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Full text of "Revue catalane"

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HANDBOUND 
AT  THE 


UNIVERSITY  OF 
TORONTO  PRESS 


REVUE  CATALANE 

TOME  XU   —  Année   1918 


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Tome  XII 


ANNÉE  1918 


lEVUE 
CATALANE 


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RGANE  DE 

V  SOCIÉTÉ 

ÉTUDES  ^S 

\TALAN£S 

PERPIGNAN 
IMPRJMERJE  COMET 

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MOV  2 1 1957 


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Table  des  Matières 


Liste  des  Membres,   i . 

Nécrologie,  8.  27,  65,  74,  236. 

Pages  choisies,   15,41,98,   145,   184,    189,  223. 

Atila,  20. 

Les  Catalans  illustres,  21. 

Livres  et  Revues,  44,  68.    120,   168,   188,  212.  236,   256. 

La  correspondance  de  Frédéric  Mistral,   104, 

Fédération  régionalistc  française,   143. 

Nos  hôtes,   144. 

Nos  amis  de  Catalogne,   144. 

Eglogues,   144. 

Les  premières  bibliothécaires  de  Catalogne,   149. 

Hospitalité  catalane.   i65. 

Association  régionaliste  du  Languedoc  Méditerranéen,   186 

Une  visite  à  la  maison  du  Maréchal  Joffre,   187. 

Une  distinction  méritée,   187. 

La  J^enaissance  Catalane  et  le  Régionalisme,   187. 

Notable  invent  d'un  català,   188. 

Les  deux  Marnes,   191. 

Manifestation  artistique  de  charité.  212. 

Academia  y  Felibrige  rossellonenchs,  21  3. 

Y  En  Joffre  ?  242. 

Une  heureuse  pensée  d'Apeles  Mestres,  243. 

Echos,  255. 

Exposition  Manalt,  274. 

Aragon  (Henry).  —  Documents  historiques  sur  la  ville  de  Perpignan  : 
1.  Criées  concernant  les  places  et  marchés  de  Perpignan  (suite),  9. 
]].  Reconstruction  des  marchés  ;  Marchés  secondaires.  29. 
]]].  Les  rues  de  Perpignan  à  la  fin  du  xvin'  siècle  :  l'embellisse- 
ment et  l'alignement  des  rues,  5i. 
IV.  Le  théâtre  de  la  Loge  de  mer  ou  l'ancienne  salle  du  Consulat 
de  mer,  57. 


^ 


V.  Criées  concernant  les  moeurs  populaires  au  xv'  siècle,  y5. 

VI.  Ordonnances,  lettres  patentes  du  roi  Martin,  mandements 
relatifs  au  droit  d'être  «  habitant  de  Perpignan  »,   io5. 

Vil.  Les  Jardiniers  de  la  ville  de  Perpignan  sous  les  rois  d'Ara- 
gon.   l32. 

VIII.  Notes  relatives  au  tombeau  du  roi  Sanche  ;  aux  cloches  et 
au  clocher  de  Saint-Jean  ;  au  trésor  de  la  chapelle  du  château 
des  rois  de  Majorque  ;  aux  biens  de  la  Communauté  de  Saint- 
Jean  de  Perpignan,   154. 

IX.  Le  régime  du  vin  en  Roussillon  du  xiii'  au  xv'  siècle,   176. 

X.  Droit  de  rèvc  et  de  haut  passage.  Ordonnances  relatives  à  la 
franchise  des  marchandises  importées  à  Perpignan  ou  exportées 
du  Roussillon,   196. 

XI.  Transit  des  marchandises.  Ordonnances  relatives  à  l'exporta- 
tion et  au  droit  de  transit,  impôt  sur  les  importations.  Permis 
de  franchise  concernant  les  draps.  Interdiction  d'exporter  des 
chevaux,  224. 

XI I.  Pragmatiques  sanctions  du  roi  Alphonse  d'Aragon  relatives 
aux  montures  des  gens  de  la  maison  du  roi  et  de  ses  vassaux,  244. 

XI II.  Criées  concernant  les  paons  du  Château  royal,  248. 

XIV.  Criées  royales  au  sujet  des  Juifs  de  Perpignan.  Ordon- 
nances relatives  aux  jeux  de  hasard,  263. 

Bauby  (Charles).  —  Que  vingui  la  pau,  40. 
Bergue  (Paul).  —  Patrô  de  vida,  5. 

La  pau  del  llop,  2  i . 

L'home  enemic  de  la  naturalesa,  48,  87. 

Himne  del  gall  Cantaclar  al  sol,   129. 

Quan  tornarà  al  Pais,   169. 
Chauvet  (Horace}.   —  Ay  !  vina  rossinyol,   ijS. 
Esteve  Fi  (L').  —  La  Cigala  y  la  Formiga,  95,   117. 
Francis  (P.).  —  L'art  d'En  Manalt,  28. 

La  Colonie  antique  de  Ruscino,  64. 

Contrapas,  2  5o. 
Gibrat  (Joseph).  —  La  seigneurie  et  la  paroisse  de  Serralongue,   1  19,  i23, 

lOD,   172,   190,  214,  25i,  275. 
Grando  (Charles).  —  Atila,  22. 

A  Joffre  immortal,  45. 

Ma  llengua,  73. 

La  Versification  de  Frédéric  Mistral,  i3o. 

Sang  en  rovell  d'où,    i53. 

La  Renaissance  Provençale,  218. 

Resurreccio,  237. 


—   Jll    — 

Grande  (  Ch.  )  (suite).  —  La  tradition  locale  et  la  Revue  de  l'Eldorado,  259. 

En  Trufeta  y  la  Victoria,   273. 
Janicot  (Albert).  —  Salut  al  Rossellô,  66. 
Lacvivier  (R.  dei.  —  Quelques  noms  de  plantes  et  synonymes,  24,  46,   90, 

i>4,   141,  i5o,   i85,  210,  219,  254,  279- 
Lagarde  (  Edmond).  —  Abrégé  des  règles  tactiques  du  Félibrige,  98. 
Massé  y  Ventés  (Joseph).  —  Estances  à  l'infermera,   121. 

Monsenyor  Carsalade,   146. 
Mestres  (Apelesj.  —  Une  strophe  finale  à  la  Marseillaise,  243. 

Aima  Mater,  257. 
Perez-Jorba  (J.)  —  Gatimells,  39. 

L'avié,  235. 
Real  (Caries  de  la).  —  Littérature  roussillonnaise,  41. 

Sympathies  catalanes,  63. 
Riols  (F.).  —  La  1000*  de  Terra  Baixa,  5o. 
Ripert  (Emile).  —  Au  pays  de  Joffre,   171. 
Salvat  (Fr.U  —  Cançé  de  soldat,  217. 

Sarrète  (Jean).  —  La  Renaissance  Catalane  à  l'école  de  Mistral,  240,  260 
Thiers  (F. -P.)  —  Une  basilique  latine  du  v'  siècle,   17,  42,  66,  70. 
Toinas  i  Salvany  (Joan).  —  L'aucell,  69. 


ILLUSTRATIONS 


Portrait  de  Guimera,  44. 
No  passaran  1  97. 


12' Année.    N' 135  15  Janvier  1918 

Le5    Manuscrits  non  insères  ^^  ^P^^F  W  4  V^ 

ne  son:  pas  rendue.  M^ta  M^*   ^m      ï.   J  M^^ 

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Lrs  Articles   parus  aans  ia   Revue  W  "^    ^^   ^^^   .^V     ■  ^%     |^|    M^'' 

n'engagent  que  leurs  auteurs.  ^M^A    A    A    A    Jk  A^A    «•  A  ^  4k^ 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  ;  iO  fr.  par  an. 

LISTE 

DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 

au  1  "  janvier  1918. 

MM. 

1908.  Abat,   11,  rue  d'Alésia,  Paris. 

1915.  Aladern  Joseph,  52,  Universitat,  Barcelone. 

1906.  Albar  Félix,  chef  de  bataillon  en  retraite,  place    Grëtry,   Perpignan. 

1914.  Alcantara  I  GusART  M.,  publiciste,  Corts  Catalanes,  .^49,  Barcelone. 

1906.  *Amade  Jean,  caporal-interprète.  Presse  étrangère,  rue  François  1",  3, 
Paris  {VUl*). 

—  "Aragon  Amédée,  rue  Saint-Dominique,  4,  Perpignan. 

1914.  *Aragon  Henri,  propriétaire,  à  Château-Roussillon,  près  Perpignan. 

—  Arqués  Ramon,  notaire.  Les  Borges  d'Urgel!  (Lleyda). 
1917.  Artus  Georges,  place  du  Marché-Neuf,  Perpignan. 

—  AsPAR  Jean,  rue  de  l'Enfer,  4,  Perpignan. 

1910.  AuRiOL  George,  banquier,  rue  Font-Froide,  Perpignan. 

1908.  Aymar  Joseph,  chanoine  honoraire,  curé-archiprêtre  de  Prades. 

1906.  Badua  J.,   192,  boulevard  de  Charonne,  Paris. 

—  Baille  Léon,   architecte,  rue  de  la  Fusterie,  Perpignan. 

1912.  Batlle  Antoine,  propriétaire,  place  de  la  Liberté  igare),  Perpignan. 

1917.  Bausil  Albert,  infirmier,  hôpital  militaire  d'Amélie-les-Bains. 

—  Bauby  Charles,  à  Prades. 

--  Blanic  Jean,  rue  Mailly,   18,  Perpignan. 

1908.  Bergue  Paul,  conducteur  principal    faisant  fonctions  d'ingénieur  des 
Travaux  publics,  à  Hanoi  iTonkinj. 

1906.  Bibliothèque  Municipale.  Perpignan. 
J912.  Bibliothèque  de  lUniversité,  Montpellier. 

—  Bibliothèque  Populaire,  Céret. 

1907.  Blancou  Gabriel,  avocat,  rue  des  Trois-Rois,  3o,  Perpignan. 

Les  noms  précédés  d'un  astérisque  sont  ceux   des  membres  du  Conseil  d'administration. 


1906.    *Boix  Emile  (docteur),  avenue  Mozart,  9,  Paris. 
1918.    Boixo  Edmond,  ingénieur  à  Vernet-les-Bains. 

1906.  •BoNAFONT  Joseph,  chanoine  honoraire,  Félibre  Majorai,  curé-doyen 

d'Ille-sur-Tet,  Vtce-Prèsident. 

1907.  BiuAL  Pierre,  chanoine  honoraire,  curé-doyen  de  Millas. 

1917.  Bringuier  (M"'),  Directrice  de  l'Ecole  Normale  d'Institutrices,  rue 

Valette,  Perpignan. 

1914.    Brousse  Emmanuel,  député  des  Pyrénées-Orientales,  Paris. 

1908.  DE  Çagarriga  Henri,  propriétaire,  château  de  la  Grange,  Saint-Génis- 

des-Fontaines. 

1906.   Calmette  Joseph,   professeur  à  la  Faculté  des  Lettres,  Toulouse. 

1918.  Calveyrach  Just,  boulevard  des  Pyrénées,  maison  Pares,  Perpignan. 
1906.    'Campanaud   Laurent,    propriétaire,    rue    Petite-la-Réal,    Perpignan, 

"Président. 
1917.    Cantagrill  (M'"),  école  Voltaire,  Perpignan. 
—       Capdeville  (M"'),  Ecole  Normale  d'Institutrices,  Perpignan. 

1916,  Carcassonne  Henri,  rue  Cloche-d'Or,  Perpignan. 

1906.   DE  Carsalade  du  Pont  Julcs  (Mgr),  évêque  de  Perpignan. 

—      Caseponce  Etienne  (abbé),  collège  «  La  Salle  »,   carrer   Univcrsilat, 
52,  2°,  2"'',  Barcelone  (  Espagne). 

1917.  Castanyé  I  Prat,  55,  Vallirana,  pr"',  Barcelone. 
1909.   Catel  Jean,  Bagnols-sur-Cèze  (Gard). 

1906.  *CoMET  Joachim,  Imprimerie  Catalane,  rue  de  la  Poste,  Perpignan. 

1916.  Conte    Joseph,    Quartier-maître,   T.   S.    F.,   à  bord   du   Trehouari, 

Toulon. 

1912.  Créance,  avocat,   1  i,  rue  Notre-Dame-de-Lorette,  Paris. 

1909.  CuiLLÉ  Joseph,  propriétaire,  rue  Manuel,  Perpignan. 
191  1.  Dalbiez  Victor,  député  des  Pyrénées-Orientales,  Paris. 

1910.  David  d'Orimond,  3i,  quai  de  Lorraine,  Narbonne. 

1917.  Delfau  Louis,  artiste  peintre,  rue  du  Théâtre,  Perpignan. 

1907.  Delmas  Joseph,  capitaine  au   100'  d'infanterie,  Tulle  (Corrèze). 
—  Drancourt  Emile,  avenue  de  la  Gare,  Perpignan. 

1912.    Dumayne,  pharmacien,  quai  Vauban,  Perpignan. 

1906.    Durand  Laurent,  agent  d'assurances.   Rue   Grande-la-Réal,   28,   Per- 
pignan. 
1917.    Elèves  de  l'Ecole  Normale  d'Institutrices,  Perpignan. 

1916.  EspiE  (M"*  A.  d'j,   femme  de  lettres,   rue  Hégésippe-Moreau,    i5, 

Paris. 

1908.  EsTÈvE  de  Bosch    Xavier,    général    de   brigade,    rue   du    Mail,    83, 

Angers. 

1917.  Fabre,   aide-major   médecin-chef,   dépôt  de  remonte   B,   Tricouville, 

par  Ernecourt  (Meuse). 
1908.    Falcon,  chef  de  bataillon  en  retraite,  place  Arago,  Perpignan. 


—  3  — 

qtj.    FoucHÉ,  professeur  à  Saint-Louis,  Perpignan. 

916.  Foyer  du  Soldat,  2'  étage  du  Castillet,  Perpignan. 

915.  'Francis  P.,  5,  rue  de  l'Avenir,  Perpignan,  Trésorier. 
906.    Freixe  Jacques,  homme  de  lettres.  Le  Perthus. 

917.  Gau  Henri,  brigadier,  209"  d'artillerie,  24'  batterie.  Armée  d'Orient, 

Secteur 
906.   GiBRAT  Joseph  (abbe),  cure-doyen  de  Prats-de-MoUo. 

912.  'Grando  Charles,  rue  des  Augustins,  3y,  Perpignan.  Secrétaire  générât. 
910.   Granier  (abbcf,  curé  de  Lamanère. 

906.   Gravas  Charles,  notaire,  Prades. 

—  Guiu  Charles,  percepteur,  Latour-de-France. 

913.  Henry  Alphonse  (abbé),  à  Ille-sur-Tet. 

917.   Institut  d'Etudes  Méridionales,  Université  des  Lettres,  Toulouse. 

913.  Janicot  Albert,   employé  à   la  grande  vitesse,   48,  route  de  Prades, 

Perpignan. 
906.   DE  Lacvivier  Raymond,  propriétaire,  Elne. 

917.  Laudié  Louis,  sergent  vaguemestre,   12'  d'infanterie.  Secteur 

—  Lanquine  Clément,  principal  du  Lycée  d'Epernay  (Marne). 

—  Manalt  Célestin,  sculpteur.  Pont-rouge,  Perpignan. 
906.   Marie  Emile,  propriétaire,  Prades. 

914.  Maséras  Alfons,  homme  de  lettres,  4,  plassa  Universitat,  Barcelone. 
906.   Massot  Joseph  (docteur),  place  d'Armes,  Perpignan. 

918.  Massot  Joseph-Paul,  avocat.  Le  Boulou. 

906.  MoREL  Marcel,  négociant,  rue  Grande-la-Réal,  Perpignan. 
910.   MucHART  Henri,  avocat,  boulevard  Montparnasse,   145,  Paris. 

916.  Nérel  Léon,  député  des  Pyrénées-Orientales,  Paris. 

907.  Pages  Raymond,  domaine  des  Garrigues-du-Tanary,  Palau-del-Vidre. 

917.  Paillissé  Eugène,  sous-lieutenant,   i  i  3' d'artillerie  lourde,  8' pièce. 

Secteur 

916.  Palau  Alexis,  propriétaire,  place  des  Esplanades,  Perpignan. 
907.   Pams  Jules,  ministre  de  l'Intérieur,  sénateur  des  Pyr.-Or.,  Paris. 

917.  Pams  François,  avenue  de  la  Gare,  70,  Perpignan. 

906.  'Pastre   Louis,   instituteur,   école  Paul-Bert,   Perpignan,  .Archiviste. 

—  *Payré  Joseph,  avoué,  rue  de  la  République,  Perpignan. 
910.  Peix  Victor,  industriel,  Millas. 

—  *Pépratx  Justin,  notaire,  rue  Alsace-Lorraine,  Perpignan. 

906.  Pons  Joseph,   agrégé  d'Espagnol,  professeur  au  lycée  d'Angoulême, 

prisonnier  de  guerre  en  Allemagne. 
917.   Portet,  éditeur  de  musique,  rue  Argenterie,  26,  Perpignan. 
9!0.   PujET  Eugène,  cité  Bartissol,  Perpignan. 

907.  PuiG  Joseph,  directeur  des  établissements  Vallaert  Frères,  64,   bou- 

levard Sébastopol,  Paris. 


—  4  — 
1910.    PujARNiscLE  Victor,  industriel,  San-Feliu-de-Guixols   (Espagne). 
191b.    Rameil  Pierre,  député  des  Pyrénées-Orientales,  Paris. 

Respaut   Georges,    Ambulance   chirurgicale,   automobile   n°    1  i  ,   par 

rue  Pinel,  2  i  ,  Paris. 
910.    RiBEiLL,  contrôleur  des  douanes,  Port-Vendres. 
916.    RiPERT  Emile,  2'  Sous-Intendance,  Constantine. 
912.   RocARiEs,  avocat,  quai  Vauban,  Perpignan. 
918.    Rousse  Isidore,  épicier,  route  de  Saint-Estève,  Perpignan. 
914.   T^oussillon  (l'Amicale  le),   i,  rue  St-Denis,  Brasserie  Dreher,  Paris. 

908.  RozÈs  Numa,  propriétaire,  Saint-Hippolyte. 

910.    Saisset  Lion,    juge   d'instruction,    avenue    du    Chemin    de    fer,   3o, 

Fontainebleau  (Seine-et-Marne). 
916.   Salgas  (M""'),  institutrice,  Rivesaltes. 

906.  Salsas  Albert,  receveur  de  l'Enregistrement,  Castres  (Tarn). 

909.  Salvat  Louis,  curé  de  Trouillas. 

916.  Salvat   François,   soldat  téléphoniste  au  40'  d'infanterie,  C.  H.  R., 

Armée  d'Orient.  Secteur  postal 

917.  Société  Agricole,  Scientifique  et  Littéraire,  Perpignan. 

91  j .   SoLÉ  Y  Pla  Joan  (doctor),  Ronda  de  San  Père,  6,  Barcelone  (Espagne). 
916.   SouBiELLE,  professeur  d'espagnol,  rue  Vauban,  Perpignan. 

907.  SuDRiA,  lieutenant  d'Artillerie,  26,  rue  de  Staël,  Paris  (XV'). 

909.  Suzanne  François,  69,  rue  de  Richelieu,  Paris. 

916.  Taix  Sauveur,  rue  Jean  Dupuy,  74,  Hanoï  (Tonkinj. 

917.  Tavera,  Préfet  des  Pyrénées-Orientales. 

906.  Tisseyre  Jacques,  rue  Grande-la-Réal,  35,  Perpignan. 

910.  Thomas  Romain,  professeur  en  congé,  Collioure. 

907.  ToDESco  Venanzio,  professor,  Bassano,  Vicenza  (Italie). 

906.  Tresserre  François,  mainteneur   des  Jeux   Floraux,  65,  rue  Alsace- 
Lorraine,  Toulouse. 

—  Trullès  Ferdinand,  notaire,  llle-sur-Tet. 

—  *ViDAL  Pierre,  bibliothécaire  de  la  Ville,  rue  Petite-la-Réal,  Perpi- 

gnan. 
■007.  Vilar   Edouard,   sénateur  des  Pyrénées-Orientales,  7,  rue  Faustin- 

Hélie,  Paris-Passy. 
1917.    ViLLACÈQUE  Henri,  meubles,  rue  Mailly,  Perpignan. 
1910.   Villeneuve  (Marquis  Charles  de),  75,  rue  de  Prony,  Paris. 
1906.   *VioLET  Gustave,  sculpteur,  Prades,  "Vice-Président. 
1910.   Violet  (M"'  Veuve  Lambert),  à  Thuir. 
J906.  *DE  WiTTWER  DE  Froutiguen  Jules,  le   Boix-Saint-Sauveur ,  Prats-de- 

Mollo. 


PATRO  DE  VIDA 


Piadosament  a  l'anima  det  mataguanyat  pare. 

Desde  Texcclsa  estada,  ont  el  repos  frueixes 

i  la  Ditxa  en  sa  font, 
pare,  cscolta-m  !  Acosta-t  !  Imposa-m  les  meteixes 

mans  rudes  sobre  '1  front  ! 

Com  que,  viu,  d'aquells  fores  qui,  aixuts,  cara  severa, 

cuiden  obrâ  i  callâ, 
amorosit  reveia-m  la  Parla  verdadera 

del  teu  mon  de  dellà  ! 

Veus  ?  Mes  de  mitja-ruta  fêta,  ben  laç  m'assento. 

Els  goigs  ont  son  ?  Tantost, 
amb  la  tristô  a  reçaga,  devallaré,  ja  ho  sento, 

en  cluc  d'ull  l'ûltim  rost. 

Tôt  lo  que  he  pogut,  pobre  !  ho  he  fet.   L'aspra  pujada 

seguîa,  ilûs,  creient. 
]  vé-la  ail)  que  mimba,  la  vida  festejada, 

com  un  sol  decaient, 

com  sol  que  plé  de  fàstig  de  son  voltar  n'estigui 

i,  tôt  encortinat 
de  nûvols  melangiosos,  un  adeu  glacial  digui 

a  l'Home  înfortunat... 

—  L'enuig,  rancô  i  angoixes  que  traspasses  a  l'hora, 

fill  meu,  prou  les  conec. 

Doncs  confii  ton  anima,  puix  t'estic  a  la  vora, 

aquî  prop,  frec  a  frcc. 


—  6  — 

Com  ton  cor,  ta  ma  dôna-m  !  Ara  abdosets  fem  via  ! 

No  irem  al  Paradis  ; 
no,  fill  meu  ;  no  es  encara  per  tu  que  lluu  el  gran  die. 

Volem  cap  al  païs, 

vers  la  terra  volguda.  Ai  !  Dintre  '1  Cel  que  deixo 

estona,  i  ont  tornaré 

molt  trist,  si  una  deixalla  de)  mal  huma  pateixo, 

n'es  el  mal  d'anyorê... 

Ja  estem.  Aci,  en  el  poble,  sobre  *1  beat  domini 

de  ma  mera  aficiô, 

aci  't  daré,  puix  dubtes  de  com  ta  vida  fini, 

la  gran  Consolaciô. 

Aixampla  tes  parpelles,  com  si,  el  camp  que  enamora 

ta  enveja  desitgés 

de  cap  a  cap  gaudir-ne  d'un  sol  cop  !  Per  una  hora 

siguis  el  bon  Pages  ! 

Primer,  fill,  matineja  !  Quan  el  jornal  comença, 

ja  han  d'estar  ben  regats 

devesa,  hort,  colomina  i  feixa  de  ta  pensa, 

per  la  xardô  aixugats. 

L'ullal  de  la  Bellesa  te  vessi,  fresca  i  pura, 

l'aiga  a  raig  aixerit  ! 

que  la  bellesa  sola  assaona  i  mauura 

la  sèment  de  l'esprit. 

La  gleba,  aixî  espompida,  plantes  de  tota  mena 

a  pler  va  a  congriar. 

Aci  trauca  cogula  ;  alla  xeixa.  Ta  fena 

es  de  tria  i  triar. 

Brandant  amb  ma  robusta  l'aixada  trinxadora 

del  ver  Enteniment, 

cava,  fins  desarrelis  l'agram,  i  tira-1  fora, 

que  aprofiti  el  forment  ! 


-  1  — 

A  tu  d'eines  no  'n  falten.  Téns  els  llibres  de  ciencia  ; 

ells  son  de  seny  majô  ; 
amb  ells,  ratila  per  ratlla,  cobraràs  l'experiencia 

que  ai  camp  pouava  je. 

No  pot,  no  pot  errar-se  qui  amb  els  llibres  s'enginya. 

Perxô  s'han  de  fugî 
les  frévoles  fumeres.  Cada  any  poda  la  vinya 

del  fantasiôs  magî  ! 

Tant  brava  que  es  la  terra,  del  tronc  ixen  a  colles 

brots,  de  saba  goluts. 

Doncs  talla  a  ran  ;  no  't  requin  !  Fes  foc  de  branques  folles 

i  de  sarments  ramuts  ! 

Ja  veuràs  sus  la  soca  com  a  pinyocs  rosseja 

el  raîm  générés, 
quan,  a  l'agost,  al  pàmpol  acaricia  i  festeja 

el  sol  mes  amorôs  ! 

Prô  eternament  no  siguis  crisàlida  en  sa  capsa  ! 

Renova-t  tu  meteix  ! 
Per  dar-li  jove  força,  el  bon  dallaire  escapça 

l'herba,  a  mida  que  creix. 

A  cada  dall,  a  cada  podada  's  fortifiqui 

del  gallart  tronc  l'orgull  î 

Per  que  jamai  maloria  ni  pugé  te  s'hi  fiqui, 

cuida  tenir  bon  ull  ! 

1  s'aixeca  aleshores  per  tu  l'obra  suprema, 

fin  meu  :  al  fî,  te  cal 

arreplegar  amb  cura  ta  sega  i  ta  verema, 

tôt  el  preciôs  cabal. 

L'esplet  es  ton  bé  propi.  Qualsevulga  l'envegi, 

mostra-1  al  rededô  ! 

De  ta  noble  jornada  cumplerta  tothom  vegi 

el  ditxôs  gallardô  ! 


—  8  — 

Mes,  sa  tasca  diaria,  l'home  ans  de  tôt  ne  presi 

el  fitô  tant  sagrat  ! 
Que  colgui  esprit  i  anima,  o  vinya  i  camp  conresi, 

a  Déu  sapigui-n  grat  !... 

Aquî  esta,  fill,  la  parla  ximple  del  difunt  pare. 

Ton  cor,  sî,  si,  'm  respon. 
Ja  '1  sento.  Ai  !  fill  !...  Prô  mira  :  l'humanal  remor  para  ; 

callem  !  El  sol  se  pon. 

Aprop  de  la  finestra  de  la  sala,  en  la  calma, 

corn  antany,  en  la  pau, 

talaiem,  cotze  a  cotze,  com  diu  al  seu  reialme 

el  Sol  Tadeusiau  ! 

De  quin  solemne  incendi  l'astre  morent  corona 

la  serra  i  '1  plà  veî  ! 

Jamai  el  senyor  bisbe  en  mes  pomposa  trôna 

SOS  fidels  benei... 

Sera  l'adeu  del  pare.  Fill,  d'açô  fes  memoria  î 

Del  terrenal  sojorn 

ta  despedida  sigui  una  posta  de  gloria, 

auriola  d'un  bell  jorn  ! 

Pau  Berga. 

7  d'octubrc  1917. 


NÉCROLOGIE 

Nous  avons  le  regret  d'apprendre  la  mort,   à   Puycerda,   de  M.  José- 
Maria  Marty,  pharniacien,  qui  fut  maire  de  cette  ville. 

C'était  un  catalaniste  distingué,  un  francophile  ardent,  un  homme  de  cœur 
toujours  prêt  à  rendre  service,  et  la  7{evue  Catalane  avait  en  lui  un  lecteur 
fidèle  et  un  propagandiste  convaincu.  11  aimait  Perpignan  où  il  était  venu 
plusieurs  fois,  notamment  aux  fêtes  de  1910  où  il  montra  pour  le  félibrige 
un  amour  et  un  dévouement  extraordinaires.  C'était  aussi  un  ami  et  un 
admirateur  du  grand  poète  Jacinto  Verdaguer.  Sa  mémoire  sera  toujours 
vivante  dans  ce  coin  de  Cerdagne  qu'il  aimait  à  chanter  : 
Meytat  de  França,  meytat  d'Espanya. 
No  hi  ho  ajtra  »erra  com  la  Ccrdanya. 


.uQ £2  cfi  en  Pi^  rTi  f^  Pn  £Q  rrt  oS  i^  ci  oà  r*!  <^  fTi  ^^  frl  *^  *^  <^  fo  <NS  frt  /"q  pfi  r^  n^i  rfi  fn  <"o  nn  t^  /yi  f!n  r^  rrt  r>n  <t^  i*f^  c 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

4^^^^^  (SlfJTE) 

La  P lassa  de  la  Boheria  cr  la  P lassa  de  la  Pella  (  i  ) 

Je  ne  fais  que  mentionner  ici  ces  deux  marchés  importants, 
car  il  a  été  longuement  question  de  ces  deux  places  dans  le 
document  8  octobre  1 382  relatif  aux  clavaires  de  Perpignan 
[ordinacio  dels  consoh  sobre  les  botigues  de  la  Pella),  qui  interdirent 
de  faire  des  étalages  sur  la  «  carrera  major  que  parteys  de  la  dita 
Loga  e  va  à  la  plassa  de  la  Boheria  »,  11  a  été  également  ques- 
tion de  la  place  de  la  Pella  dans  un  autre  document  du  y  octo- 
bre i382,  au  sujet  de  la  transformation  des  boutiques  en  plein 
vent  de  la  place  de  la  Pella  {in  dicta  platea  de  la  Pellh)  (2),  et 
dans  la  sentence  arbitrale  du  3o  mai  i340,  relative  à  la  recons- 
truction du  porche,  entre  le  marché  ou  place  de  la  Pella,  qui 
devra  être  fermé  :  «  versus  plateam  Boerie  ». 

La  Place  du  Pont  «  d'En  Bas  Ht  » 

(Marché  aux  légumes) 

Plus  tard,  en  1422,  la  vente  du  jardinage  eut  lieu  sur  la  place 
du  «  Pont  d"En  Bastit  »,  d'après  l'ordonnance  du  bayle  de 
Perpignan,  George  Camprodon,  bourgeois,  et  sur  la  requête  de 
Pierre  Roure,  lieutenant  de  Barthélémy  Miralles,  procureur 
royal  des  comtés  de  Roussillon  et  de  Cerdagne. 

(  i)  Voir  J^evue  Catalane,  XI'  année,  n°"  129,  i3o  et  i32  :  Documents  histo- 
riques sur  la  Ville  de  Perpignan. 

(  2  )  Le  document  que  je  reproduis  à  l'appendice  porte  en  tête  :  Carta  del 
Procurador  T^eal  que  puguen  fer  botigues  de  Pella.  (Arch.  comm.,  Livre  vert 
mineur,  f°  280.)  —  La  Plassa  de  ta  Pella  était  située  au  point  de  rencontre 
des  deux  ruelles  de  la  "Brunateria  et  de  la  Draperia.  On  y  vendait  des  hardes  : 
c'était  le  principal  commerce  des  fripiers.  Du  mot  pella  est  dérivé  pellot 
(chifFon  ,  qui  a  donné  pc//aro/  1  chiffonnier  ). 


lO    

Voici  le  document  relatant  ces  criées  relatives  à  cette  vente  (i)  : 

23  mai   J422 

Die  sabbati  intitulata  XXlll  mensis  madii,  anno  a  Nativitate 
Domini  MCCCCXXI1-. 

Ara  aujats  que  mana  lo  batle  del  senyor  Rey,  per  utilitat 
comuna,  à  requesta  del  lochtinent  del  honorable  Procurador 
Reyal  e  d'En  Joan  Jorda,  maseller  de  Perpenya,  que  tots  aquells 
e  aquellas  qui  han  o  haurân  fruyta  o  ortalissa  per  vendre  en  la 
orta  o  termens  de  Malloles,  la  hagen  à  vendre  o  a  fer  vendre  à 
la  Plassa  del  Pont  d'En  Bastit,  sots  pena  de  x  ss.  per  cascun 
e  per  cascuna  vegada  e  de  perdre  la  fruyta  e  ortalissa,  sens  tota 
merçe  (2). 

Déjà  en  i3(^5,  les  tables  de  ce  marché  étaient  comprises  parmi 
le  revenu  annuel  qui  constituait  le  domaine  royal  de  Roussillon 
et  de  Cerdagne. 

En  ^et,  parmi  les  rendes  de  T\osselîo,  sous  le  roi  Jean  1"  d'Ara- 
gon, étaient  compris  les  Censés  de  les  taules  de  caulasseria  de  la 
Plaça  d'En  Bastit. 

Le  texte  dit  : 

Dels  dits  censés,  qui  se  solien  arrendar  cascun  any  v  llr,  es 
estât  fet  acapte  per  En  Bng  Maçana,  olim  Procurador  reyal  dels 
dits  comtats,  sots  cens  annual  de  m  11.  xv  s,  e  que  haie  a  tenir  en 
condret  les  dites  taules  de  la  Plaça  d'En  Bastit  e  sots  directa 
senyoria  del  dit  s.  rey  :  les  quais  111  11.  xv  s.,  reeb  vuy  lo  s.  rey, 
o  per  ell  lo  Proc.  reyal  dels  dits  comtats  que  vuy  es  (3). 


())  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  i32,  Registre  XV  de  la  Procuracio  real, 
P  10  v°.  Ce  document  indique  bien  l'orthographe  du  mot  dénaturé  de  ce  lieu 
désigné  aujourd'hui  sous  le  vocable  de  Pont  d'En  Yestit. 

(2)  Publicasse  cum  tuba,  per  loca  solita  dicte  ville,  preconitzationem 
sequentem.  (Arch.  des  Pyr.-Or.,  Ibidem.) 

(3)  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.   i55. 


1  1 


ha  Plassa  de  la  Pexoneria 

(Marché  au  poisson  et  aux  légumes) 

Inauguration  de  ce  marché  vers  i  298 
Criées  relalives  à  la  vente  du  poisson  (i526) 

Le  marché  de  la  Plassa  de  la  Pexoneria  avait  été  inau- 
guré à  la  fin  du  xin'  siècle  (i).  Ce  marché  servait  primitivement 
pour  la  vente  des  fruits  et  légumes  suivant  l'ordonnance  de  Jean 
Vidal,  batlle  de  Perpignan  (ides  d'octobre  de  l'an  1298)  :  Ordo- 
nament  co  negu  no  gaus  tener  ortalissa  ni  fruyta  de  la  Orta  Veyla 
sino  à  la  Plassa  nova  prop  lo  Rech,  ni  fer  legura,  ni  hom  de 
Perpenya  tener  peys  ni  vendre  en  la  dita  Plassa  Nova,  e  de 
tener  carn  assura. 

Cette  place  avait  été  créée  dans  un  double  but:  elle  était 
destinée  à  la  vente  des  légumes  et,  de  plus,  un  emplacement 
spécial  était  réservé  pour  la  vente  du  poisson. 

Ffo  adordonat  que  nul  hom  ni  nula  femna  no  gaus  tener  taula 
[de]  ortalissa  ni  fruyta  de  la  Orta  VeyÏÊl  (2)  sino  à  la  plassa  que 
ara  de  noel  es  feyta  prop  lo  J{ech...  Item  fo  adordonat  que  negu 
maseler  de  Perpenya  ni  d'autre  loch  no  gaus  tener  carn  assura, 
sino  a  la  d'amont  dita  plassa  en  les  taules  que  aqui  son  assignades 
a  tener  [carn]  assura,  sotz  pena  de  x  s. 

Une  ordonnance  relative  à  la  vente  du  poisson,  du  8  des  ides 
de  mai   1298,  confirme  bien  le  fait  (3). 

Le  i3  décembre  iSiy  (4),  le  roi   Sanche   de  Majorque   confir- 

(1)  Voir  plus  haut,  1{ev.  Cat.,  n"  i3o  et  i3),  ce  qui  a  trait  à  la  rue  de  la 
Poissonnerie  :  je  complète  ici  cette  étude  par  des  documents  inédits  relatifs 
à  ce  marché  ^criées  concernant  la  vente  de  ces  denrées j.  (Extrait  du  Manuaïe 
Curie.) 

(1)  La  Orta  Veyla  était  l'ancien  quartier  des  jardins  du  côté  de  Mailloles. 
Ce  nouveau  document  confirme  bien  la  création  de  ce  marché  dès  la  fin  du 
xiii'  siècle.  On  retrouve,  dans  les  documents  que  j'ai  transcrits  au  sujet  de 
cette  place,  des  formules  analogues. 

(3)  Voir  T^evue  Catalane,  n'  i3),  page  i  Sj. 

(4)  Vidimus  du  i3  juin  1393.  (Document  in  extenso  à  l'appendice.) 


1 1 


mait  les  conventions  faites  par  les  Procureurs  royaux  Pierre  de 
BardoII  et  Hugues  de  Cantagrill,  pour  l'établissement  à  Perpi- 
gnan, auprès  du  macellum  vêtus,  l'ancienne  boucherie  ou  Plassa 
del  macell  vella,  d'une  nouvelle  pexoneria  ou  marchi  au  poisson  (j)  : 
ce  marché  comprenait  seize  tables  et  trois  boutiques,  pour  les- 
quelles les  poissonniers  devaient  payer  un  cens  annuel  de  trente 
livres,  monnaie  de  Barcelone,  ainsi  que  les  droits  de  directe 
seigneurie,  de  lods  et  de  foriscap  en  cas  d'aliénation  ou  de  vente. 
Interdiction  absolue  de  vendre  du  poisson  hors  de  ce  marché, 
dont   l'accès  pour  la  vente  doit  être  toujours  libre  et  dégagé  (2). 

En  i3c)5,  le  roi  Jean  1"  (lo  Rey  En  Johan,  el  senyor  rey  ara 
régnant)  percevait  les  revenus  provenant  de  ce  nouveau  marché... 
ensemps  ah  les  leudes  del  pex  e  de  la  carn  e  ab  lo  taulage  de  la 
pexoneria  de  la  Plaça  nova  de  la  vila  de  Perpenya...  per 
rao  de  certes  pensions  annuals  de  censal  mort  que  'l  senyor  rey  vene  a 
les  dites  persones  (3). 

Quant  au  marché  de  la  poissonnerie  neuve,  il  était  affermé 
annuellement  40  livres  (4). 

Voici  un  document  fort  intéressant  relatif  à  la  vente  du  poisson 
sur  ce  marché  et  aux  conditions  exigées  pour  la  vente  de  cette  denrée. 

Criées  du  lieutenant  du  Procureur  J^oyal  des  comtés 

de  T^oussillon  et  de  Cerdagne 

concernant  la  vente  du  poisson  péché  dans  la  mer 

ou  dans  les  étangs  des  comtés  de  T{oussillon  et  de  Cerdagne 

Interdiction  ahsolue  de  vente  si  l'on  n'est  pas  «ver  habitant  de  Perpenya  »[S) 

3  juillet  I  526 

Ara  hoyats  que  us  mana,  notiffica  e  fa  à  saber  lo  honorable 
mossen  Gabriel  Vilar,  de  la  Regia  Thesauraria,  loctinent  en  lo 
offici  del  magniffich  Procurador  Real  en  los  comptats  de  Rossello 

(1  )  «  De  la  Piassa  dels  pexos  que  es  contigua  à  la  Plassa  del  macell  vella.  » 
(î)  Arch.   comm.,  Livre  vert  mineur,  tome  1",  f°  3i3. 

(3)  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.   i55,  P  2  1  . 

(4)  Del  dit  taulage  de  la  pexoneria  nova  de  Perpenya,  qui  se  solia  arrendar 
cascun  any  xl  llr,  lo  dit  senyor  (le  roi  Pierre  IV)  no  n  reeb  res,  per  ço 
com  es  obligat  e  ypothecat  a  les  dites  persones  per  rao  dels  dits  censals  o 
annuals  que  y  reeben.  (Archives  des  Pyr.-Or.,  B.   i55,  P  24.) 

I  5  )  On  peut  comparer  ce  document  à  celui  que  j'ai  transcrit  dans  le  n°  1  3  i  : 


—   i3  — 

y  Cerdanya,  à  instancia  e  requesta  del  Procurador  fiscal  del  Real 
Patrimoni  dels  dits  Comtats,  de  conseil  del  magniffich  misser 
Joan  Anthoni  Salvetat,  doctor  en  cascun  dret,  jutge  del  dit 
Patrimoni  Real  en  los  sobredits  Comptats,  à  tots  los  peixoners 
de  la  présent  vila  de  Perpinya  que  no  ni  haje  aigu  qui  gos  vendre 
pcix  en  la  peixoneria  de  la  dita  vila  si  donchs  ell  propriament  o 
aquell  no  havie  comprat  en  los  maritimes  o  en  los  stanys  dels  dits 
comtats  e  per  son  misatge  qui  continuament  menig  son  pa  y  son 
vi  e  prengue  son  loguer,  sots  pena  de  deu  Uiures  sens  ninguna 
mercé,  per  cascuna  vegada. 

Item,  mana  que  tôt  missatge  qui  stigue  ab  ningun  peixoner  de 
la  dita  vila  no  gos  comprar  peix  en  los  maritimes  e  stanys,  fins 
que  haje  jurât  en  poder  del  dit  Procurador  Real  o  son  loctinent, 
sots  la  dita  pena  sens  tota  mercé. 

Item,  mana  que  ningun  peixoner  de  la  dite  vila  no  gos  haver 
companyia  ni  hostalatge  de  ningun  hom  stranyer  per  comprar 
peix  en  los  maritimes  e  stanys,  sots  la  dite  pena,  sens  tota  mercé. 

Item,  mana  lo  dit  honorable  loctinent  de  Procurador  Real  que 
no  y  haje  nengun  que  haje  ni  gos  vendre  peix  en  la  peixoneria 
si  donchs  ver  habitant  de  Perpinya  no  es,  sots  la  dite  pena  sens 
tota  mercé. 

Item,  mana  à  tots  los  peixoners  qui  sien  tinguts  de  paguar 
leuda  que  ningu  no  gos  levar  los  diners  del  peix  que  venut  haurâ 
de  la  taula  fins  que  haje  paguada  la  leuda  (i)  al  cullidor  de  aquella, 
sots  la  dita  pena  sens  tota  mercé. 

Item,  mana  que  ningu  home,  de  qualsevol  ley,  stat  ho  condicio 
sia,  no  gos  mètre  peix  fresch  ni  salât  dins  la  vila  de  Perpinya, 
sino  que  leixa  al  portai  penyora  e  vingue  denunciar  al  cullidor 
de  la  dita  leuda  lo  peix  que  hi  haurà  posât  ;  e  lo  cullidor  farâ-li 
retre  la  penyora,  sots  la  dita  pena  sens  tota  mercé. 

Item,  mana  que  ninguna  persona,  de  qualsevol  ley,  condicio 
sia,  que  haje  mes  peix  salât  dins  la   dite  vila,   no   gos   vendre   ni 

Ordonnance  des   ides   de  juin    i3io.    Le  document  de   iSsé   est  beaucoup 
plus  complet  que  celui  de  i3io,  notamment  au  sujet  des  droits  de  leude. 

())  Il  est  regrettable  que  le  document  n'indique  pas  en  quelle  monnaie 
étaient  payés  les  tarifs  :  le  texte  primitif  de  la  leude  de  Collioure  (1249) 
indique  les  tarifs  en  Melgureses  ou  monnaie  de  Malgonne  ;  dans  le  ieudaire 
de  Tortosa,   ils  sont  marqués  en  sols  Jacques  ;  ils  furent  convertis  en  reals. 


—    14  — 

desliguar  e  destapar  aquell,  fins  que  los  cullidors  de  la  dita  leuda 
hajen  vist  e  comptât  sots  la  dite  pena  sens  ninguna  mercé. 

Item,  que  tota  persona  que  vuy  en  die  haje  peix  salât  axi  corn 
congre  sech,  merlus,  enguila  salada  e  tonina  salada,  ho  altre 
qualsevol  peix  salât,  de  qualsevol  manera  sia,  haje  à  denunciar 
aquell  als  cullidors  de  la  dita  leuda  dins  très  dies  primer  vinents, 
sots  la  dite  pena. 

Item,  que  tôt  corredor,  hostaler  o  qualsevol  altre  persona  que 
fassa  comprar  ni  vendre  peix  salât  o  fresch,  haje  denunciar  lo 
mercat  que  haurâ  fet  als  cullidors  de  la  dite  leuda  dins  très  dies 
après  qu'ell  dit  mercat  haurâ  fet,  sots  la  dite  pena  ;  de  les  quais 
penas  lo  denunciador  haurâ  la  terça  part,  e  lo  senyor  Rey  les 
dues  parts. 

Item,  que  tôt  peixoner,  de  qualsevol  condicio  sia,  haje  à  pagar 
leuda,  ço  es  lo  vint  e  sinqué  diner  de  tôt  aquell  peix  que  vendra 
en  manut  o  en  gros,  entorn  una  leugua  de  Perpinya,  axi  com  es 
contengut  en  lo  leudari  ;  e  aquell  que  vendra  en  gros  sia  tingut 
de  pagar  la  leuda  al  leuder  de  Perpinya  ;  e  aquell  que  vendra  en 
manut  do  la  leuda  al  hatlle  del  loch  hont  aquell  haurâ  venut,  sots 
pena  de  deu  liures,  sens  ninguna  mercé. 

Item,  que  tôt  peixoner  o  tôt  altre  home  qui  pas  peix  per  lo 
dit  leudari,  ço  es  una  leugua  entorn  de  Perpinya,  o  vena  o  no 
vena,  qu'ell  haje  à  denunciar  als  cullidors  de  la  dita  leuda  del 
peix,  sots  la  dita  pena,  e  paguar  del  peix  lo  vint  e  sinqué  diner. 

Y  que  no  se  hajen  a  fer  gabellas  ni  conventicules  tant  de  peix 
fresch  com  salât,  sots  la  dita  pena. 

Per  ço  lo  dit  honorable  loctinent  de  Procurador  Real,  ab  veu 
de  la  présent  publica  crida,  intima  e  notiffica  à  tothom  general- 
ment  les  dites  coses,  per  tal  que  de  aquellas  ignorancia  no  puguen 
allegar. 

Die  tcrcia  mensis  julii  DXXVl,  Anthonius  Nerol,  preco  publi- 
cus,  retulit  se  publicasse  per  loca  solita  presentis  ville  presentem 
preconitzationem. 

Testes,  discretus  Benedictus  Vila,  notarius,  Jacobus  Jaubert, 
clericus,   et  ego,  notarius. 

(A  suivre)  Henry  Aragon. 

Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  423,  Manuale  Curie,  registre  XIX,  f'  148. 


Pages  choisies 

La  llico  dels  ametllers 

Aquest  mes,  lo  bonich  son  eis  ametllers,  que  florexen.  Hi  hà 
un  esbogerrament  d'ignoscencia  en  el  florir  d'aquesTs  arbres.  Son 
valents,  com  hi  hà  mon  !  Sembla  que  no  sàpiguen  lo  que  's  fan. 
No  mes  que  tenen  pressa  per  florir  y,  au  !  a  florir.  No  s'atenen 
a  lo  qu'es  y  a  lo  que  ha  d'esser.  No  pensen  en  lo  lluny  qu'es 
encara  la  primavera,  ni  ab  els  frets  qu'encara  esperen.  No  tenen 
compte  a  fullar  primer,  tastant  els  ayres.  Sinô  que  's  veu  que  a 
mig  primer  son  se  desperten  ab  la  gran  frisança  de  florir,  y  sensé 
escoltar  ordre  ni  conseil,  se  llencen  alegrament  a  lo  que  '1  cor 
els  demana.  Se  Ueven  a  mitja  nit  ab  gran  gatzara,  com  infants 
per  anar  a  un  aplech. 

Oh  !  qu'expressiu  el  bon  temps,  quan  totes  les  fulles  comencen 
a  treure  '1  cap  y  tasten  l'ayre  per  assegurarhi  la  florida  !  Primer 
la  fulJa,  després  la  flor,  després  el  fruyt.  —  Tant  se  val,  tant  se 
val  ;  —  sembla  que  responen,  —  no  tenim  ara  '1  desig  de  florir? 
donchs  florim  !  Quan  ne  tinguèm  de  fullar,  fullarèm  ;  y  quan  de 
fruytar,  fruytarèm.  Per  que  forçosament  primer  axô,  y  desprcs 
allô  y  desorés  lo  altre  ?  Primer,  lo  que  primer  s'escaygui,  y  des- 
prés, segons  se  vagi  escayent.  —  Ah  !  cada  cosa  per  son  temps  1 
—  Sempre  es  temps  de  tôt,  quan  n'hi  hà  l'ansia  ! 

Y  un  demati  de  janer  sortiu  enfredolicats  a  la  finestra,  veyam 
si  neva,  y  us  trobèu  ab  la  florida  extesa  dels  ametllers  que  riuen  ! 
Y  aquella  rialla  vos  pren,  y  rihèu  ab  ells.  Vos  rihèu  del  fret,  y 
de  tôt  l'hivern,  y  de  la  neu  que  vinga,  y  de  la  mort  qu'espéra. 
Perô  no  ab  el  riure  amargant  del  cansat  de  viure,  ni  ab  el  riure 
satànich  del  soperb,  ni  ab  el  riure  estûpit  del  embriach,  sinô  ab 
el  riure  lluminôs  d'ignoscent,  per  qui  la  paraula  mort  no  té  cap 
sentit. 

Diu  que  'Is  pagesos,  quan  treuen  compte  dels  conrèus,  ja  des- 
compten  dels  ametllers  la  meytat  d'anyades  perdudes  :  descompten 
la  jgnoscencia  del  arbre.  Oh  1  el  bell  descompte  !  Y  diu  que,  aixîs 


—    i6  — 

y  tôt,  el  rcndiment  es  gras.  Ja  ho  veyèu  si  n'es  de  rica  la  ignos- 
cencia,  y  que  mesquins  davant  d'ella  ')s  comptes  segurs.  L'ametller 
es  esplèndit  :  ilença  les  flors  al  fret,  sensé  comptar  lo  que  n'esde- 
vinga  ;  y  ab  una  anyada  ensopegada  'n  paga  dèu  de  perdudes. 
Perque  la  flor  del  anhel  es  môlt  féconda. 

Jo,  del  ametller  ne  diria  l'arbre  de  la  llibertat  ;  y  'n  plantaria 
un  a  cada  casa  per  ensenyança.  Y  'Is  nostres  fîlls  naxerien  lliurcs, 
y  les  nostres  filles  desiliuradores  d'esclaus  :  dels  esclaus  del  ordre, 
dels  esclaus  de  la  prudencia,  dels  esclaus  de  la  mort. 

Figurèuvos  que  no  l'heu  sabuda  may  encara  la  follîa  dels  amet- 
11ers,  y  que  un  dia  us  emprendèu  d'una  noya  forastera,  riallera 
de  mena,  travessa  y  desembraçada,  de  môlt  bon  color  en  la  cara 
—  que  *m  sembla  que  la  veig  —  y  l'ull  brillant.  La  demanèu  per 
esposa,  y  ella  us  fa  que  si  ab  el  cap,  y  us  la  donen  ;  ja  es  vostra. 

Y  un  bon  matî  us  fa  una  grossa  follîa,  que  no  sabèu  com  pèn- 
dreusla,  perque  contraria  tota  lley  y  costum  vostra.  Aleshores,  ab 
tota  la  gravetat  de  les  très  mil  convencions  que  portèu  dintre,  ab 
tota  la  gravetat  del  home  d'enteniment,  dihéu  ab  amorosa  serietat 
a  la  jove  esposa  :  —  Perô,  que  fas  d'empolaynarte  en  aquesta 
hora  que  encara  tothom  dorm  ?  hont  vols  anar  pels  carrers,  qu'en- 
cara  es  fosch  y  fa  fret  ;  ni  a  cap  festa,  ni  visita,  que  totes  les 
portes  son  tancades  ?  y  si  no  't  vols  mourc  d'aqui,  que  'n  treus 
de  ferte  mes  bella  en  aquesta  hora  de  dormir,  que  sols  jo  haig, 
si  per  cas,  de  vèuret,  y  prou  que  'm  plaus  de  tota  manera  ?  quina 
follîa  es  aquesta  ?...  —  Y  qu'ella  us  respon  :  A  casa  meva  hi  hà 
un  arbre  que  floreix  a  mig  janer. 

Oh  !  côm  restarèu  atuhits  y  maravellats,  si  no  conexieu  la 
llibertat  dels  ametllers  !  Vos  pensarèu  que  us  havèu  casât  ab  una 
fada  ;  y,  segons  côm,  vos  senyarèu  davant  d'ella  très  vegades,  y, 
segons  côm,  la  pendrèu  en  vostres  braços  com  a  una  vida  nova. 

Y  tôt  plegat,  sera  que  us  ha  fet  la  lliço  dels  ametllers. 
Aquest  mes,  lo  bonich  son  els  ametllers,  que  florexen... 

Joan  Maragall. 


Une  basilique  latine  du  T  siècle 

L'atrium  el  l'église  d'Arles-sur-Tech 
III.  L'atrium  et  le  sarcophage 

Pénétrons  dans  l'église  ;  mais,  avant  d'en  franchir  le  seuil, 
nous  nous  trouverons  dans  une  sorte  de  cour  antérieure, 
dans  un  angle  de  laquelle  gît  un  sarcophage  de  pierre 
marqué  du  chrisme  des  premiers  siècles  chrétiens.  Je  m'ex- 
pliquerai tout  à  l'heure  sur  le  sarcophage  ;  pour  le  moment, 
j'ai  à  étudier  la  cour  d'accès,  qui  n'est  autre  chose  qu'un 
atrium  des  premiers  siècles.  Voici  ce  que  dit  à  ce  sujet 
l'excellent  guide,  auquel  j'ai  fait  déjà  un  emprunt,  qui  sera 
suivi  de  plusieurs  autres  (i)  : 

«  La  basilique  sacrée  fut  éloignée,  autant  qu'il  était  pos- 
«  sible,  de  la  voie  publique  et  il  y  eut  au  moins  une  cour 
«  établie  devant  la  basilique,  sur  toute  la  largeur  de  la 
«  façade.  Cette  cour,  environnée  de  portiques  qui  se  rac- 
«  cordaient  avec  le  narthex,  ou  porche  d'entrée,  constituait 
«  Vaître  de  l'église  —  atrium  —  et,  comme  on  y  enterra, 
«  dès  les  premiers  siècles,  les  fidèles  qui  s'étaient  recom- 
«  mandés  par  leurs  mérites,  elle  fut  appelée  aussi  parâr<i/5U5, 
«  d'où  est  venu  parvis. 

«  L'aître,  ou  atrium,  était  environné  de  portiques  qui  se 
«  raccordaient  avec  le  porche  d'entrée.  L'ensemble  des 
«  galeries  s'appelait  triporticus  ou  quadriporticus  selon  qu'elles 
«  étaient  au  nombre  de  trois  ou  de  quatre. 

«  De  très  bonne  heure,  l'aitre  perdit  son  importance  et  son 
«  aspect  monumental  ;  ce  ne  fut  plus  qu'une  petite  cour  sans 
«  portique,  entourée  de  bâtiments  ou  seulement  de  murs.  » 

Je  souligne  à  dessein  la  dernière  phrase,  qui  dépeint  bien 

(i)  Ed.  Corroyer,  !oc.  cit.,  pp.  57-8. 


—   i8  — 

l'état  de  choses  que  nous  voyons  à  Arles.  La  présence  du 
sarcophage  vient  encore  corroborer  cette  manière  de  voir. 
J'aurais  beaucoup  de  choses  à  dire  au  sujet  de  la  croyance 
qui  accordait  l'entrée  dans  le  ciel  aux  personnes  inhumées 
dans  le  parvis  des  églises.  Je  me  bornerai  à  les  résumer  en 
mentionnant  une  curieuse  épitaphe  métrique  du  musée  de 
Narbonne  —  datée  du  règne  d'Athanagilde  —  où  le  défunt, 
prenant  la  parole,  explique  qu'il  a  voulu  être  mis  là  pour 
assister  aux  offices  par  la  porte  entr'ou verte,  «  afin  de  mériter 
d'être  un  jour  admis  aux  joies  du  ciel  (i).  » 

Revenons  à  notre  sarcophage.  Ce  monument  a  été  assez 
mal  décrit  ;  sa  cuve  n'est  pas  évasée,  du  moins  autant  qu'on 
s'est  plu  à  le  dire,  et  si  l'on  y  constate  un  évasement  à 
peine  sensible,  il  faut  l'attribuer  à  la  négligence  de  l'ouvrier 
lapidaire,  plutôt  qu'à  l'intention  du  constructeur.  Au 
VI'  siècle,  les  cuves  étaient  bien  plus  évasées  ;  certainement 
notre  monument  ne  descend  pas  jusqu'à  cette  époque  ; 
mais  il  peut  remonter  jusqu'au  milieu  du  v^  siècle,  et  même 
plus  haut,  grâce  à  la  présence  d'un  chrisme  sculpté  sur  sa 
face  antérieure.  Ce  chrisme  est,  il  est  vrai,  dépourvu  de 
l'anse  du  rho  grec,  qui  caractérise  le  chrisme  constantinien  ; 
il  a  été  néanmoins  employé  par  les  premiers  chrétiens, 
même  avant  le  triomphe  de  l'Eglise  (2). 

Somme  toute,  ce  sarcophage  —  son  couvercle  en  forme 
de  toiture  à  4  versants  l'indique  nettement  —  était  destiné 
à  rester  en  évidence  dans  l'atrium,  sans  doute  à  la  place  où 
il  est  encore,  et  il  me  paraît  avoir  renfermé  les  restes  du 
fondateur  de  l'église,  qui  avait  bien  le  droit  d'assister  aux 
offices,  afin  de  mériter  le  ciel  (3). 

(i)  [Cœlorum]  ut  merear  positiva  régna  tueri. 

(2)  Le  ctirisme  constantinien,  qui  figurait  sur  le  labarum,  est  constitué  par 
la  superposition  des  lettres  grecques  X  et  P,  tandis  que  le  chrisme  primitif, 
qui  figure  sur  notre  sarcophage,  est  formé  par  la  superposition  des  lettres 
I  et  X  (ificouî  Xpiiroç).  Je  ne  serais  pas  autrement  surpris,  si  l'on  m'annon- 
çait un  jour  que  notre  sarcophage  remonte  au  iv'  siècle. 

(3)  11  est  fort  possible  que  des  sarcophages  à  toiture  plate  soient  enfouis 


—   19  — 

La  dévotion  qui  s'y  rattache,  et  sur  laquelle  on  me  per- 
mettra de  ne  pas  insister,  remonte  vraisemblablement  à 
l'époque  où  il  fut  déposé  dans  l'atrium.  Dès  les  premiers 
âges,  les  tombeaux  des  grands  chrétiens  furent  l'objet  de 
pèlerinages  pieux  et  les  témioins  de  grandes  manifestations. 
C'est  ce  qu'on  fait  encore  à  Arles. 

IV.  La  porte 

Si  maintenant  nous  faisons  face  à  l'église,  notre  attention 
sera  appelée  sur  la  porte,  qui  ne  peut  en  aucune  façon  être 
reportée  aux  dates  1046  et  1  iSj,  où,  à  la  suite  de  diverses 
restaurations,  eurent  lieu  deux  consécrations  successives  de 
l'église.  C'est  du  moins  l'avis  de  M.  Brutails,  qui  recon- 
naît à  cette  porte  un  caractère  archaïque  (i).  Les  montants 
en  sont  très  simples,  sans  le  moindre  ressaut,  qui  trahirait 
une  basse  origine.  Il  me  semble  même  que  la  baie  va  s'éva- 
sant  vers  Je  bas,  en  imitation  des  portes  antiques  ;  mais 
ceci  n'est  peut-être  qu'une  illusion.  Tout  l'intérêt  se  con- 
centre sur  le  linteau  monolithe  de  granit,  plus  épais  au 
milieu  que  sur  les  côtés,  formant  une  sorte  de  fronton  ;  et 
cela  est  bien  conforme  aux  règles  d'une  construction  bien 
ordonnée,  qui  répartit  les  résistances  en  raison  de  l'effort 
à  supporter.  Aussi,  ce  linteau  ne  s'est-il  pas  fendu  comme 
tant  de  ses  congénères. 

On  sait  que  le  granit,  vu  son  extrême  dureté  et  sa  ten- 
dance à  s'écailler,  supporte  mal  la  sculpture.  On  l'a  donc 
ornementé  d'une  façon  très  sommaire.  Dans  une  sorte  de 
cartouche  en  forme  d'ovale  tronqué  à  sa  partie  supérieure, 

dans  le  sol  du  parvis.  A  Ensérune,  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  le  sous-sol  du 
parvis  était  littéralement  tapissé  de  sarcophages.  Si  une  pareille  découverte 
avait  jamais  lieu  à  Arles,  elle  fortifierait  singulièrement  ma  thèse  ;  mais  je 
déclare  hautement  n'avoir  nul  besoin  de  cet  appui. 

(1)  Voici  ce  que  dit  M.  Brutails  à  ce  sujet  :  «  La  porte,  en  dépit  de  sa 
rude  simplicité,  est  à  remarquer,  spécialement  son  linteau  archaïque  en 
forme  de  fronton  coupé  des  deux  bouts  ».  fCongr.  arch.,  p.   i32.) 


2  0 


l'ouvrier  s'est  borné  à  graver  les  lettres  symboliques  alpha 
et  oméga,  qui  sont  àc  tradition,  des  deux  côtés  d'une  croix 
purement  latine,  c'est-à-dire  dont  la  haste  est  très  prolongée 
vers  le  bas.  Je  retrouve  une  croix  identique  sur  le  célèbre 
linteau  de  Saint-Rustique  (i),  qui  fut  mis  en  place  en  444. 
Le  cartouche  est  accosté  de  deux  A  majuscules,  dont  la 
présence  a  provoqué  bien  des  commentaires.  La  simple 
inspection  des  trois  lettres  A  suffit  pour  écarter  les  dates 
de  1046  et  J  1 5^  citées  plus  haut,  car,  à  cette  époque,  les 
A  sont  de  forme  onciale  ;  ils  ne  se  ferment  pas  en  pointe 
et  les  deux  branches  sont  réunies  par  une  traverse  supé- 
rieure (2).  Toutefois  je  dois  dire  que  rien  ne  s'opposerait 
à  l'attribution  de  ces  deux  A  majuscules  au  ix*  siècle.  Mais 
pourquoi,  si  l'église  avait  été  entièrement  construite  à  cette 
époque,  aurait-on  conservé  l'orientation  à  l'est  ?  ]]  faut 
donc,  l'acte  de  82  j  à  la  main,  reconnaître  que  la  porte  a  été 
érigée  à  une  époque  antérieure.  Si  maintenant  on  veut  bien 
remarquer  qu'on  ne  peut  guère  songer  à  la  période  de 
l'occupation  arabe,  et  que,  si  notre  église  avait  été  cons- 
truite pendant  la  période  wisigothique,  on  n'y  verrait  pas 
en  évidence  une  croix  latine,  on  est  forcé  d'admettre  une 
date  voisine  du  milieu  du  v*  siècle. 

(Jl  suivre)  F. -P.  Thiers. 

(i)  Aujourd'hui  au  Musée  de  Narbonne. 

(2)  On  peut  voir  plusieurs  exemples  de  ces  A  du  xi'  siècle  sur  le  linteau 
bien  connu  de  Saint-Génis-des-Fontaines.  Au  xii'  siècle,  l'A  oncial  s'écarte 
encore  plus  de  la  forme  de  l'A  des  Latins. 

T^-^ -T^-fe^ -^^^ -^^i^  T*-^ 'S^feî -^^c/fe) '^^& '^•t^ 'ï^^ '^(tg}}  T^8^ -ts^ 

ATILA 

L'illustre  poète  Apeles  Mestres  vient  de  publier  sous  ce  titre  un  magistral 
poème  anti-barbare  en  XXYll  chants,  dont  nous  donnerons  une  analyse  et 
des  extraits. 


Le  Gérant,  COMET.   —    Imprimerie  Catalane,   COMET,  rue  de  la  Poste,   Perpignan 


12-  Année.  N*  136  15  Février  1918 

^•J^i.  :â|>i  *>i  :^'>>t  !^>»^  ::S^Osi  :$l'>i  8f>i  <^>si.  e^'>i  (^TNfc  (^  i 


hcs    Manuscrits  non  insérés 
ne  sont  oas  rendu». 


REVUE 


CATALANE 


Lrs  Àmcles  parus  aans  ia  Revue 
n'engagent  que  leurs  auteurs. 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  iO  fr.  par  an. 


La  pau  del  llop 

El  bohê  amb  son  pareil  llaurava  bon  mati, 
la  llum  just  platejant  el  front  de  la  comella. 
Renyagant  els  caixals,  el  llop  del  bosc  surti 
poc  a  poc  ;  bota,  i  l'encranca  a  la  gargamella. 

La  fera  ja  se  '1  sent  dins  la  gola,  el  botî 

que  sola  's  calarà  sensé  fil)  ni  femella. 

Perô  '1  pages  s'hi  torna  a  bells  cops  de  mantî, 

mentres  sa  espatlla  a  doll  vessa  la  sang  vermella. 

Lluiten  tôt  el  sant  dia.  El  sol  puja.  El  sol  eau. 

Vé  la  nit...  Bufen  ara.  1  1'  llop  :  «  Si  vols,  la  pau 

«  pactem  !    —  diu,  —  Ets  un  prou.  Doncs  anem-s'en  a  casa, 

«  tu  per  lia,  jo  per  ci.  1  amies.  »  L'home  s'ho  creu. 
Tant  laç  es  ;  tant  bo  !  Va  per  replegar  l'arreu. 
1,  en  el  crepûscol  quiet,  guaiten  dos  ulls  de  brasa. 

Pau  Berga. 
Setembrc  1917- 

Les  Catalans  illustres 

Le  Maréchal  Joffre  vient  d'être  élu,  par  22  voix,  Membre  de 
l'Académie  française. 

L'humble  l^evue  Catalane  est  fière  d'apporter,  encore  une  fois, 
son  respectueux  tribut  d'admiration  à  l'illustre  enfant  du  pays. 

La  Revue, 


ATI  LA 

Poème,  par  Jlpeles  Mestres 

En  juillet  5914,  Apeles  Mestres,  poète  à  l'âme  paisible  et 
délicate,  vivait  une  existence  calme,  au  milieu  de  ses  plantes,  dans 
un  coquet  pavillon,  célèbre  par  ses  hortensias  gigantesques,  situé 
au  n'  14  du  Passage  Permanyer,  à  Barcelone. 

Ne  nous  a-t-il  pas  dit  lui-même,  dans  le  prélude  de  ses  immor- 
telles Tlors  de  sang  : 

Jo  era  el  cantayre  de  la  Pau, 
de  la  bellesa  y  l'armonia  ; 
sobre  mon  cap  reya  el  cel  blau, 
sota  mos  peus  el  mon  floria. 

Et  voici  que  devant  l'horreur  du  crime  allemand,  vaillamment, 
le  poète  des  Idilis,  des  Canh  inHms,  prend  sa  harpe  d'airain  et 
jette  à  la  face  du  «  fou  couronné  »  son  terrible  réquisitoire: 

Ce  sont  ses  premières  Tlors  de  sang,  couronnées  aux  Jeux  Flo- 
raux de  1 91 5  ; 

Ce  sont  ses  centaines  de  chants  guerriers,  qu'il  continue  par  la 
suite  à  écrire  sous  ce  même  titre,  et  dont  une  partie  seulement 
ont  été  publiés  (1)  ; 

C'est  aujourd'hui  Atila,  poème  magistral,  en  xxvii  chants,  où 
gronde,  en  strophes  vengeresses,  la  malédiction  la  plus  formidable 
qui  ait  été  écrite  contre  la  barbarie  moderne. 

Nous  avons  donné,  courant  1916,  une  brève  analyse  de  ce  poè- 
me, suivie  d'un  extrait  inédit,  Thor,  que  l'auteur  avait  bien  voulu 
nous  adresser  (2). 

Nous  ne  reviendrons  donc  pas  sur  sa  genèse. 

Qu'il  nous  soit  permis  de  dire  cependant  que  c'est  là  une  œuvre 
forte,  solidement  bâtie,  empreinte  d'ime  énergie  qui  rappelle  la 
mâle  vigueur  de  Cicéron,  et  la  satire  puissante  et  indignée  des 
Châtiments  de  Hugo. 

(1)  Cf.  1{evue  Catalane,  août  1917. 

(a)  Cf.  T^euue  Catalane,  191  6,  page  141, 


—    2:>   — 

Attila,  rendu  à  la  vie  par  le  Diable  et  la  Mort  et  jeté  par  eux 
sur  la  Civilisation,  la  fuite  éperdue  des  populations,  «  la  cacera 
infernal  »,  l'évocation  de  la  Cathédrale,  la  lutte  du  fléau  Attila 
contre  les  éléments,  le  songe  et  la  désillusion  du  monstre,  renié 
même  par  Satan,  sont  des  pages  émouvantes  où  le  génie  de  l'au- 
teur s'est  magnifiquement  déployé. 

Lisez  «  La  Catedral  »  : 

Y  d'entre  la  florida.  com  brancada 

que    1  ventijol  cimbreja. 
broten  archs  y  mes  archs  ;  les  amples  voltes 

d'aci  d'allà  s'estenen, 
s'encreuen  y  entrecreuen,  y  al  juntarse 

en  abraçada  fèrvida, 
segellen  ab  un  bes  llur  abraçada 
y  el  bes  se  torna  clau,  per  fer-la  eterna. 

La  connaissance  approfondie   de    la  langue  a  permis   à  Apeles 
Mestres  des  effets  d'un  réalisme  saisissant  : 

Sonen  les  trompetes,  els  timbals  redoblen, 
dringuen  les  espases,  cruixen  els  fusells, 
xiulen  ks  granades,  ronquen  els  obusos, 
els  canons  braolen,  tronen  els  morters. 

Les  tableaux  en  quelques  traits  précis  abondent  : 

A  flor  d'onades 
voleyen  les  cercetes  a  bandades. 

Un  cel  molt  blau  ont  llisquen  aies  blanques. 

Ce  n'est  pas  sans  émotion    que    l'on    lira    ces    quelques    lignes 
tirées  de  a  Els  fugitius  »  : 

Quants  eren  al  partir  ? 
Ningii  compta  quants  eren  ; 
eren  molts,  eren  tants  1 
una  encontrada  entera. 
Si  va  comptar-los  Deu, 
ell  sol  sabra  quants  eren  ; 
si  els  compta  al  arribar, 
ell  sabra  quants  ne  queden. 
No  pregunten  quants  son 
no  pregunten  quins  eren  : 
son  el  mes  gran  dolor, 
son  la  mes  gran  miseria. 


—    24    — 

Comme  effets  de  rythme,  Apeles  Mestres  est  resté,  dans  >^/;7a, 
le  maître  incontesté.  Nous  signalerons,  pour  ne  citer  qu'un  exem- 
ple, la  cadence  martelée  de  «  El  Cant  dels  bàrbres  »  : 

Hurrah  y  hop 
pas  al  llop  ! 

Ce  génie  poétique,  mis  au  service  d'une  aussi  sainte  cause  que 
celle  de  la  défense  des  Droits  de  l'Humanité,  mérite  une  consé- 
cration. Espérons  que  le  Gouvernement  de  la  République  ne  tar- 
dera pas  à  orner  la  boutonnière  du  grand  maître  Catalan  de  la 
«  fleur  de  sang  »  des  héros,  symbole  de  l'Honneur,  symbole  de  la 

Reconnaissance  française. 

Charles  Grando, 

Ouelques  noms  de  plantes  ^  synonymes 

Catalans-Français  ^  Français-Catalans 

Idoles  pour  le  projet  de  'Dictionnaire  réunies  par  M.  7^.  de  Lacvivier 
Principales  références  :  Companyo,  J^ègne  végétal  ;  Conill,  Botanique  catalane. 

Pour  beaucoup  de  noms,  l'orthographe  avec  laquelle  ils  ont  été  trouvés  a  été  conservée 

Première  Partie.  —  CATALAN-FRANÇAIS 

âbflixonera,  airelle-myrtille.  —  rahim  de  pastor,  naviu. 

abedoll.  —  Voir  bès. 

abelles,  ophrys,  —  mosques  d'ase. 

abricoter.  —  voir  albercoquer. 

abriulls  (et  abrulls),  tribule,  herse.  —  candells,  rodets,  caxals  de 

vella,  punxa-claus. 
acader.  —  voir  aladern. 

acebre  (et  cever),  aloès. 

aCS.  —  voir  auru. 
admis,  bugrane.  —  gahons. 

adzari  (et  axari),  aristoloche.  —  llengua  rodona,  herba  de  la  goda, 
herba  de  les  gotes. 


—     25    — 

adzaroller  (et  azaroler),  azeroîier.  —  oronia,  pomer  de  sant  Joan. 

adzavara.  —  voir  etzevara. 

agau.  —  voir  etzevara. 

agon,  chicorée.  —  xicoya,  xicoyra. 

agram,  chtendenl.  —  gram. 

agram  de  porc,  potenlille.  —  cinc  en  rama. 

agrason,  groseiller.  —  groseller,  ribes,  ribér. 

agrella,  oseille  (rumex). 

agreta,  peUle  oseille. 

agrit'oli.  —  voir  grevol. 

agrimonia,  aigremoine.  —  cerverola,  herba  de  sant  Guillem. 

agulles.  —  Voir  gerani. 

agulles  de  pastor,  scandix,  peigne  de  Vénus.  —  pinta. 

aladern,   nerprun    alalerne.   —  lladern,    acader,    grana   d'Avinyo, 

trauca-perols,  ivreta. 
albargO,  alberge.  pavie.  —  pavia. 
albena,  troène.  —  olivella,  alsena,  troana. 
alber,  peuplier  blanc.  —  arbre  blanc,  poil  blanc. 
albergina,  aubergine.  —  asberginia. 
albercoquer  (et  abercoquer),  abricotier.  —  abricoter. 
alcansa,  vipérine.  —  Uengua  de  llebra. 
alcarxofa.  —  voir  carxofa. 
aldisia,  Jonc.  —  jonc. 
aldissa.  —  voir  bruc. 

alep,  arnica.  —  arnica,  herba  de  l'espant,  alop. 
alfabr-îga  (et  aufabrega),  basilic.  —  aufadia,  enfalga. 
allais  (et  aufals),  luzerne.  —  auzerda,  melgô,  rasclet. 
alfé,  trèfle  incarnat.  —  ferratge,  fé,  fenc. 
alga,  algue. 

algarrofer,  caroubier.  —  garrofer. 
alicacabi,  coqueret.  —  bufeta  de  cà. 
ail,  ail. 

ail  bort,  ail  sauvage.  —  ayassa. 

ail  de  COlobra,  muscari.  —  barralets,  calabruxes,  viola  de  pastor. 
aliène,  alUaite. 

almegô,  méUlot.  —  herba  de  les  abelles,  corona  de  rey. 
aloc,  gattilier,  petit  poivre.  —  herba  de  les  xinxes,  barde. 
alop.  —  voir  alep. 


alzena.  —  voir  albena. 

altimira,   armoise.  —  artemega,    altamisa,    donzell    fais,   herba  de 

les  menstrues. 
aizina  (et  auzina),  chêne  vert,  yeuse.  —  aulet. 
alzina  SUrera,  chêne  liège.  —  surer,  surô,  siure. 
alzineta,    germandrée    petit   chêne.    —    herba    de    sant    Domenec, 

herba  daufinera,  camadrea,  camedri. 
anietUer,  amandier.  —  atmeller. 
amorera,  mûrier.  —  morera. 
angeletS  (et  anjalits),  —  voir  caps  blaus. 
angclica.  —  voir  coscoll. 
anyolS,  conopode. 
apaga=llUfîlS,   salsifis  des  prés.  —  barballa,   cuxa-barba,  barba   de 

cabra. 
apegalÔS,  gaillet  grateron,    caille  lait.   —  sannua  longa,   gafetets. 
api  (et  apit ,  céleri. 

apit  bort,  céleri  sauvage.  —  caxals,  crexens  bort,  caxals  de  borro. 
apit  de  Cavall,  maceron.  —  cuguJ. 

aranyes,  nigelle. 

aranyoner,  prunelier.  —  ars  nègre,  escanya-gats. 

araques,  fraisier.  —  maduixera,  fraga. 

arbOSSer,    arbousier,    bousserole.    —    llipoter,    boixerola,    boixar, 

faringoles,  barruixes,  moixes. 
arbre  argentat,  chalef.  —  arbre  del  paradis. 

»       blanc,  peuplier  blanc.  —  alber,  poil  blanc. 

»       nègre,  aulne.  —  vern. 

»       del  paradis,  chalef.  —  arbre  argentat. 

»       de  tinta,  phytolaque.  —  rahims  de  borro. 
.  »       sant,  mélie  azédarach. 

»       de  vida,  jujubier.  —  ginjoier. 
arengades,  rumex  violon. 

argelac  (et  argelaga),  ajonc  épineux.  —  gatosa,  argentina. 
argentî,  ciste.  —  stepa,  estepa,  moixera,  bordiol. 
argentina.  —  voir  argelac. 
arinjol.  —  voir  sarsa-parella. 
aristol.  —  voir  romaguera. 
aritja  (et  aritjol).  —  voir  sarsa-parella. 
arn,  paliure.  —  espinavis. 


-    27    — 

arnica,  arnica.  —  alep,  alop,  herba  de  l'espant. 

aromer,  cassis  odoranl.  —  carambuc. 

arsa.  —  voir  romaguera. 

ars  blanc,  aubépine.  —  cirerer  de   la  Mare  de  Deu,   cirerer  de 

pastor. 
ars  nègre.  —  voir  aranyoner. 
artemega.  —  voir  altimira. 
arvelles,  vesce.  —  vessa. 

aSC'dlIadeS,  globulaire.  —  fuxarda,  fusellades,  regollada. 
ascalonia.  —  voir  escalunya. 

aspereta  (et  aspreta).  —  voir  sannua. 

aspit,  lavande  aspic.  —  espigol,  barballô. 

astruc.  —  voir  tindarell. 

atzavara.  —  voir  etzevara. 

aufabrega  (et  aufadia).  —  voir  alfabrega. 

aulet.  —  voir  alzina. 

aumiSSer.  —  voir  om,  olm. 

auran,  noisetier.   —  avellaner. 

auru,  érable.  —  euro,  acs,  blasera,  azerà. 

auzerda,  luzerne.  —  alfals,  aufals,  melgô,  rasclet. 

avellaner,  noisetier.  —  auran. 

axarî.  —  voir  adzarj. 

ayaSSa,  ail  sauvage.  —  ail  bort. 

aybre.   —  voir  arbre. 

aybret  (et  arbret),  balsamine. 

azaroler.  —  voir  adzaroler. 


NÉCROLOGIE 

La  mort  vient  encore  de  faucher  dans  nos  rangs.  Elle  nous  a 
enlevé  subitemei\t  un  sociétaire  de  la  première  heure,  M.  Ferdi- 
nand Trullès,  notaire  à  111e.  Amoureux  du  passé  de  notre  petite 
patrie  catalane  et  de  sa  langue,  il  s'intéressait  à  tout  ce  qui  en 
rehaussait  l'éclar.  ]]  était  notamment  propriétaire  du  vieux  monas- 
tère de  Serrabonne.  Nos  condoléances  à  la  famille. 


b  i^D  â£>  os  <ni  a^aS>oS  <5S  (^D  ofioS 


Lart  dEn  Manalt 

Nou''.  avons  pu  admirer  les  dernières  œuvres  de  Célestin 
Manalt  parmi  lesquelles  les  sculptures  qui  ont  figuré  au  grand 
salon  français  de  Barcelone.  A  cette  occasion  nous  donnons 
ci-après  un  beau  poème  de  notre  collaborateur  P.  Francis  dédié 
au  sympathique  sculpteur  roussillonnais  : 

Si  '1  teu  cisell  habil  ha  fet  Desesperança, 
Te  desesperis  pas  en  el  camî  espinôs, 
L'artista  verdader  se  riu  de  les  dolors 
Perqué  '1  seu  idéal  comporta  confiança. 

Com  aquell  pobre  vell  de  l'esquena  picgada 
Tu  fas  per  arrivar  un  esplendid  Esforç 
]  suant,  i  patint  te  mires  la  pujada 
Amb  la  sincera  quietut  de  l'home  fort. 

Si  de  cops,  al  mirar  ta  pobresa  i  tes  obres, 
Troves  amb  amargor  que  ton  destî  es  injust  : 
Amie,  siguis  valent,  que  no  't  vingui  disgust. 
Pensa  que  'Is  grans  obrers  del  gran  Art  eren  pobres. 

Poe  a  poc,  despedit  de  totes  les  tristeses, 
Iras  com  l'àliga  que  no  para  el  seu  vol, 
1  trovaràs  al  cor  de  les  teues  belleses 
La  dolça  i  noble  melodia  del  consol. 

Te  desanimis  pas,  la  Gloria  te  somriu, 
De  Alors  i  de  llorers  el  teu  nom  s'engalana  ; 
El  goig  sera  mes  dolç  si  n'es  un  poc  tardiu 
1  te  bencirà  la  Patria  Catalana. 

P.  Francis. 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

éi^^^  (SUITE) 

T^econsfrucUon  des  marchés 

Ordonnances  de  \iyS  relatives  à  ces  places 

Marchés  secondaires  :  Création  du  marché  aux  laines  [plassa  de  la  llana) 

du  marché  au  pain  [plassa  del  pa) 

Ordonnance  relative  à  la  vente  des  pains  et  à  la  confiscation  du  pain 

pour  fraude  sur  le  poids 

la  place  de  Vhuile  [plalea  olei) 

1359-1403 

Vers  la  fin  du  xii'  siècle,  les  marchés  étaient  peu  nombreux  (i), 
et  les  places  du  marché  assez  restreintes.  Alphonse  11,  roi  d'Ara- 
gon, avait  pris  l'engagement,  le  28  novembre  1174,  de  ne  pas 
augmenter  le  nombre  des  places  du  marché,  sauf  le  cas  ou  le 
roi  établirait  une  foire  dans  cette  ville.  «  Jam  amplius  mansum, 
neque  operatorium,  neque  tabulam,  neque  bancum,  neque  aliquid 
faciam  neque  facere  faciam.  »  Cette  concession  fut  accordée 
moyennant  1000  sous  de  Maguelonne,  payés  par  les  personnes 
qui  avaient  des  boutiques  donnant  sur  le  dit  marché,  mansos  et ope- 
ralorios  qui  aperiunl  hosîia  sua  jam  in  ipso  mercatali,  mille  sol.  Mal- 
gur.  pro  acaple  (2). 

Un  siècle  plus  tard  environ,  le  3  aoiît  iiyS,  le  roi  Jacques  le 
Conquérant  confirmait  aux  habitants  de  Perpignan  la  libre  et  fran- 
che propriété  de   toutes  les  tables  du  marché  public  ou  place  de 

(1  )  L'acte  le  plus  ancien  dans  lequel  il  est  question  «  d'une  table  du  marché 
de  Perpignan  devant  la  boucherie  »  date  du  6  des  ides  de  mai  ^\S^'.  inlus 
merchalale  anie  mazelto.  (Arch.  de  l'hôpital  de  Perpignan,  liasse  2.)  Un  acte 
du  5  des  cal.  de  mai  1124  semble  indiquer  déjà  l'existence  d'un  marché 
d'après  la  phrase  :  migeras  olei  ad  mensuram  Perpiniani.  (Livre  des  Ordinacions.) 

(a)  Arch.  comm.,  livre  vert  mineur,  AA.  1,  f*  19.  i  Reproduit  par  Alart  : 
Privitèget  et  titres.) 


—    3o   — 

Perpignan,  qui  leur  avaient  été  concédées  par  le  roi  Alphonse  ; 
exception  était  faite  pour  les  tables  installées  depuis  quarante  ans, 
sur  'esquelles  le  roi  se  réservait  les  censives  accoutumées  (i). 

Ces  ordonnances  et  règlements  de  police  locale  relatifs  à  ces 
marchés  étaient  dans  les  attributions  des  administrateurs  locaux 
qui  ne  pouvaient  d'ailleurs  les  prendre  sans  l'approbation  du  bailli. 

Un  des  premiers  règlements,  établi  avec  le  conseil  et  volonté 
des  prohomens,  approuvé  «  comme  coutumes  à  observer  en  tout 
temps  »,  concerne  la  vente  ou  la  revente  du  gibier  et  autres  comes- 
tibles sur  les  marchés  qui  existaient  à  cette  époque. 

Cette  ordonnance  du  8  des  ides  de  décembre  ^^y5  (2),  établie 
par  le  bailli,  défend  à  tout  individu  de  vendre  ou  de  revendre 
perdtus  ni  anels  ni  folges  ni  todos  ni  saxels  ni  alira  volaferia,  ni  conils 
ni  lebres  ni  salveines  ni  ous  ni  formages  ni  nots  ni  avelanes  ni  altres 
causes,  sous  peine  d'une  amende  de  deux  sous. 

Déjà,  à  la  fin  du  xiv'  siècle,  on  songeait  à  refaire  et  à  recons- 
truire les  différents  marchés:  en  effet,  le  2  juillet  j  38o,  un  man- 
dement de  Pierre  IV,  roi  d'Aragon,  ordonnait  au  procureur  royal 
de  réparer  les  maisons,  étaux  et  tables  du  marché,  appartenant 
au  Domaine,  et  sur  lesquels  était  constituée  une  rente  de  200  livres 
au  capital  de  5ooo  florins.  Cette  rente  avait  été  créée  au  profit 
du  monastère  Sainte-Claire,  par  la  reine  Sanche,  et  ne  se  touchait 
plus,  «  propter  dirutionem  hospiciorum  que  occasione  menium 
jpsius  ville  diruta  fuerunt  (3)  ». 

Parmi  les  places  ou  marchés  moins  importants,  il  convient 
de  signaler  les  laules  concernant  la  vente  de  la  laine,  celle  de 
l'huile  et  le  marché  au  pain.  Ces  trois  plates  étaient  distinctes. 
C'est  à  la  plac  ^"'^  Saint-Jacques   que    Jacques   le    Conqué- 

rant avait  doniié  l'autorisation  de  tenir  chaque  lundi  le  Marché 
aux  laines  de  Perpignan  ;  mais  un  mandement  de  Pierre  IV,  roi 
d'Aragon,  du  21  janvier  i359,  prescrivait,  nonobstant  cette 
autorisation,  de  tenir  ce  marché  à  l'avenir  sur  la  place  dite  dels 
Clergues  (4)  qui,  jusqu'à  la  fin  du  xvm'  siècle,  s'appela  Plassa  de  la 

(1  )  Arch.  comm.,  livre  vert  mineur,  f°  25. 

(2)  Ibidem.  Ordinacions,  reg.  1",  P"  13-14. 

(3)  Arch.  comm.,  livre  des  provisions,  AA.  6,  P  102  v°. 

(4)  Arch.  comm.,  AA.  i,  P  228.  Aujourd'hui  place  Gambetta,  ancienne 
place  d'Armes, 


—  3)    - 

"Llana.  C'est  à  cette  époque  que  la  taxe  des  laines  et  des  denrées 
vendues  au  marché  de  Perpignan  avait  été  fixée  par  les  JHoslas- 
safs,  de  l'agrément  du  gouverneur  et  des  Consuls  (i).  Le  peseur 
de  la  laine  était  rétribué  (2). 

Le  22  décembre  i4o3,  le  roi  Martin  autorisait  l'établissement 
à  Perpignan  d'une  place  destinée  à  servir  au  marché  de  l'huile, 
«  qui  quidem  locus  platea  olei  amodo  nuncupetur  »,  pour  remé- 
dier à  l'état  de  choses  actuel  et  centraliser  la  vente  de  cette 
denrée  :  «  ob  quod  venditores  olei  gradiuntur  hinc  inde  per  vil- 
lam,  vagando  per  vicos  et  compita  (3)  ». 

Mais  plus  tard,  le  débit  de  cette  marchandise  eut  lieu  dans 
des  boutiques  spéciales  appartenant  à  la  Ville  même  et  dont  la 
"Ville  percevait  les  revenus.  En  effet,  le  21  janvier  i583,  Pierre 
Rossell,  mercader,  vendait  à  la  Ville  de  Perpignan  une  boutique 
sise  place  deh  Azens,  confrontant  la  rue  qui  mène  de  la  dite  rue 
à  celle  qui  reliait  la  place  de  las  Cebes  à  la  maison  del  pes  de  ta 
farina,  afin  d'y  établir  la  botiga  del  oli  (4).  Quant  à  la  plassa 
del  Pa,  «  elle  occupait  une  partie  de  l'emplacement  où  s'éleva  le 
Palais  de  la  Deputacio,  connu  aujourd'hui  sous  le  nom  d'«  Ancien 
Palais  de  Justice»,  en  face  du  monastère  de  l'Eu/a  (5)  ».  Elle 
était  contiguë  au  Macell  Major  et  à  la  Pexoneria. 

Avec  tous  ces  marchés  qui  concernaient  la  vente  de  la  laine,  de 
l'huile,  du  pain,  la  surveillance  des  consuls  s'imposait  essentiel- 
lement sur  toutes  ces  matières  :  tous  ces  objets  nécessaires  à  la 
vie  et  aux  besoins  de  l'habitant  avaient  donné  lieu  à  une  infinité 
d'ordonnances,  fondées  sur  les  prévisions  les  plus  sages,  et  qui, 
malgré  leur  ancienneté,  dans  la  crise  que   nous  traversons,   pour- 

(i  )  Arch.  comm.,  A  A.  5,  f'  2o5.  —  Le  3  1  mars  1455,  par  lettres  patentes, 
Alphonse  V  interdisait,  sous  peine  de  ao  sous  d'amende,  de  tuer  pour  la 
boucherie  les  moutons  de  moins  de  2  ans  et  les  brebis  de  moins  de  7  ans, 
en  vue  de  favoriser  la  production  des  laines,  principale  ressource  du  Roussillon 
et  de  la  Cerdagne,  a  qui  noscuniur  pre  céleris  noslrorum  regnorum  et  terrarum 
in  pannis  et  artibus  prevalere  ».  (Ibidem,  AA.  4,  f°  424  v°.) 

(2)  «  Lo  qui  te  la  balansa  del  pes  de  la  lana,  de  vuyt  lliures.  »  i  3  juin  1498. 
(AA.  4,  f523.) 

(3)  Archives  comm.,  AA.  3,  f"  33 1  v°. 

(4)  Arch.  comm.,  AA.  6,  f'  519. 

(5)  P.  Vidal,  Perpignan,   1898,  chap.  vu,  paragr.  12. 


-    32    — 

raient  encore  servir  de  modèle  pour  une  répartition  équitable 
dans  "notre  cité. 

Pour  ne  mentionner,  au  milieu  de  ces  règlements  pleins  de 
prévoyance  et  sagement  étudiés,  que  la  question  si  délicate  et 
primordiale  du  pain,  il  était  ordonné  que  le  préposé  du  consulat 
serait  chargé  de  peser  le  pain  mis  en  vente  dans  toutes  les  bou- 
langeries :  celui  qui  aurait  été  fabriqué  et  livré  au-dessous  du 
poids  était  saisi  et  envoyé  aux  hospices  (i). 

Le  prix  auquel  le  pain  devait  être  vendu  était  calculé  sur  le 
prix  des  grains  et  le  poids  de  la  farine  :  il  était  fixé  par  un  tarif 
qui  était  le  résultat  de  beaucoup  d'observations  et  d'expériences. 

Ce  tableau  du  poids  que  doivent  avoir  les  pains  avant  et  après 
la  cuisson  est  du  xin'  siècle  {i). 

«  Cant  Costa  vin  sols  l'eymina,  deu  pesar  la  dinerada  de  lapasta 
fi  xui)  onces  ;  quant  sera  cuyt,  deu  pesar  xxxvim  onces. 

0  Item,  cant  val  x  sols  deu  pesar  la  pasta  xxxini  onces  ;  e  cant 
«  es  cuyt  xxxi"  onsa  e  un  diners  pesans. 

Item...  Le  tableau  indique  le  poids  du  pain  proportionnelle- 
ment au  prix  de  la  farine  depuis  vni  sols  l'eymina,  jusqu'à  «  xxx  sols, 
fl  deu  pesar  la  pasta  xj  onces  et  m  diners  pesans,  pan  cuyt  x  onces 
«  menys  in  diners  pesans. 

a  Totes  aquestes  onces  sobredites  son  enteses  de  pés  de  march 
«  de  Montpestller,  e  tôt  pés  que  hom  dat  aja  de  qualque  for, 
«  vayla  l'aymina  de  forment  ;  si  baxaxa  de  sis  diners  l'aymina, 
«  no  'n  deu  hom  moure  ni  crexer  ni  mudar  lo  pés,  si  donques  no 
«  baxava  o  pujava  de  xu  diners.  Empero,  si  pujava  l'aymina  de 
«  vj  diners  o  de  vni,  deu  hom  mermar  lo  pes  aitant  de  for  de 
«  xii  diners.  Encara  mes,  si  1'  pan  no  era  cuyt  que  1'  deu  hom 
«  assagar  ab  un  fil  de  camge  passât  per  mig  lo  pan  ;  e  si  s'  ten 
«  la  moleda  del  pan  al  fil,  que  s'  jutge  per  cruu.  » 

Ainsi,  les  boulangers  étaient  tenus  de  peser  la  pâte  et  ensuite 
le  pain  au  sortir  du  four  ;  et  le  poids  que  devait  avoir  le  pain 
cru  ou  le  pain  cuit  était  le  sujet  d'une  ordonnance  très  sévère. 

(i)  Arch.  comm.,  livre  vert  majeur,  f°  91. 

(2)  Mémorial  sia  del  asordonament  del  pes  del  pa  de  Perpenya  quant  deu 
pesar  la  dinerada  del  pa  en  pasta,  ni  cant  es, eut.  (Arch.  comm.,  livre  vert 
mineur,  AA.  3,  tome  1",  f"  85-86.) 


—  33  — 

Le  pain  de  ménage  était  soumis  à  un  régime  particulier.  C'était, 
en  général,  les  fermiers  des  fours  qui  le  faisaient  vendre  sur  les 
Marchés  ou  dans  les  lieux  désignés.  Ils  étaient  soumis  à  la  véri- 
fication et  à  un  tarif. 

En  1348,  Pierre  IV,  roi  d'Aragon,  avait  fait  paraître  une 
ordonnance  concernant  les  pains  confisqués  par  les  mostaçafs  pour 
fraude  sur  le  poids  ou  la  qualité,  et  leur  distribution  par  les  con- 
suls de  Perpignan. 

«  Que  'Is  consols  distribuexen  lo  pa  que  'Is  mostaçaffs  han  livat, 
cant  contrast  no  y  ha.  » 

«  Nos  Petrus,  Dei  gratia  rex  Aragonum,  Valencie,  Majorica- 
rum,  Sardinie  et  Corsice,  Comesque  Barchinone,  Rossilionis  et 
Ceritanie,  attendentes  quod  licet  nos  pridem  fidelibus,  etc.  (1)  ». 

On  constatera  avec  quelle  prévoyance  des  dispositions  régle- 
mentaires avaient  été  prises  au  xiv'  siècle  pour  la  surveillance  de 
tous  les  marchés  et  iaules,  dans  l'intérêt  même  de  la  cité. 

En  effet,  les  ordonnances  et  règlements  de  police  locale  étaient 
dans  les  attributions  des  administrateurs  locaux  qui  ne  pouvaient 
les  prendre  sans  l'approbation  du  bailli,  «  avec  le  conseil  et  volonté 
des  probomens  de  la  ville  ».  Ce  sont  de  véritables  articles  de  cou- 
tumes. 

Un  règlement  de  \ijS  (2)  avait  pour  but  la  nomination  men- 
suelle de  conimissaires  pour  surveiller  la  cuisson  du  pain  dans  les 
fours  du  Temple  et  tenir  la  main  à  ce  que  les  fourniers  ne  per- 
çussent rien  au-delà  de  la  coutume  de  Perpignan.  Ces  tarifs  avaient 
été  réglés  récemment  par  un  compromis  entre  la  Ville  et  les  tem- 
pliers, et  c'est  ce  règlement  qui,  à  cette  époque,  formait  évidem- 
ment en  cette  matière  «  consuetudinem  Perpiniani  ». 

Une  note  (document  du  xni"  siècle)  (3),  au  sujet  du  partage  de 
pains  saisis  au  préjudice  des  boulangers  qui  fraudaient  (qui  prop- 

(i)  Arch.  comm.,  livre  vert  mineur,  AA.  3,  tome  1",  P  2o5.  Voir  ce 
document  à  l'appendice. 

[1]  «  Es  aquesta  la  ordinacio  del  forn  de)  pa,  en  quai  manera  deuen  coyre 
los  pas,  e  CH  quai  manera  deuen  usar  dels  forns.  »  (Arch.  comm.,  Ordma- 
cions,  registre  i",  f°  i .  Reproduit  par  Alart  :  Privilèges  et  titres,  p.  340.  \ 

Ci)  Arch.  comm.,  livre  vert  mineur,  AA.  3,  tome  1",  f"  86  v".  (Reproduit 
à  l'appendice.) 


-u- 

ter  fraudem  extorquentur  a  pistricibus  seu  flaqueriis  et  forneriis), 
dit  que  les  pains  étaient  confisqués  entre  les  consuls,  le  greffier 
du  consulat  et  les  missalges  ou  huissiers  du  consulat. 

Le  29  novembre  i3o8,  un  mandehient  de  Jacques  1",  roi  de 
Majorque,  au  baile  de  Perpignan  (et  daté  de  Collioure),  détermi- 
nait l'emploi  des  pains  pour  fraude  aux  boulangers  de  la  ville  : 
ces  pains,  par  ordre  des  consuls,  devaient  être  distribués  aux 
pauvres  de  la  ville  (1). 

Par  lettres  patentes  du  6  décembre  ]347,  le  roi  d'Aragon, 
Pierre  IV,  autorisait  les  consuls  à  élire  un  peseur  de  pain  et  un 
mostaçaf  (2). 

Les  dits  mostaçafs  élus  par  les  consuls  étaient  chargés  de  con- 
trôler le  poids  du  pain  (3),  de  prévenir  toute  fraude  (4),  et  de 
faire  appliquer  strictement  le  règlement  (5). 

Ordonnance  relative  aux  Taules  T^eyals 
1  I  juillet  1439 

Le  roi  avait  aussi  ses  laules  (6)  particulières  sur  les  différents 
marchés  de  Perpignan,  sous  les  porches  de  la  Merceria,  à  la  Place 
Major,-  à  la  Plaça  T>Jûva,  à  celle  du  Pont  d'En  Bastit  et  à  la  Plaza 
d'En  Pauques. 

A  la  suite  de  l'accaparement  sans  précédent,  par  les  clavaire^ 
de  la  ville,  de  tous  les  fruirs  et  autres  denrées  déposés  dans  ce^ 
différents  marchés,  il  fut  ordonné  que  tous  les  clavaires  auront  à 
restituer,  immédiatement  (7),  sous  peine  d'une  amende  de  25  livres 

^1)  Volumus  pauperibus  erogari.  (Ibidem,  f"  70.)  (Reproduit  à  l'appendice.) 

I  2  )  \Quod  consules  possint  eîigere  ponderaforem  partis  et  mostaçajfum.] 

(3)  ...lit  justo  pondère  panes  vendanlur.  (Arch.  comm.,  livre  vert  mineur, 
tome  1".) 

(4^  ...Omni  fraude  remola...  (Ibidem.) 

(5)  ..."El  faciant  inviolahiliter  observari...  (Ibidem.)  (Document  in  extenso 
à  l'appendice.) 

