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REVUE CELTIQ_UE
TOME VII
j^\ ^^ FONDËE ^ ^"^
■Nr -870.1881 ^*
PUBLIÉE SOUS LA DmECTION DE
H. d'arbois de JUBAINVILLE
HiD-ibrt de rinnilul, Piofeueur »u Callègt de France
AVEC LE CCMCOVftS DE
J. LOTH E. ERNAULT
Chirgé de cours 1 li Faculté MaTirs de conférences 1 lj Faculté
dei leilres de Rennei dei Ifitres de Poiliers
DE PLUSIEURS SAVANTS DES ILES BRITANNIQUES ET DU CONTINENT
G. DOTTIN
Secrétaire de h rédaction
PARIS
VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR
67, nie de Richelieu, 67
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Des attributions judiciaires de rautorité publique chez les Celtes, par
H. d'Arbois de Jubainville 2.
Etudes bretonnes, par E. Ernault,
I. L'individualisme dans le langage breton 38
II. Le breton et Targot 41
III. Un cas de renforcement des consonnes 14)
IV. Sur la chute des sons, a, iy, y, / ^ 308
Mots bretons dans les chartes de Beauport, par G. Dottin 52^ 200
Two Irish 1 sth century versions of Sir John Mandeville's travels, by
John Abercromby 66, 2 10, 3 58
La légende et les femmes dans la plus ancienne histoire des Celtes et de
la Gaule, par H. d'Arbois de Jubainville 129
Flora celtica, par H. Gaidoz 162
Remarques sur le bas-vannetais, par J. Loth 171
Chansons en bas-vannetais, par le même 1 79
Find and the Phantoms, by Wh. Stokes 289
Le mystère des trois rois, par J. Loth 317
Fragment du Mabinogi de Gereint Ab Erbin, transcrit par J -G. Evans,
traduit et annoté par J. Loth 40 1
MÉLANGES.
La seconde édition du Barzas Breiz, par H. Gaidoz 80
Des pronoms infixes, par H. Gaidoz 81
Chartes données ea Irlande en faveur de Tordre de Ctteaux, par
H. d'Arbois de Jubainville * 81
Charte originale du pays de Galles^ par H. d'Arbois de Jubainville ... 86
Le mètre irlandais Rinnard, par R. Thumeysen 87
La puissance paternelle sur le fils, en droit irlandais, par H. d'Arbois
de Jubainville 9i) 241
Gloses irlandaises du psautier de saint CainiiU) par H. d'Arbois de
Jubainville 96
VI Table des Matières.
Les guerriers d'Ulster en mal d'enfant, par H. d'Arbois de Jubainville. 225
Une légende irlandaise en Bretagne, par H. d'Arbois de Jubainville 230
Du futur secondaire en breton armoricain, par J. Loth 233
La prose de saint Colomba, par H. Gaidoz 247
Le manuscrit Cottonien Otho E. XIIL La saisie irlandaise et la saisine
bretonne, par H. d'Arbois de Jubainville 238
A note on soroe of the words for flax, by J. Rhys 241
La procédure du jeûne en Irlande, par H. d'Arbois de Jubainville 245
Du langage secret dit ogham, par R. Thurneysen 369
Early middle-Irish glosses froms Rawl. B. 502 by Wh. Stokes 374
L'inscription de Voltino et ses interprétations, par P.-Ch. Robert.. .. . 436
BIBLIOGRAPHIE.
A. Buhotde Kersers, Monuments consacrés â Mars, découverts à Bourges
en 188$ • 266
De Chaban, Essais sur l'origine du nom des communes. 103
E. Ernault, La voyelle brève a en grec, en latin et en celtique 1 10
S. Ferguson, On the Patrician documents 274
J. Flach, Les origines de l'ancienne France 387
H. Gaidoz, Le dieu gaulois du soleil et le symbolisme de la roue 252
J. T. Gilbert, Facsimiles of national manuscripts of Ireiand 260
Guanon, St. George and the Dragon 384
J. Kadiou, En Breiz-Izel 277
F. M. Luzel, Légendes de la Basse-Bretagne 97
— Le magicien et son valet 277
A. Macbain, Celtic mythology and religion 279
Kuno Meyer, Menigud Uilix maicc Leirtis 256
H. Merguet, Lexilcon zu den Schriften Caesars 265, 447
G. Pauli, Die Inschriften nordetruskischen Alphabets 2^8
N. Quellien, L'argot des nomades en Basse-Bretagne 2 $0
Revue des traditions populaires 277
J. Rhys, Celtic Britain, 2« édition 376
E. Sattler, Y Gomerydd 38$
Sanrel, L'inscription du Groseau 103
Wh. Stokes, Celtic declension 100
A« Vachez, Une nouvelle interprétation du nom de Lugdunum 3B6
H. de la Villemarqué, Poésies bretonnes sous Anne de Bretagne. Textes
bretons du moyen âge 99
H. Wasserschleben, Die irische Kanonensammlung. 266
W .-G. Wood-Martin, The lake dwellings of Ireiand . 27 1
CHRONIQUE.
Academy 114, 125, 126, 128, 281, 285, 393, 394, 448, 449
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 287, 388
Table des Matières. vu
Académie royale d'Irlande • , j94
Andent laws of Ireland. • 114
Annales de Bretagne 285, 449
Annuaire de la Marne 390
Archives de Bretagne 392
Athenaenm 394
Beac'h ar c'hristen war-zu an eurusted peurbaduz 446
Bulletin épigraphique 113
Bulletin monumental 390
Cartulaire de Landévennec 391
Celtic Magasine • 449
Comptes rendus de 1* Académie de Munich 127
Comptes rendus de l'Académie de Saxe 123
Congrès archéologique de France 394
Courrier de Dublin - 121
Courrier de Londres 283
Egii, Geschicbte der geographischen Namenkunde 285
Gazette archéologique 112
Groeber, Gmndriss der romanischen Philologie .... 447
Hîbbert lectures • 392
Inscription gauloise d'Orgon 450
Rev. Edm. Hogan, Liber angiuli 444
R. Koehler, Etude sur la légende italienne Superbia e morte di Senso. 285
Macldnnon, Cours de celtique 288
Mémoires de l'Académie dei Lincei 112
Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre 112
Mémoires de la Société d'agriculture, etc., de ChÂlons-sur-Mame 390
Notices nécrologiques sur M. Bradshaw, Sir Samuel Ferguson, M. Ernest
Desjardins 281 , 441 , 443
Numismatique 113, 389
Philological Society 286
Revue d'anthropologie 287
Revue archéologique m, 287, 388, 389, 391
Revue de Comminges 112
Revue épigraphique 112
Revue d'ethnographie. 395
Revue historique 286, 388
Revue du Lyonnais. 397
J. Rhys, Wdsh texts edited and revised 127, 285
Société des Antiquaires de France 390t 39>
Society for the préservation of the Irish language 283
Tarn hâ Cuailnge 449
Transactions of the Gadic Society of Inverness 128
Zdtschrift fftr vergleichende Sprachforschung 121
La Revue celtique est devenue un trait d'union entre tous les savants
des Iles-Britanniques et du continent qui s'intéressent au genre d'étude
qu'elle a pour objet. Ce succès est dû au tact vraiment scientifique dont
a toujours fait preuve le directeur zélé qui vient de se retirer. La di-
rection nouvelle croit se faire Pinterprète du sentiment unanime des
lecteurs de la Revue celtique en exprimant en leur nom un vif regret de
la résolution inattendue qu'a prise M. Gaidoz. Ce regret est surtout res-
senti par ses collaborateurs. Ils espèrent toutefois que M. Gaidoz restera
dans leurs rangs et leur procurera le plaisir de lire encore cette prose
toujours spirituelle, mordante quelquefois, dans laquelle il a écrit tant
d'instructifs comptes rendus critiques, tant de chroniques si pleines d'in-
térêt, et des articles de fonds malheureusement trop peu nombreux.
Quant à la direction qui entre en fonctions, elle aura atteint le but de
son ambition si elle parvient à ne pas laisser déchoir la publication pé-
riodique dont la création est due tant à l'initiative hardie de M. Gaidoz
qu'à l'intelligent concours de M. F. Vieweg.
Rev. Ctlt. VIL
DES ATTRIBUTIONS JUDICIAIRES
DE L'AUTORITÉ PUBLIQUE
CHEZ LES CELTES.
CONSÉQUENCES AU DOUBLE POINT DE VUE : l** DE L'ORGANISATION POLI-
TIQUE, 2' DE LA PROCÉDURE DANS LES CONTESTATIONS PRIVÉES.
SOMMAIRE.
Pages.
§ I<^^ La compétence restreinte des tribunaux dans la Gaule indépendante a pour
effet la prédominence du système de la clientèle 2
§ 2. La conquête romaine en Gaule; révolution bienfaisante qui en est le résultat.
La conquête anglaise en Irlande 8
8 3 . La procédure irlandaise. — Première partie, le duel 11
§ 4. La procédure irlandaise. — Seconde partie, la saisie mobilière 20
§ $. La procédure irlandaise. — Troisième partie, la saisie immobilière 31
§ I*'. La compétence restreinte des tribunaux dans la Gaule indépendante a pour effet la
prédominance du système de la clientèle.
La Loi des Douze Tables, qui remonte au milieu du cinquième siècle
avant notre ère, débute par une procédure qui appartient déjà, on peut
le dire, malgré sa haute antiquité, à la civilisation moderne ; il s'agit de
la citation à comparaître devant le magistrat : la comparution sera for-
cée; le juge, sans le consentement du défendeur, rendra, quoique Tintérêt
privé soit seul en jeu, une sentence dont l'exécution sera assurée par la
force publique. Dans le droit primitif des Indo-Européens, cette procé-
dure est inconnue, il n'y a de juridiction obligatoire que lorsqu'il s'agit
de crimes contre la sûreté de l'Etat ; c'est alors que le magistrat
intervient. Alors l'accusé, contraint à comparaître devant le tribunal
Des attributions fudiciaires de Pautorité publicfue chez les Celtes, ;
qu'a institué la coutume, c'est-à-dire ordinairement devant le peuple
ou devant le roi, est, en cas de condamnation, frappé d'une peine
que la puissance publique fait exécuter.
Mais la puissance publique se désintéresse des questions qui ne tou-
chent pas aux droits et à la sûreté de l'Etat, et, à cette période reculée^
les crimes et les délits contre les particuliers, même le meurtre et l'as-
sassinat, sont considérés comme aussi indifférents à l'Etat que les con-
testations civiles : la mort violente d'un homme est affaire qui concerne
sa famille et non la société. A plus forte raison le vol d'un objet appar-
tenant à un particulier n'est pas du nombre des crimes que les magistrats
ont reçu mission de châtier. Par conséquent, celui qui est accusé de vol
n'est pas obligé de se soumettre à la juridiction du tribunal public ; à ce
point de vue, pas de différence entre lui et la personne à laquelle on
réclame le paiement d'une créance quelconque ou la restitution d'un
objet emprunté.
Cette manière de distinguer entre l'intérêt public et l'intérêt privé,
cette indifférence de l'Etat à l'égard du second, nous explique la consti-
tution de la société en Gaule à l'époque de la conquête romaine, sous un
double aspect ; elle nous fait comprendre l'origine de la juridiction des
Druides et le grand développement du système de la clientèle. Il y avait
deux façons de résoudre les contestations privées : Tune était de
s'adresser à un tribunal arbitral, à des hommes investis de la confiance
des parties et dont les deux adversaires promettaient d'accepter la sen-
tence ; l'autre consistait à employer la force : la famille de celui qui
avait été tué prenait les armes et tuait le meurtrier si elle le pouvait ; le
volé, accompagné de ses parents, allait trouver le voleur: il cherchait à
reprendre violemment l'objet volé et à enlever en outre d'autres objets
équivalant comme prix à l'indemnité pour vol, fixée par l'usage. En cas
d'insolvabilité du voleur, ce qui était le plus fréquent, le volé, s'il le
pouvait, s'emparait de la personne du voleur, et la coutume lui recon-
naissait le droit de disposer de sa vie.
Quand on n'avait pas recours à la force, le tribunal arbitral auquel on
s'adressait ordinairement en Gaule, au temps de César, était celui des
Druides ' : cela résultait de leur réputation de science et de leur prestige
religieux. Parmi les Gaulois, un certain nombre avaient été leurs élèves,
ou leur confiaient eux-mêmes l'éducation et l'instruction de leurs enfants ;
tous les Gaulois les considéraient comme investis d'une puissance surna-
I. Caesar, De beUogalUco, 1. VI, ci), § j : Nam fere de omnibus controversns publicis
privatisaue constituunt ; et, si quod est aamissam facinus, si caedes facta, si de hère-
ditate, ae finibus controversia est, iidem decernunt ; praemia poenasque constituunt.
4 H. d'Arbois de Jubainyille.
turelle et en quelque sorte divine, qui leur faisait prévoir l'avenir et con-
naître dans le présent les choses les plus secrètes : il était logique de les
prendre pour arbitres quand, dans une contestation, on voulait éviter
l'effusion du sang > .
Lorsqu'on recourait à la force, il est clair que les chances les plus
nombreuses étaient du côté de celui qui pouvait mettre en ligne le plus
grand nombre de combattants : de là l'utilité de la clientèle, qui donnait
aux parents de la partie lésée des auxiliaires quelquefois très nombreux
et qui pouvait d'autre part assurer l'impunité du coupable en lui don-
nant un appui. On connaît par César l'histoire d'Orgéiorix qui, accusé
de haute trahison, se présenta devant le tribunal national en amenant
avec lui ses parents, ses esclaves, ses clients et ses débiteurs ; il inspira
ainsi à ses juges une terreur si grande qu'ils n'osèrent d'abord entamer
son procès ^. Il est question de la clientèle des chefs gaulois dans un
certain nombre d'autres passages du D^ bello gallico K Quand le chef
considérait ou prétendait considérer la cause du client comme légitime, il
lui donnait sa protection : rien n'était dangereux comme de faire tort au
client d'un chef puissant : de là, la multiplication de la clientèle, qui était
pour les hommes de condition inférieure une garantie de sécurité beau-
coup plus qu'un état de servitude 4.
1. De bello gallicOj l. VI, c. 13-14; Cicéron, De divinatione, l. I, g 90.
2. Orgetorix ad judicium omnem suam familiam, ad hominum milia decem, undique
coegit et omnes clientes obaeraiosque suos, quorum magnum numerum habebat, eodem
conduxit : per eos, ne causam diceret, se eripuit. De bello gallico, I. I, c. 4, § i.
3. Dumnorigem ... magnum numerum equitaïus suo samptu semper alere et circum se
habere, l. I, c. 18, § $• ..
Equitum ... ut quisque est génère copiisque amplissimus, ita plurimos circum se am-
bactos clientesque habet. Hanc unam gratiam potentiaraque noverunt, 1. VI, c. 15, § 2.
Paulo supra hanc memoriam servi et clientes, quos ab iis dilectos esse constabat,
justis funeribus confectis. una cremabantur, I. VI, c. 19, § 4.
Veicingetorix, Celtilli filius, arvernus, summae potentiîc adulescens (cujus pater prin-
cipatum Galliae totius obtinuerai, et ob eam causam, quod regnum appetebat, ab civitate
erat interfectus) convocaiis suis clieniibus, facile incendit, 1. VII, c. 4, § 1.
[Aeduorum] civitatem esse omnem in armis, divisum senatum, divisum populum ;
suas cujusque eorum dientelas, 1. VII, c. 32, § 5.
Litaviccus cum suis clientibus, quibus more Gallorum nefas est etiam in extrema for-
tuna desererc patronos, Gergoviam profugit, 1. VU, c. 40, § 7.
Lucterius ... oppidum Uxellodunum quod in clieiitela fuerat ejus ... occupât, I. VIII,
c. 32, S 2.
Aux fragments VI, 19, et VII, 40, comparez le fragment suivant, III, 22, 1-3 : Adia-
tunnus ... cum sexcentis devotis, quos illi soldurios appellani (quorum haec est con-
dicio, uti omnibus in vita commodis una cum his fruantur quorum se amicitiae dedide-
rint ; si quid iis per vim accidat, aut eundem casum una ferant, aut sibi mortem cons-
ciscant; neque adhuc hominum memoria repertus est quisquam, qui, eo interfeao, cujus
se amicitiae devovisset, mori recusaret).
4. Ne quis ex plèbe contra potentiorem auxilii egeret. Suos enim quisque opprimi et
circumvenr non patitur; neque, aliter si faciat, uUam inter suos habet auctoritatem. De
bello gallicOf 1. VI, c. 11, § 4. La société germanique était organisée d'après les mêmes
principes. Celui qui tuait le client d'un homme puissant était exposé à une vengeance
Des attributions judiciaires de rautorité publi{]ue chez les Celtes. 5
Le système de la clientèle ne s'appliquait pas en Gaule aux individus
seulement, il s'étendait aux êtres collectifs : un peuple faible était client
d'un autre peuple plus fort que lui. C'était une nécessité, puisque la
Gaule n'avait ni gouvernement central ni tribunal, officiellement établis
pour juger les contestations de peuple à peuple : la situation des peuples
faibles était en Gaule identique à celle des familles pauvres, il leur fallait
des patrons ^
La mission du gouvernement central, quand il en existait un, était de
diriger la défense commune contre l'ennemi extérieur et non de juger les
contestations entre les différents peuples : tel fut le rôle de Vercingétorix.
Sans doute, le tribunal des Druides, qui se réunissait tous les ans dans le
territoire des Carnutes, mettait à la disposition de tous, peuples comme
particuliers, sa juridiction arbitrale ; mais il n'était pour personne obli-
gatoire de s'adresser à elle. Le plus fort qui avait commis un acte in-
juste envers le plus faible évitait de se présenter devant un tribunal
religieux qui lui aurait fait perdre le bénéfice de sa supériorité, et qui,
une fois la sentence rendue contre lui, l'aurait frappé d'excommunication
dans le cas où il aurait refusé de se soumettre à cette décision ^ Quand
bien plus redoutable que s'il tuait un individu qui n'avait pas de protecteur. Voilà pour-
quoi, dan^ la loi Salique, le wehrgeld du leude ou client du roi des Francs est triple de
celui du simple citoyen, Lex emendata, c. 4^. § 1,4, édition Hessels et Kern, co!. 2jif
260; Delocne, La trustis et l'antrusîion royal, p. 146.
1. Voici quelques passages du De hello gaÙicOy relatifs aux peuples clients d'autres
peuples :
Aeduos eorumque clientes, 1. I, c. ^i, g 6.
Bellovacos omni tempore in fide atque amicitia civitatis Aeduae fuisse, 1. II, c. 14, § 2.
In fines Eburonum et Condrusorum, qui sunt Treverorum clientes, 1. IV, c. 6, § 4.
Nerviis persuadet. Itaque confestim dimissis nunciis ad Ceutrones, Grudios, Levacos,
Pleumoxios, Geidumnos, qui omnes sub eorum in'perio sunt, 1. V, c. 39, g i.
Senones ... Caesarem ... adeunt per Aeduos, quorum antiquitus erat in fide civitas,
1. VI, c. 3, S 6; c. 4, § 2.
Carnutes ... usi deprecatoribus Remis, quorum erant in clientela, 1. VI, c 4, § j.
Summa auctoritas antiquitus erat in Aeduis, magnaeque eorum erant clientelae ...
Praeliis vero compluribus factis secundis ... tantum potentia antecesserant [Sequani], ut
magnam partem clientium ab Aeduis ad se traducerent ... Adventu Caesaris facta commu-
tatione rerum ... veteribus clientelis restitutis, novis per Caesarem comparatis ... Se-
quani principatum dimiserant. In eorum locum Rémi successerant ; ... li qui propter
veteres inimicitias nuUo modo cum Aeduis conjungi poterant, se Remis in clientelam di-
cabant, 1. VI, c. 12.
Bituriges ad Aeduos quorum erant in fide, 1. VII, c. 5, § 2.
Imperant Aeduis atque eorum clientibus, Segusiavis, Ambivaretis, Aulercis Brannovi-
cibus, Brannoviis, miliia XXXV ; parem numerum Arvernis, adjunciis Eleutetis, Cadurcis,
Gabaiis. vellavis, qui sub imperio Arvernorum esse consuerunt, 1. VII, c. 7$, § 2.
2. Nam fere de omnibus controversiis publicis privatisque [Druidesl constituunt ; et,
si quod est admissum facinus, si caedes facta ; si de hereditate, de finibus controversia
est, idem decernunt ; praemia poenasque constituunt : si qui aut privatus aut populus
eorum decreto non stetit, sacrificus inierdicunt. Haec poena apud eos est gravissima .. Hi
certo anni tempore in finibus Carnutum, quae regio totius Galliae média habetur, consi-
dunt in loco consecrato. Hue omnes undique, qui controversias habent.ccnveniunt eorum-
que decretis judiciisque parent, 1. VI, c. 13, g 5 et 10.
6 H. d'Arbois de Jubainville.
César dit que tout le monde prenait les Druides pour juges, il est clair
qu'il exagère beaucoup, puisque ses Commentaires nous parlent plusieurs
fois des contestations qui divisaient les Gaulois, et nous ne voyons nulle
part dans son récit les Druides intervenir comme juges. Il n'y a en Gaule
aucune autorité nationale qui impose une solution des querelles de
peuple à peuple, et voilà pourquoi César devient l'arbitre des querelles,
le protecteur des opprimés et finalement le maître du pays. Quand les
Helvètes attaquent les Éduens, les Ambarres et les Allobroges, ceux-ci
s'adressent, non pas aux Druides, mais à César'. Ainsi, dès le début,
César prend dans les luttes de peuple à peuple le rôle qu'il jouera
bientôt, même dans les dissensions intestines des cités. En effet, quand
chez les Trévires, Indutiomare et Cingétorix prétendent tous deux au
principat, ce ne sont pas les Druides qui tranchent la question : César est
le juge qui la résoud ^. Plus tard, chez les Eduens, deux partis se dis-
putent le pouvoir souverain. D'après la coutume, un magistrat annuel,
unique, appelé vergobret, doit gouverner la cité ; chacune des deux fac-
tions s'est donné le sien ; l'un a été élu suivant les formes par le minis-
tère des prêtres, c'est-à-dire des Druides, l'autre est l'homme le plus
puissant de la cité, le frère du vergobret de l'année précédente. Quel est
le juge de la contestation ? c'est le général romain ?. Cet exemple-ci sur-
tout est caractéristique; un parti conteste la valeur d'un acte sacerdotal,
ce n'est pas le tribunal des Druides qui la détermine : César est choisi
pour l'apprécier. On pouvait sans doute soumettre à l'arbitrage des
Druides toute espèce de différends ; mais pour se servir de leur minis-
tère, il fallait que les deux parties se fussent d'abord entendues pour
renoncer à l'usage de la force. César est juge suprême en Gaule, parce
qu'il a la force en main.
Avant son arrivée, l'autorité politique suprême, autant qu'elle pouvait
exister dans un état social aussi primitif, appartenait au peuple qui avait
su grouper autour de lui la clientèle la plus nombreuse. Deux peuples
se disputaient ce rang suprême : l'un était les Arvernes qui, sous la ma-
gistrature de Celtillus, père de Vercingétorix, avaient possédé ce que
César appelle le principat de toute la Gaule 4 et qui en avaient été dé-
1. De htllo gallico, 1. I, c. ii.
2. De bello gallico, 1. V, c. 3-4.
?. De bello gallico, 1. VII, c. 32-53 ; cf. 1. 1, c. 16 § 5.
4. Vercingétorix, Celtilii filius, Arvernus, summae potentiae adulescens (cujus pater
principatum Galliae totius obtinuerat, et oIj eam cau^m, quod regnum appetebat, ab
civitate erat intcrfectus). De bello gallico, 1. VU, c. 4, g i.
Galliae totius factiones esse duas : harum alterius principatum tenere Aeduos, alterius
Arvernes. Hi quum tantopere de potentatu inter se multos annos contenderent, factum
Des attributions judiciaires de V autorité publique chez les Celtes. 7
pouiliés ensuite. Ils avaient pour clients les Eleutètes, les Cadurci, les
Gabali, les Vellavi > et probablement beaucoup d'autres peuples dont
nous ignorons les noms, peut-être les Carnutes ^ ; certainement les Sequani
qui un instant les supplantèrent à la tête de leur parti ^ L'élection de Tar-
veme Vercingétorix au commandement en chef des armées nationales contre
les Romains, dans l'assemblée générale de Bibracte^ rendit aux Arvernes
le principat, dont ils jouirent pendant une courte durée avec plus d'éclat
que de succès 4.
Le parti opposé avait à sa tête les Eduens qui comptaient parmi leurs
clients les BellovaciJ, les Senones^, les Parisii7, les Segusiavi, les Am-
bivareti, les Aulerci Brannovices 8, les Bituriges9. César parle plusieurs
fois du principat exercé sur toute la Gaule par les Eduens 'o. Les Se-
quanes, avec l'aide des Germains, venaient de le leur enlever et en même
temps de s'emparer d'une partie de leur clientèle quand César commença
la guerre des Gaules. Le général romain fit recouvrer aux Eduens leurs
anciens clients, leur en fit même acquérir de nouveaux et par là leur
rendit le principat, mais un certain nombre des peuples qui formaient le
parti des Séquanes et des Arvernes éprouvaient envers les Eduens des
sentiments de haine trop violente pour se placer sous leur patronage :
esse, uti ab Arvernis Sequanisque Germani mercede arcesserentur. De beUo gallico^
1. I, c 31, g 3, 4.
1. De beUo gallicOy 1. Vll, c. 7$, § 2.
2. L. VI, c. 4, § j; c. 12, §7.
3. Quum Caesar in Galliam venit, alterius factionis principes erant Aedui, alterius Se-
quani. De beUogallico, 1. VI, c. 12, § i. Cf. 1. I, c. 31, § 4 : ab Arvernis Sequanisque
Germani mercede arcesserentur.
4. Aedui ... contendunt ut ipsis summa imperi tradatur ... Ad unum omnes Ver-
cingetorigem probant imperatorem ... Magno dolore Aedui ferunt, se dejectos principatu.
De bello gallico, 1. VII, c. 63.
$. Beliovacos omni tempore in tide atque amicitia civitatis Aeduae fuisse, De bello
gallico. 1. Il, c. 14, § 2. Beauvais, Oise; cf. E.Dts]aTdinSy Géographie historique et admh
nistrative de la Gaule romaine, t II, p. 43$. 4$$.
6. Senones ... Caesarem ... adeunt per Aeduos, quorum antiquitus erat in fide civitas.
De bello gallicOy \. VI, c. 4, § 2. Sens, Yonne; cf. Desjardins, t. II, p. 469-473.
7. Concilium Lutetiam Parisiorum transfert. Confines erant hi Senonibus civitatemque
patrum memoria conjunxerat. De bello gallicOy I. VI, c. 3, g 4-5; cf. Desjardins, t. Il,
p. AiyAl^'
8. Imperant Aeduis atque eorum clientibus, Segusiavis, Anibivaretis, Aulercis Branno-
vidbus, Brancoviis. De bello ^allico, 1. VII, c. 75, g 2. La capitale des Segusiavi était
Ljoo. On ne connaît pas la situation des trois autres peuples ; on les croit voisins des
Aedui; cf. Desjardins, t. II, p. 465-469.
9. De bello gallico. 1. VII, c. (, g 2 ; cf. Desjardins, t. II, p. 426-427. Leur capitale
Ajaricum est aujourd'hui Bourges.
10. Chez eux le parti national gaulois disait : Praestare, si jam principatum Galliae obti-
ncre non possint, Gallorum quam Romanorum imperia perferre. De bello gallico.l.l^c. 17,
g 3. — César, s*adressant au roi germain Arioviste, rappelle : ut omni tempore totius
Galliae principatum Aedui tenuissent, 1. I, c. 43, g 7. — Summa auctoritas antiquitus
erat in Aeduis, magnaeque eorum erant clientelae, I. VI, c. 12, g 2. — Ce principat exis-
tait encore à la fm du séjour de César en Gaule, en 5 1 : Duas [legiones] m Aeduos de-
duxit, quorum in omni Gallia summam esse auctoritatem sciebat, 1. VIII, c. 46, g 4.
8 H. d'Arbois de Jubainvilk.
abandonnant les Séquanes et les Arvernes, qu'ils considéraient comme
incapables de leur donner une protection efficace, ils se rangèrent dans
la clientèle des Rémes ; ceux-ci purent seuls disputer la prépondérance
aux Eduens ' jusqu'au moment où l'audace de Vercingétorix rendit pen-
dant quelques mois le principat aux Arvernes^. La prise d'Alise fit res-
tituer le principal aux Eduens ', mais ce n'était plus qu'une dignité fictive,
dès lors le vrai principat en Gaule était celui des Romains.
g 2 . La conquête romaine en Gaule ; révolution bienfaisante qui en est le résultat.
La conquête anglaise en Irlande.
Il faut bien nous garder de juger la conquête romaine et ses consé-
quences avec les idées courantes aujourd'hui. Ce serait une grossière
erreur que de considérer la Gaule comme un état moderne, où le senti-
ment national, solidement enraciné dans les cœurs, se manifeste au dehors
avec une intensité si puissante, et où des jalousies et des intérêts de
classes sont le fondement des partis entre lesquels un peuple se divise.
On ne peut nier sans doute que chez les Gaulois le sentiment national
n'existât en une certaine mesure : même parmi les Eduens, ces protégés
de César, il y avait un parti qui disait : a si nous ne pouvons obtenir le
(c principat de la Gaule, mieux vaut la domination des Gaulois que celle
« des Romains 4. » Mais on se tromperait si on attribuait à ce sentiment
national l'énergie acquise en France aujourd'hui par la même passion qui,
chez nous, est le résultat séculaire d'une vigoureuse unité administrative
précédée elle-même par l'organisation unitaire de la féodalité française.
Ce n'est pas chez nous la communauté de langue et de littérature qui a
produit ce résultat si grand : les Bretons sont Français comme les Pari-
siens, les Genevois et les Belges ne le sont point. C'est la force d'un gou-
vernement central tel que la Gaule indépendante n'en pouvait connaître,
qui a permis partout au faible et au pauvre de rejeter la protection du
fort et du riche, quand elle l'humiliait, et qui, à la rivalité des clientèles
1 . Sequani principatum dimiserant. In eorum locum Rémi successerant : quos quod
adacquare apud Caesarem gratia intellegebaïur, ii qui propter veteres inimicitias nullo modo
cum Aeduis conjungi poterant se Remis in clientelam aicabant. De bello gallico, 1. VI,
c. 12, § 7. Par exemple les Carnutes, 1. VI, c. 4, § ç.
2. D'autres peuples que les Eduens, les Arvernes, les Séquanes et les Rémes, avaient
des clients. Tels étaient les Trévirs, De bello gallico, l. IV, c. 6, g 4 ; les Nerviens, 1. V,
c. 59, S » «M-
3. De bello gallico, 1. VIII, c. 46, g 4.
4. De bello gallico, 1, I, c. 17, g 5. Evidemment Vercingétorix ne concevait pas l'indé-
pendance gauloise sans un principat exercé par un peuple sur les autres peuples de la
Gaule chevelue, et ce peuple dominateur devait à ses yeux être les Arvernes, avec lui pour
chef. La preuve que telle était sa manière de voir est qu'il offrit aux Allobroges le principat
de la province romaine : imperium totius provinciae. De bello gallico, l. VII, c. 64, g 7-8.
Des atiribulions judiciaires dj rautorité publique chez les Celtes. 9
géographiquement localisées, a substitué la lutte des partis répandus
chacun sur toute la surface du territoire national, conduits chacun dans
les régions les plus diverses par les mêmes désirs, par les mêmes rancunes
et par les mêmes intérêts.
Dans la Gaule indépendante les partis politiques, tels que nous les en-
tendons, ne pouvaient exister : le système de la clientèle opposait à leur
formation un obstacle infranchissable. Les petits et les faibles étant tous
placés dans la clientèle des grands, il serait chimérique de supposer dans
la Gaule indépendante un parti démocratique en lutte avec un parti
artistocratique. Les hommes qui, dans une société moderne, constituent
le parti démocratique, n'auraient pu alors abandonner un instant la clien-
tèle d'un chef sans se trouver immédiatement dépouillés de leur avoir et
de leur liberté, sinon même de leur vie : l'autorité de TEtat, telle qu'elle
était conçue alors, ne leur pouvait donner aucune protection contre la
haine oii l'injustice ' .
L'unité nationale gauloise n'est donc en quelque sorte qu'une ombre
de ce qu'est aujourd'hui l'unité nationale française. On aurait également
tort de la comparer à l'unité allemande : celle-ci repose en une certaine
mesure sur le souvenir historique du saint empire germanique, mais sa
base la plus sérieuse est l'usage commun d'une langue littéraire artifi-
cielle qui date du xvi® siècle et qui doit surtout sa puissance présente à
l'enseignement des universités. L'unité allemande n'a pas le fonde-
ment politique et administratif sur lequel est assise l'unité française, elle
est d'origine on peut dire pédagogique, et l'élève de l'université de
Vienne en Autriche se sent tout aussi Allemand que celui de l'université
de Berlin, tandis qu'à Posen le Polonais fait entendre des protestations
qui, dans la Bretagne française, ne trouveront jamais d'écho.
En Gaule la langue ne pouvait, comme dans l'Allemagne moderne,
procurer à la société politique le principe d'unité qui a donné en notre
siècle des résultats si remarquables. Quelque grande que l'on puisse sup-
poser la culture littéraire des Gaulois, elle était bien loin de celle que
l'Allemagne doit à l'imprimerie et à ses florissantes universités. D'ailleurs
ces deux agents si puissants n'ont produit qu'au bout d'un temps fort long
leurs effets politiques : l'unité allemande est un phénomène tout récent
et que les trois derniers siècles ne connaissaient point.
L'usage du système de la clientèle et la prédominence de ce système
sur le système rival de celui-là, c'est-à-dire sur le système de la cen-
1. Malgré mon estime profonde pour les savants travaux de MM. A. Réville et E. Des-
jardins, jene puis partager ici leur doctrine. Voyez Desjardins, ibid.j t. Il, p. (39.
10 H. d^Arbois de Jubainville.
tralisation politique, telle est une des causes principales qui ont, comme
on le sait, assuré le succès des opérations militaires dont la conquête
romaine a été le résultat. C'est aussi une des causes principales qui ont
facilité le maintien de cette conquête. La plupart des peuples gaulois,
par suite de l'impuissance du gouvernement central, étaient contraints
de recourir à la protection d'un autre peuple gaulois plus fort qu'eux et
de se placer dans sa clientèle. Le résultat de la conquête fut simplement
ceci : tous les peuples gaulois se trouvèrent placés dans la clientèle de
Rome. Ceux qui pouvaient prétendre au principal perdirent seuls quelque
chose à ce changement : ce furent les Arvernes, les Eduens et les Sé-
quanes, tour à tour investis de l'autorité suprême. Quant aux autres peu-
ples gaulois, c'est-à-dire à l'immense majorité^ la conquête romaine, en
les plaçant dans la clientèle de la capitale du monde antique, ne modifia
pas sensiblement leur situation politique.
En même temps elle leur apporta un bienfait inappréciable, ce fut un
principe de droit qu'ils ne connaissaient point, celui que la Loi des
Douze Tables formule à son début. Tout Gaulois investi de la personnalité
juridique eut la faculté d'appeler devant le magistrat son adversaire ré-
calcitrant et il fut interdit à qui que ce fût de se faire justice à soi-même.
On vit cesser les guerres entre peuples, entre clientèles, entre familles.
11 ne pouvait y avoir de révolution plus favorable à la prospérité publique
et à la félicité de chacun '.
Chose curieuse, la conquête anglaise trouva l'Irlande dans une situa-
tion juridique à peu près la même que celle d'où les Romains vainqueurs
ont fait sortir la Gaule; c'est l'Angleterre qui, héritière du principe fon-
damental de la procédure romaine, a introduit la première en Irlande
cette règle que la volonté d'une des deux parties suffit pour contraindre
l'autre à porter une contestation devant le tribunal établi par la loi.
Toutefois les Irlandais ont peu senti le bienfait de cette innovation juri-
dique. En effet, au moment où elle fut réalisée, c'est-à-dire à l'époque où
en Irlande la domination anglaise passa de la théorie dans les faits, au
xvii'' siècle, les Anglais dépouillaient les Iriandais de presque tous leurs
biens, et ils établissaient une loi aux termes de laquelle le meurtre d'un
Irlandais était la plupart du temps chose licite. En conséquence, le prin-
cipe romain sur l'autorité des tribunaux dans les procès ne présentait
pour les Irlandais aucune utilité pratique quand les Anglais le leur appor-
I. Strabon, en l*an 19 de notre ère, c'est-à-dire soixante-dix ans après la conquête,
écrivait, en parlant des Gaulois : « Maintenant ils sont forcés de cultiver la terre, puis-
qu'ils ont déposé les armes, » Nuv o*(xvaYxâ?^ovTai ")fecopY6îv, xaTaO^|jisvoi xà o;:Xa,
livre IV, c. i, § 2, édition Didot, p. 147, lignes Si-J^*
D.s atîTibutions judiciaires de Pautorité publiijue chez les Celtes. 1 1
tèrent. En même temps une circonstance rendit la domination étrangère
tout particulièrement odieuse aux vaincus. Les maximes de gouvernement
énoncées solennellement au Sénat romain par l'empereur Claude, un
siècle après la conquête de la Gaule, et qui ont fait des Gaulois les
égaux de leurs vainqueurs, n'ont pas toujours été des maximes an-
glaises. Loin de là, dans la bouche des Anglais, la distinction de race
entre eux et les vaincus a longtemps présenté un caractère blessant
d'ironique et dédaigneuse suprématie que n'avait pas le régime égalitaire
de l'Empire romain et que la République romaine elle-même ne con-
naissait pas. Voilà pourquoi il y a tant de différence entre l'histoire de la
Gaule si facilement conquise, puis si rapidement assimilée par les Ro-
mains, et celle de l'Irlande vaincue après des siècles de résistance, et
depuis toujours frémissante sous la domination de l'Angleterre.
g 3. La procédure irlandaise. — Première partie, le duel.
Entre la Gaule et l'Irlande, au temps de leur indépendance, il y avait,
nous venons de le dire, une ressemblance frappante, sur laquelle on ne
peut trop insister. En Gaule, ainsi que nous l'apprend César dans son
récit de la conquête, c^est-à-dire au milieu du premier siècle avant notre
ère; en Irlande, comme l'établit un corps de législation resté en vigueur
jusqu'au xvii« siècle, un principe, le même dans les deux pays, sert de
base au droit privé, c'est la faculté pour chacun ou de refuser tout juge
ou de choisir son juge. Nous ignorons comment en Gaule la partie lésée
s'y prenait pour obtenir justice. César nous fait connaître seulement
l'accord fréquent des deux adversaires pour accepter la juridiction drui-
dique ; mais en Irlande nous trouvons des documents plus complets, et
nous y apprenons les détails de la procédure qui est la conséquence d'une
situation si primitive de la société. Les monuments les plus anciens du
droit germanique et du droit romain nous offrent la forme juridique de
sociétés déjà perfectionnées et où la puissance publique a pris bien plus
de vigueur que chez les Celtes. Cependant ces deux droits conservent des
traces d'une législation plus ancienne, d'un étage plus bas dans l'édifice
si vaste de l'histoire des institutions juridiques. Cet étage inférieur est
celui sur lequel, par un phénomène étrange, le droit irlandais, resté sta-
tionnaire, s'est maintenu immobile au milieu du progrès général, jusqu'à
l'époque si récente où le droit anglais Ta violemment supplanté. Le droit
irlandais a certainement ses points d'originalité. Toutefois, dans ses traits
principaux, il n'est autre chose que le droit non seulement de la race
celtique, mais des Indo-européens avant les révolutions qu'amenèrent
12 H. (ÏArbois de Jubainrille.
peu à peu les progrès lents mais continus de la puissance publique. C'est
le droit qui a précédé les innombrables conquêtes accomplies aux dépens
de l'indépendance initiale des familles par Tidée si souvent bienfaisante
et quelquefois tyrannique qu'exprime aujourd'hui ce mot redoutable :
l'Etat !
Quand un Irlandais croyait qu'un de ses compatriotes lui avait fait tort,
trois manières d'agir s'offraient à lui pour obtenir justice ■ : i^. la saisie
mobilière, aithgabail, 2° la saisie immobilière, îellach, ^" le duel, corn-
rac^^ sans compter le combat de plusieurs, la guerre, qu'il est difficile
de ranger parmi les actes de la procédure. Les deux premières de
ces'trois manières d'agir sont chacune l'objet d'un traité de droit. Le
traité de la saisie mobilière forme le premier livre du grand corps de
jurisprudence connu sous le nom de Senchus môr ou Senchas mdr. Le
texte et le commentaire irlandais ont fourni cent quatre-vingt-six pages
in-octavo à la collection des lois anciennes de l'Irlande publiée par le
gouvernement de cette île : une traduction anglaise est placée en regard î.
La saisie immobilière est l'objet d'un traité spécial intitulé : Din tech-
tvLgiidy c'est-à-dire « de l'acquisition d'immeubles par saisie » ; il forme
quinze pages et demie dans la collection précitée des lois anciennes de
l'Irlande, où il est aussi accompagné d'une traduction anglaise 4. Quant au
duel il n'a fourni le sujet d'aucun traité qui, à notre connaissance, ait été
signalé jusqu*ici, mais il en est question dans plusieurs passages des mo-
numents de jurisprudence dont nous devons la publication à la libéralité
du gouvernement irlandais.
Nous allons commencer par le duel, dont la procédure nous occupera
moins longtemps que celle des deux saisies.
En droit irlandais le duel est licite dans deux circonstances : 1** quand
il a été précédé d'un contrat qui en a déterminé les effets ; 2" quand il a
1. Atait teora aimsera in-seagar éidtchta la Feine : athgabail eidechta^ tellach indlig-
tech, comrug gen curu hely no gan elod eu n-dliged. « Il y a trois cas où l'on commet
« une illégalité chez les Irlandais, ce sont les cas où l'on fait une saisie mobilière
« illégalement, une saisie immobilière contrairement au droit, un duel sans convention
« verbale ou sans avoir éprouvé refus de se conformer à la loi. » Ancient laws of Ire-
land, t. IV, p. 32, lignes j-j.
2. On trouve aussi nith : Ancient laws of freland, 1. 1, p. 126, ligne i j ; urgal, uasal
gai dtbtha, t. III, p. 278, lignes 7, 8; et enfin roiy t. I, p. 19S, lignes 16-18.
j. Ancient laws of Ireland, t. I, p. 64-30^ ; t. Il, p. 2-1^1
4. Ancient laws of Irelandy t. IV, p. 2-32. Les éditeurs ont, par distraction, placé
sous le même ti:re courant un autre traité intitulé : Bescna, et qui offre une grande
analogie avec le dernier livre du Senchus Môr {Ancient laws of Ireland, t. III, p. 2-79).
Ce traité semble être le Racholl bretha cité dans le Senchus Môr [Ancient laws of Ireland,
t. I,p- IJ4, l. 10-12), la mixxmt Leth cet-coibci cacha mna d'à aigi fine, mad iar
n-ecaib a-hathar. attribuée au Racholl bretha dans ce passage du Senchus Môr., se trouv
dans le traité intitulé Bescna : Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 62, 1. 9-10.
Des attributions judiciaires de Vautorité publique chez les Celtes. i ^
pour cause le refus par le défendeur de laisser le demandeur procéder
contre lui à une saisie dans les formes déterminées par la coutume. Dans
le premier cas il faut que les deux parties, s'exprimant à intelligible voix
devant témoins, déterminent les conséquences qu'aura la défaite pour le
vainqueur et pour la partie vaincue, c'est-à-dire, par exemple, restitution
d'un objet déterminé au plaignant, s'il est vainqueur, et abandon définitif
de cet objet au défendeur, si ce dernier obtient la victoire ; en général,
fixation et de l'objet du litige et de la solution que donnera à la question
litigieuse le résultat du combat'. Ce duel, dont une convention préa-
lable a fixé les conséquences, peut être appelé conventionnel ^.
La seconde espèce de duel se produit quand, le demandeur ayant
commencé une procédure régulière par le moyen de la saisie mobilière
ou immobilière, le défendeur s'oppose par la force à la continuation de
celte procédures Le moment critique était celui où le demandeur se
mettait en mesure d'enlever Tobjet saisi. On comprend que souvent le
défendeur s'y opposât par la force ; le demandeur était alors réduit à
provoquer son adversaire en duel 4. Un exemple nous en est fourni par
un passage très intéressant du Senchus Môr, L'auteur de la préface de
cet ouvrage est du nombre des jurisconsultes naïfs qui croient que la ré-
daction des coutumes a précédé l'établissement des usages que cette ré-
daction constate J. Celui qui a écrit le livre lui-même prétend connaître
les premiers jugements par lesquels a été introduite en Irlande une partie
des maximes de jurisprudence qui forment le sujet de son ouvrage. Une
de ces maximes est que dans un grand nombre de cas, dont il donne la
nomenclature, l'objet saisi doit rester pendant cinq jours entre les mains
du défendeur avant que le demandeur ait le droit de l'enlever. Comment
l'usage de ce délai s'établit-il ? Le voici : un jour, un créancier, ayant
rempli les formalités de la saisie, voulut procéder à l'enlèvement des
meubles que la saisie avait eus pour objet. Par la résistance du défen-
deur il fut mis dans la nécessité de le provoquer en duel. Le moment
critique était venu, les deux adversaires étaient arrivés dans l'empla-
1. Ancient laws of Irtland, t. IV, p. 32, lignes 4-j, ii-ij.
2. Probablement comrac iar curaib bel. La loi défend le comrac cen curu bel, {Ancient
tavsofireland, t. IV, p- 32, lignes 4-5.) L'objet du contrat est exprimé par la glose : re
aisec, no re dlestindo, im-a-rocair, « pour rendre ou régulariser envers lui ce pourquoi il
l'a provooué « en duel, d Ibid. , ligne 1 3 .
3. Eloa eu n-dliged a défaut de faire droit >. Ancient luws of Ireland, t. IV, p. 32,
ligne 5. La glose, ibid., ligne 14, se réfère à la procédure de la saisie par les termes
techniques apaid^ troisci, que nous expliquerons au g 4.
4. Comme do cru {Ancient laws of Ireland^ t. IV, p. 32, ligne 12).
5. Arrobui in bith i cutruma, conid tainic Senchas Màr {Ancient laws of Irelandj t. I,
p. 40, lignes 14-15)-
14 M' d'Arbols de JuhainvilU.
cément ' choisi pour le combat. Près d'eux on voyait leurs armes toutes
prêtes ; pour les prendre, se précipiter l'un sur l'autre, chacun d'eux
n'attendait plus que les témoins mâles > dont la coutume exigeait la pré-
sence. Au lieu d'homme, ce fut une femme qui vint, et, par ses suppli-
cations, elle obtint que le saisissant consentit à donner un délai au saisi.
Le délai accordé par le saisissant fiit celui que la loi irlandaise appelait
anad ; pendant ce délai l'objet saisi restait en la possession du défendeur.
Mais les deux adversaires, dans l'émotion du premier moment, oublièrent
de fixer la durée de ce délai dont ils étaient convenus ; elle fut déter-
minée par Sencha, le juge de ce roi Conchobar qui joue dans la légende
irlandaise un rôle analogue à celui de Charlemagne dans l'épopée du
moyen âge français ^
Ce que nous retiendrons de ce récit, c'est la nécessité de la présence
des témoins pour la régularité du combat singulier. La doctrine juridique
irlandaise sur le meurtre prémédité est très sensiblement différente de
celle qui prévaut dans les législations modernes ; elle admet la légitimité
du meurtre dans des circonstances où chez nous il n'est pas même ex-
cusable : elle emploie alors pour désigner cet acte l'expression de
a meurtre nécessaire » ^. Tuer le meurtrier d'un parent jusqu'au degré
de cousin germain inclusivement est un meurtre nécessaire ; la con-
séquence en est que les deux meurtres se compensent. Aucune in-
demnité n'est due pour le second meurtre, à moins que la famille du
premier meurtrier n'eût prévenu l'exercice de la vengeance en payant l'in-
demnité fixée par la coutume ; dans ce cas, cette indemnité doit être
1. Roi, roe\ ce mot signifie d'une manière générale c champ »; nous le trouvons
même employé avec la signification de propriété immobilière dans le Senchus Màr [An-
cient laws of Ireland^ t. I. p. 78, ligne ij ; p. 80, lignes 74-5$ ; cf. t. IV, p. 8, 10).
Mais cette expression a déjà le sens de champ de bataille dans le manuscrit de Milan,
(|ui parait du viii" siècle, Grammatica celtica, 2* édition, p. 471, ligne 4; p. 718,
ligne 29.
2. Le texte irlandais porte fiadna nama (Ancient laws of Inland, t. I. p. 2$o, ligne
18]. La traduction anglaise dit c un témoin seul », a a witness alone ». Ce n'est pas
exactement le sens : fiadna = fiadnu^ est l'accusatif pluriel d'un substantif dont le no-
minatif singulier est fiadan. O'Reilly le rend par évidence. L'accusatif pluriel fiadnu est
écrit exactement au tome II, p. 306, lignes i9i 28. Le nominatif pluriel de ce mot est
fiadain, dont les Ancient laws of Irelandnous offrent plusieurs exemples au t. 1, p. 268,
ligne 9; 300, lignes 29, 30; t. Il, p. p6, ligne 13; p. 332, ligne 15. Dt fiadan «té-
moin » dérive le vieil irlandais fiadnisse « témoignage 0.
3. Ancient laws of Ireland.t. I, p. 2(0-252. Un passage du saint Paul de Wurzbourg
établit qu'à l'époque à laquelle remontent les gioses les plus anciennes de ce ms. — hui-
tième siècle probablement, — les rois irlandais avaient près d'eux des jurisconsultes qui*
les conseillaient. Je veux parler de la glose sur les mots : voUntes esse legis doctores, par
lesquels commence le v. 7, c I de la première épUre à Timothée : l'interprète irlandais a
expliqué ce texte ainsi : co-roibt:s /<: den^m rechtche la riga a pour faire de la jurisprudence
auprès des rois, n Zimmer, Clossae hibemicae, p. 169.
4. Marbhadh dethbire {Ancient laws of Ircland^ t. IV, p. 244, ligne 20) \ guin daine
dethbire {ibidem, p. 252, ligne 17).
Des attributions judiciaires de l'autorité publique chez les Celtes. 1 5
rendue K II n'y a que deux cas où la coutume irlandaise voie de mauvais
oeil rhomicide, ce sont: i* le cas où l'auteur du meurtre cherche à
cacher cet acte ; 2° le cas où le mort est le parent du meurtrier, soit au
huitième degré, soit au-dessous du huitième degré des jurisconsultes
romains (le quatrième des canonistes), c'est-à-dire le cas où le mort fait
partie de la famille légale, fine, du meurtrier. Les textes associent ces
deux catégories de meurtre comme tout particulièrement repréhensibles^.
L'antiquité de cette manière de voir s'établit pour le meurtre des parents
par un passage intéressant des gloses irlandaises sur saint Paul, con-
servées par le manuscrit de Wurzbourg qui date du ix^ siècle.
Dans la première épkre à Timothée, chapitre I", versets 9 et 10,
l'apôtre donne une énumération des diverses sortes de méchants, d'impies
et de scélérats contre lesquels a été promulguée la loi. Une d'elles com-
prend suivant lui les homicides, homicidde. Le moine irlandais qui s'était
chargé de l'explication de ce texte n'a pu comprendre que l'apôtre con-
sidérât comme une faute grave un acte aussi ordinaire et aussi naturel
que de tuer son prochain, et il a rendu le mot latin homicide par une
petite phrase irlandaise qui veut dire : « quiconque tue les membres de
sa famille «^ Voilà, suivant le moine irlandais du ix° siècle, le genre
de meurtre dont les auteurs peuvent être traités de méchants, d'impies,
de scélérats.
Quant au meurtre dissimulé, l'antiquité de la réprobation dont il est
l'objet dans le droit irlandais s'établit par la concordance qu'offre sur
ce point ce droit avec le droit des Francs : en cas de meurtre dissimulé,
la loi salique triple le chiffre de la composition 4, le droit irlandais le
double ^ sans compter que le clergé irlandais imposait en sus au cou-
1 . In digail fir derbfine, coirpdire ocus entclam diz^hait in fine in a marbadh, acht
mad doriackt an tiric doibhj ria siu dorignbe: in digail fir derbfine^ icadh in fine coirp-
dire ocus eneclann amach fo cutruma, n quand le meurtre d'un cousin-germain va être
c vengé par la mort du meurtrier, la famille du cousin-germain tué a droit au prix du
« corps et de Thonneur de ce dernier; mais, si elle a reçu ce prix avant la vengeance,
« elle doit restituer ce prix intégralement après la vengeance ». Ancient laws of Ireland,
t. IV, p. 2$2-2$4.
2. Fing,al ocus duine-ihaighe [Ancient laws of ireland, t. 1, p. $6, 1. 11) ; fîngal no
daine-tfiaighe {ibid.y 1. 22-25); iar fingail no daine-taighe (t. III, p. 72; t. 6-7).
3. N«f/i orcas a-fini : Zimmer, Clossae hibemicaey p. 169 ; Grammatica celtica, 2' édi-
tion, p. 432, 1. 2. Ceux qui avaient tué un parent formaient ce au'on appelait dergfine,
ils étaient exclus de tous les avantages produits par leur qualité de parents et étaient
soumis à une partie des charges. Ancient laws of Ireland^ t. IV, p. 284, lignes lo-i i ;
p. 288, lignes 3-6; cf. t. Il, p. 284, lignes 21 ^ 27.
4. Lex emendatay c. 43 ; voyez Hessels et Kern, Lex salica, col. 244-260 ; cf. c. 69,
3, ibid.y col. 260.
{. Diablad fiacli ferg : « colère double la dette». La glose explique que l'aae dont il
s'agit dans cette maxime est le meurtre que son auteur cherche à rendre secret. Lebar
Aicity dans Ancient laws of Ireland^ t. III, p. 98 et suivantes.
1 6 H. (VArbois de Jubainville.
pable de meurtre dissimulé, comme au meurtrier de parent, un pèleri-
nage >. Ces règles expliquent pourquoi on devait bien se garder de se
battre en duel sans témoin, puisqu'alors on aurait pu être considéré
comme coupable de meurtre dissimulé.
Quand un des deux combattants était vainqueur de son adversaire, le
corps, les armes et les vêtements du vaincu devenaient sa propriété >.
Le corps lui appartenait, c'est-à-dire qu'il avait le droit de couper la
tête du vaincu et de l'emporter chez lui comme un trophée : usage pri-
mitif et barbare dont en Irlande la légende épique et l'histoire offrent de
si nombreux exemples. Les armes et les vêtements du vaincu étaient en
quelque sorte un accessoire qui suivait le principal. Ainsi, après avoir
tranché la tête de son adversaire, le vainqueur dépouillait le cadavre
mutilé. Toutefois il se présentait une difficulté en un cas ; c'est celui où
le vaincu avait emprunté, soit les armes, soit les vêtements qu'il portait au
moment du combat. Il pouvait même avoir emprunté et les unes et les
autres. Alors le vainqueur devait restituer son butin au prêteur et rece-
voir de la famille du vaincu des armes et des vêtements équivalents.
Toutefois, si les armes et les vêtements avaient été endommagés dans le
combat, le prêteur pouvait refuser de les reprendre, le vainqueur les
gardait, et c'était le prêteur qui recevait de la famille des armes et des
vêtements d'une valeur égale à ceux qu'il avait confiés au vaincue
Les origines du combat singulier sont l'objet d'un récit légendaire qui
nous fait remonter à la période mythologique de l'histoire d'Irlande. Le
premier duel, nous dit le SenchusMôrA^ eut lieu à propos de femme. La
glose raconte que Parthalon, le fondateur de la première colonie qui
soit venue en Irlande, avait deux filles, et que ces deux filles après la
mort de leur père épousèrent chacune un de leurs frères. L'aîné des
deux frères s'appelait Fer, le second Fergnia. Fer prétendit contraindre
1. Sinchus Môr, dans Ancient laws of Ireland, t. III, p. 72, lignes 6-7.
2. Cach bail is diles in fer comraic uile^ is dilius a arm ocus a etach uile (Ltbar
Aide dans Ancient laws of Ireland, t. III, p. ^02, lignes 8-9). o Toutes les fois que le
combattant [vaincu] est acquis fà son adversaire] en entier, sies armes et ses vêtements
sont en entier acquis [à son adversaire] ». Voir aussi, p. 278, lignes 7 et suivantes.
Dans ces deux passages, l'auteur avec la subtilité ordinaire des jurisconsultes irlandais
passe ensuite à l'hypothèse d'une convention qui attribuerait au vainqueur la moitié seu-
lement de la personne, des armes et des vêtements du vaincu. On peut comparer le : in
partes secanto de la loi des douze tables. Gellius, XX, i, 49.
3. Acht maine tarthiitar he itir cen a /of, is a diUs don fir amaich^ ocus arm ocus
etach a comaicinta d*fir bunaid, cun a fiach foimrime. « Mais, si le vainqueur ne peut
rendre parfaitement intactes les armes et les vêtements du vaincu, elles !ui appartiennent,
et le préteur a droit à des armes et à des vêtements semblables, plus à une indemnité
pour l'usage. » Ancient laws of Ireland, t. III, p. 302, ligne 1 5-18 ; cf. p. 278, lignes 13
et suiv.
4. !s im fir ban ciato imargaet roe : Senchus Môr, dans Ancient laws of Ireland, t. I,
p. ijo, ligne 13, et p. 154» "gncs 3-4.
Des attributions judiciaires Je l^autôritê publique chez les Celtes. ty
Fergnia à lui payer le prix d'achat * de sa sœur et Ferguia refusa.
D'après le droit irlandais, quand une femme se marie pour la première
fois, le prix d'achat dû par l'époux appartient en totalité au père de la
femme, tant que le père vit ; mais, si le père est mort, une moitié du
prix appartient au chef de la famille qui remplace le père, l'autre
moitié est la propriété de la femme ^. Telle fut la cause du premier duel
qui, dit-on, aurait eu lieu en Irlande : il remonterait ainsi aux origines
les plus lointaines et les plus légendaires de l'histoire irlandaise.
Le Senchus Môr fait allusion à ce récit dans un passage où il suppose
une femme dont le mari va se battre en duel et manque d'armes. Cette
femme a une créance dont elle exige le paiement, afin de pouvoir procurer
à son mari les armes qui lui font défaut ^
Il semble que les Irlandais étaient plus batailleurs que bien pourvus
d'équipements militaires. En effet, l'hypothèse d'un homme qui va se
battre en duel et qui n'a pas les armes nécessaires se retrouve une autre
fois dans le Senchus Môr. Cette hypothèse explique le second article de
ces longues nomenclatures de sujets de contestations qui ont fourni une
partie si considérable du texte publié dans le tome premier des Ancient
laws of Ireland. Ce sont des contestations qui peuvent donner occasion de
pratiquer des saisies mobilières. Dans le premier article il s'agit dequel-
qu'un qui se rend à une fête et qui n'a pas d'habits convenables 4. Dans
le deuxième, il est question d'un homme qui va se battre en duel et qui
manque d'armes $. Heureusement ces deux hommes dépourvus d'armes et
d'habits possèdent chacun une créance exigible^ et pour eux les délais de
la saisie à exercer contre le débiteur sont réduits à la durée minimum.
Evidemment celui qui étant provoqué en duel tue son adversaire ne
doit aucune indemnité à la famille du mort : la règle n'a pas d'exception^.
1. Coibche, Les Ancient laws of Ireland traduisent ce mot par marriage gift (t. I, p. 1 55,
t. H, p. 343), c'est-à-dire « cadeau de noces », et ailleurs, par marriage présent ^ t. Il,
p. 297, 383, par nuptial présent, t. IV, p. 63 ; et par wedding gijt, t. II, p. 347, qui
ont la même signification. Ce sont autant de contre-sens qui prouvent combien l'histoire
du droit était mal connue des traducteurs. Le vrai sens est donné par un des articles
additionnels au Glossaire de Cormac : Whitley Stokes^ Sanas ChormaiCy p. 48. Comparez
la coemptiodu droit romain. Gauis, lnstit.^\. 1, g 113.
2. Ancient laws of Ireland^ t. 1, p. 154; t. II, p. 346; t. III, p. 314; t. IV,
p. 62.
3. Ancient laws of Ireland, t. I, p. IJ4.
4. Etach fii Uth, • vêtement pour fête » : Ancient laws of Ireland,, t. I, p. 122, ligne
9; p. 126, lignes 14-ij.
$. Arm fri nith, idon debtha, idon nofri comrac a arme pour bataille, c'est à-dire de
t contestation entre deux personnes ou pour duel ». Ancient laws of Ireland, t. I, p.
126, lignes M-16; cf. p. 122, ligne 9.
6. Mas a n-ecmais a finechairt, cid marbadh, cid beocned, is lan fiach onti rucustar
he^ ocus î\s]-slan donti i rucad a-daigh : « Si le duel a lieu en l'absence ou à l'insu de
« la famille, que le vaincu ait été tué ou survive à ses blessures, l'indemnité due pour
Rev. Celt, VU 1
i8 H. d^Arbois de JubainviUe.
De même, en général, aucune indemnité n'est due à la famille du mort
quand le vainqueur est celui qui a provoqué Tautre en duel ; mais ici le
principe peut souffrir des exceptions. Pour qu'il s'applique, il faut que
certaines conditions soient remplies. Il faut par exemple que la famille
du mort ait été prévenue du combat singulier projeté et mise en de-
meure d'y assister. Un texte déclare même que la présence de la famille
rend beaucoup meilleure la situation du provocateur qui tue son adver-
saire en duel ■. En tout cas, le consentement préalable formel ou tacite
de la famille ^ était nécessaire pour la sécurité du meurtrier, car la soli-
darité étroite qui unissait les membres de la famille faisait considérer la
mort ou même simplement la ruine d'un d'entre eux comme une perte
pour tous. Accepter valablement un duel sans le consentement de sa
famille était pour un Irlandais aussi impossible que de se placer dans la
servitude d'un chef , ou d'une manière générale de disposer de sa fortune
héréditaire sans l'assentiment préalable de sa famille K Par famille, fine^
on entend ici les parents par les maies jusqu^au huitième degré du droit
romain ou jusqu'au quatrième du droit canonique inclusivement, plus,
sous certaine réserve, la famille de la mère. Enfm, quand un homme
n'avait pas de famille, sa famille était remplacée par le chef 4 ou, si l'on
veut, par le suzerain soit laïque soit ecclésiastique. Ainsi celui qui provo-
quait un autre en duel devait quelquefois pour se mettre en règle, non
seulement faire prévenir les parents par les mâles qu'il croyait connaître,
mais enfm faire faire une annonce publique, un ban, en vieil irlandais
aithbonn ou urfocre, dont la formule nous a été conservée : « soient pré-
venus le chef, l'église succursale, le chef supérieur, la mère église et la
famille maternelle » s .
« homicide ou blessure doit être payée sans aucune déduction par le vainqueur quand
M le vainqueur est celui qui a forcé son adversaire à se battre ; mais le vainqueur ne
« doit rien, quand le vainqueur est celui qui a été forcé à se battre ». Ancient laws of
Ireland^ t. 111, p. 302, lignes 1-5.
1. Ma robâtur a fine ar aird : LebarAicU dans Ancient laws of Irtland, t. III, p. 296,
lignes 23 ; p. 298, lignes 1-2.
2. Fer a roidh no ghoidhy lisez : Fer i roi ro goet « homme qui en duel a été tué ».
— Glose : masa codnach ro-tairged i-sin r[o]e comraic a haititin a finechaire ... cid
beocned cid marbcned i\s\-slan « si un majeur en possession de ses droits, et provoqué
c en duel, s'est batta avec l'autorisa lion de ses parents, [et s'il a été vaincu] ... soit
(( qu'il ait survécu à ses blessures, soit qu'il en soit mort, le vainqueur n'encourt aucune
« responsabilité ». Lebar Aide, Ancient laws of Ireland, t. Ill, p. 296, lignes 18-21.
3. Senchus 3f6r dans Ancient laws of Ireland^ t. 11, p. 280-298.
4. Ancient laws of Ireland^ t. IV, p. 240, 242 ; comparez au passage du Senchus Môr^
t. 1, p. 260 : Arindi cetheora selba bit for cach adgair ocus adgairter : selb fini athar-
daiy ocus selb flatha^ ocus selb ecalsa, ocus selb mathrai^ ocus selb altrama. c Car il y a
a quatre propriétés qui sont sur quiconque est demandeur ou défendeur : propriété de
« famille paternelle, propriété de chef, propriété d'église, propriété de [famille] ma-
n ternelle, propriété de tutelle 1.
j. Adbonnar do flaith, do celais, do forflaith, ocus do annoit^ ocus do maithri [idon do
fine a mathar]. Lebar Aide dans Ancient laws of Ireland^ t. III, p. 298, lignes 6-7.
Des attributions judiciaires de l^autorité publique chez les Celtes, 1 9
Cependant un simple avertissement à la famille, et au chef à son défaut,
ne suffisait pas toujours. Celui qui provoquait un autre en duel se pré-
tendait lésé par ce dernier ; mais il pouvait se faire que le demandeur en
duel fût débiteur en même temps que créancier, qu'il eût le premier fait
à son adversaire un tort quelconque propre à motiver une demande re-
conventionnelle. Celui donc qui provoquait en duel un détendeur envers
lequel il avait une dette devait avant le duel prévenir de cette dette la
famille de son adversaire'. Celle-ci, faute de ce renseignement, était
dans l'impossibilité de connaître la situation réelle des deux parties, elle
ne pouvait se rendre compte de l'importance du sacrifice à faire pour in-
demniser le demandeur dans le cas où elle aurait jugé à propos d'em-
pêcher le duel. Si le demandeur auquel il était dû trois vaches en devait
lui-même deux, sa créance était réduite à une vache, et! il était plus
facile à la famille de donner une vache que trois pour épargner un
danger de mort à un de ses membres.
Quand celui qui était provoqué en duel était un incapable, le duel ne
pouvait avoir lieu valablement sans le consentement de son père ou de
son tuteur, et il fallait en outre que le demandeur en duel, lorsqu'il était
débiteur du défendeur, en eût prévenu le père ou le tuteur *.
La situation de celui qui avait à se battre en duel était vue avec faveur
par la loi. Il pouvait opposer une exception dilatoire aux tiers qui se-
raient venus l'actionner avant le combat '.
Le duel conventionnel irlandais nous fait remonter à une période de la
civilisation bien antérieure au duel judiciaire du moyen âge. Le duel
judiciaire est un acte que précède la comparution devant le juge, le duel
conventionnel est un moyen d'éviter l'intervention du juge. La piété su-
perstitieuse du moyen âge a fait considérer le duel judiciaire comme un
moyen de consulter Dieu et d'arriver à la connaissance de la vérité. Le
duel conventionnel n'est qu'une forme de la guerre privée entre deux
familles qui forment, pour ainsi dire, dans l^Etat, autant d'états indé-
pendants.
Nous laissons de côté dans cette étude l'hypothèse du recours à la ba-
taille de plusieurs, cath, qui s'oppose au combat singulier ou duel, comrac.
1. Lebar Aide dans Ancient laws of Irtland, t. III, p. 296, lignes 20-21.
2. Lebar Aide dans Andent laws oj Ireland^ t. III, p. 298, lignes 20 et suivantes.
}. Les délais de la saisie sont élevés à dix jours quand le défendeur est un homme
sur lequel est tombée l'obligation de se battre en duel : athgabail fir Jor a tuiî roi
(Andent laws of Irelandy t. I, p. 194. lignes 22-2); cf. p. 198, lignes 16-18) La traduc-
tion anglaise, disiress front a man who has lest the combat, me semble contenir un contre-
sens.
20 H. d* Artois de Jubainville.
Les textes de jurisprudence irlandaise en parlent quelquefois K Quelques
règles du combat singulier paraissent avoir été applicables au combat de
plusieurs, mais celui-ci nous fait sortir du domaine de la procédure.
§ 4. La procédure irlandaise. — Seconde partie, la sabie mobilière.
La langue du droit irlandais exprime en général l'idée de saisie par le
mot tobach qui désigne à la fois la saisie mobilière et la saisie immobi-
lière. La saisie mobilière s'appelle proprement athgabail, littéralement
« reprise ». La saisie mobilière comme le duel et le combat de plusieurs
a lieu sans l'autorisation préalable du juge. C'est la pignoris capio que le
droit romain de l'époque historique autorise par exception *. On en
trouve aussi quelques traces dans les lois germaniques les plus an-
ciennes. Mais ces traces consistent principalement dans des textes qui
restreignent ou suppriment le droit primitif, en faisant de l'autorisation
préalablement donnée par le juge une condition indispensable de la vali-
dité de toute saisie K
Dans la période primitive à laquelle le droit irlandais nous fait re-
monter, le ministère de l'huissier est inconnu ; le créancier pratique la
saisie par lui-même ou par tout mandataire qu'il choisit, pourvu que ce
soit un Irlandais en pleine jouissance de ses droits civils. Ainsi le fils en
puissance paternelle, l'esclave, le fou, l'insolvable ne peuvent saisir les
biens de leur débiteur 4 ; il est même évident qu'il fut un temps où en
droit irlandais cette incapacité s'étendait aux femmes de tout âge et de
toute condition. Cependant les textes irlandais que nous avons nous mon-
trent les femmes investies de la capacité d'agir par saisie mobilière ou
immobilière. Une procédure spéciale existe à leur usage : elle est parfai-
1. Senchus M or dans Ancient laws of Ireland, t. I, p. 176, lignes 22-24. Lebar AîcUf
ibid.j t. III, p. 300, lignes 8 et suivantes.
2. Gaius, Institut.^ 1. IV, § 26 et suiv.
3. La plupart des textes germaniques que nous nous connaissons s'accordent pour
exiger l'autorisation du juge avant la saisie. Telles sont les prescriptions de la loi salique
(titre LXXV, édition Hessels et Kern, p. 408; cf. titre L, ibid.j col. 316 et suivantes),
de la loi des Bourguignons (litre XIX, § i ; chez Walter, Corpus juris germanici antiqui,
t. I, p. 314), de Pedit de Théodoric (chap. 123, 124, chez Walter, ibia., p. 410), de la
loi des Visigoths (livre V, titre VI, § i, chez Walter, ibid., p. $27; de la loi des Ba-
varois (titre XII, chap. I, chez Walter, ibid.y p. 27J). Toutefois, la loi des Visigoths se
sert de termes qui sont de nature à faire supposer qu'avant la promulgation du chapitre
dont il s'agit, on avait le droit de saisir sans autorisation du juge : Pignorandi licen-
tiam in omnibus submovemus. Cette décision émane du roi Récarède, probablement Ré-
carède I"", 586-601. Chez les Lombards, en 643,rédiide Rotharis n'interdit la saisie pri-
vée que lorsqu'il s'agit de chevaux, de vaches et de porcs. Quand on veut saisir ces
animaux, il faut préalablement, dit cet édit, se faire autoriser par le juge ; mais pour tout
autre objet, cette autorisation est ïnutWe (Edictum Rotharis, c. 249-256, chez Walter, ibid.,
p. 729, 730).
i|, Ancient laws of Ireland, 1. 1, p. 84-90.
Des attributions judiciaires de rautorité publique chez les Celtes, i \
tement distincte de la procédure qu'observent les hommes pour pratiquer
soit la saisie mobilière soit la saisie immobilière. Des textes prétendent
même nous apprendre par qui ces procédures féminines ont été in-
ventées '.
Mais dans le Senchus Môr la procédure de la saisie mobilière par les
femmes est une addition relativement récente : c'est une cinquième
espèce de saisie mobilière, celle dite de deux jours, tandis que les quatre
premières, celle d'un jour, celle de trois jours, celle de cinq jours et
celle de dix jours sont à l'usage des hommes ; or le traité de la saisie
mobilière, malgré cette addition, conserve dans les manuscrits du 5^/ic/iu5
Môr son titre primitif: « Des quatre espèces de saisie mobilière » 2. Ce
titre exclut la cinquième espèce de saisie mobilière, c'est-à-dire la saisie
de deux jours, la saisie féminine ; et, par conséquent, les passages qui la
concernent sont une interpolation. Ces passages sont au nombre de deux.
Le premier contient une méprise qui atteste l'étourderie de l'interpo-
lateur; ce passage se trouve au commencement du traité de la saisie mo-
bilière, là où l'auteur donne la liste des différentes espèces de saisies
dont il va parler. Ce sont, dit -il d'abord, les saisies qui comportent le
délai d'un jour, de trois jours, de cinq jours et de dix jours. Chose sin-
gulière, la saisie mobilière qui comporte un délai de deux jours, c'est-à-
dire la saisie féminime, ne se trouve pas à la place où il serait naturel de
la rencontrer : après celle d'un jour et avant celle de trois ; elle est men-
tionnée après celle de dix ; mais voici qui est plus étrange : immédiate-
ment à la suite, Tinterpolateur a placé l'annonce de la saisie de douze
jours pratiquée par les femmes à propos de champ ?, c'est-à-dire une des
deux espèces principales de saisie immobilière : l'interpolateur oubliait
qu'il n'est pas question de la saisie immobilière dans le Senchus Môr et
que cette procédure est l'objet d'un traité spécial.
1. Senchus M6r dans Ancienî laws of Ireland, t. I, p. i$o, 154; cf. p. 144, 146.
Din tcchtugad, ibid.^ p. 14-16 ; cf. p. 38, 40,
2. Di cetharsli[u\cht athgabala: Ancient laws ojlrelandy t. I, p. 64. (Corr. de W. S
3. Otna do neoch ncsom^ treisi di-a-tatiûisib, cuicthe fri cond cuindegary dechmad fri
radfûd^ aile do mnaiby aile dec doib im roe « un jour pour toute chose très pressée,
<c trois jours pour les choses un peu moins pressées, cinq jours quand le défendeur a
t pleine capacité, dix jours quand la négligence du demandeur a laissé vieillir sa
i créance, deux jours quand la demande émane de femmes, douze quand, émanant de
■ femmes, elle a pour objet un champ. » La suite parle des rois qui font faire une
saisie mobilière, mais rentre dans la seconde et la quatrième des divisions précédentes :
treisi do rig, treisi uathahd do hi camus « trois jours quand le roi est saisissant, trois
jours seulement pour lui dans ses états »; treize dec do tar crich « treize jours pour
lui hors de ses états ». Le premier point se rapporte à la saisie immédiate de trois jours,
p. 230 et suivantes, l'autre à la saisie immédiate de dix jours, athgabail tobach dar crich,
[Aiuient laws of Ireland, t. I, p. 246, lignes 19-20; ibid., p. 248, lignes 21-22). Le texte
que nous venons de reproduire avec traduction se trouve dans Ancient laws of îreland,
t. I, p. 78, lignes 13-17, et la glose, p. 80-82.
22 H, d'Arbois de Jubainville,
La seconde interpolation au contraire est bien à sa place ; elle fait
partie du corps même du traité de la saisie mobilière, et elle est comme
de raison intercalée entre la saisie d'un jour et la saisie de trois jours >.
La portion du Senchus Mot qui concerne la saisie mobilière pratiquée
par les femmes, autrement dite saisie de deux jours, a mis dans un grand
embarras un des derniers auteurs |qui ait porté la main à ce grand re-
cueil de la jurisprudence irlandaise. Le titre de cet ouvrage était ainsi
conçu : Des quatre espèces de saisie mobilière^ et il y était traité de cinq
espèces de saisies : cet écrivain se demanda pourquoi on avait pu dans
le titre parler de quatre espèces de saisies, et à cette question il trouva
vingt-trois réponses. Ces réponses avec leur glose occupent onze pages
dans l'édition officielle*. Une d'elles est la bonne,; c'est la vingtième :
« Parce qu'il y a eu quatre délais qui ont suivi le commandement de payer:
un jour et trois jours, cinq jours et dix jours, sans parler des exceptions
dilatoires » '. Il paraît que cette explication a peu satisfait notre savant
irlandais, puisqu'il l'accompagne de vingt-deux autres qui n'ont aucun
rapport avec le sujet. Ainsi « il y a lieu », dit-il, « de distinguer le tout,
« la moitié, le tiers et le quart, en tout quatre manières de concevoir
« un droit » 4. Ou bien « Parmi les membres de la famille ou fine qui
« sont responsables des crimes de leurs parents, il faut distinguer quatre
« catégories qui s'appellent : i° gelfine ou « famille de la main », cinq
personnes comparées aux cinq doigts i les parents par les mâles au
premier et au deuxième degré du droit romain, plus la femme H,
2^ derbfine ou « famille certaine ( les collatéraux par les mâles au troi-
sième et au quatrième degré ) ^, iarfine ou « famille d'après » ( les col-
1 . Par suite de la bizarre idée qu'ont eue les éditeurs de diviser un peu au hasard le
texte du Senchus Màr en fragments, qu'ils ont fait suivre de la glose, le morceau dont nous
f>arlons se trouve partagé en deux fragments : Ancienî laws oj Irdand^ t. 1, p. 126,
ignés 10-11, et ibid., de la p. 144, ligne 1$, à la p. i )6, ligne 26. Pour trouver la
glose du texte qui a fourni les deux lignes 10 et 1 1 de la p. 126, il faut se reporter
aux lignes i $-19 de la p. 144 ; et du texte à la glose il n'y a aucun renvoi. Ce n'est pas
une exception. Toute l'édition des Ancient laws of Ireland a été faite dans ce système :
point de renvoi du texte à la glose, imprimée quelquefois trente pages plus loin que le
texte.
2. Ancient laws of Ireland, t. I, p. 2^6-262, p. 268-284.
}. Arinni robdu'r ccthri uidhi robaîar for furogru dlighe^ aon ocus treisu cuicthe ocus
dechmu^ genmo bi turbuid (Ancient laws of Ireland j t. 1, p. 262, lignes 4-6; cf. p. 282,
lignes 25 et suivantes).
4. Ancient laws of Ireland, t. I. p. 2j8, lignes 28-29 ; cf. p. 272, lignes 30-J4.
j. Gelfine co cuicer : « C^//îaz^ jurqu'à cinq personnes ». (Ancient laws of Ireland, t. IV,
p. 284, lignes 1-2). — Cin cuicir : athair^ ocus mac^ ocus ua, ocus brathair, ocus ben :
« crime de cinq : père, fils, petit fils, frère et femme ». {Ibid.^ t. I, p. 2j8, lignes 6-9.)
Une autre énumération moins complète se trouve au même tome, p. i j6, lignes 29-50 :
Im cinaid do mic^ do ingine^ do huaiy do mna fochraice « pour crime de ton fils, de ta
fille, de ton petit-fils, de li femme que lu as achetée. » Voyez la glose, p. 160, lignes
18-26.
6. Les frères ne font point partie du groupe appelé derbfine : combeir cinaid cach
Des attributions judiciaires de l'autorité publicfue chez les Celtes. 1 3
latéraux par les mâles au cinquième et au sixième degré 1 ■ , indpie ou
« famille de la fin » ( les collatéraux par les mâles au septième et au
huitième degré) ^ ». Ces distinctions n'ont aucun rapport avec les divi-
sions du traité de la saisie, Tauteur y a recouru ea désespoir de cause,
puisque la première section du Senchus Môr^ dans l'état où elle est par-
venue jusqu'à lui, traite de cinq espèces de saisies mobilières, au lieu des
quatre que ce document avait pour objet à l'époque où les femmes
n'avaient pas le droit de pratiquer la saisie, étant toutes placées sous
l'autorité d'un tiers, comme le fils de père vivant en droit irlandais et en
droit romain, comme la femme romaine dans le droit primitif de Rome ^
brathair co taber derbfine « les frères sont responsables du crime de leur frère Jusqu'à ce
que ia responsabilité passe au groupe appelé derbfine ». [Aiicient laws of îreland^ t. IV,
p. 242, lignes 10, 16-18).
1. Le groupe appelé dtrbfine se compose de neuf personnes, c'est-à-dire des cinq
personnes comprises dans le gelfine, plus de quatre qui forment le derbfint proprement dit,
c'est-à-dire le cousin germain, son fils, son frère et sa femme ; le iarfine de treize per-
sonnes, c'est-à-dire de neuf plus quatre, c'est-à-dire le cousin issu de germain^ son fils,
son frère et sa femme; \tindfine de dix-sept, c'est-à-dire de treize plus quatre, c'est-à-dire
le petit-cousin, son fils, son frère et sa femme {Ancient laws of Ireland^ t. IV, p. 284). Le
chiffre dix-sept de Vindfine (liiiéralement famille de la fin^ se trouve déjà dans le Senchus Môr,
Ci» do indui, cin do iarmui, cin cacha comocus co a sccht dec it gleithi for cuicthi, c'est-
i-dire la saisie pratiquée contre toi à cause des crimes ou délits de ton descendant au
quatitème degré ou au troisième degré, et de tout parent, jusqu'aux dix-sept, comporte
le délai de cinq jours. {Ancient laws of Irelandj t. I, p. 182, lignes 22-23.) Dans ce texte
en écrivant induî, iarmui ^ on a employé le nom de l'accessoire pour désigner le prin-
apal : ind-ui tient lieu de ind-fine, iarm-ui^ de iar-fine. Il était rare qu'on fût respon-
sable des actes de son descendant, an quatrième ou au troisième degré; mais théorique-
ment, la responsabilité pour les actes de Viarmua suit les mêmes règles que la responsa-
bilité pour les actes du membre de Viarfine, et la responsabilité pour les actes de Vindua
suit les mêmes règles que la responsabilité pour les actes du membre de Vindfine. Les
Irlandais paraissent avoir compté les degrés à peu près comme les canoristes : ils ne dou-
blaient pas les chiffres lorsqu'il s'agissait des collatéraux, en sorte que pour eux un arrière-
petit-fils, iarmua, est au même degré qu'un cousin issu de germain, iar-fine.
Celfine présente une grande analogie avec le premier degré des canonistes ; derbfint
avec leur deuxième degré en ligne collatérale ; iarfine, avec le troisième ; indfine^ avec le
Snatrième. Il y a donc quatre degrés successibles en ligne collatérale, et quand on avance
'un degré, on ajoute quatre personnes. En effet, la famille complète dans le sens le plus
restreint du mot se compose, père non compris, de quatre personnes : comlin fine ... i
cethrar {Lebar Aide, dans Ancient laws of ïreland^ t. 111, p. 332, ligne 20) : fils, petit-
fils, frère, femme. Il y a donc quatre personnes à chaque degré, saufle premier qui com-
prend cinq personnes, et on compte quatre degrés de parents successibles et responsables.
Le chifl^re quatre joue un rôle considérable dans le droit des successions et dans le droit
criminel en Irlande. Le partage des successions, et par conséquent des responsabilités pour
crimes et délits, se fait au moyen de divisions par quatre. C'est à des quarts, à des quarts
de quarts qu'ont droit les co-partageants comme on le voit au Lebar Aide [Ancient laws
of Irelandf t. III, p. 330-352). Le chiffre quatre et ses multiples donnent aux juriscon-
sultes irlandais la solution de tous les problèmes d'arithmétique soulevés par le partage
des successions et des responsabilités pour crimes.
2. Ancient laws of Irelandy t. I, p. 262, lignes 1-3.
5. La femme irlandaise peut être propriétaire, elle hérite sous certaines conditions et
avec certaines restrictions. Voyez sur ce point Ancient laws of Ireland, t. I, p. 148,
lignes 3-$ ; t. IV, p. 16, ligne 24 ; p. 38-48. Le droit d'héritage des femmes est supposé
par le passage du Senchus Môr, qui prévoit le cas où ia famille maternelle sera respon-
sable des actes d'un malade frappé d'incapacité légale: athgabail lobuirecuind co-ro-
glatir maithrt ocus aithre dus ce da lina no-dogella^ « saisie de malade incapable, afin
24 W- d^Arbois de JubainvilU,
Quand il n'y a pas de motif pour abréger les délais de la saisie mobi*
Hère, on peut y distinguer huit faits successifs :
1° Commandement de payer, aurfocre ;
2^ Délai qui sépare le commandement et la saisie, apad;
^^ Saisie, athgabail;
4® Délai pendant lequel l'objet saisi reste aux mains du débiteur,
anad;
50 Enlèvement, en irlandais /oxu/, de l'objet saisi qui est mis en four-
rière, forus;
6*^ Signification faite au saisi pour le prévenir de l'endroit où a été
conduit l'objet mis en fourrière ; cette signification s'appelle fasc ;
70 Délai pendant lequel l'objet saisi reste en fourrière ; le nom de ce
délai est dithim ;
8° Date à partir de laquelle la propriété de l'objet en fourrière est
graduellement enlevée au défendeur pour passer au demandeur ; cette
date se nomme lobad^ c'est-à-dire destruction.
Les délais peuvent être allongés par l'exception dilatoire, turbaid^ qui
se produit quand un obstacle insurmontable, deithbeire ', s'oppose à la
bonne volonté du défendeur. — Les deux délais que nous avons fait figurer
sous les numéros deux et quatre et qu'on appelle le premier apad^ le se-
cond anady peuvent être supprimés quand il y a particulière urgence ;
alors la saisie s'appelle athgabail tul : celle-ci ne comporte qu'un seul
délai, celui que nous avons placé sous le numéro sept et qu'on nomme
dithim. — C'est sur la durée de ces délais qu'est fondée la classification des
divers cas de saisie mobilière, telle qu'elle est donnée dans le Senchus
Môr,
Supposons qu'il soit question de pratiquer la saisie dite de cinq jours.
Le demandeur débute par un commandement à son débiteur. C'est l'acte
prescrit en droit français par l'article 583 du Code de procédure civile.
Chez nous le commandement doit être fait un jour au moins avant la
saisie. Par un hasard singulier, c'est le principe irlandais, puisque en Ir-
lande la saisie dont les délais sont les plus courts est celle d'un jour.
Mais dans la procédure irlandaise dont nous nous occupons ici, l'inter-
valle entre le commandement et la saisie dure cinq jours >, cet intervalle
a que les parents maternels et les parents paternels décident laquelle des deux branches
« donnera des gages », la durée des délais sera étendue à dix jours. (Ancient laws of
Ireland, t I, p. 192, lignes ij-i j ; voyez encore, t. I, p. 260, ligne 6.)
1. Ancient laws ojf Irdand, t. 1, p. 102, lignes 8, 21 ; cf. p. 198, lignes 9, 11, 14,
ij, I9-2J ; p. 262, lignes 6, ij, 21 ; p. 266, ligne 20 ; p. 282, ligne 26; p. 284,
lignes 11-13, etc.
2. Ancient laws of Irelandy t. I, p. 78, lignes 23-2 j ; p. 262, lignes 9-13 ; p. 264,
ligne 5 ; p. 284, lignes 36-38.
Des attributions judiciaires de rautorité publique chez les Celtes, 2 ^
est ce qu'on appelle apad. La saisie est suivie d'un nouveau délai, anad,
d'une durée égale à la durée du premier : cinq jours encore pendant les-
quels les objets saisis restent au domicile du défendeur' qui en est
gardien de droit, tandis qu'en droit français il est seulement gardien
facultatif et peut être refusé par le saisissant (Code de procédure civile y
article 598J. A l'expiration de ce second délai le créancier, par un acte
appelé toxal^ enlève les objets saisis ; il met ces objets en fourrière et
fait au défendeur une signification nouvelle, fasc, qui sert de point de
départ à un nouveau délai, dithim, quelquefois double de chacun des
deux premiers 3, mais ordinairement de même longueur que chacun
d'eux, encore cinq jours ^ A l'expiration de ce dernier délai commence
pour le débiteur la perte de son droit sur les objets saisis : le créancier
acquiert une certaine quantité de ces objets le premier jour, une seconde
quantité le deuxième jour, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il devienne pro-
priétaire du tout ; c'est ce qu'on appelle lobadou destruction : ce qui est
détruit est le droit du défendeur. Ce phénomène légal tient lieu de la
vente prescrite par le droit français. Le droit irlandais historique le plus
ancien, tel que nous le trouvons dans le Senchus Môr, ne connaît pas la
vente proprement dite, puisque chez lui la monnaie de compte ne con-
siste qu'en objets mobiliers: femmes esclaves, bêtes à cornes, sacs
d'orge. L'argent monnayé parait pour la première fois dans la glose du
Senchus Mâr et dans des traités de date plus récente que le Senchus Môr,
tel que le livre à!Aicih, Dans la procédure irlandaise dont il s'agit, le
total des délais qui s'écoulent entre la première signification et le mo-
ment où le saisi commence à être dépouillé de ses droits sur les objets
mobiliers enlevés par le créancier, s'élève à quinze jours : il est triple
du nombre de jours qui a donné son nom à cette procédure : saisie de
cinq jours. Dans la saisie d'un jour la durée totale des délais est de trois
jours ; dans la saisie de trois jours elle s'élève à neuf jours ; enfin dans
la saisie de dix jours, c'est à trente jours que se monte le total des
délais.
Quand tous les délais sont ainsi observés, la procédure de la saisie
mobilière porte le nom de saisie après longueur, athgabailiarfut^ ;mais,
1. Forus n-acra ./. mainner A, arus in fir uil ag in acra fechemun toichedha .i.fn-
sin-gaibter athgabala. {Ancitnt laws of Ireland^ t. il, p. 10, lignes 27-29.)
2. Dans ia saisie de deux jours le dithim durait quatre jours. {Ancient laws oj îreland^
t. I. p. 82, ligne I : p. 144, ligne 24 ; p. 146, lignes 23-25.
). Inand a uidi anta ocus uidi ica fiach in urradus^ u son délai â'anad et son délai
« de paiement (c'est-à-dire son dithim) sont identiques dans le droit des Irlandais ».
[Ancient laws of Inland, t. I. p. 176, lignes 28-29.)
4. Ancient laws of Ireland, t. III, p. io<:, ligne 16.
5 . ta nomenclature en irlandais des cas où il y a saisie après longueur occupe dans
26 H. d'Arbois de Jubainville,
r
dans un certain nombre de cas, il y avait saisie immédiate, athgabail tul.
Alors on supprimait les deux premiers délais : il n'y avait point d'apad^
c'est-à-dire d*intervalle entre le commandement et la saisie , de même
Vanad était supprimé, c'est-à-dire que Tobjet saisi était immédiatement
enlevé et mis en fourrière ; le seul délai conservé était celui qu'on appe-
lait dithim, c'est-à-dire l'intervalle pendant lequel l'objet en fourrière
restait la propriété du saisi. La durée de ce délai était égale au nombre
de jours qui donnait son nom à la saisie ■.
Ainsi, lorsque la saisie de cinq jours était immédiate, il ne s'écoulait
que cinq jours entre le commencement des opérations et le moment où
les objets saisis commençaient à devenir la propriété du saisissant ; tandis
que, si la saisie eût été celle qu'on appelait athgabail iar fut « saisie
après longueur », l'intervalle entre le début des opérations et le com-
mencement de l'expropriation du débiteur aurait été de quinze jours.
La saisie immédiate d'un jour était tout particulièrement rigoureuse :
le demandeur, sans avertissement préalable^ enlevait les objets mobiliers
appartenant à son débiteur, et au bout d'un jour commençait ce qu'on
appelait en irlandais lobad, c'est-à-dire l'expropriation du débiteur au
profit de son créancier».
De l'exposé de ces principes généraux, nous allons passer à desobser-
vations de détail sur quelques-uns des huit faits que nous avons dis-
tingués dans la procédure de la saisie mobilière irlandaise. Le premier
est le commandement, aurfocre. En principe, toute saisie mobilière doit
être précédée d'un commandement, il y a exception quand la personne
contre laquelle il est question de pratiquer la saisie appartient à l'aristo-
cratie, c'est-à-dire à la catégorie des personnes que le droit irlandais dé-
signe par l'adjectif /leme^, dont le sens est « sacré ». Que le demandeur
soit de condition commune ou qu'il fasse partie de la classe supérieure à
laquelle appartient son adversaire, peu importe : l'étiquette irlandaise
défend qu'on adresse un commandement aux personnes dites nemed; il
l'édition officielle du Senchus Môr, quarante-cinq pages. {Ancient laws of Irelandy t. I,
p. 122*210, savoir : saisie d'un jour, p. 122-144; saisie de deux jours, p. 126 et
p. 144-156; saisie de trois jours, p. 156-182 ; saisie de cinq jours, p. 182-192; siisie
de dix jours, p. 192-210.)
1. Anjd cach athgabala iar fut^ is ed dithim cacha athgabalà îaulla cen anad itir.
{Ancient laws of Ireland, t. I, p. 210, lignes 27-29.)
2. La nomenclature des cas de saisie immédiate occupe vingt pages de texte irlandais
dans l'édition du Senchus Môr, {Ancient laws 0/ Ireland^t. I, p. 120, 210-250, savoir :
saisie d'un jour, p. 120, 210-230; saisie de trois jours, p. 220-236; saisie de cinq jours,
p. 236-246; saisie de dix jours, p. 246-250.) On remarquera qu'il n'y a pas de saisie
immédiate de deux jours, en d'autres termes celte procédure n'est pas à l'usage des femmes
3ui doivent toujours agir par athgabail iar fut, saisie après longueur. Des quatre espèces
e saisie immédiate la plus usitée était celle de cinq jours : athgabail cuicthi in aul is
gnathu dogres oldas cach athgabail {Ancient laws of Ireland^ t. I, p. 250, lignes 15-16.)
Des attributions judiciaires de l*autorité publique chez les Celtes, 2j
faut aller jeûner à leur porte '. Le débiteur devant la porte duquel jeûne
son créancier doit lui offrir à manger' et promettre, soit de le payer, soit
de faire juger la question ; comme garantie il faut qu'il lui donne une
caution solvabie, ou lui livre des gages ^ Autrement sa dette est
doublée ; il doit en outre cinq bétes à cornes de dommages intérêts 4, et
il est frappé d'une sorte de malédiction : jamais ni dieu ni homme ne le
paiera ; c'est-à-dire que, si, pour obtenir d'un de ses débiteurs le rem-
boursement d'une créance, il le conduit devant un de ces juges arbitraux
qui ont obtenu de la confiance publique une sorte d'institution officieuse,
ce juge refusera de l'entendre jusqu'à entier acquittement de la dette que
le créancier a sollicitée par le jeûne î. D'autre part, si le créancier, refu-
sant d'accepter des offres convenables faites par son débiteur, s'obstine
à jeûner, il perd sa créance. Enfin, si celui qui jeûne se disant créancier
ne Test point, il doit comme réparation payer à son prétendu débiteur
cinq bêtes à cornes d'indemnité, sans compter les dommages-intérêts
fixés par Tusage pour l'outrage dont il s'est rendu coupable envers lui ^.
On voit que pratiquer une saisie n'était pas sans danger. Si dans les
opérations préalables irrégulièrement exécutées on risquait sa fortune, à
plus forte raison on pouvait la compromettre quand on en venait à l'acte
proprement dit de la saisie. Le Senchus Mot donne au saisissant le conseil
impératif de se faire accompagner d'un homme de loi, à la fois assez ins-
truit pour se rendre compte de l'accomplissement régulier des formalités,
et assez compétent dans l'art de la parole pour exposer devant les juges
comment tout s'est passé. C'est un témoin qui déposera ; mais, pour
qu'il puisse parler, il faut qu'il ait su voir ; en effet il y a une maxime
qui dit : « c'est à l'œil qu'on paiera » ; car suivant une autre maxime :
a en Irlande personne ne témoigne d'une chose à laquelle il n'aurait pas
tt fait attention? ».
1. Dojet aurfocra cach n-athgabala la Fcine^ inge ma do nemthîb no ma for nemthib:
tofet troscad a 'tobach-saide. {Senchus Mùr^ dans Ancient laws of Ireland^ t. I, p. 112,
lignes 14-16 ï c^- I3 glose, même page, lignes 19-26, et p. lu, lignes 6-8.)
2. Senchus Màr^ dans Ancient laws of Ireland, t- I, p. 114, lignes 10 et suivantes.
3. Senchus Mary dans AncUntlaws of trelandy t. 1, p. 118, lignes 5^7, 20-28.
4. Senchus Môr, dans Ancient laws of Ireland, t. I, p. 114, lignes 11-12.
j. Nech nad gella di îroscud, is eluthach na n-uile; intifoluing na h-uiUy ni direncr 0
dia na duine. [Senchus Màr^ dans Ancient laws of Irelandj t. I, p. 112, lignes 16-18, et
p 114, lignes 14-17.) 1^ formule finale se retrouve ailleurs, exemple : 1° ar suig
fiachu cach n-indligi nad imdich dethbiri iar n-dia ocus duine^ « toute illécalité [com-
« mise par le saisissant] produit une créance [contre lui au profit du saisi] à moins que
a [le saisissant] ne soit protégé par une difficulté insurmontable [d'exécuter la loi] selon
■ Dieu et homme ». {Ibid.y t. Il, p. 2, ligne 7-8): 2' dileas do suide 0 dia ocus duine
« lui est acquis de oar Dieu et de par homme. » {Ibid.y t. IV, p. 33, ligne 20.)
6. Senchus Môr, dans Ancient laws of Irelandy t. I, p. 118, lignes 4-5, 9 12
7. Fri rose ruirther^ ar ni fui/gle nech la Feine ni nad airithe. (Senchus Môr^ dans
Ancient laws of trelandy t. I, p. 04, lignes 9-12.)
28 H. d' Artois de Jubainville,
Celui qui saisit irrégulièrement doit au saisi cinq bètes à cornes d'in-
demnité ; mais les jurisconsultes irlandais admettent que la présence d'un
de leurs confrères, appelé et naturellement payé par le saisissant, fasse
obstacle à l'exigibilité de cette sorte d'amende, quand l'irrégularité résulte
d'une erreur du jurisconsulte ■ : on dit vulgairement en France que « les
« loups ne se mangent pas entre eux ».
La saisie chez les Irlandais est considérée comme une sorte de contrat
entre les deux parties : son effet est de faire acquérir au demandeur un
droit analogue à celui de gage sur les meubles saisis. On ne peut saisir si
l'on n'est pas capable de contracter : ce qui suppose à la fois qu'on n'est
ni en tutelle ni soumis à la puissance paternelle, que de plus on e^t sol-
vable, c'est-à-dire du nombre des hommes qui peuvent servir de
caution '. Enfm pour être en droit de saisir un débiteur, il faut posséder
un avoir mobilier égal à celui qu'on saisit ^ Une saisie faite par un es-
clave, par un domestique^ par un fou, serait nulle de plein droit, et ré-
ciproquement toute saisie pratiquée contre eux serait illégale 4.
On pourrait peut-être sans trop de témérité hasarder ici une expression
étrangère au droit irlandais et dire que la faculté de saisir était attribuée
aux citoyens seuls. Le texte irlandais se sert d'une périphrase : la saisie
est interdite à quiconque n'a pas le droit de prendre part à l'assemblée
populaire qui juge sur le rapport d'un jurisconsulte 5. Cette disposition
met un nombre considérable d'habitants de l'Irlande dans l'impossibilité
d'obtenir justice sans l'intervention d'un tiers plus puissant qu'eux. Mais
une règle qu'on pourrait appeler démocratique semble donner une sorte
de correctif bienveillant à cette exclusion du pauvre et du faible. Il est
défendu aux chefs de l'assemblée populaire, rois, héritiers présomptifs de
roi, conseillers des rois, de pratiquer personnellement la saisie: l'impos-
sibilité de leur tenir tête rendrait leur pouvoir tyrannique ^. Quand ils
veulent faire saisir le mobilier d'un débiteur ils se font représenter dans
cette opération par un agent subalterne : aithech foria, et c'est contre cet
1. Senchus Môr^ dans Ancient laws of Irdand, 1. 1, p. 90, ligne 29 et suivantes, p 91.
2. Ni'S-gaibeî ... aurcuilUe ratha na ecoir nadma. [Ancient laws oj Ireland^ t. I, p. 84,
lignes 27-28; p. 86, lignes 1-3, 8-9.) AurcuilUe ratha paraît synonyme de deorad
u étranger » et opposé de urrad, qu'on traduit en anglais par native. — De naidm
« contrat, » il y a une forme plus complète jn4/rf/n, Windisch, Irische Texte, 1, 783.
3. Ni acair nad caemclai 0 croit in forais. {Ancient laws of Ireland, t. l, p. 102,
lignes 26-27 ; p. 104, lignes 27-29.)
4. Ancient laws of Ireland, t. 1, p. 84, lignes 28-29 : p. 104, lignes 3J-36.
5. tii'S-gaibet ecuma aircchta [Ancient laws of Ireland, t. I, p. 84, lignes 27, 30-32).
Urrad opposé à deorad o étranger 0, ne représente pas à lui seul l'idée de « citoyen ».
Urrad paraît désigner, à proprement parler, celui qui a pleine capacité pour cautionner.
Les citoyens sont les urrad qui prennent part aux délibérations de l'assemblée bit i-sin
airuht.
6. Ancient laws of Irelandy i. 1, p. 84, lignes 27-28; p. 86, lignes 9-10.
Des attributions judiciaires de l^autorité publique chez les Celtes. 29
agent que leurs justiciables intentent action quand ils sont leurs créan-
ciers ».
Nous avons peu de choses à dire au sujet de Vanad, c'est-à-dire sur le
délai pendant lequel, dans la saisie dite après longueur, les objets saisis
restaient entre les mains du défendeur. Nous en avons déjà parlé d'une
façon détaillée. Nous ajouterons seulement que ce délai était celui pen-
dant lequel le débiteur solvable devait donner des gages au créancier;
le délai appelé dithim ou période de la fourrière était celui où le débi-
teur solvable devait payer 2. Les gages donnés parle défendeur pendant
Vanad constituaient la garantie ou qu'il paierait, ou qu'il se présenterait
devant le juge s'il contestait la dette.
Après Vanad avait lieu l'enlèvement, toxal 3, des objets saisis. Pour
enlever les objets saisis il fallait trois personnes, et les objets saisis de-
vaient être reçus en fourrière par quatre personnes 4. Les trois per-
sonnes étaient : 1° l'homme de loi, aigne, servant de caution, fear tair-
gille, au demandeur ; 2° un témoin, fiadan 5 ; ?^ le demandeur, fechium,
ou pour s'exprimer d'une façon plus complète, fechium toicheda ^.
Les quatre personnes qui recevaient en fourrière étaient : i® un
témoin ; 2^ un homme de loi qui suivant un texte parait pouvoir être
remplacé par le demandeur lui-même ; 3** un personnage appelé naidm
ou nascuire^ c'est-à-dire contractant, liant ; 4° une caution , étire ou
aitire, qu'on appelait aussi raith 7. La fourrière, forus, pouvait être au do-
micile du demandeur^. Toutefois, le demandeur s'exposait grandement
1 . Anàtnî laws of Irelandj t. I, p. 94, ligne i .
2. Cum[b]a mai anta a uidi gellta ; ocus uidi ditma cum[h]ad t uidi ica fiach. (An-
dent laws of Ir*land, t. I, p. 176, lignes 29- )o.)
3. On dit aussi tain. {Ancient laws 0/ îreland, t. I, p. 264, ligne 23 ; p. 288, ligne
9; p. 298, ligne j.)
4. Do foxla triar do cethrur. [Ancient laws of Inland^ t. I, p. 266, lignes 2-3 ;
p. 288. lignes 19 et suivantes; p. 290, lignes 29 et suivantes.)
5 . Le témoin doit être pris parmi les personnes qui n'ont pas reçu d'un chef le cheptel
qu'on peut appeler servile et oui. par conséquent, n'ont pas reçu de ce chef le prix de leur
YïOxvcic\xr,fiadnuisidi]am[b]ad logh einiuch. {Ancient laws of treland, t. i, p. 290,
ligne }i, cf. p. 288, lignes )4-U-)
6. Ancient laws 0/ ïreland, t. I, p. 2.^0, ligne 31. Fechium^ow mxtXLin fechem^ veut dire
proprement « débiteur ». Cette qualité semble ne devoir être attribuée qu'au défen-
deur, mai« il n'y avait guère de procès irlandais qui ne donnassent lieu à une demande
reconventionnelle, en sorte que les deux parties étaient débitrices. Fechem toicheda veut
dire littéralement débiteur de demande en justice, débiteur qui actionne. Toicheda est
le génitif singuher d'un substantif toichid qui sert d'infinitif à un verbe toichim ou bien
Joichim •< j'actionne », dont la racine est la même qne celle des verbes iar-Jaigim , ou
iar-foichim et im-fuichim ; on dit fuachar à la troisième personne du singulier de l'in-
dicatif présent passif. {Ancient laws of Ireland^ t. l, p. 2 $6, ligne 9)
7. Ancient laws of ireland, t. I, p. 288, lignes 22, 30, 31, 33-3 S : p. 290, lipes 32-
34. Le témoin, le naidm (ou snàidm) et la caution ne peuvent être pris parmi les per-
sonnes de con dition servile, c'est-à-dire parmi celles qui ont reçu d'un chef avec un
cheptel le prix de leur honneur.
8. Forus infuhemun toicheda. {Ancient laws of Ireland^ t. I, p. 288, ligne 23.) Forus
)ô H. d'Arbois de Jubainville,
s'il mettait en fourrière à son domicile des objets saisis d'une valeur
plus élevée que le prix de son honneur. Quand leur valeur dépassait
ce prix, il fallait qu'il choisit pour fourrière le domicile d'un personnage
dont l'honneur fût tarifé plus haut que le sien propre. L'homme du peuple
prenait comme fourrière l'enclos, faithce, d'un des membres de l'aris-
tocratie. On distinguait dans l'aristocratie sept degrés ; il y avait donc
sept catégories d'enclos qui pouvaient servir à mettre en fourrière les
objets saisis par les membres de la plèbe '. Il était même quelquefois
prudent de mettre dans des forteresses pour y passer la nuit les objets
saisis^ quand il y avait lieu de craindre qu^ils ne fussent enlevés par des
brigands, car le saisissant était responsable de leur conservation jus-
qu'au moment où le lobad l'en rendait propriétaire ^
Après avoir mis en fourrière les objets saisis, le demandeur devait au
défendeur une signification nouvelle ; il y avait obligation pour le sai-
sissant de faire connaître au saisi dans quel endroit les objets enlevés
avaient été transportés. L'acte de donner cette information s'appelait
fasc. Le saisissant portait lui-même cette notification au saisi ; mais il
ne fallait pas qu'il fût seul ; l'usage exigeait qu'il se fit accompagner de
deux témoins 3, et l'un des deux témoins était un homme de loi 4.
La signification dite fasc devait faire connaître au saisi trois choses 5 :
il fallait que le saisissant, parlant à haute voix^, dit : i^ quelle créance
était cause de la saisie ; 2^ où les objets saisis avaient été emmenés ;
3'' quel était le créancier saisissant. L'omission d'une seule de ces trois
énonciatîons donnait au saisi le droit d'exiger cinq bêtes à cornes d'in-
demnité 7. Quand les objets saisis appartenaient à une personne diffé-
rente de celle au domicile de laquelle la saisie avait eu lieu, il fallait
est probablement pour for-foss comme arus pour ar-foss^ comparez : i . fosSy chez Win-
disch, Irische texte, 1, $73, col. 1.
1. Ra fesiur secht faithche fri-sin-athgabaiL (Ancient laws of ïreland^ t. II, p. 10,
ligne 16 ; cf. t. I, p. 288, ligne 38 ; p. 290, ligne i ; p. 292, lignes 1-5.
2. Segur athgûbail i n-dub aidchib i n-duinib di a ditiun. [Ancient laws of Ireland,
t. Il, p. 2^. Cf. Forus n-ditin {ibid., p. 10, ligne 2$.)
3. Dlomt[h]ar dias la teist. On dit : (c deux pour témoignage ». (Ancient laws of
Ireland, t. I, p. 268, ligne 1 1 ; p 302, ligne 1 1). La traduction angliise : two are men-
tioned along with the witness^ n*est pas conforme au sens. H est étrange que le traduc-
teur ne s'en soit pas aperçu quand il a traduit la glose : Raither no aisnethur dias is
test : « It is said or stated that two should be >\itness ». {Ibid , p. 302, ligne 1 5 ; p. 303,
ligne 19). Cf. teist, testimonium, Gr. G.', p. 445, 1. 32.
4. Aigni toxuil ocus fiadnaisi. (Ancient laws of Ireland^ t. I, p. 302. ligne 16.)
5. Fasc très brethar^ an is nesam in urd : « signification, troisième parole, dont est
pressante la loi ». {Ancient laws of Ireland, t. I. p. 26S, ligne 14.
6. Co tesgaire .i. gu-sin-tredh sa d*uasal gaire ann. i. d'innisin, c en sorte ou'il
énonce, c'est-à-dire pour ces trois choses hautement alors crier, c'est-à-dire exposer. {An-
cient laws of Ireland, t. I, p. 302, lignes 27-28.
7. Cuic seoitj munab i-sin très breithir. (Ancient laws of Ireland, t. I, p. 302, ligne
27)'
Des attributions judiciaires de Vautorité publique chez les Celtes, ) i
deux significations ou fasc : l'une au domicile où s'était opérée la saisie^
l'autre au domicile du propriétaire des objets mis en fourrière >.
De cette signification partait le dernier délai de la saisie, dithim.
C'était, disait-on, la période de paiement, et pour le débiteur une sorte
de délai de grâce '. Mais ce délai avait cela d'onéreux que, les objets
saisis étant ordinairement des bestiaux, leur nourriture et les frais occa-
sionnés par les soins qu'on leur donnait étaient à la charge du défen-
deur ^ Enfin, ce délai une fois expiré, le lobad commençait. Le pre-
mier jour, les objets saisis devenaient la propriété du saisissant jusqu'à
concurrence de cinq bêtes à cornes de compte, le second jour trois
bétes à cornes de compte étaient acquises au saisissant, autant le troi-
sième jour et ainsi de suite jusqu'à complet épuisement 4.
Je n'entrerai pas dans plus de développement sur les règles et sur
les effets de ta saisie mobilière en Irlande. Je crains de fatiguer les lec-
teurs de la Revue celtique. Il y a cependant encore plus d'un point in-
téressant que j'ai à peine indiqué. Ainsi, la saisie dite inbleogan et avec
Tarticle int-inbleogan, qui s'exerçait contre les parents du débiteur, est
l'objet d'une réglementation détaillée qui mériterait une étude spéciale.
S 5. — La procédure irlandaise. — Troisième partie, la saisie iramobiiière.
L'acquisition, techtugad^^ de la propriété immobilière pouvait se
faire au moyen de la saisie, îellach. Il fallait que le fait appelé tellach,
c'est-à-dire l'acte d'occupation accompli dans la forme légale, fût ré-
pété trois fois ; à la troisième fois, le saisissant se trouvait investi d'un
droit appelé tuinighe, ou mieux tuinnige^, qu'on peut traduire par a pos-
1 . Tiaghar docum faithce fir as-a-tr toxlaither^ docum foruis iar^sen as-a-seilb sloi-
nnter, « on se rend à l'endos de Thommc de la terre duquel est sorti ce qui a été saisi,
a puis à la résidence de Thomme à qui l'objet saisi est déclaré appartenir ». {Ancient
laws oflreland, t. 1, p. 268, lignes i)-i4; P- 30^1 lignes 16-21).
2. Ancient laws of Ireland, t. 1, p. 176, ligne jo.
}. Anaentlau's of Irdand, t. 1, p. 2j8, lignes 1J-17; p. 270, lignes n-39; P- a?^»
lignes 1-2.
4, Cuic stoit hi lobud cacha hathgabala ro-midir Morand ; noch fil tri seoit cacha
tratha ro-follaigthcr co aurlaind a aithma, achj] nicon anaig deithbeire. — Glose Is
cach tratha son acht in cet trath, cuic seoit i suig [suidiu] ocus tri iaram cach trath co
urlainn a dithma. « Cinq bâtes à cornes au lobad de toute saisie : ainsi jugea Morann.
Il y a encore trois bêies à cornes pour chaque jour de négligence jusqu'à la fin du se-
jour en fourrière à moins qu'un obstacle insurmontable ne protège ». — Glose. « Cha-
que jour : il faut déduire, le premier jour, cinq bétes à cornes ce jour-là, et trois bétes
à cornes ensuite chaque jour jusqu'à la fin du séjour en fourrière ». [Ancient laws of Ire-
land, t. I, p. 102, lignes 6-8, 17-18— Dibi con-d:lmaine, acquisition complète de la
propriété, /M. p. 258, lignes 16-17; p. 272, lignes 4-5; t. 11, p. 18, lignes 1-2.
5. Techtttgad dérive de techtaim « j'ai », c'est l'infinitif d'un verbe * techtaigim « je
deviens propriétaire ».
6. De 2. tonn, tond « surface t, notamment « surtace de la terre », tond talman,
(Windisch, Irische texte^ I, p. 838, col. 1) on a tiré tuinnim 0 je séjourne 9, c je de*
52 H. d^Arbois de Jubainville.
session », et en vertu duquel il avait, comme nous le verrons, droit
d'exercer la plupart des prérogatives d'un propriétaire définitif.
L'acte appelé tellach ^ se présente sous la forme d'une occupation
militaire et violente. Quand le saisissant veut procéder à cet acte pour
la première fois, il amène avec lui deux chevaux sous le joug et attelés
à un char 2. Un vieux texte de droit versifié appelle ces chevaux maire ^^
c'est le nom par lequel aux temps antiques les Celtes et les Germains
désignaient les chevaux attelés au char du guerrier. Dans le texte que
nous citons et qui ne remonte pas à la période héroïque de l'histoire de
l'Irlande, le char des guerriers n'est pas exigé ; un vulgaire char de
culture peut satisfaire aux prescriptions de la loi, mais on doit consi-
dérer comme certain qu'à Torigine l'acte symbolique de l'occupation
d'immeubles par le saisissant s'accomplissait du haut du char de guerre.
Le saisissant, donc, tient à la main deux chevaux 4. Ces deux che-
vaux sont sous le joug et traînent un char. Sous les yeux d'un témoin,
d'un homme, qui l'accompagne, le saisissant franchit avec ses chevaux
le fossé qui clôt la propriétés, puis il s'arrête sans les dételer. Alors,
élevant la voix, il demande qu'on lui fasse droit selon la loi, s'il y a
justice. Si cette sommation n'obtient pas de réponse, ou si la réponse
n'est pas satisfaisante, il part pour revenir bientôt.
On se rappelle que la saisie mobilière, quand elle se fait dans toutes
les formes, c'est-à-dire « après longueur », iar fut, comporte trois
délais qui peuvent être de cinq jours chacun , et trois actes exigeant des
relations verbales entre le saisissant et le saisi. Le premier de ces actes
est le commandement de payer, urfocre, par lequel commence la pro-
cédure et duquel part le premier délai. Le second de ces actes est la
meure », littéralement « je suis sur la surface [de la terrej >, {ibid.^ p. 856, col. i)
puis * tuinneachy c celui qui séjourne », enfin tuinnigim « je séjourne », « je demeure »,
et tuinnige a acte de séjourner, de demeurer quelque part •<, « possession ». Selb (en
gallois helWy Grammaîica celtica, 2* édition, p. 130, ligne $) désigne un droit plus
solidement assis que tuinnige. Selb semble être la propriété ; Tirechan l'a employé avec
le sens d' « appartenances », Gr. C* 243, ligne 6 ; et le dérivé selbad désigne le droit du
mattre sur l'esclave dans un passage du ms. de Wurzbourg Gr. C* 861. ligne 21]; enfin le
texte suivant paraît décisif : mf/ ^o^^ir na techta seilb^ as e doron co fiachaib taigey a celui
qui donne ce dont il n'a pas la propriété . se rend par cet acte débiteur des dommages-
intérêts dûs pour vol ». Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 32, lignes 19- 20.
1 . Tellach est proprement l'icte de prendre quelque chose. Ce mot dérive de iellim
« je vole >, u j'enlève <*, [Crammatica celtica, 2' édition, p. 1093, col. 2, addition à
la page 466) dont l'infinitif est tellad {ibid.^ p. 624, ligne 41). D'autres exemples de l'em-
ploi du suffixe ach pour former des noms abstraits sont réunis, ibid.^ p. 810.
2. Carbuî. {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 4, ligne 20).
3. Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 2, ligne 2.
4. Da each a laim, dit un texte en prose un peu plus récent que celui que nous avons
cité en premier lieu. {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 18, ligne 20 ; p. 20, ligne 21.)
$. Teallach tar arta^ m. occupation au delà de fossé >. {Ancient laws of Irelana^ t. IV,
p. 4, lignes 17, 20.)
Des attributions judiciaires de Pautorité publique chez les Celtes. 3 3
saisie, athgabailj qui termine le premier délai et sert de point de départ
au second délai. Le troisième de ces actes est la notification, fasc, du
transport en fourrière, à la clôture du second délai et au début du troi-
sième délai. La saisie immobilière comporte, comme la saisie mobilière,
trois délais. La seule différence est dans la durée de chacun des délais :
toujours dix jours au lieu des cinq énoncés dans Pexemple que nous
avons donné, ce qui donne un total de trente jours au lieu de quinze.
Le nombre des opérations exigées du saisissant est aussi de trois. La
première occupation, cet tellach^, et la demande qui l'accompagne,
correspondent au commandement de payer, urfocre. Il faut deux autres
occupations : celle dite du milieu, tellach medonach^; puis, enfin, l'occu-
pation dite de deux dizaines, qui sont la dizaine du milieu et la dernière
dizaine, tellach da dechmad: celle-ci a lieu au bout de trente jours '. Le
tellach medonach peut être comparé à Vathgabail et le tellach da dechmad
au transport en fourrière et au fasc. C'est le tellach da dechmad^ c'est-à-
dire la troisième occupation, qui produit prise de possession définitive
tuinnige. Ainsi, le transport en fourrière et \efasc ouvrent le délai final
qui se termine par le transfert de la propriété des objets mobiliers saisis,
quand du saisi cette propriété passe au saisissant.
Dans la saisie immobilière, les deux derniers actes d'occupation s'opè-
rent d'une façon analogue à celle dont s'est exécuté le premier. La seule
différence consiste dans la solemnité qui chaque fois augmente. Lors de
la seconde occupation, le nombre des chevaux amenés par le saisissant
est de quatre au lieu de deux. Le saisissant ne s'arrête pas au bord du
fossé, il s'avance au delà et détèle ses chevaux 4. A cette cérémonie
symbolique il faut la présence de deux témoins mâles au lieu d'un qui
avait suffi la première fois. Elle doii s'accomplir quand il s'est écoulé
cinq jours de la seconde dizaine 5, elle est immédiatemeut suivie d'une
seconde sommation de faire droit, et le saisissant attend la réponse
pendant trois jours ^.
1. Ancitnt laws of treland, t. II, p. 4, ligne 17.
2. Aiuicat laws of Ireland, t. IV. p. 2, ligne 4.
3. Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 4, lignes 18, 22-24.
4. Cetkri eich ... scurtair. {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 18, ligne 23.)
(. l-midraind in dechmaid, {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 18, lignes 22-23.) Le
glossateur propose un système différent ; suivant lui, le saisi peut attendre jusqu'à cette
date pour faire droit à la première sommation : ro bo coir âliged do fotba cuicthi don
dtchmaid mtdonaid (p. 22, lignes 1-2): mais la seconde occupation ne doit avoir lieu
qu'à la fin de la seconde dizaine ou au commencement de la troisième, c'est-à-dire au
bout de vingt jours : a forba na dechmaidi medonchi ocus i n-indatacht na dechmaidi
deidenche (p. 22, lignes $-6).
6. Treise do dliged dianod btftinechas, {Ancitnt laws of Ireland, t. IV, p. 18, ligne
2$; p. 22, lignes II- 15.)
Rc¥. Ctlt, VII j
Î4 W- d*Arbois de Jubainville.
Le troisième acte d'occupation se fait à la fin de la dernière dizaine ^
c'est-à-dire trente jours après le commencement de cette procédure :
le saisissant amène huit chevaux, trois témoins mâles, et s'avance jus-
qu'à l'étable K il adresse une dernière sommation, il demande jugement
immédiat si on veut lui faire droit ? . A défaut de réponse satisfaisante,
il prend possession en faisant entrer sur la terre saisie un troupeau de
bêtes à cornes 4, même en y bâtissant un hangar, une étable ; il peut à
son gré^ soit y loger ses bêtes pendant l'hiver^ soit les y laisser seule-
ment l'été pour les rentrer à son ancien domicile le premier novembre ;
enfin, son droit peut aller jusqu'à grever cette terre d'une rente au
profit d'un chef J.
La saisie immobilière par les femmes est beaucoup moins ancienne
que la saisie immobilière par les hommes> Elle a une double origine :
elle dérive à la fois de la saisie immobilière par les hommes et de la
saisie mobilière par les femmes. Comme la saisie immobilière par les
hommes, elle exige trois occupations successives de l'immeuble. Pour la
première occupation, les deux chevaux sont remplacés par deux brebis^,
et le témoin homme par une femme. A la seconde occupation, il faut
au lieu de quatre chevaux quatre brebis, et les deux témoins hommes
sont remplacés par deux femmes 7. La troisième occupation s'opère non
1. A n-dige and dechmad (Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 18, ligne 26), i forba
na deckmaidi deidinchi (p. 22, ligne 21).
2. Tellais iar suidiu a n-dige and dechmad, ocht n-eich aîleas im treib torunuiy treigc
jer fiadan lat. {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 18, lignes 26 27 ; voyez la glose, p.
22, lignes 20 25) tt Tuas saisi ensuite, au bout de la dizaine : les huit chevaux auxquels
tu as droit sont autour de la maison, trois témoins avec toi >.
3. Tul fuigeal uadaib dianad be femecheas. {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 18,
lignes 28-29 , voyez la glose, p. 22, lignes 28 29.)
4. Con adogh. {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 20, ligne i.) La glose est : m
t^espred, [Ibid., p. 22, ligne 31.) O'Reilly traduit spreid par cattU, herd; adogh est
probablement pour aghodh, c'est un dérivé de agh m vache ».
5. Le texte que nous résumons ainsi [Ancient laws of Ireland. t. IV, p. 20, lignes
1-4) a été corrompu par une transposition qui le rend inintelligible. Voici comment,
suivant nous, il doit être lu : Techta tuinige : / log do âircsean, co feis, con-agod, co
tein, co n-àitreib, co toruime ceathra, no im-telgad m-broga, no chis nemead Is as
in-teallach so dobongar cach sealb la Feine^ acht tir Cuind Cétchoraig, a en rémunération
tt de ta procédure [littéralement de ta vue), [tu as acquis) légalement le droit dit tuin^
« nige ; tu peux, en conséquence, bâtir un hangar, amener un troupeau, allumer du
€ feu, construire une maison avec étable, pour prendre soin des bestiaux en hiver, à
« moins que tu n'aimes mieux les emmener [le premier novembre]. Tu peux aussi
a grever cette terre de rente au profit d'un chef. C'est ainsi qu'on saisit en Irlande
a toute terre sauf celle de Cond Citchorach. • Le sens des mots : im telcud mbroga, est
donné par une glose du Senchus Màr; [Ancient laws of Ireland, t. 1, p. 1 32, ligne ; \ ;
p. 138, ligne 34); quant à la terre de Cond Citchorach, c'est par une saisie mobilière
qu'a été entamé le procès qui l'a fait changer de mains, [Senchus Màr dans Ancient laws of
Ireland, t. I, p. 64).
6. Da ai andsin samaigas. {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 8, lignes 17-18 ; p. -lo,
lignes 4-j.)
7. Da ban fiadnaise do breith. {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 10, ligne 12.)
Des attributions judiciaires de l'autorité publique chez les Celtes. % $
pas avec huit chevaux mais avec huit brebis. Comme témoins il faudrait, .
ce semble, trois femmes correspondant aux trois témoins hommes de
la saisie immobilière que les hommes font ; mais ces trois femmes sont
remplacées par un seul témoin mâle '. Enfin, quand par l'effet de ces
trois actes, la femme saisissant s'est acquis la possession, tuinnige, elle
exerce son droit en installant sur la terre saisie, non pas un troupeau de
bêtes à cornes, mais divers objets mobiliers à l'usage de femme : un
pétrin, un crible et des ustensiles de cuisine >.
Tel est l'aspect sous lequel la saisie immobilière par les femmes dé-
rive de la saisie immobilière par les hommes. Mais quant à la durée des
délais, c'est de la saisie mobilière par les femmes qu'elle paraît tirer son
origine. Dans la saisie mobilière par les femmes, les trois délais sont de
deux jours. Nous retrouvons ces délais doublés dans la saisie immobi-
lière par les femmes ; dans celle-ci les trois délais sont de quatre jours
chacun. On se rappelle que dans la saisie immobilière par les hommes,
les trois délais sont de dix jours chacun ; dix jours sont le double de
cinq, et cinq jours sont la durée du délai caractéristique dans une caté-
gorie importante de saisie mobilière masculine.
Telles sont les règles de la saisie immobilière ; il y a cependant quel-
ques exceptions : la loi prévoit le cas où une difficulté insurmontable
rend impossible l'introduction de chevaux dans là propriété qu'on veut
saisir; alors ce sont des hommes qui remplacent les chevaux 3. S'agit-il
d'une forteresse qui n'a pas de dépendances 4, il faut que le saisissant,
accompagné de deux hommes, puis de quatre, puis de huit, y pénètre
trois fois; c'est une triple prise d'assaut.
Cjuand un vagabond a pris possession d'un terrain, mais qu'il n'y a ni
foyer, ni habitation, on peut l'expulser en trois jours et on a le choix
entre deux procédés. L'un est celui de la saisie immobilière, dont les
délais sont alors réduits de trente jours à trois 5. L'autre procédé est
celui de la saisie mobilière ; on pratique alors la saisie d'un jour après
1. La fear-foirgeaU fiadnaise, {Ancient laws of Irdand, t. IV, p. 8, lignes 24-25 ;
p. 10, lignes 26-28.)
2. Ancient laws ofireland. t. IV, p. 8, lignes 23-24. La même règle se trouve déjà
donnée dans le Senchus Mûr {ibid., t. I, p 146, ligne 32 ; p. 148, lignes 1-2). On y
explique que lorsqu'une femme exerce la saisie immobilière et qu'une autre femme dé-
fenderesse veut la repousser, celle-ci doit pratiquer la saisie mobilière des brebis, du pétri^
et du crible de la femme qui saisit. La traduction anglaise contient un contre sens, l'ir-
landais f/R diagbail m-bantellaig veut dire « pour se débarrasser de la saisie immobilière
féminine » c'est le contraire de a for securing the possession taking by women ».
3. It fir in doloin^ad {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 5 1 iigae 7)} littéralement ce
sont des hommes qui en ce cas supportent la saisie.
4. Dan cen seilb, {Aneientlaws of Ireland, t. IV, p. 6, lignes 8, 18-19.)
;. TeUgead artreise a expulsion en trois joure. {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 28,
%Des2, 9-1 >0
36 H. d^Arbois de Jubainville.
longueur, c'est-à-dire qu'il y a trois délais d'un jour, qui emploient
exaaement le même temps que la saisie immobilière < .
Nous avons vu plus haut que celui qui procède irrégulièrement à une
saisie mobilière doit au saisi cinq bêtes à cornes, séî^ d'indemnité.
Quand une saisie immobilière n'est pas régulière, l'indemnité due au
saisi est beaucoup moins considérable ; elle consiste en une seule bête à
cornes, seulement cette bête à cornes doit être de première catégorie, c//-
thar sét. On distingue en droit irlandais trois catégories de bêtes à cornes
décompte : 1° clithar sét, qui comprend les vaches laitières, les vaches
pleines et les bœufs de labour >; 2° la samaisc ou génisse de deux ans 3,
qui vaut moitié d'une vache laitière 4; 3» \q ^^^ gabla, c'est-à-dire le
veau ou la génisse d'un an, le premier s'appelle colpach firend^ la se-
conde darîaib boinend î . Les glossateurs estiment le colpach firend en
argent, quatre deniers ^, ou en nature quatre sacs d'orge 7, et la dartaib
boinendy trois sacs d'orge ^ ; c'est probablement la moitié du prix de la
samaisc "), qui vaut, elle, moitié du clithar sét. Un texte dit que le clithar
sét est le premier choix, forgu na n-uile ; et quant au dernier choix,
digu, ce texte ne parle pas des sét gabla ; le dernier choix, suivant lui,
ce sont les bêtes à cornes que le débiteur d'une rente donne au créan-
cier de cette rente, quand celui-ci pour se faire payer est obligé de
recourir à la contrainte '°.
1 . Im tuinide raitig a à cause de la possession du vagabond [Ancknt laws of ireïand,
t. 1, p. 122, ligne 15 ; p. 128, lignes 24-26). Chose fort curieuse à observer, le glossa,
teur du Senchus Môr n'a pas compris le sens du mot tuinige qu'il a écrit abusivemen-
tuinidey et qui, suivant lui, au lieu de possession signifierait difficile voyage, de là un
contre- sens dans la traduction anglaise qui rend tuinide par « difficult removing ».
2. Laulgach no dam timchill arathair. [Glossaire de CormaCy chez Whitley Stokes,
Three irish glossaries^ p. 8-9.) Un texte cité dans Ancient laws of Irelandy t. IV, p. 28,
note ), ajoute buo inlfioge.
j. A heifer in her third year, dit O'Donovan, supplément à O'Reilly, v** samaisc. Je
n*ai pas retrouvé les textes qu'il cite.
^. Se samaisci ./. teora ba; six samaisc^ c'est-à-dire trois vaches. {Ancient laws 0/
Ireland^ t. H, p 2î6, ligne 27.)
5. Glossaire de Cor mac ^ au mot clithar sét.
6. Colpaige flrinne À. ceithri screpall. {Ancient laws of Ireland^ t. II, p. 260, ligne 4 ;
cf. p. 134, ligne $.)
7. Agh loighe da miach A. adh damba logh da screpall a veau du prix de deux sacs,
tt c'est-a-dire veau dont le prix est de deux deniers ». {Ancient laws of Ireland, t. Il,
p. 246, lignes 26-27.) — Agh loige ceithri miach .i. ceithri scripaill is fiu, c veau du
0 prix de quatre sacs, c'est-à-dire il vaut quatre deniers ». {Ibid., t. II, p. 250, ligne 7.
A la page 2(4, ligne 1 5, les quatre sacs tombent à trois deniers, tn scripuill.)
8. Dartada ./. agh tri miach, a d'une génisse, c'est-à-dire veau de trois sacs ».
{Ancient laws of Ireland, t. Il, p. 2j8, ligne 17.)
9. Bo con a-fosair ... ocht meich bracha, {Ancient laws of Ireland, t. II, p. 2jo,
lignes 22, 26.) Des chiffres différents sont proposés par O'Donovan, ibid., p. 134, note i ;
j^gnore d'après quels textes.
10. Clithar set slaindte — forgu na n-uile ; — digu set somaine — la cosnam co n-dei-
thbire — ût bes a-haigrian. Clithar set, c'est ainsi qu'on appelle le premier choix de toutes
les bétes a cornes. Le dernier choix, ce sont les bêtes à cornes de rente, quand un procès
Des attributions judiciaires de l^ autorité publique chez les Celtes. 37
En principe, quand on doit une indemnité, il faut la payer : un tiers
en clithar sét, ou bêtes de première catégorie ; un tiers en samaisc^ ou
bêtes de deuxième catégorie ; un tiers en sét gabla^ ou bêtes de troisième
catégorie. Celui qui a procédé irrégulièrement à une saisie immobilière
paie au saisi une bête à titre d'indemnité : il semble que cette bête de-
vrait être de valeur moyenne ; non, c'est un clithar sét, une bête de pre-
mière catégorie.
Je termine ici cette étude. Elle semblera trop longue à ceux des lec-
teurs de la Revue Celtique que les questions de droit n'intéressent pas. Elle
est pourtant bien incomplète. Son intérêt est de montrer à quels ré-
sultats conduisait jadis en procédure l'absence de magistrats dont la
juridiction fût obligatoire dans les questions de droit privé.
Je ne prétends pas soutenir que la procédure irlandaise fût dans tous ses
détails identique à la procédure inconnue que pratiquaient les Gaulois
quand César les subjugua. La procédure irlandaise avait évidemment
sous divers aspeas son originalité ; elle offre sur quelques points la trace
d'idées relativement modernes, la saisie féminine en est un exemple.
Mais quant à ses règles fondamentales, la procédure irlandaise du com-
bat singulier et de la saisie est la conséquence forcée d'une organisation
sociale commune originairement à toute la race indo-européenne ; elle
est donc un monument plus ou moins altéré, mais reconnaissable, d'un
âge primitif par lequel sont passés tous les ancêtres de cette race ; la
pignoris capio romaine et germanique est un débris qui rappelle l'époque
où cette procédure n'était pas usitée seulement en Irlande, mais aussi sur
tes bords du Bas-Elbe et du Tibre.
H. d'Arbois de Jubainville.
nécessaire est intenté au débiteur de la rente par l'homme dont la terre est la propriété.
{Ancîent laws of Irelandy t. W, p. 28, lignes 4-5.) Le traducteur n'a pas compris le
sens du mot semaine c rente ». Voyez sur ce mot Ancient laws of Irdand, t. II, p. 194,
lignes 16, 17.
ETUDES BRETONNES.
I.
l'individualisme dans le langage breton.
Les variétés que présente la langue bretonne parlée ne proviennent
pas seulement de la conservation, de la perte ou de l'altération phoné-
tique, plus ou moins complètes, du vieux fonds celtique, ni des diffé-
rentes façons dont l'instinct populaire a comblé, au moyen de divers
emprunts ou de formations analogiques, les vides amenés soit par l'usure
soit par la démonétisation des mots et des formes grammaticales. Dans
ce combat pour la vie linguistique, il faut faire aussi la part des goûts in-
dividuels qui puisent librement, sinon arbitrairement^ au trésor tradi-
tionnel de la langue, donnent aux éléments qu'ils lui empruntent une
importance et quelquefois une forme nouvelle, et opèrent ainsi une sé-
lection artificielle dont les résultats peuvent prendre plus ou moins d'ex-
tension et de durée. Il y a certains mots, certains jurons favoris dans
toute une paroisse, ou sur un territoire plus considérable : par exemple
néal (= e leal) « en vérité », à Pléhédel (en Goello) ; ia laouen « oui,
gaîment », en grand Tréguier ; et ces expressions sont non seulement
inusitées, mais inintelligibles et ridicules dans la plupart des autres va-
riétés du même dialecte de Tréguier : néal y est interprété 'n éal « le
poulain »^ et ia laouen sonne absolument comme en français « oui,
pou ».
La langue de la commune de Trévérec (en petit Tréguier) nous
fournit, à cet égard, les observations suivantes.
Il y a quelques jurons français dont l'emploi en breton reste abso-
lument personnel, comme « sacré tonnerre » (et, à Tressigneaux, en
Goello, « cinq cents mâtins, double canon ! »). Il en est de même
de certains mots tels que loko « la goutte », kakare dans le sens
de koc^h et postergom dans le sens de rir, du latin cacare et post tergum
(et à Tressigneaux, des mots enfantins qip qip « oiseau y>,lolo (n poche »j.
Etudes bretonnes. 39
D'autres mots, introduits par des personnes étrangères à la localité, ont
été adoptés parce qu'ils n'avaient pas de synonymes ; ainsi morlukenno
« sorte de bonbons, berlingots? » Des expressions favorites d'origine
exotique exposent ceux qui les emploient à s'en voir affubler en guise de
surnoms ; c'est ce qui est arrivé pour 'm'on-me, « dis-je » (du grand
Tréguier). Parmi celles qui sont bien un fruit du terroir, je citerai les
suivantes, propres chacune à une seule personne : Paour-kezik Toue
« Pauvre cher Dieu ! » Are, are, zô're! « encore, encore, et encore ! »
Chen'é gond enon, littéralement « voilà le compte, là » ; chenë par une
altération toute spéciale, pour cheîu, chet'é. Une femme, à Pludual (en
Goello) a la malencontreuse manie de dire vel e merd à toutes ses
phrases, risquant ainsi d'enrichir la langue bretonne d'un mot peu né-
cessaire. Comme analogie, je citerai deux dames françaises, dont l'une
répondait invariablement : « V'ià 1' coup ! » et l'autre : « Hélas, ma
chère amie, que me dites-vous là ? » Il faut ajouter que cette dernière
était sourde et ne voulait pas en convenir.
Ces expressions personnelles sont, en breton, une source intarissable
de plaisanteries ; le peuple aime à contrefaire les conversations qui ont
un cachet particulier. C'est, sans doute, un moyen de propagation pour
ces locutions spéciales ; après s'en être bien raillé, on finit parfois par s'y
habituer, et par les employer couramment ; selon un proverbe du lieu,
Ar goap a stag Abred pe diwad, « La moquerie s'attache tôt ou tard [aux
moqueurs] ». Mais en attendant que ses mots favoris fassent fortune, si
volet usuSy leur auteur doit se résigner à être nommé chaque fois qu'on
les emploie, à son imitation. Il y a deux formules pour ces sortes de ci-
tations. L'une est, par exemple, 'me Gwill (/ mouillée) « [comme] dit
Guillaume >* ; l'autre, gwes té Will « [à la] façon de Guillaume ». Cette
dernière locution, très usitée à Trévérec et à Tressigneaux, répond à la
formule populaire à Saint-Brieuc, en pareil cas : « à la mode de Guil-
laume ». Le mot gsifes est identique au gallois gwedd (féminin) « forme,
façon », comique gwedh, fém., de la même racine que le grec el8oç,
cBéa. Le z final, quoique doux, n'est pas tombé selon la règle de phoné-
tique trécoroise, parce qu'il a été protégé par la dentale qui le suivait
immédiatement : gfves-te z=* gtvez da. Ce mot se trouve en moyen breton,
dans un seul passage de Sainte-Barbe : doeoa... Groaet à pep danuez en
goez den^ « des dieux... ^briqués de toutes matières, en forme hu-
maine » (Bibliothèque nationale, Y 6186, p. 109^, strophe 4^2 de mon
édition. Ce mot était en moyen gallois gwed, fém. ; il est réduit à peu
près à l'état de suffixe, par ex. dans le vieux gall. ringuedaulion « mys-
térieux » , aujourd'hui rhinweddolion, et dans le v. bret. clutgued a amas ».
40 E. ErnauU,
Mais c'est à tort que la Grammatica cdticay i^ éd., p. 890, suivie par
M. Loth, Vocabulaire vieux-bret., 75, voit aussi gued dans le moy. bret.
dezuez a journée », bloazuez « année n, finuez « fin ». Le trécorois^^ves,
le vannetais deueh et le gallois dyddwaith prouvent que le z du léonnais
devez vient de th, et que le comique dethwyth [Beunans Meriasek, 2145)
n'a pas altéré le son primitif; comparez léon. nozvez, (tréc. nozes, vann.
nozeoh 0 uijenuit » = gall. noswaithy comiq. noswyîh (B. Af., 1785) ;
léon. suivez a un dimanche », tréc. zulves, = corniq. sylgivethy etc.
Quant à )î/2u^z^ il faut remarquer qu'il est masculin, comme le comique
fynwethy et qu'il a un analogue dans le léon. a-c'houdevez « depuis »,
vann. a-oudeuéhj P. Grég., goudévéh, dict. de L'A. La Grammatica celtica
cite aussi mal à propos le moy. bret. danuez a matière », quoique le z
soit doux (tréc. daiive, vann. danne) ; car le gall. defnydd et l'irlandais
damna écartent toute comparaison avec gued. C'est également par mé-
prise que le bret. gfvenvidik « bienheureux » est tiré de * vindo-ved-ko-s
où ved serait notre gued, dans les Etudes grammaticales sur les langues cel-
tiques, 1 1 4 * ; les expressions comme guenn e bet « heureux (est) son
sort », Gr, Myst. de Jésus, 236, qui se retrouvent en comique et en
gallois, indiquent clairement bet = bitu-s.
Le cas le plus remarquable d'idiosyncrasie linguistique que j'aie été à
même d'observer à Trévérec est celui d'un brave homme qui ne peut
jamais dire une chose sans la répéter aussitôt sous une forme différente
et abrégée. Ainsi un jour que son fils avait fait verser sa charrette, il lui
adressa cette réprimande : Lare' 'm a d'it hag em a 'oa eun toul-kar witè
hag ï hè hag ï oa ! Zâ da gar alèse ma 't eus c*hoant ha ma 't eus^ kar me
ne zikourein ket anouî na ne re/'/i .'littéralement : a Je t'avais dit et je
l'avais, qu'il y avait une omière à droite > et que c'est qu'il y avait !
Lève ta charrette de là si tu as envie et si tu as, car je ne t'aiderai pas
ni ne ferai ! » La phrase est devenue légendaire, sans doute parce que
le contraste entre la gravité de la circonstance et le manque absolu de
naturel dans l'expression, si elle eût été dans toute autre bouche, a vi-
vement frappé les témoins de cette scène ; mais c'est bien là sa seule
façon de s'exprimer. Je ne dirai pas avec Catulle :
Credo sic mater, sic... avunculus ejus,
Sic maternus avus dixerit, atque avia ;
je suis persuadé, au contraire, que cette tournure d'esprit, tautologique,
dont l'expression est d'ailleurs favorisée par la flexibilité de la conju-
1. Cf. Rev, Celt., IV, 169.
Etudes bretonnes, 41
gaison bretonne, a toujours été propre à l'excellent homme en question ;
et je n'attache pas grande importance à ce fait, qu'il n'est pas originaire
de Trévérec. Je puis, du moins, affirmer que son propre fils ne parle
jamais de la sorte.
II.
LE BRETON ET l'aRGOT.
Sous ce titre, Un argot de Basse-Bretagne, M. N. Quellien a publié dans
la Revue de Linguistique de janvier 1 88 5 un intéressant article de 26 pages
sur un langage de convention, variété originale du dialecte breton de
Tréguier, que parlent entre eux les chiffonniers et les couvreurs de La
Roche-Derrien, petite ville de 1,600 âmes tout au plus. J'ajouterai ici
quelques remarques pour éclaircir la provenance des expressions qu'il
signale comme propres à cet argot, ou pour constater leur présence
dans d'autres variétés de la langue bretonne.
AhostoL Anndaouzek — zo 0 tremen [les douze apAtres passent), il est
midi. Se dit aussi à Trévérec. Cf. « Le chant du coq monte jusqu'au
del, il chante quand chantent les apAtres; Quand chante le coq à mi-
nuit, les anges chantent au paradis » Barzaz Breiz, p. ^47 (lannik
Skolan). Ce passage manque dans la version, d'ailleurs incomplète, que
M. Luzel a donnée au t. I de ses Gwerziou Breiz-Izel,
Ambrellin pluriel -ed, fils, jeune garçon. Du vieux français ambrelin,
homme ridicule, à Metz homme de néant, selon Sainte- Palaye (Diction-
naire de Godefroy). C^est ainsi qu'on dit familièrement en français» mon
gamin » pour « mon fils ».
AnjeZy père. Peut-être du v. fr. enge, aujourd'hui engeance, avec une
terminaison arbitraire.
Baimbain, pommes de terre, du fr. bain? A Trévérec, par plaisanterie,
bouill'bouill, id., proprement « ce qui bout, ce qui fait bouill bouill dans
l'eau ».
Batimancho (bâtiments, bateaux^ gros sabots. Cf. en argot français
bateau, soulier énorme, bateaux, souliers [Lorédan Larchey, Dictionnaire. . .
de l'argot parisien) en fourbesque ou argot italien barcha, soulier (Fran-
cisque Michel, Etudes de philologie comparée sur P argot, Paris, 1856,
p. 426) • .
Bich, le diable. Ce mot doit être une abréviation, peut-être du syno-
I . Je désignerai ces deux ouvrages par les initiales L L et F. M.
42 E. Ernault,
njme kubik^ que M. Quellien regarde comme d'invention assez moderne
et qui a un sens si vague qu'il peut désigner aussi « le père », et même
<( Dieu ». On serait tenté de comparer pourtant le nom du diable en
argot allemand, Bieg, F. M., 449. A Saint-Brieuc la Gobiche est un
monstre imaginaire dont on fait peur aux enfants.
B'dleoz, argent, billeouzi, payer. De l'argot fr. bilUy monnaie, F. M.,
L. L., bilkncherf payer comptant^ L. L., même racine que biUon.
BiUez^ fille, paysanne : eur vUlez. Du fr. fille^ avec la terminaison bre-
tonne du féminin.
Binwio (outils) parties sexuelles. Cf. angl. tool, terme d'argot em-
ployé par Shakespeare (F. M., 470).
Boubouar, m., bœuf, vache. De bouboual^ gronder, retentir, comme
en argot fr. beuglant, bœuf, F. M., L. L.
Bouta en eunn ail (pousser en un autre)^ vulg. monter le coup à quel-
qu'un. Cf. argot fr. le mettre à quelqu'un, en faire accroire, tromper,
L. L.
Brif, pain. A Trévérec morceau, ce qu'on mange ; du v. fr. brife, resté
en picard (auj. bribe). M. Loth a comparé le v. bret. diprim, manger,
mais te b initial rend ce rapprochement impossible. Voy. le Dict. de
Diez, 4e éd., p. 66.
Chouea. Me a c'houeo ho fri d^ac'h, je vous moucherai le nez, phrase
de menace. Se dit à Trévérec, etc. Cf. moucher, frapper, battre, tuer,
L. L.
Chouez, maison: ar c'houez, peut-être la forme radicale est-elle
*kouez, cf. le mot d'argot fr*. creux, logis, maison, F. M., qu'on écrivait
autrefois crues ?
Choufretezen^ allumettes, plur. choufretez,d*\xrï mot fr. *soufrettes, dérivé
de soufre. On dit à Trévérec chimiken^ une allumette chimique, cf. en
argot fr. « une chimique », L. L.
Chouila^ travailler, proprement « fouiller », gall. chwilio.
Chousa, manger, c'housach, aliment, du v. fr. populaire gousser,
manger, F. M., 197. Il est arrivé pour ce mot, comme pour gallout,
hallout, pouvoir, en Léon, ouilein, pleurer, vennein, vouloir, etc., en
Vannet., que la forme radicale a été supplantée par « l'état construit »:
on a dû dire d'abord à l'infinitif * gousa, d'où régulièrement au présent
me a c'hous, etc.
Dankier, femme de mauvaises mœurs. — Trév. eun dankier a blac'hy
une fille dégourdie, vive, capable. Cf. peut-être sankier, machine, et
chose quelconque, objet, Trév. ; ce dernier mot vient du fr. chantier.
Dibunet (dévidé). Me am euz — gant lunnez, j'ai démêlé (distribué des
Stades bretonnes, 4}
coups] avec celui-d. Trév. Me 'm eas dihuned ht geelad d^hennez, je Fai
battu.
Dovergn, cheval. Des mots fr. d'Auvergne f Comme cette expression a
pu prendre naissance en Bretagne, je rappellerai que l'idée d' a auver-
gnat » s'associe naturellement en ce pays à celle de « colporteur » ; cf.
Brizeux, éd. M. Lévy, 1861, t. II, p. 174.
Eltrit, pain. De l'argot fr. artiSy lartif^ en argot italien artibrioj pro-
vençal artom, etc., L. h,, F. M., 17, 425.
Fardach^ gens de rien, objets de nulle valeur, rebut. Le mot existe
aussi à Trévérec dans ces deux dernières significations.
Flit, flitouar^ lit; cl, fledy grabat. Le Gonidec, liOMit.fledtP. Grég.
D. Le Pell. donne en Léon, flet « lit tout simple et petit », plur. fledou.
Je ne crois pas que ce mot ait rien à faire avec gwele^ lit [Et. gramm.,
}2) ; aucun des exemples cités à cet endroit pour prouver la correspon-
dance de / et ^ en armoricain n'est concluant. Le plus spécieux est
« fol, mauvais, variante de gwal » ; mais fal veut dire proprement
« faible » et correspond plutôt au fr. failli. Flet répond, comme l'indique
D. Le Pelletier, au b2LS'hX\n flecta, claie.
Flu, Rei ar — , donner la correction, Trév., id.
Fluma, battre. Variante defibla, P. Grég., etc., de *fibulare^ cf. /îë-
mienn =zfibttla, à Sarzeau, Rev. celt.y III, 236.
Fraonwal, s'enfuir, s'échapper. Sorte d'onomatopée analogue au tré-
corois vronjal et au haut breton brunder^ qui expriment le bruit d'une
toupie ou d'un corps quelconque lancé avec vigueur.
FreottZy synonyme de koc'h;freouzi a cacare». Du haut breton /o^roux,
foireux.
Gourd, bon, bien, oui ; comparatif gourtoc'h. De l'argot fr. gourd,
gros, riche, puissant, bon, gourdement^ beaucoup, F. M., 194-196;
argot ital. gordo, plein, F. M., 429, etc., c'est le fr. gourd^ engourdi,
esp. gordo, gros, avec un sens plus étendu.
Granit, faim. Cf. en argot fr. pégrenne, F. M., L. L.
Cre/î^r, chat; de l'argot fr. greffier, griffon, griffard, id., L. L., F. M.
Dans l'argot de La Roche, Polik veut dire à la fois « notaire » et
« chat ».
Grifon, chien ; probablement du fr. « chien griffon ». On vient devoir
en argot fr. griffon pour « chat » ; c'était un synonyme de greffier dans
le sens ordinaire, F. M., 204 ; nous en avons gardé les dérivés ^n/-
ionner, griffonnages (cf. l'expression « écrire comme un chat »).
Groegon (prunes sauvages), crottin de cheval. On dit ailleurs ^ez glaz,
figues vertes, cf. Bombard Kerne, 50.
44 ^* Ernault,
Grun pour gronch, menton, dans larda ar grun (se graisser le menton),
faire bonne chère. Je ne sais si cette localisation du sens de grun est
exacte : on dit à Trévérec, en pareil cas, lardan 'gorzailUn^ graisser le
gosier. Grun vient du fr. grouin, qui veut dire en argot « visage », L.
L.
Gwammely femme mariée. Trév. mr wambel, une femme sale. Cf.
gwamm, femme mariée (par raillerie). Le Gon., Troude. « Hors ces lo-
cutions, le mot gouam n'est plus d'usage que dans l'argot, où il signifie
femme » (P. Grég., s. \. femme),
Gwilloïk (petit Guillaume^ loup. Gwillaouik, dict. de Troude, etc.
L'auteur du Dict. de l'A. donne, p. Vil, gullleu, comme du mauvais
breton usité à Ambon [district de Vannes], au lieu de bleye^ loup.
Heol ar bleiz (le soleil du loup), la lune. Trév. iaol ë blei; la lune est
associée au loup, dans « La Tour d'Armor », Barzaz Breiz, p. 495.
Pour éviter d'appeler le loup par son nom, de pnur de l'attirer, on le
désigne par ki-nos a chien de nuit », en basse Cornouaille, dit D. Le
Pelletier.
Jes, substantif qu'on ajoute aux adj. possessifs, pour faire des pron.
personnels : ma jes, moi, hon jes, nous, ho ches, vous, ho jes, eux. Le
verbe suivant prend la forme impersonnelle. C'est une syllabe insigni-
fiante, qu'on met là uniquement pour dénaturer l'aspect des pronoms
personnels, comme en argot fr. nouzailles^ nousiergue, nouzières, nouzigo,
nous, L. L., en argot italien vostriso, vous, F. M., 4^4, etc.
Kelien! (mouches), mot par lequel un complice avertit les voleurs qu'il
vient quelqu'un. Allusion aux mouchards.
Kerborz. Gouzout dre belec^h a David da Gerborz (savoir par où David
va à Kermoroc'h), en connahreplus long que d'autres. Trév. Hennez 'oar
Ket dre bHac*h a Pér da Gerbost, il n'est pas fin.
Kornik (l'encorné), le diable. Le P. Grég. donne ar c'hornecq, id.,
comme mot burlesque; cf. Paol gornek, id., Dict. bret.-fr. de Troude.
Kotisa, battre, du haut bret. cotir^ écraser.
Krank, le contenu d'un verre, la goutte. Cf. la strophe suivante,
l'avant-dernière de Chanson ar guin-ardant pe ar jigoden (imprimée chez
Lédan, sans date, à la suite d'une autre intitulée Trahison an amou-
rousîet] :
Qement tra zo er bed-mâ a eprouv chanchamant :
Hyrio leromp Jigoden ha guechal Guin-Ardant,
Ur banne Ini-bruta), ur Chranc pe Mistigri,
La-Gout, e me Yan-Zoudard, ha ni lar Lodevi.
L'auteur anonyme de cette énumération eût pu y ajouter jolori, et bien
Etudes bretonnes. 45
d'autres synonymes burlesques dont on peut voir quelques-uns donnés
par le P. Grég. au mot eau.
Kreiz (milieu), midi, dans talar kreiz, dîner (repas du midi), abré-
viation de kreisîe.
Krihy krib JezuZy gendarme. Trév. grib, de Targot fr. grippe-Jésus, L.
L. « terme des voleurs du nord de la France et des marins », F. M.
Ldgard ijen (œil de bœuf), pièce de cinq francs. Trév. lagad ejon.
Cf. en argot italien occhio ou lampante di civetta (œil de chouette), ducat,
F. M., 430, 43! ; argot fr. bouche l'œil^ pièce de cinq, dix ou vingt
francs^ L. L.
Lansogn: mont da lansogn, en arriver à l'état d*ivresse. Il faut écrire
mont d^Aiansogny proprement « aller à Alençon j>, d'où par suite d'un jeu
de mots« être lancé » [lancé, gris, L. L.). C'est ainsi qu'on disait en
argot français « allé en Angoulesme » pour « avalé, bu ou mangé » par
allusion à engouler, F. M., 9; qu'on dit encore, dans ce même argot,
« aller à Niort », pour « nier », L. L., F. M. ; « aller à Rouen », se
ruiner, etc., etc. ; F. M., 365, cf. ibîd., s. v. Canelle, Cône. Des plai-
santeries de ce genre sont assez fréquentes en Bretagne : on dit en gallo
d'un homme qui n'est pas donnant, généreux, qu'il n'est pas de Saint-
Donan (commune voisine de Saint-Brieuc), et en breton de Trévérec Ed
e d'ar Roc'h a il est allé à La Roche-Derrien » = il dort, il ronfle
(roc'hal, ronfler). Voici, à ce propos, une devinette que j'ai entendue à
Trévérec : Mamzell a Gerbelen, Krennet fii bek hag hic h ivinen, malet gant
eur vilin eskern ha zilet er pod toulU — Eur gerc^hen. a (Connaissez-vous)
Mademoiselle de Kerpelen, à qui l'on rogne bec et ongle, et qui est (en-
suite) moulue par un moulin d'os et passée à travers un pot percé .? —
C'est le grain d'avoine ». Kerpelen, petit village près du bourg de Tré-
vérec, est décomposé ici en ker-pelen « ville de la balle (enveloppe du
grain) ». On sait que kerc^hen est du féminin. Les détails suivants font
allusion au battage, à la bouche du cheval, et aux suites de sa digestion.
— M. de Kernitra (de la ville de rien) se dit, dans le Morbihan, d'un
homme pauvre ou trop prétentieux. Troude a signalé l'expression mont
da Germouzik, litt. « aller à la petite ville de bouderie » (Dict. bret.-fr.,
s. v. mouzik). On connaît aussi le vers de Proux, le poète cornouaillais
d'allure si populaire, dans Bombard Kerne, p. 86 : Margod ar bik, a Ger-
Biget '.M. Quellien donne l'expression mont e tu ail da vro ar bara (aller
de l'autre côté du pays du pain), être perdu ou mort. Elle s'emploie aussi
1. Il n'est pas nécessaire de rappeler Ratopolis^ Elêphantide et Rhinocère, fondées par
notre aimable fabuliste.
46 E. Ernault.
à Trévérec ; cf. te fr. « faire perdre le goût du pain », argot « remercier
son boulanger » (mourir), L. L. L'argot de la Roche offre encore
ces phrases : kas da Vro-Saoz (envoyer en Angleterre), noyer ; diskenn da
Vro-Saoz (descendre en Angleterre), être noyé ; mond da Gerneo (aller en
Cornouaille) être perdu, tué ou mort. Dans ces deux cas, il n'y a pas de
jeu de mots ; M. Quellien dit avec raison qu'ici la Cornouaille est prise
comme type de pays lointain. Le P. Grég. , au mot dépérir, donne une
explication historique de la locution mônet a ta da Scoçz [il va en Ecosse) ,
il dépérit ; mais en même temps il renvoie au mot vieillot, qu'il rend par
azcoz ; il peut, en effets y avoir un jeu de mots aussi bien qu'une allusion
historique. Aristophane faisait déjà de ces plaisanteries géographiques :
Tw ytlp* Iv AtTtoXotç, ô vouç 8* Iv KXa)7ClBtl>V.
{Les Chevaliers ^ v. 78, 79).
LanteoZy beurre, corruption de lard teuz^ saindoux P
Lateriy langue, latenni, bavarder, laîennet mad, qui a la langue bien
pendue. M. Quellien tire ces mots du fr. /âfte; je crois qu'ils ont la même
origine que plapenein, bavarder, Trév.
Léo (lieue) : mond el leo, s'en aller, être chassé. Cf. moât elleo adarre,
se remettre en route, Troude.
Letez, crêpes ; campagnard ; leîezen^ campagnarde. Abréviation de
gaietés, galettes, que donne le P. Grég. M. Quellien croit que le sens de
« campagnard » vient de ce qu'à la campagne on mange des crêpes.
C'est possible ; mais en argot galette veut dire « homme nul et plat » ,
L. L. « homme sans intelligence », F. M., et l'on dit « plat comme une
galette ».
Lokard, campagnard. Cf. Trév. lokoter^ un pauvre, dufr. locataire f
Loko, eau-de-vie. Ce mot, introduit par une personne de La Roche à
Trévérec, n'y a pas encore reçu droit de cité.
Mariy man-ik, baiser, caresse. Trév., id., baiser, haut btet.main (en-
fantin), cf. Rev. celt.f IV, 161. « Caresse » se dit à Trév. aneik (en-
fantin), cf. le bret. moy. aff, un baiser ?
Manego (gants), menottes, cf. fr. manique^ menottes.
Miniky probablement « matin » dans talar minik, déjeuner (repas du
matin). Altération arbitraire de mintin, cf. argot fr. matonas^ matin.
Minson^ mauvais, mal, non; minsonery un pingre. Du fr. mincey qui,
en argot, veut dire « très médiocre », L. L.
Mouchouar godel (mouchoir de poche], pistolet. Argot fr. mouchoir ,
pistolet, parce que a moucher une chandelle avec un pistolet est le
Etudes bretonnes. 47
comble de l'adresse », F, M. Le P. Grég. donne, au mot jaloux, l'ex-
pression bidedy pistolet de poche qui semble d'un argot plus breton.
Nikoly viande. Altération de kik f Ce serait un langage en nol, comme
on dit en argot, pour parler en lem, lonbem^ bon ; pour parler en luch,
lonbuch^ etc, L. L.
Noter, soir, nuit, altération de noz, sous l'influence probablement du
mot notaire. Nous avons vu que dans cet argot le nom du notaire est le
même que celui du chat, rôdeur de nuit.
Ostant, maitre de maison ; individu. Altération de ostiz, hôtelier ? On
dit en haut breton Phôté pour « la maison ».
Pagnoten, femme de mauvaises mœurs ou d'humeur acariâtre. V. fr.
pagnote, lâche, cf. F. M., 300.
Pampez, gens de la campagne (mot rare). Trév., sot, pi. paàpejen,
Rev. celt.j IV, 163.
Pankiero : sevel he bankiero da unan bennak^ jeter quelqu'un les quatre
fers en l'air. Se dit aussi à Trévérec, mais on ajoute ordinairement
kroec^h, en haut ; on dit également spankierein, culbuter, mettre la tête
en bas ; spankier, morceau de bois pour suspendre par les pieds les bétes
mortes.
Pask. Ober he bask (faire ses Pâques), s'enivrer le jour où on a fait ses
Pâques. Cela s'appelle à Trévérec beavein hi bask, noyer sa Pâque.
Pea he otro (payer son maître), « cacare ». Trév. pean hi otro, selon
M. Quellien, c'est proprement « laisser au propriétaire d'un champ^
qu'on vient de piller ou qu'on traversé simplement, une manière de
compensation ou un souvenir de ce passage ». Cette explication me
semble hasardée. L'idée peut être la même que dans le vers de Rabelais,
Gargantua^ I, 1 3, La guabelle qu'à mon c. doibs. Il est possible aussi que
otro signifie a pourceau », sens noté par M. Quellien, et analogue à tant
d'expressions ironiques comme roant en argot fr., F. M., en Bretagne
sire de Rohan etc. L'appétit dépravé de ces animaux donne lieuà une foule
d'expressions populaires , ainsi, Me 'm eus drouk kôf-^ Kelo mad d'é mochi
De là encore ce dicton contre les maréchaux-ferrants : Eur maréchal zo
veleurc*hochon, p^en e gwir e ra bouarn néve gant hini koz,hag ar c'hochon
a ra ie koc*h néve gant kos koc'h, Treo ha debche ket é moc'h ^nè! « des
choses que les cochons ne mangeraient pas » ! s'écrie le paysan philosophe
en constatant avec dépit la puissance conventionnelle de l'argent.
Perier (pierrier), le derrière, Trév., id.; cf. argot fr. canonnière, L. L.
Pikolo, argent, argot fr. picaillons, écus, L. L. Il est inexact de dire
que pikol, grand, est propre au dialeae de Tréguier. Cf. Rev, celt,,
III, 58.
48 E. Ernault.
Piou ? — Ar piwer. — A zo dimeet d^ar sUoker. Ce dialogue, où
M. Quellien ne voit que de la rime sans raison, est sans doute un pro-
verbe dont on n'a retenu que l'application. Il a lieu aussi à Trévérec,
mais on ne le coupe pas de la même manière. Quand un fâcheux sur-
vient dans une conversation et en demande le sujet : Piv / « Qui » P on
lui répond : Ar piver, a zo dimet d'ar skloker « Celui qui dit : Qui ? est
allié (littéralement « marié »j au glousseur ». Cela veut dire, je suppose,
que le curieux qui s'informe ainsi est tout prêt à aller pondre, comme on
dit, la chose à celui dont on parle [à lui rapporter la conversation). On
répond aussi à la question : Piv f par ces mots : Ne biv kety en faisant
semblant de prendre piv pour un verbe.
Pipi du [Pierre le noir), café. Cf. pipi gaz, eau-de-vie, mot introduit
à Trévérec par la même personne que loko, et resté aussi une expres-
sion personnelle. En argot fr. noir, café, L. L. ; petit pire noir, litre, F.
M., petit homme noir, broc de vin, L. L.
Pistaon^ argent, cf. fr. pistole.
Poins, vol, poinsa, voler, poinser, voleur. De l'argot fr. poisser, voler,
L. L., F. M., poisse^ voleur, L. L., poisseixr, F. M., dérivé de la poix.
M. Francisque Michel remarque que Martial a employé piceata manus
dans le sens de « main voleuse ». Devant s, les voyelles se nasalisent
très souvent dans les mots bretons d'origine latine ou française : bens,
vesce, vins, escalier tournant [visse], pans, puits, etc.
Populo, pipe. A Trév., grande pipe. Il y a à ce sujet une chanson
populaire :
Deued eo Karolin
Da vouboual he zaboulin...
Hag hi 0 vont d'ar vornier:
— Ma c'horn a zo dister.
— Ma rei d'ac'h twr populo,
Med eur gwennek aRousto.
« Caroline est venue à faire ronfler son tambour... Et d'aller chez le
fournier. — Ma pipe est trop petite. — Je vous en donnerai une
grande, mais cela coûtera un sou ».
Prei, lamproie, salamandre, t. d'injure. Trév. eur prei, un homme
sale.
Raton, recteur, prêtre. Argot fr. ratichon, L. L., F. M.
Rufan, feu. Argot fr. rif, rifle, feu, riffauder, brûler, chauffer, argot
italien arrufare, F. M. ; abbaye ruffante, four chaud, F. M., L. L ; argot
ital. ru/o, feu, rufoso, rouge, F. M., 4)2 ; probablement du lat. rufus,
roux.
Etudes bretonnes, 49
Rap^ richard, monsieur. De l'argot fr. rup, rupin^ rupart, rupine « élé-
gant, homme riche », L. L.; rupin^ noble, gentilhomme, richard, F.
M. Cf. normand rupe, adj. « fort », rupin « homme habile, rusé » (Joret,
Mémoires de la Société de Linguistique, IV, 324).
Skas : rei ar — , donner la chasse à quelqu'un. A Trévérec c'est « lui
faire tort, l'emporter sur lui », proprement « l'entraver » ; cf. Rev.
ait, y IV, 166.
SkaSy vol, skasa, voler, skaser, voleur, filou. Probablement pour skarz^
ce qui n'aurait rien que de conforme aux habitudes de la prononciation
trécoroise. Le P. Grég. donne, en effet, scarza « faire un larcin », au cap
Sizun. Littéralement « nettoyer ».
Skrap, vol, skraper^ voleur. Le P. Grég. donne scrap « larcin qui se
fait par adresse », le verbe scraba, et en vann. scrab^ scrapein. Le dict.
de L'A. rend scrappe par « larcin par force ». Cette racine signifie pro-
prement « gratter ».
Taga (étouffer), boire [une chopine]. Trév. id. Argot fr., étouffer un
perroquet^ L. L.
Talar^ repas. En breton ordinaire a bout d'un sillon » ; l'image peut
être prise de l'idée de revenir sur ses pas, ou d'interrompre son travail.
Taouen, poux, altération de laouen, pou ?
Tarieky tabac, pourboire. Corruption arbitraire de ta-bacf Le dict. de
L'A. donne en vann. tabaque.
Tok-toky marteau. Onomatopée.
Torîad, ventrée, Trév. id., Rev. celt., IV, 168. L'argot de La Roche
a, de la même racine, mond da dorta, aller se coucher, et torta, tuer. En
argot français endormir veut dire « étourdir, tuer », F. M., L. L.
Toul (trou), prison. Cf. argot fr. « Etre dans le trou », id., L. L.
Transaillj menue monnaie. A Trév., argent en général; cf. cornouail-
lais traâtel, patrimoine, argent qu'on a en poche au jeu (Troude, s. v.
distraûtely drantet], Ann overn dranîel ou drantel [d. Rev, celt,, IV, 168),
messe à rebours qui se célébrait, dit-on, à minuit, la fête de Noël, dans
la chapelle de Saint-Hervé, sur le mené Bre, pour délivrer ceux qui
avaient fait un pacte avec le Diable, Trév.
Tremen lost al loue dre ho keno (vous passer la queue de veau par la
bouche), vous prendre pour un sot. Trév. Tremenedelost'é lébuohic^héno.
Treo torret (choses cassées), menus gâteaux que les enfants achètent à
vil prix. Cf. argot fr. casse « rognures et raclures de pâtisseries, vendues
à deux sous le cornet », L. L.
TrœZy bouillie. C'est sans doute le même mot que troaZy urine, gall.
trwjth..
Rev, Celt., VU 4
50 E. Ernault,
Trotachy soupe aux légumes. Altération du français potage.
Tunik ou dunikj messe ? Eman ar raton gand ann dunik^ le recteur dit
sa messe. C'est peut-être le français tunique.
Turgny porc ; de turiaty fouir comme les pourceaux.
Vilach^ la ville, La Roche-Derrien, du fr. village.
Water^ eau, wateri, uriner, de Pangl. water, cf. water-<loset.
Zerasinedy par abréviation zer, pommes. Du fr. sarrazin^ blé noir.
Zousilly boisson, zousill tan^ eau-de-vie, zou$ill hirr^ cidre; zousilly
homme ivre, zousilla, s'enivrer; zousilladen, la goutte, une partie de
boire. Par mutation initiale généralisée de *dousill = doulsizlj clep-
sydre, horloge d'eau, P. Grég.
Toutes les coïncidences indiquées ci-dessus entre l'argot de La Roche
et le langage courant de Trévérec ne proviennent certainement pas
d'une influence directe de l'un à l'autre : il y a là un ancien fonds com-
mun. La ligne de démarcation entre l'argot et le breton n'est pas tou-
jours aussi tranchée que le ferait supposer la lecture du travail de
M. Quellien. L'auteur nous promet de revenir sur le même sujet : il est
à souhaiter qu'il ne se borne plus aux mots d*argot qu'il connaît depuis
vingt-cinq ans. Les expressions plus récentes jetteront peut-être quelque
lueur sur les autres, dont je viens d'examiner un certain nombre.
Dans les rapports directs que j'ai signalés entre l'argot de La Roche et
l'argot français, c'est toujours le premier qui semble avoir emprunté au
second. L'argot français contient très peu de mots bretons. On peut
citer :
Brasy f. brasse, grand; brassetj gros, L. L. Bret. bras.
Quimpery tomber, L. L., quimper la lance [lance, eau), uriner, F. M.,
cf. gall. cwympoy tomber, bret. skoemp, glissant, scabreux. Rev. celt,, IV,
i66; scuemp^ subtil, insinuant, Sainte-Barbe, 27. Squemp se trouve deux
fois, Gr. Myst. de Jésus y 146. Au premier passage la traduction de
M. de Le Villemarqué « pair à pair » me semble exacte; le second peut
signifier « Je ferais cinq courses d'un trait plutôt que de renoncer à vous
gagner cette robe ». On a vu plus haut, au mot pankiero, un exemple du
préfixe s- en breton.
On peut ajouter aux mots d'argot français venus du breton esgourne^ {.,
oreille, L. L., bret. skouarny f., à moins que ce ne soit une altération
arbitraire de escoute, f., id., F. M.
M. Francisque Michel a bien raison de douter du rapprochement qu'il
fait entre marque^ fille, et le breton merch.
Mais, inversement, l'étude de l'argot n'est pas inutile pour la science
des origines de certains mots bretons, parfois très innocents.. Diez se
Etudes bretonnes . 51
demande (Dict., p. 538) quel est le rapport du gallois callestr avec le
français caillou,. M. Thumeysen répond, Keltoromanisches 95, que ces
deux mots sont très loin l'un de l'autre. Eh bien! il est possible que cet
éloignement apparent ait été causé par la fantaisie d'un argotier qui,
usant du privilège des malhonnêtes gens, a changé l'ou de caillou en asse;
ce qui a donné caillasse, f., F. M. Ce mot caillasse a été emprunté par
e breton: cailhastr^ P. Grég., a supplanté caillauenn (Cathoiicon) = wi/-
lou. Le gallois callestr ne peut pas plus se séparer du bret. cailhastr que
celui-ci de l'argot caillasse. Du reste, il y a une action continuelle de
l'argot sur le langage vulgaire, et de là sur la langue la plus épurée. Le
recueil de M. Lorédan Larchey est une sorte de purgatoire par où pas-
sent une foule de mots nouveaux ou renouvelés qui fmiront, sans aucun
doute, par entrer dans le dictionnaire de l'Académie, comme la brune
(le soir), la dure (la terre), expression d'argot employée par Boileau, etc.
Le mot caillasse a un emploi spécial en minéralogie, comme l'indique le
grand diaionnaire de Larousse.
MOTS BRETONS
DANS LES CHARTES DE BEAUPORT
(second article i}-
Helegoetj surnom d'Alanus, 1267, p. 179.
Helegon, surnom d'Alanus, 1268, p. 180. DansleCarîulairede Redon,
Helogon^ p. 269, antérieur à l'année 1047. Helogon tient sans cloute lieu
d'un plus ancien Hael-uuocon dont il y a de nombreux exemples dans la
partie la plus ancienne du Cartulaire de Fedon,
Herlariy surnom d'Euro, 1229, p. 87. Voyez les suivants.
Herlanîj surnom d'Eudo, 1202, p. 50; 1250, p. 87; 1231, p. 90;
Voyez Herlariy Herlen.
Herleriy surnom d^EudOy 1201, pp. 48,49. Voyez Merlan,
//^r/iic/zo/i, nom d'homme, 1271, p. 188.
Herveus, nom d'homme, 1 189 [vidimas de 1219), p. 9; 1202^ p. 47;
1212, p. 68; 1217, p. 71 ; 1220, p. 78; 1233, p. 96; 12^7, p. 103;
1238, pp. 105, 107; 1245, p. 118; 1246, p. 123; 1247, pp. 128,
129; 1252, p. 135; 1253, p. 138; 1255, p. 143; 1257, p. 148;
1265, p. 171 ; 1266, p. 173 ; 1266, p. 175 ; 1267, p. 179; 1271, p.
186; 1271, p. 190; 1271, p. 192; 1271, p. 195; 1273, p. 197;
1278, p. 203 ; 1284, p. 206. Ce mot donne lieu à plusieurs explica-
tions ; en certains cas il peut être d'origine germanique et représenter un
franc primitif * Chari-vechas (Foerstemann, Personennamen, col. 633,
634). Dans d'autres cas il peut être identique à Herviou, Enfin le rédac-
teur de la charte, page 62, l'a considéré comme identique à Urvoi. Voyez
le suivant et Urvoi.
