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Full text of "Revue celtique"

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REVUE   CELTIQ_UE 


TOME  VII 


j^\     ^^  FONDËE  ^  ^"^ 

■Nr  -870.1881  ^* 


PUBLIÉE  SOUS  LA  DmECTION  DE 

H.  d'arbois  de  JUBAINVILLE 

HiD-ibrt  de  rinnilul,  Piofeueur  »u  Callègt  de  France 
AVEC  LE  CCMCOVftS  DE 

J.    LOTH  E.  ERNAULT 

Chirgé  de  cours  1  li  Faculté  MaTirs  de  conférences  1  lj  Faculté 

dei  leilres  de  Rennei  dei  Ifitres  de  Poiliers 

DE    PLUSIEURS    SAVANTS   DES   ILES    BRITANNIQUES    ET   DU    CONTINENT 

G.   DOTTIN 
Secrétaire  de  h  rédaction 


PARIS 

VIEWEG,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 
67,  nie  de  Richelieu,  67 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages. 

Des  attributions  judiciaires  de  rautorité  publique  chez  les  Celtes,  par 

H.  d'Arbois  de  Jubainville 2. 

Etudes  bretonnes,  par  E.  Ernault, 

I.  L'individualisme  dans  le  langage  breton  38 

II.  Le  breton  et  Targot 41 

III.  Un  cas  de  renforcement  des  consonnes 14) 

IV.  Sur  la  chute  des  sons,  a,  iy,  y,  / ^ 308 

Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Beauport,  par  G.  Dottin 52^  200 

Two  Irish  1  sth  century  versions  of  Sir  John  Mandeville's  travels,    by 

John  Abercromby 66,  2 10,  3  58 

La  légende  et  les  femmes  dans  la  plus  ancienne  histoire  des  Celtes  et  de 

la  Gaule,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville 129 

Flora  celtica,  par  H.  Gaidoz 162 

Remarques  sur  le  bas-vannetais,  par  J.  Loth 171 

Chansons  en  bas-vannetais,  par  le  même 1 79 

Find  and  the  Phantoms,  by  Wh.  Stokes 289 

Le  mystère  des  trois  rois,  par  J.  Loth  317 

Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  Ab  Erbin,  transcrit  par  J  -G.  Evans, 

traduit  et  annoté  par  J.  Loth 40 1 

MÉLANGES. 

La  seconde  édition  du  Barzas  Breiz,  par  H.  Gaidoz 80 

Des  pronoms  infixes,  par  H.  Gaidoz 81 

Chartes  données  ea  Irlande  en  faveur  de  Tordre  de  Ctteaux,  par 

H.  d'Arbois  de  Jubainville * 81 

Charte  originale  du  pays  de  Galles^  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville  ...  86 

Le  mètre  irlandais  Rinnard,  par  R.  Thumeysen 87 

La  puissance  paternelle  sur  le  fils,  en  droit  irlandais,  par  H.  d'Arbois 

de  Jubainville 9i)  241 

Gloses  irlandaises  du  psautier  de  saint  CainiiU)  par  H.  d'Arbois  de 

Jubainville 96 


VI  Table  des  Matières. 

Les  guerriers  d'Ulster  en  mal  d'enfant,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville.  225 

Une  légende  irlandaise  en  Bretagne,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville 230 

Du  futur  secondaire  en  breton  armoricain,  par  J.  Loth 233 

La  prose  de  saint  Colomba,  par  H.  Gaidoz 247 

Le  manuscrit  Cottonien  Otho  E.  XIIL  La  saisie  irlandaise  et  la  saisine 

bretonne,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville 238 

A  note  on  soroe  of  the  words  for  flax,  by  J.  Rhys 241 

La  procédure  du  jeûne  en  Irlande,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville 245 

Du  langage  secret  dit  ogham,  par  R.  Thurneysen 369 

Early  middle-Irish  glosses  froms  Rawl.  B.  502  by  Wh.  Stokes 374 

L'inscription  de  Voltino  et  ses  interprétations,  par  P.-Ch.  Robert.. .. .  436 

BIBLIOGRAPHIE. 

A.  Buhotde  Kersers,  Monuments  consacrés  â  Mars,  découverts  à  Bourges 

en  188$ • 266 

De  Chaban,  Essais  sur  l'origine  du  nom  des  communes. 103 

E.  Ernault,  La  voyelle  brève  a  en  grec,  en  latin  et  en  celtique 1 10 

S.  Ferguson,  On  the  Patrician  documents 274 

J.  Flach,  Les  origines  de  l'ancienne  France 387 

H.  Gaidoz,  Le  dieu  gaulois  du  soleil  et  le  symbolisme  de  la  roue 252 

J.  T.  Gilbert,  Facsimiles  of  national  manuscripts  of  Ireiand 260 

Guanon,  St.  George  and  the  Dragon 384 

J.  Kadiou,  En  Breiz-Izel 277 

F.  M.  Luzel,  Légendes  de  la  Basse-Bretagne 97 

—           Le  magicien  et  son  valet 277 

A.  Macbain,  Celtic  mythology  and  religion 279 

Kuno  Meyer,  Menigud  Uilix  maicc  Leirtis 256 

H.  Merguet,  Lexilcon  zu  den  Schriften  Caesars 265,  447 

G.  Pauli,  Die  Inschriften  nordetruskischen  Alphabets 2^8 

N.  Quellien,  L'argot  des  nomades  en  Basse-Bretagne 2  $0 

Revue  des  traditions  populaires 277 

J.  Rhys,  Celtic  Britain,  2«  édition 376 

E.  Sattler,  Y  Gomerydd 38$ 

Sanrel,  L'inscription  du  Groseau 103 

Wh.  Stokes,  Celtic  declension 100 

A«  Vachez,  Une  nouvelle  interprétation  du  nom  de  Lugdunum 3B6 

H.  de  la  Villemarqué,  Poésies  bretonnes  sous  Anne  de  Bretagne.  Textes 

bretons  du  moyen  âge 99 

H.  Wasserschleben,  Die  irische  Kanonensammlung. 266 

W  .-G.  Wood-Martin,  The  lake  dwellings  of  Ireiand .  27 1 

CHRONIQUE. 

Academy 114,  125,  126,  128,  281,  285,  393,  394,  448,  449 

Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres 287, 388 


Table  des  Matières.  vu 

Académie  royale  d'Irlande • , j94 

Andent  laws  of  Ireland. • 114 

Annales  de  Bretagne 285,  449 

Annuaire  de  la  Marne 390 

Archives  de  Bretagne 392 

Athenaenm 394 

Beac'h  ar  c'hristen  war-zu  an  eurusted  peurbaduz 446 

Bulletin  épigraphique 113 

Bulletin  monumental 390 

Cartulaire  de  Landévennec 391 

Celtic  Magasine • 449 

Comptes  rendus  de  1* Académie  de  Munich 127 

Comptes  rendus  de  l'Académie  de  Saxe 123 

Congrès  archéologique  de  France 394 

Courrier  de  Dublin -  121 

Courrier  de  Londres 283 

Egii,  Geschicbte  der  geographischen  Namenkunde 285 

Gazette  archéologique 112 

Groeber,  Gmndriss  der  romanischen  Philologie ....  447 

Hîbbert  lectures • 392 

Inscription  gauloise  d'Orgon 450 

Rev.  Edm.  Hogan,  Liber  angiuli 444 

R.  Koehler,  Etude  sur  la  légende  italienne  Superbia  e  morte  di  Senso.  285 

Macldnnon,  Cours  de  celtique 288 

Mémoires  de  l'Académie  dei  Lincei 112 

Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  du  Centre 112 

Mémoires  de  la  Société  d'agriculture,  etc.,  de  ChÂlons-sur-Mame 390 

Notices  nécrologiques  sur  M.  Bradshaw,  Sir  Samuel  Ferguson,  M.  Ernest 

Desjardins 281 ,  441 ,  443 

Numismatique 113,  389 

Philological  Society 286 

Revue  d'anthropologie 287 

Revue  archéologique m,  287,  388,  389,  391 

Revue  de  Comminges 112 

Revue  épigraphique 112 

Revue  d'ethnographie. 395 

Revue  historique 286,  388 

Revue  du  Lyonnais. 397 

J.  Rhys,  Wdsh  texts  edited  and  revised 127,  285 

Société  des  Antiquaires  de  France 390t  39> 

Society  for  the  préservation  of  the  Irish  language 283 

Tarn  hâ  Cuailnge 449 

Transactions  of  the  Gadic  Society  of  Inverness 128 

Zdtschrift  fftr  vergleichende  Sprachforschung 121 


La  Revue  celtique  est  devenue  un  trait  d'union  entre  tous  les  savants 
des  Iles-Britanniques  et  du  continent  qui  s'intéressent  au  genre  d'étude 
qu'elle  a  pour  objet.  Ce  succès  est  dû  au  tact  vraiment  scientifique  dont 
a  toujours  fait  preuve  le  directeur  zélé  qui  vient  de  se  retirer.  La  di- 
rection nouvelle  croit  se  faire  Pinterprète  du  sentiment  unanime  des 
lecteurs  de  la  Revue  celtique  en  exprimant  en  leur  nom  un  vif  regret  de 
la  résolution  inattendue  qu'a  prise  M.  Gaidoz.  Ce  regret  est  surtout  res- 
senti par  ses  collaborateurs.  Ils  espèrent  toutefois  que  M.  Gaidoz  restera 
dans  leurs  rangs  et  leur  procurera  le  plaisir  de  lire  encore  cette  prose 
toujours  spirituelle,  mordante  quelquefois,  dans  laquelle  il  a  écrit  tant 
d'instructifs  comptes  rendus  critiques,  tant  de  chroniques  si  pleines  d'in- 
térêt, et  des  articles  de  fonds  malheureusement  trop  peu  nombreux. 

Quant  à  la  direction  qui  entre  en  fonctions,  elle  aura  atteint  le  but  de 
son  ambition  si  elle  parvient  à  ne  pas  laisser  déchoir  la  publication  pé- 
riodique dont  la  création  est  due  tant  à  l'initiative  hardie  de  M.  Gaidoz 
qu'à  l'intelligent  concours  de  M.  F.  Vieweg. 


Rev.  Ctlt.  VIL 


DES   ATTRIBUTIONS  JUDICIAIRES 

DE  L'AUTORITÉ  PUBLIQUE 

CHEZ    LES   CELTES. 

CONSÉQUENCES  AU  DOUBLE  POINT   DE  VUE  :     l**  DE   L'ORGANISATION  POLI- 
TIQUE, 2'  DE  LA  PROCÉDURE  DANS  LES  CONTESTATIONS  PRIVÉES. 


SOMMAIRE. 

Pages. 
§  I<^^  La  compétence  restreinte  des  tribunaux  dans  la  Gaule  indépendante  a  pour 

effet  la  prédominence  du  système  de  la  clientèle 2 

§  2.  La  conquête  romaine  en  Gaule;  révolution  bienfaisante  qui  en  est  le  résultat. 

La  conquête  anglaise  en  Irlande  8 

8  3 .  La  procédure  irlandaise.  —  Première  partie,  le  duel 11 

§  4.  La  procédure  irlandaise.  —  Seconde  partie,  la  saisie  mobilière 20 

§  $.  La  procédure  irlandaise.  —  Troisième  partie,  la  saisie  immobilière 31 


§  I*'.  La  compétence  restreinte  des  tribunaux  dans  la  Gaule  indépendante  a  pour  effet  la 

prédominance  du  système  de  la  clientèle. 

La  Loi  des  Douze  Tables,  qui  remonte  au  milieu  du  cinquième  siècle 
avant  notre  ère,  débute  par  une  procédure  qui  appartient  déjà,  on  peut 
le  dire,  malgré  sa  haute  antiquité,  à  la  civilisation  moderne  ;  il  s'agit  de 
la  citation  à  comparaître  devant  le  magistrat  :  la  comparution  sera  for- 
cée; le  juge,  sans  le  consentement  du  défendeur,  rendra,  quoique  Tintérêt 
privé  soit  seul  en  jeu,  une  sentence  dont  l'exécution  sera  assurée  par  la 
force  publique.  Dans  le  droit  primitif  des  Indo-Européens,  cette  procé- 
dure est  inconnue,  il  n'y  a  de  juridiction  obligatoire  que  lorsqu'il  s'agit 
de  crimes  contre  la  sûreté  de  l'Etat  ;  c'est  alors  que  le  magistrat 
intervient.  Alors  l'accusé,  contraint  à  comparaître  devant  le  tribunal 


Des  attributions  fudiciaires  de  Pautorité  publicfue  chez  les  Celtes,        ; 

qu'a  institué  la  coutume,  c'est-à-dire  ordinairement  devant  le  peuple 
ou  devant  le  roi,  est,  en  cas  de  condamnation,  frappé  d'une  peine 
que  la  puissance  publique  fait  exécuter. 

Mais  la  puissance  publique  se  désintéresse  des  questions  qui  ne  tou- 
chent pas  aux  droits  et  à  la  sûreté  de  l'Etat,  et,  à  cette  période  reculée^ 
les  crimes  et  les  délits  contre  les  particuliers,  même  le  meurtre  et  l'as- 
sassinat, sont  considérés  comme  aussi  indifférents  à  l'Etat  que  les  con- 
testations civiles  :  la  mort  violente  d'un  homme  est  affaire  qui  concerne 
sa  famille  et  non  la  société.  A  plus  forte  raison  le  vol  d'un  objet  appar- 
tenant à  un  particulier  n'est  pas  du  nombre  des  crimes  que  les  magistrats 
ont  reçu  mission  de  châtier.  Par  conséquent,  celui  qui  est  accusé  de  vol 
n'est  pas  obligé  de  se  soumettre  à  la  juridiction  du  tribunal  public  ;  à  ce 
point  de  vue,  pas  de  différence  entre  lui  et  la  personne  à  laquelle  on 
réclame  le  paiement  d'une  créance  quelconque  ou  la  restitution  d'un 
objet  emprunté. 

Cette  manière  de  distinguer  entre  l'intérêt  public  et  l'intérêt  privé, 
cette  indifférence  de  l'Etat  à  l'égard  du  second,  nous  explique  la  consti- 
tution de  la  société  en  Gaule  à  l'époque  de  la  conquête  romaine,  sous  un 
double  aspect  ;  elle  nous  fait  comprendre  l'origine  de  la  juridiction  des 
Druides  et  le  grand  développement  du  système  de  la  clientèle.  Il  y  avait 
deux  façons  de  résoudre  les  contestations   privées  :   Tune  était  de 
s'adresser  à  un  tribunal  arbitral,  à  des  hommes  investis  de  la  confiance 
des  parties  et  dont  les  deux  adversaires  promettaient  d'accepter  la  sen- 
tence ;  l'autre  consistait  à  employer  la  force  :  la  famille  de  celui  qui 
avait  été  tué  prenait  les  armes  et  tuait  le  meurtrier  si  elle  le  pouvait  ;  le 
volé,  accompagné  de  ses  parents,  allait  trouver  le  voleur:  il  cherchait  à 
reprendre  violemment  l'objet  volé  et  à  enlever  en  outre  d'autres  objets 
équivalant  comme  prix  à  l'indemnité  pour  vol,  fixée  par  l'usage.  En  cas 
d'insolvabilité  du  voleur,  ce  qui  était  le  plus  fréquent,  le  volé,  s'il  le 
pouvait,  s'emparait  de  la  personne  du  voleur,  et  la  coutume  lui  recon- 
naissait le  droit  de  disposer  de  sa  vie. 

Quand  on  n'avait  pas  recours  à  la  force,  le  tribunal  arbitral  auquel  on 
s'adressait  ordinairement  en  Gaule,  au  temps  de  César,  était  celui  des 
Druides  '  :  cela  résultait  de  leur  réputation  de  science  et  de  leur  prestige 
religieux.  Parmi  les  Gaulois,  un  certain  nombre  avaient  été  leurs  élèves, 
ou  leur  confiaient  eux-mêmes  l'éducation  et  l'instruction  de  leurs  enfants  ; 
tous  les  Gaulois  les  considéraient  comme  investis  d'une  puissance  surna- 

I.  Caesar,  De  beUogalUco,  1.  VI,  ci),  §  j  :  Nam  fere  de  omnibus  controversns  publicis 
privatisaue  constituunt  ;  et,  si  quod  est  aamissam  facinus,  si  caedes  facta,  si  de  hère- 
ditate,  ae  finibus  controversia  est,  iidem  decernunt  ;  praemia  poenasque  constituunt. 


4  H.  d'Arbois  de  Jubainyille. 

turelle  et  en  quelque  sorte  divine,  qui  leur  faisait  prévoir  l'avenir  et  con- 
naître dans  le  présent  les  choses  les  plus  secrètes  :  il  était  logique  de  les 
prendre  pour  arbitres  quand,  dans  une  contestation,  on  voulait  éviter 
l'effusion  du  sang  > . 

Lorsqu'on  recourait  à  la  force,  il  est  clair  que  les  chances  les  plus 
nombreuses  étaient  du  côté  de  celui  qui  pouvait  mettre  en  ligne  le  plus 
grand  nombre  de  combattants  :  de  là  l'utilité  de  la  clientèle,  qui  donnait 
aux  parents  de  la  partie  lésée  des  auxiliaires  quelquefois  très  nombreux 
et  qui  pouvait  d'autre  part  assurer  l'impunité  du  coupable  en  lui  don- 
nant un  appui.  On  connaît  par  César  l'histoire  d'Orgéiorix  qui,  accusé 
de  haute  trahison,  se  présenta  devant  le  tribunal  national  en  amenant 
avec  lui  ses  parents,  ses  esclaves,  ses  clients  et  ses  débiteurs  ;  il  inspira 
ainsi  à  ses  juges  une  terreur  si  grande  qu'ils  n'osèrent  d'abord  entamer 
son  procès  ^.  Il  est  question  de  la  clientèle  des  chefs  gaulois  dans  un 
certain  nombre  d'autres  passages  du  D^  bello  gallico  K  Quand  le  chef 
considérait  ou  prétendait  considérer  la  cause  du  client  comme  légitime,  il 
lui  donnait  sa  protection  :  rien  n'était  dangereux  comme  de  faire  tort  au 
client  d'un  chef  puissant  :  de  là,  la  multiplication  de  la  clientèle,  qui  était 
pour  les  hommes  de  condition  inférieure  une  garantie  de  sécurité  beau- 
coup plus  qu'un  état  de  servitude  4. 


1.  De  bello  gallicOj  l.  VI,  c.  13-14;  Cicéron,  De  divinatione,  l.  I,  g  90. 

2.  Orgetorix  ad  judicium  omnem  suam  familiam,  ad  hominum  milia  decem,  undique 
coegit  et  omnes  clientes  obaeraiosque  suos,  quorum  magnum  numerum  habebat,  eodem 
conduxit  :  per  eos,  ne  causam  diceret,  se  eripuit.  De  bello  gallico,  I.  I,  c.  4,  §  i. 

3.  Dumnorigem ...  magnum  numerum  equitaïus  suo  samptu  semper  alere  et  circum  se 
habere,  l.  I,  c.  18,  §  $•  .. 

Equitum  ...  ut  quisque  est  génère  copiisque  amplissimus,  ita  plurimos  circum  se  am- 
bactos  clientesque  habet.  Hanc  unam  gratiam  potentiaraque  noverunt,  1.  VI,  c.  15,  §  2. 

Paulo  supra  hanc  memoriam  servi  et  clientes,  quos  ab  iis  dilectos  esse  constabat, 
justis  funeribus  confectis.  una  cremabantur,  I.  VI,  c.  19,  §  4. 

Veicingetorix,  Celtilli  filius,  arvernus,  summae  potentiîc  adulescens  (cujus  pater  prin- 
cipatum  Galliae  totius  obtinuerai,  et  ob  eam  causam,  quod  regnum  appetebat,  ab  civitate 
erat  interfectus)  convocaiis  suis  clieniibus,  facile  incendit,  1.  VII,  c.  4,  §  1. 

[Aeduorum]  civitatem  esse  omnem  in  armis,  divisum  senatum,  divisum  populum  ; 
suas  cujusque  eorum  dientelas,  1.  VII,  c.  32,  §  5. 

Litaviccus  cum  suis  clientibus,  quibus  more  Gallorum  nefas  est  etiam  in  extrema  for- 
tuna  desererc  patronos,  Gergoviam  profugit,  1.  VU,  c.  40,  §  7. 

Lucterius  ...  oppidum  Uxellodunum  quod  in  clieiitela  fuerat  ejus  ...  occupât,  I.  VIII, 
c.  32,  S  2. 

Aux  fragments  VI,  19,  et  VII,  40,  comparez  le  fragment  suivant,  III,  22,  1-3  :  Adia- 
tunnus  ...  cum  sexcentis  devotis,  quos  illi  soldurios  appellani  (quorum  haec  est  con- 
dicio,  uti  omnibus  in  vita  commodis  una  cum  his  fruantur  quorum  se  amicitiae  dedide- 
rint  ;  si  quid  iis  per  vim  accidat,  aut  eundem  casum  una  ferant,  aut  sibi  mortem  cons- 
ciscant;  neque  adhuc  hominum  memoria  repertus  est  quisquam,  qui,  eo  interfeao,  cujus 
se  amicitiae  devovisset,  mori  recusaret). 

4.  Ne  quis  ex  plèbe  contra  potentiorem  auxilii  egeret.  Suos  enim  quisque  opprimi  et 
circumvenr  non  patitur;  neque,  aliter  si  faciat,  uUam  inter  suos  habet  auctoritatem.  De 
bello  gallicOf  1.  VI,  c.  11,  §  4.  La  société  germanique  était  organisée  d'après  les  mêmes 
principes.  Celui  qui  tuait  le  client  d'un  homme  puissant  était  exposé  à  une  vengeance 


Des  attributions  judiciaires  de  rautorité  publi{]ue  chez  les  Celtes.        5 

Le  système  de  la  clientèle  ne  s'appliquait  pas  en  Gaule  aux  individus 
seulement,  il  s'étendait  aux  êtres  collectifs  :  un  peuple  faible  était  client 
d'un  autre  peuple  plus  fort  que  lui.  C'était  une  nécessité,  puisque  la 
Gaule  n'avait  ni  gouvernement  central  ni  tribunal,  officiellement  établis 
pour  juger  les  contestations  de  peuple  à  peuple  :  la  situation  des  peuples 
faibles  était  en  Gaule  identique  à  celle  des  familles  pauvres,  il  leur  fallait 
des  patrons  ^ 

La  mission  du  gouvernement  central,  quand  il  en  existait  un,  était  de 
diriger  la  défense  commune  contre  l'ennemi  extérieur  et  non  de  juger  les 
contestations  entre  les  différents  peuples  :  tel  fut  le  rôle  de  Vercingétorix. 
Sans  doute,  le  tribunal  des  Druides,  qui  se  réunissait  tous  les  ans  dans  le 
territoire  des  Carnutes,  mettait  à  la  disposition  de  tous,  peuples  comme 
particuliers,  sa  juridiction  arbitrale  ;  mais  il  n'était  pour  personne  obli- 
gatoire de  s'adresser  à  elle.  Le  plus  fort  qui  avait  commis  un  acte  in- 
juste envers  le  plus  faible  évitait  de  se  présenter  devant  un  tribunal 
religieux  qui  lui  aurait  fait  perdre  le  bénéfice  de  sa  supériorité,  et  qui, 
une  fois  la  sentence  rendue  contre  lui,  l'aurait  frappé  d'excommunication 
dans  le  cas  où  il  aurait  refusé  de  se  soumettre  à  cette  décision  ^  Quand 


bien  plus  redoutable  que  s'il  tuait  un  individu  qui  n'avait  pas  de  protecteur.  Voilà  pour- 
quoi, dan^  la  loi  Salique,  le  wehrgeld  du  leude  ou  client  du  roi  des  Francs  est  triple  de 
celui  du  simple  citoyen,  Lex  emendata,  c.  4^.  §  1,4,  édition  Hessels  et  Kern,  co!.  2jif 
260;  Delocne,  La  trustis  et  l'antrusîion  royal,  p.  146. 

1.  Voici  quelques  passages  du  De  hello  gaÙicOy  relatifs  aux  peuples  clients  d'autres 
peuples  : 

Aeduos  eorumque  clientes,  1.  I,  c.  ^i,  g  6. 

Bellovacos  omni  tempore  in  fide  atque  amicitia  civitatis  Aeduae  fuisse,  1.  II,  c.  14,  §  2. 

In  fines  Eburonum  et  Condrusorum,  qui  sunt  Treverorum  clientes,  1.  IV,  c.  6,  §  4. 

Nerviis  persuadet.  Itaque  confestim  dimissis  nunciis  ad  Ceutrones,  Grudios,  Levacos, 
Pleumoxios,  Geidumnos,  qui  omnes  sub  eorum  in'perio  sunt,  1.  V,  c.  39,  g  i. 

Senones  ...  Caesarem  ...  adeunt  per  Aeduos,  quorum  antiquitus  erat  in  fide  civitas, 
1.  VI,  c.  3,  S  6;  c.  4,  §  2. 

Carnutes  ...  usi  deprecatoribus  Remis,  quorum  erant  in  clientela,  1.  VI,  c  4,  §  j. 

Summa  auctoritas  antiquitus  erat  in  Aeduis,  magnaeque  eorum  erant  clientelae  ... 
Praeliis  vero  compluribus  factis  secundis  ...  tantum  potentia  antecesserant  [Sequani],  ut 
magnam  partem  clientium  ab  Aeduis  ad  se  traducerent ...  Adventu  Caesaris  facta  commu- 
tatione  rerum  ...  veteribus  clientelis  restitutis,  novis  per  Caesarem  comparatis  ...  Se- 
quani principatum  dimiserant.  In  eorum  locum  Rémi  successerant  ;  ...  li  qui  propter 
veteres  inimicitias  nuUo  modo  cum  Aeduis  conjungi  poterant,  se  Remis  in  clientelam  di- 
cabant,  1.  VI,  c.  12. 

Bituriges  ad  Aeduos  quorum  erant  in  fide,  1.  VII,  c.  5,  §  2. 

Imperant  Aeduis  atque  eorum  clientibus,  Segusiavis,  Ambivaretis,  Aulercis  Brannovi- 
cibus,  Brannoviis,  miliia  XXXV  ;  parem  numerum  Arvernis,  adjunciis  Eleutetis,  Cadurcis, 
Gabaiis.  vellavis,  qui  sub  imperio  Arvernorum  esse  consuerunt,  1.  VII,  c.  7$,  §  2. 

2.  Nam  fere  de  omnibus  controversiis  publicis  privatisque  [Druidesl  constituunt  ;  et, 
si  quod  est  admissum  facinus,  si  caedes  facta  ;  si  de  hereditate,  de  finibus  controversia 
est,  idem  decernunt  ;  praemia  poenasque  constituunt  :  si  qui  aut  privatus  aut  populus 
eorum  decreto  non  stetit,  sacrificus  inierdicunt.  Haec  poena  apud  eos  est  gravissima  ..  Hi 
certo  anni  tempore  in  finibus  Carnutum,  quae  regio  totius  Galliae  média  habetur,  consi- 
dunt  in  loco  consecrato.  Hue  omnes  undique,  qui  controversias  habent.ccnveniunt  eorum- 
que decretis  judiciisque  parent,  1.  VI,  c.  13,  g  5  et  10. 


6  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

César  dit  que  tout  le  monde  prenait  les  Druides  pour  juges,  il  est  clair 
qu'il  exagère  beaucoup,  puisque  ses  Commentaires  nous  parlent  plusieurs 
fois  des  contestations  qui  divisaient  les  Gaulois,  et  nous  ne  voyons  nulle 
part  dans  son  récit  les  Druides  intervenir  comme  juges.  Il  n'y  a  en  Gaule 
aucune  autorité  nationale  qui  impose  une  solution  des  querelles  de 
peuple  à  peuple,  et  voilà  pourquoi  César  devient  l'arbitre  des  querelles, 
le  protecteur  des  opprimés  et  finalement  le  maître  du  pays.  Quand  les 
Helvètes  attaquent  les  Éduens,  les  Ambarres  et  les  Allobroges,  ceux-ci 
s'adressent,  non  pas  aux  Druides,  mais  à  César'.  Ainsi,  dès  le  début, 
César  prend  dans  les  luttes  de  peuple  à  peuple  le  rôle  qu'il  jouera 
bientôt,  même  dans  les  dissensions  intestines  des  cités.  En  effet,  quand 
chez  les  Trévires,  Indutiomare  et  Cingétorix  prétendent  tous  deux  au 
principat,  ce  ne  sont  pas  les  Druides  qui  tranchent  la  question  :  César  est 
le  juge  qui  la  résoud  ^.  Plus  tard,  chez  les  Eduens,  deux  partis  se  dis- 
putent le  pouvoir  souverain.  D'après  la  coutume,  un  magistrat  annuel, 
unique,  appelé  vergobret,  doit  gouverner  la  cité  ;  chacune  des  deux  fac- 
tions s'est  donné  le  sien  ;  l'un  a  été  élu  suivant  les  formes  par  le  minis- 
tère des  prêtres,  c'est-à-dire  des  Druides,  l'autre  est  l'homme  le  plus 
puissant  de  la  cité,  le  frère  du  vergobret  de  l'année  précédente.  Quel  est 
le  juge  de  la  contestation  ?  c'est  le  général  romain  ?.  Cet  exemple-ci  sur- 
tout est  caractéristique;  un  parti  conteste  la  valeur  d'un  acte  sacerdotal, 
ce  n'est  pas  le  tribunal  des  Druides  qui  la  détermine  :  César  est  choisi 
pour  l'apprécier.  On  pouvait  sans  doute  soumettre  à  l'arbitrage  des 
Druides  toute  espèce  de  différends  ;  mais  pour  se  servir  de  leur  minis- 
tère, il  fallait  que  les  deux  parties  se  fussent  d'abord  entendues  pour 
renoncer  à  l'usage  de  la  force.  César  est  juge  suprême  en  Gaule,  parce 
qu'il  a  la  force  en  main. 

Avant  son  arrivée,  l'autorité  politique  suprême,  autant  qu'elle  pouvait 
exister  dans  un  état  social  aussi  primitif,  appartenait  au  peuple  qui  avait 
su  grouper  autour  de  lui  la  clientèle  la  plus  nombreuse.  Deux  peuples 
se  disputaient  ce  rang  suprême  :  l'un  était  les  Arvernes  qui,  sous  la  ma- 
gistrature de  Celtillus,  père  de  Vercingétorix,  avaient  possédé  ce  que 
César  appelle  le  principat  de  toute  la  Gaule  4  et  qui  en  avaient  été  dé- 


1.  De  htllo  gallico,  1.  I,  c.  ii. 

2.  De  bello  gallico,  1.  V,  c.  3-4. 

?.  De  bello  gallico,  1.  VII,  c.  32-53  ;  cf.  1.  1,  c.  16   §  5. 

4.  Vercingétorix,  Celtilii  filius,  Arvernus,  summae  potentiae  adulescens  (cujus  pater 
principatum  Galliae  totius  obtinuerat,  et  oIj  eam  cau^m,  quod  regnum  appetebat,  ab 
civitate  erat  intcrfectus).  De  bello  gallico,  1.  VU,  c.  4,  g  i. 

Galliae  totius  factiones  esse  duas  :  harum  alterius  principatum  tenere  Aeduos,  alterius 
Arvernes.  Hi  quum  tantopere  de  potentatu  inter  se  multos  annos  contenderent,  factum 


Des  attributions  judiciaires  de  V autorité  publique  chez  les  Celtes.        7 

pouiliés  ensuite.  Ils  avaient  pour  clients  les  Eleutètes,  les  Cadurci,  les 
Gabali,  les  Vellavi  >  et  probablement  beaucoup  d'autres  peuples  dont 
nous  ignorons  les  noms,  peut-être  les  Carnutes  ^  ;  certainement  les  Sequani 
qui  un  instant  les  supplantèrent  à  la  tête  de  leur  parti  ^  L'élection  de  Tar- 
veme  Vercingétorix  au  commandement  en  chef  des  armées  nationales  contre 
les  Romains,  dans  l'assemblée  générale  de  Bibracte^  rendit  aux  Arvernes 
le  principat,  dont  ils  jouirent  pendant  une  courte  durée  avec  plus  d'éclat 
que  de  succès  4. 

Le  parti  opposé  avait  à  sa  tête  les  Eduens  qui  comptaient  parmi  leurs 
clients  les  BellovaciJ,  les  Senones^,  les  Parisii7,  les  Segusiavi,  les  Am- 
bivareti,  les  Aulerci  Brannovices  8,  les  Bituriges9.  César  parle  plusieurs 
fois  du  principat  exercé  sur  toute  la  Gaule  par  les  Eduens  'o.  Les  Se- 
quanes,  avec  l'aide  des  Germains,  venaient  de  le  leur  enlever  et  en  même 
temps  de  s'emparer  d'une  partie  de  leur  clientèle  quand  César  commença 
la  guerre  des  Gaules.  Le  général  romain  fit  recouvrer  aux  Eduens  leurs 
anciens  clients,  leur  en  fit  même  acquérir  de  nouveaux  et  par  là  leur 
rendit  le  principat,  mais  un  certain  nombre  des  peuples  qui  formaient  le 
parti  des  Séquanes  et  des  Arvernes  éprouvaient  envers  les  Eduens  des 
sentiments  de  haine  trop  violente  pour  se  placer  sous  leur  patronage  : 

esse,  uti  ab  Arvernis  Sequanisque  Germani  mercede  arcesserentur.  De  beUo  gallico^ 
1.  I,  c   31,  g  3,  4. 

1.  De  beUo gallicOy  1.  Vll,  c.  7$,  §  2. 

2.  L.  VI,  c.  4,  §  j;  c.  12,  §7. 

3.  Quum  Caesar  in  Galliam  venit,  alterius  factionis  principes  erant  Aedui,  alterius  Se- 
quani. De  beUogallico,  1.  VI,  c.  12,  §  i.  Cf.  1.  I,  c.  31,  §  4  :  ab  Arvernis  Sequanisque 
Germani  mercede  arcesserentur. 

4.  Aedui  ...  contendunt  ut  ipsis  summa  imperi  tradatur  ...  Ad  unum  omnes  Ver- 
cingetorigem  probant  imperatorem  ...  Magno  dolore  Aedui  ferunt,  se  dejectos  principatu. 
De  bello  gallico,  1.  VII,  c.  63. 

$.  Beliovacos  omni  tempore  in  tide  atque  amicitia  civitatis  Aeduae  fuisse,  De  bello 
gallico.  1.  Il,  c.  14,  §  2.  Beauvais,  Oise;  cf.  E.Dts]aTdinSy  Géographie  historique  et  admh 
nistrative  de  la  Gaule  romaine,  t  II,  p.  43$.  4$$. 

6.  Senones  ...  Caesarem  ...  adeunt  per  Aeduos,  quorum  antiquitus  erat  in  fide  civitas. 
De  bello  gallicOy  \.  VI,  c.  4,  §  2.  Sens,  Yonne;  cf.  Desjardins,  t.  II,  p.  469-473. 

7.  Concilium  Lutetiam  Parisiorum  transfert.  Confines  erant  hi  Senonibus  civitatemque 
patrum  memoria  conjunxerat.  De  bello  gallicOy  I.  VI,  c.  3,  g  4-5;  cf.  Desjardins,  t.  Il, 

p.  AiyAl^' 

8.  Imperant  Aeduis  atque  eorum  clientibus,  Segusiavis,  Anibivaretis,  Aulercis  Branno- 
vidbus,  Brancoviis.  De  bello  ^allico,  1.  VII,  c.  75,  g  2.  La  capitale  des  Segusiavi  était 
Ljoo.  On  ne  connaît  pas  la  situation  des  trois  autres  peuples  ;  on  les  croit  voisins  des 
Aedui;  cf.  Desjardins,  t.  II,  p.  465-469. 

9.  De  bello  gallico.  1.  VII,  c.  (,  g  2  ;  cf.  Desjardins,  t.  II,  p.  426-427.  Leur  capitale 
Ajaricum  est  aujourd'hui  Bourges. 

10.  Chez  eux  le  parti  national  gaulois  disait  :  Praestare,  si  jam  principatum  Galliae  obti- 
ncre  non  possint,  Gallorum  quam  Romanorum  imperia  perferre.  De  bello gallico.l.l^c.  17, 
g  3.  —  César,  s*adressant  au  roi  germain  Arioviste,  rappelle  :  ut  omni  tempore  totius 
Galliae  principatum  Aedui  tenuissent,  1.  I,  c.  43,  g  7.  —  Summa  auctoritas  antiquitus 
erat  in  Aeduis,  magnaeque  eorum  erant  clientelae,  I.  VI,  c.  12,  g  2. —  Ce  principat  exis- 
tait encore  à  la  fm  du  séjour  de  César  en  Gaule,  en  5 1  :  Duas  [legiones]  m  Aeduos  de- 
duxit,  quorum  in  omni  Gallia  summam  esse  auctoritatem  sciebat,  1.  VIII,  c.  46,  g  4. 


8  H.  d'Arbois  de  Jubainvilk. 

abandonnant  les  Séquanes  et  les  Arvernes,  qu'ils  considéraient  comme 
incapables  de  leur  donner  une  protection  efficace,  ils  se  rangèrent  dans 
la  clientèle  des  Rémes  ;  ceux-ci  purent  seuls  disputer  la  prépondérance 
aux  Eduens  '  jusqu'au  moment  où  l'audace  de  Vercingétorix  rendit  pen- 
dant quelques  mois  le  principat  aux  Arvernes^.  La  prise  d'Alise  fit  res- 
tituer le  principal  aux  Eduens  ',  mais  ce  n'était  plus  qu'une  dignité  fictive, 
dès  lors  le  vrai  principat  en  Gaule  était  celui  des  Romains. 

g  2 .  La  conquête  romaine  en  Gaule  ;  révolution  bienfaisante  qui  en  est  le  résultat. 

La  conquête  anglaise  en  Irlande. 

Il  faut  bien  nous  garder  de  juger  la  conquête  romaine  et  ses  consé- 
quences avec  les  idées  courantes  aujourd'hui.  Ce  serait  une  grossière 
erreur  que  de  considérer  la  Gaule  comme  un  état  moderne,  où  le  senti- 
ment national,  solidement  enraciné  dans  les  cœurs,  se  manifeste  au  dehors 
avec  une  intensité  si  puissante,  et  où  des  jalousies  et  des  intérêts  de 
classes  sont  le  fondement  des  partis  entre  lesquels  un  peuple  se  divise. 

On  ne  peut  nier  sans  doute  que  chez  les  Gaulois  le  sentiment  national 
n'existât  en  une  certaine  mesure  :  même  parmi  les  Eduens,  ces  protégés 
de  César,  il  y  avait  un  parti  qui  disait  :  a  si  nous  ne  pouvons  obtenir  le 
(c  principat  de  la  Gaule,  mieux  vaut  la  domination  des  Gaulois  que  celle 
«  des  Romains  4.  »  Mais  on  se  tromperait  si  on  attribuait  à  ce  sentiment 
national  l'énergie  acquise  en  France  aujourd'hui  par  la  même  passion  qui, 
chez  nous,  est  le  résultat  séculaire  d'une  vigoureuse  unité  administrative 
précédée  elle-même  par  l'organisation  unitaire  de  la  féodalité  française. 
Ce  n'est  pas  chez  nous  la  communauté  de  langue  et  de  littérature  qui  a 
produit  ce  résultat  si  grand  :  les  Bretons  sont  Français  comme  les  Pari- 
siens, les  Genevois  et  les  Belges  ne  le  sont  point.  C'est  la  force  d'un  gou- 
vernement central  tel  que  la  Gaule  indépendante  n'en  pouvait  connaître, 
qui  a  permis  partout  au  faible  et  au  pauvre  de  rejeter  la  protection  du 
fort  et  du  riche,  quand  elle  l'humiliait,  et  qui,  à  la  rivalité  des  clientèles 


1 .  Sequani  principatum  dimiserant.  In  eorum  locum  Rémi  successerant  :  quos  quod 
adacquare  apud  Caesarem  gratia  intellegebaïur,  ii  qui  propter  veteres  inimicitias  nullo  modo 
cum  Aeduis  conjungi  poterant  se  Remis  in  clientelam  aicabant.  De  bello  gallico,  1.  VI, 
c.  12,  §  7.  Par  exemple  les  Carnutes,  1.  VI,  c.  4,  §  ç. 

2.  D'autres  peuples  que  les  Eduens,  les  Arvernes,  les  Séquanes  et  les  Rémes,  avaient 
des  clients.  Tels  étaient  les  Trévirs,  De  bello  gallico,  l.  IV,  c.  6,  g  4  ;  les  Nerviens,  1.  V, 

c.  59,  S  »  «M- 

3.  De  bello  gallico,  1.  VIII,  c.  46,  g  4. 

4.  De  bello  gallico,  1,  I,  c.  17,  g  5.  Evidemment  Vercingétorix  ne  concevait  pas  l'indé- 
pendance gauloise  sans  un  principat  exercé  par  un  peuple  sur  les  autres  peuples  de  la 
Gaule  chevelue,  et  ce  peuple  dominateur  devait  à  ses  yeux  être  les  Arvernes,  avec  lui  pour 
chef.  La  preuve  que  telle  était  sa  manière  de  voir  est  qu'il  offrit  aux  Allobroges  le  principat 
de  la  province  romaine  :  imperium  totius  provinciae.  De  bello  gallico,  l.  VII,  c.  64,  g  7-8. 


Des  atiribulions  judiciaires  dj  rautorité  publique  chez  les  Celtes.        9 

géographiquement  localisées,  a  substitué  la  lutte  des  partis  répandus 
chacun  sur  toute  la  surface  du  territoire  national,  conduits  chacun  dans 
les  régions  les  plus  diverses  par  les  mêmes  désirs,  par  les  mêmes  rancunes 
et  par  les  mêmes  intérêts. 

Dans  la  Gaule  indépendante  les  partis  politiques,  tels  que  nous  les  en- 
tendons, ne  pouvaient  exister  :  le  système  de  la  clientèle  opposait  à  leur 
formation  un  obstacle  infranchissable.  Les  petits  et  les  faibles  étant  tous 
placés  dans  la  clientèle  des  grands,  il  serait  chimérique  de  supposer  dans 
la  Gaule  indépendante  un  parti  démocratique  en  lutte  avec  un  parti 
artistocratique.  Les  hommes  qui,  dans  une  société  moderne,  constituent 
le  parti  démocratique,  n'auraient  pu  alors  abandonner  un  instant  la  clien- 
tèle d'un  chef  sans  se  trouver  immédiatement  dépouillés  de  leur  avoir  et 
de  leur  liberté,  sinon  même  de  leur  vie  :  l'autorité  de  TEtat,  telle  qu'elle 
était  conçue  alors,  ne  leur  pouvait  donner  aucune  protection  contre  la 
haine  oii  l'injustice  ' . 

L'unité  nationale  gauloise  n'est  donc  en  quelque  sorte  qu'une  ombre 
de  ce  qu'est  aujourd'hui  l'unité  nationale  française.  On  aurait  également 
tort  de  la  comparer  à  l'unité  allemande  :  celle-ci  repose  en  une  certaine 
mesure  sur  le  souvenir  historique  du  saint  empire  germanique,  mais  sa 
base  la  plus  sérieuse  est  l'usage  commun  d'une  langue  littéraire  artifi- 
cielle qui  date  du  xvi®  siècle  et  qui  doit  surtout  sa  puissance  présente  à 
l'enseignement  des  universités.  L'unité  allemande  n'a  pas  le  fonde- 
ment politique  et  administratif  sur  lequel  est  assise  l'unité  française,  elle 
est  d'origine  on  peut  dire  pédagogique,  et  l'élève  de  l'université  de 
Vienne  en  Autriche  se  sent  tout  aussi  Allemand  que  celui  de  l'université 
de  Berlin,  tandis  qu'à  Posen  le  Polonais  fait  entendre  des  protestations 
qui,  dans  la  Bretagne  française,  ne  trouveront  jamais  d'écho. 

En  Gaule  la  langue  ne  pouvait,  comme  dans  l'Allemagne  moderne, 
procurer  à  la  société  politique  le  principe  d'unité  qui  a  donné  en  notre 
siècle  des  résultats  si  remarquables.  Quelque  grande  que  l'on  puisse  sup- 
poser la  culture  littéraire  des  Gaulois,  elle  était  bien  loin  de  celle  que 
l'Allemagne  doit  à  l'imprimerie  et  à  ses  florissantes  universités.  D'ailleurs 
ces  deux  agents  si  puissants  n'ont  produit  qu'au  bout  d'un  temps  fort  long 
leurs  effets  politiques  :  l'unité  allemande  est  un  phénomène  tout  récent 
et  que  les  trois  derniers  siècles  ne  connaissaient  point. 

L'usage  du  système  de  la  clientèle  et  la  prédominence  de  ce  système 
sur  le  système  rival  de  celui-là,  c'est-à-dire  sur  le  système  de  la  cen- 


1.  Malgré  mon  estime  profonde  pour  les  savants  travaux  de  MM.  A.  Réville  et  E.  Des- 
jardins,  jene  puis  partager  ici  leur  doctrine.  Voyez  Desjardins,  ibid.j  t.  Il,  p.  (39. 


10  H.  d^Arbois  de  Jubainville. 

tralisation  politique,  telle  est  une  des  causes  principales  qui  ont,  comme 
on  le  sait,  assuré  le  succès  des  opérations  militaires  dont  la  conquête 
romaine  a  été  le  résultat.  C'est  aussi  une  des  causes  principales  qui  ont 
facilité  le  maintien  de  cette  conquête.  La  plupart  des  peuples  gaulois, 
par  suite  de  l'impuissance  du  gouvernement  central,  étaient  contraints 
de  recourir  à  la  protection  d'un  autre  peuple  gaulois  plus  fort  qu'eux  et 
de  se  placer  dans  sa  clientèle.  Le  résultat  de  la  conquête  fut  simplement 
ceci  :  tous  les  peuples  gaulois  se  trouvèrent  placés  dans  la  clientèle  de 
Rome.  Ceux  qui  pouvaient  prétendre  au  principal  perdirent  seuls  quelque 
chose  à  ce  changement  :  ce  furent  les  Arvernes,  les  Eduens  et  les  Sé- 
quanes,  tour  à  tour  investis  de  l'autorité  suprême.  Quant  aux  autres  peu- 
ples gaulois,  c'est-à-dire  à  l'immense  majorité^  la  conquête  romaine,  en 
les  plaçant  dans  la  clientèle  de  la  capitale  du  monde  antique,  ne  modifia 
pas  sensiblement  leur  situation  politique. 

En  même  temps  elle  leur  apporta  un  bienfait  inappréciable,  ce  fut  un 
principe  de  droit  qu'ils  ne  connaissaient  point,  celui  que  la  Loi  des 
Douze  Tables  formule  à  son  début.  Tout  Gaulois  investi  de  la  personnalité 
juridique  eut  la  faculté  d'appeler  devant  le  magistrat  son  adversaire  ré- 
calcitrant et  il  fut  interdit  à  qui  que  ce  fût  de  se  faire  justice  à  soi-même. 
On  vit  cesser  les  guerres  entre  peuples,  entre  clientèles,  entre  familles. 

11  ne  pouvait  y  avoir  de  révolution  plus  favorable  à  la  prospérité  publique 
et  à  la  félicité  de  chacun  '. 

Chose  curieuse,  la  conquête  anglaise  trouva  l'Irlande  dans  une  situa- 
tion juridique  à  peu  près  la  même  que  celle  d'où  les  Romains  vainqueurs 
ont  fait  sortir  la  Gaule;  c'est  l'Angleterre  qui,  héritière  du  principe  fon- 
damental de  la  procédure  romaine,  a  introduit  la  première  en  Irlande 
cette  règle  que  la  volonté  d'une  des  deux  parties  suffit  pour  contraindre 
l'autre  à  porter  une  contestation  devant  le  tribunal  établi  par  la  loi. 
Toutefois  les  Irlandais  ont  peu  senti  le  bienfait  de  cette  innovation  juri- 
dique. En  effet,  au  moment  où  elle  fut  réalisée,  c'est-à-dire  à  l'époque  où 
en  Irlande  la  domination  anglaise  passa  de  la  théorie  dans  les  faits,  au 
xvii''  siècle,  les  Anglais  dépouillaient  les  Iriandais  de  presque  tous  leurs 
biens,  et  ils  établissaient  une  loi  aux  termes  de  laquelle  le  meurtre  d'un 
Irlandais  était  la  plupart  du  temps  chose  licite.  En  conséquence,  le  prin- 
cipe romain  sur  l'autorité  des  tribunaux  dans  les  procès  ne  présentait 
pour  les  Irlandais  aucune  utilité  pratique  quand  les  Anglais  le  leur  appor- 

I.  Strabon,  en  l*an  19  de  notre  ère,  c'est-à-dire  soixante-dix  ans  après  la  conquête, 
écrivait,  en  parlant  des  Gaulois  :  «  Maintenant  ils  sont  forcés  de  cultiver  la  terre,  puis- 
qu'ils ont  déposé  les  armes,  »  Nuv  o*(xvaYxâ?^ovTai  ")fecopY6îv,  xaTaO^|jisvoi  xà  o;:Xa, 
livre  IV,  c.  i,  §  2,  édition  Didot,  p.  147,  lignes  Si-J^* 


D.s  atîTibutions  judiciaires  de  Pautorité  publiijue  chez  les  Celtes.        1 1 

tèrent.  En  même  temps  une  circonstance  rendit  la  domination  étrangère 
tout  particulièrement  odieuse  aux  vaincus.  Les  maximes  de  gouvernement 
énoncées  solennellement  au  Sénat  romain  par  l'empereur  Claude,  un 
siècle  après  la  conquête  de  la  Gaule,  et  qui  ont  fait  des  Gaulois  les 
égaux  de  leurs  vainqueurs,  n'ont  pas  toujours  été  des  maximes  an- 
glaises. Loin  de  là,  dans  la  bouche  des  Anglais,  la  distinction  de  race 
entre  eux  et  les  vaincus  a  longtemps  présenté  un  caractère  blessant 
d'ironique  et  dédaigneuse  suprématie  que  n'avait  pas  le  régime  égalitaire 
de  l'Empire  romain  et  que  la  République  romaine  elle-même  ne  con- 
naissait pas.  Voilà  pourquoi  il  y  a  tant  de  différence  entre  l'histoire  de  la 
Gaule  si  facilement  conquise,  puis  si  rapidement  assimilée  par  les  Ro- 
mains, et  celle  de  l'Irlande  vaincue  après  des  siècles  de  résistance,  et 
depuis  toujours  frémissante  sous  la  domination  de  l'Angleterre. 

g  3.  La  procédure  irlandaise.  —  Première  partie,  le  duel. 

Entre  la  Gaule  et  l'Irlande,  au  temps  de  leur  indépendance,  il  y  avait, 
nous  venons  de  le  dire,  une  ressemblance  frappante,  sur  laquelle  on  ne 
peut  trop  insister.  En  Gaule,  ainsi  que  nous  l'apprend  César  dans  son 
récit  de  la  conquête,  c^est-à-dire  au  milieu  du  premier  siècle  avant  notre 
ère;  en  Irlande,  comme  l'établit  un  corps  de  législation  resté  en  vigueur 
jusqu'au  xvii«  siècle,  un  principe,  le  même  dans  les  deux  pays,  sert  de 
base  au  droit  privé,  c'est  la  faculté  pour  chacun  ou  de  refuser  tout  juge 
ou  de  choisir  son  juge.  Nous  ignorons  comment  en  Gaule  la  partie  lésée 
s'y  prenait  pour  obtenir  justice.  César  nous  fait  connaître  seulement 
l'accord  fréquent  des  deux  adversaires  pour  accepter  la  juridiction  drui- 
dique ;  mais  en  Irlande  nous  trouvons  des  documents  plus  complets,  et 
nous  y  apprenons  les  détails  de  la  procédure  qui  est  la  conséquence  d'une 
situation  si  primitive  de  la  société.  Les  monuments  les  plus  anciens  du 
droit  germanique  et  du  droit  romain  nous  offrent  la  forme  juridique  de 
sociétés  déjà  perfectionnées  et  où  la  puissance  publique  a  pris  bien  plus 
de  vigueur  que  chez  les  Celtes.  Cependant  ces  deux  droits  conservent  des 
traces  d'une  législation  plus  ancienne,  d'un  étage  plus  bas  dans  l'édifice 
si  vaste  de  l'histoire  des  institutions  juridiques.  Cet  étage  inférieur  est 
celui  sur  lequel,  par  un  phénomène  étrange,  le  droit  irlandais,  resté  sta- 
tionnaire,  s'est  maintenu  immobile  au  milieu  du  progrès  général,  jusqu'à 
l'époque  si  récente  où  le  droit  anglais  Ta  violemment  supplanté.  Le  droit 
irlandais  a  certainement  ses  points  d'originalité.  Toutefois,  dans  ses  traits 
principaux,  il  n'est  autre  chose  que  le  droit  non  seulement  de  la  race 
celtique,  mais  des  Indo-européens  avant  les  révolutions  qu'amenèrent 


12  H.  (ÏArbois  de  Jubainrille. 

peu  à  peu  les  progrès  lents  mais  continus  de  la  puissance  publique.  C'est 
le  droit  qui  a  précédé  les  innombrables  conquêtes  accomplies  aux  dépens 
de  l'indépendance  initiale  des  familles  par  Tidée  si  souvent  bienfaisante 
et  quelquefois  tyrannique  qu'exprime  aujourd'hui  ce  mot  redoutable  : 
l'Etat  ! 

Quand  un  Irlandais  croyait  qu'un  de  ses  compatriotes  lui  avait  fait  tort, 
trois  manières  d'agir  s'offraient  à  lui  pour  obtenir  justice  ■  :  i^.  la  saisie 
mobilière,  aithgabail,  2°  la  saisie  immobilière,  îellach,  ^"  le  duel,  corn- 
rac^^  sans  compter  le  combat  de  plusieurs,  la  guerre,  qu'il  est  difficile 
de  ranger  parmi  les  actes  de  la  procédure.  Les  deux  premières  de 
ces'trois  manières  d'agir  sont  chacune  l'objet  d'un  traité  de  droit.  Le 
traité  de  la  saisie  mobilière  forme  le  premier  livre  du  grand  corps  de 
jurisprudence  connu  sous  le  nom  de  Senchus  môr  ou  Senchas  mdr.  Le 
texte  et  le  commentaire  irlandais  ont  fourni  cent  quatre-vingt-six  pages 
in-octavo  à  la  collection  des  lois  anciennes  de  l'Irlande  publiée  par  le 
gouvernement  de  cette  île  :  une  traduction  anglaise  est  placée  en  regard  î. 
La  saisie  immobilière  est  l'objet  d'un  traité  spécial  intitulé  :  Din  tech- 
tvLgiidy  c'est-à-dire  «  de  l'acquisition  d'immeubles  par  saisie  »  ;  il  forme 
quinze  pages  et  demie  dans  la  collection  précitée  des  lois  anciennes  de 
l'Irlande,  où  il  est  aussi  accompagné  d'une  traduction  anglaise 4.  Quant  au 
duel  il  n'a  fourni  le  sujet  d'aucun  traité  qui,  à  notre  connaissance,  ait  été 
signalé  jusqu*ici,  mais  il  en  est  question  dans  plusieurs  passages  des  mo- 
numents de  jurisprudence  dont  nous  devons  la  publication  à  la  libéralité 
du  gouvernement  irlandais. 

Nous  allons  commencer  par  le  duel,  dont  la  procédure  nous  occupera 
moins  longtemps  que  celle  des  deux  saisies. 

En  droit  irlandais  le  duel  est  licite  dans  deux  circonstances  :  1**  quand 
il  a  été  précédé  d'un  contrat  qui  en  a  déterminé  les  effets  ;  2"  quand  il  a 


1.  Atait  teora  aimsera  in-seagar  éidtchta  la  Feine  :  athgabail  eidechta^  tellach  indlig- 
tech,  comrug  gen  curu  hely  no  gan  elod  eu  n-dliged.  «  Il  y  a  trois  cas  où  l'on  commet 
«  une  illégalité  chez  les  Irlandais,  ce  sont  les  cas  où  l'on  fait  une  saisie  mobilière 
«  illégalement,  une  saisie  immobilière  contrairement  au  droit,  un  duel  sans  convention 
«  verbale  ou  sans  avoir  éprouvé  refus  de  se  conformer  à  la  loi.  »  Ancient  laws  of  Ire- 
land,  t.  IV,  p.  32,  lignes  j-j. 

2.  On  trouve  aussi  nith  :  Ancient  laws  of  freland,  1. 1,  p.  126,  ligne  i  j  ;  urgal,  uasal 
gai  dtbtha,  t.  III,  p.  278,  lignes  7,  8;  et  enfin  roiy  t.  I,  p.  19S,  lignes  16-18. 

j.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  64-30^  ;  t.  Il,  p.  2-1^1 

4.  Ancient  laws  of  Irelandy  t.  IV,  p.  2-32.  Les  éditeurs  ont,  par  distraction,  placé 
sous  le  même  ti:re  courant  un  autre  traité  intitulé  :  Bescna,  et  qui  offre  une  grande 
analogie  avec  le  dernier  livre  du  Senchus  Môr  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  III,  p.  2-79). 
Ce  traité  semble  être  le  Racholl  bretha  cité  dans  le  Senchus  Môr  [Ancient  laws  of  Ireland, 
t.  I,p-  IJ4,  l.  10-12),  la  mixxmt  Leth  cet-coibci  cacha  mna  d'à  aigi  fine,  mad  iar 
n-ecaib  a-hathar.  attribuée  au  Racholl  bretha  dans  ce  passage  du  Senchus  Môr.,  se  trouv 
dans  le  traité  intitulé  Bescna  :  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  62,  1.  9-10. 


Des  attributions  judiciaires  de  Vautorité  publique  chez  les  Celtes.       i  ^ 

pour  cause  le  refus  par  le  défendeur  de  laisser  le  demandeur  procéder 
contre  lui  à  une  saisie  dans  les  formes  déterminées  par  la  coutume.  Dans 
le  premier  cas  il  faut  que  les  deux  parties,  s'exprimant  à  intelligible  voix 
devant  témoins,  déterminent  les  conséquences  qu'aura  la  défaite  pour  le 
vainqueur  et  pour  la  partie  vaincue,  c'est-à-dire,  par  exemple,  restitution 
d'un  objet  déterminé  au  plaignant,  s'il  est  vainqueur,  et  abandon  définitif 
de  cet  objet  au  défendeur,  si  ce  dernier  obtient  la  victoire  ;  en  général, 
fixation  et  de  l'objet  du  litige  et  de  la  solution  que  donnera  à  la  question 
litigieuse  le  résultat  du  combat'.  Ce  duel,  dont  une  convention  préa- 
lable a  fixé  les  conséquences,  peut  être  appelé  conventionnel  ^. 

La  seconde  espèce  de  duel  se  produit  quand,  le  demandeur  ayant 
commencé  une  procédure  régulière  par  le  moyen  de  la  saisie  mobilière 
ou  immobilière,  le  défendeur  s'oppose  par  la  force  à  la  continuation  de 
celte  procédures  Le  moment  critique  était  celui  où  le  demandeur  se 
mettait  en  mesure  d'enlever  Tobjet  saisi.  On  comprend  que  souvent  le 
défendeur  s'y  opposât  par  la  force  ;  le  demandeur  était  alors  réduit  à 
provoquer  son  adversaire  en  duel  4.  Un  exemple  nous  en  est  fourni  par 
un  passage  très  intéressant  du  Senchus  Môr,  L'auteur  de  la  préface  de 
cet  ouvrage  est  du  nombre  des  jurisconsultes  naïfs  qui  croient  que  la  ré- 
daction des  coutumes  a  précédé  l'établissement  des  usages  que  cette  ré- 
daction constate  J.  Celui  qui  a  écrit  le  livre  lui-même  prétend  connaître 
les  premiers  jugements  par  lesquels  a  été  introduite  en  Irlande  une  partie 
des  maximes  de  jurisprudence  qui  forment  le  sujet  de  son  ouvrage.  Une 
de  ces  maximes  est  que  dans  un  grand  nombre  de  cas,  dont  il  donne  la 
nomenclature,  l'objet  saisi  doit  rester  pendant  cinq  jours  entre  les  mains 
du  défendeur  avant  que  le  demandeur  ait  le  droit  de  l'enlever.  Comment 
l'usage  de  ce  délai  s'établit-il  ?  Le  voici  :  un  jour,  un  créancier,  ayant 
rempli  les  formalités  de  la  saisie,  voulut  procéder  à  l'enlèvement  des 
meubles  que  la  saisie  avait  eus  pour  objet.  Par  la  résistance  du  défen- 
deur il  fut  mis  dans  la  nécessité  de  le  provoquer  en  duel.  Le  moment 
critique  était  venu,  les  deux  adversaires  étaient  arrivés  dans  l'empla- 


1.  Ancient  laws  of  Irtland,  t.  IV,  p.  32,  lignes  4-j,  ii-ij. 

2.  Probablement  comrac  iar  curaib  bel.  La  loi  défend  le  comrac  cen  curu  bel,  {Ancient 
tavsofireland,  t.  IV,  p-  32,  lignes  4-5.)  L'objet  du  contrat  est  exprimé  par  la  glose  :  re 
aisec,  no  re  dlestindo,  im-a-rocair,  «  pour  rendre  ou  régulariser  envers  lui  ce  pourquoi  il 
l'a  provooué  «  en  duel,  d  Ibid. ,  ligne  1 3 . 

3.  Eloa  eu  n-dliged  a  défaut  de  faire  droit  >.  Ancient  luws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  32, 
ligne  5.  La  glose,  ibid.,  ligne  14,  se  réfère  à  la  procédure  de  la  saisie  par  les  termes 
techniques  apaid^  troisci,  que  nous  expliquerons  au  g  4. 

4.  Comme  do  cru  {Ancient  laws  of  Ireland^  t.  IV,  p.  32,  ligne  12). 

5.  Arrobui  in  bith  i  cutruma,  conid  tainic  Senchas  Màr  {Ancient  laws  of  Irelandj  t.  I, 
p.  40,  lignes  14-15)- 


14  M'  d'Arbols  de  JuhainvilU. 

cément  '  choisi  pour  le  combat.  Près  d'eux  on  voyait  leurs  armes  toutes 
prêtes  ;  pour  les  prendre,  se  précipiter  l'un  sur  l'autre,  chacun  d'eux 
n'attendait  plus  que  les  témoins  mâles  >  dont  la  coutume  exigeait  la  pré- 
sence. Au  lieu  d'homme,  ce  fut  une  femme  qui  vint,  et,  par  ses  suppli- 
cations, elle  obtint  que  le  saisissant  consentit  à  donner  un  délai  au  saisi. 
Le  délai  accordé  par  le  saisissant  fiit  celui  que  la  loi  irlandaise  appelait 
anad  ;  pendant  ce  délai  l'objet  saisi  restait  en  la  possession  du  défendeur. 
Mais  les  deux  adversaires,  dans  l'émotion  du  premier  moment,  oublièrent 
de  fixer  la  durée  de  ce  délai  dont  ils  étaient  convenus  ;  elle  fut  déter- 
minée par  Sencha,  le  juge  de  ce  roi  Conchobar  qui  joue  dans  la  légende 
irlandaise  un  rôle  analogue  à  celui  de  Charlemagne  dans  l'épopée  du 
moyen  âge  français  ^ 

Ce  que  nous  retiendrons  de  ce  récit,  c'est  la  nécessité  de  la  présence 
des  témoins  pour  la  régularité  du  combat  singulier.  La  doctrine  juridique 
irlandaise  sur  le  meurtre  prémédité  est  très  sensiblement  différente  de 
celle  qui  prévaut  dans  les  législations  modernes  ;  elle  admet  la  légitimité 
du  meurtre  dans  des  circonstances  où  chez  nous  il  n'est  pas  même  ex- 
cusable :  elle  emploie  alors  pour  désigner  cet  acte  l'expression  de 
a  meurtre  nécessaire  »  ^.  Tuer  le  meurtrier  d'un  parent  jusqu'au  degré 
de  cousin  germain  inclusivement  est  un  meurtre  nécessaire  ;  la  con- 
séquence en  est  que  les  deux  meurtres  se  compensent.  Aucune  in- 
demnité n'est  due  pour  le  second  meurtre,  à  moins  que  la  famille  du 
premier  meurtrier  n'eût  prévenu  l'exercice  de  la  vengeance  en  payant  l'in- 
demnité fixée  par  la  coutume  ;  dans  ce  cas,  cette  indemnité  doit  être 


1.  Roi,  roe\  ce  mot  signifie  d'une  manière  générale  c  champ  »;  nous  le  trouvons 
même  employé  avec  la  signification  de  propriété  immobilière  dans  le  Senchus  Màr  [An- 
cient  laws  of  Ireland^  t.  I.  p.  78,  ligne  ij  ;  p.  80,  lignes  74-5$  ;  cf.  t.  IV,  p.  8,  10). 
Mais  cette  expression  a  déjà  le  sens  de  champ  de  bataille  dans  le  manuscrit  de  Milan, 
(|ui  parait  du  viii"  siècle,  Grammatica  celtica,  2*  édition,  p.  471,  ligne  4;  p.  718, 
ligne  29. 

2.  Le  texte  irlandais  porte  fiadna  nama  (Ancient  laws  of  Inland,  t.  I.  p.  2$o,  ligne 
18].  La  traduction  anglaise  dit  c  un  témoin  seul  »,  a  a  witness  alone  ».  Ce  n'est  pas 
exactement  le  sens  :  fiadna  =  fiadnu^  est  l'accusatif  pluriel  d'un  substantif  dont  le  no- 
minatif singulier  est  fiadan.  O'Reilly  le  rend  par  évidence.  L'accusatif  pluriel  fiadnu  est 
écrit  exactement  au  tome  II,  p.  306,  lignes  i9i  28.  Le  nominatif  pluriel  de  ce  mot  est 
fiadain,  dont  les  Ancient  laws  of  Irelandnous  offrent  plusieurs  exemples  au  t.  1,  p.  268, 
ligne  9;  300,  lignes  29,  30;  t.  Il,  p.  p6,  ligne  13;  p.  332,  ligne  15.  Dt  fiadan  «té- 
moin »  dérive  le  vieil  irlandais  fiadnisse  «  témoignage  0. 

3.  Ancient  laws  of  Ireland.t.  I,  p.  2(0-252.  Un  passage  du  saint  Paul  de  Wurzbourg 
établit  qu'à  l'époque  à  laquelle  remontent  les  gioses  les  plus  anciennes  de  ce  ms.  —  hui- 
tième siècle  probablement,  —  les  rois  irlandais  avaient  près  d'eux  des  jurisconsultes  qui* 
les  conseillaient.  Je  veux  parler  de  la  glose  sur  les  mots  :  voUntes  esse  legis  doctores,  par 
lesquels  commence  le  v.  7,  c  I  de  la  première  épUre  à  Timothée  :  l'interprète  irlandais  a 
expliqué  ce  texte  ainsi  :  co-roibt:s  /<:  den^m  rechtche  la  riga  a  pour  faire  de  la  jurisprudence 
auprès  des  rois,  n  Zimmer,  Clossae  hibemicae,  p.  169. 

4.  Marbhadh  dethbire  {Ancient  laws  of  Ircland^  t.  IV,  p.  244,  ligne  20)  \  guin  daine 
dethbire  {ibidem,  p.  252,  ligne  17). 


Des  attributions  judiciaires  de  l'autorité  publique  chez  les  Celtes.       1 5 

rendue  K  II  n'y  a  que  deux  cas  où  la  coutume  irlandaise  voie  de  mauvais 
oeil  rhomicide,  ce  sont:  i*  le  cas  où  l'auteur  du  meurtre  cherche  à 
cacher  cet  acte  ;  2°  le  cas  où  le  mort  est  le  parent  du  meurtrier,  soit  au 
huitième  degré,  soit  au-dessous  du  huitième  degré  des  jurisconsultes 
romains  (le  quatrième  des  canonistes),  c'est-à-dire  le  cas  où  le  mort  fait 
partie  de  la  famille  légale,  fine,  du  meurtrier.  Les  textes  associent  ces 
deux  catégories  de  meurtre  comme  tout  particulièrement  repréhensibles^. 
L'antiquité  de  cette  manière  de  voir  s'établit  pour  le  meurtre  des  parents 
par  un  passage  intéressant  des  gloses  irlandaises  sur  saint  Paul,  con- 
servées par  le  manuscrit  de  Wurzbourg  qui  date  du  ix^  siècle. 

Dans  la  première  épkre  à  Timothée,  chapitre  I",  versets  9  et  10, 
l'apôtre  donne  une  énumération  des  diverses  sortes  de  méchants,  d'impies 
et  de  scélérats  contre  lesquels  a  été  promulguée  la  loi.  Une  d'elles  com- 
prend suivant  lui  les  homicides,  homicidde.  Le  moine  irlandais  qui  s'était 
chargé  de  l'explication  de  ce  texte  n'a  pu  comprendre  que  l'apôtre  con- 
sidérât comme  une  faute  grave  un  acte  aussi  ordinaire  et  aussi  naturel 
que  de  tuer  son  prochain,  et  il  a  rendu  le  mot  latin  homicide  par  une 
petite  phrase  irlandaise  qui  veut  dire  :  «  quiconque  tue  les  membres  de 
sa  famille  «^  Voilà,  suivant  le  moine  irlandais  du  ix°  siècle,  le  genre 
de  meurtre  dont  les  auteurs  peuvent  être  traités  de  méchants,  d'impies, 
de  scélérats. 

Quant  au  meurtre  dissimulé,  l'antiquité  de  la  réprobation  dont  il  est 
l'objet  dans  le  droit  irlandais  s'établit  par  la  concordance  qu'offre  sur 
ce  point  ce  droit  avec  le  droit  des  Francs  :  en  cas  de  meurtre  dissimulé, 
la  loi  salique  triple  le  chiffre  de  la  composition  4,  le  droit  irlandais  le 
double  ^  sans  compter  que  le  clergé  irlandais  imposait  en  sus  au  cou- 


1 .  In  digail  fir  derbfine,  coirpdire  ocus  entclam  diz^hait  in  fine  in  a  marbadh,  acht 
mad  doriackt  an  tiric  doibhj  ria  siu  dorignbe:  in  digail  fir  derbfine^  icadh  in  fine  coirp- 
dire ocus  eneclann  amach  fo  cutruma,  n  quand  le  meurtre  d'un  cousin-germain  va  être 
c  vengé  par  la  mort  du  meurtrier,  la  famille  du  cousin-germain  tué  a  droit  au  prix  du 
«  corps  et  de  Thonneur  de  ce  dernier;  mais,  si  elle  a  reçu  ce  prix  avant  la  vengeance, 
«  elle  doit  restituer  ce  prix  intégralement  après  la  vengeance  ».  Ancient  laws  of  Ireland, 

t.  IV,  p.  2$2-2$4. 

2.  Fing,al  ocus  duine-ihaighe  [Ancient  laws  of  ireland,  t.  1,  p.  $6,  1.  11)  ;  fîngal  no 
daine-tfiaighe  {ibid.y  1.    22-25);  iar  fingail  no  daine-taighe  (t.    III,  p.   72;  t.  6-7). 

3.  N«f/i  orcas  a-fini  :  Zimmer,  Clossae  hibemicaey  p.  169  ;  Grammatica  celtica,  2'  édi- 
tion, p.  432,  1.  2.  Ceux  qui  avaient  tué  un  parent  formaient  ce  au'on  appelait  dergfine, 
ils  étaient  exclus  de  tous  les  avantages  produits  par  leur  qualité  de  parents  et  étaient 
soumis  à  une  partie  des  charges.  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  IV,  p.  284,  lignes  lo-i  i  ; 
p.  288,  lignes  3-6;  cf.  t.  Il,  p.  284,  lignes  21  ^  27. 

4.  Lex  emendatay  c.  43  ;  voyez  Hessels  et  Kern,  Lex  salica,  col.  244-260  ;  cf.  c.  69, 
3,  ibid.y  col.  260. 

{.  Diablad fiacli  ferg  :  «  colère  double  la  dette».  La  glose  explique  que  l'aae  dont  il 
s'agit  dans  cette  maxime  est  le  meurtre  que  son  auteur  cherche  à  rendre  secret.  Lebar 
Aicity  dans  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  III,  p.  98  et  suivantes. 


1 6  H.  (VArbois  de  Jubainville. 

pable  de  meurtre  dissimulé,  comme  au  meurtrier  de  parent,  un  pèleri- 
nage >.  Ces  règles  expliquent  pourquoi  on  devait  bien  se  garder  de  se 
battre  en  duel  sans  témoin,  puisqu'alors  on  aurait  pu  être  considéré 
comme  coupable  de  meurtre  dissimulé. 

Quand  un  des  deux  combattants  était  vainqueur  de  son  adversaire,  le 
corps,  les  armes  et  les  vêtements  du  vaincu  devenaient  sa  propriété  >. 
Le  corps  lui  appartenait,  c'est-à-dire  qu'il  avait  le  droit  de  couper  la 
tête  du  vaincu  et  de  l'emporter  chez  lui  comme  un  trophée  :  usage  pri- 
mitif et  barbare  dont  en  Irlande  la  légende  épique  et  l'histoire  offrent  de 
si  nombreux  exemples.  Les  armes  et  les  vêtements  du  vaincu  étaient  en 
quelque  sorte  un  accessoire  qui  suivait  le  principal.  Ainsi,  après  avoir 
tranché  la  tête  de  son  adversaire,  le  vainqueur  dépouillait  le  cadavre 
mutilé.  Toutefois  il  se  présentait  une  difficulté  en  un  cas  ;  c'est  celui  où 
le  vaincu  avait  emprunté,  soit  les  armes,  soit  les  vêtements  qu'il  portait  au 
moment  du  combat.  Il  pouvait  même  avoir  emprunté  et  les  unes  et  les 
autres.  Alors  le  vainqueur  devait  restituer  son  butin  au  prêteur  et  rece- 
voir de  la  famille  du  vaincu  des  armes  et  des  vêtements  équivalents. 
Toutefois,  si  les  armes  et  les  vêtements  avaient  été  endommagés  dans  le 
combat,  le  prêteur  pouvait  refuser  de  les  reprendre,  le  vainqueur  les 
gardait,  et  c'était  le  prêteur  qui  recevait  de  la  famille  des  armes  et  des 
vêtements  d'une  valeur  égale  à  ceux  qu'il  avait  confiés  au  vaincue 

Les  origines  du  combat  singulier  sont  l'objet  d'un  récit  légendaire  qui 
nous  fait  remonter  à  la  période  mythologique  de  l'histoire  d'Irlande.  Le 
premier  duel,  nous  dit  le  SenchusMôrA^  eut  lieu  à  propos  de  femme.  La 
glose  raconte  que  Parthalon,  le  fondateur  de  la  première  colonie  qui 
soit  venue  en  Irlande,  avait  deux  filles,  et  que  ces  deux  filles  après  la 
mort  de  leur  père  épousèrent  chacune  un  de  leurs  frères.  L'aîné  des 
deux  frères  s'appelait  Fer,  le  second  Fergnia.  Fer  prétendit  contraindre 

1.  Sinchus  Môr,  dans  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  III,  p.  72,  lignes  6-7. 

2.  Cach  bail  is  diles  in  fer  comraic  uile^  is  dilius  a  arm  ocus  a  etach  uile  (Ltbar 
Aide  dans  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  III,  p.  ^02,  lignes  8-9).  o  Toutes  les  fois  que  le 
combattant  [vaincu]  est  acquis  fà  son  adversaire]  en  entier,  sies  armes  et  ses  vêtements 
sont  en  entier  acquis  [à  son  adversaire]  ».  Voir  aussi,  p.  278,  lignes  7  et  suivantes. 
Dans  ces  deux  passages,  l'auteur  avec  la  subtilité  ordinaire  des  jurisconsultes  irlandais 
passe  ensuite  à  l'hypothèse  d'une  convention  qui  attribuerait  au  vainqueur  la  moitié  seu- 
lement de  la  personne,  des  armes  et  des  vêtements  du  vaincu.  On  peut  comparer  le  :  in 
partes  secanto  de  la  loi  des  douze  tables.  Gellius,  XX,  i,  49. 

3.  Acht  maine  tarthiitar  he  itir  cen  a  /of,  is  a  diUs  don  fir  amaich^  ocus  arm  ocus 
etach  a  comaicinta  d*fir  bunaid,  cun  a  fiach  foimrime.  «  Mais,  si  le  vainqueur  ne  peut 
rendre  parfaitement  intactes  les  armes  et  les  vêtements  du  vaincu,  elles  !ui  appartiennent, 
et  le  préteur  a  droit  à  des  armes  et  à  des  vêtements  semblables,  plus  à  une  indemnité 
pour  l'usage.  »  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  III,  p.  302,  ligne  1 5-18  ;  cf.  p.  278, lignes  13 
et  suiv. 

4.  !s  im  fir  ban  ciato  imargaet  roe  :  Senchus  Môr,  dans  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I, 
p.  ijo,  ligne  13,  et  p.  154»  "gncs  3-4. 


Des  attributions  judiciaires  Je  l^autôritê  publique  chez  les  Celtes.      ty 

Fergnia  à  lui  payer  le  prix  d'achat  *  de  sa  sœur  et  Ferguia  refusa. 
D'après  le  droit  irlandais,  quand  une  femme  se  marie  pour  la  première 
fois,  le  prix  d'achat  dû  par  l'époux  appartient  en  totalité  au  père  de  la 
femme,  tant  que  le  père  vit  ;  mais,  si  le  père  est  mort,  une  moitié  du 
prix  appartient  au  chef  de  la  famille  qui  remplace  le  père,  l'autre 
moitié  est  la  propriété  de  la  femme  ^.  Telle  fut  la  cause  du  premier  duel 
qui,  dit-on,  aurait  eu  lieu  en  Irlande  :  il  remonterait  ainsi  aux  origines 
les  plus  lointaines  et  les  plus  légendaires  de  l'histoire  irlandaise. 

Le  Senchus  Môr  fait  allusion  à  ce  récit  dans  un  passage  où  il  suppose 
une  femme  dont  le  mari  va  se  battre  en  duel  et  manque  d'armes.  Cette 
femme  a  une  créance  dont  elle  exige  le  paiement,  afin  de  pouvoir  procurer 
à  son  mari  les  armes  qui  lui  font  défaut  ^ 

Il  semble  que  les  Irlandais  étaient  plus  batailleurs  que  bien  pourvus 
d'équipements  militaires.  En  effet,  l'hypothèse  d'un  homme  qui  va  se 
battre  en  duel  et  qui  n'a  pas  les  armes  nécessaires  se  retrouve  une  autre 
fois  dans  le  Senchus  Môr.  Cette  hypothèse  explique  le  second  article  de 
ces  longues  nomenclatures  de  sujets  de  contestations  qui  ont  fourni  une 
partie  si  considérable  du  texte  publié  dans  le  tome  premier  des  Ancient 
laws  of  Ireland.  Ce  sont  des  contestations  qui  peuvent  donner  occasion  de 
pratiquer  des  saisies  mobilières.  Dans  le  premier  article  il  s'agit  dequel- 
qu'un  qui  se  rend  à  une  fête  et  qui  n'a  pas  d'habits  convenables  4.  Dans 
le  deuxième,  il  est  question  d'un  homme  qui  va  se  battre  en  duel  et  qui 
manque  d'armes  $.  Heureusement  ces  deux  hommes  dépourvus  d'armes  et 
d'habits  possèdent  chacun  une  créance  exigible^  et  pour  eux  les  délais  de 
la  saisie  à  exercer  contre  le  débiteur  sont  réduits  à  la  durée  minimum. 

Evidemment  celui  qui  étant  provoqué  en  duel  tue  son  adversaire  ne 
doit  aucune  indemnité  à  la  famille  du  mort  :  la  règle  n'a  pas  d'exception^. 


1.  Coibche,  Les  Ancient  laws  of  Ireland  traduisent  ce  mot  par  marriage  gift  (t.  I,  p.  1 55, 
t.  H,  p.  343),  c'est-à-dire  «  cadeau  de  noces  »,  et  ailleurs,  par  marriage  présent ^  t.  Il, 
p.  297,  383,  par  nuptial  présent,  t.  IV,  p.  63  ;  et  par  wedding  gijt,  t.  II,  p.  347,  qui 
ont  la  même  signification.  Ce  sont  autant  de  contre-sens  qui  prouvent  combien  l'histoire 
du  droit  était  mal  connue  des  traducteurs.  Le  vrai  sens  est  donné  par  un  des  articles 
additionnels  au  Glossaire  de  Cormac  :  Whitley  Stokes^  Sanas  ChormaiCy  p.  48.  Comparez 
la  coemptiodu  droit  romain.  Gauis,  lnstit.^\.  1,  g  113. 

2.  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  1,  p.  154;  t.  II,  p.  346;  t.  III,  p.  314;  t.  IV, 
p.  62. 

3.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  IJ4. 

4.  Etach  fii  Uth,  •  vêtement  pour  fête  »  :  Ancient  laws  of  Ireland,,  t.  I,  p.  122,  ligne 
9;  p.  126,  lignes  14-ij. 

$.  Arm  fri  nith,  idon  debtha,  idon  nofri  comrac  a  arme  pour  bataille,  c'est  à-dire  de 
t  contestation  entre  deux  personnes  ou  pour  duel  ».  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p. 
126,  lignes  M-16;  cf.  p.  122,  ligne  9. 

6.  Mas  a  n-ecmais  a  finechairt,  cid  marbadh,  cid  beocned,  is  lan  fiach  onti  rucustar 
he^  ocus  î\s]-slan  donti  i  rucad  a-daigh  :  «  Si  le  duel  a  lieu  en  l'absence  ou  à  l'insu  de 
«  la  famille,  que  le  vaincu  ait  été  tué  ou  survive  à  ses  blessures,  l'indemnité  due  pour 

Rev.  Celt,  VU  1 


i8  H.  d^Arbois  de  JubainviUe. 

De  même,  en  général,  aucune  indemnité  n'est  due  à  la  famille  du  mort 
quand  le  vainqueur  est  celui  qui  a  provoqué  Tautre  en  duel  ;  mais  ici  le 
principe  peut  souffrir  des  exceptions.  Pour  qu'il  s'applique,  il  faut  que 
certaines  conditions  soient  remplies.  Il  faut  par  exemple  que  la  famille 
du  mort  ait  été  prévenue  du  combat  singulier  projeté  et  mise  en  de- 
meure d'y  assister.  Un  texte  déclare  même  que  la  présence  de  la  famille 
rend  beaucoup  meilleure  la  situation  du  provocateur  qui  tue  son  adver- 
saire en  duel  ■.  En  tout  cas,  le  consentement  préalable  formel  ou  tacite 
de  la  famille  ^  était  nécessaire  pour  la  sécurité  du  meurtrier,  car  la  soli- 
darité étroite  qui  unissait  les  membres  de  la  famille  faisait  considérer  la 
mort  ou  même  simplement  la  ruine  d'un  d'entre  eux  comme  une  perte 
pour  tous.  Accepter  valablement  un  duel  sans  le  consentement  de  sa 
famille  était  pour  un  Irlandais  aussi  impossible  que  de  se  placer  dans  la 
servitude  d'un  chef ,  ou  d'une  manière  générale  de  disposer  de  sa  fortune 
héréditaire  sans  l'assentiment  préalable  de  sa  famille  K  Par  famille,  fine^ 
on  entend  ici  les  parents  par  les  maies  jusqu^au  huitième  degré  du  droit 
romain  ou  jusqu'au  quatrième  du  droit  canonique  inclusivement,  plus, 
sous  certaine  réserve,  la  famille  de  la  mère.  Enfm,  quand  un  homme 
n'avait  pas  de  famille,  sa  famille  était  remplacée  par  le  chef  4  ou,  si  l'on 
veut,  par  le  suzerain  soit  laïque  soit  ecclésiastique.  Ainsi  celui  qui  provo- 
quait un  autre  en  duel  devait  quelquefois  pour  se  mettre  en  règle,  non 
seulement  faire  prévenir  les  parents  par  les  mâles  qu'il  croyait  connaître, 
mais  enfm  faire  faire  une  annonce  publique,  un  ban,  en  vieil  irlandais 
aithbonn  ou  urfocre,  dont  la  formule  nous  a  été  conservée  :  «  soient  pré- 
venus le  chef,  l'église  succursale,  le  chef  supérieur,  la  mère  église  et  la 
famille  maternelle  »  s . 

«  homicide  ou  blessure  doit  être  payée  sans  aucune  déduction  par  le  vainqueur  quand 
M  le  vainqueur  est  celui  qui  a  forcé  son  adversaire  à  se  battre  ;  mais  le  vainqueur  ne 
«  doit  rien,  quand  le  vainqueur  est  celui  qui  a  été  forcé  à  se  battre  ».  Ancient  laws  of 
Ireland^  t.  111,  p.  302,  lignes  1-5. 

1.  Ma  robâtur  a  fine  ar  aird  :  LebarAicU  dans  Ancient  laws  of  Irtland,  t.  III,  p.  296, 
lignes  23  ;  p.  298,  lignes  1-2. 

2.  Fer  a  roidh  no  ghoidhy  lisez  :  Fer  i  roi  ro  goet  «  homme  qui  en  duel  a  été  tué  ». 
—  Glose  :  masa  codnach  ro-tairged  i-sin  r[o]e  comraic  a  haititin  a  finechaire  ...  cid 
beocned  cid  marbcned  i\s\-slan  «  si  un  majeur  en  possession  de  ses  droits,  et  provoqué 
c  en  duel,  s'est  batta  avec  l'autorisa  lion  de  ses  parents,  [et  s'il  a  été  vaincu]  ...  soit 
((  qu'il  ait  survécu  à  ses  blessures,  soit  qu'il  en  soit  mort,  le  vainqueur  n'encourt  aucune 
«  responsabilité  ».  Lebar  Aide,  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  Ill,  p.  296,  lignes  18-21. 

3.  Senchus  3f6r  dans  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  11,  p.  280-298. 

4.  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  IV,  p.  240,  242  ;  comparez  au  passage  du  Senchus  Môr^ 
t.  1,  p.  260  :  Arindi  cetheora  selba  bit  for  cach  adgair  ocus  adgairter  :  selb  fini  athar- 
daiy  ocus  selb  flatha^  ocus  selb  ecalsa,  ocus  selb  mathrai^  ocus  selb  altrama.  c  Car  il  y  a 
a  quatre  propriétés  qui  sont  sur  quiconque  est  demandeur  ou  défendeur  :  propriété  de 
«  famille  paternelle,  propriété  de  chef,  propriété  d'église,  propriété  de  [famille]  ma- 
n  ternelle,  propriété  de  tutelle  1. 

j.  Adbonnar  do  flaith,  do  celais,  do  forflaith,  ocus  do  annoit^  ocus  do  maithri  [idon  do 
fine  a  mathar].  Lebar  Aide  dans  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  III,  p.  298,  lignes  6-7. 


Des  attributions  judiciaires  de  l^autorité  publique  chez  les  Celtes,      1 9 

Cependant  un  simple  avertissement  à  la  famille,  et  au  chef  à  son  défaut, 
ne  suffisait  pas  toujours.  Celui  qui  provoquait  un  autre  en  duel  se  pré- 
tendait lésé  par  ce  dernier  ;  mais  il  pouvait  se  faire  que  le  demandeur  en 
duel  fût  débiteur  en  même  temps  que  créancier,  qu'il  eût  le  premier  fait 
à  son  adversaire  un  tort  quelconque  propre  à  motiver  une  demande  re- 
conventionnelle. Celui  donc  qui  provoquait  en  duel  un  détendeur  envers 
lequel  il  avait  une  dette  devait  avant  le  duel  prévenir  de  cette  dette  la 
famille  de  son  adversaire'.  Celle-ci,  faute  de  ce  renseignement,  était 
dans  l'impossibilité  de  connaître  la  situation  réelle  des  deux  parties,  elle 
ne  pouvait  se  rendre  compte  de  l'importance  du  sacrifice  à  faire  pour  in- 
demniser le  demandeur  dans  le  cas  où  elle  aurait  jugé  à  propos  d'em- 
pêcher le  duel.  Si  le  demandeur  auquel  il  était  dû  trois  vaches  en  devait 
lui-même  deux,  sa  créance  était  réduite  à  une  vache,  et!  il  était  plus 
facile  à  la  famille  de  donner  une  vache  que  trois  pour  épargner  un 
danger  de  mort  à  un  de  ses  membres. 

Quand  celui  qui  était  provoqué  en  duel  était  un  incapable,  le  duel  ne 
pouvait  avoir  lieu  valablement  sans  le  consentement  de  son  père  ou  de 
son  tuteur,  et  il  fallait  en  outre  que  le  demandeur  en  duel,  lorsqu'il  était 
débiteur  du  défendeur,  en  eût  prévenu  le  père  ou  le  tuteur  *. 

La  situation  de  celui  qui  avait  à  se  battre  en  duel  était  vue  avec  faveur 
par  la  loi.  Il  pouvait  opposer  une  exception  dilatoire  aux  tiers  qui  se- 
raient venus  l'actionner  avant  le  combat  '. 

Le  duel  conventionnel  irlandais  nous  fait  remonter  à  une  période  de  la 
civilisation  bien  antérieure  au  duel  judiciaire  du  moyen  âge.  Le  duel 
judiciaire  est  un  acte  que  précède  la  comparution  devant  le  juge,  le  duel 
conventionnel  est  un  moyen  d'éviter  l'intervention  du  juge.  La  piété  su- 
perstitieuse du  moyen  âge  a  fait  considérer  le  duel  judiciaire  comme  un 
moyen  de  consulter  Dieu  et  d'arriver  à  la  connaissance  de  la  vérité.  Le 
duel  conventionnel  n'est  qu'une  forme  de  la  guerre  privée  entre  deux 
familles  qui  forment,  pour  ainsi  dire,  dans  l^Etat,  autant  d'états  indé- 
pendants. 

Nous  laissons  de  côté  dans  cette  étude  l'hypothèse  du  recours  à  la  ba- 
taille de  plusieurs,  cath,  qui  s'oppose  au  combat  singulier  ou  duel,  comrac. 


1.  Lebar  Aide  dans  Ancient  laws  of  Irtland,  t.  III,  p.  296,  lignes  20-21. 

2.  Lebar  Aide  dans  Andent  laws  oj  Ireland^  t.  III,  p.  298,  lignes  20  et  suivantes. 

}.  Les  délais  de  la  saisie  sont  élevés  à  dix  jours  quand  le  défendeur  est  un  homme 
sur  lequel  est  tombée  l'obligation  de  se  battre  en  duel  :  athgabail  fir  Jor  a  tuiî  roi 
(Andent  laws  of  Irelandy  t.  I,  p.  194.  lignes  22-2);  cf.  p.  198,  lignes  16-18)  La  traduc- 
tion anglaise,  disiress  front  a  man  who  has  lest  the  combat,  me  semble  contenir  un  contre- 
sens. 


20  H.  d* Artois  de  Jubainville. 

Les  textes  de  jurisprudence  irlandaise  en  parlent  quelquefois  K  Quelques 
règles  du  combat  singulier  paraissent  avoir  été  applicables  au  combat  de 
plusieurs,  mais  celui-ci  nous  fait  sortir  du  domaine  de  la  procédure. 

§  4.  La  procédure  irlandaise.  —  Seconde  partie,  la  sabie  mobilière. 

La  langue  du  droit  irlandais  exprime  en  général  l'idée  de  saisie  par  le 
mot  tobach  qui  désigne  à  la  fois  la  saisie  mobilière  et  la  saisie  immobi- 
lière. La  saisie  mobilière  s'appelle  proprement  athgabail,  littéralement 
«  reprise  ».  La  saisie  mobilière  comme  le  duel  et  le  combat  de  plusieurs 
a  lieu  sans  l'autorisation  préalable  du  juge.  C'est  la  pignoris  capio  que  le 
droit  romain  de  l'époque  historique  autorise  par  exception  *.  On  en 
trouve  aussi  quelques  traces  dans  les  lois  germaniques  les  plus  an- 
ciennes. Mais  ces  traces  consistent  principalement  dans  des  textes  qui 
restreignent  ou  suppriment  le  droit  primitif,  en  faisant  de  l'autorisation 
préalablement  donnée  par  le  juge  une  condition  indispensable  de  la  vali- 
dité de  toute  saisie  K 

Dans  la  période  primitive  à  laquelle  le  droit  irlandais  nous  fait  re- 
monter, le  ministère  de  l'huissier  est  inconnu  ;  le  créancier  pratique  la 
saisie  par  lui-même  ou  par  tout  mandataire  qu'il  choisit,  pourvu  que  ce 
soit  un  Irlandais  en  pleine  jouissance  de  ses  droits  civils.  Ainsi  le  fils  en 
puissance  paternelle,  l'esclave,  le  fou,  l'insolvable  ne  peuvent  saisir  les 
biens  de  leur  débiteur  4  ;  il  est  même  évident  qu'il  fut  un  temps  où  en 
droit  irlandais  cette  incapacité  s'étendait  aux  femmes  de  tout  âge  et  de 
toute  condition.  Cependant  les  textes  irlandais  que  nous  avons  nous  mon- 
trent les  femmes  investies  de  la  capacité  d'agir  par  saisie  mobilière  ou 
immobilière.  Une  procédure  spéciale  existe  à  leur  usage  :  elle  est  parfai- 


1.  Senchus  M  or  dans  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  176,  lignes  22-24.  Lebar  AîcUf 
ibid.j  t.  III,  p.  300,  lignes  8  et  suivantes. 

2.  Gaius,  Institut.^  1.  IV,  §  26  et  suiv. 

3.  La  plupart  des  textes  germaniques  que  nous  nous  connaissons  s'accordent  pour 
exiger  l'autorisation  du  juge  avant  la  saisie.  Telles  sont  les  prescriptions  de  la  loi  salique 
(titre  LXXV,  édition  Hessels  et  Kern,  p.  408;  cf.  titre  L,  ibid.j  col.  316  et  suivantes), 
de  la  loi  des  Bourguignons  (litre  XIX,  §  i  ;  chez  Walter,  Corpus  juris  germanici  antiqui, 
t.  I,  p.  314),  de  Pedit  de  Théodoric  (chap.  123,  124,  chez  Walter,  ibia.,  p.  410),  de  la 
loi  des  Visigoths  (livre  V,  titre  VI,  §  i,  chez  Walter,  ibid.,  p.  $27;  de  la  loi  des  Ba- 
varois (titre  XII,  chap.  I,  chez  Walter,  ibid.y  p.  27J).  Toutefois,  la  loi  des  Visigoths  se 
sert  de  termes  qui  sont  de  nature  à  faire  supposer  qu'avant  la  promulgation  du  chapitre 
dont  il  s'agit,  on  avait  le  droit  de  saisir  sans  autorisation  du  juge  :  Pignorandi  licen- 
tiam  in  omnibus  submovemus.  Cette  décision  émane  du  roi  Récarède,  probablement  Ré- 
carède  I"",  586-601.  Chez  les  Lombards,  en  643,rédiide  Rotharis  n'interdit  la  saisie  pri- 
vée que  lorsqu'il  s'agit  de  chevaux,  de  vaches  et  de  porcs.  Quand  on  veut  saisir  ces 
animaux,  il  faut  préalablement,  dit  cet  édit,  se  faire  autoriser  par  le  juge  ;  mais  pour  tout 
autre  objet,  cette  autorisation  est  ïnutWe  (Edictum  Rotharis,  c.  249-256,  chez  Walter,  ibid., 
p.  729,  730). 

i|,  Ancient  laws  of  Ireland,  1. 1,  p.  84-90. 


Des  attributions  judiciaires  de  rautorité  publique  chez  les  Celtes,      i  \ 

tement  distincte  de  la  procédure  qu'observent  les  hommes  pour  pratiquer 
soit  la  saisie  mobilière  soit  la  saisie  immobilière.  Des  textes  prétendent 
même  nous  apprendre  par  qui  ces  procédures  féminines  ont  été  in- 
ventées '. 

Mais  dans  le  Senchus  Môr  la  procédure  de  la  saisie  mobilière  par  les 
femmes  est  une  addition  relativement  récente  :  c'est  une  cinquième 
espèce  de  saisie  mobilière,  celle  dite  de  deux  jours,  tandis  que  les  quatre 
premières,  celle  d'un  jour,  celle  de  trois  jours,  celle  de  cinq  jours  et 
celle  de  dix  jours  sont  à  l'usage  des  hommes  ;  or  le  traité  de  la  saisie 
mobilière,  malgré  cette  addition,  conserve  dans  les  manuscrits  du  5^/ic/iu5 
Môr  son  titre  primitif:  «  Des  quatre  espèces  de  saisie  mobilière  »  2.  Ce 
titre  exclut  la  cinquième  espèce  de  saisie  mobilière,  c'est-à-dire  la  saisie 
de  deux  jours,  la  saisie  féminine  ;  et,  par  conséquent,  les  passages  qui  la 
concernent  sont  une  interpolation.  Ces  passages  sont  au  nombre  de  deux. 
Le  premier  contient  une  méprise  qui  atteste  l'étourderie  de  l'interpo- 
lateur;  ce  passage  se  trouve  au  commencement  du  traité  de  la  saisie  mo- 
bilière, là  où  l'auteur  donne  la  liste  des  différentes  espèces  de  saisies 
dont  il  va  parler.  Ce  sont,  dit -il  d'abord,  les  saisies  qui  comportent  le 
délai  d'un  jour,  de  trois  jours,  de  cinq  jours  et  de  dix  jours.  Chose  sin- 
gulière, la  saisie  mobilière  qui  comporte  un  délai  de  deux  jours,  c'est-à- 
dire  la  saisie  féminime,  ne  se  trouve  pas  à  la  place  où  il  serait  naturel  de 
la  rencontrer  :  après  celle  d'un  jour  et  avant  celle  de  trois  ;  elle  est  men- 
tionnée après  celle  de  dix  ;  mais  voici  qui  est  plus  étrange  :  immédiate- 
ment à  la  suite,  Tinterpolateur  a  placé  l'annonce  de  la  saisie  de  douze 
jours  pratiquée  par  les  femmes  à  propos  de  champ  ?,  c'est-à-dire  une  des 
deux  espèces  principales  de  saisie  immobilière  :  l'interpolateur  oubliait 
qu'il  n'est  pas  question  de  la  saisie  immobilière  dans  le  Senchus  Môr  et 
que  cette  procédure  est  l'objet  d'un  traité  spécial. 

1.  Senchus  M6r  dans  Ancienî  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  i$o,  154;  cf.  p.  144,  146. 
Din  tcchtugad,  ibid.^  p.  14-16  ;  cf.  p.  38,  40, 

2.  Di  cetharsli[u\cht  athgabala:  Ancient  laws  ojlrelandy  t.  I,  p.  64.  (Corr.  de  W.  S 

3.  Otna  do  neoch  ncsom^  treisi  di-a-tatiûisib,  cuicthe  fri  cond  cuindegary  dechmad  fri 
radfûd^  aile  do  mnaiby  aile  dec  doib  im  roe  «  un  jour  pour  toute  chose  très  pressée, 
<c  trois  jours  pour  les  choses  un  peu  moins  pressées,  cinq  jours  quand  le  défendeur  a 
t  pleine  capacité,  dix  jours  quand  la  négligence  du  demandeur  a  laissé  vieillir  sa 
i  créance,  deux  jours  quand  la  demande  émane  de  femmes,  douze  quand,  émanant  de 
■  femmes,  elle  a  pour  objet  un  champ.  »  La  suite  parle  des  rois  qui  font  faire  une 
saisie  mobilière,  mais  rentre  dans  la  seconde  et  la  quatrième  des  divisions  précédentes  : 
treisi  do  rig,  treisi  uathahd  do  hi  camus  «  trois  jours  quand  le  roi  est  saisissant,  trois 
jours  seulement  pour  lui  dans  ses  états  »;  treize  dec  do  tar  crich  «  treize  jours  pour 
lui  hors  de  ses  états  ».  Le  premier  point  se  rapporte  à  la  saisie  immédiate  de  trois  jours, 
p.  230  et  suivantes,  l'autre  à  la  saisie  immédiate  de  dix  jours,  athgabail  tobach  dar  crich, 
[Aiuient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  246,  lignes  19-20;  ibid.,  p.  248,  lignes  21-22).  Le  texte 
que  nous  venons  de  reproduire  avec  traduction  se  trouve  dans  Ancient  laws  of  îreland, 
t.  I,  p.  78,  lignes  13-17,  et  la  glose,  p.  80-82. 


22  H,  d'Arbois  de  Jubainville, 

La  seconde  interpolation  au  contraire  est  bien  à  sa  place  ;  elle  fait 
partie  du  corps  même  du  traité  de  la  saisie  mobilière,  et  elle  est  comme 
de  raison  intercalée  entre  la  saisie  d'un  jour  et  la  saisie  de  trois  jours  >. 

La  portion  du  Senchus  Mot  qui  concerne  la  saisie  mobilière  pratiquée 
par  les  femmes,  autrement  dite  saisie  de  deux  jours,  a  mis  dans  un  grand 
embarras  un  des  derniers  auteurs  |qui  ait  porté  la  main  à  ce  grand  re- 
cueil de  la  jurisprudence  irlandaise.  Le  titre  de  cet  ouvrage  était  ainsi 
conçu  :  Des  quatre  espèces  de  saisie  mobilière^  et  il  y  était  traité  de  cinq 
espèces  de  saisies  :  cet  écrivain  se  demanda  pourquoi  on  avait  pu  dans 
le  titre  parler  de  quatre  espèces  de  saisies,  et  à  cette  question  il  trouva 
vingt-trois  réponses.  Ces  réponses  avec  leur  glose  occupent  onze  pages 
dans  l'édition  officielle*.  Une  d'elles  est  la  bonne,; c'est  la  vingtième  : 
«  Parce  qu'il  y  a  eu  quatre  délais  qui  ont  suivi  le  commandement  de  payer: 
un  jour  et  trois  jours,  cinq  jours  et  dix  jours,  sans  parler  des  exceptions 
dilatoires  »  '.  Il  paraît  que  cette  explication  a  peu  satisfait  notre  savant 
irlandais,  puisqu'il  l'accompagne  de  vingt-deux  autres  qui  n'ont  aucun 
rapport  avec  le  sujet.  Ainsi  «  il  y  a  lieu  »,  dit-il,  «  de  distinguer  le  tout, 
«  la  moitié,  le  tiers  et  le  quart,  en  tout  quatre  manières  de  concevoir 
«  un  droit  »  4.  Ou  bien  «  Parmi  les  membres  de  la  famille  ou  fine  qui 
«  sont  responsables  des  crimes  de  leurs  parents,  il  faut  distinguer  quatre 
«  catégories  qui  s'appellent  :  i°  gelfine  ou  «  famille  de  la  main  »,  cinq 
personnes  comparées  aux  cinq  doigts  i  les  parents  par  les  mâles  au 
premier  et  au  deuxième  degré  du  droit  romain,  plus  la  femme  H, 
2^  derbfine  ou  «  famille  certaine  (  les  collatéraux  par  les  mâles  au  troi- 
sième et  au  quatrième  degré  )  ^,  iarfine  ou  «  famille  d'après  »  (  les  col- 

1 .  Par  suite  de  la  bizarre  idée  qu'ont  eue  les  éditeurs  de  diviser  un  peu  au  hasard  le 
texte  du  Senchus  Màr  en  fragments,  qu'ils  ont  fait  suivre  de  la  glose,  le  morceau  dont  nous 

f>arlons  se  trouve  partagé  en  deux  fragments  :  Ancienî  laws  oj  Irdand^  t.  1,  p.  126, 
ignés  10-11,  et  ibid.,  de  la  p.  144,  ligne  1$,  à  la  p.  i  )6,  ligne  26.  Pour  trouver  la 
glose  du  texte  qui  a  fourni  les  deux  lignes  10  et  1 1  de  la  p.  126,  il  faut  se  reporter 
aux  lignes  i  $-19  de  la  p.  144  ;  et  du  texte  à  la  glose  il  n'y  a  aucun  renvoi.  Ce  n'est  pas 
une  exception.  Toute  l'édition  des  Ancient  laws  of  Ireland  a  été  faite  dans  ce  système  : 
point  de  renvoi  du  texte  à  la  glose,  imprimée  quelquefois  trente  pages  plus  loin  que  le 
texte. 

2.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  2^6-262,  p.  268-284. 

}.  Arinni  robdu'r  ccthri  uidhi  robaîar  for  furogru  dlighe^  aon  ocus  treisu  cuicthe  ocus 
dechmu^  genmo  bi  turbuid  (Ancient  laws  of  Ireland j  t.  1,  p.  262,  lignes  4-6;  cf.  p.  282, 
lignes  25  et  suivantes). 

4.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I.  p.  2j8,  lignes  28-29  ;  cf.  p.  272,  lignes  30-J4. 

j.  Gelfine  co  cuicer  :  «  C^//îaz^  jurqu'à  cinq  personnes  ».  (Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV, 
p.  284,  lignes  1-2).  —  Cin  cuicir  :  athair^  ocus  mac^  ocus  ua,  ocus  brathair,  ocus  ben  : 
«  crime  de  cinq  :  père,  fils,  petit  fils,  frère  et  femme  ».  {Ibid.^  t.  I,  p.  2j8,  lignes  6-9.) 
Une  autre  énumération  moins  complète  se  trouve  au  même  tome,  p.  i  j6,  lignes  29-50  : 
Im  cinaid  do  mic^  do  ingine^  do  huaiy  do  mna  fochraice  «  pour  crime  de  ton  fils,  de  ta 
fille,  de  ton  petit-fils,  de  li  femme  que  lu  as  achetée.  »  Voyez  la  glose,  p.  160,  lignes 
18-26. 

6.  Les  frères  ne  font  point  partie  du  groupe  appelé  derbfine  :  combeir  cinaid  cach 


Des  attributions  judiciaires  de  l'autorité  publicfue  chez  les  Celtes.      1 3 

latéraux  par  les  mâles  au  cinquième  et  au  sixième  degré  1  ■ ,  indpie  ou 
«  famille  de  la  fin  »  (  les  collatéraux  par  les  mâles  au  septième  et  au 
huitième  degré)  ^  ».  Ces  distinctions  n'ont  aucun  rapport  avec  les  divi- 
sions du  traité  de  la  saisie,  Tauteur  y  a  recouru  ea  désespoir  de  cause, 
puisque  la  première  section  du  Senchus  Môr^  dans  l'état  où  elle  est  par- 
venue jusqu'à  lui,  traite  de  cinq  espèces  de  saisies  mobilières,  au  lieu  des 
quatre  que  ce  document  avait  pour  objet  à  l'époque  où  les  femmes 
n'avaient  pas  le  droit  de  pratiquer  la  saisie,  étant  toutes  placées  sous 
l'autorité  d'un  tiers,  comme  le  fils  de  père  vivant  en  droit  irlandais  et  en 
droit  romain,  comme  la  femme  romaine  dans  le  droit  primitif  de  Rome  ^ 


brathair  co  taber  derbfine  «  les  frères  sont  responsables  du  crime  de  leur  frère  Jusqu'à  ce 
que  ia  responsabilité  passe  au  groupe  appelé  derbfine  ».  [Aiicient  laws  of  îreland^  t.  IV, 
p.  242,  lignes  10,  16-18). 

1.  Le  groupe  appelé  dtrbfine  se  compose  de  neuf  personnes,  c'est-à-dire  des  cinq 
personnes  comprises  dans  le  gelfine,  plus  de  quatre  qui  forment  le  derbfint  proprement  dit, 
c'est-à-dire  le  cousin  germain,  son  fils,  son  frère  et  sa  femme  ;  le  iarfine  de  treize  per- 
sonnes, c'est-à-dire  de  neuf  plus  quatre,  c'est-à-dire  le  cousin  issu  de  germain^  son  fils, 
son  frère  et  sa  femme;  \tindfine  de  dix-sept,  c'est-à-dire  de  treize  plus  quatre,  c'est-à-dire 
le  petit-cousin,  son  fils,  son  frère  et  sa  femme  {Ancient  laws  of  Ireland^  t.  IV,  p.  284).  Le 
chiffre  dix-sept  de  Vindfine  (liiiéralement  famille  de  la  fin^  se  trouve  déjà  dans  le  Senchus  Môr, 
Ci»  do  indui,  cin  do  iarmui,  cin  cacha  comocus  co  a  sccht  dec  it  gleithi  for  cuicthi,  c'est- 
i-dire  la  saisie  pratiquée  contre  toi  à  cause  des  crimes  ou  délits  de  ton  descendant  au 
quatitème  degré  ou  au  troisième  degré,  et  de  tout  parent,  jusqu'aux  dix-sept,  comporte 
le  délai  de  cinq  jours.  {Ancient  laws  of  Irelandj  t.  I,  p.  182,  lignes  22-23.)  Dans  ce  texte 
en  écrivant  induî,  iarmui ^  on  a  employé  le  nom  de  l'accessoire  pour  désigner  le  prin- 
apal  :  ind-ui  tient  lieu  de  ind-fine,  iarm-ui^  de  iar-fine.  Il  était  rare  qu'on  fût  respon- 
sable des  actes  de  son  descendant,  an  quatrième  ou  au  troisième  degré;  mais  théorique- 
ment, la  responsabilité  pour  les  actes  de  Viarmua  suit  les  mêmes  règles  que  la  responsa- 
bilité pour  les  actes  du  membre  de  Viarfine,  et  la  responsabilité  pour  les  actes  de  Vindua 
suit  les  mêmes  règles  que  la  responsabilité  pour  les  actes  du  membre  de  Vindfine.  Les 
Irlandais  paraissent  avoir  compté  les  degrés  à  peu  près  comme  les  canoristes  :  ils  ne  dou- 
blaient pas  les  chiffres  lorsqu'il  s'agissait  des  collatéraux,  en  sorte  que  pour  eux  un  arrière- 
petit-fils,  iarmua,  est  au  même  degré  qu'un  cousin  issu  de  germain,  iar-fine. 

Celfine  présente  une  grande  analogie  avec  le  premier  degré  des  canonistes  ;  derbfint 
avec  leur  deuxième  degré  en  ligne  collatérale  ;  iarfine,  avec  le  troisième  ;  indfine^  avec  le 

Snatrième.  Il  y  a  donc  quatre  degrés  successibles  en  ligne  collatérale,  et  quand  on  avance 
'un  degré,  on  ajoute  quatre  personnes.  En  effet,  la  famille  complète  dans  le  sens  le  plus 
restreint  du  mot  se  compose,  père  non  compris,  de  quatre  personnes  :  comlin  fine  ...  i 
cethrar  {Lebar  Aide,  dans  Ancient  laws  of  ïreland^  t.  111,  p.  332,  ligne  20)  :  fils,  petit- 
fils,  frère,  femme.  Il  y  a  donc  quatre  personnes  à  chaque  degré,  saufle  premier  qui  com- 
prend cinq  personnes,  et  on  compte  quatre  degrés  de  parents  successibles  et  responsables. 
Le  chifl^re  quatre  joue  un  rôle  considérable  dans  le  droit  des  successions  et  dans  le  droit 
criminel  en  Irlande.  Le  partage  des  successions,  et  par  conséquent  des  responsabilités  pour 
crimes  et  délits,  se  fait  au  moyen  de  divisions  par  quatre.  C'est  à  des  quarts,  à  des  quarts 
de  quarts  qu'ont  droit  les  co-partageants  comme  on  le  voit  au  Lebar  Aide  [Ancient  laws 
of  Irelandf  t.  III,  p.  330-352).  Le  chiffre  quatre  et  ses  multiples  donnent  aux  juriscon- 
sultes irlandais  la  solution  de  tous  les  problèmes  d'arithmétique  soulevés  par  le  partage 
des  successions  et  des  responsabilités  pour  crimes. 

2.  Ancient  laws  of  Irelandy  t.  I,  p.  262,  lignes  1-3. 

5.  La  femme  irlandaise  peut  être  propriétaire,  elle  hérite  sous  certaines  conditions  et 
avec  certaines  restrictions.  Voyez  sur  ce  point  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  148, 
lignes  3-$  ;  t.  IV,  p.  16,  ligne  24  ;  p.  38-48.  Le  droit  d'héritage  des  femmes  est  supposé 
par  le  passage  du  Senchus  Môr,  qui  prévoit  le  cas  où  ia  famille  maternelle  sera  respon- 
sable des  actes  d'un  malade  frappé  d'incapacité  légale:  athgabail  lobuirecuind  co-ro- 
glatir  maithrt  ocus  aithre  dus  ce  da  lina  no-dogella^  «  saisie  de  malade  incapable,  afin 


24  W-  d^Arbois  de  JubainvilU, 

Quand  il  n'y  a  pas  de  motif  pour  abréger  les  délais  de  la  saisie  mobi* 
Hère,  on  peut  y  distinguer  huit  faits  successifs  : 

1°  Commandement  de  payer,  aurfocre  ; 

2^  Délai  qui  sépare  le  commandement  et  la  saisie,  apad; 

^^  Saisie,  athgabail; 

4®  Délai  pendant  lequel  l'objet  saisi  reste  aux  mains  du  débiteur, 
anad; 

50  Enlèvement,  en  irlandais  /oxu/,  de  l'objet  saisi  qui  est  mis  en  four- 
rière, forus; 

6*^  Signification  faite  au  saisi  pour  le  prévenir  de  l'endroit  où  a  été 
conduit  l'objet  mis  en  fourrière  ;  cette  signification  s'appelle  fasc  ; 

70  Délai  pendant  lequel  l'objet  saisi  reste  en  fourrière  ;  le  nom  de  ce 
délai  est  dithim  ; 

8°  Date  à  partir  de  laquelle  la  propriété  de  l'objet  en  fourrière  est 
graduellement  enlevée  au  défendeur  pour  passer  au  demandeur  ;  cette 
date  se  nomme  lobad^  c'est-à-dire  destruction. 

Les  délais  peuvent  être  allongés  par  l'exception  dilatoire,  turbaid^  qui 
se  produit  quand  un  obstacle  insurmontable,  deithbeire  ',  s'oppose  à  la 
bonne  volonté  du  défendeur.  —  Les  deux  délais  que  nous  avons  fait  figurer 
sous  les  numéros  deux  et  quatre  et  qu'on  appelle  le  premier  apad^  le  se- 
cond anady  peuvent  être  supprimés  quand  il  y  a  particulière  urgence  ; 
alors  la  saisie  s'appelle  athgabail  tul  :  celle-ci  ne  comporte  qu'un  seul 
délai,  celui  que  nous  avons  placé  sous  le  numéro  sept  et  qu'on  nomme 
dithim.  —  C'est  sur  la  durée  de  ces  délais  qu'est  fondée  la  classification  des 
divers  cas  de  saisie  mobilière,  telle  qu'elle  est  donnée  dans  le  Senchus 
Môr, 

Supposons  qu'il  soit  question  de  pratiquer  la  saisie  dite  de  cinq  jours. 
Le  demandeur  débute  par  un  commandement  à  son  débiteur.  C'est  l'acte 
prescrit  en  droit  français  par  l'article  583  du  Code  de  procédure  civile. 
Chez  nous  le  commandement  doit  être  fait  un  jour  au  moins  avant  la 
saisie.  Par  un  hasard  singulier,  c'est  le  principe  irlandais,  puisque  en  Ir- 
lande la  saisie  dont  les  délais  sont  les  plus  courts  est  celle  d'un  jour. 
Mais  dans  la  procédure  irlandaise  dont  nous  nous  occupons  ici,  l'inter- 
valle entre  le  commandement  et  la  saisie  dure  cinq  jours  >,  cet  intervalle 

a  que  les  parents  maternels  et  les  parents  paternels  décident  laquelle  des  deux  branches 
«  donnera  des  gages  »,  la  durée  des  délais  sera  étendue  à  dix  jours.  (Ancient  laws  of 
Ireland,  t   I,  p.  192,  lignes  ij-i  j  ;  voyez  encore,  t.  I,  p.  260,  ligne  6.) 

1.  Ancient  laws  ojf  Irdand,  t.  1,  p.  102,  lignes  8,  21  ;  cf.  p.  198,  lignes  9,  11,  14, 
ij,  I9-2J  ;  p.  262,  lignes  6,  ij,  21  ;  p.  266,  ligne  20  ;  p.  282,  ligne  26;  p.  284, 
lignes  11-13,  etc. 

2.  Ancient  laws  of  Irelandy  t.  I,  p.  78,  lignes  23-2  j  ;  p.  262,  lignes  9-13  ;  p.  264, 
ligne  5  ;  p.  284,  lignes  36-38. 


Des  attributions  judiciaires  de  rautorité  publique  chez  les  Celtes,      2  ^ 

est  ce  qu'on  appelle  apad.  La  saisie  est  suivie  d'un  nouveau  délai,  anad, 
d'une  durée  égale  à  la  durée  du  premier  :  cinq  jours  encore  pendant  les- 
quels les  objets  saisis  restent  au  domicile  du  défendeur'  qui  en  est 
gardien  de  droit,  tandis  qu'en  droit  français  il  est  seulement  gardien 
facultatif  et  peut  être  refusé  par  le  saisissant  (Code  de  procédure  civile  y 
article  598J.  A  l'expiration  de  ce  second  délai  le  créancier,  par  un  acte 
appelé  toxal^  enlève  les  objets  saisis  ;  il  met  ces  objets  en  fourrière  et 
fait  au  défendeur  une  signification  nouvelle,  fasc,  qui  sert  de  point  de 
départ  à  un  nouveau  délai,  dithim,  quelquefois  double  de  chacun  des 
deux  premiers  3,  mais  ordinairement  de  même  longueur  que  chacun 
d'eux,  encore  cinq  jours  ^  A  l'expiration  de  ce  dernier  délai  commence 
pour  le  débiteur  la  perte  de  son  droit  sur  les  objets  saisis  :  le  créancier 
acquiert  une  certaine  quantité  de  ces  objets  le  premier  jour,  une  seconde 
quantité  le  deuxième  jour,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  qu'il  devienne  pro- 
priétaire du  tout  ;  c'est  ce  qu'on  appelle  lobadou  destruction  :  ce  qui  est 
détruit  est  le  droit  du  défendeur.  Ce  phénomène  légal  tient  lieu  de  la 
vente  prescrite  par  le  droit  français.  Le  droit  irlandais  historique  le  plus 
ancien,  tel  que  nous  le  trouvons  dans  le  Senchus  Môr,  ne  connaît  pas  la 
vente  proprement  dite,  puisque  chez  lui  la  monnaie  de  compte  ne  con- 
siste qu'en  objets  mobiliers:  femmes  esclaves,  bêtes  à  cornes,  sacs 
d'orge.  L'argent  monnayé  parait  pour  la  première  fois  dans  la  glose  du 
Senchus  Mâr  et  dans  des  traités  de  date  plus  récente  que  le  Senchus  Môr, 
tel  que  le  livre  à!Aicih,  Dans  la  procédure  irlandaise  dont  il  s'agit,  le 
total  des  délais  qui  s'écoulent  entre  la  première  signification  et  le  mo- 
ment où  le  saisi  commence  à  être  dépouillé  de  ses  droits  sur  les  objets 
mobiliers  enlevés  par  le  créancier,  s'élève  à  quinze  jours  :  il  est  triple 
du  nombre  de  jours  qui  a  donné  son  nom  à  cette  procédure  :  saisie  de 
cinq  jours.  Dans  la  saisie  d'un  jour  la  durée  totale  des  délais  est  de  trois 
jours  ;  dans  la  saisie  de  trois  jours  elle  s'élève  à  neuf  jours  ;  enfin  dans 
la  saisie  de  dix  jours,  c'est  à  trente  jours  que  se  monte  le  total  des 
délais. 

Quand  tous  les  délais  sont  ainsi  observés,  la  procédure  de  la  saisie 
mobilière  porte  le  nom  de  saisie  après  longueur,  athgabailiarfut^  ;mais, 

1.  Forus  n-acra  ./.  mainner  A,  arus  in  fir  uil  ag  in  acra  fechemun  toichedha  .i.fn- 
sin-gaibter  athgabala.  {Ancitnt  laws  of  Ireland^  t.  il,  p.  10,  lignes  27-29.) 

2.  Dans  ia  saisie  de  deux  jours  le  dithim  durait  quatre  jours.  {Ancient  laws  oj  îreland^ 
t.  I.  p.  82,  ligne  I  :  p.  144,  ligne  24  ;  p.  146,  lignes  23-25. 

).  Inand  a  uidi  anta  ocus  uidi  ica  fiach  in  urradus^  u  son  délai  â'anad  et  son  délai 
«  de  paiement  (c'est-à-dire  son  dithim)  sont  identiques  dans  le  droit  des  Irlandais  ». 
[Ancient  laws  of  Inland,  t.  I.  p.  176,  lignes  28-29.) 

4.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  III,  p.  io<:,  ligne  16. 

5 .  ta  nomenclature  en  irlandais  des  cas  où  il  y  a  saisie  après  longueur  occupe  dans 


26  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 

r 

dans  un  certain  nombre  de  cas,  il  y  avait  saisie  immédiate,  athgabail  tul. 
Alors  on  supprimait  les  deux  premiers  délais  :  il  n'y  avait  point  d'apad^ 
c'est-à-dire  d*intervalle  entre  le  commandement  et  la  saisie ,  de  même 
Vanad  était  supprimé,  c'est-à-dire  que  Tobjet  saisi  était  immédiatement 
enlevé  et  mis  en  fourrière  ;  le  seul  délai  conservé  était  celui  qu'on  appe- 
lait dithim,  c'est-à-dire  l'intervalle  pendant  lequel  l'objet  en  fourrière 
restait  la  propriété  du  saisi.  La  durée  de  ce  délai  était  égale  au  nombre 
de  jours  qui  donnait  son  nom  à  la  saisie  ■. 

Ainsi,  lorsque  la  saisie  de  cinq  jours  était  immédiate,  il  ne  s'écoulait 
que  cinq  jours  entre  le  commencement  des  opérations  et  le  moment  où 
les  objets  saisis  commençaient  à  devenir  la  propriété  du  saisissant  ;  tandis 
que,  si  la  saisie  eût  été  celle  qu'on  appelait  athgabail  iar  fut  «  saisie 
après  longueur  »,  l'intervalle  entre  le  début  des  opérations  et  le  com- 
mencement de  l'expropriation  du  débiteur  aurait  été  de  quinze  jours. 

La  saisie  immédiate  d'un  jour  était  tout  particulièrement  rigoureuse  : 
le  demandeur,  sans  avertissement  préalable^  enlevait  les  objets  mobiliers 
appartenant  à  son  débiteur,  et  au  bout  d'un  jour  commençait  ce  qu'on 
appelait  en  irlandais  lobad,  c'est-à-dire  l'expropriation  du  débiteur  au 
profit  de  son  créancier». 

De  l'exposé  de  ces  principes  généraux,  nous  allons  passer  à  desobser- 
vations  de  détail  sur  quelques-uns  des  huit  faits  que  nous  avons  dis- 
tingués dans  la  procédure  de  la  saisie  mobilière  irlandaise.  Le  premier 
est  le  commandement,  aurfocre.  En  principe,  toute  saisie  mobilière  doit 
être  précédée  d'un  commandement,  il  y  a  exception  quand  la  personne 
contre  laquelle  il  est  question  de  pratiquer  la  saisie  appartient  à  l'aristo- 
cratie, c'est-à-dire  à  la  catégorie  des  personnes  que  le  droit  irlandais  dé- 
signe par  l'adjectif /leme^,  dont  le  sens  est  «  sacré  ».  Que  le  demandeur 
soit  de  condition  commune  ou  qu'il  fasse  partie  de  la  classe  supérieure  à 
laquelle  appartient  son  adversaire,  peu  importe  :  l'étiquette  irlandaise 
défend  qu'on  adresse  un  commandement  aux  personnes  dites  nemed;  il 

l'édition  officielle  du  Senchus  Môr,  quarante-cinq  pages.  {Ancient  laws  of  Irelandy  t.  I, 
p.  122*210,  savoir  :  saisie  d'un  jour,  p.  122-144;  saisie  de  deux  jours,  p.  126  et 
p.  144-156;  saisie  de  trois  jours,  p.  156-182  ;  saisie  de  cinq  jours,  p.  182-192;  siisie 
de  dix  jours,  p.  192-210.) 

1.  Anjd  cach  athgabala  iar  fut^  is  ed  dithim  cacha  athgabalà  îaulla  cen  anad  itir. 
{Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  210,  lignes  27-29.) 

2.  La  nomenclature  des  cas  de  saisie  immédiate  occupe  vingt  pages  de  texte  irlandais 
dans  l'édition  du  Senchus  Môr,  {Ancient  laws  0/  Ireland^t.  I,  p.  120,  210-250,  savoir  : 
saisie  d'un  jour,  p. 120,  210-230;  saisie  de  trois  jours,  p.  220-236;  saisie  de  cinq  jours, 
p.  236-246;  saisie  de  dix  jours,  p.  246-250.)  On  remarquera  qu'il  n'y  a  pas  de  saisie 
immédiate  de  deux  jours,  en  d'autres  termes  celte  procédure  n'est  pas  à  l'usage  des  femmes 

3ui  doivent  toujours  agir  par  athgabail  iar  fut,  saisie  après  longueur.  Des  quatre  espèces 
e  saisie  immédiate  la  plus  usitée  était  celle  de  cinq  jours  :  athgabail  cuicthi  in  aul  is 
gnathu  dogres  oldas  cach  athgabail  {Ancient  laws  of  Ireland^  t.  I,  p.  250,  lignes  15-16.) 


Des  attributions  judiciaires  de  l*autorité  publique  chez  les  Celtes,      2j 

faut  aller  jeûner  à  leur  porte  '.  Le  débiteur  devant  la  porte  duquel  jeûne 
son  créancier  doit  lui  offrir  à  manger'  et  promettre,  soit  de  le  payer,  soit 
de  faire  juger  la  question  ;  comme  garantie  il  faut  qu'il  lui  donne  une 
caution  solvabie,  ou  lui  livre  des  gages  ^  Autrement  sa  dette  est 
doublée  ;  il  doit  en  outre  cinq  bétes  à  cornes  de  dommages  intérêts  4,  et 
il  est  frappé  d'une  sorte  de  malédiction  :  jamais  ni  dieu  ni  homme  ne  le 
paiera  ;  c'est-à-dire  que,  si,  pour  obtenir  d'un  de  ses  débiteurs  le  rem- 
boursement d'une  créance,  il  le  conduit  devant  un  de  ces  juges  arbitraux 
qui  ont  obtenu  de  la  confiance  publique  une  sorte  d'institution  officieuse, 
ce  juge  refusera  de  l'entendre  jusqu'à  entier  acquittement  de  la  dette  que 
le  créancier  a  sollicitée  par  le  jeûne  î.  D'autre  part,  si  le  créancier,  refu- 
sant d'accepter  des  offres  convenables  faites  par  son  débiteur,  s'obstine 
à  jeûner,  il  perd  sa  créance.  Enfin,  si  celui  qui  jeûne  se  disant  créancier 
ne  Test  point,  il  doit  comme  réparation  payer  à  son  prétendu  débiteur 
cinq  bêtes  à  cornes  d'indemnité,  sans  compter  les  dommages-intérêts 
fixés  par  Tusage  pour  l'outrage  dont  il  s'est  rendu  coupable  envers  lui  ^. 
On  voit  que  pratiquer  une  saisie  n'était  pas  sans  danger.  Si  dans  les 
opérations  préalables  irrégulièrement  exécutées  on  risquait  sa  fortune,  à 
plus  forte  raison  on  pouvait  la  compromettre  quand  on  en  venait  à  l'acte 
proprement  dit  de  la  saisie.  Le  Senchus  Mot  donne  au  saisissant  le  conseil 
impératif  de  se  faire  accompagner  d'un  homme  de  loi,  à  la  fois  assez  ins- 
truit pour  se  rendre  compte  de  l'accomplissement  régulier  des  formalités, 
et  assez  compétent  dans  l'art  de  la  parole  pour  exposer  devant  les  juges 
comment  tout  s'est  passé.  C'est  un  témoin  qui  déposera  ;  mais,  pour 
qu'il  puisse  parler,  il  faut  qu'il  ait  su  voir  ;  en  effet  il  y  a  une  maxime 
qui  dit  :  «  c'est  à  l'œil  qu'on  paiera  »  ;  car  suivant  une  autre  maxime  : 
a  en  Irlande  personne  ne  témoigne  d'une  chose  à  laquelle  il  n'aurait  pas 
tt  fait  attention?  ». 


1.  Dojet  aurfocra  cach  n-athgabala  la  Fcine^  inge  ma  do  nemthîb  no  ma  for  nemthib: 
tofet  troscad  a  'tobach-saide.  {Senchus  Mùr^  dans  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  I,  p.  112, 
lignes  14-16  ï  c^-  I3  glose,  même  page,  lignes  19-26,  et  p.  lu,  lignes  6-8.) 

2.  Senchus  Màr^  dans  Ancient  laws  of  Ireland,  t-  I,  p.  114,  lignes  10  et  suivantes. 

3.  Senchus  Mary  dans  AncUntlaws  of  trelandy  t.  1,  p.  118,  lignes  5^7,  20-28. 

4.  Senchus  Môr,  dans  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  114,  lignes  11-12. 

j.  Nech  nad  gella  di  îroscud,  is  eluthach  na  n-uile;  intifoluing  na  h-uiUy  ni  direncr  0 
dia  na  duine.  [Senchus  Màr^  dans  Ancient  laws  of  Irelandj  t.  I,  p.  112,  lignes  16-18,  et 
p  114,  lignes  14-17.)  1^  formule  finale  se  retrouve  ailleurs,  exemple  :  1°  ar  suig 
fiachu  cach  n-indligi  nad  imdich  dethbiri  iar  n-dia  ocus  duine^  «  toute  illécalité  [com- 
«  mise  par  le  saisissant]  produit  une  créance  [contre  lui  au  profit  du  saisi]  à  moins  que 
a  [le  saisissant]  ne  soit  protégé  par  une  difficulté  insurmontable  [d'exécuter  la  loi]  selon 
■  Dieu  et  homme  ».  {Ibid.y  t.  Il,  p.  2,  ligne  7-8):  2'  dileas  do  suide  0  dia  ocus  duine 
«  lui  est  acquis  de  oar  Dieu  et  de  par  homme.  »  {Ibid.y  t.  IV,  p.  33,  ligne  20.) 

6.  Senchus  Môr,  dans  Ancient  laws  of  Irelandy  t.  I,  p.  118,  lignes  4-5,  9  12 

7.  Fri  rose  ruirther^  ar  ni  fui/gle  nech  la  Feine  ni  nad  airithe.  (Senchus  Môr^  dans 
Ancient  laws  of  trelandy  t.  I,  p.  04,  lignes  9-12.) 


28  H.  d' Artois  de  Jubainville, 

Celui  qui  saisit  irrégulièrement  doit  au  saisi  cinq  bètes  à  cornes  d'in- 
demnité  ;  mais  les  jurisconsultes  irlandais  admettent  que  la  présence  d'un 
de  leurs  confrères,  appelé  et  naturellement  payé  par  le  saisissant,  fasse 
obstacle  à  l'exigibilité  de  cette  sorte  d'amende,  quand  l'irrégularité  résulte 
d'une  erreur  du  jurisconsulte  ■  :  on  dit  vulgairement  en  France  que  «  les 
«  loups  ne  se  mangent  pas  entre  eux  ». 

La  saisie  chez  les  Irlandais  est  considérée  comme  une  sorte  de  contrat 
entre  les  deux  parties  :  son  effet  est  de  faire  acquérir  au  demandeur  un 
droit  analogue  à  celui  de  gage  sur  les  meubles  saisis.  On  ne  peut  saisir  si 
l'on  n'est  pas  capable  de  contracter  :  ce  qui  suppose  à  la  fois  qu'on  n'est 
ni  en  tutelle  ni  soumis  à  la  puissance  paternelle,  que  de  plus  on  e^t  sol- 
vable,  c'est-à-dire  du  nombre  des  hommes  qui  peuvent  servir  de 
caution  '.  Enfm  pour  être  en  droit  de  saisir  un  débiteur,  il  faut  posséder 
un  avoir  mobilier  égal  à  celui  qu'on  saisit  ^  Une  saisie  faite  par  un  es- 
clave, par  un  domestique^  par  un  fou,  serait  nulle  de  plein  droit,  et  ré- 
ciproquement toute  saisie  pratiquée  contre  eux  serait  illégale  4. 

On  pourrait  peut-être  sans  trop  de  témérité  hasarder  ici  une  expression 
étrangère  au  droit  irlandais  et  dire  que  la  faculté  de  saisir  était  attribuée 
aux  citoyens  seuls.  Le  texte  irlandais  se  sert  d'une  périphrase  :  la  saisie 
est  interdite  à  quiconque  n'a  pas  le  droit  de  prendre  part  à  l'assemblée 
populaire  qui  juge  sur  le  rapport  d'un  jurisconsulte  5.  Cette  disposition 
met  un  nombre  considérable  d'habitants  de  l'Irlande  dans  l'impossibilité 
d'obtenir  justice  sans  l'intervention  d'un  tiers  plus  puissant  qu'eux.  Mais 
une  règle  qu'on  pourrait  appeler  démocratique  semble  donner  une  sorte 
de  correctif  bienveillant  à  cette  exclusion  du  pauvre  et  du  faible.  Il  est 
défendu  aux  chefs  de  l'assemblée  populaire,  rois,  héritiers  présomptifs  de 
roi,  conseillers  des  rois,  de  pratiquer  personnellement  la  saisie:  l'impos- 
sibilité de  leur  tenir  tête  rendrait  leur  pouvoir  tyrannique  ^.  Quand  ils 
veulent  faire  saisir  le  mobilier  d'un  débiteur  ils  se  font  représenter  dans 
cette  opération  par  un  agent  subalterne  :  aithech  foria,  et  c'est  contre  cet 

1.  Senchus  Môr^  dans  Ancient  laws  of  Irdand,  1. 1,  p.  90,  ligne  29  et  suivantes,  p  91. 

2.  Ni'S-gaibeî  ...  aurcuilUe  ratha  na  ecoir  nadma.  [Ancient  laws  oj Ireland^  t.  I,  p.  84, 
lignes  27-28;  p.  86,  lignes  1-3,  8-9.)  AurcuilUe  ratha  paraît  synonyme  de  deorad 
u  étranger  »  et  opposé  de  urrad,  qu'on  traduit  en  anglais  par  native.  —  De  naidm 
«  contrat,  »  il  y  a  une  forme  plus  complète  jn4/rf/n,  Windisch,  Irische  Texte,  1,  783. 

3.  Ni  acair  nad  caemclai  0  croit  in  forais.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  l,  p.  102, 
lignes  26-27  ;  p.  104,  lignes  27-29.) 

4.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  1,  p.  84,  lignes  28-29  :  p.  104,  lignes  3J-36. 

5.  tii'S-gaibet  ecuma  aircchta  [Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  84,  lignes  27,  30-32). 
Urrad  opposé  à  deorad  o  étranger  0,  ne  représente  pas  à  lui  seul  l'idée  de  «  citoyen  ». 
Urrad  paraît  désigner,  à  proprement  parler,  celui  qui  a  pleine  capacité  pour  cautionner. 
Les  citoyens  sont  les  urrad  qui  prennent  part  aux  délibérations  de  l'assemblée  bit  i-sin 
airuht. 

6.  Ancient  laws  of  Irelandy  i.  1,  p.  84,  lignes  27-28;  p.  86,  lignes  9-10. 


Des  attributions  judiciaires  de  l^autorité  publique  chez  les  Celtes.      29 

agent  que  leurs  justiciables  intentent  action  quand  ils  sont  leurs  créan- 
ciers ». 

Nous  avons  peu  de  choses  à  dire  au  sujet  de  Vanad,  c'est-à-dire  sur  le 
délai  pendant  lequel,  dans  la  saisie  dite  après  longueur,  les  objets  saisis 
restaient  entre  les  mains  du  défendeur.  Nous  en  avons  déjà  parlé  d'une 
façon  détaillée.  Nous  ajouterons  seulement  que  ce  délai  était  celui  pen- 
dant lequel  le  débiteur  solvable  devait  donner  des  gages  au  créancier; 
le  délai  appelé  dithim  ou  période  de  la  fourrière  était  celui  où  le  débi- 
teur solvable  devait  payer 2.  Les  gages  donnés  parle  défendeur  pendant 
Vanad  constituaient  la  garantie  ou  qu'il  paierait,  ou  qu'il  se  présenterait 
devant  le  juge  s'il  contestait  la  dette. 

Après  Vanad  avait  lieu  l'enlèvement,  toxal  3,  des  objets  saisis.  Pour 
enlever  les  objets  saisis  il  fallait  trois  personnes,  et  les  objets  saisis  de- 
vaient être  reçus  en  fourrière  par  quatre  personnes  4.  Les  trois  per- 
sonnes étaient  :  1°  l'homme  de  loi,  aigne,  servant  de  caution,  fear  tair- 
gille,  au  demandeur  ;  2°  un  témoin,  fiadan  5  ;  ?^  le  demandeur,  fechium, 
ou  pour  s'exprimer  d'une  façon  plus  complète,  fechium  toicheda  ^. 