(  6  )  Omnes  frucfas  que  erant  in  tabulis  regiis  dicte  ville  tam  subtus  porticos 
Mercerie  quam  in  plalea  majori  et  in  platea  nova  dicte  ville,  quam  aliis  tabulis 
regiis...  (Arch.  des  Pyr.-Or.,  B.  254,  registre  vu  de  la  Procuracio  Real, 
f"  5  I .  !  Le  texte  catalan  qui  suit  l'exposé  décrit  tous  les  marchés  qui  étaient 
tenus  pour  le  Roi. 

(7)  Incontinenti  restituant  dictas  fruclas.  (Jbidem.) 


—  35  — 

barcelonaises,  toutes  les  marchandises  que  les  dits  clavaires' 
s'étaient  indûment  appropriées,  denrées  qui  étaient  assujetties  aux 
droits  de  directe  Seignei  rie,  et  sur  lesquelles  le  roi  ou  le  Pro- 
cureur Royal  percevait  un  cens.  En  cas  de  contestation,  si  les 
dits  clavaires  pouvaient  alléguer  des  motifs  plausibles  pour  s'op- 
poser à  la  restitution  de  ces  denrées,  ceux-ci  devraient  se  pré- 
senter devant  le  Procureur  Royal  et  le  Juge  du  Patrimoine  Royal 
pour  s'expliquer  nettement. 

Le  document  ajoute  que,  le  même  jour,  après  avoir  eu  con- 
naissance de  cet  avis,  les  clavaires  Bernard  André  et  Pierre  Fabre, 
bourgeois,  déclarèrent  qu'ils  venaient  de  restituer  toutes  les  den- 
rées qui  avaient  été  soustraites  au  préjudice  du  Roi  (i). 

Voici  le  document  : 

Die  lune  xi'  julia  predicli. 

...Mandantes  diclum  preceptum  per  Bartholomeum  Periz,  porta- 
rium   regium,    nolifficaii  diclis  clavariis  in  scriplis  sub  hac  jorma  (2)  : 

«  Per  manament  del  molt  honorable  mossen  Bernât  Albert, 
cavalier,  Procurador  Reyal  en  los  Comtats  de  Rosselio  e  de  Cer- 
danya,  e  del  honorable  micer  Ffrancesch  Giginta,  doctor  en 
leys,  jutge  del  Patrimoni  Real  en  los  dits  Comtats,  nianats  als 
honrats  En  Bernât  Andreu  e  Père  Fabre,  burgeses,  clavaris  de 
la  vila  de  Perpenya,  que  encontinent,  sots  pena  de  vint  sinch 
lliures  barceloneses  al  fisch  del  senyor  Rey  applicadores,  hagen  à 
restituir  e  tornar  o  fer  restituir  e  tornar  totes  fruytes  e  altres 
coses  que  hagen  levades  o  fêtes  levar  de  les  taules  reyals  o  que 
s'  tenen  per  lo  senyor  Rey,  tant  dejus  los  portxes  de  la  Mer- 
ceria  quant  de  les  Places  Major  e  Plaça  Nova  e  del  Pont  d'En 
Bastit  e  Plaza  d'En  Pauques  ;  les  quais  taules  se  tenen  en  dreta 
scnyoria  per  lo  dit  Senyor  Rey,  e  per  aquelles  e  per  la  facultat 
que  han  los  possehidors  d'aquelles  que  hi  puxen  vendre  caula- 
ceria  e  fruytes  o  pa  o  merceries,  paguen  certs  censés  al  dit  senyor 

(i)  En  i35o,  la  police  des  marchés  était  faite  par  des  agents  ou  mostassafs, 
auxquels  le  Roi  accordait  le  droit  de  taxer  les  denrées  et  de  toucher  à  leur 
profit  la  moitié  des  amendes,  attendu  que,  «  vendencium  in  villa  jam  dicta 
carnes  et  pisces  malitia,  nedum  habilatores  non...  possinl  ad  presens  sic  bonos 
pisces  et  carnes  comedere.  »  24  mai   i35o.  (Arch.  comm.,  AA.   1,  f"  142.) 

(2)  L'exposé  en  latin  est  reproduit  à  l'appendice. 


—  36  — 

Rey  o  al  dit  son  Procurador  Reyal  ;  e  per  aqueixs  sguards  son 
patrimonials  e  de  for  e  jurisdiccio  del  dit  Senyor  Rey  o  de  son 
dit  Procurador  Real  e  jutge  del  Patrimoni  Real,  e  no  de  altres 
officiais,  ne  altres  officiais  s'en  deuen  ne  poden  entrametrc  en 
alguna  manera  ;  e  que  de  les  dites  taules  o  alguna  d'aquelles  d'aci 
avant  no  s'entremeten,  ne  perturben  los  venedors  en  les  dites 
taules  en  alguna  manera,  sots  la  dita  pena.  En\pero,  si  algunes 
rahons  justes  haurân  los  dits  clavaris  per  que  no  degen  restituhir 
les  dites  fruytes  e  altres  coses,  que  les  vinguen  allegar  davant 
los  dits  honorables  Procurador  Reyal  e  jutge  del  Patrimoni  Real, 
hora  de  vespres  del  présent  die,  ab  cominacio  que  en  altra  manera 
sera  procehit  en  fer  la  exequcio  contra  los  dits  clavaris  e  cascun 
d'ells  e  lurs  bens  per  la  dita  pena  e  en  altra  manera,  justicia 
migensant.  » 

Dicta  die,  prenominatus  Periz,  porterius  regius,  yens,  et  post- 
modum  ipsa  eadem  die  rediens,  retulit  se  predictum  preceptum 
fecisse,  intimasse  et  in  scriptis  notifficasse  dictis  Bernardo  Andrée 
et  Petro  Fabri,  burgensibus,  clavariis  anno  presenti  hujusmodi 
ville,  uni  postalium  in  eorum  domibus  personaliter  adjunctis,  qui, 
respondentes,  dixerunt,  quod  jam  restituerant  omnes  fructas  et 
alias  res  que  (sic)  susceperant,  prout  idem  virgarius  relationem 
fecit  mihi  Raymundo  Doria,  notario  et  scribe  officii  dicte  Procu- 
rationis  Régie  (i). 

Si  les  rois  avaient  leurs  taules  particulières,  les  ecclésiastiques 
avaient  eu  également  leur  marché  particulier.  Un  arrêt  du  Conseil 
d'Etat  ordonnait,  le  26  juillet  1671,  aux  chanoines  de  la  Real  {2), 
qui  avaient  établi  une  boucherie  particulière,  ainsi  qu'aux  autres 
communautés  ecclésiastiques,  de  se  fournir  à  la  boucherie  de 
Saint-Jean,  dite  de  la  Canorgue,  et  astreignait  tous  les  autres 
habitants  à  s'approvisionner  aux  fermiers  de  la  boucherie  de  la 
ville  «  qui  sont  le  principal  de  la  dite  ville  (3)  ». 

Vingt-deux  ans  plus   tard,   l'intendant  promulguait  une  ordon- 

(  1  )  Arch.  des  Pyr.-Or.,  B.  î54,  registre  vu  de  la  Procuracio  Real,  f °  5  1 . 

(a)  Des  arrêts  du  Conseil  d'Etat  maintenaient  la  fermeture  de  la  boucherie 
établie  à  Perpignan  par  le  chapitre  de  la  Real.  (Arch.  comm.,  livre  vert 
mineur,  AA.  1,  P  385.) 

(3)  Arch.  comm.,  AA.  17  (liasse),  livre  des  provisions. 


-  37  -^ 

nance,  pour  faire  exécuter  l'arrêt  ci-dessus  et  remédier  à  l'abus 
commis  par  les  personnes  qui,  ayant  chez  elles  un  fils,  un  parent 
ou  un  prêtre  étranger  à  la  maison,  même  un  simple  tonsuré  com- 
mençant à  apprendre  le  latin,  prétendaient  acheter  leur  viande  à 
la  boucherie  ecclésiastique  (i). 

Le  17  octobre  1696,  un  arrêt  du  Conseil  souverain  sans  préju- 
ger de  la  défense  faite  aux  particuliers  d'acheter  à  la  boucherie 
de  la  Canorgue,  donnait  mainlevée  d'une  saisie  faite  à  cette  occa- 
sion au  préjudice  de  Sébastien  Gazanyola,  clerc  tonsuré  (2). 

Plus  tard  des  arrêts  du  Conseil  d'Etat,  du  28  mars  1733, 
réglaient  les  franchises  dont  jouissait  le  clergé  de  Perpignan,  pour 
les  droits  d'octroi  sur  la  viande  de  boucherie,  les  cochons,  la 
farine,  le  vin,  le  poisson  et  les  menues  denrées  ;  ils  fixaient  la 
compétence  et  la  nomination  des  «  juges  ou  commissaires  des  fran- 
chises, dont  deux  seront  ecclésiastiques  et  deux  laïques  »,  en  s'ap- 
puyant  sur  les  ordonnances,  arrêts  et  transactions  antérieures,  et 
sur  «  ce  qu'on  trouve  dans  les  archives  :  la  forme  dont  on  distri- 
buait aux  ecclésiastiques  les  marques  ou  plombs  sur  lesquels  la 
viande  leur  était  fournie  aux  boucheries  de  la  ville  avant  que 
celle  des  prestres,  appelée  de  la   CanOPgue   fust  établie  »  (3). 

Onze  ans  plus  tard,  un  arrêt  du  Conseil  d'Etat,  du  29  décem- 
bre 1744,  fixait  le  rabais  que  les  débitants  de  la  boucherie  à  la 
Canorgue  pourront  faire  sur  la  viande  par  rapport  aux  prix  des 
autres  boucheries  (4). 

Au  commencement  du  xvin'  siècle,  les  anciens  marchés  exis- 
taient encore  ;  de  nouveaux  avaient  été  créés.  L'Intendant  de 
Roussillon,  le  6  juin  1724,  avait  promulgué  une  ordonnance 
rêglantla  vente  du  gibier,  de  la  volaille,  du  poisson  et  autres  pro- 
visions de  bouche.  «  Le  gibier  de  toute  espèce...  sera  porté  à  la 
Barre  (5),  et  attaché  aux  crochets  d'icelle...  ;  la  volaille  et  autres 
provisions  de  bouche  seront  également  portées  en  droiture  au  lieu 
ordinaire  et  accoutumé  devant  le  Poids  du  Roi  (6)  ;  le  poisson 

(i)  9  octobre  1693.  1  Arch.  comm.,  AA.  7,  liasse.) 

(2)  17  octobre  1696.  (Arch.  comm.,  AA.  7.^ 

(3)  Arch.  comm.,  livre  vert  mineur,   A  A.   i,  P'  437  à  452. 

(4)  Ibidem,  f"  48  i . 

(5)  C'est  l'ancienne  Gallinaria,  où  avait  lieu  le  marche  quotidien. 

(6)  Déjà  au  commencement  du  xiv'  siècle,  le  i  q  novembre  i322,  un  man- 


—  38  — 

frais  sera  aussy  porté  en  droiture  à  la  place  de  la  Poissonnerie... 
Les  cabaretiers,  hôtes,  rôtisseurs,  aubergistes  et  autres  gens  qui 
aprètent  à  manger,  ne  pourront  acheter...  qu  aux  lieux  cy-dessus 
marqués  (i).  » 

On  constatera  combien  l'autorité  consulaire  a  été  étendue,  depuis 
le  xm"  siècle  jusqu'à  nos  jours,  dans  l'intérêt  de  la  ville  :  en  par- 
courant ces  documents,  on  peut  aisément  en  déduire  que  les  magis- 
trats consulaires,  nos  ancêtres,  pénétrés  de  la  noble  tâche  qu'ils 
avaient  à  remplir,  plaçaient  le  bien  public  au-dessus  de  toutes  les 
considérations  particulières  ;  protecteurs  de  tous  les  intérêts  et 
défenseurs  de  tous  les  droits,  ils  s'efforçaient  de  procurer  en  toute 
chose  la  sûreté  et  l'avantage  de  tout  le  peuple.  Les  subsistances  de 
première  nécessité  occupèrent  essentiellement  la  surveillance  des 
consuls  :  les  ordonnances  de  police  que  nous  venons  de  citer, 
relatives  à  la  surveillance  des  pains,  des  fours,  de  la  vente  du 
pain  et  autres  denrées  sur  les  marchés  désignés,  démontrent  que 
jamais  chef  de  maison  n'entra  dans  plus  de  détails,  ne  montra 
plus  de  sollicitude  pour  la  bonne  administration  de  son  ménage 
et  le  bien-être  de  sa  famille,  que  la  magistrature  consulaire  ne  con- 
sacra de  dispositions  réglementaires  à  cette  matière  si  importante 
et  primordiale  de  l'alimentation,  suivant  les  principes  de  l'équité 
et  les  règles  de  la  justice.  Tous  ces  règlements  prouvent  combien 
tout  ce  qui  était  utile  à  la  chose  publique  était  pour  nos  ancêtres 
un  objet  de  précaution  et  de  sollicitude.  On  peut,  dans  notre 
commune,  constater  les  mêmes  attentions  dans  la  crise  pénible 
que  nous  traversons. 

Nous  avons  pu  suivre,  dans  ces  documents  authentiques,  la 
transformation  des  rues  et  des  principaux  marchés  de  Perpignan, 
depuis  le  xn'  jusqu'au  xviif  siècle. 

Après  avoir  transcrit  les  modifications  successives  de  ces  places, 
nous  allons  parcourir,  au  xviu'  siècle,  les  mêmes  rues  qu'une  saine 
et  sage  administration  s'efforçait  de  redresser  et  d'assainir  métho- 
diquement. 

< A  suivre)  Henry  Aragon. 

dément  de  Sanche,  roi  de  Majorque,  avait  été  publié  au  sujet  de  la  création 
du  teneur  du  livre  du  poids  du  roi  à  Perpignan.  Sous  Ferdinand  11  (i"  juin 
1498),  «  lo  qui  te  lo  libre  del  pes  del  Rey  (était  payé)  setze  lliures.  (Arch. 
comm.,  livre  vert  mineur,  AA.  3,  f°  i  j  1.) 

(i)  Arch.  comm.,  AA.  7,  livre  de  provisions,  f'  553. 


MONOLOGUES  ROUSSILLONNAIS 

Gatimells 


f 


Le  plus  grand  bien  qu'on  puisse  dire  d'un  livre,  c'est  que  tou- 
tes ses  parties  se  tiennent;  on  ne  saurait  mieux  le  recommander 
qu'en  affirmant  qu'il  est  intéressant.  Ce  qui  n'est  pas  agréable  à 
lire  n'est  pas  de  la  littérature.  Je  connais  des  enfants  de  huit  ans 
qui  trouvent  fort  amène  la  lecture  de  «  l'Iliade  »,  dont  les  vers 
se  font  pourtant  insupportables  à  un  poète  de  mes  amis,  âgé  de 
plus  de  40  ans. 

Gatimells,  la  deuxième  partie  des  Monolegs  rossellonesos  de 
Charles  Grando,  peut  être  classé  à  juste  titre  parmi  les  ouvrages 
de  la  première  catégorie.  Dans  la  composition  de  ces  contes,  l'art 
est  tellement  spontané  qu'on  le  dirait  absent  ou  presque.  11  char- 
me surtout  le  lecteur  par  sa  sobriété.  L'orientation  humoristique, 
ébauchée  dans  "Fariboles,  dont  nous  avons  donné  ici  même  un 
compte-rendu  (1),  s'accentue  dans  Gatimells  de  la  meilleure  façon 
du  monde,  et  ne  tombe  pas,  même  un  instant,  dans  la  farce  gros- 
sière. Cela  est  à  retenir,  si  l'on  songe  que  l'auteur  traite  des  sujets 
populaires,  sinon  populaciers.  Pas  de  bas  réalisme.  Pas  de  vulgaires 
calembours. 

Grando  nous  présente  de- véritables  tableaux  de  mœurs  en  em- 
ployant, sans  discontinuer,  la  note  comique.  Ce  que  je  trouve  de 
plus  original  dans  son  art  littéraire,  c'est  précisément  que  cette 
note  comique  tend  à  rendre  la  note  typique  tout  ensemble  de  la 
ville  et  des  habitants.  Grando  ajoute  presque  toujours  un  grain 
de  philosophie  légère,  qui  a  un  fond  remarquable  d'humanité, 
mais,  bien  entendu,  sans  monter  aux  hauteurs  ni  descendre  aux 
profondeurs  de  la  vie  de  l'homme  ;  au  reste,  l'auteur  n  en  a 
cure,  et  je  l'en  loue.  Lorsque  ses  personnages  devisent  entre  eux 
dans  des  dialogues  où  l'animation  ne  l'empiète  pas  sur  la  vérité,  ils 
n'emploient  pas  toujours,  j'en  conviens,  des  phrases  d'une  extrême 
pureté  grammaticale,  ni  des  mots  polis  par  les  règles  de  quelque 

(  I  )  7{evue  Catalane,   1Q17,  page  55. 


—   40   — 

académie.  Cela,  d'ailleurs,  doit  être  permis  au  genre  littéraire 
purement  dialectal  que  Grande  nous  offre  dans  ses  Monolegs.  Ne 
l'a-t-il  pas  fait  délibérément? 

Grando  tire  toujours  des  anecdotes  locales  le  plus  grand  profit 
comme  le  plus  grand  effet  ;  en  quoi  il  est  artiste.  Il  bâtit  des 
contes  en  prose  et  des  fables  en  vers  avec  beaucoup  d'esprit. 
Mais  il  excelle  surtout  dans  le  choix  des  détails  les  plus  frap- 
pants, les  plus  caractéristiques.  Son  art  descriptif  parvient  là  à  de 
belles  et  justes  synthèses.  Chez  Grando,  décrire  n'est  pas  détruire, 
mais  créer  de  la  vie  ou  la  recréer.  En  quatre  touches,  très  sobres, 
très  vraies,  il  façonne  un  type  ;  en  quelques  lignes  il  nous  donne 
une  scène,  nous  trace  l'aspect  d'une  rue,  nous  montre  le  coin 
d'un  paysage.  Cette  sobri-tté  ajoute  au  relief  des  tableaux.  L'En- 
vejada,  "Enrahonameni  et  Les  figues  seques  le  prouvent  à  l'envi  ; 
ce  sont  là  d'admirables  morceaux  de  littérature  roussillonnaise. 
Le  vers  plaît  par  son  naturel,  la  prose  par  sa  grâce  vivante. 

J.  Perez-Jorba. 
Paris,  le  3  février  1918. 


DEL  PRIMER  RAIG 

Oue  vingui  la  pau 

A  Cartes  Grando. 

Que  vingui  la  pau,  sus  les  nostres  planes 

Y  suis  nostrês  monts  la  fé  tornarà. 
Encar  ballaran  joves  catalanes, 

Y  joyoses  festes  encar  se  veurà. 

Que  vingui  la  pau  y  dins  nostres  pobles, 
Dins  nostres  vilataes  v  en  la  ciutat 
Ja  reneixiran  les  joyes  mes  nobles, 
L'alegria,  el  riure  y  la  caritat. 

Que  vingui  la  pau  y  tots,  sus  les  tombes, 
Irem  a  pregar  per  los  pobres  morts, 
Irem  los  portar,  hont  queyen  les  bombes, 
Dévot  homenatge  —  corones  y  Alors. 

Caries  Bauby. 


LITTÉRATURE  ROUSSILLONNAISE 

Le  bon  poète  de  J^oses  y  "Xiprers,  Joseph-Sebastià  Pons,  de  la 
Société  d'Etudes  Catalanes,  va  faire  paraître  ses  nouveaux  poèmes  ; 
cette  nouvelle  va  combler  de  joie  les  admirateurs  du  maître  rous- 
sillonnais. 

Joseph  Pons  allait  publier  cet  ouvrage  lorsque  arriva  la  guerre  ; 
prisonnier  depuis  aoijt  ï9J4,  il  n'avait  pu  jusqu'ici  reprendre  ses 
travaux  littéraires  ;  en  attendant  de  revoir  son  Roussillon  aimé,  il 
veut  bien  aujourd'hui  lui  donner  toutes  ses  pensées  et  nous 
adresser,  comme  un  souvenir,  d'au-delà  des  frontières,  ses  hymnes 
à  la  terre  natale,  où  palpite  l'àme  de  la  race  et  tout  le  génie 
qu'elle  incarne.  Nous  reparlerons  de  ce  livre. 

Notre  excellent  collaborateur,  vVl.  Henry  Aragon,  vient  de 
publier  un  magnifique  ouvrage  d'érudition  sur  la  Colonie  antique  de 
J^uscino  ;  nous  donnerons,  dans  notre  numéro  de  mars,  une  analyse 
de  cette  œuvre  que  M.  Héron  de  Villefosse,  de  l'Institut,  a 
honorée  d'une  brillante  préface. 

Caries  de  la  Real. 


PAGES  CHOISIES 

Les  neus  que  '  s  |onen 


Les  neus  de  la  muntanya 
es  miren  trist  al  pla, 
que  aval),  avall  la  terra 
comença  a  verdejar. 

Y  totes  encongint-se 
davant  del  sol  creixent, 
«  S'acaba  nostra  vida, 
s'acaba  »,  es  va  dient. 

Y  ses  primeres  llàgrimes 
ja  es  tornen  regalims, 

y  amb  remoreig  dolcissim 
van  devallant  dels  cims. 

«  Plorem,  que  als  ametllers 
l'oreig,  passant-hi,  canta 
l'absolta  de  les  neus 
damunt  de  ks  flors  blanques.  » 


Y  diu  l'oreig  :  «  Obriu-vos 
les  roses  dels  vergers, 

fent  chor  a  mes  absoltes, 
brandant  corn  encensers.  » 

Ja  es  gronxa  la  palmera, 
vora  del  mar  triomfant  : 
totes  les  neus  son  foses, 
y  el  mar  les  va  aplegant. 

Y  ja  els  hi  diu  :  «  Dormiu-vos, 

que  jo  vos  bressaré, 
y  amb  miisica  d'onades 
cançons  vos  cantaré.  » 

Mes  les  neus  tenen  anima 
que  sobre  el  mar  s'estan, 
y  son  brumeres  blanques 
les  neus  que  van  somiant. 

Angel  GuiMERA, 


Une  basilique  latine  du  V  siècle 

L'atrium  el  l'église  d'Arles-sur-Tech 

V.  La  croix  du  tympan 

Si  nous  levons  les  yeux  au-dessus  du  linteau,  nous 
remarquerons  dans  le  tympan  une  superbe  croix  grecque 
de  marbre  blanc,  dont  le  centre  est  occupé  par  un  beau 
Christ  bénissant,  et  les  quatre  branches  par  les  symboles 
des  quatre  évangélistes,  ailés  et  nimbés.  Cette  magnifique 
sculpture  n'a  qu'un  défaut,  c'est  d'être  placée  trop  haut 
pour  attirer  l'attention.  C'est  néanmoins  un  des  plus  pré 
cieux  monuments  qui  nous  restent  de  l'art  byzantin,  et  il 
est  à  regretter  qu'on  le  laisse  ainsi  exposé  aux  morsures 
des  vents  de  mer,  qui  finiraient  à  la  longue  par  en  altérer 
le  caractère.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  impossible  qu'un 
archéologue  digne  de  ce  nom  puisse  établir  un  rapport 
entre  ce  marbre  et,  par  exemple,  le  portail  d'Espira-de- 
l'Agly.  Si  cette  sculpture  datait  de  la  restauration  de  l'an 
j  157,  l'église  d'Espira  ayant  été  consacrée  quelques  années 
auparavant,  en  ii3i,  on  devrait  constater  une  certaine 
parenté  entre  les  deux  monuments.  11  n'en  est  rien.  Le 
portail  d'Espira  représente  la  magnifique  floraison  de  cet 
art  charmant  du  xu"  siècle,  qui  mariait  la  naïveté  du  moyen 
âge  avec  la  noblesse  de  l'art  antique  ;  mais  le  tympan 
d'Arles,  c'est  l'art  antique  lui-même,  décadent,  il  est  vrai  ; 
c'est  l'art  des  monuments  de  Ravenne  (1).  11  faut  donc, 
pour  cette  sculpture,  écarter  résolument  la  date  de  j  1  57. 

(1)  11  est  souvent  difficile  de  se  rendre  compte  sur  place  des  similitudes 
ou  des  différences  qui  existent  entre  des  monuments  séparés  par  de  grandes 
distances,  mais  la  photographie  aide  souvent  la  mémoire.  On  peut  se  rendre 
compte  de  la  différence  des  sculptures  qui  nous  occupent,  en  examinant  la 


—    4>    — 

Quant  à  croire  que  notre  monument  ait  pu  être  travaillé 
en  1046,  on  n'a  qu'à  jeter  les  yeux  sur  les  photographies 
du  linteau  de  Saint-Génis.  déjà  nommé,  pour  se  rendre 
compte  que  le  singe  qui,  assis  sur  une  escarpolette,  a  la 
prétention  de  représenter  le  Christ  sur  ce  monument,  est 
certainement  une  imitation  du  Christ  d'Arles,  mais  une 
imitation  qui  suit  de  fort  loin  le  modèle. 

11  serajt  puéril  de  songer  au  temps  de  Charlemagne,  date 
de  la  fondation  du  monastère,  quand  on  sait  que  pour 
donner  une  sépulture  convenable  au  grand  empereur,  ainsi 
qu'à  son  fils  Louis-le-Débonnaire,  on  fut  obligé  de  faire 
venir  deux  sarcophages  historiés  d'Arles-de-Provence.  L'art 
carolingien  n'a  rien  à  voir  ici  ;  nous  sommes  en  présence 
d'une  production  de  l'école  de  Byzance. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  l'examen  détaillé  de  la 
façade,  qui  a  sans  doute  été  remaniée  à  diverses  époques  (  i  ) 
et  nous  entrerons  dans  l'église. 

VI.  La  net  centrale 

L'abbatiale  d'Arles  a  la  forme  d'une  basilique  à  trois  nefs 
d'inégale  largeur,  séparées  par  des  piliers  quadrangulaires. 
La   nef  médiane,   sur  laquelle  se  reporte  tout  l'intérêt,  est 

planche  de  la  page  i3o  du  Congrès  archéologique  1906,  où,  par  une  singu- 
lière bonne  fortune,  les  deux  monuments  se  trouvent  réunis. 

(i)  Toutefois  une  petite  fenêtre  grillée,  placée  au-dessus  de  la  croix  du 
tympan,  me  paraît  remonter  également  au  v'  siècle. 

(2)  Ce  fait  s'est  produit  un  peu  partout.  11  y  a  quelques  années,  pénétrant 
dans  l'église  désaffectée  de  Castelmaure  en  Corbière  qui,  extérieurement,  a 
tout  à  fait  l'aspect  d'une  église  préromane,  je  ne  fus  pas  médiocrement  sur- 
pris de  voir  qu'elle  était  voûtée  en  berceau  brisé  ;  mais  j'eus  bien  vite  la 
raison  de  cette  anomalie.  A  une  époque  non  déterminée,  vraisemblablement 
au  XI'  siècle,  on  appliqua  des  pilastres  sur  les  murs  latéraux,  on  jeta  des  arcs 
sur  ces  pilastres  et  un  berceau  brisé  sur  les  arcs.  Il  en  a  été  de  même  à 
Arles  ;  mais  la  chose  était  moins  apparente  à  cause  de  la  division  en  trois 
nefs.  S'il  n'y  eût  eu  qu'une  nef,  avec  deux  murs  latéraux  remplaçant  les 
piliers,  le  fait  aurait  été  patent  pour  tout  le  monde. 


—  AA  — 

aujourd'hui  voûtée  en  berceau  brisé  ;  mais,  au  premier 
aspect,  le  grand  archéologue  de  Caumont  avait  pressenti 
que  l'édifice  n'avait  pas  été  construit  pour  être  couvert 
d'une  calotte  de  pierre  et  que  l'épaisseur  des  piliers  avait 
été  doublée  pour  leur  faire  porter  des  arcs  longitudinaux, 
qui,  à  leur  tour,  supportaient  la  voûte  (2).  Cette  apprécia- 
tion, qui  émanait  d'un  véritable  archéologue,  ne  fut  pas  du 
goût  de  tout  le  monde,  notamment  de  M.  Brutails,  qui  la 
combattit  vigoureusement  en  appelant  à  son  aide  toutes 
sortes  d'à  priori.  Un  examen  sérieux  des  piliers  a,  d'une 
façon  éclatante,  mis  en  évidence  ce  que  de  Caumont  avait 
seul  entrevu  et  la  critique  s'est  trouvée  désarmée. 

Pourquoi  Caumont,  qui  avait  pressenti  que  la  nef  était 
primitivement  couverte  d'une  toiture  lambrissée,  n'a-t-il  pas 
poussé  plus  loin  ses  investigations  ?  C'est  sans  doute  en 
vertu  de  cette  tendance,  qu'ont  les  médiévistes,  à  croire 
qu'il  n'existe  plus  rien  des  édifices  religieux  antérieurs  au 
bas  moyen-âge.  Cette  tendance  leur  prépare  bien  des 
mécomptes.  Si  Caumont  avait  étudié  les  basiliques  de  la 
Rome  païenne  et  les  basiliques  chrétiennes  bâties  sur  le 
même  modèle  ou  parfois  empruntées  aux  premières,  il  aurait 
sans  doute  complètement  résolu  le  problème.  Nous  allons 
poursuivre  cette  étude  sans  lui. 

(Jl  suivre)  F. -P.  Thiers. 

LIVRES  ^  REVUES 

Voilà  ma  Reine 

La  spirituelle  et  gaie  revue  locale,  de  nos  collaborateurs  P.  Francis  et 
Jean  Balle,  a  atteint  Sa  représentations.  C'est  un  magnifique  succès  que 
nous  sommes  heureux  de  souligner. 

Contes  choisis  (Ch.  Bauby) 

De  belles  pages,  de  charmantes  aquarelles  et  un  progrès  bien  marqué  sur 
les  premiers  essais  de  l'auteur.  Nos  vives  félicitations. 

Le  Gérant,  COMET.  —  Imprimerie  Catalane,  COMET,  rue  de  la  Poste,   Perpignan 


UNILL 


J^xx^el    CSI^UIIVIERÀ 


* 


12  Année   N'  137  15  Mars  1918 

<Qr>«t  :Sr»st  i^>i  ^fT>i  c^'>^  <Si'>i  i^i'>vt  5*>>t  cgj-^^i.  <^>i  c^'^i  «^-s  i  <^^ 

Lu    Manuscrits  non  inserci 
ne  sont  pas  rendus. 


Lti  Articles   parus  aans  ja   Revue 
n'engagent  que  leurs  auteurs. 


REVUE 

CATALANE 


Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  --  Cotisation  :  10  fr.  par  an. 

A  Jojfre  immor(al 

Un  vent  de  gloria  en  ton  ce!  passa 
y  un  sô)  nove)]  jà  t'ij'lumina, 

ma  dolsa  Pàtria, 
y  aqueixa  gloria  d'ales  blaves, 
que  '1  sô)  d'immortalitat  daura, 

te   Vé  d'EN   JOFFRE. 

Sublim,  la  tramontana  canta, 
alsant  un  èco  en  cada  roca, 

l'heroe  nostre, 
y,  nat  en  la  plana,  aqueix  himne 
puja  excels  vers  les  neus  eternes, 

etern  com  elles. 

Y  el  mar  immens,  en  alabansa, 
domptant  el  trôntoll  de  les  ones, 

broda  en  l'arena 
puntes  d'escuma  nacarina, 
y  un  tità,  besant  nostra  terra, 

saluda  l'altre. 

Caries  Grando. 
Mars  1918. 


Quelques  noms  de  plantes  ^  synonymes 

Catalans-Français  ^  Français-Catalans 

^Mè^^i^  (SUITE) 

babol,  coquelicot.  —  rosella,  roella. 

bacaiia,  laurier.  —  Dorer. 

badells.  —  voir  conDlets. 

badiella.  —  voir  vidiella. 

bajoca,  haricol.  —  monjeta,  fasol. 

baladre,   hellébore,    vérâlre  blanc.  —   ballestera,    cebadilla,    herba 

vomitoria  (et  aussi  baladré,  laurier  rose). 
balaC  (et  balatg,  et  balec),  cytise,  genêt  velu.  —  ginestella. 
balca,  masseite,  iypha.  —  boga,  bova. 
balladora,  brize.  —  bellugadissa. 
ballarida,  lenticule,  lentille  d'eau.  —  llentia  d'aygua. 
ballestera.  —  voir  baladre. 
banya  de  cabra,  trigomlle.  —  trigonella. 

barba  de  cabra  (et  barballa).  —  voir  apaga-ilums. 

barballô,  lavande  aspic.  —  espigo),  aspit. 

bardana,    bardane.   —   llepassa,    lleparassa,   Dépassera,  repalassa, 


gafets. 


barde.  —  voir  aioc. 

bargallÔ  (et  margallÔ),  palmier  nain.  —  fasser. 

barralets,  muscari.  —  aD  de  colobra,  calabruxa,  viola  de  pastor. 

barrella,  soude.  —  sosa,  espinadeDa. 

barret  de  Capellà,  ombilic.  —  oreDa  de  monjo. 

barruixa.  —  voir  arbosser. 

becayumba,  sorte  de  véronique. 

bec  de  griia.  —  Voir  gerani. 

bedoll  (et  abedoll),  bouleau.  —  bes. 

belladona,  atrope-belladone. 

bellugadissa.  —  voir  balladora. 

benc,  mâche.  —  dojceta. 

berberis,  épine-vinette.  —  coralets. 

berset,  berse.  —  pampes,  panaces,  canô. 

bes,  bouleau.  —  bedoll,  abedoll. 


.t4 


-   47  -^ 
bet,  sapin.  —  abet,  pibet. 
bitXO,  poivron.  —  pebrot,  pebrina. 
blads.  —  voir  blasera. 

blasera,  érable.  —  acs,  auru,  euro,  blada,  azerà,  acer. 
biat,  blé,  froment. 

blat  d'India,  maïs.  —  blat  de  moro,  mill  gruà. 
blat  nègre,  sarrazin.  —  fajol. 
blauet,  bleuet. 
bleda,  bette,  blette,  poirée. 
bleda=rave,  betterave.  —  remolatxa. 
blenera=candelera,  molène,  bouillon  blanc.  —  juvenal. 
blet,  arroche. 

boga  (et  bova),  masselle,  typha.  —  balca. 
boix  (et  buix),  buis. 
boix=grèvol.  —  voir  grèvol. 

boix  de  la  Mare  de  Deu.  —  voir  boixerica. 

boix  maSCle.  —  voir  gaizeran. 

boixac.  —  voir  garronada. 

boixerica,  rhododendron.  —  Pentecostera,  talabard,  naret,  muixc- 

reta,  salaverda,  boix  de  la  Mare  de  Deu,  gavet. 
boixerola  (et  boixar).  —  voir  arbosser. 
bolet,  champignon. 
bolitg,  anihémide.  —  bolit,  bulitg. 

bolseta  de  pastqr.  —  voir  traspic. 

bona=ventura,  orpin.  —  crespinell,  herba  de  la  cremadura. 

bordiol,  ciste.  —  voir  argenti. 

borrayna,  bourrache.  —  borratxa. 

botja,  aurone,   abrotane.  —  broida. 

botja    de    Sant   Joan,    santoUne.    —   herba   cuquera,    espernallac, 

guarda-roba. 
botô  daurat.  —  voir  francessilla. 
bova.  —  voir  boga. 
brassera.  —  voir  floravia. 
bresquilla,  pêche  brugnon. 
brionya,  bryone.  —  carbassina. 
broida.  —  voir  botja. 
broquil  (et  brocoli),  sorte  de  chou. 
brossa  (et  bruga),  bruyère  callune. 


-   4»   - 
brUC,  bruyère.  -  bruguera.   sepell,   xiprdl,   aldissa, -eritja,  erica. 
brUSCa.  —  voir  galzeran. 
bruyol,  iris,  glaieul.  —  lliri  blau,  canissos. 
bufanaga,  carolte.  —  pastanaga,  safanoria. 
bufeta  de  Cà,  coquerel.  —  alicacabi. 
bUglOSa,  buglosse.  —  llengua  de  bou. 
buiX.  —  voir  boix. 
buiXOl,  anémone  des  bois,  hépaihique.  -  ranuncle  blanca,  herba  del 

r  (^  suivîé) 

fetge.  ^  ' 

L'home  enemic  de  la  naluralesa 

EL  YEIST 

En  terra  o  mar  no  'm  dan  repos  la  nit  ni  '1  die. 
De  pol  a  pol,  Jueu  d'universal  rebuig, 
si  bé  no  havent  a  cap  desgraciat  fet  enuig, 
recorro  els  espais  freds,  sens  bruixola  ni  guia. 

Esmaperdut,  desmemoriat,  haig  de  fugir. 
L'home,  esclau  vil  mai  adomdat,  es  el  qui  'm  veda 
la  cèlica  amplitut.  Mercès  a-n-ell,  no- 'm  queda 
ni  un  cantonet  per  m'hi  podè  a  Heure  esbargir. 

No  s6c  busca-raons  ;  emprô  si  de  les  bromes 
me  'n  baixo  a  follejar  pel  plà,  ja  's  clama  :  «  No  ! 
Acî  mana  i  ordena  amb  son  bram  el  canô.  » 
Doncs  celém  l'escarment  per  serres,  valls  i  comes. 

Ai  1  Igual  dessosséc  pateixo  frec  al  cel. 
^  Massa  estreta  pel  braç  de  l'hom  sera  la  terra, 
ja  que  "1  mont  no  '1  detura  i  que  al  tronar  de  guerra 
fan  tornavèu  les  solituts  de  roca  i  gel...  ? 

Adeu,  canyers  del  marge  î  Enaigat  de  canturia, 
no  manxaré  mai  pu  dins  les  orgues  del  bosc. 
Per  sempre  s'ha  callat  l'aura  a  entrada  de  fosc. 
L'huracà  sol  impera,  amb  son  regany  i  furia. 


—    49    ^ 

Hont  sou,  mos  breçoleigs  del  mig-di'e  ensopit, 
quan  pessigoDejava  al  rierô,  o  la  ploma 
clenxava  al  moixonet,  o,  eixalebrat,  la  broma 
urpia,  fent-li  a  pelleringues  el  vestit?... 

Volunterôs,  soviny  prenîa-m  rampellada  ; 
bufava,  esperverat,  pel  pati  exit,  tornant 
pel  teulat,  sacutint  fulla  i  fruita,  trônant 
per  dins  la  xemenella  i  alçant-hi  ramballada. 

[  Sort  si  en  el  mar  no  esquia  un  que  altre  disbarat  î, 
Tôt  eren  jocs.  Calmât  prest,  vingui  sus  la  riba 
junglà  amb  l'arena,  pel  dall  d'herba  fer  la  briva, 
ara  udolant,  ara  rient,  ara  parât. 

Finits  els  jocs.  Al  firmament,  d'horror  domini, 
la  turbonada  fera  ha  ofegat  al  bon  vent. 
Un  terratrèmol,  fins  als  estels  removent, 
tira  tôt  daltabaix,  en  ràbia  d'extermini. 

Ser  gobernat  no  vull.  Marrecono  ;  m'arrimo 
amb  l'home  primitiu.  Alla,  sens  llei  ni  fre 
trescant  dintre  la  selva  verge,  cobraré 
l'airosa  llibertat,  lo  fantasiar  que  estimo. 


EL  J\UBOL 


Busca,  ai  !  germa  major,  l'airosa  llibertat  ! 
Si  te  'n  vas,  trist  de  mi  !  si  te  'n  vas,  sol  me  deixes. 
Les  pênes  que  passém  jo  i  tu,  son  les  mateixes  ; 
victima  dels  enginys  de  l'home,  't  faig  costat. 

Si,  si  !  Els  records  !  De  quan,  rendit  de  côrre  '1  terme, 
pels  fueteigs  del  llamp  en  rufaca  desfet, 
reviscolava  el  poil,  l'agram  i  l'esparcet, 
umplint  lambega  o  rossolant  per  la  costa  erma  ! 

—  «  Baixa  i  baixa  !  deia  l'home 
«  en  aclinada  oraciô,  — 
«  Ves  rajant,  benedicciô 
«  de  la  bondadosa  broma  ! 


—  5o  — 

«  Quan  cantes  a  bell  canyô, 
«  pluja  fresca  i  alegroia, 
«  n'es  la  vida  brava  noia, 
«  i  bon  pare  es  el  Senyô.  » 

Al  clarejar,  amb  fatlera 
me  mirava  al  camp.  Quin  goig 
fer  marrades,  fê  '1  cap-boig, 
pel  cel  blaviç  bâtent  l'era  ! 

Mon  pitral  al  sol  novell 
esbatenava,  espandia  ; 
d'or  en  madeixa  'm  vestia, 
i  'm  torrava  el  ros  cabell... 

Mes  ara,  escalivat  pels  grunys  que  d'abaix  munten, 
i  embafat  d'agrès  fums,  com  tu,  perdut  el  nord, 
crro.  i  Ai  de  mi,  si  passo  amunt  del  camp  de  mort 
ont,  per  occir,  Orgull  e  Invidia  les  mans  junten  ! 

j  Pel  ruixat  bell  treball  quan,  en  trinxera  o  clôt, 
enfangaça  al  soldat,  o  al  moribund  amara 
qui,  desdeixat  de  tots,  gira  al  cel  sord  la  cara... 
o  quan  rebot  su'l  poble  estes  en  trist  pilot  !... 

{^  suivre)  Pau  Berga. 

La  1000'  de  Terra  baixa 

Al  Teatre  Comic  ven  de  celebrar-se  une  vetllada  d'honor,  amb 
motiu  de  la  milena  representaciô  del  sublim  drama  del  gran  mes- 
tre  Guimerà. 

Donem  amb  el  présent  numéro,  un  dels  darrers  retrats  de  l'in- 
signe dramaturg,  gloria  de  les  Lletres  Catalanes. 

Una  plaça  sera  colocada  en  el  teatre  hont  constarà  tôt  l'agra- 
himcnt  que  sent  l'art  Català  envers  el  talentuôs  interpret  de  Terra 
Baixa,  l'actor  Enric  Borras.  Riols. 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

6^^^^*  (SUITE) 

m.  Les  rues  Je  Perpignan  à  la  fin  du  xvm"  siècle  :  l' embellissement  et  l'aligne- 
ment des  rues. 

Antérieurement  a  l'ordonnance  de  i338,  à  l'origine  même,  les 
rues  étaient  la  propriété  par  indivis  du  seigneur  foncier  et  des 
propriétaires  des  terrains  sur  lesquels  elles  avaient  été  établies. 
Pour  les  créer  ou  pour  les  supprimer,  il  fallait  donc  l'accord  du 
seigneur  et  des  propriétaires.  Les  conditions  dans  lesquelles  ces 
rues  étaient  tracées  et  entretenues,  les  avancées  de  toutes  sortes 
qui  existaient,  telles  que  portes,  enseignes,  auvents,  volets  ouvrant 
en  dehors  étaient  réglées  par  les  consuls,  de  concert  avec  les  cla- 
vaires ;  toutefois  ceux-ci,  suivant  un  mandement  de  Jean  I",  roi 
d'Aragon,  du  19  septembre  1 388  (1),  étaient  obligés  de  se  sou- 
mettre aux  modifications  que  les  consuls  pouvaient  apporter  à  leurs 
décisions.  En  somme,  les  clavaires  avaient  la  haute  main  sur  la 
police  de  la  ville,  et  principalement  sur  l'entretien  des  rues  : 
leurs  sentences  devaient  être  fidèlement  exécutées  :  «  en  totes  e 
qualsevol  coses  tocants  la  poUicie  e  bellesa  de  la  vila,  axi  com  es 
en  carrers,  places,  edificis,  envans,  laules,  banques,  banchs,  portes, 
ponts,  etc.  (2)  ». 

Déjà,  un  siècle  auparavant,  un  mandement  de  Pierre  IV,  roi 
d'Aragon,  du  20  octobre  i358,  avait  prescrit  au  gouverneur  de 
Roussillon  et  de  Cerdagne,  Guillaume  de  Belleria,  de  faire  exé- 

h)  Arch.  comm.,  AA.   i,  f"  i5i. 

(2)  Lettres  patentes  d'Alphonse  V,  en  forme  de  capitulation,  concernant 
la  juridiction  des  clavaires,  qui  était  souvent  usurpée  par  le  Procureur  royal. 
(Ibidem,  7  mai  1448,  AA.  3,  P  492.)  Plus  tard,  lempereur  Charles-Quint, 
par  lettres  patentes  données  en  forme  de  capitulation  aux  Corts  de  Barce- 
lone (  2  1  novembre  i5i9)  confirmait  les  privilèges  des  clayaires  en  matière 
de  police  des  marchés,  violés  par  le  Procureur  royal  au  sujet  d'une  jardi- 
nière arrêtée  pour  avoir  exposé  ses  marchandises  à  l'endroit  indiqué  par  les 
clavaires.  (Arch.  comm.,  AA.,  4f°  5o3). 


EL. 


—  52  — 

cuter,  sans  appel  ni  recours,  les  sentences  des  clavaires,  attendu 
que,  grâce  à  leurs  décisions,  les  rues  étaient  mieux  entretenues, 
s'embellissaient  et  se  transformaient  au  point  de  vue  pratique  et 
utile  (i). 

Ainsi  la  juridiction  absolue  des  clavaires  s'exerçait  non  seule- 
ment sur  le  pavage  et  le  nettoyage  des  rues,  mais  encore  sur  les 
porches,  étalages,  auvents  (envans)  et  autres  avancées  des  mai- 
sons, même  sur  celles  qui  sont  tenues  du  roi  «  directo  seu  alodiali 
jure...  vel  ad  emphiteosim  (2).  »  Ils  étaient  également  chargés  de 
la  surveillance  des  conduites  d'eau,  des  égouts,  des  bornes- 
fontaines  des  carrefours,  etc. 

A  cette  époque  (3),  la  circulation  des  véhicules  était  assez  diffi- 
cile ;  sur  l'ordre  du  roi  Pierre  IV,  les  clavaires  eurent  le  pouvoir  de 
désigner  les  rues  où  la  circulation  des  voitures  serait  tolérée  (4). 

La  transformation  des  rues  de  la  cité  perpignanaise  avait  tou- 
jours été  le  souci  constant  et  la  grande  préoccupation  de  toutes 
les  municipalités.  Le  lo  mars  1676,  le  Roi  XIV  félicita  les  con- 
suls de  Perpignan  d'avoir  chargé  l'intendant  du  Roussillon,  Camus 
de  Beaulieu,  de  faire  un  règlement  de  police  concernant  la  pro- 
preté des  rues  et  l'entretien  des  édifices. 

C'est  ainsi  que  vers  la  fin  du  xvn'  siècle  les  rues  se  transformèrent 
peu  à  peu,  grâce  à  la  sage  et  prévoyante  administration  du  corps 
municipal.  Un  arrêt  du  Conseil  d'Etat,  du  i3  janvier  1776,  venait 
de  casser  et  annuler  un  arrêt  du  Conseil  souverain  du  Roussillon 
qui  était  favorable  à  la  cause  des  consuls  de  Perpignan.  Les 
magistrats    consulaires    avaient    demandé    à    la    Cour    provinciale 

(1)  Archives  comm.,  AA.  1,  f°  143  :  «■  J^ie  publiée  seu  carrerie  dicte  ville 
teneanlur  melius,  pulchrius  et  utilius  condirecte.  » 

(2)  Arch.  comm.,  AA.  1,  f"  i5i.  3o  septembre  1387. 

(3)  Ibidem,  AA.  1,  f°  149  v°.  3  août  i366.  «  Quadrigarum  magni  ponderis 
vehiculorum  et  currorum  que  a  paucis  citra  temporibus  ducuntur...  per  eandem 
villam.  » 

(4)  Ibidem,  AA.  10.  Le  8  janvier  1370,  les  consuls  de  Perpignan  faisaient 
publier  des  criées  concernant  le  passage  des  voitures  dans  les  rues  spéciale- 
ment désignées  à  cet  effet  :  «  ...que  non  v  alge  aigu  qui  gaus  menar  ni  fer 
menar  carreta  o  carretes  carregades  ni  buydes...  per  la  vila  de  Perpinya  ni 
dins  la  vila,  anant  de  les  plasses  qui  son  devant  los  portais  e  als  portais  on 
no  hâ  plassa  pus  avant  de  x  canes  de  Montpeler,  sots  pena  de  xx  sous  per 
çascuna  vegada.  (Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  217,  P  39.) 


—  53  — 

l'autorisation  de  faire  un  règlement  «  pour  procurer  à  la  ville  de 
Perpignan  la  propreté,  la  décoration  et  la  commodité  des  rues  ». 
Les  desiderata  des  consuls  portaient  sur  les  points  suivants  : 
r  Les  rues  principales  devront  avoir  trois  toises  de  largeur,  au 
moins,  et  les  autres  deux  toises,  dimensions  que  les  propriétaires, 
en  rebâtissant,  seront  obligés  d'observer  ;  2°  dans  les  rues  qui  auront 
les  dimensions  prescrites,  les  boute-roues  qui  se  trouvent  dans  ces 
rues  seront  au  fur  et  à  mesure  enlevés  aux  frais  des  propriétaires  ; 
3  défense  de  bâtir  aucun  auvent  ou  amba  (evans),  et  de  faire 
aucun  ouvrage  extérieur  à  ceux  qui  existent  ;  4'  enfin,  transfor- 
mation des  portes-cochéres  et  volets  des  fenêtres  des  rez-de- 
chaussée  se  développant  en  dehors,  par  des  dispositions  qui  feront 
disparaître  cette  gène  à  la  circulation.  Une  pénalité  frappait,  cha- 
que contravention. 

Déjà,  en  1749  (le  3  janvier  et  le  3o  juin),  des  ordonnances  des 
consuls  de  Perpignan  avaient  paru,  relatives  à  l'embellissement 
de  la  ville  et  notamment  au  rétablissement  des  pavés  des  rues, 
prescrit  par  les  ordonnances  du  7  août  1722,  3i  janvier  1728  et 
1"  mars  1731,  qui  ne  furent  jamais  observées,  soit  par  la  mau- 
vaise volonté  des  propriétaires  taxés,  soit  par  la  difficulté  de 
trouver  de  bons  paveurs. 

On  peut  aisément  constater  que,  vers  le  milieu  du  xviii'  siè- 
cle, les  intendants  du  Roussillon  transformèrent  et  assainirent 
énergiquement  la  ville.  En  effet,  le  3o  juin  1749  (j),  une  ordon- 
nance des  consuls  de  Perpignan  était  rendue  au  sujet  de  la  pro- 
preté des  rues  et  des  précautions  à  prendre  pour  empêcher  qu'il 
n  arrivât  aucun  fâcheux  accident,  pendant  la  réparation  des  égouts 
et  autres  souterrains.  Cette  ordonnance,  qui  vise  les  précédents 
règlements  «  tombés  sous  le  mépris  ou  l'oubli  publics  »,  interdisait 
l'élevage  de  toute  espèce  d'animaux  de  basse-cour  dans  l'intérieur 
de  la  ville  ou,  tout  au  moins,  leur  circulation  dans  les  rues  et 
carrefours,  le  lavage  du  linge  et  de  la  vaisselle  de  cuisine  près 
des  fontaines  de  la  ville  ou  hors  des  portes  de  l'enceinte  ;  obli- 
geait les  propriétaires  qui  font  réparer  leurs  maisons  de  placer 
des  barres  à  l'extérieur  pour  avertir  les  passants  ;  défendait  de 
déposer  des  pierres  sur  la  voie  publique  et  de  les  y  laisser  ;  pres- 

[\)  Arch.  comm.,  livre  des  provisions,  AA.   10,  registre. 


IL 


-   54  - 

crivait  de  mettre  des  lanternes  près  des  trous  faits  dans  le  sol  et 
des  amas  de  matériaux  ;  et  défendait  d'abandonner  sur  la  rue  des 
voitures,  pressoirs,  tonneaux  et  marcs  de  vendanges. 

Un  an  plus  tard  environ,  le  4  avril  ijSo,  une  ordonnance  des 
consuls  était  rendue  au  sujet  du  pavage  des  rues  qui  n'avait  pas 
été  refait  depuis  1690.  Les  consuls  qui,  à  leur  entrée  en  charge, 
ont  ((  tout  d'abord  remarqué  la  saleté  des  rues  et  le  niauvais  estât 
de  leurs  pavés  »,  ont  fait  renouveler  les  criées  sur  le  balayage,  et 
les  font  exécuter  par  les  clavaires,  aidés  de  clavaires  surnumé- 
raires. Le  pavage  sera  fait  aux  frais  des  propriétaires  ayant  front 
sur  rue,  à  proportion  de  la  surface  qu'ils  occupent  (1).  L'entre- 
prise du  pavage  fut  confiée  aux  nommés  Pierre  Combis  père  et 
fils,  de  Lasbordes  (Languedoc),  à  raison  de  3o  sous  la  toise  car- 
rée et  de  20  sous  dans  le  cas  où  les  propriétaires  fourniront  les 
cailloux,  le  sable  et  les  manœuvres  (2).  Mais  il  s'agissait  non  seu- 
lement d'embellir  les  rues,  il  importait  surtout  de  leur  donner 
de  l'air,  en  un  mot  de  les  élargir. 

Pour  infirmer  l'arrêt  du  Conseil  Souverain,  du  23  janvier  1776, 
le  Conseil  d'Etat  expose  qu'aucune  loi  ne  détermine  la  largeur  à 
imposer  aux  propriétaires,  et  ne  permet  de  sacrifier  à  l'intérêt 
général  le  préjudice  que  causeraient  à  des  particuliers  des  réduc- 
tions de  surface  qui,  maintes  fois,  équivalent  à  la  partie  qui  reste  ; 
qu'en  l'espèce,  il  conviendrait  de  faire  adopter  un  plan  d'aligne- 
ment général  de  la  ville  et  de  déterminer  une  échelle  d'indemni- 
tés équitables  supportées  par  la  communauté.  Quant  aux  ferme- 
tures défectueuses,  le  Conseil  d'Etat  trouve  que  cet  état  de 
choses  «  est  établi  par  des  titres  légitimes,  tels  que  des  inféoda- 
tions  de  la  Chambre  du  Domaine,  au  nom  du  Roi,  à  qui  appar- 
tiennent les  rues  ;  il  a  été  payé  pour  cela  des  droits  d'entrée 
au  Domaine,  et  il  se  perçoit  à  son  profit  des  censives  annuelles  ». 
Le  Conseil  d'Etat  fit  la  critique  de  l'arrêt  du  Conseil  Souve- 
rain qui  confond  la  juridiction  des  consuls,  exercée  par  leurs 
clavaires,  et  celle  de  la  Chambre  du  Domaine.  Après  avoir  cassé 
et  annulé  l'arrêt,  le  Conseil  d'Etat  statuait  qu'il  soit  «  incessam- 
ment   fait    et    dressé    par  l'ingénieur  en  chef  de  la  place  un  plan 

(2)  Ibidem,  A  A.  7,  f"  80. 

^3)  Ibidem,  AA.  jo,  registre,  livre  des  provisions. 


—  55  — 

figuratif  des  dites  rues,  et  un  projet  d'alignement  dicelles,  les- 
quelles seront  arrêtées  dans  une  assemblée  générale  au  Conseil  de 
la  dite  ville,  dans  laquelle  il  sera  en  même  temps  délibéré  sur  les 
indemnités  que  pourroient  prétendre,  tant  les  propriétaires  des 
maisons  qui  perdront  leurs  fonds  pour  le  redressement  des  rues, 
que  les  seigneurs  fonciers  à  cause  de  leurs  Directes  (j)  ». 

Le  27  avril,  parut  l'ordonnance  des  Consuls  de  Perpignan  ser- 
vant de  règlement  pour  les  auvents  et  l'alignement  des  rues  de  la 
ville  :  elle  visait  la  longue  série  des  titres  royaux,  ordinations, 
privilèges,  qui  partent  de  1347  et  vont  à  1770,  et  décidait  la 
confection  du  plan  dont  il  vient  d'être  question.  Les  Consuls  tra- 
çaient sommairement  les  bases  du  travail  de  l'ingénieur.  Les  por- 
ches, auvents,  piliers  sont  successivement  énumérés.  Les  rues  de 
la  Barre  [GalUnaria),  des  Marchands,  de  la  Fusterie,  la  place 
Laborie,  les  ponts  sur  les  rues,  les  étaux  [laulas  caulasseras  et 
peixoneras)  servant  à  l'étalage  des  jardinages  et  poissons,  tout  ce 
qui  est  un  obstacle  à  la  circulation  est  l'objet  d'une  discussion 
pour  décider  si  l'on  doit  les  démolir,  les  défendre  ou  les 
tolérer  (2). 

Quand  on  compare  l'état  actuel  de  nos  rues  aux  carrerons  des 
xiv'  et  xv'  siècles,  on  peut  être  fier  du  résultat  obtenu  par  les 
sages  décisions  des  différentes  municipalités  qui  se  sont  succédé 
depuis  plus  de  cinq  siècles.  «  11  est  difficile,  écrivait  Desplanque 
en  1893,  de  se  faire  une  idée  de  la  saleté  qui  paraît  avoir  existé 
a  Perpignan.  Le  fumier  s'entassait  devant  les  portes  ;  les  porcs 
et  les  poules  vaguaient  librement  par  les  rues  ;  les  ruisseaux  qui 
traversaient  plusieurs  quartiers  à  ciel  ouvert,  charriaient  des  im- 
mondices de  toutes  sortes  «  lejuras,  brossas,  embuderadas,  sco- 
billes,  choes  d'ayll  y  de  sabes  »  ;  on  y  lavait  le  linge  ;  on  allait 
même  jusqu'à  faire  des  malpropretés  dans  les  fontaines  et  il  fallut 
nommer  un  officier  spécial,  chargé  de  maintenir  un  peu  d'ordre 
dans  la  voirie  ». 

Ces  règlements  en  vigueur  furent  nécessaires  ;  ils   aboutirent  à 

(1  )  Arch.  comm.,  A  A.   10,  registre. 

(î)  27  avril  1776.  Ibidem,  AA.  10.  L'embellissement  des  rues  concernait 
les  principales  rues  et  les  marchés  dont  nous  avons  suivi  la  transformation 
au  début  de  cette  étude. 

(3)  Ibidem.   11  septembre  ^  "]"]"]• 


—  56  — 

la  transformation   successive   et  radicale   de   la   vieille  ville   «  aux 
ruelles  étroites,  empuanties  ». 

Ainsi,  peu  à  peu,  Perpignan  se  transformait,  s'élargissait,  avait 
l'aspect  d'une  grande  ville  :  certains  auvents  disparaissaient  ;  on 
sait,  en  effet,  que  les  porches  ou  auvents  (i)  avaient  été  construits 
par  pure  tolérance  sur  la  voie  publique,  et,  du  reste,  sous  certai- 
nes conditions.  Mais  pour  élargir  la  ville,  il  fallait  avoir  les  droits 
que  la  Ville  n'avait  point.  Avant  les  lois  actuelles  sur  la  Constitu- 
tion des  Communes,  la  voie  publique  n'était  pas,  à  Perpignan, 
une  propriété  communale  ;  la  ville  possédait  sur  les  rues  et  places 
un  droit  de  police  absolu,  mais  elle  n'était  pas  propriétaire  de 
ces  voies.  Le  premier  plan  d'alignement  {2),  qui  fut  établi  en 
J775,  ne  portait  que  sur  un  nombre  restreint  de  rues  et  places. 
Le  11  septembre  1777,  un  arrêt  du  Conseil  d'Etat  nommait  le 
sieur  Duclos  architecte  de  la  ville  de  Perpignan  :  celui-ci  confec- 
tionna le  plan  qui  devait  transformer  définitivement  la  cité  per- 
pignanaise.  Le  deuxième  plan  fut  dressé  en   1840. 

Si  la  rue  des  Marchands  et  la  rue  de  la  Barre  ont  conservé 
leurs  auvents,  à  l'encontre  de  tant  de  rues  qui  ont  vu  disparaître 
les  leurs,  ce  sont  néanmoins  ces  deux  rues  principales  qui  inaugu- 
rèrent les  premières  devantures  en  bois  avec  volets  se  développant 
et  se  repliant  à  l'intérieur.  Par  contre,  elles  conservèrent  long- 
temps le  vieux  type  de  la  boutique  à  ouverture  béante  (3)  ; 
vers  1826,  la  transformation  des  devantures  avait  modernisé  l'as- 
pect des  boutiques  qui  devinrent  des  magasins.  L'évacuation  des 
jardiniers^ fît  donner  à  la  place  de  la  Gallinaria  le  nom  nouveau  de 
la  rue  des  Marchands,  qu'elle  a,  malgré  le  changement  des  noms 
de  toutes  les  rues,  heureusement  conservé  encore. 

(  1  )  Une  ordonnance  de  Ferdinand  le  Catholique,  du  1  6  juillet  i  5  i  o  inter- 
disait de  réparer  les  avancées  des  étages  en  surplomb  1  envansj  des  maisons 
de  Perpignan.  (Arch.  comm.,  AA.  4.) 

(a)  11  est  impossible  de  trouver,  dans  les  pièces  antérieures  au  premier 
plan  d'alignement,  la  délimitation  des  propriétés  privées  et  celle  du  domaine 
public  de  la  commune.  D'autre  part,  les  règlements  de  police  sur  la  dimen- 
sion des  avancées  des  maisons  et  la  dimension  des  piliers  ne  peuvent  être 
regardés  comme  créant  des  droits  à  la  Ville  contre  les  propriétaires. 

(3)  On  peut  voir  encore,  dans  la  rue  actuelk;  Emile-Zola  (ancienne  rue 
Saint-Sauveur),  près  de  la  petite  place  du  Poids  de  l'huile,  une  devanture  à 
ouverture  béante.  C'est  une  ancienne  boutique,  aujourd'hui  fermée. 


-  57  - 

Plus  récemment  encore,  Perpignan,  tout  en  perdant  son  pur 
cachet  d'originalité  que  lui  donnaient  ses  beaux  et  solides  rem- 
parts des  xiT  et  xiii*  siècles,  flanqués  de  meurtrières  ou  d'archières 
et  complètement  restaurés  par  Vauban,  mais  toutefois  dégagé  de 
cette  vaste  enceinte  qui  la  resserrait  et  l'étreignait  péniblement, 
prenait  l'aspect  des  grandes  cités:  une  nouvelle  ville  (i),  toute 
coquette  et  pimpante,  surgissait  au  milieu  de  ces  vieilles  murail- 
les, de  ces  larges  fortifications  désuètes  et  déclassées, que  les  nou- 
veaux procédés  de  guerre  rendaient  inutiles,  et  qui  étaient  métho- 
diquement remplacées  par  des  forts  modernes  capables  d'une 
protection  efficace  en  cas  d'invasion. 


IV.  Le  Théâtre  de  la  Loge  de  mer  ou  l'ancienne  Salle  du  Consulat  de  mer. 

En  1752,  la  salle  du  rez-de-chaussée  de  la  «  Loge  de  Mer  »  {1) 
avait  été  convertie  en  théâtre.  Par  l'étrange  caprice  d'un  homme, 
sous  les  ordres  d'un  Souverain,  pour  distraire  et  égayer  son 
entourage,  le  Comte  de  Mailly  transformait  en  théâtre  la  belle 
et  vaste  salle  du  Consulat  de  Mer. 

On  abattit  à  cette  époque  un  beau  plancher  et  la  chapelle  dont 
le  retable  (retaule)  était  formé  par  le  tableau  de  la  Trinité  (peint 
en  J489),  qui  se  trouve  aujourd'hui  dans  l'église  Saint-Jacques,  à 
la  chapelle  de  la  Sanch  vella,  où  on  le  porta  en  \y52.  La  démo- 
lition de  cette  splendide  pièce  fut  consentie  par  les  Consuls  de 
la  ville  et  les  Conseillers  du  Consulat,  d'accord  avec  le  Comte 
de  Mailly  (3)  ;  dans  les  premiers  jours  de   1752,  et  moyennant  la 

(1)  On  pourra  consulter  avec  intérêt  l'intéressant  ouvrage  de  M.  Pierre 
Vidal,  au  sujet  de  la  ville  nouvelle  :  Perpignan.    1898,  chap.  xxi  :    Perpignan 
à  la  fin  du  xix'  siècle.  —  Cf.  également  l'étude  très  documentée  de  Ph.  Tor 
rcillles  :   L'alignement  des  rues  de   Perpignan  au  xviii'  siècle.  ('Revue  d'archéo- 
logie (J^uscino).  n°  2,  juin  191  i.) 

(2)  Au  rez-de  chaussée  était  la  Bourse  (aujourd'hui  Café  de  France)  ;  à 
l'étage  unique  était  le  tribunal  de  mer  (salle  Arago  actuelle).  Le  commerce 
roussillonnais  se  faisait  principalement  par  mer.  Le  Consolai  Je  mar  avait  été 
crée  en  1387.  (Voir  plus  loin,  à  l'appendice,  Le  Consulat  de  merci  la  charte 
créant  ce  consulat.) 

(3)  Ces  travaux  commencèrent  «  a  la  fi  del  any  de  1751  ».  La  Loge  de 
mer  avait  été  bâtie  sous  le  roi  Martin.  Cette  Loge  de  mer  et  le  Palais  de  la 


—  58  — 

somme  de  16000  francs  les  démolisseurs  commençaient  leur  œu- 
vre :  l'intérieur  de  la  Loge  de  Mer  fut  tellement  défiguré  qu'au 
dire  de  Joan  Candi,  docteur  en  théologie,  on  ne  pouvait  plus  se 
faire  une  idée  de  ce  qu'était  auparavant  cette  splendide  salle 
«  que  no  se  pot  figurar  com  era  antes  ». 

Grâce  aux  éphémérides,  en  catalan,  que  Jean  Candi,  alors  curé 
de  Saint-Jacques,  avait  eu  la  bonne  inspiration  de  dresser  et  de 
glisser  dans  le  registre  (ou  minute  (i)  des  actes  de  baptême,  ma- 
riage et  sépulture),  nous  pourrons  suivre  la  transformation  de  ce 
bel  édifice,  de  cette  salle  mes  lustrosa,  qui  est  aujourd'hui  un  des 
plus  riches  joyaux  de  la  ville  de  Perpignan,  admiré  du  monde 
entier. 

Voici  la  note  qui  relate  cet  événement  si  important. 

«  Es  per  memoria,  com  en  lo  présent  any  de  ijSS,  se  fabrica 
y  erigi  la  sala  de  las  comedias  de  la  manera  seguent.  Lo  senyor 
compte  de  Mally,  governador  de  la  provincia,  tienent  gênerai  de 
las  armas  de  nostre  monarcha  Lluis  XV,  per  donar  divertiment  a 
la  noblesa,  als  officiais,  a  tota  la  vila  y  tota  la  provincia,  volgué 
establir  una  sala  fixa  y  perpétue  per  las  comedias,  volent  qu'hi 
haguès  continuament  comedians  fixos.  Perço  demana  als  Consols 
de  la  dita  vila  y  los  del  Consolât  de  mar,  la  sala  del  Consolât 
de  mar  (2). 

Députation  sont  tous  les  deux  remarquables  par  les  détails  de  la  construction 
et  de  la  décoration.  A  ce  sujet,  cf.  P.  Vidal,  "Perpignan,   1898. 

(1)  On  sait  qu'antérieurement  à  la  Révolution  et  à  partir  de  1684  seule- 
ment, les  registres  qu'on  appelle  aujourd'hui  registres  d'état  civil  étaient 
rigoureusement  tenus  en  double  par  les  curés.  Le  registre-minute  était  gardé 
à  la  sacristie,  le  registre-grosse  était  versé  au  bailliage.  En  1791,  les  minutes 
furent  apportées  aux  mairies  et  les  grosses  au  greffe  du  tribunal  de  première 
instance  de  l'arrondissement.  (Ces  registres  m'ont  été  très  utiles  pour  mon 
étude  sur  l'église  de  Castel  Roussillon  :  actes  de  l'église  des  xvii'  et  xviii*  siè- 
cles.) (Extrait  des  registres  paroissiaux.  Arch.  comm.,  pp.  93-io5.) 

(2)  En  appendice  j'ai  transcrit,  dans  cette  étude,  les  lettres  patentes  de 
Sanche.  roi  de  Majorque,  autorisant  les  consuls  à  acheter  une  boutique  et 
plusieurs  étaux  sur  la  place  deh  richs  homens,  «  in  platea  procerum  »,  pour  y 
construire  la  Maison  consulaire,  «  affranquimentum  operatorii  d'En  Ganter, 
m  quo  est  facta  Logia  Perpiniani.  »  (Palma,  5  mai  i3i5.  Arch.  comm.,  livre 
vert  mineur,  AA.  3,  f"  100  v°.)  —  «  La  salle  consulaire,  située  au  rez-de- 
chaussée,  écrit  M.  Vidal,  n'offre  plus  l'aspect  qu'elle  présentait  à  l'épocjue 


-  59  - 

Esta  sala  venia  a  peu  pla  casi  del  carrer  que  es  entre  dita  sala 
y  lo  Pes-del-Rey  (i).  S  hi  entrava  per  una  gran  porta  de  barras 
de  ferro  ben  treballat,  molt  alta  y  mol  ampla  ;  a  la  esquerra  hi 
habia  una  finestra  ab  una  gran  retxa  de  ferro  (2)  ben  treballat. 
Del  rostat  de  LIotja,  hi  habia  altre  porta  mes  petita  tambe  ab 
barras  de  ferro,  axibe  ben  treballadas  ;  dos  gran  finestrals  que  se 
tancaban  ab  finestras  de  fusta.  En  dita  sala,  se  tenian  las  assam- 
bladas  de  las  opposicions  (3),  de  las  cadiras  (4)  de  theologia,  lleys, 
medicina  y  philosophia.  En  dita  sala,  se  passajaban  al  LIotja  en 
temps  plujôs.  de  neu  o  de  vents  humids  o  molt  frets.  Al  fonds 
de  dita  sala,  hi  havia  una  petita  capella  (5),  dividada  de  la  sala 
per  un  balustre  de  fusta;  per  conséquent  tota  la  sala  podia  fornirse 
de  gent   per   ohir   missa,   lo   retaula    era    de  guix  gravât  sobre  la 

de  nos  libertés  communales,  mais  le  plafond  a  été  conservé  :  c'est  un  beau 
travail  du  xv'  siècle.  11  est  à  compartiments  profonds,  exécutés  de  main  de 
maître,  d'après  un  plan  qui  dénote  un  goût  exquis  chez  le  fuster  qui  en  fut 
chargé.  Au  fond  de  la  salle  s'élevait  un  dais,  sous  lequel  siégeaient  les  consuls 
de  la  ville  ;  sous  ce  même  dais  s'asseyaient  les  rois  d'Aragon  lorsqu'ils 
venaient  visiter  l'Hôtel-de-Ville.  (P.  Vidal,  Perpignan.  1898,  chap.  xiv, 
par.  3.)  —  11  est  certain  que  les  architectes  et  sculpteurs  qui  ont  construit 
ce  beau  monument  étaient  «  des  artistes  dun  grand  talent,  qui  avaient  plei- 
nement conscience  d'un  art  parfait  ». 

(1  j  C'était  la  maison  Charrasse,  rue  Saint-Jean,  où  est  actuellement  installé 
le  magasin  Dewachter  (angle  de  la  rue  Saint-Jean). 

(a)  Une  grille. 

(3)  Examens  pour  l'Université. 

(4)  Chaires  de  théologie,  etc. 

(5)  La  chapelle  ou  église  (sub  invocatione  Crucis  et  Immaculate  "Virginis 
Marie,  noviter  in  domo  Consulatus  construcla  '  Arch.  comm.,  AA.  6,  f'  504) 
avait  été  construite  dans  la  salie  Saint-Jean  ;  elle  fut  consacrée  en  1606,  le 
29  décembre,  par  l'évéque  d'Elne,  Onuphre  Réart,  sous  l'invocation  de 
saint  Jean  et  de  la  Sainte  Vierge.  Le  rétable  et  l'autel  furent  construits  en 
1606.  Le  3  août  161 3,  le  nonce  du  pape  déclarait  que  la  prohibition  de 
célébrer  des  messes  dans  les  oratoires  privés  ne  s'étendait  pas  à  la  chapelle 
de  l'Hôtel-de-Ville  ;  cette  exception  en  faveur  de  la  chapelle  du  Consulat 
fut  accordée  par  Antoine  Cajetan,  nonce  d'Espagne,  le  3  août  1616.  —  Un 
document  du  18  juin  1606,  relatif  à  cette  chapelle,  relate  le  privilège  dit  de 
la  Visita,  accordé  sous  forme  de  capitation  par  Philippe  II,  roi  d'Espagne, 
à  la  ville  de  Perpignan,  concernant  la  publication,  à  son  de  trompe,  du 
résultat  de  la  Yisita  sur  la  place  de  la  LIotja  et  dans  la  chapelle  nouvellement 
construite  «  al  costat  de  la  sala  gran  del  Consulat  de  mar  ».  (^Arch.  comm., 
AA.  j,  f  35  I  et  362.) 


—  6o   — 

fusta  ab  la  figura  de  la  santissima  Trinitat  y  altres  figuras.  Lo  tôt 
ben  dorât,  molt  antic,  lo  quai  es  vuy  en  la  iglesia  de  Sant-Jaume, 
en  la  capella  de  la  Sanch  vella.  Tots  los  dias  s'hi  deya  o  cele- 
braba  missa,  la  quai  ohian  quant  volian  los  senyors  consols  de  la 
Casa  de  la  vila  ;  la  quai  celebraba  un  Religiôs  del  convent  de 
N'"  S'-  de  la  Mercé,  ab  salari  que  rebia  de  la  Casa  de  la  vila. 
Lo  sostre  capital  de  dita  sala  era  digne  de  ser  vist,  puix  era  tôt 
treballat  a  la  mosaica,  casi  tôt  dorât  y  lo  demès  pintat.  Los  capi- 
tells  dels  cayrats,  que  eran  com  vigas  eran  tots  de  pedra  picada, 
cada  hu  ab  figura  de  diferents  animais,  o  de  homens,  o  de  angels. 
Los  arcs  que  portaban  dits  monalls  (j)  tots  de  pedre  picada  y 
rreballada  a  la  mosaica.  Tota  eixa  constructié  de  dit  sostre  a  la 
antigalla  (2),  donaba  a  que  occupar  lo  esperit  de  los  curiosos  qui 
lo  contemplaban.  Sobre  dit  sostre  s'hi  representaban  las  comedias 
dels  comediants,  passatgers  y  bagabuns  (3),  no  obstant  lo  mal 
propre  estât  en  que  se  trobaba  (4). 

En  effecte,  lo  dit  senyor  compte  de  Mally  a  la  fi  del  any  de 
ij5i,  convingué  ab  los  S"  Consols  de  la  vila  y  los  S"  Consols 
del  Consolât  de  mar  (5),  que  la  dita  sala  l'hi  foncb  concedida  ab 
los  pactes  entre  ells  fets.  Als  primers  del  any  iy52  se  donâ  ma  a 
la  obra,  la  entrepresa  pujant  a  16.000  franchs  y  las  despullas.  Tôt 
incontinent  feu  dimolir  lo  dit  sostre  y  capella  y  se  treballâ  fins  a 

(i  )  Ce  sont  les  poutrelles  artistement  sculptées. 

(2)  A  l'antique. 

(3)  Comédiens  ambulants,  c'est-à-dire  de  passage. 

(4)  11  est  bon  de  rappeler  que  la  Loge  de  mer  avait  été  bâtie  sur  l'empla- 
cement d'anciens  ouvroirs  qui  furent  achetés  par  les  consuls  :  un  document 
précise  le  fait  :  «  domum  et  domos  que  sint  ad  scrvitium  dictorum  consu- 
lum...  »  (Je  le  reproduis  à  l'appendice.)  En  somme,  la  Loge  de  mer  primi- 
tive, d'après  un  tableau  de  1489,  ne  consistait  que  dans  une  partie  du  monu- 
ment qui  présente,  sur  la  façade  de  la  Loge  actuelle,  les  deux  arcades 
voisines  de  l'angle.  Les  deux  autres  fenêtres,  et  toute  la  partie  du  monu- 
ment qui  en  dépend,  furent  ajoutées  sous  Charles-Quint,  en  1540:  une 
inscription  catalane,  que  reproduit  M.  Pierre  Vidal  (Perpignan,  1908, 
p.  287)  relate  le  fait. 

(5)  Le  Consulat  de  mer  de  Perpignan  avait  été  créé  le  1  5  décembre  i  388, 
sous  Jean  1",  roi  d'Aragon,  qui  lui  avait  conféré  les  mêmes  droits  et  attri- 
butions que  celui  de  Barcelone  :  les  membres  ainsi  que  l'assesseur  et  le  juge 
des  appellations  devaient  être  nommés  chaque  année,  la  veille  de  saint  Jean, 
par  les  consuls  de  Perpignan.  (Arch.  comm.,  AA.   1,  P  280.) 


—  6.   — 

Santa  Creu  de  maig  per  formar  dita  sala  de  spectacle,  la  quai 
sala  ha  tant  desfigurat  la  dita  sala  de  Consolât  de  mar  que  no  se 
pot  figurar  com  era  antes  ;  mes  se  pot  dir  que  moltas  personas  que 
han  vist  salas  de  comedias,  de  spectacles  o  opéras  en  Fransa  y  en 
Italia,  no  han  vist  sala  mes  iustrosa,  mes  curiosa  que  la  que  si  es 
treballada  en  esta  vila  ;  de  mes  grans,  ne  habian  vistas  y  ab  mu- 
sica  mes  abundada  ;  mes  non  pas  de  major  lustre.  Tôt  incontinent 
se  feu  un  avansament  del  costat  del  Pes-del-Rey  (i)  per  servir  de 
aposento  (2)  aïs  comedians  lo  die  dels  ensaitgs  y  de  functio,  a 
la  porta  del  quai  hi  ha  sentinella  nit  y  die  y  la  obertura  o  pri- 
mer die  de  las  représentations  se  feu  lo  primer  maig  lySa,  que 
es  lo  corrent  any  ahont  ha  assistir  gran  concurs  de  poble  de  tôt 
estament  (3)  majorment  tant  com  dit  S'  Compte  de  Mally  es  estât 
dins  la  vila  y  provincia.  Moltas  personas  de  différents  estats  se 
son  abonats  per  facilitar  a  tenir  actors  continuos  y  bons,  major- 
ment tots  los  officiais  dé  la  guarniciô,  per  ordre  de  dit  senyor 
compte  de  Mally.  7fa  est. 

Le  gouvf^rneur  Comte  de  Mailly  (4),  séduit  par  la  beauté  de  ce 
magnifique  palais,  venait  de  transformer  en  théâtre  cet  hôtel  prin- 
cier. On  peut  se  demander,  avec  juste  raison,  s'il  n'existait  pas  déjà 
une  salle  de  spectacle.  «  11  semble  bien  cependant  que  dés  le  xvi'  siè- 
cle, Perpignan  possédait  déjà  une  salle  de  spectacles  ;  elle  était 
située  dans  la  rue  de  !'«  Ancienne  Comédie  »,  qui  débouche  dans 
celle  de  la  Main-de-fer.  Cette  maison  était  connue  jusque  dans 
ces  derniers  temps,  sous  le  nom  de  Casa  de  las  Comedias  (5)  d. 

La  place  de  la  Loge,  l'ancienne  Place  des  Riches  Hommes 
(plassa  dels  T^ichs  Tiomens),  avait  porté  le  nom  de  «  Place  du  Théà- 

(1)  Un  mandement  de  Sanche,  roi  de  Majorque,  concernait  la  création 
du  teneur  du  livre  du  poids  du  roi  (  i3  nov.  i32  2).  De  là  le  nom  attribue  à 
la  rue. 

(2  )  C'était  le  foyer  de  la  comédie. 

(  3  )  De  tout  rang. 

(4*  Un  arrêt  du  Conseil  d'Etat,  du  17  février  ijS'i,  approuvait  la  cession 
faite  en  faveur  de  la  Ville  par  M.  de  Mailly,  commandant  de  la  province, 
de  5oo  livres  que  la  province  lui  pavait  pour  son  droit  de  saccades,  attendu 
les  réparations  faites  à  l'hôtel  du  commandant  et  à  l'établissement  de  la  salle 
de  spectacle.  (  Arch.  comm.,  AA.  8,  P  2i3. 

(5i  P.  Vidal,  "Perpignan,   1898,  ch.  xjv,  par.  3. 


~  6^  - 

tre  ».  C'était,  dit  M.  Vidal,  un  théâtre  en  plein  air  où  «  nos  aïeux 
représentaient  les  Mystères,  ces  longs  drames  religieux  du  moyen 
âge  ».  En  effet,  le  lo  mai  1469,  Laurent  Galderich,  dit  Raffard, 
pareur,  vendit  à  François  Alphonse,  mercadier,  une  maison  sise  à 
la  paroisse  Saint-Jean  «  devant  le  théâtre  »  (ante  Theatrum)  et 
confrontant  d'un  côté,  avec  la  maison  d'Augustin  d'Agosti,  mer- 
cadier et  par  devant  avec  le  dit  Théâtre  ou  Place  des  Riches 
Hommes  (1). 

La  salle  de  spectacles  municipale  vécut  63  ans,  d'une  vie  mou- 
vementée, avec  pas  mal  de  «  relâches  »  sur  l'affiche  ;  quelquefois 
il  y  eut  des  suspensions  pendant  une  campagne  entière.  Dans  ce 
dernier  cas,  la  salle  était  louée  pour  des  bals  au  prix  moyen  de 
25o  francs  l'an,  avec  réserves  pour  les  représentations  fortuites 
des  troupes  de  passage,  les  «  comedians  vagabuns  (2)  ». 

Le  dernier  directeur,  malgré  tous  ses  efforts  ne  put  terminer 
la  campagne  qu  il  avait  entreprise  en  montant  trois  opéras  (3).  Le 
26  janvier  j8i5,  il  liquidait  la  situation  en  passant  à  la  municipa- 
lité pour  600  francs  d'accessoires  :  ceux-ci  furent  cédés  à  la 
Société  du  théâtre,  qui  s'ouvrit  l'année  suivante. 

L'ancienne  salle  de  spectacle  (4)  fut  affermée  à  la  Ville  ;  on  en 
fit  un  bureau  ;  plus  tard   elle  servit   de   remise   aux   Messageries. 

Ceci    est   confirmé  par  Jaubert-Campagne  (5)    qui    se    plaignait 

(i)  Et  ante  cum  dicto  théâtre  sive  Platea  Divitum  hominum  Perpiniani. 
(Manuel  de  Pierre  Vilarnau,  années  1469-70.)  (Note  de  M.  P.  Vidal, 
op.  cit.,  p.  292.J 

(2)  Parmi  les  pièces  qui  furent  jouées  figurent  :  la  Belle  Arsène  ;  lu  Femme 
vengée  :  les  Savoyards  ;  la  Forêt  de  Sicile  ;  les  Sabotiers  ;  la  Piété  filiale  ; 
l Auberge  pleine  ;  la  Veuve  de  Malabar  ;  les  Deux  Avares  ;  Zémire  et  Azor  ; 
Lodoyska  ;  Don  Quichotte  ;  l'Amant  statue  ;  le  Secret  ;  Guillaume  Tell  (comédie)  ; 
Paul  et  T'irginie  (id.);  T^oméo  et  Juliette  (id.);  le  Barbier  de  Séville  (id.);  etc. 
(D'après  une  note  de  Jean  Guibeaud.) 

(3)  Cétait  un  nommé  Singier  qui  donna  :  la  Tlùte  enchantée,  de  Mozart; 
ta  Vestale,  de  Spontini  ;  le  Siège  de  Corinthe,  de  Méhul. 

(4)  Les  merveilles  du  plafond  de  cette  salle,  les  mosaïques  dont  parle 
J.  Candi  paraissent  une  imitation  ou  reproduction  du  plafond  de  la  salle 
actuelle  des  mariages.  Ces  merveilles  sont  masquées  par  un  faux  plafond 
placé  au-dessous  à  la  distance  de  94  centimètres.  La  Ville  accéda,  non  sans 
regret,  à  l'exigence  du  fermier  qui  trouvait  trop  élevé  le  plafond  d'une 
pièce  recevant  une  nouvelle  affectation. 

(5)  Jaubert-Campagne,  avocat,  Essai  sur  les  anciennes  institutions  munici" 
pales  de  Perpignan,  par.  iv,   i833. 


—  63  — 

amèrement,  en  i833,  de  la  décevante  transformation  de  l'ancien 
prétoire  si  renommé  de  ha  Loge.  «  Le  local  existe  encore  aujour- 
d'hui, tel  qui)  fut.  écrivait  l'éminent  avocat,  mais  il  n'existe  d'au- 
tre trace  de  son  antique  destination  qr'ane  girouette  en  fer  et  en 
forme  de  galéasse  de  cette  époque,  qui,  du  haut  de  la  Maison  de 
Ville,  semble  protester  contre  la  nouvelle  destination  qu'il  a  reçue. 
En  voyant  notre  antique  Loge  de  commerce  servir  de  remise  aux 
diligences,  on  croit  voir  un  vieux  serviteur  qu'une  patrie 
oublieuse  de  ses  anciens  services,  laisse  s'éteindre  dans  la  misère 
et  dans  l'oubli  ». 

Puis  ce  fut  le  café  de  la  Loge  ,  et  aujourd'hui  le  café  de 
France  (i)  qui  existe  encore.  Ce  bel  immeuble,  dont  un  rideau 
de  fer  masque  la  gracieuse  façade,  ce  pur  joyau  d'architecture 
hispano-mauresque,  orné  de  trèfles,  d'ogives  et  de  balustres 
découpés  à  jour,  est  d'un  précieux  revenu  pour  la  ville  qui  n'a 
jamais  pu,  malgré  les  efforts  si  louables  du  regretté  D'  Donnezan, 
rendre  au  bel  édifice  de  la  capitale  du  Roussillon,  sa  première 
parure  si  gracieuse,  toute  d'originalité  byzantine. 

(A  suivre)  Henry  Aragon. 

(  1  )  Cet  immeuble  a  successivement  rapporté  2125  fr.  par  an  jusqu'en  j  852  ; 
7025  fr.  en  1868;  1  1 .400  fr.  en  1891  et  14.200  fr.  depuis  1894.  Aujour- 
d'hui, la  Ville  perçoit  un  revenu  de  i  0.000  francs. 

Sympathies  catalanes 

Nous  avons  reçu  une  magnifique  carte-souvenir  de  la  messe 
offerte  par  les  Dames  Catalanes  du  PaJrtnalge  de  Guerra  de  Bar- 
celone aux  Ames  des  Volontaires  Catalans  et  des  soldats  des 
nations  alliées  tombés  au  Champ  d'honneur. 

Cette  messe  fut  dite  par  M.  l'abbé  Etienne  Caseponce,  mem- 
bre de  la  Société  d'Etudes  Catalanes,    le    14  février  dernier. 

Une  soirée  en  l'honneur  de  Volontaires  Catalans  luttant  sur 
notre  front  fut  célébrée  le  ]  mars  au  "Foyer  français,  avec  le  con- 
cours des  maîtres  Guimerà,  Mestres  et  Iglesias.  A  ce  sujet, 
M.  Apeles  Mestres  nous  écrit  : 

«  M'han  demanat  que  hi  prengui  part,  llegint  algunes  "Flors  de 
Sang,  a  lo  quai  he  accedit  molt  gustés.  Jà  veu  que  's  fa  tôt  lo 
que  's  pot  perla  causa.  » 

Ces  paroles  de  l'illustre  poète  nous  vont  droit  au  cœur.  Ce 
sont  là  vraiment  de  sincères  amis.   Français  ne  l'oublions  pas. 

Caries  de  la  Real. 


La  Colonie  antique  de  Ruscino 

La  presse  locale  et  régionale  a  salué  chaleureusement  l'appari- 
tion du  livre  de  notre  excellent  collaborateur  M.  Henry  Aragon  : 
La  Colonie  Mnlique  de  T^uscino.  Le  public  roussiilonnais,  celui  qui 
pense,  et  que  le  bouleversement  général  n'a  pas  pris  tout  entier, 
a  commenté  flatteusement  cette  brillante  manifestation  de  la  pen- 
sée française,  ce  nouveau  monument  de  l'Histoire  de  notre  petite 
patrie. 

11  nous  sera  quelque  peu  malaisé,  après  tout  le  bien  qui  a  été 
dit  du  livre  de  M.  Aragon,  de  trouver  des  termes  assez  forts 
pour  traduire  l'impression  que  sa  lecture  a  laissé  dans  notre  esprit 
de  fervents  catalanisants. 

Castel-Rossellô  a  toujours  eu  pour  les  perpignanais  un  attrait 
particulier  ;  abstraction  faite  des  historiens  locaux  et  des  ardents 
poètes  qui  ont  immortalisé  la  vieille  tour  moyenâgeuse,  le  vul- 
gaire a  professé  pour  cet  amas  de  ruines  qui  s'élève  encore  impo- 
sant devant  la  bande  bleue  de  notre  Méditerranée,  une  vénération 
non  dissimulée. 

Mais  ces  ruines,  depuis  quelques  années,  se  sont  animées  ;  en 
1909,  des  fouilles  furent  entreprises.  «M.  Thiers  les  poursuivit 
pendant  cinq  années  avec  la  passion  et  l'ardeur  qu'il  apportait  à 
ses  entreprises  ». 

La  guerre  survint,  avec  elle  fut  interrompue  la  grande  œuvre 
de  résurrection  de  Ruscino  ;  la  mort  de  M.  Thiers  semblait 
devoir  mettre  fin  au  merveilleux  travail  d'exhumation  de  tant  de 
richesses  archéologiques. 

Mais  de  même  que,  dans  la  course  au  flambeau,  l'éphèbe  saisit 
la  torche  des  mains  débiles  du  vieillard  qui  succombe,  M.  Ara- 
gon a  vaillamment  poursuivi  la  tâche  de  son  Maître  vénéré. 

Et  nous  avons  vu  merveilleusement  surgir  des  oeuvres  maîtres- 
ses :  Le  Bilan  des  fouilles  de  J^uscino,  Les  Vestiges  de  T^uscino,  Cas- 
tell-T^ossellô  au  Moyen  Age,  etc..  et  enfin  La  Colonie  Antique  de 
J{uscino. 


—  65  — 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  de  disséquer  le  dernier  né  du 
châtelain  de  Castel-Roussillon  ;  il  nous  faudrait  pour  cela  sortir 
du  cadre  restreint  de  notre  petite  T^evue  Catalane;  qu'il  nous  soit 
simplement  permis  de  citer  une  appréciation  qui  fait,  à  notre  avis, 
autorité  :  celle  de  M.  A.  Héron  de  Villefosse,  membre  de  l'Ins- 
titut. «  La  cause  de  Ruscino  n'était  pas  abandonnée.  Avec  une 
activité  qui  surprend  et  qui  étonne,  vous  en  êtes  devenu  l'avocat 
et  vous  l'avez  vigoureusement  défendue. 

«  Vous  avez  repris  les  commentaires  lumineux  dans  le  but 
d'écrire  l'histoire  de  la  colonie  romaine  et  d'en  exposer  l'admi- 
nistration. Actif  ouvrier  de  la  résurrection  de  Ruscino,  vous  avez 
la  satisfaction  et  l'honneur  d'en  être  le  premier  historien.  » 

Ainsi,  par  delà  les  fantaisies  populaires,  M.  Henry  Aragon  a 
courageusement  abordé  l'Histoire,  la  grande  Histoire,  celle  qui 
exige  qu'on  l'écrive  avec  son  âme,  celle  qui  vous  change  en  béné- 
dictin poussiéreux,  celle  qui  vous  prend  toutes  vos  facultés,  toute 
votre  vie,  celle  qui  vous  ordonne  impérieusement  d'ouvrir  les 
flancs  de  la  terre  pour  y  découvrir,  un  à  un,  les  trésors  des  âges 
défunts.  Et  de  cette  terre  bouleversée,  qui  est  la  nôtre,  la  Jfiare- 
Terra,  monte  un  parfum  très  doux,  indéfinissable,  qui  nous  prend 
le  cœur  ;  c'est  ce  parfum  que  nous  avons  respiré  en  tournant  les 
feuilles  de  La  Colonie  Antique. 

P.  Francjs. 


Les  morts 

Deux  figures  de  la  renaissance  provençale  et  catalane  viennent 
de  disparaître  : 

Charles  Roux,  l'un  des  continuateurs  les  plus  enthousiastes  de 
l'Œuvre  Mistralienne  et  J.  Pons  y  Massaveu,  auteur  de  diverses 
oeuvres  fort  appréciées  pour  leur  couleur  locale. 


OEL  PRIMER  RAIG: 

Salut  al  Rossello 

^  ma  germana  Teresa. 

Salut,  terra  catalana, 
Hont  mos  avis  han  lluytat... 
De  Sant-Joan  a  Montferrat, 
Recort  de  guerra  llunyana 

Tan  que  viuré  't  guardaré... 
Dins  mon  cor  plassa  sagrada. 
Fins  la  mort  no  olvidaré 
Riu,  y  camp,  y  casa  honrada. 

Rossello,  Vallespir  o  Cerdanya... 
Païs  del  sol  y  del  fruyt  endaurat, 
Cantaré  ta  vall  y  ta  montanya, 
Tos  miquelets  del  temps  passât, 

Y  quan  los  anys  blanquiran  lo  meu  cap, 
Lo  meu  desitg,  terra  agrahi'da... 
Sera  dormir  6  morir  Deu  ho  sab 
Dins  ton  se,  mare  benehîda, 

Albert  Janicot. 

Une  basilique  latine  du  V  siècle 

L'atrium  el  l'église  d'Arles-sur-Tecb 
VIL  L*abside  et  les  absidioles 

Dans  le  mur  de  fond  de  la  nef  s'ouvre  une  abside  semi- 
circulaire,  voûtée  en  quart  de  sphère,  absolument  pareille 
aux  absides  des  basiliques  païennes.  Elle  est  flanquée  de 
deux  absidioles  correspondant  aux  bas-côtés  ;  mais,  chose 


-  67  - 

étrange,  ces  absidioles  sont  fermées  par  des  murs  plats  et 
peuvent  être  considérées  comme  des  annexes  et  non  comme 
des  parties  intégrantes  de  l'église.  On  remarquera,  en  outre, 
que  l'abside  se  ferme  à  9"'5o  au-dessus  du  pavé,  alors  que 
la  voûte  de  la  nef  atteint  une  hauteur  de  17  mètres,  ce  qui 
constitue  une  anomalie  qu'on  ne  rencontre  nulle  autre  part, 
et  qu'aucune  raison  d'ordre  liturgique  ne  saurait  expli- 
quer (1).  Nous  allons  avoir  la  raison  de  ces  diverses  ano- 
malies. 

Parlant  des  basiliques  civiles  de  la  Rome  païenne,  Cor- 
royer s'exprime  ainsi  : 

«  C'est  dans  l'hémicycle  ou  abside  qu'étaient  placés  le 
«  siège  du  juge  —  Irihuna  —  et  ceux  de  ses  assesseurs.  A 
«  droite  et  à  gauche,  s'élevaient  souvent  des  absides  secon- 
«  daires,  ou  de  petites  salles  destinées  à  contenir  les  archi- 
«  ves  ou  divers  services  accessoires  (2).  » 

Nous  voyons  donc  pourquoi  les  absidioles  d'Arles  ont 
été  fermées  par  des  murs  plats.  Aucune  préoccupation 
d'ordre  liturgique  ne  pourrait  expliquer  ce  dispositif;  les 
absidioles  sont  donc  antiques. 

Passant  aux  basiliques  chrétiennes,  Corroyer  ajoute  : 
«  L'autel  était  placé  entre  l'hémicycle  ou  abside  ménagée 
«  dans  le  mur  du  fond  et  l'arc  triomphal  s'ouvrant  dans  la 
«  nef  (3)  ». 

Cela  nous  explique  pourquoi  l'abside  d'Arles  a,  selon 
M.  Brutails,  une  profondeur  plus  grande  que  son  rayon. 
11  est  vrai  qu'on  peut  croire  aussi  que  ce  léger  allongement 
est  dû  à  l'existence  d'un  escalier  de  cinq  marches  aujour- 
d'hui supprimé.  1 1  en  était  ainsi  à  l'église  de  Baqouza  (Syrie), 

(1)  On  trouve  bien  quelquefois  un  oculus  percé  entre  la  voûte  de  l'abside 
et  celle  de  la  nef,  quand  elles  ont  une  hauteur  différente.  Cela  peut  s'expli- 
quer de  bien  des  façons,  mais  une  différence  de  hauteur  de  ^"$0  est  inexpli- 
cable. 

(2)  Loc.  cit.,  p.  24. 

(3)  Loc.  cii.,  p.  46. 


—  68  — 
sensiblement   contemporaine   de  l'église   d'Arles   et  offrant 
avec  cette  dernière  de  multiples  analogies. 

Plus  loin,  le  savant  architecte  ajoute:  «  L'abside  primi- 
«  tive  n'avait  pas  d'autre  jour  que  celui  qu'elle  recevait  de 
c(  la  nef  ou  du  transept.  Transformée  en  martynum.  elle  fut 
«  non  seulement  percée  de  fenêtres,  mais  encore,  selon 
«  certains  auteurs,  elles  auraient  été  entièrement  ajourées, 

«  etc.  (i).  » 

L'abside  d'Arles  n'est  pas  entièrement  ajourée  ;  majs  elle 
était   primitivement   éclairée   par  trois  fenêtres,  dont  deux 
ont  été  murées,   lors   des   divers  remaniements   qu'a   subis     , 
l'édifice.  Je  ne  comprends  pas  pourquoi,  si  l'abside  eût  été 
érigée  pendant  le  bas  moyen-âge,  on  eût  ouvert  des  fenê- 
tres, qui  ne  devaient  pas  servir.   D'autre  part,  dans  toutes 
les   'tours    semi-circulaires,    que   l'on    voit   encore   dans  les    ^^ 
forteresses  du  v^  siècle  (2),  on  retrouve  les  trois  fenêtres,    | 
quelquefois  sur  deux  étages  superposés. 

(A  suivre)  F-P-  T'"'^'^^" 

(1  )  Loc.  cif..  p.  49-  .  .         ,  - 

(2)  Notamment  a  Narbonne.   Dans  léglise  de  Baqouza,    dont  ,  ai   parle 
tout  à  l'heure,  l'abside  est  également  percée  de  trois  fenêtres. 

Trois  gerbes  (poèmes  de  p.  Gasc) 
Si  Gasc  nous  charme  par  sa  poésie,  dont  Iharmonie  et  la  couleur  laissent 
une  impression  de  grâce  sereine,  nous  admirons  bien  plus  en  lui  toute  la 
finesse  de  sa  psychologie  et  ce  lyrisme  reposant  qui  caractérise  son  art. 
Toute  l'œuvre  de  Gasc  respire  une  profonde  sentimentalité  et.  qu  il  chante 
le  Roussillon,  ses  impressions  du  front,  ses  émois  ou  ses  espoirs,  1  auteur  se 
révèle  toujours  analyste  profond  et  sincère.  C'est  un  peintre  exquis  des 
demi-teintes  doublé  d'un  idéaliste,  et  ses  tons  en  grisaille,  ses  gammes  flot- 
tant dans  le  rêve  enveloppent  sa  pensée  de  je  ne  sais  quel  vague  endianteur 
qui  sied  à  ravir  aux  choses  de  l'âme. 