Herviouy nom d'homme, 1202, p. ji, paraît identique à Aer-uiu (Car-
1. Le premier article se trouve dans la Revue Celtique, t. III, p. 395.
Mots bretons dans les chartes de Beauport. 5 3
talaire de Redon^ p. 21. Ce mot composé de aer « bataille » et de via
« digne, apte à » signifie « apte au combat ». Voyez le précédent.
Heware, nom d'homme, 1 27 1 , p. 1 88.
Hezre (Li)y suTTiom de Rivallonus, 1256, p. 145. Ds^ns \t Catholicon,
Hezr a hardi », plus anciennement Hedr, par exemple dans le composé
Cur-A^ir a très hardi », Cartalaire de Quimperlé, Gr. C», p. 143. La
forme moderne est en breton her; le d persiste dans le gallois hydr,
Hirois, sumom d'Alanus, 1266, p. 17). Ce nom parait composé de
deux termes : hir « long » et Hoes^ nom d'homme dans le Cartulaire de
Redon,
Hoc dans Plo-hoc, I2}2, p. 91 ; 123 j, p. 95 ; 1246, p. 125 ; 1252,
p. 155. Voyez Hoch, Oc, Ce sont autant de variantes de Ozoc.
Hodel dans Plo-hodel, 1245, p. 120. Voyez Odel, Othel, Hedel. Cf.
Hoidlan, Cartulaire de Redon, p. 220.
Hohc, dans Plo-hohc, 1 242, p. 1 1 ! . Voyez Hoc, Oc et les suivants.
Hozec dsixis PlO'hozec y 1184-1189, p. 8; i25i,p. 1 34; aujourd'hui
en breton de Léon ozac'h ou ozec^h « homme marié » ; mais en Tréguier
oac*h. Voyez Ozec et le suivant.
Hozoc, dans Plo-hozoc, 1 247, p. I27;i2ji,p. I33;i25i,p. 154;
i25j,p. 138*, 1254, p. 140. Voyez Ozoc et le précédent.
Huel [villa] y 1266, p. 173 ; dans Kar-f7uel 1233, p. 96. Huel signifie
« haut ». Comparez le gaulois uxello- dans Uxello-dunum. Voyez Huhel,
Huelin [villa], 1212, p. 68. Le surnom d'homme Huelinus se trouve
dans le Cartulaire de Redon, antérieurement à Tannée 1084, p. 295.
Huhel, dans Kaer-huhel, 1263, p. 166. Voyez Huel.
Hudoc, surnom de Glemarocus, 1268, p. 181. Voyez Huuiloc.
Huîou (villa), 1230, p. 87. Ce mot est peut-être pour huelou et serait
dérivé du même mot que huelin.
Hurevoi, nom d'homme, 1202, p. p. Voyez Urvoi.
Huuiloc, nom d'homme, 1245, p. 119. Voyez le suivant et Huiloc.
Huyloch, surnom d'Alanus, 1298, p. 21 j. Voyez le précédent.
Icum, dans Raer-icum, 1264, p. 168. Voyez Yc.
leny dans Ur-ien, 123 1, p. 90; plus anciennement g^/i « fils de ». j
Inis a île » dans Guiru-inis, 1 184-1 189, p. 8.
Inison, nom d'homme, 1 198, p. 12, dérivé de inis. Voyez Enisan, On
trouve, dans le Cartulaire de Redon, Inisan.
!noc, dans Lesnnoc, 1245, p. 1 1^- ^^^<^ ^st sans doute une variantede
enoc. On trouve dans le Cartulaire de Redon, Inhoc, p. 184, année 875.
Iscuidan, nom d'homme^ i3$9i P- * i^- ^n breton moderne eskuit ou
iskuit « léger, agile ».
s 4 G- Dottin.
Ivias, nom de lieu; 1206 (vidimus de 1225) p. 60; 12^^ p. 92;
1253, p. 96; 1253, p. 159. Voyez les suivants et' Tvifli.
Iviaz, nom de lieu, 1220, p, 77. Voyez le précédent.
Ivyas, nom de lieu, 1263, p. 166. Voyez les précédents.
hOj nom d'homme, 1220, p. 76; 1235, p. loo; 1244, p. 116;
1247, p. 126; i27i,p. 193; 1284, p. 206. Voyez Kvo.
lacutus, nom d^homroe, 1237, p. 104, n'est autre chose que lacu lati-
nisé ; et lacu = lacôb, Gr. C*, p. 1 37. Voyez le suivant et lagu.
IakutuSy nom d'homme, xiii« siècle, p. 220. Voyez le précédent.
lagoretfi , surnom de Gaufridus, 1 2 3 2 , p . 9 3 , peut-être pour * lacu-woret,
lagouy nom d'homme, 1237, p. 103. Voyez le suivant et legoii,
îaga (villa), 1271, p. 193; dans Kaer-iagu^ 1271, p. 191. Voyez le
précédent et lacutus,
ïahan [villa] ^ 1278, p. 202. Nom d'homme identique au bas-latin /o-
hannes. Voyez le suivant et louhan.
lahen^ nom d'homme, 1273, p. 197. Voyez le précédent.
larnagan, nom d'homme, 1244, P* < i7- ^^ ^^^ semble un dérivé de
iarn pour hoiarn « fer ». Comparez larnican dans le Cartulaire de Redon,
p. 97. Voyez aussi Whitley Stokes, The manumissions inthe Bodmin Gos-
pels, Revue Celtique, t. I, p. 342.
larnesan^ surnom de Morvanus^ 12^7, p. 149.
legou, surnom de Herveus, 1272, p. 195.
legouy nom d'homme, 1278, p. 202; 1287, p. 209. Voyez lagou,
loalec [teneura de), 12^7, p. 149.
loreZy àansQuar-iorez, 1263, p. '^7. Voyez lourez.
louhan^ dans Les iouhan, 1284, pp. 205, 206. Voyez lahan.
loure, dans Kaier ioure, 1 244, p. 116; dans Kar ioure 1 245, pp. 116,
117, 120. Voyez les suivants et lorez.
loured [villa], 1261, p. 162; 127 1, p. 190. Voyez lorez, Ioure, lou-
reSy lourez.
loures, dans Kaer-ioures, 1268, p. 181. Voyez les précédents et le sui-
vant.
lourez [villa), 1263, p. 167; 1270, p. 185 ; dans Qzi^r-/our^z, 1263,
p. i Gy ; dans Kaer-iourez, 1271, p. 190. Voyez les précédents.
luallus, nom d'homme, 1263, p. 165. C'est sans doute une variante
de ludalus dont le ^^alors spirant a été supprimé.
ludalus, nom d'homme, 1263, p. 165, plus anciennement lud-hael qm
se trouve au ix^ siècle dans les chartes du Cartulaire de Redon, Dans le
premier terme, M. Whitley Stokes a reconnu le substantif sanscrit yudh
a bataille «, Revue Celtique, t. I, p.J42. Cf. le suivant.
Mots bretous dans les chartes de Beauport. 5 j
ludicaely nom d'homme, 1202, p. 51 ; I2j3,p. 140. Ce mot est com-
posé de deux termes, le premier iudic est un dérivé de iud ; le second est
hael « généreux », Gr. C», p. 100. Voyez plus haut (t. III, p. 412) les
formes les plus récentes Geiiquael et Giziquael.
lugonus (campus)y 1269, p. 184.
Juhelj nom d'homme, 1 245 , p. 121. Voyez le suivant et comparez lud-
had qui, dans le Curtulaire de Redon, nous offre une forme plus ancienne
du même mot.
luhellus, nom d'homme, 1266, p. 173. Voyez le précédent.
luikelj nom d'homme, 1233, p. 97. Comparez ludicael qui, dans ce
mot, a perdu son d spirant.
lulouy nom d'homme, 1246, p. 123, Comparez le nom d'homme /u/m
dans le Cartulaire de Redon.
luzete^ nom de femme, 1245, p. 120. La forme ancienne de ce mot
est ludith, Gr. C, p. 143.
Kacherel{pratam)^ 1269, p. 185.
Kad^ dans Kad-^uaHen, 1273, p. 196. Kad parait identique au gaulois
caiu- a combat ».
Kad-guallen « puissant dans le combat », nom d'homme, 1273, p. 196;
en gaulois Cata-vellauni, nom d'un peuple de la Grande-Bretagne,
Corpus Inscriptionum latinarumy t. VII, n** 863, écrit KatoueXXavoi par
Dion Cassius, 60, 20. Châlons-sur-Marne est appelé civitas Catuellau-
norum dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale 12097 (vi^ siècle).
KadoCy dans Ton-kadoc, 123 1, p. 91. Ce mot est la forme moyenne
bretonne du vieux breton CatoCy Cartulaire de Redon, pp. 1 3, 207. Cf. le
très vieux breton Catacus pour * Catuacos, dérivé de Catu. Voyez Kedoc.
Kadre (Eudo /e), 1231, p. 91. Le vieux gallois cadr signifie « beau ».
Cf. Loth, Vocabulaire vieux-breton, p. 62. Les formes bretonnes sont
cazr {CathoUcon)y aujourd'hui Kaer,
Kaer (village, habitation], dans Kaer-alsi, 1224, p. 81 ; Kaer-aschetel,
1268, p. 182; Kaer-brem, 1274, p. \^<)\ Kaer-brunat^ 1252, p. 136;
Kaer-<rist, 1206, p. 62; Kaer-crois, 1224, p. 81; Caer-croz^ 1239,
p. 108; Kaer-ehoarn, 1271, p. 190; Kaer-en-clezier, 1271, pp. 188,
iZ^', Kaer-en-saCy 1274, p. \()()\ Kaer-for, 1237, p. 104; Kaer-^fraval,
1279, P- 204; Kaer-gemesc, 1271, p. 193; Kaer-gor, 1260, p. 154;
Katr-goziohc, 1242, p. 112; Kaer-grisieny 1287, p. 209; Kaer-haelou^
1278, p. 202; Kaer-hailouy 1233, p. 97; Kaer-hangant, 1267, p. 177;
Kaer-huhely 1263, p. 166; KaerAcum^ 1264, p. id^', Kaer-iagu, 1271,
p. \(^\\Kaer-ioures^ 1268, p. 181; Kaer-iourez, 1271, p. 190; Kaer-
lois, 1235; Kaer-^aeneu, i27i,p. 193; Kaer-neli, 1298, p. 216;
56 G. Doitin.
Kaer-rabel, 1267, p. 178; Kaer-riSy 1263, p. 165; Kaer-saus, 1278,
p. 203 ; Kaer-îanveu, 1268, p. 180. Voyez Car, Ker, Quar, Caer^Quaer,
Kaier, Kair^ Ker^ Quer.
Kaer-alsi, nom de lieu, 1224, p. 81. Voyez Ker-alsi.
Kaer-aschetely nom de lieu, 1268, p. 182.
Kaer-brem, nom de lieu, 1274, p. 199.
Kaer-brunat, nom de lieu, 1252, p. 1 36. Voyez Ker-brunaz.
Kaer-cristy [villa], 1206, p. 62.
Kaer^rois, nom de lieu, 1224, p. 81.
Kaer-croZy nom de lieu, 12^9, p. 108.
KacT-en-cleiier, nom de lieu, 1271, pp. 188, 189.
Katr-ehoarn, nom de lieu, 1271, p. 190. Voyez Car-ehoarn, Kar-
yhoarn.
Kaer-eri'SaCy nom de lieu, 1274, p. 199.
Kaer-for, nom de lieu, 1237, p. 104.
Kaer-fraval, nom de lieu, 1279, p. 204.
Kaer-gemesc, nom de lieu, 1271, p. 193. Voyez Kemesc; le k du se-
cond terme du composé s*est affaibli en g.
Kaer-gor (villa quae vocatur) « ville des nains j>, 1260, p. 1 54. Voyez
Ker-gor.
Kaer-goziohc, nom de lieu, 1242, p. 112, écrit dans la même charte,
p. 113, Kaer gozioch.
KacT-grislen y nom de lieu, 1287, p. 209.
Kaer-hdclou, nom de lieu, 1278, p. 202. Voyez le suivant.
Kder-hailou, nom de lieu, 1233, P- 97- Voyez le précédent et Kar-
hailou.
Kaer-hangant, nom de lieu, 1267, p. 177.
Kaer-lîuhel « ville haute », 1263, p. 166. Voyez Kar-huel.
Kacr-icum, nom de lieu, 1264, p. 168.
Kaerlti, nom de lieu, 1267, p. 179. Voyez Keriïi, Keritit, Quaeriîiy
Queriîi. Kaeriû est probablement pour* Kacr-in-îi » village de la maison ».
Kaeriagu, nom de lieu, 1271, p. 191..
Kaer-ioures, 1268, p. 181. Voyez le suivant et Kaier-ioure, Kar-iourej
Quar-iorez.
Kaer-ioureZy 1271, p. 190. Voyez le précédent.
Kaer-lois^ nom de lieu, charte inédite de mai 1235. Voyez Kar-lois,
KaeMnaeneUj 1271, p. 193. Ce mot paraît signifier « ville de pierre d.
Voyez Quacr-manioa.
Kaer-neli, nom de lieu, 1298, p. 216.
Kacr-rabel [villa'], 1267, p. 178. Voyez Quer-rabel.
Mois bretons dans les chartes de Beauport, 57
Kaer-ris, nom de lieu, 1263, p. 16 j.
Kaer-sauSy nom de lieu, 1278, p. 203.
Kaer-tanveUj nom de lieu, 1268, p. 180.
Kaier, forme plus complète de Kaer. dans Kaier-en-buron, 1202,
p. 47; Kaier-ioure, 1244, p. 1 16.
Kaier^n- buron, nom de lieu, 1202, p. 47. Voyez Car-a-burum, Kar-
a-buron^ Ker-am-buron^ Quar-en-buron.
Kaier-iourey 1244, p. 116. Voyez Kaer-ioures, Kar-ioure^ Quar-iorez.
Kair, variante de Kaier dans Kair-guenargant, 1252, p. i]6. Voyez
Kaier, Kaer.
Kair-guenargant (villa) ^ 1252, p. 156. Voyez Kar^vennargant,
Kamoire. nom d'homme, 1238, p. 106.
Kar, dans Kar-a-buron, i27i,p. 192; Kar-a-burun, 1239, p. 107;
i24r, p. III ; 1271, p. 192; Kar-adeguisen^ écrit aussi dans la même
charie Kar-adeguison y 1263, p. i6y^ Kar-en-goit, 1239, p. 109; Kar-
en-marecy 1264, p. 169; Kar-goazier ^ 1232, p. ^y, Kar-grock, 1242,
p. 113; Kar-hailou, 1246, p. 12^; Kar-huel, 1233, p. ç)6\ Kar-ioure,
1245, PP- ïï^> ï*7» ï2o; Kar-lois^ ^235, p. 100; 1238, p. 107;
Kar-maurou, 1232, p. 92; Kar-mor, 1231, p. 90; Kar-provost, 1245,
p. 120; Kar-pure, 1245, P- ^^9» Kar-vennargant^ 1232, p. 91; Kar-
yhoarny 1238, p. 107. Variantes orthographiques : Car et Quar, Voyez
Caer, Kaer.
Kar-a-buron, 1271, p. 192. Voyez le suivant et /Ca«>r-e/i-fcuro/i, /Cer-
am -baron, Quar-en-buron.
Kar-a-burun^ 1239, p. ï07j '241, p. m; 1271, p. 192. VoyezCar-
a-burum.
Kar-adeguisen, écrit aussi, dans la même charte, Karadeguison, 1263,
p. 165.
Karadou, nom de femme, 1267, p. 178.
Kar-baalou, nom de lieu, 1233, p. 98.
Kar-bres^ nom de lieu, 1 242, p. 113.
Kar-en-goii « village du ruisseau », 1239, p. 109.
Kar-en-marec « village du cavalier », 1264, p. 169.
Kar-gouzier, nom de lieu, 1232, p. 93.
Kar-grock, nom de lieu, 1242, p. 113.
Kar-hailou, nom de lieu, 1246, p. 123. Voyez Kaer-hailou.
Kar-huel [terra quae vocatur), 1253, p. 96. Kar-huel signifie « bourg
élevé ». Voyez Kaer huhei
Kar-ioure, nom de lieu, 1245, pp. 116, 117, 120. Voyez Kaer-ioureSy
Kaier-iourey Quar^iorez,
58 G, Dottin.
Kar-/oû, nom de lieu, 1235, p. 100; 1238, p. 107. Vojtz Kaer-lois.
Kar-nnaurou^ nom de lieu, 1232, p. 92.
Kar-mor « grande ville », 123 1, p. 90. Voyez Kar-moer.
Karou, nom d'homme^ IH5> P* ^H-
Karou-de-bocahoUy nom d'homme, 1220, p. 77.
Kar-provost, nom de lieu, 1245, p. 120.
Kar-pure, 1245, p. 119.
Kar-vennargant, 1232, p. 91. Voyez Kair-guen-argant.
Kar-yhoarn, nom de lieu, 1238, 107. Voyez Car-^ehoarn,
Ke (sanctus)^nom de lieu, 1237, p. 102 ; 1247, p. 124.
Kedoc, dans Ton-kedoCy 1239, p. 108. Woy tz Kadoc,
KeUnnec (Philippus dt)^ 1268, p. 181 ; — (Philippus du)y 1269, p. 182.
Kelennec est dérivé de Kelen a houx » , au singulier KeUnnen, et signifie « hous-
saie ».
Kemaroci (Alanus) 1271, p. 187. Voyez le suivant.
Ke-marrec, 1241, p. 110. Probablement le môme que Ken-maroc, Ken-
marhoc fréquent dans le Cartulaire de Redon, Voyez le précédent et
Quen-marocus,
Kemenetunij nom de lieu, 1287, p. 209; 1296^ p. 214. Ce mot est
écrit Keminet au xi* siècle^ Kemenet au xii* dans des chartes du Cartulaire
de Redon, pp. 242, 338. Il est étymologiquement le participe passé
du verbe Kemenna « mander, recommander » qui lui-même n'est autre
chose que le latin commendare,
Kemesc [villa^ 1271, p. 192. Voyez en composition gemesc, dans
Kaer-gemesc,
Kenec, àsixis Kenec-farau, 1269, p. 18 j. Comparez le moyen-breton
Quenec «en haut », (CathoUcon) ; en breton moderne creac^h « éminence ».
KeneC'farau [cimiterium], 1269, p. 185.
/Ter, variante de Kaer, dans Ker-alsi, 1220, p. 73; Ker-am-huron,
1266, p. 173; Ker-brunaz^ 1240, p. 109; Ker-gor, 1263, p. 166 i
Ker-mariay 1453, p. 220; Ker-moysan^ 1298, p. 215; Ker-ptiozen,
1 298, p. 215. Voyez Kaer.
Ker-alsi, 1220, p. 73. Voyez Kaer-alsi.
Ker-am-huron^ 1266, p, 173. Voyez Kar-a-buron, Kaier-en-buron.
Ker-brunaz [villa], 1240, p. 109. Voyez Kaer -brunat.
Keres (crux),i2 33, p. 96.
Ker-gor, 1263, p. 166. Voyez Kaer-gor.
Keritiy 1184-1189, p. 8; 1202, p. 48; 1219, p. 72; 1222, p. 78;
1224, p. 80; 1227, p. 85 ; 1230, p. 88; 1239, p. iû8; i25$,p. 142;
1260, p. I j6; 1265, p. 170; 1266, p, 173 ; 1268, p. 182, '271. p.
Mots bretons dans les chartes de Beauport, 59
186; i27i,p. 192; 127J, p. 197. Voyez le suivant et Queritij Kairitij
Qaaeriti^ KyrùL
Keritit {parrochia de], 1 2; i , p. 91 . Voyez le précédent.
Ker-^maria, nom de lieu, 14J j, p. 220.
Ker-moysan, nom de lieu, 1298, p. 215.
Ker-priozen (villa de), 1298, p. 215.
Kemelli (villa), 1294, p. 214 note.
Kestel (decimagium ^f), 1218, p. 72; 12^1, p. 89; 1237, p. 10;;
i24i,p. m; 1242, p. 112. /Ce5f^/ est le pluriel de Xî25/e/« château»;
il suppose un bas latin castellus, nominatif pluriel castelli. Voyez Gastel.
Kyriti, 1269, p. 183. Voyez Kaeriti, Keriti, Keritit, Queriti, Quaeriti.
Koz «vieux » avec sens de mépris daus Kcz-kaer, 1267^ p. 178.
Voyez Coz, t. III. p. 407. Le plus ancien exemple de ce mot, coth, est
fourni par le vocabulaire comique du xiii' siècle^ Gr. C, 1069; cf. 1 j i.
Koz-kaer^ 1266, p. 178. Voyez Coz-quaer, Quoz-quaer.
Lae, nom d'homme, 1267, p. 178.
Laeis [iiii laeis et m vitulos) 1245, p. 118. Voyez loeis,
Laem (aqna que dicitur), 1277, p. 201. Voyez Laim, Leim, Lem,
Leym,
Lagadec, surnom de HamOy 1271, p. 191 ; ce mot dériAé de lagad
0 ail »^ au XV' siècle lagat, en gallois vers la même époque llygat^ veut
dire « qui a de beaux yeux ou de gros yeux » ; on trouve au xv" siècle
la variante Lagadeac.
Laim (aqua de), 1224^ p. 80 ; 1234, p. 99. Voyez Laern^ Leim, Lem,
Leym.
Lam <t main » dans HarAam, 1 198, p. 12.
Lan, dans Lan-gonio, 1247, p. i2i\Lan-gorlay 12 56, p. i/^y^Lan-lop,
1237, P- ÏÛ2; 1239, p. 108; 1252, p. i3j; 1263, p. 167; 1266, p.
175; 1267, pp. 178, 180; 1268, p. 181; Lan-loupy 1263, p. 166
note; 1266, p. ijy, Lan-neber, 1235, pp. 100, loi; 1245, p. 119;
1263, p. 167; 1268, p. 181; 1270, p. 186; 1271, p. 192; Lan-
neez^ 1 184-1 189, p. 8; Lan-nevez, 1248, p. 129; 1267, p. 178; Lan-
niber, 1232, p. 93 ; Ld/2-mfctfr/, 1233, P- 9^; '-^an-nidicy 1198, p. 12;
Lan-nitiCy 1266, p. ij}: Lan-nitich, 1233, p. c^y; Lan-nues, 1202, p.
4SyLan-nynec, 1271, p. \^y, Lanserf^ i27i,p. iS(); Lan-vas, 1247,
p. \2i] Lan-vigneuc, 1267, p. 17^ y Lan-volom, 11^^ (vidimus de \ 2 \^)
p. 9; 1263, p, 165; 1267, pp. 178, 179; 1268, p. 182; 1271, p.
186; Lan-volon, 1215, p. 71 ; 1224, p. 81 ; 1228, p. 86; 1235, p.
ïoo;i244, p. iï7;'245«P- ïï8; 1258, p. 149; 1260, p. 158;
'26ç, p. 170; 1266, pp. 175, 174; 1267, *p. 177; 1268, p. 181;
6o G. Dottin,
1269, pp. 183, 184; 1278, p. 203; Lfl/i-vo/um, 1237, p. 103 ; Lan-
vonom, 1264, p. 170. Lan signifie en général « terre possédée » et en
particulier « terre possédée par une communauté religieuse^ monas-
tère ». Voyez Lann, Lanna,
LanabasCy 1 2 5 1 , p . 133. Voyez ALmasbacq,
Lan-gonio [abbacia de], 1247, p. 128.
Lan-gorla, 1256, p. 143.
Lan-lop, nom dt lieu, 1237, p. 102; 1239, p. 108; 1252, p. 135;
1263, p. 167; 1266, p. 175 ; 1267, pp. 178, 180; 1268, p. 181 .Voyez
ie suivant.
Lan-loup, nom de lieu, 1263, p. 166, note; 1266, p. 173. Voyez le
précédent.
Lann, dans Lann-yiniec, 12^7, p. 149. Voyez Lan et le suivant.
Lanna maudeti, nom de lieu, 1237, p. 102. Voyez Lan et le précé-
dent.
Lan-neber, nom dtlkUi 1235, pp. 100, ici ; 1245^ p. 119; 1263,
p. 167; 1268, p. 181; 1270, p. 186; 1271, p. 192. Voyez Lan-
niber.
Lan-neeZj nom de lieu, 1 184-1 189, p. 8. Voyez le suivant.
Lan-nevez^ nom de lieu, 1248, p. 129-, 1267, p. 178. Voyez le pré-
cédent .
Lan-niber, 1232, p. 9^. Voyez Lan-neber et le suivant.
Lan-nibert, 12 3 î, p. 98. Voyez le précédent.
Lan-nidiCf ii98,p. 12. Voyez les suivants.
Lan-nitiCy 1266, p. 173. Voyez le précédent et le suivant.
Lan-nitich [parrochLi], 1233, p. 97. Voyez les deux précédents.
Lan-nues {ecclesia\ 1202, p. 45. W oytz Lan-nevez,
Lann-vinleCf nom de lieu, 1257, p. 149. Voyez Lan-vigneuc,
Lan-nynec, nom de lieu, 1271, p. 193.
Lan-serfy nom de lieu, 1271, p. 189.
Lan-ternac (abbaye), 1247, p. 127. Voyez le suivant.
Lantrenac (ahb3je), 1247, p. 127; 1247, p. 128. Voyez le précé-
dent.
Lan vas (abbaye^, 1247, P- ^28.
Lan-vigneuCy nom de lieu, 1267, p. 178. Voyez Lann-viniec.
Lan-volom^nôm de lieu, 1189 [vidimus d^ I2i9),p. 9; 1263, p. 165;
1267, pp 178, 179-, 126S, p. 182; 1271, p. 186. Voyez les sui-
vants.
Ltzn-vo/0/2, nom de lieu, 1215, p. 71; 1224, p. 81; 1228, p. 86;
1 23 j, p. 100; 1244, p. 117; I24J, p- Ï18; 1258, p. 140; 1260, p. 158;
Mots bretons dans les chartes de Beauport. 6 1
1265, p. 170; 1266, pp. 17}, 174; 1267, p. 177; 1268; p. 181;
1269, pp. 183, 184 ; 1 278, p. 203 . Voyez le précédent et le suivant.
Lan-volum^ 1237, p. 103, Voyez les précédents.
Lan-vonom, 1264, p. 170. Lan-vonom est peut-être une faute pour
Lan-volum .
Largai, surnom d'Herveus^ 1266, p. 173.
Laryesty nom de lieu, I2J7^ p. 149.
Laux, dans Car-laux, 1252, p. 136.
Leau, surnom dtClemarocus, 1284, p. 206.
Leffant, surnom d^Eudo, 1 301, p. 217.
Leim (rivière), 1220, p. 74; (aqua]y 122^^ p, 7^ \ ipons de), 125$,
p. ICI . Voyez Laem, Laim, Leim, Lem, Leym.
Leirbechami {domus)^ 1220, p. 73.
Leis a cour », dsins Leis-diycZ, 1245, p. 119. Voyez LeSy Leys^ Lis.
Leis'divez « cour de la fin d, nom de lieu, 1245, p. 119.
Lem iponsde)^ 1246, p. 123; (rivière) 1247, p. 124; 1258, p. 149;
(aqua) 1258, p. 151; 1260, p. 154; 1263, p. 166; 1264, p. 168;
1264, pp. 169, 170; 1269, p. 18 j. Voyez L^em, Laim, Leim, Leym^
Liem.
Len-guerj nom de lieu, 1255, p. 142. Ce mot paraît signifier a étang
du village ».
Leno, -onisy nom d'homme, 1271, p. 189.
Leran^ dans Coet-leran, 1268, p. 182. Voyez les suivants. Ce mot se
trouve dans le Cartulaire de Redon, p. 309, année 990.
Leriany dans Coit-lerian, 1245, p. 120. Voyez le précédent et le sui-
vant.
Lerien^ dans Coit-lerieny 1245, p. 120; Coet-lerien, 1263, p. 167.
Lerouy surnom de Symon, 1284, p. 207.
Les a cour », dans Les-inoc^ 1245, p. ^ '^> Les-ioahan, 1284, p. 205;
Les-mellu, 1228, p. 86, Les-menau^ 1268, p. 180; Les-menehi, 1271,
p. 192; Les-quit, 1266, p. 176. Voyez Lis^ Leis, Leys.
Les-inoc {grangia t/^), 124^, p. 118.
Les-iouhan, nom de lieu, 1284, p. 205.
Lesmellu, nom de lieu, 1228, p. 86.
Les-menau^ 1268, p. 180.
Us-menehi, 1271, p. 192. Voyez Leys-mynehy, Lis-minihi,
Les-quit (eccUsia beatae Mariae de], 1266, p. 176.
Levezere (villa) y 1267, p. 178.
Leym, variante de Lem, 1263, p. i65. Voyez aussi Laem, Laim.
Leys « cour » dans Leys-mynehy, 1280, p. 204. Voyez Leis, Les, Lis,
62 C. Doiiin,
I
Leys-mytiehy, 1280, p. 204. Voytz Les-menehi^ Lis^minihi.
Liem (rivaria de) 1256, p. 14 j. Liem est peut-être pour Lem.
Lis\ii cour »» dans Lis-minihi^ 1247, p. 126; 1254, p. 140. Dans le
Cartulaire de Redofiy on trouve Lis-nawio « nouvelle cour ». Cf. Loth,
Vocabulaire vieux-breton j p. 175 . Voyez Leis^ leSj Leys.
Lis-minihi^ 1247^ p. 126; 1254, p. 140. Voyez Les^menehi^ Leys-
mynehy,
Lixinuec [terra de), 1212, p. 68.
Loy dans Ple-lOy 121 1, p. 68. Voyez Lou,
Loeis: 1 juvencam et i loeis; 1245, p. 118. Comparez le gallois llo et
le breton leué « veau » ; en vieux comique loch et en irlandais lâeg. Gr.
C», p. 107J; cf. p. 272.
LoeSj nom d'homme, 1266, p. 172; dans Loes-oarn, 124J, p. 117.
Voyez Lois. Loes est en gallois laes « loi ».
Loes-oarriy nom d'homme, 1 245, p. 117. Le Cartulaire de Redon donne
pour ce nom la forme Loies-hoiarn,
LoiSy dans Kar4oiSj i2)Sf P- >oo; I2}8, p. 107. VoyezLo^i.
LopydsLXiS Lan-lop^ 12)7, p. 102; 1239, p. 108; 1252, p. 135;
126}, p. 167; 1266, p. 175; 1267, pp. 178, 180; 1268, p. 181,
Voyez Loup.
Lou, dans Ple-lou, 1202 (vidimus de 1275), p. 48; 1206 [vidimus de
1225), p. 62; 121 1, p. 68; 1224, p. 80; 1229, p. 87; 12)3, p. 94;
1233, p. 98; 1235, p. 100; i238^p. loj; 1242^ p. 112; 1247, pp.
124, 126; i25i,p. 134; i.2j5,p. 143; 1256, p. 143; 1258, p.149,
I2j9,p. i$2; I26i,p. 163; 1264, p. 169; 1269, p. iS^î I2â9>
p. 184; 1300, p. 2\7\ Ploe-loUy 1260, p. ij8; I27i,p. 186; P/o/-
lou, 1202^ p. 46. Voyez Lo. On pourrait rapprocher de ce mot le vieux
gallois lou a lumière », Gr. C>, p. 106, qui se retrouverait dans le nom
propre Lou-morin du Cartulaire de Redon.
Louen, dans Tre-louen, 1260, p. i j8. En moyen breton /oii^/i veut dire
« joyeux ». On trouve dans le Cartulaire de Redon le dérivé Louuenan.
On dit aujourd'hui en breton laouen et en gallois llawen. Gr. C, p. 82.
Loup, dans Lan-loup, 1263^ p. 166 note; 1266^ p. 173. Voyez Lop.
Loup parait être le latin lupus.
Luziety surnom de CaufriduSj 1258, p. 149; nom d'homme, 1260,
p. 159.
Maen^ dans Maen-guen, 1260, p. 156; 1268, p. 180. Maen signifie
« pierre ». Ce mot est employé comme nom d'homme dans le Cartulaire
de Redon. Voyez Main et Men.
Maeneuj dans Kaer-maeneu, 1271, p. 193; c'est un dérivé de maen.
Mots bretons dans les chartes de Beauport. 6^
Maen-guen(urra]y 1260, p. 156; 1268, p. i8o. La signification de ce
nom est « pierre blanche ».
Maenou (fons)^ 1260, p. 1 59. Ce mot est sans doute dérivé de Maen.
ilfa//{ « pierre x» dans Main-gai^ 1222, p. 78; 1247, p. 128; dans
Coit-main, 12^7, p. 147. Nous trouvons cette forme main dans les
gloses comme second terme du composé cronn-main; Loth, Vocabulaire
vieux-breton, p. 89. Woytz Maen^ Men,
Main-gai^ nom d'homme, 1 222, p. 78; nom de moulin, 1 247, p. 1 28.
Dans le Cartulaire de Redon on trouve le nom d'homme Maen-Ki qui s'ex-
plique par « chien de pierre ». Voyez Men-gui.
Manus, surnom de RuallenuSy 126$, p. 171. Forme latinisée de
Main.
Mais « champ », dans Mais-cam^ 12451 P- 121. La forme ordinaire de
ce mot est tnaes^ maez.
Mais^am (champ appelé L^), 1245, p. 121 ; ce mot signifie « champ
du boiteux ».
Maies ^ nom d'homme, 1 198, p. 12.
Maloan, dsimCot-maloan, 11 98, p. ii^Coit-maloan, 1247, p. 128.
Maniou^ dans Ottaer-maniouy 1260, p. i $7. Maniou est probablement
une mauvaise leçon pour mainou. Voyez Maeneu et Maenou,
Mar, dans Guihe-mar^ 1202, p. 45, parait avoir perdu un c final,
voyez le suivant et Marcus.
Marc^ dans Garz escomarc^ 1 2 $9, p. 152. Voyez Marcus,
Marcade^ nom d'homme, 1237, p. 103. Le second terme de ce mot,
cadej peut être rapproché du nom d'homme Cate du Cartulaire de Redon.
Marcus^ dsms Cuido-marcus, 1235, p. 100; 1271, p. 186; 1278,
p. 203; 1298, p. 215. Comparez le gaulois marca « cheval ». Voyez
Marc.
Marec^ dans Gle-mareCy 1 189 (vidimus de 1219), p. 9; 1202, p. 45;
1245, pp. 119, 120; dans Quâr-^/z-m^r^c, 1264, p 169, écrit aussi
Kar-en-marec dans la même charte. Marec est écrit Marhoc, et Marhuc
dans le Cartulaire de Redon. Ce mot veut dire « cavalier ». Comparez le
gaulois marca « cheval de guerre ». Voyez Marrec^ Marochus et Ma-
rocus.
Marhoken, dans Caer-markoken, 1264, p. 168, est un dérivé de ilfarAoc
t cavalier ».
MariUy dans Ker-maria^ 1453, p. 220.
MarkeruSf nom d'homme, 1 287, p. 209. Dans le Cartulaire de Redon
Marcherius et Marquerius. Ce, nom qui ne parait pas avant le xi* siècle^
semble être d'origine germanique. La forme germanique latinisée la plus
64 G. Dottin.
ancienne est Marcharius (viii« siècle). Foerstemann, Personennamerij
col. 91;.
Marochus, dans Quin-marochus^ 1255, p. 137. Voyez Marec et le
suivant.
Marociy dans Ke-marocif 1271, p. 187. Voyez Marocus.
MarocaSy dans Gle-marocus, 1220, p. 7?; 1252, pp. 154, 136;
1267, p. 179-, 1268, pp. 180, 181; 1284, p. 206; dans Cfeu-marocw,
1 2 j I , p. 133. Voyez Marec et les précédents.
MarreCy dans Ke-marrec^ 1241, p. 1 10.
Marrigon, dans Coit-marrigoriy 1 25 1 , p. 1 5 3. Ce mot paraît être dérivé
du précédent.
Marus, dans GuidO'maruSy 1237, p. 104; 1263, p. 167. M ar us est
ici pour Marcus. Voyez Cuido-marcus,
Matelion [terra] y 1260, p. i j8.
Maurou^ dans Kar-maurou, 1232, p. 92, parait être dérivé de maour
a nègre » qu'on trouve chez Lagadeuc.
Mauvedat, dans Ran-mauvedaty 1245, p. 11 6 note.
Meclic, nom d'homme, 1232, p. 93.
Meisiy surnom de GaufriduSy 1246, p. 123.
Mely dans Mel-veu^ 1 202, p. 51. Mel est pour Mael plus anciennement
maglus « prince ».
Mêler y dans Tre-meler, 1261, p. 163.
Melgaty dans Tre-melgaty 1224, p. 80. Comparez Maelcaty Cartulaire
de Redoriy p. 83.
ilfe//u, cans Les-meUuy 1228, p. 86.
Melou [îerra]y 1253, p. 139; nom d'homme, I27i,p. 189. Ce mot
paraît être dérivé de Mael.
MelveUy nom d'homme, 1202, p. Ji, pour mael-veu « digne d'être
prince ».
Meriy dans M en-gidus y 1253, p. 137; M en-gui y 1245, P- ^^o; Men-
guiduSy 1244, p. 115; 1246, p. 123; 1247, p. 129; 1267, p. 178;.
I27i,p. 193; 1294, p. 21 2 'y Men-guitus y 1260, p. \^(). Voyez M aen y
Main,
MenaUy ds^ns Les menauy 1268, p. 180. Comparez Maeneu.
Menehiy dans Les menehi. 1271, p. 192; Menehi se trouve sous cette
même forme dans le Cartulaire de Redon, Il signifie « monastère, asile».
Voyez Minihiy Mynehi^
Men-giduSy 1253, p. 137. Voyez Men-guidus, Men-guitus.
Men-guiy 124J, p. 120. Comparez Maen-Ki du Cartulaire de Redon,
Voir Main-gui,
Mots bretons dans les chartes de Beauport, 6 5
Men-guidi ifons)^ 1267, p. 178. Voyez les suivants.
Men^guidus^ 1244, p. iij; 1246, p. 123; 1247, p. 129; 1271,
p. 195; 1294, p. 212. Voyez Men-guidas^ Men-guitus et le précédent.
Men-guitus, 1260, p. 1J9. Voyez Men-gidus et les précédents.
Tous ces mots sont des formes latinisées de Men-gui. A Men-guitus formé
sur Men-gui, on peut comparer lacutus formé sur lacu.
Mer [Le], surnom de Jean, 1267, p. 178. Ce mot forme le premier
terme du composé Mer-alt, Cartulaire de Redon, pp. 39, 194.
Merian, nom d'homme, 1222, p. 78. Se trouve dans le Cartulaire de
Redon sous les formes Merian, Merion, Ce mot est dérivé de Mer,
Merianus, nom d'homme, 1268, p. 181 ; 1271, p. 186; 1271, p. 190.
Voyez Merian, Merien, Meryanus.
Merien, surnom à'Alanus, I2j8, p. 106. Voyez Merian.
Merouj surnom de Rivallenus, 1271, p. 186, est un dérivé àeMer.
Meryanus, nom d'homme, 1278, p. 202. Voyez Merianus.
Meu [villa), 1267, p. 179.
Af/c dans Ple-mic, 1233 P- 95*
Minihi, 1202 (vidimus de 1274 ou 1275), p. 48.
Minihi, dans Minihi-briach, 1224, p. 81 ; dans Lis-minihi, 1247,
p. 126; 1254, p. 140. Voyez Menehi, Mynehi.
Minihi-briach, nom de lieu, 1 224, p. 81 .
iVo^r, dans Car-moer, 1252, p. 136. Voyez, Mor.
Mohon (parrochia de], 1243, p. 115.
Mor, dans Kar-mor, 1 23 1 , p. 91 . Voyez moer. Mor et moer (prononcez
mem^ sont peut-être l'adjectif vieux breton mor « grand »'en breton mo-
derne meur, en gaulois mârus. Voyez Loth, Vocabulaire vieux-breton^
pp. 182, 188.
Aforvâ/iu5, nom d'homme, 1184-1189, p. 8; 1257, p. 149; dans le
Cartulaire de Redon, on a la forme plus ancienne, Morman.
Morielles [Oliverius de], 1238, p. 105.
Mynehi^ dans Leys-mynehi, 1280, p. 205. Voyez Menehi, Mynehi et le
suivant.
Mynehy, dans Leys-mynehy, 1280, p. 204. Voyez le précédent.
Myron, surnom deHerveus^ 1266, p. 175.
G. DOTTIN.
(A suivre].
Rev. Celt. VU
TWO IRISH I^TH CENT. VERSIONS
OF
SIR JOHN MANDEVILLE'STRAVELS
The late D*" Todd in the Proc. R. I. A. Irish MSS. séries 1870,
pp. 66y etc., in describing an irish MS. of the 1 5th cent, preserved at
Rennes, first made known the existence of a gaelic version of sir John
Mandeville's well known travels. To that notice the reader is referred
for full information connected with its history and contents. The interest
of the communication is.enhanced by the addition of the irish pré-
face, accompanied by an english translation — But when at p. 76,
he says, « we learn from it (the préface) that this book was transcribed
at Rossbroin in the country of the Hy n-Echach Mumhan », etc., —
] think he leaves the impression that the Rennes MS. contains the
translation made by Finghin O'Mahony himself. This is however a
mistake, as will be shewn lower down. The tract is comprised between
fol. 52a col. 2 and 68b col. 2, but for convenience in future références
the letter will be omitted and the number given ofthe column, of which
there are 4 in most of the folios.
D^ Todd expressed a strong belief that useful giossorial results might
be expected, if this translation were transcribed and printed. It has
unfortunately fallen to the lot of a mère dilettante, untrained in the
discipline of modem philology, ignorant four and a half years ago of a
word of irish, to extract the virtue out of this gaelic tract, without prin-
ting it in full. Though so ill equipped for performing the task I hâve
attempted, first to picture in miniature the more saiient features ofthe
language at the close of the 1 jth cent. ; secondly to exhibit the diffé-
rences between the Rennes and the Egerton MSS.; though to save repe-
Versions of Sire John Mandeville's Travels. 67
titions thèse two opérations are combinée! ; thirdly to give a vocabulary
of ihe rarer words. Hère I hâve gone togreater lengths thanmay atfirst
sight seem necessary. As a matter of fact, though it contains some inte-
resting words, they throw little or no h'ght on the considérable number
of unexplained or doubtfui words to be found in the various indexes of
M'. W. Stokes' publications and the glossary of Prof. Windisch. This
has been done in the historical interests of the language, to record sur-
vivais which soon passed out of use and to register words of more
modem origin, some of them still current, though there is nothing in
print to shew that they were so in the i $th century.
Hère I ought to express the obligation I am under to M. Alphonse
Vétault, the learned archivist and Librarian of the Public Library at
Rennes, for readily giving me every facility for making a transcript of
the MS. and for permission to make the use of it that I hâve done.
The other copy is at the British Muséum, marked Egerton 1781. It
is very inferior in almost every respect, especially in the writing, but
contains about a folio more of matter at the end. Both terminate
abruptly, but what is missing from Eg. is comparatively small. It is
comprised between ff. 129, col. i. and 146, col. 4 according to the
figuring by folios in pencil, and between pp. 2^5 and 299, as paginated
in ink. I hâve adopted the folio notation. Fol. 132 is a mère slip about
I inch wide, and others are mutilated. but before being written upon,
so that the text has not suffered. The ink is very pale in places, espe-
cially at the beginning.
There should be no doubt about the date of the original translation.
It is stated R. 53.3, that Fingin fmally put it into gaelic in 1475.
Dr Todd has read it 1472 through mistaking a .u. for a .1 1. But the
u. is clear I think and a . 1 1 . would hâve two dashes over it — Eg.
also readsi47j. Then follows a list of 22 contemporaneous chiefs in
différent parts of Ireland, traced back for 3 and 4 générations. D' Todd
bas omitted one, on p. 75 top line after 'og' add — mhac Dondch^ii^
os cin/i Ealla 7 Concubur — The dates of death of several of thèse may
be traced in the 4 masters. One indeed died in 1472, Fingin mac Mie
Con of the O'DriscoU mor. Then Cormac mac Donchada of Hy Cairpre
in 1477, Diarmait ofthe O'Sullivan's of Berre in 1485. Tadgcaochmac
Uilliam ofthe O'Kelly's of Hy Maine in i486, Enri mac Eogan 0*Neill
in 1489, Cathair mac Cuinn ofthe 0'Connor*s of Failghe in 1493, Con-
cubar mac Toirrdealbach of the O'Brians of Thomond and Fingin mac
Diarmata O'Mahony, the translater of the book in 1496. The 4 Mast.
describe the latter « as a gênerai supporter of the humanity and hospi-
68 John Abercromby.
tality of W. Munster, a wise man, learned in latin and english ». The
ann. of Loch Cécall him « the most learned man of his time in latin and
English ».
The first line of R. opens with « Locc don lebursa Ross Broin a
crich h. n- Echach Mu/nan » (Rossbrin, parish of Skuli,barony of West
Carberry county Cork.), but that refers to Fingin's original translation.
The Rennes copy to judge from a marginal note at the foot of f. 69 in
the same hand as the text, was written on Maundy thursday at Cill
Creidhe, now Kill Créa on the river Bride, about 8 miles N. of Bandon,
County Cork. « Dardein man/idâla indiix 7 ar com^rci an f/r docaithes
indiix damh 7 a Cill Creidhi damh 7 dom aithni ni gùitrengâc/z an
muindterga tii )>>. So if R. was not copied exactly in 147J, itis allowable
to infer from the above obits that it is a very eariy copy, made perhaps
within a couple of years of that date.
The Eg. copy differs very materially from R. in one respect. Though
it opens with the same words, it reduces the list of chiefs to seven, by
omitting ail the southern names but two, including Fingin O'Mahony,
and adding three fresh northern names. The Mac Mahon (of Oriel), the
0*Reilly and the 0*Rourke of Breifny. This territory was included in
the modem county of Leitrim and the W. corner of Cavan. The deaih
of Tadg, chief of the O'Rourke's I hâve not found, but he was made
chiefin 1468.
The head of the Mac Mahon's (of Oriel) died In 1484 — so this copy
cannot be later than that — and the O'Reilly in 1487. That this copy
belonged to or was made by an 0*Rourke is probable from a marginal
note at the top of Eg. 1^7. It consists of 2 lines, but most ofthe
upper one has been eut away by the binder. In the middle of the
lowerline is a full stop, followed by — Misi Brian O'Ruairc 7 nî fo mo
Wur don-cru/A-sa ? — Though it seems a totally différent hand from
the text, I think both might hâve proceeded from the same person. The
words, if I understand them properly — not good is my letter formed
in this fashion — seem to imply he was dissatisfied with ,the trial. The
letters are greatly better formed than in the text and so would hâve
been more troublesome to write. We can even assign a reason why an
O'Rourke should be specially interested in an account of the holy Places
The ann. of L. Ce and the 4 Mast. mention that Malgarg O'Rourke, lord
of Breifny in theyear 1 2 3 1 , had died on a pilgrimage to the River Jordan.
I. Maundy thursday today and (1 am) under protectipn of the man today that eats
an ox and at Cill Créa an ox and to my knowledge thou art no false-fasting (read gu~
trcdnachf) unkindiy person. In the MS. 7 is aitached to dirrih as if oneword, damhedj
Versions of Sire John Mandeville's Travels, 69
A document that represents to a considérable extent the language of
Breifny has a further claim on our interest. If the marginal note in the
San Gali cod. — do innis Maddoc dùn .i. meisse 7 Choirbbre,* Sg.
194a — may be taken as an indication that the glosses of that MS.
were writien on that island, fhen they were written in Breifny and the
language of Eg. is their direct descendant. The fact of living on an
island in winter as the notes — feria Cai hodie (20 Feb.) Sg. 50a, fel
Martain (11 Nov.) 70a — indicate, give an adéquate reason for not
fearing an attack from the tierce Norsemen — is acher in gaith etc.
ii2a.b., when the winter storms were blowing. — The Unes begin-
ning — dom farcai fidbaide fàl etc. 2o^a.b., Fommchain côi etc.
204a. b. were suggested later on between April and July when the
cuckoo is heard calling in the wood and the trees are in full leaf.
St Maeddc of Ferns who gave his name to the island was 8th in descent
from Colla liais, L. Br. 14*, 4 Mast. A.d. 1496 n. and so of a northern
family. It is probable enough that the writer of the glosses was a native
of no distant locality. Names are apt to run in familles. The name
Damun shianach. Sg. J2a, finds a parallel in Damannscen mac Doimeni
mac Coirpre, 8th in descent from Colla da crich, L. Br. i4d and in
Damonoc oilit/r, son of Saran of the race of Niall of the 9 hostages, L.
Br. 14 top margin. Ruadri, Sg. 1 ^9a, is I think more a northern than a
Southern appellative.
Assuming that R. represents very nearly the original south Munster
version and that Eg. v^as copied and modified a little later in Breifny,
by collecting their différences I hâve hoped to throw a glimmer of light
upon the state of dialects in the north and south of Ireland during the
last half of the i5th cent. The date 1475 is a well defmed epoch as it
nearly halves the distance between our owntimes and the roiddie of the
I2th cent, when the later parts of the B. of Leinster were written.
Though the resuit is indecisiveon many désirable points, it quite proves
in a gênerai way that then, as now, the south was more conservative
than the north. It is évident the language of the north' had arrived at a
rather more modem stage than it had done in the south.
Before proceeding further it is well to shew proof that R. is not, as
D' Todd's words rather lead one to believe, the original translation made
by Fingin and to illustrate how the two copies respectively agrée with
or differ from the English original. The latin version (Alosta.^ 1478 P)
differs so very materially in so many respects from the Eng. éditions of
1568, 1670, and 1725 (reprintedin Bohn's Libr.), from the Italian (Bon-
nonia 1488) and from the French (Paris 1 560?), that Fingin could hâve
70 John Abercromby.
made no use of such a version in his translation. He seems also to hâve
been unacquainted with french as « cuir bouilli » is translated by
« mitai » R. 68 . 1 . The words enclosed in square brackets always imply
the Eg. reading. It will be found they sometimes stand for an addition
to the text, sometimes are a variant of th^ words preceeding them. The
sensé will, I think, easily shew the différence. Figures of référence
placed after an irish passage always refer to R. unless otherwise indi-
cated. Though the corresponding référence to Eg. is often given after
that to R. it must not be thought that the unbracketted portions are
exactly identical with Eg. The différences of spelling, accentuation,
aspiration and of small additions are so very numerous that, when not
spécial necessary, for convenience sake they are left unnoticed. In-
verted commas are affixed to the corresponding Eng. quotations, for the
most part taken from Bohn*s édition of 1725 .
I. Instances in which Eg. is doser to the original than R. ata slidhi
timchil 6 iarlhar an domhain [co Jarus^Um] can dol [ar faircci docum
JârusaUm .1.] don Alraaine 7 do Pnus, i.6r. Eg. 137. i. « There is
one way, ail by land, to Jérusalem without passing any sea. It lies
through Germany and Prussia ». Mar leghtar 'sa lebur[do leighiusa
fein co minic annsa lebur] tucc Mjcamétu5 dôib. 61.1. Eg. 137. i.
u This book Mahommed gave them. In it among other things is written,
as I hâve often seen and read. »
7 adubairt n'a can h^^la do beith uirre [adubairt n'a na bi hegla ort]
61.2. Eg. 1 37.2. a and said, Mother hâve no fear. »
Gorabi sin cet mirbu/7 [innisidh serrisdinigh ar] Macametus. 62.2.
Eg. 138.2. «and this is the first miracle, the Saracens say, that
M. did. »
7 dambia c\ann aici [loisgfidht^r beo a bean léis 7 da raibh clann afge]
leigfidht^r an ben can ïosccadh na fochair [fair]. 64.1. Eg. 139.4.
n And if his wife hâve no child they burn her with him and say that it
is right that she should accompany him in the other world as she did in
this. But if she hâve chiidren with him, they let her live with them to
bring them up if she will. » Eg. has omitted the négative, but otherwise
stands nearer the original.
Again Adam sends Seth to Paradise to ask the angel for an little —
d'olâ croinn na bf//ia [na trocaire] 53.3. Eg. 130. i. where R. is
wrong.
Scribtâr da dhuilleôig dôib 7 cuirter annsa laim-sin iad 7 conngmaidh
sisi duilUdg na côra aici 7 telgidh [in hmh] duill^dg na héccôra ûaithe.
64.2. Eg. 139.4. Hère Eg. inverts the last two clauses and corres-
Versions of Sire John Mandeville^s Travels. 7 1
ponds wîth the English. « Both parties write their causes in two bills .
and put them in the hand of St Thomas ; and anon he casts away the
bill of the wrong cause and holds still the bill with the right cause ».
The following passage is entirely omitted in R. Speaking of the
Pigmies, Eg. continues — 7 ni denaid obair ar doman acht daine a
cosmailus ar médi-ne ag denum oibre dôibh 7 bîd sin ag denum fana-
maid futhu amail do bedhmsiis-ne fa athacha/M. Eg. 14 1.2. « And thèse
small men travail not nor till land but they hâve among them great men,
as we are, to travaill for them and they hâve great scorne of those great
men, as we would hâve of giants. »
But though in thèse and in other instances Eg. has preserved the
original better than R. it is not always so. The whole of R. $4.1 and
6 or 7 lines of the column before it are condensed into 8 1/2 Unes of
Eg. 1 30.2 and a few lines from the bottom of R. $4.2. there is about a
column of matter wholly omitted. In many instances a clause left out in
Eg. is supplied in R.
2. In a few instances the meaning of the original has been missed.
As Fingin knew English well the mistakes may be attributed to the
copyists, though found in both MSS. For instance he never could hâve
written — « Eclais San Sanior » for « the church of St Saviour », or
translated « it is a very fair way » by — is hœghlach an sWghe sin.
57.2 Eg. 1 33.4. They may hâve changed the predicale to accord with
their own expérience, as the words which immediately follow are —
.1. [trit] coillti dluiihe isie — « foui women, but they hâve precious
stones in their eyes » — mna roaille 7 clocha huadha in a suWibh. Eg.
146.2. « And from thence men go to the isIe of Crète which the em-
peror once gave to the Genoese » — 7 do citer as sin ant-oilén greccach
tucc an t-impir do Jônâs faidh uair hecinA 55.2. Eg. 131.1.
3. Sometimes in R. sometimes in Eg. additions are found to the ori-
ginal text. Thèse are the work of the scribes, probably clerics or at
any rate acquainted with ecclesiastical literature. Cill Creidhe founded
in 146$ belonged to the Franciscans and it is not improbable that
ezchanges of books took place between the various houses of the order.
So Sir John's travels may hâve been passed on to the monastery at
Meelick on the Sbannon in the S. E. corner of Galway, founded in
1479 and thence to Donegal where a house for the Friars of St Francis
had been founded in 1474. Hère it may hâve fallen into the hands of
an O'Rourke of Breifny, who, as we hâve mentioned before, might like
to know more of a country where. an ancestor had perished.
The toUowing passage in Eg. is taken either directiy from Josephus
72 John Aberrcomby,
Bk. VI. c. } or from Euseb. Ecc. Hist. Bk. III. c. 6. where he is quo-
ted — 7 in cuid nar marbh dibh, do cu/r do gorta iad, mnus con-ithdis
cresan/2a 7 sen broga 7 farcan 7 fer crin 7 otrach nan daine fein, 7 ni is
messa 'na sin, na lei/iibh beca a maithrec/ia fein aga n-ithe. Eg. 13$.!.'.
After mentioning the wedding at Cana of Galile, both add — 7 Mufre
fein ac frithokm/i and. 60.3. Eg, 136.3.
Speakkig of what Christ did, both add — 7 gach uile ghalar archena
7 cor ruaicc demuin a dainibh 7 a be/Zzadach^/^/i. 61.3. Eg. 1 37.3.
Both give a particular about the way in which Herod met with his
death, which is not in the Eng. version, nor in the L. Br. 143a account
and is in contradiction with Josephus — Do ciiaidh fein a n-dabac^
fotraici 7 do iarr uball 7 scian [do tab^/r/ do] 7 do saigh in scian ina
medhon [fein] cor leic a ixiath^/r amach annsa dabac/i. 59.1. Eg. 135.2.'.
The next amplification is only in Eg. — in uair àogiakadh é fein iarna
brath da mnai, intan ro in/iis di gurab a folt dobi a nert 7 ro innis si da
h-athfl/r sin 7 ro cu/r-sim fis go Samsom 7 gabhtjr leo é 7 ro b^rradh
leo e iarsin 7 do curiudh peler connmhala na ca/Arach eter a dha chois 7
a dha laim 7 glas forra 7 tue in righ curiudh for a muinter u\\e docum
fïedlie moire dovinnedh doibh leis : roin/iis a ghille do Samson . 1 . a
mheîli ag ol 7 ag aibhnu5 uile dibh hecaibh. Odchuak Samson a mbeth
3im\didh sin, docu/r a da laim isin mbu/i gruaig 7 addrâc/2/ a nert do
som 7 a brigh mWedfi moir 7 rotr^sgair in catlmt ftin air 7 orrtha-sa/i
gur marbh iad uile 7 e fei/z mâr œn riu. Kg. 1 32.4 '.
A singular addition is made in Eg. to the story that when Julian the
Apostate ordered the body of John the. Baptist lo be burnt, they were
unable to burn — an mér do sin se [trit broinn a mathar] docum an
Tigema in iiair a duhain se, « ag so Ûan Dé ». 60. i. Eg. 1 36.2.4.
1 . And those of them that died not, such a hunger beser them that they used to eat belts
and old shoes and welts and withered grass anJ even human excrément and what is
v.orse than tha», little infants — their own mothers eating them.
2 . He himself went into a bathing tub and asked for an apple and a knife [to be
given him] and he thrust the knife into his .own] middle that he let out his bowels into
the tub.
5. When he himself was ta k en after ihe treachery of his wife, when he had told hcr
that it was his haïr that was his strength, and she had told it to her father, and he had
sent a n^essage to Samson, and he is taken by him, and shorn by him afterwards, and the
pilar of a dwelling of the town was put between his two feet and his two hands and a
fetter upon them and the king had sent an invitation to ail his people to a great feast
made by him for them : His lad told Samson, to wit, that ail of them were drinking and
makmg jolly bj chance (?). Samson heard that they were so, put his two hands into the
roots of his haïr and his strengtli artse to him and the valor of a great warrior, and he
overthrew the town itself upon him and upon them, that they ail died and himself toge-
ther with them.
4. The finger that he stretched out [through his mother's womb] to the Lord, when he
said, « Hère is the Lamb of God ».
Versions of Sir John Mandeville^s Travels. 7}
In another passage the Eg. scribe has been led astray by a similarity
of name — ata in muir sin (the Mediterranean) 0 stma ombarrog no co
let si 'sa fairge don tœbh t-shiar don Espain. Eg. 1 38.3. R. has — o
Marroc no co let si 'sa fairge Uthat. tiar don Espain. 62.3. « from Marok
on the sea of Spain to the Great Sea ». The former copyist has thought
of the river called — sdma ombarrog. Eg. 129.2. (the Moravia) near.
Belgrade, mentioned quite at the beginnîng of the book. Again in nar-
rating the legend of the Virgin giving her girdle to St Thomas at the
time of her Assumption, after the word Mary the Eg. scribe has too
bastily added « Madalen » Eg. 135.4.
T\vo passages roay be quoted which hâve their counterpart in older
gaelic writmgs. In the Lib. Hymn. Goid. p. 71 — labrossi dosreggat
ambel nichtarach darra : : : : corresponds with — ata oile[n]ann ina
fiiiiîtt dœine 7 an-ûair chodks amuigh fon grein folcuit a n-aighti uile
lena mbélaib ûacAtair. 65.4. Eg. 141. i. The English does not mention
which lip. In L. Br. 149b Cuid e\e genit a n-indsib Mara Ruaid Cen
chîndu it^r forru 7 uff n-ordiaigi in ardi cech fir dib. a cluasa 7 a srona
ina ochtaib 7 a siiile ina slinnénaib — corresponds with — Ata oilén
oilén [elej laim risin 7 a dœine cin cen/zaib orra 7 a suile a màolaib a
n-giSalâ/i/i 7 a mbeoil ar [in] a n-ochtaih. 65.4. Eg. 141. i. Ata oilen
ele ann con dœinib cin cennaib cin tsiiilib 7 a mbéoil it^r a slinnénaib.
6^.4. Eg. omits.
Inévitable phonetic changes hâve left their mark on the orthography.
It is getting more and more unsettled. Unaccented short vowels had
become, in some positions, neutral or obscure. When tradition and pro-
nunciation clashed, thèse were liable to interchange not only in their
respective classes of broad and slender, but even an « i » with a neutral
Sound, generally written « a » .e.g. the art. in, an, prep. i-n, a-n, cin,
gan— ë had already been raised to « ea * and is occasionally so written.
A slender se» generally takes a « i » after it.
In infected hard vowels, with certain classes of words it is probable
that, so far as sound was concerned, it was a matter of indifférence or
convention whelher a ai » or « oi » were written, in words like sair,
soir (east), gairegoire (nearerj. In Kerry and perhaps elsewhere nothing
but a i » is heard in oir (East) oilén, coiméud, etc.
Similarly with the older diphthongs àe, 6e, ai, 6i.
The stress had shifted its position to the second member^ though the
accent mark, as now, was generally set over the first vowel. The first
two sounds in R. are usually written se, de, é (exceptionally), ào\ when
infected cëi, âoi. In Eg. do, âoi are rarely if ever used and are replaced
74 John Abercromby,
by dé, é ; when infected di. The accent mark is very generally oroitted
in Eg. with thèse diphthongs.
The numerals in brackets give the number of times I hâve noted a
form, without its being exhaustive. They hâve only a relative value and
are useful in conveying a more definite impression than the words,
a fréquent, occasional, usual », would do; especially when trying to
détermine the local préférence of one sound over another.
A-o — falach R. (2) Eg. (i) [folach] (1) — frithalam(2) [firitheokm^] (2)
frithôiam R. Eg. sair (14) [soir] easî, (14), tair R. (3) Eg. (i) ftoir] (3)
in airet R. (i) in oiredh R. (2) Eg. (3), N. sg. damh R. Eg. (2) gen. sg.
daim [doim], gaîre (4) [goire] (4).
A-i — the article, an. R. is almost always^ in, in, Eg.; but isin [annsa]
nearly always; prep, a, ana, R. (6) Eg. (4) prep, an [in] R. (2) Eg. (2);
asa (in their) R. Eg.; ic, icca, R. (17) Eg. (i) ac, aga R. (6) Eg. (22);
cin (2) [can] (2) cin (2) [gen] (2) can (6) [gan] (6).
ô-A — G. pL bonn [bhann] ace. pi boi/id [buinnj, coblach [cablach],
imforcr^/ii/i [imarcraidh]. moille [maille], ace. sg. coill R. (3) [caill] (2)
N. pi. coilti R. (i) Eg. (i). croind R. (3) Eg. (2) crainn R. (3) Eg. (3)
as a ruUy ina roibi, coroibi, mararoibi, R. ina raibe, goraibe, etc. Eg.
o-u — do chôidh R. (6) dochiiaidh R. (4) Eg. [always] inf, dol R.
(6) dul R. (2) Eg. (9); olc [ulc]; do thoitim R. (i) thuitim R. (2) Eg.
(3) côicc [cuig], do loigh [luigh], loidenn R. Eg. luidhenn R. Eg.
u-o — do ihurnadh [xoirnedh]^ mar thuillfes [thoillfu^], édiruma
[édtrome] .
UA-o — do fuagradh [frograd], le fogra, R. Eg.
Œ-A — maccœm R. (4) maccamh R. (i) Eg. (j). Latter form in Laud
version of Fél. Œn. p. cxcxi and is the High. gael. form.
É-i — clé [cli], clé R. Eg. (4), a Uthéd [\ethid].
E-i — credim (faith) R. (5) Eg. 13I credem R. (1) Eg. (5), ina tim-
chill R. (9] Eg. (3) timchell R. (i) Eg. (7) sennfitt [sinnfid], comenic
R. (3) Eg. (1) minic R. (2) Eg. (5) tened [imedh], tene [tefnigh],
seimhnib R. (1) sibhnibh R. (3) Eg. (2I. In Fem. a-stems and ia-stems
N. Gen. Dat. Ace. sg. -i R, is almost without exception -e Eg. N. sg.
oidhchi, rid^ri G. sg. tiri, slebi, deilbi, eisergi, pôicci. Dat. sg. fairgi,
uiscci. oidhchi. ace .sg. rideri, baili, conip. airdi R. -e Eg. 3 sq. hab.
pr. caithenn [-inn|, suidhenn [-inn] cuirenn [-inn] tuitinn Eg. N. sg.
croicenn (2) [croi'cinn] (2]. The é of léigim (/ allow, let) is dropped 7 times
in Eg. t'iough in other place retained. léigcitt Ll'gîd], léigcidh [ligidh] ni
léigenn [ligenn], etc.
B-iu — lemm (4) [lium] (4) lim [lium].
Versions o1 Sir John Mandeville's Travels. 75
i-iu — sibl/m [siubl^/m]. The verb is of constant occurrence and without
exception maintains thèse two forms in K. Eg, respectively . N, PL Idhail
llubhail] gen. pi. Idhal [lubhal] a very common word in R. Eg. and the
only one used for the ordinary lùdaidh (Jew), 0*R. has « Juill » a Jew.
i'a-b — N. pi. niaroann (2) [nemthann] (2) Sdiamna [Sdefain]. R. also
uses lutter form,
-ES -ius — raaithes R. (5) [maithi'u^J Eg. (7) ace. sg. torrches [toir-
chius] dat. sg. leighes [leighius] (2). 3 sg. rel. beres [herius]{2), eirghiu5
Eg. roinnes [roinniu^], caithes [cathius], îthiu; Eg. ithis Eg. traidhes
[traîghius], léighis [leighius] reads^ thuiles [tuilisj imurcuires [imurcrius].
-EDH-iUDH, -UDH — ^ Sg. prêt. pass. inarsâighf^/ï [-saighîudh] inar-
cuiredh [-curiudh], docmredh(2] [docuriudh] (2] ac cœinf^A [cainiudh]
inf. do legadh [leighiudh] read, ace. sg. cach cinedh [ciniudh]. prêt, pass,
do genedh [-ghenudh] dorecad [recudh], etc. 3 sg. impf, adm'udh Eg.
Examples of the diphthong — gâoth [gœth], caol [cœl]. N. s g. dos
[dis] œs R. Eg. dat. sg. tàob [taibh] taebh R. Eg. ar en t-sliab R. dia
dardâoin [diardain], cach œn aoine [en aine], co hœine [aine], œibhnes
[aibhnu5], dœine [daine] daoineib [dainibh].
EA — hellach [eallach], dessa [deassaj, teas [tes], denam [deanum],
do ghell [geall], gel [geai], meala [mêla], febhu^ [feabhui] — In Eg. a
consonant is softened in — co lôr [leôr], tliôrannaighes [leoran — ], tras-
gairt [treasgairt].
u = BH in doui Eg. (3) Siluester R. Eg. Caluarie R. semis (3)
[s^rbhisj (3) Liuie [Lipie] Libia —
AU is found in — Eoin bausti R. claustra [clabsdra].
For the older tenuis c, t, it is usual in R. tofind ce, cg, gc, t, tt, d,
while in Eg. they are on the whole consistently replaced by their corresponding
sonantSy wherever this change has taken place in the modem language.
The practice of doubling a tenuis to represent its sonant arose from the
belief of Irish grammarians thai the latier was a hard sound ; the tenuis soft.
It was therefore logical enough to double a supposed soft letter to represent
its supposed hard corelative.
On the otherhandy as in the modem language^ d hasbecome taftera liquid
in adj. in -de ; talm^a/ita Eg. sœgu/ta R. Eg.
ND, fréquent in R. is nearly always nn Eg. ll = dl in colla R. Eg.
(2) but generally, codla R. Eg.
PROS. F — do oslaic [do fhoslaic], d'oscail [do fusgail] oslaicthi [fos-
laicej (2), fuise^ga [huiseôga] larks,
p — F. premh R. (3) Eg. (i) [fremh] (2) - n has become l in, Essail
[asail] cristann [crisdal], but also cristal R.
76 John Abercromby.
Contractions and abbreviaiions are commoner in Eg. As a raie R. limits
them to the terminationy except with words beginning with ber, breth or
where et, ed, eth, edh, ra forms part of the syllable. Eg. on the other hand
often contracts the middle and gives the termination^ especially of verbs, in
full. In both the abbrev. usually expanded into ur, ar, is sometimes followed
by an i, which has to be inserted between the u and r — asy c^i = cuir,
dogeb'^i = -buir, purp^'i = purpuir — But it isalso omitted^ as is likewise
the case with the contr. us. e. g. 2 sg, prêt, roibhw, tanguis Eg.; 2 sg. fut,
fogebmV, muna decha/r; G, sg. brethemnuis [ — ais].
The contr. for et, ed, eth is used irregulary, though rarely — cednn
lcedn\y g\edn Eg. dîle^n R. pednlBil, pe^/zturacht Eg. condîtn^^n R. decair
[d^rtcair] exhaust the instances ! think — The use of. H. for aile is very
rare — Êg. several tintes uses the arabic numerals 3, 4, where R. either
writes them in full or uses the latin notation — 2 is sometimes used in R.
for oi da 9 to him^ them^ and twicefor est in the wordcestà — eu is very fre-
quently rendered by q. in Eg. less so in R. as qq = cucu, qid = cuid
Eg. Infection ofconsonants is generally shtwn in Eg. Much less frequently in
R. In both fh stands for bh where éclipse would be shewn in the modem
language.
The modem method ofshewing this infection of a tenuis by doubling it or
by prefixing the sonant does not y et occur — An apparent example is once
found in R. a ccoicrfch an talma/z nœimhy but the original stands « oui of
the border s of the H. Land », 50 a a » stands for « as » which does not
infect — But in Eg. the éclipse of a i n by n hh rt is given sometimes; never
in R. inafuil [bhfuil] (2), arfhàgbail [arbhfagbail], marabfuil Eg. etc.
In both MSS. t replaces s. sh in a partially abnormal manner — Some-
times, from putting the dot on the wrong letter in the hurry of writingy the t
becomes th. Before or after a verb where infection would take place — } sg.
prêt. Simon... do tslànaigh [do slanalgh] an Tigema. 59. 2. annsan
oidhchi sin do tsén P^^ur ar Tigerna. 54. i. 3 sg. fut. dotsluicf/<//i [do
sluicfedh], 3 sg. rel. is mar an cédnBi isMaighis — tsoills/g/zis R. mar t
sœilmit-ne R. is é Cimh do budh tsaidhbre [the richest] 66. 4.
After other words which cause infection — (da (2) — atat da tsifab. R.
Eg. omits t. « A » (His) — lé nerl a laime 7 a tsliSaid féei. j6. 4. Eg.
omits t — agus still aspirâtes^ Eler maith 7 tsaith [thsaith] — do tsiiab
R. Eg. omits t — do sheimhnib [do tsibhn/^/il— do tsubhailcha/^/i R.
12) — do tslicht R. Eg. do xhseo\adh R. etc. After « iter », which some-
times aspirâtes — iter tsiiab Galilée, R. Eg, — can énshnâithi [tsnaithi]
{withouta stitch ofclothes] — d arântsiimm R. Eg. omits t — arson tsela
(on account of the seal) R. Eg. omits t. But it is also found where no infec-
Versions of Sir John Mandeyille's Travels. 77
tien takes place — can tsroin. R. Eg. cin XsûiUbh, R. only — simail tsdil.
R. only. From O'Don, gr. p. 6\. itappears the use ofx before verbs is local
and rare,
There is a peculiarity in the accentuation o/Eg., if thaï term is applicable,
which must be noticed, \t is confined /o « i ». // may sometimes hâve been
used ta distinguish thaï letter more readily^ when side by side with n, nn,
m, mn. — At this period copying was often done in a slovenly mannerand
required an occasional guide for the eye, The idea would be taken from
the dash placed over the numerals i. ii. iii. etc. But it is constantly found
where no such need is felt and on syllables that are always short.
The — idh. — id of the l sg. pi. pr : is specially favored. — It is
marked at least 129 times — aderid (14), gairid, goirîd (6), ithid (6),
ithid (2), cuirid (5) cuirid (2) cuirfidh (2), ticid (5) ticid (i). ^ sg. pr. tig
(12), fiiilid (2), fuilid (3) 3 sg. fuil (14], caithïd (2) caithid (i) mairid (2)^
creidid (ly creidid (2), doberid (10) also tainig (6^ tainig (i), etc.
5 sg. pr. is (26) — the article in {^) — prep. fn, ina, isna (4), 3 sg.
F. innli (16) innti (i), innti (2) — Démon, pron. sin (i ç).
Even three, as well as two syllables are marked — 3 sg. pi. — tignlighddh,
aithnighid, innisidh^ innisigh, do innis (2, inf. innisin — 3 pi. fàsaid,
comédid, médaighid, fiarfraid lôgbaid — doridiusi [àgain] — Subs. adj.
N. croicfnn. maithius, saidhbr^âs, milis, aibhinn. G. sg. druisi, tiger-
nais, cnuicc {4] droichid — Ace. sg. beinidh. N. pi. maithi (i) maithi
(5) tighîthi. Other examples — airgid [silver) (4), cuid (12) ciiid (5),
conuige (4I inaice (6), aige \,with him] (7). aigi {with her) (2), a/nm,
richt dat. sg. Ny ace. pi. cirm (9), uisge []) gen. dat. uisgi (2), ïnadh) ( j j
gen. 5g. inaidh (ij, gominic, — nig (10), cruinn, bainne {milk) (j) gen.
sg. capaill, uile, coisi, uilc (5), elî (4) dat. pi. cnocaibh, e/iaibh, min-
naibh — p. part, cengailte — ïn gen pi. namâd (2^ the accent is
displaced.
The slips and mistakes are of various kinds.
1). Repeating a syllable or even part of a sentence on turning over afresh
leaf — mararaithn^^ar R. co mainisisiir R. arna denanum R. râia/ti
na fâîded R. but raiti, a few Unes o/i — n6 n6 co. R. oilén. oilén. R. Tucc
leisda dathig R. 3 sg. pr. labr^raidh.
2) misreading of original — mile fer amach [armtha] a 1 000 men at
arms » — anl-impire an/i nô innxi [in i-ïmper Tnnidhach ann] — da
ubhall [taball mor] 6ir. « 2 round pommels of gold » — uîle oibrigrt/
[oilitrighthi] dodentini. a undertakings . »
î) omittingletters dh — adj. mi-nâdura [nadurdha] — e — ponair[e]
R. — c — lairnedar. Eg. — gh — Maghdalén [Madalen] (4) n — uiii
78 John Abercromby,
coisceme xx. R. cabata Eg. = can bâta (without a stick) aitrecha [natrâ-
cha] (2). p — an Egit [in Eigipt]. t — acht [ach] (2) stâuide [slatufde]
(statutes)" TH — gen. sg. docum a loiscthi [loisge], timcill an adhlaici
[adhlaice], fotraice [fotraicihe] — a fiadn^we an adhnuici [adhlaice] —
Edais 2LTÏ adhiuici R. (2). p, part. pass. adhluici [adnace] (2), oslaicthi
[foslâ/ce] — 5 sg. prêt, do imidh si liaidh. R.
4' writing a wrong letter — dh, th for ch — na cidhe [ciche] [2), 3 sg,
pr. Toithidh, roithenn [roicheann], 5 sg. prêt, do theith R. Eg. ag
lehhadh R. Eg. ? for s — futhasan [futhad fan] [under them) — dh for
L — Dillaitt [didhlait]. Kfor g arna pagail [farail] ^paidn^. Inversion of
TS — co cathair in stamdain, Eg. = in tSamdain {Sultan) — oversight
— léo fecht ffein].
5I aspirating a wrong letter — gh for G — f«lccbaid [faghbhaid]. 3 sg.
prêt. pass. mar do ghenudh in Tigherna. Eg. 3 pi. pr. deisigit [ — idh],
innisîdh. Eg. bidh Eg. (freéjuent) cuiridh Eg. The ] sg. for pi. is found
in Eg. in other instances — rangcatar [rainig] scéla — ticcid [tîg] longa
7 ctrmaighx — th for t — do ghortha [of starvation] Eg. TH for F, 3 sg.
cond. soighthedh [soighfedh] — perhaps mh for m — San Semh R.
but also San Sem (James) R.
6; using an unnecessary élément. —
SuïbiscelidhtSjhiscelidh R. (evdngelistj^ but soscel [sois-ge/] (5] — os
[cos] aird (openly) — soithech [soighthech] Eg. a/wd)'^ — aniugh, andiudh
R. Eg. [today] alwaysone or other — Naighne (Nain, ;»/ac« nime] — tîudh,
tiugh ^thick] R. Eg. — « budh » for « fo » in — budh thuaidh, budh
dhes, R. Eg. [fréquent]- N. sg. cré [creidh]^ fésta [festadh] — gen. sg]
cumha [cumadh] lamentation — 3 sg. pr. sbj. or fut. dobera [doberadh].
(2]. doberadh R. (i). da n-abra [abradh] — Commonly in the fut. pass.
cuirfidhtar, cuirfidhthear Eg. geinfidhter R. Eg. leigfidhter, muirfidhter
R. etc. - do râdh (7) [radha] (7I, but do râda also found in R. 3 sg, M.
ùaid (9, [uadha] (i 3). ace. pi. tighîthi Eg. [houses).
A super fluous élément is added or retaincd to lengthen the final syllable in
the 2 pL fut. co/zngébthaighi [co/igebtai] — an iedh anfuidhi [anfaidhtai],
da cuirfidhi Icuirfidh sibh] — Though the last two R. forms are descended
from the older abs. form in -fithe, from comparison with the other examples ,
it would seem the pronunciation at this period was simply — fi, as at présent
— 2 pi. pr. sbj. tràlh do géntaidhi si [do dentai si] [2). 3 sg, impf. pass.
nô co mbennaighti é 7 co crothtaighi ui/idiment... ar a fud. R. 68. 1.
7) wrong séparation of words — gen. sg. relta inné (star) R. (2) nHamb
ann (leg. lamhann) drochspirat techt 'sa tec/ii-mbi. R. ^4. 1. do cuiredh
tened acacA tâob ann [tene da gach leith di ann] 57. 3. Eg. 133. 4.
Versions of Sir John Mandeville^s Travels. 79
anabh I- = an Milan wafer R. 5 5. i . T/zd following list of foreign words
[save two] may be usefally appended, Proper names ^ Basilixa a Basi-
lisk » Eg. 146. 2, Bidoneis Bedwin Arabs. Eg. 133. 2. Déan « Diana »
55. 2. Gein 60. 1 « Geno3i ^. San Séob « St. Sophia », Sobhdân Sultan
56. 3. Tir an tsneachia 53. i. Iceland.
Animal kingdom — Camhall 56. 4. There is a curious description of
what is evidently a she camel in the 4 Mast. A. D. 1472 which shews thaï,
the Word above was a sound and nothing more, It conveyed no impression.
Dromadairi [dromanndairî] 60. 4 Eg. 1 36. 4. Elifint 67. 3. ^essgamhain
« eels », grib, lipard, léonia/2. 67. 3. Pampionui « papiones » $6. 1.
Pantérs [pant^râs] « panthers » 66. 2. Eg 142. i. Paipinseoighi « par-
rots » 69. 2.
VEG. KiNG. Balsamu5 69. 4. Barbrdch a barbarines » J4. 1. Engleter
54. I. « Eglantine », Claus [clou^] « c/or^^ », Cainel, mâs « mjce »,
nutmic [/luc^i], sinnsér [seinnser]. 6). 1. Eg. 140. 2. Manna 55. 2.
Masdix 55. i. Siucra 62. 3. Eg. 13S. 3. rôs dergc, r6s gel. 57. 3. Eg.
134 I.
MINERAL KING. — Assilir. $7. 3. Eg. 1 34. I. Amcstis [amiti's], cristal,
cristalytes, cices or ocices « onyx «. em^rantes [merandreis] gérantes
« garaets, gerands », attira {amber^ but hère translates « topaz » —- Eg.
^â^ marmairj. Rubf, Safir. 66. 3. pL carpuncla [carabungcala] 67. 3.
Eg. 143. I. lesper [iasper], Sardines. 69. 4. Luaidhe « lead ».
Various — gen, sg. arsidéclina « architricHne » 60. 3. uhur [music.
inst.] Eg. 146. I *giûstal a jousting », *idhroipis [dropsy).
The next list gives words borrowed I think from the english, though some
are of Romance origin — The * refers to theglossary below. Barùn. baron,
*bccc river ^ bogha (bow, 0. Eng. boga., N. pi diga {dykes, ditches),
*compâs (compas) y *cornél {corner), diiici [duke], *graibél [gravel]^
*halla (/rti//), lobhia (/o//^, *mainer [manner)^ maindser [manger), *man-
dâil (maundy), * mitai [métal], nutmic [nutmeg\ *oifig [office) , *paghail
{paving)^ *péirse Iperch]^ prin/zsa [prince, the s shews it must hâve corne
orally from E/ig.) *pudar [powder], *raibér [river], siucra [sugar], *stéd
[steedx spor [spuf, *séla [seal], *sépél ,chapel\^ *solair [cellar), *stâid
[statt), *statdide (staiute), trétdir (traitor), *tristel [trestle ^) prisûn, pota
(pot), pliir [flour), *uindiment {ointment).
John Abercromby.
{La suite au prochain numéro.)
MÉLANGES.
LA SECONDE ÉDITION DU BARZAZ-BREIZ.
C'est une très sage mesure dans les bibliothèques publiques de faire
relier les livres sur brochure, c'est-à-dire avec leurs couvertures : on
conserve ainsi des renseignements que l'histoire littéraire cherche sou-
vent en vain plus tard. Nous venons d'en faire l'expérience en exami-
nant l'exemplaire du Barzaz-Breiz de M, de La Villemarqué que contient
la Bibliothèque royale de Dresde.
Dans la Bibliographie des traditions et de la littérature populaire de la
Bretagne par H. Gaidoz et Paul Sébillot, publiée dans la Revue celtique,
t. V, p. 277 et suiv., se trouve (p. 307) une notice sur les éditions du
Barzaz-Breiz d'où il résulte que ce livre célèbre n'a pas eu autant d'édi-
tions qu'il paraîtrait d'après les assertions du titre. La conclusion de
cette notice était celle-ci :
Le Barzaz Breiz ne nous parait avoir eu en réalité que trois éditions :
La première en 1859;
La seconde en 1845, inexactement appelée • troisième b et « quatrième ».
Et la troisième en 1867, inexactement appelée c sixième i et « septième •.
L'exemplaire de la Bibliothèque royale de Dresde nous a permis de
constater en quoi a consisté la prétendue a seconde » édition. Le titre
intérieur est celui de la première édition, tel que nous l'avons reproduit
dans la Revue celtique [loc. cit.). Il se termine ainsi :
Paris 11 Charpentier, rue des Beaux-arts, V 6. || Techener, libraire ||
place du Louvre, n" 14. || 1839.
Mais la couverture porte la mention deuxième édition, et se termine
ainsi :
Paris
Delloye, Place de la Bourse, 1 3
Crozet, libraire
Quai Malaquais, 15
1840
Techener, libraire
Place du Louvre, 1 4
Mélanges. 8»
Voilà donc le mystère de la « seconde » édition du Barzaz-Breiz
éclairci ! Ce sont les exemplaires non vendus de 18^9, ce que dans le
commerce on appelle des rossignols^ qu'on a mis en dépôt chez d'autres
libraires, et pour rafraîchir l'ouvrage, on lui a fait une nouvelle couver-
ture portant la mention inexacte : deuxième édition; mais on a oublié
de refaire en même temps une nouvelle feuille de titre. L'eût-on fait du
reste, ce n'aurait toujours été que ce que les Allemands appellent une
Titel-Ausgabe « édition de titre ». Le procédé est tout à fait usuel pour
les romans et les livres de littérature frivole : nous ne croyons pas qu'il
soit usité pour les ouvrages de littérature sérieuse. En tout cas, aux
yeux des bibliographes, ces malices de librairie ne comptent pas comme
éditions.
H. Gaidoz.
DES PRONOMS INFIXES.
A propos des groupes phonétiques naturels que notre esprit sépare en
mots par le procédé de l'abstraction et dont j'ai parlé plus haut (t. VI,
p. 87) en traitant des pronoms infixes, j'ajouterai — comme parallèle
psychologique — l'exemple suivant:
u Les mots cafres sont le plus souvent combinés pour faire des phrases,
d'une telle façon qu'on ne peut les séparer l'un de l'autre comme on sé-
pare les mots anglais. Ce qui dans l'écriture paraît être un seul mot, en
fait souvent dans la réalité trois ou quatre ; mais comme dans une autre
combinaison ces mots n'occupent plus la même position et que très sou-
vent même une seule lettre représente un mot, il y aurait plus grande
confusion à les séparer qu'il n'y en a à les écrire comme un seul mot. »
(Theal, Kaffir Folk-Lore, 2^ Ed. London, 1886, p. 9).
H. G.
CHARTES DONNÉES EN IRLANDE EN FAVEUR
DE L'ORDRE DE CITEAUX.
En faisant aux archives départementales de la Côte-d'Or, à Dijon, des
recherches sur un point d'histoire de France, je parcourais il y a quel-
ques mois un manuscrit de Citeaux. C'est le tome III du cartulaire de
cette abbaye, celui qui porte le n" 167, dans le catalogue général des
Rev. Cclt. VIL 6
82 Mélanges»
cartulaires du département de ia Côte-d'Or. Ce précieux volume contient
une section intitulée Carte de Anglia, Dans cette section j'ai trouvé quatre
pièces d'origine irlandaise.
La première, cotée XIII ^lisez XII] par le copiste, qui l'a transcrite
au f** 87 r^'-v'», émane, je crois, d'Aodh, mac Ruaidhri ui Conchobhair,
qui devint roi de Connaught en 1228 et qui fut tué en 1233 >. En tète
des témoins figure Félix ua Ruanadha, archevêque deTuam, qui, ayant
abdiqué, mourut en i2)8>.
La deuxième pièce est cotée XIIII ^lisez XIII). Elle a été copiée sur le
f^ 87 v<>. Elle émane de Donnchad Cairbreach, fils de Domnal ua Briain;
Donnchad Cairbreach fiit roi du Munster septentrional et mourut
en 1242 h
La troisième porte la cote XIIII. Elle se trouve sur les fol. 87 v« et
88 r*. Son auteur est Conchobhar ua Briain, qui devint roi du Munster
septentrional au décès de Donnchad en 1242, et qui fut tué en 1268^^.
La quatrième a reçu la cote XV dans le cartulaire, où elle a été placée
au f^ 88 r*". Elle a été scellée du sceau de Donnchad Cairbreach^ de qui
émane la deuxième pièce et qui, comme nous venons de le dire, mourut
en 1242.
Ces pièces datent donc du milieu du xiii*" siècle. Elles sont intéressantes
à divers points de vue. Nous pouvons signaler l'orthographe des noms
irlandais : 0 = ua « petit-fils a, tuad « nord d pour tuath.
H. d'Arbois de Jubainville.
Sciant omnes tam présentes quam futuri presens scriptum visuri vél
audituri quod ego O., D^i grjf/a rex Co/znactie, dedi et concessi et hac
presenti carta mea co/zfirmavi Deo et ecclesit Béate Marie Çist^rcienWf
et fratribus ibidem Deo servientibus pro a/iima patris mei et matris mee
et pro me ip^o et uxore mea et liberis meis in puram et perpetuam
elemosinam quinque marcas argenti, perpetuo annuatim a me et ab
heredibus meis domui Cistercii]per manum abbâ/is de Mellifonte persol-
vendas in subsidiu/n et juvame/z procurationis quarte diei abbâ/um ad
générale capi/ulum Cistercii quolibet anno convenientium, quas quinque
1. Annales des Quatrc-MattreSj édition donnéepar G'Donovan en 1851,1. III, pp. 248,
266.
2. Ibidem, p. 294, texte et note.
3. Annales des Quatre-Mattres, t. III, p. 304. H est aussi mentionné soas les dates :
1213 (P* i8o)> 1225 (p. 228), 1235 (p. 276). Il paratt qu'il régnait déjà en 1225.
4. Annales des Quatre- M attres, t. lil, p. 304, 403, 404.
Mélanges. 85
marcas argent! abb^s de Mellifonte a me et ab heredibux meis perpetuo
annuatim in vig/lia heati lohannis Baptiste véi in ka\endis maii recipiet
transmîttendas seu transportandas et tempore generalis capituW annuati/n
domui Cistercii tradendas. Volo autem et heredes meos ad hoc obligo,
ut (\u\cunque in perpetuum post me regnabu^t et qui in regimen Connac-
tie michi perpetuo succede/ït, sive sint filii mei, sive cognati, sive con-
sanguineiy sive propinqui, sive extranei, quod, sicut e^o predic/as quinque
marcas arge/zti, quamdiu vixfro, annuati/n domui Cistercii persolvam,sicet
îp pf rpetuo annuatim eidem domui et eodem modo et eodem in tempore
totidem marcas persolvant. Et ut hec mea donat/o et pred/cforu/n mcorum
heredum obligat/o in perpetuum firma, stabilis, intégra et inconcussa
permaneat, presens scriptum sigilli mei munimine roboravi, hiis testibu;:
Felice,Tuamera^< archiep/iCo/70 ; Cavo, Cluamfrat^rteni/ episcopo ; Dionis-
sio, E\Rnensi\ Caro, Achadn^/zW; Elya, khânensi tpiscopis; B., Melli-
fontis; D., de Buellio; D., de Benedictione Dei; J., de Collowictorie
ahhaûbus] Caro, comité de Magbvirg; Donchatid, duce de Cloind-
Tomaltîg; Flailhfertach, duce de Cloindkathil; David O'Floind; Fergal
O'Taidg; Toberto, senescalco nostro] Concorde, cancellario nosîvo;
DonatOy cUrico no^fro et notario, qui banc cartam scripsit; et multis
aliis.
II.
Sdant tam présentes quam futur! presens scriptum visuri vel audituri,
quod ego Donatui Karbreach, rex Tuadmo/iie S dedi et concessi et hac
présent! carta confirmavi Deoetecc/w/e Béate Marie Cist<îrcien« et mo/ia-
chis ibidem Deo servientibus pro amma patris mei et matris mee et ante-
cessorum meorum et pro me ip5o et pro uxore mea Sabi/za et liberis meis
in puram et perpetuam elemosinam duas marchas argent! p^rpetuo annua-
tim a me et ab heredibuj meis domui Cistercii per manum ahbatis de
Magio persolvendas in subsidium et juvamen procurat/onis quarte die!
dbhatum ad générale cap//ulum Cistfrcii quolib^/ anno convenientium :
quas duas marcas argent! abb^s de Magio a me et ab heredibus meis
perpetuo annuatim in ktilendis maii recipiet transportandas sive transmit-
tendas et reddendas annuatim domui Cist^rcii tempore generalis cap//uli.
Veto autem et statuo et heredes meos ad hoc obligo, ut, quicunque in
perpetuum post me regnabu/zt, et qui in regime/z Tuadmonie perpetuo
micfà succede/it, sive sint filii mei, sive cognât!, sive consanguine!,
sive prop/nqui, sive noti, sive extranei, quod, sicut ego duas marcas
I. Ms. ûudmofiie.
84 Mélanges.
argent! quamdiu vix^ro annuatim lempore prenomi/iato domui CisUrcii
persolvam, sic et ip^i perpetuo annuatim eidem domui eodem modo et
eodem in lempore todidem marcas persolva/it. Et ut hec mea donat/o e^
pred/crorum h^redum meorum obligat/oin p^rpetuum firma, stabilis, inté-
gra et inconcussa p^rmaneat, presens scriptum sigilli mei munimine
roboravi, hiis testibu5 : Humberto, Limmcensi episcopo; Henr/co, Ymli-
censi episcopo\ Johan/ie, FinnabricenW episcopo] F., Yossenw episcopo-^
0., de Magio; Ysaac, de Sancîa Cruce; D., de Sivryo; A., de Petra
Fertili sbhatlhuSj D., Laonensi archidiacono , et R., capella/zo no5fro,
qui^hanc cartam scripsit; K. 0' Grady, L. Mac Co/nmara, D. O'Deaid,
R. 0' Heda, D. Olydduida et muiti alii.
III.
Sciant tam présentes quam futuri presens scriptum visuri vel audituri,
quod ego C. O'Brien, rex Tuadmonie, concessi et hac présent! carta
confirmavi Deo et eccl^iie béate Marie ChUrciensi et mo/iachis ibidem
Deo servientibuj pro a/rima patris mei et matris mee et antecessorum
meorum et pro me ip^o et uxore mea Anastallia et liberis meis in puram
et perpetuam elemosinam duas marcas argenti p^rpetuo annuatim a me
et ab heredibus meis domui Cisiercii per manum abb^fis de Magio p^r-
solvendas, quas videlicei duas marcas Donatus Karbreach, quondam rex
Tuaâmonie, pater meus, dicte domui Cisiercii dédit per cartam suam in
subsidium et juvame/i procurationis quarte die! ahbatum ad générale
capitulum Cisterc/7 quolibet anno conveniencium,qttas duas marcas argent!
abbâs de Magio a me et ab heredibus meis perpetuo annuatim in kalen^
dis mai! recipiet transportandas sive transmittendas et reddendas annua-
tim domui Cisiercii lempore cap/tuli general/5. Volo autem et statuo
et heredes meos ad hoc obligo, ut, quicunque in perpetuum post me
regnabu/it, et qui in regimen Tuadmon/e perpetuo michï succèdent,
sive sint filii mei, sive cognati^ sive consanguine!, sive propinqui,
sive noti, sive extranei, quod, sicut ego duas marcas argent!^ quamdiu
vixero, annuatim tempore prenomi/iato domui Cistercii persolvam, sic et
ip5i perpetuo annuatim eidem domui eodem modo et eodem in tempore
totidem marcas persolvant. Et ut hec mea concessio et confirmatio et
pred/c/orum heredum meorum obligat/o in perpetuum firma, stabilis,
intégra et inco/icussa permaneat, presens scriptum sigilli me! munimine
roboravi, hiis testibu^ : domno C, episcopo Finnabarens/ ; Roberto,
episcopo Linricen^/; T., de Magio, de Sanctz Cruce; T., de Petra Fer-
tili abbdribu^; P. 0' Grady; K. O'Konqwir; M. M^c Comraara; K. Mac
^
Mélanges. 85
Bricn; et magwrro M. O'Hogan; et fratre Daniele, prîore, qui hanc
cartam scripsit ; et multis aliis.
IV.
Sciant tam présentes quam futur! presens scriptum visuri vel audituri,
quod ego Cathoiicus 0^ Grade et Slani, uxor mea, XX denar/os; et ego
Duncon 0' Kenedig^ et uxor mea Gormelyth XII denarios'y et ego Dona-
tus Oliddida et Reignild, uxor mea, XII denarios; et ego Rodri 0' Heyda
et Dufcoblic, uxor mea, XII denarios; et ego Math^us O'Kenedi et ... ,
uxor mea^ XII dtnarios; et ego Donatus O'Deit, et Dubella, uxor mea,
XII denjr/o5 ; et ego Donatus Mac-Lonochain, et Eeden, uxor mea,
XII denarios; et ego Sitrich et Benmuam, uxor mea, XII denân'05; et
ego Malronid, et..., uxor mea, et filius noster Gillananam XII denarios-^
et ego Cuana', et Sadua, uxor mea, XII der\arios] et ego Lochelin, et
Dereval, uxor mea, XII denarios; et ego Donatus 0' Malruadan, et ... ,
uxor mea, XII dtnarios dedimus et concessimus et hac presenti carta
no^aco/ifîrmavimus Dec et ecclesie Beatt Marie Cisterciens/ et monachis
ibidem Deo servientibui pro a/zimabus p^rentum, propinquorum, ante-
cessorum et successorum no5/rorum et pro nob/smet \ps\s et liberis nostris
in puram et perpetuam elemosinam perpetuo annuatim a nobis et ab here-
àîhus noxtris domui Cistercii per manum abb^fis de Magio persolvendos
in subsidium et juvame/z procurat/onis quarte diei abb^fum ad générale
capz/ulum Cisterciiquolibe/annoconvenientium, quos prenominatos dena-
rios àbhas de Magio a nobis et ab heredibus no5/ris perpetuo annuatim
in kaUndis maii recipiet transportandos sive transmittendos et annuatim
tempore generdlis cap//uli domui Cistercii reddendos. Volumus autem et
statuimu5 et heredes no5/ros ad hoc obligamus, ut, qui in possessionem
terrarum nosîrarum perpetuo nohis succèdent, sive sint filii no5fri, sive
cognati, sive consanguinei, sive affines, sive propinqui, sive noti, sive
extranei, vel quicu/zque [post] obitum nostrum terras nos/ras perpetuo
possederint, quod, sicut nos, quamdiu vixerimus, pred/cfos denarios an-
nuatim prenomi/iato tempore domui Cistercii persolvemz/s^ ita et ipsi pre-
dicû heredes nos/ri perpetuo annuatim eidem domui eodem modo et
eodem in tempore totidem denarios intègre persolvant. Et, ut hec no5/ra
donatio et pred/c/orum heredum nostrorum obligatio in perpetuum fîrma,
stabilis, intégra et inconcussa permaneat, cum sigilla propria non habe-
remus> ad petitionem nos/ram, Donatus Karbre^icA, rex Tuadmonie 3, in
1. Ms. Cuaua.
3. Ms. Tuadamonie.
86 Mélanges.
hu]us rei testimonium sigillum suum presenti scripto jussit apponi, hiis
testibuf : Henrico, YmilicenW; Huberto, Lumnicen;/; J[ohanne], Finna-
varenW; F., RossenW ep/icopis; 0., de Magio; Y., de Sancta. Crucc;
D., de Surio; A., de Fetra Fertili abb^fibui; D., LaonienW archidia-
cono ; R., capdiano domni régis Tuademonie ; Symone, domni reg/^nota-
rio; et multis aliis.
CHARTE ORIGINALE DU PAYS DE GALLES.
La Bibliothèque Nationale a reçu dernièrement en don de M. Hamy.si
connu par ses savants travaux ethnographiques, une charte originale
émanée d'un prince gallois mort au commencement du xiii*' siècle. Ce
prince est Madauc, fils de Mailgun : Madauc vab Maelgun, comme écrit le
Brut y tywysogion ; il fut pendu en Angleterre dans le courant de l'an-
eée 1 2 1 2 > . L'objet de ce document est une donation à l'abbaye de
Cumhyr ou Cwm Hir^ comme l'écrit l'éditeur du Brut y tywysogion.
Cette charte est écrite sur parchemin et scellée en cire jaune sur double
queue. Elle porte à la Bibliothèque Nationale^ département des manus-
crits, le n" 39 [ des nouvelles acquisitions latines. L'écriture paraît du
commencement du xiii'' siècle et le sceau, où est représenté un cavalier
avec casque et écu, brandissant une épée, semble appartenir à la fin du
xïi« siècle.
H. D'ARBOIS de JUBAINVILLE.
Cunctis Xpisti MeWhus tâm presentibu^ quam futuris Madauc, fiWus
Mailgun. salutem et pacem. Noverit univ^rsitas v^5/ra me co/zcessisse mo-
nachis de Cumhyr, Deo et béate Marie ibidem servientibu5, atque in per-
petuam elemosinam dédisse tfrramqued/c/fur Brinecroisin cunctis finibu5
et omnimodis pertinentiis suis ; terram quoqu^ que d/c//ur Cayrwetun si-
militer plenarie in cunctis fmibus suis ; similiter etiam terram que vocatur
Maysecrocur in cunctis pertinentiis et utilitatibus suis in bosco et piano,
in pratis et aquis in silvis et campis atque om/iimodis utilitatibus suis. Has
itaque jam dictas terras in terminis suis et infra circumquaque in perpetuam
donationem ab omni exactione et servitio seculari libéras et quietas supra-
I. Edition donnée par John Williams Ab Ithel dans la collection du Mattre des Rôles,
p. 272.
1 . Cwm Hir veut dire la « combe longue » ou la « vallée longue i>. Comparez le nom
de Haute-Combe porté autrefois par une abbaye du diocèse de Genève. Cf. Thurneysen,
Kelto romanischcSf p. $ 5 •
Mélanges. 87
dictis monachis concessi et dedi et multis coram astantibi/i eandem dona-
tionem cum optimatibu^ meis sic juram^/ito co/zfirmavi, ut, quisquis huic
donation! contraire ye\ illam quoquo modo p^rturbare deinceps pr^sump-
serit, ab omn\ t^rra, que mee ditioni subjaceat, extraneu^ et exheredatu^
fîat, donec illam in pace prrfatis monachis dimittat. Similit^r et optimates
coram multis juraveru/it se nu/zquam passuros cujuslibet sup^r se prin-
cipis dommium, sed ab ommbus respuendum et relinquendum, si aliquam
calu/npniam sup^r his terris inferre presumpserit, r\is\ eas in pace dimiserit
etcum monachis custodierit. Histestibu^: domino Maredud, filio Robmi;
Trahayarn, filio Grifut Weleu ; Grifino, Ulio Heylin ; Joruerth, filio
Meyraun, cum multis aliis. Datu/n litterarum per manum domini Riredi,
abbatis, mense maio.
LE MÈTRE IRLANDAIS RINNARD,
La préface du Félire d'Oengus énumère trois formes du mètre, dit
Rinnard : 1 . rinnarddd n-ardj 2. rinnardtri n-ard, 3. rinnard cethri n-ard.
Ces termes ont été expliqués de différente manière. L'éditeur du poème,
M. Stokes, avait pris ard pour équivalent de « allitération » '. M. Atkîn-
son a démontré que cette explication n'est pas admissible ' ; il traduit les
divers noms du mètre par « consonance of ihe final words in the (two,
three or four) lines of the stanza )>, désignant par cette expression Tasso-
nance des deux dernières syllabes des vers, comme le montre son
exemple du Rinnard tri n-ard :
Re si! dalach doine
toided in ri remain
luid fo recht n-ard n-erail
crist i kalaind enair.
M. Stokes^ objecte avec raison que dans ce cas le second exemple du
Rinnard celhri n-nard, cité dans la préface, resterait inexpliqué. Il pense
donc, que ard désigne l'assonance dissyllabique de deux mots, soit à la
fin, soit dans l'intérieur des vers. Mais son explication est quelque peu
artificielle, puisque souvent le même mot devrait compter deux fois pour
l'assonance; elle est même inacceptable, puisqu'il faudrait admettre des
assonances telles que Temrach : ferainn qui sont impossibles dans la poésie
1 . Calendar of Oengus, p. 1 2 ; Rev. Celt. V, 353.
2. On Irish MetriCy p. 10.
3. V. Rev, CelU VI, 274.
88 Mélanges.
du X® siècle, une consonne palatale (-'/i/i) ne rimant pas avec une non-
palatale i'^ch). Je crois M. Atkinson plus près du vrai que M. Stokes;
mais avant d'entrer dans la question^ récapitulons les règles principales
du Rinnard.
Chaque strophe a quatre vers; chaque vers a six syllabes, dont
Tavant-dernière est accentuée et dont la dernière est atone. Le 2® et le
4^ vers sont liés par une assonance finale de deux syllabes. J'omets
l'allitération et quelques autres ornements facultatifs de la versification
(Stokes, Cal, oj Oeng.^ p. 13). Mais il y a encore une règle ou plutôt
deux règles dont le rapport mutuel n'a pas été signalé jusqu'ici et qui
portent sur le dernier mot du troisième vers.
I. Une assonance dissyllabique peut avoir lieu entre le dernier mot du
troisième vers et un mot quelconque dans l'intérieur du quatrième, par
ex. prol. 19, 20 :
cain popul QoVMgdaih
in xigrad imrordus.
M. Stokes a relevé ce fait et en a donné une série d'exemples^ Ca/. 0/
Oeng,, p. 1 3 s., Rev. Celt.y V, 354 s. ; mais il faut y ajouter une autre
règle, inséparable de celle-ci.
II. Dans toutes les strophes où manque cette assonance intérieure, il
doit y avoir une assonance de la syllabe finale et atone du troisième vers
avec les syllabes finales des deuxième et quatrième vers ; p. ex. :
prol. 2j ss. Domrorbaî domtheti
clam triamuin irogsa
iartimnaib indrig^â
rith roraith inslogsa.
On sait que pour les finales atones c'est le timbre de la consonne
finale qui détermine l'assonance. Ainsi -id forme une rime parfaite avec
-aid et -uid^ mais non pas avec -ad et -ed (plus tard -eadh) ; d'autre
part ces deux derniers riment très bien entre eux. Si le mot se termine
par une voyelle, -e rime aussi bien avec -i qu'avec -a, et -a rime avec
-u. Les rimes vocaliques sont donc les plus faciles et ils abondent dans
le Félire,
Cette seconde loi est observée sans exception par tout le poème '
I. Il y a un vers fautif, mais facile à corriger, dans l'épilogue : 435. rosoera acurpu
ronoenia ananmain. Il faut transposer les mots : acurpu rosoera ronoema ananmain.
Mélanges. 89
jusqu'au vers 455 de l'épilogue. C'est le vers où commence la longue
prière dont chaque strophe a la forme : Romsôera^ a Isa ..., amail soer-
soi ...K Elle a sans doute été intercalée par un poète postérieur. Le
mètre régulier reparaît avec les deux dernières strophes^ au v. 557.
Cette assonance du troisième vers peut s'étendre sur Tavant-dernière
syllabe comme dans l'exemple cité par M. Atkinson (v. plus haut). C'est
un ornement facultatif.
III. Le premier vers de la strophe, lui aussi^ peut participer à l'asso-
nance des finales atones ; par exemple :
janv. 28 : Lahaccobran uainni 29. Anepscoip roraidiui
pais ocht nuag conani ronsnadat d'undiiius
gabsat buaid condirgi hipolitus paului
sluag mor mtsonani. gillas constant//iuf.
Mais ce n'est pas une règle obligatoire.
Quelquefois même le premier et le troisième vers sont liés entre eux
par une assonance dissyllabique^ p. ex.
aoftt 6 : Sistàn epscop ruamach
rucc suas skiWitznamach
la mochua cil baadach.
ôchluain dolcain dalach.
Je pense qu'après l'exposition de ces règles l'explication des trois
formes du Rinnard ne fait plus aucune difficulté. Le mot ard doit dési-
gner l'assonance de la dernière syllabe ou bien cette syllabe assonante
elle-même. Le Rinnard dà n-ard est notre cas I, où il n'y a assonance
qu'entre deux mots finals \\t R. tri n-ard correspond à notre règle II,
le R. cethri n-ard au n"" III. Voici les exemples cités dans la préface du
F aire :
I. Rinnard dà n-ard,
Diarmait maith mac cerbail
can aige ctnUicc
nirochluini mârlech
SLeirUch atiraite.
II. Rinnard tri n-ard :
Fland tendalach temrach Re si\ dàlach doine
I. R£9, CcU, v, 99.
90
Mélanges.
tendri fotia Urainn
otha anall domuini/n >
isi achiand dog^^^inn.
m. Rinnard cethri n-ard :
Lassar greine âin e
apstoi erenn uaige
patraic cumeit mil;
rop ditiu diiTlTuaige.
toided inri remain
luid forecht ard erail
crist ikallainn^/idir.
Aed ordn\g[Xh]t 0 bai g
for fiaith banba b\[a]idig
coich isferr imioiaid
ina ectoir ailig.
Reste le deuxième exemple du Rinnard dâ n-ard qui ne s'accorde pas
bien avec le premier :
For Kl. mis marta
nit mordai ïmnguide
senan moinenn moisi
dauid chille muine
Evidemment cet exemple appartient à la classe du Rinnard tri n-ard.
Il est vrai qu'il n'est pas absolument faux comme exemple du R. dà
n-ard ^ puisque une strophe à trois assonances est toujours en même
temps une strophe à deux assonances; mais il semble mal choisi >.
Toutes les trois formes du Rinnard^ Mael-Isu les a réunies dans les
trois strophes de son hymne [Goidelica^^ p. 174] :
Rinnard cethri n-ard : Inspirut noeb immunn
innunn ocus ocunn
inspirut nôçb chue u m
tœt achrist cohopunn.
Inspirut nôeb daittreb
arcuirp is^rnanma
diàTsnddud cosolma
argdW iTgalra.
Ardemnaib arpheccdaib
arilfern conilulct
ai su Tonnâeba
ronsôera àospirut.
lena, septembre 1885.
R. THURNEYSEN.
Rinnard tri n-ard
Rinnard dà n-ard
1. M. Stokeslit: co-Muinim.
2. Dans la plupart des strophes l'assonance finale porte non seulement sur la dernière
voyelle et sur la consonne finale, mais encore sur la consonne qui précède la voyelle. Tel
n'est pas le cas du troisième vers de notre strophe, Vs de moisi ne pouvant rimer avec le
d {dh)dt guide tt \'n de muine. Voilà peut-être la cause pourquoi cette strophe est citée
parmi celles à deux assonances.
Mélanges, 91
LA PUISSANCE PATERNELLE SUR LE FILS
EN DROIT IRLANDAIS'.
a Fils de père vivant ^ » est une expression juridique qu'on rencontre
plusieurs fois dans le Senchus Môr. Le fils du père vivant est au nombre
des incapables.
Dans l'introduction du Senchus Môr^ on lit : « Le respect de chacun
cf pour les contrats avantageux et pour les contrats désavantageux em-
« pêche le monde de tomber en démence ; cependant, il y a cinq con-
(i trats qui sont dissous chez les Fêné (c'est-à-dire en droit irlandais)
V malgré les engagements : contrat formé par esclave sans son maitre,
« contrat par moine sans son abbé, contrat par fils de père vivant, mais
« sans son père; contrat soit par fou, soit par folle ; contrat par femme
«c sans son mari 3. »
Dans le texte proprement dit du Senchus Môr, nous trouvons d'abord
le passage suivant : « Est sujet à opposition tout fuidir (sorte de serf),
« tout bothach ^littéralement habitant d*une cabane) , tout jeune homme
a confié à un tuteur, tant que la tutelle n'est pas terminée ; tout élève,
« pendant le temps où il est dans la dépendance de son maître ; tout fils
a de père vivant, car son contrat n'est pas libre ; toute femme sur la-
« quelle est tête de conseil 4. »
On remarquera que dans ce second document, plus ancien que le pre-
mier, il n'est pas question de moine, et la femme mariée est remplacée
par la femme « sur laquelle est tête de conseil, » formule qui paraît se
rapporter à une institution analogue à la tutelle perpétuelle des femmes
en droit romain et en droit germanique.
Plus loin le Senchus Môr s'exprime ainsi : « Sot est quiconque traite
G comme acheteur avec fils de père vivant en l'absence du père, sans ordre
« [du père], sans ratification [par le père]. Ratifie qui ne signifie pas oppo-
« sition et ne repousse pas [le contrat] après connaissance, le pouvante »
1. Une édition de cet article a déjà paru dans la Nouvelle revue historique de droit fran-
çais et étranger, t. IX, p. 466. Mais cette édition est moins complète que celle que nous
donnons ici.
2. Mac beo-athar.
). Astad caich in -a-sochar ocus in>a-dochar argair bailiuth inbetha. acht na cuic curu
ata taithmechta la Feine cia ro-nasatar : cor moga cen a flaith, cor manaig cen apaid,
cor metc beo-athar cen athair n-oca, cor druith no mire, cor mna sech a ceili. Ancient
laws 0/ Ireland, t. I, p. \o, 52.
4. Is urograig gach fuidir, gach bothach, gach dalta co diailtre, cach felmac in-
aimsir daire do fithidir, gach mac beo athur nad bi-saor a-chor, nach ben for-sam-be
cenn comuirle. Ancient laws of ireland t. Il, p. 2S8.
5. Baeth cach crecas fi'i mac mbeo athar i n-ecnaire a athar cen forngaire, cen aititin.
Atdaim na foeige, nad inarban iar fis, focumac. Ancient laws 0/ Ireland, t. III, p. 8.
92 Mélanges.
Le droit du père est absolu^ il n'y a pas à distinguer entre le contrat
avantageux et le contrat désavantageux, l'un et l'autre est nul quand
manque le concours du père, qui peut intervenir soit sous forme d'autori-
sation préalable, soit par une ratification postérieure, formelle ou
tacite > .
Cependant, il y a une circonstance où la capacité du fils augmente.
Quand le fils prend son père à sa charge, il améliore sa propre situation
au point de vue juridique, car alors les contrats qu'il conclut sont vala-
bles s'ils sont avantageux, et le père qui ne veut pas respecter les con-
trats formés par le fils doit prouver qu'ils sont désavantageux.
Le fils qui a son père à sa charge s'appelle en vieil irlandais mac gor,
celui qui ne soutient pas son père s'appelle mac ingor. En général, l'acte
d'entretenir les personnes majeures qui ne peuvent se suffire s'appelle
goire. On trouve cette expression dans un des plus anciens documents
irlandais qui nous soient parvenus. Je veux parler des gloses du saint
Paul de Wurzbourg, conservés par un ms. du ix« siècle, mais anté-
rieures comme rédaction à cette date paléographique. Il y est question
des veuves dont la communauté chrétienne prenait la charge ; l'acte de
charité pratiqué par la communauté chrétienne est deux fois appelé par
le glossateur goire. Il désigne par le même mot les soins qu'une fille doit
à ses parents >. Quant à l'adjectif gor, d'où goire dérive, on n'en a encore
signalé qu'un seul exemple dans un document remontant paléographi-
quement au ix^ siècle; on l'a trouvé au comparatif goiriu, glosant le
magis pius de Priscien dans le ms. 904 de Saint-Gall K
Ces explications étant données sur le sens des mots mac gor et mac
ingor ^ nous pouvons passer au texte du Senchus Môr :
« Le mac gor fait valablement opposition à tout contrat désavantageux
« conclu par son père *, il ne peut faire opposition au contrat avanta-
<c geux. Le père a le même droit envers le mac gor. Il s'oppose vala-
« blement à tout contrat désavantageux, il ne peut s'opposer au contrat
« avantageux. »
a La règle est tout autre quand il s'agit du mac ingor. Celui-ci ne peut
a faire opposition ni au contrat avantageux ni au contrat désavantageux
« conclu par le père. Le père a envers le mac ingor des droits bien dif-
1 . Cette incapacité suit dans la procédure le fils de père vivant. Etant a écoir nadma •
{Ancient laws of Irelandy t. I, p. 84, ligne 28) il ne peut saisir (t. I, p. 86, ligne 8) ; de
même qu'il ne peut être saisi. Il y a réciprocité en cette matière : « ni tobuing nech for
na tobungar t (t. 1, p. 86, note i ; Supplément à O'Reilly, p. 714, col. i, ligne i.)
2. I. Ad Timotheum, V, 1,9, 16. Zimmer, Clossét hibemica, p. 174, 17$.
3. Ascoli, Codice Irlandae dtW Ambrosiana^ t. V p. 41, glose 10 de la page 40 b
du manuscrit original .
Mélanges. 93
« férents ; il annule tout contrat désavantageux et tout contrat avanta-
ge geux conclu par le mac ingor, mais il faut qu'il fasse opposition de
« telle façon que cette opposition soit connue de tout le monde. Il peut
« reprendre les biens de son fils en quelque endroit qu'ils se trouvent ;
« il est propriétaire du prix que son fils a reçu en cas de vente, ou de
« l'objet donné à son fils en contre-étrange ' par qui que ce soit. Voilà
« pourquoi on dit : Ne vends rien à incapable, n'achète rien de lui.
« N'achète ni d'idiot, ni de femme, ni de prisonnier, ni d'esclave mâle
a ou femelle, ni de moine, ni de fils de père vivant >. »
La rédaction de la partie du Senchus Màr^ qui contient ce passage),
a, comme l'introduction, subi dans une large mesure l'influence ecclé-
siastique. Voilà pourquoi le moine reparait dans la liste d'incapables que
ce troisième passage renferme, tandis qu'il n'est pas question du moine
dans la nomenclature plus ancienne que comprend notre seconde cita-
tion. Mais du reste le principe énoncé dans cette troisième citation n'est
en rien nouveau.
Quand le fils avait-il son père à sa charge ? En principe, les vieillards
sont à la charge de la famille. La famille, fine y se compose de tous les
parents, non seulement en ligne directe, mais en ligne collatérale jusqu'au
quatrième degré, qui se calcule comme en droit canonique. La parenté
par les femmes ne joue qu'un rôle accessoire. Ordinairement on ne tient
compte que de la parenté par les hommes, et la charge des vieillards in-
combe à ceux qui héritent, ou qui profitent du droit lucratif analogue au
wehrgeld germanique. Passé le quatrième degré, on sort de la fine et on
ne peut en général élever de prétention m sur l'héritage ni sur le droit
analogue au wehrgeld, et réciproquement on n'est pas responsable des
crimes commis par les parents au delà du quatrième degré 4. De même,
passé le quatrième degré, l'obligation de prendre soin des vieillards dis-
1 . Un seul mot, frithfola, représente dans le texte irlandais et le prix de vente et
l'objet donné en contre-échange. Le plus vieux droit irlandais ne connitt pas Targent
monnayé.
2. imfuich mac gorcach n-dochur im a athair, n-imfuich cach sochur... Isamlaidin t-
athair fri-sin mac n-gor : imfuich cach n-dochur, n-imfuich cach sochur. Nimta in mac
ingor : n-imfuich -side nach sochur no nsch dochur di-a athair. Nimtha int-athair fri-sin
mac n- ingor : dointa-side cach n-dochur ocus cach sochur di-a mac, mad forfoccra curu
a meic co fiastar cach. It dilsi do seoit a meic, cip airm in-a-tair ; nach frithfola friu,
cia me a mac sum ar cach, it dilsi ; is de asberar: « Ni rit, ni cria fri dodamna. Ni
cria do baeth filit la Peine, do mnai, do cimid, do mug, do cumail, do manach, do mac
beo-athar. . ». Ancient laws of Ireland^ t. III, p. $6, 58.
3. EUe est intitulée Corus Becsna, c'est une sorte de supplément ; elle occupe les pages
1-79 du tome 1 II des Ancient laws of Ireland,
4. Accepimus ab arbitris, qui dicuntur jndices seculares, a quibus accepimus jure
consuetudinario, quod omnes deberent condempnari usque ad quartam generacionem non
lolum in recta linea sed eciam in collateralibus ; sed dico me esse excusatum, cum jus
meum non dbponit de damnatione alicujus nisi saltem delinquentis. — Déclaration éma-
94 Mélanges.
paraît. Mais au quatrième degré et au-dessous, cette obligation n'existe
pour les collatéraux qu'à défaut d'eniants >.
Cette obligation pour le fils ne souffre pas d'exception, si le père est
malade ou tombé en état d'imbécillité. Mais si le père quoique vieux est
resté valide, l'obligation de l'entretenir n'existe pas pour le fils en cer-
tains cas. Par exemple : un père a donné à chacun de ses enfants une
portion de son bien, mais il a exclu un fils de cette libéralité ; ce fils ne
peut être obligé de contribuer à l'entretien du père. Le père, par sa
faute, a perdu sa fortune : il a commis un crime, et a dû payer des dom-
mages-intérêts qui ont absorbé sa fortune ; ses enfants ne peuvent être
contraints de le prendre à leur charge ; il en serait autrement si le crime
avait été commis par un parent et si la ruine du père était la conséquence
de la responsabilité des membres de la famille. Le père a donné son fils
en servage à un chef : le fils n*est pas obligé de prendre son père à sa
charge >. Bien entendu, ces règles ne s'appliquent point quand le père
est malade ou tombé en état d'imbécillité.
On voit par là dans quelles circonstances le fils entretient son père,
reçoit le titre de mac gor et, par conséquent, échappe à l'incapacité or-
dinaire du fils de père vivant.
Une des règles que nous venons d'énoncer nous fait connaître un des
droits du père, c'est de donner son fils en servage à un chef. Le mot que
j'ai rendu par servage, — esclave ne serait pas le mot propre, — est
daire^ plus anciennement d6ire.,Lt dôer, littéralement malus homoy s'op-
pose au sôety littéralement bonus homo ; c'est un homme de condition in-
férieure : son état s'appelle dâire. Il a reçu un cheptel qui le met dans la
dépendance d'un chef, et il ne peut reprendre sa liberté en restituant le
cheptel, parce qu'outre le cheptel, le chef a payé le prix de l'honneur de
son subordonné : ici c'est le père qui a reçu ce prix.
Un autre droit du père est énoncé de la façon suivante : « L'associa-
« tion qui existe entre l'élève et le maître qui a l'élève en pension chez
« lui produit les effets que voici jugement, preuve et témoignage
née du brehon James O'Scingin, en 1 571. Chez Gilbert, Pacsimiles oj national manuscripts
of Irelandy partie IV, fascicule i , planche xvi.
1. Imfuich cach curud a-comfocuis mad earaneastor a dntu... eu n-iardraige gaire
adruidleact finntiu. « Chacun peut attaquer les contrats de son parent, quand il est res-
c ponsable de ses crimes... et quand il doit contribuer à l'entretien des vieillards qui est
d une charge de la propriété de la famille i> {Ancient laws of Irelandy t. Il, p. 282). Le
père en premier lieu est responsable de son fils. C'est à défaut du père que la responsa-
bilité passe aux frères et aux cousins du coupable: a-chin for athatr. Is a-suidiu i-na bi
athair, teit a-chin for a-brathair ocus a-defbfine (Ancient laws of Irdand, t. IV, p. 240).
Voilà pourquoi le frère et le cousin n'ont la charge du vieillard qu'au défaut des nls.
2. Mac di-a tabuir aithir sain-miscuis ; mac fo-n-aguib aithir çinorba ; mac fo-n-asabh
a aithir i n-daire do flaith. Comparez la glose {Ancient laws of Ireiand, t. III, p. 6a).
Mélanges. 95
« appartiennent au maître sur l'élève, comme au père sur le fils, comme
« à l'église sur le moine >. ». Ainsi le père est juge de son fils.
Ces textes irlandais peuvent être rapprochés d'un passage bien connu
des Institutes de Gaius, 1. I, § 55 : Fere enim nulli sunt homines qui talem
infiUos habent poiestaiem qualem nos habemus... nec me prêtent Galatorum
gentem credere in potesîaîe parenîum liberosesse. La puissance paternelle en
Irlande paraît ressemblera celte qui existait chez les Galates suivant Gaius.
Comme en droit romain, cette puissance pouvait se terminer par
l'émancipation. Le fils émancipé s'appelle en irlandais saer^leicthe, mot
composé dont le sens littéral est « laissé libre > ».
Le droit irlandais connaît une sorte d'adoption. Quand les enfants ne
veulent pas prendre à leur charge leur vieux père, celui-ci peut s'adresser
à un parent ou même à un étranger qui prend alors le titre de « fils de
protection », mac foesma. Celui-ci hérite au détriment des enfants ^
pourvu que le reste de la famille, c'est-à-dire que l'ensemble des parents
jusqu'au quatrième degré ait approuvé l'acte intervenu entre le vieillard
et \e mac foesma^. L'approbation des parents fait entrer le mac foesma
dans la famille ou fine. Il y entre à titre de ce que l'on appelle fine tac-
cuir a famille ou parenté de réception ( » .
Mais le fils adoptif n'est pas sujet à la puissance paternelle ; dans ses
rapports avec l'adoptant, il ne peut être assimilé qu'au mac gor. Le père
et le mac gor ont le droit réciproque d'annulation des contrats désavan-
tageux ; mais ce droit n'a rien à voir avec la puissance paternelle . Ce
droit appartient à tous les parents jusqu'au quatrième degré (calculé
suivant le système canonique), c'est-à-dire à tous les membres de la
famille ou fine^. Il est la conséquence de la responsabilité réciproque des
1 . Breithemnus ocus imdenam ocus fisdnaise don oite forcetail for in dalta, ocus don
athair for a inac,ociis don celais for a manach {Ancient lams 0/ Inland^ t. Il, p. 348).
— Vnrî in uxores sicuti in liberos vitae necisque habent potestatem (Qesar, De btùo gai-
licOf 1. Vf, c. 19, fi )). — L'usage de mettre les enfants en pension chez un mattre ex-
plique le passade de César, ibtd,^ 1. VI, c. 18, Ç ) : Suos liberos, nisi cum adoleverunt,
Ht munus militiae sustinere possint, palam se adiré non patiuntur. Les droits du mattre
ou père nourricier sont l'objet d'un livre du Senchus Môr Ce livre est intitulé Gain iar-
raith (Ancient laws of Ireland, 1. 11, p. 146 et suiv.).
2. Ancient laws of Ireland, t. I, p. (2 : Il vaudrait mieux écrire sàer-Uicthe.
). Focetrd a athair mac ingor a horba, ocus foceird a orba fri nech dogni a gaire, co
raib log fir de, muna dena a mac a gaire, acht mad athair anfoltach {Ancient laws of Ire-
Uud, t. III, p. 52).
4. Ni techta nach foessam, ar na tegat ratha fine, ocus nad fomgara aige fine; ar di-
chenglaiter cach cor cen raith fine la Feine {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 206 ; pour
la glose voir au bas de la page suivante).
(. Fine-taccnir is-sede do-m-berat cuir bel a foessam ; ni cobrannaide dan iinteda,
acht ni i fuisedar cuir bel {Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 284; voir la glose
p. 288).
6. Imn-s-fuichfineimânetur, imu-s-fiiichet, imu-s-cuitcet, imu-s-cobratar, imu-s-cum-
taiget fine {Ancient laws of Ireland, t. II. p. 280}; • Réciproquement la famille les at-
96 Mélanges.
membres de la famille quand un d'entre eux commet un crime ou un délit et
qu'il y a lieu à payer des dommages-intérêts >. H. D'A. de J.
GLOSES IRLANDAISES DU PSAUTIER DE SAINT CAIMIN
Un fragment du psautier dit de saint Caimin appartient aux Francis-
cains de Dublin. On a cru autrefois que ce document datait du vue siècle,
il est établi qu'il n'est pas antérieur au xr. Il contient quelques gloses
irlandaises. Grâce à l'obligeance de M. le comte Nigra, j'ai pu en donner
cinq dans le tome xlvi (1885) de la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes^
p. ^45. Les voici :
F'^ I r® : .i. cai/ztech (gl. : eligiaco meiro}.
F° 4 r° : agulum .i. binmén (coagulum compositum a con et agulum
v^/agelocogilatum). — Foeside (gl. coagulatum estsicut lac cor eorum . )
F° 5 r» : bagair (gl. paulo minus).
F'' 5 v° : ciacruth igl. quomodo-.
Quatre autres gloses du même ms. me sont signalées gracieusement
par M. Whitley Stokes et je m'empresse de les faire connaître :
F" 1 r" stairscribnid libuir historiarum isintib ata fuidell scél indrechto
(gl. Joseph[us] hautem refert in libris ap/aioXoyiaç hune psalmum).
Fo 5 V* forbe (gl. consummalioni).
F" 3 r° portio .i. ainm errannais nech de phurt coitchent.
F** 6 v° inmâr (gl. usquequaque^ ^.
Un fac-simile de quelques lignes de ce manuscrit a été donné dans
l'intéressante et utile publication de M. J.-T. Gilbert : Fac-similés of na-
tional mss, of Ireland, t. iv, seconde partie, appendix, planche xxi, avec
une notice dans le même volume, p. cxii ^cf. édition in-8, p. 353)^ Le
psaume dont il s'agit est le i iS** delà Vulgate : Beati immaculati . Le texte
latin : Josephus autem refert in libris aç/aioXoy 'aç, est emprunté au Brevia-
rium inpsalmos, attribué autrefois à saint Jérôme (Migne, Patrologialatina,
t. xxvi, col. 1 187. C.). Le savant irlandais, qui rendait àpyratoXoYi'a par
fuidell scél indrechto, « reste d'histoires du droit », n'avait pas lu dans
l'original u les antiquités judaïques » de Josèphe H. d'A. de J.
tt taque ; les parents les soutiennent en qualité de conjuratores , leur viennent en aide,
« les protègent » (comparez ce qui précède, p. 278, et ce qui suit, p. 282 du t. Il des
Ancient laws of Irelandj .
1. Ancient laws of ireland^ t. IV, p. 240 et suivantes. Comparez la note 4 de la p. 93,
ci-dessus.
2. Humiliatus sum usquequaque. Domine.
5. Comparez la notice consacrée à ce ms. par M. Gilbert : Foutth report of the
commission on historical manuscripts^ Part I, Report and appendix, p. 6ot, où ce ms.
porte le n° 3 dans le catalogue dressé par ce savant des manuscrits qui appartiennent
aux Franciscains de Dublin, 1874.
BIBLIOGRAPHIE.
Légendefl chrétiennes de la Bas se -Bretagne, par P.-M. Luzbl. 2 vol,
10-12 de XI-363 et 379 p. Paris, Maisonneuve, 1881. — Prix: 15 fr.
Nous n'avons point parlé de ce livre lors de son apparition, parce
que nous espérions que M. Reinhold Kœhler, Phomme le plus versé dans
la littérature des contes, consentirait à se charger de ce soin. Notre es-
poir n'ayant pu être réalisé, nous venons tardivement, non pas aborder
Tétude de cette belle collection, 'mais dire simplement que c'est une des
publications les plus importantes qui nous soient venues de la Bretague
et une des plus originales parmi les collections du folk-lore européen de
notre temps. Nous ne parlons pas de son intérêt littéraire et en quelque
sorte moral : le témoignage de l'Académie Française, qui lui a décerné
un des prix Montyon, en dit assez à cet égard.
Avant l'apparition du recueil de M . Luzel, on avait publié peu de
contes chrétiens : et, surtout, on n'avait pas essayé d'en réunir assez
pour former un ensemble. On en trouvait un peu partout dans les recueils
de contes: mais la France à cet égard était particulièrement pauvre.
Comme contes chrétiens recueillis dans le peuple en France avant
M. Luzel, nous ne connaissons que quelques contes alsaciens dans VAl--
saiiade M. Stœber, quelques contes basques dans le recueil de M. Cer-
quand et quelques légendes agenaises publiées par M. Ad. Magen dans
le Recueil des travaux de la Société d'agriculture^ etc.^ d'Agen,
Ce qui a permis à M. Luzel de faire une aussi riche collection, c'est
d'abord le zèle persévérant de longues années de recherches, c'est aussi
et surtout l'atmosphère religieuse de la Basse-Bretagne, où se sont con-
servées, aussi fraîches qu'au premier jour, ces fleurs de légende flétries
sûlleurs au vent de l'esprit moderne. La Basse-Bretagne est un de ces
rares pays où l'on peut encore se représenter l'état intellectuel et moral
du moyen âge, au temps où, pour le peuple, la religion chrétienne était
dans la légende plus que dans le dogme, et où les dieux et les héros du
Rc9. Celt. VII. 7
98 Bibliographie.
christianisme, le Père Eternel, Jésus-Christ, la Vierge, le Diable et les
Saints étaient partout présents dans des histoires familières, tragiques ou
facétieuses, qui formaient comme un cours de religion et de morale pra-
tique. La plupart des légendes qu'a recueillies M. Luzel se retrouvent
semblables dans la littérature du moyen âge : mais, dans cette littérature
du moyen âge, elles sont mortes, tandis qu'elles vivent dans le livre de
M. Luzel.
Nous devons nous borner à cette caractéristique'générale ; car il y au-
rait trop à dire si nous voulions entrer dans le détail de ces légendes.
On en trouvera le sommaire plus haut (t. V, p. ^03). Dans cet ordre du
folk-lore, M. Luzel a ouvert la voie à nos collecteurs, et dans d'au-
tres provinces on commence maintenant à recueillir les légendes chré-
tiennes. Nous doutons qu'on y fasse un aussi riche butin, et du reste
nous ne voyons pas Tutilité'de publier toujours les mêmes contes quand
on les rencontre dans une province non explorée encore. Il suffit de
dire, comme on dit dans une flore, qu'on a rencontré tel conte et dans
telle variété.
Ce n'est là qu'une partie de la moisson faite par M. Luzel en Basse-
Bretagne. Il a été un des premiers en France à recueillir les contes po-
pulaires, et il n'a encore donné que des extraits de sa collection. Cela
tient à ce que son étendue en rendait la publication difficile. Mais
M. Luzel a enfin trouvé un éditeur intelligent, M. Ch. Leclerc (Maison-
neuve) qui, dans la même collection, va publier le recueil en trois vo-
lumes des autres contes de M. Luzel. Il n'est que temps, car les recueils
de contes se multiplient, et M. Luzel, qui a été un des premiers à la
peine, ne sera plus un des premiers à Thonneur. Ce nouveau recueil est
en ce moment en cours d*impression. Nous désirons fort que M. Luzel
le termine par ce qui manque à ses Légendes chrétiennes^ un index où soient
classé^ les traits, épisodes, incidents, personnages et aventures épar-
pillés dans tous ces contes. La littérature des contes est aujourd'hui tel-
lement considérable qu'on ne peut exiger d'un érudit qu'il lise, plume en
main, tous les recueils de ce genre : mais un index comme celui que
nous demandons permet de s'orienter en un instant et de trouver dans
un recueil de contes le type, l'incident ou le trait dont on s'occupe.
Nous savons bien qu'aucun recueil français de contes n'a encore
paru avec un index, comme ceux qu'on trouve dans plusieurs re-
cueils d'autres pays. Cela prouve seulement que nos collecteurs de contes
ne se faisaient pas une idée exacte des services que la critique attendait
d'eux.
H. Gaidoz.
Bibliographie . c)g
Le Bulletin de la Société archéologique du F inistèrej années 1883 et 1884,
contient deux articles de M. H. de la Villemarqué intitulés: La poésie
bretonne sous Anne de Bretagne (t, X, p. 13-32), et Textes bretons du
moyen âge (t. XI, p. 50-59).
Le premier est une charmante causerie en même temps qu'un chapitre
instructif de rhistoire littéraire de Bretagne. L'auteur tire un parti fort
ingénieux d'un livre rarissime de la Bibliothèque Nationale, An Novellou
ancien ha deuot^ réimpression faite en 1650 de textes qui remontent à
l'époque de la duchesse Anne. M. de la V. cite à ce sujet, p. 2 1 , un Noël
finissant par cette strophe :
Hoz bety Mary, deuotion
Da pidiff Doue^ guir Roue an Tron
Euyt Ytron an Bretonnet^
Nouel e quentel don gueiet.
Il traduit ces deux derniers vers a pour la Dame des Bretons qui. au
temps de Noël, est à nous visiter » ; et il ajoute : « Cette prière remonte
donc évidemment au 25 décembre 1505 ». Mais je ne crois pas que ^'oue/
e quentel puisse signifier « au temps de Noël ». Le vers Nouel e quentel
don gueiet est un refrain qui revient au bout de chaque strophe et qui ne
se rattache pas directement à ce qui précède ; il doit signifier « Noël est
arrivé », littéralement « Noël (est venu) pour nous voir », cf. Deomp...
en quentel .„de gueiet, allons le voir. Grand Mystère de Jésus, p. 227,
col. 2; so duet en quentell daz gueiet, (je) suis venu te voir^ ibid. , p. 183,
me a ya ,. en quentel da comps, je vais parler, ibid.^ p. 199, etc. Les
deux premiers vers de la première pièce qui ouvre le recueil de Noëls
cité par M. de la Villemarqué sont encore plus concluants ; les voici :
Nouel Nouel e quentel don gueiet
So diliuzret ' gant doue bon guir Roue benniguet^
c'est-à-dire « Noël ! Noël pour nous voir est envoyé par Dieu, notre vrai
roi béni ». Us sont seuls et forment une sorte de refrain, le reste du can-
tique étant par quatrains.
L'autre article contient une des pièces des Novelou ancien ha deuot,
avec traduction et remarques diverses. Toutes les strophes^ sauf la
dixième et la treizième, sont des distiques, quoique disposées en quatre
lignes. La septième se lit ainsi :
Da Jésu, creff en pep queffcr,
i. Lisez dikuzrit.
1 00 Bibliographie,
Euel hon crouer an qiurchaff^
Dan maro han beo eff eo an Roue,
Ny die don Doue desaff stouer.
Le poète primitif a évidemment écrit ce dernier mot stoueaff; le mot
précédent était sans doute diuoe, et querchaff doit se lire querhaff. Mais
l'expression en pep queffer veut dire « à tous égards, de toute façon », et
n'a pas besoin d'être corrigée : on la retrouve dans le Grand Mystère de
Jésus, 196 b, Sainte Nonne, v. 1425, etc., cf. le synonyme pep queffer,
Poèmes bretons, 77, et l'expression en nep quefver, bien rendue par « de
quelque manière », Gr, Myst. de Jésus, 2S b ; nep queuer, sous aucun rap-
port, Sainte N., v. i486.
M. de la V. nous promet, p. 51, de continuer cette réédition des
Novelou; ce sera un nouveau service qu'il rendra à la science du breton
moyen, pour laquelle il a déjà fait plus que personne.
Emile Ernault.
CELTIC DECLENSION.
Sous ce litre, M. Whiiley Siokes vient de publier dans les Mémoires
de la Philological Society un travail des plus importants qui se divise en
quatre parties :
La déclinaison en vieil irlandais (p. 1-34). — La déclinaison bretonne
(p. 34-41J. — Les inscriptions en vieux celtique, y compris les textes
ogamiques (p. 42-76). — La déclinaison en vieux celtique (p. 77-105).
Bien que l'étude de la déclinaison celtique fasse l'unité de cette œuvre
magistrale, l'auteur a eu l'occasion d'y donner son avis sur une foule de
points qui touchent soit à l'interprétation des plus anciens documents
celtiques, soit à la phonétique, à la conjugaison et à l'étymologie. Il n'est
pas besoin de faire ressortir, dans cette Revue l'intérêt qu'offre un plan
si judicieux et si vaste^ traité par un savant si autorisé; il suffit de si-
gnaler cette bonne nouvelle à nos lecteurs.
Je présenterai seulement une remarque : M. Stokes admet assez sou-
vent, avec M. Rhys, que des substantifs bretons d'un usage courant
viennent d'un autre cas que le nominatif. Je crois, comme M. d'Arbois
de Jubainvitle, que le fait a lieu uniquement dans certaines locutions où
un cas oblique a été pétrifié, et qui sont restées à l'état d'expressions ad-
verbiales. Voici, parmi les mots gallois auxquels M. Stokes donne cette
origine, quelques-uns de ceux qui se retrouvent en breton de France.
Gall. menechi « moines » = irlandais manchu, accusatif pluriel, latin
Bibliographie. loi
monachôs (p. )5). — Le seul vrai pluriel de mynach me semble étrem^^-
neich = breton menec^h, du lat. monachi. Le pluriel gallois menechi est
proprement un collectif identique au breton menec^hi, minic'hi a enclos
de moines » (cf. D. Le Pelletier), « asile », du lat. monachia, voy. Car-
tulaire de Landévennec, i6 et 21. Cette forme celtisée a donné lieu au
mot haut-breton minhy {CathoUcon], elle a même été relaiinisée en mini"
chya [ibid.]. Une pareille adaptation n'a rien qui doive surprendre,
puisqu'on lit, dans la petite édition du Catholicon^ Bibliothèque nationale
X 1429 -f- + A b, après le mot cite: « Ciuy g. 'fraises, latine hoc ci-
uium uii ». L'auteur de ce latin fantaisiste concevait évidemment son
breton ciuy « fraises » comme un collectif, en quoi il n'avait peut-être
pas tort; ce mot et l'irlandais suibh a fraisier» (0' Reilly) se concilieraient
au moyen d'une forme * subion, cf. Rev, celt,, V, 127 et VI, 391. Quoi
qu'il en soit, on. peut mettre en regard de menec'h et minic'hi le pluriel
vannetais meistr^ mistr « maîtres », du latin magistfiy à côté de la forme
des autres dialectes armoricains mistriy gall. meisîri « maîtres »^ dont le
correspondant comique meysîry^ mestry^ avait gardé le sens abstrait
« puissance », du lat. magisterium ; cf. comique servysy a serviteurs »
du latin servitium; je suppose que la désinence de mestrysy » maîtres» est
due à l'analogie de ce mot servysy , qui exprime une idée corrélative.
Gall. undod a unité », = irl. ôintaith, cas oblique, le nominatif singu-
lier est ôintu (p. 40). — Le suffixe breton ^det^ -ded, en gall. -dod, est
expliqué avec plus de vraisemblance, Rev. celt.^ III, 226, par la forme
du nominatif bas-latin -tltis. Si le vieil irlandais trindôit « trinité » est,
comme il semble bien, venu du latin par l'intermédiaire d'une pronon-
ciation bretonne, son passage à la déclinaison en 7 (Celtic declension, 17)
s'explique naturellement par la ressemblance du nominatif * îrinddtis avec
lenominatif -Is des thèmes féminins en I [cf. ibid, ,15).
Gall. mis « mois » = irl. mis ou m75-n, datif ou accusatif singulier de
ml Ip. 41). Le rapport du bret. mis à l'irl. m'i est plutôt identique à
celui du lat. mensis au grec [xi^v, éolien \kti^ \ le suffixe du pluriel gal-
lois misoedd semble un indice de ce thème en /, cf. Celt, deci,^ 37.
Gall. elin « coude » = irl. uilinn ou uilinn-n, dat. ou ace. sing. de
aille (p. 40). — L'irl. uille répond au grec u)Xr,v; le breton ilin rappelle
mieux le grec (oXévT), lat. ulna.
Gall. troed « pied » = irl. îraigid, cas oblique de îraig (p. 40). — Le
pluriel breton treit, comique treys, = * tragefi, ce qui indique un thème
en 0; le sing. bret. troad « pied » semble représenter un mot vieux cel-
tique ^trag-etos « coureur » qui est à peu près à l'irl. traig = *trages
comme épicertf; est à serpens, comme le grec moderne oépo/raç est au
102 Bibliographie.
grec ancien (pcpcov, comme le gaulois *carantoSy latinisé en Carantus (cf.
Dottin, Bulletin de la Société de Linguistique de PariSj n*^ 27, p. xiii) est
à * carans = irl. cara, bret. car « ami », plur. nom. * tarantes = irl.
carait.
Gall. maes a champ » = * mag's^ de * magesos^ irl. ma/g^^ génitif, ou
*ma^esi, irl. mj/g, datif de magos, irl. mag, gall. ma (p. 41), sanscrit
mfl/ïfl5 (p. 27). — Cette dérivation aurait pour analogue l'étymologie
donnée Et, gram., 19, pour le bret. c^houes « sueur n, gall. chwys^
= *svid^s^ de *svidoSy gr. îSoç, lat. 5u^or. Mais Vs de c'touM peut s'ex-
pliquer comme celui de kreis a milieu », = ^cridy-y Rev. celt., VI, 390 ;
le bret. c'houezan « je sue », gall. chwysaf^ == sanscrit svldyâmi, cf. gr.
IBm, Quant au gall. maes, bret. et corn, mèsy il peut se rattacher soit à
un nominatif gaulois * max, allié au grec fi.7jxoç, comme le latin plebs au
grec wXvjOoç, soit à un dérivé commençant par "^mag-s- ou *mac-s, La
première de ces hypothèses est rendue assez vraisemblable par la pa-
renté du V. irl. immach a foras » aujourd'hui amach, avec le gall. imaes,
corn, yn mis, bret. e mes; ces expressions signifieraient proprement « au
large », et. le gall. ymaith « en route », de maith « large », racine fn^c.^
Comparez à im-mach, où mach doit être à l'accusatif, Tirl. mâcha
« plaine », machaire « Tempe », Irisclie Texte ^ I, 67$. Magies, cité par
la Gramm, celt^,, p. 4, note, peut être un compromis analogique entre
mag et mais, maes; c'est ainsi que le moyen breton doen « porter » (cor-
nique doen, gall. dwyn= * duc-n-) perdu, autant que j'ai pu le constater,
dans tous les dialectes armoricains, sauf celui de Batz [Loire Inférieure)
a été remplacé par dougen, produit du mélange de doen avec doug-^ ra-
dical courant du verbe.
Le gall. ugain « vingt », bret. ugent, est rapporté, p. 40, à un cas
oblique du nom de nombre déclinable en irlandais, dont le nominatif est
fiche . Cette généralisation ayant eu lieu dans [les autres langues ario-eu-
ropéennes, comme gr. s'xocti, lat. viginti, est fort admissible en breton ;
l'explication différente, par un dérivé, proposée p. 96, ne parait ni
exigée par la phonétique, ni appuyée par aucun mot réel.
La forme unique du nominatif singulier n'avait pour soutien que l'ac-
cusatif singulier dans les noms neutres, et aussi le vocatif singulier dans
plusieurs autres circonstances ; au contraire le reste du singulier, tout le
pluriel, tout le duel et le thème gardé par les dérivés et les composés
lui faisaient une concurrence redoutable. La victoire du nominatif singu-
lier breton n'en est que plus éclatante. L'excellent traité de M. Stokes
permet de la constater, malgré des restrictions sur lesquelles je viens
d'exprimer mes doutes. Emile Ernault.
Bibliographie. 103
Bgiifitff rar l'origine du nom des oommunes dans la Tonraine, le
Vendomois et nne partie du Danois, par M . le comte de Chaban, an-
den conseiller de préfecture d'Indre-et-Loire et de la Somme, in-8, xxxiv et 263 pp.
Paris, Vieweg, 1885.
M. de C. a voulu exposer la méthode étymologique applicable aux
noms de lieu. Il donne d'assez nombreux exemples à l'appui de sa thèse.
Mais la linguistique parait lui être absolument étrangère. Pour l'auteur,
les lois phoniques n'existent pas ; il n'y a que des caprices de pronon-
ciation; les sourdes et les sonores s'échangent sans raisons.
M. de C. cite, page ^, la Grammatica celtica. S'il avait parcouru at-
tentivement le livre de Zeuss, il n'aurait certainement pas choisi les
formes modernes du breton pour rendre compte d'anciens noms de lieux.
Il est vrai qu'ainsi il lui aurait été moins facile d'expliquer Tours, Tu-
rones^ par dour « eau » (vieux-breton dubr), Cher, Cârus, par kaer
« beau » (v.-br. cadr]^ Loire, Liger^ parleur « sol » dont Veu repré-
sente un 1 primitif, cf. l'irlandais Idr,
Enfin, si quelques noms latins de lieux semblent avoir été traduits du
français, comme Bonus oculus, Bonneuil, il ne s'ensuit pas que des noms
comme SabiniacuSj Campaniacus^ ne s'expliquent point par les gentilices
latins Sabinius, Campanius. C'est en étudiant les chartes qui nous ont con-
servé ces noms de lieu, que nous pourrons arriver à savoir si la forme
latine est primitive ou si elle a été faite sur la forme française.
Le travail de M. de C. montre une fois de plus que des recherches
patientes et consciencieuses n'aboutissent guère quand elles ne sont pas
dirigées par la méthode historique.
G. DOTTIN.
L'INSCRIPTION DU GROSEAU.
Aeria, Recherches sur son emplacement, par Tabbè Ferdinand Saurel,
chanoine honoraire de Montpellier. Paris, chez Alphonse Picard, 1885, gr. in-8, viii-
138 p., avec 2 cartes et } planches.
Prenant pour texte cette phrase de M. Ernest Desjardins : « L'em-
placement d'Aeria n'a pas encore été déterminé », l'auteur de ce vo-
lume s'est donné la tâche de combler cette lacune. Il l'a prise fort à
cœur, « fouillant avec une égale intrépidité les terrains et les livres »,
rapportant exactement tous les textes, exposant consciencieusement
toutes les solutions contradictoires données jusqu'à ce jour ; et enfin il
est arrivé à cette opinion, que l'ancienne Aeria était probablement a sur
la montagne de Venteron, vulgairement appelée Clairier, entre les som-
mets de Bel-Air et d'Arfuyen, à environ 2,500 mètres sud-ouest de
1 04 Bibliographie .
Malaucène, sur la limite qui sépare le territoire de cette commune de
celui du Barroux » (p. 79]. Il ne m'appartient pas de juger les nom-
breux arguments que Tauteur fait valoir en faveur de cette attribution.
La seule critique que je puisse lui faire, et qu'on lui a déjà faite (pp. vin,
1 ^0) c'est que les étymologies celtiques sur lesquelles il s'appuie quel-
quefois n'ont aucune valeur. Je n'insiste pas, parce que M. l'abbé Sau-
rel m'a fait savoir, avec la plus grande loyauté, qu'il en est à présent
aussi convaincu que moi. Ce ne sont, d'ailleurs, que quelques passages
à sauter (pp. 48, 51, 1 30-132).
C'est à M. l'abbé Saurel que le monde savant doit la connaissance de
plus en plus approfondie de l'inscription gauloise du Groseau. Il l'a re-
produite en phototypie et dessinée, Aeria, pp. 97, 93. La Revue archéo-
logique^ 3« série, t. IV, juillet-décembre 1884, p. 380, en donne un fac-
similé (cf. ihidy^ p. 239)^ et le Bulletin de la Société des Antiquaires de
France, 3* trimestre, 1884, p. 188, en contient un dessin.
Elle a été déchiffrée et interprétée de diverses façons. M. H. de Ville-
fosse l'a lue d'abord
MIYG
ÂIMIAK
PACEAOÏB
PATOYAE
KANTENA
puis
AOYG
AÏAKOC
lAGEAOY
[B]PATOYAE
KANTENA
[Revue archéologique, mai-juin 1884, p. 371, 372; juillet-décembre 1884,
p. 237; Bulletin épigraphique y t. IV, p. 341; Aeria, première édition,
p. 98, 99, 1 36*) ; ensuite ce savant a lu
AOYG
AIAKOG
PAGEAOY
[B]PATOYAE
KANTENA
(Bulletin ... des Antiquaires de France, troisième trimestre, 1884, p. 187;
le dessin de la page suivante porte cependant, à la deuxième ligne,
AIAKOG).
Bibliographie. 105
M. Mowat a proposé de lire
ENEAOYC
ÂlMIAKOC ou ÂlAAlAKOG
EPAGEAOY ou BPACEAOr
BPATOYAE
KANTENA
{Revue Archéol.y juillet-décembre 1884^ p. 2)8).
M. Allmer a lu en premier lieu
Aorc
VAAIAKOC
AACEAOr
PATOTAE
KANTENA
Aeria, p. 98), puis
ACYG
NAAIAK[0C]
[rjPACEAOY
[BJPATOYAE
KANTENA
qu'il transcrit et traduit ainsi, d'après M. Rochetin : ... Xau; ... voXtvxoç
rpaaeXou ^pa-rouSs xavxeva ; en latin . . . Isys . . . naliacus Craseli posuit
ou dedicavit libens; c'est-à-dire «... Isys, de tel endroit, a-élevé ou
dédié (cet autel) de- Graselos avec- reconnaissance. » Graselos serait
l'ancienne forme du nom de la fontaine du Groseau {Revue épigraphique
du midi de la France, n'* )3, avril 1885, p. 104, 105).
M. Rochetin avait traduit:
c Un-tel, aux-nymphes ou aux-génies du-Groseau, solvit votum ».
[Revue Archéologique^ 5* série, t. V, janvier-février 1885, p. 1 1 1 , 112;
cf. Aeria, p. 1 36***, où il y a au génie au singulier).
J'ai examiné cette inscription dans le Bulletin mensuel de la Faculté des
Lettres de Poitiers, février i88j, p. 86-91 ; j'y proposais, p. 87, la lec-
ture suivante, où chaque point représente une lettre qui manque :
... AOYC.
.lAAlAKEO.
MAGEAOYB
PATOYAE
KANTEAA.
I o6 Bibliographie.
Je complétais et traduisais ainsi : . . . Xouç . . iXXiotxco[c] (AoureXou ^touSc
xavTeXa[v] ; en latin , . , lus . . illiaci-filius posuit ou erexit ex-decreto [nom
de l'objet), p. 87, 88, 90.
«
L'auteur d'un article qui a paru sans signature dans la revue anglaise
The Academy du 21 mars 1885, p. 210, col. i, adopte, d'après ma lec-
ture, le texte suivant :
: : AOÏC :
.lAAIAKEO:
MACEAOYB
PATOTAE
KANTEAA
qu'il transcrit en lettres latines [5â]/u5[o^] Illiaceo[5] maselu bratude can-
teldy et qu'il traduit, sauf le dernier mot, pour lui un accusatif pluriel
neutre de sens obscur*. Salusos Illiaci-filius posuit ex-judicio. . .
Dans son savant traité intitulé Celiic declension, M. Whîtley Stokes
adopte la même lecture, p. 5 j, et ajoute : « That is : ... lous[os) lllia-
keo{s] maselu brâtude cantela, «... lusos, son of Illiâcos, by order set
(thèse) cantela, »
Voici maintenant une nouvelle lecture, qui me semble la plus pro-
bable :
... AOÏC
. lAAiAKOC
MACEAOr
[BJPATOYAE
KANTENA
On ne voit que la seconde moitié du M à la troisième ligne ; le second
N de la dernière ligne est couché, ce qui le fait ressembler à un A. Les
lettres OC, que j'avais prise pour EO, à la fin de la deuxième ligne, sont
plus petites que les autres. Il n'y a que la place du B de BPATOYAE
J'avais cru que ce B se trouvait à la fin de la ligne précédente; M. Au-
rès, qui a une grande expérience dans tout ce qui concerne les dimen-
sions des monuments et des documents épigraphiques gaulois, a bien
voulu me détromper à cet égard et me dire qu'il s'était rencontré avec
moi pour la leaure KANTEAA, que je ne maintiens pourtant pas ; la
forme de cette lettre N est seulement une particularité à noter.
Je traduirais . . . Xojc . iXXiaxoç (AaasXou pparou^e xavreva par , , . lus
. illiacus posuit ex-juditio (nom de l'objet) .
Bibliographie. 1 07
Les lectures Xmic et XcXxoç, en elles-mêmes tout à fait invraisemblables,
ne me paraissent pas confirmées par l'examen du moulage en plâtre que
je dois à l'obligeance de M. l'abbé Saurel et de M. l'abbé L. Duchesne.
Je persiste à croire que Xouç est la fin d'un nom d'homme de la décli-
naison en as (comme le latin manus), La terminaison du mot suivant laxoç
semble indiquer un ethnique ; comparez la fameuse inscription nautae
Parisiaci^ et surtout le texte celtique de Nîmes, découvert en 1742, qui
porte rAPl'AB[lA]lAAAN0YlAK02; AAAE MAÏPEBO NAMAY21-
KABO BPATOYAE (Dictionnaire archéologique de la Gaule, inscriptions
gauloises, n<' i).
MounXou est évidemment un verbe, de même terminaison que ieuru^
eiropou « fecit B, et que Karnitu, traduit par « congessit » dans le texte
bilingue de Todi. Quand même la lecture [rjPACEAOY serait possible
(ce qui n'est pas), il ne serait pas permis de rendre ce mot par a du
Groseau », attendu que les Gaulois n'avaient pas de génitif singulier en
oj; celui de la deuxième déclinaison était en /, comme en latin. La
Grammatica celtica^ deuxième édition, p. 2 ^4, admet, il est vrai, que les
thèmes celtiques en / faisaient leur génitif singulier en u ; Tarants, dieu
de la foudre (breton taran], Taranu-cnos « fils de Taranis ». Mais cette
opinion est contredite par le génitif ogamique Toranias, etc. (Wh.
Stokes, Celtic declension^ 7îi 78). De plus, M. Mowat a prouvé l'exis-
tence d'une forme Taranus, thème en u, comme /l^xui, dieu de la guerre,
comme le nom propre qui commence notre inscription du Groseau > , etc.
Enfin M. d'Arbois de Jubainville, Le cycle mythologique irlandais et la
mythologie celtique^ p. 379, fait remarquer avec raison que Taranucnos
n'est pas un composé syntactique.
Je vais plus loin; je crois que ce n'est point un composé du tout, mais
bien un dérivé ; et je ne suis pas sûr qu'il ait un sens patronymique
\ibid., p. 380) : les inscriptions Deo Taranucno peuvent être à peu près
synonymes de Jovi Taranuco, où taranuco est l'équivalent celtique du
l^ùntonanti [Rev. celt,^ V, 385, 386). Sans doute la terminaison cnos
forme des patronymiques, et Trutikni est traduit par Drutif{ilii) dans
l'inscription bilingue de Todi. Mais il ne s'ensuit pas que cette syllabe é/205
doive contenir en elle-même l'idée de a fils », comme on le pense géné-
ralement (cf. Wh. Stokes, Remarks on theceltic additions to Curtius* Greek
Etymohgy, 2* édition, Calcutta, 187 5,. p. 16; d'Arbois de Jubainville,
ouvrage cité, p. 379). En effet, M. Wh. Stokes a montré, Rev, celt.^V,
i' A moins que ce ne soit un thème consonantique, cf. Celtic declcnsioaf 47.
io8 Bibliographie.
1 20, 121, que des adjectifs sont parfaitement aptes à jouer en gaulois le
r61e de patronymiques. En outre, si cnos était un nom, il formerait avec
les thèmes en o des composés en * -o^nos^ ce qui n'a pas lieu. La raison
pour laquelle ces thèmes font -icnos est, je crois, que ces adjeaifs patro-
nymiques sont dérivés de la forme plus simple -icos^ comme Taranucnos
de Taranucos, Les Gaulois donnaient aux thèmes en o des dérivés en
icos beaucoup plus volontiers qu'en ocos; en cela ils étaient d'accord avec
le grec : Xo/o;, Xoytxd;, et avec le latin : dominus, dominicus. Les suffixes
gaulois icnos^ ucnos^ acnoSy viennent donc de icos^ ucoSy acos, et devaient
avoir souvent un sens diminutif. Celicnon « une tour », dans l'inscription
gauloise d'Alise, n'a, à coup sûr^ rien de patronymique; c'est peut-être
un diminutif. La terminaison -icnos a donné en irlandais tn et en gallois
yn, suffixes de diminutifs ; cf. gallois et breton /c, même sens, = icos. Le
grec avait de même des diminutifs en t^v-, u/v-, a/v-, où le ^ vient de
x: 7coX(/vT), petite ville, tt^tk/vov et TcÉTaxvov, coupe évasée, etc. (Curtius,
Grundziige der griechischen Etymologie^ 5* édit., p. 502; cf. Rhys, Rev.
celu^ II, 332). Un autre suffixe de diminutif fréquent en gaulois est
-agnos = V- irl. dn, gall. et bret. an \Rev. celt., VI, 325; Wh. Stokes,
Zeitschrift fiir vergleichende Sprachforschung, Neue Folge, VIII, i, p. 80).
Il est possible qu'il faille diviser de même -ag-nos; cf. Arvir-agus. On
peut citer l'analogie des formations latines comme ficus y ficula, ficu-l-nus ;
matu-rnSf noctu~r-nus.
M. Wh. Stokes conjecture [Celtic declensiony 56) que dans maselu ma
peut être un préfixe verbal ^ védique sma^ et sel- la racine = «jtcXXw,
allem. stellen. Si l'on admet cette décomposition, on peut comparer les
mots gallois seilio et sylu, fonder, établir. Quoi qu'il en soit, aa<T6Aou est
certainement le verbe. S'il ne l'était pas, il n'y en aurait point dans la
phrase, car^parouBe n'en peut pas être un.
C'est ce que prouvent les autres inscriptions celtiques contenant ce
mot ppoLTOuBs. : elles ont toutes un autre mot qui est incontestablement un
verbe, $s$s, et qui est remplacé dans le texte du Groseau par {xadCAou.
Ces inscriptions sont : celle de Nîmes citée plus haut, qui finit par 8e$6
ixarpe^^o va;jLauffixaoo ^paTou$e ; et deux autres qui sont encore plus inté-
ressantes, parce qu'elles contiennent les trois mots SeSc ppaTou$e xavTeva
qui reviennent à notre texte, fjiaieXou j^patouSc xavxeva. L'une vient aussi
de Nîmes, l'autre a été trouvée à l'ermitage de Notre-Dame de Laval
près Collas (Gard). Cette dernière se termine par Uh ppatouSe xavrev..
[Bulletin de la Société des Antiquaires de France, 4' trimestre 1884, p. 266
267 ; Bulletin ^p/gr^pW^ue, septembre-octobre 1884, p. 25^). L'autre
inscription de Nîmes est ainsi conçue :
Bibliographie. 109
KACCI TAAOC
OYEPCI KNOCA
EAEBP ATOYA
EKANT ENAAA
MIEINO Yl
Il y a peut-être ensuite un second I, mais ce dernier trait est moins
marqué que les autres. M. Al. Bertrand a publié une lecture de cette
inscription, d'après la reproduction qui est au musée de Saint-Germain
[Bulletin de la Société des Antiquaires de France^ 1876, 2* trimestre, p. 96).
Grâce à l'obligeante entremise de M. P. Ch. Robert, son collègue à
l'Institut, il a bien voulu me transmettre un estampage de cette repro-
duction. D'un autre c6té, M; Aurès, qui a étudié très soigneusement
Poriginal même, au musée de Nîmes, m'a communiqué des renseigne-
ments précieux, d'où résulte pour moi la certitude de la lecture ci-dessus .
BpaTou^ se décompose sans aucun doute en ppaTou-Se. Le thème
bfâtu-y qui se trouve dans le nom de ville Bratu-spantium veut dire « juge-
ment »; il est devenu en v. irl. bràthy en gall. brawd^ jugement, et en
breton breut^ plaidoyer. La racine est b(h)er^ porter, qui a fait en ct\-
tique irS/ui comme en grec ^op a fait ^pcoruç, nourriture, comme en latin
ster[nere] a fait strâtu-m .
Quant à -Se, c'est, je crois, un suffixe d'ablatif comme en zend dha,
en grec 6e, Oev (^avroSe, TcàvroOev « undique »), en latin m^^=lvO<v etc.
M. Wh. Stokes préfère y voir une postposition identique à l'irl. di^
latin ie (Celtic declension^ 53). Mais aucun des exemples qu'il cite de
postpositions dans les idiomes bretons ne me semble concluant . Ce sont :
Boeder largy boeder larc^ 1. dapsilis, g. « large en viande », Catho-
licon (Rev, celt,, I, 398], qui serait boed-er larg; je crois que cela si-
gnifie proprement a bon nourrisseur » ou « bon nourricier » .
« Tuhen (leg. lech-en) uhel (gl. locus alt[us] in quo) » dans les gloses
bretonnes publiées par M . Thurneysen . Celui-ci interprète tuhenuhel par
[a] tu hen uhel a du c6té d'un haut ancêtre » en faisant se rapporter la
glose à ordinati a Deo et ab hominibus (p. 109, 1 10); hen serait le subs-
tantif gall. heny ancêtre. Il me semble que hen est beaucoup mieux un
adjectif, et que tu hen uhel peut signifier « lignée ancienne et noble », et
se rapporter à l'idée de liberté dans le passage « lib(er)tas locus alt[us]
munit(us), in quo natus hic, piro) quo tenet(ur) lib(er) », p. 99. En
tout cas, l'explication par lech-en-uhel a peu de chances d'être exacte ;
la première de ces gloses bretonnes, qui se rapporte, je crois, à homo
juvenisy est hi-guolt uchel « in hohem Haar » et non * guoltenuchel.
« Corn, cnes-en (in skin) Meriasek, 3144 ». Le passage est ty yy
1 1 o Bibliographie,
sawjs cler ha tek knesen hafays; je crois qae M. Stokes Ta exactement
rendu^ « Thou art healed, clear and fiair, skîn and face » {Beunans Me-
riasek,.. London, 1872^ p. 183). li est vrai que la terminaison en
manque à ce mot dans les autres exemples cités par l'infatigable savant,
aux Notes et aux Further Corrigenda and addenda; mais le fait n'a pas
grande importance, ce suffixe étant des plus communs.
Le mot xQtvTcva est un accusatif, probablement au pluriel neutre (cf.
Celtlc declension, 56, 77). Il doit désigner l'objet construit par suite d'un
décret, d'une décision du peuple ou des magistrats. M. Stokes compare
le latin cantus, bande d'une roue, qui pourrait être d'origine celtique et
venir dç*camb''t0Sy cf.Thumeysen, KeltoromanischeSy 5 ) . Jene vois, mal-
heureusement, que des conjectures incertaines à foire sur le sens et même
sur la division etle rôle grammatical des syllabes AAMlElNOri[l ?] qui,
dans l'inscription de Nîmes citée plus haut, suivent le même mot xavT6va,
et pourraient aider à en préciser la signification. Emile Ernault.
I" ortobrc i88j.
Etudes comparati'ves sur le grec, le latin et le celtique, par
Emile Ernault. I. La voyelU brhe ou.
La brochure dont nous avons à rendre compte est un tirage à part du Bul-
letin mensuel de la Faculté des Lettres de Poitiers. M . Ernault s'adresse donc à
un cercle de lecteurs plus étendu que celui des celtistes ou des linguistes
de profession ; aussi ne faut-il pas s'étonner du caractère élémentaire
que conserve généralement son exposition. Le nom de Tauteur nous
dispense d'ajouter que ce travail témoigne d'une connaissance exacte des
derniers résultats de la grammaire comparée.
Nous souhaitons que cette tentative pour faire pénétrer les éléments
de la linguistique, et même de la philologie proprement celtique, dans
un public qui jusqu'ici s'en était trop désintéressé, soit couronnée de
succès. La lecture du travail de M. E. montrera, espérons-le, à quelques-
uns des étudiants de Poitiers/ peut-être même à d'autres personnes, les
rapports étroits qui unissent les langues celtiques aux langues clas-
siques. C'est là le but qu'a visé M. Ernault : le grand nombre et le bon
choix des rapprochements, la clarté de l'exposition sont bien faits pour
porter la conviction dans l'esprit de tous ses lecteurs.
Qu'il nous soit permis, en terminant, d'adresser à M. E. une légère
critique. N'est-il pas téméraire d'affirmer aussi nettement qu'il le fait
l'existence d'une « unité gréco-italico-celtique P » De tels groupements
sont toujours un peu arbitraires : celui-ci nous semble particulièrement
contestable. Il serait plus juste, croyons-nous, si l'on tient à réunir en
un seul groupe plusieurs familles linguistiques, de ne joindre aux langues
celtiques que les langues de l'Italie. Le grec n'a ni plus ni moins de droits
à figurer à côté de l'irlandais que le gothique ou le slavon. L. Duvau.
CHRONIQUE.
I.
Mon savant confrère et ami, M. d'Arbois de Jubainville, en m'invitant à tenir
les lecteurs de la Revue celtlifae au courant des faits archéologiques qui peuvent
les intéresser en ce qui touche la Gaule, m'a attribué une tâche qui n'est pas
sans difficultés. J'espère que les chroniques qui suivront celle-ci, dans les li-
vraisons à venir, seront moins imparfaites ; aujourd'hui, je tente un essai, et les
premiers pas se font toujours avec une certaine hésitation. Je voudrais résumer
très succinctement ce que Ton sait, depuis un an, des découvertes relatives â
rarchéologie gauloise, ainsi que les travaux éparpillés dans les recueils publiés
â Paris et daifs les départements, voire même k l'étranger. Cette recherche était
bien plus facile, il y a quelques années, lorsque tout ce qui se rattachait de près
et de loin â Tarchéologie nationale était centralisé par la Commission de la To-
pographie des Gaules ; cette Commission était en rapports constants avec tous
ceux qui consacraient leur zèle à ce genre d'études. Depuis qu'elle a été dis-
soute, chacun travaille isolément, et Ton a grand'peine à savoir, â peu près, ce
qui se fait et ce qui se trouve.
Commençons par la Revue archéologique. Ce recueil, en 1 88$, a donné le der-
nier article de la série publiée par M. E. Flouest sur deux stèles de laraire;
cette étude, tirée à part, forme une brochure considérable et touche à plusieurs
points de mythologie et d'archéologie ; le tirage à part est accompagné de nom-
breux dessins de monuments dont plusieurs étaient jusque-là inédits. Je ne fais
que signaler cette brochure, parce qu'elle mérite d'être l'objet d'un compte-
rendu spécial. Même observation en ce qui concerne le mémoire de M. H.
Gaidozsur le dieu gaulois du Soleil et le symbolisme de la roue. — Dans le même
recueil, M. Gaidoz, à propos d'une situle trouvée à Bologne, dans un tombeau
étrusque, mais qui, par son travail, ne semble être ni étrusque ni italique, ex-
pose une idée sur Vart gaulois. Les derniers travaux de M. d'Arbois de Jubain-
ville sur l'Empire gaulois peuvent corroborer singulièrement la conjecture de
M. Gaidoz < ; du reste^ ces travaux sont peut-être appelés à jeter un jour ines-
I. Voir aussi le Bulletin de la Société des Antiquaires de France, i88(, p. 182 et suiv.
112 Chronique,
péré sur une série encore mal déterminée de monnaies gauloises. — Le rapport
de M. G. Bapst sur sa mission au Caucase et sur quelques bronzes du Musée de
Tiflis lui fournit l'occasion de contester la théorie proposée sur l'origine des
races aryennes et sur l'existence d'un art géométrique qui leur aurait été propre
et dont le berceau est supposé dans, la région du Caucase. — Le baron Jos'èph
de Baye a décrit le mobilier d'une Gauloise dans une sépulture fouillée â La
Cheppe (Marne). — Enfin M. A, Braux, traitant de la céramique des nuraghes
et des tombes des géants en Sardaigne, conclut que l'on est en présence d'ob-
jets antérieurs à l'arrivée des Phéniciens, à moins qu'il ne faille admettre que la
civilisation phénicienne n'a pas pénétré dans cette Ile.
Il est peu question des Gaulois dans la Gazette archéologique. Nous y avons
décrit une tète d'homme, ornée d'un torques, conservée au Musée de Ek>logne,
que nous croyons représenter un Gaulois. Elle aurait fait partie d'un monument
rappelant le séjour des bandes gauloises dans.cette partie de l'Italie. A ce sujet,
il est i propos de citer une observation de M. Gozzadini insérée dans le t. XIH,
3« série des Mémoires de V Académie deiLincei (Cl. des se. mor.^ hist. et philolog.).
Ce savant y décrit deux stèles provenant de la nécropole de Felsina, sur les-
quelles on voit un cavalier combattant un guerrier à pied ; il pense qu'il s'agit
ici d'une lutte entre un Etrusque et un adversaire qui serait un Ombre ou un
Gaulois ; écartant la première hypothèse, parce que le sujet de la scène se rap-
porterait à une époque trop reculée relativement à la date qu'il est permis d'as-
signer à la stèle, M. Gozzadini penche à reconnaître dans le guerrier à pied
un Gaulois du nombre de ceux que Ton désignait sous le nom de gésatts ; je
dois £aire remarquer que le casque et le bouclier du fantassin ne paraissent pas
semblables aux armes gauloises que les monuments nous font connaître.
Signalons, dans le Bulletin de la Société de Borda, les inscriptions à Mars
Lehunnus découvertes à Lasserre, près de la ville d'Aire ; elles ont été publiées
par M. E. Taillebois, qui pense que des fouilles feraient retrouver le temple du
dieu, sur le plateau au pied duquel ces inscriptions gisaient. Mars Lehunnus
9ppartient à cette nombreuse Êimille de divinités pyrénéennes dont M. Sa-
caze s'est spécialement occupé ; dans la Revue épigraphique^ il a commenté quatre
inscriptions mentionnant la déesse Lahe, honorée dans la région de Martres
(Haute-Garonne) ; mais il a rendu un vrai service en publiant dans la Revue de
Comminges le catalogue des dieux pyrénéens dont il a pu examiner les monu-
ments : Abelio, Aereda, Ageion, Aherbelst, Alar ou Alardoss, Ande, Arard^
Argas, Arixon, Arpeninus, Artehs, Asto Ilunno, Averan, Baesert, Baicorrix,
BaioSy Basce, Beisiris, Belisama, Boccus Harouson, Borienn, Daho, Edelat,
Ele, Erge, Exprcenn, Fagus, Fontes, Gar ou Car, Heraus Corritseha, Horo-
lat, Idiat, Ilixon, Ilumber, Ilun, Ilurbeirix, Iluron, Iscitt, Lahe, Larrazon,
Leherenn, Lelhunn Montes, Sex Arbores, Sutugius, Tôle Andossus (Hercule),
Venti, Xuban. Cet inventaire est suivi d'une liste de 26 noms de divinités apo-
cryphes provenant surtout de textes épigraphiques mal lus. — M. Buhot de
KerserSy dans les Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre (t. XIII),
fait connaître deux autels, découverts à Bourges, portant l'un le nom de Mars
Chronique. ii}
Mogetius, Taatre celui de Mars Rigisamus qui figure aussi sur une plaque en
bronze trouvée en Angleterre. — La Revue ipigraphiqae contient un mémoire
de M. C. Juliian sur des inscriptions antiques de la vallée de THuveaune (Var);
nous y notons Tautel dédié Matribus Almahabus, au Plan d'Aulps, que M.JuU
iian assimile au nom d'un lieu appelé Aimes, en 984 et 1001 ; et l'inscription
aux Matribus Ubelnabus^ mal lue jusqu'ici, qu'il propose de considérer comme
donnant la forme ancienne du nom de THuveaune, petit ruisseau prenant sa
source dans le massif de la Sainte- Baume et se jetant dans la Méditerranée au
aud de Marseille ; M. Juliian cite encore Mars Giarinus à Orgnon >. — Les tra-
vaux de MM. Taillebois, Buhot de Kersers, Sacaze et Juliian prouvent combien
il serait utile et important de faire un recueil critique et complet des divinités
topiques de la Gaule ; ce Corpus serait une source abondante de précieux rensei-
gnements, surtout s'il était accompagné d'une carte sur laquelle on indiquerait
exactement toutes les localités dans lesquelles on a constaté la présence de mo-
numents relatif à la mythologie gauloise.
