRES EFFECTIFS (t).
NOMS ET QUALITÉS. DATE DE l'ADMISSIOS.
MM.
Bethune (monseigneur le baron F.), chanoine et
prélat de Sa Sainteté, rue d'Argent, 40, à
Bruees . Fondateur.
Pety de ïnozÉE (J.), agent diplomatique et :
consul général de Belgique, à Sophia ... 4 juillet i852.
PiCQUÉ (Camille), conservateur du cabinet des
monnaiesetmédaillesà la Bibliothèque royale, 1
rue Dupont, 70, à Schaerbeek 8 juillet 1860.
DE NÉDOSCHEi, (le COMTE Gcorgcs), président de
la Société historique de Tournai, rue Becque-
relle, 3, à Tournai 5 juillet i863.
Vandew BnOECK {Edouard), rue du Com-
merce, 5o, à Bruxelles 3 juillet 1864.
DE Limburg-Stirum (le comte Thierry), séna-
teur, rue de la Loi, 166, à Bruxelles ... 7 juillet 18G7.
DE JoHGHE (le vicomte Itauilouiii ) , rue du
Trône, 60, à Ixelles 4 juillet 1869.
LiEDTS (le baron), archéologuc, rue de la Loi,
88, à Bruxelles 3 juillet 1870
DE Chestret de Uaneffe (le baron J.-IV.->I.-
Juies), membre titulaire de l'Académie royale
de Belgique, rue des Augustins, 3i, à Liège . 2 juillet 1871.
de Roissart (Amédée), conseiller à la Cour
d'appel, avenue de la Couronne, 12, à Ixelles. 7 juillet 1878.
CCMONT (Georges), avocat à la Cour d'appel, rue
de l'Aqueduc, 19, à Saint -Gilles- Bruxelles
(quartier Louise) 2 juillet 1882.
Bequet (Alfred), archéologue, rue Grandga-
gnage, 8, à Namur 6 juillet 1884.
(1) Le nombre des membres etiectifs est limité à trente-cinq.
Année 1896. 34
5 02
NOMS BT QUALITÉS. nATB BB t' ADMISSION,
MM.
Bethune (le baron Jean-Baptiste), membre de
la dépuration permanente, lo, rue Saint-
Georjcs, à Bruges 5 juillet i885.
Van Schoor (Charles), procureur général près la
Cour d'appel de Bruxelles, avenue Louise, gS,
à Bruxelles — —
Bahps (Constant), docteur en médecine, rue
Maegdendries, à Hasselt. . . — —
DE WiTTE (Alplionse), ingénieur, rue du
Trône, 49, à Ixelles 4 juillet 1886.
Pr!«y (E(lmond-Ph.-A.), ingénieur et échevin,
à Morlanwelz . . . . , 3 juillet 1887.
De Munter (Victor), agent de la Banque natio-
nale, rue Haute, 3o, à Audenarde — —
SuRMOKT DE VOLSBERGnE (le baron), sénateur et
bourgmestre, à Ypres 7 juillet 1889.
Van Eersel (le major chevalier Léopold-
Charles- Marie), chef d'état-major de la
2«= circonscription militaire, 70, Vieille Route,
Berchem, Anvers . 24 novembre 1889.
INaveau (Marccl-François-Léon), au château de
Bommershoven (par Jesserenj — —
C06EI.S (Paul), château de Boeckenberg, Deurne
lez-Anvers 6 juillet 1890.
Daniels (l'abbé Polydore), au château de Vogel-
sanck, par Zolder (Limbourg) — —
De Schodt (Georges), avocat, rue de Londres, i5,
à Ixelles 5 juillet 1891.
MOENS (Jean), avocat, à Lede, prèsd'Alost, Flandre
orientale. . . . , — —
Maver van den Bergh (le chevalier Fréd.), rue
de l'Hôpital, 21, à Anvers '. . . 3 juillet 1892.
DtJitois (Fernand), sculpteur et médailleur, rue
du Mont-Blanc, 69, à Saint-Gilles — —
5o3
KOMS KT QUALITÉS. BAIB DB l'aDMISSION.
MM.
Seei.dkaters (Emile), artiste-peintre, rue Pota-
gère, 123, à Saint-Josse-ten-Noode . . , . . 2 juillet i8g3.
ViSART DE BocARMÉ (Albert), rue des Aiguilles,
18, à Bruges — —
WALiiAERT (Em.), docteur en droit, rue Marie-
Thérèse, 71, à Bruxelles — —
Lemaire (Victor), médaiileur, 10, rue de la
Calandre, à Gand — —
W11-1-EMS (Joseph), notaire, à Saint-Trond ... 1" juillet 1894.
DE Ghellinck d'Ei.seghem (le comte Amaury),
1 3, rue de l'Industrie, à Bruxelles — —
TiNNE (O.), capitaine-commandant au régiment
des Grenadiers, 38, rue de Trêves, Bruxelles 7 juillet 1895.
Dei.beke ( a ) avocat, membre de la Chambre des
Représentants, i5, rue Bourla, Anvers ... — —
CORRESPONDANTS REGNICOLES (O-
Van Even (Edouard), membre titulaire de l'Aca-
démie royale de Belgique, archiviste de la
ville, rue des Bouchons, 6, à Louvain. ... 4 juillet 1869.
ou Chastel de la Uowakdekie (le comte AI-
béric), au château de la Havette, à Spa . . . 3 juillet 1881.
A i-viBi (Frédéric), attaché au cabinet des médailles
de l'Etat, rue Van Volsem, 17. à Bruxelles. . 5 juillet i885.
Van der Beken (Charlcs-Auffuste-Pierre).
contrôleur au change et au monnayage, etc.,
à l'Hôtel des Monnaies, rue de Moscou, i, à
Saint-Gilles (Bruxelles) 7 juillet 1889.
IJRBAN (Ernest), 81, rue du Trône, à Ixelles . 6 juillet i8go
SiBENAiiER (J.), conservateur du musée de l'Institut
archéologique d'Arlon, à Arlon — —
(1) Le nombre des correspondants regnicoles est limité à trente-cinq.
5 04
NOMS BT QUALITÉS. JIATK DE l'ADMISSION.
MM.
De Jaer (Léon), no, quai Orban, à Liège ... 5 juillet 1891.
Balmon-Vf.rsavel, chaussée de Courtrai, 367,
Saint-Pierre-Alost, à Gand 3 juillet 1892.