Les  quatre  personnes  qui  recevaient  en  fourrière  étaient  :  i®  un 
témoin  ;  2^  un  homme  de  loi  qui  suivant  un  texte  parait  pouvoir  être 
remplacé  par  le  demandeur  lui-même  ;  3**  un  personnage  appelé  naidm 
ou  nascuire^  c'est-à-dire  contractant,  liant  ;  4°  une  caution ,  étire  ou 
aitire,  qu'on  appelait  aussi  raith  7.  La  fourrière,  forus,  pouvait  être  au  do- 
micile du  demandeur^.  Toutefois,  le  demandeur  s'exposait  grandement 

1 .  Anàtnî  laws  of  Irelandj  t.  I,  p.  94,  ligne  i . 

2.  Cum[b]a  mai  anta  a  uidi  gellta  ;  ocus  uidi  ditma  cum[h]ad  t  uidi  ica  fiach.  (An- 
dent  laws  of  Ir*land,  t.  I,  p.  176,  lignes  29- )o.) 

3.  On  dit  aussi  tain.  {Ancient  laws  0/  îreland,  t.  I,  p.  264,  ligne  23  ;  p.  288,  ligne 
9;  p.  298,  ligne  j.) 

4.  Do  foxla  triar  do  cethrur.  [Ancient  laws  of  Inland^  t.  I,  p.  266,  lignes  2-3  ; 
p.  288.  lignes  19  et  suivantes;  p.  290,  lignes  29  et  suivantes.) 

5 .  Le  témoin  doit  être  pris  parmi  les  personnes  qui  n'ont  pas  reçu  d'un  chef  le  cheptel 
qu'on  peut  appeler  servile  et  oui.  par  conséquent,  n'ont  pas  reçu  de  ce  chef  le  prix  de  leur 
YïOxvcic\xr,fiadnuisidi]am[b]ad  logh  einiuch.  {Ancient  laws  of  treland,  t.  i,  p.  290, 
ligne  }i,  cf.  p.  288,  lignes  )4-U-) 

6.  Ancient  laws  0/  ïreland,  t.  I,  p.  2.^0,  ligne  31.  Fechium^ow  mxtXLin  fechem^  veut  dire 
proprement  «  débiteur  ».  Cette  qualité  semble  ne  devoir  être  attribuée  qu'au  défen- 
deur, mai«  il  n'y  avait  guère  de  procès  irlandais  qui  ne  donnassent  lieu  à  une  demande 
reconventionnelle,  en  sorte  que  les  deux  parties  étaient  débitrices.  Fechem  toicheda  veut 
dire  littéralement  débiteur  de  demande  en  justice,  débiteur  qui  actionne.  Toicheda  est 
le  génitif  singuher  d'un  substantif  toichid  qui  sert  d'infinitif  à  un  verbe  toichim  ou  bien 
Joichim  •<  j'actionne  »,  dont  la  racine  est  la  même  qne  celle  des  verbes  iar-Jaigim ,  ou 
iar-foichim  et  im-fuichim  ;  on  dit  fuachar  à  la  troisième  personne  du  singulier  de  l'in- 
dicatif présent  passif.  {Ancient  laws  of  Ireland^  t.  l,  p.  2  $6,  ligne  9) 

7.  Ancient  laws  of  ireland,  t.  I,  p.  288,  lignes  22,  30,  31,  33-3 S  :  p.  290,  lipes  32- 
34.  Le  témoin,  le  naidm  (ou  snàidm)  et  la  caution  ne  peuvent  être  pris  parmi  les  per- 
sonnes de  con  dition  servile,  c'est-à-dire  parmi  celles  qui  ont  reçu  d'un  chef  avec  un 
cheptel  le  prix  de  leur  honneur. 

8.  Forus  infuhemun  toicheda.  {Ancient  laws  of  Ireland^  t.  I,  p.  288,  ligne  23.)  Forus 


)ô  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 

s'il  mettait  en  fourrière  à  son  domicile  des  objets  saisis  d'une  valeur 
plus  élevée  que  le  prix  de  son  honneur.  Quand  leur  valeur  dépassait 
ce  prix,  il  fallait  qu'il  choisit  pour  fourrière  le  domicile  d'un  personnage 
dont  l'honneur  fût  tarifé  plus  haut  que  le  sien  propre.  L'homme  du  peuple 
prenait  comme  fourrière  l'enclos,  faithce,  d'un  des  membres  de  l'aris- 
tocratie. On  distinguait  dans  l'aristocratie  sept  degrés  ;  il  y  avait  donc 
sept  catégories  d'enclos  qui  pouvaient  servir  à  mettre  en  fourrière  les 
objets  saisis  par  les  membres  de  la  plèbe  '.  Il  était  même  quelquefois 
prudent  de  mettre  dans  des  forteresses  pour  y  passer  la  nuit  les  objets 
saisis^  quand  il  y  avait  lieu  de  craindre  qu^ils  ne  fussent  enlevés  par  des 
brigands,  car  le  saisissant  était  responsable  de  leur  conservation  jus- 
qu'au moment  où  le  lobad  l'en  rendait  propriétaire  ^ 

Après  avoir  mis  en  fourrière  les  objets  saisis,  le  demandeur  devait  au 
défendeur  une  signification  nouvelle  ;  il  y  avait  obligation  pour  le  sai- 
sissant de  faire  connaître  au  saisi  dans  quel  endroit  les  objets  enlevés 
avaient  été  transportés.  L'acte  de  donner  cette  information  s'appelait 
fasc.  Le  saisissant  portait  lui-même  cette  notification  au  saisi  ;  mais  il 
ne  fallait  pas  qu'il  fût  seul  ;  l'usage  exigeait  qu'il  se  fit  accompagner  de 
deux  témoins  3,  et  l'un  des  deux  témoins  était  un  homme  de  loi  4. 

La  signification  dite  fasc  devait  faire  connaître  au  saisi  trois  choses  5  : 
il  fallait  que  le  saisissant,  parlant  à  haute  voix^,  dit  :  i^  quelle  créance 
était  cause  de  la  saisie  ;  2^  où  les  objets  saisis  avaient  été  emmenés  ; 
3''  quel  était  le  créancier  saisissant.  L'omission  d'une  seule  de  ces  trois 
énonciatîons  donnait  au  saisi  le  droit  d'exiger  cinq  bêtes  à  cornes  d'in- 
demnité 7.  Quand  les  objets  saisis  appartenaient  à  une  personne  diffé- 
rente de  celle  au  domicile  de  laquelle  la  saisie  avait  eu  lieu,  il  fallait 


est  probablement  pour  for-foss  comme  arus  pour  ar-foss^  comparez  :  i .  fosSy  chez  Win- 
disch,  Irische  texte,  1,  $73,  col.  1. 

1.  Ra  fesiur  secht  faithche  fri-sin-athgabaiL  (Ancient  laws  of  ïreland^  t.  II,  p.  10, 
ligne  16  ;  cf.  t.  I,  p.  288,  ligne  38  ;  p.  290,  ligne  i  ;  p.  292,  lignes  1-5. 

2.  Segur  athgûbail  i  n-dub  aidchib  i  n-duinib  di  a  ditiun.  [Ancient  laws  of  Ireland, 
t.  Il,  p.  2^.  Cf.  Forus  n-ditin  {ibid.,  p.  10,  ligne  2$.) 

3.  Dlomt[h]ar  dias  la  teist.  On  dit  :  (c  deux  pour  témoignage  ».  (Ancient  laws  of 
Ireland,  t.  I,  p.  268,  ligne  1 1  ;  p  302,  ligne  1 1).  La  traduction  angliise  :  two  are  men- 
tioned  along  with  the  witness^  n*est  pas  conforme  au  sens.  H  est  étrange  que  le  traduc- 
teur ne  s'en  soit  pas  aperçu  quand  il  a  traduit  la  glose  :  Raither  no  aisnethur  dias  is 
test  :  «  It  is  said  or  stated  that  two  should  be  >\itness  ».  {Ibid  ,  p.  302,  ligne  1 5  ;  p.  303, 
ligne  19).  Cf.  teist,  testimonium,  Gr.  G.',  p.  445,  1.  32. 

4.  Aigni  toxuil  ocus  fiadnaisi.  (Ancient  laws  of  Ireland^  t.   I,  p.  302.  ligne  16.) 

5.  Fasc  très  brethar^  an  is  nesam  in  urd  :  «  signification,  troisième  parole,  dont  est 
pressante  la  loi  ».  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I.  p.  26S,  ligne  14. 

6.  Co  tesgaire  .i.  gu-sin-tredh  sa  d*uasal  gaire  ann.  i.  d'innisin,  c  en  sorte  ou'il 
énonce,  c'est-à-dire  pour  ces  trois  choses  hautement  alors  crier,  c'est-à-dire  exposer.  {An- 
cient laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  302,  lignes  27-28. 

7.  Cuic  seoitj  munab  i-sin  très  breithir.  (Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  302,  ligne 

27)' 


Des  attributions  judiciaires  de  Vautorité  publique  chez  les  Celtes,      )  i 

deux  significations  ou  fasc  :  l'une  au  domicile  où  s'était  opérée  la  saisie^ 
l'autre  au  domicile  du  propriétaire  des  objets  mis  en  fourrière  >. 

De  cette  signification  partait  le  dernier  délai  de  la  saisie,  dithim. 
C'était,  disait-on,  la  période  de  paiement,  et  pour  le  débiteur  une  sorte 
de  délai  de  grâce  '.  Mais  ce  délai  avait  cela  d'onéreux  que,  les  objets 
saisis  étant  ordinairement  des  bestiaux,  leur  nourriture  et  les  frais  occa- 
sionnés par  les  soins  qu'on  leur  donnait  étaient  à  la  charge  du  défen- 
deur ^  Enfin,  ce  délai  une  fois  expiré,  le  lobad  commençait.  Le  pre- 
mier jour,  les  objets  saisis  devenaient  la  propriété  du  saisissant  jusqu'à 
concurrence  de  cinq  bêtes  à  cornes  de  compte,  le  second  jour  trois 
bétes  à  cornes  de  compte  étaient  acquises  au  saisissant,  autant  le  troi- 
sième jour  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  complet  épuisement  4. 

Je  n'entrerai  pas  dans  plus  de  développement  sur  les  règles  et  sur 
les  effets  de  ta  saisie  mobilière  en  Irlande.  Je  crains  de  fatiguer  les  lec- 
teurs de  la  Revue  celtique.  Il  y  a  cependant  encore  plus  d'un  point  in- 
téressant que  j'ai  à  peine  indiqué.  Ainsi,  la  saisie  dite  inbleogan  et  avec 
Tarticle  int-inbleogan,  qui  s'exerçait  contre  les  parents  du  débiteur,  est 
l'objet  d'une  réglementation  détaillée  qui  mériterait  une  étude  spéciale. 

S  5.  —  La  procédure  irlandaise.  —  Troisième  partie,  la  saisie  iramobiiière. 

L'acquisition,  techtugad^^  de  la  propriété  immobilière  pouvait  se 
faire  au  moyen  de  la  saisie,  îellach.  Il  fallait  que  le  fait  appelé  tellach, 
c'est-à-dire  l'acte  d'occupation  accompli  dans  la  forme  légale,  fût  ré- 
pété trois  fois  ;  à  la  troisième  fois,  le  saisissant  se  trouvait  investi  d'un 
droit  appelé  tuinighe,  ou  mieux  tuinnige^,  qu'on  peut  traduire  par  a  pos- 

1 .  Tiaghar  docum  faithce  fir  as-a-tr  toxlaither^  docum  foruis  iar^sen  as-a-seilb  sloi- 
nnter,  «  on  se  rend  à  l'endos  de  Thommc  de  la  terre  duquel  est  sorti  ce  qui  a  été  saisi, 
a  puis  à  la  résidence  de  Thomme  à  qui  l'objet  saisi  est  déclaré  appartenir  ».  {Ancient 
laws  oflreland,  t.  1,  p.  268,  lignes  i)-i4;  P-  30^1  lignes  16-21). 

2.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  1,  p.  176,  ligne  jo. 

}.  Anaentlau's  of  Irdand,  t.  1,  p.  2j8,  lignes  1J-17;  p.  270,  lignes  n-39;  P- a?^» 
lignes  1-2. 

4,  Cuic  stoit  hi  lobud  cacha  hathgabala  ro-midir  Morand  ;  noch  fil  tri  seoit  cacha 
tratha  ro-follaigthcr  co  aurlaind  a  aithma,  achj]  nicon  anaig  deithbeire.  —  Glose  Is 
cach  tratha  son  acht  in  cet  trath,  cuic  seoit  i  suig  [suidiu]  ocus  tri  iaram  cach  trath  co 
urlainn  a  dithma.  «  Cinq  bâtes  à  cornes  au  lobad  de  toute  saisie  :  ainsi  jugea  Morann. 
Il  y  a  encore  trois  bêies  à  cornes  pour  chaque  jour  de  négligence  jusqu'à  la  fin  du  se- 
jour  en  fourrière  à  moins  qu'un  obstacle  insurmontable  ne  protège  ».  —  Glose.  «  Cha- 
que jour  :  il  faut  déduire,  le  premier  jour,  cinq  bétes  à  cornes  ce  jour-là,  et  trois  bétes 
à  cornes  ensuite  chaque  jour  jusqu'à  la  fin  du  séjour  en  fourrière  ».  [Ancient  laws  of  Ire- 
land,  t.  I,  p.  102,  lignes  6-8,  17-18—  Dibi  con-d:lmaine,  acquisition  complète  de  la 
propriété, /M.  p.  258,  lignes  16-17;  p.  272,  lignes  4-5;  t.  11,  p.  18,  lignes  1-2. 

5.  Techtttgad  dérive  de  techtaim  «  j'ai  »,  c'est  l'infinitif  d'un  verbe  *  techtaigim  «  je 
deviens  propriétaire  ». 

6.  De  2.  tonn,  tond  «  surface  t,  notamment  «  surtace  de  la  terre  »,  tond  talman, 
(Windisch,  Irische  texte^  I,  p.  838,  col.  1)  on  a  tiré  tuinnim  0  je  séjourne  9,  c  je  de* 


52  H.  d^Arbois  de  Jubainville. 

session  »,  et  en  vertu  duquel  il  avait,  comme  nous  le  verrons,  droit 
d'exercer  la  plupart  des  prérogatives  d'un  propriétaire  définitif. 

L'acte  appelé  tellach  ^  se  présente  sous  la  forme  d'une  occupation 
militaire  et  violente.  Quand  le  saisissant  veut  procéder  à  cet  acte  pour 
la  première  fois,  il  amène  avec  lui  deux  chevaux  sous  le  joug  et  attelés 
à  un  char  2.  Un  vieux  texte  de  droit  versifié  appelle  ces  chevaux  maire  ^^ 
c'est  le  nom  par  lequel  aux  temps  antiques  les  Celtes  et  les  Germains 
désignaient  les  chevaux  attelés  au  char  du  guerrier.  Dans  le  texte  que 
nous  citons  et  qui  ne  remonte  pas  à  la  période  héroïque  de  l'histoire  de 
l'Irlande,  le  char  des  guerriers  n'est  pas  exigé  ;  un  vulgaire  char  de 
culture  peut  satisfaire  aux  prescriptions  de  la  loi,  mais  on  doit  consi- 
dérer comme  certain  qu'à  Torigine  l'acte  symbolique  de  l'occupation 
d'immeubles  par  le  saisissant  s'accomplissait  du  haut  du  char  de  guerre. 

Le  saisissant,  donc,  tient  à  la  main  deux  chevaux  4.  Ces  deux  che- 
vaux sont  sous  le  joug  et  traînent  un  char.  Sous  les  yeux  d'un  témoin, 
d'un  homme,  qui  l'accompagne,  le  saisissant  franchit  avec  ses  chevaux 
le  fossé  qui  clôt  la  propriétés,  puis  il  s'arrête  sans  les  dételer.  Alors, 
élevant  la  voix,  il  demande  qu'on  lui  fasse  droit  selon  la  loi,  s'il  y  a 
justice.  Si  cette  sommation  n'obtient  pas  de  réponse,  ou  si  la  réponse 
n'est  pas  satisfaisante,  il  part  pour  revenir  bientôt. 

On  se  rappelle  que  la  saisie  mobilière,  quand  elle  se  fait  dans  toutes 
les  formes,  c'est-à-dire  «  après  longueur  »,  iar  fut,  comporte  trois 
délais  qui  peuvent  être  de  cinq  jours  chacun ,  et  trois  actes  exigeant  des 
relations  verbales  entre  le  saisissant  et  le  saisi.  Le  premier  de  ces  actes 
est  le  commandement  de  payer,  urfocre,  par  lequel  commence  la  pro- 
cédure et  duquel  part  le  premier  délai.  Le  second  de  ces  actes  est  la 

meure  »,  littéralement  «  je  suis  sur  la  surface  [de  la  terrej  >,  {ibid.^  p.  856,  col.  i) 
puis  *  tuinneachy  c  celui  qui  séjourne  »,  enfin  tuinnigim  «  je  séjourne  »,  «  je  demeure  », 
et  tuinnige  a  acte  de  séjourner,  de  demeurer  quelque  part  •<,  «  possession  ».  Selb  (en 
gallois  helWy  Grammaîica  celtica,  2*  édition,  p.  130,  ligne  $)  désigne  un  droit  plus 
solidement  assis  que  tuinnige.  Selb  semble  être  la  propriété  ;  Tirechan  l'a  employé  avec 
le  sens  d'  «  appartenances  »,  Gr.  C*  243,  ligne  6  ;  et  le  dérivé  selbad  désigne  le  droit  du 
mattre  sur  l'esclave  dans  un  passage  du  ms.  de  Wurzbourg  Gr.  C*  861.  ligne  21];  enfin  le 
texte  suivant  paraît  décisif  :  mf/ ^o^^ir  na  techta  seilb^  as  e  doron  co  fiachaib  taigey  a  celui 
qui  donne  ce  dont  il  n'a  pas  la  propriété .  se  rend  par  cet  acte  débiteur  des  dommages- 
intérêts  dûs  pour  vol  ».  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  32,  lignes  19- 20. 

1 .  Tellach  est  proprement  l'icte  de  prendre  quelque  chose.  Ce  mot  dérive  de  iellim 
«  je  vole  >,  u  j'enlève  <*,  [Crammatica  celtica,  2'  édition,  p.  1093,  col.  2,  addition  à 
la  page  466)  dont  l'infinitif  est  tellad  {ibid.^  p.  624,  ligne  41).  D'autres  exemples  de  l'em- 
ploi du  suffixe  ach  pour  former  des  noms  abstraits  sont  réunis,  ibid.^  p.  810. 

2.  Carbuî.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  4,  ligne  20). 

3.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  2,  ligne  2. 

4.  Da  each  a  laim,  dit  un  texte  en  prose  un  peu  plus  récent  que  celui  que  nous  avons 
cité  en  premier  lieu.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  18,  ligne  20  ;  p.  20,  ligne  21.) 

$.  Teallach  tar  arta^  m.  occupation  au  delà  de  fossé  >.  {Ancient  laws  of  Irelana^  t.  IV, 
p.  4,  lignes  17,  20.) 


Des  attributions  judiciaires  de  Pautorité  publique  chez  les  Celtes.      3  3 

saisie,  athgabailj  qui  termine  le  premier  délai  et  sert  de  point  de  départ 
au  second  délai.  Le  troisième  de  ces  actes  est  la  notification,  fasc,  du 
transport  en  fourrière,  à  la  clôture  du  second  délai  et  au  début  du  troi- 
sième délai.  La  saisie  immobilière  comporte,  comme  la  saisie  mobilière, 
trois  délais.  La  seule  différence  est  dans  la  durée  de  chacun  des  délais  : 
toujours  dix  jours  au  lieu  des  cinq  énoncés  dans  Pexemple  que  nous 
avons  donné,  ce  qui  donne  un  total  de  trente  jours  au  lieu  de  quinze. 
Le  nombre  des  opérations  exigées  du  saisissant  est  aussi  de  trois.  La 
première  occupation,  cet  tellach^,  et  la  demande  qui  l'accompagne, 
correspondent  au  commandement  de  payer,  urfocre.  Il  faut  deux  autres 
occupations  :  celle  dite  du  milieu,  tellach  medonach^;  puis,  enfin,  l'occu- 
pation dite  de  deux  dizaines,  qui  sont  la  dizaine  du  milieu  et  la  dernière 
dizaine,  tellach  da  dechmad:  celle-ci  a  lieu  au  bout  de  trente  jours  '.  Le 
tellach  medonach  peut  être  comparé  à  Vathgabail  et  le  tellach  da  dechmad 
au  transport  en  fourrière  et  au  fasc.  C'est  le  tellach  da  dechmad^  c'est-à- 
dire  la  troisième  occupation,  qui  produit  prise  de  possession  définitive 
tuinnige.  Ainsi,  le  transport  en  fourrière  et  \efasc  ouvrent  le  délai  final 
qui  se  termine  par  le  transfert  de  la  propriété  des  objets  mobiliers  saisis, 
quand  du  saisi  cette  propriété  passe  au  saisissant. 

Dans  la  saisie  immobilière,  les  deux  derniers  actes  d'occupation  s'opè- 
rent d'une  façon  analogue  à  celle  dont  s'est  exécuté  le  premier.  La  seule 
différence  consiste  dans  la  solemnité  qui  chaque  fois  augmente.  Lors  de 
la  seconde  occupation,  le  nombre  des  chevaux  amenés  par  le  saisissant 
est  de  quatre  au  lieu  de  deux.  Le  saisissant  ne  s'arrête  pas  au  bord  du 
fossé,  il  s'avance  au  delà  et  détèle  ses  chevaux  4.  A  cette  cérémonie 
symbolique  il  faut  la  présence  de  deux  témoins  mâles  au  lieu  d'un  qui 
avait  suffi  la  première  fois.  Elle  doii  s'accomplir  quand  il  s'est  écoulé 
cinq  jours  de  la  seconde  dizaine  5,  elle  est  immédiatemeut  suivie  d'une 
seconde  sommation  de  faire  droit,  et  le  saisissant  attend  la  réponse 
pendant  trois  jours  ^. 


1.  Ancitnt  laws  of  treland,  t.  II,  p.  4,  ligne  17. 

2.  Aiuicat  laws  of  Ireland,  t.  IV.  p.  2,  ligne  4. 

3.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  4,  lignes  18,  22-24. 

4.  Cetkri  eich  ...  scurtair.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  18,  ligne  23.) 

(.  l-midraind  in  dechmaid,  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  18,  lignes  22-23.)  Le 
glossateur  propose  un  système  différent  ;  suivant  lui,  le  saisi  peut  attendre  jusqu'à  cette 
date  pour  faire  droit  à  la  première  sommation  :  ro  bo  coir  âliged  do  fotba  cuicthi  don 
dtchmaid  mtdonaid  (p.  22,  lignes  1-2):  mais  la  seconde  occupation  ne  doit  avoir  lieu 
qu'à  la  fin  de  la  seconde  dizaine  ou  au  commencement  de  la  troisième,  c'est-à-dire  au 
bout  de  vingt  jours  :  a  forba  na  dechmaidi  medonchi  ocus  i  n-indatacht  na  dechmaidi 
deidenche  (p.  22,  lignes  $-6). 

6.  Treise  do  dliged  dianod  btftinechas,  {Ancitnt  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  18,  ligne 
2$;  p.  22,  lignes  II- 15.) 

Rc¥.  Ctlt,  VII  j 


Î4  W-  d*Arbois  de  Jubainville. 

Le  troisième  acte  d'occupation  se  fait  à  la  fin  de  la  dernière  dizaine  ^ 
c'est-à-dire  trente  jours  après  le  commencement  de  cette  procédure  : 
le  saisissant  amène  huit  chevaux,  trois  témoins  mâles,  et  s'avance  jus- 
qu'à l'étable  K  il  adresse  une  dernière  sommation,  il  demande  jugement 
immédiat  si  on  veut  lui  faire  droit  ? .  A  défaut  de  réponse  satisfaisante, 
il  prend  possession  en  faisant  entrer  sur  la  terre  saisie  un  troupeau  de 
bêtes  à  cornes  4,  même  en  y  bâtissant  un  hangar,  une  étable  ;  il  peut  à 
son  gré^  soit  y  loger  ses  bêtes  pendant  l'hiver^  soit  les  y  laisser  seule- 
ment l'été  pour  les  rentrer  à  son  ancien  domicile  le  premier  novembre  ; 
enfin,  son  droit  peut  aller  jusqu'à  grever  cette  terre  d'une  rente  au 
profit  d'un  chef  J. 

La  saisie  immobilière  par  les  femmes  est  beaucoup  moins  ancienne 
que  la  saisie  immobilière  par  les  hommes>  Elle  a  une  double  origine  : 
elle  dérive  à  la  fois  de  la  saisie  immobilière  par  les  hommes  et  de  la 
saisie  mobilière  par  les  femmes.  Comme  la  saisie  immobilière  par  les 
hommes,  elle  exige  trois  occupations  successives  de  l'immeuble.  Pour  la 
première  occupation,  les  deux  chevaux  sont  remplacés  par  deux  brebis^, 
et  le  témoin  homme  par  une  femme.  A  la  seconde  occupation,  il  faut 
au  lieu  de  quatre  chevaux  quatre  brebis,  et  les  deux  témoins  hommes 
sont  remplacés  par  deux  femmes  7.  La  troisième  occupation  s'opère  non 


1.  A  n-dige  and  dechmad  (Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  18,  ligne  26),  i  forba 
na  deckmaidi  deidinchi  (p.  22,  ligne  21). 

2.  Tellais  iar  suidiu  a  n-dige  and  dechmad,  ocht  n-eich  aîleas  im  treib  torunuiy  treigc 
jer  fiadan  lat.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  18,  lignes  26  27  ;  voyez  la  glose,  p. 
22,  lignes  20  25)  tt  Tuas  saisi  ensuite,  au  bout  de  la  dizaine  :  les  huit  chevaux  auxquels 
tu  as  droit  sont  autour  de  la  maison,  trois  témoins  avec  toi  >. 

3.  Tul  fuigeal  uadaib  dianad  be  femecheas.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  18, 
lignes  28-29 ,  voyez  la  glose,  p.  22,  lignes  28  29.) 

4.  Con  adogh.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  20,  ligne  i.)  La  glose  est  :  m 
t^espred,  [Ibid.,  p.  22,  ligne  31.)  O'Reilly  traduit  spreid  par  cattU,  herd;  adogh  est 
probablement  pour  aghodh,  c'est  un  dérivé  de  agh  m  vache  ». 

5.  Le  texte  que  nous  résumons  ainsi  [Ancient  laws  of  Ireland.  t.  IV,  p.  20,  lignes 
1-4)  a  été  corrompu  par  une  transposition  qui  le  rend  inintelligible.  Voici  comment, 
suivant  nous,  il  doit  être  lu  :  Techta  tuinige  :  /  log  do  âircsean,  co  feis,  con-agod,  co 
tein,  co  n-àitreib,  co  toruime  ceathra,  no  im-telgad  m-broga,  no  chis  nemead  Is  as 
in-teallach  so  dobongar  cach  sealb  la  Feine^  acht  tir  Cuind  Cétchoraig,  a  en  rémunération 
tt  de  ta  procédure  [littéralement  de  ta  vue),  [tu  as  acquis)  légalement  le  droit  dit  tuin^ 
«  nige  ;  tu  peux,  en  conséquence,  bâtir  un  hangar,  amener  un  troupeau,  allumer  du 
€  feu,  construire  une  maison  avec  étable,  pour  prendre  soin  des  bestiaux  en  hiver,  à 
«  moins  que  tu  n'aimes  mieux  les  emmener  [le  premier  novembre].  Tu  peux  aussi 
a  grever  cette  terre  de  rente  au  profit  d'un  chef.  C'est  ainsi  qu'on  saisit  en  Irlande 
a  toute  terre  sauf  celle  de  Cond  Citchorach.  •  Le  sens  des  mots  :  im  telcud  mbroga,  est 
donné  par  une  glose  du  Senchus  Màr;  [Ancient  laws  of  Ireland,  t.  1,  p.  1 32,  ligne  ;  \  ; 
p.  138,  ligne  34);  quant  à  la  terre  de  Cond  Citchorach,  c'est  par  une  saisie  mobilière 
qu'a  été  entamé  le  procès  qui  l'a  fait  changer  de  mains,  [Senchus  Màr  dans  Ancient  laws  of 
Ireland,  t.  I,  p.  64). 

6.  Da  ai  andsin  samaigas.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  8,  lignes  17-18  ;  p.  -lo, 
lignes  4-j.) 

7.  Da  ban  fiadnaise  do  breith.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  10,  ligne  12.) 


Des  attributions  judiciaires  de  l'autorité  publique  chez  les  Celtes.      %  $ 

pas  avec  huit  chevaux  mais  avec  huit  brebis.  Comme  témoins  il  faudrait,  . 
ce  semble,  trois  femmes  correspondant  aux  trois  témoins  hommes  de 
la  saisie  immobilière  que  les  hommes  font  ;  mais  ces  trois  femmes  sont 
remplacées  par  un  seul  témoin  mâle  '.  Enfin,  quand  par  l'effet  de  ces 
trois  actes,  la  femme  saisissant  s'est  acquis  la  possession,  tuinnige,  elle 
exerce  son  droit  en  installant  sur  la  terre  saisie,  non  pas  un  troupeau  de 
bêtes  à  cornes,  mais  divers  objets  mobiliers  à  l'usage  de  femme  :  un 
pétrin,  un  crible  et  des  ustensiles  de  cuisine  >. 

Tel  est  l'aspect  sous  lequel  la  saisie  immobilière  par  les  femmes  dé- 
rive de  la  saisie  immobilière  par  les  hommes.  Mais  quant  à  la  durée  des 
délais,  c'est  de  la  saisie  mobilière  par  les  femmes  qu'elle  paraît  tirer  son 
origine.  Dans  la  saisie  mobilière  par  les  femmes,  les  trois  délais  sont  de 
deux  jours.  Nous  retrouvons  ces  délais  doublés  dans  la  saisie  immobi- 
lière par  les  femmes  ;  dans  celle-ci  les  trois  délais  sont  de  quatre  jours 
chacun.  On  se  rappelle  que  dans  la  saisie  immobilière  par  les  hommes, 
les  trois  délais  sont  de  dix  jours  chacun  ;  dix  jours  sont  le  double  de 
cinq,  et  cinq  jours  sont  la  durée  du  délai  caractéristique  dans  une  caté- 
gorie importante  de  saisie  mobilière  masculine. 

Telles  sont  les  règles  de  la  saisie  immobilière  ;  il  y  a  cependant  quel- 
ques exceptions  :  la  loi  prévoit  le  cas  où  une  difficulté  insurmontable 
rend  impossible  l'introduction  de  chevaux  dans  là  propriété  qu'on  veut 
saisir;  alors  ce  sont  des  hommes  qui  remplacent  les  chevaux  3.  S'agit-il 
d'une  forteresse  qui  n'a  pas  de  dépendances  4,  il  faut  que  le  saisissant, 
accompagné  de  deux  hommes,  puis  de  quatre,  puis  de  huit,  y  pénètre 
trois  fois;  c'est  une  triple  prise  d'assaut. 

Cjuand  un  vagabond  a  pris  possession  d'un  terrain,  mais  qu'il  n'y  a  ni 
foyer,  ni  habitation,  on  peut  l'expulser  en  trois  jours  et  on  a  le  choix 
entre  deux  procédés.  L'un  est  celui  de  la  saisie  immobilière,  dont  les 
délais  sont  alors  réduits  de  trente  jours  à  trois  5.  L'autre  procédé  est 
celui  de  la  saisie  mobilière  ;  on  pratique  alors  la  saisie  d'un  jour  après 

1.  La  fear-foirgeaU  fiadnaise,  {Ancient  laws  of  Irdand,  t.  IV,  p.  8,  lignes  24-25  ; 
p.  10,  lignes  26-28.) 

2.  Ancient  laws  ofireland.  t.  IV,  p.  8,  lignes  23-24.  La  même  règle  se  trouve  déjà 
donnée  dans  le  Senchus  Mûr  {ibid.,  t.  I,  p  146,  ligne  32  ;  p.  148,  lignes  1-2).  On  y 
explique  que  lorsqu'une  femme  exerce  la  saisie  immobilière  et  qu'une  autre  femme  dé- 
fenderesse veut  la  repousser,  celle-ci  doit  pratiquer  la  saisie  mobilière  des  brebis,  du  pétri^ 
et  du  crible  de  la  femme  qui  saisit.  La  traduction  anglaise  contient  un  contre  sens,  l'ir- 
landais f/R  diagbail  m-bantellaig  veut  dire  «  pour  se  débarrasser  de  la  saisie  immobilière 
féminine  »  c'est  le  contraire  de  a  for  securing  the  possession  taking  by  women  ». 

3.  It  fir  in  doloin^ad  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  5 1  iigae  7)}  littéralement  ce 
sont  des  hommes  qui  en  ce  cas  supportent  la  saisie. 

4.  Dan  cen  seilb,  {Aneientlaws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  6,  lignes  8,  18-19.) 

;.  TeUgead  artreise  a  expulsion  en  trois  joure.  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  28, 
%Des2,  9-1  >0 


36  H.  d^Arbois  de  Jubainville. 

longueur,  c'est-à-dire  qu'il  y  a  trois  délais  d'un  jour,  qui  emploient 
exaaement  le  même  temps  que  la  saisie  immobilière  < . 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  celui  qui  procède  irrégulièrement  à  une 
saisie  mobilière  doit  au  saisi  cinq  bêtes  à  cornes,  séî^  d'indemnité. 
Quand  une  saisie  immobilière  n'est  pas  régulière,  l'indemnité  due  au 
saisi  est  beaucoup  moins  considérable  ;  elle  consiste  en  une  seule  bête  à 
cornes,  seulement  cette  bête  à  cornes  doit  être  de  première  catégorie,  c//- 
thar  sét.  On  distingue  en  droit  irlandais  trois  catégories  de  bêtes  à  cornes 
décompte  :  1°  clithar  sét,  qui  comprend  les  vaches  laitières,  les  vaches 
pleines  et  les  bœufs  de  labour  >;  2°  la  samaisc  ou  génisse  de  deux  ans  3, 
qui  vaut  moitié  d'une  vache  laitière  4;  3»  \q  ^^^  gabla,  c'est-à-dire  le 
veau  ou  la  génisse  d'un  an,  le  premier  s'appelle  colpach  firend^  la  se- 
conde darîaib  boinend  î .  Les  glossateurs  estiment  le  colpach  firend  en 
argent,  quatre  deniers  ^,  ou  en  nature  quatre  sacs  d'orge  7,  et  la  dartaib 
boinendy  trois  sacs  d'orge  ^  ;  c'est  probablement  la  moitié  du  prix  de  la 
samaisc  "),  qui  vaut,  elle,  moitié  du  clithar  sét.  Un  texte  dit  que  le  clithar 
sét  est  le  premier  choix,  forgu  na  n-uile  ;  et  quant  au  dernier  choix, 
digu,  ce  texte  ne  parle  pas  des  sét  gabla  ;  le  dernier  choix,  suivant  lui, 
ce  sont  les  bêtes  à  cornes  que  le  débiteur  d'une  rente  donne  au  créan- 
cier de  cette  rente,  quand  celui-ci  pour  se  faire  payer  est  obligé  de 
recourir  à  la  contrainte  '°. 

1 .  Im  tuinide  raitig  a  à  cause  de  la  possession  du  vagabond  [Ancknt  laws  of  ireïand, 
t.  1,  p.  122,  ligne  15  ;  p.  128,  lignes  24-26).  Chose  fort  curieuse  à  observer,  le  glossa, 
teur  du  Senchus  Môr  n'a  pas  compris  le  sens  du  mot  tuinige  qu'il  a  écrit  abusivemen- 
tuinidey  et  qui,  suivant  lui,  au  lieu  de  possession  signifierait  difficile  voyage,  de  là  un 
contre- sens  dans  la  traduction  anglaise  qui  rend  tuinide  par  «  difficult  removing  ». 

2.  Laulgach  no  dam  timchill  arathair.  [Glossaire  de  CormaCy  chez  Whitley  Stokes, 
Three  irish  glossaries^  p.  8-9.)  Un  texte  cité  dans  Ancient  laws  of  Irelandy  t.  IV,  p.  28, 
note  ),  ajoute  buo  inlfioge. 

j.  A  heifer  in  her  third  year,  dit  O'Donovan,  supplément  à  O'Reilly,  v**  samaisc.  Je 
n*ai  pas  retrouvé  les  textes  qu'il  cite. 

^.  Se  samaisci  ./.  teora  ba;  six  samaisc^  c'est-à-dire  trois  vaches.  {Ancient  laws  0/ 
Ireland^  t.  H,  p   2î6,  ligne  27.) 

5.  Glossaire  de  Cor  mac  ^  au  mot  clithar  sét. 

6.  Colpaige  flrinne  À.  ceithri  screpall.  {Ancient  laws  of  Ireland^  t.  II,  p.  260,  ligne  4  ; 
cf.  p.  134,  ligne  $.) 

7.  Agh  loighe  da  miach  A.  adh  damba  logh  da  screpall  a  veau  du  prix  de  deux  sacs, 
tt  c'est-a-dire  veau  dont  le  prix  est  de  deux  deniers  ».  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  Il, 
p.  246,  lignes  26-27.)  —  Agh  loige  ceithri  miach  .i.  ceithri  scripaill  is  fiu,  c  veau  du 
0  prix  de  quatre  sacs,  c'est-à-dire  il  vaut  quatre  deniers  ».  {Ibid.,  t.  II,  p.  250,  ligne  7. 
A  la  page  2(4,  ligne  1 5,  les  quatre  sacs  tombent  à  trois  deniers,  tn  scripuill.) 

8.  Dartada  ./.  agh  tri  miach,  a  d'une  génisse,  c'est-à-dire  veau  de  trois  sacs  ». 
{Ancient  laws  of  Ireland,  t.  Il,  p.  2j8,  ligne  17.) 

9.  Bo  con  a-fosair  ...  ocht  meich  bracha,  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  II,  p.  2jo, 
lignes  22,  26.)  Des  chiffres  différents  sont  proposés  par  O'Donovan,  ibid.,  p.  134,  note  i  ; 
j^gnore  d'après  quels  textes. 

10.  Clithar  set  slaindte  — forgu  na  n-uile  ;  —  digu  set  somaine  —  la  cosnam  co  n-dei- 
thbire — ût  bes  a-haigrian.  Clithar  set,  c'est  ainsi  qu'on  appelle  le  premier  choix  de  toutes 
les  bétes  a  cornes.  Le  dernier  choix,  ce  sont  les  bêtes  à  cornes  de  rente,  quand  un  procès 


Des  attributions  judiciaires  de  l^ autorité  publique  chez  les  Celtes.      37 

En  principe,  quand  on  doit  une  indemnité,  il  faut  la  payer  :  un  tiers 
en  clithar  sét,  ou  bêtes  de  première  catégorie  ;  un  tiers  en  samaisc^  ou 
bêtes  de  deuxième  catégorie  ;  un  tiers  en  sét  gabla^  ou  bêtes  de  troisième 
catégorie.  Celui  qui  a  procédé  irrégulièrement  à  une  saisie  immobilière 
paie  au  saisi  une  bête  à  titre  d'indemnité  :  il  semble  que  cette  bête  de- 
vrait être  de  valeur  moyenne  ;  non,  c'est  un  clithar  sét,  une  bête  de  pre- 
mière catégorie. 

Je  termine  ici  cette  étude.  Elle  semblera  trop  longue  à  ceux  des  lec- 
teurs de  la  Revue  Celtique  que  les  questions  de  droit  n'intéressent  pas.  Elle 
est  pourtant  bien  incomplète.  Son  intérêt  est  de  montrer  à  quels  ré- 
sultats conduisait  jadis  en  procédure  l'absence  de  magistrats  dont  la 
juridiction  fût  obligatoire  dans  les  questions  de  droit  privé. 

Je  ne  prétends  pas  soutenir  que  la  procédure  irlandaise  fût  dans  tous  ses 
détails  identique  à  la  procédure  inconnue  que  pratiquaient  les  Gaulois 
quand  César  les  subjugua.  La  procédure  irlandaise  avait  évidemment 
sous  divers  aspeas  son  originalité  ;  elle  offre  sur  quelques  points  la  trace 
d'idées  relativement  modernes,  la  saisie  féminine  en  est  un  exemple. 
Mais  quant  à  ses  règles  fondamentales,  la  procédure  irlandaise  du  com- 
bat singulier  et  de  la  saisie  est  la  conséquence  forcée  d'une  organisation 
sociale  commune  originairement  à  toute  la  race  indo-européenne  ;  elle 
est  donc  un  monument  plus  ou  moins  altéré,  mais  reconnaissable,  d'un 
âge  primitif  par  lequel  sont  passés  tous  les  ancêtres  de  cette  race  ;  la 
pignoris  capio  romaine  et  germanique  est  un  débris  qui  rappelle  l'époque 
où  cette  procédure  n'était  pas  usitée  seulement  en  Irlande,  mais  aussi  sur 
tes  bords  du  Bas-Elbe  et  du  Tibre. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


nécessaire  est  intenté  au  débiteur  de  la  rente  par  l'homme  dont  la  terre  est  la  propriété. 
{Ancîent  laws  of  Irelandy  t.  W,  p.  28,  lignes  4-5.)  Le  traducteur  n'a  pas  compris  le 
sens  du  mot  semaine  c  rente  ».  Voyez  sur  ce  mot  Ancient  laws  of  Irdand,  t.  II,  p.  194, 
lignes  16,  17. 


ETUDES  BRETONNES. 


I. 


l'individualisme   dans   le   langage   breton. 

Les  variétés  que  présente  la  langue  bretonne  parlée  ne  proviennent 
pas  seulement  de  la  conservation,  de  la  perte  ou  de  l'altération  phoné- 
tique, plus  ou  moins  complètes,  du  vieux  fonds  celtique,  ni  des  diffé- 
rentes façons  dont  l'instinct  populaire  a  comblé,  au  moyen  de  divers 
emprunts  ou  de  formations  analogiques,  les  vides  amenés  soit  par  l'usure 
soit  par  la  démonétisation  des  mots  et  des  formes  grammaticales.  Dans 
ce  combat  pour  la  vie  linguistique,  il  faut  faire  aussi  la  part  des  goûts  in- 
dividuels qui  puisent  librement,  sinon  arbitrairement^  au  trésor  tradi- 
tionnel de  la  langue,  donnent  aux  éléments  qu'ils  lui  empruntent  une 
importance  et  quelquefois  une  forme  nouvelle,  et  opèrent  ainsi  une  sé- 
lection artificielle  dont  les  résultats  peuvent  prendre  plus  ou  moins  d'ex- 
tension et  de  durée.  Il  y  a  certains  mots,  certains  jurons  favoris  dans 
toute  une  paroisse,  ou  sur  un  territoire  plus  considérable  :  par  exemple 
néal  (=  e  leal)  «  en  vérité  »,  à  Pléhédel  (en  Goello)  ;  ia  laouen  «  oui, 
gaîment  »,  en  grand  Tréguier  ;  et  ces  expressions  sont  non  seulement 
inusitées,  mais  inintelligibles  et  ridicules  dans  la  plupart  des  autres  va- 
riétés du  même  dialecte  de  Tréguier  :  néal  y  est  interprété  'n  éal  «  le 
poulain  »^  et  ia  laouen  sonne  absolument  comme  en  français  «  oui, 
pou  ». 

La  langue  de  la  commune  de  Trévérec  (en  petit  Tréguier)  nous 
fournit,  à  cet  égard,  les  observations  suivantes. 

Il  y  a  quelques  jurons  français  dont  l'emploi  en  breton  reste  abso- 
lument personnel,  comme  «  sacré  tonnerre  »  (et,  à  Tressigneaux,  en 
Goello,  «  cinq  cents  mâtins,  double  canon  !  »).  Il  en  est  de  même 
de  certains  mots  tels  que  loko  «  la  goutte  »,  kakare  dans  le  sens 
de  koc^h  et  postergom  dans  le  sens  de  rir,  du  latin  cacare  et  post  tergum 
(et  à  Tressigneaux,  des  mots  enfantins  qip  qip  «  oiseau  y>,lolo  (n  poche  »j. 


Etudes  bretonnes.  39 

D'autres  mots,  introduits  par  des  personnes  étrangères  à  la  localité,  ont 
été  adoptés  parce  qu'ils  n'avaient  pas  de  synonymes  ;  ainsi  morlukenno 
«  sorte  de  bonbons,  berlingots?  »  Des  expressions  favorites  d'origine 
exotique  exposent  ceux  qui  les  emploient  à  s'en  voir  affubler  en  guise  de 
surnoms  ;  c'est  ce  qui  est  arrivé  pour  'm'on-me,  «  dis-je  »  (du  grand 
Tréguier).  Parmi  celles  qui  sont  bien  un  fruit  du  terroir,  je  citerai  les 
suivantes,  propres  chacune  à  une  seule  personne  :  Paour-kezik  Toue 
«  Pauvre  cher  Dieu  !  »  Are,  are,  zô're!  «  encore,  encore,  et  encore  !  » 
Chen'é  gond  enon,  littéralement  «  voilà  le  compte,  là  »  ;  chenë  par  une 
altération  toute  spéciale,  pour  cheîu,  chet'é.  Une  femme,  à  Pludual  (en 
Goello)  a  la  malencontreuse  manie  de  dire  vel  e  merd  à  toutes  ses 
phrases,  risquant  ainsi  d'enrichir  la  langue  bretonne  d'un  mot  peu  né- 
cessaire. Comme  analogie,  je  citerai  deux  dames  françaises,  dont  l'une 
répondait  invariablement  :  «  V'ià  1'  coup  !  »  et  l'autre  :  «  Hélas,  ma 
chère  amie,  que  me  dites-vous  là  ?  »  Il  faut  ajouter  que  cette  dernière 
était  sourde  et  ne  voulait  pas  en  convenir. 

Ces  expressions  personnelles  sont,  en  breton,  une  source  intarissable 
de  plaisanteries  ;  le  peuple  aime  à  contrefaire  les  conversations  qui  ont 
un  cachet  particulier.  C'est,  sans  doute,  un  moyen  de  propagation  pour 
ces  locutions  spéciales  ;  après  s'en  être  bien  raillé,  on  finit  parfois  par  s'y 
habituer,  et  par  les  employer  couramment  ;  selon  un  proverbe  du  lieu, 
Ar  goap  a  stag  Abred  pe  diwad,  «  La  moquerie  s'attache  tôt  ou  tard  [aux 
moqueurs]  ».  Mais  en  attendant  que  ses  mots  favoris  fassent  fortune,  si 
volet  usuSy  leur  auteur  doit  se  résigner  à  être  nommé  chaque  fois  qu'on 
les  emploie,  à  son  imitation.  Il  y  a  deux  formules  pour  ces  sortes  de  ci- 
tations. L'une  est,  par  exemple,  'me  Gwill  (/  mouillée)  «  [comme]  dit 
Guillaume  >*  ;  l'autre,  gwes  té  Will  «  [à  la]  façon  de  Guillaume  ».  Cette 
dernière  locution,  très  usitée  à  Trévérec  et  à  Tressigneaux,  répond  à  la 
formule  populaire  à  Saint-Brieuc,  en  pareil  cas  :  «  à  la  mode  de  Guil- 
laume ».  Le  mot  gsifes  est  identique  au  gallois  gwedd  (féminin)  «  forme, 
façon  »,  comique  gwedh,  fém.,  de  la  même  racine  que  le  grec  el8oç, 
cBéa.  Le  z  final,  quoique  doux,  n'est  pas  tombé  selon  la  règle  de  phoné- 
tique trécoroise,  parce  qu'il  a  été  protégé  par  la  dentale  qui  le  suivait 
immédiatement  :  gfves-te  z=*  gtvez  da.  Ce  mot  se  trouve  en  moyen  breton, 
dans  un  seul  passage  de  Sainte-Barbe  :  doeoa...  Groaet  à  pep  danuez  en 
goez  den^  «  des  dieux...  ^briqués  de  toutes  matières,  en  forme  hu- 
maine »  (Bibliothèque  nationale,  Y  6186,  p.  109^,  strophe  4^2  de  mon 
édition.  Ce  mot  était  en  moyen  gallois  gwed,  fém.  ;  il  est  réduit  à  peu 
près  à  l'état  de  suffixe,  par  ex.  dans  le  vieux  gall.  ringuedaulion  «  mys- 
térieux » ,  aujourd'hui  rhinweddolion,  et  dans  le  v.  bret.  clutgued  a  amas  ». 


40  E.  ErnauU, 

Mais  c'est  à  tort  que  la  Grammatica  cdticay  i^  éd.,  p.  890,  suivie  par 
M.  Loth,  Vocabulaire  vieux-bret.,  75,  voit  aussi  gued  dans  le  moy.  bret. 
dezuez  a  journée  »,  bloazuez  «  année  n,  finuez  «  fin  ».  Le  trécorois^^ves, 
le  vannetais  deueh  et  le  gallois  dyddwaith  prouvent  que  le  z  du  léonnais 
devez  vient  de  th,  et  que  le  comique  dethwyth  [Beunans  Meriasek,  2145) 
n'a  pas  altéré  le  son  primitif;  comparez  léon.  nozvez,  (tréc.  nozes,  vann. 
nozeoh  0  uijenuit  »  =  gall.  noswaithy  comiq.  noswyîh  (B.  Af.,  1785)  ; 
léon.  suivez  a  un  dimanche  »,  tréc.  zulves,  =  corniq.  sylgivethy  etc. 
Quant  à  )î/2u^z^  il  faut  remarquer  qu'il  est  masculin,  comme  le  comique 
fynwethy  et  qu'il  a  un  analogue  dans  le  léon.  a-c'houdevez  «  depuis  », 
vann.  a-oudeuéhj  P.  Grég.,  goudévéh,  dict.  de  L'A.  La  Grammatica  celtica 
cite  aussi  mal  à  propos  le  moy.  bret.  danuez  a  matière  »,  quoique  le  z 
soit  doux  (tréc.  daiive,  vann.  danne)  ;  car  le  gall.  defnydd  et  l'irlandais 
damna  écartent  toute  comparaison  avec  gued.  C'est  également  par  mé- 
prise que  le  bret.  gfvenvidik  «  bienheureux  »  est  tiré  de  *  vindo-ved-ko-s 
où  ved  serait  notre  gued,  dans  les  Etudes  grammaticales  sur  les  langues  cel- 
tiques, 1 1 4  *  ;  les  expressions  comme  guenn  e  bet  «  heureux  (est)  son 
sort  »,  Gr,  Myst.  de  Jésus,  236,  qui  se  retrouvent  en  comique  et  en 
gallois,  indiquent  clairement  bet  =  bitu-s. 

Le  cas  le  plus  remarquable  d'idiosyncrasie  linguistique  que  j'aie  été  à 
même  d'observer  à  Trévérec  est  celui  d'un  brave  homme  qui  ne  peut 
jamais  dire  une  chose  sans  la  répéter  aussitôt  sous  une  forme  différente 
et  abrégée.  Ainsi  un  jour  que  son  fils  avait  fait  verser  sa  charrette,  il  lui 
adressa  cette  réprimande  :  Lare'  'm  a  d'it  hag  em  a  'oa  eun  toul-kar  witè 
hag  ï  hè  hag  ï  oa  !  Zâ  da  gar  alèse  ma  't  eus  c*hoant  ha  ma  't  eus^  kar  me 
ne  zikourein  ket  anouî  na  ne  re/'/i  .'littéralement  :  a  Je  t'avais  dit  et  je 
l'avais,  qu'il  y  avait  une  omière  à  droite  >  et  que  c'est  qu'il  y  avait  ! 
Lève  ta  charrette  de  là  si  tu  as  envie  et  si  tu  as,  car  je  ne  t'aiderai  pas 
ni  ne  ferai  !  »  La  phrase  est  devenue  légendaire,  sans  doute  parce  que 
le  contraste  entre  la  gravité  de  la  circonstance  et  le  manque  absolu  de 
naturel  dans  l'expression,  si  elle  eût  été  dans  toute  autre  bouche,  a  vi- 
vement frappé  les  témoins  de  cette  scène  ;  mais  c'est  bien  là  sa  seule 
façon  de  s'exprimer.  Je  ne  dirai  pas  avec  Catulle  : 

Credo  sic  mater,  sic...  avunculus  ejus, 
Sic  maternus  avus  dixerit,  atque  avia  ; 

je  suis  persuadé,  au  contraire,  que  cette  tournure  d'esprit,  tautologique, 
dont  l'expression  est  d'ailleurs  favorisée  par  la  flexibilité  de  la  conju- 

1.  Cf.  Rev,  Celt.,  IV,  169. 


Etudes  bretonnes,  41 

gaison  bretonne,  a  toujours  été  propre  à  l'excellent  homme  en  question  ; 
et  je  n'attache  pas  grande  importance  à  ce  fait,  qu'il  n'est  pas  originaire 
de  Trévérec.  Je  puis,  du  moins,  affirmer  que  son  propre  fils  ne  parle 
jamais  de  la  sorte. 


II. 


LE   BRETON    ET   l'aRGOT. 

Sous  ce  titre,  Un  argot  de  Basse-Bretagne,  M.  N.  Quellien  a  publié  dans 
la  Revue  de  Linguistique  de  janvier  1 88  5  un  intéressant  article  de  26  pages 
sur  un  langage  de  convention,  variété  originale  du  dialecte  breton  de 
Tréguier,  que  parlent  entre  eux  les  chiffonniers  et  les  couvreurs  de  La 
Roche-Derrien,  petite  ville  de  1,600  âmes  tout  au  plus.  J'ajouterai  ici 
quelques  remarques  pour  éclaircir  la  provenance  des  expressions  qu'il 
signale  comme  propres  à  cet  argot,  ou  pour  constater  leur  présence 
dans  d'autres  variétés  de  la  langue  bretonne. 

AhostoL  Anndaouzek  —  zo  0  tremen  [les  douze  apAtres  passent),  il  est 
midi.  Se  dit  aussi  à  Trévérec.  Cf.  «  Le  chant  du  coq  monte  jusqu'au 
del,  il  chante  quand  chantent  les  apAtres;  Quand  chante  le  coq  à  mi- 
nuit, les  anges  chantent  au  paradis  »  Barzaz  Breiz,  p.  ^47  (lannik 
Skolan).  Ce  passage  manque  dans  la  version,  d'ailleurs  incomplète,  que 
M.  Luzel  a  donnée  au  t.  I  de  ses  Gwerziou  Breiz-Izel, 

Ambrellin  pluriel  -ed,  fils,  jeune  garçon.  Du  vieux  français  ambrelin, 
homme  ridicule,  à  Metz  homme  de  néant,  selon  Sainte- Palaye  (Diction- 
naire de  Godefroy).  C^est  ainsi  qu'on  dit  familièrement  en  français»  mon 
gamin  »  pour  «  mon  fils  ». 

AnjeZy  père.  Peut-être  du  v.  fr.  enge,  aujourd'hui  engeance,  avec  une 
terminaison  arbitraire. 

Baimbain,  pommes  de  terre,  du  fr.  bain?  A  Trévérec,  par  plaisanterie, 
bouill'bouill,  id.,  proprement  «  ce  qui  bout,  ce  qui  fait  bouill  bouill  dans 
l'eau  ». 

Batimancho  (bâtiments,  bateaux^  gros  sabots.  Cf.  en  argot  français 
bateau,  soulier  énorme,  bateaux,  souliers  [Lorédan  Larchey,  Dictionnaire. . . 
de  l'argot  parisien)  en  fourbesque  ou  argot  italien  barcha,  soulier  (Fran- 
cisque Michel,  Etudes  de  philologie  comparée  sur  P argot,  Paris,  1856, 
p.  426)  • . 

Bich,  le  diable.  Ce  mot  doit  être  une  abréviation,  peut-être  du  syno- 

I .  Je  désignerai  ces  deux  ouvrages  par  les  initiales  L   L  et  F.  M. 


42  E.  Ernault, 

njme  kubik^  que  M.  Quellien  regarde  comme  d'invention  assez  moderne 
et  qui  a  un  sens  si  vague  qu'il  peut  désigner  aussi  «  le  père  »,  et  même 
<(  Dieu  ».  On  serait  tenté  de  comparer  pourtant  le  nom  du  diable  en 
argot  allemand,  Bieg,  F.  M.,  449.  A  Saint-Brieuc  la  Gobiche  est  un 
monstre  imaginaire  dont  on  fait  peur  aux  enfants. 

B'dleoz,  argent,  billeouzi,  payer.  De  l'argot  fr.  bilUy  monnaie,  F.  M., 
L.  L.,  bilkncherf  payer  comptant^  L.  L.,  même  racine  que  biUon. 

BiUez^  fille,  paysanne  :  eur  vUlez.  Du  fr.  fille^  avec  la  terminaison  bre- 
tonne du  féminin. 

Binwio  (outils)  parties  sexuelles.  Cf.  angl.  tool,  terme  d'argot  em- 
ployé par  Shakespeare  (F.  M.,  470). 

Boubouar,  m.,  bœuf,  vache.  De  bouboual^  gronder,  retentir,  comme 
en  argot  fr.  beuglant,  bœuf,  F.  M.,  L.  L. 

Bouta  en  eunn  ail  (pousser  en  un  autre)^  vulg.  monter  le  coup  à  quel- 
qu'un. Cf.  argot  fr.  le  mettre  à  quelqu'un,  en  faire  accroire,  tromper, 
L.  L. 

Brif,  pain.  A  Trévérec  morceau,  ce  qu'on  mange  ;  du  v.  fr.  brife,  resté 
en  picard  (auj.  bribe).  M.  Loth  a  comparé  le  v.  bret.  diprim,  manger, 
mais  te  b  initial  rend  ce  rapprochement  impossible.  Voy.  le  Dict.  de 
Diez,  4e  éd.,  p.  66. 

Chouea.  Me  a  c'houeo  ho  fri  d^ac'h,  je  vous  moucherai  le  nez,  phrase 
de  menace.  Se  dit  à  Trévérec,  etc.  Cf.  moucher,  frapper,  battre,  tuer, 
L.  L. 

Chouez,  maison:  ar  c'houez,  peut-être  la  forme  radicale  est-elle 
*kouez,  cf.  le  mot  d'argot  fr*.  creux,  logis,  maison,  F.  M.,  qu'on  écrivait 
autrefois  crues  ? 

Choufretezen^  allumettes,  plur.  choufretez,d*\xrï  mot  fr.  *soufrettes,  dérivé 
de  soufre.  On  dit  à  Trévérec  chimiken^  une  allumette  chimique,  cf.  en 
argot  fr.  «  une  chimique  »,  L.  L. 

Chouila^  travailler,  proprement  «  fouiller  »,  gall.  chwilio. 

Chousa,  manger,  c'housach,  aliment,  du  v.  fr.  populaire  gousser, 
manger,  F.  M.,  197.  Il  est  arrivé  pour  ce  mot,  comme  pour  gallout, 
hallout,  pouvoir,  en  Léon,  ouilein,  pleurer,  vennein,  vouloir,  etc.,  en 
Vannet.,  que  la  forme  radicale  a  été  supplantée  par  «  l'état  construit  »: 
on  a  dû  dire  d'abord  à  l'infinitif  *  gousa,  d'où  régulièrement  au  présent 
me  a  c'hous,  etc. 

Dankier,  femme  de  mauvaises  mœurs.  —  Trév.  eun  dankier  a  blac'hy 
une  fille  dégourdie,  vive,  capable.  Cf.  peut-être  sankier,  machine,  et 
chose  quelconque,  objet,  Trév.  ;  ce  dernier  mot  vient  du  fr.  chantier. 

Dibunet  (dévidé).  Me  am  euz  —  gant  lunnez,  j'ai  démêlé  (distribué  des 


Stades  bretonnes,  4} 

coups]  avec  celui-d.  Trév.  Me  'm  eas  dihuned  ht  geelad  d^hennez,  je  Fai 
battu. 

Dovergn,  cheval.  Des  mots  fr.  d'Auvergne  f  Comme  cette  expression  a 
pu  prendre  naissance  en  Bretagne,  je  rappellerai  que  l'idée  d'  a  auver- 
gnat »  s'associe  naturellement  en  ce  pays  à  celle  de  «  colporteur  »  ;  cf. 
Brizeux,  éd.  M.  Lévy,  1861,  t.  II,  p.  174. 

Eltrit,  pain.  De  l'argot  fr.  artiSy  lartif^  en  argot  italien  artibrioj  pro- 
vençal artom,  etc.,  L.  h,,  F.  M.,  17,  425. 

Fardach^  gens  de  rien,  objets  de  nulle  valeur,  rebut.  Le  mot  existe 
aussi  à  Trévérec  dans  ces  deux  dernières  significations. 

Flit, flitouar^  lit;  cl,  fledy  grabat.  Le  Gonidec,  liOMit.fledtP.  Grég. 
D.  Le  Pell.  donne  en  Léon,  flet  «  lit  tout  simple  et  petit  »,  plur.  fledou. 
Je  ne  crois  pas  que  ce  mot  ait  rien  à  faire  avec  gwele^  lit  [Et.  gramm., 
}2)  ;  aucun  des  exemples  cités  à  cet  endroit  pour  prouver  la  correspon- 
dance de  /  et  ^  en  armoricain  n'est  concluant.  Le  plus  spécieux  est 
«  fol,  mauvais,  variante  de  gwal  »  ;  mais  fal  veut  dire  proprement 
«  faible  »  et  correspond  plutôt  au  fr.  failli.  Flet  répond,  comme  l'indique 
D.  Le  Pelletier,  au  b2LS'hX\n  flecta,  claie. 

Flu,  Rei  ar — ,  donner  la  correction,  Trév.,  id. 

Fluma,  battre.  Variante  defibla,  P.  Grég.,  etc.,  de  *fibulare^  cf.  /îë- 
mienn  =zfibttla,  à  Sarzeau,  Rev.  celt.y  III,  236. 

Fraonwal,  s'enfuir,  s'échapper.  Sorte  d'onomatopée  analogue  au  tré- 
corois  vronjal  et  au  haut  breton  brunder^  qui  expriment  le  bruit  d'une 
toupie  ou  d'un  corps  quelconque  lancé  avec  vigueur. 

FreottZy  synonyme  de  koc'h;freouzi  a  cacare».  Du  haut  breton /o^roux, 
foireux. 

Gourd,  bon,  bien,  oui  ;  comparatif  gourtoc'h.  De  l'argot  fr.  gourd, 
gros,  riche,  puissant,  bon,  gourdement^  beaucoup,  F.  M.,  194-196; 
argot  ital.  gordo,  plein,  F.  M.,  429,  etc.,  c'est  le  fr.  gourd^  engourdi, 
esp.  gordo,  gros,  avec  un  sens  plus  étendu. 

Granit,  faim.  Cf.  en  argot  fr.  pégrenne,  F.  M.,  L.  L. 

Cre/î^r,  chat;  de  l'argot  fr.  greffier,  griffon,  griffard,  id.,  L.  L.,  F.  M. 
Dans  l'argot  de  La  Roche,  Polik  veut  dire  à  la  fois  «  notaire  »  et 
«  chat  ». 

Grifon,  chien  ;  probablement  du  fr.  «  chien  griffon  ».  On  vient  devoir 
en  argot  fr.  griffon  pour  «  chat  »  ;  c'était  un  synonyme  de  greffier  dans 
le  sens  ordinaire,  F.  M.,  204  ;  nous  en  avons  gardé  les  dérivés  ^n/- 
ionner,  griffonnages  (cf.  l'expression  «  écrire  comme  un  chat  »). 

Groegon  (prunes  sauvages),  crottin  de  cheval.  On  dit  ailleurs  ^ez  glaz, 
figues  vertes,  cf.  Bombard  Kerne,  50. 


44  ^*  Ernault, 

Grun  pour  gronch,  menton,  dans  larda  ar  grun  (se  graisser  le  menton), 
faire  bonne  chère.  Je  ne  sais  si  cette  localisation  du  sens  de  grun  est 
exacte  :  on  dit  à  Trévérec,  en  pareil  cas,  lardan  'gorzailUn^  graisser  le 
gosier.  Grun  vient  du  fr.  grouin,  qui  veut  dire  en  argot  «  visage  »,  L. 
L. 

Gwammely  femme  mariée.  Trév.  mr  wambel,  une  femme  sale.  Cf. 
gwamm,  femme  mariée  (par  raillerie).  Le  Gon.,  Troude.  «  Hors  ces  lo- 
cutions, le  mot  gouam  n'est  plus  d'usage  que  dans  l'argot,  où  il  signifie 
femme  »  (P.  Grég.,  s.  \.  femme), 

Gwilloïk  (petit  Guillaume^  loup.  Gwillaouik,  dict.  de  Troude,  etc. 
L'auteur  du  Dict.  de  l'A.  donne,  p.  Vil,  gullleu,  comme  du  mauvais 
breton  usité  à  Ambon  [district  de  Vannes],  au  lieu  de  bleye^  loup. 

Heol  ar  bleiz  (le  soleil  du  loup),  la  lune.  Trév.  iaol  ë  blei;  la  lune  est 
associée  au  loup,  dans  «  La  Tour  d'Armor  »,  Barzaz  Breiz,  p.  495. 
Pour  éviter  d'appeler  le  loup  par  son  nom,  de  pnur  de  l'attirer,  on  le 
désigne  par  ki-nos  a  chien  de  nuit  »,  en  basse  Cornouaille,  dit  D.  Le 
Pelletier. 

Jes,  substantif  qu'on  ajoute  aux  adj.  possessifs,  pour  faire  des  pron. 
personnels  :  ma  jes,  moi,  hon  jes,  nous,  ho  ches,  vous,  ho  jes,  eux.  Le 
verbe  suivant  prend  la  forme  impersonnelle.  C'est  une  syllabe  insigni- 
fiante, qu'on  met  là  uniquement  pour  dénaturer  l'aspect  des  pronoms 
personnels,  comme  en  argot  fr.  nouzailles^  nousiergue,  nouzières,  nouzigo, 
nous,  L.  L.,  en  argot  italien  vostriso,  vous,  F.  M.,  4^4,  etc. 

Kelien!  (mouches),  mot  par  lequel  un  complice  avertit  les  voleurs  qu'il 
vient  quelqu'un.  Allusion  aux  mouchards. 

Kerborz.  Gouzout  dre  belec^h  a  David  da  Gerborz  (savoir  par  où  David 
va  à  Kermoroc'h),  en  connahreplus  long  que  d'autres.  Trév.  Hennez  'oar 
Ket  dre  bHac*h  a  Pér  da  Gerbost,  il  n'est  pas  fin. 

Kornik  (l'encorné),  le  diable.  Le  P.  Grég.  donne  ar  c'hornecq,  id., 
comme  mot  burlesque;  cf.  Paol gornek,  id.,  Dict.  bret.-fr.  de  Troude. 

Kotisa,  battre,  du  haut  bret.  cotir^  écraser. 

Krank,  le  contenu  d'un  verre,  la  goutte.  Cf.  la  strophe  suivante, 
l'avant-dernière  de  Chanson  ar  guin-ardant  pe  ar  jigoden  (imprimée  chez 
Lédan,  sans  date,  à  la  suite  d'une  autre  intitulée  Trahison  an  amou- 
rousîet]  : 

Qement  tra  zo  er  bed-mâ  a  eprouv  chanchamant  : 
Hyrio  leromp  Jigoden  ha  guechal  Guin-Ardant, 
Ur  banne  Ini-bruta),  ur  Chranc  pe  Mistigri, 
La-Gout,  e  me  Yan-Zoudard,  ha  ni  lar  Lodevi. 

L'auteur  anonyme  de  cette  énumération  eût  pu  y  ajouter  jolori,  et  bien 


Etudes  bretonnes.  45 

d'autres  synonymes  burlesques  dont  on  peut  voir  quelques-uns  donnés 
par  le  P.  Grég.  au  mot  eau. 

Kreiz  (milieu),  midi,  dans  talar  kreiz,  dîner  (repas  du  midi),  abré- 
viation de  kreisîe. 

Krihy  krib  JezuZy  gendarme.  Trév.  grib,  de  Targot  fr.  grippe-Jésus,  L. 
L.  «  terme  des  voleurs  du  nord  de  la  France  et  des  marins  »,  F.  M. 

Ldgard  ijen  (œil  de  bœuf),  pièce  de  cinq  francs.  Trév.  lagad  ejon. 
Cf.  en  argot  italien  occhio  ou  lampante  di  civetta  (œil  de  chouette),  ducat, 
F.  M.,  430,  43!  ;  argot  fr.  bouche  l'œil^  pièce  de  cinq,  dix  ou  vingt 
francs^  L.  L. 

Lansogn:  mont  da  lansogn,  en  arriver  à  l'état  d*ivresse.  Il  faut  écrire 
mont  d^Aiansogny  proprement  «  aller  à  Alençon  j>,  d'où  par  suite  d'un  jeu 
de  mots«  être  lancé  »  [lancé,  gris,  L.  L.).  C'est  ainsi  qu'on  disait  en 
argot  français  «  allé  en  Angoulesme  »  pour  «  avalé,  bu  ou  mangé  »  par 
allusion  à  engouler,  F.  M.,  9;  qu'on  dit  encore,  dans  ce  même  argot, 
«  aller  à  Niort  »,  pour  «  nier  »,  L.  L.,  F.  M.  ;  «  aller  à  Rouen  »,  se 
ruiner,  etc.,  etc.  ;  F.  M.,  365,  cf.  ibîd.,  s.  v.  Canelle,  Cône.  Des  plai- 
santeries de  ce  genre  sont  assez  fréquentes  en  Bretagne  :  on  dit  en  gallo 
d'un  homme  qui  n'est  pas  donnant,  généreux,  qu'il  n'est  pas  de  Saint- 
Donan  (commune  voisine  de  Saint-Brieuc),  et  en  breton  de  Trévérec  Ed 
e  d'ar  Roc'h  a  il  est  allé  à  La  Roche-Derrien  »  =  il  dort,  il  ronfle 
(roc'hal,  ronfler).  Voici,  à  ce  propos,  une  devinette  que  j'ai  entendue  à 
Trévérec  :  Mamzell  a  Gerbelen,  Krennet  fii  bek  hag  hic  h  ivinen,  malet  gant 
eur  vilin  eskern  ha  zilet  er  pod  toulU  —  Eur  gerc^hen.  a  (Connaissez-vous) 
Mademoiselle  de  Kerpelen,  à  qui  l'on  rogne  bec  et  ongle,  et  qui  est  (en- 
suite) moulue  par  un  moulin  d'os  et  passée  à  travers  un  pot  percé  .?  — 
C'est  le  grain  d'avoine  ».  Kerpelen,  petit  village  près  du  bourg  de  Tré- 
vérec, est  décomposé  ici  en  ker-pelen  «  ville  de  la  balle  (enveloppe  du 
grain)  ».  On  sait  que  kerc^hen  est  du  féminin.  Les  détails  suivants  font 
allusion  au  battage,  à  la  bouche  du  cheval,  et  aux  suites  de  sa  digestion. 
—  M.  de  Kernitra  (de  la  ville  de  rien)  se  dit,  dans  le  Morbihan,  d'un 
homme  pauvre  ou  trop  prétentieux.  Troude  a  signalé  l'expression  mont 
da  Germouzik,  litt.  «  aller  à  la  petite  ville  de  bouderie  »  (Dict.  bret.-fr., 
s.  v.  mouzik).  On  connaît  aussi  le  vers  de  Proux,  le  poète  cornouaillais 
d'allure  si  populaire,  dans  Bombard  Kerne,  p.  86  :  Margod  ar  bik,  a  Ger- 
Biget  '.M.  Quellien  donne  l'expression  mont  e  tu  ail  da  vro  ar  bara  (aller 
de  l'autre  côté  du  pays  du  pain),  être  perdu  ou  mort.  Elle  s'emploie  aussi 


1.    Il  n'est  pas  nécessaire  de  rappeler  Ratopolis^  Elêphantide  et  Rhinocère,  fondées  par 
notre  aimable  fabuliste. 


46  E.  Ernault. 

à  Trévérec  ;  cf.  te  fr.  «  faire  perdre  le  goût  du  pain  »,  argot  «  remercier 
son  boulanger  »  (mourir),  L.  L.  L'argot  de  la  Roche  offre  encore 
ces  phrases  :  kas  da  Vro-Saoz  (envoyer  en  Angleterre),  noyer  ;  diskenn  da 
Vro-Saoz  (descendre  en  Angleterre),  être  noyé  ;  mond  da  Gerneo  (aller  en 
Cornouaille)  être  perdu,  tué  ou  mort.  Dans  ces  deux  cas,  il  n'y  a  pas  de 
jeu  de  mots  ;  M.  Quellien  dit  avec  raison  qu'ici  la  Cornouaille  est  prise 
comme  type  de  pays  lointain.  Le  P.  Grég. ,  au  mot  dépérir,  donne  une 
explication  historique  de  la  locution  mônet  a  ta  da  Scoçz  [il  va  en  Ecosse) , 
il  dépérit  ;  mais  en  même  temps  il  renvoie  au  mot  vieillot,  qu'il  rend  par 
azcoz  ;  il  peut,  en  effets  y  avoir  un  jeu  de  mots  aussi  bien  qu'une  allusion 
historique.  Aristophane  faisait  déjà  de  ces  plaisanteries  géographiques  : 

Tw  ytlp*  Iv  AtTtoXotç,  ô  vouç  8*  Iv  KXa)7ClBtl>V. 

{Les  Chevaliers ^  v.  78,  79). 

LanteoZy  beurre,  corruption  de  lard  teuz^  saindoux  P 

Lateriy  langue,  latenni,  bavarder,  laîennet  mad,  qui  a  la  langue  bien 
pendue.  M.  Quellien  tire  ces  mots  du  fr.  /âfte;  je  crois  qu'ils  ont  la  même 
origine  que  plapenein,  bavarder,  Trév. 

Léo  (lieue)  :  mond  el  leo,  s'en  aller,  être  chassé.  Cf.  moât  elleo  adarre, 
se  remettre  en  route,  Troude. 

Letez,  crêpes  ;  campagnard  ;  leîezen^  campagnarde.  Abréviation  de 
gaietés,  galettes,  que  donne  le  P.  Grég.  M.  Quellien  croit  que  le  sens  de 
«  campagnard  »  vient  de  ce  qu'à  la  campagne  on  mange  des  crêpes. 
C'est  possible  ;  mais  en  argot  galette  veut  dire  «  homme  nul  et  plat  » , 
L.  L.  «  homme  sans  intelligence  »,  F.  M.,  et  l'on  dit  «  plat  comme  une 
galette  ». 

Lokard,  campagnard.  Cf.  Trév.  lokoter^  un  pauvre,  dufr.  locataire  f 

Loko,  eau-de-vie.  Ce  mot,  introduit  par  une  personne  de  La  Roche  à 
Trévérec,  n'y  a  pas  encore  reçu  droit  de  cité. 

Mariy  man-ik,  baiser,  caresse.  Trév.,  id.,  baiser,  haut  btet.main  (en- 
fantin), cf.  Rev.  celt.f  IV,  161.  «  Caresse  »  se  dit  à  Trév.  aneik  (en- 
fantin), cf.  le  bret.  moy.  aff,  un  baiser  ? 

Manego  (gants),  menottes,  cf.  fr.  manique^  menottes. 

Miniky  probablement  «  matin  »  dans  talar  minik,  déjeuner  (repas  du 
matin).  Altération  arbitraire  de  mintin,  cf.  argot  fr.  matonas^  matin. 

Minson^  mauvais,  mal,  non;  minsonery  un  pingre.  Du  fr.  mincey  qui, 
en  argot,  veut  dire  «  très  médiocre  »,  L.  L. 

Mouchouar  godel  (mouchoir  de  poche],  pistolet.  Argot  fr.  mouchoir , 
pistolet,  parce  que  a  moucher  une  chandelle  avec  un  pistolet  est  le 


Etudes  bretonnes.  47 

comble  de  l'adresse  »,  F,  M.  Le  P.  Grég.  donne,  au  mot  jaloux,  l'ex- 
pression bidedy  pistolet  de  poche  qui  semble  d'un  argot  plus  breton. 

Nikoly  viande.  Altération  de  kik  f  Ce  serait  un  langage  en  nol,  comme 
on  dit  en  argot,  pour  parler  en  lem,  lonbem^  bon  ;  pour  parler  en  luch, 
lonbuch^  etc,  L.  L. 

Noter,  soir,  nuit,  altération  de  noz,  sous  l'influence  probablement  du 
mot  notaire.  Nous  avons  vu  que  dans  cet  argot  le  nom  du  notaire  est  le 
même  que  celui  du  chat,  rôdeur  de  nuit. 

Ostant,  maitre  de  maison  ;  individu.  Altération  de  ostiz,  hôtelier  ?  On 
dit  en  haut  breton  Phôté  pour  «  la  maison  ». 

Pagnoten,  femme  de  mauvaises  mœurs  ou  d'humeur  acariâtre.  V.  fr. 
pagnote,  lâche,  cf.  F.  M.,  300. 

Pampez,  gens  de  la  campagne  (mot  rare).  Trév.,  sot,  pi.  paàpejen, 
Rev.  celt.j  IV,  163. 

Pankiero  :  sevel  he  bankiero  da  unan  bennak^  jeter  quelqu'un  les  quatre 
fers  en  l'air.  Se  dit  aussi  à  Trévérec,  mais  on  ajoute  ordinairement 
kroec^h,  en  haut  ;  on  dit  également  spankierein,  culbuter,  mettre  la  tête 
en  bas  ;  spankier,  morceau  de  bois  pour  suspendre  par  les  pieds  les  bétes 
mortes. 

Pask.  Ober  he  bask  (faire  ses  Pâques),  s'enivrer  le  jour  où  on  a  fait  ses 
Pâques.  Cela  s'appelle  à  Trévérec  beavein  hi  bask,  noyer  sa  Pâque. 

Pea  he  otro  (payer  son  maître),  «  cacare  ».  Trév.  pean  hi  otro,  selon 
M.  Quellien,  c'est  proprement  «  laisser  au  propriétaire  d'un  champ^ 
qu'on  vient  de  piller  ou  qu'on  traversé  simplement,  une  manière  de 
compensation  ou  un  souvenir  de  ce  passage  ».  Cette  explication  me 
semble  hasardée.  L'idée  peut  être  la  même  que  dans  le  vers  de  Rabelais, 
Gargantua^  I,  1 3,  La  guabelle  qu'à  mon  c.  doibs.  Il  est  possible  aussi  que 
otro  signifie  a  pourceau  »,  sens  noté  par  M.  Quellien,  et  analogue  à  tant 
d'expressions  ironiques  comme  roant  en  argot  fr.,  F.  M.,  en  Bretagne 
sire  de  Rohan  etc.  L'appétit  dépravé  de  ces  animaux  donne  lieuà  une  foule 
d'expressions  populaires ,  ainsi,  Me  'm  eus  drouk  kôf-^  Kelo  mad  d'é  mochi 
De  là  encore  ce  dicton  contre  les  maréchaux-ferrants  :  Eur  maréchal  zo 
veleurc*hochon,  p^en  e  gwir  e  ra  bouarn  néve  gant  hini  koz,hag  ar  c'hochon 
a  ra  ie  koc*h  néve  gant  kos  koc'h,  Treo  ha  debche  ket  é  moc'h  ^nè!  «  des 
choses  que  les  cochons  ne  mangeraient  pas  »  !  s'écrie  le  paysan  philosophe 
en  constatant  avec  dépit  la  puissance  conventionnelle  de  l'argent. 

Perier  (pierrier),  le  derrière,  Trév.,  id.;  cf.  argot  fr.  canonnière,  L.  L. 

Pikolo,  argent,  argot  fr.  picaillons,  écus,  L.  L.  Il  est  inexact  de  dire 
que  pikol,  grand,  est  propre  au  dialeae  de  Tréguier.  Cf.  Rev,  celt,, 
III,  58. 


48  E.  Ernault. 

Piou  ?  —  Ar  piwer.  —  A  zo  dimeet  d^ar  sUoker.  Ce  dialogue,  où 
M.  Quellien  ne  voit  que  de  la  rime  sans  raison,  est  sans  doute  un  pro- 
verbe dont  on  n'a  retenu  que  l'application.  Il  a  lieu  aussi  à  Trévérec, 
mais  on  ne  le  coupe  pas  de  la  même  manière.  Quand  un  fâcheux  sur- 
vient dans  une  conversation  et  en  demande  le  sujet  :  Piv  /  «  Qui  »  P  on 
lui  répond  :  Ar  piver,  a  zo  dimet  d'ar  skloker  «  Celui  qui  dit  :  Qui  ?  est 
allié  (littéralement  «  marié  »j  au  glousseur  ».  Cela  veut  dire,  je  suppose, 
que  le  curieux  qui  s'informe  ainsi  est  tout  prêt  à  aller  pondre,  comme  on 
dit,  la  chose  à  celui  dont  on  parle  [à  lui  rapporter  la  conversation).  On 
répond  aussi  à  la  question  :  Piv  f  par  ces  mots  :  Ne  biv  kety  en  faisant 
semblant  de  prendre  piv  pour  un  verbe. 

Pipi  du  [Pierre  le  noir),  café.  Cf.  pipi  gaz,  eau-de-vie,  mot  introduit 
à  Trévérec  par  la  même  personne  que  loko,  et  resté  aussi  une  expres- 
sion personnelle.  En  argot  fr.  noir,  café,  L.  L.  ;  petit  pire  noir,  litre,  F. 
M.,  petit  homme  noir,  broc  de  vin,  L.  L. 

Pistaon^  argent,  cf.  fr.  pistole. 

Poins,  vol,  poinsa,  voler,  poinser,  voleur.  De  l'argot  fr.  poisser,  voler, 
L.  L.,  F.  M.,  poisse^  voleur,  L.  L.,  poisseixr,  F.  M., dérivé  de  la  poix. 
M.  Francisque  Michel  remarque  que  Martial  a  employé  piceata  manus 
dans  le  sens  de  «  main  voleuse  ».  Devant  s,  les  voyelles  se  nasalisent 
très  souvent  dans  les  mots  bretons  d'origine  latine  ou  française  :  bens, 
vesce,  vins,  escalier  tournant  [visse],  pans,  puits,  etc. 

Populo,  pipe.  A  Trév.,  grande  pipe.  Il  y  a  à  ce  sujet  une  chanson 

populaire  : 

Deued  eo  Karolin 

Da  vouboual  he  zaboulin... 

Hag  hi  0  vont  d'ar  vornier: 

—  Ma  c'horn  a  zo  dister. 

—  Ma  rei  d'ac'h  twr  populo, 
Med  eur  gwennek  aRousto. 

«  Caroline  est  venue  à  faire  ronfler  son  tambour...  Et  d'aller  chez  le 
fournier.  —  Ma  pipe  est  trop  petite.  —  Je  vous  en  donnerai  une 
grande,  mais  cela  coûtera  un  sou  ». 

Prei,  lamproie,  salamandre,  t.  d'injure.  Trév.  eur  prei,  un  homme 
sale. 

Raton,  recteur,  prêtre.  Argot  fr.  ratichon,  L.  L.,  F.  M. 

Rufan,  feu.  Argot  fr.  rif,  rifle,  feu,  riffauder,  brûler,  chauffer,  argot 
italien  arrufare,  F.  M.  ;  abbaye  ruffante,  four  chaud,  F.  M.,  L.  L  ;  argot 
ital.  ru/o,  feu,  rufoso,  rouge,  F.  M.,  4)2  ;  probablement  du  lat.  rufus, 
roux. 


Etudes  bretonnes,  49 

Rap^  richard,  monsieur.  De  l'argot  fr.  rup,  rupin^  rupart,  rupine  «  élé- 
gant, homme  riche  »,  L.  L.;  rupin^  noble,  gentilhomme,  richard,  F. 
M.  Cf.  normand  rupe,  adj.  «  fort  »,  rupin  «  homme  habile,  rusé  »  (Joret, 
Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique,  IV,  324). 

Skas  :  rei  ar — ,  donner  la  chasse  à  quelqu'un.  A  Trévérec  c'est  «  lui 
faire  tort,  l'emporter  sur  lui  »,  proprement  «  l'entraver  »  ;  cf.  Rev. 
ait,  y  IV,  166. 

SkaSy  vol,  skasa,  voler,  skaser,  voleur,  filou.  Probablement  pour  skarz^ 
ce  qui  n'aurait  rien  que  de  conforme  aux  habitudes  de  la  prononciation 
trécoroise.  Le  P.  Grég.  donne,  en  effet,  scarza  «  faire  un  larcin  »,  au  cap 
Sizun.  Littéralement  «  nettoyer  ». 

Skrap,  vol,  skraper^  voleur.  Le  P.  Grég.  donne  scrap  «  larcin  qui  se 
fait  par  adresse  »,  le  verbe  scraba,  et  en  vann.  scrab^  scrapein.  Le  dict. 
de  L'A.  rend  scrappe  par  «  larcin  par  force  ».  Cette  racine  signifie  pro- 
prement «  gratter  ». 

Taga  (étouffer),  boire  [une  chopine].  Trév.  id.  Argot  fr.,  étouffer  un 
perroquet^  L.  L. 

Talar^  repas.  En  breton  ordinaire  a  bout  d'un  sillon  »  ;  l'image  peut 
être  prise  de  l'idée  de  revenir  sur  ses  pas,  ou  d'interrompre  son  travail. 

Taouen,  poux,  altération  de  laouen,  pou  ? 

Tarieky  tabac,  pourboire.  Corruption  arbitraire  de  ta-bacf  Le  dict.  de 
L'A.  donne  en  vann.  tabaque. 

Tok-toky  marteau.  Onomatopée. 

Torîad,  ventrée,  Trév.  id.,  Rev.  celt.,  IV,  168.  L'argot  de  La  Roche 
a,  de  la  même  racine,  mond  da  dorta,  aller  se  coucher,  et  torta,  tuer.  En 
argot  français  endormir  veut  dire  «  étourdir,  tuer  »,  F.  M.,  L.  L. 

Toul  (trou),  prison.  Cf.  argot  fr.  «  Etre  dans  le  trou  »,  id.,  L.  L. 

Transaillj  menue  monnaie.  A  Trév.,  argent  en  général; cf.  cornouail- 
lais  traâtel,  patrimoine,  argent  qu'on  a  en  poche  au  jeu  (Troude,  s.  v. 
distraûtely  drantet],  Ann  overn  dranîel  ou  drantel  [d.  Rev,  celt,,  IV,  168), 
messe  à  rebours  qui  se  célébrait,  dit-on,  à  minuit,  la  fête  de  Noël,  dans 
la  chapelle  de  Saint-Hervé,  sur  le  mené  Bre,  pour  délivrer  ceux  qui 
avaient  fait  un  pacte  avec  le  Diable,  Trév. 

Tremen  lost  al  loue  dre  ho  keno  (vous  passer  la  queue  de  veau  par  la 
bouche),  vous  prendre  pour  un  sot.  Trév.  Tremenedelost'é  lébuohic^héno. 

Treo  torret  (choses  cassées),  menus  gâteaux  que  les  enfants  achètent  à 
vil  prix.  Cf.  argot  fr.  casse  «  rognures  et  raclures  de  pâtisseries,  vendues 
à  deux  sous  le  cornet  »,  L.  L. 

TrœZy  bouillie.  C'est  sans  doute  le  même  mot  que  troaZy  urine,  gall. 
trwjth.. 

Rev,  Celt.,  VU  4 


50  E.  Ernault, 

Trotachy  soupe  aux  légumes.  Altération  du  français  potage. 

Tunik  ou  dunikj  messe  ?  Eman  ar  raton  gand  ann  dunik^  le  recteur  dit 
sa  messe.  C'est  peut-être  le  français  tunique. 

Turgny  porc  ;  de  turiaty  fouir  comme  les  pourceaux. 

Vilach^  la  ville,  La  Roche-Derrien,  du  fr.  village. 

Water^  eau,  wateri,  uriner,  de  Pangl.  water,  cf.  water-<loset. 

Zerasinedy  par  abréviation  zer,  pommes.  Du  fr.  sarrazin^  blé  noir. 

Zousilly  boisson,  zousill  tan^  eau-de-vie,  zou$ill  hirr^  cidre;  zousilly 
homme  ivre,  zousilla,  s'enivrer;  zousilladen,  la  goutte,  une  partie  de 
boire.  Par  mutation  initiale  généralisée  de  *dousill  =  doulsizlj  clep- 
sydre, horloge  d'eau,  P.  Grég. 

Toutes  les  coïncidences  indiquées  ci-dessus  entre  l'argot  de  La  Roche 
et  le  langage  courant  de  Trévérec  ne  proviennent  certainement  pas 
d'une  influence  directe  de  l'un  à  l'autre  :  il  y  a  là  un  ancien  fonds  com- 
mun. La  ligne  de  démarcation  entre  l'argot  et  le  breton  n'est  pas  tou- 
jours aussi  tranchée  que  le  ferait  supposer  la  lecture  du  travail  de 
M.  Quellien.  L'auteur  nous  promet  de  revenir  sur  le  même  sujet  :  il  est 
à  souhaiter  qu'il  ne  se  borne  plus  aux  mots  d*argot  qu'il  connaît  depuis 
vingt-cinq  ans.  Les  expressions  plus  récentes  jetteront  peut-être  quelque 
lueur  sur  les  autres,  dont  je  viens  d'examiner  un  certain  nombre. 

Dans  les  rapports  directs  que  j'ai  signalés  entre  l'argot  de  La  Roche  et 
l'argot  français,  c'est  toujours  le  premier  qui  semble  avoir  emprunté  au 
second.  L'argot  français  contient  très  peu  de  mots  bretons.  On  peut 
citer  : 

Brasy  f.  brasse,  grand;  brassetj  gros,  L.  L.  Bret.  bras. 

Quimpery  tomber,  L.  L.,  quimper  la  lance  [lance,  eau),  uriner,  F.  M., 
cf.  gall.  cwympoy  tomber,  bret.  skoemp,  glissant,  scabreux.  Rev.  celt,,  IV, 
i66;  scuemp^  subtil,  insinuant,  Sainte-Barbe,  27.  Squemp  se  trouve  deux 
fois,  Gr.  Myst.  de  Jésus  y  146.  Au  premier  passage  la  traduction  de 
M.  de  Le  Villemarqué  «  pair  à  pair  »  me  semble  exacte;  le  second  peut 
signifier  «  Je  ferais  cinq  courses  d'un  trait  plutôt  que  de  renoncer  à  vous 
gagner  cette  robe  ».  On  a  vu  plus  haut,  au  mot  pankiero,  un  exemple  du 
préfixe  s-  en  breton. 

On  peut  ajouter  aux  mots  d'argot  français  venus  du  breton  esgourne^  {., 
oreille,  L.  L.,  bret.  skouarny  f.,  à  moins  que  ce  ne  soit  une  altération 
arbitraire  de  escoute,  f.,  id.,  F.  M. 

M.  Francisque  Michel  a  bien  raison  de  douter  du  rapprochement  qu'il 
fait  entre  marque^  fille,  et  le  breton  merch. 

Mais,  inversement,  l'étude  de  l'argot  n'est  pas  inutile  pour  la  science 
des  origines  de  certains  mots  bretons,  parfois  très  innocents.. Diez  se 


Etudes  bretonnes .  51 

demande  (Dict.,  p.  538)  quel  est  le  rapport  du  gallois  callestr  avec  le 
français  caillou,.  M.  Thumeysen  répond,  Keltoromanisches  95,  que  ces 
deux  mots  sont  très  loin  l'un  de  l'autre.  Eh  bien!  il  est  possible  que  cet 
éloignement  apparent  ait  été  causé  par  la  fantaisie  d'un  argotier  qui, 
usant  du  privilège  des  malhonnêtes  gens,  a  changé  l'ou  de  caillou  en  asse; 
ce  qui  a  donné  caillasse,  f.,  F.  M.  Ce  mot  caillasse  a  été  emprunté  par 
e  breton:  cailhastr^  P.  Grég.,  a  supplanté  caillauenn  (Cathoiicon)  =  wi/- 
lou.  Le  gallois  callestr  ne  peut  pas  plus  se  séparer  du  bret.  cailhastr  que 
celui-ci  de  l'argot  caillasse.  Du  reste,  il  y  a  une  action  continuelle  de 
l'argot  sur  le  langage  vulgaire,  et  de  là  sur  la  langue  la  plus  épurée.  Le 
recueil  de  M.  Lorédan  Larchey  est  une  sorte  de  purgatoire  par  où  pas- 
sent une  foule  de  mots  nouveaux  ou  renouvelés  qui  fmiront,  sans  aucun 
doute,  par  entrer  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie,  comme  la  brune 
(le  soir),  la  dure  (la  terre),  expression  d'argot  employée  par  Boileau,  etc. 
Le  mot  caillasse  a  un  emploi  spécial  en  minéralogie,  comme  l'indique  le 
grand  diaionnaire  de  Larousse. 


MOTS  BRETONS 

DANS  LES  CHARTES  DE  BEAUPORT 
(second  article  i}- 


Helegoetj  surnom  d'Alanus,  1267,  p.  179. 

Helegon,  surnom  d'Alanus,  1268,  p.  180.  DansleCarîulairede  Redon, 
Helogon^  p.  269,  antérieur  à  l'année  1047.  Helogon  tient  sans  cloute  lieu 
d'un  plus  ancien  Hael-uuocon  dont  il  y  a  de  nombreux  exemples  dans  la 
partie  la  plus  ancienne  du  Cartulaire  de  Fedon, 

Herlariy  surnom  d'Euro,  1229,  p.  87.  Voyez  les  suivants. 

Herlanîj  surnom  d'Eudo,  1202,  p.  50;  1250,  p.  87;  1231,  p.  90; 
Voyez  Herlariy  Herlen. 

Herleriy  surnom  d^EudOy  1201,  pp.  48,49.  Voyez  Merlan, 

//^r/iic/zo/i,  nom  d'homme,  1271,  p.  188. 

Herveus,  nom  d'homme,  1 189  [vidimas  de  1219),  p.  9;  1202^  p.  47; 
1212,  p.  68;  1217,  p.  71  ;  1220,  p.  78;  1233,  p.  96;  12^7,  p.  103; 
1238,  pp.  105,  107;  1245,  p.  118;  1246,  p.  123;  1247,  pp.  128, 
129;  1252, p.  135;  1253,  p.  138;  1255,  p.  143;  1257, p.  148; 
1265,  p.  171  ;  1266,  p.  173  ;  1266,  p.  175  ;  1267,  p.  179;  1271,  p. 
186;  1271,  p.  190;  1271,  p.  192;  1271, p.  195;  1273,  p.  197; 
1278,  p.  203  ;  1284,  p.  206.  Ce  mot  donne  lieu  à  plusieurs  explica- 
tions ;  en  certains  cas  il  peut  être  d'origine  germanique  et  représenter  un 
franc  primitif  * Chari-vechas  (Foerstemann,  Personennamen,  col.  633, 
634).  Dans  d'autres  cas  il  peut  être  identique  à  Herviou,  Enfin  le  rédac- 
teur de  la  charte,  page  62,  l'a  considéré  comme  identique  à  Urvoi.  Voyez 
le  suivant  et  Urvoi. 

Herviouy  nom  d'homme,  1202,  p.  ji,  paraît  identique  à  Aer-uiu  (Car- 

1.  Le  premier  article  se  trouve  dans  la  Revue  Celtique,  t.  III,  p.  395. 


Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Beauport.  5  3 

talaire  de  Redon^  p.  21.  Ce  mot  composé  de  aer  «  bataille  »  et  de  via 
«  digne,  apte  à  »  signifie  «  apte  au  combat  ».  Voyez  le  précédent. 

Heware,  nom  d'homme,  1 27 1 ,  p.  1 88. 

Hezre  (Li)y  suTTiom  de  Rivallonus,  1256,  p.  145.  Ds^ns  \t  Catholicon, 
Hezr  a  hardi  »,  plus  anciennement  Hedr,  par  exemple  dans  le  composé 
Cur-A^ir  a  très  hardi  »,  Cartalaire  de  Quimperlé,  Gr.  C»,  p.  143.  La 
forme  moderne  est  en  breton  her;  le  d  persiste  dans  le  gallois  hydr, 

Hirois,  sumom  d'Alanus,  1266,  p.  17).  Ce  nom  parait  composé  de 
deux  termes  :  hir  «  long  »  et  Hoes^  nom  d'homme  dans  le  Cartulaire  de 
Redon, 

Hoc  dans  Plo-hoc,  I2}2,  p.  91  ;  123  j,  p.  95  ;  1246,  p.  125  ;  1252, 
p.  155.  Voyez  Hoch,  Oc,  Ce  sont  autant  de  variantes  de  Ozoc. 

Hodel  dans  Plo-hodel,  1245,  p.  120.  Voyez  Odel,  Othel,  Hedel.  Cf. 
Hoidlan,  Cartulaire  de  Redon,  p.  220. 

Hohc,  dans  Plo-hohc,  1 242,  p.  1 1  ! .  Voyez  Hoc,  Oc  et  les  suivants. 

Hozec  dsixis  PlO'hozec y  1184-1189,  p.  8;  i25i,p.  1 34;  aujourd'hui 
en  breton  de  Léon  ozac'h  ou  ozec^h  «  homme  marié  »  ;  mais  en  Tréguier 
oac*h.  Voyez  Ozec  et  le  suivant. 

Hozoc,  dans  Plo-hozoc,  1 247,  p.  I27;i2ji,p.  I33;i25i,p.  154; 
i25j,p.  138*,  1254,  p.  140.  Voyez  Ozoc  et  le  précédent. 

Huel  [villa] y  1266,  p.  173  ;  dans  Kar-f7uel  1233,  p.  96.  Huel  signifie 
«  haut  ».  Comparez  le  gaulois  uxello-  dans  Uxello-dunum.  Voyez  Huhel, 

Huelin  [villa],  1212,  p.  68.  Le  surnom  d'homme  Huelinus  se  trouve 
dans  le  Cartulaire  de  Redon,  antérieurement  à  Tannée  1084,  p.  295. 

Huhel,  dans  Kaer-huhel,  1263,  p.  166.  Voyez  Huel. 

Hudoc,  surnom  de  Glemarocus,  1268,  p.  181.  Voyez  Huuiloc. 

Huîou  (villa),  1230,  p.  87.  Ce  mot  est  peut-être  pour  huelou  et  serait 
dérivé  du  même  mot  que  huelin. 

Hurevoi,  nom  d'homme,  1202,  p.  p.  Voyez  Urvoi. 

Huuiloc,  nom  d'homme,  1245,  p.  119.  Voyez  le  suivant  et  Huiloc. 

Huyloch,  surnom  d'Alanus,  1298,  p.  21  j.  Voyez  le  précédent. 

Icum,  dans  Raer-icum,  1264,  p.  168.  Voyez  Yc. 

leny  dans  Ur-ien,  123 1,  p.  90;  plus  anciennement g^/i  «  fils  de  ».  j 

Inis  a  île  »  dans  Guiru-inis,  1 184-1 189,  p.  8. 

Inison,  nom  d'homme,  1 198,  p.  12,  dérivé  de  inis.  Voyez  Enisan,  On 
trouve,  dans  le  Cartulaire  de  Redon,  Inisan. 

!noc,  dans  Lesnnoc,  1245,  p.  1 1^-  ^^^<^  ^st  sans  doute  une  variantede 
enoc.  On  trouve  dans  le  Cartulaire  de  Redon,  Inhoc,  p.  184,  année  875. 

Iscuidan,  nom  d'homme^  i3$9i  P-  *  i^-  ^n  breton  moderne  eskuit  ou 
iskuit  «  léger,  agile  ». 


s  4  G-  Dottin. 

Ivias,  nom  de  lieu;  1206  (vidimus  de  1225)  p.  60;  12^^  p.  92; 
1253,  p.  96;  1253,  p.  159.  Voyez  les  suivants  et' Tvifli. 

Iviaz,  nom  de  lieu,  1220,  p,  77.  Voyez  le  précédent. 

Ivyas,  nom  de  lieu,  1263,  p.  166.  Voyez  les  précédents. 

hOj  nom  d'homme,  1220,  p.  76;  1235,  p.  loo;  1244,  p.  116; 
1247,  p.  126;  i27i,p.  193;  1284,  p.  206.  Voyez  Kvo. 

lacutus,  nom  d^homroe,  1237,  p.  104,  n'est  autre  chose  que  lacu  lati- 
nisé ;  et  lacu  =  lacôb,  Gr.  C*,  p.  1 37.  Voyez  le  suivant  et  lagu. 

IakutuSy  nom  d'homme,  xiii«  siècle,  p.  220.  Voyez  le  précédent. 

lagoretfi ,  surnom  de  Gaufridus,  1 2  3  2 ,  p .  9  3 ,  peut-être  pour  *  lacu-woret, 

lagouy  nom  d'homme,  1237,  p.  103.  Voyez  le  suivant  et  legoii, 

îaga  (villa),  1271,  p.  193;  dans  Kaer-iagu^  1271,  p.  191.  Voyez  le 
précédent  et  lacutus, 

ïahan  [villa] ^  1278,  p.  202.  Nom  d'homme  identique  au  bas-latin  /o- 
hannes.  Voyez  le  suivant  et  louhan. 

lahen^  nom  d'homme,  1273,  p.  197.  Voyez  le  précédent. 

larnagan,  nom  d'homme,  1244,  P*  <  i7-  ^^  ^^^  semble  un  dérivé  de 
iarn  pour  hoiarn  «  fer  ».  Comparez  larnican  dans  le  Cartulaire  de  Redon, 
p.  97.  Voyez  aussi  Whitley  Stokes,  The  manumissions  inthe  Bodmin  Gos- 
pels, Revue  Celtique,  t.  I,  p.  342. 

larnesan^  surnom  de  Morvanus^  12^7,  p.  149. 

legou,  surnom  de  Herveus,  1272,  p.  195. 

legouy  nom  d'homme,  1278,  p.  202;  1287,  p.  209.  Voyez  lagou, 

loalec  [teneura  de),  12^7,  p.  149. 

loreZy  àansQuar-iorez,  1263,  p.  '^7.  Voyez  lourez. 

louhan^  dans  Les  iouhan,  1284,  pp.  205,  206.  Voyez  lahan. 

loure,  dans  Kaier  ioure,  1 244,  p.  116;  dans  Kar  ioure  1 245,  pp.  116, 
117,  120.  Voyez  les  suivants  et  lorez. 

loured  [villa],  1261,  p.  162;  127 1,  p.  190.  Voyez  lorez,  Ioure,  lou- 
reSy  lourez. 

loures,  dans  Kaer-ioures,  1268,  p.  181.  Voyez  les  précédents  et  le  sui- 
vant. 

lourez  [villa),  1263,  p.  167;  1270,  p.  185  ;  dans  Qzi^r-/our^z,  1263, 
p.  i  Gy  ;  dans  Kaer-iourez,  1271,  p.  190.  Voyez  les  précédents. 

luallus,  nom  d'homme,  1263,  p.  165.  C'est  sans  doute  une  variante 
de  ludalus  dont  le  ^^alors  spirant  a  été  supprimé. 

ludalus,  nom  d'homme,  1263,  p.  165,  plus  anciennement  lud-hael  qm 
se  trouve  au  ix^  siècle  dans  les  chartes  du  Cartulaire  de  Redon,  Dans  le 
premier  terme,  M.  Whitley  Stokes  a  reconnu  le  substantif  sanscrit  yudh 
a  bataille  «,  Revue  Celtique,  t.  I,  p.J42.  Cf.  le  suivant. 


Mots  bretous  dans  les  chartes  de  Beauport.  5  j 

ludicaely  nom  d'homme,  1202,  p.  51  ;  I2j3,p.  140.  Ce  mot  est  com- 
posé de  deux  termes,  le  premier  iudic  est  un  dérivé  de  iud  ;  le  second  est 
hael  «  généreux  »,  Gr.  C»,  p.  100.  Voyez  plus  haut  (t.  III,  p.  412)  les 
formes  les  plus  récentes  Geiiquael  et  Giziquael. 

lugonus  (campus)y  1269,  p.  184. 

Juhelj  nom  d'homme,  1 245 ,  p.  121.  Voyez  le  suivant  et  comparez  lud- 
had  qui,  dans  le  Curtulaire  de  Redon,  nous  offre  une  forme  plus  ancienne 
du  même  mot. 

luhellus,  nom  d'homme,  1266,  p.  173.  Voyez  le  précédent. 

luikelj  nom  d'homme,  1233,  p.  97.  Comparez  ludicael  qui,  dans  ce 
mot,  a  perdu  son  d  spirant. 

lulouy  nom  d'homme,  1246,  p.  123,  Comparez  le  nom  d'homme /u/m 
dans  le  Cartulaire  de  Redon. 

luzete^  nom  de  femme,  1245,  p.  120.  La  forme  ancienne  de  ce  mot 
est  ludith,  Gr.  C,  p.  143. 

Kacherel{pratam)^  1269,  p.  185. 

Kad^  dans  Kad-^uaHen,  1273,  p.  196.  Kad  parait  identique  au  gaulois 
caiu-  a  combat  ». 

Kad-guallen  «  puissant  dans  le  combat  »,  nom  d'homme,  1273,  p.  196; 
en  gaulois  Cata-vellauni,  nom  d'un  peuple  de  la  Grande-Bretagne, 
Corpus  Inscriptionum  latinarumy  t.  VII,  n**  863,  écrit  KatoueXXavoi  par 
Dion  Cassius,  60,  20.  Châlons-sur-Marne  est  appelé  civitas  Catuellau- 
norum  dans  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  12097  (vi^  siècle). 

KadoCy  dans  Ton-kadoc,  123 1,  p.  91.  Ce  mot  est  la  forme  moyenne 
bretonne  du  vieux  breton  CatoCy  Cartulaire  de  Redon,  pp.  1 3,  207.  Cf.  le 
très  vieux  breton  Catacus  pour  *  Catuacos,  dérivé  de  Catu.  Voyez  Kedoc. 

Kadre  (Eudo  /e),  1231,  p.  91.  Le  vieux  gallois  cadr  signifie  «  beau  ». 
Cf.  Loth,  Vocabulaire  vieux-breton,  p.  62.  Les  formes  bretonnes  sont 
cazr  {CathoUcon)y  aujourd'hui  Kaer, 

Kaer  (village,  habitation],  dans  Kaer-alsi,  1224,  p.  81  ;  Kaer-aschetel, 
1268,  p.  182;  Kaer-brem,  1274,  p.  \^<)\  Kaer-brunat^  1252,  p.  136; 
Kaer-<rist,  1206,  p.  62;  Kaer-crois,  1224,  p.  81;  Caer-croz^  1239, 
p.  108;  Kaer-ehoarn,  1271,  p.  190;  Kaer-en-clezier,  1271,  pp.  188, 
iZ^',  Kaer-en-saCy  1274,  p.  \()()\  Kaer-for,  1237,  p.  104;  Kaer-^fraval, 
1279,  P-  204;  Kaer-gemesc,  1271,  p.  193;  Kaer-gor,  1260,  p.  154; 
Katr-goziohc,  1242,  p.  112;  Kaer-grisieny  1287,  p.  209;  Kaer-haelou^ 
1278,  p.  202;  Kaer-hailouy  1233,  p.  97;  Kaer-hangant,  1267,  p.  177; 
Kaer-huhely  1263,  p.  166;  KaerAcum^  1264,  p.  id^',  Kaer-iagu,  1271, 
p.  \(^\\Kaer-ioures^  1268,  p.  181;  Kaer-iourez,  1271,  p.  190;  Kaer- 
lois,  1235;    Kaer-^aeneu,   i27i,p.   193;   Kaer-neli,  1298,  p.   216; 


56  G.  Doitin. 

Kaer-rabel,  1267,  p.  178;  Kaer-riSy  1263,  p.  165;  Kaer-saus,  1278, 
p.  203  ;  Kaer-îanveu,  1268,  p.  180.  Voyez  Car,  Ker,  Quar,  Caer^Quaer, 
Kaier,  Kair^  Ker^  Quer. 

Kaer-alsi,  nom  de  lieu,  1224,  p.  81.  Voyez  Ker-alsi. 

Kaer-aschetely  nom  de  lieu,  1268,  p.  182. 

Kaer-brem,  nom  de  lieu,  1274,  p.  199. 

Kaer-brunat,  nom  de  lieu,  1252,  p.  1 36.  Voyez  Ker-brunaz. 

Kaer-cristy  [villa],  1206,  p.  62. 

Kaer^rois,  nom  de  lieu,  1224,  p.  81. 

Kaer-croZy  nom  de  lieu,  12^9,  p.  108. 

KacT-en-cleiier,  nom  de  lieu,  1271,  pp.  188,  189. 

Katr-ehoarn,  nom  de  lieu,  1271,  p.  190.  Voyez  Car-ehoarn,  Kar- 
yhoarn. 

Kaer-eri'SaCy  nom  de  lieu,  1274,  p.  199. 

Kaer-for,  nom  de  lieu,  1237,  p.  104. 

Kaer-fraval,  nom  de  lieu,  1279,  p.  204. 

Kaer-gemesc,  nom  de  lieu,  1271,  p.  193.  Voyez  Kemesc;  le  k  du  se- 
cond terme  du  composé  s*est  affaibli  en  g. 

Kaer-gor  (villa  quae  vocatur)  «  ville  des  nains  j>,  1260,  p.  1 54.  Voyez 
Ker-gor. 

Kaer-goziohc,  nom  de  lieu,  1242,  p.  112,  écrit  dans  la  même  charte, 
p.  113,  Kaer  gozioch. 

KacT-grislen y  nom  de  lieu,  1287,  p.  209. 

Kaer-hdclou,  nom  de  lieu,  1278,  p.  202.  Voyez  le  suivant. 

Kder-hailou,  nom  de  lieu,  1233,  P-  97-  Voyez  le  précédent  et  Kar- 
hailou. 

Kaer-hangant,  nom  de  lieu,  1267,  p.  177. 

Kaer-lîuhel  «  ville  haute  »,  1263,  p.  166.  Voyez  Kar-huel. 

Kacr-icum,  nom  de  lieu,  1264,  p.  168. 

Kaerlti,  nom  de  lieu,  1267,  p.  179.  Voyez  Keriïi,  Keritit,  Quaeriîiy 
Queriîi.  Kaeriû  est  probablement  pour*  Kacr-in-îi  »  village  de  la  maison  ». 

Kaeriagu,  nom  de  lieu,  1271,  p.  191.. 

Kaer-ioures,  1268,  p.  181.  Voyez  le  suivant  et  Kaier-ioure,  Kar-iourej 
Quar-iorez. 

Kaer-ioureZy  1271,  p.  190.  Voyez  le  précédent. 

Kaer-lois^  nom  de  lieu,  charte  inédite  de  mai  1235.  Voyez  Kar-lois, 

KaeMnaeneUj  1271,  p.  193.  Ce  mot  paraît  signifier  «  ville  de  pierre  d. 
Voyez  Quacr-manioa. 

Kaer-neli,  nom  de  lieu,  1298,  p.  216. 

Kacr-rabel  [villa'],  1267,  p.  178.  Voyez  Quer-rabel. 


Mois  bretons  dans  les  chartes  de  Beauport,  57 

Kaer-ris,  nom  de  lieu,  1263,  p.  16 j. 

Kaer-sauSy  nom  de  lieu,  1278,  p.  203. 

Kaer-tanveUj  nom  de  lieu,  1268,  p.  180. 

Kaier,  forme  plus  complète  de  Kaer.  dans  Kaier-en-buron,  1202, 
p.  47;  Kaier-ioure,  1244,  p.  1 16. 

Kaier^n-  buron,  nom  de  lieu,  1202,  p.  47.  Voyez  Car-a-burum,  Kar- 
a-buron^  Ker-am-buron^  Quar-en-buron. 

Kaier-iourey  1244,  p.  116.  Voyez  Kaer-ioures,  Kar-ioure^  Quar-iorez. 

Kair,  variante  de  Kaier  dans  Kair-guenargant,  1252,  p.  i]6.  Voyez 
Kaier,  Kaer. 

Kair-guenargant  (villa) ^  1252,  p.  156.  Voyez  Kar^vennargant, 

Kamoire.  nom  d'homme,  1238,  p.  106. 

Kar,  dans  Kar-a-buron,  i27i,p.  192;  Kar-a-burun,  1239,  p.  107; 
i24r,  p.  III  ;  1271,  p.  192;  Kar-adeguisen^  écrit  aussi  dans  la  même 
charie  Kar-adeguison y  1263,  p.  i6y^  Kar-en-goit,  1239,  p.  109;  Kar- 
en-marecy  1264,  p.  169;  Kar-goazier ^  1232,  p.  ^y,  Kar-grock,  1242, 
p.  113;  Kar-hailou,  1246,  p.  12^;  Kar-huel,  1233,  p.  ç)6\  Kar-ioure, 
1245,  PP-  ïï^>  ï*7»  ï2o;  Kar-lois^  ^235,  p.  100;  1238,  p.  107; 
Kar-maurou,  1232,  p.  92;  Kar-mor,  1231,  p.  90;  Kar-provost,  1245, 
p.  120;  Kar-pure,  1245,  P-  ^^9»  Kar-vennargant^  1232,  p.  91;  Kar- 
yhoarny  1238,  p.  107.  Variantes  orthographiques  :  Car  et  Quar,  Voyez 
Caer,  Kaer. 

Kar-a-buron,  1271,  p.  192.  Voyez  le  suivant  et  /Ca«>r-e/i-fcuro/i, /Cer- 
am -baron,  Quar-en-buron. 

Kar-a-burun^  1239,  p.  ï07j  '241,  p.  m;  1271,  p.  192.  VoyezCar- 
a-burum. 

Kar-adeguisen,  écrit  aussi,  dans  la  même  charte,  Karadeguison,  1263, 
p.  165. 

Karadou,  nom  de  femme,  1267,  p.  178. 

Kar-baalou,  nom  de  lieu,  1233,  p.  98. 

Kar-bres^  nom  de  lieu,  1 242,  p.  113. 

Kar-en-goii  «  village  du  ruisseau  »,  1239,  p.  109. 

Kar-en-marec  «  village  du  cavalier  »,  1264,  p.  169. 

Kar-gouzier,  nom  de  lieu,  1232,  p.  93. 

Kar-grock,  nom  de  lieu,  1242,  p.  113. 

Kar-hailou,  nom  de  lieu,  1246,  p.  123.  Voyez  Kaer-hailou. 

Kar-huel  [terra  quae  vocatur),  1253,  p.  96.  Kar-huel  signifie  «  bourg 
élevé  ».  Voyez  Kaer  huhei 

Kar-ioure,  nom  de  lieu,  1245,  pp.  116,  117,  120.  Voyez  Kaer-ioureSy 
Kaier-iourey  Quar^iorez, 


58  G,  Dottin. 

Kar-/oû,  nom  de  lieu,  1235,  p.  100;  1238,  p.  107.  Vojtz  Kaer-lois. 

Kar-nnaurou^  nom  de  lieu,  1232,  p.  92. 

Kar-mor  «  grande  ville  »,  123 1,  p.  90.  Voyez  Kar-moer. 

Karou,  nom  d'homme^  IH5>  P*  ^H- 

Karou-de-bocahoUy  nom  d'homme,  1220,  p.  77. 

Kar-provost,  nom  de  lieu,  1245,  p.  120. 

Kar-pure,  1245,  p.  119. 

Kar-vennargant,  1232,  p.  91.  Voyez  Kair-guen-argant. 

Kar-yhoarn,  nom  de  lieu,  1238,  107.  Voyez  Car-^ehoarn, 

Ke  (sanctus)^nom  de  lieu,  1237,  p.  102  ;  1247,  p.  124. 

Kedoc,  dans  Ton-kedoCy  1239,  p.  108.  Woy tz  Kadoc, 

KeUnnec  (Philippus  dt)^  1268,  p.  181  ;  — (Philippus  du)y  1269,  p.  182. 
Kelennec  est  dérivé  de  Kelen  a  houx  » ,  au  singulier  KeUnnen,  et  signifie  «  hous- 
saie  ». 

Kemaroci  (Alanus)  1271,  p.  187.  Voyez  le  suivant. 

Ke-marrec,  1241,  p.  110.  Probablement  le  môme  que  Ken-maroc,  Ken- 
marhoc  fréquent  dans  le  Cartulaire  de  Redon,  Voyez  le  précédent  et 
Quen-marocus, 

Kemenetunij  nom  de  lieu,  1287,  p.  209;  1296^  p.  214.  Ce  mot  est 
écrit  Keminet  au  xi*  siècle^  Kemenet  au  xii*  dans  des  chartes  du  Cartulaire 
de  Redon,  pp.  242,  338.  Il  est  étymologiquement  le  participe  passé 
du  verbe  Kemenna  «  mander,  recommander  »  qui  lui-même  n'est  autre 
chose  que  le  latin  commendare, 

Kemesc  [villa^  1271,  p.  192.  Voyez  en  composition  gemesc,  dans 
Kaer-gemesc, 

Kenec,  àsixis  Kenec-farau,  1269,  p.  18  j.  Comparez  le  moyen-breton 
Quenec  «en  haut  »,  (CathoUcon)  ;  en  breton  moderne  creac^h  «  éminence  ». 

KeneC'farau  [cimiterium],  1269,  p.  185. 

/Ter,  variante  de  Kaer,  dans  Ker-alsi,  1220,  p.  73;  Ker-am-huron, 
1266,  p.  173;  Ker-brunaz^  1240,  p.  109;  Ker-gor,  1263,  p.  166  i 
Ker-mariay  1453,  p.  220;  Ker-moysan^  1298,  p.  215;  Ker-ptiozen, 
1 298,  p.  215.  Voyez  Kaer. 

Ker-alsi,  1220,  p.  73.  Voyez  Kaer-alsi. 

Ker-am-huron^  1266,  p,  173.  Voyez  Kar-a-buron,  Kaier-en-buron. 

Ker-brunaz  [villa],  1240,  p.  109.  Voyez  Kaer -brunat. 

Keres  (crux),i2  33,  p.  96. 

Ker-gor,  1263,  p.  166.  Voyez  Kaer-gor. 

Keritiy  1184-1189,  p.  8;  1202, p.  48;  1219,  p.  72;  1222,  p.  78; 
1224,  p.  80;  1227,  p.  85  ;  1230,  p.  88;  1239,  p.  iû8;  i25$,p.  142; 
1260,  p.  I  j6;  1265,  p.  170;  1266,  p,  173  ;  1268,  p.  182,  '271.  p. 


Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Beauport,  59 

186;  i27i,p.  192;  127J,  p.  197.  Voyez  le  suivant  et  Queritij  Kairitij 
Qaaeriti^  KyrùL 

Keritit  {parrochia  de],  1 2; i ,  p.  91 .  Voyez  le  précédent. 

Ker-^maria,  nom  de  lieu,  14J  j,  p.  220. 

Ker-moysan,  nom  de  lieu,  1298,  p.  215. 

Ker-priozen  (villa  de),  1298,  p.  215. 

Kemelli  (villa),  1294,  p.  214  note. 

Kestel  (decimagium  ^f), 1218,  p.  72;  12^1,  p.  89;  1237,  p.  10;; 
i24i,p.  m;  1242, p.  112. /Ce5f^/ est  le  pluriel  de  Xî25/e/«  château»; 
il  suppose  un  bas  latin  castellus,  nominatif  pluriel  castelli.  Voyez  Gastel. 

Kyriti,  1269,  p.  183.  Voyez  Kaeriti,  Keriti,  Keritit,  Queriti,  Quaeriti. 

Koz  «vieux  »  avec  sens  de  mépris  daus  Kcz-kaer,  1267^  p.  178. 
Voyez  Coz,  t.  III.  p.  407.  Le  plus  ancien  exemple  de  ce  mot,  coth,  est 
fourni  par  le  vocabulaire  comique  du  xiii'  siècle^  Gr.  C,  1069;  cf.  1  j  i. 

Koz-kaer^  1266,  p.  178.  Voyez  Coz-quaer,  Quoz-quaer. 

Lae,  nom  d'homme,  1267,  p.  178. 

Laeis  [iiii  laeis  et  m  vitulos)  1245,  p.  118.  Voyez  loeis, 

Laem  (aqna  que  dicitur),  1277,  p.  201.  Voyez  Laim,  Leim,  Lem, 
Leym, 

Lagadec,  surnom  de  HamOy  1271,  p.  191  ;  ce  mot  dériAé  de  lagad 
0  ail  »^  au  XV'  siècle  lagat,  en  gallois  vers  la  même  époque  llygat^  veut 
dire  «  qui  a  de  beaux  yeux  ou  de  gros  yeux  »  ;  on  trouve  au  xv"  siècle 
la  variante  Lagadeac. 

Laim  (aqua  de),  1224^  p.  80  ;  1234,  p.  99.  Voyez  Laern^  Leim,  Lem, 
Leym. 

Lam  <t  main  »  dans  HarAam,  1 198,  p.  12. 

Lan,  dans Lan-gonio,  1247,  p.  i2i\Lan-gorlay  12 56,  p.  i/^y^Lan-lop, 
1237,  P-  ÏÛ2;  1239,  p.  108;  1252,  p.  i3j;  1263,  p.  167;  1266,  p. 
175;  1267,  pp.  178,  180;  1268,  p.  181;  Lan-loupy  1263,  p.  166 
note;  1266,  p.  ijy,  Lan-neber,  1235,  pp.  100,  loi;  1245,  p.  119; 
1263,  p.  167;  1268,  p.  181;  1270,  p.  186;  1271,  p.  192;  Lan- 
neez^  1 184-1 189,  p.  8;  Lan-nevez,  1248,  p.  129;  1267, p.  178;  Lan- 
niber,  1232,  p.  93 ;  Ld/2-mfctfr/,  1233,  P-  9^;  '-^an-nidicy  1198,  p.  12; 
Lan-nitiCy  1266,  p.  ij}:  Lan-nitich,  1233,  p.  c^y;  Lan-nues,  1202,  p. 
4SyLan-nynec,  1271,  p.  \^y,  Lanserf^  i27i,p.  iS();  Lan-vas,  1247, 
p.  \2i]  Lan-vigneuc,  1267,  p.  17^  y  Lan-volom,  11^^  (vidimus  de  \ 2 \^) 
p.  9;  1263,  p,  165;  1267,  pp.  178,  179;  1268,  p.  182;  1271,  p. 
186;  Lan-volon,  1215,  p.  71  ;  1224,  p.  81  ;  1228,  p.  86;  1235,  p. 
ïoo;i244,  p.  iï7;'245«P-  ïï8;  1258,  p.  149;  1260,  p.  158; 
'26ç,  p.   170;   1266,  pp.    175,  174;  1267, *p.  177;  1268,  p.  181; 


6o  G.  Dottin, 

1269,  pp.  183,  184;  1278,  p.  203;  Lfl/i-vo/um,  1237,  p.  103  ;  Lan- 
vonom,  1264,  p.  170.  Lan  signifie  en  général  «  terre  possédée  »  et  en 
particulier  «  terre  possédée  par  une  communauté  religieuse^  monas- 
tère ».  Voyez  Lann,  Lanna, 

LanabasCy  1 2  5 1 ,  p .  133.  Voyez  ALmasbacq, 

Lan-gonio  [abbacia  de],  1247,  p.  128. 

Lan-gorla,  1256,  p.  143. 

Lan-lop,  nom  dt  lieu,  1237,  p.  102;  1239,  p.  108;  1252,  p.  135; 
1263,  p.  167;  1266,  p.  175  ;  1267,  pp.  178,  180;  1268,  p.  181  .Voyez 
ie  suivant. 

Lan-loup,  nom  de  lieu,  1263,  p.  166,  note;  1266,  p.  173.  Voyez  le 
précédent. 

Lann,  dans  Lann-yiniec,  12^7,  p.  149.  Voyez  Lan  et  le  suivant. 

Lanna  maudeti,  nom  de  lieu,  1237,  p.  102.  Voyez  Lan  et  le  précé- 
dent. 

Lan-neber,  nom  dtlkUi  1235,  pp.  100,  ici  ;  1245^  p.  119;  1263, 
p.  167;  1268,  p.  181;  1270,  p.  186;  1271,  p.  192.  Voyez  Lan- 
niber. 

Lan-neeZj  nom  de  lieu,  1 184-1 189,  p.  8.  Voyez  le  suivant. 

Lan-nevez^  nom  de  lieu,  1248,  p.  129-,  1267,  p.  178.  Voyez  le  pré- 
cédent . 

Lan-niber,  1232,  p.  9^.  Voyez  Lan-neber  et  le  suivant. 

Lan-nibert,  12 3 î,  p.  98.  Voyez  le  précédent. 

Lan-nidiCf  ii98,p.  12.  Voyez  les  suivants. 

Lan-nitiCy  1266,  p.  173.  Voyez  le  précédent  et  le  suivant. 

Lan-nitich  [parrochLi],  1233,  p.  97.  Voyez  les  deux  précédents. 

Lan-nues  {ecclesia\  1202,  p.  45.  W oytz  Lan-nevez, 

Lann-vinleCf  nom  de  lieu,  1257,  p.  149.  Voyez  Lan-vigneuc, 

Lan-nynec,  nom  de  lieu,  1271,  p.  193. 

Lan-serfy  nom  de  lieu,  1271,  p.  189. 

Lan-ternac  (abbaye),  1247,  p.  127.  Voyez  le  suivant. 

Lantrenac  (ahb3je),  1247,  p.  127;  1247,  p.  128.  Voyez  le  précé- 
dent. 

Lan  vas  (abbaye^,  1247,  P-  ^28. 

Lan-vigneuCy  nom  de  lieu,  1267,  p.  178.  Voyez  Lann-viniec. 

Lan-volom^nôm  de  lieu,  1189  [vidimus  d^  I2i9),p.  9;  1263,  p.  165; 
1267,  pp  178,  179-,  126S,  p.  182;  1271,  p.  186.  Voyez  les  sui- 
vants. 

Ltzn-vo/0/2, nom  de  lieu,  1215,  p.  71;  1224,  p.  81;  1228,  p.  86; 
1 23 j, p.  100;  1244, p.  117;  I24J,  p-  Ï18;  1258,  p.  140;  1260,  p.  158; 


Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Beauport.  6 1 

1265,  p.  170;  1266,  pp.  17},  174;  1267,  p.    177;   1268;  p.  181; 
1269,  pp.   183,  184  ;  1 278,  p.  203 .  Voyez  le  précédent  et  le  suivant. 
Lan-volum^  1237,  p.  103,  Voyez  les  précédents. 
Lan-vonom,  1264,  p.  170.  Lan-vonom  est  peut-être  une  faute  pour 
Lan-volum . 
Largai,  surnom  d'Herveus^  1266,  p.  173. 
Laryesty  nom  de  lieu,  I2J7^  p.  149. 
Laux,  dans  Car-laux,  1252,  p.  136. 
Leau,  surnom  dtClemarocus,  1284,  p.  206. 
Leffant,  surnom  d^Eudo,  1 301,  p.  217. 

Leim  (rivière),    1220,  p.  74;  (aqua]y  122^^  p,  7^  \  ipons  de),  125$, 
p.  ICI .  Voyez  Laem,  Laim,  Leim,  Lem,  Leym. 
Leirbechami  {domus)^  1220,  p.  73. 

Leis  a  cour  »,  dsins Leis-diycZ,  1245,  p.  119.  Voyez  LeSy  Leys^  Lis. 
Leis'divez  «  cour  de  la  fin  d,  nom  de  lieu,  1245,  p.  119. 
Lem  iponsde)^  1246,  p.  123;  (rivière)  1247,  p.  124;  1258,  p.  149; 
(aqua)  1258,  p.  151;    1260,  p.  154;  1263,  p.  166;    1264,  p.  168; 
1264,  pp.  169,  170;  1269,  p.  18 j.  Voyez  L^em,  Laim,  Leim,  Leym^ 
Liem. 

Len-guerj  nom  de  lieu,  1255,  p.  142.  Ce  mot  paraît  signifier  a  étang 
du  village  ». 
Leno,  -onisy  nom  d'homme,  1271,  p.  189. 

Leran^  dans  Coet-leran,  1268,  p.  182.  Voyez  les  suivants.  Ce  mot  se 
trouve  dans  le  Cartulaire  de  Redon,  p.  309,  année  990. 

Leriany  dans  Coit-lerian,  1245,  p.  120.  Voyez  le  précédent  et  le  sui- 
vant. 
Lerien^  dans  Coit-lerieny  1245,  p.  120;  Coet-lerien,  1263,  p.  167. 
Lerouy  surnom  de  Symon,  1284,  p.  207. 

Les  a  cour  »,  dans  Les-inoc^  1245,  p.  ^  '^>  Les-ioahan,  1284,  p. 205; 
Les-mellu,  1228,  p.  86,  Les-menau^   1268,  p.  180;  Les-menehi,  1271, 
p.  192;  Les-quit,  1266,  p.   176.  Voyez  Lis^  Leis,  Leys. 
Les-inoc  {grangia  t/^),  124^,  p.  118. 
Les-iouhan,  nom  de  lieu,  1284,  p.  205. 
Lesmellu,  nom  de  lieu,  1228,  p.  86. 
Les-menau^  1268,  p.  180. 

Us-menehi,  1271,  p.  192.  Voyez  Leys-mynehy,  Lis-minihi, 
Les-quit  (eccUsia  beatae  Mariae  de],  1266,  p.  176. 
Levezere  (villa)  y  1267,  p.  178. 

Leym,  variante  de  Lem,  1263,  p.  i65.  Voyez  aussi  Laem,  Laim. 
Leys  «  cour  »  dans  Leys-mynehy,  1280,  p.  204.  Voyez  Leis,  Les,  Lis, 


62  C.  Doiiin, 

I 

Leys-mytiehy,  1280,  p.  204.  Voytz  Les-menehi^  Lis^minihi. 

Liem  (rivaria  de)  1256,  p.  14 j.  Liem  est  peut-être  pour  Lem. 

Lis\ii  cour  »»  dans  Lis-minihi^  1247,  p.  126;  1254,  p.  140.  Dans  le 
Cartulaire  de  Redofiy  on  trouve  Lis-nawio  «  nouvelle  cour  ».  Cf.  Loth, 
Vocabulaire  vieux-breton j  p.  175 .  Voyez  Leis^  leSj  Leys. 

Lis-minihi^  1247^  p.  126;  1254,  p.  140.  Voyez  Les^menehi^  Leys- 
mynehy, 

Lixinuec  [terra  de),  1212,  p.  68. 

Loy  dans  Ple-lOy  121 1,  p.  68.  Voyez  Lou, 

Loeis:  1  juvencam  et  i  loeis;  1245,  p.  118.  Comparez  le  gallois  llo  et 
le  breton  leué  «  veau  »  ;  en  vieux  comique  loch  et  en  irlandais  lâeg.  Gr. 
C»,  p.  107J;  cf.  p.  272. 

LoeSj  nom  d'homme,  1266,  p.  172;  dans  Loes-oarn,  124J,  p.  117. 
Voyez  Lois.  Loes  est  en  gallois  laes  «  loi  ». 

Loes-oarriy  nom  d'homme,  1 245,  p.  117.  Le  Cartulaire  de  Redon  donne 
pour  ce  nom  la  forme  Loies-hoiarn, 

LoiSy  dans  Kar4oiSj  i2)Sf  P-  >oo;  I2}8,  p.  107.  VoyezLo^i. 

LopydsLXiS  Lan-lop^  12)7,  p.  102;  1239,  p.  108;  1252,  p.  135; 
126},  p.  167;  1266,  p.  175;  1267,  pp.  178,  180;  1268,  p.  181, 
Voyez  Loup. 

Lou,  dans  Ple-lou,  1202  (vidimus  de  1275),  p.  48;  1206  [vidimus  de 
1225),  p.  62;  121 1,  p.  68;  1224,  p.  80;  1229,  p.  87;  12)3,  p.  94; 
1233, p.  98;  1235,  p.  100;  i238^p.  loj;  1242^  p.  112;  1247,  pp. 
124,  126;  i25i,p.  134;  i.2j5,p.  143;  1256,  p.  143;  1258,  p.149, 
I2j9,p.  i$2;  I26i,p.  163;  1264,  p.  169;  1269,  p.  iS^î  I2â9> 
p.  184;  1300,  p.  2\7\  Ploe-loUy  1260,  p.  ij8;  I27i,p.  186;  P/o/- 
lou,  1202^  p.  46.  Voyez  Lo.  On  pourrait  rapprocher  de  ce  mot  le  vieux 
gallois  lou  a  lumière  »,  Gr.  C>,  p.  106,  qui  se  retrouverait  dans  le  nom 
propre  Lou-morin  du  Cartulaire  de  Redon. 

Louen,  dans  Tre-louen,  1260,  p.  i  j8.  En  moyen  breton /oii^/i  veut  dire 
«  joyeux  ».  On  trouve  dans  le  Cartulaire  de  Redon  le  dérivé  Louuenan. 
On  dit  aujourd'hui  en  breton  laouen  et  en  gallois  llawen.  Gr.  C,  p.  82. 

Loup,  dans  Lan-loup,  1263^  p.  166  note;  1266^  p.  173.  Voyez  Lop. 
Loup  parait  être  le  latin  lupus. 

Luziety  surnom  de  CaufriduSj  1258,  p.  149;  nom  d'homme,  1260, 

p.  159. 

Maen^  dans  Maen-guen,  1260,  p.  156;  1268,  p.  180.  Maen  signifie 
«  pierre  ».  Ce  mot  est  employé  comme  nom  d'homme  dans  le  Cartulaire 
de  Redon.  Voyez  Main  et  Men. 

Maeneuj  dans  Kaer-maeneu,  1271,  p.  193;  c'est  un  dérivé  de  maen. 


Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Beauport.  6^ 

Maen-guen(urra]y  1260,  p.  156;  1268,  p.  i8o.  La  signification  de  ce 
nom  est  «  pierre  blanche  ». 

Maenou  (fons)^  1260,  p.  1 59.  Ce  mot  est  sans  doute  dérivé  de  Maen. 

ilfa//{  «  pierre  x»  dans  Main-gai^  1222,  p.  78;  1247,  p.  128;  dans 
Coit-main,  12^7,  p.  147.  Nous  trouvons  cette  forme  main  dans  les 
gloses  comme  second  terme  du  composé  cronn-main;  Loth,  Vocabulaire 
vieux-breton,  p.  89.  Woytz  Maen^  Men, 

Main-gai^  nom  d'homme,  1 222,  p.  78;  nom  de  moulin,  1 247,  p.  1 28. 
Dans  le  Cartulaire  de  Redon  on  trouve  le  nom  d'homme  Maen-Ki  qui  s'ex- 
plique par  «  chien  de  pierre  ».  Voyez  Men-gui. 

Manus,  surnom  de  RuallenuSy  126$,  p.  171.  Forme  latinisée  de 
Main. 

Mais  «  champ  »,  dans  Mais-cam^  12451  P-  121.  La  forme  ordinaire  de 
ce  mot  est  tnaes^  maez. 

Mais^am  (champ  appelé  L^),  1245,  p.  121  ;  ce  mot  signifie  «  champ 
du  boiteux  ». 

Maies ^  nom  d'homme,  1 198,  p.  12. 

Maloan,  dsimCot-maloan,  11 98,  p.  ii^Coit-maloan,  1247,  p.  128. 

Maniou^  dans  Ottaer-maniouy  1260,  p.  i  $7.  Maniou  est  probablement 
une  mauvaise  leçon  pour  mainou.  Voyez  Maeneu  et  Maenou, 

Mar,  dans  Guihe-mar^  1202,  p.  45,  parait  avoir  perdu  un  c  final, 
voyez  le  suivant  et  Marcus. 

Marc^  dans  Garz  escomarc^  1 2 $9,  p.  152.  Voyez  Marcus, 

Marcade^  nom  d'homme,  1237,  p.  103.  Le  second  terme  de  ce  mot, 
cadej  peut  être  rapproché  du  nom  d'homme  Cate  du  Cartulaire  de  Redon. 

Marcus^  dsms  Cuido-marcus,  1235,  p.  100;  1271,  p.  186;  1278, 
p.  203;  1298,  p.  215.  Comparez  le  gaulois  marca  «  cheval  ».  Voyez 
Marc. 

Marec^  dans  Gle-mareCy  1 189  (vidimus  de  1219),  p.  9;  1202,  p.  45; 
1245,  pp.  119,  120;  dans  Quâr-^/z-m^r^c,  1264,  p  169,  écrit  aussi 
Kar-en-marec  dans  la  même  charte.  Marec  est  écrit  Marhoc,  et  Marhuc 
dans  le  Cartulaire  de  Redon.  Ce  mot  veut  dire  «  cavalier  ».  Comparez  le 
gaulois  marca  «  cheval  de  guerre  ».  Voyez  Marrec^  Marochus  et  Ma- 
rocus. 

Marhoken,  dans  Caer-markoken,  1264,  p.  168,  est  un  dérivé  de  ilfarAoc 
t  cavalier  ». 

MariUy  dans  Ker-maria^  1453,  p.  220. 