Revues  Françaises-Catalanes 

Nous  saluons  avec  joie  la  publication  de  deux  nouvelles  revues  françaises- 
catalanes.  Messidor  et  Plançons.  dirigées  par  de  fidèles  amis  de  notre  Patrie. 
Nous  retrouvons  parmi  les  collaborateurs  plusieurs  de  nos  amis,  entr  autres 
MM.  A.  Maseras  et  Perez-Jorba.  ^ 


U  Gérant,  COMET.  -   Imprimerie  CtaUne,  COMET,  rue  de  h  Po5te,   Perpignan 


12-  Année.   N'  138  15  Avril  1918 

Les    Manuscrits  non  insères  ^^  ^F^^V  W  4  V^ 

ne  sont  pas  rendu».  M^to  M'*  ^W      m.   J  Ml.^ 


CATALANE 


Lrs  Articles   parus  aans  ia   Revue 
n'engagent  que  leurs  auteurs. 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  10  fr.  par  an. 


L*aucell 


Una  gabia  jo  tenfa 
pintadeta  de  vermeil  ; 
dintre  la  gavia  un  aucell 
refilava  nit  i  dia. 

A  les  dues,  a  la  una, 
als  matins,  a  les  vesprades, 
i  vàlga  'm  Deu,  quines  cantades, 
ara  al  sol,  ara  a  la  lluna  ! 

La  ma  d'una  dona  obrî 
la  gabia  quan  jo  no  hi  era, 
i  l'aucell  per  l'ample  esfera 
tôt  d'un  vol  me  va   fugî. 

Anys  han  passât,  i  un  riu  d'or 
aquell  goig  no  'm  tornaria  : 
j  l'aucell  era  l'alegrîa  ; 
i  la  gabia  era  el  meu  cor  ! 

]oan  ToMAS  i  Salvany. 


Une  basilique  latine  du  V  siècle 

L'atrium  et  l'église  d'Arles-sur-Tecîï 
VIII.  Le  chevet 

Si  je  ne  me  trompe,  le  mot  chevet  désigne  la  face  convexe 
de   l'abside.    N'ayant   aucune   notion    sur    ce    chevet,    j'en 
emprunterai    la    description   à   M.    Brutails,    déjà  nommé  : 
a  A  l'abbatiale  d'Arles,  pilastres  et  corbeaux  sont  concur- 
«  remment  employés  à  porter  l'arcature  ».  Il  s'agit  évidem- 
ment de  ces  arcatures   dites   lombardes,   dont  j'ai   sous  les 
yeux   un   exemple  à   Castel-Roussillon,   cité  aussi   par  cet 
auteur.  En  général,  on  fait  remonter  l'âge  de  ces  arcatures 
au  XJ'  siècle  ;  je  n'y  contredis  point.  Mais,  si  les  Lombards 
sont  les  inventeurs  de  ce  genre  de  décoration,  il  est  bon  de 
ne  pas  oublier  qu'ils  ont  pénétré  dans  l'exarchat  de  Ravenne 
en  58o,  c'est  à  dire  bien  avant  le  xi*  siècle.   Mais  sont-ils 
bien  les  importateurs  de  ce  genre  de  construction  ?  Incon-     i 
testablement  non  ;    pas   plus   que   les   Wisigoths,  ils  n'ont 
rien   innové   en    matière   d'architecture  (i).    Ces    arcatures      I 
dites   lombardes   existaient    sans    aucun    doute   à    Ravenne 
avant  leur  arrivée  et  il  est  permis  de  croire  que  celles  que 
l'on  voit  au  chevet  d'Arles  sont  contemporaines  de  l'église, 
bien   qu'elles  aient  pu   provenir  de  certains  remaniements 
de  date  bien  postérieure.  Du  reste,  M.  Brutails  n'est  pas 
éloigné  de  partager  cette  opinion,  car  il  dit  ailleurs  :  «  L'em- 
«  ploi  très  fréquent  des  arcatures  dites  lombardes   et  des 
«  dents-de-scie  est  également  remarquable  :  cette  ornemen- 
«  tation,  dont  l'origine  paraît  être  une  combinaison  cons- 
«  tructivc  adoptée  pour  les  monuments  latins  de  Ravenne, 


(i)  Vivant  dans  des  chariots,  les  Barbares  n'avaient  pas  d'architecture. 


■J 


—  7'   — 

«  eut,    en    Roussillon,    non   moins   de   succès  que  dans  les 
«  bassins  du  Rhône  et  du  Rhin  (i)  ». 

Dans  un  excellent  travail  publié  récemment  (2),  un  archéo- 
logue espagnol,  M.  Puig  y  Cadafalch,  signale  des  bandes 
lombardes  sur  le  tombeau  de  l'impératrice  Placidie  —  érigé 
à  Ravenne  en  449  —  et  dans  nombre  d'églises  ravennates 
des  V*  et  vj'  siècles.  Je  pourrais  citer,  à  mon  tour,  la  bande 
des  petites  arcatures,  que  l'on  voit  sur  un  linteau  de  mar- 
bre blanc  conservé  au  musée  de  Perpignan,  et  qui,  à  mon 
avis,  ne  descend  pas  plus  bas  que  le  milieu  du  jv*  siècle  (3). 
Dans  un  travail  récent,  je  me  suis  bien  gardé  de  prononcer 
le  mot  lombardes.  Malgré  toutes  les  réserves  que  j'aurais  pu 
faire,  nombre  de  gens  n'auraient  pas  manqué  de  m'attribuer 
un  parfait  anachronisme. 


IX.  Les  toitures 

Ainsi  que  l'avait  deviné  Caumont,  la  grande  nef  était  cou- 
verte d'une  toiture  lambrissée.  Cette  toiture  était  placée 
assez  haut  pour  motiver  l'existence  d'un  clair-étage  percé 
de  fenêtres  sur  les  faces  latérales.  La  longue  fenêtre  aujour- 
d'hui amortie  en  arc  brisé,  qui  occupe  le  mur  du  fond  (4), 
au-dessus  de  l'arc  triomphal,  existait-elle  au  v^  siècle  ? 
Assurément  non  sous  sa  forme  actuelle.  Peut-être  n'y  avait- 
il  sur  ce  point  aucune  ouverture  ;  un  médaillon  aurait  pu, 
selon  un   usage   assez   répandu,    occuper    le    centre   de    ce 

(1)  Bulletin  archéologique,   1893,  p.  403. 

(2)  Congrès  archéologique  (1906),  pp.  684-703. 

(3^  Ce  linteau  chrétien,  dont  le  plafond  est  sculpté  à  la  façon  des  soffites 
des  architraves  païennes,  est  appelé  à  devenir  célèbre,  quand  il  sera  connu 
du  monde  savant,  autrement  que  par  de  vagues  descriptions.  Je  ne  crois  pas 
qu'il  existe  d'autres  monuments  chrétiens  de  ce  genre,  du  moins  en  France. 
(Ce  linteau  est  .actuellement  dans  la  salle  du  Musée  archéologique.) 

(4)  C'est  ici  le  cas  de  parler  de  l'épaisseur  des  murs  qui,  selon  M.  Brutails, 
serait  de  i'"2o.  Or,  4  pieds  romains  valent  exactement  i"i86.  Il  est  visible 
que  l'architecte  a  pris  pour  modèle  une  mesure  romaine. 


—  72  — 
grand  mur,  pour  en  atténuer  la  nudité.  Quant  aux  fenêtres 
latérales,  elles  existent  encore  ;  mais,  pour  ne  pas  les  mas- 
quer par  la  carapace  de  la  voûte,  on  a  percé  dans  celle-ci 
des  oculus  au  droit  des  baies  antiques,  de  sorte  que  la  nef 
est  assez  mal  éclairée.  C'est  une  conséquence  des  modifica- 
tions opérées,  soit  au  xi'^  siècle,  soit  au  siècle  suivant,  et 
non  une  conception  due,  selon  M.  Brutails,  à  des  influen- 
ces provençales.  On  ne  pouvait  faire  autrement,  à  moins  de 
laisser  la  grande  nef  dans  l'obscurité.  L'art  provençal  n'a 
rien  à  voir  dans  tout  ceci  ;  la  nécessité  a  tout  commandé. 

Au  sujet  des  bas-côtés,  on  me  permettra  de  garder  une 
prudente  réserve.  Assurément  ils  étaient  couverts  d'une  toi- 
ture en  appentis,  avec  charpente  apparente.  11  se  peut  aussi 
que  les  pannes  des  toitures  aient  été  directement  suppor- 
tées par  des  arcs  transversaux  jetés  sur  les  bas-côtés  au  droit 
des  piliers.  Quelques  vagues  indications  échappées  aux  pré- 
cédents explorateurs  me  porteraient  à  le  croire.  C'est  une 
question  à  examiner  de  près. 

X.  Conclusion 

D'ailleurs,  je  dois  dire  que  je  n'ai  pas  la  prétention 
d'écrire  ici  une  monographie  de  l'église.  Je  l'écrirai  peut- 
être  un  jour,  si  des  circonstances  favorables  viennent  nous 
permettre  de  scruter  les  mystères  que  l'édifice  recèle  encore. 
je  me  contente  d'appeler  l'attention  des  archéologues  sur  un 
monument  mal  connu,  qui  est  peut-être  le  seul  de  son 
espèce  existant  en  France  et  qui,  à  ce  titre,  a  droit  à  toute 
notre  sollicitude.  Souhaitons  que  la  main  des  modernes  res- 
taurateurs lui  soit  légère,  qu'avant  toute  imprudence  ils 
scrutent  les  détails  de  sa  construction  et  ne  dénaturent  pas 
par  ignorance  ce  que  tant  de  siècles  ont  conservé. 

11  me  reste,  en  terminant,  à  formuler  un  vœu.  Je  crois 
qu'il  serait  urgent  de  descendre  la  magnifique  croix  du 
tympan,  que  les  pluies  tombées  pendant  quinze  siècles  envi- 


_  73  - 

ron  ont  quelque  peu  dégradée.  Déjà  certain  détail,  qui  m'a 
servi  à  déterminer  son  âge  (i),  est  devenu  très  fruste.  On 
pourrait  la  déposer  dans  le  cloître  gothique,  mais  il  est  évi- 
dent qu'elle  n'y  serait  pas  à  sa  place.  Le  mieux  serait,  à 
mon  avis,  de  l'incruster,  sous  un  auvent,  dans  le  mur  de 
l'atrium,  au-dessus  du  sarcophage  antique. 

F. -P.  Thiers. 

(i  ^  A  ma  connaissance,  les  Christs  de  tympan  des  xi*  et  xiT siècles,  tels  que 
ceux  de  Saint-Génis  des  Fontaines,  de  Saint-Jean-le-Vieux  de  Perpignan, 
de  Saint-Trophime  d'Arles-sur-Rhône,  de  la  cathédrale  de  Moissac,  et 
autres,  ont  tous  la  main  gauche  sur  le  livre  des  Evangiles,  posé  debout  sur 
le  genou.  Je  dis  le  livre.  Sur  notre  croix  on  ne  voit  pas  de  livre  ;  néanmoins 
la  main  gauche  posée  sur  le  genou  tient  les  Evangiles  roulés  en  «  volumen  ». 
Ce  détail  dénonce  les  premiers  siècles  du  christianisme  ;  à  l'époque  romane, 
il  n'aurait  pas  été  compris  de  la  masse  des  fidèles  ;  les  ymagier's  le  modi- 
fièrent sciemment. 


Ma  llengua 


Jo  se  una  llengua  clara,  limpida  y  fresca 
com  aygua  brollant  d'una  font  cristaMina, 
que  quan  ressona  a  mes  aurelles 
dona  vida  nova  a  mon  anima  ; 
es  la  que  mos  pares  parlaven, 
vaig  mamar-la  amb  la  llet  materna 
y  ara  es  com  un  reliquiari 
que  'm  parla  de  ma  jovenesa, 
que  'm  parla  de  la  meua  rassa, 
que  'm  parla  de  la  pàtria  amada, 
de  la  pàtria  rossellonesa 
tant  catalana  ! 


—  74  — 
Jo  se  una  llengua  digna,  nobla  y  sagrada, 
qu'han  parlada  els  reys  y  qu'han  escrita  cJs  sants, 

qu'en  tôt  l'univers  s'entenîa, 

que  sempre  qu'apar  en  l'historia 

de  gloria  hi  es  auriolada  ; 

Roma  va  tenir  per  padrina 

y  per  padrî  lo  rey  En  Jaunie 

y  les  llatines,  ses  cosines, 

la  mes  bella  la  proclamaren  ; 

la  mes  bella,  ma  llengua  aymada, 

o  ma  llengua  rossellonesa 
tant  catalana  !  ' 

Jo  se  una  llengua  dolsa,  expressiva  y  forta, 
al  cop  ruda  y  suau  com  la  mare-terra, 

que  'm  deixa,  quan  me  ven  als  llàbis, 

un  perfum  de  flors  bosquetanes 

qu'han  servat  l'aspror  de  la  serra 

y  ne  distilen  a  pleret, 

—  mentres  esfulli  llur  florida  — 

l'essencia  divinial 

que  beu  mon  anima  embadalida. 

O  parla  d'or,  llengua  estimada, 

o  ma  llengua  rossellonesa, 
tant  catalana  ! 

Caries  Grandô. 
Mort  de  Verdaguer  Callis 

L'écrivain  catalan  Narcîs  Verdaguer  Callis  vient  de  mourir  à  Barcelone, 
à  l'âge  de  5  5  ans. 

11  avait  entrepris  dans  ces  derniers  temps  la  traduction  en  vers  catalans  de 
la§«  Divine  Comédie  »  du  Dante,  traduction  qu'il  laisse  presque  achevée. 


/ft  rrt  cA  "^  rTi  fn  rn  rn  rn  rn  ^^  rn  cDcA  ffi  £a.  '^  ^^  i^  <^  f^n  <^  r^  rn  rn  r^  i*^  <*n  An  iNS  f<n  nn  (Mt  nn  frt  I7n  rfi  fin  An  iTn  ri^  fn  rn  fn  A^  Aft 


^ 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

é^^^^s»  (SUITE) 

V.    Criées  concernant  les  mœurs  populaires  au  xv'  siècle  {y  mai    14î5). 

Criées  faites  à  Perpignan,  par  Bernard  Cruells,  crieur  public, 
cum  lubis  et  labaîs,  par  ordre  de  Tregura,  lieutenant  de  Ramon 
de  Perellos,  Gouverneur  des  Comtés  de  RoussilJon  et  de  Cerda- 
gne,  à  la  requête  des  Consuls  (i)  de  Perpignan,  Jean  Fabre,  Jean 
Borro,  bourgeois,  Jean  Tallant  et  P.  Cressels,  sur  les  jeux  de 
hasard,  les  jurennents,  les  blasphèmes,  sur  les  hommes  mariés, 
clercs  ou  religieux,  qui  entretiennent  une  esclave  «  per  usar  ab  ella 
carnalment  »,  sur  les  femmes  libres  et  les  maisons  clandestines, 
les  trafiquants  honteux  de  femmes,  «  alcavots  »  (2),  intermédiaires 
galants,  sur  les  usuriers,  le  port  d'armes  et  les  guerres  privées  (3). 

Ce  court  document  du  commencement  du  xv'  siècle  est  un  véri- 
table tableau  des  lois,  coutumes  et  moeurs  de  cette  époque.  On 
verra  avec  quelle  sévérité  excessive  étaient  punis  les  blasphèmes, 
les  jurements  (si  communs,  hélas  !  de  nos  jours),  puisqu'ils  entraî- 
naient parfois  la  peine  de  mort  :  Qui  dira  paraules  nephandissimes. .. 
encorrega  pena  de  mort. 

Les  règlements  (4)  de  police  vis  à  vis  des  femmes   de   vie  irré- 

(1  )  Une  note  rectificative  en  marge  du  manuscrit  indique  que  ces  criées 
furent  faites  à  ia  requête  «  des  consuls  jordi  Blancha,  François  Fabre  et 
Jean  Montoliu  ». 

(2)  Cf.  le  recueil  dit  J{igaudine  qui,  dans  sa  a  Recollecta  de  tcts  los  pvivi- 
legis  e  ordinacions  de  la  fidelissima  vila  de  Perpenya  »,  fait  l'analyse  des 
actes  concernant  les  «  concobines,  alcavots  e  bagasses  e  dones  desonestes  e 
hostalers  del  partit».  (Arch.  comm.,  AA.,  8,  P  63).  Arcabot,  synonyme 
de  rufian  :  «  la  persona  que  contracta  o  encubrex  als  que  tenen  tractes  lascius 
6  illicits  o  'is  admet  en  sa  casa  —  seductor  de  ia  juventut  m.  (Labernia,  i  840). 

(3)  Ces  règlements  comprennent  a3  articles.  M.  P.  Vidal  en  a  publié 
5  ou  3  (passim)  dans  Perpignan,   1898,  pages  225-228. 

(4)  Les  professions  étaient  assujetties  à  des  règlements  corporatifs,  parmi 
esquels  l'obligation  de  s'astreindre  au  cantonnement. 


-  76  - 

gulière,  des  courtisanes,  des  esclaves  (i)  étaient  également  très 
sévères,  et  les  amendes  infligées  en  cas  de  délit  étaient  fort  éle- 
vées. Les  amendes  encourues  pour  les  blasphèmes  variaient  suivant 
la  nature  des  jurements  :  ceux  qui  les  proféraient  étaient  con- 
damnés, suivant  la  nature  de  la  parole  outrageante,  soit  à  la 
peine  de  mort,  soit  au  supplice  infamant  de  parcourir  toute  la 
ville  avec  un  crampon  rivé  à  la  langue,  soJt  à  une  amende  variant 
entre  cinq  sous  et  cinquante  sous.  Ce  dernier  châtiment  était 
également  réservé  aux  hommes  vils,  entremetteurs,  proxénètes, 
qui  enfreignaient  les  lois  concernant  les  femmes  prostituées, 
dont  le  parage  était  fixé  entre  les  portes  d'Eine  et  de  Bages. 

Ces  criées  sont  aussi  relatives  à  l'interdiction  absolue,  pour  les 
hommes  d'une  certaine  condition,  d'entretenir  une  esclave,  d'avoir 
une  maison  de  jeu  (tajfureria)  dans  n'importe  quel  local  «  en  casa, 
verger  ne  en  altre  loch,  secretament  o  publica  (2)  »  sous  peine 
de  5o  livres  pour  chaque  délit  constaté  (3). 

Déjà,  en  1399,  une  ordonnance  du  roi  Alartin,    relative   à   ces- 
établissements  de   jeu,    avait   été   publiée    le    14    novembre,    par 

(1)  Grâce  à  l'esclavage  qui  existait  en  Roussillon  pour  les  païens  et  les 
sarrazins,  cette  exploitation  fut  scandaleuse.  (A  ce  sujet,  cf.  Brutails, 
"L'esclavage  en  T(oussillon.)  —  «  Sous  les  rois  de  Majorque,  on  vendait  les 
esclaves  aux  enchères  devant  la  table  d'un  marchand  sous  les  porxes  de  la 
GalUnaria,  ou  sur  la  place  des  richs  homens».  (P.  Vidal,  "Perpignan,  1898, 
chap.  VII,  paragr.  i5.) 

(2)  Encore  même  élision,  quand  il  y  a  deux  adverbes  :  pour  publicament. 

(3)  Une  ordonnance  de  1430  interdisait  toute  espèce  de  jeux  entre  juifs 
et  chrétiens  :  «  que  no  y  aja  negun  jueu...  que  gos  jugar  ni  ell  per  altre  ab 
negun  crestia  en  nagun  joch  de  dans  ni  de  naips...  acceptât  en  les  festes  e 
dejunis  dels  juheus.  »  (Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  254,  f°  149.)  J'explique 
plus  loin  ce  qu'étaient  ces  différents  jeux  que  divers  arrêts  avaient  interdits 
formellement  pendant  plusieurs  siècles.  Le  jeu  était  un  cas  d'infamie  profes- 
sionnelle. «  Le  fait  de  tenir  une  maison  de  jeux  réunissait  tous  les  caractères 
d'une  profession  semi-criminelle.  Sans  punir  le  jeu  comme  un  crime,  on 
voulut  le  faire  disparaître  par  de  fortes  pénalités  statutaires.  »  Légalement, 
il  fut  interdit  pour  la  première  fois  en  i  279  ;  aux  Corts  de  Barcelone  en 
1283  :  à  cette  époque,  le  joueur  devint  infâme  de  fait.  En  1400,  l'existence 
des  maisons  de  jeu  était  supprimée.  En  1413,  les  Corts  condamnaient  défi- 
nitivement tous  les  établissement  de  jeu  et  le  jeu  en  lui-même.  A  cette  épo- 
que, les  produits  de  la  location  des  jeux  se  partageaient  entre  le  collecteur 
et  le  Procureur  royal,  sur  le  pied  de  l'égalité.  (Arch.  des  Pyr.-Or.,  B.  177.) 


—  77  — 
Bernard  de  Vilacorba,  lieutenant  du  vice-gouverneur  Raymond 
de  Ça  Garriga  :  elle  défendait  de  tolérer  toute  espèce  de  «  lajfu- 
reria,  dim  casa  o  fora  de  casa,  en  orts,  ni  en  allres  lochs  »,  pour 
faire  cesser  les  scandales  causés  dans  ces  maisons  de  jeu,  «  per 
descarrech  de  nostra  consciencia  e  per  ccssar  molts  inconvénients, 
dans,  scandols  e  hereticals  renegaments  e  blasfemacions  que  's 
cometen  en  les  taffureries  per  los  jugants  en  aquelles  (i  )  ».  Plus 
tard,  en  i5i9,  le  21  novembre,  l'empereur  Charles-Quint  inter- 
disait les  jeux  de  balle  et  de  quilles  qui  avaient  été  autorisés 
moyennant  une  redevance  destinée  à  la  réparation  de  la  prison 
de  Perpignan  et  au  salaire  du  bourreau  :  Cette  tolérance,  dit  le 
document,  ferait  renaître  les  laffureries  exploitées  par  des  gens 
sans  aveu  «  per  esser  frontera,  molts  gascons  y  ladres  y  altres 
homens  de  mala  vida  se  nodreixen  en  dits  jochs  ».  L'autorisation 
de  ces  jeux  amènerait  «  bien  des  blasphèmes  envers  Dieu,  sa  glo- 
rieuse mère  et  les  Saints  »,  blasphèmes  qui  sont  la  cause  pour  la 
ville  de  toute  espèce  de  punitions  célestes,  «  guerras,  mortalitats 
y  peslilencias  (2)  ». 

Un  autre  article  concerne  l'amende  de  25  livres  applicable  aux 
usuriers  pour  chaque  contrat  usuraire,  et  de  cent  sous  pour  les 
courtiers  chargés  de  cette  opération,  qui  servaient  d'intermédiai- 
res entre  les  emprunteurs  et  les  dits  usuriers  (3). 

Prohibition  du  port  d'armes,  nuit  et  jour,  sous  peine  de  confis- 
cation de  ces  armes  ;  en  cas  de  querelle  à  main  armée  {4),  autorisa- 
tion du  port  de  la  cuirasse,  de  la  cotte  de  maille,  etc.,  le  jour 
seulement. 

Emprisonnement  pour  provocations  (5),  menaces,  trêves,  guer- 
res privées  :  amende  encourue,  2  5  livres. 

(1)  Arch.  comm.,  AA.  6,  livre  des  provisions,  f'  238. 
(î)  Ibidem,  AA.  4,  P  563.   Cf.  étude  d'E.  Desplanque,   Les  infâmes  dans 
l  ancien  droit  roussillonnais,    i8£)3,  chap.  m. 

(3)  Un  an  auparavant,  des  lettres  d'Alphonse  V  et  de  Marie,  sa  femme, 
déclaraient  que  le  crime  d'usure  doit  être  poursuivi  par  la  juridiction  ordi- 
naire des  accusés  et  non  par  des  juges  ambulatoires.  29  décembre  1424. 
(Arch.  comm.,  AA.  6,  f"  289.)  Nous  verrons  plus  loin  que  tous  ces  métiers 
de  souteneurs,  de  joueurs  et  d'usuriers  étaient  notés  d'infamie. 

(4)  En  catalan,  bandositat. 

(5)  Le  texte  porte  desaffiamenis  :  en  effet,  à  cette  époque,  pour  les  luttes» 
les  combats,  les  véritables  guerres,  une  réglementation  avait  été  imposée  ; 


-78  - 

Toutes  ces  amendes  diversement  rétribuées  servaient  à  alimen- 
ter la  Caisse  du  Trésor  de  la  cour  du  bayle,  dont  les  clefs  étaient 
confiées  au  Procureur  royal,  au  bayle  et  aux   consuls  de  la  ville. 

Voici  le  document  in  extenso,  dont  je  commente  les  principaux 
passages. 

Perpignan,  7  mai   1425. 

[Prohibicio  (1)  del  jurar  de  Deu,  de  tenir  amiges,  de  jogar  e 
tenir  taflFureria  (2),  de  anar  armât,  e  de  altres  vicis  détestables 
derogants  à  la  honor  de  Deu  omnipotent  e  à  la  cosa  publica  e  à 
la  salut  de  les  animes  e  dels  cosses  dels  christiansj. 

Ara  hojats  que  notiffica  lo  honorable  mossen  Gispert  de  Tre- 
gura,  cavalier,  lochtinent  del  molt  noble  mossen  Ramon  de  Perel- 
los,  cavalier,  Governador  dels  Comtats  de  Rossello  e  de  Cerda- 
nya  que  ell,  à  gran  instancia  e  requesta  dels  honorables*  en  Johan 
Fabre,  Johan  Borro,  burgeses,  Johan  Tallant  e  P.  Crexells,  con- 
sols  de  la  vila  de  Perpenya,  ha  fêtes  les  ordinacions  seguents  ; 

En  nom  de  nostre  Senyor  Deus  Jhesu  Christ  e  de  la  gloriosa 

les  hostilités  devaient  être  précédées  d'un  défi.  Cf.  Brutails,  Etude  sur  la 
condition  des  populations  rurales  du  T{oussillon  au  moyen  âge,  chap.  xvii,  p.  284, 
note  2  :  Corts  de  Catalogne,  1291  :  Algun  cavalier...  no  pusca  fer  mal  a 
aigu  sens  acuydament. 

(1)  En  pratique,  l'interdiction  absolue  s'est  toujours  transformée  en  un 
autre  système  :  celui  de  la  tolérance  arbitraire. 

(a)  Cf.  même  registre,  f°'  71  et  seq.,  collation  de  l'office  de  receveur  des 
bans  ou  render,  et  amendes,  imposées  sur  tous  ceux  qui,  dans  la  ville  de  Per- 
pignan, jouent  au  jeu  de  gresha  seu  quodcumque  ludum  aliud  tatxillorum  seu 
alias,  en  faveur  de  Martin  de  Riu,  de  Perpignan,  ancien  sous-bayle  de 
Perpignan  (22  mai  1422).  Le  collecteur  était  en  relations  avec  les  teneurs 
des  jeux  et  avec  le  Procureur  royal.  La  tafureria  lui  appartenait  avec  son 
mobilier.  Son  rôle  consistait  à  la  louer  le  plus  cher  possible  aux  tafurers, 
à  faire  rentrer  le  produit  de  ces  locations,  à  le  verser  à  la  caisse  du  Procu- 
reur royal.  (Voir  E.  Desplanque,  Les  infâmes...  chap.  m,  paragr.  27).  Le  jeu 
de  talxillus  désigné  plus  haut  était  une  variété  de  jeu  de  dés  :  Lo  dau  que 
succeex  a  la  maraquinqua.  Celui-ci  était  un  jeu  d'osselets  :  joch  en  ques  tira 
lo  osset  de  genoll  del  moltô  en  (aet  ?),  fins  que  qui  dira  dret  en  terra  y 
segons  de  quina  part  eau,  pert  o  guanya.  (Dict.  d'Antonius  Nebrissensis, 
i585.)  (Notre  jeu  actuel  de  pile  ou  face.j 

♦  (En  marge  dans  le  registre.)  En  lo  comensament,  en  tal  signe  *  son 
mudades  les  paraules  seguents  :  En  Jordi  Blancha,  Ffrancès  Fabre  e  Johan 
^ontoliu,  consols  de  la  vila  de  Perpenya,  fa  publicar  les  ordinacions  seguents  : 


-  79  — 
verges  madona  Santa  Maria,  mare  sua,  nos,  Gispert  de  Tregura, 
cavalier,  lochtinent  de)  moir  noble  mossen  Ramon  de  Perellos, 
cavalier  e  Governador  dels  Comtats  de  Rossello  e  de  Cerdanya, 
considérants  que  à  tots  homens  qui  dreturerament  saben  e  es  mani- 
fest  neguna  cosa  no  esser  pus  benaventurada  als  homens  sino  que  ab 
nostre  Senyor  Deus  ben  visquen  e  de  aquell  troben  placcacio,  car 
la  sua  misericordia,  la  quai,  diu  lo  Ecclesiastich,  es  segons  la 
magnitut  de  la  sua  potencia,  no  perdicio  mas  conversio  e  salut 
vol  e  los  delinquents  qui  s'  corregexen  pren. 

A  requesta  dels  honorables  consols  de  la  insigna  vila  de  Per- 
penya,  zelans  la  honor  de  nostre  Senyor  Deus  e  la  félicitât  de  la 
dita  vila  e  de  la  cosa  publica  de  aquella,  e  per  squivar  vicis  e 
pecats,  entervenint  nostre  assessor,  veguer  de  Rossello  e  de  Val- 
lespir,  batle  de  la  vila  de  Perpenya,  e  altres  officiais  reyais, 
ordonam  les  ordinacions  seguents,  les  quais  invioladament  e  per- 
petualment  volem  esser  observades. 

E  primerament,  corn  per  dret  divinal  e  posiîiu  tôt  joch  de 
daus(i),  axi  corn  inseptiu  de  molts  crims  e  peccats  e  de  concupis- 
cencia,  la  quai  es  rahiu  e  nodriment,  segons  doctrina  de!  Apos- 
tol,  de  tôt  mais,  sia  prohibit  e  vedat,  per  ço  ordonam  que  aigu, 
de  qualsevol  ley,  stament  o  condicio  sia,  no  gos  tenir  taffureria  (i) 
en  casa,  verger  ne  en  altre  loch,  secretament  o  publica,  sots  pena 
de  sinquanta  lliures  per  quascuna  vegada,  ultra  la  pena  en  la  Cons- 
titucio  constituida,  ço  es  tenir  taulers,  mètre  daus,  lum,  livar  tau- 
latge  als  jugants  (3)  ni  res  demanar  per  strena  à  aquells  qui 
jugarân. 

(  I  )  La  même  interdiction  existait  déjà  en  i  335  :  il  était  interdit  aux  clercs, 
sous  peine  d'excommunication,  de  jouer  aux  dés  :  Cavealur  expresse  quàd 
cîerici  luJentes  ad  taxillos  vel  scoijuitos  sint  ipso  facto  excommunicati.  (Marcx 
Hispanicx,   appendix  ;    ConsHfutiones  synodales  die  mensis  aprilis  anno  Domini 

Mcccxxxr.) 

(a)  Les  principaux  centres  des  taffureries  se  trouvaient  au  Portai  de  Bages, 
au  Portai  del  Toro  et  au  château  du  Vernet,  près  Perpignan,  où  se  réu- 
nissaient len.ones  et  lusores,  et  qui  fut  démoli  par  ordre  des  Consuls  en  i  443. 

^3)  Un  nouveau  mandement  d'Alphonse  V  ordonnait  au  gouverneur  Ray- 
mond Ça  Garriga  de  supprimer  les  maisons  de  jeu  de  Perpignan  :  «  Quod 
nullus  auderet  ludere  in  dicta  villa,  suh  banno  sive  pena  decem  sotidorum.  »  (  Arch. 
comm.,  AA.  4,  P  3o3  v".  3o  octobre  1417.)  —  Le  roi  Martin  confirmait 
la  défense  faite  par  Pierre  IV  de  tenir  «  taffureria  »,  et  frappait  les  contre- 


—  8o  — 

II.  —  Item,  que  algun,  de  qualsevol  ley  o  stament  sia,  no  gos 
jugar  amagadament  ni  manifesta  (i),  en  negun  joch  de  daus  al 
Portai  del  Toro,  à  les  lices  del  Castell  (2)  ne  en  altre  qualsevol 
part  de  la  vila  e  termens  de  aquella,  exceptât  la  Plassa  del  Blat, 
sobre  lo  sol  de  la  quai  e  no  en  altre  loch  los  mundaris  pusquen 
jugar,  sots  pena  de  xx  sots,  à  quascuna  e  per  quascuna  vegada 
que  sera  contrefet.  E  si  aquei  que  contrefarà  no  porà  pagar  la 
dita  pena,  prenga  xx  assots  (3). 

III.  —  Item,  que  algun  no  gos  jugar  dintre  caces,  vergers  o 
altre  loch  clos,  sots  pena  de  xxv  lliures  barchiloneses  divisidores 
segons  forma  de  la  Constitucio  fêta  per  lo  senyor  Rey  En  Fer- 
rando,  de  gloriosa  memoria. 

venants  d'une  amende  de  200  livres,  dont  le  quart  reviendra  à  Bernard 
Ferrer,  »  qui  cerlam  assignationem  habet  super  dicta  Icjfureria  ».  (Ibidem,  AA.  6, 
f'ao^.  j3oct.  1409.)  Le  même  roi  avait  défendu  (17  sept.  )400j  de  soutenir 
indirectement  les  maisons  de  jeu,  en  refusant  de  donner  à  ceux  qui  dénon- 
cent les  joueurs  le  tiers  de  l'amende  encourue.  (Ibidem,  AA.  6,  f"  256.) 
Dix-sept  ans  plus  tard,  le  roi  Alphonse  V  ordonnait  l'interdiction  absolue 
des  jeux,  que  le  vice-gouverneur  Raymond  Çagarriga  tolère,  «  vigore  qua- 
rumdam  coloratarum  ordinationum .  »  (AA.  6,  P"  257  et  278.  20  oct.  1417.) 
(i)  Pour  manifestament  ;  nous  avons  déjà  vu  une  élision  semblable,  année 
1917,  p.  157,  note  5  :  amagadament  ni  cuberta,  pour  cubertament. 

(2)  Les  exercices  chevaleresques,  joutes  et  tournois  étaient  en  grand 
honneur  à  la  cour  des  rois  de  Majorque  ;  ils  avaient  lieu  dans  les  lices  qui 
s'étendaient  alors  sous  les  murs  du  château,  au  Camp  del  Tor. ..  C'est  à  la 
plassa  de  les  Joutes  que  Vauban  construisit  la  caserne  dite  «  de  Saint- Jacques  ». 
(P.  Vidal,  La  Citadelle  de  Perpignan,   191  1,   j"  partie,  paragr.  11.) 

(3)  On  peut  joindre  à  ces  criées  un  article  de  1435,  extrait  de  la  «  crida 
del  bosch,  devesa  e  altres  coses  tochants  interès  del  Castell  Reyal  de  Per- 
penya  »,  relatif  à  ceux  qui  jouent  sur  les  «  lisses  »  et  dans  les  limites  du'dit 
château,  et  qui  occasionnent  de  graves  dégâts  aux  toits  des  maisons  et  aux 
garennes  du  château.  «  Item,  com  per  los  jogants  à  rutila  (la  roulette),  tau- 
lelles  (tric-trac,  échecs),  daus  (dés),  nayps  (cartes),  pedrades  e  altres  jochs 
en  les  lisses  e  limits  del  dit  Castell,  se  sien  seguits  grans  dans  als  taulats, 
cases,  pages  e  conilis  de  aquell,  volent  provehir  à  les  dites  coses,  mana  lo 
dit  Governador  à  tôt  hom  generalment  que  no  y  haja  algun  qui  gos  jugar  à 
les  dites  lices  e  limits  del  dit  Castell  à  daus,  taulella,  billes,  rulla  o  altre 
qualsevol  joch,  sots  pena  de  xxv  sots  à  cascun  e  per  cascuna  vegada  que  sera 
contraffet,  sens  tota  merçe.  E  si  aquell  qui  contraffarâ  no  porà  pagar  la  dita 
pena,  prenga  xx  assots.  »  —  Dans  les  lices  du  château,  auprès  de  la  porte 
de  Bages,  il  y  eut  des  réunions  de  joueurs  contrariées  par  la  police,  mais 
persistantes  et  sans  cesse  renouvelées.  (B.  254,  f°'  37  et  149.) 


--  8.   - 

IV.  —  Item,  que  algun  no  gos  jugar  à  mcsallola  (i)  ni  à  gra- 
sescha  de  nahips  (2)  ni  à  grahescha  (3)  de  les  veylles  (4)  ni  al 
trenti  ni  à  la  arbeta,  sots  pena  de  x  ss.  per  quascuna  vegada  que 
lo  contrari  per  algun  sera  fet,  sens  tota  merce.  Es  empero  entés 
que  sia  legut  jugar  à  nahips  i  diner  ab  altre  e  no  pus  avant,  sots 
la  dita  pena. 

V.  —  Item,  que  negun  no  gos  jugar  en  algun  joch  de  taules  (5) 
en  que  vage  pus  avant  de  quatre  diners  lo  joch,  sots  pena  de 
sinch  sots  per  quascuna  vegada. 

VI.  —  Item,  ordonam  que  1'  sotsbatle,  capdegueyt  saigs  o 
altres  officiais  no  gosen  penre  ni  exigir  alguna  cosa  dels  munda- 
ris  (6)  qui  jugarân  al  sol  en  la  dita   Plassa  del    Blat,   sots  pena  al 

(0  JHesallola,  du  latin  mensa,  ou  jeu  de  truc  (juego  de  trucos-lrudiculorum 
ludi  species  ;  par  métonymie,  la  table  qui  servait  à  ce  jeu  :  mesa  de  trucos- 
lrudiculorum  tabula  ou  trudicularius  tudu.ij.  En  Père  Labernia  (Barcelone, 
1840,  tome  m  donne  une  explication  très  complète  de  ce  jeu:  taula  que 
serveix  per  a  jugar  al  villar  :  joch  que  se  exécute  ab  bolas  de  marfil  impel- 
lentlas  ab  un  taco  sobre  une  mesa  quadrilonga,  ab  una  barana  de  uns  quatre 
dits  per  tôt  lo  voltant,  cuberta  de  bayeta  que  tè  una  trônera  en  cada  un  dels 
quatre  cantons  y  dos  en  mitg  arrimats  à  la  barana. 

2  I  T^aip  ou  nahipa,  carte  coloriée  à  jouer,  synonyme  de  carta  :  charta  ou 
pagella  picta,  lusoria.  Dans  ce  jeu,  la  carta  blanca  est  «  en  lo  joch  de  cartas, 
la  que  no  tè  figura  de  sota,  cabale  o  rey.  »  Le  proverbe  disait  :  cartas, 
daus.  dones  v  vi  fan  tornar  al  rich  mesqui.  Ce  qui  correspondait  au  vers 
latin  :  Dedecoranl  mores  ludi  "Bacchusque  Tenusque. 

(3!  Peut-être  le  jeu  de  griesche  de  Rabela-'s,  au  sujet  des  amusements  de 
Gargantua. 

(  41  Jeu  de  billes. 

(5)  On  peut  comparer  VOrdinamenl  de  joch  1  1284)  :  que  negun  hom  no 
gaus  jogar  ni  fer  jogar  ni  reversar  en  negun  joch  de  daus,  exceptât  joch  de 
taules,  ni  a  joch  de  tindaureyl,  ni  de  cabraboc...  E  si  alcu  reculira  jogadors 
per  jogar  en  sa  casa,  pac  x  sol.  (Ordir.acions,  i.  P  9  v°.)  La  taule,  c'était  le 
tréteau  qui  servait  aux  jeux  de  dés,  d'échecs,  etc.  ;  le  taulatge  représentait 
le  bénéfice  ou  la  part  de  la  maison  que  prélevait  le  tafurer.  Pour  certains 
jeux,  comme  le  cabraboc  tindaureyl,  M.  E.  Dîsplanque  dit  que  ce  sont 
plutôt  «  des  exercices  d'adresse  d'une  nature  inconnue,  mais  n'ayant  rien  de 
commun  avec  ce  que  nous  appelons  le  jeu.  »  i  E.  Desplanque,  op.  cit.,  p.  54.) 

16)  C'était  la  classe  des  vagabonds,  mendiants  ou  rôdeurs  :  cette  tolérance 
du  jeu  sur  cette  Plassa  dura  jusqu'en  1451  :  à  cette  époque,  il  n'en  est  plus 
question. 


—    82    — 

sotsbatle  e  capdegueyt  (>)  de  suspensio  de  lur  offici  de  xv  jorns, 
e  als  missatges  de  star  à  la  cadena  dos  jorns. 

VU.  —  Item,  com  alguns,  moguts  de  mal  crestianisme,  per 
stint  e  moviment  diabolical,  soviny  attempten  dir  e  jurar  paraules, 
blasfemies  e  molt  nephandes  e  no  disidores  de  Nostre  Senyor 
Deus  omnipotent,  car  soveny  aximateix  molts  juren  (2)  legament, 
Jos  membres  de  la  segrada  humanitat  del  Salvador  Nostre  Deus 
Jhesu-Christ  e  de  la  gloriosa  Verges,  mara  sua,  dimembrant, 
Deus  à  iracundia  provocants,  per  que  venen  fams,  terratremols, 
pestilencies  e  tribulations  e  de  animes  perdicions,  considerans 
que  contre  los  homens  les  blasfemies  e  offenses  comeses,  impu- 
nides  no  son  lixades,  molt  mes  ^quelles  qui  Deus  e  io  seu  nom 
blasfemen  e  offenen  son  dignes  supplicis  e  pênes  condignes  sos- 
tenir  :  per  ço,  volem  que  la  Constitucio  per  lo  molt  illustre 
Senyor  Rey  En  Père,  d'alta  recordacio,  en  la  cort  de  Montsô 
fêta  e  celebrada,  sia  sb  veu  de  crida  publicada  e  contre  totes  per- 
sones,  de  qualsevol  ley,  staroent  o  condicio  sien,  per  nos  e  los 
dits  officiais  intemeradament  e  sens  neguna  sperança  de  venia  o 
remissio  exeguida,  com  derogar  e  aquella  no  puscha  esser,  sensé 
offensa  de  la  divinal  magestat  e  perdicio  de  les  animes  de  aquells 
qui  contre  série  e  penssa  e  ténor  de  aquella  flactar  (?)  (3)  e  com- 
portar  volrân,  la  quai  constitucio  es  de  Is  ténor  segueht  : 

«  Primerameut,  que  tôt  hom  qui  dira  paraules  nephandissimes  e 
no  disedores  de  Nostre  Senyor  Deus  omnipotent  e  de  la  Verges 
Madona  Santa  Maria  e  de  la  sua  virginitat,  dels  sants  e  santés 
de  Deus,  si  ab  cert  proposit  les  dira,  encorrega  pena  de  mort.  E 
si  en  joch,  rixa  o  ab  ira  o  per  qualsevol  altre  cas  haurâ  dites  les 
dites  paraules,  correga  la  vila  ab  hun  graffi  à  la  lengua  sens  negu- 
na merce. 

Vlll.  —  Item,  que  tôt  hom  qui  jurarâ  per  lo  cap  o  per  lo  cor 
de  Deu  o  de  Santa  Maria,  pagarà  très  ss.  per    quascuna    vegada. 

VUll.  —  Item,  que  tôt   hom   qui    jurarâ  per   lo    fetge,  per  lo 

(i)  Chef  du  guet  municipal. 

(2)  Desplanque  flétrit,  dans  une  étude,  certaines  classes  de  la^ociété,  et 
notamment  «  les  perdants  jurant,  reniant  Dieu,  prêts  à  tous  les  partis  déses- 
pérés... »  (Les  infjmes.  11.  25.) 

(3  )  Ou  flartar,  ou  flattar. 


—  83  - 

[cor|  e  altres  membres  de    NosTre    Senyor    Deus    o    de    madona 
Santa  Maria,  pagarâ  sinch  sots  per  quascuna  vegada. 

X.  —  Item,  que  tôt  hom  qui  jurarâ  los  membres  de  sants  o 
santés,  pagarà  per  quascuna  vegada  i  real. 

XI.  —  Item,  que  tôt  hom  qui  jurarâ  renegant  o  despectant 
Deus  o  santa  Maria,  pagarâ  per  quascuna  vegada  sinquanta  sots, 
sens  tota  merce.  E  si  a.quell  qui  axi  haurâ  jurât  no  porâ  pagar 
la  dita  pena,  prenga  xxv  assots  sens  tota  mercé. 

XII.  —  E  car  manador  es  en  los  senys  e  enteniments  dels 
homens  pendre  la  pahor  de  Nostre  Senyor  Deus  e  abstenir-se  de 
illicits,  terribles  e  publichs  e  diabolicals  peccats  lutxurioses  deso- 
nests,  per  los  quais  de  la  ira  de  Nostre  Senyor  Deus,  segons  diu 
e  attesta  la  Santa  Scriptura,  los  justs  son  trobats  e  soveny  lo  just 
pereix  ab  los  impiatos,  per  ço  ordonam  que  alcun,  de  qualsevol 
ley,  stament  o  condicio  sia,  no  gos  ni  presumescha  tenir  concu- 
bina  en  casa  ni  fora  casa,  ans  si  alcuna  ne  ten,  haja  aquella  dins 
très  dies  iexar  e  repellir  e  fora  gitar,  sots  pena  de  correr  la  vila 
sens  tota  merçe  e  ell  e  ella,  posât  que  la  dona  fos  concubina  de 
capella,  de  clergue  o  de  religios.  E  de  la  dita  pena  no  s'  plischa 
esmetre  composicio  alguna. 

XIII.  —  Item,  que  algun  hom  qui  hage  muUer  o  sia  en  sacres 
ordens  o  religios  no  gos  tenir  sclava  en  casa  o  fora  casa  per  us^r 
ab  aquella  carnalment,  sots  pena  de  perdre  la  dita  sclava  ipso  fach. 
E  si  alguna  persona  de  les  damont  dites  haurâ  vuy  sclava  de  que 
s'  piauescha  carnalment,  hage  aquella  à  vendre  e  desixirse  d'aquella 
dins  XV  jorns,  sots  la  dita  pena. 

XI 111.  —  Item,  que  alguna  fembra  (i  )  avol  de  son  cors  e  publi- 
cament  diffamada(2)  no  gos  star  en  algun  carrer  on  stiguen  don«:s 
honestes,  ans  hage  anar  star  al  carrer  publich  o  en  les  cases  qui 
son  prés  del  mur  entre  io  portai  de  Bages  e  d'Elna  (3)  dins 
X  dies,  sots  pena  de  x  lliures  o  de  correr  la  vila. 

(i)  Un  document  du  i3  décembre  i  3o8  dit  «  femnes  soldaderes  «  (  sou- 
doyées l.  (Ordinacions,  i,  f'  25.) 

(  2  >  L'infamie  était  infligée  aux  femmes  de  vie  irrégulière,  «  mais  elles 
n'avaient  pas  à  craindre  de  condamnations  à  la  seule  condition  d'observer  des 
règlements  spéciaux  u.  (Despi.anque,  Les  infâmes,  chap.  i  ".  parag.  6.| 

(3  )  Ce  fut  dans  ce  quartier  déterminé  que  furent  cantonnées  les  femmes 


-  84  - 

XV.  —  Item,  que  tots  alcavots(i)  qui  tenguen  fembres  en  lo 
carrer  publich  o  altre  part  dins  la  vila,  hagen  à  desemparar  la  vila 
dins  très  dies,  no  constrestants  qualsevol  guiatges  (2)  fets  o  fahe- 
dors,  ios  quais  ab  la  présent  revocam  e  havem  per  revocats  per 
ço  que  alcun  no  puixa  allegar  ignorancia.  E  que  si  algun  alcavot 
sera  trobat  dins  la  dita  vila,  correrâ  la  vila  sens  tota  merçe. 

XVI.  —  Item,  que  negun  hostaler  o  hostalera  del  [partit]  (3) 
no  gos  acullir  dins  son  hostal  algun  alcavot  per  jasir,  ni  per  men- 
jar,  ni  per  beure,  sots  pena  de  deu  lliures. 

.   XVI 1.  —  Item,  com  usura,  per  dret  divinal  e  humanal,  sia  pro- 
hibida,  per  ço  ordonam  que  d'aqui  avant  alguna  persona,  de  qual- 

de  moeurs  irrégulières,  d'après  le  règlement  de  i38o  rendu  par  le  roi  lui- 
même  à  la  requête  des  Consuls.  (AA.  1,  P263.)  Sous  Pierre  IV,  cet  établis- 
sement était  relégué  près  du  calî,  dans  le  quartier  Saint-Jacques  :  «  il  sem- 
ble, dit  Desplanque,  être  fait  à  souhait,  en  juxtaposant  l'usure  et  la  débauche, 
en  mêlant  les  juifs  «  cum  merelricibtis  ».  (Op.  cit.,  chap.  v.  )  Indistinctement  on 
disait  «  hostal  del  partit  »,  ou  «  del  publich  »,  ou  «  carrer  de  las  avols  dones  », 
ou  des  «  maies  fembres  ». 

(1  )  Courtiers  en  galanterie,  courtiers  de  mauvaises  mœurs.  Ce  type  d'in- 
dividu appartient  à  la  famille  des  truands.  Alphonse  V  avait  édicté  un  man- 
dement, le  4  février  1433,  concernant  la  répression  par  le  bayle  et  le  gou- 
verneur des  délits  commis  par  les  alcavots  (souteneurs),  que  le  bayle  tolérait 
et  protégeait  même  en  leur  donnant  asile  dans  sa  maison  ;  le  gouverneur, 
sous  prétexte  du  droit  qu'avaient  les  Consuls  de  lui  déférer  les  cas  dange- 
reux pour  l'ordre  public,  attirait  à  lui  toutes  les  affaires  du  bailliage:  ordre 
fut  donné  de  faire  cesser  ces  abus.  Défense  fut  faite  en  même  temps  aux 
officiers  royaux  de  Perpignan  de  donner  des  sauvegardes  aux  alcabots, 
conformément  à  la  Constitution  de  Catalogne,  qui  commence  par  ces  mots  : 
«  Item,  senvor,  com  en  la  dita  vila  apleguen  molts  alcabots  qui  son  sosten- 
guts  per  Ios  officiais  qui  'Is  guisen.  »  Tout  aîcabot  était  condamné  à  être  fus- 
tigé par  la  Ville  et  banni.  (Arch.  comm.,  livre  des  provisions,  AA.  6. 
4-7  février  1433.  ) 

(21  Ces  guiatges  ou  sauvegardes  provenaient  du  droit  de  rémission,  de 
transaction  en  matière  de  crimes  et  délits  :  «  le  roi  remettait  les  crimes  ;  ses 
officiers,  les  délits...  on  accordait  des  guiatges  à  tous  les  délinquants,  on 
les  recevait  même  comme  dans  un  asile  sous  le  toit  des  édifices  publics.  » 
(Desplanque,  "Les  Infâmes,,  chap.  m,  page  3i.) 

(3  (Maisons  clandestines,  lieu  illicite  et  malhonnête  (in  locis  illicitis  et  mtnus 
honeslis)  :  jusqu'à  la  fin  de  la  domination  espagnole,  les  tenanciers  formèrent 
une  corporation  régulière  :  alcabot,  «  hôtelier  au  partit  ».  (Desplanque, 
op.  cit.,  123.) 


—  85  — 

sevol  ley,  ^tament  o  condicio  sia,  no  gos  fer  contractes  usuraris 
sots  pena  de  vint  e  sinch  lliures  per  quascun  contracte  usurari  (ij, 
ultre  les  pênes  en  dret  statuides. 

XVI 11.  —  Item,  corn  los  corraters  (2)  sien  causa  e  occasio  que  Is 
dits  contractes  usuraris  se  façen,  per  ço  ordonam  que  quascun 
corrater  qui  tais  contractes  usuraris  farâ  o  concordarâ,  encorrega 
per  quascuna  vegada  pena  de  cent  sots. 

XVI  m.  —  Item,  com  us  de  armes  portar  per  aret  sia  prohi- 
bit  e  do  à  moits.  segons  que  experiencia  demostra  que  es  mare  e 
maestra  de  totes  coses,  audacia  de  delinquir,  ordonam  que  negun, 
de  qualsevol  ley,  stament  o  condicio  sia,  no  gos  portar  armes 
prohibides  de  nits  ni  de  dies,  sots  pena  de  perdre  les  armes. 
Pero  si  algun  haurâ  bando  o  regart,  puscha  portar,  de  dies  e  no 
de  nits,  cota  de  maila  o  cuyrassa,  cerveilera,  punyal  o  dega  (3) 
—  ab  que  no  sia  fora  de  mida,  sots  pena  de  perdre  les  armes.  — 

XX.  —  Item,  com  de  nostre  offici  se  pertanga  tenir  nostra  pro- 
vincia  en  pau  e  tranquiJlitat,  ordonam  que  si  aigun  o  alguns  dona- 
rân  desaffiaments  o  menasses  à  alcu  o  alscuns  o  retrân  trêves,  que 
tais  donants  o  fahents  donar  tais  desaffiaments,  si  haver  se  poràn, 


(i  j  A  cette  époque,  les  usuriers  étaient  impitoyablement  traqués.  Aussi, 
devant  tant  de  rigueur,  le  roi  Alphonse  V  usa-t-il  à  leur  égard  de  procédés 
plus  humanitaires.  En  effet,  un  mandement  du  Roi,  du  29  décembre  1424, 
défendait  de  continuer  certaines  procédures  irrégulières  commencées  contre 
les  usuriers  du  Roussillon.  (  Arch.  comm.,  AA.  4,  f"  41  8.  j 

(2  )  Cette  profession  entraînait,  au  xv'  siècle,  l'infamie  avec  toutes  ses  con- 
séquences :  le  régime  de  l'infamie  fut  formellement  appliqué  à  l'usure^le 
26  juillet  I  242  (  pragmatique  de  Jacques  ]  ),  et  les  juifs  seuls,  infâmes  par  rai- 
son d'origine,  conservaient  le  droit  de  la  pratiquer.  Ce  ne  fut  qu'après  l'ex- 
pulsion des  juifs  du  Roussillon,  en  i  492  ,  que  la  profession  d'usurier  fut  inter- 
dite légalement.  (A  ce  sujet  cf.  Vidal,  Les  Juifs  des  comtés  de  T^oussillon, 
p.  6  ;  Desplanque,  Les  infâmes,  page  18  .  Les  moeurs,  puis  la  loi  avaient 
attribué  aux  juifs  la  pratique  exclusive  des  prêts  à  usure. 

{  3  )  'Vingt-cinq  ans  plus  tard,  Jean,  infant  d'Aragon  et  gouverneur  général, 
ordonnait,  le  22  octobre  1456,  de  desarmer  les  individus  faisant  partie  des 
bandes  formées  à  l'occasion  de  ces  querelles  privées  (bandosiiats)  qui,  avec  la 
connivence  des  officiers  royaux,  parcouraient  la  Ville  à  pied  ou  à  cheval,  por- 
teurs de  lances  et  d'arbalètes,  et  stationnaient  même  sur  la  Loge,  devant  le 
Consulat.  (Arch.  comm.,  AA.  6,  f"  328.  )  Il  s'agissait  d  hostilités  avec  coups, 
blessures,  effusion  de  sang  et  autres  excès. 


—  86  — 

sien  meses  en  la  preso  e  de  aquella  no  isquen  fins  hagen  renun- 
ciat  als  desaffiaments  e  fêta  pau  e  seguretat  ab  aquells  à  qui  serân 
donats  les  dites  menasses  o  desaffiaments  o  trêves  retudes  (i).  E 
no  res  menys,  aquell  o  aquells  qui  hauràn  donats  los  dits  desaffia- 
ments encorrega  pena  de  xxv  lliures,  en  '  aquells  qui  ja  los  haurâ 
donats  {sic),  que  dins  x  jorns  los  hagen  à  revocar. 

XXI.  —  Item,  que  en  cas  que  aquell  o  aquells  qui  haurân 
donats  desaffiaments  o  menasses,  no  s'  puixen  haver,  en  la  casa 
d'aqueJls  sia  posada  garnie  de  i  missatge  o  de  dos,  segons  quaii- 
tat  de  la  persona  ;  los  quais  stiguen  à  mecion  e  salari  daquell  ;  e 
si  no  han  casa,  sien  citats  e  bandejats  de  la  vila,  si  son  de  la  vila, 
e,  si  son  de  fora  la  vila,  de  la  vegueria. 

XXII.  —  Item,  ordonam  que  algun  o  alguna  de  qualsevol  ley 
o  stament  sia,  no  gos  sostenir  ni  acompanyar,  ni  donar  conseil, 
favor  o  ajuda  à  algun  bandejat,  sots  pena  de  xxv  lliures,'  ultre  la 
pena  de  la  Prachmaticha.  E  si  algun  contrefahent  no  porà  pagar 
la  dita  péna,  penrâ  xxv  assots. 

XXIII.  —  Item,  ordonam  que  sia  tenguda  una  caixa  en  lo 
arxiu  de  la  cort  del  batle,  dins  la  quai  sien  meses  los  émoluments 
de  les  dites  pênes,  en  la  quai  hage  très  claus,  de  les  quais  lo 
Procurador  Reyal  tinga  una  clau,  e  l'altra  los  consols  de  la  dita 
vila,  e  l'altra  lo  batle  de  la  dita  vila.  Los  quais  émoluments  sien 
distribuits  en  la  forma  damont  dita. 

E  de  totes  les  pênes  peccuniaries  damont  dites,  lo  senyor  Rey 
hage  la  terça  part,  l'altra  terça  part  lo  denunciador,  e  l'altra  terça 
part,  la  obra  del  spital  de  la  dita  vila  (2). 

[i)  Les  guerres  privées,  dit  M.  Vidal,  n'étaient  pas  seulement  dans  les 
mœurs,  elles  étaient  presque  une  institution.  (P.  Vidal,  Perpignan,  chap.  xi, 
parag.  2.) 

(2  )  (  En  marge  dans  le  document).  Lo  présent  capitol,  en  la  segona  crida, 
fou  mudat  e,   en  loch  d'aquest  mudat  segons  dejus  en  tal  senyal  : 

E  com  lo  lochtinent  de  Governador,  ab  assentiment  dels  dits  honora- 
bles Consols,  veguer  e  batle  e  altres  officiais,  hage  fêtes  les  dites  ordina- 
cions  e  proposades  les  dites  pênes,  per  ço  es  ordonat  que  les  dites  pênes 
civils  sien  partides  en  quatre  parts,  la  primera  à  la  Procuracio  Reyal,  la  se- 
gona al  officia)  ordinari  qui  farâ  la  exequcio,  la  terça  part  al  denunciador, 
la  quarta  part  à  la  obra  del  Spital  de  la  dita  vila  de  Pcrpenya. 

Die  jovis  VI  ffebroarii,  anno  a  nativitate  Domini  M"  CCCC^XXVll'', 
dicta    preconitzatio,    ut   supra  est  correcta  et  esmendata,  fuit  publicata  per 


'^•■^ 


-  87  -         . 

Item,  com  poch  approffitaria  fer  ordinacios  si  no  era  qui  aquel- 
les  a  deguda  exequcio  manâs,  ordonam  que  lo  officiai  à  qui  s'  per- 
tanyerâ  la  exequcio  de  les  damont  dites  pênes  civils  no  les  exe- 
qutara,  encorrega  la  pena  de  la  dobia  de  aquelles,  la  quai  pena 
sia  adquibida  à  la  Procuracio  Reyal  e  exequtada  per  lo  Governa- 
dor  o  son  lochtinent. 

Per  que  lo  dit  honorable  lochtinent  de  Governador,  ab  veu  de 
la  présent  crida,  mana  les  damont  dites  ordinacions  publicar,  per 
tal  que  algun  de  aquelles  no  puixa  ignorancia  allegar. 

Die  lune  vu'  mensis  madii,  anno  predicto  a  nativitate  Domini 
M'CCCC'XXV',  retulit  Bernardus  Cruells,  preco  publicus  Per- 
piniani,  se  una  cum  sociis  suis,  mandato  dicri  honorabilis  locum- 
tenentis  Gubernatoris  publicasse  ispsa  eadem  die  per  loca  solita 
Perpiniani  publice  cum  tubis  et  tabais  preconitzationem  et  ordi- 
nationem  preinsertas  (i). 

{A  suivre)  Henry  Aragon. 

loca  solita  ville  Perpiniani  per  Bernardum  Croells,  preconem  publicum  Per- 
piniani, una  cum  sociis  et  eorum  tubis,  more  regio. 

(i)  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  iSi,  Registre  XV  de  la  Procuracio  real, 
f"  105-107. 

L*home  enemic  de  la  naturalesa 

.^^-jr^  SUn-E  er  F7A' 

VAUCBLL 

]  jo,  l'aucell  petit,  trobaré  qui  'm  retiri  ? 
Nûvol  i  vent,  sou  cobla  d'amos  de  l'espai. 
Mes  jo,  tôt  niu  caigut,  topo  no  mes  l'esglai 
per  tôt  arreu  ont  l'ala  esblesigada  giri. 

I  Temps  de  ditxa,  ont  m'acotxava 

su  '1  tarongê  1 

Al  dolç  seré 
l'oreig  de  l'amor  bleixava. 


—  88  — 

Ben  prop  i  prop  de  l'aimîa 

fent  tôt  just  piu, 

dintre  del  niu 
en  monyoc  tou  m'arremîa. 

1,  al  Ilustrejar,  Déu  vos  salve  1 

Els  pardalets 

amb  refilcts 
festejàvem  la  jove  alba. 

Saltant  al  rec  de  su  '1  sàlzcr, 

a  bell  daler, 

a  glops,  el  pler 
bebîem  com  en  un  càlzer... 

Ha  arrJbat,  rùfola  i  freda, 

la  mala  sort. 

Pel  bosc  s'ha  mort, 
s'ha  mort  pel  verger  l'arbreda. 

1,  mentres  l'home  matxuca 

en  Ilot  i  sang  I 

ous,  niu  i  branc, 
e]  sol  decandit  s'acluca. 

Sens  cant,   el  mon  dins  del  fàstig, 

mut,  gelât,  ert, 

nut  i  désert, 
roda  ara...   Viure,  quin   càstig  I... 

EL  LL^MPEC 

Ira  de  Déu  !  A  mi,  l'home  a-ne  mi  ha  escarnit  ! 
No  vol  fingir  al  llamp  ?  Uix  1  Stulticia,  demencia, 
urc  !...  Altrcs  van  probar  alçar-me  competencia, 
i  un  tret  de  ma  vindicta  els  abismà  en  la  nit. 

Ja  se  :  arbre,  ramat  i  pastô  'm  maleeixen. 
Perxô  feroç  no  sôc.  No  mes,  amb  dits  ferrenys 
com  iman  tiro  l'un  vers  l'altre  als  nûvols  prenys  ; 
xoquen  de  cop  al  sec,  i  en  suau  plujim  s'exqueixen. 


-   89  - 

Mes  retruny  el  rctruc,  mes  venturôs  el  camp. 
Ma  clamor  sonora  i  potent,  que  al  totx  astora, 
de  l'abundor  es  la  joiosa  anunciadora. 
Tantost  eau  de!  celest  mannà  '1  prôdic  escamp, 

bada  el  pages  a  sa  finestra  :  Oi  !  Que  cumplerta 
es  sa  espéra  !  Oida  !  Vaia  !  Abeura-t,  sec  terroç  ! 
No  pot  saber-li  greu  quan  mon  gest  générés 
la  resclosa  vessant  té  un  poquet  massa  oberta. 

Perqué  jo  faig  la  Vida.  1  l'home  la  Mort  fa 
amb  tots  sos  mais  invents  fills  de  son  cor  de  penya. 
Sôc  el  pare  que  ben  estima,  si  a  cops  renya  ; 
i  'Is  afollats  humans  no  's  cuiden  que  aixafâ. 

Empinats  rebeixins,  desde  allàbaix  se  pensen 
que  amb  sos  mil  punys  erguits  son  la  Força  majô- 
Que  poc  vulgui,  peces  menudes  iavé  jo, 
d'ells  i  'Is  enginys  que  ferro  i  fum  i  flama  llencen. 

Quedeu  's  aqui,  nûvol  i  vent,  companys  de  l'aire  ! 
Cantaires,  no  endoleu  el  riu,  el  camp  i  '1  bosc  ! 
L'hom  vol  matar  ?  Doncs  mori  î  El  cel,  de  fred  i  fosc 
qu'es,  la  calitja  i  llum  retrobarà  ans  de  gaire. 

L^  GLEBM 

Prou  rebufs  o  tristesa  !  Escolteu-me  ara,  a  mi  ! 
Se  calmarà  aviat  l'home,  el  mal  fill  de  la  terra. 
Al  mes  pregon  de  sa  borratxcra  de  guerra, 
d'un  son  que '1  torna  jove  i  pur  jo  '1  se  adormî. 

Si  ses  bojes  manyes  si  mullers  escorxa, 

ara  va  espletint,  talla  el  puny  als  nens, 

ma  carn,  mes  entranyes  i,  per  fer  d'antorxa 

per  lia  espellotint  ;  als  segles  vinents, 

si  l'herba,  la  soca,  iglesia  incendia, 

esplet,  fruiterâ  palaci  i  casai, 

tôt  xapa,  i  traboca  esblaimant-se  el  die 

amb  la  palla  el  gra  ;  al  flam  colossal  ; 


si  diu  :   «  Ont  renilla 
a  mon  poltre  de  llamp, 
«  ja  esta  :  mai  pus  grilla 
«  Therba  sobre  '1  camp.  » 
Si  raô,  pregaria, 
clam,  braços  en  creu, 
sa  Dei  voluntaria 
res  ou,  ni  res  creu  ; 
si  al  prôxim  colltorce 
sens  perqué  ni  com... 
l  Es  que  impon  sa  Força 
a  tots  el  Sobrehom  ?... 
Deixém  el  fus  côrre  ! 
Que  val  tant  ufà  ? 
Qui  mira  ait  s'amorra. 
Qui  a  Déu  estrafà, 
al  girant  l'aguaito  : 
«  triomf  »  su  '1  Haut 
que  canti,  l'empaito, 
i  esta  en  l'ataût. 
Prô  per  l'ignocenta 
victimeta  sôc 

Setembre  >9i7. 


—   90    — 

manyaga,  plasenta, 

i  faig  mans  el  toc- 

Doncs  pel  fin  que  '1  Barbre 

deixà  sens  puntal, 

ressurgiran  l'arbre, 

cl  conreu,  l'hostal. 

Vès  ;  passât  l'estrijol 

per  ton  fluix  cervell, 

brcçola,  ventijol, 

al  niuet  novell  ! 

Just  l'alosa  canti 

el  tornat  Amor, 

llampec,  no  l'espanti 

ta  grossa  remor  ! 

Sols  bolva  de  broma 

suri  sobre  '1  Real 

alla  amunt,  per  l'home 

altîvol  Idéal  ! 

Per  que  aqueix  floc  munti, 

bufa,  vent  d'albê  !... 

Prompte,  prompte  apunti 

el  règne  del  Bé  1... 

Pau  Berga. 


Ouelques  noms  de  plantes  4  synonymes 

Catalans-Français  ç^  Français-Catalans 

<Sè^^  (SUITE) 

Cabells,  cuscute.  —  pels,  rebul. 
Cabruna,  psoralier.  —  herba  cabrera, 
CacauetS,  arachides. 
Cadells,  caucalide. 

caga=nioixa,  (et  carmuixa).  —  voir  lletresa. 
caga  tripa  (et  caga  trepa).  —  voir  floravia. 


I 


i 


—  9'    — 

Calabruxa,  muscari.  --  al]  de  colobra,  barralets,  viola  de  pastor. 

CalamaC-  —  voir  givertassa. 

Calcida,  circe.  —  carsus. 

Camadrea.  —  voir  aizineta. 

camamilla  (et  camilla),  camomille.  —  mançanilla. 

«  borda,  matrkaire. 

cama-roja  (et  cama=roig).  —  voir  morella  roquera. 
CamOSa  (et  camOSina),  pommier  calville. 
CampaneS.  campanules,  ancolie.  —  espenaller. 

Campanetes,  liseron.  —  vermellons,  fanalets,  enredadera,    corcet- 
jola,  corritxola. 

Candela,  gouet,  arum.   —  sarriasa,  gujol,  grujol. 
Candelera.  —  voir  blenera. 
CandellS.  —  voir  abriulls. 

canem  (et  canam),  chanvre. 

CaniSSOS.  —  voir  bruyol. 
Cano.  —  voir  berset. 
Canya,  roseau. 

canya^ferla,  férule. 

Canyavera,  roseau  sauvage.  —  canyota,  canyoca,  canoca,  càrritx. 

Canyota  (et  canyoca).  —  voir  canyavera. 

Capadella,  daclyle.  —  cucurulla. 

CapboSSada.  —  voir  centaura. 

caps  blancs,  alysson.  —  herba  blanca. 

«     blaUS.  bleuets.  —  angelets,  llums,  xerompius. 

«     de  borro.  —  voir  timossa. 

<     de  frare.  —  voir  frare. 
Caramuixa,  chenevis. 

carbassa  (et  carabassa),  diromlle,  courge. 

CarbaSSÎna,  bryone.  —  brionya. 

Card   (et  cart),    cardon.   —  cart   coler,   herba    col.    herba    colera, 

herba  formatgera. 
carda  (et  cardet),  cardère. 

cardet  bort,  gaiaciUe. 

CardigaseS.  —  voir  timossa. 
Cardillo.  —  voir  carlina. 

CardÔ,  chardon.  —  cardot,  escardot,  esquerdot,  carxofa  de  borro, 
cart. 


—  9^  — 
CHrlina.  carline,  chardonnelle,  car  Javelle.  —  carnunquera,  garrave, 

cardillo. 
Carmuixa.  —  voir  lletresa. 
Carnera,  sorle  d'acanthe. 

I 

CarnOSa.  hièble.  —  ebol,  ebul.  i 

carnunquera.  —  voir  carlina.  i 

CarraSCa.  —  voir  garrlc.  1 

Càrritx.  —  voir  canyavera.  | 

CarSUS.  —  voir  calcida. 
Cart.  —  voir  card  et  cardô. 

«     COler.  —  voir  card. 

«      COrredor.  —  voir  panicalt. 

«     estrellat.  —  voir  floravia. 

«     de  Maria,  chardon  blanc. 

«     Sant,  chardon  béni. 
Carxofa,  arlichaul.  —  alcarxofa. 

«  de  borro.  —  voir  cardô. 

CaSCall,  pavot.  —  herba  dormidora. 
Castanyer,  châtaignier. 

Castanyer  bort,  marronnier.   —  castanyer  d'india. 
Castanyola,  souchel.   —  jonsa,  junsa, 
Caxaiagua,    petite  centaurée.  —  centaura   borda,    herba   de  santa 

Margarida,  pericô  vermeil,  fel  de  la  terra. 

caxais  (et  caxals  de  borro).  —  voir  apit  bord. 

«        de  vella.  —  voir  abriulls. 
Ceba  (et  ce  va),  oignon. 
Ceba  eSCalunya,  échahlte.  —  escalunya. 
Cebadilla.  — voir  baladre. 
Ceballot  (et  ceballs),  poireau.   —  porre. 
Cebeta,  sdlle.  —  escllla,  ceba  marina. 
cédrat.  —  voir  punsemer. 
Celiandra,  coriandre. 
Cendrosa,  lierre.  —  elra,  eura,  edra. 
centaura,  centaurée.   —  capbossada,  herba  del  tarau. 

«  borda.  —  voir  caxaiagua. 

cent  caps.  —  voir  panicalt. 
Centinodi-   —  voir  passa-cami. 
cep,  vigne.  —  parra. 


-  93  - 

Cerfull  (et  serfull),  cerfeuil. 

Cervesa.  —  voir  vidaula. 

Cerverola,  aigremoine.  —  herba  de  sant  Guillem,  agrimonia. 

CeteraC,  sorle  Je  fougère. 

Ceva.  —  voir  ceba. 

Cibada-  —  voir  civada. 

Cibadella.  —  voir  paparra. 

Ciboleta,  ail  civette,  ciboule. 

CidraC.  —  voir  tarongina. 

Cinc  en  rama.  —  voir  agram  de  fjorc. 

Cindria.  —  voir  sindria. 

Cirerer,  cerisier,  merisier. 

<         de  la  Mare  de   Deu,  aubépine.  —  cirerer  de  pastor,   ars 
blanc. 

Cist-  —  voir  argent!. 
CitrÔ  (et  citronella).  —  voir  tarongina. 
CiurÔ,  pois  chiche.   —  cigrô,  sairô. 
civada,  avoine. 

davell  (et  clavelliner),  œillet. 

CObrorabulS.  —  voir  cogombre. 

COdonyer,  cognassier. 

cogombre,  concombre,  cornichon.  —  cobrombuls.  (Voir  aussi  pepino). 

<  boig,  momordique. 

COgul,  maceron.   —  apit  de  cavall. 
COgula  (et  CUguIa),  folle  avoine. 
col,  chou.  —  broquil. 
COlM-flor,  chou-fleur.  —  brocoli. 

col  de  mainatge.  —  voir  mairoig. 

COlitX.  —  voir  masteguera. 

COlitXOS,  silène.  —  patacs,  esclafidors,  conivelles. 

COlomina.  —  voir  fumosterra,  fumaria. 

COlquic  (et  COlxic),  colchique. 

COnilletS  (et  CUnillets),  muflier.  —  badells,  gos,  gingoll. 

conivelles.  —  voir  colitxos. 

COnSOlda,  consoude.  —  llengua  de  vaca,  herba  puntera. 

COntell  grOC,  iris.  —  lliri  groc,  ribaner. 

<         vermeil,  glaieul  des  moissons.  —  lliri  de  blat. 
copia,  peuplier  noir.  —  poil  nègre. 


—  94  — 
COraletS,  épine-vimUe.  —   berberis. 
COrneller  (et  corner).  —  voir  sanguinyol. 
COrnicabra.  —  voir  llentiscle. 
COrretjola  (et  COrritXOla).  —  voir  campanetes. 
COrrioleta,  mousseron. 

COSCOlI,  angélique.  —  angelica,  turbit,  herba  dels  corns. 
COSCOnia  (et  COSCOnilIa),  chicorée  sauvage,  picridie.  —  cusconia. 
CreSpinell,  orpin.  —  herba  de  la  cremadura. 
Cresta.  —  voir  salvia. 

crexenera,  herle. 

CrexenS  (et  crexem),  cresson.  —  morritort  d'aygua. 

«         bort,  céleri  sauvage.  —  apit  bort,  caxals,  caxals  de  borro. 
Croca-  —  voir  lletresa. 

cua  de  guiila  (et  cua  de  guineu),  vuipin. 
«    de  rata  (et  cua  de  cavall).  —  voir  sannua. 

CUCUmella,  agaric. 

CUCUrulla,  dactyle.  —  capadella. 

CUCUt-  —  voir  primavera. 

CUgul,  CUgula.  —  voir  cogul,  cogula. 

CUllereta-  —  voir  ranuncle. 

CUnilletS    —  voir  conillets. 

cusconia-  —  voir  cosconîa. 

CUXa^barba.  —  voir  apagallums. 

(/î  suivre) 

La  légende  de  la  Cigale 

Nous  recevons,  de  l'un  de  nos  collaborateurs,  la  traduction  cata- 
lane d'une  fable  provençale  rendant  un  éclatant  hommage  à  la 
cigale,  prince  des  insectes  chanteurs  et  symbole  de  nos  félibres. 

Nous  insérons  avec  plaisir  cette  vigoureuse  critique  de  la  fable 
de  La  Fontaine,  propre  à  dissiper  l'injustice  qui,  depuis  Esope, 
trouve  libre  cours  sur  le  compte  de  la  cigale,  dont  la  vie  est  loin 
d'être  ce  que  l'on  en  a  raconté.  N.  D.  L.  R. 


95  - 


La  Cigala  y  la  Formiga 


(•) 


1 

Reyna  Santissima,  que  calor  fà  ! 
Bon  temps  per  la  cigala 
Que,  tota  csbojarrada,  se  regala, 
D'un  raig  de  foch.   Per  lo  segar,  bon  temps. 
A  dintre  les  ones  d'or,  lo  segayre, 
Aqui  plcgat,  espitragat,  s'escarrassa 

Si  no  canta  gayre 
Canyôs  en  dins,  la  set  escanya  la  cansô. 

Temps  benehit  per  tu.  Donch,  dali  !  Cigaleta 
Fes  la  brunzir  la  cimbaleta 

Y  belluga  la  panxeta, 

Fins  ne  fer  rompre  tos  mirallets. 
L'home  mentrestant...  llensa  la  dalla 
Que  va  :  ran,  ran,  fen  visos  qu'enlluerna, 
Sobra  '1  ros  espigam 
Lo  llàmpech  del  seu  acer. 

Plena  d'aygua,  per  la  pedra, 
Démet  de  l'herbe  xupa, 

La  banya,  sobre  l'anca  penjola. 
Dins  la  seua  beyna  la  pedra  n'es  al   fresch, 
Semprc  abeurada  ;  l'home  n'es  curt  d'alè 

Y  reb  los  colps  de  sol 
Que  van  fins  ne  fer  bullir 
La  molla  dels  seus  ossos. 

Tu  cigala,  tcns  una  poma  per  la  set.  A  dins  la  rusca. 
Tendra  y  aygualida  d'un  branquill, 

L'agulla  del  teu  bech 

Cabussa  y  cava  un  pou. 
L'axarop  puja  arreu  pel  xiquet  foradill, 
T'aboques  a  la  font  que  tan  melosa  raja, 

Y  del  such-such  sucrât 
Tu  beues  lo  mam  dolç. 

(i)  La  cigale  ne  vit  que  sept  à  huit  semaines.  A  fin  août  elle  est  déjà 
nr\orte.  Elle  boit  la  sève  des  arbres  ;  c'est  sa  seule  nourriture  et  la  fourmi 
vient  souvent  la  lui  voler.  (Notes  tirées  de  J.-H.  Fabre.^ 


i 


_  96  - 

Perô  pas  sempre  en  pau.  ay  !  bè  que  no. 
Una  colla  de  lladragots,  vehins,  vehmes 
O  bandolers,  t'han  vist  cavar  lo  pou  ; 
Tenen  set  v  venen  gatimoixos  ; 
Te  prenen'una  gota,  no  sigui  per  tastar. 
Malfia't,  Nina  meua,  eixos  vuyda-sarros, 
Humils  de  tôt  primer,  devenen  atrevits 
Y  aviat  desvegonyits. 

Mandicar  glopadetes, 
Emprès  de  lo  que  sobra, 
A  mes  a  mes  no  son  contents  ; 
Alsen  lo  cap  y  volen  tôt  :  l'hauran. 
Les  urpes,  com  rastells,  te  pessigolen  1  aia, 
Sus  la  teua  esquenassa  n'es  un  anar  y  venir, 
T'aguanten  per  lo  bech. 
Les  banyes,  les  urpetes  ; 

Tirant  d'acî,  d'allà.  l'impaciencia  te  gua*iya  ; 

Pst,  pst,  d'un  rajoli  de  pix 
Esquitxes  l'arreplech  y  deixes  lo  branquill. 
Te  'n  vas  arreu-arreu,  ben  lluny  d'aqueixa  pleta, 

Que  t'ha  robat  lo  pou, 

Que  riu,  que  ne  te  goig 

Y  se  Uepa  los  morros    . 

Llapissosos  de  mel. 

De  tôt  eix  gitanàm,  abeurats  sens  fatiga 

Lo  mes  acerrim  n'es  la  formiga. 
Mosques,  vespes,  fosseros  y  escarbats  banyuts, 
EspelLifats  de  tota  mena, 

Ganduls  qu'en  el  teu  pou 
Lo  pet  de  sol  hi  mena, 
No  cap  d'ells,  per  te  fer  en  anar 
Tenen  la  seu  tossuderia. 

Per  te  premer  lo  peu,  per  te  fer  pessigolas. 
Te  pessigar  lo  nas,  sota  '1  ventre  te  correr 
Veritat  es!  ningu  no  la  val. 
Per  pujar  sobra  l'ala, 
La  ruhina  en  f  ad  osa 
Ne  pren  per  escaleta 
Una  teua  cameta, 
Y  va  se  passejant  cap  a  munt,  cap  a  baix. 

,0  ■   ;.,  '  L'ESTEVE   Fî. 

(Segutra) 

TTGerant.  COMET.  -  Imprimerie  Catalane,  COMET.  rue  de  la  Poste.  Perpignan 


12  Année     N   139  ,5  M.i  I9I8 


Les   Manuscriii  non  inscrci 
ne  lont  oti  rcndu^. 


REVUE 

CATALANE 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  iO  fr.  par  an. 


L(t  Articles  parus  aans  ia  Revue 
n'engagent  que  leurs  auteurs. 


NO  PASSARAN  : 

(Dessin  de  J.  Simont) 

Réponse  des  Volontaires  Catalans  au  discours  du  député  roussillonnaîs  P.  Ramcil 

leur  annonçant  la  nouvelle  offensive 


DOS   SOSPIRS 

Prop  de  la  llar  s'escalfaven,  j  Ay  !  tôt  baix,  digue  la  jove, 

un  vespre  d'hiver  obscur  :  y  la  vella  :  ;  Ay  !  bon  Jésus  ! 

la  vella,  resa  que  resa,  —  ^  Que  teniu,  ara,  padrina  ? 

la  jove...  mirantse  el  fum,  —  i  Filla  meva,  que  tens,  tu? 

Cap  d'elles  tornà  rcsposta, 
perô  pensaren  al  punt  : 

—  l  Si  ho  sabieu,  padrineta  ! 

—  !  Si  ho  sabies,  joventut  ! 

M.  Costa  y  Llobera. 


Abrégé  des  règles  tactiques 

ou    FÉLIBRIGE   ) 


«  Le  Félibrige  est  un  mouvement  d'idées,  tendant  à  enrayer  la 
disparition  et  à  perpétuer,  au  moins  dans  leur  zone  actuelle  d'exis- 
tence, les  dialectes  régionaux,  menacés  par  une  langue  une,  dite 
nationale,  officielle,  et  devenue  telle,  souvent,  non  en  raison  de 
sa  valeur  intrinsèque,  mais  par  suite  de  circonstances  historiques 
et  de  motifs  d'ordre  exclusivement  politiques  (2)  ». 

(j)  Des  esprits,  mal  informés,  se  demandent  si  les  aspirations  du  Félibrige, 
avec  leur  particularisme,  ne  contiennent  pas  un  germe  de  division  et  d'affai- 
blissement du  groupement  national.  Qu'ils  interrogent  les  faits,  pour  se  con- 
vaincre du  contraire.  Louis  XIV  dut  la  splendeur  de  son  règne  au  provin- 
cialisme que  la  monarchie  se  disposait  à  comprimer.  L'énergie  de  la  Révolu- 
tion et  du  Premier  Empire  fut  encore  le  produit  du  provincialisme  jetant 
l'éclat  de  sa  dernière  flamme.  Du  jour  où  Vunitarisme  entre  en  application 
systématique,  on  voit  tous  les  gouvernements  finir  dans  de  malencontreuses 
aventures  et  la  France  descendre  dans  l'échelle  des  puissances. 

{ï)  Voyez  :  7{evue  Catalane  :  Réflexions  sur  le  Télibrige  el  son  avenir,  n'  du 


—  9Q  — 

Cette  définition  figure  en  tête  d'un  article,  relativement  ancien, 
destiné  à  signaler,  en  l'espèce,  la  réalisation  de  deux  phénomè- 
nes élémentaires  de  la  sociologie  :  i"  loi  de  réaction  des  forces 
naturelles,  contrariées,  dans  leur  large  évolution,  par  l'artifice  étroit 
de  collèges  de  théoriciens,  faussement  érigés  en  gouvernants  ; 
2*  loi  d'utilité,  appelée  à  tuer  les  dialectes  régionaux,  malgré 
l'éclat  de  leur  renaissance,  si  ceux-ci,  ne  sortant  pas  de  la  pure 
littérature,  restent  étrangers  à  l'étude  des  besoins  sociaux. 

11  faut  rappeler  aujourd'hui  cette  formule,  devant  l'indéniable 
émoi  des  félibres  de  France  qui  se  consultent  sur  les  moyens 
d'assurer  la  vie  de  leur  idéal. 

Tous  veulent  bien  que  les  dialectes  régionaux  rendent  des  ser- 
vices sociaux,  mais  ils  se  divisent  sur  le  point  de  savoir  sous  quelle 
forme  leur  propagande  sera  la  plus  puissante. 

Leur  dispute  est  saisissante.  En  effet,  après  avoir  vigoureuse- 
ment combattu  l'unitarisme  oppresseur  du  français,  certains  féli- 
bres en  arrivent  à  préconiser  la  suppression  de  la  diversité  des 
idiomes,  pour  adopter  une  langue  méridionale  une,  exclusivement 
employée  dans  un  grand  quotidien  méridional. 

Ce  procédé  homœopathique  de  se  débarrasser  d'un  unitarisme 
par  un  autre,  vaut  la  peine  d'être  examiné.  Cette  critique  nous 
permettra  d'effectuer  une  mise  au  point,  d'établir  sommairement 
Jcs  grandes  lignes  d'action  du  félibrige  français,  car  celui-ci  ne 
voit  pas  encore,  très  exactement,  le  champ  où  se  trouvent  ses 
adversaires. 

Sous  l'efîet  d'excitations  venues  de  loin,  apparaissent,  à  tout 
moment,  dans  la  littérature  méridionale,  des  ripostes  mal  étudiées 
contre  les  gens  du  Nord,  contre  la  langue  d'oïl,  contre  Paris. 

Si  nous  voulons  faire  une  œuvre  exacte,  il  faut  savoir  que  nous, 
A\èridionaux,  nous  ne  formons  pas  un  groupe  ethnique  spécial  (i), 
que  nous  sommes  seulement  des  variétés  d'une  race  gauloise  dont 
les  limites  d  établissement,  scientifiquement  reconnues,    dépassent 

j5  octobre  1912.  Cette  formule  s'applique  aux  felibriges  de  tous  pays.  Ce 
qui  va  suivre  intéresse  plus  spécialement  la  France,  mais  sert  aussi  d'exem- 
ple, par  comparaison  inévitable,  aux  autres  nations. 

{ I  j  Voir  :  J^evue  Catalane  :  "Une  Tdhîité  Sociale  des  Dialectes  régionaux 
1\"  des  i5  avril  et  i5  mai  191 3,  où  nous  avons,  à  dessein,  exposé  la  thèse 
ethnique  appuyée  sur  des  faits. 


ÉC 


1  oo 


les  frontières  françaises.  Ses  familles  diverses  ont  essaimé,  par- 
fois bien  loin,  de  leur  aire  actuelle,  si  bien  que,  par  exemple 
notable,  les  Languedociens  et  les  Catalans  se  trouvent  être  les 
frères  des  peuples  d'entre  Seine  et  Rhin. 

En  France,  la  différence  de  races  ne  peut  être  invoquée. 

Ce  serait  également  mal  discerner  que  d'attaquer  la  langue  d'oïl, 
si  ce  terme  désigne,  par  une  définition  communément  acceptée, 
mais  bien  imprécise,  l'ensemble  des  idiomes  du  Nord,  distingués, 
par  la  formule  affirmative  oïl  (oui),  des  dialectes  méridionaux,  où 
le  même  mot,  au  temps  de  Dante,  se  disait  généralement  oc.  En 
effet,  le  Septentrion  français  se  partage  en  plusieurs  aires,  dont 
deux  doivent  se  mettre  à  part  :  la  celtique  avec  le  breton,  la  ger- 
manique avec  le  flanand.  Le  reste  est  roman,  mais  se  différencie 
en  normand,  picard,  wallon,  bourguignon  et  aussi,  notons-le  bien, 
en  idiomes  lorrains  et  franc-comtois  d'une  assonance  méridionale 
surprenante  (i).  Tous  ces  dialectes,  appartenant,  ou  non,  à  la  lan- 
gue d'oïl,  ont  été  mis  en  minorité,  comme  ceux  du  Midi,  par 
l'un  d'entre  eux  :  le  français,  employé  dans  l'ancienne  province 
d'Ile-de-France.  A  l'exception  de  ce  dernier,  les  félibres  ne  sau- 
raient donc  les  combattre  en  raison  d'une  commune  misère. 

Faudra-t-il,  au  moins,  conserver  l'anathème  contre  Paris?  Pas  le 
moins  du  monde.  Sa  population  ne  se  compose  point  de  despotes 
ou  d'étrangers.  C'est  un  milieu  où  fusionnent  toutes  les  variétés 
de  notre  race,  où  la  province  accourt,  pour  s'instruire  auprès  d'une 
remarquable  élite,  dont  a  peu  près  tous  les  membres  ne  sont  pas 
des  Parisiens.  La  grand'ville  doit  à  des  circonstances  historiques 
(résidence  de  proconsuls  et  d'empereurs  romains  au  débouché  du 
pont  jeté  sur  un  grand  fleuve,  à  proximité  des  confins  dangereux 
de  la  Germanie  et  de  la  Grande  Bretagne)  et  à  des  motifs  d'ordre 
exclusivement  politique  (établissement,  au  v"  siècle,  des  Francs, 
dont  les  chefs  (2)  veulent  hériter  du  prestige  impérial)  l'honneur 
d'être  devenue  la  capitale  de  tous  les  pays  successivement  agrégés 
à  l'Ile-de-France. 

(i)  A.scoli  appelle  ces  derniers  idiomes  :  franco-provençaux. 

(2  )  Les  chefs  francs  ont  inauguré  là  une  tactique  d'impérialisme  romain, 
commune  à  la  plupart  des  princes  européens.  Les  peuples  souffrent  encore 
aujourd'hui  de  cette  manie  d'imitation  qui  distingue  si  bien  les  singes,  les 
barbares  et  les  parvenus. 


—     101     — 

Donc,  si  les  gens  du  Nord  sont  nos  frères,  si  leurs  idiomes 
ont  subi  les  mêmes  oppressions  que  les  nôtres,  si  les  pierres  de 
Paris  n'oat  pas  la  responsabilité  de  circonstances  transitoires  du 
passe,  décidons-nous.  Méridionaux  et  féiibres,  à  être  fins,  géné- 
reusement fins,  pour  ne  point  augmenter,  indûment,  le  nombre 
de  nos  adversaires.  N'invoquons  plus  les  lamentables  aventures  de 
l'histoire.  Sachons  persuader  au  Septentrion  que  nous  n'avons 
jamais  été  ses  victimes,  que  nous  ne  sommes  pas  ses  ennemis, 
mais  bien  plutôt  ses  protecteurs. 

Si,  d'autre  part,  une  formule  de  gouvernement,  d'origine  étran- 
gère :  l'unitarisme,  seule,  a  causé  la  mise  en  minorité  des  dialec- 
tes,   c'est  contre  ce  seul  ennemi  que  les  coups  doivent  porter  (i). 

Voyons  maintenant  s'il  convient,  pour  le  combattre,  de  suppri- 
mer la  diversité  des  idiomes. 

Celle-ci  correspond  à  un  fait  de  nature  :  la  variété  des  filia- 
tions d'une  même  race  adaptée  à  la  différence  des  climats,  des 
lieux,  des  productions,  des  odeurs,  des  horizons,  des  bruits,  des 
silences  et  des  échos  propres  à  chaque  pays.  L'individu  s'harmo- 
nise avec  son  milieu.  En  raison  de  cette  harmonie,  l'homme 
chante  d'accord  avec  les  conditions  de  sa  vie  (2).  Si  une  cause 
artificielle  intervient  pour  troubler  l'ordre  des  choses,  le  génie, 
qui  n'est  que  nature,  s'évanouit. 

(1)  Nous  sommes  pourtant  obligé  de  signaler  aux  féiibres  méridionaux, 
qu'après  l'unitarisme,  il  y  a,  dans  le  Midi  même,  un  obstacle  sérieux  aux 
progrès  du  fëlibrige.  C'est  la  vanité  bête  d'une  certaine  catégorie  de  bour- 
geois des  grandes  villes,  pour  qui  le  patois  fait  partie  d'un  ensemble  de  con- 
ditions d'infériorité,  dont  il  faut  se  garder,  sous  peine  de  déchéance.  Molière, 
dans  ses  voyages,  a  connu  ces  grotesques.  Nous  les  retrouvons  dans  ses 
coniédies. 

(2j  Les  hordes  barbares,  qui  se  sont  lentement  déplacées  de  l'Orient  vers 
l'Occident  —  les  Goths  par  exemple  en  offrent  les  preuves  frappantes. 
Leur  langage  se  modifie  avec  les  pérégrinations.  Dans  les  chaudes  régions 
asiatiques,  il  est  d'abord  sonore  et  grammaticalement  riche,  pour  s'assourdir 
progressivement  et  perdre  la  variété  de  sa  syntaxe,  au  fur  et  à  mesure  que 
s'accentue  la  pénétration  dans  les  froides  steppes  du  Centre  et  du  Nord  de 
l'Europe. 

Autre  exemple,  plus  près  de  nous  :  les  essaims  belges  qui,  au  iv'  siècle 
avant  notre  ère,  sont  venus  s'établir  dans  les  pays  méditerranéens  d'entre 
Rhône  et  Garonne  (Languedociens  et  Catalans)  n'ont  point  conservé  un 
idiome  identique  à  ceux  des  populations  d'entre  Seine  et  Rhin. 


^ 


102 


On  pourra  bien  distinguer,  de  ci,  de  là,  des  auteurs  de  talent 
façonnés  par  les  conventions  sociales,  mais  point  de  ces  remueurs 
d'âmes,  de  ces  esprits  à  seconde  vue,  qui  savent  toucher  les  fibres 
lointaines  où  vibrent  sourdement  les  mystères  des  atavismes  endor- 
mis. Si  le  Midi,  riche  par  ailleurs,  n'a  point  produit  de  grands 
poètes  français,  il  faut  en  voir  la  cause  dans  l'intervention  d'une 
autorité  humaine  imposant,  par  esprit  de  système,  aux  Méridio- 
naux, une  langue  en  désaccord  avec  les  conditions  naturelles  de 
leur  poésie.  Ne  faudrait-il  pas  craindre,  dès  lors,  une  répétition 
du  même  phénomène,  si,  de  par  la  volonté  artificielle  de  quelques 
félibres  bien  intentionnés,  on  décrétait  l'établissement  d'un  dia- 
lecte méridional  un  ?  La  loi  de  différenciation,  loi  de  nature  et 
de  progrès,  contrariée  par  l'unitarisme  des  hommes,  pourrait  bien 
ne  plus  laisser  surgir  aucun  grand  poète  de  langue  d'oc. 

Pourtant,  pourront  objecter  les  unitaires,  si  certains  dialectes 
produisent  des  œuvres  supérieurement  belles,  pourquoi  négliger 
une  telle  indication  et  ne  pas  jeter  son  grain  dans  le  terrain  des 
chefs-d'œuvre  ? 

Mais  alors,  quel  sera  le  directeur  des  nouvelles  semailles  ? 
Mistral,  Jasmin  ou  Goudouli  ?  Le  Provençal,  l'Aquitain,  le  Lan- 
guedocien, à  l'envi,  s'apprêtent  à  faire  valoir  des  chefs-d'œuvre. 
Des  discussions  s'élèvent  sur  le  mérite  des  révélations  premières  ou 
récentes.  Au  milieu  de  la  dispute,  le  Catalan  arrive  et  dit  :  «  Con- 
finé dans  mon  petit  Roussillon,  je  jouis  de  moins  de  suffrages  au 
regard  de  vos  vastes  provinces.  Mais  j'ai,  sur  vous,  un  formida- 
ble avantage,  qui  me  dispense  de  citer  des  chefs-d'œ;uvre.  Favo- 
risé par  la  situation  de  mon  pays,  ayant  derrière  moi,  au-delà 
d'une  frontière,  des  frères  et  non  des  ennemis,  l'unitarisme  ne 
me  tua  jamais.  Je  n'ai  jamais  eu  besoin  de  renaissance.  Ma  lan- 
gue vit  dans  sa  pleine  originalité  !  A  ce  seul  titre,  tous  les  diar 
lectes  méridionaux  devraient  s'effacer  devant  elle  ». 

On  voit,  par  ce  rapide  exposé,  combien  il  serait  difficile  d'af- 
firmer, de  propos  délibéré,  la  supériorité  de  certains  dialectes, 
quand  la  plupart  d'entre  eux  offrent  des  preuves  irréfutables  de 
leur  génie,  soit  dans  la  composition,  soit  dans  la  résistance.  Les 
unifier  serait  tuer,  presque  partout,  leur  inspiration  propre,  sans 
profit  pour  le  dialecte  unificateur,  de  plus  en  plus  isolé  en  facç 
dç  son  inoubliable  ennemi  ;  l'unitarisme  du  français. 


—  io3  — 

Tout  n'est  pourtant  pas  à  rejeter  dans  la  thèse  des  félibres  unî- 
tarisants.  Si  les  ressources  matérielles  du  Félibrige  sont  insuffi- 
santes, la  disparition  des  bulletins  locaux  peut  être  admise,  pour 
faire  place  à  la  publication  d'un  grand  quotidien  méridional. 
Mais  il  s'agirait,  pour  ce  nouvel  organe,  de  s'incliner,  sous  peine 
d'un  désastre,  devant  la  souveraineté  des  faits,  d'observer  leur 
nature  au  lieu  de  la  contrarier. 

Dans  quelles  conditions  ? 

D'abord,  en  respectant  la  diversité  des  dialectes.  Tous  auraient 
des  colonnes  respectivement  réservées  dont  la  place  varierait  sui- 
vant l'importance  des  sujets  traités.  11  faudrait,  ensuite,  sans 
jamais  s'agréger  à  un  parti  politique  ou  religieux  (i),  s'occuper 
essentiellement  de  questions  économiques  et  soutenir,  avec  la  der- 
nière énergie,  tous  les  intérêts,  dont  l'homogénéité,  bien  déter- 
minée, délimite  les  régions  du  Alidi, 

Les  sujets  tranés  ne  seront  pas  toujours  exclusivement  régio- 
naux ou  méridionaux.  Les  groupements  économiques,  même  fort 
éloignés,  sont  parfois  interdépendants,  par  concours  ou  par 
opposition.  Toutes  les  questions  d'ordre  national,  devraient  alors 
comporter  deux  rédactions  juxtaposées,  l'une  en  langue  d'oc, 
l'autre  en  français  (2). 

Le  Félibre  marche  ainsi  de  concert —  l'union  fait  la  force  !  — 
avec  le  Régionalisme  et  le  Fédéralisme. 

De  cette  coalition  étroite,  intelligemment  menée,  pourra  sur- 
gir, dans  un  avenir  plus  ou  moins  lointain,  la  reconnaissance,  par 
l'Etat,  de  droits  par  lui  méconnus.  Quand  les  groupements  pro- 
vinciaux se  sont  successivement  agrégés  au  royaume  de  France, 
ils  n'ont  jamais  signé  de  traités  les  forçant  à  perdre  leur  langue 
et  leurs  coutumes.  Le  jour  où  le  français  sera  strictement  renfer- 


(i  )  L'esprit  de  parti  ou  de  secte  fausse  l'exactitude  des  problèmes  sociaux. 

{2)  Si  un  compatriote  du  Nord  ne  peut  obliger  un  méridional  à  connaître 
le  breton,  le  flamand  ou  le  wallon,  à  plus  forte  raison,  celui-ci  ne  peut-il 
forcer  l'initiation  de  celui-là  aux  multiples  consonnances  du  provençal,  du 
languedocien,  du  catalan,  du  basque,  du  gascon,  du  limousin  ou  de  l'auver- 
gnat. Dans  ce  cas,  il  en  sera,  pour  les  félibres  du  quotidien  méridional,  ce  qu'il 
en  est  pour  les  diplomates  essayant  d'atténuer  les  mille  contrariétés  des  ques- 
tions internationales.  Aucun  n'use  de  sa  langue  respective,  mais  tous  en  adop- 
tent une  conventionnellement  reconnue, 


—     JC4    — 

mé  dans  son  rôle  officiel  d'interprète  national,  quand  les  patois 
ne  seront  plus  injustement  traqués,  alors  et  seulement  alors,  les 
dialectes  pourront  entrer  en  émulation,  pour  conquérir  une  supré- 
matie assurée  au  plus  digne,  c'est-à-dire  à  celui  dont  le  génial 
prestige  se  serait  le  plus  longtemps  affirmé  (i). 