Gautier de Rasse (Léopold), avocat à la Cour
d'appel, i5, rue du Prince Royal, à Ixelles. — —
de Loê (le baron Alfred), secrétaire général de la
Société d'archéologie de Bruxelles, 11, rue de
Londres, à Ixelles. — —
Van Baemdonck, . avocat et bourgmestre, à
Beveren-Waes (Flandre orientale) ..... — —
Vervloet (Constant), notaire, place Saint-
Alphonse, à Roulers (Flandre occidentale) . . 2 juillet 1893.
Van der Stappen (Charles), statuaire, avenue de
la Joyeuse- Entrée, 21, à Bruxelles — —
Jooris (Franz), sous-lieutenant au i^r régiment
de Guides, boulevard de Waterloo, n» 5i, à
Bruxelles — —
Mergheianck (Écuyer Arthur), archiviste des
villes d'Ypres et de Furnes, rue d'Elver-
dinghe, no 1 , à Ypres — ^
Liégeois (Edmond), bibliothécaire de la ville,
35, rue au Beurre, à Ypres i»'' juillet 1894.
DONNET (Fernand), 22, Longue rue Lozane,
à Anvers — —
SiMONis (J.), docteur, à Jemeppe-sur-Meuse. . . 7 juillet 1895.
Van Malderghem (Jean), archiviste-adjoint de
la ville de Bruxelles, 26, rue Anoul, à Ixelles. — —
LOHBAERTS (Edmond), 146, Avenue des Arts,
à Anvers. — —
MOTAUX (Auguste), ingénieur. Boulevard du
Régent, 3 1*, à Bruxelles. . — —
5o5
NOMS ET QUALITÉS. DATE DE l'aDMISSIOB
MM.
Vermeylen (Franz), statuaire et médailleur, rue
des Récollets, 49, Louvain 7 juillet i8g5.
Lambo (l'abbé Aloïs), professeur au Petit Sémi-
naire, à Malines — —
Hermans (Charles), Canal des Brasseurs, 2g,
à Anvers. . — —
Bernays (Edouard), avocat. Avenue Van Eyck, 42,
à Anvers — —
FiscH (Paul), médailleur, 42, rue Antoine Dan-
saert, à Bruxelles 19 juillet 1896.
DE ViNCK DE Wii«»iE7.EEi,E (le baron), membre du
comité-directeur du musée du Steen, i3g,
avenue des Arts, à Anvers — —
BiGwooD, avocat, rue Washington, 3 (avenue
Louise), à Bruxelles — —
DE JoNGHE (le VICOMTE Eug.), 6o, rue du Trône,
à Ixelles — —
Mac Leod, professeur de botanique à l'université
de Gand, rue du Héron, 3, à Gand — —
ASSOCIÉS ÉTRANGERS (0.
MORIN-PONS (Henri), banquier, rue de la Répu-
blique, 2, à Lyon 3 novembre i856.
Madden (Frédéric-W.), esq. , membre de la
Société numismatique de Londres, 1 3, Grand
Parade, à Brighton 14 janvier i865
de Marsy (le comte Arthur), directeur de la
Société française d'archéologie, 26, rue Saint-
Jacques, à Compiègne 14 mai 1871.
Trachsel (le docteur Charles-François), nu-
mismate, Petit-riant Site, descente Mont-
benon, à Lausanne — —
(1) Le nombre des associés étrangers est limité à cent cinquante.
5o6
M OMS ET QUALITÉS. DATE DE l' ADMISSION.
MM.
SuDBE (L.), sous-directeur honoraire des mon-
naies, 3, quai Malaquais, à Paris 25 janvier 1876.
LEHMAni»! (baron von), lieutenant général, Adolfs-
allee, 7, à Wiesbaden 4 décembre 1877.
Du Lac (Jules), archéologue, 10, rue des Minimes,
à Compiègne 10 avril 1878.
Engel (Artbur), 66, rue de l'Assomption, Paris-
Auteuil 11 mai 1878.
RiGAUx (Henri), archiviste de la ville, mairie
de Lille (Nord). . 23 mai 1878.
ScHOLs(L.-P.-H.), docteur en médecine, à Maes-
tricht 10 août 1878.
VEnsiiEB (Achille), banquier, rue de Thion-
vilie, 34, à Lille 23 octobre 1878.
DE Grez (le chevalier Jcan- Marie- Hcnri-
Josepli), numismate, à Bois-le-Duc 4 février 1879.
DisSARD (Paul), conservateur des musées de la
ville de Lyon 5 juillet 1879.
Pnii.MPS J«- (Henry), Gare of the American
Philosophial Society, 1811, Walnut Street,
Philadelphia 10 juin 1880.
• Ehrensvakd (le comte Augustin), officier au
régiment des hussards de Scanie, à Liatorp. 17 mars 1881.
Weyl (Adolphe), directeur des Berlîner Mùn^-
blâtter, Adlerstrasse, 5, à Berlin, G. . . . 19 janvier 1882.
De Meunysck (Auguste), membre de la direction
du Musée numismatique, rue Masséna, 23,
à Lille 9 mars 1882.
Ouarré-Retbourbobi (L.), archéologue, boule-
vard de la Liberté, 70,3 Lille .... 2 mai 1882.
Terme (Georges), quai des Tanneurs, 3, à Liège. 6 mai 1882.
Andbé (Ernest), notaire, à Gray (Haute-Saône). 2 octobre 1882.
Cavalm (Gustave), pharmacien, à Skôfde (Suède). 9 août i883.
5o7
NOMS ET QUALITÉS. DATK DK I/'ADMISSIOR.
MM.
Wedberg (J.-O.), conseiller de justice, Stor-
gatan, 29, à Stockholm . 9 août i883.
BOM (Adrien), numismate, Keizergracht. 149, à
Amsterdam 20 janvier i885.
JoiiïvOT (Pierre-Charles), secrétaire du gouver-
neur général et du conseil d'Etat de la princi-
pauté de Monaco 27 avril i883.
DE Man (M"" Marie), rue Saint-Pierre, à Middel-
bourg (Zélande) . 3o mai i885.
Resier (Louis-Guillaume-Alexandre), référen-
daire près la Commission des monnaies des
Pays-Bas, Maliesingel, 20, à Utrecht .... 2 octobre i885.