A la Société des Antiquaires de France, le marquis de Ripert-Monclar a fait
connaître un fragment de bas-relief provenant d'Entremont, prés d'Aix-en-Pro-
vence, qui paraît avoir fait partie du monument signalé par Rouard en 185 1.
Il y a un intérêt tout particulier attaché à ces sculptures représentant des tètes
coupées. Les archéologues ne sont pas fixés sur leur interprétation ; les uns
pensent que c'était un trophée élevé par les Gaulois, vainqueurs des Ligures
Salluvii ; d'autres les rapportent aux révoltes des Gaulois méridionaux contre
les Romains, révoltes arrivées entre les victoires de Marins et l'invasion d'Ario-
viste. — Pendant que nous parlons de sculptures, nous ne devons pas passer
sous silence un groupe, trouvé près de Naix (Meuse), déposé aujourd'hui au
Musée de Bar-le-Duc. M. Desjardins propose d'y voir une représentation de la
déesse Nehalennia; une excellente photogravure de ce monument a été donnée
dans le Bulletin du Comité des Travaux historiques et scientifiques (section d'ar-
chéologie)} avec une note dans laquelle M. Max-Werly relate toutes les cir-
constances de la découverte.
Disons un mot de la numismatique qui, depuis quelques années, est étudiée
avec une critique plus sérieuse. Jadis on était convaincu que les monnaies gau-
loises les plus barbares étaient les plus anciennes ; on voulait, dans les nombreux
noms d'hommes gravés sur ces modestes monuments, retrouver ceux de person-
nages historiques ; on croyait pouvoir attribuer à chacun des peuples mentionnés
par les textes une série spéc'ale. Aujourd'hui on|renonce à ces tâtonnements. A
mesure que l'histoire de la Gaule s'éclaire progressivement^ on cherche, non pas
à ranger les monnaies gauloises suivant un système historique préconçu, mais à
les faire servir comme des textes ou des inscriptions, si rares les uns et les au-
tres, à la reconstitution de notre histoire nationale ; on essaye à les dater par
I. Mentionnons aussi le dieu Pipius signalé à Vallauris par M. Tabbé Thédenat {Buir
Utin de la Soc. des Ant. de Fr., p. 168), et dans le même recueil la discussion entre
MM. d'Arbois de Jubainville et Gaidoz sur le dieu Lug.
R«v. Cclt. VU 8
114 Chronique,
la comparaison avec les types étrangers qui leur ont servi de modèles. La Renu
numismûtique est à la tête de ce mouvement ; nous y remarquons une étude sé-
rieuse de M. L. Maxe-Werly sur les pièces d argent dites • â la croix » qui pa-
raissent appartenir aux Cadurques ; dans YAnnaairt de la Société de numisma-
tique, M. Serrure publie une monnaie en or au nom de ADRA qui est, ren-
versé, celui d'un chef suession mentionné par Dion Cassius; M. Changamier
décrit plusieurs pièces rares ou inédites de sa collection. On ne saurait trop
donner de bonnes et fidèles gravures des monnaies gauloises qui ne figurent en-
core dans aucun recueil. Il faut constater le plus de faits possibles avant d'es-
sayer de poser des conclusions définitives.
Dans la prochaine livraison de la Revue celtique, un de nos confrères les plus
autorisés s'occupera exclusivement de relever les noms gaulois qui sont révélés
par les monuments épigraphiques. 11 ne manquera pas de compléter les iodica*
tions que nous pouvons donner à cette heure. ATTAEDIO, LITVCCVS, BOV-
DILLVS ont été signalés aux séances de la Société des Antiquaires de France
(Bulletin, p. 126 et 170); on lit LITVMAROS sur une pierre funéraire de
Saint-Maximin appartenant à M. Rostan ; CAMVLORICI sur un cippe vu par
M. Voulot â Pont-les-Bonfays (Vosges); Adiantunnena, î\\t dt Exvertininappias
sur une bague en or trouvée aux environs de Thiaucourt ; Manduhlus, fils de
Dousonus et Suarica, sa femme, sur une pierre trouvée aux Poussots^ près de
Dijon. A. de B.
IL
Depuis le mois de septembre de Tannée dernière, il a paru dans VAcademj
un certain nombre de lettres où la collection des Ancient laws of Ireland est
l'objet de critiques justifiées. Deux de ces lettres ont pour auteur M. Whîtley
Stokes ; elles ont paru le 26 septembre et le 5 décembre. Les autres sont
de MM. Norman Moore, 3 octobre; Standish O'Grady, 10 octobre; Donald
Mackinnon et Kuno Meyer, 24 octobre; John Rhys, 31 octobre; Emst
Windisch, 21 novembre.
M. Whitley Stokes exprime le désir que la Commission chargée de diriger la
publication des Ancient laws of Ireland modifie le système suivi jusqu'à présent
en adoptant les sept propositions suivantes :
lo Faire collationner, avec les manuscrits, par un savant compétent, le texte
des quatre volumes déjà publiés ;
2* A l'avenir, adopter pour le texte irlandais le caractère romain, en mettant
en italiques les lettres qui correspondent à des abréviations, et en suivant, dans
la séparation des mots, la pratique des manuscrits;
30 Publier le plus tôt possible les plus vieux textes de droit irlandais, c'est-â-
dire la pièce intitulée Gu-bretha Caratniad^, fol. 62 b du manuscrit coté Raw-
I. c Faux jugements de Caratnia », voirez Macray, Catabgi eodicum mMuscriptûrum
Bibliothecae Bodleianae, partis quintae fasciculus I, col. 721, n* zvt.
Chronique. 1 1 5
linson B 502, à la Bibliothèque Bodiéienne d'Oxford, et le morceau dont le
titre est Coic conara fugill >, placé à la suite du précédent, fol. 63 b du même
manuscrit. Ce manuscrit remonte au xn« siècle ;
4<» Donner à l'avenir toutes les variantes importantes quand il y aura plu-
sieurs manuscrits ;
50 Mettre au jour les collections de gloses réunies parO'DonovanetO'Curry
pour s'aider dans leur traduction ;
(fi Faire paraître des fac-similés photographiques en quantité suffisante pour
mettre le public savant à même de bien connaître les textes imprimés dans les
quatre premiers volumes, et les textes qui seront imprimés dans les volumes
suivants ;
7<» Faire composer un index des mots rares et publier cet index.
En attendant que les membres de la Commission irlandaise fassent faire la
collation qu'il leur demande en premier lieu, M. Whitley Stokes a entrepris
cette collation et il en donne dans VAcademy des 26 septembre et 5 décembre
derniers un ample spécimen. Il y joint un certain nombre de critiques concer-
nant la traduction. Il a été suivi dans cette double voie par MM. Norman
Moore, Standish O'Grady et John Rhys. Les critiques dont le texte a été ainsi
l'objet paraissent si graves à M. Kuno Meyer qu'au lieu d'une simple collation,
ce savant si compétent demande une réimpression complète de toute la publi-
cation officielle.
Mon opinion est que c'est pousser un peu loin les scrupules grammaticaux.
Car une partie considérable des critiques fort légitimes dont l'édition officielle
est l'objet porte exclusivement sur des détails qui ne touchent pas au fond des
choses. Prenons comme exemple le titre du Senchus Môr : Do cetir sUct athga--
hala c Des quatre espèces de saisie mobilière >. M. Whitley Stokes établit qu'il
faut lire, jiu lieu de do^ di ; c'est en effet la préposition la mieux appropriée au
sens. Il montre aussi qu'il faut corriger citir en aihar qui est la forme de ce
00m de nombre quand il est premier terme d'un composé >. Le titre que
M. Whitley Stokes restitue de cette façon est grammaticalement beaucoup meil-
leur que le titre imprimé dans l'édition d'après la copie d'O'Donovan. Mais le
sens n'est en rien changé.
M. Norman Moore a signalé, dès les premières lignes de l'imprimé, l'absence
d'un i qui se lit dans le manuscrit : Locc don laidse Teamuir^ ociu loc do Scan-
chus ht [î] samradh ocus i fogmur >. Cet i que nous avons restitué entre crochets
est la préposition i, in; il est exigé par la grammaire; la traduction d'O'Do-
Qovan le suppose: O'Donovan a écrit • in the summer >. L'absence de cet (,
1. « cinq sentiers de jugement n. Dans le catalogue ce document est donné pour « a
sliort traa on irish grammar ». C'est M. Whitley Stokes, dans sa remarquable édition du
Sdtairna rann^ préface, p. I, II, qui nous apprend que c'est un traité de droit.
2. Crammatica celtica*^ p. )03. Cf. Windisch, Irische TtxtCy \, p. 421, col. 2.
Comparez le grec Tetpa-, le sanscrit catur-f le latin quadru- ou quadri^. Cetir, ou
mieux cethir s= *qu€tvares, est la forme du nom de nombre masculin c quatre» hors des
composés.
3. Anciait laws of Irelandj t. I, p. a, lignes 2, ^.
ii6 Chronique.
qu'un autre i précédait, s'explique par un bourdon que sans doute le t Rev.
Thaddeus O'Mahony, professor of irish in the university of Dublin ■ aurait dû
savoir éviter, mais qui, il faut le reconnaître, n'a qu'une très médiocre impor-
tance dans un texte juridique, destiné à être étudié par des jurisconsultes plutôt
que par des grammieirens.
J'en dirai autant de Va qui manque quelques lignes plus loin : ar^laytesûi"
decht c à cause de sa chaleur >. O'Donovan a traduit : f on account of Us
v^armth » : vraisemblablement il avait dans sa copie Va (its) qui manque à Tim-
primé, et que M. Norman Moore a trouvé dans le manuscrit. Mais, encore une
fois, quelle importance ce détail peut-il avoir pour un jurisconsulte? Evidem-
ment la grammaire est le commencement de la science : Inilium sapientia Do-
mini; mais elle n'en est pas la consommation. Passons à des questions plus
graves.
Une des parties les plus anciennes du Senchus Mâr^ ce sont les brocards ou
maximes de droit, en irlandais /jitfcA, qu'il contient. Nous ne pouvons déter-
miner rigoureusement la date à laquelle a été composé le Senchus Mâr. Mais ce
que nous pouvons affirmer, c'est qu'à l'époque où a été rédigé le commentaire
de VAmra Choluim Chille contenu dans le Uber hymnorum du collège de la Tri-
nité de Dublin, c'est-à-dire au plus tard vers l'année i loo, ItSenckusMàr exis-
tait: déjà il était pourvu de gloses grammaticales! rendues nécessaires, comme les
gloses des hymnes, par la présence dans ce vieux texte de formes grammaticales
tombées en désuétude^. Ainsi, en l'année i loo, le Senchus Môr était déjà uo
monument archaïque. Or, en plusieurs endroits, il se réfère à des maximes de
droit antérieures à sa rédaction. Une de ces maximes a pénétré dans la Gram-
matica celtica. C'est que, lorsqu'il s'agit de la réparation due i l'honneur ou-
tragé, enech'lann, il n'y a pas lieu, dans la saisie mobilière, à imposer au sai-
sissant l'observation du délai appelé anad: ni daim cnech-lann anad. Chose
étrange, cette maxime appliquée à propos dans deux passages i est appliquée â
contre-sens ailleurs 4. Ces vieux principes sont donc ce qu'il y a de plus inté-
ressant dans le S^/zc^tt^ Môr, Il y en a un dont M. Norman Moore s'occupe dans
sa lettre à VAcadcmy du 3 octobre dernier. Cette maxime est que chacun sup-
porte la responsabilité de son crime : cach in-^-chinaid ; elle est imprimée deux
fois dans les Ancient laws of Ireland, une fois exactement, t. I, p. 12, 1. 30;
une autre fois inexactement, quelques lignes plus haut, même tome, p. lo,
1. 24 : cach mac in-a-cinaid. Mac est de trop, comme le fait observer M. Norman
Moore. Nous sommes probablemenr redevables de cette addition à la générosité
I. Ui dicitur : Ttora ftrha fira [d\o»sn'acht (i. ro-s-immaig) Assal ar~Mog \mac] Nua-
dat. Whitley Stokes, Goiddica*, p. 164, 1. ii, 12. Cf. Ancient laws of Irelandy t. I,
p. 64f I* 2i 3> 16, 20). Il n'y a pas de différence notable entre la leçon que donne
M. Whitley Stokes et celle que nous trouvons dans le Ltbar na h-Uidrt^ p. 11, col. I,
1. 2, 3.
3. ro-S'immaig, expliquant le prétérit en f, do-sn-achty vieil irlandais inusité en 1 100, est
une glose grammaticale ; ce n*est pas un commentaire juridique comme celui qui est donné
dans Ancient laws of Ireland^ t. 1, p. 64, 1. 20, 21.
3. Ancient laws of Ireland, t. I, p. 228, 1. 16, 17; t. Il, p. 100, 1. 7.
4. Ibid.,t. I, p. 120,1. 18, 19; p. 236,1. II.
chronique. 117
du Rev. Thaddeus O'Mahony ; car la traduction d'O'Donovan • each man for
his crime ■ ne rend par aucun équivalent anglais le mot mac intercalé arbitrai-
rement et malgré le manuscrit original dans le brocard irlandais. Mais, au point
de vue juridique, la question de savoir s'il faut dire ou non mac est sans impor-
tance. La question intéressante pour un juriste est de savoir quel est le sens de
cette maxime. Si l'on s'en rapporte à l'auteur du poème qui forme la partie prin-
cipale de l'introduction du Scnchus Mdr, cette maxime signifie que tout assassin
sera condamné à mort : cach in-a-cinaid cingid ar chtl^ littéralement : c chacun
dans son crime marche à la mort » >. Il y a une autre interprétation qui paraît
être que les personnes responsables du crime de quelqu'un, c'est-à-dire les pa-
rents, ï leur défaut le chef, se dégagent de la responsabilité en livrant le cou-
pable. C'est le sens qu'O'Oonovan adopte t. 1, p. i \, 1. 32-33 : « that every on
should be given up for his crime >. C'est à peu près le sens de cette maxime
juridique, avec une légère variante de rédaction : cach bidba in-a-chinta c tout
coupable pour ses crimes « ^y ou : cach rob in-a-chin c que chacun soit pour son
crime t ) dans un article du Glossaire de Cormac, Ici, le coupable est un chien
qui, ayant mordu la manche d'un poignard, dut en réparation être livré au
propriétaire du poignard. Si c'est de cette façon qu'on doit traduire, dans l'in-
troduction du Senchus Môr, la maxime dont il s'agit, il s'ensuit de là que l'as-
sassin du cocher de saint Patrice, condamné par le juge Dubthach, a dû être
livré au célèbre ap6tre, et alors on se demandera comment cet assassin a pu
être mis à mort, c'est-à-dire comment la légende dont il s'agit peut se concilier
avec les principes du droit canonique sur l'obligation imposée aux clercs d'éviter
toute coopération à une condamnation à mort. Telles sont quelques-unes des
questions que je me poserais au sujet du principe relativement moderne cach in-
a^hinaid. Sans doute on a eu tort d'intercaler le mot mac dans cette maxime,
mais cette faute d'impression est de minime importance.
On me demandera où je veux en venir.
Soutenir que la légende racontée dans la préface du Senchus Môr est inepte,
peut bien être dans ma pensée et n'est pas dans mon sujet. Mais ce que je veux
dire, c'est que, dans un traité de droit irlandais, le sens des maximes fonda-
mentales a un bien autre intérêt que les détails minutieux dans lesquels se sont
complus les savants auteurs des critiques que l'Academy a publiées. Dans mon
\.ceal,\. bas. Glossaire de Cormac, chez Whitley Stokes, Three irish glossaries,
p. ij. Cf. Arthur W. K. Miller, The irish glossary of Michael 0*Clery (Revue Celtique,
t. IV, p. 381)
2. Whitley Stokes, Thru irish glossaries, p. 30, 1. 6.
3- Ibid.y p. 30, 1. 18 Rapprochez la maxime: Marbaid cach marb a-chinta {Ancient
lews of Irelandy t. II, p. 270, la glose à la page suivante); voyez enfin les règles expo-
sées uns Ancient laws of Ireland, t III, p. 68; t. IV, p. 244, 246. Il y a là deux pas-
sages parallèles. Je recommande de comparer les traduaionsdu mot tarrustar « it is vi-
sîtcd (t. IV, p. 245, ligne 19); /rbefound {ibidy, p. jo, 31); hebt, /i« is apprehended
(t. *ll, p. 69, 1. 10, 14, 21, 22) ». Tarrustar veut dire: « il est resté » [au coupable
d'un crime assez pour payer ce qui est dû en réparation de ce crime] . On voit par le
supplément à O'Reilly, qu'O'Oonovan avait fini par comprendre à peu près le sens de ce
mot. La traduaionc Aebe, /i« is apprehended c contient un contre-sens qui défigure com-
plètement ce texte juridique.
1 1 8 Chronique .
opinion, ce qui est surtout défectueux dans l'édition officielle est la traduction ;
et le principal défaut qu'on puisse relever dans la traduction était inévitable. Ce
défaut est que les termes techniques de droit sont parfois rendus par des à-peu-
près ; que le même terme technique est souvent représenté par plusieurs roots
anglais différents, en sorte que le lecteur, lorsqu'il n'est pas en état de se re-
porter au texte irlandais, ne peut tirer de la traduction que des idées vagues et
dépourvues de toute précision juridique.
En voici un exemple :
Nous trouvons deux fois dans le livre que le Senchus Mâr consacre à la saisie
mobilière, la maxime : cuicthefri cond cuindegar i ou avec une légère différence
d'orthographe: cuicthifri cond cuindiger 2. La première fois elle est traduite par
« five [days] to sue the chief », la seconde par • five days for every sensible
adut ». Quand on se borne à lire le texte anglais, on ne peut deviner que» dans
les deux cas, il s'agit de la même règle. Cond rendu par chief dans le premier
passage est traduit par sensible adult dans le second. Mais ce n'est pas tout.
Co/iJ se retrouve ailleurs avec les traductions sensible adult i^ adult ^^ adult
guardian, guardianS. Là où cond est traduit par gaardian^ il est question de
la responsabilité encourue par le cond^ c'est-à-dire par l'homme sui juris^^
quand l'incapable placé sous son autorité fait un acte qui donne lieu à réclama-
tion ; alors il y a lieu d'appliquer la règle cuicthe fri cond cuindegar^ c'est-â-
dire que le saisissant sera obligé d'accorder un délai de cinq jours à l'homme
sui juris responsable pour autrui. On le comprend quand on lit le texte irlan-
dais. Mais comment deviner qu'une règle ainsi formulée : < five [days] to sue
the chief > ait été faite pour le personnage appelé ailleurs adult ou guardian ?
Deux expressions qui n'ont guère porté bonheur à O'Donovan sont les mots
cenll et fine. Le premier signifie « race en général > et peut correspondre au
latin genus qu'il glose dans le saint Paul de Wurzbourg et dans le Priscien de
Saint-Gall. Le second sert à désigner l'ensemble des parents au degré suc-
cessible. O'Donovan a traduit cenil dans le Senchus Mâr tantôt par « tribe » ,
tantôt par c family >, tantôt enfin par c kind > 7. La conséquenceenaétéque,
lorsqu'il est arrivé au curieux traité intitulé : De fodlaib cineoil tuaithi, n'ayant
aucune idée précise sur le sens du terme juridique cinel ou cenél, il ne pouvait
donner de ce titre une traduction sensée. Il y a dans le Z)/g^5/f, livre XXXVIII,
un titre x: De gradibus et affinibus et nominibus eorum. Les Institutes de Justin ien
1. Ancîentlaws^ 1, p. 78, 1. 14; p. 80, 1. 20, 21.
2. Ancient laws^ 1, p. 264, \. 8; p. 286, 1. 4.
3. Ancient laws, t. Il, p. 406, l. 21.
4. Ancient laws, t. 1, p. 102, 1. 24; p. 104, 1. 8.
5 . Ancient lawSy t. II, p. 46, 1. 1 ; p. 306, 1. 4. Guardian est aussi la traduction du
dérivé lodnachf t. III, p. 10. I. 20.
6. Traduction de M. Whitley Stokes.
7. Les psss^ges du texte du Senchus Môr qui contiennent le mot cenil rendu par
• tribe n se trouvent dans les Ancient laws ofireland, t. I, p. 78, I. 12, et t. IIl^p. )o,
I. 4. Les passages du même document qui renferment le mot cen^/ traduit par t family »
se trouvent au tome II, p. 102, I. 24; p. 306, 1. 18 ; p. 330, I. 6; p. 382, \. 1. Enfin,
ce mot se rencontre au t. il I, p. 30, 1. 3, et la traducuon en regard est t kind ».
Chroniifue. 119
contiennent an livre III un titre vi : De gradibus cognationis. Ces deux titres
concernent une matière analogue à celle qui fait Pobjet du traité irlandais.
Mais O'Donovan n'avait jamais lu une ligne des Institutes ni du Digeste, O'Do-
novan portait le titre de Legam doctor : l'Université de Dublin le lui avait con-
féré pour récompenser de [savantes publications sur l'histoire d'Irlande ; et ce
juriste honoraire écrivait un livre de droit sans avoir jamais acquis une connais-
sance quelconque de la science spéciale que ce livre avait pour objet. II tra-
duisit donc : c Of the divisions of the tribe of a territory > IV, 28 1 . Le titre
irlandais ainsi rendu voulait dire: • Des degrés de parenté 1. On pourrait le
calquer littéralement en latin : De generis distinctionibus > apud laicos 3.
Quant à fine, 0*Donovan l'a rendu tantôt par • tribe >, tantôt par c family ■.
La traduction par « tribe > est la plus fréquente i ; c family » est l'exception 4.
De même fintm, dérivé de fine^ veut dire ordinairement, suivant la traduction,
« propriété de tribu > $, mais dans un endroit la traduction lui attribue le sens
d'héritage de famille t family inheritance ■ 6. O'Curry, l'émule d'O'Donovan,
avait deviné le vrai sens du mot fine. On le voit par sa traduction du premier
des poèmes du monastère de Saint Paul publiée pour la première fois en 1866
par M. Whitley Stokes dans l'édition princeps destsGôidelica^ page 41, ligne 7.
Cela n'a pas empêché l'inepte traduction c tribe » de prévaloir dans les Anc'unt
laws of Ireiand : et elle a fourvoyé M. Sumner Maine lorsque dans ses Lectures
on the early history of institutions^ pages 98 et suivantes, il a traité de ce qu'il
appelle c Tribal property in Ireiand >. Le sens, du mot fine c parents au degré
successible » et de son dérivé yî/ir/u, nom de la propriété à laquelle ces parents ont
droit, ne pouvait se comprendre tant qu'on n'a pas connu le traité : Defodlaib
cintoil tàaithi ; or ce traité a paru en 1 879, c'est-à-dire quatre ans après la pu-
blication du livre de M. Sumner Maine.
1. Anx mots : Defodlaib cineoil, comp^rtzVulinéàis fodail ceniuil glosant le latin db-
tittctio generis dans le Priscien de Saint-Gall : Crammatica celtica, deuxième édition,
p. 223 b.
2. Le terme consacré pour désigner les laïques est aes tuaithe. La présence du génitif
tnaithi = tuaithe dans notre titre a pour objet de montrer que dans le traité qui suit il
ne sera pas question des biens ecclésiastiques comme dans les dernières pages du Senchus
M6r. Attcient laws of Ireiand. t. 111, p. 72 et suivantes.
3. Des passages du texte du Senchus Màr où l'on rencontre le mot fine rendu par
« tribe n se trouvent dans les Ancient laws of ireiand^ t. I, p. 246, 1. 21 ; p. 260, I. i,
(;p. 264, 1. 13, 14; t. II, p. 86, 1. 13, 30; p. 216, 1. 24; p. 278, 1. 20,
22; p. 280, I. 28, 29; p. 282, L 7, 9, 33; p. 286, L 7, 12; p. 288,1. 1, 2, 12, 15 ;
p. 306,1. i; p. 308, i. 16; p. 400, 1. 29, 30; p. 406, 1. 24; t. 111, p. 10, 1. 17;
p. 16,1. 29; p. 22, 1. 7; p. 26, l. 4; p 44, 1. 16, 17, 21; p. 48,1. 17; p. 50,
1, 25, 29; p. 52, l. 9, ïo; p. J4, 1. I, 2, 6; p. 72, L ii;p. 74, 1. 12; P.78J. ao.
4. Deux passages du texte du Senchus Màr correspondant à la traduaion » family » se
troQvent au tome I, p- 182, 1. i; t. Il, p. 202, 1. 4. Le mot « family » rend encore
fine dans quelques passages du livre d'Aicill, Ancient Laws of Ireiand j t. III, p. 330^
1. 6; p. 480, 1. 6, 10; p. 484, 1. 8, 12, 17, 20, 22, 24, 28; p. 486, 1. j, 14, ij,
17, 18; p. 488, 1. 2, 3, 5, 8, 12, 18, 19.
( . Des lissages du texte du Senchus Màr où le mot fintiu signifierait c terre ou pro-
priété de tribu » se trouvent dans les Ancient laws of ireiand^ t. II, p* 282, 1. 7, 12 ;
p. 284,1. 22, 24; p. 330, 1. 7;t. III, p. 54, 1. 7.
6. La traduction « family inheritance » correspond à fintiu dans un passage du texte
du Senchus Màr {Ancient laws of Ireiand^ t. III, p. 40, I. 24).
120 Chronique,
Dans un antre endroit du même ouvrage, nous lisons ce qui suit : We corne,
in the Corus Bescna upon the following attempt at classification, which I fear
would hâve deeply shocked Jeremy Bentham and John Austin : f How many
kinds of contracts are there? • asks the Brehon text-writer. c Two ■, isthe
answer. c A valid contract and an invalid contract ». This, no doubt, isabsnrd >.
La critique de M. Sumner Maine frappe juste si on se borne à lire la traduc-
tion où, en effet, le passage cité se rencontre, Ancunt laws of Inland, tome III,
P^gc Si lignes 6-8. Mais cette traduction contient un non-sens qui n*estpas
dans le texte irlandais. Le Senchus Màr ne dit pas qu'il faut distinguer deux
sortes de contrats, le contrat valable et le contrat nul ; ou, en d'autres termes,
deux catégories d'êtres, les êtres qui existent et ceux qui n'existent pas. Suivant
le texte irlandais, il y a deux sortes de cor ou contrat. Le sochor^ littéralement
c bon contrat » et le do'chorj littéralement « mauvais contrat > . Le so^chor est
• le contrat d'égal profit », cor comlôigc^ c'est-à-dire celui où les avantages ob-
tenus par l'une des deux parties sont égaux aux avantages obtenus par l'autre. Le
do-chor est c le contrat de fraude > diubarta, c'est-à-dire celui où par l'effet des
manœuvres frauduleuses qu'a pratiquées l'une des deux parties, l'autre partie
subit une lésion. Mais ce contrat n'est point nul. On lit dans l'introduction do
Senchus Mâr : t le lien de droit qu'impose à chacun son bon contrat et son
mauvais contrat empêche le monde de tomber en démence » >. En droit irlan-
dais, le contrat dit « mauvais contrat >, do-chor^ produit son effet, sauf indem-
nité à la partie lésée); et le • bon contrat >, so-chor^ est nul comme le mauvais
contrat, quand une des deux parties est incapable, et qu'elle a agi sans le con-
sentement préalable ou sans la ratification de la personne dont elle dépend 4.
O'Donovan, dans les endroits que nons citons, traduit littéralement so-chor par
f good contract • et do-chor par • bad contract ». Il a réservé pour le passage
dont se moque M. Sumner Maine la traduction absurde t valid contract, in-
valid contract », contrat valable, contrat nul. La comparaison du contexte dans
les divers passages où se rencontrent les mots do-chor et so-chor était nécessaire
pour établir le sens précis de ces deux termes de droit.
Ma conclusion est qu'il faut bien se garder de recommencer, en ce moment,
l'édition si lentement exécutée du recueil des anciennes lois d'Irlande, et que cette
publication si utile doit être terminée le plus rapidement possible. Les érudits
qui ont l'habitude des textes de droit savent qu'il est souvent impossible de
comprendre un passage d'un document juridique quand on ne connaît pas l'en-
semble de la législation dont ce document fait partie. Un texte isolé présente
fréquemment de prime abord des difficultés insurmontables qui s'évanouissent
quand on compare ce texte à d'autres où les mêmes notions juridiques sont pré-
1 . Lectures on the early history of institutions ^ p. $7.
2. Àstad catch in a so-char ocusin a dochur argair bailiuth in betha{Ancient Uws of
IrelandyX. I, p. $0, i. 30, 31 ; et p. $2, i. 17; cf. t. III, p. 21).
3. Ibid., t. m, p. 6, 1. 24-26.
4. Ancient laws of Ireland^u I, p. (o, I. 32, 33; p. (2, I. i, 2; t. III, p. 8,
1. 24 et suivantes, p. 10, 12.
Chroni^iu, 121
saitées sons on aspect différent. Quelque utile que soit ta science des gram*
nairiens pour l'interprétation des textes de droit, elle est insuffisante sans le
ODocours des jurisconsultes ; et les jurisconsultes perdront souvent leur peine à
étudier des textes sur lesquels rachèvement de la publication jettera une clarté
qui nous manque aujourd'hui. Je me joindrai] aux savants qui approuvent les
sept propositions de M. Whitley Stokes ; mais j'y mets une réserve. Le temps
de leur donner suite d'une façon complète n'est pas, à mon sens, encore arrivé ;
que l'on publie d'abord le texte et la traduction d'O'Donovan ; qu'on mette au
[our ensuite les traités de droit irlandais dont l'existence aurait échappé à ce
savant : quand l'ensemble de la législation irlandaise sera connue, que par con-
séquent on pourra se rendre un compte exact du sens juridique de ces monu-
ments divers, le moment sera venu de publier les variantes importantes et de
composer des glossaires, travaux qu'il est impossible de bien faire quand il s'agit
de textes dont le sens n'est pas encore fixé. En attendant, si quelque savant
désire £ai.e connaître le résultat d'une collation de l'édition des anciennes lois
d'Irlande avec un manuscrit, le concours des commissionners de Dublin est
inutile ; il y a des revues toutes prêtes â publier ces variantes. H. d'A. de J.
III.
The Book of Ballymote is approaching completion and will be published, I
fully expect, next year. Mr. Hennessy is occupied with the Annals of Ulster of
which a good portion of the first volume is now printed ofF or set up in type,
but of course many circumstances might yet combine to delay the publication.
We had a very interesting paper on the Stowe Missal trom the Rev. Dr.
Murphy, read before the Academy in the spring of this year and the publication
isjooked for with interest. The vernacular societies are net laying themselves ont
for much new publication but the reproduction of the children of Tuirenn will
briog before the public another ot the best irish gems in the story line. My
own work (the Todd Lectures for this year) is now in the printer's hands, but
I scarcely hope to get it out of his hands before the summer of this year.
I really don't think much else is doing in re Ccltica among us.
Robert Atkinson.
Dublin, 17 january 1886.
IV.
Le tome xxvn deh Zâtschrift fur vergleichende Sprachforschung a été terminé
en 188$. 11 contient plusieurs articles d'un grand intérêt pour les celtistes. Le
premier, par M. Windisch, traite du présent secondaire irlandais (page 1 56). l'
a été établi par M. Whitley Stokes, que la seconde et la troisième personnes du
singulier de ce temps sont identiques aux deuxième et troisième personnes du
singulier de l'imparfait moyen sanscrit, dont la dernière est identique k la
1
t
I
122 Chronique.
personne correspondante de rimparfait moyen grec. M. Windisch étudie les dési-
nences des autres personnes, et à cette occasion traite à nouveau la question de
l'étymologie du verbe bia « je suis » ; comparez le gallois byddaf^ je serai (p. 165).
Dans un autre article intitulé Etymologischc Miscellm (p. 168) on remarque
quelques intéressantes observations étymologiques sur des mots irlandais ; tel'
sont : gerr c court 1, éser « le plus jeune i, sinser • le plus âgé i, (p. 169),
smech c menton • (p. 170).
M. Thurneysen, dans une notice sur l'impératif indo-germanique (p. 172),
étudie quelques formes de rimpératif irlandais (pp. 174, 178, 179).
A la page 22), M. Windisch revient sur l'étymologie du verbe irlandais èâr,
qui, suivant lui, se rattache â la racine indo-européenne bhu • être 1, tandis
que, suivant MM. Stokes et Zîmmer, la racine est guigv, comme pour le latin
vbfere, M. Zimmer a mis dans cette question, comme dans tant d'autres, cette
passion vive qui étonne ou même scandalise quelques-uns, mais qui fait sourire
et amuse le plus grand nombre des lecteurs.
Un petit mémoire de M. C. Plummer (p. 441) est intitulé c Notes on tke
Stowe missal t. lia pour objet Texplication d'un passage du texte irlandais con-
tenu dans le fameux missel de la collection Ashburnam, aujourd'hui à la biblio-
thèque de la Royal irish Academy. Les lecteurs de la Revue Celtique n'ont pas
oublié l'édition que ce savant a donné, t. VI, p. 162, de la légende irlandaise
sur la conversion et la mort du roi Loégairé.
Tous les savants qui s'intéressent à la grammaire celtique et surtout à celle
de l'irlandais liront avec un très grand intérêt aux pp. 449 et suivantes l'étude
de M. Zimmer sur Téclipse en vieil irlandais. On appelle éclipse la transformation
d'une sourde en sonore, c'est-à-dire de c en g, dt ttnd et de fen b, par l'action
d'un n immédiatement précédent qui disparaît dans l'écriture comme dans la
prononciation. M. Zimmer établit péremptoirement que ce phénomène se pro-
duisait déjà au IX* siècle. On pourrait cependant relever dans ce mémoire
quelques erreurs de détail qui étonnent dans l'œuvre d'un homme aussi savant !
Ainsi Arduenna, avec un f, p. 463, est l'orthographe des manuscrits de César,
neuvième siècle ; à l'époque classique, on écrivait Arduinna avec un i {Corpus
inscriptionum latinoruruy t. vi, n^^ 46. Cf. Brambach, Inscriptiones rhenanae^
Tfi s 89). Tout le monde ne considère pas non plus comme démontré, que pour
expliquer le groupe vieil-irlandais it = éd avec une dentale sonore produite
par un n précédent qui est tombé, il faille recourir à l'hypothèse d'un groupe
plus ancien ait (p. 4^0), dans les circonstances où les lois de la langue indo-eu-
ropéenne montrent que Vn tombé était primitivement une voyelle. En d'autres
termes, je ne crois pas que pour expliquer le vieil-irlandais cet c cent • il soit
nécessaire de supposer un irlandais préhistorique *centon en regard du gallo-
breton *canton^ d'où le breton kant. L'irlandais cet • cent t peut venir de *canton.
Autrement, il faudrait admettre que le groupe irlandais et représente toujours
ent même dans les cas où il n'y a point eu de nasale sonnante avant le t; par
conséquent le vieil irlandais ro-cét c il a été chanté • s'expliquerait par un
thème participial cento- et non canto- comme le veut la racine du verbe canim
Chronigue, 12}
• je chante i; létenach « hardi •, n'aurait pas la même racine que r(hlaumur
« fose », ro-lamair « il a osé ». Si UUnach tient lieu de * lamtenach^ si cit se-
conde partie du composé ro-cit « il a été chanté > exige un primitif *eanto~^
cet « cent » peut et même doit s'expliquer aussi par un primitif *cûnton dont
Td, constaté par le gaulois candttum^ est le résultat de la résonance de Vn, et la
différence vocalique entre le mot irlandais cit c cent » et le mot breton kanty
même sens, est de date relativement récente. De même l'irlandais imm" s'ex-
plique par le gaulois ambi- dont Va a été traité comme celui de ir" bi an^y de
îd'=zate'. On sait que Va d'ambi est le produit de la nasale résonante /n, com-
parez l'allemand um. M. Zimmer n'a' pas encore trouvé la loi de la nasale réso-
nante en celtique.
Le mémoire de M. Zimmer est suivi d'une note dans laquelle il revient, comme
on devait s'y attendre, sur la question de l'étymologie de biu^ question qui tire
de la contradiction son principal attrait.
Dans la première livraison du tome xxvni, qui a tout récemment paru, on
trouve un savant mémoire de M. Whitley Stokes sur le verbe substantif en vieil
irlandais (p. 5 5). C'est un sujet sur lequel nous reviendrons.
Nous signalerons aussi quatre notes très intéressantes de M. Thurneysen
réunies sous le même titre, îrischts (pp. 145 et suivantes). Le savant auteur
établit qu'un certain nombre de thèmes nominaux en ia- ont dû avoir en irlan-
dais leur nominatif singulier en /. Ils ont perdu cette voyelle finale et se déclinent
aux autres cas suivant le paradigme donné par M. Windisch, dans sa Kurz-
gefasste irische Grammatik^ P- 3^) col. 2. Dans la même note, M. Th. réunit
quelques thèmes féminins en a- qui sont passés à la déclinaison en a-, La seconde
note est consacrée au préfixe irlandais du- (p. i $0), la troisième à l'aoriste en s
(p. I s 1), la quatrième (p. 1 53) à l'étymologie du mot sid, c séjour des fées », qui
serait un thème en es' identique au latin sidus, sideris.
La même livraison contient un recueil de notes de M. Wilhelfn Meyer sur la
grammaire latine. Quelques-unes concernent les études celtiques. Ainsi viverra
est le nom du furet chez Pline {Histoire naturclU^ livre vni, §218; livre xi,
§ 261 ; livre xxx, § 47, 90). Ce nom, qui manque dans les langues romanes,
semble être dans la langue du savant romain un terme nouveau et un emprunt*
On le retrouve, à une voyelle près, dans les langues du rameau slave et on le
reconnaît dans plusieurs dialectes néo-celtiques, où il désigne un animal diffé-
rent, mais sur bien des points analogues, l'écureuil (p. 169). Nous citerons
comme exemple le breton gwiber et le gallois gwywer, H. d^A. de J.
V.
Les Comptes-Rendus de l'Académie de Saxe < vont devenir un des recueils qu'il
sera indispensable de consulter pour les études celtiques. M. Windisch, en 1884,
I. Baichteder philoL-histor, Classe der Konigl. Sachs, Gesellschaft der Wissenschaften.
1 24 Chroniéfue,
y avait publié deux récits légendaires irlandais, Tun intitulé Genemain Aeda Sidiu,
• naissance d'Aed Slane • (page 191) ; l'autre Noinden Ulad; il a été rendu
compte de ces deux publications dans la Revue celtique (t. VI, p. 40$). En 1885,
M. W. a inséré dans les mêmes Corn ptes-Rendus le résultat de deux collations du
Priscien de Saiut-Gall avec Tédition de M. Ascoli ; l'une de ces collations a pour
auteur M. Whitley Stokes, p. 175 ; l'autre a été faite par M. Windisch lui-
même, p. 189. Incontestablement l'édition que M. Ascoli a donnée du Priscien de
Saint-Gall est excellente ; mais elle a deux défauts. M. Ascoli pèche un peu par
excès de prudence ; c'est l'excès d'une qualité. D'autre part, il a commencé son
travail sans s'être préalablement donné la peine, comme l'a fait M. Ziromer, de
prendre note des lectures que d'autres avaient faites des mêmes textes avant lui.
Un exemple de ce double phénomène nous est donné par le membre de phrase
incoissig a-Jolad cétnae • exprime le même sens' », imprimé dans la Grammatica
celtica, p. 982 note, 1015 note, et dans laquelle M. Ascoli n'a pas osé lire la
quatrième lettre du mol Jolad. Voir dans son livre à la page 17 la reproduction
de la page 9 a du manuscrit, glose 14.
Citons encore la glose de per te (page 217 b 4), laquelle a été lue : tontsu
dans Gr. C^, p. 334, 1. 16 ; celle de saniem (page 218 ^, glose 4) lue sleidm^
Cr. O, p. 776, 1. 10. M. Ascoli n'a pas eu la hardiesse de reproduire dans
son édition les lettres v de la première [de ces gloses, d de la seconde. On
pourrait multiplier les exemples analogues.
M. Ascoli n'a pas seulement négligé les lectures faites antérieurement à lui.
Il paraît ne s'être pas enquis de savoir si dans d'autres manuscrits irlandais
analogues à celui qu'il publiait, les mêmes gloses ne se trouvaient pas écrites
d'une façon plus lisible. Or, on sait qu'outre le Priscien de Saint-Gall il existe
deux autres Priscien à gloses irlandaises, celui de Karlsruhe et celui de Leyde.
Les gloses irlandaises de celui de Leyde ont été publiées deux fois par M. Whitley
Stokes: première édition des Gâidelica^ 1866, pp. 36, 37; deuxième édition des
Gdidelica, 1872, p. 57; bien antérieurement par conséquent à l'édition du Priscien
de Saint-Gall par M. Ascoli, 1879. M. Whitley Stokes nous fait connaître dans
les deux publications que nous venons de citer deux gloses irlandaises du Priscien
de Leyde qui se retrouvent dans le Priscien de Saint-Gall, où M. Ascoli n*a pas
osé les lire. Voici la première. Virgile, dans YEneide, livre XI, termine son
vers 133 par les mots:^ pace séquestra, Priscien, livre VI, chapitre 6, veut
nous apprendre que sequester fait en a son féminin : séquestra^ et il cite ce passage
de Virgile. Sur séquestra^ le Priscien de Saint-Gall a la glose • média, nam se-
quester médius, rath^ inter duos altercantes » (page 97 a, glose 4). La glose
correspondante dans le Priscien de Leyde est, quant â la partie latine, rédigée
à peu près de même ; la portion irlandaise est identique : rdth a. M. Ascoli a
1. La traduction de M. Ascoli est: 0 significa il valor primiero », p. 144. Il faudrait
c medesimo » suivant la doctrine de la Gr. G.*, p. 308, lignes 30 et suivante, c Vilor»
rend mieux que c sens • la signification générale dtfolad, dont « sens » est la signifi-
cation spéciale à ce passage, en latin intelUctus,
2. Cf. Zimmer, Glossae hibemicae, p. 226.
Chronique, 125
laissé vide la place occupée par Vr initial de ce mot. Ce mot est cependant un
terme de droit irlandais bien connu. O'Donovan, dans son supplément â O'Reilly,
1877, le rend par « a guarantee, surety; any person whogoes security forano-
ther Y. Ce sens se rencontre plusieurs fois dans le Senckus Môr: Voyez par
aemple Ancml laws oj îreland^ t. I, p. 84, I. 27 ; p. 214, 1. 23 ; p. 266, 1. 7,
9; t. II, p. 282, 1. II.
Plus loin, livre VI, chapitre 10, Priscien donne des exemples de noms latins
dont le nominatif est en 'ts et le génitif en -iùs. Il cite termes, termitis; mergeSj
mergitis ; là-dessus, dans le manuscrit de Leyde, la glose : * fervor • i. lindtee
comme la donne M. 21immer >, ou lind tu (fervor) comme on la trouve chez
M. Whitley Stokes. Dans le manuscrit de Saint-Gall (p. 102 a, glose 2), c'est
Imdtc dont M. Ascoli, p. 74, a cru sage de ne lire ni 17 ni le f.
De ce que nous avons dit jusqu'ici, on aurait tort de conclure que toutes les
corrections de M. Whitley Stokes ont été suggérées à ce savant par des lec-
tures antérieures du manuscrit de Saint-Gall, ou des manuscrits parallèles. Le
contraire est la vérité. Dans un grand nombre de cas, les gloses du Priscien de
Saint-Gall manquent dans les manuscrits de Leyde et de Karlsruhe ; et la Gram-
mat'ua celtica les a passées sous silence. Cela n'a pas empêché M. Whitley Stokes
de les lire.
La collation de M. Whitley Stokes a été l'objet d'une vérification postérieure
par M. Windisch 2. Le savant celtiste conclu comme nous que, eu égard à la
longueur de la publication, le nombre des fautes est très petit ; que les correc-
tions faites ne dépassent point la quantité de celles que produit toute revision
subséquente et qu'en définitive on ne peut guère reprocher, comme nous l'avons
dit, qu'un excès de prudence au savant italien. Nous n'avons pas besoin de
dire avec quelle impatience nous attendons l'achèvement de la publication de
M. Ascoli qui comprend comme on sait le ms. de Milan dont il a paru trois li-
vraisons. H. D'A. DE J.
VI.
VÂcademy du 17 octobre 188$ a publié, page 257, col. 1, une note de
M. Whitley Stokes qui doit tout particulièrement intéresser les archéologues.
Le savant auteur y a réuni un certain nombre de textes, relatifs à l'usage des
tombelles funéraires, formées à l'aide d'amas de pierres, dans les régions cel-
tiques. Le plus connu de ces textes est un distique de Virgile. Ce distique est
une épitaphe proposée pour la tombe d'un brigand nommé Ballista.
Monte sub hoc lapidum tegitur Ballista sepultus ;
Nocte die tutum carpe, viator, iter *.
Virgile était de Mantoue, ville étrusque, mais immédiatement voisine des ré-
1. Glossaehibemicae,p, 226.
2. Berichte der philoL-histor. Classe derKœnigL Sachs. GaeUschaft der Wissenscha Un,
1885, p. 189. .
)• Servius, édition Thilo, t. I, p. 1 .
1 26 Chroniijue.
gioas ffltififT de la haute Italie. Le aom du mort offre le même suffiie de dé-
rivation que ToUsto^ premier terme du nom des Tolisto-bogi^ peuple gaaiois
d'Asie-Mineure. Ballista était probablement gaulois.
On doit considérer comme plus ancienne que son épitaphe l'inscription de Todi :
Ategaati Dructini camiîu artvass Couis Drutîcnos.
Àtegnati Druticni camitu logan Coisis Drutîcnos.
c'est-à-dire :
Ategnati, Druti filii, congessit lapides sepulchrales Coisis, Druti filius.
Ategnati, Druti iilii, congessit tumuium Coisis, Druti filius >.
Bien que trouvée dane l'Italie centrale, sur les bords du Tibre, dans l'ancienne
Ombrie^ cette inscription est gauloise et a été gravée sur la tombe d'un
Gaulois.
L*épitaphe suivante nous transporte dans le pays de Galles, au comté de
Caernavon, à Penmachno, et vers la fin du v« siècle de notre ère :
Caraasius hic jacit in hoc congeries lapidum * .
A la même région appartient le passage suivant de Nennius, § 75 : Atthur
postea congrcgavit congestum lapidum sub lapide quo irai vestigium canis soi a vo-
catur Carn CabaL
La plus vieille littérature irlandaise nous fournit deux textes analogues ; l'un
appartient â la vie de saint Columba mort vers 598 ; cette vie fut composée par
Adamnân, mort en 704. Elle rapporte que saint Columba, s'étant rendu dans
l'Ile de Skye, une des Hébrides, amena au christianisme un personnage qui
portait le nom irlandais d'Artbranân. A peine baptisé, dit Adamnân, le converti
meurt et on l'enterre: ibidtmqiu sociicongcsto lapidum acervo septliunt 3. L'autre
texte irlandais que nous avons annoncé nous conduit des Hébrides en Irlande ;
il est emprunté au livre d'Armagh, manuscrit bien connu du ix« siècle : et se-
pilivit illum aurigam Totum Calvum, id est Totmael, et congrcgavit lapides erga
sepuUrumA, H. d'A. de J.
VII.
VAcademy du 2 janvier contient à sa page 8 la note suivante : Nous sommes
autorisés à annoncer que la Commission chargée de la publication des lois an-
ciennes de l'Irlande n'a pas le projet de publier une seconde édition des quatre
volumes déjà imprimés sous sa direction. Elle a chobi M. Atkiason, professeur
1. Whhley Stokes^ Celtic declensîon, pp. 43-4 (• Beitraege de Kuhn, t. III, pp. 6^
^9i 7 h n^' Fabretti, Clossariam italicum, n' 86, planche XXI. Mommsen^ Corpus ins-
aiptionum latinarum, t. I, n<* 1408 ; Cari Pauli, Die Inschriften nordetrusktschen Alpha-
bets, p. 84, et n' 26 des planches I et II.
2. Rhys, Lectures on welsh phibbgy, deuxième édition, p. 969. Hûbner, Inscriptiones
Britanniae christianae^ o* 136. Westwood, Lapidarium Galliae, plancbe LXXIX, n* 2.
3. Reeves, The life ^ saint Columba, p. 63.
4. Livre d'Armagh, P 13 b 2; cf. Analecta Bollandiana,t. II, p. 58.
Chroniijue. 127
au collige de la Trinité de PuUio, pour éditer le reste de roofrage, aaqad
seront joints un recueil de tariantes des mamiscrits el 00 ^ossaire.
vni.
Il va paraître à Oxford, sous la direction de notre savant collaborateur
M. Rhys, une collection très importante des textes gallois. Elle comprendra :
1* Une reproduction photographique du Livre noir de Carmarthen ;
2* Le texte complet, typographiquement reproduit, du même manuscrit, du
Livre d'Aneurin, du Livre de Taliesin et du Livre rouge d'Hergest (celui-ci fera
quatre volumes) ;
3* Un choix des principales Triades, texte, traduction et notes;
4<> Une édition critique des Mabinogion, texte, traduction et notes.
De cette collection, le volume qui paraîtra le premier contiendra le commen-
cement du Livre rouge. La souscription est ouverte, pour l'Angleterre, chez
J.-G. Evans, 7, Clarendon Villas, Oxford; pour la France, chez Vieweg, 67,
rue de Richelieu. Prix du volume in-80, relief doré sur tranches : 26 francs.
IX.
La bibliothèque publique de Munich (Hof-und Staatsbibliothek) possède^ sous
le Vf* 14846 des manuscrits latins, un manuscrit du xi^ siècle provenant de Saint-
Emmeran de Ratisbonne. Cest un commentaire sur la grammaire de Donat. A
la fin, f*» 106-12 1, on trouve un recueil intitulé : SorîiUgia per literas et sacros
libros quorum meminit divus Gregorius Turonensis, Le Docteur Wilhelm Meyer a
découvert dans cette partie du manuscrit un certain nombre de mots celtiques,
et M. Thurneysen, ayant obtenu communication du même manuscrit à léna, a
composé à ce sujet un fort intéressant mémoire qui a été lu à l'Académie de
Munich, classe de philosophie et de philologie, le 7 février 188 5, et publié dans
la première livraison des Comptes-rendus de cette compagnie savante pour
Tannée 1885, p. 90-112. Ce qu'il y a d'étrange, c'est que les mots celtiques
sont, les uns gallois, les autres irlandais.
Par exemple, sont gallois les mots :
hi-'gttolt'Uchcl • en chevelure haute > .
hi-dehint c en voyage ».
hMig • à la maison t.
g[a]lanasoc • meurtrier », dérivé de galanas a meurtre », glose : vit sangui-
nosas,
barb-mclin « â la barbe jaune », glose : albi s[unt] capilli capitis ejus. On peut
lire aussi albis[tri] capilli capitis ejus.
Sont irlandais :
glas no ban c de couleur terne, ou blanc >.
glas liad • de couleur terne et grise », glose : albister.
1 28 Chronique.
te/ufolt ff chevelure de feu », glose: rufus.
dub'donn > m brun foncé i, glose : discolor.
cornus • puissance », glose: potcntia.
anfine • étranger à ta famille ».
huiath^ no forloscuthi • monument funèbre ou crémation », glose : sepul'
chrum novum auditioni
no chnuc no idnaA c ou ulcère ou douleurs », glose: dolorem suh vuArt,
no cton $ no idna ^ « ou au front, ou douleurs », glose : vulnas in capiu ».
dorochoir i-fiacli • est tombé sur les dents » .
dub'glas • noir terne > .
donn • brun », glose : niger,
foU tiug sir f air c chevelure épaisse et longue, sur lui ».
find'buidei a blanc jaune » ou • blond clair », glose: albister,
ro'tectsat^ c ils eurent ».
fos c domestique, garçon », glose: vir,
cobrac t rencontre, combat ». L'orthographe reçue* est comrac.
promath inna celle t épreuve ou examen du sens » .
H. D*A. DE J.
X.
Dans VAcademy du 19 décembre, M. Whitley Stokes a publié une édition
nouvelle de Thymne en Thonneur des abbés de Bangor qu'on trouve â la page 944
de la Grammaiica celtica. Le savant ceitiste donne les cinq premiers et les quatre
derniers vers qui manquent dans la Grammatica celtica, et nous offre pour les
autres des corrections qui portent notamment sur les noms de plusieurs abbés.
Au lieu de Fintenapum, lisez Fintenanum ;
Au lieu de Beracnus^ lisez Berachus ;
Au lieu de Adianas, lisez Aidanus ;
Au lieu de Crotanus, lisez Critanus.
XI.
Le no de VAcademy du 5 décembre précédent annonçait que la Société gaé-
lique d'Inverness avait fait paraître le onzième volume de ses Transactions. La
revue anglaise nous apprend que ce volume contient des légendes et des chants
gaéliques.
1. Dans le manuscrit, tonn,
2. Dans le manuscrit, hulach.
j. Dans le manuscrit, forloseuth,
4. Dans le manuscrit, iduu.
$. Dans le manuscrit, etoa,
6. Dans le manuscrit, iduu,
7. Dans le manuscrit, finobaide,
8. Dans le manuscrit, roteetsat.
Le propriétaire-gérant : F. WIEWEG.
Chartres. — Imprimerie Durand.
LA LÉGENDE ET LES FEMMES
DANS
LA PLUS ANCIENNE HISTOIRE DES CELTES ET DE LA GAULE.
La fiction a toujours été un des éléments fondamentaux de Phistoire,
un de ceux où l^auteur se comptait, qui séduisent le lecteur et qui, sur-
tout, assurent le succès d'un livre. Une loi de notre intelligence le veut
ainsi ; elle a régné jadis ; elle nous domine encore, et les générations
futures subiront comme nous son empire.
Il semblerait qu'aujourd'hui, quand nous voulons raconter des événe*-
ments peu éloignés de nous, nous ayons, pour secouer le joug de la fiction
historique, une force qui manquait aux écrivains du moyen âge et de
Tamiquité, lorsqu'ils voulaient écrire l'histoire de leur époque ou de temps
plus anciens. Depuis deux ou trois siècles, les moyens de contrôle se
multiplient; les documents sont tellement nombreux que souvent le
principal embarras de ^écrivain provient de la nécessité de se borner et
de choisir dans une foule de pièces celles que de préférence il doit mettre
en relief et placer sous les yeux du lecteur.
Si donc il y a un temps dont l'historien puisse espérer atteindre la vé-
rité, ce but unique, semble-t-il, de ses recherches et de ses médita-
tions, ce devrait être notre temps, et cependant ce but fuit toujours
devant nous. Malgré la multitude des moyens de vérification que nous
ofErent des documents de toutes sortes, actes authentiques, pièces offi-
cielles, mémoires et souvenirs privés, la légende naît au milieu d'eux ;
l'historien l'accueille avec plaisir, soit qu'il la reçoive d 'autrui, soit qu'il
la crée lui-même à son insu, et elle trouve près des foules la même
faveur qu'autrefois. Ce n'est pas trop d'une armée d'érudits pour la
combattre et l'extirper. Elle ressemble aux herbes que la nature sème et
fût germer dans le jardin le mieux soigné et qui sans un travail opiniâtre y
Rev. Celt. VII. 9
I )o H, d'Arbois de JubainvilU,
deviendraient maîtresses en transformant les ailées en prairies et en étouf-
fant dans les carreaux tous les produits de la culture.
Aux époques où les monuments écrits sont rares et les érudits peu
nombreux, la légende naît et grandit sans obstacle. Nous citerons comme
exemple l'histoire des premiers Mérovingiens, récemment étudiée à ce
point de vue dans un savant ouvrage de M . Rajna >. Quand Grégoire de
Tours, l'auteur de la Chronique de Frédégaire, et celui des Cesta rtgm
Francorum entreprirent de la composer, ils n'eurent souvent à leur dis-
position que deux sortes de documents : d'abord de sèches annales ^ au-
jourd'hui perdues, mais dont la Chronique de l'évêque Marius et celle du
comte Marcellin nous offrent des exemples ; ce n'est pas de l'histoire ;
ce n'en est pas même le cadavre; ce n'en est que le squelette; puis des
récits épiques avec tout l'attrait de la vie, du mouvement, de la couleur,
ce qu'il faut à un écrivain pour plaire, trouver des lecteurs, se survivre
à lui-même à travers les âges, et c'est là que Grégoire de Tours, les
auteurs de la Chronique de Frédégaire et des Gesta regum Francorum ont
recueilli la plupart des matériaux avec lesquels ils ont fondé l'histoire de
France, non celle que les érudits mettent dans leurs livres, mais celle
que tout le monde sait et se rappelle avec plaisir.
Le plus ancien de ces récits épiques qui ont pénétré dans le domaine
de l'histoire et qui s'y sont établis, est la légende du roi Chiidéric exilé
qui conquiert l'amour de la reine Basine et devient par elle père du
grand Clovis. Créer avec succès le roman sans y faire apparaître une
femme est une entreprise difficile. Aussi trouvons-nous un rôle de femme
dans la fiction épique par laquelle commence l'histoire du royaume des
Francs'. A cette fiction épique en succède une autre où un rôle de
femme tient encore une grande place^ que dis-je? tient peut-être la pre-
mière place ; c'est le récit détaillé du mariage de Clovis avec ses inci-
dents dramatiques, les difficultés, les obstacles de toute sorte dont
triomphe l'adresse de l'envoyé du roi franc et l'habileté de Cloiilde in-
nocente, injustement persécutée d'abord, puis épouse dii plus grand roi
de son temps. Le mariage, voilà la vérité historique; sèche et nue^ elle
1. Le otiginl delP epopea francese, an Yolume in-S, Florence, 1884. Un eKcelleat
compte rendu de cet ouvrage a été publié par M. Gaston Paris , dans la Roauuua,
treizième année, p. 598-627.
2. G. Monod, Etuda critiques sur les sourca de l'histoire mirofingienne^ première par-
tie, p. 84-86. Sur les autres documents dont Grégoire a fait usage pour l'histoire des
Francs, voir Monod, ibid.y p. 79 et suiv.
j. Rajna, Leorigini delV epopea francese, pp. ja et suivantes. Cf. Monod, Etudes cri-
tiques sur les sources de Phistoire mirovingienne^ première partie, pages 91-92. Cf. Paris,
Romania, t. Xlll, p. 603. M. Monod renvoie à Junghans : Dte Gachichte ChiUirichs
und Chlodovechs,
La légende et les femmes dans l'histoire des Celtes et de la Gaule. 1 3 1
n'avait pas d'intérêt ; les détails qui Poment et qui en font l'attrait sont
le produit de la fiction . Le récit du baptême de Clovis est la suite du
récit du mariage; il a été composé de la même façon. Là encore un rôle
de femme apparaît sur le premier plan ; cette femme est toujours Clotilde.
L'antiquité classique a fait usage des mêmes procédés. Quand, par
exemple, Tite-Live et Trogue Pompée ont eu à raconter l'histoire des
époques reculées où quelques mots conservés par de brèves annales re-
présentaient plusieurs années, quelquefois un siècle ou deux, ils ont
comblé les vides et coloré leur narration en y intercalant des récits lé-
gendaires inventés avant eux par des écrivains dont le seul souci était de
plaire. L'épopée romaine n'existait pas ; celle des Gaulois n'était pas
écrite et s'est perdue; mais des écrivains grecs, doués de plus d'imagi-
nation et d'habileté que de scrupules scientifiques, avaient mis en circu-
lation des recueils de compositions romanesques, les unes créées par eux
pour l'amusement des gens oisifs, les autres inventées ou arrangées par
eux pour flatter l'amour- propre de certaines familles puissantes en leur
donnant des ancêtres illustres dans les temps fabuleux. Ces deux sortes
de récits, quoique d'origine différente, se présentaient audacieusement
les uns comme les autres avec l'impudente prétention d'être l'expression
véridique ou même, comme on l'a dit de nos jours, la résurrection du passé.
Quand vint le siècle d'Auguste et que, pour satisfaire un besoin de l'es-
prit des Romains, il fallut écrire à leur usage, dans la belle langue de
cette grande époque, l'histoire des périodes précédentes, il se trouva,
pour remplir cette tâche, des hommes plus experts que ne devaient l'être
plus tard Grégoire de Tours et Frédégaire dans l'art de composer un
livre et d'en agencer les phrases. Mais pour recueillir les matériaux, les
écrivains classiques de Rome furent, malgré leur talent, réduits à recourir
aux procédés qui devaient ultérieurement être employés par les écrivains
de l'époque mérovingienne : comme eux, ils admirent dans leurs récits
les légendes qui s'offraient comme d'elles-mêmes pour combler les vides
des époques dont l'histoire n'est que fragmentaire, ou ne consiste qu'en
noms propres et en dates plus ou moins certaines.
Des compilateurs grecs qui les avaient précédemment recueillies, un
des plus connus est Aristide de Milet. Il parait avoir écrit vers la fin du
second siècle avant notre ère; il est surtout célèbre comme auteur du
recueil perdu d'aventures obscènes que traduisit' Sisenna, l'annaliste
1- Venit Aristidem Sisenna: nec obfiiit Uli
Historiae turpes înseruisse jocos.
Ovide, Tristes^ livre II, vers 443, 444
1)2 k. d'Arbois de JabainvilU.
romain^ un des prédécesseurs de Tite-Live, et qui est connu sous le nom
de Fables miUsiennes >. Le succès de ce livre d'Aristide n'est pas attesté
seulement par cette traduction. Le romain Rustius, un des compagnons
de Crassus, avait emporté avec lui l'original grec dans l'expédition contre
les Parthes, l'an 5 ) avant notre ère. On sait que Crassus y fut vaincu et
qu'il y trouva la mort avec la plus grande partie de ses soldats ; mais le
manuscrit fiit découvert dans les bagages^ le vainqueur l'apporta au
sénat de Séleucie et s'y moqua des Romains qui^ à la guerre^ perdaient
leur temps et préparaient leurs défaites par des lectures si peu utiles et
en même temps si honteuses^.
Outre les Fables milésiennes, Aristide de Milet avait composé d'autres
récits romanesques où sous une forme moins contraire aux lois de la mo-
rale il n'avait pas montré plus de respect pour la vérité. Un de ces recueils
portait le titre i* Italiques i. C'est une des sources où Tite-Live a certai-
nement puisé un des récits par lesquels il a su le mieux orner les andes
annales des premiers temps de la république romaine. Tout le monde
connaît d'après le grand écrivain romain l'histoire du jeune C. Mucius.
Aucune femme n'y intervient, et si nous en parlons ici, c'est à cause de
la netteté avec laquelle l'étude de cette légende nous fait connaître une
des voies par lesquelles la fable a pénétré dans les grandes compositions
historiques de l'antiquité.
On se rappelle C. Mucius sortant des murs de Rome assiégée et
aifamée par le roi étrusque Porsenna ; un poignard caché sous sa robe, il
pénètre dans le camp ennemi, et s'approche du tribunal où le roi, accom-
pagné d'un scribe, distribuait la paie à ses soldats. Il n^avait jamais vu
le prince étrusque : il tue le scribe en croyant frapper le roi. Arrêté aus-
sitôt, il brûle sa main droite au feu préparé sur l'autel pour un sacrifice,
et après avoir donné à Porsenna cette preuve d'indomptable courage, il
déclare que trois cents jeunes Romains ont avec lui juré de tuer l'en-
nemi de leur patrie ; il a été, lui Mucius, désigné le premier par le sort
et les autres sont prêts à suivre un à un son exemple en s'exposant
à tous les dangers pour exécuter leur serment. Effrayé^ Porsenna de-
manda la paix 4.
Mucius, ayant perdu l'usage de sa main droite, s'appela dès lors « le
gaucher i>, Scaevola; telle est la légende. Or, il y avait à Rome, au se-
1. MiX7)<tiaxo\ \6^Q\,ûktt Luden, Amoray c. I, édition Didot, p. 985 . Cf. Chvla
Ifûller, Fragmenta historicorum gr^corum^ t. IV, p. 326.
2. Plutarque, Crasstu, c. )2, § 4, édition Didot, p. 673.
3. Charles Mùllcr, Fragmenta historicorum grtecorum, t. IV, pp. 320-324.
4. Tite-Live, livre II, c. 12, 13.
La légende et les femmes dans l'histoire des Celtes et de la Gaule, 1 3 3
cond et au premier siècle avant notre ère une fiamille consulaire, celle
des Mucius, surnommée Scaevola, c'est-à-dire « gaucher ». Ce cognomen
pouvait sembler ridicule; grâce à ce conte, on devait être fier de le
porter.
Tite-Live n'a pas inventé cette fable. L'assassin patriote, qui pour
sauver son pays pénètre dans le camp ennemi, se trompe de victime et
arrêté se brûle la main droite, ne s'est pas appelé d'abord Mucius Scae-
vola. Quand il a fait sa première apparition dans la littérature, il s'appe-
lait Agésilas ; il était frère de Thémistocle et fils de Néocle. La patrie
qu'il voulait sauver était Athènes ; le prince qu'il prétendait poignarder
était Xerxès, roi des Perses. L'auteur qui nous raconte le courage mer-
veilleux de l'Athénien Agésilas est Agatharchide de Samos dans son livre
dont le titre est « Les Persiques » *. Aristide de Milet, qui écrivait dans
la seconde moitié du second siècle avant notre ère, n'eut qu'à changer
les noms propres pour donner un ancêtre illustre aux Mucius Scaevola,
ses contemporains, fournissant ainsi un thème nouveau à ces généalogies
menteuses dont Tite-Live se plaint, et qui lui ont cependant fourni une
partie de ses matériaux >. Si elles l'embarrassaient quand elles se contre-
disaient entre elles, sa méthode critique ne lui suggérait aucune raison
pour les rejeter, quand elles s'accordaient les unes avec les autres et
quand elles pouvaient se concilier avec le reste des documents qu'il
mettait en œuvre.
La leçon nouvelle, qui de l'Athénien Agésilas fait un ancêtre des Mu-
cius Scaevola, a été insérée par Aristide de Milet au livre III de ses Ita-
Uques^. Quand Tite-Live lui donna place dans son histoire un siècle plus
tard, il n'y fit guère d'autre modification que d'y insérer quatre petits
discours qui doublent à peu près la longueur du morceau primitif. L'éru-
dition moderne rejette avec raison ce récit comme fabuleux 4. Mais sous
la forme littéraire et oratoire dont le génie de Tite-Live l'a revêtu, il n'a
pas cessé de faire la joie des humanistes. Sa rédaction grecque la plus
ancienne avait fourni un chapitre au livre a Du courage » dans le Flori-
Ugium de Stobée au quatrième siècle de notre ère. La rédaction de Tite-
1. Plmarqae, SuvaycofTi {(ttooiûv napaXXi{>.ci)v, c. 2 : Moralia, édition Didot,
PP* )75i 37^ > Stobée, Florilegiurn, livre VII, c. 63, édition Teubner-Meineke, t. I,
PP- ^7h <7^ Cf. Charles Mûiler, Fragmenta historicorum gràicoram^ t. III, p. 197.
2. Tite-Live, livre VIII, c. 40. Cf A. Chassang, Histoire du roman et de ses rapports
oftc l'histoire dans V antiquité grecque et latine, p. 94.
3. Plutarquc, SuvoywfJ) taio.DitSv îcapaXXTÎAwv, c. 3: 5a/^fa mortf/w, édition Didot,
p. 376. Cf. Chartes Mûller, Fragmenta historicorum gr^ecorum^ t. IV, pp. )2o, 321.
4. Niebuhr, Roemische Geschichte {iSiS), t. I, p. 604-606. Mommsen, Roemuche
Geschichte, Uvre II. c. 4, sixième édition (1874), t. I, p. 320. Ouruy, Histoire des
Romains^ nouvelle édition, t. I (1879), P* H^*
134 ^' d'Arbois de Jubainville,
Live est un des plus beaux ornements du livre « Du courage » dans ie
Selectae e profanis scriptoribus historiae qui, depuis un siècle et demi, est
chez nous une des bases de l'enseignement du latin. Nos professeurs de
cinquième, avec le même entrain que leurs devanciers du siècle dernier,
font admirer à leurs élèves étonnés Phéroisme de Mucius Scaevola, con-
damnant sa main droite au bûcher pour la punir d'avoir manqué le roi
Porsenna. J'ignore si beaucoup de ces maîtres parlent des sources où
puisa Tite-Live, c'est-à-dire d'Aristide de Milet et surtout d'Agathar-
chide de Samos, chez qui Mucius s'appelle Agésilas ; Porsenna, Xerxès;
Rome, Athènes ; et si l'on dit aux élèves de nos lycées que les Etrusques
de la rédaction de Tite-Live sont des Perses dans une rédaction plus
ancienne.
Aristide, dans ses Italiques, rapportait un autre conte qui ne serait
pas à sa place dans le Selectae et qui a eu moins de succès, même ail-
leurs. Atepomaros, roi des Gaulois, dit Aristide, faisait un jour la guerre
aux Romains. Il déclara qu'il ne se retirerait pas si les Romains ne com-
mençaient par lui livrer leurs femmes. Les Romains, sur le conseil de
leurs servantes, envoyèrent celles-ci à la place des maîtresses ; puis,
quand les barbares se Âirent endormis, une d'elles sortit du camp et étant
parvenue à escalader le mur de Rome, vint prévenir les consuls : les
Romains firent une sortie et remportèrent une victoire complète. Ce fiit
l'origine de la fête annuelle des servantes ■ . L'authenticité de cette lé-
gende a pour elle la même autorité que celle de Mucius Scaevola, et si
les Romains ne l'ont pas introduite dans leur histoire nationale, c'est par
la raison qu'elle flattait moins leur amour-propre. Evidemment Tite-Live
ne l'a trouvée dans aucune d^i ces généalogies dont il s'est souvent ins-
piré. C'est un des contes qui ont dicté les jugements des humanistes mo-
dernes sur Aristide de Milet que, suivant Wyttenbach, on devrait rayer
de la liste des historiens; qui, dit Gaspard Valckenaer, est un menteur
et un polisson ; Wesseling, plus indulgent, pense qu'on peut considérer
comme non écrits les récits d'Aristide, mais que condamner l'auteur à
mort et le faire manger par les corbeaux, serait bien dur>.
Voici un autre récit légendaire dont aucun texte n'établit formellement
l'origine, mais qui vient probablement de la même source ou d'une source
analogue.
Un certain Lucumon, de Clusium, chef étrusque, étant sur le point de
1. Piutarque, SuvaftoYV) laxoptm napaXXijXcuv, S }^\ Scripîa moralia, édîtion
Didot, p. )84-)8^. Cf. Charles Mûlier, Fragmenta historicorum gracorum^ t. IV, p. )20.
2. Voiries citations réunies par Charles Mûller, Fragmenta historicorum gr^ecorum, t. IV,
p. J20.
La légende et les femmes dans l'histoire des Celtes et de la Gaule, 1 3 ;
moarir, chargea de l'éducation de son fils et du soin de sa fortune un
honnête homme qui s'appelait Arruns et qui habitait la même ville.
Amms se montra digne de la confiance du père ; il éleva l'enfant le
mieux qu'il put ; et, à sa majorité, il lui rendit un compte exact des biens
dont il avait eu l'administration ; c'était la fortune la plus considérable
qu'il y eût à Clusium. Le jeune homme témoigna à son tuteur une vive
reconnaissance. Il ne quittait pas sa maison et semblait ne se trouver
agréablement qu'en sa compagnie.
La vérité était qu'Arruns le tuteur avait une femme, jeune et belle, qui
avait été sage jusque-là, que le pupille aimait cette femme et qu'il avait
su se faire aimer d'elle. Ce fut quelque temps un secret ; mais enfin la
honte du mari devint publique et les deux amants perdirent toute réserve.
Arruns entama un procès contre son rival ; mais celui-ci, qui avait plus
d'amis et d'argent, obtint contre toute justice les suffrages des juges. Ar-
runs ne put supporter cette humiliation. Prétextant un voyage de com-
merce, il sortit de Clusium et de l'Italie ; il passa les Alpes et se rendit
dans le pays des Celtes, emmenant avec lui sur des chariots un grand
nombre d'outrés de vin et d'huile, et beaucoup de paniers de figues.
Aucun Celte jusque-là n'avait mangé de figues; personne chez eux ne
connaissait ni le vin, ni l'huile. Ils remplaçaient le vin par une liqueur
fermentée, de mauvaise odeur, qu'ils fabriquaient en faisant pourrir de
Porge dans de l'eau; chez eux, ce qui tenait lieu d*huile, c'était delà
graisse de cochon vieillie et aussi désagréable pour le goût que pour
Todorat. Tels sont les termes dans lesquels l'auteur grec qui nous sert
de guide apprécie la valeur gastronomique de la bière et du saindoux des
Gaulois.
Quand, pour la première fois^ ils goûtèrent de toutes les bonnes choses
qu'Arruns apportait d'Italie, le plaisir qu'ils en éprouvèrent fut égal à
leur étonnement. Ils demandèrent à leur hôte comment et chez qui se
produisaient un breuvage et des aliments si doux. (( La terre sur laquelle
on les récolte, répondit Arruns, est vaste et riche; mais les hommes qui
rhabitent sont peu nombreux, et, à la guerre, ils ne valent pas mieux
que des femmes. Vous avez bien fait de m'acheter ces marchandises,
mais si j'ai un conseil à vous donner, c'est de ne pas recommencer.
Chassez d'Italie ceux qui en sont aujourd'hui les maîtres et, devenus
propriétaires du sol, vous récolterez vous-mêmes et vous ne paierez
plus à personne les fruits qu'il produit ». Persuadés par ce discours, les
Celtes entrèrent en Italie et vinrent attaquer les habitants de Clusium ;
Arruns leur servit de guide.
Ce récit invraisemblable est rjiçonté par Denys d'Halicamasse, Tite-
1 0 //. d'Arbois de Jubainville,
Live et Plutarques mais leur prédécesseur, le grand historien Polybe,
ne le connaît point '.
Le conte qui^ chez Pabréviateur de Trogue Pompée, vient orner l'his-
toire de la fondation de Marseille est digne de la même confiance. Une
flotte phocéenne, conduite par Simos et Protis, vint aborder à l'embou-
chure du Rhône, dans le pays des Segobrigii^ où régnait alors Nannus.
Les deux Grecs allèrent trouver ce roi pour lui demander son amitié. Le
hasard voulut que Nannus fût alors occupé de préparer les noces de Gyptis^
sa fille. Il allait, suivant Tusage de ce peuple, livrer sa fille à un gendre
choisi par elle au milieu même du festin. Tous les grands seigneurs du
pays devaient se trouver à la noce ; les deux chefs grecs, hôtes du roi,
furent, comme eux, invités au repas. Quand la réunion fut complète, la
jeune fille fiit introduite, et le père lui ordonna d'offrir de l'eau à celui
des assistants qu'elle choisirait pour époux. Gyptis se tourna vers les
Grecs et présenta l'eau à Protis qui, d'hôte du roi^ devint ainsi son
gendre. Aussi obtint-il sans difficulté le terrain nécessaire pour la cons-
truction d'une ville).
Ainsi Marseille dut sa fondation à l'amour subit qu'un jeune Grec ins-
pira un jour à une fille de roi au milieu d'un festin. Bientôt après, la
ville nouvelle échappa à un danger inévitable, grâce à l'amour d'une
autre femme barbare pour un autre Grec. Nannus, roi des Segobrigii,
beau-père du fondateur de Marseille, était mort. Comanus, son fils, lui
avait succédé. Un prince de rang moins élevé lui donna le conseil de
détruire la nouvelle colonie grecque : faible encore, elle pourrait devenir
puissante un jour et opprimer ses voisins. « Une fois, ajouta-t-il, une
chienne pleine pria un berger de la laisser pendant quelque temps s'éta-
blir dans un coin pour y mettre bas sa portée. Elle l'obtint ; puis de-
manda d'y rester jusqu'à ce que ses petits fussent élevés. Quand ils
furent grands, elle et ses enfants se prétendirent propriétaires de leur
abri et refusèrent de s'en aller. Ainsi, dit-il, les Marseillais, humbles au-
1. Denys d'Halîcarnasse, livre XI II, c. lo et ii ; édition Teubner-Kiessling, t. IV,
{>p. I9$-I97' Cf. Plutarque, Camille, c. i$, S ^'5* édition Didot, p. 162; Tite-Live,
ivre V, c. )3, S 2-4. Le plus développé de ces récits est celui de Denys d'Halicamasse ;
le plus court, celui de Tite-Live. Cependmt Plutarque et Tite-Live offrent Quelques traits
qui manquent chez Denys ; on peut supposer qu'il y a eu deux rédactions différentes.
2. On peut même dire que le réci^ de Polybe l'exclut. Polybe distingue dans l'invasion
celtique en Italie deux périodes. L'une est celle où les Gaulois firent la conquête du
bassin du Pô et des régions voisines (livre II, chap. 17, et § i du chap. 18). L'autre,
un peu postérieure ([Lt-cà U Ttva x^povov)» est celle où ils prirent Rome (g 2 du chap. 18}.
Le siège de Clusium et la prise de Rome eurent lieu^ comme on sait, dans la même ex-
p^ition. On n'ignore pas du reste qu'à la date du siège de Clusium, les Gaulois étaient
en Italie depuis au moins six ans.
3. Justin, livre XLIIl, c. ), S-ii.
La légende et les femmes dans l'histoire des Celtes et de la Gaule. 1 37
jourd'hui, et qui ne semblent que nos locataires^ prétendront un jour
être les maîtres du pays. » Ce discours persuada le roi, qui voulut s'em-
parer de Marseille par surprise. Il profita de la fête de Flore ; à l'occa-
sion de cette fête^ un grand nombre d'hommes courageux et braves en*
voyés par lui se rendirent ostensiblement dans la ville où ils s'établirent
en qualité d'hôtes chez les habitants. Il en fit introduire en secret beau-
coup d'autres cachés dans des paniers que portaient des voitures cou-
vertes de feuillage. Lui-même alla se mettre en embuscade avec une
armée dans les montagnes les plus proches. Il comptait profiter de la
nuit ; les hommes qu'il avait envoyés à Marseille devaient lui ouvrir les
portes de la ville au moment où tous les habitants auraient été plongés
dans le sommeil et bon nombre appesantis par l'ivresse. Mais une pa-
rente du roi était la maltresse d'un jeune Grec; elle eut pitié de son
amant, lui découvrit le danger qui le menaçait, et lui conseilla de fuir.
Il alla prévenir les magistrats. Les barbares, qui avaient été accueillis
comme hôtes^ furent immédiatement arrêtés ; ceux qui se cachaient dans
des paniers en furent tirés ; on les mit tous à mort. Le roi, qui comptait
surprendre Marseille, fut lui-même attaqué au moment où il s'y attendait
le moins et périt avec sept mille de ses soldats. Depuis ce temps-là, les
habitants de Marseille prennent, les jours de fêtes, les plus grandes pré-
cautions; ils tiennent les portes fermées, montent la garde quand il fait
nuit, mettent des factionnaires sur les murailles, ne laissent entrer aucun
inconnu, agissent, en un mot, de tout point comme en temps de guerre.
On a déjà remarqué que, dans ce récit^ il y a pour ainsi dire deux
actes : le premier se rapporte au règne du roi Nannus; c'est le plus an-
cien des deux ; le second est une suite ajoutée au premier pour le ra-
jeunir en quelque sorte et en exploiter le succès. La légende du roi
Nannus et de sa fille se fiançant dans un festin par l'offrande d'une
coupe au chef de la flotte phocéenne existait déjà dans la seconde moitié
du iv« siècle avant notre ère. Aristote Pavait insérée dans son traité « De
la république de Marseille ». Le fonds de son récit est identique à celui
que nous a conservé l'abréviateur de Trogue Pompée. Il y a toutefois
quelques différences : ainsi chez Aristote, la jeune fille s'appelle Petta *,
et non Gyptis ; son heureux mari, Euxène, et non Protis ; mais leur fils
porte le nom de Prôtos ', et de lui descend une famille marseillaise qui
i. Après son mariage, suivant Aristote, elle reçut le nom d'Aristoxène. D'après le même
auteur, son père s'appelle Nanos par une seule n, au lieu de Nannus par deux. Mais ce
sont des détails accessoires.
2. La plus ancienne forme de la légende fait donc descendre les Prôtiades de Prôtos,
fils du fondateur de Marseille. Dans la rédaction la plus récente, le fondateur de Mar-
1)8 H. d* Artois de Jubainrille,
existait encore au temps d'Aristote, les PrAtiades. Ce nom nous fait
toucher du doigt l'origine de la légende. Nous sommes ici en présence
d^ne de ces fables généalogiques dont le conte de Mucius Scaevola est
un autre exemple.
D'autre part, le récit d'Aristote échappe à un ridicule que nous ofire
celui de Justin. Le lecteur a dû remarquer que chez ce dernier c>st de
Teau pure que la jeune fille oflire à son futur époux ; chez Aristote la
coupe contient un mélange ' où entre une liqueur moins vulgaire, peut-
être du vin, comme le suppose un traducteur qui a senti l'élégance de
la fiction primitive. Enfin Aristote ne dit pas de quel peuple Nannus était
roi. C'est par un développement postérieur de la légende que s'est in-
troduit ici le nom des Segobrigii, peuple inconnu d'ailleurs, nom fabriqué
à l'aide de celui de Segobriga, capitale des Celtibères, en Espagne, ville
dont les habitants s'appelaient Segobrigenses et non Segobrigii^. Dans la
suite donnée au premier récit et qui ne se trouve que chez Justin, Co-
manus, fils et successeur de Nannus, est roi des Ligures, qui se trouvent
par conséquent identifiés aux Segobrigii et transformés en Celtibères ;
ce sont des Ligures que le roi Comanus fait entrer à Marseille cachés
dans des paniers ', à peu près comme dans un conte célèbre les qua-
rante voleurs d'Ali-Baba, ou comme les guerriers qui, dans une chan-
son de geste française, sont introduits par Guillaume au Court-Nez dans
la ville de Nîmes, alors au pouvoir des Sarrasins 4. il y a là pour l'his-
toire la plus ancienne des Segobrigenses et des Ligures une base bien
fragile : empruntée au roman, elle se brise sous les pieds de l'historien.
Elle est pourtant donnée pour certaine par deux de nos écrivons les plus
justement populaires, tels sont Amédée Thierry s et Henri Martin ^.
Voici un autre roman qui n'a pas eu le même succès près des histo-
seille est Prôtis, ancêtre des Prôtiades. Cette dernière doctrine ne se trouve pas seule-
ment chez Justin; on la rencontre dans Plutarque, Soloiif c. 2, g 4, édition Diaot, p. 9j.
I. <1>iaX7)v xsxepaajiivTjv. Aristote, édition Didot. t. IV, deuxième partie, p. 176,
col. I. Athénée, livre XIII, c. j6; édition Teubner-Meineke, t. III, p. )8.
a. Strabon, livre III, c. 4, g 13, édition Didot, p. ijf, 1. 10. Pline, Histoire natu-
relle, livre III, S 2J' Ptoléméc, livre II, c. 6, g 57, édition Didot-Mûller, t. I, p. 179.
On remarquera que Strabon écrit ^i^o^pl^a par un s ; Ptolémée, TlriyaMyci par un y^
et Pline, Segobrigenses. Le même nom de peuple se trouve chez Frontin, livre III, c. 10,
g 6. Cf. Corpas inscriptionum latinarunij t. II, n* 4 191 : Segobriga; n"* 4191 : Segobri-
genses ; 4220 : Seçobrigensi ; 4222 : Segobri[g]ensi.
). Plures scirpeis latentes frondibufque supertectos induci vehiculis jubet Atque
ita, pitefactis insidiis, cuncti Lieures comprehendontur latentesque de scirpeis protrahun-
tur. Justin, livre XLIII, c. 4, g 7, 9.
4. Le charroi de Nîmes, voyez L. Gautier, Les épopées françaises ^ première édition,
t. III, p. JJ9-362.
$. Histoire des (7tfu/oij, nouvelle édition (1863), t. I, p. 136-141.
6. Histoire de France^ quatrième édition (185$), t. I. p. 11-12.
La légende et les femmes dans l* histoire des Celtes et de la Gaule. 1 39
riens français. Transportons-nous en Asie-Mineure, sur les côtes de la
mer Egée, vers Tan 278 avant notre ère. Les Gaulois ont été Tannée
précédente saccager et piller le sanctuaire vénéré d'Apollon Delphien.
Cest en Asie-Mineure qu'ils vont continuer leurs dévastations. Le sen-
timent qu'ils inspirent aux Grecs est celui de l'indignation, de l'horreur
et de l'effiroi. Quelques années après, un poète alexandrin chantait les
souvenirs sinistres de cette époque désastreuse où : « levant sur les
« Grecs leur épée barbare, les derniers des Titans, » dit-il, « conduits
a par le dieu celtique de la guerre et arrivant de l'Occident extrême, se
a précipitèrent sur le monde hellénique, tels que des flocons de neige,
c et aussi nombreux que les étoiles » *.
Un des faits les plus connus de la première campagne des Gaulois en
Asie-Mineure fut leur expédition contre la ville de Milet. Ils arrivèrent
sous les murs de Milet au moment de la fête des Thesmophories.
Cette solennité avait été instituée en l'honneur de la déesse Dèmëtér que,
plus tard, dans la mythologie gréco-romaine, on a identifiée à Gérés. A
Milet, le temple de Dëmètér était situé hors de la ville. Les femmes
mariées' y étaient réunies et célébraient les mystères de la déesse,
quand les Gaulois, arrivant à l'improviste, les firent prisonnières. Dans
le voisinage du temple, ils rencontrèrent trois jeunes filles dont le sort
tragique a été chanté par Anytas de Mitylène : « elles préférèrent, dit
ce poète, la mort à la honte dont les menaçait l'impudique barbarie du
Galâte sans loi ; la violence du dieu celtique de la guerre leur ôta la vie,
mais elles périrent vierges ; et Aidés, le dieu des morts, se chargea de
leur hyménée ' ».
Quant aux femmes de Milet, elles eurent une destinée moins funèbre.
Plusieurs furent rachetées par leurs maris, qui, paratt-il, durent les
payer fort cher ; « on en délivra ainsi un certain nombre » dit un auteur
grec, « mais d'autres s'unirent aux barbares, qui les emmenèrent avec
« eux. Parmi ces dernières était Hërippe, femme de Xanthos^ homme
« très considéré à Milet et de bonne naissance ; elle laissait un enfant
« de deux ans. Xanthos la regretta beaucoup. Aussi, réalisant une partie
« de sa fortune, il réunit deux mille pièces d'or^ se rendit en Italie et de
a là, transporté à Marseille par quelques-uns de ses hôtes, il arriva dans
« la Celtique. Parvenu à la maison que sa femme occupait avec un des
1. Callimaque, Eiç A^Xov, vers 172-176, édition Schneider, t. l,p. 40.
2. Preller, GriechiscHe Mythologie, première édition, t. I, p. 480. Decharme, liytho'
logie de la Grèce antique, seconde édition, p. 377.
3. Anthologie grecque, édition Didot, livre IV, épigramme 492, t. I, p. )68.
1 40 H. d*Arbois de JubainvUle.
« plus illustres d^entre les Celtes, il demande Thospitalité. On l'accueille
a avec empressement, car les Celtes reçoivent très bien les étrangers;
« il entre et aperçoit sa femme ; celle-ci l'attire à elle avec de grandes
il marques d'amitié, et l'embrasse. Tout à coup le Celte survient, Hè-
a rippe lui raconte le voyage de son mari, et comment il est venu pour
« la racheter. Le Celte, saisi d'admiration pour Xanthos, réunit ses plus
« proches parents et offre au nouveau venu un grand repas. Vers la fin
« du festin, il fait placer la femme à côté du mari, et demande par inter-
« prête à ce dernier quelle fortune il possède en ce moment. Xanthos
« répondit que le chiffre se montait à mille pièces d'or. Vous parta-
« gérez, lui dit le barbare, cette somme en quatre parts égales, vous en
« garderez trois pour vous, votre femme et votre enfant, vous m'en
« donnerez la quatrième comme rançon de votre femme. Puis Xanthos
« et Hèrippe se retirèrent dans leur chambre ; alors la femme reprocha
«c à son mari d'avoir promis tant d'argent au barbare: Tu ne possèdes
« pas cette somme, lui dit-elle, et tu cours grand danger si tu ne tiens
a pas ta parole. Xanthos répondit que cette somme n'était qu'une partie
(c de sa fortune, qu'il avait caché dans les chaussures des domestiques
« qui l'accompagnaient mille pièces d'or en sus de celles qu'il avait dé-
a clarées. En effet, il n'espérait pas que le barbare se contenterait d'une
« rançon aussi modique, et ses prévisions étaient beaucoup moins heu-
« reuses que la réalité. Le lendemain la femme raconta au Celte quelle
« quantité d'or son mari avait apportée ; elle lui conseilla de tuer Xan-
« thos. Je préfère de beaucoup ton amour, disait-elle, au plaisir de revoir
« ma patrie, même mon enfant. Quant à Xanthos, je le déteste. Le Celte
« ne prit aucun plaisir à ce discours et résolut d'infliger à celle qui
« l'avait tenu le châtiment qu'elle méritait.
oc Lorsque Xanthos, après avoir payé la rançon de sa femme, désira
« partir, son hôte le reconduisit, emmenant avec lui Hêrippe. A leur
a arrivée sur la frontière du pays des Celtes, le barbare dit qu'il voulait
« offrir un sacrifice aux dieux avant leur séparation. Il fit approcher
« une victime et pria Hêrippe de tenir cet animal. Tandis que la femme
« s'acquittait de ce soin comme elle en avait d'ailleurs l'habitude, le Celte
a leva son épée et frappa, mais au lieu de trancher la tête de la victime,
tt ce fut à Hêrippe qu'il coupa la tête. »
L'auteur grec que nous traduisons n'a pas cru pouvoir peindre le dé-
sespoir du mari ni reproduire les cris de douloureuse indignation que lui
fit pousser une si cruelle violation de la parole donnée. Mais le barbare
ne le laissa pas longtemps donner cours à ses regrets. Il lui raconta la
perfidie d'Hêrippe et, généreux jusqu'au bout, ne prit pas congé de son
La légende et les femmes dans l*nistoire des Celtes et de la Gaule. 141
hôte sans lui avoir restitué la rançon qu'il avait reçue pour elle. Ce Gau-
lois, au caractère si noble, s'appelait, dit-on, Cavara.
On est généralement d'accord pour considérer ce récit comme une
fiction. On ne sait rien de précis sur Aristodème de Nysa, le plus ancien
auteur qui l'ait rapporté. Mais dès l'antiquité, l'histoire d'Hërippe a été
comprise dans le recueil de petits romans grecs que nous devons à Par-
thénios, et c'est dans la collection des romans grecs qu'on l'imprime en-
core aujourd'hui ' . Cela ne nous empêchera pas de nous demander
pourquoi Amédée Thierry n'en dit rien dans la partie de son histoire
des Gaulois qui est consacrée à leur établissement en Asie-Mineure. Les
légendes relatives à la fondation de Marseille ne sont pas moins fabu-
leuses, et il n'en a point privé ses lecteurs. Mais ici, il a craint que le
génie chevaleresque de la nation française ne repoussât un épisode où
le caractère de la femme est présenté sous un jour si défavorable. Peut-
être aussi a-t-il redouté, pour l'avenir de son ouvrage, la vengeance des
lectrices qu'une telle peinture aurait mécontentées.
Il a cru plus sage de donner place dans son livre à un autre petit ro-
man grec dont les acteurs sont des Gaulois d'Asie-Mineure et où une
femme montre une grandeur d'âme qu'on admirerait partout, mais qui
offre ici un contraste frappant avec la bassesse d'Hèrippe.
Tous ceux qui , chez nous , ont étudié l'histoire des Gaulois, connais-
sent les malheurs et l'héroïsme de la jeune et belle Camma^ prêtresse
d'Artémis et femme de Sinatos, tétrarque de Galatie, c'est-à-dire un des
quatre rois qui gouvernaient les Gaulois d'Asie-Mineure. Elle n'avait pas
eu d'autre époux que lui. Elle l'aimait passionnément. Il éprouvait pour
elle le même sentiment. Elle inspirait à tous ses inférieurs l'affection par
sa douceur et sa bonté, aux autres, l'admiration par l'éclat de sa beauté
que relevait la splendeur de son costume dens les cérémonies du culte
d'Artémis. Un parent de son mari, Sinorix, devint amoureux d'elle. Si-
norix était tétrarque ou roi, comme Sinatos, mais plus puissant et plus
riche. Cependant il reconnut que toute tentative, soit pour séduire
Gamma par la persuasion, soit pour s'emparer d'elle par la violence,
serait inutile. L'amour de Gamma pour Sinatos et sa fidélité conjugale
étaient un obstacle insurmontable. Emporté par l'ardeur de sa passion, il
résolut la mort de ce mari trop heureux ; mais il n'avait ni motifis plau-
sibles, ni assez de courage pour l'attaquer ouvertement \ il recourut à la
ruse et le tua par trahison.
I. Partheoîos, Hepi epa)xi)Uov KaÔïifjiitwv, c.8, édition Teubncr-Hercher, p. 10-12;
édition Didot, p. 8-9. Cf. Ch. Mûller, Fragmenta historicorum gracorum, t. III, p. 307.
1 42 H. d'Arbois de Jubainville,
Caroma, dans sa douleur, eût recours aux consolations que la religion
lui offirait. Elle se consacra à peu près exclusivement au culte d'Artémis.
Elle passait dans le temple presque tout son temps. Bientôt les préten-
dants à sa main affluèrent ; parmi eux des grands seigneurs et même des
rois; elle refusa de les recevoir. Enfin Sinorix se présenta; il eut
l'adresse de pénétrer jusqu'à elle pour lui parler de son amour, de ses
richesses, de sa puissance, qui lui donnait sur Sinatos la supériorité ; et
il eut l'audace d'avouer à Camma qu'il était l'assassin de l'époux tant
regretté. « Mais, si je l'ai tué », ajouta-t-il, « c'est par amour pour toi;
« ma seule méchanceté est de t'avoir trop aimée ». Camma le repoussa;
il revint à la charge à plusieurs reprises, chaque fois en vain. Mais les
refus qui lui étaient opposés n'avaient pas la forme dure à laquelle on
aurait pu s'attendre. Camma, qui d'abord avait semblé ne songer qu'à
venger son mari, paraissait s'adoucir; car ses parents et ses amis, cher-
chant à plaire au tout- puissant Sinorix, employaient tous les moyens de
persuasion et même presque de contrainte pour la décider à consentir à
cette union. Elle finit même par leur dire qu'elle cédait et elle donna
rendez-vous à Sinorix dans le temple pour faire en présence de la
déesse la célébration solennelle de leur mariage. Sinorix arriva à Pheure
dite ; toute la noblesse de Galatie, hommes et femmes, l'accompagnait.
Camma alla au-devant de lui d'un air gracieux, lui tendit la main droite
et le conduisit à l'autel de la déesse. Alors, accomplissant le rite tradi-
tionnel, elle saisit une coupe d'or pleine d'hydromel : après en avoir
versé quelques gouttes par terre en l'honneur de la déesse, elle en but
une partie et invita Sinorix à boire le reste. Celui-ci, arrivé au comble
de ses vœux, acheva la coupe tout ravi. Pendant qu'il buvait, Camma
le regardait faire. Avant l'arrivée des invités, elle avait, dans la coupe,
mélangé à l'hydromel un poison mortel. Quand Sinorix eut fini, elle jeta
un grand cri où les assistants distinguèrent le nom de son défunt époux;
puis elle se prosterna au pied de l'autel. « Je prends à témoin la véné-
<( rable déesse », dit-elle, « que si j'ai pu te survivre, cher Sinatos, c'est
« grâce à l'espérance que j'avais de voir arriver cette belle journée. Ma
a seule jouissance dans la vie était de penser que je te vengerais. Main-
« tenant que je l'ai fait, je vais descendre pour te rejoindre dans le
a séjour des morts. Quant à toi, Sinorix, le plus scélérat de tous les
« hommes, au lieu de fête nuptiale, que tes amis et tes serviteurs te pré-
« parent un tombeau. »
En entendant ces paroles, Sinorix sentait déjà le poison agir et im-
primer à tout son corps les premières convulsions. Il sauta dans son
char, croyant que le mouvement et les secousses le soulageraient. Mais
La légimde et les femmes dans P histoire des Celtes et de la Gaule. 143
il ne put les supporter, se fit mettre dans une litière et cessa de vivre le
soir même. La nouvelle de sa mort arriva au temple d'Artémis vers la
fin de la nuit. Camma était à Tagonie. On lui annonça que le meurtrier
de son mari n'existait plus. Elle eut encore la force d'en exprimer sa
joie, puis la satisfaaion empreinte sur ses traits, elle expira.
Plutarque fut séduit par la beauté de ce joli roman. Il l'inséra deux
fois dans ses œuvres morales, l'une dans son traité Des vertus des
femmes ', l'autre dans son petit livre De l'amour; ce dernier ouvrage
donne Camma pour le modèle de la veuve de bonne naissance qui aime-
rait mieux, dit Plutarque, les embrassements d'un ours et les enlacements
d'un serpent que la couche d'un nouveau mari 3. Polyen a aussi compris
l'histoire de Camma dans le recueil d'anecdotes qu'il a intitulé Strata-
gèmes. Ce récit dramatique présente tous les caractères d'une composition
fabuleuse, et nous ignorons s'il a dans la réalité historique un fondement
quelconque. Nous ne savons même pas si Camma, Sinatos et Sinorix ont
jamais existé.
De toutes les légendes féminines auxquelles on a donné place dans la
plus anciemie histoire des Gaulois, la seule qui paraisse avoir pour base
un fait réel est celle de Chiomara. Polybe racontait qu'il avait rencontré
cette femme à Sardes, et qu'il lui avait parié. Ici donc les plus sceptiques
sont obligés de croire ; mais ce qu'on raconte de Chiomara est beaucoup
moins merveilleux que l'héroïsme de Camma. Chiomara était une Gau-
loise, femme d'Ortiagon, roi des Tolistobogii. Elle fut faite prisonnière
dans une guerre contre les Romains, en l'an 1 89 avant notre ère ;
avec les autres captifs auxquels on avait conservé la vie, elle fut conduite
dans le camp romain, près d'Ancyre, et elle y resta quelque temps sous
la garde de soldats commandés par un centurion. Ce chef militaire, que
Tite-Live donne pour un modèle d'avarice et de mauvaises mœurs,
chercha d'abord à séduire Chiomara, et n'ayant pu y parvenir, il la
viola. Ensuite il voulut, par un second manquement à ses devoirs de
soldat, la vendre à son mari. Ortiagon accepta le marché, et une nuit, le
centurion accompagné de Chiomara se rendit secrètement en un endroit
convenu pour recevoir des envoyés d'Ortiagon la somme promise, et leur
remettre la prisonnière dont le chef de l'armée romaine lui avait confié
la garde. Quand il arriva au but, il trouva les envoyés d'Ortiagon avec
un talent attique d'or, ce qui était le prix réglé d'avance, et il se mit à
le peser avec une balance pour s'assurer qu'on ne le trompait point.
1. G. 20, édilion Didot, pp. 318, jiç.
2. C 21, 22, édition Didot, p. 939.
144 ^* d^Arbois de Jubainville.
Pendant qu'il était ainsi occupé, Chiomara donna en sa langue un ordre
aux Gaulois qui venaient la chercher. Ceux-ci, obéissant, tirèrent du
fourreau leur glaive, et l'un d'eux trancha la tète du centurion. Chiomara
ramassa cette tète sanglante, Tenveloppa dans un pli de sa robe et, ar-
rivant auprès de son mari, la fit rouler à ses pieds. « 0 ma femme »,
s'écria Ortiagon, a quelle belle chose que la fidélité ! » « C'est vrai, »
répondit-elle, <x mais il y a quelque chose de plus beau encore; des
« hommes qui vivent, un seul peut se vanter que je lui aie appartenu. >
La vengeance avait effacé sa honte , et ses contemporains lui témoi-
gnèrent une admiration respectueuse que la pureté de ses mœurs et la
dignité de sa vie lui conservèrent jusqu'à sa mort'.
Ici nous sommes sortis du domaine de la fable pour entrer dans celui
de l'histoire. En lisant ce récit, dont quelques détails seulement sont
œuvre de rhétorique, on sent qu'il s'agit d'une femme qui a vécu. Polybe
ne nous trompe point quand il raconte qu'il a vu Chiomara et qu'il lui a
parlé. Mais c'était au second siècle avant notre ère, c'est-à-dire à une
époque où commencent à se multiplier dans l'histoire de la Gaule et des
Gaulois les faits attestés par des témoignages contemporains. Au con-
traire, les anecdotes féminines dont cette histoire est ornée à des âges
plus anciens nous semblent toutes les produits exclusifs de l'imagination:
les littérateurs grecs ne les ont pas seulement embellies, ils les ont créées
de fond en comble pour flatter l'amour-propre des uns et pour amuser
les autres.
H. d'Arbois de Jubainville.
I. Plutarque, De muUerum nrtutibuSj 22, édition Didot, p. )19. Cf. Tite-LÎTe,
livre xxxvin,c. 19, 24.
ÉTUDES BRETONNES.
III.
UN CAS DE RENFORCEMENT DES CONSONNES.
Les consonnes douces (autrement dites moyennes ou sonores) b, g^ d,
se prononçaient souvent avec une énergie particulière après une autre
consonne, en vieil irlandais ; on les trouve alors fréquemment redoublées,
hb^ gg^ ddy ou remplacées par les fortes [ténues ou sourdes) correspon-
dantes, /7, c, t ; ce dernier phénomène s'observe aussi en gaulois ou vieux
celtique. M. Thurneysen, Keltoromanisches, p. 8, 9, regarde ces faits
comme étrangers aux idiomes néo-celtiques de la branche bretonne. Je
vais exposer les raisons qui me font penser le contraire.
/. — Renforcement des consonnes douces après une nasale.
I. Après m^ un b celtique peut, en breton, devenir m, comme en
gallois, ou rester intact, ou se changer en p. Exemples :
Kampi,,m,, intérêt de l'argent ; du celtique latinisé cambiuniy change,
cf. irl. lucht gaimbin^ usuriers; bret. kemm, f., changement, différence.
Kempenety m., xiii^ siècle, Cartulaire de Landévennec^ 31 ; Kemenet,
Cariai de Redon, 242, 3)8, aujourd'hui Guémené, m. M. de Courson tra-
duit ii:em«/ief par « commendatio, beneficium, feodum ». Le sens primitif
semble « fraction, portion », de la préposition com et de benaff^ couper,
au XV" siècle [Caiholicon) ; cf. gallois cymmynu, couper, bret. kemener,
tailleur.
Kemper, dans le nom de Quimper et dans Kemperele, Quimperlé, Cariul.
de Redon, 261 ; galL cymmer, confluent, de * com-ber-, latin con-fer-ri^
cf. l'emploi de ou^jKpopéovTat, Apollonius de Rhodes, 1, 38.
Quempret et compret^ prendre (bret. moyen) = irl. moy. coimpert,
Rev. CelL, VU 10
146 E. Ernault,
conception, de * combrïtis tl* combirtis^ même racine que dans kemper;
bret. kemeran^ je prends, bret. moy. quemeraff, gall. cjmmeraf.
Compote territoire, commune (vieux bret.) ; gall. cwmmwt^ probable-
ment de *comto/5, équivalent celtique du grec (rufx(pu<rtc; cf. v. bret.
^icomi/7 et ^/com// a sans association, sans partage », et bret. kembot,
komboi a étage, terrasse », Le Gonidec P
Tumpa, faire tomber dans un piège, du v. fr. tumber, tomber; tumpo-
relly du fr. tombereau,
2 . Après /2, un g celtique peut subsister en gallois, en se fondant
dans la prononciation avec cet n : il peut aussi, en gallois et en breton,
disparaître ou se changer en c. Exemples :
Enca^ serrer, enc, étroit, Dom Le Pelletier, cf. gall. cyf-yng^ étroit,
v. irl. cum-ang^ même rac. que le latin ango, gr. à-fX"^- ^® ^^^^' ec'hon^
large, = gall. ehang, de * ex-angy et le moy. bret. dianc « égarer », au-
jourd'hui au participe diahkety = gall. diengu, échapper, doivent avoir
la même origine.
Guyncqal, ruer, P. Grégoire de Rostrenen, trécorois gwinkcd^ d'où le
haut breton ouinquer; cf. bret. gs^ingaly remuer, PelL, gwingal an lagad^
cligner de l'œil, Davies, d'où le h. hvtx. guinguer ciginger^ Revue celtique,
V, 222 = fr. guigner y anglais to wink.
Lencquernenn (Catholicon), ver intestinal, auj. leHk-ernenn^ cf. gall.
llyng-yren, id. ; yslyw-en, llysyw-en, anguille, bret. sili-enn, Cath., auj.
id. ; bret. stlaon-enn, petite anguille, gall, slow-en, anguille (Rev. celt.^ II,
193) ; même racine que l'allemand schlange^ serpent.
Lonka, avaler, v. bret. ro-luncas, il avala; gall, llyncu^ comique lenky,
w.ir\.slucim=^*sluncâmi, cf. gr. Xu!;w, XuYyavojxat, allem. schlucken,
racine slu(n]g.
Sanka, serrer, enfoncer, cf. gall. sengu, fouler, angl. to sink.
Tonqaaff, Cath., prédestiner, cf. gall. tynged^ destin, tyngUy jurer,
irl. tongiïïif bret. moy. toeaff, auj. toui. ♦
Le rapport de tonquaff à îoeaff se retrouve dans les mots bret. mouenk,
crinière, spoueiik, éponge, à côté de moue = gall. mwng, irl. muing, et
de spoue, gall. ysbwng, du lat. spongia; cf. aussi le rapport de ^nc à
ec^hon.
Le bret renkout » falloir, devoir » (angl. / must et / owe)^ vannetais
rikein, expliqué autrement, Mémoires delà Société de Linguistique de Paris ^
V, 257, peut correspondre au gall. rhyngu, intervenir, de rhwng, entre
[rhynguboddf plaire),
3. Après /2, un ancien d peut, en breton, subsister ou s'assimiler en
/i, ou se renforcer en t. Exemples :
Etudes bretonnes. X4j
Alamandes, Cath., auj. alamahdes et damantes^ amandes ; hanta^
bander; confuntaff^ Cath., confondre ; guintaff, Cath., guinder; lander,
« landier », lantiguenny Cath. « landie », etc., du français.
Antell, P. Grég., antell, Le Gon., tendre (un piège), gall. annelu, id.,
annelf f. « action de tendre, piège » ; comique antell^ antel, ruse, ten-
tation; = irl. indell « tendre, préparer, attelage », Windisch, Irische
Textey I, 6j7, 639; « état de quelqu'un qui est ensorcelé », cf. Win-
disch, Berichte der K. saechs. Gesellsch. der Wissenscfiaften, PhiloL-hist.
Classe, 1884, p. 359; îndel, lien, Felire; innil^ piège, O'Reilly ; intleda
« insidias », manuscrit de Milan, etc. ; de la prép. gauloise ande^
Kantoly chandelle, Cath. cantoell, vocabulaire comique cantuil, du lat.
candëla, d'où aussi le vieux corn, cannuill, gall. canwylL
NaonteCy dix-neuf, Cath. /lau/zrec, expliqué autrement, CWtfc^ec/e/25/on^
96, semble venir de * nau[n]''deCy tandis que annecy onze, = " un-dec.
4. Après /z, le son j peut devenir en bret. ch (franc.). Exemples :
Chanchaffy changer, chancher, changeur, Cath., du fr. ; finchaff,
feindre, Cath., du lat. fingere.
Le mot blincheny brinchin, cime, Pell., expliqué autrement, Keltoroma--
nisches^ 49, vient, je crois, de * blinjen pour *bleinyeny cf. bleynenrtyCimey
Cath., blein, sommet de la tète, Grand Mystère de Jésus, 105, 190,
gall. blaen, extrémité, v. gall. bréni, proue, irl. braineach^ id., O'R.;
cf. l'expression gall. pen blaen Hong, id.
De peur d'abuser du raisonnement post hoc, ergo propter hoc, rappe-
lons qu'en breton et en comique une sonore se change facilement en
sourde toutes les fois qu'elle est finale ou suivie seulement d'une liquide,
(sauf qu'en breton le z doux se confond très rarement avec le z dur).
Mais l'état naturel de la consonne réparait quand le mot s'augmente d'un
suffixe, excepté ceux des degrés de comparaison, bret. -â, -et, -oc'/i,des
verbes en «"(^lât, et des verbes en â qui veulent dire « recueillir, ramasser ».
5. Les consonnes celtiques p, c, t, placées originairement entre deux
voyelles, deviennent en breton b, g, d; mais si la consonne qui précé-
dait la première voyelle est une nasale, elle peut empêcher l'effet de
cette règle^ ou plutôt le réparer, par l'application des principes que nous
venons d'étudier. Exemples:
Amparfaret, tout effaré. Poèmes bret. du moyen âge, strophe 112, par-
ticipe d'un verbe = gall. ymbatfalu, aller à tâtons, de ym = ambi et de
pdfaky palfUyid.y cf. bret. moyen palf^ paume de la main. On dit encore
auj.ompar/d/, lourdaud, cf. ampafalek (mains) engourdies, Feiz ha Breiz
du 23 août 1873 ; du simple pafala^ a\\er à tâtons, Pell. -, laouén parfalecq^
pajfdecq, morpion, P. Grég.
148 E. Ernault.
Amprevan^ insecte, etambréarif Pell., deam[bi) ou, selon M. Stokes,
de an = gr. àva, et de prenv^ ver.
Enkelc'her, lutin, Cath. enquelezfy géant, voc. corn, enchinethel, géant,
de en = ande et de kinethel^ génération, voc. corn.
Hanter y denai, v. bret. hanîéry de *hander = gall. hanner, pour
* hamster, gaul. *sâmiteros.
Intanv^ veuf, Cath. eintaff = y, irl. oi/i/am, célibataire, littéralement
a tout seul », de * oinotamos [d'Arbois de Jubainville, Eiades grammati-
cales sur les langues celtiques^ p. 65). * Oinotamos devait donner en gall.
* undaf, cf. Condaf de Cunotamos « le plus haut » .
//. — Phénomènes semblables après une liquide,
6. La provection dtb tnp après une liquide se montre déjà en
vieux celtique : le nom des Alpes est transcrit en grec Albia et Alpia^ cf.
Keltoroman. 9.
De même le mot carbanton, char, d'où KapSavio-ptYov, alternait avec
carpenton, d'où le lat. carpentum et le nom géographique Carpentoracte^
Carpentras, « lieu où l'on fait des chars » (cf. Etudes grammat., 108 *),
= irl. moy. cairpteoracht « art de conduire les chars », Irische Texte,
1,412.
Les langues bretonnes ont, comme les langues gaéliques, des repré-
sentants de ces deux prononciations :
A carpenton^ irl. carpaty comparez lev. brel. cerpit, ch2irs;k carbanton,
irl. carbad, le gall. cerbyd, char (pour le maintien de rb intact, cf. tréc.
korbonenn^ grain charbonné, Rev. celt.y I» 128, du lat. carbo). Ajoutons
comme se rattachant au celtique carb-: bret. kalvez^ charpentier :=: ^car-
bi\y][ârios]^ fém. caluezeres, Cath. (cf. le v. irl. Coirbbre) ; bret. kilvi-
zerez, charpenterie, = * carbi{y]âractâ ; bret. karvan^ mâchoire, irl,
carbad (cf. pour le sens le gall. car yr ên)\ bret. karvan, ensouple de
tisserand, gall. carfan.
En effet, le passage de rb à rv en bret. est certain, par exemple dans
barVy V. bret. barb, du lat. barba; et celui de rp à rv ne me semble pas
prouvé, en dehors des finales, comme korv « corps », variante de korf.
On trouve, pour justifier l'explication du bret. kalvez par * carpios^ Et.
gramm.y 33, une comparaison du bret. darevi zwtc le gall. moy. darparu^
préparer. Mais darevi vient de dareu, dare, prêt, mûr, et darparu pour
*darbaru (cf. § 5), = do ou to + are -f- lat. parare. Le correspondant
bret. de darparu est darbari « faire le métier d'aide-maçon», tréc. darbar
et tarbar masonerien ou touerien (aider les couvreurs en chaume) et aussi
Etudes bretonnes. 149
//, aider à ramasser le blé ; cf. vann. darbarein « servir un maçon... ou
des batteurs de blé^ etc. », Dict, de /M. ; de zarbar forj.., a hleu (le châ-
taignier est bon) pour fournir de charbon la forge, Livr el labourer^ 76.
On trouve en moyen breton darbaret^ travaillez (à servir les maçons) ,
darbareur, plur. darbareryen, aide-maçon (Mystère de Sainte-Barbe,
str. 77, 74 et 75 de mon édition). C'est ce mot breton, encore très usité,
que M. Godefroy a trouvé francisé en darbareur, plur. dalbareulx, dans
des documents écrits en Bretagne au xvi*" siècle, et bareus, cité égale-
ment sans traduction par l'auteur du Dict. de rancienne langue française
(« journées debareus et de manouvriers ») est une corruption du même
mot : D. Le Pelletier cite, au mol tavarer^ le haut breton dalbareur. Cf.
comique darber, prépare, Beunans Meriasek, 2645 ; re tharbara, qu'il
procure, ibid.^ 1681.
Pour le changement de ^ en c après une liquide, voir § 1 $.
7. Exemples bretons et gallois de la provection de d après /;
Cauter, Cath., chaudière, du bas-latin caldaria; scautaff, Cath.,
écbauder, de excaldare,
Gall. melltitli, malédiction, du lat. maledictum^ dont le ^ s'est assi-
milé à 1'/ dans le comique molleth et le breton malloz.
Comparez les différents traitements que subit en irlandais le vieux
celtique meldos a agréable », identique au nom des Meldi, peuple de
Meaux : v. irl. meld, agréable, v. irl. melddach, melltach, irl. moy.
mell/id.
8, D'autres renforcements, comme celui de v en /et de / en ch (fran-
çais^ ont lieu de même en bret., après r et /:
Amparfaret, amparfal, etc., § 5, pour * ambarval-, gall. ymbalfalu; on
sait que 1'/ gallois se prononce v.
Erfad a bien », en trécorois, de ervad = en mat.
Melchonenn, Cath., trèfle, auj. id., de * meljonenn pour * melionen^
gall. meillioneny trèfle, millynen, violette, v. gall. mellhionou, violettes,
comique melhyonen^ violette, même rac. que le corn, m///, pavot, et le
V. bret. mel'gabr, glosant « ligustra » qui est lui-même expliqué par
« flores papaûerum » (Stokes) . Meillionen semble dérivé comme les mots
trécorois et w^nneXais kel-ionen, mouches, mer-ionen^ fourmi, et son rap-
port avec millynen rappelle celui du tréc. trinchonen, oseille, = *trenk-
yonen^ au léonais trinchinen. L'/i du v. gall. mellhionou peut être amenée
par l'accent d'une forme plus simple * mellhion = le collectif breton
proprement pluriel melchon « du trèfle », de * melliônes; cf. la notation
du V. gall. centhiliaty chanteur, de * centhel, chant (comme v. gall.
hanther, demi). Cf. Texplication de blinchen donnée § 4.
r jo E. Ernault.
9. Nous avons vu que rb peut rester ou devenir rven breton. Vm
après une liquide peut de même subsister ou être changée en v.
Exemples de rm, Im intacts :
Gall. gwrniy brun, v. irl. gorm, ~ sanscrit gharmas, chaud, gr.
ôepfjLoç, hi. formus. Des deux explications données, Rev. celt.y III, 414,
de l'ancien nom breton Gormaeloriy qui subsiste encore aujourd'hui
sous la forme Gourmelon, la meilleure me paraît être celle par gorm-iie/a/i,
« aux sourcils bruns ». Les formes du ix" siècle, Wormhaelony etc.,
ont pour cause, ce me semble, non pas une variante celtique analogue à
Tallem. warm^ mais une altération bretonne semblable à celle que le mot
gaou, gou, mensonge, v. irl. gôy qu'on a comparé avec raison au grec
yauîdSaç te menteur » (Hésychius), éprouve dans les noms Hebguoeu
(xii« siècle), plus anciennement Hepuuou 'tous deux dans le CartuL de
Landévennec] y au ix" siècle Hebgoeuy Cartul. de Redon, p. 74. Ce nom
est identique à l'expression bretonne heb gaou « sans mensonge », au
xV siècle hep gou, en comique hep gow et hep wow.
Bret. et gall. garni, cri; br. koulm, nœud, gall. cwlm ; bret. ffl//n,
fronde, coup, gall. talm, espace, etc., formés de racines terminées en r,
/, et d'un suffixe -me = lat. -men, gr. fjta.
Vann. armerhein, épargner, ménager, = gall. armerthu, pourvoir,
préparer.
Exemples de rv, Iv, pour rm, Im :
Coruo, profit, Sainte-Nonne, vers 219, mal écrit cozuOyV. 1902;
coruOy Noueliou, str. 552, = v.bret. cormo « emulamenti », cormo tar
« proueciibus » : cf. coruoder^ coruoader, profit, Cath. ; corvoi^ avaler,
P. Maunoir.
Pâ/y, paume, gall. palf, du lat. palma.
Le hùnarma a donné au v. gall. arm, bret. moy. et mod. armou;
gall. mod. arjau.
Le lat. terminus est devenu en bret. moy. et mod. iermcn, m., terme,
et en gall. terfyn; le vannetais terenein, « remettre au lendemain, ater-
moyer » est pour *1ervenein = gall. terfynu^ terminer.
Un doublet phonétique tout particulier se trouve dans les deux formes
bretonnes du nom de l'Armorique, Armor et Arvor. M. Loth, De vocis
Aremorica.., forma atque significatione, p. n, regarde la première de ces
formes comme d'origine savante, mais c'est en partant de ce principe
très contestable qu'une m après r doit nécessairement devenir v en breton.
Armor et Arvor pourraient parfaitement provenir de la forme ar-mori-^
que M. Loth nous montre, p. i ^, usitée dès le iv*' siècle. Mais il me
semble plus probable que Armor seul en vient, et que Arvor se rattache
Etudes bretonnes, 1 5 1
à la forme antérieure are-morl-. Car il ne faut pas s'exagérer l*importance
du changement sporadique de m en v après r : Morvan de Morman = *mori'
mon- ou* mâro-man- et pedervet « (la) quatrième » = * peteor-maîos n'en
sont pas des exemples certains, ce dernier mot a pu subir l'influence
des formes comme seizved = é^SoVaToç, etc., etc., où Vm était originai-
rement entre voyelles.
M. Zimmer pense que la forme 'Ap^opu/oi, chez Procope, témoigne
déjà d'une prononciation arvor-. En ce cas l'adoucissement n'en pourrait
pas moins être l'effet de \*é ancien qui précédait m; cf. gaul. xojpat et
xopaot, bière, = * cûr-mé^ à côté de cere-v-isia et cer-v-isia ?
III. — Aspiration des consonnes fortes.
10. Les consonnes ténues p, c, /, se redoublaient parfois après une
autre consonne, en vieil irlandais, de même que les moyennes. Les
langues bretonnes témoignent de la même prononciation. En effet elles
changent régulièrement, par exemple, rp, rc et rt en rpli, rcli, rth; or,
dans ces idiomes, les aspirées /?/2, ch, th [fji, z] proviennent àtpp^cc^tt.
Ainsi le bret. kef, cep, vient du lat. cippus^ et le bret. korf, corps,
de corpp^ qu'on trouve écrit ainsi en v. irl., en même temps que corp.
Le bret. stchy sec, vient du lat. siccus, et le v. bret. erderh « évi-
dent », de * are^dercc-f v. irl. airdircc, irdircc « conspicuus » pour
* ypare-derc, irl. aurdairc^ cf. gr. irgptSspxoaat, regarder tout autour;
bret. moy. derch, brillant.
Le bret. saez « flèche », saézen « rayon », par z dur (comme le mon-
trent le vann. seahy foudre, et le gall. saeth, flèche), vient du lat. sa-
gitta^ et le bret. nerz^ force, vann, nerh, gall. nerth, de * nertt^ cf. v. irl.
nertj gaul. nerto-.
En irlandais, au contraire, l'aspiration d'une ténue est un affaiblis-
sement qui montre qu'elle se trouvait primitivement entre voyelles.
Ainsi le gai!, gorphen, le bret. moy. gourffenn et le comique gorfen
» une fin », =*ver'ppenn'j de "ver-penn-^ sont parfaitement d'accord
avec rirL/orce/2/i =z* ver-qenn-. Il en est de même du bret. moy. igue-
nj, ouvrir, gall. <2^or/, id., agoriad, clef, en regard de Tirl. eochair
« clef», d'une préposition finissant par une voyelle, et d'une racine qu'on
retrouve dans l'iri. er-chor^ coup, = gall. er-gyr^ v. bret. ercor m * are-
cor-; gall. gjverchyr, couvercle, bret. gou/c'A«r, Cath. gourcher = * ver-
cor-; gall. ad'gorl, rendre, bret. d-as-kori, d-a-corein, etc.
Il y a, au contraire, désaccord réel entre les formes d'apparence si
semblable, bret. luc'hcd^ gall. lluchedy éclairs, voc. corn, luhet, « fulgur »
152 E, Ernault.
= ^luccet", et le V. irl. lôchet « fulminis » qui suppose un primitif par
un seul c, comme le lat. lûcens; l'antinomie apparaîtra plus clairement
encore si l'on remarque que le terme gaul. qui correspondait au lat. lu-
cerna a donné, d'un côté, le v. irl. luacharnn, de l'autre le gall. llygorn,
corn, lugarn, bret. lugern. M. d'Arbois de Jubainville a signalé en cel-
tique des alternances semblables à celles du lat. cUpa =fr. cuve avec
cûppa = fr. coupe (Etudes gram.j 72 *) ; c'est là l'explication de cette
dualité de formes primitives que supposent le v. irl. lôchet et le bret. luc^hed.
1 1 . Après un / ancien le / ne semble pas s'aspirer en breton.
Il y a une foule d'exemples de son maintien ; en voici quelques-uns :
Aotenn, rasoir, v. bret. altin, irl. altan^ v. corn, elinn, gall. moy. el
mod. ellyrif cf. irl. art, pierre, et le nom gall. Arthur^ bret. Arzur.
Aoter, autel, gall. allor, du lat. altare,
leot.geot, herbe, gall. gwellt, corn, givels, v. bret. gueltiocion herbeux,
cf. V. bret. guolt, chevelure, corn, gols, gall. gwallt, v. irl. /o//, d'où le
V. bret. guoliat « chevelue ».
Kaot, colle, bouillie, même rac. que le grec xoXXa et que le bret.
koulm, nœud.
Maout, mouton, corn. molSj gall. moUt, moll-wyn, v. irl. molt, bas
lat. multo.
Lorsque 1'/ ancien ne se vocalise pas en breton, ou ne fait pas s'assi-
miler le t suivant, alors ce / devient non pas zz=th m dh^ mais bien s,
comme en comique :
l'oh, voûte, Cath., et vannet. id., du bas lat. volta^ comme le doublet
haot.
/Câ/5, beaucoup, vann. id., Cath. cals, comique calge (rimant k falgt
« falsus »), cals dans cals meyn «tas de pierres » = * calt, cf. xicra ?
Il faut distinguer deux racines différentes dans les mots comiques guit
et guill, gwyls, sauvage. Guill et gïvyls répondent au gall. gwyllt et à
Tangl. wild;guit-fil « bête sauvage » = gall. gniydd-fil, plur. \r\. fiad-
mila. Le correspondant de guit en moy. bret. est guez par z doux, d'où
d'un côté le léon. guez, vann. et iréc. goue, et de l'autre le vannet. guif^
guihuè = * guev, cf. Rev. celt , V, 1 28.
Je suppose que le mot als « rivage » donné comme cornouaillais par
M. de La Villemarqué, dans le dictionnaire breton-français de Le Co-
nidec, est là par suite d'une mauvaise lecture, dans ses notes, de l'abré-
viation corn, pour comique >. Le mot als est, en effet, dans le Vocabulaire
I. Il en est de même sans doute de aedlen « sapin », Corn, (ibid.) ; le Vocabul. cor-
nique porte aidUn « abtes • dont le correspondant breton est ezlenn « tremble », Cath.
Etudes bretonnes. 153
comique; il répond au bret. aod, au xiii*" siècle aut^ rivage, Cartul. de
Landévennec, v. galL a/f, alli^ ail « colline », auj. « écueil », irl. ait,
ail, écueil, rocher ; peut-être de la même racine que aote'nn^ cité plus
haut.
Le moy. bret. freals « franc », lat. emanceps, Cath., frealsaff « déli-
vrer, guérir, consoler », est emprunté au germanique : anglo-saxon
freôls, libre, fête ; vieux norrois friâls, libre, gothique frei-hals « liberté »,
proprement liberum collum.
12. L'aspiration du c initial en breton après l'article masculin, par
exemple dans ar fhoat^ le bois, n'est sans doute pas produite par l'r
final : les Trécorois àÀ^tnxhonc'hoat « notre bois », quoiqu'ils n'aient pas
changé l'/z de cet adjectif possessif en r comme les Léonais, qui pro-
noncent hor c'hoad; on dit de même en Tréguier hon venn, notre tête
(= honfenn^ de penn), hon zat^ notre père (de tat)^ cas où l'influence de
la nasale est évidente, tandis qu'en Léon on prononce hor penn, hon tad.
Du reste le manuscrit du Catholicon porte déjà azr an hoat^ litt. « ser-
pent du bois», et celui de Sainte Nonne an tro voar tron choat^ le pour-
tour du bois, V. 274. On peut attribuer à l'influence de l'article l'incAtitude
de l'initiale de certains mots comme moy. bret. dizyou camblit et ham^
blit = comique deyow hablys « jeudi saint », irl. caplat, de capitilavium
(Stokes), où l'article est sous-entendu. Il en est de même des noms géo-
graphiques tels que Penhoat^ Talhou€t= « bout du bois, front du bois».
M. Luzel admet, Gwerziou Breiz Izel, II, 167, que Jaketa ar Penhoad
peut signifier « Jacquette à la tête de bois », c'est-à-dire « l'entêtée » ;
ce ne serait, en tout cas, qu'un calembour par à peu près, pour penn
koat^. Comparez les formes géographiques actuelles qui suivent, ex-
traites du Dictionnaire topographique du Morbihan ^ de Rosenzweig :
Penhoat'Chef'du'BoiSt où la seconde partie du mot est la traduction
de la première ;
Pen-er-hoet ;
Talhouet'Penhélen = front du bois-bout du houx », cf. Penderf
= « bout (du) chêne », Penfao = « bout (dul hêtre »,Pertfrezu=:« bout
•du) bouleau » (p. 306) ;
Talco'ét'Noyal, en 1 274 Talenquaii.
Pour le vrai sens de coè/, cf. les deux mots Talco'ét et Talforit; ce
dernier est hybride et offre la traduction de la seconde partie de l'autre.
I. A propos de toponomastique bretonne, j'ai eu tort d'expliquer Tolleflam comme un
nom d'homme, Rev. celt.y Vl, 385 ; M. de la Borderie m'a appris que c'est proprement
un nom de localité des Côtes- du-Nord, et qui signifie littéralement c trou d'Efflam n.
1 54 ^' Ernault.
Pour la suppression de l'article, cf. Talverne, en 1505 Talanguern;
les deux mots Penvern et Penanvern^ ibid., etc.
13. Une gutturale produit assez souvent en vieil irlandais le redou-
blement d'un / suivant : rectto « legis » génitif du thème qui se montre
dans le gaul. Rectu-genos, Une prononciation analogue a donné lieu aux
formes bretonnes comme reiz^ le droit, par z dur, tréc. id., vann. relh,
^all. rbakh z=.rectt- ; comparez de même le v. irl. cumactte u puissances »,
au gall. cyfoeth, et le y, vA. ttcttaire « un envoyé ^, au gall. taithy voyage,
bret. tiz, hâte.
L'effet de la gutturale sur la dentale se montre par le changement de
d en / dans le bret. moy. et mod. matez ^ servante, de mayteth pour
maghteth^ formes gardées en comique ; cette langue avait plus ancien-
nement mahtheid n vierge », prononcé probablement maghteiih = v. irl.
-macdacht.
14. En comique, Vs de calys a dur », a produit l'aspiration de l'ini-
tiale du mot suivant peyn « peine d : calys feyn « peine dure ».
M. Stokes a expliqué l'aspiration des ténues dans les langues bretonnes
après (Certains mots par un effet analogue d'un s final qui terminait an-
ciennement ces mots. Cette théorie me paraît plus satisfaisante que celle
qui est exposée, Etudes gramm., 72 *. Par exemple, le v. irl. trî, trois,
n'affectant pas la ténue initiale du mot suivant, prouve que la forme du
vieux celtique était *trls = gr. xpeTç, lat. très.
De plus, Vs final primitif parait, sous la forme d'une aspiration, devant
une voyelle, dans l'adjectif possessif féminin : irl. moy. et mod. a h-anam,
son âme à elle, gall. ei henaid, trécorois hec^h ine; v. gall. hi hataned,
ses ailes à elle, cf. hic^h arched^ sa châsse à elle, Gwerziou Breiz ïzel^ II,
528. M. Hingant remarque, dans sa Grammaire bretonne, p. 219, que
les nasales et les liquides se redoublent dans la prononciation, en Tré-
guier, après ce mot he « son â elle » '. Il parait qu'il en est de même en
irlandais >. En v. irl. ^ « son à elle » n'affecte pas l'initiale suivante,
tandis que â « son à lui » aspire, c'est-à-dire affaiblit les ténues. Bopp a
donné la vraie raison de ces faits en regardant l'adjectif possessif dans
les langues néoceltiques comme venant d'un ancien pronom au génitif;
au masculin, ce pronom était terminé par une voyelle, et au féminin
par un 5, les deux suffixes étant respectivement identiques à ceux du
sanscrit asya^aù-zo^'j^ et asyâs, aûr^ç. On peut comparer Vh de l'irl. a-h
1. M. G. Milin m'a appris que cette prononciation existe dans le haut Léon.
2. Cf. rhaddaeus ConncUan, The King's letter, translated into irish with û grammatical
introduction to the irish language.... 2nded., London^ 182$, p. 21.
Etudes bretonnes. 15 j
anam t son âme à elle », à celle de a hùil a son œil à lui », qu'on écrit
ashàil. Le pronom personnel féminin du breton, qui produit aussi las-
piration des ténues, peut tout aussi bien avoir été influencé par l'adjectif
possessif correspondant que l'avoir influencé lui-même ; cf. les locutions
comme evit he c'haret « pour l'aimer », primitivement « pour son amour »,
littéralement « pour l'amour d'elle ».
Mais la cause de ces aspirations initiales du breton une fois admise,
reste à savoir de quelle façon elle a agi. Trifenn, « trois tètes », est-il
pour *trlS'ppenn-^ comme le corn, calys feyn est pour *calys ppeyn; ou
bien faut-il supposer une assimilation de 1'^ primitif au p suivant, *tfip^
penn-f De même le moy. bret. daffar « matériaux», Sainte-Barbe, 58,
mal écrit saffar, ibid. JÇ4, = gall. daphar, daffar, préparer (Owcn
Pugh), cf. bret. lavarer, aide-maçon, Pell., vient de do ou to, -\- ate
-|-Iat. parare; mais représente-t-il * dappar de *dath'ppar, ou de * dap-
par pour * d'aVpar f Je ne discuterai pas cette question, non plus que
d'autres faits relatifs aux mutations dont il est fait mention Rev, celt.,
III, 237,238, et V, 269, et où le phénomène phonétique qui est le
sujet du présent article peut se trouver intéressé en même temps que
d autres d'une nature différente, comme l'assimilation progressive.
IV. — Aspiration des consonnes douces.
i^. Un g celtique précédé d'une liquide peut, dans les langues bre-
lonnes, suivre deux voies différentes : soit devenir gy y, a, s'assimiler à
la liquide précédente ou disparaître, soit devenir c, ch. Exemples :
Argant^ v. bret., v. gall. et v. corn. [Rev, celt.^ I, 338), resté en
bret. moyen ; arganty vann. et cornouaillais ; ariant^ arian, gall., = irl.
argat, cf. gaul. Argento-magus, lat. argentum ; bret. moy. archant, léon.
et tréc. arc*hanty corniq. archans, arhans, =: * arccant-^ cf. irl. moy.
arcat.
Bara, pain, bret., corn., gall., cf. v. irl. bairgen ==: * barg-inâ ; voy.
plus bas cola.
Bargaigna, barguigner ; barkaigna, id., Pell.; du fr.
Bera^ monceau, gall., cf allem. berg^ montagne.
Boly^ bola, bol, ventre, bul, cosse, gall. = v. irl. bolg, sac, gaul.
bulga; bret. bolc'h, belc'h, cosse du lin, polc^h, P. Grég. ; cf. v. iri.
bolc tt outre ». L'allem. balg a de même les deux sens de « peau » et
de a cosse, gousse ». En petit Tréguier, bolc^h veut dire « Tenveloppe
contenant encore la graine de lin », et tolc'h cette même enveloppe,
quand la graine en a été ôtée. Ces deux formes sont des doublets, de
156 E. Ernaulu
sorte que le vann. tolgtnn « bogue de châtaigne », Troude, peut se
comparer au v. irl. holg. Le passage àtb^t par l'intermédiaire de à
(cf. Rev, celu, III, J4 ; V, 219) se retrouve dans irézen et drézent,
« langes », Le Gon., irezenn, Cath., = v. gall. brethinn-ouy id., cf. irl.
brat, manteau.
Boulc'h, bret., bwlch, gall., entaille ; irl. balgy fente (Thurneysen).
Bourg, P. Grég., bourk, tréc, « bourg », = lat. burgus; bret. moy.
boarchis, auj. écrit bourc^his, bourgeois, de bourc^h, bourg, = v. irl.
borcc.
Caly^ gall., « veretrum », = irl. calg, épée (Stokes) ; bret. kalken, f.,
nerf de bœuf, de * calg-inïï; une composition avec kenn « peau • eûi
donné un mot masculin ; bret. moy. calch « veretrum ». Voy. lesuiv.
Cola, col^ barbe d'épi, gall., = irl. co/g, v. gall. colg-inn, id., auj.
co/y/i, pointe. Ce mot est une variante du précédent. Le rapport de coU
à colginn (et probablement kalken ) est le même que celui de bara à
bairgen (et peut-être de bola à tolgenn),
Daly, dala, dal, tenir, gall., cf. irl. if /^, attache, broche, racine sans-
crite darh, tenir; bret. moy. dalchy auj. dalc'h, attache; cf. delc « mo-
nile », Vocabul. corniq,
Derien^ nom propre breton actuel, au ix* siècle Dergen, CartuL 4^
Redoriy p. 46, peut venir de Dorgeriy Durgen, ibid., ^Dubrgen, cf. Dubr-
ien^ ibid., * Dubrogenos, cf. Dobrogen^ ibid., et signifier « fils de
l'eau )> ; expliqué autrement, Rev, celt,, III, 408. Cette terminaison -ien,
-geriy fréquente dans les noms du vieux breton et du v. gall., était ori-
ginairement précédée d'une voyelle ; il semble pourtant que le chan-
gement du ^ en jr ait pour cause le contact de la consonne, qui d'ailleurs
peut n'être pas une liquide ou une nasale. De même le changement de
gaelt (v. bret.), geot « herbe »,en ieoî, a dû se faire d'abord après Vn de
l'article. Un doublet semblable de gwerc*h, adj. « vierge », en trécorois,
est le subst. yïlc^h a fiancée » [é du français le).
Eir), eira^ neige, gall., de * airg = * argi-, cf. gaul. Argiotalus, « au
front blanc » ; bret. moy. erch, auj. erc^hj vocab. corn. irch.
Felchf Cath., auj. felc'h, rate; irl. selg, gr. fT:TXày/-vov.
Guerg, V. br. « efficace », = gaul. rergO'[bretus), César, cf. gr.
èv-(f)epYoç a efficace »; v. bret. guirhter, énergie = * guerc-ter^ cf. la
monnaie gauloise qui porte VERCOBRÉTO.
Cùiriéss, gàérhiésSy vann. « vierge », L'A., etc. ; du lat. virgo et du
suffixe -es, qui n'a la forme 4es que dans des sous-dialectes comme celui
de Sarzeau, cf. gall. gwyra, pur, =virg[o); moy. bret. g wrc^, adj.,
guercheSy subst. ; léon. guère b^ guerc'hez; corniq. gwyrches.
Etudes bretonnes. 1 57
Heul, suite (heuUa, heaill, suivre), bret. ; v. bret. 0/, suite, gall. ol,
plur. V. bret. olguo, cf. ailem. folge.
Merch^ fille, gall., corn., moy. bret.; bret. merc^h; lith. merga. Le
ch est expliqué différemment, Rev. celt.y I, ^74.
Mergidhaanij v. br. «hebesco », Cath. merg/â/ rouiller, auj. mergla^
id., irl. m^/r^, rouille, cf. gr. ftapyoç, sot; Cath. merclet, mercluSy rouillé,
auj. merkla, rouillé, v. irl. meirc, rouille (accusatif).
Myrieridy gall., perles, du lat. margarita; bret. Marc^harit^ Margue-
rite.
Orgiat € qui tue », v. br., cf. irl. org-nn^ action de tuer, et Orge^
toriXf César; irl. orcun, action de tuer; cf. ORCIITIRIX sur une mon-
naie gauloise.
Orgued eioryadez, amourette, P. Grég., cf. dpyàco.
Perguen, moy. bret. « proprement, nettement », comiq. poren [Ben-
nans Meriaseky v. 1810) t\ poran a exactement ».
Serch, concubinaire, Cath. ; gall. serch^ amour = v. irl. sercc^ cf. v.
irl. sercy auj. searc; gr. (yropYTi. Cf. Eusorgit, Eusurgit, Eusorchit^
ix« siècle, CartuL de Redon, = * avl-sorg- et *avi'Sorc-?
Le ch peut tomber ou être assimilé après une liquide, en breton et en
comique : v. bret. -marrocj chevalier, auj. {Ker-]marec,= v. br. -mar-
hoc, MarcoCy =^ * marcâcos ; corniq. marrec^ chevalier, marogeth, che-
vaucher, Cath. marhegueZy id., gall. marchogaeth^ id. et « action de che-
vaucher ». Le P. Grégoire remarque que dans le mot breton marheguez
« chevaucher »^ Vh ne s'aspire point. A cause de ce trait commun de la
phonétique de g et de c/z, on peut discuter la valeur de certaines formes
comme le bret. dal, dalit, tenez, et le corn, err^ «r, neige.
Je n'examine pas quel son peut représenter dans différents "cas la no-
tation gh, par exemple dans le v. gall. helgha « chasse » (impératif), cf.
irl. selg, chasse, gall. hel, hely, hela, chasser, à côté du v. gall. helcha,
chasser, bret. moy. hem-olch = selc. Le comique helhia, chasser (voc.)
se rattache probablement au premier groupe (=*helya, cf. vann. gue-
ryes, écrit ordinairement guerhies). Du reste il a dû se produire, entre ces
séries parallèles, des faits de contamination analogique, dans la pronon-
ciation comme aussi dans l'écriture (cf. la notation gch pour le son ch
dans le v. gall. iurgchell, chevreuil). M. Loth regarde Va de helgha et
de helcha comme appartenant au suffixe qui correspond au breton '(a)at;
je suppose plutôt que cet a est le même que celui de la forme actuelle
hela.
16. Le passage de rg à rch, en breton, a pour analogues, du moins
quant au résultat, le changement de rd en rth et celui de rb en rph.
158 E. ErnaulU
L'écriture ne distingue pas^ en moyen breton, z doux de z dur, et ils
riment ensemble, comme toutes les consonnes douces riment avec les
fortes correspondantes. Mais le trécorois et le vannetais traitent toujours
z après une liquide comme un z dur : le tréc. urz^ ordre, et le vann.
urh, du lat. ordo^ par exemple, peuvent représenter une forme *urthy et
le moy. bret. urz a pu se prononcer ainsi. De même le tréc. barz et
le vann. bar h, barde [Cath. barz) du gaul. bar dos, sont d'accord avec le
comique barth et non avec le gall . bardd.
Le gallois même n'est pas toujours étranger à ces faits. Ainsi en re-
gard du V. gall. guardam^ je ris, auj. chwarddaf^ racine svard, on a les
formes suivantes: gall. chwerthin, rire, Vocab, corn, huerthin yiréc. c^hocr-
ziu^ vann. hoarhein; il est probable que te moy. bret. huerzia a un z
dur.
Rfy If, de rb^ Ib^ ne ae trouvent en breton que dans des cas où les
formes intermédiaires rv, Iv, sont certaines: ainsi kalfichat^ travailler le
bois, Rev. celt., IV, 1 57, de kalvizia, Le Gooidec, de iba/ver = * oirb/^-,
cf. § 6; elfezen a zizannia », Cath., elwezen raveneife, Pell., vann. al-
venriy alouenn a raifort », Troude, cf. te bret. irvin, navets, g^U. erjin
= "erb-in-, auxquels M. d'Arbois de Jubainville a comparé le gr.
Pour ces deux classes de consonnes faibles le renforcement a eu lieu
sans doute seulement après une première mutation en sfens inverse (adou-
cissement de b, d en v, dh) . Pour g, au contraire, il y a eu souvent deux
mutations successives dans le même sens: renforcement de g en c; ren-
forcement de c en ch ; et l'irlandais nous offre des traces de toutes ces
étapes : g, gg, c, ce.
Comme analogie à cette histoire de la gutturale douce en breton après
une liquide, on peut observer que la dentale forte devant les liquides
avait subi en moyen breton deux affaiblissements successif. C'est, du
moins, l'explication qui me semble la plus probable, de faits exposés
sous un jour tout différent. Etudes gramm.^ 81 *.
La question est de savoir si, en moyen breton, zr venant de îr con-
tient un z dur ou un z doux. Je crois que c'est un z doux, et que l'inter-
médiaire entre le t vieux breton et te z moy. bret. a été d.
Par exemple, le bret. moy. go-zro^ traire, ne vient pas directement
du V. bret. guo-iro-, mais de la forme go-dro conservée en gallois. Le
moy. bret. go-zronquet, baigner, vient de même d'une forme correspon-
dant au V. irl. fo-thrucad^ qui serait en gall. *godrochi, cf. ymdrochiy etc.
Ces formes intermédiaires ne sont pas, du reste, sans exemple en
breton : ainsi le v. bret. hoetl « âge », a une variante hoedl dans Hoedl-
Etudes bretonnes, 1 59
mottoc, Cartul. deRedon^ 1 38, = gall. hoedl; c'est ce d qui est devenu
z dans le moy. bret. hoazU par un second affaiblissement semblable à
celui qu'a éprouvé le v. bret. cadr « beau » =gaul. -cadros^ gr. x«-xa$-
(uvoç, en moy. bret. cair, M. Stokes a comparé avec raison à hoetl le
latin sdculum; ces deux formes viennent de *së'tlom.
On peut voir des exemples, en breton moderne, de z venant de t par
l'intermédiaire de d, Rev. celt. , V, 1 26.
Je croîs donc que tr deviest en breton moyen dhr, tandis que rt, au
contraire, donne rîh.
V , — Quel(iues rapprochements phonétiques.
17. Malgré des différences notables entre l'action phonétique qu'un
son exerce sur celui qui précède et sur celui qui suit, différences dont je
viens de donner un exemple, on ne peut s'empêcher de remarquer des
analogies entre ce qui se passe des deux côtés de cette mince frontière
que représente une lettre. En voici quelques-unes :
En vieil irlandais, l'affaiblissement du / est empêché par la présence
de /, /i ou 5 avant cette lettre. M. Stokes a montré que le même fait se
produit lorsque Vs vient après le t [Zeitschrift fur vergleichende Sprach-
joTschimgy N. F., VIII, i, p. 72).
Les liquides et les nasales semblent quelquefois renforcer une con-
sonne douce qui les précède comme nous avons vu qu'elles le font pour
une consonne douce qui les suit. Exemples :
Bret. Uouar^ tiède, gall. clauary=:* cliarùs, de* gliaroszizgr, /Xiàpdç.
M. Rhys, pour ces mots, suprose un primitif *scliaros ; mais leur rap-
port peut être analogue à celui de axopyi au vieux celtique * sorcâ,
*sercâ.
V. irl. trin « fort », cf. Macutreni, Trenegussi (ogamique Trenagusu,
nw^i rrem*), Hûbner, Inscr, Britanniae christianae, n** 108, Trenacatus,
ibid., n* 114; Trenalugos^ inscr. ogamique, Stokes, Celtic declensiony 7?.
Le comparatif du v. irl. trén est tresa, tressa^ =1 bret. trec'h, gall. trech;
trèn.esi donc pour *trisnoSf et tressa pour *trësyâs. Il est difficile de sé-
parer *trésnos du sanscrit dhrsh-nùs a hardi », et de ne pas voir dans
*tTlsycis le comparatif d'une forme répondant au grec ôpa(ruç. Le /initial,
au lieu de d^ est l'objection la plus sérieuse ; la persistance de Vs dans
tressa peut s'expliquer par l'analogie de la variante légitime " dërsySs^
comme le a de Opouruç est dû à la forme parallèle ^Oapaûç d'où Ooptrovco.
C'est ainsi que l'ancien r voyelle produit sur le c suivant l'effet d'une
consonne, dans les langues bretonnes : le gall. drych, aspect, et le v.
]6o E. Ernaulî.
bret. dr/A-, dreh" (dans des noms du Cartul, de Redon) diffèrent de Spox
dans %axov et du v. irl. drech, aspect, = ^dric-^ en ce que le cA gall.
et bret. = ce a été amené par la variante * dire, *dërc, analogue à &cfx
dans £$Qif)xov; cf. le rapport de l'irl. coimpert au moy. bret. compret.
M. Rhys a signalé, Rev. celi., I, ^6}, des changements de ir initial
en fr, dans le gallois moderne.
L'accent est sans doute une des causes du renforcement des consonnes
douces, à la fin des mots, en breton et en comique ; mais il faut remar-
quer que ces consonnes sont, la plupart du temps, en contact avec une
autre consonne commençant le mot qui suit. Ce contact fiait parfois
changer la dentale ténue en aspirée ou en sifflante.
Ainsi de même que le d du fr. remède s'est renforcé en / dans le bret.
moy. remhet, le t du bret. moy. bet « monde » est parfois suivi d'une h,
bethy pour représenter probablement une prononciation bett^ qui va jus-
qu'à l'aspiration, bez, quand le contact du mot suivant est trop intime :
bezcoaz « jamais », cf. corniq. bythqwath whath « jamais encore »
(Gwreans an bys^ v. 1454). De même on a le moy. bret. et eteth, blé, et
le composé guin/z, froment, vann. guneli, gall.gwf/z/7/i^=*v//i(f-£f/-; les
formes bretonnes Binniguet^ Binnigueth et Binniguez n béni », au com-
mencement du XIII* siècle [Rev, celt., III, 401), etc. Le comique a com-
mencé le changement de / final en s par les cas où ce t venait après n
ou / ; nous avons vu que le breton, pour éviter le son lih, en a fait éga-
lement Is.
Sauf dans ce cas particulier, le breton conserve fidèlement la distinc-
tion de th et 5, après une consonne ; mais devant une consonne, surtout
une gutturale, le z breton = th devient très souvent s; tréc. biskoaz,
vann. biskoah, = moy. bret. bezcoaz. Voici un autre exemple d'aspira-
tion de / devant une gutturale (cf. §13):
Quezquen braSj tellement grand, Cr. Myst. de Jésus, ^O] quesijuen
(fû/>âr^ tout particulièrement, Sainte-Barbe, 5J0, war. ijuez quen;hep
quezquen^ sans rien de plus, ib. 81, var. heb quel quen (rime en et] ;
qaezquUn tenn,., ne mennas si durement qu'il ne resta... Noueliou, \ 36;
quezqu'en net, très pur, 1 41 ^quezquendyfflat (lis. diffuat) très cruellement^
135. L'expression hep quet quen revient souvent dans Sainte-Barbe.
Quezquement penn so enn hy^ toutes les personnes qui y sont, Sainte-
Barbe, 320, var. qnez quement; quezquement den so en grâce, toute per-
sonne qui est en état de grâce, ib. 557; de quet -f quement, cf. quet
queffret, en même temps, Sainte-Nonne, v. 1 127, quet gueffret, Myst. de
Jés,^ p. 206, z= comiq. kekefrys, Meriaseky 316, cf. kescolen « with one
heart», Neriasek, 1769, etc.
Etudes bretonnes, \6\
C'est évidemment ce mot quezquemnt qui se trouve dans le vers de
Uvocat Pathel'm,
Quel queuient ob dre douch ama,
Rtv. ceh.y IV, 45 1 , cf. 454 ; il faut lire, comme l'indique la rime, quez
(juement ol dre douch aman, et traduire probablement « vous tous qui êtes
ici ».
Emile Ernault.
Réf. OU, VII 11
FLORA CELTICA.
L'étude des noms de plante est utile à plus d'un point de vue : elle
fournit des identifications précises à l'explication des textes ; elle donne
aux linguistes des documents d'origine vraiment populaire ; par ses rap-
ports ou ses différences, elle permet à l'ethnologue de grouper ou de
séparer plusieurs branches de la même race, et elle éclaire sur les em-
prunts d'une race à une autre. Enfm, les légendes des plantes et les
usages superstitieux dans lesquels figurent les plantes fournissent à la
mythologie des renseignements et des points 'de comparaison. La mytho-
logie des plantes est un des étages inférieurs de la mythologie générale
qu'il importe le plus de connaître.
Les peuples celtiques sont malheureusement en retard sur les autres
peuples européens pour tout ce qui peut éclairer leur histoire morale et
légendaire. Un grand nombre d'études ont été faites chez les peuples
latins, germaniques et slaves, qui n'ont pas leur parallèle chez les peuples
celtiques ; on ne semble même pas se douter souvent de la tâche qui
reste à accomplir. Ce qui touche à la linguistique proprement dite et à la
grammaire comparée est mis en œuvre avec ardeur : œuvre utile, mais
qui serait plus utile si elle ne faisait pas négliger ou dédaigner les
autres branches de la philologie, et si les celtistes prenaient pour modèle
de grands philologues comme Jacques Grimm qui comprenaient dans une
même étude et faisaient marcher du même pas la grammaire comparée,
la linguistique, l'histoire littéraire, la mythologie et le classement des
légendes.
L'étude de la Flore populaire est une de celles dont on se doute le
moins dans les pays celtiques ; une de celles, pourtant, où il se serait le
plus facile à des hommes de bonne volonté de faire un travail utile : en
effet, un peu de bonne volonté et de l'esprit d'exactitude suffiraient. Re-
cueillir les noms populaires d'une plante et les enregistrer sans les cor-
riger ou les modifier : rassembler les dictons, les légendes, les usages qui
Flora Celtîca, lë^
se rapportent à cette plante, faire de ces documents accumulés un dic-
tionnaire ou les éléments d'un futur dictionnaire, voilà un travail qui de-
vrait tenter quelqu'un des rares amis restés encore aux langues celtiques > .
Mais un travail de ce genre est d'apparence trop modeste pour attirer
les amateurs qui prétendent maintenir le culte de leur vieille langue ; ils
préfèrent faire œuvre de dilettantes, et, s'imaginent-ils, d'écrivains ori-
ginaux [!), en rédigeant des vers ou des articles sans intérêt dans des
feuilles qui ont une « colonne celtique ». Comme nous donnerions
volontiers ce qui remplit les trois quarts du Gaelic Journal de Dublin
et des publications similaires, pour quelques colonnes de documents de
foik-lore! Et quand il s'agit de langues qui, comme l'irlandais, sont à la
veille de périr, si on n'essaye pas aujourd'hui de recueillir ces documents
linguistiques et folk-loriques de la bouche des vieilles gens, demain il sera
trop tard ! Mais les Celtes sont, parait- il, trop en retard sur leur époque
pour comprendre les desiderata de la science.
Il y a quelques années, j'avais eu l'idée de compiler une Flore popu-
laire des peuples celtiques ^ J'aurais réuni les documents déjà publiés,
j aurais fait appel à des correspondants pour me fournir la variété des
noms populaires et surtout les légendes ; chaque plante aurait eu ainsi sa
monographie embrassant l'ensemble des peuples celtiques : ce dictionnaire
eût été, je pense, aussi utile au linguiste qu'au mythologue. J'ai dû re-
noncer à ce projet, en partie faute de temps et surtout parce que les ma-
tériaux rassemblés étaient insuffisants, et parce que je n*aurais pu me
renseigner d'une façon assez complète dans les pays celtiques. Ce sont des
travaux qui doivent avoir un caractère local, être faits pour un pays
particulier par un homme du pays : la synthèse est possible plus tard par
la coordination des travaux locaux. Nous voudrions que les savants des
pays celtiques se missent courageusement à cette œuvre, surtout en Ir-
lande; ils trouveraient un modèle dans la Flore populaire de la France
que va faire paraître M. Eugène Rolland. En attendant, il ne nous parait
pas inutile de publier les indications bibliographiques que nous avions
réunies en vue de notre travail abandonné ; nous y mentionnons plusieurs
ouvrages spéciaux, peu ou point connus en dehors des pays où ils ont
paru, et ces indications peuvent être utiles — au moins aux celtistes du
continent.
1. Ce qae nous disons ici de U flore peut s'appliquer aussi à la faune; voir par
exemple le curieux et utile ouvrage que M. Eugène Rolland a écrit sur la Faune popu-
laire dt la France, 6 vol. in-8. Paris, Maisonneuve, 1877-1883.
2. Comme supplément à la Flore que prépare M. Eug. Rolland.
164 Gaidoz.
ANCIEN CELTIQUE.
Noms de plantes cités dans :
1) Dioscoride (i*' ou ii^' siècle après J.-Ch.) passim. — Sur les noms
barbares de plantes cités par le grec Dioscoride, voir E. Meyer, Ges-
chichte der Botanik, t. I.
2) Pausanias (ii* siècle ap. J.-Ch.), Liv. X, ch. xxxvi, § i. — Il
s'agit d'un mot galate uç qui parait désigner le chêne à kermès (quercus
coccifera)] voir G. Perrox, Mémoires d*archéologiej etc. Paris, 1875,
p. 256 et suiv.
3) Marcellus de Bordeaux (fin du iv^ ou commencement du v* siècle
ap. J.-Ch.). Les noms gaulois de plante sont cités dans le mémoire que
J. Grimm a consacré à cet écrivain [Mém, de VAcad, de Berlin^ 1847,
p. 435 et suiv.
Sur plusieurs de ces noms, voir M. d'Arbois de Jubainvilie dans les
Mémoires de la Société de Linguistique^ t. II, p. 69, et M. Whitley Stokes,
Celtic Declension, p. 77 (Extrait des Transactions of the Philological So-
ciety for 1885).
4) La plupart de ces noms, et d'autres encore épars dans les écrivains
de l'antiquité > sont réunis, mais à leur ordre alphabétique, dans le lexique
qui termine les Origines Europaa de Diefenbach, Francfort-sur-le-Main,
1861.
IRLANDAIS.
A) IRLANDAIS ANCIEN ET MOYEN.
La riche collection de manuscrits que nous a laissée l'Irlande celtique
contient un certain nombre de traités de botanique. Ils sont jusqu'ici
restés inédits: il serait pourtant intéressant d'en publier les principaux,
parce qu'ils fourniraient des noms anciens des plantes, et aussi parce que
ces traités — traduits la plupart du latin — font suivre d'ordinaire le
nom irlandais du nom latin . On a ainsi une identification, et quand on
rencontre dans un texte un nom obscur de plante, ces traités permettront
d'en connaître le sens .
I. Par exemple le mot amella « thym » conservé par Servius et étudié par M. Wh.
Stokes dans les Beitraege de M. Bezzenberger, t. IX, dans un article intitulé Celtic Ety-
mologies.
• Flora Celtica. 165
Je donne ci-dessous les textes dont je trouve la mention dans mes
notes : cette liste sera facilement augmentée par les Irlandistes.
Manuscrits du Collège de la Trinité, à Dublin.
j) H. 2, 17; p. 279-317. Catalogue de plantes, minéraux, etc., em-
ployés en médecine.
6) H. 3. 4; p, 61 et suiv. Idem,
7) H. }. 7; p. 133. Fragment d'une liste analogue.
8) H. 3. 15 ; p. 21.. Liste alphabétique des plantes, herbes, miné-
raux, etc., formant la materia medica,
Ibid.; p. 47, col. 2. Liste de noms de plante, en latin et en irlandais.
Manuscrits de l'Académie royale d* Irlande à Dublin ' .
2 î
9!' Q-^; p. Ï9-3'- Fragment d'une liste analogue, commençant au
mot Sambucus; — p. 34. Liste alphabétique de plantes et d'herbes.
10) .— ^ . Contient un traité sur les plantes.
Manuscrits de la Faculté des Avocats, à Edimbourg,
11) Le no III traite de botanique.
Manuscrits du Musée Britannique, à Londres.
12) Add. ij, 403. Herbier médical où les noms des plantes sont
donnés en latin et en irlandais.
13] Egerton 119. Ms. en papier, écrit par James Scurry en 1820.
Liste des noms de plante en irlandais, anglais et latin.
Tous ces mss. — à l'exception du dernier — sont sur parchemin et
des XI v« ou XV* siècles.
Il faut aussi remarquer que les mss., si nombreux, qui traitent de mé-
decine, contiennent souvent des noms de plantes qu'il serait utile de
relever ^.
Sur notre demande, et par l'obligeante entremise de M. Wh. Stokes,
M. Standish H. O'Grady, un Irlandais irlandiste dont nous avions tou-
I . Je saisu cette occasion de signaler aux romanistes l'existence dans la Bibliothèque
de TAcadémie d'Irlande d'un beau manuscrit français (coté 7;^) formant un traité des
plantes, et orné de dessins fort bien exécutés (de 2 à 10 cent, de hauteur) repiésentant
des plantes ou des instruments de médecine.
1. L'observation est du D' Todd dans son analyse du ms. de Fermoy, Proc. of tht
Irish Acad, — Irish Ms. séries, vol. I, p. 53.
i66 Gaidoz.
jours regretté de ne pas voir ie nom dans notre recueil, avait bien voulu
nous promettre d'éditer dans la Revue Celtique le traité botanique du ms.
de Londres, Add. i j, 403. Il nous écrivit même en date du S juillet 1884
que son travail était très avancé et serait bientôt prêt pour l'impression.
Ses occupations ne lui ont pourtant pas, depuis, permis de l'achever.
Nous espérons qu'il en trouvera un jour le loisir^ et que la Revue Celtique
aura l'honneur et le profit de ce travail.
La plupart de ces mss. de botanique — comme aussi de médecine —
dérivent sans doute de sources communes, qui sont la Materia Medica
latine du moyen âge : et c'est dans les écoles des Asclépiades irlandais
qu'ils se multipliaient, probablement sous la dictée d'un maître : c'est
par l'hypothèse de la dictée que M. Standish H. O'Grady expliquait Tin-
correction de son ms. de Londres > .
B) IRLANDAIS MODERNE.
14) THRELKELD, Synopsis Stirpium Hibernicarum ; or a Short
Treatise of Native Plants, especially such as grow spontaneously in the
Vicinity of Dublin, with their Latin y English, and Irish Names ; and an
Abridgement of their Virtues, etc., in-12. Dublin, 1727.
13J KEOGH (John). Botanaiogia Universalis Hibemica; or, a Ge-
neral Irish Herbal calculated for this Kingdom. Giving an Account of the
Herbs, Shrubs, and Trees, Naturally produced therein, in English,
Irish, and Latin; with a true description of them and their Médicinal
Virtues, etc.; petit in-4. Corke, 17 jç.
16) WADE, M. D. [G.) — Catalogus Systemalicus Plantarum Indi-
genarum in Comitatu Dublinensi Inventarum. In-8, Dublin, 1794.
Gives the Latin, Irish, and English names (dit un catalogue de librairie).
17) WHITE. Irish Botany : an Essay on the Indigenous Grasses of
Ireland. By John White. With 2 large plates, carefiilly coloured, and 3 In-
dexes — Latin, Irish and a General English Index, in-8. Dublin, 1803.
On nous a assuré que la Flora Hiberrnica de J.-T. MACKEY publié
en i8}6 ne contient aucun nom irlandais de plante ; et il en est de même
du répertoire botanique du même auteur publié dans les Transactions of
the R, Irish Acad,, t. XIV (1825).
Ne connaissant que par un catalogue l'ouvrage de Miss Cusack sur le
5. The MS. Add. 15, 403 seems to me tohave been written with a certain amountof
inattention, which is quite compatible with good penmanship. Indeed it is possible that
the care bestowed upon the latter sometimes interfered with the regard due to the subjea
matter itself. Again, one must never forgetthat yss. of the kind were often wrinen from
dictation. — • Lettre de M. Standish H. O'Grady, du 20 janvier 1884.
Flora Celtica, 167
comté de Kerry, nous ignorons s'il y a des noms irlandais dans ses listes
d'histoire naturelle > .
Le ms. Egerton 1 19, signalé plus haut, devrait figurer ici, s'il n'est
pas copié sur un ms. ancien.
GAÉLIQUE ECOSSAIS.
18) Flora Scotica; or. Systematic Arrangement in the Linnaean Me-
thod of the Native Plants of Scotland and the Hébrides ; illustrated by
numerousfine fuU-page plates by John Lightfoot, 2 vol. in-8. 1792.
19) Gaelic Names of Plants (Scottish and Irish), coUected and ar-
rangea in scientific order, with notes on their etymology, their uses,
plant superstitions, etc. , among the Celts, with copious Gaelic, English
and scientific indices, by John CAMERON (Sunderiand). Edinburgh and
London, Black wood and Sons, 1883, ix-130 p. in-8.
Sur ce livre, qui laisse beaucoup à désirer^ voir notre article plus
haut, t. V, p. 496.
GAELIQUE MANNOIS.
A notre connaissance, il n^a été rien publié de spécial sur les noms de
plante de 111e de Man.
GALLOIS. *
20I Meddygon Myddfai, or the médical practice of the célébra ted
Rhiwallon and his sons of Myddvai (13. cent.]. From ancient Mss. with
an English translation, by J. Pughe and J. Williams ab Ithel. Llando-
very, Welsh Mss. Society, 1861 ; xxx-470 p. in-8.
21) L'édition que JOHNSON a donnée de VHerbal de GERARD, ou-
vrage anglais de la fin du xvi* siècle^ contient un Catalogue of the Britlsh
Names of plants, communiqué à lui, Johnson, par « Master Robert
DAVYES of Guisaney, Flintshire )>. Ce catalogue contient environ
240 noms.
22) John DAVIES^ dans son Antique linguA britannicA dictionarium
duplex, Londres, 1632, a donné un Botanologium gallois-latin à la suite
I. Casack's (M. F.) History of the Kingdom of Kerry, with coloured geological map,
aod nomerotts woodcuts, List of Mammalia, Birds and Botanv, with copious index, in-8,
1871.
1 68 Gaidoz.
de sa première partie, qui contient environ mille noms. Ce Botanologium
est, dit Hugh Davies (cité infra], reproduit dans les Origines GaUiuàt
BOXHORN (i6)4).
2^) Nous avons lu que te t. II de JOHNSONI Mercurius Britaimictts
contient une notice sur les plantes de North Wales, avec les aventures
de Tauteur sur le Snowdon en 16)9; mais nous ignorons s'il 7 a des
noms indigènes de plantes.
24) Hugh DAVIES, Welsh Botanology, London, 181 3, 2 parties en
un vol. in-8 de xiv-i 5 1 et xv-25 5 p.
C'est l'ouvrage le plus important sur la matière et Touvrage d'un bo-
taniste de profession. Il donne la flore de 111e d'Anglesey. Dans sa pré-
face, H. Davies passe en revue les travaux qui ont été faits précédem-
ment sur le même sujets à la fois au point de vue botanique et au point
de vue linguistique, et il adresse quelques critiques de détail (pour l'iden-
tification des plantes) aux écrivains cités plus haut et aussi au dictionnaire
d'Edward Lhuyd.
La première partie, rédigée en anglais, donne dans l'ordre des familles
botaniques, et sous le nom latin^ les noms anglais et gallois et les obser-
vations de botanique propre (habitat, saison, etc.).
La seconde partie rédigée en gallois donne sous le titre de Llysieuiaith
Gymreig le catalogue des noms gallois des plantes, avec des observations
sur leurs qualités médicinales et autres.
25) Le dictionnaire gallois-anglais de Thomas RICHARDS, qui est
encore un des meilleurs que nous possédions, donne — au moins dans sa
troisième édition, Dolgelley, 181 5 — une Botanology, or the names of
herbs, plants and fruits, in Welsh and English (p. 429-444), qui repose
sur le Botanologium gallois latin de John Davies.
26) John WILLIAMS, Faunula Grustensis, Llanrwst, 1830, 148 p.
in-i8.
Ce livre peu connu et fort rare contient un catalogue en trois langues
(latin, anglais et gallois) des animaux et des plantes qui existent dans la
paroisse de Llanrwst.
27) Un article intitulé Botany et signé du pseudonyme RHIWALLON
dans le Cambrian Journal de 1854, p. 150-155, avait pour but d'inté-
resser les Gallois à la collection de leurs noms indigènes de plantes. A
ce propos, l'auteur passe en revue ce qui a été fait jusqu'alors dans cet
ordre d'études, et conteste quelques identifications de noms de plantes
données soit dans les travaux spéciaux, soit dans les dictionnaires gallois.
28) Welsh names of appleSy article anonyme dans The Cambrian Jour-
nal de 1858, p. 145-1 51. Cet article donne les noms gallois des diifé-
Flora Celtica. 169
rentes variétés de pommes employés principalement dans le comté de
Glamorgan.
29) PRICE (R.) et E. GRIFFITH, Y Llysieu-lyfr Teuluaidd, yn
ddwy rann 1.-12, Abertawy, 1858.
Cet ouvrage est simplement un traité de botanique en gallois.
)o) Llandudno, its history, Natural History and Antiquities, by R.
PARRY. In-8, 1861.
D'après un catalogue auquel nous empruntons ce titre, l'ouvrage con-
tiendrait UQ glossaire de mots gallois ; nous ignorons si ce sont des noms
de plantes.
1 1 ) Les Bye-Gones d'Os ^estry dans le volume de 1 882 contiennent
plusieurs notes relatives aux noms et aux légendes des plantes en Galles
(p. 89, 135 et 149)-
On y reproduit une liste de noms gallois tirés « from a scarce little
book by Lady WILKINSON calkdWeeds and wild flowers^ their uses,
Ugends and literature ». Une question que j'ai faite dans le même volume
(p. 1901, pour avoir la date et le lieu de publication de ce livre, est
restée sans réponse.
Dans une de ces notes, on assure qu'un dictionnaire gallois qui se
trouve aujourd'hui à la Bibliothèque du Musée Britannique de Londres
contient, comme additions manuscrites, un grand nombre de noms de
plantes.
?2) Dans son article The ireatment of English borrowed words in collo-
(juial Welsh (publié dans les Trans. of the Philological Society pour 1881),
M. Th. POWELa cité, en terminant, quelques exemples de noms de
plantes empruntés à l'anglais et déformés par fausse analogie. Les mots
de l'usage vraiment populaire sont en effet ceux qui sont le plus souvent
transformés par la Volksetymologie^ et les noms de plantes sont^ entre
tous, de cet ordre.
BRETON ARMORICAIN.
33) LE GALL, Flore du Morbihan. Vannes, 1832, in-12.
34) P. L. CROUAN, Florule du Finistère. Paris, Klinksieck, 1867,
in-S.
35) Aug. LIÉGEARD, Bleuniou-Breiz^ flore de Bretagne. Paris, Savy,
1879, in- 12.
Il y a enfin une classe de documents où l'on peut retrouver les noms
de plantes, ce sont les noms de lieu. C'est ce qu'a fait M. P. W.JOYCE
lyo Gaidoz.
dans la seconde série de son livre sur les noms de lieu irlandais >. Mais
ce sont là des recherches délicates et qu'un philologue seul peut aborder.
Tout au moins est-il aisé de recueillir les dénominations locales de ter-
rain, ce qu'en français on appelle les lieux dits (en anglais field-names,
où entrent les noms de plante.
Ce serait une erreur de croire que l'œuvre de la philologie se bit
tout entière dans les cabinets des érudits: les chercheurs locaux, avec ie
seul mérite du zèle et surtout de l'exactitude et encore sans prétentions
ambitieuses, peuvent rendre des services inappréciables, malgré leur ap-
parence modeste : mais ces chercheurs locaux, combien sont-ils dans les
pays celtiques P
H. Gaidoz.
7. T. Il, ch. ztx. Sur cet ouvrage voir notre article plus haut, t. Il, p. 500.
REMARQUES
SUR
LE BAS-VANNETAIS.
CHANSONS EN BAS-VANNETAIS.
I.
De même qu'on appelle basse Bretagne la partie la plus occidentale de
la Bretagne armoricaine, on a dû appeler bas-vannetais le pays le plus
à l'ouest de la région vannetaise. Grégoire de Rostrenen s'était déjà
servi de ce terme dans la même acception que nous. Le bas-vannetais
est borné rigoureusement à Touest par TEllé qui formait, avant la Révo-
lution, la ligne de démarcation entre Tévëché deCornouaillesetl'évèché
de Vannes. Dans la région nord du Morbihan^ la moitié du canton de
Faouêt et tout le canton de Gourin, moins la commune de [Plouray
située sur la rive gauche de l'Ellé, continuent si bien à parler le dialecte
de Cornouailles qu'on a dû y conserver le catéchisme de Quimper et n'y
envoyer que des prêtres cornouaillais. A Test, le Scorff ne forme qu'une
limite approximative. Dans la région nord, la seule que nous ayons bien
étudiée, sur la rive gauche du Scorff, [on parle bas-vannetais dans les
communes d'Inguiniel, Persquen, Locmalo, Séglien,Silfiac, Perret, Les-
couet, Mellionec, Plébuff et Sainte-Brigitte, au moins en partie,
croyons-nous. Le Blavet forme la limite au nord.
Le bas-vannetais n'est qu'une variété du dialecte de Vannes. Les
gens du bas-vannetais comprennent assez facilement les gens du haut-
vannetais et en sont compris, quoique les différences soient très sensibles.
Le bas-vannetais a, avec le haut-vannetais, deux traits caractéristiques
communs et qui les séparent nettement des autres dialectes : le traitement
de la dentale spirante sourde [th gallois], et le fait que l'accent n'est pas
régulièrement, comme dans les autres dialectes^ sur la pénultième.
172 J' Loth,
On a dit d'une façon trop générale que le dialecte de Vannes se dis-
tinguait des autres dialectes dans le traitement des dentales. En réalité
il ne traite d'une façon particulière que la spirante dentale sourde. Elle
est devenue, en vannetais, une gutturale sourde, ce qui, en soi, n'a rien
de bien surprenant et ne saurait étonner quiconque a entendu prononcer
le f/t gallois (gall. Uaeth^ lait, arm. moyen laez, léonard leazy baut-van-
nutais liah [a irrationnel, euphonique), bas-vannetais lih = lacté). Nous
adoptons pour les voyelles les signes français : ^ a le son de Ve dans le
français été; è le son de Ve français dans mère^ père; ^ a le son de Ve
muet du français mener y melon ^ et par conséquent de l'y gallois non ac-
centué. Le d précédé de r est assimilé à un P. Cette évolution de la
dentale sourde en gutturale sourde n'est pas antérieure au xvi« siècle;
aussi bien pour le bas-vannetais que pour le haut-vannetais^ avant cette
époque et même postérieurement dans l'écriture, la spirante dentale
sourde est écrite, comme ailleurs z. Le premier exemple cité par
M. d'Arbois de Jubainville [Etudes grammaticales, p. 44*) est de 1 572.
Le z pour th et d spirant date du xii« siècle. Plusieurs noms de lieu du
bas-vannetais le conservent encore. Ex. :
Cozlen, vieil étang (en Locmalo, canton de Guéméné-sur-ScorfT) , pro-
noncé cohlen ou colen. La spirante dentale douce ((/^gallois, pour la pro-
nonciation th doux anglais) s*est conservée, dans l'écriture et par zones,
dans la prononciation vannetaise jusqu'au xviir siècle. On trouve bien
dès 1 387 (Rossenweig, Dict. topog. du dép. du Morbihan] des exemples
comme Moustoer Guehennou pour moustoir GuezennoUj mais ces exemples,
jusqu'au xvi^ siècle, sont infiniment rares. L'écriture Guehennou est sans
doute le fait d'un scribe non bretonnant , d'autant plus que le lieu dont
il s'agit est sur la frontière franco-bretonne. Il aura écrit Guehennou
comme on l'écrivait dans son pays. Nous ne saurions trop, en passant,
engager les celtisants qui étudient les chartes armoricaines, à ne se servir
à partir du xi* siècle que de noms de zone bretonnante actuelle. Le
breton a perdu au xi-xii* siècle, plus ou moins complètement^ une zone
considérable, à l'ouest de la Vilaine, et on s'expose, si on n'use pas
d'une très grande prudence, à prendre des faits de phonétique française
pour des faits de phonétique bretonne : par exemple la disparition de la
dentale à l'intérieur du mot dès le xi-xii*' siècle. Actuellement et sans
doute dès le xvi-xvii* siècle, dans bon nombre d'endroits, la spirante
I . Il y a en giUois un phénomène analogue dans le verbe dont I*infinitif est cerddet,
marcher, léonard kerzet, vann. kèrhet, et l'impératif c^r/i;^, qu'il marche, ar^N^cA, marchez,
allez. Il est probable que la différence de traitement du d tient à une différence d'accent.