Edmond  Lagarde, 
Avocat  près  la  Cour  d'Appel  de  Montpellier. 

(i)  Au  sujet  de  l'orthographe,  trois  règles  peuvent  être  observées  : 

i"  règle  phonétique  (d'après  la  prononciation)  pour  les  dialectes  qui  n'ont 
jamais  été  écrits.  On  peut  l'employer  aussi,  pour  l'initiation  à  la  lecture  des 
classes  populaires. 

Pour  les  rédactions  exactes,  deux  règles  s'imposent  impérieusement,  à 
savoir  : 

î'  règle  étymologique,  c'est-à-dire  appel  à  l'orthographe  d'une  langue 
ascendante  i  par  exemple  le  latin  pour  les  dialectes  romans). 

3°  règle  synchronique  ou  consultation  des  langues  collatérales  ayant  subi 
une  évolution  semblable,  sinon  identique  (par  exemple,  l'italien  et  l'espagnol 
qui,  comme  les  dialectes  méridionaux  français,  ont  enfermé,  dans  leur  enve- 
loppe néolatine,  des  mots  et  des  formes  celtiques,  derniers  restes  d'un  fond 
ancestral  disparu j.  Il  en  est  de  même  pour  les  emprunts  faits  aux  langues 
limitrophes  (grecque,  arabe,  maure). 


La  correspondance  de  Frédéric  Mistral 

La  «  Presse  Associée  »  apprend  de  la  source  la  plus  autorisée 
que  pour  répondre  au  désir  de  M"'  Frédéric  Mistral,  et  selon 
les  dernières  et  formelles  volontés  du  Maître,  la  correspondance 
du  poète  ne  sera  pas  publiée.  Les  fils  du  regretté  J.-C.  Roux, 
MM.  Charles  Roux  et  François-Charles  Roux,  ont  renoncé  au 
projet  qu'avait  formé  leur  père  et  donné  à  qui  de  droit  les  ins- 
tructions nécessaires. 

Cette  décision,  qui  sera  respectée  de  tous,  honore  grandement 
les  héritiers  du  grand  poète  de  Provence. 


An  fri  fn  nri  fn  An  An  en  An  rn  met  fn  An  An  An  ^ft  An  rn  cfi  ÉÊi  An  nn  rA  An  An  ft*.   An  An  An  fft  An  An   fn  fn  An 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

(SVITE) 


VI.  Ordonnances,   lettres  patentes  du  roi  Martin,   mandements  relatifs  au  droit 
d'être  *  habitant  de  Perpignan  ».  (Documents  des  xiv*,  xv'.xvi'ct  xvn"  siècles.) 

Perpignan  avait  eu,  dès  le  xi'  siècle,  des  lois  écrites  et  un  plus 
grand  nombre  de  lois  non  écrites.  Les  unes  et  les  autres  furent, 
plus  tard,  consignées  dans  des  chartes  par  lesquelles  les  rois  recon- 
naissaient leur  existence,  consacraient  leurs  dispositions  et  juraient 
leur  exécution. 

Ces  lois,  connues  sous  le  nom  d'Usages,  étaient  les  souvenirs  et 
les  débris  des  lois  romaines  qui  avaient  autrefois  régi  les  villes 
municipes  (i),  ou  l'oeuvre  même  des  premiers  habitants  de  la  loca- 
lité. Elles  étaient  les  Conventions  écrites  ou  non  écrites,  sous 
l'empire  desquelles,  les  incolae  s'étaient  promis  de  vivre  entre  eux, 
de  fonder  ou  de  maintenir  leur  association.  Quand  la  commune 
se  constituait,  la  confirmation  et  la  rédaction  de  ses  usages 
accompagnaient  son  établissement.  Le  droit  d'être  régi  par  eux 
était  un  des  caractères  distinctifs  de  son  existence  politique. 

Les  principaux  de  nos  usages  consacraient  le  droit  d'être  habi- 
tant de  la  ville,  et  ce  droit  était  déterminé  par  les  juges  même 
de  la  cité,  les  consuls.  Ce  sont  les  conditions  multiples  de  ce 
droit  (/jer  habilador  de  Perpenya)  que  nous  allons  déterminer  suivant 
les  différents  arrêts  rendus  par  les  rois  de  Majorque  et  les  rois 
d'Aragon  qui  se  sont  succédé  depuis  Jacques  i",  en  1276  :  Ce 
titre  seul  donnait  le  droit  de  jouir  des  franchises  et  privilèges  de 
la  cité  (que  gausescha   de  les  francheses  de  la  vila  de  Perpenya). 

Ainsi  les  franchises,  les  libertés  furent  un  dépôt  sacré  sur  lequel 
les  rois  et  les  magistrats  consulaires  devaient  continuellement 
veiller  pour  le  remettre  à  leurs  successeurs,  et  en  conserver  les 
bienfaits  aux  générations  futures. 

(1)  Voir  mon  étude  au  sujet  de  ces  lois,  "La  Colonie  antique  de  7(uscino, 
pp.  399-310.  Imp.  Cornet,  1918. 


^ .  •,■• 
■■~:t 


• —   io6  — 

Une  ordonnance  de  Sanche,  roi  de  Majorque,  avait  paru  le 
23  septembre  i323:  elle  était  relative  à  la  résidence  effective 
nécessaire  pour  être  réputé  habitant  de  la  ville  de  Perpignan,  et 
jouir  des  privilèges  de  la  ville  :  elle  exigeait,  pour  être  réputé 
tel,  d'habiter  la  ville  d'une  façon  permanente  avec  sa  femme  et 
sa  famille,  au  moins  «  les  doez  partz  de  l'ayn  ». 

Voici  le  document  : 

23  septembre  i  323 

[So  que  han  à  fer...  que  venen  jurar  l'estatge  à  Perpenya]  (i). 

Ayso  es  trelat  prés  d'alguna  ordinacio  feyta  per  lo  molt  ait 
senyor  Rey  de  Malorches  sobre  les  questions  que  motes  vegades 
venen  per  los  habitantz  de  la  vila  de  Perpenya.  E  es  scrita  en  lo 
libre  de  les  ordinacions  de  la  thesoreria  que  regeyssen  los  discretz 
En  P.  de  Bardoyl  e  'N  Perpenya  Pedrolo,  procuradors  del  dit 
senyor  Rey,  en  LXXllll  cartes,  aysi  con  d'aval  s'en  segueys  : 

Dissapte,  XXI 11  dies  de  setembre  M.CCC.XXlll. 

Segons  que  'ns  dixs  lo  senyor  En  P.  de  Bardoll  qui  hi  fo  pré- 
sent e  fe  escriure  aquesta  ordinacio,  fo  ordonat  per  lo  molt  ait 
senyor  En  Sanxo,  Rey  de  Malorches,  e  per  son  consel,  que  tôt 
hom  qui  sia  vengut  ho  venrà  habitar  o  estar  à  Perpenya  dels  altres 
lochs  de  cavalers  o  de  clergues  de  la  terra  del  senyor  Rey,  haga 
à  ffer  continua  habitacio  en  la  vila  de  Perpenya,  ab  sa  muler  e 
ab  sa  companya,  les  does  partz  del  ayn,  à  tôt  lo  meyns  (2).  E  si 
no  o  fasia,  que  no  sia  tengut  per  habitador  de  Perpenya  ni  defés 
per  habitant  de  Perpenya  ni  gausescha  de  les  francheses  de  la 
vila  de  Perpenya. 

Empero,  tôt  hom  de  la  dita  condicio  que  tenrâ  continuament 
sa  muler  e  sa  companya  ho  la  major  partida  de  sa  companya  ho 
de  SOS  enfantz  (3)  à  Perpenya,  aytal  hom  puscha  estar  hon  se  vula 
fora  de  la  vila  de  Perpenya,  per  laurar  ho  pensar  sa  lauraso  hon 
que  la  aga,  ho  per  mercadegar,  e  per  totes  altres   fasenes  sues  à 

(1)  La  partie  supérieure  de  la  marge  ayant  été  rognée,  le  haut  de  ce  titre 
est  à  demi  coupé. 

(2)  Meys  :  menys  ou  meyns. 

(3)  On  remarquera,  malgré  la  mutation  qui  était  devenue  générale  dans  la 
langue  catalane  écrite,  les  anciennes  formes  ;  enfantz,  discretz,  habitantz,  etc* 


—   ioy  — 

sa  voluntat.  Et  aytal  hom  sia  defés  per  habitador  de  Perpenya  et 
gausescha  de  les  francheses  de  Perpenya,  ayxi  com  los  altres 
habitadors,  no  contrestan  la  sua  absencia,  pusque  sa  muler  c  sos 
aflFantz  tenrrâ  continuadament  à  Perpenya,  aixi  quant  es  dit. 

La  quai  ordinacio  dixs  lo  dit  P.  de  Bardoyll  que  fo  feyta  lo 
die  e  l'ayn  dessus  ditz,  en  presencia  del  noble  En  P.  de  Fonolet 
e  d'En  Berenguer  Maynart,  e  d'En  Nicholau  de  Sent  Just,  c 
d'En  Jacme  Escuder,  totz  concelers  del  dit  senyor  Rey,  e  del 
dit  P.  de  Bardoll  (i). 

Mais,  pour  empêcher  toute  irrégularité  et  éviter  que  l'on  por- 
tât atteinte  au  droit  de  cité,  en  admettant,  comme  habitant  de  la 
ville,  toute  sorte  d'étrangers,  un  mandement  de  Pierre  IV,  du 
2  1  juillet  1 344  (î),  porta  défense  au  bayle  de  Perpignan  d'ad- 
mettre quiconque  au  nombre  des  habitants  de  cette  ville,  sans 
l'avis  formel  des  consuls  [cum  consilw  consulum  dicte  ville  qui 
habenl  noliliam  personarum). 

Plus  tard,  le  i5  mars  i368,  un  mandement  de  Pierre  IV,  roi 
d'Aragon,  enjoignait  à  tous  ses  officiers,  dans  les  Comtés  de  Rous- 
sillon  et  de  Cerdagne,  de  respecter  les  privilèges  des  habitants 
de  Perpignan,  qui  remplissent  les  conditions  de  r  sidence  fixées 
par  les  ordonnances,  même  si  leurs  femmes  n'hab  raient  pas  con- 
tinuellement dans  la  ville:  «  Quod  habilaloribus  Pi  rpiniani  sufficiat 
ipsos  habilare  in  villa  Perpiniani  el  si  uxor  sua  possit  hubitare  alibi  (3)  ». 

Mais,  huit  mois  après,  le  i5  novembre  i368,  un  mandement 
du  Roi  venait  modifier  ces  conditions  quelque  peu  draconiennes  : 
il  fixait  simplement  au  tiers  Je  l'année  la  durée  de  résidence 
annuelle  exigée  des  habitants  de  Perpignan  [quod  habitatoribus 
Perpiniani  sufficial  habitare  ibi  per  terciam  partent  anni  cum  uxore  et 
fa  mi  lia)  (4). 

(1)  Arch.  comm.  de  Perpignan,  livre  vert  mineur,  AA.  3,  tome  1".  f'91. 

(2  i  Quod  bajulus  Perpiniani  non  admitat  aliquos  in  habilatoribus  ville  nisi  cum 
eonsilio  comulum.  (Arch.  comm.,  livre  vert  mineur,  tome  1",  f"  192.)  Voir 
document  in  extenso  §  xix,  à  l'appendice. 

(3)  Je  reproduis  in  extenso,  à  l'appendice,  le  document  en  latin,  *  dalum 
Barchinone  xv'  die  mardi,  anno  a  nalivitale  Domini  millesimo  CCC'LX  cclavo. 
Visa  7^0.  »  (Appendice,  §  xx.) 

(4)  Voir  appendice,  §  xxi  ;  »  dalum  Barchinone,  quinla  décima  die  novembris, 
anno  millesimo  trecentesimo  sexagesimo  octavo.  P.  can...  Rex  Petrus.  b 


—  jo8  — 

Enfin,  le  roi  Martin  fixait  d'une  façon  définitive  et  précise  les 
conditions  nécessaires  pour  avoir  le  droit  de  cité.  * 

Par  lettres  patentes  et  mandements  du  7  septembre  1397,  le 
roi  d'Aragon  confirmait  le  règlement  fait  par  les  consuls,  relatif 
au  droit  d'être  habitant  de  la  ville  de  Perpignan  :  obligation 
d'avoir  (comprar  e  haver-la)  une  maison  dans  la  ville,  le  Barri  ou 
le  Tinl  ;  indemnité  de  cent  sous  au  profit  de  la  construction  des 
fortifications,  due  par  ceux  qui,  dans  les  trois  mois,  à  partir  de 
la  présente  ordonnance,  n'auraient  point  acheté  ou  acquis  une 
maison  à  un  titre  quelconque  ;  même  indemnité  de  cent  sous  pour 
ceux  qui,  ne  possédant  pas  d'immeubles,  voudraient  habiter  ail- 
leurs ;  en  cas  de  location  de  la  maison,  obligation  d'avoir  une 
entrée  réservée  spéciale  pour  les  locataires,  distincte  de  celle  du 
propriétaire  ;  obligation  d'être  présent  avec  leurs  femmes  «  fer 
foch,  jaure,  menjar  »  aux  quatre  grandes  fêtes  de  l'année  ;  obli- 
gation de  se  faire  inscrire  chaque  année  au  Consulat. 

San  Feliu  de  Llobregat 
7  septembre  j  897 

[Dels  habitants  forans,  e  de  ço  que  deuen  fer  per  raho  de  llur 
habitacio]. 

Nos  Martinus,  Dei  gratia  rex  Aragonum,  Valencie,  Majori- 
charum,  Sardinie  et  Corsice,  comesque  Barchinone,  Rossilionis 
et  Ceritanie,  scientes  et  attendentes  pro  parte  vestri  fidelium. 
nuntiorum  Consulum  ville  Perpiniani,  nomine  et  pro  parte  uni- 
versjtatis  ipsius  ville  et  singularium  ejusdem,  nobis  fuisse  humili- 
tcr  presentata  quedam  capitula  continentie  subsequentis  : 

«  Per  ço  que  aquells  qui  s'  serân  fets  habitadors  de  la  vila  de 
Perpenya  sien  e  meresquen  mills  esser  dits  vers  habitadors  de  la 
dita  vila,  es  concordat  que  hagen  à  fer  e  complir  les  coses  davaU 
scrites,  e,  complin  aquelles,  no  pusquen  esser  inquietats  per  raho  M 
e  occasio  de  la  habitacio  que  s'  dixes  (?)  no  degudament  per  ells 
fêta  o  fahedora  en  la  dita  vila.  g 

Primerament,  que  aquells  qui   d'açi   avant   se    farân  habitadors   d 
de  la  dita  vila  hagen  e  sien   tenguts  haver  casa  llur  propria   per 
titol   de   directa  e  util   o,  al  menys  util  senyoria  dins  la  dita  vila 
O  en  lo  tint  o  en  lo  barri  de  la  dita  vila  aytant  quant  serân  habi- 


—  1 09  — 

tadors  de  aquella.  E  si  quant  se  faràn  habitadors  no  havien  la 
dita  casa  que  fos  llur  propria  en  la  nnanera  desus  dita  dins  la 
dita  vila  o  en  lo  barri  o  tint  de  aquella,  que  hagen  c  sien  tenguts 
de  comprar  e  haver-la  o,  per  qualsevol  just  titol,  adquisir  e 
haver  e  tener  que  sia  llur  propria  sens  alcuna  dissimulacio  c 
fenta  dins  très  meses  del  dia  que  s'  serân  fets  habitadors  avant 
comptadors.  E  si  dins  los  dits  très  meses  no  havien  comprada 
o  per  altre  qualsevol  just  titol  adquisida  e  hauda,  que  fos  llur 
propria  en  la  manera  desus  dita,  la  dita  casa  dins  la  dita  vila  o 
en  lo  tint  o  barri  d'aquella,  sien  tenguts  paguar  e  paguen  cas- 
cun  d'eîls  qui  no  haurian  hauda  la  dita  casa  dins  los  dits  très 
meses,  cent  sous  barcelonins  à  la  obra  dels  murs  de  la  dita  vila, 
ne  d'aqui  avant  sien  hauts  ni  defeses  per  habitadors  de  la  dita 
vila  ne  gausesquen  dels  privilegis  e  franqueses  de  aquella,  pusque 
dins  los  dits  très  meses  no  haurân  hauda  la  dita  casa  per  la  forma 
desus  dita.  Mes  si  quant  se  farân  habitadors  de  la  dita  vila,  o 
après  dins  los  dits  très  meses,  hauràn  la  dita  casa  per  via  de  com- 
pra  o  per  qualque  altre  just  titol  e  sia  llur  propria  dins  la  dita 
vila  o  dins  lo  tint  o  barris  de  aquella,  axi  quant  dessus  es  dit, 
sien  hauts  e  deffeses  axi  com  vers  habitadors  de  la  dita  vila  e  pus- 
quen  gausir  e  gausesquen  dels  privilegis  e  franqueses  de  aquella, 
no  constrastants  les  cases  contengudes  en  una  costuma  scrita  de  la 
dita  vila,  la  quai  comença  : 

«  Item,  nullus  habetur,  etc.  », 

e  en  los  altres  privilegis  de  la  vila  que  parlen  de  la  habitacio 
per  los  habitadors  fahedora  en  aquella. 

Item,  si  los  dits  habitadors,  despuys  que  's  serân  fets  habita- 
dors de  la  dita  vila  e  haurân  hauda  la  dita  casa  per  la  manera  e 
forma  desus  contenguda  se  volrân  tornar  al  loch  d'on  son  venguts 
o  en  altre  loch,  e  renunciarân  quant  que  quant  à  la  dita  habitacio. 
que  ho  puguen  fer  e  sia  à  ells  legut,  paguant  C.  sous  barcelonins  à 
la  obra  dels  murs  de  la  dita  vila,  als  quais  C  sous  se  obliguen  al 
consolât  ab  fermança  lo  temps  que  s'  fan  habitadors  de  la  dita 
vila,  e  dels  quais  C.  sous  no  s*  pusquen  fer  deguna  gracia  ne 
remissio  en  tôt  o  en  partida. 

Item,  que  'Is  dits  habitadors.  durant  la  dita  habitacio,  tota  la 
4ita  casa  o  partida  d'aquella  que  haurân  obs  per  llur  star  hagen  à 


—  no  — 

retenir  à  Ilur  propri  us  c  habitacio.  Pero  si  era  tan  gran  qu'en 
poguessen  loguar  alguna  partida  o  partides  à  qui  s*  volrrân,  que  u 
pusquen  fer,  retenguda  à  Ilur  propri  hus  aquella  part  que  n'  hau- 
rân  obs  per  Dur  habitacio.  Aixi  empero  que  ells  intrassen  per 
una  porta  e  1'  llogader  o  logaders  per  altra.  E  si  fahien  le  con- 
trari,  sien  tenguts  paguar  à  la  dita  obra  dels  murs  de  la  dita  vila 
deu  sous  de  pena  tots  anys  que  contrafaricn  ;  pero,  comctent  e 
pagant  una  veu  o  moites  la  dita  pena  o  no  res  menys  sien  hauts 
et  defescs  axi  corn  habitadors  de  la  dita  vila  e  gausesquen  dels 
privilegis  e  franqueses  de  aquella. 

Item,  que  aquells  que  ara  son  o  per  avant  se  farân  habitadors 
de  la  dita  vila  sien  tenguts  venir  star  ab  llurs  mullers,  fer  foch, 
jaure  e  menjar  en  la  dita  vila  e  en  la  dita  casa  lur,  cascun  any, 
en  les  quatre  festes  anyals,  ço  es  en  les  festes  de  Nadal,  e  en  les 
festes  de  Pascha,  e  en  les  festes  de  Pentacosta,  e  en  la  festa  de 
Nostra  Dona  d'agost.  E  si  fahien  lo  contrari,  sien  tenguts  paguar 
e  paguen  à  la  dita  obra  dels  murs  de  la  dita  vila  cascuna  de  les 
dites  festes  que  farân  lo  contrari  deu  sous  barcelonins  de  pena. 
E  no  res  menys,  cometent  e  (i)  paguant  la  dita  pena  una  veu  o 
moites  o  no,  sien  hauts  e  deflPeses  per  habitadors  e  gausesquen 
dels  privilegis  e  franqueses  de  la  dita  vila. 

Item,  que  tots  anys  en  les  festes  de  Nadal,  los  dits  habitadors 
se  hagen  à  presentar  en  la  casa  del  consolât  de  la  dita  vila  à 
aquells  qui  serân  consols  de  la  dita  vila  o  al  scriva  del  dit  conso- 
lât qui  escrischa  los  noms  de  cascun  per  tal  que  sapia  si  serân 
venguts  en  la  dita  vila  per  la  forma  desus  dita  ;  e  que  juren  en 
poder  dels  dits  consols  o  del  dit  scriva  si.  y  serân  venguts  les 
dites  altres  festes  anyals  ab  llurs  mullers,  e  sien-ne-creseguts  de 
son  propri  jurament.  O  altrament,  si  no  s'eren  presentats  e  fets 
scriure,  encorreguen  en  la  damunt  dita  pena  de  X  sous,  axi  com 
dit  es  pagadora.  Pero,  no  res  menys,  sien  hauts  e  defeses  per 
habitadors  e  gausesquen  dels  privilegis  e  franqueses  de  la  dita 
vila. 

Item,  que  aquells  qui  vuy  son  habitadors  de  la  dita  vila  sien 
tenguts  haver  casa  Ilur  propria  per  la  manera  e  forma  desus  dites 

(.)o. 


—    il) 


dins  la  dita  vila  o  en  lo  tint  o  en  lo  barri  de  aquella  de  açi  à  hun 
any  primer  venidor  ;  o  altrament,  si  passât  lo  dit  any  no  haurien 
hauda  la  dita  casa  per  la  manera  e  forma  desus  dites,  no  sien 
hauts  ni  deffescs  axi  com  habitadors  de  la  dita  vila  ni  gausesquen 
dels  privaletgis  e  franqueses  d'aquella.  Empero,  si,  dins  lo  dit 
any,  abans  que  haguessen  comprada  o  hauda  la  dita  casa  per  la 
forme  desus  expressada,  volien  renunciar  à  la  dita  habitacio  e 
tornar-s'en  als  lochs  d'on  son  estais  o  en  altre  loch,  que  ho  pus- 
quen  fer  e  sia  à  ells  legut  sens  paguar  alguna  pena  en  que  sien 
obligats  per  raho  de  la  desus  dita  habitacio.  Si  empero  compra- 
ven  o  havien  la  dita  casa  per  la  manera  desus  dita,  sien  tenguts 
paguar  la  dita  pena  al  consolât  en  la  quai  son  obliguats  quant  que 
s'en  tornen. 

E  en  los  présents  empero  capitols  no  son  compreses  ni  enteses 
aquells  qui  en  la  dita  vila,  barri  o  tint  de  aquella  son  venguts  e 
stan  e  habiten,  o  estarân  o  habitaràn  d'aci  avant  continuament, 
com,  posât  que  no  hagen  o  haurân  alberch  o  casa  llur  propria, 
deuen  csser  hauts  e  reputats  vers  habitants  e  estadants  de  la  dita 
vila,  pusque  en  aquella  e  no  en  altre  loch  fan  llur  continua  habi- 
tacio c  domicili.  Pero  es  entés  que  si  als  consols  de  la  dita  vila 
qui  ara  son  o  per  temps  serân  ab  lo  conseil  gênerai  de  la  dita  vila 
apparria  quant  que  quant  esser  pus  profites  e  pus  expédient  à  la 
dita  vila  e  als  singulars  habitadors  de  aquella  usar  dels  privilegis, 
concessions  e  ordinacions  que  han  ja  del  molt  ait  senyor  Rey  En 
Père,  pare  del  dit  senyor  rey,  c  de  sos  predecessors  de  gloriosa 
memoria,  sobre  el  fet  dels  dits  habitadors  e  de  llur  habitacio,  o 
de  alcun  o  aiscuns  d'aquells  en  tôt  o  en  partida,  que  ho  puxen  fer 
totes  e  aytantes  vegades  e  quant  que  quant  als  dits  consols  qui  son 
e  serân  e  al  conseil  de  la  dita  vila  plaurà  e  sera  vist  fahedor  ;  e 
puxen  los  dits  privilegis,  concessions  e  ordinacions  lexar  e  à  les 
coses  desus  dites  en  los  dits  capitols  contengudes  tornar,  e  an  aço 
puxen  variar  totes  e  aytantes  veus  e  quant  que  quant  als  dits  con- 
sols qui  son  e  serân  ab  lo  dit  conseil  gênerai  de  la  dita  vila  sera 
vist  fahedor  ». 

Ad  supplicationem  perhumilem  vestri  prô  parte  dictorum  con- 
sulum  et  proborum  hominum  ville  Perpiniani  prefate  capitula 
preinserta  et  omnia  et  singula  in  cis  contenta   laudamus,  aproba- 


—     1)2    — 


mus,  ratifficamus  ac  nos.re  confirmation^  pres.d.o  toboramu,.  man- 
dan  es  per  presen.em  car.am  nos.ram  G"""""-,  «°«'  ■;"  " 
Ceritanie  vicario  Rossilionis  et  Vallispirii,  ac  ba.ulo  v.lle  Pcrp  - 
ni  ap:efa,e,  ceteris.ue  universis  e,  singu.is  officia.ibus  nos.,s 
nresen.ibus  et  fu.uris  et  dicorum  officialium  lochatenent.bus  qua- 
Tinus  laudationem,  aprobationem,  ratifficationem  et  confirmafonem 
nos.ras  hujusmodi  servari  inviolabili.er  faciant  per  quoscunque  e, 
non  contraveniant  nec  aliquem  contravenire  perm.ttant  abqua 
ratione.  In  cujus  rei  testimonium  hanc  fier,  et  sigillo  nostro  pen- 

dcnti  iussimus  comuniri. 

Datum  in  locho  Santi  Felicis  de  Lupprichato,  sept.ma  d.e  scp- 
tembris,  anno  a  naf.vitate  Domini  millésime  trecentesimo  nonage- 

simo  septimo,  regnique  nostri  secundo.  ^ 

Macias,  vice  jcanccllanusj. 

Si2-(s  roval)-num  Martini.  Dei  gratia  régis  Aragonum,  Va- 
lencie,  Majoncarum,  Sardinie  et  Corsice.  comitisque  Barchinone, 
Rossilionis  et  Ceritanie.  ^^^  Martinus. 

Testes  sunt  Hugo  de  Santa  Pace,  Gilabertus  de  Centillis.  Pe- 
trus  de  Montechateno,  Guillelmus  de  Perapertusa,  Petrus  Sanctn 
de  Calataiubio,  milites. 

Sig-  (s.  manuel)  -num  mei  Francisci  Pellisser,  predicti  domini 
régis  scriptoris,  qui.  de  ipsius  mandato  predicta  scribi  fec,  et 
clausi.  Et  corrigitur  antea  in  lineis  xnn»  avanh  xv.  et  xvn  dtt 
scriva,  xxni  re,  xxv  pare  del,  et  xxvn  per,  etc.  (i). 

Pendant  près  de  trois  siècles  et  demi,  le  règlement  du  Roi 
Martin  resta  en  vigueur  :  cependant  à  la  longue  il  y  eut  des  abus. 
Aussi  un  arrêt  du  Conseil  Souverain  du  Roussillon.  du  20  décem- 
bre ,740,  tendait  à  réprimer  l'abus  des  citoyens  qui  se  disaient 
«  habitants  de  Perpignan  >>.  sans  avoir  rempli  les  conditions  néces- 
saires qui  font  le  véritable  «  habitant  ».  Cet  arrêt  astreignait  ceux 
qui  voudront  être  réputés  habitants  de  cette  ville,  à  se  soumettre 
aux   conditions    et    formalités   prescrites    par   les   ordinations   de 

(,)Arch.   comm.   de   Perpignan,   livre  vert  mineur,   AA.   3,   tome  .", 
f"3i5-3>6. 


—  .i3  — 

j383,  q  avoir  une  habitation  ou  une  résidence  continuelle  »  pen- 
dant cinq  années,  à  partir  du  jour  de  leur  réception  à  l'hôtel  de 
ville,  et  par  la  suite,  a  tenir  maison  ouverte  propre  ou  à  louage, 
partie  de  l'année,  avec  sa  famille,  ou  toutes  les  fêtes  annuelles, 
au  moins  »  (  i  )• 

L'arrêt  réglait  à  nouveau  les  formalités  à  remplir  pour  l'obten- 
tion de  cette  qualité. 

Le  Q  janvier  1747,  parut  une  nouvelle  ordonnance  des  Consuls 
de  Perpignan,  se  rattachant  à  l'exécution  de  cet  arrêt  du 
20  décembre  1740  :  il  sera  tenu,  dit  en  substance  ce  règlement, 
un  registre  pour  inscrire  les  habitants  forains  à  la  qualité  d'hom- 
mes de  Perpignan. 

Désormais,  la  liberté  du  domicile  était  écrite  parmi  nos  liber- 
tés :  a  Tout  habilanî  de  Perpignan  peut  porter  sa  résidence  et 
son  domicile  partout  où  il  voudra,  soit  dans  l'intérieur  de  la  pro- 
vince, soit  au  dehors,  sans  pouvoir  en  être  empêché  par  qui  que 
ce  soit.  En  gardant  ses  propriétés  soit  dans  la  ville,  soit  dans  son 
territoire,  avec  jouissance  de  leurs  revenus,  partout  ou  il  sera..., 
il  aura  la  liberté  de  les  vendre  en  tout  ou  en  partie,  en  quelque 
lieu  qu'il  se  trouve  (2)  ». 

Mais  s'il  pouvait  quitter  la  ville  en  aliénant  ses  biens,  ou  en 
percevant  leurs  revenus  au  lieu  de  son  nouveau  domicile,  le  code 
de  la  cité  lui  en  permettait  !a  libre  disposition  (3). 

Ainsi,  la  liberté  individuelle  trouvait  aussi  ses  garanties  dans 
notre  vieux  code  de  la  cité. 

(A  suivre)  Henry  Aragon. 

(  1  )  Mais  le  fait  d'être  habitant  de  Perpij^nan  n'obligeait  pas  la  personne  à 
y  résider. 

(al  Arch.  comm..  livre  vert  mineur,   f°  y,  usage,  f"  27. 
(3)  Arch.  comm..  usage,  27. 


Quelques  noms  de  plantes  4  synonymes 

Catalans-Fraocais  ^  Français-Catalans 

^jë^i^  (SUITE) 


daCSa,  maïs.  —  blat  d'india,  blat  de  moro. 
dauradilla  (et  doradella),  doradUle.  —  falguera  de  roca. 
dent  de  IleÔ.  —  voir  masteguera. 
desferra=cavalls,  hippocrépide.  —  herba  del  ferro. 
deSpulla=belitreS.  —  voir  gavarrera. 

didalera,  digitale. 

donzell,  absinthe. 

donzell  fais,  armoise,  artémise.  —  altimira,  artemega. 

doiceta,  mâche.  —  benc. 

doradella.  —  voir  dauradilla. 


ebol  (et  ebul),  hièhle.  —  carnosa,  saùquer. 

ebuliscla,    pivoine.   —  llamponi,     llampudul,     peonia,     herba     de 

santa  Rosa. 
elra,  lierre.  —  eura,  edra,  cendrosa. 
enciam,  laitue.  —  Iletuga. 
enfalga.  —  voir  alfabrega. 
enfiter,  ricin.  —  figuera  del  dimoni. 
englantina.  —  voir  jassemi. 
enredadora.  —  voir  campanetes. 

erica  (et  eritja).  —  voir  bruc. 

esbjrzer.  —  voir  romaguera. 

escabiosa,  scahieuse.  —  viuda,  viudeta. 

eSCalunya,  échahtte.  —  ceba  escalunya. 

eSCanya=Cavalls.  —  voir  espigadella. 

eS':anya=velles.  —  voir  passa-cami. 

escardot,  chardon.  —  cart,  esquerdot,  carxofa  de  borro. 

eSCarola,  endive,  chicorée. 


~   ii5  — 
escayola,  alpiste. 

escillâ.  —  voir  cebcta. 

eSClafîdOS.  —  voir  coljtxos. 

eSCOba,  genêt.  —  ginesta. 

eSCOrSOnera,  scorsonère,  salsifis  noir. 

espanta  lIOpS,  baguenaudier. 

eSparcet  (et  esparceta  et  esparsa),  sainfoin.  —  trepadella,  pel- 

lagra,  pepirigali. 
eSparguils.  —  voir  vidaula. 
espàrrec,  asperge. 
espart,  sparlier,  faux  ajonc. 
espases.  —  voir  bruyol. 
espeltra,  epeautre. 
espenaller,  ancoUe.  —  campanes. 
espernallac,    sanhUne.  —  herba    cuquera,    botja    de    sant    Joan, 

guarda-^oba. 
espigadella,  hrôme.  —  escanya  cavalls,  trauca  sacs,  ordi  salvatge. 
espi.  —  voir  espinavessa. 
espigol,  lavande  aspic.  —  aspit,  barballô. 
espinac,  épinard. 

espinacart  (et  espinacalt).  —  voir  panicait. 
espinavella.  —  voir  sosa. 

espinavessa  (et  espinavis),  paliure.  —  arn,  espi. 

espuela,  dauphimlU,  pied  d'alouette. 

estelada,  alchimilk.  —  herba  botera,  herba  argentada. 

estepa   (et  estrepa  et  Stepa),  ciste.  —  argenti,  moixera,  bordiol. 

estira-velles.  —  voir  passa-cami. 

estrigol,  ortie.  —  ortiga,  ortigo),  xiripia. 

etzevara  (et  etzavara),  agave.  —  agau,  pita,  pitalassa. 

eura.  —  voir  elra. 

euro.  —  voir  auru. 


faig,  hêtre. 

fajol,  sarrazin.  —  blat  nègre. 

falguera,  fougère. 

falguera  de  roca.  —  voir  dauradiila, 


î 

I 


i 


—  116 


1 


i 


falsia  (et  faizia),  capillaire. 

fanaiets.  —  voir  campanetes. 

farigola,  thym.  —  frigola,  frigol,  frigoleta,  timo. 

faringola.  —  voir  arbosser. 

farot.  —  voir  tell.  | 

fasol,  haricot.  —  mongeta,  bajoca. 

faSSer,  palmier  nain.  —  bargallo.  | 

fa  va,  fève.  —  favô.  | 

fe  (et  fenc)-  —  voir  ferratge. 

fel  de  la  terra.  —  voir  caxalagua.  I 

fenas,  fétuque  élevé. 

fenoll  (et  fonoU),  fenouil,  aneth. 

fenoll  de  bÔU.  —  voir  givertassa. 

ferratge,  trèfle  incarnat.  —  fé,  fenc,  alfé. 

festUC.  —  voir  llentiscle. 

figue ra,  figuier. 

«       del  dimoni,  ricin.  —  enfiter. 

«        de  maho,  figuier  de  barbarie.  —  figuera  de  moro,  d'india. 
floravia,    centaurée   chausse   trappe,    chardon   étoile.    —   caga-tripa, 

caga-trepa,  sagatrepa,  catt  estrellat,  brassera. 
fonoll.  —  voir  fenoll. 
forquetes.  —  voir  gerani. 

fraga  (et  fraula),  fraise.  —  maduixa,  araques. 
fraxina.  —  voir  freixe. 

francessilla,  bouton  d'or.  — goig,  botô  daurat.  (voir  aussi  ranuncle.) 
frare,  orobanche.  —  orobanca,  margalida,  cap  de  frare. 
fregadÔ,  guimauve.  —  malvi. 
freixe,  frêne.  —  fraxina. 
frigoleta.  —  voir  farigola. 
fumaria  (et  fumosterra),  fumeterre.  —  galleret,  herba  del  colom, 

coiomina. 
fuscllada-  —  voir  fuxarda. 

fustet,  corroyére,  sumac.  —  roldô,  redô,  rcdon. 
fuxarda,  globulaire.  —  ascallades,  regollada. 


"^1^ 


La  Cigah  y  la  Fortniga 

o^C^^-  SUITE  crFTN 

U 

Ara  mira-t  aci,  veritat  tenim  de  creure  ? 
De  lo  que  conte  '1  vell,  y  enguanyasses  era 
Qu'en  un  dia  d'ivern,  que  la  fam  te  prengué, 

Lo  front  baix  y   d'amagat 
Vas  anar  veure,  a  dins  del  seu  graner 

Lo  formigar  sota  terra. 

La  ricassa  pagèsa,  al  bo  del  sol  secava 

Per  avans  de  baixar    1  soto 

Son  blat,  qu'havia  florit 

La  rosada  de  la  nit. 

Quan  era  llest,  l'ensacava, 
Llavors,  tu  vas  venir,  les  llagrimes  'Is  ulls 

Y  li  digueres  :  «  Ay  que  fa  fret  ! 

Lo  vent  geliu  d'un  cayre  a  l'altre 

Aie  rossega  rendida  de  fam. 
En  e)  teu  rich  amuntô 
Pel  meu  sarrô,  deixe  'm  pendre  una  miqueta, 
T'ho  tornaré,  segur,  al  bon  temps  del  melo. 

Presta-me  un  poch  de  grà.  » 
Pero  vès,  si  't  creues  que  l'altra  l'escolta 
T'enganyas.  D'aquets  grosses  sacs 
Ni  una  mica  sera  teu. 
«  Vès-t'en  mes  lluny  à  rascar  botes, 
Reventa-t  de  fam,  tu  que  cantes  l'estiu. 

Axi  xarra  la  faula  antica 
Per  conseil  nos  donar  la  practica 
Dels  ensaca-diners  —  sort  tinguem 
De  nuar  los  cordons  de  la  boisa. 

—  Mala  colich  rosegui  lo  ventre 

A  tots  aqueixos  ig-norants. 


_  n8  — 

Me  fa  venir  suhera,  lo  fabulista 
Quan  ne  diu  que  l'ivern  tu  vas  a  captar 
Mosques,  verms,  gra  ;  tu  no  ne  mcnjes  may. 
De  blat,  que  ne  feries  ?  fé  de  fé  ! 
Tenes  la  font,  que  melosa  n'es  ! 
Y  no  demanes  res  may. 

Te  xantas  bc  de  l'ivern  ! 
Ta  familia,  a  l'abrich,  sota  terra  dormisca 
1  tu  dormas  la  son  que  no  res  reviscola, 
Lo  teu  cadaver,  de  sech  en  sech  ne  eau... 

...  Un  dia,  tôt  cercan-cercan 
La  formiga  lo  veu. 

La  teua  pell  seca  i  magre 
La  dolenta,  tôt  arreu  l'esparraca. 
Elle  te  vuyda  lo  pitral,  a  bocins  te  tallona 

]  abscondeix  com  carn  salada 
Aqueix  bè  de  Deu  escullit  per  l'ivern 

Quan  ne  ven  lo  temps  de  neu. 

ni 

Aixi  es  l'historia  verdadera 
Ben  Uuny  de  lo  que  diu  la  faula. 
Que  n'en  pcnseu,  iras  de  iras  ! 
Tots  vosaltras,  amaga-pecetas, 
Puny-arrapats,  que  teniu  la  panxa-plena, 
Que  gouverneu  lo  mon  a  colp  i  de  dincrs  ; 

Aneu  per  tôt  diguen,  canalla. 
Que  l'artista  jamay  travalla 
1  ten  de  patir,  lo  bon  ximplot. 
Aleshoras,  calleu-vos.  Quan  de  la  llambrusca 
La  Cigala  ne  foradat  la  rusca 
Tots  i  veniu  robar  son  beure... 


1  desprès,  morte,  la  roseguen. 

L'ESTEVE  F». 


La  seigneurie  ^  la  paroisse  de  Serralongue 

I'^  Partie  —  La  seigneurie  de  Serralongue 

Entre  les  deux  rivières  de  Lamanera  et  de  Serralonga  s'étend 
une  longue  arête  de  séparation  {sierra  en  espagnol,  serra  en  cata- 
lan), qui  donne  son  nom  au  village  de  Serralonga.  Cette  arête 
commence  à  l'orient,  en  face  de  Puig  Rodon,  à  la  jonction  des 
eaux  du  Rianol  et  de  Galdaras,  et  se  termine  vers  le  sud,  à 
six  kilomètres  du  village,  par  des  masses  granitiques  élevées  à 
1 5oo  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Là  sont  trois  pics  ou 
sommets  distincts.  Le  pic  le  plus  haut  se  trouve  à  l'extrémité 
sud.  Il  se  compose  de  roches  granitiques  mesurant  i5  mètres  de 
largeur  sur  60  mètres  de  longueur.  Sur  ce  pic  s'élevait  l'enceinte 
du  château  de  Cabrenç. 

7.  —  Châhau  de  Cabrenç  (1) 

La  porte  principale,  située  à  la  partie  ouest,  est  d'une  simpli- 
cité étonnante  :  ni  fossés,  ni  pont-levis,  ni  créneaux  aux  murail- 
les. On  avait  probablement  une  confiance  plus  grande  dans  les 
difficultés  du  terrain  que  dans  les  fortifications  construites  par  la 
main  de  l'homme.  On  fermait  la  porte  en  enfonçant  horizontale- 
nent  deux  barres  de  fer  ou  de  bois  dans  la  maçonnerie  :  les  trous 
sont  encore  visibles.  Les  murailles,  de  1  m.  5o  d'épaisseur,  n'a- 
vaient pas  une  élévation  bien  considérable,  parce  que  des  escarpe- 
ments de  20  à  40  mètres  rendaient  presque  impossible  l'escalade 
du  château.  Au  nord  s'élevait  le  donjon  de  forme  rectangulaire. 
Il  se  composait  d'une  salle  unique  en  plein  cintre  de  8  mètres  de 
hauteur  :  sur  la  voûte  se  trouvait  probablement  une  plate-forme. 
Au  milieu  de  l'enceinte  on  distingue  encore  les  ruines  d'une  cha- 
pelle dédiée  à  saint  Michel.  C'est  une  nef  rectangulaire  avec  une 
abside  demi-circulaire.   De  loin,  les  ruines  de  cette  chapelle  pré- 

(1)  Voir   RatHeau,    capitaine  du  génie,    "Bulletin  de   la   Société   Agricole, 
M,  1862. 


sentent  la  forme  d'une  tour  :  on  l'aperçoit  à  gauche  en  venant 
d'Arles.  A  l'extrémité  sud  de  l'enceinte  partaient  des  escaliers 
qui  conduisaient  à  une  plate-forme  naturelle  entourée  de  précipi- 
ces infranchissables.  Tout  porte  à  croire  que  le  château  et  la 
chapelle  datent  du  ix'  siècle. 

Le    second    pic    est   séparé    du    premier    par    une    distance  de 
loo  mètres  et  par  une  gorge  profonde.  C'est  une   masse  graniti- 
que de  forme  conique,  dont  le  sommet  est  plus  bas  que  le  précé- 
dent de  20  à  1.5  mètres.   Sur    le    point    culminant    du    rocher    se 
dresse  une  tour  centrale  avec  une  enceinte   qui  se    développe   au 
nord  et  qui  manque  à  l'ouest  à  cause  de  l'escarpement  du  rocher. 
Le    mur   de    l'enceinte   extérieure  a   1    mètre  d'épaisseur  :   il   est 
percé    de   créneaux   alternativement  placés  à  deux  hauteurs  diffé- 
rentes.   Ces    créneaux    sont    rapprochés    les    uns    des  autres.  Un 
second  mur  existe  à  12  mètres  en   arrière,    formant  une  seconde 
enceinte.  Le  point  le  plus  élevé  du  rocher  porte  la  tour  qui  pré- 
sente à  l'extérieur  la  forme  d'un  prisme  octogonal  très  irrégulier  : 
au  nord  et  à  l'ouest,  le  rocher  est  remplacé  par  un  mur  de  soutè- 
nement   à    parois    très   inclinées.    La    porte  de  la  tour  regarde  le 
château  :  elle  est  à   i   m.  60  au-dessus  de  l'assise  du  rocher.  Dans 
la  tour  on   aperçoit   une    chambre   carrée    de  4    m.    20    de   côté, 
éclairée   par    une   fenêtre   romane.    On    prétend   que   cette  tour, 
antérieure  à  1267,  servait  de  prison. 

{^  suivre)  Joseph  Gibrat. 

La  littérature  provençale  et  renseignement 

(Editions  du  'Feu,  Aix-en-Provcnce) 

Notre  éminent  confrère,  M.  Emile  Ripert,  agrégé  de  lettres,  vient  d'édi- 
ter l'intéressante  conférence  qu'il  donna  le  6  mai  1917,  à  Avignon,  sur 
«  La  littérature  provençale  et  l'enseignenient  ».  L'auteur  y  soutient  la  cause 
dis  langues  d'oc  comme  moyen  d'enseignement  de  la  langue  française,  cause 
si  bien  défendue  en  Roussillon  par  nos  précieux  collaborateurs  de  la  pre- 
mière heure,  MM.  Louis  Pastre  et  Jean  Amade. 

Rossellonenques  (par  Charles  Grando) 

Le  n"  5o  de  la  collection  d'auteurs  catalans  La  J^ovehla  JSova  (Portafer- 
rissa,  i5,  Barcelona)  est  consacré  à  un  choix  de  nouvelles  humoristiques  de 
notre    brillant    collaborateur     Charles     Grando,     groupées     sous     le    titre 

1{pisellonenques . 

L<  Gérant,  COMET.  —  Imprimerie  Catalane,  COMET,  rue  de  la  Poste,  Perpignan 


12  Année    N  140  15  Juin  1918 

Les    Maniucriis  non  inscrci 
ne  sont  DIS  Tcndiu. 


Les  Anicles   parus  aans  ia   Revue 
n'engagent  que  leurs  auteurs. 


REVUE 

CATALANE 


Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  10  fr.  par  an. 

Estances  a  ïlnfermera 
*^ 

Dànes  de  Trança. 

S'endevinaven  d'or  sota  'Is  vels  del  séu  front 

els  sedosos  cabells,  l'esguart  era  pregon 

y'is  séus  ulls  els  mes  blaus  que  hi  puguin  havè'  al  mon. 

Y  vestîa  de  blanch,  albissima,  de  llins 

immaculats  per  totes  les  sales  y  jardins  ; 

si  blanca  de  per  fora,  mes  blanca  de  per  dins. 

Les  sèves  galtes  eren  pàlides  de  color, 

semblava  que  sovint  s'amaressin  de  plor, 

d'un  plor  tranquil,.  segur,  en  mig  de  tant  dolor  ! 

Era  un  somriure  blanch  vora  '1  llit  del  malalt, 
y  alegrava  de  cop  la  pau  del  Hospital 
ab  un  riure  no  mes  com  allunyant  el  mal. 

Estava  dreta,  immôvil,  sempre  vora  de)  llit, 
tôt  vetllantli  les  hores  tan  llargues  de  la  nit 
ab  un  ram  de  violes  mig  obertes  al  pit. 

El  ferit  la  mirava  ab  els  ulls  divagants  ; 

—  Diguèume  aquelles  coses,  tan  serenes,  d'abans...  — 

Sobre  '1  front  que  bullia  li  posava  les  mans. 

j  Les  mans  !  Jo  les  haurîa  besades  ab  anhcl. 
Jo  no  se  que  tenien  aquelles  mans  de  cel  ; 
tenien  suavitats  de  flor  y  olor  de  mcl. 


]  22     — 

Jo  haun'a  volgut  dur  en  les  venes  la  sanch 
del  ferit,  y  vessantla  del  pobre  côs  estanch 
veni'  en  el  dur  repos  d'aquest  Hit  séu  tan  blanch. 

Y  sofrir  llargament  per  la  patria  y  per  ella. 

Y  en  les  hores  de  febre  sentir  la  maravella 
d'aqueJles  mans  de  flor  damunt  de  ma  parpella. 

j  Per  que  '1  ferit  debia  ser  bell  y  alegre,  abans!... 
No  se  quin  sortilegi  duya  en  les  sèves  mans, 
que  nosaltres,  qu'estavem  joves  y  forts  y  sans, 

ne  sentiem  vergonya  y  may  hauriem  dit 
que  no  gosant  mirarla  als  ulls  de  fit  a  fit 
sentissim  una  enveja  terrible  del  ferit... 

j  Ay,  donzella  sublim  d'un  Hospital  de  França  ! 
Fores  una  llum  pura  qu'ab  el  temps  va  apagantse  ; 
no  't  veuré  mes  y  'n  sento  una  extranya  recança. 

Y  no  vaig  demanarte  les  violes  del  pit,  r 
y  no  vaig  dirte  rès  del  que  t'hauria  dit, 

del  que  't  diria  ara,  liuny  de  tu,  en  mon  neguit  1 

Y  no  vaig  dirte  rès  del  teu  mirar  pregon, 

ni  vaig  besar  les  mans  que  per  mi  ja  no  son, 

ni  vaig  tocà'  ab  els  llavis  la  Creu  Roja  del  front  1 

•    Ara  't  veig  com  t'enfiles  pel  cel  serè,  damunt 
del  fum  de  les  batalles,  -del  lamentable  munt 
dels  morts  y  dels  ferits,  sempre  molt  mes  amunt  ! 

Ascendexes  pel  cel  del  amor  y  'Is  neguits, 
serenament  plegades  com  coloms  sobre  'Is  pits 
les  dues  mans  ungides  ab  la  sanch  dels  ferits  1 

Joseph  Massô  y  Ventôs. 

Cette  poésie  a  obtenu  la  Tlor  natural  aux  Jochs  Florals  de  1918. 


iâ  seigneurie  ^  la  paroisse  de  Serralongue 

^Z^:*^  [SUITE) 

A  200  mètres  plus  loin  se  trouve  un  monticule  naturel  facile- 
ment abordable  de  tous  les  côtés,  dominant  le  col  Balladou.  Sur 
ce  monticule  on  a  construit  une  tour  qui  présente  six  faces  irré- 
gulièrement disposées.  Dans  l'intérieur  de  la  tour  on  distingue 
trois  étages  et  au-dessus  de  chaque  étage,  une  voûte  ogivale  :  la 
partie  supérieure  est  terminée  par  une  piate-forme.  Un  escalier  à 
marches  très  élevées  permettait  de  communiquer  avec  tous  les  éta- 
ges. Cette  voûte  appartenait  sans  doute  au  xiv'  siéle,  et  peut  être 
considérée  aussi  comme  une  dépendance  du  château. 

M.  Alart  a  raison  de  dire  que  les  fortifications  de  Cabrenç 
constituaient  un  repaire  féodal,  capable  de  donner  une  idée  de  la 
puissance  seigneuriale.  Vraiment  ce  château  porte  bien  son  nom: 
Casiell  de  les  cabres,  château  des  chèvres. 

On  peut  arriver  au  château  par  Lamanera  ou  par  Serralonga. 
En  partant  de  Lamanera,  on  traverse  des  sentiers  champêtres, 
plusieurs  champs  bordés  de  genêts  et  de  plantes  sauvages.  Après 
une  heure  de  marche,  on  arrive  à  une  fontaine  dissimulée  au  mi- 
lieu du  gazon  et  des  arbustes.  Demi-heure  plus  tard,  à  travers  un 
chemin  rocailleux,  on  se  trouve  en  face  de  la  porte  principale  du 
château. 

En  partant  de  Serralonga,  on  suit  d'abord  le  sentier  qui  con- 
duit au  col  de  les  Talgueres,  puis,  tournant  brusquement  à  gauche, 
on  gagne,  en  montant,  d'abord  le  mas  "Balladou,  ensuite  le  col  du 
même  nom.  Là  on  revient  à  droite,  on  suit  un  petit  chemin  à 
peine  tracé  dans  le  rocher  au  milieu  d'une  végétation  rabougrie. 
Ce  chemin  aboutit  par  une  pente  assez  raide  à  l'extrémité  sud  de 
l'arête. 

A  quoi  a-t-il  pu  servir,  en  réalité,  le  château  de  Cabrenç  ?  11 
serait  difficile  de  le  dire.  Du  haut  de  son  donjon,  le  regard  se 
portait  au  loin  dans  toutes  les  directions,  vers  le  village  de  Ser- 
ralonga comme  aussi  vers  le  versant  espagnol  :  le  guetteur  pou- 
vait ainsi  surveiller  les  passages  de  la  montagne.  En  effet,  le  che- 


—     124    — 

min  venant  du  bas  ou  du  haut  Vallespir  traversait  la  rivière  du 
Tech  au  pont  actuel  de  la  Vierge  Marie  :  c'était  là  le  «  GaJu 
aras  »,  le  gué  d'aras,  mentionné  en  88 1  comme  limite  du  terri- 
toire de  Sainte-Cécile-de-Cos.  Arrivé  au  «  veynal  »  de  Galdaras, 
il  se  divisait  en  deux  :  l'un  Traversait  la  rivière  de  Galdaras,  ser- 
pentait le  quinta  de  droite  et  arrivait  en  Espagne  en  passant  par  a 
Saint-Laurent-de-Cerdans  et  par  Coustoujas  ;  l'autre  se  dirigeait 
vers  le  village  de  Serralonga  et  passait  à  quelques  mètres  de 
l'église  paroissiale  (i).  Là,  il  se  bifurquait  encore:  il  descendait 
vers  le  château  de  Serralonga,  sous  le  village,  et  se  rendait  en 
Espagne  en  remontant  la  rivière  de  Galdaras  et  en  passant  sous 
le  château  de  Cabrenç,  ou  bien  il  traversait  la  rivière  de  Galda- 
ras sous  le  château  de  Serralonga  et  arrivait  en  Espagne  eu  pas- 
sant par  Falgons.  De  plus,  le  chemin  qui  conduit  à  Serralonga 
va  droit  aussi  à  Lamanera  en  longeant  l'eau,  versant  de  gauche 
qui  domine  la  rivière  du  Rianol  et  aboutit  en  Espagne  en  traver- 
sant le  village  de  Lamanera  ou  par  le  Coral.  Par  conséquent, 
outre  sa  position  stratégique,  le  château  de  Cabrenç,  était  des- 
tiné à  surveiller  ou  à  fermer  des  passages  publics  de  montagne  : 
il  n'était  donc  pas  un  simple  repaire  féodal.  Les  seigneurs  qui 
l'habitaient  ont  joué  un  rôle  important  dans  l'histoire  roussillon- 
naise. 

11.  —  l^es  seigneurs  de  Cabrenç  (2) 

Jusqu'à  la  fin  du  x'  siècle,  les  seigneurs  de  Cabrenç  ou  de  Ser- 
ralonga furent  les  lieutenants  des  comtes  de   Besalu  pour  l'admi- 

(j)  Un  acte  du  14  avril  i  562  énumère  la  plupart  des  lieux  cités.  11  s'agit 
de  la  confirmation  faite  par  dom  François  de  Rocaberti  à  Georges  Ladarse, 
pages  de  Serralonga,  d'une  maison  et  des  terres  qui  en  dépendent.  Ce 
domaine  confronte  :  d'orient,  avec  la  jonction  des  eaux  du  Tech  et  de  Gal- 
daras, «y  passa  l'aygua  de  la  farga  de  Galdaras  y  puja  lot  serrât  amunl  con- 
frontant ah  lo  terme  de  Sant  Llorens  dels  Serdans  fins  à  una  font  anomenada  la 
font  de  las  "Buadas  »  ;  de  midi,  en  partie  avec  les  terres  de  la  métairie  del 
Morer  et  en  partie  avec  les  terres  du  Graou  ;  d'occident,  avec  la  <r  resclausa  » 
de  la  rivière  du  Rianol  et  rivière  en  aval  «  fins  al  cami  que  passen  los  matxos 
la  ribera  quan  venen  del  Emporda  à  Galdaras  »  ;  de  septentrion,  avec  le  terri- 
toire de  Prats  «  tornant  lo  cap  de  las  Torchas .  » 

{1)  Pour  plus  amples  détails,  voir  Alart,  J^otices  historiques,  etc.,  ii' partie, 
p.  )3i,  etc. 


I 


—    125    - 

nistration  du  Haut-Vallespir.  Vers  990,  cette  suprématie  passe 
aux  vicomtes  de  Casteilnou.  Le  premier  représentant  de  la  famille 
qui  occupe  Vhonor  de  Cabrenç  se  montre  en  1088  :  il  s'appelle 
Ravmond  Bracads. 

Deux  documents  nous  révèlent  1  "existence  de  T(aymonJ  BracaJs. 
Le  premier  remonte  à  l'année  1088  :  c'est  un  serment  de  foi  et 
hommage  fait  à  Guillaume,  archidiacre  d'Elne,  vicomte  de  Cas- 
teilnou, pour  le  château  de  Serralonga.  Le  second  est  du  4  des 
ides  d'avril  iji8.  Pierre,  évèque  d'Elne,  reçoit  de  Bérenger, 
comte  de  Barcelone,  devenu  comte  de  Bésalu,  les  revenus  de 
l'église  de  Prats-de-Mollo.  On  réserve  toutefois  les  droits  de 
Ravmond  Bracads. 

T^aymond  de  Serralonga  est  peut-être  le  fils  de  Raymond  Bra- 
cads. En  tout  cas,  quatre  faits  principaux  le  concernent.  Le  3  des 
ides  d'octobre  iiSj,  Raymond  de  Serralonga  assiste  à  la  consé- 
cration de  l'église  d'Arles.  Le  même  seigneur  est  présent  à  l'ac- 
cord survenu  entre  l'abbé  du  monastère  d'Arles  et  Bertrand  de 
Buada  au  sujet  des  fiefs  de  Saint-Laurent-de-Cerdans  et  de  Cous- 
toujes  (2  des  calendes  de  novembre  i  168).  Sur  le  conseil  et  après 
le  consentement  de  Raymond  de  Serralonga  et  d'autres  seigneurs, 
le  vicomte  de  Castelnou  accorde  à  l'abbé  d'Arles  l'autorisation 
de  fortifier  le  village  de  Fourques  (5  des  ides  de  juin  1  J93).  Enfin, 
le  nom  de  Raymond  de  Serralonga  se  trouve  dans  une  charte  du 
roi   Pierre  d'Aragon  portant  la  date  des  ides  de  janvier  1202. 

Bernard-Hugues  de  Serralonga,  fils  de  Raymond  de  Serralonga, 
signe,  en  1217,  la  constitution  de  paix  que  Nunyo-Sanche  fait  jurer 
par  tous  les  seigneurs  des  comtés  de  Roussillon  et  de  Cerdagne. 
Le  3  des  calendes  d'avril  i223,  Arnald  de  Serralonga  occupe  le 
siège  épiscopal  d'Elne.  11  était  l'oncle  de  Bernard-Hugues.  Celui- 
ci  épouse  Ermessende  de  Cortsavi,  veuve  de  Raymond  de  Ter- 
mes, seigneur  du  Narbonnais.  Bernard-Hugues  assiste  à  la  con- 
quête de  Majorque  tentée  par  Nunyo-Sanche  ;  il  prend  part  à  une 
expédition  entreprise  par  Raymond  Trancavel,  vicomte  de  Béziers, 
dans  le  but  de  reconquérir  les  biens  qu'il  avait  perdus  à  la  suite 
de  la  croisade  contre  les  Albigeois.  Cette  expédition  échoue. 
Tous  les  révoltés  sont  frappés  d'excommunication  par  l'archevê- 
que de  Narbonne,  le  \  2  des  calendes  d'août  1  242.  Bernard-Hugues 


J26    — 

de  SeiTalonga  est  du  nombre.  Ce  seigneur  disparaît   en    1254.  11 
avait  fréquenté  longtemps  la  cour  du  roi  d'Aragon. 

Guillaume-Hucrues  de  Serralonpa  est  le  fils  aîné  de  Bernard- 
Hugues  et  d'Ermessende  de  Cortsavi.  En  1260,  il  accorde  divers 
privilèges  aux  habitants  de  Millas  :  son  épouse  Guéralda  l'avait 
fait  participer  à  cette  seigneurie.  L'acte  le  plus  important  de 
Guillaume-Hugues  est  le  testament  qu'il  déposa  en  1267  entre 
les  mains  d'un  notaire  d'Arles,  avant  de  traverser  les  mers  à  la 
suite  de  saint  Louis.  11  meurt  pendant  la  croisade. 

"Bernard-Jiugues,  son  fils,  est  encore  bien  jeune.  Son  oncle  Ar- 
nald,  archidiacre  d'Eîne,  administre  sagement  tous  ses  biens. 
Cependant,  en  J285,  Bernard-Hugues  et  Arnald  se  déclarent 
pour  le  roi  d'Aragon  contre  le  roi  de  Majorque.  Les  domaines 
de  l'archidiacre  sont  confisqués,  et  lui-même  se  voit  exilé  à  Pera- 
lada.  Bernard-Hugues  se  bat  contre  Philippe  111,  roi  de  France, 
en  faveur  de  Pierre  d'Aragon.  La  fortune  ne  lui  est  pas  favora- 
ble. Le  domaine  royal  s'empare  de  ses  biens,  et  le  roi  de  Major- 
que porte  le  titre  de  seigneur  de  Cabrenç.  La  paix  d'Argelès, 
conclue  en  1298,  rend  à  tous  les  révoltés  roussillonnais  la  posses- 
sion de  leurs  châteaux  et  de  leurs  terres. 

Guiîlaume-Gaîcerand,  fils  de  Bernard-Hugues,  s'empresse  de 
faire  arborer  sa  bannière  sur  la  tour  du  manoir  de  Cabrenç.  En 
i3o2,  il  est  à  Gérone  ;  il  assiste  à  la  prestation  de  foi  et  hom- 
mage que  l'infant  Sanche  de  Majorque  doit  faire  au  roi  d'Ara- 
gon à  la  place  de  son  père.  Trois  ans  plus  tard,  il  prête,  à  son 
tour,  foi  et  hommage  ?u  comte  de  Emporias  pour  le  château  de 
la  Clusa.  L'année  suivante,  il  remplit  le  même  devoir  pour  le  fief 
de  Rayners  vis-à-vis  du  roi  de  Majorque. 

"Béàlrix  de  Serralonga  est  la  fille  et  l'héritière  de  Bernard- 
Hugues.  C'est  à  elle  que  passent  tous  les  biens  de  Guillaume- 
Galcerand.  Donc,  ce  dernier  n'avait  pas  d'enfants.  Béatrix  de 
Serralonga  porte  le  titre  de  vicomtesse  de  Rocaberti  après  son 
mariage  avec  un  membre  de  cette  famille.  En  i3)3,  elle  prête 
foi  et  hommage  au  roi  de  Majorque  pour  le  château  de  Cabrenç. 
Elle  (disparaît  pendant  l'année  iSSj.  Avant  sa  mort,  elle  était 
allée  se  fixer  à  Massanet. 


I  27   — 

En  1 344,  Pierre  d'Aragon,  entrant  en  Roussillon  à  la  tête 
d'une  nombreuse  armée,  confie  le  commandement  de  l'arriére- 
garde  à  Guillaume-Galcei and  de  J^ocaberli.  Celui-ci  assiste  à  l'an- 
nexion du  royaume  de  Majorque  à  celui  d'Aragon.  Le  7  février 
i3t)8,  il  vend  à  Pierre  Dcmenech.  de  Prats-de-MclIo,  le  terri- 
toire de  Vilaroja.  Après  la  mort  de  Guillaume-Galcerand  de 
Rocaberti,  Marie  d'Arborea,  son  épouse,  s'occupe  activement  de 
l'éducation  de  ses  deux  fils.  Garau  et  Guillaume,  et  de  l'adminis- 
tration des  domaines  de  son  mari. 

Garau  7"  ne  fut  pas  habile  dans  la  conduite  de  ses  affaires.  En 
1407,  il  abandonne  le  château  de  Rayners  a  son  frère  Guillaume- 
Hugues.  Les  affaires  de  ce  dernier  étaient  aussi  dans  un  état 
déplorable.  Quant  à  Garau,  il  était  chargé  de  dettes.  Le  roi 
d'Aragon  ordonne  une  enquête  sérieuse.  Finalement,  «  l'enipara 
real  »  est  appliqué  aux  châteaux  de  Cabrenç  et  de  Montalba. 
Garau  1"  de  Rocaberti  mourut  probablement  dans  les  prisons  de 
Barcelone. 

En  1445,  Dalmau  de  T^ocaberli  prend  possession  du  château  de 
Cabrenç  et  des  domaines  environnants.  11  avait  sans  doute 
racheté  ces  biens.  11  les  perdit  de  nouveau  à  la  suite  de  la  guerre 
entreprise  par  Louis  XI  dans  le  Roussillon.  Le  seigneur  de 
Cabrenç  avait  embrassé  la  cause  du  roi  d'Aragon. 

Garau  11  de  T^ocaberli,  fils  de  Dalmau,  avait  recouvré,  en  1493, 
les  domaines  qu'il  possédait  dans  le  Haut-Vallespir  (1).  Malheu- 
reusement il  ne  sut  pas  les  conserver.  Ses  successeurs  furent  éga- 
lement impuissants  a  payer  trois  rentes  que  Joana,  fille  de  Béa- 
trix  de  Castro  et  épouse  du  vicomte  de  Canet,  recevait  «  sur  les 
biens  et  héritages  qui  furent  du  magnifique  Garau  de  Rocaberti  et 
notamment  et  en  oarticuiier  sur  les  lieux  de  Cabrenç,  Palay^a  et 
Montalba  ».  Aussi,  en  i5i2,  le  vicomte  de  Canet  se  déclare-t-il" 
l'unique  seigneur  de  la  baronnie  de  Cabrenç. 

{^.  suivre)  Joseph  Gibrat. 


I  n  En    1493,  il  renouvelle  le  bail  de  la  forge  de  GaIJaras   en    faveur   du 
génois  Jean  Bëlando. 


HYMNE 
DU  COQ  CHANTECLER 
AU   SOLEIL 

Chantecler,  de  E.  Rostand,  acte  i,  scène  ii. 

Toi  qui  sèches  les  pleurs  des  moindres  graminées. 
Qui  fais  d'une  fleur  morte  un  vivant  papillon, 
Losqu'on  voit,  s'effeuillant  comme  des  destinées. 

Trembler  au  vent  des  Pyrénées 

Les  amandiers  du  Roussillon, 

Je  t'adore.  Soleil  !  ô  toi  dont  la  lumière, 
Pour  bénir  chaque  front  et  mûrir  chaque  miel. 
Entrant  dans  chaque  fleur  et  dans  chaque  chaumière, 

Se  divise  et  demeure  entière 

Ainsi  que  l'amour  maternel  ! 

Je  te  chante,  et  tu  peux  m'accepter  pour  ton  prêtre. 
Toi  qui  viens  dans  la  cuve  où  trempe  un  savon  bleu, 
Et  qui  choisis  souvent,  quand  tu  vas  disparaître. 

L'humble  vitre  d'une  fenêtre 

Pour  lancer  ton  dernier  adieu  ! 

Tu  fais  tourner  les  tournesols  du  presbytère. 
Luire  le  frère  d'or  que  j'ai  sur  le  clocher, 
Et  quand,  par  les  tilleuls,  tu  viens  avec  mystère. 
Tu  fais  bouger  des  ronds  par  terre 
Si  beaux  qu'on  n'ose  plus  marcher  ! 

Tu  changes  en  émail  le  vernis  de  la  cruche  ; 
Tu  fais  un  étendard  en  séchant  un  torchon  ; 
La  meule  a,  grâce  à  toi,  de  l'or  sur  sa  capuche. 

Et  sa  petite  sœur  la  ruche 

A  de  l'or  sur  son  capuchon  ! 


HIMNH 
DEL  GALL  CANTACLAR 

AL  SOL 

Traduit  de  Chaniecîer,  de  Rostand. 

Tu  que  '1  plor  matiner  del  minim  gram  estanques, 

que  treus  de)  pétai  mort  un  airôs  papallé, 

quan,  com  fulls  de  la  vida,  espoisa  les  Hors  blanques 

la  tramontana  per  les  branques 

de  l'ametller  de  Rossellô, 

t'adoro,  Sol  !  O  llurri  que  cada  dia  'ns  neixes 
per  endolcir  les  mels  i  senyar  cada  front, 
no  oblides  ni  una  flor,  ni  una  barraca  deixes, 

i,  al  compartir-te,  no  descreixes, 

d'amor  matern  igual  la  font. 

O  Sol,  te  canto,  sacerdot  d'un  culte  insigne, 
tu  de  qui  M  dit  brillant  belluga  pel  doll  blau 
del  Safreig,  i  al  vidret  de  la  finestra  signa, 

quan  se  vol  clucar,  com  a  digne 

de  son  ùltim  adeusiau. 

Els  girassols  de  câ  '1  rector,  ets  tu  que  'Is  gires  ; 

voltes  de  raigs  mon  germa  d'or  del  campanar  ; 

i,  pels  olms  aquietats  d'amagatons  quan  mires,  • 

palets  tant  fins  a  terra  tires 

que  un  hom  no  gosa  caminar. 

Del  poal  enverniçat  fas  ànifora  esmaltina  ; 
bandera,  d'un  pellot  sobre  lestenedor. 
Per  tu  '1  cîmbori  del  palier  d'or  se  patina, 

i  la  pariona  barretina 

de)  ruse  s'enfloca  de  fîams  d'or. 


—   i3o  — 

Gloire  à  toi  sur  les  prés  !  Gloire  à  toi  dans  les  vignes  ! 
Sois  béni  parmi  l'herbe  et  contre  les  portails  ! 
Dans  les  yeux  des  lézards  et  sur  l'aile  des  cygnes  ! 

O  toi  qui  fais  les  grandes  lignes 

Et  qui  fais  les  petits  détails  ! 

C'est  toi  qui,  découpant  la  sœur  jumelle  et  sombre 
Qui  se  couche  et  s'allonge  au  pied  de  ce  qui  luit, 
De  tout  ce  qui  nous  charme  as  su  doubler  le  nombre, 
A  chaque  objet  donnant  une  ombre 
Souvent  plus  charmante  que  lui  ! 

Je  t'adore,  Soleil  !  Tu  mets  dans  l'air  des  roses, 
Des  flammes  dans  la  source,  un  dieu  dans  le  buisson  î 
Tu  prends  un  arbre  obscur  et  tu  l'apothéoses  ! 
O  soleil  !  toi  sans  qui  les  choses 
Ne  seraient  que  ce  qu'elles  sont  ! 

Edmond  Rostand. 


'^i^^JV^^f'Jéf^^yjWS^^f'J^^^^^J^^^^^J 


La  Versi|ication  de  Frédéric  Mistral  '  '  ^ 

par  Emile  Ripert 

L'auteur  de  La  Terre  des  Lauriers  (Prix  National  de  Poésie, 
1912),  de  Mu  Pays  de  Jojfre  [\^\6),  de  La  T^enaissance  Provençale 
(Prix  Thiers,  iC)iy),  etc..  n'est  pas  un  inconnu  pour  nos  amis. 
M.  Emile  Ripert,  qui,  d'ailleurs,  est  membre  de  la  Société 
d'Etudes  Catalanes  depuis  2  ans,  assista,  comme  délégué  du  Féli- 
brige,  à  notre  concours  de  langue  catalane  de  l'année  dernière  ; 
et  M.  Henry  Aragon  en  fit  l'éloge  dans  un  bel  article  paru  dans 
notre  Revue  (2). 

L'éminent  professeur,  de  passage  à    Perpignan,    a   bien    voulu 

(i)  Champion,  éd.,  Paris,  et  A.  Dragon,  Aix-en-Provence,  6  fr. 
(a)  Cf.  7{evue  Catalane,  juin-  «917,  p.  84. 


—  i3i   — 

Gloria  a  tu  su  'I  prat  i  la  vinya  fullosa  ! 
Beneït  siguis  sus  la  selva,  el  mont  canut, 
l'albor  del  cigne  i  '1  joc  del  lluert  per  la  llosa, 

tu  que  fas  la  linya  orgullosa 

i  també  '1  détail  mes  menut  ! 

Cada  forma,  per  tu,  de  germana  s'acobla, 

que  negra  se  li  ajau  aprop  i  la  segueix. 

Tôt  lo  que  'ns  atrau  l'ull  o  '1  cor,  tôt  ho  vols  dohie, 

fent  soviny  mes  bella  i  mes  noble 

l'ombra  que  l'objecte  meteix. 

Sol,  t'adoro  î  El  cel  tornes  balsàmica  gerra, 
el  riu  foc,  el  tronc  Déu.  En  l'immens  horizon, 
com  una  apoteosi  alces  l'arbre  en  la  serra. 

Sens  tu  les  coses  de  la  terra 

serien  no  mes  lo  que  son. 

Pau  Berga. 

nous  honorer  d'une  visite   et   nous  offrir  son  nouvel  ouvrage  :   La 
Yersificalion  Je  Ttédéric  Mistral. 

Cette  magnifique  étude,  que  tous  les  lettrés,  tous  les  admira- 
teurs de  Mistral  et  tous  les  amateurs  de  langues  méridionales 
liront  avec  intérêt,  est  le  fruit  de  patients  travaux  ;  l'auteur  y 
analyse  point  par  point,  et  avec  une  technique  incomparable, 
l'oeuvre  du  grand  poète  de  Maillane  et  les  moyens  poétiques  sur 
lesquels  son  inspiration  prit  forme.  Ce  travail  précieux  est  le 
commentaire  tout  indiqué  de  cette  œuvre  mistralienne,  phare  de 
la  latinité  française  et  de  la  doctrine  régionaliste. 

Ch.  Grando. 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

6*^^^  (SUITE) 

VJl.   "Les  Jardiniers  (prevosts,  sobreposats  de  ta  orta)  de  la  ville  de  Perpignan 
sous  les  rois  d'Aragon  (i  397).  Leur  nomination.  Importance  de  leurs  fonctions. 

Les  jardiniers  avaient  défriché,  au  commencement  du  xm'  siè- 
cle, une  grande  partie  des  terres  situées  autour  de  Perpignan. 
Les  jardins  avoisinaienr  les  maisons  ;  ils  étaient  groupés  près  de 
la  ville  ou  des  faubourgs  [barri)  dans  les  quartiers  particulière- 
ment fertiles  que  l'on  appelait  à  cette  époque  Vhorla  vella  (à  Mal- 
loles),  Vhorta  nova  (1)  (territoire  du  Vernet,  sur  la  rive  gauche 
de  la  Tet)  ;  on  y  cultivait  les  différents  légumes,  mais  on  semait 
aussi  des  céréales  [1). 

«  Les  jardiniers  ont  été  les  premiers  habitants  de  Perpignan, 
ils  veulent  y  rester  les  plus  influents...  Ils  prennent  une  place 
qui  n'ira  qu'en  augmentant:  ils  deviendront  les  arbitres  et  souvent 
les  maîtres  du  marché...  (3)  » 

A  cette  époque  la  justice  était  tellement  onéreuse,  que  les 
populations  durent  sorger  à  régler  avec  moins  de  frais  les  diffi- 
cultés de  ce  genre  (4).  On  peut  supposer  qu'elles  recoururent 
d'abord  à  des  arbitres,  et  qu'elles  finirent  par  constituer  en  une 
juridiction  régulière  et  permanente  les  pouvoirs  exceptionnels  de 

(i)  Alart,  T^otices  historic[ues  :  Saint-Estève  del  Monestir  :  «  Le  chemin 
que  l'on  suit  depuis  le  "Pont  de  la  Pierre  jusqu'au  territoire  de  Saint-Estève 
traverse  une  longue  suite  de  jardins,  formant  une  de  ces  magnifiques  hortes 
qui  entourent  de  trois  côtés  la  ville  de  Perpignan.  Celle-ci  s'appelait  déjà 
Vhorta  nova  en  1225,  et  s'étendait  à  cette  époque  sur  tout  le  quartier  com- 
pris entre  la  Tet,  le  chemin  de  Salses  et  les  territoires  de  Vernet  et  de  i 
Saint-Mamet.  *• 

(2)  Quando  in  dicfo  orto  est   bladum...;  et  quando  fiunl  porros  vel  caules,     \ 
dominus  T(ex  recipit  unum  reckum  porrorum  vel  caulium...  (Capbreu  d'Argelès, 
B.  3o,  f"  i3j.  Et  de  blado  agrarium  et  mediam  cossuram.  (B.  3],  f"  5.) 

(3)  P.  Vidal,  Perpignan,  chap.  v,  parag.  3. 

(4)  Procès  résultant  du  droit  de  vain^  pâture  :  dommages  causés  par  les 
bestiaux,  etc. 


—   i33  — 

ces  arbitres  :  de  là  sortit  le  tribunal  des  sobreposats  de  la  horta  (i) 
qui  durèrent  jusqu'à  la  Révolution. 

Nous  allons  voir  quelles  étaient  leurs  fonctions.  Ces  prévôts 
ou  surveillants  des  jardins  étaient  des  estimateurs  ou  juges  de 
délits  ruraux  (2). 

Voici  comment  ils  étaient  élus  et  quelles  furent  leurs  fonctions  : 

Les  sobreposats  de  ta  hor'ra  étaient  spécialement  chargés  du 
constat  et  de  l'appréciation  des  dommages  [taies  e  dans)  causés 
dans  les  champs,  aux  fruits  et  aux  récoltes,  et  du  jugement  des 
délits  ruraux  qu'ils  entraînaient. 

Ils  étaient  nommés  par  les  Consuls  et  le  Conseil  de  la  ville. 
Un  privilège  de  1348  parle  déjà  de  cette  institution  comme  d'un 
usage  incontesté  (3)  et  la  défend  contre  quelques  hommes  riches  ou 
nobles  qui  s'étaient  élevés  contre  elle.  Ce  privilège  maintient  ces 
magistrats  populaires  et  confirme  leur  juridicition. 

Ils  étaient  élus,  totalement  ou  partiellement  par  les  nouveaux 
Consuls  et  leur  Conseil  ;  aussitôt  après  leur  installation,  ils  prê- 
taient serment  entre  les  mains  du  bailli. 

Ils  avaient  auprès  d'eux  deux  huissiers,  saigs,  ou  porteurs  de 
messages,  nommés  par  le  bailli  sur  la  désignation  qui  lui  en  avait 
été  faite  par  les  consuls,  et  dont  il  ne  lui  était  pas  permis  de 
s'écarter  (4). 

D'après  un  privilège  du  roi  Jacques  de  1292,  et  d'autres  de 
1345  et  1  385  (5),  outre  les  dommages  causés  aux  champs,  fruits 
et  récoltes,  ils  avaient  le  droit  de  faire  couper  les  branches  (6) 
qui,  par  cas  fortuit  ou  prévu,  tombaient  sur  le  fonds  voisin  ou 
sur  la  voie  publique,  après  dénonciation  faite  au  propriétaire  de 
l'arbre.  Ils  devaient  surveiller  les  chemins  ruraux,  les  bien  entre- 
tenir et  maintenir  leur   largeur  ;   ils   étaient   autorisés   à   les    faire 

(i)  Brutails,  Conditions  des  populalions,  chap.  xv. 

(2)  AiART,  Privilèges  et  titres,  page  227  :  Ils  étaient  élus  en  même  temps 
que  les  Consuls  et  les  autres  fonctionnaires  communaux.  Avant  la  fin  du 
xiii'  siècle,  les  Consuls  de  la  Roca  d'Albera  n'avaient  guère  d'autres  attribu- 
tions que  celles  de  sobreposats  ou  juges  ruraux. 

(3)  Arch.  comm.,  livre  vert  majeur,  v,  54. 

(4)  Ibidem,  livre  vert  majeur,  54. 

(5)  Ordinacions,  i"  y8. 

(b)  Bosch,  497  ;  Ordinacions,  f'  4. 


-    .34  - 

rçparer  et  les  déblayer  aux  frais  des  propriétaires  limitrophes; 
ils  devaient  encore  surveiller  les  plantations  de  sureaux,  de  can- 
nes, d'arbres  servant  de  clôtures  ;  ils  connaissaient  de  toutes  les 
questions  d'arrosage  (i),  de  toutes  les  contestations  sur  le  bor- 
nage (2),  les  chemins,  les  sentiers,  rigoles,  francs-bords,  fossés 
d'arrosage  et  autres  objets  de  même  nature,  «  de  tots  altres  ques- 
tions e  contrasts,  ço  es  de  termens,  de  carreres,  de  senders,  de 
marges,  de  agulles,  de  reguatius,  d'aygues,  etc.  »  ;  ils  connais- 
saient également  de  toutes  les  questions  qui  dérivaient  des  cours 
d'eau,  des  moulins  et  de  leurs  écluses. 

Ils  avaient  également  le  droit  de  juger  toutes  les  causes  relati- 
ves aux  dommages  occasionnés  aux  propriétés  des  habitants  de 
Perpignan  dans  tout  le  Comté  de  Roussilîon,  et  même  à  celles 
qui  sont  situées  dans  les  territoires  formant  seigneuries,  ainsi  que 
les  causes  qui  concernaient  les  dommages  faits  aux  propriétés 
d'étrangers  à  la  ville  par  quelque  habitant  (3). 

La  procédure  à  suivre  était  des  plus  simples  :  le  plaignant  s'a- 
dressait aux  consuls,  aux  syndics,  et,  en  leur  absence,  à  deux  des 
principaux  propriétaires  du  lieu  sur  le  territoire  duquel  le  délit 
avait  été  commis,  en  dénonçant  le  nom  de  son  auteur  s'il  était 
connu.  Si  celui-ci  ne  réparait  pas  le  dommage,  la  plainte  était 
remise  aux  sobreposah  de  la  horia,  qui  se  rendaient  sur  les  lieux 
et  procédaient  à  son  estimation.  Les  saigs  ou  porteurs  de  leurs 
messages  (4)  requéraient  le  plaignant  et  le  défendeur  de  compa- 
raître devant  eux.  Le  premier  se  présentait  avec  ses  preuves  ;  le 
second  avec  ses  exceptions  et  ses  moyens  de  défense.  Après  avoir 
entendu  les  parties,  ils  prononçaient  leur  jugement.  Dans  les 
quinze  jours,  appel  de  ce  jugement  pouvait  être  porté  devant  le 
bailli,  lorsque  les  condamnations  excédaient  vingt  sols  (5).  Le  bailli 

(1  )  Ordinacions,  P  6. 

(2)  Arch.  comm.,  livre  vert  mineur,  AA.  3,  t.  11. 

(3)  Arcli.  comm.,  livre  vert  mineur,  f"  i\i  v'\  5  février  i358.  Confirma- 
tion  par   le   roî  de   l'ancien   usage   autorisant  les  sohreposats  de   Perpignan     ; 
d'estimer,    dans   toute   l'étendue   du    comté   de    Roussilîon.    même   dans  les 
seigneuries    des   barons   ou   de   l'Eglise,    les   dégâts   causés    aux   biens   des 
Perpignanais. 

(4)  L'  saig  suu  ha  que  façen  les  dites  citations  o  assignacions  o  exequcionç 
per  preniment  de  penyores. 

(5)  Privilèges  de  1497  et  i5io. 


—   i35  — 

devait  prononcer  dans  un  délai  de  quinzaine.  Le  jugement,  com- 
me ceux  des  clavaires,  ne  pouvait  être  attaqué  par  défaut  de  for- 
me :  ii  suffisait  qu'il  reconnût  et  consacrât  la  vérité  du  fait. 

En  somme,  c'étaient  des  agriculteurs  consciencieux,  des  jardi- 
niers probes  qui  ne  puisaient  leur  décision  que  dans  leurs  cons- 
ciences et  dans  l'appréciation  des  faits  (i). 

Un  des  documents  les  plus  intéressants  relatifs  aux  fonctions 
multiples  attribuées  aux  sobreposals  de  la  horia  est  daté  de  iSgy. 
Ce  règlement  stipule  toutes  les  fonctions  que  doivent  remplir  les 
chefs  des  jardiniers,  et  qui  sont  nettement  et  strictement  déter- 
minées. 

San   Feliu  de  Llobregat 
7  septembre  i  397 

Privilegi  dels  sobreposats  de  la  orta. 

Nos  Martinus,  Dci  gratia  rex  Aragonum,  Valencie,  Majori- 
charum,  Sardinie  et  Corsice,  comesque  Barchinone,  Rossilionis 
et  Ceritanie,  scientes  et  attendentes  pro  parte  vestri  fidelium  nos- 
trorum  consulum  ville  Perpiniani,  nomine  et  pro  parte  universi- 
tatis  ipsius  ville  et  singularium  ejusdem,  nobis  fuisse  humiliter 
presentata  quedam  capitula  continentie  subsequentis  : 

1.  —  Primerament,  que'ls  dits  sobreposats  delà  orta  de  la  vila 
de  Perpenya  à  decisir  e  declarar  les  questions  e  contrasts  de  les 
gents  sobre  taies  e  dans  donats  à  les  pocessions  dels  homens  de 
Perpenya  e  autres  coses,  sien  1111,  axi  com  tro  ara  es  acostumat  : 
ço  es  assaber  aquells  dos  que  1'  mesier  dels  ortolans  de  la  dita 
vila  tots  anys  han  acostumat  elegir,  e  aquells  dos  de  la  dita  vila 
que  'Is  consols  d'aquella  tots  anys  acostumen  elegir  e  que  elegei- 
xen  en  la  vigilia  de  la  resta  de  sant  Johan  de  juny.  Pero  si  alcun 
any    o   anys   aparia    als    consols   de  la  dita  vila  esser  fahedor  que 

(1)  Les  sobreposats  ou  prévôts  sont  rarement  nommes  dans  les  actes  parce 
que  les  contractants  leur  étaient  soumis  de  plein  droit.  Parfois  les  parties 
s'entendaient  pour  se  soustraire  à  cette  juridiction  et  soumettaient  à  des 
arbitres  leurs  difficultés  éventuelles  :  c'est  surtout  dans  ce  cas  que  les  prévôts 
étaient  mentionnés.  (J.  Brutails,  Idoles  sur  l'économie  rurale  du  J^oussillon, 
chap.  Yii.^ 


—  i36  — 

d'aquells  dos  aquells  elegeixen  ni  haguès  1  dels  forans  habitadors 
de  la  dita  vila,  que  ho  poguessen  fer,  ço  es  assaber  que  pusquen 
elegir  ]  de  la  dita  vila  e  autre  dels  dits  forans  habitadors  d'aquella  ; 
o  si  'Is  aparia  fahedor  que  abdos  fosen  de  la  dita  vila,  que  'Is  pus- 
quen elegir  tots  anys  en  la  dita  vigilia,  axi  com  es  acostumat  ; 
aço  retengut  e  réservât  que  si  era  questio  o  contrast  davant  los 
dits  sobreposats  de  qualque  cosa  pertanyent  à  lur  offici  entre 
dues  parts,  la  una  part  era  ortola  de  la  dita  vila,  muUer  o  fill 
d'ortola,  e  l'autra  part  no  era  ortola  ans  fos  autre  menestral  o 
persona  de  la  dita  vila  o  fora  la  dita  vila,  que  en  tal  questio  o 
contrast  no  entre  ninguen  ni  hagen  entrevenir,  sino  II]  dels  dits 
sobreposats,  ço  es  assaber,  lo  I  d'aquells  dos  dels  mester  dels 
ortolans,  e  los  autres  dos  que  no  serân  del  dit  mester  ;  e  si  fahien 
lo  contrari  que  1'  juhey  o  declaracio  lur  que  ells  farien  fos  cas  e 
va  e  no  hagués  valor. 

II,  —  Item,  que  si  alcun  hom  de  Perpenya  ha  terres  o  poces- 
sions  en  terme  de  alcun  castell  o  loch  de  la  terr-a  qui  faça  comun, 
e  en  les  dites  terres  et  pocessions  o    fruts    d'aquelles   li   sera   dat 
dampnatge  o  li  sera  fêta  tala,   que   l'om  de   Perpenya  sia   tengut 
de  denunciar  al  balle  o  à  1  consol,  jurât  o  sindich  o,  en  absencia 
lur,  à  dues  persones  del  loch  on    la  pocessio   o   pocessions   serân 
en  les  quais  haurà  prés  lo  dan  o  tala,  lo  damnatge  que  prés  haurâ, 
dient-los  com  aytal  dan  o  tala  li    es  stat   donat  en  aytal    pocessio 
per  aytal  hom,  e,  si  no  sap  qui  li  ha  donat  lo  dit  dan  o  tala,  que 
lo   comun   li    n'    sia    tengut  per  la  forma  e  manera  que  vuy  es,  e 
que,    en    aquest    cas,    denonciu    contre  1'  comun,  e  lo  dit  balle  o 
consols,  dins  dos  dies  naturals  après  la  denunciacio   continuament 
comptadors,  façen  stimar  à  qui  s'  volrân  lo  dit    dan   o    tala,    e   la 
dita  extimacio  intimen  e  denoncien  al    dit  hom  de  Perpenya,  e, 
si  li  plau  la  extima,  dins  autres  dos  dies  continuament  seguents  li 
façen  satisfer  la  extima  que  fêta  haurân  ;  e  si  no  u  fan  dins  lo  dit 
temps,  que  1'  dit  hom  de  Perpenya  hi  puixa  menar  los  sobrepo- 
sats de  la  orta  de  Perpenya   e   perseguir  la  cosa,  axi  com  vuy  se 
fa.  E  en  cars  que  en  lo  dit  temps  lo    dit    balle    o    consols    façen 
satisfer  al  dit  hom  de  Perpenya,  si  de  la  extima   fêta   per   lo  dit 
balle  o  consols  o  per  los  diputats  per  ells  dels  dits  lochs  lo  hom 
de  Perpenya  no  era  o  sera  content,  que  puixa  menar   los    sobre- 


-    .3;  - 

posats  de  la  orta  de  Perpenya,  los  quais,  si  per  aventura  farân 
semblant  extima  o  menor  que  1'  balle  e  consols  o  autres  per  ells 
en  aço  diputats  haurân  fêta,  que  1'  home  de  Perpenya  en  aquest 
cars  sia  tengut  à  la  anada  dels  dits  sobreposats,  e  en  aquest  cars 
no  y  haja  apejlacio  ;  e  si  per  aventura  los  sobreposats  la  fahien 
major  que  'Is  dits  balle  e  consols  o  per  ells  diputats,  que  l'hom 
del  casteli  o  comun,  si  de  comun  se  sia  clamât,  sia  tengut  de 
pagar  la  anada  dels  dits  sobreposats  ;  pero  en  aquest  cars  sia 
legut  a  cascuna  de  les  parts  apellar,  si  'Is  sera  vist  fahedor,  o 
perseguir  lur  fet  axi  e  per  la  forma  e  manera  que  vuy  se  fa  ;  e 
aquell  qui  à  la  fin  no  obtindrâ,  sia  tengut  de  paguar  les  mes- 
sions,  ço  es  que  1  hom  o  comun  de  fora  obten  finalment  que 
la  extima  fêta  per  los  homens  del  casteli  era  justa  o  menor  d'a- 
queila,  que  '1  hom  de  Perpenya  pach  la  anada  dels  dits  sobrepo- 
sats e  totes  autres  messions  ;  e  si  lo  hom  de  Perpenya  obten  final- 
ment major  extima  que  per  los  homens  del  casteli  no  li  era  stada 
fêta,  que  aquell  de  qui  s'  sera  clamât  li  sia  tengut  de  paguar  totes 
les  messions  integrament  e  semblant  que  y  sia  fet  al  hom  stran- 
ger,  si  no  s"  ten  per  content  de  la  extima  dels  homens  del  casteli. 
E  aximeteix  per  lo  contrari  si  alcun  hom  de  Perpenya  fa  tala  à 
alcun  stranger,  ço  es  que  no  fos  de  la  dita  vila,  que  aquell  qui 
haurâ  presa  la  dita  tala  o  denonciu  aj  balle  o  consol,  jurât,  o  sin- 
dichs  o  aquell  o  aquells  qui  en  aço  per  ell  o  ells  serân  diputats 
del  loch  ont  sera  la  pocessio  ont  la  tala  sera  fêta,  o,  en  absencia 
lur,  à  dues  persones  del  dit  loch,  los  quais,  dins  lo  temps  desus 
dit,  façen  lur  extima  e  la  denoncien  al  hom  de  Perpenya  qui  s' 
dira  haver  fêta  la  tala;  e  si,  dins  lo  temps  desus  expressat,  lo  dit 
hom  de  Perpenya  no  haurâ  satisfet  à  aquell  qui  haurâ  presa  la 
tala,  que  y  puixa  l'ome  del  dit  casteli  menar  los  sobreposats  de 
Perpenya.  Si  empero  en  aquesta  denunciacio  fahedora  per  home 
de  Perpenya  o  autre  per  ell  e  contre  l'om  de  Perpenya,  se 
seguirâ  negacio  de  part  o  contradiccio  per  manera  que  s'en  hagués 
fer  juhev,  en  aytal  cas  la  cosa  haja  venir  davant  los  sobreposats 
de  la  orta  de  Perpenya,  per  ço  que  en  negun  cars  o  partit  l'om 
de  Perpenya  no  sia  tengut  de  fer  juhey  fora  son  ordinari  direc- 
tament  o  indirecta  (i)  ni  en  aicuna  qualsevol  autra  manera. 

f  I  )  Encore  une  élision  (pour  indirectament  . 


—   i38  — 

111.  —  Item,  si  alcun  hom  de  Perpenya  o  autre  qui  no  fos  de 
Perpenya  vindrâ  davant  los  sohrepcsats,  requirint-los  que  vagen 
extimar  en  alcun  loch  o  lochs  alcuna  tala  o  dan  à  aquell  donat, 
que  'Is  sobreposatz  lo  enterroguen  si  ho  ha  denunciat  al  balle  o 
consol,  jurât  o  sindich  o  autres  persones  del  dit  loch  o  lochs,  axi 
corn  desus  es  dit,  on  la  pocessio  o  pocessions  serân  en  que  lo 
maliffici  sera  stat  fet  ;  e  si  ha  servada  la  forma  en  lo  segon  Capi- 
tol desus  contenguda  ;  e  si  diu  que  hoc,  que  si  es  hom  de  Per- 
penya o  stranger,  que  sia  creegut  à  son  sagrament,  e,  prés  aquest 
sagrament  per  los  sobreposats,  que  puixen  anar  en  la  manera  que 
poden  o  han  acostumat  segons  los  privilegis  de  la  dita  vila,  us  e 
observancia  d'aquells.  E  en  cars  que  'Is  dits  sobreposats  anasen 
menys  de  la  dita  interrogacio  e  informacio  prop  dita,  que  no 
puguen  forsar  alcuna  de  les  parts  de  paguarios  la  anada. 

1111.  —  Item,  que  si  aprop  la  extima  fêta  per  los  dits  balle  o 
consols,  jurats  o  sindichs,  o  autres  per  ells  diputats  à  aço,  se 
seauia  plet  entre  les  parts  e  s'en  fahia  apellacio,  que  neguna  de 
les  parts  vullas  l'om  de  Perpenya,  vullas  lo  stranger,  no  puixa 
allegar  la  extima  fêta  per  los  dits  homens  de  castell  per  senten- 
cia,  con,  axicom  desus  es  dit,  no  sia  dada  per  manera  de  juhey, 
ans  les  parts  hagen  obtenir  aytantes  sentencies  com  haurien  si  la 
dita  extima  no  era  fêta. 

V.  —  Item,  que  tots  autres  contrasts  e  questions,  ço  es  de  ter- 
mens  e  de  carreres,  de  senders,  de  marges,  de  agulles,  de  regua- 
tius,  d'aygues  e  d'autres  qualsevol,  exceptât  de  les  dites  taies  e 
dans,  se  haja  recors  als  dits  sobreposats,  los  quais  puixen  aquelles 
conexer,  sentenciar,  determenar  e  exequtar  en  la  manera  que 
poden  e  han  acostumat  segons  los  privilegis  de  la  dita  vila,  us  e 
observancies  d'aquells,  les  coses  contengudes  en  los  desus  dits 
capitols  no  contrastants. 

VI.  —  Item,  que  los  dits  sobreposats  pusque  haurân  vists  à 
hull  los  lochs  dels  contrasts  o  questions  en  que  serân  requets  de 
anar  e  serân  anats,  vinguen  fer  les  declaracions  e  determinacions 
que,  hoydes  les  rahons  e  drets  de  les  parts  haurân  affer  sobre 
aquelles,  e  façen  dins  la  dita  vila  de  Perpenya  en  lo  loch  d'aquella 


—  1 39  — 

on  han  acostumat  tener  e  fer  juhey,  exeptat  d'aquelles  que  be  no 
s'  poden  declarar  ni  determenar  sine  al  loch  del  contrast  vehen  à 
hull. 

VU.  —  Item,  que  quant  los  dits  sobreposats  trametràn  lur  saig 
o  âaigs  en  alcun  loch  fora  la  vila  de  Perpenya  per  citar  les  parts 
o  per  citar  testimonis  o  per  fer  assignacions  o  per  fer  exequcio. 
per  preniment  de  penyores  o  en  autra  manera  contre  aquells  qui 
hauràn  condampnats,  los  dits  saig  o  saigs  los  sien  tenguts  e 
hageh  primerament  requérir  lo  balle  del  dit  loch  o  son  lochtinent 
o  r  saig  suu  ha  que  façen  les  dites  citacions  o  assignacions  o  exe- 
qucions  per  preniment  de  penyores  o  en  autre  manera.  E  si  1'  dit 
balle  del  dit  loch  o  son  lochtinent  o  1'  saig  d'aquell  les  dites  cita- 
cions, assignacions  o  exequcions  fer  no  voira  o  fer  à  longana,  en 
cascun  dels  dits  cases  lo  dit  saig  o  saigs  dels  sobreposats,  en  fadi- 
gua  e  falliment  del  balle  del  dit  loch  e  de  son  lochtinent  o  del 
seu  saig,  puixa  fer  o  faça  les  dites  assignacions,  citacions  e  exe- 
qucions e  preniment  de  penvores,  axi  e  per  la  manera  que  sera 
manat  per  los  dits  sobreposats,  e  que  sobre  la  dita  fadigua,  en 
cars  que  autra  prova  no  y  hagués,  sia  donada  fé  à  relacio  del  dit 
sai£^  o  saigs  dels  dits  sobreposats. 

VI II.  —  Item,  si  per  aventura  lo  dit  saig  o  saigs  dels  dits 
sobreposats  no  trobaven  al  dit  loch  lo  balle  o  son  lochtinent  o 
saig  d'aquell,  que  ho  hagen  intimar  e  requérir  à  la  casa  del  dit 
balle  o  del  dit  lochtinent  o  la  muller  companyes  d'aqueils,  affi 
que  hi  trameten  missatge  e  que  lo  façen  venir,  e  si  no  venia  o 
venien  e  no  complien  à  les  dites  coses  que  séria  request,  adonchs, 
en  fadigua  e  falliment  lur,  los  dits  saig  o  saigs  dels  dits  sobre- 
posats puixen  fer,  façen  e  complesquen  les  dites  citacions,  assi- 
gnacions e  exequcions  e  preniments  de  penyores,  axi  corn  dit  es. 

IX.  —  Item,  com  sia  per  privilegi  que  los  dits  consols  poden 
elegir  tots  anys  un  saig  de  la  cort  del  balle  de  la  dita  vila  e  au- 
tre qualsevolrâ  qui  faça  les  citacions,  exequcions  c  autres  coses  al 
offici  dels  dits  sobreposats  pertanyents,  e  que  1'  dit  balle,  aquell 
e  no  autre,  haja  à  mètre  e  jurar  en  poder  seu,  volem  que  d'aqui 
avant,    pusque    lo    saig   haura    jurât  en  poder  del  dit  balle,  no  sia 


—   «40  — 

tengut  de  jurar  en  poder  de)  veguer  de  Rossello  ni  de  negun 
autre  officiai  ;  ni  1'  dit  saig  sia  tengut  de  tenir  taula  (j),  axi  com  ni 
los  ditz  sobreposatz  ni  I'  dit  saig  son  acostumats  la  dita  taula 
tenir. 