IWyer (Isaac), membre de la Société numisma-
tique de Philadelphie, 21 East, 6oth street,
à New-York 3o novembre i885,
BuKOWSKi (H.), membre de la Société suédoise
de numismatique, Arsenalsgatan, 29, à Stock-
holm 7 janvier 1886 .
Germain (Léon), bibHothécaire-archiviste de la
Société d'archéologie lorraine, rue Héré, 26.
à Nancy. . . ... 14 avril 1886.
Cahn (Adolplie-E.), membre des Sociétés numis-
matiques de Vienne et de Munich, Niedenau,
55. à Francfort-sur-Mein: 4 juillet 18S6.
IIei.bikg (Otto), membre des Sociétés numisma-
tiques de Vienne, de Munich et de Suisse.
Maximilianstrasse, 32, à Munich — —
Santosi (le chanoine Milciade), professeur à
l'université de Camerino (Italie) ..... 7 novembre 1886.
IIermerei. (Jules), rue Oberkampf, i3, à Paris, 28 avril 1887,
Corbei,ijs-Battaerd (C.-H.-F.-A.), à Groenloo
(province de Gueidre) ... — —
5o8
sous ET QrALITSS DATE DE I.'AI>MI8SIOir.
MM.
ScHULMAN (J.), Langestraat F. 54, à Amersfoort
(Pays-Bas) 28 avril 1887.
Gnecchi (Ercole), directeur de la Revue italienne
de numismatique, \ia Gesù, S, a M'ûan (Italie). 4 juin 1887.
Storer (Horace-R.), président de la Société
médicale de Newport, Washington street, 58,
à Newport, Rhode-Island (États-Unis). ... 28 juin 1887.
Me Lachlaw (R.-'V^''.), Sainte-Monique street, 55,
Montréal (Canada) 3o juillet 1887.
Mazerolle (Fernand), archiviste de la Monnaie,
91, avenue Niel, à Paris 1er décembre 1887,
Kenner (le docteur Frédéric), membre de l'Aca-
démie impériale et royale des sciences de
Vienne, directeur du Musée impérial des
médailles et d'antiquités, Augustiner Gang, à
Vienne (Autriche) i3 janvier 1888.
Stephanik (Joh.-W.)? secrétaire de la Société
numismatique néerlandaise, Heerengracht,
23 1, à Amsterdam 26 août 1888.
Blanchet (J.-Adrien), bibliothécaire honoraire à
la Bibliothèque nationale, membre résidant
de la Société des Antiquaires de France, secré-
taire de la Revue numismatique, 164, boule-
vard Pereire, à Paris 23 novembre 1888.
Barozzi (Nicolas), ancien conservateur du Musée
Correr et directeur actuel des Galeries royales
de Venise, Palais ducal, à Venise 23 décembre 1888.
nE Ponton d'Amécourt (le baron R.), rue Saint-
Nicolas, 2, àSaint-Calais(Sarthe), France . . 6 février 1889.
Vallentin (Roger), officier d'Académie, receveur
des Domaines, à Saint- Péray (Ardèche),
France 28 septembre 1889.
Sattler (Albert), 7, Blumenrain, à Bâle (Suisse). 12 octobre 1889.
5 09
NOMS ET QUALITÉS. DATE DB l'ADMISSION.
MM.
SouTzo (Michel-C), Strada Romania, 4, à Bucha-
rcst (Roumanie) 12 octobre 188g.
Van Werveke (Nicolas), secrétaire de l'Institut
grand-ducal de Luxembourg i5 février 1890.
Ki;iPERs(II.), Wilhelminastraat, 46, Haarlem . . i5 mars 1890.
Nentwich (Joseph), rédacteur en chef des Mit-
theihingen des Clubs derMûn^- undMedaillen-
freunde in Wien, Auerspergstrasse, 2 1 , Vienne,
VIII (Autriche) — —
Stroehlin (Paul), président de la Société suisse
de numismatique, 86, route de Chêne, à Genève 7 juin 1890.
IIercolani (le prince), 144, rue de la Loi, à
Bruxelles — —
Meili (Julius), ancien consul de la Confédération
helvétique, à Zurich 4 novembre 1890.
de Palézieux Du Pan (Maurice), rue Bellot, 4,
à Genève 20 Janvier 1891.
RIayor (Jacques), secrétaire de la Société suisse
de numismatique, Chemin de Saint -Jean,
à Genève — —
Il0LLEBEKE(Paul),Grand'Place, à Bailleul(Nord),
France 27 février 1891.
BÉTHUNE (C*. G.), 25, rue Saint-Jacques, à Lille,
France 7 mars 1891.
Tolstoï (comte Jean), Académie impériale des
Beaux-Arts, à Saint-Pétersbourg — —
COMEz, docteur en médecine et officier d'Acadé-
mie, à Longwy (France) 1 5 mars 1891.
Ruijs DE Perez (Pierre-Jean-Iiaptiste) , rue
Joseph II, 26, à Bruxelles Si mars 1891.
BiERHAN (A.-E.), 18, Oudekerksplein, à Amster-
dam (Pays-Bas) 11 avril 1891.
Lankei.ma (P.), 3, Choorstraat, à Utrecht (Pays-
Bas) ' _ _
5io
NOUS BT QUALITÉS. BATli DE l'aDMISSIOK.
MM.
DE Gyselaar (le chevalier IVicolas-Cliarles),
docteur en droit, Arkelstraat (Gorcum) . 20 mai 1891.
VAN DER DOES DE "V\'"lLLEBOIS U-E CHEVALIER
P.-J.-J.-S.-M.), bourgmestre de la ville de
Bois-le-Duc i""" juillet 1891.
Van Meeuwen (le chevalier P.-Hl.-F.), vice-
président de la Cour d'appel, à Bois-le-Duc. — —
DE Marchévii.le (Marcel), ancien maître des
requêtes au conseil d'Etat, i38, boulevard
Haussmann, à Paris. ... .... 9 juillet 1891.
AMBROSOLi(Solon), conservateur du cabinet royal
des médailles de Brera, à Milan — —
RiGGAUER (Hans), conservateur en chef du cabinet
royal de numismatique, Neuhaùserstrasse, 5,
à Munich — —
BliARCARD (Louis), correspondant de l'Institut de
France, archiviste du département des Bouches
du Rhône, rue Silvabelle, 2, à Marseille. . . 24 juillet 1891.