Remarques sur le bas-vannetais. 173
dentale douce a disparu, soit dans l'intérieur du mot, soit à la fin .
L'hiatus est évité à l'intérieur, au moins en bas-vannetais, par le déve-
loppement d'une sorte de spirante sourde h analogue à celle qui s'est
dégagée en gallois avant l'accent dans des formes comme glanhdu^ pu-
rifier, encore n'apparah-elle pas toujours : ex. : bwar sourd = léonard
bouzar, g^Woïs byddar ; mèv, ivre, = léonard mezo, gall. meddw. Lez
final disparaît sans laisser de trace : di, dé, jour, haut-vannetais, dé bas-
vannetais, gall. dydd. Ce z a évidemment disparu à l'époque où c'était
une pure spirante dentale '. S'il est conservé en Léonard c'est qu'il est
descendu à la sifflante douce z français. Z ou s actuel entre deux
voyelles se conserve parfaitement en vannetais comme ailleurs ^.
Il semble qu'il y ait une exception à la disparition de la spirante den-
tale douce et qu'elle ait été changée comme la spirante dentale dure en
gutturale sourde dans des formes comme les troisièmes personnes du
présent de l'indicatif de verbes dont le thème était terminé par un i,
comme lac* h ou lafi, il tue, euh, eue* h, il cache, léonard laza, gallois
kdd, léonard cuzet, gall. cuddio. La vérité, c'est que la troisième per-
sonne a ici un h final par analogie avec les autres personnes dans les-
quelles, régulièrement, le z spirant intervocalique a disparu et où s'est
développée, après sa disparition, une sorte d'h marquant l'effort de la
prononciation pour passer d'une voyelle à l'autre: le thème verbal van-
netais n'est plus ladd, ni cuddy mais lah, euh, A la fin des mots, naturel-
lement, cet À a un son plus fort. La très grande différence, en vanne-
tais, entre l'évolution du z (=th — et, rt, rd, tt, zd) et du z (=: ^), c'est
que dans le premier cas, il y a passage d'un organe à un autre, tandis
que dans le second il y a disparition, puis naissance d'une sorte de spi-
ration entre deux voyelles. Ce qui le montre bien, c'est la disparition
totale du z = i à la fin du mot, ce qui n'arrive jamais pour le z = ///.
De là aussi le fait que dans Ja plus grande partie de la Cornouailles et
dans le pays de Tréguier la spirante dentale douce a disparu, tandis que
le z ou ; sorti de th reste : ex. : dé, mais les ou léz. lait. Dans le pays de
Tréguier où on aimé les affriquées^ le h sourd du vannetais est devenu
une véritable spirante gutturale, ch : lac'han, tuer. Le développement
1. La pronoociation du dd gallois à la fin des mots est quelquefois si faible au'il nous
est arrivé tout d'abord de ne pas l'entendre et que nous nous sommes demande d'abord
s'il n'avait pas disparu : c'était une erreur, en taisant toutefois cette réserve que le dd
final disparaît dans certaines constructions: di-mawrtk = dydd mawrth, mardi, di-
mercher = dydd mercher, etc. (à remarquer l'écriture dydd-iau, jeudi, et la prononciation
dniau).
2. Zse change en r dans quelques cas assez rares pour des raisons qui ne nous pa-
raissent pas fort claires et qui sont, à notre avis, divenes. i
i
174 •'• ^^'^'
de c*h en passant par A à la suite de la disparition d'un z se manifeste
même en léonard dans des formes comme p'ec'heuz puisque vous avez
= arm. moyen foz ^112 pour pa oz eus, La marche est po(z)ettz^ pe eut,
pe heuz, pec'heuz '.
Pour l'accent, le bas-vannetais n'a pas une prédilection aussi marquée
pour la dernière syllabe actuelle que le haut-vannetais; il n'a pas non
plus de préférence pour la pénultième comme les autres dialectes. Il est
plus mobile et moins intense que partout ailleurs. Nous sommes d'ailleurs
convaincus qu'il y a moins d'uniformité dans Taccent qu'on ne le croit.
Quant à voir dans la place de l'accent en vannetais une influence fran-
çaise, nous n'hésitons pas à affirmer que c'est une erreur. L'étude des
dégradations vocaliques en gallois et en armoricain nous montre claire-
ment que bon nombre de finales actuelles ont été accentuées. Les syllabes
finales disparues, les anciennes pénultièmes devenues finales lorsqu'elles
étaient longues ou diphthonguées ont assez longtemps retenu l'accent,
sans parler de celles qui, en vieux celtique, l'avaient déjà. L'accent
dans les composés gallois et armoricains est de bonne heure sur le second
terme. Dès le moyen breton, l'accent a une tendance manifeste à aban-
donner la dernière et à se rejeter sur la pénultième : c'est visible en ar-
moricain dès le xiv-xv< siècle : la victoire est à la pénultième au xv-xvi^
En haut vannetais, c'est l'analogie de la dernière qui remporte: Taccent
est plus souvent sur la dernière. Ce qui montre qu'il ne saurait, en tout
cela, être question d'influence française, c'est que la partie de la Cor-
nouailles et du Trégorrois qui touchent la zone française ont de préfé-
rence l'accent sur la pénultième et que la partie du bas-vannetais qui est
la plu.<s rapprochée de la frontière française a peut-être moins de pen-
chant pour l'ultième que la partie qu^ en est la plus éloignée.
Comme le gallois et tous les dialectes bretons-armoricains, le bas-van-
netais allonge, dans la prononciation, la voyelle de tous les monosyllabes
terminés p^T g db {=ctp ancien) ; z (= ^ ; v (rr m ; t] ; ch (= ce,
rc) ; z (r= tî) ; f {= pp] \ s (= st) ', et n, /, quand ils n'étaient pas redou-
blés ou suivis d'une autre consonne > : à la différence du gallois, les dia-
lectes armoricains, dans les polysyllabes^ allongent la voyelle accentuée:
gall. tâd, plur. tàdau^ pères; arm. lad, plur. tâdou. Le haut-vannetais
échappe en partie à cette loi^ parce qu'il a souvent l'accent sur la der-
1 . U son de la dentale spirante douce existe encore en haut-vannetais, sporadique-
ment dans les composés syntacttques comme me zad, mon père. Nous l'avons nenement
constaté dernièrement à Guern (arrondissement de Pontivy).
2. Rhysy Lectures on welsh phonology, deuxième édition. Voir le chapitre si remar-
quable et si neuf des voyelles.
Remarques sur le bas^vannerais. 175
nière. Le bas-vannetais 7 est moins soumis encore que le haut-vanne-
tais, à cause du peu d'intensité de son accent (il 7 a une exception à
faire pour les a accentués: ils sont prononcés longs, sbiten monos7lIabe,
soit en polysyllabe). Ex. : pdd (paotr) garçon, jeune homme, gars, plur.
pôtred. Dans pôtred^ les deux voyelles sont brèves ; l'ô est devenu ouvert
comme dans le français parole^ Ve de pôtred se prononce comme IV muet
français. Il est assez difficile de donner des lois pour la place de l'accent
en bas-vannetais. En général, il est sur la dernière quand la dernière est
une diphthongue ou une longue, ou contient toute autre voyelle qu'un e
actuellement sourd. De là comme en haut-vannetais la conservation du
pluriel des thèmes en u comme diphthongue : tadow ( à peu près aou) en
bas-vannetais, tadéu en haut-vannetais, île de Croix et bourg de Batz
èo. Plusieurs autres diphthongues dans les autres dialectes réduites à des
sons simples s'y maintiennent : nadoué, aiguille = léon. nadoz, gall.
nodwydd; annewer^ génisse, = léon, ounner (Catholicon annoer, onnoer,
ounner)\ bennoèh ou bennoah, bénédiction^ = léon. bennoz |(= bennoeth)
Ve final pour cause d'atonie est muet dans bon nombre de termi-
naisons en bas-vannetais, par exemple dans les terminaisons en en:
pedenriy prière, azen, âne ; en el : avely vent ; es : guirhiess^ vierge ; et plu-
riel ipofrei, garçon; ted: trindet; ec (oc) : madek. Dans les mots de plus
de deux syllabes, lorsque l'accent est sur la dernière, la pénultième s'af-
faiblit et il semble qu^il y ait sur la première une sorte de demi-accent.
Ex.: awdl, une pomme, awelow, des pommes, Ve est bref et sourd. Il est
d'ailleurs en réalité sur l'antépénultième dans quelques cas : par exemple
si de trois syllabes la première seule a un son sonore et si les autres sont
muettes : bèleyen et bèlien, des prêtres^ dans une partie du bas-vannstais > ;
cf. le nom de lieu Guern-ferennes au xvi" siècle, prononcé aujourd'hui
Guér-bèrness^, En bas-vannetais l'accent dépend de la longueur et du
timbre des voyelles. Il est plus souvent sur la dernière que sur la pénul-
tième, mais il n'a aucune répugnance pour la pénultième. Enfin, fait
digne de remarque, on le trouve quelquefois sur Tantépénultième ; or,
en gallois moderne dans les polysyllabes, c'est la syllabe initiale proto-
nique qui est la plus frappée; l'écriture traditionnelle du gallois littéraire
nous voile ce phénomène; on ne le trouve exprimé qu'assez rarement
dans les livres; ex.: glnhdu, purifier, nettoyer, pour glanhau; ndolig
= nadolig; pgéthwr = pregethwr (dans un roman gallois reproduisant
1 . La forme en bas-vannetais est ian : bèlian.
2. Dans kerbeterien (xvi* siècle, kaeran peUterien), l'accent est sur kèr plutôt que sur
aucune autre voyelle. Ces questions demanderaient de longs développements qui trouve-
ront leur place ailleurs.
176 i. Loth.
par endroits le langage populaire, fort intéressant d'ailleurs, nous avons
même rencontré la forme gethwr. Y Dreflan gan Daniel owen TreffTnnon
1881, p. 20) ; caltd dur, cletach^ plus dur, etc. >.
En armoricain également, Taccent a une aversion marquée pour l'an-
tépénultième.
Cette différence assez fréquente d'accent entre le bas-vannetais et le
haut-vannetais dans la place et l'intensité de l'accent a amené une assez
grande divergence dans le timbre des voyelles. Le haut-vannetais pro-
nonce volontiers sourd (e muet français) e atone venant de â^ £t, 1, ë,
mais il n'a guère d'e muet final, parce qu'il accentue assez fortement la
dernière. Le bas-vannetais qui souvent ne l'accentue pas, ou l'accentue
peu, en a un grand nombre. De là entre le haut-vannetais d'une part et
les autres dialectes une énorme différence: et entre le haut-vannetais et le
bas-vannetais une divergence notable. La pénultième étant accentuée for-
tement et intense en Comouailles est sonore, la dernière, non accentuée,
souvent sourde ; la pénultième étant non accentuée en haut-vannetais,
est sourde (s'il s'agit d'e), tandis que la dernière est sonore. Le bas-
vannetais accentuant très peu, a souvent sourdes la pénultième et hui-
tième; ex. : haut-vannet. mechér^ métier, corn, mécherou michtr^ bas-
vann. mecha ; haut-vann. meviU corn, mivtl ou miol, Léon, mivèl^ bas-
vann. mtvel; h.-v. brezél^ corn, brèzel, bas-v. brezel\ Guenid ou Gunètt,
Vannes, en h.-v. ; corn, et bas-vann. Guéned; léonard brezànek ou frre-
zounek^ haut-vann. berhonnèc ou brhonnèc. Le haut-vann. et le léonard
sont ici d'accord pour la première syllabe, parce qu'elle n'était pas ac-
centuée'.
Le bas-vannetais se sépare encore du haut-vannetais dans le traite-
ment de l'ancien a long accentué. Il descend en haut-vannetais jusqu'à
é; en bas-vannetais comme ailleurs, on a eu {ô) : brér, frère, bas-vann.
breur et breu .
En résumé, le bas-vannetais prononce comme les autres dialectes, à
peu de choses près, les sons suivants ' : a comme a français ; 0 tantôt
comme Vo fermé français dans mot, audace, tantôt comme Yo ouvert
français dans parole, aurore: Vo fermé ou vient d*ao (toi, table = taol]
ou est un 0 ancien frappé d'accent et allongé : mdr, mer, ddr^ porte,
1 . Cette aversion décidée pour l'antépénultième, la dégradation de l'initiale dans les
mots de plus de deux syllabes, le fait que l'accent dès le vii-viii* siècle dans les com-
posés se porte sur le second terme, ne permettent guère de supposer que jamais, comme
en irlandais, l'accent même aigu ait été régulièrement sur l'initiale dans les noms.
2. Le corn, a brèonek et le bas-v. brohonek ou bronek k la suite de la chute do z,
). Il y aurait un volume à écrire sur ces questions: nous ne donnons îd que quelques
aperçus généraux.
Remarques sur le bas-vannetais. * Ï77
marhdl, marteau, etc. ; 0 ouvert, quelle que soit sa provenance, qu'il
vienne de u ou de 0, est bref: pôd (paotr), plur. pàtred; môr^ mer; më-
rJc^ marsouin.
ou (français ou^ gallois w] ne représente pas, en bas-vannetais, en gé-
néral, une voyelle simple primitive : il égale v -\- voyelle 0, u, e, gour-
hiemeriy commandement, gall. gorchymmyn (en revanche bas-vannet.
golow =s goleu; bas-vann. bran-golow, nom de lieu = gall. bryn-goleu).
Quelquefois cependant, en monosyllabe long, ou en position, accentué
il représente un ancien û : droug = gall . drwg^ mauvais ; boulc'h en-
taille = gall. bwlch^ brèche [boulc'h en bas-vannetais indique le bout
coupé d'un pain, le croûton). Le son u (u français) remonte^ comme ail-
leurs, à ou^ ô, uv ou au latin û. Il est arrivé à i dans inon, un, à 6
fermé dans 6n un article indéfini, à ue dans uének, onze. I remonte à 7
long ou à û celtique et se prononce comme / français.
Le baS'Vannetais, comme les autres dialectes, a les sons é, è, eu (0)
et e sourd (rare en léonard ou inconnu ?), mais, comme nous venons de
le voir, ces sons y sont distribués différemment, suivant la place de
l'accent.
E muet représente T, ë, ô, û, qqf. à non accentué, et même i infecté,
quand ces voyelles sont atones : nevé — novid, nouveau, kemenér, tailleur,
cf. gall. cymmynwrf tailleur de bois; di-sedorn, samedi, etc.
E sourd représente encore un 1 long ancien qui, accentué^ a donné
eu [ô) vers le xii^ siècle et ensuite devenu atone, est descendu à e, Ex. :
toutes les terminaisons en âco- devenues uc, eue et, par le recul de l'ac-
cent, ec. Enfin un e sourd peut, par son voisinage, assourdir la voyelle
voisine si c'est un e ; sevel, se lever, mevel, serviteur, guelet, voir, selet,
examiner, etc.
£ (comme le français été] représente T, éf ou € sorti d'o ou u. infectés,
quand ces voyelles sont accentuées : ténneinj tirer, ne\ié, nouveau, guelé
Ht (cf. gallois fy/inu, newydd^ gwely], etc.
£ {i français dans palais^ décès) représente e suivi de deux //: chudell
pour scudell es scuteÙa (dans des mots empruntés) ;
ou e suivi de rc'h quelle que soit la provenance de Te (T, 0, u infecté,
ou e) accentué, mèrc^h, kèrc'h, avoine, guérc^h^ vierge;
ou e sorti de ae : bèlek^ ou par assimilation du second e : bèlèk, arm .
moyen baelec r= gall. baglog\
ou i accentué et suivi autrefois de deux consonnes : bèred^ cimetière,
=: bedrod; Pèret, nom de lieu, au xv« siècle Penret;
ou a infecté : dillèd, des habits, peirèj quoi, quelle chose; quelquefois
sans cause apparente : kèr =5 français car,
Rev, Cclt, Vil '12
lyS i. Lotfi,
Eu (o, son eu français dans heureux) représente un ïï long ancien ac-
centué : breur ou breu^ frère ; cleu, talus avec fossé = gall. clawdi, etc.
Le oe du vieux breton n'est jamais devenu oa pas plus qu'en haut-
vannetais'.
Parmi les semi-voyelles, v a une prononciation toute particulière èuB
^intérieur et à la fin du mot [v sortant de y ou de i» ou Biéme de m) :
c'est un son qui est à u (u français) comme la spirante ira tt voyelle (ou
français), ex. : m^ru. Les Vannetais représentent cette spirante assourdie
et amincie par -hue : marhue : prononcez en une syllabe, la voix portant
sur d = gall. marw^ léon., corn., Trég. maro. Initial y est devenu en
vannetais ainsi d*ailleurs qu'en Comouaillais gu (français aiguille, arguer] et
giv. On a le son gu si la voyelle qui suit est / ou I bref ou un I long, guin,
vin, gaelet, voir^ gué, des arbres, guéniii blanc. On a gw si la voyelle
suivante est aouê long: gwann^ faible, gpi^é sauvage (z= irl. fiad) ; g»èd^
sang (zn gall. gwaed) ;givél, fête, cf. irl. f élire.
Pour les consonnes, outre le traitement des dentales, on peut signaler
le son de k devant une autre voyelle que a, o, ou et e muet final. C'est
un k iotacisé analogue par la prononciation au c français dans cœur : ke-
meret, prenez ; pron. kjemeret, La spirante gutturale est sourde si elle
n'est précédée de r, ou si elle n'est pas à la fin du mot. Il y a à noter une
prononciation du c'/t analogue à celle du ch allemand dans icA, mich, ex. :
merhiettf des filles, guirhiess, une vierge, er hiemenér, le tailleur z= le
léonard ar c'héménèr. Ces sons appartiennent à tout le vannetais. La spi*
rante dentale douce qui existe encore sporadiquement en haut-vannetais
dans les composés syntactiques a disparu complètement du bas-vanne-
tais. Nous avions cru autrefois l'entendre dans une commune de dialecte
bas- vannetais, mais nous avons reconnu depuis que c'est une erreur.
L'j comme en haut-vannetais a le son du français ch (cheval) devant /.
Les formes sont à peu près les mêmes qu'en haut-vanhetais. Le haut-
vannetais a conservé devant les voyelles la forme hous^ votre, vous
(pron. régime), ex.: hous auter, votre autel, écrit ainsi dans un recueil
de cantiques : hou ç^auter. Le bas-vannetais n'a plus^ comme les autres
dialectes, que la forme ho.
Le pluriel du haut-vannetais ion est dans une partie du bas-vannetais
^ian avec un son nasal (on en trouve un exemple dès 1432: ker an pelé-
terian] ; dans la partie la plus rapprochée de la Cornouailles et même à
nonce
I . Oe, En réalité 0 joue le rôle de spirante : coir^ cire, se prononce kwir. Oe se pro*
Dce oi et oè sans que nous ayons pu jusqu'ici en voir la raison.
Remarques sur le bas-vannetais, 179
peu près sur toute la rive droite du Scorff, au nord, on a Un comme
dans ie reste de la Bretagne.
Dans les chansons que nous donnons plus bas, nous adoptons l'ortho-
graphe bretonne habituelle, c'est-à«dire Torthographe française, avec
ces particularités que c est remplacé par k^ que c^h représente une spi-
rante gutturale identique au ch gallois, qui a à peu près le son du ch alle-
mand dans nacht. Nous avons adopté pour bien marquer le timbre des
voyelles les signes français : e est un e sourd, identique à Ve muet fran-
çais dans mener et à Yy gallois non accentué, éy i ont le son de IV, è
français [été, mère) . Nous représentons le son ch français par s, la spi-
rante a (hue) est représenté par u ' , le €*h adouci par hi; owsik peu près
le son ami; an le son aon, ô le son de l'o fermé français dans audace y
mot; le son français nasal on est indiqué par un trait sur no : ôïî. Nous
représentons par une apostrophe les consonnes supprimées accidentel-
lement dans la prononciation. La longueur des voyelles est indiquée
par un trait : 3.
II.
CHANSONS.
BN ÈSTÉK.
1.
Disul vintin, pe zâuèn
Pe wè dijune' t'ein^,
Ha mé monet t^em jardin
En èsper de bourmen
2.
Ha mé klawet 6n inék
Ar er bod e kano :
En inék sen e lârè
Facilmant tré i zOn
1. Nous aurions désiré représenter ce v (hue) spirant par un v surmonté d'un point.
En nous retournant la deuxième épreuve, M. Vieweg nous informe qu'il ne peut repro-
^mt cette trasscripiion. *
2. d sniyi d'un autre d et uni par la prononciation revient à f . Cf. dans l'intérieur du
mot Fratt = Frwddu (Dict. topogr. du Morb,). D'ailleurs c'est un fait ancien pour les
moyennes doubles qu'elles valent une ténue: aper (abbcr = adber). Cf. Rhys, Lectures
on welshphonology.
i8o i. Loth
En inék sen e lârè
Facilmant tré i zOn :
Na ' keu epo ' d'en atnzer
E golet, me mignon
4-
Gow e lârè 'n èsték se,
Mem es ? on amprowet :
Me'm mwè 4 kâred 6r vèstres,
Hag en i hâr berpet.
(Chanté par L.-M. Guennic, de Ploerdutj.
Traduction .
I.
Dimanche matin, lorsque je me levai,
Après avoir déjeuné (m. à m. lorsqu'il était déjeuné à moi)
Et moi d'aller à mon jardin,
Dans l'attente de me promener
2.
Et moi d'entendre un petit oiseau
Sur le buisson en train de chanter:
Ce petit oiseau-là me disait
Clairement par son chant
3.
Ce petit oiseau-là disait
Clairement par son chant :
Regret tu auras au temps
Que tu perds, mon ami
1 . JVd est ici intraduisible ; il a d'ailleurs souvent le sens de ei.
2. E po = arm. moy. oz bo ou mieux au futur oz hao, m. à m. à vous sera ss tous
aurez. Le s final est tombé, Vo de la proclitique s'est affaibli en f . Le fc a été, suivaiit la
règle, assimilé à Vs précédent.
3. Mtm = mé a*m es ou mi a^m hes^ moi qui ai. Va relatif s'est assourdi en t.
4. Mt^m mwè = me a* m bwi. On prononce memwï.
Remarques sur le bas-vannetais, i8i
4.
Mensonge disait ce petit rossignol là,
Je l'ai bien éprouvé :
J'aimais [m. à m. j'avais aimé) une maîtresse '
Et je l'aime toujours !
KLOÈRBK TRBMELOW^
I.
Na selawed oU a selawet
Or gannen a neué zâuet
De gloèrek Tremelow 'ma zâuet
2.
Mar e pè hui kloèrek Tremelow
bis Hui e po hon malewac'h bon dow
Malewac'h 6n tâd e zo kalet,
Meid kani ' 6r vamm n'é ke' nebed
4-
Wè ked er hloèrek tri mis ag er gér,
Pe wè re' scriuein dehon ôr libéra
$•
Pe wè re' scriitein dehon ôr liber,
Kloèrek Tremelow de zon' t'er gér
1. Maîtresse, au sens honnête du mot.
2. Cette chanson a été imitée en vers français par Coppée dans le charmant recueil
PoUiépar M. Bonrgault-Ducoudray : Trente mélodies de basse Bretagne, Paris, Heugel,
1S8). Le texte breton manque. On y trouve plusieurs chansons en bas-vannetais (font
DOBs avons fourni le texte à l'auteur. Les chansons qui sont dans un autre dialeae ont
OK orthographe très variée, ayant été écrites pour l'auteur par des personnes de condition
et d'instniaion fort diverses. 11 aurait fallu un remaniement complet pour en faire des
Mtériaox d'étude.
]' Kmi ponrAtfffiou hini. Hani est devenu kani par analogie aux mots commençant
P>r,i et dont l'initiale devient A, par exemple si le poss. fémmin Ai précède : on a eu i
^l'ilesien, m. à m. celui d'elle en parlant d'une femme, et hi gani, le sien, en par-
l)ot d'un homme, comme on avait i horf, son corps, et hi gorf (forme radicale korf).
„ f On prononce liher (e sourd), lihir est une forme du haut-vannetais amenée ici par
lasonsnce.
i82 /. Loth,
6.
Na tri marc'h e g6b ' en nwè kraiet
Ged en irrac'h en nwè d'i gudet.
7.
Na petè > zo er gèr ? man a neue,
Na pe zOner hlihier man arré P
8.
Er vrauékân piac'h zo er barres man
Ho intèred iriu er vèrcd man
9-
Na ne dole' ket dwar ar i bé,
Meid er pé e dolei er hiuré.
10.
Meid er pé e dolei er hiuré,
Kèr ke'4 barh tri dé me yeî eue
II.
Kèr ke' barh tri dé me yei eue,
Kèr ni zo priedow heriié Dwé
12.
Kèr ni zo priedow herué Dwé
Ha rêvé $ er béd e h6ro eue
Ha ni yei 6n dow en 6r béyad
Pe n'ôm ke' weit 6n dow n'6r gueléyad,
1. Gob pour joftr.
2. Petl ou petrè = petra,
3. Seul, ger est long et « a le son i; composé avec m^/i, il est bref et a le son i
4. Ke' = kerij kait.
(. Henii ou revi. On ren^arquera qu'on prononce revi et non reûi {lehui^, cf. léoa-
heryeZf gall. hawydd.
Remarijues sur le bas-vannetais. 183
LE CLERC DE TRBMBLOW.
I Le son dipbthongué de cette terminaison ainsi que Vè\x et Vau du haut-
vannetais est exprimé dans l'orthographe officielle par 0: Tremelo).
I.
Ecoutez tous et écoutez
Une chanson nouvellement levée
Au clerc de Tremelow, elle a été levée.
m
2.
tt Si vous avez vous le clerc de Tremelow,
Vous aurez notre malédiction à nous deux
La malédiction d'un père est (chose) dure,
Celle d'une mère n'est pas moins. »
4.
N'était pas le clerc plus de trois mois hors de la maison
Qu'il était nécessaire de lui écrire une lettre,
5-
Qu'il était nécessaire de lui écrire une lettre,
Clerc de Tremelow, pour venir à la maison
6.
Et trois chevaux de louage il a crevés
Avec la bâte qu'il avait de la voir
7-
u Qu'y a-t-il de nouveau dans ce village,
Que sonnent ainsi les cloches encore ? »
8.
— « La plus jolie petite fille de cette paroisse-ci
Sera enterrée aujourd'hui dans ce cimetière-ci. »
9-
Ne jetez pas de terre sur sa tombe,
Sinon ce que jettera le vicaire
184 •/• i^th.
10.
Sinon ce que jettera le vicaire,
Car avant dans trois jours (dans ces trois jours-ci), moi jHrai aussi
1 1.
Car avant trois jours terminés j'irai aussi,
Car nous sommes époux selon Dieu
12.
Car nous sommes époux selon Dieu,
Et selon le monde nous (le) sommes aussi.
Et nous irons tous deux dans une seule tombée
Puisque nous ne sommes pas allé dans un seul lit.
(Chanté par ma mère'
ME HOÉR MARI.
1.
Làret-u d'ein, me hoér mari,
Na piu en nés 0 'kâret-ui
— 0 1èr ' , mem breurék ^ powr, 0 kèr ne ouyoc'h ket
Or hloèregék yawang, e toned a t/éned.
2.
^ Lâret-u d'ein, me hoér mari,
''" } Na pèrèk ne rédèc'h hui !
— 0 1er, mem breurék powr, 0 kèr ne ouyoc'h ket,
Or jô e wè get on, ha y on 'nwè me zapet.
3-
, . \ Lâret-u d'ein, me hoér mari,
( Na pèrèk ne grièc'h hui ?
— Olèr, mem breurék powr, 0 kèr ne ouyoc'h ket,
Or mouched wè get on, yon 'nwè stanket mem bék.
\. Lèr n'a pas de signification précise.
2. On dit aussi breu-ik (de breu pour breur^ frère;.
bis
Remarques sur le bas-vannetais, 185
4.
( Larel-u, d'ein, me hoér mari,
" f J » men e hues > ôïi Iakeit-ui
— 0 1er, mem breurék powr, 0 kèr ne ouyoc'h ket,
I kom, liorh) me zad, didan 6r bod loré.
^Chanté par Courtet au bois de Cravial, en Lignol) .
Traduction.
1.
Dites-moi, ma sœur Marie,
Qui vous a aimée P
— 0 mon cher petit frère, car vous ne savez pas
Un jeune clerc venant de Vannes.
2.
Dites-moi, ma sœur Marie^
Mais pourquoi ne courriez-vous pas ?
— 0 mon cher petit frère, 0 car vous ne savez pas,
Un cheval était avec lui et il m'a attrapée.
Dites-moi, ma sœur Marie,
Mais pourquoi ne criiez-vous pas ?
— Il avait un^mouchoir et il a bouché ma bouche.
4.
— Dites-moi, ma sœur Marie
Où l'avez-vous mis ?
— 0 oui, mon cher petit frère^ 0 car vous ne savez pas
Dans le coin du jardin de mon père,
Sous une touffe de laurier ^
1 . La forme ordinaire est e.
2. Haot-vann. t hoa ou e huis. E représente o(r]; mais hues est assez énigmatique.
Oz beus a donné en bas-vannetais e pes. Oz eus n'eût donné que e hes.
]. Il n'est pas difficile de voir qu'il s'agit d'un viol et d'un infanticide. Les vraies chan-
soos bretonnes, celles qui n*ont pas subi l'influence du genre français populaire, en gé-
Déral ami de la prolixité, procèdent par bonds. Le chanteur supprime les transitions. Il
arrive souvent ainsi à produire des effets surprenants, surtout, si comme cela arrive sou-
vent, la mélodie est belle. Il est fort probable que ce genre a dû être particulièrement
florissant à l'époque où le chanteur s'accompagnait d'un instrument de musique, et où la
hirpe, par exemple, non seulement aidait le chanteur, mais chantait seule, où tantôt elle
accompagnait, tantôt alternait.
i86 ;. Loth.
LE GARÇON Dâ^&ti^É U» Fil<L&.
I.
Guisket 6n abit damezel,
Na kèhe ^ t^ouleR lojein e kér^ ho
Na Icèbe' t'oulen lojein e kér.
2.
Bonjour doc'h hui, tud en ti man,
N'eche' > moyan te lojein eman, bo,
N'eche' moyan te lojein eman.
Ha lônjet ewalb e uehèt,
Meid laret-u a beban e tet, ho...
4-
Nen dan a fwér nag a varhad,
Meid 6n tamék ehon devehat, ho...
5-
Tosteit ag ajet tal en tan,
Ha roe ya min (pron. mégn] d'ober doc'b o koan ^ ho
6.
Mé ne m es mé nan na zihiet,
Meid 6n tamék e bon chagrinet, ho...
7-
Meid 6n tamék e on chagriiiet :
Me benon e n'ellan ke' kousket, ho. . .
1. KUut, pour kerhet^ léon. kerzety gall. cerddet,
2. N'echet (en français) = n*es ket, léon. n'enz ket^ n'est pas, il n*y a pas.
). Sa tonne habituelle est kwin. Koan appartient à la Gornouailles, Trégiiier, Uon;
il est id pour les besoins de l'assonance.
4. Kaon pour henon; hinon a eu le sort de hani devenu kani. On dit de mènie kù
kani, le vôtre.
Remarques sur le bas-vannetais. 187
8.
Ho kenon ' ne gouskehèt ket ;
Kèr m'o kassei dV > ne mèrc^li Jattet> bo. ..
9-
Kèr m'o kassei d'ha' me mèrc'h Janet,
'Barh en 6r gampék alitébet^ ho,...
10.
Wè ke' weit mad en i ut\é,
Pe gomzas tehi a zimizi i, ho...
II.
« Na pesort intron e hoc'h hui,
Pe gomzet-u d'ein a zimizi, ho...
12.
« Arhwac'h hui zâvo mintin mad^
Vi' mon' t'em goulen ge' mamm ha tâd, ho...
«}.
— a Bonjour doc'h hui, otro baron,
Ha hui e rei d*ein h6 mèrc'h Chanton, bo... »
« Me mèrc'h Chanton^ hui ne po ket,
Kèr on tamék e hoc'h dibordet, ho... — »
— « Na' mehè 4 ket 0 mèrc'h Janel,
Nag 6n nos ket i em'es kousket^ bo...
1. lyad pour dahad. Et. : daka' ton, ytn loi, auprès de lut, \dahâd om^ auprès de
nous, daluf 'ton sa Parm. moy. dantaff, vers lui (cf. Zeuss. p. 690). Pour v disparu et
h entre deux voyelles, cf. bas-vann. e ho =s haut-vannet. e vo (sera).
2. Dimizi est une forme lèonarde; la forme bas-vannet. est dimein.
). Régulièrement il faudrait na ne mehè = na na'm behè.
4. Ket pour get à cause du t précédent. Le vannetais a au Ueude^tfAf, haut corn, ^tff;
jM et ge : genein (s= geniff) avec moi, genim, avec nous, ^rtOii, avec lui, etc. Ceton est-
il pour gent don s ganufon fout-il le comparer au gallois gyt dans gydacy avec.
i88 y. Loth.
16.
Mar pes kouske' keti on n6z,
Hui e gouskei hinwab a bamnôz, ho...
(Chanté par Courtet, de Cravial en Lignol).
Traduction.
I.
Revêtez un habit de demoiselle
Et allez demander à loger en ville.
2.!
« Bonjour à vous, gens de cette maison,
N'y a-t-il pas moyen de loger ici i »
3-
— ce Logé assez vous serez
Mais dites-nous d*où vous venez i »
4-
— « Je ne viens de foire ni de marché,
Mais je suis un peu attardé. »
S-
— « Approchez et asseyez-vous près du feu,
Et moi je vais vous faire votre souper » .
6.
— tt Moi, je n'ai ni faim ni soif,
Mais je suis un peu chagriné ;
7-
Mais je suis un peu chagriné :
Seul je ne puis dormir. »
8.
Seule, vous ne dormirez point,
Car je vous enverrai auprès de ma fille Jeanne;
Remarques sur le bas-^vannetais, 189
9-
Car je vous enverrai près de ma fille Jeanne
Dans une petite chambre fermée à clef.
10.
Il n'était pas bien allé (= il était à peine allé) dans son lit,
Qu'il lui parla de mariage ?
II.
« Quel genre de femme êtes-vous donc,
Que vous me parlez de mariage P
12.
« Demain vous vous lèverez de bon matin
Pour aller me demander à mon père et à ma mère. »
— « Bonjour à vous, Monsieur le Baron,
Me donnerez-vous votre fille Jeanneton P »
14-
— « Ma fille Jeanneton vous n'aurez pas :
Car ^us êtes un peu débauché. »
15-
« Quand je n'aurais pas votre fille Jeanne,
Eh bien, une nuit avec elle j'ai couché ! »
16.
— « Si vous avez couché avec elle une nuit,
Vous coucherez (avec elle) ce soir et toutes les nuits. »
LES NAUFRAGÉS.
I.
Or batimant a bémp kant tonèl, ho
bis Or batimant a bémp kant tonèl
E zo chomet e riviér Bourdèl .
2.
Pémp kant martelod e wè barh, ho
Tou' rac'h mant beuet meid pwar
L
190
J. Loth,
h
Hui I ya d'er gér, me aen nftn kec, te«
Meng gourhiemenow e gassebèt.
Meng> gourbîemenow e gassebèt
D'em dous mari a d'em bwér Janet.
5-
Lâre' tebi, mar kemer par, bo
Kemer 6r labourer douar
6.
Kemer 6r labourer douar, bo :
Or martelod e zo en arvar.
L9re' tebi kass i map t'er skoul, ho»
En desko de bout ' marbadour.
8.
En desko d'out marbadour mad, bo
Ha n'en ei ke' te vecheri dad.
9-
Ha nen ei ke' te vecber i dad :
Or martelod e uè 4 mark a mad.
1 . Par une inspiration fort hardie et dramatique, le chanteur lait parler les morts.
2. La prononciation est la ménie que dans le gallois tyngorckymnyn,
). De hout = de voud, Bouty verbe sobtt.; sillons une forme iucoBnue en hant-cor-
nouaillais : but (u français).
4. Vi ou vè ss ez bez^ léon. vez. Ctst un présent habituel qui n'est jamais confondu
avec le présent ordinaire dans le verbe substantif. Bez = le gallois bydd employé dans
le même sens. Les Gallois distinguent même le présent habituel dans d'autres veroes, du
moins à la troisième personne du sg. mi ddrwediff. Ce présent habituel est une troisième
personne du futur. Dans le nord (Camavon) la forme est en -tk et non en /. C'est pro-
bablement un changement d'organe (cf. cependant istlinnit profûtur, dans les gloses ea
vieux-breton).
Remarques sur le bas-vannetais. 191
10.
Or martdod e uè mark a mad,
Gueh tr ef mtr^ gueh ar tn dwar.
(Chanté ptt-GUBNKic).
EN DEVÊHAT.
Quelques mots sont nécessaires pour l'intelligence de cette chanson.
Le Morbihan et surtout le haut-vannetais a compté après iSjoun grand
nombre de réfractaires ou de jeunes gens qui> appelés parlé sort k servir
sous les drapeaux français, refusaient de se soumettre à la loi et de quitter
leur pays. Un certain nombre se donnaient comme légitimistes. Mais on
peut affirmer, sans crainte de se tromper, que le motif déterminant était
Tamour du sol natal, la répugnatice à se troufer au milieu de gens de
langue différente, et la crainte de vexations dofit les anciens soldats leur
faisaient un tableau, quelquefois, hélas! trop fidèle. On nous affirme que
dans une garnison que nous ne nommerons pas, on punit les soldats
bretons qui, dans les rues^ parlent leur langue maternelle. Nous aurions
peine à croire à d'aussi niaises persécutions, si dans le rappon d'un ins-
peaeur-général de l'enseignement primaire, il y a peu d'années, nous
n'avions trouvé cette incroyable assertion : « Jusqu'à l'âge de sept ou
huit ans, par suite de son ignorance du français, le petit bas^breton ne
donne aucun signe d'intelligence !» Ce qui est très caractéristique, c'est
qu'il n'y a pas eu, à notre connaissance, de réfractaire dans l'armée de
mer : là, le Breton était sûr de se trouver au milieu de compatriotes.
Grâce à la complicité des habitants du pays, beaucoup de réfractaires
ont pu défier les poursuites des gendarmes et même des régiments lancés
à leur poursuite. On en cite un qui s'est rendu en personne à l'empereur
Napoléon III lors de son voyage en Bretagne. Le plus célèbre est le
héros de notre chanson. Le Devehat, fils d'un bedeau de Melrand, arron-
dissement de Pontivy. D'une intelligence remarquable, d'une agilité et
d'une force prodigieuses, il fut pendant de longues années le cauchemar
des autorités de tout degré du Morbihan. Il finit par être pris par
u-ahison et interné, comme prisonnier politique, dans nous ne savons
quelle partie de la Bretagne. On nous a affirmé qu'il était mort à Jersey.
Sans être cruel. Le Devehat était vindicatif. On lui a attribué plusieurs
meurtres, notamment celui d'un colonel de gendarmerie. Il eut un jour la
patience de suivre toute une journée un brigadier de gendarmerie à qui il
en voulait mortellement : il aurait pu le tuer cent fois, mais il voulait qu'il
1
192 J. Loth.
sût que c'était bien de sa main et jouir un peu de sa vengeance. Il attendit
que le brigadier fût allé se coucher dans une ferme. Aussitôt le mal-
heureux au lit, Le Devehat entra, alluma la chandelle, puis le pistolet à
la main réveilla d'un soufflet le dormeur, lui laissa le temps de le recon-
naître et lui tira un coup de pistolet à bout portant. Un mouvement sauva
le brigadier ; il en fut quitte pour une grave blessure.
La chanson qui suit est tronquée. Il en court, m'a-t-on dit, dans le
pays de Guem et de Melrand, bon nombre encore sur son compte.
I.
Mâb er hloher a vouc'h Melran, lârér ezo on niowl a bôt.
Yôh e larè d'en ostizes : » Téne' jist ar en dol.
2.
a Téne' tregon chopina' jist, ne uehèm ke' kouyonet,
« Kompafionah e z6 arièrh, ag en es forh zihiet. »
h
Me y ont korden e wè en ti, komans t'en im zelet:
(c Nag achapam ni, mar karam : arriu er Chouanet. »
4-
Ag a énon e hè nezen, a de Bondi e haz^
Hag er Brigadié Janndarmet enoh e rankontaz.
S.
« Ha bonjour doc'h hui, brigadié, bonjour doc'h e larân;
Pell z6 e klawân mé laret, oc'h klac'h kloher Melran.
6.
« Meid mar doc'h klac'h kloher Melran, èl ■ m'i^ klawân laret,
Ma karet-ui, Brigadié, me rei doc'h in 3 hawet. »
— a Pe wîyehèn mérî, eme yon, larehèc'h ket ôr gow,
Me rehè doc'h jist teévet, ha guin lan o polow. »
1 . El pour evèl.
2. M'i est pour m* in. In ou en est un pronom neutre ou masculin régime.
j. Le bas-vannetais ne change jamais Vn du pronom en, ni celui de non, notre, en f.
4. Ne hehèt pour ne yehèt ; de même e haz ete yaz, il alla.
Remarques sur le bas-vanneiais, 193
8.
Hag e pad e wè barh en ti, wè èl 6r hâc'h fwètet,
A pe wè deit ar er paué, wè èl 6n arrajet.
9.
A pe wè deit ar en paué, yôîî 'n im gauè p6' fièr.
c Deit ar me lèrh, me yont karden, boutet 6 fri em rèr. »
10.
Ag a étïân e hè nezen de gosté kwè' Keluen,
Ayon rankontaz hwac'h énôn Joannow Kabosen.
11.
<f Mar doc'h hui Joannow Kabosen, èl m'i klawSn laret,
Ne hehèt > ke' kén de Bondi, de zisprij Chouanet > ».
12.
Ag a énon e haz nezen, d'er Gèrvèr Guern e haz,
Etre tténeg i eur a greis-noz, 6r révolt e zauaz.
Er gardnasion a Bondi, brigadié janndarmet^
Ha tout e tant d'er Gervér, de dapein chouanet.
14.
Pe wènt arriu barh er Paner, ha bandet 6 armaj,
Mont er Pitroî, mab er hlohér zay 4 dré'r lucam d'en niaz i
M-
Pen nwè^ zayet barh er Paner, skoein 6n toi ar i rèr:
a Deid ar me lèrh, me yont korden, Iakeit 6 fri em rèr. »
1. Ni hihet pour ne yehit; de même e haz et eyaZj il alla.
2. CbODADs, noms donnés dans la Bretagne et le Maine aax paysans soulevés contre
^ première République.
3. Uàug pour unnek est une forme bien singulière qui existe dans tout le vannetais.
Une forme moins éni^atique et fort intéressante, c'est celle du sujet vingt uigent =■ ugent,
lèoQ., et ttgain, gallois.
4* Say, Téon. salla (pron. saya), sauter.
S- Par assimilation pour dUu,
6. Pour p'en dwi. Dwl = tn devoè.
Rev. CclL VU 13
194 ^' ^0^^-
16.
Pe wè arrio er vonalek, ha yôïi Uzer * dow déim,
Ag evît 0 aromerdein tout ha me yontaw korden.
Ag a énôîî e baz nezen, de gosté Zam-Briek:
'Gollaz er pow' kèh> Izidor : énôn e wè tapet.
(Chanté par Fr. Didu, tailleur à Guémené-sur-Scorff).
Traduction.
1.
Le fils du bedeau de Melrand, on dit que c'est un diable de garçon.
Il disait à l'b6teiière : « Tirez du cidre sur la table.
2.
a Tirez trente chopes de cidre sur la table, que nous ne soyons pas
[couillonnés (moqués, joués)
Compagnie (à moi) est après qui a grand' soif. »
h
Mes oncles la Corde (les gendarmes) 3 qui étaient dans la maison, corn-
[mencent à s'entre-regarder :
« Echappons-nous d'ici^ si nous voulons j arrivés (sont) les chouans. »
4-
Et de là il s'en allait alors, et à Pontivy il alla
Et le brigadier de gendarmerie là il rencontra.
et Et bonjour à vous, brigadier, bonjour à vous je dis : [Melrand.
Longtemps est que j'entends dire que vous êtes à chercher le bedeau de
6.
« Mais si vous êtes à chercher le bedeau de Melrand comme je l'entends
Si vous voulez, brigadier^ je vous ferai le trouver. [dire,
1 . Ordinairement lezel, laisser, lâcher.
2. Pour powr-klh. Kèh = léon. keaz^ arm. moy. caez, gall. caeth.
3. Cinq ou six gendarmes buvaient dans une auberge. Le Devehat qui ne dédaigniit
pas la plaisanterie entra et frappant sur la table demanda d'une voix impérieuse trente
chopes de cidre pour ses amis. Les gendarmes elTrayés s'enfuirent. Le Devehat avait boâ
nombre d'imitateurs et quelques compagnons aussi dangereux que lui.
Remarques sur le has-vannetais. 195
7.
— « Si je savais, dît-il, que vous ne me disiez pas un mens<mge,
Je vous donnerais du cidre à boire et du vin plein votre ventre. »
8.
Et tant qu'il était dans la maison, il était comme un chat fouetté ,
Lorsqu'il fut venu sur le pavé (de la rue), il était comme un enragé.
«).
Et lorsqu'il fut venu sur le pavé, il se trouvait fier gaillard : [cul. »
« Venez après moi, mon oncle la Corde, fourrez votre nez dans mon
10.
Et de là il allait alors du côté de Queluen,
Et il rencontra encore là Jouanno Cabosen.
II.
« Si c'est vous, Jouanno Cabosen, comme je l'entends dire,
Vous n'irez plus à Pontivy déprécier les Chouans < ».
12.
Et de là il allait alors ; au Kerver Guern il alla;
Entre onze heures et minuit une révolte il souleva.
15.
La garde nationale de Pontivy, le brigadier de gendarmerie,
Et tous, ils viennent au Kerver pour attaquer les chouans.
14-
Lorsqu'ils furent arrivés dans le Paner, et leurs armes bandées,
D'aller le PitroP, le fils du bedeau, sautera travers la lucarne, en bas.
1. Joiunno Cabosen, alléché par b prime promise à qui livrerait Le Devehat avait,
nec quelques amis, réussi à le surprendre et a le lier. Le Devehatse laissa sans résistance
mettre sur un cheval, mais tout d'un coup il rompit ses liens et saisissant un pistolet le
oit sons le nés du trattre. Il se contenta de lui faire peur : Cabosen, assure-t-on, en dé-
viât fou pour quelque temps. Nous ne savons à quel autre incident auquel aurait été
mêlé Cabosen fait allusion la chanson.
2. Pitroî, m'a dit le chanteur, est un surnom commun aux habitants de Melrand. il
n'a pu m*en donner le sens. Cerné par une compagnie de voltigeurs dans une maison
iwlét, Le Devehat s'élança ï travers la lucarne, fermée ordinairement par un volet en
^is, qui se trouve à l'arrière des maisons bretonnes, bondit par dessus les baïonnettes,
196 y. Loth.
Lorsqu'il eut sauté dans Paner, lui de frapper un coup sur son derrière:
« Venez après moi, mes oncles la Corde, fourrez votre nez dans mon
[cul. »
16.
Lorsqu'il fut arrivé dans le champ de genêts, il tira deux coups de fiisil
Pour les enmerder tous ainsi que mes oncles la Corde,
17.
Et de là il s'en alla alors du côté de Saint-Brieuc :
Là perdit le pauvre Isidore (prénom de Devehat) : c'est là qu'il fut pris.
LES TROIS TAILLEURS' DE PONTIVY.
I.
Tri hiemenér a Bondivy (ter)
Zo deit te houriat d'ôn ti ni
2.
Wènt ke' weit mad ar en trezow,
P'o dwè goulenet 0 leinow ^
h
Leih er bilig a you' silet
En nwè débet en tri hrevet.
Tri hosté kik ag 6r mel-kein
Ag 6r pénék lé ar er lein
culbuta du choc un soldat qui observait !a lucarne de dessus une meule de paille et se
précipita dans les champs. Les voltigeurs tirèrent et il fut blessé à l'épaule. Il se sauva
néanmoins. Un prêtre le recueillit et le guérit.
I . Les tailleurs sont l'objet d'un mépris traditionnel. Comme dans certaines parties do
pays de Galles, il en faut neuf pour faire un homme. Un trait curieux, c'est qu'ils sont
considérés comme doués d'un appétit fabuleux.
a. iMfi, premier repas (arm. moy. Uiff]^ miren, repas du milieu du jour, meren andenXf
repas yen quatre heures, koin^ souper.
Remarques sur le bas-vannetais. 197
S.
A hwac'h larè en ani bian.
D'i gamerad ne wè ke' lan.
6.
tt Lakeit en dibr ar en âzen,
Mon' te glac'h boed d'er hiemenerien
7-
P'wè arriu en àzen er porh
YÔîî e gwehas a héd i gorf .
.8.
« Kemeramb ol beb a blouzen
De huéhein ba' * rèu en âzen.
9-
« A huéham tout ag ol d'Ar vwéh,
Me tei ^ en azen bowr d'i léh. »
10.
Pe wè zelet A labouriow,
N'A dwè ke' greit meid Ar bragow .
1 1.
Pe wè zelet a zèle' mat
Wènt komanse' te zizouriat
12.
Pe wè zelet bragow er pAd
E wè en tu adrâu ? arAg.
(Chanté par veuve Le Cal, à Guémené-sur-Scorff).
Traduction.
I.
Trois tailleurs de Pontivy
Sont venus coudre à notre maison.
i- Bar est poar t barh. Parh =3 gall. parih. Il a le sens de dûns\ en gallois moyen
partft ac avait le sens de yers.
2. m tei = maz dtui.
3 'nn. moy. aireff^ cf. gall. adnfy à la maison (myndadré', retourner à la maison).
198 J' l^th,
2.
Ils n'étaient pas \Atn venus sur le seuil
Qu*iis avaient demaiulé leurs déjeuners.
3-
Plein le bassin de bouillie passée >
Avaient mangé (mangèrent) les trois crevés.
4.
Trois quartiers de viande et une échine
Et une petite tète de veau par-dessus.
S.
Et encore disait le plus petit
A son camarade qu'il n'était pas plein.
6.
Mettez la selle sur l'âne
(Pour) aller chercher des vivres aux tailleurs.
7.
Lorsque fut arrivé l'âne dans la cour,
il tomba tout de son long.
8.
Prenons tous chacun une paille
Pour souffler dans le derrière de l'âne.
9.
Et soufflons tous et tous d'une voix (souffle)
Que vienne le pauvre âne â sa place (qu'il revienne â lui).
10.
Lorsque furent examinés leurs travaux
Ils n'avaient fait qu'une paire de braies (culottes).
I. Sila^ mot à mot passée; arm. moy. [sizl situla, sitia, coulouer (passoire). Cathol.
Silein se dit aussi pour l'action de mêler la bouillie avec un bâton approprié à cet effet,
pendant qu'elle est sur le feu. Comme dans le pays de Galles et en Irlande, la bouillie,
surtout la bouillie d'avoine (bas-vann. youd kerc'h, gall. iwd ou uwd cerch) )oue nn rôle
considérable dans l'alimentation des paysans. En Armorique, la bouillie de blé noir fait
à la bottiUie d'avoine une concurrence redoutable.
Remarques sur le bas-vannetais. 199
1 1.
Lorsqu'il fut examiné et bien examiné,
Elles avaient commencé à découdre.
12.
Lorsque furent examinées les braies du garçon,
L'envers était devant.
PROVERBES BAS-VANNETAIS.
Er hirran a gornow
Diuenét hi volow.
Que le plus long de cornes
Défende son ventre.
2.
Or vwés a pe uè mèu
'Golla en alué ag i rèu.
Une femme quand elle est ivre
Perd la clef de sonc...
h
N'es koh votes
A ne gau i vares '
Il n'y a mauvais sabot
Qui ne trouve son pareil.
Koh td n'om veut
Mauvais chien se loue lui-même.
J. LOTH.
t . Vares pour fares == pares. Après / féminin en bas-vannetais, comme en maint en-
droit de la Bretagne, le p au lieu de devenir/ est devenu actuellement v par analogie.
Ci. er-fantan = er feunteun, la fontaine (haut-vann. er-fetan).
MOTS BRETONS
DANS LES CHARTES DE BEAUPORT
(troisième article i}-
Moysan, d3.ns Ker-moysan, 1298, p. 21$. Ce mot se rencontre dans
le Cartulairede Redon et semble dérivé de Moyse^ Moyses.
Neber y dans Lan-neber, 1235, pp. 100, 101; 1245, p. 119; 1263,
p. 167; 1268, p, 181; 1270, p. 186; 1271, p. 192. Voyez Niber.
Nedelec^ surnom de Trehanus^ 1266, p. 172 « noêl » du latin /lâfd-
licius^ en gallois nadolig.
NeeZy dans Lan-neeZy 1 184-1 189, p. 8. Voyez Nevez.
Neliy dans Kaer-neli^ 1298, p. 216. Comparez le nom d'homme Noliy
du Cartulaire de Redon.
Net^ dans Ploe-neî, 1266, p. 171 .
Nevenitre^ d3ins Ple-nevenitre, 1202, p. ji.
Nevez « nouveau » dans Lan-nevez, 1248, p. 129; 1267, p. 178.
La forme ancienne conservée par le Cartulaire de Redon esinowid.Vojez
Neez.
Nez^ dans Plo-nez^ 1240, p. 109, écrit Pie-nez, 1244, p. 116;
1256, p. 145 ; P/oe-nez, 1257, p. 149; 1261, p. 161. Voyez iV/r.
Niber, dsins Lan-niber, 1232, p. 93. Voyez Net^r et le suivant.
Nibert, dans Lan-niberty 1233, p. 98. Voyez Neber et le précédent.
Nidlc, dans Lan-nidic, 11 98, p. 12. Voyez les suivants. On trouve
dans le Cartulaire de Redon le nom d'homme Nethic,
Nitic, dans Lan-nitic^ 1266, p. 173. Voyez le précédent et le suivant.
Nitichy dans Lan-nitich, 1233, p. 97. Voyez les précédents .
I. Voyez les deux premières parties de ce travail t. ni,p. 39$'4i8> ett.vil^p. J2-65
Mots bretons dans les chartes de Beauport, 201
Niz, dans Ple-niz, 1237, p. 104; 1266, p. 174; 1269, p. 183;
1 27 1 , p . 1 88. Voyez Nez,
Nourri [villa] ^ 1229, p. 87.
Nues, dans Lan-nues, 1202, p. 45. Voyez Nevez.
Nynecy dans Lan-nynec^ 1271, p. 193. Conoparez le nom d'homme
Ninoc du Cartulaire de Redon.
Oarny dains Loes-oarn, 1245, p. 117. Comparez le nom d'homme du
Cartulaire de Redon ^ Hoiarn « fer ».
Ocy dansPfou-oc, 1202, p. 50; écrit aussi Plo-oc, 1206 (vidimus de
1225) pp. 60, 61, 62; 1227, p. 85 ; 1231, p. 91 ; 1237/p. 103;
1238, p. 106; 1245, pp. 1 19, 120, 121 ; 1247, pp. 126^ 127; 1252,
pp. 135, 136; 1265, p. 170; 1273, p. 197; 1280, pp. 204, 205.
Voyez Ohc, Hoc^ Hohc et le suivant.
OcA, dans P/o-ocA, 1247, p. 125 . Voyez le précédent et Ozoc,
Odec^ dans Plo-^dec^ 1252, pp. 135, 136. Voyez Ozfc où le <i pri-
mitif a été changé en z.
Odely dans Roc-odel, 1271, p. 189. Voyez Othel^ Hodel, Hedel,
OAc, dans Plo-ohcy 1242, p. 112; 1244, p. 116. Voyez Oc, //oc,
Hohc,
Orealy nom de femme, 1 229, p. 87.
Oregon (domus), 1268, p. 180. Voyez le suivant. Le Cartulaire de
Redon nous donne les formes Oregon et Oreguen.
Oreguetty de Mazeriis^ 1 184-1 189, p. 8. Voyez le précédent, Orgutn
et Ouregen,
Orety dans Cad-orety 1298, p. 216; écrit wor^f, dans Cat-worety
IX' siècle, Cartulaire de Redon, suppose un nominatif * Voreto-Sy dont le
datif Kor^/o est conservé par une inscription Kuhn's Beitraegey t. III,
p. 167.
Orguen de Maceriisy 1202, p. 46; 1207, p. 64; nom de femme,
1271, p. 188; xiii^ siècle, p. 220. Voyez Oreguen.
Orhan, dans Plo-orhan, 1260, p. i j8. Dans le Cartulaire de Redon ce
mot est écrit Orhant.
Orquiou [villa], 1284, p. 206.
Orram y dsins Pont-^rram y 1247, p. 128.
OrvoUy nom d'homme, 1288, p. 21 1 .
Osany dsins Quaer-osan y 1260, p. 157.
Osmondus, nom d'homme, 1232, p. 92, parait être un mot germa-
nique. La forme la plus ancienne est Ansemundas. C'est un composé pos-
sessif signifiant « qui a la protection des dieux » .
Othely dans Roc-othely 1292, p. 211. Voyez Odely Hodel.
202 G. Dottin.
Ouakin, dans Cadroualain, 1 23 j» p. 98 ; ce mot est écrit wdUon dans
Cat-wallon^ Cartulaire de Redon. Il parait signifier « paissant 1» . Com-
parez le gaulois vellaunus.
Ouregen [domus], 1267, p. 179. Comparez Aourkia^ nom de femme
dans le Cartulaire de Redon ^ p. 108.
Outrée (stagnum), 1280, p. 205.
Ozauc^ dans Plo-^zduCy 1208, p. 66. Voyez les suivants.
Ozech, dans Plo-ouch, 1241, p. m. Voyez le suivant.
OzeCj dans P/o-oz^c, 1251, p. 1)3; 1253, p. 139; 1266, p. 17;;
1271, pp. 188, 189. Voyez OdeCf Houe, Ozauc^ Ouch^ Ezoc^ Eue et
les suivants.
[0]zec, dans P/o2ec, 12^6, p. 145; 1257^ p. 148; 1263, p. 167;
dans Ploiuc, 1 260, p. 158. Voyez les précédents et les suivants.
Ozech, dzns Plo'ozechj 12)3, p. 138. Voyez les précédents et les
suivants»
Ozoc^ dans PloeH)zoCy 1298, p. 215 ; Plo-ozoe, 1202, pp. 47, 48;
1206, pp. 59, 60; 1212, p. 69; 1219, p. 73; i2j8, p. i$i ; 1261,
p. 163 ; 1263, p. 167; 1266, pp. 173, 175; 1268, pp. 181, 182;
1269, p. 185; 1270, pp. 185, 186; 1271, pp. 187,189,192; 1273,
p. 197; 1274, p. 199; 1284, p. 207; 1298, p. 21 j; 1301, p. 217.
Voyez Hozoe, les précédents et les suivants, et EzoCy Eue,
[0]zoCy dans Plozoe, 1260, p. 158; 1292, p. 211 ; 1298, p. 21$.
Voyez les précédents et le suivant.
Ozoue, dans Plo-ozouc^ 1263, p. 167. Voyez les précédents.
Paublat (Le), surnom de Gegou, 1252, p. 135 ; surnom de Merianus,
1271, p. 190.
Pautoate, nom de femme, 1244, p. 116.
Peblidu (sanetus) , 1 24 5 , p . 121.
Peliou^ dxns Peliou^bras, 1231, p. 90.
Peliou-bras, 1231, p. 90.
Pelvet, dans En-Pelvet, 1287, p. 209.
P^m, pour Pe/i, dans Pf/R-/7o/^ 1257, p. 146; 1266, p. 172; 1279,
p. 204.
Pem-poly nom de lieu, 1257, p. 146; 1266^ p. 172; 1279, p. 204.
Voyez Pen-pol, Pen^poul.
Pen « tète, extrémité », dans Pen-pol, 1 184-1 189, p. 8; 1 202, p. 48;
1233, p. 96; 1244, p. 115; 1256, p. i4j; I2J7, p. 147; 1261,
p. 161; 1271 pp. 187, 188; 1292, p. 21 1 ; 1295, p. 212, dans Pen-
poil, 130J, p. 218; dans Pen-poul, 1263, p. i6j ; 1267, p. 179; 1271,
pp. 188, 191, 193, Pen est écrit Pf m- dans Pem-pol, 12 $7, p. 146;
Mots bretons dans les chartes de Beauport. 203 '
1266, p. 172; 1279, P- 204. On trouve encore Pe» comme premier
terme dans les composés Pf/t-ro5, 1235, p. loi ; 1237, p. 102; 1242,
p. 114; 1245, p. 121; 1248, p. 129; 1250, p. IJ2; i25î,p. 139-,
1260^ p. 156; Pen-tavrey 12 14, p. 70; Pen-thevria, 1228, p. 8{, écrit
Pen-tevria^ 1256, p. 143. Voyez Pem.
Pennoc (Le), samom deGuillou, 1237, p. 103; dérivé de p^n ; ce mot
subsiste encore aujourd'hui sous la forme pennek à la fois comme nom
de famille et comme adjectif signifiant « têtu » .
Pen-pol a bout du fossé »i nom de lieu, 11 84- 1189, p. 8; 1202^
p. 48; I2n> p. 96; i244> p. »ïS; «256, p. I4j; 1257, p. 147;
1261, p. 161 ; 1271, pp. 187, 188; 1292, p. 211 ; 129s, p. 212.
Voyez les suivants.
Pen-poUj nom de lieu, 1 30 j, p. 218. Voyez le précédent et le suivant.
Pen-poul, 1265, p. 165; 1267, p. 179; 1271, pp. 188, 191, 19J.
Voyez les précédents.
Pen-ros « bout du tertre »^ nom de lieu, 123$, p. ici ; 1237, p.
102; 1242, p. 114; 1245, p. 121; 1248, p. 129; 1250, p. i}2;
1253, p. 139; 1260, p. 156.
Pen^tavrey 1214, p. 70.
Pen-tevria, nom de lieu^ 12 $6, p. 143. Voyez le suivant.
Pen-thevria, 1228, p. 8j. Voyez le précédent.
Pias, nom d'homme^ 1202, p. 51 ; 1203, p. 59; surnom i'Eudo,
1266, p. 176.
Pietely nom d'homme, 1271, p. 192.
P/e a paroisse », dans PU-hanalec^ 1274, p. 199; Ple-bara, 1202,
p. 46; Ple-dran, 1307, p. 219; Ple-guian, i2jj, p. 142; Ple-lo^
1211, p. 68; Plelou, 1202 (vidimus de 1274 ou 1275), p. 48;
1206 (vidimus de 1225], p. 62; 121 1, p. 68; 1224, p. 80; 1229,
p. 87; 1233, pp. 94, 98; 1235, p. 100; 1238, p. 105; 1240,
p. 110; 1242, p. 112; 1247, pp. 124, 126; 1251, p. 134; I2JJ,
p. 143; 1256, p. 143; 1258, p. 149; 1259, P- 152; 1261, p. 163;
1264, P* 1^99 1269, pp. 182, 184; 1300, p. 217; Ple-miCy 1233,
p. 95; Ple-nevenitrey 1202, p. 51; Pie-nez^ 1244, p. 116; I2$6,
p.i45;Pfe-mz, 1237, p. 104; 1266, p. 174; 1269, p. i83;i27i,
p. 188; Ple-rin, 1254, p. 141; Ple^rivou^ 1235 (charte inédite) ; 1253,
p. 137; 1260, p. IJ7, 159; 1287, p. 207; Ple-stan, 1198, p. 12;
Pk-v^ra, 1184-1189^ p. 8; 1202, p. 48; 1261^ p. 163 ; 1264, p. 169.
Voyez Ploe, Ploi, Plo, Plou, Plu,
Ple-banaleCy nom de lieu, 1274, p. 199. Voyez Plo-banalec, Ploe-ba-
naluy Ploi-banazleCy Plou-banelec,
'204 ^' ^^^^i^-
Ple-bara, nom de lieu, 1 202, p. 46. Voyez Ple^vara, Plo-vara,
PU'dran^ ijoy, p. 219.
PU'guian^ nom de lieu, 1 255, p. 142. Voyez Plu-guian,
PU'lo^ nom de lieu, 121 1, p. 68. Voyez le suivant.
Ple-lou (ecclesia de, parrochia de), 1202 (vidimus de 1274 oa 127$!,
p. 48; 1206 (vidimus de 122$)| p. 62; 121 1, p. 68; 1224, p. 80;
1229, p. 87; i2}3,pp. 94, 95i98; I2J5, p. 100; i2j8, p. 105;
1240, p. 110; 1242, p. 112; 1247, pp. 124, 126; 1251, p. 134;
12551 P- «43; 1256, p. 14}; 1258, p. 149; 1259, p. IS2; 1261,
p. 16}; 1264, p. 169; 1269, pp. 182, 184; 1300, p. 217. Voyez le
précédent et Ploe-lou^ Ploi-loa.
Ple-mic, nom de lieu, 1233, p. 9$.
Plenalta [parrochia dé), 12 $4, p. 141.
Ple-nevenitre, nom de lieu, 1202, p. 31.
Ple-nety nom de lieu, 1244, p. 116; 1256, p. 14$. Voyez Ploe-^n,
Plo-nez et le suivant.
Ple-niz, nom de lieu, 1237, p. 104; 1266, p. 174; 1269, p. 183;
1271, p . 1 88. Voyez le précédent .
Ple-rin {parrochia rfe), 1254, p. 141 .
P/^-r/Vou, nom de lieu, 1235 (charte inédite) ; 1233, p. 137; 1260,
PP- '57» *59> '287, p. 207. Voyez Ploe-rivou, Ploi-rivou, Plo-rivou^
Plour-rivou, Plu-rivou.
Plesou^ nom de personne, 1241, p. m; nom de femme, 1245,
p. I 18.
Ple-stan, nom de lieu, 1 1 98, p. 1 2 .
Ple-vara, nom de lieu, 1 184-1 189, p. 8; 1202. p. 48; 1261, p. 163;
1264, p. 169. Voyez Ple-bara, Plo^vara.
Plo « paroisse » dans Plo-adgat, 1198, p. 12; 1240, p. 110; 1255,
p. 142; 1258, p. 151; PltMLgaî, 1207, p. 63; 1232, p. 93; 1237,
p. 104; 1241, p. III ; 1255, p. 143; 1258, p. 151 ; 1261, p. IJ9;
1264, p. 169; 1269, p. 184; Plo-aha, 1202, p. 46,48; 1206, p. 60;
1207, p. 64; 121 1, p. 68; 1230, p. 87; 1231, p. 90; 1232, p. 92;
1233, p. 96; 1235, p. 99; 1237, pp. ICI, 102; 1245, p. 118; 1253,
p. 140; 1255, p. 143; 1257, p. 147; 1261, p. 163; 1263, pp. 166,
167; 1264, pp. 168, 170; 1267, pp. 177, 178; i27i,p. i93;i287,
p. 209; 1288, pp. 210, 21 1 ; 1307, p. 219; Plo-aza, 1259, pp. 152,
IS3; 1263, p. 165; 1267, pp. 178, i79i 180; 1271, pp. 187, 191;
Plo-azha, 1264, p. \6i\ Plo-banalec, 1239, p. 109; 1240, p. 109;
1242, p. 113; 1250, p. 132; 1255, p. 142; PlO'banalech, 1252,
p. 134; Plo'bihan^ 1202, p. 57; Plo-^zec, 1220, p. 73; 1261, p. 162;
Mots bretons dans Us chartes de Beauport. 205
1271, pp. 188, 192, 195, 194; 1278, pp. 202, 20}; Plo-ezoc^ 1274,
p. 199; i278,p. 10^ y PlO'guencit^ii^Oy p. ii'yPlO'harnoc, I2}},p.95
PMedely 1294, p. 212; Plo^oCj I2J2, p. 91 ; 1235, p. 95; 1246
p. 125; I252,p. IJ5; Plo-hodely 1245, p. \ 20 'yPlo-hohc, 1241, p. m
PMouCj II 84- 1189, p. 8; 125 1, p. 134; Plo^hozoCy 1247, p. 127
i2ji,pp. 133, i}4; I25},p. 138; I2j4,p. 140; P/onez, 1240, p. 109
Plo-oCy 1206 [vidimus de 122J), p. 60; 1206, p. 61 ; 1227, p. 85
i23i,p. 91; 1231, p. 91; 1237, p. 103; 1238, pp. 106, 107; 1239
p. 109; 1241, p. III ; 1242^ p. 112; 1245, pp. 117, 119, 120, 121
1247, pp. 126, 127; I2S2, pp. 135, 136; 1265, p. 170; 1273
p. 197; 1280, pp. 204, 205; PlO'Och, 1247, p. 125; Plo^odec, 1252
pp. 135, 136; Plo-ohc, 1242, p. 112; 1244, p. 116; PlO'Orhan, 1260
p. 158; Plo-ozauc, 1208, p. 66; Plo-^zeCy 125 1, p. 133; 125 3,p. 139
1266, p. I73;i27i,pp. 188, 189; P/o-or£c/i, 1241, p. m; 1253
p. 138; Plo-ozoc, 1202, pp. 47, 48; 1206, pp. J9, 60; 12 12, p. 69
1219, p. 73; 1258, p. 151; 1261, p. 163; 1263, P- '67; 1266
pp. 172, 173, i7j; 1268, pp. 181, 182; 1269, p. 185; 1270
pp. 185, 186; 1271, pp. 187, 189, 192; 1273, p. 197; 1274, p. 199
1284, p. 207; 1298, p. 2ij; i3oi,p. 2 1 7 ; P/o-ozouc, 1263, p. 167
Plù-rivo, 1257, p. 146; Plo^rivou, 1220, pp. 74, 7$; 1254, p. 141
1263, p. i6s; 1266, p. 174; 1284, p. 206; 129J, p. 212; Plo-vara
121 1, p. 68; 1230, p. 87 note; Plo-zec, 1256, p. 145 ; 1257, p. 148
1263, p. 167; P/o-zoc, 1260, p. 158; 1292, p. 211; 1298, p. 215,
Voyez Ploe, Ploi, PlOy Ple^ Plou, Plu.
Pb-â^/^â/, nom de lieu, 1198, p. 12; 1240, p. iio; i25j,p. 142
1 258, p. 151. Voyez Ploe-adgatj Ploi-agat et le suivant.
Plo-agat, 1207, p. 63; 1232, p. 93; 1237, p. 104; 1241, p. III
I2$5, p. 143 ; 1258, p. 151 ; 1261, p. 159; 1264, p. 169; 1269
p. 1 84. Voyez le précédent.
Plo-aha {ecclesia de), 1202, pp. 46, 48; 1206, p. 60; 1207, p. 64
1211, p. 68; 1230, p. 87; 1231, p. 90; 1232, p. 92; 1233, p. 96
»235iP- 99; i237,p. ICI, 102; 1245, P- Ï18; 1253, p. 140; 125J
p. I43;i2j7, p. 147; 1261, p. 163; 1263, pp. 166, 167; 1264
pp. 168, 170; 1267, pp. 177, 178; 1271, p. 193; 1287, p. 209
1288, pp. 210,211; 1307, p. 219. Voyez les suivants.
, Plo-aza (parrochia de), 1259, pp. 152, 153; 1263, p. 165; 1267,
pp. 178, 179, 180; 1271, pp. 187, 191. Voyez Ptoe-<iza, le précédent
et le suivant.
Plo-^zha, 1264, p. 168. Voyez les précédents.
Plo-balanec {parrochia de\, 1268, p. 180. Voyez le suivant.
2o6 G. Donin.
PManalec {parrochiade), ^^19>P- 109; 1240^ p. 109; 1242, p. ii^;
1250, p. ip; 125$, p. 142. Voyez Pte-banalec, Phi-^nazleCf Phe-
banalec, Plou-banelec^ le précédent et le suivant.
Plo-banaUchj 1252, p. 1J4. Voyez le précédent.
PlO'bihan a petite paroisse »^ nom de lieu, 1202, p. ^7.
Ploe, dans Ploe^dgat, 1198, p. 12; Ploe-aza, 145), p. 220; Ploe-
banalec, 1257, p. 149; 1267, p. 179; 1271, p. 194; P/o«-gB/e/, 1253,
p. 140; Ploe-louy 1260, p. is8; 1271, p. 186; Ploe^net, 1266,
p. 171; PloC'-nez, 1257, p. 149; 1261, p. 161; Ploe-ozoc, 1298,
p. 2ij; Ploe-rivou, 1253, p. 138; I2j8, p. 149; 1271, p. 187;
13061 p. 219; Ploe-ryvoa, 1305, p. 218. Ploe que l'on trouve sous la
forme htine pleb-s et la forme bretonne Ploi dans le Cartulaire de Redon
est la transcription bretonne du latin ptèb-s. Voyez Ploi, PlOy PU^ P/ou,
Plu.
Phe-adgaty 1198, p. 12. Voyez Plo^gat, Ploi-agai.
Ploe-aza^ 1453, p. 220. Voyez PltHua^ Plo-aha.
Ploe-balanec (parrochia de)y 1267, p. 179 ; 1271, p. 194. Voyez le
suivant.
Ploe-banalec (parrochia de)^ 1257, p. 149. Voyez Ploi-banazlec, Plo-
banalec^ PManalec, Plou-banelec et les formes plus modernes avec meta-
thèse, Ploe-ialaneCy Plo-balanec.
Ploe-guiel, 1253, p. 140.
Ploe4ou (parrochia de) y 1260, p. 158;! 271, p. 186. Voyez Ptoi-toa.
Ple-lou.
Ploe-net (parrochia de) ^ 1266, p. 171.
Ploe^na (parrochia de), 1257, p. 149; 1261, p. 161. Voyez Ple-neZy
Plo-nez,
Ploe-ozoc (parrochia de], 1298, p. 215. Voyez Plo-ozauc, Plo^ozoCy
Plo^zoc^ Plo-odec, Plo-houc, Plo-ozec, Plo^zouCy Plo-ezoCy Plo-ezeCy
Ploi-zoCy PlO'Zoc, Plo-zec.
Ploe-rivou (parrochia de]y 1253, p. 138; 1258, p. 149; 1271,
p. 187; 1306^ p. 219. Voyez le suivant et Ploi-rivoUy Plo-riyoUy Pie-
rivouy Plou-rivoUy Plu-rivou.
Ploe-ryvou (paroesse de), 1 305, p. 218. Voyez le précédent.
Plo-ezeCyTiom de lieu, 1220, p. 73 ; 1261, p. 162 ; 1271, pp. 188,
192, 193, 194; 1278, pp. 202, 203. Voyez Ploe-ozoc, Plo^zoc, Plo-
ozec.
Plo-ezoc (parrochia de] y 1274, p. 199; 1278, p. 203. Voyez Ploe-
ozoc.
PlO'guenoit, 1230, p. 88.
Mots bretons dans Us chartes de Reauport. 207
Ph'harnoc « paroisse où il y a du fer », nom de lieu, 12}), p. 9$ .
PlO'hedel (eccltsia de), 1294, p. 212. Voyez Plo-hodel,
Plo-koc {parrockia de)j 1232^ p. 91; 1233, p. 95 ; 1246, p. 123;
1252, p. 135, Voyez Plo-hohCy Plo-oc, Plou-oCy Plou-ec,
PlO'hodel, 1245, p. 120. W ojtz Plo^edel,
Plo-hohc (parrochia de], 1241, p. m. Voyez Plo-hoc^ Plo-oc.
Plo-hozec Goilou, 1 184-1 189, p. 8; Plo-hozec, 1251, p. 134. Voyez
Plo-otec et Ploe-^zoc,
Plo-hozoc {parrochia de), 1247, p. 127; I25i,pp. 133, 134; 1253,
p. 138; 1254, p. 140. Voyez P/o-ozoc, Ploe-ozoc.
Ploi, dans Ploi-agat; 1207, p. 65 ; Ploi-banazlec, 1230, p. 88; Ploi-
banazlech, 1224, p. 80 ; Ploi-gaznou, 1257, p. 146 ; Ploi^-loUy 1202,
p. 46 ; Ploi-rivou, 1230, p. 88 ; Ploi-zec, 1260, p. 158. Ploi est une
variante de Ploe = plëb-s. Voyez Plo, Pie, Pion, Plu.
Ploi^gat {beati Pétri de), 1207, p. 65 . Voyez Ploé-adgai, Plo^dgaty
Plo-agat.
Ploi-banazlec ^ paroisse plantée de genêt », 1230, p. 88. Voyez
Ploe-banalec, Plo-banalec, Ple-banalec, Plou-banelec^ Ploe-balanec, Plo-
balanec et le suivant.
Ploi'banaztech, 1224, p. 80. Voyez le précédent.
Ploi'gaznou, 12)7, p. 146.
P/oi-fott (ecclesia de]j 1202, p. 46. Voyez Ploe-lou, PleAou.
Ploi-rivovL, 1230, p. 88. Voyez Ploe-rivou, Plo-rivou, Ple-rivou, Plou-
rivoa, Pla-rivou.
Ploi-zoc, 1260, p. 158. Voyez P/o«-oa>c, Plo^ezoc.
Plo-nez^ 1240, p. 109. Vojtz Ploe-nez, Pie-nez^
Plo~oc (ecclesiam Sancti Pétri de), 1206 (vidimus de 1225), p. 60; (fc-
desie de), 1206, p. 61 ; 1227, p. 85 ; 1231, p. 91 ; 1231, p. 91;
1237^ p. 103; 1238, pp. 106, 107; 1239, p. 109; 1241^ p. III;
1242, p. 112 ; 1245, pp. 117, 119, 120, 121 ; 1247, pp. 126, 127;
1252, pp. 135,136; 126J, p. 170; 1273, p. 197; 1280, pp. 204,
205. Voyez le suivant et P/o-Aoc, Plo-hohc, Plou^-oc, Plou-ec, variantes
de PlO'Ozoc,
Plo-och (ecclesie de), 1247, p. 125. Voyez le précédent.
Plo odec (parrochia de), 1252, pp. 135, 136. Voyez Plo-ouc, Ploe-
ozoc.
PloH>hc Goilou, nom de lieu, 1242, p. 112; 1244, p. 116. Voyez
Plo-oc. Comparez Plo^zoc.
PlO'Orhan, nom de lieu, 12Ô0, p. 158.
Plo^zauc (capellaniam Sancti Pétri de), 1208, p. 66. WojezPloe-ozoc,
2o8 G. Dottin.
Plo-ozec iparrochia de]^ 1251, p. ij?; 125 j, p. 139; 1266, p. 175;
1 271, pp. 188, 189. Voyez le suivant et Plo-odec^ Ploe-ozoc^ Plo-hmc.
Plo-ozech (parrochia de), 1 241 , p. m ; 1 25 j, p. i j8. Voyez le pré-
cédent.
Plo^zoc {parrochia de), 1202, pp. 47, 48 ; 1206, pp. 59, 60; 12 12,
p. 69; I2i9,p. 73; 1258, p. 151; 1261, p. 16}; 126}, 167; 1266,
pp. 172, 175, 175 ; «268, pp. 181, 182 ; 1269, P- 185 ; 1270, pp.
i8j, 186; 1271, pp. 187, 189, 192; 1273, p. 197; «274, p. 199;
1284, p. 207; 1298, p. 215; no I, p. 217. Voyez P/oe-ozoc et le
suivant.
Plo-ozouc {parrochia de), 126}, p. 167. Voyez le précédertt.
Plo-rivo (nemus de], 1257, p. 146. Voyez le suivant.
Plo-riyoUy nom de lieu, 1220, pp. 74, 75 ; 1254, p. 141 ; 126},
p. 165 ; 1266, p, 174; 1184, p. 206; 129J, p. 212. Voyez Ploe-rivou,
Ploi-rivou, Ple-riPou, Plu-rivou, Ploa-rivou.
Plou, dans Plou-agat, 1202, p. 46; Plou-banelec, 1232, p. 93; Ploa-
ec, 1202, p. 45; Plou-ezec, 1202, p. ^y, Plou-fragan, 1230, p. 87
note ; P/ou-oc, 1202, p. jo; Plou-rivou, I2j3,p. 140. Wojtz Ploe, Ploi,
Plo, Pie, Plu.
PloU'Agat (ecclesia de), 1202, p. 46. Voyez Ploe^dgat, Ploi-^gat, Plo-
adgaty Plo^gat.
Plou'banelec (parrochia de), 1232, p. 93. Voyez Ploi-banazkc, Plot-
banalec, Plo-banalec, Ple-banalec.
Plou-ec, nom de lieu, 1202, p. 45. Voyez Plou-oc,
Plou-ezec [parrochiede), 1262, p. 45. Voyez Ploe-ozoc.
Ploa-fragan, i2?o, p. 87 note.
Plou-oc Goilou, 1202, p. 50. Voyez Plo^c, Plou-^c.
Plou-rivou [parrochia rf«), 1253, p. 140. Voyez Ploe-rivou, Ploi-rivou,
Plo-rivou, Ple-rivou, Plu-rivou.
PlO'Vara (ecclesia <ie), 1 21 1 , p. 68 ; 1 230, p. 87 note. Voyez Ple-vara,
Ple-bara.
PlO'Zec (parrochia de] , I2j6, p. 145; 1257, p. 148; 1263, p. 167.
Voyez Plo-ozec et le suivant.
P/o-zoc, nom de lieu, 1260; p. 158; 1292, p. 21 1 ; 1295, p. 215.
Voyez PlO'Ozoc et le précédent.
Plu, dans Plu-guian, 1224, p. 81; 1225, p. 83; Plu-rivou, 1235,
pp. 100, ici; 1238, p. 107; 1242, p. 114; 1244, p. 115; 1247,
p. 127; 12J0, p. 132. Voyez Ploe, Ploi, Pie, Plo,Plou.
Plu'guian, nom de lieu, 1224, p 81 ; 1225, p. 83. Voyez Ple-guian.
Plu-rivou (parrochia de), 123$, pp. loo, 101; 1238, p. 107; 1242^
Mots bretons dans les chartes de Beaaport. 209
p. 114; 1244, p. 115; 1247, p. 127; 1 2 jo, p. 152. Voyez P/oe-r/vou,
Ploi-rivou, Ph-rivoUy Ple-rivou, Plou-rivou.
Po/, dans Po/-W«z, 1242, p. 1 14; P«m-po/, 1257, p. 146; 1266,
p. 172; 1279, p. 204; Pen-pol^ 1184-1189, p. 8; 1202, p. 48; 12^3,
p. 96; I24Î, p. 115; I2J6, p. i4j; I2J7, p. 147; 1261, p. 161;
1271, pp. 187-188; 1292, p. 211; 1295, p. 212. Le sens de ce mot
est « trou, mare ». Voyez Poil y Poul.
Pol'bleiz « trou de loup », 1242, p. 1 14.
Pol'CaseCy nom de lieu, 1 260, p. 1 57 ; « fosse, étang de la jument ».
Poil, dans Pen-poll^ i jcj, p. 218. Voyez PoL
Polos [le] y nom d'homme, 1284, p. 206.
Pomorit, nom de lieu, variante de Pomoroity 1273, p. 198.
Pomoroity nom de lieu, 1273, p. 198. Voyez le précédent.
Ponty dans Pont-orram, 1 247, p. 1 28,
Pont'Orram (abbacia de), 1247, p. 128.
Potttoa [Alanas i^), 127 1, p. 189.
Por[t] dans Por[t]dic. Voyez Port.
Pordic (ecclesia de), 1202, pp. 46,48; i2ii>p. 68; 1229, p. 87;
i2?o, p. 88; 1243, p. 114; 1247, p. 128; 1253, p. 137; 1255,
p. 142; 1259, p. 152; 1261, p. 163; 1273, p. 198; 1284, p. 206;
1295, p. 21 3. Ce mot doit venir de Port-Dic. Voyez le suivant et Port-
Die,
Pordich {parrochia de), 1 2 5 5 , p . 142.
G. DOTTIN.
[La fin au prochain Numéro. )
Rev. Celt. VIL 14
TWO IRISH 15TH CENT. VERSIONS
OF
SIR JOHN MANDEVILLE'STRAVELS
M. StokeSy introduction to Tog. Troi. p. viii has noted that iaistems in the
pL were declined as if consonantal and had a N. ace. pi. -eda. Btfort the
end ofthe i ^th cent, thèse nouns had a doublel^. pi. -edha, -idhi. For tk
lattercf. N. pi. 0/ conson.- stem, milidi T. Tr. 227, 618, 854. Inîhe
modem langaage the latter form alone is used for N. ace. pi to the exclusion
of the former. Between the middie of the i ithand \ ^th cent, some words hâvt
changed their gender and new plurals in -na make their appearance.
A-STEM. creitem F. is now M. with a double gen. sg. N. sg. conidé
credim Eg. cidh é creidim [-dem] R. Eg. (j). G. sg. docum creidim
[creidme] (2) — fundamint an creidim R. dochum creidmhe R. Eg.
Drong M. (Wind. Worterb.] is now F. G. sg. do reir droingî R. Eg.
dat. sg. ic droi/zg R. Eg. so in the Bible- chum na druinge. Gai. 4. 5.
lA-STEM. N. sg. tigerna R. Eg. G. tigema R. (2) Eg. (2) tigemad R-
(1]. N. pi. tig^rnâdha R. (2) Eg. (^),natigfrnuidhi, tig^rnuidhidh [tiger-
nedha tig^rnadha]. G. pi. tigernadh R. Eg. na tigerna [tigemadh], tiger-
Jiedh Eg.
D. pi. tigern^daib R. Eg. (2) tigernuib R.
N. sg. tairnge, tarrnge R. Eg. (5) N. pi. tarrngerfAa R, (1) Eg. (2).
ace. pi. na cethre tairrngi [-ge], tairngedha Eg. dat. pi. tarrngft/Aaib
R. Eg.
N. sg. du. Bogha R. Eg. N. pi. tri bogha R. Eg. boghada [bodha].
D. pi. boghadhaib [bodhaibh].
N. pi. barda (1) [bardadha] (2) guards^ wardens.
I . Voir le commencement de cet article au même volume, pp. 66 et suivantes.
Versions of Sir John Mandmlle's Travels, 21 i
Gen. pi. seomradha Eg. D. pi. séomradhuib [semraibh, seomitidaib']
N. sg. lampa, N. pi. lampaidhe R. Eg.
N. sg. Festa [festadh] (4] G. sg. fésta [féstaidh], ace. pi. fésta [fés^-
taidh, féstadh] dat. pi. fést^daib R.
N. sg. seilche a snail » Eg. N. pi. stWchedht [-^d/ia].
N. sg. oighre [heir) dat. pi. oighredh aibh [oigribh]. N. sg. Rideri[-e].
N. pi. rideri [rider edhai], N. pi. Fuirmidhi [foirmfrfAaJ aframeofhis
bed ».
i-STEM — muir N. is now F. is i in mhuir. 59.3. Eg. 1 55.4.
N. sg. Fâidh— G. pi. fâidhed R. Eg. [— edh.] Eg. D. pi. fâidhib R.
Eg. [faAdhedhibh] N. sg. tfr. — N. ace. pi. tirtha R. (4) Eg. (6). G.
pi. na tirthadh R. Eg. D. pi. tirthaib R. Eg. (6).
N. sg. cuid R. Eg. G. sg. coda (2) cotta [codâch] Eg. (3). cudsiis gi-
yen in Moltoy's gr.p. ^oas the Conn.form^ but the Highland word is codach .
coNSON-STEMS — G. Sg. tcngadh (2) [tengtha] (i). dat. lengaîdh
[tengthâ] fan a tenga. Eg. ace. sg. P labraid tengtha [tenga] na tiri. —
G. pi. do reir a tengtha R. Eg. N. pi. tengtha R. Eg. D. pi. tengthuib
R. Eg.
G. sg. tened [2) [tine^/i, teiniudh]. ace. sg. tene R. (2) Eg. (i) [tei-
nidh] [1} ace. pi. tinnti Eg.
N. sg. Tr6igh R. Eg. dat. fân troigh [troighidh] N. pi. .u. troighthi
(2) Eg* (i) [troighte]. G. pi. troighthi [troighthedh]. D. pi. troigibh Eg.
ace. pi.; troighti R. Eg.
N. pi. abadha « abboîs » Eg. N. pi. earaid [eairde]/n>/z^5.
u-STEM passing into guti. stem. — N. sg. du, einedh R. Eg. (3) D.
sg. aran einedh R. Eg. dia cintdaigh [eined], for ineiniudh. Eg. N. pi.
na.uii cinedhaigh [einedhaigh], na.uîi. cinedha [eineadhaigh], uîf. cmedh
[mtdaigh]y cine^^aigh, R. Eg. G. pi. na cine^^dech R. Eg. D. pi. ci-
nedhuib R. (2) [einedaehaibh] Eg. (2). In Connaught the pi. is now ein-
nidhe. Moll. gr. p. 34. High. Gael. einnean. L. Br. 149a has N. pi ci-
nedu do chinedaib- B/'U^, N. pi. cinidheacha G. pi. cinidheach, cinea-
dhach,acc. pi. cineadhacha. N. sg. obair. ace. pi. oibrech<2 [oibrighthij
~ N. sg. tobar. D. pi. toibrechci/fc/i [tobraibh].
N. sg. Ri R. [righ], N. pi. na tri rig [righdha], ufirigti[riga], righthi,
Eg. G. pi. righthi (2) righthidh (i)rig (i) [righ] Eg. (2).
N. sg. Teg [teeh], dat. tigh R. Eg. tech R. ace. tegh R. Eg. N. pi.
lighi R. (2) Eg. (1) [tighe, tighlhi], Dat. tighibh (2), ace. pi. tighi, tî-
ghithi, Eg.
The following are miscellaneous différences — Gen. sg. Dia [Dé] (2)
hûaman [huama], an[na] tdlman, talaimh R., antsrotha[na srothann],
212 John Abercromby.
bainne lira [capaill] {2] for iàrach a mare^ perhaps a slip of the pen.
— Dat. sg. don dée [dia] god^ as an uaim [uamaidh]. do mhar-
mair [marmaire] (4], N. pi. anmanna, ceimenna, R. Eg. ûamhanna R.
Gen. pi. na n-uasal aitrech [-cha], timchill na cathrach [-chaj, na n-uile
chumsicht [-achtaigh].
The new plurals are nearly confinedto Eg. — dligedha [dlightena], gotha
[gothanna], dathannaib R. Eg. creasanna Eg. muin/iuracha Eg. *der-
nanna Eg.
The conjugatlon of the verb lias abready reacheda very modem stage. Tht
2 sg. pr. fut., pr. sbj. now ends in -ir. Eg. an fuil/r at chodWA P R. Eg.
2 sg. fut. dogebâir R. Eg. 2 sg. pr. sbj. muna f^^air R. Eg., etc. Fur-
ther examples lower down. Thisform is found in L. Br. )ib tecair {comest
thou) 3 Ir. Hom. p. 106. and must hâve sprung upin the 14/6 cent. Prof.
Wind, /r. gr, p, 92 attributes this transition to the influence of the déponent
verb. Certainly its forms were assumed by the T-perf. but that took place bc-
fore the historic période when déponent verbs flourished. But now they were
almost extinct, fixer [he knows] is the sole survival in R. Eg. There is also
the différence of vowel -ir for -er, -ther to account for. I think it is pos-
sible "T was attached to the 2 pr. ind. -i in the same way as -t to i sg. fut.,
I pL pr, , fut. , and to the verbal noun of many modem forms ending once in
-in, as faicsint, tuicsint, and as -nn to 3 sg hab. près, ail within the his-
toric period of the language. It is note worthy thèse suffixes did not affectthe
meaning of the forms they were attached to, as thèse very forms had been
current for an indefinite period before hand and underwent no change in
that respect. If thèse suffixes may now be considered signs of the persons in
the tenses they belong to, it is from usage and prescription, not from any
thing inhérent in themselves. As the verbs « berim, cuirim » with their corn-
pounds are among the most indispensible for intercourse^ the most fréquent on
the lips and so constantly employed in the 2 sg. imperat. the ear was quite ac-
customed to connect a slender r with the idea of the 2 sg. When once the fee-
ling became prévalent that tu -i of the 2 sg. pr. shouldbe reinforced or the
syllable closed, as had formerly taken place with respect to i sg. fut. i pi
pr. fut. a Sound that would instinctively suggest itselfwould be a slender r.
The 2 sg. fut. pr. sbj. followed in the wake,
; SG. PR. I. abeir^ adeir^ benaidh, beraidh, dobir, dogeib, mairid
[mairigh]. II. lasaidh, sechnaidh. III. baidhidh, cuiridh, déin R. (2) [de-
nann], doci, donî, etc.
3 SG. HAB. I. berenn. II. crinann, labrann. III. caithenn R. Eg. [-innj
R. Eg. cuirenn [-inn], tuitinn Eg. dénann, fuilighen/s [fuiiïgheann] roi-
ihenn [roic/ieann], etc., occurs in 21 verbs.
Versions of Sir John Mandeville*s Travels. 213
3 SG. REL. beres [herius]^ imthights [-fus], caithes [-thiw], tuHcs
[îa/îfs], roinnes [roinnitw], traighes [traîghiui], imarcuires [imurcurius],
eirghiluEg. ithiu^ and ithis Eg. in ûair gluaisis R. Eg. innisis [innisiui],
soills/^ftis[-ui|.
3 PL. PR. -id, always in Eg. but afew olderforms are alternately given
in R. I. aderat R. [3] -aid R. -id Eg. Dogebatt R. (3) f-Wd] Eg.
fâgbadaid R. Tabratt R. fi] -aid R. (i) Eg. (2). II. ail in -aitt -aid R.
III. Doniat, doniad R. (7) dognitt R. (2), donitt R. (4) -id Eg. [always]
ni dénat R. (2) otherwise dénaitt -aid [denaid] Eg. [always), diultaitt,
folchuid, the rest ail in -itt -it R. -id R. Eg.
Prêt, redup. i sg. Dochûala R. (2) Eg. (i) [-alusa], ranacc-sa R.
Eg. tinacc R. ni fhaca R. (i) Eg. (2] ni fhacui Eg. (2). Doconnarc -sa
R. [do connac], do connairc-sa R. Eg.
S. PRET. I sg. do fhjarfaidhesa R. (2) [-iu^aj, do fhiarfuighis-sa R.
iT. nir crochus R. dolabras R. Eg. do chûartaigesa [-Xusai] dochûa-
dma R. fiiarui R. tucu5 Eg. benu5 Eg.
2 SG. do ibhis, tanccais^ facais. R.
3 SG. T perf. adubflirt, atb^rt. now lost in fâr érigh [when he rose) R.
do fhiarfaidh, do adnaic, do aircc ifrin/i — « he despoiled hell », This
tense and person , found in at least 83 différent rerbs agrées with modem
forn^Sy ihat only thefollowing need be noted. dochoid R. 16] dochûaidh R.
14^ Eg. (always), Dérna R. (2) Eg. (3I dernaidh R. dernaid Eg. Dorinne
R. Eg. dorindi R. doroine R. Eg. tesda R. tarla R.
1 pi. -mar, in 6 or y instances, but do giuaisimair-ne Eg.
2 pi. -bar, R. Eg. -bhair Eg. co cualabhair-si Eg. tinnlaiceabairEg.
'hBÎr is found m B. L. 333a, rogabsabair, dodechabair.
3 pi. -adar-edar R. Eg.-idar Eg.dernatarR. dochûad^r Eg. d'airge^^r
[airgîd^r, d'airgedar], ar sàthnedar [aithnidar] dogabadtir [do gab siad],
doguided^r [guididar] , do cruindîgh^^ar [crui'nnighdar , cruinnîdar] .
brisidar Eg. do scrisattzr R.^ gor scrisidar R. Found in 40 différent verbs.
Fut. redup. i sg. atbér R. It infects once, doberdhuitsi R. rachat -sa
R. Eg. Newform on this model. laiberatt R. indeosatt [innéosad-sa] .
2 sg. Redup. dogebuir [-bair] (3), fogebuir. B. iairfair.
3 sg. Redup, dobéra (4), dogéba, dogéna (2), ni léroha [leama], do
Fdchaidh Eg. co fhuidhbe [fuighe] R. Eg. (2). B. fut. ticfaidh (3) tiuc-
faidh (2) S. fut. nôcoti R. Eg. [2). New form dochtngeolaidh, rigeo-
chaidh R. éreocha [eireôcha] R. Eg. (4). This last used to possess an
S. fut, indeosaidh R .
3 sg. rel. Redup. rachu^, B. thicfu^, tiucfus, thuillfes. 'New, choid-
éoltts (shall sleep].
214 John Abercromby.
2 pi. uair dogéntaig/i/ [do dhe/itai], tràth dogentaidbisi [dodentai si],
congébthaighi [co/igebtai], anfuidhi [anfaidhtaf], da cuirfuidhi [cuirfidb
sibb], con impôdha sibsi R. comuillfii/ze [comaillfidhe] .
^ pi. Redup. congébuitt R. tiubraid R. dogebatt [-bîd], dogenaid,
Eg. B. sennfitt R. cuirfid R. Eg.^ etc. New- indeosaid R.
CoNDiT. 3 sg. Redup, dogébadh, dorachadh. Newform. éiréhadh [eireo-
chadh R. do ïmeochadhR. do slainéoch^^/i R. B. cond. as in modem
language, except mnlohadh Eg . [would turn) .
1 pi. -mis R (3) -mais Eg. ()1.
3 pi. -dais, -dis. con impâdhbaidis R. inneosdais Eg.
Près. subj. 2 sg. da tucair-si, muna fédair, mona àechair R. bul
ma dochi tii R. Eg.
3 sg. muna derna R. Eg. muna dena Eg. cidbé dodéna R. Eg.
muna baca [hinder], da n-abra, nach fuidbe [faighe], no co fagha Eg.
muna ithe, da teithe Eg .
3 sg. hab. né co n-eirghenn an ri R. innu5 nâch roichtnn duine. Eg.
pi. nà go roichenn [roichid].
2 pi. do dentat si Eg.
^ pi. mi/ia beiritt [beirid], ce deraid, gé aderaid, in uair thigid, ima
faicett [facaid], da facaid Eg.
IMPF. SUBJ. I sg. co fuidhind R
3 sg. nach âignedh, condingenad [con dingnedh]^ da fhiarfuidhei/i da
cuiredh, da tucadh, n6 con-eirghedh, etc.
3 pi. dân demdafs, da faghdafs, con dignidis, mar do ghendais
R., etc.
Passive. The olderform ofthe I. conj. is till occasionally preserved, es-
pecially in R. Though a distinction y lost in the modem, language^ is stili
made between the sing. and pi, the l is often left undotted from the sign of
abbreviation being placed over it, and even without that,
3 sg. pr. ind. ab^rar[abartarj,ad^rar[admar], doberar [dobertluzr],
tiaghar, but also berthjr tegth^r, tîaghthar Eg. dognither (4), donit^r
(3)» etc.
3 pi. dobert^r, dogeibier, léicct^r, etc.
IMPERF. This tense is now the same as the modem ^ R. alone has a sur-
■
vival' dsi mberthea [dambmhai], indus co n-aibertai R. Eg. adertha^
Eg. dfan gorthi[dan gofrtai], dangairthi Eg. ni r^chtai Eg. gofaghtai
Eg. do cuirthi[cuirtha{], is minic do tr^scarthaidh Eg. no co mbennaighti
é 7 co crothtaighi uiAidiment. R. do marbhthai Eg.
PRET. Ofrare occurrence. Ends in -adh, -edh, -idh (1). do hadhnaicidh
[hadhla/ce^/z] Eg. (2) rucedh Eg. nach facuj R. from a adchess ». Still
Versions of Sir John Mandevilles Travels. i \ 5
used in Connaughty Molloy gr, p. 114, and in paris oftht Highlands wiîh
the négative^ as, cha n-fhacas i .
FUT. Redup gébtar, fogeb^r, New form. ni habéortar Eg. B. fut. cuir-
fidht^r [-fidhthear], rigfidhter Eg. (but rigeochaidh» R. in correspond,
passage) oilfidhter, etc.
CoND. cori'Bihénaidhe [co n-ab^rthi], co ceinneochaidhe [-chaigbi],
ina cuîrfidhthi Eg. cœinfidhe R. Eg. co léiccf idht, R.
Déponent. This class ofverb fias disappeared, excepî in 3 sg. pr. ind.
ni iider [fixer] duine ar doman . 65.2, 69. 3 .
3 pi. nac/i fid^r {beasts ihat know not) 61.4.
The verb « to be ».
3 sg. pr. emph. hab. hi, bîdh, bith. 3 pi. bid fréquent in R. Eg. Is
used with the négative and in combinat ion with the rel, or with a prep. in
the same way as « fuil », but differs front this by implying habit or state of
permanence, The modem form isused once in Eg. cathair ambi [anambinn]
sédoghnath. 69.4. Eg 145. 3. 3 sq. rel. bis R. Eg. icommon). . .
3 sg. (older form) fil is now always fuil and has the sameforms as the mo-
dem verb. 2 sg. fuil/r, 3 sg. fuil, ni fhuil, ina fhuil, co fuil, nach fuil,
mara fuil [marabhfuil], etc. i pi. co fuilmid R. Eg. 3 pi. fuilitt R.
fuilet R. (3J fuilid R. Eg.
Pr. 3 sg. atâ R. Eg. 3 sg. rel. oldas R. (1) ['naj. 6s R. (2). 2 pi.
atathai Eg. 3 pi. atâtt, ataitt R. ataid Eg. rel. oldatt. R. (2) ['naj.
IiiPERF. 3 sg. abs. ancein dobi 'na beathaigh. 53.3. incein do beth
se lentnain a chéile. 53.2. Eg. 129.3. Adub^trt sin nàr heth. 5^.3.
Marnach b^/A ac/ir sib^/ lai co leith. ^6.2. Eg. 132. innus comheth
an t-adnacui is tig. 58.1. an fedh do heth agiabhairt ris R. Eg.
As copuLA. comadh, damadh ; do bud trûagh R. Eg. do bud ingnad
le duine R. Eg. ni budh ludhaidhi iany smaller), Mar budh amadàn é.
R. mar budh finemaZ/i. R. Eg.
3 pi. abs. da mb^(idis [be^is], mar do betais H. innus combatifs slàn.
R. ama// do hedis Eg.
Prêt. 1 sg. emph. do bâdhu^ (1) do bâdhu^a R. Eg. (4), ni rabhusa
[fabhus] 3 sg. dobôi R. dobi R. Eg. mara roibi R. dia roibi R. a
roibi R. ina raibhe Eg. mara roibhe Eg.
1 pi. dobadhmar-ne, Eg.
3 pi. dobâdar, ina rabhadar, co rabhad^r R. Eg.
AS COPULA. 3 sg. do bu, do budh, do bod [ba] môr, do budh [ba mô
fa| mile m6, dob [ba] ferr, ar bo hé, do bo déighleis R. Eg. cor [gurop]
bcn, corab, nirb R. Eg. corb [giir] ferr.
2i6 John Abercromby,
Future, 2 sg. emph. Aduba/rt sisi, nî beirat len/iàn acam*sa nocom-
heir [combia tu] at rideri . 55. 3 . Eg. 131.2.
3 sg. abs, only found once 6ir biaidh bar Crist féin inarfharrad.
62. 1 .
3 sg. conj. ni bîa, combia (2) munabia (2), dambia (5) R. Eg.
} sg. rel. bfas Eg. [i).
3 pi. emph. adeniid combeci [combia an] cnsfaighi fa IdhakzM an
uair sin. 69. i . Eg. 144. 2 acht muna beit [béidj dœine galar no eslana
acu. 61 . 5. Perhaps this last is 3 pi subj. abs. Cf. act munabé [bhia]
duine acu. 57. i .
Condition AL. / hâve not been able always to distinguish this from tht
impf, subj, which was being gradually replaced by the former.
3 sg. conj. emph, andcop. Do heth duine re huidhi tri là 6 Priuis.
61 . 1 . adm'tt. . . muna labrjd [i,e, God) comheth balb 7 co fuit spiral
ann 7 muna \>eth nacA heth hetha. 61.4. is do thalmam caithid a cuid
docum cumad mnfhuaire doibhé 'na heth ar bordaib. )6.\. budh doigh
leo-san comheth sid acu fein . 53.3. Eg . 1 29.4 .
I pi. bid sin (i. e. the Pigmies) ag denum fanamâid futhu amai/do
be^Amaisne fa aihachâ/M .Eg. 141. 2.
3 pi. ni budh lughaitti do beitis [-ti's] ina maighdenuib é. .61.2. Eg.
1 37.2. mar do bàdjr eus aniugh fa dœire 7 fa es-an6irimperfiA 7 righ-
thidh, combeddis an muinter CfWna fa-d dœirsi-si. 67. 1 .
iMPERATiVE. 3 sg. bidh R. Eg. [fréquent'^ — na bi Eg. na [ni| bidh.
Près. subj. 3 sg. cidhbé R. Eg. (fréquent) — act muna bé [bhia]
duine acu. 57. i.
Cop. corab, cor, gor, gur. The pronoun is sometimes postfixed and might
be written separately. Masc. corabé an itWsiimh. 54.4. corabé an Dia sin.
61.2. Fem, gorabï an comairle is ferr. 54.3.
3 sg. rel. emph, bes R. (1). cidhbé ainn bes [bhisj aran imp<re68.i.
As COP. an dair bus [is] ail leis. 58. 1 . in cac/z inadh bus [i/ibudh] âil leo.
66. 1 . This for m is classed in O'Don, Gr.p. 160 as fut. Through it implies
futurity it is the continuation of the older 3 sg. abs. conjunctive pr. bas. 3
pi. act muna beit [béid] ? {fuoted above.
INFINITIVE. Do beith R. (2^ do beth Eg (il. Elsewhere never written in
fulL
Prépositions.
It is not easy to characterise thèse parts of speech from the fluctuations in
spelling in both Mss. Both use the dat. where an ace. was once necessary —
tre mirbuiAb/i R. Eg. tri [tre] grasaib — maille re grassaib. R. tar
Versions of Sir John Mandevillé's Travels. 2 1 7
[sech] mnaib — ima [uma] cennaib R . Eg. (6). Both occasionally use the
^ sg. M . for the uncombined form^ especially with fô, tri.
The f in a for » is only found twice in R. ar [for| (3), ara [fora] (2) air
[fairj (3), uirre [fuirre] (j) fuirri Eg. (1), orra [forra] (4)fortho Eg. (1).
Both use « ar » instead of « for » — ar neitn [in heaven)^ ar crannaib,
ar an leic, ar fairgci (2) ar muir^ ar bordaib R. Eg.^ etc.
On the other hand the f in « firî » is oftener retained in R. than in Eg.
fris [rfs] in — frim [rium] — friu [r/u] (6), friutt [riut) — maille rib
Ifribh].
Both drop the i of « iar-n » in participial constructions, though some-
limes retained in Eg. ar ndenam R. Eg. [41 iar n-denum Eg. ama faic-
sin R. Eg (2) ar [iar] faicsin — ar vtAïeth [iarna heth\. Otherwise it is re-
tained — iarna breith a mie. R. iarna [tareis a] hreith. But in this sensé
anothtr prep. as « tareis » is more commonly used in R . Eg.
0, ua — 3 sg. M. ûaidh (9) [uadha] 113) 4 Mas. A. D. 1476. 3 pL
uatha R. (2) Eg. (1] [uathaibh] (i).
Fô, fônR. [12] Eg. ()). fà, fànR. (5) Eg. (23I. 3 sg. M. f6î, fài
R. Eg. used apparently indiscriminaîely ^ as the stress lay o/ir/re « i » —
Irreg. use of this form — faî an [fan] tumba sin — fân [fai an] carpat.
le, icea R. (17). Eg. (1) ae, aea, ag, aga R. (6) Eg. (22).
The irreg, use of « trit » for « tri, tré » is commoner in Eg.
tri [trit] maehaire — ire jtrit] fhâsach — tri na [trit a] chéile tri [trit]
Cammayn. trit an |in] talm^in. 3 sg. F. trithe [trit a larj. trit tir R. Eg.
trit coillti^A Eg. trit broinn Eg. trit na fàidbibh R. Eg.
im, ima R. (14). Eg. (1). um, uma R. (1) Eg. (9). i sg. umamm
R. Eg. 3 pi. impu R. (i) umpa, umpu R. (i) Eg. (^].
Re-n, Rem. 3 sg. M. reime (>) [roime] (5^. 3 sg. F. reimpi R. (i).
roimpi, roimpe R. (1) Eg. (2, — Reim [roimj R. (2) Eg. [4). ria-n
(roîmj geinema/zi — ria n-a [roim a] réic.
Somelimes différent prep. are used.
eoiméd [ro] ger ae na [ona] Serrisiin^chuib — can chett on [don] t
Sabhdân — an aimser far [inar] culredh — eéd r6s tainiec ar [isin] do-
man — iar mbreith a m/c [an diaidh a mie do breith] — don [arin] tâob
tes. (4I — do ben min/ia da shiâir fa [ima] marhadh uile — an erann
anar [rer] croch Jûdàs é fein — inar [marar] hadhnaiee^/A a taisi — (21
tar fstfch] a ehele — tar [seeh| mnaib — do marbh [he tre (don] meisei
— fa cenn, imachenn are used in R. Eg. apparently without distinction.
Comparison.
In 3 instances R. préserves older forms ^- is ferr. . . oldâtt ['na] — is
2i8 John Abercromby.
mé ihiobus se na fisicci... oldàtt ['na] — nach mô cumacbtaanPapai...
oldas l'na] — In both ihe modem Munster nisa is used, though not inva-
riably — da céd hliadhna 7 ni'sa mé. Eg. Nîsa mô ina ['na] céd mile. R.
Eg. (2) — Ni is lugha [nisa lugha] 'na sin — ni is ferr ina ['na] — nis
airdi ^na in t-œr. R. The old 3 pL tel, found in — is soiriu indate idail.
Ml. ^4^ seems transmitted in « inaid » — Ni lamhaid Idhail anaid [inaid]
Cristaidhi tadhall indti. 58. ^ « But the Saracens will not suffer any
Christians or Jews to corne therein n — is imdha Io/7ga, nâch gile snec/ifa
i/iàid, isin c^thmr sin. 66. 2. « Another city. . . in which is a strong navy
of shipSy ail whiîe as snow » — 7 is mô anaid. u. mile a fhadd. 6^$.
[7 is mô 'na .u. mile oilén atâ annsan Innia] Eg. 1 39.2.
7 is ferr iatt inaid [nàid] no leomâin. 56.1. [and they) \i,e. the pam-
piones) are better than they are {i,e. than dogs), or than lions).
is sia R. (3) Eg. (1] [faide] Eg. (2). In MoU, gr, p, 55' nios fuide /5
given as tfie comp. of fada in Connaught^ while a sia » û treated as a posi-
tive^ but in Kerry it is still a comparative.
The comparative of equality is sometimes turned by a négative. An example
has been given above. Another one is — Atait cairidh annsa àilen-sa nach
mô dam 'na gach cœra dibh. Eg. 146.2. « Among those giants are sbeep
as great as oxen hère. » The comparative is also used to translate « before ».
ni is lûaithi na rucadh Josyas. 60.4 « Before Isaac was born » This may
be compared with — cor lab^/r... Isa Cm/ mar is luaithe co mgadh é.
Eg. I J7.2. « They also say that J. C. spake so soon as he was born. »
Nowfollows a list in which the 2 MSS, vary in vocabulary. Though tri-
fling enough in some instances^ forbidding one to lay too much stress upon the
différences when they occur but once, they ought I think to be registered, They
are arranged alphabet ically .
1 . Adhlacadh, as a subs. or in a verbal form is found 1 8 times in R. but
30 in Eg. Adhnacul, as a verbor subs. R. (23) Eg. (14]. In the 4M. the
latter is the usualform between 1400-1 500. The former only occurs 4 times
in that interval.
2. da aimdeoin [da ainndeoin] (r). The former is the only form in the
4 M, between A. D. 1400-1 500. The latter is ihe High. GœL form in Mac
Leod's and Mac Alp, Dict. — dia handeoin L. L. 579*».
5. Aire [* sbéis] (1). Eg. uses a modem word, not quite synonymous,
4. aird espuig [suibespufg/z] (i). The subject is the archbishops of the
greekchurch. //suib = sâib {false) it is the expression of feeling the Eg.
scribe enter tained towards the Eastern church. But cf. the forms suihscelidh^
syhiscelidh R. [EvangelisV.
5. ar R. ^4] [bhar] Eg. [61 R. (2). Perhaps misreadings on the partof
Versions of Sir John Mandeville's Travels. 1 1 9
àt R. scribe, but in the mod, language the bh in « bhur » [yoar) is no
longer heard
6. aoileach [2] [*bualtacb] (j) R. (i). The former is the mod. High,
gael. Word.
7. as-u/nla [a/i-umU] (i). Former is the mod. High, form; the latter oc-
curs in the 4 M. A. D. 1497.
8. œgjridhedh [buachaille] (1). The word œgaire [skepherd) seems to be
falling oui of use in the north.
9. do bhlid [do c/zrudh) (2]. The former is the mod. Connaught word :
ihe latter is used in Munster.
10. in a ccèimthec/i [do Ianamnu5] (i) . Same remark applies as with 8.
11. .un. coindléorud [coinnelbra] 6ir. Latter agrées with the caindeïbtà
ùfCorm. O'Dav. gl. the former with c^mdlàir. Wb. 24*», 31**.
12. coinger dhamh [cuig daimb] (1). Probably amisreadingby the Eg.
copyist as « coinger » is still current.
\]. documall (21 Eg. (i) [coimlinadh] (1) — 3 pi. coimlitt [4] [com-
linaii] [\] [coimlid] (3;. The mod. form is introducing itself in the north.
14. fa dœire (2) dœirsi (2) [fo dairsî] (4). Same remark applies as with
\].but the new form has also invaded the south,
15. 'sa doman [ar tûinn lalman] (1). Duillé (3) Eg. [2) [duilkbur] (i).
16. * Essgamhain [easganna] [eels],
17. na fochair [faris] — for numerous examples y. * Far.
18. *forgnem [tighthi]. Former found 5 or 6 timesin 4 M. between A.
D. 1400- 1500.
\^. * graihhél igravel) (6- [gainimj (5) [gabriel] (i). A word borrowed
from the english in the south and not y et current in the north, though it isnow.
20. impîri [imp/r]. Both the M. and F.forms y. Index Tog. Troi) are
usû in R. but only the former in Eg.
21. lerahlachta [lemnachta] (1). Former used by Cormac, the latter by
Keating. v. Wind. wôrterb.
22. lûdacàn [mer bec] (0. The old word still retained in the South.
23. *mainer [cinel] (i). Same remark as at 19.
24. ar môrgad [ar wbrenadh].
25. namâ [amain] (i). Same remark as for 22.
17. ina n-oi!ur [ina hethaidhià] coin {where they rear dogs).
27. preUidhi (4^ Eg. (n [plerâide] (3).
28. smiSainedh [smuaintiugW/z] (1). The latter seems new.
29. ni *soghai/ig [hurusa] read dh for gh. Not a common word and
liable to be misunderstood in the north.
30. StiaiQna [Sdefain]. Old form retained in the South.
220 John Abercromby.
31. *ugra[agra] (i). Bothfound mWb, as, tacrc Wb. 25'. N. pi.
tacrae Tr. 81. acre Wb . 9«.
32. do tbaisselbh [thaissben] (1} . The latter still current, so the forma
wasfalling ont of use^ except in the south,
3}. Tigemw [*tigerntiw] (2). Latter occurs Ann. L. Ce A. D, 1495
but not in 4 M. between A. W. 1400-1 500, Seems a new formation.
34. ina tesdasi [ina tursi] «. where she died ». Jursi cf tairisidh
ends, closes, finishes, tairisitn, îstop at, end. O'R. Dict. supp.
Such then is the material afforded by two contempory documents, co-
pied probably between 1477 and 1484^ for forming an idea of the con-
dition of the language in the north and south ofireland. Compared with
the conteroporaneous portions of the 4 Mast. The Ann. of L. Ce and the
B . of Fenagh the most striking points are the total absence of S, as a
sign of the prêt, except in the 1,2 sg. the absence of the verbal par-
ticle « ro » in R. its extrême rarity ($ or 6 times) in Eg. the absence of
«no » in Eg. with its single occurrence in R. In every page of the
above Works forms are met, like dernsat, tucsat, 4M. A. D. 1490, ro
eirighset, ro innsaighset Ann. of L. Ce A. D. 1497, ro boi, ro gabh.
B. Fen. p. 284 totsat p. 324. r\6 caithedh, 4 M 1472. down tothe
time of Keating, who wrote about 1 50 years later.
It is easy to suppose that Fingin 0*Mahony, devoting his time to the
study of Latin and English, had comparatively little leisure togive to his
own native literature. His style therefore would be more coUoquial, less
tinged with archaisms, less influenced by the traditional phraseology of
the professional ollamh .
It is ratherremarkable ho w the great characteristic différence between
the modem northem and southern dialect, the substitution of -idh by -ig
in the 3 sg . fut and prêt . as well as in other words with like termina-
tion, the substitution of -igh by -ig in G. sg. N. pi. of nouns in -^ch^ is
not apparent in R. though an undoubted southern copy of a Munster ori-
ginal. Yet there is reason to believe this pronunciation or something
nearit was heard in speaking, if seldom written. The exact modem
Munster sounds are found in Tog. Troi in the 3 sg. prêt, rachualaig
781, atchualaig 1016, 1027, cofaccaig 1026. It is improbable this sound
should develope out of a silent -dh. The intermediate sound would be
the slender sonant guttural -igh. An example of an aspirated guttural
reverting to its simple state is found in N. pi. sualchi, G. pi. sualcbe
Wb. 29' 2 2', now subhailce. To judge |from the ch in dofholchatar R.
dochennchadar R. homfolaigim, cennaigim, the -igh of the 3 sg. was a
sonant guttural; in the Highlands it is -ich. Though dh^ gh, are cons-
Versions of Sir John Mandeville^s Travels. 22 j
tantly misused in R. Ëg. this is of the rarest occurence in verb termi-
nations which shews a correct tradition was still strong in that parti-
cular, what ever the pronunciation might be.
IntheusefuI grammar of M^ J. Molloy (1878) will be found inte-
resting lists of différences between the nortbern and southem provinces.
But I roust confess that what is now characteristic of the north is to be
found in R. and what ought to distinguish the south iinds place in Eg.
though there are aiso instances ot correa correspondence. Yet it should
net be left out of mind that a Breifny scribe might copy, what he
would not Write at first hand, though it cannot be denied that by repro-
ducing a particuiar form he gives it a certain measure of approval and
sanction.
Abhlan. a wafer. ace. sg. mar dobert^r accain/ie an abhla/i [in abha-
lan/i] re hagaidh an bais. 55.1. Eg. 130.4. Occurs in the Bible. Ex.
16.31. Lev. 3.26, ace. pi. abhianna Lev. 7.12.
AS, the liver, gen . pi. ? in spongia inarcuirei/i in dombiâ; œ 7 i/i aig^/
docum in tigerna Eg. 129.3. « ^^^ sponge and the reedwith which the
Jews gave our Lord vinegar and gall. » M\ Stokes, Rev, celt., V. p. 248
notes « ôa jecur » as a very doubtful word. In a rather différent form it is
found several times as a pL noun in Bedel's Bible (Ed. 1685). gen. pi..
= sg. 6s cionn na nâe scairt na nàe. Ex. 29. 13.22. dat. pi. tre na
âeibh through hisUver Prov. 7.23. annsa hâeghibh Ez. 2 1 . 2 1 . i4n example
ofthe meaning of « caebb » in the gloss caebb. 00. (gl. sicut iacur) Sg.
6^. is found I think in — Mo cride ! is coep crô a haithle in inair truaig
on diu coti brath. L. Br. 141.1. a dot, lump, mass. So the words may
mean « a dot [or lump) of [i,e. like) 2 O's », from the divided condition of
the livet. The représentative of « jecur » is perhaps to be found in «.iuchair »
fish spawn. Serv. and Alb. ikra Miklos, For change of meaning cf, gœl.
grûan, the liver and W. grawn, berries, fisht roe.
ACFUiNOECH, adj. able^ expert, potent. Gœl. die. having tools, 0. R. N^
Sg. is saidbir acfùi/id^eh [acfâinach] ri in tiri sin. 65 . 1 . Eg. 140.2. cf.
accmaing. T. Troi index.
AGRA, V. * TAGRA.
AiTHÎMRâDH, mutinous language, G. Sg. nac/r eistfidis sin œn fhocai
gotha [na aithimraidh] aran imp/re co brath. 67.3. Eg. 143. i. « that
none of them shall hear any thing spoken contradictory to the emperor without
tellingitanon ».
-ANA. Dolabras do righdhecA/ Maghnais Cinus anûasana 63.3. Cf. Si-
sana below. Index T. Troi.
AN-MâiNEACH, adj. poor, barren. N. sg. As an roaineach gainmidhe in
2 22 John Abercromby.
tire (read t-ire ?) sin. Eg. r37.i. « Tariary is a batren country au
sandy d.
ANNALADH, S. « â date ». Gen. sg. doreir an ainnaAaidh dobi annsa
clàr féin. 54. 4. « the date when it was laid in the earth.., the plate is still
preserved ».
ANOSA, adv. now. Ant-sligA« [anosa] 6 Troposonda co cathair Artirôn.
62.4. Eg. I î8 4. a Whoever will go the direct way must proceed from Tre-
bizond,.. toa city called Artyroun ». Exurgît nunc ordo. gl. atraig innossa
in t -ord. L. Br. 277» =: indo[r]sa. Asc. Sg. cod. p. 147.
ASNACH, s. the ribsf N. sg. ata asnach daine 'san bail! sin a[inaj
fuilit da fichet troigh ar f^d [in gac/r easna dibh]. j6.2. Eg. 132.1.
a a rib of whose side » etc. gen. pi. bid boghadha acu dian esnach
[d'asnacA] maranc^^na. 69.2. Eg. 145-r . « 0/ their ribs men makebows ».
Perhaps a collective like ramach (a set of oars), seisreach (set of 6\
teinntach, toirnnech [flashes, peals of thunder and lighbning] ellach (catlle
cf. elta).
Âtaim / swelL 3 pi. prœt. Do gab idhroipis adhuthmhâran t- Irhâath
sin, cor atad^r 7 cor loghadar a boill uile. 58.4. An addition to the ori-
ginal, From Josephus or Eusebius Ecc. Hist. B. I. C. Vil.
AURESBADH, S. misslng, deficiency. Dat. sg. ni fuil ni 'sa doman m
auresbâ^/t acht ffn Eg. 140 2. «for of ail things there is plénty, except
wine ».
BACAiM, / hinder, prevent. cf. baclam gl. mancus. Sg. 23I*. j sg. pr.
sbj. is m^rsin dognither ris in fer 6 Xéid a bean, muna baca an be^n é.
64. 1. 3 pi. prœt. no go bacad^r daine glicca din é. Eg. 146. 4.
BADHUN, s. a walled enclosure. Ata léthe^ badbun ard daingen fairsing
ina timchell fa cuairt 7 gardha ro alainn ara taibh astigh don badhun.
Eg. 145 .4. « He had caused the mountain to be ail walled about with a
strong and fair wall, within which walls he had the fairest garden that might
be imagined ». O'Cl. has « bâbhun » to explain « sonnach » awall, en-
closure. O'Don. Supl. Literally « cow fort », M'. Hennessfs note Ann. L.
Ce A. D. 1494. Dat. sg. isin mbadhbdiln. 4 M. A. D. 1434.
BECC, s. a d river », a beck. Dat. pi. Eitil .1 . an abhann is mé do
beccaib [becaibh] ar talm^m 68.2. Eg. 143. 4. « The river Ethille,
which is one of the greatest river s in the world ».
BERRACH, s. « recd T^ cane. Fâssaigh berrach uirre 7 dogebtherfo
premhuib na b^rruidhe sin clocha buadha . 6 1 . 1 . « there are other reeds...
and hâve roots. . . at the knots of which roots precious stones arefoand >. Gen.
sg. ? do bith deoch maith eile acu doniter do preinaibh na berruighi dan
dentflr in siucra. 62.3. cf. beura (gl. sudes) Sg. 67*» berach no birdc
Versions of Sir John Mandeville^s Travels, 223
igl. venitus) Sg. 6o« 0. R. has biorraide, twig^ osier- biorrach-Iachan
common reed grass.
BiTER, 3 pi. pr. pass. of benimP biim? [v. index Sait, na R.). do-
geibter cuitt eie dib an a massée an uair hiier ac àeàlughadh an 6ir 7 an
miânaigh. 63.2. « they oftenfind hard diamonds in a mass which cornes
oui ofgoldy when they break the mass in small pièces to purify and nfine it
oui of the mine » cf. ciabetir (gl. pulsenlur) Ml. 54" 17.
BiTER 3 sg. pr. pass. of biu ? — Da n-abradh indeesincon-éreocha,
biur ^hethx\\er R.) co maith ris. Eg. 141. i. R. 5^4. « ïf the devil. . .
answer that heshalllive, they keephim well ». Thispass. use is foundin the
Bible — gan a fhios aige, gur chum a bhàis a bhithear. Prov. 7. 23.
« and knoweth not that it is for his life » . The pass, is used with « ta » in
the Highlands — thatar ag ràdh (it is said] — deanar do thoil airtalamh,
mar thatar a deanamh air neamh.
f BHOBHTiB ' read LohhXadhaîh ? — ata palais sciamâcA... 7 inad ama
dhen^im ar bhobhtib fa fuilitt peileir mbarmair. 54. 3. Eg. /i^s palas
sdamach... îna denaid giustail 7 bothadha arda acu ann. Eg. 130. 3.
ce ... the palace of the Emperor, very handsome and well built ; and
therein is a place for jousting... and made about with stages and hath
stepsabout... Under thèse stages are stables well vaulted... and ail the
piliars are of marble ». The word intended is variously written Lofta.
Ezec. 41. 16. Lobhta [pron. Iota). M^. Alp. Dia. Lota Gen. 6. 16 :
1 King 17, 19, Lochta (the munster pronunciation^ Moll. gr. p. 163). It
is borrowed from the Eng. and means a loft, gallery, stage, upper room,
story.
BUAiNE. s. goodness? d. buan^.l. maith O'Dav. p. 57. see ijuot. s.
*MiNE.
BUAiBALLy adj. belonging to a cow. ace. pi. mar bidd na cuirn/i buai-
baill aguinne. Eg. 145. i.
BUALTACH, S. <i COW dung '). N. Sg. bis œilech [buaitach] nambô mar
tene do dith co/inuid né mànad. 68. 2. Eg. 143. 4. ace. sg. le bualtacA
a mb<S, ama x\i\ïm\i%hadh re grein, deisigit gach uile biadh bis acu. 61 .
I. « they warm and boil their méat with horse dung and cow dung,,, dried
bythe sun j>.
BuiDHE, F. thankSy obsequiousness. gen. sg. ni fuil tuille buidhi acu
risin Sobdan. Eg. 133. 3. « they fear not the Sultan » cf. ni rothuillisem
buidi do neuch. Wb. 24^ gl. neque fuimus in sermone adulationis.
I . In the Ms. there is a Une over the T.
224 •'o^^ Abercromby.
CAiDR£BH. intercoursey acquaintance^ 0. R. Dat. sg. Do bod m6r a
thdaru^cbâil acui/id ria siu ranccamar hé 7 do budh mile ma arna caid-
rebh diiinn. 66. 4.
CAiTHFiD. — Sfd maille rib R. 59. 2. [caithfid maille fribh] Eg. 135.
; (Pax vobis] John XX. 21. The Eg. reading should probably be caithfidh
sid maille fribh (there must be peace among you] an early example of ihe
modem word caithfidh.
CENN-Là, s. Maundy Thursday — Cendla din (.1. coena lœ)... latbi
fhlediCrist 7 a aspolu uimme. Corm. v. ^MANNoàiL.
CÉD-MUINTER, S. » the commofi people ». Is iatt .c. muinnter téid isna
tâibernaib fat 7 ni turiW les heith ac 61 7 ic caithem fedh an Icèi. 61 . 4.
« For the commons, upon festival days, when they should go to church to
serve God^ go to taverns and are there in gluttony ail day and night. » This
meaning quite bears out Herr Zimmer's dérivation, Kelt. Stud. p. n^
that céd is the same as in cétbuid = 0. W. cant. Gr. xaxi. Michol
chaem a chétmuimer. Sal. na R. 6568.
cÎR-DUB, adj. « right black ». N. pi. is m6r in tir sin 7 dœinecîrduba
aitrebu5 indti. . 6). i.
- clasach, s. « a ditch #. Dat. sg. bith gâoth mot annsa chiasaigh
(clàis] sin dognàth. 56. 2. « there is always a great wind in that foss ».
CLEiRECH, s. « clerc » secretary. N. pi. Bià cethrar cleinc, fo an inadh
a caithinn an t-imp/ri a cuid, ac scfibadh cacA oen fhocuil da n-ab^ir se,
iter maith 7 tsaith. 66. ;. « under the Emperofs table sit 4 clerks, who
Write ail that the Emperor says, be it good or evil ».
John Abercromby.
[La suite au prochain numéro)
MÉLANGES.
LES GUERRIERS D'ULSTER EN MAL D'ENFANT
OU LA NEUVAINE DES ULATES.
M. Windisch a publié en 1884, dans les comptes rendus de la classe
de philosophie et d'histoire de l'Académie royale des sciences de Saxe,
deux rédactions de la curieuse légende irlandaise dont nous venons de
donner le titre. L'une est empruntée à un manuscrit du milieu du
XII* siècle : nous voulons parler du fameux livre de Leinster (p. 125 Vi.
L'autre est tirée d'un manuscrit du xv*^ siècle, celui qui porte le nu-
méro 5 280 du fonds Harléien au Musée Britannique [fol. 53 v», autrefois
42 v^). M. Windisch a joint une traduction à chacun des deux textes
irlandais. Nous n'avons à faire sur ce travail que deux légères critiques.
Pour les rendre plus claires, nous allons commencer par le récit de la
légende où nous combinerons les deux rédactions.
«Ily avait en Ulster un riche paysan qui s'appelait Crunniuc, les autres
disent Cronncu, c'est-à-dire « chien rond ».Il vivait dans un endroit dé-
sert et montagneux, et il avait beaucoup de fils. Sa femme, leur mère,
vint à mourir. Il resta longtemps sans se remarier. Un jour il était dans
sa grande maison tout seul, quand il vit entrer une femme, jeune, jolie,
dont les vêtements, la tenue et toute la personne respiraient la distinction.
Elle s'assit près du foyer, alluma le feu ; sans dire mot, elle prit un pé-
trin et un crible et commença les préparatifs du repas du soir. Quand
la fin du jour approcha, elle prit des pots et alla traire les vaches, sans
adresser la parole à personne. Lorsque les gens rentrèrent, elle fit un tour
à droite, suivant l'usage superstitieux des Irlandais, puis passa dans sa
cuisine, donna ses ordres aux enfants et aux serviteurs, sans avoir besoin
de demander à personne aucun renseignement. Après le repas, chacun
alla se coucher, elle resta sur pied la dernière, éteignit le feu, fit un tour
à droite pour la seconde fois, puis vint se coucher à côté du maître de
Rev. Cclt. VIL 15
2 26 Mélanges.
la maison. Elle resta longtemps avec lui. Elle gouvernait le ménage avec
une grande libéralité, donnant aux enfants et aux domestiques en abon-
dance la nourriture, les vêtements et tout ce dont ils pouvaient avoir
besoin, et cependant elle augmentait par son épargne la fortune de
Crunniuc. Elle devint grosse.
« Le moment de sa délivrance approchait quand eut lieu chez les Ulates
ou habitants d'Ulster une de ces grandes assemblées ou fêtes pério-
diques que les Irlandais appelaient Ôenach. Tous les Ulates y allaient,
hommes, femmes, garçons et filles, à ^exception de ceux qui avaient un
empêchement, comme la femme de Crunniuc. Crunniuc fit ses prépa-
ratifis pour y aller aussi. Il mit de beaux habits ; il avait fort bonne mine.
« Songe aux convenances, lui dit sa femme, et ne t'avise pas de direune
parole imprudente '. » — « C'est impossible », répondit-il. Il part. La
fête a lieu. Elle fut très brillante ; les costumes, les chevaux étaient fort
beaux. Il y eut les divertissements les plus variés : courses de chevaux,
courses d'hommes à pied, combats, jeux où on lançait des projeailes,
marches solennelles. Le dernier jour, un peu après midi, le char du roi,
attelé de deux chevaux, arriva sur le champ de course. Les autres chars
entrèrent en lutte avec lui. Les chevaux du roi remportèrent la victoire.
« Il n'y a rien de plus rapide que ces chevaux-ci », s'écrièrent les assis-
tants. — « Ma femme court plus vite, dit Crunniuc. » — • Arrêtez cet
homme », cria le roi irrité; « que sa femme vienne courir avec mes
chevaux. »
« Cet ordre est exécuté, et de la part du roi, des envoyés vont préve-
nir la femme de Crunniuc. Celle-ci leur souhaite la bienvenue et leur de-
mande quelle raison les amène. Ils le lui racontent. « Mon mari a eu
tort, répond-elle, et il a dit une parole déplacée. Mais moi, j'ai le droit
d'obtenir un délai avant de venir le délivrer, car je suis enceinte et je
sens déjà les douleurs. » — « Un délai ! Pourquoi i s'écrièrent les envoyés,
on le tuera si vous ne venez pas avec nous. » Elle vint donc à la fête. A
son arrivée, tout le monde accourut pour la voir. « Il n'est pas conve-
nable de me regarder ainsi, dit-elle. Pourquoi m'a-t-on amenée? » —
« Pour courir avec les deux chevaux du roi », répondirent toutes les
voix, « et on verra qui arrivera le premier au but. » — « J'ai droit à un
délai, répondit-elle, car je suis grosse, et déjà les douleurs ont com-
mencé. » — « Tirez Pépée, s'écria le roi, et coupez la tête de Crunniuc. »
— a Attendez-moi un peu de temps, demanda la femme, et laissez-moi
I. C'est la leçon du livre de Leinster; suivant la rédaction harlétenne, U femme dit à
ton mari que s*il parle d'eUe à la féie leur séparation s'ensuivra.
Mélanges, 227
accoucher. » — « Non certes », répliqua le roi. — La pauvre femme
s'adressa aux assistants. « Venez-moi en aide », leur demanda-t-elle.
« Il jfi'est personne parmi vous que n*ait porté le sein d'une mère. » On
ne lui répondit pas. « Honte à vous, continua-t-elle, qui avez si peu
d'égards pour moi. Qu'il en soit comme vous le voulez ; mais à cause du
mal que vous faites, vous en subirez un plus grand. » — « Comment
t'appelles-tu ? » lui dit le roi. — « Je m'appelle Mâcha, répondit-elle, je
suis fille d'Etrange > , fils d'Océan >. L'emplacement où vous donnez cette
fête prendra et gardera toujours mon nom et le nom de ce que je porte
dans mon sein. Faites partir les chevaux, d Aussitôt la course com-
mença. Quand le char du roi atteignit l'extrémité du champ de course.
Mâcha y était déjà arrivée. Elle accoucha devant la tète des che-
vaux, elle mit au monde deux jumeaux, un fils et une fille, et cet en-
droit s'est appelé depuis « les jumeaux de Mâcha », en irlandais Emain
Mâcha, Là fut longtemps la capitale de l'Ulster; et quoique cette ville
soit détruite depuis plus de quinze siècles, on en admire encore aujour-
d'hui les majestueux terrassements, — que le rédacteur de ces lignes a
eu le plaisir de visiter en 1 88 1 .
« Au moment de son accouchement. Mâcha poussa un grand cri. Tous
les hommes qui entendirent ce cri furent frappés d'une sorte d'ensorcel-
lement. Ils étaient condamnés à subir une fois dans leur vie les douleurs
de l'accouchement, pendant cinq jours et quatre nuits ou cinq nuits et
quatre jours. Ce fut la neuvaine des Ulates. Pendant cette neuvaine, ils
n'avaient pas plus de force qu'une femme en couches, et cette singulière
maladie se transmit de père en fils pendant neuf générations. A ce fléau
il 7 eut trois exceptions ; les petits garçons nés avant la malédiction de
Mâcha, les femmes et le héros Cûchulainn y échappèrent. Quand la reine
épique Medb envahit le royaumedesUlates,aujourd'huiruister, et com-
mença, pour s'emparer du taureau de Cuaiigne, une guerre qui est le
sujet de la principale des épopées irlandaises, la neuvaine des Ulates sé-
vissait sur tous les guerriers d Ulster; sauf le héros Cûchulainn qui fut
seul en état de tenir tète à l'ennemi. »
Dans le récit que je viens de faire, il y a deux points sur lesquels je
me suis avec intention éloigné delà traduction de M. VVindisch. J'ai
rendu par « ensorcellement » indell, qui, dans la traduction de M. Win-
disch, est représenté par l'allemand Zusiand a état, situation ». Indell,
qui a plusieurs sens, signifie entre autres choses a charme, incantation,
1. Satnrtd.
2. Imbath,
228 Mélanges.
ensorcellement » . C'est, suivant moi, la traduction appropriée ici, et
M. Windisch d> par contre, eu tort de l'employer quand il a publié^
dans le second volume de ses Irische Texte, le conte si curieux et da
reste si bien traduit de l'<i Exil des fils de Doel Dermait » '.
Un autre mot sur le sens duquel je m'écarte de M. Windisch est {ur-
baid^ que j'ai traduit d'abord par « droit à un délai », ensuite, plus briè-
vement, par a délai ». Turbaid est un terme de droit dont le sens propre
est « exception dilatoire », expression empruntée par la langue du droit
français à la langue du droit romain >. J'ai relevé sept exemples du mot
turbaid dans le texte du Senchus Môr K II y avait turbaid toutes les fois
qu'un obstacle insurmontable ou, plus exactement^ admis comme tel par
la coutume, mettait quelqu'un dans l'impossibilité de faire un aae dans
le délai ordinaire que la loi prescrivait. La formule générale de l'excep-
tion dilatoire irlandaise est ainsi donnée dans le texte du Senchus Môr :
« toute exception dilatoire avec nécessité selon Dieu et selon homme » :
Cach turbaid co n-detbire
iar n-dia ocus duine 4.
Une des causes les plus fréquentes de l'exception dilatoire parait avoir
été la maladie. Le mot galar « maladie » glose trois fois tutbaid dans le
Senchus Môri. L'effet de l'exception dilatoire était d'étendre à dix jours
la durée de chacun des trois délais de la saisie, délais qui,'^utrement,
n'auraient duré que un, trois ou cinq jours suivant les cas; en sorte que,
si l'exception dilatoire frappait les trois délais, le total de ces délais s'éle-
vait à trente jours au lieu de trois, neuf ou quinze^. Par un hasard sin-
gulier, un des passages les plus importants du Senchus Môr sur les règles
de l'exception dilatoire ne nous offre pas le mot turbiid ; c'est la glose
qui supplée à cette lacune. Ce passage consiste dans les premières lignes
de la section consacrée à l'étude des cas où Pobjet saisi doit rester peiv-
1. Mu^ïy-indell^ Irische Texte, t. Il, p. 178, l. 1)6-^7 est traduit, p. 196, par
« Scezauber » d'ap es C'Curry qui l'avait rendu par « &ea charm »
2. Il est question de Texception dilatoire dans les Insiitutes de Gaius, livre IV,
8 120, 122 et suivants, dans les Institutes de Justinien. livre IV, titre xiii, ^ 11 ; com-
parez Digeste, livre XLIV titre 1, loi 2, g 4; loi ): Dilatoria est exceptio quae dîffen
aaionem, disait Ulpien. Adedictam, livre LXXW (Digeste, livre XLIV. titre i, loi 2, §4).
5. Anctent laws oj Ireland: 1 , t. I, p. 262, I. 6; glose p. 282, l. 26. — 2 , t. I,
p. 262, 1. 1$; g!o:»ep. 282, I. 46. —.3% t. 1, p. 262, I. 21; glose p. 2S4, 1. 11. —
4% t. I, p. 266. I. 20; glose p 298, 1 12. — j", t. 1, p. 268, I. 8; glose p. 300,
1. 27. — 6', t II, p. 100, l. 17; glose p. 102, l. 2. — 7% t. 11, p. )io, l. 24 ; glose
p. 312, I. 3.
4. Attcient laws ofirelandy t. I, p. 268, I. 8-9.
5. T. I, p. 282, I. 26 ; p. 284, 1. ti ; t. Il, p. 102, 1. 2.
6. T. I, p. 198, 1. 22-25.
Mélanges, 229
dant dix jours entre les mains du défendeur'. Le bénéfice de ce délai de
faveur est accordé par exemple au malade alité > ; au débiteur qui a en
même temps un autre procès et qui, dans ce procès, est obligé de se
justifier par Tépreuve de l'eau bouillante ou du chaudron i ; au mari don^
la femme est en couches 4.
Le Senchus Môr contient du reste un texte plus explicite et où l'on
donne formellement une liste de cas où le défendeur peut opposer une
exception dilatoire, turbuids. Voici quelques exemples : sa maison est at-
taquée par des ennemis^; il est en quête d'un médecin pour quelqu'un
qui est en danger de mort 7, ou d'une sage-femme pour un accouchement ^.
Dans ces textes, il n'est pas dit en termes exprès que la femme en
couches eût droit à une exception dilatoire, mais cela va de soi ; il eût
été par trop fort d'accorder à celui qui lui cherchait une sage-femme une
faveur qu'on aurait refusée à celle qui allait accoucher. Toutefois le privi-
lège de la femme en couches n'est pas inscrit dans la loi ; ce silence
pourrait, dans une certaine mesure, expliquer la question par laquelle les
envoyés du roi répondent à la demande de délai que leur oppose Mâcha.
« Un délai! Pourquoi ? » répondent-ils, cid turbaid? Pourtant ce délai
le mari pouvait le réclamer en s'appuyant sur un texte formel : c'est le
texte qui accorde un délai de dix jours à l'homme dont la femme est en
couches : bb ben fri huaitne 9.
Mais à cette règle humaine et bienveillante le droit irlandais oppo-
sait une autre maxime qui est impitoyable : il n'y a pas de délai quand
il s'agit de la réparation due à l'honneur outragé : ni daim enech-
land anad ><>. Crunniuc avait insulté le roi en prétendant que sa femme
courrait mieux que les chevaux du roi. Il lui devait donc le montant in-
tégral du prix de l'honneur, c'est-à-dire de Venechland ou du lôgenech des
rois de provinces, ruire ; le montant de ce prix de l'honneur s'élevait
en monnaie de compte à vingt et une femmes esclaves " ; il était immé-
1. T. I, p. 192-207.
2. AthgabûU lobuir dia m-befri gaimniu, t. I, p. 192, 1. 12-1) ; p. 194, I. 2-3.
3. AthgabûU fir for a nascar fir cain^i. I, p. 194, l. 23. Cf. p. 198,1. 18-21.
4. AthgabûU fir bis ben fri huûithne^ t. I, p. 194, 1. 23, 24; p. 198,1 21-2$.
'5. T. I, p. 266, L 20, 23 ; p. 268, l. 1,5; gloses p. 298, 1. 12 et suivantes; p. 300,
1. 1, 16.
6. Tubûd sloig fo mendûd^x. I, p. 266, 1. 20, 21.
7. Coingi... lega do neoch bissfribûs, t. I, p. 206, 1. 22, 23.
8. Cuing e\ mna do mnai bis fri uaithnty t. I, p. 268, 1. 2.
9. T. I, p 194, I. 24; cf. p. 1^8, l. 21.
10. Le sens de ce brocard résulte d'une façon évidente du contexte qui l'accompagne,
1. 1. p. 228, l. M-19* La glose, 1. 28-30, constate déjà un changement de jurisprudence
en faveur du défendeur.
11. T. II, p. 224, 1. 7, 8. Il s'agit dans ce passage àtsstoit turchluide; mais à la
230 Mélanges.
diatement exigible, et Crunniuc, ne pouvant le payer, était à la merd
du roi. Celui-ci pouvait donc justifier sa cruauté en alléguant un drmt
formel ; mais l'équité protestait ; il était inique de refuser à Mâcha l'ex-
ception dilatoire dont elle réclamait le bénéfice par son éloquent et inu-
tile appel â la sympathie d'une foule chez qui la curiosité étouffait tout
sentiment de pitié, c II n'est personne parmi vous que le sein d'une mère
n'ait porté! » H. d'A. de J.
UNE LÉGENDE IRLANDAISE EN BRETAGNE.
O'Curry a raconté dans un de ses ouvrages comment Lug, personnage
mythologique irlandais, fut reçu par les Tuatha Dé Danann à Tara peu
avant la seconde bataille de Moytura. Quand il se présenta au portier,
celui-ci lui demanda s'il était maître dans quelque art ou dans quelque
métier. « Je suis charpentier d, répondit Lug. — a Nous n'avons que
faire de vous, répliqua le portier ; il y a ici un très bon charpentier. >
— « Je suis forgeron », reprit Lug. — a Inutile; nous en avons un ex*
cellent. » — « Je suis guerrier de profession . » — « Vous ne pouvez
nous servir à rien, puisque nous avons parmi nous Ogma ^ » — « Je
suis harpiste. » — « Nous n'avons pas besoin de vous ; le meilleur des
harpistes est dans notre camp. » — « Je suis poète. » — a Nous ne sau-
rions que faire de vous ; il y a chez nous un excellent poète. » — a Je suis
médecin. » — « Vous ne pourriez nous rendre aucun service, nous en
avons un très bon. » — « Je suis échanson. » — « C'est encore plus
inutile. Neuf femmes remplissent chez nous cette fonction, à la satisfaction
générale. » — a Je suis ouvrier en bronze. » — « Nous n'avons en au-
cune façon besoin de vous. Nous en possédons un parfait. » — « Eh
bien, répliqua Lug, allez trouver votre roi et demandez-lui s'il a chez lui
un homme capable de faire tous ces métiers ; s'il l'a, je m'en retourne. »
Il fiit immédiatement accueilli et créé chef de tous les gens de métier'.
Le triomphe du christianisme transforma en démon le dieu irlandais ;
c'est après cette métamorphose que nous le retrouvons dans un document
breton ; il y est parfaitement reconnaissable, quoiqu'il ait changé de
page 226, 1. 13^ nous apprenons que les seoit turchlaide sont identiques an prix de
rhonneur.
1. VOgmiosât Lucien.
2. O'Cunry, On the manners and customs of the ancient Irishy t. III, pp. 42-43. Ce
rèdt est emprunté au manuscrit Harleian 5280 du British Muséum.
Mélanges. 2]\
nom. Ce document est la Vie de saint Hervé ; la voici, telle que nous la
raconte Albert le Grand :
« Retournant de Comoûaille, il (Saint Hervé) passa par la cour
dVn Comte nommé Helenus qui le reçeut à grande ioye, et luy fit le
meilleur raccueil dont il se peut adviser: S. Hervé luy dit en l'oreille
Seigneur Comte^ ie vous suis venu voir pour vous délivrer vous et les
vostres d'vn très-grand danger auquel vous estes ; car Dieu m'a révélé
qu'en vostre maison il y a vn Diable en forme humaine qui vous sert
comme domestique : le Comte resta bien estonné de cela, mais n'en
fit point de semblant : on couvre les tables, la compaignie se sied :
S. Hervé demande à boire, le Diable len forme de page) luy en apporte :
le Sainct eslevant la main fait le signe de la Croix sur la couppe qui se
brize en pièces et gaste le vin. Le Comte bien estonné commande qu'on
redouble, le mesme advint à la seconde et troisiesme fois, lors S. Hervé
empoignant le compaignon, le conjure de déclarer qui il est oit et ce qu'il
cherchoit en cène maison : le suis ^fait-ilj vn Diable d'enfer qui excite
aux crapules et gourmandises et provocque aux noises, discords et que-
relles, et puis qu'à mon grand regret la vertu de Dieu me force par ce
sien serviteur à vous le déclarer, i'avois appresté ce breuvage tout ex-
prez, duquel si vous eussiez beu, vous vous fussiez tous entretuez avant
que sortir de ce lieu : cela dit le S. luy commanda de la part de Dieu de
quitter cette maison pour n'y plus retourner, ce qu'il fit, criant par l'air,
Hervé Hervé serviteur de Dieu pourquoy me menés tu vne si rude
guerre ? Le Comte Helenus se voyant délivré d'vn si cruel ennemi re-
mercia Dieu et S. Hervé, lequel prenant congé de luy se retira en son
monastère. »
c II descouvrit vne semblable fraude au monastère de S. Majan, car
Testant allé voir par le commandement de Dieu qu'vn Ange luy avoit ma-
nifesté, il eut révélation que parmi les domestiques de ce S. Abbé y avoit
vn Diable en forme humaine, ce qu'il manifesta à Sainct Majan, lequel
ayant fait venir tous ses domestiques, les présenta à S. Hervé les faisant
passer tous un à vn devant luy : le S. les interrogea tretous de leur
pays, leurs noms et leur vacation : le Diable craignant de se présenter
devant le S. regnarda tant qu'il peut, enfin il luy fallut paroistre : i 'ay
nom Hucan (dit-il) natif d'Hybernie, ie suis bon charpentier, masson et
serrurier, et bon pilote, et n'y a gueres de mestiers que ie ne puisse
exercer : et bien (dit te S.) puis que tu es si habile et vniversel en tout
mestier, imprime du doigt le signe de la croix en ce pavé et adore lesus
Christ crucifié. Le misérable s'en voulut fuyr et se cacher, mais S. Hervé
Tarresta et dist à S« Majan, et bien, voyez vous maintenant de quel ser
2)2 Mélanges,
viteur vous vous servez ? menons le à vostre voisin l'Abbé S. Geeduon
pour sçavoir de luy ce que nous en ferons^ ils l'y menèrent donc, où ayant
esté conjuré, et ayant confessé qu'il estoit dans ce monastère pour
tromper et séduire les moynes, on luy deffendit de la part de Dieu de
plus se trouver là, et fut précipité dans la mer ^ »
M. de la Villemarqué, si connu par ses travaux sur les dialectes, la
littérature et les légendes de la Bretagne, a trouvé dans un manuscrit de
la Bibliothèque Nationale et a bien voulu nouscommuniquer le texte latin
qui a servi de base à la seconde partie de ce récit. Le nom du démon
appelé Hucan dans la rédaction française, y est écrit d*une façon plus
exacte, Huccanus. Pour peu que l'on soit familiarisé avec les lois de la
phonétique bretonne, on reconnaît sans peine dans ce nom un diminutif
d'un nom commun breton, gallois et comique. En breton le porc mâle
s'appelle Aouc'/z; en gallois hwch veut dire « truie » ; dans le vocabulaire
comique du xiii' siècle, hoch traduit le latin porcus. Or ces formes s'ex-
pliquent par un plus ancien hucc qu'on trouve dans les lois galloises',
et hucc à son tour suppose un thème plus ancien, ^ucco- qui probablement
doit se reconnaître dans le premier des deux éléments de la locution ir-
landaise soc muice « museau de cochon » ). Ainsi le nom du démon
Huccan pour Succan veut dire « petit cochon ».
Ce démon ne porte pas le même nom que le dieu Lug. Mais il offre le
même indice caractéristique. Huccan dit : « il n'y a gueresde mestiersque
ie ne puisse exercer » et en effet il est par exemple « bon charpentier,
masson, serrurier et bon pilote > ; — vraisemblablement il est identique
au page du chapitre précédent^ et ce page est échanson. Or Lug savait
faire tous les métiers; il était entre autres choses forgeron, charpentier,
échanson. Nous croyons donc être en droit de reconnaître dans Huccan,
malgré la différence des noms, un personnage mythologique identique à
Lug. Quant à sa fin, elle est inspirée par le christianisme; comme les
cochons dont parle saint Mathieu dans son chapitre VIII, il est précipité
dans la mer 4. Voici le texte latin que nous a communiqué M. de la Vil-
lemarqué.
Adbeati cellam perrexit Maiani inter cujus domcsticos daemonerat hu-
1 . Albert le Grand, La vie, gestes^ mort et miracles des saints de la Bretagne Armoriqae^
première édition (1637), p. 149 Comparez l'édition donnée en 18)7 par M. de Kerdaoet
avec ce titre : Les ries des Saints de la Bretagne Armorique^ pp. )i8, 319.
2. Crammatica celtica, deuxième édition, p. 91.
3. Voyez Wnitley Stokesdans Beitraege de Kuhn, t. VIII, p. 34 1, n* 579; Windtsch,
Irische Texte, t. I, p. 785. La locution soc muice est donnée au mot soc dans le diction-
naire irlandais d'O'Brien, et dans celui de Mac Cuirtin au mot snout.
4. Saint Mathieu, c. VIII, verset 32. Cf. saint Luc, c. VIII, verset 33.
Mélanges, 2 ) ;
mana indutus specie quod sancto Maiano secreto indicavit. Sanctus vero
Maianus ante eum omnes familiares presentavit, cumque singulorum no-
mina genusque et unde essent sciscitanti respondissent, ipse posterior
sanaî viri speciem expavescens crepitando subjungit : « Ego Huccanus
nomine ex Hybernia hue veni, faber ferrarius, lignarius, atque cemen-
tarius^ nauta quoque peritus, et omnia opéra componere physice possum
manibus. » Cui vir Dei : « Fac igitur Crucem digito in terram, et flexis
genibus crucifixum diligenter adora. » Quem cum vir Dei haesitantem et
deliiescere voleniem deprehendisset, terribiliter per Trinitatis vocabula
conjuravit ut confiteretur quis esset et cur hue venisset. Qui respondit :
«c Ego quidem unus sum ex immundis spiritibus, ideo autem veni ut
monachos deciperem quaiibet fallaeia quibus superabundat haee patria ».
Tune S. Hoarveus dixit : « Eamus ergo, frater, Maiane, in sanctum
abbatem Grednonum, seductorem vinetum adducentes nobiscum, ut ipse
nobis definiat quid de isto oporteat fieri. » Cumque ad abbatem venis-
sent atque ei hostem humanum présentassent, inquit : a Euntes, in pro-
fundum maris precipitate eum, vêtantes eum facta comminacione chris-
ticolarum confinia deinde attingere. » 0 quam ingens tumultus tune resul-
tavit in pelagus cum projectus fuit daemon Huccanus, a quo rupes
Huccani nominatur. quae in sequore supereminet ibique diversis speeie-
bus persepe conspicitur '.
H. D'A. DE J.
DU FUTUR SECONDAIRE EN BRETON ARMORICAIN.
Dans un article paru dans les Mémoires de la Société de linguistique
de Paris (V, 2« fasc., 1883), nous montrions, p. 136 et suiv., que la
Grammatica Celtica avait confondu, en ce qui concerne les temps secon-
daires, deux temps différents : le présent secondaire et le futur secon-
daire. Les deux temps ont les mêmes terminaisons, mais le futur a, de
plus, régulièrement avant la terminaison, un h^ excepté après certaines
consonnes avec lesquelles il eût formé un groupe d'une prononciation
difficile'. Cet h a fait place aujourd'hui, dans tous les dialectes, excepté
1. Bibliothèque nationale. Blancs manteaux 38, aujourd'hui manuscrit français 22321,
fol. 8s 7 r^ v\ Ex lectionario ms. ecciesix Trecoriensis collato cura apographo P. du
Paz, cum altero ms. S. vincentii Cenomanensis et breviario Leonensi, lect. 8a.
2. Même absent, Vh fait la plupart du temps sentir sa présence dans des formes, par
exemple commt doucque, il porterait, prés, second, dougue; //np/Zc/ie, il emploierait; prés.
impUge, etc.
2 H Mélanges,
celui de Vannes, à un /. Le présent secondaire ne présente pas une
seule fois h et, naturellement, est encore aujourd'hui ce qu'il était en
moyen breton. Les exemples que nous citions étaient tous tirés delaCr.
Celt., et par conséquent de la Vie de sainte Nonn et du Grand Mystère de
Jésus pour le moyen breton. Les poèmes bretons du moyen âge de M. de
la Villemarqué et la vie de sainte Barbe récemment publiée par M. Er-
nault nous présentent les deux temps avec les mêmes traits caraaéris-
tiques.
L'origine dé ce futur secondaire n*est pas des plus claires. Nous y
avons vu un optatif aoriste analogue au latin ama-rem, tandis que nous
comparions le prétérit secondaire aux formes latines comme fecissem, w-
dissem. On pourrait se demander aussi si Vh caractéristique de ce temps
n'est pas dû à la place de l'accent : le développement d'un h devant
l'accent est un fait bien connu et frappant aujourd'hui même en gallois.
Dans ce cas il faudrait supposer une dilTcrence d'accentuation entre Tin-
dicatif du présent secondaire et le futur secondaire, identiques comme
forme, si l'on fait abstraction de 1'^ caractéristique du futur, en moyen
breton. Quoiqu'il en soit, un point jusqu'ici qui n'a pas été éclairci dans
l'histoire du futur secondaire, du breton moyen au breton moderne, c'est
le passage de l'/2 à/, la iransformaiion de formes comme galhenn^carhenn,
grahenn^ etc., en galfen, carfenn, grafenn, etc., tandis que dans le dia-
lecte de Vannes on a encore la forme de l'armoricain moyen. Il est en
effet impossible de faire sortir f de h venant de s originaire, suivant
toutes les lois de la phonétique bretonne : il n'y en a pas un seul exem-
ple. Aussi n'est-ce point par la phonétique ni par une de ces exceptions
aux lois phonétiques vraiment par trop commodes auxquelles a recours
le linguiste embarrassé, qu'il faut l'expliquer : il y a là un fait très inté-
ressant et instructif d'analogie.
La transformation s'est faite lentement. La catégorie la plus ancienne
de futurs en -fenn, -fès, etc., est celle des verbes dont la consonne finale,
avec Vh du futur secondaire, se transformait phonétiquement en /, sans
parler de verbes comme caffout^ qui avaient forcément le futur en -fèn,
c'est-à-dire des verbes dont le thème était terminé, en moyen breton,
par /, y, et des verbes composés avec le verbe substantif comme azna-
vont ou aznavézoui :
Exemples tirés de Zeuss, Gramm. Celt.» ji8:
Couzavhenn, gouzafenn = gouzavhenn ; marvhenn qui, sans doute^ au
moins dans certaines parties de la Bretagne, se prononçait aussi marftnn\
cdffenn ; prouffe = prouvhe ; gouzafhech, caffech.
Poèmes bretons du moyen âge :
Mélanges, 2^5
P. 8, str. 19, pan queffet; p. 66, 174, deffe = de-vehe, divhe; p. 76,
195, caffenn; p. 66, 179, marvhe; p. 88, 228, deurffe =- deur^vehe ou
ieur-vt; p. 90, 251, /7tf^o/<î = go^e; ibid., 232, aznaffe=i aznavhe;
p. 92, 2î^, aznaffe; p. 94, 240, fcev/z^. On remarque dans les Poèmes
une tendance à réduire le groupe z spirante dentale -j- b ou v àf:
p. 84, 221, affotzr: az boe, que tu avais; ibid., 22^, affoe; p. 104, 261,
nafizj = naz bizy^ tu n'auras pas. Il y a donc lieu de supposer qu'on
prononçait aussi affe, tu aurais ^=az ve, effe = ez ve^ il serait, etc.
Vie de sainte Barbe :
P. 14, 56, effenn=z ez venn, je serais; îbîd., 59, queffet; p. 16,
68, caffech; p. 17, 70, caffe; p. 17, 71, effe = ez ve ; p. 20, 84, effe
zzezve; p. 25, 102, queffet; p. 26, 104, 0 deffhe, var. deffe, ils au-
raient = 0 devehey 0 devhe; ib., 108, effent =: ez vent; p. 54, 140,
effen; p. ?6, 149, « gouj/i?, il saurait = gouzveheou gouzve; p. 46, 191,
effe lies exemples de effe, effen pour ez ve, « ven^ sont presque la règle;
il est inutile de les citer tous) ; p. 74, 309, ezhoarffe, il arriverait = hoar-
vhe, hoarvehe^ ou peut-être hoarve, le y ayant pu être porté à / par l'ac-
tion de IV précédent; p. 85, 561, ne goaffenn^ je ne saurais = gouzvenn
ougouzvehenn;\hid., ^12^ gouffenn, deurffe; p. 86, 367, ne gouzffech
(évidemment le z n'est qu'un reste de la tradition écrite et on prononçait
gouffech); p. 75, 40^, nam deurffe, qui ne me plairait pas; p. 124, 535,
gouffenn; p. 168, 7?}, ne ancoufftienn; p. 172, 74% preserffhe = pre-
servhe; p. 174, 758, gouzaffhe.
On peut conclure que tous les verbes, dont le thème se terminait par
K, fc,/, et tous ceux qui étaient composés avec le verbe substantif et par
conséquent à ce temps avec ven, vès, ve déjà prononcé /en, fes, fe précédé
de la particule ez ou des pronoms az, avaient le futur secondaire en
'fen. Or ces verbes sont parmi les plus employés en armoricain. Dès
lors rien d'étonnant à ce qu'ils aient provoqué chez des verbes qui, pho-
nétiquement, ne l'eussent pas fait, le passage de la forme en -henn à la
forme en ^fenn. Dans la Grammaire du père Maunoir (d'après LhuydAr-
chaeol. brit.) le nombre des futurs en fenn s'accroît : à côté de formes
régulières comme hoarfe, anaffe, caffe, gouffe, marfe, cleffe [devhe) ^ ialfe
[talvezout valoir), on a des formes covame falfe (mefalfe din, je vou-
drais, j'aurais besoin de] passé dans la catégorie des verbes composés
avec le verbe substantif (peut-être par l'influence de son infinitif /fl//ou/,
qui aura suivi l'analogie de caout], teuffe {me a zeuffe, je viendrais), dleffe
{me a dleffe^ je devrais). En revanche, le père Maunoir dit encore lenne,
care^ rahe. On le voit, l'analogie n'a achevé son œuvre que de nos jours.
L'analogie a provoqué dans le dialecte de Tréguier la création d'un futur
2^6 Mélanges.
primaire en -/o sur le modèle des futurs secondaires en -fe, ce qui a été
d'autant plus facile que, déjà, la deuxième personne du futur primaire
était très souvent en -het, et ne se distinguait de celle du futur secon-
daire que par le suffixe personnel : gouffel, vous saurez, gouffech, vous
sauriez. Il faut aussi faire entrer en ligne de compte l'influence analo-
gique de futurs comme caffo,de futurs-subjonctifs comme rf^ce/on/ Zeuss»
Gramm. Celt., 5 1 5). Le futur secondaire passif a eu en général la même
fortune que le futur secondaire actif. Si le dialecte de Vannes fait excep-
tion pour la transformation de henn en/^/i/i, cela tient à ceque« sur toute
l'étendue du territoire vannetais, il y a avant Vh dans la prononciation,
et, le plus souvent, dans Pécriture une sorte de voyelle irrationnelle ana-
logue, pour le son, à Ve muet français, de sorte que Vh ne se trouve
pas immédiatement en contact avec la consonne précédente. Si on n'a
pas eu cleffe^ anaffe^ carfe^ en vannetais, c'est qu'on prononce cleveht^
anavthe, carehe. Quant à la naissance ou la conservation de cette voyelle
irrationnelle, elle est due à ce qu'en vannetais Taccent est resté ou s'est
porté d'une façon régulière et avec plus d'intensité sur le suffixe, tandis
que dans les autres dialectes il s'est reporté ou établi définitivement sur
la pénultième.
A la première page de l'article des Mémoires de la Société de linguis-
tique de Paris où nous avons établi la différence de formation du
présent secondaire et du futur secondaire armoricain, nous avons
commis, avec d'autres, une erreur que nous savons gré à M. Rhys
d'avoir relevée (Revue Celtiquey VI, i, p. 41 en note). Il n'est pas vrai,
en effet, que les Gallois, comme nous l'avons avancé, confondent les
formes de l'optatif-conjonciif avec celles du présent -futur. Mais celte er-
reur n'a rien d'extraordinaire. Les formes comme carwyf^ cerych^ caro
sont mentionnées par la plupart des grammairiens gallois comme des
formes à sens futur: Griffith Roberts, A welsh grammar. Milan, 1567.
Supplément à la Revue Celtique, 1870-1883, p. 67: modd cyssylldiawl,
amser cynhyrchiawl Sigardyfodawl: pan garwyfy gerych^ garo; Dosparih
Edeyrn Davod aur with english translation and notes by Williams ab
Ithel, p. Ivi : Ffutr amser : pan garwyf ; Thomas Richards Antî-
quae linguae britannicae thésaurus, Dolgelley, 1875, p. 2j : Future tense:
carwyfj cerychy caro, etc. Nous pourrions multiplier les exemples. Les
grammairiens n'ont évidemment pas été assez explicites ; ils auraient
dû dire que ce temps joue le rôle de subjonciif-optaiif et ne s'emploie
que dans les propositions dépendantes, ce que Griffith Roberts a voulu
faire entendre par modd cyssyltiawl. D'un autre côté, on comprend sans
peine que de constructions comme hyt pan welwyf, jusqu'à ce que je
Mélanges. 237
voie, tra allwyff tant que je pourrai, on ait tiré la conclusion que ce
temps avait le sens de futur. De là à en faire un équivalent du présent-
futur et à dire qu'il se confond avec lui, il n'y avait qu'un pas. Voilà
l'explication, à notre avis, de cette erreur qui a tant surpris M. Rhys.
Nous permettra-t-il de lui faire observer à notre tour qu'il se trompe
en avançant que l'erreur que nous venons de confesser est le fon-
dement de notre article des Mémoires de la Société de linguistique
de Paris. Tout d*abord, dans la partie principale, celle qui nous est à
peu près entièrement personnelle, il n'est pas question du conjonctif
gallois. Reste le début où nous soutenons, en quelques mots^ après
d'autres, que le futur primaire en breton se compose de formes emprun-
tées à l'optatif et au conjonctif. Si le gallois doit être mis de côté, notre
thèse n'en est que mieux démontrée pour le comique et l'armoricain, et
M. Rhys nous fournit le meilleur des arguments. Du moment, en effet,
que la forme en -0, comme caro, conserve en gallois son rôle de conjonctif-
optatif, il n'en est que plus certain que le futur en armoricain et en cor-
nique est suppléé par le subjonctif- optatif ; caro est en effet le futur ré-
gulier dans ces deux langues.
J. LOTH.
LA PROSE DE SAINT COLOMBA..
A l'occasion de ce texte, publié plus haut, t. V, p. 205-212 — cf.
les notes additionnelles, p. 396 et 507 — , M. E. Dùmmier, bien connu
par ses travaux sur l'histoire et la littérature du moyen âge, nous si-
gnale obligeamment des versions de ce texte publiées en Allemagne et
d'après d'autres manuscrits. Voici sa lettre :
Sie haben in Ihrer geschâtzien Zeitschrift, V, 205-212, la prose de
saint Colomba, herausgegeben von Cuissard, aufgenommen. Dièse war
schon zweimal gedruckt, von Boucherie in den Mélanges lalins, p. 1 5-
24, ferner von Reifîerscheid in den Sitzungsberichten der philos, hisîor.
Classe der Wiener A':ademie, LXVII, 547549 f=Biblioth. patr. Latin.
//a/., II, 80] ; sie steht ferner in der Handschrift der Mùnchner S;aats-
bibliothek 18665 f* 229-2^1 aus Tegernsee, und ist er^âhnt bei Ang.
Vidi, Spicileg. Rom.,W, 192. Dass Hrabanus Maurus dasselbe Cedicht
gekannt und umgearbeitet hat, daruber sind meine Poetae latini aevi Ca^
rolini, II, 197-204, zu vergleichen. Die 3 Abdrucke stammen aus ganz
verschiedenen Handschriften. — Es wûrde mich freuen, wenn dièse No-
2^8 Mélang<s,
tizen Ihnen von Interesse wâren und sie einigen Gebraucb davon ma-
chen kônnten !
L^édition de M. Eoucherie que signale M. Dûmmlerest le tirage à
part de l'article que nous avons signalé ici-même, t. V, p. 396.
Aux références que donne M. Dummier, nous ajouterons une édition
récente publiée par le marquis de Bute. Nous ne la connaissons que par
un catalogue de librairie . c'est sans doute une publication faite pour le
grand public: ALTUS (The) of St. Columba, edited with a Prose
Paraphrase and Notes by John, Marquis op Bute, 52 p., petit in-4,
1882 '. H. G.
LE MANUSCRIT COTTONIEN OTHO E. XIII.
LA SAISIE IRLANDAISE ET GALLOISE, LA SAISINE BRETONNE.
Le manuscrit Otho E. XIII du fonds Cottonien, au Musée Britannique,
est un de ceux où Ton a reconnu la collection de canons irlandais inti-
tulée Canonum collatio^; c'est aussi un de ceux où M. Bradshaw a dé-
couvert les gloses bretonnes publiées et savamment commentées par
M. Whiiley Siokesî. L'attention de M. Whiiley Siokesaété de nouveau
appelée sur ce manuscrit par une découverte qu*y a faite M. Egerton
Phillimore. Il s*agit du mot breton adgabael igl. occupanda), f^ 108 a.
M. Whitley Stokes y a trouvé deux autres mots bretons : 2° bann (gl.
canorai, f " 1 1 b; ce peut être le même mot que l'irlandais bind\ j* car-
car (gl. ergastulum'i, f*» 1 1 3 a; c'est le gallois carchar. Enfin M. Whitley
Stokes constate que deux erreurs ont été commises par les précédents
éditeurs. M. Bradshaw avait lu: agipam .i. latic et avait considéré latic
comme un mot breton. Il faut lire : .i. latic Jauiam cliamidem. De même
au lieu de deric igl. dictor mortis eritl, doimé par M. Loth, Vocabulaire
vieux-breton, p. 98, il faut Wre clericus.
Des trois mots bretons que nous venons de mentionner, le plus inté-
ressant est adgjibael. Nous avons plus haut, p. 20 et suivantes, traité de
la saisie mobilière irlandaise qui s'appelait aithgabail. Nous l'avons com-
paré à la pignoris capio du droit romain. Nous avons parlé de la même
procédure dans les lois germaniques connues sous le nom de Lois bar-
1 . Une édition p!u5 récente est due à M. Gilbert, National mss. of Irtlani^ Part IV<,
appendix xxi .18S4). — H. d'A. de J.
2. Wasserschleb n. Die iiische Kanonauammlung^ deuxième édition, p. xxzii.
3. Old' Breton gtosses^ p. 2, 17-20.
Mélanges. 239
bares. Nous aurions pu dire qu'il en était question aussi dans la Canonum
coUaiiOy livre XXXIII, c. 8-10 < le plus ancien monument de la légis-
lation irlandaise que nous ayons, puisqu'il date de la fin du vu' siècle ou
des premières années du vll^^ Mais ce qui aurait été surtout important
à faire observer, c'est que la procédure et l'expression existent en droit
gallois. Davies nous offre adafael, c'est-à-dire ad-[g]afaely variante d'at-
tafael [pignoraiio, districtio, pignus). Ad[g]afael est identique à l'irlandais
aithgabail « saisie mobilière ». Du substantif gallois dérive le verbe ada-
fada a saisir », que nous trouvons employé dans le plus ancien des
textes de droit gallois, document dont on a des manuscrits du xiii^ siècle,
dans le Code vénédotien^ livre 111, chapitre xxiv, article 20. Il s'agit de
bœufs qui appartiennent à une société de laboureurs, ils ne peuvent être
mis en gage par .aucun des membres de la société ni saisis pour une
dette qu'aurait contractée un d'entre eux. Dans le texte légal, l'idée de
mettre en gage est représentée par l'infinitif gfusilau^ et l'idée de saisir
par l'infinitif hadaaaelha 3.