MarkeruSf  nom  d'homme,  1  287,  p.  209.  Dans  le  Cartulaire  de  Redon 
Marcherius  et  Marquerius.  Ce,  nom  qui  ne  parait  pas  avant  le  xi*  siècle^ 
semble  être  d'origine  germanique.  La  forme  germanique  latinisée  la  plus 


64  G.  Dottin. 

ancienne  est  Marcharius  (viii«   siècle).   Foerstemann,  Personennamerij 
col.  91;. 

Marochus,  dans  Quin-marochus^  1255,  p.  137.  Voyez  Marec  et  le 
suivant. 

Marociy  dans  Ke-marocif  1271,  p.  187.  Voyez  Marocus. 

MarocaSy  dans  Gle-marocus,  1220,  p.  7?;  1252,  pp.  154,  136; 
1267,  p.  179-,  1268,  pp.  180,  181;  1284,  p.  206;  dans  Cfeu-marocw, 
1 2 j  I ,  p.  133.  Voyez  Marec  et  les  précédents. 

MarreCy  dans  Ke-marrec^  1241,  p.  1 10. 

Marrigon,  dans  Coit-marrigoriy  1 25 1 ,  p.  1 5  3.  Ce  mot  paraît  être  dérivé 
du  précédent. 

Marus,  dans  GuidO'maruSy  1237,  p.  104;  1263,  p.  167.  M ar us  est 
ici  pour  Marcus.  Voyez  Cuido-marcus, 

Matelion  [terra]  y  1260,  p.  i  j8. 

Maurou^  dans  Kar-maurou,  1232,  p.  92,  parait  être  dérivé  de  maour 
a  nègre  »  qu'on  trouve  chez  Lagadeuc. 

Mauvedat,  dans  Ran-mauvedaty  1245,  p.  11 6  note. 

Meclic,  nom  d'homme,  1232,  p.  93. 

Meisiy  surnom  de  GaufriduSy  1246,  p.  123. 

Mely  dans  Mel-veu^  1 202,  p.  51.  Mel  est  pour  Mael  plus  anciennement 
maglus  «  prince  ». 

Mêler  y  dans  Tre-meler,  1261,  p.   163. 

Melgaty  dans  Tre-melgaty  1224,  p.  80.  Comparez  Maelcaty  Cartulaire 
de  Redoriy  p.  83. 

ilfe//u,  cans  Les-meUuy  1228,  p.  86. 

Melou  [îerra]y  1253,  p.  139;  nom  d'homme,  I27i,p.  189.  Ce  mot 
paraît  être  dérivé  de  Mael. 

MelveUy  nom  d'homme,  1202,  p.  Ji,  pour  mael-veu  «  digne  d'être 
prince  ». 

Meriy  dans  M  en-gidus  y  1253,  p.    137;  M  en-gui  y  1245,  P-   ^^o;  Men- 
guiduSy   1244,  p.  115;  1246,  p.  123;  1247,  p.   129;  1267,  p.  178;. 
I27i,p.   193;  1294,  p.  21 2 'y  Men-guitus y  1260,  p.  \^().  Voyez  M aen y 
Main, 

MenaUy  ds^ns  Les  menauy  1268,  p.  180.  Comparez  Maeneu. 

Menehiy  dans  Les  menehi.  1271,  p.  192;  Menehi  se  trouve  sous  cette 
même  forme  dans  le  Cartulaire  de  Redon,  Il  signifie  «  monastère,  asile». 
Voyez  Minihiy  Mynehi^ 

Men-giduSy  1253,  p.  137.  Voyez  Men-guidus,  Men-guitus. 

Men-guiy  124J,  p.  120.  Comparez  Maen-Ki  du  Cartulaire  de  Redon, 
Voir  Main-gui, 


Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Beauport,  6  5 

Men-guidi  ifons)^  1267,  p.  178.  Voyez  les  suivants. 

Men^guidus^  1244,  p.  iij;  1246,  p.  123;  1247,  p.  129;  1271, 
p.  195;  1294,  p.  212.  Voyez  Men-guidas^  Men-guitus  et  le  précédent. 

Men-guitus,  1260,  p.  1J9.  Voyez  Men-gidus  et  les  précédents. 
Tous  ces  mots  sont  des  formes  latinisées  de  Men-gui.  A  Men-guitus  formé 
sur  Men-gui,  on  peut  comparer  lacutus  formé  sur  lacu. 

Mer  [Le],  surnom  de  Jean,  1267,  p.  178.  Ce  mot  forme  le  premier 
terme  du  composé  Mer-alt,  Cartulaire  de  Redon,  pp.  39,  194. 

Merian,  nom  d'homme,  1222,  p.  78.  Se  trouve  dans  le  Cartulaire  de 
Redon  sous  les  formes  Merian,  Merion,  Ce  mot  est  dérivé  de  Mer, 

Merianus,  nom  d'homme,  1268,  p.  181  ;  1271,  p.  186;  1271,  p.  190. 
Voyez  Merian,  Merien,  Meryanus. 

Merien,  surnom  à'Alanus,  I2j8,  p.  106.  Voyez  Merian. 

Merouj  surnom  de  Rivallenus,  1271,  p.  186,  est  un  dérivé  àeMer. 

Meryanus,  nom  d'homme,  1278,  p.   202.  Voyez  Merianus. 

Meu  [villa),  1267,  p.  179. 

Af/c  dans  Ple-mic,  1233   P-  95* 

Minihi,  1202  (vidimus  de  1274  ou  1275),  p.  48. 

Minihi,  dans  Minihi-briach,  1224,  p.  81  ;  dans  Lis-minihi,  1247, 
p.  126;  1254,  p.  140.  Voyez  Menehi,  Mynehi. 

Minihi-briach,  nom  de  lieu,  1 224,  p.  81 . 

iVo^r,  dans  Car-moer,  1252,  p.  136.  Voyez, Mor. 

Mohon  (parrochia  de],  1243,  p.  115. 

Mor,  dans  Kar-mor,  1 23 1 ,  p.  91 .  Voyez  moer.  Mor  et  moer  (prononcez 
mem^  sont  peut-être  l'adjectif  vieux  breton  mor  «  grand  »'en  breton  mo- 
derne meur,  en  gaulois  mârus.  Voyez  Loth,  Vocabulaire  vieux-breton^ 
pp.  182,  188. 

Aforvâ/iu5,  nom  d'homme,  1184-1189,  p.  8;  1257,  p.  149;  dans  le 
Cartulaire  de  Redon,  on  a  la  forme  plus  ancienne,  Morman. 

Morielles  [Oliverius  de],  1238,  p.  105. 

Mynehi^  dans  Leys-mynehi,  1280,  p.  205.  Voyez  Menehi,  Mynehi  et  le 

suivant. 
Mynehy,  dans  Leys-mynehy,  1280,  p.  204.  Voyez  le  précédent. 
Myron,  surnom  deHerveus^  1266,  p.  175. 

G.    DOTTIN. 

(A  suivre]. 


Rev.  Celt.  VU 


TWO    IRISH    I^TH    CENT.    VERSIONS 

OF 

SIR  JOHN  MANDEVILLE'STRAVELS 


The  late  D*"  Todd  in  the  Proc.  R.  I.  A.  Irish  MSS.  séries  1870, 
pp.  66y  etc.,  in  describing  an  irish  MS.  of  the  1 5th  cent,  preserved  at 
Rennes,  first  made  known  the  existence  of  a  gaelic  version  of  sir  John 
Mandeville's  well  known  travels.  To  that  notice  the  reader  is  referred 
for  full  information  connected  with  its  history  and  contents.  The  interest 
of  the  communication  is.enhanced  by  the  addition  of  the  irish  pré- 
face, accompanied  by  an  english  translation  —  But  when  at  p.  76, 
he  says,  «  we  learn  from  it  (the  préface)  that  this  book  was  transcribed 
at  Rossbroin  in  the  country  of  the  Hy  n-Echach  Mumhan  »,  etc.,  — 
]  think  he  leaves  the  impression  that  the  Rennes  MS.  contains  the 
translation  made  by  Finghin  O'Mahony  himself.  This  is  however  a 
mistake,  as  will  be  shewn  lower  down.  The  tract  is  comprised  between 
fol.  52a  col.  2  and  68b  col.  2,  but  for  convenience  in  future  références 
the  letter  will  be  omitted  and  the  number  given  ofthe  column,  of  which 
there  are  4  in  most  of  the  folios. 

D^  Todd  expressed  a  strong  belief  that  useful  giossorial  results  might 
be  expected,  if  this  translation  were  transcribed  and  printed.  It  has 
unfortunately  fallen  to  the  lot  of  a  mère  dilettante,  untrained  in  the 
discipline  of  modem  philology,  ignorant  four  and  a  half  years  ago  of  a 
word  of  irish,  to  extract  the  virtue  out  of  this  gaelic  tract,  without  prin- 
ting  it  in  full.  Though  so  ill  equipped  for  performing  the  task  I  hâve 
attempted,  first  to  picture  in  miniature  the  more  saiient  features  ofthe 
language  at  the  close  of  the  1  jth  cent.  ;  secondly  to  exhibit  the  diffé- 
rences between  the  Rennes  and  the  Egerton  MSS.;  though  to  save  repe- 


Versions  of  Sire  John  Mandeville's  Travels.  67 

titions  thèse  two  opérations  are  combinée!  ;  thirdly  to  give  a  vocabulary 
of  ihe  rarer  words.  Hère  I  hâve  gone  togreater  lengths  thanmay  atfirst 
sight  seem  necessary.  As  a  matter  of  fact,  though  it  contains  some  inte- 
resting  words,  they  throw  little  or  no  h'ght  on  the  considérable  number 
of  unexplained  or  doubtfui  words  to  be  found  in  the  various  indexes  of 
M'.  W.  Stokes'  publications  and  the  glossary  of  Prof.  Windisch.  This 
has  been  done  in  the  historical  interests  of  the  language,  to  record  sur- 
vivais which  soon  passed  out  of  use  and  to  register  words  of  more 
modem  origin,  some  of  them  still  current,  though  there  is  nothing  in 
print  to  shew  that  they  were  so  in  the  i  $th  century. 

Hère  I  ought  to  express  the  obligation  I  am  under  to  M.  Alphonse 
Vétault,  the  learned  archivist  and  Librarian  of  the  Public  Library  at 
Rennes,  for  readily  giving  me  every  facility  for  making  a  transcript  of 
the  MS.  and  for  permission  to  make  the  use  of  it  that  I  hâve  done. 

The  other  copy  is  at  the  British  Muséum,  marked  Egerton  1781.  It 
is  very  inferior  in  almost  every  respect,  especially  in  the  writing,  but 
contains  about  a  folio  more  of  matter  at  the  end.  Both  terminate 
abruptly,  but  what  is  missing  from  Eg.  is  comparatively  small.  It  is 
comprised  between  ff.  129,  col.  i.  and  146,  col.  4  according  to  the 
figuring  by  folios  in  pencil,  and  between  pp.  2^5  and  299,  as  paginated 
in  ink.  I  hâve  adopted  the  folio  notation.  Fol.  132  is  a  mère  slip  about 
I  inch  wide,  and  others  are  mutilated.  but  before  being  written  upon, 
so  that  the  text  has  not  suffered.  The  ink  is  very  pale  in  places,  espe- 
cially at  the  beginning. 

There  should  be  no  doubt  about  the  date  of  the  original  translation. 
It  is  stated  R.  53.3,  that  Fingin  fmally  put  it  into  gaelic  in  1475. 
Dr  Todd  has  read  it  1472  through  mistaking  a  .u.  for  a  .1 1.  But  the 
u.  is  clear  I  think  and  a  .  1 1 .  would  hâve  two  dashes  over  it  —  Eg. 
also  readsi47j.  Then  follows  a  list  of  22  contemporaneous  chiefs  in 
différent  parts  of  Ireland,  traced  back  for  3  and  4  générations.  D'  Todd 
bas  omitted  one,  on  p.  75  top  line  after  'og'  add  —  mhac  Dondch^ii^ 
os  cin/i  Ealla  7  Concubur  —  The  dates  of  death  of  several  of  thèse  may 
be  traced  in  the  4  masters.  One  indeed  died  in  1472,  Fingin  mac  Mie 
Con  of  the  O'DriscoU  mor.  Then  Cormac  mac  Donchada  of  Hy  Cairpre 
in  1477,  Diarmait  ofthe  O'Sullivan's  of  Berre  in  1485.  Tadgcaochmac 
Uilliam  ofthe  O'Kelly's  of  Hy  Maine  in  i486,  Enri  mac  Eogan  0*Neill 
in  1489,  Cathair  mac  Cuinn  ofthe  0'Connor*s  of  Failghe  in  1493,  Con- 
cubar  mac  Toirrdealbach  of  the  O'Brians  of  Thomond  and  Fingin  mac 
Diarmata  O'Mahony,  the  translater  of  the  book  in  1496.  The  4  Mast. 
describe  the  latter  «  as  a  gênerai  supporter  of  the  humanity  and  hospi- 


68  John  Abercromby. 

tality  of  W.  Munster,  a  wise  man,  learned  in  latin  and  english  ».  The 
ann.  of  Loch  Cécall  him  «  the  most  learned  man  of  his  time  in  latin  and 
English  ». 

The  first  line  of  R.  opens  with  «  Locc  don  lebursa  Ross  Broin  a 
crich  h.  n-  Echach  Mu/nan  »  (Rossbrin,  parish  of  Skuli,barony  of  West 
Carberry  county  Cork.),  but  that  refers  to  Fingin's  original  translation. 
The  Rennes  copy  to  judge  from  a  marginal  note  at  the  foot  of  f.  69  in 
the  same  hand  as  the  text,  was  written  on  Maundy  thursday  at  Cill 
Creidhe,  now  Kill  Créa  on  the  river  Bride,  about  8  miles  N.  of  Bandon, 
County  Cork.  «  Dardein  man/idâla  indiix  7  ar  com^rci  an  f/r  docaithes 
indiix  damh  7  a  Cill  Creidhi  damh  7  dom  aithni  ni  gùitrengâc/z  an 
muindterga  tii  )>>.  So  if  R.  was  not  copied  exactly  in  147J,  itis  allowable 
to  infer  from  the  above  obits  that  it  is  a  very  eariy  copy,  made  perhaps 
within  a  couple  of  years  of  that  date. 

The  Eg.  copy  differs  very  materially  from  R.  in  one  respect.  Though 
it  opens  with  the  same  words,  it  reduces  the  list  of  chiefs  to  seven,  by 
omitting  ail  the  southern  names  but  two,  including  Fingin  O'Mahony, 
and  adding  three  fresh  northern  names.  The  Mac  Mahon  (of  Oriel),  the 
0*Reilly  and  the  0*Rourke  of  Breifny.  This  territory  was  included  in 
the  modem  county  of  Leitrim  and  the  W.  corner  of  Cavan.  The  deaih 
of  Tadg,  chief  of  the  O'Rourke's  I  hâve  not  found,  but  he  was  made 
chiefin  1468. 

The  head  of  the  Mac  Mahon's  (of  Oriel)  died  In  1484  —  so  this  copy 
cannot  be  later  than  that  —  and  the  O'Reilly  in  1487.  That  this  copy 
belonged  to  or  was  made  by  an  0*Rourke  is  probable  from  a  marginal 
note  at  the  top  of  Eg.  1^7.  It  consists  of  2  lines,  but  most  ofthe 
upper  one  has  been  eut  away  by  the  binder.  In  the  middle  of  the 
lowerline  is  a  full  stop,  followed  by  —  Misi  Brian  O'Ruairc  7  nî  fo  mo 
Wur  don-cru/A-sa  ?  —  Though  it  seems  a  totally  différent  hand  from 
the  text,  I  think  both  might  hâve  proceeded  from  the  same  person.  The 
words,  if  I  understand  them  properly  —  not  good  is  my  letter  formed 
in  this  fashion  —  seem  to  imply  he  was  dissatisfied  with  ,the  trial.  The 
letters  are  greatly  better  formed  than  in  the  text  and  so  would  hâve 
been  more  troublesome  to  write.  We  can  even  assign  a  reason  why  an 
O'Rourke  should  be  specially  interested  in  an  account  of  the  holy  Places 
The  ann.  of  L.  Ce  and  the  4  Mast.  mention  that  Malgarg  O'Rourke,  lord 
of  Breifny  in  theyear  1 2  3 1 ,  had  died  on  a  pilgrimage  to  the  River  Jordan. 

I.  Maundy  thursday  today  and  (1  am)  under  protectipn  of  the  man  today  that  eats 
an  ox  and  at  Cill  Créa  an  ox  and  to  my  knowledge  thou  art  no  false-fasting  (read  gu~ 
trcdnachf)  unkindiy  person.  In  the  MS.  7  is  aitached  to  dirrih  as  if  oneword,  damhedj 


Versions  of  Sire  John  Mandeville's  Travels,  69 

A  document  that  represents  to  a  considérable  extent  the  language  of 
Breifny  has  a  further  claim  on  our  interest.  If  the  marginal  note  in  the 
San  Gali  cod.  —  do  innis  Maddoc  dùn  .i.  meisse  7  Choirbbre,*  Sg. 
194a  —  may  be  taken  as  an  indication  that  the  glosses  of  that  MS. 
were  writien  on  that  island,  fhen  they  were  written  in  Breifny  and  the 
language  of  Eg.  is  their  direct  descendant.  The  fact  of  living  on  an 
island  in  winter  as  the  notes  —  feria  Cai  hodie  (20  Feb.)  Sg.  50a,  fel 
Martain  (11  Nov.)  70a —  indicate,  give  an  adéquate  reason  for  not 
fearing  an  attack  from  the  tierce  Norsemen  —  is  acher  in  gaith  etc. 
ii2a.b.,  when  the  winter  storms  were  blowing.  — The  Unes  begin- 
ning  —  dom  farcai  fidbaide  fàl  etc.  2o^a.b.,  Fommchain  côi  etc. 
204a. b.  were  suggested  later  on  between  April  and  July  when  the 
cuckoo  is  heard  calling  in  the  wood  and  the  trees  are  in  full  leaf. 
St  Maeddc  of  Ferns  who  gave  his  name  to  the  island  was  8th  in  descent 
from  Colla  liais,  L.  Br.  14*,  4  Mast.  A.d.  1496  n.  and  so  of  a  northern 
family.  It  is  probable  enough  that  the  writer  of  the  glosses  was  a  native 
of  no  distant  locality.  Names  are  apt  to  run  in  familles.  The  name 
Damun  shianach.  Sg.  J2a,  finds  a  parallel  in  Damannscen  mac  Doimeni 
mac  Coirpre,  8th  in  descent  from  Colla  da  crich,  L.  Br.  i4d  and  in 
Damonoc  oilit/r,  son  of  Saran  of  the  race  of  Niall  of  the  9  hostages,  L. 
Br.  14  top  margin.  Ruadri,  Sg.  1  ^9a,  is  I  think  more  a  northern  than  a 
Southern  appellative. 

Assuming  that  R.  represents  very  nearly  the  original  south  Munster 
version  and  that  Eg.  v^as  copied  and  modified  a  little  later  in  Breifny, 
by  collecting  their  différences  I  hâve  hoped  to  throw  a  glimmer  of  light 
upon  the  state  of  dialects  in  the  north  and  south  of  Ireland  during  the 
last  half  of  the  i5th  cent.  The  date  1475  is  a  well  defmed  epoch  as  it 
nearly  halves  the  distance  between  our  owntimes  and  the  roiddie  of  the 
I2th  cent,  when  the  later  parts  of  the  B.  of  Leinster  were  written. 
Though  the  resuit  is  indecisiveon  many  désirable  points,  it  quite  proves 
in  a  gênerai  way  that  then,  as  now,  the  south  was  more  conservative 
than  the  north.  It  is  évident  the  language  of  the  north'  had  arrived  at  a 
rather  more  modem  stage  than  it  had  done  in  the  south. 

Before  proceeding  further  it  is  well  to  shew  proof  that  R.  is  not,  as 
D' Todd's  words  rather  lead  one  to  believe,  the  original  translation  made 
by  Fingin  and  to  illustrate  how  the  two  copies  respectively  agrée  with 
or  differ  from  the  English  original.  The  latin  version  (Alosta.^  1478  P) 
differs  so  very  materially  in  so  many  respects  from  the  Eng.  éditions  of 
1568,  1670,  and  1725  (reprintedin  Bohn's  Libr.),  from  the  Italian  (Bon- 
nonia  1488)  and  from  the  French  (Paris  1 560?),  that  Fingin could  hâve 


70  John  Abercromby. 

made  no  use  of  such  a  version  in  his  translation.  He  seems  also  to  hâve 
been  unacquainted  with  french  as  «  cuir  bouilli  »  is  translated  by 
«  mitai  »  R.  68  . 1 .  The  words  enclosed  in  square  brackets  always  imply 
the  Eg.  reading.  It  will  be  found  they  sometimes  stand  for  an  addition 
to  the  text,  sometimes  are  a  variant  of  th^  words  preceeding  them.  The 
sensé  will,  I  think,  easily  shew  the  différence.  Figures  of  référence 
placed  after  an  irish  passage  always  refer  to  R.  unless  otherwise  indi- 
cated.  Though  the  corresponding  référence  to  Eg.  is  often  given  after 
that  to  R.  it  must  not  be  thought  that  the  unbracketted  portions  are 
exactly  identical  with  Eg.  The  différences  of  spelling,  accentuation, 
aspiration  and  of  small  additions  are  so  very  numerous  that,  when  not 
spécial  necessary,  for  convenience  sake  they  are  left  unnoticed.  In- 
verted  commas  are  affixed  to  the  corresponding  Eng.  quotations,  for  the 
most  part  taken  from  Bohn*s  édition  of  1725 . 

I.  Instances  in  which  Eg.  is  doser  to  the  original  than  R.  ata  slidhi 
timchil  6  iarlhar  an  domhain  [co  Jarus^Um]  can  dol  [ar  faircci  docum 
JârusaUm  .1.]  don  Alraaine  7  do  Pnus,  i.6r.  Eg.  137. i.  «  There  is 
one  way,  ail  by  land,  to  Jérusalem  without  passing  any  sea.  It  lies 
through  Germany  and  Prussia  ».  Mar  leghtar  'sa  lebur[do  leighiusa 
fein  co  minic  annsa  lebur]  tucc  Mjcamétu5  dôib.  61.1.  Eg.  137.  i. 
u  This  book  Mahommed  gave  them.  In  it  among  other  things  is  written, 
as  I  hâve  often  seen  and  read.  » 

7  adubairt  n'a  can  h^^la  do  beith  uirre  [adubairt  n'a  na  bi  hegla  ort] 
61.2.  Eg.  1 37.2.  a  and  said,  Mother  hâve  no  fear.  » 

Gorabi  sin  cet  mirbu/7  [innisidh  serrisdinigh  ar]  Macametus.  62.2. 
Eg.  138.2.  «and  this  is  the  first  miracle,  the  Saracens  say,  that 
M.  did.  » 

7  dambia  c\ann  aici  [loisgfidht^r  beo  a  bean  léis  7  da  raibh  clann  afge] 
leigfidht^r  an  ben  can  ïosccadh  na  fochair  [fair].  64.1.  Eg.  139.4. 
n  And  if  his  wife  hâve  no  child  they  burn  her  with  him  and  say  that  it 
is  right  that  she  should  accompany  him  in  the  other  world  as  she  did  in 
this.  But  if  she  hâve  chiidren  with  him,  they  let  her  live  with  them  to 
bring  them  up  if  she  will.  »  Eg.  has  omitted  the  négative,  but  otherwise 
stands  nearer  the  original. 

Again  Adam  sends  Seth  to  Paradise  to  ask  the  angel  for  an  little  — 
d'olâ  croinn  na  bf//ia  [na  trocaire]  53.3.  Eg.  130.  i.  where  R.  is 
wrong. 

Scribtâr  da  dhuilleôig  dôib  7  cuirter  annsa  laim-sin  iad  7  conngmaidh 
sisi  duilUdg  na  côra  aici  7  telgidh  [in  hmh]  duill^dg  na  héccôra  ûaithe. 
64.2.  Eg.  139.4.  Hère  Eg.  inverts  the  last  two  clauses  and  corres- 


Versions  of  Sire  John  Mandeville^s  Travels.  7 1 

ponds  wîth  the  English.  «  Both  parties  write  their  causes  in  two  bills  . 
and  put  them  in  the  hand  of  St  Thomas  ;  and  anon  he  casts  away  the 
bill  of  the  wrong  cause  and  holds  still  the  bill  with  the  right  cause  ». 

The  following  passage  is  entirely  omitted  in  R.  Speaking  of  the 
Pigmies,  Eg.  continues  —  7  ni  denaid  obair  ar  doman  acht  daine  a 
cosmailus  ar  médi-ne  ag  denum  oibre  dôibh  7  bîd  sin  ag  denum  fana- 
maid  futhu  amail  do  bedhmsiis-ne  fa  athacha/M.  Eg.  14 1.2.  «  And  thèse 
small  men  travail  not  nor  till  land  but  they  hâve  among  them  great  men, 
as  we  are,  to  travaill  for  them  and  they  hâve  great  scorne  of  those  great 
men,  as  we  would  hâve  of  giants.  » 

But  though  in  thèse  and  in  other  instances  Eg.  has  preserved  the 
original  better  than  R.  it  is  not  always  so.  The  whole  of  R.  $4.1  and 
6  or  7  lines  of  the  column  before  it  are  condensed  into  8  1/2  Unes  of 
Eg.  1 30.2  and  a  few  lines  from  the  bottom  of  R.  $4.2.  there  is  about  a 
column  of  matter  wholly  omitted.  In  many  instances  a  clause  left  out  in 
Eg.  is  supplied  in  R. 

2.  In  a  few  instances  the  meaning  of  the  original  has  been  missed. 
As  Fingin  knew  English  well  the  mistakes  may  be  attributed  to  the 
copyists,  though  found  in  both  MSS.  For  instance  he  never  could  hâve 
written  —  «  Eclais  San  Sanior  »  for  «  the  church  of  St  Saviour  »,  or 
translated  «  it  is  a  very  fair  way  »  by  —  is  hœghlach  an  sWghe  sin. 
57.2  Eg.  1 33.4.  They  may  hâve  changed  the  predicale  to  accord  with 
their  own  expérience,  as  the  words  which  immediately  follow  are  — 
.1.  [trit]  coillti  dluiihe  isie  —  «  foui  women,  but  they  hâve  precious 
stones  in  their  eyes  »  —  mna  roaille  7  clocha  huadha  in  a  suWibh.  Eg. 
146.2.  «  And  from  thence  men  go  to  the  isIe  of  Crète  which  the  em- 
peror  once  gave  to  the  Genoese  »  —  7  do  citer  as  sin  ant-oilén  greccach 
tucc  an  t-impir  do  Jônâs  faidh  uair  hecinA  55.2.  Eg.  131.1. 

3.  Sometimes  in  R.  sometimes  in  Eg.  additions  are  found  to  the  ori- 
ginal text.  Thèse  are  the  work  of  the  scribes,  probably  clerics  or  at 
any  rate  acquainted  with  ecclesiastical  literature.  Cill  Creidhe  founded 
in  146$  belonged  to  the  Franciscans  and  it  is  not  improbable  that 
ezchanges  of  books  took  place  between  the  various  houses  of  the  order. 
So  Sir  John's  travels  may  hâve  been  passed  on  to  the  monastery  at 
Meelick  on  the  Sbannon  in  the  S.  E.  corner  of  Galway,  founded  in 
1479  and  thence  to  Donegal  where  a  house  for  the  Friars  of  St  Francis 
had  been  founded  in  1474.  Hère  it  may  hâve  fallen  into  the  hands  of 
an  O'Rourke  of  Breifny,  who,  as  we  hâve  mentioned  before,  might  like 
to  know  more  of  a  country  where.  an  ancestor  had  perished. 

The  toUowing  passage  in  Eg.  is  taken  either  directiy  from  Josephus 


72  John  Aberrcomby, 

Bk.  VI.  c.  }  or  from  Euseb.  Ecc.  Hist.  Bk.  III.  c.  6.  where  he  is  quo- 
ted  —  7  in  cuid  nar  marbh  dibh,  do  cu/r  do  gorta  iad,  mnus  con-ithdis 
cresan/2a  7  sen  broga  7  farcan  7  fer  crin  7  otrach  nan  daine  fein,  7  ni  is 
messa  'na  sin,  na  lei/iibh  beca  a  maithrec/ia  fein  aga  n-ithe.  Eg.  13$.!.'. 

After  mentioning  the  wedding  at  Cana  of  Galile,  both  add  —  7  Mufre 
fein  ac  frithokm/i  and.  60.3.  Eg,  136.3. 

Speakkig  of  what  Christ  did,  both  add  —  7  gach  uile  ghalar  archena 
7  cor  ruaicc  demuin  a  dainibh  7  a  be/Zzadach^/^/i.  61.3.  Eg.  1 37.3. 

Both  give  a  particular  about  the  way  in  which  Herod  met  with  his 
death,  which  is  not  in  the  Eng.  version,  nor  in  the  L.  Br.  143a  account 
and  is  in  contradiction  with  Josephus  —  Do  ciiaidh  fein  a  n-dabac^ 
fotraici  7  do  iarr  uball  7  scian  [do  tab^/r/  do]  7  do  saigh  in  scian  ina 
medhon  [fein]  cor  leic  a  ixiath^/r  amach  annsa  dabac/i.  59.1.  Eg.  135.2.'. 

The  next  amplification  is  only  in  Eg.  —  in  uair  àogiakadh  é  fein  iarna 
brath  da  mnai,  intan  ro  in/iis  di  gurab  a  folt  dobi  a  nert  7  ro  innis  si  da 
h-athfl/r  sin  7  ro  cu/r-sim  fis  go  Samsom  7  gabhtjr  leo  é  7  ro  b^rradh 
leo  e  iarsin  7  do  curiudh  peler  connmhala  na  ca/Arach  eter  a  dha  chois  7 
a  dha  laim  7  glas  forra  7  tue  in  righ  curiudh  for  a  muinter  u\\e  docum 
fïedlie  moire  dovinnedh  doibh  leis  :  roin/iis  a  ghille  do  Samson  .  1 .  a 
mheîli  ag  ol  7  ag  aibhnu5  uile  dibh  hecaibh.  Odchuak  Samson  a  mbeth 
3im\didh  sin,  docu/r  a  da  laim  isin  mbu/i  gruaig  7  addrâc/2/  a  nert  do 
som  7  a  brigh  mWedfi  moir  7  rotr^sgair  in  catlmt  ftin  air  7  orrtha-sa/i 
gur  marbh  iad  uile  7  e  fei/z  mâr  œn  riu.  Kg.  1 32.4  '. 

A  singular  addition  is  made  in  Eg.  to  the  story  that  when  Julian  the 
Apostate  ordered  the  body  of  John  the.  Baptist  lo  be  burnt,  they  were 
unable  to  burn  —  an  mér  do  sin  se  [trit  broinn  a  mathar]  docum  an 
Tigema  in  iiair  a  duhain  se,  «  ag  so  Ûan  Dé  ».  60. i.  Eg.  1 36.2.4. 


1 .  And  those  of  them  that  died  not,  such  a  hunger  beser  them  that  they  used  to  eat  belts 
and  old  shoes  and  welts  and  withered  grass  anJ  even  human  excrément  and  what  is 
v.orse  than  tha»,  little  infants  —  their  own  mothers  eating  them. 

2 .  He  himself  went  into  a  bathing  tub  and  asked  for  an  apple  and  a  knife  [to  be 
given  him]  and  he  thrust  the  knife  into  his  .own]  middle  that  he  let  out  his  bowels  into 
the  tub. 

5.  When  he  himself  was  ta k en  after  ihe  treachery  of  his  wife,  when  he  had  told  hcr 
that  it  was  his  haïr  that  was  his  strength,  and  she  had  told  it  to  her  father,  and  he  had 
sent  a  n^essage  to  Samson,  and  he  is  taken  by  him,  and  shorn  by  him  afterwards,  and  the 
pilar  of  a  dwelling  of  the  town  was  put  between  his  two  feet  and  his  two  hands  and  a 
fetter  upon  them  and  the  king  had  sent  an  invitation  to  ail  his  people  to  a  great  feast 
made  by  him  for  them  :  His  lad  told  Samson,  to  wit,  that  ail  of  them  were  drinking  and 
makmg  jolly  bj  chance  (?).  Samson  heard  that  they  were  so,  put  his  two  hands  into  the 
roots  of  his  haïr  and  his  strengtli  artse  to  him  and  the  valor  of  a  great  warrior,  and  he 
overthrew  the  town  itself  upon  him  and  upon  them,  that  they  ail  died  and  himself  toge- 
ther  with  them. 

4.  The  finger  that  he  stretched  out  [through  his  mother's  womb]  to  the  Lord,  when  he 
said,  «  Hère  is  the  Lamb  of  God  ». 


Versions  of  Sir  John  Mandeville^s  Travels.  7} 

In  another  passage  the  Eg.  scribe  has  been  led  astray  by  a  similarity 
of  name  —  ata  in  muir  sin  (the  Mediterranean)  0  stma  ombarrog  no  co 
let  si  'sa  fairge  don  tœbh  t-shiar  don  Espain.  Eg.  1 38.3.  R.  has  —  o 
Marroc  no  co  let  si  'sa  fairge  Uthat.  tiar  don  Espain.  62.3.  «  from  Marok 
on  the  sea  of  Spain  to  the  Great  Sea  ».  The  former  copyist  has  thought 
of  the  river  called  —  sdma  ombarrog.  Eg.  129.2.  (the  Moravia)  near. 
Belgrade,  mentioned  quite  at  the  beginnîng  of  the  book.  Again  in  nar- 
rating  the  legend  of  the  Virgin  giving  her  girdle  to  St  Thomas  at  the 
time  of  her  Assumption,  after  the  word  Mary  the  Eg.  scribe  has  too 
bastily  added  «  Madalen  »  Eg.  135.4. 

T\vo  passages  roay  be  quoted  which  hâve  their  counterpart  in  older 
gaelic  writmgs.  In  the  Lib.  Hymn.  Goid.  p.  71  —  labrossi  dosreggat 
ambel  nichtarach  darra  :  :  :  :  corresponds  with  —  ata  oile[n]ann  ina 
fiiiiîtt  dœine  7  an-ûair  chodks  amuigh  fon  grein  folcuit  a  n-aighti  uile 
lena  mbélaib  ûacAtair.  65.4.  Eg.  141.  i.  The  English  does  not  mention 
which  lip.  In  L.  Br.  149b  Cuid  e\e  genit  a  n-indsib  Mara  Ruaid  Cen 
chîndu  it^r  forru  7  uff  n-ordiaigi  in  ardi  cech  fir  dib.  a  cluasa  7  a  srona 
ina  ochtaib  7  a  siiile  ina  slinnénaib  —  corresponds  with  —  Ata  oilén 
oilén  [elej  laim  risin  7  a  dœine  cin  cen/zaib  orra  7  a  suile  a  màolaib  a 
n-giSalâ/i/i  7  a  mbeoil  ar  [in]  a  n-ochtaih.  65.4.  Eg.  141.  i.  Ata  oilen 
ele  ann  con  dœinib  cin  cennaib  cin  tsiiilib  7  a  mbéoil  it^r  a  slinnénaib. 
6^.4.  Eg.  omits. 

Inévitable  phonetic  changes  hâve  left  their  mark  on  the  orthography. 
It  is  getting  more  and  more  unsettled.  Unaccented  short  vowels  had 
become,  in  some  positions,  neutral  or  obscure.  When  tradition  and  pro- 
nunciation  clashed,  thèse  were  liable  to  interchange  not  only  in  their 
respective  classes  of  broad  and  slender,  but  even  an  «  i  »  with  a  neutral 
Sound,  generally  written  «  a  »  .e.g.  the  art.  in,  an,  prep.  i-n,  a-n,  cin, 
gan—  ë  had  already  been  raised  to  «  ea  *  and  is  occasionally  so  written. 
A  slender  se»  generally  takes  a  «  i  »  after  it. 

In  infected  hard  vowels,  with  certain  classes  of  words  it  is  probable 
that,  so  far  as  sound  was  concerned,  it  was  a  matter  of  indifférence  or 
convention  whelher  a  ai  »  or  «  oi  »  were  written,  in  words  like  sair, 
soir  (east),  gairegoire  (nearerj.  In  Kerry  and  perhaps  elsewhere  nothing 
but  a  i  »  is  heard  in  oir  (East)  oilén,  coiméud,  etc. 

Similarly  with  the  older  diphthongs  àe,  6e,  ai,  6i. 

The  stress  had  shifted  its  position  to  the  second  member^  though  the 
accent  mark,  as  now,  was  generally  set  over  the  first  vowel.  The  first 
two  sounds  in  R.  are  usually  written  se,  de,  é  (exceptionally),  ào\  when 
infected  cëi,  âoi.  In  Eg.  do,  âoi  are  rarely  if  ever  used  and  are  replaced 


74  John  Abercromby, 

by  dé,  é  ;  when  infected  di.  The  accent  mark  is  very  generally  oroitted 
in  Eg.  with  thèse  diphthongs. 

The  numerals  in  brackets  give  the  number  of  times  I  hâve  noted  a 
form,  without  its  being  exhaustive.  They  hâve  only  a  relative  value  and 
are  useful  in  conveying  a  more  definite  impression  than  the  words, 
a  fréquent,  occasional,  usual  »,  would  do;  especially  when  trying  to 
détermine  the  local  préférence  of  one  sound  over  another. 

A-o  —  falach  R.  (2)  Eg.  (i)  [folach]  (1)  —  frithalam(2)  [firitheokm^]  (2) 
frithôiam  R.  Eg.  sair  (14)  [soir]  easî,  (14),  tair  R.  (3)  Eg.  (i)  ftoir]  (3) 
in  airet  R.  (i)  in  oiredh  R.  (2)  Eg.  (3),  N.  sg.  damh  R.  Eg.  (2)  gen.  sg. 
daim  [doim],  gaîre  (4)  [goire]  (4). 

A-i  —  the  article,  an.  R.  is  almost  always^  in,  in,  Eg.;  but  isin  [annsa] 
nearly  always;  prep,  a,  ana,  R.  (6)  Eg.  (4)  prep,  an  [in]  R.  (2)  Eg.  (2); 
asa  (in  their)  R.  Eg.;  ic,  icca,  R.  (17)  Eg.  (i)  ac,  aga  R.  (6)  Eg.  (22); 
cin  (2)  [can]  (2)  cin  (2)  [gen]  (2)  can  (6)  [gan]  (6). 

ô-A  —  G.  pL  bonn  [bhann]  ace.  pi  boi/id  [buinnj,  coblach  [cablach], 
imforcr^/ii/i  [imarcraidh].  moille  [maille],  ace.  sg.  coill  R.  (3)  [caill]  (2) 
N.  pi.  coilti  R.  (i)  Eg.  (i).  croind  R.  (3)  Eg.  (2)  crainn  R.  (3)  Eg.  (3) 
as  a  ruUy  ina  roibi,  coroibi,  mararoibi,  R.  ina  raibe,  goraibe,  etc.  Eg. 

o-u  —  do  chôidh  R.  (6)  dochiiaidh  R.  (4)  Eg.  [always]  inf,  dol  R. 
(6)  dul  R.  (2)  Eg.  (9);  olc  [ulc];  do  thoitim  R.  (i)  thuitim  R.  (2)  Eg. 
(3)  côicc  [cuig],  do  loigh  [luigh],  loidenn  R.  Eg.  luidhenn  R.  Eg. 

u-o  —  do  ihurnadh  [xoirnedh]^  mar  thuillfes  [thoillfu^],  édiruma 
[édtrome] . 

UA-o  —  do  fuagradh  [frograd],  le  fogra,  R.  Eg. 

Œ-A  —  maccœm  R.  (4)  maccamh  R.  (i)  Eg.  (j).  Latter  form  in  Laud 
version  of  Fél.  Œn.  p.  cxcxi  and  is  the  High.  gael.  form. 

É-i  —  clé  [cli],  clé  R.  Eg.  (4),  a  Uthéd  [\ethid]. 

E-i  —  credim  (faith)  R.  (5)  Eg.  13I  credem  R.  (1)  Eg.  (5),  ina  tim- 
chill  R.  (9]  Eg.  (3)  timchell  R.  (i)  Eg.  (7)  sennfitt  [sinnfid],  comenic 
R.  (3)  Eg.  (1)  minic  R.  (2)  Eg.  (5)  tened  [imedh],  tene  [tefnigh], 
seimhnib  R.  (1)  sibhnibh  R.  (3)  Eg.  (2I.  In  Fem.  a-stems  and  ia-stems 
N.  Gen.  Dat.  Ace.  sg.  -i  R,  is  almost  without  exception  -e  Eg.  N.  sg. 
oidhchi,  rid^ri  G.  sg.  tiri,  slebi,  deilbi,  eisergi,  pôicci.  Dat.  sg.  fairgi, 
uiscci.  oidhchi.  ace  .sg.  rideri,  baili,  conip.  airdi  R.  -e  Eg.  3  sq.  hab. 
pr.  caithenn  [-inn|,  suidhenn  [-inn]  cuirenn  [-inn]  tuitinn  Eg.  N.  sg. 
croicenn  (2)  [croi'cinn]  (2].  The  é  of  léigim  (/  allow,  let)  is  dropped  7  times 
in  Eg.  t'iough  in  other  place  retained.  léigcitt  Ll'gîd],  léigcidh  [ligidh]  ni 
léigenn  [ligenn],  etc. 

B-iu  —  lemm  (4)  [lium]  (4)  lim  [lium]. 


Versions  o1  Sir  John  Mandeville's  Travels.  75 

i-iu  —  sibl/m  [siubl^/m].  The  verb  is  of  constant  occurrence  and  without 
exception  maintains  thèse  two  forms  in  K.  Eg,  respectively .  N,  PL  Idhail 
llubhail]  gen.  pi.  Idhal  [lubhal]  a  very  common  word  in  R.  Eg.  and  the 
only  one  used  for  the  ordinary  lùdaidh  (Jew),  0*R.  has  «  Juill  »  a  Jew. 

i'a-b  —  N.  pi.  niaroann  (2)  [nemthann]  (2)  Sdiamna  [Sdefain].  R.  also 
uses  lutter  form, 

-ES  -ius  —  raaithes  R.  (5)  [maithi'u^J  Eg.  (7)  ace.  sg.  torrches  [toir- 
chius]  dat.  sg.  leighes  [leighius]  (2).  3  sg.  rel.  beres  [herius]{2),  eirghiu5 
Eg.  roinnes  [roinniu^],  caithes  [cathius],  îthiu;  Eg.  ithis  Eg.  traidhes 
[traîghius],  léighis  [leighius]  reads^  thuiles  [tuilisj  imurcuires  [imurcrius]. 

-EDH-iUDH,  -UDH  —  ^  Sg.  prêt.  pass.  inarsâighf^/ï  [-saighîudh]  inar- 
cuiredh  [-curiudh],  docmredh(2]  [docuriudh]  (2]  ac  cœinf^A  [cainiudh] 
inf.  do  legadh  [leighiudh]  read,  ace.  sg.  cach  cinedh  [ciniudh].  prêt,  pass, 
do  genedh  [-ghenudh]  dorecad  [recudh],  etc.  3  sg.  impf,  adm'udh  Eg. 

Examples  of  the  diphthong  —  gâoth  [gœth],  caol  [cœl].  N.  s  g.  dos 
[dis]  œs  R.  Eg.  dat.  sg.  tàob  [taibh]  taebh  R.  Eg.  ar  en  t-sliab  R.  dia 
dardâoin  [diardain],  cach  œn  aoine  [en  aine],  co  hœine  [aine],  œibhnes 
[aibhnu5],  dœine  [daine]  daoineib  [dainibh]. 

EA  —  hellach  [eallach],  dessa  [deassaj,  teas  [tes],  denam  [deanum], 
do  ghell  [geall],  gel  [geai],  meala  [mêla],  febhu^  [feabhui]  —  In  Eg.  a 
consonant  is  softened  in  —  co  lôr  [leôr],  tliôrannaighes  [leoran  — ],  tras- 
gairt  [treasgairt]. 

u  =  BH  in  doui  Eg.  (3)  Siluester  R.  Eg.  Caluarie  R.  semis  (3) 
[s^rbhisj  (3)  Liuie  [Lipie]  Libia  — 

AU  is  found  in  —  Eoin  bausti  R.  claustra  [clabsdra]. 

For  the  older  tenuis  c,  t,  it  is  usual  in  R.  tofind  ce,  cg,  gc,  t,  tt,  d, 
while  in  Eg.  they  are  on  the  whole  consistently  replaced  by  their  corresponding 
sonantSy  wherever  this  change  has  taken  place  in  the  modem  language. 

The  practice  of  doubling  a  tenuis  to  represent  its  sonant  arose  from  the 
belief  of  Irish  grammarians  thai  the  latier  was  a  hard  sound  ;  the  tenuis  soft. 
It  was  therefore  logical  enough  to  double  a  supposed  soft  letter  to  represent 
its  supposed  hard  corelative. 

On  the  otherhandy  as  in  the  modem  language^  d  hasbecome  taftera  liquid 
in  adj.  in  -de  ;  talm^a/ita  Eg.  sœgu/ta  R.  Eg. 

ND,  fréquent  in  R.  is  nearly  always  nn  Eg.  ll  =  dl  in  colla  R.  Eg. 
(2)  but  generally,  codla  R.  Eg. 

PROS.  F  —  do  oslaic  [do  fhoslaic],  d'oscail  [do  fusgail]  oslaicthi  [fos- 
laicej  (2),  fuise^ga  [huiseôga]  larks, 

p  —  F.  premh  R.  (3)  Eg.  (i)  [fremh]  (2)  -  n  has  become  l  in,  Essail 
[asail]  cristann  [crisdal],  but  also  cristal  R. 


76  John  Abercromby. 

Contractions  and  abbreviaiions  are  commoner  in  Eg.  As  a  raie  R.  limits 
them  to  the  terminationy  except  with  words  beginning  with  ber,  breth  or 
where  et,  ed,  eth,  edh,  ra  forms  part  of  the  syllable.  Eg.  on  the  other  hand 
often  contracts  the  middle  and  gives  the  termination^  especially  of  verbs,  in 
full.  In  both  the  abbrev.  usually  expanded  into  ur,  ar,  is  sometimes  followed 
by  an  i,  which  has  to  be  inserted  between  the  u  and  r  —  asy  c^i  =  cuir, 
dogeb'^i  =  -buir,  purp^'i  =  purpuir  —  But  it  isalso  omitted^  as  is  likewise 
the  case  with  the  contr.  us.  e.  g.  2  sg,  prêt,  roibhw,  tanguis  Eg.;  2  sg.  fut, 
fogebmV,  muna  decha/r;  G,  sg.  brethemnuis  [ —  ais]. 

The  contr.  for  et,  ed,  eth  is  used  irregulary,  though  rarely  —  cednn 
lcedn\y  g\edn  Eg.  dîle^n  R.  pednlBil,  pe^/zturacht  Eg.  condîtn^^n  R.  decair 
[d^rtcair]  exhaust  the  instances  !  think  —  The  use  of.  H.  for  aile  is  very 
rare  —  Êg.  several  tintes  uses  the  arabic  numerals  3,  4,  where  R.  either 
writes  them  in  full  or  uses  the  latin  notation  —  2  is  sometimes  used  in  R. 
for  oi  da  9  to  him^  them^  and  twicefor  est  in  the  wordcestà  —  eu  is  very  fre- 
quently  rendered  by  q.  in  Eg.  less  so  in  R.  as  qq  =  cucu,  qid  =  cuid 
Eg.  Infection  ofconsonants  is  generally  shtwn  in  Eg.  Much  less  frequently  in 
R.  In  both  fh  stands  for  bh  where  éclipse  would  be  shewn  in  the  modem 
language. 

The  modem  method  ofshewing  this  infection  of  a  tenuis  by  doubling  it  or 
by  prefixing  the  sonant  does  not  y  et  occur  —  An  apparent  example  is  once 
found  in  R.  a  ccoicrfch  an  talma/z  nœimhy  but  the  original  stands  «  oui  of 
the  border  s  of  the  H.  Land  »,  50  a  a  »  stands  for  «  as  »  which  does  not 
infect — But  in  Eg.  the  éclipse  of  a  i  n  by  n  hh  rt  is  given  sometimes;  never 
in  R.  inafuil  [bhfuil]  (2),  arfhàgbail  [arbhfagbail],  marabfuil  Eg.  etc. 

In  both  MSS.  t  replaces  s.  sh  in  a  partially  abnormal  manner  —  Some- 
times, from  putting  the  dot  on  the  wrong  letter  in  the  hurry  of  writingy  the  t 
becomes  th.  Before  or  after  a  verb  where  infection  would  take  place  —  }  sg. 
prêt.  Simon...  do  tslànaigh  [do  slanalgh]  an  Tigema.  59.  2.  annsan 
oidhchi  sin  do  tsén  P^^ur  ar  Tigerna.  54.  i.  3  sg.  fut.  dotsluicf/<//i  [do 
sluicfedh],  3  sg.  rel.  is  mar  an  cédnBi  isMaighis  —  tsoills/g/zis  R.  mar  t 
sœilmit-ne  R.  is  é  Cimh  do  budh  tsaidhbre  [the  richest]  66.  4. 

After  other  words  which  cause  infection  —  (da  (2)  —  atat  da  tsifab.  R. 
Eg.  omits  t.  «  A  »  (His)  —  lé  nerl  a  laime  7  a  tsliSaid  féei.  j6.  4.  Eg. 
omits  t  —  agus  still  aspirâtes^  Eler  maith  7  tsaith  [thsaith]  —  do  tsiiab 
R.  Eg.  omits  t  —  do  sheimhnib  [do  tsibhn/^/il—  do  tsubhailcha/^/i  R. 
12)  —  do  tslicht  R.  Eg.  do  xhseo\adh  R.  etc.  After  «  iter  »,  which  some- 
times aspirâtes  —  iter  tsiiab  Galilée,  R.  Eg,  —  can  énshnâithi  [tsnaithi] 
{withouta  stitch  ofclothes]  —  d  arântsiimm  R.  Eg.  omits  t  —  arson  tsela 
(on  account  of  the  seal)  R.  Eg.  omits  t.  But  it  is  also  found  where  no  infec- 


Versions  of  Sir  John  Mandeyille's  Travels.  77 

tien  takes  place  —  can  tsroin.  R.  Eg.  cin  XsûiUbh,  R.  only  —  simail  tsdil. 
R.  only.  From  O'Don,  gr.  p.  6\.  itappears  the  use  ofx  before  verbs  is  local 
and  rare, 

There  is  a  peculiarity  in  the  accentuation  o/Eg.,  if  thaï  term  is  applicable, 
which  must  be  noticed,  \t  is  confined  /o  «  i  ».  //  may  sometimes  hâve  been 
used  ta  distinguish  thaï  letter  more  readily^  when  side  by  side  with  n,  nn, 
m,  mn.  —  At  this  period  copying  was  often  done  in  a  slovenly  mannerand 
required  an  occasional  guide  for  the  eye,  The  idea  would  be  taken  from 
the  dash  placed  over  the  numerals  i.  ii.  iii.  etc.  But  it  is  constantly  found 
where  no  such  need  is  felt  and  on  syllables  that  are  always  short. 

The  —  idh.  —  id  of  the  l  sg.  pi.  pr  :  is  specially  favored.  —  It  is 
marked  at  least  129  times  —  aderid  (14),  gairid,  goirîd  (6),  ithid  (6), 
ithid  (2),  cuirid  (5)  cuirid  (2)  cuirfidh  (2),  ticid  (5)  ticid  (i).  ^  sg.  pr.  tig 
(12),  fiiilid  (2),  fuilid  (3)  3  sg.  fuil  (14],  caithïd  (2)  caithid  (i)  mairid  (2)^ 
creidid  (ly  creidid  (2),  doberid  (10)  also  tainig  (6^  tainig  (i),  etc. 

5  sg.  pr.  is  (26)  —  the  article  in  {^)  —  prep.  fn,  ina,  isna  (4),  3  sg. 
F.  innli  (16)  innti  (i),  innti  (2)  —  Démon,  pron.  sin  (i  ç). 

Even  three,  as  well  as  two  syllables  are  marked  —  3  sg.  pi.  —  tignlighddh, 
aithnighid,  innisidh^  innisigh,  do  innis  (2,  inf.  innisin  —  3  pi.  fàsaid, 
comédid,  médaighid,  fiarfraid  lôgbaid  — doridiusi  [àgain]  —  Subs.  adj. 
N.  croicfnn.  maithius,  saidhbr^âs,  milis,  aibhinn.  G.  sg.  druisi,  tiger- 
nais,  cnuicc  {4]  droichid  —  Ace.  sg.  beinidh.  N.  pi.  maithi  (i)  maithi 
(5)  tighîthi.  Other  examples  —  airgid  [silver)  (4),  cuid  (12)  ciiid  (5), 
conuige  (4I  inaice  (6),  aige  \,with  him]  (7).  aigi  {with  her)  (2),  a/nm, 
richt  dat.  sg.  Ny  ace.  pi.  cirm  (9),  uisge  [])  gen.  dat.  uisgi  (2),  ïnadh)  ( j  j 
gen.  5g.  inaidh  (ij,  gominic,  —  nig  (10),  cruinn,  bainne  {milk)  (j)  gen. 
sg.  capaill,  uile,  coisi,  uilc  (5),  elî  (4)  dat.  pi.  cnocaibh,  e/iaibh,  min- 
naibh  —  p.  part,  cengailte  —  ïn  gen  pi.  namâd  (2^  the  accent  is 
displaced. 

The  slips  and  mistakes  are  of  various  kinds. 

1).  Repeating  a  syllable  or  even  part  of  a  sentence  on  turning  over  afresh 
leaf —  mararaithn^^ar  R.  co  mainisisiir  R.  arna  denanum  R.  râia/ti 
na  fâîded  R.  but  raiti,  a  few  Unes  o/i  —  n6  n6  co.  R.  oilén.  oilén.  R.  Tucc 
leisda  dathig  R.  3  sg.  pr.  labr^raidh. 

2)  misreading  of  original  —  mile  fer  amach  [armtha]  a  1 000  men  at 
arms  »  —  anl-impire  an/i  nô  innxi  [in  i-ïmper  Tnnidhach  ann]  —  da 
ubhall  [taball  mor]  6ir.  «  2  round  pommels  of  gold  »  —  uîle  oibrigrt/ 
[oilitrighthi]  dodentini.  a  undertakings .  » 

î)  omittingletters  dh  —  adj.  mi-nâdura  [nadurdha]  —  e  —  ponair[e] 
R.  —  c  —  lairnedar.  Eg.  —  gh  —  Maghdalén  [Madalen]  (4)  n  —  uiii 


78  John  Abercromby, 

coisceme  xx.  R.  cabata  Eg.  =  can  bâta  (without  a  stick)  aitrecha  [natrâ- 
cha]  (2).  p  —  an  Egit  [in  Eigipt].  t  —  acht  [ach]  (2)  stâuide  [slatufde] 
(statutes)"  TH  —  gen.  sg.  docum  a  loiscthi  [loisge],  timcill  an  adhlaici 
[adhlaice],  fotraice  [fotraicihe]  —  a  fiadn^we  an  adhnuici  [adhlaice]  — 
Edais  2LTÏ  adhiuici  R.  (2).  p,  part.  pass.  adhluici  [adnace]  (2),  oslaicthi 
[foslâ/ce]  —  5  sg.  prêt,  do  imidh  si  liaidh.  R. 

4'  writing  a  wrong  letter  —  dh,  th  for  ch  —  na  cidhe  [ciche]  [2),  3  sg, 
pr.  Toithidh,  roithenn  [roicheann],  5  sg.  prêt,  do  theith  R.  Eg.  ag 
lehhadh  R.  Eg.  ?  for  s  —  futhasan  [futhad  fan]  [under  them)  —  dh  for 
L  —  Dillaitt  [didhlait].  Kfor  g  arna  pagail  [farail]  ^paidn^.  Inversion  of 
TS  —  co  cathair  in  stamdain,  Eg.  =  in  tSamdain  {Sultan)  —  oversight 

—  léo  fecht  ffein]. 

5I  aspirating  a  wrong  letter  —  gh  for  G  —  f«lccbaid  [faghbhaid].  3  sg. 
prêt.  pass.  mar  do  ghenudh  in  Tigherna.  Eg.  3  pi.  pr.  deisigit  [ —  idh], 
innisîdh.  Eg.  bidh  Eg.  (freéjuent)  cuiridh  Eg.  The  ]  sg.  for  pi.  is  found 
in  Eg.  in  other  instances  —  rangcatar  [rainig]  scéla  —  ticcid  [tîg]  longa 
7  ctrmaighx  —  th  for  t  —  do  ghortha  [of  starvation]  Eg.  TH  for  F,  3  sg. 
cond.  soighthedh  [soighfedh]  —  perhaps  mh  for  m  —  San  Semh  R. 
but  also  San  Sem  (James)  R. 

6;  using  an  unnecessary  élément.  — 

SuïbiscelidhtSjhiscelidh  R.  (evdngelistj^  but  soscel  [sois-ge/]  (5]  —  os 
[cos]  aird  (openly)  —  soithech  [soighthech]  Eg.  a/wd)'^  —  aniugh,  andiudh 
R.  Eg.  [today]  alwaysone  or  other  —  Naighne  (Nain,  ;»/ac«  nime]  —  tîudh, 
tiugh  ^thick]  R.  Eg.  —  «  budh  »  for  «  fo  »  in  —  budh  thuaidh,  budh 
dhes,  R.  Eg.  [fréquent]-  N.  sg.  cré  [creidh]^  fésta  [festadh]  —  gen.  sg] 
cumha  [cumadh]  lamentation  —  3  sg.  pr.  sbj.  or  fut.  dobera  [doberadh]. 
(2].  doberadh  R.  (i).  da  n-abra  [abradh]  —  Commonly  in  the  fut.  pass. 
cuirfidhtar,  cuirfidhthear  Eg.  geinfidhter  R.  Eg.  leigfidhter,  muirfidhter 
R.  etc.  -  do  râdh  (7)  [radha]  (7I,  but  do  râda  also  found  in  R.  3  sg,  M. 
ùaid  (9,  [uadha]  (i  3).  ace.  pi.  tighîthi  Eg.  [houses). 

A  super fluous  élément  is  added  or  retaincd  to  lengthen  the  final  syllable  in 
the  2  pL  fut.  co/zngébthaighi  [co/igebtai]  —  an  iedh  anfuidhi  [anfaidhtai], 
da  cuirfidhi  Icuirfidh  sibh]  —  Though  the  last  two  R.  forms  are  descended 
from  the  older  abs.  form  in  -fithe,  from  comparison  with  the  other  examples , 
it  would  seem  the  pronunciation  at  this  period  was  simply  —  fi,  as  at  présent 

—  2  pi.  pr.  sbj.  tràlh  do  géntaidhi  si  [do  dentai  si]  [2).  3  sg,  impf.  pass. 
nô  co  mbennaighti  é  7  co  crothtaighi  ui/idiment...  ar  a  fud.  R.  68.  1. 

7)  wrong  séparation  of  words —  gen.  sg.  relta  inné  (star)  R.  (2)  nHamb 
ann  (leg.  lamhann)  drochspirat  techt  'sa  tec/ii-mbi.  R.  ^4.  1.  do  cuiredh 
tened  acacA  tâob  ann  [tene  da  gach  leith  di  ann]  57.  3.  Eg.  133.  4. 


Versions  of  Sir  John  Mandeville^s  Travels.  79 

anabh  I-  =  an  Milan  wafer  R.  5  5.  i .  T/zd  following  list  of  foreign  words 
[save  two]  may  be  usefally  appended,  Proper  names  ^  Basilixa  a  Basi- 
lisk  »  Eg.  146.  2,  Bidoneis  Bedwin  Arabs.  Eg.  133.  2.  Déan  «  Diana  » 

55.  2.  Gein  60.  1  «  Geno3i  ^.  San  Séob  «  St.  Sophia  »,  Sobhdân  Sultan 

56.  3.  Tir  an  tsneachia  53.  i.  Iceland. 

Animal  kingdom  —  Camhall  56.  4.  There  is  a  curious  description  of 
what  is  evidently  a  she  camel  in  the  4  Mast.  A.  D.  1472  which  shews  thaï, 
the  Word  above  was  a  sound  and  nothing  more,  It  conveyed  no  impression. 
Dromadairi  [dromanndairî]  60.  4  Eg.  1 36.  4.  Elifint  67.  3.  ^essgamhain 
«  eels  »,  grib,  lipard,  léonia/2.  67.  3.  Pampionui  «  papiones  »  $6.  1. 
Pantérs  [pant^râs]  «  panthers  »  66.  2.  Eg  142.  i.  Paipinseoighi  «  par- 
rots  »  69.  2. 

VEG.  KiNG.  Balsamu5  69.  4.  Barbrdch  a  barbarines  »  J4.  1.  Engleter 
54.  I.  «  Eglantine  »,  Claus  [clou^]  «  c/or^^  »,  Cainel,  mâs  «  mjce  », 
nutmic  [/luc^i],  sinnsér  [seinnser].  6).  1.  Eg.  140.  2.  Manna  55.  2. 
Masdix  55.  i.  Siucra  62.  3.  Eg.  13S.  3.  rôs  dergc,  r6s  gel.  57.  3.  Eg. 
134    I. 

MINERAL  KING.  — Assilir.  $7.  3.  Eg.  1 34.  I.  Amcstis  [amiti's],  cristal, 
cristalytes,  cices  or  ocices  «  onyx  «.  em^rantes  [merandreis]  gérantes 
«  garaets,  gerands  »,  attira  {amber^  but  hère  translates  «  topaz  »  —-  Eg. 
^â^  marmairj.  Rubf,  Safir.  66.  3.  pL  carpuncla  [carabungcala]  67.  3. 
Eg.  143.  I.  lesper  [iasper],  Sardines.  69.  4.  Luaidhe  «  lead  ». 

Various  —  gen,  sg.  arsidéclina  «  architricHne  »  60.  3.  uhur  [music. 
inst.]  Eg.  146.  I  *giûstal  a  jousting  »,  *idhroipis  [dropsy). 

The  next  list  gives  words  borrowed  I  think  from  the  english,  though  some 
are  of  Romance  origin  —  The  *  refers  to  theglossary  below.  Barùn.  baron, 
*bccc  river ^  bogha  (bow,  0.  Eng.  boga.,  N.  pi  diga  {dykes,  ditches), 
*compâs  (compas)  y  *cornél  {corner),  diiici  [duke],  *graibél  [gravel]^ 
*halla  (/rti//),  lobhia  (/o//^,  *mainer  [manner)^  maindser  [manger),  *man- 
dâil  (maundy),  *  mitai  [métal],  nutmic  [nutmeg\  *oifig  [office) ,  *paghail 
{paving)^  *péirse  Iperch]^  prin/zsa  [prince,  the  s  shews  it  must  hâve  corne 
orally  from  E/ig.)  *pudar  [powder],  *raibér  [river],  siucra  [sugar],  *stéd 
[steedx  spor  [spuf,  *séla  [seal],  *sépél  ,chapel\^  *solair  [cellar),  *stâid 
[statt),  *statdide  (staiute),  trétdir  (traitor),  *tristel  [trestle  ^)  prisûn,  pota 
(pot),  pliir  [flour),  *uindiment  {ointment). 

John  Abercromby. 

{La  suite  au  prochain  numéro.) 


MÉLANGES. 


LA  SECONDE  ÉDITION  DU  BARZAZ-BREIZ. 

C'est  une  très  sage  mesure  dans  les  bibliothèques  publiques  de  faire 
relier  les  livres  sur  brochure,  c'est-à-dire  avec  leurs  couvertures  :  on 
conserve  ainsi  des  renseignements  que  l'histoire  littéraire  cherche  sou- 
vent en  vain  plus  tard.  Nous  venons  d'en  faire  l'expérience  en  exami- 
nant l'exemplaire  du  Barzaz-Breiz  de  M,  de  La  Villemarqué  que  contient 
la  Bibliothèque  royale  de  Dresde. 

Dans  la  Bibliographie  des  traditions  et  de  la  littérature  populaire  de  la 
Bretagne  par  H.  Gaidoz  et  Paul  Sébillot,  publiée  dans  la  Revue  celtique, 
t.  V,  p.  277  et  suiv.,  se  trouve  (p.  307)  une  notice  sur  les  éditions  du 
Barzaz-Breiz  d'où  il  résulte  que  ce  livre  célèbre  n'a  pas  eu  autant  d'édi- 
tions qu'il  paraîtrait  d'après  les  assertions  du  titre.  La  conclusion  de 
cette  notice  était  celle-ci  : 

Le  Barzaz  Breiz  ne  nous  parait  avoir  eu  en  réalité  que  trois  éditions  : 
La  première  en  1859; 

La  seconde  en  1845,  inexactement  appelée  •  troisième  b  et  «  quatrième  ». 
Et  la  troisième  en  1867,  inexactement  appelée  c  sixième  i  et  «  septième  •. 

L'exemplaire  de  la  Bibliothèque  royale  de  Dresde  nous  a  permis  de 
constater  en  quoi  a  consisté  la  prétendue  a  seconde  »  édition.  Le  titre 
intérieur  est  celui  de  la  première  édition,  tel  que  nous  l'avons  reproduit 
dans  la  Revue  celtique  [loc.  cit.).  Il  se  termine  ainsi  : 

Paris  11  Charpentier,  rue  des  Beaux-arts,  V  6.  ||  Techener,  libraire  || 
place  du  Louvre,  n"  14.  ||  1839. 

Mais  la  couverture  porte  la  mention  deuxième  édition,  et  se  termine 
ainsi  : 

Paris 
Delloye,  Place  de  la  Bourse,  1 3 


Crozet,  libraire 
Quai  Malaquais,  15 


1840 


Techener,  libraire 
Place  du  Louvre,  1 4 


Mélanges.  8» 

Voilà  donc  le  mystère  de  la  «  seconde  »  édition  du  Barzaz-Breiz 
éclairci  !  Ce  sont  les  exemplaires  non  vendus  de  18^9,  ce  que  dans  le 
commerce  on  appelle  des  rossignols^  qu'on  a  mis  en  dépôt  chez  d'autres 
libraires,  et  pour  rafraîchir  l'ouvrage,  on  lui  a  fait  une  nouvelle  couver- 
ture portant  la  mention  inexacte  :  deuxième  édition;  mais  on  a  oublié 
de  refaire  en  même  temps  une  nouvelle  feuille  de  titre.  L'eût-on  fait  du 
reste,  ce  n'aurait  toujours  été  que  ce  que  les  Allemands  appellent  une 
Titel-Ausgabe  «  édition  de  titre  ».  Le  procédé  est  tout  à  fait  usuel  pour 
les  romans  et  les  livres  de  littérature  frivole  :  nous  ne  croyons  pas  qu'il 
soit  usité  pour  les  ouvrages  de  littérature  sérieuse.  En  tout  cas,  aux 
yeux  des  bibliographes,  ces  malices  de  librairie  ne  comptent  pas  comme 
éditions. 

H.  Gaidoz. 


DES  PRONOMS  INFIXES. 

A  propos  des  groupes  phonétiques  naturels  que  notre  esprit  sépare  en 
mots  par  le  procédé  de  l'abstraction  et  dont  j'ai  parlé  plus  haut  (t.  VI, 
p.  87)  en  traitant  des  pronoms  infixes,  j'ajouterai  —  comme  parallèle 
psychologique  —  l'exemple  suivant: 

u  Les  mots  cafres  sont  le  plus  souvent  combinés  pour  faire  des  phrases, 
d'une  telle  façon  qu'on  ne  peut  les  séparer  l'un  de  l'autre  comme  on  sé- 
pare les  mots  anglais.  Ce  qui  dans  l'écriture  paraît  être  un  seul  mot,  en 
fait  souvent  dans  la  réalité  trois  ou  quatre  ;  mais  comme  dans  une  autre 
combinaison  ces  mots  n'occupent  plus  la  même  position  et  que  très  sou- 
vent même  une  seule  lettre  représente  un  mot,  il  y  aurait  plus  grande 
confusion  à  les  séparer  qu'il  n'y  en  a  à  les  écrire  comme  un  seul  mot.  » 
(Theal,  Kaffir  Folk-Lore,  2^  Ed.  London,  1886,  p.  9). 

H.  G. 


CHARTES  DONNÉES  EN  IRLANDE  EN  FAVEUR 
DE  L'ORDRE  DE  CITEAUX. 

En  faisant  aux  archives  départementales  de  la  Côte-d'Or,  à  Dijon,  des 
recherches  sur  un  point  d'histoire  de  France,  je  parcourais  il  y  a  quel- 
ques mois  un  manuscrit  de  Citeaux.   C'est  le  tome  III  du  cartulaire  de 
cette  abbaye,  celui  qui  porte  le  n"  167,  dans  le  catalogue  général  des 
Rev.  Cclt.  VIL  6 


82  Mélanges» 

cartulaires  du  département  de  ia  Côte-d'Or.  Ce  précieux  volume  contient 
une  section  intitulée  Carte  de  Anglia,  Dans  cette  section  j'ai  trouvé  quatre 
pièces  d'origine  irlandaise. 

La  première,  cotée  XIII  ^lisez  XII]  par  le  copiste,  qui  l'a  transcrite 
au  f**  87  r^'-v'»,  émane,  je  crois,  d'Aodh,  mac  Ruaidhri  ui  Conchobhair, 
qui  devint  roi  de  Connaught  en  1228  et  qui  fut  tué  en  1233  >.  En  tète 
des  témoins  figure  Félix  ua  Ruanadha,  archevêque  deTuam,  qui,  ayant 
abdiqué,  mourut  en  i2)8>. 

La  deuxième  pièce  est  cotée  XIIII  ^lisez  XIII).  Elle  a  été  copiée  sur  le 
f^  87  v<>.  Elle  émane  de  Donnchad  Cairbreach,  fils  de  Domnal  ua  Briain; 
Donnchad  Cairbreach  fiit  roi  du  Munster  septentrional  et  mourut 
en  1242  h 

La  troisième  porte  la  cote  XIIII.  Elle  se  trouve  sur  les  fol.  87  v«  et 
88  r*.  Son  auteur  est  Conchobhar  ua  Briain,  qui  devint  roi  du  Munster 
septentrional  au  décès  de  Donnchad  en  1242,  et  qui  fut  tué  en  1268^^. 

La  quatrième  a  reçu  la  cote  XV  dans  le  cartulaire,  où  elle  a  été  placée 
au  f^  88  r*".  Elle  a  été  scellée  du  sceau  de  Donnchad  Cairbreach^  de  qui 
émane  la  deuxième  pièce  et  qui,  comme  nous  venons  de  le  dire,  mourut 
en  1242. 

Ces  pièces  datent  donc  du  milieu  du  xiii*"  siècle.  Elles  sont  intéressantes 
à  divers  points  de  vue.  Nous  pouvons  signaler  l'orthographe  des  noms 
irlandais  :  0  =  ua  «  petit-fils  a,  tuad  «  nord  d  pour  tuath. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


Sciant  omnes  tam  présentes  quam  futuri  presens  scriptum  visuri  vél 
audituri  quod  ego  O.,  D^i  grjf/a  rex  Co/znactie,  dedi  et  concessi  et  hac 
presenti  carta  mea  co/zfirmavi  Deo  et  ecclesit  Béate  Marie  Çist^rcienWf 
et  fratribus  ibidem  Deo  servientibus  pro  a/iima  patris  mei  et  matris  mee 
et  pro  me  ip^o  et  uxore  mea  et  liberis  meis  in  puram  et  perpetuam 
elemosinam  quinque  marcas  argenti,  perpetuo  annuatim  a  me  et  ab 
heredibus  meis  domui  Cistercii]per  manum  abbâ/is  de  Mellifonte  persol- 
vendas  in  subsidiu/n  et  juvame/z  procurationis  quarte  diei  abbâ/um  ad 
générale  capi/ulum  Cistercii  quolibet  anno  convenientium,  quas  quinque 

1.  Annales  des  Quatrc-MattreSj  édition  donnéepar  G'Donovan  en  1851,1.  III,  pp.  248, 
266. 

2.  Ibidem,  p.  294,  texte  et  note. 

3.  Annales  des  Quatre-Mattres,  t.  III,  p.  304.  H  est  aussi  mentionné  soas  les  dates  : 
1213  (P*  i8o)>  1225  (p.  228),  1235  (p.  276).  Il  paratt  qu'il  régnait  déjà  en  1225. 

4.  Annales  des  Quatre- M attres,  t.  lil,  p.  304,  403,  404. 


Mélanges.  85 

marcas  argent!  abb^s  de  Mellifonte  a  me  et  ab  heredibux  meis  perpetuo 
annuatim  in  vig/lia  heati  lohannis  Baptiste  véi  in  ka\endis  maii  recipiet 
transmîttendas  seu  transportandas  et  tempore  generalis  capituW  annuati/n 
domui  Cistercii  tradendas.  Volo  autem  et  heredes  meos  ad  hoc  obligo, 
ut  (\u\cunque  in  perpetuum  post  me  regnabu^t  et  qui  in  regimen  Connac- 
tie  michi  perpetuo  succede/ït,  sive  sint  filii  mei,  sive  cognati,  sive  con- 
sanguineiy  sive  propinqui,  sive  extranei,  quod,  sicut  e^o  predic/as  quinque 
marcas  arge/zti,  quamdiu  vixfro,  annuati/n  domui Cistercii  persolvam,sicet 
îp  pf rpetuo  annuatim  eidem  domui  et  eodem  modo  et  eodem  in  tempore 
totidem  marcas  persolvant.  Et  ut  hec  mea  donat/o  et  pred/cforu/n  mcorum 
heredum  obligat/o  in  perpetuum  firma,  stabilis,  intégra  et  inconcussa 
permaneat,  presens  scriptum  sigilli  mei  munimine  roboravi,  hiis  testibu;: 
Felice,Tuamera^<  archiep/iCo/70  ;  Cavo,  Cluamfrat^rteni/  episcopo  ;  Dionis- 
sio,  E\Rnensi\  Caro,  Achadn^/zW;  Elya,  khânensi  tpiscopis;  B.,  Melli- 
fontis;  D.,  de  Buellio;  D.,  de  Benedictione  Dei;  J.,  de  Collowictorie 
ahhaûbus]  Caro,  comité  de  Magbvirg;  Donchatid,  duce  de  Cloind- 
Tomaltîg;  Flailhfertach,  duce  de  Cloindkathil;  David  O'Floind;  Fergal 
O'Taidg;  Toberto,  senescalco  nostro]  Concorde,  cancellario  nosîvo; 
DonatOy  cUrico  no^fro  et  notario,  qui  banc  cartam  scripsit;  et  multis 
aliis. 

II. 

Sdant  tam  présentes  quam  futur!  presens  scriptum  visuri  vel  audituri, 
quod  ego  Donatui  Karbreach,  rex  Tuadmo/iie  S  dedi  et  concessi  et  hac 
présent!  carta  confirmavi  Deoetecc/w/e  Béate  Marie  Cist<îrcien«  et  mo/ia- 
chis  ibidem  Deo  servientibus  pro  amma  patris  mei  et  matris  mee  et  ante- 
cessorum  meorum  et  pro  me  ip5o  et  pro  uxore  mea  Sabi/za  et  liberis  meis 
in  puram  et  perpetuam  elemosinam  duas  marchas  argent!  p^rpetuo  annua- 
tim a  me  et  ab  heredibuj  meis  domui  Cistercii  per  manum  ahbatis  de 
Magio  persolvendas  in  subsidium  et  juvamen  procurat/onis  quarte  die! 
dbhatum  ad  générale  cap//ulum  Cistfrcii  quolib^/  anno  convenientium  : 
quas  duas  marcas  argent!  abb^s  de  Magio  a  me  et  ab  heredibus  meis 
perpetuo  annuatim  in  ktilendis  maii  recipiet  transportandas  sive  transmit- 
tendas  et  reddendas  annuatim  domui  Cist^rcii  tempore  generalis  cap//uli. 
Veto  autem  et  statuo  et  heredes  meos  ad  hoc  obligo,  ut,  quicunque  in 
perpetuum  post  me  regnabu/zt,  et  qui  in  regime/z  Tuadmonie  perpetuo 
micfà  succede/it,  sive  sint  filii  mei,  sive  cognât!,  sive  consanguine!, 
sive  prop/nqui,  sive  noti,  sive  extranei,  quod,  sicut  ego  duas  marcas 

I.  Ms.  ûudmofiie. 


84  Mélanges. 

argent!  quamdiu  vix^ro  annuatim  lempore  prenomi/iato  domui  CisUrcii 
persolvam,  sic  et  ip^i  perpetuo  annuatim  eidem  domui  eodem  modo  et 
eodem  in  lempore  todidem  marcas  persolva/it.  Et  ut  hec  mea  donat/o  e^ 
pred/crorum  h^redum  meorum  obligat/oin  p^rpetuum  firma,  stabilis,  inté- 
gra et  inconcussa  p^rmaneat,  presens  scriptum  sigilli  mei  munimine 
roboravi,  hiis  testibu5  :  Humberto,  Limmcensi  episcopo;  Henr/co,  Ymli- 
censi  episcopo\  Johan/ie,  FinnabricenW  episcopo]  F.,  Yossenw  episcopo-^ 
0.,  de  Magio;  Ysaac,  de  Sancîa  Cruce;  D.,  de  Sivryo;  A.,  de  Petra 
Fertili  sbhatlhuSj  D.,  Laonensi  archidiacono ,  et  R.,  capella/zo  no5fro, 
qui^hanc  cartam  scripsit;  K.  0'  Grady,  L.  Mac  Co/nmara,  D.  O'Deaid, 
R.  0'  Heda,  D.  Olydduida  et  muiti  alii. 

III. 

Sciant  tam  présentes  quam  futuri  presens  scriptum  visuri  vel  audituri, 
quod  ego  C.  O'Brien,  rex  Tuadmonie,  concessi  et  hac  présent!  carta 
confirmavi  Deo  et  eccl^iie  béate  Marie  ChUrciensi  et  mo/iachis  ibidem 
Deo  servientibuj  pro  a/rima  patris  mei  et  matris  mee  et  antecessorum 
meorum  et  pro  me  ip^o  et  uxore  mea  Anastallia  et  liberis  meis  in  puram 
et  perpetuam  elemosinam  duas  marcas  argenti  p^rpetuo  annuatim  a  me 
et  ab  heredibus  meis  domui  Cisiercii  per  manum  abb^fis  de  Magio  p^r- 
solvendas,  quas  videlicei  duas  marcas  Donatus  Karbreach,  quondam  rex 
Tuaâmonie,  pater  meus,  dicte  domui  Cisiercii  dédit  per  cartam  suam  in 
subsidium  et  juvame/i  procurationis  quarte  die!  ahbatum  ad  générale 
capitulum  Cisterc/7  quolibet  anno  conveniencium,qttas  duas  marcas  argent! 
abbâs  de  Magio  a  me  et  ab  heredibus  meis  perpetuo  annuatim  in  kalen^ 
dis  mai!  recipiet  transportandas  sive  transmittendas  et  reddendas  annua- 
tim domui  Cisiercii  lempore  cap/tuli  general/5.   Volo  autem   et  statuo 
et  heredes  meos  ad  hoc  obligo,   ut,   quicunque  in  perpetuum  post  me 
regnabu/it,  et  qui  in  regimen   Tuadmon/e  perpetuo  michï  succèdent, 
sive  sint  filii  mei,   sive  cognati^   sive    consanguine!,  sive  propinqui, 
sive  noti,  sive  extranei,  quod,  sicut  ego  duas  marcas  argent!^  quamdiu 
vixero,  annuatim  tempore  prenomi/iato  domui  Cistercii  persolvam,  sic  et 
ip5i  perpetuo  annuatim  eidem  domui  eodem  modo  et  eodem  in  tempore 
totidem  marcas  persolvant.  Et  ut  hec  mea  concessio  et  confirmatio  et 
pred/c/orum  heredum  meorum  obligat/o  in  perpetuum  firma,  stabilis, 
intégra  et  inco/icussa  permaneat,  presens  scriptum  sigilli   me!  munimine 
roboravi,  hiis  testibu^  :  domno   C,  episcopo  Finnabarens/ ;  Roberto, 
episcopo  Linricen^/;  T.,  de  Magio,  de  Sanctz  Cruce;  T.,  de  Petra  Fer- 
tili abbdribu^;  P.  0' Grady;  K.  O'Konqwir;  M.  M^c  Comraara;  K.  Mac 


^ 


Mélanges.  85 

Bricn;  et  magwrro  M.  O'Hogan;  et  fratre  Daniele,  prîore,  qui  hanc 
cartam  scripsit  ;  et  multis  aliis. 

IV. 

Sciant  tam  présentes  quam  futur!  presens  scriptum  visuri  vel  audituri, 
quod  ego  Cathoiicus  0^  Grade  et  Slani,  uxor  mea,  XX  denar/os;  et  ego 
Duncon  0' Kenedig^  et  uxor  mea  Gormelyth  XII  denarios'y  et  ego  Dona- 
tus  Oliddida  et  Reignild,  uxor  mea,  XII  denarios;  et  ego  Rodri  0'  Heyda 
et  Dufcoblic,  uxor  mea,  XII  denarios;  et  ego  Math^us  O'Kenedi  et ... , 
uxor  mea^  XII  dtnarios;  et  ego  Donatus  O'Deit,  et  Dubella,  uxor  mea, 
XII  denjr/o5  ;  et  ego  Donatus  Mac-Lonochain,  et  Eeden,  uxor  mea, 
XII  denarios;  et  ego  Sitrich  et  Benmuam,  uxor  mea,  XII  denân'05;  et 
ego  Malronid,  et...,  uxor  mea,  et  filius  noster  Gillananam  XII  denarios-^ 
et  ego  Cuana',  et  Sadua,  uxor  mea,  XII  der\arios]  et  ego  Lochelin,  et 
Dereval,  uxor  mea,  XII  denarios;  et  ego  Donatus  0'  Malruadan,  et  ... , 
uxor  mea,  XII  dtnarios  dedimus  et  concessimus  et  hac  presenti  carta 
no^aco/ifîrmavimus  Dec  et  ecclesie  Beatt  Marie  Cisterciens/  et  monachis 
ibidem  Deo  servientibui  pro  a/zimabus  p^rentum,  propinquorum,  ante- 
cessorum  et  successorum  no5/rorum  et  pro  nob/smet  \ps\s  et  liberis  nostris 
in  puram  et  perpetuam  elemosinam  perpetuo  annuatim  a  nobis  et  ab  here- 
àîhus  noxtris  domui  Cistercii  per  manum  abb^fis  de  Magio  persolvendos 
in  subsidium  et  juvame/z  procurat/onis  quarte  diei  abb^fum  ad  générale 
capz/ulum  Cisterciiquolibe/annoconvenientium,  quos  prenominatos  dena- 
rios àbhas  de  Magio  a  nobis  et  ab  heredibus  no5/ris  perpetuo  annuatim 
in  kaUndis  maii  recipiet  transportandos  sive  transmittendos  et  annuatim 
tempore  generdlis  cap//uli  domui  Cistercii  reddendos.  Volumus  autem  et 
statuimu5  et  heredes  no5/ros  ad  hoc  obligamus,  ut,  qui  in  possessionem 
terrarum  nosîrarum  perpetuo  nohis  succèdent,  sive  sint  filii  no5fri,  sive 
cognati,  sive  consanguinei,  sive  affines,  sive  propinqui,  sive  noti,  sive 
extranei,  vel  quicu/zque  [post]  obitum  nostrum  terras  nos/ras  perpetuo 
possederint,  quod,  sicut  nos,  quamdiu  vixerimus,  pred/cfos  denarios  an- 
nuatim prenomi/iato  tempore  domui  Cistercii  persolvemz/s^  ita  et  ipsi  pre- 
dicû  heredes  nos/ri  perpetuo  annuatim  eidem  domui  eodem  modo  et 
eodem  in  tempore  totidem  denarios  intègre  persolvant.  Et,  ut  hec  no5/ra 
donatio  et  pred/c/orum  heredum  nostrorum  obligatio  in  perpetuum  fîrma, 
stabilis,  intégra  et  inconcussa  permaneat,  cum  sigilla  propria  non  habe- 
remus>  ad  petitionem  nos/ram,  Donatus  Karbre^icA,  rex  Tuadmonie  3,  in 

1.  Ms.  Cuaua. 

3.  Ms.  Tuadamonie. 


86  Mélanges. 

hu]us  rei  testimonium  sigillum  suum  presenti  scripto  jussit  apponi,  hiis 
testibuf  :  Henrico,  YmilicenW;  Huberto,  Lumnicen;/;  J[ohanne],  Finna- 
varenW;  F.,  RossenW  ep/icopis;  0.,  de  Magio;  Y.,  de  Sancta.  Crucc; 
D.,  de  Surio;  A.,  de  Fetra  Fertili  abb^fibui;  D.,  LaonienW  archidia- 
cono  ;  R.,  capdiano  domni  régis  Tuademonie ;  Symone,  domni  reg/^nota- 
rio;  et  multis  aliis. 


CHARTE  ORIGINALE  DU  PAYS  DE  GALLES. 

La  Bibliothèque  Nationale  a  reçu  dernièrement  en  don  de  M.  Hamy.si 
connu  par  ses  savants  travaux  ethnographiques,  une  charte  originale 
émanée  d'un  prince  gallois  mort  au  commencement  du  xiii*'  siècle.  Ce 
prince  est  Madauc,  fils  de  Mailgun  :  Madauc  vab  Maelgun,  comme  écrit  le 
Brut  y  tywysogion  ;  il  fut  pendu  en  Angleterre  dans  le  courant  de  l'an- 
eée  1 2 1 2  > .  L'objet  de  ce  document  est  une  donation  à  l'abbaye  de 
Cumhyr  ou  Cwm  Hir^  comme  l'écrit  l'éditeur  du  Brut  y  tywysogion. 

Cette  charte  est  écrite  sur  parchemin  et  scellée  en  cire  jaune  sur  double 
queue.  Elle  porte  à  la  Bibliothèque  Nationale^  département  des  manus- 
crits, le  n"  39  [  des  nouvelles  acquisitions  latines.  L'écriture  paraît  du 
commencement  du  xiii''  siècle  et  le  sceau,  où  est  représenté  un  cavalier 
avec  casque  et  écu,  brandissant  une  épée,  semble  appartenir  à  la  fin  du 
xïi«  siècle. 

H.  D'ARBOIS  de  JUBAINVILLE. 

Cunctis  Xpisti  MeWhus  tâm  presentibu^  quam  futuris  Madauc,  fiWus 
Mailgun. salutem  et  pacem.  Noverit  univ^rsitas  v^5/ra  me  co/zcessisse  mo- 
nachis  de  Cumhyr,  Deo  et  béate  Marie  ibidem  servientibu5,  atque  in  per- 
petuam  elemosinam  dédisse  tfrramqued/c/fur  Brinecroisin  cunctis  finibu5 
et  omnimodis  pertinentiis  suis  ;  terram  quoqu^  que  d/c//ur  Cayrwetun  si- 
militer  plenarie  in  cunctis  fmibus  suis  ;  similiter  etiam  terram  que  vocatur 
Maysecrocur  in  cunctis  pertinentiis  et  utilitatibus  suis  in  bosco  et  piano, 
in  pratis  et  aquis  in  silvis  et  campis  atque  om/iimodis  utilitatibus  suis.  Has 
itaque  jam  dictas  terras  in  terminis  suis  et  infra  circumquaque  in  perpetuam 
donationem  ab  omni  exactione  et  servitio  seculari  libéras  et  quietas  supra- 

I.  Edition  donnée  par  John  Williams  Ab  Ithel  dans  la  collection  du  Mattre  des  Rôles, 
p.  272. 

1 .  Cwm  Hir  veut  dire  la  «  combe  longue  »  ou  la  «  vallée  longue  i>.  Comparez  le  nom 
de  Haute-Combe  porté  autrefois  par  une  abbaye  du  diocèse  de  Genève.  Cf.  Thurneysen, 
Kelto  romanischcSf  p.  $  5  • 


Mélanges.  87 

dictis  monachis  concessi  et  dedi  et  multis  coram  astantibi/i  eandem  dona- 
tionem  cum  optimatibu^  meis  sic  juram^/ito  co/zfirmavi,  ut,  quisquis  huic 
donation!  contraire  ye\  illam  quoquo  modo  p^rturbare  deinceps  pr^sump- 
serit,  ab  omn\  t^rra,  que  mee  ditioni  subjaceat,  extraneu^  et  exheredatu^ 
fîat,  donec  illam  in  pace  prrfatis  monachis  dimittat.  Similit^r  et  optimates 
coram  multis  juraveru/it  se  nu/zquam  passuros  cujuslibet  sup^r  se  prin- 
cipis  dommium,  sed  ab  ommbus  respuendum  et  relinquendum,  si  aliquam 
calu/npniam  sup^r  his  terris  inferre  presumpserit,  r\is\  eas  in  pace  dimiserit 
etcum  monachis  custodierit.  Histestibu^:  domino  Maredud,  filio  Robmi; 
Trahayarn,  filio  Grifut  Weleu  ;  Grifino,  Ulio  Heylin  ;  Joruerth,  filio 
Meyraun,  cum  multis  aliis.  Datu/n  litterarum  per  manum  domini  Riredi, 
abbatis,  mense  maio. 


LE  MÈTRE  IRLANDAIS  RINNARD, 

La  préface  du  Félire  d'Oengus  énumère  trois  formes  du  mètre,  dit 
Rinnard  :  1 .  rinnarddd  n-ardj  2.  rinnardtri  n-ard,  3.  rinnard  cethri  n-ard. 
Ces  termes  ont  été  expliqués  de  différente  manière.  L'éditeur  du  poème, 
M.  Stokes,  avait  pris  ard  pour  équivalent  de  «  allitération  »  '.  M.  Atkîn- 
son  a  démontré  que  cette  explication  n'est  pas  admissible  '  ;  il  traduit  les 
divers  noms  du  mètre  par  «  consonance  of  ihe  final  words  in  the  (two, 
three  or  four)  lines  of  the  stanza  )>, désignant  par  cette  expression  Tasso- 
nance  des  deux  dernières  syllabes  des  vers,  comme  le  montre  son 
exemple  du  Rinnard  tri  n-ard  : 

Re  si!  dalach  doine 
toided  in  ri  remain 
luid  fo  recht  n-ard  n-erail 
crist  i  kalaind  enair. 

M.  Stokes^  objecte  avec  raison  que  dans  ce  cas  le  second  exemple  du 
Rinnard  celhri  n-nard,  cité  dans  la  préface,  resterait  inexpliqué.  Il  pense 
donc,  que  ard  désigne  l'assonance  dissyllabique  de  deux  mots,  soit  à  la 
fin,  soit  dans  l'intérieur  des  vers.  Mais  son  explication  est  quelque  peu 
artificielle,  puisque  souvent  le  même  mot  devrait  compter  deux  fois  pour 
l'assonance;  elle  est  même  inacceptable,  puisqu'il  faudrait  admettre  des 
assonances  telles  que  Temrach  :  ferainn  qui  sont  impossibles  dans  la  poésie 

1 .  Calendar  of  Oengus,  p.  1 2  ;  Rev.  Celt.  V,  353. 

2.  On  Irish  MetriCy  p.  10. 

3.  V.  Rev,  CelU  VI,  274. 


88  Mélanges. 

du  X®  siècle,  une  consonne  palatale  (-'/i/i)  ne  rimant  pas  avec  une  non- 
palatale  i'^ch).  Je  crois  M.  Atkinson  plus  près  du  vrai  que  M.  Stokes; 
mais  avant  d'entrer  dans  la  question^  récapitulons  les  règles  principales 
du  Rinnard. 

Chaque  strophe  a  quatre  vers;  chaque  vers  a  six  syllabes,  dont 
Tavant-dernière  est  accentuée  et  dont  la  dernière  est  atone.  Le  2®  et  le 
4^  vers  sont  liés  par  une  assonance  finale  de  deux  syllabes.  J'omets 
l'allitération  et  quelques  autres  ornements  facultatifs  de  la  versification 
(Stokes,  Cal,  oj  Oeng.^  p.  13).  Mais  il  y  a  encore  une  règle  ou  plutôt 
deux  règles  dont  le  rapport  mutuel  n'a  pas  été  signalé  jusqu'ici  et  qui 
portent  sur  le  dernier  mot  du  troisième  vers. 

I.  Une  assonance  dissyllabique  peut  avoir  lieu  entre  le  dernier  mot  du 
troisième  vers  et  un  mot  quelconque  dans  l'intérieur  du  quatrième,  par 
ex.  prol.  19,  20  : 

cain  popul  QoVMgdaih 
in  xigrad  imrordus. 

M.  Stokes  a  relevé  ce  fait  et  en  a  donné  une  série  d'exemples^ Ca/.  0/ 
Oeng,,  p.  1 3  s.,  Rev.  Celt.y  V,  354  s.  ;  mais  il  faut  y  ajouter  une  autre 
règle,  inséparable  de  celle-ci. 

II.  Dans  toutes  les  strophes  où  manque  cette  assonance  intérieure,  il 
doit  y  avoir  une  assonance  de  la  syllabe  finale  et  atone  du  troisième  vers 
avec  les  syllabes  finales  des  deuxième  et  quatrième  vers  ;  p.  ex.  : 

prol.  2j  ss.  Domrorbaî  domtheti 

clam  triamuin  irogsa 
iartimnaib  indrig^â 
rith  roraith  inslogsa. 

On  sait  que  pour  les  finales  atones  c'est  le  timbre  de  la  consonne 
finale  qui  détermine  l'assonance.  Ainsi  -id  forme  une  rime  parfaite  avec 
-aid  et  -uid^  mais  non  pas  avec  -ad  et  -ed  (plus  tard  -eadh)  ;  d'autre 
part  ces  deux  derniers  riment  très  bien  entre  eux.  Si  le  mot  se  termine 
par  une  voyelle,  -e  rime  aussi  bien  avec  -i  qu'avec  -a,  et  -a  rime  avec 
-u.  Les  rimes  vocaliques  sont  donc  les  plus  faciles  et  ils  abondent  dans 
le  Félire, 

Cette  seconde  loi  est  observée  sans  exception  par  tout  le  poème  ' 

I.  Il  y  a  un  vers  fautif,  mais  facile  à  corriger,  dans  l'épilogue  :  435.  rosoera  acurpu 
ronoenia  ananmain.  Il  faut  transposer  les  mots  :  acurpu  rosoera  ronoema  ananmain. 


Mélanges.  89 

jusqu'au  vers  455  de  l'épilogue.  C'est  le  vers  où  commence  la  longue 
prière  dont  chaque  strophe  a  la  forme  :  Romsôera^  a  Isa  ...,  amail  soer- 
soi  ...K  Elle  a  sans  doute  été  intercalée  par  un  poète  postérieur.  Le 
mètre  régulier  reparaît  avec  les  deux  dernières  strophes^  au  v.  557. 

Cette  assonance  du  troisième  vers  peut  s'étendre  sur  Tavant-dernière 
syllabe  comme  dans  l'exemple  cité  par  M.  Atkinson  (v.  plus  haut).  C'est 
un  ornement  facultatif. 

III.  Le  premier  vers  de  la  strophe,  lui  aussi^  peut  participer  à  l'asso- 
nance des  finales  atones  ;  par  exemple  : 

janv.  28  :  Lahaccobran  uainni  29.  Anepscoip  roraidiui 
pais  ocht  nuag  conani  ronsnadat  d'undiiius 

gabsat  buaid  condirgi  hipolitus  paului 

sluag  mor  mtsonani.  gillas  constant//iuf. 

Mais  ce  n'est  pas  une  règle  obligatoire. 

Quelquefois  même  le  premier  et  le  troisième  vers  sont  liés  entre  eux 
par  une  assonance  dissyllabique^  p.  ex. 

aoftt  6  :  Sistàn  epscop  ruamach 

rucc  suas  skiWitznamach 
la  mochua  cil  baadach. 
ôchluain  dolcain  dalach. 

Je  pense  qu'après  l'exposition  de  ces  règles  l'explication  des  trois 
formes  du  Rinnard  ne  fait  plus  aucune  difficulté.  Le  mot  ard  doit  dési- 
gner l'assonance  de  la  dernière  syllabe  ou  bien  cette  syllabe  assonante 
elle-même.  Le  Rinnard  dà  n-ard  est  notre  cas  I,  où  il  n'y  a  assonance 
qu'entre  deux  mots  finals  \\t  R.  tri  n-ard  correspond  à  notre  règle  II, 
le  R.  cethri  n-ard  au  n""  III.  Voici  les  exemples  cités  dans  la  préface  du 
F  aire  : 

I.  Rinnard  dà  n-ard, 

Diarmait  maith  mac  cerbail 
can  aige  ctnUicc 
nirochluini  mârlech 
SLeirUch  atiraite. 

II.  Rinnard  tri  n-ard  : 

Fland  tendalach  temrach  Re  si\  dàlach  doine 

I.  R£9,  CcU,  v,  99. 


90 


Mélanges. 


tendri  fotia  Urainn 
otha  anall  domuini/n  > 
isi  achiand  dog^^^inn. 

m.  Rinnard  cethri  n-ard  : 

Lassar  greine  âin  e 
apstoi  erenn  uaige 
patraic  cumeit  mil; 
rop  ditiu  diiTlTuaige. 


toided  inri  remain 
luid  forecht  ard  erail 
crist  ikallainn^/idir. 


Aed  ordn\g[Xh]t  0  bai  g 
for  fiaith  banba  b\[a]idig 
coich  isferr  imioiaid 
ina  ectoir  ailig. 


Reste  le  deuxième  exemple  du  Rinnard  dâ  n-ard  qui  ne  s'accorde  pas 
bien  avec  le  premier  : 

For  Kl.  mis  marta 
nit  mordai  ïmnguide 
senan  moinenn  moisi 
dauid  chille  muine 

Evidemment  cet  exemple  appartient  à  la  classe  du  Rinnard  tri  n-ard. 
Il  est  vrai  qu'il  n'est  pas  absolument  faux  comme  exemple  du  R.  dà 
n-ard ^  puisque  une  strophe  à  trois  assonances  est  toujours  en  même 
temps  une  strophe  à  deux  assonances;  mais  il  semble  mal  choisi  >. 

Toutes  les  trois  formes  du  Rinnard^  Mael-Isu  les  a  réunies  dans  les 
trois  strophes  de  son  hymne  [Goidelica^^  p.  174]  : 

Rinnard  cethri  n-ard  :    Inspirut  noeb  immunn 

innunn  ocus  ocunn 
inspirut  nôçb  chue  u  m 
tœt  achrist  cohopunn. 
Inspirut  nôeb  daittreb 
arcuirp  is^rnanma 
diàTsnddud  cosolma 
argdW  iTgalra. 
Ardemnaib  arpheccdaib 
arilfern  conilulct 
ai  su  Tonnâeba 
ronsôera  àospirut. 

lena,  septembre  1885. 

R.  THURNEYSEN. 


Rinnard  tri  n-ard 


Rinnard  dà  n-ard 


1.  M.  Stokeslit:  co-Muinim. 

2.  Dans  la  plupart  des  strophes  l'assonance  finale  porte  non  seulement  sur  la  dernière 
voyelle  et  sur  la  consonne  finale,  mais  encore  sur  la  consonne  qui  précède  la  voyelle.  Tel 
n'est  pas  le  cas  du  troisième  vers  de  notre  strophe,  Vs  de  moisi  ne  pouvant  rimer  avec  le 
d  {dh)dt  guide  tt  \'n  de  muine.  Voilà  peut-être  la  cause  pourquoi  cette  strophe  est  citée 
parmi  celles  à  deux  assonances. 


Mélanges,  91 

LA  PUISSANCE  PATERNELLE  SUR  LE  FILS 
EN  DROIT  IRLANDAIS'. 

a  Fils  de  père  vivant  ^  »  est  une  expression  juridique  qu'on  rencontre 
plusieurs  fois  dans  le  Senchus  Môr.  Le  fils  du  père  vivant  est  au  nombre 
des  incapables. 

Dans  l'introduction  du  Senchus  Môr^  on  lit  :  «  Le  respect  de  chacun 
cf  pour  les  contrats  avantageux  et  pour  les  contrats  désavantageux  em- 
«  pêche  le  monde  de  tomber  en  démence  ;  cependant,  il  y  a  cinq  con- 
(i  trats  qui  sont  dissous  chez  les  Fêné  (c'est-à-dire  en  droit  irlandais) 
V  malgré  les  engagements  :  contrat  formé  par  esclave  sans  son  maitre, 
«  contrat  par  moine  sans  son  abbé,  contrat  par  fils  de  père  vivant,  mais 
«  sans  son  père;  contrat  soit  par  fou,  soit  par  folle  ;  contrat  par  femme 
«c  sans  son  mari  3.  » 

Dans  le  texte  proprement  dit  du  Senchus  Môr,  nous  trouvons  d'abord 
le  passage  suivant  :  «  Est  sujet  à  opposition  tout  fuidir  (sorte  de  serf), 
«  tout  bothach  ^littéralement  habitant  d*une  cabane) ,  tout  jeune  homme 
a  confié  à  un  tuteur,  tant  que  la  tutelle  n'est  pas  terminée  ;  tout  élève, 
«  pendant  le  temps  où  il  est  dans  la  dépendance  de  son  maître  ;  tout  fils 
a  de  père  vivant,  car  son  contrat  n'est  pas  libre  ;  toute  femme  sur  la- 
«  quelle  est  tête  de  conseil  4.  » 

On  remarquera  que  dans  ce  second  document,  plus  ancien  que  le  pre- 
mier, il  n'est  pas  question  de  moine,  et  la  femme  mariée  est  remplacée 
par  la  femme  «  sur  laquelle  est  tête  de  conseil,  »  formule  qui  paraît  se 
rapporter  à  une  institution  analogue  à  la  tutelle  perpétuelle  des  femmes 
en  droit  romain  et  en  droit  germanique. 

Plus  loin  le  Senchus  Môr  s'exprime  ainsi  :  «  Sot  est  quiconque  traite 
G  comme  acheteur  avec  fils  de  père  vivant  en  l'absence  du  père,  sans  ordre 
«  [du  père],  sans  ratification  [par  le  père].  Ratifie  qui  ne  signifie  pas  oppo- 
«  sition  et  ne  repousse  pas  [le  contrat]  après  connaissance,  le  pouvante  » 

1.  Une  édition  de  cet  article  a  déjà  paru  dans  la  Nouvelle  revue  historique  de  droit  fran- 
çais et  étranger,  t.  IX,  p.  466.  Mais  cette  édition  est  moins  complète  que  celle  que  nous 
donnons  ici. 

2.  Mac  beo-athar. 

).  Astad  caich  in  -a-sochar  ocus  in>a-dochar  argair  bailiuth  inbetha.  acht  na  cuic  curu 
ata  taithmechta  la  Feine  cia  ro-nasatar  :  cor  moga  cen  a  flaith,  cor  manaig  cen  apaid, 
cor  metc  beo-athar  cen  athair  n-oca,  cor  druith  no  mire,  cor  mna  sech  a  ceili.  Ancient 
laws  0/  Ireland,  t.  I,  p.  \o,  52. 

4.  Is  urograig  gach  fuidir,  gach  bothach,  gach  dalta  co  diailtre,  cach  felmac  in- 
aimsir  daire  do  fithidir,  gach  mac  beo  athur  nad  bi-saor  a-chor,  nach  ben  for-sam-be 
cenn  comuirle.  Ancient  laws  of  ireland   t.  Il,  p.  2S8. 

5.  Baeth  cach  crecas  fi'i  mac  mbeo  athar  i  n-ecnaire  a  athar  cen  forngaire,  cen  aititin. 
Atdaim  na  foeige,  nad  inarban  iar  fis,  focumac.  Ancient  laws  0/  Ireland,  t.  III,  p.  8. 


92  Mélanges. 

Le  droit  du  père  est  absolu^  il  n'y  a  pas  à  distinguer  entre  le  contrat 
avantageux  et  le  contrat  désavantageux,  l'un  et  l'autre  est  nul  quand 
manque  le  concours  du  père,  qui  peut  intervenir  soit  sous  forme  d'autori- 
sation préalable,  soit  par  une  ratification  postérieure,  formelle  ou 
tacite  > . 

Cependant,  il  y  a  une  circonstance  où  la  capacité  du  fils  augmente. 
Quand  le  fils  prend  son  père  à  sa  charge,  il  améliore  sa  propre  situation 
au  point  de  vue  juridique,  car  alors  les  contrats  qu'il  conclut  sont  vala- 
bles s'ils  sont  avantageux,  et  le  père  qui  ne  veut  pas  respecter  les  con- 
trats formés  par  le  fils  doit  prouver  qu'ils  sont  désavantageux. 

Le  fils  qui  a  son  père  à  sa  charge  s'appelle  en  vieil  irlandais  mac  gor, 
celui  qui  ne  soutient  pas  son  père  s'appelle  mac  ingor.  En  général,  l'acte 
d'entretenir  les  personnes  majeures  qui  ne  peuvent  se  suffire  s'appelle 
goire.  On  trouve  cette  expression  dans  un  des  plus  anciens  documents 
irlandais  qui  nous  soient  parvenus.  Je  veux  parler  des  gloses  du  saint 
Paul  de  Wurzbourg,  conservés  par  un  ms.  du  ix«  siècle,  mais  anté- 
rieures comme  rédaction  à  cette  date  paléographique.  Il  y  est  question 
des  veuves  dont  la  communauté  chrétienne  prenait  la  charge  ;  l'acte  de 
charité  pratiqué  par  la  communauté  chrétienne  est  deux  fois  appelé  par 
le  glossateur  goire.  Il  désigne  par  le  même  mot  les  soins  qu'une  fille  doit 
à  ses  parents  >.  Quant  à  l'adjectif  gor,  d'où  goire  dérive,  on  n'en  a  encore 
signalé  qu'un  seul  exemple  dans  un  document  remontant  paléographi- 
quement  au  ix^  siècle;  on  l'a  trouvé  au  comparatif  goiriu,  glosant  le 
magis  pius  de  Priscien  dans  le  ms.  904  de  Saint-Gall  K 

Ces  explications  étant  données  sur  le  sens  des  mots  mac  gor  et  mac 
ingor ^  nous  pouvons  passer  au  texte  du  Senchus  Môr  : 

«  Le  mac  gor  fait  valablement  opposition  à  tout  contrat  désavantageux 
«  conclu  par  son  père  *,  il  ne  peut  faire  opposition  au  contrat  avanta- 
<c  geux.  Le  père  a  le  même  droit  envers  le  mac  gor.  Il  s'oppose  vala- 
«  blement  à  tout  contrat  désavantageux,  il  ne  peut  s'opposer  au  contrat 
«  avantageux.  » 

a  La  règle  est  tout  autre  quand  il  s'agit  du  mac  ingor.  Celui-ci  ne  peut 
a  faire  opposition  ni  au  contrat  avantageux  ni  au  contrat  désavantageux 
«  conclu  par  le  père.  Le  père  a  envers  le  mac  ingor  des  droits  bien  dif- 


1 .  Cette  incapacité  suit  dans  la  procédure  le  fils  de  père  vivant.  Etant  a  écoir  nadma  • 
{Ancient  laws  of  Irelandy  t.  I,  p.  84,  ligne  28)  il  ne  peut  saisir  (t.  I,  p.  86,  ligne  8)  ;  de 
même  qu'il  ne  peut  être  saisi.  Il  y  a  réciprocité  en  cette  matière  :  «  ni  tobuing  nech  for 
na  tobungar  t  (t.  1,  p.  86,  note  i  ;  Supplément  à  O'Reilly,  p.  714,  col.  i,  ligne  i.) 

2.  I.  Ad  Timotheum,  V,  1,9,  16.  Zimmer,  Clossét  hibemica,  p.  174,  17$. 

3.  Ascoli,  Codice  Irlandae  dtW  Ambrosiana^  t.  V  p.  41,  glose  10  de  la  page  40  b 
du  manuscrit  original . 


Mélanges.  93 

«  férents  ;  il  annule  tout  contrat  désavantageux  et  tout  contrat  avanta- 
ge geux  conclu  par  le  mac  ingor,  mais  il  faut  qu'il  fasse  opposition  de 
«  telle  façon  que  cette  opposition  soit  connue  de  tout  le  monde.  Il  peut 
«  reprendre  les  biens  de  son  fils  en  quelque  endroit  qu'ils  se  trouvent  ; 
«  il  est  propriétaire  du  prix  que  son  fils  a  reçu  en  cas  de  vente,  ou  de 
«  l'objet  donné  à  son  fils  en  contre-étrange  '  par  qui  que  ce  soit.  Voilà 
«  pourquoi  on  dit  :  Ne  vends  rien  à  incapable,  n'achète  rien  de  lui. 
«  N'achète  ni  d'idiot,  ni  de  femme,  ni  de  prisonnier,  ni  d'esclave  mâle 
a  ou  femelle,  ni  de  moine,  ni  de  fils  de  père  vivant  >.  » 

La  rédaction  de  la  partie  du  Senchus  Màr^  qui  contient  ce  passage), 
a,  comme  l'introduction,  subi  dans  une  large  mesure  l'influence  ecclé- 
siastique. Voilà  pourquoi  le  moine  reparait  dans  la  liste  d'incapables  que 
ce  troisième  passage  renferme,  tandis  qu'il  n'est  pas  question  du  moine 
dans  la  nomenclature  plus  ancienne  que  comprend  notre  seconde  cita- 
tion. Mais  du  reste  le  principe  énoncé  dans  cette  troisième  citation  n'est 
en  rien  nouveau. 

Quand  le  fils  avait-il  son  père  à  sa  charge  ?  En  principe,  les  vieillards 
sont  à  la  charge  de  la  famille.  La  famille,  fine  y  se  compose  de  tous  les 
parents,  non  seulement  en  ligne  directe,  mais  en  ligne  collatérale  jusqu'au 
quatrième  degré,  qui  se  calcule  comme  en  droit  canonique.  La  parenté 
par  les  femmes  ne  joue  qu'un  rôle  accessoire.  Ordinairement  on  ne  tient 
compte  que  de  la  parenté  par  les  hommes,  et  la  charge  des  vieillards  in- 
combe à  ceux  qui  héritent,  ou  qui  profitent  du  droit  lucratif  analogue  au 
wehrgeld  germanique.  Passé  le  quatrième  degré,  on  sort  de  la  fine  et  on 
ne  peut  en  général  élever  de  prétention  m  sur  l'héritage  ni  sur  le  droit 
analogue  au  wehrgeld,  et  réciproquement  on  n'est  pas  responsable  des 
crimes  commis  par  les  parents  au  delà  du  quatrième  degré  4.  De  même, 
passé  le  quatrième  degré,  l'obligation  de  prendre  soin  des  vieillards  dis- 

1 .  Un  seul  mot,  frithfola,  représente  dans  le  texte  irlandais  et  le  prix  de  vente  et 
l'objet  donné  en  contre-échange.  Le  plus  vieux  droit  irlandais  ne  connitt  pas  Targent 
monnayé. 

2.  imfuich  mac  gorcach  n-dochur  im  a  athair,  n-imfuich  cach  sochur...  Isamlaidin  t- 
athair  fri-sin  mac  n-gor  :  imfuich  cach  n-dochur,  n-imfuich  cach  sochur.  Nimta  in  mac 
ingor  :  n-imfuich -side  nach  sochur  no  nsch  dochur  di-a  athair.  Nimtha  int-athair  fri-sin 
mac  n- ingor  :  dointa-side  cach  n-dochur  ocus  cach  sochur  di-a  mac,  mad  forfoccra  curu 
a  meic  co  fiastar  cach.  It  dilsi  do  seoit  a  meic,  cip  airm  in-a-tair  ;  nach  frithfola  friu, 
cia  me  a  mac  sum  ar  cach,  it  dilsi  ;  is  de  asberar:  «  Ni  rit,  ni  cria  fri  dodamna.  Ni 
cria  do  baeth  filit  la  Peine,  do  mnai,  do  cimid,  do  mug,  do  cumail,  do  manach,  do  mac 
beo-athar.   .  ».  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  III,  p.  $6,  58. 

3.  EUe  est  intitulée  Corus  Becsna,  c'est  une  sorte  de  supplément  ;  elle  occupe  les  pages 
1-79  du  tome  1  II  des  Ancient  laws  of  Ireland, 

4.  Accepimus  ab  arbitris,  qui  dicuntur  jndices  seculares,  a  quibus  accepimus  jure 
consuetudinario,  quod  omnes  deberent  condempnari  usque  ad  quartam  generacionem  non 
lolum  in  recta  linea  sed  eciam  in  collateralibus  ;  sed  dico  me  esse  excusatum,  cum  jus 
meum  non  dbponit  de  damnatione  alicujus  nisi  saltem  delinquentis.  —  Déclaration  éma- 


94  Mélanges. 

paraît.  Mais  au  quatrième  degré  et  au-dessous,  cette  obligation  n'existe 
pour  les  collatéraux  qu'à  défaut  d'eniants  >. 

Cette  obligation  pour  le  fils  ne  souffre  pas  d'exception,  si  le  père  est 
malade  ou  tombé  en  état  d'imbécillité.  Mais  si  le  père  quoique  vieux  est 
resté  valide,  l'obligation  de  l'entretenir  n'existe  pas  pour  le  fils  en  cer- 
tains cas.  Par  exemple  :  un  père  a  donné  à  chacun  de  ses  enfants  une 
portion  de  son  bien,  mais  il  a  exclu  un  fils  de  cette  libéralité  ;  ce  fils  ne 
peut  être  obligé  de  contribuer  à  l'entretien  du  père.  Le  père,  par  sa 
faute,  a  perdu  sa  fortune  :  il  a  commis  un  crime,  et  a  dû  payer  des  dom- 
mages-intérêts qui  ont  absorbé  sa  fortune  ;  ses  enfants  ne  peuvent  être 
contraints  de  le  prendre  à  leur  charge  ;  il  en  serait  autrement  si  le  crime 
avait  été  commis  par  un  parent  et  si  la  ruine  du  père  était  la  conséquence 
de  la  responsabilité  des  membres  de  la  famille.  Le  père  a  donné  son  fils 
en  servage  à  un  chef  :  le  fils  n*est  pas  obligé  de  prendre  son  père  à  sa 
charge  >.  Bien  entendu,  ces  règles  ne  s'appliquent  point  quand  le  père 
est  malade  ou  tombé  en  état  d'imbécillité. 

On  voit  par  là  dans  quelles  circonstances  le  fils  entretient  son  père, 
reçoit  le  titre  de  mac  gor  et,  par  conséquent,  échappe  à  l'incapacité  or- 
dinaire du  fils  de  père  vivant. 

Une  des  règles  que  nous  venons  d'énoncer  nous  fait  connaître  un  des 
droits  du  père,  c'est  de  donner  son  fils  en  servage  à  un  chef.  Le  mot  que 
j'ai  rendu  par  servage,  —  esclave  ne  serait  pas  le  mot  propre,  —  est 
daire^  plus  anciennement  d6ire.,Lt  dôer,  littéralement  malus  homoy  s'op- 
pose au  sôety  littéralement  bonus  homo  ;  c'est  un  homme  de  condition  in- 
férieure :  son  état  s'appelle  dâire.  Il  a  reçu  un  cheptel  qui  le  met  dans  la 
dépendance  d'un  chef,  et  il  ne  peut  reprendre  sa  liberté  en  restituant  le 
cheptel,  parce  qu'outre  le  cheptel,  le  chef  a  payé  le  prix  de  l'honneur  de 
son  subordonné  :  ici  c'est  le  père  qui  a  reçu  ce  prix. 

Un  autre  droit  du  père  est  énoncé  de  la  façon  suivante  :  «  L'associa- 
«  tion  qui  existe  entre  l'élève  et  le  maître  qui  a  l'élève  en  pension  chez 
«  lui  produit  les  effets  que  voici jugement,  preuve  et  témoignage 

née  du  brehon  James  O'Scingin,  en  1 571.  Chez  Gilbert,  Pacsimiles  oj  national  manuscripts 
of  Irelandy  partie  IV,  fascicule  i ,  planche  xvi. 

1.  Imfuich  cach  curud  a-comfocuis  mad  earaneastor  a  dntu...  eu  n-iardraige  gaire 
adruidleact  finntiu.  «  Chacun  peut  attaquer  les  contrats  de  son  parent,  quand  il  est  res- 
c  ponsable  de  ses  crimes...  et  quand  il  doit  contribuer  à  l'entretien  des  vieillards  qui  est 
d  une  charge  de  la  propriété  de  la  famille  i>  {Ancient  laws  of  Irelandy  t.  Il,  p.  282).  Le 
père  en  premier  lieu  est  responsable  de  son  fils.  C'est  à  défaut  du  père  que  la  responsa- 
bilité passe  aux  frères  et  aux  cousins  du  coupable:  a-chin  for  athatr.  Is  a-suidiu  i-na  bi 
athair,  teit  a-chin  for  a-brathair  ocus  a-defbfine  (Ancient  laws  of  Irdand,  t.  IV,  p.  240). 
Voilà  pourquoi  le  frère  et  le  cousin  n'ont  la  charge  du  vieillard  qu'au  défaut  des  nls. 

2.  Mac  di-a  tabuir  aithir  sain-miscuis  ;  mac  fo-n-aguib  aithir  çinorba  ;  mac  fo-n-asabh 
a  aithir  i  n-daire  do  flaith.  Comparez  la  glose  {Ancient  laws  of  Ireiand,  t.  III,  p.  6a). 


Mélanges.  95 

«  appartiennent  au  maître  sur  l'élève,  comme  au  père  sur  le  fils,  comme 
«  à  l'église  sur  le  moine  >.  ».  Ainsi  le  père  est  juge  de  son  fils. 

Ces  textes  irlandais  peuvent  être  rapprochés  d'un  passage  bien  connu 
des  Institutes  de  Gaius,  1.  I,  §  55  :  Fere  enim  nulli sunt homines qui  talem 
infiUos  habent  poiestaiem  qualem  nos  habemus...  nec  me  prêtent  Galatorum 
gentem  credere  in  potesîaîe  parenîum  liberosesse.  La  puissance  paternelle  en 
Irlande  paraît  ressemblera  celte  qui  existait  chez  les  Galates  suivant  Gaius. 

Comme  en  droit  romain,  cette  puissance  pouvait  se  terminer  par 
l'émancipation.  Le  fils  émancipé  s'appelle  en  irlandais  saer^leicthe,  mot 
composé  dont  le  sens  littéral  est  «  laissé  libre  >  ». 

Le  droit  irlandais  connaît  une  sorte  d'adoption.  Quand  les  enfants  ne 
veulent  pas  prendre  à  leur  charge  leur  vieux  père,  celui-ci  peut  s'adresser 
à  un  parent  ou  même  à  un  étranger  qui  prend  alors  le  titre  de  «  fils  de 
protection  »,  mac  foesma.  Celui-ci  hérite  au  détriment  des  enfants  ^ 
pourvu  que  le  reste  de  la  famille,  c'est-à-dire  que  l'ensemble  des  parents 
jusqu'au  quatrième  degré  ait  approuvé  l'acte  intervenu  entre  le  vieillard 
et  \e  mac  foesma^.  L'approbation  des  parents  fait  entrer  le  mac  foesma 
dans  la  famille  ou  fine.  Il  y  entre  à  titre  de  ce  que  l'on  appelle  fine  tac- 
cuir  a  famille  ou  parenté  de  réception  (  » . 

Mais  le  fils  adoptif  n'est  pas  sujet  à  la  puissance  paternelle  ;  dans  ses 
rapports  avec  l'adoptant,  il  ne  peut  être  assimilé  qu'au  mac  gor.  Le  père 
et  le  mac  gor  ont  le  droit  réciproque  d'annulation  des  contrats  désavan- 
tageux ;  mais  ce  droit  n'a  rien  à  voir  avec  la  puissance  paternelle .  Ce 
droit  appartient  à  tous  les  parents  jusqu'au  quatrième  degré  (calculé 
suivant  le  système  canonique),  c'est-à-dire  à  tous  les  membres  de  la 
famille  ou  fine^.  Il  est  la  conséquence  de  la  responsabilité  réciproque  des 

1 .  Breithemnus  ocus  imdenam  ocus  fisdnaise  don  oite  forcetail  for  in  dalta,  ocus  don 
athair  for  a  inac,ociis  don  celais  for  a  manach  {Ancient  lams  0/  Inland^  t.  Il,  p.  348). 
—  Vnrî  in  uxores  sicuti  in  liberos  vitae  necisque  habent  potestatem  (Qesar,  De  btùo  gai- 
licOf  1.  Vf,  c.  19,  fi  )).  —  L'usage  de  mettre  les  enfants  en  pension  chez  un  mattre  ex- 
plique le  passade  de  César,  ibtd,^  1.  VI,  c.  18,  Ç  )  :  Suos  liberos,  nisi  cum  adoleverunt, 
Ht  munus  militiae  sustinere  possint,  palam  se  adiré  non  patiuntur.  Les  droits  du  mattre 
ou  père  nourricier  sont  l'objet  d'un  livre  du  Senchus  Môr  Ce  livre  est  intitulé  Gain  iar- 
raith  (Ancient  laws  of  Ireland,  1. 11,  p.  146  et  suiv.). 

2.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  (2  :  Il  vaudrait  mieux  écrire  sàer-Uicthe. 

).  Focetrd  a  athair  mac  ingor  a  horba,  ocus  foceird  a  orba  fri  nech  dogni  a  gaire,  co 
raib  log  fir  de,  muna  dena  a  mac  a  gaire,  acht  mad  athair  anfoltach  {Ancient  laws  of  Ire- 
Uud,  t.  III,  p.  52). 

4.  Ni  techta  nach  foessam,  ar  na  tegat  ratha  fine,  ocus  nad  fomgara  aige  fine;  ar  di- 
chenglaiter  cach  cor  cen  raith  fine  la  Feine  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  206  ;  pour 
la  glose  voir  au  bas  de  la  page  suivante). 

(.  Fine-taccnir  is-sede  do-m-berat  cuir  bel  a  foessam  ;  ni  cobrannaide  dan  iinteda, 
acht  ni  i  fuisedar  cuir  bel  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  284;  voir  la  glose 
p.  288). 

6.  Imn-s-fuichfineimânetur,  imu-s-fiiichet,  imu-s-cuitcet,  imu-s-cobratar,  imu-s-cum- 
taiget  fine  {Ancient  laws  of  Ireland,  t.  II.  p.  280};  •  Réciproquement  la  famille  les  at- 


96  Mélanges. 

membres  de  la  famille  quand  un  d'entre  eux  commet  un  crime  ou  un  délit  et 
qu'il  y  a  lieu  à  payer  des  dommages-intérêts  >.  H.  D'A.  de  J. 


GLOSES  IRLANDAISES  DU   PSAUTIER  DE  SAINT  CAIMIN 

Un  fragment  du  psautier  dit  de  saint  Caimin  appartient  aux  Francis- 
cains de  Dublin.  On  a  cru  autrefois  que  ce  document  datait  du  vue  siècle, 
il  est  établi  qu'il  n'est  pas  antérieur  au  xr.  Il  contient  quelques  gloses 
irlandaises.  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  comte  Nigra,  j'ai  pu  en  donner 
cinq  dans  le  tome  xlvi  (1885)  de  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartes^ 
p.  ^45.  Les  voici  : 

F'^  I  r®  :  .i.  cai/ztech  (gl.  :  eligiaco  meiro}. 

F°  4  r°  :  agulum  .i.  binmén  (coagulum  compositum  a  con  et  agulum 
v^/agelocogilatum). —  Foeside  (gl.  coagulatum  estsicut  lac  cor  eorum .  ) 

F°  5  r»  :  bagair  (gl.  paulo  minus). 

F''  5  v°  :  ciacruth  igl.  quomodo-. 

Quatre  autres  gloses  du  même  ms.  me  sont  signalées  gracieusement 
par  M.  Whitley  Stokes  et  je  m'empresse  de  les  faire  connaître  : 

F"  1  r"  stairscribnid  libuir  historiarum  isintib  ata  fuidell  scél  indrechto 
(gl.  Joseph[us]  hautem  refert  in  libris  ap/aioXoyiaç  hune  psalmum). 

Fo  5  V*  forbe  (gl.  consummalioni). 

F"  3  r°  portio  .i.  ainm  errannais  nech  de  phurt  coitchent. 

F**  6  v°  inmâr  (gl.  usquequaque^  ^. 

Un  fac-simile  de  quelques  lignes  de  ce  manuscrit  a  été  donné  dans 
l'intéressante  et  utile  publication  de  M.  J.-T.  Gilbert  :  Fac-similés  of  na- 
tional mss,  of  Ireland,  t.  iv,  seconde  partie,  appendix,  planche  xxi,  avec 
une  notice  dans  le  même  volume,  p.  cxii  ^cf.  édition  in-8,  p.  353)^  Le 
psaume  dont  il  s'agit  est  le  i  iS**  delà  Vulgate  :  Beati  immaculati .  Le  texte 
latin  :  Josephus  autem  refert  in  libris  aç/aioXoy 'aç,  est  emprunté  au  Brevia- 
rium  inpsalmos,  attribué  autrefois  à  saint  Jérôme  (Migne,  Patrologialatina, 
t.  xxvi,  col.  1 187.  C.).  Le  savant  irlandais,  qui  rendait  àpyratoXoYi'a  par 
fuidell  scél  indrechto,  «  reste  d'histoires  du  droit  »,  n'avait  pas  lu  dans 
l'original  u  les  antiquités  judaïques  »  de  Josèphe  H.  d'A.  de  J. 

tt  taque  ;  les  parents  les  soutiennent  en  qualité  de  conjuratores ,  leur  viennent  en  aide, 
«  les  protègent  »  (comparez  ce  qui  précède,  p.  278,  et  ce  qui  suit,  p.  282  du  t.  Il  des 
Ancient  laws  of  Irelandj . 

1.  Ancient  laws  of  ireland^  t.  IV,  p.  240  et  suivantes.  Comparez  la  note  4  de  la  p.  93, 
ci-dessus. 

2.  Humiliatus  sum  usquequaque.  Domine. 

5.  Comparez  la  notice  consacrée  à  ce  ms.   par  M.  Gilbert  :  Foutth  report   of  the 
commission  on  historical  manuscripts^  Part  I,  Report  and  appendix,  p.  6ot,  où  ce  ms. 
porte  le  n°  3  dans  le  catalogue  dressé  par  ce  savant  des  manuscrits  qui  appartiennent 
aux  Franciscains  de  Dublin,  1874. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Légendefl  chrétiennes  de  la  Bas  se -Bretagne,  par  P.-M.  Luzbl.  2  vol, 
10-12  de  XI-363  et  379  p.  Paris,  Maisonneuve,  1881.  —  Prix:  15  fr. 

Nous  n'avons  point  parlé  de  ce  livre  lors  de  son  apparition,  parce 
que  nous  espérions  que  M.  Reinhold  Kœhler,  Phomme  le  plus  versé  dans 
la  littérature  des  contes,  consentirait  à  se  charger  de  ce  soin.  Notre  es- 
poir n'ayant  pu  être  réalisé,  nous  venons  tardivement,  non  pas  aborder 
Tétude  de  cette  belle  collection, 'mais  dire  simplement  que  c'est  une  des 
publications  les  plus  importantes  qui  nous  soient  venues  de  la  Bretague 
et  une  des  plus  originales  parmi  les  collections  du  folk-lore  européen  de 
notre  temps.  Nous  ne  parlons  pas  de  son  intérêt  littéraire  et  en  quelque 
sorte  moral  :  le  témoignage  de  l'Académie  Française,  qui  lui  a  décerné 
un  des  prix  Montyon,  en  dit  assez  à  cet  égard. 

Avant  l'apparition  du  recueil  de  M .  Luzel,  on  avait  publié  peu  de 
contes  chrétiens  :  et,  surtout,  on  n'avait  pas  essayé  d'en  réunir  assez 
pour  former  un  ensemble.  On  en  trouvait  un  peu  partout  dans  les  recueils 
de  contes:  mais  la  France  à  cet  égard  était  particulièrement  pauvre. 
Comme  contes  chrétiens  recueillis  dans  le  peuple  en  France  avant 
M.  Luzel,  nous  ne  connaissons  que  quelques  contes  alsaciens  dans  VAl-- 
saiiade  M.  Stœber,  quelques  contes  basques  dans  le  recueil  de  M.  Cer- 
quand  et  quelques  légendes  agenaises  publiées  par  M.  Ad.  Magen  dans 
le  Recueil  des  travaux  de  la  Société  d'agriculture^  etc.^  d'Agen, 

Ce  qui  a  permis  à  M.  Luzel  de  faire  une  aussi  riche  collection,  c'est 
d'abord  le  zèle  persévérant  de  longues  années  de  recherches,  c'est  aussi 
et  surtout  l'atmosphère  religieuse  de  la  Basse-Bretagne,  où  se  sont  con- 
servées, aussi  fraîches  qu'au  premier  jour,  ces  fleurs  de  légende  flétries 
sûlleurs  au  vent  de  l'esprit  moderne.  La  Basse-Bretagne  est  un  de  ces 
rares  pays  où  l'on  peut  encore  se  représenter  l'état  intellectuel  et  moral 
du  moyen  âge,  au  temps  où,  pour  le  peuple,  la  religion  chrétienne  était 
dans  la  légende  plus  que  dans  le  dogme,  et  où  les  dieux  et  les  héros  du 
Rc9.  Celt.  VII.  7 


98  Bibliographie. 

christianisme,  le  Père  Eternel,  Jésus-Christ,  la  Vierge,  le  Diable  et  les 
Saints  étaient  partout  présents  dans  des  histoires  familières,  tragiques  ou 
facétieuses,  qui  formaient  comme  un  cours  de  religion  et  de  morale  pra- 
tique. La  plupart  des  légendes  qu'a  recueillies  M.  Luzel  se  retrouvent 
semblables  dans  la  littérature  du  moyen  âge  :  mais,  dans  cette  littérature 
du  moyen  âge,  elles  sont  mortes,  tandis  qu'elles  vivent  dans  le  livre  de 
M.  Luzel. 

Nous  devons  nous  borner  à  cette  caractéristique'générale  ;  car  il  y  au- 
rait trop  à  dire  si  nous  voulions  entrer  dans  le  détail  de  ces  légendes. 
On  en  trouvera  le  sommaire  plus  haut  (t.  V,  p.  ^03).  Dans  cet  ordre  du 
folk-lore,  M.  Luzel  a  ouvert  la  voie  à  nos  collecteurs,  et  dans  d'au- 
tres provinces  on  commence  maintenant  à  recueillir  les  légendes  chré- 
tiennes. Nous  doutons  qu'on  y  fasse  un  aussi  riche  butin,  et  du  reste 
nous  ne  voyons  pas  Tutilité'de  publier  toujours  les  mêmes  contes  quand 
on  les  rencontre  dans  une  province  non  explorée  encore.  Il  suffit  de 
dire,  comme  on  dit  dans  une  flore,  qu'on  a  rencontré  tel  conte  et  dans 
telle  variété. 

Ce  n'est  là  qu'une  partie  de  la  moisson  faite  par  M.  Luzel  en  Basse- 
Bretagne.  Il  a  été  un  des  premiers  en  France  à  recueillir  les  contes  po- 
pulaires, et  il  n'a  encore  donné  que  des  extraits  de  sa  collection.  Cela 
tient  à  ce  que  son  étendue  en  rendait  la  publication  difficile.  Mais 
M.  Luzel  a  enfin  trouvé  un  éditeur  intelligent,  M.  Ch.  Leclerc  (Maison- 
neuve)  qui,  dans  la  même  collection,  va  publier  le  recueil  en  trois  vo- 
lumes des  autres  contes  de  M.  Luzel.  Il  n'est  que  temps,  car  les  recueils 
de  contes  se  multiplient,  et  M.  Luzel,  qui  a  été  un  des  premiers  à  la 
peine,  ne  sera  plus  un  des  premiers  à  Thonneur.  Ce  nouveau  recueil  est 
en  ce  moment  en  cours  d*impression.  Nous  désirons  fort  que  M.  Luzel 
le  termine  par  ce  qui  manque  à  ses  Légendes  chrétiennes^  un  index  où  soient 
classé^  les  traits,  épisodes,  incidents,  personnages  et  aventures  épar- 
pillés dans  tous  ces  contes.  La  littérature  des  contes  est  aujourd'hui  tel- 
lement considérable  qu'on  ne  peut  exiger  d'un  érudit  qu'il  lise,  plume  en 
main,  tous  les  recueils  de  ce  genre  :  mais  un  index  comme  celui  que 
nous  demandons  permet  de  s'orienter  en  un  instant  et  de  trouver  dans 
un  recueil  de  contes  le  type,  l'incident  ou  le  trait  dont  on  s'occupe. 
Nous   savons   bien    qu'aucun  recueil  français    de  contes  n'a  encore 
paru  avec   un  index,  comme  ceux  qu'on  trouve  dans  plusieurs  re- 
cueils d'autres  pays.  Cela  prouve  seulement  que  nos  collecteurs  de  contes 
ne  se  faisaient  pas  une  idée  exacte  des  services  que  la  critique  attendait 
d'eux. 

H.  Gaidoz. 


Bibliographie .  c)g 

Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  F inistèrej  années  1883  et  1884, 
contient  deux  articles  de  M.  H.  de  la  Villemarqué  intitulés:  La  poésie 
bretonne  sous  Anne  de  Bretagne  (t,  X,  p.  13-32),  et  Textes  bretons  du 
moyen  âge  (t.  XI,  p.  50-59). 

Le  premier  est  une  charmante  causerie  en  même  temps  qu'un  chapitre 
instructif  de  rhistoire  littéraire  de  Bretagne.  L'auteur  tire  un  parti  fort 
ingénieux  d'un  livre  rarissime  de  la  Bibliothèque  Nationale,  An  Novellou 
ancien  ha  deuot^  réimpression  faite  en  1650  de  textes  qui  remontent  à 
l'époque  de  la  duchesse  Anne.  M.  de  la  V.  cite  à  ce  sujet,  p.  2 1 ,  un  Noël 
finissant  par  cette  strophe  : 

Hoz  bety  Mary,  deuotion 
Da  pidiff  Doue^  guir  Roue  an  Tron 
Euyt  Ytron  an  Bretonnet^ 
Nouel  e  quentel  don  gueiet. 

Il  traduit  ces  deux  derniers  vers  a  pour  la  Dame  des  Bretons  qui.  au 
temps  de  Noël,  est  à  nous  visiter  »  ;  et  il  ajoute  :  «  Cette  prière  remonte 
donc  évidemment  au  25  décembre  1505  ».  Mais  je  ne  crois  pas  que  ^'oue/ 
e  quentel  puisse  signifier  «  au  temps  de  Noël  ».  Le  vers  Nouel  e  quentel 
don  gueiet  est  un  refrain  qui  revient  au  bout  de  chaque  strophe  et  qui  ne 
se  rattache  pas  directement  à  ce  qui  précède  ;  il  doit  signifier  «  Noël  est 
arrivé  »,  littéralement  «  Noël  (est  venu)  pour  nous  voir  »,  cf.  Deomp... 
en  quentel  .„de  gueiet,  allons  le  voir.  Grand  Mystère  de  Jésus,  p.  227, 
col.  2;  so  duet  en  quentell  daz  gueiet,  (je)  suis  venu  te  voir^  ibid. ,  p.  183, 
me  a  ya  ,.  en  quentel  da  comps,  je  vais  parler,  ibid.^  p.  199,  etc.  Les 
deux  premiers  vers  de  la  première  pièce  qui  ouvre  le  recueil  de  Noëls 
cité  par  M.  de  la  Villemarqué  sont  encore  plus  concluants  ;  les  voici  : 

Nouel  Nouel  e  quentel  don  gueiet 

So  diliuzret  '  gant  doue  bon  guir  Roue  benniguet^ 

c'est-à-dire  «  Noël  !  Noël  pour  nous  voir  est  envoyé  par  Dieu,  notre  vrai 
roi  béni  ».  Us  sont  seuls  et  forment  une  sorte  de  refrain,  le  reste  du  can- 
tique étant  par  quatrains. 

L'autre  article  contient  une  des  pièces  des  Novelou  ancien  ha  deuot, 
avec  traduction  et  remarques  diverses.  Toutes  les  strophes^  sauf  la 
dixième  et  la  treizième,  sont  des  distiques,  quoique  disposées  en  quatre 
lignes.  La  septième  se  lit  ainsi  : 

Da  Jésu,  creff  en  pep  queffcr, 
i.  Lisez  dikuzrit. 


1 00  Bibliographie, 

Euel  hon  crouer  an  qiurchaff^ 
Dan  maro  han  beo  eff  eo  an  Roue, 
Ny  die  don  Doue  desaff  stouer. 