(jENtim di RovEMiONE (le COMTE Tarquîiiio), à
San-Severino (Marche), Itahe 3o octobre 1891.
Chaix (Eugène), quai des Grands Augustins, 46,
à Paris .26 novembre 1891.
Uadberg (P.), conservateur du cabinet royal de
numismatique de Copenhague, Danemark. . — —
HÉNAVi.T (Maurice), archiviste municipal, place
d'Armes, i3, à Valenciennes 7 janvier 1892.
pRESL (Jeaii),Gumpendorferstrasse, 59, à Vienne.
VI, Autriche 2 mars 1892.
Geradts (J.) , au château de Terwinkel, à Poster-
holt, lez-Ruremonde (Pays-Bas) 24 avril 1892.
Castei>i.ani (Giuseppe), à Santarcangelo di Ro-
magna (Italie) 14 mai 1892.
5ii
NOMS ET QUALITÉS. DATE DJJ l'aDMISSION.
MM.
Heloring (O. g. h.), capitaine d'infanterie, Lan-
gesiraat, 3o, à Amersfoort (Pays-Bas) .... 21 mai 1892.
ViTAMNi (le CHEVALIER Ortenslo), via Vittoria, 81,
à Rome 2 juin 1892.
DE Casteixane (le comte), rue de Villersexel, 5,
à Paris ........ 7 juin 1892.
QuiNTAno (LéopohI), rue St-Michel, 3o, à Nancy. 28 juin 1892.
Sagnier (Alphonse), docteur en droit, rue Petite
Saunerie, 17, Avignon (Vaucluse), France. . 11 juillet 1892.
, Maignien (Edmond), conservateur de la biblio-
thèque de Grenoble, à Grenoble (Isère), France. — —
Ruijs DE Perez (Willie), rue Joseph II, 17,
à Bruxelles 22 août 1892.
RuGGERO (Gluseppe), colonel commandant le
9« régiment des Bersaglieri, à Florence (Italie). 14 septembre 1892.
IVERSEN (Jules), conseiller d'État, conservateur
en chef du cabinet des médailles au Musée
impérial de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg. 25 octobre 1892.
SvoRONOs (Jean-N.), directeur du Musée national
de numismatique, 21, rue Kolletis, à Athènes. 25 novembre 1892.
Uai'PAPORT (Edmond), banquier, Hallesche
strasse, 18, à Berlin 28 novembre 1892.
Troutowski (W.), secrétaire général de la Société
impériale d'archéologie et président de la
Société de numismatique de Moscou (Ber-
sénewka), à Moscou 12 décembre 1892.
Stenersen (le Dr L.-B.), directeur du cabinet des
médailles de l'Université, à Christiania (Nor-
wège) ... _ _
Hoffmann (Henri), rue Benouville, n, à Paris. i5 décembre 1892.
Marvin (W.-T.-R.), directeur de The American
Journal of ninnismatics, Fédéral street, -j'i, à
Boston (Massachusetts), U. S 26 janvier i8q3.
5 12
NOMS ET QUALITÉS. DATE DE L'ADMISSION-
MM.
DiûsiNC (Prof. D' Adalbert), à Quedlinburg. . . 26 janvier i8g3.
BORDEAL'X (Paul), avocat, 98, boulevard Maillot,
à Neuilly s/Seine, France 21 février i8g3.
VON HOFKEN VON HaTTINGSHEIM (lE CHEVALIER R.),
directeur de l'Archiv fur Bracteatenkunde ,
Feldgasse, 35, à Vienne (Autriche) 22 février iSgS.
Ter Gouw (J.-E.), Koningsstraat, 38, àHilversum
(Hollande septentrionale), Pays-Bas 25 février 1893.
ZwiERziNA (W.-R.-F.), receveur de l'enregistre-
ment et des domaines, à Ossprès Bois-le-Duc. 18 juin 1893.
Barbey (Maurice), cliâteau deValleyres (par Orbe),
canton de Vaud (Suisse) 20 juin 1893.
Oettinger (Si^i^mund), professeur, membre de la
Société américaine de numismatique et d'ar-
cliéologie, 107, East 45th Street, New- York. . 12 janvier 1894.
de Dompierre de Cha€Fepié(D.-H.-J.), directeur
du cabinet royal de numismatique , rue de
Java, 70C, à La Haye 17 mars 1894.
Bahrfeldt (docteur Emile), Tempelhofer, Ufer
3a, à Berlin 28 mars 1894.
ROSA (A.Iexandre), président de la Junta de
numismatica americana, 5^3, Galle Péru,
à Buenos-Aires n mai 1894.
Vam Eeghen '(Clir. J.), bourgmestre, à Putten
(Veluwe), Pays-Bas 19 juin 1894.
van Meeuwen (le chevalier Pierre-Louis), Ter-
w^eepark, 4, à Leyde (Pays-Bas) 21 juin 1894.
Speelman (chevalier M.-H!), Schotersingel , 11 ,
àHarlem 28 juin 1894
Van der Crab (A.-J.-E.), Bezuidenhout, 63^,
à La Haye 4 octobre 1894.
5r3
irOMS ET QUALITÉS. DATE DE L'ADMISSION.
MM.
Derome (Cil.), notaire à Ribemont(Aisne), France. 28 octobre 1894.
Vaw Lanschot, avocat, Kruisstraat, à Bois-le-Duc. 3 décembre 1894.
Kleinschiuidt (docteur Arthur), professeur à
l'Université, 20, Untere Neckkarstrasse, à
Heidelberg 5 janvier 1895.
FREDZE.SS (W.-.T), étudiant, Zoutmansstraat, 19,
à 's Gravenhage 21 janvier 1896.
Grossel (Arsène), Grand'Place, 20, à Bergues
Saint- Winoc (Nord), France i3 mai 1895,
Sassew (Auguste), notaire à Helmond (Pays-
Bas) 20 septembre 1895.
MuBARER Ghalib Bey, fonctionnaire à la Dette
publique ottomane, à Constantinople .... 9 janvier 1896.
Tachella (M.-D.-E.), conservateur du cabinet des
médailles, au Musée national, à Sophia. . . 25 février 1896.
Beelaerts van BrOKLAND (le chevalier), mem-
bre de la 2" chambre des Etats Généraux,
62, Koninginnegracht, à La Haye 19 avril 189G.
Hess (Adolpli), Nachfolger, Westendstrasse, 7,
à Frankfurt a/M . 21 avril 189G.