On trouve aussi dans les monuments du droit gallois le simple gavel ;
nous citerons comme exemple l'article du Code Dimétien qui interdit la
saisie pour dettes, sans autorisation du juge 4. On remarquera la ressem-
blance de cette disposition avec certaines prescriptions des lois barbares
que nous avons citées en note plus haut, à la page 20. Les juristes qui
lisent les lois galloises dans le texte latin doivent trouver la ressemblance
encore plus grande :
Qui namum pro debito sine licentia ceperit, totum debitum amittet et
très vaccas camiury domino reddet, fidejussor existens sol vende s.
Debitoris vero namium non capitur nisi fidejussor illud tradiderit.
Qui autem, inconsulta dominicali potentia, pro debito namium arri-
puerit, toto debito privabiiur et très vaccas camlwry domino resiituet^.
Cette traduction, faite dans la langue latine qu'écrivaient les conqué-
rants anglo-normands de l'Angleterre, a substitué aux mots gallois ga-
fael, adgafael^ une forme latinisée du substantif français nam qui est d'ori-
gine germanique, et qui appartenait notamment à la langue du droit nor-
1. Wassfrschleben, Dit irische Kanonennsammlung^ deuxième édition, p. 120-122.
2. Wasserschlebeii iuid , p. xi.i.
j. Aniient laws and inslitutes of Waks^ p. i Jj.
4. Pwy-bynnac a-gyni ro gavel dros dylyet h«b ginnyat arglwydiaeth camiyryus
Tyd. Tht Diir.aUn Code^ livre 11 c. vi, article 3. Ancient laws and insltutes of Wala^
p. 207.
S Legts Wallice^ livre II, c. vii^ article 2. Ancient laws and institates of Wales,
p. 784.
6. Lega Wallkt^ livre II, c. xvii, articles 6, 7. Ancitnt laws and institates ofWala,
p. 8i8.
240 Mélanges.
mand. Mais pour trouver l'origine du principe énoncé dans les textes de
droit gallois que nous venons de citer, je veux parler de la prohibition
de saisir sans ordonnance du juge, ce n'est pas au droit germanique qu1{
faut s'adresser : les Gallois ne l'ont pas empruntée aux lois des Germains;
elle remonte chez eux à la domination romaine. '
Sous le gouvernement des magistrats romains, les Bretons vaincus ont
pu, comme les Egyptiens >, conserver certains usages juridiques étran-
gers au droit romain ; mais ils n'ont pu garder celles de leurs coutumes
qui étaient contraires à l'ordre public. Il aurait été contraire à l'idée ro-
maine de l'ordre public que quelqu'un, sous prétexte d'une créance légi-
time ou non, prétendit saisir le mobilier d'autrui. Ce principe romain
fut conservé par les Gallois quand ils recouvrèrent leur indépendance.
De là au moyen âge une différence radicale entre leur droit et celui des
Irlandais, bien que l'identité des termes légaux atteste l'origine com-
mune des deux législations.
La glose adgabael de la Canonum collatiOy dans le manuscrit Cottonien
Otho E. XIII (x'' ou XI* siècle), nous montre que l'expression technique
du droit irlandais et du droit gallois avait été transportée par les émi-
grants bretons sur le continent français, mais avec une déviation de
sens. Adgabael écrit par le scribe breton glose le verbe latin occupare. Il
s'agit donc ici de la possession des immeubles et non de la possession des
meubles. Le breton adgabael est le contraire du breton latinisé anga-
holum a sans possession » >, dans une charte du ix** siècle que nous a
conservée le Cartulaire de Redon î. L'objet de cette charte est une do-
nation d'immeuble; cette donation concerne un lieu appelé Botgarth;
le donateur veut que les moines auxquels il fait cette libéralité soient mis
en possession ipso facto, et sans qu'il soit nécessaire de procéder au cé-
rémonial ordinaire. Il leur fait donc sa donation sine angabolo^ littéra-
lement, sans absence de prise de possession « sans privation de saisine »,
c'est-à-dire « avec saisine ». Adgabael exprime la même idée que le latin
sine angabolo du Carîuhire de Redon, Quoique le sens de a saisine » ne
soit pas exactement le même que celui de Vaithgabail des Irlandais
« saisie », cette différence est trop peu de chose pour nous empêcher
de reconnaître ici un des témoignages qui attestent l'unité primitive du
droit celtique : irlandais, gallois et breton.
H. d'A. deJ.
1. Révillout, Cours de droit égyptien, t I (1884), p. 212 et suiv.; Pasturet, La condition
juridique de la femme dans l'ancienne Egypte, p. 66; Dareste, dans le Journal des Sa-
vants de ma. s 188).
2. Comparez le gallois anghaffaeliad « non attainment », « privation ».
|. Cartulaire de Redon, p. 12, 1. }.
Mélanges. 241
ENCORE UN MOT SUR LA PUISSANCE PATERNELLE EN
DROIT IRLANDAIS.
Aux textes irlandais que nous avons cités, pages 91 et suivantes, pour
établir Tincapacité du fils tant qu'il est soumis à l'autorité du père^ on
peut ajouter les passages suivants de la Canonum collaîio:
Sinodus Hibernensis : Non est dignus fidejussor fieri servus, nec pe-
regrinus, nec brutus, nec monachus, nisi imperante abbate, nec filius,
nisi imperante pâtre '.
Sinodus Hibernensis : Juramentum filii aut filiae, nesciente pâtre, ju-
ramentum monachi, nesciente abbate^^ juramentum pueri et juramentum
servi, non permittente domino, irrita sunt '.
On sait que la Canonum collaîio a été composée vers l'an 700 de notre
ère.
H. d'A. deJ.
A NOTE ON SOME OF THE WORDS FOR FLAX.
The Celtic words for flax are Irish lin and Welsh lUn, both of which
are doubtless tbe Latin linum adopted ; but there are traces of the exis-
tence among the Celts of kindred terms beignging to an earlier stratum
of history, if I may so speak. One of the earlier vocables I refer to is to
be detected in the Welsh lllain, « linen », which Pughejn his dictionary
gives as llïan'y but this lastis only the dialectic pronunciationof the word
in the broad Welsh of a part of North Wales, and Davies, in his Welsh-
Latin dictionary, correctly gives lliain « linteum », and lliain a mappa »
to the former of which he adds by way of comparison the Breton lien
« tela » — the Comish word was written in the same way, and meant
a linen cloth. The prévalent pronunciation in South Wales and the only
one I am acquainted with is llien which agrées with the book-form llïain
and not with llïan, The plural is llieiniau with which ail the dialects
agrée in their respective ways. Now the early Bryihonic base which
thèse words postulate would be lïenjo^ using / for the semi-vowel y
(as in the English word y es) and leaving it undecided what the gender was
in Welsh, in which lliain is masculine. This would make for that gender
or for the lost neuter ; but on the whole it is probably safer to regard
1. Livre XXXIV, c. 3 ; Wasserschleben, Die irhcht Kanontnsammlung^ deuxième èdi'
tioD, p. 122.
2. Une XXXV, c. 5, ihid., p. 126.
Rc9. CelL VI! 16 .
242 Mélanges.
the Word as an adjective ïienj-os^ -û, -on derived from a base ïieno or
lïena ; let us say brîefly /?e/i-. In Irish, the adjective would be léine or Une
and an instance of this word occurs in a passage quoted by O'Curry in hîs
« Manners and Customs of the ancient Irish », III, 107. O'Curry there
cites from manuscript H. i . 1 5 , p. 95 5 , linc 7, as follows : eitir curûiar
aleine agas aghlun « between the border of his leinidh and his knee. »
If the manuscript is to be relied on, leine should hère be a genitive
féminine; but it does not quite tally with O'Curry's distinction betwen
leine « shirt » and leinidh « kilt or petticoat » , as according to his own
showing leine in the passage cited would hâve the former meaning namely
that of « shirt » ; but there is another and a much more common léncy
from the stem lien-. It is a neuter making léniîh in the genitive and the
dative, and lénti in the nominative and accusative plural. It means a
shirt or chemise; originally, the clothing meant was doubtless aiways
made of linen, but we sometimes read of great chieftains wearing lénti
made of silk, and there one of linen would be specifically described as
lénti linde or « camisiaelinteae ». It had in the case of opulent men threads
of various colours and sometimes of gold and silver^ especially around
the borders. The typical Irish chieftain of the epic taies had his linen and
his cloth : the former was the Une or « shirt », and the latter the bratt,
« the tartan or blanket » over ail and fastened by means ofa curious
salmon-shaped brooch of gold or silver « . The stem fien- is roerely
provisional as there is no reason to suppose it to hâve had the hiatus
from the first, but only in conséquence of the elision of a consonant.
What that consonant was, the modem Celtic languages cannot answer
more exactly than that it must hâve been either s or p. Thus we should
hâve either Usan- or lipan- which we may for convenience further eut
down to lis- or /zp-. So to come to a more exact resuit one has lo cast
about for some helpful indication from the kindred tongues ; and the
resuit isa failureto find anything in favour of //p-, while Greekand Latin
may be said indirectly to establish the other, Us- ; for if you will suppose
~no added to it, you hâve the base lisno- which will explain both the
Greek Xivov with its short / (compare ovo; for o<rvoç] and the Latin K/iam,
with its long /. Further Dr. Vigfusson has pointed out to me two
very interesting old Norse words which seem to be in point — one at
least, if not both . The first is the neuter lesni which is explained to
mean « a kind of head-gear for women ». The other is the word Urept,
« linen or a linen cloth », which he would now analyse înto lés-vept.
I. See O'Curry's Manners and Customs ofthe ancient Irish III, 92-9^«
Mélanges, 243
The latter élément would be akin to the verb vefa « to weave », whiist
be would regard 1er as shewing r for a more original z and as being
connected with tbe word lesni : thus lérept, which is also neuter, might
be said to stand for Us-ve/i, and to mean literally « a flax or linen
web ».
I bave nothing to say as to the ultimate etymology of thèse words,
except that they seem to be clearly cognate with the Norse verb lésa
(participle pass. lesinn), a to glean. gather or pick », and metaphorically
« to gather words and syllables, to read », German lesen^ « to read »,
aas-lesen « to pick out », Gothic lisan « colligere », A. -Saxon, lesan
« to lease, glean or pick ». This is a strong verb and suggests the question,
what bas become of it in the other Aryan languages. That I cannot
answer, except in so far as the words pointed out in Celtic, Latin and
Greek'seem to me to be nearly akin to it.
Hehn the author of the well-known work on Kulturpflanzen und
Hausthiere (third éd. Berlin^ 1877) dévotes an eiaborate article to the
subject of flax, and, observing that Greek comedians trealed the Greek
word as XTvov and, not X^vov, he would suggest that the Latin lînum was
derived from the Greek word as pronounced by the common people,
which, nevertheless, seems a little doubtful. In the next place, it may
be pointed out that the Norse lérept (Danish Urred) must be regarded
as yielding the simplest form of the word, simpler than the Greek one,
which would not be in the least surprising, if the related verb be stili
one of the most common words in the Teutonic languages.
The words which bave been hère examined fall into two séries : i )
Alatergroup consisting of the Celtic onesborrowed from the Latin linum,
to which one may probably add English linen ^ German leinen, the same,
znd lein « flax », Gothic lein, the same, 0. Norse //n, « flax, linen
gear, » especially the head-gear worn by ladies on the bridai day,
Lithuanian linai and 0. Bulgarian lïnH^ both meaning « flax » : possibly
some of the latter come from the Greek, and not from the Latin; but
that is a point on which I do not wish to dwell. 2) The other group
consists of the Welsh, Irish and Norse words spoken of more in détail.
They date probably far earlier than the borrowing of those of the later
group : there is no philological argument in the way of our supposing
them to belong to the same (or even an earlier) period of distant
antiquity as the Greek X^ov ; but I leave ail thèse points to those inter-
ested in the history of early culture, and nothing would gratify me
more than tofind that I had succeeded in making them examine anew
their account of flax. Hehn's chapter aiready mentioned is full of inter-
[
244 Mélanges.
esting remarks, but I cannot enter upon them in this short paper. I
may, however, just say that after tracing the cultivationofflaxin Spain,
Gaul and Germany, as far as the Slaves and the Finns, he observes,
p. 1 59; that « Leinwand ais Volkstracht ist nordischen Ursprungs >,
that the Greeks and Romans did not know the article of dress whicb
we should call a shirt — « das linnene Unterkleid, das eigentliche
Hemde, das die Griechen und Rômer in der Weise, wie die heutigen
Europâer, nicht kanntern », and that only the women of the weaithiest
class wore iinen next the skin — « frùher hatten hôchstens die Weiber
vornehmen Standes Leinwand unmittelbar am Kôrper getragen. » A
littie further on, p. 163, he calls attention to a passage in Plutarch De
Iside et Osiride, 4, in which that author speaking of certain Egyptian
priests wearing Iinen, enumerates the advantages of iinen, ending with
the words ^xtara tï çOetpoTroiov, a>; ÂtYouai. This calis from him the
observation — « In der That ist die letztgenannte Plage, an der die
gepriesene Urzeit gewiss in einem Masse litt, von dem sich unsere
Ideaiisten nichts trâumen lassen, ein Charakterzug aller pelztragenden
Vôlker. » The truth of the first part at least of the remark must be
admitted by everybody who knows anything in the way of comparison
between the vocabularies of our*Aryan languages: the meaning, for
instance, is not to be denied of the fact that the Welsh and the English
hâve words identic in origin for thepedicular parasite, and that the same
remark may be extended to words derived by many Aryan nations from
a root sknid [or sklid] such as Greek xov'ç, Lith. glïndas a lendes »,
Polish gnida^ Bohem. hnida^ German niss^ A.-Saxon hnitu, Mod. Eng.
nity W^élsh neddf Irish sned « lens » and possibly the Latin word itself :
see Curtius' Grandziige der griecli, Etymologie^ No. 28 j. But I can sym-
pathize with the « Ideaiisten » as I hâve been one of them : of the
original Aryan man we used to hold views idyllic and indiffèrent to ail
reasonable theory of évolution ; but the relentless investigator intro-
ducing hère and there a touch of fact has so far transformed the picture,
that the persistent idealist can no longer look at it without bursting into
a jeremiad on the want of taste, which he supposes the most récent
students of the science of man and of speech to display. But in such
matters it is doubtfui taste to prefer taste to truth.
J. Rhys.
j
Mélanges. 245
LA PROCEDURE DU JEUNE EN IRLANDE.
Dans l'étude sommaire sur la procédure irlandaise qu'on a pu lire plus
haut, pages 1 1 et suivantes^ nous avons traité fort brièvement d'un des
moyens mis par la coutume à la disposition des demandeurs : nous vou-
lons parler du jeûne (p. 26, 27). Quand nous avons rédigé la partie de
notre exposition qui concerne le jeûne, nous n'avions pas lu l'intéressante
note publiée sur cette question par M. Wh. Stokes dans VAcademy du
12 septembre 1885, page 169, sous le titre moitié anglais moitié hindi
sitting dharna. Le savant auteur renvoie dans cette note à cinq textes
hagiographiques relatifs à la procédure du jeûne, sur laquelle nous
n'avions mentionné que des textes de droit.
Deux des textes hagiographiques cités par M. Wh. Stokes sont à la
disposition du public dans les Fac-similés édités par l'Académie d'Irlande
et nous donnent l'exemple d'un demandeur jeûnant inutilement pendant
trois jours. La vengeance céleste frappe le défendeur récalcitrant. Dans
le premier de ces documents, le demandeur est saint Germain, évèque
d'Auxerre ; le défendeur est le célèbre et malheureux roi des Bretons
Vortigern. Vortigern a fait un mariage incestueux; il a épousé sa propre
fille. Germain le somme de la quitter. Vortigern n'osant tenir tète au
pontife s'enfuit et va se cacher sur une montagne appelée Vortigerman.
Mais saint Germain l'y suit avec un grand nombre de clercs bretons et il
y reste pendant quarante jours et quarante nuits. Au bout de ce temps,
le roi, ne pouvant supporter le voisinage de ces prêtres dont la présence
était pour lui un continuel reproche, prend la fuite une seconde fois et
va dans la forteresse de Gunnis, autrement dite Caer Vorthigernd, cacher
son impudique obstination. Mais Germain l'y suit encore, et recourant au
moyen le plus puissant qui fût à sa disposition, il jeûne*. Son jeûne dure
trois jours et trois nuits. Au bout de ce temps, le feu du ciel tombe sur
Vortigern et le brûle avec tous ses gens '.
Le second texte nous reporte à des événements postérieurs de deux
siècles au moins. Nous sommes au milieu du vu* siècle de notre ère.
Guare Adne, roi de Connaught ^ livre bataille à Diarmaid, fils d'Aed
1. No forcanad xmmorro German im GortAigernd co-roleced a-mnai Mon a-ingin.
Ro tAdg ocus rofolaig rîa German co-dérchib BreMn i-sin-derund dianid ainm GortAi-
german, ocus dochuaid German cô-derchib Bretd/i ocus ro boi XL lathi ocus aidcAe and.
Ocus dochuaid doridisi CortAigerng for-teched na clerecA co a-dûn, ocus doc/ioid G«rman
ûin^a-diaid, ocus robât^r tri là ocus tri-aidchi in-aine andsin; ocus roloisc tene do-ni/n
inni GortMgern andsi/z con-a-uile muintir. Lthor na h-Uidre^ p. 4, col. i, 1. 4-14. Cf.
Todd, The Irish version of the Historia Britonum ofNenniuSf p. 102.
2. Guare Adne mourut en 662 suivant les Annales des quatre Maîtres^ édition donnée
par O'Donovan, t. I, p. 272.
246 Mélanges.
Slâne, qui est vainqueur ■. Cette bataille est connue dans la littérature ir-
landaise sous le nom de Cath Cairn ConailL Et pourquoi Guare Adne y
fut-il vaincu i C'est bien siniple. Il s'était rendu coupable d'une injure
grave envers saint Cammine. Celui-ci était venu en demander la répa-
ration, et comme cette réparation ne lui avait pas été donnée, il avait
jeûné pendant trois jours pour contraindre le récalcitrant à réparer ses
torts, puis, enfin, n'obtenant rien, il avait lancé contre Guare une malé-
diction : a S'il plaît à Dieu, s'était-il écrié, l'homme qui me résiste ainsi
ne résistera pas à ses ennemis '. Il était donc très dangereux de laisser
un saint jeûner pendant trois jours.
On pouvait laisser jeûner un saint pendant une journée sans qu'il y eût
d'inconvénient. C'est ce qui arriva à saint Finnén quand il voulut con-
vertir Tdan mac Cairill. Tùan refusa d'abord de laisser entrer dans son
château Finnén, qui dut se résigner à jeûner à la porte un dimanche ^
Puis^ Tûan s'étant laissé toucher, ils devinrent bons amis. Mais trois
jours de jeûne, c'était beaucoup trop, et le feu du ciel ou une défaite
venait punir ceux qui avaient laissé pendant si longtemps pâtir les
saints.
Un texte que nous indique M. Wh. Stokes nous apprend une manière
de réduire à l'impuissance ce jeûne persistant ; c'était de jeûner soi-
même comme le saint, qu'on pouvait ainsi mettre dans un grand em-
barras. C'est le procédé qu'employa contre saint Patrice la femme du roi
Loegaire. Saint Patrice jeûnait contre le roi Loegaire ; la reine se mit à
jeûner contre saint Patrice 4. C'était ce qu'on pourrait appeler dans la
langue du droit une demande reconventionnelle.
Ces textes sont fort intéressants^ mais je ne crois pas que, pour se
rendre compte du véritable sens de la procédure du jeûne, il faille se
contenter de la juger par des documents légendaires. Pour en bien com-
prendre la valeur, il faut d'abord se reporter aux principes fondamentaux
des usages légaux de l'époque à laquelle elle appartient. Un de ces prin-
cipes est que l'homme coupable de la mort d'un autre doit à la famille
une indemnité qui se compose de deux éléments : l '^ le prix du corps, coirp-
dire; 2® le prix de l'honneur, enech-lann ou log enech. Lt coirp-diretsidt
1. Cette bataille est mise en 64$ par les Annales des quatre Maîtres, ibid., p. 260.
M. Hennessy préfère la date de 646. Chronicon Scotorum, pp. 90, 91.
2. Ro-b6i Ckmmm tri-trat^ oc-troscud fair i/n-slanaigect hi-tarat hé, ar-rosifraig
Guâiri hé: mad c6ir la-Dia, ar Câmmine, in-fer fil hi-comt<»nsem frimmsa n\-Tothaîrist
fri nâmtiu. Lebor na h-Uidre, p. 116, col. i, I. 20-2$.
3. Co-ro-tAroiscet ad fo domnacA. Lebor na h-Uidre, p. 15, col. i, 1. 58, 39.
4. Bibliothèque bodléienne d'Oxford, manuscrit Rawlinson, B. 512, folio 108 reao,
col. 7.
Mélanges. i^-j
sept femmes esclaves '. Quant à Venechlann^ son importance variait selon
la dignité du mort : trois bétes à cornes ou une femme esclave pour un
noble de rang inférieur; vingt -huit femmes esclaves pour le roi suprême
d'Irlande > ; et Tarchevèque d'Armagh allait de pair avec le roi suprême
d'Irlande. Si donc on avait laissé mourir de faim devant sa porte l'arche-
vêque d'Armagh, ou autrement dit le successeur de saint Patrice^ on se
serait trouvé, de ce chef, débiteur de vingt-huit femmes esclaves à titre
d'enechlann^ outre sept femmes esclaves à titre de coirpdite, en tout
trente-cinq femmes esclaves. Ce n'était pas tout. Le débiteur obstiné,
qui avait laissé jeûner son créancier sans le payer ou sans prendre l'en-
gagement de le payer, voyait par ce fait seul sa dette doublée K C'est
la conséquence du principe général qui veut que la dette soit doublée
toutes les fois que le créancier, mis en demeure par une procédure régu-
lière, refuse de s'exécuter 4.
Pour éviter le doublement de sa dette, le débiteur contre lequel le
créancier jeûnait devait prendre l'engagement de payer, c'est-à-dire
donner soit un gage, soit une caution dans la journée où le jeûne avait
commencé ou dans |a nuit suivante s.
Je n'ai pas fini: toute grave irrégularité dans la procédure donnait lieu
à une amende de cinq bêtes à cornes payable par l'auteur de l'irrégularité
à la partie adverse^. Le débiteur, qui, ne tenant pas compte du jeûne de
son créancier, laissait passer un jour et une nuit sans s'exécuter, devait
à ce créancier l'amende de cinq bêtes à cornes. Il lui devait aussi le
1. Logh n-einiuch ocus secht cumula coirp-dire {Senchus Môr, dans Ancient laws of
Irdand^ t. III, p. 70, 1. 6-8). Secht cumala ocus lan enedann fair i-sin marbadh {Lhn
d*AiâUf ibid.^ p. 98, 1. n-14, 18-19).
2, Caitiat seoit turchluide caich fo miad? Ninsa. Tri seoit da ogatrigh, tri secht cu-
mula do niirig, cethri secht cumula do ri ruiriuch (Senchus Màr, dans Ancient ùtws of
ireUnd^ t. Il, p. 224, lignes 7-9). Logh einech cach ain is-edh a seota turcluide (Ibid.,
p. 226, ligne t)).
^. Intt loingess nad-oige reirdi troscud, isi a-breth la Feni: asren diabul neich ar-a-
troiscther aire [Senchus Màr^ dans Ancieni laws of Ireland, t. I, p. 116, lignes 14-1 $)•
4. Ar-us diablud fri h-elo [Senchus Môr, dans Ancient laws ofirelani, t. II, p. 14,
1. 30-31). Comparez le passage où il est dit : Nech nad gella di troscud is eluthach na
n-aile ft. I, p. 112, ligne 16-17). Dans la procédure extra-judiciaire d'Irlande elo cor-
respona à ce que sont dans la procédure judiciaire le défaut et la contumace ; eluthach
conespond à défaillant et à contumax.
5 . Le texte du Senchus Màr est ainsi conçu : Iss-ed coir cach troiscthe la Feine : arach
for soraith nad elai, no gell do geallaib treibi nech fri a troiscither aire {Ancient laws oj
Ireland^ t. I, p. 118, lignes 5-8). Ce texte ne dit rien du délai, mais on le trouve in-
diqué dans la glose : in gell imurro, cid illo, cid in aidchi tarraistar nocha tincisi choir ni
aili tar a cend acht feich. « Le gage donné soit dans le jour soit dans la nuit ne garantit
« au créancier le remboursement d'autre chose que le montant de la dette » (t. I, p. 120,
lignes 7-8). Sur ce gage, voyez le Livre d'Aicill^ dans Ancient laws of Ireland, t. 111,
p. 324.
6. Voyez le Senchus Mor, dans Ancient laws ofireland^ i. I, p. 90, ligne 29 ; p. 102,
ligne 6; t. Il, p. 48, ligne 11 ; p. 70, ligne i ; p. 80, ligne 16.
248 Mélanges,
double de la nourriture que le créancier aurait mangée s'il n'eût pas
jeûné >. Enfin, pour comble de malheur, un texte légal lui annonce qu'à
l'avenir aucun de ses débiteurs ne le paiera ^
Résumons tous ces principes sous forme d'une espèce hypothétique.
Le clergé « désétabli » d'Irlande vient de prendre une délibération
contre un projet de M. Gladstone. Supposons que le vieux droit celtique
soit encore en vigueur. On verrait l'archevêque « désétabli » d'Armagh,
le successeur, comarba, de saint Patrice, jeûner à la porte de M. Gladstone
qui, en cas de résistance, deviendrait débiteur de trente-cinq femmes
esclaves^ de cinq bétes à cornes, du double de la nourriture dont l'ar-
chevêque d'Armagh se serait privé, et d'une somme deux fois égale au
préjudice que les projets de M. Gladstone peuvent causer au clergé
« désétabli ». Enfin les débiteurs de M. Gladstone seraient en droit de
ne pas lui payer ce qu'ils lui doivent. Je ne dis rien du coup de foudre
qui pourrait le tuer comme Vortigern ou de la défaite qu'il pourrait subir
comme Guare Adne.
Franchement la situation de M. Gladstone n'aurait rien d'enviable.
Toutefois, le vieux droit des Brehons lui offrirait un moyen de la rendre
un peu moins mauvaise, ce serait d'offrir à manger à l'archevêque d'Ar-
magh. Il pourrait par ce moyen faire l'économie des sept femmes es-
claves qui sont le prix du corps, coirp-dire, et ainsi le nombre des femmes
esclaves qu'il devrait serait réduit à vingt-huit. D'autre part on ne pour-
rait l'obliger à payer le double de la nourriture de l'archevêque pendant
le temps qu'aurait duré le jeûne ^
On sait que la procédure du jeûne existait dans l'Inde^, son nom sans-
crit est prâhya ou prUyopavëçana ; elle s'est maintenue même sous la do-
mination anglaise jusqu'à une date rapprochée de nous ; c'est seulement
en 1861, comme nous l'apprend M. Wh. Stokes, que le code pénal in-
dien l'a supprimée.
1. Is cuic séoit uaid ocus enechlann ocus diablad fiach ocus cumal sechmaid marbad
[ocus dublad m-bid, mana targus biadh do ; ocus ma targus biadh do, ni fuil cumal
sechmadh marbtha na dublad mbidh] {Livre d*AicUl, dans Ancient laws 0/ Irelandj t. 111,
p. $14, lignes 6-10).
2. Ni direnar o dia na duine c N'est payé ni par Dieu ni par homme 1. [Senchus Màr,
dans Ancient laws of Ireland^ t. I, p. 112, lignes 17-18). Le glossateur ne parait pas
prendre cette menace au sérieux ; suivant lui, elle n'atteint qu'i moitié les laïcs. Voyez
ibidem, p. 116, lignes 2-j.
3. Ma targus biadh do, ni fuil cumal sechtmadh marbtha na dubladh m-bid (Ltned'Ai-
cilly dans Ancient laws of Ireland^ t. III, p. $14, lignes 9-10).
4. Loîseleur Deslongchamps a donné à la pa^e 4(8 de son édition du texte sanscrit
des lois de Manu un passage topique de Brhaspati sur la procédure du jeûne telle qu'elle
était en usage dans l'Inde.
r
Mélanges, 249
Dans la note qui suit, M. Wh. Stokesnous signale une transformation
de cet usage qui le rend beaucoup moins gênant pour le créancier.
An analogous practice still prevailsin Behar. « When a landlord wishes
to compel a tenant to perform any work which the latter refuses to do,
he sends a maie servant to « obstruct » the door. The servant simply sits
on the road, and leers immodestly at any women who issue from the
house. The resuit is that the family is practically besieged into com-
pliance, for the women dare not leave the house either to fetch water
firom the well, or, in the morning, for the necessary ablutions. »
Zeiîschrift d, morgenl, Gesellschaft, XXXIX, 6j6, not. 10.
H. d»A. de J.
BIBLIOGRAPHIE.
L^argot des nomades eu Basse-Bretagne, par N. Quelliin. Paris, chez
Maisonneave, 1886, in-8, 69 p.
Cette brochure est une rédaction plus développée du travail dont )*ai
parlé, Revue Celtique, VII, 41-5 1 . Voici quelques remarques destinées à
compléter ou à rectifier cette seconde édition, et aussi mon article sur
la première.
RicheganegOy pommes de terres; « n'est pas un terme exclusivement ro-
chois » (p. 3^]. La terminaison -ego représente la prononciation tréco-
roise du diminutif pluriel, en Léon -igou; -eg-an- est de même pour
-ig-an, double diminutif, cf. Korr-igan. Sur la syllabe bich-, voy. Rev.
Celtique^ IV, 147, vers la fin.
Bos^ bien, bravo ! p. i $9. Du français beau^ peut-être d*après le rap-
port de mots comme ridos « rideau » (du plur. rideaux).
Boubouerierij machines à battre, p. 37, du bret. bouboual, mugir.
Donrgriy cheval, « rappelle l'expression mulet d* Auvergne » (p. 2).
Camelad^ écuellée, p. }2. Dérivé du fir. gamelle,
GourdajOy aliments, p. 50. Dérivé de l'adj. gourd, bon.
lenna, duper, p. 36. Cf. Proux, Bombard Kerne: ienna he vignouned,
p. 36, traduit par « coincer ses amis », p. 37.
loulc'h, fille un peu légère, inconsidérée, trop rieuse, p. 25. C'est
probablement le bret. iourc*h, chevreuil. Letrécorois yelc^h « fiancée »,
que j'ai expliqué autrement, Etudes bret.j III, § 15, peut aussi être une
variante de ioulc^h,
Kubik a diable » et « père », p. 24 ; M. Quellien a supprimé le troi-
sième sens a Dieu », qu'il avait donné dans la première édition.
Lansogne [mond da lansogne) « aller à lansogné [intraduisible), être en
train de s'enivrer », p. 43 . Cette transcription française, qui prouve que
Ve final n'est pas muet, montre aussi que le nom û^Alençon n'a pas
grande chance de se trouver ici, comme je l'avais cru.
Lugna, regarder, p. j8. Du fir. lorgner?
Bibliographie. 2{i
Marc' h du [cheval noir), chemin de fer, p. 3^- Cette expression est
très usitée en Tréguier, et même en Léon.
Minik^ petit, p. 24, 57. J'avais conjecturé à tort le sens de « matin ».
Minik est le diminutif de mm, voy. Rev. Ceft., IV, 162.
Morse, pain d'orge, p. 32. Du haut-breton morcé, morceau, de même
que le trécorois morse, jamais; comparez l'emploi de tam « morceau »,
pour renforcer une négation, surtout en breton moyen.
Nikol, viande, p. 34. Je renonce à l'explication que j'avais risquée de
ce root; et comme cette nouvelle édition de M. Quellien contient un
assez grand nombre de noms propres avec sens de noms communs, je
suppose que nikol est le nom Nicole.
Fifo, pieds ; mond war he bifo, aller à pied, p. 38. Fifo veut dire pro-
prement/âfe^; cf. en français populaire fiâtes, flageolets « longues
jambes ».
On voit que la seconde publication de M. Quellien n'était pas inutile,
malgré les critiques auxquelles elle peut donner lieu . Son principal dé-
but, c*est qu'il y est fait une part trop belle à l'argot rochois. On aurait
tort de prendre comme base d'une statistique des ressources propres à
cet idiome local le glossaire-index, contenant 249 articles, qui termine
l'ouvrage. Beaucoup sont là uniquement pour renvoyer à des proverbes,
dictons^ prières burlesques, etc., en pur breton trécorois, qui ne sont ni
la propriété exclusive des argotiers de la Roche, ni, pour la plupart du
moins, le fruit de leur imagination, bien que M. Quellien soit disposé,
p. 48, à leur en faire généreusement honneur. Laou Pharaon, morpions,
est une expression bretonne, cf. p. 29, et par conséquent elle figure au
glossaire par suite d'une inadvertance. En revanche il y aurait à y
ajouter turgn, f., pourceau, p. 34. L'auteur penche à croire que ce mot
est breton, mais il n'en donne, p. 5 5, qu'une raison théorique très peu
convaincante ; en fait, il ne signale pas son emploi hors de La Roche.
On lit, p. 2;: « Ivre, ivrogne... Zousill, (sousill?), zousiller ». La
forme proposée entre parenthèses n'a pas de raison d'être, le z vient
d un dy par mutation généralisée. Au lieu du bret. doulsizl, clepsydre,
j'aurais dû comparer, f^ev. Celt,, VII, 50, le vieux français ^ou5/7, douzil,
fausset, cannelle, encore usité en patois poitevin ; la racine latine (du--
cere, ductilis) est la même que dans le mot douille. DouW/ a donné lieu au
verbe *dousilla, me a zousillj qui est devenu zousilla, s'enivrer, p. 32,
de la même manière que l'on a dit c'housa, manger, pour ^gousa, cf.
Rev. Celî.y VII, 42. C'est de ce verbe zousilla que le z s'est étendu à tous
ces mots, zousillyzousilladeny boisson, p. 30, zousillery ivrogne, etc.
M. Quellien tire, p. 27, 28, le breton chasse-de-DieUy de l'expression
252 BibUoffophU.
française chasse-gueux^ à cause de la pronondation chasse-àt-gaiea. Je ne
vois pas là de raison suffisante pour abandonner l'explication de ce mot
donnée Rev. Cdu, VI, 41 1 .
Aux rares mots d'argot français qui viennent du breton (Rev. Ctlu,
VII, 50), on peutajouter, je crois, plouu^ paille {Le jargon oa langage dt
l'argot réformé.,.^ nouv. édit., à Epinal, chez Pellerin, p. 20}. En effet,
le mot ne se retrouve avec ce sens qu'en breton, ploustnn^ 1. stramen»
Cath. ; léon. plous « enveloppe qui couvre le tuyau [de la paille'] depuis
un nœud jusqu'à l'autre » (P. Grégoire) ; plouz « l'écorce qui couvre la
paille », Le Gonidec ; par extension plous veut dire « paille », hors de
Léon. Ce doit être le correspondant du français pelouse^ mais avec le
sens it peluche, cf. plusquenn, coque \de noix}, peau (de pomme), Cath.,
auj. pluskenRy enveloppe, écorce, pelure. On sait que pelouse et peluche
sont dérivés du même mot latin pilus, poil.
Emile Ernault.
Etudes de mythologie gaalolse, par Henri Gaidoz, membre de la Société
des Antiquaires de France, directeur à l'Ecole des Hautes-Etudes. I. Le dieu gaulois
du soleil et le symbolisme de In roue, avec une planche et 26 figures dans le texte. Pa-
ris, Ernest Leroux, 1886, in-8, 115 pp. (Extrait de la Revue archéologique).
Ce travail est le plus complet qui ait été publié jusqu'ici sur la divi-
nité gauloise dont la roue était le symbole caractéristique, et M. Gaidoz,
rapprochant des documents recueillis par M. Héron de Villefosse ■ les
doctrines de Jacques Grimm >, a reconnu dans cette divinité un dieu du
soleil. Le culte de ce dieu était fort répandu dans les pays celtiques, et
après la conquête romaine ce dieu a été assimilé à Jupiter. Le savant au-
teur a réuni un nombre considérable de documents relatifs au culte de la
roue solaire dans le monde celtique et hors du monde celtique, et il Ta
fait avec cette clarté et cette élégance à laquelle les lecteurs de la Revue
Celtique sont habitués. Voici le sommaire de ce travail, il donnera au
lecteur une idée de la variété des questions qu'on y trouve traitées :
Les représentations figurées du dieu à la roue. — Les autels à la
roue. — La roue est l'image du soleil. — La roue dans l'Inde. — Les
fêtes du soleil, les solstice^, la Saint-Jean. — La roue dans la fête de la
1 . Note sur un bronze découvert à Landouzy -la- Ville, Revue archiologiquef t. XLl
(1881), p. i-i j. Cet article est accompagné d'une planche que nous regrettons de ne pas
trouver reproduite dans le travail de M. Gaidoz.
2. Grimm, Deutsche Mythologie, troisième édition, pp. J78, j86. Cf. Kuhn, Die He-
rabkunft des FeuerSy p. 48. Simrock, Handbuch der deutschen Mythologie, cinquième édi-
tion (1878), p. n9.
Bibliographie. 2 5 3
Saint-Jean. — La roue de Gayant, la roue de Saint- Amabie, la roue de
Saint-Guy. — La roue aux autres fêtes solaires. — La roue amulette.
— La roue dans les usages juridiques de l'Allemagne. — Les roues de
Fortune. — La rose des églises gothiques et la roue de Fortune. — La
roue dans l'antiquité classique, la roue d'Ixion. — Le .dieu assyrien dans
la roue, le disque ailé, le scarabée. — Le disque solaire des Chaldéens.
— La roue de Tyché, Néraésis Fortuna. — Les rouelles celtiques étaient
des amulettes. — Les monnaies à la roue, les monnaies à la croix. —
La roue, antécédent du labarum et du chrisme. — Jésus-Crist sur la
roue. — La roue dans les monuments funéraires de la Gaule. — Sol-
vuntur objecta. — Le Jupiter gaulois et M. d'Arbois de Jubainville. —
Conclusion. — Appendice : Les surnoms de Jupiter dans les inscriptions.
— Post-scriptum : Les svastika-fibule, la croix amulette.
Il y a deux points principaux sur lesquels nous ne partageons pas la
doctrine deTérudit écrivain. On peut se demander pourquoi les Romains
ont assimilé à Jupiter le dieu gaulois du soleil, et quelle raison a empêché
d'admettre son identité avec le dieu romain Soi La raison qu'en donne
M. Gaidoz (p. 98), est que, d'après lui, avant les bas temps de l'em-
pire, les Romains n'auraient pas eu de dieu spécial du soleil. Mais cette
doctrine est inexacte. En effet, le soleil. Sol, est compris dans la liste
des vingt dieux choisis, dii selecti, que Varron mentionne dans son traité
Rerum divinarum; il y occupe le dixième rang'. Or cet ouvrage a été pu-
blié quarante-sept ans avant J.-C, c'est-à-dire du vivant de Jules César,
cinq ans seulement après l'achèvement de la conquête de la Gaule par
J. César'. Quelques années après, le Soleil, 5o/, est un des douze dieux
que le même Varron invoque au début de son traité De l'agriculture. Il
le place même le troisième après Jupiter et la Terre ^ Or ce livre a été
écrit l'an 37 avant notre ère 4, c'est-à-dire dans les dernières années de
la république et, comme le traité Rerum divinarum, antérieurement à la
fondation de l'empire. La croyance au dieu Soleil ne se trouve pas sous
la république romaine chez le seul Varron , Cicéron s'en fait l'écho dans
son traité De natura deorum ), écrit l'année même de la mort de César,
en 44.
1. Saint Augustin, De chitate Dei, livre VII^ c. 2 : Janum, Jovem, Saturnum, Genium,
Mercttrium, ApolUnem, Martem, Vulcanum, Neptunum, Solem, etc.
2. Teuffel, Ceschichte der rœmischen Literatur, troisième édition, p. 285.
). Vairon, De agricultura, livre I, c. i : primum qui omnes fruaus agriculturae caelo
et terra continent, Jovem et Teliurem... secundo Solem et Lunam.
4. Teuffel, Ceschichte der rœmuchen Literatur, troisième édition, p. 292.
). Livre 111, c. zz, S $> ^ ^^^"i d^um esse Lunamque, quorum alterum ApoUinem
Graeci, alteram Dianam putant.
2(4 Bibliographie,
Le culte du Soleil n'était pas purement théorique. Dès le règne d'Au-
guste, le Soleil avait sa fête inscrite au calendrier, le 8 août ^ et si l'on
admet l'exactitude d'une correction à un passage du De lingua latina de
Varron, le Soleil aurait eu, dès l'époque de ce vieil auteur, un pulvinar
à Rome *.
Ce dieu Soleil a un char et des chevaux : éfpua xal ifincouç, conformé-
ment à l'hymne homérique', qui en fait un personnage anthropomorphe
avec un casque d'or, un visage, des yeux, un corps et des habits 4. Cette
doctrine a pénétré dans la poésie latine chez Virgile et Ovide. Chez eux
le Soleil n'a pas seulement une roue, rota $, mais il conduit un char ^ et
des chevaux 7 ; on lui connaît un père^, deux filles 9, un fils, le fameux
Phaéton '°, un petit-fils, Latinus, lancètre de la race latine ".
Cela étant, comment expliquer que le dieu gaulois du soleil, le dieu
gaulois à la roue, ait été identifié à Jupiter et non au dieu Soleil gréco-
romain ? On le comprend si l'on se rend compte de la façon dont le culte
des dieux romains a été transporté en Gaule. Le sort des dieux gaulois
ou plutôt des noms divins gaulois, numina nomina, a été celui qu'ont eu
immédiatement après la conquête un grand nombre de noms d'hommes
gaulois. Ces noms d'hommes sont devenus des cognomina placés à la suite
des gentilices empruntés par les Gaulois romanisés aux grands seigneurs
romains qui avaient fait d'eux des citoyens de la grande Ville. La Gaule
se remplit de Julius^ de PompeiuSy d'Anîonius, qui, à ce gentilice d'em-
prunt, joignirent leurs surnoms gaulois ; plus tard , la crainte de la con-
fusion fit multiplier les gentilices en Gaule ; mais, à l'origine, les gen-
tilices des grands personnages romains furent les seuls ou presque les
seuls qui pénétrèrent en Gaule ; chaque nouveau citoyen entrait, pour la
forme du moins, dans la gens de son protecteur.
Les dieux furent traités à peu près comme les hommes. Chacun des
noms divins du peuple vaincu fut placé sous le patronage d'un des grands
1. Fasti Vallenses, Corpus insctiptionum latinarum, tome I, p. ^ao. Ce calendrier
de Tan 767 de Rome, 13 de notre ère; Auguste est mort l'année suivante.
2. Voyez Preller, Rtemische klythologief première édition, p. 287 ; cf. Mommsen et Mar-
quardt, Handbuch der ramischen Alterîhùmer, deuxième édition, t. Vi, p. 131.
3. H^mne XXXI, vers m.
4. ibid. vers 9 et suivants.
$. Métamorphoses, II, 108, 13J, 139.
6. Métamorphoses, 11, 47 et suivants.
7. Enéide XII, 115 ; Ovide, Héroides^ VI, 86; XXI, 86; Amores II, 124; Métdmor"
phases f II, 120 et suivants.
8. Hypérion : Métamorphoses, IV, 241.
9. Circé et Pasiphaé: Enéide, VII, 11; Remédia amoris^ 276; Métamorphoses y IX,
7JJ ; XIV. 10.
10. Métamorphoses, 1, 749; livre II.
11. Enéidey XII, 164.
Bibliographie. 2 5 5
dieux du peuple vainqueur. Les petits dieux furent ordinairement né-
gligés. A quoi bon mettre les dieux gaulois soùs leur débile protection ?
Or, le Soleil, un des grands dieux de l'agriculture, comme tel invoqué
par Varron dans son De re rustica, était à Rome, en ville, un très petit
personnage; il ne faisait point partie des consentes dii dont les noms ont
été réunis par Varron dans deux vers célèbres :
Juno. Vesta, Ceres, Diana, Minerva, Venus, Mars,
Mercurius, Jovi, Neptunus, Volcanus, Apollo^
C'est à cette liste que sont empruntés les cinq noms de dieux romains
auxquels seraient identiques, suivant César, les principaux des dieux
gaulois; ces dieux romains sont : d'abord Mercure, — Mercure est
nommé le premier, l'importance du commerce romain en Gaule dès le
siècle qui a précédé notre ère est peut-être pour quelque chose parmi
les causes de cette prééminence (comparez au De bello gallicoy VII, 3,
Cicéron, Pro FonteiOy § 11); — viennent ensuite Apollon, Mars, Jupiter
et Minerve *.
Voilà comment le dieu gaulois du Soleil fut assimilé à Jupiter. De cette
assimilation, M . Gaidoz conclut que lui et moi nous avons eu tort de
croire que les Gallo-Romains aient considéré leur dieu du tonnerre
comme identique à Jupiter. Mais cette première doctrine de Térudit écri-
vain n'est pas en contradiction avec la seconde. Jupiter peut avoir reçu
le surnom de Taranas (tonnerre] concurremment avec le surnom inconnu
jusqu'ici qui servait à désigner le dieu à la roue. En effet, nous avons
Mars Toutatis ^ à côté de Mars Camulus4, de Mars Cocidius$ et de Mars
Belatucadrus^, — ce qui n'empêche pas Toutatis, Camulus^ Cocidius et
Belalucadrus de voler quelquefois de leurs propres ailes, de se passer
de la protection de Mars et de la juxtaposition du nom de Mars, l'un chez
Lucain, les autres dans des inscriptions?. — Minerve est traitée comme
Mars; nous rencontrons Dea Sulis Minerva^, Minerva Belisama9; —
ailleurs Dea Sulis '^ et Belisama, au datif Belesami**, reçoivent les
1 . Apuleius, De deo Socratis.
2. De bello galUco^ livre VI, c 17.
3. Corpus inscfiptionum latinûntm, t. III, n* 5)20, VII, 84.
4. Corpus, Vil, 1103; Brambach, 164.
$. Corpus, VII, 286, 886, 914; 977*
6. Corpus, VII. J18, 746, 88j, 9J7.
7. Camalus, Corpus, VI, 46 ; Cocidius, Corpus, VU, 645, 701, 800, 801, 802, 80),
804, 876; Belalucadrus, Corpus, VII, 294, jjj, 745, 87J, 93J.
8. Corpus, Vil, 39, 43.
9. Orelli, 1969.
10. Corpus, VU. 40, 4I1 44, 55-
1 1 . Inscription de Vaison. Elle porte le n* 2 dans les planches d'inscriptions gauloises
dn Dîct, archiologique de la Gaule.
256 Bibliographie,
hommages des fidèles sans se placer sous la protection de la déesse r^^
maine. — Nous ne croyons donc pas qu'il y ait contradiction entre la
doctrine actuelle de M. Gaidozetson ancienne opinion' qu'après lui nous
avons adoptée.
On dira que la lecture : I[ovi] 0[ptimo] M[aximo] Tarano» de rinscription
qui porte le numéro 168 dans le tome VII du Corpus inscriptionam M-
narum est hypothétique et que par conséquent on n'a le droit d'en rien
conclure. Mais on ne peut raisonner ainsi sur l'inscription qui porte le
numéro 2804 dans le tome III du même recueil. L'auteur de la dédicace
que ce monument nous conserve est d'origine gauloise, comme l'établit
son surnom Succtssa dérivé au moyen d'un suffixe bien connu d'un thème
succO' qui a donné le gallois hwch^ le breton houe' h « cochon ». Le jfi-
piter Taranucus ou foudroyant de cette inscription parait porter un sur-
nom identique ou analogue au nom du dieu TaranucnuSj trouvé dans deux
inscriptions rhénanes '. Il est avec ce Taranucnus dans le même rappon
que le Mars Camulus de Rindem en Prusse rhénane, avec le Camulas
qu'un soldat romain originaire de Reims, M. Quartinius Sabinus, men-
tionne à côté de quatre autres dieux dans un monument aujourd'hui con-
servé au musée du Vatican'. De ce que le Jupiter Taranucus n'a été
jusqu'ici rencontré que dans une inscription trouvée en Dalmatie, on ne
peut conclure que cette divinité n'est pas gauloise puisque l'auteur de
l'inscription est une Gauloise et puisque le surnom du dieu est également
gaulois. Enfin il n'y a, comme nous l'avons dit, aucune raison pour re-
fuser d'admettre que le même dieu romain ait été assimilé à deux divi-
nités gauloises différentes: Jupiter soleil et Jupiter foudroyant [Taranucus'*
ne s'excluent pas.
H. d'A. deJ.
Meragad Uillx maioc lielrtls, Uie irish Odysicy, edited with Engibh traosij-
tioD) notes and glossary by Kuno Meyer. London, Nuu, 1886, in«i2, 36 pp.
Parmi les compositions épiques qui, au moyen âge, ont été une des
principales récréations des Iriandais, on peut distinguer deux catégories:
celles dont le fonds est irlandais et celles dont la conception première
est d'origine étrangère. Les premières sont celles qui^ je pense, en
France, éveilleront le plus la curiosité; cependant, on aurait tort de
dédaigner les autres qui nous montrent à l'aide de quels procédés, au
1 . Esquisse de la religion des Gaubis^ p. 1 1 .
2. Brambach, 1589, 1812.
3. Corpus f VI, 46.
Bibliographie. 257
moyen de quelles transformations, le génie irlandais a pu s'approprier
des idées qu'il n'avait pas produites.
On ne peut contester qu'il ne soit intéressant de voir comment, dans
les deux rédactions du Togail Troiy les Irlandais ont tiré parti des di-
verses données que leur fournissaient sur la prise de Troie le soi-disant
Darès de Phrygie et l'Enéide ' . C'est principalement par l'histoire d'Orose
que les Irlandais connaissaient Alexandre le Grand ; on ne comparera
pas sans profit le texte de l'auteur latin avec la rédaction irlandaise
dont M. Kuno Meyer a publié une partie^. On peut considérer au même
point de vue la nouvelle publication du même auteur.
Il est probable que le conteur irlandais n'avait pas connaissance di-
recte de l'Odyssée. Il avait entendu parler de Pénélope et de sa fidé-
lité conjugale, du chien Argos qui reconnut Ulysse ', du Cyclope dont
Ulysse creva l'œil unique 4. Par quel intermédiaire ces notions lui
étaient-elles parvenues i C'est ce que nous ne savons pas encore.
M. Kuno a eu à sa disposition deux manuscrits ; l'un fait partie de la
coUeaion Stowe, aujourd'hui dans la bibliothèque de la Royal Irish Aca-
demy, à Dublin ; c'est le n"* 992 du catalogue de 1849 ; c'est celui qui
est coté Press II, n^ 36, dans le catalogue d'O'Conor, pp. 280-282. Ce
manuscrit est un recueil de documents de toutes sortes parmi lesquels
ce que O'Conor appelle « An Irish history ofthe Heroicagesof Greece »;
les aventures d'Ulysse en sont une section. M. Kuno Meyer les avait
signalées dans sa notice : Addenda to M. de Jubainville's « Catalogue de
la littérature épique de l'Iriande » L L'autre manuscrit est le livre de
Ballymote, qui fait partie de lancien fonds de la Royal Irish Academy.
Ce manuscrit contient, du folio 230 au folio 275, un long morceau qui
semble identique à celui que O'Conor a appelé a An Irish history of the
Heroic âges of Greece ». M. Wh. Stokes a reconnu dans un des cha-
pitres de cette longue composition l'arrangement irlandais de l'Odyssée
que nous donne M. Kuno Meyer, et que le catalogue d'O'Curry ne si-
gnale point.
M. Kuno Meyer joint au texte irlandais une intéressante introduction ,
une traduction et un glossaire des mots les plus curieux ; je signalerai
1 . Togail Troij the destruction of Trov, transaibed from the facsimile of the Book of
Leinster and translated with a glossarial index of the rarer words, by Whitley Stokes,
Caloitta, 1882. -^ trischt TextCy mit Uebersetzangcn and Wœrterbuch, herausgegeben
voo Wh. Stokes tind E. Windisch. Zweite Série, i Heft. Leipzig, Hirzel, 1884.
2. Eine irische Version der Alexandersage^ Leipzig, Pœschel und Trepte, 1884. Sur les
sources, voyez page 8.
}. Oèissit, XVII, vers joo-jo}.
4. Oayssie, IX, ^7$ et suivants.
5. Rente CeUique, t. VI, p. 190.
Rev. CelL, VU 17
258 Bibliographie.
comme exemple le mot tuirthecht « aventure »« O'Brien» 4«n6- son dic-
tionnaire irlandais publié à Paris en 1 768^ traduit le pluri9l tuirttHoAdâ,
par « arehearsal or relation » (en français, récit, relatiooj. Cette interpré-
tation est reproduite par O'Reilly dans son dictionnaire, 1817. M.. Wh.
Stokes l'adopte dans ses Three middle-Jrish homilies où il rend l'irlandais
a-tuirtechîa par « their story >» ^ M. Windisch, dans ses Irische Texte,
t. I, p. 856, col. I, rapproche le pluriel /uiri/ieci^ra du singulier tuirthecht
qui signifie « description », si nous en croyons O'Donovan dans son
supplément à O'Reilly ; mais il ne conclut rien. M. Kuno Meyer a le
premier, je crois, reconnu dans tuirthechta le pluriel d'un substantif signi-
fiant « aventure, voyage », comparez immthecht.
Les premières publications du jeune auteur nous font très bien augurer
de celles qu'il nous annonce pour l'avenir ; mais quelque plaisir que nous
aient procuré celles que nous lui devons jusqu'ici, nous appelons de tous
nos vœux l'époque où, entamant l'étude des légendes vraiment irlan-
daises composées dans les bons siècles de cette littérature, il mettra au
jour des textes tels que celui du Tochmarc Emere qu'il nous annonce dans
le dernier volume de la Revue Celtique >.
H. d'A. deJ.
Die Inschrlften nordatraskisohaii Alphabets, von Dr. Cari Pauli, mit
sieben lithographischen Tafeln, Leipzig, Barth, 188$, in*8, 131 pp.
Les inscriptions lapidaires celtiques de la Grande-Bretagne sont toutes
en écriture ogamique^ et aucune ne paraît antérieure à la chute de l'em-
pire romain qui, dans cette Ile, eut Itev en 409. Les plus anciennes ins-
criptions dMrlande ne paraissent pas atteindre une date beaucoup plus
reculée. En Gaule, les inscriptions lapidaires celtiques en caractères latins
ou en caractères grecs ont été gravées sous Pempire romain. Les seules
inscriptions gauloises découvertes de ce côté-ci des Alpes, soit en carac*
tères latins, soit en caractères grecs, qui soient antérieures à l'Empire
romain, se lisent sur des monnaies, et la plupart ne remontent pas plus
haut que le premier siècle avant J.-C. Si donc nous laissons de côté les
auteurs, ce qu'il y a de plus ancien en fait de monuments celtiques est
écrit en caraaères nord-étrusques. Avec eux nous remontons à la seconde
moitié du 11'' siècle avant notre ère. De I& pour nous le grand intérêt de
la publication de M. Pauli.
1. Thru middle-Irish homilies on the lives of saints Patrick, Brigit and Columba,
edited by Wh. Stokes, pp. 116, 117.
2. T. VI, p. 190.
Bibliographie, 259
Lès inscriptions authentiques qu'il publie sont au nombre de quatre-
vingt-dix-neuf. Les numéros 4-2 3 forment un groupe attribué aux Sa-
lassi, aux Lepontii, aux Suanetes et aux Venonetes (pp. 5-1 1, 69-76).
Un autre groupe est certainement gaulois et comprend les numéros i-j
(pp. 4, j), 24-^0 (pp. 1 1-15, 76-89). Il y a entre ces deux groupes
une parenté incontestable (pp. 90-98). Vient ensuite le groupe étrusque,
numéros îi-)7' (pp. 16-19, 56, 98-111, 122). Le dernier groupe est
vénète ou illyrien; il comprend les numéros 40-95 (pp. 19-35, ^i^*
121]. Quelques inscriptions sont de langue indéterminée.
Les Français qui se sont occupés d'études celtiques connaissent quel-
ques-uns de ces monuments par le mémoire de M. de Longpérier sur les
monnaies des Salasses. Ce mémoire a paru en 1 86 1 dans le tome VI d^
la Revue de numismatique, nouvelle série^ et a été réimprimé par les
soins de M. Schiumberger dans le volume intitulé : Œuvres de A. de
Longpérier, tome II, pp. 496-507. Quant aux inscriptions lapidaires gau-
loises en écriture nord-étrusque, une seule a été jusqu'ici publiée dans
le Dictionnaire archéologique de la Gaule; c'est celle de Novare, qui est le
numéro 25 du recueil de M. Pauli. M. Whitley Stokes en donne une
transcription sous le numéro 2 du recueil d'inscriptions gauloises qui
commence à la page 42 de son savant travail intitulé Celtic declension.
Les quatre premiers numéros de ce recueil ont pour objet des inscrip-
tions en caractères nord-étrusques. La première est le numéro 26 de
M. Pauli (pp. 12, 84-*86); la seconde est celle dont nous venons de
parler, n^ 25 ; la troisième est le numéro 30 de M. Pauli (pp. 1 5, 86) ;
quant à la quatrième, qui est le numéro 38 de M. Pauli (p. 19), M. Pauli
ne la considère pas comme gauloise ; il se demande (p. 1 2 1) si elle ne se-
ra^ pas écrite dans la langue des Euganei.
}Ji^ travail de M. Pauli devra être étudié à fond par tous les savants
qvi se préoccupent de connaître les formes les plus anciennes des lan-
gues celtiques. Il est le plus complet qui ait été publié jusqu'ici ; en
outre, il propose, pour des inscriptions déjà publiées, des lectures nou-
velles très intéressantes. Telles sont pour la première ligne de l'inscription
de Novare la leçon Kanta[n]'Sa[n]s[i]0'lokan, c'est-à-dire « splendidum
boc sepulcrum d et pour la ligne verticale Dekos Toutiu[s], Dekos Toutius
signifierait « Decus, rex », et serait le nom du personnage auquel le tom-
beau a été élevé. Ce tombeau serait dû à Quintus, légat, à Andocombo-
jiiu et à Setvbogius^ tous trois fils de Dannotalus, puis aux fils d'Exande--
cottiiUy appelés l'un Andarevisius et l'autre Dannotalus^ p. 78-83.
1. Les noms qui ionnent rinscription étrusque n" }6 paraissent d'origine gauloise.
26o BibHographii,
Dans cette légende, le nom du défont serak écrit verticalement
comme l'éphaphe du Gaulois Velagenus Atilî fiiius', et comme trois au-
tres de l'Italie septentrionale ^, ainsi qu^en a faitTobservation M. Einile
Hûbner {Inscriptiones Britanniae christ ianae^ pagen). C'est, contrairement
à l'usage romain, la coutume et des Celtes qui ont gravé les inscriptions
ogamiques, et des Germains auxquels on doit les épîtaphes gravées en
caractères runiques.
Je me borne à une annonce du livre de M. Pauli sans prétendre pour
le moment discuter le classement et les interprétations qu'il propose ;
ma seule observation sera que si l'auteur parait bien connakre la plupart
des travaux dont le gaulois a été jusqu'à présent l'objet, il semble par
contre avoir peu étudié les dialectes néo-celtiques ; ainsi, à la page 93,
il drt que des mots fournis par les inscriptions des Lepontii, Slania est le
seul mot que l'on ne puisse rattacher à aucune race gauloise. S'il l'avait
rapproché du nom propre irlandais Slan€, il n'aurait pas été plus hardi
que dans bien d'autres cas. A la page 77, il explique le thème seno^ par
« vieux j> ; mais s'il connaissait mieux la Grammatica celtica^ il y aurait
trouvé, à la page 771 note, ^explication beaucoup plus rationnelle du
mot Sertones par une racine sen c combattre », qui se rencontre en ir-
landais dans des composés. Enfin il est inadmissible qu'^ute langue cel-
tique ait possédé un substantif pa/a « tombe n avec \mp indo-européen
primitif qui se retrouve dans le lathi se^pelire et dans le gothique filkan
;p. 74). Ces critiques de détail ne m'empêchent pas de recommander vi-
vement le très instructif travail de M. Pauli aux lecteurs de la Rivue
CehiéfueK
H. d'A. de J.
FaoBimiles of national manuscrlpts of Ireland, by J.-T. Gilbert.
Londres, Longman and Co., iS74*i8S4,cniq Tolonitt ia- folio.
Cette publication et celle des Annales des quatre Maîtres, le principal
des titres de gloire d'O'Donovan, sont, je crois, les deux plus considé-
rables dont l'histoire d'Irlande ait été l'objet dans notre siècle. On ne
peut guère mettre en regard que la collection inachevée de facsimilés
dont l'Académie d'Irlande a entrepris la publication. Pour étudier l'his-
toire de l'écriture irlandaise depuis ses plus anciens monuments connus,
vui« et IX® siècle, jusqu'au xvii* siècle où périrent dans cette He les der-
1. Corpus inscriptionum latinarum, V, 6903. Cf. Hûbner, Exempta scriptur£^ 22.
2. Corpus, V, 66jo, 6907, 6908.
). Cf. Pétude de Deecke, Gœtmgisthc gelekrte Anzàgtf 15 ianvier 1SS6.
BiUiogmphie, 261
niers représentants de la tradition savante, cm a été longtemps réduit
aux ▼Tng^trois pages in-8 placées par O'Corry dans ses Lectures on the
manuseript materials of the ancient Irish hUtory, 1861 .
Aujourd'hui, grâce à M. Gilbert, nous avons entre les mains tous les
éléments fondamentaux d^une paléographie irlandaise. Pour la partie la
plus ancienne, il manque bien à son recueil quelques documents intéres-
sants ; en effet, les manuscrits continentaux y font défaut ; mais on peut
suppléer à cette lacune au moyen des fac-similés donnés par MM. Ascoii
et Zimmer, Pun dans la première livraison de son édition du manuscrit
de Milan, l'autre dans ses Glossae kibernicae; et enfin en se servant des
fec-similés qui ornent les Reliquie Celticke de M. le comte Nigra.
Quand je dis paléographie irlandaise et que je parle des National ma-
nascripts of Irelandy un mot d'explication est nécessaire. National, en Ir-
lande, est un mot, ou qui a plusieurs sens, ou dont le sens est difTici-
iement perceptible pour un étranger qui arrive avec des idées préconçues.
Je n'oublierai jamais l'impression que j'éprouvai quand, venu en Ir-
lande pour étudier les textes et les autres- monuments de la race cel-
tique, j*allai visiter ce qui reste de Tara, capitale de 111e aux temps
épiques : des terrassements qui ont, en certains endroits, de forts reliefs,
tracent au sommet d'une colline l'emplacement de cette vieille résidence
des rois près desquels se réunissaient en assemblées périodiques aux
premiers siècles de notre ère les membres de l'aristocratie irlandaise.
Mais la colline, quand je la vis, était déserte : la race iriandaise n'y était
représentée que par deux vieux époux en guenilles qui me servirent de
cicérone, et au moment du départ la femme me débita un poème anglais
en l'honneur du royal hill of Tara. Ce n'était pas sur de l'anglais que
j'aurais, ce me semble, dû compter.
Dans les Facsin^iUs of national manuscripfs, on trouve, si l'on s'en rap-
porte au numérotage, deux cent quatre-vingt-trois planches > ; et un peu
moins d'un tiers seulement, c'est-à-dire quatre-vingt-dix, reproduit de
l'écriture irlandaise. Le reste est, nous pourrions le dire, anglais ; ce sont
des monuments de la conquête commencée au milieu du douzième siède
parles descendants de Guillaume le Conquérant et de ses compagnons.
Us ont apporté de France en Angleterre d'abord, puis d'Angleterre en
Irlande, l'écriture française qui, avec le temps, a pris dans les !les Bri-
tanniques certains caractères distinctifs ; telle est l'écriture des manuscrits
que nous met sous les yeux un peu plus des deux tiers des fac-similés
réunis par M. Gilbert. Cette écriture est devenue, avec le temps, natio-
I. Il y a des plaschefl doubles, et quelques planches portent deux numéros.
262 Bibliographie.
nale en Irlande , comme Panglaîs qae Von y enseigne dans les naiional
sehaols, - : -
Aiosi les deux tiers des pimieiies de M. Gilbert sont vm mérèk pour
les lecteurs de la Revue Celtiifue. Mais le tiers irlandais peut leur fonrair
un sujet d'étude plein d'attrah. Les fao^simiiéft ont été obtennspar les
procédés de l'héliogravure ; ils sont accompagnés de transcriptions typo^
graphiques et de traductions. Pour ce travail» IM. Gilbert a.én'ie'eoncoQrr
de M. Brian O'Loont^, alors professeur d'iriandats à l'Université catho^
liqve d'Irlande, et connn par de fort intéressantes pubficadona.
M. Wbitley Stokes a publié» dans VAcademy du 26 septembre 1885,
une critique de la portion des FaesimiUs of nationtd mamtsaripÈs qtû ost le.
produit de cette collaboration. Je n'ai, en aucune façon» la pensée de
contester la justesse de cette critique; mais les erreurs sont inévitable»
dans toute publication analogue à celle de M« Gilbert ; eti si l'on ttsme-
nait à la loupe tous les volumes des Moaumenta Germ&niae histmca^ ua
des chefs-d'œuvre de l'érudition contemporaine, il pourrait bien se foire
qu'on y trouvât autant d'erreurs que M. Whitley Stokes eu signate dans
le livre de M. Gilbert. Ce que Ton peut demander à un ouvrage de te
genre, ce n'est pas d'atteindre la perfection, c'est de &ous apfacendredtt
nouveau; et on trouve dans la publication de M. Gilbert dli nouveau à
deux points de vue : lectures meilleures de textes déjà publiés ; text»
inédits .intéressants. Voici un eioemple d'une transcripiion meiUeure que
celle dont on avait dû se contenter avant M. Gilbert.
Toutes les personnes qui se sont occupées des origioes de l'histoire
d'Irlande connaissent le passage suivant des Annales de ' Tigernack
publiées par O'Conor, Rerum hibernicarum scriptores^ tome il, pag( i,
sous la date A. G, ^0$ ; In anno xviii'^ Piokmdêi iniiiatùt at re^cfft in
Eamain Cimbaoth, filius Fintain, qui regnafitannis xvui. TUncin Tmair
Eaçhach Buadach athair Ugainè, Rtgrnff^ a^ aliiffertur Uccàs, Praeurip^
simas Ollam ab U gaine régnasse^ Omnia monumenta ScaMum usque dm-
baoth incertê. erant \, Ce texte est profondément altéré et l'auteur de la
transcriptioA a imaginé un roi i^iccus qui ne se trouve nulle part «tUeurs*
La bonne leçon est donnée par le aaanu$crit RàwUntony B. 502, écM
Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, folio 6 verso. Voyez Facsimhif
partie I, planche XLHI. Je reproduis ta ieéture de M» Gilbert en me
bornant pour toute modification à changer une lettre dans: un mot et à
mettre en italiques les lettres qui sont la traduction d'abréviations :
« In anno xvm Ptolomei fuit initiatiu regnare in Emain Cimbéed
1. cf. Q'Curry, Lectufcs on<ht itumufcripè maHriéHSi p. f r^.
« fdia» FMtakr ^i . reignoai xxviii anms. Tono Behu Biwdtch ^attt
« Ugaî/ie in Temoria regnase ■ ab aliis fertur, liquft > prtf^cripsimu^ olim
«.-Ugaiœîisp^nBaej Orania^monihiMta ScMonim usftii Cimbaed incerta
Il j adH-Jf. Gilbert ane petite erreur dâii6Cd passage ; it a imprimé
regiM^rdc poor^i^ASfltf. Ou reste aa transcription ^est excellente et suffit
pour jnomrer k .nécessité d'une nouvelle édition d'un texte qui n'était
oonilQ jiMcp^ présent qoe par ta publication d'O'Conor.
Une parfîe des fac-similés de M. Gilbert nou$ fait connahre des textes
complètenient inédits, (t serait trop long d'en donner ici le détail. Je me
bonteraî à faire observer qu'un des documents tes plus importants sur
l'drgaiBsadoii de la famiUe irlandaise a eu M. Gilbert pour premier
éxKtMr. Ce doeumem est une consultation donnée en 1571 parle brehon
Jflcques O'Scingin ; elle a été reproduite dans la planche xvi de la qua-
trièniie pattie des Fùcsimiiés <s/f National Manuscrtpts et j'en ai donné un
«nrait ptoshaut, page 93, note 4.
Je n^ai)usqtf 'à présent rien dit des traductions (ailes pour M. Gilbert
par M. Brian O^Looney. Je n'ai pas l'honneur de connaître personnelle-
mlm «e saram irlandais. Je le juge exclusivement par ses travaux. Il me
sembler ^re l'élève plutôt d^O'Curry que de Zeoss et savoir de sa langue
le 'Vocabalalrei)eaueoup mieux que la grammaire; Cependant il y a tel
sapi^nt grammairien allemand cfBÎ pourrah encore recevoir de lui quelques
bonnes leçons.
lé «heral coanue exeniple un passage du texte si curieux intitulé Serg-
A^. CM^/iMi; on pourrait traduire: t Maladie de Cûchulainn » ou
« 'CteMaiati alité, >>
Le^ grands seigneurs d'Ulster sont ré^inis avec leurs femmes pour
célébrer une fête sur le bord d'un lac, quand on voit s'abattre sur ce
laç de magnifiques oisieaux. Chacune des femmes veut en avoir un. De
là rivalité entre elles : Qabm cath M immarbaig ammuln a celi im gabail
jtti /i^/f# Voici la traduction d'O'Curry: « Tbey aH began to contend
witlt^fie ânqtber about fhe posses$ion (A the birds. ^ M. Brian O'Looney
a^titaduif ahsi^r «Bacbef them begiMfto vie wittit^eothef astocatcbing
theUrtb^. »
'rToostoiVAOtfr contenus dans la phrase irlandaise sont parfaitement
eUîrs^'saufun^ c'est Ammuin. cycurry et M. Brian O'Looney sont
1. 1&gnase\ atccx t±:sj, confiormémeitt i Une orthographe irlandaise fréqaente, tient
lien de régnasse^ variante de regnavisse. — Apex sur l'U de Ugaine.
2. Lisez Ucet.
). Facsimilis of natioruU manuscripts, (ffemière panie, planche XXXVH.
264 BibHogr^phu.
d'accord pour traduire ce mot par with : « immarbaig anuDum a cdi, »
signifie suivant O'Curry « to CQiitend wtth aneanother» et srnnu
M.. Brian O'Looney, « to vie with tbe other », c'esk^dire : c sedis^
puter Tune avec l'autre, rivaliser 1 une avee itetre. n M. Windiscb, avec
cette prudence loyale qui est un des cacactèrea :de ism talenty n?a pas
voulu donner une traduction d^ammuia dontit ne wriaiHMt *point l^xj*
mologie ^
M. Zimmer, dans ses Keltische Studien, I,pp. 81, 82, le reprend de
cette sagesse et prétend que ammuin est identique à l'Irlandàh ipôdf^ne
amhàin u seulement » qu'il a trouvé dans une chanson et qui est bien connu
d'ailleurs, puisqu'on le rencontre dans la traduction irlandaise de la Bible
(Première éphre aux Corinthiens, c. 2, v. 2) et qu'il est donné parles
dictionnaires d'CVarien etd'O'ReîlIy. En conséquence it traduit ainsi la
phrase irlandaise: « ledevon ihnen begann zu rûhmen, dàss ihr Gatte
« allein die Vôgel fangen wûrde. » Chacune commença à se vartter que
« son mari seul prendrait les oiseaux. » Mais cette interprétation offre
deux difficultés. La première est que le moyen-iriandais ammuin^ ayant
un double m, ne peut avoir donné amhdin, par mh, en irlandais mo-
derne. Vm double du moyen-irlandais ne devient pas spirant en irlan-
dais moderne. Ainsi ammach « dehors ^ pour un plus ancien în-mach
est devenu amach en irlandais moderne. Ammuin tient lieu probablement
d'un plus ancien in-muin et signifie dans son sens littéral, « dans le dos
de », « contre » (Comparez la locution française « sur le dos de »); /m-.
marbaig ammuin veut dire littéralement a se quereller contre quelqu'un »
D*autre part, M. Zimmer, en traduisant par « mari » le cèle de la phrase
iriandaise hii un contre-sens évident. Il suffit de lire le contexte pour
voir que les femmes des grands seigneurs d'Ulster n'ont pas un instant
songé à faire prendre les oiseaux par leurs maris. C'est à Cûchulainn
qu'elles s'adressent.
Ainsi la traduction de ce passage donnée par M. Brian O'Looney en
1874 est beaucoup meilleure que celle que M. Zimmer nous a offerte en
1881. M. Zimmer est incomestablement un grammairien distingué.
Après quelques semaines de séjour en Irlande, il était de force â servir
d'interprète entre deux Irlandais qui, parlant chacun depuis l'enfance
la langue de leurs ancêtres, ne parvenaient pas à se faire comprendre
l'un de l'autre. Il l'a lui-même raconté dans un de ses ouvrages Un
pareil triomphe peut sembler incroyable. Cependant je connais trop bien
M. Zimmer pour révoquer en doute sa sincérité. Je suis persuadé qv'ii
1. Irùche Tate, t. l, p. 362, col. 2.
BibUogrAphie. 265
est tottjoure oonvasBCQ d« {'•exactitude de ce qn^il dît. J'ajouterai même
que iKsqu'it liait skm propre éloge et la critique des autres, c'est alors
sortoo^ que sa ceowtîon est profonde. Mais quand on est aussi fort que
bb et qasoià les Irlandais ^nt si simples, on ne devrait pas se laisser
donner 'par eux des leçons coRmieceHe que donne ici M. Brian O'Looney
av savant preteseur de Gre&waM.
H. d'A. de J.
{«exikon zu den Sohrilten Caaaars and aelner Fortaetser, mit
Angabesaemtllcher Stellen, von H. Merguet. Jena, Fischer, 1884. Livrai-
sons I à V, commençant au mot a, ab et finissant au mot peto.
L'auteur a déjà composé un lexique des discours de Cicéron. L'objet
qu'il se propose est surtout grammatical. On sait que pour Pétude du
latin classique^ les textes fondamentaux sont les écrits de César et de
Cicéron, Mais tel n'est pas le point de vue auquel nous considérerons
ici l'utilité de sa publication. Les commentaires de César De bello gallico
sont le principal des documents que l'antiquité nous offre pour l'étude
des mœurs et des institutions de la race celtique. La plupart des
éditeurs se sont contentés de placer à la suite des œuvres de César un
index dés noms propres. L'édition la plus répandue du De bello gallico,
celle de Friedrich Kraner, revisée par Diitenberger, a même retranché
de cet index tes noms d'hojnmes et n'offre au lecteur qu'vaxgeographisches
RegisUr. Ce n'est point avec de pareilles tables qu'on peut retrouver
les divers passages qui se rapportent à la même idée. Quand donc on
voulait s'occuper des choses^ et non plus des hommes, des peuples ou
des vin.eSy.et quand on voulait donner, par le rapprochement des textes,
une. forme précise à des notions qui, après la lecture la plus attentive,
ne se présentent souvent à l'esprit que d'une façon vague, il fallait re-
courir à l'index de l'édition ad usum Delphini, Paris, 1678, de son
imitation vénitienne, ou de la reproduction donnée à Londres par Valpy
en là 1,9'. Malheureusement, cet index n'est pas toujours exact. Ainsi,
dans cet index, la page où se trouve le mot clientelaef livre VI, c. 12,
est'ihdiquée. d'une manière erronée» p. 128 au lieu de 1 18. Il y a un
autre inconvénient plus grave^ au moins à Paris : c'est que l'édition de
César ad usum Delphini, son imitation vénitienne et sa reproduction an-
glaise de 181^ sont très rares, quoi qu'en dise Brunet >.
• • . i« j
1 . Afitérieurement à cette édition de Londres, on a fait à Londres d'autres réim-
prédkHÉi êm tiéstr aé usém Mphtni; mais sî j'en jnge d'après un exemplaire que j'ai
sons les yeux et oui dans le titre est qualifié d'editio undecimay l'index, aans ces réim-
pressions, a été aoré^é de manière à en diminuer beaucoup l'utilité.
2. Manutliu libraire^ t. V (1864), col. 1785.
266 Bibliogrfiphie.
Le lexique de M. Mcrguei . comble donc une lacune regoctt^Ue.
Afomotis qu'il est beaucoup phis complet que L'indcacde Vééàûùnjidusm
Delphim; non seulement il donne abaque mot, omis^il r^ofâi^t k-
membre de phrase dans lequel le mot est coitemi ; enfin^ au Ik^ de
renvoyer à la page et à la Ûgne, comme VMkxmL adumm BUphétè, it
renvoie au livre et au chapitre; en sorte que bs lecteiflrvpOQnnuqiie'^^
il connaisse un peu César, peut souvent comprendre de. cpioi k -sfagit
sans se reporta au texte. Nous considérons donc lelexiquedè M:; Mecguet
comme un instrument de travail d^une grande utilité. pour les érodàts.qQt
veulent coni^re à fond le texte de César, De bdUgailicOé On m\xm beau
lire, la plume à la main, ce précieux document historique; il y aura tau-
jours des notes qu'on oubliera de prendre» et ces notes en déficit, on
les retrouvera dans le grand recueil alphabétique composé par le labo-
rieux érudit allemand. 'H. d'A. de J.
Monuments oonsacrés à Mars dôcouveris à Courges en tB95i
notes par M. A. Buhot'de Kersers.
Ces monuments sont deux stèles ; l'une porte Tinscription :
NVMAVG
ETMARTI
MOGETIO
GRACCHVS
ATEGNVTIS FIL
V- S- L- M
Sur l'autre on lit :
MARTI
RIGISÀMO
TI- IVL- EVNVS
EX- VISSV
Mogetius paraît identique au mochta « magnified » « glorifié » du VBrft
Oengusso, édition de M. Whhley Stokes, p. CCXCIV. Cf. Windisch,
Irische Texte, t. I, p. 695.
Quant à Rigisamus^ on s'est demandé si C'est un dérivé de tix « rôi »
ou un composé dont rit serait le premier terme. Quoi qu'il eti soh,
M. Buhot de Kersers a bien fait de porter cette découverte à la con-
naissance des érudits.
Die irische Kenonensammluag, herausgegebeA voti Hcrtrann Vfm^*
scHLneNA zwcîfte Awfiigf . Leipzig, Tavchniti) 188^ ] io-S, Lxxvict 24)'p.
L'auteur avait fait paraître en 1 864 une première édition ; elle a été.
en grande partie, détruite par un incendie* Cet accidem t'a détanainé à
BihUogfûfhie, 267
réimpriiner son œuvre avec de nombreuses correctioiis et une préface
beaucoup plus considérable que la première. Cette préface est divisée en
trois parties qin traitent ; i<> des sources de la cottection canonique irlan*
daise^ de sa diffusion et des ntanuscrbs qui nous l'ont conservée ; 2^ des
nelatâons de l'Eglise klandaise avec ^Eglise romaine; j*" des autres par*
ttciilariiés que nous offre le droit ecciésîastîque et dvil de Pirlande, tel
que nous le fait connaître la colicctton canonique irlandaise. Un appen-^
dke-à la préface contient une lettre de M. Bradshaw à l'auteur. Dans ce
document, le savant bibliothécaire éttiti^ sur divers points, une doctrine
différente de celle qu'adopte M. Wassersehieben ec ce damier défend
son sentiment par cPabondames notes.
L'histmctive pubKcation de M . Wasserschteben mériterait une étude
détaillée qui demanderait plus de place que la Revue Cilîkpu ne peut,
quant à présent, lui consacrer. Nous nous bornerons à parler de la lu*^
mière que la collection canonique irlandaise éditée par l'érudit allemand
jet* stir fflvefs points du droit bMl Irlandais.
Il est paléographiquement établi que cette collection existait avant la
fin du vin* siècle, etdes raisons qui ne sont point paléôgraphiques auto*
risent à croire qu'elle a été composée vers l'an 700 ou environ. Or,
outre un grand nombre de textes empruntés soit à la Bible, soit aux
collections canoniques du continent, soit aux Pères, elle renferme un
certain nombre de textes d'origine irlandaise sous les rubriques Patricius,
Sinodas hibernensis^ Hibernenses. Une partie des dispositions placées sous
ces rubriques concernent le droit civil, et on y constate un merveilleux
accord avec les passages correspondants des monuments du droit pu-
bliés dans les Ancient laws of Ireland. M. Wasserschleben a un peu né-
gligé d'étudier sous cet aspect les textes canoniques dont lui devons la
connaissance ; nous allons chercher à réparer sur quelques points cette
lacune.
Ai^si, le droit des femmes à la succession de leur père est réglé par la
collection canonique delà manière suivante, p. 1 16 : « Sinodus hibernensis :
aucljOresecclesiae hic multa addunt^ut feminae heredes dent ratas et sti-
pulationes, ne transferatur hereditas ad aliènes... ; et, si genuerint filios,
viris s^ae cogAaiionis dabuni hereditatem ». Ce texte doit, ce semble,
être traduit ainsi : « Les auteurs ecclésiastiques entrent ici dans de
grands développements pour établir que les femmes héritières doivent
s'engjager> avec concours de cautions ^ à ne. pas transporter l'héritage
dans une autre famille..., et si elles ont d^ 61s, ceux«*ci rendront l'bé-
t.' AtfttsiKt te plurM de liriandais fiift.
268 Bibliographie,
ritage aux parents de leur mère ». C'est la doctrine qu'un brocard irlan-
dais résume en deux mots : banadba taisiCy c'est-à-dire « maison de femme
revient » '. Le retour est garanti par caution : ro bui îrebuiri fri haisec ^.
En droit irlandais, une fille peut recevoir de son père une donation i ;
elle peut hériter aussi d'un immeuble appartenant à son père ou à son
grand-père, si ceux-ci n'ont pas de descendant màle^. Mais elle ne peut
transmettre la propriété de cet immeuble à un fils sans le consentement
de ses collatéraux du côté paternel. Ce consentement est donné quel-
quefois quand elle a épousé un étranger et que les fils nés de cet étranger
se mettent au service de la famille K Lorsqu'une fille unique exigeait la
totalité de la succession paternelle, elle devait le service militaire. Si elle
voulait se décharger de cette obligation ^ il fallait qu'elle abandonnât la
moitié de la succession à ses collatéraux paternels, ou, comme on dit en
droit romain, à ses agnats^.
Un des principes les plus curieux du droit iriandais consiste à distin*
guer dans la réparation due pour crime ou délit deux éléments : l'un
fixe, qui représente le dommage causé et, lorsqu'il s'agit d'un meunre,
la valeur légale du corps, coirpdire ; l'autre est le prix de l'honneur qui
varie suivant la dignité de l'individu 7. On l'appelle enechlann' ou lâg
enech, Venechlann du roi est de sept femmes esclaves. Ce chiffre est
énoncé en termes formels dans le traité intitulé Crith gablach ^, et on re-
connaît que c'était la doctrine du Sençhus Màr quand on fait l'observation
que le tarif des legs contenu dans le dernier livre de ce traité est em-
prunté au tarif du prix de l'honneur 9. Ainsi celui qui se rendait coupable
d'une insulte grave envers un roi lui devait, comme réparation, sept
femmes esclaves, en vieil irlandais, secht cumala. Or, on trouve déjà cette
1. Ancientlaws of Ireland, t. IV, p. i6, 1. 24.
a. tbid., p. 18, l. 15, 16.
3 . Dilsigthi d-athair di-a ingin ar duthracht ; Ancient laws of treland, t. IV, p. 44,
I. 14, 1$. Comparez le testament de Pratusagus, roi des Icem en Grande -Bmiigiic,
l'an 62 de notre ère. Ce prince, nous dit Tacite : Caesarem heredero duasque filiasscripserat.
Annales f livre XIV, c. ?i.
4. Isa ferunn athur ocus senathur, ocus ni fuil comorba fierrdba «nn. AndtutUfws cf
Ireland, t. IV, p. 14, 1. 27, 28.
5. Is diles o^ne do maccaib deoraidh ocus murcairthi cein beiti oc fognam dt.Anciat
laws of ireland, t. IV, p. 44, 1. 15, 16. Ces enfants s'appellent £^)!a«, p. 1S4, 1. 19.
6. Ocus beraidh in ingean in fearann uili co fuba ocus co ruba, no a leth ganfubi gan
ruba, ocus coimde fuirre re aiseac uaithe iarsna re. Ancient laws of Ireland, t. IV. p. 40,
j. i(-i8. C'est en vertu de ce principe que dans les Annales de Tacite, XIV, 3$, nous
voyons les filles du roi Pratusagus dans un char, avec leur mère Boudicca, dans l'année
qui va combattre les Romains.
7. Le coirpdire éuit de sept femmes esclaves. Cf. p. 246-247. Un des teites topiques
est un de ceux qui concernent le meurtre caché, Ancient laws of Ireland, t. III, p. 98.
8. Ancientlaws of ireland. t. IV, p. 328, 1. 2ô.
9. Ancient laws of ireland, t. III, p. 42, 1. 24. Cf. t. II, p. 224, 1. 7-9; p. 226, 1. 13-
Bibliographie. 269
règle dans la Canonum collatio, livre XLVIII, c. }. « Sinodus hibernensis
ah : Ômnis qui ausus fuerit, eà, quae sunt régis aut episcopi furari, aut
rapere, aut aliquid în eos commîttere, parvipendens dispîcere, VII ancil-
larum pretium reddat, aut Vil annis peniteat cum episcopo vel scriba »'.
On voit par le titre de ce chapitre que dans la langue latine employée
par les canonîstes irlandais, le prix de Phonneur s'appelait census : ce
titre est : « De eo quod régis et episcopi aequalis sit census ». Cela
n'empêche pas le mot census de désigner ailleurs, dans le texte canonique,
la redevance due au chef par Thomme de classe inférieure qui a reçu de
lui un cheptel servile, degens sub censu: livre XLI, c. 8, 9, p. 160 *. Le
degens sub censu ne peut faire de legs, commendare ^ ^ sans le consente-
ment de son chef. La femme mariée a également besoin de l'approbation
de son mari pour faire une disposition testamentaire valable (ibid., c. 10,
p. 161]. Si nous ne trouvons pas ces deux principes formulés explicite-
ment dans le Senchus môrj ils sont la conséquence de la règle qui déclare
nuls les contrats formés par les incapables, sans le concours de leurs
chefs, pères ou tuteurs 4.
On sait qu'une des particularités du droit irlandais est d'admettre,
qu'en certaines circonstances, le mariage peut donnera la femme une si-
tuation égale ou même supérieure à celle de son mari s. C'est à cette si-
tuation particulière de la femme que se réfère par le mot domina le cha-
pitre 3, De personis indignis ad jidejussionem, livre XXXIV, p. 122. Parmi
les personnes qui ne peuvent servir de caution, ce chapitre mentionne
la femme qui n'est pas dame, femina nisi domina.
Nous avons parlé plus haut [p. 1 2 et suivantes] de l'usage du duel
dans la procédure irlandaise. La collection canonique irlandaise attribue
à saint Patrice une loi qui défend le duel aux clercs. Cette loi prévoit le
cas où un clerc, ayant cautionné un laïque, se trouve appelé à payer au
lieu et place du débiteur principal. « Qu'il paie, dit le texte canonique,
car, s'il recourt aux armes, il sera excommunié », nam si armis compu-
gnaverit, camputetur extra ecciesiam (livre XXXI V, c. 2, p. 1 22). Un autre
canon étend cette loi au débiteur principal, nam si armis compugnaverit,
extra ecd€siam ejiciaiur (Hvre XXXI V, c 8, p. 124).
t . Die trhcfu Kancnensammlungy p. 206.
2. M«ro fàgtdbh in t athair ds doeraigîlleehta ar in mac do flaith. Anetent Unvs oflre-
landy t. Ifl, p. 62, 1. 25-26.
3. Coptmendare est la traduction latine du mot imita qu'on trouve dans Ancient laws
of frdand, t. III, p. 42, 1. 14 et suivantes.
4. Anciait laws qf Ireland, t. III, p. lo, 1. 16-20.
i. a La femme est égale à son man en cas de lanamnas comtincuir, c'est-à-dire quand
il y a égalité d'apport. i4/ia>/if laws of Ireland, t. II, p. 356, 1. 29. La femme est supé-
rieure au mari quand la fortune vient d'elle, lanamnas fir for bantidnacur. Ibidem yp. )9o,l. ^ i .
270 BihliopapkU,
Je signaleiai, «n termmant, deux passages^ l'un de la coHedion ca-
nonique, l'autre de la loi civile, qui, considérés isolément, sont fort obs-
curs et qui deviennent clairs quand on les rapproche l'un de l'autre. La
collection canonique attribue à un synode irlandais le règlement suivant:
« Primum delictum uniuscujusque mali hominis veniet super substantiam
suam et pecora ; secundum, si non habuerit substantiam aut pecora, ve<-
niet super regiones suas; si non habuerit regionem, veniet super regem
suum ; si non habuerit regem, veniet super eum, qui arma dédit et ves-
timenta illius, qui delictum fecit ; sin vero, postremo veniet super illum
qui cibavit illum et lectum dédit ». Que signifient dans ce document les
mots regiones et regionemf Ils veulent dire « la famille et le chef 9, ha-
bitant naturellement à côté du coupable, dans le même pays. On le com-
prendra en rapprochant du document canonique les lignes suivantes qui
appartiennent au traité intitulé : « Du jugement de tous les crimes que
fait chaque criminel ». « Si le criminel fait défaut, son crime tombe sur
ses biens vivants ou morts ; s'il n'en a pas, son crime est à la charge de
son père ; s'il n'a pas de père, son crime tombe sur son frère et ses
cousins ; si ceux<i font défaut et si on ne les trouve pas, son crime est à
la charge de son chef; s'il n'a pas de chef, son crime atteint son lit, son
manteau et sa nourriture ; s il n'a pas de lit, son crime est à la charge
du roi » '. On ne conçoit pas de prime-abord comment, suivant le texte
irlandais que nous venons de traduire, un créancier qui n'a pu se faire
payer sur les biens de son débiteur, parce que et débiteur ne possède
rien, pourra ensuite saisir le lit, le manteau et la nêorriture de ce débi-
teur. Le texte latin nous donne la solution de la difficohé. U s'agit du
lit, du manteau et de la nourriture qui ont été donnés au débiteur insol-
vable par des tiers, amis de ce débiteur et ennemis du créancier;
souvent ces tiers ne fournissaient pas seulement au débiteur un Qt^ un
manteau et de la nourriture ; ils lui mettaient en main des armes pour
combattre le créancier : « arma dédit » dit le canon irlandais. La dette
tombait à la charge de ces tiers ; « veniet super eum, qui arma dédit et
vestimenta illius qui delictum fedt ; sin vero, postremo veniet super illum
qui cibavit illum et lectum dédit ». La seule différence importante entre
le document canonique et le texte de droit civil consiste dans l'ordre des
responsabilités. Le document canonique place le roi avant les tiers qui
se font complices du débiteur ; le texte de droit civil met ces tiers avant
le roi. Du reste, les deux législations sont en parfait accord.
Nous arrêtons ici cette étude comparée qui pourrait être poussée
1. Attcient laws of Inland^ t. IV, p. 240, 1. $-12.
Bibliographie. 271
betucoirp pVas loi»; M. WausBerschleben connah les Ancient laws of /re-
Luf^/dont il cite le tome I, à la p. lx de sa préface ; mais il est à re-
gretter que dans son livre» d'sulleurs si savant et si instructif, il n'ait pas
davantage tiré parti de la collection de textes légaux que nous devons à
la libéralité du gouvernement irlandais.
H. d'Arbois de Jubainville
Tlia lake dweliingsol Ireland, or ancient lacustrine habitations
ol Erin, commonly called Grannogs, by W.-G. wood-Martin; Du-
blin. Hodge, Figgis and Co. Longmans ; et Londres, Green and Co. 1886, in-8, xzii
et 268 pp. et 50 planches, avec 238 6gures intercalées dans le texte.
Les Crannogs > de l'Irlande ont été, pour la première 6hs^ croyons-
nous, signalés aox udMèatagoek framçais par ie marqua de Nadaiibc dans
son livre intitulé : Les premiers hommes et les temps préhistoriques, t. I,
pp. 260-26^. Ce livre a paru en 1881. Mais les archéologues irlandais
avaient commencé à les explorer plus de quarante ans avant cette date ^
Il y a une très-grande différence entre le mode de construction du
crannog et celui de l'habitation lacustre de la Suisse. L'habitation lacustre
est construite sur des poteaux qui pénètrent dans le sol au-dessous des
eaux du lac et dont l'extrémité supérieure dépasse le niveau le plus élevé
de ces eaux ^ Le crannog est une lie artificielle. On y trouve au-dessous
de la maison les poteaux qui supportent l'habitation lacustre de la
Suisse ; mais on n'y trouve pas seulement des poteaux ; en outre, le con-
structeur a apporté des pierres et de la terre qui constituent une sorte
dllot; les poteaux sont en quelque sorte la carcasse de cet Ilot, tandis
que, dans l'habitation lacustre de Suisse, les poteaux constituent l'unique
si^)port de l'habitation.
Certains crannogs d'Irlande ont été habités jusqu'au dix-septième siècle.
Quelque&^ms nous offrent des traces de l'âge de pierre. Une circonstance
d<HEUie un intérêt particulier à l'étude de ces monuments : il y a des textes
qui concernent quelques-uns d'entre eux. M. Wood -Martin a consacré
im chapitre de son livre (pp. 14}-! 60) à Tétude de ces textes. Ce n'est
peut-être pas le meilleur de son ouvrage. On sent que l'auteur est avant
toul un archéologue; il a vu de ses yeux, touché de ses mains les mo-
nuaents figurés dont il nous entretient ; mais il parle des textes par ouï
1. Sur le mot ctannpg ycj^ Joyce, The origin and history oj Irish nanus of places,
cinquième édition, t. I^ p. 299.
2. The lakt dmetUngs, p. 2).
j. Voyez le travail de M. Alexandre Bertrand sur les cités lacustres, dans son livre
intituié La Gaule avant les Gaulois, pp. 1 21-147. Cf. Nadaillac, Us premiers hommes,
t. 1, pp. 241-260.
272 Bibliographie.
dire et avec des indications sommaires fournies par un ami complaisant.
Ainsi, à la page 156, il donne sans s'en douter une analyse d'une note
que le docteur Todd a mise à la page clx de l'introduction qui précède
son édition du Cogadh Gaedhtl re Gallaibh « The War of the Gaedhil wîth
the Gain » ; et au lieu de renvoyer soit à cette note, soit aux passages
que cette note concerne, p. 140 de l'édition, il nous parle du manuscrit:
a as recorded in a welUknown IrUh manuscript entitled : The wars of
the Gaedhiel (sic) with the Gaill. » Faisons observer que l'édition du
docteur Todd remonte à 1867, c'est-à-dire qu'elle est de dix-neuf ans
antérieure à la date du livre de M. Wood-Martin. Le savant archéologue
fera bien, à l'avenir, de demander aux amis qui lui fournissent des ma-
tériaux un peu plus de précision dans leurs renseignements.
L'examen des textes concernant les crannogs exige une très grande
attention lorsque ces documents se réfèrent à une époque reculée, parce
que le mot crannog apparaît pour la première fois au treizième siècle,
dans les Annales de Loch Ce, en 1221, 122^, 1246, 1247^; dans les
Annales des Quatre Maîtres en 1246^ M. Wood-Martin, qui cite les
Annales de Loch Ce sans les avoir jamais lues, leur fait dire qu'en 102 j
« A predatory expédition was made by the inhabitants of Fermanagh,
on which occasion they burned the crannog on Loch-n-Uaithne [sic] ».
On y lit simplement que les Fir Manach allèrent piller Loch Uaiîhne
c'est-à-dire le lac d'Uaithne et le brûlèrent. En intercalant le mot crannog
on fait un acte d'interprétation probablement fort légitime, mais on
donne un commentaire plutôt qu'une traduction.
Une des indications les plus anciennes que son livre nous offre sur
Vhmoirt des crannogs en Irlande se rapporterait à l'année 6^6 [lisez
606). A .cette date mourut un certain Aed fils de Colgan. Cette date est
vraisemblablement exacte ; elle parait empruntée aux annales de l'abbaye
de Clonmacnois, où Aed se trouvait en pèlerinage au nK)ment de sa mort
Or Aed avait bâti une belle maison dans Tlle de Loch da Dam ^
M, Wood-Martin met cet événement en 6]6 et prétend qu'il s'a^t de
la construction d'un crannog. Evidemment il n'a pas consulté le passage
des Annales des quatre Maîtres auquel il renvoie à cette occasion, p . 1 58
de son livre, sans indiquer, du reste, ni l'édition, ni la page qu'il aurait
consultée .
1. William M. Hennessy, The Annals of Loch Ci, Vol. 1, pp. 260, 266, 272, 274.
2. CDODOvan, Annals ofthe kmgdom of Intaid ty the four mastm. Vol. Iif (1841},
p. 518.
). Focer trilis treabh tré inis Locha-da-dam. Annals of the kingdom of Ireland by
the four masierSt Vol. I, p. 2 j 2.
Bibliographie, 27}
Dans un autre passage il s'exprime avec un peu plus de précision.
En 856, nous dit -il, Cinaedh. . . « spoiled the islands of Lagor 1». Il ne
cite aucune source. Il a pris les expressions entre guillemets dans la tra-
duction du Cbronicoa Scotorum publié par M. Hennessy (p. 151).
Seulement, il a mal copié la date ; au lieu de 856, lisez 850; et d'autres
chroniques donnent les dates de 849 et de 848 ' .
On voit que la partie historique du livre de M . Wood-Martin est très
faible. La partie archéologique est infiniment supérieure. Nous devons
à la plume si compétente de M ; de Lasteyrie, professeur d'archéologie
à TEcole des Chartes, la note suivante :
c Les appréciations de M, Wood-Martin me paraissent généralement
assez justifiées. Les objets dont il donne la description sont loin d'appar-
tenir tous à une même époque et il en distingue l'âge avec sagacité. Il y
en a dans le nombre, qu'en bonne critique je trouve presque impossible
de dater. Tels sont ces canots creusés dans un tronc d'arbre. Ma con-
viction est qu'ils sont relativement peu anciens, et elle est fortifiée par
cette observation de Fauteur qu'on en a rencontré avec des objets de
fer « déforme très-moderne» (p. 47). Je les crois donc très postérieurs
au commencement de Père chrétienne, et je ne serais point étonné que
plusieurs siècles les séparassent d'une partie des épées et fourreaux
d*épées reproduits dans l'ouvrage. Parmi ces épées plusieurs rappellent
les types en usage au premier et au deuxième siècle avant l'ère chrétienne,
et à l'époque de l'arrivée des Romains dans la Grande-Bretagne. Des
pièces analogues ont du reste été signalées depuis longtemps en Angle-
terre. On y a notamment trouvé des fourreaux et des boucliers dont
l'ornementation rappelle celle de ces curieux fourreaux figurés à la
planche XII (Cf. Kemble's Horae f$raUs). M. Franks, qui a rédigé ie
commentaire des planches des //orae/(;râ/ef, attribuait ces fourreaux à
une période comprise entre le deuxième siècle avant et le premier siècle
après notre ère. Pour moi, je les crois du 11' au 111' siècle de l'ère chré-^
tienne, et c'est à cette même époque que je ferais sans doute remonter
les élégants fourreaux de la planche XII. C'est à une date de peu pos^
térieure qu'on doit sans doute ranger une partie des objets divers groupés
dans la planche XIII. Ainsi la figure i de cette planche représente une
sorte d^ascia qui rappelle beaucoup celles qu'on voit figurées « sur tant
de tombes du m* siècle. »
« La céramique figuréep. 92etsuivantesmeparaU enmajoritéd'assez
I. O'DoBovan, The annaU of the kingdom of Ireland by the four nuutcrSj t l (18$ i),
PP- 47^-479-
Rev. Celt. Vil 18
274 Bikiiogr^hit.
ba«se époque. Ainsi ces fragments ornés de points m arêtes de poissoD
ressemblent aux vases publiés par Kemble, Horae fcraUsy pi . 29 et 30,
et. qui paraissent dater de l'époque saxonne. »
a J'aurais bien de la peine à croire antérieure de beaucoup aau*
siècle la belle broche de la pi. jucvu Quant à la broche d'argent repro-
duite p. 121 (fig. 157). l'auteur y retrouve, avec raison, la décoration
employée dans les initiales du « Book. of Kells » et il bit preuve de
bonne critique en admettant qu'elle puisse appartenir au x' siècle seule-
ment. »
« En résumé^ les plus remarquables de ces divers objets paraissent
s'échelonner sur un assez long espace de temps, depuis une époque
bien voisine^ sinon contemporaine de l'ère chrétienne, jusqu'aux envi-
rons du xi^ siècle. C'est ce que M. Wood-Martin a du reste reconnu. >
Les planches qui ornent l'ouvrage de M . Wood*Martin nous offrent
un véritable traité d'archéologie irlandaise, et quand par exemple on
jette les yeux sur les fourreaux de la planche XII, on fait avec intérêt
l'observation que ces jolis monuments appartiennent à l'art irlandais
antérieur au christianisme et datent à peu près de l'époque à laqueUe
nous font remonter les plus anciennes légendes épiqikes de ce pajs.
H. d'A. deJ.
On the Patiician Documents, by Sir Samuel Perguson. Eztraû des Tran-
saaions of the Royal Irish Academy, vol. XX VII, Polite literature and antiquîiies^
p. <57-»}4.
Ce travail a pour objet l'étude i<> de la Confession de saint Patrice ;
2^ de la Lettre de saint Patrice à Coroticus ; f de la Vie de saint Patrice,
en vers irlandais, qui suivant la tradition aurait été composée par Fiacc
son disciple; 4"^ des six autres vies publiées avec la pièce précédente par
Colgan dans sa Trias thaamaturga en 1647, $*de la vie de saint Patrice
par Muirchu Maccu Machtheni et par Tirechan, telle que nous l'ont
conservée le livre d'Armagh (aujourd'hui à la bibliothèque du collège
de la Trinité de Dublin] et le manuscrit de la bibliothèque royale de
Bruxelles, n« 64. Nous devons une édition de cette vie au Père Edmond
Hogan, de la compagnie de Jésus ; elle a paru dans les Analecta Bollan-
diana.x, I (1882), p. 531-585, et t. II (188?), p. ]$-6i\.
On sait quelles difficultés présente une étude critique des docunenfi
relatifs à la vie de saint Patrice. Nous n'avons sur ce célèbre apôtre de
l'Iriande que deux documents dont l'authenticité paraisse tout à fait cer-
I . La derniire partie, p. 21)" a 18, est un sapplémeot postérieur à Tirediio.
BiMi0grafhk. 275
dune. Ce sont la C^nfmm et la Utm à Comtkus '. Ces pièces dnt
toutes 4eux saint Patrice pour attteor et doivent par conséquent être
datées du cinquième siècle. Eties appartiennent probablement, pense
Sir Saimiel Perguson, à la seconde moitié de ce ^ècle. Elles sont le
point de départ d'tme légende qui depuis a toujours été se développant
et dont les derniers termes nous sont offerts par U composition irlandaise
connue sous le nom de Vie Tripartite, et par la vie latine que Jocelin a
composée 3, documents qui chez Colgan portent le premier le n^ 7, le
secondlen<* 6. La Vie Tripartite ne nous est connue que par unetradoC'*
tien latine due à Colgan, mais M. Whitley Stokes, avec sa compétence si
connue, prépare une éditton du^ texte original irlandais. Je ne parle pas de
PhoméKe publiée par le même savant dans ses Three mâdle-irish homiUes.
Cette toméiie, très intéressante comme monument de la langue irlandaise,
perdra probablement sa valeur hagiographique quand aura paru la Vie
Triparme dont elle semble un abrégé.
Sir Samuel Ferguson donne pour base à son étude sur la Confession
Pédhion donnée par M. Gilbert, dans les National manuscripts oflreland,
de deax leçons de ce document. Ces deux leçons ont été fournies, Tune
par le Livre d*Armagh, l'autre par le Manuscrit Fell i de la Bibliothèque
Bodléienne d'Oxford. Il est regrettable que le savant auteur du mémoire
dont nous rendons compte n'ait pas pu s'enquérir des autres manus-
crits. Une notice de Schônemann, réimprimée chez Migne, Patrologia
laùnay t. LUI, col. 800-802, indique dix manuscrits dont sept se trou-
veraient en Angleterre. On peut consulter aussi à ce sujet une note chez
Todd, Saini Patrick^ aposile of Irelandy p. ^46.
Suivant Sir Samuel Ferguson, d'accord avec Colgan, la plus ancienne
des Vies est celle que la tradition attribue à Fiacc, ou pour nous ex-
primer autrement T hymne de Fiacc K Le savant Irlandais passe sous
silence la doctrine de M. Zimmer suivant laquelle il faudrait distinguer
dans cette vie versifiée une rédaction primitive du cinquième siècle, due à
Fiacc, et des interpolations de date plus récente qui se reconnaîtraient à
leor caractère tout particulièrement légendaire. M. Zimmer ne s'est pas
qu'une de ces . prétendues interpolations exprime une idée
I. La première édition de ces docttments a été donnée tn 1656, neuf ans après la
pttttBoRîoa de la Trias thauntttufga, L'édîtenr est James Ware, S. Patricia ascripta
OfoâStuSa* Sar les avtres éditions voyez Todd, Saint Patrick apostlc of Ireland, p. 311,
147. Cet pièces ont été réimprimées chez Migne, Patrologia latina, t. Ull, col. 802-818.
a. sir Samuel Fergison, p. 1 20, croit la Vu TripartiU plus ancienne que la vie
composée par Jocelin.
). Colgia, Trias thaamaturgd, p. 1; Whitley Stokes, Goidelica^, p. 126; Gilbert,
PacsimiUs €^ luttmal mss. 0/ Ireêani, Part l. Plates XXXll, XXXlil, XXXIV.
276 Bibliographie.
empruntée à la Confession de saint Patrice. Je veux parler des ttittième
et neuvième strophes de Phymne. Dans ces strophes il est question des
enfants irlandais de Fochlad qui appelaient saint Patrice à leur secoun.
Voici ce qu'on lit dans la Confession : « in sinu noctis virum venienteni
quasi de Hiberione, cui nomen Victoricus, cumsepistolismnumerabiUbus
vidi ; et dédit niihi unam exhis, et legi prinapium aepistolaecontinemet»:
Vax Hyberionacum. Et dum recitabam principium aepistolae, putabam
enim ipse in mente audire vocem ipsorum qui erant juxta silvam Fociuti,
quae estprope mare Occidentale, et sic exdamaverunt : Rogamuste,
sancte puer, ut venias et adhuc ambulas inter noSâ »
Ainsi est conçu un passage de la confession dans l'édition publiée
d'après le livre d'Armagh par M. Gilbert '. Il y a très peu de différence
entre cette leçon et celle qu'on peut trouver chez Migne, Patrologia
latinUy t. LUI, col. 896, A. B. Voila ce que saint Patrice a écrit. Que
lit-on dans la vie en vers ou hymne attribué à Fiacc ? <c On entendit
de loin le cri des enfants du bois de Foclad. Ils démodaient au saint
de se mettre en route afin de venir près d'eux. » Suivant M. Zimmer,
p 177 du second fascicule des Keltische Studien, ce passage de l'hymne
est l'œuvre d'un interpolateur relativement récent qui écrivait à une
époque où dans la vie de saint Patrice la légende se mêlait à l'histoire. Or
il s'agit d'une vision que saint Patrice lui-même dans sa Confession
racontait avoir eue en songe.
Sir Saniuel Ferguson n'admet pas que l'hymne de Fiacc ait été inter-
polée. D'après lui, cette vie est Tœuyre d'un seul auteur et doit dater de
la fin du sixième siècle, ou du commencement du septième. Il croit que
la vie composée par Muircbu Maccu Machtheni remonte à la seconde
moitié du septième siècle, comme les notes de Tirechan. Les autres
vies publiées par Colgan sont toutes, suivant Sir Samuel Ferguson,
postérieures à ce siècle, mais il les divise en deux groupes : les vies 2,
} et 4* qui peuvent être du neuvième siècle; les vies 5, 6 et 7 qui
sont postérieures. La cinquième vie, attribuée à un certain Probus ?,
pourrait dater du dixième siècle ; la sixième qui a pour auteur Jocelin 4
est de la fin du douzième; la septième^ ou Vie triparùte s, est pins an-
cienne, suivant Sir Samuel Ferguson.
1. Facsimiles of national manuscripts of Ireland, Part II, appendiz III D. E.
2. Ces vie$ se trouvent dans la Trias thaumatut^ay la 2* p. ii-i6,U 3* p. 21-29» U 4"
p. 35-47. Elles sont attribuées, la 2* à Patrice le jeune, la y à saint Benignus» la 4* à
Eleranus Sapiens.
3. Trias thaumaturga, p. 51-60.
4. Trias thaumaturga, p. 64-ioS. Elle a été depuis réimprimée plusieurs fois.
5. Trias thaumaturga, ^ 117-1^.
Bibliographie: 277
il serait fort à désirer que quelque savant Irlandais entreprit de nous
donner une édition critique des Vies numérotées 2 , ; et 4, dont per-*
sonne» à notre connaissance^ n'a coUationné le texte avec les manuscrits
depuis Colgan. Nous ignorons quel serait le résultat de ce travail ; en
attendant» étant donné Tétat de nos connaissances sur ce point, Sir
Samuel Ferguson nous semble avoir porté sur ces documents, si précieux
pour l'histoire d'Irlande, le jugement que Pon devait attendre de sa cri*
tique sage et mesurée. Les observations intéressantes y abondent. Nous
signalerons par exemple, p. 1 16-1 1 7, les recherches sur ce roi Coroticus
auquel saint Patrice adressa une lettre qui nous a été conservée.
H. d'A. de J.
En BreiZ'isel, par J. Kadiou, imprimé par Chevalier, à Morlaix, 188$, iii-12,
148 pp.
Ce petit volume, dédié à M. Luzel, dieller^ c'est-à-dire « archiviste »
du département du Finistère, est un recueil de poésies bretonnes sur des
sujets divers. L'auteur commence par sts souvenirs d'enfance; il fait un
tour de promenade en enfer, jette un coup d'oeil sur le paradis et termine
en parlant de l'honneur de nos soldats et de nos matelots qui vont si
bravement aux pays lointains montrer au monde entier qu'ils savent
encore mourir pour la France.
Contes populaires des Bretons armoricains. Le magicien et son
▼alet (métamorphoses), par M. Luzel. Extrait du Bulletin archéologique du Finistère,
Ia-8, )6 pp.
M. Luzel fait précéder son récit des deux vers suivants :
«
Kement-man holl oa d'ann amzer
Ma ho devoa dent ar ier.
Tout ceci se passait du temps
Où les poules avaient des dents.
Notre critique se bornera à l'expression d^un regret : c'est qu'au lieu
d'une petite brochure, M. Luzel ne nous ait pas envoyé un volume.
Revne des traditions populaires. Première année, n* i, 1886, Paris,
Maisonneuve. Prix du numéro, un franc.
Comme le constate l'auteur du programme de la nouvelle Revue,
la France a été une des dernières nations de l'Europe à s'occuper
sérieusement des traditions populaires. « Depuis environ six ans, il s'est
cependant produit un revirement : on a beaucoup publié, et le nombre
27% Bibliographie.
de ceux qui s'intéressent à ces sortes d'étude a conflÂdéniblemein aug-
menté (p. I). » Le lecteur pourra se demander quel événement a pu
déterminer // y a environ six ans ce mouvement dont s'applaudît Pautesr
du programme. Nous avons tout de suite supposé que c'était l'apparition
de la première Milusine, mais, comme il faut, pour des faits d'oae
pareille gravité, des dates précises, nous avons constaté avec surprise
que la publication de ce recueil avait }ustement ceasé en 1878, par
conséquent il y a huit ans. Nous persistons néanmoias à croire jusqu'à
preuve du contraire, que l'éveil du goût, en France, pour Hétude des
traditions populaires est en grande partie due aux fondateurs de Mélmnty
MM. Gaidoz et Rolland, dont le directeur de la nouvelle Revue, M. Se»
billot, a été t'un des collaborateurs les plus justement estimés et les plus
actifs. Les linguistes et les historiens, particulièrement les Celtisants ne
peuvent que voir avec satisfaction s'accroître le nombre des travailleurs
et des chercheurs sur un terrain aussi vaste et aussi peu connu encore
que celui du langage et des traditions populaires; nous souhaitons donc
longue vie et prospérité à la nouvelle Revue : elle trouvera dans son
aînée Mélusine un exemple et un encouragement.
Le premier numéro contient (p. 24) un article de M. H. du Cleuziou
sur une inscription en breton moyen : le voici :
« J'ai relevé, il y a quelques années, sur une poutre provenant de
l'abbaye de Bon-Repos en Comouailles ', l'inscription ci-dessous. Elle
est écrite en caractères du xv» siècle, près d'un écusson lozangé avec
bordure pleine, sans indication de couleurs.
AN.MATERI AR TUD lAH IHS.
PEPRED ER.AT AT AT.GARU
GOUDE HOU HOUTET EN VETMANN
DIVEZ PEP.ON AN. EN ANMARU.
Cette poutre est actuellement placée dans une pauvre chaumière du
village de Saint-Triphine *, non loin de Saint-Nicohs-du Pelem.
Je ne connais pas exactement le sens du mot mauri ; il senaUe id
vouloir dire quelque chose comme la formule. C'est peut*^tre l'expression
particulière de ce genre d'inscription. Voici la traduction de cette prière :
« La formule de l'homme bien portant en Jésus^Christ est touloaiiJ/
« at al contre le garou, après hou hou sortez de ce monde. Deux fois
« chaque on an^ en an, il est mort. » Ce qui semblerait vouloir dîfe que
1. Près Gouarec, sur les bords du Blavet (Côics-du-Nord).
2. M- du Cleuziou veut sans doute dire Saiate-Triphine.
Bibliogrûphie. 279
pour cbasaer le iôup-garou, il faut dire quatre fm la ayliabe atj deux
fois le son hou hou^ et quatre fois on an en an, pour obtenir la disparition
dtt malin esprit.
M . VioUet^le-Duc, auquel je montrai alors cette inscription, adbéracom-
plètement à mon explication : il en a, du reste, donné d'analogues dans
son Dictionnaire d'architecture comparée : elles proviennent de monu*
ments anciens du pays de France. »
Nous comptons prendre ou faire prendre prochainement une copie
exacte de cette inscription que nous communiquerons aux lecteurs de la
Revue Celtique, En attendant, il est facile de voir que M. du Cleuîiou, a
osai lo. Le mot garu lut a fait supposer qu'il s'agissait de l'être légen-
daire appelé en français louf^garou. Le dernier vers est d'une restitution
facile:
Divez pep onan eu an maru :
« la fin de chacun est la mort. »
Le mot maieri est des plus communs en breton moyen : Materi « ma-
tière » (Catholicon). Les vers sont de huit pieds; la langue paraît bien
être celle du breton moyen.
J. LOTH.
CSeltfto aajrthology and religion bj Alexander Macbtin, Uiverness, 1885, ui-8^
VII et 109 pp.
if . M. a réuni en un élégant volume une série d'articles parus dans
le Celtic magazine en 1883-84. Il s'est proposé de mettre à la portée de
tous un résumé des croyances religieuses celtiques.
Ce livre, comme la plupart des ouvrages de vulgarisation, ne contient
point d'indications précises des sources auxquelles l'auteur a puisé. Il
n'a ni table ni index alphabétique ; il est destiné à être lu de suite, non
à être consulté à l'occasion. M. M. parait bien connaître le sujet qu'il
traite et l'expose clairement. Il a en général évité les opinions hasardées
ou les questions encore discotées qui ne doivent pas prendre place
datt un résumé fait pour le public. Ainsi, dans sç$ Errata^ il a sup-
primé un certaiii nombre de rapprochements qu'il avait établis, dans le
texte, entre des dieux celtiques et des dieux indo-européens. De tels
parallèles sont souvent plutôt ingénieux que fondés sur la réalité.
Je ferai cependant un reproche sérieux à M. M. Il insiste longuement
pp. 44et suiarantes, sur la difiérence qu'il y aurait entre les attributions
des druides d'Irlande et celles des druides de Gaule. Il dit à plusieurs
reprises et sous diverses formes que les druides ne sont que de simples
« magicians and diviners, sometimes only conjurors. » Cette doctrine ne
^8o Bibliographie.
me parait plus acceptable depuis que M. d'Arbois de Jubainvilie a réuni
et interprété dans son Introduction à l'étude de la littérature celtiijue les
textes qui montrent le rôle que remplissaient les druides irlandais dans
l'éducation de la jeunesse, dans la religion^ et quelquefois aussi dans la
politique.
Un passage du Leabhar nah-Uidre^ p. 61^ cçL 1, 1. 18, 20-2^, nous
montre le druide Cathbad entouré de cent jeunes getis auxquels il enseigne
le druidisme : B6i Cat/ibad drûi hi fail a maie idon Conchohair maie
Nessa. Cet fer n-déinmecA dô oc-foglaim druidecAta ûad, is-é lin do-
n-in-c/ioisced Cathbad. « Cathbad le druide était à côté de son fils,
c'est-à-dire de Conchobar, fils de Nesse ; cent hommes frivoles étaient
auprès de lui pour apprendre de lui le druidisme. Voilà le nombre de
ceux qu'instruisait Cathbad ». Il y avait donc en Irlande un eosdgne-
ment druidique dont la nature, il est vrai, est assez difficile à déterminer.
Les druides étaient prêtres et sacrificateurs, mais les <:érémonies
religieuses étant souvent mêlées à la plupart des actes du gouvernement,
il leur arrivait quelquefois de jouer un rôle politique. Dans le Sergligt
Conculaind, publié par M. Windîsch, ïrische Texte, I, p. 21 j on Ut le
récit d'un mode assez singulier de l'élection des rois : Is amlaid dognit/ie
in t^rbfes sin, i. ^arb find do m^rbad ocus 6en fer do cat/iim a-sat/ia
dîa eôil ocus da enbruthi, ocus cotlud dé fén saith sin ocus àr firindi do
cantain do cet/tri drudib fair, ocus aichiihtdà i n-aslingi innas ind fir nô
rigfaide and asa deilb ocus as» turascbail ocus iiuias ind opdd dognît/u
Djuc/itrais in fer asa chotlud ocus adfiadar a res dona rigaib. a Ainsi
se passait la fête du taureau ; un taureau blanc était mis à mort et un
homme se rassasiait de la chair et du bouillon du taureau ; puis Phomme
dormait tant qu'il voulait, et quatre druides chantaient sur lui un chant
de justice. L'homme voyait dans une vision celui qui devait être roi,
sa figure, sa réputation et ce qu'il faisait. Lorsque l'homme se réveillait,
il racontait son rêve aux rois. » (Cf. Revue celtiquej t. I, p. 261,)
Il semble. donc que les druides d'Irlande étaient professeurs et prêtres,
en. même temps qu'ils étaient magiciens et devins et^ en géaéml, qu'ils
avaient, sauf le pouvoir judiciaire réservé amifile^ à peu près les mêmes
attributions que les druides de Gaule. M. M. se trompe quand it consi-
dère les druides d'Irlande comme de simples sorciers.
Quoi qu'il en soit, malgré cette erreur, qui n'est pas imputable à
l'auteur, car il l'a reproduite sur l'autorité d'autrui, le Uvre de , M. Id.
pourra rendre de sérieux services à nos études, en faisant .coonaitre
d'une manière attrayante et exacte. les croyances mjtholc^ques de&
Celtes. . . . :;0, D.
CHRONIQUE.
I.
Le 10 février dernier, une moi t subite a enlevé M. Henry Bradshaw, biblio-
thécaire de rUniversité de Cambridge. W était âgé de cinquante- quatre ans.
Elevé à Eton et à King's Collège, savait été nommé en 1854 assistant librarian
de la bibliothèque de l'Université à Cambridge. Il était devenu superintendant of
tbe manuscripts en 1^59, librarian en 1869. 11 a été publié sur lui en Angleterre
plusieurs notices nécrologiques ; nous signalerons celles qui ont paru dans VAca-
demj des 20 et 27 février, pp. 130-131, 147-1 49, et celles qu'ont données VA-
thtnatum le 20 du même mois, pp. 262, 263, et le 27 mars, p. 425. Tout le
monde est d'accord pour louer son caractère^ pour admirer la variété et la pro-
fondeur de ses connaissances et pour constater la compétence toute spéciale avec
laquelle il administrait le grand établissement qui lui était confié.
Les éludes celtiques étaient ondes sujets principaux qui avaient attiré son at-
tention. C'est lui qui a fait comiahre à M. Whitley Stokes les gloses bretonnes
contenues dans plusieurs copies des canons irlandais et qui ont paru sous les
titres: Old-Breton gloses y Calcutta, 1879; The Breton glosses at Orléans, Cal-
cutta, 1880. Il avait réuni sur l'Irlande une collection d'imprimés rares dont il
avait promis un catalogue à la Revue Celtique . Ce projet est resté sans exécu-
tion comme bien d'autres. M. Bradshaw avait publié fort peu. Il livrait sa
science aux autres sans se rien réserver. Sa dernière œuvre paraît avoir été une
lettre sur la collection des canons irlandais. Elle était adressée à M. Hermann
Wassersèfaleben qui l'a fiait imprimer dans la seconde édition du livre intitulé :
Dk irluhê Kanomnsammtung^ p. Lxni-Lxxv. M. Bradshaw était d'origine ir-
landaise, il saisissait avec plaisir tes occasions de le rappeler : comme le professeur-
Mahafy, le directeur de la Remu Celtique en a été personnellement témoin.
II.
Dans VAcademy du 14 novembre 1885, M. Standish O'Grady a consacré un
intéressant travail à l'étude des expressions dia mis et dia bliadna qui corres-
ponde à feirpression française » dans un mois, dans un an ». La première a
été traduite par M. Windisch • nach einem Monat • c'est-â-dire • au bout
/
382 Chronique.
I
d'un mois b ou, si Ton veut, c dans 00 mois à pareil jour » *. L'exactitude de
cette traduction est établie notamment par un passage iu Livre de Leînster,
page 288, colonne 2, lignes 32-35 : Al-laa-sa i-cind mi$ do téis co-comtf/rscio
i-Cind-Abrat. Ba-fir-sôn im/norro. Co/idrecat dia-mis. ji Ce jour«là, à la fin du
mois, tu viendras et nous nous rencontrerons â Cind- Abrat. Ce fut vrai ; ils se
rencontrèrent â pareil jour au bout d'un mois. > Aîn^ dk mis est eo îriaBdais
l'équivalent de i-cind mis ; en breton : da benn ar miz. L'expression dia mis a
pour pendant celle de dia biiadna ou dia bliadne • au bout d'un an ; en breton :
en deiz-ma penn blizen. Dans la plupart des documents manuscrits ob l'on ren-
contre cette expression, dia btiadna, elle est écrite dia-bi, avec un signe abré-
viatif â la fin. Un exemple caractéristique nous est donné par le récit légendaire
qui raconte de quelle manière le fameux Conchobar devint roi d'Ulster. Nesse, u
mère, était rest^ veuve. Le roi Fergus lui demanda sa main . Elle mit ^ sou
coBsenteroent une condition : c'est que son fils jouirait de la royauté pendant oa
an : c rîge m-bMadm do-m mtfc ». Le roi y consentit. Le jeune homme devint roi
pour un ao, et le terme du délai convenu arriva au bout d'one année : ■ taaic
dino ceod na-ree hi-sin*dia-bl<4ifle2 ». Le mot bUadue^ bliadno, ou bliddna est
moins abrégé dans un passage de la version du Tockmarc Emcrc (demande ei
mariage d'Emer), conservée par le Lebar na hMdn. La formule dont nous par«
Ions y est kcnXtdiû blia... On raconte dans le passage en question que des mes-
sagers avaient été envoyés parcourir l'Irlande pour chercher une femme à Cùchu-
lainn. Ils revinrent au bout d'un an, après des recherches infructueuses : < tan-
cattfT uli na tecAta dia biiêdnci 9. La ffléme notation, dia blia.,., se reftronve
dans le Livre de Leinster, page 246, col. 1 , à i'avant-demière ligne.
Cette location se rencontre dans un des documents que M. Windiscb a publiés
dans s^Iriscke TVxfe, t. I, p. 106, I. 18. La base de cettfl édition est le Livre
de Leinster, p. 1 14, col. 1, 1. 25. On y lit diabL., aveciin signe d'abréviation.
M. Windisch a transcrit : dia bliadain. Ce n'était pas le datif qu'il fallait ; c'était
le génitif, hUadnfy bliadno ou biiadna. Mais ce détail n'a ici qu'une vaieor
secondaire. Ce qui est important^ c'est que le savant auteur accepte pour «
passage la traduction d'O'Curry ; « au bout d'un an t, ia tweln m^niks,' ùmc4.
M. Zimmer, dans la première livraison de ses Keètisehs Studlea^ p. 35^ se moque
de la transcription de M. Windisch, et de la traduction qu'admet l'éminent
professeur de Leipzig. Suivant lui, le copiste auquel on doit le Livre de Leinster,
en écrivant dia bL, a mal transcrit un codex anhetypas dans lequel il était écrit
diall ou di-aiU, c'est-à-dire di-Ailill t au roi de Connaught Ailiil •.
Certainement la Reiviu ulùqut ne peut sans injustice refuser de recpnnaftre
que les études auxquelles elle est consacrée doivent aux travaux de M. Zimmer
de sérieux progrès. Mais ce n'est pas en vain que, remplaçant par d'autres
1. Itischt Texte^ t. 1, p. 477, col. 1, au mot: 4 dia.
2. Livre de Leinster, p. 106, col. i, l. 36, 44.
3. Lebar na k-Uidre^ p. 122, col. i, I. 4.
4. irische ToH^x. i, p. 112, l. 7.
Ckmtiéiut, 28)
heures les fieores ordinaires des études, l'ardent professeur de Greiftwald em-
ploie habituellement i ses recherches sur la grammaire celtique les soirées et les
nuKs, depuis quatre heures du scir jusqu'à quatre heures du matto 1 :
Qgandoque bonus dormitat Homerus.
Le diev 4n sommeil est le père des soBges«
III.
We hâve to congratulate tlie Society of Cymmrodorion on the issue of the
hiteresting and valuable report of ifs committee appotnted to inquire into the
adrisabiKty of the introdnction of the Welsh langnage into the course of Ele-
mentary éducation in Waies. This* report isfollowed by an appendix containing
the replies from faead-masters and head^mistresses ofElementary schoolsto this
question ; they are divided into négative, affirmative, and neutral, as foHows :
négative, 257; affirmative, 339; neutral, 3a; the proportions in varions counttes
vary very greatty; thus, in Glamorganshire there are 77 affirmative to 48 néga-
tive, in Anglesey 20 affirmative to 10 négative, in Merioneth 29 affirmative to
r2 négative; whereas in Flint there are 13 négative to 8 affirmative, in the Os-
westry district 5 négative to one affirmative; in Brecknock 10 of each, and
in Radnor 4 of each . There is also a great diversity among the reasons givcn
by différent teachers, whether for or against ; and, as might be expected, not a
fiew mswers are very arousing. The Society appears to be in a very flourishing
condition 'as regards the number of its members, which continues to increase
steadilf . Professor Powel of Cardtff bas resigned the editorship of the Cymm-
rodor info tlK bands of M. Bgerton Phillimore a most energetic member of the
Society. In a future number of that periodicaJ, Mr. F. -P. Palgrave wttlcontri-
bnte a short paper giving the resnh of researches made by him al Milan into
the question of the place of printing of Griffith Robert's Welsh Graromar ; it is
sufficient to say hère that the fresh évidence strengthens materially the case of
tfaose who believe that tbe book in question was printed in Milan, of whkh in-
deed there bas long been little doubt a.
Arthur W.*K.. Millir.
IV.
La Société pour la conservation de la langue irlandaise, Society for the pré-
servation of the frish language, dont le siège est à Dublin, 6, Molesworth-street,
a tenu le mardi 2 mars 1886 une séance intéressante. Le secrétaire, M. J.4.
Mac Sweeney a donné lecture du rapport sur les travaux de la Société et leurs
1. Keltische Studien^ II, vi.
2. Voyez, snr le même sujet, une note insérée dans VAcûiimy dn 6 mars dernier
p. 164.
384 Chronique;
résultats pendant l'année 1885. Autrefois l'usage de Tiriandais était prohibé
dans les National schools, en sorte que des enfants qui ne savaient pas on mot
d'anglais ne recevaient l'instruction [qu'en anglais et par conséquent restaient .
fort longtemps hors d'état de tirer aucun profit des leçons du maître. Aujour-
d'hui, il est permis à ce dernier de donner des explications en irlandais aux en-
fants qui ne comprennent pas encore l'anglais. Bien plus, l'irlandais est devenu
depuis 1878 une des facultés sur lesquelles peut porter l'examen qui, en Irlande,
correspond à ce que sont chez nous les épreuves pour l'obtention du certificat
d'études. Toutefois, le nombre des enfants qui demandent à être examinés sur
l'irlandais n'est pas jusqu'à présent très considérable. On prétend que dans
les portions de l'Irlande où l'irlandais n'est pas encore tombé tout à fait en
désuétude, il y a quatre mille instituteurs ou institutrices. Or, le nombre des
enfants qui, préparés par ces maîtres, ont passé l'examen pour l'irlandais, n'a
été, l'année dernière, que de cent soixante et un. Disons que ce modeste chiffre
est l'expression d'un grand progrès. Des états officiels, il résulte une constante
progression ; douze élèves seulement avaient passé l'examen pour Tirlandais en
1881 ; il y en a eu dix-sept en 1882, vingt-cinq en 188^, quatre-vingt-treize
en 1884, et, comme nous venons de le dire, cent soixante et un en 188^.
Parmi les quatre mille maîtres et maîtresses qui ont formé ces cent soixante
et un élèves, nous ignorons combien il y en a qui sachent assez d'irlandais pour
l'enseigner. On a établi en Irlande pour les maîtres un certificat d'aptitude à
l'enseignement de l'irlandais. Naturellement ce certificat n'est point obligatoire.
L'irlandais est une matière facultative. Jusqu'à présent les maîtres n'ont pas
montré un grand empressement à ajouter cette matière facultative aux matières
obligatoires du programme. Trente-six seulement se sont fait délivrer le certi-
ficat d'aptitude, et la cause en est que la plupart d'entre eux, qu'ils sachent ou
ne sachent point parler l'irlandais, n'ont aucune notion de la grammaire de cette
langue. En effet, il n'y a pas de professeur d'irlandais dans les deux écoles nor-
males, Central training Establishment Marlborough Street, Dublin, et St. Pa-
trick's training collège, Drumcondra.
Cependant, on ne peut contester que l'étude de l'irlandais ne soit tort encou-
ragée par le gouvernement. Tout maître qui fait passer avec succès à un de ses
élèves l'examen pour l'irlandais reçoit une gratification de dix shillings, soit douze
francs cinquante. Un seul maître, dont quarante-deux élèvesont passé avec succès
ces examens, a obtenu de cette manière une gratification totale de vingt et une
livres, soit cinq cent vingt-cinq francs. Le certificat de français et d'allemand
ne rapporte que moitié. Mais un maître dont les élèves subissent avec succès
l'examen pour le grec et le latin obtient le même résultat que lorsqu'ils réus-
sissent dans l'examen pour l'irlandais.
L'étude de l'irlandais est une question dont on s'occupe aussi en Amérique. Le
rapport de M. Mac Sweeney nous apprend que le bureau d'éducation de San-
Francisco a autorisé l'emploi de l'irlandais pour l'enseignement dans les écoles ;
et nous recevons un numéro du New^York Times du mardi 17 mars, oii nous
trouvons sous la signature Charles de Kay un long article destiné à démontrer la
Chfonûiue. 285
oécessité d'établir une chaire d'irlandais dans une des universités nombreuses
déjà que possèdent les Etats-Unis. Nous ne pouvons qu'approuver cette propo-
sition.
V.
Nous avons annoncé dans notre précédent numéro la publication de textes gaU
lob préparée par M. John Rhys. Une lettre de M. J.-G. Evans, insérée dans
VAcademj du 20 février dernier, p. 13), nous apprend que l'association gal-
loise connue sous le nom de Societjf of Cymmrodorion a souscrit à quatre cents
exemplaires de la reproduction du Livre rouge de Hergest.
VI.
On annonce la publication prochaine d'un ouvrage intitulé : Antichi poemdti
popolari italiani. Le tome premier doit paraître dans le courant de cette année
chez Nie. Zanichelli, à Bologne. Nous avons sous lesyeux quelques feuilles de cet
OQvrage. Elles contiennent une étude sur la légende italienne intitulée : Superbia
t morte di Senso. M. Reinhold Kœhler, si connu par ses savants travaux sur
les contes, en rapproche plusieurs légendes néo-celtiques publiées par Luzel,
Légendes chràiaines de la Basse-Bretagne^ t. I, p. J46; — par Bryan O'Looney,
Transactions of the Ossianic Society^ t. IV, p. 227 et suivantes; — par Patrick
Kennedy, Legendary fictions of the Irish Celts (1866), p. 240 ; — par K. von
K[illinger], Er//z, Auswahl vorzûglicher irischer Erzâhlungen und Sammlung der
besten irischen Volkssagen, Màhrchen und Legenden, vol. III, pp. 162-163.
VII.
M. J.-J. Egli, professeur à l'Université de Zurich, va publier un ouvrage
intitulé Geschichte der geographischen Namenkunde. Nous connaissons déjà la
méthode de l'auteur par un travail préparatoire qui a paru en 188) dans le
tome IV de la Zeitschrift fur wissenschaftlicke Géographie, Son travail sera une
sorte de bibliographie critique des ouvrages qui ont pour objet Tétymologie des
noms de lieu. C'est une matière sur laquelle on a beaucoup écrit dans notre
siècle, et après des recherches prolongées qui sont restées d'abord la plupart
infructueuses, on commence à trouver un terrain plus solide.
VIII.
La Faculté des Lettres de Rennes vient de faire paraître le premier £ttdcole
d'an bulletin trimestriel. Ce bulletin porte le nom à* Annales de Bretagne, Il in-
téressera tout particulièrement les lecteurs de la Revue Celtique» Les recherches
relatives à la langue et à l'histoire de la Bretagne armoricaine y tiendront la
première place, il y sera rendu compte, de toutes les publications nouvelles sur
l'histoire ou la philologie bretonnes. Plusieurs professeurs de la Faculté des
3&$
Lettres prennent part i U rédaction des Annales; à côté de travaux d'éruditio&i
nous pourrons trouver des études sur la littérature et les poètes bretons.
Le premier fascicule comprend trois articles. M . L. Robert, le savant doyea
de la Faculté, commence une série d'étodes sur <|udques philosophes bretons.
Il traite des doctrines de Kéranflech, philosophe cartésien du xviii« siècle.
M. Dupoy, aateur d^intéressants travaux sur l'histoire de Bretagne, donne
un article sur la constitution municipale de Rennes an xym« siède. M. Lolk,
bien connu des lecteurs de la Renu Gtlù^ae, expose Timportanoe des études de
linguistique celtique an point de vue historique, et, par des exenpks bien
choisis, montre dans quelles erreurs sont tombés, faute de méthode, la plopart
de ceux qui, jusqu'à présent, ont voulu étudier la tangue et l'histoire des Celtes,
depuis les celtomanes jusqu'aux gauloisants. Nous ne doutons pas que les efforts
de M. Loth ne soient récompensés par le succès, et que les savants bretons oe
prennent désormais dans leurs recherches d'autre guide que la méthode histo-
rique.
Les Annales de Bretagne contribueront à répandre dans le public des idées
justes et précises sur l'histoire et la philologie celtique; elles utiliseront la viu**
lité intellectuelle de la BreUgne et en dirigeront le mouvenent : mnis leur sou-
haitons de tout cœur la bienvenue. G. D.
IX.
La Revue historique^ t. XXX^ paraissant à Paris, chez Félix Alcan, io8, bou-
levard Saint-Germain, contient un article de M. d'Arbofs de Jubain ville intitulé:
Les origines gauloises. L'empire celtique au quatrième sikle avant notre ère. Cet ar-
ticle se trouve dans le numéro de janvier-février 1886. M. E. Ernault a publié
une critique de ce travail dans le Bulletin mensuel de la Faculté des lettres de Poi"
tiers^ vol. IV, p. 1 46-1 50 (n® d'avril 1886).
X.
Le vendredi 5 lévrier dernier, M. Whttley Stoioes a lu en séance de la
Pkdological Society un mémoire intitulé : Notes on Curtias' Grtek etjmohgf. Quel-
ques-unes des étymologies qu'il propose ont un intérêt pour les études celtiques.
Ainsi, M. Wh. Stokes croit que le mot Senâni^ dans une des inscriplioiis de
l'autel des nautae de Paris <, est un dérivé d'un terme géographique Séna qui
aurait existé concurremment â Séquana et qui en serait synonyme. Seine^ siiivaDt
lui, viendrait de Sina, comme veine de v//m. Ainsi le nom moderne de la Saône,
celui de la Somme, représentent des noms géographiques anciens autres que oeex
que César nous appreiid. Saôat n'est pas le même mot qv'i4r4ir; Somme n'est pas
identique au premier terme de Sâmaro^ivâ^ nom de la viHe d'Aaûens.
I. Desjardhu, Ciifgraphiê Historique €t adaUnrftraUfe de la GmtU rùmaini, t. III,
p. 26 j.
Chfonitfiu. 287
XI.
La Rt¥iu d*MthropQlogief XV* annèe^ 1. 1 (1886), première livraison, axlonDé
UB article sur la nensuration des crioes des. cottes de Baye, Marne, par le
doctenr Topinard ; une étude sur la race de Cro-Magoois, ses migrations et ses
descendants, par le docteur Verneau ; et des recherches sur les pierres à cupules,
par M. de Nadaillac. Le travail du docteur Verneau se termine ainsi : c Tous
les faits exposés dans cette note nous conduisent à la même conclusion : La race
de Co-'Magnon a dû émigrer du nord vers le sud en laissant sur sa route des repré-
sentants dont on retrouve de nos jours des descendants en assez grand nombre. Les
blonds du Nord du général Faidherbe, les Celtes primitifs d'Henri Martin, ces
constructeurs des dolmens africains, — ces hommes blonds qui de la Ganlc pas-
sèrent en Espagne, et de là sans doute en Afrique, — ne seraient donc que les
descendants de nos chasseurs quaternaires de la vallée de la Vézère >.
Pour bien comprendre cette doctrine, il faut se rappeler que Cro-Magnon est
dans la vallée de la Vézère, affluent de la Dordogne, qui, elle-même» se jette
dans la Garonne. Il n'est, suivant nous, en aucune façon démontré que les
hommes de Cro-Magnon fussent des Celtes. J'ignore si Ton a prouvé que les
hommes de Cro-Magnon fussent blonds ; mais ce qu'il y a de certain, c'est que
personne n'a jusqu'ici administré la preuve que les Celtes eussent le monopole
des cheveux de cette couleur. D'ailleurs, rien n'établit que les Celtes aient pé-
nétré dans le bassin de la Garonne antérieurement au v« siècle avant notre ère;
et s'ils ont été s'établir en Afrique postérieurement à cette date, comment se
fait-il qu'aucun historien de l'antiquité n'en ait parlé?
H. d'A. de J.
XII.
M. P,-Ch. Robert a communiqué à l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, le 18 septembre 1885, une étude sur les alternatives de dissémination
Cl de ceotndisation par l^quelles a passé la fabrication monétaire dans notre
pa^, pendant quatre périodes successives : période autonome gauloise, domi-
nation romaine, période mérovingienne et période carolingienne. Ces pages,
pleines d'enseignement à la fois pour le numismate et pour ('historien, sont sui-
vies d*QO appendice où. l'auteur interprète la monnaie qui porte au droit CI-
SIAMBOS CATTOS VERCOBRETO et au revers SIMISSOS PVBLICOS
UXOVIO. Il explique ces deux formes en 0 comme des nominatifs singuliers
aMgés, pour os. Ses arguments me paraissent confirmés par la phonétique
cdiique, car la terninaison «lu nominstif duel de la deuxième déclinaison, qu'on
a cru voir dans ces mots, devait être en ff, et non en U.
Cet important travail a été reproduit par la Revue archéologique. L'auteur est
revenu sur ces mêmes sujets, avec de nouveaux détails^ dans une Lettre à
M. Aipk. ai Schûdt qui a été publiée par ia Rgvue. belge de nwmmêtique^
année 1886.
288 Chfonupu,
— M. P.-Ch. Robert vient aussi d'examiner devant l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres cette question : • Ogmius, dieu de l'éloquence, figure-t-il
sur les monnaies armoricaines ? • Il l'a résolue négativement, contre l'opinioD
jusqu'ici admise. Son argumentation se fonde sur une étude soigneusement faite
des caractères de ce personnage mythique d'Ogmios, comparés aui types des
monnaies où l'on pensait le reconnaître.
Emile Erkault.
XIII.
M. Donald Mackinnon, professeur de celtique i l'université d'Edimbourg, noas
envoie le programme de son cours pour le second semestre de l'année scolaire
188)- 1886. Ce cours consiste en cinq leçons par semaine.
Lundi, leçons sur la philologie celtique.
Mardi, lecture et explication de textes dans le premier volume de la chres-
tomatie que M. Mackinnon a publiée sous le titre de Reading book for theuseof
students of the gaclic class of the University of Edinburgh. Ce premier volume a paru
en 188^, il contient des documents écrits en gaélique moderne.
Mercredi, leçon sur la littérature gaélique des Highiands.
Jeudi, lecture et explication de textes dans le second volume de la chresto-
mathie de M. Mackinnon qui est un recueil de documents en gaélique moyen et
qui contient même un fragment de vieil irlandais emprunté au livre d'Armagh .
Vendredi, lecture de manuscrits anciens par les élèves les plus avancés.
Les livres recommandés sont : Pour la leçon du lundi : Zeuss, Crammaticâ
celtica^ Curtius, Fondements de rEtymologie grecque^ Schleicher^ Grammaire com-
parée : Rhys, Lectures on Welsh philology ;
Pour la leçon du mardi, les grammaires de Macpherson et de Stewart;
Pour la leçon du jeudi, les grammaires de Stewart^ d'OOonovan et de Win-
disch.
M. Mackinnon, qui professe pour la troisième année, réunit ordinairement
autour de sa chaire de douze à seize élèves : les deux tiers ou les trois quarts
sont de futurs ministres du saint évangile qui se préparent à la prédication dans
les congrégations où le gaélique est en usage et pour lesquels le côté scienti6que
des études celtiques est un accessoire, un quart ou un tiers sont attirés aox
études celtiques par un goût naturel pour la linguistique et la philologie.
Un prix sera donné à l'auteur de la meilleure monographie d'un dialecte gaé^
lique d'Ecosse au choix du candidat.
Le proprUtaire-girant : F. VIEWEG.
Chartres. — Imprimerie Durand.
TABLE
DBS
SIX PREMIERS VOLUMES DE LA REVUE CELTIQUE
Par g. DOTTIN
AVERTISSEMENT
La présente table comprend deux parties :
r Un index alphabétique par noms d'auteurs et par titres d'ouvrages collec-
tifs ou anonymes ;
2» Une liste, par ordre de matières, des articles de fonds et de mélanges.
Dans la première partie, les différents travaux de chaque auteur sont distingués
par les signes suivants :
A. radique ses articles de fonds et de mélanges ;
C. R.^ les comptes rendus faits par lui ;
L., les comptes rendus de ses ouvrages.
Les titres àts documents dont Tauteur est inconnu, et qui sont publiés dans
la Revue, ne sont précédés d'aucun signe.
Quant aux publications collectives et anonymes dont il est rendu compte :
Les titres des ouvrages anonymes ne sont précédés d'aucun signe, mais ils
sont suivis de la lettre (L) ;
Les titres des Revues ne sont ni précédés ni suivis d'aucun signe.
G. D.
Ra. dit VIL
INDEX ALPHABÉTIQUE
Adam (Lucien).
L. Les patois lorrains, V, 150.
Aislinge Oengttsso, edited and
translated by E. Mûller, III, 344.
Aithed Emere le Tuir
n-Glesta, edited and translated by
KuNo Meyer, VI, 184.
Amitié d'Amis et d'Amiles,
texte gallois publié avec une traduc-
tion par H. Gaidoz, IV, 203, 479.
Andrée (Richard).
L. Ethnographische Parallelen und
Vergleiche, III, $01.
Arbois de Jubainville (H . d') .
A. Etudes phonétiques sur le breton
de Vannes, I, 85, 211. — Zeuss et le
manuscrit de Cambrai de l'histoire ec-
clésiastique des Francs, I^ 269. —
Influence de la déclinaison gauloise sur
la déclinaison latine dans les docu-
ments latins de l'époque mérovingienne,
I, 320. — Teutates, I, 451. — Con-
cordance entre les numéros des pièces
publiées par M. de Courson dans son
Histoire des peuples bretons, et les
numéros des mêmes pièces dans l'édi-
tion du Cartulaire de Redon donnée
par le même savant, I, 474. — Dur-
nacos, II, 104. — Un /* gaulois valant
dh^ II, 1 1 1 . — Le couteau de bronze de
Besançon, II, 112. — Recherches sur
l'histoire de l'article dans le breton ar-
moricain, II, 204. — Le mystère des
trois rois à Vannes, II, 248. — L'ac-
cent gallois, II, 342. — Les noms
propres francs et les noms propres
bretons du Cartulaire de Redon, II
404. — Etymologte du nom de
Chaource, Aube, II, 492. — Le cel.
tique et l'ombrien, III, 40. — Une
énigme d'onomastique fluviale, III,
168. Voyez PiCTET, — Chaden
• chaîne ■, III, 223. Voyez Havet.
— La place du verbe dans les langues
celtiques, III, 248. — Les finales ir-
landaises d'après M. Windisch, III,
321. — L'achat de la femme dans la
loi irlandaise, III, 361. — Mots bre-
tons dans les chartes de l'abbaye de
Beauport, Côles-du-Nord, III, 395. —
Quelques noms de saints bretons dans
un texte du xi* siècle, III, 449.
G. R. J. Hingant, Eléments de
grammaire bretonne^ I, 163. — R.
Mowat, Etudes philologiques sur les
inscriptions gallo-romaines de Rennes.
— Le nom de peuple « Redones »,
4^ Index dphobitiqiu.
I, 272. — Ch. Terrien and Ch. Wa-
ring Saxton, Liherieu hag avieleu, I,
278. — Roget de Belloguet, Glos-
saire gaulois, I, 4^7. — Eugène Hu-
cher, L'art gaulois ou les Gaulois
d'après leurs médailles, I) 4^1- — ^*
deSaulcy. Lettres à M. A. deLong-
périer sur la numismatique gauloise,
I, 463. — Zeuss-Ebel, Grammatica
ccltica, I, 468. — C. Nigra, Reliquie
Celtiche, I, 477. — Charles Robert,
Epigraphie gallo-romaine de la Mo-
selle, II, 123. — Littré, Dictionnaire
delà langue française. — Brachet,
Dictionnaire étymologique de la langue
française, II, 1 26. — Luzel, Gwerziou
Breiz Izel, chants populaires de la
Basse-Bretagne, II, 268. — A. Fick,
Die ehemalige Spracheinheit der Indo-
germanen Europas, II, 274. — F.
Diez, Grammaire des langues romanes,
traduite par G. Paris et A. Brachet,
II, 278. — A. Bertrand, Archéologie
celtique et gauloise, III, 251. ~ P.-
L. Lemière, Examen critique des ex-
péditions gauloises en Italie. — Etude
sur les Celtes et les Gaulois. ^
Deuxième étude sur les Celtes et les
Gaulois, III, 254. — Charles Robert,
Numismatique de la province du Lan-
guedoc, III, 260. — E. Hûbner, Ins-
criptiones Britanniae latinae. — Ins-
criptiones Britanniae christianae, III,
267. — John Rhys, Lectures on Welsh
philology, m, 280. — W. Stokes,
Middie-Breton hours, III, 28$. —
Geslin de Bourgogne et A. de Barthé-
lémy, Anciens évèchés de Bretagne,
III, 289. — Lucke, Grammaire des
dialectes celtiques, III, 290. — Oskar
Brenner, Nord- und Mittel-Europa in
den Schriften der Alten bis zum Auf-
treten der Cimbern und Teutonen,
III, 463. *- Ernest Desjardins, Géo-
graphie historique et administrative de
la Gaule romaine^ t. II, la conquite,
III, 469. — Auguste Longnon, Géo-
graphie de la Gaule.au vp siècle, III,
472. ~ C. Mehlis, Der Rhein uod der
Strom der Cultur in Kelten-und Rœ-
merzeit, III, 475.
L. Note lue à l'Académie des Ins-
criptions et Belles -Lettres sur une
inscription de Poitiers, 1, 499. — En-
core un mot sur le Barzaz-Breiz.
Lettre à M. J. Salaûn, II, 1 3 1 . — Les
premiers habitants de l'Europe d'après
les auteurs de l'antiquité et les r^
cherches les plus récentes de la lin-
guistique, III, 458. - Origine des
voyelles et des consonnes du breton
moderne de France, dialecte de Léoo,
IV, 465. ~ Etudes sur le droit cel-
tique : le Senchus Môr, V, 1 38. —
Etudes grammaticales sur les langues
celtiques : première partie, Introduc-
tion, phonétique et dérivation bretonne,
V, 267. — Origine de la juridiction
des Druides et des filé, VI, 406.
Archaelogia Gambrensis,
^497; "1 «54» 279, 418; III, 127.
Archives des miasioiui
Bcientiiiqttes. et littéraiz'es,
II, 286.
AsccU (G.-J.).
L. Note irlandesi concementi in
especie il codiceambrosiano, VI, 121.
Atkinson (Robert).
L. On Irish lexicography, VI, 516.
Bacmeister (AdolQ.
L. Keltische Briefe^ herausgegebeo
von Otto Keller, II, 273.
Sa mort, noticenécrologique, II» M i •
Index alphabétique.
S
Bannister (John).
Sa mort; notice, II, 287.
Bapst (Germain).
L. L'étaia, VI, 377.
Barges (l'abbé J.-J.-L.).
L. Recherches archéologiques sur
les colonies phéniciennes établies sur
le littoral de la Celtoligurie, IV, 283.
Barry (Edward).
Sa mort, notice, IV, 132.
Barthéleiny (A. de).
A. De la divinité gauloise assimilée
à Dis Pater à Tépoque gallo-romaine,
Ij I . — Liste des mots relevés sur les
monnaies gauloises, I, 291. — Ob-
servations sur l'article de M. Hucher,
Légendes des monnaies gauloises, II,
ICI. — Supplément à la liste des mots
relevés sur les monnaies gauloises,
II, 24$. — Nouvelles légendes de
monnaies gauloises, III, 249. — Vases
sigillés et épigraphiques de fabrique
gallo-romaine, III, 313. — Monnaie
gauloise inédite de Luctérius, chef ca-
durque, IV, 317.
G. R. P.-L. Lemière, Examen cri-
tique des expéditions gauloises en
Italie, II, 254. — E. Hucher, L'art
gaulois, deuxième partie, II, 25 s- —
Mowat, Etude sur l'inscription itiné-
raire de Saint-Christophe, II, 257. —
A. Longnon, Les cités gallo-romaines
de la Bretagne, II, 258. — René
Kerviler, Etude critique sur la géo-
graphie de la presqu'tle armoricaine
au commencement et à la fin de Foc-
cupation romaine, II, 413. — P.-L.
Lemière, Etude sur les Celtes et les
Gaulois, II, 415. — R.-F. Le Men,
Monographie de la cathédrale de
(^imper, III, 489. — H. Gaidoz, Es-
quisse de la religion des Gaulois, avec
un appendice sur le dieu Encina, IV,
112. — J. de Baye, L'archéologie
préhistorique, V, 1 3 1 . — Description
raison née de la collection de M. P.-
Ch. Robert, V, 133.
L. Etude sur les monnaies gauloises
trouvées en Poitou et en Saintonge,
II, 498. — Mélanges de numismatique,
II, 503. Voyez De Saulcy et Hu-
cher. — Anciens évéchés de Breta-
gne, III, 289, IV, 296 (avec la colla-
boration de J . Gesun de Bourgogne).
— Les temps antiques de la Gaule
(extrait de la Revue des questions his-
toriques), III, 467. — Monnaies gau-
loises au type du cavalier, VI, 271.
— Etude sur les monnaies gauloises
découvertes i Jersey en 1 87 $ , VI , 27 1 .
Baudrillart (Henri).
L. Les populations agricoles de la
France; Normandie et Bretagne, VI,
Baye (J. de).
L. Congrès international d'anthro-
pologieet d'archéologie préhistorique ;
compte rendu de la septième session
tenue à Stockholm, II, $03. — L'ar-
chéologie préhistorique , V, 1 3 1 .
Beauvois (E.).
L. La découverte du nouveau
monde par les Irlandais et les premières
traces du christianisme en Amérique
avant l'an mille, III, 101.
(Jacques) .
L. Die rOmischen Inschriften und
6*
Index alphabétiijue.
Steinsculpturen des Maseums der Stadt
Mainz, III, 117.
Sa mort; notice, VI, 413.
Beimiad (T), 1,497; II, 136,
281.
BeitrsBge zur vergleichen-
denSprachlorschung, II, 140,
420; III, 130.
Berger (Philippe).
G. R. J.-J.-L. Barges, Recher-
ches archéologiques sur les colonies
phéniciennes établies sur le littoral de
la Celtoligurie, IV, 283.
Berger (Samuel).
A. De quatre manuscrits des évan-
giles conservés i Dublin, VI, 348.
Bertrand (Alexandre).
L. Celtes, Gaulois et Francs, II,
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Les véritables prophéties de Merlin ;
examen des poèmes bretons attribués
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and translated by Kuno Meyer, VI,
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Senbecc, edited and translated by
Kuno Meyer, VI, 182.
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L. Le mythe de laMèreLusiDe,VI,
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Desjardins (Ernest).
A. L'orographie de la Gaule â
répoque romaine, III, i.
L. La Table de Peutinger d'après
l'original conservé à Vienne, I, 14 ^
— Notice sur les monuments épigra-
phiques de Bavai et du musée de
Douai^ II> 236. — Géographie histo-
rique et administrative de la Gaule
romaine, tome premier. Introduction
et géographie physique et comparée,
époque romaine, époque actuelle, III,
lO*
Index alphabétique.
257. — Tome second, la conquête,
III, 469. — Tome troisième, organi-
sation de la conquête; la province, la
cité, VI, 374.
Devinettes bretonnes, re-
cueillies et traduites parL. Sauvé, IV,
60.
De-Vit (Vincenzo).
L. Oissertazioni sui Britanni e su!
Cimbri, V, 480. — Quali Britanni
diedero il nome ail* Armorica, VI,
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L. Grammaire des langues romanes,
traduite par G. Paris et A. Brachet,
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sioner hagabostol brazBreiz-IzeI,IV,
468.
Duchesne (L.).
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bretons du temps de saint Mélaine,
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tions et légendes, histoire et critique,
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Dsrsgedydd, II, 136, 281.
Ebel (Hermann-Guillaume).
L. Les accusatifs gaulois en -as, II,
403 . — Observations sur le glossaire
d'O'Davoren, II, 453. — Grammatica
celtica, I, 148, 468. Voyez Zeuss.
Sa mort; notice, III, 148.
Ebrard (Dr. August).
L. Handbuch der mittelgaelischen
Sprache, I, 479.
Encina (Joseph).-
Sa mort ; notice, IV, 478.
Emaolt (Emile).
A. Le dialecte vannetais de Sar-
zeau, m, 47. — Corrections et addi-
I lions à Tartide précédent, IH, 232.
— Le dictionnaire breton de Roussel,
IV, 104. — Supplément aux diction-
naires breton -français, IV, 145. —
Remarques sur z accompagné de
voyelles en breton moderne, V, 1 24.
— Mots et expressions celtiques en
gallot, V, 218. — Gallaise, V, 472.
(Voyez De la Borderie, Gaidozt
LoTH et Sébillot.) — Les noms de
lieu du pays de Malmédy, VI, 484.—
La prière du chat, VI, 528.
G. R. Eugène Le Bos, Causeries
bretonnes, III, 494. — Lan Inisan,
Emgann Kergidu, IV, 299. — H.
d'Arbois de Jubainville, Origine des
voyelles et des consonnes du breton
moderne de France, IV, 465. — A.
Drézen, Buez Dom Michel Nobletz,
IV, 468, — H. d'Arbois de Jubain-
ville, Etudes grammaticales sur les
Index alphabétique.
Il
langues celtiques, phonétique et déri-
vation bretonne, V, 267. — J Loth,
Essai sur le verbe néo-celtique en ir-
landais ancien et dans les dialectes
modernes, V, 487. — Quirin Esser,
Beitrafge zur gallo-keltischen Namen-
Irande, VI, 377. — J. Loth, Vocabu-
laire vieux-breton, VI, 381. — Lecoat,
Testamant nevez hon aotrou hag hon
Zalver Jésus Christ, VI, 382. — Bon-
ncjoy, Vie desaintYves du xiv» siècle,
VI, 38$. — Lucien Decombe, Chan-
sons populaires recueillies dans le dé-
partement d'Ille-et-Vilaine, VI, 386.
-- R. Thurneysen, Keltoromanisches,
VI, 388. — Mélusine, VI, 391. — E.
Windisch, KellischeSprachen,VI, 395 .
L. De l'urgence d'une exploration
philologique en Bretagne, ou la langue
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— Etude sur le dialecte breton de la
presqu'île de Batz, VI, $08.
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L. Ueber einige gallische Ortsna-
nem auf -acam in der Rheinprovins,
II, 499. — Beitrxge zur gallo-kel-
tiscben Namenkunde, VI, 377.
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l'Annorique d'après la terminaison des
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et celtibénque dans quelques inscrip-
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171. — Additional notes, IV, 268;
erratum, IV, 202, 3 1 6. — Early Celtic
history and mythology, VI, 193. —
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the lord of Clare ; Black Spancel sun<
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M. LiEBRECHT, le vrai nom de Gar-
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dess of war, I, 269, — Collation des
éditions du Catholicon de la Bibliothè-
que nationale, 1, 39$. — Du prétendu
nom d'tle sacrée anciennement donné
à l'Irlande, II, 352. — Pilgriroage of
an HuDgarianno^ e*nan toS. Patrick's
purgatory^ il, 482. — Les Celtes et
les éléphants^ II, 486. — Un conte
populaire dans l'Evangile, III, 444>—
Le songe de Marie, prière populaire
galloise, III, 447. — L'amitié d'Amis
et d'Amiles, texte gallois avec traduc-
tion, IV, 201, 479. — La société pour
la conservation de la langue irlandaise,
IV, 457. — L'origine de l'hymne de
Colmân, V, 94, 412, 507. — Un pa-
rallèle à Sainte Brigitte, V, 129. -
Bibliographie des traditions et de la
littérature populaire de la Bretagne,
V, 277 (en collaboration avec M. Se-
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(Voyez DE LA BoRDERiE, Ernaut,
LoTH et Sébillot.) — Des pronoms
infixés, VI, 86. — Les manuscrits
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Goello, Veliavi, VI, 1 16. — Les huit
parties de l'homme, VI, xi. — Celtic
notes and queries : Une vieille devise
bretonne ; une lettre inédite de J. Grimm,
VI, 41 $. — Taranis, VI, 457. Voyez
Cerciuand. — Les missions galloises
en Basse-Bretagne, VI, 48 1 . — A pro-
pos des Lugoves, VI, 487. — A propos
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Celtic notes and queries : Le musée de
Saint-Germain-en-Laye, VI, 52 $ ; mots
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II, 144, 288, 428, 504; III, 138,
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dinand Haug, Die rœmischen Denk-
steine des grossherzoglichen Antiqua-
rums in Mannheim, III, 476. ~ Lord
Dunraven, Notes on Irish architecture,
edited by Margaret Stokes, III, 478.
^ Francisque Michel, Les voyages
merveilleux de saint Brandan à la re-
cherche du paradis terrestre. III, 480.
— Whitley Stokes, Three middie-
Irish homilies on the lives of Saints
Patrick, Brigit and Columba, III,
liidix âlphahiti^tte.
481. — Sarouel Fergusoo, Congal, a
poem in five books, III, 482. — John
Stuart Blackie, The language and 11-
terature of Scottish Highiands, III,
484. — Walter Gregor, An écho of
the olden time from the north of
Scotland, III, 488. — James Miln,
Fouilles faites à Carnac, Les Bosseono
et le mont Saint-Michel, III, 49). —
Richard Andrée, Ethnographisches
Parallelen und Vergleiche, III, (oi.
— Wilhelm Mannhardt, Wald-und
Feldkulte, III, 502. ~ W.-S. Uch-
Szyrma, A short history of Penzance,
S. Michael's mount, S. Yves and the
Land's End district, III, $04. — Au-
gust Werner, Bonifacius, der Apostel
des Deutschen, III, $04. — Martigny.
Dictionnaire des antiquités chrétiennes,
III, 505.^ -- L. de Vairoger, Les
Celtes, la Gaule celtique, IV, 107. —
J.-G. Bulliot et J. Roidot, La cité
gauloise selon l'histoire et les tradi-
tions, IV, 109. — A. Luchaire,
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région française, IV, 1 1 1 . — E. Win-
disch, Kurzgefassteirische Grammatik
mit Lesestûcken, IV, 112. — John
Pryce, Theancient British church,lV,
114. — Louis Nedelec, Cambria Sacra,
IV, 114. — John Rhys, Lectures on
Welsh philology, IV, 116. — Edv.
Koschwitz, Sechs Bearbeitungen des
altfranzœsischen Gedichts von Karis
des Grossen Reise nach Jérusalem und
Constant! nople, IV, 117. — Hersart
de la Villemarqué, Poèmes bretons du
moyen âge, IV, 1 17. — F. Liebrecht,
Zur Volkskunde, IV, 118. - Hûb-
ner, Citania ; ~ Sarmento, Observa-
çoes a Catania do Snr. Doctor Emilio
Hûbner; — Fita, Restos de la decli-
nacion céltica y celtibérica en aigu*
nas lapidas espaftolas, IV, 279. —
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les Romains, IV, 282. — P.-W.
Joyce, Old Celtic romances, IV, 294.
— Wirt Sikes, British Goblins :
Welsh iolk-lore, fairy mythology,
etc., IV, 295. — Edmond Blanc,
Epigraphie antique du département
des Alpes-Maritimes; — Julien Sa-
caze , Epigraphie de Luchon ; —
Florian Vallentin , Visite au musée
épigraphiquc de Gap, IV, 460. —
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border counties, IV, 463; V, 408;
VI, 409. — John Wynne, The history
of the Gwydir family, IV, 46^.—
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monuments mégalithiques du départe-
ment des Côles-Ju -Nord, V, 132. —
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V, 134. — H. d'ArboisdeJubainville,
Le Senchus Môr, V, 138.— H. Zim-
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la Haute-Bretagne, V, 148. — Frédé-
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tagne, V, 149. — J.-F. Cerquand,
Taranis Lithobole, V, 229. — B. Gû-
terbock et R. Thurneysen, Indices
glossarum et vocabulorum hibernico-
rnm, V, 265. — Daniel Silvan Evans,
Telynegion, ar destunau amrywiol, V,
270. — Adolpho Coelho, Revista
d'ethnoiogia et de glottologia, V, 271 ,
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espaSolar y mitologia y literatura
celto-hispanas , V, 272. — John
Evans, L'âge du bronze, Instruments,
armes et ornements de la Grande-
BreUgne et de l'Irlande, V, 397.
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schaftendesr(emischenReiches,V,484.
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M*
486. — N. Moore, A concise Irish
grammar,byE. WindiKh, translated,
V, 495. — John Cameron, Gaelic na-
mes of plants> V, 496. — Francisque
Michel, A criticat inquiry into the
Scottish language, V, 498. — A. de
la Borderie, Etudes historiques bre-
tonnes : les deux saints Caradec,V, 502.
— G.-J. Ascoli, Note irlandesi, VI,
121. — Léo Desaivre, Le mythe de
la mère Lusine, VI, 122. — Paul Sé-
billot, Gargantua dans les traditions
populaires, VI, 124. — A. de la Bor-
derie, Les véritables prophéties de
Merlin, VI, 126. —G. Paris, Etudes
sur les romans de la Table-Ronde, VI,
269. — Donald Macicinnon, Celtic
chair, Inaugural address, VI, 269. —
A. de Barthélémy, Monnaies gauloises
au type du cavalier, VI, 271. — A.
de Barthélémy, Etude sur les mon-
naies gauloises découvertes à Jersey en
1875, VI, 271. — A. -F. Lièvre,
Restes du culte des divinités topiques
dans la Charente, VI, 271. — M.
Scarth, Roman Britain, VI, 271. —
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et administrative de la Gaule romaine,
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VI, 374. ~ Germain Bapst, L'étain,
VI, 377. — G. Vigfusson[et F. York
Powell, Corpus poeticum boréale,
VI, 379. — A. de la Borderie, Vie
inédite de saint Malo, VI, 384. —
V. De- Vit, Quali Britanni diedero
il nome air Armorica, VI, 393. —
J. Qtticherat, Mélanges d'archéologie
et d'histoire, VI, 401. — Ch. Robert,
Les étrangers à Bordeaux, VI, 403.
— B. Robert, Etude critique sur la
vie et Tœuvre de saint Patrick, VI,
404. — Ch. Geisler, Irish Textsfrom
Irish manuscripts , VI, 404. ^ Kuno
Meyer, Eine irische Version der
i6*
index alphabétique.
Alexandersage, VI, 405- — E- Win-
disch, EJD mittelirisches ICunstgedicht
ûber die Geburt des Kœnigs Aed
Slane, VI, 405. — E. Windisch, Die
irische Sage Noiden Ulad, VI, 405.
— Th. Olden, On the Geography of
Ros Aililhir, VI, 406. — A. de la
Borderie, Etudes historiques bretonnes,
VI, 410. — Lecoy de la Marche, Les
manuscrits et les miniatures, VI, 41 1.
— Collection Julien Gréau, VI, $12.—
LéonMaxe-Werly, Collection des mo-
numents épigraphiques du Barrois, VI,
513.— Ed. Flouest, Etudes d'ar-
chéologie et de mythologie gauloise.
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Kuno Meyer, The Cath Finntraga ; or
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Rawl. B. 487 in the Bodieian libra-
ry, VI, 514. — R. Atkinson, Irish
lexicography, VI, $16. — Chants
populaires de la Haute-Bretagne, re-
cueillis par un Guérandai^ de 1809,
VI, 516. — H. Baudrillart, Les po-
pulations agricoles de la France;
Normandie et Bretagne, VI, 517.
L. Gargantua, essai de mythologie
celtique, I, 137. — Esquisse de la
religion des Gaulois, avec un appen-
dice sur le dieu Encina, IV, 1 12. —
— La religion gauloise et le gui de
chêne, IV, 470.
Oalles (Louis-Mariel .
Sa mort; notice, 11,434.
Ckdy (E.).
F. Inscription inédite. Le portique
du temple de Vesunna, déesse tutélaire
des Pétrocores, III, 265.
Oaulle (Charles de).
G. R. Roudaut, Supplément aux
dictionnaires "bretons, II, 265.
Sa mort; notice, IV, 313.
Oeisler (Charles).
L. Irish texts from Irish manus-
cripts, VI, 404.
Geldaxt (G.-G.).
Sa mort; notice, III, $07.
Oeoitrlevski (Alexandre).
L. Gally v epochu Kaîa Julia Ce
saria (Les Gaulois au temps de César),
I, 146.
GesUn de Bourgogne (J.).
L. Anciens évéchés de Bretagne,
III, 289; IV, 296 (avec la collaboration
de A. DE Barthélémy).
Sa mort; notice, III, 507.
Gloses bretonnes, VI, 357.
Gloses irlandaises, d'un ma-
nuscrit devienne, 1, 58; du manuscrit
de Milan, I, 60, par C. Nigr.^.
Gluck (Guillaume).
Sa mort; notice, VI, 521.
Graves (Rev. James).
L. The church and shrine of St.
Manchan, III, 109.
Golleotion Julien Gréau.—
Bronzes antiques, VI, 512 (L.).
Gregor (Rev. Walter).
L. An écho of the olden timefrom
the north of Scotland, III, 488. —
Notes on the folk-lore of the North-
east of Scotlaod, V, 147.
Orignard (Pabbé Fr.).
L. Note sur une divinité gauloise et
index alphabétique.
n
on amulette chrétien découverts à
Laotilly (Côte-d'Or), V, 405.
Ouest (Edwin).
L. OriginesCeIticae,aodother con-
tributions to the history of Britain,
V, 486.
Gûterbock(B.).
L. Indices glossarum et vocabulorum
hiberniconim quae inGrammaticae cel'
ticae editione altéra explanantur, V,
265 (avec la collaboration de R. Thur-
neysen). — Bemerkungen ôber die
lateinischen Lehnwœrter im Irischen,
V, 489.
Guyot-Jomard (A.).
Ij. Etude de géographie celtique
suivie d'une esquisse de théogonie
celto-hellénique, III, 250.
O^fTalterMechain. Voyez Da-
VIES.
Halléguen (Eugène).
Sa mort; notice, IV, 132.
Haug (Ferdinand).
L. Die rœmischen Denksteine des
grossherzoglichen Antiquariums in
Mannheim, III, 476.
Havet (Louis).
A. Ch breton armoricain, II,
217. (Voyez d'Arbois de Jubain-
VILLE.)
Hennessy (W.-M.).
A. The ancient Irish goddess ol
war, I, 32. (Voyez Gaidoz, Lottner
et Wh. Stores.) — The baitle of
Cnucha, a médiéval Irish text, with a
translation, II, 86.
Rev. Cdt. VU.
L. The book of Fenagh, carefully
revised and copiously annotated ; and
done into English, by D.-H. ICelly,
m, iio.
Henry (Pabbé).
Sa mort; notice, IV, 315.
Héron de Villefoese.
G. R. Gabriel de Mortillet, Les
potiers allobroges, IV, 289.
Holmboe (C.-A.).
L. Om Çivaisme i Europa, I, 136.
— Om Vildsviintypen paa galliske og
indiske mynter (le type du sanglier sur
les monnaies de la Gaule et de l'Inde),
I> 4S6.
Homily on S. Bfartin de
Tours (a middie-lrish) edited and
translated by Wh. Stores, II, 381.
Hlîbner (E.j.
L. Inscriptiones Britanniae latinae.
— Inscriptiones Britanniae christianae,
III, 267. — Citania; Alterthùmer in
Portugal, IV, 279. — Ueber mecha-
nische Copieen von Inschriften, V,
154. — Das rœmische Heer in Bri-
^annien, V, 40J.
Hacher (Eugène).
A. Légendes des monnaies gau-
loises, II, 94. (Voyez DE Barthé-
lémy.)— Durnacos, II, 104. (Voyez
d'Arbois de Jubaikville.) — Sur le
médaillon de M. Soldi, représentant la
Gaule, II, 121.
L. L'art gaulois ou les Gaulois
d'après leurs médailles, I, 461 ;
deuxième partie, II, 255. — Mélanges
de numismatique, II, 503. Voyez de
Saulcy et DE Barthélémy.
i8
Innés (Cosmo).
Sa mort; notice, II, 43$
J. (Ll.-G.).
A. Folk medicine in Waies.VI, 505 .
Jeremiah (John).
L. On Eisteddvodau ; their antiquity
and bistoryi III, 506.
Johnes (John).
Sa mort; notice, 111, 296.
Jones (Owen).
Sa mort; notice, If, 287.
Jones (Robert).
Sa mort; notice, IV, 132.
Jones (W. -G.).
Extraits des dictons du sage Cadoc,
111,419.
Journal ol the royal and
archseological association ol
Ireland, II, 281.
Joyce (P.W.).
L. The origin and history of Irish
names of places, I, 160; H, ^oo. —
Oid Ceitic romances, translated from
the Gaelic, IV, 294. — Keating's his-
tory of Ireland, edited with Gaelic text,
literal translation, etc., V, 154.
Jting (Julius).
L. Die romanischen Landschaften
des rœmischen Reiches, V, 484.
Keller (Dr. Ferdinand).
L. Archaeologische Karte der Ost-
schweiz, III, 263.
Kelly |D.-H.).
Index alphabétique,
L. The book of Fenagh, carcfully
revised and copiously annotated by
W.-M. Henmsssy, and done into En*
glish by D. H. Kelly, III, 1 10.
Kennedy (Patrick).
L. The fireside stories of Ireland,
I, 276.
Sa mort ; notice, II, 151.
Kerdanet (D.-L.-O.-M. Miorcec
de).
Sa mort; notice. II, 436.
(H.).
A. Nehalennia, II, 10. — Noms
germaniques dans des inscriptions la-
tines du Rhin inférieur^ II, 1^3.
Kerslake (Thomas).
L. The Ceit and the Teuton in
Exeter. — Saint Ewen, Bristol, and
the Welsh border circiter A. D. 757-
926, ni, 126. — A primaev.?! jBri-
tish metropolis, with some notes on
the ancient topography of the south-
western peninsula of Britain, III, 291.