Le  poète  primitif  a  évidemment  écrit  ce  dernier  mot  stoueaff;  le  mot 
précédent  était  sans  doute  diuoe,  et  querchaff  doit  se  lire  querhaff.  Mais 
l'expression  en  pep  queffer  veut  dire  «  à  tous  égards,  de  toute  façon  »,  et 
n'a  pas  besoin  d'être  corrigée  :  on  la  retrouve  dans  le  Grand  Mystère  de 
Jésus,  196  b,  Sainte  Nonne,  v.  1425,  etc.,  cf.  le  synonyme  pep  queffer, 
Poèmes  bretons,  77,  et  l'expression  en  nep  quefver,  bien  rendue  par  «  de 
quelque  manière  »,  Gr,  Myst.  de  Jésus,  2S  b ;  nep  queuer, sous  aucun  rap- 
port, Sainte  N.,  v.  i486. 

M.  de  la  V.  nous  promet,  p.  51,  de  continuer  cette  réédition  des 
Novelou;  ce  sera  un  nouveau  service  qu'il  rendra  à  la  science  du  breton 
moyen,  pour  laquelle  il  a  déjà  fait  plus  que  personne. 

Emile  Ernault. 


CELTIC   DECLENSION. 

Sous  ce  litre,  M.  Whiiley  Siokes  vient  de  publier  dans  les  Mémoires 
de  la  Philological  Society  un  travail  des  plus  importants  qui  se  divise  en 
quatre  parties  : 

La  déclinaison  en  vieil  irlandais  (p.  1-34).  —  La  déclinaison  bretonne 
(p.  34-41J.  —  Les  inscriptions  en  vieux  celtique,  y  compris  les  textes 
ogamiques  (p.  42-76).  —  La  déclinaison  en  vieux  celtique  (p.  77-105). 

Bien  que  l'étude  de  la  déclinaison  celtique  fasse  l'unité  de  cette  œuvre 
magistrale,  l'auteur  a  eu  l'occasion  d'y  donner  son  avis  sur  une  foule  de 
points  qui  touchent  soit  à  l'interprétation  des  plus  anciens  documents 
celtiques,  soit  à  la  phonétique,  à  la  conjugaison  et  à  l'étymologie.  Il  n'est 
pas  besoin  de  faire  ressortir,  dans  cette  Revue  l'intérêt  qu'offre  un  plan 
si  judicieux  et  si  vaste^  traité  par  un  savant  si  autorisé;  il  suffit  de  si- 
gnaler cette  bonne  nouvelle  à  nos  lecteurs. 

Je  présenterai  seulement  une  remarque  :  M.  Stokes  admet  assez  sou- 
vent, avec  M.  Rhys,  que  des  substantifs  bretons  d'un  usage  courant 
viennent  d'un  autre  cas  que  le  nominatif.  Je  crois,  comme  M.  d'Arbois 
de  Jubainvitle,  que  le  fait  a  lieu  uniquement  dans  certaines  locutions  où 
un  cas  oblique  a  été  pétrifié,  et  qui  sont  restées  à  l'état  d'expressions  ad- 
verbiales. Voici,  parmi  les  mots  gallois  auxquels  M.  Stokes  donne  cette 
origine,  quelques-uns  de  ceux  qui  se  retrouvent  en  breton  de  France. 

Gall.  menechi  «  moines  »  =  irlandais  manchu,  accusatif  pluriel,  latin 


Bibliographie.  loi 

monachôs  (p.  )5).  —  Le  seul  vrai  pluriel  de  mynach  me  semble  étrem^^- 
neich  =  breton  menec^h,  du  lat.  monachi.  Le  pluriel  gallois  menechi  est 
proprement  un  collectif  identique  au  breton  menec^hi,  minic'hi  a  enclos 
de  moines  »  (cf.  D.  Le  Pelletier),  «  asile  »,  du  lat.  monachia,  voy.  Car- 
tulaire  de  Landévennec,  i6  et  21.  Cette  forme  celtisée  a  donné  lieu  au 
mot  haut-breton  minhy  {CathoUcon],  elle  a  même  été  relaiinisée  en  mini" 
chya  [ibid.].  Une  pareille  adaptation  n'a  rien  qui  doive  surprendre, 
puisqu'on  lit,  dans  la  petite  édition  du  Catholicon^  Bibliothèque  nationale 
X  1429  -f-  +  A  b,  après  le  mot  cite:  «  Ciuy  g.  'fraises,  latine  hoc  ci- 
uium  uii  ».  L'auteur  de  ce  latin  fantaisiste  concevait  évidemment  son 
breton  ciuy  «  fraises  »  comme  un  collectif,  en  quoi  il  n'avait  peut-être 
pas  tort;  ce  mot  et  l'irlandais  suibh  a  fraisier»  (0'  Reilly)  se  concilieraient 
au  moyen  d'une  forme  *  subion,  cf.  Rev,  celt,,  V,  127  et  VI,  391.  Quoi 
qu'il  en  soit,  on.  peut  mettre  en  regard  de  menec'h  et  minic'hi  le  pluriel 
vannetais  meistr^  mistr  «  maîtres  »,  du  latin  magistfiy  à  côté  de  la  forme 
des  autres  dialectes  armoricains  mistriy  gall.  meisîri  «  maîtres  »^  dont  le 
correspondant  comique  meysîry^  mestry^  avait  gardé  le  sens  abstrait 
«  puissance  »,  du  lat.  magisterium ;  cf.  comique  servysy  a  serviteurs  » 
du  latin  servitium;  je  suppose  que  la  désinence  de  mestrysy  »  maîtres»  est 
due  à  l'analogie  de  ce  mot  servysy ,  qui  exprime  une  idée  corrélative. 

Gall.  undod  a  unité  »,  =  irl.  ôintaith,  cas  oblique,  le  nominatif  singu- 
lier est  ôintu  (p.  40).  —  Le  suffixe  breton  ^det^  -ded,  en  gall.  -dod,  est 
expliqué  avec  plus  de  vraisemblance,  Rev.  celt.^  III,  226,  par  la  forme 
du  nominatif  bas-latin  -tltis.  Si  le  vieil  irlandais  trindôit  «  trinité  »  est, 
comme  il  semble  bien,  venu  du  latin  par  l'intermédiaire  d'une  pronon- 
ciation bretonne,  son  passage  à  la  déclinaison  en  7  (Celtic  declension,  17) 
s'explique  naturellement  par  la  ressemblance  du  nominatif  *  îrinddtis  avec 
lenominatif  -Is  des  thèmes  féminins  en  I  [cf.  ibid,  ,15). 

Gall.  mis  «  mois  »  =  irl.  mis  ou  m75-n,  datif  ou  accusatif  singulier  de 
ml  Ip.  41).  Le  rapport  du  bret.  mis  à  l'irl.  m'i  est  plutôt  identique  à 
celui  du  lat.  mensis  au  grec  [xi^v,  éolien  \kti^  \  le  suffixe  du  pluriel  gal- 
lois misoedd  semble  un  indice  de  ce  thème  en  /,  cf.  Celt,  deci,^  37. 

Gall.  elin  «  coude  »  =  irl.  uilinn  ou  uilinn-n,  dat.  ou  ace.  sing.  de 
aille  (p.  40).  —  L'irl.  uille  répond  au  grec  u)Xr,v;  le  breton  ilin  rappelle 
mieux  le  grec  (oXévT),  lat.  ulna. 

Gall.  troed  «  pied  »  =  irl.  îraigid,  cas  oblique  de  îraig  (p.  40).  —  Le 
pluriel  breton  treit,  comique  treys,  =  *  tragefi,  ce  qui  indique  un  thème 
en  0;  le  sing.  bret.  troad  «  pied  »  semble  représenter  un  mot  vieux  cel- 
tique ^trag-etos  «  coureur  »  qui  est  à  peu  près  à  l'irl.  traig  =  *trages 
comme  épicertf;  est  à  serpens,  comme  le  grec  moderne  oépo/raç  est  au 


102  Bibliographie. 

grec  ancien  (pcpcov,  comme  le  gaulois  *carantoSy  latinisé  en  Carantus  (cf. 
Dottin,  Bulletin  de  la  Société  de  Linguistique  de  PariSj  n*^  27,  p.  xiii)  est 
à  *  carans  =  irl.  cara,  bret.  car  «  ami  »,  plur.  nom.  *  tarantes  =  irl. 
carait. 

Gall.  maes  a  champ  »  =  *  mag's^  de  *  magesos^  irl.  ma/g^^  génitif,  ou 
*ma^esi,  irl.  mj/g,  datif  de  magos,  irl.  mag,  gall.  ma  (p.  41),  sanscrit 
mfl/ïfl5  (p.  27).  —  Cette  dérivation  aurait  pour  analogue  l'étymologie 
donnée  Et,  gram.,  19,  pour  le  bret.  c^houes  «  sueur  n,  gall.  chwys^ 
=  *svid^s^  de  *svidoSy  gr.  îSoç,  lat.  5u^or.  Mais  Vs  de  c'touM  peut  s'ex- 
pliquer comme  celui  de  kreis  a  milieu  »,  =  ^cridy-y  Rev.  celt.,  VI,  390  ; 
le  bret.  c'houezan  «  je  sue  »,  gall.  chwysaf^  ==  sanscrit  svldyâmi,  cf.  gr. 
IBm,  Quant  au  gall.  maes,  bret.  et  corn,  mèsy  il  peut  se  rattacher  soit  à 
un  nominatif  gaulois  *  max,  allié  au  grec  fi.7jxoç,  comme  le  latin  plebs  au 
grec  wXvjOoç,  soit  à  un  dérivé  commençant  par  "^mag-s-  ou  *mac-s,  La 
première  de  ces  hypothèses  est  rendue  assez  vraisemblable  par  la  pa- 
renté du  V.  irl.  immach  a  foras  »  aujourd'hui  amach,  avec  le  gall.  imaes, 
corn,  yn  mis,  bret.  e  mes;  ces  expressions  signifieraient  proprement  «  au 
large  »,  et.  le  gall.  ymaith  «  en  route  »,  de  maith  «  large  »,  racine fn^c.^ 
Comparez  à  im-mach,  où  mach  doit  être  à  l'accusatif,  Tirl.  mâcha 
«  plaine  »,  machaire  «  Tempe  »,  Irisclie  Texte ^  I,  67$.  Magies,  cité  par 
la  Gramm,  celt^,,  p.  4,  note,  peut  être  un  compromis  analogique  entre 
mag  et  mais,  maes;  c'est  ainsi  que  le  moyen  breton  doen  «  porter  »  (cor- 
nique  doen,  gall.  dwyn=  * duc-n-)  perdu,  autant  que  j'ai  pu  le  constater, 
dans  tous  les  dialectes  armoricains,  sauf  celui  de  Batz  [Loire  Inférieure) 
a  été  remplacé  par  dougen,  produit  du  mélange  de  doen  avec  doug-^  ra- 
dical courant  du  verbe. 

Le  gall.  ugain  «  vingt  »,  bret.  ugent,  est  rapporté,  p.  40,  à  un  cas 
oblique  du  nom  de  nombre  déclinable  en  irlandais,  dont  le  nominatif  est 
fiche .  Cette  généralisation  ayant  eu  lieu  dans  [les  autres  langues  ario-eu- 
ropéennes,  comme  gr.  s'xocti,  lat.  viginti,  est  fort  admissible  en  breton  ; 
l'explication  différente,  par  un  dérivé,  proposée  p.  96,  ne  parait  ni 
exigée  par  la  phonétique,  ni  appuyée  par  aucun  mot  réel. 

La  forme  unique  du  nominatif  singulier  n'avait  pour  soutien  que  l'ac- 
cusatif singulier  dans  les  noms  neutres,  et  aussi  le  vocatif  singulier  dans 
plusieurs  autres  circonstances  ;  au  contraire  le  reste  du  singulier,  tout  le 
pluriel,  tout  le  duel  et  le  thème  gardé  par  les  dérivés  et  les  composés 
lui  faisaient  une  concurrence  redoutable.  La  victoire  du  nominatif  singu- 
lier breton  n'en  est  que  plus  éclatante.  L'excellent  traité  de  M.  Stokes 
permet  de  la  constater,  malgré  des  restrictions  sur  lesquelles  je  viens 
d'exprimer  mes  doutes.  Emile  Ernault. 


Bibliographie.  103 

Bgiifitff  rar  l'origine  du  nom  des  oommunes  dans  la  Tonraine,  le 
Vendomois  et  nne  partie  du  Danois,  par  M .  le  comte  de  Chaban,  an- 
den  conseiller  de  préfecture  d'Indre-et-Loire  et  de  la  Somme,  in-8,  xxxiv  et  263  pp. 
Paris,  Vieweg,  1885. 

M.  de  C.  a  voulu  exposer  la  méthode  étymologique  applicable  aux 
noms  de  lieu.  Il  donne  d'assez  nombreux  exemples  à  l'appui  de  sa  thèse. 
Mais  la  linguistique  parait  lui  être  absolument  étrangère.  Pour  l'auteur, 
les  lois  phoniques  n'existent  pas  ;  il  n'y  a  que  des  caprices  de  pronon- 
ciation; les  sourdes  et  les  sonores  s'échangent  sans  raisons. 

M.  de  C.  cite,  page  ^,  la  Grammatica  celtica.  S'il  avait  parcouru  at- 
tentivement le  livre  de  Zeuss,  il  n'aurait  certainement  pas  choisi  les 
formes  modernes  du  breton  pour  rendre  compte  d'anciens  noms  de  lieux. 
Il  est  vrai  qu'ainsi  il  lui  aurait  été  moins  facile  d'expliquer  Tours,  Tu- 
rones^  par  dour  «  eau  »  (vieux-breton  dubr),  Cher,  Cârus,  par  kaer 
«  beau  »  (v.-br.  cadr]^  Loire,  Liger^  parleur  «  sol  »  dont  Veu  repré- 
sente un  1  primitif,  cf.  l'irlandais  Idr, 

Enfin,  si  quelques  noms  latins  de  lieux  semblent  avoir  été  traduits  du 
français,  comme  Bonus  oculus,  Bonneuil,  il  ne  s'ensuit  pas  que  des  noms 
comme  SabiniacuSj  Campaniacus^  ne  s'expliquent  point  par  les  gentilices 
latins  Sabinius,  Campanius.  C'est  en  étudiant  les  chartes  qui  nous  ont  con- 
servé ces  noms  de  lieu,  que  nous  pourrons  arriver  à  savoir  si  la  forme 
latine  est  primitive  ou  si  elle  a  été  faite  sur  la  forme  française. 

Le  travail  de  M.  de  C.  montre  une  fois  de  plus  que  des  recherches 
patientes  et  consciencieuses  n'aboutissent  guère  quand  elles  ne  sont  pas 
dirigées  par  la  méthode  historique. 

G.  DOTTIN. 

L'INSCRIPTION  DU  GROSEAU. 

Aeria,  Recherches  sur  son  emplacement,  par  Tabbè  Ferdinand  Saurel, 
chanoine  honoraire  de  Montpellier.  Paris,  chez  Alphonse  Picard,  1885,  gr.  in-8,  viii- 
138  p.,  avec  2  cartes  et  }  planches. 

Prenant  pour  texte  cette  phrase  de  M.  Ernest  Desjardins  :  «  L'em- 
placement d'Aeria  n'a  pas  encore  été  déterminé  »,  l'auteur  de  ce  vo- 
lume s'est  donné  la  tâche  de  combler  cette  lacune.  Il  l'a  prise  fort  à 
cœur,  «  fouillant  avec  une  égale  intrépidité  les  terrains  et  les  livres  », 
rapportant  exactement  tous  les  textes,  exposant  consciencieusement 
toutes  les  solutions  contradictoires  données  jusqu'à  ce  jour  ;  et  enfin  il 
est  arrivé  à  cette  opinion,  que  l'ancienne  Aeria  était  probablement  a  sur 
la  montagne  de  Venteron,  vulgairement  appelée  Clairier,  entre  les  som- 
mets de  Bel-Air  et  d'Arfuyen,  à  environ  2,500  mètres  sud-ouest  de 


1 04  Bibliographie . 

Malaucène,  sur  la  limite  qui  sépare  le  territoire  de  cette  commune  de 
celui  du  Barroux  »  (p.  79].  Il  ne  m'appartient  pas  de  juger  les  nom- 
breux arguments  que  Tauteur  fait  valoir  en  faveur  de  cette  attribution. 
La  seule  critique  que  je  puisse  lui  faire,  et  qu'on  lui  a  déjà  faite  (pp.  vin, 
1  ^0)  c'est  que  les  étymologies  celtiques  sur  lesquelles  il  s'appuie  quel- 
quefois n'ont  aucune  valeur.  Je  n'insiste  pas,  parce  que  M.  l'abbé  Sau- 
rel  m'a  fait  savoir,  avec  la  plus  grande  loyauté,  qu'il  en  est  à  présent 
aussi  convaincu  que  moi.  Ce  ne  sont,  d'ailleurs,  que  quelques  passages 
à  sauter  (pp.  48,  51,  1 30-132). 

C'est  à  M.  l'abbé  Saurel  que  le  monde  savant  doit  la  connaissance  de 
plus  en  plus  approfondie  de  l'inscription  gauloise  du  Groseau.  Il  l'a  re- 
produite en  phototypie  et  dessinée,  Aeria,  pp.  97,  93.  La  Revue  archéo- 
logique^ 3«  série,  t.  IV,  juillet-décembre  1884,  p.  380,  en  donne  un  fac- 
similé  (cf.  ihidy^  p.  239)^  et  le  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
France,  3*  trimestre,  1884,  p.  188,  en  contient  un  dessin. 

Elle  a  été  déchiffrée  et  interprétée  de  diverses  façons.  M.  H.  de  Ville- 
fosse  l'a  lue  d'abord 

MIYG 
ÂIMIAK 
PACEAOÏB 
PATOYAE 
KANTENA 
puis 

AOYG 
AÏAKOC 
lAGEAOY 
[B]PATOYAE 
KANTENA 

[Revue  archéologique,  mai-juin  1884,  p.  371,  372;  juillet-décembre  1884, 
p.  237;  Bulletin  épigraphique y  t.  IV,  p.  341;  Aeria,  première  édition, 
p.  98,  99,  1 36*)  ;  ensuite  ce  savant  a  lu 

AOYG 

AIAKOG 

PAGEAOY 

[B]PATOYAE 

KANTENA 

(Bulletin  ...  des  Antiquaires  de  France,  troisième  trimestre,  1884,  p.  187; 
le  dessin  de  la  page  suivante  porte  cependant,  à  la  deuxième  ligne, 
AIAKOG). 


Bibliographie.  105 

M.  Mowat  a  proposé  de  lire 

ENEAOYC 

ÂlMIAKOC  ou  ÂlAAlAKOG 

EPAGEAOY  ou  BPACEAOr 

BPATOYAE 

KANTENA 

{Revue  Archéol.y  juillet-décembre  1884^  p.  2)8). 

M.  Allmer  a  lu  en  premier  lieu 

Aorc 

VAAIAKOC 
AACEAOr 

PATOTAE 
KANTENA 

Aeria,  p.  98),  puis 

ACYG 
NAAIAK[0C] 
[rjPACEAOY 
[BJPATOYAE 
KANTENA 

qu'il  transcrit  et  traduit  ainsi,  d'après  M.  Rochetin  :  ...  Xau;  ...  voXtvxoç 
rpaaeXou  ^pa-rouSs  xavxeva  ;  en  latin  . . .  Isys  . . .  naliacus  Craseli  posuit 
ou  dedicavit  libens;  c'est-à-dire  «...  Isys,  de  tel  endroit,  a-élevé  ou 
dédié  (cet  autel)  de-  Graselos  avec-  reconnaissance.  »  Graselos  serait 
l'ancienne  forme  du  nom  de  la  fontaine  du  Groseau  {Revue  épigraphique 
du  midi  de  la  France,  n'*  )3,  avril  1885,  p.  104,  105). 
M.  Rochetin  avait  traduit: 

c  Un-tel,  aux-nymphes  ou  aux-génies  du-Groseau,  solvit  votum  ». 

[Revue  Archéologique^  5*  série,  t.  V,  janvier-février  1885,  p.  1 1 1 ,  112; 
cf.  Aeria,  p.  1 36***,  où  il  y  a  au  génie  au  singulier). 

J'ai  examiné  cette  inscription  dans  le  Bulletin  mensuel  de  la  Faculté  des 
Lettres  de  Poitiers,  février  i88j,  p.  86-91  ;  j'y  proposais,  p.  87,  la  lec- 
ture suivante,  où  chaque  point  représente  une  lettre  qui  manque  : 

...  AOYC. 

.lAAlAKEO. 

MAGEAOYB 

PATOYAE 

KANTEAA. 


I  o6  Bibliographie. 

Je  complétais  et  traduisais  ainsi  :  . . .  Xouç  . .  iXXiotxco[c]  (AoureXou  ^touSc 
xavTeXa[v]  ;  en  latin  , . ,  lus  . .  illiaci-filius  posuit  ou  erexit  ex-decreto  [nom 
de  l'objet),  p.  87,  88,  90. 

« 

L'auteur  d'un  article  qui  a  paru  sans  signature  dans  la  revue  anglaise 
The  Academy  du  21  mars  1885,  p.  210,  col.  i,  adopte,  d'après  ma  lec- 
ture, le  texte  suivant  : 

:  :  AOÏC : 

.lAAIAKEO: 

MACEAOYB 

PATOTAE 

KANTEAA 

qu'il  transcrit  en  lettres  latines  [5â]/u5[o^]  Illiaceo[5]  maselu  bratude  can- 
teldy  et  qu'il  traduit,  sauf  le  dernier  mot,  pour  lui  un  accusatif  pluriel 
neutre  de  sens  obscur*.  Salusos  Illiaci-filius  posuit  ex-judicio. . . 

Dans  son  savant  traité  intitulé  Celiic  declension,  M.  Whîtley  Stokes 
adopte  la  même  lecture,  p.  5  j,  et  ajoute  :  «  That  is  :  ...  lous[os)  lllia- 
keo{s]  maselu  brâtude  cantela,  «...  lusos,  son  of  Illiâcos,  by  order  set 
(thèse)  cantela,  » 

Voici  maintenant  une  nouvelle  lecture,  qui  me  semble  la  plus  pro- 
bable : 

...  AOÏC 
.  lAAiAKOC 
MACEAOr 
[BJPATOYAE 
KANTENA 

On  ne  voit  que  la  seconde  moitié  du  M  à  la  troisième  ligne  ;  le  second 
N  de  la  dernière  ligne  est  couché,  ce  qui  le  fait  ressembler  à  un  A.  Les 
lettres  OC,  que  j'avais  prise  pour  EO,  à  la  fin  de  la  deuxième  ligne,  sont 
plus  petites  que  les  autres.  Il  n'y  a  que  la  place  du  B  de  BPATOYAE 
J'avais  cru  que  ce  B  se  trouvait  à  la  fin  de  la  ligne  précédente;  M.  Au- 
rès,  qui  a  une  grande  expérience  dans  tout  ce  qui  concerne  les  dimen- 
sions des  monuments  et  des  documents  épigraphiques  gaulois,  a  bien 
voulu  me  détromper  à  cet  égard  et  me  dire  qu'il  s'était  rencontré  avec 
moi  pour  la  leaure  KANTEAA,  que  je  ne  maintiens  pourtant  pas  ;  la 
forme  de  cette  lettre  N  est  seulement  une  particularité  à  noter. 

Je  traduirais  . . .  Xojc  .  iXXiaxoç  (AaasXou  pparou^e  xavreva  par  , , .  lus 
.  illiacus  posuit  ex-juditio  (nom  de  l'objet) . 


Bibliographie.  1 07 

Les  lectures  Xmic  et  XcXxoç,  en  elles-mêmes  tout  à  fait  invraisemblables, 
ne  me  paraissent  pas  confirmées  par  l'examen  du  moulage  en  plâtre  que 
je  dois  à  l'obligeance  de  M.  l'abbé  Saurel  et  de  M.  l'abbé  L.  Duchesne. 
Je  persiste  à  croire  que  Xouç  est  la  fin  d'un  nom  d'homme  de  la  décli- 
naison en  as  (comme  le  latin  manus),  La  terminaison  du  mot  suivant  laxoç 
semble  indiquer  un  ethnique  ;  comparez  la  fameuse  inscription  nautae 
Parisiaci^  et  surtout  le  texte  celtique  de  Nîmes,  découvert  en  1742,  qui 
porte  rAPl'AB[lA]lAAAN0YlAK02;  AAAE  MAÏPEBO  NAMAY21- 
KABO  BPATOYAE  (Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  inscriptions 
gauloises,  n<'  i). 

MounXou  est  évidemment  un  verbe,  de  même  terminaison  que  ieuru^ 
eiropou  «  fecit  B,  et  que  Karnitu,  traduit  par  «  congessit  »  dans  le  texte 
bilingue  de  Todi.  Quand  même  la  lecture  [rjPACEAOY  serait  possible 
(ce  qui  n'est  pas),  il  ne  serait  pas  permis  de  rendre  ce  mot  par  a  du 
Groseau  »,  attendu  que  les  Gaulois  n'avaient  pas  de  génitif  singulier  en 
oj;  celui  de  la  deuxième  déclinaison  était  en  /,  comme  en  latin.  La 
Grammatica  celtica^  deuxième  édition,  p.  2  ^4,  admet,  il  est  vrai,  que  les 
thèmes  celtiques  en  /  faisaient  leur  génitif  singulier  en  u  ;  Tarants,  dieu 
de  la  foudre  (breton  taran],  Taranu-cnos  «  fils  de  Taranis  ».  Mais  cette 
opinion  est  contredite  par  le  génitif  ogamique  Toranias,  etc.  (Wh. 
Stokes,  Celtic  declension^  7îi  78).  De  plus,  M.  Mowat  a  prouvé  l'exis- 
tence d'une  forme  Taranus,  thème  en  u,  comme  /l^xui,  dieu  de  la  guerre, 
comme  le  nom  propre  qui  commence  notre  inscription  du  Groseau  > ,  etc. 
Enfin  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  Le  cycle  mythologique  irlandais  et  la 
mythologie  celtique^  p.  379,  fait  remarquer  avec  raison  que  Taranucnos 
n'est  pas  un  composé  syntactique. 

Je  vais  plus  loin;  je  crois  que  ce  n'est  point  un  composé  du  tout,  mais 
bien  un  dérivé  ;  et  je  ne  suis  pas  sûr  qu'il  ait  un  sens  patronymique 
\ibid.,  p.  380)  :  les  inscriptions  Deo  Taranucno  peuvent  être  à  peu  près 
synonymes  de  Jovi  Taranuco,  où  taranuco  est  l'équivalent  celtique  du 
l^ùntonanti  [Rev.  celt,^  V,  385,  386).  Sans  doute  la  terminaison  cnos 
forme  des  patronymiques,  et  Trutikni  est  traduit  par  Drutif{ilii)  dans 
l'inscription  bilingue  de  Todi.  Mais  il  ne  s'ensuit  pas  que  cette  syllabe  é/205 
doive  contenir  en  elle-même  l'idée  de  a  fils  »,  comme  on  le  pense  géné- 
ralement (cf.  Wh.  Stokes,  Remarks  on  theceltic  additions  to  Curtius*  Greek 
Etymohgy,  2*  édition,  Calcutta,  187 5,. p.  16;  d'Arbois  de  Jubainville, 
ouvrage  cité,  p.  379).  En  effet,  M.  Wh.  Stokes  a  montré,  Rev,  celt.^V, 


i'  A  moins  que  ce  ne  soit  un  thème  consonantique,  cf.  Celtic  declcnsioaf  47. 


io8  Bibliographie. 

1 20,  121,  que  des  adjectifs  sont  parfaitement  aptes  à  jouer  en  gaulois  le 
r61e  de  patronymiques.  En  outre,  si  cnos  était  un  nom,  il  formerait  avec 
les  thèmes  en  o  des  composés  en  *  -o^nos^  ce  qui  n'a  pas  lieu.  La  raison 
pour  laquelle  ces  thèmes  font  -icnos  est,  je  crois,  que  ces  adjeaifs  patro- 
nymiques sont  dérivés  de  la  forme  plus  simple  -icos^  comme  Taranucnos 
de  Taranucos,  Les  Gaulois  donnaient  aux  thèmes  en  o  des  dérivés  en 
icos  beaucoup  plus  volontiers  qu'en  ocos;  en  cela  ils  étaient  d'accord  avec 
le  grec  :  Xo/o;,  Xoytxd;,  et  avec  le  latin  :  dominus,  dominicus.  Les  suffixes 
gaulois  icnos^  ucnos^  acnoSy  viennent  donc  de  icos^  ucoSy  acos,  et  devaient 
avoir  souvent  un  sens  diminutif.  Celicnon  «  une  tour  »,  dans  l'inscription 
gauloise  d'Alise,  n'a,  à  coup  sûr^  rien  de  patronymique;  c'est  peut-être 
un  diminutif.  La  terminaison  -icnos  a  donné  en  irlandais  tn  et  en  gallois 
yn,  suffixes  de  diminutifs  ;  cf.  gallois  et  breton  /c,  même  sens,  =  icos.  Le 
grec  avait  de  même  des  diminutifs  en  t^v-,  u/v-,  a/v-,  où  le  ^  vient  de 
x:  7coX(/vT),  petite  ville,  tt^tk/vov  et  TcÉTaxvov,  coupe  évasée,  etc.  (Curtius, 
Grundziige  der  griechischen  Etymologie^  5*  édit.,  p.  502;  cf.  Rhys,  Rev. 
celu^  II,  332).  Un  autre  suffixe  de  diminutif  fréquent  en  gaulois  est 
-agnos  =  V-  irl.  dn,  gall.  et  bret.  an  \Rev.  celt.,  VI,  325;  Wh.  Stokes, 
Zeitschrift  fiir  vergleichende  Sprachforschung,  Neue  Folge,  VIII,  i,  p.  80). 
Il  est  possible  qu'il  faille  diviser  de  même  -ag-nos;  cf.  Arvir-agus.   On 
peut  citer  l'analogie  des  formations  latines  comme  ficus  y  ficula,  ficu-l-nus  ; 
matu-rnSf  noctu~r-nus. 

M.  Wh.  Stokes  conjecture  [Celtic  declensiony  56)  que  dans  maselu  ma 
peut  être  un  préfixe  verbal  ^  védique  sma^  et  sel-  la  racine  =  «jtcXXw, 
allem.  stellen.  Si  l'on  admet  cette  décomposition,  on  peut  comparer  les 
mots  gallois  seilio  et  sylu,  fonder,  établir.  Quoi  qu'il  en  soit,  aa<T6Aou  est 
certainement  le  verbe.  S'il  ne  l'était  pas,  il  n'y  en  aurait  point  dans  la 
phrase,  car^parouBe  n'en  peut  pas  être  un. 

C'est  ce  que  prouvent  les  autres  inscriptions  celtiques  contenant  ce 
mot  ppoLTOuBs.  :  elles  ont  toutes  un  autre  mot  qui  est  incontestablement  un 
verbe,  $s$s,  et  qui  est  remplacé  dans  le  texte  du  Groseau  par  {xadCAou. 
Ces  inscriptions  sont  :  celle  de  Nîmes  citée  plus  haut,  qui  finit  par  8e$6 
ixarpe^^o  va;jLauffixaoo  ^paTou$e  ;  et  deux  autres  qui  sont  encore  plus  inté- 
ressantes, parce  qu'elles  contiennent  les  trois  mots  SeSc  ppaTou$e  xavTeva 
qui  reviennent  à  notre  texte,  fjiaieXou  j^patouSc  xavxeva.  L'une  vient  aussi 
de  Nîmes,  l'autre  a  été  trouvée  à  l'ermitage  de  Notre-Dame  de  Laval 
près  Collas  (Gard).  Cette  dernière  se  termine  par  Uh  ppatouSe  xavrev.. 
[Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  4' trimestre  1884,  p.  266 
267  ;  Bulletin  ^p/gr^pW^ue,  septembre-octobre   1884,  p.  25^).  L'autre 
inscription  de  Nîmes  est  ainsi  conçue  : 


Bibliographie.  109 

KACCI  TAAOC 
OYEPCI  KNOCA 
EAEBP  ATOYA 
EKANT  ENAAA 
MIEINO  Yl 

Il  y  a  peut-être  ensuite  un  second  I,  mais  ce  dernier  trait  est  moins 
marqué  que  les  autres.  M.  Al.  Bertrand  a  publié  une  lecture  de  cette 
inscription,  d'après  la  reproduction  qui  est  au  musée  de  Saint-Germain 
[Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France^  1876,  2*  trimestre,  p.  96). 
Grâce  à  l'obligeante  entremise  de  M.  P.  Ch.  Robert,  son  collègue  à 
l'Institut,  il  a  bien  voulu  me  transmettre  un  estampage  de  cette  repro- 
duction. D'un  autre  c6té,  M;  Aurès,  qui  a  étudié  très  soigneusement 
Poriginal  même,  au  musée  de  Nîmes,  m'a  communiqué  des  renseigne- 
ments précieux,  d'où  résulte  pour  moi  la  certitude  de  la  lecture  ci-dessus . 

BpaTou^  se  décompose  sans  aucun  doute  en  ppaTou-Se.  Le  thème 
bfâtu-y  qui  se  trouve  dans  le  nom  de  ville  Bratu-spantium  veut  dire  «  juge- 
ment »;  il  est  devenu  en  v.  irl.  bràthy  en  gall.  brawd^  jugement,  et  en 
breton  breut^  plaidoyer.  La  racine  est  b(h)er^  porter,  qui  a  fait  en  ct\- 
tique  irS/ui  comme  en  grec  ^op  a  fait  ^pcoruç,  nourriture,  comme  en  latin 
ster[nere]  a  fait  strâtu-m . 

Quant  à  -Se,  c'est,  je  crois,  un  suffixe  d'ablatif  comme  en  zend  dha, 
en  grec  6e,  Oev  (^avroSe,  TcàvroOev  «  undique  »),  en  latin  m^^=lvO<v  etc. 
M.  Wh.  Stokes  préfère  y  voir  une  postposition  identique  à  l'irl.  di^ 
latin  ie  (Celtic  declension^  53).  Mais  aucun  des  exemples  qu'il  cite  de 
postpositions  dans  les  idiomes  bretons  ne  me  semble  concluant .  Ce  sont  : 

Boeder  largy  boeder  larc^  1.  dapsilis,  g.  «  large  en  viande  »,  Catho- 
licon  (Rev,  celt,,  I,  398],  qui  serait  boed-er  larg;  je  crois  que  cela  si- 
gnifie proprement  a  bon  nourrisseur  »  ou  «  bon  nourricier  » . 

«  Tuhen  (leg.  lech-en)  uhel  (gl.  locus  alt[us]  in  quo)  »  dans  les  gloses 
bretonnes  publiées  par  M .  Thurneysen .  Celui-ci  interprète  tuhenuhel  par 
[a]  tu  hen  uhel  a  du  c6té  d'un  haut  ancêtre  »  en  faisant  se  rapporter  la 
glose  à  ordinati  a  Deo  et  ab  hominibus  (p.  109,  1 10);  hen  serait  le  subs- 
tantif gall.  heny  ancêtre.  Il  me  semble  que  hen  est  beaucoup  mieux  un 
adjectif,  et  que  tu  hen  uhel  peut  signifier  «  lignée  ancienne  et  noble  »,  et 
se  rapporter  à  l'idée  de  liberté  dans  le  passage  «  lib(er)tas  locus  alt[us] 
munit(us),  in  quo  natus  hic,  piro)  quo  tenet(ur)  lib(er)  »,  p.  99.  En 
tout  cas,  l'explication  par  lech-en-uhel  a  peu  de  chances  d'être  exacte  ; 
la  première  de  ces  gloses  bretonnes,  qui  se  rapporte,  je  crois,  à  homo 
juvenisy  est  hi-guolt  uchel  «  in  hohem  Haar  »  et  non  *  guoltenuchel. 

«  Corn,  cnes-en  (in  skin)  Meriasek,  3144  ».  Le  passage  est  ty  yy 


1 1  o  Bibliographie, 

sawjs  cler  ha  tek  knesen  hafays;  je  crois  qae  M.  Stokes  Ta  exactement 
rendu^  «  Thou  art  healed,  clear  and  fiair,  skîn  and  face  »  {Beunans  Me- 
riasek,..  London,  1872^  p.  183).  li  est  vrai  que  la  terminaison  en 
manque  à  ce  mot  dans  les  autres  exemples  cités  par  l'infatigable  savant, 
aux  Notes  et  aux  Further  Corrigenda  and  addenda;  mais  le  fait  n'a  pas 
grande  importance,  ce  suffixe  étant  des  plus  communs. 

Le  mot  xQtvTcva  est  un  accusatif,  probablement  au  pluriel  neutre  (cf. 
Celtlc  declension,  56,  77).  Il  doit  désigner  l'objet  construit  par  suite  d'un 
décret,  d'une  décision  du  peuple  ou  des  magistrats.  M.  Stokes  compare 
le  latin  cantus,  bande  d'une  roue,  qui  pourrait  être  d'origine  celtique  et 
venir  dç*camb''t0Sy  cf.Thumeysen,  KeltoromanischeSy  5  ) .  Jene  vois,  mal- 
heureusement, que  des  conjectures  incertaines  à  foire  sur  le  sens  et  même 
sur  la  division  etle  rôle  grammatical  des  syllabes  AAMlElNOri[l  ?]  qui, 
dans  l'inscription  de  Nîmes  citée  plus  haut,  suivent  le  même  mot  xavT6va, 
et  pourraient  aider  à  en  préciser  la  signification.       Emile  Ernault. 

I"  ortobrc  i88j. 

Etudes  comparati'ves  sur  le  grec,  le  latin  et  le  celtique,  par 

Emile  Ernault.  I.  La  voyelU  brhe  ou. 

La  brochure  dont  nous  avons  à  rendre  compte  est  un  tirage  à  part  du  Bul- 
letin mensuel  de  la  Faculté  des  Lettres  de  Poitiers.  M .  Ernault  s'adresse  donc  à 
un  cercle  de  lecteurs  plus  étendu  que  celui  des  celtistes  ou  des  linguistes 
de  profession  ;  aussi  ne  faut-il  pas  s'étonner  du  caractère  élémentaire 
que  conserve  généralement  son  exposition.  Le  nom  de  Tauteur  nous 
dispense  d'ajouter  que  ce  travail  témoigne  d'une  connaissance  exacte  des 
derniers  résultats  de  la  grammaire  comparée. 

Nous  souhaitons  que  cette  tentative  pour  faire  pénétrer  les  éléments 
de  la  linguistique,  et  même  de  la  philologie  proprement  celtique,  dans 
un  public  qui  jusqu'ici  s'en  était  trop  désintéressé,  soit  couronnée  de 
succès.  La  lecture  du  travail  de  M.  E.  montrera,  espérons-le,  à  quelques- 
uns  des  étudiants  de  Poitiers/ peut-être  même  à  d'autres  personnes,  les 
rapports  étroits  qui  unissent  les  langues  celtiques  aux  langues  clas- 
siques. C'est  là  le  but  qu'a  visé  M.  Ernault  :  le  grand  nombre  et  le  bon 
choix  des  rapprochements,  la  clarté  de  l'exposition  sont  bien  faits  pour 
porter  la  conviction  dans  l'esprit  de  tous  ses  lecteurs. 

Qu'il  nous  soit  permis,  en  terminant,  d'adresser  à  M.  E.  une  légère 
critique.  N'est-il  pas  téméraire  d'affirmer  aussi  nettement  qu'il  le  fait 
l'existence  d'une  «  unité  gréco-italico-celtique  P  »  De  tels  groupements 
sont  toujours  un  peu  arbitraires  :  celui-ci  nous  semble  particulièrement 
contestable.  Il  serait  plus  juste,  croyons-nous,  si  l'on  tient  à  réunir  en 
un  seul  groupe  plusieurs  familles  linguistiques,  de  ne  joindre  aux  langues 
celtiques  que  les  langues  de  l'Italie.  Le  grec  n'a  ni  plus  ni  moins  de  droits 
à  figurer  à  côté  de  l'irlandais  que  le  gothique  ou  le  slavon.     L.  Duvau. 


CHRONIQUE. 


I. 

Mon  savant  confrère  et  ami,  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  en  m'invitant  à  tenir 
les  lecteurs  de  la  Revue  celtlifae  au  courant  des  faits  archéologiques  qui  peuvent 
les  intéresser  en  ce  qui  touche  la  Gaule,  m'a  attribué  une  tâche  qui  n'est  pas 
sans  difficultés.  J'espère  que  les  chroniques  qui  suivront  celle-ci,  dans  les  li- 
vraisons à  venir,  seront  moins  imparfaites  ;  aujourd'hui,  je  tente  un  essai,  et  les 
premiers  pas  se  font  toujours  avec  une  certaine  hésitation.  Je  voudrais  résumer 
très  succinctement  ce  que  Ton  sait,  depuis  un  an,  des  découvertes  relatives  â 
rarchéologie  gauloise,  ainsi  que  les  travaux  éparpillés  dans  les  recueils  publiés 
â  Paris  et  daifs  les  départements,  voire  même  k  l'étranger.  Cette  recherche  était 
bien  plus  facile,  il  y  a  quelques  années,  lorsque  tout  ce  qui  se  rattachait  de  près 
et  de  loin  â  Tarchéologie  nationale  était  centralisé  par  la  Commission  de  la  To- 
pographie des  Gaules  ;  cette  Commission  était  en  rapports  constants  avec  tous 
ceux  qui  consacraient  leur  zèle  à  ce  genre  d'études.  Depuis  qu'elle  a  été  dis- 
soute, chacun  travaille  isolément,  et  Ton  a  grand'peine  à  savoir,  â  peu  près,  ce 
qui  se  fait  et  ce  qui  se  trouve. 

Commençons  par  la  Revue  archéologique.  Ce  recueil,  en  1 88$,  a  donné  le  der- 
nier article  de  la  série  publiée  par  M.  E.  Flouest  sur  deux  stèles  de  laraire; 
cette  étude,  tirée  à  part,  forme  une  brochure  considérable  et  touche  à  plusieurs 
points  de  mythologie  et  d'archéologie  ;  le  tirage  à  part  est  accompagné  de  nom- 
breux dessins  de  monuments  dont  plusieurs  étaient  jusque-là  inédits.  Je  ne  fais 
que  signaler  cette  brochure,  parce  qu'elle  mérite  d'être  l'objet  d'un  compte- 
rendu  spécial.  Même  observation  en  ce  qui  concerne  le  mémoire  de  M.  H. 
Gaidozsur  le  dieu  gaulois  du  Soleil  et  le  symbolisme  de  la  roue.  —  Dans  le  même 
recueil,  M.  Gaidoz,  à  propos  d'une  situle  trouvée  à  Bologne,  dans  un  tombeau 
étrusque,  mais  qui,  par  son  travail,  ne  semble  être  ni  étrusque  ni  italique,  ex- 
pose une  idée  sur  Vart  gaulois.  Les  derniers  travaux  de  M.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville  sur  l'Empire  gaulois  peuvent  corroborer  singulièrement  la  conjecture  de 
M.  Gaidoz  <  ;  du  reste^  ces  travaux  sont  peut-être  appelés  à  jeter  un  jour  ines- 

I.  Voir  aussi  le  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  i88(,  p.  182  et  suiv. 


112  Chronique, 

péré  sur  une  série  encore  mal  déterminée  de  monnaies  gauloises.  —  Le  rapport 
de  M.  G.  Bapst  sur  sa  mission  au  Caucase  et  sur  quelques  bronzes  du  Musée  de 
Tiflis  lui  fournit  l'occasion  de  contester  la  théorie  proposée  sur  l'origine  des 
races  aryennes  et  sur  l'existence  d'un  art  géométrique  qui  leur  aurait  été  propre 
et  dont  le  berceau  est  supposé  dans,  la  région  du  Caucase.  —  Le  baron  Jos'èph 
de  Baye  a  décrit  le  mobilier  d'une  Gauloise  dans  une  sépulture  fouillée  â  La 
Cheppe  (Marne).  —  Enfin  M.  A,  Braux,  traitant  de  la  céramique  des  nuraghes 
et  des  tombes  des  géants  en  Sardaigne,  conclut  que  l'on  est  en  présence  d'ob- 
jets antérieurs  à  l'arrivée  des  Phéniciens,  à  moins  qu'il  ne  faille  admettre  que  la 
civilisation  phénicienne  n'a  pas  pénétré  dans  cette  Ile. 

Il  est  peu  question  des  Gaulois  dans  la  Gazette  archéologique.  Nous  y  avons 
décrit  une  tète  d'homme,  ornée  d'un  torques,  conservée  au  Musée  de  Ek>logne, 
que  nous  croyons  représenter  un  Gaulois.  Elle  aurait  fait  partie  d'un  monument 
rappelant  le  séjour  des  bandes  gauloises  dans.cette  partie  de  l'Italie.  A  ce  sujet, 
il  est  i  propos  de  citer  une  observation  de  M.  Gozzadini  insérée  dans  le  t.  XIH, 
3«  série  des  Mémoires  de  V Académie deiLincei  (Cl.  des  se.  mor.^  hist.  et  philolog.). 
Ce  savant  y  décrit  deux  stèles  provenant  de  la  nécropole  de  Felsina,  sur  les- 
quelles on  voit  un  cavalier  combattant  un  guerrier  à  pied  ;  il  pense  qu'il  s'agit 
ici  d'une  lutte  entre  un  Etrusque  et  un  adversaire  qui  serait  un  Ombre  ou  un 
Gaulois  ;  écartant  la  première  hypothèse,  parce  que  le  sujet  de  la  scène  se  rap- 
porterait à  une  époque  trop  reculée  relativement  à  la  date  qu'il  est  permis  d'as- 
signer à  la  stèle,  M.  Gozzadini  penche  à  reconnaître  dans  le  guerrier  à  pied 
un  Gaulois  du  nombre  de  ceux  que  Ton  désignait  sous  le  nom  de  gésatts  ;  je 
dois  £aire  remarquer  que  le  casque  et  le  bouclier  du  fantassin  ne  paraissent  pas 
semblables  aux  armes  gauloises  que  les  monuments  nous  font  connaître. 

Signalons,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  Borda,  les  inscriptions  à  Mars 
Lehunnus  découvertes  à  Lasserre,  près  de  la  ville  d'Aire  ;  elles  ont  été  publiées 
par  M.  E.  Taillebois,  qui  pense  que  des  fouilles  feraient  retrouver  le  temple  du 
dieu,  sur  le  plateau  au  pied  duquel  ces  inscriptions  gisaient.  Mars  Lehunnus 
9ppartient  à  cette  nombreuse  Êimille  de  divinités  pyrénéennes  dont  M.  Sa- 
caze  s'est  spécialement  occupé  ;  dans  la  Revue  épigraphique^  il  a  commenté  quatre 
inscriptions  mentionnant  la  déesse  Lahe,  honorée  dans  la  région  de  Martres 
(Haute-Garonne)  ;  mais  il  a  rendu  un  vrai  service  en  publiant  dans  la  Revue  de 
Comminges  le  catalogue  des  dieux  pyrénéens  dont  il  a  pu  examiner  les  monu- 
ments :  Abelio,  Aereda,  Ageion,  Aherbelst,  Alar  ou  Alardoss,  Ande,  Arard^ 
Argas,  Arixon,  Arpeninus,  Artehs,  Asto  Ilunno,  Averan,  Baesert,  Baicorrix, 
BaioSy  Basce,  Beisiris,  Belisama,  Boccus  Harouson,  Borienn,  Daho,  Edelat, 
Ele,  Erge,  Exprcenn,  Fagus,  Fontes,  Gar  ou  Car,  Heraus  Corritseha,  Horo- 
lat,  Idiat,  Ilixon,  Ilumber,  Ilun,  Ilurbeirix,  Iluron,  Iscitt,  Lahe,  Larrazon, 
Leherenn,  Lelhunn  Montes,  Sex  Arbores,  Sutugius,  Tôle  Andossus  (Hercule), 
Venti,  Xuban.  Cet  inventaire  est  suivi  d'une  liste  de  26  noms  de  divinités  apo- 
cryphes provenant  surtout  de  textes  épigraphiques  mal  lus.  —  M.  Buhot  de 
KerserSy  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  du  Centre  (t.  XIII), 
fait  connaître  deux  autels,  découverts  à  Bourges,  portant  l'un  le  nom  de  Mars 


Chronique.  ii} 

Mogetius,  Taatre  celui  de  Mars  Rigisamus  qui  figure  aussi  sur  une  plaque  en 
bronze  trouvée  en  Angleterre.  —  La  Revue  ipigraphiqae  contient  un  mémoire 
de  M.  C.  Juliian  sur  des  inscriptions  antiques  de  la  vallée  de  THuveaune  (Var); 
nous  y  notons  Tautel  dédié  Matribus  Almahabus,  au  Plan  d'Aulps,  que  M.JuU 
iian  assimile  au  nom  d'un  lieu  appelé  Aimes,  en  984  et  1001  ;  et  l'inscription 
aux  Matribus  Ubelnabus^  mal  lue  jusqu'ici,  qu'il  propose  de  considérer  comme 
donnant  la  forme  ancienne  du  nom  de  THuveaune,  petit  ruisseau  prenant  sa 
source  dans  le  massif  de  la  Sainte- Baume  et  se  jetant  dans  la  Méditerranée  au 
aud  de  Marseille  ;  M.  Juliian  cite  encore  Mars  Giarinus  à  Orgnon  >.  —  Les  tra- 
vaux de  MM.  Taillebois,  Buhot  de  Kersers,  Sacaze  et  Juliian  prouvent  combien 
il  serait  utile  et  important  de  faire  un  recueil  critique  et  complet  des  divinités 
topiques  de  la  Gaule  ;  ce  Corpus  serait  une  source  abondante  de  précieux  rensei- 
gnements, surtout  s'il  était  accompagné  d'une  carte  sur  laquelle  on  indiquerait 
exactement  toutes  les  localités  dans  lesquelles  on  a  constaté  la  présence  de  mo- 
numents relatif  à  la  mythologie  gauloise. 

A  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  le  marquis  de  Ripert-Monclar  a  fait 
connaître  un  fragment  de  bas-relief  provenant  d'Entremont,  prés  d'Aix-en-Pro- 
vence,  qui  paraît  avoir  fait  partie  du  monument  signalé  par  Rouard  en  185 1. 
Il  y  a  un  intérêt  tout  particulier  attaché  à  ces  sculptures  représentant  des  tètes 
coupées.  Les  archéologues  ne  sont  pas  fixés  sur  leur  interprétation  ;  les  uns 
pensent  que  c'était  un  trophée  élevé  par  les  Gaulois,  vainqueurs  des  Ligures 
Salluvii  ;  d'autres  les  rapportent  aux  révoltes  des  Gaulois  méridionaux  contre 
les  Romains,  révoltes  arrivées  entre  les  victoires  de  Marins  et  l'invasion  d'Ario- 
viste.  —  Pendant  que  nous  parlons  de  sculptures,  nous  ne  devons  pas  passer 
sous  silence  un  groupe,  trouvé  près  de  Naix  (Meuse),  déposé  aujourd'hui  au 
Musée  de  Bar-le-Duc.  M.  Desjardins  propose  d'y  voir  une  représentation  de  la 
déesse  Nehalennia;  une  excellente  photogravure  de  ce  monument  a  été  donnée 
dans  le  Bulletin  du  Comité  des  Travaux  historiques  et  scientifiques  (section  d'ar- 
chéologie)}  avec  une  note  dans  laquelle  M.  Max-Werly  relate  toutes  les  cir- 
constances de  la  découverte. 

Disons  un  mot  de  la  numismatique  qui,  depuis  quelques  années,  est  étudiée 
avec  une  critique  plus  sérieuse.  Jadis  on  était  convaincu  que  les  monnaies  gau- 
loises les  plus  barbares  étaient  les  plus  anciennes  ;  on  voulait,  dans  les  nombreux 
noms  d'hommes  gravés  sur  ces  modestes  monuments,  retrouver  ceux  de  person- 
nages historiques  ;  on  croyait  pouvoir  attribuer  à  chacun  des  peuples  mentionnés 
par  les  textes  une  série  spéc'ale.  Aujourd'hui  on|renonce  à  ces  tâtonnements.  A 
mesure  que  l'histoire  de  la  Gaule  s'éclaire  progressivement^  on  cherche,  non  pas 
à  ranger  les  monnaies  gauloises  suivant  un  système  historique  préconçu,  mais  à 
les  faire  servir  comme  des  textes  ou  des  inscriptions,  si  rares  les  uns  et  les  au- 
tres, à  la  reconstitution  de  notre  histoire  nationale  ;  on  essaye  à  les  dater  par 

I.  Mentionnons  aussi  le  dieu  Pipius  signalé  à  Vallauris  par  M.  Tabbé  Thédenat  {Buir 
Utin  de  la  Soc.  des  Ant.  de  Fr.,  p.  168),  et  dans  le  même  recueil  la  discussion  entre 
MM.  d'Arbois  de  Jubainville  et  Gaidoz  sur  le  dieu  Lug. 

R«v.  Cclt.  VU  8 


114  Chronique, 

la  comparaison  avec  les  types  étrangers  qui  leur  ont  servi  de  modèles.  La  Renu 
numismûtique  est  à  la  tête  de  ce  mouvement  ;  nous  y  remarquons  une  étude  sé- 
rieuse de  M.  L.  Maxe-Werly  sur  les  pièces  d  argent  dites  •  â  la  croix  »  qui  pa- 
raissent appartenir  aux  Cadurques  ;  dans  YAnnaairt  de  la  Société  de  numisma- 
tique, M.  Serrure  publie  une  monnaie  en  or  au  nom  de  ADRA  qui  est,  ren- 
versé, celui  d'un  chef  suession  mentionné  par  Dion  Cassius;  M.  Changamier 
décrit  plusieurs  pièces  rares  ou  inédites  de  sa  collection.  On  ne  saurait  trop 
donner  de  bonnes  et  fidèles  gravures  des  monnaies  gauloises  qui  ne  figurent  en- 
core dans  aucun  recueil.  Il  faut  constater  le  plus  de  faits  possibles  avant  d'es- 
sayer de  poser  des  conclusions  définitives. 

Dans  la  prochaine  livraison  de  la  Revue  celtique,  un  de  nos  confrères  les  plus 
autorisés  s'occupera  exclusivement  de  relever  les  noms  gaulois  qui  sont  révélés 
par  les  monuments  épigraphiques.  11  ne  manquera  pas  de  compléter  les  iodica* 
tions  que  nous  pouvons  donner  à  cette  heure.  ATTAEDIO,  LITVCCVS,  BOV- 
DILLVS  ont  été  signalés  aux  séances  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France 
(Bulletin,  p.  126  et  170);  on  lit  LITVMAROS  sur  une  pierre  funéraire  de 
Saint-Maximin  appartenant  à  M.  Rostan  ;  CAMVLORICI  sur  un  cippe  vu  par 
M.  Voulot  â  Pont-les-Bonfays  (Vosges);  Adiantunnena,  î\\t dt Exvertininappias 
sur  une  bague  en  or  trouvée  aux  environs  de  Thiaucourt  ;  Manduhlus,  fils  de 
Dousonus  et  Suarica,  sa  femme,  sur  une  pierre  trouvée  aux  Poussots^  près  de 
Dijon.  A.  de  B. 

IL 

Depuis  le  mois  de  septembre  de  Tannée  dernière,  il  a  paru  dans  VAcademj 
un  certain  nombre  de  lettres  où  la  collection  des  Ancient  laws  of  Ireland  est 
l'objet  de  critiques  justifiées.  Deux  de  ces  lettres  ont  pour  auteur  M.  Whîtley 
Stokes  ;  elles  ont  paru  le  26  septembre  et  le  5  décembre.  Les  autres  sont 
de  MM.  Norman  Moore,  3  octobre;  Standish  O'Grady,  10  octobre;  Donald 
Mackinnon  et  Kuno  Meyer,  24  octobre;  John  Rhys,  31  octobre;  Emst 
Windisch,  21  novembre. 

M.  Whitley  Stokes  exprime  le  désir  que  la  Commission  chargée  de  diriger  la 
publication  des  Ancient  laws  of  Ireland  modifie  le  système  suivi  jusqu'à  présent 
en  adoptant  les  sept  propositions  suivantes  : 

lo  Faire  collationner,  avec  les  manuscrits,  par  un  savant  compétent,  le  texte 
des  quatre  volumes  déjà  publiés  ; 

2*  A  l'avenir,  adopter  pour  le  texte  irlandais  le  caractère  romain,  en  mettant 
en  italiques  les  lettres  qui  correspondent  à  des  abréviations,  et  en  suivant,  dans 
la  séparation  des  mots,  la  pratique  des  manuscrits; 

30  Publier  le  plus  tôt  possible  les  plus  vieux  textes  de  droit  irlandais,  c'est-â- 
dire  la  pièce  intitulée  Gu-bretha  Caratniad^,  fol.  62  b  du  manuscrit  coté  Raw- 

I.  c  Faux  jugements  de  Caratnia  »,  voirez  Macray,  Catabgi  eodicum  mMuscriptûrum 
Bibliothecae  Bodleianae,  partis  quintae  fasciculus  I,  col.  721,  n*  zvt. 


Chronique.  1 1 5 

linson  B  502,  à  la  Bibliothèque  Bodiéienne  d'Oxford,  et  le  morceau  dont  le 
titre  est  Coic  conara  fugill  >,  placé  à  la  suite  du  précédent,  fol.  63  b  du  même 
manuscrit.  Ce  manuscrit  remonte  au  xn«  siècle  ; 

4<»  Donner  à  l'avenir  toutes  les  variantes  importantes  quand  il  y  aura  plu- 
sieurs manuscrits  ; 

50  Mettre  au  jour  les  collections  de  gloses  réunies  parO'DonovanetO'Curry 
pour  s'aider  dans  leur  traduction  ; 

(fi  Faire  paraître  des  fac-similés  photographiques  en  quantité  suffisante  pour 
mettre  le  public  savant  à  même  de  bien  connaître  les  textes  imprimés  dans  les 
quatre  premiers  volumes,  et  les  textes  qui  seront  imprimés  dans  les  volumes 
suivants  ; 

7<»  Faire  composer  un  index  des  mots  rares  et  publier  cet  index. 

En  attendant  que  les  membres  de  la  Commission  irlandaise  fassent  faire  la 
collation  qu'il  leur  demande  en  premier  lieu,  M.  Whitley  Stokes  a  entrepris 
cette  collation  et  il  en  donne  dans  VAcademy  des  26  septembre  et  5  décembre 
derniers  un  ample  spécimen.  Il  y  joint  un  certain  nombre  de  critiques  concer- 
nant la  traduction.  Il  a  été  suivi  dans  cette  double  voie  par  MM.  Norman 
Moore,  Standish  O'Grady  et  John  Rhys.  Les  critiques  dont  le  texte  a  été  ainsi 
l'objet  paraissent  si  graves  à  M.  Kuno  Meyer  qu'au  lieu  d'une  simple  collation, 
ce  savant  si  compétent  demande  une  réimpression  complète  de  toute  la  publi- 
cation officielle. 

Mon  opinion  est  que  c'est  pousser  un  peu  loin  les  scrupules  grammaticaux. 
Car  une  partie  considérable  des  critiques  fort  légitimes  dont  l'édition  officielle 
est  l'objet  porte  exclusivement  sur  des  détails  qui  ne  touchent  pas  au  fond  des 
choses.  Prenons  comme  exemple  le  titre  du  Senchus  Môr  :  Do  cetir  sUct  athga-- 
hala  c  Des  quatre  espèces  de  saisie  mobilière  >.  M.  Whitley  Stokes  établit  qu'il 
faut  lire,  jiu  lieu  de  do^  di  ;  c'est  en  effet  la  préposition  la  mieux  appropriée  au 
sens.  Il  montre  aussi  qu'il  faut  corriger  citir  en  aihar  qui  est  la  forme  de  ce 
00m  de  nombre  quand  il  est  premier  terme  d'un  composé  >.  Le  titre  que 
M.  Whitley  Stokes  restitue  de  cette  façon  est  grammaticalement  beaucoup  meil- 
leur que  le  titre  imprimé  dans  l'édition  d'après  la  copie  d'O'Donovan.  Mais  le 
sens  n'est  en  rien  changé. 

M.  Norman  Moore  a  signalé,  dès  les  premières  lignes  de  l'imprimé,  l'absence 
d'un  i  qui  se  lit  dans  le  manuscrit  :  Locc  don  laidse  Teamuir^  ociu  loc  do  Scan- 
chus  ht  [î]  samradh  ocus  i  fogmur  >.  Cet  i  que  nous  avons  restitué  entre  crochets 
est  la  préposition  i,  in;  il  est  exigé  par  la  grammaire;  la  traduction  d'O'Do- 
Qovan  le  suppose:  O'Donovan  a  écrit  •  in  the  summer  >.  L'absence  de  cet  (, 

1.  «  cinq  sentiers  de  jugement  n.  Dans  le  catalogue  ce  document  est  donné  pour  «  a 
sliort  traa  on  irish  grammar  ».  C'est  M.  Whitley  Stokes,  dans  sa  remarquable  édition  du 
Sdtairna  rann^  préface,  p.  I,  II,  qui  nous  apprend  que  c'est  un  traité  de  droit. 

2.  Crammatica  celtica*^  p.  )03.  Cf.  Windisch,  Irische  TtxtCy  \,  p.  421,  col.  2. 
Comparez  le  grec  Tetpa-,  le  sanscrit  catur-f  le  latin  quadru-  ou  quadri^.  Cetir,  ou 
mieux  cethir  s=  *qu€tvares,  est  la  forme  du  nom  de  nombre  masculin  c  quatre»  hors  des 
composés. 

3.  Anciait  laws  of  Irelandj  t.  I,  p.  a,  lignes  2,  ^. 


ii6  Chronique. 

qu'un  autre  i  précédait,  s'explique  par  un  bourdon  que  sans  doute  le  t  Rev. 
Thaddeus  O'Mahony,  professor  of  irish  in  the  university  of  Dublin  ■  aurait  dû 
savoir  éviter,  mais  qui,  il  faut  le  reconnaître,  n'a  qu'une  très  médiocre  impor- 
tance dans  un  texte  juridique,  destiné  à  être  étudié  par  des  jurisconsultes  plutôt 
que  par  des  grammieirens. 

J'en  dirai  autant  de  Va  qui  manque  quelques  lignes  plus  loin  :  ar^laytesûi" 
decht  c  à  cause  de  sa  chaleur  >.  O'Donovan  a  traduit  :  f  on  account  of  Us 
v^armth  »  :  vraisemblablement  il  avait  dans  sa  copie  Va  (its)  qui  manque  à  Tim- 
primé,  et  que  M.  Norman  Moore  a  trouvé  dans  le  manuscrit.  Mais,  encore  une 
fois,  quelle  importance  ce  détail  peut-il  avoir  pour  un  jurisconsulte?  Evidem- 
ment la  grammaire  est  le  commencement  de  la  science  :  Inilium  sapientia  Do- 
mini;  mais  elle  n'en  est  pas  la  consommation.  Passons  à  des  questions  plus 
graves. 

Une  des  parties  les  plus  anciennes  du  Senchus  Mâr^  ce  sont  les  brocards  ou 
maximes  de  droit,  en  irlandais /jitfcA,  qu'il  contient.  Nous  ne  pouvons  déter- 
miner rigoureusement  la  date  à  laquelle  a  été  composé  le  Senchus  Mâr.  Mais  ce 
que  nous  pouvons  affirmer,  c'est  qu'à  l'époque  où  a  été  rédigé  le  commentaire 
de  VAmra  Choluim  Chille  contenu  dans  le  Uber  hymnorum  du  collège  de  la  Tri- 
nité de  Dublin,  c'est-à-dire  au  plus  tard  vers  l'année  i  loo,  ItSenckusMàr  exis- 
tait: déjà  il  était  pourvu  de  gloses  grammaticales!  rendues  nécessaires,  comme  les 
gloses  des  hymnes,  par  la  présence  dans  ce  vieux  texte  de  formes  grammaticales 
tombées  en  désuétude^.  Ainsi,  en  l'année  i  loo,  le  Senchus  Môr  était  déjà  uo 
monument  archaïque.  Or,  en  plusieurs  endroits,  il  se  réfère  à  des  maximes  de 
droit  antérieures  à  sa  rédaction.  Une  de  ces  maximes  a  pénétré  dans  la  Gram- 
matica  celtica.  C'est  que,  lorsqu'il  s'agit  de  la  réparation  due  i  l'honneur  ou- 
tragé, enech'lann,  il  n'y  a  pas  lieu,  dans  la  saisie  mobilière,  à  imposer  au  sai- 
sissant l'observation  du  délai  appelé  anad:  ni  daim  cnech-lann  anad.  Chose 
étrange,  cette  maxime  appliquée  à  propos  dans  deux  passages  i  est  appliquée  â 
contre-sens  ailleurs  4.  Ces  vieux  principes  sont  donc  ce  qu'il  y  a  de  plus  inté- 
ressant dans  le  S^/zc^tt^  Môr,  Il  y  en  a  un  dont  M.  Norman  Moore  s'occupe  dans 
sa  lettre  à  VAcadcmy  du  3  octobre  dernier.  Cette  maxime  est  que  chacun  sup- 
porte la  responsabilité  de  son  crime  :  cach  in-^-chinaid ;  elle  est  imprimée  deux 
fois  dans  les  Ancient  laws  of  Ireland,  une  fois  exactement,  t.  I,  p.  12,  1.  30; 
une  autre  fois  inexactement,  quelques  lignes  plus  haut,  même  tome,  p.  lo, 
1.  24  :  cach  mac  in-a-cinaid.  Mac  est  de  trop,  comme  le  fait  observer  M.  Norman 
Moore.  Nous  sommes  probablemenr  redevables  de  cette  addition  à  la  générosité 

I.  Ui  dicitur  :  Ttora  ftrha  fira  [d\o»sn'acht  (i.  ro-s-immaig)  Assal  ar~Mog  \mac]  Nua- 
dat.  Whitley  Stokes,  Goiddica*,  p.  164,  1.  ii,  12.  Cf.  Ancient  laws  of  Irelandy  t.  I, 
p.  64f  I*  2i  3>  16,  20).  Il  n'y  a  pas  de  différence  notable  entre  la  leçon  que  donne 
M.  Whitley  Stokes  et  celle  que  nous  trouvons  dans  le  Ltbar  na  h-Uidrt^  p.  11,  col.  I, 
1.  2,  3. 

3.  ro-S'immaig,  expliquant  le  prétérit  en  f,  do-sn-achty  vieil  irlandais  inusité  en  1 100,  est 
une  glose  grammaticale  ;  ce  n*est  pas  un  commentaire  juridique  comme  celui  qui  est  donné 
dans  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  1,  p.  64,  1.  20,  21. 

3.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  228,  1.  16,  17;  t.  Il,  p.  100, 1.  7. 

4.  Ibid.,t.  I,  p.  120,1.  18,  19;  p.  236,1.  II. 


chronique.  117 

du  Rev.  Thaddeus  O'Mahony  ;  car  la  traduction  d'O'Donovan  •  each  man  for 
his  crime  ■  ne  rend  par  aucun  équivalent  anglais  le  mot  mac  intercalé  arbitrai- 
rement et  malgré  le  manuscrit  original  dans  le  brocard  irlandais.  Mais,  au  point 
de  vue  juridique,  la  question  de  savoir  s'il  faut  dire  ou  non  mac  est  sans  impor- 
tance. La  question  intéressante  pour  un  juriste  est  de  savoir  quel  est  le  sens  de 
cette  maxime.  Si  l'on  s'en  rapporte  à  l'auteur  du  poème  qui  forme  la  partie  prin- 
cipale de  l'introduction  du  Scnchus  Mdr,  cette  maxime  signifie  que  tout  assassin 
sera  condamné  à  mort  :  cach  in-a-cinaid  cingid  ar  chtl^  littéralement  :  c  chacun 
dans  son  crime  marche  à  la  mort  »  >.  Il  y  a  une  autre  interprétation  qui  paraît 
être  que  les  personnes  responsables  du  crime  de  quelqu'un,  c'est-à-dire  les  pa- 
rents, ï  leur  défaut  le  chef,  se  dégagent  de  la  responsabilité  en  livrant  le  cou- 
pable. C'est  le  sens  qu'O'Oonovan  adopte  t.  1,  p.  i  \,  1.  32-33  :  «  that  every  on 
should  be  given  up  for  his  crime  >.  C'est  à  peu  près  le  sens  de  cette  maxime 
juridique,  avec  une  légère  variante  de  rédaction  :  cach  bidba  in-a-chinta  c  tout 
coupable  pour  ses  crimes  «  ^y  ou  :  cach  rob  in-a-chin  c  que  chacun  soit  pour  son 
crime  t  )  dans  un  article  du  Glossaire  de  Cormac,  Ici,  le  coupable  est  un  chien 
qui,  ayant  mordu  la  manche  d'un  poignard,  dut  en  réparation  être  livré  au 
propriétaire  du  poignard.  Si  c'est  de  cette  façon  qu'on  doit  traduire,  dans  l'in- 
troduction du  Senchus  Môr,  la  maxime  dont  il  s'agit,  il  s'ensuit  de  là  que  l'as- 
sassin du  cocher  de  saint  Patrice,  condamné  par  le  juge  Dubthach,  a  dû  être 
livré  au  célèbre  ap6tre,  et  alors  on  se  demandera  comment  cet  assassin  a  pu 
être  mis  à  mort,  c'est-à-dire  comment  la  légende  dont  il  s'agit  peut  se  concilier 
avec  les  principes  du  droit  canonique  sur  l'obligation  imposée  aux  clercs  d'éviter 
toute  coopération  à  une  condamnation  à  mort.  Telles  sont  quelques-unes  des 
questions  que  je  me  poserais  au  sujet  du  principe  relativement  moderne  cach  in- 
a^hinaid.  Sans  doute  on  a  eu  tort  d'intercaler  le  mot  mac  dans  cette  maxime, 
mais  cette  faute  d'impression  est  de  minime  importance. 

On  me  demandera  où  je  veux  en  venir. 

Soutenir  que  la  légende  racontée  dans  la  préface  du  Senchus  Môr  est  inepte, 
peut  bien  être  dans  ma  pensée  et  n'est  pas  dans  mon  sujet.  Mais  ce  que  je  veux 
dire,  c'est  que,  dans  un  traité  de  droit  irlandais,  le  sens  des  maximes  fonda- 
mentales a  un  bien  autre  intérêt  que  les  détails  minutieux  dans  lesquels  se  sont 
complus  les  savants  auteurs  des  critiques  que  l'Academy  a  publiées.  Dans  mon 

\.ceal,\.  bas.  Glossaire  de  Cormac,  chez  Whitley  Stokes,  Three  irish  glossaries, 
p.  ij.  Cf.  Arthur  W.  K.  Miller,  The  irish  glossary  of  Michael  0*Clery  (Revue  Celtique, 
t.  IV,  p.  381) 

2.  Whitley  Stokes,  Thru  irish  glossaries,  p.  30,  1.  6. 

3-  Ibid.y  p.  30,  1.  18  Rapprochez  la  maxime:  Marbaid  cach marb  a-chinta {Ancient 
lews  of  Irelandy  t.  II,  p.  270,  la  glose  à  la  page  suivante);  voyez  enfin  les  règles  expo- 
sées uns  Ancient  laws  of  Ireland,  t  III,  p.  68;  t.  IV,  p.  244,  246.  Il  y  a  là  deux  pas- 
sages parallèles.  Je  recommande  de  comparer  les  traduaionsdu  mot  tarrustar  «  it  is  vi- 
sîtcd  (t.  IV,  p.  245,  ligne  19);  /rbefound  {ibidy,  p.  jo,  31);  hebt,  /i«  is  apprehended 
(t.  *ll,  p.  69,  1.  10,  14,  21,  22)  ».  Tarrustar  veut  dire:  «  il  est  resté  »  [au  coupable 
d'un  crime  assez  pour  payer  ce  qui  est  dû  en  réparation  de  ce  crime] .  On  voit  par  le 
supplément  à  O'Reilly,  qu'O'Oonovan  avait  fini  par  comprendre  à  peu  près  le  sens  de  ce 
mot.  La  traduaionc  Aebe,  /i«  is  apprehended  c  contient  un  contre-sens  qui  défigure  com- 
plètement ce  texte  juridique. 


1 1 8  Chronique . 

opinion,  ce  qui  est  surtout  défectueux  dans  l'édition  officielle  est  la  traduction  ; 
et  le  principal  défaut  qu'on  puisse  relever  dans  la  traduction  était  inévitable.  Ce 
défaut  est  que  les  termes  techniques  de  droit  sont  parfois  rendus  par  des  à-peu- 
près  ;  que  le  même  terme  technique  est  souvent  représenté  par  plusieurs  roots 
anglais  différents,  en  sorte  que  le  lecteur,  lorsqu'il  n'est  pas  en  état  de  se  re- 
porter au  texte  irlandais,  ne  peut  tirer  de  la  traduction  que  des  idées  vagues  et 
dépourvues  de  toute  précision  juridique. 

En  voici  un  exemple  : 

Nous  trouvons  deux  fois  dans  le  livre  que  le  Senchus  Mâr  consacre  à  la  saisie 
mobilière,  la  maxime  :  cuicthefri  cond  cuindegar  i  ou  avec  une  légère  différence 
d'orthographe:  cuicthifri  cond  cuindiger  2.  La  première  fois  elle  est  traduite  par 
«  five  [days]  to  sue  the  chief  »,  la  seconde  par  •  five  days  for  every  sensible 
adut  ».  Quand  on  se  borne  à  lire  le  texte  anglais,  on  ne  peut  deviner  que»  dans 
les  deux  cas,  il  s'agit  de  la  même  règle.  Cond  rendu  par  chief  dans  le  premier 
passage  est  traduit  par  sensible  adult  dans  le  second.  Mais  ce  n'est  pas  tout. 
Co/iJ  se  retrouve  ailleurs  avec  les  traductions  sensible  adult  i^  adult ^^  adult 
guardian,  guardianS.  Là  où  cond  est  traduit  par  gaardian^  il  est  question  de 
la  responsabilité  encourue  par  le  cond^  c'est-à-dire  par  l'homme  sui  juris^^ 
quand  l'incapable  placé  sous  son  autorité  fait  un  acte  qui  donne  lieu  à  réclama- 
tion ;  alors  il  y  a  lieu  d'appliquer  la  règle  cuicthe  fri  cond  cuindegar^  c'est-â- 
dire  que  le  saisissant  sera  obligé  d'accorder  un  délai  de  cinq  jours  à  l'homme 
sui  juris  responsable  pour  autrui.  On  le  comprend  quand  on  lit  le  texte  irlan- 
dais. Mais  comment  deviner  qu'une  règle  ainsi  formulée  :  <  five  [days]  to  sue 
the  chief  >  ait  été  faite  pour  le  personnage  appelé  ailleurs  adult  ou  guardian  ? 

Deux  expressions  qui  n'ont  guère  porté  bonheur  à  O'Donovan  sont  les  mots 
cenll  et  fine.  Le  premier  signifie  «  race  en  général  >  et  peut  correspondre  au 
latin  genus  qu'il  glose  dans  le  saint  Paul  de  Wurzbourg  et  dans  le  Priscien  de 
Saint-Gall.  Le  second  sert  à  désigner  l'ensemble  des  parents  au  degré  suc- 
cessible.  O'Donovan  a  traduit  cenil  dans  le  Senchus  Mâr  tantôt  par  «  tribe  » , 
tantôt  par  c  family  >,  tantôt  enfin  par  c  kind  >  7.  La  conséquenceenaétéque, 
lorsqu'il  est  arrivé  au  curieux  traité  intitulé  :  De  fodlaib  cineoil  tuaithi,  n'ayant 
aucune  idée  précise  sur  le  sens  du  terme  juridique  cinel  ou  cenél,  il  ne  pouvait 
donner  de  ce  titre  une  traduction  sensée.  Il  y  a  dans  le  Z)/g^5/f,  livre  XXXVIII, 
un  titre  x:  De  gradibus  et  affinibus  et  nominibus  eorum.  Les  Institutes  de  Justin ien 


1.  Ancîentlaws^  1,  p.  78,  1.  14;  p.  80,  1.  20,  21. 

2.  Ancient  laws^  1,  p.  264,  \.  8;  p.  286,  1.  4. 

3.  Ancient  laws,  t.  Il,  p.  406,  l.  21. 

4.  Ancient  laws,  t.  1,  p.  102, 1.  24;  p.  104, 1.  8. 

5 .  Ancient  lawSy  t.  II,  p.  46,  1.  1  ;  p.  306, 1.  4.  Guardian  est  aussi  la  traduction  du 
dérivé  lodnachf  t.  III,  p.  10.  I.  20. 

6.  Traduction  de  M.  Whitley  Stokes. 

7.  Les  psss^ges  du  texte  du  Senchus  Môr  qui  contiennent  le  mot  cenil  rendu  par 
•  tribe  n  se  trouvent  dans  les  Ancient  laws  ofireland,  t.  I,  p.  78,  I.  12,  et  t.  IIl^p.  )o, 
I.  4.  Les  passages  du  même  document  qui  renferment  le  mot  cen^/ traduit  par  t  family  » 
se  trouvent  au  tome  II,  p.  102,  I.  24;  p.  306, 1.  18  ;  p.  330,  I.  6;  p.  382,  \.  1.  Enfin, 
ce  mot  se  rencontre  au  t.  il I,  p.  30, 1.  3,  et  la  traducuon  en  regard  est  t  kind  ». 


Chroniifue.  119 

contiennent  an  livre  III  un  titre  vi  :  De  gradibus  cognationis.  Ces  deux  titres 
concernent  une  matière  analogue  à  celle  qui  fait  Pobjet  du  traité  irlandais. 
Mais  O'Donovan  n'avait  jamais  lu  une  ligne  des  Institutes  ni  du  Digeste,  O'Do- 
novan  portait  le  titre  de  Legam  doctor  :  l'Université  de  Dublin  le  lui  avait  con- 
féré pour  récompenser  de  [savantes  publications  sur  l'histoire  d'Irlande  ;  et  ce 
juriste  honoraire  écrivait  un  livre  de  droit  sans  avoir  jamais  acquis  une  connais- 
sance quelconque  de  la  science  spéciale  que  ce  livre  avait  pour  objet.  II  tra- 
duisit donc  :  c  Of  the  divisions  of  the  tribe  of  a  territory  >  IV,  28 1 .  Le  titre 
irlandais  ainsi  rendu  voulait  dire:  •  Des  degrés  de  parenté  1.  On  pourrait  le 
calquer  littéralement  en  latin  :  De  generis  distinctionibus  >  apud  laicos  3. 

Quant  à  fine,  0*Donovan  l'a  rendu  tantôt  par  •  tribe  >,  tantôt  par  c  family  ■. 
La  traduction  par  «  tribe  >  est  la  plus  fréquente  i  ;  c  family  »  est  l'exception  4. 
De  même  fintm,  dérivé  de  fine^  veut  dire  ordinairement,  suivant  la  traduction, 
«  propriété  de  tribu  >  $,  mais  dans  un  endroit  la  traduction  lui  attribue  le  sens 
d'héritage  de  famille  t  family  inheritance  ■  6.  O'Curry,  l'émule  d'O'Donovan, 
avait  deviné  le  vrai  sens  du  mot  fine.  On  le  voit  par  sa  traduction  du  premier 
des  poèmes  du  monastère  de  Saint  Paul  publiée  pour  la  première  fois  en  1866 
par  M.  Whitley  Stokes  dans  l'édition  princeps  destsGôidelica^  page  41,  ligne  7. 
Cela  n'a  pas  empêché  l'inepte  traduction  c  tribe  »  de  prévaloir  dans  les  Anc'unt 
laws  of  Ireiand  :  et  elle  a  fourvoyé  M.  Sumner  Maine  lorsque  dans  ses  Lectures 
on  the  early  history  of  institutions^  pages  98  et  suivantes,  il  a  traité  de  ce  qu'il 
appelle  c  Tribal  property  in  Ireiand  >.  Le  sens,  du  mot  fine  c  parents  au  degré 
successible  »  et  de  son  dérivé yî/ir/u,  nom  de  la  propriété  à  laquelle  ces  parents  ont 
droit,  ne  pouvait  se  comprendre  tant  qu'on  n'a  pas  connu  le  traité  :  Defodlaib 
cintoil  tàaithi  ;  or  ce  traité  a  paru  en  1 879,  c'est-à-dire  quatre  ans  après  la  pu- 
blication du  livre  de  M.  Sumner  Maine. 

1.  Anx  mots  :  Defodlaib  cineoil,  comp^rtzVulinéàis  fodail  ceniuil  glosant  le  latin db- 
tittctio  generis  dans  le  Priscien  de  Saint-Gall  :  Crammatica  celtica,  deuxième  édition, 
p.  223  b. 

2.  Le  terme  consacré  pour  désigner  les  laïques  est  aes  tuaithe.  La  présence  du  génitif 
tnaithi  =  tuaithe  dans  notre  titre  a  pour  objet  de  montrer  que  dans  le  traité  qui  suit  il 
ne  sera  pas  question  des  biens  ecclésiastiques  comme  dans  les  dernières  pages  du  Senchus 
M6r.  Attcient  laws  of  Ireiand.  t.  111,  p.  72  et  suivantes. 

3.  Des  passages  du  texte  du  Senchus  Màr  où  l'on  rencontre  le  mot  fine  rendu  par 
«  tribe  n  se  trouvent  dans  les  Ancient  laws  of  ireiand^  t.  I,  p.  246,  1.  21  ;  p.  260,  I.  i, 
(;p.  264,  1.  13,  14;  t.  II,  p.  86,  1.  13,  30;  p.  216,  1.  24;  p.  278,  1.  20, 
22;  p.  280,  I.  28,  29;  p.  282,  L  7,  9,  33;  p.  286,  L  7,  12;  p.  288,1.  1,  2,  12,  15  ; 
p.  306,1.  i;  p.  308,  i.  16;  p.  400,  1.  29,  30;  p.  406,  1.  24;  t.  111,  p.  10,  1.  17; 
p.  16,1.  29;  p.  22,  1.  7;  p.  26,  l.  4;  p  44,  1.  16,  17,  21;  p.  48,1.  17;  p.  50, 
1,  25,  29;  p.  52,  l.  9,  ïo;  p.  J4,  1.  I,  2,  6;  p.  72,  L  ii;p.  74,  1.  12;  P.78J.  ao. 

4.  Deux  passages  du  texte  du  Senchus  Màr  correspondant  à  la  traduaion  »  family  »  se 
troQvent  au  tome  I,  p-  182, 1.  i;  t.  Il,  p.  202,  1.  4.  Le  mot  «  family  »  rend  encore 
fine  dans  quelques  passages  du  livre  d'Aicill,  Ancient  Laws  of  Ireiand j  t.  III,  p.  330^ 
1.  6;  p.  480,  1.  6,  10;  p.  484,  1.  8,  12,  17,  20,  22,  24,  28;  p.  486,  1.  j,  14,  ij, 
17,  18;  p.  488,  1.  2,  3,  5,  8,  12,  18,  19. 

( .  Des  lissages  du  texte  du  Senchus  Màr  où  le  mot  fintiu  signifierait  c  terre  ou  pro- 
priété de  tribu  »  se  trouvent  dans  les  Ancient  laws  of  ireiand^  t.  II,  p*  282,  1.  7,  12  ; 
p.  284,1.  22,  24;  p.  330, 1.  7;t.  III,  p.  54, 1.  7. 

6.  La  traduction  «  family  inheritance  »  correspond  à  fintiu  dans  un  passage  du  texte 
du  Senchus  Màr  {Ancient  laws  of  Ireiand^  t.  III,  p.  40,  I.  24). 


120  Chronique, 

Dans  un  antre  endroit  du  même  ouvrage,  nous  lisons  ce  qui  suit  :  We  corne, 
in  the  Corus  Bescna  upon  the  following  attempt  at  classification,  which  I  fear 
would  hâve  deeply  shocked  Jeremy  Bentham  and  John  Austin  :  f  How  many 
kinds  of  contracts  are  there?  •  asks  the  Brehon  text-writer.  c  Two  ■,  isthe 
answer.  c  A  valid  contract  and  an  invalid  contract  ».  This,  no  doubt,  isabsnrd  >. 
La  critique  de  M.  Sumner  Maine  frappe  juste  si  on  se  borne  à  lire  la  traduc- 
tion où,  en  effet,  le  passage  cité  se  rencontre,  Ancunt  laws  of  Inland,  tome  III, 
P^gc  Si  lignes  6-8.  Mais  cette  traduction  contient  un  non-sens  qui  n*estpas 
dans  le  texte  irlandais.  Le  Senchus  Màr  ne  dit  pas  qu'il  faut  distinguer  deux 
sortes  de  contrats,  le  contrat  valable  et  le  contrat  nul  ;  ou,  en  d'autres  termes, 
deux  catégories  d'êtres,  les  êtres  qui  existent  et  ceux  qui  n'existent  pas.  Suivant 
le  texte  irlandais,  il  y  a  deux  sortes  de  cor  ou  contrat.  Le  sochor^  littéralement 
c  bon  contrat  »  et  le  do'chorj  littéralement  «  mauvais  contrat  > .  Le  so^chor  est 
•  le  contrat  d'égal  profit  »,  cor  comlôigc^  c'est-à-dire  celui  où  les  avantages  ob- 
tenus par  l'une  des  deux  parties  sont  égaux  aux  avantages  obtenus  par  l'autre.  Le 
do-chor  est  c  le  contrat  de  fraude  >  diubarta,  c'est-à-dire  celui  où  par  l'effet  des 
manœuvres  frauduleuses  qu'a  pratiquées  l'une  des  deux  parties,  l'autre  partie 
subit  une  lésion.  Mais  ce  contrat  n'est  point  nul.  On  lit  dans  l'introduction  do 
Senchus  Mâr  :  t  le  lien  de  droit  qu'impose  à  chacun  son  bon  contrat  et  son 
mauvais  contrat  empêche  le  monde  de  tomber  en  démence  »  >.  En  droit  irlan- 
dais, le  contrat  dit  «  mauvais  contrat  >,  do-chor^  produit  son  effet,  sauf  indem- 
nité à  la  partie  lésée);  et  le  •  bon  contrat  >,  so-chor^  est  nul  comme  le  mauvais 
contrat,  quand  une  des  deux  parties  est  incapable,  et  qu'elle  a  agi  sans  le  con- 
sentement préalable  ou  sans  la  ratification  de  la  personne  dont  elle  dépend  4. 
O'Donovan,  dans  les  endroits  que  nons  citons,  traduit  littéralement  so-chor  par 
f  good  contract  •  et  do-chor  par  •  bad  contract  ».  Il  a  réservé  pour  le  passage 
dont  se  moque  M.  Sumner  Maine  la  traduction  absurde  t  valid  contract,  in- 
valid contract  »,  contrat  valable,  contrat  nul.  La  comparaison  du  contexte  dans 
les  divers  passages  où  se  rencontrent  les  mots  do-chor  et  so-chor  était  nécessaire 
pour  établir  le  sens  précis  de  ces  deux  termes  de  droit. 

Ma  conclusion  est  qu'il  faut  bien  se  garder  de  recommencer,  en  ce  moment, 
l'édition  si  lentement  exécutée  du  recueil  des  anciennes  lois  d'Irlande,  et  que  cette 
publication  si  utile  doit  être  terminée  le  plus  rapidement  possible.  Les  érudits 
qui  ont  l'habitude  des  textes  de  droit  savent  qu'il  est  souvent  impossible  de 
comprendre  un  passage  d'un  document  juridique  quand  on  ne  connaît  pas  l'en- 
semble de  la  législation  dont  ce  document  fait  partie.  Un  texte  isolé  présente 
fréquemment  de  prime  abord  des  difficultés  insurmontables  qui  s'évanouissent 
quand  on  compare  ce  texte  à  d'autres  où  les  mêmes  notions  juridiques  sont  pré- 


1 .  Lectures  on  the  early  history  of  institutions ^  p.  $7. 

2.  Àstad  catch  in  a  so-char  ocusin  a  dochur  argair  bailiuth  in  betha{Ancient  Uws  of 
IrelandyX.  I,  p.  $0,  i.  30,  31  ;  et  p.  $2,  i.  17;  cf.  t.  III,  p.  21). 

3.  Ibid.,  t.  m,  p.  6,  1.  24-26. 

4.  Ancient  laws  of  Ireland^u  I,  p.  (o,  I.  32,  33;  p.   (2,  I.  i,  2;  t.    III,   p.    8, 
1.  24  et  suivantes,  p.  10,  12. 


Chroni^iu,  121 

saitées  sons  on  aspect  différent.  Quelque  utile  que  soit  ta  science  des  gram* 
nairiens  pour  l'interprétation  des  textes  de  droit,  elle  est  insuffisante  sans  le 
ODocours  des  jurisconsultes  ;  et  les  jurisconsultes  perdront  souvent  leur  peine  à 
étudier  des  textes  sur  lesquels  rachèvement  de  la  publication  jettera  une  clarté 
qui  nous  manque  aujourd'hui.  Je  me  joindrai] aux  savants  qui  approuvent  les 
sept  propositions  de  M.  Whitley  Stokes  ;  mais  j'y  mets  une  réserve.  Le  temps 
de  leur  donner  suite  d'une  façon  complète  n'est  pas,  à  mon  sens,  encore  arrivé  ; 
que  l'on  publie  d'abord  le  texte  et  la  traduction  d'O'Donovan  ;  qu'on  mette  au 
[our  ensuite  les  traités  de  droit  irlandais  dont  l'existence  aurait  échappé  à  ce 
savant  :  quand  l'ensemble  de  la  législation  irlandaise  sera  connue,  que  par  con- 
séquent on  pourra  se  rendre  un  compte  exact  du  sens  juridique  de  ces  monu- 
ments divers,  le  moment  sera  venu  de  publier  les  variantes  importantes  et  de 
composer  des  glossaires,  travaux  qu'il  est  impossible  de  bien  faire  quand  il  s'agit 
de  textes  dont  le  sens  n'est  pas  encore  fixé.  En  attendant,  si  quelque  savant 
désire  £ai.e  connaître  le  résultat  d'une  collation  de  l'édition  des  anciennes  lois 
d'Irlande  avec  un  manuscrit,  le  concours  des  commissionners  de  Dublin  est 
inutile  ;  il  y  a  des  revues  toutes  prêtes  â  publier  ces  variantes.    H.  d'A.  de  J. 


III. 

The  Book  of  Ballymote  is  approaching  completion  and  will  be  published,  I 
fully  expect,  next  year.  Mr.  Hennessy  is  occupied  with  the  Annals  of  Ulster  of 
which  a  good  portion  of  the  first  volume  is  now  printed  ofF  or  set  up  in  type, 
but  of  course  many  circumstances  might  yet  combine  to  delay  the  publication. 
We  had  a  very  interesting  paper  on  the  Stowe  Missal  trom  the  Rev.  Dr. 
Murphy,  read  before  the  Academy  in  the  spring  of  this  year  and  the  publication 
isjooked  for  with  interest.  The  vernacular  societies  are  net  laying  themselves  ont 
for  much  new  publication  but  the  reproduction  of  the  children  of  Tuirenn  will 
briog  before  the  public  another  ot  the  best  irish  gems  in  the  story  line.  My 
own  work  (the  Todd  Lectures  for  this  year)  is  now  in  the  printer's  hands,  but 
I  scarcely  hope  to  get  it  out  of  his  hands  before  the  summer  of  this  year. 

I  really  don't  think  much  else  is  doing  in  re  Ccltica  among  us. 

Robert  Atkinson. 
Dublin,  17  january  1886. 

IV. 

Le  tome  xxvn  deh Zâtschrift  fur  vergleichende  Sprachforschung  a  été  terminé 
en  188$.  11  contient  plusieurs  articles  d'un  grand  intérêt  pour  les  celtistes.  Le 
premier,  par  M.  Windisch,  traite  du  présent  secondaire  irlandais  (page  1 56).  l' 
a  été  établi  par  M.  Whitley  Stokes,  que  la  seconde  et  la  troisième  personnes  du 
singulier  de  ce  temps  sont  identiques  aux  deuxième  et  troisième  personnes  du 
singulier  de  l'imparfait  moyen  sanscrit,  dont  la  dernière  est  identique  k  la 


1 

t 

I 


122  Chronique. 

personne  correspondante  de  rimparfait  moyen  grec.  M.  Windisch  étudie  les  dési- 
nences des  autres  personnes,  et  à  cette  occasion  traite  à  nouveau  la  question  de 
l'étymologie  du  verbe  bia  «  je  suis  »  ;  comparez  le  gallois  byddaf^  je  serai  (p.  165). 
Dans  un  autre  article  intitulé  Etymologischc  Miscellm  (p.  168)  on  remarque 
quelques  intéressantes  observations  étymologiques  sur  des  mots  irlandais  ;  tel' 
sont  :  gerr  c  court  1,  éser  «  le  plus  jeune  i,  sinser  •  le  plus  âgé  i,  (p.  169), 
smech  c  menton  •  (p.  170). 

M.  Thurneysen,  dans  une  notice  sur  l'impératif  indo-germanique  (p.  172), 
étudie  quelques  formes  de  rimpératif  irlandais  (pp.  174,  178,  179). 

A  la  page  22),  M.  Windisch  revient  sur  l'étymologie  du  verbe  irlandais  èâr, 
qui,  suivant  lui,  se  rattache  â  la  racine  indo-européenne  bhu  •  être  1,  tandis 
que,  suivant  MM.  Stokes  et  Zîmmer,  la  racine  est  guigv,  comme  pour  le  latin 
vbfere,  M.  Zimmer  a  mis  dans  cette  question,  comme  dans  tant  d'autres,  cette 
passion  vive  qui  étonne  ou  même  scandalise  quelques-uns,  mais  qui  fait  sourire 
et  amuse  le  plus  grand  nombre  des  lecteurs. 

Un  petit  mémoire  de  M.  C.  Plummer  (p.  441)  est  intitulé  c  Notes  on  tke 
Stowe  missal  t.  lia  pour  objet  Texplication  d'un  passage  du  texte  irlandais  con- 
tenu dans  le  fameux  missel  de  la  collection  Ashburnam,  aujourd'hui  à  la  biblio- 
thèque de  la  Royal  irish  Academy.  Les  lecteurs  de  la  Revue  Celtique  n'ont  pas 
oublié  l'édition  que  ce  savant  a  donné,  t.  VI,  p.  162,  de  la  légende  irlandaise 
sur  la  conversion  et  la  mort  du  roi  Loégairé. 

Tous  les  savants  qui  s'intéressent  à  la  grammaire  celtique  et  surtout  à  celle 
de  l'irlandais  liront  avec  un  très  grand  intérêt  aux  pp.  449  et  suivantes  l'étude 
de  M.  Zimmer  sur  Téclipse  en  vieil  irlandais.  On  appelle  éclipse  la  transformation 
d'une  sourde  en  sonore,  c'est-à-dire  de  c  en  g,  dt  ttnd  et  de  fen  b,  par  l'action 
d'un  n  immédiatement  précédent  qui  disparaît  dans  l'écriture  comme  dans  la 
prononciation.  M.  Zimmer  établit  péremptoirement  que  ce  phénomène  se  pro- 
duisait déjà  au  IX*  siècle.  On  pourrait  cependant  relever  dans  ce  mémoire 
quelques  erreurs  de  détail  qui  étonnent  dans  l'œuvre  d'un  homme  aussi  savant  ! 
Ainsi  Arduenna,  avec  un  f,  p.  463,  est  l'orthographe  des  manuscrits  de  César, 
neuvième  siècle  ;  à  l'époque  classique,  on  écrivait  Arduinna  avec  un  i  {Corpus 
inscriptionum  latinoruruy  t.  vi,  n^^  46.  Cf.  Brambach,  Inscriptiones  rhenanae^ 
Tfi  s 89).  Tout  le  monde  ne  considère  pas  non  plus  comme  démontré,  que  pour 
expliquer  le  groupe  vieil-irlandais  it  =  éd  avec  une  dentale  sonore  produite 
par  un  n  précédent  qui  est  tombé,  il  faille  recourir  à  l'hypothèse  d'un  groupe 
plus  ancien  ait  (p.  4^0),  dans  les  circonstances  où  les  lois  de  la  langue  indo-eu- 
ropéenne montrent  que  Vn  tombé  était  primitivement  une  voyelle.  En  d'autres 
termes,  je  ne  crois  pas  que  pour  expliquer  le  vieil-irlandais  cet  c  cent  •  il  soit 
nécessaire  de  supposer  un  irlandais  préhistorique  *centon  en  regard  du  gallo- 
breton  *canton^  d'où  le  breton  kant.  L'irlandais  cet  •  cent  t  peut  venir  de  *canton. 
Autrement,  il  faudrait  admettre  que  le  groupe  irlandais  et  représente  toujours 
ent  même  dans  les  cas  où  il  n'y  a  point  eu  de  nasale  sonnante  avant  le  t;  par 
conséquent  le  vieil  irlandais  ro-cét  c  il  a  été  chanté  •  s'expliquerait  par  un 
thème  participial  cento-  et  non  canto-  comme  le  veut  la  racine  du  verbe  canim 


Chronigue,  12} 

•  je  chante  i;  létenach  «  hardi  •,  n'aurait  pas  la  même  racine  que  r(hlaumur 
«  fose  »,  ro-lamair  «  il  a  osé  ».  Si  UUnach  tient  lieu  de  * lamtenach^  si  cit  se- 
conde partie  du  composé  ro-cit  «  il  a  été  chanté  >  exige  un  primitif  *eanto~^ 
cet  «  cent  »  peut  et  même  doit  s'expliquer  aussi  par  un  primitif  *cûnton  dont 
Td,  constaté  par  le  gaulois  candttum^  est  le  résultat  de  la  résonance  de  Vn,  et  la 
différence  vocalique  entre  le  mot  irlandais  cit  c  cent  »  et  le  mot  breton  kanty 
même  sens,  est  de  date  relativement  récente.  De  même  l'irlandais  imm"  s'ex- 
plique par  le  gaulois  ambi-  dont  Va  a  été  traité  comme  celui  de  ir"  bi  an^y  de 
îd'=zate'.  On  sait  que  Va  d'ambi  est  le  produit  de  la  nasale  résonante  /n,  com- 
parez l'allemand  um.  M.  Zimmer  n'a'  pas  encore  trouvé  la  loi  de  la  nasale  réso- 
nante en  celtique. 

Le  mémoire  de  M.  Zimmer  est  suivi  d'une  note  dans  laquelle  il  revient,  comme 
on  devait  s'y  attendre,  sur  la  question  de  l'étymologie  de  biu^  question  qui  tire 
de  la  contradiction  son  principal  attrait. 

Dans  la  première  livraison  du  tome  xxvni,  qui  a  tout  récemment  paru,  on 
trouve  un  savant  mémoire  de  M.  Whitley  Stokes  sur  le  verbe  substantif  en  vieil 
irlandais  (p.  5  5).  C'est  un  sujet  sur  lequel  nous  reviendrons. 

Nous  signalerons  aussi  quatre  notes  très  intéressantes  de  M.  Thurneysen 
réunies  sous  le  même  titre,  îrischts  (pp.  145  et  suivantes).  Le  savant  auteur 
établit  qu'un  certain  nombre  de  thèmes  nominaux  en  ia-  ont  dû  avoir  en  irlan- 
dais leur  nominatif  singulier  en  /.  Ils  ont  perdu  cette  voyelle  finale  et  se  déclinent 
aux  autres  cas  suivant  le  paradigme  donné  par  M.  Windisch,  dans  sa  Kurz- 
gefasste  irische  Grammatik^  P-  3^)  col.  2.  Dans  la  même  note,  M.  Th.  réunit 
quelques  thèmes  féminins  en  a-  qui  sont  passés  à  la  déclinaison  en  a-,  La  seconde 
note  est  consacrée  au  préfixe  irlandais  du-  (p.  i  $0),  la  troisième  à  l'aoriste  en  s 
(p.  I  s  1),  la  quatrième  (p.  1 53)  à  l'étymologie  du  mot  sid,  c  séjour  des  fées  »,  qui 
serait  un  thème  en  es'  identique  au  latin  sidus,  sideris. 

La  même  livraison  contient  un  recueil  de  notes  de  M.  Wilhelfn  Meyer  sur  la 
grammaire  latine.  Quelques-unes  concernent  les  études  celtiques.  Ainsi  viverra 
est  le  nom  du  furet  chez  Pline  {Histoire  naturclU^  livre  vni,  §218;  livre  xi, 
§  261  ;  livre  xxx,  §  47,  90).  Ce  nom,  qui  manque  dans  les  langues  romanes, 
semble  être  dans  la  langue  du  savant  romain  un  terme  nouveau  et  un  emprunt* 
On  le  retrouve,  à  une  voyelle  près,  dans  les  langues  du  rameau  slave  et  on  le 
reconnaît  dans  plusieurs  dialectes  néo-celtiques,  où  il  désigne  un  animal  diffé- 
rent, mais  sur  bien  des  points  analogues,  l'écureuil  (p.  169).  Nous  citerons 
comme  exemple  le  breton  gwiber  et  le  gallois  gwywer,        H.  d^A.  de  J. 

V. 

Les  Comptes-Rendus  de  l'Académie  de  Saxe  <  vont  devenir  un  des  recueils  qu'il 
sera  indispensable  de  consulter  pour  les  études  celtiques.  M.  Windisch,  en  1884, 

I.  Baichteder  philoL-histor,  Classe der  Konigl.  Sachs,  Gesellschaft der  Wissenschaften. 


1 24  Chroniéfue, 

y  avait  publié  deux  récits  légendaires  irlandais,  Tun  intitulé  Genemain  Aeda  Sidiu, 
•  naissance  d'Aed  Slane  •  (page  191)  ;  l'autre  Noinden  Ulad;  il  a  été  rendu 
compte  de  ces  deux  publications  dans  la  Revue  celtique  (t.  VI,  p.  40$).  En  1885, 
M.  W.  a  inséré  dans  les  mêmes  Corn ptes-Rendus  le  résultat  de  deux  collations  du 
Priscien  de  Saiut-Gall  avec  Tédition  de  M.  Ascoli  ;  l'une  de  ces  collations  a  pour 
auteur  M.  Whitley  Stokes,  p.  175  ;  l'autre  a  été  faite  par  M.  Windisch  lui- 
même,  p.  189.  Incontestablement  l'édition  que  M.  Ascoli  a  donnée  du  Priscien  de 
Saint-Gall  est  excellente  ;  mais  elle  a  deux  défauts.  M.  Ascoli  pèche  un  peu  par 
excès  de  prudence  ;  c'est  l'excès  d'une  qualité.  D'autre  part,  il  a  commencé  son 
travail  sans  s'être  préalablement  donné  la  peine,  comme  l'a  fait  M.  Ziromer,  de 
prendre  note  des  lectures  que  d'autres  avaient  faites  des  mêmes  textes  avant  lui. 
Un  exemple  de  ce  double  phénomène  nous  est  donné  par  le  membre  de  phrase 
incoissig  a-Jolad  cétnae  •  exprime  le  même  sens'  »,  imprimé  dans  la  Grammatica 
celtica,  p.  982  note,  1015  note,  et  dans  laquelle  M.  Ascoli  n'a  pas  osé  lire  la 
quatrième  lettre  du  mol  Jolad.  Voir  dans  son  livre  à  la  page  17  la  reproduction 
de  la  page  9  a  du  manuscrit,  glose  14. 

Citons  encore  la  glose  de  per  te  (page  217  b  4),  laquelle  a  été  lue  :  tontsu 
dans  Gr.  C^,  p.  334,  1.  16  ;  celle  de  saniem  (page  218  ^,  glose  4)  lue  sleidm^ 
Cr.  O,  p.  776,  1.  10.  M.  Ascoli  n'a  pas  eu  la  hardiesse  de  reproduire  dans 
son  édition  les  lettres  v  de  la  première  [de  ces  gloses,  d  de  la  seconde.  On 
pourrait  multiplier  les  exemples  analogues. 

M.  Ascoli  n'a  pas  seulement  négligé  les  lectures  faites  antérieurement  à  lui. 
Il  paraît  ne  s'être  pas  enquis  de  savoir  si  dans  d'autres  manuscrits  irlandais 
analogues  à  celui  qu'il  publiait,  les  mêmes  gloses  ne  se  trouvaient  pas  écrites 
d'une  façon  plus  lisible.  Or,  on  sait  qu'outre  le  Priscien  de  Saint-Gall  il  existe 
deux  autres  Priscien  à  gloses  irlandaises,  celui  de  Karlsruhe  et  celui  de  Leyde. 
Les  gloses  irlandaises  de  celui  de  Leyde  ont  été  publiées  deux  fois  par  M.  Whitley 
Stokes:  première  édition  des  Gâidelica^  1866,  pp.  36,  37;  deuxième  édition  des 
Gdidelica,  1872,  p.  57;  bien  antérieurement  par  conséquent  à  l'édition  du  Priscien 
de  Saint-Gall  par  M.  Ascoli,  1879.  M.  Whitley  Stokes  nous  fait  connaître  dans 
les  deux  publications  que  nous  venons  de  citer  deux  gloses  irlandaises  du  Priscien 
de  Leyde  qui  se  retrouvent  dans  le  Priscien  de  Saint-Gall,  où  M.  Ascoli  n*a  pas 
osé  les  lire.  Voici  la  première.  Virgile,  dans  YEneide,  livre  XI,  termine  son 
vers  133  par  les  mots:^  pace  séquestra,  Priscien,  livre  VI,  chapitre  6,  veut 
nous  apprendre  que  sequester  fait  en  a  son  féminin  :  séquestra^  et  il  cite  ce  passage 
de  Virgile.  Sur  séquestra^  le  Priscien  de  Saint-Gall  a  la  glose  •  média,  nam  se- 
quester  médius,  rath^  inter  duos  altercantes  »  (page  97  a,  glose  4).  La  glose 
correspondante  dans  le  Priscien  de  Leyde  est,  quant  â  la  partie  latine,  rédigée 
à  peu  près  de  même  ;  la  portion  irlandaise  est  identique  :  rdth  a.  M.  Ascoli  a 

1.  La  traduction  de  M.  Ascoli  est:  0  significa  il  valor  primiero  »,  p.  144.  Il  faudrait 
c  medesimo  »  suivant  la  doctrine  de  la  Gr.  G.*,  p.  308,  lignes  30 et  suivante,  c  Vilor» 
rend  mieux  que  c  sens  •  la  signification  générale  dtfolad,  dont  «  sens  »  est  la  signifi- 
cation spéciale  à  ce  passage,  en  latin  intelUctus, 

2.  Cf.  Zimmer,  Glossae  hibemicae,  p.  226. 


Chronique,  125 

laissé  vide  la  place  occupée  par  Vr  initial  de  ce  mot.  Ce  mot  est  cependant  un 
terme  de  droit  irlandais  bien  connu.  O'Donovan,  dans  son  supplément  â  O'Reilly, 
1877,  le  rend  par  «  a  guarantee,  surety;  any  person  whogoes  security  forano- 
ther  Y.  Ce  sens  se  rencontre  plusieurs  fois  dans  le  Senckus  Môr:  Voyez  par 
aemple  Ancml  laws  oj  îreland^  t.  I,  p.  84,  I.  27  ;  p.  214, 1.  23  ;  p.  266,  1.  7, 
9;  t.  II,  p.  282,  1.  II. 

Plus  loin,  livre  VI,  chapitre  10,  Priscien  donne  des  exemples  de  noms  latins 
dont  le  nominatif  est  en  'ts  et  le  génitif  en  -iùs.  Il  cite  termes,  termitis;  mergeSj 
mergitis  ;  là-dessus,  dans  le  manuscrit  de  Leyde,  la  glose  :  *  fervor  •  i.  lindtee 
comme  la  donne  M.  21immer  >,  ou  lind  tu  (fervor)  comme  on  la  trouve  chez 
M.  Whitley  Stokes.  Dans  le  manuscrit  de  Saint-Gall  (p.  102  a,  glose  2),  c'est 
Imdtc  dont  M.  Ascoli,  p.  74,  a  cru  sage  de  ne  lire  ni  17  ni  le  f. 

De  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'ici,  on  aurait  tort  de  conclure  que  toutes  les 
corrections  de  M.  Whitley  Stokes  ont  été  suggérées  à  ce  savant  par  des  lec- 
tures antérieures  du  manuscrit  de  Saint-Gall,  ou  des  manuscrits  parallèles.  Le 
contraire  est  la  vérité.  Dans  un  grand  nombre  de  cas,  les  gloses  du  Priscien  de 
Saint-Gall  manquent  dans  les  manuscrits  de  Leyde  et  de  Karlsruhe  ;  et  la  Gram- 
mat'ua  celtica  les  a  passées  sous  silence.  Cela  n'a  pas  empêché  M.  Whitley  Stokes 
de  les  lire. 

La  collation  de  M.  Whitley  Stokes  a  été  l'objet  d'une  vérification  postérieure 
par  M.  Windisch  2.  Le  savant  celtiste  conclu  comme  nous  que,  eu  égard  à  la 
longueur  de  la  publication,  le  nombre  des  fautes  est  très  petit  ;  que  les  correc- 
tions faites  ne  dépassent  point  la  quantité  de  celles  que  produit  toute  revision 
subséquente  et  qu'en  définitive  on  ne  peut  guère  reprocher,  comme  nous  l'avons 
dit,  qu'un  excès  de  prudence  au  savant  italien.  Nous  n'avons  pas  besoin  de 
dire  avec  quelle  impatience  nous  attendons  l'achèvement  de  la  publication  de 
M.  Ascoli  qui  comprend  comme  on  sait  le  ms.  de  Milan  dont  il  a  paru  trois  li- 
vraisons. H.  D'A.  DE  J. 

VI. 

VÂcademy  du  17  octobre  188$  a  publié,  page  257,  col.  1,  une  note  de 
M.  Whitley  Stokes  qui  doit  tout  particulièrement  intéresser  les  archéologues. 
Le  savant  auteur  y  a  réuni  un  certain  nombre  de  textes,  relatifs  à  l'usage  des 
tombelles  funéraires,  formées  à  l'aide  d'amas  de  pierres,  dans  les  régions  cel- 
tiques. Le  plus  connu  de  ces  textes  est  un  distique  de  Virgile.  Ce  distique  est 
une  épitaphe  proposée  pour  la  tombe  d'un  brigand  nommé  Ballista. 

Monte  sub  hoc  lapidum  tegitur  Ballista  sepultus  ; 
Nocte  die  tutum  carpe,  viator,  iter  *. 

Virgile  était  de  Mantoue,  ville  étrusque,  mais  immédiatement  voisine  des  ré- 

1.  Glossaehibemicae,p,  226. 

2.  Berichte  der  philoL-histor.  Classe  derKœnigL  Sachs.  GaeUschaft  der  Wissenscha  Un, 
1885,  p.  189.  . 

)•  Servius,  édition  Thilo,  t.  I,  p.  1 . 


1 26  Chroniijue. 

gioas  ffltififT  de  la  haute  Italie.  Le  aom  du  mort  offre  le  même  suffiie  de  dé- 
rivation que  ToUsto^  premier  terme  du  nom  des  Tolisto-bogi^  peuple  gaaiois 
d'Asie-Mineure.  Ballista  était  probablement  gaulois. 
On  doit  considérer  comme  plus  ancienne  que  son  épitaphe  l'inscription  de  Todi  : 

Ategaati  Dructini  camiîu  artvass  Couis  Drutîcnos. 
Àtegnati  Druticni  camitu  logan  Coisis  Drutîcnos. 
c'est-à-dire  : 

Ategnati,  Druti  filii,  congessit  lapides  sepulchrales  Coisis,  Druti  filius. 
Ategnati,  Druti  iilii,  congessit  tumuium  Coisis,  Druti  filius  >. 

Bien  que  trouvée  dane  l'Italie  centrale,  sur  les  bords  du  Tibre,  dans  l'ancienne 
Ombrie^  cette  inscription  est  gauloise  et  a  été  gravée  sur  la  tombe  d'un 
Gaulois. 

L*épitaphe  suivante  nous  transporte  dans  le  pays  de  Galles,  au  comté  de 
Caernavon,  à  Penmachno,  et  vers  la  fin  du  v«  siècle  de  notre  ère  : 

Caraasius  hic  jacit  in  hoc  congeries  lapidum  * . 

A  la  même  région  appartient  le  passage  suivant  de  Nennius,  §  75  :  Atthur 
postea  congrcgavit  congestum  lapidum  sub  lapide  quo  irai  vestigium  canis  soi  a  vo- 
catur  Carn  CabaL 

La  plus  vieille  littérature  irlandaise  nous  fournit  deux  textes  analogues  ;  l'un 
appartient  â  la  vie  de  saint  Columba  mort  vers  598  ;  cette  vie  fut  composée  par 
Adamnân,  mort  en  704.  Elle  rapporte  que  saint  Columba,  s'étant  rendu  dans 
l'Ile  de  Skye,  une  des  Hébrides,  amena  au  christianisme  un  personnage  qui 
portait  le  nom  irlandais  d'Artbranân.  A  peine  baptisé,  dit  Adamnân,  le  converti 
meurt  et  on  l'enterre:  ibidtmqiu  sociicongcsto  lapidum  acervo septliunt  3.  L'autre 
texte  irlandais  que  nous  avons  annoncé  nous  conduit  des  Hébrides  en  Irlande  ; 
il  est  emprunté  au  livre  d'Armagh,  manuscrit  bien  connu  du  ix«  siècle  :  et  se- 
pilivit  illum  aurigam  Totum  Calvum,  id  est  Totmael,  et  congrcgavit  lapides  erga 
sepuUrumA,  H.  d'A.  de  J. 

VII. 

VAcademy  du  2  janvier  contient  à  sa  page  8  la  note  suivante  :  Nous  sommes 
autorisés  à  annoncer  que  la  Commission  chargée  de  la  publication  des  lois  an- 
ciennes de  l'Irlande  n'a  pas  le  projet  de  publier  une  seconde  édition  des  quatre 
volumes  déjà  imprimés  sous  sa  direction.  Elle  a  chobi  M.  Atkiason,  professeur 

1.  Whhley  Stokes^  Celtic  declensîon,  pp.  43-4 (•  Beitraege  de  Kuhn,  t.  III,  pp.  6^ 
^9i  7  h  n^'  Fabretti,  Clossariam  italicum,  n'  86,  planche  XXI.  Mommsen^  Corpus  ins- 
aiptionum  latinarum,  t.  I,  n<*  1408  ;  Cari  Pauli,  Die  Inschriften  nordetrusktschen  Alpha- 
bets, p.  84,  et  n'  26  des  planches  I  et  II. 

2.  Rhys,  Lectures  on  welsh  phibbgy,  deuxième  édition,  p.  969.  Hûbner,  Inscriptiones 
Britanniae  christianae^  o*  136.  Westwood,  Lapidarium  Galliae,  plancbe  LXXIX,  n*  2. 

3.  Reeves,  The  life  ^  saint  Columba,  p.  63. 

4.  Livre  d'Armagh,  P  13  b  2;  cf.  Analecta  Bollandiana,t.  II,  p.  58. 


Chroniijue.  127 

au  collige  de  la  Trinité  de  PuUio,  pour  éditer  le  reste  de  roofrage,  aaqad 
seront  joints  un  recueil  de  tariantes  des  mamiscrits  el  00  ^ossaire. 

vni. 

Il  va  paraître  à  Oxford,  sous  la  direction  de  notre  savant  collaborateur 
M.  Rhys,  une  collection  très  importante  des  textes  gallois.  Elle  comprendra  : 

1*  Une  reproduction  photographique  du  Livre  noir  de  Carmarthen  ; 

2*  Le  texte  complet,  typographiquement  reproduit,  du  même  manuscrit,  du 
Livre  d'Aneurin,  du  Livre  de  Taliesin  et  du  Livre  rouge  d'Hergest  (celui-ci  fera 
quatre  volumes)  ; 

3*  Un  choix  des  principales  Triades,  texte,  traduction  et  notes; 

4<>  Une  édition  critique  des  Mabinogion,  texte,  traduction  et  notes. 

De  cette  collection,  le  volume  qui  paraîtra  le  premier  contiendra  le  commen- 
cement du  Livre  rouge.  La  souscription  est  ouverte,  pour  l'Angleterre,  chez 
J.-G.  Evans,  7,  Clarendon  Villas,  Oxford;  pour  la  France, chez  Vieweg,  67, 
rue  de  Richelieu.  Prix  du  volume  in-80,  relief  doré  sur  tranches  :  26  francs. 

IX. 

La  bibliothèque  publique  de  Munich  (Hof-und  Staatsbibliothek)  possède^  sous 
le  Vf*  14846  des  manuscrits  latins,  un  manuscrit  du  xi^  siècle  provenant  de  Saint- 
Emmeran  de  Ratisbonne.  Cest  un  commentaire  sur  la  grammaire  de  Donat.  A 
la  fin,  f*»  106-12 1,  on  trouve  un  recueil  intitulé  :  SorîiUgia  per  literas  et  sacros 
libros  quorum  meminit  divus  Gregorius  Turonensis,  Le  Docteur  Wilhelm  Meyer  a 
découvert  dans  cette  partie  du  manuscrit  un  certain  nombre  de  mots  celtiques, 
et  M.  Thurneysen,  ayant  obtenu  communication  du  même  manuscrit  à  léna,  a 
composé  à  ce  sujet  un  fort  intéressant  mémoire  qui  a  été  lu  à  l'Académie  de 
Munich,  classe  de  philosophie  et  de  philologie,  le  7  février  188 5,  et  publié  dans 
la  première  livraison  des  Comptes-rendus  de  cette  compagnie  savante  pour 
Tannée  1885,  p.  90-112.  Ce  qu'il  y  a  d'étrange,  c'est  que  les  mots  celtiques 
sont,  les  uns  gallois,  les  autres  irlandais. 

Par  exemple,  sont  gallois  les  mots  : 

hi-'gttolt'Uchcl  •  en  chevelure  haute  > . 

hi-dehint  c  en  voyage  ». 

hMig  •  à  la  maison  t. 

g[a]lanasoc  •  meurtrier  »,  dérivé  de  galanas  a  meurtre  »,  glose  :  vit  sangui- 
nosas, 

barb-mclin  «  â  la  barbe  jaune  »,  glose  :  albi  s[unt]  capilli  capitis  ejus.  On  peut 
lire  aussi  albis[tri]  capilli  capitis  ejus. 

Sont  irlandais  : 

glas  no  ban  c  de  couleur  terne,  ou  blanc  >. 

glas  liad  •  de  couleur  terne  et  grise  »,  glose  :  albister. 


1 28  Chronique. 

te/ufolt  ff  chevelure  de  feu  »,  glose:  rufus. 
dub'donn  >  m  brun  foncé  i,  glose  :  discolor. 
cornus  •  puissance  »,  glose:  potcntia. 
anfine  •  étranger  à  ta  famille  ». 

huiath^  no  forloscuthi  •  monument  funèbre  ou  crémation  »,  glose  :  sepul' 
chrum  novum  auditioni 
no  chnuc  no  idnaA  c  ou  ulcère  ou  douleurs  »,  glose:  dolorem  suh  vuArt, 
no  cton  $  no  idna  ^  «  ou  au  front,  ou  douleurs  »,  glose  :  vulnas  in  capiu  ». 
dorochoir  i-fiacli  •  est  tombé  sur  les  dents  » . 
dub'glas  •  noir  terne  > . 
donn  •  brun  »,  glose  :  niger, 

foU  tiug  sir f air  c  chevelure  épaisse  et  longue,  sur  lui  ». 
find'buidei  a  blanc  jaune  »  ou  •  blond  clair  »,  glose:  albister, 
ro'tectsat^  c  ils  eurent  ». 
fos  c  domestique,  garçon  »,  glose:  vir, 
cobrac  t  rencontre,  combat  ».  L'orthographe  reçue* est  comrac. 
promath  inna  celle  t  épreuve  ou  examen  du  sens  » . 


H.  D*A.  DE  J. 


X. 


Dans  VAcademy  du  19  décembre,  M.  Whitley  Stokes  a  publié  une  édition 
nouvelle  de  Thymne  en  Thonneur  des  abbés  de  Bangor  qu'on  trouve  â  la  page  944 
de  la  Grammaiica  celtica.  Le  savant  ceitiste  donne  les  cinq  premiers  et  les  quatre 
derniers  vers  qui  manquent  dans  la  Grammatica  celtica,  et  nous  offre  pour  les 
autres  des  corrections  qui  portent  notamment  sur  les  noms  de  plusieurs  abbés. 

Au  lieu  de  Fintenapum,  lisez  Fintenanum  ; 

Au  lieu  de  Beracnus^  lisez  Berachus  ; 

Au  lieu  de  Adianas,  lisez  Aidanus  ; 

Au  lieu  de  Crotanus,  lisez  Critanus. 


XI. 


Le  no  de  VAcademy  du  5  décembre  précédent  annonçait  que  la  Société  gaé- 
lique d'Inverness  avait  fait  paraître  le  onzième  volume  de  ses  Transactions.  La 
revue  anglaise  nous  apprend  que  ce  volume  contient  des  légendes  et  des  chants 
gaéliques. 


1.  Dans  le  manuscrit,  tonn, 

2.  Dans  le  manuscrit,  hulach. 
j.  Dans  le  manuscrit,  forloseuth, 
4.  Dans  le  manuscrit,  iduu. 


$.  Dans  le  manuscrit,  etoa, 

6.  Dans  le  manuscrit,  iduu, 

7.  Dans  le  manuscrit,  finobaide, 

8.  Dans  le  manuscrit,  roteetsat. 


Le  propriétaire-gérant  :  F.  WIEWEG. 


Chartres.  —   Imprimerie  Durand. 


LA  LÉGENDE  ET  LES  FEMMES 


DANS 


LA  PLUS  ANCIENNE  HISTOIRE  DES  CELTES  ET  DE  LA  GAULE. 


La  fiction  a  toujours  été  un  des  éléments  fondamentaux  de  Phistoire, 
un  de  ceux  où  l^auteur  se  comptait,  qui  séduisent  le  lecteur  et  qui,  sur- 
tout, assurent  le  succès  d'un  livre.  Une  loi  de  notre  intelligence  le  veut 
ainsi  ;  elle  a  régné  jadis  ;  elle  nous  domine  encore,  et  les  générations 
futures  subiront  comme  nous  son  empire. 

Il  semblerait  qu'aujourd'hui,  quand  nous  voulons  raconter  des  événe*- 
ments  peu  éloignés  de  nous,  nous  ayons,  pour  secouer  le  joug  de  la  fiction 
historique,  une  force  qui  manquait  aux  écrivains  du  moyen  âge  et  de 
Tamiquité,  lorsqu'ils  voulaient  écrire  l'histoire  de  leur  époque  ou  de  temps 
plus  anciens.  Depuis  deux  ou  trois  siècles,  les  moyens  de  contrôle  se 
multiplient;  les  documents  sont  tellement  nombreux  que  souvent  le 
principal  embarras  de  ^écrivain  provient  de  la  nécessité  de  se  borner  et 
de  choisir  dans  une  foule  de  pièces  celles  que  de  préférence  il  doit  mettre 
en  relief  et  placer  sous  les  yeux  du  lecteur. 

Si  donc  il  y  a  un  temps  dont  l'historien  puisse  espérer  atteindre  la  vé- 
rité, ce  but  unique,  semble-t-il,  de  ses  recherches  et  de  ses  médita- 
tions,  ce  devrait  être  notre  temps,  et  cependant  ce  but  fuit  toujours 
devant  nous.  Malgré  la  multitude  des  moyens  de  vérification  que  nous 
ofErent  des  documents  de  toutes  sortes,  actes  authentiques,  pièces  offi- 
cielles, mémoires  et  souvenirs  privés,  la  légende  naît  au  milieu  d'eux  ; 
l'historien  l'accueille  avec  plaisir,  soit  qu'il  la  reçoive  d 'autrui,  soit  qu'il 
la  crée  lui-même  à  son  insu,  et  elle  trouve  près  des  foules  la  même 
faveur  qu'autrefois.  Ce  n'est  pas  trop  d'une  armée  d'érudits  pour  la 
combattre  et  l'extirper.  Elle  ressemble  aux  herbes  que  la  nature  sème  et 
fût  germer  dans  le  jardin  le  mieux  soigné  et  qui  sans  un  travail  opiniâtre  y 

Rev.  Celt.  VII.  9 


I  )o  H,  d'Arbois  de  JubainvilU, 

deviendraient  maîtresses  en  transformant  les  ailées  en  prairies  et  en  étouf- 
fant dans  les  carreaux  tous  les  produits  de  la  culture. 

Aux  époques  où  les  monuments  écrits  sont  rares  et  les  érudits  peu 
nombreux,  la  légende  naît  et  grandit  sans  obstacle.  Nous  citerons  comme 
exemple  l'histoire  des  premiers  Mérovingiens,  récemment  étudiée  à  ce 
point  de  vue  dans  un  savant  ouvrage  de  M .  Rajna  >.  Quand  Grégoire  de 
Tours,  l'auteur  de  la  Chronique  de  Frédégaire,  et  celui  des  Cesta  rtgm 
Francorum  entreprirent  de  la  composer,  ils  n'eurent  souvent  à  leur  dis- 
position que  deux  sortes  de  documents  :  d'abord  de  sèches  annales  ^  au- 
jourd'hui perdues,  mais  dont  la  Chronique  de  l'évêque  Marius  et  celle  du 
comte  Marcellin  nous  offrent  des  exemples  ;  ce  n'est  pas  de  l'histoire  ; 
ce  n'en  est  pas  même  le  cadavre;  ce  n'en  est  que  le  squelette;  puis  des 
récits  épiques  avec  tout  l'attrait  de  la  vie,  du  mouvement,  de  la  couleur, 
ce  qu'il  faut  à  un  écrivain  pour  plaire,  trouver  des  lecteurs,  se  survivre 
à  lui-même  à  travers  les  âges,  et  c'est  là  que  Grégoire  de  Tours,  les 
auteurs  de  la  Chronique  de  Frédégaire  et  des  Gesta  regum  Francorum  ont 
recueilli  la  plupart  des  matériaux  avec  lesquels  ils  ont  fondé  l'histoire  de 
France,  non  celle  que  les  érudits  mettent  dans  leurs  livres,  mais  celle 
que  tout  le  monde  sait  et  se  rappelle  avec  plaisir. 

Le  plus  ancien  de  ces  récits  épiques  qui  ont  pénétré  dans  le  domaine 
de  l'histoire  et  qui  s'y  sont  établis,  est  la  légende  du  roi  Chiidéric  exilé 
qui  conquiert  l'amour  de  la  reine  Basine  et  devient  par  elle  père  du 
grand  Clovis.  Créer  avec  succès  le  roman  sans  y  faire  apparaître  une 
femme  est  une  entreprise  difficile.  Aussi  trouvons-nous  un  rôle  de  femme 
dans  la  fiction  épique  par  laquelle  commence  l'histoire  du  royaume  des 
Francs'.  A  cette  fiction  épique  en  succède  une  autre  où  un  rôle  de 
femme  tient  encore  une  grande  place^  que  dis-je?  tient  peut-être  la  pre- 
mière place  ;  c'est  le  récit  détaillé  du  mariage  de  Clovis  avec  ses  inci- 
dents dramatiques,  les  difficultés,  les  obstacles  de  toute  sorte  dont 
triomphe  l'adresse  de  l'envoyé  du  roi  franc  et  l'habileté  de  Cloiilde  in- 
nocente, injustement  persécutée  d'abord,  puis  épouse  dii  plus  grand  roi 
de  son  temps.  Le  mariage,  voilà  la  vérité  historique;  sèche  et  nue^  elle 


1.  Le  otiginl  delP  epopea  francese,  an  Yolume  in-S,  Florence,  1884.  Un  eKcelleat 
compte  rendu  de  cet  ouvrage  a  été  publié  par  M.  Gaston  Paris ,  dans  la  Roauuua, 
treizième  année,  p.  598-627. 

2.  G.  Monod,  Etuda  critiques  sur  les  sourca  de  l'histoire  mirofingienne^  première  par- 
tie, p.  84-86.  Sur  les  autres  documents  dont  Grégoire  a  fait  usage  pour  l'histoire  des 
Francs,  voir  Monod,  ibid.y  p.  79  et  suiv. 

j.  Rajna,  Leorigini  delV  epopea  francese,  pp.  ja  et  suivantes.  Cf.  Monod,  Etudes  cri- 
tiques  sur  les  sources  de  Phistoire  mirovingienne^  première  partie,  pages  91-92.  Cf.  Paris, 
Romania,  t.  Xlll,  p.  603.  M.  Monod  renvoie  à  Junghans  :  Dte  Gachichte  ChiUirichs 
und  Chlodovechs, 


La  légende  et  les  femmes  dans  l'histoire  des  Celtes  et  de  la  Gaule.    1 3 1 

n'avait  pas  d'intérêt  ;  les  détails  qui  Poment  et  qui  en  font  l'attrait  sont 
le  produit  de  la  fiction .  Le  récit  du  baptême  de  Clovis  est  la  suite  du 
récit  du  mariage;  il  a  été  composé  de  la  même  façon.  Là  encore  un  rôle 
de  femme  apparaît  sur  le  premier  plan  ;  cette  femme  est  toujours  Clotilde. 
L'antiquité  classique  a  fait  usage  des  mêmes  procédés.  Quand,  par 
exemple,  Tite-Live  et  Trogue  Pompée  ont  eu  à  raconter  l'histoire  des 
époques  reculées  où  quelques  mots  conservés  par  de  brèves  annales  re- 
présentaient plusieurs  années,  quelquefois  un  siècle  ou  deux,  ils  ont 
comblé  les  vides  et  coloré  leur  narration  en  y  intercalant  des  récits  lé- 
gendaires inventés  avant  eux  par  des  écrivains  dont  le  seul  souci  était  de 
plaire.  L'épopée  romaine  n'existait  pas  ;  celle  des  Gaulois  n'était  pas 
écrite  et  s'est  perdue;  mais  des  écrivains  grecs,  doués  de  plus  d'imagi- 
nation et  d'habileté  que  de  scrupules  scientifiques,  avaient  mis  en  circu- 
lation des  recueils  de  compositions  romanesques,  les  unes  créées  par  eux 
pour  l'amusement  des  gens  oisifs,  les  autres  inventées  ou  arrangées  par 
eux  pour  flatter  l'amour- propre  de  certaines  familles  puissantes  en  leur 
donnant  des  ancêtres  illustres  dans  les  temps  fabuleux.  Ces  deux  sortes 
de  récits,  quoique  d'origine  différente,  se  présentaient  audacieusement 
les  uns  comme  les  autres  avec  l'impudente  prétention  d'être  l'expression 
véridique  ou  même,  comme  on  l'a  dit  de  nos  jours,  la  résurrection  du  passé. 

Quand  vint  le  siècle  d'Auguste  et  que,  pour  satisfaire  un  besoin  de  l'es- 
prit des  Romains,  il  fallut  écrire  à  leur  usage,  dans  la  belle  langue  de 
cette  grande  époque,  l'histoire  des  périodes  précédentes,  il  se  trouva, 
pour  remplir  cette  tâche,  des  hommes  plus  experts  que  ne  devaient  l'être 
plus  tard  Grégoire  de  Tours  et  Frédégaire  dans  l'art  de  composer  un 
livre  et  d'en  agencer  les  phrases.  Mais  pour  recueillir  les  matériaux,  les 
écrivains  classiques  de  Rome  furent,  malgré  leur  talent,  réduits  à  recourir 
aux  procédés  qui  devaient  ultérieurement  être  employés  par  les  écrivains 
de  l'époque  mérovingienne  :  comme  eux,  ils  admirent  dans  leurs  récits 
les  légendes  qui  s'offraient  comme  d'elles-mêmes  pour  combler  les  vides 
des  époques  dont  l'histoire  n'est  que  fragmentaire,  ou  ne  consiste  qu'en 
noms  propres  et  en  dates  plus  ou  moins  certaines. 

Des  compilateurs  grecs  qui  les  avaient  précédemment  recueillies,  un 
des  plus  connus  est  Aristide  de  Milet.  Il  parait  avoir  écrit  vers  la  fin  du 
second  siècle  avant  notre  ère;  il  est  surtout  célèbre  comme  auteur  du 
recueil  perdu  d'aventures  obscènes  que  traduisit'  Sisenna,  l'annaliste 


1-  Venit  Aristidem  Sisenna:  nec  obfiiit  Uli 

Historiae  turpes  înseruisse  jocos. 

Ovide,  Tristes^  livre  II,  vers  443,  444 


1)2  k.  d'Arbois  de  JabainvilU. 

romain^  un  des  prédécesseurs  de  Tite-Live,  et  qui  est  connu  sous  le  nom 
de  Fables  miUsiennes  >.  Le  succès  de  ce  livre  d'Aristide  n'est  pas  attesté 
seulement  par  cette  traduction.  Le  romain  Rustius,  un  des  compagnons 
de  Crassus,  avait  emporté  avec  lui  l'original  grec  dans  l'expédition  contre 
les  Parthes,  l'an  5  )  avant  notre  ère.  On  sait  que  Crassus  y  fut  vaincu  et 
qu'il  y  trouva  la  mort  avec  la  plus  grande  partie  de  ses  soldats  ;  mais  le 
manuscrit  fiit  découvert  dans  les  bagages^  le  vainqueur  l'apporta  au 
sénat  de  Séleucie  et  s'y  moqua  des  Romains  qui^  à  la  guerre^  perdaient 
leur  temps  et  préparaient  leurs  défaites  par  des  lectures  si  peu  utiles  et 
en  même  temps  si  honteuses^. 

Outre  les  Fables  milésiennes,  Aristide  de  Milet  avait  composé  d'autres 
récits  romanesques  où  sous  une  forme  moins  contraire  aux  lois  de  la  mo- 
rale il  n'avait  pas  montré  plus  de  respect  pour  la  vérité.  Un  de  ces  recueils 
portait  le  titre  i* Italiques  i.  C'est  une  des  sources  où  Tite-Live  a  certai- 
nement puisé  un  des  récits  par  lesquels  il  a  su  le  mieux  orner  les  andes 
annales  des  premiers  temps  de  la  république  romaine.  Tout  le  monde 
connaît  d'après  le  grand  écrivain  romain  l'histoire  du  jeune  C.  Mucius. 
Aucune  femme  n'y  intervient,  et  si  nous  en  parlons  ici,  c'est  à  cause  de 
la  netteté  avec  laquelle  l'étude  de  cette  légende  nous  fait  connaître  une 
des  voies  par  lesquelles  la  fable  a  pénétré  dans  les  grandes  compositions 
historiques  de  l'antiquité. 

On  se  rappelle  C.  Mucius  sortant  des  murs  de  Rome  assiégée  et 
aifamée  par  le  roi  étrusque  Porsenna  ;  un  poignard  caché  sous  sa  robe,  il 
pénètre  dans  le  camp  ennemi,  et  s'approche  du  tribunal  où  le  roi,  accom- 
pagné d'un  scribe,  distribuait  la  paie  à  ses  soldats.  Il  n^avait  jamais  vu 
le  prince  étrusque  :  il  tue  le  scribe  en  croyant  frapper  le  roi.  Arrêté  aus- 
sitôt, il  brûle  sa  main  droite  au  feu  préparé  sur  l'autel  pour  un  sacrifice, 
et  après  avoir  donné  à  Porsenna  cette  preuve  d'indomptable  courage,  il 
déclare  que  trois  cents  jeunes  Romains  ont  avec  lui  juré  de  tuer  l'en- 
nemi de  leur  patrie  ;  il  a  été,  lui  Mucius,  désigné  le  premier  par  le  sort 
et  les  autres  sont  prêts  à  suivre  un  à  un  son  exemple  en  s'exposant 
à  tous  les  dangers  pour  exécuter  leur  serment.  Effrayé^  Porsenna  de- 
manda la  paix  4. 

Mucius,  ayant  perdu  l'usage  de  sa  main  droite,  s'appela  dès  lors  «  le 
gaucher  i>,  Scaevola;  telle  est  la  légende.  Or,  il  y  avait  à  Rome,  au  se- 


1.  MiX7)<tiaxo\  \6^Q\,ûktt  Luden,  Amoray  c.  I,  édition  Didot,  p.  985 .  Cf.  Chvla 
Ifûller,  Fragmenta  historicorum  gr^corum^  t.  IV,  p.  326. 

2.  Plutarque,  Crasstu,  c.  )2,  §  4,  édition  Didot,  p.  673. 

3.  Charles  Mùllcr,  Fragmenta  historicorum  grtecorum,  t.  IV,  pp.  320-324. 

4.  Tite-Live,  livre  II,  c.  12,  13. 


La  légende  et  les  femmes  dans  l'histoire  des  Celtes  et  de  la  Gaule,    1 3  3 

cond  et  au  premier  siècle  avant  notre  ère  une  fiamille  consulaire,  celle 
des  Mucius,  surnommée  Scaevola,  c'est-à-dire  «  gaucher  ».  Ce  cognomen 
pouvait  sembler  ridicule;  grâce  à  ce  conte,  on  devait  être  fier  de  le 
porter. 