BUREAU DE LA SOCIÉTÉ PENDANT L'ANNÉE 1897 :
Président d'honneur à vie : .ligr le chanoine baron Félix Bktuvne.
Président : M. le vicomte B. de Jowghk.
Vice-Président : .... m. le comte Th. de E.iiiibi;bg-<^tiri;m.
Secrétaire : »I. X.
Bibliothécaire : «W. A. de %Vitte.
Trésorier : M. Ani. db Uoismart.
Contrôleur : M. Éd. Vanden Broeck.
COMMISSION DE LA REVUE PENDANT L'ANNÉE 1897 :
MM. le vicomte B. de Joivghe.
le comte Th. de Limrurg-Stirijm.
A. DB IViTTE.
5i4
SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE.
LISTE DES OUVRAGES REÇUS PENDANT LE 3« TRIMESTRE 1896.
Avis important : re» publicationni et len dons ileNtiiiéH à
la Société doivent, sans exception, être adressés à ill. Alph.
de IrYitte, liibliotliéealre de la Société royale «le nnniisnia-
tlque, Palais des Académies, à llruxelles.
Ouvrages périodiques.
Allemagne. — Blâtter fur Mûn^freunde, n"s 211 à 2i3, pi. I25. —
Numismatisches Literatur-Blatt, n^s gi-g2. — Niimismatisch sphra-
gistischer Ani^eiger, 1896, n^s 1 à 6. — Berliner Mûn:{blâtter,
n"s 182 à 184.
Amérique. — American Journal of nuynismatics, t. XXX, 1104;
t. XXXI, no 1.
Angleterre. — Monthly numismatic Circular, n^s 43 à 45. — The
Numismatic Chronicle, 1896, part. I et II.
Autriche-Hongrie. — Archivfûr Bracteatenkunde, Band III, liv. 9
à 1 1 . — Mittheilungen des Clubs der Mûn:{- iind Medaillenfreunde
in Wien, nos ya à 74. — Monatsblatt, n^^ 1 54 à 1 Sj — Ntimismatiscke
Zeitschrift, t. XXVII. — TFiadomosci niimi^matyc^no archeolo-
gic:^ne, n» 28. — Wy- Dawnictwo Academii umiejetnosci w. Kra-
koivie, wiek XIV.
Belgique.— Académie d'archéologie : .<4«Ha/es, t. XLIX, 2e livraison;
Bulletin, n° XXVII. — Bulletin de l'Académie royale, 1896, liv. 4
à 6. — Bulletin du Cercle historique et archéologique de Gand,
t. IV, no 2. — Annales de la Société d'Archéologie de Bruxelles,
t. V, liv. III et IV. — Revue bibliographique belge, 1896, n"' 5 à 6.
— Congrès de Tournai : Compte-rendu des travaux. — Annales de
la Société archéologique de Nivelles, t. VI, ire livraison.
Vrance. — Revue numismatique, 1896, 2« trimestre. ~ Annuaire de
la Société française de numismatique, 1896, liv. 2 et 3. — Anti-
5iS
quaires de France : Bulletin et Mémoires, années iSgS; Tables des
années 1807 à 188g. — Publications de la Société archéologique de
Montpellier, 2« série, n° 2. — Bulletin de la Société archéologique
de Tarn et Garonne, t. XXII et XXIII. — Bulletin de la Société
archéologique du midi de la France, no 16. — Bulletin delà Société
des antiquaires de Picardie, année i8g5, n°s 2 et 3. — Académie
d'Hippone : Compte-rendu, fin iSgS; idem, 1896, pp. i à vni. —
Société archéologique de l'Orléanais : Mémoires, t. XXVI, avec atlas ;
Tables des mémoires et Bulletins des années 18^8 à 1894. — Poly-
biblion, partie litttéraire, t. LXXVI, liv. 5 et 6, t. LXXVII, liv. 1 ;
partie technique, t. LXXVIII, liv. 5 à 7.
Italie. — Rivista italiana di numismatica, 1896, t. IX, fasc. I.
PayN-Bas. — Tijdschrift van het nederlandsch Genootschap voor
munt- en penningkunde, t. IV, 3^ livraison.
Portugal. — O Archeologo Portugues, vol. II, n°s 2 et 3.
i^nèdc. — Numismatiska Meddelunden, n° XIV.
Ouvrages non périodiques.
Ambrosoli. — Umberto Rossi : In memuriam. Milano, 1896, grand
in-80, 20 pages, vignette. (Hommage de l'auteur.)
Daremberg et Saglio. — Dictionnaire des antiquités grecques et
romaines, fasc. 22. (Hommage des auteurs.)
DE Barthélémy (A.). — Note sur l'origine de la monnaie tournois.
Paris, 1896, in-40, 14 pages. {Hommage de l'auteur.)
DE JoNGHE (Vte B.). — Un denier inédit de Pépin-le-Bref. Bruxellt s,
1896, in-80, 4 pages, vignette. {Hommage de l'auteur.)
De Munter. — La numismatique du jubilé de saint Rombaut à
Matines en 1775. Bruxelles, 1896, in-80, i5 pages, 2 vignettes. (Hom-
mage de l'auteur.)
DE Renesse (Qe T.). — Dictionnaire des figures héraldiques, t. III,
3® fascicule. (Envoi des éditeurs.)
DE WiTTE (Alph.). — Le développement de la science numismatique
en Belgique, i83o-i895. Anvers, 1896, in-80, 10 pages. (Hommage
de l'auteur.)
Geigy. — Gedruckte Schwei^er. Mûn:^mandate. Basel, 1896, in-8'',
120 pages, planches. (Hommage de l'auteur.)
Joseph et Fellner. — Die Mûn^en von Frankfurt-am-Main, 2 parties,
5i6
gr. in-8°. Frankfurt-am-Main, 1895 et 1 896, 680 pages et yS planches.
{Hommage des auteurs.)
Maxe-Werlv. — Un sculpteur italien à Bar-le-Duc en 1463. Paris,
1896, in-8°, 11 pages. {Hommage de l'auteur.)
PiETTE. — Etudes d'ethnographie préhistorique. Paris, 1896, in-8°,
24 pages, vignette. {Hommage de l'auteur.)
Snoeck (Chev.). — Twee gouden-bruiloftspenningcn van de familie
de Jong van Beek en Donk. Amsterdam, 1896, in-80, G pages, 1 pi.