— Traces of the ancient Kingdora of
Damnonia outsi'ieCornwa!l,III, )o6.
Kerviler (René) .
L. Etude critique sur la géographie
de la presqu'île armoricaine au com-
mencement et à la fin de Toccupation
romaine, II, 413. — La grande ligne
des Mardelles gauloises de la Loire*
Inférieure. — Revue du mouvement
historique et littéraire en Bretagne de
1880 à 1882, VI, 410.
Klostemeubnrg Incanta-
tion, by Wh. Stokes, II, 112.
Knobeladorff (Otto von).
Index alphabétique.
L. Die Keltischen Bestandtheiie in
der engiischen Sprache, I, 489.
Kœhler (Reinhold).
A. Observations sur le conte breton
Koadalan, I, 132. — Sainte Tryphine
et Hirlande, I, 222. — Observations
sar le conte Rasbin Coatie, III, 367.
Voyez Lang. — Observations sur le
conte Nicht, nought, nothing, III, 376.
— Taliesin^s little world, IV, 447.
G. R. J. Leite de Vasconcellos;
Estudo ethnographico, V, 410.
Kosch'witz (Dr. Eduard).
L. Ueberlieferung und Sprache der
Chanson du voyage de Charlemagne à
Jérusalem et à Constantinople, III,
2S7. — Sechs Bearbeitungen des ait-
franzcesischen Gedichts von Karls des
grossen Reise nach Jérusalem und
Constantinopel, IV, 117.
Lach-Szyrma (W.S.).
A. Le dernier écho de la langue
comique, III, 239.
L. A short history of Penzance,
S. Michaers mount, S. Ives and the
Land's end district, III, 504. — M.
Sebillot's System as applied to Cor*
nish folklore, V, 506.
L. Irish folklore, I, 276. — Le-
gend lays of Ireland, 1, 493.
Lang (A.).
A. Rasbin Coatie, a Scotch taie,
III, 365. — Nicht, nought, nothing,
III, 374. (Voyez Kœhler.)
Iflfin inioAn.
L. Emgann Kergidu ha traou-all
c'hoarvezet e Breiz-Izel epad dispac*h
Ï79}, IV, 299.
'9
Lassalle (Charles).
L. Origin of the Western nations
and languages, VI, 127.
Laurens.de la Bazre (E. du).
L. Fantômes bretons, — contes,
légendes et nouvell&s, IV, 297.
Leabhar Breac , the speckled
book, publi&hed from the original ma-
nuscript in the library of the royal
Irish Academy, III, 274.
Lecoat (G.).
L. Testa mant nevez hon aotrou hag
bon zalver Jesus-Christ, VI, 383.
Lecoy de la Marche (A.).
L. Saint-Martin, V, 134. — Les
manuscrits et la miniature, VI, 41 1.
Léger (Louis).
A. Une version tchèque du purga-
toire de saint Patrice, IV, 105.
G. R. J.-E. Wocel, La Bohême
anté-historique, I, 147.
Leite de Vasconcellos (J.).
L. Estudo ethnographico a propo-
sito da ornamentaçâo dos jugos e
cangas dos bois nos provincias portu-
guezas do Douro et Minho, V, 410.
— Anuario para 0 estudo das tradi-
çôes populaiesportuguezas, V, 507.
Lejean (Guillaume).
A. La poésie populaire en Breta-
gne, II, 44.
Sa mort ; notice, I, 284.
Le Men (R. F.).
A. Traditions et superstitions de
la Basse-Bretagne, I, 226, 414. —
> Noms propres bretons commençant
20
Index alphabétique.
par « â^ > o\x * ap •, II, 71, 507.
L.. Etudes historiques sur le Finis-
tère, III, 119. — Monographie de la
cathédrale de Quimper, III, 489.
Sa mort ; notice, IV, 475.
Iiemière (P.-L.).
L. Examen critique des expéditions
gauloises en Italie suivi de recherches
sur l'origine de la famille gauloise et
sur les peuples qui la formcient, II,
2)4; III, 2)4. — Etude sur les Celtes
et les Gaulois, II, 415; III, 254.—
Les Gaulois étrangers à la race celti-
que, revendication de la priorité de
cette opinion contre M. A. Bertrand,
IV, 469.
Lesoour (Jean-Pierre-Marie).
Sa mort; notice, I, 284.
Lester (J.-D.).
Sa mort; notice, III, 149.
Levot (P.;.
A. La véritable histoire de Bretagne
dedom Lobineau, I, 436.
L. Daoulas et son abbaye, III, 291 .
Sa mort; notice, III, 508.
Liebrecht (F.).
A. Le vrai nom de Gargantua, I,
1 36. Voyez Gaidoz.
G. R. Whitley Stokes, Togail Troi,
V, 398.
L. Zur Voikskunde, IV, 118.
Uèvre (A.-F.).
L- Restes du culte des divinités to-
piques dans la^Charente, VI, 271.
Littré.
L. Dictionnaire de la langue fran-
çaise, II, 126.
Lizex*ay (Henri;.
L. Le Livre des quatre mattres, tra-
duit en français, V. ^06.
Lombard-Dumas (A.).
L. Mémoire sur la céramique anti-
que dans la vallée du Rhône, V, i $^
Longnon (Auguste).
L. Les cités gallo-romaines de la
Bretagne, II, 258. — Géographie de
la Gaule au \i" siècle, III, 472.
Longpérier (Adrien de).
Sa mort; notice, V, 41 1 .
Loth (J.).
A. Poésie bretonne, IV, 304. —
Le breton dans Maistre Pathelio,
IV, 430; note complémentaire, V,
225. — Les gloses bretonnes d'Or-
léans, V, 104. — Gloses irlandaises
et bretonnes inédites, V, 467. — Le
mot gallo (voyez de la Borderie,
Ernault, Gaidoz et Sébillot), VI,
114.
G. R. E. Ernauft, De l'urgence
d'une exploration philologique en Bre-
tagne, III, 491. — Régis de TEstours
beillon. Groupement des population-
de TArmorique d'après la terminaison
des noms de lieux, V, 266. — V. De-
vit, Dissertazioni sui Britanni e sui
Cimbri, V, 480. -— A. delà Borderie.
Etudes historiques bretonnes, les deux
saints Caradec, V, 501. — A. de la
Borderie, L'Historia Britonum attri-
buée à Nennius et l'Historia Britan-
nica avant Geoffroy de Monmouth,
VI, 1 18. — V. De-Vit, Quali Briunni
diedero il nome ail' Armorica, VI,
393. — Ernault, Etude sur le dialecte
breton de la presqu Ile deBatz, VI, 508.
L. Essai sur le verbe néo-celtique
Index aïphabéùqiu.
21
en irlandais ancien et dans les dialectes
modernes, son caractère, ses transfor-
mations, V, 487. — Vocabulaire
ficux- breton, avec commentaire, con-
tenant toutes les gloses en vieux breton^
gallois, comique, armoricain, connues,
VI, 381. — L'émigration bretonne en
Armorique du v* au vii« siècle de
notre ère, VI, 460.
Lottner (C).
A. Observations sur l'article de
M. Hennessy : The ancient Irish god-
dess of war, I, 32.
Sa mort ; notice, II, \\i.
Lnce (Siméon).
A. Owen de Galles. III, 44). Cf.
p. S12.
Ijuchaire (A.)-
Ij. Les origines linguistiques de
l'Aquitaine, III, 468. ^ Etudes sur
les idiomes pyrénéens de la région
française, IV, 1 1 1 . — Sur les noms
propres basques, V, 1 $4.
Lucke.
L. Grammaire des dialectes celti-
ques dans ses rapports avec la langue
française, III, 290.
The Luxembourg folio, by
John Rhys, I, 348.
Lozel (F.-M.).
A. Contes populaires des Bretons
armoricains: Koadalan. (Dialecte de
Tréguier),!, 106. — Poésie : la mère
malaie, I, 288. — Chansonnette bre-
tonne, II, 24s. — Contes populaires:
La femme du soleil — La femme du
trépas — Le prince turc Frimelgus —
L.e château vert, II, 289. — Yves Ca-
mus, chanson populaire, II, 495. —
Formules initiales et finales des con-
teurs en Basse-Bretagne, III, 336. ~
Contes populaires des Bretons armori-
cains: L'homme juste, III, 379. — Une
représentation de sainte Tryphine, III,
386. — L'arc-en-ciel, Ilf, 450. — La
lune, III, 4p. — Les contes popu-
laires de la Haute-Bretagne, IV, 429.
G. R. E. du Laurens de la Barre,
Fantômes bretons, IV, 297.
L. Rapports dans les archives des
missions scientifiques et littéraires, I,
49s. — Gwerziou Breiz Izel, chants
populaires de la Basse-Bretagne, re-
cueillis et traduits, II, 268. — Veil-
lées bretonnes, mœurs, chants, contes
et récits populaires des Bretons armo-
ricains, IV, 123. — Légendes chré-
tiennes de la Basse-Bretagne, V, 408.
Mac Goy (Rev. Edward).
L. Miscellaneous poems translated
into Gaedhiic, I, 277.
Macgnixnartha Find, edited
by KuNO Meyer, V, 195.
Mac Haie (Jean).
Sa mort ; notice, V, 276.
Mackinnon (Donald).
L. Celtic chair. Inaugural address,
VI, 270.
Maine (Henry Sumner).
L. Lectures on the early history 0^
institutions, II, 499. — Le même, tra-
duit de l'anglais par M. Durieu de
Leyritz et précédé d'une introduction
de M. d'Arbois de Jubainville, VL
127.
Maissiat (Jacques).
Sa mort ; notice, III, 509.
22
Index alphabétique^
Mannhardt (Wilhelm).
L. Der Baumkultus der Germanen
und ihrer Nachbarstxmme, IH, 120.
-~ Antike Wald- und Feldkulte III,
502.
Mannmissions (The) in the
Bodxnin gospels, by Wh. Sto-
res, ï, 332.
Manumissions in the Leo-
Iric Missal, by F.-E. Warren,
Martigny (l'abbé),
L. Dictionnaire des
chrétiennes, III, 505.
antiquités
Martin (Henri).
L. Etudes d'archéologie celtique, h
464.
Sa mort ; notice, VI, 272.
Masson (Donald).
L. Vestigia celtica, V, 506.
Maxe-Werly (Léon).
L. Collection des monuments épi-
graphiques du Barrois, VI, 513.
Mehlis ^C).
L. Der Rhein und der Strom der
Cultur in Kelten- und Roemerzeit, III,
47S-
Môlusine, revue de mythologie,
littérature populaire, traditions et
usages, dirigée par H. Gaidoz et E.
Rolland, III, 497; VI, 391.
Mémoires de la société des
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Proverbes et diotons de
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traduits par L.-F. Sauvé, I, 24), 400;
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RévUle (Albert).
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411.
Revue de Bretagne et de
Vendée, III» 393.
Revue de France, II, 287.
Revue de rinstruction pu-
blique en Belgique, III, 1 37.
Revue politique et litté-
raire, II, 140.
Revue des questions histo-
riques, I, 49$ ; II, 287.
Revue des sociétés sa-
vantes des départements, II,
28s, 427; "I. »J2.
Rhys (John).
A. The Luxembourg folio, I, 346,
503 ; II, 119. — Etymological scraps,
II, lis, iSS; III, 86. — The loss of
Indo-european p in the Celtic la li-
gnages, II, 321; III, 88. — Notes on
the language of old Welsh poetry, VI,
'4-
G. R. E. Koschwitz, Ueberiiefe-
rung und Sprache der Chanson du
voyage de Charlemagne à Jérusalem et
ï Constantinople, III, 287. — E.Win-
disch, Keltische Sprachen, VI, 395.
L. Lectures on Welsh philology,
III, 280; second édition, revised and
enlarged, IV, 116.
Richards (Briniey).
Sa mort; notice, VI, s 24.
Ring (Maximilien de).
Sa mort ; notice, II, 151.
L. Etude critique sur la vie et
l'œuvre de saint Patrick, VI, 404.
Robert (P.-Charies).
A. Sirona, IV, 133 ; note complé-
mentaire, IV, 265 ; erratum, IV, 479.
L. Epigraphie gatlo-romaine deb
Moselle, II, 123. — Numismatique de
la province du Languedoc, période an-
tique, III, 260. — Etude sur quel-
ques inscriptions antiques du musée
de Bordeaux, IV, 122. — Description
raisonnée de la collection de M. P.
Ch. Robert, V, 133. — Les étrangers
à Bordeaux, VI, 404. — Examen
d'un trésor de monnaies gauloises entré
au musée de Saint-Germain, VI, 404-
Roberts (Askew).
L. Bye-Gones relating to Wales
and the border counties, IV, 463 ; V,
408; VI, 409.
Sa mort ; notice, VI, 413.
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Sa mort; notice. II, 434.
Roget de Belloguet.
L. Glossaire gaulois, I, 457. —
Ethnogénie gauloise : les Cimnériens,
II, 122. — Ethnogénie gauloise:
types ganlois et celto-bretons, II.
416.
Sa mort; notice, I, 494.
Roidot(J.).
L. La cité gauloise selon Thistoire
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Index alphahétiqttt.
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manach des traditions populaires, V,
nu $06.
Romania,!!, 138, 283; III, i)i.
RopartK (Sigismond).
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Rosenzweig (Théophile).
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Sacher (Frédéric).
II. Bibliographie de la Bretagne,
V, 149-
Saglio(Edm.).
II. Voyez Daremberg.
Saint-Ajrmour (Amédée de
Caix de) .
II. Note sur un temple romain dé*
couvert dans la forêt d'Halatte, II,
417. — Etudes sur quelques monu- j irischen. V, 489.
ments mégalithiques de la vallée de
rOise, II, 502.
Sauloy (F. de).
L. Lettres à M. A. de Longpérîer
sur la numismatique gauloise, i^ 463.
•—Mélanges de numismatique, II, ^O}.
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Sa mort ; notice, III, S09.
Sauvé (L..F.).
A. Proverbes et dictons de la Basse-
Bretagne, 1, 243, 400; II, 78, 218,
362 ; III, 60, 192. — Tableaux ex-
posés dans les églises bretonnes, III,
246. — Devinettes bretonnes, IV, 60.
— Formulettes et traditions diverses
de la Basse-Bretagne, V, 157. —
Charmes, oraisons et conjurations ma-
giques de la Basse-Bretagne, VI, 67.
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Bretagne. Intersignes et présages de
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tion de H. Gaidoz). — Gallo ou gai'
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Ernault, Gaidoz et Loth.) — For-
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des conteurs en Haute-Bretagne,VI,62.
L. Notice sur les limites du breton
et du français, IV, 128. — La litté-
rature orale de la Haute-Bretagne, V,
148. — Traditions et superstitions de
la Haute-Bretagne, V, 408. — Contes
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Stokes (Mademoiselle).
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Stokes (Whitley).
A. Mythological notes : The Lu-
chorpàn; The Rosualt; Names for
c God > ; Cenn Cruaich ; Spirits spea-
king from weapons; The buil-feast;
Man octipartite, I, 256; Labraid lorc
and his ears ; Cred's pregnancy ; Soûls
in form of birds; Human sacrifice;
Waves; Lycanthropy, II, 197, cf.
507; Magonia; The Hrungnir-saga,
VI, 267. — The manumissions in thc
Bodmin gospels, 1, 352. — Le(]atho-
licon de J. Lagadeuc, collation du
manuscrit de la Bibliothèque natio-
nale. I, 595. Voyez Gaidoz. — Thc
KIosterneuburg incantation, II, H2.
— A middie-lrish homilyon S. Mar-
tin of Tours, II, 381. — A conjec-
tural emendation ofPliny, II, 407.—
The ancient Irish goddess of war.
corrections and additions, II, 489. —
On the Celtic comparisons in Bopp's
comparative grammar, III, 31- —
index alphabétique.
Cornica : Durdala, Dursona; Cor-
nish in the Vatican ; A Cornish life of
S. Columba, III, 85 ; The fragments
of a Drama; Cornish phrases; Poli,
poly, IV, 258. ~ Cuchulainn'sdealh,
abridged from the book of Leinster, III,
175. — On the Gaelic names in the
LandnâmabÔk and Ru nie inscriptions,
III, 186. — A parallel, III, 443 (I^
bar Brecc, p. 63 b; Kathâ-sarit-sâ-
gara). — Tidings of doomsday, an
early middle-Irish homily, edited and
translated,IV, 24$, 479.— OldBreton
glosses, IV, 324. — Four new Gaulish
inscriptions, V, 116. — On the ca-
lendar of Oengus, V, 339. — Irish
folk-lore, V, 391. — Anoiher parallel
(Lebar Brecc, p. 32 b; Abinishkru-
mana sûtra), V, 393. — Addenda et
corrigenda du Togail Troi, V, 401.
— Extracts irom the franciscan Li-
ber hymnorum, VI, 264. — On the
mètre Rinnard, and the calendar of
Oengus as illustrating the Irish verbal
accent, VI, 273. — On Irish melric,
VI, 298. — Remarks on Mr. Filzgc-
rald's « Early Celtic history and my-
thology», VI, 3s8.
G. R. E. Windisch, Verlust und
Auflreten der p in den celtischen
Sprachen, II, 408. — E. O'Curry,
On the manners and customs of the
ancient Irish, edited by W.-K. Sulli-
van, III, 90. — Leabhar Breac,
Part I, III, 274. — Vittorio Poggi,
Contribuzioni allô studio dclla epi-
grafia etrusca, V, 228. — E. Win-
disch, Irische Texte, V, 230, 507. —
H. Zimmer, Keltische Studien, erstes
Heft,V,25s.
L. The life of saint Meriasek, a
Cornish drama, I, 486. — Goidelica,
I, 504. — Lettre sur la publication
du Livre de Leinster, II, 429; III,
29
•
141. — Remarks on the facsimiles
published by the Royal Irish Academy ,
III, 1 42 .— Middie-Breton hours, edited
with a translation and glossarial index,
III, 285. — Three middle-Irish homi-
lies on the lives of saints Patrick,
Brigit and Columba, III, 481. — The
Irish passages in the Stowe roissal,
V, 145. — Togail Troi, the destruc-
tion of Troy transcribed from the fac-
similé of the book of Leinster and
translated, with a glossarial index,
V, 398.
Stokes (Dr. V^illiam).
Inaugural address delivered before
the royal Irish Academy, II, 417.
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Studien zur griechisohen
und lateinischen Gramma-
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Superstitions de la Basse-
Bretagne au XVII« sièole,
extrait de La vie de Monsieur le No-
bletz, prestre et missionnaire de Bre.
tagne, II, 484.
Terrien (Chnstoll).
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(en collaboration avec Ch. Warin
Saxton).
Thierry (Amédée).
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SatuirninTogail Troi ; Fritammior-sa,
VI, 91. — Sallair na rann, VI, 96,
jyi. — L'accentuation de l'ancien
verbe irlandais, VI, 129. -- Zur iris-
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— Un second futur irlandais en -rr.
VI, 371.
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rum hibernicorum quae in Gramma-
ticae cetticae editione altéra expla-
nantur, V, 26^ (avec la collaboration
de M. GiJTERBOGK). — Kelloromanis-
ches, die Keltischen Etymologien im
Etymologischen Wœrlerbuch der ro-
manischen Sprachen, von Diez, VI»
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translated by Wh. Stokes, IV, 245,
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136, 281.
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41s; m, III, 487; IV, 47j; VI.
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du Vocontium diaprés les monuments
épigraphiques, IV, 122. — Le culic
de Matrae dans la cité des Voconces,
d'après les monuments épigraphiques,
IV, 300. — Visite au musée épigra-
phique de Gap, IV, 460. — Les
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Sa mort; notice, V, 156.
'Windisoh (Ernst).
A. L'ancienne légende irlandaise
et les poésies ossianiques, V, 70.
— Notes sur des textes irlandais :
Texte et traduction du poème publié
dans les Irische Texte (I, 317), V,
128; Strophes de TEchtra Condia,
389, 478. — Der irische Artikel, V,
461.
L. Voyez Curtius (Georg). —
Verlust und Auftreten der p in den
cellischen Sprachen, If, 408. — Kurz-
gefasste irische Grammatik, mit Le-
sestûcken, IV, 112. — Irische Texte
mit Wœrterbuch, V, 230. — Ein
mittelirisches Kunstgedicht ûber die
Geburt des Kœnigs Aed Slâne, mit
Beitraegen zur irischen Metrik, VI,
40s. — Die irische Sage NoidenUlad,
VI, 39 S- — Keltische Sprachen, VI,
40 j.
Wocel (Jean-Erasme).
L. Pravek Zeme Czeske (La Bo-
hème anté-historique), I, 147.
Sa mort ; notice, I, 494.
Wright (Thomas).
Sa mort; notice, III, ^08.
Wjrnne (Edward).
Sa mort ; notice, IV, 47 c.
W3mne (John).
L. The history of the Gwydir fa-
mily, IV, 464.
Ysted Sioned, V, ^00.
ZeiUchrilt lOr -verglei-
chende Sprachforschung, II,
14», 423; ni, 130.
Zeuss (Gaspard).
L. Grammatica celtica, deuxième
édition revue par Ebel, I, 14S, 468.
Sa mort; notice, VI, $19.
p
Zlmmer (H.)-
L. Glossae hiberaicae ecodicibus
Wirziburgensi , Carolisruhensibus,
aliis, V, 146. — Keltische Studien,
erstes Heft : Irische Texte mit Wœr-
Indtx alphabétiqut,
terbuch, von E. Wiadiscb, V, 2|i.
Voyez ScHUCHARDT. — Zweites
Heft : Ueber aitirische Betonong uod
Verskunst. Voyez Thurnbysen, Zar
irischen Acoent-UDd Verslehre.
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES
TRAlTiBS DANS
LES ARTICLES DE FONDS ET LES MÉLANGES.
Pages.
I. Généralités. i. Linguistique 34
2. Histoire, mythologie et mélanges . . 34
H. Gaulois et vieux celtique. 1. Linguistique 34
2. Religion 35
3. Onomastique, épigraphie et numisma-
tique 35
4. Géographie 35
in. Langues gaéliques.
A. Irlandais. 1. Linguistique 36
2. Religion ; 36
5. Archéologie 37
4. Littérature 37
5. Droit 37
B. Gaeli<|fue d'Ecosse 37
IV. Langues bretonnes.
A. Breton armoricain.
a. Basse Bretagne. 1. Linguistique 38
2. Littérature 38
3. Onomastique 39
4. Histoire 39
b. Haute Bretagne 39
Bibliographie 40
B. Gallois. I. Linguistique 40
2. Littérature 40
3. Histoire .^ 40
4. Bibliographie 40
C. Comique 40
V. Mélanges 40
Rev, Celt. VII 3*
34* Table méthodiijue des matières.
I. GÉNÉRALITÉS.
I. Linguistique.
The loss of the Indoeuropean p in the Celtic languages, by John Rhys, II, 521 ;
III, 88.
On the Celtic comparisons in Bopp*s comparative grammary by Wh. Stokes,
111,31.
Le celtique et l'ombrien, par H. d'Arbois de Jubainville, III, 40.
La place da verbe dans les langues celtiques, par H. d'Arbois de Jubainville,
III, 248. '
Les langues celtiques dans les Iles Britanniques et en France, par P. Sébillot
IV, 277.
2. Histoire, mythologie et mélanges.
Mythological notes by Wh. Stokes, I, 256; II, 197, 507; VI, 267.
Early Celtic history and mythology, by D. Fitzgerald, VI, 193.
Remarks on Mr. Fitzgerald's Early Celtic history and mythology, by Wh. Sto-
kes, VI, 358.
Celtic notes and queries, VI, 127, 415, 52 s.
II. GAULOIS ET VIEUX CELTIQUE.
1. Linguistique.
De la disparition de la langue gauloise en Galatie, par G. Perrot, I, 179.
La racine DRU dans les noms celtiques des rivières, par A. Pictet, I, 299.
Influence de la déclinaison gauloise sur la déclinaison latine dans les docameots
latins de l'époque mérovingienne, par H. d'Arbois de Jubainville, I, 320.
Tentâtes, par H. d*Arbois de Jubainville, I, 451.
Durnacos^ par E. Hucheret H. d'Arbois de Jubainville, II, 104.
Un/ gaulois valant </A, par H. d'Arbois de Jubainville, II, 111.
Le couteau de bronze de Besançon, par H. d'Arbois de Jubainville, II, ni-
Les accusatifs gaulois en -as^ par H. Ebel, II, 403 .
A conjectural emendation of Pliny : sasia, par Wh. Stokes, II, 407.
Etymologie du nom de Chaource, Aube, par H. d'Arbois de Jubainville,
II, 492.
Four new Gaulish inscriptions, by Wh. Stokes, V, 116.
Le duel dans la déclinaison gauloise, par R. Mowat, V, 121.
Sur la forme de quelques noms géographiques de la péninsule ibérique, par A.
Coelho, VI, 482.
1
Table méthodique des matières. 35
2. Religion.
De la divinité gauloise assimilée i Dis Pater à l'époque gallo-romaine, par
A. de Barthélémy, I, 1 .
L'ex-voto de la Dea Bibracte, par J.-G. Bulliot, I, 306; II. 21.
De quelques noms celtiques de rivières qui se lient au culte des eaux, par
A. Pictet, 11, I.
Nehalennia, par M. H. Kern, II, 10.
Un autel de la Nehalennia trouvé près de Dombourg (Zélande), par A. Réville,
n, 18.
Les dieux de la cité des Allobroges d'après les monuments épigraphiques, par
Florian Vallentin, IV, 1, 445.
Comment le druidisme a disparu, par Fustd de Coulanges, IV, 37.
Sirona, par P. C. Robert, IV, 133, 26 >, 479.
Mercurios Finitimus, par Florian Vallentin, IV, 444.
Taranus ouTaranis, par J.-F. Cerquand, V, 381.
Taranis et Thor, par J.-F. Cerquand, VI, 417.
Tarants i propos des marteaux d'Uriage, par H. Gaidoz, VI, 457.
A propos des Lugoves, par H. Gaidoz, VI, 487.
3 . Onomastique^ ipigraphie et numismatique.
Liste des mots relevés sur les monnaies gauloises, par A. de Barthélémy, I, ,
291; II, 102, 24s.
Note complémentaire, par E. Hucher, II, 94.
Sur le médaillon de M. Soldi représentant la Gaule, par E. Hucher, II, 121 .
Une énigme d'onomastique fluviale, par A. Pictet, II, 437.
Liste des noms supposés gaulois tirés des inscriptions, par le général Creuly,
III, 153,297-
Une énigme d'onomastique fluviale, par H. d'Arbois de Jubainville, III, 168.
Nouvelles légendes de monnaies gauloises, par A. de Barthélémy, III, 249.
Vases sigillés et épigraphiques de fabrique gallo-romaine, par A. de Barthélémy,
III, 313.
Monnaie gauloise inédite de Lucterius, chef cadurque, par A. de Barthélémy,
IV, 317.
Note sur le nom de la ville d'Evaux, par J. de Cessac, VI, 260.
4. Géographie,
L'orographie de la Gaule à l'époque romaine, par E. Desjardins, III, i
^6* Table méthodiijue des matières.
III. LANGUES GAELIQUES.
On the Gaelic names in the Landnamabok and Runic inscriptions, hj Wh.
Stokes, III, 186.
A. IRLANDAIS.
1. Linguistique.
Un manuscrit irlandais de Vienne, par C. Nigra, I, 58.
Gloses irlandaises du manuscrit de Milan, par C. Nigra, I, 60.
Du prétendu nom d*tle sacrée anciennement donné à l'Irlande, par H. Gaîdoz,
11,552.
Les gloses irlandaises du manuscrit de Berne, par C. Nigra, II, 446.
Observations sur le glossaire d'O'Davoren, par H. Ebel, IL 453.
Les finales irlandaises d'après M. Windisch, par H. d'Arbois de Jubainvîlle,
m, )2i.
O'Clery's Irish glossary, edited and translated by A. W.-K. Miller, IV, 349,
479; V, I.
Note sur des textes irlandais, par E. Windisch, V, 128, 389, 478.
On the calendar of Oengus, by Wh. Stokes, V, 339.
Der irische Artikei, by E. Windisch, V, 461 .
Gloses irlandaises inédites, par J. Loth, V, 467.
Des pronoms infixes, par H. Gaidoz, VI, 86.
Irische Miscellen : fritammior-sa, von R. Thumeysen, VI, 94.
L'accentuation de l'ancien verbe irlaildais, par R. Thurneysen, VI, 129.
On the mètre Rinnard and the Calendar of Oengus as illustrating the IrisH
Verbal accent, by Wh. Stokes, VI, 273.
On Irish Metric, by Wh. Stokes, VI, 298.
Zur Irischen Accent-und Versiehre, von R. Thurneysen, VI, 309.
Un second futur iriandais en -rr^ par R. Thurneysen, VI, 371.
2. Religion.
The ancient Irish goddess of war, by W. M. Hennessy, with a postscript by C.
Lottner, I, 32.
Mythological notes, by Wh. Stokes, I, 256.
Notes à l'article de M. Hennessy, par M. H. Gaidoz, I, 269.
The ancient Irish goddess ol war, corrections and additions by Wh. Stokes,
II, 489.
Les huit parties de l'homme, par H. Gaidoz, VI, xi.
TM» wàthoiiqtu Ms matHns. ^y*
3. Archéologie,
La miniature iriaodaise, p«rF.-W. Unger, I^ 9.
Sur un évangéliaire à miniatures d'origine irlandaise, par W. Wattenbach, I, 27.
4. Uttérûture.
The battle of Cnucha, a médiéval Irish text with a translation by W.-M. Hcn-
nessy, II, 86.
Tlte Kostemettburg incantation, by Wh. Stokes, II, 112.
A middle-Irish homily on S. Martin de Tours, edited and translatcd by Wh.
Stokes, II, )Si.
Cachulainn's death, abridged from the book of Leinster, by Wh. Stokes, III, 17) .
Two Irish taies, by Eduard Mûller, III, 342.
Popular taies of Ireland (Irish popular traditions), by D. Fitzgerald, IV, 171,
202, 268, 316.
Tidings of Doomsday, an early middle-Irisb homily edtted and traosiated by
Wh. Stokes, IV, 24$, 479.
La société pour la conservation de la langue irlandaise, par H. Gaidoz, IV, 4)7.
L'ancienne légende irlandaise et les poésies ossianiques, par E. Windisch, V, 70.
L'origine de l'hymne de Colm&n, par H. Gaidoz, V, 94, 412, 507.
Macgnimartha Find, edited by Kuno Meyer, V, 195, 508.
Irisli folk-lore, by Wh. Stokes, V, 391 .
Irische Miscellen : Die Sigern Satuirn in Togail Troy , von R. Thurneysen, VI, 91 .
Saltair na Rann, von R. Thurneysen, VI, 96, 371.
Les manuscrits irlandais d'Edimbourg, par H. Gaidoz, VI, 109.
The conversion of Loegaire and his death, by Ch. Plummer, VI, 162.
Anecdota from the Stowe Ms. n« 992, by Kuno Meyer, VI, 173.
Addenda to M. de Jubainville's Catalogue, by Kuno Meyer, VI, 187.
Varia, by Kuno Meyer, VI, 191.
Extracts from the Franciscan Ubir Hjmnorum, by Wh. Stokes, VI, 264.
5. Dnit,
L'achat de la femme dans la loi irlandaise, par H. d'Arbois de Jubainvitle,
III, 361 .
B. GAELIQUE d'Ecosse.
Fionn's enchaotmeot, a popular taie of the Highiands, of Scotland, with a trans-
lation by J.-F. Campbell, I, 193.
Présent limitofthe Ceitic language in Scotland, with a map, by James A.-H.
Murray, II, 178.
Rashm Coatie. •— Nicbt, Nought, Nothing; Scotch taies, by A. Lang, III, 365,
374.
38* Table méthodique des matières.
Observations de M. R. Kœhler sur ces contes, III, 367, 376.
IV. LANGUES BRETONNES.
A. BRETON ARMORICAIN.
4, Basse Bretagne.
1 . Linguîstiiitte.
Etude phonétique sur le dialecte breton de Vannes, par H. d'Arbois deJnbain-
ville,l, 85, 211.
Zeuss et le manuscrit de Cambrai de l'histoire ecclésiastique des Francs, par
H. d'Arbois de Jubainville^ I, 269.
Le Catholicon de J. Lagadeuc, par Wh. Stokes et H. Gaidoz, I, 395.
Recherches sur l'histoire de Tarticle dans le breton armoricain, par H. d'Arbois
de Jubainville, II, 204.
Ch breton armoricain, par L. Havet, II, 217.
Le dialecte vannetais de Sarzeau, par E. Ernault, III, 47, 232.
Chade/iy « chaîne », par H. d'Arbois de Jubainville, III, 223.
Le dialecte breton du bourg de Batz (Loire-Inférieure), par L. Bureau, III, 230.
Le dictionnaire breton de Roussel, par E. Ernauit, IV, 104.
Supplément aux dictionnaires bretons, par E. Ernauit, IV, 145.
Old-Breton Glosses, by Wh. Stokes, IV, 324.
Le breton dans maistre Pathelin, par J. Loth, IV, 450; V, 225.
Les gloses bretonnes d'Orléans, par J. Loth, V, 104.
Remarques sur z accompagné de voyelles, par E. Ernauit, V, 124.
Gloses bretonnes inédites, par J. Loth, V, 469.
Gloses bretonnes, VI, 357.
2. Littérature.
Koadalan, conte breton (dialecte de Tréguier), recueilli et traduit par F.-M.
Luzel, I, 106.
Observations sur ce conte, par R. Kœhler, I, 132.
Traditions et superstitions delà Basse -Bretagne, par R.-F. Le Men, I, 226, 414-
Proverbes et dictons de la Basse-Bretagne, recueillis et traduits par L.-F.
Sauvé, I, 243, 400; II, 78, 218, 362 ; III, 60, 192.
La poésie populaire en Bretagne, par Guillaume Lejean, II, 44.
Chansonnette bretonne, recueillie et traduite par F.-M. Luzel, II, 245.
Le mystère des Trois Rois à Vannes, par H. d'Arbois de Jubainviile, II, 248.
Les sociétés savantes de Bretagne, II, 250.
Contes populaires de la Bretagne armoricaine, par F.-M. Luzel, II, 289 ; III, 379-
Superstitions de la Basse- Bretagne au xvne siècle, II, 484.
Yves Camus, chanson populaire bretonne, recueillie et traduite par F-*M.
Luzel, II, 495.
Table méthodique des matiires, 39*
Tableaux exposés dans les églises bretonnes, par L.-F. Sauvé, III, 246.
Formules initiales et finales des conteurs en Basse-Bretagne, par F.-M. Luzel,
m, 336.
Une représentation de sainte Tryphine, par F. -M. Luzel, III, 386.
L'arc-en-ciel. — La lune, par F. -M. Luzel^ III, 450.
Devinettes bretonnes recueillies et traduites par M. L.-F. Sauvé, IV, 60.
Formulettes et traditions diverses de la Basse -Bretagne, par L.-F. Sauvé, V,
Charmes, oraisons et conjurations magiques de la Basse- Bretagne, par L.-F.
Sauvé, VI, 67.
Traditions populaires de la Basse-Bretagne, intersignes et présages de mort,
par L.-F. Sauvé, VI, 49$.
Gouspero ar Raned, par N. Queltien, VI, ^00.
La prière du chat, parE. Ernault, VL 528.
3. Onomastique.
Sur rétymologie du nom d'Abélard, par E. Renan, I, 265.
Noms propres bretons commençant par Ab ou Ap^ par R.-F. Le Men, II, 71,
S07.
Les noms propres francs et les noms propres bretons du Cartulaire de Redon,
par H. d'Arbois de Jubainville, II, 404.
Mots bretons dans les chartes de Tabbaye de Beauport (Côtes-du-Nord), par
H. d'Arbois de Jubainville, III, 395.
Quelques noms de saints bretons dans un texte du xi" siècle, par H. d'Arbois
de Jubainville, III, 449.
Une question d'orthographe : Gallo et Gallaisey par A. de La Borderie, V, 470;
observations par M. E. Ernault, V, 472 ; Gallo ou gallotj par P. Sébillot,
V, 473 ; Gallot, Turcot, par H. Gaidoz, V, 476.
Le mot Gallo, par J. Loth, VI, 1 14.
Gocllo, vdlavij par H. Gaidoz, VI, 116.
4. Histoire.
Sainte Tryphine et Hirlande, par R. Kœhler, I, 222.
La véritable histoire de Bretagne de Dom Lobineau, par M. P. Levot, I, 436.
Vie de saint Paul de Léon en Bretagne, publiée par Ch. Cuissard, V, 413.
L'émigration bretonne en Armorique, par A. de La Borderie, VI, 460.
Eieuthère et le roi breton Lucius, par L. Duchesne, VI, 491 .
b. Haute Bretagne.
Contes populaires de la Haute-Bretagne, par F. -M. Luzel, IV, 429.
Mots et expressions celtiques dans le gallot des Hauts- Bretons, par E. Ernault^
V, 218.
Formules initiales, intercalaires et finales des conteurs en Haute-Bretagne, par
P. Sébillot, VI, 62.
40^ Tabk méthodiqui dis matiins.
Bibliographie.
Bibliographie des traditions et de la littérature populaire de la Breta^ie, par
H. Gaidoz et P. Sébillot, V, 277.
B. GALLOIS.
1. Linguistique.
Welsh phonology, by John Peter, I, 203.
The Luxembourg folio, by John Rhys, I, 346, 503 ; II, 1 19 ; III, 86.
L'accent gallois, par H. d'Arbois de Ju bain ville, II, 342.
Etymological scraps, by John Rhys, II, 1 1 $, 188.
Notes on the language of old-Welsh poetry, by John Rhys, VI, 14.
2. Littiratun.
Extraits des dictons du sage Cadoc, traduit du gallois, par W.*G. Jones, III,
419.
Le songe de Marie, prière populaire galloise, par H. Gaidoz, III, 447.
L'amitié d'Amis et d'Amiles, texte gallois publié d'après le Livre rouge d'Oxford,
avec une traduction française, par H. Gaidoz, IV, 201, 479.
Taliesin's little worid, by R. Kœhler, IV, 447.
Folk-medicine in Wales, VI, $05.
3. Histoire.
Owen de Galles, par Simèon Luce, III, 445, 512.
La date de la naissance de Gildas, par A. de La Borderie, VI, 1.
4. Bibliographie.
Attodiad y Lyfryddiaeth y Cymry, gan y Parch. D. Silvan Evans, I, 376;
II, 31, 346.
G. CORNIQUE.
The manumissions in the Bodmin Gospels, by Whitley Stokes, I, 332.
Cornica, by Wh. Stokes, III, 8$ ; IV, 2 j8.
Le dernier écho de la langue comique, par W.-S. Lach Szyrma, III, 239.
V. MELANGES.
Le nom du Danube, par Max Mûller, I, 13$.
Le vrai nom de Gargantua, par F. Liebrecht et H. Gaidoz, I, i|6.
Un autographe de Marianus Scottus, par M. Wattenbach» I, 262.
Un opuscule grammatical de Sedulius, par M. Ch. Thurot, I, 264.
Noms germaniques dans des inscriptions latines du Rhin inférieur, par H. ICero,
II, IS3.
Table méthodique des matières. 41 *
Pilgrimage of an Hangarian oobleman to S. Patrick's purgatory, by H. Gaîdoz,
II, 482.
Les Celtes et les éléphants, par H. Gaidoz, II, 486.
Recherches sur l'origine des ornements connus sous le nom d'entrelacs, par
E. Mfintz, III, 243.
A parallel, by Wh. Stokes, III, 443.
Un conte populaire dans FEvangile, par H. Gaidoz, III, 444.
The KJlieen Cormac Stone again, by J.-F. Shearman, with an introduction by
H. Gaidoz, III, 453.
Une venion tchèque du purgatoire de saint Patrice, par L. Léger, IV, lO).
Un parallèle à sainte Brigitte, par H. Gaidoz, V, 129.
La prose de saint G)lumba, par Ch. Cuissard, V, 205, 396, 507.
Manumissions in the Leofric missal, by F.-E. Warren, V, 218.
Another Parallcl, by Wh. Stokes. V, 393.
Zimmeriana, von H. Schuchardt, V, 394.
De quatre manuscrits des Evangiles conservés à Dublin, par S. Berger, VI, 348.
Les missions galloises en Basse-Bretagne, par H. Gaidoz, VI, 481.
A propos des tours rondes d'Irlande, par H. Gaidoz, VI, 493.
Les noms de lieu du pays de Malmédy, par E. Ernault, VI, 484.
FIND AND THE PHANTOMS.
The text of the following poem is taken from the Book of Leinster,
a ms. of about the middie of thetweifth century, preserved in the library
of Trinity Collège, Dublin, and recently reproduced in lithographie fac-
similé. The poem begins p. 206^ and ends on the first Une of p. 207^.
It contains in fifty-four quatrains 216 heptasyllabic lines. I know of no
other copy. A free metrical version by the late DrAnster was published
in the Dublin University Magazine, vol. XXXIX, where it is entitled the
Rath of Badammar, and the poem is noticed in O'Curry's Lectures on
the Ms. Materials of Irish History, p. ^0$.
The teller of the taie introduces himself as Guaire the Blind. But it
soon appears that this is a new name for Oisin ^Ossian), the famous son of
Find mac Cumaill, whosereturntoearth,after dwelling 300 years in the
Tir na n-6g, is told so well in a poem printed in the Transactions ofthe
Ossianic Society, vol. IV, pp. 234-278, and whose blindness is mentio*
ned in thesame book, p. 8. The story now published is not devoid of
imagination, and, from the literary point of view, the description ofthe
quartette shrieked by the threeheaded hag, the trunk with its solitary eye,
the nine headiess bodiesand the<^nine bodilessheads has a certain amount
of ghastly effectiveness. Moreover, it illustrâtes various superstitions,
manners and customs. Consider the spear with a spell of venom (1. 35),
the spits of rowan-tree (1. 138), the sunrise dispersing evil phan^
toms ' (II. 187-192), the cooking of horseflesh (11. 157-164), barter
(1. 2 3),andhorseracing (11. 1 3-20). The poem, lastly, throws some light
on the topography of Kerry (see lines 69-89) : it contains some words
and forms of philological interest, which are mentioned in the notes ;
and it illustrâtes the metrical rules recently investigated by professors
Windisch and Thurneysen.
Whitley Stokes.
2 Aprii 1886.
I. Compare Dasent's Pooular Taies from the Norse, id éd., i8{9, p. 347: « So the
TroU torned round, and, 01 course, as soon as he saw the sun, he burst ».
Rev. Cclt. VIL 19
290 Whitley Stokes.
Book of Leinster p, 206''.
I . Oenach indiu luid in ri,
Oenach Life co/ia U,
sebind do cecA-oen tât and,
ni hinund is Guaire dall.
5 . Ni Guaire dall gairthea dim
li lodmar fo gairm in rig
co tech Fiachu fairged gail,
cosin râitb os Badammair.
9 . Oenach Clochair rom6r Find
is fianna Fail is cecA dind ;
ramorsat Mumnig din maig
ocus Fiachu mac Eogain.
1 ) . Tucait eich na fian rofess
iseich Mu/nnech 'sin morthres,
ro/ersat tri graflfhe glana
for faichthe maie Maireda.
17. Ech dub re Dil mac Dâ-chrech
bâi in cac/i cluchi rofer ' ,
cusin carraic uas Loch Gair
rue tri lanbuada ind o^naig.
2 1 . Cuinchis Fiachu innech iarsain
ar in rig, ara senathair,
gellais cet dô do ctch crud
dia tabairt i tuarastul.
25 . Roràid in driii and iarsain
aithesc maith ra m^c Eogain : —
« ber mo b^nnacht, ber inn-ech
ocus tidnaic rit xnech ».
L Ms. tofersaU whicb not oaly destroys the rbyme but the mctre^
Find and the Phantoms. 291
I . Today the king went to a fair,
The faîr of Liffey with its splendour.
Pleasant it îs to every one who goes thither !
Not so is Guaire the Blind ' .
5 . Not « Guaire the Blind » was I called
On the day we went at the king's call,
To the house of Fiachu who wrought valour,
To the fortress over Badaromar >.
•
9. (It was] Oenach Clochair» that Find greatened,
And the champions of Ireland on every hilltop.
Munstermen from the plain greatened it,
And Fiachu son of Eogan.
1 ) . The champions' horses were brought, it is known,
And the Munstermen's horses, into the great contest.
They ran three clear races
On the green of Mairid's son.
17. A black horse belonging to Dil son of Two-Raids
Was in every game that he played .
Unto the rock over Loch Gair
He won the three prizes of the meeting.
2 1 . Thereafter Fiachu asked the horse
Of the king, of his grandfather :
He promised him a hundred of every (kind of) cattle
To be given to him in recompense.
2 5 . Then the wizard there uttered
A good answer to Eogan's son :
« Take my blessing : take the horse,
And bestow it for thy honour's sake » .
I. OisiB's oame at the time this poem was composed.
3. Near the town of Cahir in Tipperary, O'Curry.
). Now Manistir near Groom, co. Umerick, CC.
292 Whitley Stokes.
29. « Asiût duitsiu int-ech dub dian b,
ar Fiachu ri flaith na fian,
a aiiiit mo charpat co mbiaid
is aiiût ech dot araid ».
i ) . Aâiit claideb is gell cet,
asiut sciath a tirib Grée ,
asiut sleg co mbricht neme,
ocus m'idnu airgdide.
37. Asiiit tri coin, caem a ndath,
Feirne is Derchaem is Dualath,
con a-muincib 6ir buidi
co slabradaib findruini.
41 . Mad ferr duit na beith cen ni,
a maie Cumaill, a ardri,
na digis can ascid ass,
a /laith na fian firamnas ! »
45 . Atraacht Find suas arsain :
buidech é do nuzc Eogain :
bendachais cach da cheli :
ba curata a coméirge.
49. 1 Arsain luid Find roinn ar sét
iodsam ieis tri fichit cet
co Cacher, co Clûain da ioch.
Iodsam uile assinn oenoch . 0.
] ; . Tri U is tri aidche ba leith
bàfflmar uile i tig Cachir,
cen esbaid lenna na bid
ar na sluagaib 'màn ardrig.
$ 7 . Coica falach tucad d6,
càica ech is côica bô,
dorât Find fiach a lenna
do Chachiur mac Caireila.
Find and the Phantoms. 29^
29 . « There for thee is the black swift horse »
Saith Fiachu to the prince of the champions,
« There is my famous chariot,
And there is a horse for thy charioteer ».
5 ) . There is a sword, the piedge of hundreds,
Thert is a shield from the lands of Greeks,
There is a spear with a speli of venom,
And roy silvern weapons.
}7 . There for thee are three hounds — fair their colour —
Feime and Derchaem and Dualath,
With their collars of yellow gold,
With their chains of white bronze.
41 . If thou preferrest to hâve somewhat
0 son of CuRiall, 0 overking !
Thou wilt not go hence without a giit^
0 prince of the fierce champions ! »
45. Then Find roseup:
Thankfuf was be to Eogan's son :
Each blessed the other :
Gallant was their rising together.
49. Thereafter Find went'forward
We wem with him, three score hundred,
Unto Cacher, to Cluain-dâ-loch,
We ali went from the meeting.
5 ) . During three days and three nights — it was a festival —
We ail abode in Cacheras house^
Without lack of aie or food
For the hosts together with their overking.
57. Fifty rings were pven him,
Fifty horses and fifty cows :
Find gave the price of his aie
To Cacher son of Cairill.
294 WhitUy Stokes.
6 1 . Luid Find for Luachair iarsain
cosin traîg ac B^rramain :
anais Find co fiannaib Fiil
os or in locha lindbàin.
65 . Luid Find d'imiûad a eich duib
forsin irdig oc B^rramuin,
misse ocus Cailte tri bais
raithmit ris ra bothogàis.
69. IMmar atchondairc in ri,
bûaiid a ech co Tr^ig Li,
0 Trdlg Li col-Leirgg Daim Glaiss,
dar Fraechmag is dar Findnais.
73 . Dar Mag da Ëo, dar Môin Cend,
co Sen-ibar, dar Sen-glend,
co hlnber Flesci finni^
co colomnaib Crohinni.
77. Dar Sruth Muinne, dar Moin Cet,
dar Inber Lemna, ni bréc,
otâ Lemain co Loch Léin,
etir réid ocus amréid.
81 . Cid sinni nirsar maila,
ropsat lûatha ar lémrac/ina,
fer ûan da chli, fer da deis,
ni^ii fiad ama hormis.
85 . Lam ri Fleisc sech Fhid in Chaim,
sech Mungairitm^ic Scâil Bailb,
nocho ragaib Find ra ech
cosin cnocc diarb ainm Baimech.
Find and the Phantoms. 295
6 1 . Then Find went over Luachair
To the strand at Berramain >.
Find rested with Ireland's champions
Over the bank of the fair-watered Iake.
65 . Find n^ent to gallop his black horse
On the strand at Berraman.
I and Caiite through wantonness
We raced against him, it was déception.
69 . As the king saw (us)
He smites his horse to Tralee,
From Tralee to Lerg Daim glais,
Over Heatherfield and over Findnais.
7 j . Over Moy-da-eôy over M6in-Cend
Unto Old-yew, over Old-glen,
To the esluary of fair Flesc *,
To the pillars of Crofinn.
77. Over Snith-Muinne, over M6in-Cet,
Over the estuary of Lemain 3, no falsehood,
From Lemain to Loch Léin4,
Both smooth and unsmooth.
81. As to us, we were not slow :
Swift were our leaps,
One of us on his lett, one on his right,
There is no deerthat we would not overtake.
85 . One hand towards Flesc >, past the Wood of the Caim,
Past Mungairit ( of the son of the Stammering Champion,
Find did not rein in his horse
Till (he came) to the hillock named Baimech^.
1. Near Tralee, according to O'Curry.
2. A river in Kerry : see Annals of the Four Masters A. M. )7$ i and A. D. 1 524, 1 580.
). Now tbe river Laone in Kerry, Four MM. A. M. 4169, and A. D. ($70.
4. Now tbe Lakes of Killamey.
(. There is an abbey of this name (now Mungret) in co. Limerick. But in car poem it
probably means Mangerton.
6. Near KiUamey, according to O'Curry.
296 Whitley Stokes.
89. Mar rochuainmar 'sin cnocc
sinni ba toisciu 'ci thocht,
cid sinni ba taisciu and
ech in rig nirbo romall.
9j. « Adaîg-seo dered din 16, »
ar Find féin, ni himmargô :
tnar tancammar ille
téit réinn d'iarraid fianbothe.
97 . D'éccain radéch ûad in ri
forsin carraic da Uim chll,
co facca in tech consL thein
issin glind ararmbélaib.
1 0 1 . Atrubairt Find flaith na flan :
« assiut tech nach /acca riam :
a Chaiici, ni chuala thech
isin glind-sea cid am eolach ».
'105 . tf IS ferr dùin dula dia /iss
[p. 207 "] atâ môr neich 'nam anfis :
i$ fin féli, is ferr cacA ni,
a maie Cumaill, a airdri ! »
109. Dochuammar ar triar 'sin tech,
teru; aidche rab aithrech,
dia frith gol is gréch is gàir,
is munt^r discir digair.
113. Aithech liath fora Ur thair
gebid arn-eich co-escaid,
dUnaid comlaid a thaige
de baccanaib iarnaide.
117. (( IS mochen, a Fhind co mblaid »
ar int-aithech co harnaid :
« fota co tanac ille,
a maie Cumaill Almaine ! »
Y
Find and the Phantoms, 297
89. As we reached the hiilock
It is we that were first at coming to it :
Thoûgh we werc foremost there
The king's horse was not very slow.
9). « Night (is) this, end of the day »,
Saith Find himself, no error,
« We three hâve come hiiher :
Go forward to seek a huminglodge ».
97 . To look the king looked forth
At the rock on his left hand,
Till he saw the house with its fire
In the glen before us.
loi . Said Find, the prince of the champions :
« There is a house I never saw before !
0 Chailte^ I never heard of a house
In this glen, though I am knowing ».
105 . « We had better go and find out :
There are many things we do not know :
It is a marvel of hospitality, it is better than everything,
0 son of Cumall, 0 overking ! »
109. We three went on to the house,
A night's journey that was lamentable,
When wailing was found, and scream and cry,
And a household fierce, véhément.
1 1 3 . A grey giant in front on its floor
Seizes our horses swiftly,
Fastens the door of the house
With iron hooks.
117. « My welcome, 0 famous Find! »
Saith the giant cruelly :
« (It is) long till thou camest hither,
0 son of Cumall of Almain > ! »
1. Now the Hill of Allen in co. Kildare.
açS Whitky StolUs.
121. Suidmit ar in cholbu cbrfiiûd,
doni ar nnSsaic ri ôenuair,
lâid co/inud truimm fora thein,
sûail naron-much don dethaig.
125. Bâi callech isin taig m6r,
tri cind for a caelmuneoi,
fer can chend 'sin ieith aiie,
oem'ûii asa ucht-saide.
129. « Denaid airfitiud don rig! »
ar int-athrech cen iminfm,
« érgid, a lucbt atâ istig,
canaid ceci don rig/ennid I »
153. Ergit n6i colla assin chdii,
assin Ieith ba nessu dûin,
is n6i cind issîn Ieith aile
forsin cholbo iamaide.
1 37. Tôcbait n6i ngr^cha garba,
nir chuibde ciar chomlabra :
frecr^id in challech fôsech,
octts frecraid in méidech.
141 . Ciarbo rogarb céol cach /ir
ba gairbe céol in médig ;
ca céol dib narbo dûla
achi céol /ir na oensûla ?
14$ . IN ceol sain rocanad ddin
dodûsechad marbu a hdir ;
sûail na robriss cnàma ar cind,
nfrbe in cocetui ceolbind.
Find and tke Phantoms, 299
121. We sit on the hard bedrail :
He tends us for one hour :
He flings firewood of eider on his fîre :
It almost smothered us with tbe smoke.
1 2 j . A hag abode in the great house
With three heads on her thin neck :
A headiess man on the other side,
With one eye (protruding) from his breast.
129. a Make music for the king ! »
Saith the giant without sorrow.
« Arise, 0 folk that are within^
Sing ye a strain for thé kingly champion ! »
13;. Nine bodies arise out of the recess
From the side nearest us,
And nine heads on the other side
On theiron bed-rail.
liy, They raise nine harsh shrieks :
They were discordant though uttered together :
The hag replies separately,
And the (headiess) trunk answers .
141 . Though passing harsh the strain of every one.
Harsher was the strain of the trunk :
What strain of thera was not désirable >
Save the strain of the one-eyed man P
145 . That strain which was sung to us
Would waken the dead out of mould :
It almost broke the bones of our heads :
The concert was not melodious.
I. Lit. « of désire • [duî[) i. e. harsh as was the song of the hag, the heads and the
headie» body, 70a would hâve preferred it to that of the one-«yed .
1
300 Whiiley Stokes.
149. Gebid înt-aithech ûain sair,
tôcbaid fair in tûaig cofinaid,
bualaid cohathlam ar n-ech,
fennaid, coscraid can/uirech.
15). « Bi tost, a Chàiltî mar tài ! »
ar Find fein cen iramargài,
« maith lind dia ndama duin féin,
damsa ocus duitsiu is d'Ossin.
157. Coica bera ara mbii rind
tue leis do beraib càirthind,
tue àga ar cac/i mbir fosech
i$ rachoraig fon tellach.
161 . Nochor'bruthi bir dib sein
in tr^th tucait on tenid^
tue ieis i fiadnaisi Find
féoil om ar beraib ea[e]rthind.
165. « Beir lett, a athig, do biad,
uair ni dûadu^ biad om riam :
ni ehathiub ondiu co bràth
arâi beith ean biad oentràth ».
169. « Mas aire thanae 'nar teeh
d'obba ar mbid », ar int-atheeh,
is derb doraga[m] rib féin,
A Chailti, a Fhind, a Ossin !
17}. lArsein roergemmar suas,
gabmait ar elaidbe eocriias,
gebid each eend araile,
ropo mana domgaile.
1 77 . Muchthair in tene bâi this,
nar' léir a lassar no gris,
timmaircther edl dorcha dub
om artridr in-oen inud.
Find and the Phantoms. jo i
149. The giant gets him from us in front,
Lifts on him the fire-wood-axe,
Deftly smites our horses^
Flays, destroys without delaying.
1 $ ^ « Be silent, 0 Chailte, as thou art ! »
Saith Find himself without falsehood.
« Well for us if he grant (life) to us,
To me ànd thee and Ossin. »
1 57. Fifty spits whereon were points
He brought with him of spits of rowan :
He put a joint on each spit separately,
And arranged them by the hearth.
161 . Of those not a spit was cooked
Whcn they were taken from the fire.
He brought with him before Find
Raw flesh on spits of rowan.
16$ . a Take away thy food, 0 giant !
For I hâve never devoured raw food .
I will never eat (it) from today till Doom
Because of being foodiess for one watch ».
169. « If thou hast come into our house » ,
Saith the giant, « to refuse our food,
« It is certain that we shall go against yourselves,
0 Càilte, 0 Find, 0 Ossin ! »
17) . After that we rose up :
We seize our swords hardily :
Each grasps another's head :
It was an occasion of fighting hand to hand.
177. The fire that lay below is quenched :
Its flame or embers was not clear :
We are driven into a dark biack nook,
We three in one place.
]|02 Whitley Stakes.
1 8i . INuair doUmmis cind ar chind
cia nar cobrad achî mid Find,
ropsar marba, môr in mod,
meni beth Find a oenor.
185. Bammar cind ar chind istaig
fat na haidche co matain,
co roiollsig grian in tech
im thrath eirgi araabarach.
189. INnUair doérig in grian
tuittid C2Lch fer sair is [s]iar
tuittid nél i cend cacA /ir
com-bâi marb arin lathir.
1 9 j . Garit robammar 'nar Um,
ergimmit sdas, is sind slin :
cehair om in tech iar sain,
celtâir cech nech din muntir.
197. Is amiaid atracbt Find Fàii,
ocus a ech féin 'na Uim,
sUn uile et/r chend iss choiss
bâi cach anim 'na écmais.
201 . Lodsam coscith anfand ass,
tucsam aichne arar neolass^
lodmar ciarbo chian iarsain
cosin traig ic Berramair .
205. Roiarfaiged din scela,
ni bài ddin dluig a iéna :
a fuarammar », ar Find, « diar fecht
imned ar am-<Sigidecht. »
209. ISiat sin doraia rind,
na tri fuatha a hlbarglind,
do digaii /bim a sethar,
[p. 207 ^,] diarb' ainm Cullend craeslethan.
Find and the Phantoms. ^oj
i8i . When wc were bead to head
And there was no^help save Find,
Wc had been dead^ great the dced,
Had it not been for Find alone.
i8j . We were head to head within
AU through the night lill morning,
Till the Sun h'ghted up the house
At the time of rising on the morrow.
189. When the Sun rose
Each man faits hither and thither :
A mist falls into every one's head
So that he was dead on the spot.
193 . For a shon time we lay in our rest :
We rise up, and we (are) whole !
There the house is hidden from us :
Every onè of the household is hidden.
197. Thus arose Find of Inisfâil,
With his own horse in'his hand :
Whole were (we) ail, both head and foot :
Every blemish was absent.
201 . We fared thence wearily, feebly ;
We took our bearings and saw which way we had to go :
We fared, though it was long thereafter,
To the strand by Berramar.
:o5 . They asked of us tidings :
We had no wish to deny it :
« We found », saith Find, « on our way
Tribulation for our billeting ».
209. Those are they that came against us,
The three Shapes out of Yew-glen,
To take vengeance on us for their sister
Whose name was CuUenn Wide-maw.
^04 Whitley Stokes.
213. Lodsamar ar cuaird selgga
morthimchell insi Elgga,
sirmis mér sliab is môr mag,
m6r n-aroreid is raér n-oenach.
NOTES.
Oenacb
6. 20) . bdmar,'pl. i of the f-preterite of which luid (root lu = plu) is sg. ), lotar^. ).
In lodsam $0, [2, 201 wehave a Middle Irish mixture of the t and the j-pretehte. So
in the deponential lodsamar 2 1 ) .
7. fairgedf idy près. $g. 3 of some verb from the root verg.
I). 162 tucait {= dO'Ucait). Tootunc prêt. pass. pi. ^, one of theforms explained by
Windisch as relies of the middle- voice. The sg. 3 or this tense tucad is in 1. $7: prêt.
act. sg. ) tttc 1(8, i$9, 163. In the pi. 3 tucsam 202 wehave a passage to the j-pret.
iS.graffne, pi. ace. ofgraffan, gen. grafaind, with the pi. in -e cf. c/tff<f6e 174 for
O. Ir. claidbiu.
17. mac dâ ckreck. Hère, as often in Irish, a noun meaning « son a with a genitiTC
is ttsed metaphoncally to convey an adjectival idea. Compare Ir. mac liginn u son of
reading », a studious person, and the common Arabie use of âb (father), umm (mother).
29, 31, 32 asiut = asiut 33, 34, 3$, 37, assiut 102, perhaps from ac-siuîy acci-sut
« lo hère ».
43. digis (also in LU. 117^2) s- future sg. 2 of the verb * do-chuadim, of which the
perf. sg. I deochad from dechaad is in Windisch's Wœrterbuch, p. 468.
ij.falach gen. pi. of fait (ring), a c-stem : dat. dual con-dib failgib àity Chron. Scot.
290.
68. raithmit for Old Ir. rathammar, redupl. perf. pi. i, of rethim: cf. sg. 3 raith, pi.
3 rathatar.
69. immar, later mar, as in 89, 15^.
82. nirsar (we were not) = ni-ro-is -\- ar. So ropsar 183, = ro-has -\- ar.
82 ropsat (they were) = ro-bas + ai. limenna = 0. Ir. Umenn pi. n. of Uim.
89. ro-chuammar ^ do-chuammar 189, for ro-chuadmar^ do-chuadmar^ reduplicaud
preterites, like tancammar 95, fuarammar 207. The root is the same as that of digis
supra 43.
9). triarh hère dissyllabie. In 109 it is monosyilabic. •
96. fianbotht gen. sg. of fianboth.
99, 102. facca, sg. I (with prothetic^) of the redupl. prêt, of adciu^ root cet,
104, In this Wne isin mustbe read *stn.
1 10. terus usuall^ turais, or taras.
1 14. eich = equi hère used for eochu = equos.
118. cO'harnaid an adverb from the adj. arnaidh « severe, hard, cruel », (yReilly.
119. 169. Tanac sg. 2, as tancammar 9$, pl. i of redupl. prêt, of ticim, do-icim,Tooi
Uy enc: cfr. Skr. anamçafrom the près, açnomi.
122. osaic a loan from Lat. obstquium,
123. truimmgtn, sg. of tromm (an elder-tree): also in Trim, Old Ir. Ath truimm.
124. dethaig dit. sg. of dethach, LU. 32 1$ [is dethach do muchad).
135. issin must, metri gratâ, be read *sin.
136. iamaidesttms a quadrisyllable.
140. mèidtch (trunk), gen. medig 142, seemingly cognate with mid€(ntùi).
143. dula gen. sg. oiduil a désire » (= de-yoli^)
I $0. fi/tf/g ace. sg. of tuag (aze^.
158. cairthind^ gen. sg. of cair-thann^ a compound of cdir, raer (berry), and taa
cogn. mth Corn, glas-tanmn (gl. quercus vel ilex), Bret. glas-tanncnn, V/elshgUu-dafa.
161. nochor = ni-^o-ro.
166. daadus, O. Ir. </uâ^, redupl. perf. sg. i, with passage toj- prêt. Of the other po-
sons I hâve only found sg. 3 duaii, doid, pl. 3 dôtar, The près, indic. is probably *iO'
cdim, cognate with Lat. edo^ Gr. sSo^ai, Goth. itan.
170. obba verbal noun [infin.) of obbaim = ud-baim^ Root bhû.
171. doragam (the Caesimile has doraga) redupl. fut. 1. 0. Ir. dortgamm: cf. iong
(veniam) Wb. 7a.
Find and the Phanioms, 30$
213. We went on a hunting round
Ali about the isle of Elga :
We searched many mountains and many plains,
Many rough places and many fairs.
r
NOTES (continued).
17 j. ro-ergemmar pi. i, as do-irig 189, s^. 5, of the ptritct oi ass-rigim .
176. mana is an obscure word. O'R. explains it by « cause, condition »: O'Donovan
in the Irish Nennius 124, translates it by « omen ». In LU. 117 37 we hâve mana ica.
iomgailt gen. sg. of dorn-gal lit. fist-valour.
180. 195. orn ÏOT forniiy foirnn 211 with permanent infection ofthe/.
181. inn-uair must, metri graiia, be read 'n^uair.
196. cech nech^ now gach ntach,
202. literailv : we brought knowledge on our guidance (eolass).
212. Cullend Craeslethan. Doubtless the name of some ogress or female evil spirit
whom Find, Oisin and Cailte had destroyed.
214. Inis Elgga a name for Ireland. Kealing sàys that it means « noble island »,
and that the name was used is the time of the Fit Bolg. In the Franciscan Liber Hym-
norum p. ^S^'Elca is said to be one of the five names of Ireland (the others being Eriu,
Banba, Fotla and Fail). Colgan, Trias Thaumaturga, p. 6, thus translates a now illegible
note in this ms. : « Dicitur etiam Insula Elga ab Elgnat uxore Parthaloni fîiij Sera^.quae
Hibemis Elga dicitur i.
21 $. sUab (w. llwyP) and mag are hère genitives pi. In Old Irish we should bave had
slibc and maige.
A few words, in conclusion, as to the assonances, allitérations and
instances of hiatus and crasis to be found in our poem.
I. Assonance :
(a) Vocalic. Hère the following are noteworthy : thech, eolach 103,
104, fo-s^ch, tellâch 159: t^ch, arnabar^ch 187, th^m, deth^/g, 123,
cofss, écmais 199: Oss/n^ f^'in 155: bermis, deis 83 : mdr, muneol 125.
(b) Consonantal.
(i) s assonates only with itself * : or the assonating word mustalways
end in s : Thus : ro-fess, môr-lhres, 1 3 : ass, fîr-amnas 43 : bais, thogâis
67, Glaiss, Findnais7 1 : deis, berniis 83 : fiss^ anfis 10; : siias, criias 173 :
thf$,gris 177 : choiss, écmais 199: ass, eolass 201 :
(2) Spirants and single liquids :
dim, rig 5, 6 : Goil, Badammair 7 : maig, Eogain 1 1 : chrech^ rofer
17: Gair, ôenaig 19: iarsain, senathair 21: crud, tuarastul 23: leith,
Cachir 53 : bid, ardri'g 5 j : Fâil, lindbâin 63 : duib, Berramuin6j : Léin,
amréid 79, 80 : thein, bélaib 99 : fian, riam 101^ 102 : thair, escaid 113:
chruaid, uair 121 : thein, dethaig 123 : môr, muineôl 125 : aile, -saide
1 27 : rig, imsnim 129: taig,fénnid 1 3 1 : chûil, dùin 133, 1 34: diiin^ ùir
I4$:sair, connaid 145 : sein, tenid 161, 162: biad, riam 165: dub,
i'. Thurneysen, Rev, Celtique^ V, 329, note 2. 1 hadnoticed this rule, but forgottomen.
ion it. ibid,^ 337. In the Saltair na Rann s assonates mthrs : Pers, comaitbches. 5248-
Re¥. Cclt. VII. 20
3o6 Whitley Stokes.
inud 179: mod, oenor 18^, 184: taig, matain 185 : griàn, siar 189:
tim, sUn 193 : sain, muntir 19$ : Fâil, làim 197 : sain, Berràmair 203 :
sethar, lethan 211: mag, oenach 2 1 j .
(3) hard tenues: cet, Grée 33 : sét, cet 49: Cet, bréc 77 : ce may
assonate with cht : cnocc, thocbt 89.
(4) double liquids, and soundgroups containing liquids : and, dall, 3 :
Find, dind 9: lenna, Cairella 59: chairn, Bailb 85 : and, romall 91 :
garba, chomiabra 1 37.
An acute rhymes with a grave syllable in the foilowing instances :
gail, Badammàir 7 : maig, Eogàin 1 1 : fess, m6rthrès 1 3, etc.
A grave rhymes with a grave syllable in glana, Maîredà 15, nemè,
airgdedè 3 5 , mallà, lemennà 8 1 . Two grave with two grave in aràilè,
domgàilè 175.
II. Allitération : Hère the ruie is invariably followed that alliterating
letters begin tonic syllables. It will suffice to quote a few instances in
which verbs occur : ni Guaire dall gairthea dim 5, là /odmar 6, flachu
/airged 7, ra-m6rsat Afumnig din maig, 11. eich na /ian ro-/ess 13^
/odsam /eis 50, raithmit ris 68, fcera ara tnbài rind 1 57. In 89 and 147
Cy ch alliterates with c/z : ro-c/iuammar sin c/iocc, c/iàma ar cind.
Aspirated alliterate with non-aspirated and eclipsed consonants : ^er
mo i^(^)ennacht, 27 : bévc lat do fr^Ajiad 16$, a /laith na /ian /ir and
amnas 44, mas aire r/ianac 'nar rech 169.
III. Hiatus occurs in the foilowing instances : after the gen. sg. of the
féminine article : (na ôensâla 1 44, ha haidche 1 86) : after the possessive
pronoun 3d sg. masc. (a eich 65, a ech 69, 198, r-a ech 87, as-a ucht
128, a oenor 184) : after the interjection a (a ardri 42, 107, a athig
16 5, a Fhind 172J : after the négative ni [ni hinund 4, nîhimmargo 94]:
after the verbal préfixes ro^ do (ro ergemmar 173, ro iarfaiged 205, do
érig 189) : after the prefix co (co escaid 1 14, co hathiam i ji, co har-
naid 118): after the préposition [f)n' (ri oenuair 122] : after the nom. sg.
drài (driii and 2$), after the gen. sg. insi (insi Elgga 214), after the
comparative in -/u'(taisciu and 91) : after the numéral « two » in the gen.
(mag dà éo 73) : after the numéral « three » in the ace. (tri àidche 5 3) :
after the numéral 50 in the nom. sg. (côica ech j8): after the verb
subst. perf. sg. 3 (bài in 18). In many of thèse instances it is certain
that t or s has been lost.
IV. Crasis occurs (i) where neither ofthe blended vowels has the
acute accent : buada-ind^ 20 ; duitsiu-intech, 29: Feime-is, 38; curata-
aj48: uile-assinn 52: uile-i 54, misse-ocus 67; luatha-ar 82, facca*
intech 99 : féli-is 107 : colla-assin 133: marbu-ahûir i46^cnàma-arcind
Find and the Phantoms 307
147 : damsa-ocus^ duitsiu-is, 1 56 : bera-aratnbài 158: àga-arcâch 159:
d'obba-annbid 170: a Chailti-a 172: eirgi-arnabarach 188: uile-etir
199 : aichne-ar 202 : fuatha-a, 210. (2) where the first of the blended
vowels is tonic : tri lâ-is j^ : doni-ar 122 : atâ-istaig 131 : nirbe-in
cocetul 148. (3) where the second of the blended vowels is tonic
idnu-aîrgdide 36. So far as I know, it never occurs where both the
vowels are tonic. I find in Irish no sure instance of elision, i.e. the omis-
sion of a final vowel before an initial vowel, and Prof. Atkinson's state-
ment to the contrary seems as groundiess as his statement (On Irish
MetriCj p. 5) that elision is « compulsory > in Latin. Hehas, apparently,
never read LucretiusII, 404, 617, III, 374, IV, 1061. V, 7, 74, VI,
7*6, 755, 796. and Verg. Georg. I, 4, II, 144, or, if he has read
those lines, he does not know how to scan them.
ETUDES BRETONNES
IV
Sur la chute des. sons u, w, v, /.
I. — Assimilation
1 . On peut considérer comme un commencement de destruction
complète^ pour un son, Tassimilation au son voisin.
C'est ce qui est arrivé au v du léonnais danvez^ m., « matière », dans
la prononciation vannetaise danne. Le breton moyen avait à la fois deux
formes de ce mot : daffnez [Sainte Barbe, strophe 515, cf. danfuez 246,
où la première syllabe rime en affn)^ et danuez^ Sainte Barbe 65, Sainte
Nonne, vers 1 588, etc. De même on trouve en gallois defnydd^ m., et
denfydd (Davies). L'irlandais damna montre que c'est danvez et denfydd
qui ont subi une métathèse; daffnez, defnydd et damna supposent un
celtique *demnion, de la même racine que le grec Biwta, ^Épiac, et à peu
près identique, sauf le sens, à ^étiivtov, lit.
On peut mettre sur le compte de l'assimilation la chute du v final dans
le breton moyen ^^n, truie (Catholicon), aujourd'hui banv, banoy id.;
gall. banw^ porc, vieil irlandais banb. Comparez les prononciations tré-
coroises han, nom, der, chêne, inder, après-midi, à calé dehany et hanOj
derv et dero, inderv. On pourrait aussi bien écrire bann, hann, derr, inden.
2 . Rien n'empêche de ranger dans la même catégorie certaines dispa-
ritions de V et de 11' après une consonne. Voici des exemples.
Bret. moy. silyat, sauveur (Poèmes bretons], de * silviat, comique
sylwyat,
Vannetais terénein, remettre au lendemain, atermoyer, de * tervenein,
gall. terfynu^ terminer, du latin terminus. Pour le sens, comparez les
expressions vannetaises asten termén et turul termén, qui sont synonymes
de terénein.
Etudes bretonnes, 309
Dialecte de Batz (Loire-Inférieure) adern^ œillet contenant l'eau
saturée qui doit servir à l'alimentation des œillets à sel. Le Dictionnaire
de L'A., au supplément, au mot marais j donne : « Mean ou Muan^ ici
Servant f Adxvn.., neu. m. » Ce mot ne vient pas du français local
aderne, qui se trouve dans le Supplément de Littré ; c'est au contraire ce
dernier qui vient du breton, l'ancienne forme française étant baherne,
berne {2iu xm^ siècle, Dictionnaire de Godefroy), du bas latin baderna,
« caldaria in qua conficitur sal » (Du Gange). Je crois que un adern est
venu de * un vadern, le v étant la mutation régulière de l'initiale b du
mot féminin baderna. Le mot (b)adern doit dater en breton de l'an 1 100
environ, à moins que son primitif n'ait été *baterna. Cela résulte des
faits signalés par M. d'Arbois de Jubainville, Revue celtique^ III, 226,
227 '.
Dial. de Batz banezeo^ noces = léon. banveziou^ banquets.
Guredeny Guorreden, Guorheden, nom propre, Cartulaire de Redon, =
Uuoruueten, ibid.
Pour les formes par rr, rh, venant de nv, comparez le vann. erhat
bien, merhat, merrat, « probablement », de er-vat, me oar {er]'vat, tré-
corois marvat,
Dimiziff, se marier (Cath.) trécorois dimein, comique domethy^ de
* do-ambi-wed-im, cf. gall. dy-weddi (Stokes).
^ Quelquefois les sons v, h^, semblent plutôt absorbés par celui qui
suit que par celui qui précède :
Léon, hevlene, cette année, cornouaillais helene, gall. eleni; tréc. daou
lày deux ans, = léon. daou vloaz^ etc.
Le nom breton actuel H^/our)' était au ix« siècle Haeluuobri {CartuL
de Redon, p. 10), de hael^ généreux, et uuobri = v. gall. guobri^
« important, considérable » (gl. gravis).
De même le nom de saint Corentin, en breton actuel Kaourintin, a
perdu le son iv avant l'r. On trouve en 954 la forme Chourentinus [Car-
tulaire de Landévennec) . Chourentinus est dérivé de Chourant [CartuL de
Redon) de même que Kerentin de carant-^ d'où Carantcar, etc. (ibid.) Le
mot courant se trouve fréquemment dans des noms composés du Cartu-
laire dt Redon : Courantdrehy Courantmonoc, Gleucourant, Loiescourantytic,
On le trouve écrit aussi Couurant (p . 2 5 2) ; i^ vient de cobrant, gardé
1 . n y aurait, ce me semble, à retrancher de ces deux pages si concluantes l'étymo-
iogie du breton gravai civière, par le bas latin grabadum. En effet, le correspondant
du léonnais gravaz est en trécorois granvas et en vannetais gravah, ce qui montre que le
z était dur et venait non de d, mais de tt ; on sait d'ailleurs que * grabattus est parfaite-
ment admissible à côté du classique gr^b^f fui (cf. Etudes gramm. sur tes langues celt.^ 72 *).
)io E. Ernanlt,
dans Kobrantgenus, cf. Courantgen; Haelcobranty cf. Haelcourant, eic. \
il y a aussi la variante cubrat, àsins Catcubrat, (ibid). Une autre forme
analogue à Corentin et qui se trouve dans le Cartul, de Redon est Mor-
coris^ p. 157, à côté de Morcobris^p. 212. Il est possible que ces
mots soient proches parents des noms gaulois Cobromara (lecture dou-
teuse, Corp. inscr. lat., III, ^598), Cobrovomarus, Rev. crff., I, 296; cf.
aussi Pirl. Conchobar^ Conor. Le v. irl. cobity « auxilium, » offre un
sens satisfaisant (de la préposition co, avec, et de la racine ber, porter;
cf. (Tu(A(p^M, être utile). Quant à Couurant d'où Corentin, je crois que la
comparaison de l'irl. ac-cobor, volonté (de la même racine que cobir,
cf. hl. fert animas, « j'ai l'intention ») est plus probable, à cause du v.
bret. cou..antolion « andriuenereis » (passionnés), qui semble devoir se
compléter en cou[ur]antolion >.
II. — Apocope.
4. Il arrive souvent qu'un v final précédé d'une voyelle tombe en
breton actuel : sa eisav, saf^ sao, lève-toi.
Le même fait se produit en moyen breton pour/, /. Ainsi en même
temps que creff, fort, on trouve cre, par exemple Grand Mystère de Jésus,
p. 34. col. b, et Sainte Barbe, str. 73 c ; les rimes montrent qu'il y avait
déjà deux prononciations différentes. Creff a donné en léonnais krev
(Troude), krenv^ kren, et en vannetais krïhu'éy krean.
De même on trouve dans le Catholicon crisquiff « croître », et dans
Sainte Nonne, vers 1784, chrisqui; le premier répond au trécoroisimib/n,
vann. kriskein, le second au léonnais kriski, Ouz iff « à moi » rime en f,
Gr. Myst. de Jésus, p. 43 b, dleaf v je dois » à eza « donc », ibid., 67,
etc. Le son v tombe souvent aussi à la fin des mots, en gallois et en
comique ; ainsi la terminaison de superlatif -a pour av, de am, se trouve
dans ces deux langues, comme en breton moyen et en léonnais actuel
(cf. Grammatica celticu, 2" éd. p. 299).
Voici d'autres exemples.
Le breton gueltreou, gueltleou, guentreou, guehtleou, grands ciseaux,
est le pluriel de gueltre, gueltle, guéntle, guentre, guentle^. Ces deux der-
nières formes proviennent des autres par le changement régulier de / en
n devant /, cf. d'Arbois de Jubainville, Etudes grammaticales sur les
langues celtiques, p. 29. Le second / de gueltle est venu de l'r de gueltre,
1. M. d'Arbois de Jubainville a donné une explication différente du nom de siint
Corentin, Introduction à Vitudt de la littérature celtique, p. 300.
2. Le P. Grégoire donne aussi gueltreZj avec z léonnais inorganique, cf. Ra. celt.
V, 127.
Etudes bretonnes. ^ 1 1
et celui-ci lui-même est une addition phonétique, comme dans kouldriy
colombier, en bret. moy. coulmty. Certains dialectes n'ont pas subi cette
altération : le vannetais a gueltanv, plur. gueltaniieii, grands ciseaux
(P. Grég.t, gultanv (Troudet, gultan, f., pluriel. .. neu^ Dictionnaire de
L'A. ; en basse Cornouaille gu^/M/ï, id. Le Gonidec donne gu/m/j, m.,
plur. ou ou ioUy « pincettes de cheminée ou de forgeron » ', cf. vann.
gultan f., pincettes, L'A.
Ce doublet actuel gueltre et gueltan indique en breton moyen une ter-
minaison eff; cf. léon. ene^ vann. inean, âme, = moy. bret. eneff (dia-
lecte de Batz eneif). Le mot guelteff existe, en effet, dans le Catfwlicon.
M. Loth, Vocabulaire vieux breton^ p. 156, le rend par « comble d'une
maison », peut-être à cause du mot coubl, qui l'accompagne; mais coubl
vient du français couple^ et signifie « repli » ; d'ailleurs la locution
complète est ( au mot lace) coubl guelteff an ty (f enlaceure de trefs
[trabes]de maison », en lat. la^U[e]ar. Guelteff désigne donc ici un
assemblage de pièces de bois qui s'entre-croisent ; pour l'emploi du mot
coubly cf. coubl'Camm et coubl-coadd, « ferme de charpente », P. Grég.,
s. V. ferme ^. L'idée de la forme des ciseaux, indépendamment de l'usage
ordinaire de cet instrument, se trouve de même dans ur gu'éntle^ plur.
ar guéntleyer, a les deux traversiers qui soutiennent le poutreau de la
coquille [d'un moulin] )>, P. Grég. A la finale de guelteff correspond
celle du gall. gwellaif, plur. gwelleifiau, ciseaux.
Le vieux comique nous offre la forme guillihim, gl. forceps, pour
laquelle on attendrait, il est vrai, * guillim^ *gueltim. Mais malgré Vh
qui les sépare, les deux / ne sont sans doute pas plus étymologiques que
ceux du vieux comique uiidimm « lignismus », cf. v. bret. guedom^stx^t,
gall. moy. gudif^ aujourd'hui gwyddif, id., breton moy. gouzifyat, épieu
(Cath.), gouzifyad P. Grég., trécorois gwif^ f., fourche à deux doigts, à
pied long, plur. ^//b, cf. Rev. celt. IV, 155. L'/ est resté dans gwt/
comme dans le trécorois annaf, orvet, = bret. moy. anaff (à Sarzeau
ënan] .
Un autre nom breton d'instrument ayant le même suffixe que gueltre
et^i/est n^r^, doloire, en bas léon. eze (Dom Le Pelletier), en gall.
neddyf, id., vieux comique nedim, hache. Le CatfioUcon donne la forme
ezeff, « bisagùe, l. bipennis, bisacuta » ; le P. Grégoire attribue à ezefle
t . Quoique cette forme se retrouve dans le dictionnaire de Troude, je ne sais si elle
existe et si elle a jamais existé en Léon ; M. G. Milin, qui est une excellente autorité pour
ce dialecte, ne la connaît pas dans Tusage. Le Dictionnaire de L'A . ne distingue pas dans
l'écriture Vn nasal de l'autre.
2. En terme de charpenterie, une ferme est, selon la définition de Littré, un a assem-
blage de pièces, sur lesquelles posent d'autres pièces qui portent un comble. »
}I2 £. Ernault.
sens de bissac^ par suite sans doute d'une mauvaise interprétation du mot
bisague, aujourd'hui « besaiguê ». La racine se trouve dans le gall. naddu^
couper, irl. snaidim ; elle doit être parente de celle du gothique sneithan,
allemand schneiden, couper ; cf. allem. schnaUCy fente.
III. — Contraction.
5 . Le mot trécorois gwifj fourche à pied long, n'a qu'une syllabe, il
vient immédiatement de * gou-if^ gouzif-y *guedim. Une contraction
analogue a eu lieu plus anciennement, dans le gaulois v^r- (prononcé wer,
et transcrit en grec oOep-), de*ou-^r pour *ouper, sur. Le contact du
son oUf voyelle d'abord, puis demi-consonne, a fait changer l'e suivant en
0 dans les langues néo-celtiques : irlandais /or, breton uor,gaor, plus tard
gor, gour.
Des faits du même genre ont lieu en breton, avec les sons w, v, /
entre voyelles.
Voici d'abord des exemples où il y a simplement disparition de ces
sons, sans que le nombre des syllabes en soit diminué.
Bro-erec, en 1 294, (Etudes grammaticales, 2 ? *) de Bro-uueroc (ix« siècle-,
patria Gueroci (x' siècle), Cartulaire de Redon.
Hoel (Cartul. de Redon), Houuely CartuL de Landévennec, = gall.
hy-wel^ « conspicuus. »
Salaiïn^ de * Salavun, Salamun, Cart, de Redon^ p. 359, = Salomôn.
La chute de w entre voyelles est fréquente en irlandais, et n'est pas
inconnue en gaulois : *' iovincos, jeune, a donné en cette dernière langue
le dérivé Joincissus à côté de Jovincillus, et en vieil irlandais ôac. En
latin^ on trouve, de la même racine, auprès des formes classiques /u-
vencus, juveniSy etc. , d'autres formes comme juenis, juentutis^ juenta, etc. ;
cf. Corssen, Ueber Aussprache,., der lat. Sprache, 2« éd. I, 516, 521.
Mais la chute du son intermédiaire a souvent pour conséquence la
contraction des deux voyelles mises en présence. Ainsi le comique a la
la forme yo/ic, jeune, en même temps que youonc, yowinc = bret.
iaouank.
Voici des exemples bretons.
Goanac^ espérance, Cath. = gall. gofynag confiance, cf. comique
goveneky désir, Meriasek v. 2900, de g[w)o et gall. mynag^ rapport,
récit, cf. bret. menek, mention.
Léon, gouer, ruisseau, vann. godre et gowxle-deur (L'A.^, gall. gofer,
vocab. corn, guuer^ plur. goverov^ 3 syll., Meriasek v. 1971 ; de gw 0
et bret. bera, couler ; cf. gall. goferu^ couler doucement.
Etudes bretonnes, 313
Dioueret, être privé de, perdre, Grand Myst, de Jésus, p. 21, léon.
id., trécorois divoeret, vann. dioverein, gall. dioferaf dsixis le passage
Namyn y du6 vchaf
Nis dioferaf
(Skene, The four ancient Books of Wales^ vol. II, p. 196, cf. I, 355, et
H. de la Viiiemarqué, Les bardes bretons y p. 436). Je traduirais « il ne
me manque que le Dieu suprême ». D'ailleurs si le sens exact de ce
mot gallois peut être discuté, il me semble certain qu'il est identique
pour la forme aux mots bretons cités, et que tous sont composés d'un
préfixe di et de l'adjectif qui est en gall. ofer, « vain », et en vannetais
voer^ a fade, « et « fat », de * omeros^ proche parent du latin amarus et
dérivé de * omos^ gall. of, irl. (5m, grec cLaoç.
A la forme vannetaise voer venant de over, gardé dans di-over-ein, on
pourrait comparer le léonnais vue/, humble, =: comique huvel, gall.
ufellf du lat. humilis, si ce mot vuel ne provient pas d'une méprise de
Le Gonidec. Le P. Grégoire donne vuël comme suranné, et cette forme
vuel est fréquente dans les textes du breton moyen ; mais l'expression
très commune cuff hac vuel montre qu'on prononçait uvel^ comme l'in-
diquent les rimes, le mot hac et non ha, et aussi des variantes gra-
phiques telles que uffuel^ Sainte Barbe 695, ufuel, Gr, Myst. de Jésus,
p. 20, etc.
Le vieux comique plumauc, coussin, est en moyen breton pluffec, en
léon. p/ii^ifc, en vann. p/^c, dans tréss-plêc, chevet, traversin (L'A.), =
treuZ'pluvecqy P. Grég. truspluffec Cath. Ce moltréss-plêc se prononce tes-
pleg en bas-vannetais, et sous cette forme il ressemble au vieux comique
tiis^ coussin, auquel il est comparé, Vocabul. vieux breton, p. 221 ; mais
liis vient probablement du lat. /exo, tandis que /e5-/?/eg vient certainement
de * trâs-plumâc. Pour la chute de r en bas-vannetais, cf. kerhet et kèhet,
marcher, Vocabul, v. breton, p. 87.
Coabrennou, nuées, Poèmes bretons du moy. âge, 271, 5 syll. , aujour-
d'hui id., de couffablen, Cath., pour * couff'-'Oabr en, cf, counouabr, D. Le
Pell. ; cf. oabl ar c'hounabr, le ciel des nues, P. Grég. A Saint-Mayeux,
konaben, vann. kaniblen; de la prép. corn et de oabl, gall. wybr cf. en
noabrennou, Gr. Myst. de Jésus, 80 b. L'/i initial de noabrennou provient
de l'influence de l'article qui précède; il en est de même dans Roen noa-
brenn « le roi du ciel » Poèmes bretons, str. 175, pour roe 'nn oabrenn '.
I. L3 Gramtnatica celtica, a® éd., p. 99, donne roen c roi » comme fréquent dan*
Sainte Nonne; je ne l'ai trouvé ni dans Sainte Nonne ni dans aucun autre texte, il existe
seulement dans la composition de noms propres du cartulaire de Redon. Roen est toujours
314 ^- Ernault.
Koanze, le séant, en trécorois (2 syll.); léon. kavazezit *com-
assed-,
Coezff^ enflure, Cath., léon.koenv, = * co-huez-nif cf.huezaffs'enûtr,
Cath. ; le vann. foaiiv enflure = * liuez-tUy foanveln enfler = comique
/ïoM/)' s'enfler (Meriasek 4438], cf. coezffuiff, Cath.,léon. koenvi. Pour
f^z c^h^ cf. bret. fubu et c*houibu, moucherons, etc.
Bret. moy. concoez, gourme à la gorge, étranguillon, Cath., léon.
konkoez, m., LeGon., de * com-ang-êd- ^ cf. gall. cyfyng, étroit, v. irl.
cumangy id., grec auvxY/T) esquinancie. Cf. le vann. ancoe, la luette
(entrée du gosier) = * ang-êd, et le lat. angina. .
Ces quatre derniers exemples rappellent les contractions latines
comme cUria de * co-viria^ volsque covêria; contio de coventio, etc.
Le vannetais goarn, « garder, » veut dire proprement « gouverner »
et est identique au moy. bret. gouuern, Sainte Barbe 357; le vann.
goarnation, action de garder, vient du lat. gubernaîio.
6. Les diphtongues contenant un des sons u, oUy se simplifient assez
souvent.
Ainsi on lit. dans le Cartulaire de Redon les noms Gleumarcoc et
Glemarhocus, Gleamonoc et Glemonoc, Gleaden et Gleden^ cf. gall. glew,
vaillant.
Le latin pUbs est devenu plueu \Cartui de Landévenneci, c'est-à-dire
* plwev, gall. plwyf] le v final est tombé ( cf. § 4] dans les formes plui,
ploiy Cart. de Redon, ploe, Cart, de Landévennec et de Redon, Sainte
Nonne, etc. ; et cette diphtongue elle-même s'est contractée dans pb
[Cart. de Redon et de Landévennec), auj. plou-.
Un mot de prononciation aussi compliquée et beaucoup mieux con-
servé est le vann. glouaihuey gloèaii, gleau, gloàit, « rare » {Etude sur le
dialecte bret, de la presqu'île de Batz^ p. 9^ en v. gall. gloiu, auj. gloyw^
gloew, « limpide »; cf. v. bret. Glueu, CartuL de Redon, p. îo8,
Uuetengloeu, p. 81 , v. irl. glêy brillant. Le v. bret. gloiatou, « nitentia »,
est pour * gloiuatou et par conséquent moins complet que gloèùoh « plus
rare », Livr bugalé Mari, Rennes, 1881, p. 424.
Le mot breton deol, « dévot », donné par Davies, et existant dans
en moyen breton, une combinaison de roe^ < roi », avec l'article. Ainsi roeon bet « le
roi du monde », en trois syllabes, Sainte Nonne, vers 54, = roe an bet en deux syllabes,
Gr. Myst. de Jésus ^ 19 b, = roen bet, ib:d, 14 b, roen bet, variante roe 'n fcrt, Sainte
Barbe 629. Roen pour roe an se trouve, entre autres, aux vers ^4, jj, 441 et 1019 de
Sainte Nonne. On lit roe bet, sans article. Sainte Nonne, vers 146, 381. ce qui a pu faire
illusion sur le rapport réel de roe et roen. Doe roen flour. Sainte Nanne, v. 896, seul et
unique passage où roen remplace roe^ est évidemment une méprise du scribe pour Doen
roeflour, c Dieu, le roi clément. »
Etudes bretonnes. ^15
Tusage (cf. Rev. celt. IV, 150)', est pour * doeol^ gall. duwiol; c'est un
doublet de doeel, divin, Cath.
Nous avons vu que gi¥or = ver est devenu en breton gor, gour; gwo
= vo de * ou[p]Oy sous, est devenu d.e même go-, gou-^. En gallois on a
également gwobr et gobr^ récompense ; le breton n*a que cette dernière
forme. A côté du v. bret. bleuou, cheveux, on trouve bleoc, chevelu
[gall. bieuog, bret. actuel blevek)\ dans le Cartuiaire de Landévennec
blehuc. Le correspondant du gall. delw, irl. delb^ forme, est en v. bret.
delu : le Cartuiaire de Redon en présente des composés comme lluor-
condelu^ Uurcondelu, = * ver-cuno-delvos, « à la forme très noble » ;
Cumdelu = * cômi-^elvoSy « aux manières affables », et des dérivés comme
Deloci igénitifj Condeluoc, Uurcundeluc, Condeloc, de * delvâcos^ « for-
mosus ». De même Catoc, Cadoc, viennent de * catuâcos « batailleur »;
la contraction Catâcus se lit dans une inscription chrétienne de Grande-
Bretagne (Huebnern** ^ç).
7. Les diphtongues wi, we, se contractent tantôt en ou, tantôt en /,
e. Exemples :
EngroeZy ingroez a foule, presse », Le Gon., correspondrait à un mot
gallois* y ngrwydd y racine ang[h)^ cf. § 5. Le P. Grég. donne les
variantes engroés, ingros et ingro'é; le Dictionnaire de L'A. a la forme
incrêssey « presse, empressement », qui est incompatible avec le mot
ingro'é et qui vient d'une confusion avec le mot tout différent enkresy
chagrin, oppression. Le suffixe -roez se retrouve dans -le moy. bret.
diouguelroez^ sûreté, Cath., mal lu par Lq Men diouguelegez . Il existe
aussi, je crois, dans le v. bret. catalrid, que M. Rhys me semble
avoir bien rendu par warlikeness^ de * catolruid.
Léon, kompoz eikompez, plain, uni, Cath. compoesy vann. kanpouis
= gall. cymhwySj de corn et poes, poids, du lat. pe\n]sum. Le v. bret.
pus.,., « ponderabitur », offre aussi la contraction, comme encore le
léonnais lespos y déhanché, P. Grég., en petit Tréguier pozlest, de les,
hanche, et poes; cf. comique poys et pôs, poids.
Les formes celtiques du nom de la bruyère offrent des exemples de ces
mêmes faits. M. Schuchardt voit avec raison dans le bas latin brugaria
un dérivé du celtique * vroicâ = grec £-[/"]pe'X7). Pas de difficulté pour
les consonnes. Mais M. Thurneysen, Keltoromanisches 94, demande qu'on
cite des mots où la diphtongue celtique oi soit devenue û en gaulois du
continent, comme cela a eu lieu en latin et dans la période la plus
I. Reste à savoir si cet usage restreint d'aujourd'hui n'a pas lui-même une origine
savante.
ji6 E, Ernault,
récente du vieux breton. Je ne pense pas qu'il soit possible d'admettre
ici ce changement phonétique. Le correspondant rigoureux du v. irl.
froech^ bruyère, serait en gallois * gwrug; on a grug^ dont lu me paraît
venir d'une contraction secondaire de* grwig = * gwrwig, de "n^roic^ cf.
Tu du comique g/ut/i rosée = trécorois glouiz^ gall. gs^lith (léon. gliz)\
et du vannetais glub^ humide, tréc. gloeh^ gall. gwlyh (léon. gleby gUbl
La contraction s'est faite d'une façon différente dans le comique grig,
bruyère = * g{w]rwic^ de *wroic, et dans le dérivé gallois grygon^ « heath
berries », en breton de Cornouaille ^r^^on, « prunes sauvages »; elle ne
s'est pas faite du tout dans le trécorois groegon, id., zz * wroecân^ irl.
fraechàn, airelles. A côté du celtique * vroicâ il s'était développé, sans
doute, une variante * vruicâ, d'où proviennent les formes des langues bre-
tonnes; car * vroicâ eût donné en armoricain * grugon. Le groupe insolite
* wrwic se sera adouci en brUC' dans des bouches romanes.
Emile Ernault.
LE MYSTÈRE DES TROIS ROIS.
Le plus ancien ouvrage connu intéressant directement le dialecte de
Vannes est le dictionnaire breton-français dit de Chàlons, paru en 1723,
à Vannes, chez Jacques de Heuqueville. Levrot, dans sa biographie
bretonne, Tattribue à Nicolas de Chàlons. M. Pabbé Luco a prouvé qu'il
ne peut être question que de Pierre de Chàlons, recteur de Sarzeau,
mort en 1718: le dictionnaire n'a été publié qu'après sa mort '. Un
passage de la préface de la grammaire de Grégoire de Rostrenen nous
a fait d'abord penser que le véritable auteur de ce dictionnaire pourrait
bien être Tabbé Cillart de Kerampoul, l'auteur du dictionnaire français-
breton du dialecte de Vannes connu sous le nom de l'Armerye. On lit
à la page VII : « Les Remarques de M. l'abbé Cillart recteur de Grand-
champ au diocèse de Vannes m'ont beaucoup servi, aussi bien que son
dictionnaire, et l'une et l'autre m'auraient été bien plus utiles, si j'avais
eu le bonheur de les voir plus tôt. » La grammaire de Grégoire de Ros-
trenen étant de 1 7 3 8 et le dictionnaire français-breton ayant paru en 1 744 ,
ou bien il s'agit du dictionnaire breton-français, le seul qui jusque-là
eût paru pour le vannetais, ou le père Grégoire aura eu entre les mains
le dictionnaire français-breton manuscrit ainsi que la grammaire portant
à cette époque le titre de Remarques sur la langue bretonne. Un passage
d'un Vocabulaire nouveau imprimé à Vannes, chez J. M. Galles, impri-
meur-libraire, rue Notre-Dame, sans date ni nom d'auteur, mais cer-
rainemenl entre 1775 et 1801, fait pencher pour cette dernière alter-
native. On lit à la page i de l'avertissement: « Mais le Breton, qui est
une des plus anciennes langues de l'univers, n'a qu'un dictionnaire
défectueux qui parle souvent d'une grammaire qu'on ne trouve nulle
part. » Comme nous le fait remarquer M. l'abbé Luco qui nous a signalé
1 . 288* séance de la Société polymathique de Vannes, 24 avril 1877.
3i8 y. Loth,
ce texte, il s'agit certainement du dictionnaire de Cillait et de la gram-
maire à laquelle il renvoie dans son diaionnaire ; à la page IX de l'aver-
tissement de ce même vocabulaire il y a un renvoi au dictionnaire visé
à la page I et il se rapporte très exactement au dictionnaire français-
breton. Il paraît donc probable que la grammaire et le dictionnaire dont
a profité Grégoire de Rostrenen sont le dictionnaire français-breton paru
depuis et une grammaire du même auteur qui n'a jamais vu le jour.
Pierre de Chàlons, né à Saint-Dizier en 1641 n'apparaît à Vannes
qu'en 1679. Il acquit dans le diocèse de Vannes un grand nombre de
bénéfices, y joua un rôle important et mourut en 1718 a Sarzeau, dont
il était recteur depuis 1709. Cillart s'occupa de la publication du dic-
tionnaire breton-français paru sous le nom de Chàlons, comme le prouve
une note relevée par l'abbé Luco au dernier feuillet de ce dictionnaire.
Si on réfléchit que Pierre de Chàlons n'était pas breton, on est fort tenté
de supposer que l'abbé Cillart qui parait avoir évité tout bruit autour de
son nom, pourrait bien avoir eu la plus grande part non-seulement à la
publication, mais à la composition de ce dictionnaire. L'abbé Cillart, fils
de François, sieur de Kerampoul, de ICerallier et sénéchal de la barre
royale de Rhuys, naquit en 1686 à Sarzeau et mourut à Locminé en 1749
après avoir été recteur de Grandchamp en 1732. L'abbé Luco a prouvé '
de la façon la plus certaine qu'il est l'auteur du dictionnaire français-
breton appelé, on n'a jamais su pourquoi, dictionnaire de l'Armerye.
En voici le titre exact : Dictionnaire françois-breton ou françois-celtique
du dialecte de Vannes, enrichi de thèmes dans lequel on trouvera les
genres du françois et du breton, les infinitifs^ les participes passifs, les
présents de l'indicatif, suivant la première façon de conjuguer, et une
orthographe facile, tant pour l'écriture que pour la prononciation, par
Monsieur l'A***
Deriyentur fontes tui foras et in plateis aquas tuas diviie
à Leyde
par la compagnie
MDCCXLIV.
Il est fait mention dans la Biographie bretonne d'une édition publiée à
la Haye en 1756. M. l'abbé Luco n'en a jamais trouvé d'exemplaire.
M. d'Arbois de Jubainville nous apprend qu'il en a un en sa possession.
1. Société polymathique de Vannes, 289* séance, 29 mai 1877.
Le Mystère des Trois Rois. 319
C'est assurément un des plus précieux dictionnaires du breton-armori-
cain. Il contient beaucoup de formes intéressantes, un vocabulaire assez
riche, un certain nombre de proverbes ou dictons et des réflexions par-
fois amusantes de l'auteur. Les exemplaires de 1744 présentent entre
eux certaines différences. L'abbé Cillart était d'un naturel porté à la
satire ; certains passages contre les moines notamment ont pu paraître
risqués aux autorités ecclésiastiques.
Nous avons fait des recherches jusqu'ici infructueuses pour trouver
des textes vannetais du xvi*" et du xv!!*" siècle. L'imprimerie Galles, qui
publie du breton depuis tantôt trois siècles, n'a absolument rien conservé.
En raison de cette pénurie, le texte que nous présemons aux leaeurs
de la Revue ultique offre un certain intérêt. M. l'abbé Luco, qui en est
le possesseur, l'a mis très obligeamment à notre disposition ainsi qu'un
recueil de cantiques un peu plus ancien. Le recueil est de 1734 et le
mystère de 1745. Les cantiques présentent des formes plus intéressantes
que le mystère. La raison en est que ce recueil est certainement une
réédition d'un recueil plus ancien. Il n'est pas douteux qu'on ait im-
primé de fort bonne heure à Vannes des catéchismes et des cantiques.
Or nous savons par d'autres exemples que Timprimerie Galles a l'habi-
tude de réimprimer les livres bretons courants sans presque aucune
modification. Nous avons entre les mains un vocabulaire du siècle
dernier. Nous l'avons comparé à un vocabulaire de la même imprimerie
paru tout récemment. Il n'y a presque aucune différence ; on a ajouté
simplement deux chapitres, l'un sur les chemins de fer, l'autre sur les
télégraphes. Le recueil de cantiques présente la dentale spirante douce
conservée avec l'ortographe z dans bon nombre de formes verbales :
p. 8, beniguétt revezou qu'il soit béni ; p. 47 meit m*ou devezébet pourvu
qu'ils eussent eu ; p. 135 goudé m'ou pezo vizitett après que vous aurez
visité ; mar fel doh bezout si vous voulez être ; p. 112 revezou ; p. 1 3 3 re-
vezo; 68 revezou; p. i7<) bezet avocat dirac Doué « soyez avocate devant
Dieu» ; p. 1 2 de vezout pour être ; p. 1 3 ^/z devézou il aura ; p. 29 a vezou
trois fois < ; Deux substantifs présentent la spirante dentale douce : p. 54
hou carantezeu vos affections; 69, 73 uzehuion les Juifs. Le v entre deux
voyelles est encore conservé dans des formes d'où il a disparu dans la
prononciation : lavarétt dites. On trouve encore aujourd'hui même dans
les recueils de cantiques vannetais, mais beaucoup plus rarement, des
formes comme bezout et lavaret. Les constructions avec le verbe bout dans le
3. On lit dans le dictionnaire de Cillart à soit: adv. hetfff, bitt; pour l'avenir
bae^t.
320 J, Loîh.
sens d'avoir sont fort intéressantes et jettent un grand jour sur la formation
de ce qu'on a appelé le verbe avoir en armoricain et en comique : p. $ mr
méss kai hem-boud offansélt. j'ai regret d'avoir offensé m.à.m. à moi être;
mil vlai a tézirhainn aveit hou ç'adorein ha mem bout mil calon^ je désirerais
mille années pour vous adorer et avoir (être à moi) mille cœurs ; p. 1 3}
dUmboud assolvœn pour avoir (pour être à moi) l'absolution ; eitt te voud
i pour les avoir (pour être à toi) ; en eile poentî eu hou poud e creiss hou
calon urguir cai ha contricyon, le second point est que vous ayez (à vous
être) au milieu de votre cœur, un vrai repentir et contrition; p. 16
dUn devoud pour avoir; p, 22 en doud avoir '.
P. 5 3 on remarque une forme verbale fort curieuse :
Lavarett, poul hou calon
A oai lyess dizolo
A hui e ouéss bétt pardon
Ag er goal examp a ro.
L'auteur s'adresse aux impudiques en enfer : « dites, votre poitrine
qui était si souvent découverte^ avez- vous eu pardon du mauvais exemple
qu^elle a donné? » Ro n'est connu que comme 3*^ pers. du sg. du prés,
actif, à côté de re. Ici, il a manifestement le sens d'un prétérit. La spi-
rante dentale douce disparaissant régulièrement à cette époque, en van-
netais, surtout à la finale, on peut supposer une forme du xvi® siècle
roz pour un vieux breton rod (cf. les prétérits gallois en awd, odd]. On
trouve dans la vie de Sainte Nonne ros à côté de roas ; mais il est fort
probable que c'est un prétérit en s.
On trouve dans les cantiques kena ou kenna dans le sens de parce que^
puisque^ là où les autres dialectes et une partie du vannetais même ont
pe nUy pa na : p. 72.
M\éd en nean deit ar en doar
Disquenned é mané Calvar
De obér canveu honn salvér
Ken a vasnn enn dutt ou gober.
« Anges du ciel, venez sur la terre, descendez sur le mont du Cal-
vaire, pour faire les canveu ^ de notre Sauveur puisque les hommes ne
veulent pas les faire. » P. 37 : a i(:e n'ou dess honn diskéit mat, « parce qu'ils
1 . Devoud parait devoir être rapproché, pour la construction, de dj^od ; cf. boat et bot.
L*ou commun à tous les dialectes armoricains ne peut guère être identifié à Vo gallob
et comique et suppose une forme plus ancienne bouet : cf. gaUoud en moyen breton
galloed; ouf je suis = jyyf; out = wyt ; kaout vanneuis cahouet etc.
2. Canveu comprend les lamentations et marques de tristesse dues aux morts.
Le Mystère des Trois Rois. 5 2 1
ne nous ont pas bien appris. » Faut-il voir dans ken un équivalent phoné-
tique depen^ pan, ou rapprocher cette conjonction du gallois can qui a
justement le même sens. Phonétiquement, on songe immédiatement au
gallois et comique kyn, ken mais ces conjonctions ont le sens de quoique ;
quen na en armoricain n'a que le sens de avant que ne, jusqu^à ce que,
à moins que. On observe un phénomène du même genre dans l'expression
kenevit usitée en bas-vannetais et dans une grande partie du territoire
vannetais, croyons-nous, pour le panéved des autres dialectes [si ce
n'était, sans). En bas-vannetais, on emploie kenevit et penevit. Il y a eu
probablement confusion entre les conjonctions ken, pen, kan, pan, plutôt
qu'évolution phonétique. Il y a cependant des exemples indiscutables du
passage récent de sp à sk dans rescont répondre , scont épouvante, scontus
effrayant. Il est vrai que rescont, scont, scontus ne sont pas usités dans
tout le vannetais.
Signalons encore des constructions comme sioah teimp « malheureuse-
ment pour nous », aujourd'hui en vannetais peu usitées, ailleurs siouai
(cf. gall. ysywaeth qui a le même sens i*) ; naouah aujourd'hui neouah
néanmoins (gall. na-<hwaith) ; peoarzeg au lieu du puarzeg ou pwarzeg
actuel; p. ^^ gotibunan tous et chacun; p. 137 a heli-ketan à l'envi
les uns des autres.
En dehors des textes imprimés, on peut étudier le développement du
dialecte de Vannes dans des chartes. Nous en avons vu un bon nombre
du xii^ au xvi*' faisant partie de la collection manuscrite de feu M. Rozen-
zweig archiviste du Morbihan, grâce à l'obligeance de M. l'abbé Chauffier
qui a bien voulu nous transcrire les parties intéressantes au point de vue
de la langue. Nous y avons relevé des faits fort intéressants pour l'his-
toire de la phonétique bretonne, notamment sur l'histoire écrite et parlée
des mutations initiales des consonnes, et nous nous proposons de les
faire connaître prochainement. Quant au développement des traits carac-
téristiques du dialecte de Vannes, ils ne commen<?ent à se dégager net-
tement, comme l'avait déjà montré M. d'Arbois de Jubainvilie qu'au
xvi* siècle (Etudes grammaticales sur les langues celtiques, p. 44 et suiv.) .
Pour les différences caractéristiques et essentielles de ce dialecte, nous
renvoyons le lecteur à nos Remarques sur le bas-vannetais parues dans
le dernier fascicule de la Revue Celtique (p. 1 71-179.)
Le mystère des trois rois en vannetais a été signalé par M. d'Arbois
de Jubainvilie, Revue Celtique, t. II, p. 248. M. d'A. de J. avait eu
communication d'un fragment de ce mystère terminant un recueil de
cantiques imprimé en 17^4, celui dont nous venons de nous occuper. Le
premier feuillet et les quatre derniers manquaient. Il nœntionnait aussi
Rev. Cilt. VII 21
322 y. Loth.
une Pastorale sur la naissance de Jésus-Chrit avec Padoration des mages et
la descente de l'archange Saint Michel aux Limbes, revue et corrigée dédiée
aux dévots à Penfant Jésus par frère Claude-Marie^ hermite de la provinu
de Saint-Antoine ; sans date, chez Galles, in-i 2, 48 pages. Cette pastorale
s'imprime encore aujourd'hui chez Gaiies avec le même titre. Elle comprend
plusieurs parties : la première et la plus longue traite de la naissance du
Christ et de l'adoration des bergers; la seconde de la descente de Saint-
Michel aux Limbes ; la troisième porte le titre de la vie et radoration
des trois rois ; la quatrième du massacre des Innocents et des Regrets
d'Hérode, L'œuvre se termine par un Noël. La version corrigée de
Claude Marie présente des constructions et des expressions antérieures
certainement au xviir siècle. On sait d'ailleurs que la pastorale des Trois
rois a été très populaire au moyen âge. L'imprimerie Galles réimprime
aussi le mystère breton sous le titre de Buhé en tri Rouéed, E Guénèt, é
ty Galles moUour ha livrour, é ru en Intron-Maria, sans date. La pré-
face et toute la mise en scène du mystère du xviii*' siècle ont disparu.
L'introduction consiste en un chant des trois rois, un sermon de Saint
Michel au peuple, des chants des trois rois, l'apparition de Joseph et
Marie demandant l'hospitalité à Hérode et la recevant. Le mystère com-
mence réellement, comme le nôtre, par un monologue d'Hérode. A
partir de là, la conduite de la pièce est la même et le texte ne diffère que
très peu de celui du xviii" siècle. Il a en plus l'épisode du massacre des
Innocents et des Regrets d'Hérode. Il est évident que le mystère breton
est une imitation de la pastorale française ; en certains endroits même,
c'en est une sorte de traduction.
L'orthographe de notre mystère, comme celle du vannetais du siècle
dernier et la plupart du temps celle de ce siècle-ci, est l'orthographe
française: Il y a à remarquer que lorsque Vu du groupe gw (léon. trég.
gallois giv] n*est pas un simple signe orthographique, il est surmonté
d'un accent; de même. pour qu. Ai a le son du français è. Les accents
ont la même valeur qu'en français. L'auteur abuse un peu, croyons-nous,
de l'orthographe é. Aujourd'hui en effet, même dans les textes imprimés,
on a ^ sans accent, par conséquent e muet ou è là où il donne é. Le mys-
tère reproduit surtout la prononciation des environs de Vannes et de
Sarzeau.
On remarquera bon nomtire de mots terminés à l'exemple du français
par un e muet; ces e n'existent pas en réalité dans la prononciation. Dans
les cantiques traduits du français, ces e muets comptent quelquefois pour
une syllabe, contrairement à toutes les lois et à toutes les traditions de
la langue. Ve muet final est destiné après un c à montrer qu'il a le son
Le Mystère des Trois Rois. ^2)
5 et après les autres consonnes qu'elles conservent toute leur valeur; <e
ou ee représentent généralement le son é\ ê, eê reproduit ordinairement
le son è français. Le pluriel ea doit se prononcer avec Tacccent sur i, u
jouant le rôle de spirante. Les Vannetais, en dehors du pluriel en eu^
expriment cet aspirant par /iu^: ex. câr/iu€, cerf (léon. corn. trég. caro,
gall. carw) en une seule syllabe ; l'accent est sur car- et -hue ne repré-
sente que la spiration.
324 J' ^oth.
BUHÉ
ENN TRI ROUE
FARCE DEVOTT
Saouett diar er péh sou tremeinnet de Nenndeléc ; é spéciale a bé arihuass
en Tri Roué ag enn Orianntt de Jérusalem
Devoutt hoariétt dré Rolleu, énn urChapéle bénag, ar unn Tiatre péenn Tierr
CRISQUETT, AUZETT HA CORRIGETT
De onétt partoutt hardéh-man
É. GUINETT
E TI COLASS GALLES, IMPRIMOUR d'eR
Roué ha d'er Scotieu
M D C C X L V .
AviSS.
Er-péh a vire d'enn Dutt queih a brofîteîn à Farce Santele enn Tri
Roué (pénauss-bénag é-ma bihanig er vad a chairérr ag enn Tiatre 1 é
quétan tra, ma vé > émisque er Vandaenn ag en Hoarierîon ur Veairb,
pé quer goah, ur Malediguizéd é quiss er Huiriéss-Varî; hag ur Pautre
deseblantein er Mabic Jésuss; enn eile hag éguilé havaloh é pep façon
doh haillevaudéd eitnon pass doh Tud onaeste.
Enn Eile é, ma corollantt, siouah ! enn unn discoein dirag enn
eulegad er Mistere carantéuss ag enn Incarnacion. Pétra ? Enn Tri Roué,
San Jozep, enn JE\éxty er Huiriéss, Jésuss-Crouist !... Hirissein a-ran...
Me flusenn éhué gued orreurr, a refiiss scrihuein !
Enn drivéd é, ma huélérr er vandaenn Canaiile-hont é véaouein gued
argand enn Dutt vad ha martezé um foitale ; é rein ur Meaellatt d'er
Maléd à zihue p [é| tairr Parraess; ha coroi général d'er Youantiss.
I. Présent d'habitude; léonard bez, gaU. bydd; imparfait d'habitude hezi (se confond
avec le prétérit secondaire).
Le Mystère des Trois Rois. )2 5
VIE
DES TROIS ROIS
FARCE DEVOTE
Composée (levée) diaprés ce qui s'est passé à No'él spécialement lorsqu'arrivèrent
les trois Rois de l'Orient à Jérusalem
Pour être jouée par rôles, dans une chapelle ou sur un théâtre ou dans les maisons
AUGMENTÉE, ARRANGÉE ET CORRIGÉE
Pour aller partout hardiment.
A VANNES
CHEZ COLAS GALLES, IMPRIMEUR
Pour le Roi et les Écoles
MDCCXLV .
AVIS.
Ce qui empêche le pauvre {au sens moral) peuple de profiter de la farce
sainte des trois Rois (quoiqu'il soit bien faible le bien que l'on retire du
théâtre), c'est d'abord qu'il y a dans la bande des acteurs une fille, ou
ce qui est aussi mauvais, un homme déguisé à la façon de la Vierge
Marie, et un garçon pour représenter l'enfant Jésus, l'un et l'autre plus
semblables à tous égards à de la canaille < qu'à des honnêtes gens.
La seconde raison, c'est qu'ils dansent, hélas, en exposant devant les
yeux le mystère d'amour de l'incarnation. Quoi ! les trois Rois, saint
Joseph, les anges, la Vierge, Jésus-Christ !... J'en frémis... Ma plume
même d'horreur refuse d'écrire .
La troisième raison, c'est qu'on voit cette bande de canailles-là
s'enivrer avec l'argent des bonnes gens et peut-être se battre, donner
une soule^ aux hommes de deux ou trois paroisses, et une danse générale
à la jeunesse.
1 . La traduction exacte serait voyou si le mot n'était pas trop parisien, comme le type
qu'il daigne.
2. La souIe était une espèce de grosse balle en cuir et le jeu ressemblait à celui de
la balle à pied, du foot-ball anglais. Très-souvent deux paroisses se les disputaient;
toujours le jeu dégénérait en rixe sanglante ; il y avait très-souvent mort d'homme. Le
gouvernement a nni par interdire ce jeu sous des peines sévères. Il était en vigueur
}26 J> Loth,
Peétt torfoitt diar Buhé Santel enn Tri Roué é face er grichineah '
Na peh péhétt d'enn neimb a eelleh[ai] hag a zou ' carguéd a ou dîhuaenn
mar ou andurantt.
D'er bihannan mé gouvi er Bsersonnett er gov[e] zerion, er vailean^
ennTadeu, Mameu, ha Mistr[ed| dehudaial, handaiein, béd enn tauleu,
enn-neimb[a] hoariehai arré Buhé enn Tri Roué gued er guizieu
biaou[ai]huss-cé ; ha mé oulesenn gued enn Hoarierion eitt payemand a
me foéinn pé quenntoh a balamorr de Jésuss honn Salvérr, d'oberr aell
é vaerchan dehai aman ; Enn Entru Doué a vou inourett, ind, ou-devou
milite ér Bétt-ma ha reconpance ér Béd aral.
Red-é d'enn Hoarierion um bourvayein à Limage er Huiriéss [à
balastre pé a goaitt). El Limage-Zé né deli boutt na ponérr na re vrass ;
ne vou nemeid a zrebi er psenn béd er grouiss ; meitt ma vou forh
modseste, hi zeournn joainntétt pè croaizéd ar hi halon.
Limage er Mabic Jésuss énn é gavéle, a faute éhué.
Nezé deu Pilsette ag unn antérr goalsenn à hétt.
Deu antulérr ag ur rohann, d*ou derhél.
Ul lyein guaenn de olein enn treu-zé na veintt
guéîett nameid a bé vou rétt.
Deu zarn flambeau roussin.
Er hohan ag enn Hoarierion vou Hérode enn-de-v[o]u [sic] être
puemp plai ar-nuguaenntt ha tregontt vlai ; o-[p]eenn é usquemanteu
aral ean enn-devou (sic).
Gusquemantt Hérott.
Ur chemizaettaenn bordéd à eure ; lavraec; lereu, boteu-laire, gùsnn;
manégueu milein; ur sabre caire, ur ruband pé séysenn, glass; ur
gravataenn lyein : ur say-à-gambre, à béhani er mancheu a vou troncétt
bét er glin bréh ; ur bonaette velouss glass, guett tri bou[ton] eure èr
blein ; hag ur gouron hoarnn-guaenn ér vor[d] en ; é vleau chairett edan
dou closs^ur Vah-Royal pe Saeptre, melein énn é zournn deheu.
Gusquemantt Baltazar
Ur chemizsttaenn ; lavrsc, laereu du; boteu laire du manégueu
I. Zou devou, devezoUf etc. Cet ou = o dans les auu'es dialectes ; on a o dus u»
e bas-vaoneuis.
Le Mystère des Trois Rois. 327
Combien de crimes à propos de la vie sainte des Rois à la face de la
chrétienté ! Et quel péché à ceux qui pourraient et qui sont chargés de
les défendre, s'ils les endurent.
Au moins je convie les Recteurs, les Confesseurs, les prêtres, les
pères, les mères et les maîtres à huer, à poursuivre, jusqu'aux coups,
quiconque jouerait encore la Vie des trois Rois avec ces modes épou-
vantables-là; et je demande aux acteurs pour payement de ma peine ou
plutôt par amour pour Jésus, notre sauveur, de faire tout ce que je
marque ici ; le seigneur Dieu sera honoré, ils auront mérite en ce monde-
ci et récompense dans l'autre.
Il faut aux joueurs se pourvoir de l'image de la Vierge (de plâtre ou
de bois) . Cette image-là ne doit être ni lourde ni trop grande ; elle ne
sera que du sommet de la tète à la ceinture ; mais qu'elle soit (m.-à-m.
pourvu qu'elle soit) fort modeste^ ses deux mains jointes ou croisées sur
son cœur.
L'image du petit enfant Jésus dans son berceau, il (la) faut aussi.
Ensuite deux cierges d'une demi-aune de long.
Deux chandeliers d'un empan, pour les tenir.
Un linge blanc pour couvrir ces objets-là pour qu'ils ne soient vus
que lorsqu'il sera nécessaire .
Deux morceaux de chandelle de résine.
Le plus vieux des acteurs sera Hérode, il aura entre vingt-cinq et
trente ans ; outre ses autres vêtements, il aura :
Costume d'Hérode.
Une chemisette bordée d'or ; des culottes; des bas ; des souliers de
cuir blancs, des gants jaunes, un beau sabre, avec un ruban ou lacet de
soie vert ; une cravate de toile, une robe de chambre, dont les manches
seront troussées jusqu'au coude, un bonnet de velours vert avec trois
boutons d'or sur le sommet^ et une couronne de fer-blanc sur le bord ;
ses cheveux ramassés dessous bien clos, un bâton royal ou sceptre jaune
dans sa main droite.
Costume de Baltazarr,
Une chemisette; des culottes, des bas rouges; des souliers de cuir
principalement dans le Morbihan. On lit dans le dictionnaire français-breton de Cillart :
souUf meiUy meilUu féminin. Jetter la soûle, en faire, en vendre ou soulèr, sont des
péchés gnefs, puisqjue ce jeu maudit entratne des batteries, danses, etc. Lisez, monsieur
le Cordonnier, qui impunément en exposez à votre boutique.
^28 i. Loth.
gùasnn herop clean; ur seyaenn du de gravataenn, ur say-à-gambre
divanche ; ur gouronn closs, milein; é vleau firisett ha peudrétt; ur
Sœptre gùaenn énn é zournn déheu.
Gusquemantt Gasparr.
Ur chemizaettsnn ; lavraec; laereu, violaett; boteu laire du; man-
Tiegueu gùasnn, hemp clean ; ur seyaenn du de gravataenn ; ur say-à-
gambre divanche, ur gouronn digo[r] milein ; é vleau a hétt hemp
boutt peudrett; ur saeptre gùaenn enn é zournn déheu.
Gusquemantt Mdlkior
Ur justacorr; chemiztaetsenn ; lavrsc; laereu du ; |mannégueu gùxnn,
hemp clean; ur gravataenn lyein gùaenn, ur bonaette velouss gùaerh, ul
lyein tro ha tro, asl enn Turquaett; é vleau chairétt closs édan dou;é
face duétt; ur saeptre gùaenn enn é zournn déheu.
Gusquemand enn Ecuyerr.
Ur chemizaettaenn ; lavraec; laereu, gùaerh; bonaette ru guett cour-
haenn maître doh er bordein ; ur holiérr hoar[n] gùaenn, boteu laire du ;
hemp maneguéu na clean.
Gusquemantt S. Jozep,
Ur chemizaettaenn, lavraec, laereu, mantael brunn. A. lu.
Ur bonaette brunn staguéd édan é vailloc; unn toque didronce
amehou > ; ur rivlaenn énn é zournn.
Gusquemand enn Arhdle Gabriéle.
Boteu ha laereu glass; ur boquaette seyaenn glass ar é galon hag ar
pep scoai; ur surpelisse Escop; friséît, peudrétt ha digabaele; ur
huîalaenn hire boquaettéd ér blein guéd ur branquic loré glass caire,
énn é zournn cleye.
I. Amehou sur M,dehou à lui etc. Le pronom suffixe de la )'pers. dusg. se trouTcétre
en haut-vannetais eivou ce qui supposerait pour les autres dialeaeso; cf., les formes du
cart.de Llandaff fru/o fr/o, (per éum), fn/no (tans eum). Les formes galloises actuelles sont
amo^ drosto etc. mais en moyen-gallois arnaw, drostaw^ etc.). Les formes de tous les
autres dialectes armoricains remontent à un moyen-breton -af^ vieux-breton -tfm.
Le Mystère des TroU Rois, 529
noir, des gants blancs, sans épée, un ruban de soie pour cravate^ une
robe de chambre sans manches; une couronne fermée jaune; les cheveux
frisés et poudrés^ un sceptre blanc dans la main droite.
Costume de Gasparr.
Une chemisette; des culottes; des bas violets ; des souliers noirs ; des
gants blancs, sans épée; un ruban de soie noir pour cravate; une robe
de chambre sans manches; une couronne ouverte^ jaune ; les cheveux
pendants sans être poudrés ; un sceptre blanc dans la main droite.
Costume de Melkiorr,
Un justaucorps; une chemisette; des culottes; des bas noirs; des
gants blancs, sans épée ; une cravate de toile blanche ; un bonnet de
velours vert, un morceau de toile tout autour, comme les Turcs; les
cheveux serrés clos dessous; la figure noircie; un sceptre blanc dans la
main droite.
Costume de PEcuyer.
Une chemisette ; des culottes ; des bas verts ; un bonnet rouge avec
une peau de martre à le border; un collier de fer-blanc, des souliers
noirs, sans gants ni épée.
Costume de S. Joseph.
Une chemisette; des culottes; des bas; un manteau brun, un bonnet
brun attaché sous le menton ; un chapeau non retroussé par dessus ; une
règle dans la main.
Costume de Parchange Gabriel,
Des souliers et des bas bleus ; un bouquet de soie bleue sur le cœur
et sur chaque épaule: un surplis d'évêque; frisé, poudré et tète décou-
verte ; une verge longue fleurie au bout au moyen d'une petite branche
de joli laurier vert, dans la main gauche.
Gusquemanti S. Miquile,
Ur boiiaette eare, ur plumaette gùaenn tro-ha-tro; ar boqustte
seyaenn ru ardran er bonaette; laereu griss; boteu du; unn aube
danteillaec, ur groaessaraug hag ardran, g^tt seysnneu du, à zrebi > er
gouc béd er grouiss ; ur gravatsnn gued ur seyaenn du ; ur gacol aleurétt,
é vleau frïsétt ha peudrétt ; ur glean nuah sclaer, aell enn [a]rgand en
é zoumn déheu ; ur bladaenn pé bouclierr (a[e]ellou douguein doh é vréhl
é pehani e vou enn hanhue [a] Jésuss I H S, énné zoum cleye.
Gttsquemantt Lucifer,
Ur chemizaettaenn ; lavraec ; Isreu ru; boteu coaitt bourdaell bricaill
Caire ; manégueu du ; ur seinglaenn é [te]rhxl é sabre goulahaenn ; ur
loste cran du hire doh er [se]inglaenn ardran ; ur gordaenn clomed de
gravatxnn ; ur hapuchon ru^ toulétt viss à-viss d'enn eulegatt, d'er
[fr]iy d er beaec, ha d'enn discoarnn, ma vintt guélett brass [er] méss ag
er hapuchon ; ur gouronn bonstasc, tri homn [ni]eutt, pé quaemn arai
jaujabe, é oberr er branqueu ag er gouronn ; ur rangaennic hoamn énn
doumn déheu hafgjur forh deu viziaec énn doumn cleye.
Gusquemand Asmodé Ha Louvic,
Haval vintt peenn-d'er-beenn de hani Luciférr meitt n'ou devou na
boteu, na sabre» na^couronn, na forh.
Gusquemand er Soudant
Ur Bandoliére ; é ouriss hag er glean diar é say [e], é vleau chairétt
édan ur bonaette brunn, staguéd édan é vailloc; unn toque bordéd; hag
ur hocarde gùaenn ha ru unn hallebard boquaettéd énn doumn cleye ;
hemp cravataenn ; maiss gued ur gacol.
Enn Hoarierion zou
Er Roué Hérott.
Enn Ecuyérr.
Baltazarr.
Gasparr.
Maelkiorr.
Jozep.
Enn aele Gabriéle.
I. et. l*cxprcs$ion galloise trybedd yrysgwydfi la clavicule. Trybeddarm. trébiZy hant-
vam. Strebi i le sens propre de trépied.
Le Mystin des Trois Rois. 3 } i
Costume de S. Michel,
Un bonnet d'or, un plumet blanc tout autour; un bouquet de soie
rouge derrière le bonnet ; des bas gris ; des souliers noirs ; une aube avec
dentelles ; une croix devant et derrière, avec des rubans noirs» du
sommet du cou jusqu'à la ceinture ; une cravate avec un ruban noir ; un
hausse-col dore ; les cheveux frisés et poudrés ; un glaive nu brillant
comme Pargent, dans sa main droite ; un plat ou bouclier (qu'il pourra
portera son brasj sur lequel sera le nom de Jésus IHS, dans sa main gauche.
Costume de Luciferr.
Une chemisette; des culottes; des bas rouges; de beaux sabots de
bois de bordeaux i bigarrés; des gants noirs ; une sangle pour tenir son
sabre (latte) ; une queue de crins noirs, longue attachée à la sangle derrière ;
une corde noire pour cravate ; un capuchon rouge, percé en face des
yeux, du nez, de la bouche et des oreilles, pour qu'on les voie grands
hors du capuchon ; une couronne à bonnet, trois cornes de bélier ou
d'autres cornes convenables, pour faire les branches de la couronne;
une petite chaîne de fer dans la main droite et une fourche à deux doigts
dans la main gauche.
Costume d*Asmodé et de Louvic,
Ils seront semblables d'un bout à l'autre à celui de Lucifer, sinon
qu'ils n'auront ni souliers, ni sabre, ni couronne, ni fourche.
Costume du Soldat.
Une bandoulière ; la ceinture et le glaive contre sa robe; ses cheveux
serrés sous un bonnet brun attaché sous son menton; un chapeau bordé;
et une cocarde blanche et rouge, une hallebarde fleurie dans la main
gauche ; sans cravate, mais avec un hausse-col.
Les acteurs sont :
Le roi Hérode
L'écuyer.
Baltazarr.
Gasparr.
Melkiorr.
Joseph.
L'ange Gabriele.
35^
J. Loth.
San Miquéle.
Er Soudant.
LucifeiT.
Asmodé.
Louvic.
Enn ur changein à zillatt, Roll enn Ecuyérr ha hani enn M\t Gabriéle,
a aell forh sss boutt groeitt dré ur [m]éme deinn. Baltazarr, Gasparr,
Maelkiorr, a eell ér faeç[on]zé gobérr Luciférr, Asmodé ha Louvic ;
ha S. Jozep er Soudant.
Hérod a deli perpétt conzein eell ur Roué brass, par[fa]it hag abile,
hemp foaital er place gued é dreitt, [a] criai eell unn disquientctt, pé
ell ur hollay. Er Soudan a um zalh peell ardran que liéss gùéh [majvé
Hérod ar enn tiatre.
BUÉ
ENN TRI ROUÉ.
PRÉLUTT
Enn aie GabriiU.
(Agan ar enn ton quemunn s[e] péhani a chxrvige béd er fin, d'er péh a vou cannett).
FT*:
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^lo»rT in - ourr mé - lo - di é - lein enn Nean hi-ncah
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'lag énn Douarr d*enn Dutt vatt joy, lé - hui - né ha pcah
^^i^îËî^Ëi;
♦ - ■
^
A baerh Jé-suss Map Doué gan - ned é Bét -le-haeir.
Le Mystère des Trois Rois, 3^^
Saint Michel.
Le Soldat.
Luciferr.
Asmodé.
Louvic ' .
En changeant d'habits, le rôle de l'Ecuyer et celui de l'ange Gabriel
peuvent fort aisément être faits par le même homme. Baltazarr, Gasparr,
Melkior, peuvent de cette façon faire Luciferr, Asmodé et Louvic ; et
saint Joseph le soldat.
Hérode doit toujours parler comme un roi, grand, parfait et habile,
sans battre le sol de ses pieds et crier comme un fou ou comme un
taureau.
Le soldat se tient loin derrière, aussi souvent (sauvantes fois) que
Hérode est sur le théâtre.
VIE
DES TROIS ROIS.
PRftLUDE.
L'ange Gabriel.
(Chante sur ce ton commun là, qui sert jusqu'à la fin, à ce qui sera chanté.)
Gloire, honneur, louange du haut du ciel cette nuit.
et, sur la terre, aux gens de bien, joie, allégresse et paix :
de la part de Jésus, fils de Dieu^ né à Bethléem
1. AU mot canaille Cillart donne le pluriel lounguitt; au mot puant il ajoute pnstituie
qull traduit par buviguiss. Vesse est également traduit par Lou£(proooncez /ou à la fran-
çaise) en usage aujourd'hui encore dans tout le vannetais dans ce sens.
E'nn ur hoh march - aus - si ar mm dour - na-dic fosenn.
ŒVRE qUÊTAN
aOLL QUiTAN
(Er Roné Hérod hemp Sxptre, er Soudant.)
Hérod :
(A laiT.)
', . Pih drespétt, péh gonarr, péh folleah ém spérétt
A ra dein unn tourmantt hag ur boénn diremétt.
Mé ritt duhontt duma, unn anquin brass em peznn
Er veistre queu em halon, n'aejlan quéd arxstaenn
Ciehuétt, ha leine, a-rerr, éhéss ur Map gannétt
10. Ag ur Veairh zou Gùiriéss; a vxnn boutt Roué d'er Bétt.
Ha ouah èm Rantelaih boutt Maestre dréss t'on-méP
Mé varhuehai quenntoh ma choufhrainn quemencé.
Raccé red-é-à-beenn dastumein Soudardétt
Aveitt lahein, dismantt massacrein er Marbèttt. >
BIL ROLL
Hérod, Enn Ecuyérr, Er Soudartt.
(Hérodaazé).
Enn Ecuyirr.
(Arlaerh m'enn-déss umblemantt saluded er Roué, a larr)
1 5 . Hur Roué) prononcéd-é dré ur hoh Proféci
Ag enn Tadeu Ebruss, me grétt dré Jeremi
Ë teli gannein daemp, me n'enn dé déjà bétt,
Enn-anni a grouéass hag a gondi er bét;
Map d'enn Tad-Etxrnel, a rey dréé bouissance,
20. De Luciferr creinnein enn Jhuaernn guett doujaoce;
I. Lcg. mabitt.
Le Mystère des Trois Rois. 335
dans une mauvaise écurie, sur une poignée de foin.
ACTE PREMIER.
ROLB PRIMIBR.
Le roi Hérode sans sceptre, le soldat.
Hirode.
(Dit.)
5 . Quel dépit, quelle rage, quelle folie dans mon esprit
me font un tourment et une peine incurables.
Je cours là, ici, une grande angoisse dans ma tête,
le fiel profondément dans mon cœur; je ne puis m'arrêter.
On entend et on lit {entendre et lire on fàit)^ qu'il y a un fils né
10. d'une fille qui est vierge, qui veut être Roi du monde;
et même dans mon royaume, être maître par-dessus moi I
Je mourrais plutôt que de souffrir pareille chose {autant que cela).
Aussi il faut tout de suite rassembler des soldats
pour tuer, mettre en pièces, massacrer les enfants.
SECOND ROLB.
Hérode, l'Ecuyer, le Soldat.
(Hérode s'asseoit.)
UEcuyer,
(Après qu'il a humblement salué le roi dit.)
1 5 . Notre Roi, il est annoncé par une vieille prophétie
des pères hébreux, je crois par Jérémie,
qu'il doit naître â nous, s'il ne l'est déjà,
celui qui créa et conduit le monde,
fils au Père éternel, qui fera par sa puissance
20 . â Lucifer trembler dans l'enfer de crainte,
)0 y. Loth.
Hag a laqey er-ré zou â volante vatt
Paciand er vuhé-ma ; hag euruss gued é Datt.
Hérod.
(A san : a ya énn tu aral d'eon Ecuyérr hag a larr : )
A té gretai jamess é héss dein quenn ardéh
Aveitt chonjal lémél guenein me Rantelëh?
2 ) . Ër Brofécieu-zé é téli boutt scrihuétt
E'ma er Roué Hérott brassan Roué zou er Bett
Sél mé Er Bétt deu hiaule né xW quéd andurein;
Na mé em Ranteieah ur Roué aral choulirein.
Enn Ecuyérr.
(A larr.)
Hur Roué . . . guirr-é, m'er goairr ha mé agré guenoh,
30. E'ma brass hou pouvaerr ; maiss brassoh aveid oh
A vaenn hag a aell boutt, enn-ani é huénan
A zou Roué d'er Rouanne ; d'enn oil, Brass ha Bihan
Ha guaerço > zo dé)a a bér gortérr er Bétt.
Herott.
(A larr.)
Um gontanteaid enn > oll ; eid on-mé né ran quètt.
3 5 . Quenntoh ma andurhxnn Roué aral é Judé
Quemxnnt quérr, castxll, Bourh, a rauvachœnn bamdé.
(Hérod aya d'azéein.)
Enn Ecuyerr :
(A larr.)
Te héss enn e calon unn desirr miliguett,
Coh? brein, a vouabrestt magadurrd'er prinhuétt,
Té fal did araestein volanteyeu enn Nean ;
40. Te nairh né aquitou meitt de goll he ç'inean4.
Er Rouééd a zou bett diaboeissant de Zoué,
A zou bétt punissed er Bétt-man ha goudé.
Nabucodonozorr ha Rouanne à Siri,
Ou oïl madeu, inourr, buhé, na golzand-i?
45. Rac ma unn saouezand einep volante Doué.
Douje n'arrihuehai quemettral guenidé
1 . Pour guers so, cf. gallois y s gwers.
2. Vers, actuelle : hum goatanted enoU.
3. La version aauelle porte corf et la pastorale vieux corps,
4. He ç'inean devrait s'écrire hes inean ; la même ortho^aphe est en vigueur pour \t
possessif de la 2* pers. du pluriel : hou ç'inean pour hous mean, moyen-4>reton hoz <«/•
Le Mystère des Trois Rois. 357
et qui fera ceux qui sont de bonne volonté
paisibles dans cette vie et heureux avec son père.
Hirode.
(Se lève, va de l'autre côté de l'Ecuyer et dit.)
Croirais-tu jamais qu'il y a un homme assez hardi
pour songer à m'enlever ma royauté }
2 $ . Dans Ces prophéties-là il doit être écrit
que le roi Hérode est le plus grand roi qui soit dans le monde.
Regarde-moi . . . Dans le monde deux soleils ne peuvent s'endurer
ni moi, dans mon royaume, souffrir un autre roi.
UEcuyer,
(Dit.)
Notre roi. .. C'est vrai, je le sais et je suis d'accord avec vous,
30. que votre pouvoir est grand ; mais plus grand que vous
veut et peut être, celui-là lui-même
qui est roi des rois, de tous grands et petits,
et longtemps il y a déjà qu'on l'attend dans le monde.
Hêrode,
(Dit.)
Que tout le monde se contente, pour moi je ne le fais pas.
3 ) . Plutôt que d'endurer un autre roi en Judée, [jours.
tout ce qu'il y a de villes, châteaux, bourgs, je ravagerais tous les
(Hérode va s'asseoir.)
UEcuyer,
(Dit.)
Tu as dans ton cœur un désir maudit
vieux pourri qui seras bientôt la nourriture des vers.
Tu veux (// te faut à toi) arrêter les volontés du ciel ;
40. ta force n'aboutira qu'à perdre ton àme.
Les rois qui ont été désobéissants à Dieu,
ont été punis dans ce monde-ci et après.
Nabuchodonosor et les rois de Syrie,
tous leurs biens, honneur, vie, n'ont-ils pas perdu,
4) . parce qu'ils se sont levés contre la volonté de Dieu ?
Crains qu'il n'en arrive autant avec toi. . .
R«r. Ctlt. VIL 21
??8 J. Loîh.
Pé vxrn ditt Roué crouael, dein jalouss ha méchantt,
Heli, Heli, quenntoh, a bairh Doué Olbouissant,
Enn-ani a zisquxnn ag enn Neaneu express,
)o. Aveitt dicouein d'é BobI, enn heentt t'er Baradoéss
Hérott.
(A za d*é Ecuyérr énn unn teonein é fabre a hanterr hag er boute arré présand enn é ouhin.
Andurein quemencé, ha bleau gùxnn ar me fxnn!
N'xlian quétter gobérr; gued anquin è varhuanin.
Quétan hur bé raszon ag er Hroaiduric-cé
A larérr a vsenn boud ag er Béd oll er Roué.
S5. Rac n'ispairgnein hanni. Quemenntt Map zou gannétt
A onde seih vlai sou, bloh > é veint massacrétt.
Enn Ecuyèrr :
Credet ennta ha groeid er-péh a garehétt,
Ganned é à dra sur mestre ha Salvérr er Bétt
Dastumétt Soudardétt, lahéd er Vugalé;
60. Birhuiquin n'er havétt ; goarnétt mad é guett Doué.
Hérott :
Goapeid on d'em Princett. . . Ha pérac na vehenn,
Penn dé me servitourr é tisputai doh haenn P
Quita, Deinn re hardéh menn Doarr ha me faixss
Te laqua me spérett ha me halon diaess.
ROLL TRIVETT.
Hérod, er Soudartt.
Hérott.
(Doh tou é huénin.)
65. Penauss! Prononced é dré enn oll Profaetétt
E'teli boutt ganned ur Map vou Roué er Bétt. . .
Ha pihue vehai henéh ! Ne xll boutt meid on mé.
Pérag ennta larérr hemp goud er honteu-zé?. . .
Clasquein unn Ecuyérr Meenn é hein de gavétt
70. Unangùaell eit henéh; Soudartt, arlerh... ridaett.
1 . Bloh très employé en haut-vannetais. Au mot totalité^ l'auteur du dictioniiaiiv
français-vannetais dit de PArmerye fait cette remarque : il est original de voir de qoci
ton les Comouaillais préfèrent toutt à bloh.
Le Mystère des Trois Rois. j Î9
Que te faut-il > , roi cruel, homme jaloux et méchant?
Suis, suis plutôt, de la part du Dieu tout-puissant,
celui qui descend du ciel exprès
(0. pour montrer au peuple le chemin du paradis.
Hirodi,
(Va à TEouyer en tirant son sabre à moitié et le fourre de nouveau dans son fourreau.)
Endurer pareille chose, et des cheveux blancs sur ma tête !
Je ne puis le faire, de douleur je mourrais.
D'abord ayons raison de ce petit enfant-là
que l'on dit vouloir être de tout le monde le roi.
5 $ . Car je n'épargnerai personne. Tout garçon né
depuis sept ans, tous seront massacrés.
LEcuyer.
Croyez donc et faites ce que vous voudrez :
il est né assurément le maître et le sauveur du monde.
Rassemblez des soldats, tuez les enfants;
60. jamais vous ne le trouverez; il est bien gardé par Dieu.
Hèrode.
Je suis moqué par mes Princes... Et pourquoi ne le serais-je,
puisque mon serviteur est à se disputer avec moi }
Quitte, homme trop hardi, ma terre et mon palais;
Tu rends mon esprit et mon cœur mal à Taise.
ROLE TROISIÈME.
Hérode, le Soldat.
Hèrode. *
(A lui-même)
65. Comment! Il est annoncé par tous les prophètes
qu'il doit être né un enfant qui sera roi du monde...
Et qui serait celui-là ? Ce ne peut-être que moi.
Pourquoi donc dit-on, sans savoir, ces contes-fà.^...
Je vais chercher un écuyer. — Où irai-je en trouver
70. un meilleur que celui-là: soldat^ après... courez.
I . Vem n'a habituellement que le sens d'importer : petra vem d^id signifierait aujour-
d'hui : que t'importe- t-il.
540 J. Loth.
EPISODD
ROLL QUBTAN.
San Miquéle, Enn x\t Gabriéie.
Enn aie Gabriéie,
Prince ag enn ol M\é^ Petra zou arihuétt
Ër Baradoéss goudé ma honn bett dégassétt
Ar enn doarr de vannein migélicord ha peah
A bairh Jésuss Map Doué, a zou gannétt hineah?
75 . Er glean luem, enn hoarnn brass, a huélan enn hou tourna
Er groéss ar hou calon ; armétt béd enn aournn ; >
Hou teulcgatt ru tan, ha hou face é colserr :
E'haicé justt é ouaih einep de Luciférr.
San Mi^uéle,
Quevéleu mad em-éss, Gabriel, ettt Map-Deinn;
80 . Einép tehou n'enn don na ne vein birhniquelnn ;
M'er har ha m'enn dihua^nn doh ur vandsenn Diaulaett,
A zou puar-mil vlai sou, haval-é, achapétt
M\\ ambassadour mad ag ur gannédiguiah,
A zégasse d'enn Doarr pep-sortt pihuidiguiah,
85. Couviétt Buguelion d'adoreinguai, coutantt,
Dr Hroaidurr peurr énn Doar hag énn Nean quer pouissantt
Ha mé, Feahour d'enn Diaul, mé rey dehou criai
Doh enn a.'i quer stairtt que' n œllou meitt harhal.
Mar carétt menn 3 gortoss m'em bou enn ur guéhétt
90. Garotxtt Lucifxrr hag é oll consortétt.
Enn aie GahrieU.
Hui vou é em ortéye mar labourétt quer buon.
Pégource é vein paré a me homicion?
Noss vou, pé dostt, aséss : Né ra ouahenn Tri Roué
Meitt mond é Ti Hérod, enn Tirand à Judé.
EIL ROLL.
Enn aie Gabriéie,
95 . N'enn-dess nameid unn Doué a aell crouéein é barr !
Ean hou chairou, Diaulétt, na vaih quéd énn arvarr.
I . Aom ou arzom poignet (L'Armerye).
i. Pour Ken n'eUou.
} . On prononce menghortos.
Le Mystère des Trois Rois. 341
EPISODE.
ROLE PREMIER.
Saint Michel, l'ange Gabriel.
Uange Gabriel .
Prince de tous les anges, qu'est-il arrivé
dans le Paradis après que j'ai été envoyé
sur la terre pour annoncer miséricorde et paix
de la part de Jésus fils de Dieu, qui est né aujourd'hui ?
75 . Le glaive aigu, le grand fer^ je vois dans votre main,
la croix sur votre cœur, armé jusqu'au poignet,
vos yeux {deux yeux) rouge feu, et votre face en colère :
ainsi tout juste vous étiez contre Lucifer.
Saint MicheL
Bonnes nouvelles j'ai^ Gabriel, pour l'Homme (dans le sens de genre
80 contre lui je ne suis ni ne serai jamais ; [humian,
je l'aime et le défends contre une bande de diables,
qui sont, il y a quatre mille ans, il semble, échappés...
Comme bon ambassadeur de la Nativité,
apportant {qui apporte) à la terre toute sorte de richesses,
85 . conviez les bergers à adorer gaiement, joyeusement,
le pauvre enfant sur la terre et dans le ciel si puissant.
Et moi, vainqueur du Diable, je lui ferai crier;
en le liant si serré qu'il ne pourra pas aboyer.
si vous voulez m'attendre, j'aurai chemin faisant,
90. garrotté Lucifer et tous ses compagnons.
Uange Gabriel.
C'est vous qui m'attendrez si vous travaillez si vite.
Quand serai-je débarrassé de ma commission }
Il sera nuit ou assez près ; les trois rois ne font
que d'aller chez Hérode, le tyran de Judée.
SECOND ROLE
Uange Gabriel.
95 . Il n'y a qu'un Dieu qui puisse créer son pareil !
C'est lui qui vous ramassera, Diables, ne soyez pas en doute.
342 y. Loth,
ROLL TRIVBTT.
(Tauleu ha cri, a gléhuérr).
San Miqaile.
(E'rondache, ihuél doh é vréh, a gampxun é vonnaett, è gacol hag é seyxnnen.)
Crignaennd ou rangœnneu ; sur ou-dess de grignatt
Quapntt ma um zistagueintt ou-dèss de hilguaennatt '
Mais ne méss ariétt meid ardro eon antérr ;
100. Er gùdian lod a chom ha libre é Luciférr.
ROLL PUARVBTT.
Luciferr.
(Énn ur gadoairr a ra minea vile hag a venace gued è forh ha gued é rangœnnic»)
ROLL PUEMVETT.
Lucifer, Asmodé, Louvic.
(Asmodé ha Louvic guett pep darne flatnbèau roussin énn douran deye, a rid ar ou hnb-
inieu, unau duman, enn aral duhonntt ; hag a scrimpe, œil chassigueu ; Lodferr a
hoarh dijauge.)
ROLL HUBHVBTt.
s. Miquèle, Luciferr, Asmode, Louvic.
San MiqiitU,
(A larr.)
Téhett, Loniîéd ifam, Tosséguétt, hag Airon >
iEspiguett ha Bouhétt ; na té, me Amperhon.
(S. Miquéle a daule Luciferr hag é gadoairr ; er forh, er gouronn hag er gsdoairr a
chom ar enn tiatre; maiss enn tri Diaule a rid erauc S. Miquèle, père a ra ou fiiir
dihue huéh enn dro. S. Miquele el ma dremeine dirag enn tiatre a larr unan ag enn
eu huerz'ma.)
Ou hanhueu a bussunn. . . Bexg unn aele a deli. . .
Um ouarnn eid enn Drindett, de gannein mélodi.
ROLL SEIVÉTT.
(Cri ha tauleu a gléhuérr ardrann enn Tiatre.)
San MiquiU,
(Enn ur stleijal à bout ' ur rangaenn Luciférr diarr é grabinieu, a chom énn tutn * caire,
a larr).
10$. Me zou Miqusele, Arhaeie, Capitein Triomfantt,
Massajourr, dréss er real, d'onn Hrouéour oibouissantt.
1 . Nous n'avons pas trouvé ce mot dans les dictionnaires, et il n'est pas en usage
dans tout le vannetais. La version actuelle des Trois-Rois le donne encore.
2. Pluriel de aer serpent ; airon ou aeron est pour nacroUy la langue ayant confondu
l'A initiale du mot avec Vn finale de l'article, naeron = natroneSj comme aer s natru,
). Ordinairement a bois,
4. Ordinairement tu^ia.
Le Mystère des Trois Rois. 543
ROLE TROlSiftME.
(On entend des coups et des cris.)
Saint Michel,
(Sa rondache haute à son bras, arrange son bonnet, son hausse-col et ses rubans.)
Qu'ils rongent leurs chaînes ; sûr^ ils ont à ronger
avant qu'ils ne se détachent ils ont à grigiiotter > ?
mais je n'ai lié qu'environ la moitié;
100. la meilleure part reste, et Lucifer est libre.
ROLB QUATRIÈME.
Lucifer.
(Sur une chaise fait de laides mines et menace de sa fourche et de ses chatnes.)
ROLB CINQUIÈMB.
Lucifer, Asmodée^ Louvic.
(Asmodée et Louvic, chacun avec un morceau de chandelle de résine dans la main gauche,
courent à quatre pattes (m.-à-m. sur leurs griffes), l'un ici, l'autre là; et crient (m.-à-
m. hennissent) comme des petits chiens; Lucifer rit d'une façon hideuse ^)
ROLB SIXlftHB.
Saint Michel, Lucifer, Asmodée, Louvic.
Saint Michel,
(Dit.)
Allez, bètes infâmes, crapauds, serpents,
aspics et boucs, et toi, mon ver de terre (gredin).
(Saint Michel jette Lucifer à bas de son siège ; la fourche, la couronne et le siège restent
sur le théâtre ; mais les trois diables courent devant Saint Michel, et ils font (lesquels)
tous les quatre font deux fois le tour. Saint Michel comme il passe devant le théâtre dit
un de ces deux vers-ci (un à chaque tour) :
Leurs noms infectent... La bouche des anges doit
se réserver pour la Trinité, pour chanter louange.
ROLB SEPTIÈME.
(On entend des cris et des coups derrière le théâtre.)
Saint Michel.
(En traînant suspendu à une chaîne Lucifer à quatre pattes, et qui reste à l'envers, dit :)
105 . Je suis Michel archange, capitaine triomphant,
messager, par-dessus les autres, de notre créateur tout-puissant.
I. Dijauje a proprement le sens de peu convenable»
Ar he gouste é xlléss, goann louss, me hanaouein,
Penn douss à oudévéh é vleijal, è hodein. . .
Nœlliss quéd he ç'andurr, è clasque unn um séhuéle,
1 10. Ihuéloh eitt me Maestre, pé el dou quenn ihuéle;
Mè gonzass er hétan, hag helieih ar me Iserh,
Aveitt brezelécatt doh hid à honn oïl naerh.
Pihat zou Havaldoh Doué f a lariss ; x\ ur giean,
Er-guir-zé, nétra quin, he ç'abimass ènn tan.
Luciferr :
(A ra unn taule scrimpe hag a sau doh er rangœun ar è han-azé.)
115. Pétra zou? A béban ? Pénauss é ? Ha pèrac ?
Rèd è ma héss arihue unn nehuetaitt bénac.
Lausque-mé, Miquél Brass, m'enn distroiein d'em lavarr,
Pé mé heijou enn Nean, enn Ihuaeron hag enn Doarr.
S. Miquéle.
(A sau è glean, Luciferr a gri.)
Satan, crédein a-réss séhuèl arré he peenn
1 20 . Einèp d'enn Eutru-Douè ! Crisquein a-rey he boaenn ;
Hag o-peenn, Miliguétt, lémél a-ra guenitt.
Er bili ar Map Deinn, drè Jésuss Croaiduric.
Na vaiss mui énn arvarr ; ché ean > enn nèhuététt
A rejouiss enn Dud, a gonfond enn Diaolétt.
(s. Miquéle a voûte Luciferr ardran : hena * a hudé inou deu daul.)
EILE ŒVRE
ROLL Q^UliTAN.
Hérod, Enn Ecuyérr, er Soudartt.
(Hérod a azé.)
Enn Ecuyerr :
125. Hur Roué, cléhuéd em-éss é héss arihue présantt
Tri Roné énn hou Paiœss, à zou enn Oriantt ;
Eure, Mirr hag Ezance, a larérr zou gueté
De gueniguein d'où Roué, d'où Salvérr ha d'où Doué.
Hirott :
Mé fai dein conss doh tai . . . Pihue enn-déss intt disquètt
ijo. De zélézel ou bro, queraenntt hag amiétt,
1. Habituellement che-de ou chetu pour j«/-rfe {CathoUcon) seUet-u ; ean = «^dn moyen-
breton. Che ean est probablement pour chel ean. On prononce cheyan.
2. hena propre au haut-vannetais pour celui-ci; bas-vannetais hinan ailleurs heiMfi.
Le Mystère des Trois Rois. 345
A des dépens tu peux, saie charogne, me connaître,
puisque tu es depuis à rugir et hurler...
Je n'ai pu t*endurer à chercher te lever
110. plus haut que mon maître, ou aussi haut que lui;
j'ai parlé le premier, et beaucoup d'autres après moi,
de faire la guerre contre toi de loute notre force,
Qui est semblable à Dieu f dis-je ; comme un glaive,
ce mot-lâ, rien de plus, t'abtma dans le feu.
Lucijer,
(Liche un hennissement (m.-à-m. fait un coup de hennissement) et se lève, suspendu à
la chaîne, sur son séant.)
115. Qu'y a-t-il ! D'où ? Comment ? Et pourquoi ?
Il faut qu'il soit arrivé quelque nouveauté.
Laisse-moi, grand Michel, me détourner suivant ma parole ?
ou bien je secouerai le ciel, l'enfer et la terre.
Saint Michel.
(Lève son glaive, Lucifer crie.)
Satan, tu oses lever de nouveau la tète
1 20 . contre le seigneur Dieu ! Il accroîtra ta peine,
et de plus, maudit, il t'enlève
le pouvoir sur l'homme, par Jésus petit enfant.
Ne sois plus en doute ; la voilà, la nouveauté
qui réjouit les hommes et confond les démons.
(Saint Mtchd jette Lucifer derrière; celui-là hurle là deux fois.)
DEUXIÈME ACTE
ROLE PREMIER.
Hérode, i'Ecuyer, le Soldat.
(Hérode s'asseoit.)
UEcayr.
12$. Notre roi — j'ai entendu qu'il est arrivé à présent
trois rois dans votre palais (venant) du côté de l'orient ;
de l'or, de la myrrhe, et de l'encens, on dit qu'ils en ont {^uUst avec
pour offrir à leur Roi, à leur Sauveur et à leur Dieu . [eux)
Hérode,
Je veux leur parler. — Qui leur a appris
1 30. à abandonner leur pays, parents et amis.
346 J. Loth.
Aveitt donéd aman dé gléhuétt quévelleu
[A] ouairan mé a-boœnn, hag a laran zou gueu ?
(Enn Ecuyérr a zoug ar ur mouchene caire é saeptre d'er Roué Hérott.)
Hastétt, me Ecuyérr, quxrétt buan hemp tardein ;
Larétt d'en tri Roué honntt donétt d em saiudein.
EILB ROLL.
Enn Ecuyerr, Enn Tri Roué.
Enn Ecuyerr.
(A larr.)
13$. De'matt teoh, Tuchxnntil ; davaied-on express
Ordreinéd enn déss tein me Masstre Herodéss
Gobérr doh antréein énn é Baléss hou tri ;
Mena eell hou cuélétt né vou quétt dissourci.
Raccé, mé hou supli, quaennt ma yehaitt paelloh,
140. Antrééd énn é di, ean a vaenn conss doh oh.
Baltazarr.
{Mt\ pé gannehai. Tud a zonne enn Oriantt a gan, haval véhai, a bé gonzaott.)
Pardonnétt taemb, Eutru^ ni zou tutt divroett ;
Né ouzamp > quéd enn hennt, ni a zou fariétt ;
Pur bezé can gouiétt, surmad el laramp teoh,
Ur bezé, Ean gùélétt qusennd eitt monétt peelloh ;
145. N'ur behai que manquétt, œil meidé hunn devxrr
De saiudein ur Roué zou quer brass é bouvxrr.
Enn Ecuyerr,
(a larr)
Deitt, Tuchenntil, hardéh, ar menn guirr avancett
N*ou pou que droug é quiss nag é faeçon er-bétt.
ROLL TRIVBTT.
Hérod, Er Soudartt.
Hérott.
(A larr doh tou è huénan.)
M'écuyérr a me fairh express em-ess cassètt
1 50. D'ataerse reih pihue é enn dutt-cé divroett.
I. cf. la forme des mabina'gion wdam. Il est vrai que la première personne da pluriel
de tous les verbes à l'indicatif prés. act. est dans tout le vannetais en-tfwi; aujourd'hui Ii
forme ordinaire est gouyam. La 2* pers. du plur. est cependant encore le plus soavoit
en bas- vannetais f^ouzoch.
Le Mystère des Trois Rois, 347
pour venir ici entendre des nouvelles
que je sais moi à peine, et que je dis être fausses?
(L'Ecuyer porte sur un beau mouchoir son sceptre au roi Hérode.)
Hâtez-vous, mon Ecuyer, allez vite sans tarder ;
dîtes à ces trois Rois-là de venir me saluer.
ROLE SECOND. .
L'Ecuyer, les trois Rois.
L'Ecuyer,
(Dit.)
135. Bon jour à vous, gentilshommes, je suis envoyé exprès,
mon maître Hérode m'a ordonné
de vous faire entrer dans son palais vous trois ;
s'il ne peut vous voir, il ne sera pas tranquille.
C'est pourquoi, je vous supplie, avant que vous n'alliez plus loin
1 40 . entrez dans sa maison ; il veut vous parler.
BaîUzar,
(Comme s*i\ chantait. Les gens du fond de l'Orient chantent, semble-t- il, lorsqu'ils parlent.)
Pardonnez-moi, seigneur, nous soifimes des étrangers ;
nous ne savons pas le chemin, nous sommes égarés ;
si nous l'avions su, nous vous le disons sûrement,
nous l'aurions vu avant d'aller plus loin ;
145. nous n'aurions pas manqué, comme c'est notre devoir,
de saluer le roi dont le pouvoir est si grand.
L* Ecuyer.
(Dit)
Venez, gentilshommes, hardiment, sur ma parole avancez
vous n'aurez de mal de nulle façon ou manière au monde.
ROLE TROisiÈME.
Hérode, le Soldat.
Hérode.
(Se dit à lui-même.)
Mon ecuyer de ma part exprès j'ai envoyé
I )o. pour savoir net (m. à m. pour interroger) qui sont ces étrangers;
348 J. Loth
M'ou gù é le ; ou gusquemand, ou min, ou hardehtaitt
A ra d'ein goud émantt tud abil ha parfaitt.
(Herod a ya d'azéem.)
ROLL PUARVITT.
Hérod, enn tri Roué, Enn Ecuyérr, Er Soudartt.
Herod.
m
(A ya énn-arbxnn > hag a larr.)
Tosteitty me amiétt, ha deitt matt revehaitt;
Larett tein à bairh pihue, na pétra a glasquétt ;
155. A bébéh > bro é tétt, meenn i é fal doh monétt ?
M\\ ma ouzah erhad, un Roué brass aell on-mé
A zou perpétt curiuss de oud er huirionné.
Enn tri Roué,
(A ra eon eile arUerh éguilé pepani on umble revelance de Herod azéétt, ha nezè a gan
ar unn dro, ar enn ton zou érauc, pagaenn ) .)
Ë hamp de adorein honn salvérr ha honn Doué
Deid aveid omb er bétt d*ur prenein dré druhé,
160. Penn dé deit quenn izéle ha meidé bétt gannétt
D'éfacein er fauteu unn éss ni comaetétt.
Hirod.
(Azèètt a larr.)
Quérétt, hui a rey dein er blijadurr brassan ;
Gratt vad a ouyein doh ; «jamess n'enn ancoéhan 4.
Tremeinnëtt dré mé zi, aell ma retournehétt,
165. Quaennt monéd éhué mé, mé vaenn ouah hou cuélét.
Ëhonn ingorto mad, xll oh enn adorein,
Hag unn donaezon caire a vaennan dehou rein.
1. Forme intéressante si on la compare au gallois erbyn qui a aussi le sens de à la rcR-
cotttre de, au-devant de. Arbenn ou plutôt en arbinn n'a guère, en armorique, que le sens
de au-devant, Ar gouvernant en irlandais l'accusatif et le datif, on peut supposer qoe
arbenn donne une forme accusative, si etbyn suppose un datif.
2. Pe bèh (giU. pa beth) ne s'emploie guère que dans le sens exdamatif.
3. Ménn cou» ne s'emploie qu'en vannetais, cf. gallois myn là oiï{Mabinogm pasào.
livre noir, éd. skene^ II, p. 43 ; myn yd uo truin yd ao trev, là où il y aura un sa, il
y aura étemuement ; cette pièce est une des plus mal comprises du recueil, et ce n'est
pas peu dire.)
4. Ancoéhan forme remarquable, dans le sens du futur, si elle n'a pas été amenée par
les besoins de l'assonance. Cf. le présent hitur gallois en af. On trouve deux exemple
du même emploi de la forme en -an (moyen bret. af) dans le recueil de cantiques de
«7M»P. i)î:
jamxss n'er huitan
birhutquin na bihue na marhue dehou ne vancan.
n jamais, je ne le quitteraiy jamais, ni vivant ni mort je ne lui manquerai. »
Le Mystère des Trois Rois. ^9
je les vois ; leur costume, leur mine, leur assurance
me font savoir que ce sont des gens habiles et accomplis.
(Hérode va s'asseoir.)
ROLE QUATRIÈME.
Hérode, les trois Rois, TEcuyer, le Soldat .
Hérode.
(Va au devant et dit.)
Approchez, mes amis, et soyez les bienvenus.
Dites-moi de la part de qui, et ce que vous cherchez
155. de quel pays vous venez, où vous voulez aller ?
Comme vous le savez bien, un grand roi, comme moi,
est toujours curieux de savoir la vérité.
Les trois Rois.
(Font l'un après l'autre chacun une humble révérence à Hérode issis, et alors chantent
ensemble, sur l'air qui est avant, page 3.)
Nous allons adorer notre Sauveur et notre Dieu,
venu pour nous dans le monde — pour nous acheter par pitié ;
160. puisqu'il est venu si bas, et qu'il est né
pour effacer les fautes que nous avons commises.
Hérode.
(Assis, dit.)
Allez, vous me ferez le plus grand plaisir :
bon gré je vous aurai ; jamais je ne l'oublierai.
Passez par ma demeure, comme vous retournerez ;
165 . avant d'aller moi aussi, je veux encore vous voir.
Je suis bien dans l'attente, comme vous, de l'adorer,
et un beau présent je veux lui faire.
350 y. Loth.
MVKE TRIVETT.
ROLL QUÉTAN.
Jozep, Gabriéle, Limage er Huiriéss a hani Jésuss.
(El Limageu a zizolérr.)
Enn jEU GabriiU :
(Ardran Limage er Huiriéss a larr aveitt hi.)
Jojep me Friaett douce, mègleu scoein ar enn orr;
C^érétt ; penauss-bénac meidé aess de zigorr.
BILB ROLL.
Jozep, Enn Tri Roué, Enn M\t Gabnéle.
Jozep.
(A larr.)
170. Deitt, deitt ma^ revehaitt, inourable Roanne,
De huélétt honn Salvérr, honn Eutru ha honn Doué,
Mar déd à Oriaenntt, gued ul lovad à boaenn
E'hoh arrihue aman ; E'nn Nean de virhuiquein
E'vehaid a dra surr recoupansétt gued Doué.
175. Gued er Seennt, Santezéd ha gued enn oïl aclé.
Enn Tri Roué.
(A gan ar unn dro.)
Er peah revou aman perpéd, xll mi havamp ;
Mesnn é-ma er Hroaidur, péhani a glascamp,
M\\ m'enn-dé discoeitt temp dré sclaerderr ur stiraenn,
Enn-déss hunn dégassétt à honn bro d'enn Doarr-mxnn ?
Enn jEU GabriiU,
(Eid er Huiriéss a larr.)
180. A béh bro oh, mar plige, à zoh enn Arabi
Ag à Vordeu Saba pè â Darce é tétt-hui?
Cas par r.
(A gan.)
Ni zou à ziabsll, deitt d'inourein ur Roué,
A vexnn, eitt hur prenein, ér groéss coll é vuhé
Hemb ancouéhad é vam, a saludhaimb éhué,
185. Ma vou Avocadéss aveid omp dirac Doué.
I . Deitt ma leg. deitt mat.
Le Mystère des Trois Rois. 3 5 1
ACTE TROISIÈME.
ROLE PREMIER.
Joseph, Gabriel, Timage de la Vierge et celle de Jésus.
(On découvre les images.)
Vange Gabriel.
(Derrière l'image de la Vierge dit pour elle.)
Joseph, mon doux époux, j'entends frapper à la porte.
Allez, quoiqu'elle soit facile à ouvrir.
ROLE SECOND.
Joseph, les trois Rois, l'ange Gabriel.
Joseph.
(Dit.)
1 70 . Venez, soyez les bienvenus, Rois honorables,
voir notre sauveur, notre seigneur et notre Dieu ;
si vous venez de l'Orient, avec beaucoup de peine,
vous êtes arrivés ici ; dans le ciel pour toujours
vous serez assurément récompensés par Dieu,
17$ . avec les saints, les saintes et tous les anges.
Us trois Rois.
(Chantent ensemble.)
Que la paix soit toujours ici, comme nous la trouvons ;
où est l'enfant, que nous cherchons,
comme il nous est montré par ta clarté de l'étoile,
qui nous a amenés de notre pays à cette terre-ci.
Uange Gabriel.
(Pour la vierge dit.)
1 80 . De quel pays êtes- vous, s'il (vous) platt ? de l'Arabie,
ou des bords de Saba ou de Tarse, venez-vous ?
Gaspar,
(Chante.)
Nous sommes de loin, venus pour adorer le roi
qui veut bien, pour nous acheter, sur la croix perdre la vie,
sans oublier sa mère, que nous saluerons aussi,
185 . pour qu'elle soit avocate pour nous devant Dieu.
ÎJ2 ;. Loth.
Melkiorr :
(A gan.)
Tostamb entita honn tri : na vaimp que parxssus,
D'adorein à galon hunn Doué carantéuss :
Queniguiam tehou Eure, Mir hag Ezance ehué
M'ul laquey él léh mad èr fin à honn buhé.
(Alumein à-rérr deu bilaette dirag el Limageu ; Jozep a azé doh costé er Hairiéss.)
Baltazarr,
(Ar é zeulin distroeid être Jésuss hag er Boble, é gouronn hag é Yab-Royal ar eim
douarr, é zonjezon ènn dourno dey, a gan.)
190. Ur Ranteleah em-ess ; rag ag ur goaitt Royal
Guenedig on saouétt, me hanhue é Baltazal
Meitt mé hanaù ur Roué, brassoh aveitt januess
N'enn-dèss bett na né vou, gannéd ag ur Huiriéss.
(Baltazarr a laca é zonxzon ar er bassaette doh treitt Jésuss ; a vogue dehai ; a guenérr é
gouronn hag é Sxptre a chom énn é sau à gosté. Enn eu Roué aral a rey éhalcé.)
Gasparr.
(Ar é zeulin, etc. a gan.)
Gasparr om-roé hanhuett ; né veennan quètt nahein
19). Hanaouéd aveitt Roué; maiss deid-on d'adorein
Er Messi, Roué ha Doué; aveitt ur hass d'enn Nean,
Enn déss quemerd, aell omp ur Horff hag unn inean.
Malkiorr.
(Ar é zeulin, etc., agan.)
Mœlkiorr é me hanhue Moriein dré accidantt
Hanaouéd ar menn Douarr ur Roné brass ha pouissant ;
200. Meitt berma mé guita enn inourr a voutt Roué;
Mé veenn boutt servitourr dirac Roué er Rouanne.
Enn jEU GabrUU.
(Eid er Huiriéss a larr.)
A hou tonœzonneu enn hou trugairécan
E-ouèss reid a galon, Princétt d'ero Map bihan.
Baltazarr,
(A gan ag é sau, è gouronn ar é beenn.)
Enn Eure a veenn laréd é vou Roué er Hroaidurr;
305. Uruss vou er Bétt-ma qùitt à oual avanturr,
Ë Rantelah a vou straouéd oll dré er Bétt,
M\\ m'enn-déss larett teemp Izài er Profétt.
Le Mystère des Trois Rois. j 5 j
Melkiorr.
(Chante.)
Approchons donc nous trois ; ne soyons point paresseux,
pour adorer de cœur notre Dieu charitable :
oifrons-lui de )'or, de la myrrhe et de Tencens aussi,
pour qu'il nous mette en bon lieu à la fin de notre vie.
(On allume deux cierges devant les images ; Joseph s'asseoit à côté de la Vierge.)
Baltazar.
(Sur ses deux genoux, entre Jésus et le peuple, sa couronne et son bâton royal à terre,
son présent dans sa main gauche, chante.)
190. J'ai un royaume; car d'un sang royal
Né, je suis sorti, mon nom est BaltazaI ;
mais je connois un roi, plus grand jamais
il n'y en a eu ni il n'y en aura, né d'une Vierge.
(Baltazar met son présent sur l'escabeau aux pieds de Jésus, les embrasse; prend sa
couronne et son sceptre, reste debout de côté. Les deux autres rois feront de même.)
Gasparr.
(Sur ses deux genoux, etc. , chante.)
On m'appelle Gasparr, je ne veux pas le nier,
195 . connu comme Roi ; mais je suis venu pour adorer
le Messie, roi et Dieu ; pour nous envoyer au ciel,
il a pris, comme nous, un corps et une âme.
Malkiorr.
(à genoux, etc., chante,} ..
Mœlkiorr est mon nom, noir par accident 2,
connu sur ma terre comme nn roi grand et puissant ;
200. mais à présent je laisse l'honneur d'être roi ;
je veux être serviteur devant le roi des Rois.
Uange Gabriel,
(Pour la Vierge dit.)
De vos présents je vous remercie,
(ces présents) que vous avez donnés de cœur, princes, à mon petit (ils .
Baltazarr.
(Chante et se lève, sa couronne sur la tête.)
L'or veut dire que l'enfant sera roi ;
205. il sera heureux dans ce monde-ci, à l'abri de mauvaise aventure ;
sa royauté sera répandue à travers le monde entier,
comme nous l'a dit Isaîe le prophète.
I. Pastorale française: Melchior suis nommé, Maure par accident.
Rev. Cclt, VU. 2)
^54 ^- l^oth.
Gasparr.
(A gan ag é siu, etc.)
Croaidurr leinea zoustérr n'enn don que bétt ingratt.
E'zance zou me frezantt a ran à galon vatt.
Enn jEU GabrUlc.
(Eid er Huiriéss a iarr.)
210. Gasparr, Deinn forh- abii saouéd ag er Rouanne
Larétt-tein, mé hou pétt, er Mistérr zou azé,
Pétra a senefî en E'zance a huélan,
Deitt quenoh é présantt d'em Hroaiduric bihan ?