Tite-Live  n'a  pas  inventé  cette  fable.  L'assassin  patriote,  qui  pour 
sauver  son  pays  pénètre  dans  le  camp  ennemi,  se  trompe  de  victime  et 
arrêté  se  brûle  la  main  droite,  ne  s'est  pas  appelé  d'abord  Mucius  Scae- 
vola.  Quand  il  a  fait  sa  première  apparition  dans  la  littérature,  il  s'appe- 
lait Agésilas  ;  il  était  frère  de  Thémistocle  et  fils  de  Néocle.  La  patrie 
qu'il  voulait  sauver  était  Athènes  ;  le  prince  qu'il  prétendait  poignarder 
était  Xerxès,  roi  des  Perses.  L'auteur  qui  nous  raconte  le  courage  mer- 
veilleux de  l'Athénien  Agésilas  est  Agatharchide  de  Samos  dans  son  livre 
dont  le  titre  est  «  Les  Persiques  »  *.  Aristide  de  Milet,  qui  écrivait  dans 
la  seconde  moitié  du  second  siècle  avant  notre  ère,  n'eut  qu'à  changer 
les  noms  propres  pour  donner  un  ancêtre  illustre  aux  Mucius  Scaevola, 
ses  contemporains,  fournissant  ainsi  un  thème  nouveau  à  ces  généalogies 
menteuses  dont  Tite-Live  se  plaint,  et  qui  lui  ont  cependant  fourni  une 
partie  de  ses  matériaux  >.  Si  elles  l'embarrassaient  quand  elles  se  contre- 
disaient entre  elles,  sa  méthode  critique  ne  lui  suggérait  aucune  raison 
pour  les  rejeter,  quand  elles  s'accordaient  les  unes  avec  les  autres  et 
quand  elles  pouvaient  se  concilier  avec  le  reste  des  documents  qu'il 
mettait  en  œuvre. 

La  leçon  nouvelle,  qui  de  l'Athénien  Agésilas  fait  un  ancêtre  des  Mu- 
cius Scaevola,  a  été  insérée  par  Aristide  de  Milet  au  livre  III  de  ses  Ita- 
Uques^.  Quand  Tite-Live  lui  donna  place  dans  son  histoire  un  siècle  plus 
tard,  il  n'y  fit  guère  d'autre  modification  que  d'y  insérer  quatre  petits 
discours  qui  doublent  à  peu  près  la  longueur  du  morceau  primitif.  L'éru- 
dition moderne  rejette  avec  raison  ce  récit  comme  fabuleux  4.  Mais  sous 
la  forme  littéraire  et  oratoire  dont  le  génie  de  Tite-Live  l'a  revêtu,  il  n'a 
pas  cessé  de  faire  la  joie  des  humanistes.  Sa  rédaction  grecque  la  plus 
ancienne  avait  fourni  un  chapitre  au  livre  a  Du  courage  »  dans  le  Flori- 
Ugium  de  Stobée  au  quatrième  siècle  de  notre  ère.  La  rédaction  de  Tite- 

1.  Plmarqae,  SuvaycofTi  {(ttooiûv  napaXXi{>.ci)v,  c.  2  :  Moralia,  édition  Didot, 
PP*  )75i  37^ >  Stobée,  Florilegiurn,  livre  VII,  c.  63,  édition  Teubner-Meineke,  t.  I, 
PP-  ^7h  <7^  Cf.  Charles  Mûiler,  Fragmenta  historicorum  gràicoram^  t.  III,  p.  197. 

2.  Tite-Live,  livre  VIII,  c.  40.  Cf  A.  Chassang,  Histoire  du  roman  et  de  ses  rapports 
oftc  l'histoire  dans  V antiquité  grecque  et  latine,  p.  94. 

3.  Plutarquc,  SuvoywfJ)  taio.DitSv  îcapaXXTÎAwv,  c.  3:  5a/^fa  mortf/w,  édition  Didot, 
p.  376.  Cf.  Chartes  Mûller,  Fragmenta  historicorum  gr^ecorum^  t.  IV,  pp.  )2o,  321. 

4.  Niebuhr,  Roemische  Geschichte  {iSiS),  t.  I,  p.  604-606.  Mommsen,  Roemuche 
Geschichte,  Uvre  II.  c.  4,  sixième  édition  (1874),  t.  I,  p.  320.  Ouruy,  Histoire  des 
Romains^  nouvelle  édition,  t.  I  (1879),  P*  H^* 


134  ^'  d'Arbois  de  Jubainville, 

Live  est  un  des  plus  beaux  ornements  du  livre  «  Du  courage  »  dans  ie 
Selectae  e  profanis  scriptoribus  historiae  qui,  depuis  un  siècle  et  demi,  est 
chez  nous  une  des  bases  de  l'enseignement  du  latin.  Nos  professeurs  de 
cinquième,  avec  le  même  entrain  que  leurs  devanciers  du  siècle  dernier, 
font  admirer  à  leurs  élèves  étonnés  Phéroisme  de  Mucius  Scaevola,  con- 
damnant sa  main  droite  au  bûcher  pour  la  punir  d'avoir  manqué  le  roi 
Porsenna.  J'ignore  si  beaucoup  de  ces  maîtres  parlent  des  sources  où 
puisa  Tite-Live,  c'est-à-dire  d'Aristide  de  Milet  et  surtout  d'Agathar- 
chide  de  Samos,  chez  qui  Mucius  s'appelle  Agésilas  ;  Porsenna,  Xerxès; 
Rome,  Athènes  ;  et  si  l'on  dit  aux  élèves  de  nos  lycées  que  les  Etrusques 
de  la  rédaction  de  Tite-Live  sont  des  Perses  dans  une  rédaction  plus 
ancienne. 

Aristide,  dans  ses  Italiques,  rapportait  un  autre  conte  qui  ne  serait 
pas  à  sa  place  dans  le  Selectae  et  qui  a  eu  moins  de  succès,  même  ail- 
leurs. Atepomaros,  roi  des  Gaulois,  dit  Aristide,  faisait  un  jour  la  guerre 
aux  Romains.  Il  déclara  qu'il  ne  se  retirerait  pas  si  les  Romains  ne  com- 
mençaient par  lui  livrer  leurs  femmes.  Les  Romains,  sur  le  conseil  de 
leurs  servantes,  envoyèrent  celles-ci  à  la  place  des  maîtresses  ;  puis, 
quand  les  barbares  se  Âirent  endormis,  une  d'elles  sortit  du  camp  et  étant 
parvenue  à  escalader  le  mur  de  Rome,  vint  prévenir  les  consuls  :  les 
Romains  firent  une  sortie  et  remportèrent  une  victoire  complète.  Ce  fiit 
l'origine  de  la  fête  annuelle  des  servantes  ■ .  L'authenticité  de  cette  lé- 
gende a  pour  elle  la  même  autorité  que  celle  de  Mucius  Scaevola,  et  si 
les  Romains  ne  l'ont  pas  introduite  dans  leur  histoire  nationale,  c'est  par 
la  raison  qu'elle  flattait  moins  leur  amour-propre.  Evidemment  Tite-Live 
ne  l'a  trouvée  dans  aucune  d^i  ces  généalogies  dont  il  s'est  souvent  ins- 
piré. C'est  un  des  contes  qui  ont  dicté  les  jugements  des  humanistes  mo- 
dernes sur  Aristide  de  Milet  que,  suivant  Wyttenbach,  on  devrait  rayer 
de  la  liste  des  historiens;  qui,  dit  Gaspard  Valckenaer,  est  un  menteur 
et  un  polisson  ;  Wesseling,  plus  indulgent,  pense  qu'on  peut  considérer 
comme  non  écrits  les  récits  d'Aristide,  mais  que  condamner  l'auteur  à 
mort  et  le  faire  manger  par  les  corbeaux,  serait  bien  dur>. 

Voici  un  autre  récit  légendaire  dont  aucun  texte  n'établit  formellement 
l'origine,  mais  qui  vient  probablement  de  la  même  source  ou  d'une  source 
analogue. 

Un  certain  Lucumon,  de  Clusium,  chef  étrusque,  étant  sur  le  point  de 


1.  Piutarque,  SuvaftoYV)  laxoptm  napaXXijXcuv,  S  }^\  Scripîa  moralia,  édîtion 
Didot,  p.  )84-)8^.  Cf.  Charles  Mûlier,  Fragmenta  historicorum  gracorum^  t.  IV,  p.  )20. 

2.  Voiries  citations  réunies  par  Charles  Mûller,  Fragmenta  historicorum  gr^ecorum,  t.  IV, 

p.  J20. 


La  légende  et  les  femmes  dans  l'histoire  des  Celtes  et  de  la  Gaule,    1 3  ; 

moarir,  chargea  de  l'éducation  de  son  fils  et  du  soin  de  sa  fortune  un 
honnête  homme  qui  s'appelait  Arruns  et  qui  habitait  la  même  ville. 
Amms  se  montra  digne  de  la  confiance  du  père  ;  il  éleva  l'enfant  le 
mieux  qu'il  put  ;  et,  à  sa  majorité,  il  lui  rendit  un  compte  exact  des  biens 
dont  il  avait  eu  l'administration  ;  c'était  la  fortune  la  plus  considérable 
qu'il  y  eût  à  Clusium.  Le  jeune  homme  témoigna  à  son  tuteur  une  vive 
reconnaissance.  Il  ne  quittait  pas  sa  maison  et  semblait  ne  se  trouver 
agréablement  qu'en  sa  compagnie. 

La  vérité  était  qu'Arruns  le  tuteur  avait  une  femme,  jeune  et  belle,  qui 
avait  été  sage  jusque-là,  que  le  pupille  aimait  cette  femme  et  qu'il  avait 
su  se  faire  aimer  d'elle.  Ce  fut  quelque  temps  un  secret  ;  mais  enfin  la 
honte  du  mari  devint  publique  et  les  deux  amants  perdirent  toute  réserve. 
Arruns  entama  un  procès  contre  son  rival  ;  mais  celui-ci,  qui  avait  plus 
d'amis  et  d'argent,  obtint  contre  toute  justice  les  suffrages  des  juges.  Ar- 
runs ne  put  supporter  cette  humiliation.  Prétextant  un  voyage  de  com- 
merce, il  sortit  de  Clusium  et  de  l'Italie  ;  il  passa  les  Alpes  et  se  rendit 
dans  le  pays  des  Celtes,  emmenant  avec  lui  sur  des  chariots  un  grand 
nombre  d'outrés  de  vin  et  d'huile,  et  beaucoup  de  paniers  de  figues. 

Aucun  Celte  jusque-là  n'avait  mangé  de  figues;  personne  chez  eux  ne 
connaissait  ni  le  vin,  ni  l'huile.  Ils  remplaçaient  le  vin  par  une  liqueur 
fermentée,  de  mauvaise  odeur,  qu'ils  fabriquaient  en  faisant  pourrir  de 
Porge  dans  de  l'eau;  chez  eux,  ce  qui  tenait  lieu  d*huile,  c'était  delà 
graisse  de  cochon  vieillie  et  aussi  désagréable  pour  le  goût  que  pour 
Todorat.  Tels  sont  les  termes  dans  lesquels  l'auteur  grec  qui  nous  sert 
de  guide  apprécie  la  valeur  gastronomique  de  la  bière  et  du  saindoux  des 
Gaulois. 

Quand,  pour  la  première  fois^  ils  goûtèrent  de  toutes  les  bonnes  choses 
qu'Arruns  apportait  d'Italie,  le  plaisir  qu'ils  en  éprouvèrent  fut  égal  à 
leur  étonnement.  Ils  demandèrent  à  leur  hôte  comment  et  chez  qui  se 
produisaient  un  breuvage  et  des  aliments  si  doux.  ((  La  terre  sur  laquelle 
on  les  récolte,  répondit  Arruns,  est  vaste  et  riche;  mais  les  hommes  qui 
rhabitent  sont  peu  nombreux,  et,  à  la  guerre,  ils  ne  valent  pas  mieux 
que  des  femmes.  Vous  avez  bien  fait  de  m'acheter  ces  marchandises, 
mais  si  j'ai  un  conseil  à  vous  donner,  c'est  de  ne  pas  recommencer. 
Chassez  d'Italie  ceux  qui  en  sont  aujourd'hui  les  maîtres  et,  devenus 
propriétaires  du  sol,  vous  récolterez  vous-mêmes  et  vous  ne  paierez 
plus  à  personne  les  fruits  qu'il  produit  ».  Persuadés  par  ce  discours,  les 
Celtes  entrèrent  en  Italie  et  vinrent  attaquer  les  habitants  de  Clusium  ; 
Arruns  leur  servit  de  guide. 

Ce  récit  invraisemblable  est  rjiçonté  par  Denys  d'Halicamasse,  Tite- 


1 0  //.  d'Arbois  de  Jubainville, 

Live  et  Plutarques  mais  leur  prédécesseur,  le  grand  historien  Polybe, 
ne  le  connaît  point  '. 

Le  conte  qui^  chez  Pabréviateur  de  Trogue  Pompée,  vient  orner  l'his- 
toire de  la  fondation  de  Marseille  est  digne  de  la  même  confiance.  Une 
flotte  phocéenne,  conduite  par  Simos  et  Protis,  vint  aborder  à  l'embou- 
chure du  Rhône,  dans  le  pays  des  Segobrigii^  où  régnait  alors  Nannus. 
Les  deux  Grecs  allèrent  trouver  ce  roi  pour  lui  demander  son  amitié.  Le 
hasard  voulut  que  Nannus  fût  alors  occupé  de  préparer  les  noces  de  Gyptis^ 
sa  fille.  Il  allait,  suivant  Tusage  de  ce  peuple,  livrer  sa  fille  à  un  gendre 
choisi  par  elle  au  milieu  même  du  festin.  Tous  les  grands  seigneurs  du 
pays  devaient  se  trouver  à  la  noce  ;  les  deux  chefs  grecs,  hôtes  du  roi, 
furent,  comme  eux,  invités  au  repas.  Quand  la  réunion  fut  complète,  la 
jeune  fille  fiit  introduite,  et  le  père  lui  ordonna  d'offrir  de  l'eau  à  celui 
des  assistants  qu'elle  choisirait  pour  époux.  Gyptis  se  tourna  vers  les 
Grecs  et  présenta  l'eau  à  Protis  qui,  d'hôte  du  roi^  devint  ainsi  son 
gendre.  Aussi  obtint-il  sans  difficulté  le  terrain  nécessaire  pour  la  cons- 
truction d'une  ville). 

Ainsi  Marseille  dut  sa  fondation  à  l'amour  subit  qu'un  jeune  Grec  ins- 
pira un  jour  à  une  fille  de  roi  au  milieu  d'un  festin.  Bientôt  après,  la 
ville  nouvelle  échappa  à  un  danger  inévitable,  grâce  à  l'amour  d'une 
autre  femme  barbare  pour  un  autre  Grec.  Nannus,  roi  des  Segobrigii, 
beau-père  du  fondateur  de  Marseille,  était  mort.  Comanus,  son  fils,  lui 
avait  succédé.  Un  prince  de  rang  moins  élevé  lui  donna  le  conseil  de 
détruire  la  nouvelle  colonie  grecque  :  faible  encore,  elle  pourrait  devenir 
puissante  un  jour  et  opprimer  ses  voisins.  «  Une  fois,  ajouta-t-il,  une 
chienne  pleine  pria  un  berger  de  la  laisser  pendant  quelque  temps  s'éta- 
blir dans  un  coin  pour  y  mettre  bas  sa  portée.  Elle  l'obtint  ;  puis  de- 
manda d'y  rester  jusqu'à  ce  que  ses  petits  fussent  élevés.  Quand  ils 
furent  grands,  elle  et  ses  enfants  se  prétendirent  propriétaires  de  leur 
abri  et  refusèrent  de  s'en  aller.  Ainsi,  dit-il,  les  Marseillais,  humbles  au- 

1.  Denys  d'Halîcarnasse,  livre  XI II,  c.  lo  et  ii  ;  édition  Teubner-Kiessling,  t.  IV, 

{>p.  I9$-I97'  Cf.  Plutarque,  Camille,  c.  i$,  S  ^'5*  édition  Didot,  p.  162;  Tite-Live, 
ivre  V,  c.  )3,  S  2-4.  Le  plus  développé  de  ces  récits  est  celui  de  Denys  d'Halicamasse  ; 
le  plus  court,  celui  de  Tite-Live.  Cependmt  Plutarque  et  Tite-Live  offrent  Quelques  traits 
qui  manquent  chez  Denys  ;  on  peut  supposer  qu'il  y  a  eu  deux  rédactions  différentes. 

2.  On  peut  même  dire  que  le  réci^  de  Polybe  l'exclut.  Polybe  distingue  dans  l'invasion 
celtique  en  Italie  deux  périodes.  L'une  est  celle  où  les  Gaulois  firent  la  conquête  du 
bassin  du  Pô  et  des  régions  voisines  (livre  II,  chap.  17,  et  §  i  du  chap.  18).  L'autre, 
un  peu  postérieure  ([Lt-cà  U  Ttva  x^povov)»  est  celle  où  ils  prirent  Rome  (g  2  du  chap.  18}. 
Le  siège  de  Clusium  et  la  prise  de  Rome  eurent  lieu^  comme  on  sait,  dans  la  même  ex- 
p^ition.  On  n'ignore  pas  du  reste  qu'à  la  date  du  siège  de  Clusium,  les  Gaulois  étaient 
en  Italie  depuis  au  moins  six  ans. 

3.  Justin,  livre  XLIIl,  c.  ),      S-ii. 


La  légende  et  les  femmes  dans  l'histoire  des  Celtes  et  de  la  Gaule.   1 37 

jourd'hui,  et  qui  ne  semblent  que  nos  locataires^  prétendront  un  jour 
être  les  maîtres  du  pays.  »  Ce  discours  persuada  le  roi,  qui  voulut  s'em- 
parer de  Marseille  par  surprise.  Il  profita  de  la  fête  de  Flore  ;  à  l'occa- 
sion de  cette  fête^  un  grand  nombre  d'hommes  courageux  et  braves  en* 
voyés  par  lui  se  rendirent  ostensiblement  dans  la  ville  où  ils  s'établirent 
en  qualité  d'hôtes  chez  les  habitants.  Il  en  fit  introduire  en  secret  beau- 
coup d'autres  cachés  dans  des  paniers  que  portaient  des  voitures  cou- 
vertes de  feuillage.  Lui-même  alla  se  mettre  en  embuscade  avec  une 
armée  dans  les  montagnes  les  plus  proches.  Il  comptait  profiter  de  la 
nuit  ;  les  hommes  qu'il  avait  envoyés  à  Marseille  devaient  lui  ouvrir  les 
portes  de  la  ville  au  moment  où  tous  les  habitants  auraient  été  plongés 
dans  le  sommeil  et  bon  nombre  appesantis  par  l'ivresse.  Mais  une  pa- 
rente du  roi  était  la  maltresse  d'un  jeune  Grec;  elle  eut  pitié  de  son 
amant,  lui  découvrit  le  danger  qui  le  menaçait,  et  lui  conseilla  de  fuir. 
Il  alla  prévenir  les  magistrats.  Les  barbares,  qui  avaient  été  accueillis 
comme  hôtes^  furent  immédiatement  arrêtés  ;  ceux  qui  se  cachaient  dans 
des  paniers  en  furent  tirés  ;  on  les  mit  tous  à  mort.  Le  roi,  qui  comptait 
surprendre  Marseille,  fut  lui-même  attaqué  au  moment  où  il  s'y  attendait 
le  moins  et  périt  avec  sept  mille  de  ses  soldats.  Depuis  ce  temps-là,  les 
habitants  de  Marseille  prennent,  les  jours  de  fêtes,  les  plus  grandes  pré- 
cautions; ils  tiennent  les  portes  fermées,  montent  la  garde  quand  il  fait 
nuit,  mettent  des  factionnaires  sur  les  murailles,  ne  laissent  entrer  aucun 
inconnu,  agissent,  en  un  mot,  de  tout  point  comme  en  temps  de  guerre. 
On  a  déjà  remarqué  que,  dans  ce  récit^  il  y  a  pour  ainsi  dire  deux 
actes  :  le  premier  se  rapporte  au  règne  du  roi  Nannus;  c'est  le  plus  an- 
cien des  deux  ;  le  second  est  une  suite  ajoutée  au  premier  pour  le  ra- 
jeunir en  quelque  sorte  et  en  exploiter  le  succès.  La  légende  du  roi 
Nannus  et  de  sa  fille  se  fiançant  dans  un  festin  par  l'offrande  d'une 
coupe  au  chef  de  la  flotte  phocéenne  existait  déjà  dans  la  seconde  moitié 
du  iv«  siècle  avant  notre  ère.  Aristote  Pavait  insérée  dans  son  traité  «  De 
la  république  de  Marseille  ».  Le  fonds  de  son  récit  est  identique  à  celui 
que  nous  a  conservé  l'abréviateur  de  Trogue  Pompée.  Il  y  a  toutefois 
quelques  différences  :  ainsi  chez  Aristote,  la  jeune  fille  s'appelle  Petta  *, 
et  non  Gyptis  ;  son  heureux  mari,  Euxène,  et  non  Protis  ;  mais  leur  fils 
porte  le  nom  de  Prôtos  ',  et  de  lui  descend  une  famille  marseillaise  qui 


i.  Après  son  mariage,  suivant  Aristote,  elle  reçut  le  nom  d'Aristoxène.  D'après  le  même 
auteur,  son  père  s'appelle  Nanos  par  une  seule  n,  au  lieu  de  Nannus  par  deux.  Mais  ce 
sont  des  détails  accessoires. 

2.  La  plus  ancienne  forme  de  la  légende  fait  donc  descendre  les  Prôtiades  de  Prôtos, 
fils  du  fondateur  de  Marseille.  Dans  la  rédaction  la  plus  récente,  le  fondateur  de  Mar- 


1)8  H.  d* Artois  de  Jubainrille, 

existait  encore  au  temps  d'Aristote,  les  PrAtiades.  Ce  nom  nous  fait 
toucher  du  doigt  l'origine  de  la  légende.  Nous  sommes  ici  en  présence 
d^ne  de  ces  fables  généalogiques  dont  le  conte  de  Mucius  Scaevola  est 
un  autre  exemple. 

D'autre  part,  le  récit  d'Aristote  échappe  à  un  ridicule  que  nous  ofire 
celui  de  Justin.  Le  lecteur  a  dû  remarquer  que  chez  ce  dernier  c>st  de 
Teau  pure  que  la  jeune  fille  oflire  à  son  futur  époux  ;  chez  Aristote  la 
coupe  contient  un  mélange  '  où  entre  une  liqueur  moins  vulgaire,  peut- 
être  du  vin,  comme  le  suppose  un  traducteur  qui  a  senti  l'élégance  de 
la  fiction  primitive.  Enfin  Aristote  ne  dit  pas  de  quel  peuple  Nannus  était 
roi.  C'est  par  un  développement  postérieur  de  la  légende  que  s'est  in- 
troduit ici  le  nom  des  Segobrigii,  peuple  inconnu  d'ailleurs,  nom  fabriqué 
à  l'aide  de  celui  de  Segobriga,  capitale  des  Celtibères,  en  Espagne,  ville 
dont  les  habitants  s'appelaient  Segobrigenses  et  non  Segobrigii^.  Dans  la 
suite  donnée  au  premier  récit  et  qui  ne  se  trouve  que  chez  Justin,  Co- 
manus,  fils  et  successeur  de  Nannus,  est  roi  des  Ligures,  qui  se  trouvent 
par  conséquent  identifiés  aux  Segobrigii  et  transformés  en  Celtibères  ; 
ce  sont  des  Ligures  que  le  roi  Comanus  fait  entrer  à  Marseille  cachés 
dans  des  paniers  ',  à  peu  près  comme  dans  un  conte  célèbre  les  qua- 
rante voleurs  d'Ali-Baba,  ou  comme  les  guerriers  qui,  dans  une  chan- 
son de  geste  française,  sont  introduits  par  Guillaume  au  Court-Nez  dans 
la  ville  de  Nîmes,  alors  au  pouvoir  des  Sarrasins  4.  il  y  a  là  pour  l'his- 
toire la  plus  ancienne  des  Segobrigenses  et  des  Ligures  une  base  bien 
fragile  :  empruntée  au  roman,  elle  se  brise  sous  les  pieds  de  l'historien. 
Elle  est  pourtant  donnée  pour  certaine  par  deux  de  nos  écrivons  les  plus 
justement  populaires,  tels  sont  Amédée  Thierry  s  et  Henri  Martin  ^. 

Voici  un  autre  roman  qui  n'a  pas  eu  le  même  succès  près  des  histo- 


seille  est  Prôtis,  ancêtre  des  Prôtiades.  Cette  dernière  doctrine  ne  se  trouve  pas  seule- 
ment chez  Justin;  on  la  rencontre  dans  Plutarque,  Soloiif  c.  2,  g  4,  édition  Diaot,  p.  9j. 

I.  <1>iaX7)v  xsxepaajiivTjv.  Aristote,  édition  Didot.  t.  IV,  deuxième  partie,  p.  176, 
col.  I.  Athénée,  livre  XIII,  c.  j6;  édition  Teubner-Meineke,  t.  III,  p.  )8. 

a.  Strabon,  livre  III,  c.  4,  g  13,  édition  Didot,  p.  ijf,  1.  10.  Pline,  Histoire  natu- 
relle, livre  III,  S  2J'  Ptoléméc,  livre  II,  c.  6,  g  57,  édition  Didot-Mûller,  t.  I,  p.  179. 
On  remarquera  que  Strabon  écrit  ^i^o^pl^a  par  un  s  ;  Ptolémée,  TlriyaMyci  par  un  y^ 
et  Pline,  Segobrigenses.  Le  même  nom  de  peuple  se  trouve  chez  Frontin,  livre  III,  c.  10, 
g  6.  Cf.  Corpas  inscriptionum  latinarunij  t.  II,  n*  4 191  :  Segobriga;  n"*  4191  :  Segobri- 
genses ;  4220  :  Seçobrigensi  ;  4222  :  Segobri[g]ensi. 

).  Plures  scirpeis  latentes  frondibufque  supertectos  induci  vehiculis  jubet Atque 

ita,  pitefactis  insidiis,  cuncti  Lieures  comprehendontur  latentesque  de  scirpeis  protrahun- 
tur.  Justin,  livre  XLIII,  c.  4,  g  7,  9. 

4.  Le  charroi  de  Nîmes,  voyez  L.  Gautier,  Les  épopées  françaises ^  première  édition, 
t.  III,  p.  JJ9-362. 

$.  Histoire  des  (7tfu/oij,  nouvelle  édition  (1863),  t.  I,  p.  136-141. 

6.  Histoire  de  France^  quatrième  édition  (185$),  t.  I.  p.  11-12. 


La  légende  et  les  femmes  dans  l* histoire  des  Celtes  et  de  la  Gaule.    1 39 

riens  français.  Transportons-nous  en  Asie-Mineure,  sur  les  côtes  de  la 
mer  Egée,  vers  Tan  278  avant  notre  ère.  Les  Gaulois  ont  été  Tannée 
précédente  saccager  et  piller  le  sanctuaire  vénéré  d'Apollon  Delphien. 
Cest  en  Asie-Mineure  qu'ils  vont  continuer  leurs  dévastations.  Le  sen- 
timent qu'ils  inspirent  aux  Grecs  est  celui  de  l'indignation,  de  l'horreur 
et  de  l'effiroi.  Quelques  années  après,  un  poète  alexandrin  chantait  les 
souvenirs  sinistres  de  cette  époque  désastreuse  où  :  «  levant  sur  les 
«  Grecs  leur  épée  barbare,  les  derniers  des  Titans,  »  dit-il,  «  conduits 
a  par  le  dieu  celtique  de  la  guerre  et  arrivant  de  l'Occident  extrême,  se 
a  précipitèrent  sur  le  monde  hellénique,  tels  que  des  flocons  de  neige, 
c  et  aussi  nombreux  que  les  étoiles  »  *. 

Un  des  faits  les  plus  connus  de  la  première  campagne  des  Gaulois  en 
Asie-Mineure  fut  leur  expédition  contre  la  ville  de  Milet.  Ils  arrivèrent 
sous  les  murs  de  Milet  au  moment  de  la  fête  des  Thesmophories. 
Cette  solennité  avait  été  instituée  en  l'honneur  de  la  déesse  Dèmëtér  que, 
plus  tard,  dans  la  mythologie  gréco-romaine,  on  a  identifiée  à  Gérés.  A 
Milet,  le  temple  de  Dëmètér  était  situé  hors  de  la  ville.  Les  femmes 
mariées' y  étaient  réunies  et  célébraient  les  mystères  de  la  déesse, 
quand  les  Gaulois,  arrivant  à  l'improviste,  les  firent  prisonnières.  Dans 
le  voisinage  du  temple,  ils  rencontrèrent  trois  jeunes  filles  dont  le  sort 
tragique  a  été  chanté  par  Anytas  de  Mitylène  :  «  elles  préférèrent,  dit 
ce  poète,  la  mort  à  la  honte  dont  les  menaçait  l'impudique  barbarie  du 
Galâte  sans  loi  ;  la  violence  du  dieu  celtique  de  la  guerre  leur  ôta  la  vie, 
mais  elles  périrent  vierges  ;  et  Aidés,  le  dieu  des  morts,  se  chargea  de 
leur  hyménée  '  ». 

Quant  aux  femmes  de  Milet,  elles  eurent  une  destinée  moins  funèbre. 
Plusieurs  furent  rachetées  par  leurs  maris,  qui,  paratt-il,  durent  les 
payer  fort  cher  ;  «  on  en  délivra  ainsi  un  certain  nombre  »  dit  un  auteur 
grec,  «  mais  d'autres  s'unirent  aux  barbares,  qui  les  emmenèrent  avec 
«  eux.  Parmi  ces  dernières  était  Hërippe,  femme  de  Xanthos^  homme 
«  très  considéré  à  Milet  et  de  bonne  naissance  ;  elle  laissait  un  enfant 
«  de  deux  ans.  Xanthos  la  regretta  beaucoup.  Aussi,  réalisant  une  partie 
«  de  sa  fortune,  il  réunit  deux  mille  pièces  d'or^  se  rendit  en  Italie  et  de 
a  là,  transporté  à  Marseille  par  quelques-uns  de  ses  hôtes,  il  arriva  dans 
«  la  Celtique.  Parvenu  à  la  maison  que  sa  femme  occupait  avec  un  des 


1.  Callimaque,  Eiç  A^Xov,  vers  172-176,  édition  Schneider,  t.  l,p.  40. 

2.  Preller,  GriechiscHe  Mythologie,  première  édition,  t.  I,  p.  480.  Decharme,  liytho' 
logie  de  la  Grèce  antique,  seconde  édition,  p.  377. 

3.  Anthologie  grecque,  édition  Didot,  livre  IV,  épigramme  492,  t.  I,  p.  )68. 


1 40  H.  d*Arbois  de  JubainvUle. 

«  plus  illustres  d^entre  les  Celtes,  il  demande  Thospitalité.  On  l'accueille 
a  avec  empressement,  car  les  Celtes  reçoivent  très  bien  les  étrangers; 
«  il  entre  et  aperçoit  sa  femme  ;  celle-ci  l'attire  à  elle  avec  de  grandes 
il  marques  d'amitié,  et  l'embrasse.  Tout  à  coup  le  Celte  survient,  Hè- 
a  rippe  lui  raconte  le  voyage  de  son  mari,  et  comment  il  est  venu  pour 
«  la  racheter.  Le  Celte,  saisi  d'admiration  pour  Xanthos,  réunit  ses  plus 
«  proches  parents  et  offre  au  nouveau  venu  un  grand  repas.  Vers  la  fin 
«  du  festin,  il  fait  placer  la  femme  à  côté  du  mari,  et  demande  par  inter- 
«  prête  à  ce  dernier  quelle  fortune  il  possède  en  ce  moment.  Xanthos 
«  répondit  que  le  chiffre  se  montait  à  mille  pièces  d'or.  Vous  parta- 
«  gérez,  lui  dit  le  barbare,  cette  somme  en  quatre  parts  égales,  vous  en 
«  garderez  trois  pour  vous,  votre  femme  et  votre  enfant,  vous  m'en 
«  donnerez  la  quatrième  comme  rançon  de  votre  femme.  Puis  Xanthos 
«  et  Hèrippe  se  retirèrent  dans  leur  chambre  ;  alors  la  femme  reprocha 
«c  à  son  mari  d'avoir  promis  tant  d'argent  au  barbare:  Tu  ne  possèdes 
«  pas  cette  somme,  lui  dit-elle,  et  tu  cours  grand  danger  si  tu  ne  tiens 
a  pas  ta  parole.  Xanthos  répondit  que  cette  somme  n'était  qu'une  partie 
(c  de  sa  fortune,  qu'il  avait  caché  dans  les  chaussures  des  domestiques 
«  qui  l'accompagnaient  mille  pièces  d'or  en  sus  de  celles  qu'il  avait  dé- 
a  clarées.  En  effet,  il  n'espérait  pas  que  le  barbare  se  contenterait  d'une 
«  rançon  aussi  modique,  et  ses  prévisions  étaient  beaucoup  moins  heu- 
«  reuses  que  la  réalité.  Le  lendemain  la  femme  raconta  au  Celte  quelle 
«  quantité  d'or  son  mari  avait  apportée  ;  elle  lui  conseilla  de  tuer  Xan- 
«  thos.  Je  préfère  de  beaucoup  ton  amour,  disait-elle,  au  plaisir  de  revoir 
«  ma  patrie,  même  mon  enfant.  Quant  à  Xanthos,  je  le  déteste.  Le  Celte 
«  ne  prit  aucun  plaisir  à  ce  discours  et  résolut  d'infliger  à  celle  qui 
«  l'avait  tenu  le  châtiment  qu'elle  méritait. 

oc  Lorsque  Xanthos,  après  avoir  payé  la  rançon  de  sa  femme,  désira 
«  partir,  son  hôte  le  reconduisit,  emmenant  avec  lui  Hêrippe.  A  leur 
a  arrivée  sur  la  frontière  du  pays  des  Celtes,  le  barbare  dit  qu'il  voulait 
«  offrir  un  sacrifice  aux  dieux  avant  leur  séparation.  Il  fit  approcher 
«  une  victime  et  pria  Hêrippe  de  tenir  cet  animal.  Tandis  que  la  femme 
«  s'acquittait  de  ce  soin  comme  elle  en  avait  d'ailleurs  l'habitude,  le  Celte 
a  leva  son  épée  et  frappa,  mais  au  lieu  de  trancher  la  tête  de  la  victime, 
tt  ce  fut  à  Hêrippe  qu'il  coupa  la  tête.  » 

L'auteur  grec  que  nous  traduisons  n'a  pas  cru  pouvoir  peindre  le  dé- 
sespoir du  mari  ni  reproduire  les  cris  de  douloureuse  indignation  que  lui 
fit  pousser  une  si  cruelle  violation  de  la  parole  donnée.  Mais  le  barbare 
ne  le  laissa  pas  longtemps  donner  cours  à  ses  regrets.  Il  lui  raconta  la 
perfidie  d'Hêrippe  et,  généreux  jusqu'au  bout,  ne  prit  pas  congé  de  son 


La  légende  et  les  femmes  dans  l*nistoire  des  Celtes  et  de  la  Gaule.   141 

hôte  sans  lui  avoir  restitué  la  rançon  qu'il  avait  reçue  pour  elle.  Ce  Gau- 
lois, au  caractère  si  noble,  s'appelait,  dit-on,  Cavara. 

On  est  généralement  d'accord  pour  considérer  ce  récit  comme  une 
fiction.  On  ne  sait  rien  de  précis  sur  Aristodème  de  Nysa,  le  plus  ancien 
auteur  qui  l'ait  rapporté.  Mais  dès  l'antiquité,  l'histoire  d'Hërippe  a  été 
comprise  dans  le  recueil  de  petits  romans  grecs  que  nous  devons  à  Par- 
thénios,  et  c'est  dans  la  collection  des  romans  grecs  qu'on  l'imprime  en- 
core aujourd'hui  ' .  Cela  ne  nous  empêchera  pas  de  nous  demander 
pourquoi  Amédée  Thierry  n'en  dit  rien  dans  la  partie  de  son  histoire 
des  Gaulois  qui  est  consacrée  à  leur  établissement  en  Asie-Mineure.  Les 
légendes  relatives  à  la  fondation  de  Marseille  ne  sont  pas  moins  fabu- 
leuses, et  il  n'en  a  point  privé  ses  lecteurs.  Mais  ici,  il  a  craint  que  le 
génie  chevaleresque  de  la  nation  française  ne  repoussât  un  épisode  où 
le  caractère  de  la  femme  est  présenté  sous  un  jour  si  défavorable.  Peut- 
être  aussi  a-t-il  redouté,  pour  l'avenir  de  son  ouvrage,  la  vengeance  des 
lectrices  qu'une  telle  peinture  aurait  mécontentées. 

Il  a  cru  plus  sage  de  donner  place  dans  son  livre  à  un  autre  petit  ro- 
man grec  dont  les  acteurs  sont  des  Gaulois  d'Asie-Mineure  et  où  une 
femme  montre  une  grandeur  d'âme  qu'on  admirerait  partout,  mais  qui 
offre  ici  un  contraste  frappant  avec  la  bassesse  d'Hèrippe. 

Tous  ceux  qui ,  chez  nous ,  ont  étudié  l'histoire  des  Gaulois,  connais- 
sent les  malheurs  et  l'héroïsme  de  la  jeune  et  belle  Camma^  prêtresse 
d'Artémis  et  femme  de  Sinatos,  tétrarque  de  Galatie,  c'est-à-dire  un  des 
quatre  rois  qui  gouvernaient  les  Gaulois  d'Asie-Mineure.  Elle  n'avait  pas 
eu  d'autre  époux  que  lui.  Elle  l'aimait  passionnément.  Il  éprouvait  pour 
elle  le  même  sentiment.  Elle  inspirait  à  tous  ses  inférieurs  l'affection  par 
sa  douceur  et  sa  bonté,  aux  autres,  l'admiration  par  l'éclat  de  sa  beauté 
que  relevait  la  splendeur  de  son  costume  dens  les  cérémonies  du  culte 
d'Artémis.  Un  parent  de  son  mari,  Sinorix,  devint  amoureux  d'elle.  Si- 
norix  était  tétrarque  ou  roi,  comme  Sinatos,  mais  plus  puissant  et  plus 
riche.  Cependant  il  reconnut  que  toute  tentative,  soit  pour  séduire 
Gamma  par  la  persuasion,  soit  pour  s'emparer  d'elle  par  la  violence, 
serait  inutile.  L'amour  de  Gamma  pour  Sinatos  et  sa  fidélité  conjugale 
étaient  un  obstacle  insurmontable.  Emporté  par  l'ardeur  de  sa  passion,  il 
résolut  la  mort  de  ce  mari  trop  heureux  ;  mais  il  n'avait  ni  motifis  plau- 
sibles, ni  assez  de  courage  pour  l'attaquer  ouvertement  \  il  recourut  à  la 
ruse  et  le  tua  par  trahison. 


I.  Partheoîos,  Hepi  epa)xi)Uov  KaÔïifjiitwv,  c.8,  édition  Teubncr-Hercher,  p.  10-12; 
édition  Didot,  p.  8-9.  Cf.  Ch.  Mûller,  Fragmenta  historicorum  gracorum,  t.  III,  p.  307. 


1 42  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 

Caroma,  dans  sa  douleur,  eût  recours  aux  consolations  que  la  religion 
lui  offirait.  Elle  se  consacra  à  peu  près  exclusivement  au  culte  d'Artémis. 
Elle  passait  dans  le  temple  presque  tout  son  temps.  Bientôt  les  préten- 
dants à  sa  main  affluèrent  ;  parmi  eux  des  grands  seigneurs  et  même  des 
rois;  elle  refusa  de  les  recevoir.   Enfin  Sinorix  se  présenta;  il  eut 
l'adresse  de  pénétrer  jusqu'à  elle  pour  lui  parler  de  son  amour,  de  ses 
richesses,  de  sa  puissance,  qui  lui  donnait  sur  Sinatos  la  supériorité  ;  et 
il  eut  l'audace  d'avouer  à  Camma  qu'il  était  l'assassin  de  l'époux  tant 
regretté.  «  Mais,  si  je  l'ai  tué  »,  ajouta-t-il,  «  c'est  par  amour  pour  toi; 
«  ma  seule  méchanceté  est  de  t'avoir  trop  aimée  ».  Camma  le  repoussa; 
il  revint  à  la  charge  à  plusieurs  reprises,  chaque  fois  en  vain.  Mais  les 
refus  qui  lui  étaient  opposés  n'avaient  pas  la  forme  dure  à  laquelle  on 
aurait  pu  s'attendre.  Camma,  qui  d'abord  avait  semblé  ne  songer  qu'à 
venger  son  mari,  paraissait  s'adoucir;  car  ses  parents  et  ses  amis,  cher- 
chant à  plaire  au  tout- puissant  Sinorix,  employaient  tous  les  moyens  de 
persuasion  et  même  presque  de  contrainte  pour  la  décider  à  consentir  à 
cette  union.  Elle  finit  même  par  leur  dire  qu'elle  cédait  et  elle  donna 
rendez-vous  à  Sinorix  dans  le  temple  pour  faire  en  présence  de  la 
déesse  la  célébration  solennelle  de  leur  mariage.  Sinorix  arriva  à  Pheure 
dite  ;  toute  la  noblesse  de  Galatie,  hommes  et  femmes,  l'accompagnait. 
Camma  alla  au-devant  de  lui  d'un  air  gracieux,  lui  tendit  la  main  droite 
et  le  conduisit  à  l'autel  de  la  déesse.  Alors,  accomplissant  le  rite  tradi- 
tionnel, elle  saisit  une  coupe  d'or  pleine  d'hydromel  :  après  en  avoir 
versé  quelques  gouttes  par  terre  en  l'honneur  de  la  déesse,  elle  en  but 
une  partie  et  invita  Sinorix  à  boire  le  reste.   Celui-ci,  arrivé  au  comble 
de  ses  vœux,  acheva  la  coupe  tout  ravi.  Pendant  qu'il  buvait,  Camma 
le  regardait  faire.  Avant  l'arrivée  des  invités,  elle  avait,  dans  la  coupe, 
mélangé  à  l'hydromel  un  poison  mortel.  Quand  Sinorix  eut  fini,  elle  jeta 
un  grand  cri  où  les  assistants  distinguèrent  le  nom  de  son  défunt  époux; 
puis  elle  se  prosterna  au  pied  de  l'autel.  «  Je  prends  à  témoin  la  véné- 
<(  rable  déesse  »,  dit-elle,  «  que  si  j'ai  pu  te  survivre,  cher  Sinatos,  c'est 
«  grâce  à  l'espérance  que  j'avais  de  voir  arriver  cette  belle  journée.  Ma 
a  seule  jouissance  dans  la  vie  était  de  penser  que  je  te  vengerais.  Main- 
«  tenant  que  je  l'ai  fait,  je  vais  descendre  pour  te  rejoindre  dans  le 
a  séjour  des  morts.  Quant  à  toi,  Sinorix,  le  plus  scélérat  de  tous  les 
«  hommes,  au  lieu  de  fête  nuptiale,  que  tes  amis  et  tes  serviteurs  te  pré- 
«  parent  un  tombeau.  » 

En  entendant  ces  paroles,  Sinorix  sentait  déjà  le  poison  agir  et  im- 
primer à  tout  son  corps  les  premières  convulsions.  Il  sauta  dans  son 
char,  croyant  que  le  mouvement  et  les  secousses  le  soulageraient.  Mais 


La  légimde  et  les  femmes  dans  P histoire  des  Celtes  et  de  la  Gaule.   143 

il  ne  put  les  supporter,  se  fit  mettre  dans  une  litière  et  cessa  de  vivre  le 
soir  même.  La  nouvelle  de  sa  mort  arriva  au  temple  d'Artémis  vers  la 
fin  de  la  nuit.  Camma  était  à  Tagonie.  On  lui  annonça  que  le  meurtrier 
de  son  mari  n'existait  plus.  Elle  eut  encore  la  force  d'en  exprimer  sa 
joie,  puis  la  satisfaaion  empreinte  sur  ses  traits,  elle  expira. 

Plutarque  fut  séduit  par  la  beauté  de  ce  joli  roman.  Il  l'inséra  deux 
fois  dans  ses  œuvres  morales,  l'une  dans  son  traité  Des  vertus  des 
femmes  ',  l'autre  dans  son  petit  livre  De  l'amour;  ce  dernier  ouvrage 
donne  Camma  pour  le  modèle  de  la  veuve  de  bonne  naissance  qui  aime- 
rait mieux,  dit  Plutarque,  les  embrassements  d'un  ours  et  les  enlacements 
d'un  serpent  que  la  couche  d'un  nouveau  mari  3.  Polyen  a  aussi  compris 
l'histoire  de  Camma  dans  le  recueil  d'anecdotes  qu'il  a  intitulé  Strata- 
gèmes. Ce  récit  dramatique  présente  tous  les  caractères  d'une  composition 
fabuleuse,  et  nous  ignorons  s'il  a  dans  la  réalité  historique  un  fondement 
quelconque.  Nous  ne  savons  même  pas  si  Camma,  Sinatos  et  Sinorix  ont 
jamais  existé. 

De  toutes  les  légendes  féminines  auxquelles  on  a  donné  place  dans  la 
plus  anciemie  histoire  des  Gaulois,  la  seule  qui  paraisse  avoir  pour  base 
un  fait  réel  est  celle  de  Chiomara.  Polybe  racontait  qu'il  avait  rencontré 
cette  femme  à  Sardes,  et  qu'il  lui  avait  parié.  Ici  donc  les  plus  sceptiques 
sont  obligés  de  croire  ;  mais  ce  qu'on  raconte  de  Chiomara  est  beaucoup 
moins  merveilleux  que  l'héroïsme  de  Camma.  Chiomara  était  une  Gau- 
loise, femme  d'Ortiagon,  roi  des  Tolistobogii.  Elle  fut  faite  prisonnière 
dans  une  guerre  contre  les  Romains,  en  l'an  1 89  avant  notre  ère  ; 
avec  les  autres  captifs  auxquels  on  avait  conservé  la  vie,  elle  fut  conduite 
dans  le  camp  romain,  près  d'Ancyre,  et  elle  y  resta  quelque  temps  sous 
la  garde  de  soldats  commandés  par  un  centurion.  Ce  chef  militaire,  que 
Tite-Live  donne  pour  un  modèle  d'avarice  et  de  mauvaises  mœurs, 
chercha  d'abord  à  séduire  Chiomara,  et  n'ayant  pu  y  parvenir,  il  la 
viola.  Ensuite  il  voulut,  par  un  second  manquement  à  ses  devoirs  de 
soldat,  la  vendre  à  son  mari.  Ortiagon  accepta  le  marché,  et  une  nuit,  le 
centurion  accompagné  de  Chiomara  se  rendit  secrètement  en  un  endroit 
convenu  pour  recevoir  des  envoyés  d'Ortiagon  la  somme  promise,  et  leur 
remettre  la  prisonnière  dont  le  chef  de  l'armée  romaine  lui  avait  confié 
la  garde.  Quand  il  arriva  au  but,  il  trouva  les  envoyés  d'Ortiagon  avec 
un  talent  attique  d'or,  ce  qui  était  le  prix  réglé  d'avance,  et  il  se  mit  à 
le  peser  avec  une  balance  pour  s'assurer  qu'on  ne  le  trompait  point. 

1.  G.  20,  édilion  Didot,  pp.  318,  jiç. 

2.  C  21,  22,  édition  Didot,  p.  939. 


144  ^*  d^Arbois  de  Jubainville. 

Pendant  qu'il  était  ainsi  occupé,  Chiomara  donna  en  sa  langue  un  ordre 
aux  Gaulois  qui  venaient  la  chercher.  Ceux-ci,  obéissant,  tirèrent  du 
fourreau  leur  glaive,  et  l'un  d'eux  trancha  la  tète  du  centurion.  Chiomara 
ramassa  cette  tète  sanglante,  Tenveloppa  dans  un  pli  de  sa  robe  et,  ar- 
rivant auprès  de  son  mari,  la  fit  rouler  à  ses  pieds.  «  0  ma  femme  », 
s'écria  Ortiagon,  a  quelle  belle  chose  que  la  fidélité  !  »  «  C'est  vrai,  » 
répondit-elle,  <x  mais  il  y  a  quelque  chose  de  plus  beau  encore;  des 
«  hommes  qui  vivent,  un  seul  peut  se  vanter  que  je  lui  aie  appartenu.  > 
La  vengeance  avait  effacé  sa  honte ,  et  ses  contemporains  lui  témoi- 
gnèrent une  admiration  respectueuse  que  la  pureté  de  ses  mœurs  et  la 
dignité  de  sa  vie  lui  conservèrent  jusqu'à  sa  mort'. 

Ici  nous  sommes  sortis  du  domaine  de  la  fable  pour  entrer  dans  celui 
de  l'histoire.  En  lisant  ce  récit,  dont  quelques  détails  seulement  sont 
œuvre  de  rhétorique,  on  sent  qu'il  s'agit  d'une  femme  qui  a  vécu.  Polybe 
ne  nous  trompe  point  quand  il  raconte  qu'il  a  vu  Chiomara  et  qu'il  lui  a 
parlé.  Mais  c'était  au  second  siècle  avant  notre  ère,  c'est-à-dire  à  une 
époque  où  commencent  à  se  multiplier  dans  l'histoire  de  la  Gaule  et  des 
Gaulois  les  faits  attestés  par  des  témoignages  contemporains.  Au  con- 
traire, les  anecdotes  féminines  dont  cette  histoire  est  ornée  à  des  âges 
plus  anciens  nous  semblent  toutes  les  produits  exclusifs  de  l'imagination: 
les  littérateurs  grecs  ne  les  ont  pas  seulement  embellies,  ils  les  ont  créées 
de  fond  en  comble  pour  flatter  l'amour-propre  des  uns  et  pour  amuser 
les  autres. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


I.  Plutarque,  De  muUerum  nrtutibuSj  22,  édition  Didot,  p.   )19.   Cf.    Tite-LÎTe, 
livre  xxxvin,c.  19, 24. 


ÉTUDES  BRETONNES. 


III. 


UN   CAS   DE    RENFORCEMENT   DES   CONSONNES. 

Les  consonnes  douces  (autrement  dites  moyennes  ou  sonores)  b,  g^  d, 
se  prononçaient  souvent  avec  une  énergie  particulière  après  une  autre 
consonne,  en  vieil  irlandais  ;  on  les  trouve  alors  fréquemment  redoublées, 
hb^  gg^  ddy  ou  remplacées  par  les  fortes  [ténues  ou  sourdes)  correspon- 
dantes, /7,  c,  t  ;  ce  dernier  phénomène  s'observe  aussi  en  gaulois  ou  vieux 
celtique.  M.  Thurneysen,  Keltoromanisches,  p.  8,  9,  regarde  ces  faits 
comme  étrangers  aux  idiomes  néo-celtiques  de  la  branche  bretonne.  Je 
vais  exposer  les  raisons  qui  me  font  penser  le  contraire. 

/.  —  Renforcement  des  consonnes  douces  après  une  nasale. 

I.  Après  m^  un  b  celtique  peut,  en  breton,  devenir  m,  comme  en 
gallois,  ou  rester  intact,  ou  se  changer  en  p.  Exemples  : 

Kampi,,m,,  intérêt  de  l'argent  ;  du  celtique  latinisé  cambiuniy  change, 
cf.  irl.  lucht  gaimbin^  usuriers;  bret.  kemm,  f.,  changement,  différence. 

Kempenety  m.,  xiii^  siècle,  Cartulaire  de  Landévennec^  31  ;  Kemenet, 
Cariai  de  Redon,  242,  3)8,  aujourd'hui  Guémené,  m.  M.  de  Courson  tra- 
duit ii:em«/ief  par  «  commendatio,  beneficium,  feodum  ».  Le  sens  primitif 
semble  «  fraction,  portion  »,  de  la  préposition  com  et  de  benaff^  couper, 
au  XV"  siècle  [Caiholicon)  ;  cf.  gallois  cymmynu,  couper,  bret.  kemener, 
tailleur. 

Kemper,  dans  le  nom  de  Quimper  et  dans  Kemperele,  Quimperlé,  Cariul. 
de  Redon,  261  ;  galL  cymmer,  confluent,  de  *  com-ber-,  latin  con-fer-ri^ 
cf.  l'emploi  de  ou^jKpopéovTat,  Apollonius  de  Rhodes,  1,  38. 

Quempret  et  compret^  prendre  (bret.  moyen)  =  irl.  moy.  coimpert, 

Rev.  CelL,  VU  10 


146  E.  Ernault, 

conception,  de  * combrïtis  tl*  combirtis^  même  racine  que  dans  kemper; 
bret.  kemeran^  je  prends,  bret.  moy.  quemeraff,  gall.  cjmmeraf. 

Compote  territoire,  commune  (vieux  bret.)  ;  gall.  cwmmwt^  probable- 
ment de  *comto/5,  équivalent  celtique  du  grec  (rufx(pu<rtc;  cf.  v.  bret. 
^icomi/7  et  ^/com// a  sans  association,  sans  partage  »,  et  bret.  kembot, 
komboi  a  étage,  terrasse  »,  Le  Gonidec  P 

Tumpa,  faire  tomber  dans  un  piège,  du  v.  fr.  tumber,  tomber;  tumpo- 
relly  du  fr.  tombereau, 

2 .  Après  /2,  un  g  celtique  peut  subsister  en  gallois,  en  se  fondant 
dans  la  prononciation  avec  cet  n  :  il  peut  aussi,  en  gallois  et  en  breton, 
disparaître  ou  se  changer  en  c.  Exemples  : 

Enca^  serrer,  enc,  étroit,  Dom  Le  Pelletier,  cf.  gall.  cyf-yng^  étroit, 
v.  irl.  cum-ang^  même  rac.  que  le  latin  ango,  gr.  à-fX"^-  ^®  ^^^^'  ec'hon^ 
large,  =  gall.  ehang,  de  *  ex-angy  et  le  moy.  bret.  dianc  «  égarer  »,  au- 
jourd'hui au  participe  diahkety  =  gall.  diengu,  échapper,  doivent  avoir 
la  même  origine. 

Guyncqal,  ruer,  P.  Grégoire  de  Rostrenen,  trécorois  gwinkcd^  d'où  le 
haut  breton  ouinquer;  cf.  bret.  gs^ingaly  remuer,  PelL,  gwingal  an  lagad^ 
cligner  de  l'œil,  Davies,  d'où  le  h.  hvtx.  guinguer  ciginger^  Revue  celtique, 
V,  222  =  fr.  guigner  y  anglais  to  wink. 

Lencquernenn  (Catholicon),  ver  intestinal,  auj.  leHk-ernenn^  cf.  gall. 
llyng-yren,  id.  ;  yslyw-en,  llysyw-en,  anguille,  bret.  sili-enn,  Cath.,  auj. 
id.  ;  bret.  stlaon-enn,  petite  anguille,  gall,  slow-en,  anguille  (Rev.  celt.^  II, 
193)  ;  même  racine  que  l'allemand  schlange^  serpent. 

Lonka,  avaler,  v.  bret.  ro-luncas,  il  avala;  gall,  llyncu^  comique  lenky, 
w.ir\.slucim=^*sluncâmi,  cf.  gr.  Xu!;w,  XuYyavojxat,  allem.  schlucken, 
racine  slu(n]g. 

Sanka,  serrer,  enfoncer,  cf.  gall.  sengu,  fouler,  angl.  to  sink. 

Tonqaaff,  Cath.,  prédestiner,  cf.  gall.  tynged^  destin,  tyngUy  jurer, 
irl.  tongiïïif  bret.  moy.  toeaff,  auj.  toui.  ♦ 

Le  rapport  de  tonquaff  à  îoeaff  se  retrouve  dans  les  mots  bret.  mouenk, 
crinière,  spoueiik,  éponge,  à  côté  de  moue  =  gall.  mwng,  irl.  muing,  et 
de  spoue,  gall.  ysbwng,  du  lat.  spongia;  cf.  aussi  le  rapport  de  ^nc  à 
ec^hon. 

Le  bret  renkout  »  falloir,  devoir  »  (angl.  /  must  et  /  owe)^  vannetais 
rikein,  expliqué  autrement,  Mémoires  delà  Société  de  Linguistique  de  Paris ^ 
V,  257,  peut  correspondre  au  gall.  rhyngu,  intervenir,  de  rhwng,  entre 
[rhynguboddf  plaire), 

3.  Après  /2,  un  ancien  d  peut,  en  breton,  subsister  ou  s'assimiler  en 
/i,  ou  se  renforcer  en  t.  Exemples  : 


Etudes  bretonnes.  X4j 

Alamandes,  Cath.,  auj.  alamahdes  et  damantes^  amandes  ;  hanta^ 
bander;  confuntaff^  Cath.,  confondre  ;  guintaff,  Cath.,  guinder;  lander, 
«  landier  »,  lantiguenny  Cath.  «  landie  »,  etc.,  du  français. 

Antell,  P.  Grég.,  antell,  Le  Gon.,  tendre  (un  piège),  gall.  annelu,  id., 
annelf  f.  «  action  de  tendre,  piège  »  ;  comique  antell^  antel,  ruse,  ten- 
tation; =  irl.  indell  «  tendre,  préparer,  attelage  »,  Windisch,  Irische 
Textey  I,  6j7,  639;  «  état  de  quelqu'un  qui  est  ensorcelé  »,  cf.  Win- 
disch, Berichte  der  K.  saechs.  Gesellsch.  der  Wissenscfiaften,  PhiloL-hist. 
Classe,  1884,  p.  359;  îndel,  lien,  Felire;  innil^  piège,  O'Reilly  ;  intleda 
«  insidias  »,  manuscrit  de  Milan,  etc.  ;  de  la  prép.  gauloise  ande^ 

Kantoly  chandelle,  Cath.  cantoell,  vocabulaire  comique  cantuil,  du  lat. 
candëla,  d'où  aussi  le  vieux  corn,  cannuill,  gall.  canwylL 

NaonteCy  dix-neuf,  Cath.  /lau/zrec,  expliqué  autrement,  CWtfc^ec/e/25/on^ 
96,  semble  venir  de  *  nau[n]''deCy  tandis  que  annecy  onze,  =  "  un-dec. 
4.  Après  /z,  le  son  j  peut  devenir  en  bret.  ch  (franc.).  Exemples  : 
Chanchaffy  changer,  chancher,  changeur,  Cath.,   du   fr.  ;   finchaff, 
feindre,  Cath.,  du  lat.  fingere. 

Le  mot  blincheny  brinchin,  cime,  Pell.,  expliqué  autrement,  Keltoroma-- 
nisches^  49,  vient,  je  crois, de  * blinjen  pour  *bleinyeny cf.  bleynenrtyCimey 
Cath.,  blein,  sommet  de  la  tète,  Grand  Mystère  de  Jésus,  105,  190, 
gall.  blaen,  extrémité,  v.  gall.  bréni,  proue,  irl.  braineach^  id.,  O'R.; 
cf.  l'expression  gall.  pen  blaen  Hong,  id. 

De  peur  d'abuser  du  raisonnement  post  hoc,  ergo  propter  hoc,  rappe- 
lons qu'en  breton  et  en  comique  une  sonore  se  change  facilement  en 
sourde  toutes  les  fois  qu'elle  est  finale  ou  suivie  seulement  d'une  liquide, 
(sauf  qu'en  breton  le  z  doux  se  confond  très  rarement  avec  le  z  dur). 
Mais  l'état  naturel  de  la  consonne  réparait  quand  le  mot  s'augmente  d'un 
suffixe,  excepté  ceux  des  degrés  de  comparaison,  bret.  -â,  -et,  -oc'/i,des 
verbes  en  «"(^lât,  et  des  verbes  en  â  qui  veulent  dire  «  recueillir,  ramasser  ». 
5.  Les  consonnes  celtiques  p,  c,  t,  placées  originairement  entre  deux 
voyelles,  deviennent  en  breton  b,  g,  d;  mais  si  la  consonne  qui  précé- 
dait la  première  voyelle  est  une  nasale,  elle  peut  empêcher  l'effet  de 
cette  règle^  ou  plutôt  le  réparer,  par  l'application  des  principes  que  nous 
venons  d'étudier.  Exemples: 

Amparfaret,  tout  effaré.  Poèmes  bret.  du  moyen  âge,  strophe  112,  par- 
ticipe d'un  verbe  =  gall.  ymbatfalu,  aller  à  tâtons,  de  ym  =  ambi  et  de 
pdfaky  palfUyid.y  cf.  bret.  moyen  palf^  paume  de  la  main.  On  dit  encore 
auj.ompar/d/,  lourdaud,  cf.  ampafalek  (mains)  engourdies,  Feiz  ha  Breiz 
du  23  août  1873  ;  du  simple  pafala^  a\\er  à  tâtons,  Pell.  -,  laouén  parfalecq^ 
pajfdecq,  morpion,  P.  Grég. 


148  E.  Ernault. 

Amprevan^  insecte,  etambréarif  Pell.,  deam[bi)  ou,  selon  M.  Stokes, 
de  an  =  gr.  àva,  et  de  prenv^  ver. 

Enkelc'her,  lutin,  Cath.  enquelezfy  géant,  voc.  corn,  enchinethel,  géant, 
de  en  =  ande  et  de  kinethel^  génération,  voc.  corn. 

Hanter  y  denai,  v.   bret.  hanîéry  de  *hander  =  gall.  hanner,  pour 

*  hamster,  gaul.  *sâmiteros. 

Intanv^  veuf,  Cath.  eintaff  =  y,  irl.  oi/i/am,  célibataire,  littéralement 
a  tout  seul  »,  de  *  oinotamos  [d'Arbois  de  Jubainville,  Eiades  grammati- 
cales sur  les  langues  celtiques^  p.  65).  *  Oinotamos  devait  donner  en  gall. 

*  undaf,  cf.  Condaf  de  Cunotamos  «  le  plus  haut  » . 

//.  —  Phénomènes  semblables  après  une  liquide, 

6.  La  provection  dtb  tnp  après  une  liquide  se  montre  déjà  en 
vieux  celtique  :  le  nom  des  Alpes  est  transcrit  en  grec  Albia  et  Alpia^  cf. 
Keltoroman.  9. 

De  même  le  mot  carbanton,  char,  d'où  KapSavio-ptYov,  alternait  avec 
carpenton,  d'où  le  lat.  carpentum  et  le  nom  géographique  Carpentoracte^ 
Carpentras,  «  lieu  où  l'on  fait  des  chars  »  (cf.  Etudes  grammat.,  108  *), 
=  irl.  moy.  cairpteoracht  «  art  de  conduire  les  chars  »,  Irische  Texte, 
1,412. 

Les  langues  bretonnes  ont,  comme  les  langues  gaéliques,  des  repré- 
sentants  de  ces  deux  prononciations  : 

A  carpenton^  irl.  carpaty  comparez  lev.  brel.  cerpit,  ch2irs;k  carbanton, 
irl.  carbad,  le  gall.  cerbyd,  char  (pour  le  maintien  de  rb  intact,  cf.  tréc. 
korbonenn^  grain  charbonné,  Rev.  celt.y  I»  128,  du  lat.  carbo).  Ajoutons 
comme  se  rattachant  au  celtique  carb-:  bret.  kalvez^  charpentier  :=:  ^car- 
bi\y][ârios]^  fém.  caluezeres,  Cath.  (cf.  le  v.  irl.  Coirbbre)  ;  bret.  kilvi- 
zerez,  charpenterie,  =  * carbi{y]âractâ ;  bret.  karvan^  mâchoire,  irl, 
carbad  (cf.  pour  le  sens  le  gall.  car  yr  ên)\  bret.  karvan,  ensouple  de 
tisserand,  gall.  carfan. 

En  effet,  le  passage  de  rb  à  rv  en  bret.  est  certain,  par  exemple  dans 
barVy  V.  bret.  barb,  du  lat.  barba;  et  celui  de  rp  à  rv  ne  me  semble  pas 
prouvé,  en  dehors  des  finales,  comme  korv  «  corps  »,  variante  de  korf. 
On  trouve,  pour  justifier  l'explication  du  bret.  kalvez  par  *  carpios^  Et. 
gramm.y  33,  une  comparaison  du  bret.  darevi  zwtc  le  gall.  moy.  darparu^ 
préparer.  Mais  darevi  vient  de  dareu,  dare,  prêt,  mûr,  et  darparu  pour 
*darbaru  (cf.  §  5),  =  do  ou  to  +  are  -f-  lat.  parare.  Le  correspondant 
bret.  de  darparu  est  darbari  «  faire  le  métier  d'aide-maçon», tréc.  darbar 
et  tarbar  masonerien  ou  touerien  (aider  les  couvreurs  en  chaume)  et  aussi 


Etudes  bretonnes.  149 

//,  aider  à  ramasser  le  blé  ;  cf.  vann.  darbarein  «  servir  un  maçon...  ou 
des  batteurs  de  blé^  etc.  »,  Dict,  de  /M.  ;  de  zarbar  forj..,  a  hleu  (le  châ- 
taignier est  bon)  pour  fournir  de  charbon  la  forge,  Livr  el  labourer^  76. 
On  trouve  en  moyen  breton  darbaret^  travaillez  (à  servir  les  maçons) , 
darbareur,  plur.  darbareryen,  aide-maçon  (Mystère  de  Sainte-Barbe, 
str.  77,  74  et  75  de  mon  édition).  C'est  ce  mot  breton,  encore  très  usité, 
que  M.  Godefroy  a  trouvé  francisé  en  darbareur,  plur.  dalbareulx,  dans 
des  documents  écrits  en  Bretagne  au  xvi*"  siècle,  et  bareus,  cité  égale- 
ment sans  traduction  par  l'auteur  du  Dict.  de  rancienne  langue  française 
(«  journées  debareus  et  de  manouvriers  »)  est  une  corruption  du  même 
mot  :  D.  Le  Pelletier  cite,  au  mol  tavarer^  le  haut  breton  dalbareur.  Cf. 
comique  darber,  prépare,  Beunans  Meriasek,  2645  ;  re  tharbara,  qu'il 
procure,  ibid.^  1681. 
Pour  le  changement  de  ^  en  c  après  une  liquide,  voir  §  1  $. 

7.  Exemples  bretons  et  gallois  de  la  provection  de  d  après  /; 
Cauter,  Cath.,   chaudière,   du  bas-latin   caldaria;  scautaff,    Cath., 

écbauder,  de  excaldare, 

Gall.  melltitli,  malédiction,  du  lat.  maledictum^  dont  le  ^  s'est  assi- 
milé à  1'/  dans  le  comique  molleth  et  le  breton  malloz. 

Comparez  les  différents  traitements  que  subit  en  irlandais  le  vieux 
celtique  meldos  a  agréable  »,  identique  au  nom  des  Meldi,  peuple  de 
Meaux  :  v.  irl.  meld,  agréable,  v.  irl.  melddach,  melltach,  irl.  moy. 
mell/id. 

8,  D'autres  renforcements,  comme  celui  de  v  en  /et  de  /  en  ch  (fran- 
çais^  ont  lieu  de  même  en  bret.,  après  r  et  /: 

Amparfaret,  amparfal,  etc.,  §  5,  pour  * ambarval-,  gall.  ymbalfalu;  on 
sait  que  1'/ gallois  se  prononce  v. 

Erfad  a  bien  »,  en  trécorois,  de  ervad  =  en  mat. 

Melchonenn,  Cath.,  trèfle,  auj.  id.,  de  * meljonenn  pour  * melionen^ 
gall.  meillioneny  trèfle,  millynen,  violette,  v.  gall.  mellhionou,  violettes, 
comique  melhyonen^  violette,  même  rac.  que  le  corn,  m///,  pavot,  et  le 
V.  bret.  mel'gabr,  glosant  «  ligustra  »  qui  est  lui-même  expliqué  par 
«  flores  papaûerum  »  (Stokes) .  Meillionen  semble  dérivé  comme  les  mots 
trécorois  et  w^nneXais  kel-ionen,  mouches,  mer-ionen^  fourmi,  et  son  rap- 
port avec  millynen  rappelle  celui  du  tréc.  trinchonen,  oseille,  =  *trenk- 
yonen^  au  léonais  trinchinen.  L'/i  du  v.  gall.  mellhionou  peut  être  amenée 
par  l'accent  d'une  forme  plus  simple  *  mellhion  =  le  collectif  breton 
proprement  pluriel  melchon  «  du  trèfle  »,  de  * melliônes;  cf.  la  notation 
du  V.  gall.  centhiliaty  chanteur,  de  *  centhel,  chant  (comme  v.  gall. 
hanther,  demi).  Cf.  Texplication  de  blinchen  donnée  §  4. 


r  jo  E.  Ernault. 

9.  Nous  avons  vu  que  rb  peut  rester  ou  devenir  rven  breton.  Vm 
après  une  liquide  peut  de  même  subsister  ou  être  changée  en  v. 

Exemples  de  rm,  Im  intacts  : 

Gall.  gwrniy  brun,  v.  irl.  gorm,  ~  sanscrit  gharmas,  chaud,  gr. 
ôepfjLoç,  hi.  formus.  Des  deux  explications  données,  Rev.  celt.y  III,  414, 
de  l'ancien  nom  breton  Gormaeloriy  qui  subsiste  encore  aujourd'hui 
sous  la  forme  Gourmelon,  la  meilleure  me  paraît  être  celle  par  gorm-iie/a/i, 
«  aux  sourcils  bruns  ».  Les  formes  du  ix"  siècle,  Wormhaelony  etc., 
ont  pour  cause,  ce  me  semble,  non  pas  une  variante  celtique  analogue  à 
Tallem.  warm^  mais  une  altération  bretonne  semblable  à  celle  que  le  mot 
gaou,  gou,  mensonge,  v.  irl.  gôy  qu'on  a  comparé  avec  raison  au  grec 
yauîdSaç  te  menteur  »  (Hésychius),  éprouve  dans  les  noms  Hebguoeu 
(xii«  siècle),  plus  anciennement  Hepuuou  'tous  deux  dans  le  CartuL  de 
Landévennec] y  au  ix"  siècle  Hebgoeuy  Cartul.  de  Redon,  p.  74.  Ce  nom 
est  identique  à  l'expression  bretonne  heb  gaou  «  sans  mensonge  »,  au 
xV  siècle  hep  gou,  en  comique  hep  gow  et  hep  wow. 

Bret.  et  gall.  garni,  cri;  br.  koulm,  nœud,  gall.  cwlm ;  bret.  ffl//n, 
fronde,  coup,  gall.  talm,  espace,  etc.,  formés  de  racines  terminées  en  r, 
/,  et  d'un  suffixe  -me  =  lat.  -men,  gr.  fjta. 

Vann.  armerhein,  épargner,  ménager,  =  gall.  armerthu,  pourvoir, 
préparer. 

Exemples  de  rv,  Iv,  pour  rm,  Im  : 

Coruo,  profit,  Sainte-Nonne,  vers  219,  mal  écrit  cozuOyV.  1902; 
coruOy  Noueliou,  str.  552,  =  v.bret.  cormo  «  emulamenti  »,  cormo  tar 
«  proueciibus  »  :  cf.  coruoder^  coruoader,  profit,  Cath.  ;  corvoi^  avaler, 
P.  Maunoir. 

Pâ/y,  paume,  gall.  palf,  du  lat.  palma. 

Le  hùnarma  a  donné  au  v.  gall.  arm,  bret.  moy.  et  mod.  armou; 
gall.  mod.  arjau. 

Le  lat.  terminus  est  devenu  en  bret.  moy.  et  mod.  iermcn,  m.,  terme, 
et  en  gall.  terfyn;  le  vannetais  terenein,  «  remettre  au  lendemain,  ater- 
moyer »  est  pour  *1ervenein  =  gall.  terfynu^  terminer. 

Un  doublet  phonétique  tout  particulier  se  trouve  dans  les  deux  formes 
bretonnes  du  nom  de  l'Armorique,  Armor  et  Arvor.  M.  Loth,  De  vocis 
Aremorica..,  forma  atque  significatione,  p.  n,  regarde  la  première  de  ces 
formes  comme  d'origine  savante,  mais  c'est  en  partant  de  ce  principe 
très  contestable  qu'une  m  après  r  doit  nécessairement  devenir  v  en  breton. 
Armor  et  Arvor  pourraient  parfaitement  provenir  de  la  forme  ar-mori-^ 
que  M.  Loth  nous  montre,  p.  i  ^,  usitée  dès  le  iv*'  siècle.  Mais  il  me 
semble  plus  probable  que  Armor  seul  en  vient,  et  que  Arvor  se  rattache 


Etudes  bretonnes,  1 5 1 

à  la  forme  antérieure  are-morl-.  Car  il  ne  faut  pas  s'exagérer  l*importance 
du  changement  sporadique  de  m  en  v  après  r  :  Morvan  de  Morman  =  *mori' 
mon-  ou*  mâro-man-  et  pedervet  «  (la)  quatrième  »  =  *  peteor-maîos  n'en 
sont  pas  des  exemples  certains,  ce  dernier  mot  a  pu  subir  l'influence 
des  formes  comme  seizved  =  é^SoVaToç,  etc.,  etc.,  où  Vm  était  originai- 
rement entre  voyelles. 

M.  Zimmer  pense  que  la  forme  'Ap^opu/oi,  chez  Procope,  témoigne 
déjà  d'une  prononciation  arvor-.  En  ce  cas  l'adoucissement  n'en  pourrait 
pas  moins  être  l'effet  de  \*é  ancien  qui  précédait  m;  cf.  gaul.  xojpat  et 
xopaot,  bière,  =  *  cûr-mé^  à  côté  de  cere-v-isia  et  cer-v-isia  ? 

III.  —  Aspiration  des  consonnes  fortes. 

10.  Les  consonnes  ténues  p,  c,  /,  se  redoublaient  parfois  après  une 
autre  consonne,  en  vieil  irlandais,  de  même  que  les  moyennes.  Les 
langues  bretonnes  témoignent  de  la  même  prononciation.  En  effet  elles 
changent  régulièrement,  par  exemple,  rp,  rc  et  rt  en  rpli,  rcli,  rth;  or, 
dans  ces  idiomes,  les  aspirées /?/2,  ch,  th  [fji,  z]  proviennent  àtpp^cc^tt. 

Ainsi  le  bret.  kef,  cep,  vient  du  lat.  cippus^  et  le  bret.  korf,  corps, 
de  corpp^  qu'on  trouve  écrit  ainsi  en  v.  irl.,  en  même  temps  que  corp. 

Le  bret.  stchy  sec,  vient  du  lat.  siccus,  et  le  v.  bret.  erderh  «  évi- 
dent »,  de  *  are^dercc-f  v.  irl.  airdircc,  irdircc  «  conspicuus  »  pour 
*  ypare-derc,  irl.  aurdairc^  cf.  gr.  irgptSspxoaat,  regarder  tout  autour; 
bret.  moy.  derch,  brillant. 

Le  bret.  saez  «  flèche  »,  saézen  «  rayon  »,  par  z  dur  (comme  le  mon- 
trent le  vann.  seahy  foudre,  et  le  gall.  saeth,  flèche),  vient  du  lat.  sa- 
gitta^  et  le  bret.  nerz^  force,  vann,  nerh,  gall.  nerth,  de  * nertt^  cf.  v.  irl. 
nertj  gaul.  nerto-. 

En  irlandais,  au  contraire,  l'aspiration  d'une  ténue  est  un  affaiblis- 
sement qui  montre  qu'elle  se  trouvait  primitivement  entre  voyelles. 

Ainsi  le  gai!,  gorphen,  le  bret.  moy.  gourffenn  et  le  comique  gorfen 
»  une  fin  »,  =*ver'ppenn'j  de  "ver-penn-^  sont  parfaitement  d'accord 
avec  rirL/orce/2/i  =z*  ver-qenn-.  Il  en  est  de  même  du  bret.  moy.  igue- 
nj,  ouvrir,  gall.  <2^or/,  id.,  agoriad,  clef,  en  regard  de  Tirl.  eochair 
«  clef»,  d'une  préposition  finissant  par  une  voyelle,  et  d'une  racine  qu'on 
retrouve  dans  l'iri.  er-chor^  coup,  =  gall.  er-gyr^  v.  bret.  ercor  m  *  are- 
cor-;  gall.  gjverchyr,  couvercle,  bret.  gou/c'A«r,  Cath.  gourcher  =  *  ver- 
cor-;  gall.  ad'gorl,  rendre,  bret.  d-as-kori,  d-a-corein,  etc. 

Il  y  a,  au  contraire,  désaccord  réel  entre  les  formes  d'apparence  si 
semblable,  bret.  luc'hcd^  gall.  lluchedy  éclairs,  voc.  corn,  luhet,  «  fulgur  » 


152  E,  Ernault. 

=  ^luccet",  et  le  V.  irl.  lôchet  «  fulminis  »  qui  suppose  un  primitif  par 
un  seul  c,  comme  le  lat.  lûcens;  l'antinomie  apparaîtra  plus  clairement 
encore  si  l'on  remarque  que  le  terme  gaul.  qui  correspondait  au  lat.  lu- 
cerna  a  donné,  d'un  côté,  le  v.  irl.  luacharnn,  de  l'autre  le  gall.  llygorn, 
corn,  lugarn,  bret.  lugern.  M.  d'Arbois  de  Jubainville  a  signalé  en  cel- 
tique des  alternances  semblables  à  celles  du  lat.  cUpa  =fr.  cuve  avec 
cûppa  =  fr.  coupe  (Etudes  gram.j  72  *)  ;  c'est  là  l'explication  de  cette 
dualité  de  formes  primitives  que  supposent  le  v.  irl.  lôchet  et  le  bret.  luc^hed. 

1 1 .  Après  un  /  ancien  le  /  ne  semble  pas  s'aspirer  en  breton. 

Il  y  a  une  foule  d'exemples  de  son  maintien  ;  en  voici  quelques-uns  : 

Aotenn,  rasoir,  v.  bret.  altin,  irl.  altan^  v.  corn,  elinn,  gall.  moy.  el 
mod.  ellyrif  cf.  irl.  art,  pierre,  et  le  nom  gall.  Arthur^  bret.  Arzur. 

Aoter,  autel,  gall.  allor,  du  lat.  altare, 

leot.geot,  herbe,  gall.  gwellt,  corn,  givels,  v.  bret.  gueltiocion  herbeux, 
cf.  V.  bret.  guolt,  chevelure,  corn,  gols,  gall.  gwallt,  v.  irl.  /o//,  d'où  le 
V.  bret.  guoliat  «  chevelue  ». 

Kaot,  colle,  bouillie,  même  rac.  que  le  grec  xoXXa  et  que  le  bret. 
koulm,  nœud. 

Maout,  mouton,  corn.  molSj  gall.  moUt,  moll-wyn,  v.  irl.  molt,  bas 
lat.  multo. 

Lorsque  1'/  ancien  ne  se  vocalise  pas  en  breton,  ou  ne  fait  pas  s'assi- 
miler le  t  suivant,  alors  ce  /  devient  non  pas  zz=th  m  dh^  mais  bien  s, 
comme  en  comique  : 

l'oh,  voûte,  Cath.,  et  vannet.  id.,  du  bas  lat.  volta^  comme  le  doublet 
haot. 

/Câ/5,  beaucoup,  vann.  id.,  Cath.  cals,  comique  calge  (rimant  k  falgt 
«  falsus  »),  cals  dans  cals  meyn  «tas  de  pierres  »  =  *  calt,  cf.  xicra  ? 

Il  faut  distinguer  deux  racines  différentes  dans  les  mots  comiques  guit 
et  guill,  gwyls,  sauvage.  Guill  et  gïvyls  répondent  au  gall.  gwyllt  et  à 
Tangl.  wild;guit-fil  «  bête  sauvage  »  =  gall.  gniydd-fil,  plur.  \r\.  fiad- 
mila.  Le  correspondant  de  guit  en  moy.  bret.  est  guez  par  z  doux,  d'où 
d'un  côté  le  léon.  guez,  vann.  et  iréc.  goue,  et  de  l'autre  le  vannet.  guif^ 
guihuè  =  *  guev,  cf.  Rev.  celt  ,  V,  1 28. 

Je  suppose  que  le  mot  als  «  rivage  »  donné  comme  cornouaillais  par 
M.  de  La  Villemarqué,  dans  le  dictionnaire  breton-français  de  Le  Co- 
nidec,  est  là  par  suite  d'une  mauvaise  lecture,  dans  ses  notes,  de  l'abré- 
viation corn,  pour  comique  >.  Le  mot  als  est,  en  effet,  dans  le  Vocabulaire 


I.  Il  en  est  de  même  sans  doute  de  aedlen  «  sapin  »,  Corn,  (ibid.)  ;  le  Vocabul.  cor- 
nique  porte  aidUn  «  abtes  •  dont  le  correspondant  breton  est  ezlenn  «  tremble  »,  Cath. 


Etudes  bretonnes.  153 

comique;  il  répond  au  bret.  aod,  au  xiii*"  siècle  aut^  rivage,  Cartul.  de 
Landévennec,  v.  galL  a/f,  alli^  ail  «  colline  »,  auj.  «  écueil  »,  irl.  ait, 
ail,  écueil,  rocher  ;  peut-être  de  la  même  racine  que  aote'nn^  cité  plus 
haut. 

Le  moy.  bret.  freals  «  franc  »,  lat.  emanceps,  Cath.,  frealsaff  «  déli- 
vrer, guérir,  consoler  »,  est  emprunté  au  germanique  :  anglo-saxon 
freôls,  libre,  fête  ;  vieux  norrois  friâls,  libre,  gothique  frei-hals  «  liberté  », 
proprement  liberum  collum. 

12.  L'aspiration  du  c  initial  en  breton  après  l'article  masculin,  par 
exemple  dans  ar  fhoat^  le  bois,  n'est  sans  doute  pas  produite  par  l'r 
final  :  les  Trécorois  àÀ^tnxhonc'hoat  «  notre  bois  »,  quoiqu'ils  n'aient  pas 
changé  l'/z  de  cet  adjectif  possessif  en  r  comme  les  Léonais,  qui  pro- 
noncent hor  c'hoad;  on  dit  de  même  en  Tréguier  hon  venn,  notre  tête 
(=  honfenn^  de  penn),  hon  zat^  notre  père  (de  tat)^  cas  où  l'influence  de 
la  nasale  est  évidente,  tandis  qu'en  Léon  on  prononce  hor  penn,  hon  tad. 
Du  reste  le  manuscrit  du  Catholicon  porte  déjà  azr  an  hoat^  litt.  «  ser- 
pent du  bois»,  et  celui  de  Sainte  Nonne  an  tro  voar  tron  choat^  le  pour- 
tour du  bois,  V.  274.  On  peut  attribuer  à  l'influence  de  l'article  l'incAtitude 
de  l'initiale  de  certains  mots  comme  moy.  bret.  dizyou  camblit  et  ham^ 
blit  =  comique  deyow  hablys  «  jeudi  saint  »,  irl.  caplat,  de  capitilavium 
(Stokes),  où  l'article  est  sous-entendu.  Il  en  est  de  même  des  noms  géo- 
graphiques tels  que  Penhoat^  Talhou€t=  «  bout  du  bois,  front  du  bois». 
M.  Luzel  admet,  Gwerziou  Breiz  Izel,  II,  167,  que  Jaketa  ar  Penhoad 
peut  signifier  «  Jacquette  à  la  tête  de  bois  »,  c'est-à-dire  «  l'entêtée  »  ; 
ce  ne  serait,  en  tout  cas,  qu'un  calembour  par  à  peu  près,  pour  penn 
koat^.  Comparez  les  formes  géographiques  actuelles  qui  suivent,  ex- 
traites du  Dictionnaire  topographique  du  Morbihan  ^  de  Rosenzweig  : 

Penhoat'Chef'du'BoiSt  où  la  seconde  partie  du  mot  est  la  traduction 
de  la  première  ; 

Pen-er-hoet  ; 

Talhouet'Penhélen  =  front  du  bois-bout  du  houx  »,  cf.  Penderf 
=  «  bout  (du)  chêne  »,  Penfao  =  «  bout  (dul  hêtre  »,Pertfrezu=:«  bout 
•du)  bouleau  »  (p.  306)  ; 

Talco'ét'Noyal,  en  1 274  Talenquaii. 

Pour  le  vrai  sens  de  coè/,  cf.  les  deux  mots  Talco'ét  et  Talforit;  ce 
dernier  est  hybride  et  offre  la  traduction  de  la  seconde  partie  de  l'autre. 


I.  A  propos  de  toponomastique  bretonne,  j'ai  eu  tort  d'expliquer  Tolleflam  comme  un 
nom  d'homme,  Rev.  celt.y  Vl,  385  ;  M.  de  la  Borderie  m'a  appris  que  c'est  proprement 
un  nom  de  localité  des  Côtes- du-Nord,  et  qui  signifie  littéralement  c  trou  d'Efflam  n. 


1 54  ^'  Ernault. 

Pour  la  suppression  de  l'article,  cf.  Talverne,  en  1505  Talanguern; 
les  deux  mots  Penvern  et  Penanvern^  ibid.,  etc. 

13.  Une  gutturale  produit  assez  souvent  en  vieil  irlandais  le  redou- 
blement d'un  /  suivant  :  rectto  «  legis  »  génitif  du  thème  qui  se  montre 
dans  le  gaul.  Rectu-genos,  Une  prononciation  analogue  a  donné  lieu  aux 
formes  bretonnes  comme  reiz^  le  droit,  par  z  dur,  tréc.  id.,  vann.  relh, 
^all.  rbakh  z=.rectt-  ;  comparez  de  même  le  v.  irl.  cumactte  u  puissances  », 
au  gall.  cyfoeth,  et  le  y,  vA.  ttcttaire  «  un  envoyé  ^,  au  gall.  taithy  voyage, 
bret.  tiz,  hâte. 

L'effet  de  la  gutturale  sur  la  dentale  se  montre  par  le  changement  de 
d  en  /  dans  le  bret.  moy.  et  mod.  matez ^  servante,  de  mayteth  pour 
maghteth^  formes  gardées  en  comique  ;  cette  langue  avait  plus  ancien- 
nement mahtheid  n  vierge  »,  prononcé  probablement  maghteiih  =  v.  irl. 
-macdacht. 

14.  En  comique,  Vs  de  calys  a  dur  »,  a  produit  l'aspiration  de  l'ini- 
tiale du  mot  suivant  peyn  «  peine  d  :  calys  feyn  «  peine  dure  ». 
M.  Stokes  a  expliqué  l'aspiration  des  ténues  dans  les  langues  bretonnes 
après  (Certains  mots  par  un  effet  analogue  d'un  s  final  qui  terminait  an- 
ciennement ces  mots.  Cette  théorie  me  paraît  plus  satisfaisante  que  celle 
qui  est  exposée,  Etudes  gramm.,  72  *.  Par  exemple,  le  v.  irl.  trî,  trois, 
n'affectant  pas  la  ténue  initiale  du  mot  suivant,  prouve  que  la  forme  du 
vieux  celtique  était  *trls  =  gr.  xpeTç,  lat.  très. 

De  plus,  Vs  final  primitif  parait,  sous  la  forme  d'une  aspiration,  devant 
une  voyelle,  dans  l'adjectif  possessif  féminin  :  irl.  moy.  et  mod.  a  h-anam, 
son  âme  à  elle,  gall.  ei  henaid,  trécorois  hec^h  ine;  v.  gall.  hi  hataned, 
ses  ailes  à  elle,  cf.  hic^h  arched^  sa  châsse  à  elle,  Gwerziou  Breiz  ïzel^  II, 
528.  M.  Hingant  remarque,  dans  sa  Grammaire  bretonne,  p.  219,  que 
les  nasales  et  les  liquides  se  redoublent  dans  la  prononciation,  en  Tré- 
guier,  après  ce  mot  he  «  son  â  elle  »  '.  Il  parait  qu'il  en  est  de  même  en 
irlandais  >.  En  v.  irl.  ^  «  son  à  elle  »  n'affecte  pas  l'initiale  suivante, 
tandis  que  â  «  son  à  lui  »  aspire,  c'est-à-dire  affaiblit  les  ténues.  Bopp  a 
donné  la  vraie  raison  de  ces  faits  en  regardant  l'adjectif  possessif  dans 
les  langues  néoceltiques  comme  venant  d'un  ancien  pronom  au  génitif; 
au  masculin,  ce  pronom  était  terminé  par  une  voyelle,  et  au  féminin 
par  un  5,  les  deux  suffixes  étant  respectivement  identiques  à  ceux  du 
sanscrit  asya^aù-zo^'j^  et  asyâs,  aûr^ç.  On  peut  comparer  Vh  de  l'irl.  a-h 


1.  M.  G.  Milin  m'a  appris  que  cette  prononciation  existe  dans  le  haut  Léon. 

2.  Cf.  rhaddaeus  ConncUan,  The  King's  letter,  translated  into  irish  with  û  grammatical 
introduction  to  the  irish  language....  2nded.,  London^  182$,  p.  21. 


Etudes  bretonnes.  15  j 

anam  t  son  âme  à  elle  »,  à  celle  de  a  hùil  a  son  œil  à  lui  »,  qu'on  écrit 
ashàil.  Le  pronom  personnel  féminin  du  breton,  qui  produit  aussi  las- 
piration  des  ténues,  peut  tout  aussi  bien  avoir  été  influencé  par  l'adjectif 
possessif  correspondant  que  l'avoir  influencé  lui-même  ;  cf.  les  locutions 
comme  evit  he  c'haret  «  pour  l'aimer  »,  primitivement  «  pour  son  amour  », 
littéralement  «  pour  l'amour  d'elle  ». 

Mais  la  cause  de  ces  aspirations  initiales  du  breton  une  fois  admise, 
reste  à  savoir  de  quelle  façon  elle  a  agi.  Trifenn,  «  trois  tètes  »,  est-il 
pour  *trlS'ppenn-^  comme  le  corn,  calys  feyn  est  pour  *calys  ppeyn;  ou 
bien  faut-il  supposer  une  assimilation  de  1'^  primitif  au  p  suivant,  *tfip^ 
penn-f  De  même  le  moy.  bret.  daffar  «  matériaux»,  Sainte-Barbe,  58, 
mal  écrit  saffar,  ibid.  JÇ4,  =  gall.  daphar,  daffar,  préparer  (Owcn 
Pugh),  cf.  bret.  lavarer,  aide-maçon,  Pell.,  vient  de  do  ou  to,  -\- ate 
-|-Iat.  parare;  mais  représente-t-il  *  dappar  de  *dath'ppar,  ou  de  *  dap- 
par  pour  *  d'aVpar  f  Je  ne  discuterai  pas  cette  question,  non  plus  que 
d'autres  faits  relatifs  aux  mutations  dont  il  est  fait  mention  Rev,  celt., 
III,  237,238,  et  V,  269,  et  où  le  phénomène  phonétique  qui  est  le 
sujet  du  présent  article  peut  se  trouver  intéressé  en  même  temps  que 
d  autres  d'une  nature  différente,  comme  l'assimilation  progressive. 

IV.  —  Aspiration  des  consonnes  douces. 

i^.  Un  g  celtique  précédé  d'une  liquide  peut,  dans  les  langues  bre- 
lonnes,  suivre  deux  voies  différentes  :  soit  devenir  gy  y,  a,  s'assimiler  à 
la  liquide  précédente  ou  disparaître,  soit  devenir  c,  ch.  Exemples  : 

Argant^  v.  bret.,  v.  gall.  et  v.  corn.  [Rev,  celt.^  I,  338),  resté  en 
bret.  moyen  ;  arganty  vann.  et  cornouaillais  ;  ariant^  arian,  gall.,  =  irl. 
argat,  cf.  gaul.  Argento-magus,  lat.  argentum  ;  bret.  moy.  archant,  léon. 
et  tréc.  arc*hanty  corniq.  archans,  arhans,  =:  *  arccant-^  cf.  irl.  moy. 
arcat. 

Bara,  pain,  bret.,  corn.,  gall.,  cf.  v.  irl.  bairgen  ==:  *  barg-inâ ;  voy. 
plus  bas  cola. 

Bargaigna,  barguigner  ;  barkaigna,  id.,  Pell.;  du  fr. 

Bera^  monceau,  gall.,  cf  allem.  berg^  montagne. 

Boly^  bola,  bol,  ventre,  bul,  cosse,  gall.  =  v.  irl.  bolg,  sac,  gaul. 
bulga;  bret.  bolc'h,  belc'h,  cosse  du  lin,  polc^h,  P.  Grég.  ;  cf.  v.  iri. 
bolc  tt  outre  ».  L'allem.  balg  a  de  même  les  deux  sens  de  «  peau  »  et 
de  a  cosse,  gousse  ».  En  petit  Tréguier,  bolc^h  veut  dire  «  Tenveloppe 
contenant  encore  la  graine  de  lin  »,  et  tolc'h  cette  même  enveloppe, 
quand  la  graine  en  a  été  ôtée.  Ces  deux  formes  sont  des  doublets,  de 


156  E.  Ernaulu 

sorte  que  le  vann.  tolgtnn  «  bogue  de  châtaigne  »,  Troude,  peut  se 
comparer  au  v.  irl.  holg.  Le  passage  àtb^t  par  l'intermédiaire  de  à 
(cf.  Rev,  celu,  III,  J4  ;  V,  219)  se  retrouve  dans  irézen  et  drézent, 
«  langes  »,  Le  Gon.,  irezenn,  Cath.,  =  v.  gall.  brethinn-ouy  id.,  cf.  irl. 
brat,  manteau. 

Boulc'h,  bret.,  bwlch,  gall.,  entaille  ;  irl.  balgy  fente  (Thurneysen). 

Bourg,  P.  Grég.,  bourk,  tréc,  «  bourg  »,  =  lat.  burgus;  bret.  moy. 
boarchis,  auj.  écrit  bourc^his,  bourgeois,  de  bourc^h,  bourg,  =  v.  irl. 
borcc. 

Caly^  gall.,  «  veretrum  »,  =  irl.  calg,  épée  (Stokes)  ;  bret.  kalken,  f., 
nerf  de  bœuf,  de  *  calg-inïï;  une  composition  avec  kenn  «  peau  •  eûi 
donné  un  mot  masculin  ;  bret.  moy.  calch  «  veretrum  ».  Voy.  lesuiv. 

Cola,  col^  barbe  d'épi,  gall.,  =  irl.  co/g,  v.  gall.  colg-inn,  id.,  auj. 
co/y/i,  pointe.  Ce  mot  est  une  variante  du  précédent.  Le  rapport  de  coU 
à  colginn  (et  probablement  kalken  )  est  le  même  que  celui  de  bara  à 
bairgen  (et  peut-être  de  bola  à  tolgenn), 

Daly,  dala,  dal,  tenir,  gall.,  cf.  irl.  if /^,  attache,  broche,  racine  sans- 
crite darh,  tenir;  bret.  moy.  dalchy  auj.  dalc'h,  attache;  cf.  delc  «  mo- 
nile  »,  Vocabul.  corniq, 

Derien^  nom  propre  breton  actuel,  au  ix*  siècle  Dergen,  CartuL  4^ 
Redoriy  p.  46,  peut  venir  de  Dorgeriy  Durgen,  ibid.,  ^Dubrgen,  cf.  Dubr- 
ien^  ibid.,  *  Dubrogenos,  cf.  Dobrogen^  ibid.,  et  signifier  «  fils  de 
l'eau  )>  ;  expliqué  autrement,  Rev,  celt,,  III,  408.  Cette  terminaison  -ien, 
-geriy  fréquente  dans  les  noms  du  vieux  breton  et  du  v.  gall.,  était  ori- 
ginairement précédée  d'une  voyelle  ;  il  semble  pourtant  que  le  chan- 
gement du  ^  en  jr  ait  pour  cause  le  contact  de  la  consonne,  qui  d'ailleurs 
peut  n'être  pas  une  liquide  ou  une  nasale.  De  même  le  changement  de 
gaelt  (v.  bret.),  geot  «  herbe  »,en  ieoî,  a  dû  se  faire  d'abord  après  Vn  de 
l'article.  Un  doublet  semblable  de  gwerc*h,  adj.  «  vierge  »,  en  trécorois, 
est  le  subst.  yïlc^h  a  fiancée  »  [é  du  français  le). 

Eir),  eira^  neige,  gall.,  de  * airg  =  *  argi-,  cf.  gaul.  Argiotalus,  «  au 
front  blanc  »  ;  bret.  moy.  erch,  auj.  erc^hj  vocab.  corn.  irch. 

Felchf  Cath.,  auj.  felc'h,  rate;  irl.  selg,  gr.  fT:TXày/-vov. 

Guerg,  V.  br.  «  efficace  »,  =  gaul.  rergO'[bretus),  César,  cf.  gr. 
èv-(f)epYoç  a  efficace  »;  v.  bret.  guirhter,  énergie  =  *  guerc-ter^  cf.  la 
monnaie  gauloise  qui  porte  VERCOBRÉTO. 

Cùiriéss,  gàérhiésSy  vann.  «  vierge  »,  L'A.,  etc.  ;  du  lat.  virgo  et  du 
suffixe  -es,  qui  n'a  la  forme  4es  que  dans  des  sous-dialectes  comme  celui 
de  Sarzeau,  cf.  gall.  gwyra,  pur,  =virg[o);  moy.  bret.  g wrc^,  adj., 
guercheSy  subst.  ;  léon.  guère  b^  guerc'hez;  corniq.  gwyrches. 


Etudes  bretonnes.  1 57 

Heul,  suite  (heuUa,  heaill,  suivre),  bret.  ;  v.  bret.  0/,  suite,  gall.  ol, 
plur.  V.  bret.  olguo,  cf.  ailem.  folge. 

Merch^  fille,  gall.,  corn.,  moy.  bret.;  bret.  merc^h;  lith.  merga.  Le 
ch  est  expliqué  différemment,  Rev.  celt.y  I,  ^74. 

Mergidhaanij  v.  br.  «hebesco  »,  Cath.  merg/â/ rouiller,  auj.  mergla^ 
id.,  irl.  m^/r^,  rouille,  cf.  gr.  ftapyoç,  sot;  Cath.  merclet,  mercluSy  rouillé, 
auj.  merkla,  rouillé,  v.  irl.  meirc,  rouille  (accusatif). 

Myrieridy  gall.,  perles,  du  lat.  margarita;  bret.  Marc^harit^  Margue- 
rite. 

Orgiat  €  qui  tue  »,  v.  br.,  cf.  irl.  org-nn^  action  de  tuer,  et  Orge^ 
toriXf  César;  irl.  orcun,  action  de  tuer;  cf.  ORCIITIRIX  sur  une  mon- 
naie gauloise. 
Orgued  eioryadez,  amourette,  P.  Grég.,  cf.  dpyàco. 
Perguen,  moy.  bret.  «  proprement,  nettement  »,  comiq.  poren  [Ben- 
nans  Meriaseky  v.  1810)  t\  poran  a  exactement  ». 

Serch,  concubinaire,  Cath.  ;  gall.  serch^  amour  =  v.  irl.  sercc^  cf.  v. 
irl.  sercy  auj.  searc;  gr.  (yropYTi.  Cf.  Eusorgit,  Eusurgit,  Eusorchit^ 
ix«  siècle,  CartuL  de  Redon,  =  *  avl-sorg-  et  *avi'Sorc-? 

Le  ch  peut  tomber  ou  être  assimilé  après  une  liquide,  en  breton  et  en 
comique  :  v.  bret.  -marrocj  chevalier,  auj.  {Ker-]marec,=  v.  br.  -mar- 
hoc,  MarcoCy  =^  *  marcâcos ;  corniq.  marrec^  chevalier,  marogeth,  che- 
vaucher, Cath.  marhegueZy  id.,  gall.  marchogaeth^  id.  et  «  action  de  che- 
vaucher ».  Le  P.  Grégoire  remarque  que  dans  le  mot  breton  marheguez 
«  chevaucher  »^  Vh  ne  s'aspire  point.  A  cause  de  ce  trait  commun  de  la 
phonétique  de  g  et  de  c/z,  on  peut  discuter  la  valeur  de  certaines  formes 
comme  le  bret.  dal,  dalit,  tenez,  et  le  corn,  err^  «r,  neige. 

Je  n'examine  pas  quel  son  peut  représenter  dans  différents  "cas  la  no- 
tation gh,  par  exemple  dans  le  v.  gall.  helgha  «  chasse  »  (impératif),  cf. 
irl.  selg,  chasse,  gall.  hel,  hely,  hela,  chasser,  à  côté  du  v.  gall.  helcha, 
chasser,  bret.  moy.  hem-olch  =  selc.  Le  comique  helhia,  chasser  (voc.) 
se  rattache  probablement  au  premier  groupe  (=*helya,  cf.  vann.  gue- 
ryes,  écrit  ordinairement  guerhies).  Du  reste  il  a  dû  se  produire,  entre  ces 
séries  parallèles,  des  faits  de  contamination  analogique,  dans  la  pronon- 
ciation comme  aussi  dans  l'écriture  (cf.  la  notation  gch  pour  le  son  ch 
dans  le  v.  gall.  iurgchell,  chevreuil).  M.  Loth  regarde  Va  de  helgha  et 
de  helcha  comme  appartenant  au  suffixe  qui  correspond  au  breton  '(a)at; 
je  suppose  plutôt  que  cet  a  est  le  même  que  celui  de  la  forme  actuelle 
hela. 

16.  Le  passage  de  rg  à  rch,  en  breton,  a  pour  analogues,  du  moins 
quant  au  résultat,  le  changement  de  rd  en  rth  et  celui  de  rb  en  rph. 


158  E.  ErnaulU 

L'écriture  ne  distingue  pas^  en  moyen  breton,  z  doux  de  z  dur,  et  ils 
riment  ensemble,  comme  toutes  les  consonnes  douces  riment  avec  les 
fortes  correspondantes.  Mais  le  trécorois  et  le  vannetais  traitent  toujours 
z  après  une  liquide  comme  un  z  dur  :  le  tréc.  urz^  ordre,  et  le  vann. 
urh,  du  lat.  ordo^  par  exemple,  peuvent  représenter  une  forme  *urthy  et 
le  moy.  bret.  urz  a  pu  se  prononcer  ainsi.  De  même  le  tréc.  barz  et 
le  vann.  bar  h,  barde  [Cath.  barz)  du  gaul.  bar  dos,  sont  d'accord  avec  le 
comique  barth  et  non  avec  le  gall .  bardd. 

Le  gallois  même  n'est  pas  toujours  étranger  à  ces  faits.  Ainsi  en  re- 
gard du  V.  gall.  guardam^  je  ris,  auj.  chwarddaf^  racine  svard,  on  a  les 
formes  suivantes:  gall.  chwerthin,  rire,  Vocab,  corn,  huerthin yiréc.  c^hocr- 
ziu^  vann.  hoarhein;  il  est  probable  que  te  moy.  bret.  huerzia  a  un  z 
dur. 

Rfy  If,  de  rb^  Ib^  ne  ae  trouvent  en  breton  que  dans  des  cas  où  les 
formes  intermédiaires  rv,  Iv,  sont  certaines:  ainsi  kalfichat^  travailler  le 
bois,  Rev.  celt.,  IV,  1 57,  de  kalvizia,  Le  Gooidec,  de  iba/ver  =  *  oirb/^-, 
cf.  §  6;  elfezen  a  zizannia  »,  Cath.,  elwezen  raveneife,  Pell.,  vann.  al- 
venriy  alouenn  a  raifort  »,  Troude,  cf.  te  bret.  irvin,  navets,  g^U.  erjin 
=  "erb-in-,  auxquels  M.  d'Arbois  de  Jubainville  a  comparé  le  gr. 

Pour  ces  deux  classes  de  consonnes  faibles  le  renforcement  a  eu  lieu 
sans  doute  seulement  après  une  première  mutation  en  sfens  inverse  (adou- 
cissement de  b,  d  en  v,  dh) .  Pour  g,  au  contraire,  il  y  a  eu  souvent  deux 
mutations  successives  dans  le  même  sens:  renforcement  de  g  en  c;  ren- 
forcement de  c  en  ch  ;  et  l'irlandais  nous  offre  des  traces  de  toutes  ces 
étapes  :  g,  gg,  c,  ce. 

Comme  analogie  à  cette  histoire  de  la  gutturale  douce  en  breton  après 
une  liquide,  on  peut  observer  que  la  dentale  forte  devant  les  liquides 
avait  subi  en  moyen  breton  deux  affaiblissements  successif.  C'est,  du 
moins,  l'explication  qui  me  semble  la  plus  probable,  de  faits  exposés 
sous  un  jour  tout  différent.  Etudes gramm.^  81  *. 

La  question  est  de  savoir  si,  en  moyen  breton,  zr  venant  de  îr  con- 
tient un  z  dur  ou  un  z  doux.  Je  crois  que  c'est  un  z  doux,  et  que  l'inter- 
médiaire entre  le  t  vieux  breton  et  te  z  moy.  bret.  a  été  d. 

Par  exemple,  le  bret.  moy.  go-zro^  traire,  ne  vient  pas  directement 
du  V.  bret.  guo-iro-,  mais  de  la  forme  go-dro  conservée  en  gallois.  Le 
moy.  bret.  go-zronquet,  baigner,  vient  de  même  d'une  forme  correspon- 
dant au  V.  irl.  fo-thrucad^  qui  serait  en  gall.  *godrochi,  cf.  ymdrochiy  etc. 

Ces  formes  intermédiaires  ne  sont  pas,  du  reste,  sans  exemple  en 
breton  :  ainsi  le  v.  bret.  hoetl  «  âge  »,  a  une  variante  hoedl  dans  Hoedl- 


Etudes  bretonnes,  1 59 

mottoc,  Cartul.  deRedon^  1 38,  =  gall.  hoedl;  c'est  ce  d  qui  est  devenu 
z  dans  le  moy.  bret.  hoazU  par  un  second  affaiblissement  semblable  à 
celui  qu'a  éprouvé  le  v.  bret.  cadr  «  beau  »  =gaul.  -cadros^  gr.  x«-xa$- 
(uvoç,  en  moy.  bret.  cair,  M.  Stokes  a  comparé  avec  raison  à  hoetl  le 
latin  sdculum;  ces  deux  formes  viennent  de  *së'tlom. 

On  peut  voir  des  exemples,  en  breton  moderne,  de  z  venant  de  t  par 
l'intermédiaire  de  d,  Rev.  celt. ,  V,  1 26. 

Je  croîs  donc  que  tr  deviest  en  breton  moyen  dhr,  tandis  que  rt,  au 
contraire,  donne  rîh. 

V ,  —  Quel(iues  rapprochements  phonétiques. 

17.  Malgré  des  différences  notables  entre  l'action  phonétique  qu'un 
son  exerce  sur  celui  qui  précède  et  sur  celui  qui  suit,  différences  dont  je 
viens  de  donner  un  exemple,  on  ne  peut  s'empêcher  de  remarquer  des 
analogies  entre  ce  qui  se  passe  des  deux  côtés  de  cette  mince  frontière 
que  représente  une  lettre.  En  voici  quelques-unes  : 

En  vieil  irlandais,  l'affaiblissement  du  /  est  empêché  par  la  présence 
de  /,  /i  ou  5  avant  cette  lettre.  M.  Stokes  a  montré  que  le  même  fait  se 
produit  lorsque  Vs  vient  après  le  t  [Zeitschrift  fur  vergleichende  Sprach- 
joTschimgy  N.  F.,  VIII,  i,  p.  72). 

Les  liquides  et  les  nasales  semblent  quelquefois  renforcer  une  con- 
sonne douce  qui  les  précède  comme  nous  avons  vu  qu'elles  le  font  pour 
une  consonne  douce  qui  les  suit.  Exemples  : 

Bret.  Uouar^  tiède,  gall.  clauary=:* cliarùs,  de* gliaroszizgr,  /Xiàpdç. 
M.  Rhys,  pour  ces  mots,  suprose  un  primitif  *scliaros  ;  mais  leur  rap- 
port peut  être  analogue  à  celui  de  axopyi  au  vieux  celtique  *  sorcâ, 
*sercâ. 

V.  irl.  trin  «  fort  »,  cf.  Macutreni,  Trenegussi  (ogamique  Trenagusu, 
nw^i  rrem*),  Hûbner,  Inscr,  Britanniae  christianae,  n**  108,  Trenacatus, 
ibid.,  n*  114;  Trenalugos^  inscr.  ogamique,  Stokes,  Celtic  declensiony  7?. 
Le  comparatif  du  v.  irl.  trén  est  tresa,  tressa^  =1  bret.  trec'h,  gall.  trech; 
trèn.esi  donc  pour  *trisnoSf  et  tressa  pour  *trësyâs.  Il  est  difficile  de  sé- 
parer *trésnos  du  sanscrit  dhrsh-nùs  a  hardi  »,  et  de  ne  pas  voir  dans 
*tTlsycis  le  comparatif  d'une  forme  répondant  au  grec  ôpa(ruç.  Le /initial, 
au  lieu  de  d^  est  l'objection  la  plus  sérieuse  ;  la  persistance  de  Vs  dans 
tressa  peut  s'expliquer  par  l'analogie  de  la  variante  légitime  "  dërsySs^ 
comme  le  a  de  Opouruç  est  dû  à  la  forme  parallèle  ^Oapaûç  d'où  Ooptrovco. 
C'est  ainsi  que  l'ancien  r  voyelle  produit  sur  le  c  suivant  l'effet  d'une 
consonne,  dans  les  langues  bretonnes  :  le  gall.  drych,  aspect,  et  le  v. 


]6o  E.  Ernaulî. 

bret.  dr/A-,  dreh"  (dans  des  noms  du  Cartul,  de  Redon)  diffèrent  de  Spox 
dans  %axov  et  du  v.  irl.  drech,  aspect,  =  ^dric-^  en  ce  que  le  cA  gall. 
et  bret.  =  ce  a  été  amené  par  la  variante  *  dire,  *dërc,  analogue  à  &cfx 
dans  £$Qif)xov;  cf.  le  rapport  de  l'irl.  coimpert  au  moy.  bret.  compret. 
M.  Rhys  a  signalé,  Rev.  celi.,  I,  ^6},  des  changements  de  ir  initial 
en  fr,  dans  le  gallois  moderne. 

L'accent  est  sans  doute  une  des  causes  du  renforcement  des  consonnes 
douces,  à  la  fin  des  mots,  en  breton  et  en  comique  ;  mais  il  faut  remar- 
quer que  ces  consonnes  sont,  la  plupart  du  temps,  en  contact  avec  une 
autre  consonne  commençant  le  mot  qui  suit.  Ce  contact  fiait  parfois 
changer  la  dentale  ténue  en  aspirée  ou  en  sifflante. 

Ainsi  de  même  que  le  d  du  fr.  remède  s'est  renforcé  en  /  dans  le  bret. 
moy.  remhet,  le  t  du  bret.  moy.  bet  «  monde  »  est  parfois  suivi  d'une  h, 
bethy  pour  représenter  probablement  une  prononciation  bett^  qui  va  jus- 
qu'à l'aspiration,  bez,  quand  le  contact  du  mot  suivant  est  trop  intime  : 
bezcoaz  «  jamais  »,  cf.  corniq.  bythqwath  whath  «  jamais  encore  » 
(Gwreans  an  bys^  v.  1454).  De  même  on  a  le  moy.  bret.  et  eteth,  blé,  et 
le  composé  guin/z,  froment,  vann.  guneli,  gall.gwf/z/7/i^=*v//i(f-£f/-;  les 
formes  bretonnes  Binniguet^  Binnigueth  et  Binniguez  n  béni  »,  au  com- 
mencement du  XIII*  siècle  [Rev,  celt.,  III,  401),  etc.  Le  comique  a  com- 
mencé le  changement  de  /  final  en  s  par  les  cas  où  ce  t  venait  après  n 
ou  /  ;  nous  avons  vu  que  le  breton,  pour  éviter  le  son  lih,  en  a  fait  éga- 
lement Is. 

Sauf  dans  ce  cas  particulier,  le  breton  conserve  fidèlement  la  distinc- 
tion de  th  et  5,  après  une  consonne  ;  mais  devant  une  consonne,  surtout 
une  gutturale,  le  z  breton  =  th  devient  très  souvent  s;  tréc.  biskoaz, 
vann.  biskoah,  =  moy.  bret.  bezcoaz.  Voici  un  autre  exemple  d'aspira- 
tion de  /  devant  une  gutturale  (cf.  §13): 

Quezquen  braSj  tellement  grand,  Cr.  Myst.  de  Jésus,  ^O]  quesijuen 
(fû/>âr^  tout  particulièrement,  Sainte-Barbe,  5J0,  war.  ijuez  quen;hep 
quezquen^  sans  rien  de  plus,  ib.  81,  var.  heb  quel  quen  (rime  en  et]  ; 
qaezquUn  tenn,.,  ne  mennas  si  durement  qu'il  ne  resta...  Noueliou,  \  36; 
quezqu'en  net,  très  pur,  1 41  ^quezquendyfflat  (lis.  diffuat)  très  cruellement^ 
135.  L'expression  hep  quet  quen  revient  souvent  dans  Sainte-Barbe. 

Quezquement  penn  so  enn  hy^  toutes  les  personnes  qui  y  sont,  Sainte- 
Barbe,  320,  var.  qnez  quement;  quezquement  den  so  en  grâce,  toute  per- 
sonne qui  est  en  état  de  grâce,  ib.  557;  de  quet  -f  quement,  cf.  quet 
queffret,  en  même  temps,  Sainte-Nonne,  v.  1 127,  quet  gueffret,  Myst.  de 
Jés,^  p.  206,  z=  comiq.  kekefrys,  Meriaseky  316,  cf.  kescolen  «  with  one 
heart»,  Neriasek,  1769,  etc. 


Etudes  bretonnes,  \6\ 

C'est  évidemment  ce  mot  quezquemnt  qui  se  trouve  dans  le  vers  de 
Uvocat  Pathel'm, 

Quel  queuient  ob  dre  douch  ama, 

Rtv.  ceh.y  IV,  45 1 ,  cf.  454  ;  il  faut  lire,  comme  l'indique  la  rime,  quez 
(juement  ol  dre  douch  aman,  et  traduire  probablement  «  vous  tous  qui  êtes 
ici  ». 

Emile  Ernault. 


Réf.  OU,  VII  11 


FLORA  CELTICA. 


L'étude  des  noms  de  plante  est  utile  à  plus  d'un  point  de  vue  :  elle 
fournit  des  identifications  précises  à  l'explication  des  textes  ;  elle  donne 
aux  linguistes  des  documents  d'origine  vraiment  populaire  ;  par  ses  rap- 
ports ou  ses  différences,  elle  permet  à  l'ethnologue  de  grouper  ou  de 
séparer  plusieurs  branches  de  la  même  race,  et  elle  éclaire  sur  les  em- 
prunts d'une  race  à  une  autre.  Enfm,  les  légendes  des  plantes  et  les 
usages  superstitieux  dans  lesquels  figurent  les  plantes  fournissent  à  la 
mythologie  des  renseignements  et  des  points 'de  comparaison.  La  mytho- 
logie des  plantes  est  un  des  étages  inférieurs  de  la  mythologie  générale 
qu'il  importe  le  plus  de  connaître. 

Les  peuples  celtiques  sont  malheureusement  en  retard  sur  les  autres 
peuples  européens  pour  tout  ce  qui  peut  éclairer  leur  histoire  morale  et 
légendaire.  Un  grand  nombre  d'études  ont  été  faites  chez  les  peuples 
latins,  germaniques  et  slaves,  qui  n'ont  pas  leur  parallèle  chez  les  peuples 
celtiques  ;  on  ne  semble  même  pas  se  douter  souvent  de  la  tâche  qui 
reste  à  accomplir.  Ce  qui  touche  à  la  linguistique  proprement  dite  et  à  la 
grammaire  comparée  est  mis  en  œuvre  avec  ardeur  :  œuvre  utile,  mais 
qui  serait  plus  utile  si  elle  ne  faisait  pas  négliger  ou  dédaigner  les 
autres  branches  de  la  philologie,  et  si  les  celtistes  prenaient  pour  modèle 
de  grands  philologues  comme  Jacques  Grimm  qui  comprenaient  dans  une 
même  étude  et  faisaient  marcher  du  même  pas  la  grammaire  comparée, 
la  linguistique,  l'histoire  littéraire,  la  mythologie  et  le  classement  des 
légendes. 

L'étude  de  la  Flore  populaire  est  une  de  celles  dont  on  se  doute  le 
moins  dans  les  pays  celtiques  ;  une  de  celles,  pourtant,  où  il  se  serait  le 
plus  facile  à  des  hommes  de  bonne  volonté  de  faire  un  travail  utile  :  en 
effet,  un  peu  de  bonne  volonté  et  de  l'esprit  d'exactitude  suffiraient.  Re- 
cueillir les  noms  populaires  d'une  plante  et  les  enregistrer  sans  les  cor- 
riger ou  les  modifier  :  rassembler  les  dictons,  les  légendes,  les  usages  qui 


Flora  Celtîca,  lë^ 

se  rapportent  à  cette  plante,  faire  de  ces  documents  accumulés  un  dic- 
tionnaire ou  les  éléments  d'un  futur  dictionnaire,  voilà  un  travail  qui  de- 
vrait tenter  quelqu'un  des  rares  amis  restés  encore  aux  langues  celtiques  > . 
Mais  un  travail  de  ce  genre  est  d'apparence  trop  modeste  pour  attirer 
les  amateurs  qui  prétendent  maintenir  le  culte  de  leur  vieille  langue  ;  ils 
préfèrent  faire  œuvre  de  dilettantes,  et,  s'imaginent-ils,  d'écrivains  ori- 
ginaux [!),  en  rédigeant  des  vers  ou  des  articles  sans  intérêt  dans  des 
feuilles  qui  ont  une  «  colonne  celtique  ».  Comme  nous  donnerions 
volontiers  ce  qui  remplit  les  trois  quarts  du  Gaelic  Journal  de  Dublin 
et  des  publications  similaires,  pour  quelques  colonnes  de  documents  de 
foik-lore!  Et  quand  il  s'agit  de  langues  qui,  comme  l'irlandais,  sont  à  la 
veille  de  périr,  si  on  n'essaye  pas  aujourd'hui  de  recueillir  ces  documents 
linguistiques  et  folk-loriques  de  la  bouche  des  vieilles  gens,  demain  il  sera 
trop  tard  !  Mais  les  Celtes  sont,  parait- il,  trop  en  retard  sur  leur  époque 
pour  comprendre  les  desiderata  de  la  science. 

Il  y  a  quelques  années,  j'avais  eu  l'idée  de  compiler  une  Flore  popu- 
laire des  peuples  celtiques  ^  J'aurais  réuni  les  documents  déjà  publiés, 
j  aurais  fait  appel  à  des  correspondants  pour  me  fournir  la  variété  des 
noms  populaires  et  surtout  les  légendes  ;  chaque  plante  aurait  eu  ainsi  sa 
monographie  embrassant  l'ensemble  des  peuples  celtiques  :  ce  dictionnaire 
eût  été,  je  pense,  aussi  utile  au  linguiste  qu'au  mythologue.  J'ai  dû  re- 
noncer à  ce  projet,  en  partie  faute  de  temps  et  surtout  parce  que  les  ma- 
tériaux rassemblés  étaient  insuffisants,  et  parce  que  je  n*aurais  pu  me 
renseigner  d'une  façon  assez  complète  dans  les  pays  celtiques.  Ce  sont  des 
travaux  qui  doivent  avoir  un  caractère  local,  être  faits  pour  un  pays 
particulier  par  un  homme  du  pays  :  la  synthèse  est  possible  plus  tard  par 
la  coordination  des  travaux  locaux.  Nous  voudrions  que  les  savants  des 
pays  celtiques  se  missent  courageusement  à  cette  œuvre,  surtout  en  Ir- 
lande; ils  trouveraient  un  modèle  dans  la  Flore  populaire  de  la  France 
que  va  faire  paraître  M.  Eugène  Rolland.  En  attendant,  il  ne  nous  parait 
pas  inutile  de  publier  les  indications  bibliographiques  que  nous  avions 
réunies  en  vue  de  notre  travail  abandonné  ;  nous  y  mentionnons  plusieurs 
ouvrages  spéciaux,  peu  ou  point  connus  en  dehors  des  pays  où  ils  ont 
paru,  et  ces  indications  peuvent  être  utiles  —  au  moins  aux  celtistes  du 
continent. 


1.  Ce  qae  nous  disons  ici  de  U  flore  peut  s'appliquer  aussi  à  la  faune;  voir  par 
exemple  le  curieux  et  utile  ouvrage  que  M.  Eugène  Rolland  a  écrit  sur  la  Faune  popu- 
laire dt  la  France,  6  vol.  in-8.  Paris,  Maisonneuve,  1877-1883. 

2.  Comme  supplément  à  la  Flore  que  prépare  M.  Eug.  Rolland. 


164  Gaidoz. 


ANCIEN  CELTIQUE. 

Noms  de  plantes  cités  dans  : 

1)  Dioscoride  (i*'  ou  ii^'  siècle  après  J.-Ch.)  passim.  —  Sur  les  noms 
barbares  de  plantes  cités  par  le  grec  Dioscoride,  voir  E.  Meyer,  Ges- 
chichte  der  Botanik,  t.  I. 

2)  Pausanias  (ii*  siècle  ap.  J.-Ch.),  Liv.  X,  ch.  xxxvi,  §  i.  —  Il 
s'agit  d'un  mot  galate  uç  qui  parait  désigner  le  chêne  à  kermès  (quercus 
coccifera)]  voir  G.  Perrox,  Mémoires  d*archéologiej  etc.  Paris,  1875, 
p.  256  et  suiv. 

3)  Marcellus  de  Bordeaux  (fin  du  iv^  ou  commencement  du  v*  siècle 
ap.  J.-Ch.).  Les  noms  gaulois  de  plante  sont  cités  dans  le  mémoire  que 
J.  Grimm  a  consacré  à  cet  écrivain  [Mém,  de  VAcad,  de  Berlin^  1847, 
p.  435  et  suiv. 

Sur  plusieurs  de  ces  noms,  voir  M.  d'Arbois  de  Jubainvilie  dans  les 
Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique^  t.  II,  p.  69,  et  M.  Whitley  Stokes, 
Celtic  Declension,  p.  77  (Extrait  des  Transactions  of  the  Philological  So- 
ciety for  1885). 

4)  La  plupart  de  ces  noms,  et  d'autres  encore  épars  dans  les  écrivains 
de  l'antiquité  >  sont  réunis,  mais  à  leur  ordre  alphabétique,  dans  le  lexique 
qui  termine  les  Origines  Europaa  de  Diefenbach,  Francfort-sur-le-Main, 
1861. 


IRLANDAIS. 

A)    IRLANDAIS   ANCIEN    ET   MOYEN. 

La  riche  collection  de  manuscrits  que  nous  a  laissée  l'Irlande  celtique 
contient  un  certain  nombre  de  traités  de  botanique.  Ils  sont  jusqu'ici 
restés  inédits:  il  serait  pourtant  intéressant  d'en  publier  les  principaux, 
parce  qu'ils  fourniraient  des  noms  anciens  des  plantes,  et  aussi  parce  que 
ces  traités  —  traduits  la  plupart  du  latin  —  font  suivre  d'ordinaire  le 
nom  irlandais  du  nom  latin .  On  a  ainsi  une  identification,  et  quand  on 
rencontre  dans  un  texte  un  nom  obscur  de  plante,  ces  traités  permettront 
d'en  connaître  le  sens . 


I.  Par  exemple  le  mot  amella  «  thym  »  conservé  par  Servius  et  étudié  par  M.  Wh. 
Stokes  dans  les  Beitraege  de  M.  Bezzenberger,  t.  IX,  dans  un  article  intitulé  Celtic  Ety- 
mologies. 


•   Flora  Celtica.  165 

Je  donne  ci-dessous  les  textes  dont  je  trouve  la  mention  dans  mes 
notes  :  cette  liste  sera  facilement  augmentée  par  les  Irlandistes. 

Manuscrits  du  Collège  de  la  Trinité,  à  Dublin. 

j)  H.  2,  17;  p.  279-317.  Catalogue  de  plantes,  minéraux,  etc.,  em- 
ployés en  médecine. 

6)  H.  3.  4;  p,  61  et  suiv.  Idem, 

7)  H.  }.  7;  p.  133.  Fragment  d'une  liste  analogue. 

8)  H.  3.  15  ;  p.  21..  Liste  alphabétique  des  plantes,  herbes,  miné- 
raux, etc.,  formant  la  materia  medica, 

Ibid.;  p.  47,  col.  2.  Liste  de  noms  de  plante,  en  latin  et  en  irlandais. 

Manuscrits  de  l'Académie  royale  d* Irlande  à  Dublin  ' . 

2  î 
9!'  Q-^;  p.  Ï9-3'-  Fragment  d'une  liste  analogue,  commençant  au 

mot  Sambucus;  —  p.  34.  Liste  alphabétique  de  plantes  et  d'herbes. 

10)  .— ^  .  Contient  un  traité  sur  les  plantes. 

Manuscrits  de  la  Faculté  des  Avocats,  à  Edimbourg, 

11)  Le  no  III  traite  de  botanique. 

Manuscrits  du  Musée  Britannique,  à  Londres. 

12)  Add.  ij,  403.  Herbier  médical  où  les  noms  des  plantes  sont 
donnés  en  latin  et  en  irlandais. 

13]  Egerton  119.  Ms.  en  papier,  écrit  par  James  Scurry  en  1820. 
Liste  des  noms  de  plante  en  irlandais,  anglais  et  latin. 

Tous  ces  mss.  —  à  l'exception  du  dernier  —  sont  sur  parchemin  et 
des  XI v«  ou  XV*  siècles. 

Il  faut  aussi  remarquer  que  les  mss.,  si  nombreux,  qui  traitent  de  mé- 
decine, contiennent  souvent  des  noms  de  plantes  qu'il  serait  utile  de 
relever  ^. 

Sur  notre  demande,  et  par  l'obligeante  entremise  de  M.  Wh.  Stokes, 
M.  Standish  H.  O'Grady,  un  Irlandais  irlandiste  dont  nous  avions  tou- 


I .  Je  saisu  cette  occasion  de  signaler  aux  romanistes  l'existence  dans  la  Bibliothèque 

de  TAcadémie  d'Irlande  d'un  beau  manuscrit  français  (coté  7;^)  formant  un  traité  des 

plantes,  et  orné  de  dessins  fort  bien  exécutés  (de  2  à  10  cent,  de  hauteur)  repiésentant 
des  plantes  ou  des  instruments  de  médecine. 

1.  L'observation  est  du  D'  Todd  dans  son  analyse  du  ms.  de  Fermoy,  Proc.  of  tht 
Irish  Acad,  —  Irish  Ms.  séries,  vol.  I,  p.  53. 


i66  Gaidoz. 

jours  regretté  de  ne  pas  voir  ie  nom  dans  notre  recueil,  avait  bien  voulu 
nous  promettre  d'éditer  dans  la  Revue  Celtique  le  traité  botanique  du  ms. 
de  Londres,  Add.  i  j,  403.  Il  nous  écrivit  même  en  date  du  S  juillet  1884 
que  son  travail  était  très  avancé  et  serait  bientôt  prêt  pour  l'impression. 
Ses  occupations  ne  lui  ont  pourtant  pas,  depuis,  permis  de  l'achever. 
Nous  espérons  qu'il  en  trouvera  un  jour  le  loisir^  et  que  la  Revue  Celtique 
aura  l'honneur  et  le  profit  de  ce  travail. 

La  plupart  de  ces  mss.  de  botanique  —  comme  aussi  de  médecine  — 
dérivent  sans  doute  de  sources  communes,  qui  sont  la  Materia  Medica 
latine  du  moyen  âge  :  et  c'est  dans  les  écoles  des  Asclépiades  irlandais 
qu'ils  se  multipliaient,  probablement  sous  la  dictée  d'un  maître  :  c'est 
par  l'hypothèse  de  la  dictée  que  M.  Standish  H.  O'Grady  expliquait  Tin- 
correction  de  son  ms.  de  Londres  > . 

B)    IRLANDAIS   MODERNE. 

14)  THRELKELD,  Synopsis  Stirpium  Hibernicarum  ;  or  a  Short 
Treatise  of  Native  Plants,  especially  such  as  grow  spontaneously  in  the 
Vicinity  of  Dublin,  with  their  Latin  y  English,  and  Irish  Names  ;  and  an 
Abridgement  of  their  Virtues,  etc.,  in-12.  Dublin,  1727. 

13J  KEOGH  (John).  Botanaiogia  Universalis  Hibemica;  or,  a  Ge- 
neral Irish  Herbal  calculated  for  this  Kingdom.  Giving  an  Account  of  the 
Herbs,  Shrubs,  and  Trees,  Naturally  produced  therein,  in  English, 
Irish,  and  Latin;  with  a  true  description  of  them  and  their  Médicinal 
Virtues,  etc.;  petit  in-4.  Corke,  17 jç. 

16)  WADE,  M.  D.  [G.)  —  Catalogus  Systemalicus  Plantarum  Indi- 
genarum  in  Comitatu  Dublinensi  Inventarum.  In-8,  Dublin,  1794. 

Gives  the  Latin,  Irish,  and  English  names  (dit  un  catalogue  de  librairie). 

17)  WHITE.  Irish  Botany  :  an  Essay  on  the  Indigenous  Grasses  of 
Ireland.  By  John  White.  With  2  large  plates,  carefiilly  coloured,  and  3  In- 
dexes —  Latin,  Irish  and  a  General  English  Index,  in-8.  Dublin,  1803. 

On  nous  a  assuré  que  la  Flora  Hiberrnica  de  J.-T.  MACKEY  publié 
en  i8}6  ne  contient  aucun  nom  irlandais  de  plante  ;  et  il  en  est  de  même 
du  répertoire  botanique  du  même  auteur  publié  dans  les  Transactions  of 
the  R,  Irish  Acad,,  t.  XIV  (1825). 

Ne  connaissant  que  par  un  catalogue  l'ouvrage  de  Miss  Cusack  sur  le 

5.  The  MS.  Add.  15,  403  seems  to  me  tohave  been  written  with  a  certain  amountof 
inattention,  which  is  quite  compatible  with  good  penmanship.  Indeed  it  is  possible  that 
the  care  bestowed  upon  the  latter  sometimes  interfered  with  the  regard  due  to  the  subjea 
matter  itself.  Again,  one  must  never  forgetthat  yss.  of  the  kind  were  often  wrinen  from 
dictation.  — •  Lettre  de  M.  Standish  H.  O'Grady,  du  20  janvier  1884. 


Flora  Celtica,  167 

comté  de  Kerry,  nous  ignorons  s'il  y  a  des  noms  irlandais  dans  ses  listes 
d'histoire  naturelle  > . 

Le  ms.  Egerton  1 19,  signalé  plus  haut,  devrait  figurer  ici,  s'il  n'est 
pas  copié  sur  un  ms.  ancien. 

GAÉLIQUE  ECOSSAIS. 

18)  Flora  Scotica;  or.  Systematic  Arrangement  in  the  Linnaean  Me- 
thod  of  the  Native  Plants  of  Scotland  and  the  Hébrides  ;  illustrated  by 
numerousfine  fuU-page  plates  by  John  Lightfoot,  2  vol.  in-8.  1792. 

19)  Gaelic  Names  of  Plants  (Scottish  and  Irish),  coUected  and  ar- 
rangea in  scientific  order,  with  notes  on  their  etymology,  their  uses, 
plant  superstitions,  etc. ,  among  the  Celts,  with  copious  Gaelic,  English 
and  scientific  indices,  by  John  CAMERON  (Sunderiand).  Edinburgh  and 
London,  Black wood  and  Sons,  1883,  ix-130  p.  in-8. 

Sur  ce  livre,  qui  laisse  beaucoup  à  désirer^  voir  notre  article  plus 
haut,  t.  V,  p.  496. 

GAELIQUE  MANNOIS. 

A  notre  connaissance,  il  n^a  été  rien  publié  de  spécial  sur  les  noms  de 
plante  de  111e  de  Man. 

GALLOIS.       * 

20I  Meddygon  Myddfai,  or  the  médical  practice  of  the  célébra ted 
Rhiwallon  and  his  sons  of  Myddvai  (13.  cent.].  From  ancient  Mss.  with 
an  English  translation,  by  J.  Pughe  and  J.  Williams  ab  Ithel.  Llando- 
very,  Welsh  Mss.  Society,  1861  ;  xxx-470  p.  in-8. 

21)  L'édition  que  JOHNSON  a  donnée  de  VHerbal  de  GERARD,  ou- 
vrage anglais  de  la  fin  du  xvi*  siècle^  contient  un  Catalogue  of  the  Britlsh 
Names  of  plants,  communiqué  à  lui,  Johnson,  par  «  Master  Robert 
DAVYES  of  Guisaney,  Flintshire  )>.  Ce  catalogue  contient  environ 
240  noms. 

22)  John  DAVIES^  dans  son  Antique  linguA  britannicA  dictionarium 
duplex,  Londres,  1632,  a  donné  un  Botanologium  gallois-latin  à  la  suite 


I.  Casack's  (M.  F.)  History  of  the  Kingdom  of  Kerry,  with  coloured  geological  map, 
aod  nomerotts  woodcuts,  List  of  Mammalia,  Birds  and  Botanv,  with  copious  index,  in-8, 
1871. 


1 68  Gaidoz. 

de  sa  première  partie,  qui  contient  environ  mille  noms.  Ce  Botanologium 
est,  dit  Hugh  Davies  (cité  infra],  reproduit  dans  les  Origines  GaUiuàt 
BOXHORN  (i6)4). 

2^)  Nous  avons  lu  que  te  t.  II  de  JOHNSONI  Mercurius  Britaimictts 
contient  une  notice  sur  les  plantes  de  North  Wales,  avec  les  aventures 
de  Tauteur  sur  le  Snowdon  en  16)9;  mais  nous  ignorons  s'il  7  a  des 
noms  indigènes  de  plantes. 

24)  Hugh  DAVIES,  Welsh  Botanology,  London,  181 3,  2  parties  en 
un  vol.  in-8  de  xiv-i  5 1  et  xv-25  5  p. 

C'est  l'ouvrage  le  plus  important  sur  la  matière  et  Touvrage  d'un  bo- 
taniste de  profession.  Il  donne  la  flore  de  111e  d'Anglesey.  Dans  sa  pré- 
face, H.  Davies  passe  en  revue  les  travaux  qui  ont  été  faits  précédem- 
ment sur  le  même  sujets  à  la  fois  au  point  de  vue  botanique  et  au  point 
de  vue  linguistique,  et  il  adresse  quelques  critiques  de  détail  (pour  l'iden- 
tification des  plantes)  aux  écrivains  cités  plus  haut  et  aussi  au  dictionnaire 
d'Edward  Lhuyd. 

La  première  partie,  rédigée  en  anglais,  donne  dans  l'ordre  des  familles 
botaniques,  et  sous  le  nom  latin^  les  noms  anglais  et  gallois  et  les  obser- 
vations de  botanique  propre  (habitat,  saison,  etc.). 

La  seconde  partie  rédigée  en  gallois  donne  sous  le  titre  de  Llysieuiaith 
Gymreig  le  catalogue  des  noms  gallois  des  plantes,  avec  des  observations 
sur  leurs  qualités  médicinales  et  autres. 

25)  Le  dictionnaire  gallois-anglais  de  Thomas  RICHARDS,  qui  est 
encore  un  des  meilleurs  que  nous  possédions,  donne  —  au  moins  dans  sa 
troisième  édition,  Dolgelley,  181 5  — une  Botanology,  or  the  names  of 
herbs,  plants  and  fruits,  in  Welsh  and  English  (p.  429-444),  qui  repose 
sur  le  Botanologium  gallois  latin  de  John  Davies. 

26)  John  WILLIAMS,  Faunula  Grustensis,  Llanrwst,  1830,  148  p. 
in-i8. 

Ce  livre  peu  connu  et  fort  rare  contient  un  catalogue  en  trois  langues 
(latin,  anglais  et  gallois)  des  animaux  et  des  plantes  qui  existent  dans  la 
paroisse  de  Llanrwst. 

27)  Un  article  intitulé  Botany  et  signé  du  pseudonyme  RHIWALLON 
dans  le  Cambrian  Journal  de  1854,  p.  150-155,  avait  pour  but  d'inté- 
resser les  Gallois  à  la  collection  de  leurs  noms  indigènes  de  plantes.  A 
ce  propos,  l'auteur  passe  en  revue  ce  qui  a  été  fait  jusqu'alors  dans  cet 
ordre  d'études,  et  conteste  quelques  identifications  de  noms  de  plantes 
données  soit  dans  les  travaux  spéciaux,  soit  dans  les  dictionnaires  gallois. 

28)  Welsh  names  of  appleSy  article  anonyme  dans  The  Cambrian  Jour- 
nal de  1858,  p.  145-1 51.  Cet  article  donne  les  noms  gallois  des  diifé- 


Flora  Celtica.  169 

rentes  variétés  de  pommes  employés  principalement  dans  le  comté  de 
Glamorgan. 

29)  PRICE  (R.)  et  E.  GRIFFITH,  Y  Llysieu-lyfr  Teuluaidd,  yn 
ddwy  rann  1.-12,  Abertawy,  1858. 

Cet  ouvrage  est  simplement  un  traité  de  botanique  en  gallois. 