— Deux jetons pour les noces d'or de Simon van den Bergh.
Bruxelles, 1896, in-8°, 3 pages. {Hojnmage de l'auteur.)
Stenersen. — Myntfundet fra GroesUd i Thydalen. Christiania,
1881, in-40, 74 pactes, VII planches. — Om et myntfund fra Ims-
land i Ryfylke. Christiania, 1889, in-8'', i3 pages, 1 planche. —
Om et myntfund fra Helgeland i /fo/e. Christiania, 1893, gr. in-80,
32 pages et IV planches.
Ouvrages anonymes et catalogues.
La circulaire numismatique tiniverselle, n^s i5-i6. — Numismatischer
Verkehr, 1896, n°^ 5 et 6. — Marchio et Mayer, Catalogo di monete
antiche, n° 9. — Numismasiisches Offerten-Blatt, n°s 36 à 38. —
Catalogue Wormser, n"s 4 et 5. — Catalogue Baer, livres de numis-
matique. — Collection Dumoulin; Collection van Ende. {Envoi de
M. Bom.) — Catalogue TFeigel, livres de numismatique. — Cata-
logue Cahn, n° 14. — Catalogue Schulman, n» XXXI. — Numis-
matische Correspo7iden^, n°s i5i à 154. — Auktions Katalog, de
Wevl, n° 143. — Collection G. de L.; Collection de la marquise
de X., 3 planches; Collection Lucien R.; Collection Victor M.;
Collection Courtin, 2 planches. {Envoi de M. R. Serrure.)
CABINET NUMISMATIQUE.
Don de M. A. de Witte.
Pieter d'or de Philippe le Bon, frappé à Valenciennes. — Pièce
de 120 grammi de Ferdinand II, roi des Deux-Siciles, i852.
Jeton de présence à l'assemblée générale du 19 juillet 1896.
Soit en tout : deux monnaies et un jeton.
Bruxelles, le 11 août 1896.
Le bibliothécaire-conservateur des collections,
Alphonse de Witte,
TABIE DES MATIERES.
mkhioires.
Trois monnaies liégeoises inédites, par M. le Vte B. DE JoNGHE. . 5
Restitution d'un florin d'or à Goedard, seigneur de Heijden, par
M. J. SCHULMAN 8
Histoire numismatique du Barrois {huitième et dernier article),
parM.L. Maxe-Werly 17
Les monnaies frappées à Avignon durant la vice-légation de
Mazarin (1634-1637), par M. R. Vallentin 43
Quelques sceaux, jetons et armoiries concernant les corporations
de médecins, chirurgiens, barbiers aux xvne et xvni» siècles, par
M. J. Chautard 78
Sceau, médailles et insignes des anciennes corporations armées
de la villede Hasselt, par M, le D"" G. Bamps 92
Le Florin dit « Strampraidsche Gulden », par M. Th. -M. Roest. gg
Un manuscrit de Peiresc du muséum Meermanno Westhrenia-
numà la Haye, par M. DE DoMPiERRE DE Chaufepié 107
Untriensmérovingieninédit, frappé à Huy, par M. Fréd. Alvin. i53
Monnaies contremarquées à Ypres par le seigneur de Mar-
quettes, superintendant du quartier d'Ypres (i582-i583), par
M. le Vte B. DE Jonche 162
Recherches numismatiques [troisième article), par M . A. de Witte 1 69
Pièces rares ou inédites, par M. G. GuMONT 188
Une médaille liégeoise inédite, par M. LÉON Naveau 2o3
Méreau gravé de la vieille gilde des arbalétriers de Bois-le-Duc
(1680), par M. le Jonkheer M. A. Snoeck . . . • 2u
Un denier inédit de Pépin le Bref (752-768), par M. le V*e B. de
JoNGHE 261
Année i8q6. 33
5i8
Monnaies des comtes de Limburg-sur-la-Lenne, par M. le
Qe Thierry de Limburg-Stirum ... - 205
Quelques monnaies rares ou inédites de la principauté d'Orange,
par M. Laugier , 291
La numismatique du jubilé de Saint- Rombaut à Malines en 1775,
par M. Victor De Munter 298
Le nom de Jésus employé comme type sur les monuments numis-
matiques du xv» siècle, principalement en France et dans les
pays voisins, par M . J. Rouyer. . 3i3
Poids antiques autonomes de Tomis, par M. Michel C. Soutzo. 389
Un denier à tête de Louis le Débonnaire frappé à Trévise, par
M. le D"^ J. SiMONis 394
Six monnaies liégeoises inédites, par M. Léon Naveau 397
Un esterlin au type anglais, frappé par Renard de Schônau
comme engagiste des a comtés » de Durbuy et de La Roche,
par M. le V^^ B. de Jonghe 407
Monnaies des comtes de Limburg-sur-la-Lenne {deuxième article),
par M. le C*» Th, de Limburg-Stirum 3 14
Médaille du comte et de la comtesse du Nord, dite médaille des
princes russes, gravée par Van Berckel en 1782, par M. A.
DE WiTTE 433
Le nom de Jésus employé comme type sur les monuments
numismatiques du xv« siècle, principalement en France et dans
lespays voisins {deuxième article), par M. J. RovYER .... 439
NECROLOGIE.
M. Butor, par M. A. DE WiTTE 216
Edmond Vanderstraeten, par M. V. De Monter 216
Ghalib Edhem Bey, par M. A. de Witte 218
M. Adrien-Juste Enschedé, par M. G. CuMONT 347
lflÉLA]\GES.
Une expertise de monnaies à Anvers en 1678, par M. F. Donnet.
— Subside accordé par la Chambre des députés de l'île de Crète
à M . Svoronos pour la publication de la seconde partie de la
5rQ
Numismatique crétoise ; note par M. A. de Witte. — Peintre
de faux monnayeurs, par M. F. Mazerolle. — Monete Romane,
par M. F. Gnecchi; compte rendu par M. A. de Witte. — La
vente des monnaies de la trouvaille de Niel, par M. G. Cumont.
— Démission de ses fonctions au cabinet national des mé-
dailles de M. A. Blanchet; note par M. A. de Witte. —
Annonce de la publication d'une histoire numismatique du
Dauphiné par M. R. Vallentin; note par M. G. Cumont. —
Trouvaille de monnaies romaines à Jupille, par M. le D^ Simonis.