Pero  sia  entés  que  si  als  consols  de  la  dita  vila  qui  ara  son  o 
per  temps  serân,  ab  lo  conseil  gênerai  de  aquella,  aparia  quant 
que  quant  esser  pus  profites  e  pus  expédient  à  la  dita  vila  e  als 
singulars  e  habitants  de  aquella  usar  dels  privilegis  e  ordinacions 
à  la  dita  vila  e  universitat  de  aquella  ja  autregats  e  atorguats  per 
lo  molt  ait  senyor  rey  Em  Père,  pare  del  dit  senyor  rey,  e 
per  (2)  SOS  predecessors  de  gloriosa  memoria  o  alcun  o  alcuns 
de  aquells,  en  e  sobre  e  contre  les  dites  coses  en  los  dits  capi- 
tols  contengudes  en  tôt  o  en  partida,  que  els  dits  consols  e  sin- 
gulars habitadors  de  la  dita  vila  als  dits  sobreposats  présents  o 
sdevenidors,  ab  lo  dit  conseil,  sera  vist  fahedor  e  pus  si  Ms  vol- 
rân  los  dits  privilegis  e  ordinacions  e  us  d'aquells,  en  tôt  o  en 
partida  liscar,  e  les  coses  desus  en  los  présents  capitols  conten- 
gudes tornar  e  d'aquells  usar  en  tôt  o  en  partida,  e  en  aço  puguen 
variar  totes  e  aytantes  veus  quant  que  quant  los  dits  consols  ab 
lo  dit  conseil  volrân  e  à  ells  sera  vist  fahedor. 

Ad  suplicationem' perhumilem  vestri  pro  parte  dictorum  consu- 
lum  et  proborum  hominum  ville  prefFate  Perpiniani,  capitula 
preinserta  et  omnia  et  singula  in  eis  contenta  laudamus,  aproba- 
mus  ac  nostre  confirmationis  presidio  roboramus,  mandantes  per 
presentem  cartam  nostram  Gubernatori  Rossilionis  et  Ceritanie, 
vicario  Rossilionis  et  Vallispirii  et  bajulo  Perpiniani  ceterisque 
universis  et  singulis  officialibus  nostris  presentibus  et  futuris  et 
dictorum  officialium  locatenentibus  quatinus  laudationem,  aproba- 
tionem,  ratifficationem  et  confirmationem  nostras  hujusmodi  ratas 
et  gratas  et  firmas  habeant,  teneant  et  observent,  tenerique  et  ob- 
servari  inviolabiliter  faciant  per  quoscumque  et  non  contraveniant 
nec  aliquem  contravenire  permittant  aliqua  ratione.  In  cujus  rei 
testimonium  hanc  fieri  et  sigillo  nostro  pendenti  jussimus  comuniri. 

Datum  in  loco  Sancti  Felicis  de  Luprecat...,  VU"  die  septem- 

(1)  En  marge:  lo  saig  ni  'Is  sobreposats  no  son  tenguts  de  tenir  taula. 

(2)  De. 


—    141    — 

bris,  anno  a  nativitate  Domini  M'.CCC  .XC. VU',  regnique  nos- 
tri  secundo. 

Matias  vic|e  cancellarius]. 

Sjg-(s.  royal) -num  Martini,  Dei  gratia  régis  Aragonum,  Valen- 
cie,  Majoricharum,  Sardinie  et  Corsice,  comitisque  Barchinone, 
Rossilionis  et  Ceritanie.  REX  MARTI  NUS. 

Testes  sunt  Hugo  de  Sancta  Pace,  Q^jabertus  de  Senciilis, 
Petrus  de  Montecatheno,  Guiilelmus  de  Perapertusa,  Petrus 
Sanccii  de  Calât...  (i),  milites. 

Sig-(s.  manuel)-num  mei  Francisci  Pelicerii,  predicti  domini  régis 
scriptoris,  qui,  de  ipsius  mandato  predicta  scribi  feci  et  clausi  ; 
corrigitur  vero  in  lineis  ii  «  offici  dels  sobreposatz  »,  vi'  «  aparia 
fahedor  »,  vin'  «  ter  »,  xxn'  «  de  »,  xxix  «  que  »,  xxxn'  «  los  la  a 
aço  »,  xxxvju'  «  la  dita  »,  et  xxxix'  «  vesen  »  (2). 

(A  suivre)  Henry  Aragon. 

(ij  Abréviation  par  suspension. 

(2j  Arch.  comm.,  AA.  3,  livre  vert  mineur,  tome  11,  f"  354  \°,  358. 

Quelques  noms  de  plantes  ^  synonymes 

Catalans-Français  ^  Français-Catalans 

4yetS^  (SUITE) 


gafetetS.  —  voir  apegalos. 

gafetS,  bardane.  —  Ueparassa,  repalassa. 

gâtions,  bugrane.  —  adruls. 

galda  (et  gualda).  gauJe,  —  voir  gauda. 

gallara.  —  voir  galzeran. 

galIeretS.  —  voir  fumaria,   fumosterra. 

gallo.  —  voir  salvia. 

galzeran  (et  gatzeram  et  galzerà),  fragon,  peiii  houx.  —  brusca, 

boix  mascle,  gallarà,  mata-aranyes. 
gamonet,  asphodèle.  —  porrassa,  porrcca. 


—     142    — 

garrave.  —  voir  carlina. 

garravera.  —  voir  gavarrera. 

garrJC,  chêne  kermès.  —  garrulia,  carrasca. 

garrofer,  caroubier.  —  algarrofer. 

garronada,  souci,  —  boixacs,  maravelles,  gojets,  graugets. 

garrulia  (et  garolla).  —  voir  garric. 

garuppa,  camelée.  —  olivereta. 

gatell.  —  voir  tamariu. 

gatosa.  —  voir  argelac. 

gatsalzer,  petit  saule. 

gatzeraiîl.  —  voir  gaizeran. 

gauda,  gaude.  —  herba  de  la  gauda,  galda,  gualda. 

gavarrera  (et  gavarnera,  et  gavarra),  églantier.  —  garravera, 

despulia-belitres,  roser  de  marge,  tapa-cul. 
gavet.  —  voir  boixerica. 
gensana,  gentiane,  —  llensa.na. 

gerani,  géranium.  —  agulles,  bec  de  grua,  forquetes,  retorcits. 
gersera    (et    gerdera),    framboisier.   —  gers,    gerd,    gert,    jordô, 

morera  de  Sant-Joan.   . 
gespa.  —  agrostide. 

geSSami,  jasmin.  - —  jassemi,  englantina. 
ginebre,  genévrier.  —  sabina,  sivina. 
ginesta,  genêt.  —  escoba. 
ginestella,  genêt  velu.  —  balec,  balac. 
ginestola,  osyris.  —  retrama. 
ginestrola,  chanterelle. 
gingoll.  —  voir  conillets. 
ginjoler,  Jujubier.  —  arbre  de  vida. 
giraSSOl,  tournesol. 
giSpet.  —  voir  xispet. 
givert,  persil.  —  juiivert. 

«         bort,  petite  cigiie. 
givertassa,  cigûe.  —  fenoll  de  bôu,  fenoll  de  gripau,  tora  pudent, 
caiamac. 

gOig.  —  voir  francessilla. 
gojets.  —  voir  garronada. 
gOS.  —  voir  conillets. 
gram,  chiendent.  —  agram. 


-    143    - 

grana  (et  grans),  garance.  —  roja,  gransa. 

«        d'AvinyÔ.  —  voir  aladern. 
granadeila.  —  voir  morella  roquera. 
granadura,  grémil.  —  mill  del  sol. 
granalluda,   herniaire.   —  herba  de   la   pedra,    herba    turca,    cent 

en  granes. 
gransa.  —  voir  grana. 
grauget.  —  voir  garronada. 
grèvol,  houx.  —  boix  grèvol,  agrifoli. 
grexol,  lis  blanc.  —  Iliri,  lliri  de  Sant-Antoni. 
grOSeller,  groseillier.  —  agrason,  riber,  ribes. 
gruà  (mill).  —  voir  blat  d'india. 
gUarda=roba.  —  voir  espernallac. 
guixa,  gesse. 
gujol,  gouet,  arum.  —  candela,  sarriasa,  grujol. 

(/?  suivre) 


Fédération  Régionaliste  Française 

Siège  social  provisoire:   i5o,  boulevard  Saint-Germain,  Paris 

La  Fédération  Régionaliste  Française,  réunie  en  «  journée 
d'études  »,  au  Musée  Social,  a  Paris,  les  21  et  22  mai  1918,  a 
émis  les  vœux  suivants  : 

La  Fédération  Régionaliste  Française,  sans  entrer  dans  l'exa- 
men détaillé  des  différents  projets  soumis  au  Parlement,  demande 
à  celui-ci  d'entreprendre,  dans  le  délai  le  plus- rapproché,  la  dis- 
cussion des  projets  tendant  à  l'organisation  administrative  de  la 
France  par  Régions  ; 

La  Fédération  Régionaliste  Française  émet  le  voeu  que  les  dif- 
férents Ministères,  notamment  ceux  qui  concourent  le  plus  direc- 
tement à  la  production  économique,  qui  ont  entrepris  de  réorga- 
niser leurs  services  sur  des  bases  régionales,  concertent  leurs 
efforts  sous  la  direction  de  Monsieur  le  Ministre  de  l'Intérieur 
pour  en  hâter  la  réalisation. 


ECHOS 

Nos  hôtes 

Nous  avons  eu  le  plaisir  de  serrer  la  main  au  maître  Déodat  de 
Sévérac,  auteur  de  la  musique  d'Tféliogabale,  du  Cœur  du  Moulin 
et  de  bon  nombre  de  compositions  sur  des  thèmes  catalans,  parmi 
lesquelles  E/  Cant  del  Yallespir  (paroles  de  Jean  Amade). 

L'éminent  compositeur,  qui  consacre  le  meilleur  de  son  temps 
aux  œuvres  de  bienfaisance,  était  venu  prêter  son  concours  à  la 
Kermesse  du  i3  juin,  où  un  grand  concert  était  organisé  en  vue 
d'élever  un  monument  commémoratif  aux  Anciens  Elèves  du  Col- 
lège, morts  pour  la  Patrie.  Le  matin,  il  a  tenu  l'orgue  à  la 
grand'messe  à  la  cathédrale  Saint-Jean, 

C'est  M.  Déodat  de  Sévérac  qui  eut  l'idée  d'introduire  les  ins- 
truments catalans  dans  l'orchestration  d'Tiéliogabale.  L'on  sait  le 
succès  qui  couronna  cette  hardiesse  et  le  triomphal  accueil  qui 
fut  fait  à  Paris,  il  y  a  quelques  années  à  nos  jutglars  cérétans. 

C.  G. 

Nos  amis  de  Catalo£[ne 

• 

Il  vient  de  se  constituer  au  Foyer  Français  de  Barcelone,  sous 
la  présidence  du  maître  Apeles  Mestres,  le  Comité  barcelonais  de 
l'Œuvre  des  Maisons  Claires.  Ce  Comité  résume  ainsi  son  but  : 
«  accollir  cert  nombre  de  fills  y  filles  pobres  de  soldats  francesos 
a  fi  de  posar-los  a  labric  de  la  miseria  y  dels  perills  immédiats 
de  la  lluyta.  » 

Eglogues 

Quelques  amis  et  admirateurs  du  jeune  et  déjà  illustre  écri- 
vain catalan  Alfons  Maseras  ont  décidé  de  lui  offrir,  en  témoi- 
gnage de  sympathie,  à  l'occasion  de  son  mariage,  une  édition  de 
luxe  de  ses  compositions  classiques  inédites. 

L'ouvrage  intitulé  "Eglogues,  tiré  sur  papier  fil,  est  richement 
ornementé  ;  c'est  une  œuvre  d'art  que  les  bibliophiles  collection- 
neront avec  plaisir. 

Le  Gérant,  COMET.  —  Imprimerie  Catalane,  COMET,  rue  de  ia  Poste,  Perpignan 


12  Année   N- 141  15  Juilletl9I8 

Les    Manuscrits  non   mserci 
ne  son:  oas  rendu». 


REVUE 


Les  Articles  parus  aans  ia  Revue  g  "^     J^  ^1^   ^V    T        ^^   T^l    wré 

n'engagent  que  ieurs  auteurs.  ^■^Ajk    A    A    AA^A    «^X^  Jm/ 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  10  fr.  par  an. 

La  gracia  suprema 

Arrogant,  pie  d'orgull,  aïs  Deus  va  presentarse 

y  al   Pare  de  tots  ells  aixis  apostrofà  : 

«  Ey,  tu  !  de  tôt  lo  mon  jo  vull  ser  senyor  linich  »  ; 

y  fulgurantli  ells  ulls,  digue  Zeus  :   a  No  ho  seras  !  » 

L'orat  se  redrecà,  v  a  Paias  Atenea 

contemplant  fit  a  fit,  va  dirli  ab  gravetat  : 

«  De  tots  els  soberans  jo  vull  ser  el  mes  sabi  »  ; 

y  Minerva,  ab  desdeny,  respongué  :   «  No  ho  seras  !  » 

Va  dirigirse  altiu  al  pare  de  les  Muses, 

y,  probant  d'endolcir  la  veu,  aixis  parla  : 

«  Vull  asseurem  al  cim  del  temple  dels  poètes  »  ; 

V  ApoMo,  cellajunt,  respongué  :   «  No  hi  seuràs  !  » 

Y  va  encararse  ab  Mars,  el  déu  de  les  batalles, 
tôt  mostrantli  l'acer  sospès  a  son  costat  : 

a  Vull  se  '1  terror  del  mon  î  Vull  se  '1  llamp  de  la  guerra  !  »  ; 
y  Mars,  brandant  el  cap,  respongué  :   «  No  ho  seras  !  » 

Llavores,  convulsat  pel  despit  y  la  rabia, 

dirigintse  a  Plutô,  murmura  babejant  : 

n  Vull  ser  el  mes  odiôs  y  el  mes  odiat  dels  homes  I  »  ; 

y  Plutô,  complacent,  va  respondre  :   «  Ho  seras  I  j> 

Apeles  Mestres. 


r 


Monscnyor  Carsaladc '^ 

Per  aquest  febrer  dèu  haver  fet  dos  anys  d'aquells  dies  ines- 
borrables.  Les  crôniques  de  la  prempsa  ressenyaren  suscintament, 
mes  aviat  ab  fredor  qu'ab  entusiasme,  els  fets  que  varem  presen- 
ciar  els  catalans  qu'ab  franca  hospitalitat  forem  rebuts  peis  rosel- 
jonesos  en  dies  de  dol,  corn  per  dirnos  ab  amor  unes  paraules  de 
fraternitat  y  de  greu.  EUs  sabien  qu'aqui,  germans  séus,  havien 
dit  en  veu  alta  y  en  moments  de  prova  coses  que  negaven  la  seva 
llatinitat.  Volien  unes  paraules  de  consol  dels  qu'eren  fidels  a  la 
raça,  dels  que  seguien  tenint  a  França  com  a  la  seva  mare  espiri- 
tual,  enlluhernats  encara  pel  far  lluminos  de  la  cultura  francesa 
qu'els  segles  havien  bastU. 

Han  passât  dos  anys.  ^  No  convindrîa  que  se  'n  guardés  altra 
memoria  que  la  de  les  crôniques  periodistiques  que's  perden  ? 
Els  que  no  podrèm  may  oblidar  aquelis  dies,  ^  no  hauriem  de  fer 
alguna  cosa  mes  que  destriar  les  emocions  rebudes  en  moments 
de  meditaciô  callada  y  assaboriries  delicadament  per  sentir  dintre 
l'anima  devota  '1  séu  gust  de  fortitut  y  de  gloria  en  el  dolor  ? 

Recordant  aquelis  dies  de  tantes  emocions,  se  'n  desprèn  una 
figura  mes  alta  que  les  altres.  La  volta  una  llum  de  gracia  que 
no  podrà  apagarse  may.  Es  Monsenyor  Carsalade  du  Pont,  bisbe 
de  Perpinyà,  tan  dévot  de  Catalunya  que  ha  après  y  parla  cor- 
rectament  el  català  pirenench,  que  ha  restaurât  les  ruines  de  l'an- 
tiga  abadia  de  Sant  Marti  del  Canigô  y  que  té  sempre  una  mi- 
rada  d'amor  per  Barcelona,  a  la  quai  altes  proves  té  donades  del 
séu  entusiasme. 

Monsenyor  Carsalade  té  la  testa  inclinada  y  en  les  sèves  pàii- 
des  faccions,  hont  l'anima  sembla  que  dévora  la  carn  axuta,  porta 
no  se  quina  semblança  ab  aquell  papa  poeta  que  va  ser  Lleô  XllI. 
Com  una  état  indefinida  volta  aquestes  faccions,  amoroses  y  pie- 
nes  de  simpatîa  pel  que  '1  mira,  y  que  tenen  força  y  vigor  encara, 
apagats  mes  aviat  per  la  consumpcio  de  l'anima  que  no  pas  pels 
anys.  ' 

(i)  De  la  revue  Catalana.  de  Barcelone. 


t 


] 


i 


—    147    - 

Al  entrar  a  França,  en  la  nit  freda  de  febrer  divinament 
estrellada,  ja  sentirem  com  una  impaciencia  de  poguerlo  veure. 
Era  la  primera  vegada  que  petjavem  la  terra  de  França  en  els  mo- 
ments tràgichs  de  la  guerra  gran.  Veyem  ab  els  nostres  ulls  sol- 
dats heroychs  dels  que  's  batien  per  la  causa  del  dret.  Y  endins 
de  la  nit,  d'aquella  freda  nit  d'hivern  açotada  per  la  tramontana 
pirenenca,  ens  esperava  l'apariciô  terrible  y  temuda  del  primer 
mutilât.  Y  mes  endins  encara  de  la  nit  hi  havien  les  llars  en  dol, 
les  llàgrimes  amagades,  les  ruines  encara  fumejants  dels  temples, 
els  infants  ignoscents  ab  les  mans  mutilades,  les  dônes  caygudes 
al  fanch,  la  terra  invadida,  y  tants  ferits  en  els  Hits  blanchs  y 
pulcres,  y  tantes  dônes  maternes  a  cada  capçal,  y  '1  fum,  y  la 
desolaciô,  y  l'angunia,  y  '1  gran  burgit  del  combat,  y  enllà,  mes 
lluny  encara,  sobre  les  aygues  del  mar,  noyés  mortes  flotant  ab 
les  dolces  cabeileres  vessades  pels  esculls.  Y  alli,  en  aquelles  pri- 
meres  terres  de  França,  nosaltres,  els  catalans,  caminavem  en 
silenci,  entre  'Is  soldats,  agitats  per  la  nostra  tramontana  !... 

Monsenyor  Carsalade,  l'endemà  dematî,  ens  va  rebre  en  el 
a  Saint-Sacrement  »  revestit  per  la  missa.  Ens  abraçava  a  tots  y 
tenîa  per  cada  amich  que  reconexîa  una  paraula  de  bondat  tren- 
cada  sovint  per  l'emocio.  Ens  parlava  en  català  ab  claretat  v  cor- 
recciô,  com  si  li  fos  natural  la  nostra  llengua. 

Varem  parlar  poca  estona.  Els  soldats  ja  feya  mes  d'una  hora 
que  'ns  esperaven  a  la  capella.  Precedits  pel  bisbe  que  benehîa 
als  fidels  ab  la-  ma  hont  refulgia  l'amatista  pastoral  mentres  ab 
l'altra  sostenîa  '1  bàcul  de  pedreria,  entrarem  a  la  capella,  entre 
dues  fileres  compactes  de  dones.  Teniem  el  lloch  senyalat  y  'ns 
asseyem  davant  del  altar.  Monsenyor  s'agenollava  en  el  séu  recli- 
natori  de  seda  carmesi,  y  resava.  Estava  en  la  mateixa  actitut 
qu'en  la  bella  esculptura  de  Gusîau  Violet,  coneguda  d'alguns 
anys  a  Barcelona. 

Darrera  nostre  no  veyem  mes  que  'Is  capots  blaus  dels  soldats 
convalescents  ab  les  testes  cenyides  de  venes  blanques  allî  hont 
rajà  la  sanch  generosament  oferta.  El  sacerdot  qu'oficiava  era  un 
soldat  convalescent  també.  Als  costats  de  la  capella,  sota  'Is  altars 
laterals,  les  dônes  resaven,  moites  d'elles  ab  les  cares  cobertes 
d'un  robatge  de  dol  que  dévia  amagar  les  sèves  llàgrimes.  Refu- 
giades  belgues  cantaven  al  chor  y   ressonava   per   la   volta  '1  nom 


—   148  — 

sagrat  de  la  França.  Monsenyor  parlava  als  soldats,  parlava  en 
català  als  catalans  qu'escoltavem  ab  la  testa  baxa,  com  sentint 
passar  un  àlit.d'infinit.  Monsenyor  semblava  transportât  per  sobre 
la  seva  condiciô  d'home,  com  si  l'anima  sola  parlés  en  ell.  Agi- 
tava  'is  braços.  Y  'ns  semblava  que  si  en  aquell  moment,  dintre  l'es- 
glesia  tota  ressonanta  del  nom  immèns  de  la  França,  entressin  els 
enemichs  y  esfondressin  les  imatges  y  enrunessin  l'altar,  les  parets 
no  haurien  caygut  y  la  volta  sencera  s'hauria  alçat,  per  miracle, 
mes  alta,  com  si  els  braços  de  Monsenyor  s'obrissin,  s'obrissin  y 
plens  de  celestial  poder  poguessin  contenir  tota  l'esglesia  !... 

Encara  'ns  sembla  vèurel  a  la  tarda  d'aquell  dia,  sobre  l'esce- 
nari  del  teatre.  j  Quina  força  de  convicciô  palpitava  en  les  sèves 
paraules,  ab  quina  energia  y  ab  quin  dolor  les  deyaî  «  Diguèu  als 
amichs  de  Catalunya  qu'heu  vist  un  bisbe  en  l'escenari  d'un  tea- 
tre. Vivim  uns  moments  tan  tràgichs,  tan  ûnichs  en  la  historia, 
que  totes  les  velles  disciplines  cauen  y  s'alça  una  nova  disciplina. 
En  aquests  moments  la  mitra  d'un  bisbe  pot  ésser  un  casch  y  '1 
bàcul  una  espasa...  »   La  França  es  eterna  per  que  té  homes  axi  ! 

L'ûltima  visiô  de  Monsenyor  Carsalade  en  aquells  dies  mes- 
borrables,  va  ésser  l'endemà  al  mati  en  l'antich  pensionat  del 
«  Sacré-Cœur  »  transformat  en  hospital  de  la  guerra  gran.  Era  un 
demati  d'hivern  que  semblava  pressentir  la  primavera.  El  sol  era 
tebi,  el  cel  blau,  els  camps  extesos  ab  una  frisança  de  sembrats 
indecisos  que  '1  vent  pentinava  en  mil  sentits  diversos.  Al  lluny, 
el  Canigô  's  retallava,  purissim  en  el  cel,  com  un  joyell  d'argent, 
sensé  un  fil  de  boyra  ni  un  esqueix  de  nûvol. 

A  la  porta  del  hospital,  entre  'Is  metges  y  les  dônes  de  la  Creu 
Roja,  ens  esperava  Monsenyor.  Y  les  sèves  paraules  de  benvin- 
guda  foren  per  recordarnos  una  vella  cançô  de  les  nostres  mon- 
tanyes  :  — »  Catalans,  i  heu  vist  el  Canigô  ?  j  Ah,  «  montanyes 
régalades  »  !  —  Els  nostres  llavis  besaren  l'anell.  Varem  sentir 
tota  la  poesia,  l'aspre  perfum  de  poesia  d'aquelles  paraules.  Y 
evocarem  a  Monsenyor,  allî,  a  Sant  Marti  ;  entre  'Is  boscos  olo- 
rosos  de  gersos,  a  la  falda  d'aquella  montanya  que  va  inspirât  la 
gran  creaciô  verdagueriana. 

Per  les  sales  del  hospital  ell  ens  guiava  caminant  davant  de 
tots.  Vora  dels  Hits  les  infermeres  ens  miraven  passar.  Vestien  el 
gentil  vestit  bianch,  la  testa  cenyida  dins  el   drapatge   quostenta 


—    149   — 
una  petita  creu  roja  sobre  mateix    del    front.    Elles    feya    divuyt 
mesos  qu'estaven  alli,  sensé  defallir  ni  un    moment.    A  cada  taula 
de  nit  hi  havien  algunes  flors.   Elles  escampen  per  les  sales  la  gra- 
cia senzilla  y  franca  de  la  feminitat. 

El  sol  matinal  alegrava  les  grans  finestres  y  arribava  fins  a 
vora  'Is  Hits  hont  jeyen  els  ferits.  Ens  acostarem  als  Hits.  A 
aquest  soldat  una  bala  se  li  va  endur  la  mandibula  y  no  he  vist 
rès  mes  terrible  qu'aquella  cara  sensé  gayrebé  forma  humana.  Un 
altre  'ns  parlava  clarament  :  «  Sôch  de  Boulogne  y  tinch  la  mul- 
1er  y  Is  fills  en  els  departaments  invadits.  Ja  fa  un  any  que  no  'n 
se  rès...  »  Una  infermera  pàiida  'ns  contava  la  seva  novela  d'amor: 
«  Als  quatre  dies  de  casada  '1  meu  marit  va  sortir  cap  a  Salônica. 
Ja  fa  môlts  dics  que  no  se  rès  d'ell...  »  Hi  havia  un  home  que 
somreya  al  sol  que  '1  besava,  qu'olorava  ab  alegria  les  flors  del 
séu  capçal  :  «  Si  vegessiu  la  ferida  que  té  a  la  cama  '1  meu  ferit  !  » 
ens  deya  la  seva  gentil  infermera.  Y  l'ayre  sa  del  Canigô  entrava 
per  les  finestres  obertes  animant  als  convalescents,  féntloshi  clou- 
re  'Is  ulls  com  si  no  poguessin  soportar,  al  sortir  de  la  febre  que 
'Is  consumja,  aqueila  Hum  de  primavera  que  'Is  invadia  '1  Hit.  Y 
Monsenyor  anava  dihent,  movent  el  cap,  als  ferits  y  a  les  infer- 
meres  :  —  ;  Coratge,  fills  meus!  j  Coratge,  filles  meves  !  j  L'hora 
vindrà  de  la  Victoria  ! 

Y  al  dir  axô,  ;  quina  fè  hi   havia   en    les   seves    paraules   sagra- 
des  î  ;  Qui'na  fè  hi  havia  també  dintre  cada  un  de  nosaltres  !... 

Joseph  Massô  y  Ventôs. 


Les  premières  bibliothécaires  de  Catalogne 

L'on  vient  de  créer  en  Catalogne  d'importantes  bibliothèques 
dans  un  certain  nombre  de  centres,  et  des  jeunes  filles  ayant  suivi 
des  cours  spéciaux  en  ont  reçu  la  direction. 

La  première  nommée  de  ces  bibliothécaires,  M""  Maria  Rossell, 
a  fait  ses  premières  études  dans  notre  département,  à  Saillagouse 
et  à  l'Ecole  Supérieure  de  Prades. 


Quelques  noms  de  plantes  ^  synonymes 

Catalans-Français  ^  Français-Catalans 

xië^t^  (SUITE) 

H 

herba  argentada,  akhimille.  —  herba  botera,  estelada. 

»  a  très  claUS,  lampourde. 

»  berbera.  verveine.  —  verbena. 

»  blanca,  alysson.  —  caps  blaus. 

»  bona.  —  voir  menta. 

»  botera.  —  voir  herba  argentada. 

»  cabrera,  psoralier.  —  cabruna. 

»  Caminadora.  —  voir  passa-cami. 

»  Cana,  séneçon.  —  herba  de  les  cardines. 

»  Carnera,  acanthe.  —  herba  de  la  ma  de  l'home. 

»  Caxalera  (et   queixalera),  jusquiame.  —  herba  de  la  ira, 

herba  de  era,  mata-gailines,  velesa. 

»  cremadora,  denlelaire. 

col  (et  herba  colera).  —  voir  cart. 

Cliquera.  —  voir  esparnallac. 

daufinera.  —  voir  aizineta. 

de  les  abelles,  méUloî.  —  almegô,  corona  de  rey. 
»        de  l'ala,  inule.  —  ull  de  cavall. 
»        del  atnor,  réséda.  —  mardujî. 

del  ballester.  —  voir  ballestera. 

del  balsém,  brunelle.  —  herba  del  trahidor. 

del  bri,  dompte-venin.  —  herba  del  cor. 

del  cancer,  épervière.  —  orella  de  rata. 


» 
» 


»        de  les  cardines,  séneçon.  —  herba  cana. 


de  cent  nuSOS.  --  voir  passa-cami. 
de  citrô.  —  voir  tarongina. 


»  del  COlom.  —  voir  fumosterra,  fumaria. 

»  del  cor,  dompte-venin.  —  herba  del  bri. 

»  del  COrC.  —  voir  sarrons. 

»  delS  COrnS.  —  voir  coscoll. 


—   i5i   — 

herba  del  COtÔ,  sinaigrelte. 

»  de  la  Cremadura,  orpin.  —  crespinell,  bona-ventura. 

»  de  Cristall,  ficoïJe  glaciale. 

»  del  eu  :ut.  —  voir  primavera. 

»  de  renaigament,  sorte  de  scabieuse. 

B  de  les  encantades,  circée.  —  herba  de  sant  Esteva. 

»  de  Fera.  —  voir  herba  caxalera. 

»  de  l'espant.  —  voir  arnica. 

»  de  la  feridura,  épiaire.  —  té  bort. 

»  del  ferro,  hippocrépide.  —  desferra-cavalls. 

»  del  fetge.  —  voir  buixol. 

»  de  la  fluxiÔ,  passerage. 

B  dels  gatS,  cataire,  népète.  —  nepta. 

B  de  la  gauda,  gaude.  —  galda,  gualda. 

»  de  la  goda  (et  de  les  gOtes).  —  voir  adzari. 

»  de  les  granyotes,  renoncule  flottante. 

B  de  la  ira.   —  voir  herba  caxalera. 

»  de  Job.  —  voir  ridorta. 

»  de  les  llagUeS-  —  voir  ridorta. 

»  de  les  lluneteS,  lunetière,  alysse. 

»  de  la  ma  de  l'home,  acanthe.  —  herba  carnera. 

»  de  la  Mare  de  DeU.  —  voir  morella  roquera. 

»  de  la  melsa,  scolopendre.  —  llengua  de  cervo,  herba  melsera. 

B  de  les  menstrues-  —  voir  altimira. 

»  de  les  moreneS.  —  voir  herba  saloni. 

»  del  moro,  réséda  raiponce. 

»  de  Nostra^Dona.  —  voir  morella  roquera. 

B  de  les  nou  camises-  —  voir  mil  fulies. 

»  de  paret-   —  ^olr  morella  roquera. 

B      ■  del  passarell-  —  voir  traspic. 

B  del  pastorell,  capselle.  —  sarrô  de  pastor,  sarronet. 

B  de  la  pedra.  —  voir  granalluda. 

B  de  la  plata,  lunaire.  — pecetes. 

»  del  pobre  home.  —  voir  ulmaria. 

B  dels  poils,  staphysaigre.  —  paparra,  cibadella. 

»  del  porc,  pcrcelle. 

B  de  primavera,  pervenche.   —  pervinca. 

»  del  pulmô,  pulmonaire.  —  herba  pulmonera. 


—     l52     — 

herba  de  les  puces,  plantain  puder.  —  seragatona,  pucera. 

»  de  la  roca,  lichen. 

»  de  Salobre.  —  voir  salicorn. 

»  de  sant  Antoni,  épihbe. 

»  de  sant  Benêt,  benoîte.  —  rèvola. 

»  de  sant  Cristofol,  actée  à  épis. 

»  de  sant  Domenech.  —  voir  aizineta. 

»  de  sant  Esteva,  drcée.  —  herba  de  les  encantades. 

»  de  sant  Guillem,  aigremoine.  —  cerverola. 

»  de  sant  Joan.  —  voir  trescam. 

»  de  sant  Llorens,  bugle,  sanicle.  —  sanicula. 

»  de  sant  Pau.  —  voir  primavera. 

»  de  sant  Roc,  puUcaire. 

»  de  santa  Barba,  veîar. 

»  de  santa  Catarina,  impéraioire. 

»  de  santa  Margarita.  —  voir  caxalagua. 

»  de  santa  Maria.  —  voir  tanarida. 

»  de  santa  Rosa.  —  voir  ebutiscla. 

»  de  les  scrofules,  scrofulaire.  —  setja. 

»  del  tall.  —  voir  mil   fulles. 

»  de  les  talpes.  —  voir  herba  taupera. 

»  del  tarau.  —  voir  centaura. 

»  de  les  tores.  —  voir  tora. 

»  del  trahidor,  brumlk.  —  herba  del  balsém. 

»  de  la  Trinitat,  pensée.  —  pensament. 

»  de  Ventura,  méHloi  bleu. 

»  dels  verms.  —  voir  tanarida. 

»  de  les  verrugues.  —  voir  herba  saloni. 

»  de  les  xinxes.  —  voir  aloc 

v>  dormidora,  pavot.  —  cascaii. 

»  flatera,  ivette.  —  iva,  mirambell. 

»  formatgera.  —  voir  cart. 

»  lletera,  laileron.  —  llacsô,  lletissô. 

»  melsera.  —  voir  herba  de  la  melsa. 

»  pudenta,  chénopode.  —  pix  de  cà. 

pulmonera,  pulmonaire.  —  pulmonaria. 


» 


»        puntera,  consoude.  —  consolda,  llengua  de  vaca. 


» 


queixalera.  —  voir  herba  caxalera. 


—   j53  — 

herba  Sabonera,  saponaire.  —  saboneta. 

»        Saioni.  chéUdoine,  ficaire.  —  herba  de  les  verrugues,  herba 
de  les  morenes. 

»        Sana-  —  voir  menta. 

»        taupera,  dalura  slramonium.  —  herba  de  les  talpes,  pudent. 

»        turca.  —  voir  granalluda. 

»        VOmitoria.  —  voir  baladre. 

»        VOrmera,  clématite  droite. 
hiSOp,  hysope.  [A  suivre) 

SANG  EN  ROVELL  D'OU  '^ 

Poésies  de  J.  Perez-Jorba 

C'est  un  livre  plein  de  sincérité,  retraçant  des  scènes  émou- 
vantes, des  scènes  vécues  de  la  grande  guerre  ;  l'auteur  y  rend 
un  éclatant  hommage  à  la  France,  sa  seconde  patrie,  et  sa  lyre 
vibre  de  tout  l'enthousiasme  d'un  cœur  nénéreux  et  noble. 

Si  l'on  a  critiqué  parfois  le  genre  de  Perez-jorba,  la  ciselure 
caractéristique  de  son  vers  a  suscité  une  certaine  curiosité  par  ses 
affinités  avec  la  jeune  école  des  Appolinaire,  Pierre-Albert 
Birot,  etc. 

Les  essais  de  notation  linéaire  audacieusement  lancés  par  les 
impressionnistes  et  cubistes  français  ont  déjà  pris  place  dans  le 
catalan  avec  J.-M.  Junoy,  l'homme  des  tendances  nouvelles, 
Perez-Jorba  et  quelques  autres  écrivains  ;  leurs  effets  géométri- 
ques arrivent  parfois  à  créer  de  puissantes  et  justes  suggestions  ; 
et  c'est  là  de  l'art,  quoi  qu'on  en  dise.  Le  tout  est  de  ne  pas 
tomber  dans  l'exagération. 

11  convient  d'ajouter,  tout  en  l'honneur  de  M.  Perez-Jorba, 
que,  même  sous  l'empire  d'un  profond  et  très  louable  sentiment 
d'horreur  envers  les  barbares  modernes,  qu'il  flétrit  comme  il  con- 
vient, il  ne  s'est  pas  départi  d'une  tenue  littéraire  parfaite  ; 
et  le  poète  ne  l'a  pas  cédé  à  l'érudit,  dont  chaque  composition 
est  un  précieux  vocabulaire.  Ch.  Grando. 

(i)  Barcelona,  llibreria  A.  Lopez,  rambla  de!  mig,  5  pessetes. 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

4^^^^  (SUITE)         ^ 

I 

yiJJ.  T^ofes  relatives  au  lambeau  du  toi  Sanche  [  2  i  mars  i  332  )  ;  aux  cloches  et      J 
au  clocher  de  Saint-Jean  (1  352-1398)  ;   au  trésor  de  la  chapelle  du  château 
des  rois  de  Majorque  (  t'^ÇfS)  ;   ei  aux  biens  de  la  Communauté  de  Saint-Jean 
de  Perpignan  (1710). 

§  1 .  La  chapelle  et  le  tombeau  du  roi  Sanche 

(Com  lo  Rey  deu  pagar  cascun  any  ce.  lliures  à  la  Capella  de  Sant-Johan  (  1  ) 

Palma,  2  1   mars  1  332 

Par  mandement  de  Jacques  11,  du  ^\  mars  i332,  le  roi  ordon- 
nait, pour  honorer  la  mémoire  du  roi  Sanche  de  Majorque  (2), 
la  construction  de  la  chapelle  et  du  tombeau  du  souverain,  dans 
l'église  Saint-Jean  de  Perpignan  (3),  moyennant  le  prix  de  deux 
cents  livres  de  Barcelone  et  un  versement  annuel  de  deux  cents 
autres  livres  jusqu'à  l'achèvement  complet  de  ce  monument  (4). 

Les  dépenses  relatives  à  l'érection  de  cet  édifice  devaient  être 

(i)  Arch.  comm.  de  Perpignan,  livre  vert  mineur,  AA.  3,  f°  134. 

(2)  C'est  le  roi  Sanche  qui,  en  1324,  avait  posé  la  première  pierre  de  la 
basilique  actuelle. 

(3)  Super  una  capella  facienda  et  uno  tumulo  in  illa  ecclesia  Sancti  Johannis 
de  Perpiniano... 

(4)  Ducentem  libres  barchinonensium ,  et  ex  tune  alie  ducentem  libre  barchino- 
nensium  quolibet  anno...  —  11  existe  sur  les  deux  piliers,  en  entrant  dans 
l'église  par  la  porte  latérale,  deux  inscriptions  commémoratives  en  témoi- 
gnage de  la  pose  de  la  première  et  de  la  seconde  pierre  de  l'église  dont 
voici  la  traduction  :  «  Première  pierre  que  notre  très  illustre  seigneur  don 
Sanche,  roi  de  Majorque,  a  posée  dans  les  fondements  de  cette  église,  le 
5  des  calendes  de  mai,  l'an  du  Seigneur  1324.  —  Seconde  pierre  que  le 
révérend  Bérenger  Batlle,  par  la  grâce  de  Dieu  évêque  d'Elne,  a  posée 
dans  les  fondements  de  cette  église,  le  5  des  calendes  de  mai,  l'an  du  Sei- 
gneur i324  ».  (Cf.  P.  Vidal,  Perpignan,  page  442.) 


—   j55  — 

affectées  aux  revenus  et  bénéfices  annuels  royaux,  et  contrôlées 
par  les  procureurs  désignés  des  comtés  de  Roussillon  et  de  Ccr- 
dagne  (i). 

La  même  année,  et  le  21  mars,  le  roi  Jacques  11,  par  mande- 
ment, autorisait  l'expropriation  des  immeubles  avoisinant  le  cime- 
tière de  Saint-Jean  de  Perpignan,  pour  agrandir  ce  cimetière 
dont  une  partie  est  occupée  par  la  nouvelle  église  en  construc- 
tion (2)  :  «  que  los  consuls  poden  pendre  les  cases  qui  son  enlorn  lo 
cemenleri  de  Sani  Johan  per  crexer  aquell {3)  ». 

Ce  projet  d'agrandissement  avait  été  conçu  par  Bernard  Gil, 
consul,  Jean  Fabre  et  Maillol  Cadany,  délégués  des  consuls  de 
la  ville  de  Perpignan. 


§  2.  Les  cloches  et  le  clocher  de  l'église  Saint-Jean 

La  cloche  de  l'horloge 

1352-1398 

Ces  notes  historiques  ont  été  inscrites  sous  forme  d'éphéméri- 
des  dans  le  calendrier  qui  figure  en  tête  du  livre  vert  mineur  (4)  ; 
elles  sont  relatives  :  1°  aux  deux  grandes  cloches  (5)  et  à  la  cou- 
verture de  plomb  du  clocher  (6)  de  l'église  Saint-Jean  de  Perpi- 
gnan, dont  les  travaux  furent  faits  le  9  novembre  i352  ;  2°  à  la 
cloche  de  l'horloge  (7),  fondue -par  Jean  "Verger,  de  Girone,  le 
19  septembre  ]398. 

(^1)  Voir  à  l'appendice  le  document  in  extenso. 

(2)  l^ropier  opus  ecclesie  nove  que  fil  ibidem... 

(3)  Arch.  comm.,  livre  vert  mineur,  AA.  3.  f  i34  v".  Voir  a  l'appendice 
le  document  in  extenso. 

(4)  Arch.  comm.,  f'  viiT  r"  et  v'.  (Jl  s'agit,  bien  entendu,  de  Saint-Jean- 
le-Vieux.  ) 

(5)  "Duo  .timbata  majora  ecclesie  sancti  Johannis. 

(6)  Coopertam  plumbi  cloquerii  dicte  ecclesie.  (Voir  plus  loin  la  note  d'HENRY, 
Hist.  de  T^oussillon.) 

(7)  Extilit  fusum  et  factum  simbalum  horarum  sive  horelogie  cluquerit  Sancti 
Johannis  dicte  ville. 


—  i56  - 

De  simbalis  sancii  Johannis,  e  de  la  cuheria  deî  cîuquer  \ 

Voici  les  principaux  faits  rapportés  dans  ce  document  :  (i) 

Le  9  novembre  i352,  sous  le  consulat  de  Jean  Homdedeu,  | 
Ermengald  Martin,  Jean  Gilles,  Jean  Minyan  et  Pierre  Vivers,  j 
ont  été  fondues  les  deux  grandes  cloches  de  l'église  Saint-Jean  | 
de  Perpignan.  Les  dits  consuls,  d'après  le  document,  avaient  j 
auparavant,  et  la  même  année,  f^iit  couvrir  de  plomb  (3)  le  clocher  { 
de  l'église.  ! 

La  nouvelle  grande  basilique  venait  d'être  construite  (4),  il  y 
avait  à  peine  un  quart  jde  siècle.  Ce  fut  alors  que,  quarante-six  ans 
après  la  construction  du  clocher,  le  19  septembre  1398,  sous  les 
consuls  Pierre  Redon,  Terrène  Castilio,  Pierre  André,  Nico- 
las Nègre  et  Guilhem  Tiso,  on  mit  en  place  la  cloche  de  l'hor- 
loge du  clocher  (5)  de  Saint-Jean,  fondue  par  Jean  Verger  (6), 
de  Girone.  On  s'aperçut,  quelques  jours  plus  tard,  que  la  cloche 
était  fêlée,  on  ne  sait  comment  (7)  :  lesdits  consuls  commandèrent 
une  cloche  bien  plus  grande  (8)  qui  fut  fondue  par  le  même  maî- 
tre fondeur,  Jean  Verger,  le  14  juin   1399. 

Rappelons,  d'après  la  noie  d'Henry  (9),  que  le  clocher,  suivant 
la  tradition,  était  de  la  même  date  que   l'église    du   vieux    Saint- 

(1)  Reproduit  à  l'appendice.  1 

(2)  Johanne  Egidia. 

(3)  Tecerunï  (consules)  eoJem  anr.o  cooperfam  plumbi  cloquerii  dicie  eccïesie. 
(Voir  appendice,  §  xxiii.) 

(4)  La  nouvelle  église  fut  érigée  en  1324:  les  deux  inscriptions  commé- 
iTioratives  témoignent  de  la  pose  de  la  première  et  de  la  seconde  pierre  de 
l'église,  faite  l'une  par  don  Sanche,  roi  de  Majorque,  l'autre  par  l'évêque 
d'Elne  Bérenger  d'Elne,  le  5  des  calendes  de  mai  1324:  l'abside  fut  ter- 
minée sous  Louis  XI  ;  le  monument  ne  fut  achevé  qu'en  iSop. 

(5)  Le  clocher  de  Saint-Jean-le-Vieux,  qui  était  en  pierres,  a  été  refait 
en  1709.  «  Les  traces  de  son  antiquité  réelle,  dit  M.  Vidal,  ont  à  peu  près 
disparu.  »  (Perpignan.  1898,  ch.  xxi,  p.  5.)  La  cage  en  fer  actuelle  est  de 
1742.  La  toiture  en  charpente  avait  été  renversée  par  un  fort  vent  de  tra- 
montane en  I  735. 

(6)  Per  magislrum  Johannem  Yergerii,  senyerium... 

(7)  Simbalum  post  modicos  dies  fuit  repertum  fracium  nescitur  quo  casu. 

(8)  Tecerunt  fieri  aliud  simbalum  multum  majus... 

(9)  Henry,  Hist.  de  T(oussiUon.  i"  partie,  note  xjii. 


-  .57  - 

Jean,  et  ce  qui  reste  de  la  construction  primitive  ne  dément  pas 
cette  origine.  Cette  tour,  fondée  sur  quatre  gros  piliers  angulai- 
res, était  terminée  par  un  dôme  couvert  en  plomb  (i),  sur  lequel 
s'élevait  une  statue  de  saint  Jean  de  dix  pieds  de  haut.  En  1709. 
cette  tour  menaçait  ruine  ;  on  en  démolit  la  plus  grande  partie 
qui  fut  reconstruite  en  briques  et  à  pans  coupés,  comme  on  la 
voit  aujourd'hui.  La  tour  de  l'horloge  était  aussi,  à  la  même  épo- 
que, terminée  par  un  dôme  couvert  de  plomb,  qui  s'écroula  en 
1717.  La  reconstruction  n'en  commença  que  longtemps  après.  En 
1737,  on  descendit  la  cloche  qui  date  de  l'an  1399  (2)  et  on  refit 
les  deux  murs  en  pierre  de  taille.  L'élégante  cage  de  fer  qui  ter- 
mine la  tour  fut  faite  en  1742,  et  le  i3  mai  de  l'année  suivante 
on  y  replaça  la  cloche. 


§  3.  Inventaire  du  trésor  de  la  chapelle  de  Martin,  roi  d'Jlragon 
[T^endes  de  la  capella  del  caslell  de  Perpenya) 

1395 

La  chapelle  (3)  du  château  des  rois  de  Majorque,  toute  bâtie 
en  pierres  de  taille,  s'élève  du  milieu  de  la  face  orientale.  Cette 
chapelle  était  double,  c'est-à-dire  qu'il  s'en  trouvait  une  au  rez- 
de-chaussée,  qui  n'était  que  comme  chapelle  souterraine  :  celle  qui 
servait  à  la  célébration  des  saints  mystères  était  un  peu  au-dessus 
du  plan  des  appartements  du  premier  étage,  et  on  y  montait  par 
un  large  perron,  aboutissant  à  une  galerie  couverte  s'étendant  sur 
toute  la  face  intérieure  du  bâtiment  de  ce  côté.  L'entrée  de  la 
chapelle  intérieure  est  nue  et  sans  aucune  espèce  d'ornements  ; 
celle  de  la  chapelle  supérieure  était  toute  en  marbre  et  déco- 
rée, suivant  le  goût  du  temps,  de  colonnes  minces  et  grêles  dont 

(  1  )  La  dépense  du  plomb  fut  faite  par  les  Consuls,  avec  les  fonds  de  la 
ville,  aussi  bien  que  celle  des  deux  grandes  cloches  qui  furent  fondues  le 
9  novembre  1  352. 

(2  (  M.  Vida!  (Perpignan,  1  898  I  croit  que  ces  cloches,  fondues  en  i352, 
furent  livrées  à  la  Monnaie  en   1793. 

(3)  Henry,  Hisf.  du  T^oussillon,  i"  partie,  note  x.  Sur  l'ancien  château  des 
rois  de  Majorque. 


—  i58  — 

les  chapiteaux  sont  ornés  d'animaux  chimériques.  Les  battants 
de  la  porte,  en  bois  de  noyer,  étaient  divisés  en  compartiments 
par  des  listels  sous  lesquels  étaient  cachés  des  clous  qui  tendaient 
une  toile  peinte  en  bleu  de  ciel.  Cette  toile  avait  été  placée  sur 
ces  battants,  sans  doute  pour  masquer  les  fentes...  Des  vestiges 
de  cette  toile  peinte  s'y  remarquent  encore,  près  des  listels. 

La  galerie  placée  à  la  hauteur  des  appartements,  et  par  laquelle 
on  montait  à  la  chapelle,  établissait  une  communication  entre  les 
appartements  du  roi,  placés  du  côté  du  nord,  et  ceux  de  la  reine 
qui  se  trouvaient  au  côté  opposé.  A  côté  de  la  grande  entrée,  au 
milieu  de  la  face  occidentale,  on  voit  intérieurement  un  bel  esca- 
lier suspendu  d'une  construction  remarquable. 

Valence,   22    septembre    1403 

Apocha  fêta  per  lo  Senyor  Rey  à  micer  P.  Donat  e  à  micer 
P.  Berenguer  e  à  la  universitat  de  Perpenya  de  les  joyhes  que  'Is 
caps  dels  officis  han  rehemudes  de  mossen  Pons  de  Perellos  per 
M.DCCCC.  florins,  les  quais  joyhes  eren  de  la  capella  del  senyor 
Rey.  (C'était  la  chapelle  du  château  des  rois  de  Majorque,  aujour- 
d'hui la  citadelle.) 

Lettres  de  Martin,  roi  d'Aragon,  de  Valence,  de  Majorque, 
de  Sardaigne  et  de  Corse,  comte  de  Barcelone,  de  Roussillon 
et  de  Cerdagne,  reconnaissant  avoir  reçu  des  Consuls  et  prohomens 
de  la  ville  de  Perpignan  (1)  le  trésor  tout  entier  de  la  chapelle  du 
Roi  (2),  engagé  à  Pons  de  Perellos  pour  J900  florins  d'or  d'Ara- 
gon (3),  remis  à  Pierre  Donat,  licencié  es  droit,  délégué  par  le 
consul  de  la  ville.  Pierre  Bérenger,  docteur  en  droit  et  juge 
du  Patrimoine  des  comtés  de  Roussillon  et  de  Cerdagne  avait 
fidèlement  remis  aux  consuls  ce  trésor  que  la  ville  avait  racheté 
en  reconnaissance  de  la  concession  du  privilège  du  non  regimenf  {4). 

(  1  )  "Fatemur  habuisse  et  récépissé  a  fidelibus  nosfris  ccnsuUbus  et  probis  homi- 
nibus  ville  Perpiniani.   (  Arch.  comm.,  livre  vert   mineur,  A  A.  3,  f"  xvii  v".) 

(2)  La  chapelle  Sainte-Croix.  «  Totam  illam  vaxillam  argenti  capelle  nostre.  » 
(Arch.  comm.,  Ibidem.) 

(3)  Pro  mille  nonagentis  florenis  auri  de  Aragonia.  (Arch.  comm..  Ibidem.) 

(4)  Prétexta  privilegii  novi  regiminis  per  nos  ipse  universitati  coticessi.  (Jbid.) 
Je  transcris  dans  une  autr«  étucle|le  règlement  de  cette  nouvelle  organisation 


-   ,59  - 

L'acte  fut  rédigé  à  Valence,  le  22  septembre  ,4o3,  en  pré- 
sence des  témoins  George  de  Caramany  et  Pierre  de  Torreil- 
les,  chevaliers,  conseillers  du  Roi. 

Le  Roi  a  apposé  son  sceau  royal  :  REX  MARTI NVS  ;  et 
Bérenger  Sarte,  secrétaire  du  Roi,  a  apposé  son  seing  manuel. 

Voici  1  inventaire  des  pièces  du  trésor  (1),  en  argent,  dont  le 
poids  est  d'environ  204  marchs  et  demi. 

En  1  coffre  jocalia  infrascripta  fuerunt  ponderata  ad  marcham 
ville  Perpiniani  : 

Primerament,  una  creu  d'argent  daurada  smaltada  ab  diverses 
smalts  e  los  quatre  evangelistes  en  cada  cap  de  la  creu,  e  ha 
vn  canons  d'argent  abtes  a  portar  la  creu. 

Item,  una  crossa  d'argent  daurada,  smaltada  de  diverses  smalts, 
ab  dues  ymages  d'argent. 

Item,  m  canons  d'argent  daurats,  smaltats  de  diverses  smalts,  abtes 
à  porrar  la  dita   crossa,  e  al  peu  bays  ha  i  boton  redon  d'argent. 

Item,  I  calze  d'argent  daurat  poch,  de  très  pesses,  ab  ça  patena, 
e  dos  canalobres  (2)  daurats  de  dues  pesses,  e  una  creu  pocha  dau- 
rada, ab  son  peu  daurat,  de  dues  pesses,  e  dos  canadells  (3)  d'ar- 
gent daurades  (sic). 

Item,  una  custodia  o  reliquiari  de  dues  pesses  d'argent  daurat, 
ab  una  creu  poqueta  d'argent  daurada  levadissa,  en  lo  quai  peu 
ha  diverses  smalts,  e  lo  cano  smaltat  de  diverses  smalts,  e  en  lo 
mig  del  cano  ha  i  boto,  e  en  lo  reliquiari  ha  dues  formes  de  cris- 
tall,  ço  es  en  cascuna  part. 

Item,  una  caldereta  (4)  d'argent  blancha,  ab  lança  de  part  dalt 
daurada,  apta  à  portar  salpassa. 

municipale,  novi  regiminis,  approuvée  par  Martin,  roi  d'Aragon.  (Lettres 
patentes  du  roi,  xv"  siècle.)  (L'organisation  municipale  de  Perpignan,  p.  47-56.) 

(1  )  Je  ne  transcris  pas  la  notification  de  l'acte  en  latin  :  j'aborde  immédia- 
tement le  texte  catalan.  Ce  trésor  était  plus  riche  que  celui  du  chapelain  de 
l'église  de  Castell  Roussillon,  en  1425,  et  du  recteur  de  Vilarnau.  Cf.  mon 
étude  sur  Castell-T^osselio  au  Moyen  ^ge,  pages  197-200,  et  sur  Les  "Librai- 
ries à  l'époque  antique  :  inventaire  liturgique  des  biens  de  Mossen  Noguera, 
recteur  de  Castell  Roussillon,  pages  54,  58  it^iS). 

(2)  Candélabres. 

(3j  Burette  d'argent. 

(4)  Bénitier  portatif. 


—   j6o  — 

Item,  1  canalobre  d'argent  sobredaurat,  ab  très  smalts,  e  en  lo 
peu  se  tenen  unes  tesores  poques  semblant  de  baxador,  ab  cade- 
neta  tôt  d'argent. 

Item,  dos  canalobres  d'argent  sobredaurats,  en  que  ha  en  cas- 
cun  très  smalts. 

Item,  dos  canalobres  d'argent  blanch  poquets. 

Item,  una  bassinera  poqueta  d'argent  blanch,   abta  per  offirir. 

Item,  una  capceta  d'argent  à  tenir  hosties. 

Item,  1  calze  ab  ça  patena,  daurat,  apart  de  dins. 

Item,  vj  bordons  (i)  d'argent,  les  quais  son  xii  pesses,  ab  los  caps 
daurats  smaltats  à  diverses  obres,  dels  quais  vi  bordons  ni  ha  j  qui 
no  ha  muronet  petit. 

Item  dos  canalobres  d'argent  ab  très  peus  petits,  cascun  de 
diverses  smalts. 

Item  mes,  una  crossa  d'argent  daurada  ab  diverses  muronets, 
smaltada  ab  diverses  smalts,  e  ab  très  canons  d'argent  daurats  per 
portât  la  dita  crossa. 

Item,  un  reliquiari  poquet  d'argent  sobredaurat  ab  dos  botons 
smaltats  e  ab  cristall  de  cada  part  ;  e  lo  dit  reliquiari  no  ha  cap- 
cel  dalt. 

Item,  un  ensenser  d'argent  daurat,  smaltat  ab  diverses  senyals 
c  ab  ni  cadenetes  d'argent  blanques. 

Item,  una  naveta  (2)  d'argent  daurada  per  tenir  ensens,  smaltada 
de  diverses  smalts. 

Item,  1  altre  ensenser  d'argent  blanch,  ab  un  cadenes. 

Item,  una  altra  naveta  d'argent  blanch,  per  tenir  encens. 

Item,  dos  bacins  pochs  d'argent  daurats  per  les  hores  e  per  lo 
mitg  smaltat  de  diverses  smalts. 

Item,  1  pareil  de  bacins  grans  d'argent  daurats  de  part  de  dins, 
e  son  smaltats  de  diverses  smalts. 

Totes  les  coses  de  sus  dites  o  la  pus  gran  partida  son  en  stug 
de  cuyr.  Item  pesa  tôt  l'argent  desus  dit  poch  mes  o  poch  menys 
dosents  quatre  marchs  e  mig. 

Et  ideo  renuntiantes  exceptioni  dicte  peccunie  non  numerate 
et    predicte    vaxille    non   habite    et   non  recepte  et  doli,    facimus 

(1)  Bâtons  de  pèlerin,  bourdon. 

(a)  La  navette  ou  petit  vase  où  l'on  met  l'encens. 


—   i6.   — 

nedum  universitati  jam  dicte  sed  etiam  dicto  Petro  Berenguerii 
et  vobis  jam  dicto  Petro  Donati,  nuncio  supradicto,  de  recep- 
tione  predicte  vaxille  et  de  solutione  dictorum  mille  nongentorum 
florenorum  (j)  quos  nobis,  prétexta  predicti  novi  regiminis,  dicta 
universitas  solvcre  tenebatur  in  manu  et  posse  secretarii  nostri 
inffrascripti  pro  dicta  universitate  et  aliis  quorum  intersit  légiti- 
me stipulantis  et  recipientis,  bonum  et  pcrpetuum  finem  et  pac- 
tum  firmissimum  de  ulterius  non  petendo. 

Quod  fuit  actum  et  datum  in  civitate  Valencie,  vicesima  secundo 
die  septembris,  anno  a  nativitate  Domini  millesimo  quadringente- 
simo  tercio,  regnique  nostri  octavo. 

Sig-J-num  Martini,  Dei  gratia  régis  Aragonum,  Valencie,  Majo- 
ricarum,  Sardinie  et  Corsice.  comitisque  Barchinone,  Rossilionis 
et  Ceritanie.  REX  MARTINVS. 

Testes  sunt  qui  ad  predicta  présentes  fuerunt  nobilis  Georgius 
de  Caramanv,  uxerius  armorum,  et  Petrus  de  Turrillis,  milites, 
consiliarii  dicti  domini  régis. 

Sig-J-num  mei  Berengorii  Sarta,  secretarii  dicti  domini  régis  et 
auctoritate  regia  notarii  publici  per  totam  terram  et  dominationem 
domini  régis  predicti,  qui  predictis  interfui  et  hac  scribi,  feci, 
cum  litteris  in  raso  positis  in  lineis  un  «  ad  nos  »  et  xv'  a  grans  », 
et  clausi. 

Ainsi  la  ville  de  Perpignan  avait  généreusement  dégagé  ces 
objets  précieux.  «  Plus  tard  encore,  en  1471,  Jacques  Bosch,  rec- 
teur et  sacristain  de  la  chapelle,  engagera,  comme  garantie  de 
dettes  assez  insignifiantes,  un  psautier  garni  d'argent  et  d'or,  et 
un  diamant  dit  punie,  donné  par  la  reine  Marie  de  France  et 
estimé  cinquante  écus.  Par  son  testament  du  jo  juin  1471,  ce 
prêtre  demande  que  l'on  vende  toi  farnes  qu'il  a  dans  le  château, 
et  qu'avec  son  produit  on  fasse  une  armoire  pour  enfermer  les 
reliques  de  la  chapelle  (2)  ». 

(I  I  Par  une  interversion  évidente  de  composition  typographique,  M.  Vi- 
dal, dans  son  étude  sur  le  château  des  rois  de  Majorque,  parle  de  neuf  cent 
mille  florins  :  l'erreur  est  manifeste  ;  et  il  faut  lire  mille  et  neuf  cent  florins 
d'or.  (P.  Vidal,  La  Ciladelle  de  Perpignan,  p.  97.)  (Arch.  comm..  A  A.  3, 
livre  vert  mineur,  f°'  339,  341 .  ) 

(2)  P.  Vidal,  La  Citadelle  de  Perpignan,  v'  partie,   1911. 


—    j62   — 

Voici,  d'autre  part,  quels  étaient  les  revenns  de  cette  royale 
chapelle  :  ce  document  indique  bien  l'importance  des  nombreux 
couvents  à  cette  époque. 

Prime  lo  Rector,  capellans  e  escolans  de  la  capeîla  deî  castell 
de  Perpenya,  als  quais  son  assignades  les  rendes  de  les  vu  parts 
del  delme  de  Vernet,  delme  de  la  Bastida,  del  estany  de  Salses, 
c  d'Oppol,  e,  si  no  *ls  basten,  han  s'o  affixar  ;  e  es  aço  qui  'Is  es 
assignat,  e  deuen  haver  cascun  any  —  cxxxviu  11. 

Item,  d'altre  part  per  j  anniversari 

Preveres  de  Sent  Johan  de  Perpenya 

Preveres  de  Santa  Maria  de  la  Reyal 

Preveres  de  Sent  Jacme 

Preveres  de  Sent  Matheu  de  Perpenya 

Ffrares  Preicadors  de  Perpenya 

Sors  Menors  de  Perpenya 

Ffrares  Preicadors  de  Puigçerda 

Sors  de  Sancta  Magdalena  de  Perpenya  (i) 

Ffrares  del  Carme  de  Perpenya 

Sors  del  monestir  de  Sent  Salvador 

Ffrares  de  Sent  Marti  appellats  de  la  Merce  ii  11. 

Ffrares  Menors  de  Perpenya  un  11.  x  s. 

Monges  del  Mas  de  la  Guarriga  x  s. 

Ffrares  Menors  de  Vilafranca  de  Confient      v  11.  x  s. 

Monges  del  monestir  de  Jau  en  Confient         v  11.  (2). 

D'après  ce  document  historique  on  peut  se  rendre  compte  de 
l'importance  des  revenus  annuels  des  domaines  et  droits  royaux 
des  comtés  de  Roussillon  et  de  Cerdagne  à  la  fin  du  xiv'  siècle, 
exactement  en  j395.  Ce  mémoire,  d'après  l'opinion  d'Alart  (3), 
avait  été  dressé  et  rédigé,  probablement  à   Barcelone,  au  moyen 

(  I  )  En  note,  d'une  autre  écriture  :  «  Ja  tenen  renda  assignada  que  reeben 
elles  matexes,  per  que  no  s'en  fa  enirada  e  exida. 

(1)  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  i55,  f°  59.  (Perpétuais  ordonats  e  lexats 
per  los  Reys  de  Mallorques,  per  los  quais  se  paguen  cascun  any  les  quanti- 
tats  seguents). 

(3j  Alart,  "Documents  sur  la  Géographie  historique  du  T^oussiïlon,  paragr.  v. 


v  s. 

X    11. 

1  11.  v 

s. 

1    11.    V 

s. 

1    11.    V 

s. 

XVI    11. 

X 

s 

LVlll    11 

LIX    11. 

in  il. 

VI    11. 

—   i63  — 

des  comptes  rendus  en  l'office  du  Mesire  T^acional,  ou  Contrôleur 
général  de  la  cour,  en  j  SqS  (i),  sous  le  règne  de  Jean  1"  d'Ara- 
gon qui  mourut  le  19  mai   J396. 


§  3 .  Propriétés  possédées 

par  la  Communauté  ecclésiastique  de  Saint-Jean 

dans  l'ancienne  et  dans  la  nouvelle  église 

et  aux  environs  immédiats 

(Borrador  per  fer  un  liibre  de  bens  y  mais  de  la  Comunitat  de 
Preberes  de  Sant-Joan  de  Perpinya...)  (cahier  manuscrit  du 
xvm'  s.) 

En  la  vila  de  Perpinya. 

Sindicat  vell. 

En  lo  any  1710,  dita  Comunitat  te  y  posseheix  dins  la  iglesia 
vella  de  Sant  Joan  (2)  de  dita  vila  l'aula  dita  lo  Sindicat  Vell  (3), 
scituat  dins  lo  campanar  y  sobre  la  capella  y  sacristia  de  Nostra- 
Senyora  dels  Correchs  (4)  de  dita  iglesia  vella. 

Capella  de  la  Concepcio,  sacristias  de  aquclla  y  del  Santissim 
Sagrament. 

Item  te  y  posseheix  dita  Comunitat  en  la  Iglesia  nova  la 
capella  y  sacristia  de  Nostra-Senyora  de  la  Concepcio,  com 
també  la  sacristia  de  la  capella  de  Sant-Miquel,  vuy  dita  del 
Santissim  Sagrament. 

Sindicat  nou,  Arxiu,  Thesoreria  y  Celler  d'oli. 

Item,  en  la  sacristia  gran  de  dita  iglesia  nova  vuy  dita  la  sacris- 

(i  )  La  date  de  rédaction  est  indiquée  presque  à  chaque  page  ;  d'après  cer- 
taines indications  on  peut  en  conclure  que  le  document  fut  rédigé  dans  les 
premiers  mois  de  l'an  1395. 

(2)  Cette  église  fut  consacrée  le  16  mai  \o-xS,  par  Bérenger,  évêque 
d'Elne. 

(3)  Au  sujet  de  ce  remarquable  monument  de  l'architecture  romane  du 
xi'  siècle  et  sur  l'origine  de  cette  église,  voir  Albert  Mayeux,  Sainl-Jean-le- 
Vieux.   Extrait  du  Bulletin  monumental,   1913. 

(4)  Desplanque,  page  58. 


—    164  — 

tia  del  Pou,  y  antiguament  lo  vestuari  (1),  te  y  posseheix  la  dita 
Comunitat  las  aulas  del  Sindicat  nou,  de  la  Thesoreria  y  del 
Arxiu,  com  també  la  estancia  y  celler  (2)  de!  oli. 

Las  quais  cosas  espectan  à  dita  Comunitat  per  possessio  mes 
que  centenaria. 

Hort  del  Sindicat  y  Sacristia  de  la  Funeraria. 

Item,  dita  Comunitat  posseheix  un  hort  contiguo  al  dit  Sindi- 
cat, Thesoreria,  Arxiu,  Sécrétas  y  passatge  de  aquellas,  confron- 
tant ab  lo  carrer  dit  de  la  Duana,  antiguament  anomenat  del 
Porta)  de  l'Aixugador  (3),  ab  la  casa  pelila,  vuy  pati,  del  Capitol 
d'Elna,  que  fonch  de  perlinenlias  de  dit  hort;  ab  la  Capella  de  la 
Funeraria  (4)  dita  de  Sant  Joan  Evangelista  ;  ab  la  sacristia  de  dita 
Capella,  la  quai  sacristia  es  de  perlinentias  de  dit  hort,  que  dita  Comu- 
nitat feu  febricar  à  sos  gasfos  en  lo  any  j685  (5)  ;  ab  lo  hort  del 
Palau  del  Bisbe  ;  ab  lo  terra-pie  del  Baluart  de  Sant  Joan,  y  ab 
la  sacristia  de  la  dita  Funeraria,  la  quai  sacristia  feu  dita  Comu- 
nitat fabricar  à  sos  gastos  dins  dit  hort. 

Consta  de  la  apoga  del  preu  fet,  en  poder  de  Honorât  Sunyer, 
notari,  als  2  juny  1  685  ;  la  quai  apoga  es  al  plech  de  dit  Sunyer, 
n°  2,  dins  lo  arxiu  de  dita  Comunitat. 

Especta  dit  hort  à  la  dita  Comunitat  per  compras  a  fet  en  très 
différents  ocasions  de  partidas  del  dit  hort.  Una  de  las  quais  par- 
tidas  d'hort  es  en  dreta  senyoria  del  Convent  de  Sant  Salvador  (6)  ; 
(ço  es  aquella  partida  de  hort  que  confronta  ab  lo  correch  de 
Predicadors  (7),  dit  carrer  al  mitg  ;  ab  dita  Capella  de  la  Fune- 
raria, y  ab  dit  sindicat,  correch  de  las  sécrétas  al  mitg)  ;  sobre  la 

(  1  )  Lo  qu'en  algunas  comunitats  o  cossos  ecclcsiastichs  se  dôna  à  sos  indi- 
viduos  pera  vestirse.  (Labernia.) 

(2  )  Lat.  cellarius,  le  cellier  ;  la  cave. 

'3)  Ce  portai  se  trouvait  derrière  l'église  Saint-Jean  :  on  en  voit  les  traces 
sous  la  nouvelle  poterne  de  la  rue  Saint-Dominique,  ouverte  en  1896. 

(4)  Cette  chapelle,  classée  comme  monument  historique,  renferme  aujour- 
d'hui une  partie  des  archives  départementales. 

(5)  Les  lignes  en  italique  ont  été  barrées  d'un  trait. 

(6)  Le  couvent  de  Saint-Sauveur  est  cité  vers  le  milieu  du  xin'  siècle. 

(7)  Le  couvent  des  Jacobins  ou  Dominicains  des  Frères  Prêcheurs  fPrchi- 
cadorsj  fut  fondé  en  1243. 


—   i65  — 

quai  lo  dit  convent  de  Religiosas  de  Sant  Salvador  de  Perpinya 
reb  annualment  de  cens  senyorial  17  s.  plata,  v  per  raho  de  la 
indemnitat,  ço  en  lloch  de  foriscapi,  de  trenta  en  trenta  anys, 
reb  sinch  lliuras  piata  que,  si  se  reduheix  per  any,  vindrian  ser 
très  sous  quatre  dincrs  plata,  Je  loco  foriscapii,  y  dits  17  s.  de 
cens,  tôt  pagador  per  Nadal. 

Vide  lo  calaix  A.  n°  29,  intitulât  comptas  y  donacions,  dins  lo 
Arxiu  de  la  Comunitat. 

Canorga  Nova 

Item  te  y  posseheix  dita  Comunitat  lo  casai  de  la  Canorga 
Nova(i),  continguo  al  sementiri  (2)  de  dita  iglesia  nova,  confron- 
tant ab  dit  sementiri,  ab  ios  forns  de  la  Duana,  ab  la  casa  gran 
del  Capitol  d'Elna,  y  ab  la  capella  de  Sant  Clément. 

Especta  t  la  dira  Comunitat  per  cambiéra  de  la  Canorga  vella 
ab  lo  dit  casai,  fêta  entre  lo  Illustrissim  y  Reverendissim  S" 
Bisbe  d'Elna,  don  Joan  Hervco  Bazan  de  Flamenville,  de  una 
part,  y  dita  Comunitat  de  part  altre,  ab  acte  rebut  en  poder  de 
Honorât  Sunyer  y  Pau  Mundi,  notari  de  Perpinya,  simul  stipu- 
lants als,  4  de  setembre  1704.  Lo  quai  acte  es  al  plech  de  Sunver 
dins  lo  arxiu  de  dita  Comunitat,  de  n'  145  (3). 

(A  suivre)  Henry  Aragon. 

(  I  j  Le  monastère  avait  été  construit  sur  l'emplacement  occupé  au  xm'  siè- 
cle par  le  palais  épiscopal  (  palau  del  bisbe),  dans  l'endroit  appelé  5  Canor- 
gue  ».  La  Canorgue  était  le  chapitre  des  chanoines  de  Saint-Jean  ;  ce  fut 
plus  tard  l'évèché  avec  les  prisons  épiscopales. 

(2)  Le  cimetière  de  Saint-Jean  est  du  xv'  siècle. 

["i)  En  marge:   Calaix  A.  n"  147.    Archives  des    Pyr.-Or.,  C.  274,  f"  2. 

Hospitalité  catalane 

Un  premier  convoi  de  5o  enfants  de  Paris  a  été  reçu  avec 
enthousiasme  à  Barcelone  par  le  Comité  des  Maisons  Claires. 
M"'  A.  Brisson  les  accompagnait. 


La  seigneurie  ^  h  paroisse  de  Serralongue 

^^2<^  {SUITE) 


Pierre  de  Rocaberti  est  déjà  en  possession,  en  iSij,  de  la  sei-      î 

,1 

gneurie  et  des  propriétés  de  Cabrenç.  Il  eut  des  difficultés  avec  i 
le  roi  au  sujet  d'un  individu  de  Palalda  qui  avait  fixé  sa  résidence  i 
aux  Bains  d'Arles,  et  qui  avait  commis  un  crime  dans  la  première  j 
localité.  Arrêté  par  ordre  de  Pierre  de  Rocaberti,  ce  criminel  j 
fut  réclamé  par  les  officiers  royaux,  sous  prétexte  que  le  village 
des  Bains  d'Arles  était  soumis  à  la  juridiction  du  Roi.  i 

En  \55y,  Philippe  de  J^ocaberti  confirme  la  concession  faite  à  ] 
Michel  Llensa  sur  la  métairie  du  Pla  del  Boix.  11  meurt  sans  j 
enfants,  laissant  à  son  frère  la  seigneurie  de  Cabrenç.  j 

"François  de  T^ocaberti,  en  j562,  confirme  la  vente  de  la  métairie      ; 
de  las  Torqueras  à  Gabriel  Pollangarda.  Vingt  ans  après,  il  dépose      ; 
son  testament  à  l'étude   d'Alonzo,    notaire   de   Barcelone.    Fran- 
çois  de   Rocaberti  avait   fixé  sa  résidence  dans   cette  ville,  où  il      .] 
meurt  le  3  novembre  1589.  Son  corps  est  porté   à  Serralonga  et 
enseveli  dans  l'église  Sainte-Marie. 

Le  2  5  septembre  1599,  Eléonore  de  Peguera,  veuve  de  Fran- 
çois de  Rocaberti,  «  désirant  récompenser  les  services  à  elle  ren- 
dus par  son  frère  Bernard  de  Peguera  et  voulant  se  consacrer  au 
service  de  Dieu,  fait  donation  entre  vifs  à  son  frère  du  château 
de  Cabrenç  avec  les  lieux  de  Cabrenç,  de  Palauda,  Montalba  et 
Fontanils  ».  Cette  donation  est  contestée  par  le  Domaine  ;  mais 
Bernard  de  Peguera  obtient  gain  de  cause.  Peu  de  temps  après, 
les  habitants  de  Serralonga  et  de  Lamanera  viennent  lui  prêter 
foi  et  hommage. 

Bernard  de  Peguera  mort,  la  seigneurie  de  Cabrenç  passe  à  la 
famille  de  Sorribes  par  le  mariage  de  Eulalie  de  Peguera  avec  le 
donzell  Philippe  de  Sorribes. 

François  de  Ros  (1),  épouse  Josèphe  de  Sorribes  et   d'OrtaflPa. 

(i  )  François  de  Ros  était  fils  d'un  autre  François  de  Ros  en  faveur  duquel 
le  roi  Louis  XJV  érigea  en  comté  les  terres  de  Saint-Féliu  d'Aval!  et 
d'Amont  (avril  1680). 


M 


—   167  — 

Celle-ci,  après  ia  mort  de  son  mari,  accorde,  en  1698,  l'autori- 
sation de  construire  le  moulin  de  la  Pomarèda.  Les  documents  qui 
vont  suivre  montrent  clairement  combien,  à  cette  époque,  les  sei- 
gneurs s'entouraient  de  précautions  pour  ne  pas  porter  atteinte 
aux  droits  anciens  de  leurs  vassaux,  autant  que  la  prudence 
humaine  le  permettait  : 

<  Licencia  y  permicio  concedida  à  Joseph  Poch,  alias  Poma- 
rèda, pages  del  lloch  de  Serrallonga  per  Madama  la  comtessa 
dona  Josepha  Ros  y  de  Sorribes  affique  puga  construir  y  edifficar 
un  moli  fariner  en  los  termens  de  dit  lloch  de  Serrallonga  sota  la 
farga  de  dita  Dama,  dita  farga  de  Galdaras(i). 

«  Le  23  août  1698,  à  Perpignan,  sous  le  règne  du  très  invinci- 
ble et  très  glorieux  prince  Louis  XIV,  par  la  grâce  de  Dieu  roi 
très  chrétien  de  France  et  de  Navarre,  je  Madame  Josèphe  Ros 
et  de  Sorribes,  veuve  de  remarquable  et  très  noble  seigneur  don 
François  Ros  et  Ros  défunt,  comte  de  Saint-Feliu,  domicilié  à 
Perpignan,  seigneur  du  lieu  et  termes  de  Serralongue  et  de  la 
baronnie  de  Cabrens,  diocèse  d'Elne,  sachant  que  vous  Joseph 
Poch,  autrefois  Pomarède,  habitant  de  Serralongue,  vous  possé- 
dez une  métairie  avec  ses  terres  au  territoire  de  Serralongue  et 
au  voisinage  de  Galdaras,  appelée  lo  mas  Pomarèda,  placée  sous 
mon  direct  domaine  à  raison  de  ma  baronnie  de  Cabrens,  et  que 
vous  désirez  construire  un  moulin  à  farine  dans  les  terres  de  dite 
métairie  sous  la  forge  de  Galdaras,  et  vous  me  priez  de  daigner 
vous  autoriser  à  le  construire  et  à  recevoir  l'eau  sous  ma  forge 
afin  que  le  dit  moulin  puisse  moudre,  considérant  que  je  ne  puis 
vous  refuser  mon  consentement  vu  le  bien  fondé  de  votre 
demande,  eu  égard  surtout  aux  publications  faites  sur  la  place 
publique  de  Serralongue  au  sujet  de  votre  supplique  et  qui  m'ont 
été  expédiées  le  17  octobre  1699  par  la  cour  du  batlle  de  Serra- 
longue en  la  forme  suivante  : 

«  Publications  : 

«  Honorable  batlle,  vu  la  requête  de  Joseph  Poch,  autrefois 
Pomarèda,  pages  du  lieu  de  Serralongue,  nous  vous  ordonnons, 
aussitôt  que  vous  aurez  reçu  les  présentes,  de  faire  dans  les  lieux 

(i)  Francisco  Diego,  not.,  als  28  agost  1698. 


—    i68  — 

accoutumés  les  publications  dont  la  teneur  suit.  Vous  attesterez 
sur  le  dos  que  la  publication  a  été  faite,  afin  qu'on  sache  qu'elle 
a  été  faite,  à  l'avenir.  —  Donné  à  Perpignan,  le  17  octobre  1692. 
Collarès  pour  l'honorable  François  Diego,  notaire  greffier  de  dite 
cour.  Ignace  Boxader,  scriba. 

«  Vous  entendez  tous  maintenant  de  la  part  de  remarquable  et 
très  noble  seigneur  don  François  Ros  y  Ros,  comte  de  Saint- 
Féliu,  domicilié  à  Perpignan,  usufruitier  des  biens  dotaux  de 
j'illustre  et  très  noble  dame  Josèphe  Ros  et  de  Sorribes,  sa  fem- 
me, en  dit  nom  seigneur  du  lieu  et  territoire  de  Serralongue, 
diocèse  d'Elne,  que  Joseph  Poch  ayant  prié  le  dit  seigneur  de 
lui  permettre  de  construire  un  moulin  à  farine  ou  à  drap  dans  ses 
terres  sous  la  forge  de  Galdaras,  cette  publication  est  faite  pour 
ce  fait  à  la  connaissance  de  toutes  personnes,  quels  que  soient 
leur  état  et  leur  condition,  qui  ont  ou  présument  avoir  quelque 
droit  ou  intérêt  sur  ce  moulin  à  construire,  et  elles  sont  priées, 
dans  l'espace  de  trente  jours,  à  compter  du  jour  de  la  présente 
publication,  de  se  présenter  devant  le  dit  juge  avec  leurs  actes  et 
leurs  titres.  Autrement  il  sera  procédé  à  la  concession.  Affin  que 
nul  ne  puisse  arguer  d'ignorance,  le  dit  seigneur  ordonne  de  faire 
la  dite  publication  dans  les  lieux  accoutumés.  —  Donné  à  Perpi- 
gnan le  17  octobre  1692,  Collarès. 

(■^  suivre)  Joseph  Gibrat. 

Catalana  (Mallorca,  287,  Barcelona) 

Depuis  le  1"  avril  paraît  hebdomadairement  sous  ce  titre,  éditée  par  les 
soins  de  YJlustraciô  Catalana,  une  nouvelle  revue  littéraire,  à  laquelle  colla- 
borent les  meilleurs  écrivains  catalans,  et  dont  la  parfaite  tenue  est  au-dessus 
de  tout  éloge. 

Poésies  ^  Chansons  Catalanes  (par  A.  Janicot) 

Ces  premiers  essais  d  Albert  Janicot  dénotent  la  meilleure  bonne  volonté. 
Nous  sommes  persuadés  qu'avec  un  peu  de  travail  et  de  sérieuses  études  il 
arrivera  aisément  à  se  montrer  digne  de  la  jeune  école  roussillonnaise  de 
laquelle  il  s'est  inspiré. 

La  Renaissance  Catalane 

Un  nouveau  journal  catalan-français,  La  J^enaissance  Catalane,  vient  de 
paraître.  Nous  lui  souhaitons  très  cordialement  la  bienvenue. 

Le  Gérant,  COMET.  —  Imprimerie  Catalane,  COMET,  rue  de  la  Poste,  Perpignan 


12' Année-   N' 142  15  A«ûU9l8 

^Qst  c§'>i  (S'^^t  cgt^^si  c^Qvi  cSK^i  (ÇTsi  «^^i  «^OsS.  :9f'>vi  *^ 

Les   Manuscrits  non  insérés 
ne  sont  oas  rendue 


REVUE 


CATALANE 


Les  Articles   parus  aans  ia   Revue 
n'engagent  que  ieurs  auteurs. 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  10  fr.  par  an. 


Ouan  lornarà  al  Païs 

LA  TTiAMOJ^TAJNA 

Tant  aviat,  acabada  la  carrera, 
o  gran  Triumfador,  de  nom  etern, 
vinguis  a  retirar-te  al  soi  matern, 
als  Estanys  te  rebré,  io,  la  primera. 

Mes  que  '1  cami  de  ferro  iré  rabent. 
Ma  veu  de  tro,  bé  se  'n  farà  de  blana, 
per  bufar-te,  amb  els  perfums  de  ia  Plana, 
un  pomet  de  records  del  teu  jovent  ! 

EL  CAMJGO 

«  Ja  arriba  ailî  !  »  salten  les  Encantades. 
Jo  llavors,  regrillat  pel  teu  retorn, 
tôt  sapât,  tôt  canut  «  Bon  jorn  !  Bon  jorn  !   » 
amb  el  cap  te  faré  très  barretades. 

Vina  a  Vernet,  cridaré,  o  bon  romeu, 
a  descansà  en  ma  falda  els  membres  lassos  î 
Avi  vell,  vetllaré  tos  darrers  passos 
2  tos  sômits  quïets  com  el  front  meu. 

LAGLT 

Tôt  just  trontoUi  el  pont  a  ta  vinguda, 
de  cap  a  cap  cor-batrà  el   Riberal. 
'    Pel  canyer,  pedreguer,  tuire  i  sorral 
bellugarà  mon  aiga  escorreguda. 


—    1  70  — 

Ja,  ja  cl  botaç  rodola  pel  Hit  sec. 

Que  alegreta  seré  quan,  xafarderes, 

batador  repicant,  les  bugaderes 

diran  :  «  Qu'es  guapo  I  Hé,  Bepa  ?»  —  «  Ja  te  crée  !  »  1 

LM  TETiT^A  DE  7{0SSELL0 

Per  tu  l'aie  mes  pur  de  les  garrigues  1 
Per  tu  '1  mont  régalât  !   Per  tu  l'espill  , 

de  la  font  clara  !   Ho  veus,  Fill,  el  meu  Fill, 
com  tôt  aci  te  vol,  corn  els-hi  trigues  1 

1,  ûltim  de  tôt,  els  abraços  manyacs 
de  ta  Terra.  Es  sempre,  ella,  la  mateixa. 
Trista  que  sigui  quan  l'infant  là  deixa, 
si  torna  veli,  bé  li  'n  fa  d'afalacs  ! 

Per  tu,  mes  que  per  cap,  treuré  mes  joies. 
Veuras  quins  camps,  quines  vinyes,  quins  horts  ! 
Els  Catalans  veuras,  que  drets  i  forts  I 
1,  tan  com  mai,  les  nines  bonicoies  ! 

El  temps  s'ha  endut  cofa  i  mocadô  en  creu. 
Mes  els  ulls  son  iguals  ;  tret  que  sévères 
s'han  fet  totes  les  cares  rialleres: 
la  Mort,  ai  !  se  n'ha  entrât  per  tôt  arreu  !... 

Tu  vas  véncer  la  Mort.  Perxô  t'estimen 
els  teus  germans  de  llet.  Veuras,  veuras 
com  aixequen  la  veu,  el  cap,  el  braç 
quan  parlen  del  llur  JofiFre,  i  com  s'animen  ! 

La  llar  pairal  fa  côs  i  cor  tots  nous. 
Deixant  alla  neguits  i  'Is  pesats  fatos 
del  Passât,  siguis,  Fill,  com  Cincinnatus 
llaurant,  fins  a  sol  post,  amb  el  pareil  de  bous  î 

Pau  Berga. 
HanoT,   10  de  maig   1917- 


Au  pays  de  J offre 

par  Emile  Riperi 


(•) 


_-*-» 


Notre  excellent  collaborateur  vient  de  faire  paraître  à  Paris 
cette  belle  relation  dont  nous  avions  entretenu  nos  lecteurs  en 
1916  et  dont  nous  avions  donné  également  quelques  extraits. 

En  en  recommandant  la  lecture,  non  seulement  à  tous  les  com- 
patriotes du  grand  Maréchal,  mais  à  tous  les  Français,  nous  nous 
faisons  un  plaisir  de  publier  ici  la  magnifique  introduction  de 
l'auteur  : 

Ces  pages,  que  je  rassemble  aujourd'hai,  si  elles  devaient  être  une  évoca- 
tion complète  de  la  Catalogne  française,  je  sens  avec  humilité  à  quel  point 
elles  seraient  insuffisantes. 

De  ce  beau  pays  vermeil,  où  l'Espagne  et  la  France  mélangent  leurs  cou- 
leurs et  leurs  races,  ce  sont  ici  quelques  tableaux  seulement,  quelques  ima- 
ges, diverses  comme  la  vie  elle-même,  recueillies  çà  et  là  au  cours  d  un  séjour 
trop  rapide,  et  c'est  aussi  bien  un  chant  de  reconnaissance  à  la  louange  du 
sol  et  du  ciel  lumineux,  qui  ont  formé  le  grand  esprit  lucide,  auquel  la  bar- 
barie allemande  a  heurté  sur  la  Marne  sa  formidable  machine  de  guerre. 

Oui.  désormais  quel  que  soit  l'intérêt  et  la  grandeur  des  souvenirs  qui  s'élè- 
vent encore  de  tous  côtés,  dès  qu'on  parcourt  ce  sol  marqué  par  tant  de  peu- 
ples, une  image  cependant  domine,  impérieuse,  toutes  les  autres,  auréolée  déjà 
d'une  légende,  c'est  celle  du  calme  vainqueur,  auquel  l'Académie  Française 
vient  de  rendre  un  juste  hommage,  puisque,  en  sauvant  l'indépendance  de  la 
France,  il  en  a  sauvé  également  la  langue  et  par  conséquent  toute  la  littéra- 
ture qui  va  s'épanouir  demain. 

C'est  à  lui  que  j'aurais  voulu  dédier  ces  pages,  mais  je  crains  que  leur  fan- 
taisie poétique  ne  fasse  parfois  froncer  des  sourcils  austères  sur  ces  yeux  qui 
ont  vu  la  ruée  du  monstre  et  qui,  pour  le  contenir,  en  ont  mesuré  l'élan, 
sur  ces  yeux  pensifs  qui  ont  vu  aussi,  en  parcourant  les  champs  de  bataille, 
à  quel  prix  s'achète,  hélas  !  la  plus  noble  et  la  plus  juste  des  victoires. 

Alors,  pour  que  ces  pages  arrivent  tout  de  même  à  leur  véritable  adresse, 
je  prendrai  le  plus  charmant  des  intermédiaires,  et  c'est  vous  que  j'évoque- 
rai, filles  du  Roussillon,  dont  les  bonnets  de  tulle  blanc  emprisonnent  dans 
leur  fin  réseau  des  cheveux  sombres  comme  un  velours  d'Espagne  ou  roux 
comme  vos  champs  de  vignes  à  i  automne,  vous,  dont  les  groupes  balancés 
vont  et  viennent  le  soir  sous  les  grands  platanes,  en  chantant  quelque  vieille 

(1)  Ed.  Bossard,  Paris,  1918,  3  fr. 


—     172    — 

chanson  catalane,  vous  qui  roulez  dans  votre  voix  musicale  la  fraîcheur  mur- 
murante des  eaux  des  Pyrénées,  vous  qui,  rieuses  et  sérieuses,  unissez  sur 
vos  figures  mates  aux  yeux  étincelants  toute  la  clarté  de  votre  ciel  à  l'austère 
souci  des  labeurs  de  la  terre,  —  et  c'est  à  vous  que  je  les  dédie,  ces  humbles 
pages,  écrites  par  ce  passant  inconnu  qui  vous  admirait  et  qui  vous  aimait 
sans  vous  le  dire,  c'est  à  vous  que  je  les  dédie,  en  songeant  qu'une  de  vos 
pareilles,  aux  champs  de  Rivesaltes,  fut  la  mère  jadis  du  petit  Joffre. 

Emile  Ripert. 


La  seigneurie  ^  h  paroisse  de  Serralongue 

••X-^:*^'  {SUITE) 


o»i 


«  Rapport, 

«Aujourd'hui,  le  28  octobre  1692,  au  lieu  de  Serralongue, 
Pierre  Jacques  Teularia,  sergent  de  Saint-Laurent-de-Cerdans, 
habitant  au  lieu  de  Custoja  à  la  rue  del  serrât  de  l'aire,  je  relate 
que  j'ai  fait  les  publications  susdites  en  la  place  de  Serralongue  à 
instance  de  Joseph  Poch  aiias  Pomarèda,  en  présence  des  témoins 
soussignés  :  Raphaël  Moli  pages  et  Joseph  Galibern  sabaler,  tous 
de  Serralongue  ;  et  moi  Gabriel  Poch,  prêtre,  je  prends  la  dite 
relation  comme  écrivain  de  dite  cour. 

«  Et  parce  qu'il  est  constaté  par  les  dites  publications  et  rela- 
tion que  le  délai  fixé  par  elles  est  plus  que  passé  et  que  personne 
ne  s'est  présenté  avec  leurs  actes  et  leurs  titres  soit  à  mon  mari, 
soit  au  juge  de  la  dite  cour  à  l'eflFet  d'empêcher  le  dit  établisse- 
ment, je  vous  permets,  à  vous  Joseph  Poch,  de  construire  dans 
les  terres  de  votre  métairie  un  moulin  à  farine  sous  ma  forge  de 
Galdaras,  aux  conditions  suivantes  :  Outre  le  cens  que  je  reçois 
sur  la  métairie,  vous  êtes  tenu  de  me  donner  et  à  mes  succes- 
seurs, à  perpétuité,  chaque  année,  deux  poules  bonnes  et 
grasses  ». 

11  existe  un  autre  document  émané  de  la  noble  Dame  de  Ros, 
qui  montre  avec  quelle  circonspection  les  seigneurs  agissaient  à 
l'égard  des  peuples  soumis  à  leur  juridiction.  Il  est  écrit  en  cata- 
lan et  porte  la  date  du  2  juin   1698  : 

«  Honorable    balle    de    provisio  nostra   instant  y   requirint   la 


_   ,73   - 

egregia  S"  Dona  Joscpha  Ros  y  de  Sorribes,  viuda  relicta  del 
egregi  S'  Don  Francisco  Ros  v  Ros  compte  de  Sant-Faliu, 
S"  de]  iioch  de  Serrallonga  v  de  Cabrenvs,  encontinent  les 
présents  vistes  y  de  nostre  oart  rebudas  publicareu  eo  publicar 
fareu  per  los  ilochs  acostumats  de  aqueix  lloch  de  Serrallonga 
la  crida  y  preenitiatio  devail  scrita,  de  la  publicatio  de  laquai 
nos  certificareu  al  dors  de  les  présentes  affique  en  es  devenidor 
aparega  : 

«  Ara  oyau  tothom  généralement  queus  notifican  y  fan  saber 
de  part  del  magnifich  Joseph  Seiva  y  Rey,  doctor  en  quiscun  dret 
y  burgès  honrat  y  matriculat  de  la  présent  vila  de  Perpinya, 
jutge  ordinari  de  la  Cort  del  batlle  del  Iioch  de  Serrallonga  y  de 
Cabrenys,  per  provisio  verbal  per  ell  fêta  instant  y  requirint  la 
egregia  S"  Dona  josepha  Ros  y  de  Sorribes,  viuda  relicta  de] 
egregi  S'  Don  Francisco  Ros  y  Ros,  compte  de  Sant-Faliu, 
senvora  de  dit  Iioch  de  Serrallongua  —  que  ninguna  persona  de 
qualsevoi  estât,  grau  o  conditio  que  sia  no  gose  ni  presumesca 
traurer  ni  permetrer  quès  traga  ningun  gêner  de  fusta  tant  obrada 
com  sens  obrar  dçl  dit  lloch  y  termens  de  Serrallonga  y  terme 
de  Falgons,  ni  etiam  carbo  sens  pagar  primer  à  la  dita  S"  lo  dret 
acostumat,  ço  es  :  los  habitants  de  dit  lloch  mitg  real  plata  y  los 
estrancrers  un  real,  sots  la  pena  de  deu  lliures  moneda  de  Per- 
penya  de  plata  y  altres  penas  à  dita  S"  vistas  aplicadoras  à  dispo- 
sitio  de  dita  egregia  S'\ 

«  Item  axibe  que  ninguna  persona  tant  dels  habitants  com  dels 
forasters  de  dit  lloch  de  Serrallonga  puga  fer  delmar  lo  delme  de 
la  S'*  de  dit  lloch  per  ninguna  altre  persona  sino  per  lo  delmer  o 
arrendador  de  dita  egregia  S"  comptessa  çots  la  mateixa  pena 
aplicadora  com  ait  esta  dit. 

«  Item  axibe  que  ninguna  persona  de  dit  lloch  y  termens  de 
Serrallonga  y  Falgons  gose  ni  presumesca  traurer  la  llenya  de  dits 
termens  que  primer  no  sia  delmada  per  dits  delmers  o  arrenda- 
dors  sots  la  mateixa  pena  aplicadora  com  ait  esta  dit. 

«  Item  axibe  que  tots  los  proprietaris  tant  de  dit  lloch  y  ter- 
mens de  Serrallonga  com  de  Falgons  agen  y  degan  tenir  condrets 
los  camins  de  llurs  terras  y  proprietats  affique  lo  bestiar  carregat 
puga  passar  librament  çots  la  mateixa  pena  de  deu  lliures  de  dita 
moneda  aplicadora  per  dita  egregia  S"  com  ait  esta  dit. 


—   '74  — 

K  Item  y  finalment  que  qualsevol  persona  que  voldra  tenir  bes- 
tiar  forester,  tant  gros  com  menut,  en  dit  terme  de  Serrallonga  y 
Faloons  sera  obligada  dins  très  dies  de  nuntiar  lo  dit  bestiar  al 
batlle  o  consols  de  dit  lloch  y  al  arrendador  de  dita  egregia  S'% 
affi  de  tenirne  notitia  per  y  cobrar  lo  dret  se  deu  pagar,  com  es 
un  real  v  mitg  plata  per  cent  de  bestiar  menut  y  altre  real  y  mitg 
de  deu  en  deu  de  bestiar  bobiner  que  se  acostuma  à  pagar  à  la 
obra  de  la  iglesia  de  dit  lloch,  ultra  lo  delme,  çots  la  mateixa 
pena  de  deu  lliures  plata  per  quiscun  y  quiscuna  vegada  sera  tro- 
bat  fer  lo  contrari  aplicadora  com  ait  esta  dit  ». 

Le  fils  de  François  de  Ros  et  de  josèphe  de  Ros  de  Sorribes, 
appelé  Jean  de  7{os,  épouse  Marie  de  Margarit.  11  meurt  en   1719. 

Le  comte  Jean-Baptiste  de  7{os,   fils   et   successeur   de   Jean   de 
Ros,  unit  ses  destinées  à  celles  de  Marie  de  Banyuls. 

Mbdoji-Sennen  de  7{os,  second  fils  du  comte  Jean-Baptiste,  part 
pour  l'exil  (1792)  avec  son  épouse  Henriette. 

JJJ.  —  Le  château  de  Serralongue 

Ce  château,  il  faut  le  voir  dans  les  ruines  qui  existent  sur  la 
rive  gauche  du  ruisseau  de  Galdaras,  sous  le  village  de  Serralongue. 
J'ai  visité  ces  ruines,  et  j'ai  constaté  l'existence  de  murs  très 
anciens.  Dès  lors,  ce  château  peut  bien  remonter  au  xiv'  siècle. 
La  terrasse,  construite  en  briques  rouges,  qui  regarde  l'ancien 
château  de  Cabrenç,  est  plus  récente  et  a  été  ajoutée  à  la  pre- 
mière bâtisse.  Du  côté  du  midi,  la  distance  qui  existait  entre  le 
sol  et  les  fenêtres  était  assez  élevée  pour  offrir  une  garantie  con- 
tre toute  attaque.  Sur  les  autres  points,  on  remarque  une  vaste 
cour  et  des  plates-formes  dont  les  murs  extérieurs  ont  pu  être 
démolis  :  les  fondements  apparaissent  encore.  Dans  ces  divers 
ouvrages,  il  est  facile  de  reconnaître  les  restes  d'une  enceinte 
fortifiée.  11  y  a  encore  l'emplacement  d'une  tour  qui  défendait 
l'entrée  de  ce  manoir  et  l'emplacement  de  la  chapelle.  Un  fer 
est  encore  fixé  à  l'angle  d'un  mur  ou  se  trouve  la  terrasse  :  c'est 
le  carcan,  paraît-il.  Ainsi,  le  criminel  arrivait  par  un  corridor 
qui  a  l'air  d'un  souterrain.  Parvenu  sur  le  bord,    un  bandeau  sur 


-  ,75- 

]es  yeux,  on  lui  passait  la  corde  autour  du  cou  ;  il  faisait  un  pas 
en  avant  et  demeurait  suspendu  dans  le  vide,  au-dessus  d'un 
gouffre  qui  existe  encore,  à  la  vue  des  spectateurs  assemblés  sur 
le  terrain  d'en  face  servant  de  glacis. 

Le  château  de  Serralongue  est  clairement  mentionné  dans  un 
inventaire  des  biens  de  Joseph  de  Sorribes,  commencé  à  Perpi- 
gnan le  20  décembre  1672  et  continué  à  Serralongue  le  23  jan- 
vier ibjS.  On  y  trouve,  dit  Alart  (1  ),  parmi  les  biens  immeubles: 
lo  cas  tell  lloch  y  terme  de  Serrallonga  de  Cabretiys  ab  iota  la  jitris- 
.lictio  civil  y  criminal  y  pertinencias  de  aquell.  Certainement  il  s'agit 
ici  de  l'ancien  château  de  Cabrenç  ;  mais  ce  manoir  n'était  pas 
habité  depuis  longtemps.  L'inventaire  du  mobilier  se  rapporte 
uniquement  au  château  construit  sous  le  village  de  Serralongue  : 
item  lo  caslell  de  ta  baronia  de  Cabrenys  y  casa  de  aquell  situai  en  lo 
terme  de  Serrallonga,  ab  son  quinla  y  demes  terras  à  dit  castell  conti- 
nuas, pou  de  glas,  etc.,  dins  laquai  casa  sa  ka  trobat,  etc.  L'inven- 
taire décrit  le  mobilier  des  diverses  pièces  de  la  dita  casa,  parmi 
.  esquelles  figurent  la  cuyna,  la  sala,  cambres  et  terrades,  lo  pastador, 
la  stable,  lo  celler  et  la  capella  dans  laquelle  se  trouve  un  quadro 
del  crucifixi  ab  sas  gradas,  una  figura  de  JNostra  Senyora  de  pedra 
marbra  ab  son  fill  al  bras,  ab  coronetas  de  plaia  cada  una  de  ditas 
figuras,  sis  quadros,  etc.,  Enfin,  on  trouve  dans  une  pièce  uns  ceps 
per  tenir  los  presoners... 