Gasparr.
[A gan.)
0 mam Croaidurr de zoué, Mam de Roué enn M\eXi
215. Dré enn E'zance-man é hanauarop parfett.
Hou Mab a olvisco ah gannéd à zoué enn Tatt
Quer coh aell dou, quer cairr, quer pouissantt ha quer matt.
Malkiorr.
Recehuéd er Mirr-Zé, 0 me Salvérr Jésuss
A galon er ran deoh, na rétt qued er refuss,
220. i^ll d'en neimb a delihunn teennein à vizérr.
Hunn golhein enn é ouaid ar lein manné Calvérr.
Enn jEle GahriéU.
(Eid er Huiriéss a Iarr.)
Trugairécatt, Princétt, a hou tonxzonneu
E-ouéss bétt reitt t em Mab, à greiss hou calonneu.
Enn Tri Roui.
(Digabxi ar ou deuUn a gann ar unn dro.)
Guiriéss ni hou supli, à greizic hur halon,
22 $ . Pédélt hou Map Jésuss aveid ér béhérion ;
Ma bardonnou dehai ou fauteu comxtétt
Ma veintt gued er-ré Vader Baraouiss salvétt.
EnnjEle GabriiU.
«
(Eid er Huiriéss a Iarr.)
Crédéd a dra certeinn é vein Avocadéss
Dirac Jésuss me Mab eitt ai ér^Baradoéss.
(Lémél a-rérr el Limageu hag er piljetteu.)
Le Mystère des Trois Rois. j 5 5
Gasparr.
(Chante et se lève, etc . )
Enfant plein de douceur, je n'ai pas été ingrat :
de Tencens est mon présent, que je donne de bon cœur.
L'ange Gabriel.
(Pour la vierge, dit )
210. Gasparr, homme très habile, sorti des Rois,
dites-moi, je vous prie, le mystère qui est là :
que signifie Tencens que je vois,
venu avec vous en présent à mon petit enfant ?
Gasparr.
(Chante.)
O mère du fils de Dieu, mère du roi des anges,
215. par cet encens-ci nous reconnaissons .parfaitement
votre fils à tout jamais né de Dieu le Père,
aussi vieux que lui, aussi beau, aussi puissant et aussi bon.
Mxlkion.
(Chante.)
Recevez cette myrrhe-là, mon sauveur Jésus ;
de cœur je vous la donne, ne me refusez pas,
220. comme à celui qui doit nous tirer de misère,
nous laver dans son sang sur le haut de la montagne du Calvaire.
Uange Gabriel.
(Pour la Vierge dit.)
Merci, princes, de vos présents
Que vous avez donnés à mon fils, du fond [milieu) de vos cœurs.
Les trois Rois.
(Découverts, à genoux, chantent ensemble.}
Vierge, nous vous supplions du fond de notre coeur,
22s . priez votre fils Jésus pour les pécheurs,
pour qu'il leur pardonne leurs fautes commises
pour qu'ils soient avec les bons sauvés dans le paradis.
L'ange Gabriel.
(Pour la vierge dit.)
Croyez assurément que je serai avocate
devant Jésus mon fils pour eux dans le paradis-
(On enlève {enlever on fait) les images et les cierges.)
J56 J. Loîh.
ROLL TRIVBTT HA D<UtfHAN.
Enn M\e Gabriéle, Enn Tri Roué.
Enn /EU GabriiU.
(A larr d'enn Tri Roué enn ousiu.)
230. Cléhuétt, Rouéett déuott me zou deid a-bairh vatt
Eitt hou ç'avertissein d'obérr doh éhuéhatt.
Hérod, enn dinaturr, né glasque roeitt hou lahein
Mar guxll ouah enn é di ur huéh hou ç'atrapein :
Ean a fal dehou goutt meaenn é e-ouéss cavétt
235. Er Messi, d'eMahein ; meitt guett Doué é goarnètt. . .
Disquétt d'où Sugité er-péh e-ouéss gùelétt
Ma tougeind er gùirr Doué ha-mér hareintt parfétt.
(Enn JE\e a dro der Boble hag a larr.)
Ha hui, Poble devott, quérétt d'er guérr a-beenn,
De gannein noelaenneu ; enn amzérr er gouleenn.
(Mena verr énn ur Chapêle, enn xle a ra una umble revélance.)
(A bé vérr , é hoari énn ur Chapéle)
COMPLIMAND A ZISPARTI.
Enn eu i^le, San Jozep, Enn Tri Roué, Hérode, Enn Ecuyérr.
San Jozep.
(E'creiss, unn taœig éraug er rcal, é doque aell dai, ar é beenn, distroeitt doh er Boble
a larr.)
240, Poble, arnamp-ni quemérett squirr;
Herop rei E'zance, Eurena Mirr,
Provétt hou calon d'onn Salvérr,
A zou azé ar enn Autérr :
Pebunan nezé um deennou
245. E'r guérr pé él-léh ma carou.
(OU enn Hoarierîon a ra d*er gompagnoneah unn umble rerélance ; hag enn Dud a ya
enn eile arljerh éguilé, de broff, énn ur boquein d'enn Autérr.)
FIN.
Le Mystère des Trois Rois. 357
ROLE TROISiftMB ET DERNIER.)
L'ange Gabriel, les trois Rois.
Uange Gabriel,
(Dit aui trois Rois {qui sont) debout, m. à m. dans leur se tenir debout.)
230. Entendez, rois dévots, je suis venu de bonne part
pour vous avertir, pour vous faire faire attention.
Hérode, le dénaturé, ne cherche qu*à vous tuer,
s'il peut encore une fois dans sa demeure vous attraper :
il veut savoir où vous avez trouvé
23 s* le Messie, pour le tuer ; mais il est gardé par Dieu. —
Apprenez à vos sujets ce que vous avez vu,
pour qu'ils craignent le vrai Dieu et qu'ils l'aiment toujours.
(L'ange se tourne vers le peuple et dit.)
Et vous, peuple dévot, allez à la maison tout de suite,
pour chanter des Noëls, le temps le demande.
(si on n'est pas dans une chapelle, l'ange fait une humble révérence.)
(Lorsqu'on joue {on est d jouer) dans une chapelle)
compliment de séparation.
Le$ deux Anges, saint Joseph, les trois Rois, Hérode, TEcuyer .
Saiut Joseph.
[Ku milieu, un peu en avant des autres, le chapeau, comme eux, sur la tète, tourné vers
le peuple, dit.)
240. Peuple, sur nous prenez exemple :
sans donner d'encens, d'or ni de myrrhe,
offrez vos cœurs à notre sauveur,
qui est là sur l'autel :
chacun alors se retirera
245 . â la maison ou là où il voudra.
(Tous les aaeure font à la compagnie une humble révérence ; et les gens vont l'un après
l'autre faire leur oblation, en baisant l'autel.)
FIN.
J. LOTH.
TWO IRISH I5TH CENT. VERSIONS
OF
SIR JOHN MANDEVILLE'STRAVELS
CLOGâs S. abelfry. Ace. sg. Axa tor klainn rnav clogcâs [clogas] 58. 1.
Eg. 154. 5 « isdfair,,, tower Jor bells. »
CLOiCTECH s, m a pinnacle ». Dat. pi. moran do thoraib 7 do chloic-
tighib. 57. 2. « with many towers and pinnades, »
CoiMHÉDAiDHE S. « agovemoT n dat. sg. ata tempo/ ic Jôsep m^c la-
c6p dobi na chomhéd aighi ar an Efgipt. 59. 4: « And there isthe temple
of I. the son of /. who governed Egypt. » Ràinicc se assin docum hehh ina
cho'imédaidhi [coimétaigh] a Tighdacht Caradàn 62. 2. Eg. 138. 2.
« aftenvards he was governor and prince of Corasan, »
CoiMSECH adj. potentf endurable. N. sg. ni coimsech d'feraîb an do-
main a fdaire an geimhni/z ara fatt budh thdaidh. 61.1.» therejore in
the very north the land is so cold that no man may dwell there, »
cuiNGELL S. ce condition » = coingîall 0. R. see ^loml^n.
coiNNEL-BâTHAiM « / curse », / excommunicate O'K. 3 sg. prêt, ôirdo
bâidh M^camétus con/ile an duine do ihhadh fin. 57. 4. « For.,, M.
cursed ail who drink wine — verb. noun — Macametus... lue air an coin-
nelbàxhadh sin do den^m. 57. 4. Eg. 134. 1. « therefore he cursed the
wine ».
coMPâs s. « compass ». G. sg. ata an tab^rnacul ar Ur na he^ailsi ar
cuma \eth compris. 58. i . « In the middle of the church is a tabernacle...
made in manner of half a compass » .
coNàiGH adj. ^ooi, fiourishing G. sg. croch in gadu/g/ie conaigh.\.
I. Voir le commencement de cet article au même volume, pp. 66-79, et pp. iio-
224.
Versions of Sir John Mandeville's Travels. 359
Dismus. Eg. 129. 3. N. sg. in croch... inarcrochâ</A Dismm in gadai-
ghi conâigh. 54. 4. cf. conach luck^ fortune O'Oon. Supl. Consiih'soft ,
gentle O. R.
CORN EL S. « a corner ». Dat. sg. don tœb tes do chornél na h^^ailsi
57. 3. Dat. pi. moran do thoraib 7 do chloictighib 7 do chomelaibh.
57. 2 « with many towers, pinnacles and corners ».
DâN s. fate, destiny, lot. N. sg. nir lamh œn rideri a faicsin 7 ni iémhai
no coti an rideri da fuil an dân an pôcc do xhàbain. 55. 4. na nethe bis
a cinded 7 an dàn doib — B, of Fen. p. 38. In the Bible — ag déunamh
réimh fhiadhnuise air na neithibh do bhi a ndàn do Chriosd d'fiilang. I
Fet. 1. 1 1. Still carrent,
DERNAS. mpalmofthe handn. O'Don. gr. p. 105. Ace. pi. Atait
daine innti lomna/i do cleitech ûi\e acht a n-aighte 7 a n-demanna. Eg.
146. 4 Modem Mans, pi. déarnacha. Tadhg G. p. 44.
DiNiTi S. « dignity ». Ace. sg. issé in t-imper... dobir csich dfniti da
fiiil ar fedh a tigernais fein amach. 55.1.
D;-scœiLiUDH P « dissolving » Gen ? sg. k\a do thés innti co tuitit dœine
sis ara cossaib innti, le méd dfscdbilti in tesa. 63. 4. m but it is so warm
there in that Isle that mens members hang down to their shanksfor the greal
dissolving of the body ». boill or magairledha must be supplied beforc
dœine.
Diuci s. a duke; a serpent .^ N . Du. da di'uci. x. 7trixx 7 tri cédMa.
69 .'4. maradubâ/r2 in fàidh co ticfadh asa Babiloin diuci ? do tsluicf<(i/i
an doman uiie. 60. 2. Eg. 136. 3. «/or //le prophet saith « out of B,
shall corne a serpent that shall devour ail the world ». read droicc ? — /
may hâve misread it.
ELLACH s. Seattle i>, N. sg. is imdha a hellach. 61. i. « there are
plenty of cattle ». G. sg. ac timain ealiaigh. 64. 4.
ENGLAS s. a mixeddrink. O'R. ace. sg. Ibid englas donfther do bainne
7 d'uiscci. 68. 1. « a beverage that is made of milk and water together ».
Englas .1. uisce glas. Corm. p. 18.
Eis-sfoHCHâiN s. « discorde strife ». ace. sg. adilbradar corab de
thainic cach eissfdhchain dobi acu. 53. 3.
EiRE s. a burden. dat. sg. each co/ia dillaitt 7 eona srian 7 a heire 6ir
uini. 68. 2. <t a horse saddled and bridled ».
ESSGAMHAiN pi. « ccls ». N . pi. bid essgamhai/i [easganna] ann ambîd.
X. troighti UcheX ar fad [in cach easgain/z dibh]. 63. 3 Eg. 1 39. 2. « //z
that river they find eels 30 /f. long or more ».
FARCAN s. a welt of leather. ace. sg. f innus co n-ithdis creassanna 7
sen broga 7 farca/i 7 fer crin. Eg. 135. 1 . « nor did they abstain from
}6o John Ahercromby,
girdles and shoes, and the very Uather which betonged to thâr shields thej
pulUd off and gnawed: the very whisps ofold hay becamefood •. Jos. Whist,
trans. IV. p. 195.
FAR from farradh ? com/7â/z)' prep. alongwith^ 3 sg. M. leigfidht^r an
ben can \osccadh 'na foch^ir [\osgadh fair]. 64. i . Eg. 1 39. 4 the woman
is not burnt with him. Ni iuidhen/i acht œn iliair ^hrradh cac^a rnnà [far
en mnài] dib. 65. 2. Eg. 140. 3. cach uile cined ar bith a fochâira
cheile [a fare celé] 56. i . Eg. 1 3 1 . 4. an bord ararcaith [sui'dh] an tigema
biadh a fhoc^ir a aps/d/ [do cailhemh a codac/2 faire na apstal] 60. 3. Eg.
1 36. 4. ni luighend se a farrâd a mnâ [a faré mnai] acht tri hûaire 'sa
hWadhain, 69. 4. Eg. 145. 3. faré maighdenaibh. Eg. 146. 3. dobi
mora/z do ndiribh cristaidhi faris, mar ataît anfugh. Eg. 146. 3 « with
him ». do an 'na fhocjir [faris], an oidhchi sin. 62. 2. Eg. 138. 2. ht
staidwith him, 3 sg. F. do loigh'na foch^ir [fana]. 55.4. Eg. 131. 3.
he lay with her, i pi. dobi farinn fein Eg. 146. i [in our company],
2 pi. inarthar^d [faribh] Eg. 1 38. i. with you, 3 pi. F. Ge do rachaidh
fariu in uair hudh ail leis fem. Eg 137. 2. though he hâve intercourse with
them (the women], wheneverhe please,
FEiDM s. « service ». N. sg. Bidh a fhis ac œn duine dib cred is
feidm d6. 67. 2. « Every man knoweth well what service he shall do ».
FicH s. « wrath », anger ace. sg. da facafd le ferg no le fich ar duine,
m^rbaid lena suilibh é. Eg. 146. 2 . « Ifthey behold any man with wrathy
they slay him with the look ».
FisiCE s. a physician » . Is imdha fisici [fisige] annsa cathair sin. 60.
4. Eg. 136. 4.
FisiCECHT s. «p/iy^/cD.G. Sg. LucassybiscW<Vi/t« ac fogla/mfisicecAM. 60.4.
f6irim I assista aid, relieve. O'R. 3 sg. pr. ind. axa soiihech.,. ina coi-
médar an ola sin a com^ir dœine eslàn 7 fôiridh iatt on gallruib 6 1 . i .
« there is a vessel^,, to receive the oil of which they give to pilgrims, for it
healeth many sicknesses ». 2 sg. impr. a Dé uile cAumachtaigh [ma dochî
td cora(b)breg do curiud oram, sœr 7 foir me a $//^^thoir na cmedhach.
Eg. 134. I . « she made her prayers to our Lord, that as she was not guHty,
he would help her ».
FORGNEM S. buUdings. N. sg. forgnem à\aind [tighthi roaille]. 61. 2.
Eg. 1 37. 2 « fair houses ». // is found in the 4 M, ace. sg. Ro mhillset
Tir Aodha uile... eitir fhér, arbhar7 foirccnemh {buildings) A. D, 1419.
1492. Gen. sg. ag losccadh foirgneamh idwellings) A. D. 143 1. Ace.
pi. foirgnéamha do losccadh le6. A. D. 1434. Also in BebeVs Bible, lui-
tidh an foirgneadh. Eccl. 10. 18. G. sg. créd é an s6rt fairgnithe so.
Mark 13. i.
Versions of Sir John Mandeville*s Travels. 361
FdACHAS s. a burrow^foxes earth. Ace. sg. adorait... condmgne sinnech
fuàchais [fuàchus] annsa siighidh dothaircc AlsLXander. 69. i. Eg. 144.
2 . «afox shall make there his trail, and burrow a hole where king A. made
the gâtes ». gen. sg. le/raid hé docum a fuâchaisi. 69. i. = fo + cuas ?
cave^ hoïloWylike those in a sea cliff. (Kerry) cf. is and dino atain charrac
cocuasta. L. Br. 159*.
FuiLiGHiM tt / hurt », wound. 3 sg. pr. hab. an \i imurcuirfes cloch dib
sin,nifuiiighen/i [fùiligheann] iirnn air choidhchi. 65. 1. Eg. 140. 3.
« for he who carries any of îhem upon him may not be hurt by iron or
Steel ». From fuîl blood.
FUiRMEDH s. framework, setting, N. pi. fuirmighi [fuirmedhà] a leaptha
d*6r 7 do safir. 69. 4. Eg. 145. 3. « The f rame of his bed is offine sap-
phire ». cf. fuirmeadh O'R. a seat^ foundation, imrmedh .1. indeail no
cur. O'Dav. gl. fuirmedach //i remfuirmedcha (gl. praepositivœ) S. G.
2 1 2' trom fuirmim / setj place. Wind. wrtb.
GAiNMECH, GAiNMiDHE. adj. a sandy , grdvelly ». Atâ tir ghainmecÀ mîn
\xer na cnocaibh sin. 69. 3. c( Beyond,.. is a great plain ail gravelly » is
urchôidâch gainmidhi in tal^m sin. 61. 1. « Tartary is a barren country
and sandy » ace. sg. conuigi in muir ngainmhidhi. 69. 3 « unto the gra-
velly sea » dat. pi. co slighthii^/i gainmidhi. 56. 3. « where the way is
sandy 9.
GELLTANAS. S. a promise, N. sg. in gelltanu5 7 na min/ia doberid chel«,
ni coimlid é. Eg. 1 37. 4. « none ofthem holdethfaith to another ».
GiûsTAL s. « jousting ». G. sg. inad... inambfd an t-imperi... ac fé-
chain giustala [na/i giustala] 7 œnaigh. 54. 3. « Therein is a fair place
for joastings or for other plays and sports ». Tigîtt nderi ara n-echaibh 7
bid ac dénam gfu5tâia an/isa halla. 67. 3 « then they make knights to
joustin arms full lustily » ace. sg. ina denaîd gJustail. Eg. 130. 3.
GRAiBÉL s. c( gravel ». Gen. sg. poil graibeil [gainim] 56. 2 « thefoss..,
ail full of gravel T^, Dat. sg. an glaine donîter don graibel sin. 56. 3.
« the glass made of that gravel » ace. sg. bith gâoth m6r... cuires an
graibél [gainim] trina chéle, 56. 2.
GREADHAN S. cf. grcadhan agréât noise M^ L. and Dew, Die. innus go
taibbster greadha/i do dainaibh uarann, gumbl se lan do trumpadhâ/M 7
d*ad\idiTcaibh 7 do Vakuraibh, Eg. 146. i. « /n that vale men hear often
times great tempests and thunders,.. as it were of tabors and nakeres and
trumpets ».
GREiDH S. = 0'R*s greith a jewel, precious stone. G. pi. Doch<iidh...
'san uaimh, co facd in ingen is caoime doconnaire conuicci sin riam. .
7 immforcrdid indmu^a 7 doch uasal 'ms. clocu asal) 7 greighidh aile
362 John Abercromby,
[docha buadha 7 gmébedh n-uasal] an a timcetl. 55. 3. Eg. 131. 2.
if there ke saw a damsel . .. and she had much treasare about /rer ».
GRENNUGUDH. S. f menuce ». G. sg. au an-lamh ele don deilb sin in
airdi 7 a hsighaidh siar mar chomârtha grennaigthi ar l\xcht an uilc. 5^.
I . €îhe other h and he lifts up towards the east, in îoken io menace the mis-
doers » cf. Bâ gér gabthech grennaigthech. T. Troi 2022 (menacing).
GRiNNELL S. « the bottom (c ofthe sea, D6 curthai cleitech étrom indte
7 do leicedh sf sin ic/r/ar co grinnell e. Eg. 135.4a it will sink to the
bottom ».
HALLA s. ce a hall ». G. sg. a timchill a halla. 66. 3. os dnn an halla
GG, 3. os cinn an halla Eg. 145. 4. a tatt cethn piléir)!c/ift 6ir fan halla
sin. 66. 2 « in the hall », G. pi. condingnadis... paigimei/?t na taliadh.
Eg. 142. 2 « they make therewith pavement to halls ».
iDHROiPis s. dropsy. N. sg. Dogab idhroipis adbuthmar an l-lThuath
sin. 58. 4.
iMLOCHTADH S. « passage », pass, défile. G. sg. Fe^aitt siatt, taaà ail
léo fein, can dol docum imIocA/aidh [-gh] t^r muir riiaidh. 52. 4. Dat.
Sg. Berbent isainn don imiuc/i/adh [îmloc/rfad] sin. 68. 3. Eg. 143. 4.
« That passage men call the Derbent ». There is nothing in theEng. cônes-
ponding with thefirst (juotation, but itmay refer to the défiles ofthe Red Sea,
mentioned by Josephus B. II. C. XV. where hesays the Egyptians drove the
Hebrews into a narrow place and seized on the passages bywhichtheythougkt
the Hebrews wouldfly^ shutting them up between inaccessible précipices and
the sea. = im -J- slochtad ? cf. slochd a pit^ hole O'R. Gael. Die. sloch-
ààchfullofpits^ dens^ hollows^ cogn. with N. H. G. schlucht and slodm,
sluccim. Wind. Wrtb.
iMM-FAiRE. s. keeping watch. Dat. sg. Tarla do mac duine [boicA/] do
immfaire trf \à 7 tri n-oidhchi do den^im. 62. 4 € at another time the son
of a poor man watched the hawk » .
iN-DiGHTi pass. p. part. P having been i^ur/i/? andair brist^r nà gemar
iatt [is] gdal dogeibt^r astigh inntu a comartha indighti [in digtiu]. 59.
3. Eg. 13$. 4. « when we break or eut them in two, we fini within ashes
and cinders, which is token that by wrath of God thecities,., were burnt and
sunk into hell ». Cf. londôighte adj. combustible O'R. but hère seems to be
gen, sg. p. part, pass, o/in-dàighim. The meaning ofthename ofthe ffeat
T. de Danann king^ Indagda drech ruaid LL. 11^ otherwise eocho olla-
thair = ail fader ? LL. g*» may possibly be referred to this word,
iNDME s. « rank ». G sg. 7 tigemuidhidh a chinidh do réir an uàisie
7 an i/idme [inme] féin. 66. 3. Eg. 142. i. « other great lords ofhis li-
neage... according to their rank ». suidhid bantigernadha an tighi... do
Versions oj Sir John Mandtvillé^s Travels. 363
xeirzn daisley an i/idrem [fnme] fein. 66. 3. Eg. 142. i. « accordingto
their ranks » . Cf. 6nd fhogur inméth inna digaim [front the intrinsic sound
of the digamma, Asc.) Sg. 7*».
iNN-FHUAiR adj. « cool ». Comp. is do thalm^m caithid a cuid docum
cuma^ innfhuaire doibh é. 56. i . « that they may be thecooler «. In sruth
somblasta don uiscf indfhuar. L. 6r. 122*.
iNDREM s. V. ""iNDME. Cf. tinnramh . i. friotbàileamh. O'CI. Sait, na
R. index.
LÎNAiM a flow » like the tide, 3 sg. rel. Ata muir mér gr^ibeil isin tir
sin li'nu^ 7 traidhes [traighiu^]. 69. 3. Eg. 145. c //i this country is the
gravelly sea,., and it ebbs and flows in great waves ».
LOCADH a wink? ace. sg. Cidhbé choidéolu^ œn \Qcadh [locadh| and so
choidhchi, nach cmriidh se a bonn ar an sœgu/ 6 sin suas. 62. 4. ^ for
ij he sleep he is lost^ that never men shall see him more ». Cf. iochd, loch-
dain, napy wink of sleep, O'R.
LOCAiM / hinder^ baulk O'R. 7 na dœine do heith ullamh dochum heith
ana cristaig/z/t'/i [doibh] xre fhebus an dUghedh, co iocait é tre okus
choimiitt na cm/aighi é. 62. i. m So that they who should be turned by
our good examples to the faith of J. C. they are drawn away alway through
our evil living ».
LOM-LàN adj. very full. Atat cinedhaigh annsa fàmgh sin lomia/z do
droch cuingill ( — gell R.). Eg. 133. 2. « who are a people full of ail
evil conditions » i.e. the Bedawin,
LOM'NàN adj. quitefull N. sg. ata faithche... iomna/i [iàn R.) do r6s.
Eg. 133. 4. is iommnân do cloch^iM biladha. 66, 3. lomnan do deam-
naibh Eg. 146. i « ail full of devils ». Dat. sg. ata an crann fo lomna/i
anora acu E^. 133. 4 « they do great worship thereto ».
MAGHNÉs s. magnet. N. sg. is inann an t-adhamu^ 7 a madhnés
[maghnes]. 63. 3 . Eg. 1 39. 2. « //ie adamantthat is theshipman's stone»,
D. sg. annsa mhaighneis. 63. 2.
MAiNER s. « kind » manner, sort, N. sg. cac/t uiiemainer [cinel] eisg.
65. 2.
MAiRNÉLACH s. amjnVi^r. O'R. N. pi. is leissin donfatt marnelaigh
na \ethe tes uile eôlus, mar doniatt msiméiaigh na tœibi tùaidh. 64. 3 .
Eg. 140. I .
MANDàiL s. F. (C Maundy » ace. sg. corabé a \ex\iéd sin d'arân dobi ac
ar Tigerna-ne in dair dorinne se an mhandàii dàespogaib^ dîa dhardàoin
[manndaii 7 isé in la sin] cennlà. 55.1. Eg. 1 30. 4. « Beeauseour Lord
mode it of such bread when he made his Maundy ». G. sg. Dardoein
manndàlâ i/idiu. 69. bot. marg, Dardain mbandalaniu L. Bv.'^low, marg.
364 John Abercromby.
Translated at p. 40 by « Thursday ofthe « woman meeting » [?] today ».
Dia dardôin mandala [on Maundy Thursday"^ 4 M . A . D . 1 476. Maundj
is generally derived front L, mandatum, through Fr, maundé. The Irish
terminaîion may be compared with ^paghail (paying)ya concurrent form witb
^paighiment from pavimentum, but adapted from the Eng, word, ïiU
pinntél, offrait from paintingy offeringy ^ûslsi jousting.
MERUGUDH s. aimUss wandering, Dat. sg. cidhedh chena is œn do
mile dogéhadh 3in tslig€ chéir dochum a tîre féin, arson imatt na slig^^i^
znamheth duine ar merugu^/i, mona hédis gr^sa Dé aîcci. 64. 4. « Yet
ofa \ 000 persons, not one might happen to return to his country: for..,
men may go by a \ 000 différent ways, ihat no one could be sure of returning
exactly to the parti he came from unless... by the grâce of God » .
MINE s. gentleness. Dat. sg. Issî eisimplair Ctist... do lenfidis armine
7 ar buaine^ ar derc 7 ar trocaire. 61 . 4. « They should be simple^ meek
and true and full of alms deeds, as Jésus was » .
MiTAL s. a métal ». Ace. sg. ni fhuil mitai ar doman. )6. \. n any
kind of métal. Dat. sg. éidedh im an echaibh do mitaill [mitai]. 6j. 1.
« their horses coverings are of the same » i.e. of cuir-bouilh.
MONADH s. I. mintage, 2. « sort n, kindf cf. W. bath which has I
think the double meaning. N. sg. cidhbé toradh [mo/zadh torai^/i] bîs ac
an chomthinol-sa do herid nuimir a hœn. x. don torad so chuicci sin, a
soithech airg/t. 67. 4. Eg. 143. 2. « Then the prelate gives them some
sort of fruit j to the number of 9, in aplate of silver ». Dat. sg. An bord ara
caithen/z biadh d'ôr 7 dona dochaibh is ûaisie in a thîr 7 a tristéil [tris-
deil in buird] don monadh cédnsi. 69. 4. Kg. 145. 3. « and the piUars
thaï support the tables are of the same precious stones » .
oiRiBER ? a garden ! G . sg. beridh leis é co doru; oirib^r [ôirebter] na mai-
nisdrech inambid môrân do crannaib liaisle. (>(>. i. Eg. 141. 2. ^thc
almoner carries what remains to the garden » garrdha is used for garden at
66. 2. Perhaps from L. herbarium. W. herber y S' Greal index. For
the self developped i cf. Hoirebert — Herbert 4 M. A. D. 1430, 1432.
oiFiG s. F. office. G. sg. a fiadn^m in tspuig 7 luchta na hoifici uile.
$4. I. i< before the bishops and the masters of the law ». Dat. sg. ociu
bWadain no bitis in an oific hi petarlaic. L. Br. ziilow. marg. foundin
the Bible and still in use.
PAGHAiL s. paving « pavement ». D. sg. a hurlâr ara na phagail [farail]
do mharmair glé ghii. 58. 3 . « well paved with white marble ».
PAiGHiMENT s. « payement » ace. sg. acht fament [paigime/it] ina hal-
la^iAaib 7 ina séomrtidhuib. 66. 4. Eg. 142. 2 « but,., pavements to
halls and chambers » .
Versions of Sir John Mandeville^s Travels. ^65
pâiLiss. i< palace ». N. sg. ata pailis sciamach. (4. ). Dat. sg. 6
palàs. 56. ^
PEiLÉR s. if pillar ». N. sg. an piler [in peilér]. 58. 2. ace. pi. pei-
Icir, pilcir.
PEiRSE s. <( a perch ». Dat. sg. ata caislen... 7 dealb seabaicar persi
and. 62. ^. « There is found a sparrow hawk upon a fuir perch ».
piNNTÉL s. painting. Dat. sg. ata... cUr isan balia 7 delb Muire air,
arna pi/z/ztéil comaith. 60. 4. « in the wall is a table... on which formerly
was painted an image ofour Lady » ace. sg. Gros cramn can pindtél, can
6r, can cloich ùasal. 69. 4 « oneplainwooden cross ».
piNNTiÛRACH a painting, picture. N. sg. mairidh in pinntiûracht [pen/z-
turacht]f6s. $8. i. Eg. 134. 2.
PIS s. « pease ». N. sg. ni fàsann fin, na pis, nap6nair(e) ann. 61. 1.
PUDAR s. « dust ri. Dat. sg. cor scribad^r litrec^a lena meraib a pudâr
muWaich na cnoc sin. 54. 3 . « //i the dust of those hills they wrote letters
and figures with their fingers » .
RAiBÉR S. « river ». N. sg. ata raiber laimh re cathair Ac6n. 56. 2.
« near the city of A. runs a little river ». G. sg. 0 Gonstantinople go cenn
in raib/r sin. 62. 3. Dat. sg. is imdha lascc an[nsa] rabeir [râibér] sin.
60. 3. Eg. 136. 4. acc.sg. târanraibérrenabârstrdétombarroc. 53. 1.
RiATAD adj. broken in [of animais). Gen. pi. Atat .x. mile elefint riata
aicci. 67. 3. € Eléphants, tame and others ». 1. each riata la Giaran.
Fél. March 5 note. « ^o tame hor ses. »
SANAS s. greeting^ salutation O'R. Dat. sg. mar dogab torrches 6 sha-
nais Gaibrieil. 61 . 2.
SBÉis s. Uking;heed^ care O^R, N. sg. ni fhuil sbéis arbith slcu a
sbrrigh. Eg. 140. 4 « they make no force of riches ».
SCELLAN s. € a grain y>ypip. ace. pi. Tuée se cethtri scellai/zdo thorad
in croind dan dûaidh a athd/r — do chuir na scellain fa bun a thengadh.
j 3 . 3 . a /ie gave him 3 grains of the same tree of which his falher ate » .
scENUiDE pi. bits y « pièces cr. ace. pi. doniter scenuide becca da féoil.
6 5 . 3 . « they chop ail the body in small pièces » .
sÉLA s. « a seal ». G.sg. arson tselaant-Sabhdâin. 58. 3 <( with his
great seal » ace. sg. anùair dochidd Serrisdinidh an séla sin. 58. 3.
SEiLCHE s. c( a snail ». Dat. sg. tri céd côs bis ar gach seilche dibh
Eg. 140. 4. N. pi. Atat seilchei/te insinn-oilen sai/z. 65. 2.
SÉPÉL s. € a chapel ». N. sg. an sépél. 59. 2. Dat. i Sepél an r/g —
isin sépél. 53. 4. 62. 2. ace. sg. ni fuil tempu/^ na sepél.. . ann. 56.4.
siRfNE s. <c ^ cherry ». G. pi. a cosmu/les crand ûmedh n6 shirfned.
j 5. I . n Asit were of plum trees or of cherry trees »,
^66 John Abercromby,
SLiGHTHOiR S. an évader O'R. but hère it means, slanderer v. *foirim.
SLiMM adj ? dat. sg. is d'arân tsiimm [siïm plu'r] donit sacramintna
hecUm [na haltora]. $4, 4. « The make their sacramenî ofthe aitar ofun
leaven (tharfy in some éditions] bread ». / cannot explain. în the Met. one
finds Slim, slippery ; slim , deceitful. Gael, Die. slim, sleek O'R. For un-
leaven^ deserbdi .1. cen serbi pectha Wb. {9^* la haràn nemdescaigthe.
Sait, na Rann 3914. Theword « tharf a 0. E. thearf, may hâve been mi-
sunderstood.
so-DHAiNG adj. easy, opp. o/Do-dhaing. N. sg. 7 ni soghaing [humsa]
annsîn acht an trath bis imforcraidh snec^z/a ar muin an oighre. 61. 1.
Eg. 1 37. I . « For no man may pass by that way well, except... when the
waters be frozen and snow upon them ».
soiNEND s. c clear weather «, opp. of doinenn gl. nubes, nubilum. Sg.
49^. dat. sg. docbidh daeine a soi/zind maith ar incnoc sinhi. 62.4. Eg.
1 38. 4. « Men may see it afar in clear weather ».
séiNMiCHE s. favorable circumstances. G. sg. Do citer cuitt do Sheghor
an aimsir tsoinm/cAe as an muir sdas. 59. 3. a Some part of it stillap-
pears above water... when it is clear and fine weather » adj. sôinmech gi.
secundus. Sg. 69^.
SOLEIR s. cellar « stable j>. N. pi. 7 soleir fûtba sin ambid an eich.
54. 3 « stables... for the emperofs horses ».
SPJSRACH, SPÎSRADH S. « spice ». G. Sg. ina benaid daine imarcraidh
spisr^iigh. Eg. 133. 3. « where men draw ont of the earth a thing. . . which
they eat instead of spice », Nom. pi. is imdha a spfsartha. 66. 2. a its
spices ». Dat. pi. SLlharraidh {^xhraighedh R.) in tobur sin ba\adh sbisraigh
do sbisarthâ/M examla cac/i œn liair 'sa 16. Eg. 1 30. 3 . R. 64. \.i<a ...well
which has the odour and savour of ail spices; and at every hour of the day it
changes its odour and its savour diversely ».
SPOR s. € spur ». N. pi. nf bid spuir [sbiiir] ac màtcshluaigh an tire-
[sin] dognâth. 68. i. Eg. 143. 2. The older word cinteir gl. calcar Sg.
50' must hâve fallen into disuse.
SREABH s. a stream, the passage of milk in the teat of a cow. O^Don,
Supl. dat. pi. mararblidh a cfdhi 7 an bainni do blidh annsin mairidh
béos ann aran marmair nd^rge ana srtabhaibh gela. 57. 4. « so that the
traces may yet be seen ail white in the stones » sreb gl. fistula. Caris. Cod.
39® sreb « stream ». Sait, na Rann. Index. Hère it means « streaks ».
STàiD c. F. « State », condition, G. sg. Do fhiarfa/gAiwa don t-Sabh-
dan crett tue fis staite na cristaidhe. Eg. 1 38. i. « / asked him how he
knew the state of the Christians » .
STATÙiD s. « statute y>, N. sg. an dara statdid [statUidhe] 67. i. Eg.
Versions of Sir John Mandeville's Travels. 567
142. ; ace. pi. do roi/ie staùide [statùidhe] 7 dUghedha [dligtena] ntia.
67 . I . Stéd s. a steed ace. sg. dobeir fer acu roui né stéd gîéghel don im-
peri. 67. 3. Nom. pi. c^^^tri sd^^ia fàn carpat. 67. 4.
suâiTHENTA adj . < principal » . N . pi. Na doirrsi is suàithenta [a suai-
chinta] 2itad ar an cathraigh sin, is do cloich bdadha ren abar sardines
iad . 69. 4. « the principal gâtes of his palace are of the precious stones cal-
led sardines ». •
TAGRA %. m a dissension », law suit. N. sg. cach dfas lier ambi cdis nô
tagra[agra], scribtar da dhuilléôig dôib 7 cuirterannsa laim sin iad. 64.
2- Eg. 1 39. 4. € when there is any dissension between two parties, and each
of them maintains his cause, both parties write their causes in two bills and
put them in the hand of 5' Thomas ».
TâiRNiG } sg. prêt, finished v, Tarnic.T. Troi Index mar is liiaitheco
taimig [termig] le sin do rada. 57. ^ . Eg. 1 34. 1 . « and when she had
said this ».
TâoBHAiM « / trust in t, rely upon, 3 sg. rel. pr. ind. Is mé Xiobus se
na fisicci cri5/uidhi*oldàtt na serrisdin^/i. 67. 3 . « for he trusts more
in the Christian leeches than in the Saracens » .
TÉCHT =t-écht ? N. sg. isi in mhuir lécht dealaighis lier Arafp 7 tfr
Iiida. 59. 3. Eg. 135. 4, « r^^ Dead sea divides the lands of India and
Arabia ». G. sg. Caislen Maicin anaiei mara Técht 60. i. Eg. 136. 2.
« The castle of Macharyme near the Dead sea ». Dat. sg. 0 rouir técht sair.
59. 4. Eg. 1 36. I . « /n going eastward from the Dead Sea ». Cf. eacht a
catastrophe O'R . with pros. t . // may be the same as — Cessâir ar hur
mara h-Eig. Germain uad sfar ria glanréir. L. L. 135** though Cdsarea
was en the sea of Galilée and Hermon to the north of //.
TECHT TAR. spcaking of, about any one, Nf lâmhthar techt Xar a his 6
sin siias a fhiad/r/7â/5i a charad. 68. 2. Eg, 143. 3. <c And after the em--
peror is thus interred^ no man shall be so hardy as to speak of him before his
friends ». Used in the Bible do thionnsgain l6sa theachd thar Eoin ris an
gcoimhthionol. Math. xi. 7. O'R. has tiacht air, talking, treating of.
TESBACH s. € hcat », sultrincsSy hot weather O'R. N. sg. bidh fdacht
[ro m6r] 7 tesbach [mor] co gar dha ehéle innti .61. 1 . < The tempéra-
ture passes suddenly from extrême heat to extrême cold ».
TEASTâiL s. wantj defect O'R, N. sg. bid tusdail do dha bliadhain ar
fairge, ag dul 7 ag techt. Eg. 142. 1.
TiGERNTUS S. dominion, kingdom. Dat. sg. Do labras do righdhacih/ [7
do tigematu^] Maghnais Cinuis. 68. 3. Eg. 143. 4. do tigerntus [tig^r-
nus R.) Maghnu/5 Cànuis. Eg. 144. i . ace. sg. is ara shon sin do leici-
bhar bhar tigerntus (tigernas R.) duine [read ddinne) Eg. 1 37. 4.
j68 John Abercromby.
TiNNABKAD S. sUcp O'R. (tionabbradh) ace. sg. Dorinne se infhaire
sin ca/z tinnabrad codla do denatn. Eg. 1 38. 3. « Ona a king of Ermony
... watched that hawk $ome lime ». Hère it must mean a « wink » ofsleep.
TREBAiRE S. tUlage acc. sg. ni dénaid àitiughâ^/i^ na trebaire. 57. 1.
a ihey make no habitation there. Thèse people do not till the ground » . //
has this meaning too in the Bible, is sibhse treabhaire Dé. i Cor. j. 9.
Dei.agricultura estis. Vulg.
TRÉTiiiR s. a ira/for. W. traettur. Dat. pi. do xretunchaibh. Eg.
134. 2.
TRiSTÉiL S. a trestle f a legs of a table » quoted at *monadh.
TUGHA ? read gortugh[th)a ^ gen. of gortugudh. Do fmiedar sin moran
tugha an Sighaidh air 7 fhonamhait f6i. 54. i. < and there hewas examined
and reproved and scorned ». The corresponding passage in Eg. seemsy for a
paragraph of some 30 Unes in R. has been condensed into 8 1/2 linesy to be
— Bidh a fhis gor cuiredh a tri h\n3idaibh coroin fa cenn Issa da gortu-
gui^ 7 d'fanamhad fâi. Eg. 130. i. gortûghadh, hurt, wounding O'R,
3 sg. pr. pass. gortaigther iarum in clerech desin (A pained thereby) Féi.
Feb. 8. note — gortigim gl. sallo. Sg. i87'.
uiNDiMENT s. « ointment ». G. sg. soiihfch ôirlân do manda 7 d'ui/i-
dime/it liasal. 58. 4. acc. sg. coimlitt ui/zdimînt d'âirighthi dib. 63. 4.
URFUiGELLs. arb it ratio n O^DoTi. Suppl. a favorable judgement ? Acc.
sg. Cidhbé imurcr^s diamont... dober grasa an gnim 7 an urfhuîghill dô
an aghaidh a namat. 63. 2. « //€ who carries the diamond.,.. It gives
him victory over his enemies in court and in war » fugall, fugeli gl. nego*
tium ad versus alterum. Wb. 9<^.
John Abercromby.
MÉLANGES
DU LANGAGE SECRET DIT OGHAM.
O'Donovan dans sa Grammaire Irlandaise, p. xLvni, rapporte le
passage suivant d'O'Molloy i : € Obscurum loquendi modum, vulgo Ogham,
antiquariis Hiberniae satis notum, quo nimirum ioquebantur syllabizando
voculas appeilationibus litterarum, dipthongorum , et tripthongorum
ipsis dumtaxat notis ». Ce langage secret était en usage vers l'année 1 300,
comme le montrent les Annales de Clonmacnoise citées au même endroit
par O'Donovan: a A. D. 1328. Morish O'Gibelan. . ., an éloquent and
exact speaker ofthe speech, which in Irish is called Ogham, ... ended
his life this year » ^.
Un glossaire de cet Ogham nous a été conservé en partie dans le
Dâil Laithne. M. Stokes, qui a publié le Dûil Laithne dans ses Goidelica ',
p. 7 1 et suivantes, fait observer avec raison que dans ce document
beaucoup des mots glosés sont des mots irlandais usuels déformés sim-
plement par l'insertion de lettres ; mais il n'y a pas reconnu les caractères
distinctifs de l'écriture secrète appelée Ogham, Les déformations de
mots qu'on observe dans le Dûil Laithne consistent ordinairement en ce
que une ou deux lettres de chaque mot ont été remplacées par le nom
que ces lettres portent dans l'alphabet irlandais, par exemple d par
daur; de là 148. daur-un = Dun. Devant les voyelles les noms des lettres
sont souvent transformés en adjectifs au moyen du suffixe -achy -echy et ce
suffixe est 'intercalé avant la désinence, exemple : de tinne (T} : tinnech^
1. Grammatica latino-hibernica Nanc compendiata, authore Rev. P. Fr. Francisco
O Molloy Ord. Min. Strict. Obseruantiae in Collegio S. Isidori S. Theol. Professore Pri-
mario, Lectore lubilato, Et Prouincix Hibernix in Curia Romana Agente Generali.
Romae, ex Tvpographia S. Gong, de Propag. Fide. MDCLXXVII, in-12, cinq feuillets
non numérotes et 286 pages. Le passage cité se trouve à la page 133. (//. d'A, de J.)
2. Comparez l'édition des Annales des quatre Maîtres donnét par O'Donovan en 185 1,
t. m, p. 537, note. (//. d*A. deJ.)
Rev. Celi., Vil 24
ijo Mélanges.
d'où 185. tinnech'air=Tair; de main (M) : muinech, d'où: 99. mainch-
idh = Midh, Souvent l'aspiration àt-ach,-echts\ supprimée: 98 muinc-
edhg = Medhg, — Les voyelles sont fréquemment omises, exemple: 6$.
muin-coll^:- 3f[(2]C. Si dans le nom de la lettre on a trouvé déjà les con-
sonnes qui dans le mot suivent cette lettre, on ne répète pas toujours
ces consonnes. Exemple: 95. sail-alm écrit pour 5i4 [<//], quand il faudrait,
ce semble, saiMm-aill ou sail-ailm-Ul pour représenter le mot irlandais;
265 . coll'Ue = Cu[it]ey qui rigoureusement devrait s'écrire coll-uile; 247.
cert-ros-ar = C[eth]Rar ; de même 60. fern = F[er\, Des consonnes sont
aussi omises sans ce motif, ainsi $ 5. muin-drech = M[er]drech. De bien
plus fortes mutilations se produisent comme 175. atroi-bethe =atruB[art]
ou même 140. tinne = T[alam]^ 17. luis = L[dm] '. En outre d*autres
altérations peuvent être admises, telle que l'emploi de non aspirées au lieu
d'aspirées ; ainsi on a mis 262. ni[n]'ec = Nech > ; 0 pour a par exemple
151. ond-los-hu (J. Alha) = OLhu; ou bien une n a été ajoutée à la fin
du mot : 40. sgillenn, lisez s-coill-en-n = sCiariy etc. ) . Beaucoup de formes
bizarres peuvent être attribuées à l'état de corruption dans lequel le
texte nous a été transmis. Je ne me livrerai pas sur cette matière à de
nombreuses conjectures : je vais simplement citer les exemples qui con-
cernent chacune des lettres de l'alphabet Beth-luis-nio/iy en reproduisant
les noms de ces lettres telles que nous les font connaître le Book of
Ballymole (Rhys, Lectures^ 339) ^t le Book of Lecan (O'Donovan^ Gram-
maire, p. xxxti).
B (Bail, bethi, Lee. beith): 84. bet^roisg-en-n (.1. bairgen), 17c. atroi-
bethe [A. adrubuirt), 177. beiti-d (.i. ata) = Bid, 261. do-betha-grés
[A. dogrés) z=z doB[ith]gré$y probablement aussi; 5}. beth-los-ach (A.
bdiXhachy lisez bldthachîj, 113. bethan, lisez beth-onn? (A. bo), 258.
imbethrar, lisez im-beth-rach f {A. im[b]arach) ; — avec -ch : 279. betch-
ennacht (.i. bennacht) ; c'est d'après ce mot qu'est formé 280. met-
chennacht (A. mallacht]. — On reconnaît une imitation du même genre
dans: 64. geitheille (.i. giolla). — En outre il est possible que bethe soit
contenu dans 20. bethul [.i. biach), 45. betbec{ A. bhlh], 154. betenghort
(A. bech), 159. bethb (.i. dub), peut-être même dans 128. bedban (.i.
bradan), 268. betlim (.i. deabaid), 50. sebath (A, sgiath).
L (Bail. Lee. luis) : 1 ji. ond-los4u (.i. albu), 179. loruriiy lisez /b^-
1 . Toutefois on trouve aussi chez O'Cléry un mot luis •/. lam {Rev. ult,^ V., 19).
2. Cp. 178. achobar ./. acobar,
y M. d'Arbois de Jubainville me fait observer que les lettres omises sont souvent celles
OUI, dans l'écriture ordinaire, peuvent être remplacées par des signes abréviatià ; tei €st
Va de mac, Vh des sourdes aspirées, tel est er aans nurdrech, fer, etc.
Mélanges. }7i
(im (.i.- liom), i8o. los-ob (.i. lib), 182. loisi, lisez lois^s f (A. lais),
239. dar-lus (.i. dal), 37. de-les-g [A. deilgK 17. /«« (.i. lamh) ; — avec
gutturale: 80. loisg-ester (X lestar], 147. /oira^^ lisez loisc-ir (.i. 1er),
152. /o5c-â;i (.i. lan), 163. loisc-ia (.i. liath, lisez //Vi/), 181. /o^c-a
(.i. leo), 223. onn-bea-lasc-a-n (A. obelc), 237. losc-og (.i. log). —
Sont douteux: 21. /o^u/// (.i. caull), 32. luisnech niamnach (A. léne),
53. beth-los-ach (A. bathach, lisez blâthach!]^ 146. certlus (.i. cealbb,
lisez celll]^ 203. colluisuid (A. coblaigid), 209. idluisne (A, itarmna),
277. blaistiud (A. seinm).
F* (Bail, fern^ Lee. fearn] : 60. fern ( .i. fer) ; — peut-être 169. ferim,
lisez ferni ou fernir f (.i. fir).
S (Bail. Lee. f a/7) : 95. sail-alm (.i. saill), 216. sat-ur {A. siur),
24<). seal'Sor (A, sesior), probablement aussi 126. orail, lisez o-sail
(A. eilit) = oS;— peut-être: 198. saibcon(A. snadud), 229. xfl«7W«-
dhach (.i. saitech)^ 21. losuiU (.i. caull), 49. giusalath (.i. guin no
giucbnadh).
N (Bail, m/i, Lee. nion): 286. clo-niri'-tinne (.i. eluinnte)» 262. niec,
lisez nin-ec (A. nech), 263. nion-ac = iVûcA ' ; — avec une gutturale :
191. a-ninch-es (.i. andes), 192. aninoibiar^ Wstz a-ninch-iar {\, amar),
166. meinichety lisez me-ninch- et [A, mennat}. — Sont douteux: 259.
iniongort (.i. inocht), 106. ninan {.i. tiompan), 139. ninon (A. nimh),
205. nionîa (A, cainti), 206. brainionta (A, banehainte), 69. eonann
(A. ian).
D (Bail, dur y Lee. duif): 66. daur (.i. dia), 109. daunusus^ lisez
daur-ruS'Uth (.i. druth), 114. daur-ailm (.i. damh), 148. daur-un
(A. dun), 170. dair-et (.i. teit, lisez deit)^ 171. dair-i (.i. do, lisez rf//),
172. duir-ib (A. doibj, 173. daur-ub (.i. duibh), 234. iur-u/f (.i. deit),
2 39. iur-/u; ( i. dal), 245 . an-dur-is (.i. andis), 2 56. an-duir-iu (.i. andiu),
257. an^duire [A. andee), 290. dur-unadÇx. dunad). — Il y a peut-
être une gutturale dans 2 $4. aoin-derC'iach (.i. ahoendeg)'; — sont
douteux: i. dairtinne (.i. duine), 37. durbuid{.i. deilg), \ i ^ . duraibind
[A. dartaid), 211. daurlar (A. lar), 240. adaurutan (.i.aixgouean), 276.
eoindir (.i. ann), 221. eoindir (.i. innsi), 224. derclite (.i. duinnte).
T (Bail, tindi, Lee. tinne) : 286. clo-nin-tinne (.i. eluinnte), 15. tionnor
lisez tionn-oni (.i. ton), 140. tinne (.i. talamh); — avee une gutturale:
185. tinneach-air (.i. tairi, 186. tinnic-es (.i. tes), 187. tinnich-iar
(.i. tiar), 188. tinnech-uaidh (A. tuaidh}, 189. tinnich-is (.i. tis), 190.
1 . Cette glose est réunie i la suivante dans le ms.
2. Mais cp. 255. tUernoerciach (.1. adhodeg).
372 Mélanges.
tinnech-uas [A, tuas), 242. ro-thinnich-t bas [A, dacuaidh bas) = roThét
bas. — Sont douteux : i. dairtinne (A. duine), 59. oirthine (A, oigthi-
gema), 67. tinim (A. tine), 1 56. gortinne (A. fiacaib no beir no tug no
tabair) ^ 78. creithne {A, criathar), 197. collterniud, lisez colMnn-iud?
(A. codlud).
C (Bail. Lee. coll) : 28. der-cuill (A. derc), 40. sgillenn^ lisez 5-C0/7/-
e/z-/z (.i. scian), 65. /num-co// (.i. mac), 104. cu/-or/2 (.i. corn), 105.
cul-aire (A. comaire, lisez chaire .^), iio. eabad<oll (A, echj, 119. muins-
cuill, lisez muw-cmT// (.i. mue), 120. collary lisez coll-ur (.i. eu), 142.
[w^u//>, lisez w-C[i//-e (.i. uisge), 16-], coill-iuch (.i. crioch), 194. or-
co//-flz/ (.i. ar gceuit), x^-j , collttxniud^ lisez coll-tinn-ind f [A, eodlud),
241. cun-cul'Ut (A. cutut, lisez cucut)^ 248. coll-cur (A. cuigiur), 265.
coll-ue (A. euile), 266. coll-uicenn (.i. coieenn), 267. cun-cull-um (.1.
cugum), 273. un-cull-ut {A. ocut), 274. un-cull-am ( ï. ocumm), 27 j.
iom-coll-amair (.i. imeomairf, 278. coll-umac (A. cumac); — sont
douteux: 6. €oc/iâ///e (.i. einech), 48. collann (A. ealg), 71. collscoin
(.i. euirm), 73. coillsge (.i. cuad), 95. collruim [A, feoil), 176. onncaill
(.i. adhlaie), 200. câi// (.i. cler), 203. colluisuid (.i. eoblaigid), 23$.
ic/Z/fr^r (.i. siorlaige).
Q (Bail, quertj Lee. ^ue/rt) : 164. cert (.i. eidh), 207. cert-rann
(.i. ceturn, Stokes : eeturranna), 230. cestne^ lisez cert-ne (A, cena),
233. foi-cert (A. foeen), 247. cert-ros-ar (A. eetrar) ; — sont douteux:
146. cert-lus (.i. eealbh, lisez cellf), 228. maincirt [A. mitig), 77.
scartlann [A. seaball). — 215. bert-ros-alr] j.i. frater) résulte peut-être
d'une transformation de beth-ros-ar d'après certrosar,
M (Bail. Lee. main): 55. muin-drech (.i. meirdreaeh), 65. muin-coll
(.i. mae), 135. main-rois (A. mor), 137. man-aiîh (.i. maith), 217.
muin-gort [A, mag), 1 19. muins-cuill, lisez muin-cuill ? [A. mue) ; — avec
une gutturale : 24. muinc-edan (.i. medhôn), 83. muinc^ir [.i. mir), 91.
minC'ill^ lA. mil), 98. muinc-edhg (A. medhg), 99. muinch-idh (.i. roiodh\
183. roi-minc-aUg (.i. romairg, lisez romailg!]^ 220. munch-aol (J.
maol), 225. mainic-iall (A. mail), 226. mainc-ir (.i. eir, lisez mir.^),
227. mainC'il {A. mil), 243. munc-orbadh (A. marbadh), 281. mainc-esg
(A. mesg). — Sont douteux : 3. muinbuid {A. menma), 217. muinsgith
(.i. mag), 22&. maincirt no munghort (.i. mitig), 214. man-ros-ar (.i.
mater), avec addition de ros d'après l'analogie de 2 1 j . bertrosar(A, frater) ;
puis manrosar a fourni le modèle pour 213. anrosar (.i. pater).
G (Bail. Lee. gort) : 63 . eon-gort (.i. ingen), 96. gorgruth^ lisez gort-
I. Gp. 271. goirtnidc (.i. tabair).
Mélanges, )7j
rurt {.i. gruth), 97. gor/-rB5 (.i. grus], 217. muin-gort (À, mag). —
Sont douteux: 259. iniongort (A. inocht)^ 44. gortlomnach (A. gemin),
SS. gortan (.i. cainenn), 107. gortran (A. cuislinn), 134. betengkort
(A. bech), \^6.gortinne (A, fiacaib no beir, etc.), 271. goirtnide (A.
tabair), 210. gortrailbhe (A. caoindealbh), 218. garta^A, guth).
R (Bail. Lee, mis): 84. beth-rois-gen-n (A. bairgen), 109. daurrusus,
lisez daur^ruS'ttlh (A. druth), 135. muin-rois [A, mor), 199. com-rois-ge
(.i. comairce), 246. at-reis-iur (.i. atriur), 247. cert-ros-ar (A. cetrar).
D'après ce modèle on a formé: 250. sechtrosar (A, secht), 251.
ochtrosar (A, ahocht), 252. narosar (.i. naoi). 21 ç. bert-roS'a[r] {A.
frater), qui a livré le modèle pour la formation de : 214. manrosar (A.
mater), 213. anrosar [,i, pater), 288. muinrosar .i. (muinter), cp. 33.
carosar (.i. corrtair) ; — avecone gutturale : 127. ro5c-o/z (.i. rôn), 263.
roisc'iuî^A. riut), 264. roisc-iam (.i. riam) ; — sont douteux 31 . crosar
(.i. ionar), ^j.eorosnach (.i, abb), 117. rosca (.i. càiridh),86. anros
(.i. arbar), 253. leited ni etrosar (A, leth ficit), 39. crisgeo (A, gaoi).
A (Bail. Lee. ailm): 90. ailm~is (A. as), 95. sail-alm (.i. saill),
114. daur-ailm (.i. damh), 238. ailm-in (.i. alainn), 287. alm-aig
(J. adaigh), 34. ailm-si (A, asan); — sont douteux: 72. muadailm
(.i. oilldearb), 26. cuitheilm (.i. cluas).
0 (Bail. Lee. onn) : 223. onn-bea-lasc-a-n (A, obele), 244. a-oinnd-
ir (,i. aonar), 222. ornait, lisez onn-uit (.i. tret, lisez uait), 151.
ond'loS'bu(,\, aibu), 34. oind-si (.i. asan), 273. un-cull-ut (A. ocut),
274. un-cull-um (A, ocumm). D'après ce modèle ont été formés: 241.
cunculuî (.i. cutut, lisez cucut), 267. cuncullum (.i. cugum]; —
douteux: 29. coimhgeall, lisez c-oinn-chealU (.i. cochall), j6. ondach
(.i. aithech),89. roinn{,\, coirm), 113. bethan^ lisez beth-onn? (.i. bo),
132. onduenne, [istz ond-muin-e ? (.i. uma)^ 150. oinciu{A, ère), 176.
onncaill (.i. adhiaic).
U (Bail. Lee. ur] : 120. collar^ lisez coll-ur (.i. eu).
E (Bail, edad, Lee. eadhadh) , cp. EA (Lee. eabhadh): iio. eabad-
coll (.i. ech) ; — sont douteux : 1 12. ebathan (.i. lair), m. ebandan
(A. ech).
1 (Bail, idad, Lee. idhadh): 92. ioda^mm (.i. îm); — peut-être:
195. edmam ar ndoib ( . i . eabam ar ndeogh) .
Dans quelques mots on a ajouté au nom de la première lettre la syl-
labe scith (= g ?) : 217. muin-sgith (.i. mag), 58. roiS''[s\ciih (.i. ri) »
I. C'est probablement le mot sceith a aubépine » ; v. Ancient laws ofîrelandy IV, 146.
Il figure comme nom de la lettre h dans un autre alphabet (Rhys, U c).
374 Mélanges,
ou la sjWàbt ^bttid: 3. muin-buid (A, menma), 37. dur-bmd (A.
deilg), comparez 155. tinbuid [A, erges). On a composé à Taide de
deux adjectifs 14. drog-mall [.i. druim). On a ajouté la syllabe ^bar au
commencement du mot dans: 135. mabar (A, mor), 7. sabar (.i.
suil), 131. arbar(A. argad)^ 147. liber {.\. 1er), comparez 16. cufar
(.i. cos), 8. sropur (.i. sron)^ 140. tamor (.i. talamh). Le mot 121.
caipist (A. cat), a été formé par composition avec péist < bestia » ; il a
servi de modèle à 122. luipist (A. luch). Le dûil Laithne ne contient
donc pas exclusivement de TOgham, comme le montre d^ailleurs la
grande quantité d'autres mots qui ne sont pas formés d'après les prin-
cipes ci-dessus énoncés.
On aura remarqué l'emploi de la lettre q (cert) à c6té de c [coll] .
Doit-on conclure de là que ces jeux d'esprit remontent jusqu"au temps
où l'on distinguait encore le ^u du cf Je ne le pense pas. On parait
avoir choisi cert principalement quand on avait à exprimer le groupe
phonétique ce- (ci-), tandis que le plus souvent coll répond à un c placé
devant une voyelle large: a^ 0, u. Que la connaissance de ce jargon ait
été jugée une qualité digne d'être mentionnée dans les annales, cela ne
parle pas trop en faveur de la culture intellectuelle de Plrlande au moyen
àgc.
R. Thurneysen.
lena.
EARLY MIDDLE IRISH GLOSSES
FROM RawLINSON B. 5O2.
Rawlinson B 502 is a ms. of the beginningofthe twelfth century
preserved in the Bodieian library ; and the following giosses occur on the
fragment of Tigernach's Annals with which the codex now commences.
Fo. I. a. 2. .1. o^unn (gl. rutro). Context : Remus occissus est rutro pas-
toral! a Fabio duce Romuli ob uallum saitu transilitum. The s oïsunn isdotted.
1. b. 1. .1. nœreged (gl. querentis) Context: propter deprecatioDcm
Ezechiae qu^entes superbiam Sinchirib.
2. b. I. .1. in/iafannacon (gl. cloacas). Context: Romanos ludos instituiit
muros et cloacas aedificauit, capitolium extruxit.
$. a. I. in marg. ish/so sectmain danel (gl. et ex illo tempore sf numerare
uelis .Ixx. annorum ebdomadas us^u^ad Christum poterisrepdrire).
5. b. I. Lib^r pat^rda (gl. zenones). The gloss continues in Latin: Liber
Pûter enim sténo dicitar, Galli autem Stenones uocantur, Liberum Patrem hospitio
recip^runt. Context : Gaili Zenones duce Brennio Romam inuasserunt.
b. b. 1. cista (gl. muncipalem). Context : ius eis ciuium et n]un[i]cipalem
ordinem concedens aequali honore cum Graecis.
MUanges. }75
Comroentary.
à sann (by a staff), sann dat. sg. oi sonn := V/.ffony urkelt. s(p)ondo,
no-ereged 2dy près. act. sg. 3 of erigim, arègim^ a compound of ar and igim
formed. perhaps, from the interjection i as oitco (in Suç- oîÇcii) from oT.
innûfannacon (the sewers) : hère fannacon is the ace. pi. of a neut. stem; it is
an &K9!i >.ef<^(Ji£vov. Ihtfann is cognate apparent!/ with Lat. unda^ Lith. vtfn^/u,
O. Norse vatn, Whether the ^acon is a compound suf6x or the second élément
of a compound like 68,saY(»T*^ov, I am unable to décide.
h hi so swhtmain Danel (this is DaniePs week*) : cf. Daniel DC. 24 : Septuaginta
hebdomades abreviatae sunt super populum tuum, etc. Sechtmain borrowed
from septimana,
Liber-paterJû (gl. Zenones, i.e. Senones), an Irish adjective formed from
the Latin Liber^Pater. For the explanation of the name Senones see Isidorus,
Origg. lib. ix. éd. Otto: Galli autem Senones, antiquitus Xenones dicebantur
quod Liberum hospitio recipissent.
Cista a dérivation of c(s borrowed from census,
Whitley Stokes.
16 April 1886.
BIBLIOGRAPHIE.
Barly Britain. Geltlo Brltain, by J. Rhys, M. a., professer of Celtic in the
university of Oxford. Second édition, revised ; London, Society for promoting Christin
knowledge, 1885, in- 12, xiv et 325 pp. avec deux cartes et une planche.
Les lecteurs de cette revue savent avec quelle compétence M. Rhjs
traite les questions qui concernent la philologie celtique. En lisant les ex-
cellents mémoires dont il a enrichi notre recueil, ils ont tous été à même
d'apprécier personnellement le mérite du savant professeur d'Oxford ;
ils ont en outre au moins entendu parler du livre si plein de science qu'il
a publié en 1 877 sous le titre de Lectures on Welsh philology et dont la
première édition, épuisée en quelques mois, a dû être presque immédia-
tement suivie d'une seconde'. Je ne doute pas qu'un certain nombre
d'entre eux n'ait consulté et même étudié à fond cet instructif ouvrage.
M. Rhys ne s'est pas contenté de produire des travaux d'une érudition
approfondie qui sont forcément destinés à un groupe restreint d'amis de
la science. Il a voulu consacrer au grand public une partie de ses veilles.
De là le charmant volume dont nous avons entre les mains la seconde
édition. La première date de 1882 ; la seconde a paru trois ans après.
L'objet de ce livre est de mettre tout homme lettré à même de con-
naître quelle est, dans l'état actuel de la science^ la réponse que l'on doit
faire aux principales questions agitées relativement à l'histoire et à l'eth-
nographie de la Grande-Bretagne pendant les temps antérieurs à l'inva-
sion anglo-saxonne. Après un récit historique qui constitue une sorte
d'introduction, il expose quelles races ont habité 111e à cette époque
reculée, à quoi on les distingue et ce que l'on sait d'elles. Comme
sources, M. Rhys laisse de côté l'archéologie qui n'est pas son domaine,
il se borne aux documents historiques et linguistiques. Il serait fort* à
désirer qu'il trouvât en France un émule capable d'écrire avec la même
compétence ce qu'a été notre pays dans les premiers siècles de son his-
toire.
I. voir plus haut, t. III, p. 280; t. IV, p. 116.
Bibliographie. 377
Il 7 a cependant quelques points de détail sur lesquels j'ai des critiques
à soumettre au savant auteur. Ainsi, quand il entame l'examen des textes
historiques les plus anciens qui concernent les Iles Britanniques, il dé-
bute [p. 5) en nous disant qu'au cinquième siècle avant notre ère Héro-
dote ne connaissait ni la Bretagne ni l'Irlande; puis il passe aux écrivains
des siècles suivants. Le fragment d'Hérodote, livre III, chap. 115, par
lequel débutent les Monumenta historica britannica de Henry Pétrie, peut
en effet être résumé comme le fait M. Rhys. Mais, même dans un livre
élémentaire, il me semble qu'un témoignage aussi important devrait être
présenté d'une façon moins rapide et plus claire. En lisant dans son en-
tier le chapitre 1 1 5 du livre III d'Hérodote^ en se reportant ensuite au
chapitre 1 3 du livre IV du même auteur, où Aristée de Proconnèse est
cité, et en rapprochant ces textes d'un fragment de Damaste de Sigée
qui date du même siècle et qu'Etienne de Byzance nous a conservé ' ,
on constate que suivant la doctrine reçue en Grèce au cinquième siècle
avant notre ère, il y avait au nord-ouest, au delà du continent euro-
péen, une mer distincte de l'ensemble formé par le Pont-Euxin, la mer
Egée, l'Adriatique et la Méditerranée ; il existait une mer qu'on appelait
a l'autre mer » , tyiv Ir^pav OdXawav ; dans cette mer se trouvaient,
disait-on^ des îles d'où provenait l'étain, xa(TaiTepo;, et auxquelles on
avait donné pour cette raison le nom de Cassitérides. Hérodote ne ren-
contra personne qui eût vu de ses yeux cette mer du nord-ouest. Il se
crut en conséquence autorisé à en contester l'existence, conclusion bien
hardie et peu logique chez l'historien qui, ailleurs, avec un tact critique si
remarquable, admet l'authenticité des traditions d'après lesquelles les
Phéniciens auraient jadis accompli autour de l'Afrique un voyage de cir-
cumnavigation'.
La citation qui, chez M. Rhys, suit celle d'Hérodote, se présente à
mon avis avec une erreur de chronologie. M. Rhys place avant Pythéas,
qui vivait dans la seconde moitié du quatrième siècle avant J.-C, l'en-
quête faite sur la Bretagne par un des Scipions, comme nous l'apprend
l'historien Polybe cité par Strabon J. Le Scipion dont il s'agit ici est, ce
nous semble, P. Cornélius Scipio Aemilianus né en 185 et mort en 129
avant notre ère ; ce fut probablement en se rendant au siège de Numance
au commencement de l'année 133 que Scipion Emilien, prévoyant pour
les Romains la nécessité prochaine de vastes conquêtes au nord-ouest de
1. Charles Mûller, Fragmenta histoncorum gràscontm^x. Il, p. 65, fragment i. Etienne
de Byzance au mot (iTZEçMçjeoi.
2. Hérodote, livre IV, c. ^2. Cf. livre I, c. 202.
). Livre IV, c. 3,$ 2 ; édition Didot, p. 158, 1. 4-9-
)78 Bibliographie.
l'Europe, ou se faisant l'organe de la curiosité de Polybe son ami, de-
manda sur cette région, aux Marseillais et aux Gaulois voisins de Mar-
seille, des renseignements qu'on ne lui donna pas. Ce fait, placé par
M. Rhys antérieurement au voyage de Pythéas, lui est, croyons-nous,
postérieur de deux siècles.
M. Rhys conserve sur l'expédition si hardie et si féconde de Pythéas
l'ancienne opinion combattue par Mùllenhof et croit que l'audacieux
voyageur grec pénétra dans la Baltique, au lieu de s'arrêter à Tembou-
chure du Rhin comme l'a soutenu le savant allemand dont nous regret-
tons la perte récente ■ . Il est probable que la question sera longtemps dis-
cutée, et malgré ma préférence pour la doctrine de Mùllenhof, je ne puis
contester à M. Rhys le droit de la repousser. Admettons donc, si l'on
veut, un instant, que le navire qui conduisait Pythéas aurait atteint l'em-
bouchure de la Vistule (p. 6) . Mais je ne me rends point compte des rai-
sons que peut avoir eues M. Rhys pour dire que Posidonius ait visité la
Gi:ande-6retagne (p. 8). Si Diodore de Sicile a copié chez Posidonius ce
qu'il rapporte de cette lie, il est également vraisemblable que Posidonius
a parlé de la Bretagne par oui-dire. On a sur la vie et les voyages de Po-
sidonius des renseignements très détaillés. On sait qu'il a visité l'Es-
pagne, la Sicile, la Dalmatie, l'Illyrie, enfin la Gaule Narbonnaise'.
Tout ce qu*il nous donne d'indications précises sur les mœurs celtiques
parait se rapporter anx populations de la Gaule Narbonnaise et se trou-
vait probablement dans la panie de ses Histoires où il racontait la con-
quête de cette région par les Romains, 125-1 1 8 avant J.-C. ). Il ne
nous semble donc nullement démontré que le célèbre écrivain grec ait
jamais pénétré dans les Iles-Britanniques.
Mais ces critiques ne portent que sur des détails du préambule histori-
que. La partie la plus importante du livre est celle qui traite de l'ethno-
graphie de la Grande-Bretagne. C'est à la fois la plus développée et
celle où la science approfondie du linguiste qui a tenu la plume donne à
ses assertions le plus d*autorité. Suivant lui, il faut distinguer dans la
population des Iles-Britanniques trois couches successives : la première,
étrangère à la race indo européenne qu'elle a précédée; les deux sui-
vantes, celtiques l'une et l'autre, mais de deux rameaux différents que
nous appellerons l'un gôldélique, l'autre gallo-breton. Suivant M. Rhys,
les GaUo-Bretons n'availsnt pas terminé la conquête de la Grande-Bre-
1. MûUenhcf, Deutsche AltertttmskuKde, t. I, p. 49s.
2. Janus Bake cité par Charles Mûller, Fragmenta historieonungr£corum^x. lU, p. 246.
3. Charles MûUer, Fragmenta tUstoricorum gr^conun, t. III, p. 251, 2^9-262.
Bibliographie. )79
tagne quand les Romains s'y établirent ; et notamment, chose fort cu-
rieuse, les Gôldels, ancêtres des Gaels d'Ecosse et des Irlandais mo-
dernes, auraient encore occupé la pointe sud -ouest de la Grande-Bre-
tagne, c'est-à-dire le territoire des Damnonii (Devon et Cornwall) du
cinquième au septième siècle de notre ère. Les Damnonii étaient des
Gôîdels suivant M. Rhys (p. 216). Cependant il est difficile de considérer
comme Gôîdels la plupart des émigrants qui, de la Grande-Bretagne,
sont venus fonder en France, au cinquième et au sixième siècles, les
petits états de la Bretagne armoricaine ; ils y ont porté précisément le
nom des Dumnonii^ et y ont créé un royaume de Domnonia qui compre-
nait les quatre diocèses de Tréguier, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Dol ■ ;
la langue que ces émigrants ont implantée chez nous est à peu près
identique à celle qui s>st parlée en Grande-Bretagne dans le pays des
Dumnonii jusqu au siècle dernier et qui est connue sous le nom de comi-
que; or cette langue appartient au rameau gallo-breton et non au rameau
gôidélique, comme l'exigerait la doctrine de M. Rhys.
Sur quoi se fonde M. Rhys pour soutenir que la population du terri-
toire des Dumnonii y c'est-à-dire des comtés modernes de Devon et de
Cornwall^ était de race gôidélique, dans les siècles qui ont suivi la do-
mination romaine et même dans les siècles précédents ? Le voici : on a
découvert dans cette région cinq inscriptions funéraires gravées dans les
siècles qui ont immédiatement suivi la chute de la domination romaine et
qui appartiennent évidemment au rameau gôidel de la race cehique. Cela
résulte de la langue de ces inscriptions qui n'a pas changé enp\cq primitif >;
c'est établi aussi par l'emploi de récriture dite oeamique dans trois d'entre
elles '. Mais de ce que cinq Gôîdels ont été enterrés dans le territoire des
Dumnonii, durant la période qui s'écoule de l'an 400 à l'an 700 environ,
conclure que toute la population de ce territoire était gôidélique à cette
date me semble très hardi . La doctrine la mieux fondée me parait tou-
jours être celle qui était anciennement reçue, à savoir que la population
gallo-bretonne de cette région fut opprimée, vers l'époque où les Romains
abandonnèrent Tlle, par un petit groupe d'envahisseurs venus d'Irlande
et appelés parles textes ordinairement Sc4/i ou Scotti^j mais aussi et
1. Aurélien de Courson, Cartulairt de Pabbofe de Redon ^ Prolégomènes, p. clxzxvii.
Voir aussi la notice de M. De la Borderie sur les princes de la Domnooèe dans la Bith
graphie bretonne dirigée par P. Levot, t. I, p. $4) et suivantes.
2. Lectures on Welsh philologyy deuxième édition, p. 401, n** 86, 87: p. 40$, n** 102.
). Lectures on Welsh philobgy, a* éd. p. 400, n<* 8{ ; p. 401, n'* 87; p. 402, n* 89.
4. Scotoram cumulos flevit gladalis leme. Claudien : De !V consulatu Honorii,
rt )); édition Tenbner-Ieep, t. I, p. 69, ligne i. Le quatrième consolât d'Honorios
vert
380 Bibliographie.
d'abord HiberniK Quand l'invasion saxonne contraignit une partie des
Dumnonii à émigrer sur le continent de la Gaule, ils y portèrent une
langue bretonne f mais toutefois mélangée de quelques noms gôldéliques.
La plupart d'entre eux prononçaient prenn un mot qui veut dire « arbre »,
c'est la prononciation ordinaire du breton moderne. Mais quelques-uns
cependant, comme M. de Kerdrel me le faisait récemment remarquer^
conservaient à la consonne initiale de ce mot sa valeur gutturale primitive,
ainsi que l'établit la charte du Cartulaire de Redon qui commence ainsi :
Notum sit omnibus quod dédit Portitoe et Connual Cranuuikant et
Cranquarima et quicquid potuissent eradicare de silva...
Cette pièce date de l'année 837 ». Quelques-uns de ces émigrants subs-
tituaient au V initial primitif de leur nom 1'/ goïdélique : tel était Fracan^
père de saint Guénolé qui a donné son nom à une commune du départe-
ment des Côtes-du-Nord, aujourd'hui appelée P/ou/ra^an ?; tel est le FinuSy
témoin d'une charte de l'année 858 4 ; tels sont vers la même époque les
témoins du nom de Finiian J. Le nom propre Fili porté par d'autres té-
moins vers le même temps ^ est identique au nom commun irlandais /î//,
aujourd'hui ^/f, que les Anglais traduisent par <ii poet ».
Il y avait donc quelques Gôïdels mêlés aux Dumno/i/i qui vinrent fonder
sur le continent gaulois le royaume de Domnonia, Mais ils étaient l'ex-
ception, comme les cinq grands seigneurs dont M. Rhys et M. Hûbner
nous ont fait connaître les pierres tumulaires découvertes en Angleterre
dans les comtés de Devon et de Cornwall. Le mot comique freg
c femme )> , avec son / initial = v est aussi un monument laissé par les
Gô'idels de la Damnonia britannique dans la langue bretonne de leurs
compatriotes insulaires?.
eut lieu en 398 Totam cum Scotus lernen Movit Claudien, De consulata
StUichoniSf t. II, vers 25 1-2 $2, ibidenif p. 239 Le consulat de Stiiicondate de 400.
1 . Solis Britanni Pictis modo etHibernis assueta hostibus. Incerîi panegyricus ConstaHtio
Caesari, c. 11 ; édition Teubner-Baehrens, p. 140, lignes lo-ii. Ce panégyrique a été
prononcé à Trêves en 296. Teuffel, Geschichte der rosmischen Literatur, § 301, 8. Les
Scots dont il est question à des dates postérieures sont donc des Hiberni comme dans les
vers de Claudien cites à la note précédente. Voyez sur ces Scots Ammien MarcellinJ. XX,
c. I, § I (an. 360); I. XXVI, c. 4, § j (an. 36$), 1. XXVIl, c. 8, g S (an ^68); ci
Pacati panegyricus Theodosio augusto, § 5 . Dans les panegyrid latini^ éd. Bahereos, p.
27 j, ligne 7.
2. Aurélien de Courson, Cartulaire de Vabbaye de Redon^ P- ï3
3. Sur Fracarij vojrez la notice de M. de la Borderie dans la Biographie bretonne,
t. I, p. 54J. Cf. Morice, Mémoires pour servir de preuve à Vhîstoire de Bretagne, t. I,
col. 176, qui a écrit, à tort, je crois, Fraecanus pour Fracanus, On trouve cependant en
Iriande le nom propre Fraechan.
4. Cartulaire de Redon, p. 96.
5. Cartulaire de Redon, p. 92, 202, 203. Cf. Fintan dans le Chronicon Scotorum,
aux années 603 et 613, édition Hennessy, p. 66, 74.
6. Cartulaire de Redon, p. 9, 129, 130, 206, 207, 220.
7. Gr. C», p. 1069.
Bibliographie. 381
Une autre doctrine que M. Rhys soutient avec beaucoup de science et
de séduction, mais qui malgré le grand talent d'exposition de l'auteur
érudit me parait douteuse, c'est que les Pietés seraient une population
non celtique (p. 244) dont la langue proviendrait de la même source que
le basque (p. 174). L'argument principal de M. Rhys est que saint Co-
lomba, Irlandais comme on sait, c'est-à-dire Gôldel^ arrivé dans le pays
des Pietés à l'âge de quarante-deux ans, était obligé de recourir à un
interprète pour se faiie comprendre, sinon de toute la population picte,
au moins d'une partie d'entre elle > . La preuve ne me parait pas déci-
sive. Je me trouvais il y a quelques jours à la Société des Antiquaires de
France à côté d'un prêtre breton du diocèse de Quimper qui me racontait
que la semaine précédente, appelé à entendre une femme en confession,
il n'avait pu se faire comprendre d'elle, parce que cette femme était du
diocèse de Vannes où l'on parle un dialecte très différent de ceux qui
sont usités dans le diocèse de Quimper. Ce phénomène linguistique cons-
titue une fréquente entrave au ministère sacerdotal parmi les Bretons de
France. En conclura-t-on que le vannetais n'est pas une langue celtique ?
Evidemment non. Pourquoi raisonner autrement lorsqu'il s'agit du
picte ?
Les noms d'hommes pietés que nous ont conservés par exemple Adam-
nan et Bède sont la plupart évidemment celtiques : ainsi un des Pietés
que saint Colomba convertit par interprète s'appelait Artbranan. Ce nom
est irlandais. Ce n'est pas une difficulté, répond M. Rhys ; il y a tel
Gallois qui porte un prénom anglais et qui, par exemple, s'appelle John.
Cet argument n'est pas concluant. L'usage des vaincus est de copier les
noms propres des vainqueurs. Après la conquête romaine, les Gaulois
ont emprunté aux Romains leurs gentiliees, leurs prénoms et souvent
même leurs surnoms. Un petit-fils de roi gaulois, chef d'une grande in-
surrection gauloise, un peu plus d'uii siècle après la mort de César, s'ap-
pelait C. Julius Vindex.
Après la conquête barbare il y eut en Gaule comme un nouveau chan-
gement de décoration et les Gallo-Romains s'affublèrent de noms francs
ou burgundes, tout en conservant leur langue qui bientôt les vengea en
étouffant la langue des vainqueurs. Mais, au temps de Colomba et de
Bède, les Pietés avaient conservé leur indépendance et on ne comprend
pas pourquoi ils se seraient gratuitement infligé l'humiliation d'aban-
I. Adamnan^ Vie de saint Columba, livre I, c. 33 ; livre II, c. 32, édition Reeves,
p. 62, 145; Migne, Patrologia Uitina, t. 88, col. 737 C, 752 A.
38a Bibliographie,
donner leurs noms héréditaires et nationaux pour les remplacer par ceux
d'un peuple ennemi».
M. Rhys cherche à découvrir des mots qui auraient appartenu à la
langue des populations antérieures à la conquête celtique. Cette langue,
suivant lui étrangère à la famille indo-européenne et apparentée au
basque (p. 274), serait celle que le Glossaire irlandais de Cormac appelle
iarn-bélre. Au iarn-bélre appartiennent par exemple les mots férn * « bon ■
(p. 270), et, dit M. Rhys, Néiti «dieu de la guerre» (p. 26^). Mais fera
nous semble n'être que le positif de Pirlandais /err a meilleur ». Ce com-
paratif a perdu le suffixe qui termine le positif comme en latin major^ au
positif mâ^nu5 ; en irlandais m<iâ, au positif mdr, tressa^ au positif trén.
Quant à Néit, il suppose un thème nanti- presque identique au thème
nantha-(\u\ se retrouve dans les langues germaniques, témoin le gothique
ana-nanthian^ ToXfJLâv, et un certain nombre de noms propres, parmi
lesquels celui de la célèbre reine de France Nanthilde 4. L'origine basque
de ces mots est encore à prouver.
L'opinion dominante aujourd'hui fait venir directement d'Espagne, sans
passer par la Gaule, les populations primitives des Iles-Britanniques soit
antérieures à l'invasion celtique, soit goidéliques. Le point de départ des
divers systèmes émis sur ce point est un passage de Tacite dans sa Vie
d'Agricola (c. 1 1) : « Silurum colorati vultus et torti plerumque crineset
posita contra Hispania, Iberos veteres trajecisse, easque sedes occu-
passe fidem faciunt ». Le premier argument de Tacite : « visages colo-
rés » et a cheveux crépus », semble peu décisif. Il faudrait démontrer
que les Ibères auraient eu le monopole des a visages colorés » et « des
« cheveux crépus ». Mais que veulent dire les mois posita contra His-
pania f Comment le pays des Silures, c'est-à-dire la rive dioite de la
Severn, fait-il vis-à-vis à l'Espagne ? Il y a un monument de l'antiquité
qui explique très bien cette situation apparente. C'est la carte dite Table
1. Sur la langue picte, voyez Reeves, The life of St Columha^ p. 6) note; Wtiîtley
Stokes dans les Beitragt de Kuhn, t. V, p. $66; dans Thru Irish glossaria, p. uviii,
xxiX; et Windisch dans V A llgemeine Encyclopédie^ deuxième section, t. XXXV, p. 136.
2. Whitley Stokes, Sanas Chormaic ^traduction du Glossaire de Cormac) p. 76; dans
Three irish glossaries^ d. 22, et dms le Leabhar breac, p. 267, col, 2, ligne 20, on
tiouve la mauvaise leçon yî^rn.
). Néit est la leçon du Leabhar breac, p. 26$, col. 2, ligne 9; cf. Whitley Stokes,
Three Irish glossaries, p. 13, 1. i, v" cul. L'orthograpne n«7fc, Leabhar breac. p. 269,
col. 2, ligne 35 ; Whitby Stokes, Three irish glossanes, p )i, a été rejetée par M. Wh.
Stokes, ibidem, p. xxxiv. et dans sa traduction du Glossaire de Cormac. p. 122. ^>
J'ignore pourquoi M. Rhys écrit nit; cf. ned chez O'Javoreo (Three Irish glossaries,
p. 108), mais néid chcx O'Clery, Revue Celtique^ V, 28.
4 Grimm. Deutsche Grammatik, t. II, p. $ 1 2 : Fœrstemann, Perroamn<imeji, col. 949;
Schade, Altdeutsches Wœrterbuch^ deuxième édition, 1. 1, p. 6^9, au mot nandjan.
Bibliographie. )8)
de Peutinger. Le premier segment de cette carte est perdu ; mais le se-
cond segment, qui est conservé, contient de la Grande-Bretagne une
partie assez développée pour nous montrer comment dans le premier
segment les Iles-Britanniques devaient être disposées. La Grande-Bre-
tagne, au lieu de se tenir pour ainsi dire debout au-dessus de la Gaule,
comme on le voit dans nos cartes modernes, était en quelque sorte cou-
chée sur la Gaule et sur l'Espagne. La région habitée par les Dumnorai,
aujourd'hui comtés de Devon et de Cornwall, faisait face à Bordeaux dont
un étroit canal la séparait. Le pays des- Silures, à l'embouchure de la
Severn, sur la rive droite de ce fleuve, faisait face à la Galice où la ville
de Brigantia possédait un phare assez haut pour que de là on pût voir
la Grande-Bretagne, comme le prétendent à la fois Orose et la Cosmo-
graphie dite d'Aethicus '. Au delà, suivant les mêmes documents géogra-
phiques, l'Irlande s'interposait entre la Bretagne et l'Espagne, en sorte
qu'une partie des côtes irlandaises regardait à distance la ville de Bri-
gantia^. Un auteur irlandais du onzième ou du douzième siècle a tiré de
ces textes une bizarre conséquence. Il nous montre le mythique héros
Ith mac Bregoin monté sur la tour de Brigantia d'où^ par une belle soirée
d'hiver, il aperçoit l'Irlande ?.
Suivant moi, la doctrine qui fait venir d'Espagne les premières popu-
lations des Iles Britanniques n'est guère plus scientifique, malgré la sé-
duction qu'elle a exercée sur des esprits éminents.
Une autre doctrine plus moderne, mieux assise et qui est commune à
MM. Windisch et Rhys, c'est que le plus ancien nom connu des Pietés,
Cruithnech, en irlandais, est dérivé d'un thème identique à un nom gal-
lois de nie de Bretagne, Prydain, Dans Cruiihnech^ il y a une métathèse
de Vu; Cruithnech est pour *Quritanicos dérivé d'un thème *quritani^.
1. Secundus angulas circium intendit, ubi Brigantia GalUeciae civitas sita altissimam
farum et inter pauca memorandi operis ad speculam Britar.niae erigit Orose, livre I,
C- 2. S )3t ^hcz A. Riese, Ceogra,thi btini minores^ p. 64. 1. 2$ : p. 65, 1. 1. Migne,
Patrohgia latina^ t. XXXI, col. 689. La phrase d'Orose est reproduite avec des variantes
orthographiques sans importance dans la Cosmographie dite d'Aetnicus, livre II. c. |),
chez Riese, p 98, 1. 2-). La doctrine qu'elle expnme est une exagération de la doa.ine
de César qui, pariant de la Grande-Bretagne, Dt bello gallico, VI, 13, dit: Latus... al-
terum vergit aa Hispaniam atque occidentem solem.
2. Hibernia insula inter Br.ianniam et Hispanijm sita longiore ab africo in boream
spatio porrigitur; hujus partes priores intentae Cantabrico oceano Briganiiam Galaeciae
civitatem, ab africo sibi m circium occurrentem. spatiosc Intervallo procul spectar.t. Orose^
i. 1. c. 2, g 39; chez Riese, p. 65, 1. 22; p. 66, 1. 1-3. Cf. Migne, Patrohgia latina,
t. XXXI, col. 690, 691. Voir aussi Cosmographia^ livre 11, c. 39; chez Riese, p. 98,
1. 2j, 26; p 99, 1. I, 2.
). Livre de Leinstrr, p. 3, col. 2, lignes 6-9: p. ii,coL 2, lignes $o-$i.
4. En moyen irlandais Cruithean dans \e composé Cruithean-tuath : Leabhar breathnack^
édition Todd, p. i$8. De là le nom de Cruithne = * Quritanio-s, ancêtre mythique des
Pietés, ibU,, p. 154.
384 Bibliographie.
Le changement du ^ en p a donné Prydain avec P initial. Or, chose fort
remarquable, la Grande-Bretagne est appelée IIpeTTavt'a, Preitania avec
P initial dans les bons manuscrits de Diodore de Sicile et de Strabon;
npexTavixr', Prettanice est le surnom des deux îles 'louepv/a, Iverniay et
'AX^i'cov, Albion f dans le Périple de Marcien d'Héraclée '.Le P de Pret-
tanidy Prettanice, pour Pritania^ Pritanice^ doit être Torthographe de Py-
théas. Cette orthographe parait se rapporter à une époque où les Pietés
étaient la race dominante dans les Iles appelées par les Grecs AXoW et
'louepvia; alors les Brittones ou^ Britanni des Romains, les Bretain des Ir-
landais n'avaient point encore acquis dans ces îles la situation importante
qui a fait créer par les Romains le terme géographique de Britannia^ où
un b supplante le p initial primitif. Alors enfin, soit dans 111e, soit sur le
continent, certaines populations celtiques substituaient déjà \^ p dM q
indo-européen et appelaient Iles-Pritaniques les îles, alors pietés, de
Grande-Bretagne et d'Irlande. Ces populations celtiques ont appris ce
nom à Pythéas. C'était vers la fin du quatrième siècle avant notre ère.
Un peu plus de deux siècles et demi plus tard, César trouva le midi de
la Grande-Bretagne occupé par les Gallo-Bretons. De là, l'usage romain
du mot Britannia avec substitution du â au P initial plus ancien.
Je n'ai pas trouvé dans le livre si intéressant et si instructif de
M. Rhys ce rapprochement entre le nom irlandais des Pietés et le nom
grec des Iles Britanniques. Je le propose comme un supplément à la
partie linguistique de cet ouvrage à laquelle je ne pourrais donner trop
d'éloges, malgré certains dissentiments avec l'auteur sur quelques détails
accessoires; car il est fort possible que sur ces points divers, dont je ne
parle pas, comme sur les questions plus importantes que j'ai traitées
dans ce compte rendu, ce soit le critique qui se trompe et M. Rhys qui
ait raison.
H. d'ARBOIS DE JUBAINVILLE.
Saint George and the Dragon, a world-wide legend localised, by GuaDon,
London, Wyman and sons, 188$, in- 12, i)8 pp.
Cette composition paraît une œuvre d'imagination ; Tauteur y a intro-
duit un certain nombre de mots comiques dont on trouve la liste aux
pages 127 et 128.
I. Charles Mûllcr, Geographi graci minores, t. 1, p. 155» J60-562, Cf. Mûllenhof,
Deutsche Àltertumskunde^x. I, p. 94, 9$, 385, ^92, 469, 471.
Bibliographie. ^85
T Gomerydd, das ist : Grammatik des Kymraeg oder der keltowaelischen Sprache
▼on Ernst Sattler. Zurich und Leipzig. Albert MûUer's Verlag, 1886, petit in>8,
418 pages.
Cet ouvrage a surtout un but pratique, sans négliger cependant, dit
Fauteur, le côté scientifique.
Le titre seul de y gommerydd, le Gomerien,si cher aux Celtomanes des
pays celtiques, était une promesse. Aussi, quoique l'auteur se réclame
de la Grammatica celtica et cite les noms de MM. Windisch, Rhys,
Thumeysen, à côté, il est vrai, de ceux de Mone^ Bacmeister, etc., il
n'est que trop facile de voir qu'il a peu profité du mouvement scienti-
fique des trente dernières années. Quelques citations suffiront à édifier nos
lecteurs :
P m. « Les Kymry sont appelés par les Anglais Welshmen, Welsh
peopUy et leur langue nommée Welsh, d'après le nom du pays Waleis
^firanç. pays de Galles], qui est devenue Wales, mais qui primitivement
ne désignait qu'une partie du Sud-Galles avec le comté de Pembroke,
où depuis longtemps on ne parle qu'anglais. » (Il est à peine besoin de
faire remarquer que Waleis est la forme anglo-normande du pluriel fran-
çais Gallois.)
P. VII, en note, nous apprenons que le celtique s'est transformé len-
tement en Irlande, plus vite en Galles, encore plus vite en CornouaîIIes,
le plus vite en Armorique, de sorte que l'irlandais peut être considéré
comme la langue mère du ga'lois, et celui-ci du Brez ou breton ! (Où
M. Sattler a-t-il pris que Brez signifie breton ?)
P. IX. Le gallois gwyiltred est tiré du gaulois vertragus.
P. XIII. Four l'auteur, ce qui distingue le gallois moderne du vieux-
gallois, c'est que le premier a comme terminaison plurielle auy et le
second ou, et c'est tout !
P. )4). Ethryb (0 ethryb à cause de) est comparé à l'irlandais aihraib
patribus; herwydd vient àe ger-'gwydd corsuti yisn alicujus; er (quoique)
vient de awr hora.
P. 128. Le gallois sef, ysef est rapproché d'une forme prétendue
irlandaise isem. Or isem, comme chacun sait, est justement le type vieux-
gallois de ysef et se trouve dans le codex Lichfeldensis et dans les
gloses.
P. 48. Le gallois-moderne aber a passé par une ïormt aubar en vieux-
gallois, apper, aper en moj'en-gallois!
P. 53. Le nom gallois Rhys est identifié au gaulois rix dans Ambio-
rix, Vercingetorix.
P. 265. Rhaid nécesssité vient de l'irlandais rect^ recht,
Rev. CeU. VII. 2$
){6 Bibliographie,
Nous pourrions accumuler les exemples. Ceux que nous venons de
donner sont suffisamment caractéristiques. Il est évident que l'auteur
dans la pznk scientifique de son œuvre a pris non seulement pour guides
Zeuss et Ebel, mais encore Owen Pughe and C**.
Au point de vue pratique, Touvrage a le genre de valeur qu'ont les
manuels construits d'après la méthode Ollendorf. On pensera peut^tre
que c'est une idée assez singulière que celle de vouloir enseigner prati-
quement une langue qu'on est incapable d'entendre et de parler cou-
ramment. Il faut dire à la décharge de M. Sattler que, si la méthode
Ollendorf n'est guère employée que pour apprendre la langue parlée, il
a lui l'ambiiion d'enseigner le gallois littéraire des trois derniers siècles.
Ses exercices sont un amalgame de phrases disparates empruntées aux
Mabinogion modernisés, il est vrai, à la Bible, à différents ouvrages mo-
dernes. Remarquons en passant que M. Sattler parait connaître d'une
façon très vague la littérature galloise, même celle des trois derniers
siècles. De l'ancienne littérature, il ne cite que le Saint Graal, les Mabi-
nogion, Brut Tyssilio; de la nouvelle, les romans de Liew Llwyfo, une
des nombreuses célébrités des Risîeddfodau gallois, et les œuvres gram-
maticales de Silvan Evans, écrivain et grammairien gallois justement
apprécié, de Tegai, Isaac Jones, Mendus Jones. Les phrases galloises,
au moins celles qui nous sont tombées sous les yeux, nous ont paru
traduites avec soin. Certaines parties de la phonétique, par exemple, les
mutations des consonnes initiales, se.mblent présentées d'une façon plus
pratique que dans la plupart des grammaires galloises. On trouvera
aussi ça et là quelques observations intéressantes, sinon toujours bien
exactes, de l'auteur sur la prononciation galloise. En somme, l'ouvrage
peut être utile aux Allemands qui voudraient apprendre le gallois litté-
raire moderne par la méthode Ollendorf ■ .
J. LOTH.
Une nouvelle interprétation du nom de Lngdunnm, par A. vacbez,
Lyon, 1886, in-8, 14 pp.
C'est un tirage à part de la Revue du Lyonnais^ XLVII« année, cin-
quième série, t. 1, numéro de janvier 1886. L'auteur accepte Tétymo-
logie proposée par M. d'Arbois de Jubainville qui considère le premier
terme du nom de Lugdunum^ d'abord Lugu-dunum^ comme identique au
nom du personnage mythologique irlandais Lug, au génitif Loga, Ce
1. Une particularité de l'orthographe galloise de M. Sattler, c'est quMla adopté le d
barré au lieu du double d dont se servent les Gallois pour exprimer la spirante dentale
douce. M. Rhys l'avait également fait dans ses Lectures on WtUk phibhgy.
Bibliographie. 387
serait le dieu que César a présenté comme identique au Mercure romain.
M. Vachezfait observer qu'à Lyon, sous Tibère, un temple avait été
élevé à Mercurio Augusto, c'est-à-dire aux divinités réunies d'Auguste et
de Mercure, d'Auguste et de Maia, parèdre de Mercure; Mercurio Au^
gusio et Maiae Augastae. Ce fait est établi par trois inscriptions du musée
lapidaire de la ville de Lyon, qui portent les n""' 719, 720 et 721 '.
Les origines de l'ancienne France, par Jacques Flach, professeur d'his-
toire des législations comparées au Collège de Frauce. Le régime seigneurial (x* et
XI* siècles). — T. 1, Parb, Larose etForcel, 1886, in-8", 475 pages.
Nous nous bornons à annoncer cet ouvrage, qui traite de l'histoire ju-
ridique de la France à une époque que l'on ne considère plus comme
celtique. Toutefois, nous appellerons l'attention sur les quelques pages
consacrées à la famille gauloise et à la clientèle en Gaule (p. j s-60). On
y voit que les Romains ont trouvé en Gaule une sorte d'organisation
féodale analogue en principe au moins, à celle du moyen âge. La
puissance romaine a arrêté le développement de la clientèle des chefs ;
la chute de l'empire romain d'abord, ensuite l'affaiblissement des princes
carlovingiens ont fait faire à cette clientèle des progrès d'où est résultée
la constitution féodale du moyen âge.
I. voyez A. de Boissieu, Inscriptions antiques de Lyon^ p. 606-607 : Mercurio Augusto
et Maiae Augustai sacrum ex veto. M. Herennius, M. libertus^ Albanus^ aedemet signa duo
cum imagine Ttlberii] Augusti d[e\ s\uj] p[ecun:a] solo publico fecit. Tel est le texte trois
fois répété. Comparez ici- même plus bas, page 400, la note de M. Sacaze.
CHRONIQUE.
i.
Parmi les travaux récemment publiés qui peuvent attirer Pattention des
celtistes, nous devons signaler l'article publié par M. d'Arbois de Jubainville
sur les origines gauloises. A propos de V Empire cclti/jue au iv« sïkck avant
notre ére^y notre confrère, s'appuyant sur les textes et la philologie, expose
avec une grande lucidité une thèse qui peut servir de guide sûr aux historiens
et aux archéologues et qui ouvre des horizons nouveaux. Pour ma part, je crois
que la numismatique apportera des arguments précieux à l'appui des opinions
de M. d'A. de J. et que cet article ne sera pas inutile pour arriver au classe-
ment chronologique et régional d'une très nombreuse série de monnaies attribuées
jusqu'ici uniquement â la Pannonie et à Tltalie septentrionale. — Pendant que
nous parlons de recherches qui touchent à la numismatique, n'oublions pas une
lecture laite à l'Académie des Inscriptions et Belle»- Lettres» dans laquelle
M. Ch. Robert a proposé une interprétation nouvelle des deux noms d'hommes
qui sont inscrits sur un assez grand nombre de monnaies gauloises, principale-
ment dans les régions centrales et dans le sud-est >. M . Robert démontre que
Saulcy y a vu trop souvent des noms de chefs de peuples, particulièrement de
ceux qui sont mentionnés dans les Commentaires. Il est porté à croire qu'i
l'imitation des Grecs, auxquels les Gaulois ont tant emprunté, de ces deux
noms, Tun pouvait être celui d'un magistrat d'ordre supérieur, l'autre celui d'un
agent chargé soit de la direction, soit du contrôle de la fabrication. Une élude
sérieuse de la numismatique massaliète, qui eut une si grande influence en Gaule ae
manquerait pas, j'en suis convaincu, de fournir des indications utiles sur ce point.
— C'est encore devant l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres que M. Ro-
bert a contesté une opinion, admise depuis longtemps, d'après laquelle certaines
monnaies armoricaines sur lesquelles la tète du droit, entourée de petites
tètes humaines reliées par des cordons perlés à la principale, représenterait
Ogmios, dieu gaulois de l'éloquence, attachant les auditeurs par les chaînes de
1. Rev, historique, 1886, t. )o, p. i à 48.
2. Re», archioL, )• série, t. 8, p. 324.
Ckroniqae. ^89
ses paroles, d*après un texte de Lucien >. M. Robert croit que ces tètes
sont simplement celles d*ennemis tombés en combattant; qu'il y a iâ un simple
souvenir de victoire, symbolisé par ces trophées sanglants.
Puisque nous rappelons des rech«>rches dues à l'érudition infatigable du
savant académicien, nous applaudirons à la note dans laquelle il prémunit, en
exposant des faits qui lui sont personnels, contre la tendance qui tend à
donner des dates trop reculées â des objets de diverses époques juxtaposés par
le hasard >; c'est très judicieusement qu'il pose cet axiome: • On a tort de
partager le passé en grandes tranches, au point de vue du mobilier et des
armes. » Je me souviens qu'habitant la Bretagne, sous un dolmen de la commune
de Ploufragan (Côtes-du-Nord), je recueillis quelques pièces gauloises et
romaines et un double tournoi d'Henri III ; je constatai un fait analogue sous
an dolmen de la Haute-Saône : là je trouvai des pièces gauloises et carolin-
giennes. Il est très probable qu'en temps de guerres et d'invasions ces monu-
ments servirent de refuges.
M. Gaidoz. dans une série d'articles publiés dans h Rmie archiologî^tu
en 1884 et 1885, qu*il a eu l'excellente idée de réunir en brochure), a donné
une première dissertation sur la mythologie gauloise; il y traite du Dieu gaulois
du soleil et du symbolisme de la roue 4. M. Gaidoz distingue, chez les Gaulois,
le Dieu du Soleil du Dieu du Tonnerre et pense qu'à une époque basse et sous
l'influence romaine, les deux furent réunis en un Jupiter; il explique cette assi-
milation par ce fait que les Romains n'auraient connu que tard le dieu Soleil ;
ce fait est contestable puisque le dieu Sol est mentionné par Varron. La roue,
symboledu soleil, est étudiée par l'auteur en Europe et en Asie; partout il relate
nombreux exemples delà présence de ce signe dans les fêtes solaires, les solstices,
les fêtes de saint Jean, en France, en Angleterre, en Allemagne^ etc , passant
ainsi du paganisme au christianisme. Comme tous les mythologues, M. G. a
réuni tous les faits qui avaient une certaine analogie, rapprochant ainsi des
légendes et des usages quelquefois étrangers les uns aux autres quant à leur
origine. Néanmoins il a formé un recueil utile et mis en évidence des faits
certains et des déductions précieuses. Nous souhaitons vivement qu'il continue
ses études et aussi qu'un heureux hasard lui fasse découvrir le nom que le Dieu
soleil portait chez les Gaulois.
M. Danicourt fait connaître dans un article accompagné de plusieurs planches
les antiquités trouvées en Picardie depuis plusieurs années). L'âge de la pierre,
répoque du bronze y sont représentés par des pièces curieuses, ainsi que les
monnaies gauloises parmi lesquelles on remarque plusieurs types inédits.
M. Danicourt a eu une idée très ingénieuse. C'est une grande carte de la Gaule,
1. Ann, de la Soc. de Numismatique^ i88ô, p. ip.
2. Compta-rendus de V Académie des I. tt 0.-L., janvier 1886.
). Eluda de mythologie gauloise^ Paris, 1886, E. Leroux, in- 8*, de 11$ pages avec
nombreuses gravures.
4. Re9, arekéol.f )* série, t. 7, p^ 6).
5. ihid,^ p. 139.
)90 C/mmifoe.
divisée en compartiments dans lesquels il classe les monnaies d'après lenr
fal)rique et leurs provenances. Je crois qu'en tenant ce médailiier d'un nouveau
genre au courant des travaux et des découvertes, on pourra obtenir d'excellents
résultats. Les grandes collections publiques devraient avoir des cartes de ce
genre.
Dans VAnnuûire de la Marne dt 1886, M. Conhaye, de Suippes, a fait l'in-
ventaire des tombelles ou tomelies qui existent dans les arrondissements de
Reims, de Châlons*sur« Marne et de Sainte-Menehould, avec l'indication des
noms de lieux dits cadastraux. Toutes ces tombelles ne sont pas d'origine gau-
loise, certainement; il appartient aux archéologues de la Champagne de discerner
celles qui remontent à une époque antique et celles qui datent du moyen âge;
mais ces statistiques sont de bons instruments de travail. ~ Mentionnons une
note dans laquelle M . P. de Lisie du Dréneuc signale la présence de menhirs
prismatiques, disposés de manière â former des triangles équilatéraux dont les
côtés ont parfois de très grandes dimensions.
Dans une lecture faite à la Société des Antiquitaires de France, M. E. Flooest
a fait connaître la présence de quatre squelettes dans les restes d'uu tomulvs
ruiné, à Cusey (Haute-Marne). Sur ces quatre squelettes, il y en avait trois qui
avaient, chacun, pour parures, deux bracelets à chaque poignet et quatre anneaux
de cheville à chaque jambe. Des deux bracelets, l'un était en bronze, l'autre
en cette substance désignée longtemps sous le nom de bois d'if. Les anneaux
de cheville étaient tous en bronze; les bracelets les plus ornés paraissent avoir
été destinés au bras gauche. La mensuration du vide de ces anneaux indique
que ces squelettes devaient être féminins. Cette parure, identique pour tous, a
un caractère d'uniformité qui peut servir â indiquer une époque au point de vue
du classement des bracelets et des anneaux. U ne semble pas que dans ces
fouilles, on ait trouvé des torques.
Ce qui me fait faire cette r€fI?xion, c'est que M. le baron J. de Baye et
M. Aug. Nicaise se sont occupés chacun de la question des torques. M. de
Baye' a cherché à établir que cet ornement, chez les Gaulois, était porté éga>
lement par les hommes et par les femmes; il s'appuie sur nombre de textes et de
monuments. M. Nicaise > croit que dans une partie du nord»est de la Gaule,
le torques était porté exclusivement par les femmes ; à l'appui de son opinion,
il invoque des centaines de fouilles, faites en Champagne soit par lui, soit par
d'autres archéologues. Doit-on en conclure qu'i une certaine époque, les terri-
toires des Rèmes, des Suessions et desLingons furent occupés par une population
chez laquelle l'usage du torques n'était pas le même que dans le reste de la
Gaule .> Cette population était-elle celle qui faisait usage de chars et de casques
coniques tels qu'on en a trouvé dans la Marne? La question reste à Tétude; on
ne pourra conclure définitivement qu'après avoir pris connaissance du résultat de
1. Bulletin monumental^ 1886.
2. Mémoires de la Société d'agriculture^ science, art et bettes-Uttres de ChMons^sur-
Marne.
/ Chronùitte. ^91
fouilles surveillées avec le pias grand soin. En tout cas, si on arrive â trouver
ane exception, il n'en restera pas moins certain que, dans les trois quarts de la
Gaule, le torques était un ornement de guerrier.
Le lieutenant-colonel G. de La Noé a communiqué à la Société des Anti-
quaires de France une étude complète sur les enceintes de Tépoque gauloise et
sur le système de fortifications usité avant et pendant la conquête. Après avoir
commenté tous les textes classiques et étudié sur les lieux les oppidum qui
existent encore, M. de La Noë a pu, le premier, poser des règles qui permettent
^e reconnaître les enceintes que Ton peut attribuer à ces temps reculés. En
pareille matière il est indispensable que les travaux sur le terrjin et les plans
soient établis par un spécialiste; il est non moins important que les textes soient
interprétés par un militaire qui, à In connaissance parfaite du latin et du grec,
joigne l'expérience qae donnent les études imposées aux officiers du génie.
On n*a pas oublié combien la collaboration du général Creuly, qui appartenait
aussi â cette arme, a élucidé la traduction la plus récente des Commentaires de
César, Il entre dans le plan de Touvrage de M. de La Noë de vulgariser les
pf incipes qui permettent, en ce qui concerne la France, de distinguer facilement
les enceintes des époques gauloise, romaine, Iranque, carolingienne et du haut
moyen âge. Jusqu'à ce jour, on n*a guère eu que des données très vagues qui
n'ont servi qu*â accréditer de graves erreurs et à multiplier des camps de César
apocryphes.
M. Th. Reinach a remarqué le mot hébreu Calmouda qui se rencontre dans
Job et dans Isaïe et que le rabbin Akiba, contemporain de l'empereur Hadrien,
dit avoir entendu employer dans le pays de Galia i ; il demande s'il ne s'agirait
pas ici d'un mot celtique conservé dans le langage populaire de la Galatie; cette
question est justifiée par l'assertion de saint Jérôme affirmant que les habitants
d'Ancyre avaient un idiome analogue à celui des Trévires *.
A. DE B.
U.
La Collection des documents inédits sur l'histoire de France publiée par les soins
du ministère de l'Instruction publique contient un recueil intitulé: Mélanges his'
toriques. Choix de documents, in-4. Le tome cinquième de ce recueil vient de pa-
raître sous la date: Paris. Imprimerie nationale, 18S6. On y trouve, p. ^33-
600, le Cartulaire de Landévennec, par MM. Le Men et Emile Ernault, avec une
préface par M. d'Arbols de Juba in ville. Le manuscrit remonte pour la plus
^grande partie au milieu du xi^ siècle. La copie avait été préparée par M. Le
lien archiviste du département du Finistère qui est mort avant le commence-
ment de l'impression. Elle a été coilationnée sur le manuscrit par MM. d'Ar-
bois de Jubainville et Ernauit. M. Ernault est l'auteur de l'index.
I. Re». archéol.y 3* série, t. 7* p. (9>
a. cf. Re». celt.j t. 1, p. 179-192.
^cp - Chronupit.
m.
Les Archives de Bretagne , rectuil d* actes de chronùiun et de documents histon4iBes
rares ou inédits publié pir la Société des Bibliophiles bretons et de Thistoire de
Bretagne ont atteint leur troisième volume qui contiendra, en deux livraisons,
le Myst'cre de sainte Barbe, tragédie bretonne, texte de 1^57, publié avec tradactioo
française, introduction et dictionnaire étymologique du breton moyen par Emile
Ernault. La première livraison oui renferme le texte et la traduction a été dis-
tribuée aux membres de la Société il y a quelques mois. On nous fait espérer
la seconde livraison pour une date prochaine. On y trouvera rintroduction et le
glossaire qui termineront le volume. Alors aura heu la mise en vente. L'auteor
prépare une nouvelle édition de la Vie de sainte Nonne qui paraîtra, nous l'es-
pérons, dans le tome VIII de la Revue, celtique.
IV.
M. John Rhys a été cette année chargé des leçons connues soos le nom de HibUert
Lectures qu'avaient faites à des dates rapprochées de nous M. Ernest Renan et
M. Albert Réville. Elles ont duré un mois, du 3 mai au 5 juin. M. Rhys a io
deux fois ch.icune de ses huit leçons, et chacune a eu deux auditoires, Ton i
Londres, l'autre à Ox'brd. Il a trouvé un grand succès même à Oxford , endéprt
du proverbe biblique c nul n'est prophète dans son pays • ; la nouveauté dn
sujet : mythologie celtique, a dès le premier jour attiré autour de la chaire une
nombreuse assistance universitaire que le talent du professeur lui a rendue fidèle
jusqu'à la fin. Un des auditeurs m'a écrit qu'il a été surtout frappé par ce qoi
concerne |o le héros civilisateur gallois GwJ'dion parallèle au Woden ou Odin
germanique, 2^ le gallois Lludd llaw-ereint et flrlandais Nûadu arget-iàm, qui
tousdeuxont une c main d'argent • pour symbo!e caractéristique. Il s'écoolera
plusieurs mois avant que les leçons de M. Rhys ne soient publiées. Noos croyons
donc être agréable aux lecteurs de la Revue Celtique en leur mettant sous les
yeux le programme qui a servi d'annonce à l'exposition orale si intéressante
du savant professeur.
Syllabus of the Hibbert teaurei, 1886. Professer J. Rhys, M. A., of the University of
Oxford. The origin and growth et religion as illustrated by Celtic heathendom.
Lecture I. — Sources of our earliest information about the gods of the
Celts. Ancien! authors, especially Caesar, and the inscriptions. Some accouot
of the Gaulish Mercury, or Cultore-god : his Gaulish name and attributes.
The gaulish god of war, once the head ot the Gaulish panthéon : ooinpartsoiis.
Lecture II. ^- The Culture Heroof the Welsh, and how he acqiiired fron
Hades certain animais usefîil to man : his Goidelic covaterpart. The Sfûritual
and intellectual aspect of his achievements, the origin of poetry^ etc. .
Lecture III. — The Culture Hero's history çontmaed, and some of his
Chfookjttt. ) 9)
dtscDssed— Wodm his coanterpart in Teatonic theology— comparisons witb
Woden, with Ulysses and Prometheus, and with the Vedic god Indra. The
antagonisni between the Culture Hero and the older gods.
Lecture IV.— The Solar Hero. or Sun-god— the Welsh accotint of his birth
and his relation to the Culture Hero: the Goidelic account of him. TheSun-god
not always anthropomorphic : Chrestien de Troyes' romance of the Chevalier au
Lion. Outlines of the character and attributes of Cûchulainn. Some of the
names of the.Sun-god, both Irish and Welsh, discussed. The wide area of his
cuit in the Celtic world of antiquity.
Lecture V. — The Culture Hero and the Sun-god in other cycles, Irtsh and
Welsh, especially the Arthurian. The Mabinogion and the Arthur legend.
Arthur's Court and the Round Table. The question of a historical Arthur and
his relation to the Culture Hero. The unhistorical nature of the war with
Medrod, and the accounts of its termination.
Lecture VI. — The mythological significance of the blot in the Arthur
legend. Walter Map and his St. Graal : GaUhad, the idéal knight of perfect
chastity. Arthur's queen and her capture by MelwasT the nature of the latter's
realm and the accesses to it; the importance of Glastonbury in Celtic
mythology. The names, Gwenhwyvar (Guinevere), Medrod (Modred) and
Arthur.
Lecture VII. — The terrene divinities of Celtic theology, the death-goddess
Danu (Welsh Dân)^ and her descendants, the Goidelic gods. Their struggle
with the Fir Bolg and the Fomoiri, and its development in Irish mythic his-
tory. The form assumcd in Welsh by the same contest between the gods and
the powers of evil, and also in Old Norse literature. The rôle of the Solar Hero
in them, and their conrnion climatic origin.
Lecture VIII. —The same contest as pictured by some oftheGreek liuOoypidoi:
Héraclès and Cûchulainn compared. Further remarks on the Sun Hero as scen
in this light; also on Nûdd and Llûdd« the Celtic 2>us. The association of the
oak with his wqrship : Druidism compared with the religions organisation of
the anciens Prussians, and contrasted with that of the Teutonic nations. Traces
of progress in the paganism of both Celts and Teutons : the introduction of a
milder cuit with the élévation of the Culture Hero or Man-god to a position in
their respective panthéons above the older and grimmer gods.
V.
Le journal VAcademy du 29 mat dernier, p. ^79, annonce une bonne nou-
velle : M. Whitley Stokes, qui a déjà publié dans les Anecdota oxoniensia le Psaiter
na rann, y donnera avec traduction anglaise et glossaire les vies irlandaises des
neof sdnts Patrice. Brigite,. Columba, Finnén. Finnchu, Brandan, Mocbua et
Ciaran d*après le célèbre manuscrit connu socs le nom de Uvre de Lismore qui
appartient au duc de Devonshire.
VI.
Le même numéro de VAeademy, p. ]%o, eXVAtkenaeam do même jour. p. 717,
nous apprennent que M. Whitley Stokes, dans une séance récente de la PhilO'
logical Society ^z exposé comment les noms d*Hébrides, d*!ona et de Grampians
sont le résultat de mauvaises lectures des mots Hebudes. lova. Grau pians.
VII.
Le mercredi 1 2 mai dernier. FAcadémie royale dlriande a célébré son cente-
naire ' par un banquet de quatre-vingt-quinze couverts. Ce banquet a eu lieu
dans la grande salle de la bibliothèque. La vaste antichambre qui sert ordinaire-
ment de salle de lecture avait été décorée par une exposition des plus beaux
monuments archéologiques conservés dans le musée et des plus intéressants ma-
nuscrits que l'Académie possède. La grande salle, dont tous les visiteurs admirent
les balcons et les proportions grandioses, était ornée de bannières et d*arbres
verts. Le président, Sir Samuel Fcrguson. si connu par ses travaux éruditseti
qui Taménité de son caractère a fait de si nombreux amis, était malheureuse-
ment retenu chez lui par la maladie. Il était remplacé par le vice-président qui
est en ce moment le Docteur Ingram, Senior fellowau Collège de la Trinité. Le
comte d'Aberdeen. lord-lieutenant d'Irlande, honorait l'assemblée de sa présence.
Parmi les noms des membres de l'Académie qui se sont trouvés au banquet,
plusieurs sont bien connus des celtistes. Tels 5onl ceux du Right Rev. D' Gra-
ves, évoque de Limerick. du professeur Robert Atkinson, du Rev. chanoine
Bourke, de MM. W.-M. Hennessy et P -W. Joyce, du Vcry Rev. W. Reeves.
N'oublions pas les excellents fonctionnaires de l'Académie, Rev. Close, Major
Mac Eniry. J.-J. Mac Sweeney, qui par leur obligeant accueil s'assurent le
souvenir reconnaissant de tous les étrangers attirés par l'amour de l'étude dans
les précieuses collections de la R. I. A. Ceux-ci relisent toujours avec plaisir
leurs noms.
VIÎI.
Le congrès archéologique de France a ouvert sa cinquante-troisième session,
i Nantes, le jeudi premier juillet. Plusieurs articles du programmese rattachent
ou complètement ou en partie au^ études celtiques. Nous citerons les suivants :
3. Indiquer les monuments élevés par les peuples qui occupaient le comté
Nantais jl l'époque de l'indépendance gauloise. — Signaler les villes^ bourgades,
I. L'Académie royale d'Irlande a tenu sa première séance le 28 avril lySj. Aux termes
des lettres patentes qni lui donnent la personnahtè juridique (iHcorporation), elle » tnw
objets: 1* Sciences, 2* Belles- Lettres, )* Antiquités dMrUnde. Elle est dirigée par nt
conseil de vin^l-une personnes, prises en quantité égale parmi les représentants de ces
trois branches d'études. Le premier volume de ses mémoires {transûOions) a pam
en 1787.
oppidun et lignes fortifiées dont on peut reconnaître les traces.*^ En rechercher,
Vàge et en décrire le mode de construction. — Retracer le parcours des routes
gauloises ayant existé dans le département de la Loire»lnférieure. — Indiquer
les anciens passages fréquentés de la Loire, de TAchenau, de la Sèvre, de
TErdre, du Don, de Tlsac et de la Vilaine.
12. Etudier les exploitations minières et houillères dans la Bretagne et en
particulier dans la Loire- Inférieure, à Tépoqne gauloise ou romaine et dans le
cours du moyen âge. ^ Exposer leurs procédés.
i6. Légendes anciennes. — Signaler, dans les provinces de Touest de la
France, les monuments de sculpture ou de peinture relatifs aux légendes de
saints bretons ou de héros du moyen âge. — Quelles sont les légendes se ratta-
chant aux noms de César, de Merlin, de Roland, d'Arthur, de Gilles de Retz
(Barbe-Bleue) et de la duchesse Anne?
17. Archéologie navale. — De Tétat ancien de la navigation dans le comté
Nantais. -> De la forme des navires employés par les marins bretons jusqu'au
xvm^ siècle, principalement dans la navigation côtière. — Signaler les monu-
ments sur lesquels on en retrouve des traces. — Peut-on assigner une origine et
une destination aux digues ou chaussées de pierre qui barrent la Loire et qu'on
nomme vulgairement </ui^j.^ — Peut-on fixer leur nombre, leur emplacement?
18. Géographie archéologique et ethnographique anciennes. — Le comté
Nantais aux différentes époques de l'histoire. — Eléments constitutifs de la
population du pays. — Races et types divers. — Limites des anciennes peu-
plades, trêves, frairies. — Leur origine. — Modi^cations subies par elles après
l'introduction du Christianisme. — Traces qui en subsistent au comté Nantais.
19. Des ressources que peut fournir l'étude de la géographie locale, et en
particulier celle des anciens noms de lieux, pour la connaissance de l'histoire et
de l'archéologie ancienne du comté Nantais. — Quelle part d'influence sur le
passé de ce pays convient-il d'assigner â l'élément celtique de la population et
i la langue bretonne? — Déterminer, d'après l'étude des noms de lieux et des
anciens cartulaires de la région^ l'emplacement des localités ayant servi de rési*
denceaux rois et ducs bretons. — Délimiter exactement les régions appelées:
te pays de la Mée, le pays de Raiz et le pays des Manges.
IX.
La Rcvae d'Ethnographie contient un article de M. P. Sébillot sur • la
langue bretonne, limites et statistique •• M. Sébillot détermine avec une grande
précision, village par village, la limite du breton et du français. Nous allons
donner ici les principaux résultats de cet important travail.
On pourrait figurer la limite du breton et du français en 1885, par une ligne
menée de l'embouchure de la Vilaine au nord-ouest de la baie de Saint-Brieuc.
Cette ligne est â peu près droite dans le département du Morbihan, d'Ambon
â Croixanvec; dans les Côtes-du-Nord, elle décrit un arc de cercle convexe dn
côté du pays bretonnant, de Saint-Connec i Plouha.
^9^ Chronique.
M. Sébîllot avait publié en 1880 dans la Revui Cdtîquc (t. IV, p. 277), ira
article de statistique où il essayait de fiyer le nombre des hjbitants des Iles Bri-
tanniques et de la France qui parlent une langue celtique. M. Sèbillot a revu
et complété ce travail et les chiffres donnés dans la Revue d'Ethnographie sont
sur quelques points assez différents de ceui qu'il nous proposait dans la Revae
celtique. Dans Tarlide de la Revue celtique^ la Bretagne n'occupait qu'une place
assez restreinte; dans le nouveau mémoire de M. Sèbillot, elle tient la première
place. Voici, pour les Iles Britanniques et la France, les derniers résultats aux-
quels est arrivé M. Sèbillot. Nous ne relevons que les chiffres qui diffèrent des
chiffres donnés en 18S0.
Dans la Bretagne française, le nombre des individus qui ne comprennent que
le breton s*élève pour les Côtes- du-Nord, i 14^,000, pour le Finistère à
3 $2,000, pour le Morbihan à 182,700. Lt nombre des individus qui comprennent
le français et le breton est de 302,000 dans le Finistère et de 190,000 dans le
Morbihan. Si on ajoute les bretonnants établis en pays gallo (environ 20,000),
on arrive à un total de 1,322,^00 habitants de TArmorique qui parlent la langue
bretonne. Avec les colonies bretonnes établies dans quelques villes de la France
on aurait 1,^40,600 bretonnants.
Quant aux Iles Britanniques, le nombre des Irlandais en état de parler leur
langue nationale est d'environ 949,900, les Gallois sont au nombre de
934,000; les Ecossais habitant la Grande-Bretagne, environ 239,900. Le nombre
total des habitants des Iles Britanniques qui peuvent se servir d'un dialecte cel-
tique est d'après M. Sèbillot de 2,248,360.
En Amérique, les Ecossais et les Gallois qui parlent leur langue sont au
nombre de 318,000.
Le nombre des individus qui peuvent parler une langue celtique est, ponr le
inonde entier, de près de 4,000,000. G. D.
Les lecteurs de la Revue celtique doivent se rappeler la savante note dans
laquelle (t. VI, p. 487-490) M. Gaidoz a contesté que les Gaulois eussent un
dieu personnel, LuguSy identifié par César au Mercure greco*romaîn. Suivant
M. d'A. de J., Lugudunum voudrait dire « forteresse de Lugus i, Lugus nom de
la divinité appelée d;»ns les textes irlandais Lug, au génitif Loga^ serait un des
noms du Mercure gaulois de César. Un des textes néo-celtiques sur lesquels
cette doctrine repose a été cité dans le présent volume (p. 230) sous a
titre: • Une légende irlandaise en Bretagne ». La question agitée entre
MM. d'Arbois de Jubainville et Gaidoz a été soulevée également en France
dans trois revues de province. On a signalé ici même dans la Bibliographie
(p. 369), un travail de M. Vachez qui adopte sur ce point l'opinion de
M. d'Arbois. M. Allmer, si connu par ses savants travaux sur Tépigraphie
romaine, a répondu à M. Vachez dans Lyon-Revue'. La réplique de M. d'Ar-
I. M. Allmer est réditenr et le principal rédacteur de la llmii ipigraphiqu da
Chmdqva. yjTj
bois de Jubainville à Vi, Allmer a paru dans la Rtyut du Lyonnais au mois de
mars dernier. Suivant lui, M. Allmer tire des conséquences inexactes d'un pas-
sage de rhistoire romaine de M. Mommsen dont voici la traduction : • Les
Celtes de l'Angleterre proprement dite étaient tout à fait semblables i ceux du
continent: noms de peuples, croyances, langues étaient communs aux uns et aux
autres. La nationalité celtique du continent avait trouvé un appui dans celle de
rtle; à son tour, la Gaule romanisée exerça forcément son action sur le pays qui
est aujourd'hui l'Angleterre et ce fut à elle surtout que Rome dut de pouvoir
s'assimiler la Bretagne avec une si étonnante rapidité. Mais les habitants de l'Ir-
lande et de l'Ecosse appartenaient à une autre race et parlaient une autre langue;
vraisemblablement le Breton comprenait leur gadhélique aussi peu que le Germain
la langue des Scandinaves. Les Calédoniens sont dépeints tout i fait comme
des barbares de l'espèce la plus sauvage, et quant aux peuples d'Erin, alors
hcrna, c'est à peine si les Romains ont eu un contact avec eux. Le prêtre du
chêne (derwydd, druida) exerçait ses fonctions sur les bords du Rhône comme
en Ang!esey, mais ni dans l'Ile de l'Ouest ni sur les montagnes du Nord > . ■
La dernière phrase de M. Mommsen contient une assertion erronée. Ainsi que
M. Dottin l'a établi plus haut, p. 280, l'Irlande avait ses druides comme la
Grande-Bretagne et la Gaule.
Du reste, M. Allmer exagère la portée de tout le passage que nous venons de
traduire, en le comprenant en ce sens que les Irlandais n'auraient point parlé
une langue celtique. C'est une question qui ne peut être discutée ici, et c'est
une doctrine que M. Mommsen ne professe nullement. Recourir à la mythologie
et aux légendes irlandaises pour expliquer la mythologie des Gaulois et des Bretons
est un procédé aussi légitime que celui qu'a employé Jacques Grimm dans sa
D:utsche- Mythologie, quand il a cherché' dans la littérature Scandinave l'explica-
tion des textes incomplets qu'on peut réunir sur la mythologie des Germains
établis au sud de la Baltique. Cette méthode est encore celle de M. Karl Simrock
dans le beau livre qu'il a intitulé: Handbuch dtr dcutschcn Mythologie mit
Einschiuss da nordischcn et dont le succès est attesté par ses nombreuses
éditions.
Sans faire ici un cours de mythologie germanique, on peut se borner à citer
deux roots. Le nom des dieux suprêmes en vieux Scandinave, au nominatif
pluriel aesir, est identique à celui des dieux gothiques que Jordanes appelle
au pluriel ansis. Le thème est ansi-; de là en France le premier terme de cer-
tains noms d'homme d'origine franque: tel est Anselme qui a dû être à l'époque
mérovingicnnt* Ansi-che mus ou * A.ise'chelmus, c celui qui a le casque des
dieux • ; comparez Anst-bcrcthus dans plusieurs diplômes mérovingiens >. Le
de ta France, Si jusqu'à présent dans ce volume il n'a pas été question de ce savantrecueil,
c*est q-ie le compte-rendu des publications épigraphiques est réservé à un rédacteur spécial
dont le travail n'est point tncore terminé.
1. Mommsen, Rœmische Ceschichte, t. V, deuxième édition, p. 168, 169.
2. C. Pertz. Diplomatum imperii tomus primas^ p. j), 1 16; p. $4, 1. 2. Tardif,
Monuments historiques, p. 12, col. 2, pièce 15; p. 24, col. i, pièce 30. Cf. Crimm,
;98 CkMàqnt.
premier des ûnsts étt celui qu'on appelSe en vidl-ailnnand Wtaaan^ en vieiti*
Scandinave, Oihin, C'est le dieu germanique dont les auteurs latins traduisent
le nom par Mercarius. Les textes fondamentaux ont été réunis par Jacques
Grimm dans sa Deutsche Mythologie^ Chose singulière, ce Mercure, ce dieu
sage qui a l'expérience des arts >, est en même temps le grand ordonnateur de
la guerre et des combats 9. On le trouve dans le monde germanique tout entier.
Ainsi la différence de langues, ou plus exactement les variantes dialectales, qui
séparaient des Scandinaves les peuples de la région appelée Cermania par les
Romains, n'empêchaient pas les Scandinaves d'avoir une religion dont les traits
fondamentaux se reconnaissent chez les peuples de la Germanie.
Il ne semble pas téméraire d'admettre que la religion des Irlandais a été avec
celle des Bretons et des Gaulois dans le même rapport que la religion des Scan-
dinaves avec celle de leurs voisins méridionaux, Saxons, Goths, Francs et
autres peuples du groupe que ks Romains ont appelé germanique. Le dieu
gaulois Ogmios que nous connaissons par Lucien se retrouve dans la mythologie
irlandaise. Les savants anglais ont découvert dans leur tie, sur les bords de la
Severn, le temple d'un dieu dont le nom au datif Nodonti 4 est identique an
datif Nâadail du nom porté par un dieu irlandais au nominatif Nâada, Quatre
inscriptions de la Grande-Bretagne mentionnent une Dca Brigantia s dont le
nom est identique à celui de la Brigit^ mère des dieux en Irlande 6, et proba-
blement à celui de la divinité appelée au datif Brigindoni^ en Gaule, dans
l'inscription de Voinay 7.
On a souvent fait remarquer que le père d'un des plus grands héros de
répopée irlandaise porte le nom d'un des dieux gaulois que les Gallo-Romains
ont confondus avec Mars. Find, le célèbre Fingai d'Ossian, e>t fils de Cufnall
Mac Cumaill comme on dit en irlandais, et Cumall est la forme irlandaise do
nom divin Câmu/uc conservé par une inscription de Rindern, Prusse rhénane^ ;
un Rémois porta à Rome le culte de ce dieu avec celui d*Ardainna9^ bdéssede
la grande forêt belge lo. Une inscription de la Grande-Bretagne nous atteste que
dans cette tIe Camulus était également honoré comme dieu n. Mac CumâiU^
surnom d'un des plus fameux guerriers de l'Irlande épique, peut représenter la
Deutsche Mythologie^ troisième édition, p. 22, 2); Smrock ^ Handbuch, cinquième édition,
p. I $8 et suivantes. Grimm, Deutsche Crammatikj t. II, p. 447.
1. p. 49, loS'iio.
2. Der kunstetfahrne Cott. Grimm Deutsche Mythologie^ p. 121.
3. Ordner der Kriege und Schlachten. Grimm, Ihid.i cf. Simrock, Handbach, p. 189
et suivantes.
4. Corpus inscriptionum latinarum, t. VII, n** 138.
5. Corpus inscriptionum latinarum^ t. VI , n*« 200, 20), 875, 1062.
6. Wh. Stokes, Three Irish glossanes, P- )}•
7. Wh. Stokes, Celtic declension, première édition, p. $7 ; deuxième édition, p. 67.
8. Brambach, Inscriptiones rhenanae^ 164.
9. Corpus inscriptionum latinarum^ t. VI, n* 46.
10. Brambach, Inscriptiones rhenanae, n' 589. Cf. césar, De Mio $àUic9^ I. V, c. }\
1. VI, c. 29.
11. Corpus interiptionum UaiMrum,t. VU, n* iio^
même idée que le nom da chef gaulois Camttlogtmu mis à mort par Tondre de
Labiénus, l'an 52 avant notre ère '.
il peut donc ne pas sembler trop hardi de penser que le grand dieu Lug =
*Lugus de la mythologie irlandaise, au génitif Loga == ^Lugovos, a pu être
Tobjet d*un culte snr le continent. Dans deux inscriptions gravées au temps de
Tempirc romain, c'est*â-dire à une époque où le culte gaulois était tombé en
décadence, le nom de ce Dieu apparaît au pluriel Lugoves ou Lugovibus >. La
seconde de ces inscriptions a été trouvée en Espagne sur le territoire d'Uxama^
aujourd'hui Osma, ville celtique, puisqu'elle appartenait aux ilr<ytf« qui sont des
Celtibères, comme Pline nous l'apprend ). Du nom divin des Lagons^ il ne
faut pas séparer le surnom de Luguadicus, Ce cognomen a été porté par un cer*
tain Valerius dont le 61s surnommé Hannonus était originaire d*Uxûma comme
nous l'apprend son épitaphe trouvée â Ségovie, autre ville des Arcvaci 4. Lu-
guadicus est dérivé de Lagus comme Dtoirysius de Dionysos et comme Apol"
lonias à*ApoUo, Son thème Lugaûàico- ne présente qu'une différence dialectale
avec celui du nom d'homme irlandais Lugaii^ au génitif Lugdachy formes qui
paraissent supposer un nominatif primitif *Luguadix, Entre autres personnages
de ce nom, nous citerons un monarque d'Irlande au cinquième siècle 5. La
présence à Uxama de ce nom sous sa forme dérivée et latinisée Luguadlcus est
un témoignage qui atteste l'importance du culte de Lugus dans cette ville de
l'Espagne celtique. Pourquoi ce dieu se trouvait-il être le patron des cordonniers
ainsi qu'il résulte de l'inscription publiée plus haut (t. VI, p. 488) ? C'est
qu'en sa qualité d'inventeur de tous les arts et de tous les métiers, il était dieu
de tous les corps d'état, comme de la guerre. Voyez à ce sujet le document
irlandais, rapproché d'un document breton dans le présent volume p. 230-233,
sous ce titre « Une légende irlandaise en Bretagne ». Le caractère universel pour
ainsi dire des attributions de Lugus explique peut-être pourquoi en Espagne et
en Gaule on aura imaginé plusieurs Lugoves; chaque corps d'état aura proba*
blement voulu avoir le sien. Le fait grammatical qui a rendu ce résultat possible
est que le mot iugus était un nom commun en même temps qu'un nom propre.
Les textes de l'époque romaine nous font connaître en Gauie trois Liigu-
dunum ou Lagdanuriiy qui sont : Lyon, Saint-Bertrand de Comminges et Leyde.
Un quatrième fait son apparition dans les documents de l'histoire mérovin-
gienne : c'est Laon ^. Un cinquième se rencontre pour la première fois au
neuvième siècle dans les diplômes de l'Eglise du Mans 7 ; c'était une simple
I De bello gailico, \. VII, c. 62 ; cf. 57, 59.
2. Voir plus haut, t. VI, p. 488.
). Histoire Naturelle, livre HI, g I9i 27.
4. Curpus inscnptionum lûtinaruniy t. Il, n* 2732. Cf. Pline, livre 111, g 27.
$. Lhronicon Scotorum, édition Hennessy.p. 28, )6. Cf. Annales des quatre mattres ,
édition 0' Donovan (i8$2;, t I,p. iso-163.
6. Grégoire de Tours, Historia Francorum^ livre VI, c. 4 ; édition Arndt, p. 247, 1. 4
7. Dom Bouquet, t. VI, p {8( e, 617 d e. Dans le premier de ces diplômes, ce nom
est écrit Lugduno à Tablaiif ; dans le second on trouve deux fois Lugdunum k l'accusatif.
Un diplôme de Tannée S02 nous od^re Torthographe barbare Lucaono i TabUtif. Dom
Bouquet, t.V, p. 768 et.
40O ChfonUpu.
villa. Des recherches plus approfondies qne celles que nous avons pu fiûre
amèneraientt certainement la découverte de plusieurs autres Lagudunam en
France. A Lufiudunum comparez Camulo^dunum^ ville de Grande-Bretagne dont
le nom signifie < forteresse de Camulus • , encore une localité placée sous le
patronage d'un dieu celtique.
La doctrine de M. d'A. de J. a été adoptée par M. Julien Sacaze qui, dans
la Revue de Comminge5{i. II, année 1886, deuxième trimestre, p. 1 10), résume
en ces termes une communication faite par lui jl la Société des études du Corn-
roinges dans la séance mensuelle du 2 janvier 1886. ■ D'après M. d'Arboisde
Jubainville •, dit-il, « Lugudunum signi6e le fort de Lugus [nom de Saint-
Bertrand de Comminges â l'époque gallo-romaine] et Lugus est la divinité
gauloise identiâée par les Romains â Mercure, l'Hermès des Grecs, le meurtrier
d'Argos, le vainqueur des monstres * , le symbole du triomphe de la lumière
sur les ténèbres, de la vérité sur Terreur, etc., mythe que nous retrouvons dans
les légendes chrétiennes représentant les apôtres qui terrassent des monstres
affreux, dragons, chimères, etc., autant de personnifications du mal. M. d'A.
de J. a formulé sa thèse dans le Bulletin de U Société nationale des Antiquaires
de France^ année 188 s, p. 217. De mon côté j'ai étudié cette question si inté-
ressante pour nous et j'y ai constaté que celte théorie reçoit en fait une véritable
confirmation dt Lugudunum Convenarum. Notre Lugudunum était bien le fort
de Lugus, en latin arx Mercurii. En effet : P il a été trouvé à diverses époques
un grand nombre de statues de divinités dans les ruines de Lugudunum Conve-
narum : or ce sont toutes des statues de Mercure ; 2* des autels voti.'s décou-
verts dans celte vil!e sont consacrés au même dieu ; 3« sur des cippes récem-
ment recueillis dans le voisinage est représentée la victoire du dieu sur le
serpent (Voir Revue de Comminges ^\. I, p. 206, 2i6\ mythe fondamental de la
religion gauloise, commun é d'autres religions et justifiant suffisamment l'assimi-
lation entre Lugus et Mercure Hermès ; 4<> la légende locale de saint Bertrand,
évèque de Comminges, tuant le reptile monstrueux qui désolait le pays, légende
toujours vivace, est la continuation et la confirmation de la tradition primitive.
Après avoir été sous le vocable et la protection de Lugus (Mercure), la vieille
cité pompéienne prit le nom de son second fondateur et patron saint Bertrand. »
1 Employé comme nom commun, rirlandais lug, au génitif loga^ veut dire « héros •.
— Voyrz o'Oavoren, chez Waiiley Stokes, Three irisk glossaritSy p. lo^; Wiadisch,
Irisihe Texte, t. 1, p. 672, col i, v» 2. lug.
Le propriétaire-gérant : F. VIEWEG
Chartres. — Imprimerie Dokamo.
FRAGMENT DU MABINOGI DE GËREINT
AB ERBIN.
TRANSCRIT D'APRES LE MS. HtMCWRT N* $9 PAR M. J. GWBNOGFRYN EVANS
TRADUIT ET ANNOTÉ PAR M. J. LOTH.
Le texte que nous publions avec traduction a été transcrit par
M. Gwenogfryn Evans sur un manuscrit appartenant à l'ancienne collec-
tion de Hengwrt^ aujourd'hui en la possession de M. Wpne, à Peniartb
(Merioneth), l'aimable et obligeant propriétaire de la plus précieuse des
collections de manuscrits gallois. Il diffère sensiblement du texte du livre
rouge publié par lady Guest, et parait, en général, préférable. Pour que
le lecteur puisse plus facilement en juger, nous donnons au bas des pages
toutes les variantes correspondantes du Livre Rouge. Au cours de notre
traduction, nous ne relevons que les différences de quelque importance
entre la traduction de lady Guest et la nôtre. Pour les autres, il sera
facile de s'en rendre compte en se reportant aux variantes. La traduction
de lady Guest est faite avec beaucoup de conscience, comme l'on sait,
—malgré des inexactitudes de détail^ — et beaucoup d'intelligence : elle
corrige souvent les défectuosités du texte. Lady Guest a eu connaissance
de l'existence du manuscrit de Hengwrt; elle en a même publié un fac-
similé (Mab. IT^ p. 177), mais elle ne parait pas avoir eu communication
du texte.
Le fragment que nous traduisons nous transporte au milieu des aven-
tures de Gereint ab Erbin. Aussi quelques mots d'introduction sont-ils
nécessaires.
Gwenhwyvar, femme d'Arthur, assistant à une chasse et se trouvant
séparée de la cour en compagnie de Gereint et d'une suivante, aperçoit
un chevalier inconnu accompagné de sa dame et d'un nain; elle envoie
Rev. Ctit. VU. J6
402 G. Evans et J, Loth,
sa suivante demander au nain le nom de son maître. Le nain refuse de
le lui dire et même de la laisser parler au chevalier. Comme elle veut
passer outre, il la frappe au visage. Gereint va le trouver à son tour et
est traité de même. Comme il dédaigne de venger son outrage et celui
de Gwenhwyvar sur un nain, et qu'il n'a pas son armure, il suit le che-
valier^ résolu, aussitôt qu'il trouvera une armure, à lui demander raison.
Il s'arrête dans la même ville que lui et reçoit l'hospitalité chez un comte
ruiné qui lui apprend qu'il y aura le lendemain un grand tournoi ; chaque
concurrent y va accompagné de sa dame et réclame pour elle le prix,
un épervier. Le lendemain Gereint prend les armes du comte, et, avec
sa permission, va au tournoi accompagné de sa fille. Au moment où le
chevalier» son ennemi, vainqueur deux années de suite, invite sa dame
TRADUCTION DU FRAGMENT
A Gwenhwyvar et à ses servantes, dit-il « (Arthur) ». Et il (l'intendant) la
leur remit K Ici s'arrête > leur histoire (à Edern fils de Nudd et sa dame].
Le lendemain Gereint vint vers la cour. On veillait ) sur les rempans4
de la part de s Gwenhwyvar pour qu'il n'arrivât pas à improviste. Le
1 . Gorckymynna a habituellement le sens de ordonner j recommander, confier (cf. p. 29
de notre texte), mais quelquefois avec une préposition semble avoir le sens de faire con-
duire, envoyer: ex. Ystoria de Carolo mapno, éd. Thomas Powell (collection de la
Cymmrodorion society 1883), p. 17 : ar rei hynny heuyt a orchymynn6ys y garchar • et
ceux-là aussi, il les mena ou m mener en prison.
2. Mot à mot : leur histoire à eux jusqu'ici II est question d'eux encore un peu plus
loin, mais incidemment. 1
) . Le texte de lady Guest porte disgwyleit (des veilleurs) ; elle l'a traduit par le
collectif awatch. Quelques pages plus haut (p. 23) nous lisons : a thrannoeth y péris Gwen-
hwyvar bot disgwyleit ar y gaer am dyuotyat Gereint a et le lendemain Gwenhwyvar lit
étaolir des guetteurs sur les remparts en vue de l'arrivée de Gereint. » Notre texte donne
disc6ylyat action de veiller ; à la phrase suivante on trouve le nom d'agent disc6ylat
a veilleur )>. Tous les deux dérivent de disgwyl qui a non seulement le sens d'attendre,
mais encore celui de considérer, fixer les yeux sur (cf. Mabin. III Breudwyd Maxen
wledig, p. 266; I, p. 27, etc. Pour les deux formes i6ylJt et g6ylyat dans le sens de
veiller, on les trouve indifféremment (Ystoria de Carolo m. p. j8).
4. Caer a plusieurs sens. Ici lady Guest le traduit par remparts avec raison (cf. Gereint
ab Erb., Mab. Il, p. 12).
5. Pour gan employé dans le sens de de la part de aussi bien que ygan, cf. Perednr
ab Efrawc (Mab. Il, p. 244): ar un bygwthgan Peredur ar Gei c et la raéme menace de
la part de Peredur contre Kei ».
Fragment du Mabinogi de Gereint ab Erbin. 403
à aller prendre l'épervîer, Gereint s'y oppose et le réclame pour sa
compagne^ comme la plus belle et la plus digne. Un combat s'ensuit
où Gereint triomphe de son adversaire, mais lui accorde merci à con-
dition qu'il aille, avec sa dame, se livrer à Gwenwyvar. Le chevalier
qui n'est autre qu'Edern fils de Nudd, se rend, à la cour, avec sa dame
et annonce l'arrivée prochaine de Gereint et de la fille du comte qu'il
veut tenir, comme femme, de la main d'Arthur et de Gwenhwyvar.
Arthur, en attendant que Gwenwyvar réclame de lui la satisfaction à
laquelle elle a droite le remet aux soins du chef de ses médecins Morgan
Tut. Le distein ou intendant de la maison demande où il faut remettre
la jeune fille (la dame d'Edern) : pa le y mae iawn arglwyd gorchymun
y uorwyn. Le fragment commence avec le mot y vorwyn.
TEXTE DU FRAGMENT
[N. B. My transcrîpt of this fragment was a diplomatie copy ofthe
original. But as the printers hâve no type to represent spécial char-
acters, semi-capitals and other peculiarities of the MS, the best use is
made of the materials in hand. No attempt has been made to reproduce
the spacing between the words, since other features of the M S could
noi be given. 1 trust, however, the text with be found accurate in other
respects. Of course no crédit is due to me for the notes or for the alter-
native readings, which are based on the corrupt text of Lady Guest.
Neither am I responsable for cutting the text up into paragraphs [^).\ may
add that the M S has no trace of the pen ofthe rubricator, and that about
a third of the y s are dotted . J . G . Evans] .
y vor6yn. y wenh' heb ynteu ' ae Uaôuorynyon. Ac ynteu» ae Gor-
chymynôys J. Eu chwedyl 6y 4 hyt yna. Trannoeih y doeth Ger'. parth
ar llys. A disc6ylyat J aoed ar y gaer gan ^ wenh' rac y dyuot yn
dirybud. Ar disgôylat adoeth ait wenh'. Argl6ydes heb ef mi atebygaf 7
(a) On a coupe le texte en paragraphes, afin de mettre autant que possible la traduc-
tion française en regard du texte gallois. [Note de la Direction.]
I après llaôuorynjon — 2 a'r distein — j gorchymynawd — 4 wyni — j disgwylett
— 6 y gan — 7 mi a debygaf.
404 G. Evans et J, Loth.
guetteur ' vint à Gwenhwy var : « Princesse, dit-il, il me semble que
nous voyons' Gereint et la jeune fille avec lui, il est à cheval avec son
habit de voyage ' ; quant à la jeune fille, elle nous semble en blanc et
parait porter quelque chose comme un voile de toile 4. — « Apprètez-
vou s toutes, femmes^ dit Gwenhwyvar. Nous allons aller au devant de
Gereint pour lui souhaiter la bienvenue $ et lui faire accueil^ ». Gwen-
hwyvar alla au-devant de Gereint et de la jeune fille. Lorsque Gereint
fut arrivé où était Gwenhwyvar, il lui offrit ses salutations 7. c Dieu te
soit propice, dit-elle, sois le bienvenu. Tu as fait un voyage couronné
1. Comme nous venons de le montrer en note, il 7 avait tout un poste de veîllean
sur les remparts. C'est ce qui a déterminé Uày Guest à traduire ar disgujlat pv mda
guetteurs au lieu de: a U guetteur. Cette dernière traduction peut cependant se défendre*
c'est un personnage qui a en effet déjà paru : doeth un &r diswyleit (sic) hyt lie yd oei
Wenhnjvar. « Vint l'un des gueneun là où était Gwenhntvar. (Mab. II, Gereint^ p. 2}).
2. Le texte de lady Guest portant mi a debygaf 7 gveiaf^ elle a traduit natureuemait
methinks that i su. Cène version paraît d'abord plus correcte à cause du tebygaf à la
i** pers. du sg. oui semble appeler dans la proposition subordonnée un verbe à la
I'* pers. du sg. également. Gwelwn est probablement un pluriel, s'il n'y a pas erreur
du copiste. Ce pluriel est justifié par un passage précédent de Gereint ah Erbin, où le
guetteur porte la parole au nom de tous : doeth un o'r disgwyleit hyt lie yd oed
Wenhwyyar a dywedut idi y ryw dynionfl welynt « un des guetteurs vint a Gwenhwyvar
et lui dit quelle espèce de gens ils voyaient » (p. 2), Mab. il).
j. pedyt wisCf mot à mot habit de piéton. U faudrait peut -être traduire habit ordt-
nairey n^ligii Tobler a montré que le français piètre vient de pedesUis (Kuhn, Zôtschrift
XXIII, p. 418).
4. P. 9, Mab. II (Gereint ab Erbin] Uen a le sens d'écharpe. P. 1 ) la jeune fille porte
comme vêtements crys (chemise, vêtement de dessous) et lUn-lliain que lady Guest traduit
par voile. Le contexte fp. 14) montre en effet qu'il s'agit d'une sorte de grand voile.
C'est avec ces mêmes vêtements qu'elle se présente à la cour, Gereint ayant exigé qn'eDe
ne changeât pas d'habits jusqu'à son arrivée devant Gwenhwyvar (p. 20). Liai a aossi
le sens de rideau, couverture de lit.
j. Craessaw est bien traduit par lady Guest par wekome. La forme b pins ordinaire
dans les Mab. est graessaw Duw wrthyt. On trouve la formule au complet au sens n^tif
dans Peredur ab Efrawc (Mab. 1, p. 292) : ny bo groessaw Duw wrthyt (cf. Gereint ab
Erb. p. 654, Mab. I). Croesaw joue aujourd'hui le même rdle (Rowland's Wdsh exer-
dcrs, p. 21^-216).
6. Le mot à mot serait être joyeux vis-à-vis de lui, lui montrer joyeux visage. C'est
devenu, dans les Mabin. une formule qui n'a plus guère que le sens de faire bon accaeilt
bien recevoir, comme le prouve maint passage. Le sens die Uawen dans atte formule est
parfaitement précisé par un passage de Math vab Mathonwy (Mab. III, p. 208). Reçu
dans sa ma'ison par Blodeuwed et salué par elle, Gronw Pebyr lui répond: Dow adallw
itt dy lewenyd « que Dieu te paye ton amabilité, ton aimable accueil. »
7. Kyuarch gwell est arrive à n'avoir guère que le sens de salut, comme henpych qu'on
trouve employé même comme substantif {mil henffych Hymnau er gwasanaeth yr Eglwys
Îr n^hymru recueil de Daniel Evans, Londres, 188), p. 112). Même quand Kyuanhea
échi, gwellnt subit habituellement aucune mutation, ce qui prouve que gs^e// lait en qndque
sorte déjà corps avec le verbe et n'en est pas le régime. Diverses constructions montrent
cependant que gwell a dû jouer le rôle de régime et aue kyuarch gwell a eu le sens de
souhaiter du bien à: A chyaarch gwell a wnacih y Peredur 0 Duw ac 0 dyn (Mab. I, 27$].
Cf. Breudwyt Rhonabvvy p. ^83 (Mab., II). Uu passage de larlles yifpnawn (Mab.I,p. 4)
nous montre gweU construit comme régime: Kyuarchawd tîwellymi. Il y en a d'antres
exemples. Pour Aryuarc/t seul, cf. Mab. II, p. 201, 228; Livre noir, p. 58, lignes ), I2;
i}\ p. 45, ligne 4 (Skene, Four anc. books ofWales, II).
Fragment du Mabinogi de Gereini ab Erbin, 405
heb ef y g6el6n ' Er'. ar vor6yn gyl ac ef. Ac ar varch y mae ef a
phedyt wisc ymdanaé y vor6yn hagen vai gorwyn y g6eI6n '. a thebic
y iieinwisc awel6n ) ymdanei. Ymgy weir6ch oli wraged 4 heb y G6enh'.
Ni a a6n 5 yn erbyn Ger. y raessaô. . ^ ac y uot yn Ilawen 6rtha6. A
dyuot aoruc G6enh' yn erbyn Ger ar vor6yn. A phan doeth^ Ger yn*
ydoed wenh. kyfarch g6ell aoruc idi. Du6 arotho9 da itt heb hi a
graessaô '<> 6rthyt. A hynt fr6ythla6n donyaôc hyrr6yd glotua6r a du-
gost. A du6 a talho >' itt péri ia6n im yn gynualchet ac y pereist ira '>.
Argl6ydes hebef mi a rybuchôn '5 péri ia6n itt 6rth dy ewyllis '4. A
I y gwelaf — 2 gwelaf — J a wclaf — 4 wragedin — 5 a dowch — 6 y rcssawu
— 7 daw — 8 hyt lie — 9 a rodo — 10 gressaw — 11 a dalo — 12 manque. —
t] un a buchwn (il eût fallu corriger en mi a bachwn) — I4ewylly8.
4o6 G. Evans et J, Loth.
de succès^ profitable, triomphant S glorieux. Que Diea te récompense
pour m'avoir procuré satisfaction avec autant de vaillance que tu Tas
fait ». — « Princesse^ dit-il, mon plus vif désir > était de te faire donner
toute la satisfaction que tu pouvais désirer, et voici la jeune fille à l'oc-
casion de laquelle tu as obtenu Teffacememt de ton ouvrage). » —
« Dieu la bénisse, dit Gwenhwyvar ; il n'est que juste que je lui fasse
bon accueil. » Ils entrèrent^. Gereint descendit de cheval, se rendit
auprès d'Arthur et le salua : a Dieu te favorise, dit Arthur, et sa béné-
diction soit sur toi. Quoique qu'Edern fils de Nudd ait eu de toi souf-
france et blessures, tu as fait une expédition heureuse. » — « La faute
n'en est pas à moi, dit Gereint, mais à l'arrogance d'Edem lui-même
qui ne voulait pas avoir à faire à moi s. Je ne me serais pas séparé de
lui 6 avant de savoir qui il était ou que l'un de nous deux eût triomphé
1 . Lady Guest traduit irrésistible, ce oui est fort admissible. Les deux textes portent
hyrrwyd. Il faut probablement lire hyrwyd, Rwyd seul a le sens de prompt, rapide : Livre
rouge Ed. Skene, p 25^ r(>yd g6ynt, le vent est rapide (Rhys, Revue celtique, VI-I.
p. $0 swift is the wind). //^mora pourrait bien ici n'avoir que le sens dérivé de heureux.
Dans un passage de l'Ystona oe Carolo magno, p. 94, hyrwydder a certainement le sens
de succls.
2. Le texte de lady Guest porte un a huchwn quHlfaut corriger en mi a huchwn qui
donne à peu près le même sens que notre rybuchwn. Pour puchi dans le sens de désirer.
cf. Mab. II, Kulhwch ac Olwen, p. 248.
3. Le texte de lady Guest porte dy warthrudio au lieu de dy dirvarthrudio, ce qui ferait
un contre-sens. Elle a traduit comme s'il y avait eu dy diwarthrudio {te désoutrager),
4. Dyuot y me6n a orugant m. à m. ils allèrent à l'intérieur. Dyfod y mewn est un
idiotisme qui n'a simplement que le sens d*entrer.
5. Nadymgystlynnei. Cystlynu a dans les dictionnaires gallois le sens de faire paix^amitié
aveCf entrer en relations avec \ysîtvn est traduit parpâr«nf^,â/n/f(V!etsemble bien en effet avoir
ce sens : Ystoria de Carolo magno, p. 14. Charlemagne a dit que les pauvres sont de la
famille de Dieu (Kenedyl Duw); Aigolant répond: y rei a dywcdy ditheueu bot oU ar
gystlwn dy Duw « ceux que tu dis être de la famille de ton Dieu • ; Peredur ab Efrawc,
p. 276: ny chelaf vyg Kystlwn: Etlym gledyfcoch y m gelwir; Breudwyt Rhonabwv
(Mab. II), p. 37 J pwy wyt, heb y Rhonabwy ? — Ny chelaf vyg kystlwn: Idawc yab
myny w.. . Ce sens de parenté^ relation n'est pas le sens primitif. Cy-stlynu ne peut guère
être séparé de istlinmt g^. profatur, glan-stlinnim gl. famine sancto (Gloses à Juvencus):
irl. slondim je désigne, je nomme; slond indication, nom (Windisch Irische Texte). Ky-
stlynu a dû avoir proprement le sens de s*aboucher avec^ entrer en arrangement par parole.
Il a pu exister aussi un mox ystlwnn = irl. slond nom; cy-stlwnn aurait désigné le nom
commun à la gens et la famille elle-même. Dans un passade de Gereint ab Erbin,
ymgystlynnu semble avoir son sens ancien (p. 54). Gwalchmei dit à Gereint: c Adywedy
' tu es ou viendras-tu
ymwelet ac Arthur.
avec toi et je n'irai
pas voir Arthur. » Cystlynu est encore en usage dans certaines parties du pays de Galles.
Richards dans son dictionnaire cite un passage de l'évangile selon saint Jean (IV, 9), oà
on remarque ymgystlwnn avoir relation, affaire avec. Le mot est remplacé aujourd'hui
par ymgyfeillach,
6. Notre texte porte nyt ymdidanwn ac ef je ne me serais entretenu avec lui. Nous
avons adopté dans notre traduction le texte de lady Guest nyt ymadawn ac ef qui est
préférable pour le sens, et qui semble recommandé par un autre passage de Gereint ab
Erbin (Mab. K, p. 54). Gwalchmei fait à Gereint, qui ne veut pas lui répondre, cette
déclaration: ny chlywir amaf vyth.., dy adu y wrthyf y ny wypwyf nwy vych • on n'en-
tendra jamais dire de moi que je t'ai laissé te séparer de moi avant ae sa
savoir qui tu étais.
Fragaunt du Mabinogi de Gereint ab Erbin, 407
llyma y uor6yn y keueist ti dy diwarthrudyaô » oe hachaôs. le hcb y
G6enh' Graessa6 du6 6rthi. Ac nyt kam im > vot p Uawen 6rthi. A
dyuoty my6n aorugant A discynnu. A mynet aoruc Ger* y ymwelei
ac arth'. 3 achyfarch G6ell ida6. Du6 a rotho 4 da itt heb yr a^th^ A
graessaâ du6 6rthyt. A chyt kaffo edern m. nud gofit a chl6yfeu y
genhyl : hynt lôydyanus adugosl. Nyt arnafi y bu hynny heb y Ger.
namyn aryuyc J edern ehun. nat ymgystlynei. nyt ymdidanén inheu ac
efo^ hyny 7 6yp6n p6y vei. neu yny orfFei y neill ar y Hall*. A 6r9 heb
yr arth'. Mae '^ y uor6yn a gigleu y bot yth ardel6 ti. y mae gyt a géenh'
yny hystauell '^ Ac yna y doeth '* arth' y welet y vor6yn. A llawen
uu 6rthi ae getymdeithon '3 a pha6b or llys >4. A hyspys oed gan pa6b
onaduntpei kyhyttrei»5 gossymdeith y vorôyn ae phryt na welsynt
droet «^ vor6yn ôympach no hi »7. Ac arth' auu rodyat ar y voréyn y er*.
1 dy warthrud — 2 manque — 3 a mynet Gereint hyt lie ydoed Arthur — 4 a rodo —
j leg. ar ryuyc. Ouest ar ryuic — 6 nyt ymadawn inheu ac cf (v. la traduaion) —
7 yny — 8 y Heill ar y Hall — 9 Awr — 10 pa le y mae. — 1 1 y mae gwedy mynet
gyt a gwenhwyuar y hystiuell — 12 y deuth — 13 ae gedymdeithon , — 14 o'r llys
wrth y ttorwyn — 1 j pei kyt rcttei — 16 ciryoet — lyhonno rectt* .
4o8 G. Eyans et J. Lath,
de l'autre. — Eh bien^ dit Arthur, où est la jeune fille dont j'ai entendu
dire que tu es le champion > . » — « Elle est avec Gwenh wyvar dans sa
chambre. » Alors Arthur alla voir la jeune fille et il lui montra joyeux
visage ainsi que ses compagnons et tout le monde de la cour. Pour
chacun d'eux, c'était assurément la plus belle jeune fille qu'il eût vu si
ses ressources > avaient été en rapport ) avec sa beauté.
L'engagement (m.-à-m. le lien), qui se faisait là entre (deux) per-
sonnes 4 se fit entre Gereintet la jeune fille. On donna le choix à la jeune
fille entre tous les vêtements de Gwenhwjvar. Quiconque l'eût vue ainsJ
vêtue lui aurait trouvé un air digne, agréable, accompli. Ce jour et
cette nuit-là, ils les passèrent ayant en abondance chants ^ plaiârs,
présents, boissons de toute espèce, divertissements variés. Lorsqu'il leur
parut temps d'aller se coucher, ils y allèrent. Dans la chambre où était
le lit d'Arthur et de Gwenhwyvar, fiit (ait le lit de Gerdnt et d'Enyd,
Et ce fiit la première nuit qu'ils couchèrent ensemble. Le lendemain
Arthur combla les solliciteurs au nom de Gereint de riches présents. La
jeune fille ^ se fixa (m.-à-m. s'habitua} à la cour d'Arthur et s'attira des
compagnons, hommes et femmes^ si bien qu'il n'y avait pas dans toute
nie de Bretagne une jeune fille dont on parlât davantage. Alors Gwen-
hwyvar dit : € J'ai eu une bonne idée au sujet de la tête du cerf?
qu'on ne la donnât pas jusqu'à ce que vint Gereint. Voici vraiment une
1. Tth aridelw ti m. à m. m ta revendication. Dans les lois galloises, comme le
montrent de nombreux passages, arddelw a le sens de prétention à la possession, revenfi-
cation d'un objet animé ou inanimé enlevé ou détenu par un autre. Le sens que nous lui
donnons dans notre traduction est justifié par un passage de Gereint, p. 1 5. Gereint songe
i disputer à son rival, le prix, un épervier que chacun des chevaliers réclame pour sa
dame. Le comte son hôte lui dit que la chose est difficile : Kanyt oes na gwreic na
morwyn yd ymardelwych ohond. Cette expresssion est commentée en quelque chose par
une pnrase du même passage : ac or delw caru y uorwyn 0 Ereint yd ymyrrawd yn y
twmeimeint.
2. Gossymdeith ressources, situation, position, entretien : cf. : Branwen verch Llyr
Mab. III, p. 88; Peredur, Mab. 1, p. 283 ; /^honabwy llab. Il, p. 572; Gereint ab
Erb. II, p. 21 : Math vab Mathonwv III, p. 207.
). Le texte de lady Guest porte kyt rettei qui ne donne pas de sens. Kyhyttrei est le
futur second, d'un verbe composé de cy (a co») et de la racine qu'on trouve dans inir
vaillant, fort, arm. moy. hezr^ vieil arpor. hitr. Cf. Gereint ab Erb. II, p. 18 : a [man
plutôt.
4. Notre texte porte àynyon « des gens » sans distinction de sexe. Le texte de ladj
Guest porte dea ayn,
5 . CerdeoL a le sens non seulement de chants^ musique^ mais aussi d'tfrt, mitUr, eo
général V. Kulhwch ac Olwen Mab. II, p. 228.
6. Morwyn a les différents sens du mot pucelie dans les romans de chevalerie an moyen-
Age, c'est-a-dire de vierge, de jeune fille, et de suivante. Dans les Mabin. il déngne
souvent une jeune femme. Aujourd'hui morwyn n'a plus guère que le sens de senanie,
7. Il s'agit du cerf tué pendant la chasse où Gereint se rencontra avec Edem ib Nnd.
Cf. Gérant ab Erb., p. 22, Mab. II.
Fragment du Mabinogi de Cereint ab Erbin. 409
A rôym » awneit ynayrôgdynyon *awnaethp6yt jrôgGcr ar vorôyn.
A dewis ar holl wiscoed gôenh' arodets yr uor6yn. Ar neb awelhei4 y
uor6yn yny wîsc honno. cf aweleî ol6c wedeidl6ys J amei. Ardyd hc>n
n6 ar nos honno atreulassant tr6y gerdeu adidanôch ac amhylder 0 an-
regyon ac amryfal wirodeu alluossyd 0 waryeu^. Aphan uu amser
ganthunt? vynet y gyscu 6ynt aaethant. Ac yn yr ystauell ydoed wely
ar'. agôenh' y g6naethp6yt g6ely Ger'^ ac enyd. Ar nos honno
gyntaf y kyscassant ygyt Athranoeth y llonydaôd arth' yr eircheit dros
er'. 0 dîtiaât rodyon. Acheneuinaô aoruc y uor6yn ar Uys ad6yn
ketymdeithon9 idi 0 wyragôraged hyt na dywedit am vn vor6yn yn
ynys prydeîn m6y '** noc ymdanei. Ac yna y dywaôt G6enh'. Ia6n y
medreisi heb hi am pen^^ y kar6 na rodit '^ hpy delei. Er*. A Uyma
le îa6n yrodi ef y Enyd verch yny6l y uor6yn glotuoraf . ac ny thebygaf
neb ae gâaraiunho idi n kanyt oes yrydi >4 anebnamyn yssyd 0 garyat
achetymdeithas '5. Canmoledic uu gan pabb hpny. A chan arth' heuyt.
1 ar rwym — 2 rwng deu dyn — } a rodet manque — 4 a wel ci — 5 wedeidlwys
delediw — 6 drwy dogynder 0 gerdeu ac amylder o anregyon wirodeu a Uuossyd o
waryeu — 7 gantunt — 8 gwcly y Ereint — 9 Kedymdeithon — 1 o vwy - 1 1 am
ben — 12 rodic y neb yny — i) ac ny thebygaf 1 ae gwarafuno idi — 14 ryngthi
— tjf achedyiodeithas.
410 G. Evans et J. Loth.
bonne occasion > de la donner, savoir à Enyd la fille d'Ynywl, la plus
illustre des jeunes filles, et je ne crois pas que personne la lui dispute,
car il n'y a entre elle et qui que ce soit qu'affection et amitié. » Cela fut
approuvé de tout le monde ainsi que d'Arthur. On donna la tête à Enyd;
et^ à partir de là, sa réputation devint bien plus grande encore qu'au-
paravant ainsi que le nombre de ses compagnons. Gereint se mît à
aimer les tournois et les rudes joutes et il en sortait toujours viaorieux.
Une année, deux années, trois années il s'y livra, à tel point que sa
gloire se répandit par tout le royaume.
Une fois ^ Arthur tenait sa cour à Caerllion.Voilà que vinrent vers lui
des messagers sages et prudents, très savants, à la conversation péné
trante ; ils le saluèrent : « Que Dieu vous fasse du bien, dit Arthur, le
salut de Dieu soit avec vous. De quel endroit venez-vous ?» — « Nous
venons, seigneur, dirent-ils, de Comouailies et nous venons comme
ambassadeurs vers toi de la part d'Erbin fils de Custentin (Constantin]
ton oncle. Il te salue comme un oncle doit saluer son neveu et comme
un vassal doit saluer son seigneur. Il t'informe qu'il s'alourdit, qu'D
avance en âge, que les propriétaires ses voisins sachant cela agissent
mal avec lui au sujet des limites 9, convoitent sa terre et ses biens. Erbin
te prie donc, seigneur, de laisser aller Gereint pour garder ses biens et
connaître ses limites, et de lui représenter qu'il vaut mieux pour lui
passer la fleur de sa jeunesse et de son âge < à maintenir les bornes de
ses terres que dans des tournois inutiles^ malgré la gloire qu'il peut y
trouver. » — a Eh bien, dit Arthur, allez vous deshabiller (m.-à-m. vous
déchausser) prenez votre nourriture, et débarrassez- vous de votre fatigue.
Avant de vous en retourner, vous aurez une réponse. » Ainsi firent-ils.
1. LU Heu a assez souvent le sens de occasion, raison [avoir Ueu de en français) cf.
Peredur ab Efrawc, Mab. I, p. 244, p. 249.
2. Treigyl gweith. Treigl sigai^t proprement tour, qui tourne: Rulhwch ac Olwen
Mab. II, p. 201, macn treigl une pierre qui roule. On trouve tr«g/ seul ^onrtrâglyweisk:
Kulhwch ac ûlwen p. 233. Onyt un treigl yd aethum y geisuw vym bwyt c excepté une
fois que j'allai chercher ma nourriture.. »
3. Lady Guest a cam-derwynu. Terwynu a le sens de s'échauffer; ter»yn celui de /orr,
violent. Aussi a-t-elle traduit grows insolent towards him. Cam-derfynnu^ comme k
momre le contexte, paraît préférable (Terfynnu de terfyn limites, lat. terminus).
4. Blodeu y ieuenctit ae dewred. Dewred qm i souvent le sens de vaillance a id,
comme en maint autre passage, le sens dt fleur de l'âge: Cf. Manawydan vab Llyr ni,
p. 1 44 yr amser y bu hitheu vn y dewred ny bu wreic delediwach nohi « au temps on
elle était à la fleur de l'âge, il n'y avait pas de femme plus belle qu'elle, w Cf. Livre Noir
éd. Skene, II, p. 14.
y del paup oe
Bet in y dewret in devraw
Mal y bu ban fu oreuhaw
c Lorsque chacun viendra de sa tombe dans tout son éclat tel qu'il l'était au plus beau
moment de sa vie. 9
Fragment du Mabinogi de Gereint ab Erbin. 41 1
A rodi pen y kar6 awnaethp6yt y enyd. Ac ohynnyallan Iluossogi
aonic» y chiot ae chetynndeithon 0 hynny yn u6y no chynt. Sef aonic
Ger' o hynny allan kani tâmeimeint' achyfranceu ) kalet a budugaôl
y dcuci ef 0 pop vn4. A bl6ydyn ad6y atheir y bu ef yn hynny : hyny
yttoed y glot g6edy ehedec s ar tra6s y teymas ^.
AthreigyIg6eith7ydoed arth' yn dala Ilys ygkaerllion y sulg6yn. na-
chaf yn dyuot atta6 kennadeu doetbprud dysgeticlaôn ymadra6dlym.
Ac yn kyuarch g6ell y arth'. Du6 arodho da i6ch ^ heb yr anh^ a graes-
sa6 du6 6rtby6ch. Ac 0 pyle pan do6chi 9. Pan do6n '^ argI6yd heb
6y 0 geray6. Achennadeu ym attat '> ygan erbin .m. Custenhin dy ewy-
ihyr '*. Ath annerch y ganta6 val y dyly cwythyr annerch ynei. Ac val
ydyly g6r annerch y arglôyd. Ac y venegi y vot '? cf yn amdrymu acyn
dynessau '4 ar heneint. Ae kytiiryogyon »$ 0 6ybot hynny yn kamteruynu
ac ef'^. Acyn chwenychu y lir '7 ae gyfoelh. Ac adolôyn illi '^arglôyd
y mae erbin ell6g Ger^ y vab y gad6 ygyfoeth ac yéybol y teruyneu '9.
Ac yn menegi îda6 y mae ^^ bot yn well ida6 treulaô blodeu yieuenctit ae
deôred yn kynhal^» y teruyneu ehun. noc yn t6meimeint diffrôyth. kyt
kaffo dot yndunt. le heb yr arth' e6chi y diarchenu >^. A chymer6ch
a6ch>? b6yt. A byry6ch a6ch blinder y arna6ch. A chyn aôch mynet
ymdeith atteb a geffôch ^4. Ac uelly yg6naethant '5 . Ac yna medylya6 aoruc
arr. nat oed ha6d ganta6 ell6g Ger\ y6rtha6 nac 0 vn Uys ac ef. Nytoed
ha6d ganta6 ynteu na thec Uudyas y kefynder6 y gynhal y gyfoeth ac y gad6
I aoruc manque — 2 cani karw twrneimeint — ) chyfrangeu — 4 0 bop un — 5 yn
ehedec. -^ 6 dros wyncb y deyrnas — 7 a threiglgweith — 8 ywch — 9 ac 0 pa le
pan dcuwch chwi — 10 pan (leuwo — 11 y anat manque, — 12 dy cwythyr di ac
attat y mae ynkennadwri ath annerch — 13 yttiyuot — 14 yn amdrymu ac yn llescu
ac yn dynessu — i ç gytiirogyon — 16 yn camderwynu wnbaw — 17 y dir — 18 ac yn
adolwc y mae y ti — 19 y deniyneu — 20 a menegi y mae idaw — 21 kynnal
— 22 cwch y ymdiarchenn — 23 ych — > 24 a geffoch — 25 y vwytta yd aethant.