)o)  Llandudno,  its  history,  Natural  History  and  Antiquities,  by  R. 
PARRY.  In-8,  1861. 

D'après  un  catalogue  auquel  nous  empruntons  ce  titre,  l'ouvrage  con- 
tiendrait UQ  glossaire  de  mots  gallois  ;  nous  ignorons  si  ce  sont  des  noms 
de  plantes. 

1 1  )  Les  Bye-Gones  d'Os  ^estry  dans  le  volume  de  1 882  contiennent 
plusieurs  notes  relatives  aux  noms  et  aux  légendes  des  plantes  en  Galles 
(p.  89,  135  et  149)- 

On  y  reproduit  une  liste  de  noms  gallois  tirés  «  from  a  scarce  little 
book  by  Lady  WILKINSON  calkdWeeds  and  wild  flowers^  their  uses, 
Ugends  and  literature  ».  Une  question  que  j'ai  faite  dans  le  même  volume 
(p.  1901,  pour  avoir  la  date  et  le  lieu  de  publication  de  ce  livre,  est 
restée  sans  réponse. 

Dans  une  de  ces  notes,  on  assure  qu'un  dictionnaire  gallois  qui  se 
trouve  aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  du  Musée  Britannique  de  Londres 
contient,  comme  additions  manuscrites,  un  grand  nombre  de  noms  de 
plantes. 

?2)  Dans  son  article  The  ireatment  of  English  borrowed  words  in  collo- 
(juial  Welsh  (publié  dans  les  Trans.  of  the  Philological Society  pour  1881), 
M.  Th.  POWELa  cité,  en  terminant,  quelques  exemples  de  noms  de 
plantes  empruntés  à  l'anglais  et  déformés  par  fausse  analogie.  Les  mots 
de  l'usage  vraiment  populaire  sont  en  effet  ceux  qui  sont  le  plus  souvent 
transformés  par  la  Volksetymologie^  et  les  noms  de  plantes  sont^  entre 
tous,  de  cet  ordre. 

BRETON  ARMORICAIN. 

33)  LE  GALL,  Flore  du  Morbihan.  Vannes,  1832,  in-12. 

34)  P.  L.  CROUAN,  Florule  du  Finistère.  Paris,  Klinksieck,  1867, 
in-S. 

35)  Aug.  LIÉGEARD,  Bleuniou-Breiz^  flore  de  Bretagne.  Paris,  Savy, 
1879,  in- 12. 

Il  y  a  enfin  une  classe  de  documents  où  l'on  peut  retrouver  les  noms 
de  plantes,  ce  sont  les  noms  de  lieu.  C'est  ce  qu'a  fait  M.  P.  W.JOYCE 


lyo  Gaidoz. 

dans  la  seconde  série  de  son  livre  sur  les  noms  de  lieu  irlandais  >.  Mais 
ce  sont  là  des  recherches  délicates  et  qu'un  philologue  seul  peut  aborder. 
Tout  au  moins  est-il  aisé  de  recueillir  les  dénominations  locales  de  ter- 
rain, ce  qu'en  français  on  appelle  les  lieux  dits  (en  anglais  field-names, 
où  entrent  les  noms  de  plante. 

Ce  serait  une  erreur  de  croire  que  l'œuvre  de  la  philologie  se  bit 
tout  entière  dans  les  cabinets  des  érudits:  les  chercheurs  locaux,  avec  ie 
seul  mérite  du  zèle  et  surtout  de  l'exactitude  et  encore  sans  prétentions 
ambitieuses,  peuvent  rendre  des  services  inappréciables,  malgré  leur  ap- 
parence modeste  :  mais  ces  chercheurs  locaux,  combien  sont-ils  dans  les 
pays  celtiques  P 

H.  Gaidoz. 

7.  T.  Il,  ch.  ztx.  Sur  cet  ouvrage  voir  notre  article  plus  haut,  t.  Il,  p.  500. 


REMARQUES 


SUR 


LE  BAS-VANNETAIS. 


CHANSONS  EN  BAS-VANNETAIS. 

I. 

De  même  qu'on  appelle  basse  Bretagne  la  partie  la  plus  occidentale  de 
la  Bretagne  armoricaine,  on  a  dû  appeler  bas-vannetais  le  pays  le  plus 
à  l'ouest  de  la  région  vannetaise.  Grégoire  de  Rostrenen  s'était  déjà 
servi  de  ce  terme  dans  la  même  acception  que  nous.  Le  bas-vannetais 
est  borné  rigoureusement  à  Touest  par  TEllé  qui  formait,  avant  la  Révo- 
lution, la  ligne  de  démarcation  entre  Tévëché  deCornouaillesetl'évèché 
de  Vannes.  Dans  la  région  nord  du  Morbihan^  la  moitié  du  canton  de 
Faouêt  et  tout  le  canton  de  Gourin,  moins  la  commune  de  [Plouray 
située  sur  la  rive  gauche  de  l'Ellé,  continuent  si  bien  à  parler  le  dialecte 
de  Cornouailles  qu'on  a  dû  y  conserver  le  catéchisme  de  Quimper  et  n'y 
envoyer  que  des  prêtres  cornouaillais.  A  Test,  le  Scorff  ne  forme  qu'une 
limite  approximative.  Dans  la  région  nord,  la  seule  que  nous  ayons  bien 
étudiée,  sur  la  rive  gauche  du  Scorff,  [on  parle  bas-vannetais  dans  les 
communes  d'Inguiniel,  Persquen,  Locmalo,  Séglien,Silfiac,  Perret,  Les- 
couet,  Mellionec,  Plébuff  et  Sainte-Brigitte,  au  moins  en  partie, 
croyons-nous.  Le  Blavet  forme  la  limite  au  nord. 

Le  bas-vannetais  n'est  qu'une  variété  du  dialecte  de  Vannes.  Les 
gens  du  bas-vannetais  comprennent  assez  facilement  les  gens  du  haut- 
vannetais  et  en  sont  compris,  quoique  les  différences  soient  très  sensibles. 
Le  bas-vannetais  a,  avec  le  haut-vannetais,  deux  traits  caractéristiques 
communs  et  qui  les  séparent  nettement  des  autres  dialectes  :  le  traitement 
de  la  dentale  spirante  sourde  [th  gallois],  et  le  fait  que  l'accent  n'est  pas 
régulièrement,  comme  dans  les  autres  dialectes^  sur  la  pénultième. 


172  J'  Loth, 

On  a  dit  d'une  façon  trop  générale  que  le  dialecte  de  Vannes  se  dis- 
tinguait des  autres  dialectes  dans  le  traitement  des  dentales.  En  réalité 
il  ne  traite  d'une  façon  particulière  que  la  spirante  dentale  sourde.  Elle 
est  devenue,  en  vannetais,  une  gutturale  sourde,  ce  qui,  en  soi,  n'a  rien 
de  bien  surprenant  et  ne  saurait  étonner  quiconque  a  entendu  prononcer 
le  f/t  gallois  (gall.  Uaeth^  lait,  arm.  moyen  laez,  léonard  leazy  baut-van- 
nutais  liah  [a  irrationnel,  euphonique),  bas-vannetais  lih  =  lacté).  Nous 
adoptons  pour  les  voyelles  les  signes  français  :  ^  a  le  son  de  Ve  dans  le 
français  été;  è  le  son  de  Ve  français  dans  mère^  père;  ^  a  le  son  de  Ve 
muet  du  français  mener  y  melon  ^  et  par  conséquent  de  l'y  gallois  non  ac- 
centué. Le  d  précédé  de  r  est  assimilé  à  un  P.  Cette  évolution  de  la 
dentale  sourde  en  gutturale  sourde  n'est  pas  antérieure  au  xvi«  siècle; 
aussi  bien  pour  le  bas-vannetais  que  pour  le  haut-vannetais^  avant  cette 
époque  et  même  postérieurement  dans  l'écriture,  la  spirante  dentale 
sourde  est  écrite,  comme  ailleurs  z.  Le  premier  exemple  cité  par 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  [Etudes  grammaticales,  p.  44*)  est  de  1 572. 
Le  z  pour  th  et  d  spirant  date  du  xii«  siècle.  Plusieurs  noms  de  lieu  du 
bas-vannetais  le  conservent  encore.  Ex.  : 

Cozlen,  vieil  étang  (en  Locmalo,  canton  de  Guéméné-sur-ScorfT) ,  pro- 
noncé cohlen  ou  colen.  La  spirante  dentale  douce  ((/^gallois,  pour  la  pro- 
nonciation th  doux  anglais)  s*est  conservée,  dans  l'écriture  et  par  zones, 
dans  la  prononciation  vannetaise  jusqu'au  xviir  siècle.  On  trouve  bien 
dès  1 387  (Rossenweig,  Dict.  topog.  du  dép.  du  Morbihan]  des  exemples 
comme  Moustoer  Guehennou  pour  moustoir  GuezennoUj  mais  ces  exemples, 
jusqu'au  xvi^  siècle,  sont  infiniment  rares.  L'écriture  Guehennou  est  sans 
doute  le  fait  d'un  scribe  non  bretonnant ,  d'autant  plus  que  le  lieu  dont 
il  s'agit  est  sur  la  frontière  franco-bretonne.  Il  aura  écrit  Guehennou 
comme  on  l'écrivait  dans  son  pays.  Nous  ne  saurions  trop,  en  passant, 
engager  les  celtisants  qui  étudient  les  chartes  armoricaines,  à  ne  se  servir 
à  partir  du  xi*  siècle  que  de  noms  de  zone  bretonnante  actuelle.  Le 
breton  a  perdu  au  xi-xii*  siècle,  plus  ou  moins  complètement^  une  zone 
considérable,  à  l'ouest  de  la  Vilaine,  et  on  s'expose,  si  on  n'use  pas 
d'une  très  grande  prudence,  à  prendre  des  faits  de  phonétique  française 
pour  des  faits  de  phonétique  bretonne  :  par  exemple  la  disparition  de  la 
dentale  à  l'intérieur  du  mot  dès  le  xi-xii*'  siècle.  Actuellement  et  sans 
doute  dès  le  xvi-xvii*  siècle,  dans  bon  nombre  d'endroits,  la  spirante 


I .  Il  y  a  en  giUois  un  phénomène  analogue  dans  le  verbe  dont  I*infinitif  est  cerddet, 
marcher,  léonard  kerzet,  vann.  kèrhet,  et  l'impératif  c^r/i;^,  qu'il  marche,  ar^N^cA,  marchez, 
allez.  Il  est  probable  que  la  différence  de  traitement  du  d  tient  à  une  différence  d'accent. 


Remarques  sur  le  bas-vannetais.  173 

dentale  douce  a  disparu,  soit  dans  l'intérieur  du  mot,  soit  à  la  fin . 
L'hiatus  est  évité  à  l'intérieur,  au  moins  en  bas-vannetais,  par  le  déve- 
loppement d'une  sorte  de  spirante  sourde  h  analogue  à  celle  qui  s'est 
dégagée  en  gallois  avant  l'accent  dans  des  formes  comme  glanhdu^  pu- 
rifier, encore  n'apparah-elle  pas  toujours  :  ex.  :  bwar  sourd  =  léonard 
bouzar,  g^Woïs  byddar  ;  mèv,  ivre,  =  léonard  mezo,  gall.  meddw.  Lez 
final  disparaît  sans  laisser  de  trace  :  di,  dé,  jour,  haut-vannetais,  dé  bas- 
vannetais,  gall.  dydd.  Ce  z  a  évidemment  disparu  à  l'époque  où  c'était 
une  pure  spirante  dentale  '.  S'il  est  conservé  en  Léonard  c'est  qu'il  est 
descendu  à  la  sifflante  douce  z  français.  Z  ou  s  actuel  entre  deux 
voyelles  se  conserve  parfaitement  en  vannetais  comme  ailleurs  ^. 

Il  semble  qu'il  y  ait  une  exception  à  la  disparition  de  la  spirante  den- 
tale douce  et  qu'elle  ait  été  changée  comme  la  spirante  dentale  dure  en 
gutturale  sourde  dans  des  formes  comme  les  troisièmes  personnes  du 
présent  de  l'indicatif  de  verbes  dont  le  thème  était  terminé  par  un  i, 
comme  lac* h  ou  lafi,  il  tue,  euh,  eue* h,  il  cache,  léonard  laza,  gallois 
kdd,  léonard  cuzet,  gall.  cuddio.  La  vérité,  c'est  que  la  troisième  per- 
sonne a  ici  un  h  final  par  analogie  avec  les  autres  personnes  dans  les- 
quelles, régulièrement,  le  z  spirant  intervocalique  a  disparu  et  où  s'est 
développée,  après  sa  disparition,  une  sorte  d'h  marquant  l'effort  de  la 
prononciation  pour  passer  d'une  voyelle  à  l'autre:  le  thème  verbal  van- 
netais n'est  plus  ladd,  ni  cuddy  mais  lah,  euh,  A  la  fin  des  mots,  naturel- 
lement, cet  À  a  un  son  plus  fort.  La  très  grande  différence,  en  vanne- 
tais, entre  l'évolution  du  z  (=th  —  et,  rt,  rd,  tt,  zd)  et  du  z  (=:  ^),  c'est 
que  dans  le  premier  cas,  il  y  a  passage  d'un  organe  à  un  autre,  tandis 
que  dans  le  second  il  y  a  disparition,  puis  naissance  d'une  sorte  de  spi- 
ration  entre  deux  voyelles.  Ce  qui  le  montre  bien,  c'est  la  disparition 
totale  du  z  =  i  à  la  fin  du  mot,  ce  qui  n'arrive  jamais  pour  le  z  =  ///. 
De  là  aussi  le  fait  que  dans  Ja  plus  grande  partie  de  la  Cornouailles  et 
dans  le  pays  de  Tréguier  la  spirante  dentale  douce  a  disparu,  tandis  que 
le  z  ou  ;  sorti  de  th  reste  :  ex.  :  dé,  mais  les  ou  léz.  lait.  Dans  le  pays  de 
Tréguier  où  on  aimé  les  affriquées^  le  h  sourd  du  vannetais  est  devenu 
une  véritable  spirante  gutturale,  ch  :  lac'han,  tuer.  Le  développement 

1.  La  pronoociation  du  dd  gallois  à  la  fin  des  mots  est  quelquefois  si  faible  au'il  nous 
est  arrivé  tout  d'abord  de  ne  pas  l'entendre  et  que  nous  nous  sommes  demande  d'abord 
s'il  n'avait  pas  disparu  :  c'était  une  erreur,  en  taisant  toutefois  cette  réserve  que  le  dd 
final  disparaît  dans  certaines  constructions:  di-mawrtk  =  dydd  mawrth,  mardi,  di- 
mercher  =  dydd  mercher,  etc.  (à  remarquer  l'écriture  dydd-iau,  jeudi,  et  la  prononciation 
dniau). 

2.  Zse  change  en  r  dans  quelques  cas  assez  rares  pour  des  raisons  qui  ne  nous  pa- 
raissent pas  fort  claires  et  qui  sont,  à  notre  avis,  divenes.  i 

i 


174  •'•  ^^'^' 

de  c*h  en  passant  par  A  à  la  suite  de  la  disparition  d'un  z  se  manifeste 
même  en  léonard  dans  des  formes  comme  p'ec'heuz  puisque  vous  avez 
=  arm.  moyen foz  ^112  pour  pa  oz  eus,  La  marche  est  po(z)ettz^  pe  eut, 
pe  heuz,  pec'heuz  '. 

Pour  l'accent,  le  bas-vannetais  n'a  pas  une  prédilection  aussi  marquée 
pour  la  dernière  syllabe  actuelle  que  le  haut-vannetais;  il  n'a  pas  non 
plus  de  préférence  pour  la  pénultième  comme  les  autres  dialectes.  Il  est 
plus  mobile  et  moins  intense  que  partout  ailleurs.  Nous  sommes  d'ailleurs 
convaincus  qu'il  y  a  moins  d'uniformité  dans  Taccent  qu'on  ne  le  croit. 
Quant  à  voir  dans  la  place  de  l'accent  en  vannetais  une  influence  fran- 
çaise, nous  n'hésitons  pas  à  affirmer  que  c'est  une  erreur.  L'étude  des 
dégradations  vocaliques  en  gallois  et  en  armoricain  nous  montre  claire- 
ment que  bon  nombre  de  finales  actuelles  ont  été  accentuées.  Les  syllabes 
finales  disparues,  les  anciennes  pénultièmes  devenues  finales  lorsqu'elles 
étaient  longues  ou  diphthonguées  ont  assez  longtemps  retenu  l'accent, 
sans  parler  de  celles  qui,  en  vieux  celtique,  l'avaient  déjà.  L'accent 
dans  les  composés  gallois  et  armoricains  est  de  bonne  heure  sur  le  second 
terme.  Dès  le  moyen  breton,  l'accent  a  une  tendance  manifeste  à  aban- 
donner la  dernière  et  à  se  rejeter  sur  la  pénultième  :  c'est  visible  en  ar- 
moricain dès  le  xiv-xv<  siècle  :  la  victoire  est  à  la  pénultième  au  xv-xvi^ 
En  haut  vannetais,  c'est  l'analogie  de  la  dernière  qui  remporte:  Taccent 
est  plus  souvent  sur  la  dernière.  Ce  qui  montre  qu'il  ne  saurait,  en  tout 
cela,  être  question  d'influence  française,  c'est  que  la  partie  de  la  Cor- 
nouailles  et  du  Trégorrois  qui  touchent  la  zone  française  ont  de  préfé- 
rence l'accent  sur  la  pénultième  et  que  la  partie  du  bas-vannetais  qui  est 
la  plu.<s  rapprochée  de  la  frontière  française  a  peut-être  moins  de  pen- 
chant pour  l'ultième  que  la  partie  qu^  en  est  la  plus  éloignée. 

Comme  le  gallois  et  tous  les  dialectes  bretons-armoricains,  le  bas-van- 
netais allonge,  dans  la  prononciation,  la  voyelle  de  tous  les  monosyllabes 
terminés  p^T  g  db  {=ctp  ancien)  ;  z  (=  ^  ;  v  (rr  m  ;  t]  ;  ch  (=  ce, 
rc)  ;  z  (r=  tî)  ;  f  {=  pp]  \  s  (=  st)  ',  et  n,  /,  quand  ils  n'étaient  pas  redou- 
blés ou  suivis  d'une  autre  consonne  >  :  à  la  différence  du  gallois,  les  dia- 
lectes armoricains,  dans  les  polysyllabes^  allongent  la  voyelle  accentuée: 
gall.  tâd,  plur.  tàdau^  pères;  arm.  lad,  plur.  tâdou.  Le  haut-vannetais 
échappe  en  partie  à  cette  loi^  parce  qu'il  a  souvent  l'accent  sur  la  der- 


1 .  U  son  de  la  dentale  spirante  douce  existe  encore  en  haut-vannetais,  sporadique- 
ment dans  les  composés  syntacttques  comme  me  zad,  mon  père.  Nous  l'avons  nenement 
constaté  dernièrement  à  Guern  (arrondissement  de  Pontivy). 

2.  Rhysy  Lectures  on  welsh  phonology,  deuxième  édition.  Voir  le  chapitre  si  remar- 
quable et  si  neuf  des  voyelles. 


Remarques  sur  le  bas^vannerais.  175 

nière.  Le  bas-vannetais  7  est  moins  soumis  encore  que  le  haut-vanne- 
tais,  à  cause  du  peu  d'intensité  de  son  accent  (il  7  a  une  exception  à 
faire  pour  les  a  accentués:  ils  sont  prononcés  longs,  sbiten  monos7lIabe, 
soit  en  polysyllabe).  Ex.  :  pdd  (paotr)  garçon,  jeune  homme,  gars,  plur. 
pôtred.  Dans  pôtred^  les  deux  voyelles  sont  brèves  ;  l'ô  est  devenu  ouvert 
comme  dans  le  français  parole^  Ve  de  pôtred  se  prononce  comme  IV  muet 
français.  Il  est  assez  difficile  de  donner  des  lois  pour  la  place  de  l'accent 
en  bas-vannetais.  En  général,  il  est  sur  la  dernière  quand  la  dernière  est 
une  diphthongue  ou  une  longue,  ou  contient  toute  autre  voyelle  qu'un  e 
actuellement  sourd.  De  là  comme  en  haut-vannetais  la  conservation  du 
pluriel  des  thèmes  en  u  comme  diphthongue  :  tadow  (  à  peu  près  aou)  en 
bas-vannetais,  tadéu  en  haut-vannetais,  île  de  Croix  et  bourg  de  Batz 
èo.  Plusieurs  autres  diphthongues  dans  les  autres  dialectes  réduites  à  des 
sons  simples  s'y  maintiennent  :  nadoué,  aiguille  =  léon.  nadoz,  gall. 
nodwydd;  annewer^  génisse,  =  léon,  ounner  (Catholicon  annoer,  onnoer, 
ounner)\  bennoèh  ou  bennoah,  bénédiction^  =  léon.  bennoz  |(=  bennoeth) 
Ve  final  pour  cause  d'atonie  est  muet  dans  bon  nombre  de  termi- 
naisons en  bas-vannetais,  par  exemple  dans  les  terminaisons  en  en: 
pedenriy  prière,  azen,  âne  ;  en  el  :  avely  vent  ;  es  :  guirhiess^  vierge  ;  et  plu- 
riel ipofrei,  garçon;  ted:  trindet;  ec  (oc)  :  madek.  Dans  les  mots  de  plus 
de  deux  syllabes,  lorsque  l'accent  est  sur  la  dernière,  la  pénultième  s'af- 
faiblit et  il  semble  qu^il  y  ait  sur  la  première  une  sorte  de  demi-accent. 
Ex.:  awdl,  une  pomme,  awelow,  des  pommes,  Ve  est  bref  et  sourd.  Il  est 
d'ailleurs  en  réalité  sur  l'antépénultième  dans  quelques  cas  :  par  exemple 
si  de  trois  syllabes  la  première  seule  a  un  son  sonore  et  si  les  autres  sont 
muettes  :  bèleyen  et  bèlien,  des  prêtres^  dans  une  partie  du  bas-vannstais  >  ; 
cf.  le  nom  de  lieu  Guern-ferennes  au  xvi"  siècle,  prononcé  aujourd'hui 
Guér-bèrness^,  En  bas-vannetais  l'accent  dépend  de  la  longueur  et  du 
timbre  des  voyelles.  Il  est  plus  souvent  sur  la  dernière  que  sur  la  pénul- 
tième, mais  il  n'a  aucune  répugnance  pour  la  pénultième.  Enfin,  fait 
digne  de  remarque,  on  le  trouve  quelquefois  sur  Tantépénultième  ;  or, 
en  gallois  moderne  dans  les  polysyllabes,  c'est  la  syllabe  initiale  proto- 
nique qui  est  la  plus  frappée;  l'écriture  traditionnelle  du  gallois  littéraire 
nous  voile  ce  phénomène;  on  ne  le  trouve  exprimé  qu'assez  rarement 
dans  les  livres;  ex.:  glnhdu,  purifier,  nettoyer,  pour  glanhau;  ndolig 
=  nadolig;  pgéthwr  =  pregethwr  (dans  un  roman  gallois  reproduisant 

1 .  La  forme  en  bas-vannetais  est  ian  :  bèlian. 

2.  Dans  kerbeterien  (xvi*  siècle,  kaeran  peUterien),  l'accent  est  sur  kèr  plutôt  que  sur 
aucune  autre  voyelle.  Ces  questions  demanderaient  de  longs  développements  qui  trouve- 
ront leur  place  ailleurs. 


176  i.  Loth. 

par  endroits  le  langage  populaire,  fort  intéressant  d'ailleurs,  nous  avons 
même  rencontré  la  forme  gethwr.  Y  Dreflan  gan  Daniel  owen  TreffTnnon 
1881,  p.  20)  ;  caltd  dur,  cletach^  plus  dur,  etc.  >. 

En  armoricain  également,  Taccent  a  une  aversion  marquée  pour  l'an- 
tépénultième. 

Cette  différence  assez  fréquente  d'accent  entre  le  bas-vannetais  et  le 
haut-vannetais  dans  la  place  et  l'intensité  de  l'accent  a  amené  une  assez 
grande  divergence  dans  le  timbre  des  voyelles.  Le  haut-vannetais  pro- 
nonce volontiers  sourd  (e  muet  français)  e  atone  venant  de  â^  £t,  1,  ë, 
mais  il  n'a  guère  d'e  muet  final,  parce  qu'il  accentue  assez  fortement  la 
dernière.  Le  bas-vannetais  qui  souvent  ne  l'accentue  pas,  ou  l'accentue 
peu,  en  a  un  grand  nombre.  De  là  entre  le  haut-vannetais  d'une  part  et 
les  autres  dialectes  une  énorme  différence:  et  entre  le  haut-vannetais  et  le 
bas-vannetais  une  divergence  notable.  La  pénultième  étant  accentuée  for- 
tement et  intense  en  Comouailles  est  sonore,  la  dernière,  non  accentuée, 
souvent  sourde  ;  la  pénultième  étant  non  accentuée  en  haut-vannetais, 
est  sourde  (s'il  s'agit  d'e),  tandis  que  la  dernière  est  sonore.  Le  bas- 
vannetais  accentuant  très  peu,  a  souvent  sourdes  la  pénultième  et  hui- 
tième; ex.  :  haut-vannet.  mechér^  métier,  corn,  mécherou  michtr^  bas- 
vann.  mecha ;  haut-vann.  meviU  corn,  mivtl  ou  miol,  Léon,  mivèl^  bas- 
vann.  mtvel;  h.-v.  brezél^  corn,  brèzel,  bas-v.  brezel\  Guenid  ou  Gunètt, 
Vannes,  en  h.-v.  ;  corn,  et  bas-vann.  Guéned;  léonard  brezànek  ou  frre- 
zounek^  haut-vann.  berhonnèc  ou  brhonnèc.  Le  haut-vann.  et  le  léonard 
sont  ici  d'accord  pour  la  première  syllabe,  parce  qu'elle  n'était  pas  ac- 
centuée'. 

Le  bas-vannetais  se  sépare  encore  du  haut-vannetais  dans  le  traite- 
ment de  l'ancien  a  long  accentué.  Il  descend  en  haut-vannetais  jusqu'à 
é;  en  bas-vannetais  comme  ailleurs,  on  a  eu  {ô)  :  brér,  frère,  bas-vann. 
breur  et  breu . 

En  résumé,  le  bas-vannetais  prononce  comme  les  autres  dialectes,  à 
peu  de  choses  près,  les  sons  suivants  '  :  a  comme  a  français  ;  0  tantôt 
comme  Vo  fermé  français  dans  mot,  audace,  tantôt  comme  Yo  ouvert 
français  dans  parole,  aurore:  Vo  fermé  ou  vient  d*ao  (toi,  table  =  taol] 
ou  est  un  0  ancien  frappé  d'accent  et  allongé  :  mdr,  mer,  ddr^  porte, 


1 .  Cette  aversion  décidée  pour  l'antépénultième,  la  dégradation  de  l'initiale  dans  les 
mots  de  plus  de  deux  syllabes,  le  fait  que  l'accent  dès  le  vii-viii*  siècle  dans  les  com- 
posés se  porte  sur  le  second  terme,  ne  permettent  guère  de  supposer  que  jamais,  comme 
en  irlandais,  l'accent  même  aigu  ait  été  régulièrement  sur  l'initiale  dans  les  noms. 

2.  Le  corn,  a  brèonek  et  le  bas-v.  brohonek  ou  bronek  k  la  suite  de  la  chute  do  z, 

).  Il  y  aurait  un  volume  à  écrire  sur  ces  questions:  nous  ne  donnons  îd  que  quelques 
aperçus  généraux. 


Remarques  sur  le  bas-vannetais.       *  Ï77 

marhdl,  marteau,  etc.  ;  0  ouvert,  quelle  que  soit  sa  provenance,  qu'il 
vienne  de  u  ou  de  0,  est  bref:  pôd  (paotr),  plur.  pàtred;  môr^  mer;  më- 
rJc^  marsouin. 

ou  (français  ou^  gallois  w]  ne  représente  pas,  en  bas-vannetais,  en  gé- 
néral, une  voyelle  simple  primitive  :  il  égale  v  -\-  voyelle  0,  u,  e,  gour- 
hiemeriy  commandement,  gall.  gorchymmyn  (en  revanche  bas-vannet. 
golow  =s  goleu;  bas-vann.  bran-golow,  nom  de  lieu  =  gall.  bryn-goleu). 
Quelquefois  cependant,  en  monosyllabe  long,  ou  en  position,  accentué 
il  représente  un  ancien  û  :  droug  =  gall .  drwg^  mauvais  ;  boulc'h  en- 
taille =  gall.  bwlch^  brèche  [boulc'h  en  bas-vannetais  indique  le  bout 
coupé  d'un  pain,  le  croûton).  Le  son  u  (u  français)  remonte^  comme  ail- 
leurs, à  ou^  ô,  uv  ou  au  latin  û.  Il  est  arrivé  à  i  dans  inon,  un,  à  6 
fermé  dans  6n  un  article  indéfini,  à  ue  dans  uének,  onze.  I  remonte  à  7 
long  ou  à  û  celtique  et  se  prononce  comme  /  français. 

Le  baS'Vannetais,  comme  les  autres  dialectes,  a  les  sons  é,  è,  eu  (0) 
et  e  sourd  (rare  en  léonard  ou  inconnu  ?),  mais,  comme  nous  venons  de 
le  voir,  ces  sons  y  sont  distribués  différemment,  suivant  la  place  de 
l'accent. 

E  muet  représente  T,  ë,  ô,  û,  qqf.  à  non  accentué,  et  même  i  infecté, 
quand  ces  voyelles  sont  atones  :  nevé  —  novid,  nouveau,  kemenér,  tailleur, 
cf.  gall.  cymmynwrf  tailleur  de  bois;  di-sedorn,  samedi,  etc. 

E  sourd  représente  encore  un  1  long  ancien  qui,  accentué^  a  donné 
eu  [ô)  vers  le  xii^  siècle  et  ensuite  devenu  atone,  est  descendu  à  e,  Ex.  : 
toutes  les  terminaisons  en  âco-  devenues  uc,  eue  et,  par  le  recul  de  l'ac- 
cent, ec.  Enfin  un  e  sourd  peut,  par  son  voisinage,  assourdir  la  voyelle 
voisine  si  c'est  un  e  ;  sevel,  se  lever,  mevel,  serviteur,  guelet,  voir,  selet, 
examiner,  etc. 

£  (comme  le  français  été]  représente  T,  éf  ou  €  sorti  d'o  ou  u. infectés, 
quand  ces  voyelles  sont  accentuées  :  ténneinj  tirer,  ne\ié,  nouveau,  guelé 
Ht  (cf.  gallois  fy/inu,  newydd^  gwely],  etc. 

£  {i  français  dans  palais^  décès)  représente  e  suivi  de  deux  //:  chudell 
pour  scudell  es  scuteÙa  (dans  des  mots  empruntés)  ; 

ou  e  suivi  de  rc'h  quelle  que  soit  la  provenance  de  Te  (T,  0,  u  infecté, 
ou  e)  accentué,  mèrc^h,  kèrc'h,  avoine,  guérc^h^  vierge; 

ou  e  sorti  de  ae  :  bèlek^  ou  par  assimilation  du  second  e  :  bèlèk,  arm . 
moyen  baelec  r=  gall.  baglog\ 

ou  i  accentué  et  suivi  autrefois  de  deux  consonnes  :  bèred^  cimetière, 
=:  bedrod;  Pèret,  nom  de  lieu,  au  xv«  siècle  Penret; 

ou  a  infecté  :  dillèd,  des  habits,  peirèj  quoi,  quelle  chose;  quelquefois 
sans  cause  apparente  :  kèr  =5  français  car, 

Rev,  Cclt,  Vil  '12 


lyS  i.  Lotfi, 

Eu  (o,  son  eu  français  dans  heureux)  représente  un  ïï  long  ancien  ac- 
centué :  breur  ou  breu^  frère  ;  cleu,  talus  avec  fossé  =  gall.  clawdi,  etc. 

Le  oe  du  vieux  breton  n'est  jamais  devenu  oa  pas  plus  qu'en  haut- 
vannetais'. 

Parmi  les  semi-voyelles,  v  a  une  prononciation  toute  particulière  èuB 
^intérieur  et  à  la  fin  du  mot  [v  sortant  de  y  ou  de  i»  ou  Biéme  de  m)  : 
c'est  un  son  qui  est  à  u  (u  français)  comme  la  spirante  ira  tt  voyelle  (ou 
français),  ex.  :  m^ru.  Les  Vannetais  représentent  cette  spirante  assourdie 
et  amincie  par  -hue  :  marhue  :  prononcez  en  une  syllabe,  la  voix  portant 
sur  d  =  gall.  marw^  léon.,  corn.,  Trég.  maro.  Initial  y  est  devenu  en 
vannetais  ainsi  d*ailleurs  qu'en  Comouaillais  gu  (français  aiguille,  arguer]  et 
giv.  On  a  le  son  gu  si  la  voyelle  qui  suit  est  /  ou  I  bref  ou  un  I  long,  guin, 
vin,  gaelet,  voir^  gué,  des  arbres,  guéniii  blanc.  On  a  gw  si  la  voyelle 
suivante  est  aouê  long:  gwann^  faible,  gpi^é  sauvage  (z=  irl.  fiad)  ;  g»èd^ 
sang  (zn  gall.  gwaed)  ;givél,  fête,  cf.  irl.  f élire. 

Pour  les  consonnes,  outre  le  traitement  des  dentales,  on  peut  signaler 
le  son  de  k  devant  une  autre  voyelle  que  a,  o,  ou  et  e  muet  final.  C'est 
un  k  iotacisé  analogue  par  la  prononciation  au  c  français  dans  cœur  :  ke- 
meret,  prenez  ;  pron.  kjemeret,  La  spirante  gutturale  est  sourde  si  elle 
n'est  précédée  de  r,  ou  si  elle  n'est  pas  à  la  fin  du  mot.  Il  y  a  à  noter  une 
prononciation  du  c'/t  analogue  à  celle  du  ch  allemand  dans  icA,  mich,  ex.  : 
merhiettf  des  filles,  guirhiess,  une  vierge,  er  hiemenér,  le  tailleur  z=  le 
léonard  ar  c'héménèr.  Ces  sons  appartiennent  à  tout  le  vannetais.  La  spi* 
rante  dentale  douce  qui  existe  encore  sporadiquement  en  haut-vannetais 
dans  les  composés  syntactiques  a  disparu  complètement  du  bas-vanne- 
tais.  Nous  avions  cru  autrefois  l'entendre  dans  une  commune  de  dialecte 
bas- vannetais,  mais  nous  avons  reconnu  depuis  que  c'est  une  erreur. 

L'j  comme  en  haut-vannetais  a  le  son  du  français  ch  (cheval)  devant  /. 

Les  formes  sont  à  peu  près  les  mêmes  qu'en  haut-vanhetais.  Le  haut- 
vannetais  a  conservé  devant  les  voyelles  la  forme  hous^  votre,  vous 
(pron.  régime),  ex.:  hous  auter,  votre  autel,  écrit  ainsi  dans  un  recueil 
de  cantiques  :  hou  ç^auter.  Le  bas-vannetais  n'a  plus^  comme  les  autres 
dialectes,  que  la  forme  ho. 

Le  pluriel  du  haut-vannetais  ion  est  dans  une  partie  du  bas-vannetais 
^ian  avec  un  son  nasal  (on  en  trouve  un  exemple  dès  1432:  ker  an  pelé- 
terian]  ;  dans  la  partie  la  plus  rapprochée  de  la  Cornouailles  et  même  à 


nonce 


I .  Oe,  En  réalité  0  joue  le  rôle  de  spirante  :  coir^  cire,  se  prononce  kwir.  Oe  se  pro* 
Dce  oi  et  oè  sans  que  nous  ayons  pu  jusqu'ici  en  voir  la  raison. 


Remarques  sur  le  bas-vannetais,  179 

peu  près  sur  toute  la  rive  droite  du  Scorff,  au  nord,  on  a  Un  comme 
dans  ie  reste  de  la  Bretagne. 

Dans  les  chansons  que  nous  donnons  plus  bas,  nous  adoptons  l'ortho- 
graphe bretonne  habituelle,  c'est-à«dire  Torthographe  française,  avec 
ces  particularités  que  c  est  remplacé  par  k^  que  c^h  représente  une  spi- 
rante  gutturale  identique  au  ch  gallois,  qui  a  à  peu  près  le  son  du  ch  alle- 
mand dans  nacht.  Nous  avons  adopté  pour  bien  marquer  le  timbre  des 
voyelles  les  signes  français  :  e  est  un  e  sourd,  identique  à  Ve  muet  fran- 
çais dans  mener  et  à  Yy  gallois  non  accentué,  éy  i  ont  le  son  de  IV,  è 
français  [été,  mère) .  Nous  représentons  le  son  ch  français  par  s,  la  spi- 
rante  a  (hue)  est  représenté  par  u  ' ,  le  €*h  adouci  par  hi;  owsik  peu  près 
le  son  ami;  an  le  son  aon,  ô  le  son  de  l'o  fermé  français  dans  audace  y 
mot;  le  son  français  nasal  on  est  indiqué  par  un  trait  sur  no  :  ôïî.  Nous 
représentons  par  une  apostrophe  les  consonnes  supprimées  accidentel- 
lement dans  la  prononciation.  La  longueur  des  voyelles  est  indiquée 
par  un  trait  :  3. 

II. 

CHANSONS. 

BN   ÈSTÉK. 
1. 

Disul  vintin,  pe  zâuèn 
Pe  wè  dijune'  t'ein^, 
Ha  mé  monet  t^em  jardin 
En  èsper  de  bourmen 

2. 

Ha  mé  klawet  6n  inék 
Ar  er  bod  e  kano  : 
En  inék  sen  e  lârè 
Facilmant  tré  i  zOn 


1.  Nous  aurions  désiré  représenter  ce  v  (hue)  spirant  par  un  v  surmonté  d'un  point. 
En  nous  retournant  la  deuxième  épreuve,  M.  Vieweg  nous  informe  qu'il  ne  peut  repro- 
^mt  cette  trasscripiion.  * 

2.  d  sniyi  d'un  autre  d  et  uni  par  la  prononciation  revient  à  f .  Cf.  dans  l'intérieur  du 
mot  Fratt  =  Frwddu  (Dict.  topogr.  du  Morb,).  D'ailleurs  c'est  un  fait  ancien  pour  les 
moyennes  doubles  qu'elles  valent  une  ténue:  aper  (abbcr  =  adber).  Cf.  Rhys,  Lectures 
on  welshphonology. 


i8o  i.  Loth 

En  inék  sen  e  lârè 
Facilmant  tré  i  zOn  : 
Na  '  keu  epo  '  d'en  atnzer 
E  golet,  me  mignon 

4- 
Gow  e  lârè  'n  èsték  se, 
Mem  es  ?  on  amprowet  : 
Me'm  mwè  4  kâred  6r  vèstres, 
Hag  en  i  hâr  berpet. 
(Chanté  par  L.-M.  Guennic,  de  Ploerdutj. 

Traduction . 

I. 

Dimanche  matin,  lorsque  je  me  levai, 

Après  avoir  déjeuné  (m.  à  m.  lorsqu'il  était  déjeuné  à  moi) 

Et  moi  d'aller  à  mon  jardin, 

Dans  l'attente  de  me  promener 

2. 

Et  moi  d'entendre  un  petit  oiseau 
Sur  le  buisson  en  train  de  chanter: 
Ce  petit  oiseau-là  me  disait 
Clairement  par  son  chant 

3. 

Ce  petit  oiseau-là  disait 
Clairement  par  son  chant  : 
Regret  tu  auras  au  temps 
Que  tu  perds,  mon  ami 


1 .  JVd  est  ici  intraduisible  ;  il  a  d'ailleurs  souvent  le  sens  de  ei. 

2.  E  po  =  arm.  moy.  oz  bo  ou  mieux  au  futur  oz  hao,  m.  à  m.  à  vous  sera  ss  tous 
aurez.  Le  s  final  est  tombé,  Vo  de  la  proclitique  s'est  affaibli  en  f .  Le  fc  a  été,  suivaiit  la 
règle,  assimilé  à  Vs  précédent. 

3.  Mtm  =  mé  a*m  es  ou  mi  a^m  hes^  moi  qui  ai.  Va  relatif  s'est  assourdi  en  t. 

4.  Mt^m  mwè  =  me  a* m  bwi.  On  prononce  memwï. 


Remarques  sur  le  bas-vannetais,  i8i 

4. 

Mensonge  disait  ce  petit  rossignol  là, 

Je  l'ai  bien  éprouvé  : 

J'aimais  [m.  à  m.  j'avais  aimé)  une  maîtresse  ' 

Et  je  l'aime  toujours  ! 

KLOÈRBK  TRBMELOW^ 
I. 

Na  selawed  oU  a  selawet 

Or  gannen  a  neué  zâuet 

De  gloèrek  Tremelow  'ma  zâuet 

2. 

Mar  e  pè  hui  kloèrek  Tremelow 
bis  Hui  e  po  hon  malewac'h  bon  dow 

Malewac'h  6n  tâd  e  zo  kalet, 
Meid  kani  '  6r  vamm  n'é  ke'  nebed 

4- 
Wè  ked  er  hloèrek  tri  mis  ag  er  gér, 
Pe  wè  re'  scriuein  dehon  ôr  libéra 

$• 
Pe  wè  re'  scriitein  dehon  ôr  liber, 
Kloèrek  Tremelow  de  zon'  t'er  gér 


1.  Maîtresse,  au  sens  honnête  du  mot. 

2.  Cette  chanson  a  été  imitée  en  vers  français  par  Coppée  dans  le  charmant  recueil 
PoUiépar  M.  Bonrgault-Ducoudray  :  Trente  mélodies  de  basse  Bretagne,  Paris,  Heugel, 
1S8).  Le  texte  breton  manque.  On  y  trouve  plusieurs  chansons  en  bas-vannetais  (font 
DOBs  avons  fourni  le  texte  à  l'auteur.  Les  chansons  qui  sont  dans  un  autre  dialeae  ont 
OK  orthographe  très  variée,  ayant  été  écrites  pour  l'auteur  par  des  personnes  de  condition 
et  d'instniaion  fort  diverses.  11  aurait  fallu  un  remaniement  complet  pour  en  faire  des 
Mtériaox  d'étude. 

]'  Kmi  ponrAtfffiou  hini.  Hani  est  devenu  kani  par  analogie  aux  mots  commençant 
P>r,i  et  dont  l'initiale  devient  A,  par  exemple  si  le  poss.  fémmin  Ai  précède  :  on  a  eu  i 
^l'ilesien,  m.  à  m.  celui  d'elle  en  parlant  d'une  femme,  et  hi  gani,  le  sien,  en  par- 
l)ot  d'un  homme,  comme  on  avait  i  horf,  son  corps,  et  hi  gorf  (forme  radicale  korf). 
„  f  On  prononce  liher  (e  sourd),  lihir  est  une  forme  du  haut-vannetais  amenée  ici  par 
lasonsnce. 


i82  /.  Loth, 


6. 

Na  tri  marc'h  e  g6b  '  en  nwè  kraiet 
Ged  en  irrac'h  en  nwè  d'i  gudet. 

7. 
Na  petè  >  zo  er  gèr  ?  man  a  neue, 
Na pe  zOner  hlihier  man  arré  P 

8. 

Er  vrauékân  piac'h  zo  er  barres  man 
Ho  intèred  iriu  er  vèrcd  man 

9- 
Na  ne  dole'  ket  dwar  ar  i  bé, 
Meid  er  pé  e  dolei  er  hiuré. 

10. 

Meid  er  pé  e  dolei  er  hiuré, 
Kèr  ke'4  barh  tri  dé  me  yeî  eue 

II. 

Kèr  ke'  barh  tri  dé  me  yei  eue, 
Kèr  ni  zo  priedow  heriié  Dwé 

12. 

Kèr  ni  zo  priedow  herué  Dwé 
Ha  rêvé  $  er  béd  e  h6ro  eue 

Ha  ni  yei  6n  dow  en  6r  béyad 

Pe  n'ôm  ke'  weit  6n  dow  n'6r  gueléyad, 


1.  Gob  pour  joftr. 

2.  Petl  ou  petrè  =  petra, 

3.  Seul,  ger  est  long  et  «  a  le  son  i;  composé  avec  m^/i,  il  est  bref  et  a  le  son  i 

4.  Ke'  =  kerij  kait. 

(.  Henii  ou  revi.  On  ren^arquera  qu'on  prononce  revi  et  non  reûi  {lehui^,  cf.  léoa- 
heryeZf  gall.  hawydd. 


Remarijues  sur  le  bas-vannetais.  183 

LE  CLERC   DE  TRBMBLOW. 

I  Le  son  dipbthongué  de  cette  terminaison  ainsi  que  Vè\x  et  Vau  du  haut- 
vannetais  est  exprimé  dans  l'orthographe  officielle  par  0:  Tremelo). 

I. 

Ecoutez  tous  et  écoutez 

Une  chanson  nouvellement  levée 

Au  clerc  de  Tremelow,  elle  a  été  levée. 

m 

2. 

tt  Si  vous  avez  vous  le  clerc  de  Tremelow, 
Vous  aurez  notre  malédiction  à  nous  deux 

La  malédiction  d'un  père  est  (chose)  dure, 
Celle  d'une  mère  n'est  pas  moins.  » 

4. 
N'était  pas  le  clerc  plus  de  trois  mois  hors  de  la  maison 
Qu'il  était  nécessaire  de  lui  écrire  une  lettre, 

5- 
Qu'il  était  nécessaire  de  lui  écrire  une  lettre, 
Clerc  de  Tremelow,  pour  venir  à  la  maison 

6. 

Et  trois  chevaux  de  louage  il  a  crevés 
Avec  la  bâte  qu'il  avait  de  la  voir 

7- 
u  Qu'y  a-t-il  de  nouveau  dans  ce  village, 
Que  sonnent  ainsi  les  cloches  encore  ?  » 

8. 

—  «  La  plus  jolie  petite  fille  de  cette  paroisse-ci 
Sera  enterrée  aujourd'hui  dans  ce  cimetière-ci.  » 

9- 
Ne  jetez  pas  de  terre  sur  sa  tombe, 
Sinon  ce  que  jettera  le  vicaire 


184  •/•  i^th. 


10. 


Sinon  ce  que  jettera  le  vicaire, 

Car  avant  dans  trois  jours  (dans  ces  trois  jours-ci),  moi  jHrai  aussi 


1 1. 


Car  avant  trois  jours  terminés  j'irai  aussi, 
Car  nous  sommes  époux  selon  Dieu 

12. 

Car  nous  sommes  époux  selon  Dieu, 

Et  selon  le  monde  nous  (le)  sommes  aussi. 

Et  nous  irons  tous  deux  dans  une  seule  tombée 
Puisque  nous  ne  sommes  pas  allé  dans  un  seul  lit. 

(Chanté  par  ma  mère' 

ME   HOÉR   MARI. 
1. 

Làret-u  d'ein,  me  hoér  mari, 
Na  piu  en  nés  0  'kâret-ui 

—  0  1èr  ' ,  mem  breurék  ^  powr,  0  kèr  ne  ouyoc'h  ket 
Or  hloèregék  yawang,  e  toned  a  t/éned. 

2. 

^  Lâret-u  d'ein,  me  hoér  mari, 
''"  }  Na  pèrèk  ne  rédèc'h  hui  ! 

—  0  1er,  mem  breurék  powr,  0  kèr  ne  ouyoc'h  ket, 
Or  jô  e  wè  get  on,  ha  y  on  'nwè  me  zapet. 

3- 
, .  \  Lâret-u  d'ein,  me  hoér  mari, 
(  Na  pèrèk  ne  grièc'h  hui  ? 

—  Olèr,  mem  breurék  powr,  0  kèr  ne  ouyoc'h  ket, 
Or  mouched  wè  get  on,  yon  'nwè  stanket  mem  bék. 


\.  Lèr  n'a  pas  de  signification  précise. 

2.  On  dit  aussi  breu-ik  (de  breu  pour  breur^  frère;. 


bis 


Remarques  sur  le  bas-vannetais,  185 

4. 

(  Larel-u,  d'ein,  me  hoér  mari, 
"  f  J  »  men  e  hues  >  ôïi  Iakeit-ui 

—  0  1er,  mem  breurék  powr,  0  kèr  ne  ouyoc'h  ket, 
I  kom,  liorh)  me  zad,  didan  6r  bod  loré. 

^Chanté  par  Courtet  au  bois  de  Cravial,  en  Lignol) . 

Traduction. 
1. 

Dites-moi,  ma  sœur  Marie, 
Qui  vous  a  aimée  P 

—  0  mon  cher  petit  frère,  car  vous  ne  savez  pas 
Un  jeune  clerc  venant  de  Vannes. 

2. 

Dites-moi,  ma  sœur  Marie^ 

Mais  pourquoi  ne  courriez-vous  pas  ? 

—  0  mon  cher  petit  frère,  0  car  vous  ne  savez  pas, 
Un  cheval  était  avec  lui  et  il  m'a  attrapée. 

Dites-moi,  ma  sœur  Marie, 

Mais  pourquoi  ne  criiez-vous  pas  ? 

—  Il  avait  un^mouchoir  et  il  a  bouché  ma  bouche. 

4. 

—  Dites-moi,  ma  sœur  Marie 
Où  l'avez-vous  mis  ? 

—  0  oui,  mon  cher  petit  frère^  0  car  vous  ne  savez  pas 
Dans  le  coin  du  jardin  de  mon  père, 

Sous  une  touffe  de  laurier  ^ 

1 .  La  forme  ordinaire  est  e. 

2.  Haot-vann.  t  hoa  ou  e  huis.  E  représente  o(r];  mais  hues  est  assez  énigmatique. 
Oz  beus  a  donné  en  bas-vannetais  e  pes.  Oz  eus  n'eût  donné  que  e  hes. 

].  Il  n'est  pas  difficile  de  voir  qu'il  s'agit  d'un  viol  et  d'un  infanticide.  Les  vraies  chan- 
soos  bretonnes,  celles  qui  n*ont  pas  subi  l'influence  du  genre  français  populaire,  en  gé- 
Déral  ami  de  la  prolixité,  procèdent  par  bonds.  Le  chanteur  supprime  les  transitions.  Il 
arrive  souvent  ainsi  à  produire  des  effets  surprenants,  surtout,  si  comme  cela  arrive  sou- 
vent, la  mélodie  est  belle.  Il  est  fort  probable  que  ce  genre  a  dû  être  particulièrement 
florissant  à  l'époque  où  le  chanteur  s'accompagnait  d'un  instrument  de  musique,  et  où  la 
hirpe,  par  exemple,  non  seulement  aidait  le  chanteur,  mais  chantait  seule,  où  tantôt  elle 
accompagnait,  tantôt  alternait. 


i86  ;.  Loth. 


LE  GARÇON    Dâ^&ti^É  U»  Fil<L&. 

I. 

Guisket  6n  abit  damezel, 

Na  kèhe  ^  t^ouleR  lojein  e  kér^  ho 

Na  Icèbe'  t'oulen  lojein  e  kér. 

2. 

Bonjour  doc'h  hui,  tud  en  ti  man, 
N'eche'  >  moyan  te  lojein  eman,  bo, 
N'eche'  moyan  te  lojein  eman. 

Ha  lônjet  ewalb  e  uehèt, 

Meid  laret-u  a  beban  e  tet,  ho... 

4- 

Nen  dan  a  fwér  nag  a  varhad, 
Meid  6n  tamék  ehon  devehat,  ho... 

5- 
Tosteit  ag  ajet  tal  en  tan, 
Ha  roe  ya  min  (pron.  mégn]  d'ober  doc'b  o  koan  ^  ho 

6. 

Mé  ne  m  es  mé  nan  na  zihiet, 

Meid  6n  tamék  e  bon  chagrinet,  ho... 

7- 
Meid  6n  tamék  e  on  chagriiiet  : 
Me  benon  e  n'ellan  ke'  kousket,  ho. . . 


1.  KUut,  pour  kerhet^  léon.  kerzety  gall.  cerddet, 

2.  N'echet  (en  français)  =  n*es  ket,  léon.  n'enz  ket^  n'est  pas,  il  n*y  a  pas. 

).  Sa  tonne  habituelle  est  kwin.  Koan  appartient  à  la  Gornouailles,  Trégiiier,  Uon; 
il  est  id  pour  les  besoins  de  l'assonance. 

4.  Kaon  pour  henon;  hinon  a  eu  le  sort  de  hani  devenu  kani.  On  dit  de  mènie  kù 
kani,  le  vôtre. 


Remarques  sur  le  bas-vannetais.  187 

8. 

Ho  kenon  '  ne  gouskehèt  ket  ; 

Kèr  m'o  kassei  dV  >  ne  mèrc^li  Jattet>  bo. .. 

9- 
Kèr  m'o  kassei  d'ha'  me  mèrc'h  Janet, 
'Barh  en  6r  gampék  alitébet^  ho,... 

10. 

Wè  ke'  weit  mad  en  i  ut\é, 
Pe  gomzas  tehi  a  zimizi  i,  ho... 

II. 

«  Na  pesort  intron  e  hoc'h  hui, 
Pe  gomzet-u  d'ein  a  zimizi,  ho... 

12. 

«  Arhwac'h  hui  zâvo  mintin  mad^ 

Vi'  mon'  t'em  goulen  ge'  mamm  ha  tâd,  ho... 

«}. 

—  a  Bonjour  doc'h  hui,  otro  baron, 

Ha  hui  e  rei  d*ein  h6  mèrc'h  Chanton,  bo...  » 

«  Me  mèrc'h  Chanton^  hui  ne  po  ket, 
Kèr  on  tamék  e  hoc'h  dibordet,  ho...  —  » 

—  «  Na'  mehè  4  ket  0  mèrc'h  Janel, 
Nag  6n  nos  ket  i  em'es  kousket^  bo... 


1.  lyad  pour  dahad.  Et.  :  daka'  ton,  ytn  loi,  auprès  de  lut,  \dahâd  om^  auprès  de 
nous,  daluf  'ton  sa  Parm.  moy.  dantaff,  vers  lui  (cf.  Zeuss.  p.  690).  Pour  v  disparu  et 
h  entre  deux  voyelles,  cf.  bas-vann.  e  ho  =s  haut-vannet.  e  vo  (sera). 

2.  Dimizi  est  une  forme  lèonarde;  la  forme  bas-vannet.  est  dimein. 
).  Régulièrement  il  faudrait  na  ne  mehè  =  na  na'm  behè. 

4.  Ket  pour  get  à  cause  du  t  précédent.  Le  vannetais  a  au  Ueude^tfAf,  haut  corn,  ^tff; 
jM  et  ge  :  genein  (s=  geniff)  avec  moi,  genim,  avec  nous,  ^rtOii,  avec  lui,  etc.  Ceton  est- 
il  pour  gent  don  s  ganufon  fout-il  le  comparer  au  gallois  gyt  dans  gydacy  avec. 


i88  y.  Loth. 

16. 

Mar  pes  kouske'  keti  on  n6z, 

Hui  e  gouskei  hinwab  a  bamnôz,  ho... 

(Chanté  par  Courtet,  de  Cravial  en  Lignol). 

Traduction. 

I. 

Revêtez  un  habit  de  demoiselle 
Et  allez  demander  à  loger  en  ville. 

2.! 

«  Bonjour  à  vous,  gens  de  cette  maison, 
N'y  a-t-il  pas  moyen  de  loger  ici  i  » 

3- 

—  ce  Logé  assez  vous  serez 

Mais  dites-nous  d*où  vous  venez  i  » 

4- 

—  «  Je  ne  viens  de  foire  ni  de  marché, 
Mais  je  suis  un  peu  attardé.  » 

S- 

—  «  Approchez  et  asseyez-vous  près  du  feu, 
Et  moi  je  vais  vous  faire  votre  souper  » . 

6. 

—  tt  Moi,  je  n'ai  ni  faim  ni  soif, 
Mais  je  suis  un  peu  chagriné  ; 

7- 

Mais  je  suis  un  peu  chagriné  : 
Seul  je  ne  puis  dormir.  » 

8. 

Seule,  vous  ne  dormirez  point, 

Car  je  vous  enverrai  auprès  de  ma  fille  Jeanne; 


Remarques  sur  le  bas-^vannetais,  189 

9- 
Car  je  vous  enverrai  près  de  ma  fille  Jeanne 
Dans  une  petite  chambre  fermée  à  clef. 

10. 

Il  n'était  pas  bien  allé  (=  il  était  à  peine  allé)  dans  son  lit, 
Qu'il  lui  parla  de  mariage  ? 

II. 

«  Quel  genre  de  femme  êtes-vous  donc, 
Que  vous  me  parlez  de  mariage  P 

12. 

«  Demain  vous  vous  lèverez  de  bon  matin 

Pour  aller  me  demander  à  mon  père  et  à  ma  mère.  » 

—  «  Bonjour  à  vous,  Monsieur  le  Baron, 
Me  donnerez-vous  votre  fille  Jeanneton  P  » 

14- 

—  «  Ma  fille  Jeanneton  vous  n'aurez  pas  : 
Car  ^us  êtes  un  peu  débauché.  » 

15- 
«  Quand  je  n'aurais  pas  votre  fille  Jeanne, 
Eh  bien,  une  nuit  avec  elle  j'ai  couché  !  » 

16. 

—  «  Si  vous  avez  couché  avec  elle  une  nuit, 

Vous  coucherez  (avec  elle)  ce  soir  et  toutes  les  nuits.  » 


LES   NAUFRAGÉS. 
I. 

Or  batimant  a  bémp  kant  tonèl,  ho 
bis  Or  batimant  a  bémp  kant  tonèl 
E  zo  chomet  e  riviér  Bourdèl . 


2. 


Pémp  kant  martelod  e  wè  barh,  ho 
Tou'  rac'h  mant  beuet  meid  pwar 


L 


190 


J.  Loth, 


h 


Hui  I  ya  d'er  gér,  me  aen  nftn  kec,  te« 

Meng  gourhiemenow  e  gassebèt. 


Meng>  gourbîemenow  e  gassebèt 
D'em  dous  mari  a  d'em  bwér  Janet. 

5- 

Lâre'  tebi,  mar  kemer  par,  bo 
Kemer  6r  labourer  douar 

6. 

Kemer  6r  labourer  douar,  bo  : 
Or  martelod  e  zo  en  arvar. 


L9re'  tebi  kass  i  map  t'er  skoul,  ho» 
En  desko  de  bout  '  marbadour. 

8. 

En  desko  d'out  marbadour  mad,  bo 
Ha  n'en  ei  ke'  te  vecheri  dad. 

9- 

Ha  nen  ei  ke'  te  vecber  i  dad  : 
Or  martelod  e  uè  4  mark  a  mad. 


1 .  Par  une  inspiration  fort  hardie  et  dramatique,  le  chanteur  lait  parler  les  morts. 

2.  La  prononciation  est  la  ménie  que  dans  le  gallois  tyngorckymnyn, 

).  De  hout  =  de  voud,  Bouty  verbe  sobtt.;  sillons  une  forme  iucoBnue  en  hant-cor- 
nouaillais  :  but  (u  français). 

4.  Vi  ou  vè  ss  ez  bez^  léon.  vez.  Ctst  un  présent  habituel  qui  n'est  jamais  confondu 
avec  le  présent  ordinaire  dans  le  verbe  substantif.  Bez  =  le  gallois  bydd  employé  dans 
le  même  sens.  Les  Gallois  distinguent  même  le  présent  habituel  dans  d'autres  veroes,  du 
moins  à  la  troisième  personne  du  sg.  mi  ddrwediff.  Ce  présent  habituel  est  une  troisième 
personne  du  futur.  Dans  le  nord  (Camavon)  la  forme  est  en  -tk  et  non  en  /.  C'est  pro- 
bablement un  changement  d'organe  (cf.  cependant  istlinnit  profûtur,  dans  les  gloses  ea 
vieux-breton). 


Remarques  sur  le  bas-vannetais.  191 

10. 

Or  martdod  e  uè  mark  a  mad, 
Gueh  tr  ef  mtr^  gueh  ar  tn  dwar. 

(Chanté  ptt-GUBNKic). 

EN  DEVÊHAT. 

Quelques  mots  sont  nécessaires  pour  l'intelligence  de  cette  chanson. 
Le  Morbihan  et  surtout  le  haut-vannetais  a  compté  après  iSjoun  grand 
nombre  de  réfractaires  ou  de  jeunes  gens  qui>  appelés  parlé  sort  k  servir 
sous  les  drapeaux  français,  refusaient  de  se  soumettre  à  la  loi  et  de  quitter 
leur  pays.  Un  certain  nombre  se  donnaient  comme  légitimistes.  Mais  on 
peut  affirmer,  sans  crainte  de  se  tromper,  que  le  motif  déterminant  était 
Tamour  du  sol  natal,  la  répugnatice  à  se  troufer  au  milieu  de  gens  de 
langue  différente,  et  la  crainte  de  vexations  dofit  les  anciens  soldats  leur 
faisaient  un  tableau,  quelquefois,  hélas!  trop  fidèle.  On  nous  affirme  que 
dans  une  garnison  que  nous  ne  nommerons  pas,  on  punit  les  soldats 
bretons  qui,  dans  les  rues^  parlent  leur  langue  maternelle.  Nous  aurions 
peine  à  croire  à  d'aussi  niaises  persécutions,  si  dans  le  rappon  d'un  ins- 
peaeur-général  de  l'enseignement  primaire,  il  y  a  peu  d'années,  nous 
n'avions  trouvé  cette  incroyable  assertion  :  «  Jusqu'à  l'âge  de  sept  ou 
huit  ans,  par  suite  de  son  ignorance  du  français,  le  petit  bas^breton  ne 
donne  aucun  signe  d'intelligence  !»  Ce  qui  est  très  caractéristique,  c'est 
qu'il  n'y  a  pas  eu,  à  notre  connaissance,  de  réfractaire  dans  l'armée  de 
mer  :  là,  le  Breton  était  sûr  de  se  trouver  au  milieu  de  compatriotes. 
Grâce  à  la  complicité  des  habitants  du  pays,  beaucoup  de  réfractaires 
ont  pu  défier  les  poursuites  des  gendarmes  et  même  des  régiments  lancés 
à  leur  poursuite.  On  en  cite  un  qui  s'est  rendu  en  personne  à  l'empereur 
Napoléon  III  lors  de  son  voyage  en  Bretagne.  Le  plus  célèbre  est  le 
héros  de  notre  chanson.  Le  Devehat,  fils  d'un  bedeau  de  Melrand,  arron- 
dissement de  Pontivy.  D'une  intelligence  remarquable,  d'une  agilité  et 
d'une  force  prodigieuses,  il  fut  pendant  de  longues  années  le  cauchemar 
des  autorités  de  tout  degré  du  Morbihan.  Il  finit  par  être  pris  par 
u-ahison  et  interné,  comme  prisonnier  politique,  dans  nous  ne  savons 
quelle  partie  de  la  Bretagne.  On  nous  a  affirmé  qu'il  était  mort  à  Jersey. 
Sans  être  cruel.  Le  Devehat  était  vindicatif.  On  lui  a  attribué  plusieurs 
meurtres,  notamment  celui  d'un  colonel  de  gendarmerie.  Il  eut  un  jour  la 
patience  de  suivre  toute  une  journée  un  brigadier  de  gendarmerie  à  qui  il 
en  voulait  mortellement  :  il  aurait  pu  le  tuer  cent  fois,  mais  il  voulait  qu'il 


1 


192  J.  Loth. 

sût  que  c'était  bien  de  sa  main  et  jouir  un  peu  de  sa  vengeance.  Il  attendit 
que  le  brigadier  fût  allé  se  coucher  dans  une  ferme.  Aussitôt  le  mal- 
heureux au  lit,  Le  Devehat  entra,  alluma  la  chandelle,  puis  le  pistolet  à 
la  main  réveilla  d'un  soufflet  le  dormeur,  lui  laissa  le  temps  de  le  recon- 
naître et  lui  tira  un  coup  de  pistolet  à  bout  portant.  Un  mouvement  sauva 
le  brigadier  ;  il  en  fut  quitte  pour  une  grave  blessure. 

La  chanson  qui  suit  est  tronquée.  Il  en  court,  m'a-t-on  dit,  dans  le 
pays  de  Guem  et  de  Melrand,  bon  nombre  encore  sur  son  compte. 


I. 


Mâb  er  hloher  a  vouc'h  Melran,  lârér  ezo  on  niowl  a  bôt. 
Yôh  e  larè  d'en  ostizes  :  »  Téne'  jist  ar  en  dol. 


2. 


a  Téne'  tregon  chopina'  jist,  ne  uehèm  ke'  kouyonet, 
«  Kompafionah  e  z6  arièrh,  ag  en  es  forh  zihiet.  » 

h 

Me  y  ont  korden  e  wè  en  ti,  komans  t'en  im  zelet: 
(c  Nag  achapam  ni,  mar  karam  :  arriu  er  Chouanet.  » 

4- 

Ag  a  énon  e  hè  nezen,  a  de  Bondi  e  haz^ 
Hag  er  Brigadié  Janndarmet  enoh  e  rankontaz. 

S. 

«  Ha  bonjour  doc'h  hui,  brigadié,  bonjour  doc'h  e  larân; 
Pell  z6  e  klawân  mé  laret,  oc'h  klac'h  kloher  Melran. 

6. 

«  Meid  mar  doc'h  klac'h  kloher  Melran,  èl  ■  m'i^  klawân  laret, 
Ma  karet-ui,  Brigadié,  me  rei  doc'h  in  3  hawet.  » 


—  a  Pe  wîyehèn  mérî,  eme  yon,  larehèc'h  ket  ôr  gow, 
Me  rehè  doc'h  jist  teévet,  ha  guin  lan  o  polow.  » 


1 .  El  pour  evèl. 

2.  M'i  est  pour  m* in.  In  ou  en  est  un  pronom  neutre  ou  masculin  régime. 

j.  Le  bas-vannetais  ne  change  jamais  Vn  du  pronom  en,  ni  celui  de  non,  notre,  en  f. 
4.  Ne  hehèt  pour  ne  yehèt  ;  de  même  e  haz  ete  yaz,  il  alla. 


Remarques  sur  le  bas-vanneiais,  193 

8. 

Hag  e  pad  e  wè  barh  en  ti,  wè  èl  6r  hâc'h  fwètet, 
A  pe  wè  deit  ar  er  paué,  wè  èl  6n  arrajet. 

9. 

A  pe  wè  deit  ar  en  paué,  yôîî  'n  im  gauè  p6'  fièr. 

c  Deit  ar  me  lèrh,  me  yont  karden,  boutet  6  fri  em  rèr.  » 

10. 

Ag  a  étïân  e  hè  nezen  de  gosté  kwè'  Keluen, 
Ayon  rankontaz  hwac'h  énôn  Joannow  Kabosen. 

11. 

<f  Mar  doc'h  hui  Joannow  Kabosen,  èl  m'i  klawSn  laret, 
Ne  hehèt  >  ke'  kén  de  Bondi,  de  zisprij  Chouanet  >  ». 

12. 

Ag  a  énon  e  haz  nezen,  d'er  Gèrvèr  Guern  e  haz, 
Etre  tténeg  i  eur  a  greis-noz,  6r  révolt  e  zauaz. 

Er  gardnasion  a  Bondi,  brigadié  janndarmet^ 
Ha  tout  e  tant  d'er  Gervér,  de  dapein  chouanet. 

14. 

Pe  wènt  arriu  barh  er  Paner,  ha  bandet  6  armaj, 

Mont  er  Pitroî,  mab  er  hlohér  zay  4  dré'r  lucam  d'en  niaz  i 

M- 
Pen  nwè^  zayet  barh  er  Paner,  skoein  6n  toi  ar  i  rèr: 
a  Deid  ar  me  lèrh,  me  yont  korden,  Iakeit  6  fri  em  rèr.  » 


1.  Ni  hihet  pour  ne  yehit;  de  même  e  haz  et  eyaZj  il  alla. 

2.  CbODADs,  noms  donnés  dans  la  Bretagne  et  le  Maine  aax  paysans  soulevés  contre 
^  première  République. 

3.  Uàug  pour  unnek  est  une  forme  bien  singulière  qui  existe  dans  tout  le  vannetais. 
Une  forme  moins  éni^atique  et  fort  intéressante,  c'est  celle  du  sujet  vingt  uigent  =■  ugent, 
lèoQ.,  et  ttgain,  gallois. 

4*  Say,  Téon.  salla  (pron.  saya),  sauter. 

S-  Par  assimilation  pour  dUu, 

6.  Pour  p'en  dwi.  Dwl  =  tn  devoè. 

Rev.  CclL  VU  13 


194  ^'  ^0^^- 

16. 

Pe  wè  arrio  er  vonalek,  ha  yôïi  Uzer  *  dow  déim, 
Ag  evît  0  aromerdein  tout  ha  me  yontaw  korden. 

Ag  a  énôîî  e  baz  nezen,  de  gosté  Zam-Briek: 
'Gollaz  er  pow'  kèh>  Izidor  :  énôn  e  wè  tapet. 

(Chanté  par  Fr.  Didu,  tailleur  à  Guémené-sur-Scorff). 

Traduction. 

1. 

Le  fils  du  bedeau  de  Melrand,  on  dit  que  c'est  un  diable  de  garçon. 
Il  disait  à  l'b6teiière  :  «  Tirez  du  cidre  sur  la  table. 

2. 

a  Tirez  trente  chopes  de  cidre  sur  la  table,  que  nous  ne  soyons  pas 

[couillonnés  (moqués,  joués) 
Compagnie  (à  moi)  est  après  qui  a  grand'  soif.  » 

h 
Mes  oncles  la  Corde  (les  gendarmes)  3  qui  étaient  dans  la  maison,  corn- 

[mencent  à  s'entre-regarder  : 
«  Echappons-nous  d'ici^  si  nous  voulons j  arrivés  (sont)  les  chouans.  » 

4- 

Et  de  là  il  s'en  allait  alors,  et  à  Pontivy  il  alla 
Et  le  brigadier  de  gendarmerie  là  il  rencontra. 

et  Et  bonjour  à  vous,  brigadier,  bonjour  à  vous  je  dis  :  [Melrand. 

Longtemps  est  que  j'entends  dire  que  vous  êtes  à  chercher  le  bedeau  de 

6. 

«  Mais  si  vous  êtes  à  chercher  le  bedeau  de  Melrand  comme  je  l'entends 
Si  vous  voulez,  brigadier^  je  vous  ferai  le  trouver.  [dire, 

1 .  Ordinairement  lezel,  laisser,  lâcher. 

2.  Pour  powr-klh.  Kèh  =  léon.  keaz^  arm.  moy.  caez,  gall.  caeth. 

3.  Cinq  ou  six  gendarmes  buvaient  dans  une  auberge.  Le  Devehat  qui  ne  dédaigniit 
pas  la  plaisanterie  entra  et  frappant  sur  la  table  demanda  d'une  voix  impérieuse  trente 
chopes  de  cidre  pour  ses  amis.  Les  gendarmes  elTrayés  s'enfuirent.  Le  Devehat  avait  boâ 
nombre  d'imitateurs  et  quelques  compagnons  aussi  dangereux  que  lui. 


Remarques  sur  le  has-vannetais.  195 

7. 
—  «  Si  je  savais,  dît-il,  que  vous  ne  me  disiez  pas  un  mens<mge, 
Je  vous  donnerais  du  cidre  à  boire  et  du  vin  plein  votre  ventre.  » 

8. 

Et  tant  qu'il  était  dans  la  maison,  il  était  comme  un  chat  fouetté , 
Lorsqu'il  fut  venu  sur  le  pavé  (de  la  rue),  il  était  comme  un  enragé. 

«). 

Et  lorsqu'il  fut  venu  sur  le  pavé,  il  se  trouvait  fier  gaillard  :         [cul.  » 
«  Venez  après  moi,  mon  oncle  la  Corde,  fourrez  votre  nez  dans  mon 

10. 

Et  de  là  il  allait  alors  du  côté  de  Queluen, 
Et  il  rencontra  encore  là  Jouanno  Cabosen. 

II. 

«  Si  c'est  vous,  Jouanno  Cabosen,  comme  je  l'entends  dire, 
Vous  n'irez  plus  à  Pontivy  déprécier  les  Chouans  <  ». 

12. 

Et  de  là  il  allait  alors  ;  au  Kerver  Guern  il  alla; 
Entre  onze  heures  et  minuit  une  révolte  il  souleva. 

15. 
La  garde  nationale  de  Pontivy,  le  brigadier  de  gendarmerie, 
Et  tous,  ils  viennent  au  Kerver  pour  attaquer  les  chouans. 

14- 
Lorsqu'ils  furent  arrivés  dans  le  Paner,  et  leurs  armes  bandées, 
D'aller  le  PitroP,  le  fils  du  bedeau,  sautera  travers  la  lucarne,  en  bas. 


1.  Joiunno  Cabosen,  alléché  par  b  prime  promise  à  qui  livrerait  Le  Devehat  avait, 
nec  quelques  amis,  réussi  à  le  surprendre  et  a  le  lier.  Le  Devehatse  laissa  sans  résistance 
mettre  sur  un  cheval,  mais  tout  d'un  coup  il  rompit  ses  liens  et  saisissant  un  pistolet  le 
oit  sons  le  nés  du  trattre.  Il  se  contenta  de  lui  faire  peur  :  Cabosen,  assure-t-on,  en  dé- 
viât fou  pour  quelque  temps.  Nous  ne  savons  à  quel  autre  incident  auquel  aurait  été 
mêlé  Cabosen  fait  allusion  la  chanson. 

2.  Pitroî,  m'a  dit  le  chanteur,  est  un  surnom  commun  aux  habitants  de  Melrand.  il 
n'a  pu  m*en  donner  le  sens.  Cerné  par  une  compagnie  de  voltigeurs  dans  une  maison 
iwlét,  Le  Devehat  s'élança  ï  travers  la  lucarne,  fermée  ordinairement  par  un  volet  en 
^is,  qui  se  trouve  à  l'arrière  des  maisons  bretonnes,  bondit  par  dessus  les  baïonnettes, 


196  y.  Loth. 

Lorsqu'il  eut  sauté  dans  Paner,  lui  de  frapper  un  coup  sur  son  derrière: 
«  Venez  après  moi,  mes  oncles  la  Corde,  fourrez  votre  nez  dans  mon 

[cul.  » 

16. 

Lorsqu'il  fut  arrivé  dans  le  champ  de  genêts,  il  tira  deux  coups  de  fiisil 
Pour  les  enmerder  tous  ainsi  que  mes  oncles  la  Corde, 

17. 

Et  de  là  il  s'en  alla  alors  du  côté  de  Saint-Brieuc  : 

Là  perdit  le  pauvre  Isidore  (prénom  de  Devehat)  :  c'est  là  qu'il  fut  pris. 


LES  TROIS  TAILLEURS'    DE   PONTIVY. 


I. 

Tri  hiemenér  a  Bondivy  (ter) 
Zo  deit  te  houriat  d'ôn  ti  ni 

2. 

Wènt  ke'  weit  mad  ar  en  trezow, 
P'o  dwè  goulenet  0  leinow  ^ 

h 

Leih  er  bilig  a  you'  silet 
En  nwè  débet  en  tri  hrevet. 


Tri  hosté  kik  ag  6r  mel-kein 
Ag  6r  pénék  lé  ar  er  lein 


culbuta  du  choc  un  soldat  qui  observait  !a  lucarne  de  dessus  une  meule  de  paille  et  se 
précipita  dans  les  champs.  Les  voltigeurs  tirèrent  et  il  fut  blessé  à  l'épaule.  Il  se  sauva 
néanmoins.  Un  prêtre  le  recueillit  et  le  guérit. 

I .  Les  tailleurs  sont  l'objet  d'un  mépris  traditionnel.  Comme  dans  certaines  parties  do 
pays  de  Galles,  il  en  faut  neuf  pour  faire  un  homme.  Un  trait  curieux,  c'est  qu'ils  sont 
considérés  comme  doués  d'un  appétit  fabuleux. 

a.  iMfi,  premier  repas  (arm.  moy.  Uiff]^  miren,  repas  du  milieu  du  jour,  meren  andenXf 
repas  yen  quatre  heures,  koin^  souper. 


Remarques  sur  le  bas-vannetais.  197 

S. 
A  hwac'h  larè  en  ani  bian. 
D'i  gamerad  ne  wè  ke'  lan. 

6. 

tt  Lakeit  en  dibr  ar  en  âzen, 

Mon'  te  glac'h  boed  d'er  hiemenerien 

7- 
P'wè  arriu  en  àzen  er  porh 
YÔîî  e  gwehas  a  héd  i  gorf . 

.8. 
«  Kemeramb  ol  beb  a  blouzen 
De  huéhein  ba'  *  rèu  en  âzen. 

9- 
«  A  huéham  tout  ag  ol  d'Ar  vwéh, 
Me  tei  ^  en  azen  bowr  d'i  léh.  » 

10. 

Pe  wè  zelet  A  labouriow, 

N'A  dwè  ke'  greit  meid  Ar  bragow . 

1 1. 

Pe  wè  zelet  a  zèle'  mat 
Wènt  komanse'  te  zizouriat 

12. 

Pe  wè  zelet  bragow  er  pAd 
E  wè  en  tu  adrâu  ?  arAg. 

(Chanté  par  veuve  Le  Cal,  à  Guémené-sur-Scorff). 

Traduction. 

I. 

Trois  tailleurs  de  Pontivy 

Sont  venus  coudre  à  notre  maison. 


i-  Bar  est  poar  t  barh.  Parh  =3  gall.  parih.  Il  a  le  sens  de  dûns\  en  gallois  moyen 
partft  ac  avait  le  sens  de  yers. 
2.  m  tei  =  maz  dtui. 
3  'nn.  moy.  aireff^  cf.  gall.  adnfy  à  la  maison  (myndadré',  retourner  à  la  maison). 


198  J'  l^th, 

2. 

Ils  n'étaient  pas  \Atn  venus  sur  le  seuil 
Qu*iis  avaient  demaiulé  leurs  déjeuners. 

3- 
Plein  le  bassin  de  bouillie  passée  > 
Avaient  mangé  (mangèrent)  les  trois  crevés. 

4. 
Trois  quartiers  de  viande  et  une  échine 
Et  une  petite  tète  de  veau  par-dessus. 

S. 
Et  encore  disait  le  plus  petit 
A  son  camarade  qu'il  n'était  pas  plein. 

6. 

Mettez  la  selle  sur  l'âne 

(Pour)  aller  chercher  des  vivres  aux  tailleurs. 

7. 
Lorsque  fut  arrivé  l'âne  dans  la  cour, 
il  tomba  tout  de  son  long. 

8. 

Prenons  tous  chacun  une  paille 

Pour  souffler  dans  le  derrière  de  l'âne. 

9. 
Et  soufflons  tous  et  tous  d'une  voix  (souffle) 
Que  vienne  le  pauvre  âne  â  sa  place  (qu'il  revienne  â  lui). 

10. 

Lorsque  furent  examinés  leurs  travaux 

Ils  n'avaient  fait  qu'une  paire  de  braies  (culottes). 

I.  Sila^  mot  à  mot  passée;  arm.  moy.  [sizl  situla,  sitia,  coulouer  (passoire).  Cathol. 
Silein  se  dit  aussi  pour  l'action  de  mêler  la  bouillie  avec  un  bâton  approprié  à  cet  effet, 
pendant  qu'elle  est  sur  le  feu.  Comme  dans  le  pays  de  Galles  et  en  Irlande,  la  bouillie, 
surtout  la  bouillie  d'avoine  (bas-vann.  youd  kerc'h,  gall.  iwd  ou  uwd  cerch)  )oue  nn  rôle 
considérable  dans  l'alimentation  des  paysans.  En  Armorique,  la  bouillie  de  blé  noir  fait 
à  la  bottiUie  d'avoine  une  concurrence  redoutable. 


Remarques  sur  le  bas-vannetais.  199 

1 1. 

Lorsqu'il  fut  examiné  et  bien  examiné, 
Elles  avaient  commencé  à  découdre. 

12. 

Lorsque  furent  examinées  les  braies  du  garçon, 
L'envers  était  devant. 

PROVERBES   BAS-VANNETAIS. 


Er  hirran  a  gornow 
Diuenét  hi  volow. 
Que  le  plus  long  de  cornes 
Défende  son  ventre. 

2. 

Or  vwés  a  pe  uè  mèu 
'Golla  en  alué  ag  i  rèu. 
Une  femme  quand  elle  est  ivre 
Perd  la  clef  de  sonc... 

h 
N'es  koh  votes 
A  ne  gau  i  vares  ' 
Il  n'y  a  mauvais  sabot 
Qui  ne  trouve  son  pareil. 


Koh  td  n'om  veut 

Mauvais  chien  se  loue  lui-même. 

J.  LOTH. 


t .  Vares  pour  fares  ==  pares.  Après  /  féminin  en  bas-vannetais,  comme  en  maint  en- 
droit de  la  Bretagne,  le  p  au  lieu  de  devenir/  est  devenu  actuellement  v  par  analogie. 
Ci.  er-fantan  =  er  feunteun,  la  fontaine  (haut-vann.  er-fetan). 


MOTS  BRETONS 


DANS  LES  CHARTES  DE  BEAUPORT 


(troisième  article  i}- 


Moysan,  d3.ns  Ker-moysan,  1298,  p.  21$.  Ce  mot  se  rencontre  dans 
le  Cartulairede  Redon  et  semble  dérivé  de  Moyse^  Moyses. 

Neber y  dans  Lan-neber,  1235,  pp.  100,  101;  1245,  p.  119;  1263, 
p.  167;  1268,  p,  181;  1270,  p.   186;  1271,  p.  192.  Voyez  Niber. 

Nedelec^  surnom  de  Trehanus^  1266,  p.  172  «  noêl  »  du  latin /lâfd- 
licius^  en  gallois  nadolig. 

NeeZy  dans  Lan-neeZy  1 184-1 189,  p.  8.  Voyez  Nevez. 

Neliy  dans  Kaer-neli^  1298,  p.  216.  Comparez  le  nom  d'homme  Noliy 
du  Cartulaire  de  Redon. 

Net^  dans  Ploe-neî,  1266,  p.  171 . 

Nevenitre^  d3ins Ple-nevenitre,  1202,  p.  ji. 

Nevez  «  nouveau  »  dans  Lan-nevez,  1248,  p.  129;  1267,  p.  178. 
La  forme  ancienne  conservée  par  le  Cartulaire  de  Redon  esinowid.Vojez 
Neez. 

Nez^  dans  Plo-nez^  1240,  p.  109,  écrit  Pie-nez,  1244,  p.  116; 
1256,  p.  145  ;  P/oe-nez,  1257,  p.  149;  1261,  p.  161.  Voyez  iV/r. 

Niber,  dsins  Lan-niber,  1232,  p.  93.  Voyez  Net^r  et  le  suivant. 

Nibert,  dans  Lan-niberty  1233,  p.  98.  Voyez  Neber  et  le  précédent. 

Nidlc,  dans  Lan-nidic,  11 98,  p.  12.  Voyez  les  suivants.  On  trouve 
dans  le  Cartulaire  de  Redon  le  nom  d'homme  Nethic, 

Nitic,  dans  Lan-nitic^  1266,  p.  173.  Voyez  le  précédent  et  le  suivant. 

Nitichy  dans  Lan-nitich,  1233,  p.  97.  Voyez  les  précédents . 


I.  Voyez  les  deux  premières  parties  de  ce  travail  t.  ni,p.  39$'4i8>  ett.vil^p.  J2-65 


Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Beauport,  201 

Niz,  dans  Ple-niz,  1237,  p.  104;  1266,  p.  174;  1269,  p.  183; 
1 27 1 ,  p .  1 88.  Voyez  Nez, 

Nourri  [villa] ^  1229,  p.  87. 

Nues,  dans  Lan-nues,  1202,  p.  45.  Voyez  Nevez. 

Nynecy  dans  Lan-nynec^  1271,  p.  193.  Conoparez  le  nom  d'homme 
Ninoc  du  Cartulaire  de  Redon. 

Oarny  dains  Loes-oarn,  1245,  p.  117.  Comparez  le  nom  d'homme  du 
Cartulaire  de  Redon ^  Hoiarn  «  fer  ». 

Ocy  dansPfou-oc,  1202,  p.  50;  écrit  aussi  Plo-oc,  1206  (vidimus  de 
1225)  pp.  60,  61,  62;  1227,  p.  85  ;  1231,  p.  91  ;  1237/p.  103; 
1238,  p.  106;  1245,  pp.  1 19,  120,  121  ;  1247,  pp.  126^  127;  1252, 
pp.  135,  136;  1265,  p.  170;  1273,  p.  197;  1280,  pp.  204,  205. 
Voyez  Ohc,  Hoc^  Hohc  et  le  suivant. 

OcA,  dans P/o-ocA,  1247,  p.  125 .  Voyez  le  précédent  et  Ozoc, 

Odec^  dans  Plo-^dec^  1252,  pp.  135,  136.  Voyez  Ozfc  où  le  <i  pri- 
mitif a  été  changé  en  z. 

Odely  dans  Roc-odel,  1271,  p.  189.  Voyez  Othel^  Hodel,  Hedel, 

OAc,  dans  Plo-ohcy  1242,  p.  112;  1244,  p.  116.  Voyez  Oc,  //oc, 
Hohc, 

Orealy  nom  de  femme,  1 229,  p.  87. 

Oregon  (domus),  1268,  p.  180.  Voyez  le  suivant.  Le  Cartulaire  de 
Redon  nous  donne  les  formes  Oregon  et  Oreguen. 

Oreguetty  de  Mazeriis^  1 184-1 189,  p.  8.  Voyez  le  précédent,  Orgutn 
et  Ouregen, 

Orety  dans  Cad-orety  1298,  p.  216;  écrit  wor^f,  dans  Cat-worety 
IX'  siècle,  Cartulaire  de  Redon,  suppose  un  nominatif  *  Voreto-Sy  dont  le 
datif  Kor^/o  est  conservé  par  une  inscription  Kuhn's  Beitraegey  t.  III, 
p.  167. 

Orguen  de  Maceriisy  1202,  p.  46;  1207,  p.  64;  nom  de  femme, 
1271,  p.  188;  xiii^  siècle,  p.  220.  Voyez  Oreguen. 

Orhan,  dans  Plo-orhan,  1260,  p.  i  j8.  Dans  le  Cartulaire  de  Redon  ce 
mot  est  écrit  Orhant. 

Orquiou  [villa],  1284,  p.  206. 

Orram y  dsins  Pont-^rram y  1247,  p.  128. 

OrvoUy  nom  d'homme,  1288,  p.  21 1 . 

Osany  dsins  Quaer-osan y  1260,  p.  157. 

Osmondus,  nom  d'homme,  1232,  p.  92,  parait  être  un  mot  germa- 
nique. La  forme  la  plus  ancienne  est  Ansemundas.  C'est  un  composé  pos- 
sessif signifiant  «  qui  a  la  protection  des  dieux  » . 

Othely  dans  Roc-othely  1292,  p.  211.  Voyez  Odely  Hodel. 


202  G.  Dottin. 

Ouakin,  dans  Cadroualain,  1 23  j»  p.  98  ;  ce  mot  est  écrit  wdUon  dans 
Cat-wallon^  Cartulaire  de  Redon.  Il  parait  signifier  «  paissant  1» .  Com- 
parez le  gaulois  vellaunus. 

Ouregen  [domus],  1267,  p.  179.  Comparez  Aourkia^  nom  de  femme 
dans  le  Cartulaire  de  Redon ^  p.  108. 

Outrée  (stagnum),  1280,  p.  205. 

Ozauc^  dans  Plo-^zduCy  1208,  p.  66.  Voyez  les  suivants. 

Ozech,  dans  Plo-ouch,  1241,  p.  m.  Voyez  le  suivant. 

OzeCj  dans  P/o-oz^c,  1251,  p.  1)3;  1253,  p.  139;  1266,  p.  17;; 
1271,  pp.  188,  189.  Voyez  OdeCf  Houe,  Ozauc^  Ouch^  Ezoc^  Eue  et 
les  suivants. 

[0]zec,  dans  P/o2ec,  12^6,  p.  145;  1257^  p.  148;  1263,  p.  167; 
dans  Ploiuc,  1 260,  p.  158.  Voyez  les  précédents  et  les  suivants. 

Ozech,  dzns  Plo'ozechj  12)3,  p.  138.  Voyez  les  précédents  et  les 
suivants» 

Ozoc^  dans  PloeH)zoCy  1298,  p.  215  ;  Plo-ozoe,  1202,  pp.  47,  48; 
1206,  pp.  59,  60;  1212,  p.  69;  1219,  p.  73;  i2j8,  p.  i$i  ;  1261, 
p.  163  ;  1263,  p.  167;  1266,  pp.  173,  175;  1268,  pp.  181,  182; 
1269,  p.  185;  1270,  pp.  185,  186;  1271,  pp.  187,189,192;  1273, 
p.  197;  1274,  p.  199;  1284,  p.  207;  1298,  p.  21  j;  1301,  p.  217. 
Voyez  Hozoe,  les  précédents  et  les  suivants,  et  EzoCy  Eue, 

[0]zoCy  dans  Plozoe,  1260,  p.  158;  1292,  p.  211  ;  1298,  p.  21$. 
Voyez  les  précédents  et  le  suivant. 

Ozoue,  dans  Plo-ozouc^  1263,  p.  167.  Voyez  les  précédents. 

Paublat  (Le),  surnom  de  Gegou,  1252,  p.  135  ;  surnom  de  Merianus, 
1271,  p.  190. 

Pautoate,  nom  de  femme,  1244,  p.  116. 

Peblidu  (sanetus) ,  1 24  5 ,  p .  121. 

Peliou^  dxns Peliou^bras,  1231,  p.  90. 

Peliou-bras,  1231,  p.  90. 

Pelvet,  dans  En-Pelvet,  1287,  p.  209. 

P^m,  pour  Pe/i,  dans  Pf/R-/7o/^  1257,  p.  146;  1266,  p.  172;  1279, 
p.  204. 

Pem-poly  nom  de  lieu,  1257,  p.  146;  1266^  p.  172;  1279,  p.  204. 
Voyez  Pen-pol,  Pen^poul. 

Pen  «  tète,  extrémité  »,  dans  Pen-pol,  1 184-1 189,  p.  8;  1 202,  p.  48; 
1233,  p.  96;  1244,  p.  115;  1256,  p.  i4j;  I2J7,  p.  147;  1261, 
p.  161;  1271  pp.  187,  188;  1292,  p.  21 1  ;  1295,  p.  212,  dans  Pen- 
poil,  130J,  p.  218;  dans  Pen-poul,  1263,  p.  i6j  ;  1267, p.  179;  1271, 
pp.  188,  191,  193,  Pen  est  écrit  Pf m- dans  Pem-pol,  12  $7,  p.  146; 


Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Beauport.  203  ' 

1266,  p.  172;  1279,  P-  204.  On  trouve  encore  Pe»  comme  premier 
terme  dans  les  composés  Pf/t-ro5,  1235,  p.  loi  ;  1237,  p.  102;  1242, 
p.  114;  1245,  p.  121;  1248,  p.  129;  1250,  p.  IJ2;  i25î,p.  139-, 
1260^  p.  156;  Pen-tavrey  12 14,  p.  70;  Pen-thevria,  1228,  p.  8{,  écrit 
Pen-tevria^  1256,  p.  143.  Voyez  Pem. 

Pennoc  (Le),  samom  deGuillou,  1237,  p.  103;  dérivé  de  p^n  ;  ce  mot 
subsiste  encore  aujourd'hui  sous  la  forme  pennek  à  la  fois  comme  nom 
de  famille  et  comme  adjectif  signifiant  «  têtu  » . 

Pen-pol  a  bout  du  fossé  »i  nom  de  lieu,  11 84- 1189,  p.  8;  1202^ 
p.  48;  I2n>  p.  96;  i244>  p.  »ïS;  «256,  p.  I4j;  1257,  p.  147; 
1261,  p.  161  ;  1271,  pp.  187,  188;  1292,  p.  211  ;  129s,  p.  212. 
Voyez  les  suivants. 

Pen-poUj  nom  de  lieu,  1 30  j,  p.  218.  Voyez  le  précédent  et  le  suivant. 

Pen-poul,  1265,  p.  165;  1267,  p.  179;  1271,  pp.  188,  191,  19J. 
Voyez  les  précédents. 

Pen-ros  «  bout  du  tertre  »^  nom  de  lieu,  123$,  p.  ici  ;  1237,  p. 
102;  1242,  p.  114;  1245,  p.  121;  1248,  p.  129;  1250,  p.  i}2; 
1253,  p.  139;  1260,  p.  156. 

Pen^tavrey  1214,  p.  70. 

Pen-tevria,  nom  de  lieu^  12 $6,  p.  143.  Voyez  le  suivant. 

Pen-thevria,  1228,  p.  8j.  Voyez  le  précédent. 

Pias,  nom  d'homme^  1202,  p.  51  ;  1203,  p.  59;  surnom  i'Eudo, 
1266,  p.  176. 

Pietely  nom  d'homme,  1271,  p.  192. 

P/e  a  paroisse  »,  dans  PU-hanalec^  1274,  p.  199;  Ple-bara,  1202, 
p.  46;  Ple-dran,  1307,  p.  219;  Ple-guian,  i2jj,  p.  142;  Ple-lo^ 
1211,  p.  68;  Plelou,  1202  (vidimus  de  1274  ou  1275),  p.  48; 
1206  (vidimus de  1225],  p.  62;  121 1,  p.  68;  1224,  p.  80;  1229, 
p.  87;    1233,  pp.    94,   98;  1235,  p.   100;    1238,  p.  105;  1240, 

p.  110;  1242, p.  112;  1247,  pp.  124,  126;  1251,  p.  134;  I2JJ, 

p.  143;  1256,  p.  143;  1258,  p.  149;  1259,  P-  152;  1261,  p.  163; 
1264,  P*  1^99  1269,  pp.  182,  184;  1300,  p.  217;  Ple-miCy  1233, 
p.  95;  Ple-nevenitrey  1202,  p.  51;  Pie-nez^  1244,  p.  116;  I2$6, 
p.i45;Pfe-mz,  1237, p.  104;  1266,  p.  174;  1269, p.  i83;i27i, 
p.  188;  Ple-rin,  1254,  p.  141;  Ple^rivou^  1235  (charte  inédite)  ;  1253, 
p.  137;  1260,  p.  IJ7,  159;  1287,  p.  207;  Ple-stan,  1198,  p.  12; 
Pk-v^ra,  1184-1189^  p.  8;  1202,  p.  48;  1261^  p.  163  ;  1264, p.  169. 
Voyez  Ploe,  Ploi,  Plo,  Plou,  Plu, 

Ple-banaleCy  nom  de  lieu,  1274,  p.  199.  Voyez  Plo-banalec,  Ploe-ba- 
naluy  Ploi-banazleCy  Plou-banelec, 


'204  ^'  ^^^^i^- 

Ple-bara,  nom  de  lieu,  1 202,  p.  46.  Voyez  Ple^vara,  Plo-vara, 

PU'dran^  ijoy,  p.  219. 

PU'guian^  nom  de  lieu,  1 255,  p.  142.  Voyez  Plu-guian, 

PU'lo^  nom  de  lieu,  121 1,  p.  68.  Voyez  le  suivant. 

Ple-lou  (ecclesia  de,  parrochia  de),  1202  (vidimus  de  1274  oa  127$!, 
p.  48;  1206  (vidimus  de  122$)|  p.  62;  121 1,  p.  68;  1224,  p.  80; 
1229,  p.  87;  i2}3,pp.  94,  95i98;  I2J5,  p.  100;  i2j8,  p.  105; 
1240,  p.  110;  1242,  p.  112;  1247,  pp.  124,  126;  1251,  p.  134; 
12551  P-  «43;  1256,  p.  14};  1258,  p.  149;  1259,  p.  IS2;  1261, 
p.  16};  1264,  p.  169;  1269,  pp.  182,  184;  1300,  p.  217.  Voyez  le 
précédent  et  Ploe-lou^  Ploi-loa. 

Ple-mic,  nom  de  lieu,  1233,  p.  9$. 

Plenalta  [parrochia  dé),  12 $4,  p.  141. 

Ple-nevenitre,  nom  de  lieu,  1202,  p.  31. 

Ple-nety  nom  de  lieu,  1244,  p.  116;  1256,  p.  14$.  Voyez  Ploe-^n, 
Plo-nez  et  le  suivant. 

Ple-niz,  nom  de  lieu,  1237,  p.  104;  1266,  p.  174;  1269,  p.  183; 
1271,  p .  1 88.  Voyez  le  précédent . 

Ple-rin  {parrochia  rfe),  1254,  p.  141 . 

P/^-r/Vou,  nom  de  lieu,  1235  (charte  inédite) ;  1233,  p.  137;  1260, 
PP-  '57»  *59>  '287,  p.  207.  Voyez  Ploe-rivou,  Ploi-rivou,  Plo-rivou^ 
Plour-rivou,  Plu-rivou. 

Plesou^  nom  de  personne,  1241,  p.  m;  nom  de  femme,  1245, 
p.  I 18. 

Ple-stan,  nom  de  lieu,  1 1 98,  p.  1 2 . 

Ple-vara,  nom  de  lieu,  1 184-1 189,  p.  8;  1202.  p.  48;  1261,  p.  163; 
1264,  p.  169.  Voyez  Ple-bara,  Plo^vara. 

Plo  «  paroisse  »  dans  Plo-adgat,  1198,  p.  12;  1240,  p.  110;  1255, 
p.  142;  1258,  p.  151;  PltMLgaî,  1207,  p.  63;  1232,  p.  93;  1237, 
p.  104;  1241,  p.  III  ;  1255,  p.  143;  1258,  p.  151  ;  1261,  p.  IJ9; 
1264,  p.  169;  1269,  p.  184;  Plo-aha,  1202,  p.  46,48;  1206,  p.  60; 
1207,  p.  64;  121 1,  p.  68;  1230,  p.  87;  1231,  p.  90;  1232,  p.  92; 
1233,  p.  96;  1235,  p.  99;  1237,  pp.  ICI,  102;  1245,  p.  118;  1253, 
p.  140;  1255,  p.  143;  1257,  p.  147;  1261,  p.  163;  1263,  pp.  166, 
167;  1264,  pp.  168,  170;  1267,  pp.  177,  178;  i27i,p.  i93;i287, 
p.  209;  1288,  pp.  210,  21 1  ;  1307,  p.  219;  Plo-aza,  1259,  pp.  152, 
IS3;  1263,  p.  165;  1267,  pp.  178,  i79i  180;  1271,  pp.  187,  191; 
Plo-azha,  1264,  p.  \6i\  Plo-banalec,  1239,  p.  109;  1240,  p.  109; 
1242,  p.  113;  1250,  p.  132;  1255,  p.  142;  PlO'banalech,  1252, 
p.  134;  Plo'bihan^  1202,  p.  57;  Plo-^zec,  1220,  p.  73;  1261,  p.  162; 


Mots  bretons  dans  Us  chartes  de  Beauport.  205 

1271,  pp.  188,  192,  195,  194;  1278,  pp.  202,  20};  Plo-ezoc^  1274, 
p.  199;  i278,p.  10^ y  PlO'guencit^ii^Oy  p.  ii'yPlO'harnoc,  I2}},p.95 
PMedely  1294,  p.  212;  Plo^oCj  I2J2,  p.  91  ;  1235,  p.  95;  1246 
p.  125;  I252,p.  IJ5;  Plo-hodely  1245, p.  \ 20 'yPlo-hohc,  1241,  p.  m 
PMouCj  II 84- 1189,  p.  8;  125 1,  p.    134;  Plo^hozoCy  1247,  p.  127 
i2ji,pp.  133,  i}4;  I25},p.  138;  I2j4,p.  140;  P/onez,  1240, p.  109 
Plo-oCy  1206  [vidimus  de  122J),  p.  60;   1206,  p.  61  ;  1227,  p.  85 
i23i,p.  91;  1231,  p.  91;  1237,  p.  103;  1238,  pp.  106,  107;  1239 
p.  109;  1241,  p.  III  ;  1242^  p.  112;  1245,  pp.  117,  119,  120,  121 
1247,  pp.   126,   127;   I2S2,  pp.   135,   136;   1265,  p.    170;    1273 
p.  197;  1280,  pp.  204,  205;  PlO'Och,  1247,  p.  125;  Plo^odec,  1252 
pp.  135,  136;  Plo-ohc,  1242,  p.  112;  1244,  p.  116;  PlO'Orhan,  1260 
p.  158;  Plo-ozauc,  1208,  p.  66;  Plo-^zeCy  125 1,  p.  133;  125 3,p.  139 
1266, p.  I73;i27i,pp.  188,  189;  P/o-or£c/i,  1241,  p.  m;  1253 
p.  138;  Plo-ozoc,  1202,  pp.  47,  48;  1206,  pp.  J9,  60;  12 12,  p.  69 
1219,  p.  73;  1258,  p.  151;  1261,  p.  163;  1263,  P-    '67;  1266 
pp.    172,  173,    i7j;    1268,  pp.    181,   182;  1269,   p.    185;    1270 
pp.  185,  186;  1271,  pp.  187,  189,  192;  1273,  p.  197;  1274, p.  199 
1284,  p.  207;  1298,  p.  2ij;  i3oi,p.  2 1 7 ; P/o-ozouc,  1263,  p.  167 
Plù-rivo,  1257,  p.  146;  Plo^rivou,   1220,  pp.  74,  7$;  1254,  p.  141 
1263,  p.  i6s;  1266,  p.  174;  1284,  p.  206;  129J,  p.  212;  Plo-vara 
121 1,  p.  68;  1230,  p.  87  note;  Plo-zec,  1256,  p.  145  ;  1257, p.  148 
1263, p.  167;  P/o-zoc,  1260,  p.  158;  1292,  p.  211;  1298,  p.  215, 
Voyez  Ploe,  Ploi,  PlOy  Ple^  Plou,  Plu. 

Pb-â^/^â/,  nom  de  lieu,  1198,  p.  12;  1240,  p.  iio;  i25j,p.  142 
1 258,  p.  151.  Voyez  Ploe-adgatj  Ploi-agat  et  le  suivant. 

Plo-agat,  1207,  p.  63;  1232,  p.  93;  1237,  p.  104;   1241,  p.  III 
I2$5,  p.  143  ;  1258,    p.  151  ;  1261,  p.    159;  1264,  p.    169;  1269 
p.  1 84.  Voyez  le  précédent. 

Plo-aha  {ecclesia  de),  1202,  pp.  46,  48;  1206,  p.  60;  1207,  p.  64 
1211, p.  68;  1230,  p.  87;  1231,  p.  90;  1232,  p.   92;  1233,  p.  96 
»235iP-  99;  i237,p.  ICI,  102;  1245,  P-  Ï18;  1253,  p.  140;  125J 
p.  I43;i2j7,  p.  147;    1261,  p.  163;  1263,  pp.   166,   167;  1264 
pp.  168,  170;  1267,  pp.    177,  178;  1271,  p.   193;   1287,  p.  209 
1288,  pp.  210,211;  1307,  p.  219.  Voyez  les  suivants. 
,     Plo-aza  (parrochia  de),  1259,  pp.  152,    153;   1263,  p.  165;    1267, 
pp.  178,  179,  180;  1271,  pp.  187,  191.  Voyez  Ptoe-<iza,  le  précédent 
et  le  suivant. 

Plo-^zha,  1264,  p.  168.  Voyez  les  précédents. 

Plo-balanec  {parrochia  de\,  1268,  p.  180.  Voyez  le  suivant. 


2o6  G.  Donin. 

PManalec  {parrochiade),  ^^19>P-  109;  1240^ p.  109;  1242,  p.  ii^; 
1250,  p.  ip;  125$,  p.  142.  Voyez  Pte-banalec,  Phi-^nazleCf  Phe- 
banalec,  Plou-banelec^  le  précédent  et  le  suivant. 

Plo-banaUchj  1252,  p.  1J4.  Voyez  le  précédent. 

PlO'bihan  a  petite  paroisse  »^  nom  de  lieu,  1202,  p.  ^7. 

Ploe,  dans  Ploe^dgat,  1198,  p.  12;  Ploe-aza,  145),  p.  220;  Ploe- 
banalec,  1257,  p.  149;  1267,  p.  179;  1271, p.  194;  P/o«-gB/e/,  1253, 
p.  140;  Ploe-louy  1260,  p.  is8;  1271,  p.  186;  Ploe^net,  1266, 
p.  171;  PloC'-nez,  1257,  p.  149;  1261,  p.  161;  Ploe-ozoc,  1298, 
p.  2ij;  Ploe-rivou,  1253,  p.  138;  I2j8,  p.  149;  1271,  p.  187; 
13061  p.  219;  Ploe-ryvoa,  1305,  p.  218.  Ploe  que  l'on  trouve  sous  la 
forme  htine  pleb-s  et  la  forme  bretonne  Ploi  dans  le  Cartulaire  de  Redon 
est  la  transcription  bretonne  du  latin  ptèb-s.  Voyez  Ploi,  PlOy  PU^  P/ou, 
Plu. 

Phe-adgaty  1198,  p.  12.  Voyez  Plo^gat,  Ploi-agai. 

Ploe-aza^  1453,  p.  220.  Voyez  PltHua^  Plo-aha. 

Ploe-balanec  (parrochia  de)y  1267,  p.  179  ;  1271,  p.  194.  Voyez  le 
suivant. 

Ploe-banalec  (parrochia  de)^  1257,  p.  149.  Voyez  Ploi-banazlec,  Plo- 
banalec^  PManalec,  Plou-banelec  et  les  formes  plus  modernes  avec  meta- 
thèse,  Ploe-ialaneCy  Plo-balanec. 

Ploe-guiel,  1253,  p.  140. 

Ploe4ou  (parrochia  de) y  1260,  p.  158;! 271,  p.  186.  Voyez  Ptoi-toa. 
Ple-lou. 

Ploe-net  (parrochia  de) ^  1266,  p.  171. 

Ploe^na  (parrochia de),  1257,  p.  149;  1261,  p.  161.  Voyez  Ple-neZy 
Plo-nez, 

Ploe-ozoc  (parrochia  de],  1298,  p.  215.  Voyez  Plo-ozauc,  Plo^ozoCy 
Plo^zoc^  Plo-odec,  Plo-houc,  Plo-ozec,  Plo^zouCy  Plo-ezoCy  Plo-ezeCy 
Ploi-zoCy  PlO'Zoc,  Plo-zec. 

Ploe-rivou  (parrochia  de]y  1253,  p.  138;  1258,  p.  149;  1271, 
p.  187;  1306^  p.  219.  Voyez  le  suivant  et  Ploi-rivoUy  Plo-riyoUy  Pie- 
rivouy  Plou-rivoUy  Plu-rivou. 

Ploe-ryvou  (paroesse  de),  1 305,  p.  218.  Voyez  le  précédent. 

Plo-ezeCyTiom  de  lieu,  1220,  p.  73  ;  1261,  p.  162  ;  1271,  pp.  188, 
192,  193,  194;  1278,  pp.  202,  203.  Voyez  Ploe-ozoc,  Plo^zoc,  Plo- 
ozec. 

Plo-ezoc  (parrochia  de] y  1274,  p.  199;  1278,  p.   203.  Voyez  Ploe- 

ozoc. 
PlO'guenoit,  1230,  p.  88. 


Mots  bretons  dans  Us  chartes  de  Reauport.  207 

Ph'harnoc  «  paroisse  où  il  y  a  du  fer  »,  nom  de  lieu,  12}),  p.  9$ . 

PlO'hedel  (eccltsia  de),  1294,  p.  212.  Voyez  Plo-hodel, 

Plo-koc  {parrockia  de)j  1232^  p.  91;  1233,  p.  95  ;  1246,  p.  123; 
1252,  p.  135,  Voyez  Plo-hohCy  Plo-oc,  Plou-oCy  Plou-ec, 

PlO'hodel,  1245,  p.  120.  W ojtz  Plo^edel, 

Plo-hohc  (parrochia  de],  1241,  p.  m.  Voyez  Plo-hoc^  Plo-oc. 

Plo-hozec  Goilou,  1 184-1 189,  p.  8;  Plo-hozec,  1251,  p.  134.  Voyez 
Plo-otec  et  Ploe-^zoc, 

Plo-hozoc  {parrochia  de),  1247,  p.  127;  I25i,pp.  133,  134;  1253, 
p.  138;  1254,  p.  140.  Voyez  P/o-ozoc,  Ploe-ozoc. 

Ploi,  dans  Ploi-agat;  1207,  p.  65  ;  Ploi-banazlec,  1230,  p.  88;  Ploi- 
banazlech,  1224,  p.  80  ;  Ploi-gaznou,  1257,  p.  146  ;  Ploi^-loUy  1202, 
p.  46  ;  Ploi-rivou,  1230,  p.  88  ;  Ploi-zec,  1260,  p.  158.  Ploi  est  une 
variante  de  Ploe  =  plëb-s.  Voyez  Plo,  Pie,  Pion,  Plu. 

Ploi^gat  {beati  Pétri  de),  1207,  p.  65 .  Voyez  Ploé-adgai,  Plo^dgaty 
Plo-agat. 

Ploi-banazlec  ^  paroisse  plantée  de  genêt  »,  1230,  p.  88.  Voyez 
Ploe-banalec,  Plo-banalec,  Ple-banalec,  Plou-banelec^  Ploe-balanec,  Plo- 
balanec  et  le  suivant. 

Ploi'banaztech,  1224,  p.  80.  Voyez  le  précédent. 

Ploi'gaznou,  12)7,  p.  146. 

P/oi-fott  (ecclesia  de]j  1202,  p.  46.  Voyez  Ploe-lou,  PleAou. 

Ploi-rivovL,  1230,  p.  88.  Voyez  Ploe-rivou,  Plo-rivou,  Ple-rivou,  Plou- 
rivoa,  Pla-rivou. 

Ploi-zoc,  1260,  p.  158.  Voyez  P/o«-oa>c,  Plo^ezoc. 

Plo-nez^  1240,  p.  109.  Vojtz  Ploe-nez,  Pie-nez^ 

Plo~oc  (ecclesiam  Sancti  Pétri  de),  1206  (vidimus  de  1225),  p.  60;  (fc- 
desie  de),  1206,  p.  61  ;  1227,  p.   85  ;   1231,  p.  91  ;  1231,  p.  91; 

1237^  p.  103;  1238,  pp.  106,  107;  1239,  p.  109;  1241^  p.  III; 

1242,  p.  112  ;  1245,  pp.  117,  119,  120,  121  ;  1247,  pp.  126,  127; 
1252,  pp.  135,136;  126J,  p.  170;  1273,  p.  197;  1280,  pp.  204, 
205.  Voyez  le  suivant  et  P/o-Aoc,  Plo-hohc,  Plou^-oc,  Plou-ec,  variantes 
de  PlO'Ozoc, 

Plo-och  (ecclesie  de),  1247,  p.  125.  Voyez  le  précédent. 

Plo  odec  (parrochia  de),  1252,  pp.  135,  136.  Voyez  Plo-ouc,  Ploe- 
ozoc. 

PloH>hc  Goilou,  nom  de  lieu,  1242,  p.  112;  1244,  p.  116.  Voyez 
Plo-oc.  Comparez  Plo^zoc. 

PlO'Orhan,  nom  de  lieu,  12Ô0,  p.  158. 

Plo^zauc  (capellaniam  Sancti  Pétri  de),  1208,  p.  66.  WojezPloe-ozoc, 


2o8  G.  Dottin. 

Plo-ozec  iparrochia  de]^  1251,  p.  ij?;  125 j,  p.  139;  1266,  p.  175; 
1 271,  pp.  188,  189.  Voyez  le  suivant  et  Plo-odec^  Ploe-ozoc^  Plo-hmc. 
Plo-ozech  (parrochia  de),  1 241 ,  p.  m  ;  1 25  j,  p.  i  j8.  Voyez  le  pré- 
cédent. 

Plo^zoc  {parrochia  de),  1202,  pp.  47,  48  ;  1206,  pp.  59,  60;  12 12, 
p.  69;  I2i9,p.  73;  1258,  p.  151;  1261,  p.  16};  126},  167;  1266, 
pp.  172,  175,  175  ;  «268,  pp.  181,  182  ;  1269,  P-  185  ;  1270,  pp. 
i8j,  186;  1271,  pp.  187,  189,  192;  1273,  p.  197;  «274,  p.  199; 
1284,  p.  207;  1298,  p.  215;  no I,  p.  217.  Voyez  P/oe-ozoc  et  le 
suivant. 
Plo-ozouc  {parrochia  de),  126},  p.  167.  Voyez  le  précédertt. 

Plo-rivo  (nemus  de],  1257,  p.  146.  Voyez  le  suivant. 

Plo-riyoUy  nom  de  lieu,  1220,  pp.  74,  75  ;  1254,  p.  141  ;  126}, 
p.  165  ;  1266,  p,  174;  1184,  p.  206;  129J,  p.  212.  Voyez  Ploe-rivou, 
Ploi-rivou,  Ple-riPou,  Plu-rivou,  Ploa-rivou. 

Plou,  dans Plou-agat,  1202,  p.  46;  Plou-banelec,  1232,  p.  93;  Ploa- 
ec,  1202,  p.  45;  Plou-ezec,  1202,  p.  ^y,  Plou-fragan,  1230,  p.  87 
note  ;  P/ou-oc,  1202,  p.  jo;  Plou-rivou,  I2j3,p.  140.  Wojtz  Ploe,  Ploi, 
Plo,  Pie,  Plu. 

PloU'Agat  (ecclesia  de),  1202,  p.  46.  Voyez  Ploe^dgat,  Ploi-^gat,  Plo- 
adgaty  Plo^gat. 

Plou'banelec  (parrochia  de),  1232,  p.  93.  Voyez  Ploi-banazkc,  Plot- 
banalec,  Plo-banalec,  Ple-banalec. 

Plou-ec,  nom  de  lieu,  1202,  p.  45.  Voyez  Plou-oc, 

Plou-ezec  [parrochiede),  1262,  p.  45.  Voyez  Ploe-ozoc. 

Ploa-fragan,  i2?o,  p.  87  note. 

Plou-oc  Goilou,  1202,  p.  50.  Voyez  Plo^c,  Plou-^c. 

Plou-rivou  [parrochia  rf«),  1253,  p.  140.  Voyez  Ploe-rivou,  Ploi-rivou, 
Plo-rivou,  Ple-rivou,  Plu-rivou. 

PlO'Vara  (ecclesia  <ie),  1 21 1 ,  p.  68  ;  1 230,  p.  87 note.  Voyez  Ple-vara, 
Ple-bara. 

PlO'Zec  (parrochia  de] ,  I2j6,  p.  145;  1257,  p.  148;  1263,  p.  167. 
Voyez  Plo-ozec  et  le  suivant. 

P/o-zoc,  nom  de  lieu,  1260;  p.  158;  1292,  p.  21 1  ;  1295,  p.  215. 
Voyez  PlO'Ozoc  et  le  précédent. 

Plu,  dans  Plu-guian,  1224,  p.  81;  1225,  p.  83;  Plu-rivou,  1235, 
pp.  100,  ici;  1238,  p.  107;  1242,  p.  114;  1244,  p.  115;  1247, 
p.  127;  12J0,  p.  132.  Voyez  Ploe,  Ploi,  Pie,  Plo,Plou. 

Plu'guian,  nom  de  lieu,  1224,  p  81  ;  1225,  p.  83.  Voyez  Ple-guian. 

Plu-rivou  (parrochia  de),  123$,  pp.  loo,  101;  1238,  p.  107;  1242^ 


Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Beaaport.  209 

p.  114;  1244,  p.  115;  1247,  p.  127;  1 2  jo,  p.  152.  Voyez  P/oe-r/vou, 
Ploi-rivou,  Ph-rivoUy  Ple-rivou,  Plou-rivou. 

Po/,  dans  Po/-W«z,  1242,  p.  1 14;  P«m-po/,  1257,  p.  146;  1266, 
p.  172;  1279,  p.  204;  Pen-pol^  1184-1189,  p.  8;  1202,  p.  48;  12^3, 
p.  96;  I24Î,  p.  115;  I2J6,  p.  i4j;  I2J7,  p.  147;  1261,  p.  161; 
1271,  pp.  187-188;  1292,  p.  211;  1295,  p.  212.  Le  sens  de  ce  mot 
est  «  trou,  mare  ».  Voyez  Poil  y  Poul. 

Pol'bleiz  «  trou  de  loup  »,  1242,  p.  1 14. 

Pol'CaseCy  nom  de  lieu,  1 260,  p.  1 57  ;  «  fosse,  étang  de  la  jument  ». 

Poil,  dans  Pen-poll^  i  jcj,  p.  218.  Voyez  PoL 

Polos  [le] y  nom  d'homme,  1284,  p.  206. 

Pomorit,  nom  de  lieu,  variante  de  Pomoroity  1273,  p.  198. 

Pomoroity  nom  de  lieu,  1273,  p.  198.  Voyez  le  précédent. 

Ponty  dans  Pont-orram,  1 247,  p.  1 28, 

Pont'Orram  (abbacia  de),  1247,  p.  128. 

Potttoa  [Alanas  i^),  127 1,  p.  189. 

Por[t]  dans  Por[t]dic.  Voyez  Port. 

Pordic  (ecclesia  de),  1202,  pp.  46,48;  i2ii>p.  68;  1229,  p.  87; 
i2?o,  p.  88;  1243,  p.  114;  1247,  p.  128;  1253,  p.  137;  1255, 
p.  142;  1259,  p.  152;  1261,  p.  163;  1273,  p.  198;  1284,  p.  206; 
1295,  p.  21 3.  Ce  mot  doit  venir  de  Port-Dic.  Voyez  le  suivant  et  Port- 
Die, 

Pordich  {parrochia  de),  1 2  5  5 ,  p .  142. 


G.    DOTTIN. 


[La  fin  au  prochain  Numéro.  ) 


Rev.  Celt.  VIL  14 


TWO   IRISH    15TH   CENT.    VERSIONS 


OF 


SIR  JOHN  MANDEVILLE'STRAVELS 


M.  StokeSy  introduction  to  Tog.  Troi.  p.  viii  has  noted  that  iaistems  in  the 
pL  were  declined  as  if  consonantal  and  had  a  N.  ace.  pi.  -eda.  Btfort  the 
end  ofthe  i  ^th  cent,  thèse  nouns  had  a  doublel^.  pi.  -edha,  -idhi.  For  tk 
lattercf.  N.  pi.  0/  conson.-  stem,  milidi  T.  Tr.  227,  618,  854.  Inîhe 
modem  langaage  the  latter  form  alone  is  used  for  N.  ace.  pi  to  the  exclusion 
of  the  former.  Between  the  middie  of  the  i  ithand  \  ^th  cent,  some words hâvt 
changed  their  gender  and  new  plurals  in  -na  make  their  appearance. 

A-STEM.  creitem  F.  is  now  M.  with  a  double  gen.  sg.  N.  sg.  conidé 
credim  Eg.  cidh  é  creidim  [-dem]  R.  Eg.  (j).  G.  sg.  docum  creidim 
[creidme]  (2)  —  fundamint  an  creidim  R.  dochum  creidmhe  R.  Eg. 

Drong  M.  (Wind.  Worterb.]  is  now  F.  G.  sg.  do  reir  droingî  R.  Eg. 
dat.  sg.  ic  droi/zg  R.  Eg.  so  in  the  Bible-  chum  na  druinge.  Gai.  4.  5. 

lA-STEM.  N.  sg.  tigerna  R.  Eg.  G.  tigema  R.  (2)  Eg.  (2)  tigemad  R- 
(1].  N.  pi.  tig^rnâdha  R.  (2)  Eg.  (^),natigfrnuidhi,  tig^rnuidhidh [tiger- 
nedha  tig^rnadha].  G.  pi.  tigernadh  R.  Eg.  na  tigerna  [tigemadh],  tiger- 
Jiedh  Eg. 

D.  pi.  tigern^daib  R.  Eg.  (2)  tigernuib  R. 

N.  sg.  tairnge,  tarrnge  R.  Eg.  (5)  N.  pi.  tarrngerfAa  R,  (1)  Eg.  (2). 
ace.  pi.  na  cethre  tairrngi  [-ge],  tairngedha  Eg.  dat.  pi.  tarrngft/Aaib 
R.  Eg. 

N.  sg.  du.  Bogha  R.  Eg.  N.  pi.  tri  bogha  R.  Eg.  boghada  [bodha]. 
D.  pi.  boghadhaib  [bodhaibh]. 

N.  pi.  barda  (1)  [bardadha]  (2)  guards^  wardens. 

I .  Voir  le  commencement  de  cet  article  au  même  volume,  pp.  66  et  suivantes. 


Versions  of  Sir  John  Mandmlle's  Travels,  21  i 

Gen.  pi.  seomradha  Eg.  D.  pi.  séomradhuib  [semraibh,  seomitidaib'] 
N.  sg.  lampa,  N.  pi.  lampaidhe  R.  Eg. 

N.  sg.  Festa  [festadh]  (4]  G.  sg.  fésta  [féstaidh],  ace.  pi.  fésta  [fés^- 
taidh,  féstadh]  dat.  pi.  fést^daib  R. 

N.  sg.  seilche  a  snail  »  Eg.  N.  pi.  stWchedht  [-^d/ia]. 

N.  sg.  oighre  [heir)  dat.  pi.  oighredh  aibh  [oigribh].  N.  sg.  Rideri[-e]. 

N.  pi.  rideri  [rider edhai],  N.  pi.  Fuirmidhi  [foirmfrfAaJ  aframeofhis 
bed  ». 

i-STEM  —  muir  N.  is  now  F.  is  i  in  mhuir.  59.3.  Eg.  1 55.4. 

N.  sg.  Fâidh—  G.  pi.  fâidhed  R.  Eg.  [—  edh.]  Eg.  D.  pi.  fâidhib  R. 
Eg.  [faAdhedhibh]  N.  sg.  tfr.  —  N.  ace.  pi.  tirtha  R.  (4)  Eg.  (6).  G. 
pi.  na  tirthadh  R.  Eg.  D.  pi.  tirthaib  R.  Eg.  (6). 

N.  sg.  cuid  R.  Eg.  G.  sg.  coda  (2)  cotta  [codâch]  Eg.  (3).  cudsiis gi- 
yen  in  Moltoy's  gr.p.  ^oas  the  Conn.form^  but  the  Highland  word  is  codach . 

coNSON-STEMS  —  G.  Sg.  tcngadh  (2)  [tengtha]  (i).  dat.  lengaîdh 
[tengthâ]  fan  a  tenga.  Eg.  ace.  sg.  P  labraid  tengtha  [tenga]  na  tiri.  — 
G.  pi.  do  reir  a  tengtha  R.  Eg.  N.  pi.  tengtha  R.  Eg.  D.  pi.  tengthuib 
R.  Eg. 

G.  sg.  tened  [2)  [tine^/i,  teiniudh].  ace.  sg.  tene  R.  (2)  Eg.  (i)  [tei- 
nidh]  [1}  ace.  pi.  tinnti  Eg. 

N.  sg.  Tr6igh  R.  Eg.  dat.  fân  troigh  [troighidh]  N.  pi.  .u.  troighthi 
(2)  Eg*  (i)  [troighte].  G.  pi.  troighthi  [troighthedh].  D.  pi.  troigibh  Eg. 
ace.  pi.;  troighti  R.  Eg. 

N.  pi.  abadha  «  abboîs  »  Eg.  N.  pi.  earaid  [eairde]/n>/z^5. 

u-STEM  passing  into guti.  stem.  —  N.  sg.  du,  einedh  R.  Eg.  (3)  D. 
sg.  aran  einedh  R.  Eg.  dia  cintdaigh  [eined],  for  ineiniudh.  Eg.  N.  pi. 
na.uii  cinedhaigh  [einedhaigh],  na.uîi.  cinedha  [eineadhaigh],  uîf.  cmedh 
[mtdaigh]y  cine^^aigh,  R.  Eg.  G.  pi.  na  cine^^dech  R.  Eg.  D.  pi.  ci- 
nedhuib  R.  (2)  [einedaehaibh]  Eg.  (2).  In  Connaught  the  pi.  is  now  ein- 
nidhe.  Moll.  gr.  p.  34.  High.  Gael.  einnean.  L.  Br.  149a  has  N.  pi  ci- 
nedu  do  chinedaib- B/'U^,  N.  pi.  cinidheacha  G.  pi.  cinidheach,  cinea- 
dhach,acc.  pi.  cineadhacha.  N.  sg.  obair.  ace.  pi.  oibrech<2  [oibrighthij 
~  N.  sg.  tobar.  D.  pi.  toibrechci/fc/i  [tobraibh]. 

N.  sg.  Ri  R.  [righ],  N.  pi.  na  tri  rig  [righdha],  ufirigti[riga],  righthi, 
Eg.  G.  pi.  righthi  (2)  righthidh  (i)rig  (i)  [righ]  Eg.  (2). 

N.  sg.  Teg  [teeh],  dat.  tigh  R.  Eg.  tech  R.  ace.  tegh  R.  Eg.  N.  pi. 
lighi  R.  (2)  Eg.  (1)  [tighe,  tighlhi],  Dat.  tighibh  (2),  ace.  pi.  tighi,  tî- 
ghithi,  Eg. 

The  following  are  miscellaneous  différences  —  Gen.  sg.  Dia  [Dé]  (2) 
hûaman  [huama],  an[na]  tdlman,  talaimh  R.,  antsrotha[na  srothann], 


212  John  Abercromby. 

bainne  lira  [capaill]  {2]  for  iàrach  a  mare^  perhaps  a  slip  of  the  pen. 
—  Dat.  sg.  don  dée  [dia]  god^  as  an  uaim  [uamaidh].  do  mhar- 
mair  [marmaire]  (4],  N.  pi.  anmanna,  ceimenna,  R.  Eg.  ûamhanna  R. 
Gen.  pi.  na  n-uasal  aitrech  [-cha],  timchill  na  cathrach  [-chaj,  na  n-uile 
chumsicht  [-achtaigh]. 

The  new  plurals  are  nearly  confinedto  Eg.  —  dligedha  [dlightena],  gotha 
[gothanna],  dathannaib  R.  Eg.  creasanna  Eg.  muin/iuracha  Eg.  *der- 
nanna  Eg. 

The  conjugatlon  of  the  verb  lias  abready  reacheda  very  modem  stage.  Tht 
2  sg.  pr.  fut.,  pr.  sbj.  now  ends  in  -ir.  Eg.  an  fuil/r  at  chodWA  P  R.  Eg. 
2  sg.  fut.  dogebâir  R.  Eg.  2  sg.  pr.  sbj.  muna  f^^air  R.  Eg.,  etc.  Fur- 
ther  examples  lower  down.  Thisform  is  found  in  L.  Br.  )ib  tecair  {comest 
thou)  3  Ir.  Hom.  p.  106.  and  must  hâve  sprung  upin  the  14/6  cent.  Prof. 
Wind,  /r.  gr,  p,  92  attributes  this  transition  to  the  influence  of  the  déponent 
verb.  Certainly  its  forms  were  assumed  by  the  T-perf.  but  that  took  place  bc- 
fore  the  historic  période  when  déponent  verbs  flourished.  But  now  they  were 
almost  extinct,  fixer  [he  knows]  is  the  sole  survival  in  R.  Eg.  There  is  also 
the  différence  of  vowel  -ir  for  -er,  -ther  to  account  for.  I  think  it  is  pos- 
sible "T  was  attached  to  the  2  pr.  ind.  -i  in  the  same  way  as  -t  to  i  sg.  fut., 
I  pL  pr, ,  fut. ,  and  to  the  verbal  noun  of  many  modem  forms  ending  once  in 
-in,  as  faicsint,  tuicsint,  and  as  -nn  to  3  sg  hab.  près,  ail  within  the  his- 
toric period  of  the  language.  It  is  note  worthy  thèse  suffixes  did  not  affectthe 
meaning  of  the  forms  they  were  attached  to,  as  thèse  very  forms  had  been 
current  for  an  indefinite  period  before  hand  and  underwent  no  change  in 
that  respect.  If  thèse  suffixes  may  now  be  considered  signs  of  the  persons  in 
the  tenses  they  belong  to,  it  is  from  usage  and  prescription,  not  from  any 
thing  inhérent  in  themselves.  As  the  verbs  «  berim,  cuirim  »  with  their  corn- 
pounds  are  among  the  most  indispensible  for  intercourse^  the  most  fréquent  on 
the  lips  and  so  constantly  employed  in  the  2  sg.  imperat.  the  ear  was  quite  ac- 
customed  to  connect  a  slender  r  with  the  idea  of  the  2  sg.  When  once  the  fee- 
ling  became  prévalent  that  tu  -i  of  the  2  sg.  pr.  shouldbe  reinforced  or  the 
syllable  closed,  as  had  formerly  taken  place  with  respect  to  i  sg.  fut.  i  pi 
pr.  fut.  a  Sound  that  would  instinctively  suggest  itselfwould  be  a  slender  r. 
The  2  sg.  fut.  pr.  sbj.  followed  in  the  wake, 

;  SG.  PR.  I.  abeir^  adeir^  benaidh,  beraidh,  dobir,  dogeib,  mairid 
[mairigh].  II.  lasaidh,  sechnaidh.  III.  baidhidh,  cuiridh,  déin  R.  (2)  [de- 
nann],  doci,  donî,  etc. 

3  SG.  HAB.  I.  berenn.  II.  crinann,  labrann.  III.  caithenn  R.  Eg.  [-innj 
R.  Eg.  cuirenn  [-inn],  tuitinn  Eg.  dénann,  fuilighen/s  [fuiiïgheann]  roi- 
ihenn  [roic/ieann],  etc.,  occurs  in  21  verbs. 


Versions  of  Sir  John  Mandeville*s  Travels.  213 

3  SG.  REL.  beres  [herius]^  imthights  [-fus],  caithes  [-thiw],  tuHcs 
[îa/îfs],  roinnes  [roinnitw],  traighes  [traîghiui],  imarcuires  [imurcurius], 
eirghiluEg.  ithiu^  and  ithis  Eg.  in  ûair  gluaisis  R.  Eg.  innisis  [innisiui], 
soills/^ftis[-ui|. 

3  PL.  PR.  -id,  always  in  Eg.  but  afew  olderforms  are  alternately  given 
in  R.  I.  aderat  R.  [3]  -aid  R.  -id  Eg.  Dogebatt  R.  (3)  f-Wd]  Eg. 
fâgbadaid  R.  Tabratt  R.  fi]  -aid  R.  (i)  Eg.  (2).  II.  ail  in  -aitt  -aid  R. 
III.  Doniat,  doniad  R.  (7)  dognitt  R.  (2),  donitt  R.  (4)  -id  Eg.  [always] 
ni  dénat  R.  (2)  otherwise  dénaitt  -aid  [denaid]  Eg.  [always),  diultaitt, 
folchuid,  the  rest  ail  in  -itt  -it  R.  -id  R.  Eg. 

Prêt,  redup.  i  sg.  Dochûala  R.  (2)  Eg.  (i)  [-alusa],  ranacc-sa  R. 
Eg.  tinacc  R.  ni  fhaca  R.  (i)  Eg.  (2]  ni  fhacui  Eg.  (2).  Doconnarc  -sa 
R.  [do  connac],  do  connairc-sa  R.  Eg. 

S.  PRET.  I  sg.  do  fhjarfaidhesa  R.  (2)  [-iu^aj,  do  fhiarfuighis-sa  R. 
iT.  nir  crochus  R.  dolabras  R.  Eg.  do  chûartaigesa  [-Xusai]  dochûa- 
dma  R.  fiiarui  R.  tucu5  Eg.  benu5  Eg. 

2  SG.  do  ibhis,  tanccais^  facais.  R. 

3  SG.  T  perf.  adubflirt,  atb^rt.  now  lost  in  fâr  érigh  [when  he  rose)  R. 
do  fhiarfaidh,  do  adnaic,  do  aircc  ifrin/i  —  «  he  despoiled  hell  »,  This 
tense  and  person ,  found  in  at  least  83  différent  rerbs  agrées  with  modem 
forn^Sy  ihat  only  thefollowing  need  be  noted.  dochoid  R.  16]  dochûaidh  R. 
14^  Eg.  (always),  Dérna  R.  (2)  Eg.  (3I  dernaidh R.  dernaid  Eg.  Dorinne 
R.  Eg.  dorindi  R.  doroine  R.  Eg.  tesda  R.  tarla  R. 

1  pi.  -mar,  in  6  or  y  instances,  but  do  giuaisimair-ne  Eg. 

2  pi.  -bar,  R.  Eg.  -bhair  Eg.  co  cualabhair-si  Eg.  tinnlaiceabairEg. 
'hBÎr  is  found  m  B.  L.  333a,  rogabsabair,  dodechabair. 

3  pi.  -adar-edar  R.  Eg.-idar  Eg.dernatarR.  dochûad^r  Eg.  d'airge^^r 
[airgîd^r,  d'airgedar],  ar  sàthnedar  [aithnidar]  dogabadtir  [do  gab  siad], 
doguided^r  [guididar] ,  do  cruindîgh^^ar  [crui'nnighdar ,  cruinnîdar] . 
brisidar  Eg.  do  scrisattzr  R.^  gor  scrisidar  R.  Found  in  40  différent  verbs. 

Fut.  redup.  i  sg.  atbér  R.  It  infects  once,  doberdhuitsi  R.  rachat -sa 
R.  Eg.  Newform  on  this  model.  laiberatt  R.  indeosatt  [innéosad-sa] . 

2  sg.  Redup.  dogebuir  [-bair]  (3),  fogebuir.  B.  iairfair. 

3  sg.  Redup,  dobéra  (4),  dogéba,  dogéna  (2),  ni  léroha  [leama],  do 
Fdchaidh  Eg.  co  fhuidhbe  [fuighe]  R.  Eg.  (2).  B.  fut.  ticfaidh  (3)  tiuc- 
faidh  (2)  S.  fut.  nôcoti  R.  Eg.  [2).  New  form  dochtngeolaidh,  rigeo- 
chaidh  R.  éreocha  [eireôcha]  R.  Eg.  (4).  This  last  used  to  possess  an 
S.  fut,  indeosaidh  R . 

3  sg.  rel.  Redup.  rachu^,  B.  thicfu^,  tiucfus,  thuillfes.  'New,  choid- 
éoltts  (shall  sleep]. 


214  John  Abercromby. 

2  pi.  uair  dogéntaig/i/  [do  dhe/itai],  tràth  dogentaidbisi  [dodentai  si], 
congébthaighi  [co/igebtai],  anfuidhi  [anfaidhtaf],  da  cuirfuidhi  [cuirfidb 
sibb],  con  impôdha  sibsi  R.  comuillfii/ze  [comaillfidhe] . 

^  pi.  Redup.  congébuitt  R.  tiubraid  R.  dogebatt  [-bîd],  dogenaid, 
Eg.  B.  sennfitt  R.  cuirfid  R.  Eg.^  etc.  New-  indeosaid  R. 

CoNDiT.  3  sg.  Redup,  dogébadh,  dorachadh.  Newform.  éiréhadh  [eireo- 
chadh  R.  do  ïmeochadhR.  do  slainéoch^^/i  R.  B.  cond.  as  in  modem 
language,  except  mnlohadh  Eg .  [would  turn) . 

1  pi.  -mis  R    (3)  -mais  Eg.  ()1. 

3  pi.  -dais,  -dis.  con  impâdhbaidis  R.  inneosdais  Eg. 

Près.  subj.  2  sg.  da  tucair-si,  muna  fédair,  mona  àechair  R.  bul 
ma  dochi  tii  R.  Eg. 

3  sg.  muna  derna  R.  Eg.  muna  dena  Eg.  cidbé  dodéna  R.  Eg. 
muna  baca  [hinder],  da  n-abra,  nach  fuidbe  [faighe],  no  co  fagha  Eg. 
muna  ithe,  da  teithe  Eg . 

3  sg.  hab.  né  co  n-eirghenn  an  ri  R.  innu5  nâch  roichtnn  duine.  Eg. 
pi.  nà  go  roichenn  [roichid]. 

2  pi.  do  dentat  si  Eg. 

^  pi.  mi/ia  beiritt  [beirid],  ce  deraid,  gé  aderaid,  in  uair  thigid,  ima 
faicett  [facaid],  da  facaid  Eg. 
IMPF.  SUBJ.  I  sg.  co  fuidhind  R 

3  sg.  nach  âignedh,  condingenad  [con  dingnedh]^  da  fhiarfuidhei/i  da 
cuiredh,  da  tucadh,  n6  con-eirghedh,  etc. 

3  pi.  dân  demdafs,  da  faghdafs,  con  dignidis,  mar  do  ghendais 
R.,  etc. 