(^  suivre)  Joseph  Gibrat. 

1  I  Alart,  T^otices  historiques,  etc.,  11*  série,  pp.  200,  201. 

Ay!  vina  rossinyol 

Nit  de  guarda,  fusiJl  al  peu.  Del  dimoni  seu  fills  !  Callcu, 
Per  ait  s'aixeca  Niçaga  lletja  ! 

La  grossa  v  esoantosa  veu  Y  uue  també  s'acabi  arreu 
D'una  cabeca.  La  guerra  iretja. 

Dins  de  i'ombraun  aitrecrits'ou,  Fes-nos  ohir,  bon  rossiiiyoi, 
Qu'esquinxa  l'ayre  :  Ta  refilada, 

Lo  crit,  de  bestia  que  fa  pou,  De  !a  pau,  amb  ton  flaviol, 
Del  xot  guiscayre.  Canta  l'albada. 

[Tochs  de  guarra)  Horace  Chauvet. 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 


«^^^^  (SUITE) 


IDC.  "Le  régime  du  vin  en  J^oussiîton  du  xm'  au  xv'  siècle.  Ordonn/xnces  et  "Lettres 
patentes  des  rois  d'Aragon  et  de  Majorque  (  i  2  53- 1 405  j. 

§  1 .  Le  vin  en  T^oussillon 

Le  Roussillon  a  toujours  été  le  pays  de  la  vigne,  et,  si  les  tex- 
tes anciens  (])  ne  nous  ont  laissé  que  de  rares  documents  pouvant 
intéresser  à  ce  sujet  le  pays,  on  peut  affirmer  néanmoins  que  par 
la  constitution  de  son  sol  et  principalement  par  la  bienfaisante 
température  de  son  climat  tempéré,  le  Roussillon  a  toujours  été 
un  pays  essentiellement  viticole. 

Les  chartes  du  moyen  âge  l'attestent  hautement  :  les  premiers 
documents  qui  mentionnent  la  vigne  dans  le  pays  datent  du 
i5  avril  loo]  (a)  et  du  8  février  1006,  au  sujet  de  la  donation 
d'une  vigne  à  Mailloles,  confrontrant  de  quatre  côtés  des 
vignes  (3).  La  côte  roussillonnaise,  si  pittoresque,  de  Banyuls, 
occupée  jadis  par  de  vastes  massifs  forestiers,  avait  été  transfor- 
mée par  la  culture  de  la  vigne  qui  a  fini  par  envahir  tous  ces 
parages.  Le  8  des  ides  de  décembre  iSjy,  Bernard  de  Rebeda, 
donzelj,  partant  pour  des  contrées  lointaines,  nomme  un  procu- 
reur chargé  de  vendre  «  tout  le  vin  qu'il  possédait  à  Banyuls  et 
dans  son  territoire  ». 

Les  vignobles  étaient  nombreux  dans  le  pays.  Un  fait  singulier, 
mais  qui  a  été  déjà  constaté  ailleurs,  c'est  que  la  vigne  était  cul- 
tivée au  moyen  âge  dans  certaines  contrées  où  elle  a  disparu.  «  La 

f  1)  Voir  mon  étude,  La  Vigne  dans  {'Jlntiquité.  Edit.  Privât,   1916. 

(2)  Vente  d'une  vigne  sise  à  Mailloles  ;  les  confronts  sont  :  d'un  côté,  le 
cimetière,  des  autres  limites,  des  vignes.  (B.  3.J 

\})  Ibidem,  B.  4. 


—  '77  — 
viticulture  est   abandonnée    en    Cerdagne,    et    l'opinion    commune 
est  que  le  raisin  n'y  parviendrait  pas  à  maturité  (>)». 

En  1273  et  en  i3o3,  les  documents  relatent  des  concessions 
de  wanses  {1)  cerdans  pour  lesquels  le  preneur  payait  une  rede- 
vance en  vin  :  «  les  tenanciers,  dit  le  texte,  devaient  deux  setiers 
de  vin  (3)  ».  A  cette  époque  les  emblavures  occupaient  une  partie 
des  territoires  complantés  aujourd'hui  en  vignes  (4)  ;  il  y  avait  des 
communes  où  l'on  ne  récoltait  point  de  blé  :  en  revanche,  à  Col- 
lioure,  le  Capbreu  de  mars  i  •293  ne  signale  presque  exclusivement 
que  des  vignes  :  ce  cas  s'explique  aisément  par  le  mouvement 
commercial  de  cette  ville.  En  effet,  ailleurs,  la  difficulté  des  com- 
munications, les  douanes  intérieures  entravaient  singulièrement  la 
culture  intensive  des  terrains. 

Du  xiv'  au  xv'  siècle,  beaucoup  de  terrains  furent  défrichés  ;  on 
abattit  les  forêts  réservées  aux  chasses  royales  (devesa  real),  et  l'on 
planta  la  vigne  dans  les  terrains  arides.  Aux  environs  de  Perpi- 
gnan, les  jardiniers  devenaient  vignerons  :  le  5  mars  i'iS-j,  André 
de  Fenouillet,  vicomte  de  Canet,  vendait  à  Pierre  Vila,  physic, 
ou  médecin  de  Perpignan,  un  certain  nombre  de  tenures  sises  au 
terroir  de  Caste!  Roussillon,  et  sur  lesquelles  le  dit  Pierre  Vila 
(ou  ses  prédécesseurs)  percevait  déjà  l'usufruit  des  redevances  (5). 
Presque  toutes  ces  parcelles,  d'après  un  acte  vidimé,  représentent 
des  vignobles  ;  de  plus,  en  parcourant  le  Capbreu,  on  constatera 
que  la  majeure  partie  de  ces  terrains  était  cultivée  en  vigne  :  il  y 
avait  43  parcelles  en  vigne,  8  en  champ,  6  en  bois  ou  forêt,  5  en 
friche  (rupta).  La  grande  culture  de  la  vigne  se  dessinait  :  le  siècle 
suivant  voyait  s'entr'ouvrir  une  ère  encore  plus  prospère  pour  le 
vignoble  roussillonnais. 

(1  I  J.  Brutails,  Elude  sur  la  condition  des  popuLilions  rurales  en  J^oussillon, 
chap.  1  :  la  Culiure.  —  Il  n'existe  plus  que  quelques  treilles  à  Saillagouse, 
la  Tour  de  Carol,  qui  produisent  un  vin  très  léger. 

(21  Le  manse  {mansala,  mansada]  représentait  l'ensemble  dune  exploita- 
tion rurale. 

(3)  «  Duas  sesteras  vini  ». 

(41  Argelès,  Millas,  Saint-Laurent-de-la-Salanque.  Tautavel.  etc. 

(5  )  Voir  mon  étude  récente  :  La  Seigneurie  de  Casiel  T{oussillon,  Vidimus 
1364,  Capbreu  1359:  Senyorias  venudas  per  lo  vescompte  de  Canet  las 
quais  son  a  Castell  Rossello.   Edit.  Privât,  Toulouse,   191  7. 


A  la  fin  du  xiv'  siècle,  les  rares  documents  nous  disent  que  la 
vigne  avait  pris  un  nouvei  essor.  Le  donzell  Bernard  de  Cor- 
biach,  dernier  rejeton  d'une  des  plus  anciennes  familles  nobiliai- 
res du  Confient,  léguait  à  son  épouse  dona  Johanna,  dans  son  tes- 
tament du  4  février  1376,  quatre  saumafas  (charges)  de  vin  pur  el 
sencer,  et  à  sa  servante  quatre  saumafas  de  vin  miger. 

Vers  le  milieu  du  xv'  siècle,  la  vigne  avait  dû  atteindre  un 
développement  fort  important.  J'ai  signalé,  dans  une  autre  étude 
qui  concerne  Castell  Rossello  (j),  les  nombreux  terrains  plantés 
en  vigne  à  cette  époque  :  dans  l'unique  portion  de  terre  groupée 
autour  du  hameau  de  Castel  Roussillon,  et  qui  était  sous  la  directe 
du  seigneur  du  château,  le  chevalier  Guillaume  de  Perapertusa 
ou  d'Ortaffa,  il  y  avait  une  superficie  de  23o  hectares  environ, 
qui,  presque  tous,  étaient  complantés  en  vignes  (2). 

A  cette  époque,  d'après  les  actes  que  j'ai  transcrits,  on  peut 
affirmer  que  les  coteaux  (3)  seuls  étaient  plantés,  suivant  l'adage 
du  poète  latin.  On  ne  relève,  en  effet,  dans  le  texte  que  les  mots 
désignant  des  terrains  arides  ;  grava,  de  arenali,  coîiu,  coma,  al pug, 
cûsles,  etc.  ;  les  bonnes  terres  étaient  cultivées  en  jardins  :  la 
salanca  ;  orla  :  on  commençait  à  cette  époque  à  défricher  sérieu- 
sement les  terres  incultes,  aujourd'hui  si  fertiles,  les  anciennes 
forêts,  memora  cirogriUorum  (4),  aujourd'hui  nos  luxuriantes  Saian- 
ques. 

On  avait  donc  planté  les  collines  ou  les  terres  arides  à  l'exclu- 
sion des  terres  fertiles  destinées  au  blé,  aux  diverses  céréales. 

Plus  tard,  au  xvni"  siècle,  on  donna  trop  d'extension  aux  vigno- 
bles au  détriment  des  emblavures.  «  Sous  l'empire  de  ces  idées, 
dit  M.  Brutails  (5),  le  roi  défendit,  le  i5  juin  jy3i,  de  planter 
de  nouvelles  vignes  et  de  cultiver  celles  qui    étaient  abandonnées 

(i)  Capbreu  de  Castell  Rossello,  1453.  Castell  J{osseUo  au  Moyen  Age, 
introduction,  page  xi.  Edit.  Privât  1916. 

(2)  J'ai  transcrit  d'après  le   Capbreu  et  suivant  les  actes   de   1451-1456, 
i3j  reconnaissances  faites  par  les  divers  tenanciers,  presque  toutes  concer- 
nant des  terres  en  vignes. 
^3)  Viti/amat  colles. 

(4)  Voir  mon  étude  Les  moulins  de  Castell  J^ossello.  appendice,  page  180. 

(5)  J.  Brutails,  Ilotes  sur  l'économie  rurale  du  J{ousstllon,  1889,  chap.  11  : 
Extraits  des  fonds  de  l'Intendance  du  Roussillon.  (Arch.  départ.  C.   1072.  ) 


depuis  deux  ans,  sauf  permission  royale  qui  devait  être  précédée 
d'une  enquère  et  d'un  rapport  constatant  que  ie  terrain  était  par- 
ticulièrement favorable  à  ce  genre  de  cultures...  »  En  décembre 
lyS],  l'intendant  proposait  d'appliquer  sévèrement  les  règlements 
en  ce  qui  concernait  les  fonds  fertiles,  et  d'encourager  ia  culture 
des  vignes  dans  les  terres  d'ailleurs  improductives...  L'intendant 
sacrifiait  les  vignobles  établis  dans  les  terroirs  gras  et  humides... 
Les  vins  que  donnaient  ces  terrains  étaient  épais,  faibles  et  se 
conservaient  mal  (i).  L'intendant  avait  prescrit,  en  ijSS,  d'arra- 
cher les  vignes  plantées  sans  son  autorisation  ;  en  ijSj,  on  détrui- 
sit les  vignes  rétablies  iJlicitement  dans  de  bonnes  terres. 

A  cette  époque,  l'élévation  des  droits  d'exportation  arrêta  long- 
temps l'essor  de  la  viticulture  roussillonnaise. 

Mais  libérée  des  entraves  qui  la  resserraient,  la  vigne  a  con- 
quis les  plus  beaux  territoires  ;  elle  couvre  aujourd'hui  de  sa  luxu- 
riante frondaison  la  plus  grande  partie  du  Roussillon  :  on  peut 
dire  que  notre  département,  après  ceux  de  l'Hérault,  de  l'Aude 
et  du  Gard,  est  un  des  plus  riches  et  des  plus  oroductifs  de  la 
France  entière. 

Nous  allons  voir,  dans  des  pièces  authentiques,  que  le  vin  était 
déjà,  au  xiu'  siècle,  l'objet  des  règlements  les  plus  équitables,  de 
la  part  de  l'administration  consulaire  En  nous  reportant  à  quel- 
ques siècles  en  arrière,  nous  constaterons  avec  quelle  prévoyance 
les  consuls  avaient  envisagé  les  difficultés  qui  pouvaient  survenir, 
pour  ie  commerce,  à  la  suite  de  la  pénurie  ou  d'une  trop  grande 
récolte  de  vin  en  Roussillon. 


5  2.  Ordonnances  ef  Lettres  patentes 
de  Jacques  J^,  roi  de  Majorque,  er  de  Pierre  IV,  roi  d'Jlragon 

Commençons  par  Collioure,  renommé  par  ses  trois  ports  (port 
d'amont,  d'avali  et  Port-Vendres)  et  par  les  qualités  supérieures 
de  son  cru. 

Le  roi  d'Aragon  se  trouvant  à  Perpignan  le  ignovembre  \iSZ, 
«  accordait    aux    habitants    de    Collioure    un    privilège,     souvent 


Arch,  départ.,  C.    1072. 


—    i8o  — 

renouvelé  en  faveur  de  diverses  villes,  et  qui,  d'après  les  idées 
économiques  alors  admises  partout,  devait  favoriser  la  production 
locale  en  forçant  la  consommation  des  produits  sur  place  et  en 
interdisant  rigoureusement  l'importation  des  produits  étran- 
gers (i))).  11  était  interdit  d'apporter  à  Collioure,  par  terre  ou 
par  mer,  aucun  vin  étranger  récolté  ou  fabriqué  au  dehors  ;  de 
le  vendre  ou  de  le  garder,  à  moins  qu'il  n'ait  été  vendangé  par 
un  propriétaire  de  Collioure,  en  dehors  de  son  territoire  (2). 

11  était  même  défendu  à  tout  marin  de  Collioure  ou  même  à 
tout  étranger  qui  aurait  voulu  charger  du  vin  étranger  sur  son 
navire,  d'en  faire  le  chargement  dans  un  des  ports  (lo  port  ho 
ports)  de  cette  ville  ni  sur  aucun  lieu  de  son  territoire. 

Les  habitants  de  Collioure  lésés  demandèrent  l'abrogation  de 
cet  édit. 

Les  Corts  Catalanes  ne  s'occupaient  pas  seulement  des  intérêts 
du  roi,  de  l'Eglise  et  des  barons;  les  villes  royales  y  présentaient 
aussi  leurs  ariefs,  et  la  ville  de  Collioure  fit  redresser  aux  Corts 
de  Lérida  le  malencontreux  privilège  qu'elle  avait  sollicité  et 
obtenu  en  i253.  Quatre  ans  plus  tard,  tout  en  maintenant  la 
défense  de  vendre  du  vin  étranger  dans  la  ville  de  Collioure,  le 
roi  (3)  permettait  aux  habitants  de  charger  du  vin  dans"  ses  ports 
pour  l'exporter  en  quelque  part  que  ce  fût,  comme  aussi  d'y 
apporter  du  vin  étranger,  mais  seulement  pour  leur  propre  con- 
sommation «  atorgam...  que  puschats  franchament  portar  e  fer 
portar  vin  a  Cochliure  de  totes  altres  parts  e  lochs,  a  us  solament 
vostre  e  de  vostre  companya,  axi  empero  que  '1  vin  aqui  en 
neguna  manera  no  sia  venut...  (4)  » 

Quelques  années  plus  tard,    dans   l'intérêt   du  commerce  et   de 

(1  )  Ai.ART,  Privilèges  et  titres,  p.  206  :  Aquest  es  lo  priviletge  de  la  fran- 
quesa  del  vi  atorgada,  de  no  entrar  vin  a  Cochliure  (traduction  catalane  faite 
en  i36o). 

(2)  Que  alcuna  persona  estranya  no  puscha  en  Cochliure  aportar  mètre 
ne  descarreguar  per  mar  o  per  terra  vin  estrany...  (  Arch.  Com.  de  Col- 
lioure. Cart.  Cat.,  P  2.) 

(3)  Ordonnance  du  roi  Jacques  d'Aragon  (  iiSy,  nones  de  mai)  daté  de 
Lerida.  (Traduction  catalane  de  i36oi. 

(4)  La  traduction  catalane  de  ce  texte  a  été  reproduite  par  Alart  :  Privi- 
lèges et  coutumes.  (Extrait  des  Arch.  çomm.  de  Collioure.) 


—   i8i    - 

la  commune,  ces  règlements  étaient  modifies.  En  1299,  Jacques  1", 
roi  de  Majorque,  sur  les  instances  des  consuls  et  prud  hommes 
de  la  ville  de  Perpignan,  interdisait,  par  lettres  patentes,  à  tout 
étranaer  d'introduire,  oar  terre  ou  car  mer,  du  vin  sur  le  terri- 
toire  du  Roussillon,  du  Vallespir  et  du  Confient,  et  de  vendre 
également  dans  la  ville  de  Perpignan  et  aux  environs,  dans  un 
rayon  limité  par  le  Vernet,  les  villas  de  Malloles,  de  Bajoles,  et 
la  maison  du  Temple  du  mas  de  la  Garrigue,  du  vin  qui  n'aurait 
pas  été  fabriqué  dans  la  dite  ville  ;  cependant  il  tolérait  ia  vente 
des  raisins  et  de  la  vendange  provenant  des  places  fortes,  villages 
et  autres  localités  du  Roussillon  et  du  Vallespir  (i). 

Mais  ce  régime  avait  été  jugé  trop  sévère  :  aussi,  un  siècle  plus 
tard  environ,  Pierre  IV,  roi  d'Aragon,  par  lettres  patentes  (2),  modi- 
fiait le  régime  de  l'importation   des  vins  étrangers  en  Roussillon. 

Le  j"  octobre  iBjS,  Bérenger  de  Cabestany,  licencié  ès-lois, 
délégué  par  les  consuls  et  les  prud'hommes  de  la  ville  de  Perpi- 
gnan, déclarait  que  la  pénurie  de  raisins,  et,  par  suite,  du  vin, 
causait  un  grand  préjudice  aux  habitants  de  Perpignan  ;  il  recon- 
naissait que,  dans  l'occurence,  il  était  nécessaire  de  modifier  l'an- 
cien privilège  de  1299  :  Quod  viniim  quod  milatur  extmnetim  in  ier- 
ris  Upssilionis,  Vallespirii  el  Confluenlis  ac  in  villa  Perpiniani  solvan- 
tur  X  soliJi  pro  qualibel  saumaia. 

En  effet,  une  nouvelle  ordonnance  autorisait  tout  étranger  à 
importer  en  Roussillon  du  vin,  à  la  condition  de  payer,  pour 
l'introduction  de  ce  vin,  un  droit  de  dix  sous  par  charge  (sauma- 
ra)  ;  de  plus,  il  était  permis,  pendant  les  mois  d'octobre  et  de 
novembre,  a  tout  individu,  d'expédier  en  toute  franchise,  et  sans 
payer  un  droit  quelconque,  dès  l'année  même,  du  vin  nouveau  ou 
du  moûr  ;  on  pouvait  également  apporter  dans  ia  ville  les  raisins 
et  la  vendange  :  ia  moitié  de  cet  impôt  serait  perçu  par  le  Trésor 
et  l'autre  moitié  par  la  commune  (3)  de  Perpignan. 

I  1)  Perpignan,  17  novembre  129g.  Arch.  comm.  de  Perpignan.  AA.  5, 
livre  vert  mineur,  f'  Scf.  Lettres  patentes  de  Jacques  I"  (appendice,  ^  xxn, 
'par.    I  ). 

(  2  )  Ibidem,  P  253  v°,  254.  Lettres  patentes  de  Pierre  IV,  roi  d'Aragon.  Je 
reproduis  à  l'appendice  le  document  en  latin,  in  extenso   xxn.  par.  2  ). 

(3)  Je  dis  commune  (le  texte  porte  universitas  )  ;  la  charte  de  fondation  de 
la  commune  date  de  i  197. 


—   j82   — 

A  cet  effet,  le  26  juillet  1374  (1),  le  roi  Pierre  IV  nommait 
des  gardes  chargés,  sur  l'avis  des  consuls  et  des  prohomens,  d'exi- 
ger et  de  percevoir  des  droits  et,  au  besoin,  de  poursuivre  les 
délinquants  :  Los  consols  poden  elegir  e  mètre  gardes  per  gardar 
la  pena  et  dret  de)  privilegi  de  la  inhibitio  del  vi. 

Un  mois  plus  tard,  le  22  août  1374,  le  roi,  par  lettres  paten- 
tes (2),  et  sur  la  demande  des  prohomens  et  des  consuls,  donnait 
le  pouvoir  à  ceux-ci  de  suspendre,  faire  cesser  et  lever  le  privi- 
lège, d'imposer  à  nouveau  le  vin,  faire  les  publications  toutes 
les  fois  qu'ils  le  jugeront  utile,  nécessaire  et  opportun  et  d'au- 
toriser dans  les  mêmes  conditions  l'introduction  du  vin  étranger 
quelle  qu'en  soit  la  provenance,  ainsi  que  la  vente  dans  la  ville 
même. 

Le  0  septembre  i  387  (3),  le  roi  Jean  1"  confirmait  le  privilège 
concernant  l'importation  du  vin,  de  la  vendange  ou  du  moût,  et 
accordait  aux  consuls  et  aux  prohomens  le  pouvoir  d'empêcher, 
même  pour  les  deux  mois  d'octobre  et  de  novembre,  toute  im- 
portation de  vin  étranger,  de  vin  nouveau  ou  moût  et  de  vin 
vieux,  s'il  n'avait  pas  été  récolté  dans  les  terres  du  Roussillon. 
Les  consuls  avaient  également  le  pouvoir  de  lever  et  de  suspen- 
dre ces  arrêts,  ou  de  les  mettre  en  vigueur  suivant  les  circons- 
tances :  en  somme,  ils  pouvaient  empêcher  ou  autoriser  l'introduc- 
tion  du  vin  dans  le  pays. 

Le  2  avril  1405,  le  roi  Martin  maintenait  en  vigueur  les  lettres 
patentes  de  Pierre  IV,  qui  autorisaient  les  consuls  de  Perpignan 
à  lever  ou  appliquer,   selon   les  circonstances,   les  droits  de   l'en- 

(1  I  Lettres  patentes  de  Pierre  IV,  concernant  la  nomination  des  gardes 
charges  de  pet  cevoir  les  droits  exigés  sur  les  vins  importés  en  Roussillon. 
Voir  appendice,  xxri,  par.  3. 

(2)  Lettres  patentes  de  Pierre  IV,  roi  d'Aragon,  concernant  le  pouvoir 
des  consuls  de  Perpignan  de  modifier  le  régime  de  l'importation  des  vins. 
[Quod  Ccnsuks  ville  Perpiniani  possint  tosciens  quosciens  eis  videbitur  pri- 
vilegium  inhibitionis  vini  suspendere,  cessare  et  totaliter  levare,  ac  iterum 
Ipsum  de  novo  imponere  et  publicare.J  Barcelone,  22  août  1374.  (Arch. 
comm.  de  Perpignan,  AA.  3,  livre  vert  mineur,  f°  256.)  Reproduit  à  l'appen- 
dice, §  xxii,  parag.  4. 

(3)  Lettres  patentes  de  Jean  1",  roi  d'Aragon,  concernant  l'entrée  du  vin 
et  de  la  vendange  à  Perpignan,  9  septembre  i3Sy.  [Privilegi  de  la  inhibicio 
del  most  o  vi   novelL]  fJbiciem,  f'  3oo  v".j  Voir  appendice,  §  xxii,  parag.  5. 


—   i83  — 

trce  des  vins  à  Perpignan  :   en  cas  d'inobservation   de   ces  regie- 
menrs,  amende  de  deux  mille  florins  d'or. 

Ces  lettres  sont  datées  de  Barcelone  (i)  et  confirment  le  dit 
privilège  relatif  aux  droits  sur  les  vins  :  «  Confirmacio  del  privi- 
legi  del  vi  que  Is  honrats  consols  e  1'  conseil  de, la  vila  de  Per- 
pcnya  o  la  major  part  daquells  pusquen  fer  metrc  vi  dins  la  dita 
vila  ab  aquella  intrada  que  'Is  parrâ  ». 

On  peut  constater,  par  ces  documents,  que  le  régime  du  vin  en 
Roussillon  avait  été  de  tout  temps,  et  principalement  au  xiv'  siè- 
cle, l'objet  des  règlements  les  plus  sévères  et  les  plus  motivés. 
Un  orivilège  de  i3ii  faisait  aux  consuls  une  loi  de  réviser  cha- 
que  année  les  ordonnances  (2),  de  réformer  celles  qui  étaient 
défectueuses  et  inutiles  et  de  les  remplacer  par  des  règlements 
plus  sensés  et  appropriés  aux  circonstances. 

De  même  que  les  consuls  avaient  le  droit  de  prohiber  la  sortie 
des  grains  et  des  farines  de  la  ville  de  Perpignan,  tant  que  la 
consommation  de  plusieurs  mois  n'était  pas  assurée  (3),  de  même 
ces  documents  nous  ont  appris  que  les  mêmes  consuls  pouvaient 
s'opposer  à  ce  que  le  gouverneur  autorisât  l'exportation  du  vin 
hors  du  comté  de  Roussillon  dans  les  temps  de  pénurie  (4),  ou 
défendît  l'importation  dans  le  cas  contraire. 

Disons,  en  passant,  que  les  débits  de  vins,  la  police  des  caba- 
rets (5)  qui  sont  aujourd'hui  l'objet  d'une  surveillance  rigoureuse, 
avaient  déjd  donné  lieu,  à  cette  époque,  à  une  infinité  d'ordon- 
nances fondées  sur  de  sages  prévisions. 

Ainsi  l'intérêt  de  la  cité,  comme  celui  de  la  propriété,  avait  créé 
des   règlements    dont    plusieurs    siècles    attestent    l'ancienneté    et 

(  i)  Datum  Barchinone,  2  avril  1405.  Arch.  corn,  de  Perpignan.  AA.  3. 
livre  vert  mineur,  f"  328-3:9.  Reproduit  à  l'appendice.  Voir  §  xxii,  par.  fa. 

(2  I  Une  ordonnance  consulaire  proclamait  que  les  règlements  faits  par  les 
hommes  des  difFérentes  corporations  ne  seraient  exécutoires  qu'avec  le  con- 
sentement des  consuls. 

(3)  Arch.  comm.,  livre  vert  majeur,  f"  2i5. 

(4)  Ces  ordonnances  avaient  été  édictées  pour  le  transport  du  poisson  hors 
des  comtés  du  Roussillon.  (Livre  vert  majeur,  225.)  Conf.  ordonnances 
relatives  au  Marché  de  la  poissonnerie,  pages  i3,  27,  3i-35. 

(  5  I  Livre  vert  majeur,  1  3 1 . 


—  184  — 

que  son  utilité  a  conservés  dans  ses  principes  jusqu'aux  derniers 
temps  où  ont  été  édictées  les  différentes  lois  actuelles  concernant 
la  circulation,  la  vente  et  la  consommation  du  vin,  lois  souvent 
passionnément  discutées,  prorogées  ou  modifiées  suivant  les  événe- 
ments et  les  circonstances  qui  les  entourent. 

(A  suivre)  Henry  Aragon. 

L'abella  d'or 


f 


L'abella  brunz,  que  '1  Maig  desclou  les  roses 
y  torna  '1  temps  de  fullejar  Virgili  ; 
un  gran  amor  encen  totes  les  coses, 
hi  hà  en  cada  sér  la  forsa  d'un  idili. 

L'abella  té  fet  un  desitx  de  flayre, 
desitx  d'adoraciô,  desitx  de  vida, 
per  x6  vaga  pels  camps  tan  rondinayre 
fins  que  troba  '1  repos  d'una  florida. 

Que  després  quan  el  fret  truqui  a  la  porta, 
oh  1  quin  esglay  !  l'abella  caurà  morta 
dexantnos  un  trésor  de  cera  y  mel. 

La  mel  tota  perfums  per  l'estimada  : 
la  cera  no  !  té  un  avre  de  sagrada  : 
que  's  fongui  espurnejant  cami  del  cel  ! 

joan-Maria  Guasch, 
Mestre  en  Gay  Saber. 


'\'W^ 


Quelques  noms  de  piaules  ^  synonymes 

Catalans-Français  ^  Français-Catalans 

^e^Si?--  (SUITE) 


iva,  ivefte.   —  mirambell,  herba  flatera. 
ivreta.  —  voir  aladern. 


jaSSenii,  jasmin.  —  gessami,  Hassemi,  englantina. 

»  de  borro.  —  voir  vidiella. 

jonc,  jonc.  —  aldisia. 
jonsa  (et  junsa),  souchet.  —  castanyola. 
jOnCOSa,  aphyllante. 

jordô,  framboise.  —  gers,  mora  de  sant  Johan. 
julivert,  persil.  —  givert. 
juli,  ivraie.  —  margall,  zizania. 
jUSbarba.  —  voir  bruc 
jUVCnal,  bouillon  blanc,  moléne.  —  blenera-candelera,  candelera. 

L 

lilà,  nias. 

llaCSÔ  (et  lieCSÔ).  —  voir  Uetissô. 
»        d'ase.  —  voir  masteguera. 
lladern.  —  voir  aladern. 
lladoner,  micocoulier. 
llampadona.  —  voir  llentiscle. 
llamponi  (et  llampudul).  —  voir  ebutiscla. 
Uengua  de  bou,  buglosse.  —  buglosa.  —  (et  aussi  patience.) 

»         de  Cà,  cynoglosse. 

)■>        de  Cervo,  scolopendre.  — herba  melsera,  herba  de  la  melsa. 

»         de  llebra,  vipérine.   —  alcansa. 

»         de  vaca,  consoude.  —  consolda,  herba  puntera. 

»         rodona-  —  voir  adzari. 
ilentia,  lentille.  —  nantilla. 


—   i86  — 

Hentiscle   (et   Uentrisca),   knlisque,    téréhinlhe.   —  mata,   mata   de 

cabrit,  festuc,  cornicabra,  Uampadona.  (Voir  aussi  Ditja.) 
llensana,  gentiane.  —  gensana. 

lleparassa  (et  llepassa,  UepaSSera),  bardane.  —  repalassa,  gafets. 
lleSSami.  —  voir  jassemi. 

lietisSÔ  (et  lletsô),  laiteron.  — llacsé,  llecsô,  herba  lletera,  lleterola. 
lletresa  (et  lletatresa),  euphorbe.  —  caga-moixa,  caVmuixa,  croca, 

mal  d'ulls,  tarrec. 
UetUga,  laitue.  —  enciam. 
Ili,  lin. 

IIiga=bOSC.  —  voir  mareselva. 
Ilimoner,  citronnier. 
IlipOter.  —  voir  arbosser. 

lliri  blanc  (et  llir),  Us-  —  lliri  de  sant  Antoni,  grexo). 
»      blau,  iris.  —  bruyol. 

»      de  blat,  glaïeul  des  moissons.  —  conte)  1  vermeil. 
»     groc,  iris  faux  acore.  —  ribaner,  contell  grec. 
»      morat  (et  lliri  de  boSC),  Us  martagon.  —  marcoris,  marcolic. 
llistô,  brachypode. 
Uitja,  genêt-leniisque. 
Ilorer,  laurier. 

))         bort,  laurier-lin,  viorne.  —  marfu'll. 

»         real,  laurier  cerise.  —  ilaurer-cirerer. 

»         rOSa,  laurier-rose.  —  baladre. 
llovins,  lupin.  —  llubins,  llohissos,  lluhissos,  tramussos. 
llufa,  lycoperdon.  —  pet  de  Hop. 
lluhisSOS  (et  llohissos).  —  voir  llovins. 
llums.  —  voir  caps  blaus. 
Uupol  (et  lupol).  —  voir  vidaula.  {^  suivre) 

'^J^    ^^^,?r'4in.    ^<r:^4êin    =»>rSr7V««    '^rjr'étn.    '=^J?*éèn    '^^is^éên.    '=^rSr'étn 

ECHOS 

Association  Régionaliste  du  Languedoc  Méditerranéen 

Les   nécessités   de   l'organisation  régionale,   reconnues   presque 
officiellement  aujourd'hui,  ont  amené  la  création  dans  notre  con- 


-    .8;   - 

trée  de  l'Association  Régionale  du  Languedoc  Méditerranéen, 
englobant  dans  son  action  les  départements  du  Gard,  de  l'Hérault, 
de  l'Aude,  des  Pyrénées-Orientales,  de  la  Lozère  et  de  i'Avevron. 
Notre  ex-secrétaire  général  et  précieux  collaborateur  de  tous 
les  instants,  M.  Jean  Amade  et  nos  confrères  Carcassonne  de 
la  Société  d'Etudes  Catalanes,  et  Mengel  ont  été  nommés  mem- 
bres du  Conseil  d'administration    provisoire,  pour  le  Roussillon. 

Une  visite  à  la  maison  du  Maréchal  Jofre 

Une  délégation  de  hautes  personnalités  Sud-Américaines  est 
venue  visiter,  il  y  a  quelques  jours,  la  maison  natale  de  notre  illus- 
tre compatriote.  Elle  s'est  ensuite  rendue  à  Vernet-les-Bains  où 
une  imposante  manifestation  artistique  était  organisée  avec  le  con- 
cours de  nos  meilleurs  artistes  roussillonnais,  les  sœurs  Comès, 
MM.  Charpentier,  D.  de  Sévérac,  etc. 

Un  lunch  a  été  offert  a  nos  hôtes  estimés,  à  l'abbaye  de  Saint- 
Martin  du  Canigou,  par  Mgr  de  Carsalade  du  Pont,  évèque  de 
Perpignan. 

La  T^evue  Catalane  était  représentée  par  P.  Francis  qui  a  lu  un 
poème  de  bienvenue. 

Une  distinction  méritée 

Le  Gouvernement  vient  de  décerner  à  M.  l'abbé  Caseponce, 
de  la  Société  d'Etudes  Catalanes,  notre  collaborateur  de  la  pre- 
mière heure,  la  médaille  de  la  Reconnaissance  Nationale  pour  sa 
propagande  en  faveur  de  la  France  et  la  brillante  part  qu'il  prit 
à  l'organisation  de  la  manifestation  francophile  des  intellectuels 
Catalans,  les   i  3  et  14  février   1916,  à  Perpignan. 

la  Renaissance  Catalane  ^  le  Régionalisme 

Nous  devons  louer  sans  réserve  notre  jeune  confrère  La  "Renais- 
sance Catalane,  que  dirige  l'ami  Albert  Janicot,  pour  sa  belle  cam- 
pagne régionaliste,  à  laquelle   nous  nous  associons  de  tout  cœur. 

L'idée  régionaliste  à  laquelle  nous  avons  toujours  été  fidèles 
est  plus  que  jamais  à  l'ordre  du  jour  et  la  T{evue  Catalane  ne  man- 
quera pas  de  s'intéresser  à  toutes  les  initiatives  qui  voudront  par- 
ticiper à  cette  œuvre  de  rénovation  patriotique. 


—   i88  — 
Notable  invent  d'un  català  :  La  cinta  fonogràfica 

El  distingit  redactor  de!  diari  £/  "Pla  de  Bages,  de  Manresa,  ha 
inventât  un  medi  de  suplir  els  discos  fonogràfichs  amb  cintes  de 
gran  flexibilitat  y  de  llargaria  indefinida,  de  tal  manera  que  se 
podrà  reproduit  tota  una  ôpera,  tota  una  conferencia  per  llargues 
que  siguîn. 

Si  l'invent  es  verdaderament  pratich,  com  s'ha  de  creure, 
donarà  un  impuis  sens  igual  a  la  ciencia  de  reproducciô  dels  sons, 
y  als  estudis  fonètichs. 

LIVRES  ^  REVUES 

L'Instant  (12,  rue  Boucicaut,  Paris) 

Cette  intrépide  revue  franco-catalane,  au  programme  nettement 
francophile,  obtient  le  plus  grand  succès  dans  les  milieux  littérai- 
res où  elle  représente  la  nouvelle  école  artistique  catalafte. 

Son  directeur,  M.  Perez-Jorba,  a  su  grouper  un  noyau  de  col- 
laborateurs qui  donnent  à  son  organe  un  cachet  nouveau  siècle, 
plein  d'originalité. 

Sommaire  du   n°  1  :    Un   grand  artiste  catalan  :  J.-M.   Sert,   par   Litus. 

—  Photographie,  par  G.  Apollinaire.  — -  Descente,  P.  Reverdy.  —  La 
Mortalia,   J.   Capdevila   Rovira.  —  Elegia  de  Guerra,  M.  Giral  d'Arquer. 

—  Passeig,  R.  Tobella.  —  Les  figues  seques,  Caries  Grando.  —  Horizon, 
Philippe  Souppault.  —  Avant  le  jour,  G.  Gabory.  —  Expositions.  —  Les 
Livres,  J.  Perez-Jorba.  —  Revues  et  Journaux. 

Messidor 

Le  n°  10  de  l'intéressante  revue  «  Messidor  »  contient  le  sommaire  suivant  : 
Las  razones  de  la  guerra,  per  Paul  M.  TurulJ.  —  «  Thee  Free  Religious 
Movement  »,  per  Walter  Walsh.  —  The  Making  of  the  future  ^Lz  Cons- 
trucciô  de  l'avenir  j,  per  Patrick  Geddes.  —  Respostes  a  l'enquesta  de  «  Mes- 
sidor »  :  del  Sr  Frédéric  Rahola,  senador  ;  d'En  Salvador  Albert,  diputat  a 
Corts  per  La  Bisbal  ;  de  M.  Paul  Otlet,  Secrétaire  général  de  l'Union  des 
associations  internationales  de  Bruxelles,  publiciste  célèbre,  apôtre  de  J'in- 
ternationalisme,  i  de  M.  Joseph  Rivière,  directeur  de  «  Soi-Même  »  de  Paris. 

—  La  Obra  Cervantina  y  Barcelona,  per  Baldomero  Villegas.  —  Teixeira 
de  Pascoaes,  per  T.  —  Vers  el  Teatre  Futurista,  per  Onofre  Parés.  — 
Poesia  catalana  nunista,  i  Poemas  de  la  Guerra,  de  J.  Perez-Jorba.  —  Poe- 
sia  Armenia,  per  Hrand  Nazariantz.  —  Cronica  international.  —  Crônica 
régional.  —  Bibliografia. 

Le  Gérant,  COMET.  —  Imprimerie  Catalane,  COMET,  ru«  de  )a  Poste,  Perpignan 


i 


12-  Année.  N'  143  15  Septembre  1918 

Les   Manuscrits  non  insérés 
ne  son;  pas  rendue. 


REVUE 


Les  Articles   oarus  aans  ia  Revus  M^    ^k    ^^^    J^    T         J^    f^|  ^^ 

n'engagent  que  leurs  auteurs.  ^o^A    Wk    Jl    A    WkMt^A    AÂ^Ai^ 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  10  fr.  par  an 

PASTORAL 

A  l'hora  dcl  sol  Cara  y  pit  aval) 
quan  brunzen  les  mosques,        la  suhor  li  brolla, 

quan  los  cigalots  li  sagnen  els  peus 

la  bosquina  axordcn,  punxats  de  gatoses. 

y  al  cor  del  ubach  Ab  els  ulls  mig  cluchs 

les  cabres  reposen,  guayta  a  la  rodona, 

badalla  '1  pastor  burineja  un  cant 

a  l'ombra  d'un  roure.  sens  obrir  la  boca. 

Y  '1  soi  fa  son  curs 
tôt  filant  les  hores, 
y  '1  pastor  s'adorm 
sens  pena  ni  joya 
sens  may  sospitar 
que  '1  mon  dongui  voltes 
y  que,  mentrestant, 
l'envegin  tants  homes, 
tants  homes  môlt  richs, 
môlt  sàbis,  môlt  nobles  ! 

Apeles  Mestres- 

(i)  Del  nou  llibre  Tardantes,  lluslraciô  Caiaîana,  1918. 


La  seigneurie  ^  h  paroisse  de  Serralongue 

'^r^^Xî  {SUITE) 

Le  château  de  Serralongue  était  distinct  du  château  de  Cabrenç. 
Divers  documents  le  prouvent. 

Dans  la  liste  des  personnes  qui  se  confessèrent  et  commu- 
nièrent en  1 597  figure  la  S"  Dona  Leonor  de  Rocaberti  de 
Peguera.  Le  22  mai  1608,  l'illustrissima  S''  Dona  Eularia  de 
Peguera  est  marraine  d'une  fille  de  Jean  Llensa.  Où  habitaient 
ces  nobles  dames  ?  Evidemment  elles  ne  résidaient  pas  au  vieux 
château  de  Cabrenç,  mais  dans  le  château  de  Serralongue. 

En  1601,  on  dressa  une  liste  des  maisons  qui  composaient  la 
commune  de  Serralongrue  et  de  Lamanère  dans  la  baronnie  de 
Cabrenç.  Elle  comprenait  94  maisons  ())  au  nombre  desquelles  le 
château  de  Serralongue  est  désigné  en  ces  termes  :  «  los  qu'eslan 
al  caslell  ». 

(  I  j  1 ,  La  Pomareda  ;  2,  Audet  Sêpena  ;  3,  Joan  de  al  Subida  ab  la  farga  ; 
4,  la  Borbôa  ;  5,  Clemês  Laborboa  ;  6,  Francès  ;  y,  Jaumet  ;  8,  joan  la 
Suissa  ;  9,"  Bartès  ;  10,  los  Francinats  ;  1  i,  Labartia  ;  12,  Rafel  ;  i3,  Ber- 
nât ;  14,  lo  Magria  ;  i5,  Audet  Bernât  ;  16,  Domège  de!  grau  ;  17,  Jaume 
Cavali  ;  18,  Joan  Cercles;  19,  Bernât  Destrompas;  20,  Joan  Laporta  ;  21, 
Jordi  Basso  ;  22,  la  Pellissona  ;  23,  lo  Morer  ;  24,  Pera  Bo  ;  25,  Pierros 
la  filia  ;  26,  Ramonet  ;  27,  Joan  del  Vert;  28,  Peroy  Sêpena;  29,  Joan 
Boseta  ;  3o,  Joan  Ramo  ;  3  1  ,  /ox  qu'eslan  aï  castell  ;  32,  Amadeu  y  son  esta- 
dant  ;  33,  Baptiste  ;  34,  lo  Branxat  ;  35,  Roquisern  ;  36,  Minorra  ;  37,10s 
Cortals  ;  38,  Cantallops  ;  39,  Fornells  ;  40,  Faix;  41,  Jaume  Fort;  42, 
Thomas  ;  43,  Joanot  Garriga  ;  44,  Lo  Joan  ;  45,  lo  majorai  ;  46,  Gabriel 
Faix  ;  47,  Joanot  Faix  ;  48,  Toni  Corriu  ;  49,  Joan  Torrent  ;  5o,  Lo  Ruf- 
fat  ;  5i,  la  Banega  ;  52,  Joanot  Glusa  ;  53,  Jaume  Galibern  ;  54,  la  Vegera  ; 
55,  Joan  Gara  ;  56,  lo  Colomer  ;  57,  Joan  Besagria  ;  58,  los  Texidors  ;  59, 
Arnau  Front  ;  60,  joan  Antoni  ;  61,  Entorex  ;  62,  mestra  Pera  Gâr  ;  63, 
en  Viia  ;  64,  Peyo  ;  65,  Marty  ;  66,  Uget  ;  67,  Joan  Petit;  68,  Marc,  ; 
69,  lo  Senador  ;  70,  la  llobera,  7  1 ,  la  pobilla  ;  72,  monrenal  ;  73,  Magda- 
lena  Masardo  ;  74,  jaoumet  Llensa  ;  75,  Jaume  Masardo  ;  76,  Bernât 
Colomé  ;  77,  Ambrosi  ;  78,  Joan  de  Lobet  ;  79,  Arnau  Llobera  ;  80,   Jau- 

-,  me  Llobera  ;  8j,  Guillamo  ;   82,    lo   màs  de  la  Serra  ;  83,   cap  de   Cabana  ; 

84,  al  Pux  ;  85,  al  Colomé;  86,  las  Furcas  ;  87,  lo  pla  del  Bux  ;   88,   casa 

^  de  vila  ;  89,  Galderic  Sola  ;  90,  cal  Roig  ;  91,  la  verduce  ;  92,  lo  mosoUer  ; 

**'  93,  la  Gascoà  ;  94,  Miquel  Bo.  —  En  comptant  cinq  personnes  par  maison, 

on  arrive,  pour  Serralongue  et  Lamanère,  à  un  total  de  470  habitants. 


—   J91    — 

La  pièce  suivante  est  plus  explicite  :  «  Yui  ah  7  de  janer  1640, 
jo  Trancesch  Llavor,  capella  del  casiell  de  Serrallonga,  confés  aver 
rebut  de  vos  Gabriel  Poch  4  sous,  losijuals  feu  per  una  pessa  de  lerra 
possehiu  sobra  la-farga  de  Gaîdaras  ». 

Voici  un  document  où  la  distinction  entre  le  château  de 
Cabrenç  et  le  château  de  Serralongue  est  clairement  affirmée  : 
«  Le  17  du  mois  d'août,  au  château  de  Serralongue,  diocèse 
d'Elne...  Le  noble  Don  François  Ros  et  de  Ros,  domicilié  à 
Perpignan,  usufruitier  des  biens  dotaux  de  la  noble  Dame  dona 
Josèphe  Ros  et  de  Sorribes,  son  épouse,  et,  comme  tel,  seigneur 
et  baron  de  Cabrefiys  dont  le  présent  comté  de  Roussillon  et,  en 
ce  nom,  seigneur  du  château  du  lieu  et  terme  de  Serralonga  dio- 
cèse d'Elne...  » 

(-^  suivre)  Joseph  Gibrat. 


Les  deux  Marnes 

Sous  ce  titre,  la  revue  he  Feu  ,] ,  consacre  un  très  beau  numéro 
aux  deux  grands  maréchaux  de  France,  fils  illustres  du  Midi,  au 
Maréchal  J offre  et  au  Maréchal  Foch. 

Après  un  magnifique  poème  de  Charles  Maurras,  on  y  remar- 
que une  intéressante  page  de  notre  brillant  collaborateur,  Emile 
Ripert,  évoquant  une  belle  strophe  du  poète  Francis,  un  poème 
de  grande  allure,  bien  martelé,  d'un  rythme  puissant  (2),  dédié 
au  Maréchal  JofiFre,  du  poète  roussillonnais  Charles  Grando, 
Secrétaire  Général  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes,  et  un 
émouvant  poème  en  l'honneur  du  Maréchal  Foch,  de  la  poétesse 
pyrénéenne  Philadeiphe  de  Gerde,  que  d'admirables  œuvres  ont 
rendue  justement  célèbre.  Il  était  logique  que  JofiFre  le  catalan 
fut  célébré  en  langue  catalane  et  Foch,  du  pays  de  Bigorre,  en 
parler  bigourdan. 

Nous  donnons  ci-après,  avec  la  traduction  française  en  regard, 
les  deux  derniers  poèmes  qui  ne  manqueront  pas  d'intéresser 
vivement  nos  lecteurs  et  tous  les  amateurs  de  littérature  méri- 
dionale : 

(1)  En  vente  à  la  librairie  Cornet,  rue  de  la  Poste. 

[2]    Bon  cop   de   falç,   extrait  du  Clam  T{oig,   imp.   Catalane,    J.   Cornet, 
édit.,  Perpignan. 


ial 


Al  Mariscal  Jo|]re 

] 

Quina  polsaguera 

Munta  dels  camins  ! 

l  Qu'es  l'hora  de  batre  ? 
El  blat  ja  rosseja,  mes  es  pas  a  l'era. 
j  Serien  los  nûvols  anunciant  la  sega, 

La  sega  y  la  brega, 

La  sega  y  la  mort  ? 

Alerta,  fadrins  ! 
Es  la  sega  roja  y  se  caldrà  batre. 

Alerta,  fadrins  ! 

Son  los  Sarrahins  ! 

Bon  cop  de  falç  ! 
Dalleu,  dalleii  fort, 
Mana  el  Comte  Jofre, 
Jofre  lo  Pilôs 
Y  no  feu  ni  un,  ni  dos, 
Segadôs, 
Enllestiu-v6s  ! 
Bon  cop  de  falç  ! 
Dalleu  ferm  y  a  cops  iguals 
Fins  tant  que  no'n  resti  pus  ! 

l  Coneixiu  bé  Catalunya, 
Gent  que    n  voleu  malparlà  ? 
Fou  l'un  dels  seus  fiUs  qu'un  jorn  vos  salvà 
D'eterna  vergonya. 
Fou  un  Català  ! 

)] 

Quina  fumatera 

Munta  dels  camins  ! 

l  Que  's  fan  fochs  alegres  ? 
Els  fochs  porten  joya  me'  hem  passât  Sant  Père. 
l  Serien  leg  fiâmes  anunciant  la  sega, 

La  sega  y  la  brega, 

La  sega  y  la  mort  ? 

Alerta,  fadrins  ! 
Es  vostre  torn,  ara,  de  dalla  'Is  blats  nègres  ! 

Alerta,  fadrins  ! 

Son  los  assessins  ! 

Bon  cop  de  falç  ! 
Dalleu,  dalleu  fort, 
Mana  Nostre  joffre, 
Pelut  gloriôs. 


M 


I 

l 


i 


-  .93  - 

Au  Maréchal  J  offre 

1 

Quelle  traînée  de  poussière 

S'élève  des  chemins  î 

L'heure  du  battage  est-elle  venue  ? 
Le  blé  se  dore  déjà  mais  il  n'est  pas  a  l'aire. 
Seraient-ce  les  nuages  annonçant  la  moisson, 

La  moisson  et  la  lutte, 

La  moisson  de  mort  1 

Aux  armes,  jeunes  gens  ! 
Voici  la  moisson  rouge  et  il  faudra  se  battre, 

Aux  armes,  jeunes  gens  ! 

Ce  sont  les  Sarrasins  ! 

Bonne  faucillée  ! 
Fauchez,  fauchez  dur. 
Commande  !e  Comte  Jofre, 
Jofre  le  Poilu, 
Et  n'hésitez  pas, 
Moissonneurs, 
Hâtez-vous  ! 
Bonne  faucillée  ! 
Fauchez  ferme  et  uniformément 
Jusqu'à  ce  que  rien  ne  reste  ! 

Connaissez-vous  bien  la  Catalogne, 
Médisants  ? 
Ce  fut  l'un  de  ses  enfants  qui  vous  sauva  un  jour 
D'une  honte  éternelle, 
Ce  fut  un  Catalan  ! 


Il 

Quelle  traînée  de  fumée 
S'élève  des  chemins  î 
Fait-on  ies  feux  de  joie  ? 
Les  feux  portentl'allégressemaisla  Saint-Pierre  est  passée. 

Seraient-ce  les  flammes  annonçant  la  moisson, 

La  moisson  et  la  lutte, 

La  moisson  de  mort  ? 

Aux  armes,  jeunes  gens  ! 
C'est  votre  tour,  maintenant,  de  faucher  les  blés   noirs. 
■  Aux  armes,  jeunes  gens  ! 

Ce  sont  les  assassins  ! 

Bonne  faucillée  I 
Fauchez,  fauchez  dur. 
Commande  notre  Joffre, 
Poilu  glorieux. 


—  194  — 

Y  no  feu  ni  un,  ni  dos, 
Segadôs 
Enllestiu-v6s  ! 
Bon  cop  de  falç, 
Dalleu  ferm  y  a  cops  iguals, 
Fins  tant  que  no  'n  resti  pus  ! 

l  Coneixiu  bé  Catalunya, 
Gent  que  'n  voleu  malparlâ  ? 
Fou  l'un  dels  seus  fills  qu'ahir  vos  salvà 
D'eterna  vergonya, 
Fou  un  Català  ! 

Caries  Grandô. 

At  Manescau  Foch 

Aqueste  cop  qu'ei  ra  bictôrio  ! 
Salut,  o  blancos  Piréneus  ! 
È  tu,  n\oureto  de  ras  néus, 
Bigorro  !  à  tu,  salut  e  glôrio  ! 
Que  sien  era  Pats  e  na  Luts 
Eds  adroumits  de  dabat  terro 
Que  ra  Batalho  s'a  bouluts... 
E  maladits  sien  eds  gouluts 
Que  hén  escloie  aquesto  guerro  ! 

Mes.  ouelh  per  ouelh,  hèrro  per  herro  ! 

Que  Diu  preste  aido  at  Bigourda 

Qui  seno  ed  orde  aciu  dehoro  ! 

Despuch  que  souno  ra  Biahoro, 

Beiat  coumo  ra  Raço  da  : 

Pas  u  replec  e  pas  u  nàni  ! 

Adiu  «  Nach  Paris  »  e  a  Hoch  1  Hoch  !    » 

E  bibo  ra  bielho  Aquitàni  ! 

Pusque  Foch  ed  gran  Capitàni 

Ei  de  Bigorro  !  —  u  beroi  loc, 

Ed  n\es  bèt  ded  empèri  d'Oc  ! 

Benedicious  à  qui  coumando  ! 

Anem,  Gascous  !  ed  crid  qui  eau:- 

Glôrio  e  salut  at  Manescau 

Qui  pousso  r'armado  alemando 

Per  delà  ra  Marno,  à  delant  !... 

«  Houi  1  Houi  !  se  dits...   Houi,   biste,   biste  !    » 

E  Rosali  que-s  bouto  en  blanc... 

E-d  troupèt  lèu,  en  gourriulant, 

S'en  tourno,  espabentat  e  triste  ! 

Grand  Manescau,  que  Diu  b'assistc  ! 

Filadelfo  de  Yerdo 


—  195  — 

Et  n'hésitez  pas, 

Moissonneurs, 

Hâtez-vous  ! 

Bonne  faucillëe  ! 

Fauchez  ferme  et  uniformément 

Jusqu'à  ce  que  rien  ne  reste  ! 

Connaissez-vous  bien  la  Catalogne, 
Médisants  ? 
Ce  fut  l'un  de  ses  enfants  qui  hier  vous  sauva 
D'une  honte  éternelle, 
Ce  fut  un  Catalan  ! 


Au  Maréchal  Foch 

Cette  fois-ci,  c'est  la  victoire  !  —  Salut,  ô  blanches  Pyrénées!  —  Et  toi, 
la  brune  enfant  des  neiges,  —  Bigorre  !  à  toi  salut  et  gloire  !  — Qu'ils  aient 
la  Paix  et  la  lumière  —  ceux  que  la  Bataille  a  couchés  sur  le  champ...  — 
Et  maudits  soient  les  cupides  —  qui  déchaînèrent  cette  guerre  ! 

Mais,  œil  pour  œil  et  dent  pour  dent  ! 

Que  Dieu  prête  aide  au  Bigourdan  —  qui,  là-bas,  dicte  la  manœuvre  !  — 
Depuis  qu'il  mène  le  branle,  —  voyez  comme  la  Race  donne  !  —  Pas  un 
repli,  pas  un  échec!  —  Adieu  a  Nach  Paris  »  et  «  Hoch  !  Hoch  !  »  —  Et 
vive  la  vieille  Aquitaine  !  —  Puisque  Foch  le  grand  Capitaine  —  est  de 
Bigorre  !  un  beau  pays, 

Le  plus  beau  de  l'empire  d'Oc  ! 

Bénédiction  au  Chef  des  chefs  !  —  Allons,  Gascons  [  le  cri  qu'il  faut  :  — 
Gloire  et  salut  au  Maréchal  —  qui  poursuit  l'armée  allemande  —  par  delà 
la  Marne,  au  galop!...  —  «  Fuis,  fuis,  dit-il...  fuis,  vite,  vite!  »  —  Et 
Rosalie  se  met  en  blanc...  —  Et  l'horrible  troupeau,  hurlant,  —  s'enfuit 
morne  et  désemparé  ! 

Grand  Maréchal,  que  Dieu  vous  assiste  ! 

Philadelphe  de  Gerde. 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

4**^^is*  (SUITE) 

%,  Droit  de  rèvc  et  de  haut  passage.  Ordonnances  relatives  à  ta  franchise 
des  marchandises  importées  à  Perpignan  ou  exportées  du  T^oussillon  (  i  "  juillet 
1284). 

Ces  documents  sont  relatifs  aux  différents  droits  de  rêva  ou  im- 
pôts perçus  sur  les  marchandises,  à  la  franchise  de  certains  objets 
exportés  du  royaume  et  à  la  défense  faite  par  le  Roi  d'exporter 
certaines  marchandises  hors  des  Etats  d'Aragon  (1).  Bien  que  le 
premier  document  ait  été  déjà  publié  (2)  dans  une  étude  devenue 
aujourd'hui  fort  rare,  je  le  trancris  à  nouveau,  en  donnnant  des 
notes  explicatives  sur  les  principaux  produits  soumis  au  droit  de 
rêva.  De  plus,  ce  document  est  fort  intéressant  pour  la  linguisti- 
que :  on  remarquera  les  terminaisons  en  atz,  itz,  otz  (3),  termi- 
naison qui  a  presque  disparu  à  partir  du  xiu'  siècle. 

En  substance,  toute  marchandise  payait  un  droit  fixé  par  une 
ordonnance.  De  plus,  tout  objet  déposé  dans  l'hôtel  [en  hostal), 
même  s'il  n'était  pas  vendu,  était  assujetti  à  un  droit  de  rêva  tou- 
tefois moins  élevé  (deu  pagar  miga  rêva).  L'hôte  (hosle),  ou  pro- 
priétaire de  la  boutique  où  étaient  déposés  les  ballots,  devait 
héberger,  nourrir  le  commerçant  et  l'aider  à  vendre  tous  ces 
objets  (l'hoste  deu  donar  lit  e  foc  e  lum  e  salsa  a  1  menjar). 

(i)  Je  transcris  plus  loin  des  documents  du  12  août  1378  et  du  7  jan- 
vier 1408,  relatifs  à  ces  droits. 

(2)  Alart,  Tarif  du  droit  de  rêva  :  "Documents  sur  la  langue  catalane. 

(3)  Dès  la  fin  du  xui'  siècle,  la  mutation  était  devenu?  générale  dans  la 
langue  catalane,  comme  dans  la  langue  écrite  ;  mais  celle-ci  conserva  encore 
des  traces  des  anciennes  formes,  atz,  otz,  itz,  au  lieu  de  au,  jeu,  iu. 

Voici  les  mots  que  l'on  rencontre  dans  ce  document,  avec  ces  formes  par- 
ticulières :  notz,  totz,  adobatz,  scodatz,  tapitz,  cendatz,  reforsatz,  camelotz, 
aquetz,  vernigatz,  bortz,  listatz,  etc. 

Dans  l'ordonnance  du  roi  Sanche,  du  23  septembre  1  323,  on  retrouve  les 
terminaisons  en  atz,  etz,  enfantz,  discretz,  etc. 


.■  1 


—  197  — 

Ce  document  est  fort  intéressant  pour  faire  apprécier  l'activité 
et  l'importance  du  commerce  de  la  place  de  Perpignan,  au  xm' siè- 
cle, malgré  l'insécurité  des  routes  pour  les  personnes,  malgré 
d  les  barrières,  les  bureaux  de  perceptions  de  droits  infinis  {les 
volos)  qui  se  dressaient  de  toutes  parts  pour  rançonner  les  mar- 
chandises qui  allaient  au  marché  ou  qui  en  venaient  (i)  ». 

Ce  qui  peut  nous  intéresser  particulièrement  à  Perpignan,  c'est 
la  prospérité,  à  cette  époque,  du  commerce  des  draps,  dont  la 
renommée  s'étendait  chaque  jour.  Les  droits  de  rêva  nous  rensei- 
gnent fort  utilement  à  ce  sujet. 

D'après  certains  documents,  les  Perpignanais  commençaient 
leurs  premiers  essais  de  draperie  :  il  existait  des  ouvroirs  impor- 
tants (2).  Le  nom  de  Perpignan,  par  ces  produits  dont  la  marque 
«  Perpenya  »  était  exigée  sur  tous  les  draps,  était  répandu,  dit 
M.  Vidal,  «  jusqu'en  Italie  et  aux  Echelles  du  Levant.  Les  com- 
tes avaient  favorisé  ce  développement  en  dispensant  de  la  dîme 
les  plantes  tinctoriales,  safran,  pastel,  etc.,  que  l'on  cultiva  un 
peu  plus  tard,  jusque  sous  les  murailles  de  la  ville (3)  ».  Les  rela- 
tions commerciales  étaient  étendues  dans  toute  l'Afrique  du  Nord  : 
après  d'heureux  traités  et  d'habiles  conventions,  les  navires  por- 
tèrent «  les  produits  de  l'industrie  roussiîlonnaise  à  Byzance,  Jaffa, 
Beyrouth,  Alep,  Damas,  d'où  les  caravanes  d'Asie  les  font  péné- 
f  trcr  jusqu'au  centre  de  l'ancien  monde.  Le  Sultan  de  Babylone 
les  accueille  en  Egypte.  Les  bazars  d'Orient  sont  pleins  d'étoffes 
fabriquées  ou  «  parées  »  à  Perpignan  (4). 

Les  nombreuses  manufactures  de  drap  qui  existaient  à  Perpi- 
gnan au  xn'  siècle  disparurent  peu  à  peu  à  la  suite  des  guerres 
incessantes  qui  désolèrent  le  pays.  En  i33i,  le  nombre  de  ces 
manufactures  avait  tellement  diminué  que  les  tisseurs  de  drap 
fixés  au  Puis  sollicitèrent  des  consuls  l'autorisation  de  s'établir 
dans  la  ville  :  Le  bon  métier  de  fabricants  de  draps  étant  très  dimi- 
nué,  disent-ils  dans    leur  requête   au   roi,    si    les   ateliers    étaient 

(1)  Pierre  Vidal,  Perpignan,   1898,  p.  j5. 

{2)  Operaioria  draperia,  livre  vert  mineur,  f°  184  v".  On  fabriquait  égale- 
ment au  xiii'  siècle  des  gants  en  peau  de  chevreau  :  c'est  dans  la  ru;  de  la 
ganleria  que  l'on  fabriquait  ces  produits  de  l'industrie  locale. 

^3)  P.  'Vidal,  op.  cil.,  v,  p.  2. 

(4j  P.  Vidal,  op.  cit.,  vu,  p.  7. 


—  198  — 

transportés  au  centre  de  la  ville,  cette  industrie  pourrait  reprendre 
un  nouveau  degré  d'activité.  «  L'avis,  dit  Henry  (1),  ne  fut  pas 
favorable  au  déplacement.  » 

Perpignan,  aux  xiu"  et  xiv'  siècles,  fabriquait  des  draps,  non  seu- 
lement pour  suffire  à  ses  besoins,  mais  encore  pour  les  exporter  : 
de  plus  ils  étaient  soumis  à  une  préparation  particulière  par  les 
parayres  ou  apprêteurs  de  drap,  qui  préparaient  même  les  draps 
venus  de  l'étranger.  Ce  commerce  avait  été  l'objet  de  plusieurs 
ordonnances  de  la  part  des  consuls. 

Non  seulement  les  consuls,  pour  le  bon  renom  des  produits  per- 
pignanais,  avaient  imposé  des  statuts  concernant  chaque  corpora- 
tion, mais  ils  avaient  réglementé  leurs  associations  et  étendu  leur 
contrôle  sur  la  qualité  des  objets  fabriqués  :  tous  les  draps  rece- 
vaient la  marque  de  fabrique  qui  était  imprimée  sur  la  pièce  elle- 
même  :  Perpinya. 

Cette  industrie  prospéra  en  Roussillon,  jusqu'au  milieu  du 
xvin'  siècle  (2).  A  cette  époque,  le  roi,  à  la  requête  des  consuls  et 
des  habitants  de  Perpignan,  les  avait  autorisés  à  établir  dans  la 
ville  «  une  foire  franche  (3)  de  tous  droits  de  leude,  péage  et  autres 
droits  locaux  :  cette  foire  avait  été  établie  pour  la  vente  et  le 
commerce  des  draperies  et  autres  étoffes  fabriquées  dans  les 
manufactures  de  la  province  de  Roussillon  ». 

Le  tarif  du  droit  de  rêva  ou  de  courtage  de  j  284  nous  fournit 
quelques  lumières  sur  le  trafic  des  matières  premières  concernant 
cette  industrie,  et  sur  le  mérite  respectif  des  draps  étrangers. 

Tarif  du  droit  de  rêva,  établi  à  Perpignan  par  Jacques  1",  roi 
de  Majorque,  et  payable  sur  les  marchandises  vendues  ou  ache- 
tées aux  «  hôtes  »  ou  propriétaires  des  maisons  ou  boutiques,  où 
elles  sont  remisées. 

I"  juillet  1284 

En  nom  de  Deu,  coneguda  causa  sia  à  totz  que  1'  senyor  En 
Jacme,    per    la    gracia   de  Deu   Rey    de  Malorcha  a  aordonat  e 

(1)  Henry,  "Hist.  de  f^oussillon,  livre  m,  chap.  i. 

(2)  11  est  regrettable  de  constater  que  cette  industrie  a  complètement  dis- 
paru du  Roussillon. 

(3)  Le  ao  mars  1759,  institution  de  la  foire  franche.  (Cf.  Vidal,  op.  cit., 
ck.  XIX,  p.  4.) 


—  199  — 
establit  en  la  vila  de    Perpenya   que   d'acsi    enant  totz   temps   sia 
donada  reva(i)  en  la  dita  vila.  En  axi  co  (2)  dejos   se   contendrâ. 
E  que  cascun  mercader  e  autre  hom  de  tôt  so    que    comprarâ    ni 
vendra,  que  pac  la  dita  rêva  à  son  hoste  (3). 

Feyt  fo  aiso  le  primer  dia  de  juliol,   en   l'ayn    que    hom    com- 
tava  M.CC.LXXXIUI. 

Pessa  de  drap  de  Txalon  (4).  ini  diners. 

Pessa  de  drap  de  Ras  (5).  1111  diners. 

Drap  de  Paris  e  de  Sent  Danis.  nii  diners. 

Biffes  (6)  e  pers  (7)  de  Pruis  (8).  ini  diners. 

Drap  de  Cambray  (9)  e  de  Doay  (10).  jin  diners. 
Drap  de  Gan  (j  1). 
Drap  d'ipre,  de  color. 
Drap  de  Sant  Tomer. 

Blanc  de  sort  ()  2).  vnii  diners. 

Blanc  de  li  camusha(i3).  ini  diners. 

(  I  )  Rêva  :  <r  Vectigaî,  quod  pro  mercibus  ex  regionibus  exleris  allatis  pendi- 
iur  :  Vulgo.  Oroit  dc  rèvc  et  de  haut  passage.  »  (Du  Cange,  Glossarium.) 

(2)  Sic. 

(3  )  Hoste  :  «  Hostalarius.  Qui  mercatoribus  extraneis  domos  vel  apolhecat 
local.  »  —  «  Hosttlagium,  Prctium  seu  salarium.  quod  exsolvunt  mercalores 
extranei  pro  locario  domorum.  seu  apothecarum,  in  quibus  reponunf  merces  suas 
vendendas  et  distrahendas  in  nundinis  publtcis.  »  (Du  Cange,  Glossarium.) 

(4)  Exalon,  Xalons,  Eyxalon,  Xalo  :  Chàlons. 

(5)  Roax  (  I  295  )  :  Arras. 

\6t  «  Bi/fa,  Panni  species,  noslris  etiam  Bife  et  Bi/fc.  »  (Du  Cange,  Gloss., 
qui  cite  entre  autres  exemples  0  Les  biffes  royes  de  Prouvins,  xii  den,  w) 

(7)  «  Persus,  Color,  ad  caeiuleum,  vel  ad  floris  persicae  mali  colorem  acce- 
dens,  Gallis  Pers,  Italis  Perso..  Inlerdum  et  pro  panno  hujusce  coloris  accipitur. 
Slatuta  pro  villa  de  Commercy.  Mss.  p.  18  :  Ceux  dudit  mestier  qui  feront 
Pers,  brunettes,  verdz  et  manbres  marchands  soient  urdiz  en  xvi  filz,  qui 
soient  à  trois  piedz  sur  le  moins  »,  etc. 

(8)  Prois,  Pruis,  Prouins,  Prohis  (1284-1307;:  Provins. 

(9)  Cambraix. 

(lO;  Douay,  Doaix,  Doay. 

(11)  Gant  :  Gand. 

(12)  Le  drap  blanc  de  sort  désigne  une  qualité  de  drap  non  décati.  Cf. 
Alart,  Documents  sur  la  langue  catalane,  p.  78. 

(i3j  Camuça  ;  castillan,  gamuza  >  chamois. 


—    200    — 

Pressée  vermeyl. 
Escarlata. 

Estamfort  (i)  "^^  grana.  xii  diners. 
Tôt  drap  d'Anglaterra,  ab  que  no  sia  tint  en  grana(2).     vi  diners. 

Cubertes  d'ipre,  doas  per  i  drap.  vi  diners. 

Vayr  d'ipre.  un  diners. 

Raiet  (3)  de  Pruix.  ini  diners. 

Drap  de  Bruydes  (4).  iiii  diners. 

Drap  d'Albenton  (5).  nn  diners. 
Breument  tôt  drap  qui  s'  vena  de  c  sol  en  sus  paga.      un  diners. 

Valenxinas.  m  diners. 

Drap  d'Uy(6).  111  diners. 

Drap  de  Bel-Vays  (7).  m  diners. 

Drap  Lombardesh.  m  diners. 

Blanch  de  Narbona.  m  mesales. 

Drap  de  Montoliu.  11  diners. 

Drap  d'Avinyo  (8).  m  n\esales. 

Barracan  (9)  de  Loers  (10).  j  diner. 

Drap  de  frares  menors  (11)'  ^ss  c  canes.  v)  diners. 

Drap  de  prehicadors  (12),  les  lx  canes.  vi  diners. 

Drap  gros  de  Banyoles  (1  3),  la  pessa.  i  diner. 


(i)  Laine  fine.  Du  Cange  :  stamfortis  ;  Labernja  :  estam,  fil  fet  de  la  flor 
de  la  llana  ;  cast.,  estambre,  du  latin  stamen. 

(2  )  Grana  :  cochenille  ;  panyo  vermeil  (!'  color  ab  que  's  tenyex  dit  panyo.) 

(3)  Finette.  Raiet,  rayeta  ;  castillan,  bayeta  ;  molleton  de  laine  ou  coton 
à  envers  pelucheux  ;  panyo  de  varis  colors,  tela  de  llana. 

(4)  Brugia,  Brugues  :  Bruges. 

(5)  Albento. 

(6)  Doyn  (iî5o)  :  Huy-sur-Meuse. 
(y)  Beauvais. 

(8)  De  Vinyo  (  1  295)  :  Avignon. 

(9)  Barragàn,  tente  de  toile  imperméable  :  tela  de  pel  de  cabra,  a  la  que 
no  atravessa  la  pluja  ;  ou  variétés  de  drap  de  laine  :  espècie  de  roba  de  llana 
(Labernia).  Mot  dérivé  de  l'Arabe,  barrac-àn. 

(10)  Loes,  Luers,  Lers,  Lleres  (1  250-1494)  ;  Louviers. 

(i  1)  Dont  le  couvent,  dit  de  Saint  François  ou  des  Frères  Mineurs,  fut 
construit  vers  l'an   1  2  i  i . 

(12)  Dont  le  couvent  (Jacobins  ou  Dominicains)  fut  bâti  en  1243. 
(i3j  Banyoles  (Catalogne). 


—    201     — 


Feutre  d'ipre. 

Item,  tôt  mercader  paga  à  son  hoste  rêva  dreta  per 
rao  de  peliceria  :  tôt  primerament  curam  de 
conils,  io  centcnar  vestit. 

Item,  lo  c.  de  les  lebres,  vestit. 

Item,  lo  c.  dels  esquirols  (2),  vestit. 

Item,  lo  c.  d'anyines  (3),  vestit  atressi. 

Item,  lo  c.  dels  aortons  (4).  vestit. 

Item,  lo  c.  dels  cabritz,  vestit. 

E  tôt  asso  es  tota  amor  feyta. 

Item,  tota  peliceria  qui  s'  vena  à  dotzena,  so  es 
assaber  de  salvazina  (5),  axi  con  son  janetes,  fahi- 
nes  (6),  volps,  gatz,  martrins  (7),  rebelines  (8), 
putoys,  ermenis,  ventresques  de  luries,  e  tota  altra 
salvaina,  levât  luries,  paga  la  dotzena. 

Item,  luria  crusha  (9). 

Item,  luria  adobada(io). 

Item,  cobertor  de  salvazina. 

Item,  cobertor  de  lops. 

Item,  pelots  (11)  d'anyels.  * 

Item,  tôt  autre  pelot  de  salvazina. 

Item,  pena  de  conils. 


l'mesalafi^ 


11  diners. 

Il  diiiers. 

Il  diners. 

Il  diners. 

Il  diners. 

Il  diners. 


111  mesales. 
r  mesala. 

I  diner. 
1111  diners. 

II  diners. 

I  diner. 

II  diners. 
Il  diners. 


fi)  Ou  mealla,  ou  mesayla  :  «  Moncda  antiga  de  Castella  que  valia  una 
malla  ».  Medala,  maille. 

(2  I  Ecureuil. 

(3)  Peaux  d'agneaux  avec  la  laine  :  la  llana  del  anyeli  (afiino)  ;  au  pluriel  : 
tota  mescla  de  llana  (Labernia). 

(4)  Du  Cange  :  AVOTRONl.  peau  d'agneau  mort-ne.  Voir  mon  étude. 
Les  Librairies  à  l'époque  antique,  chap.  m  :  d'après  Hérodote,  on  employait,  au 
iv'  siècle,  le  parchemin  d'agneau  mort-né,  ou  parchemin  «  vierge  ».  Franc., 
avorton  ;  lat.,  ab-ortus.  Animal  venu  avant  terme. 

(5)  Toute  espèce  de  bêtes  sauvages. 

(6)  Faons  et  famille  des  cervidés. 

(7)  Martre,  marta,  mostela  roja. 

(8)  Cast.,  cebcllina  ;  marta  de  Siberia  ;  martre  zibeline. 

(9)  Loutre,  peau  naturelle,  non  préparée, 
(jo)  Peau  de  loutre  mégissée. 

(  I  1  )  Vestit  talar  de  pell  ;  vêtement  traînant  ;  robe  Ilarga  fins  als  talons. 


—    Î02    — 

Item,  garnatxa(i)  de  conils.  i  dincr. 

Item,  garnatxa  d'anyels.  i  diner. 

Item,  vayrs  (2)  adobatz  o  cruus,  lo  miler.  m  ss.  e  un  diners. 

o  lo  centenar.  ini  diners. 

Item,  pena  vayra  (3).  vi  diners. 

Item,  pena  de  testes  de  vayrs.  111  diners. 

Item,  capits  (4)  (?^  de  testes  de  vayrs,  la  dotzena.  m  diners. 

Item  capits  de  vairs  entirs,  la  dotzena.  iiii  diners. 

Item,  pena  d'esquirols.  ii  diners. 

Item,  teles  del  garp  (5),  e  vintenes,  e  canaba5(6),  e 
totes  autres  teles,  tro  à  xiiii   sol.   la  corda,  pagen 

de  rêva  dreta,  la  corda.  j  diner. 

E  ha  la  corda  vi  canes  de  Monpestler. 

Item,   totes  autres  teles   o   de    Campanya   o  d'Ala- 
mayna  o  d'autra  terra,  sal  de  teles  de  Remps  (7), 

qui  valen  de  xnu  sol  ensus,  la  corda.  u  diners. 

Item,  teles  de  Rems,  per  libre  de  diner.  1  diner. 

Item,  tota  tela  pinta  (8),  la  pessa.  i  diner. 

Item,  tôt  fustani  (9),  la  pessa  entira.  i"  mesala. 


(  I  )  Fourrure  servant  à  faire  )a  toge  ;  gramalla  ;  vêtement  dont  se  ser- 
vaient les  consuls.  Voir  mon  étude  :  "L'organisaiion  municipale  de  "Perpignan, 
page  27  :  «  gramasiam  cum  pellibus...  »  Vestidura  llarga  fins  als  peus,  a 
manera  de  cota. 

(2)Vair:  fourrure  blanche  et  légèrement  nuancée  de  jaunâtre  ;  variété 
d'écureuil  commun,  dit  petit-gris.  Dans  le  blason,  la  forme  consistait  en 
points  blancs  et  bleus  alternés  (hermine  et  vair). 

(3)  L'étoffe  veloutée  fabriquée  avec  la  peau  de  l'écureuil. 

(4)  Mot  douteux.  Alart  traduit  capros  et  ajoute  qu'on  pourrait  lire  capzoi. 
La  version  que  je  donne  paraît  plus  rationnelle  :  capits.  (Voir  Du  Cange, 
v"  Capitium.)  Probablement  fourrure  composée  uniquement  de  têtes  d'écu- 
reuils. 

(5j  D'après  Alart  ("El  garb,  le  couchant),  faudrait-il  lire:  les  toiles  de 
l'ouest  de  la  France. 

(6)  Borras  (canabas)  :  tela  que  's  fa  de  la  estopa  del  canem  (toile  de  chanvre). 

(7)  Remps  (1284)  :  Reims. 

(8)  Ou  bien  tinta. 

(  ç))  Etoffe  pelucheuse  dont  la  chaîne  est  de  fil  et  la  trame  en  coton  ;  franc., 
futaine,  drap  pour  doublure  ;  drap  de  coto  que  s'usa  pera  forros  (Laberncaj. 


—   2o3    

Item,  ia  post  de  cendatz  (j)  reforsatz  o  plans.  vi  diners. 

Item,  porpra  d'Alest  (2)  o  de  Monpestler.  11  diners. 
Item,  tôt  drap  ab  aur  de  Venecia  o  de  Lucha  (3).        vi  diners. 

Item,  bagadels  d'Outramar.  i  diner. 

Item,  boquerans  (4)  d'Outramar.  1  diner. 

Item,  camelotz    5)  d'Outramar.  111  diners. 

Item,  draps  bortz  d'Alexandria.  1  diner. 

Item,  samitz  totz  vermeyls  o  ab  aur.  un  diners. 

Item,  canon  d'aur  filât  e  d'argent  filât.  1    mesayla. 
Item,  caxa  d'or  de  Lucha  filât  e  d'argent  de  Lucha 

filât.  .  Mil  diners. 

Item,  argent  pel  e  or  peil  (6),  la  dotzena.  1    mesalf. 

Item,  pessa  d'estamenya.  1  diner. 

Item,  flassades  (7),  cascuna.  1'  mesaia. 

Item,  cambra  de  tapitz  (8  .  v)  diners. 
Item,    astores    blanches    crimes    de    Valencia   e    de 

Murcia.  1'  mesaia. 

Item,  caxa  de  paper  en  que  ha  xvi  raymes.  vni  diners. 

Item,  Xalons  listatz  (9)  d'estam  ni  de  colors.  non  rem. 

Item,  cordoan(io)  blanc,  la  dotzena.  111  mesales. 

Item,  cordoan  vermevl.  11  diners. 

(\  )  Cast.,  cendal  ;  étoffe  de  soie  ou  de  lin  (tela  de  seda  6  de  fil  molt  prima 
y  transparent). 

(  2  j  Aletz  (  I  295)  :  Alais. 

(3)  Lucques. 

(4)  Toile  forte  gommée  ;  c«st.,  bucaràn  ;  franc.,  bougran. 

(5)  Etoffe  fabriquée  dans  le  Levant,  qui  fut  primitivement  de  poil  de  cha- 
meau, puis  de  poil  de  chèvre,  enfin  de  laine  et  sans  grande  valeur  ;  origine 
du  mot,  câmello  ;  bas  latin,  camelotum  (chameau)  :  de  là  le  mot  camelote  ou 
marchandise  inférieure. 

(6j  Fourrure  à  reflets  d'argent  et  d'or. 

(y)  Cast.,  frazada  ;  couverture  de  ht  ;  texit  de  llana  6  coto  pera  abrigall 
de  llit. 

(8j  Drap  de  tapisserie  (ab  que  s'adornan  las  parets). 

(9)  A  rayures  ;  cast.,  listado. 

(10)  Cordoba  :  pell  de  cabra  6  del  boch  adobada  ;  peau  mégissée  :  vient 
de  la  ville  de  Cordoba,  où  l'on  faisait  principalement  ce  genre  de  travail  ; 
cordobân  vermeyl  (maroquin). 


204    — ' 

Item,  bosanas  (i)  vermeylas. 

Item,  partxes  vermeyls. 

Item,  moutos  adobatz  (2). 

Item,  scodatz. 

Item,  cordoa  de  Bugia  (3). 

Item,  curs  de  bous  e  de  vaques,  à  rêva  dreta. 


•1  diner. 
I  diner. 
1  diner. 
I  diner. 
1  diner. 
I  mesala,  lo  cur. 


1  mesala,  lo  cur. 
vm  diners. 
m  mesaies. 
'xn  diners. 
1  diner. 


Item,  curs  de  cers  e  de  cavals  e  de  rocis  e  de  muls 

e  d'azes  e  d'autres  besties  grosses. 
Item,  totes  boquines  (4),  lo  c. 
Item,  motonines  pelozes  (5),  lo  dotzena. 
Item,  marc  d'or  qui  se  pesa.  / 
Item,  marc  d'argent  qui  se  pesa. 
Item,  tôt  cambi  fondedor,  qui  sia  de  ley  de  casern 

aval.  i'  mesala,  lo  march 

Item,  tôt  cambi  qui  sia  de  mes  de  casern.  i'' mesala,  lo  march 

Item,  nuyla  moneda  d'or  ne  d'argent  ne  de  metayl 

qui  s'  cambi  e  à  nombre  no  paga  rêva. 
Item,    d'avers    de    pes    que    se    venen    à    carga    de 

m  quintaia.  vi  diners. 

Item,  pebre  dona  de  rêva  dreta.  vi  diners. 

Item,  gingibre  (6)  gros  o  menut.  vi  diners. 

Item,  ensens  (7).  vi  diners. 

Item,  cera.  vi  dinars. 

Item,  tôt  coton.  vi  diners. 

Item,  tôt  sucre.  vi  diners. 

Breument,  totz  avers  de  levant  qui  s'  venen  à  carga 

de  m  quintals,  pagen.  vi  diners. 


1 1  )  Bosanes  (cast. ,  badanas),  peau  de  fnouton  tannée  :  basane.  Henry,  dans 
une  quittance  relative  aux  draps  et  soieries  dressées  par  le  bailli  de  Perpi- 
gnan, parle  de  bourracans  à  î  s.  6  d.  l'empan  et  des  basanes  à  3  s.  4  d.  la 
livre.  (Hisl.  du  J{oussiUon.)  Alart  transcrit  dubitativement  branas  et  propose, 
sans  la  commenter,  la  lecture  bosanes,  que  l'on  peut  adopter  avec  certitude. 

(2)  Cuir  de  mouton  corroyé. 

(3)  Bogia  (jspS)  :  Bougie. 

(4)  Pell  de  boch. 

(5)  Moutons  avec  leurs  toisons. 

(6)  Cat.,  gingebre  ;  lat.,  zingiber  ;  grec,  t,L'j'/ièzpY,  (gingembre). 

(7)  Encens;  cast.,  incienso. 


—    2o5    

Item,  indi  (i)  se  ven  à  quintal  e  paga.  m  diners. 

Item,  canela  se  ven  à  quintal  e  paga.  iii  diners. 

Item,  argent  viu.  m  diners. 

Item,  vermelo.  ni  diners. 

Item,  mastec  (2).  m  diners. 
Breument  (3),  totz  avers  qui  à  quintal   se  venen   qui 

vayla  lo  quintal  de  c  sol  amont  pagen  aitant. 

Item,  coyre  lo  quintal,  de  rêva  dreta.  11  diners. 

Item,  estayn,  à  rêva  dreta.  11  diners. 

Item,  tôt  metayl.  11  diners. 

Item,  ferre.  1  diner. 

Item,  plom.  \'  mesala. 

Item,  fil  de  xarsia  (4),  lo  quintal.  1  diner. 

Item,  caynbe  (5)  de  Borguyna  cruu  e  batut.  i  diner. 

Item,  tota  exartsia  obrada  de  canem.  i  diner. 

Item,  tota  stopa  {6).  1  diner. 

Item,  tota  borra  (7).  1  diner. 

Item,  sporta  de  figues.  i  diner. 

Item,  atzebibs  (8),  lo  quintal.  1  diner. 

Item,  sporta  de  figes  de  Malorcha.  i"  mesala. 

Item,  alum  de  bolcan,  lo  quintal;  1  diner. 

Item,  pel  de  boc,  lo  quintal.  1  diner. 

Item,  rauza  de  vexells  (9),  lo  quintal.  1  diner. 

Item,  verdet,  lo  quintal.  11  diners. 

Item,  mel,  lo  quintal.  i  diner. 

Item,  pega''iOi  lo  quintal.  11  diners. 

Item,  sporta,  de  pega.  n  diners. 


(1)  Bleu   de  l'Inde   (indigo):    pasta   y   planta   de   que  's  fa  'I  color  blau  ; 
cast.,  anil,  du  lalin  indus. 

(2)  Goma  6  rehina  que  destila  la  mata  (arbuste)  ;  cast.,  almaciga. 

(3)  En  somme,  en  résume. 

(4)  Fil  pour  filets  de  pèche  ;  cast.,  exarcia  ;  los  arreus  de  pescar. 

(5)  Chanvre;  castillan,  cafiamo. 

(6)  Etoupe  ;  cast.,  estopa. 

(7)  Bourre  :  pel  de  cabra  pera  umplir  pilotas,  coxins. 

(8)  Peut-être  figues  de  Barbarie. 

(9)  Tartre  de  tonneaux,  comportes. 

(10)  Poix;  cast.,  pez. 


2o6    


Item,  fustet(i),  lo  quintal,  i  diner. 

Item,  erba  cuquera  (2),  lo  quintal.  i  diner. 

Item,  flor  de  fromatje,  la  carga.  vi  diners. 

Item,  lana  de  boudrons,  lo  quintal.  ^  ni  meales. 

Item,  bacons,  lo  quintal.  m  mesales. 

Item,  sagins  (3),  lo  quintal.  ni  mesalles. 

Item,  seu  (4),  lo  quintal.  m  mesalles. 

Item,  formatées,  lo  quintal.  ni  mesalles. 

Item,  sosha  (5),  lo  quintal.  111  mesalle.s. 

Item,  alcofol  (6),  lo  quintal.  111  mesalles. 

Item,  tôt  peix  salat  e  arènes,  levât  tonina,  dona  de 

rêva.  D 

Item,  jarra  de  tonina  (8). 
Item,  oli,  lo  sester. 
Item,  cipies  (9)  seques,  lo  c. 
Item,  mantega  o  bori,  lo  quintal. 
Item,  ris  e  amenlés,  la  carga.  (10) 
Item,  sac  d'avelanes  (i  1). 
Item,  notz  (12)  la  eymina. 
Item,  amenles  ab  close,  la  eymina. 


ej  sou,  r  pugesa  (7). 
111  diners. 

II  diners. 

I  diner. 

III  meales. 
1111  diners. 

II  diners. 
II  diners. 
11  diners. 


(i)  Ou  sumac  de  Hongrie,  sumac  des  corroyeurs  :  s'usa  pera  adobar  las 
pells,  pera  assahonar  las  pells,  pera  tenyir  de  nègre  (Labernia)  ;  français, 
fustet,  employé  dans  la  teinture  des  laines,  et  en  Turquie  et  dans  le  Tyrol, 
pour  tanner  les  cuirs  fins  qui  doivent  être  teints  en  jaune  ou  en  rouge.  (Cf. 
DE  Lacviyieh,  T^evue  Catalane,  n"  139:  corroyère,  sumac.) 

(2)  Plante  à  cailler  ;  cast.,  cueja-leche.  (Cf.  de  Lacvivier,  J^evue  Catalane, 
1918,  n°  1  37  :  herba  cuquera,  santoline  (botja  de  sant  Joan). 

(3)  Saindoux. 

(4)  Suif;  cast.,  sebo. 

(5)  Soude,  sosa. 

(6)  Cast.,  alcohol. 

(7)  Moneda  francesa  de  môlt  poch  valor  ;  pujes,  pujesa[da]  :  La  cantitat 
d'alguna  cosa  que  valia  un  pujes.  (Labernia.) 

(8)  Conserves  de  thon. 

(9)  Seiche;  cast.,  jibia. 

(10)  Amandes;  cast.,  almendra. 

(11)  Noisettes  ;  cast.,  avellana. 

(12)  Noix;  cast.,  nuez. 


—  ioy  — 

De  totz  avers  leugers,  semblants  de  valor  à  aquestz 

de  sus,  dona  hom  de  rêva.  m  mealles  del  quintal. 

Item,    tota   rauba   qui    s'    tenga   vénal    en    hostal,    e 

r    mercader   de   qui    es   la    s'en    vol    portar   senes 

venda,    so   es  que   no   la   vuyla   vendre   aqui,   deu 

pagar  miga  reva(r;. 
Item,  tôt  troçel   o  tota  carga  de  quai   que   aver  se 

sia,  dona  de  pasatge  (2).  vi  diners. 

Item,    tota   carga    de    merceria   o   d'autres  menude- 

ries  (3)  qui  s'  desfassa  en  ostal.  xii  diners. 

Item,  totz  avers  sotils  (4)  d'especiayria  qui  se  venen 

à  liura  sutil,  pagen  per  iiura.  De  diners,  i' mesala. 

E  es-hi  entés  safrâ  e  azur  e  totz  autres  avers  sutils 

qui  se  venen  à  liura  sutil. 
Item,  tota  céda  crusa  e  tinta,  la  liura.  1  diner. 

Item,  tôt  filadis  (5)  cruu  e  tint,  la  liura.  i"  meala. 

Item,  grana.  xii  diners,  la  carga  de  m  quintals. 

Item,  comi  (6).e  anis.  un  diners  la  carga  de  m  quintals. 

Item,  tots  alums,  levât  de  bolcan.  m  diners,  la  carga. 

Item,  tôt  cadars  de  céda  (7).  vm  diners,  la  carga. 

Item,  sarrai  e  sarraina  (8).  xn  diners. 

Item,  simi  (9)  o  bogia  (10)  o  maymon  (1  1),  cascun  vi  diners. 
Item,  tôt  blat  e  tôt  legum  paga  u  eymines  per  centenar. 

(i)  Tout  négociant  qui  aura  déposé  de  la  marchandise  et  la  remportera 
pour  la  vendre  ailleurs,  paiera  la  moitié  du  droit  de  rêve. 

(2)  Droit  de  passage  ;  cat.,  pasaje  :  dret  que  's  paga  per  passar  per  algun 
paratge. 

(3)  Objets  de  moindre  valeur  (de  poch  apreci  y  estimacio  :  menudencia). 

(4)  Marchandises  délicates,  fines,  du  latin  subtilis. 

(5)  Cast.,  filadin  :  tela  de  seda  com  trama  de  hilo  ;  seda  del  capoll  foradat 
(Laberniai  ;  déchets  de  soie  grège. 

(6  Cumi,  cumino  ;  lat.,  cuminum  :  fleur  aromatique  ;  variété  d'anis.  bou- 
cage  ;  vulgo,  boucqucline  ;  herba  de  fullas  molt  menudas  ab  molts  ramets  de 
flor  petitas,  parda,  aromatica,  acre,  médicinal  y  bona  pera  salsas  (Labernia). 

(7)  Soie  grossière  ;  cast.,  cadarzo  ;  seda  grossa  y  basta  ;  bourres  de  soie. 

(8)  Cast.,  sarria  ;  filets  de  jonc,  cabas,  bât  en  sparterie. 

(9)  Singe. 

(10)  Bogia  :  guenon  ;  cast.,  mona. 
hi)  Chien;  cast.,  pachôn,  braque. 


—    2o8    — 

E  l'hoste  deu  li  aver  botiga. 

Item,  meyns  de  botiga.  i'  eymina  per  centenar. 

Item,  auruga(i)  e  mostasia  (2),  per  aquest  for  metex. 

Item,  tôt  caval  qui  vayla  l  libres  o  pus,  paga  11  sol  e  vi  diners. 

Jtem  tota  autra  bestia  cavalina  o  mular  qui  sia  de  preu  de  l  libres 

avay],  paga  xn  diners. 

Item,  azen  o  sauma(3).  ii  diners. 

Bous  ni  porcs  ni  moutons  ni  bocs.  non  re. 

Item,   escudeles  (4)  e  anaps   e  vernigatz  (5)  e   tay- 

ladors  (6)  e  morters  (7)  e  pièces  (8)  de  totes  aques- 

tes  causes  dona  hom  de  cascuna  saumada.  i  pareyl. 

Item,  de  brocs  o  canades  (9),  de  cascuna  saumada.        1  o  una. 
Item,  de  culers  d'oies  a  menar{io),  de  la  saumada.      n  culers. 
Item.,  de  culeres  de  boca(ii),  de  cascuna  saumada.     11  diners. 
Item,   de  gaudalls  ho  conces  (12)  (?)  de   fust,   de  la 

saumada.  i  gaudal. 

Item,  lo  quintal  de  pedaces  de  que  hom  fa  paper(i3).     1"  pugesa. 

Totes  serpeleres  grosses  e  cordes  grosses   d'avers  de  pés,    axi 


(1)  Cast.,  oruga,  roquette.  Labernia  :  salsa  de  ruca,  mesclada  ab  sucre, 
mel,  vinagre  y  pa  torrat  ;  lat.,  eruca. 

(2)  Moutarde  ;  cast.,  mostaza. 

(3)  Bêtes  de  somme;    d'où  saumaia,    charge,   évaluation  de  poids;  cat., 
somera. 

(4)  Ecuelle  ;  cast.,  escudilla  "  lat.,  scutella. 

(5^  Pièce  de  vaisselle  comme  l'écuelle  ;  significa  un  vas  6  una  escudella  ; 
anaps  de  bruch.  i  Alart.  Documents  sur  la  langue  cafalane.) 

(6)  Tallant  ;  hachoir  ;  tallador  :  tros  de  fusta  ab  que  's  talla  6  trinxa  la 
carn  ;  cast.,  tajador. 

(7)  Instrument  rodô,  de  pedre...  pera  picarhi  s«l  (Labernia). 

(8)  Vas  fondo,  de  pedra  concava  y  fonda  (id).  I 
(cf)  Vaso  pera  mezclar  agua  com  vino. 

(^o)  Sans  doute,  a  menjar.  Huile  comestible  pour  la  cuisine. 

(il)  Alart  transcrit  :  de  boix. 

(12)  Godalls  (dalla,  faulx).  Côces,  conces.  Alart  traduit  conques.  Il  faut 
lire  conces  ;  cast.,  cuenca  ;  vas  gran  de  metall  6  fusta  :  il  est  question  ici  d'un 
récipient  de  bois  (de  fust). 

(i3)  Phrase  citée  par  P.  Vidal  au  sujet  des  industries  diverses  dans  Perpi- 
gnan, p.  171  :  trossos|de  vestit  o  roba  dolente;  cast.,  pedazo  ;  morceaux, 
chiffons. 


209    — 

co[nn]  son  d'espart  e  de  palma  e  de  datilers())  ho  son  les  espor- 
tes  del  pebre  e  autres  serpelercs  grosses  d'avers  de  pës  e  caxes 
de  sucre  e  botes  de  sucre  e  cofins  (2)  de  verges,  totes  deuen  esser 
del  hoste,  part  la  rêva.  Mes  no  neguna  serpelera  ni  sac  de  li  ni 
de  canem  ni  de  lana  ni  cabas  (3)  doble  de  T[er|ragona.  E 
l'hoste  deu  donar  al  mercader  de  qui  aura  rêva  dreta  lit  e  foc  e 
lum  e  salsa  a  i  menjar,  pebre,  gingibre,  safrâ,  ails  e  cebes  etvina- 
gre,  e  deu-li  ajudar  à  vendre  e  à  comprar  ses  mercaderies. 

E  tôt  mercader,  estant  ab  son  hoste,  qui  fassa  mercat  o  venda 
de  SOS  avers,  ans  que  l'aver  sia  vengut  en  l'ostal  son  hoste  a  gasa- 
nyada  la  rêva,  de  quai  que  part  hom  la  roba  venga. 

E  tôt  senyor  de  nau  qui  nauley  la  sua  nau  estant  e  tornant  ab 
son  hoste,  deu  donar  de  rêva  à  son  hoste,  si  tant  es  empero  que 
la  nau  sia  naulejada  per  passatje  de  senyor  de  terra,  de  tôt  lo 
nolit{4),  1  diner  per  liura.  E  tota  nau  o  leyn  (5)  o  barca  o  autre 
vaixel  qui  s'vena  en  poder  del  hoste,  so  es  que  1'  patro  o  1'  vene- 
dor  sia  albergat  (6)  ab  son  hoste,  paga  à  son  hoste  per  aquela 
venda  i  diner  per  liura.  E  totz  avers  que  barata  (7)  hom  l'un  ab 
l'autre,  no  deu  penre  l'oste  mes  de  la  una  causa  de  quai  se  vuyla, 
si  doncs  no  y  ha  tomes,  de  xx  sol.  ho  d'aqui  amont. 

Anno  Domini  millesimo 
ce  LXXX-  quarto.  (8) 

(A  suivrej  Henry  Aragon. 

(  1  )  Cables  et  cordages  fabriques  avec  les  feuilles  ou  fibres  de  plantes  jon- 
ciformes  et  les  feuilles  du  dattier  et  du  palmier.  Vulgô,  alfa  ;   lat.,   spartum. 

(2j  Cofi,  corbeille  ;  covenet  despart  pera  posar  pansas,  figas  (Labernia)  ; 
panier  d'emballage  en  jonc  tressé  ou  en  sparterie  ;  latin,  cophinus. 

(3)  Panier  fait  de  sparterie  ;  cofa  de  llata  de  palma  despart  ;  cast.,  capazo. 

(4)  Du  latin  naulum  :  droit  de  transport  ou  de  parcours  ;  preu  que  's  paga 
pel  transport  6  tragi  y  arrendament  de  la  nau  ;  cast.,  flete  ou  fret.  On  dit 
aujourd'hui  noliser  un  bateau  (fréter),  ou  prendre  à  louage,  ou  nolissement. 

[5)  Ou  leny  ;  latin,  lignum  ;  «  embarcaciô  de  gran  port,  sensé  rems,  y 
propia  pera  viatges  llarchs  »  (Labernia). 

[6)  D'où  le  nom  d'albcrch  ;  cast.,  albergue. 
(7J  Echanger  ;  grec,  -py-rut. 

(8)  Arch.  communales  de  Perpignan,  AA.  3,  Livre  vert  mineur,  tome  1", 
f"  82  V,  85. 