412 G*. Evans et J, Loth.
Alors Arthur réfléchit qu'il ne lui était pas facile de laisser aller Gereint
loin de lui ni de sa propre cour ' , qu'il ne lui était pas facile non plus
d'empêcher son cousin de maintenir ses biens et de garder ses terres,
puisque son père ne le pouvait. Le soud de Gwenhwjvar et ses regrets
n'étaient pas moindres ainsi que ceux de ses femmes à la pensée de se
séparer d'Enyd. Ce jour et cette nuit^ ils les passèrent dans l'abondance
de toute chose. Arthur exposa à Gereint le motif de Fambassade et l'arri-
vée des ambassadeurs de Comouailles. » Eh bien, dit Gereint, quoiqu'il
puisse m'arriver de profit ou de perte, seigneur, à la suite de cela, je
ferai ta volonté au sujet de cette ambassade ». — € Voici le conseil que
je te donne à ce sujet, dit Arthur : aller, quoi qu'il soit pénible > pour moi
que tu partes, vivre sur tes biens et garder ton territoire. Prends avec
toi pour t'accompagner autant que tu voudras de mes fidèles, ceux que
tu aimes le mieux et qui t'aiment le plus, et les chevaliers tes compa-
gnons. » — « ni me faut aussi, dit Gwenhwyyar songer à faire accom-
pagner et pourvoir de tout la dame qui est avec moi ». — a Tu feras
bien^ dit Arthur ». Et ils allèrent se coucher cette nuit-là. Le lendemain
on laissa aller les messagers et on leur dit que Gereint les suivrait.
Le troisième jour après, Gereint se mit en route. Void ceux qui allèrent
avec lui: Gwalchmei; Rioganed4, fils du roi d'Hibemie; Ondryaw, fils
du duc de Bourgogne; Guillaume, fils du roi de France; Howeli, fils
d'Emer Llydaw ; Elifrï $ anawkyrd (aux chants inspirés ?) ; Gwynn^ fiU
de Tringat; Goreu, fils de Constantin ; Gwdr Gurhytvawr (à la grande
brasse ou à la grande valeur ?) ; Garanhon, fils de Glythmyr ; Peredur,
fik d'Evrauc; Gwynn Llogellgwyr 6, juge de la cour d'Arthur; Dyvyr^
1 . 0 un Uys ac //,cf. Branwen verch Llye, Mab. m, p. 91 igyrru Branwtn ova ystafell
acef tk chasser Branwen de sa propre chambre i.
2. Dyhircsi traduit par bas aans Owen Pughe. Il a bien le sens que nous lui atiri-
buons. Cf. Math ab Mathonwy, p. 204, Mab. lU.
}. Ici une phrase qui manque dans notre texte: V. les variantes.
4. Breudwyd Rhonabwy II, p. 390 Riogan vab brenhin Iwerdon.
5. Elivri anaw kyrd. Lady Guest a luElivri a Naw Kyrd: Elivri and Naw Ryrd.
C'est le même personnage qu'elle a transformé en Arelivri dans Gereint ab Erbin, p. 7 :
a pheri rybud heno ar bawp or llettyeu. Ac arryfuerys oed ben kynyd y Arthur. Ac
arelivri oed ben mackwy. Il faut supprimer le point après lUttyeu et lire ac ar Yfoerys (?)
— ac ar Elivri. —
6. Lady Guest Ut Gwynnllogell. Gwyr ynad llys Arthur : Gwynnllogdl. Gwyr a jiiâge
in the court of Arthur. Il nous semble que Uogellgwyr est un surnom de Gwynn. Au mot
Uogdl Owen Pughe cite ce passage dMolo gocn : Uygad y wlad a'i llogeU the eye of the
country and it's depositary. il raut peut-être lire Uogell gwir le dépositaire sûr ou au
dépôt sûr.
Fragment du Mabinogi de Gereint ab Erbin. 41 3
y teruyneu 1. kanyatlei y tat > eu kynhai. Nyt oed là gofai g6enh' ae
hîraeth hîar holl wraged ar hoU vorynyon rac mynet enyd 3 y ôrthunt. y
dyd h6nn6 ar nos honno atreulassant4 tr6y5 diwallr6yd 0 pop^ petb.
Acarth' avenegis y er'. ystyr y kenadôri a dyuodyaty kenadeuogemy6
hyt yno 7. le beb y Ger^. yr adel nac oies nac 0 afles irai argl6yd 0 hynny :
dy vynnu ti^ awnafi9 am y gennadéri honno. Llyna dy gyghor ^^ am
hynny heb hynny yr arth'. kyt boct dyhir genhyf '« am ^^ dy vynet tî.
mynet ohonot ' 3 ygyfanhedu dy gyfoeth ac y gad6 dy teruyneu «4. A
chymer y nifer auynhych^J gyt athi amôyhaf agerych om flydlonyoni.
yn hebrygyeit >^ amat ac oth garant titheu 17 atii gytuarchogyon. Du6
atalho »8 itt amînheu «9 awnaf hynny *°. Reit j6 iminheu heb y Gwenh' *»
vedylyaô am ganhebrygyeit" adiwallr6yd ar yr unbennes yssyd gyt
amînheu. Ia6n awney heb yr arth*". ac ygyscu yd aethant y nos honno.
A thranoeth y gellyg6yt »? y kennadeu yradeîth a dywedut ^4 udunt
ydeuei. Er'. yn eu hol.
Ar trydydyd >J gôedy hynny y kychwynnôys *^ Ger' Sef nifer
a aeih y gyt ac ef*7. G6alchmei»8. a Rioganed ^9. m J®. brenhin
îwerdon. Ac ondryaô î^ m. duc b6rg6in. G6ilym.m. R6yf ffreinc.
Howel. m. emyr llydaô. Elifri ana6 kyrd. G6yn. m. tringat. Goreu. m.
Custennin. G6eir gôrhyt ua6r. Garanhon. m. Glythmyr 3^. Peredur. m.
Efra6c. G6yn llogell g6yr ygnat llys arth'». Dyuyr. m. alun dyuet.
G6rei g6alsta6t ieithoed. Bedwyr. m. bedraôt. Kad6ri. m. G6ryon. keî
1 nyt cet hawd na thec ganthaw ynteu uot y geuynderw yn gwarchadw y gyuoeth
ae dcniyncu - 2 y dat — j rac ouyn mynet y uorwyn — 4 a dreulyssant — 5 drwy
— 6 bop — 7 attaw ef yno — 8 di — 9 i manque — 10 llyma yw dy gynghor — 1 1
gcnnyf i — 12 am manque. — i j 0 honat — 14 deruyneu — i j vynnych — 16 hcb-
ryngycit — 17 ac ath garant ditheu — 18 a dalo — 19 minneu — 20 hynny heb y
Geremt. Paodwrd heb y gwenhwyuar a glywafi y gennwch chwi ac am hebryngyeit
ar Ercint parth ae wlat. le heb yr Arthur — 21 heb y gwenhéyvar manque — 22 hcb-
ryngycit — 2j yd ellyngwyt— 24 a dywcdunt— 25 artrydyd dyd — 26 Cychwynnawd
— 27 gyt ac cf — 28 Gwalchmei uab Gwyar — 29 ariogoned — jo uab partout dans
l'énumération au lieu de mab — } t ondyaw — 3 2 Garanhon uab Golithmer — 33
Gwynllogell. gwyr ynat llys arthur.
414 ^' Evans et J. Loth,
fils d'Alun de Dyved ; Gwrei Gwalstawt îeithoed ' ; Bedwjr, fils de
Bedrawt; Hadwri, fils de Gwryon; Kei, fils deKynyr; Odyarle Franc,
intendant de la cour d'Arthur. « Et Edern, fils de Nudd, dit Gereint,
que j'entends dire être en état de chevaucher, je désire aussi qu'il vienne
avec moi' ». — a Vraiment, dit Arthur, il n'est pas convenable, quoi-
qu'il soit guéri, que tu l'emmènes avec toi, jusqu'à ce que la paix ait été
faite entre lui et Gwenhwyvar. » — « Il serait possible à Gwenhwyvar
de concert avec moi de le laisser aller sur cautions ». — € Si elle le
permet, qu'elle le fasse en le tenant quitte de cautions; c'est assez de
peines et de souffrances sur cet homme pour l'outrage fait par le nain à
la servante. » — « Ce que tu trouve juste à ce sujets toi et Gereint, dit
Gwenhwyvar, je le ferai avec plaisir ». Alors elle permit à Edem fils de
Nudd d'aller en toute liberté* Beaucoup allèrent conduire Gereint'.
Ils partirent (formant) la plus belle troupe qu'on eût jamais vue, dans la
direction de la Severn. Sur l'autre rive étaient les nobles d'Erbin fils
de Constantin et son père nourricier à leur tète faisant joyeux accueil à
Gereint. Il y avait aussi beaucoup de femmes de la cour envoyées par
sa mère pour aller au-devant de Enyd fille d'Ynywl, femme de Gereint.
Leur venue inspira très grande allégresse et très grande joie à tous les
gens de la cour ainsi qu'à ceux de ses domaines tout entiers, tellement
ils l'aimaient, tellement ils l'avaient entendu célébrer depuis qu'il les
avait quittés, et aussi parce qu'il venait pour prendre possession de
ses biens ^ et faire respecter les limites de ses terres. Ils vinrent au
palais. Il y avait abondance, profusion somptueuse de toute espèce de
présents, nombre de boissons, riche service^ musique et jeux variés.
Pour faire honneur à Gereint, on avait invité tous les gentilshommes de
ses domaines. Ce jour et cette nuit-là, ils les passèrent avec tout l'agré-
1. KulhwchacOUwen. Mab. 11, p. 211 G wrhyr gwastawd (x(c)iôthoed: prr Ao//(erffto<tf
a wydyàty il savait toutes les langues ; ibid., p. 21$ Gwrhyr gwalstawt iathoed. Ce mot
singulier paraît signifier interprète :
A glywaist ti a gant Gwrhyr
gwalstod pop iaith gywir.
« as-tu entendu ce qu'a chanté Gwrhyr, l'interprète ? de tout langage correa • (£a-
glynion y clywtd d'après Owen Puche).
2. Lady Guest rattache Edem nls de Nud à rénumération qui précède et traduit ainsi
depuis heb y Gereint: I think that I shal) hâve enough of knighthood with me: ce qui vio-
lente le texte et n'est nullement en rapport avec ce qui suit.
^. Ef a allei v Wenwyvar. Pour cette tournure, cf. ac ej a alUi y Uawer Mab, coUi
y M^it (Math uab math. Mab. III, p. 206.).
4. V. Wottorij Lois galloises, glossarium au mot gorescyn: Demecis etiam adiré htn^
tatem et hereditatis aditionem et per hoc possessionem dénotât.
Fragment du Mabinogi de Gereint ab Erbin. 41 5
m. kynyr. Odyar fiiranc» ystiwart llys arth'. Ac edern. m. Nud
heb ^ y ger'. aglywafi y vot yn gallu marchogacihî auynnaf ydyuot
gyt ami. le heb yr arth'. Ny weda itti d6yn y g6r h6nn6 4 gyt athi
kyn boet iach hyny weneler^ tagnefed? y rygta6 a gôenh'. Ef a
allei^ y wenh' ygyt ami yganhadu ar veicheu. 9 Os canhatta; canhadet
yn ryd oe veicheu «o. kanys digaôn ogyméyeu'» agouityeu»* yssyd ar
yg6r yn lie sarhaet y uor6yn gan y corr. le heb y gôenh' awelych ti
yn uot »î yn ia6n am hynny ti a ger'. Miuî '4 ae g6naf yn Uawen arglôyd.
Ac yna y kanhadaéd hi edern yn ryd . A dîgaôn yam hynny aaeth yn
hebrygyeit ar Er.
A chychwynM aorugant*^ yn 6ympaf nifer aweles '7 neb eiroet '8. parth
ahafren. Ac ar ylan tra6'9 y hafren. yd oed goreugôyr Erbin.
m. Custenhin. Ae tatmaeth yny blaen><' yn aruoU Ger'. yn Uawen.
A Uawer o wraged yllys y gan y vam ynteu yn erbyn Enyd verch
yny6l g6reic. Er\ ^i a dirua6r oruoled allewenyd agymyrth*^ pa6b or
llys yndunt ac or holl gyfoeih yn erbyn Ger'. rac meint y kerynt ef.
A rac meint ycly6ssynt yglot ynteu 'î yr pan athoed y 6nhunt 6yH.
Ac am y vot yn dyuot y orescyn *î y gyfoeth ehun. Ac y gad6 y
teruyneu . Ac y r llys y doelhant. Ac yd oed yno diwallrôyd »^ ehal-
aethualch ^7 0 amryual ^^ anregyon Ac amhylder owirodeu ^9 A didlaôt
wassanaeth. Acamryfalyon 5° gerdeu ag6aryeu. Ac 0 enryded Ger\ y
g6ohodet^' holl wyrda y kyfoeth y nos honno 3>. Ar dyd h6nn6 ar nos
honno atreulassant h tr6y gymedrold' 0 esmôyihter h. Ac yn ieuenctit
ydyd tranoeth 3{ kyuodi aoruc Erbin. A dyuynnu Ger'. *atta6 ar
I odyar ffranc — 2 Heb avec une majuscule — ) a glywaf i digawn uarchogaet —
4 honnw — 5 kyt — 6 wnelcr — 7 tangneued. Remarquons une fois pour toutes qu'à
heb ueicheu — 1 1 gemweu — 1 2 gouutyeu — n di yuot — 1 4 mi — i j a cherdet
— 16 a orugant manque — 17 or awelas — - 18 eiryoet — 19 ac ar y parth draw —
20 ae datmaeth yn eu blacn — 21 y wreic ynteu — 22 gymerth — 25 rac meint
y kynnuUassei ynteu glot — 24 hwy — 25 ac am uot y uédwl ynteu ar orescyn —
26 ehalaethrwd — 27 diwallualch — 28 amryuael — 29 amyldergwirodeu — 30 am-
ryuaelon — ji gwahodet — 32... honno y ymweleint a Gereint ~ 33 a dreu lassant
après hwnnw ~- 34 drwy gymedrolder 0 esmwythdra — 35 dranoeth.
4i6 G. Eyans et J, Loth
ment désirable. ■ Le lendemain matin, Erbin se leva, fit venir Gérant et
les nobles personnages venus avec lui pour l'escorter >^ et il lui dit :
«c Je suis un homme alourdi, âgé; tant que j'ai pu maintenir ton pouvoir
et le mien, je l'ai fait. Toi, tu es un jeune homme, tu es dans la fleor de
la jeunesse. Tiens tes domaines maintenant. » — a Assurément, dit
Gereint, de mon plein gré, tu n'aurais pas remis la possession de tes
biens dans ma main en ce moment et tu ne m'aurais pas emmené de la
cour d'Arthur. » — « Dans ta main je les mets ; prends aujourd'hui
l'hommage de tes vassaux. » Alors Gwalehmei dit : a Ce qu'il y a de mieux
à faire, c'est de satisfaire aujourd'hui les solliciteurs. Demain prends
l'hommage de tes vassaux ^ » On réunit les solliciteurs. Kadyrieith4 alla vers
eux pour examiner leurs désirs, et ce qu'ils désiraient on ne fut pas long
à le leur donner. Car la maison d'Arthur et les vassaux de Comouailles
donnèrent largement, généreusement de leurs biens à chacun d'après sa
demande et sa volonté. Ce jour et cette nuit, ils les passèrent dans tous
plaisirs désirables. Le lendemain matin Erbin pria Gereint d'envoyer des
messagers à ses vassaux pour leur demander si cela ne les gênait pas
qu'il f&t venu pour prendre leur hommage et s'ils avaient à lui opposer
colère ou dommage ou quoi que ce soit. Ainsi fit-il. Eux dirent qu'il n'y
avait en eux d'autre sentiment que la joie et l'honneur le plus complets
en apprenant que Gereint venait pour prendre leur hommage. Alors
Gereint prit l'hommage de tous ceux qui se trouvèrent là. Ils furent tous
là ensemble la troisième nuit. Le lendemain les gens de la mais<Hi
d'Arthur manifestèrent le désir de s'en aller, a II est trop t6t pour vous de
partir. Restez avec moi ici jusqu'à ce que j'aie fini de prendre l'hommage
1. Cymnudrol signifie proprement mtsurly convenable et conserve dans certains passages
des Mab. son sens propre : Math vab math. III, p. 20) : ères yw genyf na vedmt
gymcdroli ar wneumur esgidiau wrth vessur. a Je m'étonne pas qoe tu ne poisses t'ar-
ranger de façon i faire des chaussures suivant la mesure 9 (dit Ananrhod i Gwydyonqm
les fait trop grandes ou trop petites). Du sens de convenable, comme il faut ^ cymnudnUea
arrivé à signifier qui satisfait complètement : Ystoria de Carolo magno, p. 78, il est dit
que Charles a tenu les France en Espagne, heb na hun gymedrol na b6Yt.|
2. Hebiwg arm. ambroug répond a notre expression populaire| /jirc ta conduite à.
3. Lady Guest traduit par sujets^ ce qui ne nous paraît pas tout à fait exaa. Kjnoeth
a le sens de pouvoir comme son équivalent irlandais cumachta et aussi celui de richesses,
possessions. On le trouve employé au sens concret dans d'autres passages (larrUes 7
nynnawn 1, p, 20), absolument comme en français: les puissances, les pouvoirs pour la
hommes ayant la puissance, le pouvoir. Il paraît être l'équivalent ne goreugivyr. Nous ne
prétendons pas cependant qu'il ne soit pas arrivé parfois au sens de sujets.
4. Pour ce personnage v. Gereint ab Erbyn, p. 22. Dans le songe de Rhonabwy, il
t présenté comme un homme jeune et sage. Des bardes viennent à la cour chanter kS
louanges d'Arthur. Seul, il les comprend (ftâ//r-/«M* l'homme fort en langue, au langage
fort ?;
Fragment du Mabinogi de Gereint ab Erbin 417
Goreug6yr adothoed » y hebr6g. A dywedut 6rth Er\ G6r amlr6m ^
oetyaôc î 6yf i heb ef . A thra elleis i kynhal 4 kyfoeth J itti ac
iminheu^. mi aekynheleis. A thitheu G6as ieuanc 6yt. Acymlodeu7 dy
deôredAth ieuenctil yd yit6yi®. kynhal dygyfoelhweithon. le mi 9 heb
y Ger'. om bod i ny rodut ti vedyant '^ dy gyfoeth ym lla6 i yr a6r hon.
ac nym dygut etwa olys arth'. yth la6 ti " nu y rodafi. A chymer hediô
ôry^gaeth »2 dy wyr. Ac yna y dywa6t G6alchmei»3. Ia6nhaf'4 y6
ît » 5 llonydu »^ hedi6 yr eircheit. Ac auory kymer 6ryogaeth dygyfoeih. Ac
yna ydyfynôyt yr eîrcheit y un lie. Ac ydoeth»7 kadyrieith attadunt'®
yedrych eu haruedyt. apheth aeruynynt'9. Ac ny bu hir ybu6yt yn
rodi. kanys teulu arth' ag6yr kernyô arodassant yn ehalaeth y pa6b
6rth yatolôyn. Ae vod. yda yn didlaôt *°. Ar dyd h6nn6 ar nos honno
atreulassant tr6y »» gymedrolder 0 esmôyihtra ". A thranoeth yn îeuenc-
tit y dyd yd erchîs Erbin y er\ anuon kenadeu ar ywyr. y ofyn udunt
aoed di6rthtr6m ganthunt y dyuot ef e gymryt*? eu g6ryogaelh»4. Ac
aoed ganthunt na bar nac einiwet »J ae dim adottyntyny erbyn. Ac uelly
ygônaeth ynteu»^. ydywedassant '7 6ynteu nat oed namyn kyfla6nder
olewenyd a gogonyant gan ba6p onadunt. am dyuot Ger' y gymryt eu
gôryogaeth. Ac yna y kymyrthGer*. ^8 gôryogaeth *9aoed yno onadunt.
Ac yno ygyt ybuant y tryded J® nos. A thranoeth yd arofunaôd teulu
arth'. ymdeith 31. Ry eghyrthî» y6 i6ch vynet ymdeithH etwa. Ar-
ho6ch gyt ami m hyny darfFo im kymryt gôryogaeth vyg goreug6yr oc
aerkytyo3J 0 nadunt dyuot attaf. Ac uelly y gônaethant 6ynteu3^.
Ac yna y kychwynassant n 6y parth a Uys arth^ Ac yd aeih JS Ger'. ac
enyd y eu hebrôg hyt yn dyngannan î9. A phan ymwahanyssant
I a dathoed — 2 amtrwm — j oedawc — 4 gynnal — j y kyuocth — 6 ac y
myhttn — yymiodeu — 8 y dwyt — 9 mi marujue, — 10 medyant — 11 di —
12 a chymer hcuythediw wrogaeth — ij Walchmei — 14 iawnaf — 15 ytii — 16 lo
nydu — 17 ac yaa y docth — 18 attunt — 19 ac y ouyn y bawp beth a eruynynt — -
20 a theuluAithur a dechreuwys rodi. ac yny lie y doeth gwyr kernyw ac y roaassant
wynteu. Ac ny bu hir y buant y rodi rac meint brys pawb onadunt y rodi. ac or adoeth
y erchi da yno nyt acth neb ymeith odyno. namyn gan y uod — 21 drwy — 22
esinwylhdra — 2} y dyuod ef y gymryt — 24 gwrogacth — 2j ac bar ae cnniwet —
26 ac uelly y g6naeth ynteu manque — 27 yna y gyrraN\d Gereint gennadeu ar wyr
kernyw y ouyn udunt hynny. ac y dy\\edassant — 2S ac yna y kymerth ynteu — 29
gwrogaeth — 30 y drycled — 31 ymeith — 32 Ry gyghyrth - jJ ymeith — 34 ygyt
a rai — 35 or aerkyityo — 36 ac wynt a d/igyassant yn y daruu idaw ef hynny
— )7 ac y kychwynassan — 38 ac yna ydaeth — 39 diganhwy.
Rey, CelU VU. 27
4i8 G. Emns et J. Loth,
de ceux à qui il conviendra (?) de venir vers moi >. » Ainsi firent-ils. Puis
ils partirent pour la cour d'Arthur. Gereint avec Enyd les conduisirent
jusqu'à Dyngannan. Lorsqu'ils se séparèrent Ondra fils du Duc dit à
Gereint : a Va aux extrémités de tes domaines et examine avec une
attention minutieuse tes limites. Si tés embarras deviennent trop lourds,
fais-le savoir à tes compagnons. » — « Que Dieu te le rende, je le
ferai. »
Alors Gereint alla aux extrémités de ses domaines ayant avec lui
comme guides les hommes les plus notables de ses domaines ', et le but
le plus éloigné qu'on lui montra, il en prit possession. Comme il avait
coutume tant qu'il avait été à la cour d'Arthur, il recherchait les tournois
et faisait connaissance avec les hommes les plus vaillants et les plus forts,
si bien qu'il devint célèbre dans cette région, comme là où il avait été
auparavant, et qu'il enrichit sa cour et ses gentilshommes des meilleurs
chevaux et des meilleures armes. Et il ne cessa pas jusqu'à ce que sa
gloire eût volé par tout le royaume. Lorsqu'il le sut, il commença à aimer
le repos. Car il n'y avait plus personne à.oser lui tenir tête. î II aima sa
femme, le séjour continu dans sa cour, la musique et les divertissements.
Pendant assez longtemps il resta à la maison. A la suite de cela, il aima la
retraite de sa chambre avec sa femme, à tel point qu'il n'y avait plus
rien autre chose qui lui plût, qu'il perdait le cœur de ses gentilshommes,
négligeant chasse et divertissements, le cœur de tous les gens de sa cour,
et qu'il y avait secrètement des murmures et des moqueries à son sujet entre
les habitants de la cour, parce qu'il se séparait aussi complètement de leur
compagnie pour l'amour d'une femme.
Ces propos arrivèrent jusqu'à Erbin. Lorsqu'il l'eut entendu, il le dit
à Enyd, et lui demanda si c'était elle qui faisait agir Gereint ainsi et qui
lui imposait de se séparer de sa maison et de son entourage. » — « Moi
1 . Erkyttyo. Le sens de ce mot ne nous est pas clair. On le trouve dans un passade
de Kulhwch ac Olwen p. 201, Mab. II, mais là-mème son sens ne ressort pas sum-
samment. Il est peut-être composé de er -h cydio (unir, joindre). Le f est géminé sous
l'influence du sufnxe du subjonctif comme dans dywetto du verbe dywedydy etc.
2. Lad y Guest a traduit comme s'il y avait a chyuarwydyt.,. a goreugwyr tandis qu'il
y a achyuarwydyt... 0 oreugwyr (and experienced guides and the chiefmen...) Kyuarwydit
a plusieurs sens ; le plus souvent celui de direction, indication et aussi d'histoire,
récit (cf. Math vab Math. Mab. Ul, p. 191 ; Kulhwch acolwen II, p. 213; Peredurab
Evrauc II, p. 288, 292 ; Brannwen Mab. III, p. ioi,etc.)
3. Lady Guest a traduit: there was no one who was worth his opposing, ce qui donne
un sens fort satisfaisant et auquel rien dans son texte ne s*oppose. Mais dans notre texte,
nous avons dalhei qui ne peut guère appartenir qu'au verbe dala ; si c'était le verbe
valoir il y aurait a talhei conformément aux habitudes orthographiques de notre scribe :
Cf. passim Duw a talho (Guest Duw a dalho). Pour a dala ya erbyn tenir tête à, risisttt
cf. Ystoria de C arolo magno, P- 71 ^ ^^^ ^^'^ 0 honunt yn y herbynny cf. ibid., p. 39.
Fragment du Mabinogi de Gereint ab Erbin, 419
yclywa6t Ondra. m. y duc ' 6rth Er'. kertha* heb ef eîthafoed dy
gyfoeth yn gyntaf. Ac édrych yn llôyrgraff leruyneu dy gyfoeth. Ac
o g6rthtryma gofit ? arnat. manac ar dy getymdeithon. Du6 atalo itt .4
aminheu awnaf hynny.
Acyna y kyrcha6d 5 Ger'. eithafoed y gyfoeth. achyfar6ydyt gyt
ac ef 0 oreugôyr hyspys ^ y gyfoeth . Ar amkan pellaf a. dangosset ida6
agetwis ynteu gantaô. Ac val y gnottaassei? tra uu ynllys arih'. kyrchu
tômeimeint awnaeî. Ac ym6ybot ar g6yr de6rhaf achadamaf hyny oed
clotuaôr yny kyfeir^ h6nn6 val y lie y buassei gynt 9. Ac yny gyfoetho-
ges ylys ae wyrda '®. or meirch goreu ac or arueu goreu Ac or eurtlys-
seu ' ' arbennicaf a goreu. Ac ny orffowyssa6d ohynny hyny »* ehedaôd y
glot dros 6yneb y leyrnas m. A phan 6ybu ef hynnyo: dechreu karu es-
my6thter ac yscyfal6ch aoruc »4 ynteu. kanyt oed neb a dalhei vot '5 yny
erbyn. A charu y wreic ag6astatr6yd yny lys A cherdeu adidanôch . A
chartrefu talym '^ aoruc. Ac yn ol hynny karu yscyfal6ch »7 oe ystauell
ae wreic hyt nât oed digrif ganta6 dim namyn hynny. hyny yttoed '^ yn
coUi callon y wyrda ae hela ae digrif6ch a challon c6byl onifer ylys .
Ac yny yttoed ymodôrd a gogan ama6 dan lla6. '9 gan tyl6yth *® y lys
am yuot yn ymgolli yn gynl6yret ahynny ac eu kelymdeithas 6ynt ^» o
garyat g6reic.
Ar geireu hynny a aeth ar '* erbin. A g6edy clybot 0 Erbin hynny.
dywedut aoruc ynteu hynny y Enyd. A gofyn aoruc idi. Ae hihi oed yn
péri hynny y. er\ Ac yn dodi y dana6 ymada6 ae tylôyth'J ac ae nifer.
I ac yna y gwahanyssant ac yna y dywawd Ondyaw uab duc bwrgwyn — 2 kerda
— 3 gouut — 4 a dalo m heb ef — 5 kerdawd — 6 hyspys après chyuarwydyt —
7 ^ottayssci — 8 y gyucir — 9 ual y buassei yn lie arall gynt — 10 y lys ae gedym-
deithon ac wyrda — 11 eurtlysseu — 12 hynny manque. — ij y deyrnas — 14 ysga-
vnrwyd — ij a dalei aruot — 16 a chartfefu yn hynny dalym — 17 yscafalwch —
18 oed — 19 gan law (leg. tan law) — 20 dyiwyth — 21 Kedymdciihas wy — 22
att recte— 23 Iwyth. .
420 G. Evans et J. Lotli.
non, par ma foi, je le déclare ' devant Dieu, dit-elle, et il n'y a rien qui
me soit plus odieux que cela. » Un matin d'été, ils étaient au Ut. Lui était
sur le bord et Enyd était sans dormir dans la chambre vitrée. Le soleil
envoyait ses rayons sur le lit. Les habits avaient glissé de dessus sa poi-
trine et ses bras pendant qu'il dormait. Elle considéra combien était beau
et saisissant' son aspect et parla ainsi : « Malheur à moi, dit-elle, si à
cause de moi, ces bras et cette poitrine perdent la gloire et la réputation
qu'ils avaient auparavant. » Et en disant cela, elle laissa échapper des
larmes en abondance au point qu'elles tombèrent sur sa poitrine à lui.
Et ce fut une des choses qui le réveillèrent 3. Une autre pensée le mit en
émoi, c'est que ce n'était pas par sollicitude pour lui qu'elle avait parlé
ainsi, mais sous l'impression de son amour pour quelqu'un qu'elle lui
préférait et parce qu'elle cherchait à se séparer de lui. Alors Gereint
s'irrita sous l'empire du trouble qu'il y avait dans sa pensée. Il appela
son écuyer. « Fais préparer rapidement mes armes et mon cheval, dit-^1,
et fais qu'ils soient prêts. Lève-toi aussi, dit-il à Enyd, et habille-toi.
Fais préparer ton cheval et prends ton plus mauvais habit pour che-
vaucher. Honte à moi, si tu reviens ici avant d'avoir su si j'ai perdu mes
forces aussi réellement que tu Tas dit, et en même temps s'il te sera
aussi facile 4 que ce l'était en désirs de chercher à me quitter pour celui
auquel tu songeais (. » Et elle se leva aussi, et reyètit un habit négligé.
« Je ne sais rien de ta pensée, seigneur, dit-elle. » — « Tu ne le sauras
pas maintenant, dit-il. » Et alors Gereint alla voir Erbin. « Seigneur,
dit-il, je pars pour une affaire, et je ne sais trop quand je reviendrai;
pour toi, seigneur, veille ^ sur tes domaines jusqu'à ce que je sois
revenu. j> — a Je le ferai, dit-il^ mais je m'éionne que tu partes si subi-
1. KyffisyDuw, On trouve quelauefois l'expression complète: Manawyddan vab
Llyr m, p. I j8, y Duw y dygaf vyg kyffes; larllcsyflfynnawn I, p. io,am kyffes a dygaf
iti, Kei.
2. Aruthr s'applique à tout ce qui est saisissant, terrible ou non. cf. Breudwyt Rho-
nabwy II. p. 381, 386; Gereint II, p. ly etc.
3 . Apres ac un or pethau ae deffrots tf uu hynny, et vne des choses qui le rèveillirent fat
celdf le texte de lady Guest porte ygyt ar ymadrawd hi kynno hynny, ainsi qae ses
paroles d elles auparavant, ce qui est en contradiction avec le contexte, et doit être con-
sidéré comme une mauvaise glose. Lady Guest a aussi traduit kyffroes^r éveilla, ceqni
est inexact.
4. Pour le sens d'y scyvalwch, cf, larlles y fiynnawn I, p. 20; Ystoria de Carolo
magno, p. 6; p. $9 ysgyvala ou ysgavala, Lady Guest ne paraît pas avoir compris ce
mot. Pour yscafael dans le sens de facile, Ta\iesm, p. 163, vers 17, Skeene Four, anc.
books II.
j. Lady Guest traduit comme s'il y avait 0 byd hynny, Kyn ysgavaelhet.., and if
k be so it will then be easy for thee to seek the society thou didst wish for of him...
Ce qui offre un sens satisfaisant, mais peu conforme à la lettre du texte.
6. Synnyaw a le sens de considérer, examiner, regarder avec attention; cf. Manawydan
vab Llyr III, p. 149; Math vab Math. III, p. 208.
Fragment du Mahinogi de Gereint ab Erbin. 421
Na vi myn vyg çre^ kyffesydu6 ^ bebhi. Acnytoesdiin gassach genhyf
no hynny *. A boregôeith yr haf yd oedynt yn eu g6ely . Ac ynteu 6rth
yr crchwyn. Acenyd oed heb gyscu yiny6n ystauell wydrin. Ar heûl yn
ty wynnu ar yg6ely. Ar dillat g6edy rylithra6 yar yd6y vron ae d6y
vreich. Ac ynteu yn kyscu. Sef aoruc hitheu edrych tecket ac aruthret
yr ol6c awelei ama6. A dywedut. Gwae vi heb hi os om hacha6s i
ymae y breicheu hî 3 ar d6y vron yn coUi dot amil6ryaeth kymeint
aoed 4 eidunt. A chan hynny ell6g y dagreu yn hidleit hyny dyg6yd-
assant ar y d6y vron ef. Ac vn or petheu ae deffroes ef uu J hynny ^.
A med6I arall ae kyiTroes pteu nat yr amgeled 7 ymdana6 ef y dywed-
assei hi hynny. namyn yr ystyryaô karyat ar 6r arall drosta6 ef. A
damunaô ysgyfalôch ^ hebdaô ef . Ac ar hynny llityaô aoruc gcr' tr6y
anhagnefed 9 yny ved61. A gal6 ar ysgôier atta6. Par yn gyflym heb ef
kyweira6 vym march am harueu. A phar eu bot'^' yn bara6t. Achyfot
titheu heb Enyd ag6isc ymdanat. A phar gyweira6 dy varch. A d6c y
wisc waethaf ar dy hel6 6rth varchogaeth. A meuel <> imi heb ef 0 deuy
tî '* yraa hyny 6ypych'3 agolleisi vyn nerthoed yn gyngywiret ac y
dywedut ti '4. Ac ygyt ahynny obyd » J kp yscyfalhaet »^ itti ac yd oed
dy damunet y geissaô yscyfal6ch '7 am y neb ydocdut yn medylya6
ymdanaô »8. a chyfodi aoruc hitheu ag6isca6 yscaeluswisc ymdanei. Ny
6n î dim oth ved61 ti argl6yd heb hî »9. Nys géybydy ti yr a6r hon heb
cf. Ac yna yd aeth Ger' y ymwelet ac erbin. A 6r da heb ef. y neges
yd 6yfi ^^ yn mynet. Ac nyt hyspys genhyf py bryt ^ » y deuaf trachefyn^».
Asynhya tî^J 6rda heb ef 6rth dy gyfoeth hyny delh6yfi trachefyn. Mi
awnaf heb ef ac ef ères y6 genhyf mor deissyuyt yd 6yt yn mynet. A
phéy a gerda gyt athi . 6rth nat 6yt ti 6r ^4 y gerdet tir lloegyr tuhunan »î .
Ny da6 gyt aroiui namp vn dyn arall. Du6 ath gygho nu mab '^ heb yr
1 myn vyg kyflfes y duw — a après kynny vient le passage suivant qui manque
dans Hengwrt: ac ny wydyat hi beth awnaei. Kanyt oed hawd genthi hitheu adef
hynny y Ereint. Nyt oes haws genthi hitheu warandaw ar a gly wei heb rybudiaw Gereint
y m danaw a goueileint raawr a delis hi yn hi am hynny. A bore gweith ... Hengwrt
reprend à a boreg6eith — 3 leg. hynn. Ouest hynn — 4 ac a oed — j un (leg. uu) —
6 hynny ar ymadrawd hi kynno hynny — 7 medwl — 8 yscaualwch — 9 ac ar
hynny sef a oruc Gereint antangneuedu — 10 ac eu bot — 11 meuyl — 12 or deui di
— 1} yny wypych di — M Y" Kygwplct ac y dywedi di — 1 5 or byd — 16 ysgaoalhet
— 17 ysgiualwch — 18 am y neb y medylyut vmdanaw — 19 heo hi après ny wnn
i — 20 neges yd wyf — 21 pa bryt — 22 drachen (leg. drachefyn^ — 23 a synnya
di — 24 wrth nat wyt wrdi (sic) — 25 yn unie — 26 ath gygho a a mab (recte).
42 2 G, Evans et J. Loîh.
teoient . Et qui ira avec toi, car tu n'es pas un homme à traverser
seul la terre de Lloegyr. » — « Il ne viendra avec moi qu'une seule
personne. » — « Que Dieu le conseille, mon fils, dit Erbin, puissent
beaucoup avoir recours à toi > en Lloegyr. » Gereint alla où était son
cheval. Il était équipé avec son armure lourde, brillante, étrangère. Il
ordonna à Enyd de monter à cheval, d'aller devant et de prendre une
forte avance : « Quoi que tu voies ou entendes à mon sujet, [dit-il], ne
reviens pas sur tes pas ; et, si je ne te parle pas, ne me dis pas un mot
non plus. » Et ils allèrent devant eux.
Et ce ne fut pas par la route la plus agréable ni la plus fréquentée
qu'il fit marcher, mais bien par la plus déserte, celle oi!i il fût le plus sûr
de trouver des brigands^ des vagabonds, des bêtes fauves enragées, veni-
meuses. Ils arrivèrent à la grand'route, la' suivirent et aperçurent un] grand
bois à côté d'eux. Ils y allèrent, et en sortant du bois, ils virent quatre che-
valiers armés. Ceux-ci les regardèrent et l'un d'eux dit : « Voici unç bonne
aubaine pour nous ; ces deux chevaux-là, les armes et la femme aussi, nous
aurons le tout sans efforts pour ce qui est de ce chevalier seul là-bas^ à la tète
lourde, affaissé ^ et triste.» Enyd entendait cette conversation et, par crainte
de Gereint, ne savait ' que faire : ou le lui dire ou se taire. « La vengeance
de Dieu soit sur moi, si je n'aime pas mieux la mort de sa main que de
la main d'un autre. Dût-il me tuer, je le lui dirai, pour ne pas voir la
mort sur lui à l'improviste. » Elle attendit Gereint jusqu'à ce qu'il fût
près d'elle : « Seigneur, dit-elle, entends-tu les propos de ces hommes
là-bas à ton sujet ?» — Il leva la tête et la regarda avec colère :
« Tu n'avais autre chose à faire qu'observer l'ordre qu'on t'avait
donné, c'est-à-dire te taire. Ta sollicitude et ton averussement ne
comptent pas pour moi 4, et, quoique tu désires me voir tuer et mettre
en pièces par ces gens-là, je n'ai pas la moindre crainte. » A ce moment,
le premier d'entre eux mit sa lance en arrêt et s'élança sur Gereint. Lui lui
tint tête, et non en homme amolli. Il fit passer le choc de côté, et lui-
même s'élança sur le chevalier [le frappant) au centre de son bouclier,
1. //j»// signifie proprement r^djmdf/on, plainte; le hawliwr dans les lois galloises est
le demandeur. Cf. Peredur ab Evrawc I, p. 292 ; larlles yff !, p, 3j ; Gereint ab Erb. Il,
p. n-
2. Llibin flasque, et aussi niais, simple: cf. Pwyll pendeuic Dyued III, p. ^0.
j. Gwydyaî. Pour cette forme, cf. Rhp, Revue Celt. VI-I, p. 47 en note. M. Rhys
cite la forme comique wothyen, « je savais >. Il y a une forme correspondante en armo-
ricain, en usage aujourd'hui à peu près partout : gouyenn moyen armoricain gouzienn.
4. M.-à-m. Ce n'est pas sollicitude pour moi ni avertissement que le tien. Lady Gaest
traduit : I wish but for silence, and not for warning. Teu ne peut signifier silence : c'est
ou une y pers. du sg. du présent futur de tewi se taire, ou le possessif de la 2* pers.
La construction à notre avis, ne permet pas de voir dans teu un verbe. Pour teu y pers.
cf. Kulhwch ac Olwen II, p. 224, 201 , 228.
Fragment du Mabinogi de Gereint ah Erbin. 425
erbin. A llawer dyn ahaôl ' arnat yn lloegyr. Ac yr lie yd oed y varch ^
ydoeth Ger\ Ac yà oed y varch yn gy weir oarueu tr6mloy6 5 estronaôl.
Ac erchi aoruc ynteu y enyd escpnu ary march acherdet or blaen a
chymryt ragor ma6r. Ac yr awelych ac agly6hych arnafi heb ef nac
ymchoel ti 4 trachefyn 5 . Ac ony dy wedafi 6rthyti . na dy wet ti vn geir
heuyt. A cherdet racdunt aorugant.
Ac nyt y fford digrifaf achyfanhedaf aperis^ ef y cherdet. namyn y fFord
diffeithaf adiheuaf bot 7 lladron * aher wyr ab6ystuilet kyndeiraôc 9 g6en6yn-
ic; A dyuot y prifford •'^ aorugant. «' aechanlyn. A choet maôrawelynt
yôrthunt. A pharth '* ar coet y doethant 'î . Ac yn dyuot or coet allan y
gôelynt petwar '4 marcha6c aruaôc. Ac edrych aorugant amadunt 'J A
dywedut aoruc vn onadunt *^. Llyma le da inni »7 y deu varch racco ar
arueu ar wreic heuyt. A hynny agaffôn yn seguryryrvn marchaôcpen-
tr6ni '8 goathrist llibin racco '9. Ar ymdidan h6nn6 aglywei*° Enyd. Ac
ny wydyat^' beth awnaeirac ofynGer'. ae dywedut hynny aetewi. Dial
du6 amaf onyt dewissaf ^* genhyf vy agheu oe la6 ef nocet ola6 »5 arall.
Achyt am lladho ^4 mi ae dywedaf ida6 rac g6elet agheu arna6 ef yn
dirybud^s. A chyfarhos^^ ger'. aoruc hyny vyd yn agos idi. Argl6yd
heb hi aglywy ti ^7 geireu y g6yr racco ymdanat ti ^8. Drychafel ^9 y
6yneb aoruc ynteu. Ac edrych arnei p Uityaôc J®. Nyt oed reitit namyn
kad6 a erchit itt y geir ?'. Sef oed hynny 3* tewi. Nyt amgeled genhyf
ac nyt rybud y teu n. A chyt mynnut ti h welet vy agheu i ara diuetha
or g6yr racco nyt oes arnafi vn argyss6r6 55. Ac ar hynny est6g
g6ay6 3^ awnaelh y blaenaf onadunt 37 agossot ar Er'. Ac ynteu ae her-
bynyaôd ac nyt maP^ ggr Hesc. Agoll6g39 y gossot heibaô aoruc. A
gossot aoruc ynteu ar y marchaôc ym perued y taryan 40 hynny hyllt y
taryan 4» ac yny tyrr yr arueu ac yny vyd dogyn ky félin va6r ynda6 42
or paiadyr. Ac ynteu 43 dros pedrein y varch yr lla6r yn var6. Ar eil
marchaôc ae kyrch6ys ynteu yn Ilitya6c44 am lad y getymdeith. Ac ar
yr vn gossot y byryaôd ef h6nn6 yr Ila6r45 ac y lladaôd mal 46 y Hall.
I ae hawl — 2 y uarch (recte) — 3 trwm — 4 di — j drachcuyn — 6 a bcris —
7uot — 8 llatron — 9 kyndeiraôc manque — 10 yr brif ford — 11 aorugant après
chanlyn — 12 ffarth — 13 y deuthant — 14 pcdwar — ij arnunt — 16 ohonunt —
1 7 ynni heb ef y gymryt — 1 8 pendrwm — 1 9 racco llibin — 20 a gigleu — 2 1
wycfyat hitheu — 22 desissach (leg. âewissach) — 23 noc 0 law — 24 a chyt ymlado
ami — 25 yn dyvryt — 26 achyuaros — 27 di — 28 ti manque — 29 dyrchauel — 30
Uidyawc — 31 cadw y geir a archyssit itti — 32 hwnnw — 33 y leu après gennyf —
34 mynych di — 3J argysswr — 36 gwaew — 37 ohonunt — 38 ual — 39 gellwg
— 40 yn tewder y daryan — 41 y daryan — 42 yn daw ynteu — 43 ac yny vyd
hyt gwaew Gereint — 44 Kyrchawd ynllidyawc — 4$ yr llawr manque — 46 ual.
424 G. Evans et J, Loth.
au point que le bouclier se fendit, que l'armure se brisa, qu'une bonne
coudre du fût de la lance lui entra dans le corps et qu'il fut à terre,
mort, par-dessus la croupe de son cheval. Le second chevalier Tattaqua
avec fureur à cause de la mort de son compagnon et, d'un seul choc, il
le jeta à terre aussi et le tua comme l'autre. Le troisième l'attaqua aussi
et (Gereint) le tua de même. De même aussi^ il tua le quatrième. Triste
et peinée était Enyd regardant cela. Gereint descendit, enleva aux tués
leur armure, la mit dans les selles, attacha les chevaux ensemble par le
frein, et monta à cheval, a Voici ce que tu vas faire, dit-il, pousse les
quatre chevaux devant toi ; va devant, comme je te l'avais commandé,
il y a un moment, et ne me dis pas un mot que je ne t'adresse la parole.
Et, je le déclare devant Dieu, si tu ne le fais pas, ce ne sera pas impu-
nément. » — « Je ferai mon possible pour cela, seigneur, dit-elle, d'après
ton avis. »
Et ils s'avancèrent à travers le bois. Us quittèrent le bois et arri-
vèrent à une grande plaine. Au milieu de la plaine^ il 7 avait un taillis
à tète épaisse, entortillé, et ils virent venir vers eux du côté de ce bois
trois chevaliers avec leurs chevaux bien équipés, avec armure autour
d'eux jusqu'à terre et autour de leurs chevaux. Enyd les regarda avec
attention. Lorsqu'ils furent auprès, voici la conversation qu'elle entendit
entre eux. « Voici une bonne aubaine pour nous, et sans efforts, dirent-
ils ; les quatre chevaux, les quatre armures, pour ce^qui est]^de ce che-
valier là-bas, nous les aurons à bon marché; la jeune fille aussi sera en
notre pouvoir. » — « Ils disent vrai, dit-elle ; il est fatigué à la suite de
sa lutte avec les hommes d'il y a un moment. La vengeance de Dieu
soit sur moi, si je ne l'avertis pas. » Et elle attendit Gereint 'jusqu'à ce
qu'il fût auprès d'elle. « Seigneur, dit-elle, n'entends-tu pas la conver-
sation de ces hommes là-bas à ton sujet ?» — « Qu'est-ce, dit-il ?» —
Ils sont en train de se dire * qu'ils'auront tout ceci comme butin à bon
marché. » — a Par Dieu et moi *, dit-il, ce qui est plus pénible pour
moi que la conversation de ces gens-là, c'est que tu ne té taises pas vis-
à-vis de moi et que tu ne te conformes pas à mon ordre. » — Seigneur,
1 . Le texte porte yr ydant, quHI ne faut pas songer i corriger en yrygdunt. D'après
les habitudes de notre scribe ce serait d'ailleurs yrygtunt. De plus yr a non ^seulement le
sens de pour, à cause de^ malgré (cf. er armoricain), mais aussi celui de enfre, cf. Ystoria
de Carolo magno, p. 82: a thygu y mae na byd un dygymot yrom heb hynny; ib.
yrom^ii. 86; cf. dans le même sens: Gereint, p. 28 de ^ notre texte \yrydî\ Breudwyt
Rhonabwy II, p. 387, yrydunt, larlles y ffnnaun I, p. 30; Ystoria de Carolo magne,
p. 18, 41, 30, 68.
2. Erofi a Duw. Nous traduisons comme tout le monde.' Peut-être cela signifie-t-il
eatre Dieu et moi. On se sert souvent en armoricain, au moins dans une partie dn pays,
d'une expression analogue : etri Doué a mi.
Fragment du Mabinogi de Gereint ab Erbln, 42 5
Ar trydyd ae kyrcha6d ac y uelly y lladaôd'. Ac uelly heuyt* y
lladaôd y petweryd 3. Trist ac aflawen oed enyd4 yn edrych arhynny.
Disgynnu aoruc Ger'. A diot arueu y g6yr iladedic.Ac eu dodi ( yn eu
kyfrôyeu A ffr6ynglyma6 ^ y meîrch aoruc. Ac cscynnu ar y varch.
A weldy7 awnelych ti* heb ef. Gyrr y petwar meirch? rac dy vron. A
cherda or blacn mal y hercheis »oitt gynneu Acnadywettîvn geîr 6rthyfi
hyny dy wettôyfi 6rthyti ' > . Ym kyffes y du6 os hynny ny wney : '» nybyd
diboen itti '3. Mi awnaf vyg gallu am hynny argl6yd. 6rth dy gyghor ti '4
heb hi. 6ynt agerdassant racdunt y coetw, Ac ada6 y coet aorugant.
A dyuot y wastat tir ma6r. Ac ymperued y gwastat tir yd oed byrgoet
pente6 »6 dyrys. Ac y6rth h6nn6 y gôelynt tri marcha6c yn dyuot
attadunt '7 yn gyweir 0 veîrch ac arueu hyt y Ila6r ymdanadunt 6y »*
ac am ^9 eu meirch. Sef aoruc enyd edrych yn grafT amadunt ^^. A phan
doethant yn agos. sef ymdidan aglywei^' ganthunt^'. Liyma doefot^3
da innî yn segur heb 6pt y»4 petwar^s meirch ar petwar arueu ^^
yr y raarcha6c *7 racco rat y kaff6n 6ynt »8. Ar vor6yn heuyt yn an
medyant ^^ y byd. G6ir y6 hynny heb hi. blin y6 y g6r 0 ymgyh6rd 3°
ar g6yr gynheu. Dial du6 amaf onys rybudyaf heb hi. Ac arhos J» Ger*
aoruc hyny vyd yn agos udi 3*. Argl6yd heb hi Pony chlywy ti ymdidan
y g6yr racco ymdanat. Beth y 6 hynny heb ef. Dywedut yrydunt3î
ehun 34 y maent y kaffant hyn oyspeil yn rat. yrofi adu6 heb ef ys try-
mach genhyfi noc adyweit y g6yr. na thewy ti 35 6rthyfi. Ac na bydy
6rth vyg kyghor . ArgI6yd heb hi rac dy gaffel yn dirybud 3^ y 6 genhyfi.
Ta6 bellach nu. nyt amgeled 37 genhyf yteu. Ar hynny 3» estôg g6ay6
achyrchu Ger*. 0 vn or marchogyon agossot 39 ama6 yn ffr6ythla6n
tebygassd 4© ef. Ac ysgaelus4« y kymyrth4a Ger' y gossot ae tara643
heiba6 aoruc ae gyrchu ynteu agossot ama6 am y gymherued. A chan-
I ac uelly y Iladawd hwnnw — 2 hcuyt manque — ) ypcdwyryd — 4 y uorwyn —
j ae dodi — 6 ffirwyngîymhu — 7 awely di — 8 di — 9 Kymer di y pedwar meirch
a gyrr — 10 ual yd ercheis — i ! wrihyt ti — 12 nys gwnei — 13 itt — 14 di —
157 goct — 16 pcndew — 17 attunt — iSymdanunt — 19 ymdan — 20 amadunt
— 21 glwei — 22 gantunt — 23 dyuod — 24 y manque — 2j pedwar — 26 pedwar
— 27 marchawc llaestrist — 28 wynt — 29 yn medyant — jo ymhwrd — 31 aros —
32 idi — - 33 yryngtunt — 34 ehunein — 3 j di — 36 diaruot — 37 taw bellach a hynny
nvt amgeled (v. la traduction) — 38 ac ar hynny — 39 gwaew a crue un or mar-
coogyon a cbyrchu Gereint a gossod — 40 debygd — 41 ysgaelu (leg. ysgaelus) — 42 y
kymerth ^ 43 daraw.
426 6'. Evans et J. Loth,
dit-elle, je ne veux pas qu'on te prenne à Timprovisie. » — « Tais^oî
désormais, je ne me soucie pas de ce qui vient de toi * . » A ce moment
un des chevaliers mit sa lance en arrêt, se dirigea vers Gereint, et
s'élança sur lui, avec succès^ pensait-il. Gereint reçut le choc sans se
gêner, d'un coup le fit passer à côté, et se jeta en plein sur le chevalier.
Avec le choc de l'homme et du cheval, le nombre des armes ne servit
de rien, si bien que la pointe de la lance sortit de l'autre c6té, qu'il eut
une bonne partie du fût dans le corps et qu'il fut jeté à terre de toute la
longueur de son bras et du bois de sa lance par-dessus la croupe de son
cheval. Les deux autres chevaliers vinrent chacun à leur tour et leur
sort ne fut pas meilleur que celui de l'autre. La jeune fille était arrêtée
considérant cela. Elle était anxieuse, d'une part dans la crainte que Gereint
ne fût blessé dans la lutte avec ces hommes ; et, d'un autre c6té, elle
était joyeuse en le voyant l'emporter. 'Alors Gereint descendit, attacha
les trois armures dans les trois selles, lia les chevaux ensemble par le
frein, de telle sorte qu'il avait avec lui sept chevaux. Il monta à cheval,
et recommanda à la jeune fille de les pousser devant: « Il ne vaut pas
mieux pour moi, dit-il, parler que me taire, car, tu ne te conformeras
jamais à mon ordre'. » — « Je le ferai, seigneur, dit-^lle, autant qu'il
me sera possible, seulement je ne pourrai te cacher les propos mena-
çants et terribles que je pourrai entendre à ton sujet de la part
d'étrangers qui parcourent le pays comme ceux-ci. » — « Par Dieu et
moi, dit-il, je ne me soude pas de ce qui vient de toi. Tais-toi désor-
mais. D — <K Je le ferai, seigneur, dit-elle, autant que possible. »
La jeune fille alla en avant', les chevaux devant elle, et elle garda son
avance. Du taillis dont nous avons parlé un peu plus haut, ils firent
route à travers une terre ouverte, d'une agréable élévation, heureusement
unie, riche. Loin d'eux, ils aperçurent un bois, et s'ils en voyaient la partie
la plus proche, ils n'en apercevaient ni les côtés ni Texlrémité. Ils allèrent
au bois et, en en sortant, ils virent cinq chevaliers à Tair vaillant, forts,
solides, sur des chevaux de guerre gros et robustes, aux os épais,
dévorant l'espace [.^), aux naseaux gonflés, tous parfaitement armés^
hommes et chevaux. Lorsqu'ils furent tout près, voici la conversation
qu'entendit Enyd entre les chevaliers. « Voici une bonne aubaine pour
nous ; à bon marché et sans peine, dirent-ils, nous aurons tous ces che-
1. Taw bellàch nu nyt amgeled y teu. Le texte de lidy Guest porte tav beUûch a hyntty.
Il est fort probable qu'il faut corriger notre texte de même : taw bcUach a [hun]nu. Pour
u = y, c'est très fréquent daus les Mabinogion.
2. Kany bydywrthvyg kyghor. Cf. Manawydan Llyr, p. I4(.
}, Rocai, Pour roc cf. Ystoria, p. 22, rogom ni.
Fragment du Mabinogi de Gereint ah Erbin. 427
h6rd y g6r ar march ny thygya6d y rifedi oarueu hyny vyd pen y g6ay6
allan athalym or paladyr tr6yda6 . Ac hyny vyd ynleu hyt y vreich ae
paladyr « dros pedrein y varch yr Ila6r. ydeu varchaôc ereill pop * eil
wers adoethant ac ny bu well eu hyntî. nor llall. Y vor6yn yn seuyll
ac yn edrych arhynny. Gofaius oed or neill parih 4 0 tebygu î briwaô
Ger'. yn ymhôrd argôyr. Ac or parth arall. llawen oed oe welet^ ynteu
yn goruot. yna y disgynnaôd Ger'. Ac yr6yma6d y tri arueu yny tri
chyfr6y. Ac y 7 ffr6ynglyma6d y meirch ygyt. hyny oed ^ seith meirch
ganta6. Ac escynnu 9 ar y varch aoruc. Agorchymyn yr vor6yn gyrru
y meirch ac nyt g6ell imî '® heb ef dywedut 6rthyt tî " no thewî. kany
bydy 6rth vyg kyghor. bydaf arglôyd hyt y galI6yf heb hi eilhyr na
allaf kelu ragot geireu engiryaôl ch\ver6 agiy6yf yth gyfeir argl6yd
gan i^ estronaél gi6da6doed 13 agertho '4 diffeith6ch mal y rei hyn m.
yrofi '^ adu6 heb ef nyt amgeled genhyf y teu atha6 beliach. mi awnaf
argl6yd hyt y gall6yf.
A cherdet aoruc y vor6yn rocdî ar march '7 rac y bron '^ a chad6
yragor aoruc. Ar prysc '9 adywesp6yt uchot gynneu r6ydtir ^o aru-
cheldec g6astatl6ys erdrym^i agerdassant. Ac ympell y6rthunt. 6ynt
awelynt goet". Ac eithyr gôelent^J yr emyl nessaf atadunt^4 : ny
welynt g6edy ^J hynny nac emyl nac eithaf yr coet. Ac 6ynt adoethant
parth ar coet. Ac yn dyuot or coet 6ynt awelynt pump marchaôcawyd-
drut kadamffer»^ yar katueirch»7 kadamte6 '* escymbraff ^9 maes-
wehyn J® fFroenuolldrut adogynder 0 arueu am y g6yr ac am y meirch. A
g6edy eu dyuot yn gyfago»J' ygyt. Séf ymdidan aglywei Enyd gan y
marchogyon. weldy yma douot da inni'^ yn rat ac yn dilafùr heb 6ynt.
hyn oll 0 veirch ac arueu agaff6n ar wreic heuyt yr yr vn marcha6c
I ae baladyr — 2 bop — 3 eu kyrch wynt — 4 or Ileill parth — 5 debygu — 6
0 lewenyd y welet — 7 a — 8 oed yna — 9 esgynnu — i o ym — 1 1 ti manque —
12 y gîn — lî gywtawdoed — 14 gerdo — ij yr rei hynny — 16 i manque —
17 ryngthi ar meirch — 18 a oed rac y bronn — 19 ac or prys — 20 rwyd-dir — 21
ar — 22 coet — 2? gwelet — 24 attunt — 25 wedy — 26 kadarn nyryf — 27
gatueircb — 28 gadamdew — 29 escymbraf — 30 maswehyn — 31 yn agos — 32
yma ynni dyuod da.
4^8 G, Evans et J. Loth.
vaux et ces armures ainsi que la jeune fille, pour ce qui est de ce che^
valier ià-bas, affaissé, courbé, triste. » Enyd prit grandement garde en
entendant les propos de ces hommes, au point qu'elle ne savait aa
monde que faire. A ia fm, elle se décida à avertir Gereint. Elle tourna
la tète de son cheval dans sa direction, a Seigneur, dit-elle, si tu avais
entendu la conversation de ces chevaliers là-bas, comme je l'ai entendue,
tu prendrais plus de précautions que tu ne le fais. » Gereint sourit d'une
façon contrainte ', colère, redoutable, amère, et dit: « Je t'entends
bien, dit-il, enfreindre toutes les défenses que je te fais; il se pourrait
que tu eusses à l'avenir à t'en repentir. » Au même moment les autres
se rencontrèrent avec eux, et Gereint renversa victorieusement et super-
bement les cinq chevaliers. Il mit les cinq armures dans les cinq selles,
attacha les douze chevaux par le frein ensemble et les confia à la jeune
fille: « Je ne sais pas, dit-il, à quoi il me sert de te donner des ordres;
cette fois que mon ordre te serve en même temps d'avertissement ».
La jeune fille s'avança vers le bois et garda son avance comme il lui
avait été commandé. Il eût été ) dur pour Gereint de voir une jeune fille
comme elle obligée à une course aussi pénible 4 à cause des chevaux , si
la colère le lui avait permis. Ils allèrent à travers le bois qui était profond.
La nuit les surprit dans le bois. « Jeune fille, il ne nous sert pas de
chercher à marcher. » — « Bien, seigneur, dit-elle, ce que tu voudras,
nous le ferons. » — « Ge que nous avons de mieux à faire, c'est de nous
détourner de la route dans le bois s pour nous reposer, et d'attendre le
jour pour voyager. » — « Volontiers, dit-elle. » C'est ainsi qu'ils firent
1 . cf. Rhonabwy II, )77 Z^^ owenu ; le contexte montre qu'il faut traduire rire de
pitié; Rhonabwy H, p. )77> glasressawa saluera peine; Manawydan III, p. 15$, 7 bon
glas, le jour commençant, etc. Cf. armoricain GlaZ'C*hoarzin rire d'un nre fora. (En
vannetais on a la forme curieuse blashoarh Dictionn. dit de l'Armerye au mot sourire.)
2. Ar vreint rybud, en guise de, comme avertissement. Cf. larlles y ffynn. Mab. i, p. i.
On y lit qu'il n'y avait pas de portier à la cour d'Arthur, mais que Cleullwyt y éxaiit arvreùa
porthawr remplissant les fonctions de portier ; ar un wuith est aujourd'hui un idiotisme
qui a le sens de d'un coup, en mime temps. Lad)^ Guest s'est écané du texte dans sa
traduction : but this Urne i charge thee in an especial manner,
). Pour oed dans ce sens, cf. Pwyll pendevic D^ed, III, p.*i9, arhosaf yn Ilawen, heb
hi, ac oed llessach yr march pei assarchut yr meitin ; larlles y ffvnnawn I, p. 16, a gwiw
oed y Arthur dahet y gwely a wnaeth y vorwyn idaw ; Math vao Math. Ill, p. 19, da
oed genym ni a nous aimerions à ».
4. Divrthret di pour équivalent frâ/Zân^tf dans le texte de lady Guest. Trailawd ne signifie
que tribulation. Curthret est traduit par lady Guest ^e7/7^er dans un passage de Peredarl,
p. 269: yr meint uo y ewrthret arnaf yn arhos, mi ae gwrandawaf. Dans ce dernier cas
même, on pourrait lui donner le sens de contrariété, contre-temps qui paraît plus étymo-
mologique r
5. Trossiyr coet n'a pas été compris par lady Guest; elle a traduit par tum out of
the wood comme s'il y avait trossi o'r coet, ce qui est à la fois contraire au texte et au
contexte. Nons voyons en effet plus bas qu'après avoir dormi, ils quinent le bois. Trossi
yr coet veut dire qu'ils quittent le sentier qu'ils suivent dans le bois et vont donnir
sous le couvert du bois.
Fragment du Mabinogi de Gereint ab Erbin, 429
llibin gr6m ^ goathrist racco. Goualu aoruc enyd yn va6r am glybot
jmadrodyon y g6yr hyt na wydyat 3 or byt py -♦ wnaeî. Ac yny diwed
y kauas yny chyghor rybudyaô Ger*. Athroi 5 aoruc pen y march attaô.
Arglôyd heb hi pei ^ clyôhut 7 ti ymdidan y marchogyon racco mal y
kicgieu ^ i. m6y uydei dy oual noc y mae. Glas chwerthin digyus
engirya61 ch[6]er6 aoruc. Ger'. a dywedut. Mi ath glywaf tî heb ef yn
torri pop peth or awahardôyfi iiti. Ac ef a allei vot yn ediuar genhyt 9
hynny etwa 'o. Ac yny lie nachaf y g6yr yn kyferuot ac 6ynt. Ac yn
uuduga6l orawenus goruot aoruc Ger' ar y pump marcha6c hyn " . Ar
pump arueu arodes yny pump kyfr6y . A ffr6pglyma6»^ y deudec meirch
aorucygyt. acgorchymyn>3 y enyd>4 awnaeth. Ac ny 6nn i heb ef
py »5 da y6 îm '^ dy orchymyn >7. Ar vn weith hon ar vreînt rybud itt
Mi ath '8 orchymynaf .
Acherdet recdi«9 y coet aoruc y vor6yn. Achad6 y ragormal
yd archyssit idi^o. A thost oed gan er'»' edrych ar diôrthret** ky-
meînta honno'J ar vor6yn gystal a honno. *4gany meirch. pei as
gattei lit ida6. Ar coet agerdassant >(. a d6fyn oed y coet a ma6r. A
nos 2^ adoeth amunt yny coet. A uor6yn heb ef ny thyccya*7 înni ^^
keissa6 kerdet. le argl6yd heb hi auynnych ti ni ae g6na6n. Ia6nhaf
y 6 inni 29 trossi yr coet y orfFowys ac yarhos 30 dyd y gerdet. g6na6n ?»
yn llawen heb hi. A hynny aorugant. A discynnu aoruc ef ae chymryt
I drwm — a y uorwyn — 3 wydat — 4 pa — 5 a throssi — 6 bei — 7 dywut
— 8 Kiglef — 9 gennyt ti — 10 cttwa — 11 ary pumwyr. — 12 ffrwvnglymu — m
ac eu gorchym û— 14 partout Enit — 15 pâ — 16 ^mi — 17 dy orchymyn di
— 18 ae — 19 racdi — 20 aragor aerchis gereint i di y gadw hi ae kedwis 21
gantaw — 22 drallawt — 2) hwnnw — 24 hi — 25 a gyrchassant — 26 arnos — 27
thykya — 28 ymi — 29 yni heb ef — 30 ac aros — 3 1 gwnawn ninneu.
4)0 G. Evans et J. Loth.
Ils descendirent de cheval; lui la mit à terre, a II m'est impossible par suite
de la fatigue de m'empécher de dormir. Veille toi les chevaux et ne dors
pas. » — a Je le ferai, seigneur, dit-^Ue. » Il dormit dans son armure
et passa ainsi la nuit; elle n'était pas longue à cette époque de Pannée.
Lorsque Enyd aperçut les lueurs de l'aurore, elle tourna ses yeux vers
lui pour voir s'il se réveillait. A ce moment il se réveilla. <e J'aurais déjà
voulu te réveiller, dit-elle, il n'y a pas mal de temps. » Par fatigue il ne
lui dit rien, quoiqu'il ne l'eût pas autorisée à parler ^ Gereint se leva :
« Prends les chevaux, va devant, et garde ton avance comme tu Tas fait
hier. » D'assez bonne heure, ils quittèrent le bois et arrivèrent à une
plaine assez nue. Des prés étaient des deux côtés et des faucheurs
en train de couper le foin. Ils vinrent à une rivière qui était devant eux.
Il fit descendre les chevaux pour boire et ils gravirent ensuite une pente
assez élevée. Là ils rencontrèrent un tout jeune homme, assez mince,
une serviette autour de son cou, et quelque chose dedans, mais ils ne
savaient quoi, une petite cruche bleue dans sa main et un bol dessus. Le
jeune homme salua Gereint. « Que Dieu te fasse du bien, dit Gereint,
d'où viens-tu P » — « Je viens de la ville qui est devant toi là~bas.
Seigneur, dit-il, trouves-tu à redire à ce que je te demande d'où tu
viens toi-même? » — « Non, dit Gereint, je viens de traverser ce bois
là-bas. » — a Ce n'est pas aujourd'hui que tu as traversé le bois?» — Non,
dit Gereint, j'ai passé la nuit dans le bois. — « Je suppose bien que ta
situation n'a guère dû être bonne hier soir et que tu n'as eu ni à manger
ni à boire. » — a Non certes, par moi et par Dieu, dit Gereint. » —
oc Veux-tu suivre mon conseil, dit le jeune homme: prendre de ma main
ton repas. » — « Quel repas, dit Gereint? » — « Le déjeuner que
j'apportais aux faucheurs là-bas, c'est-à-dire du pain, de la viande et
du vin. Et si tu veux, seigneur, eux ils n'auront rien. » — « Je veux
bien, dit Gereint, et Dieu te le rende. » Gereint descendit de cheval. Le
jeune homme mit Enyd à terre. Ils se lavèrent et prirent leur repas.
Le jeune homme coupa le pain et leur donna à boire, les servit com-
plètement. Lorsqu'ils eurent fini, le jeune homme dit à Gereint:
a Seigneur, avec ta permission, je vais aller chercher à manger aux
faucheurs. » — « Va à la ville, dit Gereint, tout d'abord pour retenir
un logement pour moi dans l'endroit le meilleur que tu connaisses et
le plus vaste pour les chevaux, et prends le cheval que tu voudras pour
toi avec l'armure, en même temps pour payer ton service et ton
I. Le mot-à-mot serait c il se tut par fatiffue vis-à-vis d'elle, par fatigue, parce Qu'il
ne lui avait pas permis de parler. » Il y a la une fone ellipse : La fatigue Tobligea à se
taire, sinon il lui eût fait des reproches, parce qu'il ne lui avait pas demandé de parier
Fragment du Mabinogi de Gereint ab Erbin, 43 1
hilheu yr llaôr.Ny allaf fi yrdim' rac blinder na chysc6yf. ag6ylya
titheu * y meirch ac na chose. Mi awnaf argl6yd heb hi. Achyscu aoruc
efynyarueu. A threulaô ynos ac nyt oed hir yny kyfamser? h6nn6.
A phan welas hi wa6r dyd yn dangos y Ueuuer. edrych yny chylch aoruc
a ytloed yn deffroi. Ac ar hynny yd yttoed yn deffroi. Mi auynass6n dy
deffroi 4 ermeitin. kynhewi aoruc ef ^ oulinder 6rthi hi am nat
archassei ^ idi dywedut. A chyfodi aoruc Ger' a dywedui 6rthi hi7.
kymer y meirch heb ef a cherda ragot a chynnal dy ragor mal ^ y
kynheleist doe 9. Ac ar talym '^ or dyd ada6 y coet awnaethant'» a
dyuot y uaestir goamnoeth. A g6eirgIodyeu aoed '^ or neilltu udunt a
phaladurwyr yn llad g6eir n. Ac y afon aoed oc eu blaen '4 y doethant.
Ac est6g awnaeth y meirch y yuet dôfyr'J. A drychafel '^ aoruganiy
ri6 aruchal. Ac yna y kyfarfu ac 6ynt glaswas ieuanc>7 goaduein ath6el
am y vyn6gyl ab6rn avvelynt yny l6el. Ac ny wydynt 6y «^ beth oed '9.
aphisser glas bychan yny la6. a ffiol ar wyneb y pisser. A chyfarch g6ell
aoruc y g6as y er\ Du6 arotho ^^ da iit heb y Ger'. 0 py le •» pan deuy.
pan deuaf 2» or dinas yssyd yth vlaen racco ^J. Argl6yd ae dr6c genhyt ti
heb ynteu *4 gofyn il * J 0 py le ^^ pan deuy titheu ^7 . Na dr6c heb y Ger'.^s
pan deuaf *9 tr6y 30 y coet racco. Nyt hedi6 y doethostJ' tr6y 5» y
coet. nac ef heb y Ger*. yny coet y buum neithôyr. Mi atebygaf h na
bu da dy ansaôd 34 neith6yr ac na chefeist na b6yt na dia6t. Na do
yrofi3J adu6 heb y Ger'. A wney ti 36 vyg kyghor i heb y g6as kymryt
y genyfi dy ginyaô. Py 37 ry6 ginyaô heb y Ger\ 38 Boreu6yt yd oedôn 39
yny anfon ym4o paladurwyr racco nyt amgen4i bara achic ag6in. Ac
os mynny ti 6rda ni chaffant6y dim. Mynnaf heb y Ger' a du6 a talho43
it. A disgynnu aoruc Ger'. A chymryt or g6as enyd43 yr lla6r. ac
ymolchi aorugant achymryt eu kinyaô . Ar g6as atauella6d 44 y bara
ac arodes dia6t udunt. Ac ae g6assanaetha6d 0 gôbyl. A g6edy daruot
udunt hynny y dy wa6t y g6as 6rther'.4j. Argl6yd gan dy ganhat46
Miui a af y gyrchu b6yt yr paladurwyr. Dos yr tref 47 heb y Ger' yn
I heb ef yr dim. — 2 a gwylha ditheu— } yn yr amscr — 4 dy duhunaw — j ynteu
— 6 archyssei — 7 hi manque — 8 ual — 9 doy — 10 dalym — 1 1 a orugant — 12
oed — I j V gweirglodyeu — 14 aaon yn eu blaen — ij agestwng aoruc y meirch
ac yuet y owuyra wnaethant — 16 dyrchauel — 17 ieuanc manque — 18 hwy — 19
œd manque — 20 rodho — 21 oba le — 22 pan deuaf heb ynteu — 2} yna — 24
heb yr ynteu après arglwyd — 2 j oynf — 26 pa le — 27 ditheu — 28 heb y
g^Ttm manque — 29 pan deuaf manque — 50 drwy — 31 y dcuthost — 32 drwy —
33 mi a debygaf heb y gwas yna — 34 dy ansawd yno — 3$ i manque — 36 ai --
37 pa — 38 heb ynteu — 39 y doed un (leg. ydoedwn) — 40 yr — 41 nyt amgcn
no — 42 a dalo — 43 a chymryt aoruc y gwas y uorwyn — 44 dauellavvd — 45
hynny y kyuodes y gwas ac y dywat wrth Ereint — 46 ganyat — 47 yr dref.
4}2 G. Evans et J. Loih.
présent. » — « Que Dieu te le rende, dit le jeune homme ; c'eftt été bien
assez pour payer un service plus important que le mien. »
Le jeune homme alla à la ville, retint le logement le meilleur et le plus
confortable qu'il connût pour Gereint. Après cela, il alla à la cour avec
son cheval et ses armes. Il se rendit auprès du comte et lui raconta toute
l'aventure. « Je vais aller, seigneur, [dit-il], vers le chevalier pour lui
indiquer le logement. » — « Va joyeusement, dit le comte. Il trouverait
joyeux accueil ici, s'il le voulait. » Le jeune homme alla vers Gereint et
l'informa qu'il trouverait aimable accueil de la part du comte dans sa
cour même. Mais il ne voulut que son logement. Gereint arriva dans une
chambre confortable, avec abondance de paille et d'habits, ample loge-
ment pour les chevaux. Le jeune homme les fit servir abondamment
Après qu'ils se furent déshabillés, Gereint dit à Enyd : m Va de l'autre
côté de la chambre et ne viens pas de ce côté-ci. Appelle à toi la femme
de la maison, si tu veux. » — « Je ferai, seigneur, dit-elle, comme tu
le dis. » A ce moment, l'homme de la maison vint à Gereint, le salua et
lui fit accueil. < Seigneur, dit-il, as-tu mangé ton souper ?» — « Oui,
dit-il. » Alors le jeune homme dit à Gereint : « Désires-tu, soit boisson,
soit autre chose, avant que je n'aille voir le comte. » — a Je veux bien,
en vérité^ dit-il. » Le jeune homme alla alors à la ville et revint avec de
la boisson pour eux. Et ils burent. Presque aussitôt Gereint dit : <c Je ne
peux m'empêcher de dormir. » — a Bien, dit le serviteur, pendant que
tu dormiras, j'irai voir le comte. » — a Va joyeusement, dit Gereint, et
reviens ici. d Gereint se mit à dormir ainsi qu'Enyd. Le jeune homme
se rendit auprès du comte. Le comte lui demanda où logeait le chevalier.
Lui, dit : « Il faut que j'aille le servir bientôt ' . » — a Va, dit le comte,
et salue-le de ma part. Dis-lui que jlrai le voir bientôt. » — Je le
ferai, dit le jeune homme. » Il arriva lorsqu'il était temps pour eux de
s'éveiller. Ils se levèrent et allèrent se promener. Lorsqu'il leur parut
temps de manger, ils le firent. Le jeune homme les servit. Gereint
demanda au maître de la maison s'il avait des amis qu'il voulût bien
inviter à venir près de lui : « J'en ai, dit-il. » — « Amène-les ici, pour
prendre à mes frais en abondance tout ce qu'on peut trouver de plus
cher 2 dans la ville. « La meilleure société qu'il eût, le maître de la
maison les amena là pour se régaler aux frais de Gereint.
1. Chwinsa est traduit par Owcn Pughe par soir^ tard. Lady Guest a suivi Pughe. Le
dictionnaire de William Salesbury donne à chwinsa le sens de soone, qui paratt ici justifié
par le contexte.
2. Le texte de lady Guest porte ar werîh ce qui signifie en vcnU ou à vendre; le nôtre
a y werth « sa valeur. » Voici dans un même membre de phrase les deux sens ac ae
hwerthei yr y lawn werth o et il les vendait » toute leur valeur (larlles y fFynDaun I, p.).
Fragment du Mabinogi de Cereint ab Erbin 43 ^
gyntaf y ' dala ilety^ imi yn ylle goreu a6yppych ) ac ehagaf yr
meirch . A chymer titheu 4 yr vn xnarch a vynny ch ae arueu gyt ac ef
yn tal dy wassanaeth ath anrec. Du6 a talo 5 ît heb y g6as adîga6n
oed hynny yn tai géassanaeth auei u6y nor vn awneuthum i .
Ac yr tref ^ yd aeth y g6as a dala Uety goreu aC esm6ythaf awydyat
yny tref 7 aoruc * y cr\ A g6edy hynny yd aeth yr Ilys ae varch ac
ae anieu 9 . A dyuot a oruc ynyd oed i» yr 1 1 iarll a dy wedut y gyfranc oll
ida6. A miui argl6yd aaf yn erbyn y marchaéc*^ y venegiy lety '' ida6.
Dos »4 yn Uawen heb yr m îarll. A llewenyd a gaffei »6 ef yma '7 bei '^ as
mynnei. Ac yn erbyn Ger'. y doeth y g6as. A menegi ^9 ida6 y caffei
lewenyd gan yr iarll yny lys ehun . Ac ny mynna6d ef namyn *<> y lety »»
ehun . Ac y ystauell esmôyth a diga6n 0 wellt a dillat yndi ydoeth Ger' 2*.
A Ile ehang esm6yth agauas y meirch. A dogyn odiwallrâyd a péris >) y
g6as udunt. A g6edy diarchenu h 0 nadunty dywa6t y dywa6t [sic] Ger'.
6rth Enyd. Dos ti'5 heb ef yr lu ira6 *6 yr ystauell ac na dyret*7 yr
tu h6n yr ty . A gal6 attat wreic y ty os mynny. Mi awnaf argI6yd heb
hi val y dywcdy **. Ac ar hynny y doeth g6r y ty ar ^9 er\ ae raessa6u 5°
a bot yn lla6en 6rtha6. A vnben heb ef a leweist ti dy gynya6. do
heb yntcu 5». Ac pa y dywot 3* y g6as 6rth er'. avynny ti eb ef
ae dia6t ae dim kyn vy mynetn i y ymwelet ar iarll. Mynnaf ys g6ir
heb ef . Ac yna ydaeth y g6as yr tref h. Ac y doeth ^5 a dia6t udunt a
chymryt dia6t aorugant. Ac yn agos y hynny y dy\va6t Ger' ^^, Ny allaf
i na chysc6yf heb ef. le heb y g6as. tra vych ti n yn kyscu mi }^ a af
y ymwelet ar îarll. Dos yn Uawen heb y Ger'. A dyret yma or lie bon î9.
Achyscu aoruc Ger'. a chyscu aoruc enyd. A dyuot aoruc y g6as yn
yd oed 40 yr iarll. A gofyn aoruc yr iarll ida6 py le 4» yd oed lety y
marcha6c. y dywa6t 4^ ynteu reit y6 imi vynet 4) y wassanaetbu ama6
0 chwinsa44. Dos heb ynteu ac annerch y genhyfi ef. A dywet ida6 mi
aaf y ymwelet ac ef 0 chwinsa 45 . Mi awnaf heb y g6as 4^ a dyuot aoruc
y g6as pan oed amser udunt deffroi. A chyfodi aorugant agorymdeith.
A phan uu amser ganthunt kymryt eu b6yt awnaethant47 Ar g6as auu
I a dala — a llctty — } a wypych — 4 dithcn — j a dal — 6 yr drcf — 7 yn y
tref — 8 a wnaeth. — 9 ae arueu gantaw — 10 hyt lie yd oed — 11 y — 12 y
mackwy — i) leity — 14 dos ditheu — 15 y — 16 a geifF — ^7 yman —
18 pei — 19 a dywedut — 20 namyn myned — 21 Hctty — 22 ac ystauell esmwyt
a gauas a digawn owellt a dillat yndi — 2j aberis — 24 y m diarchenu -» 2( di —
26 draw — 27 dyret ti — 28 dy wettych di — 29 att — jo ressawu aoruc — ) 1
heb ef — ja y dywawt — jj kynn dy uynet — ^4 yr dref — 55 ac y doei (Icg.
doeth) — 36 ac yn agos y hynny y dywawt Gereint manque — ^7 di ~ )8
minneu — 39 vma dracheuyn pan eircheis i yiti dyuot — 40 hyt Ile yd oed ^ 41 pa
le — 42 ac y aywawt — 43 y mi heb ef vynet — 44amaw ef y chwinsa — 4$ y chwinsa
— 46 heb ynteu — 47 eu bwyt wynt ae kymerassant.
Rev. Ctlt., VII 28
4)4 ^- £vâ/i5 et L Loth
Sur ces entrefaites, voici venir le comte pour visiter Gereînt avec ses
douze chevaliers ordonnés. Gereint se leva et le salua, a Que Dieu tefiavo-
rise, dit le comte. » Ils allèrent s'asseoir chacun suivant son rang. Le comte
s'entretint avec Gereint et lui demanda quel était le but de son voyage. —
€ Pas d'autre que chercher aventure et faire ce que je jugerai à propos. »
Alors le comte considéra Enyd avec attention, fixement ; il était convaincu
qu'il n'avait jamais vu une jeune fille plus belle ni plus gracieuse qu'elle,
et il concentra toutes ses pensées sur elle. Il demanda à Gereint s'il
aurait la permission d'aller s'entretenir avec la jeune fille. » — c Très
volontiers, dit Gereint. » Il alla près d'Enyd, et lui dit: « Jeune fille,
il n'y a guère de plaisir pour toi dans un pareil voyage avec cet homme-
là. '> — « Il ne m'est pas désagréable, dit-elle, de suivre la route qu'il
lui plaît de suivre. » — « Tu n'auras, dit-il, ni serviteurs, ni servantes
à tes ordres. » — « J'aime mieux, dit-elle, suivre cet homme que d'avoir
serviteurs et servantes. » — « Je sais un bon conseil pour toi, dit-il. Je
mettrai mon comté en ta possession, si tu restes avec moi. » — « Non
par Dieu et moi; c'est à cet homme seul que j'ai donné ma foi, et je ne
lui serai pas inhdèle.
[La suite au prochain numéro.)
Fragment du Mabinogi de Cereint ab Erbin 4) 5
yn g6assanaethu amunt. A Ger'. aofynnaéd y6ry ty aoed getymdeithon
ida6* auynhd'eu g6aha6d atta6. oeshebynteu. D6c tithea yma 6ynt
y gymryt diga6n ar vyg kost i or hyn goreu a gaffer yny tref ' y werth 4.
Y lûfer goreu auu gan 6r y ty ef ae duc yno y gymryt digaén ar gost
gcr.
Ar hynny nachaf yr iarll yn dyuot y ymwelet a Gcr\ ar i y dcudccuet
roarcha6c urda61. A chyfodi aoruc Ger'. ae raessawu. Du6 arotho^ da
itt heb yr iarll . A 7 raynet y eisted aorugant pa6b val y rac dylei* y
anredcd9. Ac ymdidanaorucyr iarll a gcr'. a gofyn py "^ ry6 gerdet oed
arna6. Nyt oes genhyfi mamyn edrych damweineu ag6neuthur negesseu
auo da gcnhyf . Sef aoruc yr iarll yna edrych ar enyd yngraff sychedic '.
A diheu oed gantha6 na welsei eiroet inor6yn tegach >> no hi na g6ym
pach a dodi y vryt « ? a[o] rue arnei . Agofyn aoruc y er' . a gaffei ganhyat
gantaô y yynet y ymdîdan ar vorôyn '4. Keffy yn llawen heb y Ger' ' J .
A dyuot aoruc ynieu ynyd oed »^ y vor6yn. Adywedut 6rthi. A uor6yn
heb ef nyt dîgrif itt yny kerdet h6n '7 gyt ar g6r racco. nyt anîgryf '8
heb hi genhyfi kerdet '9 yfFord y keriho ^^ ynteu. Ny cheflFy heb ynteu
na g6eisson na morynyon ath wassanaetho >'. Digrifach y6 genhyfi
kanlyn y g6r racco no phei kaflTôn ^> weisson a morynyon. Mi a6nn gy-
ghor da itt heb ynteu ^î. Mi arodaf vy iarllaeth yth vedyant alhric gyt
a mîui *4. Na vynnaf yrofi a du6 ar g6r racco yd ymgredeisi eiroet »î.
Ac nyt annwadalaf y6riha6*6.
[La suite au prochain numiro.)
I udunt — 2 uynnci — j drcf — 4 ar werth - 5 ac — 6 rodo — 7 a numaue —
8 y racidaenei — 9 y cnrycled idaw — 10 pa ~ 11 sythedic (recte) — 12 aeeach
— 137 uryt ae uccfwl — i^agaf i gennyt ti gennat y uynet att y uorwyn draw
y ymdidan a hi megys ar didaui y wrthyty gOelûf — i$ heb ef — 16 hyt lie yd oed
— 17 hwnn — 18 annigrif — 19 gerdet ~ 20 y kerdo — 21 wassanaetha; le livre
Rouge ^one wûssanaetho — 22 no chyt caffwn — 2j hebyr ynteu — 24101 — 2$ yn
gyntaf eiryoet — 26 Le texte de lady Guest porte : ac anwadalaf ywrthaw. Elle a
supposé une interrogation : et je lui serais infidèle ? Le livre Rouge porte nyt annwadalaf.
MÉLANGES.
L'INSCRIPTION DE VOLTINO ET SES INTERPRÉTATIONS.
L'inscription de Voltino, découverte par Odorici et conservée
aujourd'hui au musée de Brescia, offre un intérêt spécial, parce qu'elle
présente une particularité qui semble la ranger tout d'abord dans les
textes bilingues : elle commence, en effet, dans un alphabet pour finir
dans un autre.
Elle a été éditée, en 1853, dans un recueil de Zurich', par
M. Mommsen, dont la copie a été reproduite par plusieurs auteurs.
Siegfried et son élève M. Whitley Stokes en ont donné une transcription
en caractères latins qui a été acceptée par Roget de Belloguet et par
M. C. A. Serrure, mais que M. Cari Pauli vient de réfuter et de rem-
placer par un texte différent.
Ni M, Mommsen, ni M. Pauli n*ont traduit dans son ensemble l'ins-
cription de Voltino; seuls Siegfried et M. Wh. Stokes, puis M. C. A.
Serrure en ont tenté l'interprétation .
Voici les phases successives de ces études diverses :
X® Copie de M. Mommsen et travaux auxquels elle a donné lieu.
TBTVMVS
SEXTI
DVGIAVA
SAMADIS
SOWt^^l^CAfl
L'auteur considère les deux dernières lignes comme appartenant à un
1. Mittheilungtn der antiquarischen Gesellschaft in Zurich, vol. 7, pi. 2, (ig, 17.
L'Inscription de Voltino 437
des alphabets nord-étrusques et admet que la quatrième ligne peut s'y
rapporter aussi, en raison de son troisième caractère. Il a reproduit
en 1872, sa copie dans le Corpus ^y avec la seule différence que ce
caractère est debout au lieu d'être couché. Cette variante est peut-être
la conséquence d'un renversement à l'impression.
M. Mommsen parait avoir renoncé à sa première hypothèse sur l'al-
phabet auquel appartient cette ligne, car, à la table des cognomindj il
donne DVGIAVA SAXADIS.
M. Hûbner reproduit lés quatre premières lignes de l'inscription
d'après la copie donnée par M. Mommsen dans le recueil de Zurich,
mais il attribue au troisième caractère de la quatrième ligne la valeur
de N, ce qui lui donne DVGIAVA SANADIS. Quant aux deux dernières
lignes, il se borne à dire: sequuntur celtica^,
M. Wh. Stokes, adoptant ou complétant la manière de voir de Sieg-
fried, dont il a publié les notes, et partant comme lui de la première copie
de M. Mommsen, regarde toute l'inscription comme conçue en langue
celtique. Voici sa transcription et la traduction dont il la fait suivre :
TETVMVS
SEXTl
DVGIAVA
SAMADIS
TOWEDECAVl
OBVLWMVTIMV
Teîumus (filias) Sextiy curator Sassarensis, me addixit Obuldino Tina J.
Le monument personnifié aurait ainsi pris la parole pour annoncer
qu'un curateur des Sassarenses l'avait dédié à un dieu désigné par les
deux mots Obaldinu TinUy qui seraient au datif.
Roget de Belloguet. en 18724, et M. d'Arbois de Jubainville, en
1873 5, sans aborder le sens des deux dernières lignes, ont fait remar-
quer que le mot Dugiava ne pouvait être un nom commun désignant
un curateur, attendu qu'on le rencontre comme nom de femme dans des
inscriptions de la même contrée. Nous venons de voir du reste que
1. Corpus inscriptionum latinamm, l. V, n' 4883.
2. Exempta scripturae epigraphicae latinae^ 188$ (supplément au Corpus).
}. Miscellanea celtica, dans ks Beitrage de Kuhn, t. VI, p. 17; Cdtic decUnsion
(i88jKp. 47,48. .
4. Glossaire gaulois, 2* édit.
5 . Revue archiologiquey nouvelle série, XIV* année, vol. XXV, p. 47.
43$ P. Charles Robert
M. Mommsen, dans la table du Corpus, a mis lui-même ce mot parmi les
cognomina .
M. C. A. Serrure, qui a consacré aux inscriptions réputées gauloises
un travail d'ensemble^ s'est occupé, à son tour, du texte de Voltino. Il le
coupe et le traduit ainsi :
Te tumus SextL Dagiava saxa Dis tomede cavio btddunatihu.
Voici le tombeau de Sextus. Dugiava éleva ces pierres pour ce chef ie
famille voltinitain ^
L'auteur, qui considère le gaulois comme ayant moins de rapports avec
les langues dites néo-celtiques qu'avec le latin, cherche dans celui-ci les
éléments de sa traduction. C'est ainsi qu'il explique le mot cayio par le
latin caius « père de famille » ou par eau, qui a le sens de a chef » dans
le roumanche du pays des Grisons , et qu'il établit un rapprochement
entre buldunutinu et l'ethnique des habitants de la localité où le texte a
été découvert. ,
2** Transcription de M. Pauli.
Le D^ Cari Pauli a donné un fac-similé de l'inscription de Voltino
dans son ouvrage sur les textes écrits dans les alphabets nord-étnisques^
La quatrième ligne y est identique à la première reproduction de M. Momm-
sen. Le dessin de M. Pauli est, pour les deux dernières lignes, conforme
à celui de M. Mommsen, sauf de très légères différences dans le cin-
quième caractère de Tavant-dernière ligne, dont la partie inférieure est
un demi-cercle au lieu d'être un angle, et dans le quatrième carac-
tère de la dernière ligne, où il y a une suite de points irréguliers formant^
dans l'angle, une sorte de traverse.
M. Pauli lit à la quatrième ligne Sasadis^ et regarde par conséquent
le troisième signe comme une sifflante. Le même signe se rencontre dans
d'autres inscriptions en caractères non latins, qui ont pris place dans son
livret. M. Hùbner se serait donc trompé en adoptant Sanadis.
Quant aux deux dernières lignes, la transcription qu'en donne M. Pauti
est complètement différente de celle qui a été proposée par Siegfried et
par M. Wh. Stokes; la voici :
:•: omezeclai
m
obalzana : • : ina
M. PauU s'appuie sur des rapprochements faits avec soin entre les
1. Bulletin mensuel de numismatique et d'archéologie de Bruxelles, $« anoée, n*' 6-7
(décembre 188$ et janvier 1886). p. 8$.
2. Die Inschriften nordetruskischen Alphabets ^ Leipzig, i88(, pi. 2, fig. )o.
î. P. 86.
4. P. J7 et suiv.
L* inscription de Voltino 439
caractères de rinscription de Voitino et ceux d'autres textes lapidaires
découverts dans la même région.
L'auteur regarde les quatre premières lignes comme renfermant des
noms qui sont gaulois, mais soumis à la déclinaison latine. Pour les deux
lignes suivantes, il s'abstient de tout essai de traduction et remarque
seulement que la terminaison na est fréquente en étrusque. Il croit, en
résumé, que les deux lignes appartiennent à cette langue. •
M. Wh. Stokes, dans sa seconde édition de Celtic declension ^ cite la
lecture de M. Pauli, sans renoncer à celle qu^il avait adoptée et à
l'explication qu'il en avait déduite.
J'ai cru devoir réunir toutes les copies, les transcriptions et les ver-
sions auxquelles a donné lieu le fameux texte du pays des Benacenses.
Il appartient aux linguistes de fournir enfin une explication définitive de
ce texte, dont, à l'inverse de ce qui a lieu d'ordinaire dans les inscrip-
tions bilingues, les deux parties, de caractères différents, ne semblent
pas reproduire la même pensée.
S'il nous était permis, en qualité d'épigraphiste, de pressentir le
résultat de ces études, nous dirions que le sens à trouver, y compris les
deux dernières lignes, doit être beaucoup plus simple que ceux qui ont
été proposés tant par Siegfried et M. Wh. Stokes^ que par M. C. A.
Serrure. En effet, si l'on jette les yeux sur les inscriptions rencontrées,
comme celle de Voltino^ dans le pays des Benacenses, riverains du lac de
Garde, et publiées par M. Mommsen au tome V du Corpus, on remarque
que ce sont presque toujours de simples épitaphes, et que les rares dédi-
caces commencent par le nom de la divinité au datif : le texte qui nous
occupe, s*il n'était funéraire, ferait donc une exception unique. Ajoutons
que plusieurs des épitaphes du pays des Benacenses présentent, comme
notre texte, les noms des défunts au nominatif, sans aucun verbe. On peut
remarquer en outre que les noms, qui se lisent dans nos quatre premières
lignes, se retrouvent identiquement ou avec peu de changement dans
les inscriptions de la même contrée : ainsi on rencontre, outre Dugiava^
et Sextus^y Sasius^ qui se rattache par un radical commun au génitif
SasadiSj de même que le nom Dugiava est dérivé de Dugius et Ducius,
toujours du même pays (. Quant à Tetumus^ il ne faut pas oublier non
1. Gœttlngen, 1886, p. 56, $7.
2. N* 4887, cf. Duciava n* 4881
j. N" 4884, 4887, etc.
4. N* 4880.
5. N»» 7J0Ô, 6908.
440 Ulnscription de Voltino
plus qu'il existe à Brescia une inscription funéraire qui finit par Dir^i...
umifSex... ', ce qui semble être l'équivalent onomastique de nos trois
premières lignes. Dans tous les cas, on rencontre dans le monde gaulob
le radical et le sufRxe de Tetumus,
Il est donc acquis que les quatre premières lignes sont composées de
noms gaulois, sauf Sexii, Ils ont tous des désinences latines.
Quant aux deux dernières lignes, comme on ne peut guère admettre
qu'elles soient la reproduction dans une autre langue des trois premières,
il faut supposer qu'elles expriment, dans la langue du pays, quelque
formule analogue à celles qu'on lit à la fin des épitaphes voisines, telles
que : et sit tibi viaîor. . . ^y valete cuncti ^, viator vale ettu^. M. Mommsen a
rapproché de cette partie de l'inscription trois signes inconnus qui se
lisent à la fin d'une épitaphe latine du pays des Benacenses i et qu'il pense
pouvoir appartenir au même alphabet. Ces signes exprimaient, sans
doute dans une langue autre que le latin et connue des gens du pays,
une pensée analogue à celle qui termine l'inscription de Voltino.
C'est dans le même ordre d'idées que des Gaulois des environs du
golfe de Narbonne ajoutaient aux légendes de leurs monnaies, tracées
en lettres grecques, une courte inscription ibère destinée à être lue par
l'ancienne population .^
P.-Charles Robert.
1. N» 451).
2. N* 4886.
}. N* 4879.
4. N* 4887.
). N*4858.
6. P.-Ch. Robert, Numismatique d( la provinct de Languedoc. Période «nfifse,
p. jj, pi. IV, fig. Met ij.
CHRONIQUE
I.
Sir Samuel Ferguson, président de PAcadémie royale d'Irlande, est mort le
9 août 1886 d'une maladie de cœur dont il avait subi la première atteinte sept
mois auparavant. Des funérailles solennelles lui ont été célébrées trois jours
après dans la vieille cathédrale de Saint-Patrice et l'archevêque protestant de
Dublin y a prononcé, en l'honneur du défunt, une éloquente oraison funèbre.
Str Samuel Ferguson était néâ Belfast, le 10 mars 1810. Après s'être d'abord
consacré au barreau, il fut chargé en 1867 d'organiser et de diriger les
archives publiques d'Irlande, Public Rtcord Office, dont il fut le premier directeur
avec le titre de Dtput^ kcepcr, sous l'autorité du Mastcr of thc Rolls ; et en 1 882
le vote de ses confrères à l'Académie d'Irlande lui conféra la dignité la plus
élevée par laquelle ils pussent couronner sa longue et laborieuse carrière. « En
• vous annonçant, » m'écrivait-il, c que je viens d'être élu président de l'Aca-
• demie royale d'Irlande, je crois assez vous connaître pour penser que vous
• partagerez le plaisir que j'éprouve. Pour m'acquitter convenablement d'une
■ fonction qui doit durer cinq ans, il me faudra des efforts quelquefois pénibles
c peut-être, mais en me confiant cette charge, on m'a fait un grand honneur
• {si ontrosum^ honorosum), et c'est avec joie que malgré ma vieillesse je Vais
t commencer à m'acquitter de mes nouvelles obligations • .^
On sait que l'Académie royale d'Irlande a trois objets d'étude : i» les sciences,
2* les belles-lettres, }^ les antiquités d'IHande. Autant Sir Robert Kane, pré-
décesseur de Sir Samuel Ferguson, était un représentant autorisé de la première
de ces trois branches des connaissances humaines, autant Sir Samuel Ferguson
avait des titres pour être placé à la tête de ceux de ses confrères qui se con-
sacrent spécialement à l'étude des antiquités d'IHande, et certaines de ses publi-
cations n'ont pas dft être sans intérêt pour ceux dont les belles-lettres sont le
souci dominant.
Sir Samuel Ferguson débuta dans la carrière littéraire par des articles publiés
dans le Blackwood's Edimburgh Magazine et dans le Dublin University Magazine.
442 Chronique
PuiS| enhardi par le succès de ses premiers essais, il se hasarda â publier
quelques travaux plus considérables. On lui doit des arrangements en vers
anglais de légendes irlandaises. La principale de ces compositions: Congai^ a
poem in fivcbooks^ DuhWny Edward Ponsonby, in-4, ix-236 pp., a paru en
1872 (voyez Revue Celtique^ t. III, p. 482). L'auteur s'est inspiré du c Festin
de Dunangay 9, Fleadh Dainna U'^edh et de la • Bataille de Moyra •, Caik
Muighe Rath^ publiés trente ans plus tôt par John O'Donovan pour la Société
archéologique d'Irlande, d'après un manusait du quatorzième siècle. Ce sont
des compositions épiques dont le sujet est emprunté à l'histoire d'Irlande pen-
dant la première moitié du septième siècle. On doit aussi à Sir Samuel Fer-
guson le volume intitulé Lays of thc Western Cad and other poems qui a paru en
1865 ; un autre volume de Poems qui a vu le jour en 1880 et un grand nombre
de dissertations sur divers sujets d'érudition relatifs â l'histoire et â l'archéologie
de l'Irlande. Dans cet ordre d'idées, les inscriptions ogamiques sont l'objet qui
a principalement attiré son attention. Ainsi dans rin-8^ que l'Académie
d'Irlande a publié sous le titre de Proceedings of thc Royal Irish Academy,
2^ séries, vol. I, Polite Literature and Anti^uities^ on compte dix articles de loi
sur les inscriptions ogamiques d'Irlande. Le 28 juin 1880, il lisait devant l'Aca-
démie d'Irlande le travail le plus important qu'il ait mis au jour sur cette matière :
Fasciculus oj Prints from Photographs ofCasts of Ogham Inscriptions. Ce mémoire
a paru dans les Transactions de l'Académie royale d'Irlande, voL XXVII, Polite
literature and antiqmtics \ et on annonce la publication prochaine d'un livre qu'il
avait préparé sur le même sujet: On Ogham Inscriptions, Enfin nous signalerons :
son étude sur les cimetières païens d'Irlande, dans le volume des Proceedings cité
plus haut, p. 1 14-128; son mémoire On the Rudiments of the Common Law dis-'
conrahle in the published Portion of the Senchus Mér publié dans les Transactions
de l'Académie d'Irlande, vol. XXIV. Polite Literature and Antiqmtics '^ son étnde
On the Patrician Documents qui a été insérée dans le tome XXVII de la même
collection et dont nous avons rendu compte plus haut, p. 274 du présent volume.
Sir Samuel Ferguson se distinguait par l'aménité de son caractère et par sa
bienveillance pour tous les savants chez lesquels un autre aurait pu sentir des
rivaux. Il avait le bonheur de posséder une compagne qui prenait le même
intérêt que lui à ses travaux tant littéraires qu'énidits. On doit â Lady Fer-
guson l'ouvrage intitulé c The Story of the Irish bejore the Conqaest, from the
mythical Period to the Invasion under Strongbow, un vol. in-12, qui a paru en
1868 et qui a eu beaucoup de succès. Le bonheur domestique dont jouissait
Sir Samuel Ferguson et les occupations érudites et littéraires qu'il s'était créées
ne l'empêchaient pas de remplir consciencieusement ses obligations administra-
tives dans le grand dépôt d'archives dont la garde lui était confiée, et j*ai pu
constater moi-même la compétence technique avec laquelle il en avait organisé
jusque dans le détail les dispositions matérielles.
H. d'Ardois de Jubainville.
I. Voyez Revue Celtique ^ t. V, p. $04.
chronique 443
IL
M. Ernest Desjardîns, né â Noisy-sur-Oise le 30 septembre. 182 3, est mort à
Paris le 22 octobre i886. Il avait débuté dans l'enseignement secondaire, et
professé l'histoire et la géographie dans plusieurs lycées, quand il devint en 1861
maître de conférences à l'Ecole Normale supérieure, oh il enseigna d'abord la
géographie, puis l'histoire ancienne. Après avoir pendant un peu plus de trois
ans (i882«i885) suppléé M. Léon Renier dans la chaire d'épigraphie latine du
collège de France, il lui succéda en 1886. Il était membre de l'Académie des
Inscriptions et belles-lettres depuis 1875.
Sans être celtiste de profession, M. Desjardins a donné aux études celtiques
une contribution considérable dans deux ouvrages importants. Le premier est
son édition de la Table de Peutingcr que malheureusement il n'a pas eu le loisir
de terminer >. La portion de cet ouvrage qui concerne la Gaule a été tirée à
part et forme un volume in-8<> qui comprend Lxxxixet 480 pages, trois tableaux
et deux planches. Ce volume a été publié à la librairie Hachette en 1869 sous
ce titre : c Géographie de la Gaule d*aprh la Table de Peutinger comprenant :
i<> la reproduction des deux premiers segments de la carte originale; a* une
introduction critique sur l'époque et l'importance de ce manuscrit pour la
géographie ancienne de la Gaule ; y une table de dépouillement de tous les
auteurs anciens, des inscriptions et des médailles; 4^^ une table alphabétique de
renvoi au texte et aux cartes; 5* une carte de redressement portant, à leur
place, les noms, routes et autres indications renfermées dans la carte originale. »
Quelques années après, M. Desjardins commençait la publication d'un ouvrage
plus considérable dont le titre est : Géographie historique et administrative de la
Gaule romaine. De cet important travail qui doit former quatre volumes, les trois
premiers seulement ont paru: le premier en 1876, 475 pages grand in-8<>,
et x\ii planches hors texte >; lé second en 1878, 748 pages et x planches ) ;
lé troisième en 1885, 528 pages etxxi planches 4. Le tome quatrième est sous
presse. M. Auguste Longnon, choisi pour collaborateur par M. Desjardins qui
sentait plusieurs mois avant sa mort l'affaiblissement de ses forces^ mettra la
dernière main à l'œuvre du géographe érudit, et, pouvons-nous dire, de notre
savant collaborateur. En effet, la direction de la Revue Celtique ne doit pas
oublier que cette revue a eu pour ainsi dire les prémices de la Géographie histo-
rique et administrative de la Gaule romaine. Le paragraphe premier du premier
chapitre de ce grand ouvrage (p. 66-1 13) a été inséré dans le tome III de la
dans
compte-
grand in-folio.
2. Voir un compte-rendu dans la Revue Celtique, U III, p. 257.
3. Voir un compte-rendu dans la Revue Celtique, t. III, p. 469.
4. Voir un compte-rendu dans la Revue Celtique, t. VI, p. 374,
444 Chroniéiue
Revue Celtique (p. 1-50) avant d'être livré au public dans le volume que la
maison Hachette a mis en vente en 1876. Son titre est : Orographie de la Gaule
à l'époque romaine.
Nous ne pouvons oublier non plus le vif intérêt que M. Desjardins portait
aux études celtiques et aux savants qui y prennent part. A leur égard, cet
intérêt se changeait envers quelques-uns d'entre eux en une véritable affection
qui engendrait la réciprocité. Avec un grand nombre de celtistes il avait ceU
de commun qu'il aimait les polémiques ardentes, mais ce n'est jamais dans le
champ clos des études celtiques que son tempérament belliqueux l'a conduit.
Si, dans le camp des épigraphistes, il s'est fait des ennemis qui ont répondu
quelquefois à ses attaques par de violentes représailles, tels que MM. Mommsen
et Hirschfeld, parmi les celtistes il ne pouvait compter que des amis et laisser
que des regrets.
H. D'ARBOB de JUBAINVn.LE.
III.
Dans le numéro 9 (septembre 1886) du recueil périodique intitulé: The Irisk
ecclesiastical Record, a monthly journal, third séries, vol. VH, le Rev. Edmund
Hogan, S. J., Clongowes Wood Collège, a publié, p. 845-855, un passage do
livre d'Armagh >, fo 20 v^â 22r>, qui est intitulé: Uber angueli, c'est-à-dire ii/i^e//
sans palatalisation du g; c'est la prononciation irlandaise. Ce phénomène peut
être comparé à celui par lequel les Irlandais conservaient la valeur primitive du
c et du/ latin devant e et devant imême suivi d'une autre voyelle, et maintenaient
sourd en le notant ss Vs placé entre deux \oyd\es.V angélus dont il s'agit dans
ce titre aurait paru en songe à saint Patrice (comme nous prononçons, ou
mieux Patrick, Patrice, en latin Patricius)^ le célèbre apôtre d'Irlande. Ce docu-
ment n'est pas sans intérêt au point de vue de l'histoire de l'Eglise d'Irlande;
mais nous nous attacherons principalement ici à ce qui peut faire sa valeur aux
yeux des linguistes. Ainsi l'auteur ayant à parler d\irmaghy capitale ecclé-
siastique de l'Irlande, l'appelle au génitif deux fois Altimachc (lignes 7-8, 41),
une fois Altimachae (ligne 92); et à l'ablatif une fois Altomachac (ligne 197). Alti
c de la hauteur, de la forteresse • est la traduction de l'irlandais airdd ou aird.
En effet, dans le même document, Armagh est appelé au génitif Airddmache
(ligne 1 50), Airddmachae (ligne 84) eiAirdmachae (ligne 1 39). Le même nom irlan-
dais est écrit ligne 50 au nomindXif Arddmachae : • quae cognominatur Scotorum
lingua Arddmachae ■. On sait que suivant la doctrine des savants irlandais, Macke
I . Le livre d'Armagh date paléographiquement des premières années du neuvième
siècle. Le scribe auauel on le doit s'appelait Ferdomnach, mort en 846, et il écrivait sous
un abbé qui fut en fonaions de 807 a 808, si nous adoptons la chronologie de M. Hennessy
dans le Ch^onicum Scotorum^ p. 127.
chronique 44 j
ou Mackae est le génitif d'un nom de femme * qu'on retrouve aussi dans le nom
de la plaine où Armagh fut bâti, en moyen irlandais magh Mâcha pour mag
Mâche a. Nous avons médiocre confiance dans cette étymologie. M. Zimmer,
IC(/fcicA£ 5/ir</rOT, deuxième livraison, p. 19, en propose une autre. Le nom
d*Armagh, qu'il écrit Ardmach, signifie suivant lui hoch fcld^ c haut champ >,
c'est-à-dire qu'il confond le second terme avec le nom commun m^gA • champs,
et que le composé est à ses yeux déterminatif et asyntactique, tandis qu'en
réalité, Ard Mâche est un composé syntactique et de dépendance. Le contre-
sens est évident, puisque le premier terme ard se décline et que Ard Machty
c montagne de Mâche » s'oppose à Mag Macht c plaine ou champ de Mâche ».
Nous avons dit que le Ubtr angueli nous offre des d'exemples du génitif
du substantif Airdmache en vieil irlandais 9 ; un exemple du datif de ce nom en
vieil irlandais est bien connu ; il se trouve dans les notes irlandaises du Livre
d'Armagh, § 15, chez Whitley Stokes, Coidelica, deuxième édition, p. 88 : du
AriMachaty cf. AnaUcta Bollandiana^ U II, p. 231. On peut en rapprocher un
passage de Thymne de Fiacc, vers 43 : in Ardmacha (Wh. Stokes, Coidelica ^^
p. 128). Il y a dans le Félirc d'Oengus un vers qui montre qu'à l'époque où fut
composé ce poème didactique on sentait encore dans le composé syntactique
Ardmache l'existence indépendante des deux termes :
Maraid ard mor Machi
c Elle subsiste encore la grande forteresse de Mâche 4 •.
Il ne faut pas, comme le fait M. Zimmer dans le passage cité plus haut, con*
fondre le second terme d' Ardmache avec -le second terme de Fernmagh • champ
des aulnes » et de Dermagh c champ des chênes » que le savant allemand écrit,
nous ne savons pourquoi, Fernmach et Dtrmach et qui auraient été dans la
Gaule romaine, Tun Vernomagus^ l'autre probablement Dervomagus.
Quelques observations du jésuite érudit auquel nous devons l'édition du Ubcr
angueli montrent que les questions grammaticales ne sont pas pour lui sans
intérêt. Il fait par exemple observer que le vieil irlandais possédait un subs-
tantif féminin Jerte t tombe > que n'ont point mentionné jusqu'ici les index du
vieux et du moyen irlandais publiés par les savants les plus autorisés. M. Win-
disch, dans le dictionnaire qui termine les Irische Texte mentionne /^rf, • tombe •;
on trouve aussi ce mot dans Vindex verborum dont M. Whitley Stokes a enrichi
la traduction du glossaire de Cormac. Mais ni l'un ni l'autre n'ont eu l'occasion
de relever dans ces nomenclatures le substantif /(rte.Toutefois, dans la traduction
du Glossaire de Cormac publiée par M. Wh. Stokes, on trouve, â la page
79, au mot fcrt • a tomb ■ une note de l'éditeur qui commence ainsi : fertCf
1. O'Donovan, Annals of the kingdom of Ireland by the four M asters, 18$ 1, vol. I,
p. 143 note b. Cf. Joyce, The origin and history of Irish names of places, t. I, cinquième
édition, p. 78. Mais voy. Windisca, Irischt Texte^ II, 67$.
2. O'Donovan, Ibid.f p. 10, note w,
3. Ce génitif persiste postérieurement. Voyez dans \t Chronicum Scotorum^ édition
Henncssy, les pages 38, 40, 76, 96, etc.
4. Prologue, vers 168; The calendar of Oengus, par Wh. Stokes. p. XVII I.
446 Chronique
ffOMBine] « tomb • was an old Irish form. La seule addition importante que le
savant jésiâte Êisse aux indications contenues dans la note de M. Wh. Stokes
consiste en ce qu'il signale dans le livre d'Armagh le génitif singulier fcrtat :
• fossam rotundam m sûnilitudinem ftrtût» • Cette observation grammaticale
n'est pas dénuée d'intérêt.
Le Père Hogan a aussi reconnu que le septem anceUas de la ligne 163 est b
traduction de l'irlandais secht cumala. On a fait la même observation ici même
un peu plus haut, pp. 268, 269, à propos de la collection des canons irlandais,
livre XLvm, c. ^ . Cette concordance grammaticale amène â observer que les
deux textes procèdent d'un principe juridique identique. Voici le passage du
lÀbcr angueit : c Qui non receperit praedictum praesulem in hospicium eundem
et reclusserit suam habitationem contra itium vn ancellas siue vn annos poeni-
tentiae similiter reddere cogatur. • Dans les canons irlandais on trouve la règle
suivante: « Sinodus Hibernensis ait: Omnis, qui ausus fuerit, ea, quae sunt
régis aut episcopi furari, aut rapere aut aliquid in eos committere, parvipendens
dispicere^ vn ancillarum pretium reddat, aut vn annis peniteat cum episcopo
vel scriba • p. 204 (cf. >VasserschIeben, Die Bussordnungender abendlaaidisckett
Kirchc, p. 140 et {41).
Nous croyons en avoir dit assez pour montrer que la publication do Rev.
Hogan est une œuvre utile. Pour être complet, nous lui ferons deux critiques-
Son interprétation d'Hiherionach par ib et Erin, p. 848 est inadmissible; et en
corrigeant, p. 852, en anceltaey mieux ancillae^ le nominatif pluriel ancellas^ de
la ligne 169, il ne s'est pas aperçu qu'il était en présence d'une forme régulière
du bas-latin. Il est intéressant de faire observer que cette forme si fréquente sur
^e continent dans les textes mérovingiens, et que reflète le français du moyen
âge, se retrouve au neuvième siècle sous la plume d'un scribe irlandais dans la
métropole de l'Irlande ecclésiastique.
IV.
La rédaction de la Revue Celtique a reçu de M. G. Lecoat, pistear à Tremd-
Plestin, Câtes-du-Nord, deux petits ouvrages tout nouvellement imprimés. L'on
est intitulé Almanakmad ar Vrctouned • bon almanach des Bretons pour 1887 >.
Nous y trouvons annoncé un Evangile français et breton couvert en cuir et
doré, pour un franc, ce qui n'est pas cher, surtout si c'est bon comme l'aima-
nach * . Une note nous fait espérer la traduction prochaine de la Bible entière.
L'autre ouvrage a pour titre : Beac*h ar c^hristen war-zu an eurusted peur^
baduz, groetgant lan Bunyan; c'est-à-dire « Voyage du chrétien vers le bonheur
éternel par Jean Bunyan. i C'est un in- 12 de 1^9 pages. Il est orné d'images;
l'une représente un pape qui, vêtu de ses habits pontificaux, menace des deux
poings le voyageur chrétien. C'est sous cette forme que l'auteur représente le
I. Voyez plus haut, t. VI, p. )82-)83.
Chroniélue 447
géant caduc et impuissant, mais anonyme dans les versions françaises, qui a
été mis par les années dans l'impossibilité de continuer ses brigandages.
Ce petit volume est la traduction du célèbre ouvrage anglais publié sous le
titre de Pilgrim's Progress par John Bunyan et dont la première édition a paru
â Londres en 1678 et en 1684. Il a eu en Angleterre un succès prodigieux. La
bibliothèque de l'histoire du protestantisme français, rue des Saints-Pères, 54,
possède la quarante-cinquième édition datée de Londres, 1775. Il a eu plusieurs
éditions en français, les unes à l'usage des protestants, les autres destinées aux
catholiques. La plupart des traducteurs protestants, choqués par le titre anglais
qui semblait rappeler une superstition papiste, l'ont modifié et ont rendu le Pil-
grim's Progress de Bunyan de manière à éviter toute confusion. Ainsi l'édition de
Neufchâtel, 1776, est intitulée : Voyage du chrétien et de la chritienti vers l'àer-
mU bienheureuse. Celle de Rotterdam, 1728, a pour titre :X« voyage du chrétien
vers l'éternité. Les éditions catholiques ont reçu un titre qui est le résultat d'un
amalgame bizarre entre celui des éditions anglaises et celui qu'ont imaginé les
protestants français. Le titre donné à cet opuscule par les premiers éditeurs
catholiques, Paris, 1772, 1793^ Toulouse, 1788; Besançon, 1827; est: U
pèlerinage d'un nommé Chrétien; en tète de la dernière édition catholique,
Plancy, 1847, on lit : Le pèlerinage de Christian.Lt titre choisi par M. Lecoat
est imitéde ceux des éditions de Neufchâtel et de Rotterdam; en effetM. Lecoat
a fait sa traduction bretonne d'après la traduction française, et non d'après
l'original anglais qui a sur la traduction française une énorme supériorité litté-
raire; son oeuvre a tous les défauts de la traduction française.
Jean Bunyan est en général peu connu en France. Cependant il a des articles
dans nos dictionnaires biographiques et bibliographiques. Ceux qui voudraient
trouver sur lui des notions plus détaillées dues à une plume compétente pour-
ront consulter deux notices de M. le pasteur Matthieu Lelièvre dans la Revue
chrétienne dei874, p. 287-3041 p. 340-349, tXdsitsVEvangéliste dei88o,p. 53.
V.
Nous avons annoncé plus haut, p. 265, les cinq premières livraisons du
Lexique de César et de ses continuateurs, par H. Merguet. Nous venons de
recevoir la sixième qui se termine au verbe remitto. Nous insisterons sur l'uti-
lité de cet ouvrage et sur les services qu'il peut rendre aux amis des études
historiques.
VI.
M. Gustav Grôber, professeur de philologie romane à l'université de Strasbourg,
a entrepris sous le titre de Crundriss der romanischen Philologie, artcle concours
de vingt-cinq collaborateurs, une sorte d'encyclopédie romane, La première,
livraison vient de paraître. Elle contient l'introduction rédigée par MM.Gr<(ber,
448 Chronique
Schum et Tobler, elle est consacrée à la bibliographie et â des généralités. La
livraison suivante, qui paraîtra bientôt, débutera par une étude sur les langues
qui ont précédé le latin dans le vaste territoire où les langues romanes se
parlent aujourd'hui. Le celtique est celle de ces langues qui avait le domaine
le plus étendu. M. Windisch s'est chargé d'exposer les principaux caractères
de cette langue; il l'a fait avec la compétence que connaissent les lecteurs de la
Revu€, Son travail est imprimé et il parattra, nous l'espérons, bientôt.
VII.
Nous venons de recevoir le volume XII des Transaaions of the Gaelie Society
ofinverness 188^-1886, xvi-446 pp. Onyremarque, p* 34s, nn mémoire du pro-
fesseur Donald Mackfnnon sur les dialectes du gaélique d'Ecosse. C'est l'œuvre
d'un vrai linguiste. M. Alexandre Macbain, déjà connu des lecteurs de la Reituc
Cdùque^ a donné dans le même recueil, p. x8o, une intéressante étude sur
la littérature héroïque et ossianique d'Irlande et d'Ecosse. De vieux chants
gaéliques f Old gaelie songst d'une antiquité— moderne—ont été réunis dans ce
volume par M. Colin Chisholm, p. 118.
VIII.
L'Academy des 2$ septembre, 2 et 9 octobre 1886, p. 209-210, 227-228,
246-247, rend compte d'un voyage philologique fait par M. Whitley Stokes en
France, en Suisse et en Belgique pendant Tété dernier. M. Wh. Stokes a étudié
à la Bibliothèque Nationale de Paris les manuscrits latins no* 10400 et 1 141 1,
celtique et basque, n* 1 . Il a été lire dans la même ville au musée de Cluny les
inscriptions gallo-romaines du monument célèbre qu'élevèrent les nautae Pari^
siaci. Au musée de Saint-Germain, il a fait le dépouillement des moulages d'ins-
criptions gauloises et gallo-romaines qui sont un des plus précieux ornements
de l'instructive collection réunie avec tant de zèle et si méthodiquement classée
par M. Alexandre Bertrand. A Orléans, il a collationné avec le manuscrit 193
de la bibliothèque de cette ville les gloses bretonnes transcrites par M. Brads-
haw, publiées par lui-même d'après la copie de M. Bradshaw et réimprimées plus
tard par M. Loth après révision . Il n'a pas quitté cette ville sans visiter le
musée et sans eu lire les inscriptions gallo-romaines.
En Suisse, il s'est rendu à Schaffhouse, â Safnt-Gall, â Zurich et à Berne.
Dans la bibliothèque de Schaflfouse, il a collationné avec l'édition de William
Reeves, le manuscrit de la vie de saint Columba que ce savant appelle codex A
(p. xm-xxiv) qui paraît du neuvième siècle, et qui sert de base k son édition.
A Saint-Gali, il s'est occupé du manuscrit 1395 qui contient des incantations
bien connues des celtistes publiées successivement dans les deux éditions de la
Grammatica Celtica et par M. Zimmer. Le bibliothécaire lui fit la surprise de
lui apprendre que jamais M. Zimmer ne s'était rendu .à Saint-Gall, ce qui ex*
Chronique 449
plique les imperfections du texte des incantations donné par M. Zimmer. A
Zurich» M. Stokes a constaté que les quatre fragments de ms. latins d'origine
irlandaise et de Tépoquecarlovingienne réunis par Ferdinand Keller se trouvaient
dans la bibliothèque de la Société des antiquaires, sous le numéro 3 1. A Berne,
il a collationné les gloses irlandaises contenues dans les manuscrits 167, 2)8 et
363.
Le savant celtiste a terminé sa tournée par une visite à la bibliothèque royale
de Bruxelles qui contient, comme on le sait, plusieurs manuscrits d'origine
irlandaise et curieux surtout au point de vue hagiographique.
Nous ne pouvons ici, faute de place, donner toutes les indications intéres-
santes contenues dans les trois articles que le savant voyageur a inséré dans
VAcademy. Nous signalerons cependant le datif singulier gaulois Alisana dans
une inscription latine de Dijon dont un moulage est conservé au musée de Saint-
Germain. On n'avait jusqu'à présent relevé de ce datif d*autre exemple que
celui qui est fourni par l'inscription gauloise delà patère de Dijon. Nous aurons
occasion de revenir sur les découvertes de Wh. Stokes quand nous rendrons
compte des ouvrages dont il a réuni les matériaux dans ce voyage érudit sur le
continent.
IX.
Nous avons déjà annoncé les Annales de Bretagne publiées par la Faculté des
lettres de Rennes. Nous recevons à l'instant même le numéro 1 du tome II,
Novembre 1886. M. Loth y a publié, p. 50-52, la portion de sa Ckrestomathie
bretonne qui concerne le vieil armoricain, et, p. 67-79, le texte et la traduction
de trois chansons bretonnes. Aux pages 63-66, on trouve le texte et la traduc-
tion d'une chanson bretonne recueillie par M. Lnzel.
X.
Les lecteurs de la Revue Ceitique apprendront avec plaisir que M. Zimmer
prépare un grand travail sur le Td'in bâ Câailnge; c'est le morceau fondamental
du grand cycle épique irlandais dont le roi Conchobar est l'Agamemnon et dont
le héros Cûchulainn est l'Achille. L'incontestable compétence grammaticale du
savant professeur nous fait espérer que son œuvre sera digne du texte qu'elle
a pour objet. H. d'A. de J.
XI.
LtCeltic Magazine^ revue mensuelle qni parait à Inverness, chez A. tiWf.
Mackensie, 47 1/2, High Street, passe sous la direction de M. Alexander
Macbain, auteur d'un traité de mythologie celtique dont il a été rendu compte
plus haut. Le Celtic magazine est en bonnes mains; nous nous ferons un plaisir
d'en parler avec détails à nos lecteurs. Notre prochaine livraison rendra compte
des numéros de novembre, décembre et janvier.
Rev. Celt. VII 29
450 Releyé des lectures fausses de lady Guest
Une lettre de M. Cerqaand à M. Gaidoz, et que notre savant confrère a
Tobligeance de nous communiquer, nous apprend que dans les démolitions d'uoe
chapelle à Orgon (Bouches-du-Rhône), il vient d'être découvert une inscription
gauloise en caractères grecs :
ouv)Ppou(iapo;
deSe .xapavoou
PpaTOuSe. xavTiva
c'est-ii-dire : Vebrumaros dede Taranou cantena.
Rele\*é des lectures fausses db lady Guest (Je renvoie aux pages de la
Revue Celtique).
P. 403, n. 2 : Guest a V disuin; L. Rouge ar distein. ; n. 6: Guest gan; L.
rouge y gan.
P. 404, n. 13 : Guest u/i a buchii^n ; L. R. mi a huchwn.
P. 407, n. 9 : Guest Awr; L. R, A wr.
P. 411, n. 7: Guest tf threiglgweithi L. R. ^ threigjlgwcith ; n. 14: Guest
jn dynessUy L. R. yn dynessau; n. 24: Guest a geffoch^ L. R. tf geffwch.
P. 412, n. 29 : Guest Ariogoned; L. R. i4 riogoned.
P. 41$, n. 4: Guest honnw^ L. R. hwnnw; n. 9: Guest: pas de point
après veicheu^ L. R. un point.
P. 417, ligne 6: Guest mi y rodaf^ L. K. nu y rodaf;n. 15: Guest ytti^
L. R. itt; n. 32; Guest Ry gyghyrthy L. R. Ry yghyrth.
P. 419, n. 12: Guest 0 hynny ehedawdyL, R. 0 hynny yny thtdawd; n. 14,
Q\it%\ yigavnrwyd^ L. R. ysgawnrwyd,
P. 42i,n. 2: hitheu manque dans le Livre rouge, après hawd genthi; ibid.
Guest a delis^ L. R. tf dellis; note 5; Guest ii/î, L. R. ou; n. 6: Guest
ar ymadrawd hi^ L. R. ar ymadrawd a dywawt ki; n. 22: Guest drachin
L. R. dracheuyn; n. 24, Gu.cst: wrdiy L. R. wr di; n. a6, Guest: gyghoro
uu, L. R. gyghoro nu,
P. 423, n. 22: Guest desissach^ L. R. dewissach; n. 25 : Guest yn dyvryt,
L. R. yn dybryt.
P. 42$, n. I : Guest hunnw est de trop; n. 21 : Guest glwei, L. R. glywei,
P. 427, n. 1 5 : Guest yrrei, L. R, y rei; n. 21 : Guest ar, L. R. a,
P. 439, n. I : Guest ymiy L. R. yni; n. 31 : Guest y dcuthost, L. R. y
deuthast J. Loth.
Addenda et corrigenda du tome VII. 451
Addenda et corrigenda du tome VII.
P. 30, n. 5, au lieu de isnesam lire isncsen
P. 64, 1. 25, au lieu de c cans • lire « dans •
P. 72, I. I, au lieu de « Aberrcomby > lire t Abercromby »
P. 81 1 1. 32, au lieu de III lire II
P. 83) 1. 34, au lieu de voto lire volo
P. 84, K 11, au lieu de OlydduUa lire Alyddaida
P. 85, I. 13^ ajouter après 4enarios : • et ego Rodri 0' Biolan et uxor mea
xn denarios •
P. 117, I. 15, au lieu de • que chacun soit pour son crime ■ lire c chaque
animal pour son crime ». Sur rob^ génitif ruib^ ace. pi. rubu ■ animal »,
voy. Windisch, Irisehe Texte , tome I. p. 747, col. 2, v» rop. Cf. Ancient
laws of Ireland, t. I, p. 184 J. 15 ; t. IV, p. 88, 1. 1 1, 12
P. 126, 1. 5, au lieu de Dructini lire Druùcni
P. 127, 1. 31, au lieu de « en voyage • lire c dans les dents ■
P. 179» 1. 13, au lieu de no lire on
P. 245, n. I, I. 2, au lieu de i-sin-derund lire i^sind^erund *
P. 269, I. I, au lieu de • chapit.'-e 3 t lire c chapitre s •
P. 279, 1. 3 1 , au lieu de « ponr ■ lire c potv t
P. 293, I. 9, supprimer < for thee >
— I. 12, supprimer « heir »
P. 294, 1. 8, au lieu de ra bothogais lire rabo thog&is
P. 297, I. 5, au lieu de « night (is) this ■ lire « this night >
— I. I $, au lieu de Chailte lire Cûilte
— I. 27, au lieu de • the • lire • his »
P. 298, 1. 10, au lieu de athrech lire athech
P. 30),l. 15, au lieu de • there • lire « thereafter •
P. 304, I. 18 au lieu de ab lire^^u
— I. 20, au lieu de « hère > lire c yonder •
— I. 48, au lieu de de-voli lire dhUli-s^ cf. Curtius, Grundzuege, s* édition,
p. 258.
P. 30s, I. 8, au lieu de 1 17 lire 1 17 *
P. 308, I. 24 au lieu de sylwyat lire sylwyas
^' 374i 1* 3i>3u lieu àtqiurcnta lire querentis
— I. 32, au lieu de instituiit lire instituit
P. 375, I. 16, au lieu de dérivation lire derivative
P. 386, I. 18, au lieu de Risteddfodau lire Eisteddfodau
P. 393, 1. 36, au lieu de Psalter lire Saltair
TABLE
DBS
PRINCIPAUX MOTS ÉTUDIÉS DANS LE VOLUME VII DE U REVUS CELTIQUE^
I. Gaulois.
-agnos suffixe de diminatif, 108.
Ambi- autour, 123.
Amella thym, 164.
Are sur, près de, 123.
Artvass (accus.) les pierres sépul-
crales, 126.
Ate- encore, de plus, 123.
Bardos, chanteur. 158.
BpecTouSi par jugement, 108, 109.
Bulga sac de cuir, is$.
-cadros beau, 1 ^9.
Cambium échange, 145.
Camulodunum forteresse de Camulos,
400.
Camulogenos fils de Camulos, 398,
399-
Candetum espace de cent pas, 123.
Carbanton char, 148.
KAtMJTV il entassa, 107, 126.
Carpentoracte lieu où Ton fabrique
les chars^ 148.
Catâctts batailleur, 315.
Catu- combat, 55.
Celicnon une tour, 108.
Cerevisia cervoise, i $ 1 .
•cno- forme des noms patronymiques
et autres, 107, 108.
Cunotamos le plus haut, 148.
Koupp.i| x(jp(ia bière, 151.
Euopou il fit, 107.
leuru il fit, 107.
lovinc- jeune, 312.
LOKAN (ace.) le tombeau, 1 26, 2 59.
Lugudunum forteresse de Lugus, 400.
Marca- cheval, 63.
-mâros grand, 6$.
MacreXou il posa, 106-108.
Mogetius glorifié, 266.
Nerto- force, 1 $ 1 .
•os suffixe du nominatif singulier, 2<
déclinaison, 287.
Rectu- le droit, 154.
-rix roi, 266.
Senani peuple de la Seine, 286.
Senones combattants, 260.
Suce- cochon, 2^6.
-talo- front, 1 56.
Taranucnus foudroyant, 2 $6.
I. Cette uble a été faite par M. E. Emault.
Table des principaux mots
Taranttco (à Jupiter) fondroyant, 107.
Taranus Taranoos dieu tonnant, 107,
255,450.
Toutius roi, 259.
Trvtœnos fils de Dnitos, 107, 126.
""Te le chêne à kermès, 164.
Uxelio- haut, 53.
Vebrumaros, 450.
•veliaunos puissant, 5 5 .
Ver- sur, jia.
Vergo- efficace, 1 56.
II. Irlandais.
A son, sa, ses, 154, 155.
Abadha abbés, 211.
Abhian un pain, gâteau, hostie, 221.
Accobor volonté, 310. '
Acfuindech capable, puissant, 221.
-ach suffixe de noms abstraits, 32.
Ae foie, 221.
Agh vache, 34.
Aigne homme de loi, 29.
Aithbonn annonce publique, ban, 18.
Aithgabail, athgabail i reprise •,
saisie mobilière, 12, 19-21, 23, 24,
33, 238, 240; — iar fut • saisie
après longueur m 26; — tul^ saisie
avec un seul délai, 24, 26.
Aithirorâdh langage séditieux, 221.
Aitire caution, 29.
Alt écueil, rocher, 153.
Altan rasoir, 152.
Amh&in seulement, 264.
Ammach dehors, 264.
Ammuin contre, 263, 264.
An le, la, les, 74.
-an suffixe de diminutif, 108.
Anad délai, 24-26, 29, 1 16.
Andfudh aujourd'hui, 78.
Anfine étranger à la famille, 128.
Anmàineach pauvre, stérile, 221.
Annaladh une datte, 222.
Anosa maintenant, 222.
Apad commandement et délai entre
étudiés dans le volume VU.
4U
commandement et saisie, 13, 24-26.
Ar sur, 217.
Ard sorte d'assonance, 88-90.
Ardmache, Armagh nom de lieu, 444,
44$.
Arnaidh dur, sévère, 304.
Art pierre, 152.
Asnachles côtes? 222.
Assiut voilà, 304.
Ataim j'enfle, 222.
Aurcuillte ratha étranger, 28.
Auresbadh défaut, manque, 222.
Aurfocre, urfocre, commandement de
payer, annonce publique, 1 8, 24, 32,
n-
Bacaim j'empêche, 222.
Badhun • fort de vache •, enclos
ceint de murailles, 222.
Bafnne lait, 77.
Bairgen pain, 155, 156.
Balg fente, 156.
Ban blanc, 127.
Banb porc, 308.
Barda gardes, 210.
Becc rivière, 222.
Berrach roseau, 222.
Beura gl. sudes, 222.
Bhar, bhur votre, 218, 219.
Bf il est, 21 5 ; bfter c'est, 223 ; biu je
suis, 122, 123.
Bind harmonieux, 238.
Bfter est brisé, 223.
Bliadain année, 282.
Bogha arc, 79.
Bolg sac, outre, 156.
Bothach habitant d'une cabane, 91.
Braineach proue, 147.
Brat manteau, 156, 242.
Brâth jugement, 109.
Buaiball relatif à une vache, 223.
Buaine bonté? 223. •
Bualtach bouse de vache, 223.
Buide jaune, 1 28.
454 ^^^'^ ^^ principaux mots
Buidhe remerciments^ obséquiosité)
223.
Caidrebh connaissance, commerce,
224.
Cair baie, fruit, 304.
Cairpteoracht art de conduire les
chars, 148.
Cairthann sorbier, 304.
Caithfid ii convient, 224.
Calg épée, 156.
Canim je chante, 122.
Caraid amis, 211.
Cath bataille, 19.
Cédmuinter le vulgaire, 22 (.
Cenél race» 118^ 119.
Cennlâ jeudi saint, 224.
Cet cent, 122, 123.
Cethir quatre, 115.
Ciacruth gl. quomodo, 96.
Cinteir éperon, 366.
Cirdubtout noir, 224.
Cista gl. municipalem, 374, 375.
Claidbe (acc.)épées, 304.
Clasach fossé, 224.
Cleirech clerc, secrétaire, 224.
Clithar sét première catégorie de bêtes
à cornes, 36, 37.
Clogâs beffroi, 358.
Cloictech pinacle, 3)8.
Cobir secours, 310.
Coibche prix d'achat d'une femme, 1 7.
Coimhédaidhe gouverneur, 358.
Coimpert conception 160.
Coimsech possible, supportable, 3)8.
Coinnelbàthaim je maudis, j'excom-
munie, 358.
Coirpdire le prix du corps, 246-248,
268.
Colpach firend veau d'un an, 36.
Comarba, successeur^ 248.
Compas compas, 358.
Comrac rencontre, combat, duel^ 12,
U» «^» »7i «9, »28.
Cornus puissance, 128.
étudiés dans le volume VIL
Conâigh bon, florissant, 358, 359.
Cond homme sai juris, 118.
Cor contrat, 120.
Cornél, un coin, 359.
Crann arbre, 380.
Crannog habitation lacustre, 271, 272 .
Credim foi, 74.
Cuingell condition, 3^8.
Cumactte puissances, 1 54.
Cumal femme esclave, 446.
Cumang étroit, 146, 314.
-da suffixe d'adjectif, 37^.
Damna matière, 40, 308.
Dan sort, 359.
Dartaib boinend génisse d'un an, 36.
Deithbeire obstacle insurmontable, 24.
Delb forme, 315.
Delg attache, broche, 1 56.
Deorad étranger, 28.
Derbfine «famille certaine >, les coU
latéraux par les mâles au troisième
et au quatrième degré, 22, 23.
Dermag plaine des chênes, 445.
Derna paume de la main, 359.
Dethach fumée, 304.
Dia mis dans un mois, 281, 282.
Digis tu iras, 304.
Diniti dignité, 3 59.
Discœiliudh? dissolution, action de
dissoudre, 359.
Dithim délai pendant lequel l'objet
saisi reste en fourrière, 24-26, 29,
Diubairt fraude, 1 20.
Dfuci duc; serpent? 359.
Dochor contrat désavantageux» 120.
Dôire servage, 94.
Donn brun, 128.
Doraga(m) nous irons, 304.
Dorochoir il est tombé, 128.
Drechaspect, 160.
Dûadus j'ai mangé, 304.
Dub noir, 128.
Table des principaux mots
Duil désir, 299, 304.
Eich chevaux, 304.
Eire fardeau, 359.
Elca Irlande, 305.
Ellach troupeau, 222, 359.
Elod eu ndliged défaut de faire droit,
Enechiand, enechlann prix de l'hon-
neur, réparation due à Thonneur
outragé, 1 16, 229, 246, 247, 268.
Englas boisson mêlée, 3 59.
Eochair clef, 151.
Erégira je me plains, 375.
Essgamhain, easganna anguilles, 3 59,
219.
Etire caution, 29.
Facca fai vu, 304.
Fail anneau, 304.
Pair sur lui, 128.
Fairged faisait, 304.
Faithce enclos, 30.
Fannacon cloaques, 375.
Far avec, 360.
Farcan (ace. ?) trépointe, bordure de
cuir, 3S9-
Fasach brucard, maxime de droit, 1 16.
Fasc signification prévenant le saisi
de Tendroit où on a mis l'objet en
fourrière, 24, 2$, 30, 31, 33.
Fechem,fechium débiteur, demandeur,
29.
Feidm service, 360.
Félire, calendrier, [78.
Fern bon, 382.
Fernmag plaine des aunes, 445.
Ferr meilleur, 382.
Ferte tombe, 44$, 446.
Fiach dette, 1 5 .
Fiad sauvage, 152, 178.
Fiadan témoin, 14, 29.
Fiadnisse témoignage, 14.
Fich colère, 360.
Fiche vingt, 102.
File poète, 380.
étudiés dans le volume VU.
455
'Fine famille, parents au degré succes-
sible, 15, 18, 22, 93, 118, 119;
— taccuir, famille d'adoption, 9$.
Fingal meurtre d'un parent, 1$.
Fisicc médecin, 360.
Foichim j'actionne, 29.
Fôirim j'aide, 360.
Folad valeur, sens, 1 24.
Folt chevelure, 1 28, 1 $2.
For sur, 217, 312.
Forcenn une fin, i p .
Forgnem bâtiments, 360.
Forus fourrière, 24, 29, 30.
Fos domestique, garçon, 128.
Fothrucad baigner, i ^8.
Fraechan airelles, 316.
Frithfola prix de vente, objet donné
en contre-échange, 93. •
Frôech bruyère, 3 1 6.
Fûachas terrier, 361.
Fuidir sorte de serf, 91.
Fuil il est, 215.
Fuil sang, 361.
Fuilighim je blesse, 361.
Fuirmim je place, 361.
Fuiseôga alouettes, 7$.
Gainmech sablonneux, 361 .
Caire plus près, 73, 74.
Galar maladie, 228.
Garrdha jardin, 364.
Gelfine « famille de la main •, les
parents par les mâles, au premier
et au deuxième degré du droit ro*
main, plus la femme, 22, 23.
Gelltanas promesse, 361.
Gerr court, 122.
Giûstal jouter, 361, 364.
Glas de couleur terne, 127, 128.
Glé brillant, 314.
Goire piété filiale, 92.
Gorm brun, 1 50.
Gortûghadh blessure, 368.
Graffan course, 304.
Graibél gravier, 361.
4 $6 Table des principaux moU étudiés dans le volume VU.
Greadhan grand bruit, 361.
Greidh joyau, pierre précieuse, 361.
Grennugudh menace, iC>2,
Haila salle, 362.
larfine i famille d'après •, les colla-
téraux par les mâles au cinquième
et au sixième degré, 22, 23.
larmua arrière-petit-fils, 23.
Id- déplus, encore, 123.
Idhroipis hydropisie, 362.
Imbath océan, 227.
Imlochtadh passage, défilé, 362.
Imm autour, 123.
Immach dehors, 102.
Immar comme, 304.
Immfaire garde, action d'épier, 362.
In dans, 74.
Inbleogan saisie contre les parents du
débiteur, 31.
Indell tendre, préparer; ensorcelle-
ment, 147, 227, 228.
Indfine c famille de la fin •, tes colla-
téraux par les mâles au septième et
au huitième degré, 2 \ ,
Indighti ayant été brûlé? 362.
Indua descendant au quatrième degré,
23-
Innfhuair froid, 363.
Ir-sur, 123.
-ir suffixe de la 2* pers. sing. des
verbes, 212.
iûdaidh Juifs, 75.
luchair frai de poisson, 221.
Lâeg veau, 62.
Legadhh're, 75.
Léigim je permets, 74.
Léne chemise, 242.
Létenach hardi, 123.
Liad gris, 127.
Lfn lin 24 1 .
Lfnus (mer) qui monte, 363.
Lobad c destruction •, expropriation
graduelle du débiteur, 24-26, 30,
5».
Locadh dignement d'yeux appesantis
par le sommeil? 363.
Locaim j'empêche. 363.
Lôchet (gén.) de la foudre, i ja.
Lofta étage supérieur, 223.
L6g enech prix de l'honneur, 229,
246, 268.
Lomiân très plein, 363 .
Lomnân très plein, 363.
Lug héros; nom de dieu irlandais, 230,
400.
Luid il alla, 304.
Mia plus grand, 382.
Mac foesma • fils de protection », 95.
Mâcha plaine, 102.
Mag champ, 102.
Mag Mâche plaine de Mâche, 44 s.
Maghnés aimant, 363.
Mainer manière, sorte, 363.
Mairnélach un marin, 363 .
Mana occasion, 305.
Mandâil jeudi saint, 363, 364.
Màr grand, 382.
Marbhadh meurtre, 14.
Marc cheval, 32.
Méde cou, 304.
Méidech tronc, 304.
Meirg rouille, 1(7.
Meld agréable, 149.
Merugudh action d'errer sans but,
364.
M( mois 101.
Mine bonté, 364.
Mitai métal, 364.
Mochta glorifié, 266.
Molt mouton, 152.
Monadh monnayage, sorte, 364.
Muing crinière, 146.
Naidm contrat, contractant, 28, 29.
Nascuire contractant, 29.
Nemed sacré, 26.
Néit dieu de la guerre, 382.
Nirsar nous n'étions pas, 304.
Nith bataille, duel, 12, 17.
Table des principaux mots
Ôac jeune, 312.
Obba refuser, 304.
Œgaire berger, 219.
Ogham sorte de langage secret, 369.
Oifig office, 364.
Oighre héritier^ 211.
Ôintam céHbataire, 148.
Oiriber jardin? 364.
Om cru, 313.
Orgun action de tuer, 1 57.
Orn sur nous, 30^.
Ôsaic action de soigner, 304.
Oser le plus jeune, 122.
Paghail pavé, 364.
Paighiment pavé, 364.
Pàilis palais, 36$.
Paipinseoighi perroquets, 79.
Peilér pilier, 365.
Peirse perche, 36$.
Pinntél peindre, 364, 365.
Pinntiûrach peinture, 365.
Pis pois, 36}.
Promath épreuve, examen. 128.
Pudar poussière, 365.
Raibér rivière, 365.
Raithmft nous courûmes, 304.
Raroach les rames, 222.
Ràth, raith caution, garant, 29, 124,
12$, 267.
Rfatad apprivoisé, 36$.
Rinnard mètre poétique, 87, 88.
Rob animal, 4^1.
Rocét il a été chanté, 122, 123.
Rochuammar nous vînmes, 304.
Roe et roi, champ, propriété immo-
bilière; champ de bataille, empla-
cement d'un duel, duel, 12, 14, 18,
19,21.
Roergemmar nous nous levâmes, 305.
Rolaumur j'ose 123.
Ropsat ils furent, 304.
Ruire roi de province, 229.
Saerleicthe 1 laissé libre i, fils éman-
cipé, 9S.
étudiés dans le volume VIL
4J7
Sainred étrange, 227.
SairTest, 73,74.
Samaisc génisse de deux ans, 36, 37.
Sanas salutation, 365.
Sbéis estime, compte, soin de, 36$.
Sceith aubépine, 373.
Scellan graine, 365.
Scenuide morceaux, 36$.
Sechtmain semaine, 375.
Seilche limaçon, 211, 365.
Seisreach réunion de six, 222.
Séla seau, 365.
belb propriété, 32.
Selg chasse, 157.
Selgrate, 156.
Sépél chapelle, 365.
Sercc amour, 1^7.
Sét bète à cornes, 36; — gabla,
veau ou génisse d'un an, 36, 37.
Sia plus long, 218.
Sfd séjour des fées, 123.
Sinser le plus âgé, 122.
Sfr long, 128.
Sirfne cerise, 36$.
Sliab monUgne, 305 .
Slighthoir calomniateur, 366.
Slimm sans levain? 366.
Slochd puits, trou, 362.
Slucim j'avale, 146.
Smech menton, 122.
Snaidim je coupe, 312.
Snâidm contrat, contractant, 28, 29.
Sned lente, 244.
Soc museau, 232.
Sochor contrat également profitable,
aux deux parties, 1 20.
Sodhaing facile, 366.
S6er homme de condition supérieure,
9 •
Soinend beau temps, 366.
Sôinmiche circonstances favorables
366.
Soleir étable, 366.
Somaine rente, 37.
4)8 Table des principaux mots étudiés dans le volume VII,
Sonn bâton, 375.
Sonnach mur, enclos, 222.
Spisrach épices, }66.
Spor éperon, 366.
Spreid troupeau, 34.
Sreabh jet (de lait), 366.
Stâid état. 166.
Statûid statut, 366.
Sudithenta principal, 367.
Suibscelidh évangéliste, 218.
Tagra dissentiment, procès, 367.
Tain enlèvement des objets saisis, 29.
Tairisim je m'arrête, je finis, 220.
Tâirnig il a fini, 367.
Tâobhaim j'ai confiance, 367.
Tarrustar il est reste, 117.
Teastail manque, défaut, 367.
Techt tar, parler de, 367.
Técht (mer) morte, 367.
Techtaim j'ai, 3 1 .
Techtugad acquisition, 12,21,31.
Tecttaire un envoyé, i J4.
Teinntach éclairs, 222.
Teist témoignage, 30.
Tellach saisie immobilière, 12, 31-33,
— iar fut c saisie après longueur t,
Tcllim je vole, j'enlève, 32.
Tene ieu, 128.
Tesbach chaleur, temps chaud, 367.
Thatarc'est, 223.
Ticim je vais 304.
Tigerntus domaine, royaume, 367.
Tinnabrad sommeil, clignement d'yeux
causé par le sommeil, 368.
Tiug épais, 128.
Tobach saisie, en général, 20, 21.
Toichim j'actionne, 29.
Toirnnech coups de tonnerre, 222.
Tongim je jure, 146.
Tonn surface, 3 1 .
Toxal enlèvement d'un objet saisi, 24,
25, 29.
Traig pied, 10 1.
Trebaire agriculture, 368.
Trén fort, 159, 382.
Tresa et tressa plus fort, 1 59, 382.
Trétûir traître, 368.
Trî trois, 154.
Triar trois, 304.
Trindrôit Trinité, :oi.
Tristéil pieds d'une table, 368.
Tromm l'aune, arbre, 304.
Troscad jeûne, 13, 27.
Tûag hache, 304.
Tûath peuple; aes tuaithe laïques,
1 18, 1 19.
Tuath nord, 82.
Tucait ils furent enlevés, 304.
Tuinnige « séjour •, possession, 31-
33, 36-
Tuirthecht aventure, 258.
Turbaid exception dilatoire, 24, 228,
229.
Ua petit-fils, 82.
Uidi délai, 2).
Uille coude, 101.
Uindiment onction 368.
Urfuigell jugement favorable? 368.
Urgal duel, 12.
Urrad celui qui a pleine capacité pour
cautionner, 28.
III. Gaéliqjje d'Ecosse.
Grûan foie, 221.
IV. Gallois.
Adafael pignoratio^ adafaela saisir,
239.
Adgori rendre, 151.
Adref à la maison, 197.
Agoriad clef, 151.
Alt colline, 153.
AnghafTaeliad privation, 240.
Annel piège, 147.
Arfau armes, 1 50.
Arno sur lui, 328.
Banw porc, 308.
Table des principaux mots
Barb barbe, 127.
Bath monnayage, sorte, 364.
Sera monceau, 155.
Blaen extrémité, 147.
Bleuog chevelu, 31 ).
Bola et boly, ventre, 1 5 $ ,m $6.
Brawd jugement, 109.
Bréni proue, 147.
Brethinnou langes, 156.
Bydd il est, 324.
Byddaf je serai, 122.
Caled dur, 176.
Callestr caillou, 51.
Can puisque, 321.
Carchar prison, 238. .
Carn amas de pierres, 1 26.
Centhiliat chanteur, 149.
Cerddet marcher, 172.
Chwerthin rire, 158.
Chwysaf je sue, 102.
Cola et colginn barbe d'épi, 156.
Cuddio cacher, 173.
Cwm combe, vallée, 86.
Cwmmwt territoire, 146.
Cwympo tomber^ ^o.
Cyfoeth richesse, 154.
Cyfyng étroit, 146, 314.
Cymmer confluent, 145.
Cymmynu couper, 145.
Cymmynwr coupeur de bois, 177.
Daifar préparer, 1^5.
Daly tenir, ( 5 6.
Darparu préparer, 148.
Defnydd matière, 40, 308.
Dehint, voyage, 127, mieux dents,
Diengu échapper, 146.
Dimawrth mardi, 173.
Dioferaf je manque de? 313.
Dydd-Iau, jeudi, 173.
Dyfod venir, 320.
Dyweddi se marier, 309.
Ehang large, 146.
Ei son, sa, sts, 1 54.
étudiés dans le volume VII,
459
Eiry neige, 156.
Eleni cette année, 309.
Elin coude, 10 1.
Ellyn rasoir, 152,
Erbyn â la rencontre de, 348.
Ffon bâton, 37$.
G[a]lanasoc meurtrier, 127.
Gavel saisie, 239.
Glanhau purifier, 173, 17$.
Glas-danen chêne vert, 304.
GIew vaillant, 3 14.
Gloiu limpide, 314.
Goferu couler doucement, 312.
Grawn frai de poisson, 221.
Grug bruyère, 316.
Guestlau mettre en gage, 239.
Guolt chevelure, 109, 127.
Gwaed sang, 178.
Gwallt chevelure, 152.
Gwedd forme, façon^ 39.
Gwellaif ciseau, 311.
Gwobr récompense, 315.
Gwyddif serpe, 311.
Gwyra pur i$6.
Gyt avec 187.
Hadauaelha saisir, 239.
Hanther demi, 149.
Helw propriété, 32.
Hely chasser, 157.
H en ancien, 109.
Herber, jardin, herbier, 364.
Hi en^ dans, 109, 127.
Hwch truie, 232, 2^6.
Hydr hardi, y.
Hywel bien en vue, 312.
lurgchell chevreuil, 1 57.
LIaes loi, 62.
Llîain drap, 241.
Llln lin, 241.
Llwyf plateau, 30^.
Llysywen anguille, 146.
Lou lumière, 62.
Maes champ; i maes dehors, 102.
Melin jaune, 1 27.
460 Table des principaux mots étudiés dans le volume VU.
Melltith malédiction, 149.
Millynen violette, 149.
Myn où, 348.
Mynag rapport, 312.
Nadolig Noël, 200.
Naddu couper, 312.
Nedd lente, 244.
Neddyf doloire, 311.
-o suffixe de la 3* pers. sing. du con-
jonctif-optatif, 237.
Ofer vain, 313.
Pa beth, quel, 348.
Parth ac, vers, 197.
Rhyngu intervenir, 146.
Ringuedaulion (plur.) mystérieux, 39.
Serch amour^ 157.
Slowen anguille, 146.
Taith voyage, 154.
Terfynu terminer, 308.
Tig maison, 127.
Traettur traître, 368.
Trybedd trépied, 330.
Tu côté, 109.
Tyngu jurer, 146.
Uchel et uhel haut, 109, 127.
Undod unité, loi.
-waith tenant lieu de suffixe, 40.
Wybr nuée, 313.
•wyf suffixe de la i'« pers. sing. du
conjonctif-optatif, 236, 237.
Ymbalfalu aller à tâtons, 147, 149.
Ys gwers il y a longtemps, 3 36.
Yslywen anguille, 146.
Ysy waeth malheureusement, ^21.
V. CORNIQUE.
Aidlen sapin, 152.
Als rivage, 152.
Antell ruse, tentation, 147.
Cals tas, 1)2.
Cantnil chandelle, 147.
Coth vieux, 59.
Oarber prépare, 149.
Delc collier, 1 56.
Glastannen chêne vert, 304.
Gluth rosée, 316.
Gow mensonge, 1 50.
Guill sauvage, 152.
Guillihim gl. forceps, 311.
Guit sauvage, 152.
Hoch porc, 232.
Hothfy s'enfler, 314.
Huvel humble, 313.
Knesen peau, 109.
Meihyonen violette, 149.
Mestrysy maîtres, 101.
Meystry puissance, 101.
Nedim hache, 311.
Plumauc coussin, 313.
Poren exactement, 157.
Pas poids, 315.
Servysy serviteurs, 101.
Sylwyas sauveur, 308, 4$!.
Tiis coussin, 313.
Uiidimm gl. lignismus, 311.
VI. Breton.
-a terminaison du superlatif, 3 10.
Abostol apôtre, 41.
A-c'houdcvez depuis, 40.
Adern œillet contenant de l'eau saturée
de sel^ 309.
Adgabael gl. occupanda, 238, 240.
Adreff par derrière, 197.
Aer serpent, 342.
Aer bataille, 53.
-af lui, 328.
Aff un baiser, 46.
Affoe que tu avais, 23).
A heli-ketan à Tenvi \ts uns des autres,
321.
Ambrellin fils, 41.
AmparfaI lourdaud, 147, 149.
Amparfaret tout effaré, 147, 149.
Amprevan insecte, 148.
Anaff orvet, 311.
Table des principaux mots
Aficoe la luette, 314.
Angabolum sans possession, 240.
Annewer génisse, 17$.
Afltell tendre un piège, 147.
Aod rivage, 153.
Aotenn rasoir, 152, 153.
Ar le, la, les, 153.
Arc'ha&t, argaftt, argent, 155.
Armerheîn épargner, ménager, 1 50.
Arnehou sur lui, 328.
Arvor pays maritime, 1^0, 151.
Arzorn poignet, 340.
Avcl vent, 17$.
AwaI pomme, 17$.
Azen âne, 175.
BanazI- genêt, 207.
Bann gl. canora, 238.
Banv truie, 308.
Banveziou banquets, 309.
Baot voûte, 152.
Bara pain, 155, 156.
Barb barbe, 148.
Barz barde, 158.
Batimaflcho gros sabots, 41.
Belek, prêtre, 175, 177.
Bennoèh bénédiction, 175.
Befis vesce, 48.
Bered cimetière, 177.
Bet monde, sort, 40, 160.
Bez il est, 324.
Bezcoaz jamais jusqu'à présent, 160.
Bezeaett soit, 319.
Bezout être, 319.
Bicheganego pomme de terre, 2)0.
Bided pistolet de poche, 47.
Bihan petit, 206.
Billeoz argent, 42.
Binnigueth béni, 160.
Bleiz loup, 209.
Bleuou cheveux, 315.
Blinchen cime, 147.
Bloazuez année, 40.
Bloh tout, 338.
Boeder nourricier, 109.
étudiés dans le volume Vil.
461
Bolc'h cosse de lin, 155.
Bols voûte, 152.
Bouboual mugir, 42, 250.
Boulc'h entaille, 156, 177.
Bourk bourg, 1 56.
Bout être 190, 320.
Bras grand, jo.
Breur frère, 176, 178, 184.
Breut plaidoyer, 109.
Brezonek breton, 1 76.
Brif pain, 42.
Bro-Saoz Angleterre, 46.
Bwar sourd, 173.
Cadr beau, 5 s* 103, 159.
Cailhastr caillou, p.
Caillauenn caillou, 5 1 .
Cam courbe, boiteux, 63.
Camblit (dizyou — ) jaudi saint, 153
Car ami, 102.
Carcar gl. ergastulum, 238.
Carhue cerf, 323.
Catalrid humeur guerrière, 315.
Catoc batailleur, 55, 31$.
Cauter chaudière, 149.
Cerpit chars, 1 48.
Chass-de-Dieu, bedeau, 2(i, 2p.
Chetu voilà, 39.
Chimiken allumette chimique, 42 .
Choerzin rire, i $8.
Choues sueur, 102.
Chouez maison 42.
Choufretez allumettes, 42.
Chousa manger, 42^ 251 .
Ciuy fraises, 101.
Cleu talus avec fossé, 178.
Clutgued amas, 39.
Coat bois, 153.
Coezff enflure, 314.
Compoes uni, plain, 31).
Compot territoire, commune, 146.
Compret prendre 14$, 146, 160.
Con- élevé, noble, 315.
Concoez gourme à la gorge,* 314.
Cormo, coruo profit, 1 50.
462 Table des principaux mots
CoubI repli, ferme (de charpente), 311.
Couffablen nuée, j 1 5 .
Cou[ur]antolion passionnés, 310.
Coz vieux, 172.
Creac*h éroinence, $8.
CrefFet cre fort, 310.
CrisquifF croître, 310.
Cuc'h il cache, 173.
Cum- doux^ affable, 3 1 (.
Daffar matériaux, 15^.
Daffnez matière, 308.
Dal tiens! 157.
Dalc'h attache, 1 $6.
Danuez matière, 40, 308.
Darbar fournir, 149.
Darbari être aide-maçon, 148, 149.
Darevi préparer, 148.
Daskori rendre, i $ 1 .
Davetaif vers lui, 187.
Dé jour, 173.
-delu forme, 31$.
Deol dévot. 314, 31$.
Derch brillant, 1 ) i .
Derv chêne, 308.
-det suffixe de noms abstraits, 101.
Deuife il viendrait, 235.
Deuriïe (nam — ) qui ne me plairait
pas, 23 j.
Dezuez journée, 40.
Diane égarer, 146.
Dilled habits, 177.
Dimizi mariage, se marier, 187, 309.
Diouguelroez sûreté, 315.
Dioueret être privé de, 313.
Diprim manger, 42.
Disedorn samedi, 177.
Divez fin, 61.
Dleffe devrait, 235.
Doeel divin, 315.
Doen, douguen porter, 1 02 ; doucque
il porterait, 233.
Dor porte, 176.
Doulsizl clepsydre, 251.
Dour eau, 156.
étudiés dans le volume VU.
■
Dovergn cheval, 4J, 2jo.
Drih- aspect, 160.
Droug mauvais, 177.
Dubreau, 103.
Ean il 344.
Ec'hon large, 146.
Effenn je serais, 235.
E hoes vous avez, 185.
Eltriz pain, 43.
Elwezenn ravenelle, 1 $8.
En le, la, les, 57.
Ene âmç, 311.
Enc étroit, 146.
Endevoud avoir, qu'îl a, 320.
Ei^groez foule, 31 $.
Enquelezr géant, 148.
Erc'h neige, 156.
Ercor coup, 151.
Erderh évident, 151.
Erfad bien, 149.
Erhat bien, 309.
Eze doloire, 311.
Ezeff besaiguë. 311.
Ezlenn tremble, 152.
Pal faible, mauvais, 43.
Falfe (me — din) je voudrais, 235.
Felc*h rate, 156.
-fenn terminaison de la \^^ pers. du
conditionnel présent, 234-236.
Feunteun fontaine, 199.
Finchatf feindre, 147.
Finuez une fin, 40.
Fled grabat, 43.
Fluma battre, 43.
Fouafiveîn enfler, 314.
Fraonwal s'enfuir, 43.
FrealsafF délivrer, consoler, 153.
Fubu moucherons, 314.
Gallout pouvoir, 42, 320.
Gamelad écuellée, 250.
Gant avec, 1 87 .
Gaou mensonge, 150.
Garm cri, 1 50.
-gen fils de, 53, 156.
Table des principaux mots
Geot herbe, 152.
Glastannenn chêne vert, 304.
Gioiatou brillants, 314.
Glouaihue rare, 314.
Glub humide, 3 16.
Goanac espérance, 312.
Goarn garder, 314.
Gobr récompense, 315.
Goez forme, 39.
Goiz ruisseau, 57.
Golow lumière, 177.
Gotibunan tous et chacun, 321 .
Gou- sous, 315.
Gouer ruisseau, 312.
Gouffech vous sauriez, 235, 236;
goufienn je saurais, 23$; goufTet
vous saurez, 236.
Goulc'her couvercle, i p .
Gour- sur, 312.
Gourd bon, bien, oui, 43, 250.
Gourffenn une fin, ip.
Gourhiemen commandement, 177.
Gousifyat épieu, 311.
Gouzamp nous savons : gouzoc'h vous
savez, 346.
Gozro traire, 158.
Gozronquet baigner, i $8.
Granik faim, 43.
Gravaz civière, 309.
Groegon prunes sauvages, 43, 316.
Gronch menton, 44.
Gserço zo il y a longtemps, 336.
-guallen puissant, $ $ .
Gué arbres 178.
Guedom serpe. 311.
Guelé lit, 177.
Guelet voir, 177, 178.
Guelteff pièces de bois qui s'entre-
croisent, 311.
Gueltiocion (plur.) herbeux, 152.
Gueltre grand ciseau, 3 10, 3 11 .
Guenn blanc, 63, 178.
Guened Vannes, 176.
Guerc'hez vierge, 156, 177.
étudiés dans le volume VIL
46)
Guerg efficace, 156.
Guez sauvage, 1 $2.
Guif sauvage, i $2.
Guin vin, 178.
Guiniz froment, 160.
GuintafF guinder, 147.
Guirhiess vierge, 175, 178.
Guirhter énergie, 156.
Gultaftv grands ciseaux^ 311.
Gur- très, 53.
Gwammel femme mariée, 44.
Gwann faible, 178.
Gwé sauvage, 178.
Gwèd sang, 178.
Gwél fête, 178.
Gwenvidik bienheureux, 40.
Gwerc*h vierge, i$6.
Gwes të • à la mode de ■, comme dit
(un tel), 39.
Gwiber écureuil, 123.
Gwif fourche à deux doigts, à pied
long, 311, 312.
Gwilloik loup, 44.
Gwinkal ruer, 146.
Hael généreux^ 309.
Hani celui, 181, 186.
Hanonom, 308.
Hafiter demi, 148.
He son, sa, ses, 1 54, 1(5.
Heb sans, 1 50.
He ç* ton, fa, tes, 336.
Hedr hardi, 53.
Hem boud avoir, que fai, 320.
Hemolch chasse, 157.
Hena celui-ci, 344.
-henn terminaison de la f* pers. sing.
du conditionnel présent, 234-236.
Henon seul, 186.
Hervez, selon, 182.
Heul suite, 157.
Hevlene cette année, 309.
Hir long, 53.
Hoarffe il arriverait, 235.
Hoazl, hoedi âge, 1 59, 1 $8.
464 Table des principaux mots itudiis dans le volume VU.
Hoiarn fer, 54, 201, 207.
Hon hor, notre, nos, 153.
Hou poud avoir, que vous ayez, 320.
Hou ç', hous, votre, vos, 178, 336.
Houe' h porc mâle, 232, 256.
Huccan petit cochon, 232.
Huel et huhel haut, 53, 56, 57.
Huezaff s'enfler, 314.
I- le, la, les, $6.
lahan Jean, 54.
laouaflk jeune, 312.
Yêlc'h fiancée, 1 $6, 250.
lenna duper, 250.
Igueriff ouvrir, 151.
Impliche il emploierait, 233.
Inderv après-midi, 308.
Inis tie, 53.
Inon un 177.
Inta&v veuf, 148.
-ion suffixe pluriel, 178.
Youd bouillie, 198.
loulc'h fille un peu légère, 250.
Irvin navets, 158.
Iskuit léger, agile, 5 3 .
lud- bataille, ^4, 55.
luzete Judith, 55.
Jacu Jacob, 54.
Kad combat, 55.
Kaer beau, 55.
Kaer, kaier, kar, ker village, habita-
tion, ville, 55-S9.
ICalken nerf de bœuf, i)6.
Kals beaucoup, 152.
Kalvez charpentier, 148, i58;kalvi-
zia travailler le bois, 158.
Kampi intérêt de l'argent, 145.
ICani (ho — ) le vôtre, 181, 186.
Kant cent, 122, 123.
Kaot colle, bouillie, 152.
Kaout avoir, 320.
Karvan mâchoire, 148.
Keaz pauvre, 194.
Kef cep, I p .
Kelen houx, $8.
Kelionen mouche, 149.
Kembot étage, terrasse, 146.
Kemener tailleur, 145, 177, 178.
Kemenet nom de lieu, $8, 145.
Kemenna mander, commander, 58.
Kemeret prenez, 178.
Kemm changement, différence, 145.
Ken jusqu'à ce que, 321.
Kenec éminence, 58.
ICenevit n'était, 321.
Kèr car, 177.
Kerborz Kermoroc'h, 44.
Kerc'h avoine, 1 77.
Kerneo Cornouaille, 46.
Kerzet marcher, 172, 186.
Kestel châteaux, 59.
Ki chien, 63.
Kilvizerez charpenterie, 148.
Klouar tiède, 1 $9.
Koaflze le séant, 314.
Koén un souper, 196.
Kor nain, $6.
Korf corps, 148, i$i.
Kornik c l'encorné •, le diable, 44.
Korzaillen gosier, 44.
Kotisa battre, 44.
Kouldri colombier, 311.
Koulm nœud, 150, 152.
Koz vieux, 59.
Krank la goutte, 44.
Kreis milieu, 102.
Krib Jezuz gendarme, 45.
Lac'haQ tuer, 173.
Lagad œil, 59, — ijen pièce de cinq
francs, 4^.
Lammain, 59.
Lan terre possédée, 59, 60.
Laouen gai, 38, 62.
Laten langue, 46.
Lavaret dire, 319.
Leal (e — ) en vérité, 38.
Leaz et léz lait, 172, 173.
Leift le premier repas, 1 96 .
Len étang, 61, 172.
Table des principaux mots
Lefikernenn ver intestinal, 146.
Les, leis et lis cour, 61, 62.
Lespos déhanché, 31$.
Letez crêpes ; campagnard, 46.
Leur sol, 103.
Lezel laisser, lâcher, 194.
Lien toile, 241.
Liher lettre, 181.
LoAka avaler, 146.
Louviguétt canaille, 333.
Luc'hed éclairs, 151.
Lugern éclat, 152.
Lugna regarder, 2$o.
Mael prince, 64.
Maen et main pierre, 62, 63.
Maes champ, 63 .
Mafi baiser, caresse, 46.
Maoor nègre, 64.
Maout mouton, 152.
Marc'h du c cheval noir », chemin de
fer, 251.
Marc'harit Marguerite, 157.
Marec et roarhoc chevalier, 57, 58,
63, 157; marheguez chevaucher,
Marhol marteau, 177.
Marhue mort, 1 78.
Materi matière, 279.
Matez servante, i $4.
Me zad mon père, 1 74.
Mecher métier, 176.
Meistr et mistri maîtres, 101.
Melchonenn trèfle, 149.
Menec'h moines, 101; menec'hi et
menehi enclos de moines, asile, 64,
65, 101.
Menek mention, 312.
Menn où, 348.
Merc'h fille, 1 57, 177, plur. merhiett,
178.
Méren repas du milieu du jour; —
anderu, repas vers quatre heures,
196.
Mergla rouiller, 1 {7.
Re¥, Cclt.
étudiés dans le volume VII.
465
Merionen fourmi, 1 49.
Merrat probablement, 309.
Meur grand, 65.
Mèv ivre, 173.
Mevel domestique, 176, 177.
Minik petit, 251.
Minson, mauvais, mal, non, 46.
Mis mois, 101 .
Mor mer, 176, 177.
Morlukenno sorte de bonbons, 39.
Morse, pain d'orge ; jamais, 251.
Mouefik crinière, 146.
Nadoué aiguille, 175.
NaoStek dix-neuf, 147.
Nedelek Noël, 200.
Nerz force, 151.
Neve, nevez, nowid, nouveau, 62,
177, 200.
Neze doloire, 311.
Nikol viande, 25 1/
Nozvez une nuit, 40.
O deffhe ils auraient, 235.
-0 suffixe de la 3* pers. sing. du futur,
2J7-
Orgiat qui tue, 157.
Orgued amourette, 157.
-ou lui, 328.
Ouf je suis, 320.
Ouilein pleurer, 42.
Ozac'h, ozech homme marié, 53, 202.
Pafala aller à tâtons, 1 47.
Palf, palv paume de la main, 147,1 50.
Pampez gens de la campagne, 47.
Pan puisque, 321.
Panéved n'était, 321.
Paotr, pAd, plur. potred garçon,
«7$i «77-
Pébéh quel, 348.
P'ec'heuz puisque vous avez, 1 74.
Pedenn prière, 175.
Pen tète, extrémité, 202, 203 ; pennek
têtu, 203.
Peoarzeg quatorze, 321.
Perguen nettement, 157.
30
466 Table des principaux mots
Pctrèquoi, 177.
Fifo pieds, 251.
Pikolo argent, 47.
Pie, plo, ploe, ploi, plou, plu, plaeu,
plui paroisse, 203-209, 314.
Plous paille, 252.
Pluek coussin, 313.
Plusquenn enveloppe, écorce, pelure,
252.
Poins vol, 48.
Pol trou, fossé, mare, 203, 209.
Populo grande pipe, 48.
Poziest déhanché, 31s-
'Prenn arbre, 380.
Pu&s puits, 48.
Queffer rapport, manière, 100.
Quempret prendre, 14 s 1 146.
Quenech en haut, 58.
Quentel (en — da) afin de, 99.
Qiiezqueraent tous, 160, 161.
Raton recteur, prêtre, 48.
Reiz le droit, 1 54.
Remhet remède, 160.
Renkout falloir, devoir, 146.
Rescont répondre, 321.
Ridos rideau, 2 50.
Ro il donna, 320.
Roc'h (ar — ) ronflement; La Roche-
Derrien, 45.
Roi roi, 313, 314.
-roez suffixe de noms abstraits, 315.
Ros il donna^ 320.
Ros tertre, 203.
Rufan feu, 48.
Rup richard, monsieur, 49.
Saézen rayon, 151.
Salaûn Salomon, 312.
Safikier machine, objet, 42.
Sav lève-toi, 310.
Scarza faire un larcin, 49.
Scoçz Ecosse, 46.
Scont épouvante, 321.
Scudell écuelle, 177.
Scuemp glissant, subtil, 50.
étudiés dans le volume VII,
Seah foudre, 1 $ 1 .
Sec'h sec, 151.
Seizved septième, 151.
Sel-de voici, 344; sclet regarder, 1 77.
Sevel se lever, 177.
Silyat sauveur, 308.
Silienn anguille, 146.
Sioah malheureusement, 321.
Sizl passoire, 198.
Skas (rei ar — ) remporter sur, 49.
Skouarn oreille, 50.
Skrap vol, 49.
Spafikierein culbuter, mettre la tète en
bas, 47.
Spouenk éponge, 146.
Stiaoîfenn petite anguille, 146.
Suivez un dimanche, 40.
Tâd, plur. tadéu, père, 174, 175.
Talfe il vaudrait, 235.
Talm fronde, coup, 1 50.
Tam morceau, 2p.
Taran foudre, 107.
Tavarer aide-maçon, 149, 155.
Te voud avoir, que tu aies, 320.
Tennein tirer, 177.
Terénein remettre à plus tard, 1 50,
308.
Ti maison, 56.
Tiz hâte, I S4«
Toi table, 1 76.
Tolc'h enveloppe séparée de la graine
de lin, 155.
Tolguenn bogue de châtaigne, 1 56.
ToU trou, 153.
Tonquaff prédestiner, 146.
Tortad ventrée, 49.
Toui jurer, 146.
Transaill menue monnaie, 49.
Trébéz trépied, 330.
Trec'h plus fort, vainqueur, i ^9.
Treuz-pluvecq traversin, 313.
Trezen langes, 1 56.
Trinchonen oseille, 149.
Troad pied, loi.
Table des principaux mots itudiis dans le volume VIL
Vifis escalier tournant, 48.
Voer fade, fat, 313.
Vrofijal gronder, vibrer, 43.
467
Turgn pourceau, 50, 2p.
Uenek onze, 177, 193.
Ufuel humble, 313.
Ugent, uigent vingt, 102, 193.
Uor- sur, 312.
Urz ordre, 158.
Vennein vouloir, 42.
-veu, -uiu digne, apte à, 64, 5 3.
Vilach la ville, La Roche-Derrien, 50.
-wallon puissant, 202.
Watereau, 50.
-uuobri important, 309.
Zerasined pommes, 59.
Zousilla s'enivrer, 251.
Le gérant: F. VIEWEG.
Chartrei. -» Imprimerie DURAND.
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