Passive.  The  olderform  ofthe  I.  conj.  is  till  occasionally  preserved,  es- 
pecially  in  R.  Though  a  distinction  y  lost  in  the  modem,  language^  is  stili 
made  between  the  sing.  and  pi,  the  l  is  often  left  undotted  from  the  sign  of 
abbreviation  being  placed  over  it,  and  even  without  that, 

3  sg.  pr.  ind.  ab^rar[abartarj,ad^rar[admar],  doberar  [dobertluzr], 
tiaghar,  but  also  berthjr  tegth^r,  tîaghthar  Eg.  dognither  (4),  donit^r 

(3)»  etc. 
3  pi.  dobert^r,  dogeibier,  léicct^r,  etc. 
IMPERF.  This  tense  is  now  the  same  as  the  modem ^  R.  alone  has  a  sur- 

■ 

vival' dsi  mberthea  [dambmhai],  indus  co  n-aibertai  R.  Eg.  adertha^ 
Eg.  dfan  gorthi[dan  gofrtai],  dangairthi  Eg.  ni  r^chtai  Eg.  gofaghtai 
Eg.  do  cuirthi[cuirtha{],  is  minic  do  tr^scarthaidh  Eg.  no  co  mbennaighti 
é  7  co  crothtaighi  uiAidiment.  R.  do  marbhthai  Eg. 

PRET.  Ofrare  occurrence.  Ends  in  -adh,  -edh,  -idh  (1).  do hadhnaicidh 
[hadhla/ce^/z]  Eg.  (2)  rucedh  Eg.  nach  facuj  R.  from  a  adchess  ».  Still 


Versions  of  Sir  John  Mandevilles  Travels.  i  \  5 

used  in  Connaughty  Molloy  gr,  p.  114,  and  in  paris  oftht  Highlands  wiîh 
the  négative^  as,  cha  n-fhacas  i . 

FUT.  Redup  gébtar,  fogeb^r,  New  form.  ni  habéortar  Eg.  B.  fut.  cuir- 
fidht^r  [-fidhthear],  rigfidhter  Eg.  (but  rigeochaidh»  R.  in  correspond, 
passage)  oilfidhter,  etc. 

CoND.  cori'Bihénaidhe  [co  n-ab^rthi],  co  ceinneochaidhe  [-chaigbi], 
ina  cuîrfidhthi  Eg.  cœinfidhe  R.  Eg.  co  léiccf idht,  R. 

Déponent.  This  class  ofverb  fias  disappeared,  excepî  in  3  sg.  pr.  ind. 
ni  iider  [fixer]  duine  ar  doman .  65.2,  69. 3 . 

3  pi.  nac/i  fid^r  {beasts  ihat  know  not)  61.4. 

The  verb  «  to  be  ». 

3  sg.  pr.  emph.  hab.  hi,  bîdh,  bith.  3  pi.  bid  fréquent  in  R.  Eg.  Is 
used  with  the  négative  and  in  combinat  ion  with  the  rel,  or  with  a  prep.  in 
the  same  way  as  «  fuil  »,  but  differs  front  this  by  implying  habit  or  state  of 
permanence,  The  modem  form  isused  once  in  Eg.  cathair  ambi  [anambinn] 
sédoghnath.  69.4.  Eg  145.  3.  3  sq.  rel.  bis  R.  Eg.  icommon). . . 
3  sg.  (older  form)  fil  is  now  always  fuil  and  has  the  sameforms  as  the  mo- 
dem verb.  2  sg.  fuil/r,  3  sg.  fuil,  ni  fhuil,  ina  fhuil,  co  fuil,  nach  fuil, 
mara  fuil  [marabhfuil],  etc.  i  pi.  co  fuilmid  R.  Eg.  3  pi.  fuilitt  R. 
fuilet  R.  (3J  fuilid  R.  Eg. 

Pr.  3  sg.  atâ  R.  Eg.  3  sg.  rel.  oldas  R.  (1)  ['naj.  6s  R.  (2).  2  pi. 
atathai  Eg.  3  pi.  atâtt,  ataitt  R.  ataid  Eg.  rel.  oldatt.  R.  (2)  ['naj. 

IiiPERF.  3  sg.  abs.  ancein  dobi  'na  beathaigh.  53.3.  incein  do  beth 
se  lentnain  a  chéile.  53.2.  Eg.  129.3.  Adub^trt  sin  nàr  heth.  5^.3. 

Marnach  b^/A  ac/ir  sib^/ lai  co  leith.  ^6.2.  Eg.  132.  innus  comheth 
an  t-adnacui  is  tig.  58.1.  an  fedh  do  heth  agiabhairt  ris  R.  Eg. 

As  copuLA.  comadh,  damadh  ;  do  bud  trûagh  R.  Eg.  do  bud  ingnad 
le  duine  R.  Eg.  ni  budh  ludhaidhi  iany  smaller),  Mar  budh  amadàn  é. 
R.  mar  budh  finemaZ/i.  R.  Eg. 

3  pi.  abs.  da  mb^(idis  [be^is],  mar  do  betais  H.  innus  combatifs  slàn. 
R.  ama//  do  hedis  Eg. 

Prêt.  1  sg.  emph.  do  bâdhu^  (1)  do  bâdhu^a  R.  Eg.  (4),  ni  rabhusa 
[fabhus]  3  sg.  dobôi  R.  dobi  R.  Eg.  mara  roibi  R.  dia  roibi  R.  a 
roibi  R.  ina  raibhe  Eg.  mara  roibhe  Eg. 

1  pi.  dobadhmar-ne,  Eg. 

3  pi.  dobâdar,  ina  rabhadar,  co  rabhad^r  R.  Eg. 

AS  COPULA.  3  sg.  do  bu,  do  budh,  do  bod  [ba]  môr,  do  budh  [ba  mô 
fa|  mile  m6,  dob  [ba]  ferr,  ar  bo  hé,  do  bo  déighleis  R.  Eg.  cor  [gurop] 
bcn,  corab,  nirb  R.  Eg.  corb  [giir]  ferr. 


2i6  John  Abercromby, 

Future,  2  sg.  emph.  Aduba/rt  sisi,  nî  beirat  len/iàn  acam*sa  nocom- 
heir  [combia  tu]  at  rideri .  55.  3 .  Eg.  131.2. 

3  sg.  abs,  only  found  once  6ir  biaidh  bar  Crist  féin  inarfharrad. 
62. 1 . 

3  sg.  conj.  ni  bîa,  combia  (2)  munabia  (2),  dambia  (5)  R.  Eg. 

}  sg.  rel.  bfas  Eg.  [i). 

3  pi.  emph.  adeniid  combeci  [combia  an]  cnsfaighi  fa  IdhakzM  an 
uair  sin.  69.  i .  Eg.  144. 2  acht  muna  beit  [béidj  dœine  galar  no  eslana 
acu.  61 .  5.  Perhaps  this  last  is  3  pi  subj.  abs.  Cf.  act  munabé  [bhia] 
duine  acu.  57.  i . 

Condition  AL.  /  hâve  not  been  able  always  to  distinguish  this  from  tht 
impf,  subj,  which  was  being  gradually  replaced  by  the  former. 

3  sg.  conj.  emph,  andcop.  Do  heth  duine  re  huidhi  tri  là  6  Priuis. 

61 . 1 .  adm'tt. . .  muna  labrjd  [i,e,  God)  comheth  balb  7  co  fuit  spiral 
ann  7  muna  \>eth  nacA  heth  hetha.  61.4.  is  do  thalmam  caithid  a  cuid 
docum  cumad  mnfhuaire  doibhé  'na  heth  ar  bordaib.  )6.\.  budh  doigh 
leo-san  comheth  sid  acu  fein .  53.3.  Eg .  1 29.4 . 

I  pi.  bid  sin  (i.  e.  the  Pigmies)  ag  denum  fanamâid  futhu  amai/do 
be^Amaisne  fa  aihachâ/M  .Eg.  141. 2. 

3  pi.  ni  budh  lughaitti  do  beitis  [-ti's]  ina  maighdenuib  é.  .61.2.  Eg. 
1 37.2.  mar  do  bàdjr  eus  aniugh  fa  dœire  7  fa  es-an6irimperfiA  7  righ- 
thidh,  combeddis  an  muinter  CfWna  fa-d  dœirsi-si.  67. 1 . 

iMPERATiVE.  3  sg.  bidh  R.  Eg.  [fréquent'^  —  na  bi  Eg.  na  [ni|  bidh. 

Près.  subj.  3  sg.  cidhbé  R.  Eg.  (fréquent)  —  act  muna  bé  [bhia] 
duine  acu.  57.  i. 

Cop.  corab,  cor,  gor,  gur.  The  pronoun  is  sometimes postfixed  and  might 
be  written  separately.  Masc.  corabé  an  itWsiimh.  54.4.  corabé  an  Dia  sin. 

61.2.  Fem,  gorabï  an  comairle  is  ferr.  54.3. 

3  sg.  rel.  emph,  bes  R.  (1).  cidhbé  ainn  bes  [bhisj  aran  imp<re68.i. 
As  COP.  an  dair  bus  [is]  ail  leis.  58. 1 .  in  cac/z  inadh  bus  [i/ibudh]  âil  leo. 
66. 1 .  This  for  m  is  classed  in  O'Don,  Gr.p.  160  as  fut.  Through  it  implies 
futurity  it  is  the  continuation  of  the  older  3  sg.  abs.  conjunctive  pr.  bas.  3 
pi.  act  muna  beit  [béid]  ?  {fuoted  above. 

INFINITIVE.  Do  beith  R.  (2^  do  beth  Eg  (il.  Elsewhere  never  written  in 
fulL 

Prépositions. 

It  is  not  easy  to  characterise  thèse  parts  of  speech  from  the  fluctuations  in 
spelling  in  both  Mss.  Both  use  the  dat.  where  an  ace.  was  once  necessary  — 
tre  mirbuiAb/i  R.  Eg.  tri   [tre]  grasaib  —  maille  re  grassaib.  R.  tar 


Versions  of  Sir  John  Mandevillé's  Travels.  2 1 7 

[sech]  mnaib  —  ima  [uma]  cennaib  R .  Eg.  (6).  Both  occasionally  use  the 
^  sg.  M .  for  the  uncombined  form^  especially  with  fô,  tri. 

The  f  in  a  for  »  is  only  found  twice  in  R.  ar  [for|  (3),  ara  [fora]  (2)  air 
[fairj  (3),  uirre  [fuirre]  (j)  fuirri  Eg.  (1),  orra  [forra]  (4)fortho  Eg.  (1). 
Both  use  «  ar  »  instead  of  «  for  »  —  ar  neitn  [in  heaven)^  ar  crannaib, 
ar  an  leic,  ar  fairgci  (2)  ar  muir^  ar  bordaib  R.  Eg.^  etc. 

On  the  other  hand  the  f  in  «  firî  »  is  oftener  retained  in  R.  than  in  Eg. 
fris  [rfs]  in  —  frim  [rium]  —  friu  [r/u]  (6),  friutt  [riut)  —  maille  rib 
Ifribh]. 

Both  drop  the  i  of  «  iar-n  »  in  participial  constructions,  though  some- 
limes  retained  in  Eg.  ar  ndenam  R.  Eg.  [41  iar  n-denum  Eg.  ama  faic- 
sin  R.  Eg  (2)  ar  [iar]  faicsin  —  ar  vtAïeth  [iarna  heth\.  Otherwise  it  is  re- 
tained —  iarna  breith  a  mie.  R.  iarna  [tareis  a]  hreith.  But  in  this  sensé 
anothtr  prep.  as  «  tareis  »  is  more  commonly  used  in  R .  Eg. 

0,  ua  —  3  sg.  M.  ûaidh  (9)  [uadha]  113)  4  Mas.  A.  D.  1476.  3  pL 
uatha  R.  (2)  Eg.  (1]  [uathaibh]  (i). 

Fô,  fônR.  [12]  Eg.  ()).  fà,  fànR.  (5)  Eg.  (23I.  3  sg.  M.  f6î,  fài 
R.  Eg.  used  apparently  indiscriminaîely ^  as  the  stress  lay  o/ir/re  «  i  »  — 
Irreg.  use  of  this  form  —  faî  an  [fan]  tumba  sin  —  fân  [fai  an]  carpat. 

le,  icea  R.  (17).  Eg.  (1)  ae,  aea,  ag,  aga  R.  (6)  Eg.  (22). 

The  irreg,  use  of  «  trit  »  for  «  tri,  tré  »  is  commoner  in  Eg. 

tri  [trit]  maehaire  —  ire  jtrit]  fhâsach  —  tri  na  [trit  a]  chéile  tri  [trit] 
Cammayn.  trit  an  |in]  talm^in.  3  sg.  F.  trithe  [trit  a  larj.  trit  tir  R.  Eg. 
trit  coillti^A  Eg.  trit  broinn  Eg.  trit  na  fàidbibh  R.  Eg. 

im,  ima  R.  (14).  Eg.  (1).  um,  uma  R.  (1)  Eg.  (9).  i  sg.  umamm 
R.  Eg.  3  pi.  impu  R.  (i)  umpa,  umpu  R.  (i)  Eg.  (^]. 

Re-n,  Rem.  3  sg.  M.  reime  (>)  [roime]  (5^.  3  sg.  F.  reimpi  R.  (i). 
roimpi,  roimpe  R.  (1)  Eg.  (2,  —  Reim  [roimj  R.  (2)  Eg.  [4).  ria-n 
(roîmj  geinema/zi  —  ria  n-a  [roim  a]  réic. 

Somelimes  différent  prep.  are  used. 

eoiméd  [ro]  ger  ae  na  [ona]  Serrisiin^chuib  —  can  chett  on  [don]  t 
Sabhdân  —  an  aimser  far  [inar]  culredh  —  eéd  r6s  tainiec  ar  [isin]  do- 
man  —  iar  mbreith  a  m/c  [an  diaidh  a  mie  do  breith]  —  don  [arin]  tâob 
tes.  (4I  —  do  ben  min/ia  da  shiâir  fa  [ima]  marhadh  uile  —  an  erann 
anar  [rer]  croch  Jûdàs  é  fein  —  inar  [marar]  hadhnaiee^/A  a  taisi  —  (21 
tar  fstfch]  a  ehele  —  tar  [seeh|  mnaib  —  do  marbh  [he  tre  (don]  meisei 
—  fa  cenn,  imachenn  are  used  in  R.  Eg.  apparently  without  distinction. 

Comparison. 
In  3  instances  R.  préserves  older  forms  ^-  is  ferr. . .   oldâtt  ['na]  —  is 


2i8  John  Abercromby. 

mé  ihiobus  se  na  fisicci...  oldàtt  ['na]  —  nach  mô  cumacbtaanPapai... 
oldas  l'na]  —  In  both  ihe  modem  Munster  nisa  is  used,  though  not  inva- 
riably  —  da  céd  hliadhna  7  ni'sa  mé.  Eg.  Nîsa  mô  ina  ['na]  céd  mile.  R. 
Eg.  (2)  —  Ni  is  lugha  [nisa  lugha]  'na  sin  —  ni  is  ferr  ina  ['na]  —  nis 
airdi  ^na  in  t-œr.  R.  The  old  3  pL  tel,  found  in  —  is  soiriu  indate  idail. 
Ml.  ^4^  seems  transmitted  in  «  inaid  »  —  Ni  lamhaid  Idhail  anaid  [inaid] 
Cristaidhi  tadhall  indti.  58.  ^  «  But  the  Saracens  will  not  suffer  any 
Christians  or  Jews  to  corne  therein  n  —  is  imdha  Io/7ga,  nâch  gile  snec/ifa 
i/iàid,  isin  c^thmr  sin.  66.  2.  «  Another  city. . .  in  which  is  a  strong  navy 
of  shipSy  ail  whiîe  as  snow  »  —  7  is  mô  anaid.  u.  mile  a  fhadd.  6^$. 
[7  is  mô  'na  .u.  mile  oilén  atâ  annsan  Innia]  Eg.  1 39.2. 

7  is  ferr  iatt  inaid  [nàid]  no  leomâin.  56.1.  [and  they)  \i,e.  the  pam- 
piones)  are  better  than  they  are  {i,e.  than  dogs),  or  than lions). 

is  sia  R.  (3)  Eg.  (1]  [faide]  Eg.  (2).  In  MoU,  gr,  p,  55'  nios  fuide /5 
given  as  tfie  comp.  of  fada  in  Connaught^  while  a  sia  »  û  treated  as  a  posi- 
tive^ but  in  Kerry  it  is  still  a  comparative. 

The  comparative  of  equality  is  sometimes  turned  by  a  négative.  An  example 
has  been  given  above.  Another  one  is  —  Atait  cairidh  annsa  àilen-sa  nach 
mô  dam  'na  gach  cœra  dibh.  Eg.  146.2.  «  Among  those  giants  are  sbeep 
as  great  as  oxen  hère.  »  The  comparative  is  also  used  to  translate  «  before  ». 
ni  is  lûaithi  na  rucadh  Josyas.  60.4  «  Before  Isaac  was  born  »  This  may 
be  compared  with  —  cor  lab^/r...  Isa  Cm/  mar  is  luaithe  co  mgadh  é. 
Eg.  I  J7.2.  «  They  also  say  that  J.  C.  spake  so  soon  as  he  was  born.  » 

Nowfollows  a  list  in  which  the  2  MSS,  vary  in  vocabulary.  Though  tri- 
fling  enough  in  some  instances^  forbidding  one  to  lay  too  much  stress  upon  the 
différences  when  they  occur  but  once,  they  ought  I  think  to  be  registered,  They 
are  arranged  alphabet ically . 

1 .  Adhlacadh,  as  a  subs.  or  in  a  verbal  form  is  found  1 8  times  in  R.  but 
30  in  Eg.  Adhnacul,  as  a  verbor  subs.  R.  (23)  Eg.  (14].  In  the  4M.  the 
latter  is  the  usualform  between  1400-1 500.  The  former  only  occurs  4  times 
in  that  interval. 

2.  da  aimdeoin  [da  ainndeoin]  (r).  The  former  is  the  only  form  in  the 
4  M,  between  A.  D.  1400-1 500.  The  latter  is  ihe  High.  GœL  form  in  Mac 
Leod's  and  Mac  Alp,  Dict.  —  dia  handeoin  L.  L.  579*». 

5.  Aire  [*  sbéis]  (1).  Eg.  uses  a  modem  word,  not  quite  synonymous, 

4.  aird  espuig  [suibespufg/z]  (i).  The  subject  is  the  archbishops  of  the 
greekchurch.  //suib  =  sâib  {false)  it  is  the  expression  of  feeling  the  Eg. 
scribe  enter tained  towards  the  Eastern  church.  But  cf.  the  forms  suihscelidh^ 
syhiscelidh  R.  [EvangelisV. 

5.  ar  R.  ^4]  [bhar]  Eg.  [61  R.  (2).  Perhaps  misreadings  on  the  partof 


Versions  of  Sir  John  Mandeville's  Travels.  1 1 9 

àt  R.  scribe,  but  in  the  mod,  language  the  bh  in  «  bhur  »  [yoar)  is  no 
longer  heard 

6.  aoileach  [2]  [*bualtacb]  (j)  R.   (i).  The  former  is  the  mod.  High, 
gael.  Word. 

7.  as-u/nla  [a/i-umU]  (i).  Former  is  the  mod.  High,  form;  the  latter  oc- 
curs  in  the  4  M.  A.  D.  1497. 

8.  œgjridhedh  [buachaille]  (1).  The  word  œgaire  [skepherd)  seems  to  be 
falling  oui  of  use  in  the  north. 

9.  do  bhlid  [do  c/zrudh)  (2].  The  former  is  the  mod.  Connaught  word  : 
ihe  latter  is  used  in  Munster. 

10.  in  a  ccèimthec/i  [do  Ianamnu5]  (i) .  Same  remark  applies  as  with  8. 

11.  .un.  coindléorud  [coinnelbra]  6ir.  Latter  agrées  with  the  caindeïbtà 
ùfCorm.  O'Dav.  gl.  the  former  with  c^mdlàir.  Wb.  24*»,  31**. 

12.  coinger  dhamh  [cuig  daimb]  (1).  Probably  amisreadingby  the  Eg. 
copyist  as  «  coinger  »  is  still  current. 

\].  documall  (21  Eg.  (i)  [coimlinadh]  (1)  —  3  pi.  coimlitt  [4]  [com- 
linaii]  [\]  [coimlid]  (3;.  The  mod.  form  is  introducing  itself  in  the  north. 

14.  fa  dœire  (2)  dœirsi  (2)  [fo  dairsî]  (4).  Same  remark  applies  as  with 
\].but  the  new  form  has  also  invaded  the  south, 

15.  'sa  doman  [ar  tûinn  lalman]  (1).  Duillé  (3)  Eg.  [2)  [duilkbur]  (i). 

16.  *  Essgamhain  [easganna]  [eels], 

17.  na  fochair  [faris]  —  for  numerous  examples  y.  *  Far. 

18.  *forgnem  [tighthi].  Former  found  5  or  6  timesin  4  M.  between  A. 
D.  1400- 1500. 

\^.  * graihhél  igravel)  (6-  [gainimj  (5)  [gabriel]  (i).  A  word  borrowed 
from  the  english  in  the  south  and  not  y  et  current  in  the  north,  though  it  isnow. 

20.  impîri  [imp/r].  Both  the  M.  and  F.forms  y.  Index  Tog.  Troi)  are 
usû  in  R.  but  only  the  former  in  Eg. 

21.  lerahlachta  [lemnachta]  (1).  Former  used  by  Cormac,  the  latter  by 
Keating.  v.  Wind.  wôrterb. 

22.  lûdacàn  [mer  bec]  (0.  The  old  word  still  retained  in  the  South. 

23.  *mainer  [cinel]  (i).  Same  remark  as  at  19. 

24.  ar  môrgad  [ar  wbrenadh]. 

25.  namâ  [amain]  (i).  Same  remark  as  for  22. 

17.  ina  n-oi!ur  [ina  hethaidhià]  coin  {where  they  rear  dogs). 

27.  preUidhi  (4^  Eg.  (n  [plerâide]  (3). 

28.  smiSainedh  [smuaintiugW/z]  (1).  The  latter  seems  new. 

29.  ni  *soghai/ig  [hurusa]  read  dh  for  gh.  Not  a  common  word  and 
liable  to  be  misunderstood  in  the  north. 

30.  StiaiQna  [Sdefain].  Old  form  retained  in  the  South. 


220  John  Abercromby. 

31.  *ugra[agra]  (i).  Bothfound  mWb,  as,  tacrc  Wb.  25'.  N.  pi. 
tacrae  Tr.  81.  acre  Wb .  9«. 

32.  do  tbaisselbh  [thaissben]  (1} .  The  latter  still  current,  so  the  forma 
wasfalling  ont  of  use^  except  in  the  south, 

3}.  Tigemw  [*tigerntiw]  (2).  Latter  occurs  Ann.  L.  Ce  A.  D,  1495 
but  not  in  4  M.  between  A.  W.  1400-1 500,  Seems  a  new  formation. 

34.  ina  tesdasi  [ina  tursi]  «.  where  she  died  ».  Jursi  cf  tairisidh 
ends,  closes,  finishes,  tairisitn,  îstop  at,  end.  O'R.  Dict.  supp. 

Such  then  is  the  material  afforded  by  two  contempory  documents,  co- 
pied  probably  between  1477  and  1484^  for  forming  an  idea  of  the  con- 
dition of  the  language  in  the  north  and  south  ofireland.  Compared  with 
the  conteroporaneous  portions  of  the  4  Mast.  The  Ann.  of  L.  Ce  and  the 
B .  of  Fenagh  the  most  striking  points  are  the  total  absence  of  S,  as  a 
sign  of  the  prêt,  except  in  the  1,2  sg.  the  absence  of  the  verbal  par- 
ticle  «  ro  »  in  R.  its  extrême  rarity  ($  or  6  times)  in  Eg.  the  absence  of 
«no  »  in  Eg.  with  its  single  occurrence  in  R.  In  every  page  of  the 
above  Works  forms  are  met,  like  dernsat,  tucsat,  4M.  A.  D.  1490,  ro 
eirighset,  ro  innsaighset  Ann.  of  L.  Ce  A.  D.  1497,  ro  boi,  ro  gabh. 
B.  Fen.  p.  284  totsat  p.  324.  r\6  caithedh,  4  M  1472.  down  tothe 
time  of  Keating,  who  wrote  about  1 50  years  later. 

It  is  easy  to  suppose  that  Fingin  0*Mahony,  devoting  his  time  to  the 
study  of  Latin  and  English,  had  comparatively  little  leisure  togive  to  his 
own  native  literature.  His  style  therefore  would  be  more  coUoquial,  less 
tinged  with  archaisms,  less  influenced  by  the  traditional  phraseology  of 
the  professional  ollamh . 

It  is  ratherremarkable  ho  w  the  great  characteristic  différence  between 
the  modem  northem  and  southern  dialect,  the  substitution  of  -idh  by  -ig 
in  the  3  sg .  fut  and  prêt .  as  well  as  in  other  words  with  like  termina- 
tion,  the  substitution  of  -igh  by  -ig  in  G.  sg.  N.  pi.  of  nouns  in  -^ch^  is 
not  apparent  in  R.  though  an  undoubted  southern  copy  of  a  Munster  ori- 
ginal. Yet  there  is  reason  to  believe  this  pronunciation  or  something 
nearit  was  heard  in  speaking,  if  seldom  written.  The  exact  modem 
Munster  sounds  are  found  in  Tog.  Troi  in  the  3  sg.  prêt,  rachualaig 
781,  atchualaig  1016,  1027,  cofaccaig  1026.  It  is  improbable  this  sound 
should  develope  out  of  a  silent  -dh.  The  intermediate  sound  would  be 
the  slender  sonant  guttural  -igh.  An  example  of  an  aspirated  guttural 
reverting  to  its  simple  state  is  found  in  N.  pi.  sualchi,  G.  pi.  sualcbe 
Wb.  29'  2  2',  now  subhailce.  To  judge  |from  the  ch  in  dofholchatar  R. 
dochennchadar  R.  homfolaigim,  cennaigim,  the  -igh  of  the  3  sg.  was  a 
sonant  guttural;  in  the  Highlands  it  is  -ich.  Though  dh^  gh,  are  cons- 


Versions  of  Sir  John  Mandeville^s  Travels.  22 j 

tantly  misused  in  R.  Ëg.  this  is  of  the  rarest  occurence  in  verb  termi- 
nations  which  shews  a  correct  tradition  was  still  strong  in  that  parti- 
cular,  what  ever  the  pronunciation  might  be. 

IntheusefuI  grammar  of  M^  J.  Molloy  (1878)  will  be  found  inte- 
resting  lists  of  différences  between  the  nortbern  and  southem  provinces. 
But  I  roust  confess  that  what  is  now  characteristic  of  the  north  is  to  be 
found  in  R.  and  what  ought  to  distinguish  the  south  iinds  place  in  Eg. 
though  there  are  aiso  instances  ot  correa  correspondence.  Yet  it  should 
net  be  left  out  of  mind  that  a  Breifny  scribe  might  copy,  what  he 
would  not  Write  at  first  hand,  though  it  cannot  be  denied  that  by  repro- 
ducing  a  particuiar  form  he  gives  it  a  certain  measure  of  approval  and 
sanction. 

Abhlan.  a  wafer.  ace.  sg.  mar  dobert^r  accain/ie  an  abhla/i  [in  abha- 
lan/i]  re  hagaidh  an  bais.  55.1.  Eg.  130.4.  Occurs  in  the  Bible.  Ex. 
16.31.  Lev.  3.26,  ace.  pi.  abhianna  Lev.  7.12. 

AS,  the  liver,  gen .  pi.  ?  in  spongia  inarcuirei/i  in  dombiâ;  œ  7  i/i  aig^/ 
docum  in  tigerna  Eg.  129.3.  «  ^^^  sponge  and  the  reedwith  which  the 
Jews  gave  our  Lord  vinegar  and  gall.  »  M\  Stokes,  Rev,  celt.,  V.  p.  248 
notes  «  ôa  jecur  »  as  a  very  doubtful  word.  In  a  rather  différent  form  it  is 
found  several  times  as  a  pL  noun  in  Bedel's  Bible  (Ed.  1685).  gen.  pi.. 
=  sg.  6s  cionn  na  nâe  scairt  na  nàe.  Ex.  29.  13.22.  dat.  pi.  tre  na 
âeibh  through  hisUver  Prov.  7.23.  annsa  hâeghibh  Ez.  2 1 . 2 1 .  i4n  example 
ofthe  meaning  of  «  caebb  »  in  the  gloss  caebb.  00.  (gl.  sicut  iacur)  Sg. 
6^.  is  found  I  think  in  —  Mo  cride  !  is  coep  crô  a  haithle  in  inair  truaig 
on  diu  coti  brath.  L.  Br.  141.1.  a  dot,  lump,  mass.  So  the  words  may 
mean  «  a  dot  [or  lump)  of  [i,e.  like)  2  O's  »,  from  the  divided  condition  of 
the  livet.  The  représentative  of  «  jecur  »  is  perhaps  to  be  found  in  «.iuchair  » 
fish  spawn.  Serv.  and  Alb.  ikra  Miklos,  For  change  of  meaning  cf,  gœl. 
grûan,  the  liver  and  W.  grawn,  berries,  fisht  roe. 

ACFUiNOECH,  adj.  able^  expert,  potent.  Gœl.  die.  having  tools,  0.  R.  N^ 
Sg.  is  saidbir  acfùi/id^eh  [acfâinach]  ri  in  tiri  sin.  65 . 1 .  Eg.  140.2.  cf. 
accmaing.  T.  Troi  index. 

AGRA,  V.  *  TAGRA. 

AiTHÎMRâDH,  mutinous  language,  G.  Sg.  nac/r  eistfidis  sin  œn  fhocai 
gotha  [na  aithimraidh]  aran  imp/re  co  brath.  67.3.  Eg.  143. i.  «  that 
none  of  them  shall  hear  any  thing  spoken  contradictory  to  the  emperor  without 
tellingitanon  ». 

-ANA.  Dolabras  do  righdhecA/  Maghnais  Cinus  anûasana  63.3.  Cf.  Si- 
sana  below.  Index  T.  Troi. 

AN-MâiNEACH,  adj.  poor,  barren.  N.  sg.  As  an  roaineach  gainmidhe  in 


2  22  John  Abercromby. 

tire  (read  t-ire  ?)  sin.  Eg.   r37.i.   «  Tariary  is  a  batren  country  au 
sandy  d. 

ANNALADH,  S.  «  â  date  ».  Gen.  sg.  doreir  an  ainnaAaidh  dobi  annsa 
clàr  féin.  54.  4.  «  the  date  when  it  was  laid  in  the  earth..,  the  plate  is  still 
preserved  ». 

ANOSA,  adv.  now.  Ant-sligA«  [anosa]  6  Troposonda  co  cathair  Artirôn. 
62.4.  Eg.  I  î8  4.  a  Whoever  will  go  the  direct  way  must proceed  from  Tre- 
bizond,..  toa  city  called  Artyroun  ».  Exurgît  nunc  ordo.  gl.  atraig  innossa 
in  t  -ord.  L.  Br.  277»  =:  indo[r]sa.  Asc.  Sg.  cod.  p.  147. 

ASNACH,  s.  the  ribsf  N.  sg.  ata  asnach  daine  'san  bail!  sin  a[inaj 
fuilit  da  fichet  troigh  ar  f^d  [in  gac/r  easna  dibh].  j6.2.  Eg.  132.1. 
a  a  rib  of  whose  side  »  etc.  gen.  pi.  bid  boghadha  acu  dian  esnach 
[d'asnacA]  maranc^^na.  69.2.  Eg.  145-r .  «  0/  their  ribs  men  makebows  ». 
Perhaps  a  collective  like  ramach  (a  set  of  oars),  seisreach  (set  of  6\ 
teinntach,  toirnnech  [flashes,  peals  of  thunder  and  lighbning]  ellach  (catlle 
cf.  elta). 

Âtaim  /  swelL  3  pi.  prœt.  Do  gab  idhroipis  adhuthmhâran  t-  Irhâath 
sin,  cor  atad^r  7  cor  loghadar  a  boill  uile.  58.4.  An  addition  to  the  ori- 
ginal, From  Josephus  or  Eusebius  Ecc.  Hist.  B.  I.  C.  Vil. 

AURESBADH,  S.  misslng,  deficiency.  Dat.  sg.  ni  fuil  ni  'sa  doman  m 
auresbâ^/t  acht  ffn  Eg.  140  2.  «for  of  ail  things  there  is  plénty,  except 
wine  ». 

BACAiM,  /  hinder,  prevent.  cf.  baclam  gl.  mancus.  Sg.  23I*.  j  sg.  pr. 
sbj.  is  m^rsin  dognither  ris  in  fer  6  Xéid  a  bean,  muna  baca  an  be^n  é. 
64. 1.  3  pi.  prœt.  no  go  bacad^r  daine  glicca  din  é.  Eg.  146.  4. 

BADHUN,  s.  a  walled  enclosure.  Ata  léthe^  badbun  ard  daingen  fairsing 
ina  timchell  fa  cuairt  7  gardha  ro  alainn  ara  taibh  astigh  don  badhun. 
Eg.  145 .4.  «  He  had  caused  the  mountain  to  be  ail  walled  about  with  a 
strong  and  fair  wall,  within  which  walls  he  had  the  fairest  garden  that  might 
be  imagined  ».  O'Cl.  has  «  bâbhun  »  to  explain  «  sonnach  »  awall,  en- 
closure. O'Don.  Supl.  Literally  «  cow  fort  »,  M'.  Hennessfs  note  Ann.  L. 
Ce  A.  D.  1494.  Dat.  sg.  isin  mbadhbdiln.  4  M.  A.  D.  1434. 

BECC,  s.  a  d  river  »,  a  beck.  Dat.  pi.  Eitil  .1 .  an  abhann  is  mé  do 
beccaib  [becaibh]  ar  talm^m  68.2.  Eg.  143.  4.  «  The  river  Ethille, 
which  is  one  of  the  greatest  river  s  in  the  world  ». 

BERRACH,  s.  «  recd  T^  cane.  Fâssaigh  berrach  uirre  7  dogebtherfo 
premhuib  na  b^rruidhe  sin  clocha  buadha .  6 1 . 1 .  «  there  are  other  reeds... 
and  hâve  roots. . .  at  the  knots  of  which  roots  precious  stones  arefoand  >.  Gen. 
sg.  ?  do  bith  deoch  maith  eile  acu  doniter  do  preinaibh  na  berruighi  dan 
dentflr  in  siucra.  62.3.  cf.  beura  (gl.  sudes)  Sg.  67*»  berach  no  birdc 


Versions  of  Sir  John  Mandeville^s  Travels,  223 

igl.  venitus)  Sg.  6o«  0.  R.  has  biorraide,  twig^  osier-  biorrach-Iachan 
common  reed  grass. 

BiTER,  3  pi.  pr.  pass.  of  benimP  biim?  [v.  index  Sait,  na  R.).  do- 
geibter  cuitt  eie  dib  an  a  massée  an  uair  hiier  ac  àeàlughadh  an  6ir  7  an 
miânaigh.  63.2.  «  they  oftenfind  hard  diamonds  in  a  mass  which  cornes 
oui  ofgoldy  when  they  break  the  mass  in  small  pièces  to  purify  and  nfine  it 
oui  of  the  mine  »  cf.  ciabetir  (gl.  pulsenlur)  Ml.  54"  17. 

BiTER  3  sg.  pr.  pass.  of  biu  ?  —  Da  n-abradh  indeesincon-éreocha, 
biur  ^hethx\\er  R.)  co  maith  ris.  Eg.  141.  i.  R.  5^4.  «  ïf  the  devil. . . 
answer  that  heshalllive,  they  keephim  well  ».  Thispass.  use  is  foundin  the 
Bible  —  gan  a  fhios  aige,  gur  chum  a  bhàis  a  bhithear.  Prov.  7.  23. 
«  and  knoweth  not  that  it  is  for  his  life  » .  The  pass,  is  used  with  «  ta  »  in 
the  Highlands  —  thatar  ag  ràdh  (it  is  said]  —  deanar  do  thoil  airtalamh, 
mar  thatar  a  deanamh  air  neamh. 

f  BHOBHTiB  '  read  LohhXadhaîh  ?  —  ata  palais  sciamâcA...  7  inad  ama 
dhen^im  ar  bhobhtib  fa  fuilitt  peileir  mbarmair.  54.  3.  Eg.  /i^s  palas 
sdamach...  îna  denaid  giustail  7  bothadha  arda  acu  ann.  Eg.  130.  3. 
ce  ...  the  palace  of  the  Emperor,  very  handsome  and  well  built  ;  and 
therein  is  a  place  for  jousting...  and  made  about  with  stages  and  hath 
stepsabout...  Under  thèse  stages  are  stables  well  vaulted...  and  ail  the 
piliars  are  of  marble  ».  The  word  intended  is  variously  written  Lofta. 
Ezec.  41.  16.  Lobhta  [pron.  Iota).  M^.  Alp.  Dia.  Lota  Gen.  6.  16  : 
1  King  17,  19,  Lochta  (the  munster  pronunciation^  Moll.  gr.  p.  163).  It 
is  borrowed  from  the  Eng.  and  means  a  loft,  gallery,  stage,  upper  room, 
story. 

BUAiNE.  s.  goodness?  d.  buan^.l.  maith  O'Dav.  p.    57.  see  ijuot.  s. 

*MiNE. 

BUAiBALLy  adj.  belonging  to  a  cow.  ace.  pi.  mar  bidd  na  cuirn/i  buai- 
baill  aguinne.  Eg.  145.  i. 

BUALTACH,  S.  <i  COW  dung  ').  N.  Sg.  bis  œilech  [buaitach]  nambô  mar 
tene  do  dith  co/inuid  né  mànad.  68.  2.  Eg.  143.  4.  ace.  sg.  le  bualtacA 
a  mb<S,  ama  x\i\ïm\i%hadh  re  grein,  deisigit  gach  uile  biadh  bis  acu.  61 . 
I.  «  they  warm  and  boil  their  méat  with  horse  dung  and  cow  dung,,,  dried 
bythe  sun  j>. 

BuiDHE,  F.  thankSy  obsequiousness.  gen.  sg.  ni  fuil  tuille  buidhi  acu 
risin  Sobdan.  Eg.  133.  3.  «  they  fear  not  the  Sultan  »  cf.  ni  rothuillisem 
buidi  do  neuch.  Wb.  24^  gl.  neque  fuimus  in  sermone  adulationis. 


I .  In  the  Ms.  there  is  a  Une  over  the  T. 


224  •'o^^  Abercromby. 

CAiDR£BH.  intercoursey  acquaintance^  0.  R.  Dat.  sg.  Do  bod  m6r  a 
thdaru^cbâil  acui/id  ria  siu  ranccamar  hé  7  do  budh  mile  ma  arna  caid- 
rebh  diiinn.  66.  4. 

CAiTHFiD.  —  Sfd  maille  rib  R.  59.  2.  [caithfid  maille  fribh]  Eg.  135. 
;  (Pax  vobis]  John  XX.  21.  The  Eg.  reading  should  probably  be  caithfidh 
sid  maille  fribh  (there  must  be  peace  among  you]  an  early  example  of  ihe 
modem  word  caithfidh. 

CENN-Là,  s.  Maundy  Thursday  —  Cendla  din  (.1.  coena  lœ)...  latbi 
fhlediCrist  7  a  aspolu  uimme.  Corm.  v.  ^MANNoàiL. 

CÉD-MUINTER,  S.  »  the  commofi  people  ».  Is  iatt  .c.  muinnter  téid  isna 
tâibernaib  fat  7  ni  turiW  les  heith  ac  61  7  ic  caithem  fedh  an  Icèi.  61 .  4. 
«  For  the  commons,  upon  festival  days,  when  they  should  go  to  church  to 
serve  God^  go  to  taverns  and  are  there  in  gluttony  ail  day  and  night.  »  This 
meaning  quite  bears  out  Herr  Zimmer's  dérivation,  Kelt.  Stud.  p.  n^ 
that  céd  is  the  same  as  in  cétbuid  =  0.  W.  cant.  Gr.  xaxi.  Michol 
chaem  a  chétmuimer.  Sal.  na  R.  6568. 

cÎR-DUB,  adj.  «  right  black  ».  N.  pi.  is  m6r  in  tir  sin  7  dœinecîrduba 
aitrebu5  indti. .  6).  i. 

-    clasach,  s.  «  a  ditch  #.  Dat.  sg.  bith  gâoth  mot  annsa  chiasaigh 
(clàis]  sin  dognàth.  56.  2.  «  there  is  always  a  great  wind  in  that  foss  ». 

CLEiRECH,  s.  «  clerc  »  secretary.  N.  pi.  Bià  cethrar  cleinc,  fo  an  inadh 
a  caithinn  an  t-imp/ri  a  cuid,  ac  scfibadh  cacA  oen  fhocuil  da  n-ab^ir  se, 
iter  maith  7  tsaith.  66.  ;.  «  under  the  Emperofs  table  sit  4  clerks,  who 
Write  ail  that  the  Emperor  says,  be  it  good  or  evil  ». 


John  Abercromby. 


[La  suite  au  prochain  numéro) 


MÉLANGES. 


LES  GUERRIERS  D'ULSTER  EN  MAL  D'ENFANT 
OU  LA  NEUVAINE  DES  ULATES. 

M.  Windisch  a  publié  en  1884,  dans  les  comptes  rendus  de  la  classe 
de  philosophie  et  d'histoire  de  l'Académie  royale  des  sciences  de  Saxe, 
deux  rédactions  de  la  curieuse  légende  irlandaise  dont  nous  venons  de 
donner  le  titre.  L'une  est  empruntée  à  un  manuscrit  du  milieu  du 
XII*  siècle  :  nous  voulons  parler  du  fameux  livre  de  Leinster  (p.  125  Vi. 
L'autre  est  tirée  d'un  manuscrit  du  xv*^  siècle,  celui  qui  porte  le  nu- 
méro 5 280  du  fonds  Harléien  au  Musée  Britannique  [fol.  53  v»,  autrefois 
42  v^).  M.  Windisch  a  joint  une  traduction  à  chacun  des  deux  textes 
irlandais.  Nous  n'avons  à  faire  sur  ce  travail  que  deux  légères  critiques. 
Pour  les  rendre  plus  claires,  nous  allons  commencer  par  le  récit  de  la 
légende  où  nous  combinerons  les  deux  rédactions. 

«Ily  avait  en  Ulster  un  riche  paysan  qui  s'appelait  Crunniuc,  les  autres 
disent  Cronncu,  c'est-à-dire  «  chien  rond  ».Il  vivait  dans  un  endroit  dé- 
sert et  montagneux,  et  il  avait  beaucoup  de  fils.  Sa  femme,  leur  mère, 
vint  à  mourir.  Il  resta  longtemps  sans  se  remarier.  Un  jour  il  était  dans 
sa  grande  maison  tout  seul,  quand  il  vit  entrer  une  femme,  jeune,  jolie, 
dont  les  vêtements,  la  tenue  et  toute  la  personne  respiraient  la  distinction. 
Elle  s'assit  près  du  foyer,  alluma  le  feu  ;  sans  dire  mot,  elle  prit  un  pé- 
trin et  un  crible  et  commença  les  préparatifs  du  repas  du  soir.  Quand 
la  fin  du  jour  approcha,  elle  prit  des  pots  et  alla  traire  les  vaches,  sans 
adresser  la  parole  à  personne.  Lorsque  les  gens  rentrèrent,  elle  fit  un  tour 
à  droite,  suivant  l'usage  superstitieux  des  Irlandais,  puis  passa  dans  sa 
cuisine,  donna  ses  ordres  aux  enfants  et  aux  serviteurs,  sans  avoir  besoin 
de  demander  à  personne  aucun  renseignement.  Après  le  repas,  chacun 
alla  se  coucher,  elle  resta  sur  pied  la  dernière,  éteignit  le  feu,  fit  un  tour 
à  droite  pour  la  seconde  fois,  puis  vint  se  coucher  à  côté  du  maître  de 

Rev.  Cclt.  VIL  15 


2  26  Mélanges. 

la  maison.  Elle  resta  longtemps  avec  lui.  Elle  gouvernait  le  ménage  avec 
une  grande  libéralité,  donnant  aux  enfants  et  aux  domestiques  en  abon- 
dance la  nourriture,  les  vêtements  et  tout  ce  dont  ils  pouvaient  avoir 
besoin,  et  cependant  elle  augmentait  par  son  épargne  la  fortune  de 
Crunniuc.  Elle  devint  grosse. 

«  Le  moment  de  sa  délivrance  approchait  quand  eut  lieu  chez  les  Ulates 
ou  habitants  d'Ulster  une  de  ces  grandes  assemblées  ou  fêtes  pério- 
diques que  les  Irlandais  appelaient  Ôenach.  Tous  les  Ulates  y  allaient, 
hommes,  femmes,  garçons  et  filles,  à  ^exception  de  ceux  qui  avaient  un 
empêchement,  comme  la  femme  de  Crunniuc.  Crunniuc  fit  ses  prépa- 
ratifis  pour  y  aller  aussi.  Il  mit  de  beaux  habits  ;  il  avait  fort  bonne  mine. 
«  Songe  aux  convenances,  lui  dit  sa  femme,  et  ne  t'avise  pas  de  direune 
parole  imprudente  '.  »  —  «  C'est  impossible  »,  répondit-il.  Il  part.  La 
fête  a  lieu.  Elle  fut  très  brillante  ;  les  costumes,  les  chevaux  étaient  fort 
beaux.  Il  y  eut  les  divertissements  les  plus  variés  :  courses  de  chevaux, 
courses  d'hommes  à  pied,  combats,  jeux  où  on  lançait  des  projeailes, 
marches  solennelles.  Le  dernier  jour,  un  peu  après  midi,  le  char  du  roi, 
attelé  de  deux  chevaux,  arriva  sur  le  champ  de  course.  Les  autres  chars 
entrèrent  en  lutte  avec  lui.  Les  chevaux  du  roi  remportèrent  la  victoire. 
«  Il  n'y  a  rien  de  plus  rapide  que  ces  chevaux-ci  »,  s'écrièrent  les  assis- 
tants. —  «  Ma  femme  court  plus  vite,  dit  Crunniuc.  »  —  •  Arrêtez  cet 
homme  »,  cria  le  roi  irrité;  «  que  sa  femme  vienne  courir  avec  mes 
chevaux.  » 

«  Cet  ordre  est  exécuté,  et  de  la  part  du  roi,  des  envoyés  vont  préve- 
nir la  femme  de  Crunniuc.  Celle-ci  leur  souhaite  la  bienvenue  et  leur  de- 
mande quelle  raison  les  amène.  Ils  le  lui  racontent.  «  Mon  mari  a  eu 
tort,  répond-elle,  et  il  a  dit  une  parole  déplacée.  Mais  moi,  j'ai  le  droit 
d'obtenir  un  délai  avant  de  venir  le  délivrer,  car  je  suis  enceinte  et  je 
sens  déjà  les  douleurs.  »  —  «  Un  délai  !  Pourquoi  i  s'écrièrent  les  envoyés, 
on  le  tuera  si  vous  ne  venez  pas  avec  nous.  »  Elle  vint  donc  à  la  fête.  A 
son  arrivée,  tout  le  monde  accourut  pour  la  voir.  «  Il  n'est  pas  conve- 
nable de  me  regarder  ainsi,  dit-elle.  Pourquoi  m'a-t-on  amenée?  »  — 
«  Pour  courir  avec  les  deux  chevaux  du  roi  »,  répondirent  toutes  les 
voix,  «  et  on  verra  qui  arrivera  le  premier  au  but.  »  —  «  J'ai  droit  à  un 
délai,  répondit-elle,  car  je  suis  grosse,  et  déjà  les  douleurs  ont  com- 
mencé. »  —  «  Tirez  Pépée,  s'écria  le  roi,  et  coupez  la  tête  de  Crunniuc.  » 
—  a  Attendez-moi  un  peu  de  temps,  demanda  la  femme,  et  laissez-moi 

I.  C'est  la  leçon  du  livre  de  Leinster;  suivant  la  rédaction  harlétenne,  U  femme  dit  à 
ton  mari  que  s*il  parle  d'eUe  à  la  féie  leur  séparation  s'ensuivra. 


Mélanges,  227 

accoucher.  »  —  «  Non  certes  »,  répliqua  le  roi.  —  La  pauvre  femme 
s'adressa  aux  assistants.  «  Venez-moi  en  aide  »,  leur  demanda-t-elle. 
«  Il  jfi'est  personne  parmi  vous  que  n*ait  porté  le  sein  d'une  mère.  »  On 
ne  lui  répondit  pas.  «  Honte  à  vous,  continua-t-elle,  qui  avez  si  peu 
d'égards  pour  moi.  Qu'il  en  soit  comme  vous  le  voulez  ;  mais  à  cause  du 
mal  que  vous  faites,  vous  en  subirez  un  plus  grand.  »  —  «  Comment 
t'appelles-tu  ?  »  lui  dit  le  roi.  —  «  Je  m'appelle  Mâcha,  répondit-elle,  je 
suis  fille  d'Etrange  > ,  fils  d'Océan  >.  L'emplacement  où  vous  donnez  cette 
fête  prendra  et  gardera  toujours  mon  nom  et  le  nom  de  ce  que  je  porte 
dans  mon  sein.  Faites  partir  les  chevaux,  d  Aussitôt  la  course  com- 
mença. Quand  le  char  du  roi  atteignit  l'extrémité  du  champ  de  course. 
Mâcha  y  était  déjà  arrivée.  Elle  accoucha  devant  la  tète  des  che- 
vaux, elle  mit  au  monde  deux  jumeaux,  un  fils  et  une  fille,  et  cet  en- 
droit s'est  appelé  depuis  «  les  jumeaux  de  Mâcha  »,  en  irlandais  Emain 
Mâcha,  Là  fut  longtemps  la  capitale  de  l'Ulster;  et  quoique  cette  ville 
soit  détruite  depuis  plus  de  quinze  siècles,  on  en  admire  encore  aujour- 
d'hui les  majestueux  terrassements,  —  que  le  rédacteur  de  ces  lignes  a 
eu  le  plaisir  de  visiter  en  1 88 1 . 

«  Au  moment  de  son  accouchement.  Mâcha  poussa  un  grand  cri.  Tous 
les  hommes  qui  entendirent  ce  cri  furent  frappés  d'une  sorte  d'ensorcel- 
lement. Ils  étaient  condamnés  à  subir  une  fois  dans  leur  vie  les  douleurs 
de  l'accouchement,  pendant  cinq  jours  et  quatre  nuits  ou  cinq  nuits  et 
quatre  jours.  Ce  fut  la  neuvaine  des  Ulates.  Pendant  cette  neuvaine,  ils 
n'avaient  pas  plus  de  force  qu'une  femme  en  couches,  et  cette  singulière 
maladie  se  transmit  de  père  en  fils  pendant  neuf  générations.  A  ce  fléau 
il  7  eut  trois  exceptions  ;  les  petits  garçons  nés  avant  la  malédiction  de 
Mâcha,  les  femmes  et  le  héros  Cûchulainn  y  échappèrent.  Quand  la  reine 
épique  Medb  envahit  le  royaumedesUlates,aujourd'huiruister,  et  com- 
mença, pour  s'emparer  du  taureau  de  Cuaiigne,  une  guerre  qui  est  le 
sujet  de  la  principale  des  épopées  irlandaises,  la  neuvaine  des  Ulates  sé- 
vissait sur  tous  les  guerriers  d  Ulster;  sauf  le  héros  Cûchulainn  qui  fut 
seul  en  état  de  tenir  tète  à  l'ennemi.  » 

Dans  le  récit  que  je  viens  de  faire,  il  y  a  deux  points  sur  lesquels  je 
me  suis  avec  intention  éloigné  delà  traduction  de  M.  VVindisch.  J'ai 
rendu  par  «  ensorcellement  »  indell,  qui,  dans  la  traduction  de  M.  Win- 
disch,  est  représenté  par  l'allemand  Zusiand  a  état,  situation  ».  Indell, 
qui  a  plusieurs  sens,  signifie  entre  autres  choses  a  charme,  incantation, 

1.  Satnrtd. 

2.  Imbath, 


228  Mélanges. 

ensorcellement  » .  C'est,  suivant  moi,  la  traduction  appropriée  ici,  et 
M.  Windisch  d>  par  contre,  eu  tort  de  l'employer  quand  il  a  publié^ 
dans  le  second  volume  de  ses  Irische  Texte,  le  conte  si  curieux  et  da 
reste  si  bien  traduit  de  l'<i  Exil  des  fils  de  Doel  Dermait  »  '. 

Un  autre  mot  sur  le  sens  duquel  je  m'écarte  de  M.  Windisch  est  {ur- 
baid^  que  j'ai  traduit  d'abord  par  «  droit  à  un  délai  »,  ensuite,  plus  briè- 
vement, par  a  délai  ».  Turbaid  est  un  terme  de  droit  dont  le  sens  propre 
est  «  exception  dilatoire  »,  expression  empruntée  par  la  langue  du  droit 
français  à  la  langue  du  droit  romain  >.  J'ai  relevé  sept  exemples  du  mot 
turbaid  dans  le  texte  du  Senchus  Môr  K  II  y  avait  turbaid  toutes  les  fois 
qu'un  obstacle  insurmontable  ou,  plus  exactement^  admis  comme  tel  par 
la  coutume,  mettait  quelqu'un  dans  l'impossibilité  de  faire  un  aae  dans 
le  délai  ordinaire  que  la  loi  prescrivait.  La  formule  générale  de  l'excep- 
tion dilatoire  irlandaise  est  ainsi  donnée  dans  le  texte  du  Senchus  Môr  : 
«  toute  exception  dilatoire  avec  nécessité  selon  Dieu  et  selon  homme  »  : 

Cach  turbaid  co  n-detbire 
iar  n-dia  ocus  duine  4. 

Une  des  causes  les  plus  fréquentes  de  l'exception  dilatoire  parait  avoir 
été  la  maladie.  Le  mot  galar  «  maladie  »  glose  trois  fois  tutbaid  dans  le 
Senchus  Môri.  L'effet  de  l'exception  dilatoire  était  d'étendre  à  dix  jours 
la  durée  de  chacun  des  trois  délais  de  la  saisie,  délais  qui,'^utrement, 
n'auraient  duré  que  un,  trois  ou  cinq  jours  suivant  les  cas;  en  sorte  que, 
si  l'exception  dilatoire  frappait  les  trois  délais,  le  total  de  ces  délais  s'éle- 
vait à  trente  jours  au  lieu  de  trois,  neuf  ou  quinze^.  Par  un  hasard  sin- 
gulier, un  des  passages  les  plus  importants  du  Senchus  Môr  sur  les  règles 
de  l'exception  dilatoire  ne  nous  offre  pas  le  mot  turbiid  ;  c'est  la  glose 
qui  supplée  à  cette  lacune.  Ce  passage  consiste  dans  les  premières  lignes 
de  la  section  consacrée  à  l'étude  des  cas  où  Pobjet  saisi  doit  rester  peiv- 


1.  Mu^ïy-indell^  Irische  Texte,  t.  Il,  p.  178,  l.  1)6-^7  est  traduit,  p.  196,  par 
«  Scezauber  »  d'ap  es  C'Curry  qui  l'avait  rendu  par  «  &ea  charm  » 

2.  Il  est  question  de  Texception  dilatoire  dans  les  Insiitutes  de  Gaius,  livre  IV, 
8  120,  122  et  suivants,  dans  les  Institutes  de  Justinien.  livre  IV,  titre  xiii,  ^  11  ;  com- 
parez Digeste,  livre  XLIV  titre  1,  loi  2,  g  4;  loi  ):  Dilatoria  est  exceptio  quae  dîffen 
aaionem,  disait  Ulpien.  Adedictam,  livre  LXXW  (Digeste,  livre  XLIV.  titre  i,  loi  2,  §4). 

5.  Anctent  laws  oj  Ireland:  1  ,  t.  I,  p.  262,  I.  6;  glose  p.  282,  l.  26.  —  2  ,  t.  I, 
p.  262,  1.  1$;  g!o:»ep.  282,  I.  46.  —.3%  t.  1,  p.  262,  I.  21;  glose  p.  2S4,  1.  11.  — 
4%  t.  I,  p.  266.  I.  20;  glose  p  298,  1  12.  —  j",  t.  1,  p.  268,  I.  8;  glose  p.  300, 
1.  27.  —  6',  t  II,  p.  100,  l.  17;  glose  p.  102,  l.  2.  —  7%  t.  11,  p.  )io,  l.  24  ;  glose 
p.  312,  I.  3. 

4.  Attcient  laws  ofirelandy  t.  I,  p.  268,  I.  8-9. 

5.  T.  I,  p.  282,  I.  26 ;  p.  284,  1.  ti  ;  t.  Il,  p.  102, 1.  2. 

6.  T.  I,  p.  198,  1.  22-25. 


Mélanges,  229 

dant  dix  jours  entre  les  mains  du  défendeur'.  Le  bénéfice  de  ce  délai  de 
faveur  est  accordé  par  exemple  au  malade  alité  >  ;  au  débiteur  qui  a  en 
même  temps  un  autre  procès  et  qui,  dans  ce  procès,  est  obligé  de  se 
justifier  par  Tépreuve  de  l'eau  bouillante  ou  du  chaudron  i  ;  au  mari  don^ 
la  femme  est  en  couches  4. 

Le  Senchus  Môr  contient  du  reste  un  texte  plus  explicite  et  où  l'on 
donne  formellement  une  liste  de  cas  où  le  défendeur  peut  opposer  une 
exception  dilatoire,  turbuids.  Voici  quelques  exemples  :  sa  maison  est  at- 
taquée par  des  ennemis^;  il  est  en  quête  d'un  médecin  pour  quelqu'un 
qui  est  en  danger  de  mort  7,  ou  d'une  sage-femme  pour  un  accouchement  ^. 

Dans  ces  textes,  il  n'est  pas  dit  en  termes  exprès  que  la  femme  en 
couches  eût  droit  à  une  exception  dilatoire,  mais  cela  va  de  soi  ;  il  eût 
été  par  trop  fort  d'accorder  à  celui  qui  lui  cherchait  une  sage-femme  une 
faveur  qu'on  aurait  refusée  à  celle  qui  allait  accoucher.  Toutefois  le  privi- 
lège de  la  femme  en  couches  n'est  pas  inscrit  dans  la  loi  ;  ce  silence 
pourrait,  dans  une  certaine  mesure,  expliquer  la  question  par  laquelle  les 
envoyés  du  roi  répondent  à  la  demande  de  délai  que  leur  oppose  Mâcha. 
«  Un  délai!  Pourquoi  ?  »  répondent-ils,  cid  turbaid?  Pourtant  ce  délai 
le  mari  pouvait  le  réclamer  en  s'appuyant  sur  un  texte  formel  :  c'est  le 
texte  qui  accorde  un  délai  de  dix  jours  à  l'homme  dont  la  femme  est  en 
couches  :  bb  ben  fri  huaitne  9. 

Mais  à  cette  règle  humaine  et  bienveillante  le  droit  irlandais  oppo- 
sait une  autre  maxime  qui  est  impitoyable  :  il  n'y  a  pas  de  délai  quand 
il  s'agit  de  la  réparation  due  à  l'honneur  outragé  :  ni  daim  enech- 
land  anad  ><>.  Crunniuc  avait  insulté  le  roi  en  prétendant  que  sa  femme 
courrait  mieux  que  les  chevaux  du  roi.  Il  lui  devait  donc  le  montant  in- 
tégral du  prix  de  l'honneur,  c'est-à-dire  de  Venechland  ou  du  lôgenech  des 
rois  de  provinces,  ruire  ;  le  montant  de  ce  prix  de  l'honneur  s'élevait 
en  monnaie  de  compte  à  vingt  et  une  femmes  esclaves  "  ;  il  était  immé- 


1.  T.  I,  p.  192-207. 

2.  AthgabûU  lobuir  dia  m-befri  gaimniu,  t.  I,  p.  192, 1.  12-1)  ;  p.  194,  I.  2-3. 

3.  AthgabûU  fir for  a  nascar  fir  cain^i.  I,  p.  194,  l.  23.  Cf.  p.  198,1.  18-21. 

4.  AthgabûU  fir  bis  ben  fri  huûithne^  t.  I,  p.  194, 1.  23,  24;  p.  198,1   21-2$. 

'5.  T.  I,  p.  266,  L  20,  23  ;  p.  268,  l.  1,5;  gloses  p.  298,  1.  12  et  suivantes;  p.  300, 
1. 1,  16. 

6.  Tubûd  sloig  fo  mendûd^x.  I,  p.  266,  1.  20,  21. 

7.  Coingi...  lega  do  neoch  bissfribûs,  t.  I,  p.  206,  1.  22,  23. 

8.  Cuing  e\  mna  do  mnai  bis  fri  uaithnty  t.  I,  p.  268,  1.  2. 

9.  T.  I,  p   194,  I.  24;  cf.  p.  1^8,  l.  21. 

10.  Le  sens  de  ce  brocard  résulte  d'une  façon  évidente  du  contexte  qui  l'accompagne, 
1. 1.  p.  228,  l.  M-19*  La  glose,  1.  28-30,  constate  déjà  un  changement  de  jurisprudence 
en  faveur  du  défendeur. 

11.  T.  II,  p.  224, 1.  7,  8.  Il  s'agit  dans  ce  passage  àtsstoit  turchluide;  mais  à  la 


230  Mélanges. 

diatement  exigible,  et  Crunniuc,  ne  pouvant  le  payer,  était  à  la  merd 
du  roi.  Celui-ci  pouvait  donc  justifier  sa  cruauté  en  alléguant  un  drmt 
formel  ;  mais  l'équité  protestait  ;  il  était  inique  de  refuser  à  Mâcha  l'ex- 
ception dilatoire  dont  elle  réclamait  le  bénéfice  par  son  éloquent  et  inu- 
tile appel  â  la  sympathie  d'une  foule  chez  qui  la  curiosité  étouffait  tout 
sentiment  de  pitié,  c  II  n'est  personne  parmi  vous  que  le  sein  d'une  mère 
n'ait  porté!  »  H.  d'A.  de  J. 


UNE  LÉGENDE  IRLANDAISE  EN  BRETAGNE. 

O'Curry  a  raconté  dans  un  de  ses  ouvrages  comment  Lug,  personnage 
mythologique  irlandais,  fut  reçu  par  les  Tuatha  Dé  Danann  à  Tara  peu 
avant  la  seconde  bataille  de  Moytura.  Quand  il  se  présenta  au  portier, 
celui-ci  lui  demanda  s'il  était  maître  dans  quelque  art  ou  dans  quelque 
métier.  «  Je  suis  charpentier  d,  répondit  Lug.  —  a  Nous  n'avons  que 
faire  de  vous,  répliqua  le  portier  ;  il  y  a  ici  un  très  bon  charpentier.  > 
—  «  Je  suis  forgeron  »,  reprit  Lug.  —  a  Inutile;  nous  en  avons  un  ex* 
cellent.  »  —  «  Je  suis  guerrier  de  profession .  »  —  «  Vous  ne  pouvez 
nous  servir  à  rien,  puisque  nous  avons  parmi  nous  Ogma  ^  »  —  «  Je 
suis  harpiste.  »  —  «  Nous  n'avons  pas  besoin  de  vous  ;  le  meilleur  des 
harpistes  est  dans  notre  camp.  »  —  «  Je  suis  poète.  »  —  a  Nous  ne  sau- 
rions que  faire  de  vous  ;  il  y  a  chez  nous  un  excellent  poète.  »  —  a  Je  suis 
médecin.  »  —  «  Vous  ne  pourriez  nous  rendre  aucun  service,  nous  en 
avons  un  très  bon.  »  —  «  Je  suis  échanson.  »  —  «  C'est  encore  plus 
inutile.  Neuf  femmes  remplissent  chez  nous  cette  fonction,  à  la  satisfaction 
générale.  »  —  a  Je  suis  ouvrier  en  bronze.  »  —  «  Nous  n'avons  en  au- 
cune façon  besoin  de  vous.  Nous  en  possédons  un  parfait.  »  —  «  Eh 
bien,  répliqua  Lug,  allez  trouver  votre  roi  et  demandez-lui  s'il  a  chez  lui 
un  homme  capable  de  faire  tous  ces  métiers  ;  s'il  l'a,  je  m'en  retourne.  » 
Il  fiit  immédiatement  accueilli  et  créé  chef  de  tous  les  gens  de  métier'. 

Le  triomphe  du  christianisme  transforma  en  démon  le  dieu  irlandais  ; 
c'est  après  cette  métamorphose  que  nous  le  retrouvons  dans  un  document 
breton  ;  il  y  est  parfaitement  reconnaissable,  quoiqu'il  ait  changé  de 


page  226, 1.   13^  nous  apprenons  que  les  seoit  turchlaide  sont  identiques  an  prix  de 
rhonneur. 

1.  VOgmiosât  Lucien. 

2.  O'Cunry,  On  the  manners  and  customs  of  the  ancient  Irishy  t.  III,  pp.  42-43.  Ce 
rèdt  est  emprunté  au  manuscrit  Harleian  5280  du  British  Muséum. 


Mélanges.  2]\ 

nom.  Ce  document  est  la  Vie  de  saint  Hervé  ;  la  voici,  telle  que  nous  la 
raconte  Albert  le  Grand  : 

«  Retournant  de  Comoûaille,  il  (Saint  Hervé)  passa  par  la  cour 
dVn  Comte  nommé  Helenus  qui  le  reçeut  à  grande  ioye,  et  luy  fit  le 
meilleur  raccueil  dont  il  se  peut  adviser:  S.  Hervé  luy  dit  en  l'oreille 
Seigneur  Comte^  ie  vous  suis  venu  voir  pour  vous  délivrer  vous  et  les 
vostres  d'vn  très-grand  danger  auquel  vous  estes  ;  car  Dieu  m'a  révélé 
qu'en  vostre  maison  il  y  a  vn  Diable  en  forme  humaine  qui  vous  sert 
comme  domestique  :  le  Comte  resta  bien  estonné  de  cela,  mais  n'en 
fit  point  de  semblant  :  on  couvre  les  tables,  la  compaignie  se  sied  : 
S.  Hervé  demande  à  boire,  le  Diable  len  forme  de  page)  luy  en  apporte  : 
le  Sainct  eslevant  la  main  fait  le  signe  de  la  Croix  sur  la  couppe  qui  se 
brize  en  pièces  et  gaste  le  vin.  Le  Comte  bien  estonné  commande  qu'on 
redouble,  le  mesme  advint  à  la  seconde  et  troisiesme  fois,  lors  S.  Hervé 
empoignant  le  compaignon,  le  conjure  de  déclarer  qui  il  est  oit  et  ce  qu'il 
cherchoit  en  cène  maison  :  le  suis  ^fait-ilj  vn  Diable  d'enfer  qui  excite 
aux  crapules  et  gourmandises  et  provocque  aux  noises,  discords  et  que- 
relles, et  puis  qu'à  mon  grand  regret  la  vertu  de  Dieu  me  force  par  ce 
sien  serviteur  à  vous  le  déclarer,  i'avois  appresté  ce  breuvage  tout  ex- 
prez,  duquel  si  vous  eussiez  beu,  vous  vous  fussiez  tous  entretuez  avant 
que  sortir  de  ce  lieu  :  cela  dit  le  S.  luy  commanda  de  la  part  de  Dieu  de 
quitter  cette  maison  pour  n'y  plus  retourner,  ce  qu'il  fit,  criant  par  l'air, 
Hervé  Hervé  serviteur  de  Dieu  pourquoy  me  menés  tu  vne  si  rude 
guerre  ?  Le  Comte  Helenus  se  voyant  délivré  d'vn  si  cruel  ennemi  re- 
mercia Dieu  et  S.  Hervé,  lequel  prenant  congé  de  luy  se  retira  en  son 
monastère.  » 

c  II  descouvrit  vne  semblable  fraude  au  monastère  de  S.  Majan,  car 
Testant  allé  voir  par  le  commandement  de  Dieu  qu'vn  Ange  luy  avoit  ma- 
nifesté, il  eut  révélation  que  parmi  les  domestiques  de  ce  S.  Abbé  y  avoit 
vn  Diable  en  forme  humaine,  ce  qu'il  manifesta  à  Sainct  Majan,  lequel 
ayant  fait  venir  tous  ses  domestiques,  les  présenta  à  S.  Hervé  les  faisant 
passer  tous  un  à  vn  devant  luy  :  le  S.  les  interrogea  tretous  de  leur 
pays,  leurs  noms  et  leur  vacation  :  le  Diable  craignant  de  se  présenter 
devant  le  S.  regnarda  tant  qu'il  peut,  enfin  il  luy  fallut  paroistre  :  i  'ay 
nom  Hucan  (dit-il)  natif  d'Hybernie,  ie  suis  bon  charpentier,  masson  et 
serrurier,  et  bon  pilote,  et  n'y  a  gueres  de  mestiers  que  ie  ne  puisse 
exercer  :  et  bien  (dit  te  S.)  puis  que  tu  es  si  habile  et  vniversel  en  tout 
mestier,  imprime  du  doigt  le  signe  de  la  croix  en  ce  pavé  et  adore  lesus 
Christ  crucifié.  Le  misérable  s'en  voulut  fuyr  et  se  cacher,  mais  S.  Hervé 
Tarresta  et  dist  à  S«  Majan,  et  bien,  voyez  vous  maintenant  de  quel  ser 


2)2  Mélanges, 

viteur  vous  vous  servez  ?  menons  le  à  vostre  voisin  l'Abbé  S.  Geeduon 
pour  sçavoir  de  luy  ce  que  nous  en  ferons^  ils  l'y  menèrent  donc,  où  ayant 
esté  conjuré,  et  ayant  confessé  qu'il  estoit  dans  ce  monastère  pour 
tromper  et  séduire  les  moynes,  on  luy  deffendit  de  la  part  de  Dieu  de 
plus  se  trouver  là,  et  fut  précipité  dans  la  mer  ^  » 

M.  de  la  Villemarqué,  si  connu  par  ses  travaux  sur  les  dialectes,  la 
littérature  et  les  légendes  de  la  Bretagne,  a  trouvé  dans  un  manuscrit  de 
la  Bibliothèque  Nationale  et  a  bien  voulu  nouscommuniquer  le  texte  latin 
qui  a  servi  de  base  à  la  seconde  partie  de  ce  récit.  Le  nom  du  démon 
appelé  Hucan  dans  la  rédaction  française,  y  est  écrit  d*une  façon  plus 
exacte,  Huccanus.  Pour  peu  que  l'on  soit  familiarisé  avec  les  lois  de  la 
phonétique  bretonne,  on  reconnaît  sans  peine  dans  ce  nom  un  diminutif 
d'un  nom  commun  breton,  gallois  et  comique.  En  breton  le  porc  mâle 
s'appelle  Aouc'/z;  en  gallois  hwch  veut  dire  «  truie  »  ;  dans  le  vocabulaire 
comique  du  xiii'  siècle,  hoch  traduit  le  latin  porcus.  Or  ces  formes  s'ex- 
pliquent par  un  plus  ancien  hucc  qu'on  trouve  dans  les  lois  galloises', 
et  hucc  à  son  tour  suppose  un  thème  plus  ancien,  ^ucco- qui  probablement 
doit  se  reconnaître  dans  le  premier  des  deux  éléments  de  la  locution  ir- 
landaise soc  muice  «  museau  de  cochon  »  ).  Ainsi  le  nom  du  démon 
Huccan  pour  Succan  veut  dire  «  petit  cochon  ». 

Ce  démon  ne  porte  pas  le  même  nom  que  le  dieu  Lug.  Mais  il  offre  le 
même  indice  caractéristique.  Huccan  dit  :  «  il  n'y  a  gueresde  mestiersque 
ie  ne  puisse  exercer  »  et  en  effet  il  est  par  exemple  «  bon  charpentier, 
masson,  serrurier  et  bon  pilote  >  ;  —  vraisemblablement  il  est  identique 
au  page  du  chapitre  précédent^  et  ce  page  est  échanson.  Or  Lug  savait 
faire  tous  les  métiers;  il  était  entre  autres  choses  forgeron,  charpentier, 
échanson.  Nous  croyons  donc  être  en  droit  de  reconnaître  dans  Huccan, 
malgré  la  différence  des  noms,  un  personnage  mythologique  identique  à 
Lug.  Quant  à  sa  fin,  elle  est  inspirée  par  le  christianisme;  comme  les 
cochons  dont  parle  saint  Mathieu  dans  son  chapitre  VIII,  il  est  précipité 
dans  la  mer  4.  Voici  le  texte  latin  que  nous  a  communiqué  M.  de  la  Vil- 
lemarqué. 

Adbeati  cellam  perrexit  Maiani  inter  cujus  domcsticos  daemonerat  hu- 

1 .  Albert  le  Grand,  La  vie,  gestes^  mort  et  miracles  des  saints  de  la  Bretagne  Armoriqae^ 
première  édition  (1637),  p.  149  Comparez  l'édition  donnée  en  18)7  par  M.  de  Kerdaoet 
avec  ce  titre  :  Les  ries  des  Saints  de  la  Bretagne  Armorique^  pp.  )i8,  319. 

2.  Crammatica  celtica,  deuxième  édition,  p.  91. 

3.  Voyez  Wnitley  Stokesdans  Beitraege  de  Kuhn,  t.  VIII,  p.  34 1,  n*  579;  Windtsch, 
Irische  Texte,  t.  I,  p.  785.  La  locution  soc  muice  est  donnée  au  mot  soc  dans  le  diction- 
naire  irlandais  d'O'Brien,  et  dans  celui  de  Mac  Cuirtin  au  mot  snout. 

4.  Saint  Mathieu,  c.  VIII,  verset  32.  Cf.  saint  Luc,  c.  VIII,  verset  33. 


Mélanges,  2  )  ; 

mana  indutus  specie  quod  sancto  Maiano  secreto  indicavit.  Sanctus  vero 
Maianus  ante  eum  omnes  familiares  presentavit,  cumque  singulorum  no- 
mina  genusque  et  unde  essent  sciscitanti  respondissent,  ipse  posterior 
sanaî  viri  speciem  expavescens  crepitando  subjungit  :  «  Ego  Huccanus 
nomine  ex  Hybernia  hue  veni,  faber  ferrarius,  lignarius,  atque  cemen- 
tarius^  nauta  quoque  peritus,  et  omnia  opéra  componere  physice  possum 
manibus.  »  Cui  vir  Dei  :  «  Fac  igitur  Crucem  digito  in  terram,  et  flexis 
genibus  crucifixum  diligenter  adora.  »  Quem  cum  vir  Dei  haesitantem  et 
deliiescere  voleniem  deprehendisset,  terribiliter  per  Trinitatis  vocabula 
conjuravit  ut  confiteretur  quis  esset  et  cur  hue  venisset.  Qui  respondit  : 
«c  Ego  quidem  unus  sum  ex  immundis  spiritibus,  ideo  autem  veni  ut 
monachos  deciperem  quaiibet  fallaeia  quibus  superabundat  haee  patria  ». 
Tune  S.  Hoarveus  dixit  :  «  Eamus  ergo,  frater,  Maiane,  in  sanctum 
abbatem  Grednonum,  seductorem  vinetum  adducentes  nobiscum,  ut  ipse 
nobis  definiat  quid  de  isto  oporteat  fieri.  »  Cumque  ad  abbatem  venis- 
sent  atque  ei  hostem  humanum  présentassent,  inquit  :  a  Euntes,  in  pro- 
fundum  maris  precipitate  eum,  vêtantes  eum  facta  comminacione  chris- 
ticolarum  confinia  deinde  attingere.  »  0  quam  ingens  tumultus  tune  resul- 
tavit  in  pelagus  cum  projectus  fuit  daemon  Huccanus,  a  quo  rupes 
Huccani  nominatur.  quae  in  sequore  supereminet  ibique  diversis  speeie- 
bus  persepe  conspicitur  '. 

H.  D'A.   DE  J. 


DU  FUTUR  SECONDAIRE  EN  BRETON  ARMORICAIN. 

Dans  un  article  paru  dans  les  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique 
de  Paris  (V,  2«  fasc.,  1883),  nous  montrions,  p.  136  et  suiv.,  que  la 
Grammatica  Celtica  avait  confondu,  en  ce  qui  concerne  les  temps  secon- 
daires, deux  temps  différents  :  le  présent  secondaire  et  le  futur  secon- 
daire. Les  deux  temps  ont  les  mêmes  terminaisons,  mais  le  futur  a,  de 
plus,  régulièrement  avant  la  terminaison,  un  h^  excepté  après  certaines 
consonnes  avec  lesquelles  il  eût  formé  un  groupe  d'une  prononciation 
difficile'.  Cet  h  a  fait  place  aujourd'hui,  dans  tous  les  dialectes,  excepté 


1.  Bibliothèque  nationale.  Blancs  manteaux  38,  aujourd'hui  manuscrit  français  22321, 
fol.  8s 7  r^  v\  Ex  lectionario  ms.  ecciesix  Trecoriensis  collato  cura  apographo  P.  du 
Paz,  cum  altero  ms.  S.  vincentii  Cenomanensis  et  breviario  Leonensi,  lect.  8a. 

2.  Même  absent,  Vh  fait  la  plupart  du  temps  sentir  sa  présence  dans  des  formes,  par 
exemple  commt  doucque,  il  porterait,  prés,  second,  dougue;  //np/Zc/ie, il  emploierait;  prés. 
impUge,  etc. 


2  H  Mélanges, 

celui  de  Vannes,  à  un  /.  Le  présent  secondaire  ne  présente  pas  une 
seule  fois  h  et,  naturellement,  est  encore  aujourd'hui  ce  qu'il  était  en 
moyen  breton.  Les  exemples  que  nous  citions  étaient  tous  tirés  delaCr. 
Celt.,  et  par  conséquent  de  la  Vie  de  sainte  Nonn  et  du  Grand  Mystère  de 
Jésus  pour  le  moyen  breton.  Les  poèmes  bretons  du  moyen  âge  de  M.  de 
la  Villemarqué  et  la  vie  de  sainte  Barbe  récemment  publiée  par  M.  Er- 
nault  nous  présentent  les  deux  temps  avec  les  mêmes  traits  caraaéris- 
tiques. 

L'origine  dé  ce  futur  secondaire  n*est  pas  des  plus  claires.  Nous  y 
avons  vu  un  optatif  aoriste  analogue  au  latin  ama-rem,  tandis  que  nous 
comparions  le  prétérit  secondaire  aux  formes  latines  comme  fecissem,  w- 
dissem.  On  pourrait  se  demander  aussi  si  Vh  caractéristique  de  ce  temps 
n'est  pas  dû  à  la  place  de  l'accent  :  le  développement  d'un  h  devant 
l'accent  est  un  fait  bien  connu  et  frappant  aujourd'hui  même  en  gallois. 
Dans  ce  cas  il  faudrait  supposer  une  dilTcrence  d'accentuation  entre  Tin- 
dicatif  du  présent  secondaire  et  le  futur  secondaire,  identiques  comme 
forme,  si  l'on  fait  abstraction  de  1'^  caractéristique  du  futur,  en  moyen 
breton.  Quoiqu'il  en  soit,  un  point  jusqu'ici  qui  n'a  pas  été  éclairci  dans 
l'histoire  du  futur  secondaire,  du  breton  moyen  au  breton  moderne,  c'est 
le  passage  de  l'/2  à/,  la  iransformaiion  de  formes  comme  galhenn^carhenn, 
grahenn^  etc.,  en  galfen,  carfenn,  grafenn,  etc.,  tandis  que  dans  le  dia- 
lecte de  Vannes  on  a  encore  la  forme  de  l'armoricain  moyen.  Il  est  en 
effet  impossible  de  faire  sortir  f  de  h  venant  de  s  originaire,  suivant 
toutes  les  lois  de  la  phonétique  bretonne  :  il  n'y  en  a  pas  un  seul  exem- 
ple. Aussi  n'est-ce  point  par  la  phonétique  ni  par  une  de  ces  exceptions 
aux  lois  phonétiques  vraiment  par  trop  commodes  auxquelles  a  recours 
le  linguiste  embarrassé,  qu'il  faut  l'expliquer  :  il  y  a  là  un  fait  très  inté- 
ressant et  instructif  d'analogie. 

La  transformation  s'est  faite  lentement.  La  catégorie  la  plus  ancienne 
de  futurs  en  -fenn,  -fès,  etc.,  est  celle  des  verbes  dont  la  consonne  finale, 
avec  Vh  du  futur  secondaire,  se  transformait  phonétiquement  en  /,  sans 
parler  de  verbes  comme  caffout^  qui  avaient  forcément  le  futur  en  -fèn, 
c'est-à-dire  des  verbes  dont  le  thème  était  terminé,  en  moyen  breton, 
par  /,  y,  et  des  verbes  composés  avec  le  verbe  substantif  comme  azna- 
vont  ou  aznavézoui  : 

Exemples  tirés  de  Zeuss,  Gramm.  Celt.»  ji8: 

Couzavhenn,  gouzafenn  =  gouzavhenn  ;  marvhenn  qui,  sans  doute^  au 
moins  dans  certaines  parties  de  la  Bretagne,  se  prononçait  aussi  marftnn\ 
cdffenn  ;  prouffe  =  prouvhe  ;  gouzafhech,  caffech. 

Poèmes  bretons  du  moyen  âge  : 


Mélanges,  2^5 

P.  8,  str.  19,  pan  queffet;  p.  66,  174,  deffe  =  de-vehe,  divhe;  p.  76, 
195,  caffenn;  p.  66,  179,  marvhe;  p.  88,  228,  deurffe  =-  deur^vehe  ou 
ieur-vt;  p.  90,  251,  /7tf^o/<î  =  go^e;  ibid.,  232,  aznaffe=i  aznavhe; 
p.  92,  2î^,  aznaffe;  p.  94,  240,  fcev/z^.  On  remarque  dans  les  Poèmes 
une  tendance  à  réduire  le  groupe  z  spirante  dentale  -j-  b  ou  v  àf: 
p.  84,  221,  affotzr:  az  boe,  que  tu  avais;  ibid.,  22^,  affoe;  p.  104,  261, 
nafizj  =  naz  bizy^  tu  n'auras  pas.  Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  qu'on 
prononçait  aussi  affe,  tu  aurais  ^=az  ve,  effe  =  ez  ve^  il  serait,  etc. 

Vie  de  sainte  Barbe  : 

P.  14,  56,  effenn=z  ez  venn,  je  serais;  îbîd.,  59,  queffet;  p.  16, 
68,  caffech;  p.  17,  70,  caffe;  p.  17,  71,  effe  =  ez  ve ;  p.  20,  84,  effe 
zzezve;  p.  25,  102,  queffet;  p.  26,  104,  0  deffhe,  var.  deffe,  ils  au- 
raient =  0  devehey  0  devhe;  ib.,  108,  effent  =:  ez  vent;  p.  54,  140, 
effen;  p.  ?6,  149,  «  gouj/i?,  il  saurait  =  gouzveheou  gouzve;  p.  46, 191, 
effe  lies  exemples  de  effe,  effen  pour  ez  ve,  «  ven^  sont  presque  la  règle; 
il  est  inutile  de  les  citer  tous)  ;  p.  74,  309,  ezhoarffe,  il  arriverait  =  hoar- 
vhe,  hoarvehe^  ou  peut-être  hoarve,  le  y  ayant  pu  être  porté  à  /  par  l'ac- 
tion de  IV  précédent;  p.  85,  561,  ne  goaffenn^  je  ne  saurais  =  gouzvenn 
ougouzvehenn;\hid.,  ^12^  gouffenn,  deurffe;  p.  86,  367,  ne  gouzffech 
(évidemment  le  z  n'est  qu'un  reste  de  la  tradition  écrite  et  on  prononçait 
gouffech);  p.  75,  40^,  nam  deurffe,  qui  ne  me  plairait  pas;  p.  124,  535, 
gouffenn;  p.  168,  7?},  ne  ancoufftienn;  p.  172,  74%  preserffhe  =  pre- 
servhe;  p.  174,  758,  gouzaffhe. 

On  peut  conclure  que  tous  les  verbes,  dont  le  thème  se  terminait  par 
K,  fc,/,  et  tous  ceux  qui  étaient  composés  avec  le  verbe  substantif  et  par 
conséquent  à  ce  temps  avec  ven,  vès,  ve  déjà  prononcé /en,  fes,  fe  précédé 
de  la  particule  ez  ou  des  pronoms  az,  avaient  le  futur  secondaire  en 
'fen.  Or  ces  verbes  sont  parmi  les  plus  employés  en  armoricain.  Dès 
lors  rien  d'étonnant  à  ce  qu'ils  aient  provoqué  chez  des  verbes  qui,  pho- 
nétiquement, ne  l'eussent  pas  fait,  le  passage  de  la  forme  en  -henn  à  la 
forme  en  ^fenn.  Dans  la  Grammaire  du  père  Maunoir  (d'après  LhuydAr- 
chaeol.  brit.)  le  nombre  des  futurs  en  fenn  s'accroît  :  à  côté  de  formes 
régulières  comme  hoarfe,  anaffe,  caffe,  gouffe,  marfe,  cleffe  [devhe)  ^  ialfe 
[talvezout  valoir),  on  a  des  formes  covame  falfe  (mefalfe  din,  je  vou- 
drais, j'aurais  besoin  de]  passé  dans  la  catégorie  des  verbes  composés 
avec  le  verbe  substantif  (peut-être  par  l'influence  de  son  infinitif /fl//ou/, 
qui  aura  suivi  l'analogie  de  caout],  teuffe  {me  a  zeuffe,  je  viendrais),  dleffe 
{me a  dleffe^  je  devrais).  En  revanche,  le  père  Maunoir  dit  encore lenne, 
care^  rahe.  On  le  voit,  l'analogie  n'a  achevé  son  œuvre  que  de  nos  jours. 
L'analogie  a  provoqué  dans  le  dialecte  de  Tréguier  la  création  d'un  futur 


2^6  Mélanges. 

primaire  en  -/o  sur  le  modèle  des  futurs  secondaires  en  -fe,  ce  qui  a  été 
d'autant  plus  facile  que,  déjà,  la  deuxième  personne  du  futur  primaire 
était  très  souvent  en  -het,  et  ne  se  distinguait  de  celle  du  futur  secon- 
daire que  par  le  suffixe  personnel  :  gouffel,  vous  saurez,  gouffech,  vous 
sauriez.  Il  faut  aussi  faire  entrer  en  ligne  de  compte  l'influence  analo- 
gique de  futurs  comme  caffo,de  futurs-subjonctifs  comme  rf^ce/on/  Zeuss» 
Gramm.  Celt.,  5 1 5).  Le  futur  secondaire  passif  a  eu  en  général  la  même 
fortune  que  le  futur  secondaire  actif.  Si  le  dialecte  de  Vannes  fait  excep- 
tion pour  la  transformation  de  henn  en/^/i/i,  cela  tient  à  ceque«  sur  toute 
l'étendue  du  territoire  vannetais,  il  y  a  avant  Vh  dans  la  prononciation, 
et,  le  plus  souvent,  dans  Pécriture  une  sorte  de  voyelle  irrationnelle  ana- 
logue, pour  le  son,  à  Ve  muet  français,  de  sorte  que  Vh  ne  se  trouve 
pas  immédiatement  en  contact  avec  la  consonne  précédente.  Si  on  n'a 
pas  eu  cleffe^  anaffe^  carfe^  en  vannetais,  c'est  qu'on  prononce  cleveht^ 
anavthe,  carehe.  Quant  à  la  naissance  ou  la  conservation  de  cette  voyelle 
irrationnelle,  elle  est  due  à  ce  qu'en  vannetais  Taccent  est  resté  ou  s'est 
porté  d'une  façon  régulière  et  avec  plus  d'intensité  sur  le  suffixe,  tandis 
que  dans  les  autres  dialectes  il  s'est  reporté  ou  établi  définitivement  sur 
la  pénultième. 

A  la  première  page  de  l'article  des  Mémoires  de  la  Société  de  linguis- 
tique de  Paris  où  nous  avons  établi  la  différence  de  formation  du 
présent  secondaire  et  du  futur  secondaire  armoricain,  nous  avons 
commis,  avec  d'autres,  une  erreur  que  nous  savons  gré  à  M.  Rhys 
d'avoir  relevée  (Revue  Celtiquey  VI,  i,  p.  41  en  note).  Il  n'est  pas  vrai, 
en  effet,  que  les  Gallois,  comme  nous  l'avons  avancé,  confondent  les 
formes  de  l'optatif-conjonciif  avec  celles  du  présent -futur.  Mais  celte  er- 
reur n'a  rien  d'extraordinaire.  Les  formes  comme  carwyf^  cerych^  caro 
sont  mentionnées  par  la  plupart  des  grammairiens  gallois  comme  des 
formes  à  sens  futur:  Griffith  Roberts,  A  welsh  grammar.  Milan,  1567. 
Supplément  à  la  Revue  Celtique,  1870-1883,  p.  67:  modd  cyssylldiawl, 
amser  cynhyrchiawl  Sigardyfodawl:  pan  garwyfy  gerych^  garo;  Dosparih 
Edeyrn  Davod  aur  with  english  translation  and  notes  by  Williams  ab 
Ithel,  p.  Ivi  :  Ffutr  amser  :  pan  garwyf  ;  Thomas  Richards  Antî- 
quae  linguae  britannicae  thésaurus,  Dolgelley,  1875,  p.  2j  :  Future tense: 
carwyfj  cerychy  caro,  etc.  Nous  pourrions  multiplier  les  exemples.  Les 
grammairiens  n'ont  évidemment  pas  été  assez  explicites  ;  ils  auraient 
dû  dire  que  ce  temps  joue  le  rôle  de  subjonciif-optaiif  et  ne  s'emploie 
que  dans  les  propositions  dépendantes,  ce  que  Griffith  Roberts  a  voulu 
faire  entendre  par  modd  cyssyltiawl.  D'un  autre  côté,  on  comprend  sans 
peine  que  de  constructions  comme  hyt  pan  welwyf,  jusqu'à  ce  que  je 


Mélanges.  237 

voie,  tra  allwyff  tant  que  je  pourrai,  on  ait  tiré  la  conclusion  que  ce 
temps  avait  le  sens  de  futur.  De  là  à  en  faire  un  équivalent  du  présent- 
futur  et  à  dire  qu'il  se  confond  avec  lui,  il  n'y  avait  qu'un  pas.  Voilà 
l'explication,  à  notre  avis,  de  cette  erreur  qui  a  tant  surpris  M.  Rhys. 
Nous  permettra-t-il  de  lui  faire  observer  à  notre  tour  qu'il  se  trompe 
en  avançant  que  l'erreur  que  nous  venons  de  confesser  est  le  fon- 
dement de  notre  article  des  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique 
de  Paris.  Tout  d*abord,  dans  la  partie  principale,  celle  qui  nous  est  à 
peu  près  entièrement  personnelle,  il  n'est  pas  question  du  conjonctif 
gallois.  Reste  le  début  où  nous  soutenons,  en  quelques  mots^  après 
d'autres,  que  le  futur  primaire  en  breton  se  compose  de  formes  emprun- 
tées à  l'optatif  et  au  conjonctif.  Si  le  gallois  doit  être  mis  de  côté,  notre 
thèse  n'en  est  que  mieux  démontrée  pour  le  comique  et  l'armoricain,  et 
M.  Rhys  nous  fournit  le  meilleur  des  arguments.  Du  moment,  en  effet, 
que  la  forme  en  -0,  comme  caro,  conserve  en  gallois  son  rôle  de  conjonctif- 
optatif,  il  n'en  est  que  plus  certain  que  le  futur  en  armoricain  et  en  cor- 
nique  est  suppléé  par  le  subjonctif- optatif  ;  caro  est  en  effet  le  futur  ré- 
gulier dans  ces  deux  langues. 

J.  LOTH. 


LA  PROSE  DE  SAINT  COLOMBA.. 

A  l'occasion  de  ce  texte,  publié  plus  haut,  t.  V,  p.  205-212  —  cf. 
les  notes  additionnelles,  p.  396  et  507  — ,  M.  E.  Dùmmier,  bien  connu 
par  ses  travaux  sur  l'histoire  et  la  littérature  du  moyen  âge,  nous  si- 
gnale obligeamment  des  versions  de  ce  texte  publiées  en  Allemagne  et 
d'après  d'autres  manuscrits.  Voici  sa  lettre  : 

Sie  haben  in  Ihrer  geschâtzien  Zeitschrift,  V,  205-212,  la  prose  de 
saint  Colomba,  herausgegeben  von  Cuissard,  aufgenommen.  Dièse  war 
schon  zweimal  gedruckt,  von  Boucherie  in  den  Mélanges  lalins,  p.  1 5- 
24,  ferner  von  Reifîerscheid  in  den  Sitzungsberichten  der  philos,  hisîor. 
Classe  der  Wiener  A':ademie,  LXVII,  547549  f=Biblioth.  patr.  Latin. 
//a/.,  II,  80]  ;  sie  steht  ferner  in  der  Handschrift  der  Mùnchner  S;aats- 
bibliothek  18665  f*  229-2^1  aus  Tegernsee,  und  ist  er^âhnt  bei  Ang. 
Vidi,  Spicileg.  Rom.,W,  192.  Dass  Hrabanus  Maurus  dasselbe  Cedicht 
gekannt  und  umgearbeitet  hat,  daruber  sind  meine  Poetae  latini  aevi  Ca^ 
rolini,  II,  197-204,  zu  vergleichen.  Die  3  Abdrucke  stammen  aus  ganz 
verschiedenen  Handschriften.  —  Es  wûrde  mich  freuen,  wenn  dièse  No- 


2^8  Mélang<s, 

tizen  Ihnen  von  Interesse  wâren  und  sie  einigen  Gebraucb  davon  ma- 
chen  kônnten  ! 

L^édition  de  M.  Eoucherie  que  signale  M.  Dûmmlerest  le  tirage  à 
part  de  l'article  que  nous  avons  signalé  ici-même,  t.  V,  p.  396. 

Aux  références  que  donne  M.  Dummier,  nous  ajouterons  une  édition 
récente  publiée  par  le  marquis  de  Bute.  Nous  ne  la  connaissons  que  par 
un  catalogue  de  librairie .  c'est  sans  doute  une  publication  faite  pour  le 
grand  public:  ALTUS  (The)  of  St.  Columba,  edited  with  a  Prose 
Paraphrase  and  Notes  by  John,  Marquis  op  Bute,  52  p.,  petit  in-4, 
1882  '.  H.  G. 


LE  MANUSCRIT  COTTONIEN  OTHO  E.  XIII. 

LA   SAISIE   IRLANDAISE    ET   GALLOISE,    LA   SAISINE   BRETONNE. 

Le  manuscrit  Otho  E.  XIII  du  fonds  Cottonien,  au  Musée  Britannique, 
est  un  de  ceux  où  Ton  a  reconnu  la  collection  de  canons  irlandais  inti- 
tulée Canonum  collatio^;  c'est  aussi  un  de  ceux  où  M.  Bradshaw  a  dé- 
couvert les  gloses  bretonnes  publiées  et  savamment  commentées  par 
M.  Whiiley  Siokesî.  L'attention  de  M.  Whiiley  Siokesaété  de  nouveau 
appelée  sur  ce  manuscrit  par  une  découverte  qu*y  a  faite  M.  Egerton 
Phillimore.  Il  s*agit  du  mot  breton  adgabael  igl.  occupanda),  f^  108  a. 
M.  Whitley  Stokes  y  a  trouvé  deux  autres  mots  bretons  :  2°  bann  (gl. 
canorai,  f "  1 1  b;  ce  peut  être  le  même  mot  que  l'irlandais  bind\  j*  car- 
car  (gl.  ergastulum'i,  f*»  1 1 3  a;  c'est  le  gallois  carchar.  Enfin  M.  Whitley 
Stokes  constate  que  deux  erreurs  ont  été  commises  par  les  précédents 
éditeurs.  M.  Bradshaw  avait  lu:  agipam  .i.  latic  et  avait  considéré  latic 
comme  un  mot  breton.  Il  faut  lire  :  .i.  latic  Jauiam  cliamidem.  De  même 
au  lieu  de  deric  igl.  dictor  mortis  eritl,  doimé  par  M.  Loth,  Vocabulaire 
vieux-breton,  p.  98,  il  faut  Wre  clericus. 

Des  trois  mots  bretons  que  nous  venons  de  mentionner,  le  plus  inté- 
ressant est  adgjibael.  Nous  avons  plus  haut,  p.  20  et  suivantes,  traité  de 
la  saisie  mobilière  irlandaise  qui  s'appelait  aithgabail.  Nous  l'avons  com- 
paré à  la  pignoris  capio  du  droit  romain.  Nous  avons  parlé  de  la  même 
procédure  dans  les  lois  germaniques  connues  sous  le  nom  de  Lois  bar- 

1 .  Une  édition  p!u5  récente  est  due  à  M.  Gilbert,  National  mss.  of  Irtlani^  Part  IV<, 
appendix  xxi  .18S4).  —  H.  d'A.  de  J. 

2.  Wasserschleb  n.  Die  iiische  Kanonauammlung^  deuxième  édition,  p.  xxzii. 

3.  Old' Breton  gtosses^  p.  2,  17-20. 


Mélanges.  239 

bares.  Nous  aurions  pu  dire  qu'il  en  était  question  aussi  dans  la  Canonum 
coUaiiOy  livre  XXXIII,  c.  8-10  <  le  plus  ancien  monument  de  la  légis- 
lation irlandaise  que  nous  ayons,  puisqu'il  date  de  la  fin  du  vu'  siècle  ou 
des  premières  années  du  vll^^  Mais  ce  qui  aurait  été  surtout  important 
à  faire  observer,  c'est  que  la  procédure  et  l'expression  existent  en  droit 
gallois.  Davies  nous  offre  adafael,  c'est-à-dire  ad-[g]afaely  variante  d'at- 
tafael  [pignoraiio,  districtio,  pignus).  Ad[g]afael  est  identique  à  l'irlandais 
aithgabail  «  saisie  mobilière  ».  Du  substantif  gallois  dérive  le  verbe  ada- 
fada  a  saisir  »,  que  nous  trouvons  employé  dans  le  plus  ancien  des 
textes  de  droit  gallois,  document  dont  on  a  des  manuscrits  du  xiii^  siècle, 
dans  le  Code  vénédotien^  livre  111,  chapitre  xxiv,  article  20.  Il  s'agit  de 
bœufs  qui  appartiennent  à  une  société  de  laboureurs,  ils  ne  peuvent  être 
mis  en  gage  par  .aucun  des  membres  de  la  société  ni  saisis  pour  une 
dette  qu'aurait  contractée  un  d'entre  eux.  Dans  le  texte  légal,  l'idée  de 
mettre  en  gage  est  représentée  par  l'infinitif  gfusilau^  et  l'idée  de  saisir 
par  l'infinitif  hadaaaelha  3. 

On  trouve  aussi  dans  les  monuments  du  droit  gallois  le  simple  gavel  ; 
nous  citerons  comme  exemple  l'article  du  Code  Dimétien  qui  interdit  la 
saisie  pour  dettes,  sans  autorisation  du  juge 4.  On  remarquera  la  ressem- 
blance de  cette  disposition  avec  certaines  prescriptions  des  lois  barbares 
que  nous  avons  citées  en  note  plus  haut,  à  la  page  20.  Les  juristes  qui 
lisent  les  lois  galloises  dans  le  texte  latin  doivent  trouver  la  ressemblance 
encore  plus  grande  : 

Qui  namum  pro  debito  sine  licentia  ceperit,  totum  debitum  amittet  et 
très  vaccas  camiury  domino  reddet,  fidejussor  existens  sol  vende  s. 

Debitoris  vero  namium  non  capitur  nisi  fidejussor  illud  tradiderit. 

Qui  autem,  inconsulta  dominicali  potentia,  pro  debito  namium  arri- 
puerit,  toto  debito  privabiiur  et  très  vaccas  camlwry  domino  resiituet^. 

Cette  traduction,  faite  dans  la  langue  latine  qu'écrivaient  les  conqué- 
rants anglo-normands  de  l'Angleterre,  a  substitué  aux  mots  gallois  ga- 
fael,  adgafael^  une  forme  latinisée  du  substantif  français  nam  qui  est  d'ori- 
gine germanique,  et  qui  appartenait  notamment  à  la  langue  du  droit  nor- 


1.  Wassfrschleben,  Dit  irische  Kanonennsammlung^  deuxième  édition,  p.  120-122. 

2.  Wasserschlebeii  iuid  ,  p.  xi.i. 

j.  Aniient  laws  and  inslitutes  of  Waks^  p.  i  Jj. 

4.  Pwy-bynnac  a-gyni  ro  gavel  dros  dylyet  h«b  ginnyat  arglwydiaeth  camiyryus 
Tyd.  Tht  Diir.aUn  Code^  livre  11  c.  vi,  article  3.  Ancient  laws  and  insltutes  of  Wala^ 
p.  207. 

S  Legts  Wallice^  livre  II,  c.  vii^  article  2.  Ancient  laws  and  institates  of  Wales, 
p.  784. 

6.  Lega  Wallkt^  livre  II,  c.  xvii,  articles  6,  7.  Ancitnt  laws  and  institates  ofWala, 
p.  8i8. 


240  Mélanges. 

mand.  Mais  pour  trouver  l'origine  du  principe  énoncé  dans  les  textes  de 
droit  gallois  que  nous  venons  de  citer,  je  veux  parler  de  la  prohibition 
de  saisir  sans  ordonnance  du  juge,  ce  n'est  pas  au  droit  germanique  qu1{ 
faut  s'adresser  :  les  Gallois  ne  l'ont  pas  empruntée  aux  lois  des  Germains; 
elle  remonte  chez  eux  à  la  domination  romaine.  ' 

Sous  le  gouvernement  des  magistrats  romains,  les  Bretons  vaincus  ont 
pu,  comme  les  Egyptiens  >,  conserver  certains  usages  juridiques  étran- 
gers au  droit  romain  ;  mais  ils  n'ont  pu  garder  celles  de  leurs  coutumes 
qui  étaient  contraires  à  l'ordre  public.  Il  aurait  été  contraire  à  l'idée  ro- 
maine de  l'ordre  public  que  quelqu'un,  sous  prétexte  d'une  créance  légi- 
time ou  non,  prétendit  saisir  le  mobilier  d'autrui.  Ce  principe  romain 
fut  conservé  par  les  Gallois  quand  ils  recouvrèrent  leur  indépendance. 
De  là  au  moyen  âge  une  différence  radicale  entre  leur  droit  et  celui  des 
Irlandais,  bien  que  l'identité  des  termes  légaux  atteste  l'origine  com- 
mune des  deux  législations. 

La  glose  adgabael  de  la  Canonum  collatiOy  dans  le  manuscrit  Cottonien 
Otho  E.  XIII  (x''  ou  XI*  siècle),  nous  montre  que  l'expression  technique 
du  droit  irlandais  et  du  droit  gallois  avait  été  transportée  par  les  émi- 
grants  bretons  sur  le  continent  français,  mais  avec  une  déviation  de 
sens.  Adgabael  écrit  par  le  scribe  breton  glose  le  verbe  latin  occupare.  Il 
s'agit  donc  ici  de  la  possession  des  immeubles  et  non  de  la  possession  des 
meubles.  Le  breton  adgabael  est  le  contraire  du  breton  latinisé  anga- 
holum  a  sans  possession  »  >,  dans  une  charte  du  ix**  siècle  que  nous  a 
conservée  le  Cartulaire  de  Redon  î.  L'objet  de  cette  charte  est  une  do- 
nation d'immeuble;  cette  donation  concerne  un  lieu  appelé  Botgarth; 
le  donateur  veut  que  les  moines  auxquels  il  fait  cette  libéralité  soient  mis 
en  possession  ipso  facto,  et  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  procéder  au  cé- 
rémonial ordinaire.  Il  leur  fait  donc  sa  donation  sine  angabolo^  littéra- 
lement, sans  absence  de  prise  de  possession  «  sans  privation  de  saisine  », 
c'est-à-dire  «  avec  saisine  ».  Adgabael  exprime  la  même  idée  que  le  latin 
sine  angabolo  du  Carîuhire  de  Redon,  Quoique  le  sens  de  a  saisine  »  ne 
soit  pas  exactement  le  même   que  celui  de  Vaithgabail  des  Irlandais 
«  saisie  »,  cette  différence  est  trop  peu  de  chose  pour  nous  empêcher 
de  reconnaître  ici  un  des  témoignages  qui  attestent  l'unité  primitive  du 

droit  celtique  :  irlandais,  gallois  et  breton. 

H.  d'A.  deJ. 

1.  Révillout,  Cours  de  droit  égyptien,  t  I  (1884),  p.  212  et  suiv.;  Pasturet,  La  condition 
juridique  de  la  femme  dans  l'ancienne  Egypte,  p.  66;  Dareste,  dans  le  Journal  des  Sa- 
vants de  ma. s  188). 

2.  Comparez  le  gallois  anghaffaeliad  «  non  attainment  »,  «  privation  ». 
|.  Cartulaire  de  Redon,  p.  12,  1.  }. 


Mélanges.  241 

ENCORE  UN  MOT  SUR  LA  PUISSANCE  PATERNELLE  EN 

DROIT  IRLANDAIS. 

Aux  textes  irlandais  que  nous  avons  cités,  pages  91  et  suivantes,  pour 
établir  Tincapacité  du  fils  tant  qu'il  est  soumis  à  l'autorité  du  père^  on 
peut  ajouter  les  passages  suivants  de  la  Canonum  collaîio: 

Sinodus  Hibernensis  :  Non  est  dignus  fidejussor  fieri  servus,  nec  pe- 
regrinus,  nec  brutus,  nec  monachus,  nisi  imperante  abbate,  nec  filius, 
nisi  imperante  pâtre  '. 

Sinodus  Hibernensis  :  Juramentum  filii  aut  filiae,  nesciente  pâtre,  ju- 
ramentum  monachi,  nesciente  abbate^^  juramentum  pueri  et  juramentum 
servi,  non  permittente  domino,  irrita  sunt  '. 

On  sait  que  la  Canonum  collaîio  a  été  composée  vers  l'an  700  de  notre 

ère. 

H.  d'A.  deJ. 

A  NOTE  ON  SOME  OF  THE  WORDS  FOR  FLAX. 

The  Celtic  words  for  flax  are  Irish  lin  and  Welsh  lUn,  both  of  which 
are  doubtless  tbe  Latin  linum  adopted  ;  but  there  are  traces  of  the  exis- 
tence among  the  Celts  of  kindred  terms  beignging  to  an  earlier  stratum 
of  history,  if  I  may  so  speak.  One  of  the  earlier  vocables  I  refer  to  is  to 
be  detected  in  the  Welsh  lllain,  «  linen  »,  which  Pughejn  his  dictionary 
gives  as  llïan'y  but  this  lastis  only  the  dialectic  pronunciationof  the  word 
in  the  broad  Welsh  of  a  part  of  North  Wales,  and  Davies,  in  his  Welsh- 
Latin  dictionary,  correctly  gives  lliain  «  linteum  »,  and  lliain  a  mappa  » 
to  the  former  of  which  he  adds  by  way  of  comparison  the  Breton  lien 
«  tela  »  —  the  Comish  word  was  written  in  the  same  way,  and  meant 
a  linen  cloth.  The  prévalent  pronunciation  in  South  Wales  and  the  only 
one  I  am  acquainted  with  is  llien  which  agrées  with  the  book-form  llïain 
and  not  with  llïan,  The  plural  is  llieiniau  with  which  ail  the  dialects 
agrée  in  their  respective  ways.  Now  the  early  Bryihonic  base  which 
thèse  words  postulate  would  be  lïenjo^  using  /  for  the  semi-vowel  y 
(as  in  the  English  word  y  es)  and  leaving  it  undecided  what  the  gender  was 
in  Welsh,  in  which  lliain  is  masculine.  This  would  make  for  that  gender 
or  for  the  lost  neuter  ;  but  on  the  whole  it  is  probably  safer  to  regard 


1.  Livre  XXXIV,  c.  3  ;  Wasserschleben,  Die  irhcht  Kanontnsammlung^  deuxième  èdi' 
tioD,  p.  122. 

2.  Une  XXXV,  c.  5,  ihid.,  p.  126. 

Rc9.  CelL  VI!  16   . 


242  Mélanges. 

the  Word  as  an  adjective  ïienj-os^  -û,  -on  derived  from  a  base  ïieno  or 
lïena  ;  let  us  say  brîefly /?e/i-.  In  Irish,  the  adjective  would  be  léine  or  Une 
and  an  instance  of  this  word  occurs  in  a  passage  quoted  by  O'Curry  in  hîs 
«  Manners  and  Customs  of  the  ancient  Irish  »,  III,  107.  O'Curry  there 
cites  from  manuscript  H.  i .  1 5 ,  p.  95  5 ,  linc  7,  as  follows  :  eitir  curûiar 
aleine  agas  aghlun  «  between  the  border  of  his  leinidh  and  his  knee.  » 
If  the  manuscript  is  to  be  relied  on,  leine  should  hère  be  a  genitive 
féminine;  but  it  does  not  quite  tally  with  O'Curry's  distinction  betwen 
leine  «  shirt  »  and  leinidh  «  kilt  or  petticoat  » ,  as  according  to  his  own 
showing  leine  in  the  passage  cited  would  hâve  the  former  meaning  namely 
that  of  «  shirt  »  ;  but  there  is  another  and  a  much  more  common  léncy 
from  the  stem  lien-.  It  is  a  neuter  making  léniîh  in  the  genitive  and  the 
dative,  and  lénti  in  the  nominative  and  accusative  plural.  It  means  a 
shirt  or  chemise;  originally,  the  clothing  meant  was  doubtless  aiways 
made  of  linen,  but  we  sometimes  read  of  great  chieftains  wearing  lénti 
made  of  silk,  and  there  one  of  linen  would  be  specifically  described  as 
lénti  linde  or  «  camisiaelinteae  ».  It  had  in  the  case  of  opulent  men  threads 
of  various  colours  and  sometimes  of  gold  and  silver^  especially  around 
the  borders.  The  typical  Irish  chieftain  of  the  epic  taies  had  his  linen  and 
his  cloth  :  the  former  was  the  Une  or  «  shirt  »,  and  the  latter  the  bratt, 
«  the  tartan  or  blanket  »  over  ail  and  fastened  by  means  ofa  curious 
salmon-shaped  brooch  of  gold  or  silver  « .  The  stem  fien-  is  roerely 
provisional  as  there  is  no  reason  to  suppose  it  to  hâve  had  the  hiatus 
from  the  first,  but  only  in  conséquence  of  the  elision  of  a  consonant. 
What  that  consonant  was,  the  modem  Celtic  languages  cannot  answer 
more  exactly  than  that  it  must  hâve  been  either  s  or  p.  Thus  we  should 
hâve  either  Usan-  or  lipan-  which  we  may  for  convenience  further  eut 
down  to  lis-  or  /zp-.  So  to  come  to  a  more  exact  resuit  one  has  lo  cast 
about  for  some  helpful  indication  from  the  kindred  tongues  ;  and  the 
resuit  isa  failureto  find  anything  in  favour  of //p-,  while  Greekand  Latin 
may  be  said  indirectly  to  establish  the  other,  Us-  ;  for  if  you  will  suppose 
~no  added  to  it,  you  hâve  the  base  lisno-  which  will  explain  both  the 
Greek  Xivov  with  its  short  /  (compare  ovo;  for  o<rvoç]  and  the  Latin  K/iam, 
with  its  long  /.  Further  Dr.  Vigfusson  has  pointed  out  to  me  two 
very  interesting  old  Norse  words  which  seem  to  be  in  point  —  one  at 
least,  if  not  both .  The  first  is  the  neuter  lesni  which  is  explained  to 
mean  «  a  kind  of  head-gear  for  women  ».  The  other  is  the  word  Urept, 
«  linen  or  a  linen  cloth  »,  which  he  would  now  analyse  înto  lés-vept. 

I.  See  O'Curry's  Manners  and  Customs  ofthe  ancient  Irish  III,  92-9^« 


Mélanges,  243 

The  latter  élément  would  be  akin  to  the  verb  vefa  «  to  weave  »,  whiist 
be  would  regard  1er  as  shewing  r  for  a  more  original  z  and  as  being 
connected  with  tbe  word  lesni  :  thus  lérept,  which  is  also  neuter,  might 
be  said  to  stand  for  Us-ve/i,  and  to  mean  literally  «  a  flax  or  linen 
web  ». 

I  bave  nothing  to  say  as  to  the  ultimate  etymology  of  thèse  words, 
except  that  they  seem  to  be  clearly  cognate  with  the  Norse  verb  lésa 
(participle  pass.  lesinn),  a  to  glean.  gather  or  pick  »,  and  metaphorically 
«  to  gather  words  and  syllables,  to  read  »,  German  lesen^  «  to  read  », 
aas-lesen  «  to  pick  out  »,  Gothic  lisan  «  colligere  »,  A. -Saxon,  lesan 
«  to  lease,  glean  or  pick  ».  This  is  a  strong  verb  and  suggests  the  question, 
what  bas  become  of  it  in  the  other  Aryan  languages.  That  I  cannot 
answer,  except  in  so  far  as  the  words  pointed  out  in  Celtic,  Latin  and 
Greek'seem  to  me  to  be  nearly  akin  to  it. 

Hehn  the  author  of  the  well-known  work  on  Kulturpflanzen  und 
Hausthiere  (third  éd.  Berlin^  1877)  dévotes  an  eiaborate  article  to  the 
subject  of  flax,  and,  observing  that  Greek  comedians  trealed  the  Greek 
word  as  XTvov  and,  not  X^vov,  he  would  suggest  that  the  Latin  lînum  was 
derived  from  the  Greek  word  as  pronounced  by  the  common  people, 
which,  nevertheless,  seems  a  little  doubtful.  In  the  next  place,  it  may 
be  pointed  out  that  the  Norse  lérept  (Danish  Urred)  must  be  regarded 
as  yielding  the  simplest  form  of  the  word,  simpler  than  the  Greek  one, 
which  would  not  be  in  the  least  surprising,  if  the  related  verb  be  stili 
one  of  the  most  common  words  in  the  Teutonic  languages. 

The  words  which  bave  been  hère  examined  fall  into  two  séries  :  i  ) 
Alatergroup  consisting  of  the  Celtic  onesborrowed  from  the  Latin  linum, 
to  which  one  may  probably  add  English  linen ^  German  leinen,  the  same, 
znd  lein  «  flax  »,  Gothic  lein,  the  same,  0.  Norse //n,  «  flax,  linen 
gear,  »  especially  the  head-gear  worn  by  ladies  on  the  bridai  day, 
Lithuanian  linai  and  0.  Bulgarian  lïnH^  both  meaning  «  flax  »  :  possibly 
some  of  the  latter  come  from  the  Greek,  and  not  from  the  Latin;  but 
that  is  a  point  on  which  I  do  not  wish  to  dwell.  2)  The  other  group 
consists  of  the  Welsh,  Irish  and  Norse  words  spoken  of  more  in  détail. 
They  date  probably  far  earlier  than  the  borrowing  of  those  of  the  later 
group  :  there  is  no  philological  argument  in  the  way  of  our  supposing 
them  to  belong  to  the  same  (or  even  an  earlier)  period  of  distant 
antiquity  as  the  Greek  X^ov  ;  but  I  leave  ail  thèse  points  to  those  inter- 
ested  in  the  history  of  early  culture,  and  nothing  would  gratify  me 
more  than  tofind  that  I  had  succeeded  in  making  them  examine  anew 
their  account  of  flax.  Hehn's  chapter  aiready  mentioned  is  full  of  inter- 


[ 


244  Mélanges. 

esting  remarks,  but  I  cannot  enter  upon  them  in  this  short  paper.  I 

may,  however,  just  say  that  after  tracing  the  cultivationofflaxin  Spain, 

Gaul  and  Germany,  as  far  as  the  Slaves  and  the  Finns,  he  observes, 

p.  1 59;  that  «  Leinwand  ais  Volkstracht  ist  nordischen  Ursprungs  >, 

that  the  Greeks  and  Romans  did  not  know  the  article  of  dress  whicb 

we  should  call  a  shirt  —  «  das  linnene  Unterkleid,  das  eigentliche 

Hemde,  das  die  Griechen  und  Rômer  in  der  Weise,  wie  die  heutigen 

Europâer,  nicht  kanntern  »,  and  that  only  the  women  of  the  weaithiest 

class  wore  iinen  next  the  skin  —  «  frùher  hatten  hôchstens  die  Weiber 

vornehmen  Standes  Leinwand  unmittelbar  am  Kôrper  getragen.  »  A 

littie  further  on,  p.  163,  he  calls  attention  to  a  passage  in  Plutarch  De 

Iside  et  Osiride,  4,  in  which  that  author  speaking  of  certain  Egyptian 

priests  wearing  Iinen,  enumerates  the  advantages  of  iinen,  ending  with 

the  words  ^xtara  tï  çOetpoTroiov,  a>;  ÂtYouai.  This  calis  from   him  the 

observation  —  «  In  der  That  ist  die  letztgenannte  Plage,  an  der  die 

gepriesene  Urzeit  gewiss  in   einem  Masse  litt,  von  dem  sich  unsere 

Ideaiisten  nichts  trâumen  lassen,  ein  Charakterzug  aller  pelztragenden 

Vôlker.  »  The  truth  of  the  first  part  at  least  of  the  remark   must  be 

admitted  by  everybody  who  knows  anything  in  the  way  of  comparison 

between  the  vocabularies  of  our*Aryan  languages:  the  meaning,  for 

instance,  is  not  to  be  denied  of  the  fact  that  the  Welsh  and  the  English 

hâve  words  identic  in  origin  for  thepedicular  parasite,  and  that  the  same 

remark  may  be  extended  to  words  derived  by  many  Aryan  nations  from 

a  root  sknid  [or  sklid]  such  as  Greek  xov'ç,  Lith.  glïndas  a  lendes  », 

Polish  gnida^  Bohem.  hnida^  German  niss^  A.-Saxon  hnitu,  Mod.  Eng. 

nity  W^élsh  neddf  Irish  sned  «  lens  »  and  possibly  the  Latin  word  itself  : 

see  Curtius'  Grandziige  der  griecli,  Etymologie^  No.  28  j.  But  I  can  sym- 

pathize  with  the  «  Ideaiisten  »  as  I  hâve  been  one  of  them  :  of  the 

original  Aryan  man  we  used  to  hold  views  idyllic  and  indiffèrent  to  ail 

reasonable  theory  of  évolution  ;  but  the  relentless  investigator  intro- 

ducing  hère  and  there  a  touch  of  fact  has  so  far  transformed  the  picture, 

that  the  persistent  idealist  can  no  longer  look  at  it  without  bursting  into 

a  jeremiad  on  the  want  of  taste,  which  he  supposes  the  most  récent 

students  of  the  science  of  man  and  of  speech  to  display.  But  in  such 

matters  it  is  doubtfui  taste  to  prefer  taste  to  truth. 

J.  Rhys. 


j 


Mélanges.  245 

LA  PROCEDURE  DU  JEUNE  EN  IRLANDE. 

Dans  l'étude  sommaire  sur  la  procédure  irlandaise  qu'on  a  pu  lire  plus 
haut,  pages  1 1  et  suivantes^  nous  avons  traité  fort  brièvement  d'un  des 
moyens  mis  par  la  coutume  à  la  disposition  des  demandeurs  :  nous  vou- 
lons parler  du  jeûne  (p.  26,  27).  Quand  nous  avons  rédigé  la  partie  de 
notre  exposition  qui  concerne  le  jeûne,  nous  n'avions  pas  lu  l'intéressante 
note  publiée  sur  cette  question  par  M.  Wh.  Stokes  dans  VAcademy  du 
12  septembre  1885,  page  169,  sous  le  titre  moitié  anglais  moitié  hindi 
sitting  dharna.  Le  savant  auteur  renvoie  dans  cette  note  à  cinq  textes 
hagiographiques  relatifs  à  la  procédure  du  jeûne,  sur  laquelle  nous 
n'avions  mentionné  que  des  textes  de  droit. 

Deux  des  textes  hagiographiques  cités  par  M.  Wh.  Stokes  sont  à  la 
disposition  du  public  dans  les  Fac-similés  édités  par  l'Académie  d'Irlande 
et  nous  donnent  l'exemple  d'un  demandeur  jeûnant  inutilement  pendant 
trois  jours.  La  vengeance  céleste  frappe  le  défendeur  récalcitrant.  Dans 
le  premier  de  ces  documents,  le  demandeur  est  saint  Germain,  évèque 
d'Auxerre  ;  le  défendeur  est  le  célèbre  et  malheureux  roi  des  Bretons 
Vortigern.  Vortigern  a  fait  un  mariage  incestueux;  il  a  épousé  sa  propre 
fille.  Germain  le  somme  de  la  quitter.  Vortigern  n'osant  tenir  tète  au 
pontife  s'enfuit  et  va  se  cacher  sur  une  montagne  appelée  Vortigerman. 
Mais  saint  Germain  l'y  suit  avec  un  grand  nombre  de  clercs  bretons  et  il 
y  reste  pendant  quarante  jours  et  quarante  nuits.  Au  bout  de  ce  temps, 
le  roi,  ne  pouvant  supporter  le  voisinage  de  ces  prêtres  dont  la  présence 
était  pour  lui  un  continuel  reproche,  prend  la  fuite  une  seconde  fois  et 
va  dans  la  forteresse  de  Gunnis,  autrement  dite  Caer  Vorthigernd,  cacher 
son  impudique  obstination.  Mais  Germain  l'y  suit  encore,  et  recourant  au 
moyen  le  plus  puissant  qui  fût  à  sa  disposition,  il  jeûne*.  Son  jeûne  dure 
trois  jours  et  trois  nuits.  Au  bout  de  ce  temps,  le  feu  du  ciel  tombe  sur 
Vortigern  et  le  brûle  avec  tous  ses  gens  '. 

Le  second  texte  nous  reporte  à  des  événements  postérieurs  de  deux 
siècles  au  moins.  Nous  sommes  au  milieu  du  vu*  siècle  de  notre  ère. 
Guare  Adne,  roi  de  Connaught  ^  livre  bataille  à  Diarmaid,  fils  d'Aed 

1.  No  forcanad  xmmorro  German  im  GortAigernd  co-roleced  a-mnai  Mon  a-ingin. 
Ro  tAdg  ocus  rofolaig  rîa  German  co-dérchib  BreMn  i-sin-derund  dianid  ainm  GortAi- 
german,  ocus  dochuaid  German  cô-derchib  Bretd/i  ocus  ro  boi  XL  lathi  ocus  aidcAe  and. 
Ocus  dochuaid  doridisi  CortAigerng  for-teched  na  clerecA  co  a-dûn,  ocus  doc/ioid  G«rman 
ûin^a-diaid,  ocus  robât^r  tri  là  ocus  tri-aidchi  in-aine  andsin;  ocus  roloisc  tene  do-ni/n 
inni  GortMgern  andsi/z  con-a-uile  muintir.  Lthor  na  h-Uidre^  p.  4,  col.  i,  1.  4-14.  Cf. 
Todd,  The  Irish  version  of  the  Historia  Britonum  ofNenniuSf  p.  102. 

2.  Guare  Adne  mourut  en  662  suivant  les  Annales  des  quatre  Maîtres^  édition  donnée 
par  O'Donovan,  t.  I,  p.  272. 


246  Mélanges. 

Slâne,  qui  est  vainqueur  ■.  Cette  bataille  est  connue  dans  la  littérature  ir- 
landaise sous  le  nom  de  Cath  Cairn  ConailL  Et  pourquoi  Guare  Adne  y 
fut-il  vaincu  i  C'est  bien  siniple.  Il  s'était  rendu  coupable  d'une  injure 
grave  envers  saint  Cammine.  Celui-ci  était  venu  en  demander  la  répa- 
ration, et  comme  cette  réparation  ne  lui  avait  pas  été  donnée,  il  avait 
jeûné  pendant  trois  jours  pour  contraindre  le  récalcitrant  à  réparer  ses 
torts,  puis,  enfin,  n'obtenant  rien,  il  avait  lancé  contre  Guare  une  malé- 
diction :  a  S'il  plaît  à  Dieu,  s'était-il  écrié,  l'homme  qui  me  résiste  ainsi 
ne  résistera  pas  à  ses  ennemis  '.  Il  était  donc  très  dangereux  de  laisser 
un  saint  jeûner  pendant  trois  jours. 

On  pouvait  laisser  jeûner  un  saint  pendant  une  journée  sans  qu'il  y  eût 
d'inconvénient.  C'est  ce  qui  arriva  à  saint  Finnén  quand  il  voulut  con- 
vertir Tdan  mac  Cairill.  Tùan  refusa  d'abord  de  laisser  entrer  dans  son 
château  Finnén,  qui  dut  se  résigner  à  jeûner  à  la  porte  un  dimanche  ^ 
Puis^  Tûan  s'étant  laissé  toucher,  ils  devinrent  bons  amis.  Mais  trois 
jours  de  jeûne,  c'était  beaucoup  trop,  et  le  feu  du  ciel  ou  une  défaite 
venait  punir  ceux  qui  avaient  laissé  pendant  si  longtemps  pâtir  les 
saints. 

Un  texte  que  nous  indique  M.  Wh.  Stokes  nous  apprend  une  manière 
de  réduire  à  l'impuissance  ce  jeûne  persistant  ;  c'était  de  jeûner  soi- 
même  comme  le  saint,  qu'on  pouvait  ainsi  mettre  dans  un  grand  em- 
barras. C'est  le  procédé  qu'employa  contre  saint  Patrice  la  femme  du  roi 
Loegaire.  Saint  Patrice  jeûnait  contre  le  roi  Loegaire  ;  la  reine  se  mit  à 
jeûner  contre  saint  Patrice  4.  C'était  ce  qu'on  pourrait  appeler  dans  la 
langue  du  droit  une  demande  reconventionnelle. 

Ces  textes  sont  fort  intéressants^  mais  je  ne  crois  pas  que,  pour  se 
rendre  compte  du  véritable  sens  de  la  procédure  du  jeûne,  il  faille  se 
contenter  de  la  juger  par  des  documents  légendaires.  Pour  en  bien  com- 
prendre la  valeur,  il  faut  d'abord  se  reporter  aux  principes  fondamentaux 
des  usages  légaux  de  l'époque  à  laquelle  elle  appartient.  Un  de  ces  prin- 
cipes est  que  l'homme  coupable  de  la  mort  d'un  autre  doit  à  la  famille 
une  indemnité  qui  se  compose  de  deux  éléments  :  l '^  le  prix  du  corps,  coirp- 
dire;  2®  le  prix  de  l'honneur,  enech-lann  ou  log  enech.  Lt  coirp-diretsidt 


1.  Cette  bataille  est  mise  en  64$  par  les  Annales  des  quatre  Maîtres,  ibid.,  p.  260. 
M.  Hennessy  préfère  la  date  de  646.  Chronicon  Scotorum,  pp.  90,  91. 

2.  Ro-b6i  Ckmmm  tri-trat^  oc-troscud  fair  i/n-slanaigect  hi-tarat  hé,  ar-rosifraig 
Guâiri  hé:  mad  c6ir  la-Dia,  ar  Câmmine,  in-fer  fil  hi-comt<»nsem  frimmsa  n\-Tothaîrist 
fri  nâmtiu.  Lebor  na  h-Uidre,  p.  116,  col.  i,  I.  20-2$. 

3.  Co-ro-tAroiscet  ad  fo  domnacA.  Lebor  na  h-Uidre,  p.  15,  col.  i,  1.  58, 39. 

4.  Bibliothèque  bodléienne  d'Oxford,  manuscrit  Rawlinson,  B.  512,  folio  108  reao, 
col.  7. 


Mélanges.  i^-j 

sept  femmes  esclaves  '.  Quant  à  Venechlann^  son  importance  variait  selon 
la  dignité  du  mort  :  trois  bétes  à  cornes  ou  une  femme  esclave  pour  un 
noble  de  rang  inférieur;  vingt -huit  femmes  esclaves  pour  le  roi  suprême 
d'Irlande  >  ;  et  Tarchevèque  d'Armagh  allait  de  pair  avec  le  roi  suprême 
d'Irlande.  Si  donc  on  avait  laissé  mourir  de  faim  devant  sa  porte  l'arche- 
vêque d'Armagh,  ou  autrement  dit  le  successeur  de  saint  Patrice^  on  se 
serait  trouvé,  de  ce  chef,  débiteur  de  vingt-huit  femmes  esclaves  à  titre 
d'enechlann^  outre  sept  femmes  esclaves  à  titre  de  coirpdite,  en  tout 
trente-cinq  femmes  esclaves.  Ce  n'était  pas  tout.  Le  débiteur  obstiné, 
qui  avait  laissé  jeûner  son  créancier  sans  le  payer  ou  sans  prendre  l'en- 
gagement de  le  payer,  voyait  par  ce  fait  seul  sa  dette  doublée  K  C'est 
la  conséquence  du  principe  général  qui  veut  que  la  dette  soit  doublée 
toutes  les  fois  que  le  créancier,  mis  en  demeure  par  une  procédure  régu- 
lière, refuse  de  s'exécuter  4. 

Pour  éviter  le  doublement  de  sa  dette,  le  débiteur  contre  lequel  le 
créancier  jeûnait  devait  prendre  l'engagement  de  payer,  c'est-à-dire 
donner  soit  un  gage,  soit  une  caution  dans  la  journée  où  le  jeûne  avait 
commencé  ou  dans  |a  nuit  suivante  s. 

Je  n'ai  pas  fini:  toute  grave  irrégularité  dans  la  procédure  donnait  lieu 
à  une  amende  de  cinq  bêtes  à  cornes  payable  par  l'auteur  de  l'irrégularité 
à  la  partie  adverse^.  Le  débiteur,  qui,  ne  tenant  pas  compte  du  jeûne  de 
son  créancier,  laissait  passer  un  jour  et  une  nuit  sans  s'exécuter,  devait 
à  ce  créancier  l'amende  de  cinq  bêtes  à  cornes.  Il  lui  devait  aussi  le 


1.  Logh  n-einiuch  ocus  secht  cumula  coirp-dire  {Senchus  Môr,  dans  Ancient  laws  of 
Irdand^  t.  III,  p.  70,  1.  6-8).  Secht  cumala  ocus  lan  enedann  fair  i-sin  marbadh  {Lhn 
d*AiâUf  ibid.^  p.  98,  1.  n-14,  18-19). 

2,  Caitiat  seoit  turchluide  caich  fo  miad?  Ninsa.  Tri  seoit  da  ogatrigh,  tri  secht  cu- 
mula do  niirig,  cethri  secht  cumula  do  ri  ruiriuch  (Senchus  Màr,  dans  Ancient  ùtws  of 
ireUnd^  t.  Il,  p.  224,  lignes  7-9).  Logh  einech  cach  ain  is-edh  a  seota  turcluide  (Ibid., 
p.  226,  ligne  t)). 

^.  Intt  loingess  nad-oige  reirdi  troscud,  isi  a-breth  la  Feni:  asren  diabul  neich  ar-a- 
troiscther  aire  [Senchus  Màr^  dans  Ancieni  laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  116,  lignes  14-1  $)• 

4.  Ar-us  diablud  fri  h-elo  [Senchus  Môr,  dans  Ancient  laws  ofirelani,  t.  II,  p.  14, 
1.  30-31).  Comparez  le  passage  où  il  est  dit  :  Nech  nad  gella  di  troscud  is  eluthach  na 
n-aile  ft.  I,  p.  112,  ligne  16-17).  Dans  la  procédure  extra-judiciaire  d'Irlande  elo  cor- 
respona  à  ce  que  sont  dans  la  procédure  judiciaire  le  défaut  et  la  contumace  ;  eluthach 
conespond  à  défaillant  et  à  contumax. 

5 .  Le  texte  du  Senchus  Màr  est  ainsi  conçu  :  Iss-ed  coir  cach  troiscthe  la  Feine  :  arach 
for  soraith  nad  elai,  no  gell  do  geallaib  treibi  nech  fri  a  troiscither  aire  {Ancient  laws  oj 
Ireland^  t.  I,  p.  118,  lignes  5-8).  Ce  texte  ne  dit  rien  du  délai,  mais  on  le  trouve  in- 
diqué dans  la  glose  :  in  gell  imurro,  cid  illo,  cid  in  aidchi  tarraistar  nocha  tincisi  choir  ni 
aili  tar  a  cend  acht  feich.  «  Le  gage  donné  soit  dans  le  jour  soit  dans  la  nuit  ne  garantit 
«  au  créancier  le  remboursement  d'autre  chose  que  le  montant  de  la  dette  »  (t.  I,  p.  120, 
lignes  7-8).  Sur  ce  gage,  voyez  le  Livre  d'Aicill^  dans  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  111, 
p.  324. 

6.  Voyez  le  Senchus  Mor,  dans  Ancient  laws  ofireland^  i.  I,  p.  90,  ligne  29  ;  p.  102, 
ligne  6;  t.  Il,  p.  48,  ligne  11  ;  p.  70,  ligne  i  ;  p.  80,  ligne  16. 


248  Mélanges, 

double  de  la  nourriture  que  le  créancier  aurait  mangée  s'il  n'eût  pas 
jeûné  >.  Enfin,  pour  comble  de  malheur,  un  texte  légal  lui  annonce  qu'à 
l'avenir  aucun  de  ses  débiteurs  ne  le  paiera  ^ 

Résumons  tous  ces  principes  sous  forme  d'une  espèce  hypothétique. 

Le  clergé  «  désétabli  »  d'Irlande  vient  de  prendre  une  délibération 
contre  un  projet  de  M.  Gladstone.  Supposons  que  le  vieux  droit  celtique 
soit  encore  en  vigueur.  On  verrait  l'archevêque  «  désétabli  »  d'Armagh, 
le  successeur,  comarba,  de  saint  Patrice,  jeûner  à  la  porte  de  M.  Gladstone 
qui,  en  cas  de  résistance,  deviendrait  débiteur  de  trente-cinq  femmes 
esclaves^  de  cinq  bétes  à  cornes,  du  double  de  la  nourriture  dont  l'ar- 
chevêque d'Armagh  se  serait  privé,  et  d'une  somme  deux  fois  égale  au 
préjudice  que  les  projets  de  M.  Gladstone  peuvent  causer  au  clergé 
«  désétabli  ».  Enfin  les  débiteurs  de  M.  Gladstone  seraient  en  droit  de 
ne  pas  lui  payer  ce  qu'ils  lui  doivent.  Je  ne  dis  rien  du  coup  de  foudre 
qui  pourrait  le  tuer  comme  Vortigern  ou  de  la  défaite  qu'il  pourrait  subir 
comme  Guare  Adne. 

Franchement  la  situation  de  M.  Gladstone  n'aurait  rien  d'enviable. 
Toutefois,  le  vieux  droit  des  Brehons  lui  offrirait  un  moyen  de  la  rendre 
un  peu  moins  mauvaise,  ce  serait  d'offrir  à  manger  à  l'archevêque  d'Ar- 
magh. Il  pourrait  par  ce  moyen  faire  l'économie  des  sept  femmes  es- 
claves qui  sont  le  prix  du  corps,  coirp-dire,  et  ainsi  le  nombre  des  femmes 
esclaves  qu'il  devrait  serait  réduit  à  vingt-huit.  D'autre  part  on  ne  pour- 
rait l'obliger  à  payer  le  double  de  la  nourriture  de  l'archevêque  pendant 
le  temps  qu'aurait  duré  le  jeûne  ^ 

On  sait  que  la  procédure  du  jeûne  existait  dans  l'Inde^,  son  nom  sans- 
crit est  prâhya  ou  prUyopavëçana  ;  elle  s'est  maintenue  même  sous  la  do- 
mination anglaise  jusqu'à  une  date  rapprochée  de  nous  ;  c'est  seulement 
en  1861,  comme  nous  l'apprend  M.  Wh.  Stokes,  que  le  code  pénal  in- 
dien l'a  supprimée. 


1.  Is  cuic  séoit  uaid  ocus  enechlann  ocus  diablad  fiach  ocus  cumal  sechmaid  marbad 
[ocus  dublad  m-bid,  mana  targus  biadh  do  ;  ocus  ma  targus  biadh  do,  ni  fuil  cumal 
sechmadh  marbtha  na  dublad  mbidh]  {Livre  d*AicUl,  dans  Ancient  laws  0/  Irelandj  t.  111, 
p.  $14,  lignes  6-10). 

2.  Ni  direnar  o  dia  na  duine  c  N'est  payé  ni  par  Dieu  ni  par  homme  1.  [Senchus  Màr, 
dans  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  I,  p.  112,  lignes  17-18).  Le  glossateur  ne  parait  pas 
prendre  cette  menace  au  sérieux  ;  suivant  lui,  elle  n'atteint  qu'i  moitié  les  laïcs.  Voyez 
ibidem,  p.  116,  lignes  2-j. 

3.  Ma  targus  biadh  do,  ni  fuil  cumal  sechtmadh  marbtha  na  dubladh  m-bid  (Ltned'Ai- 
cilly  dans  Ancient  laws  of  Ireland^  t.  III,  p.  $14,  lignes  9-10). 