Quelques  noms  de  plantes  ^  synonymes 

Catalans-Français  ^  Français-Catalans 

<^^i^  (SUITE) 

M 

madrona.  —  voir  salvia. 

maduixa,  fraise.  —  fraga,  fraula,  araques. 

magraner.  —  voir  manglaner. 

mai=morrà,  joubarbe. 

majorana,  marjolaine.  —  moraduix,  marduix. 

malcoratge  (et  melcoratge).  —  voir  morterol. 

mal  d'uUs.  —  voir  lletresa. 

malrubi   (et   malroig,    marreUS),   marrube.  —  col   de   maynatge, 

mata-porcs. 
malva,  mauve. 

nialva=rosa,  rose  trémière,  alcée. 
malvi,  guimauve.  —  fregadô. 
mançanilla,  camomille.  —  camamilla. 
maneula,  cynoglosse.  —  llengua  de  cà. 

manglaner  (et  mangraner,  magraner),  grenadier. 

maravelleS.  —  voir  garronada. 

marcoris  (et  marCOlic).  —  voir  lliri  morat. 

marduix  (et  moraduix).  —  voir  majorana. 

marduji,  réséda.  —  herba  del  amor,  herba  del  moro. 

mareselva   (et   selva   mare),   chèvre- feuille.  —  lliga-bosc,    xucla- 

me),  potes  i  manetes. 
marfull,  laurier  lin.  —  llorer  bort. 
margalida.  —  voir  frare. 
margall,  ivraie.  —  jull,  zizania. 
margailô.  —  voir  bargaliô. 

margarida,  margarideta,  margaridoya,  marguerite, i pâquereiie. 

Maria=Lluisa,  verveine  odorante. 
marieta,  larmes  de  Job. 
marigola,  morille.  —  murgula. 
marreUS.  —  voir  malrubi. 


2  I  1 


marxivols,  hellébore  f-élide.  —  roser  de  Nadal,  peu  de  llop. 
mastegUCra  (et  mastec),  pissenhl.  —  pixa-llit.   llacso  d'ase,   dent 
de  lleô,  colitx. 

mata  (et  mata  de  cabrit).  —  voir  lientiscle. 
matafaluga,  anis. 

mata=anyels,  renoncule  flammelte. 

»      aranyes.  —  voir  galzeran. 

»      galiines.  —  voir  herba  caxalera, 

»      UopS.  —  voir  tora. 

»      poils.  —  voir  tindarell. 

»      porcs.  —  voir  mairubi. 

»      velles.  —  voir  sarsa  parella. 
matifoc.  plan  ta  go. 

meca  de  pioc,  saUcaiie. 

melgÔ  (et  melga,  meuca).  —  voir  auzerda. 

melilot.  —  voir  trevoi. 

melo,  melon. 

menta,  menthe.  —  mentorala,  rementola,  rementerola,  herba  bona, 

herba  sana. 
mentastra    (et    mentrasta),    menthe    sauvage.    —    menta    borda, 

menta  de  borro. 
mentorala.  —  voir  menta. 

mil  fulles,  achHlée.  —  herba  del  tail,  herba  de  les  nou  camises. 
mill,  petit  millet. 

»      del  sol,  grémil.  —  granadura. 

»       gruà.  —  voir  blat  d'India. 
mirambell,  ivette.  —  iva,  herba  flatera. 
moixa  (et  muixa).  —  voir  arbosser. 

moixera  (et  muixera).  —  voir  estepa. 

mongeta,  haricot.  —  fasol,  bajoca. 
mora,  mûre.  —  voir  morera. 

»        d'arsa,  mûre  de  haies.  —  voir  romaguera. 
»        de  Sant  Joan,  sorte  de  framboise. 
moraduix  (et  marduix).  —  voir  majorana. 
morellu  de  marge,  morelle  douce  amère.  —  solana. 

«  roquera,  pariétaire.  —  herba  de  paret.  herba  de  la  Mare 
de  Deu,  herba  de  Nostra-Dona,  granadeila,  cama-roja, 
cama-roig. 


21  2 


morelIÔ,  mouron,  spergule.  —  picapoll,  pic  de  gallîna. 

morera  (et  amorera),  mûrier. 

«         Salvatge.  —  voir  romaguera. 
morritort  (et  murritort),  cresson  alénois,  Jiasiiort. 
morterol  (et  murtarol),  mercuriale.  —  malcoratge,  tarra,  vina-me- 

querrer. 
mosques  d'ase,  ophrys.  —  abelles. 

mostassa  (et  tnostarda,  mostaga),  moutarde. 
muixera  (et  moixera).  —  voir  estepa. 

muixereta.  —  voir  boixerica. 

mùrgula,   morille.  —  marigola,  rabassola. 

murritort.  —  voir  morritort. 

murtarol.  —  voir  mortaro). 

murtra,  myrte.  (M  suivre) 

Manifestation  artistique  de  Charité 

Sous  le  patronage  de  notre  confrère  La  J(enaissance  Catalane, 
un  grand  concert  de  bienfaisance  réunissait  le  25  août,  à  Elrie, 
une  pléiade  d'artistes  et  poètes,  pour  la  plupart  roussillonnais. 
]]  y  avait  là  :  M""'  Mathilde  Comès,  de  l'Opéra,  et  Hourlier- 
Comès,  de  l'Opéra-Comique  ;  le  Maître  Déodat  de  Sévérac, 
MM.  Charpentier,  i"  violon  de  l'Opéra,  le  ténor  Espéry,  Char- 
les Grando,  de  la  7{evue  Catalane,  Robert  Subiros  et  Albert 
Janicot,  de  la  T^enaissance,  Uzé,  un  virtuose  du  piano.  Si  cette 
fête  fut  une  vraie  manifestation  d'art,  la  charité  y  trouva  la  plus 
belle  part  et  nous  nous,  en  réjouissons. 

Arxiu  d'Ethnogra/îa  y  de  Folk-lorc  (Barcelona,  Facultat  de  Llettresj. 

L'annuaire  de  1916-17  réunit  en  un  beau  volume  d'inappréciables  docu- 
ments folkloriques  et  une  série  de  questionnaires  sur  les  moeurs,  coutumes 
et  caractéristiques  de  la  région  catalane  du  plus  haut  intérêt. 

Nous  ne  saurions  trop  louer  à  ce  sujet,  avec  le  Docteur  F.  Carreras  y 
Artau,  directeur-fondateur  de  cette  organisation,  son  bras  droit,  notre  ami 
et  collaborateur  J.  Batista  y  Roca,  jeune  érudit  du  plus  grand  avenir,  dont 
la  compétence  en  la  matière  s'impose  de  plus  en  plus. 

La  Renaissance  provençale  (1800-1860),  par  Emile  Ripert. 

L'abondance  des  matières  nous  oblige  à  reporter  à  notre  prochain  numéro 
une  analyse  de  ce  magnifique  ouvrage. 

*   Le  Gérant,  COMET.  —  Imprimerie  Catalane,  COMET,  rue  de  la  Poste,  Perpignan 


12'  Année-   N*  144  15  Octobre  1918 

Les    Manuscrits  non  insères  ^w^  ^^^^V  ^^  M  ^»^ 

ne  sont  pas  rendu».  w^    m^      ^kf     I     I    W^ 

L»s   Articles   parus  aans  ia   Revue  ^^»     t^   ^1^    7^    T         JV    1^1  1^ 

n'engagent  que  leurs  auteurs.  ^b^A^^    Jl    AJ^JL^A   IkA^I  JL^ 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  10  fr.  par  an 

Academia  y  Felibri^e  rossellonenchs 

El  nostre  estimât  confrare  Le  Coq  Catalan  proposa  ia  creaciô 
d'una  Academia  rossellonesa,  composta  amb  els  éléments  literaris, 
artistichs  y  cientifichs  de  la  nostra  terra. 

L'idea  es  de  primera  y  nos  en  alegrem  ;  mes  amb  coses  aixîs 
hi  cal  anar  tocats  y  posats  ;  donchs,  jà  direm  la  nostra  mes  enllà, 
quan  s'hagin  iniciades  algunes  conferencies  prèvies  que  nos  sem- 
blen  del  tôt  necessaries. 

En  lo  que  pertoca  a  la  creaciô  distincta  d'un  Felibrige  rossello- 
nès,  segôns  ne  parla  la  jova  y  m.ereixedora  T^enaissance  Catalane, 
SI  que  hi  posarem  vot  tôt  arreu,  puix  la  Societat  d'Estudis  Cata- 
lans jà  fou  instituîda  pass^n  de  deu  anys,  amb  aqueix  sentit  de 
desenrotllament  felibrench. 

Mes,  fins  avuv,  mentres  representava  la  nostra  Societat  una 
mena  d'Academia  de  la  Lleiigua  Catalana  y  feya  a  Rossellô  la 
mellor  feyna  regionalista,  jà  es  altament  reconegut  de  tothom,  no 
assolia  com  molts  ho  haguessen  desitjat,  tota  l'expansio  felibrenca 
que  somniarem  y  que  es  fa  de  niés  en  mes  necessaria  cada  dia. 
Resultava  aixô,  no  d'un  esforç  insuficient  dels  qui  la  guiaven,  mes 
de  la  seva  constituciô  formai,  del  seu  caràcter  de  Societat  y  no 
mes. 

Y  aixis  es  qu'ara  per  ara  estudiem  un  projecte,  tal  com  ho  diu 
el  director  de  la  Renaissance  Catalane,  a  qui  ne  varem  fer  avinent, 
per  a  l'instauraciô  proxima  d'un  verdader  Felibrige  rossellonès, 
amb  l'ajuda  y  l'uniô  de  tots  els  conreuhadors  de  la  ilengua 
materna,  y  prescindint  de  tôt  lligam  amb  qualsevol   societat  lite- 


raria,  cientifica  6  artistica  actual.  No  mes  podri'a  esser  afillat, 
boy  servant  son  independencia,  amb  la  Academia  rossellonesa 
que  's  va  constituint.  Y  va  sensé  dir  que  en  ayta!  Felibrige,  amb 
respecte  a  la  noble  cause  que  iria  perseguint,  se  fondrien  totes 
les  ires  y  aborriments  locais  passats,  que  s'aplegarien  sota  la 
seva  bandera  sagrada,  en  orguens  comuns,  les  varies  revistes  6 
diaris  de  llengua  catalana  publicats  a  Rossellô. 

Nosaltres  desitjem  fer,  dins  aqueixa  via,  la  del  dret  camî  y  de 
la  llum  santa,  a  la  claror  del  sol  irradiant  de  la  tradiciô,  un  pas 
major,  hasta  tinguessim  de  modificar  nostres  fonaments  de  cap  a 
pzus. 

Jà  ne  tornarem  a  parlar  en  descapdellant  el  projecte,  quan  con- 
sultades  les  personalitats  volgudes,  aixîs  com  les-hi  convidem  en 
seguida,  ne  vegem  possible  la  realisaciô. 

Antes  de  tôt  preguem  tots  els  escriptors  rossellonesos  de  llen- 
gua catalana,  que  formin  part  6  no  de  nostra  Societat,  de  nos  fer 
coneixer  llur  judici  sobre  aqueix  assumpte.  Els  hi  agrahirem  molt. 

La  7{evue  Catalane. 


La  seigneurie  ^  la  paroisse  de  Serrahngue 

^-^^Z^  [SUITE) 


11  existe  des  quittances  aussi  affirmatives  et  aussi  importantes 
que  les  pièces  qui  précèdent  :  « /o  baix  firmat  iinch  rebul  de  T^ose 
Poch  de  la  Pomarèda  8  rais  y  8  diners  y  très  galUnas,  y  son  per  los 
censos  fa  à  la  Baronia  de  Cabrenys  caiguls  lo  JSadal  passai,  y  per  ser 
lo  ver,  lin  fas  la  présent  rebuda.  Al  Castell  de  Serrallonga  ;  als 
^6  mars  f]52.   —  Joan  Vilanova  y  Delaris  arrendador  ». 

Le  même  fermier  des  revenus  du  comte  de  Ros  rédige  un  reçu 
à  peu  près  semblable  fait  le  6  juin  1 762  «  al  castell  de  Serrallonga  ». 

La  conclusion  qui  se  dégage  de  tous  ces  documents  est  la  sui- 
vante :  seul  le  château  de  Serralongue  était  debout,  tandis  que  le 
château  de  Cabrenç  n'existait  que  de  nom,  étant  abandonné  et 
en  ruines  depuis  de  longues  années. 


b 


—  î)5  — 


11'  Partie  —  La  paroisse  de  Serralonguc 

La  paroisse  Sainte-Marie  de  Serraionguc  remonte  assez  haut 
dans  l'histoire.  Elle  est  mentionnée  en  988  (Marca,  n"  1 38  et 
Baluze,  Capiiular.  t.  11,  p.  j5o).  Dans  une  charte  du  comte  de 
Barcelone  du  1(1  des  calendes  de  mai  1141,  il  est  dit  que  le  ter- 
ritoire de  Sainte-Céciie  de  Mollo.  situé  sur  le  revers  sud  des 
Pyrénées,  confronte,  a  l'est,  avec  le  territoire  du  château  de 
Cabrenç  :  in  casirum  quod  vocaiur  Cabrens  (Marca,  n'  399).  Ce 
qui  prouve,  dit  Alart,  que,  dès  cette  époque,  le  territoire  de 
Lamanère  était  une  dépendance  de  la  baronnie  de  Cabrenç,  car 
le  territoire  de  Mollo  ne  confronte  oaâ  avec  le  territoire  de  la 
commune  actuelle  de  Serralonoue,  mais  seulement  avec  celui  de 
Lamanère.  Le  territoire  de  Serralonoue  et  celui  de  Lamanère 
ont  été  compris  dans  la  même  paroisse,  celle  de  Sainte-Marie  du 
lieu  de  Serralongue,  et  n'ont  formé  qu'une  seule  communauté 
jusqu'à  la  Révolution  (1  ). 

J.  —  L'église  de   Serralongue 

L'église  qui  domine  le  village  de  Serralongue,  dit  Alart,  est 
entièrement  construite  en  pierres  de  taille  et  aussi  solidement 
bâtie  que  le  château  de  Cabrenç.  11  n'y  a  aucun  détail  d'ornemen- 
tation à  la  porte  d'entrée  et  à  la  fenêtre  du  chevet,  et  rien  ne 
peut  faire  démentir  la  date  de  l'an  1019  que  l'on  attribue  a  sa 
consécration  (2).  Il  est  certain  qu'aucune  de  ses  pierres  n'a  bouge 
depuis  l'époque  où  elles  furent  posées,  et  cette  forte  construction 
pourrait  suffire,  en  cas  de  danger,  pour  abriter  et  défendre  la 
majeure  partie  de  la  population.  • 

La    porte    d'entrée   est   assez  remarquable  par  ses   pentures   et 

(  I  )  Le  curé  de  Serralongue  exerçait  sa  juridiction  sur  1  église  de  Lama- 
nère :  il  était  curé  de  ce  territoire  en  1722  :  AU  29  avril  vj^i,  en  la  capella 
de  Sanl  Salvador  de  la  manera,  parrochia  de  Serrallonga,  se  ha  célébrât  matri- 
moni  segcns  lo  rilo,  en  presenlia  del  propi  curai  baix  firmal.  —  Blazi  Hortet, 
curât. 

(î)  L'église  de  Serralongue  aurait  été  consacrée  en  1019.  par  Béren- 
ger  111,  évêque  d'Eine. 


2  J  6     

par  son  verrou  sur  lequel  une  inscription  ou  signature  d'artiste  est 
gravée  au  burin  : 

f  Bernardus  \  TABer  \   VEUM  \  ME  \  VEUT  f  (j) 

La  lettre  V  du  mot  velim  est  fort  douteuse,  mais,  par  ses 
signes  paléographiques,  l'inscription  peut  remonter  au  xn'  siècle 
et  semble  confirmer  le  sentiment  de  M.  de  Bonnefoy. 

a)  Le  chœur 

Il  n'est  pas  aussi  ancien  qu'on  pourrait  ie  croire.  11  ne  date 
que  de  la  fin  du  xvi'  siècle  ou  du  commencement  du  xvn'.  En 
effet,  dans  une  visite  apostolique  faite  le  8  février  1618,  Pierre 
Pussach,  prêtre,  docteur  en  théologie,  recommande  d'achever  la 
construction  du  chœur  :  Item  manam  à  Anloni  Besayria  que  dins  dos 
mesos  aja  de  acabar  de  fer  h  cor,  conforme  son  pare  esiava  obligai  y 
pagat  ». 

b)  Chapelle  du  T^osaire 

Elle  existait  déjà  à  l'époque  ou  Pierre  Pussach  vint  à  Serra- 
longue  en  qualité  de  visiteur.  Seulement,  l'ayant  trouvée  proba- 
blement trop  étroite  et  mesquine,  il  ordonna  de  l'agrandir  et  d'y 
faire  d'autres  réparations  :  a  Manam  à  Joan  Llensa  dels  masots  y  à 
Père  0ms,  pabordes  de  la  Confraria  del  J^pser,  axamplan  lo  allar  del 
T^oser  y  que  fassan  una  Hcaine  de  fusta  y  respallar  lo  grau  que  y  es 
de  pedra  y  fer  una  image  de  un  palm  pera  las  processions  del  primer 
diumenge  ». 

c)  Chapelle  de  Sainl  Marsal 

En  1618,  cette  chapelle  était  en  mauvais  état,  puisque,  le 
10  mars  de  cette  année,  le  visiteur  Llatzer  Larbat,  chanoine  de 
l'église  collégiale  de  Notre-Dame  de  la  Real,  à  Perpignan, 
défend  au  curé  ou  au  vicaire  d'y  dire  la  messe  :  <i  Se  ordena  y 
mana  al  reclor  0  vicari,  à  pena  de  excommunicatio,  no  diga  missa  en 
la  capella  de  Sant  Marsal  que  no  siçf  reparada  ». 

{H  suivre)  Joseph  Gibrat. 

(1)  Au  célèbre  sanctuaire  de  JV.-D.  de  J\uria  il  existe  une  grille  en  fer 
battu  qui  sépare  le  sanctuaire  de  la  nef.  Cette  grille,  qui  remonte  au  xvn' siè- 
cle, porte  l'inscription  suivante  :  Pau  Planes,  farrer  à  Serralhnga.  me  fècit. 
Le  verrou  qui  ferme  cette  grille  est  la  reproduction  exacte  de  celui  qui  fer- 
me la  porte  de  l'église  de  Serralongue  et  qui  a  pu  servir  de  modèle  à  Pau 
Planes. 


ï 


ï 


Canco  de  soldat 

Quant  alta  't  tinch  per  fè  'i  xerrich, 
oh  !  ma  botella  catalana, 
llavors  me  cantes  cant  bonich 
que  parla  de  l'or  de  ma  plana. 

Amb  l'estret  fil  del  teu  galet 
es  un  bell  somni  que  s'escampa  : 
el  botero  del  carrer  quiet, 
les  cabres  pujant  a  la  rampa  ; 

es  la  galana  que  somriu 
sota  l'ombrivola  figuera, 
emparant  el  festeig  corn  niu  ; 
dins  l'altre  niu  que  n'es  l'Albera  ; 

tota  ma  terra  es  dins  l'arqueig 
que  's  blinga  de  tu  'n  els  meus  llàvis  ; 
vives  cançons  del  bon  tresteig 
escorres,  amb  cobles  dels  avis. 

Que  porti  'n  la  seua,  el  Teuto, 
dolent  tres-sis  que  l'embriaga, 
amb  flor  de  vi  del  Rossellô, 
V  bons  recorts  la  meua    m  paga. 

Sanch  dels  pujols  y  '1  riberal, 
que  tôt  el  blau  del  cel  exaltes, 
dônain  la  forsa  y  l'idéal 
que  't  ven  del  soi  de  Rivesaltes. 

Quant  alta  't  tinch  per  fê  '1  xerrich, 
Oh  !  ma  botella  catalana. 
me  cantes  un  cant  heroïch 
que  n'es  remor  de  tramontana. 

Fr.  Salvat. 
Sul  front  de  Xampanya,   1915. 


ift  jft  rtn  en  ûa  en  ea  CD  DQ  ûi.  CQjCSLjuOi  ca  .CQl  Qa  -oCl  COlCQ  Ca-CA  jCP  Ca  Ca  CujCuL  Ca,  wi  Ca  .v^  /r^  .tfOuCuL  gg.  .fflt  ■OT.  ifA  kA  l^  <rO\  /T^  irnl  flnt  cft  ia£a. 
300  3S  OtS 'JQD  XC  OCjp  30D  OQD  AS  âX  XO  ûroOQ^ 


La  Renaissance  Provençale  (1800-1860) 


(-) 


par  Emile  Ripert 
^^ 

L'Académie  d'Aix  a  couronné  cet  ouvrage  ;  cette  seule  distinc- 
tion classe  déjà  et  l'auteur  et  le  livre  ;  aussi,  éviterons-nous  tout 
préambule , sur  les  mérites  de  l'un  et  de  l'autre.  L'auteur  est  d'ail- 
leurs avantageusement  connu.  Quant  à  l'ouvrage,  en  voici  l'analyse 
succincte  pour  ceux  oui  n'ont  pas  eu,  comme  nous,  le  bonheur 
de  le  parcourir  et  de  l'admirer. 

Trois  grandes  époques  ou  plutôt  trois  mouvements  bien  mar- 
qués précèdent  et  préparent  la  renaissance  provençale. 

1°  Le  mouvement  savant,  antérieur  au  xix'  siècle,  marqué  par  les 
efforts  des  auteurs  italiens,  français  et  surtout  provençaux  appor- 
tés dans  les  recherches  sur  la  langue  d'Oc  et  sur  sa  littérature.  A 
noter  dans  cette  époque  l'influence  de  l'abbé  Miilot,  de  Béran- 
ger,  Papon,  d'Achard,  et  dans  les  premières  années  du  xix'  siè- 
cle, où  le  mouvement  se  précise,  les  travaux  de  Guinguené,  Sis- 
mondi,  Rochegude  et  surtout  l'influence  de  Raynouard  qui  amène 
presque  à  elle  seule,  en  France,  le  réveil  des  études  romanes. 

L'auteur  consacre  plusieurs  chapitres  à  l'influence  des  histo- 
riens Augustin  Thierrv,  Michelet,  Guizot,  aux  vulgarisateurs  et 
amis  des  patois  Mary-Lafon,  Nodier,  Millin,  Mérimée,  Xavier 
Marmier,  aux  provençalisants  Méry,  Taillandier,  Honnorat,  dont 
le  dictionnaire    marque  déjà  un  progrès  ; 

2°  Le  mouvemenî  ouvrier  avec  les  protecteurs  delà  poésie  popu- 
laire Lamennais,  Béranger,  George  Sand,  L^amartine  et  les  poètes- 
ouvriers  Reboul,  Poncv,  Pélabon,  Astouin,  Maillet,  Reine  Garde  ; 

3'  Le  mouvemeni  dialectal  ou  traditionaliste  où  se  note  l'initiative 
des  poètes  populaires  des  bords  du  Rhône  :  Bellot,  Chailan, 
Bénédit,  Victor  Gelu  et  de  plusieurs  autres,  ainsi  que  les  essais 
des  poètes  du  Var  et  régions  contiguës  de  la  Provence. 

L'exDosé  de  ces  mouvements  établi,  l'auteur  en  réunit  les 
divers  fils  en   une   trame    solide   et,  avec  un  esprit  méthodique  de 

(i)  Editeurs:  Champion,  Paris,  et  Dragon,  Aix-en-Provence,   i5  fr. 


—  219  — 

premier  ordre,  pose  les  premières  fondations  de  la  renaissance 
provençale  en  trois  chapitres  merveilleusement  charpentés  : 

i"  Deux  exemples:  Brizeux  en  Bretagne,  Jasmin  en  Gascogne; 

2'  Deux  initiateurs  :  Crousillat  et  Roumaniile  ; 

3'  Les  manifestations  collectives  et  les   premières  publications. 

Et  alors  naît  de  ces  initiatives  et  surtout  de  celle  de  Rouma- 
niile, en  qui  nous  devons  saluer  le  vrai  précurseur,  cette  école 
d'Avignon,  la  création  du  Félibrige  et  de  VMrmana  Prouvençau, 
et  leur  apogée,  avec  la  révélation  de  Mistral,  le  triomphe  de 
Mireille,  la  publication  du  Trésor  du  Télibrige,  l'impulsion  irrésis- 
tible désormais  donnée  aux  lettres  provençales  par  le  maître  de 
Maillane,  déjà  en  pleine  gloire,  l'apôtre  Roumaniile,  et  les  pre- 
miers disciples  :  Anselme  Mathieu,  Tavan,  Aubanel,  Paul  Giera, 
Adolphe  Dumas,  suivis,  plus  tard,  de  tant  d'autres. 

M.  Emile  Ripert  arrête  là  son  étude  ;  mais  il  nous  laisse  l'es- 
poir de  voir  paraître  ultérieurement  l'histoire  de  la  littérature 
provençale  de  i86o  à  nos  jours.  Déjà  nous  en  a-t-il  donné  les 
prémices  avec  son  admirable  travail  sur  la  versification  de  Frédé- 
ric Mistral  ()). 

Ce  serait  l'heureux  complément  des  annales  d'un  passé  gran- 
diose, digne  et  clair  épisode  du  grand  problème  ethnique  qui  se 
pose  aujourd'hui  aux  yeux  de  l'humanité,  après  tant  de  chimères 
et  de  rêves  anéantis  :  l'harmonie  des  nationalités  et  le  fécond 
réveil  régional.  Charles  Grando. 

(  I  )  Cf.  J^evue  Catalane,    i  5  juin  1918,  p.    i  3o. 

Quelques  noms  de  plantes  4  synonymes 

Catalans-Français  ^  Français-Catalans 

<e|^  (SWTE) 

N 

nantilla,   lentille.  —  llentia. 
nap,  navel. 
»       bort.  —  voir  repunxô. 


k 


—   2:^0  — 

naret.  —  voir  boixerica. 

nart,  nard. 

naviu.  —  voir  abaixonera. 

nepta,  népète,  cataire.  — -  herba  dels  gats. 

nespler  (et  nesprer),  néflier. 

niella,  nielle. 

noguer,  noyer.  —  pacana. 

nyàmara,  (et  nyama),  topinambour. 


Oliu  (et  olivera),  olivier. 

Olivarda,  aunée. 

Olivella,  troène.  —  albena,  alsena,  troana. 

Olivereta,  camélée.   —  garuppa. 

Ollastre  (et  ullastre),  olivier  sauvage. 

om,  olm,  olmissa,  olmisser,  aumisser,  ormeau,  orme. 

Ordi,  orge. 

»      Salvatge.  —  voir  espigadella. 
Orella  de  monja,  ombilic.  —  barret  de  capellà. 

»        de  rat.  épervière.  —  herba  del  cancer. 
Orenga,  origan. 
Oriol,  oronge. 
Orobanca.  —  voir  frare. 
oronia.  —  voir  adzaroller. 
Ortiga  (et  ortigol),  ortie.  —  estrigoi,  xiripia. 


pacana,  sorte  de  noyer. 
paciencia,  patience,  rumex.  —  panatiella. 
pallîier,  palmera,  palmier  dattier. 
pampes,  ombelUfères,  berse,  boucage. 
pàmula  (et  pdlmula)  paumelle. 

panaces  (et  panac,  panec),  berse  panacée.   —  bercet. 
panadella.  —  voir  paciencia. 
paniça  (et  paniçold).  —  setaire,  panis. 

panicalt    (et    penical),    panicaut,    chardon    roulant.    —   espinacart, 
cart  corredor,  cent  caps. 


27  I     — 


pantinella.  —  voir  pimpindla. 

paparola.  —  voir  rosella. 

paparra,  sfjphysaigre.  —   herba  dels  poils,  cibadella. 

parra,  treille. 

paSSa=Cami,    renouée.    —    herba     caminadora,     herba    caminairt:, 

herba  de  cent  nusos,  trava-cavalls,  estira-velles,    escanya-veiies, 

presseguera. 
paSSionera,  passiflore.  —  flor  de  ia  Passiô. 
pastanaga,  carotfe.  —  bufanaga,  safanoria. 

>  Salvatge,  panais. 

pastell,  pastel,  vouèJe. 
pata.  —  voir  pota. 
pataCS.  —  voir  ^olitxos. 
patana,  pomme  de  terre.  —  trumfa. 
pavia,  pêche.  —  albargo. 
pebre  d'aygua,  persicaire.  —  sanguinari. 

pebrina  (et  pebrot),  poivron.  —  bitxo. 

peceteS,  lunaire.  —  herba  de  la  plata. 

pedrassa,  vesse.  —  vessa,  arvelles. 

pels.  —  voir  cabells. 

pelitre,  pyrêthre. 

pellagra.  —  voir  esparcer. 

pelosella,  pHoselle. 

penical.  —  voir  panicalt. 

pensament,  pensée.   --  herba  de  la  Trinitat. 

pentecosta,  orchis. 

penteCOStera.  —  voir  boixerica. 

p£Onia.  —  voir  ebutiscla. 

pcpino,  cornichon. 

pepirigall.  —  voir  esparcet. 

peralloner.  —  voir  sanguinyol. 

perer,  poirier. 

pericô  groc.  —  voir  trescam. 

»       vermeil.  —  voir  caxalagua. 
perpetuina,  immortelle.  —  sempre  viva. 
pervinca,  pervenche.  —  herba  de  primavera. 
peSOl  (et  peso),  pois.   —  tirabec. 
pet  de  llop,  lycoperdon.  —  llufa. 


222 


peu  de  Cavall,  tussilage.   —  peu  de  mula. 
»    de  llop.  —  voir  marxivols. 

pi  (et  pinatell),  pin. 

pibet,  sapin.  —  bet,  abet. 

picapoU  (et  pic  de  gallina).  —  voir  morello. 

picaranyeS.  —  voir  galzeran. 

pimpinella,  pinpremlle.   —  pantinella. 

pingcll.  —  voir  trescam. 

pinta,  scandix  peigne  de  Yénus.  —  agulles  de  pastor. 

piragues.  —  voir  vidauia. 

pjta  (et  pitalassa).  —  voir  etzevara. 

pixa=llit.  —  voir  masteguera. 

pix  de  Cà,  chénopode.  —  herba  pudenta. 

plantage,  plantain. 

pO]iol,  pouliot.  —  puliot,  purriol. 

poil  (et  pollanc,  pollancre),  peuplier.  —  x6p. 

»     blanc,  peuplier  blanc.  —  alber,  arbre  blanc. 
poma  d'ainor,  tomate.  —  tomata. 
pOnier,  pommier.  —  (voir  aussi  camosina.) 
»         d'Adam.  —  voir  punsemer. 

»         de  Sant  Joan,  alisier.  —  selvier  de  muntanya,  subrà. 
ponsemer.  —  voir  punsemer. 
porre  (et  porro),  poireau.  —  ceballot. 
porraSSa  (et  porranissa),  asphodèle.  —  porreca,  gamonet. 
porreca.  —  voir  porrassa. 
pota  de  Cavall.  —  voir  peu  de  cavall. 
potes  de  gallina.  —  voir  sarreig. 
potes  i  maneteS-  —  voir  mareselva. 
preSSegUer,  pêcher.  —  (voir  aussi  pavia.) 
preSSegUera.  —  voir  passa-cami. 
primavera  (et    primula),   primevère.   —  cucut,   herba   del   cucut, 

herba  de  sant  Pau. 

pruner  (et  prunera),  prunier. 

pUCera.  —  voir  seragatona. 

pudent,  datura  stramoniuw.  —  herba  de  les  talpes,  herba  taupera. 

puliot  (et  purriol).  —  voir  poliol. 

punsemer  (et  poncemer,  cédratier.  —  cédrat,  pomer  d'Adam. 

pUnxa<ClauS.  —  voir  abriuls.  f/?  suivre) 


Davant  de  la  mar 

La  mar  té  un  eternal  encantament, 
la  mar  té  un  eternal  extremiment, 
i  es  venturosa  i  es  malestruga. 
La  mar  té  un  eternal  encantament 
i  canta  i  riu  i  es  plany  i  juga. 

Exteneu  les  vêles  amples 
en  l'amplaria  de  la  mar. 
Doneu  al  cant  de  les  ones 
la  dolçor  del  vostre  cant, 
j  mentre  el  coratge  us  dugui, 
llenceu-vos  sempre  à  la  mar. 

Mentre  la  ventura  us  dugui, 
no  heu  de  tèmer  ni  plorar. 
La  ventura  es  vostra  amiga, 
perque  es  la  amiga  del  mar. 

Exteneu  les  vêles  amples 
i  obriu  les  boques  al  cant, 
que  us  el  rediran  les  ones 
com  tornaveus  de  la  mar, 
tant  si  el  dicta  l'esperança 

com  si  amb  llàgrimes  es  plany. 
La  mar  es  vostra  germana, 
vosahres  els  seus  germans; 
La  ventura  us  hi  acompanyà, 
en  la  amplaria  de  la  mar. 

La  mar  té  un  eternal  encantament, 
la  mar  té  un  eternal  extremiment, 
i  es  venturosa  i  es  malestruga. 
La  mar  té  un  eternal  encantament, 
i  canta  i  riu  i  es  plany  i  juga. 
(El  poème  dels  Camins.J  Alfons  Maseras. 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

4*^^^  (SUITE) 

XI.  Transit  des  marchandises  (  i3yS-ij^ïy).  Ordonnances  relatives  à  t'exporia- 
tion  des  marchandises  et  au  droit  de  transit,  impôt  sur  les  importations  (  1 408  ). 
Permis  de  franchise  concernant  les  draps.   Interdiction  d'exporter  des  chevaux 

('425). 

Comme  suite  au  droit  de  rêve,  il  est  intéressant  de  voir  quels 
sont  les  règlements  concernant  l'importation  et  la  franchise  des 
marchandises  provenant  du  Roussillon. 

Ordonnance  relative  à  la  franchise  des  marchandises  exportées 
du  royaume,  à  l'exception  des  bilîo  e  clova  dont  le  trafic  est 
expressément  interdit  par  mandement  du  roi. 

Ce  droit  d'importation  et  d'exportation  concernait  la  poix,  le 
suif,  le  bois,  le  fil,  le  fer,  les  armes,  les  chevaux  d'armes.:  toute 
infraction  à  ce  règlement  sera  puni  d'une  amende  de  c  sols. 

I  2  août  1  378 

Lo  Governador 

Als  honrats  tots  e  sengles  officiais  dins  nostra  Governacio  cons- 
tituits,  e  à  gardes  de  passes  e  de  coses  vedades  o  à  lurs  lochs 
tenens,  als  quais  les  presens  pervendrân,  salut  e  prosperitat.  Con 
nos  axi  con  président  hajam  jurât  de  tenir  e  servar  les  constitu- 
ions e  siam  tenguts  de  ensercar  e  mantenir  lo  proffit  e  utilitat 
de  la  cosa  publica  de  nostra  Governacio,  en  nostra  plen  conseyl 
appellat  e  ausit  plenerament  i'onrat  En  Berenguer  de  Maguerola, 
procurador  reval  en  los  comptats  de  Rossello  e  de  Cerdanya  e 
maestra  de  ports  en  los  dits  Comta[t]s,  e  son  lochtinent,  hajam, 
à  instancia  dels  honrats  consols  de  la  vila  de  Perpenya,  p'er  be  e 
utilitat  de  la  cosa  publica  d'aquesta  terra,  una  veu  e  dues  per  jus- 
ticia  déclarât  e  ordonat  que  totes  universes  e  sengles  coses  e  mer- 
cadaries,  quais  que  sien,  pugen  esser  treytes  de  la  dita  terra 
franchament  e  quicia,  sens  licencia   e   albara   del    dit    maestre   de 


—    225    — 

ports,  no  contrestant  quai  que  s'  vuyla  inhibicions  ne  uses,  excep- 
tât les  coses  que  son  prohibides  per  constitucio,  e  exceptât 
billo(i)  e  clova  que  son  prohibides  per  exprès  manament  e  ordi- 
nacio  del  senyor  Rey.  Per  so,  ios  requeridors  requerim  e  als 
altres  dehim  e  expressament  manam  que,  observant  les  dites  nos- 
tres  declaracio  e  ordinacio,  lexets  passar  e  exir  de  la  dita  terra, 
es  asseber  del  comtat  de  Rossello,  per  terra  o  per  mar,  totes  uni- 
verses  e  sengles  coses  e  mercaderies,  quai  que  s'  vulla  sien,  sens 
licencia  e  albara  del  maestre  de  ports,  exceptats  pega,  çeu  (2), 
alquitra  (3),  fusra,  cambe,  fil,  exarcia,  fferra,  armes  e  cavaljs  o 
rocins  d'armar,  les  quais  coses  son  vedades  per  exprès  manament 
e  ordinacio  del  dit  senyor  Rey  ;  e  en  asso,  sots  pena  de  c.  sol. 
per  cascuna  vegada,  no  fassats  deguna  contradiccio  ne  embarch, 
d'altrement  la  dita  pena  se  exeguiria,  e  tôt  dan  e  descrich  que 
per  culpa  vostra  s'en  seguissen,  se  imputarien  de  e  sobre  vos- 
tres  bens,  e  nos  contra  vos  provehiriem  de  remeys  covinents. 
Volents  e  ordina[n]ts  que  de  les  dites  coses  prohibides  vos  sia 
donat  translat,  per  so  que  si  de  les  altres  qui  no  son  prohibides 
eren  tretes  de  la  dita  terra,  no  poguessets  allegar  que  les 
ignorats. 

Dat.  a  Perpenya,  z  XI 1  dies  del  mes  d'agost  del  ayn  de  la  nati- 
vitat  de  Nostre  Senyor  Mil  CCCLXXVlll. 

Vid.   P.  Comitis.  (4) 

Deux  permis  de  franchise  accordés  par  le  lieutenant  de  Procu- 
reur Royal  pour  des  draps  «  cadisses  »  blancs  et  de  coulf.ur, 
expédiés  par  Jacques  Figuères,  Jacques  Serrât  et  Jacques  Vives, 
marchands  et  tisserands  de  Perpignan,  sur  «  la  galère  des  Flçrcn- 
tins  »,  commandée  par  Pero  Sent-Pini,  avec  détail  des  pièces, 
marques  et  numéros  de  chaque  ballot,  et  le  nom  des  consigna- 
taires,  Johan  Jorda  et  Guillelm  Vidal,  à  Pise. 

Perpignan,  5  avril   1427 

(1)  Monnaie  de  billon  ;  cast.,  vellôn. 

(2)  Seu  ;  suif,  graisse  ;  cast.,  sebo  ;  lat.,  sébum. 

,3|  Composition  de  0  pega,  seu,  grassa,  résina  y  oli.  Cast.,  alqujtran.  de 
l'arabe  al-quitràn  :  goudron. 

(4)  Archives  communales  de  Perpignan,  AA.  3.  livre  vert  mineur,  t.  1". 
f  267  v'. 


&-. 


226    

[Draps  carregats  en  la  galera  dels  Florentins.] 

En  P[ere]  Roure,  etc.  \  :  lochtinent  del  molt  honorable  mos- 
sen  Bernart  Albert,  cavalier,  Procurador  Reyal  en  los  comtats 
de  Rossello  et  de  CerdanyaJ  (i).  Als  honrats  tots  universes  e  sen- 
gles  officiais  axi  reyals  com  no  reyals  o  à  lurs  lochtinents  e  à 
totes  altres  persones  axi  patrons  de  naus,  de  galères,  com  cossa- 
ris  (2)  de  mar,  de  qualsevol  nacio  sien,  als  quais  les  présents  per- 
vendrân  e  les  coses  dejus  scrites  en  qualsevol  manera  se  pertan- 
guen,  salut  e  honor.  Certificam  vos  ab  les  présents  que  lo  hono- 
rable en  Ffrancesch  Fabre,  mercader  de  la  vila  de  Perpenya,  ha 
carregat  e  tramet  ab  la  galera  dels  Florentins,  la  quai  patroneja 
Pero  Sentpini,  florenti,  trenta  draps  cadisses,  ço  es  xx  blanchs  e 
X  acolorats,  tots  senyats  de  sa  mercha,  lo  quai  es  de  la  présent  (3) 
forma. 

Per  que,  de  part  del  senyor  Rey  e  per  auctoritat  dels  officis 
dels  quais  usam,  à  instancia  è  requesta  del  dit  honorable  En 
Ffrancesch  Fabre,  los  requeridors  de  vosaltres  requerim  e  als 
altres  dehim  e  manam  expressément  e  de  certa  sciencia  que  en 
los  dits  draps  ni  en  algun  d'aquells  no  fassats  ni  permetats  fer 
als^un  embargament  com  sia  à  nos  cert  e  notori  los  dits  draps 
esser  del  dit  honorable  En  Ffrancesch  Fabre,  com  ha  aquells  haja 
carregats  ab  la  dita  galera  de  volcntat  e  consentiment  nostre. 

Dada  en  Perpenya,  à  V  d'abri!  del  any  de  la  nativitat  de 
Nostre  Senyor  MCCCCXXVI 1 . 

DE  SERINYANO,  judex. 

En  Père  Roure,  etc.  En  Ramon  de  Serinya,  etc.  [doctor  en 
décrets,  jutge  del  Patrimoni  Reyal  en  los  dits  comtats]  (4),  als  hon- 
rats tots  universes,  etc.,  salut  e  honor.  Certifficam  vos  ab  les  pré- 
sent? que  los  honrats  en  Jacme  Figueres,  mercader,  Jacme  Serrât 
e  jacme  Vives,  tixedors,  tots  de  la  vila  de   Perpenya,  han  carre- 

(  1  )  Formule  empruntée  à. un  document  antérieur  du  même  registre.  P  1  1  9. 

(2)  Embarcacio  armada  en  cos  ;  lat.,  cursus  (embarch). 

(3)  Le  document  reproduit  le  dessin  de  la  marque  du  ballot  (une  croix 
en  partie  hors  d'un  triangle». 

(4)  Emprunté  au  même  document,  ci-dessus  cité.* 


i 


227    

gats  e  trameten  ab  la  galera  dels  Florentins,  la  quai  patroneja 
Pero  Sentpini,  florenti  :  ço  es  Jo  dit  Jacme  Figueres  deu  draps 
cadisses  (i)  blanchs,  enbaiats  en  dos  baies  n"  4  n°  5,  consignais  en 
Pisa  a  'N  Johan  Jorda  senyades  d'aquest  senyal  ;  e  lo  dit  Jacme 
Sarrat  xi  draps  cadisses  blanchs,  enbaiats  en  dos  baies  senyades 
d'aquest  (2)  senyal,  consignais  a  'N  Guillelm  Vidal,  en  Pisa  ;  e  lo 
dit  Jacme  Vives,  xj  draps  e  mig  cadisses  blanchs,  enbaiats  en  dos 
baies  n'  2,  n'  3,  senyades  d'aquests  senyals  (3),  consignades  en 
Pisa  al  dit  Guillelm  Vidal. 

Per  que,  de  part  del  senyor  Rey,  etc.  (fiât  ut  supra  prope). 
En  testimoni  de  les  coses  damunt  dites,  vos  fem  la  présent  cer- 
tifficacio,  sageliada  ab  lo  sageil  menor  del  offici  de  la  Procuracio 
Reyal  dels  dits  comtats. 

Dada  (ut  supra).  (4) 

Provision  du  roi  Alphonse  d'Aragon,  renouvelant  la  défense 
de  laisser  exporter  des  chevaux,  sous  peine  de  cinq  mille  florins 
d'or  d'Aragon,  et  recommandant  à  tous  les  officiers  royaux  de 
redoubler  de  vigilance  à  cet  effet,  en  raison.de  «  los  affers  que 
.tenim  entre  mans.  »  En  cas  d'infraction  à  cette  ordonnance,  saisie 
et  confiscation  des  chevaux  au  profit  de  la  Cour. 

Saragosse,  22  mai   1425 

[Provisio  fêta  per  io  senyor  Rey  sobre  la  prohibicio  per  lo  dit 
senyor  fêta  de  no  traure  cavalls  de  sos  règnes  e  terrasj.  (5) 

N'Alfonso,  per  la  gracia  de  Deu  rey  d'Arago,  de  Sicilia,  de 
Valencia,  de  Mallorques,  de  Cerdenya  e  de  Corcega,  comte  de 
Barchilona,  duch  dé  Athènes  e  de  Nopatria,  e  encara   comte    de 

(i)Cadissos,  cadins  :  drap  groller  de  liana  ;  cast.,  tosch,  mal  fet  (drap 
grossier). 

(2)  Marque  du  ballot  :  étoile  hors  d'un  triangle. 

(3)  Marque  du  ballot  :  croix  au  centre  d'un  triangle  ;  croix  intérieure  et 
extérieure  au  triangle. 

(4j  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  232,  Registre  XV  de  la-  Procuracio  real, 

f°  '29  v\  /II? 

[5)  On  remarquera  les  vieilles  formes  catalanes  jiu  futui4  en  ets  :  atroba-         f f  ^ 

rets,  confisquets,  executets,  donarets,  haurets. 


—    128    — 

Rossello  et  de  Cerdanya.  Als  nobles  amats  e  feels  consellers  nos- 
tres  los  Governadors  de  Cathalunya  e  dels  comdats  de  Rossello 
e  de  Cerdanya,  Batlle  gênerai  e  Procurador  Reyal  dels  dits  prin- 
cipats  e  comdats,  e  no  res  menys  à  veguers,  bâties  e  à  tots  altres 
quais  se  vol  officiais  nostres  e  als  lochtinents  de  aquells,  als  quais 
les  présents  pervendrân  e  serân  presentades,  salut  e  dileccio. 

Entés  havem  novellamcnt  que  alguns  serien  entrats  dins  lo 
principat  de  Cathalunya  per  comprar  cavalls  e  traure  aquells  fora 
nostres  règnes  e  terres.  E  jatsia(ij  tota  treta  de  cavalls  en  tots 
temps  sia  prohibida,  à  major  cautela  (2)  empero  e  per  que  en  lo 
présent  temps,  per  los  affers  que  tenim  entre  mans,  la  dita  treta 
es  molt  mes  evitadora,  vos  ne  volem  avisar  ;  les  quais  coses,  com 
sien  à  nos  desplasents,  e  no  havents  ab  pasciencia  la  sola  attemp- 
tacio  d'aquelles,  à  vosaltres  e  à  cascun  de  vos  manam  expressa- 
ment  e  de  certa  sciencia,  sots  incorriment  de  nostra  ira  e  indigna- 
cio  e  pena  de  cinch  milia  florins  d'or  d'Arago  à  nostres  coffreus 
applicadors  de  cascun  contrafahent,  e  encara  sots  altra  major  pena 
à  nostre  arbitre  reservada,  que  de  continent  façats  servar  la  ini- 
bicio  de  treta  generalment  de  cavalls  fora  nostres  règnes  e  terres. 
E  si  cars  era  que  aigu  o  alguns,  de  qualsevol  stat  o  condicio  sien, 
attemptaven  fer  aquella,  cascu  de  vosaltres  en  vostra  jurisdiccio,' 
tota  hora  e  quant  ho  atrobarets,  procehiscats  à  occupacio  e  de 
fet  prengats  los  dits  cavalls  e  aquells  confisquets  à  nostra  cort  ;  e 
no  res  menys  executets  en  aquells  les  pênes  que  per  aquesta  raho 
haurân  encorregudes,  sens  comport  aigu,  tota  excepcio  de  perso- 
nes  postposada  ;  denunciants-vos  que  si,  per  comport,  compla- 
cencia  o  contemplacio  de  aigu  o  alguns,  vosaltres  o  aigu  de  vos 
sabiem  o  sentiem  negligens,  différents  o  ab  comport  aigu,  o  sobre 
aço  donavets  alguna  prerogativa  e  favor,  nos.  procehiriem,  contra 
lo  contrafahent  de  vosaltres  o  attemptant  algunes  coses,  à  execu- 
cio  de  les  dites  pênes  agrament  e  rigorosa  ;  en  altra  manera,  vos 
dariem  à  conexer  lo  deservey  que  haurets  comés,  en  manera  que 
à  vosaltres  séria  pena  e  altres  eximpli.  Dada  en  Ceragoça,  sots 
nostre  segell  secret  à  XXI 1  de  maig,  en  l'any  de  la  Nativitat  de 
Nostre  Senyor  Mil  CCCC.XXV.  (3) 

REX  ALFONSUS. 

(i  )  Malgré. 

(2)  Précaution. 

(i)  Arch.  des  Pyr.-Or.,  B.  232,  Registre  XV  de  la  Procuracio  real,  f"  1 09. 


229     — 

Ordonnance  du  roi  Alphonse  d'Aragon,  portant  défense  aux 
Allemands,  Savoisiens  et  autres  sujets  de  l'Empereur  d'Allema- 
gne et  du  duc  de  Savoie,  d'exporter  (carregar  o  nevegar)  les 
marchandises  hors  des  Etats  d'Aragon,  autrement  que  par  des 
navires  appartenant  à  ses  sujets,  à  moins  que  ceux-ci  ne  s'y  refu- 
sent ;  et  imposition  de  4  deniers  pour  livres  sur  toutes  leurs  im- 
portations. Pour  que  ces  étrangers  ne  soient  pas  molestés  par 
suite  de  procès  et  différends  en  raison  de  ce  droit  et  de  sa  levée, 
le  roi  commet  pour  juge  de  ces  procès,  et  aussi  comme  consul  et 
protecteur  des  dits  étrangers,  frère  Garcia  de  Torras,  comman- 
deur de  Castellot. 

Le  document  spécifie,  pour  éviter  toute  contestation  en  cas  de 
paiement  pour  les  marchandises  exportées,  que  le  royaume  d'Ara- 
gon comprend  l'Aragon  tout  entier  avec  le  comté  de  Ribagorça  ; 
dans  le  royaume  de  Valence  est  compris  tout  le  territoire  qui 
aboutit  à  Oriola  inclus  ;  le  royaume  de  Mallorque  comprend  les 
iles  de  Majorque,  de  Minorque  et  d'iviça  ;  la  ville  de  Sardaignc 
représente  tout  le  royaume  de  Sardaigne  ;  et  la  principauté  de 
la  Catalogne  comprend  la  Catalogne  entière  et  les  comtés  de 
Roussiilon  et  de  Cerdagne. 

Tortosa,  7  janvier  1408 

[Per  los  Alamanys,  Savoyenchs  e  altres  destrictuais  del  senyor  Rey .] 

Nos  N'  Alfonso,  per  la  gracia  de  Deu,  rey  d'Arago,  de  Sici- 
iia,  de  Vaiencia,  de  Mallorques,  de  Sardenya  e  de  Corcega, 
comte  de  Barchilona,  duch  de  Athenas  e  de  Nopatria,  e  encara 
comte  de  Rossello  e  de  Cerdanya. 

Considérants  esser  digna  e  justa  cosa  e  à  tota  bona  equitat 
concordant,  que,  ax)  com  los  Alamanys  e  Savoyhenchs  e  altres 
districtuals  del  Emperador  d'Alamanya  e  del  duch  de  Savoyha  stan, 
negociegen,  contracten  e  mercadegen  en  e  dins  nostres  régnas  e 
terras  sots  nostre  proteccio  e  guiatge(i)  e  de  molts  altres  preroga- 
tivas  e  favors,  segons  se  conte  devall,  privilegiats,  fahents  grans 
goanys  (2)  e  multiplicants  lurs  esmerçes  e  havers  grantment  en 
aquells,  axi  nos  e  la  cosa  publica  dels  dits  nostres  règnes  e  terres 

(1)  Guia  ;  sauvegarde  ;  lat.,  via. 
(2  )  Guany  ;  gain. 


—    23o    — 

reporten  de  ells  e  de  lur  stada,  axi  com  fem  dels  Ytalians  e  altres 
mercaders  négociants  dins  nostre  senyoria,  dagut  fruyt  e  utilitat. 
Per  ço  provehim,  statuim  e  ordonam  que  algun  dels  Alamanys, 
Savoyhenchs  e  altres  dessus  dits  no  puxa  ne  gos  carregar  o  neve- 
gar  algunes  robes  o  mercaderies  del  règne,  terras  e  principal 
damant  dits  en  alguna  fusta  o  navili,  sino  ab  fusta  o  navili  de 
sotsmesos  (i)  nostres,  per  trametre  en  alguna  partida  o  partides, 
axi  dins  com  de  fora  nostra  senyoria.  Empero  es  entés  al  cars 
que  los  dits  nostres  sotsmesos  volguessen  levar  les  dites  robas  o 
mercaderias  o  pendre  aytals  partits  ;  e  si  cars  era  que  los  dits 
nostres  sotsmesos  no  volguessen  aquelles  levar,  o  pendre  aytal 
partit,  en  aquell  cars  puxen  trametre  e  navegar  aquellas  ab  altres 
navilis  o  fustes  de  altres  qualsevol  personas.  E  si  per  ventura  no 
s'  podien  avenir  sobre  o  per  raho  del  nolit  o  nolits,  si  donchs  ja 
no  son  tatxats,  hajan  e  puxen  aquells  nolits  tatxar  los  consols  de 
la  mar  (2)  de  aquella  ciutat  o  vila  hon  se  farân  los  dits  nolits  e  s' 
carregarân  les  mercaderies  damunt  dites. 

Item,  que  si  aigu  o  alguns,  axi  nostres  sotsmesos.com  altres 
qualsevol  negoriarân  o  respondrân  per  los  dits  Alamanys, 
Savoyhenchs  o  altres  dessus  nomenats,  hagen  à  tenir  e  servar,  en 
e  per  tôt  ço  que  per  ells  farân,  totes  les  coses  contengudes  e  posa- 
des  en  io  sobredit  capitol,  en  e  per  la  forma  e  manera  que  y  son 
strets  o  tenguts  los  Alamanys  e  altres  dessus  dits.  E  que  en  los 
espatxaments  (3)  fahedors  de  las  dites  robes  e  mercaderies  dins 
la  senyoria  nostra,  axi  com  es  paga  del  General  e  altres  drets, 
hagen  à  dir  e  denunciar  ab  veritat,  sots  pena  de  cors  e  de  haver, 
com  les  dites  robes  e  mercaderias  son  de  tal  o  tais  persones  de 
la  dita  nascio  d'Alamanys,  Savoyhenchs  e  altres  ja  dits,  e  com  ell 
e  ells  per  aquells  spatxen   les  robes  e  mercaderies   damunt  dites. 

Item,  que  tota  mercaderia  que  per  los  dessus  dits  o  algun  de 
ells,  de  qualsevol  terra  stranya  o  fora  nostres  règnes  e  terras  e  à 
nos  no  sobjectas,  sera  mesa  en  nostres  régnas  e  terras,  sien 
pagats  per  entrada  de  la  valor  de  la  dita  mercaderia  quatre  diners 
per  cascuna  Iliura  de  diners,  la  quai    valor   e   extimacio   sia   presa 

(1)  Sotmès,  somès  ;  sujet  ;  lat.,  subjcctus. 

(2)  Le  Consulat  de  mer  fonctionnait  à  Perpignan  depuis  i388.  Cf.  p.  55, 
note  5  :  Le  théâtre  de  la  "Loge  de  mer. 

(3;  Despaig  (despedirj  ;  expéditions  :  lat.,  dis-pacta«f.  >_^  ^j 

il  ^   ' 


—     23.     — 

segons  en  semblants  cas  se  acosruma  en  lo  General  de  Cathalunya 
pendre. 

Item,  per  tota  mercaderia,  bens  c  robes  dels  dessus  dits  Ala- 
manys,  Savoyenchs  e  altres  ja  dits,  que  cxirân  per  mercadejar  en 
altres  parts  fora  aquells,  si  1'  vol  sien  robes  o  mercaderies  que 
sien  stades  portades  d'altre  part  stranya  on  sia  ja  stat  pagat  dret 
de  entrada  segons  lo  précèdent  capitol,  o  sia  comprada  o  hauda 
dins  los  dits  nostres  règnes  e  terras,  sien  pagats  per  exida  e  treta 
iiii  diners  per  cascuna  lliura  de  dîners  de  la  valor  de  tais  bens, 
mercaderia  e  robes.  Exceptât  empero  que  per  vitualles  (i)  ne 
encara  per  vestidures,  armes,  vaxella,  cavaicadures,  sclaus  o  altres 
coses  que  sien  per  à  Ilur  propri  servir  e  us,  no  paguen  alguna  cosa, 
ans  ne   sien    franchs,  segons  se  use  en  lo  General  de  Cathalunya. 

Item,  per  robes  o  mercaderies  per  los  dessus  dits  Alamanys, 
Savoyhenchs  e  altres  ja  dits,  dins  algun  nostre  régna  o  principat 
comprades  e  en  aquells  mateix  venudes  o  en  altra  manera  con- 
tractades,  no  sia  pagat  lo  dit  dret,  ans  puxen  los  dessus  dits 
comprar,  vendre  o  en  altra  manera  contractar,  sens  frau  e  dimi- 
nucio  del  dit  dret  de  quatre  diners,  franchs  d'aquell  en  cascun 
dels  dits  régnas  o  principat,  à  Ilur  volentat. 

Empero,  si  tais  robes  o  mercaderias  comprades  o  haudes  per 
los  damunt  dits  en  aigu  dels  dits  régnas  o  principat,  eren  per  ells 
portades  o  trastegades  (2)  del  régna  o  principat  on  les  haurien 
comprades  o  haudes  en  altre  régna  o  principat  de  la  dila  nostra 
senvoria,  sien  pagats  per  tal  portament.  trestejament  (3^  o  exida 
de  un  règne  en  altre  quatre  diners  per  cascuna  lliura  de  diners 
per  valor  de  las  mercaderias  o  robas  ;  déclarants  empero  que,  pus 
una  vegada  hajan  pagat  lo  dret  dessus  dit  de  exida  per  tresteja- 
ment o  exida  de  un  régna  o  principat  en  altre,  puxen  les  dites 
robas  o  mercaderias  esser  portades,  tretes  o  trestejades,  vanudes 
o  contractades  en  qualsevol  altre  régna  o  principat  nostre  o  fora 
nostra  senyoria  franchament  e  franques  del  dit  dret,  axi  que  no 
sien  tengudes  ne  los  dessus  dits  per  ells  tengudes  (4)   al    dit  dret 

(1  )  Vivres  ;  cat.,  vitual^a.  -^ 

^2-3)  Trtsteig  (trajet,  transport)  a  le  sens,  ici,  d'objet  importé  dans  le 
royaume. 

(4)  Sic.  Sans  doute  pour  :  per  elles  tenguts. 


232    

de  entrada  ho  exida,  si  donchs  no  s'  tornaven  en  aquell  mateix 
dit  régna  o  principat  d'on  ja  serien  tretes.  E  per  tolre  tôt  dupte 
en  la  paga  per  la  exida  de  un  régna  en  altre  o  principat  de  la 
dita  senyoria  nostra,  se  déclare  en  lo  règne  d'Arago  esser  entés 
tôt  Arago  e  lo  comtat  de  Ribagorça,  e  en  lo  règne  de  Valencia 
esser  entesa  e  compresa  tota  la  partida  de  Xaxona  enllà  tro  per 
tôt  lo  terme  d'Oriola  inclusivament,  e  en  lo  règne  de  Mallorques, 
esser  entesas  e  compresas  les  isllas  de  Mallorques,  Manorcha  c 
Yviça  e  altres  à  aquellas  adjacents,  e  en  lo  régna  de  Sardenya  — 
quant  es  als  présents  capitols  —  esser  entesa  la  illa  de  Sardenya 
tant  solament,  e  en  lo  principat  de  Cathalunya  esser  entesa  tota 
Cathalunya  e  los  comtats  de  Rossello  e  de  Serdanya  :  axi  que, 
per  portar  o  trastejar  les  robes  o  mercaderias  dels  Alamanys, 
Savovhenchs  o  altres  damunt  dits,  de  Mallorques  en  Manorcha  o 
Eviça  vel  e|nj  contra,  no  sia  pagat  dret  aigu  de  entrada  o  exida. 

Item,  per  tolre  tota  incertitud,  nos  ordonarem  als  dessus  dits 
en  la  collecta  o  exaccio  del  dit  dret  cert  coîlector  o  collectors  o 
reebedors  en  cascun  nostre  régna  o  principat  e  en  los  lochs 
opportuns  à  colleccio  d'aquells,  qui  exigesquen,  cullen  e  rebcn  lo 
dit  dret,  sens  tota  molestia  e  vaxacio. 

Item,  per  tal  que  en  les  questions  e  débats,  si  alguns  se 
seguexen  per  raho  del  dit  dret  als  dessus  dits,  e  que  en  la  col- 
lecta o  exaccio  del  dit  dret  no  sien  los  dessus  nomenats  vexats 
ne  trets  à  diverses  jutges  e  juys,  ordonami,  elegim  e  provehim  en 
jutge  e  determenador  de  les  dites  questions  e  débats  e  encara  en 
lur  consol  e  protector  lo  relegios  e  amat  conseller  nostre,  ffrare 
Garcia  de  Torras,  doctor  en  leys,  comanador  (i)  de  Castellot,  e  à 
ços  subdelegats  en  los  règnes  d'Arago,  de  Valencia,  de  Mallor- 
ques e  illas  à  aquells  adjacents,  e  de  Sardanya,  e  principat  de 
Cathalunya  e  comtats  de  Rossello  e  de  Sardanya,  ab  dret  e'pre- 
rogativas,  jurisdiccio  e  salaris  pertanyents,  acostumats  e  deguts.  E 
ponesquen  axi  mateix  los  fraudants  lo  dit  dret  o  fahents  o  come- 
tents  engan  o  salvateria  (2)  en  aquell,  en  poder  del  quai  frare  Garcia 
e  de  sos  sotzdelegats,  cascu  en  son  loch  c  administracio,  hajen 
los  dessus  dits  Alamanvs,  Savovhenchs  e  altres    dessus  dits,    por- 

[i)  Comendador  (cast.). 
(2)  Salvetat. 


—  -.33  — 

tants  o  fahents  portar  o  d'aquells  traure  lurs  mercaderias  o  robes, 
sots  virTut  de  sagrament  per  ells  prestador  en  poder  dels  prop 
dits  officiais,  dir  e  manifestar  vertederament  totes  e  sengles  robes 
e  mercaderias  deis  Alamanys,  Savoyhenchs  e  altres  dessus  dits  o 
de  qualsevol  altres  per  qui  farân  o  respondràn  que  porten  o  fan 
portar  tota  vegada  que  requests  ne  sien. 

E  per  tolre  tota  altercacio,  provehim  e  declaram  que  robes 
algunes  o  mercaderias  qui  vinguen  de  altres  régnas  e  terras  stra- 
nyes,  e  vagen  o  sien  portades  fora  los  règnes  e  terras  de  la  dita 
nostra  senyoria,  encara  que  passen  per  los.  dits  nostres  régnas  e 
terras,  no  paguen  lo  dit  dret,  sino  en  aquells  cases  e  segons  per 
semblants  robas  o  mercaderias  de  passatge  se  acostuma  de  pagar 
en  lo  dret  del  General  de  Cathalunya  en  lo  présent  temps. 

Encara  ordonam  e  provehim,  per  obviar  à  tota  frau  o  salvate- 
ria,  les  quais  les  persones  de  be  no  cometrian  per  lur  innada  vir- 
tut  e  prudencia,  e  les  maies  persones  se  retrahen  solament  per 
pahor  de  pena,  que  cascu  dels  dessus  dits,  fahent  o  cometent  frau 
o  salvateria  en  los  dits  drets,  ço  es  celant  o  amegant,  no  dihent 
o  diminuint  o  no  manifestant  les  coses  o  mercaderias,  segons  es 
dit,  o  no  pagant  io  dit  dret  en  ços  cassos,  fahent  mètre  ses  robes 
o  mercaderias  en  nom  d'altri  qui  no  sia  dels  Alamanys, 
Savovhenchs  e  altres  ja  dits  tenguts  à  pagar  lo  dit  dret,  o  en 
altra  manera,  sia  encorregut  e  caygut  en  tais  o  semblants  penas 
com  al  présent  cars  encorre  lo  fahent  o  cometent  semblants  salva- 
terias  o  fraus  en  io  dret  del  gênerai  de  Cathalunya,  aplicadores 
à  nostres  coffres. 

E  nos,  considérants  que  multiplicant-se  los  dessus  dits  Ala- 
manys, Savoyhenchs  e  altres  dessus  nomenats  en  nostres  règnes  e 
terras,  se  multiplicarân  les  mercaderias  e  bens  comuns  de  la  cosa 
publica  dels  dits  règnes  e  terras  :  per  ço  volents  donar  manera 
que  pus  facilment  los  dessus  dits  vinguen  fer  les  dites  mercade- 
rias en  los  dits  nostres  régnas  e  terras,  prometem  en  nostra  bona 
fe  reyal  e  juram  als  sanvs  quatre  envangelis  que  tots  e  sengles 
Alamanys  e  altres  damunî  dits  qui  ja  son  o  d'aqui  avant  vendrân 
en  los  dits  régnas  e  terras  ptr  nègociar  o  mercadejar,  e  à  lurs 
procuradors.  factors  e  ber.s'  ator  ^^arem  e  de  présent  atorgam  sem- 
blants guiatges  que  havem  atorgats  als  Ytalians  négociants  o  mer- 
cadejants  .en  los  dits  nostres  règnes  e  terras  e  pagants  lo  dit  dret  ; 


c  prometem  c  juram  del  tôt  servar  aquells.  E  los  clits  guiatges 
atorgarem  à  temps  de  sinch  anys,  e  que  d'aqui  avant  duren  à  nos- 
tre  beneplacit,  e  en  après  per  sis  mesos  per  lur  scombre  e  espat- 
xament,  segons  que  es  contengut  en  los  dits  guiatges  dels  dits 
Ytalians  largament. 

Per  que  manam,  com  pus  expressament  e  streta  podem,  al 
Governador  nostre  General,  e  encara,  sots  pena  de  sinch  milia 
flor.  d'or,  à  sos  portants-veus  en  los  régnas,  principat,  ysllas  e 
comtats  dessus  dits,  vaguers  e  balles  axi  gênerais  com  lochals,  e  à 
tots  e  sengles  altres  officiais  o  sotsmesos  nostres,  en  qualsevol 
manera  sien  apparellats,  e  als  lochtinents  dels  dits  officiais  e  à  tots 
e  sengles  altres  officiais  e  persones  dessus  contengudes,  axi  pré- 
sents com  esdevenidors,  quellas  coses  damunt  expressades  e  à  cas- 
cuna  d'aquellas,  les  quais  nos,  en  nostre  bona  fe  reyal,  tenir  e 
servar  prometem  e  encara  juram  als  sants  quatre  evangelis,  segons 
dessus  es  contengut,  tenguen  fermament  segons  lur  continencia  e 
observen  e  contra  no  hi  fassen  o  vinguen  per  qualsevol  manera  ; 
toUents-lurs  ab  la  présent  tota  auctoritat,  jurisdiccio,  poder  de  fer 
lo  contrari,  e  déclarants  allô  que  séria  contra  fet  esser  va,  cas, 
nulla  e  de  tota  efficacia  e  valor  freturant. 

En  testimoni  de  la  quai  cosa  manam  la  présent  esser  fêta  e  ab 
nostre  sagell  pendent  sagellada. 

Dada  en  Tortosa,  à  set  dias  de  janer  del  any  de  la  nativitat  de 
Nostre  Senyor  M.CCCC.  vuit,  e  del  nostre  régna  quint. 

REX  ALFONSUS. 

Predictum  translatum  fuit  veraciter  cum  ejus  carta  original! 
comprobatum  per  me  Petrum  de  Busquetis,  auctoritate  regia 
notarium  publicum  per  totam  terram  et  dominationem  illustrissimi 
domini  Aragonum  régis.  Ideo  ego  notarius  predictus,  de  premis- 
sis  fidem  faciendo,  hic  manu  propria  me  subscribo. 

De  qua  quidem  littera  et  ejus  capitulis  fuit  facta  in  villa  Perpi- 
niani  per  locha  assueta  preconitzatio  hujusmodi  seriey  : 

Ara  hojats  que  us  notiffica  lo  molt  honorable  mossen  Dalmau 
de  Darnius,  cavalier,  loctinent  del  molt  noble  mossen  Ramon  de 
Perellos,  cavalier,  Governador  dels  comtats  de  Rossello  e  de  Cer- 
danya,  à  tôt  hom  generalment  de  qualsevol  condicio  e  stament 
sia,  los  capitols  que  lo  molt  ait  senyor  Rey  ha  fets  sobre  lo  dret 


—  235  - 

d'aquells  quatre  diners  per  iliura  barchilonesa  qu'el  dit  senyor  ha 
imposât  de  nou  e  ordinat  esser  levât  e  cullit  de  sobre  les  robes, 
mercaderies  e  bens  que  'Is  districtuals  del  molt  excellent  princep 
Emperador  d'Alamanya,  Rey  dels  Romans,  e  del  illustre  Duch 
de  Savoya.  metrân  e  posaràn  dins  los  règnes  e  senyoria  del  dit 
senyor  Rey,  e  trauràn  de  aquells.  La  ténor  dels  quais  capitols  se 
segueix  per  la  manera  seguent  : 

«  Nos  N'  Alfonso,  per  la  gracia  de  Deu,  etc.  »  —  Inseratur 
jam  est  supra. 

Per  que  lo  dit  honorable  loctinent  de  Governador,  request  tant 
per  lo  honorable  Procurador  Reyal  dels  comtats  damunt  dits  com 
per  Alffonso  Suaris,  procurador  del  honrat  en  Raphaël  Ferrer, 
mercader  de  la  ciutat  de  Barchilona,  gênerai  reeb|ed|or,  cullidor 
e  levador  del  dit  dret,  per  lo  senyor  Rey  députât,  ab  veu  de  la 
présent  crida  notiffica  à  tôt  hom  generalment  los  capitols  damunt 
dits,  per  tal  que  algun  ignorancia  no  puga  allegar. 

Die  martis  duodecima  decembris,  anno  a  nativitate  Domini 
millésime  quadringentesimo  vicesimo  quarto,  Bernardus  Cruells  et 
Johannes  Bosom  retulerunt  se  fecisse  et  publicasse  predictas  pre- 
conitzationes. 

(A  suivre)  Henry  Aragon. 

(i)  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  232,  Registre  XV  de  la  Procuracio  real, 
f"  92-95. 

L'A  VIO 

Espantall  apocalîptic 

damunt  del  cel  un  cavall  de  ferre  cavalca, 

els  minyons  apunten  l'aviô  vola  que  vola 

com  si  volguessin  fer  blanc  en  la  lluna  que  brilla 

i  no  l'erren  com  mai  erren  l'infanteria  enemiga  ; 

l'aviô  eau, 

eau,  eau... 

s'en  puja  la  cridôria  fins  al  cel 

l'aviô  semble  un  astre  que  s'ha  desprès  del  cel 

tôt  estrellat. 

[Sang  en  rovell  d'où.  F Tugmcnt)  ]■    Perez-Jorba. 


NÉCROLOGIE 

De  tristes  nouvelles  nous  arrivent  de  Barcelone.  Notre  brillant  collabo- 
rateur et  ami  Joseph  Aladern  (Cosme  Vidal)  est  mort  des  suites  de  la  grippe. 

Aladern  occupait  une  place  d'honneur  dans  la  littérature  catalane.  ]1  est 
l'auteur  d'un  grand  nombre  d'ouvrages  en  poésie  et  en  prose,  d'études  philo- 
logiques et  notamment  d'un  dictionnaire  catalan  d'une  valeur  incontestable. 
11  remportait  encore  tout  dernièrement  le  prix  de  prose  au  concours  Clavc. 

Aladern  était  un  ami  de  la  France  où  réside  une  partie  de  sa  famille  ;  il 
venait  parfois  passer  quelques  jours  à  Perpignan,  chez  son  fils  Pompeu.  11 
sera  vivement  regretté  dans  les  milieux  littéraires  et  francophiles  et  surtout 
de  nous  qu'il  avait  souvent  guidé  de  ses  conseils. 

L'on  nous  annonce  également  la  rhort  de  M.  Josep  Moratô  y  Grau, 
rédacteur  en  chef  de  la  Veu  de  Calalunya  et  auteur  très  apprécié.  M.  Moratô 
y  Grau  était  un  bon  catalan  et  un  fervent  francophile,  il  avait  assisté  à  la 
grande  manifestation  des  intellectuels  catalans  qui  eut  lieu  dans  notre  ville, 
en  février  1916. 

Nous  avons  le  regret  d'apprendre  encore  la  mort  de  M"'  Teresa  Mase- 
ras,  musicienne  de  talent,  sœur  de  l'illustre  écrivain  barcelonais  Alfons 
Maseras,  que  la  Société  d'Etudes  Catalanes  à  l'honneur  de  compter  parmi 
ses  membres. 

Nous  adressons  à  ces  trois  familles  nos  bien  vives  condoléances. 

Llibres  y  espectacles 

Entre  els  llibres  publicats  aquests  darrers  dies  recordarem  :  l'aplech  de 
narracions  d'un  pur  classicisme  Contes  a  l'aizar  y  l'acurada  ediciô  d'Eghgues 
y  del  Poema  dels  Camins  del  nostre  bon  amich  y  collaborador  N'  Alfons 
Maseras  ;  el  primer  volum  de  VAnalecta  JHontserratina,  magnifie  volum  de" 
400  pagines  amb  gravats  y  fototipies  ;  la  versiô  catalana  de  Coriola,  de 
Shakespeare,  empresa  per  M.  Morera  y  Galicia. 

Montmartre,  l'obra  sentimental  de  Frondié,  que  tan  èxit  obtinguéà  Paris, 
alguns  anys  enrerra,  ha  sigut  traduhida  al  eatalà  per  l'escriptor  Vilaregut  y 
recull  alhora  grans  aplaudiments  a  Barcelona  hont  es  magnificament  inter- 
pretada  per  la  companyia  dramàtica  d'En  Jaume  Borràs. 

Gran  triomf  ha  assolit  també  la  comedia  d'En  Pous  y  Pages:  1{ey  y 
Senyor,  estrenada  fa  pochs  dies. 

La  T(enaissance  Catalane,  nada  d'ahir,  assoleix  jà  un  grau  d'expansiô  que 
nos  ompla  de  goig.  Endevant  les  atxes,  jovenets  rossellonesos,  aymadors  de 
la  llengua  payral  y  de  la  mare-terra,  regionalistes  de  soca  y  d'arrel  !  Ara  es 
hora  de  despertar  el  poble  y  de  li  cantar  l'albada  de  la  seva  resurrecciô. 
Sonem,  soiiem  matines  als  campanars  de  casa.  C.G. 


L«  Gérant,  COMET.  —  Imprimerie  Catalane,  COMET,  rue  de  la  Poste,  Perpignan 


I 


12-  Année.  N'  145  15  Novembre  1918 

Les    Manuscnis   non  insères  ^^^  ^^^^V  V^  tf  ^^^ 

ne  son:  pas  rendu».  J^T    W^      ^^/    I     I   W^ 

Ln  Articles   parus  aans  la   Revue  ^^^    ^^   ^1^    J^     ■  1^   H^l  I4 

rt'enç>agen;  que  leurs  auteurs.  ^b^AjL    Jl    ^^WkJL^^^Wk  A^9  A«# 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  iO  fr.  par  an 

Resurreccio  ' 

Su  '1  dol  de  les  tiranies 

eau  un  darrer  toch  de  morts. 

Adeu  passades  félonies, 
adeu  los  vells  dies, 
la  llibertat  santa  que  fa  'Is  homes  forts 
su  'Is  volcans  d'ahir  obra  noves  vîes. 

Y  sona  que  sona,  amb  veu  sobirana, 
dels  grans  ideals  l'excelsa  campana, 

pels  monts  y  la  plana, 
esgranant  son  anima,  enfilall  sonor, 
en  tritlleigs  joyosos,  en  drinchs  argentins, 
y  'J  ruixim  metàlich       de  les  alegrîes 
espolsa  mes  fines       ses  cristalleries 
dins  el  magne  hossanna       dels  nous  dematins. 

Solemnial  batallada 

les  campanes  han  tocada 

per  tota  la  creaciô  ; 

vetacî  l'hora  esperada, 

la  gran  Pasqua  es  arribada, 

la  Pasqua  sagrada 

de  resurrecciô. 

(i)  Extrait  du  Clam  T{oig. 


—  238  — 

La  cendra  dels  despotismes 
vcn  d'omplir  los  vcUs  abismcs  : 
arbitrari  y  csclavitut. 
Ja  les  Ilibertats  screnes, 
al  poble  tornant  les  rennes, 
rompen  ses  cadenes 
de  llur  puny  forçut. 

Dels  ôrdjts  d'un  nou  Tibère, 
una  patrja  s'allibera, 
el  slovach,  plantant  sa  creu, 
per  damunt  del  trono  en  ruina 
munta  l'escala  divina 
que  s'alça  hialina 
de  l'home  vers  Deu. 

De  la  nissaga  mes  barbre 
va  se  descossolant  l'arbre 
sota  els  vents  d'evoluciô  ; 
altre  setial  tremola, 
y  cada  hora  que  s'envola 

toca  per  tu  sola, 

Civilisaciô  î 


Resurrecciô  sus  la  terra, 
la  guerra  matant  la  guerra, 
lo  tira  alcohol  proscrit, 
les  nacions  mestresses  d'elles, 
per  la  dôna  lleys  novelles, 
al  rusch  les  abelles 
y  un  fare  a  la  nit  ! 


—   23q    — 

Rcsurrccciô  de  rota  anima  ! 
De  quina  aurora  purissima 
s'acJarirà  l'infinit. 
animes,  quan  mes  unides, 
germanes  de  blanch  vestides, 
passareu  enlleugerides 
per  l'univers  benehit  ! 

Ja,  en  los  marges  de  la  ruta, 

de  cada  soca  rebrota 

lo  brancam  escabotat, 

y  la  fulla  que  punteja 

sent,  en  son  lob  que  verdeja, 

l'esperança  creixe 

amb  son  colorât. 

Aixî,  en  l'humana  nalura, 
la  ma  invisible  qu'atura 
la  germinaciô  del  Mal, 
del  mateix  camp  de  la  vida 
arrenca  l'herba  marcida 
y  a  la  virtut  espellida 
dona  florida  eternal. 


Su  '1  dol  de  les  tiranfes 

eau  un  darrer  toch  de  morts. 

Adcu  passades  félonies, 
adeu  los  vells  dies, 
la  llibertat  santa  que  fa  'Is  homes  forts 
su  'Is  volcans  d'ahir  obra  noves  vi'es. 


—   24°    — 

Y  sona  que  sona,  amb  veu  sobjrana, 
dels  grans  ideals  l'cxcelsa  campana, 

pels  monts  y  la  plana, 
csgranant  son  anima,  enfilall  sonor, 
en  tritjlejgs  joyosos,  en  drinchs  argentins, 
y  ')  ruixîm  metàlich       de  les  alegrîes 
espolsa  mes  fines       ses  cristalleries 
dins  el  magne  hossanna       dels  nous  dematins. 

Caries  Grandô. 

La  Renaissance  Catalane 

à  recelé  de  Mistral 


f 


Les  hostilités  présentes  ont  bouleversé,  depuis  quatre  ans,  le 
monde  des  affaires,  des  lettres  et  des  arts.  Si  nos  vaillants  poilus 
ont  fait  de  la  belle  œuvre  sur  nos  champs  de  bataille,  les  artisans 
de  la  plume  n'ont  pas  cependant  chômé  au  sein  de  leurs  labora- 
toires intellectuels.  Pour  enflammer  les  courages  des  héros  du 
front  et  des  populations  de  l'arrière,  des  voix  éloquentes  se  sont 
fait  entendre.  L'une  de  ces  voix,  charmeuse  et  engageante,  est 
venue,  par  la  capitale,  de  la  docte  cité  montpelliéraine,  pour  en 
évoquer  une  autre,  également  sympathique  et  autorisée,  la  faire 
surgir  d'entre  les  morts  de  la  guerre  et  lui  redonner  cette  puis- 
sance d'airain  claironnant  qui  avait  éveillé  autrefois,  en  nos  pays 
latins,  de  Marseille  à  Barcelone,  cette  belle  Renaissance  provenço- 
catalane  dont  nous  recueillons  aujourd'hui  les  fruits  suaves. 

Qui  donc,  en  effet,  n'a  lu  le  Mistral  de  José  Vincent  ?  Edité 
en  pleine  guerre,  chez  Gabriel  Beauchesne,  à  Paris  (i),  —  déjà  à 
la  troisième  édition,  —  ce  magistral  ouvrage  n'a  d'autre  ambition 
que  de  nous  faire  connaître  les  principaux  traits  de  l'illustre  Père 

• 

fi)  En  vente  chez  Brun  frères,  libraires,  Perpignan. 


—    24'    — 

du  Félibrige  :  Frédéric  Mistral.  Encore  que  «  un  certain  public 
l'admire  de  confiance,  parce  que  quelques  félibres  et  tout  l'excel- 
lent pays  d'aJessias,  avec  raison  enthousiasmés,  ont  organisé 
autour  de  ce  grand  nom  un  magnifique  et  généreux  tumulte,  on 
pense  que  quelques  critiques  réputés,  et  de  sûre  compétence, 
d'ailleurs,  ont  affirmé  que  Mistral  était  très  authentiquement 
l'Homère  des  temps  nouveaux  »,  on  peut  dire  que  «  le  commun 
des  lecteurs  de  France  le  connaît  peu...  11  existe  encore  beau- 
coup trop  de  gens  qui  n'ont  pas  lu  Calendal,  J^erta,  et  Le  J^hone... 
Et  c'est  à  peu  près  un  scandale.  Qui  connaît  bien,   —  je  dis  bien 

—  ces  deux  merveilleux  monuments  du  lyrisme  français  qu'on 
appelle  les  Tles  d  Or  et  les  OlivaJes  ?  Qui  a  lu  la  J^eine  Jeanne  ? 

Telles  sont  les  raisons,  entre  bien  d'autres,  qui   ont   déterminé 
le  très  compétent  écrivain  et  critique  littéraire,  M.  José  Vincent, 

—  un  méridional,  très  fervent  professionnel  du  Félibrige  et  de 
nos  langues  d'oc,  le  très  distixigué  conférencier  des  grandes  aca- 
démies parisiennes  —  à  nous  faire  partager  son  enthousiasme 
pour  les  oeuvres  de  Mistral.  Il  nous  déclare  que  la  lecture  en  est 
«  bien  plus  passionnante  que  la  dernière  comédie  ou  le  dernier 
roman  bien  parisien  ».  Le  texte  provençal  ne  doit  être  à  per- 
sonne une  raison  de  ne  pas  l'aborder  carrément.  Une  traduction 
française,  et  celle-ci  est  «  magnifique  »,  suffit  aux  timides,  aux 
hésitants.  «  Avec  un  oeu  d'entraînement  et  de  ferveur,  on  arrive 
vite  à  lire  assez  couramment  la  version  provençale.  Dans  ce  cas, 
le  plaisir  est  triplé...  On  est  toujours  largement  payé  de  sa 
peine...  La  poésie  de  Mistral  est  magnifique,  mais  avenante,  et 
tout  de  suite  délicieuse.  Avec  elle,  jamais  nulle  déconvenue  à 
essuver.  Tout  le  monde  doit  s'v  plaire.  » 

Pour  nous,  catalans  du  Roussillon,  il  me  paraît  qu'il  y  a  d'au- 
tant plus  de  facilité  à  lire,  dans  leur  texte  original,  les  oeuvres  de 
Mistral,  que  notre  langue  maternelle,  à  peu  de  chose  près,  se 
retrouve  elle-même,  en  s'y  mirant,  dans  celle  de  Mireille.  L'une 
et  l'autre,  étant  issues  de  la  même  mère  latine,  me  font  l'effet  de 
deux  sœurs  un  peu  lointaines  qui  se  comprennent  vite  à  distance, 
à  mi-parole,  à  mi-pensée. 

Mistral  ne  s'est-il  pas,  en  définitive,  inspiré  de  nos  grands  ancê- 
tres, grecs  et  latins?  Mireille  est  une  épopée  nationale  qui  ressus- 
cita la  grande  poésie   des   anciens   âges.    Le    lyrisme    de    ses    Iles 


—   24^    — 

d'Or  nous  rappelle  celui  de  Pindare  et  des  Psaumes,  avec  les  mê- 
mes pensées  géniales.  S'il  chante  d'une  voix  tantôt  gémissante, 
tantôt  bienheureuse,  la  mort,  la  nature,  la  patrie,  la  tradition,  le 
terroir,  l'amour  et  la  Foi,  c'est  en  reprenant  la  vieille  lyre  des 
aèdes  comme  celle  de  nos  antiques  troubadours  catalans,  ou  la 
harpe  encore  plus  ancienne  du  prophète.  En  définitive,  les  enthou- 
siasmes de  Mistral  ont  restitué  son  âme  à  un  pays.  11  faut  donc 
que  toute  la  France,  et  plus  particulièrement  tout  le  Midi,  toute 
la  Catalogne,  fassent  écho  à  la  grande  voix  mistralienne. 

«  En  sauvant  une  langue  —  a  dit  Charles  Maurras  —  le  poète 
a  sauvé  une  race.  »  A  ce  titre,  nous  devons  encore  le  mieux  aimer. 
Et  ses  armes,  pour  sauver  son  pays  et  le  noire  de  la  déchéance  ? 
«  Sa  poésie,  tout  uniment.  Sa  poésie  et  son  étonnant  Trésor  du 
Télibrige,  en  tête  duquel  il  a  écrit  ceci,  que  nous  ne  devrions 
jamais  assez  méditer,  nous  surtout  Catalans  : 

...O  peuple  du  Midi,  écoute  ma  harangue  : 
Si  tu  veux  reconquérir  l'empire  de  ta  langue, 
Pour  t'équiper  à  neuf  puise  dans  ce  trésor. 

[M  suivre)  Jean  Sarrète. 


Y  En  Jolfrc  ? 


Les  Cambres  venen  d'honrar  els  noms  de  Foch  y  de  Clemen- 
ceau com  a  mereixedors  d'un  gran  homenatge  nacional.  Y 
En  Joffre  ?  Que  no  tenen  memoria,"  els  diputats  ?  O  es  que  *1  sol 
de  la  seva  gloria  els  hauria  encegats?  Sigui  com  sigui,  hi  hagué,  en 
1914,  un  General  que  salvà  el  mon  de  les  urpes  germaniques  ; 
sensé  el  triomf  de  la  Marna,  que  ell  entaulà  tant  bellament,  era 
vençuda  la  França,  y  les  demès  nacions  no  tenien  temps  per  orga- 
nisar  resistencia. 

Y  ni  l'admirable  Clemenceau,  ni  l'ilustre  Foch,  poch  que 
haguessen  tant  sols  eixit  de  l'ou. 

O  bé  aqueix  geni  es  digne  dels  mes  grans  honors,  o  bé  la  Vic- 
toria del  Marne  es  una  faula.  Y  com  no  n'es  cap  de  faula,  aqueixa 
esplendida  batalla,  hont  lo  corb  germànic  va  rebre  un  cop  mortal, 


-    243    - 

En  Joffre  no  's  pot  descartar  y,  que  ho  volguin  6  no  volguin,  es 
la  primera  A/\arna  un  dels  factors  d'aqueixa  trilogia  de  la  gran 
Victoria  :  «  ] offre  —  Clemenceau  —  Toch  ». 

Si  les  Cambres  no  aconsegueixen  afegir  el  nom  de  JofFre  als 
dos  altres,  la  França  l'hi  afegirà  ;  a  la  capital  jà  es  cosa  fêta,  y 
numeroses  seràn  les  ciutats  que  seguiràn  l'exemple  de  Paris. 

Nosaltres  protestem  en  nom  de  tôt  Rossellô,  y  demanem  repa- 

raciô  d'aqueix  descuyt  vergonyos. 

ha  T^evue  Catalane. 


Une  heureuse  pensée  d*Apeles  Meslres 

Au  lendemain  de  la  Victoire,  nous  recevions  de  Barcelone  la 
lettre  suivante  de  l'illustre  auteur  de  Tlors  de  sang  et  d'^lila  : 

Amich  Grande, 

Una  forta  abraçada  y  una  entusiasta  felicitaciô  per  la  Victoria  tan  gloriosa 
per  la  França  com  humiliant  per  la  Alemanya. 

En  fi  ;  no  han  passât  ! 

Adjunta  va  aquesta  estrofa  de  la  Marsellesa  adaptada  a  les  circumstancies, 
y  que    m  sembla  que  s'imposava. 

Tôt  vostre  de  cor.  Apeles  Mestres. 

Barcelona,   i  9  novembre  191  8. 

Uoe  strophe  finale  à  la  Marseillaise 

Allons,  enfants  de  la  Patrie, 
Le  jour  de  gloire  est  arrivé  ; 
A  nos  pieds,  de  la  Tyrannie, 
L'étendard  sariglant  est  tombé. 
Entendez-vous  dans  nos  campagnes 
Les  cris  joyeux  de  nos  soldats  ? 
Ils  viennent,  fîers  de  leur  combats. 
Embrasser  leurs  fîls,  leurs  compagnes. 

Plus  d'armes,  citoyens  ! 
Assez  de  bataillons  ! 
Marchons  î  Marchons  ! 
^  La  liberté 

Fleurit  sur  nos  sillons  ! 


I  1  novembre  1918. 


Apeles  Mestres. 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

É^^^i»  (SUITE) 

XJJ.  Pragmatiques  sanctions  du  roi  Alphonse  d'Aragon  relatives  aux  montures 
des  gens  de  la  maison  du  roi  et  de  ses  vassaux  (Septembre-Novembre  1427). 

Pragmatique  sanction  du  roi  Alphonse  d'Aragon,  portant  défense 
aux  gens  de  la  maison  du  Roi  et  à  leurs  serviteurs,  ecclésiastiques 
ou  autres,  à  l'exception  des  dames  et  demoiselles,  d'avbir  pour 
montures  des  mules  ou  des  bêtes  autres  que  des  chevaux  (cavalls 
o  rocins),  sous  peine  d'une  amende  de  cinq  mille  florins,  en  cas 
d'infraction*  à  ce  règlement,  qui  entre  en  vigueur  à  partir  du  jour 
de  la  Nativité. 

Valence,  6  septembre   1427 

[Prachmatiqua  fêta  per  lo  senyor  Rey  N'Alfonso,  vuy  bena- 
venturadament  régnant,  sobre  les  cavalcadures,  per  aquells  qui 
secrueixen  la  cort  del  dit  senvor.l 

Nos  N'Alfonso,  etc.,  Considérants  que  à  nostra  honor  e  decen- 
cia  de  nostra  reyal  dignitat,  e  à  salut  del  régiment  dels  pobles  à 
nos  per  Deu  comanats  e  benefici  de  la  cosa  publica  es  util  e  salu- 
dabla  la  provisio  infrascripta.  Per  tal,  ab  ténor  de  la  nostra  pré- 
sent pragmatica  sanccio  fermament  valedora,  statuim,  ordonam  e 
manam  que  tots  e  sengles  officiais  de  casa  nostra,  familiars, 
domestichs  e  servidors,  de  qualsevol  dignitat,  condicio  e  stament 
sien,  axi  ecclesiastichs  com  seglars,  présents  e  esdevenidors,  e  los 
familiars  e  servidors  d'aquells  e  de  cascun  d'ells,  sien  tenguts  e 
obligats  tenir  e  cavalcar,  tinguen  e  cavaiguen  cavalls  o  rocins,  e 
no  puxen  en  manera  alguna  cavalcar  mules  o  altres  animais  o  bes- 
ties,  sots  pena  de  perdre  los  officis  à  ells  acomanats.  E  per  que 
los  sobredits  e  cascun  d'ells  hajen  temps  e  espay  de  desexir-se 
de  les  mules  que  tenen,  e  haver  cavalls  o  rocins,  e  mètre  's  en 
l'orde  e  stament  que  dit  es,  volem  e  manam  que  les  pênes  de 
la  présent  nostra  pragmatica  sanccio  no  sien  exequtades   tro  à  la 


-  ^45  - 

festa  de  la  Nativitat  de  Nostre  Senyor  primer  vinent  ;  pero  d'alli 
avant  contre  tots  los  contrafaents  sien  promptament  exequtades, 
tengudes  e  observades.  Exceptam  empero  de  la  dita  nostra  pré- 
sent pracmatica  sanccio  les  dones  e  donzelles  de  casa  nostra  e 
altres  que  cort  nostra  "seguirân,  les  quais,  per  lur  indisposicio, 
volem  à  aço  no  esser  tengudes  e  que  puxen  cavalcar  mules  à  lur 
volentat,  sens  incurriment  de  pena  alguna. 

Per  que,  ab  la  metexa  présent,  de  nostra  certa  sciencia  e  deli- 
beradament,  sots  incurriment  de  nostra  ira  e  indignacio  e  pena  de 
V  miiia  florins,  dehim  e  manam  als  Canceller,  Vici-Canceller, 
Cameriench,  Majordom,  Algotzis  e  altres  nostres  officiais,  als 
quais  se  pertanga,  que  la  présent  nostra  pragmatica  sanccio  juxta 
sa  séria  e  ténor,  tinguen  fermament  e  observen,  tenir  e  observar 
fassen.  E  aquella  per  los  lochs  acustumats  de  la  ciutat  de  Valen- 
cia  manam  esser  publicada,  à  fi  que  per  algun  no  puxa  esser  alle- 
gada  ignorancia.  E  passada  la  dita  festa  de  la  Nativitat  de  Nos- 
tre Senyor,  à  exequcio  de  les  dites  pênes  contre  tots  los  qui  à  la 
dita  présent  pragmatica  sanccio  nostra  contrevindrân  volem  esser 
procehit  sens  speransa  de  venia  o  perdo.  En  testimoni  de  la  quai 
cosa  manam  esser  fêta  la  présent  ab  nostre  sagell  secret  sagellada. 

Dada  en  Vaiencia,  à  VI  dies  de  setembre,  en  l'any  de  la 
Nativitat  de  Nostre  Senvor  M.CCCC.XXVl  1 . 

REX  ALFONSUS. 

Dominus  Rex  mandavit  mihi  Ffrancisco  d'Arinyo. 

Praamatique  sanction  du  dit  roi,  imposant  la  même  obligation 
à  tous  ceux  de  ses  sujets  ou  vassaux  qui  voudraient  obtenir  «  vega- 
ria,  batllia,  justiciat  o  alcaydia  o  altre  qualsevol  ofïici  »,  a  l'ex- 
ception des  mostaçafs  et  certains  autres  officiers  municipaux. 

Valence...  novembre   1427 

[Pragmatica  fêta  per  lo  senyor  Rey  N'Alfonso  sobre  aquells 
qui  d'açi  avant  han  à  tenir  e  cavalcar  cavalls  o  rocins,  e  no  mules 
ni  muls]. 

Nos  N'Alfonso,  per  la  gracia  de  Deu,  Rey  d'Aragon,  de  Sici- 
lia,  de  Vaiencia,  de  Mallorques,  de  Cerdenya  et  de  Corsega, 
comte  de  Barchilona,  duch  de  Athènes  e  de  Neopatria,  e  encara 


—   246  — 

comte  de  Rossello  e  de  Cerdanya  ;  recordans  en  dies  passats  haver 
fêta  la  ordinacio  e  prachmatica  subseguent  : 

«  Nos  N'Alfonso  [ut  suprà),  statuhim,  ordonam  e  manam  que 
d'açi  avant  qualsevol  de  nostres  subdits  e  vassalls,  de  qualsevol 
stament  sien,  que  no  tinguen  cavall  o  roçi  à  cavalcar  per  açi  (i) 
e  'Is  seus  familiars  e  servidors,  e  de  fet  no  cavalcarân  e  cavalcar 
farân  à  aquells  sens  tenir  mules  per  cavalcar,  no  puxen  de  nos 
impetrar,  obtenir  ne  haver  vegaria,  batllia,  justiciat  o  alcaydia  o 
altre  qualsevol  offici.  E  los  qui  ja  en  dies  passats  haurân  obten- 
guts  de  nos  algun  offici  o  alcaydia,  si  d'açi  à  la  festa  de  Nadal 
prop  vinent,  no  s'  serân  meses  à  cavall,  desexints-se  de  mules  o 
muls,  si  n'  tendràn,  perden  de  fet  los  officis,  car  nos,  per  les 
rahons  e  causes  sobre  dites,  volem  e  declaram  tots  aquells  qui  no 
tendrân  o  cavalcarân,  tenir  e  cavalcar  farân  cavalls  o  rocins  per  à 
eils  e  'Is  seus  qui  à  cavall  degen  anar  segons  es  dit  dessus,  esser 
inabils  e  no  poder  ne  deure  de  nostra  Magestat  impetrar,  haver 
ne  obtenir  o  tenir  algun  dels  officis  sobredits.  Exceptam  empero 
d'aquesta  nostra  ordinacio  les  mullers  e  dones  dels  dits  officiais, 
per  obs  de  les  quais  pusquen  tenir  mufs  e  mules,  si  s'  volrân,  puys 
homens  no  cavalguen  en  aquelles  e  bisties  que  sien  per  à  lauro  o 
atzembles.  Manants  per  tant  de  nostra  certa  sciencia  e  expressa- 
ment,  sots  incurriment  de  nostra  ira  e  indignacio  e  pena  de  sinch 
milia  florins,  à  tots  e  sengles  governadors,  bâties  gênerais  e  altres 
qualsevol  nostres  officiais  als  quais  se  pertanga,  présents  e  sdeve- 
nidors,  que  la  présent  nostra  pragmatica  sanccio,  juxta  sa  séria  e 
ténor,  tinguen  invioiablament  e  observen,  e  per  los  lochs  acustu- 
mats  de  lurs  jurisdiccions  fassen  publicar,  per  tal  que  à  tots  sia 
manifesta.  En  testimoni  de  la  quai  cosa,  manam  esser  fêta  la  pré- 
sent ab  nostre  sagell  secret  sasellada.  Dada  en  Valencia,  à 
VI  dies  de  setembre,  en  l'any  de  la  Nativitat  de  Nostre  Senyor 

M.CCCC.XXVU. 

REX  ALFONSUS. 

E  com  hajam  entés  que  per  algunes  persones  es  posât  en  dupte 
si  en  la  présent  nostra  ordinacio  e  pragmatica  son  enteses  e  com- 
preses  justicies,  mostaçafs  e  altres  officiais  o  lochtinents  de  aquells 
de  les  ciutats,  viles  o  lochs,  los  quais  officiais  nos  elegim  de   très 

(  1  )  Pour  soi. 


—  ^47  — 
redo)ins(i)  a  nos  presentats,  o,  en  absencia  nostra,  los  nostres 
batlle  gênerai  e  aitres  batlles  locals,  o  los  quais  officiais  se  fan  per 
eleccio  en  les  dites  ciurats,  viles  o  lochs.  Per  ço,  per  ténor  de  la 
présent,  declaram  e  volem  los  dits  officiais  e  lochtinents  de  aqueJls 
o  algun  d'ells  no  esser  compreses  en  la  dita  nostra  ordinacio  e  prag- 
matica  ;  ans  cavalquen  mules,  cavalls  o  rocins  à  lur  volentats,  e 
segons  à  ells  sera  ben  vist,  e,  per  la  dita  ordinacio  e  pracmatica, 
no  puxen  haver  impediment  o  contrast  algun  en  obtenir  e  régir 
los  dits  officis,  en  los  quais  serân  elets  e  nomenats.  Manants  per 
tant,  de  nostra  certa  sciencia  e  expressament,  sots  incurriment  de 
nostra  ira  e  indignacio  e  pena  de  sinch  milia  florins,  à  tots  e  sen- 
gles  Governadors,  Batlles  gênerais  e  aitres  qualsevol  officiais  nos- 
tres als  quais  se  pertanga,  présents  e  sdevenidors,  que  la  présent 
nostra  declaracio  e  volentat,  juxta  sa  séria  e  ténor,  tinguen  invio- 
lablament  e  observen,  e,  per  los  lochs  acustumats  de  lurs  juris- 
diccions  fassen  publicar,  per  tal  que  à  tots  sia  manifesta.  En  tes- 
timoni  de  la  quai  cosa  manam  la  présent  esser  fêta  e  de  nostre 
sagell  secret  sagellada. 