— Tableau de l'augmentation de la valeur des espèces d'or
depuis 1489 jusqu'à 1749, par M. G. Cumont. — Proposition
de frapper des espèces de cuivre à Namur, au temps de l'em-
pereur Charles VI, par M. A. de Witte. — La date du décès
de Théodore Van Berckel, par M. G. Cumont. — Albert
de Saxe-Teschen et Marie-Christine, collectionneurs de mé-
dailles, par M. A. de Witte. — Trouvaille de Lokeren, par
M. G. Cumont. — Réponse à une question posée par
M. G. Cumont; note parM. A. de Witte.— Visite du grand-duc
et de la grande- duchesse Constantin de Russie et du prince
Nicolas de Grèce à la Monnaie de Paris. — Plaque pour la
régie des droits d'entrée et de sortie, par M. A. de Witte. —
Du prétendu monnayage mixte de Dieudonné d'Estaing,
évcque de Saint-Paul et de Charles VI, par M. R. Vallentin;,
compte rendu par M. G. Cumont. — Sveriges myni under
mideltiden, par M. H. Hildebrand ; compte rendu par
M. A. de Witte. — Une vente d'aurei romains à Paris, par
M. A. DE Witte. — Rapport pour l'année 1894 de M. de Dom-
pierre de Chaufepié, directeur du Cabinet royal des médailles
de La Haye; compte rendu par M. le Vte B. de Jonghe. —
Notizie storiche intorno alla instituzione délie officine mone-
tarie italiane, par M. G. Caucich ; compte rendu par M. A.
de Witte. — Sommaire des publications périodiques . . .
Monnaie de Bruxelles, 1895. Fabrication, par M. C. Van der
Beken. — Numismatique malinoise, par M. G. Cumont. —
Chronique : Quelques publications françaises récentes, par
M. le comte de Marsy. — La médaille donnée àColumbanus,
par M. G. Cumont. — Nouveau jeton au type de l'Oranger de
?20
la famille de Langhéac, par M. J. Chautard. — Mûnzge-
schichte der Schweiz von L. Coraggioni; compte-rendu par
M. A. de Witte. — Quelques médailles. Les méreaux des
pompiers de Weesp, par M. J.-E. Ter Gouw. — Histoire
de la monnaie, par M. W.-A. Shaw; compte-rendu par
M. A. de Witte. — A propos de l'ange d'or de Jeanne de Brabant ;
note par M, G. Cumont. — Une nouvelle publication de la
maison Spink ; note par M . A. de Witte. — Deux jetons pour
les noces d'or de Simon Van den Bergh et Elisabeth van der
Wielen, célébrées en novembre 1894, par M. le Jonkheer
M.-A. Snoeck. — Appel de M. A. de Witte à ses confrères. —
Chronique des ventes en Belgique, par M. A. de Witte. —
Réponse à M. Cumont, par M. A. de Witte. — Ajusteurs jurés
des poids et balances aux Pays-Bas autrichiens, par M. A. de
Witte. — Sommaire des publications périodiques 221
Documents relatifs à F. Harrewyn et à J. B. Marquart, par
M. G. Cumont. — Denier de Born publié par M. A. de Witte;
rectification par M. A. de Witte. — Droits d'entrée et de
sortie sous Marie-Thérèse, par M. G. Cumont. — Le mon-
nayeur franc sur la monnaie mérovingienne, par M. Louis
Blancard; compte-rendu par M. le V^e B. de Jonghe. — Die
Mûnzenunter der Regierung seiner Kais. u. Kôn.. Apostolis-
schen Majestat des Kaisers Franz-Joseph I, etc. von Heinrich
CuBASCH ; compte-rendu par M. A. de Witte. — Documents
relatifs à la médaille pour les représentants de Malines pen-
dant l'occupation française de 1792 à 1793, par M. V. Hermans;