Dada  à  Valencia...  (2)  dies  de  noembre,  en  l'any  de  la  nati- 
vitat  de  Nostre  Senyor  Mil  CCCC.  XXVI 1. 

REX  ALFONSUS. 

Ara  hojats  que  notifîca  lo  molt  honorable  mossen  Arnalt  de 
Luppia,  cavalier,  lochtinent  del  molt  noble  mossen  Ramon  de 
Perellos,  cavalier,  governador  dels  comtats  de  Rossello  e  de  Cer- 
danya,  que  '1  molt  ait  senyor  Rey  N'  Alfonso,  per  la  gracia  de 
Deu  Rey  d'Arago  benaventuradament  régnant  ha  fêta  una  prach- 
matica  al  dit  lochtinent  prcsentada  per  l'onrat  En  P[ere]  Roure, 
lochtinent  de  Procurador  Reyal  dels  dits  Comtats  ;  la  quai  lo  dit 
senyor  Rey  mana  publicar,  de  la  ténor  seguent  : 

«  Nos  N'  Alfonso,  per  la  gracia  de  Deu,  etc.  »  (inseratur 
pracmatica  superius  inserta.) 

Per  que,  lo  dit  honorable  lochtinent  de   governador,    exequint 

(  I  )  L'élection  des  consuls  et  mostassafs  avait  lieu  par  bulletins  (ou  rodolins) 
tirés  au  sort  par  un  enfant  de  moins  de  sept  ans.  Ce  mode  d'élection  avait 
été  inauguré  en  i  402.  Voir  mon  étude  :  L'organisaiion  mumctpale. ..,  p.  47-53. 

(2)  En  blanc. 


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los  manaments  del  dit  senyor  Rey,  ab  veu  de  la  présent  crida, 
publica  e  publicar  fa  la  damunt  dita  prachmatica,  per  tal  que 
aicun  no  puxa  prétendre  de  aquella  ignorancia.  E  car  la  dita 
orachmatica  es  stada  al  dit  lochtinent  de  governador  presentada 
passât  lo  temps  dins  lo  .quai  lo  dit  senyor  Rey  ha  statuit  e  ordo- 
nat  que  'Is  dits  officiais  haguessen  haver  cavalls  o  rocins,  desexint- 
se  de  muls  e  mules  que  tinguessen,  per  ço  lo  dit  lochtinent 
de  governador,  instant  e  requirint  lo  lochtinent  de  Procurador 
Reyal,  porroga  als  officiais  dins  la  dita  governacio  constituits  d'açi 
e  per  tôt  lo  mes  d'abril  prop  vinent,  e  'Is  dits  "officiais  hajen 
haver  e  tenir  per  lur  cavalcar  cavalls  o  rocins  e  desexir-se  de 
muls  e  de  mules  que  tinguen,  en  e  per  la  forma  e  manera  e  sots 
les  pênes  en  la  dita  pracmatica  contengudes. 

Die  lune  intitulata  xu'  januarii,  anno  Domini  M°CÇCC.XXV111°, 

fuit  Dublicata  dicta  preconitzatio  per  viliam  Perpiniani  per  loca 
solita  per  Bernardum  Cruells,  curritorem  publicum  Perpiniani 
cum  sociis  suis  cum  tubis,  prout  idem  preco  retulit(]). 


XUJ.  Criées  concernant  les  paons  du  Château  royal  (3  juin  1439) 

Criées  faites  à  Perpignan  par  Jacques  Foxa  et  François  Sala, 
au  nom  du  Procureur  du  Roi,  relatives  à  la  conservation  des 
paons  du  Château  Royal  :  défense  d'élever  et  de  garder  des  paons 
mâles  ou  femelles  ;  obligation  de  déclarer  à  la  Procuracio  T(eyal, 
dans  les  quinze  jours  qui  suivront  cet  arrêt,  tous  les  animaux  (paons) 
qui  devront  avoir  une  marque  particulière  :  en  cas  d'infraction  à 
ce  règlement,  confiscation  des  sujets  et  amende  de  soixante  sous  (2). 

Le  3  juin  1439 

Die  mercurii  tertia  pred'cti  mensis  junii,  anno  predicto  [1439], 
presens  preconitzatio  fuit  \  ublicata  Perpiniani  per  locha  assueta 
per  Jacobum  Foxa  et  Ffranciscum  Sala,  precones  dicte  ville,  cum 

())  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  232,  Registre  XV  de  la  Procuracio  Real, 
f°'  1  5o-i  5i . 

(2)  11  y  avait,  au  château  des  rois  de  Majorque  une  ménagerie  complète 
et  un  garde  pour  cette  installation.  (Voir  Vidal,  Perpignan.   1898.) 


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rubis  suis,  mandato  honorabilis  locumtenentis  gubernatoris,  ut 
dicti  precones  retulerunt.  et  cum  Bartholomeo,  scriptore,  qui 
eam  legit. 

«  Ara  hojats  que  us  notiffica  e  us  fa  à  saber  lo  honorable  En 
P.  Blan,  donzeil,  lochtinent  del  molt  noble  mossen  Ramon  de 
Perellos,  cavalier,  Governador  e  Capita  gênerai  en  los  comtats  de 
Rossello  e  de  Cerdanya,  que,  com  lo  honorable  mossen  lo  i'ro- 
curador  Reyal,  per  conservacio  dels  pagos  (i)  del  Castell  Reyal 
de  Perpenya,  los  quais  tots  dies  se  perden  e  s'  oculten,  haje 
ordinat  e  provehit  en  la  forma  seguent,  ço  es  que  no  y  haja 
alguna  persona,  de  qualsevol  stament  o  condicio  que  sia,  que  dins 
la  vila  de  Perpenya  gos  nodrhir  ne  tenir  pagos  mascles  ne  famel- 
ies,  si  donchs  no  son  ab  algun  senyal,  los  quais  pagos  e  senyals 
hajen  à  denunciar  e  fer  scriure  à  la  Procuracio  Reyal  dins  xv  tiies 
comptadors  del  die  de  vuy  de  aquells  pagos  que  ara  han  e  de 
aquells  que  per  avant  haurân,  comptadors  del  die  que  'Is  haurân 
hauts,  sots  pena  à  quascun  e  per  quascuna  vegada  de  perdre  los 
dits  pagos,  e  de  saxanta  sols  sens  tota  merçe. 

Item,  que  tota  persona  qui  trobarà  o  en  sa  casa  vindrâ  algun 
pago  o  pagos  qui  no  sien  seus,  que  dins  très  dies  comptadors  del 
dja  que  los  dits  pago  o  pagos  serân  venguîs,  los  hajen  à  denun- 
ciar à  la  dita  Procuracio  Reyal,  e  aquels  no  tornen  o  liuren  à 
alguna  persona.  sens  licencia  de  mossen  lo  Procurador  Reyal  o 
de  son  lochtinent,  sots  la  dita  pena  ;  e  de  les  dites  pênes  haurà 
la  terça  part  lo  denunciador  e  les  altres  dues  parts  seràn  del 
senyor  Rey. 

Per  ço,  lo  dit  mossen  lo  lochtinent  de  governador,  a  instancia 
del  lochtinent  de  mossen  lo  Procurador  Reyal,  intima  à  tôt  hom 
generalment  la  dita  ordinacio,  per  tai  que  alcun  de  aquella  no 
puixa  ignorancia  allegar  ;  e  mana  les  dites  coses  tores  e  sengles 
tenir  e  servar  sors  les  dites  pênes;  de  les  quais  pênes  lo  deaun- 
ciador  haurâ  la  rerça  parr,  e  les  dues  parrs  seràn  del  senyor 
Rey  {2). 

(A  suivre)  Henry  Aragon. 

(i)  Pavôn.  ant.  galldindi. 

(a)  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  iSj^.  P  i56. 


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Contrapas 


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Tret  del  contrapas  Uarg 

(P.  Vidal,  Cansoner  Caialâ.) 


Pecador  tingas  esmena, 
Pecador  tingas  dolor, 
Lo  que  nostra  colla  mena, 
Balla  al  nom  del  Redemptor. 

Si  de  ell  no  tens  dolencia, 
Ne  seras  molt  castigat 

Y  feras  la  penitencia 
Si  no  diues  la  veritat. 

Grans  traballs   Chr[sto  passava, 
Grans  tormens  y  grans  dolors, 
Sanch  y  aigua  ell  ne  suava 
Per  salvar  los  pecadors. 

La  seua  gai  ta  sagrada 
Lo  Judas  li  ha  besat, 
Falsement  eil  l'entregava 
Als  Jueus  amb  gran  crueltat. 

A  la  cara  del  divinial 
Eixos  airats  escupian  ; 
Feyan  al  manso  eternal 
Tots  los  torments  que  podian. 

Mil  assots  li  han  donat 
Ab  las  malvadas  ahinas, 

Y  sus  '1  cap  li  han  posât 
Una  corona  d'espinas. 


En  sas  espatllas  sagradas 
Li  cargaren  una  creu, 

Y  no  se  cuantas  vegadas 

Va  estropassâ  '1  Fill  de  Deu. 

Despres  que  alsats  se  hagueren 
La  seua  persona  sagrada, 
Elis  a  la  creu  la  portaren 

Y  l'han  fortament  iligada, 

En  eixa  creu  arrimât 

Y  sufrint  ab  paciencia, 
Christo  la  nit  ha  passât 
Ab  granda  obediencia. 

En  eix  carrer  d'amargura, 
Maria,  la  sua  mare, 
Se  desmaya  de  tristura 
Vigent  del  seu  Fill  la  cara. 

Prestement  li  han  donat 
Fel,*  vinagre  y  una  llansada, 
La  sanch  a  bulls  ha  rajat 
De  la  mamella  sagrada. 

Demano  perdo  de  cor 
Al  poderos  Rey  de  gloria 
Demano  perdo  de  cor, 
De  la  Passiô  tinch  memoria. 


P.  Francis. 


N.  B.  L'autor  a  conservât  l'antigua  forma. 


1 


La  seigneurie  ^  la  paroisse  de  Serralongue 

^î^^iw-  {SUITE) 

d)  Chapelle  de  Saint  Sébasiien 

Elle  vit  le  jour  à  la  fin  du  xvn'  siècle.  Sa  construction  fut  ter- 
minée le  27  janvier  1084,  pendant  que  Jérôme  Ortet  régissait  la 
cure  de  Serralongue  et  que  Guillaume  Fort  et  Pierre  Cerra  étaient 
consuls.  Jérôme  Ortet  bénit  cette  chapelle  le  19  mars  1684,  après 
avoir  obtenu  la  permission  de  Bonaventure  Cabanes,  vicaire  géné- 
ral :  «  Als  iy  de  janer  1 684  se  acaba  la  capella  de  Sanl  Sebastia, 
essent  rector  Tiieronim  Oriet,  comcls  Guillem  Tort  y  Pera  Cerra. 
Als  j8  mars  1684  fonch  henehida  la  capella  de  Sanl  Sebaslia  per  lo 
^nd  ^in.  Qj-f^f^  curât  de  Serrallonga,  ab  licencia  de  l'îll"  Bonavenlura 
Cabanes  v.  g.  ». 

e)  Tombe  seigneuriale 

François  de  Rocaberti,  dit  Alart,  fit  son  testament  le  29  sep- 
tembre 1 582  à  Barcelone,  où  il  résidait  habituellement.  11  est 
bien  probable  qu'il  y  mourut  le  3  novembre  1  589  et  que,  d'après 
ses  dispositions  testamentaires,  ses  restes  furent  transférés  auprès 
de  ceux  de  ses  ancêtres  dans  l'église  de  Serralongue.  Voici  l'épi- 
taphe  de  ce  baron  gravée  sur  une  dalle  de  granit  couchée  au  pied 
du  sanctuaire  de  cette  église  :  elle  est  en  mauvais  état  et  destinée 
à  n'offrir,  tôt  ou  tard,  qu'une  surface  lisse,  comme  les  autres  pier- 
res de  carrellement  : 

HIC  lASCET  NoB/US  DomiNuS 

FRANCISCVS   DE   ROCHABERTI    CVIVS  ANIMA   ]N 

CELIS   REQVIESCAT  AMe« 

OBUT  DIE  3  NOVEMBRIS 

1589 

Je  n'ai  pas  su  lire,  dit  M.  de  Bonnefoy,  les  deux  ou  trois  mots 
qui  séparent  les  éléments  de  la  date  et  qui  peut-être  en  font  par- 
tie. L'épitaphe  forme  cadre  autour  de  la  pierre  ;  le  millésime 
est  gravé  dans  le  champ.  Au-dessous  du  millésime  sont  les  armes 
du  défunt,  de  Rocaberti,  d'Aragon  moderne  et  d'Orcau,  mais  la 
représentation  de  cet  écu  n'est  pas  d'une  fidélité  rigoureuse. 


—    252    

Ajoutons  des  renseignements  puisés  aux  archives  paroissiales 
de  Serralongue  : 

Le  28  mars'  1659,  un  visiteur  ordonne  de  réparer  le  pavé  de 
l'église  et  la  tombe  qui  est  près  des  degrés  du  sanctuaire  :  «  Axi 
hé  fassan  adobar  lo  pavtment  de  la  dila  i^lesia  en  los  llochs  ahont  esta 
desenbn'olada  y  en  pariicular  un  vas  ho  sepullura  quès  juni  à  las  gra- 
das  de  l'allar  major  ». 

Le  1  1  janvier  1666,  il  est  fait  mention  d'un  alhal  de  don  Joseph 
de  Sorribes,  qui  mourut  à  Perpignan  et  qui  fut  enterré  dans 
Notre-Dame  de  Serralongue,  dans  la  tombe  de  famille  :  «  Alhal  de 
don  Joseph  de  Sorrihes,  loqual  wori  en  Perpinya.  Tonl  enterrai  erî 
TV"  S''  de  Serrallonga,  en  llur  iomha  ». 

Le  25  novembre  1672,  le  seigneur  don  Joseph  de  Sorribes  y 
de  Peguera  fut  inhumé,  en  l'église  de  Serralongue,  dans  la  tombe 
de  ses  ancêtres.  Sept  prêtres  assistèrent  à  son  enterrement.  A 
Perpignan,  où  il  mourut,  on  lui  fit  des  funérailles  solennelles  : 
«  Tonch  enterrai  lo  S"'  don  Joseph  de  Sorrihes  y  de  Peguera  en  la 
iglesia  parrochial  de  JV"  S"  de  Serrallonga  en  la  Iomha  de  sos  passais. 
Mssisliren  en  lo  enterro  sept  capallans,  perqué  en  Perpinya  ahont  ell 
mori  se  li  feran  grans  sujfragis  » . 

Le  23  avril  1679,  on  donne  la  sépulture  au  cadavre  de  dona 
Théodora  de  Sorribes  et  de  Peguera  dans  l'église  paroissiale  de 
Serralongue,  en  la  tombe  de  ses  ancêtres,  avec  l'assistance  de 
vingt  prêtres.  Elle  a  fondé  un  anniversaire  annuel  pour  le  repos 
de  son  âme  :  «  Tonch  sepultat  lo  cadaver  de  dona  Théodora  de  Sorri- 
hes y  de  Peguera  dintra  la  iglesia  parrochial  de  5'"  Maria  de  Ser-* 
rallonga  en  la  tomha  de  sos  passais  ab  assistencia  de  vingt  preveres. 
Se  dex  un  anniversari  annual  com  consta  ah  lo  testament  de  son  maril 
don  Joseph  de  Sorribes.  —  Tta  est,  Miquel  Boxeda,  prevere  y  curai 
de  Serrallonga  ». 

Le  16  août  1679,  il  y  eut  un  albat  de  dona  Françoise  Ros  et 
de  Sorribes.  L'enfant  fut  déposé  dans  la  même  tombe  : 
«  16  agosl  i6y^,  albat  de  dona  Trancisca  J^os  y  de  Sorribes.  Se 
enterra  dintra  la  tomba  de  sos  passais  en  la  iglesia  de  Serrallonga  ». 

L'église  de  Serralongue  possédait  aussi  deux  tombeaux  en  mar- 
bre blanc.  En  1819,  ils  furent  retirés  de  l'église  et  employés  à 
la  fontaine  publique  pour  servir  d'abreuvoir  aux  animaux.  La 
majeure  partie  des  inscriptions  est  détruite,    et    tout   ce  qu'il   est 


—  253  — 

possible  d'y  lire  se  réduit  aux  fragments  que  M.  de  Bonnefov 
avait  déjà  pu  déchiffrer.  On  lit  sur  le  tombeau  inférieur,  aujour- 
d'hui détaché  de  la  fontaine  et  abandonné  dans  un  coin  avant 
d'être  brisé  en  plusieurs  morceaux  : 

...  VU  :  DIE  :  QVA 

.  .  .  NONAS  APRILIS 

GAVCERANDVS 

IVS  A..1..A.P..M..C..D1 

IN   PAGE  :  A  .  .  . 

D'après  Alart,  ce  tombeau  doit  être  attribué  a  G.  Galcerand 
de  Serralongue,  décédé  vers   i3)2. 

La  seconde  inscription,  gravée  sur  l'autre  tombeau,  est  encore 
plus  maltraitée  : 

ANNO  DOMINI   :  M  .  .  .  RTO   IDVS  APRILIS 

OBUT  NOB LMVS  .... 

ANIMA   REQVIESCAT  IN  ...  . 

Les  lettres  LMVS,  fin  du  mot  GVILELMVS,  ne  peuvent  se 
rapporter  qu'au  grand-père  de  Guillem-Galcerand,  à  Guillem- 
Hugues  de  Serralongue,  qui  prit  la  croix  et  mourut  sans  doute 
pendant  la  croisade  de  saint  Louis.  Ses  restes  auraient  été  appor- 
tés à  Serralongue  et  déposés  dans  ce  petit  tombeau  :  ce  qui  s'ac- 
corde fort  bien  avec  les  usages  funéraires  de  l'époque.  Ces  tom- 
beaux en  marbre  blanc,  relativement  petits,  étaient  destinés  à 
conserver  les  ossements  après  la  décomposition  totale  des  chairs. 

]1  convient  de  remarquer  que  chacun  des  deux  tombeaux  est 
orné  de  quatre  écussons  portant  chacun  une  chèvre,  armes  parlan- 
tes de  la  famille  de  Cabrenç  ou  de  Serralongue.  Les  seigneurs  de 
Rocaberti  avaient  des  armes  tout  à  fait  différentes.  Il  est  donc 
certain  que  ces  deux  tombeaux  appartiennent  à  des  membres  de 
l'ancienne  famille  de  Serralongue.  De  plus,  en  examinant  attenti- 
vement les  caractères  des  deux  inscriptions,  on  observe  qu'ils 
sont  exactement  semblables  et  qu'ils  furent  sans  doute  gravés  par 
la  même  main. 

[^  suivre)  Joseph  Gibrat. 


Quelques  noms  de  plantes  ^  synonymes 

Catalans-Français  ^  Français-Catalans 

<ië^^  (SmTE) 


rabarbre,  rhubarbe.  —  ruibarbre. 

rabaSSOla.  —  voir  mûrgula. 

rahims  de  borro,  phytolaque.  —  arbre  de  tinta. 

»         de  pastor,  airelle  myrtille.  —  abaixonera,  naviu. 
ranuncle,  renoncule. 

»  blanca.  —  voir  buixol. 

rap,  colza. 

rapuntic.  —  voir  repunxô. 
raSClet.  —  voir  auzerda. 
raspeta,  orcanetle.  —  roja  marina. 

rave,  ravec,  radis. 

raveniSSa  (et  ravell),  ravenelle,  carotte  sauvage. 

ravequet,  calebasse. 

rebul,  cuscute.  —  pels,  cabells. 

redô  (et  redon),  corroyère,  sumac.  —  roldè,  rodé,  fustet. 

regalicia,  réglisse. 

regoUada.  —  voir  fuxarda. 

rementola  (et  rementerola).  —  voir  menta. 

remolatxa,  betterave.  —  bleda-rave. 

repalassa.  —  voir  lleparassa. 

repunx6>   raiponce.  —  rapuntic,  nap  bort. 

retorcitS.  —  voir  gerani. 

retrama,  osyris.  —  ginestola. 

rèvola,  benoîte.  —  herba  de  sant  Benêt. 

ribaner.  —  voir  lliri  groc 

riber  (et  ribes).  —  voir  groseller. 

ridorta  (et  ridolta).  —  voir  vidalba. 

rodô.  —  voir  redô. 

rodetS.  —  voir  abriuls. 

roella.  —  voir  rosella. 


—  255  — 

roja,  garance.  —  grana,  gransa. 

»       marina.  —  voir  raspeta. 
roldô.  —  voir  redo. 
romSigUeva,  ronce.  —  arsa,  sarsa,  esbarzer,  aristôl,.  roscr  de  pas- 

tor,  morera  selvatge. 
romani,  romarin. 

rOSeila  (et  roella),  coquelicot.  —  babol,  badabadocs,  paparola. 
rOSer,  rosier.  —  (voir  aussi  satalia). 
>       de  marge.  —  voir  gavarrera. 
»       de  pastor.  —  voir  romaguera. 
»       de  nadal.  —  voir  marxivols. 
roure,  chêne. 
rovellô,  agaric  lactaire. 
rUCa,  roquelle. 
ruda,  rue. 
ruibarbre,  rhubarbe.  —  rabarbre.  {^  suivre) 

ECHOS 

FélicitaHoos  Catalanes  à  Toccasion  de  la  Victoire 

Notre  Secrétaire  Général  a  reçu   les    télégrammes    suivants   de 
nos  amis  francophiles  de  Barcelone  : 

Barcelone,  12  nov.,  i5  h. 

Je  vous  embrasse  pour  votre  victoire  et  la  paix  du  monde. 

M.  Alcantara. 

Barcelone,   i3  nov.,  8  h.  5. 

Embrassons-nous,  grand  jour  liberté  France  Catalogne. 

J.  M.  Batista  Y  ROCA. 

Plusieurs  lettres  nous  sont  également  parvenues   du   D'  Sole  y 
Pla,  d'Apeles  Mestres,  de  Castanyer,  de  Perez-Jorba,  etc. 


—  256  — 
Un  concert 

Notre  confrère  la  T^enaissance  Catalane  a  organisé,  le  j8  novem- 
bre, un  grand  concert  au  profit  des  oeuvres  de  Paix.  M'""  Mathiide 
Comès,  de  l'Opéra,  et  Alice  Cornés,  de  l'Opéra-Comique,  M"'  et 
M.  Marseillac,  MM.  Déodat  de  Sévérac,  Charpentier,  Grande, 
Gambardella  prêtaient  leur  concours.  La  soirée  a  été  pleinement 
réussie. 

Le  jeune  Noguès  a  obtenu  un  succès  personnel  dans  ses  créa- 
tions catalanes  et  plus  particulièrement  dans  «  En  Trufeta  y  la 
Victoria  »,  pièce  de  circonstance  de  M.  Ch.  Grando,  qu'il  a  inter- 
prétée merveilleusement. 

Nos  félicitations  aux  organisateurs  et  surtout  aux  deux  étoiles 
catalanes,  toujours  dévouées,  qui  rehaussèrent  l'éclat    de   la    fête. 

A  propos  de  Félibrige  roussillonnais 

"La  Yeu  de  Catalunya  de  Barcelone  a  reproduit  in-extenso 
notre  article  de  tête  du  mois  dernier,  «  Academîa  y  Félibrige 
rossellonench  »,  en  notant  que  cet  article  marque  une  date  dans 
les  tendances  régionalistes  du  Roussillon. 

Notre  confrère  La  J(enaissance  Catalane  avait  également  repro- 
duit cet  article. 

Sur  le  même  sujet,  nous  lisons  dans  le  Teu  du  j"  novem- 
bre 1918,  sous  la  signature  de  Marcel  Comtat  : 

Nous  ignorons  ce  que  le  Félibrige  lui-même  peut  penser  d'un  tel  projet, 
mais  rappelons  à  nos  amis  Catalans,  qu'à  part  la  question  d'une  organisation 
particulière  où  seuls  ils  ont  voix,  il  ne  dépend  pas  d'eux  que  leur  langue  se 
distingue  historiquement  et  Ifnguistiquement  du  groupe  d'Oc.  Et  affirmons- 
leur  qu'ils  se  trompent  en  croyant  ici  leur  langue  et  leur  poésie  ignorées. 
Toute  question  catalane  nous  intéresse  et  le  sentiment  fraternel  qui  nous 
lie  à  la  Catalogne  n'a  rien  perdu  dans  le  cœur  des  disciples  de  Mistral. 

Sol  de  Posta  (proses  d'Iscm  Dalmau) 
Un  début  qui  promet  et  qui  honore  grandement  son  jeune  auteur. 

Les  dernières  publications  catalanes 

Viennent  de  paraître  :  ha  Ciutat  d'ivori  (poésies),  de  Guerau  de  Liost  ; 
"Les  Jlbsencies  paternals,  de  Lopez-Pico  ;  L'abrandament,  de  Caries  Soldevila; 
Poèmes  biblichs,  de  Joan  Alcover. 

Le  Gérant,  COMET   .   —  Imprimerie  Catalane,  COMET,  rue  de  la  Poste,   Perpignan 


12"  Année.   N'  146  15  Décembre  1918 

Les    Manuscrits  non  inscrés  ^^  ^^^^   V^   tf  ^F^ 

ne  son:  cas  Tendu*.  M^^  M^.^    mf     H.    J   M^ 

^# 

Lfs  Articles   parus  aans  ia   Revue  W'  "*     3^    ^^^^    y^     H  /^     1^1    ■? 

n'engagent  que  leurs  auteurs.  ^S^A    A    A    m    mAi^A    AJL^  M^ 

Organe  de  la  Société  d'Etudes  Catalanes.  —  Cotisation  :  10  fr,  par  an 

Aima  mater 

Silenci  solemnial.  No  silenci  de  tomba  ; 
silenci  de  bressol  ont  reposa  un  infant.  — 
Ni  el  bramul  d'un  canô,  ni  i'esclat  a'una  bomba, 
ni  l'estrèpit  d'un  mur  que  s'esventra  y  desplomba, 
ni  el  gemech  d'un  ferit  revolcantse  sagnant. 

Silenci  benfactor,  voiuptuôs,  pie  de  vida, 
L'oreig  s'ha  enriur  el  baf  de  carn  révolta  ab  fang  ; 
cl  fang  s'ha  fet  terroç  ;  la  carn,  temps  ha  podrida, 
s'ha  fet  terra,  s'ha  fet  entranya  benehid?  ; 
y  en  fécondant  sahô  s'ha  convertit  ia  sang. 

Jo  no  se,  enlloch  de  baf,  quin  perfum  l'ayre  porta 
que  ubrïaga  'Is  sentits  y  satura  l'espay. 
Ont  Atila  ha  passât,  l'herba  es  morta,  ben  morta, 
perô  la  Terra  no.  Mes  féconda  y  mes  forta, 
se  sent  ver^e  altre  cop  v  amorosa  com  mav. 

No  se  ont  sôch  :  en  un  camp...  una  vali...  una  terra 
vasta  com  tor  ei  mon,  potser  com  i'infinir. 
Rès  aprop,  rès  al  iiuny,  rès  a  dreta  ni  esquerra, 
rès  que  diga  :   «  per'  qui  passa  '1  torb  de  !a  guerra.  » 

Y  la  guerra,  no  obstant,  s'hi  rabejà  ab  despit. 

Ella  ho  arrasà  tor,  per  x6  rès  paria  d'ella  ; 
la  ferida  s'ha  clos  y  ha  emmudit  el  dolor.  « 

Una  ombra  a  flor  del  camp  apareix  :  es  la  relia. 

Y  ab  un  gest  arrogant,  repenjat  damunt  d'ella, 
passa,  semblant  a  un  déu,  un  home  :  el  Uaurador, 


—  258  — 

Y  avança  majestuos.  Y  ab  veu  vibrant  y  clara 
entona  una  cançô  festiva  com  un  maig  ; 

y  al  enfonsar  l'acer  en  la  gran  Terra  mare, 
la  Terra  sembla  dir  :  «  Enfonsa  mes,  encara  ! 
He  mengat  ferro  a  pler  y  he  begut  sang  a  raig. 

Enfonsa  sens  temor  !  pénétra  en  mes  entranyes, 
ont  sento  ja  'Is  batechs  d'un  avenir  en  flor  !  » 

Y  la  veu  de  la  vall  ressona  en  les  montanyes  ; 
y  el  cant  del  llaurador  té  paraules  estranyes 
que  jamay  he  sentit  y  'm  caldegen  el  cor. 

Y  ufanôs,  ferm,  robust,  veig  l'avenir  qu'espleta 
en  onades  de  blat  que  cimbreja  despay  ; 

y  al  cim  de  cada  bri  s'alça  una  espiga  dreta, 
mentres  s'omple  l'espay  de  xiscles  d'oreneta 
y  elles,  a  volïors,  atravessen  l'espay. 

l  Ont  van  ?  Arreu,  arreu,  s'escampen  per  les  planes  ; 
y  al  estendre,  sorprès,  ma  vista  a  l'horitzô, 
veig  al  lluny  blavejar  fumeres  casolanes 
y  fondres  ab  el  cel  al  s6  d'unes  campanes 
que  branden  tôt  cantant  una  nova  oraciô. 

Es  un  poble,  son  dos,  cent  pobles  que  reneixen 
dels  cent  pobles  caduchs  cayguts  en  el  combat  ; 
son  cloquers  com  gegants  que  les  boyres  esqueixen  ; 
y  s'ageganta  '1  blat,  y  les  espigues  creixen 
y  s'encorben  al  pes  de  llur  gra  agegantat. 

Com  per  obra  d'encîs  tôt  se  muda  y  trastocas  : 
els  ermots  se  fan  prats,  els  prats  se  fan  jardins. 
Quin  florir  I  Quin  granar  !...  Fins  del  cor  de  les  roques, 
broten  tanys  verdejants  que  's  transformen  en  soques, 
y  's  cobreixen  els  monts  de  boscos  gegantins. 

D'aci,  d'allà,  per  tôt,  veig  corrùes  que  passen 
caminant  ab  pas  ferm  y  ab  eynes  a  les  mans  ; 
y  tôt  son  ulls  serens  y  mans  que  s'entrellacen, 
boques  que  ajunta  un  bés,  braços  oberts  que  abracen 

V  una  paraula  eixint  de  tots  els  cors  :  «  Germans  !  » 


—  ^59  — 

Benehir  i'hoJocaust  qu'en  Uuytes  homicides 
de  ilur  vida  han  ofert  vencedor  y  vençut  ! 
Benehida  la  sang  que  han  broiiat  les  ferides, 
generôs  devassall  que  ha  engendrât  novcs  vides 
y  ha  tornat  al  vell  mon  sa  antiga  joventut  ! 

Ah,  que  blau  es  el  cel  !  y  la  terra,  que  immensa  î 
Que  liiure  y  armoniôs  el  cant  del  rossinyoi  î 
Y,  per  damunt  de  tôt,  quina  llum  mes  intensa  1 
Es  l'alba  rutilant  d'un  nou  jorn  que  comença  : 
es  el  Sol  î...  es  el  Sol  !... 

Apeles  Mestres. 

La  tradition  locale 
^  la  Revue  de  TEldorado 

Rien  ne  trouve  un  plus  doux  écho,  dans  notre  cœur,  aux  heures 
joyeuses  comme  aux  heures  grises,  que  les  vieilles  traditions  loca- 
les ;  elles  bercent  les  grands  enfants  que  nous  sommes  ;  dans  l'es- 
saim des  souvenirs  qu'elles  ramènent  en  nous,  filtre  un  peu  de 
cette  vie  tendre,  de  cette  vie  heureuse  et  imagée  de  la  première 
enfance,  de  la  prime  jeunesse. 

Quel  roussillonnais  n'a  senti  battre  son  coeur  au  charme  des 
vieilles  mélodies  catalanes  ;  en  elles  revit  i'âme  des  aïeux  ;  en 
elles  passe  le  souffle  de  la  patrie,  car  la  patrie  c'est  le  clocher 
natal  et  c'est  la  terre  de  nos  pères,  c'est  leur  langage  et  leurs 
chants,  ce  sont  leurs  élans  et  leurs  coutumes,  et  le  sang  qui  coule 
dans  nos  veines  est  fait  de  tout  cela. 

Nos  jours  passés  sont  des  amis  chers  laissés  en  route  et  des- 
quels nous  aimons  parfois  à  évoquer  le  souvenir. 

Voilà  comment,  même  dans  une  Revue,  il  suffit  d'un  air  roussil- 
lonnais pour  égayer  et  enflammer  nos  âmes,  et  glisser  en  elles  le 
délicieux  enchantement  d'une  aff^ection  retrouvée. 

Nous  sommes  heureux  de  rendre  hommage  à  l'heureuse  initia- 
tive de  la  direction  de  l'Eldorado  qui,  sous  l'image  d'une  vieille 
grand'mère,  personnifiant  la  tradition,  a  su  placer  dans  la  Revue 
d'hiver  quelques-unes  de  nos  belles  cantilènes  catalanes. 

C'est  là  du  goût  réel,  M.   Devalar,  et  nous   vous  en    félicitons. 

Ch.  Grando. 


La  Renaissance  Catalane 

à  récole  de  Mistral 


(SUITE  er  Vm) 


Par  ailleurs,  ne  semble-t-il  pas  que,  en  la  compagnie  du 
patriarche  de  Maillane,  à  son  «  Mas  du  Juge  »,  nous  sommes  un 
peu  chez  nous  ?  Là,  nous  respirons  en  quelque  sorte  l'air  du 
«  Mas  »  catalan,  l'atmosphère  de  la  race  catalane,  un  parfum  du 
terroir  catalan,  en  même  temps  que  nous  y  apprenons  à  mieux 
savourer  les  douceurs,  à  mieux  saisir  le  génie  de  notre  si  beau 
parler  catalan. 

Provence  et  Cataloane,  c'est  la  terre  latine  î'Mistral  et  Verda- 
guer  en  sont  les  aèdes  fameux  !  De  quel  cœur  affectueux  ne 
devons-nous  pas  les  associer  dans  le  même  amour  et  dans  la  mê- 
me gloire,  ces  quatre  entités  historiques  1  Aussi  réelles  que  sym- 
boliques, ne  valent-elles  pas  pour  nous  un  drapeau?  Car,  Mistral, 

—  autant  que  notre  Verdaguer,  —  nous  fait  chérir  notre  petite 
patrie  catalane  de  la  même  dilection  enthousiaste  dont  il  aima, 
lui,  sa  chère  Provence,  et  pour  les  mêmes  raisons  :  «  pour  la 
beauté  de  son  ciel,  de  ses  montagnes,  de  ses  perspectives,  de  ses 
plans,  de  ses  eaux,  et  pour  le  capiteux  arôme  de  ses  plantes,  pour 
l'antiquité  vén^érable,  pour  la  pureté,  pour  la  noblesse,  pour  la 
patine  d'or  de  ses  monuments  ».  Nos  monuments  !  Ne  nous  racon- 
tent-ils pas  —  tels  noire  Saint-Martin-du-Canigou,  noire  Saint- 
Michel-de-Cuxa,  iiolre  Serrabonne,  notre  Vieux  Saint-Jean  de 
Perpignan,  notre  T^uscino  et  notre  basilique  lllibérienne,  etc.  etc., 

—  autant  que  les  Sa iH /es- 'WdT ne  de  Provence,  «  une  histoire  singu- 
lièrement riche  où  fleurissent  toutes  les  gloires  »  ?  N'attestent-ils 
pas  «  une  civilisation  lointaine  et  déjà  très  poussée  au  temps  où 
la  plupart  des  nations  du  monde,  voire  d'Europe,    étaient   encore 

barbares  »  ? 

Avec   Alistral,    nous   nous   abandonnons  au  sentiment  de  la  race 

catalane.    11    fut   un    maître,    un   professeur   de  décentralisation  à 

outrance.   A   son    école,    nous    devenons    forcément   ses   disciples 

Qciles  ;  il  nous  entraîne  à  sa  suite,  de  la  manière  la  plus  persua- 


—   261    — 

sive.  11  nous  fait  voir  «l'abus  de  l'unité  »  et  nous  prémunit  «  con- 
tre cette  puissance  terrible,  démesurée  :  la  cenlralisation,  qui  nous 
voudrait  imposer,  jusqu'au  dernier  village  des  Pyrénées  et  des 
Cévennes,  non  seulement  ses  modes  et  son  uniformité,  mais  encore 
ses  folies,  ses  sarcasmes,  sa  perversité,  —  cette  centralisation  qui 
se  veut  mêler  de  tout,  qui  détruit  nos  coutumes,  notre  amour  du 
terroia^  notre  attachement  à  l'ambiance,  qui  rompt  le  nerf  de 
belle  énergie  des  ancêtres,  et  qui  va  iusqu'au  tuf  tarir  les  sources 
de  notre  indépendance  ».  (Les  Discours,  p.  41). 

Aussi  bien  ne  devons-nous  pas  trouver  étonnant  qu'il  s'élève 
avec  force  contre  l'universel  nivellement  qui  voudrait  faire  table 
rase  de  nos  traditions  locales  "les  plus  respectables,  telles  que  le 
le  cosiume  et  la  langue. 

Le  costume  catalan  1  Oh  !  comme  il  veut  que  nous  l'aimions, 
en  raison  de  sa  beauté,  de  son  pittoresque,  de  sa  décence  !  Chez 
la  femme  surtout,  «  seul,  il  respecte  l'harmonie  des  formes  ». 
Nul  chapeau,  pour  si  parisien  qu'il  soit,  nul  manteau  du  Louvre, 
ne  vaudront  jamais  Je  gipo  et  le  châle  de  laine  fleurie,  ni  non  plus 
le  capulet  de  blanche  et  chaude  laine  de  nos  «  mignonnes  » 
grand'meTes  ou  de  nos  gentilles  pastourelles. 

La  langue  î  Mistral  la  considérait  comme  «  la  révélation  de  la 
vie  en  plein  épanouissement  de  la  pensée  humaine,  l'instrument 
sacro-saint  de  la  civilisation  parlant  des  sociétés  ».  Voilà  pour- 
quoi, il  s'acharnait  à  ne  vouloir  toujours  parler  que  la  langue  du 
Midi...  Car  —  disait-il  —  «  c'est  le  droit  majeur  ». 

Nous,  Roussiilonnais,  revendiquons-le  aussi  «  ce  droit  majeur  » 
de  toujours  parler  notre  incomparable  langue  catalane.  Comme  le 
Provençal,  c'est  une  langue  du  Midi,  que  le  catalan  des  Verda- 
auer  et  des  Pastorellet  de  la  Vall  d'Arles.  Par  tous  les  moyens  en 
notre  pouvoir,  imposons-le  à  l'école,  afin  que  nos  enfants  sachent 
l'apprécier,  le  goûter  et  le  parler,  en  dépit  même  des  règlements 
officiels  qui  prétendraient  l'en  bannir  comme  une  «  langue  morte  ». 
Contre  ces  rèalements,  Mistral  s'était  élevé  avec  force.  Les 
inconvénients  lui  en  avaient  paru  si  désastreux  qu  il  mena  contre 
eux  une  véritable  croisade.  11  n'est  que  trop  vrai,  hélas  !  que,  tout 
en  voulant  franchimandéger  coûte  que  coûte,  on  en  arrive  à  créer 
des  légions  de  déracinés  dans  nos  campagnes.  Après  avoir  perdu 
l'usage  de  leur  langue  maternelle,  l'écolier  n'a  plus  cette  tournure 


—  262    — 

d'esprir,  ni  cet  humour  qui  sont  particuliers  à  notre  race.  On  lui 
a  enlevé  tout  ce  par  quoi  il  aurait  pu  un  jour  être  quelqu'un  dans 
la  société. 

Je  me  rappelle  les  jeunes  ans  où,  sur  les  bancs  de  l'école  primaire 
de  mon  clocher  villageois,  mes  camarades  et  moi,  nous  n'osions 
hasarder  un  simple  mot  catalan,  même  en  récréation,  par  crainte 
de  la  férule  dont  nos  maîtres  nous  menaçaient  à  la  moindre  infrac- 
tion. 11  faut  dire  que  ces  maîtres  étaient  presque  toujours 
gabatxos  d'origine  ;  d'où  leur  intransigeant  mépris  pour  l'idiome 
de  notre  aire,  de  nos  champs  et  de  nos  foyers.  Réussissaient-ils 
mieux,  ce  faisant,  à  nous  enseigner  à  parler  français?  Non. 
«  Chassez  le  naturel,  il  revient  au  galop  »,  a  dit,  après  le  poète 
connu,  le  grand  Mistral.  Ce  n'est  qu'après  un  temps  très  long  et 
des  études  supplémentaires  que,  à  notre  pleine  maturité,  nous 
étions  parvenus,  —  tout  en  gardant  notre  penser  catalan  habituel, 
—  à  pouvoir  nous  familiariser  avec  la  langue  française. 

J'imagine  que  les  plus  lettrés  de  notre  province  catalano- 
roussillonnaise  sont  passés  par  les  mêmes  étapes  et  les  mêmes 
difficultés  avant  de  conquérir  leur  diplôme  ès-humanités.  De  sem- 
blables résultats,  on  les  obtiendrait,  avec  des  facilités  identiques, 
voire  plus  rapidement,  si,  dans  nos  écoles,  les  maîtres  habituaient 
les  élèves  au  mécanisme  des  thèmes  et  versions  catalans,  suivant 
qu'on  le  pratique  dans  les  collèges  et  lycées  pour  )e  grec  et  le 
latin. 

Retenons,  pour  conclure,  ces  adjurations  pressantes  de  Frédé- 
ric Mistral  aux  poète'S  catalans  : 

«  Intrépides  gardiens  de  notre  parler  gentil,  —  gardons-le  franc,  et  pur, 
et  clair,  comme  l'argent  :  —  tout  un  peuple  là  s'abreuve  ;  —  car,  face  contre 
terre  qu'un  peuple  tombe  esclave,  —  s'il  tient  sa  langue,  il  tient  la  clé  — 
qui  le  délivre^  des  chaînes  ».  (Les  lies  d'Or). 

Gardons  dès  lors,  et  «  à  boulets  rouges  »  défendons  notre  belle 
«  langue  d'amour  »  ;  le  catalan  ;  car  c'est  elle  «  la  pairie  »,  et  c'est 
elle  encore  «  la  liberté  ». 

Remercions  et  félicitons  de  tout  cœur  le  très  distingué 
M.  José  Vincent  de  nous  avoir,  par  son  délicieux -^l's/ra/,  ramené 
à  l'école  du  Prince  du  Télibrige  et  rappelé  de  si  précieux  et  tou- 
jours si  actuels  enseignements.  Jean  Sarrète. 


— ^-^— ^  -r^  ^o^P^p^p  J&^y^pap  fio^o^^<Q  a— .— -^^ 


DOCUMENTS  HISTORIQUES 

sur  la  Ville  de  Perpignan 

^^^i»  ,  SUITE) 

XJV.  Criées  royales  au  sujet  des  Juifs  de  "Perpignan,  défendant  aux  Chrétiens 
de  leur  donner  du  travail  et  de  les  héberger.  Ordonnances  relatives  aux  jeux 
de  hasard  i  i  241-1439  I. 

On  a  longuement  écrit  sur  les  juifs  en  Roussillon,  au  point  de 
vue  de  leur  condition  sociale,  de  l'institution  des  jeux  de  hasard, 
etc.  De  nombreux  travaux  relatifs  aux  études  sociologiques  ont 
traité  de  cette  matière  (1).  Grâce  a  la  richesse  des  archives  de  la 
Procuracto  T^eal  et  du  Consulat  de  Perpignan,  cette  question  a  pu 
être  magistralement  traitée  en  ce  qui  concerne  les  juifs  de  Perpi- 
gnan (2).  Je  renvoie  le  lecteur  à  tous  ces  ouvrages  d'une  profonde 
érudition.  Ici  j'ai  l'intention,  tout  en  faisant  connaître  l'intérêt 
que  portaient  aux  juifs  les  rois  d'Aragon,  de  compléter  la  note 
précédente  relative  aux  criées  de  i4a5,  en  reproduisant  des 
documents  qui  concernent  l'interdiction  de  ces  jeux  entre  juifs 
et  chrétiens  et  les  diverses  ordonnances  rapportées  à  ce  sujet. 

La  question  épineuse,  en  ce  qui  concerne  les  juifs,  a  été  la 
question  des  prêts  usuraires. 

]1  était  défendu  aux  juifs  de  joindre  les  intérêts  au  capital  pour 
en  exiger  de  nouveaux  intérêts,  ni  de  prendre  au-dessous  de  qua- 
tre deniers  par  mois  pour  une  livre  d'argent  prêtée.  Il  y  avait,  à 
cette  époque  (1241),  un  petit  nombre  de  juifs  à  Perpignan,  et 
leur  aîjama  ou  communauté  ne  fut  fondé  qu'après  la  mort  de 
Nunyo  Sanche,  seigneur  du  Roussillon.  Ceux-ci  se  logeaient  par- 
tout   où    ils    le    jugeaient    à    propos  ;   comme  il  en  était  venu  un 

(1)  U.  Robert,  Les  signes  de  l'infamie  au  moyen  âge:  Juifs,  Sarrazins  et 
filles  publiques. 

(î)  P.  Vidal,  Juifs  de  T{oussillon  :  Desplanque  :  Les  Infâmes  dans  l'ancien 
droit  J^oussillonnais  :  Henry,  Tiisloire  de  J^oussillon.  tome  11,  livre  m,  chap.  ix  : 
Juifs  ;  Leur  établissement  à  Perpignan  ;  Persécutions  ;  Leur  état  politique  ; 
Leurs  usures  ;  Leur  juridiction  ;  Expulsion  ;  Spoliation. 


—  264  — 

grand  nombre  de  plusieurs  contrées,  de  Gérone  et  de  l'Emporda, 
et  principalement  de  Narbonne,  de  Béziers,  de  Montpellier  et 
des  autres  villes  du  Languedoc,  ce  fut  le  roi  Jacques  qui  les  réu- 
nit tous  dans  le  quartier  du  Putg,  au-dessus  de  l'ancienne  maison 
des  Lépreux  :  ce  fut  là,  à  l'extrémité  du  Puig,  au-delà  du  call 
des  juifs,  que  s'éleva  l'église  sous  l'invocation  de  saint  Jacques  (1). 

Le  roi  d'Aragon,  psr  son  privilège,  concédait  et  confirmait  à 
«tous  les  juifs  pobladors  du  Puig  de  Perpignan  (2)  »  toutes  les 
habitations,  oâtus  ou  m.aisons  oui  leur  avaient  été  assignées  sur 
le  dit  Puig,  pour  les  tenir  et  posséder  en  toute  propriété  et  en 
libre  et  franc-alleu,  avec  faculté  de  les  vendre  ou  aliéner  entre  eux 
sans  payer  aucun  droit  de  foriscap  ou  de  mutation,  droit  que  le 
roi  se  réservait  dans  le  cas  seulement  où  ceux-ci  les  engageraient 
à  des  chrétiens  (3). 

En  \^5^ ,  à  l'époque  du  mariage  du  roi  d'Aragon  avec  Yolande, 
qui  possédait,  du  reste,  divers  revenus  en  Roussillon,  entre  autres 
ceux  de  Vaîjarna  des  juifs,  et  avait  naturellement  à  Perpignan  un 
bailli  ou  procureur  peur  l'administration  de  ces  domaines,  la 
poblacto  du  Puig  avait  joui  de  certaines  faveurs  de  la  part  de  la 
reine  :  cette  population,  composée  de  tisserands  et  de  pareurs  de 
draps,  était  pureme~nt  industrielle:  eiie  avait  donc  des  intérêts  que 
le  roi  tenait  beaucoup  à  conserver  et  à  développer.  De  plus,  les 
industriels  du  Puig  ne  s'opposr.ient  pas  à  ce  que  les  juifs,  grands 
manieurs  d'argent,  fussent  toujours  à  leur  portée  :  c'est  ce  qui 
explique  la  faveur  dont  jouissaient  les  juifs  qui  résidaient  au  mi- 
lieu des  bourgeois  de  l'ancienne  ville  ;  ceci  est  si  vrai  qu'on  ne 
trouve  plus,  à  partir  de  ]25i.  un  seul  juif  résidant  en  dehors  du 
CaU  du  Puis. 

On  remarquera  la  sollicitude  constante,  et  peut-être  quelque 
peu  intéressée,  qu'avait  le  roi  pour  les  juifs. 

En  effet,  quelques  années  plus  tard,  le  lo  octobre  1269,  le  roi 
d'Aragon,  l'infant  Jacques  informait  ses  viguiers  et  autres  offi- 
ciers   qu'en    récompense  «  des  nombreux    et   gracieux   services  (4) 

(i  )  Operi  sci  Jacobi  de  Podki  (7  ides  de  mai   1  244). 
(2)  Jlniversis  jtideis  populaioribus  T^odWPerpiniani. 
(3i  Arch.  des  Pyr.-Or.,  B.   lo. 

(41  Propter  muîta  et  grata  servicia  que  fidèles  nostri  Judei  nobis  faciunt.  (Pro- 
curacio  real,  reg.  IJ,  P  25.) 


—  265  — 

que  ses  fidèles  juifs  de  Perpignan  lui  ont  rendu  et  ne  cessent  de 
lui  rendre  »,  il  leur  accordait  un  privilc  ;c  oui  les  affranchissait 
de  tout  péage  de  leudes.  pour  leurs  personnes  cr  leurs  mon- 
tures (i),  dans  tous  les  lieux  des  viaueries  royales  ;  il  prescrivait, 
en  conséquence,  de  leur  restituer  toutes  les  sommes  perçues  ou 
les  saisies  faites  contre  eux  à  l'occasion  des  dites  leudes,  denuis 
la  Dromulo;ation  du  dit  privilège. 

Les  actes  souverains  émanés  de  l'infant  se  multiplièrent,  et  la 
sollicitude  envers  les  juifs  ne  fit  que  s'accroître. 

Par  une  première  charte  du  3o  janvier  {^)  le  souverain  confir- 
mait «  à  tous  les  juifs  habitant  à  Perpignan,  en  Cerdagne  et 
Confient  et  à  tous  les  autres  dépendant  de  leur  collecte  »,  la 
franchise  des  leudes  que  le  roi  son  père  leur  avait  accordée. 

Cette  franchise  ne  devait  s'appliquer  qu'aux  juifs  de  la  collecte 
de  Perpignan,  sortant  du  Roussillon  ou  de  la  Cerdagne  pour 
oasser  en  Catalogne  ou  bien  aux  pavs  de  Foix  ou  de  Languedoc  : 
ceux-ci  payaient  les  leudes  comme  les  autres  habitants  lorsqu'ils 
ne  faisaient  que  circuler  dans  les  deux  comtés  ;  en  effet,  on  \oit 
les  juifs  inscrits  à  la  taxe  des  leudes  ae  Perpignan,  Collioure, 
Puigcerda  et  Querol,  dans  les  tarifs  rédiges  sous  le  règne  de  Jac- 
ques de  Majorque,  et  maintenue  par  ses  successeurs. 

Le  24  juin  i^jS,  le  roi  d'Aragon,  qui  se  trouvait  en  Roussillon, 
déclarait,  par  une  charte  (3)  datée  de  Perpignan,  francs  et  libres 
tous  les  terrains  acquis  pour  le  présent  et  pour  l'avenir  par  les 
juifs  de  Valjama  de  cette  ville,  pour  y  construire  des  maisons,  sans 
qu'ils  eussent  rien  a  payer  au  domaine  oour  les  droits  de  censivc 
et  de  lods,  droits  que  le  roi  se  réservait  cependant  dans  le  cas  où 
ces  propriétés  casseraient  aux  mains  des  chrétiens.  «  \Jjljama  ou 
communauté  juive  de  Perpignan  avait  acquis  une  grande  importance 
dès  cette  époque,  et  il  y  a  (5  des  ides  de  juin  yijS]  un  acte  de 
caution   donné   car  vingt-quatre   de    ses    membres,    qui    ne   repré- 

I  1  )  De  personis  vel  equilutuus  suis...  <  Procuracio  real.  1 

(2)  Procuracio  real,  registre  111,  f°  ic).  Ce  document  est  rcproaint  par 
Alart  :  Franchise  et  privilèges,  page  298  :  Privilegi  dels  Juheus  coni  son 
franchs  de  leuda. 

;3)  Arch.  des  Pyr.-Or.,  Procuracio  real,  registre  X,  f°  i  :  registre  Xlll, 
P  92  :  Privilegi  dels  Juheus  ab  que  son  franchs  de  foriscapis  de  les  cases  que 
tenen  al  Kayl  de  Perpenya.  (Reproduit  par  Alart,  Privilèges  et  titres,  p.  337.) 


—  266  — 

sentent  évidemment  que  la  partie  la  plus  riche  de  h  commu- 
nauté (])•  » 

Le  roi  Jacques  craignait  peut-être  de  voir  la  communauté  juive 
prendre  une  influence  considérable  :  aussi  le§  règlements  devin- 
rent-ils sévères. 

Une  ordonnance  du  roi  Jacques  1"  de  Majorque,  du  9  juin  i  279, 
défendait  aux  juifs  de  Perpignan  de  prendre  des  chrétiennes 
pour  nourrices  ou  pour  servantes,  et  de  les  employer  à  un  travail 
quelconque  à  l'intérieur  de  leurs  maisons  (2). 

Cette  sévérité  envers  les  juifs  avait  duré  plus  d'un  siècle.  En 
1427,  tous  ces  règlements  étaient  rapportés. 

En  1427,  des  criées  royales  révoquaient,  comme  «  injustes  et 
insupportables  »,  les  articles  de  deux  criées  faites  par  le  hallle  de 
Perpignan  au  sujet  des  juifs  de  cette  ville  :  ces  articles  défendaient 
aux  chrétiens  de  donner  du  travail  à  ces  derniers,  dans  le  call  ou 
en  dehors  du  call  (3),  sous  peine  d'une  amende  de  cinquante  sous, 
et  de  les  accueillir  dans  leurs  maisons  à  cet  effet.  Interdiction  à 
tout  chrétien  de  pénétrer  certains  jours  dans  le  call,  le  dimanche  et 
les  jours  de  fête  ;  défense  d'y  manger,  d'y  boire  et  d'y  jouer. 
Les  dites  criées  sont  confirmées  par  le  roi,  quant  au  reste. 

Voici  le  document  (1427?)  (4). 

rCrida  faent  per  los  Juheus,  revocant  totes  crides  fêtes  per  Jo 
batlle  contenent  en  acabament  que  negun  Christia  o  Christiana  no 
don  a  gohanyar  à  Juheu  o  Juhia  ;  la  quai  fou  fêta  de  manament 
del  Senyor  ReyJ. 

Ara  hojats  tôt  hom  generalment  que  us  notiffica  lo  molt  ait 
princep  e  senyor  lo  senyor  Rey  à  tôt  hom  generalment  que, 
com    lo    batlle    de    la    vila    de   Perpenya  hagués  fêtes  dos  crides 

(1)  Alart,  op.  ciL,  note  i. 

(2)  Arch.  communales,  Livre  vert,  AA.  1,  f°  77  v*. 

(3)  Un  mandement  de  Pierre  IV  d'Aragon,  du  2  octobre  i566,  avait 
astreint  les  Juifs  à  se  loger  dans  l'enclos  appelé  lo  Call,  d'où  ils  étaient  sortis 
pour  occuper  des  maisons  sises  non  loin  de  la  place  du  Puig,  «  in  quodam 
vico  christianorum,  per  quod  itur  ad  Podium  lextorum  m,  ce  qui  expose  à  leurs 
insultes  le  Saint-Sacrement  que  l'on  porte  aux  malades.  (Arch.  Com., 
AA.  I.  f°  125.) 

(4)  Sans  lieu  ni  date. 


i 


—  267  — 
contre  los  Juheus  de  la  vila  de  Perpenya,  continents  en   si    molts 
capitols,  los  quais  son  de  la  ténor  seguent  : 

a  Ara  hojats  que  us  mana  à  tôt  hom  generalment  lo  honorable 
mossen  Bernât  de  Torroella,  cavalier,  batlle  de  la  vila  de  Per- 
penya, à  instancia  del  honorables  consols  de  la  dita  vila.  que  no 
y  haja  negun  ni  neguna,  per  ardimcnt  que  haja,  que  d'aquesta 
hora  avant  gos  donar  à  negun  Juheu  ni  Juhia  negunes  obres  à  fer  ; 
e  aço  sots  peiia  de  4  sol.  à  cascun  et  à  cascuna  que  lo  contrari 
farâ,  sens  tota  merçe,  e  d'altra  part  perdra  la  obra  que  dada  li 
haurâ  à  fer. 

«  D'altra  part  mana  lo  dit  honorable  batlle  que  si,  per  ventura, 
hi  havia  negun  ni  neguna  que  hagués  negunes  obres  per  fer  fer, 
que,  d'açi  à  diluns  primer  vinent,  ho  hagués  haut  à  trer  dels  dits 
Juheus  e  Juhies,  sots  pena  de  l  sol.  ;  de  la  quai  haurà  lo  denun- 
ciador  la  terça  part.  Per  que,  lo  dit  honorable  batlle,  ab  veu  de 
la  présent  crida,  notifica  à  tôt  hom  generalment  les  dites  coses, 
per  tal  que  algun  ignorancia  no  puxa  allegar. 

«  Item,  que  negun  ni  neguna,  per  ardiment  que  haja,  no  gos 
acullir  en  casa  sua  negun  Juheu  ni  Juhia  en  neguna  manera.  E 
aço,  sots  pena  de  l  soi,,  de  la  quai  pena  haurâ  lo  denunciador  la 
terça  part.  » 

E  la  segona  crida  es  de  la  ténor  seguent  : 

«  Ara  hojats  que  us  mana  à  tôt  hom  generalment  lo  honorable 
mossen  Bernât  de  Torroella,  cavalier,  batlle  de  la  vila  de  Per- 
penya, à  instancia  e  requesta  dels  honorables  consols  de  la  dita 
vila,  que  no  y  haja  negun  ni  neguna,  per  ardiment  que  haja,  que, 
d'aquesta  hora  avant  gos  donar  a  negun  Juheu  ni  Juhia  negunes 
obres  o  lianes  à  ffer,  les  quais  s'obren  dins  lo  cayll  ni  fora  lo  call, 
si  donchs  no  à  llur  propri  us  d'aquell  qui  les  obraria,  e  aço  sots  pena 
de  t  sol.  à  cascun  e  à  cascuna  que  lo  contrari  farâ,  e  à  cascun 
Juheu  o  Juhia  que  la  dita  obra  en  dimenge  obrarâ,  sens  tota 
merçe  ;  e  d'aitre  part,  que  perdra  la  obra  que  dada  li  hauria  a 
ffer.  E  si  lo  Christia  o  Christiana,  Juheu  o  Juhia,  no  porâ  pagar 
los  dits  L  sol.,  pendra  vint  assors,  sens  neguna  merçe  ;  de  la  pena 
peccuniaria  lo  denunciador  haurâ  la  terça  part. 

a  Item,    mana    lo    dit   honorable    batlle  que  si,   per  ventura,  hi 


—  :i68  — 

haurâ  negun  ni  neguna  que  hagués  negunes  obres  per  fer  fer,  que 
d'açi  à  dimecres  primer  vinent,  ha  hajen  haut  a  trer  dels  dits 
Juheus  e  Juhies,  sors  pena  de  l  sol.,  de  la  quai  pena  haurâ  lo 
denunciador  la  rerça  part. 

«  Item,  que  negun  ni  neguna,  per  ardiment  que  haja,  no  gos 
aculiir  en  casa  sua  negun  Juheu  ni  Juhia  en  neguna  manera  per 
fer  residencia  o  continua  habitacio  ni  per  menjar  ni  per  heure  ;  e 
aço,  sots  pena  de  l  sol.,  de  la  quai  haurâ  lo  denunciador  la  terça 
part. 

«  Item,  que  negun  Crestia  o  Crestiana  no  gos  intrar  !o  diven- 
dres  à  nit  que  intrarâ  !o  sabbas  dels  Juheus  dins  lô  quai  (i)  ni 
jorn  del  dissapte,  sots  pena  de  x  lliures.  E  si  no  les  porâ  pagar, 
que  paguen  l  assots,  sens  neguna  merçé. 

«  Item,  que  negun  Christia  o  Christiana  no  gos  intrar  (2),  ço  es 
per  menjar  o  per  heure  o  jaure  dins  lo  cayll,  sots  pena  de  x  lliu- 
res ;  la  quai  incorrega  axi  meteys  (3)  lo  Juheu  o  ia  Juhia  qui  'Is 
aculliria  o  receptara  à  menjar,  heure  o  jaurè  ;  e  si  no  les  poden 
pagar,  que  paguen  l  assots,  sens  neguna  merçe. 

«  Item,  que  negun  Christia  o  Christiana   no    gos  intrar   dins  lo 
call,  pus  que  lo  sol  sera  colgat,  sots  pena   de   l    sol.  ;    les   quais,' 
si  no  'Js  poden  pagar,  prenguen  xx  assots. 

«  Item,  que  neguna  Christia  o  Christiana  no  gos  intrar  dins  lo 
call  lo  dimenge  ni  les  aitres  restes  solennes,  sots  pena  de  x  iliu- 
res,  les  quais,  si  no  les  pot  pagar,  prenga  l  assots,  sens  neguna 
merçe. 

«  ?tem,  que  Jo  dit  honorable  batlle,  ab  veu  de  la  présent  crida, 
notiffica  e  intima  à  tôt  hom  generalment  les  dites  coses,  per  tal 
que  ignorancia  no  puxen  allegar.  » 

(Hon  (?)  com  al  dit  senvor  sia  vist  que  los  capitols  que  prohi- 
bexen  aue  los  Chrisriqns  no  gosen  donar  obres  à  obrar  noves  ni 
velles  o  qualsevuila  goanys  licits  à  offici  o  artifici  de  Juheus,  com 
son  de  sartres,  sabarers,  juponers  (4)  e  qualsevuila  aJtres  officis,  sien 

(i)  Sic,  sans  doute  pour  Call. 

(2)  Intras. 

(3)  Meseys. 

(4)  Dans  le  Caphreu  de  1451,  nous  trouvons  ce  métier  :  juponerius  (fabri- 
cant de  chausses).  H.  Aragon,   Castell-J^osselh  au  moyen-âge,  Edit.  Privât. 


—   îéq    — 

jnjusrs  e  insupportables  ;  e  mes  encara  sia  vist  injust  ai  dit  senyor 
que  Christia  no  gos  donar  ses  obres  oldanes  per  adobar  als 
Juheus  ;  e  mes  encara  sia  vist  injust  ai  dit  senyor  que  negun 
Christia  no  gos  indistinctament  acullir  Juheu  a  casa  sua.  Per  ço, 
lo  dit  Senyor,  ab  veu  de  la  présent  crida,  notifica  à  tôt  hom 
generalment  que  ell  ha  per  revocades  les  dites  crides.  tanr  com 
toquen  ios  dits  caps.  Notifficant  à  tôt  hom  generalment  que,  ab 
séria  de  la  présent,  ell  ha,  en  Ios  dits  caps  tant  solament,  hauda 
per  revocada  la  dita  crida,  e  dona,  ab  la  présent,  licencia  à  tôt 
hom  generalment  que  puxa  cascun  Christia  dar  ai  Juheu  obres  per 
obrar  segons  j'offici  que  haurâ.  si  s'  vol  de  sartroria,  sabater, 
juponer,  argenter  o  qualsevol  altre  offici,  si  s"  vol  de  robes  o 
coses  noves  à  fer,  si  s'  vol  de  velles  à  adobar  o  reparar.  Och  (?; 
encara  ab  la  metexa  présent  crida  notiffica  com  ell  dona  facultat 
e  licencia  à  cascun  Christia  que  puxa  acullir  Juheu  en  casa  sua 
per  obrar  les  obres  que  '1  Juheu,  per  son  offici,  li  obrarâ,  sola- 
ment ;  —  exceptât  que  no  y  puxa  romandre  ni  aquell  arullir  per 
menjar  o  dormir  —  ;  les  quais  ccses  pux3  fer  sens  incurriment  de 
aiguna  pena.  Les  altres  ordinacions  o  capitols  de  la  dita  crida  o 
crides  romanents  en  sa  forsa  e  valor. 

Mes  mana  lo  dit  senyor  à  tôt  hom  generalment  que  jequesquen 
anar  liberalment  Ios  Juheus  per  la  vila,  no  injuriant  aqueils  de  fet 
o  en  persona,  sots  incurriment  de  cent  sol.  per  cascun  qui  contre- 
farâ  e  per  cascuna  vegada,  e  dels  officiais  qui  aquelles  no  execu- 
tarân  (i). 


(i)  Archives  des  Pyr.-Or..  B.  232,  Registre  XV  de  la  Procuracio  real. 
f"  i37  v°,  i38. 

Cf.  même  registre,  f"  ijpv",  120:  vidimus  «  del  privilegi  dels  Juheus. 
que  no  puxen  esser  forçats  de  batejar  »  :  bulle  du  pape  Martin  «  ...  datum 
Rome  apud  Sanctam  Mariam  Majorem,  xii  kalendas  cctobris,  pontificatus 
nostri  anno  quarto  i>.  Ce  vidimus.  défendant  de  contraindre  les  Juifs  à  se 
faire  baptiser,  quelques  engagements  qu'ils  aient  pris  a  cet  égard,  daté  du 
27  mars  1423.  fut  signifié  le  20  juillet  1426  à  Gispert  de  Tregura.  lieute- 
nant du  Gouverneur  des  Comtés. 

Même  registre,  P  36  :  règlement  du  roi  Martin  d'Aragon,  en  catalan,  pour 
l'élection  des  secrétaires,  clavaires,  auditeurs  de  comptes  et  écrivains,  et 
divers  autres  faits  d'administration  intérieure  de  l'aljama  des  juifs  de  Perpi- 
gnan. 28  juillet  1408. 


—  270  — 

En  ce  qui  concerne  les  juifs  de  Perpignan,  des  règlements  très 
sévères  avaient  été  édictés  relativement  aux  jeux  :  les  jeux  de 
dés  et  de  naips  (cartes)  étaient  rigoureusement  interdits  dans  les 
maisons  de  jeu  du  portai  de  Bages  et  de)  Toro,  exception  faite 
pour  les  fêtes  juives,  auquel  cas  le  jeu  de  naips  sera  autorisé  entre 
eux  seulement.  «  Même  chez  soi,  et  entre  amis,  il  n'était  pas 
licite  de  jouer  sans  restriction  ;  tous  les  jeux  de  dés  et  beaucoup 
d'autres,  qualifiés  de  jeux  de  hasard,  étaient  absolument  interdits, 
l'ancienne  amende  de  10  sous  étant  encourue  pour  chaque  con- 
travention (1).  »  Si  la  maison  ou  le  jardin  était  transformé  en  salle 
de  jeu  clandestine,  l'amende  s'élevait  à  25  livres  (2). 

On  pouvait  jouer  aux  cartes  ou  nayps,  à  condition  de  ne  pas 
dépasser  ]  denier  comme  enjeu  de  chaque  partie.  Aux  laules,  on 
pouvait  miser  jusqu'à  4  deniers  (3). 

En  1295,  une  ordonnance  du  roi  de  Majorque  interdisait  aux 
juifs  le  jeu  de  dés,  ainsi  que  tout  jeu  entre  juifs  et  chrétiens  (4). 

Xii.  JÇs  novembr.  anno  dni  M.CC.XC.  quinto. 

Ffo  adordonat  per  manament  del  S.  Rey,  que  negu  Juseu  no 
gaus  jogar  en  negu  [jochj  de  daus,  sens  licencia  e  volontat  del 
batle  de  Perpenya,  en  festes  lurs,  ni  en  noces,  ni  en  altre  temps  ; 
empero  io  balle  de  Perp.  déjà  donar  ad  eyls  licencia  de  jogar  en 
lurs  festes  et  en  lurs  noces,  tota  hora  que  per  eyls  lur  (5)  sia 
request  e  'n  altra  manera  no  'n  fossen  soutz  (6). 

E  qui  contre  ayso  fara,  pac  de  ban  per  cascuna  vegada  x  s., 
dels  quais  lo  denunciador  aura  la  terssa  part. 

E  aysso  es  entes  que  1  Juseu  puga  demanar  licencia  per  totz,  e 

que    no    pugen    jogar    ab    crestia    dins    lo  cayl,  ni  fora  el  cayl  ab 

Crestia. 

Item  fo  adordonat  per  en   Vidal    Grimau,    balle    de    Perpenya, 

{}]  Desplan'que,  Les  Infâmes,  chap.  iv,  paragr.  29.  B.  îSs,  f  io5  (4et  5). 

(2)  Ibidem,  art.  3. 

(3)  Ibidem,  art.  5  :  en  que  vage  pus  avant  de  quatre  diners  lo  joch. 

(4)  Arch.  comm.,  Livre  vert,  AA.  1,  f"  y  y  v". 

(5)  11  faudrait  sans  doute  //  ou  U  'n,  au  lieu  de  îur.  (Alart,  p.   106.) 

(6)  Du  latin  soïuH.  absous,  libérés,  dégagés,  francs,  quittes  (idem). 
On  peut  comparer  le  document  reproduit  par  Alart,  Documents  sur  la  langue 

t     la  ne,  page  )o6,  avec  celui  que  je  transcris. 


—   271    — 

que  d'aqui  anant  negu  Juseu  no  gaus  aiiar  meyns  de  capa,  si 
donchs  no  'n  fasia  anant  e  vinent  de  fora  la  vila.  E  qui  contre  avso 
fara  perdra  ia  roba  que  portara,  J.c  la  quai  los  saigs  qui  la  pen- 
dran  agen  la  mitât  (i). 

On  peur,  par  ce  document,  se  rendre  compte  de  la  sévérité 
excessive  qui  frappait  l'inobservance  de  ces  règlements,  relative- 
ment aux  diiférents  jeux  (2). 

Les  juifs  eux-mêmes  n'échappaient  pas  à  ces  lois:  ils  pouvaient 
toutefois  s'adonner  a  ces  jeux  dans  le  quartier,  lo  call,  où  ils 
étaient  clôturés  ;  mais  leur  communauté  ne  pouvait,  en  aucun  cas, 
jouer  dans  lo  cayl  ou  en  dehors  du  cayl  avec  un  homme  qui 
n'était  pas  de  sa  religion.  Déjà  en  i328,  un  mandement  de 
Pierre  IV,  roi  d'Aragon,  défendait  aux  juifs  de  Perpignan  d'ache- 
ter des  provisions  de  toute  nature  sur  la  Place  de  la  Gallinerie  lin 
plalea  Gallinarum)  avant  que  le  tiers  de   la  journée   ne  soit  passé, 

5  mars  1439 

Arahojats  que  us  mana  lo  molt  honorable  mossen  Bernât  Albert, 
cavaler  et  Procurador  Reyal  en  los  Comtats  de  Rossello  e  de 
Cerdanya  quo  no  y  haga  negun  Jueu  dels  dits  comtats  que,  per 
ardiment  que  haja,  gos  jugar  ni  fer  jugar  ni  cil  per  aitre  ab  negun 
Crestia  en  nagun  joch  de  daus  ni  de  naips  dins  la  vila  de  Perpe- 
nya  ni  una  lega  en  torn  ni  encara  star  ni  badar  joch  en  les  tafu- 
reries  de)  Portai  de  Bages  ni  del  Toro  ni  en  altre  loch  que  tafu- 
raria  s'i  tinga  ;  e  aço,  sots  pena  de  deu  sols,  per  cascuna  vegada 
que  '1  contrari  sera  trobat,  e  mes  avant  d'estar  prés. deu  jorns  en 
la  prcso  del  cail.  E  mes  avant  mana  lo  molt  honorable  Procura- 
dor Reyal  que  no  y  haja  negun  Jueu  que  gos  jugar  ab  nagun  altre 
Jueu  en  nagun  joch  >"' •  (hv?.  ni  de  naips. 'acceotat    en    les  festes  e 

(i)  Ordmacions,  i,  f '  j  y  . 

(2)  La  première  interdiction  eut  lieu  a  Perpignan  en  1279.  Elle  fut  con- 
firmée et  gënëraiisée  aux  Corts  de  Banelone  de  i283.  Jusque  là  le  jeu 
avait  été  regardé  comme  indifférent...  On  ne  piit  désormais  jouer  qu'à 
certaines  conditions  et  ie  joueur  de  profession  devint  infâme  de  fait.  En 
1413,  les  Corts  condamnèrent  définitivement  et  les  établissements  de  jeu  et 
le  jeu  en  lui-même.  Leur  décision  fut  appliquée...,  mais  la  mesure  ne  fut 
exécutée  à  Perpignan  qu'en  1417.  (Desplanque,  op.  cit.,  p.  22.) 


—    2^2    — 

dejunis  dels  Jueus,  que  là  donch  pusquen  jogar  à  naips,  tant  sola- 
ment  Jueus  ab  Jueus  dins  lo  cal)  de  dia  à  dia,  e  aso  sots  les 
pênes  damont  dites.  E  aço  vol  e  ordona  lo  dit  honorable  Procu- 
rador  Reyal  que  s'observa  d'asci  à  Pascha  primer  vinent,  e  de 
Pascha  à  très  anys. 

Die  Jovis  V  marcii  anno  M.CCCC.XXXVlll  1°,  retulit  Jaco- 
bus  Foxa,  preco,  se,  mandato  domini  Procuratoris  Regii,  die 
mercurii  proxime  lapsa  publicasse  cum  tuba  in  Callo  Judeorum 
presentem  preconitzationem  (i) 

Mais  l'interdiction  absolue  des  jeux  de  hasard  n'avait  pas  tou- 
jours été  en  vigueur.  On  a  vu,  dans  un  document  antérieur,  que 
les  vaaabonds  étrangers,  mendiants  ou  rôdeurs,  les  mundaris,  ou 
portefaix,  pouvaient  jouer  librement  à  la  plassa  del  Blat^i).  Cette 
classe  d'individus  envahissait  Jes  étaux  du  marché,  les  taules 
caulaseres  et  peyoneras  s'installant  dans  les  boutiques  et  sous  les 
auvents  pour  se  livrer  à  leur  jeu  favori. 

Les  juifs  jouissaient  également  de  cette  tolérance  :  moyennant 
une  autorisation  spéciale  du  bailli,  ils  pouvaient  jouer  pendant 
leurs  solennités  (3)  ;  «  au  xv'  siècle,  cette  permission  fut  restreinte 
aux  seules  parties  de  cartes  engagées  uniquement  entre  juifs,  et 
cela  sous  des  peines  assez  graves:  lo  sous  d'amende  ou  deux 
jours  de  prison  (4).  » 

11  faut  constater  que  ces  «  tafureries  »  avaient  été  une  institu- 
tion publique.  Elle  fut,  à  l'origine,  une  concession  royale  :  puis, 
«  après  diverses  vicissitudes,  à  la  fin  du  xiv'  siècle  et  au  début  du 
xv',  elle  avait  reparu  avec  une  organisation  administrative  bien 
établie  (5)  ». 

Les  juifs  n'avaient  donc  pas  été  les  seuls  qui  aient  usé  large- 
ment, à  cette  époque,  des  bénéfices  de  la  spéculation  :  les  opéra- 

(1)  Archives  des  Pyr.-Or.,  B.  254,  P  149. 

(2)  Voir  plus  haut:  Criées,  7  mai  1421,  article  1]  :  La  Piassa  del  Bîat, 
"Les  rues  et  marchés  de  "Perpignan. 

(3)  Cf.  BB..7,  P  7.  Reproduit  par  P.  Vidal,  Les  Juifs  des  Comtés  de 
T(oussiHcn. 

(4]  Desplanque,  op.  cil.,  page  63. 

(5)  Cf.  E.  Desplanque,  Les  Infâmes  dans  l'ancien  droit  roussillonnais,  1893, 
chap.  m  :  La  Tafureria  (1283-1417). 


-  273  - 

tions  de  ce  genre  avaient  profité  à  toutes  les  classées,  à  toutes  les 
sectes  et  à  tous  les  individus  (ii  :  les  juifs,  du  reste,  loin  d'être 
en  butte  a  des  vexations  ridicules,  jouirent  pendant  longtemps 
de  certains  privilèges  et  de  certaines  faveurs. 

f A  suivre;  Henrv  Aragon. 

(i)  Une  amende  punissait  les  lafureries  secrètes,  mais  elles  trouvaient,  dans 
la  complaisance  des  officiers  de  police,  un  appui  très  efficace  contre  les  tenta- 
tives de  répression  émanant  des  consuls.  (BB.  7,  BB.  217,  209,  216.) 
Cf.  E.  Desplanque,  op.  cit..  page  52. 

En  Trufela  y  la  Victoria 

Aquell  matî,  el  mestre  nos  havia  dit,  d'un  francès  manyach, 
en  aixugant  els  vidres  brunnosos  de  les  seues  lluiietes,  mig- 
somrient  y  amb  una  llàgrima  de  goig  que  li  regalava  sus  la  galta  ': 
«  Si  la  nova  arriva,  acabem  pas  la  diada  en  classa,  maynatges  !  » 
Y  a  nosaitres,  el  cor  nos  saltava  aauî  dins  com  una  granyota, 
unes  ganes  nos  prenien  de  fugir  y  correr  y  cridar...  y  no  pensa- 
vem  :  «  Veyam  si  arrivarà  aquest  armistici  !  » 

Quan  Ihora  d'ixer  va  tocar,  tots  nos  guinyaven  amb  un  ayre 
de  dir,  entre  dues  parpellejades  :  «  Aquesta  tarda  ray,  jà  farem 
escaoada  !  »  Y  ala,  Trufera  1  quan  el  mestre  va  haver  girat  l'es- 
quena,  amb  una  corredis^a  van  esser  davant  de  la  Llotja  hont  la 
gent  s'aniiotava,  devallant  de  tots  els  cantons  com  un  véritable 
botàs.  Y  quina  bolorda,  mare  mia  î  Dins  aqueix  remena-mariôn, 
un  poch  premit  de  les  costelles,  anavi,  enfaranat,  a  mirar  de  m'en- 
forarar,  en  cerca  de  noves,  quan  unes  bombes  van  retrunyer  y, 
tôt  arreu,  uns  crits  aixordadors  de  Victoria  y  uns  repichs  de  cam- 
panes  omplien  l'ayre  ;  y  onejaven  mes  y  mes  drapeus  a  les  fines- 
tres,  com  may  de  la  vida  jo  n'havia  vist  tants. 

Carambis  !  com  te  vaig  deixar  anar  el  cartioaç,  que  jà  m'en 
donavi  de)  portepluma  nou  que  hi  ténia,  y  pets  a  correr,  saltiro- 
nant  y  ballant,  a  abrassar  la  mare.  Quines  camades    vaig    fer    jo  î 

Amb  els  sous  que  ten^a  a  la  judriola,   vaig  comprar  un   drapeu 


y  un  paquet  ;^e  fusades,  y...  companys,  fiquem-nos  una  cocarda 
a  la  gorra  y  fem  passavila  !  E)s  infants  de  França,  avuy,  han  de 
dir  la  seua. 

Allcvores,  de  cap  a  cap  de  la  vila,  va  esser,  fins  a  la  nit,  una 
esperverada  trascadiça,  amb  cançons,  visques  y  rotllos  endimoniats, 
V  botzides  y  farandoles  colltrencadices.  Quan  hi  pensi  encara  ne 
som  mig-desvariat.  Hi  havia  tant  de  dies  qaaqueixa  alegria, 
qu'ara  esclatava  triomfal,  com  diu  el  mestrc,  me  cô^'â'  dihs  de] 
cor,  y  me  feya  zup-zup  al  cs^p  dels  dits  y  en  els  polsos.  Perqué 
ja  ho  sabia,  y  els  meus  companys  també,  que  guanyariem  nosal- 
tres.  Desde  que  En  JofFre,  ixint  de  trascantô,  rés  que  amb  los 
francesos  y  algun  Angles,  va  matxucar  els  Botxes  a  la  Marna, 
amb  aquella  xorriaca  de  primera  que  'Is-hi  va  encetar  el  rasteli 
de  l'esquenassa,  jo  me  vaig  dir  :  «  Nos  hageràn  pas,  poch  per 
ellos  ».  —  Jà  la  bestia  era  prou  mascarada  y  prou  que  M  director 
de  la  nostra  escola  ho  va  fer  re-ixer,  y  que  va  esser  sus  de  tots 
los  «  jornals  ».  En  Joffre  va  salvar  éj  mon  y  fer  possibla  la  Victo- 
ria d'ara. 

Catalans,  voleu  que  vos  digui  una  cosa  que  me  som  rumiada 
anit,  y  que  me  pessigola  la  cabossa? 

Si  ell  haguès  pas  sembrat  lo  grà, 
poch  que  may  haguessem  fet  la  sega. 

Visca  En  Joffre  I 

En  Trujeîa. 
Per  copia  conforma  : 

Caries  Grandô. 


Exposition  ManaU 

L'artiste  estimé  Célestin  Manalt  ouvre  une  exposition  à  la 
salle  Arago,  du  22  décembre  au  1  janvier.  Le  public  perpigna- 
nais  pourra  admirer  ses  dernières  oeuvres  qui  lui  valurent  d'una- 
nimes félicitations  à  Barcelone,  au  grand  Salon  des  artistes 
français. 

Nous  parierons  de  la  valeur  de  l'œuvre  artistiaue  du  sculpteur 
Manalt  dans  un  prochain  numéro. 


La  seigneurie  ^  la  paroisse  de  Serralongue 

^-^i'^-  {SUITE) 

/)  T{eiable  du  matlre-aulel 

Ce  retable  est  en  bois  tout  doré.  La  Sainte  Vierge  montant  au 
ciel  portée  par  des  anges  en  occupe  la  place  d'honneur,  attendu 
que  Serraiongue  s'est  placé  sous  la  protection  de  Notre-Dame 
des  Anges  et  célèbre  sa  fête  locale  le  i5  août.  Ce  retable  ressem- 
ble beauconp  à  celui  de  Montferrer  :  ii  est  même  probable  qu'ils 
sont  tous  deux  de  la  même  époque  et  de  ia  même  main.  On  con- 
naît l'époque  où  le  retable  de  l'église  de  Montferrer  fut  exé- 
cuté :  «  Déclara  jo,  Benêt  de  T^oca,  vaix  firmal,  per  descarragar  ma 
consiensia,  com  lo  any  Jjiç^  lo  S"'  bisbe  delna  Tlamenvila  me  feu 
ohrer  major  de  la  parroquial  iglesia  de  Monfferrer  per  recullir  las 
rendas  de  lobra  de  dila  iglesia  y  cobrar  de  lois  los  que  prometeran 
donar  y  cobrar  de  aquells  que  fan  censos  à  dila  obra,  apliqual  lot  per 
pagar  lo  retaula  de  Valtar  major  ques  feu  des  de  l'any  jyjS  fins  lo 
any  ij^S.  Que  se  trovara  als  comptes  que  jo  doni  que  los  len  lo 
S"  rector  de  Massia.   Yuy  als  8  de  setembre  JJ45,  "Benêt  de  T^oca  ». 

Ainsi,  le  retable  de  l'église  de  Montferrer  est  du  commence- 
ment du  xviir  siècle.  Celui  de  Serraiongue,  de  même  facture,  doit 
être  aussi  de  la  même  époque,  un  peu  plus  tôt  ou  un  peu  plus 
tard. 

Chose  curieuse  à  constater,  quelques  années  auparavant  fut 
construit  Je  retable  de  sainte  Juste  er  sainte  Ruffine  du  maître- 
autel  de  l'église  de  Prats-de-Molio,  car  il  fut  bénit  en  1693  par 
Michel  Pujol,  prêtre  et  domer  de  dite  église  :  «  Tlls  quatorze  del 
mes  de  mars  i6cf3  fonch  beneit  lo  altar  major  de  santas  Justa  y  J^uf- 
fina  y  lo  sacrari  de  dit  altar  per  lo  révérend  Miquel  Pujol,  pré  y 
domer  de  dita  iglesia  ».  Tous  ces  détails  semblent  indiquer  que  les 
retables  des  églises  du  Haut-Valiespir  sont  à  peu  près  de  la 
même  époque  et  pourraient  être  l'œuvre  d'un  même  sculpteur. 

Le  retable  de  l'église  de  Serraiongue  occupe  la  nef  jusqu'aux 
murs  latéraux  et  jusqu'à  la  voûte.  Il  s'élève  devant  l'abside  trans- 
formée en  sacristie.  Eatrons  dans  cette  sacristie    pour   considérer 


—   27^ 

un  moment  Iz  trésor  qu'elle  renferme  :  on  y  accède  par  une  porte 
faisant  partie  du  retable.  La  voici,  à  gauche. 

j°  Le  6  septembre  i633',  dans  un  cartel  de  visite  il  est  ordonné 
d'acheter  une  cuiller  en  argent  pour  baptiser  :  elle  devait  peser 
trois  livres  :  «  comprar  una  cullera  de  plaia  de  pes  de  1res  lliuras  per 
balejar  ».  Ce  cartel  se  termine  ainsi  :  «  Dai  en  là  lloch  del  Tech 
als  6  de  septembre  /633,  Gregorius  episcopus  "Eln.  —  Gabriel  Ortega 
noi.   —  Miquel  Trinxaria,  prevere  y  cura  de  Serrallonga  ». 

1°  Rocha,  prêtre  et  domer  de  la  Seu  d'Elna,  étant  visiteur, 
avait  prescrit,  le  28  mars  1642,  d'acheter  un  nouvel  ostensoir. 
On  exécuta  cette  ordonnance,  mais  on  y  mit  un  certain  temps  : 
«  Mis  ij  de  juny  i']45,  havem  commençai  à  celebrar  la  solemnilal  de 
Corpus  Chrisli  i  en  professa,  offici  y  complétas  durant  tola  la  octava  ah 
la  custodia  gran  obrada  novameni  per  lo  S'  Tlbdon  Casas,  argenler  de 
Tigueras,  pesant  la  plaia  sola  de  dita  custodia  quaranta  sept  onças. 
fia  costal,  comprar  h  plata,  dorar  lo  sol  de  una  cara,  vidres  v  mans, 
cent  quaranîa  cinq  lliuras  barcelonesas,  que  en  moneda  de  Trança 
venen  à  ser  quatre  cents  y  seize  .franchs  —  Tet  per  memoria  als 
25  juny  1J45.  B.  X.  » 

3°  11  y  a  aussi  une  croix  processionnelle  en  argent  :  elle  est 
intéressante  à  voir.  M.  Brutails,  parlant   de   cette  croix,   se   con-  ï 

tente  de  dire  :  «  La  croix  de  Serralonaue  doit  être  attribuée  au 
xvii'  siècle  ». 


4°  «  En  1758,  le  Révérend  P.  Celse,  gardien  des  Capucins  de 
Céret,  a  fait  un  présent  à  l'égiise  de  Serralongue  d'une  relique 
du  voile  de  J\oire-Dame,  et  le  14  juillet  1758  j'ai  prié  M.  Biaise 
Hortet,  qui  allait  à  Perpignan,  d'emporter  la  dite  relique  avec 
son  authentique  pour  prier  Mgr  de  vouloir  bien  la  vérifier  :  ce 
que  M.  Saunier,  son  grand  vicaire,  a  eu  la  bonté  de  faire.  Il  a 
envoyé  le  procès-verba!  en  date  du  i5  juillet  1758  et  signé  par 
M.  Saunier  et  par  le  secrétaire  de  Algr  qui  est  M.  Bonafos,  où 
est  aussi  le  sceau  des  armes  de  Mgr.  L'authentique  est  fait  par 
le  vicaire  général  de  fr.  Antonin  Camarda,  de  l'Ordre  des  Prê- 
cheurs, assistant  au  Siège  Pontifical  et  évêque  de  Riati.  Donné  à 
Riati  le  10  novembre  1753...  Je  soussigné,  prêtre  desservant  la 
cure  de  Serralongue,  viens  d'écrire  ceci  afin  que,  si  l'authentique 
et  le  procès-verbal  se  perdent,  l'on  soit  assuré  que  la  dite  relique 


X 


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■'i- 
■3; 


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—  277  — 

est  véritable.  A  Serralongue,  le    17   juillet    1758,    Lacoma  prêtre 
desservant  ». 

Cette  précieuse  et  rare  relique  existe-t-elle  encore  ?  On  pré- 
tend qu'elle  a  disparu  au  moment  de  la  tourmente  révolutionnaire. 
En  tout  cas,  je  n'ai  jamais  entendu  dire  qu'elle  soit  encore  con- 
servée et  vénérée  dans  l'église  de  Serralongue. 

77.  —  hes  curés  de  Serralongue 

Vers  le  milieu  du  xiv'  siècle,  une  convention  a  lieu  entre  les 
habitants  de  Serralongue  et  leur  pasteur.  Les  habitants  convien- 
nent de  donner  telle  somme  à  leur  pasteur  et  le  pasteur  s'engage 
à  faire  certaines  cérémonies  selon  la  volonté  de  ses  paroissiens.  Ce 
renseignement  est  fourni  par  une  note  puisée  dans  un  registre 
de  l'église  paroissiale  de  Prats-de-MoUo  :  «  item  se  troba  una  con- 
cordia  enire  los  parroquians  de  Cerrallonga  y  lo  reclor  del  que  deuan 
pagar  dits  parroquians  y  lo  que  deu  fer  lo  reclor.  Teta  en  lo 
any  i353  ».  Plus  tard,  l'évêque  d'Elne  unit  la  cure  de  Serralon- 
gue à  la  communauté  ecclésiastique  de  Prats-de-Mollo  avec  l'au- 
torisation du  Pape  :  «  iiem  se  troba  la  unio  de  la  recloria  de  Cer- 
rallonga à  la  communiial  de  V rats  fêla  per  lo  Jlluslrissim  S"  Père 
Mariir,  bisba  d'Elna,  ab  auclorilal  aposlolica  y  episcopal  en  poder... 
à  3  de  juliol  iSy4  ». 

A  cette  époque,  il  n'y  eut  pas  de  curé  proprement  dit.  La  cure 
de  Serralongue  était  mise  aux  enchères  et  elle  était  adjugée  au 
prêtre  plus  offrant.  Celui-ci  était  considère  comme  un  vicaire  par 
la  communauté  des  prêtres  de  Prats-de-Mollo.  Le  26  mars  i653, 
cette  communauté  afferme  à  Vincent  Massina  et  à  Joseph  Lana 
les  rentes,  droits  et  profits  de  la  rectorie  de  Serralongue  (i). 
Deux  mois  après,  les  mêmes  fermiers  adressent  une  requête  aux 
syndics  de  la  communauté  de  Prats-de-Mollo  pour  qu'ils  puissent 
jouir  en  paix  de  la  rectorie  qui  leur  a  été  affermée  (2).  Le  prêtre 
qui  avait  affermé  la  cure  de  Serralongue  en  ]658  devait  payer 
cent  livres  :  «  Lo  vicari  de  Cerrallonga  per  lo  arrendament  de  ta  rec- 
loria per  lo  any  présent  de  i658  pagara  à  la  comunilal  cent  lliures  ». 

Les   prêtres   qui    desservaient    la    paroisse   de   Serralongue  en 

(1)  Arch.  Départ.,  G.  877. 

(2)  Ibidem,  ■ 


_     2y8     — 

payant  une  somme  annuelle  à  la  communauté  de  Prats-de-Mollo, 
ne  résidaient  pas  sans  doute  d'une  manière  constante,  lis  arri- 
vaient probablement  le  samedi  soir  et  ils  repartaient  après  avoir 
célébré  la  messe  le  lendemain  dimanche.  Les  ecclésiastiques  de 
Prats-de-Mollo  semblent  se  succéder  tour  à  tour  dans  la  desser- 
vance  de  la  paroisse  de  Serralongue.  Ils  quittaient  cette  cure  dès 
qu'ils  trouvaient  possible  de  se  colloquer  ailleurs,  sans  attendre 
même  qu'un  successeur  leur  fut  donné.  De  nombreux  inconvé- 
nients résultaient  de  cet  état  de  choses.  Les  habitants  de  Serra- 
longue  et  de  Lamanère  prirent  la  résolution  d'y  remédier.  Le 
document  qui  suit  en  est  une  preuve  évidente.  Le  3  février  1771, 
le  conseil  général  de  la  communauté  de  Serralongue  (j),  sous  la 
présidence  de  François  Capdevila,  consul,  déclare  qu'il  serait  de 
la  dernière  importance  d'avoir  un  curé  en  titre  à  Serralongue  et 
à  Lamanère  pour  le  plus  grand  avantage  de  tous  les  habitants, 
attendu  qu'un  prêtre  desservant  n'est  jamais  aussi  assidu  aux  affai- 
res spirituelles  qu'un  curé  en  titre.  Celui-ci  n'abandonne  jamais 
ses  paroissiens  ;  il  .travaille  avec  plus  de  zèle  aux  réparations  de 
l'église  ;  il  a  soin  des  malades  et  des  pauvres  de  la  paroisse. 
D'ailleurs,  les  membres  de  l'assemblée  demandent  ce  qu'ils  possé- 
daient déjà,  puisque,  dans  le  passé,  il  y  avait  eu  à  Serralongue 
un  curé  résidant.  En  conséquence,  les  habitants  de  Serralongue 
décident  d'avoir  un  curé  p-trpétuel  et  nomment  des  syndics  pour 
poursuivre  l'affaire.  Antoine  Delclos  chirurgien  et  André  Planas 
sont  nommés  syndics,  et  le  conseil  général  leur  donne  pleins  pou- 
voirs. Le  document  porte  la  signature  de  Julia,  notaire  d'Arles, 
de  Talrich,  baille  et  de  Capdevila,  consul. 

L'Evêque    d'Elne    approuve   la  décision  prise  par  les  habitants 

(1)  Hyacinthe  Poch,  Paul  Pastoret,  Joseph  Gaiibern,  François  Alberti, 
Joseph  Daunis,  François  Noell,  Bonaventure  Vilallonga,  Joseph  Losta, 
André  Planes,  Antoine  Roniguo,  Etienne  Delos,  Guillaume  Delos,  Jean 
Fort,  Antoine  Delclos,  Pau)  Mestra,  Vincent  Cirait,  Pierre  Poncet,  Jean 
Vilallonga,  Jean  Llensa  T^arragà,  Joseph  Costaseca,  Pierre  Madern, 
André  Delos,  Jean  Marti,  Pierre  Surroca,  Pierre  Llensa,  Gabriel  Llensa, 
Jacques  Sajaloli,  Laurent  Llensa,  Charles  Llubera.  Sylvestre  Faig,  Benoît 
Laveira,  Jean  Aspar,  Joseph  Xanxo,  Joseph  Sajaloli,  Michel  Delclos,  Michel 
Capdevila,  Jean  Sidérach,  Jean  Oms,  François  Planella,  Bonaventure  Serra, 
Gabriel  Aspar,  Jérôme  Durand,  Cosma  Bezairia,  Vincent  Bocabartella,  Jean 
Picamal. 


i 


—  279  — 

de  Serralongue.  Cependant,  Prats-de-Mollo  proteste  énergique- 
ment.  Le  syndic  de  la  ville  adresse  une  requête  au  Roi  au  sujet 
du  rétablissement  projeté  par  l'Evèque  d'Elne  de  la  vicairie  per- 
pétuelle de  Serralongue,  unie  depuis  plus  de  deux  siècles  à  la 
communauté  des  prêtres  de  P'rats,  rétablissement  très  préjudicia- 
ble à  cette  dernière  et  grâce  auquel  «  une  église  d'une  bonne 
ville  va  devenir  une  église  d'un  petit  village  »  (i).  Les  habitanls 
de  Serralongue  finirent  par  obtenir  satisfaction.  Lamanère  obtient 
également  un  curé  ;  et  alors  nous  constatons  que  les  deux  locali- 
tés sont  séparées  sous  le  rapport  religieux  et  forment  en  quelque 
sorte  deux  paroisses. 

[^  suivre)  Joseph  Gibrat. 

(i)  Arch.  Départ.,  G.  877. 

Quelques  noms  de  plantes  ^  synonymes 

Catalans- Français  ^  Français-Catalans 

^S^^^  (SWTE) 


Sabina  (et  sivina),  genévrier.  —  ginebre. 
Saboneta,  saponaire.  —  herba  sabonera. 

sabuc  (et  saiic,  saiiquer).  sureau. 

Safanoria.  —  voir  pastanaga. 

Safrà,  safran. 

Sagatrepa.  —  voir  floravia. 

Sairo.  —  voir  ciurô. 

Sajulida  (et  sejulida),  sarriette,  sadrée.  —  sarrieta,  satureia,  siretja. 

Salaberta.  —  voir  boixerica. 

salât.  —  voir  salicorn. 

Saleia,  azalée. 

salicorn,  salicorne.  —  salât,  herba  de  salobre.  —  voir  aussi  sosa. 

salsa  de  pastor.  —  voir  serpoli. 

salze,  salser,  saulà,  salie,  salit,  salguer,  salguera,  saule. 

Salza^parella.  —  voir  sarsa  parella. 
Sàlvia,  sauge.  —  cresta,  madrona,  gallo. 
>       d'AragÔ,  phhmis  blanche. 


—    28o    — 

sanabre  (et  senabre),  sénevé. 

Sangrell.  —  voir  sanguinyol. 
Sanguinari,  persicaire.  —  pebre  d'aygua. 

sanguinyol  (et  sarguinyol,  sarquinyol,  sangrell,  sanguinelia, 
sangonella,  corneller,  corner,  peralloner),  cornouiller. 

Sanicula,  sanicle.  —  herba  de  sant  Llorens. 

Sannua,  prèle.  —  aspereta,  aspreta,  cua  de  rata,  cua  de  cavall. 

»  longa.  —  voir  apegaios. 

Sarga  (et  sarguera),  saule  osier.  —  vimet. 

sarguinyol  (et  sarquinyol),  —  voir  sanguinyol. 

Sarreig  (et  sarrell),  panic  pied  de  coq.  —  potes  de  gallina. 

Sarriasa,  gouet,  arum.  —  candela,  gujol,  grujol. 

Sarrieta.  —  voir  sajullda. 

SarrÔ  de  pastor  (et  Sàrronet),  capselle.  —  heVba  del  pastorell. 

SarronS,  ansérine.  —  herba  del  corc,  espinac  de  muntanya. 

Sarsa.  —  voir  romaguera. 

Sarsaparella,  smilax,  salsepareille.  —  arinjol,  aritja,  aritjol,  mata- 

velles.  • 

Satureia.  —  voir  sajuHda. 
Satalia,  rose  blanche. 
Sb.-.,  se...  —  voir  esb...,  esc... 
Segie  (et  Segol),  seigle. 
Selva=niare.  —  voir  mareselva. 
Selvier.  —  voir  server, 
Sempreviva,  immortelle.  —  perpetuina. 

senet,  séné. 

Sepel).  —  voir  bruc. 

Seragatona,  plantain  pucier.  —  herba  de  les  puces,  pucera. 

Serfuil.  —  voir  cerfull. 

Serpoll  (et  serpol),  serpolet.  —  salsa  de  pastor,  (voir  aussi  cerfull). 

server  (et  serbera,  selvier),  sorbier,  cormier. 

Setja,  scrofulaire.  —  herba  de  les  scrofules. 

Sindricl,  melon  d'eau. 

Siretja.  —  voir  sarrieta. 

Siure,  chêne-liège.  —  surô,  surer,  alzina  surera. 

Sivina.  —  voir  sabina. 

SOlana,  morelle  douce  amère.  —  morella  de  marge. 

SOSa,  soude.  —  barrella,  espinadella.  (voir  aussi  salicorn). 

Sp...,  si  -.  —  voir  esp...,  est... 

SUbre,  alisier.  —  pomer  de  sant  Joan,  selvier  de  muntanya. 

surô  (et  surer).  —  voir  siure.  (^  suivre) 

Le  Gérant,  COMET  .  —  Imprimerie  Catalane,  COMET,  rue  de  la  Poste,  Perpignan 


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