résumé par M. G. Cumont. — Sceaux armoriés des Pays-Bas
et des pays avoisinants, par M. J. -Th. de Raadt; annonce de
cet ouvrage par M. J. Van Malderghem — Numismatique
malinoise : ateliers monétaires, par M. V. Hermans ; compte-
rendu par M. G. Cumont. — Liste des sceaux scabinaux de
Malines de 1445-46 à 1706-07, par M. V. Hermans; compte-
rendu par M. G. Cumont. — Le prix Duchalais est décerné à
M. de la Tour, bibliothécaire au Cabinet des médailles à Paris
et une mention spéciale est accordée à M. de Belfort; annonce
par M . le Vt^ B. de Jonghe. — M . J .Goemaere, imprimeur du Roi,
se propose de publier l'Histoire numismatique du royaume de
321
WestphaHe, sous le règne du roi Jérôme-Napoléon, par feu
M. le Comte Maurin de Nahuys ; annonce par M. A. de Witte.
— La monnaie de Jovinzieu ou Saint- Donat (894-1025?), par
M. Roger Vallentin; compte-rendu par M. G. Cumont. —
Bibliographie des travaux de l'Yédéric Soret, relatifs à la
numismatique; compte-rendu par M. J. Mayor.— Denier
royal et épiscopal frappé à Melle sous Charlemagne, par
M. Louis Blancard; compte-rendu par M. G. Cumont. — De
drie merkwaardige Schellingen : het Schild, het Lam en de
Gulden, etc. door M. A. Hollestelle; compte-rendu par
M. Seeldrayers. — Plombs des toiles de Courtrai et de Menin,
par M. A. de Witte. — Voyage de J.-B. Marquart à Paris,
pour l'étalonnement des poids des monnaies de Sa Majesté
aux Pays-Bas, par M. G. Cumont. — Les casques francs sur
les monnaies mérovingiennes, par M. Louis Blancard;
compte-rendu par M. le Vte B. de Jonghe. — Notes sur l'ori-
gine de la monnaie tournois,par M. A. de Barthélémy; compte-
rendu par M. A. de Witte. — Chroniques des ventes en Bel-
gique, par M. A. de Witte. — Sommaire des publications
périodiques 849
Refrappe d'anciennes monnaies pour l'exportation; note par
MM. E. Vanden Broeck et A. de Witte, — Concours de
médailles; communiqué par M. E. Vanden Broeck. — Un
sculpteur italien à Bar-le-Duc en 1463, par M. Maxe-Werly;
compte rendu par M. A. de Witte. — Monnaie obsidionale de
Maestricht; note par M. J. -Adrien Blanchet. — M. Charles
Dupriez entreprend la publication d'une Galette numisma-
tique; annonce par M. A. de Witte. — Gedruckte Schweizer
Mûnzmandate, par Alfred Geigy; compte rendu par M. Seel-
drayers. — Les monnaies romaines, par Adrien Blanchet ;
compte rendu par M. A. Witte. — Catalogue des monnaies
antiques de la Société archéologique de Montpellier, dressé
par M. Bonnet; compte rendu par M. A. de Witte. — Une
médaille brugeoise; note par M. É. Vanden Broeck. — Les
trouvailles de Graeslid, d'Imsland et d'Helgeland, par M. Ste-
NERSEN; note par M. A. de Witte, — Die Mûnzen von Frank-
furt-am-Main nebst einer mûnzgeschichtlichen Einleitung und
522
mehreren Anhàngen, von Paul Joseph und Eduard Fellner;
compte rendu par M. F. Alvin. — The mémorial of Edward
Jenner. par H. Storer ; compte rendu par M. A. de Witte. —
Les monnaies des ducs de Bourgogne, par Ed. de Luze ; compte
rendu par M. A. de Witte. — Un nuovo grosso di Gio Antonio
Falletti, par O. Vitalini ; compte rendu par M. A. de Witte. —
Chronique des ventes en Belgique, par M. A. de Witte. —
Communiqué de la direction de la Revue. — Sommaire des
publications périodiques 460
SOCIÉTÉ ROYALE DE nuiaisMATiQUE. — Extraits des procès -
verbaux :
Réunion du bureau du 21 septembre i8q5 148
Réunion du bureau du 9 janvier 1896 255
Réunion du bureau du 25 février 1896 255
Réunion du bureau du 18 avril 1896 879
Assemblée générale tenue à Namur, le 19 avril 1896, au musée
de la Société archéologique de cette ville 879
Réunion du bureau du 21 avril 1896 385
Liste des ouvrages reçus 149, 256, 386, 5i4
Cabinet numismatique . 1 5 1, 260, 388, 5 16
Assemblée générale ordinaire du 19 juillet 1896 482
Liste des membres de la Société au le"" octobre 1896 .... 498
Bureau de la Société pendant l'année 1897. . . . . . 5i3
Commission directrice de la Revue pendant l'année 1897. . . 5i3
Table des matières 5i7
Table des planches 523
523
TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES,
AVEC nENVOr AUX PAGES OÙ ELLES SONT EXPLIQUÉES.
Numéros Numéros
des des
figures. pages.
Planche I.
5.,
6.
7-
8.
5i
56
63
65
67
68
70
70
Planche II.
86
88
89
87
89
90
91
Planche III.
1 94
2 97
3 97
4 97
5 97
6 98
Numéros Numéros
des des
fîgures. pages
Planche IV.
169
173
175
178
179
182
i83
Planche V.
188
190
190
192
196
197
200
201
Planche VI.
2
3
4
5
6
7
8
4-.
5. ,
6.
7 •
8.
273
276
277
280
280
280
278
282
282
282
Vuméros
des
figures.
Numé^o^
des
pages.
Planche VII.
Il 284
12 288
i3 288
14 288
i5 289
16 289
17 289
18 289
19.. .. 289
20 290
21 290
22 290
Planche VIII.
291
292
294
206
Planche IX.
1 339
Pour les nos 2,
3, 4 et 5 voir
l'année 1897.
Pla.nche X,
J90
3go
Numéros
des
6gures.
3....
4...
Numéros
des
pages.
090
393
Planche XI.
1 398
2 399
3 399
4. . . . . 400
5 404
6 404
7 • 4o5
Planche XII.
23 4'4
24 414
25 415
26 415
27 416
28 424
29 • 424
3o 424
3i 425
32 42g
33 425
34 429
35 43o
36 43 1
Planche XIII.
6 439
7 457
RETOE BELGE DE NUMSMHTIQUE
S-liivalette^dBl' (i^sculp'
EEVUE BELGE DE NUWSMTIQUE, 1896
PL. Il
G^. Uavalette , Sel! âç ^culpî
EE'^AJE BELGE DE NUMIsMlICp. 1896-
PL m
C^-Livalette, del'à ^cu^'
REVUE BELGE D.
&. Ifds^htte ^ iel'^Srficdlp'
KEVUE BELGE DE NJJMlSMilTIOUE 1896
PL.V.
Q ■ Ls^rsihtte . iel^ é^ Scujpf
REVUE BELOE DE NUMISMiiTIQUE, :
PL VI
Thierry II
Thierry III
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REVUE BELGE DE NU7/SIS24RTIQUE, 1896
PL. VII
Guillaume i
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Q.L.avahch^ de!^ 6^ sculp ^
REVUE BELGE DE lUMISMHTIQUE.
PL VIII
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î^ i,a:v4lette , scalj'
REVUE BELGE DE l^IFiISMRTIQUE
PL. IX
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KhVUE BELGE DE NUMISMATIQUE 1896.
N? 1
PL.X
N» 4
poids: 212,2 fr
Q Ifaydette, dé'é^sa^f
REVUE BELGE DE NUMISMATIQUE 1896
PL. XI.
Q. Ifêoralette, dePée sclSp.
:,ïï BELGE DE UUMISMF.TIOUE 1896
PL.XJI
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•UILLAUME I C Suite )
(^lavéHeae. iel' é^ scalp'
EEVUE BELGE DE MMISMRTIQUE 1896
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TABLE ALPHABIÎTIOUE
DES
mm ÏOiOMES COMPOSANT LES TROISIÈME ET OMTRIlME SlEIES
REVUE NUMISMATIQUE
(4857-1868)
Par Alexandre PINCHART
CHEP DE BECIION AUX AKCHIVBS GÉNÉEAIES PU ROYAUME, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ
KOYALE DE NUMISMATIQUE BELGE, ETC.
BRtrX.EX.LES, 187S
Pour recevoir la table, il suffît d'adresser un bon de poste de
5 francs à M. Ed. Vanden Broeck, trésorier de la Société royale
de numismatique, rue dn Commerce, 50, à Bruxelles. 11 en est de
même pour la table des années 1842-1856,
On peut aussi souscrire, dès à présent, à la table des années
1869-1892 (en préparation) au prix de 10 francs.
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t. 52
Hevue belge de numismatique
et de sigillographie
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
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