4.  Loîseleur  Deslongchamps  a  donné  à  la  pa^e  4(8  de  son  édition  du  texte  sanscrit 
des  lois  de  Manu  un  passage  topique  de  Brhaspati  sur  la  procédure  du  jeûne  telle  qu'elle 
était  en  usage  dans  l'Inde. 


r 


Mélanges,  249 

Dans  la  note  qui  suit,  M.  Wh.  Stokesnous  signale  une  transformation 
de  cet  usage  qui  le  rend  beaucoup  moins  gênant  pour  le  créancier. 

An  analogous  practice  still  prevailsin  Behar.  «  When  a  landlord  wishes 
to  compel  a  tenant  to  perform  any  work  which  the  latter  refuses  to  do, 
he  sends  a  maie  servant  to  «  obstruct  »  the  door.  The  servant  simply  sits 
on  the  road,  and  leers  immodestly  at  any  women  who  issue  from  the 
house.  The  resuit  is  that  the  family  is  practically  besieged  into  com- 
pliance,  for  the  women  dare  not  leave  the  house  either  to  fetch  water 
firom  the  well,  or,  in  the  morning,  for  the  necessary  ablutions.  » 

Zeiîschrift  d,  morgenl,  Gesellschaft,  XXXIX,  6j6,  not.  10. 

H.  d»A.  de  J. 


BIBLIOGRAPHIE. 


L^argot  des  nomades  eu  Basse-Bretagne,  par  N.  Quelliin.  Paris,  chez 
Maisonneave,  1886,  in-8,  69  p. 

Cette  brochure  est  une  rédaction  plus  développée  du  travail  dont  )*ai 
parlé,  Revue  Celtique,  VII,  41-5 1 .  Voici  quelques  remarques  destinées  à 
compléter  ou  à  rectifier  cette  seconde  édition,  et  aussi  mon  article  sur 
la  première. 

RicheganegOy  pommes  de  terres;  «  n'est  pas  un  terme  exclusivement  ro- 
chois  »  (p.  3^].  La  terminaison  -ego  représente  la  prononciation  tréco- 
roise  du  diminutif  pluriel,  en  Léon  -igou;  -eg-an-  est  de  même  pour 
-ig-an,  double  diminutif,  cf.  Korr-igan.  Sur  la  syllabe  bich-,  voy.  Rev. 
Celtique^  IV,  147,  vers  la  fin. 

Bos^  bien,  bravo  !  p.  i  $9.  Du  français  beau^  peut-être  d*après  le  rap- 
port de  mots  comme  ridos  «  rideau  »  (du  plur.  rideaux). 

Boubouerierij  machines  à  battre,  p.  37,  du  bret.  bouboual,  mugir. 

Donrgriy  cheval,  «  rappelle  l'expression  mulet  d* Auvergne  »  (p.  2). 

Camelad^  écuellée,  p.  }2.  Dérivé  du  fir.  gamelle, 

GourdajOy  aliments,  p.  50.  Dérivé  de  l'adj.  gourd,  bon. 

lenna,  duper,  p.  36.  Cf.  Proux,  Bombard  Kerne:  ienna  he  vignouned, 
p.  36,  traduit  par  «  coincer  ses  amis  »,  p.  37. 

loulc'h,  fille  un  peu  légère,  inconsidérée,  trop  rieuse,  p.  25.  C'est 
probablement  le  bret.  iourc*h,  chevreuil.  Letrécorois  yelc^h  «  fiancée  », 
que  j'ai  expliqué  autrement,  Etudes  bret.j  III,  §  15,  peut  aussi  être  une 
variante  de  ioulc^h, 

Kubik  a  diable  »  et  «  père  »,  p.  24  ;  M.  Quellien  a  supprimé  le  troi- 
sième sens  a  Dieu  »,  qu'il  avait  donné  dans  la  première  édition. 

Lansogne  [mond  da  lansogne)  «  aller  à  lansogné  [intraduisible),  être  en 
train  de  s'enivrer  »,  p.  43 .  Cette  transcription  française,  qui  prouve  que 
Ve  final  n'est  pas  muet,  montre  aussi  que  le  nom  û^Alençon  n'a  pas 
grande  chance  de  se  trouver  ici,  comme  je  l'avais  cru. 

Lugna,  regarder,  p.  j8.  Du  fir.  lorgner? 


Bibliographie.  2{i 

Marc' h  du  [cheval  noir),  chemin  de  fer,  p.  3^-  Cette  expression  est 
très  usitée  en  Tréguier,  et  même  en  Léon. 

Minik^  petit,  p.  24,  57.  J'avais  conjecturé  à  tort  le  sens  de  «  matin  ». 
Minik  est  le  diminutif  de  mm,  voy.  Rev.  Ceft.,  IV,  162. 

Morse,  pain  d'orge,  p.  32.  Du  haut-breton  morcé,  morceau,  de  même 
que  le  trécorois  morse,  jamais;  comparez  l'emploi  de  tam  «  morceau  », 
pour  renforcer  une  négation,  surtout  en  breton  moyen. 

Nikol,  viande,  p.  34.  Je  renonce  à  l'explication  que  j'avais  risquée  de 
ce  root;  et  comme  cette  nouvelle  édition  de  M.  Quellien  contient  un 
assez  grand  nombre  de  noms  propres  avec  sens  de  noms  communs,  je 
suppose  que  nikol  est  le  nom  Nicole. 

Fifo,  pieds  ;  mond  war  he  bifo,  aller  à  pied,  p.  38.  Fifo  veut  dire  pro- 
prement/âfe^;  cf.  en  français  populaire  fiâtes,  flageolets  «  longues 
jambes  ». 

On  voit  que  la  seconde  publication  de  M.  Quellien  n'était  pas  inutile, 
malgré  les  critiques  auxquelles  elle  peut  donner  lieu .  Son  principal  dé- 
but, c*est  qu'il  y  est  fait  une  part  trop  belle  à  l'argot  rochois.  On  aurait 
tort  de  prendre  comme  base  d'une  statistique  des  ressources  propres  à 
cet  idiome  local  le  glossaire-index,  contenant  249  articles,  qui  termine 
l'ouvrage.  Beaucoup  sont  là  uniquement  pour  renvoyer  à  des  proverbes, 
dictons^  prières  burlesques,  etc.,  en  pur  breton  trécorois,  qui  ne  sont  ni 
la  propriété  exclusive  des  argotiers  de  la  Roche,  ni,  pour  la  plupart  du 
moins,  le  fruit  de  leur  imagination,  bien  que  M.  Quellien  soit  disposé, 
p.  48,  à  leur  en  faire  généreusement  honneur.  Laou  Pharaon,  morpions, 
est  une  expression  bretonne,  cf.  p.  29,  et  par  conséquent  elle  figure  au 
glossaire  par  suite  d'une  inadvertance.  En  revanche  il  y  aurait  à  y 
ajouter  turgn,  f.,  pourceau,  p.  34.  L'auteur  penche  à  croire  que  ce  mot 
est  breton,  mais  il  n'en  donne,  p.  5  5,  qu'une  raison  théorique  très  peu 
convaincante  ;  en  fait,  il  ne  signale  pas  son  emploi  hors  de  La  Roche. 

On  lit,  p.  2;:  «  Ivre,  ivrogne...  Zousill,  (sousill?),  zousiller  ».  La 
forme  proposée  entre  parenthèses  n'a  pas  de  raison  d'être,  le  z  vient 
d  un  dy  par  mutation  généralisée.  Au  lieu  du  bret.  doulsizl,  clepsydre, 
j'aurais  dû  comparer,  f^ev.  Celt,,  VII,  50,  le  vieux  français  ^ou5/7,  douzil, 
fausset,  cannelle,  encore  usité  en  patois  poitevin  ;  la  racine  latine  (du-- 
cere,  ductilis)  est  la  même  que  dans  le  mot  douille.  DouW/ a  donné  lieu  au 
verbe  *dousilla,  me  a  zousillj  qui  est  devenu  zousilla,  s'enivrer,  p.  32, 
de  la  même  manière  que  l'on  a  dit  c'housa,  manger,  pour  ^gousa,  cf. 
Rev.  Celî.y  VII,  42.  C'est  de  ce  verbe  zousilla  que  le  z  s'est  étendu  à  tous 
ces  mots,  zousillyzousilladeny  boisson,  p.  30,  zousillery  ivrogne,  etc. 

M.  Quellien  tire,  p.  27,  28,  le  breton  chasse-de-DieUy  de  l'expression 


252  BibUoffophU. 

française  chasse-gueux^  à  cause  de  la  pronondation  chasse-àt-gaiea.  Je  ne 
vois  pas  là  de  raison  suffisante  pour  abandonner  l'explication  de  ce  mot 
donnée  Rev.  Cdu,  VI,  41 1 . 

Aux  rares  mots  d'argot  français  qui  viennent  du  breton  (Rev.  Ctlu, 
VII,  50),  on  peutajouter,  je  crois,  plouu^  paille  {Le jargon  oa  langage dt 
l'argot  réformé.,.^  nouv.  édit.,  à  Epinal,  chez  Pellerin,  p.  20}.  En  effet, 
le  mot  ne  se  retrouve  avec  ce  sens  qu'en  breton,  ploustnn^  1.  stramen» 
Cath.  ;  léon.  plous  «  enveloppe  qui  couvre  le  tuyau  [de  la  paille']  depuis 
un  nœud  jusqu'à  l'autre  »  (P.  Grégoire)  ;  plouz  «  l'écorce  qui  couvre  la 
paille  »,  Le  Gonidec  ;  par  extension  plous  veut  dire  «  paille  »,  hors  de 
Léon.  Ce  doit  être  le  correspondant  du  français  pelouse^  mais  avec  le 
sens  it  peluche,  cf.  plusquenn,  coque  \de  noix},  peau  (de pomme),  Cath., 
auj.  pluskenRy  enveloppe,  écorce,  pelure.  On  sait  que  pelouse  et  peluche 
sont  dérivés  du  même  mot  latin  pilus,  poil. 

Emile  Ernault. 

Etudes  de  mythologie  gaalolse,  par  Henri  Gaidoz,  membre  de  la  Société 
des  Antiquaires  de  France,  directeur  à  l'Ecole  des  Hautes-Etudes.  I.  Le  dieu  gaulois 
du  soleil  et  le  symbolisme  de  In  roue,  avec  une  planche  et  26  figures  dans  le  texte.  Pa- 
ris, Ernest  Leroux,  1886,  in-8,  115  pp.  (Extrait  de  la  Revue  archéologique). 

Ce  travail  est  le  plus  complet  qui  ait  été  publié  jusqu'ici  sur  la  divi- 
nité gauloise  dont  la  roue  était  le  symbole  caractéristique,  et  M.  Gaidoz, 
rapprochant  des  documents  recueillis  par  M.  Héron  de  Villefosse  ■  les 
doctrines  de  Jacques  Grimm  >,  a  reconnu  dans  cette  divinité  un  dieu  du 
soleil.  Le  culte  de  ce  dieu  était  fort  répandu  dans  les  pays  celtiques,  et 
après  la  conquête  romaine  ce  dieu  a  été  assimilé  à  Jupiter.  Le  savant  au- 
teur a  réuni  un  nombre  considérable  de  documents  relatifs  au  culte  de  la 
roue  solaire  dans  le  monde  celtique  et  hors  du  monde  celtique,  et  il  Ta 
fait  avec  cette  clarté  et  cette  élégance  à  laquelle  les  lecteurs  de  la  Revue 
Celtique  sont  habitués.  Voici  le  sommaire  de  ce  travail,  il  donnera  au 
lecteur  une  idée  de  la  variété  des  questions  qu'on  y  trouve  traitées  : 

Les  représentations  figurées  du  dieu  à  la  roue.  —  Les  autels  à  la 
roue.  —  La  roue  est  l'image  du  soleil.  —  La  roue  dans  l'Inde.  —  Les 
fêtes  du  soleil,  les  solstice^,  la  Saint-Jean.  —  La  roue  dans  la  fête  de  la 


1 .  Note  sur  un  bronze  découvert  à  Landouzy -la- Ville,  Revue  archiologiquef  t.  XLl 
(1881),  p.  i-i  j.  Cet  article  est  accompagné  d'une  planche  que  nous  regrettons  de  ne  pas 
trouver  reproduite  dans  le  travail  de  M.  Gaidoz. 

2.  Grimm,  Deutsche  Mythologie,  troisième  édition,  pp.  J78,  j86.  Cf.  Kuhn,  Die  He- 
rabkunft  des  FeuerSy  p.  48.  Simrock,  Handbuch  der  deutschen  Mythologie,  cinquième  édi- 
tion (1878),  p.  n9. 


Bibliographie.  2  5  3 

Saint-Jean.  —  La  roue  de  Gayant,  la  roue  de  Saint- Amabie,  la  roue  de 
Saint-Guy.  —  La  roue  aux  autres  fêtes  solaires.  —  La  roue  amulette. 

—  La  roue  dans  les  usages  juridiques  de  l'Allemagne.  —  Les  roues  de 
Fortune.  —  La  rose  des  églises  gothiques  et  la  roue  de  Fortune.  —  La 
roue  dans  l'antiquité  classique,  la  roue  d'Ixion.  —  Le  .dieu  assyrien  dans 
la  roue,  le  disque  ailé,  le  scarabée.  —  Le  disque  solaire  des  Chaldéens. 

—  La  roue  de  Tyché,  Néraésis  Fortuna.  —  Les  rouelles  celtiques  étaient 
des  amulettes.  —  Les  monnaies  à  la  roue,  les  monnaies  à  la  croix.  — 
La  roue,  antécédent  du  labarum  et  du  chrisme.  —  Jésus-Crist  sur  la 
roue.  —  La  roue  dans  les  monuments  funéraires  de  la  Gaule.  —  Sol- 
vuntur  objecta.  —  Le  Jupiter  gaulois  et  M.  d'Arbois  de  Jubainville.  — 
Conclusion.  —  Appendice  :  Les  surnoms  de  Jupiter  dans  les  inscriptions. 

—  Post-scriptum  :  Les  svastika-fibule,  la  croix  amulette. 

Il  y  a  deux  points  principaux  sur  lesquels  nous  ne  partageons  pas  la 
doctrine  deTérudit  écrivain.  On  peut  se  demander  pourquoi  les  Romains 
ont  assimilé  à  Jupiter  le  dieu  gaulois  du  soleil,  et  quelle  raison  a  empêché 
d'admettre  son  identité  avec  le  dieu  romain  Soi  La  raison  qu'en  donne 
M.  Gaidoz  (p.  98),  est  que,  d'après  lui,  avant  les  bas  temps  de  l'em- 
pire, les  Romains  n'auraient  pas  eu  de  dieu  spécial  du  soleil.  Mais  cette 
doctrine  est  inexacte.  En  effet,  le  soleil.  Sol,  est  compris  dans  la  liste 
des  vingt  dieux  choisis,  dii  selecti,  que  Varron  mentionne  dans  son  traité 
Rerum  divinarum;  il  y  occupe  le  dixième  rang'.  Or  cet  ouvrage  a  été  pu- 
blié quarante-sept  ans  avant  J.-C,  c'est-à-dire  du  vivant  de  Jules  César, 
cinq  ans  seulement  après  l'achèvement  de  la  conquête  de  la  Gaule  par 
J.  César'.  Quelques  années  après,  le  Soleil,  5o/,  est  un  des  douze  dieux 
que  le  même  Varron  invoque  au  début  de  son  traité  De  l'agriculture.  Il 
le  place  même  le  troisième  après  Jupiter  et  la  Terre  ^  Or  ce  livre  a  été 
écrit  l'an  37  avant  notre  ère  4,  c'est-à-dire  dans  les  dernières  années  de 
la  république  et,  comme  le  traité  Rerum  divinarum,  antérieurement  à  la 
fondation  de  l'empire.  La  croyance  au  dieu  Soleil  ne  se  trouve  pas  sous 
la  république  romaine  chez  le  seul  Varron ,  Cicéron  s'en  fait  l'écho  dans 
son  traité  De  natura  deorum  ),  écrit  l'année  même  de  la  mort  de  César, 
en  44. 


1.  Saint  Augustin,  De  chitate  Dei,  livre  VII^  c.  2  :  Janum,  Jovem,  Saturnum,  Genium, 
Mercttrium,  ApolUnem,  Martem,  Vulcanum,  Neptunum,  Solem,  etc. 

2.  Teuffel,  Ceschichte  der  rœmischen  Literatur,  troisième  édition,  p.  285. 

).  Vairon,  De  agricultura,  livre  I,  c.  i  :  primum  qui  omnes  fruaus  agriculturae  caelo 
et  terra  continent,  Jovem  et  Teliurem...  secundo  Solem  et  Lunam. 

4.  Teuffel,  Ceschichte  der  rœmuchen  Literatur,  troisième  édition,  p.  292. 

).  Livre  111,  c.  zz,  S  $>  ^  ^^^"i  d^um  esse  Lunamque,  quorum  alterum  ApoUinem 
Graeci,  alteram  Dianam  putant. 


2(4  Bibliographie, 

Le  culte  du  Soleil  n'était  pas  purement  théorique.  Dès  le  règne  d'Au- 
guste, le  Soleil  avait  sa  fête  inscrite  au  calendrier,  le  8  août  ^  et  si  l'on 
admet  l'exactitude  d'une  correction  à  un  passage  du  De  lingua  latina  de 
Varron,  le  Soleil  aurait  eu,  dès  l'époque  de  ce  vieil  auteur,  un  pulvinar 
à  Rome  *. 

Ce  dieu  Soleil  a  un  char  et  des  chevaux  :  éfpua  xal  ifincouç,  conformé- 
ment à  l'hymne  homérique',  qui  en  fait  un  personnage  anthropomorphe 
avec  un  casque  d'or,  un  visage,  des  yeux,  un  corps  et  des  habits  4.  Cette 
doctrine  a  pénétré  dans  la  poésie  latine  chez  Virgile  et  Ovide.  Chez  eux 
le  Soleil  n'a  pas  seulement  une  roue,  rota  $,  mais  il  conduit  un  char  ^  et 
des  chevaux 7  ;  on  lui  connaît  un  père^,  deux  filles  9,  un  fils,  le  fameux 
Phaéton  '°,  un  petit-fils,  Latinus,  lancètre  de  la  race  latine  ". 

Cela  étant,  comment  expliquer  que  le  dieu  gaulois  du  soleil,  le  dieu 
gaulois  à  la  roue,  ait  été  identifié  à  Jupiter  et  non  au  dieu  Soleil  gréco- 
romain  ?  On  le  comprend  si  l'on  se  rend  compte  de  la  façon  dont  le  culte 
des  dieux  romains  a  été  transporté  en  Gaule.  Le  sort  des  dieux  gaulois 
ou  plutôt  des  noms  divins  gaulois,  numina  nomina,  a  été  celui  qu'ont  eu 
immédiatement  après  la  conquête  un  grand  nombre  de  noms  d'hommes 
gaulois.  Ces  noms  d'hommes  sont  devenus  des  cognomina  placés  à  la  suite 
des  gentilices  empruntés  par  les  Gaulois  romanisés  aux  grands  seigneurs 
romains  qui  avaient  fait  d'eux  des  citoyens  de  la  grande  Ville.  La  Gaule 
se  remplit  de  Julius^  de  PompeiuSy  d'Anîonius,  qui,  à  ce  gentilice  d'em- 
prunt, joignirent  leurs  surnoms  gaulois  ;  plus  tard ,  la  crainte  de  la  con- 
fusion fit  multiplier  les  gentilices  en  Gaule  ;  mais,  à  l'origine,  les  gen- 
tilices des  grands  personnages  romains  furent  les  seuls  ou  presque  les 
seuls  qui  pénétrèrent  en  Gaule  ;  chaque  nouveau  citoyen  entrait,  pour  la 
forme  du  moins,  dans  la  gens  de  son  protecteur. 

Les  dieux  furent  traités  à  peu  près  comme  les  hommes.  Chacun  des 
noms  divins  du  peuple  vaincu  fut  placé  sous  le  patronage  d'un  des  grands 


1.  Fasti  Vallenses,  Corpus  insctiptionum  latinarum,  tome  I,  p.  ^ao.  Ce  calendrier 
de  Tan  767  de  Rome,  13  de  notre  ère;  Auguste  est  mort  l'année  suivante. 

2.  Voyez  Preller,  Rtemische  klythologief  première  édition,  p.  287  ;  cf.  Mommsen  et  Mar- 
quardt,  Handbuch  der  ramischen  Alterîhùmer,  deuxième  édition,  t.  Vi,  p.  131. 

3.  H^mne  XXXI,  vers  m. 

4.  ibid.  vers  9  et  suivants. 

$.  Métamorphoses,  II,  108,  13J,  139. 

6.  Métamorphoses,  11,  47  et  suivants. 

7.  Enéide  XII,  115  ;  Ovide,  Héroides^  VI,  86;  XXI,  86;  Amores  II,  124;  Métdmor" 
phases f  II,  120  et  suivants. 

8.  Hypérion  :  Métamorphoses,  IV,  241. 

9.  Circé  et  Pasiphaé:  Enéide,  VII,   11;  Remédia  amoris^  276;  Métamorphoses  y  IX, 
7JJ  ;  XIV.  10. 

10.  Métamorphoses,  1,  749;  livre  II. 

11.  Enéidey  XII,  164. 


Bibliographie.  2  5  5 

dieux  du  peuple  vainqueur.  Les  petits  dieux  furent  ordinairement  né- 
gligés. A  quoi  bon  mettre  les  dieux  gaulois  soùs  leur  débile  protection  ? 
Or,  le  Soleil,  un  des  grands  dieux  de  l'agriculture,  comme  tel  invoqué 
par  Varron  dans  son  De  re  rustica,  était  à  Rome,  en  ville,  un  très  petit 
personnage;  il  ne  faisait  point  partie  des  consentes  dii  dont  les  noms  ont 
été  réunis  par  Varron  dans  deux  vers  célèbres  : 

Juno.  Vesta,  Ceres,  Diana,  Minerva,  Venus,  Mars, 
Mercurius,  Jovi,  Neptunus,  Volcanus,  Apollo^ 

C'est  à  cette  liste  que  sont  empruntés  les  cinq  noms  de  dieux  romains 
auxquels  seraient  identiques,  suivant  César,  les  principaux  des  dieux 
gaulois;  ces  dieux  romains  sont  :  d'abord  Mercure,  —  Mercure  est 
nommé  le  premier,  l'importance  du  commerce  romain  en  Gaule  dès  le 
siècle  qui  a  précédé  notre  ère  est  peut-être  pour  quelque  chose  parmi 
les  causes  de  cette  prééminence  (comparez  au  De  bello  gallicoy  VII,  3, 
Cicéron,  Pro  FonteiOy  §  11);  — viennent  ensuite  Apollon,  Mars,  Jupiter 
et  Minerve  *. 

Voilà  comment  le  dieu  gaulois  du  Soleil  fut  assimilé  à  Jupiter.  De  cette 
assimilation,  M .  Gaidoz  conclut  que  lui  et  moi  nous  avons  eu  tort  de 
croire  que  les  Gallo-Romains  aient  considéré  leur  dieu  du  tonnerre 
comme  identique  à  Jupiter.  Mais  cette  première  doctrine  de  Térudit  écri- 
vain n'est  pas  en  contradiction  avec  la  seconde.  Jupiter  peut  avoir  reçu 
le  surnom  de  Taranas  (tonnerre]  concurremment  avec  le  surnom  inconnu 
jusqu'ici  qui  servait  à  désigner  le  dieu  à  la  roue.  En  effet,  nous  avons 
Mars  Toutatis  ^  à  côté  de  Mars  Camulus4,  de  Mars  Cocidius$  et  de  Mars 
Belatucadrus^,  —  ce  qui  n'empêche  pas  Toutatis,  Camulus^  Cocidius  et 
Belalucadrus  de  voler  quelquefois  de  leurs  propres  ailes,  de  se  passer 
de  la  protection  de  Mars  et  de  la  juxtaposition  du  nom  de  Mars,  l'un  chez 
Lucain,  les  autres  dans  des  inscriptions?.  —  Minerve  est  traitée  comme 
Mars;  nous  rencontrons  Dea  Sulis  Minerva^,  Minerva  Belisama9;  — 
ailleurs  Dea  Sulis '^  et  Belisama,  au  datif  Belesami**,  reçoivent  les 


1 .  Apuleius,  De  deo  Socratis. 

2.  De  bello  galUco^  livre  VI,  c  17. 

3.  Corpus  inscfiptionum  latinûntm,  t.  III,  n*  5)20,  VII,  84. 

4.  Corpus,  Vil,  1103;  Brambach,  164. 
$.  Corpus,  VII,  286,  886,  914;  977* 

6.  Corpus,  VII.  J18,  746,  88j,  9J7. 

7.  Camalus,  Corpus,  VI,  46 ;  Cocidius,  Corpus,  VU,  645,  701,  800,  801,  802,  80), 
804,  876;  Belalucadrus,  Corpus,  VII,  294,  jjj,  745,  87J,  93J. 

8.  Corpus,  Vil,  39,  43. 

9.  Orelli,  1969. 

10.  Corpus,  VU.  40,  4I1  44,  55- 

1 1 .  Inscription  de  Vaison.  Elle  porte  le  n*  2  dans  les  planches  d'inscriptions  gauloises 
dn  Dîct,  archiologique  de  la  Gaule. 


256  Bibliographie, 

hommages  des  fidèles  sans  se  placer  sous  la  protection  de  la  déesse  r^^ 
maine.  —  Nous  ne  croyons  donc  pas  qu'il  y  ait  contradiction  entre  la 
doctrine  actuelle  de  M.  Gaidozetson  ancienne  opinion'  qu'après  lui  nous 
avons  adoptée. 

On  dira  que  la  lecture  :  I[ovi]  0[ptimo]  M[aximo]  Tarano»  de  rinscription 
qui  porte  le  numéro  168  dans  le  tome  VII  du  Corpus  inscriptionam  M- 
narum  est  hypothétique  et  que  par  conséquent  on  n'a  le  droit  d'en  rien 
conclure.  Mais  on  ne  peut  raisonner  ainsi  sur  l'inscription  qui  porte  le 
numéro  2804  dans  le  tome  III  du  même  recueil.  L'auteur  de  la  dédicace 
que  ce  monument  nous  conserve  est  d'origine  gauloise,  comme  l'établit 
son  surnom  Succtssa  dérivé  au  moyen  d'un  suffixe  bien  connu  d'un  thème 
succO'  qui  a  donné  le  gallois  hwch^  le  breton  houe' h  «  cochon  ».  Le  jfi- 
piter  Taranucus  ou  foudroyant  de  cette  inscription  parait  porter  un  sur- 
nom identique  ou  analogue  au  nom  du  dieu  TaranucnuSj  trouvé  dans  deux 
inscriptions  rhénanes  '.  Il  est  avec  ce  Taranucnus  dans  le  même  rappon 
que  le  Mars  Camulus  de  Rindem  en  Prusse  rhénane,  avec  le  Camulas 
qu'un  soldat  romain  originaire  de  Reims,  M.  Quartinius  Sabinus,  men- 
tionne à  côté  de  quatre  autres  dieux  dans  un  monument  aujourd'hui  con- 
servé au  musée  du  Vatican'.  De  ce  que  le  Jupiter  Taranucus  n'a  été 
jusqu'ici  rencontré  que  dans  une  inscription  trouvée  en  Dalmatie,  on  ne 
peut  conclure  que  cette  divinité  n'est  pas  gauloise  puisque  l'auteur  de 
l'inscription  est  une  Gauloise  et  puisque  le  surnom  du  dieu  est  également 
gaulois.  Enfin  il  n'y  a,  comme  nous  l'avons  dit,  aucune  raison  pour  re- 
fuser d'admettre  que  le  même  dieu  romain  ait  été  assimilé  à  deux  divi- 
nités gauloises  différentes:  Jupiter  soleil  et  Jupiter  foudroyant  [Taranucus'* 
ne  s'excluent  pas. 

H.  d'A.  deJ. 

Meragad  Uillx  maioc  lielrtls,  Uie  irish  Odysicy,  edited  with  Engibh  traosij- 
tioD)  notes  and  glossary  by  Kuno  Meyer.  London,  Nuu,  1886,  in«i2,  36  pp. 

Parmi  les  compositions  épiques  qui,  au  moyen  âge,  ont  été  une  des 
principales  récréations  des  Iriandais,  on  peut  distinguer  deux  catégories: 
celles  dont  le  fonds  est  irlandais  et  celles  dont  la  conception  première 
est  d'origine  étrangère.  Les  premières  sont  celles  qui^  je  pense,  en 
France,  éveilleront  le  plus  la  curiosité;  cependant,  on  aurait  tort  de 
dédaigner  les  autres  qui  nous  montrent  à  l'aide  de  quels  procédés,  au 


1 .  Esquisse  de  la  religion  des  Gaubis^  p.  1 1 . 

2.  Brambach,  1589,  1812. 

3.  Corpus f  VI,  46. 


Bibliographie.  257 

moyen  de  quelles  transformations,  le  génie  irlandais  a  pu  s'approprier 
des  idées  qu'il  n'avait  pas  produites. 

On  ne  peut  contester  qu'il  ne  soit  intéressant  de  voir  comment,  dans 
les  deux  rédactions  du  Togail  Troiy  les  Irlandais  ont  tiré  parti  des  di- 
verses données  que  leur  fournissaient  sur  la  prise  de  Troie  le  soi-disant 
Darès  de  Phrygie  et  l'Enéide  ' .  C'est  principalement  par  l'histoire  d'Orose 
que  les  Irlandais  connaissaient  Alexandre  le  Grand  ;  on  ne  comparera 
pas  sans  profit  le  texte  de  l'auteur  latin  avec  la  rédaction  irlandaise 
dont  M.  Kuno  Meyer  a  publié  une  partie^.  On  peut  considérer  au  même 
point  de  vue  la  nouvelle  publication  du  même  auteur. 

Il  est  probable  que  le  conteur  irlandais  n'avait  pas  connaissance  di- 
recte de  l'Odyssée.  Il  avait  entendu  parler  de  Pénélope  et  de  sa  fidé- 
lité conjugale,  du  chien  Argos  qui  reconnut  Ulysse  ',  du  Cyclope  dont 
Ulysse  creva  l'œil  unique  4.  Par  quel  intermédiaire  ces  notions  lui 
étaient-elles  parvenues  i  C'est  ce  que  nous  ne  savons  pas  encore. 

M.  Kuno  a  eu  à  sa  disposition  deux  manuscrits  ;  l'un  fait  partie  de  la 
coUeaion  Stowe,  aujourd'hui  dans  la  bibliothèque  de  la  Royal  Irish  Aca- 
demy,  à  Dublin  ;  c'est  le  n"*  992  du  catalogue  de  1849  ;  c'est  celui  qui 
est  coté  Press  II,  n^  36,  dans  le  catalogue  d'O'Conor,  pp.  280-282.  Ce 
manuscrit  est  un  recueil  de  documents  de  toutes  sortes  parmi  lesquels 
ce  que  O'Conor  appelle  «  An  Irish  history  ofthe  Heroicagesof  Greece  »; 
les  aventures  d'Ulysse  en  sont  une  section.  M.  Kuno  Meyer  les  avait 
signalées  dans  sa  notice  :  Addenda  to  M.  de  Jubainville's  «  Catalogue  de 
la  littérature  épique  de  l'Iriande  »  L  L'autre  manuscrit  est  le  livre  de 
Ballymote,  qui  fait  partie  de  lancien  fonds  de  la  Royal  Irish  Academy. 
Ce  manuscrit  contient,  du  folio  230  au  folio  275,  un  long  morceau  qui 
semble  identique  à  celui  que  O'Conor  a  appelé  a  An  Irish  history  of  the 
Heroic  âges  of  Greece  ».  M.  Wh.  Stokes  a  reconnu  dans  un  des  cha- 
pitres de  cette  longue  composition  l'arrangement  irlandais  de  l'Odyssée 
que  nous  donne  M.  Kuno  Meyer,  et  que  le  catalogue  d'O'Curry  ne  si- 
gnale point. 

M.  Kuno  Meyer  joint  au  texte  irlandais  une  intéressante  introduction , 
une  traduction  et  un  glossaire  des  mots  les  plus  curieux  ;  je  signalerai 

1 .  Togail  Troij  the  destruction  of  Trov,  transaibed  from  the  facsimile  of  the  Book  of 
Leinster  and  translated  with  a  glossarial  index  of  the  rarer  words,  by  Whitley  Stokes, 
Caloitta,  1882.  -^  trischt  TextCy  mit  Uebersetzangcn  and  Wœrterbuch,  herausgegeben 
voo  Wh.  Stokes  tind  E.  Windisch.  Zweite  Série,  i  Heft.  Leipzig,  Hirzel,  1884. 

2.  Eine  irische  Version  der  Alexandersage^  Leipzig,  Pœschel  und  Trepte,  1884.  Sur  les 
sources,  voyez  page  8. 

}.  Oèissit,  XVII,  vers  joo-jo}. 

4.  Oayssie,  IX,  ^7$  et  suivants. 

5.  Rente  CeUique,  t.  VI,  p.  190. 

Rev.  CelL,  VU  17 


258  Bibliographie. 

comme  exemple  le  mot  tuirthecht  «  aventure  »«  O'Brien»  4«n6- son  dic- 
tionnaire irlandais  publié  à  Paris  en  1 768^  traduit  le  pluri9l  tuirttHoAdâ, 
par  «  arehearsal  or  relation  »  (en  français,  récit,  relatiooj.  Cette  interpré- 
tation est  reproduite  par  O'Reilly  dans  son  dictionnaire,  1817.  M..  Wh. 
Stokes  l'adopte  dans  ses  Three  middle-Jrish  homilies  où  il  rend  l'irlandais 
a-tuirtechîa  par  «  their  story  >»  ^  M.  Windisch,  dans  ses  Irische  Texte, 
t.  I,  p.  856,  col.  I,  rapproche  le  pluriel /uiri/ieci^ra  du  singulier  tuirthecht 
qui  signifie  «  description  »,  si  nous  en  croyons  O'Donovan  dans  son 
supplément  à  O'Reilly  ;  mais  il  ne  conclut  rien.  M.  Kuno  Meyer  a  le 
premier,  je  crois,  reconnu  dans  tuirthechta  le  pluriel  d'un  substantif  signi- 
fiant «  aventure,  voyage  »,  comparez  immthecht. 

Les  premières  publications  du  jeune  auteur  nous  font  très  bien  augurer 
de  celles  qu'il  nous  annonce  pour  l'avenir  ;  mais  quelque  plaisir  que  nous 
aient  procuré  celles  que  nous  lui  devons  jusqu'ici,  nous  appelons  de  tous 
nos  vœux  l'époque  où,  entamant  l'étude  des  légendes  vraiment  irlan- 
daises composées  dans  les  bons  siècles  de  cette  littérature,  il  mettra  au 
jour  des  textes  tels  que  celui  du  Tochmarc  Emere  qu'il  nous  annonce  dans 
le  dernier  volume  de  la  Revue  Celtique  >. 

H.  d'A.  deJ. 

Die  Inschrlften  nordatraskisohaii  Alphabets,  von  Dr.  Cari  Pauli,  mit 
sieben  lithographischen  Tafeln,  Leipzig,  Barth,  188$,  in*8,  131  pp. 

Les  inscriptions  lapidaires  celtiques  de  la  Grande-Bretagne  sont  toutes 
en  écriture  ogamique^  et  aucune  ne  paraît  antérieure  à  la  chute  de  l'em- 
pire romain  qui,  dans  cette  Ile,  eut  Itev  en  409.  Les  plus  anciennes  ins- 
criptions dMrlande  ne  paraissent  pas  atteindre  une  date  beaucoup  plus 
reculée.  En  Gaule,  les  inscriptions  lapidaires  celtiques  en  caractères  latins 
ou  en  caractères  grecs  ont  été  gravées  sous  Pempire  romain.  Les  seules 
inscriptions  gauloises  découvertes  de  ce  côté-ci  des  Alpes,  soit  en  carac* 
tères  latins,  soit  en  caractères  grecs,  qui  soient  antérieures  à  l'Empire 
romain,  se  lisent  sur  des  monnaies,  et  la  plupart  ne  remontent  pas  plus 
haut  que  le  premier  siècle  avant  J.-C.  Si  donc  nous  laissons  de  côté  les 
auteurs,  ce  qu'il  y  a  de  plus  ancien  en  fait  de  monuments  celtiques  est 
écrit  en  caraaères  nord-étrusques.  Avec  eux  nous  remontons  à  la  seconde 
moitié  du  11''  siècle  avant  notre  ère.  De  I&  pour  nous  le  grand  intérêt  de 
la  publication  de  M.  Pauli. 


1.  Thru  middle-Irish  homilies  on  the  lives  of  saints  Patrick,  Brigit   and  Columba, 
edited  by  Wh.  Stokes,  pp.  116,  117. 

2.  T.  VI,  p.  190. 


Bibliographie,  259 

Lès  inscriptions  authentiques  qu'il  publie  sont  au  nombre  de  quatre- 
vingt-dix-neuf.  Les  numéros  4-2  3  forment  un  groupe  attribué  aux  Sa- 
lassi,  aux  Lepontii,  aux  Suanetes  et  aux  Venonetes  (pp.  5-1 1,  69-76). 
Un  autre  groupe  est  certainement  gaulois  et  comprend  les  numéros  i-j 
(pp.  4,  j),  24-^0  (pp.  1 1-15,  76-89).  Il  y  a  entre  ces  deux  groupes 
une  parenté  incontestable  (pp.  90-98).  Vient  ensuite  le  groupe  étrusque, 
numéros  îi-)7'  (pp.  16-19,  56,  98-111,  122).  Le  dernier  groupe  est 
vénète  ou  illyrien;  il  comprend  les  numéros  40-95  (pp.  19-35,  ^i^* 
121].  Quelques  inscriptions  sont  de  langue  indéterminée. 

Les  Français  qui  se  sont  occupés  d'études  celtiques  connaissent  quel- 
ques-uns de  ces  monuments  par  le  mémoire  de  M.  de  Longpérier  sur  les 
monnaies  des  Salasses.  Ce  mémoire  a  paru  en  1 86 1  dans  le  tome  VI  d^ 
la  Revue  de  numismatique,  nouvelle  série^  et  a  été  réimprimé  par  les 
soins  de  M.  Schiumberger  dans  le  volume  intitulé  :  Œuvres  de  A.  de 
Longpérier,  tome  II,  pp.  496-507.  Quant  aux  inscriptions  lapidaires  gau- 
loises en  écriture  nord-étrusque,  une  seule  a  été  jusqu'ici  publiée  dans 
le  Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule;  c'est  celle  de  Novare,  qui  est  le 
numéro  25  du  recueil  de  M.  Pauli.  M.  Whitley  Stokes  en  donne  une 
transcription  sous  le  numéro  2  du  recueil  d'inscriptions  gauloises  qui 
commence  à  la  page  42  de  son  savant  travail  intitulé  Celtic  declension. 
Les  quatre  premiers  numéros  de  ce  recueil  ont  pour  objet  des  inscrip- 
tions en  caractères  nord-étrusques.  La  première  est  le  numéro  26  de 
M.  Pauli  (pp.  12,  84-*86);  la  seconde  est  celle  dont  nous  venons  de 
parler,  n^  25  ;  la  troisième  est  le  numéro  30  de  M.  Pauli  (pp.  1 5,  86)  ; 
quant  à  la  quatrième,  qui  est  le  numéro  38  de  M.  Pauli  (p.  19),  M.  Pauli 
ne  la  considère  pas  comme  gauloise  ;  il  se  demande  (p.  1 2 1)  si  elle  ne  se- 
ra^ pas  écrite  dans  la  langue  des  Euganei. 

}Ji^  travail  de  M.  Pauli  devra  être  étudié  à  fond  par  tous  les  savants 
qvi  se  préoccupent  de  connaître  les  formes  les  plus  anciennes  des  lan- 
gues celtiques.  Il  est  le  plus  complet  qui  ait  été  publié  jusqu'ici  ;  en 
outre,  il  propose,  pour  des  inscriptions  déjà  publiées,  des  lectures  nou- 
velles très  intéressantes.  Telles  sont  pour  la  première  ligne  de  l'inscription 
de  Novare  la  leçon  Kanta[n]'Sa[n]s[i]0'lokan,  c'est-à-dire  «  splendidum 
boc  sepulcrum  d  et  pour  la  ligne  verticale  Dekos  Toutiu[s],  Dekos  Toutius 
signifierait  «  Decus,  rex  »,  et  serait  le  nom  du  personnage  auquel  le  tom- 
beau a  été  élevé.  Ce  tombeau  serait  dû  à  Quintus,  légat,  à  Andocombo- 
jiiu  et  à  Setvbogius^  tous  trois  fils  de  Dannotalus,  puis  aux  fils  d'Exande-- 
cottiiUy  appelés  l'un  Andarevisius  et  l'autre  Dannotalus^  p.  78-83. 

1.  Les  noms  qui  ionnent  rinscription  étrusque  n"  }6  paraissent  d'origine  gauloise. 


26o  BibHographii, 

Dans  cette  légende,  le  nom  du  défont  serak  écrit  verticalement 
comme  l'éphaphe  du  Gaulois  Velagenus  Atilî  fiiius',  et  comme  trois  au- 
tres de  l'Italie  septentrionale  ^,  ainsi  qu^en  a  faitTobservation  M.  Einile 
Hûbner  {Inscriptiones  Britanniae  christ ianae^  pagen).  C'est,  contrairement 
à  l'usage  romain,  la  coutume  et  des  Celtes  qui  ont  gravé  les  inscriptions 
ogamiques,  et  des  Germains  auxquels  on  doit  les  épîtaphes  gravées  en 
caractères  runiques. 

Je  me  borne  à  une  annonce  du  livre  de  M.  Pauli  sans  prétendre  pour 
le  moment  discuter  le  classement  et  les  interprétations  qu'il  propose  ; 
ma  seule  observation  sera  que  si  l'auteur  parait  bien  connakre  la  plupart 
des  travaux  dont  le  gaulois  a  été  jusqu'à  présent  l'objet,  il  semble  par 
contre  avoir  peu  étudié  les  dialectes  néo-celtiques  ;  ainsi,  à  la  page  93, 
il  drt  que  des  mots  fournis  par  les  inscriptions  des  Lepontii,  Slania  est  le 
seul  mot  que  l'on  ne  puisse  rattacher  à  aucune  race  gauloise.  S'il  l'avait 
rapproché  du  nom  propre  irlandais  Slan€,  il  n'aurait  pas  été  plus  hardi 
que  dans  bien  d'autres  cas.  A  la  page  77,  il  explique  le  thème  seno^  par 
«  vieux  j>  ;  mais  s'il  connaissait  mieux  la  Grammatica  celtica^  il  y  aurait 
trouvé,  à  la  page  771  note,  ^explication  beaucoup  plus  rationnelle  du 
mot  Sertones  par  une  racine  sen  c  combattre  »,  qui  se  rencontre  en  ir- 
landais dans  des  composés.  Enfin  il  est  inadmissible  qu'^ute  langue  cel- 
tique ait  possédé  un  substantif  pa/a  «  tombe  n  avec  \mp  indo-européen 
primitif  qui  se  retrouve  dans  le  lathi  se^pelire  et  dans  le  gothique  filkan 
;p.  74).  Ces  critiques  de  détail  ne  m'empêchent  pas  de  recommander  vi- 
vement le  très  instructif  travail  de  M.  Pauli  aux  lecteurs  de  la  Rivue 
CehiéfueK 

H.  d'A.  de  J. 

FaoBimiles  of  national  manuscrlpts  of  Ireland,  by  J.-T.  Gilbert. 
Londres,  Longman  and  Co.,  iS74*i8S4,cniq  Tolonitt  ia- folio. 

Cette  publication  et  celle  des  Annales  des  quatre  Maîtres,  le  principal 
des  titres  de  gloire  d'O'Donovan,  sont,  je  crois,  les  deux  plus  considé- 
rables dont  l'histoire  d'Irlande  ait  été  l'objet  dans  notre  siècle.  On  ne 
peut  guère  mettre  en  regard  que  la  collection  inachevée  de  facsimilés 
dont  l'Académie  d'Irlande  a  entrepris  la  publication.  Pour  étudier  l'his- 
toire de  l'écriture  irlandaise  depuis  ses  plus  anciens  monuments  connus, 
vui«  et  IX®  siècle,  jusqu'au  xvii*  siècle  où  périrent  dans  cette  He  les  der- 


1.  Corpus  inscriptionum  latinarum,  V,  6903.  Cf.  Hûbner,  Exempta  scriptur£^  22. 

2.  Corpus,  V,  66jo,  6907,  6908. 

).  Cf.  Pétude  de  Deecke,  Gœtmgisthc  gelekrte  Anzàgtf  15  ianvier  1SS6. 


BiUiogmphie,  261 

niers  représentants  de  la  tradition  savante,  cm  a  été  longtemps  réduit 
aux  ▼Tng^trois  pages  in-8  placées  par  O'Corry  dans  ses  Lectures  on  the 
manuseript  materials  of  the  ancient  Irish  hUtory,  1861 . 

Aujourd'hui,  grâce  à  M.  Gilbert,  nous  avons  entre  les  mains  tous  les 
éléments  fondamentaux  d^une  paléographie  irlandaise.  Pour  la  partie  la 
plus  ancienne,  il  manque  bien  à  son  recueil  quelques  documents  intéres- 
sants ;  en  effet,  les  manuscrits  continentaux  y  font  défaut  ;  mais  on  peut 
suppléer  à  cette  lacune  au  moyen  des  fac-similés  donnés  par  MM.  Ascoii 
et  Zimmer,  Pun  dans  la  première  livraison  de  son  édition  du  manuscrit 
de  Milan,  l'autre  dans  ses  Glossae  kibernicae;  et  enfin  en  se  servant  des 
fec-similés  qui  ornent  les  Reliquie  Celticke  de  M.  le  comte  Nigra. 

Quand  je  dis  paléographie  irlandaise  et  que  je  parle  des  National  ma- 
nascripts  of  Irelandy  un  mot  d'explication  est  nécessaire.  National,  en  Ir- 
lande, est  un  mot,  ou  qui  a  plusieurs  sens,  ou  dont  le  sens  est  difTici- 
iement  perceptible  pour  un  étranger  qui  arrive  avec  des  idées  préconçues. 

Je  n'oublierai  jamais  l'impression  que  j'éprouvai  quand,  venu  en  Ir- 
lande pour  étudier  les  textes  et  les  autres- monuments  de  la  race  cel- 
tique, j*allai  visiter  ce  qui  reste  de  Tara,  capitale  de  111e  aux  temps 
épiques  :  des  terrassements  qui  ont,  en  certains  endroits,  de  forts  reliefs, 
tracent  au  sommet  d'une  colline  l'emplacement  de  cette  vieille  résidence 
des  rois  près  desquels  se  réunissaient  en  assemblées  périodiques  aux 
premiers  siècles  de  notre  ère  les  membres  de  l'aristocratie  irlandaise. 
Mais  la  colline,  quand  je  la  vis,  était  déserte  :  la  race  iriandaise  n'y  était 
représentée  que  par  deux  vieux  époux  en  guenilles  qui  me  servirent  de 
cicérone,  et  au  moment  du  départ  la  femme  me  débita  un  poème  anglais 
en  l'honneur  du  royal  hill  of  Tara.  Ce  n'était  pas  sur  de  l'anglais  que 
j'aurais,  ce  me  semble,  dû  compter. 

Dans  les  Facsin^iUs  of  national  manuscripfs,  on  trouve,  si  l'on  s'en  rap- 
porte au  numérotage,  deux  cent  quatre-vingt-trois  planches  >  ;  et  un  peu 
moins  d'un  tiers  seulement,  c'est-à-dire  quatre-vingt-dix,  reproduit  de 
l'écriture  irlandaise.  Le  reste  est,  nous  pourrions  le  dire,  anglais  ;  ce  sont 
des  monuments  de  la  conquête  commencée  au  milieu  du  douzième  siède 
parles  descendants  de  Guillaume  le  Conquérant  et  de  ses  compagnons. 
Us  ont  apporté  de  France  en  Angleterre  d'abord,  puis  d'Angleterre  en 
Irlande,  l'écriture  française  qui,  avec  le  temps,  a  pris  dans  les  !les  Bri- 
tanniques certains  caractères  distinctifs  ;  telle  est  l'écriture  des  manuscrits 
que  nous  met  sous  les  yeux  un  peu  plus  des  deux  tiers  des  fac-similés 
réunis  par  M.  Gilbert.  Cette  écriture  est  devenue,  avec  le  temps,  natio- 

I.  Il  y  a  des  plaschefl  doubles,  et  quelques  planches  portent  deux  numéros. 


262  Bibliographie. 

nale  en  Irlande ,  comme  Panglaîs  qae  Von  y  enseigne  dans  les  naiional 
sehaols,  -     :       - 

Aiosi  les  deux  tiers  des  pimieiies  de  M.  Gilbert  sont  vm  mérèk  pour 
les  lecteurs  de  la  Revue  Celtiifue.  Mais  le  tiers  irlandais  peut  leur  fonrair 
un  sujet  d'étude  plein  d'attrah.  Les  fao^simiiéft  ont  été  obtennspar  les 
procédés  de  l'héliogravure  ;  ils  sont  accompagnés  de  transcriptions  typo^ 
graphiques  et  de  traductions.  Pour  ce  travail»  IM.  Gilbert  a.én'ie'eoncoQrr 
de  M.  Brian  O'Loont^,  alors  professeur  d'iriandats  à  l'Université  catho^ 
liqve  d'Irlande,  et  connn  par  de  fort  intéressantes  pubficadona. 

M.  Wbitley  Stokes  a  publié»  dans  VAcademy  du  26  septembre  1885, 
une  critique  de  la  portion  des  FaesimiUs  of  nationtd  mamtsaripÈs  qtû  ost  le. 
produit  de  cette  collaboration.  Je  n'ai,  en  aucune  façon»  la  pensée  de 
contester  la  justesse  de  cette  critique;  mais  les  erreurs  sont  inévitable» 
dans  toute  publication  analogue  à  celle  de  M«  Gilbert  ;  eti  si  l'on  ttsme- 
nait  à  la  loupe  tous  les  volumes  des  Moaumenta  Germ&niae  histmca^  ua 
des  chefs-d'œuvre  de  l'érudition  contemporaine,  il  pourrait  bien  se  foire 
qu'on  y  trouvât  autant  d'erreurs  que  M.  Whitley  Stokes  eu  signate  dans 
le  livre  de  M.  Gilbert.  Ce  que  Ton  peut  demander  à  un  ouvrage  de  te 
genre,  ce  n'est  pas  d'atteindre  la  perfection,  c'est  de  &ous  apfacendredtt 
nouveau;  et  on  trouve  dans  la  publication  de  M.  Gilbert  dli  nouveau  à 
deux  points  de  vue  :  lectures  meilleures  de  textes  déjà  publiés  ;  text» 
inédits  .intéressants.  Voici  un  eioemple  d'une  transcripiion  meiUeure  que 
celle  dont  on  avait  dû  se  contenter  avant  M.  Gilbert. 

Toutes  les  personnes  qui  se  sont  occupées  des  origioes  de  l'histoire 
d'Irlande  connaissent  le  passage  suivant  des  Annales  de  '  Tigernack 
publiées  par  O'Conor,  Rerum  hibernicarum  scriptores^  tome  il,  pag(  i, 
sous  la  date  A.  G,  ^0$  ;  In  anno  xviii'^  Piokmdêi  iniiiatùt  at  re^cfft  in 
Eamain  Cimbaoth,  filius  Fintain,  qui  regnafitannis  xvui.  TUncin  Tmair 
Eaçhach  Buadach  athair  Ugainè,  Rtgrnff^  a^  aliiffertur  Uccàs,  Praeurip^ 
simas  Ollam  ab  U gaine  régnasse^  Omnia  monumenta  ScaMum  usque  dm- 
baoth  incertê.  erant  \,  Ce  texte  est  profondément  altéré  et  l'auteur  de  la 
transcriptioA  a  imaginé  un  roi  i^iccus  qui  ne  se  trouve  nulle  part  «tUeurs* 
La  bonne  leçon  est  donnée  par  le  aaanu$crit  RàwUntony  B.  502,  écM 
Bibliothèque  Bodléienne  d'Oxford,  folio  6  verso.  Voyez  Facsimhif 
partie  I,  planche  XLHI.  Je  reproduis  ta  ieéture  de  M»  Gilbert  en  me 
bornant  pour  toute  modification  à  changer  une  lettre  dans:  un  mot  et  à 
mettre  en  italiques  les  lettres  qui  sont  la  traduction  d'abréviations  : 

«  In  anno  xvm  Ptolomei  fuit  initiatiu  regnare  in  Emain  Cimbéed 

1.  cf.  Q'Curry,  Lectufcs  on<ht  itumufcripè  maHriéHSi  p.  f  r^. 


«  fdia»  FMtakr  ^i .  reignoai  xxviii  anms.  Tono  Behu  Biwdtch  ^attt 
«  Ugaî/ie  in  Temoria  regnase  ■  ab  aliis  fertur,  liquft  >  prtf^cripsimu^  olim 
«.-Ugaiœîisp^nBaej  Orania^monihiMta  ScMonim  usftii  Cimbaed  incerta 

Il  j  adH-Jf.  Gilbert  ane  petite  erreur  dâii6Cd  passage  ;  it  a  imprimé 
regiM^rdc  poor^i^ASfltf.  Ou  reste  aa  transcription  ^est  excellente  et  suffit 
pour  jnomrer  k  .nécessité  d'une  nouvelle  édition  d'un  texte  qui  n'était 
oonilQ  jiMcp^  présent  qoe  par  ta  publication  d'O'Conor. 

Une  parfîe  des  fac-similés  de  M.  Gilbert  nou$  fait  connahre  des  textes 
complètenient  inédits,  (t  serait  trop  long  d'en  donner  ici  le  détail.  Je  me 
bonteraî  à  faire  observer  qu'un  des  documents  tes  plus  importants  sur 
l'drgaiBsadoii  de  la  famiUe  irlandaise  a  eu  M.  Gilbert  pour  premier 
éxKtMr.  Ce  doeumem  est  une  consultation  donnée  en  1571  parle  brehon 
Jflcques  O'Scingin  ;  elle  a  été  reproduite  dans  la  planche  xvi  de  la  qua- 
trièniie  pattie  des  Fùcsimiiés  <s/f  National  Manuscrtpts  et  j'en  ai  donné  un 
«nrait  ptoshaut,  page  93,  note  4. 

Je  n^ai)usqtf 'à  présent  rien  dit  des  traductions  (ailes  pour  M.  Gilbert 
par  M.  Brian  O^Looney.  Je  n'ai  pas  l'honneur  de  connaître  personnelle- 
mlm  «e  saram  irlandais.  Je  le  juge  exclusivement  par  ses  travaux.  Il  me 
sembler  ^re  l'élève  plutôt  d^O'Curry  que  de  Zeoss  et  savoir  de  sa  langue 
le  'Vocabalalrei)eaueoup  mieux  que  la  grammaire;  Cependant  il  y  a  tel 
sapi^nt  grammairien  allemand  cfBÎ  pourrah  encore  recevoir  de  lui  quelques 
bonnes  leçons. 

lé  «heral  coanue  exeniple  un  passage  du  texte  si  curieux  intitulé  Serg- 
A^.  CM^/iMi; on  pourrait  traduire:  t  Maladie  de  Cûchulainn  »  ou 
«  'CteMaiati  alité,  >> 

Le^  grands  seigneurs  d'Ulster  sont  ré^inis  avec  leurs  femmes  pour 
célébrer  une  fête  sur  le  bord  d'un  lac,  quand  on  voit  s'abattre  sur  ce 
laç  de  magnifiques  oisieaux.  Chacune  des  femmes  veut  en  avoir  un.  De 
là  rivalité  entre  elles  :  Qabm  cath  M  immarbaig  ammuln  a  celi  im  gabail 
jtti /i^/f#  Voici  la  traduction  d'O'Curry:  «  Tbey  aH  began  to  contend 
witlt^fie  ânqtber  about  fhe  posses$ion  (A  the  birds.  ^  M.  Brian  O'Looney 
a^titaduif  ahsi^r  «Bacbef  them  begiMfto  vie  wittit^eothef  astocatcbing 
theUrtb^.  » 

'rToostoiVAOtfr  contenus  dans  la  phrase  irlandaise  sont  parfaitement 
eUîrs^'saufun^  c'est  Ammuin.   cycurry  et  M.   Brian  O'Looney  sont 

1.  1&gnase\  atccx  t±:sj,  confiormémeitt  i  Une  orthographe  irlandaise  fréqaente,  tient 
lien  de  régnasse^  variante  de  regnavisse.  —  Apex  sur  l'U  de  Ugaine. 

2.  Lisez  Ucet. 

).  Facsimilis  of  natioruU  manuscripts,  (ffemière  panie,  planche  XXXVH. 


264  BibHogr^phu. 

d'accord  pour  traduire  ce  mot  par  with  :  «  immarbaig  anuDum  a  cdi,  » 
signifie  suivant  O'Curry  «  to  CQiitend  wtth  aneanother»  et  srnnu 
M..  Brian  O'Looney,  «  to  vie  with  tbe  other  »,  c'esk^dire  :  c  sedis^ 
puter  Tune  avec  l'autre, rivaliser  1  une  avee  itetre.  n  M.  Windiscb,  avec 
cette  prudence  loyale  qui  est  un  des  cacactèrea  :de  ism  talenty  n?a  pas 
voulu  donner  une  traduction  d^ammuia  dontit  ne  wriaiHMt  *point  l^xj* 
mologie  ^ 

M.  Zimmer,  dans  ses  Keltische  Studien,  I,pp.  81,  82,  le  reprend  de 
cette  sagesse  et  prétend  que  ammuin  est  identique  à  l'Irlandàh  ipôdf^ne 
amhàin  u  seulement  »  qu'il  a  trouvé  dans  une  chanson  et  qui  est  bien  connu 
d'ailleurs,  puisqu'on  le  rencontre  dans  la  traduction  irlandaise  de  la  Bible 
(Première  éphre  aux  Corinthiens,  c.  2,  v.  2)  et  qu'il  est  donné  parles 
dictionnaires  d'CVarien  etd'O'ReîlIy.  En  conséquence  it  traduit  ainsi  la 
phrase  irlandaise:  «  ledevon  ihnen  begann  zu  rûhmen,  dàss  ihr  Gatte 
«  allein  die  Vôgel  fangen  wûrde.  »  Chacune  commença  à  se  vartter  que 
«  son  mari  seul  prendrait  les  oiseaux.  »  Mais  cette  interprétation  offre 
deux  difficultés.  La  première  est  que  le  moyen-iriandais  ammuin^  ayant 
un  double  m,  ne  peut  avoir  donné  amhdin,  par  mh,  en  irlandais  mo- 
derne. Vm  double  du  moyen-irlandais  ne  devient  pas  spirant  en  irlan- 
dais moderne.  Ainsi  ammach  «  dehors  ^  pour  un  plus  ancien  în-mach 
est  devenu  amach  en  irlandais  moderne.  Ammuin  tient  lieu  probablement 
d'un  plus  ancien  in-muin  et  signifie  dans  son  sens  littéral,  «  dans  le  dos 
de  »,  «  contre  »  (Comparez  la  locution  française  «  sur  le  dos  de  »);  /m-. 
marbaig  ammuin  veut  dire  littéralement  a  se  quereller  contre  quelqu'un  » 
D*autre  part,  M.  Zimmer,  en  traduisant  par  «  mari  »  le  cèle  de  la  phrase 
iriandaise  hii  un  contre-sens  évident.  Il  suffit  de  lire  le  contexte  pour 
voir  que  les  femmes  des  grands  seigneurs  d'Ulster  n'ont  pas  un  instant 
songé  à  faire  prendre  les  oiseaux  par  leurs  maris.  C'est  à  Cûchulainn 
qu'elles  s'adressent. 

Ainsi  la  traduction  de  ce  passage  donnée  par  M.  Brian  O'Looney  en 
1874  est  beaucoup  meilleure  que  celle  que  M.  Zimmer  nous  a  offerte  en 
1881.  M.  Zimmer  est  incomestablement  un  grammairien  distingué. 
Après  quelques  semaines  de  séjour  en  Irlande,  il  était  de  force  â  servir 
d'interprète  entre  deux  Irlandais  qui,  parlant  chacun  depuis  l'enfance 
la  langue  de  leurs  ancêtres,  ne  parvenaient  pas  à  se  faire  comprendre 
l'un  de  l'autre.  Il  l'a  lui-même  raconté  dans  un  de  ses  ouvrages  Un 
pareil  triomphe  peut  sembler  incroyable.  Cependant  je  connais  trop  bien 
M.  Zimmer  pour  révoquer  en  doute  sa  sincérité.  Je  suis  persuadé  qv'ii 

1.  Irùche  Tate,  t.  l,  p.  362,  col.  2. 


BibUogrAphie.  265 

est  tottjoure  oonvasBCQ  d«  {'•exactitude  de  ce  qn^il  dît.  J'ajouterai  même 

que  iKsqu'it  liait  skm  propre  éloge  et  la  critique  des  autres,  c'est  alors 

sortoo^  que  sa  ceowtîon  est  profonde.  Mais  quand  on  est  aussi  fort  que 

bb  et  qasoià  les  Irlandais  ^nt  si  simples,  on  ne  devrait  pas  se  laisser 

donner 'par  eux  des  leçons  coRmieceHe  que  donne  ici  M.  Brian  O'Looney 

av  savant  preteseur  de  Gre&waM. 

H.  d'A.  de  J. 

{«exikon  zu  den  Sohrilten  Caaaars  and  aelner  Fortaetser,  mit 
Angabesaemtllcher  Stellen,  von  H.  Merguet.  Jena,  Fischer,  1884.  Livrai- 
sons I  à  V,  commençant  au  mot  a,  ab  et  finissant  au  mot  peto. 

L'auteur  a  déjà  composé  un  lexique  des  discours  de  Cicéron.  L'objet 
qu'il  se  propose  est  surtout  grammatical.  On  sait  que  pour  Pétude  du 
latin  classique^  les  textes  fondamentaux  sont  les  écrits  de  César  et  de 
Cicéron,  Mais  tel  n'est  pas  le  point  de  vue  auquel  nous  considérerons 
ici  l'utilité  de  sa  publication.  Les  commentaires  de  César  De  bello  gallico 
sont  le  principal  des  documents  que  l'antiquité  nous  offre  pour  l'étude 
des  mœurs  et  des  institutions  de  la  race  celtique.  La  plupart  des 
éditeurs  se  sont  contentés  de  placer  à  la  suite  des  œuvres  de  César  un 
index  dés  noms  propres.  L'édition  la  plus  répandue  du  De  bello  gallico, 
celle  de  Friedrich  Kraner,  revisée  par  Diitenberger,  a  même  retranché 
de  cet  index  tes  noms  d'hojnmes  et  n'offre  au  lecteur  qu'vaxgeographisches 
RegisUr.  Ce  n'est  point  avec  de  pareilles  tables  qu'on  peut  retrouver 
les  divers  passages  qui  se  rapportent  à  la  même  idée.  Quand  donc  on 
voulait  s'occuper  des  choses^  et  non  plus  des  hommes,  des  peuples  ou 
des  vin.eSy.et  quand  on  voulait  donner,  par  le  rapprochement  des  textes, 
une. forme  précise  à  des  notions  qui,  après  la  lecture  la  plus  attentive, 
ne  se  présentent  souvent  à  l'esprit  que  d'une  façon  vague,  il  fallait  re- 
courir à  l'index  de  l'édition  ad  usum  Delphini,  Paris,  1678,  de  son 
imitation  vénitienne,  ou  de  la  reproduction  donnée  à  Londres  par  Valpy 
en  là  1,9'.  Malheureusement,  cet  index  n'est  pas  toujours  exact.  Ainsi, 
dans  cet  index,  la  page  où  se  trouve  le  mot  clientelaef  livre  VI,  c.  12, 
est'ihdiquée. d'une  manière  erronée»  p.  128  au  lieu  de  1 18.  Il  y  a  un 
autre  inconvénient  plus  grave^  au  moins  à  Paris  :  c'est  que  l'édition  de 
César  ad  usum  Delphini,  son  imitation  vénitienne  et  sa  reproduction  an- 
glaise de  181^  sont  très  rares,  quoi  qu'en  dise  Brunet  >. 

•  •  .  i«  j 

1 .  Afitérieurement  à  cette  édition  de  Londres,  on  a  fait  à  Londres  d'autres  réim- 
prédkHÉi  êm  tiéstr  aé  usém  Mphtni;  mais  sî  j'en  jnge  d'après  un  exemplaire  que  j'ai 
sons  les  yeux  et  oui  dans  le  titre  est  qualifié  d'editio  undecimay  l'index,  aans  ces  réim- 
pressions, a  été  aoré^é  de  manière  à  en  diminuer  beaucoup  l'utilité. 

2.  Manutliu  libraire^  t.  V  (1864),  col.  1785. 


266  Bibliogrfiphie. 

Le  lexique  de  M.  Mcrguei . comble  donc  une  lacune  regoctt^Ue. 
Afomotis  qu'il  est  beaucoup  phis  complet  que  L'indcacde  Vééàûùnjidusm 
Delphim;  non  seulement  il  donne  abaque  mot,  omis^il  r^ofâi^t  k- 
membre  de  phrase  dans  lequel  le  mot  est  coitemi  ;  enfin^  au  Ik^  de 
renvoyer  à  la  page  et  à  la  Ûgne,  comme  VMkxmL  adumm  BUphétè,  it 
renvoie  au  livre  et  au  chapitre;  en  sorte  que  bs  lecteiflrvpOQnnuqiie'^^ 
il  connaisse  un  peu  César,  peut  souvent  comprendre  de. cpioi  k  -sfagit 
sans  se  reporta  au  texte.  Nous  considérons  donc  lelexiquedè  M:;  Mecguet 
comme  un  instrument  de  travail  d^une  grande  utilité. pour  les  érodàts.qQt 
veulent  coni^re  à  fond  le  texte  de  César,  De  bdUgailicOé  On  m\xm  beau 
lire,  la  plume  à  la  main,  ce  précieux  document  historique;  il  y  aura  tau- 
jours  des  notes  qu'on  oubliera  de  prendre»  et  ces  notes  en  déficit,  on 
les  retrouvera  dans  le  grand  recueil  alphabétique  composé  par  le  labo- 
rieux érudit  allemand.  'H.  d'A.  de  J. 

Monuments  oonsacrés  à  Mars  dôcouveris  à  Courges  en  tB95i 

notes  par  M.  A.  Buhot'de  Kersers. 

Ces  monuments  sont  deux  stèles  ;  l'une  porte  Tinscription  : 

NVMAVG 

ETMARTI 

MOGETIO 

GRACCHVS 

ATEGNVTIS  FIL 

V-  S-  L-  M 
Sur  l'autre  on  lit  : 

MARTI 

RIGISÀMO 

TI-  IVL-  EVNVS 

EX-  VISSV 
Mogetius  paraît  identique  au  mochta  «  magnified  »  «  glorifié  »  du  VBrft 
Oengusso,  édition  de  M.  Whhley  Stokes,  p.  CCXCIV.  Cf.  Windisch, 
Irische  Texte,  t.  I,  p.  695. 

Quant  à  Rigisamus^  on  s'est  demandé  si  C'est  un  dérivé  de  tix  «  rôi  » 
ou  un  composé  dont  rit  serait  le  premier  terme.  Quoi  qu'il  eti  soh, 
M.  Buhot  de  Kersers  a  bien  fait  de  porter  cette  découverte  à  la  con- 
naissance des  érudits. 

Die  irische  Kenonensammluag,  herausgegebeA   voti    Hcrtrann  Vfm^* 
scHLneNA  zwcîfte  Awfiigf .  Leipzig, Tavchniti)  188^ ] io-S,  Lxxvict  24)'p. 

L'auteur  avait  fait  paraître  en  1 864  une  première  édition  ;  elle  a  été. 
en  grande  partie,  détruite  par  un  incendie*  Cet  accidem  t'a  détanainé  à 


BihUogfûfhie,  267 

réimpriiner  son  œuvre  avec  de  nombreuses  correctioiis  et  une  préface 
beaucoup  plus  considérable  que  la  première.  Cette  préface  est  divisée  en 
trois  parties  qin  traitent  ;  i<>  des  sources  de  la  cottection  canonique  irlan* 
daise^  de  sa  diffusion  et  des  ntanuscrbs  qui  nous  l'ont  conservée  ;  2^  des 
nelatâons  de  l'Eglise  klandaise  avec  ^Eglise  romaine;  j*"  des  autres  par* 
ttciilariiés  que  nous  offre  le  droit  ecciésîastîque  et  dvil  de  Pirlande,  tel 
que  nous  le  fait  connaître  la  colicctton  canonique  irlandaise.  Un  appen-^ 
dke-à  la  préface  contient  une  lettre  de  M.  Bradshaw  à  l'auteur.  Dans  ce 
document,  le  savant  bibliothécaire  éttiti^  sur  divers  points,  une  doctrine 
différente  de  celle  qu'adopte  M.  Wassersehieben  ec  ce  damier  défend 
son  sentiment  par  cPabondames  notes. 

L'histmctive  pubKcation  de  M .  Wasserschteben  mériterait  une  étude 
détaillée  qui  demanderait  plus  de  place  que  la  Revue  Cilîkpu  ne  peut, 
quant  à  présent,  lui  consacrer.  Nous  nous  bornerons  à  parler  de  la  lu*^ 
mière  que  la  collection  canonique  irlandaise  éditée  par  l'érudit  allemand 
jet*  stir  fflvefs  points  du  droit  bMl  Irlandais. 

Il  est  paléographiquement  établi  que  cette  collection  existait  avant  la 
fin  du  vin*  siècle,  etdes  raisons  qui  ne  sont  point  paléôgraphiques  auto* 
risent  à  croire  qu'elle  a  été  composée  vers  l'an  700  ou  environ.  Or, 
outre  un  grand  nombre  de  textes  empruntés  soit  à  la  Bible,  soit  aux 
collections  canoniques  du  continent,  soit  aux  Pères,  elle  renferme  un 
certain  nombre  de  textes  d'origine  irlandaise  sous  les  rubriques  Patricius, 
Sinodas  hibernensis^  Hibernenses.  Une  partie  des  dispositions  placées  sous 
ces  rubriques  concernent  le  droit  civil,  et  on  y  constate  un  merveilleux 
accord  avec  les  passages  correspondants  des  monuments  du  droit  pu- 
bliés dans  les  Ancient  laws  of  Ireland.  M.  Wasserschleben  a  un  peu  né- 
gligé d'étudier  sous  cet  aspect  les  textes  canoniques  dont  lui  devons  la 
connaissance  ;  nous  allons  chercher  à  réparer  sur  quelques  points  cette 
lacune. 

Ai^si,  le  droit  des  femmes  à  la  succession  de  leur  père  est  réglé  par  la 
collection  canonique  delà  manière  suivante,  p.  1 16  :  «  Sinodus  hibernensis  : 
aucljOresecclesiae  hic  multa  addunt^ut  feminae  heredes  dent  ratas  et  sti- 
pulationes,  ne  transferatur  hereditas  ad  aliènes...  ;  et,  si  genuerint  filios, 
viris  s^ae  cogAaiionis  dabuni  hereditatem  ».  Ce  texte  doit,  ce  semble, 
être  traduit  ainsi  :  «  Les  auteurs  ecclésiastiques  entrent  ici  dans  de 
grands  développements  pour  établir  que  les  femmes  héritières  doivent 
s'engjager>  avec  concours  de  cautions  ^  à  ne.  pas  transporter  l'héritage 
dans  une  autre  famille...,  et  si  elles  ont  d^  61s,  ceux«*ci  rendront  l'bé- 

t.' AtfttsiKt  te  plurM  de  liriandais  fiift. 


268  Bibliographie, 

ritage  aux  parents  de  leur  mère  ».  C'est  la  doctrine  qu'un  brocard  irlan- 
dais résume  en  deux  mots  :  banadba  taisiCy  c'est-à-dire  «  maison  de  femme 
revient  »  '.  Le  retour  est  garanti  par  caution  :  ro  bui  îrebuiri  fri  haisec  ^. 
En  droit  irlandais,  une  fille  peut  recevoir  de  son  père  une  donation  i  ; 
elle  peut  hériter  aussi  d'un  immeuble  appartenant  à  son  père  ou  à  son 
grand-père,  si  ceux-ci  n'ont  pas  de  descendant  màle^.  Mais  elle  ne  peut 
transmettre  la  propriété  de  cet  immeuble  à  un  fils  sans  le  consentement 
de  ses  collatéraux  du  côté  paternel.  Ce  consentement  est  donné  quel- 
quefois quand  elle  a  épousé  un  étranger  et  que  les  fils  nés  de  cet  étranger 
se  mettent  au  service  de  la  famille  K  Lorsqu'une  fille  unique  exigeait  la 
totalité  de  la  succession  paternelle,  elle  devait  le  service  militaire.  Si  elle 
voulait  se  décharger  de  cette  obligation ^  il  fallait  qu'elle  abandonnât  la 
moitié  de  la  succession  à  ses  collatéraux  paternels,  ou,  comme  on  dit  en 
droit  romain,  à  ses  agnats^. 

Un  des  principes  les  plus  curieux  du  droit  iriandais  consiste  à  distin* 
guer  dans  la  réparation  due  pour  crime  ou  délit  deux  éléments  :  l'un 
fixe,  qui  représente  le  dommage  causé  et,  lorsqu'il  s'agit  d'un  meunre, 
la  valeur  légale  du  corps,  coirpdire  ;  l'autre  est  le  prix  de  l'honneur  qui 
varie  suivant  la  dignité  de  l'individu  7.  On  l'appelle  enechlann'  ou  lâg 
enech,  Venechlann  du  roi  est  de  sept  femmes  esclaves.  Ce  chiffre  est 
énoncé  en  termes  formels  dans  le  traité  intitulé  Crith  gablach  ^,  et  on  re- 
connaît que  c'était  la  doctrine  du  Sençhus  Màr  quand  on  fait  l'observation 
que  le  tarif  des  legs  contenu  dans  le  dernier  livre  de  ce  traité  est  em- 
prunté au  tarif  du  prix  de  l'honneur  9.  Ainsi  celui  qui  se  rendait  coupable 
d'une  insulte  grave  envers  un  roi  lui  devait,  comme  réparation,  sept 
femmes  esclaves,  en  vieil  irlandais,  secht  cumala.  Or,  on  trouve  déjà  cette 


1.  Ancientlaws  of  Ireland,  t.  IV,  p.  i6, 1.  24. 
a.  tbid.,  p.  18,  l.  15,  16. 

3 .  Dilsigthi  d-athair  di-a  ingin  ar  duthracht  ;  Ancient  laws  of  treland,  t.  IV,  p.  44, 
I.  14,  1$.  Comparez  le  testament  de  Pratusagus,  roi  des  Icem  en  Grande -Bmiigiic, 
l'an  62  de  notre  ère.  Ce  prince,  nous  dit  Tacite  :  Caesarem  heredero  duasque  filiasscripserat. 
Annales f  livre  XIV,  c.  ?i. 

4.  Isa  ferunn  athur  ocus  senathur,  ocus  ni  fuil  comorba  fierrdba  «nn.  AndtutUfws  cf 
Ireland,  t.  IV,  p.  14,  1.  27,  28. 

5.  Is  diles  o^ne  do  maccaib  deoraidh  ocus  murcairthi  cein  beiti  oc  fognam  dt.Anciat 
laws  of  ireland,  t.  IV,  p.  44, 1.  15,  16.  Ces  enfants  s'appellent  £^)!a«, p.  1S4,  1.  19. 

6.  Ocus  beraidh  in  ingean  in  fearann  uili  co  fuba  ocus  co  ruba,  no  a  leth  ganfubi  gan 
ruba,  ocus  coimde  fuirre  re  aiseac  uaithe  iarsna  re.  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  IV.  p.  40, 
j.  i(-i8.  C'est  en  vertu  de  ce  principe  que  dans  les  Annales  de  Tacite,  XIV,  3$,  nous 
voyons  les  filles  du  roi  Pratusagus  dans  un  char,  avec  leur  mère  Boudicca,  dans  l'année 
qui  va  combattre  les  Romains. 

7.  Le  coirpdire  éuit  de  sept  femmes  esclaves.  Cf.  p.  246-247.  Un  des  teites  topiques 
est  un  de  ceux  qui  concernent  le  meurtre  caché,  Ancient  laws  of  Ireland,  t.  III,  p.  98. 

8.  Ancientlaws  of  ireland.  t.  IV,  p.  328,  1.  2ô. 

9.  Ancient  laws  of  ireland,  t.  III,  p.  42, 1.  24.  Cf.  t.  II,  p.  224, 1.  7-9;  p.  226, 1.  13- 


Bibliographie.  269 

règle  dans  la  Canonum  collatio,  livre  XLVIII,  c.  }.  «  Sinodus  hibernensis 
ah  :  Ômnis  qui  ausus  fuerit,  eà,  quae  sunt  régis  aut  episcopi  furari,  aut 
rapere,  aut  aliquid  în  eos  commîttere,  parvipendens  dispîcere,  VII  ancil- 
larum  pretium  reddat,  aut  Vil  annis  peniteat  cum  episcopo  vel  scriba  »'. 

On  voit  par  le  titre  de  ce  chapitre  que  dans  la  langue  latine  employée 
par  les  canonîstes  irlandais,  le  prix  de  Phonneur  s'appelait  census  :  ce 
titre  est  :  «  De  eo  quod  régis  et  episcopi  aequalis  sit  census  ».  Cela 
n'empêche  pas  le  mot  census  de  désigner  ailleurs,  dans  le  texte  canonique, 
la  redevance  due  au  chef  par  Thomme  de  classe  inférieure  qui  a  reçu  de 
lui  un  cheptel  servile,  degens  sub  censu:  livre  XLI,  c.  8,  9,  p.  160  *.  Le 
degens  sub  censu  ne  peut  faire  de  legs,  commendare  ^ ^  sans  le  consente- 
ment de  son  chef.  La  femme  mariée  a  également  besoin  de  l'approbation 
de  son  mari  pour  faire  une  disposition  testamentaire  valable  (ibid.,  c.  10, 
p.  161].  Si  nous  ne  trouvons  pas  ces  deux  principes  formulés  explicite- 
ment dans  le  Senchus  môrj  ils  sont  la  conséquence  de  la  règle  qui  déclare 
nuls  les  contrats  formés  par  les  incapables,  sans  le  concours  de  leurs 
chefs,  pères  ou  tuteurs  4. 

On  sait  qu'une  des  particularités  du  droit  irlandais  est  d'admettre, 
qu'en  certaines  circonstances,  le  mariage  peut  donnera  la  femme  une  si- 
tuation égale  ou  même  supérieure  à  celle  de  son  mari  s.  C'est  à  cette  si- 
tuation particulière  de  la  femme  que  se  réfère  par  le  mot  domina  le  cha- 
pitre 3,  De  personis  indignis  ad  jidejussionem,  livre  XXXIV,  p.  122.  Parmi 
les  personnes  qui  ne  peuvent  servir  de  caution,  ce  chapitre  mentionne 
la  femme  qui  n'est  pas  dame,  femina  nisi  domina. 

Nous  avons  parlé  plus  haut  [p.  1 2  et  suivantes]  de  l'usage  du  duel 
dans  la  procédure  irlandaise.  La  collection  canonique  irlandaise  attribue 
à  saint  Patrice  une  loi  qui  défend  le  duel  aux  clercs.  Cette  loi  prévoit  le 
cas  où  un  clerc,  ayant  cautionné  un  laïque,  se  trouve  appelé  à  payer  au 
lieu  et  place  du  débiteur  principal.  «  Qu'il  paie,  dit  le  texte  canonique, 
car,  s'il  recourt  aux  armes,  il  sera  excommunié  »,  nam  si  armis  compu- 
gnaverit,  camputetur  extra  ecciesiam  (livre  XXXI V,  c.  2,  p.  1 22).  Un  autre 
canon  étend  cette  loi  au  débiteur  principal,  nam  si  armis  compugnaverit, 
extra  ecd€siam  ejiciaiur  (Hvre  XXXI V,  c    8,  p.  124). 

t .  Die  trhcfu  Kancnensammlungy  p.  206. 

2.  M«ro  fàgtdbh  in  t  athair  ds  doeraigîlleehta  ar  in  mac  do  flaith.  Anetent  Unvs  oflre- 
landy  t.  Ifl,  p.  62,  1.  25-26. 

3.  Coptmendare  est  la  traduction  latine  du  mot  imita  qu'on  trouve  dans  Ancient  laws 
of  frdand,  t.  III,  p.  42, 1.  14  et  suivantes. 

4.  Anciait  laws  qf  Ireland,  t.  III,  p.  lo,  1.  16-20. 

i.  a  La  femme  est  égale  à  son  man  en  cas  de  lanamnas  comtincuir,  c'est-à-dire  quand 
il  y  a  égalité  d'apport.  i4/ia>/if  laws  of  Ireland,  t.  II,  p.  356, 1.  29.  La  femme  est  supé- 
rieure au  mari  quand  la  fortune  vient  d'elle,  lanamnas  fir for  bantidnacur.  Ibidem  yp.  )9o,l.  ^  i . 


270  BihliopapkU, 

Je  signaleiai,  «n  termmant,  deux  passages^  l'un  de  la  coHedion  ca- 
nonique, l'autre  de  la  loi  civile,  qui,  considérés  isolément,  sont  fort  obs- 
curs et  qui  deviennent  clairs  quand  on  les  rapproche  l'un  de  l'autre.  La 
collection  canonique  attribue  à  un  synode  irlandais  le  règlement  suivant: 
«  Primum  delictum  uniuscujusque  mali  hominis  veniet  super  substantiam 
suam  et  pecora  ;  secundum,  si  non  habuerit  substantiam  aut  pecora,  ve<- 
niet  super  regiones  suas;  si  non  habuerit  regionem,  veniet  super  regem 
suum  ;  si  non  habuerit  regem,  veniet  super  eum,  qui  arma  dédit  et  ves- 
timenta  illius,  qui  delictum  fecit  ;  sin  vero,  postremo  veniet  super  illum 
qui  cibavit  illum  et  lectum  dédit  ».  Que  signifient  dans  ce  document  les 
mots  regiones  et  regionemf  Ils  veulent  dire  «  la  famille  et  le  chef  9,  ha- 
bitant naturellement  à  côté  du  coupable,  dans  le  même  pays.  On  le  com- 
prendra en  rapprochant  du  document  canonique  les  lignes  suivantes  qui 
appartiennent  au  traité  intitulé  :  «  Du  jugement  de  tous  les  crimes  que 
fait  chaque  criminel  ».  «  Si  le  criminel  fait  défaut,  son  crime  tombe  sur 
ses  biens  vivants  ou  morts  ;  s'il  n'en  a  pas,  son  crime  est  à  la  charge  de 
son  père  ;  s'il  n'a  pas  de  père,  son  crime  tombe  sur  son  frère  et  ses 
cousins  ;  si  ceux<i  font  défaut  et  si  on  ne  les  trouve  pas,  son  crime  est  à 
la  charge  de  son  chef;  s'il  n'a  pas  de  chef,  son  crime  atteint  son  lit,  son 
manteau  et  sa  nourriture  ;  s  il  n'a  pas  de  lit,  son  crime  est  à  la  charge 
du  roi  »  '.  On  ne  conçoit  pas  de  prime-abord  comment,  suivant  le  texte 
irlandais  que  nous  venons  de  traduire,  un  créancier  qui  n'a  pu  se  faire 
payer  sur  les  biens  de  son  débiteur,  parce  que  et  débiteur  ne  possède 
rien,  pourra  ensuite  saisir  le  lit,  le  manteau  et  la  nêorriture  de  ce  débi- 
teur. Le  texte  latin  nous  donne  la  solution  de  la  difficohé.  U  s'agit  du 
lit,  du  manteau  et  de  la  nourriture  qui  ont  été  donnés  au  débiteur  insol- 
vable par  des  tiers,  amis  de  ce  débiteur  et  ennemis  du  créancier; 
souvent  ces  tiers  ne  fournissaient  pas  seulement  au  débiteur  un  Qt^  un 
manteau  et  de  la  nourriture  ;  ils  lui  mettaient  en  main  des  armes  pour 
combattre  le  créancier  :  «  arma  dédit  »  dit  le  canon  irlandais.  La  dette 
tombait  à  la  charge  de  ces  tiers  ;  «  veniet  super  eum,  qui  arma  dédit  et 
vestimenta  illius  qui  delictum  fedt  ;  sin  vero,  postremo  veniet  super  illum 
qui  cibavit  illum  et  lectum  dédit  ».  La  seule  différence  importante  entre 
le  document  canonique  et  le  texte  de  droit  civil  consiste  dans  l'ordre  des 
responsabilités.  Le  document  canonique  place  le  roi  avant  les  tiers  qui 
se  font  complices  du  débiteur  ;  le  texte  de  droit  civil  met  ces  tiers  avant 
le  roi.  Du  reste,  les  deux  législations  sont  en  parfait  accord. 

Nous  arrêtons  ici  cette  étude  comparée  qui  pourrait  être  poussée 

1.  Attcient  laws  of  Inland^  t.  IV,  p.  240, 1.  $-12. 


Bibliographie.  271 

betucoirp  pVas  loi»;  M.  WausBerschleben  connah  les  Ancient  laws  of  /re- 
Luf^/dont  il  cite  le  tome  I,  à  la  p.  lx  de  sa  préface  ;  mais  il  est  à  re- 
gretter que  dans  son  livre»  d'sulleurs  si  savant  et  si  instructif,  il  n'ait  pas 
davantage  tiré  parti  de  la  collection  de  textes  légaux  que  nous  devons  à 
la  libéralité  du  gouvernement  irlandais. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville 

Tlia  lake  dweliingsol  Ireland,  or  ancient  lacustrine  habitations 
ol  Erin,  commonly  called  Grannogs,  by  W.-G.  wood-Martin;  Du- 
blin. Hodge,  Figgis  and  Co.  Longmans  ;  et  Londres,  Green  and  Co.  1886,  in-8,  xzii 
et  268  pp.  et  50  planches,  avec  238  6gures  intercalées  dans  le  texte. 

Les  Crannogs  >  de  l'Irlande  ont  été,  pour  la  première  6hs^  croyons- 
nous,  signalés  aox  udMèatagoek  framçais  par  ie  marqua  de  Nadaiibc  dans 

son  livre  intitulé  :  Les  premiers  hommes  et  les  temps  préhistoriques,  t.  I, 
pp.  260-26^.  Ce  livre  a  paru  en  1881.  Mais  les  archéologues  irlandais 
avaient  commencé  à  les  explorer  plus  de  quarante  ans  avant  cette  date  ^ 

Il  y  a  une  très-grande  différence  entre  le  mode  de  construction  du 
crannog  et  celui  de  l'habitation  lacustre  de  la  Suisse.  L'habitation  lacustre 
est  construite  sur  des  poteaux  qui  pénètrent  dans  le  sol  au-dessous  des 
eaux  du  lac  et  dont  l'extrémité  supérieure  dépasse  le  niveau  le  plus  élevé 
de  ces  eaux  ^  Le  crannog  est  une  lie  artificielle.  On  y  trouve  au-dessous 
de  la  maison  les  poteaux  qui  supportent  l'habitation  lacustre  de  la 
Suisse  ;  mais  on  n'y  trouve  pas  seulement  des  poteaux  ;  en  outre,  le  con- 
structeur a  apporté  des  pierres  et  de  la  terre  qui  constituent  une  sorte 
dllot;  les  poteaux  sont  en  quelque  sorte  la  carcasse  de  cet  Ilot,  tandis 
que,  dans  l'habitation  lacustre  de  Suisse,  les  poteaux  constituent  l'unique 
si^)port  de  l'habitation. 

Certains  crannogs  d'Irlande  ont  été  habités  jusqu'au  dix-septième  siècle. 
Quelque&^ms  nous  offrent  des  traces  de  l'âge  de  pierre.  Une  circonstance 
d<HEUie  un  intérêt  particulier  à  l'étude  de  ces  monuments  :  il  y  a  des  textes 
qui  concernent  quelques-uns  d'entre  eux.  M.  Wood -Martin  a  consacré 
im  chapitre  de  son  livre  (pp.  14}-! 60)  à  Tétude  de  ces  textes.  Ce  n'est 
peut-être  pas  le  meilleur  de  son  ouvrage.  On  sent  que  l'auteur  est  avant 
toul  un  archéologue;  il  a  vu  de  ses  yeux,  touché  de  ses  mains  les  mo- 
nuaents  figurés  dont  il  nous  entretient  ;  mais  il  parle  des  textes  par  ouï 

1.  Sur  le  mot  ctannpg  ycj^  Joyce,  The  origin  and  history  oj  Irish  nanus  of  places, 
cinquième  édition,  t.  I^  p.  299. 

2.  The  lakt  dmetUngs,  p.  2). 

j.  Voyez  le  travail  de  M.  Alexandre  Bertrand  sur  les  cités  lacustres,  dans  son  livre 
intituié  La  Gaule  avant  les  Gaulois,  pp.  1 21-147.  Cf.  Nadaillac,  Us  premiers  hommes, 
t.  1,  pp.  241-260. 


272  Bibliographie. 

dire  et  avec  des  indications  sommaires  fournies  par  un  ami  complaisant. 
Ainsi,  à  la  page  156,  il  donne  sans  s'en  douter  une  analyse  d'une  note 
que  le  docteur  Todd  a  mise  à  la  page  clx  de  l'introduction  qui  précède 
son  édition  du  Cogadh  Gaedhtl  re  Gallaibh  «  The  War  of  the  Gaedhil  wîth 
the  Gain  »  ;  et  au  lieu  de  renvoyer  soit  à  cette  note,  soit  aux  passages 
que  cette  note  concerne,  p.  140  de  l'édition,  il  nous  parle  du  manuscrit: 
a  as  recorded  in  a  welUknown  IrUh  manuscript  entitled  :  The  wars  of 
the  Gaedhiel  (sic)  with  the  Gaill.  »  Faisons  observer  que  l'édition  du 
docteur  Todd  remonte  à  1867,  c'est-à-dire  qu'elle  est  de  dix-neuf  ans 
antérieure  à  la  date  du  livre  de  M.  Wood-Martin.  Le  savant  archéologue 
fera  bien,  à  l'avenir,  de  demander  aux  amis  qui  lui  fournissent  des  ma- 
tériaux un  peu  plus  de  précision  dans  leurs  renseignements. 

L'examen  des  textes  concernant  les  crannogs  exige  une  très  grande 
attention  lorsque  ces  documents  se  réfèrent  à  une  époque  reculée,  parce 
que  le  mot  crannog  apparaît  pour  la  première  fois  au  treizième  siècle, 
dans  les  Annales  de  Loch  Ce,  en  1221,  122^,  1246,  1247^;  dans  les 
Annales  des  Quatre  Maîtres  en  1246^  M.  Wood-Martin,  qui  cite  les 
Annales  de  Loch  Ce  sans  les  avoir  jamais  lues,  leur  fait  dire  qu'en  102  j 
«  A  predatory  expédition  was  made  by  the  inhabitants  of  Fermanagh, 
on  which  occasion  they  burned  the  crannog  on  Loch-n-Uaithne  [sic]  ». 
On  y  lit  simplement  que  les  Fir  Manach  allèrent  piller  Loch  Uaiîhne 
c'est-à-dire  le  lac  d'Uaithne  et  le  brûlèrent.  En  intercalant  le  mot  crannog 
on  fait  un  acte  d'interprétation  probablement  fort  légitime,  mais  on 
donne  un  commentaire  plutôt  qu'une  traduction. 

Une  des  indications  les  plus  anciennes  que  son  livre  nous  offre  sur 
Vhmoirt  des  crannogs  en  Irlande  se  rapporterait  à  l'année  6^6  [lisez 
606).  A  .cette  date  mourut  un  certain  Aed  fils  de  Colgan.  Cette  date  est 
vraisemblablement  exacte  ;  elle  parait  empruntée  aux  annales  de  l'abbaye 
de  Clonmacnois,  où  Aed  se  trouvait  en  pèlerinage  au  nK)ment  de  sa  mort 
Or  Aed  avait  bâti  une  belle  maison  dans  Tlle  de  Loch  da  Dam  ^ 
M,  Wood-Martin  met  cet  événement  en  6]6  et  prétend  qu'il  s'a^t  de 
la  construction  d'un  crannog.  Evidemment  il  n'a  pas  consulté  le  passage 
des  Annales  des  quatre  Maîtres  auquel  il  renvoie  à  cette  occasion,  p .  1 58 
de  son  livre,  sans  indiquer,  du  reste,  ni  l'édition,  ni  la  page  qu'il  aurait 
consultée . 

1.  William  M.  Hennessy,  The  Annals  of  Loch  Ci,  Vol.  1,  pp.  260,  266,  272,  274. 

2.  CDODOvan,  Annals  ofthe  kmgdom  of  Intaid  ty  the  four  mastm.  Vol.  Iif  (1841}, 
p.  518. 

).  Focer  trilis  treabh  tré  inis  Locha-da-dam.  Annals  of  the  kingdom  of  Ireland  by 
the  four  masierSt  Vol.  I,  p.  2  j 2. 


Bibliographie,  27} 

Dans  un  autre  passage  il  s'exprime  avec  un  peu  plus  de  précision. 
En  856,  nous  dit -il,  Cinaedh. . .  «  spoiled  the  islands  of  Lagor  1».  Il  ne 
cite  aucune  source.  Il  a  pris  les  expressions  entre  guillemets  dans  la  tra- 
duction du  Cbronicoa  Scotorum  publié  par  M.  Hennessy  (p.  151). 
Seulement,  il  a  mal  copié  la  date  ;  au  lieu  de  856,  lisez  850;  et  d'autres 
chroniques  donnent  les  dates  de  849  et  de  848  ' . 

On  voit  que  la  partie  historique  du  livre  de  M .  Wood-Martin  est  très 
faible.  La  partie  archéologique  est  infiniment  supérieure.  Nous  devons 
à  la  plume  si  compétente  de  M  ;  de  Lasteyrie,  professeur  d'archéologie 
à  TEcole  des  Chartes,  la  note  suivante  : 

c  Les  appréciations  de  M,  Wood-Martin  me  paraissent  généralement 
assez  justifiées.  Les  objets  dont  il  donne  la  description  sont  loin  d'appar- 
tenir tous  à  une  même  époque  et  il  en  distingue  l'âge  avec  sagacité.  Il  y 
en  a  dans  le  nombre,  qu'en  bonne  critique  je  trouve  presque  impossible 
de  dater.  Tels  sont  ces  canots  creusés  dans  un  tronc  d'arbre.  Ma  con- 
viction est  qu'ils  sont  relativement  peu  anciens,  et  elle  est  fortifiée  par 
cette  observation  de  Fauteur  qu'on  en  a  rencontré  avec  des  objets  de 
fer  «  déforme  très-moderne»  (p.  47).  Je  les  crois  donc  très  postérieurs 
au  commencement  de  Père  chrétienne,  et  je  ne  serais  point  étonné  que 
plusieurs  siècles  les  séparassent  d'une  partie  des  épées  et  fourreaux 
d*épées  reproduits  dans  l'ouvrage.  Parmi  ces  épées  plusieurs  rappellent 
les  types  en  usage  au  premier  et  au  deuxième  siècle  avant  l'ère  chrétienne, 
et  à  l'époque  de  l'arrivée  des  Romains  dans  la  Grande-Bretagne.  Des 
pièces  analogues  ont  du  reste  été  signalées  depuis  longtemps  en  Angle- 
terre. On  y  a  notamment  trouvé  des  fourreaux  et  des  boucliers  dont 
l'ornementation  rappelle  celle  de  ces  curieux  fourreaux  figurés  à  la 
planche  XII  (Cf.  Kemble's  Horae  f$raUs).  M.  Franks,  qui  a  rédigé  ie 
commentaire  des  planches  des //orae/(;râ/ef,  attribuait  ces  fourreaux  à 
une  période  comprise  entre  le  deuxième  siècle  avant  et  le  premier  siècle 
après  notre  ère.  Pour  moi,  je  les  crois  du  11'  au  111'  siècle  de  l'ère  chré-^ 
tienne,  et  c'est  à  cette  même  époque  que  je  ferais  sans  doute  remonter 
les  élégants  fourreaux  de  la  planche  XII.  C'est  à  une  date  de  peu  pos^ 
térieure  qu'on  doit  sans  doute  ranger  une  partie  des  objets  divers  groupés 
dans  la  planche  XIII.  Ainsi  la  figure  i  de  cette  planche  représente  une 
sorte  d^ascia  qui  rappelle  beaucoup  celles  qu'on  voit  figurées  «  sur  tant 
de  tombes  du  m*  siècle.  » 
«  La  céramique  figuréep.  92etsuivantesmeparaU  enmajoritéd'assez 


I.  O'DoBovan,  The  annaU  of  the  kingdom  of  Ireland  by  the  four  nuutcrSj  t  l  (18$  i), 
PP-  47^-479- 

Rev.  Celt.  Vil  18 


274  Bikiiogr^hit. 

ba«se  époque.  Ainsi  ces  fragments  ornés  de  points  m  arêtes  de  poissoD 
ressemblent  aux  vases  publiés  par  Kemble,  Horae  fcraUsy  pi .  29  et  30, 
et. qui  paraissent  dater  de  l'époque  saxonne.  » 

a  J'aurais  bien  de  la  peine  à  croire  antérieure  de  beaucoup  aau* 
siècle  la  belle  broche  de  la  pi.  jucvu  Quant  à  la  broche  d'argent  repro- 
duite p.  121  (fig.  157).  l'auteur  y  retrouve,  avec  raison,  la  décoration 
employée  dans  les  initiales  du  «  Book.  of  Kells  »  et  il  bit  preuve  de 
bonne  critique  en  admettant  qu'elle  puisse  appartenir  au  x'  siècle  seule- 
ment. » 

«  En  résumé^  les  plus  remarquables  de  ces  divers  objets  paraissent 
s'échelonner  sur  un  assez  long  espace  de  temps,  depuis  une  époque 
bien  voisine^  sinon  contemporaine  de  l'ère  chrétienne,  jusqu'aux  envi- 
rons du  xi^  siècle.  C'est  ce  que  M.  Wood-Martin  a  du  reste  reconnu.  > 

Les  planches  qui  ornent  l'ouvrage  de  M .  Wood*Martin  nous  offrent 
un  véritable  traité  d'archéologie  irlandaise,  et  quand  par  exemple  on 
jette  les  yeux  sur  les  fourreaux  de  la  planche  XII,  on  fait  avec  intérêt 
l'observation  que  ces  jolis  monuments  appartiennent  à  l'art  irlandais 
antérieur  au  christianisme  et  datent  à  peu  près  de  l'époque  à  laqueUe 
nous  font  remonter  les  plus  anciennes  légendes  épiqikes  de  ce  pajs. 

H.  d'A.  deJ. 

On  the  Patiician  Documents,  by  Sir  Samuel  Perguson.  Eztraû  des  Tran- 
saaions  of  the  Royal  Irish  Academy,  vol.  XX VII,  Polite  literature  and  antiquîiies^ 

p.  <57-»}4. 

Ce  travail  a  pour  objet  l'étude  i<>  de  la  Confession  de  saint  Patrice  ; 
2^  de  la  Lettre  de  saint  Patrice  à  Coroticus  ;  f  de  la  Vie  de  saint  Patrice, 
en  vers  irlandais,  qui  suivant  la  tradition  aurait  été  composée  par  Fiacc 
son  disciple;  4"^  des  six  autres  vies  publiées  avec  la  pièce  précédente  par 
Colgan  dans  sa  Trias  thaamaturga  en  1647,  $*de  la  vie  de  saint  Patrice 
par  Muirchu  Maccu  Machtheni  et  par  Tirechan,  telle  que  nous  l'ont 
conservée  le  livre  d'Armagh  (aujourd'hui  à  la  bibliothèque  du  collège 
de  la  Trinité  de  Dublin]  et  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  royale  de 
Bruxelles,  n«  64.  Nous  devons  une  édition  de  cette  vie  au  Père  Edmond 
Hogan,  de  la  compagnie  de  Jésus  ;  elle  a  paru  dans  les  Analecta  Bollan- 
diana.x,  I  (1882),  p.  531-585,  et  t.  II  (188?),  p.  ]$-6i\. 

On  sait  quelles  difficultés  présente  une  étude  critique  des  docunenfi 
relatifs  à  la  vie  de  saint  Patrice.  Nous  n'avons  sur  ce  célèbre  apôtre  de 
l'Iriande  que  deux  documents  dont  l'authenticité  paraisse  tout  à  fait  cer- 

I .  La  derniire  partie,  p.  21)" a  18,  est  un  sapplémeot  postérieur  à  Tirediio. 


BiMi0grafhk.  275 

dune.  Ce  sont  la  C^nfmm  et  la  Utm  à  Comtkus  '.  Ces  pièces  dnt 
toutes  4eux  saint  Patrice  pour  attteor  et  doivent  par  conséquent  être 
datées  du  cinquième  siècle.  Eties  appartiennent  probablement,  pense 
Sir  Saimiel  Perguson,  à  la  seconde  moitié  de  ce  ^ècle.  Elles  sont  le 
point  de  départ  d'tme  légende  qui  depuis  a  toujours  été  se  développant 
et  dont  les  derniers  termes  nous  sont  offerts  par  U  composition  irlandaise 
connue  sous  le  nom  de  Vie  Tripartite,  et  par  la  vie  latine  que  Jocelin  a 
composée  3,  documents  qui  chez  Colgan  portent  le  premier  le  n^  7,  le 
secondlen<*  6.  La  Vie  Tripartite  ne  nous  est  connue  que  par  unetradoC'* 
tien  latine  due  à  Colgan,  mais  M.  Whitley  Stokes,  avec  sa  compétence  si 
connue,  prépare  une  éditton  du^  texte  original  irlandais.  Je  ne  parle  pas  de 
PhoméKe  publiée  par  le  même  savant  dans  ses  Three  mâdle-irish  homiUes. 
Cette  toméiie,  très  intéressante  comme  monument  de  la  langue  irlandaise, 
perdra  probablement  sa  valeur  hagiographique  quand  aura  paru  la  Vie 
Triparme  dont  elle  semble  un  abrégé. 

Sir  Samuel  Ferguson  donne  pour  base  à  son  étude  sur  la  Confession 
Pédhion  donnée  par  M.  Gilbert,  dans  les  National  manuscripts  oflreland, 
de  deax  leçons  de  ce  document.  Ces  deux  leçons  ont  été  fournies,  Tune 
par  le  Livre  d*Armagh,  l'autre  par  le  Manuscrit  Fell  i  de  la  Bibliothèque 
Bodléienne  d'Oxford.  Il  est  regrettable  que  le  savant  auteur  du  mémoire 
dont  nous  rendons  compte  n'ait  pas  pu  s'enquérir  des  autres  manus- 
crits. Une  notice  de  Schônemann,  réimprimée  chez  Migne,  Patrologia 
laùnay  t.  LUI,  col.  800-802,  indique  dix  manuscrits  dont  sept  se  trou- 
veraient en  Angleterre.  On  peut  consulter  aussi  à  ce  sujet  une  note  chez 
Todd,  Saini  Patrick^  aposile  of  Irelandy  p.  ^46. 

Suivant  Sir  Samuel  Ferguson,  d'accord  avec  Colgan,  la  plus  ancienne 
des  Vies  est  celle  que  la  tradition  attribue  à  Fiacc,  ou  pour  nous  ex- 
primer autrement  T  hymne  de  Fiacc  K  Le  savant  Irlandais  passe  sous 
silence  la  doctrine  de  M.  Zimmer  suivant  laquelle  il  faudrait  distinguer 
dans  cette  vie  versifiée  une  rédaction  primitive  du  cinquième  siècle,  due  à 
Fiacc,  et  des  interpolations  de  date  plus  récente  qui  se  reconnaîtraient  à 
leor  caractère  tout  particulièrement  légendaire.  M.  Zimmer  ne  s'est  pas 
qu'une  de   ces .  prétendues  interpolations  exprime  une  idée 


I.  La  première  édition  de  ces  docttments  a  été  donnée  tn  1656,  neuf  ans  après  la 
pttttBoRîoa  de  la  Trias  thauntttufga,  L'édîtenr  est  James  Ware,  S.  Patricia  ascripta 
OfoâStuSa*  Sar  les  avtres  éditions  voyez  Todd,  Saint  Patrick  apostlc  of  Ireland,  p.  311, 
147.  Cet  pièces  ont  été  réimprimées  chez  Migne,  Patrologia  latina,  t.  Ull,  col.  802-818. 

a.  sir  Samuel  Fergison,  p.  1 20,  croit  la  Vu  TripartiU  plus  ancienne  que  la  vie 
composée  par  Jocelin. 

).  Colgia,  Trias  thaamaturgd,  p.  1;  Whitley  Stokes,  Goidelica^,  p.  126;  Gilbert, 
PacsimiUs  €^  luttmal  mss.  0/  Ireêani,  Part  l.  Plates  XXXll,  XXXlil,  XXXIV. 


276  Bibliographie. 

empruntée  à  la  Confession  de  saint  Patrice.  Je  veux  parler  des  ttittième 
et  neuvième  strophes  de  Phymne.  Dans  ces  strophes  il  est  question  des 
enfants  irlandais  de  Fochlad  qui  appelaient  saint  Patrice  à  leur  secoun. 
Voici  ce  qu'on  lit  dans  la  Confession  :  «  in  sinu  noctis  virum  venienteni 
quasi  de  Hiberione,  cui  nomen  Victoricus,  cumsepistolismnumerabiUbus 
vidi  ;  et  dédit  niihi  unam  exhis,  et  legi  prinapium  aepistolaecontinemet»: 
Vax  Hyberionacum.  Et  dum  recitabam  principium  aepistolae,  putabam 
enim  ipse  in  mente  audire  vocem  ipsorum  qui  erant  juxta  silvam  Fociuti, 
quae  estprope  mare  Occidentale,  et  sic  exdamaverunt  :  Rogamuste, 
sancte  puer,  ut  venias  et  adhuc  ambulas  inter  noSâ  » 

Ainsi  est  conçu  un  passage  de  la  confession  dans  l'édition  publiée 
d'après  le  livre  d'Armagh  par  M.  Gilbert  '.  Il  y  a  très  peu  de  différence 
entre  cette  leçon  et  celle  qu'on  peut  trouver  chez  Migne,  Patrologia 
latinUy  t.  LUI,  col.  896,  A.  B.  Voila  ce  que  saint  Patrice  a  écrit.  Que 
lit-on  dans  la  vie  en  vers  ou  hymne  attribué  à  Fiacc  ?  <c  On  entendit 
de  loin  le  cri  des  enfants  du  bois  de  Foclad.  Ils  démodaient  au  saint 
de  se  mettre  en  route  afin  de  venir  près  d'eux.  »  Suivant  M.  Zimmer, 
p  177  du  second  fascicule  des  Keltische  Studien,  ce  passage  de  l'hymne 
est  l'œuvre  d'un  interpolateur  relativement  récent  qui  écrivait  à  une 
époque  où  dans  la  vie  de  saint  Patrice  la  légende  se  mêlait  à  l'histoire.  Or 
il  s'agit  d'une  vision  que  saint  Patrice  lui-même  dans  sa  Confession 
racontait  avoir  eue  en  songe. 

Sir  Saniuel  Ferguson  n'admet  pas  que  l'hymne  de  Fiacc  ait  été  inter- 
polée. D'après  lui,  cette  vie  est  Tœuyre  d'un  seul  auteur  et  doit  dater  de 
la  fin  du  sixième  siècle,  ou  du  commencement  du  septième.  Il  croit  que 
la  vie  composée  par  Muircbu  Maccu  Machtheni  remonte  à  la  seconde 
moitié  du  septième  siècle,  comme  les  notes  de  Tirechan.  Les  autres 
vies  publiées  par  Colgan  sont  toutes,  suivant  Sir  Samuel  Ferguson, 
postérieures  à  ce  siècle,  mais  il  les  divise  en  deux  groupes  :  les  vies  2, 
}  et  4*  qui  peuvent  être  du  neuvième  siècle;  les  vies  5,  6  et  7  qui 
sont  postérieures.  La  cinquième  vie,  attribuée  à  un  certain  Probus  ?, 
pourrait  dater  du  dixième  siècle  ;  la  sixième  qui  a  pour  auteur  Jocelin  4 
est  de  la  fin  du  douzième;  la  septième^  ou  Vie  triparùte  s,  est  pins  an- 
cienne, suivant  Sir  Samuel  Ferguson. 

1.  Facsimiles  of  national  manuscripts  of  Ireland,  Part  II,  appendiz  III  D.  E. 

2.  Ces  vie$  se  trouvent  dans  la  Trias  thaumatut^ay  la  2*  p.  ii-i6,U  3* p.  21-29»  U  4" 
p.  35-47.  Elles  sont  attribuées,  la  2*  à  Patrice  le  jeune,  la  y  à  saint  Benignus»  la  4*  à 
Eleranus  Sapiens. 

3.  Trias  thaumaturga,  p.  51-60. 

4.  Trias  thaumaturga,  p.  64-ioS.  Elle  a  été  depuis  réimprimée  plusieurs  fois. 

5.  Trias  thaumaturga,  ^  117-1^. 


Bibliographie:  277 

il  serait  fort  à  désirer  que  quelque  savant  Irlandais  entreprit  de  nous 
donner  une  édition  critique  des  Vies  numérotées  2 ,  ;  et  4,  dont  per-* 
sonne»  à  notre  connaissance^  n'a  coUationné  le  texte  avec  les  manuscrits 
depuis  Colgan.  Nous  ignorons  quel  serait  le  résultat  de  ce  travail  ;  en 
attendant»  étant  donné  Tétat  de  nos  connaissances  sur  ce  point,  Sir 
Samuel  Ferguson  nous  semble  avoir  porté  sur  ces  documents,  si  précieux 
pour  l'histoire  d'Irlande,  le  jugement  que  Pon  devait  attendre  de  sa  cri* 
tique  sage  et  mesurée.  Les  observations  intéressantes  y  abondent.  Nous 
signalerons  par  exemple,  p.  1 16-1 1 7,  les  recherches  sur  ce  roi  Coroticus 
auquel  saint  Patrice  adressa  une  lettre  qui  nous  a  été  conservée. 

H.  d'A.  de  J. 

En  BreiZ'isel,  par  J.  Kadiou,  imprimé  par  Chevalier,  à  Morlaix,  188$,  iii-12, 
148  pp. 

Ce  petit  volume,  dédié  à  M.  Luzel,  dieller^  c'est-à-dire  «  archiviste  » 
du  département  du  Finistère,  est  un  recueil  de  poésies  bretonnes  sur  des 
sujets  divers.  L'auteur  commence  par  sts  souvenirs  d'enfance;  il  fait  un 
tour  de  promenade  en  enfer,  jette  un  coup  d'oeil  sur  le  paradis  et  termine 
en  parlant  de  l'honneur  de  nos  soldats  et  de  nos  matelots  qui  vont  si 
bravement  aux  pays  lointains  montrer  au  monde  entier  qu'ils  savent 
encore  mourir  pour  la  France. 

Contes  populaires  des  Bretons  armoricains.  Le  magicien  et  son 

▼alet  (métamorphoses),  par  M.  Luzel.  Extrait  du  Bulletin  archéologique  du  Finistère, 
Ia-8,  )6  pp. 

M.  Luzel  fait  précéder  son  récit  des  deux  vers  suivants  : 

« 

Kement-man  holl  oa  d'ann  amzer 
Ma  ho  devoa  dent  ar  ier. 

Tout  ceci  se  passait  du  temps 
Où  les  poules  avaient  des  dents. 

Notre  critique  se  bornera  à  l'expression  d^un  regret  :  c'est  qu'au  lieu 
d'une  petite  brochure,  M.  Luzel  ne  nous  ait  pas  envoyé  un  volume. 

Revne  des  traditions  populaires.    Première  année,  n*  i,  1886,  Paris, 
Maisonneuve.  Prix  du  numéro,  un  franc. 

Comme  le  constate  l'auteur  du  programme  de  la  nouvelle  Revue, 
la  France  a  été  une  des  dernières  nations  de  l'Europe  à  s'occuper 
sérieusement  des  traditions  populaires.  «  Depuis  environ  six  ans,  il  s'est 
cependant  produit  un  revirement  :  on  a  beaucoup  publié,  et  le  nombre 


27%  Bibliographie. 

de  ceux  qui  s'intéressent  à  ces  sortes  d'étude  a  conflÂdéniblemein  aug- 
menté (p.  I).  »  Le  lecteur  pourra  se  demander  quel  événement  a  pu 
déterminer  //  y  a  environ  six  ans  ce  mouvement  dont  s'applaudît  Pautesr 
du  programme.  Nous  avons  tout  de  suite  supposé  que  c'était  l'apparition 
de  la  première  Milusine,  mais,  comme  il  faut,  pour  des  faits  d'oae 
pareille  gravité,  des  dates  précises,  nous  avons  constaté  avec  surprise 
que  la  publication  de  ce  recueil  avait  }ustement  ceasé  en  1878,  par 
conséquent  il  y  a  huit  ans.  Nous  persistons  néanmoias  à  croire  jusqu'à 
preuve  du  contraire,  que  l'éveil  du  goût,  en  France,  pour  Hétude  des 
traditions  populaires  est  en  grande  partie  due  aux  fondateurs  de  Mélmnty 
MM.  Gaidoz  et  Rolland,  dont  le  directeur  de  la  nouvelle  Revue,  M.  Se» 
billot,  a  été  t'un  des  collaborateurs  les  plus  justement  estimés  et  les  plus 
actifs.  Les  linguistes  et  les  historiens,  particulièrement  les  Celtisants  ne 
peuvent  que  voir  avec  satisfaction  s'accroître  le  nombre  des  travailleurs 
et  des  chercheurs  sur  un  terrain  aussi  vaste  et  aussi  peu  connu  encore 
que  celui  du  langage  et  des  traditions  populaires;  nous  souhaitons  donc 
longue  vie  et  prospérité  à  la  nouvelle  Revue  :  elle  trouvera  dans  son 
aînée  Mélusine  un  exemple  et  un  encouragement. 

Le  premier  numéro  contient  (p.  24)  un  article  de  M.  H.  du  Cleuziou 
sur  une  inscription  en  breton  moyen  :  le  voici  : 

«  J'ai  relevé,  il  y  a  quelques  années,  sur  une  poutre  provenant  de 
l'abbaye  de  Bon-Repos  en  Comouailles  ',  l'inscription  ci-dessous.  Elle 
est  écrite  en  caractères  du  xv»  siècle,  près  d'un  écusson  lozangé  avec 
bordure  pleine,  sans  indication  de  couleurs. 

AN.MATERI  AR  TUD  lAH  IHS. 
PEPRED  ER.AT  AT  AT.GARU 
GOUDE  HOU  HOUTET  EN  VETMANN 
DIVEZ  PEP.ON  AN. EN  ANMARU. 

Cette  poutre  est  actuellement  placée  dans  une  pauvre  chaumière  du 
village  de  Saint-Triphine  *,  non  loin  de  Saint-Nicohs-du  Pelem. 

Je  ne  connais  pas  exactement  le  sens  du  mot  mauri  ;  il  senaUe  id 
vouloir  dire  quelque  chose  comme  la  formule.  C'est  peut*^tre  l'expression 
particulière  de  ce  genre  d'inscription.  Voici  la  traduction  de  cette  prière  : 

«  La  formule  de  l'homme  bien  portant  en  Jésus^Christ  est  touloaiiJ/ 
«  at  al  contre  le  garou,  après  hou  hou  sortez  de  ce  monde.  Deux  fois 
«  chaque  on  an^  en  an,  il  est  mort.  »  Ce  qui  semblerait  vouloir  dîfe  que 


1.  Près  Gouarec,  sur  les  bords  du  Blavet  (Côics-du-Nord). 

2.  M-  du  Cleuziou  veut  sans  doute  dire  Saiate-Triphine. 


Bibliogrûphie.  279 

pour  cbasaer  le  iôup-garou,  il  faut  dire  quatre  fm  la  ayliabe  atj  deux 
fois  le  son  hou  hou^  et  quatre  fois  on  an  en  an,  pour  obtenir  la  disparition 
dtt  malin  esprit. 

M .  VioUet^le-Duc,  auquel  je  montrai  alors  cette  inscription,  adbéracom- 
plètement  à  mon  explication  :  il  en  a,  du  reste,  donné  d'analogues  dans 
son  Dictionnaire  d'architecture  comparée  :  elles  proviennent  de  monu* 
ments  anciens  du  pays  de  France.  » 

Nous  comptons  prendre  ou  faire  prendre  prochainement  une  copie 
exacte  de  cette  inscription  que  nous  communiquerons  aux  lecteurs  de  la 
Revue  Celtique,  En  attendant,  il  est  facile  de  voir  que  M.  du  Cleuîiou,  a 
osai  lo.  Le  mot  garu  lut  a  fait  supposer  qu'il  s'agissait  de  l'être  légen- 
daire appelé  en  français  louf^garou.  Le  dernier  vers  est  d'une  restitution 

facile: 

Divez  pep  onan  eu  an  maru  : 

«  la  fin  de  chacun  est  la  mort.  » 

Le  mot  maieri  est  des  plus  communs  en  breton  moyen  :  Materi  «  ma- 
tière »  (Catholicon).  Les  vers  sont  de  huit  pieds;  la  langue  paraît  bien 
être  celle  du  breton  moyen. 

J.    LOTH. 

CSeltfto  aajrthology  and  religion  bj  Alexander  Macbtin,  Uiverness,  1885,  ui-8^ 
VII  et  109  pp. 

if .  M.  a  réuni  en  un  élégant  volume  une  série  d'articles  parus  dans 
le  Celtic  magazine  en  1883-84.  Il  s'est  proposé  de  mettre  à  la  portée  de 
tous  un  résumé  des  croyances  religieuses  celtiques. 

Ce  livre,  comme  la  plupart  des  ouvrages  de  vulgarisation,  ne  contient 
point  d'indications  précises  des  sources  auxquelles  l'auteur  a  puisé.  Il 
n'a  ni  table  ni  index  alphabétique  ;  il  est  destiné  à  être  lu  de  suite,  non 
à  être  consulté  à  l'occasion.  M.  M.  parait  bien  connaître  le  sujet  qu'il 
traite  et  l'expose  clairement.  Il  a  en  général  évité  les  opinions  hasardées 
ou  les  questions  encore  discotées  qui  ne  doivent  pas  prendre  place 
datt  un  résumé  fait  pour  le  public.  Ainsi,  dans  sç$  Errata^  il  a  sup- 
primé un  certaiii  nombre  de  rapprochements  qu'il  avait  établis,  dans  le 
texte,  entre  des  dieux  celtiques  et  des  dieux  indo-européens.  De  tels 
parallèles  sont  souvent  plutôt  ingénieux  que  fondés  sur  la  réalité. 

Je  ferai  cependant  un  reproche  sérieux  à  M.  M.  Il  insiste  longuement 
pp.  44et  suiarantes,  sur  la  difiérence  qu'il  y  aurait  entre  les  attributions 
des  druides  d'Irlande  et  celles  des  druides  de  Gaule.  Il  dit  à  plusieurs 
reprises  et  sous  diverses  formes  que  les  druides  ne  sont  que  de  simples 
«  magicians  and  diviners,  sometimes  only  conjurors.  »  Cette  doctrine  ne 


^8o  Bibliographie. 

me  parait  plus  acceptable  depuis  que  M.  d'Arbois  de  Jubainvilie  a  réuni 
et  interprété  dans  son  Introduction  à  l'étude  de  la  littérature  celtiijue  les 
textes  qui  montrent  le  rôle  que  remplissaient  les  druides  irlandais  dans 
l'éducation  de  la  jeunesse,  dans  la  religion^  et  quelquefois  aussi  dans  la 
politique. 

Un  passage  du  Leabhar  nah-Uidre^  p.  61^  cçL  1, 1.  18,  20-2^,  nous 
montre  le  druide  Cathbad  entouré  de  cent  jeunes  getis  auxquels  il  enseigne 
le  druidisme  :  B6i  Cat/ibad  drûi  hi  fail  a  maie  idon  Conchohair  maie 
Nessa.  Cet  fer  n-déinmecA  dô  oc-foglaim  druidecAta  ûad,  is-é  lin  do- 
n-in-c/ioisced  Cathbad.  «  Cathbad  le  druide  était  à  côté  de  son  fils, 
c'est-à-dire  de  Conchobar,  fils  de  Nesse  ;  cent  hommes  frivoles  étaient 
auprès  de  lui  pour  apprendre  de  lui  le  druidisme.  Voilà  le  nombre  de 
ceux  qu'instruisait  Cathbad  ».  Il  y  avait  donc  en  Irlande  un  eosdgne- 
ment  druidique  dont  la  nature,  il  est  vrai,  est  assez  difficile  à  déterminer. 

Les  druides  étaient  prêtres  et  sacrificateurs,  mais  les  <:érémonies 
religieuses  étant  souvent  mêlées  à  la  plupart  des  actes  du  gouvernement, 
il  leur  arrivait  quelquefois  de  jouer  un  rôle  politique.  Dans  le  Sergligt 
Conculaind,  publié  par  M.  Windîsch,  ïrische  Texte,  I,  p.  21  j  on  Ut  le 
récit  d'un  mode  assez  singulier  de  l'élection  des  rois  :  Is  amlaid  dognit/ie 
in  t^rbfes  sin,  i.  ^arb  find  do  m^rbad  ocus  6en  fer  do  cat/iim  a-sat/ia 
dîa  eôil  ocus  da  enbruthi,  ocus  cotlud  dé  fén  saith  sin  ocus  àr  firindi  do 
cantain  do  cet/tri  drudib  fair,  ocus  aichiihtdà  i  n-aslingi  innas  ind  fir  nô 
rigfaide  and  asa  deilb  ocus  as»  turascbail  ocus  iiuias  ind  opdd  dognît/u 
Djuc/itrais  in  fer  asa  chotlud  ocus  adfiadar  a  res  dona  rigaib.  a  Ainsi 
se  passait  la  fête  du  taureau  ;  un  taureau  blanc  était  mis  à  mort  et  un 
homme  se  rassasiait  de  la  chair  et  du  bouillon  du  taureau  ;  puis  Phomme 
dormait  tant  qu'il  voulait,  et  quatre  druides  chantaient  sur  lui  un  chant 
de  justice.  L'homme  voyait  dans  une  vision  celui  qui  devait  être  roi, 
sa  figure,  sa  réputation  et  ce  qu'il  faisait.  Lorsque  l'homme  se  réveillait, 
il  racontait  son  rêve  aux  rois.  »  (Cf.  Revue  celtiquej  t.  I,  p.  261,) 

Il  semble. donc  que  les  druides  d'Irlande  étaient  professeurs  et  prêtres, 
en. même  temps  qu'ils  étaient  magiciens  et  devins  et^  en  géaéml,  qu'ils 
avaient,  sauf  le  pouvoir  judiciaire  réservé  amifile^  à  peu  près  les  mêmes 
attributions  que  les  druides  de  Gaule.  M.  M.  se  trompe  quand  it  consi- 
dère les  druides  d'Irlande  comme  de  simples  sorciers. 

Quoi  qu'il  en  soit,  malgré  cette  erreur,  qui  n'est  pas  imputable  à 
l'auteur,  car  il  l'a  reproduite  sur  l'autorité  d'autrui,  le  Uvre  de ,  M.  Id. 
pourra  rendre  de  sérieux  services  à  nos  études,  en  faisant  .coonaitre 
d'une  manière  attrayante  et  exacte. les  croyances  mjtholc^ques de& 
Celtes.  .  .  .      :;0,  D. 


CHRONIQUE. 


I. 

Le  10  février  dernier,  une  moi t  subite  a  enlevé  M.  Henry  Bradshaw,  biblio- 
thécaire de  rUniversité  de  Cambridge.  W  était  âgé  de  cinquante- quatre  ans. 
Elevé  à  Eton  et  à  King's  Collège,  savait  été  nommé  en  1854  assistant  librarian 
de  la  bibliothèque  de  l'Université  à  Cambridge.  Il  était  devenu  superintendant  of 
tbe  manuscripts  en  1^59,  librarian  en  1869.  11  a  été  publié  sur  lui  en  Angleterre 
plusieurs  notices  nécrologiques  ;  nous  signalerons  celles  qui  ont  paru  dans  VAca- 
demj  des  20  et  27  février,  pp.  130-131,  147-1 49,  et  celles  qu'ont  données  VA- 
thtnatum  le  20  du  même  mois,  pp.  262,  263,  et  le  27  mars,  p.  425.  Tout  le 
monde  est  d'accord  pour  louer  son  caractère^  pour  admirer  la  variété  et  la  pro- 
fondeur de  ses  connaissances  et  pour  constater  la  compétence  toute  spéciale  avec 
laquelle  il  administrait  le  grand  établissement  qui  lui  était  confié. 

Les  éludes  celtiques  étaient  ondes  sujets  principaux  qui  avaient  attiré  son  at- 
tention. C'est  lui  qui  a  fait  comiahre  à  M.  Whitley  Stokes  les  gloses  bretonnes 
contenues  dans  plusieurs  copies  des  canons  irlandais  et  qui  ont  paru  sous  les 
titres:  Old-Breton  gloses  y  Calcutta,  1879;  The  Breton  glosses  at  Orléans,  Cal- 
cutta, 1880.  Il  avait  réuni  sur  l'Irlande  une  collection  d'imprimés  rares  dont  il 
avait  promis  un  catalogue  à  la  Revue  Celtique .  Ce  projet  est  resté  sans  exécu- 
tion comme  bien  d'autres.  M.  Bradshaw  avait  publié  fort  peu.  Il  livrait  sa 
science  aux  autres  sans  se  rien  réserver.  Sa  dernière  œuvre  paraît  avoir  été  une 
lettre  sur  la  collection  des  canons  irlandais.  Elle  était  adressée  à  M.  Hermann 
Wassersèfaleben  qui  l'a  fiait  imprimer  dans  la  seconde  édition  du  livre  intitulé  : 
Dk  irluhê  Kanomnsammtung^  p.  Lxni-Lxxv.  M.  Bradshaw  était  d'origine  ir- 
landaise, il  saisissait  avec  plaisir  tes  occasions  de  le  rappeler  :  comme  le  professeur- 
Mahafy,  le  directeur  de  la  Remu  Celtique  en  a  été  personnellement  témoin. 

II. 

Dans  VAcademy  du  14  novembre  1885,  M.  Standish  O'Grady  a  consacré  un 
intéressant  travail  à  l'étude  des  expressions  dia  mis  et  dia  bliadna  qui  corres- 
ponde à  feirpression  française  »  dans  un  mois,  dans  un  an  ».  La  première  a 
été  traduite  par  M.  Windisch  •  nach  einem  Monat  •  c'est-â-dire  •  au  bout 


/ 


382  Chronique. 

I 

d'un  mois  b  ou,  si  Ton  veut,  c  dans  00  mois  à  pareil  jour  »  *.  L'exactitude  de 
cette  traduction  est  établie  notamment  par  un  passage  iu  Livre  de  Leînster, 
page  288,  colonne  2,  lignes  32-35  :  Al-laa-sa  i-cind  mi$  do  téis  co-comtf/rscio 
i-Cind-Abrat.  Ba-fir-sôn  im/norro.  Co/idrecat  dia-mis.  ji  Ce  jour«là,  à  la  fin  du 
mois,  tu  viendras  et  nous  nous  rencontrerons  â  Cind- Abrat.  Ce  fut  vrai  ;  ils  se 
rencontrèrent  â  pareil  jour  au  bout  d'un  mois.  >  Aîn^  dk  mis  est  eo  îriaBdais 
l'équivalent  de  i-cind  mis  ;  en  breton  :  da  benn  ar  miz.  L'expression  dia  mis  a 
pour  pendant  celle  de  dia  biiadna  ou  dia  bliadne  •  au  bout  d'un  an  ;  en  breton  : 
en  deiz-ma  penn  blizen.  Dans  la  plupart  des  documents  manuscrits  ob  l'on  ren- 
contre cette  expression,  dia  btiadna,  elle  est  écrite  dia-bi,  avec  un  signe  abré- 
viatif  â  la  fin.  Un  exemple  caractéristique  nous  est  donné  par  le  récit  légendaire 
qui  raconte  de  quelle  manière  le  fameux  Conchobar  devint  roi  d'Ulster.  Nesse,  u 
mère,  était  rest^  veuve.  Le  roi  Fergus  lui  demanda  sa  main .  Elle  mit  ^  sou 
coBsenteroent  une  condition  :  c'est  que  son  fils  jouirait  de  la  royauté  pendant  oa 
an  :  c  rîge  m-bMadm  do-m  mtfc  ».  Le  roi  y  consentit.  Le  jeune  homme  devint  roi 
pour  un  ao,  et  le  terme  du  délai  convenu  arriva  au  bout  d'one  année  :  ■  taaic 
dino  ceod  na-ree  hi-sin*dia-bl<4ifle2  ».  Le  mot  bUadue^  bliadno,  ou  bliddna  est 
moins  abrégé  dans  un  passage  de  la  version  du  Tockmarc  Emcrc  (demande  ei 
mariage  d'Emer),  conservée  par  le  Lebar  na  hMdn.  La  formule  dont  nous  par« 
Ions  y  est  kcnXtdiû  blia...  On  raconte  dans  le  passage  en  question  que  des  mes- 
sagers avaient  été  envoyés  parcourir  l'Irlande  pour  chercher  une  femme  à  Cùchu- 
lainn.  Ils  revinrent  au  bout  d'un  an,  après  des  recherches  infructueuses  :  <  tan- 
cattfT uli  na  tecAta  dia  biiêdnci  9.  La  ffléme  notation,  dia  blia.,.,  se  reftronve 
dans  le  Livre  de  Leinster,  page  246,  col.  1 ,  à  i'avant-demière  ligne. 

Cette  location  se  rencontre  dans  un  des  documents  que  M.  Windiscb  a  publiés 
dans  s^Iriscke  TVxfe,  t.  I,  p.  106,  I.  18.  La  base  de  cettfl  édition  est  le  Livre 
de  Leinster,  p.  1 14,  col.  1, 1.  25.  On  y  lit  diabL.,  aveciin  signe  d'abréviation. 
M.  Windisch  a  transcrit  :  dia  bliadain.  Ce  n'était  pas  le  datif  qu'il  fallait  ;  c'était 
le  génitif,  hUadnfy  bliadno  ou  biiadna.  Mais  ce  détail  n'a  ici  qu'une  vaieor 
secondaire.  Ce  qui  est  important^  c'est  que  le  savant  auteur  accepte  pour  « 
passage  la  traduction  d'O'Curry  ;  «  au  bout  d'un  an  t,  ia  tweln  m^niks,'  ùmc4. 
M.  Zimmer,  dans  la  première  livraison  de  ses  Keètisehs  Studlea^  p.  35^  se  moque 
de  la  transcription  de  M.  Windisch,  et  de  la  traduction  qu'admet  l'éminent 
professeur  de  Leipzig.  Suivant  lui,  le  copiste  auquel  on  doit  le  Livre  de  Leinster, 
en  écrivant  dia  bL,  a  mal  transcrit  un  codex  anhetypas  dans  lequel  il  était  écrit 
diall  ou  di-aiU,  c'est-à-dire  di-Ailill  t  au  roi  de  Connaught  Ailiil  •. 

Certainement  la  Reiviu  ulùqut  ne  peut  sans  injustice  refuser  de  recpnnaftre 
que  les  études  auxquelles  elle  est  consacrée  doivent  aux  travaux  de  M.  Zimmer 
de  sérieux  progrès.  Mais  ce  n'est  pas  en  vain  que,  remplaçant  par  d'autres 


1.  Itischt  Texte^  t.  1,  p.  477,  col.  1,  au  mot:  4  dia. 

2.  Livre  de  Leinster,  p.  106,  col.  i,  l.  36,  44. 

3.  Lebar  na  k-Uidre^  p.  122, col.  i,  I.  4. 

4.  irische  ToH^x.  i,  p.  112,  l.  7. 


Ckmtiéiut,  28) 

heures  les  fieores  ordinaires  des  études,  l'ardent  professeur  de  Greiftwald  em- 
ploie habituellement  i  ses  recherches  sur  la  grammaire  celtique  les  soirées  et  les 
nuKs,  depuis  quatre  heures  du  scir  jusqu'à  quatre  heures  du  matto  1  : 

Qgandoque  bonus  dormitat  Homerus. 

Le  diev  4n  sommeil  est  le  père  des  soBges« 

III. 

We  hâve  to  congratulate  tlie  Society  of  Cymmrodorion  on  the  issue  of  the 
hiteresting  and  valuable  report  of  ifs  committee  appotnted  to  inquire  into  the 
adrisabiKty  of  the  introdnction  of  the  Welsh  langnage  into  the  course  of  Ele- 
mentary  éducation  in  Waies.  This*  report  isfollowed  by  an  appendix  containing 
the  replies  from  faead-masters  and  head^mistresses  ofElementary  schoolsto  this 
question  ;  they  are  divided  into  négative,  affirmative,  and  neutral,  as  foHows  : 
négative,  257;  affirmative,  339;  neutral,  3a;  the  proportions  in  varions  counttes 
vary  very  greatty;  thus,  in  Glamorganshire  there  are  77  affirmative  to  48  néga- 
tive, in  Anglesey  20  affirmative  to  10  négative,  in  Merioneth  29  affirmative  to 
r2  négative;  whereas  in  Flint  there  are  13  négative  to  8  affirmative,  in  the  Os- 
westry  district  5  négative  to  one  affirmative;  in  Brecknock  10  of  each,  and 
in  Radnor  4  of  each .  There  is  also  a  great  diversity  among  the  reasons  givcn 
by  différent  teachers,  whether  for  or  against  ;  and,  as  might  be  expected,  not  a 
fiew  mswers  are  very  arousing.  The  Society  appears  to  be  in  a  very  flourishing 
condition  'as  regards  the  number  of  its  members,  which  continues  to  increase 
steadilf .  Professor  Powel  of  Cardtff  bas  resigned  the  editorship  of  the  Cymm- 
rodor  info  tlK  bands  of  M.  Bgerton  Phillimore  a  most  energetic  member  of  the 
Society.  In  a  future  number  of  that  periodicaJ,  Mr.  F. -P.  Palgrave  wttlcontri- 
bnte  a  short  paper  giving  the  resnh  of  researches  made  by  him  al  Milan  into 
the  question  of  the  place  of  printing  of  Griffith  Robert's  Welsh  Graromar  ;  it  is 
sufficient  to  say  hère  that  the  fresh  évidence  strengthens  materially  the  case  of 
tfaose  who  believe  that  tbe  book  in  question  was  printed  in  Milan,  of  whkh  in- 
deed  there  bas  long  been  little  doubt  a. 

Arthur  W.*K..  Millir. 


IV. 

La  Société  pour  la  conservation  de  la  langue  irlandaise,  Society  for  the  pré- 
servation of  the  frish  language,  dont  le  siège  est  à  Dublin,  6,  Molesworth-street, 
a  tenu  le  mardi  2  mars  1886  une  séance  intéressante.  Le  secrétaire,  M.  J.4. 
Mac  Sweeney  a  donné  lecture  du  rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  et  leurs 


1.  Keltische  Studien^  II,  vi. 

2.  Voyez,  snr  le  même  sujet,  une  note  insérée  dans  VAcûiimy  dn  6  mars  dernier 
p.  164. 


384  Chronique; 

résultats  pendant  l'année  1885.  Autrefois  l'usage  de  Tiriandais  était  prohibé 
dans  les  National  schools,  en  sorte  que  des  enfants  qui  ne  savaient  pas  on  mot 
d'anglais  ne  recevaient  l'instruction  [qu'en  anglais  et  par  conséquent  restaient . 
fort  longtemps  hors  d'état  de  tirer  aucun  profit  des  leçons  du  maître.  Aujour- 
d'hui, il  est  permis  à  ce  dernier  de  donner  des  explications  en  irlandais  aux  en- 
fants qui  ne  comprennent  pas  encore  l'anglais.  Bien  plus,  l'irlandais  est  devenu 
depuis  1878  une  des  facultés  sur  lesquelles  peut  porter  l'examen  qui,  en  Irlande, 
correspond  à  ce  que  sont  chez  nous  les  épreuves  pour  l'obtention  du  certificat 
d'études.  Toutefois,  le  nombre  des  enfants  qui  demandent  à  être  examinés  sur 
l'irlandais  n'est  pas  jusqu'à  présent  très  considérable.  On  prétend  que  dans 
les  portions  de  l'Irlande  où  l'irlandais  n'est  pas  encore  tombé  tout  à  fait  en 
désuétude,  il  y  a  quatre  mille  instituteurs  ou  institutrices.  Or,  le  nombre  des 
enfants  qui,  préparés  par  ces  maîtres,  ont  passé  l'examen  pour  l'irlandais,  n'a 
été,  l'année  dernière,  que  de  cent  soixante  et  un.  Disons  que  ce  modeste  chiffre 
est  l'expression  d'un  grand  progrès.  Des  états  officiels,  il  résulte  une  constante 
progression  ;  douze  élèves  seulement  avaient  passé  l'examen  pour  Tirlandais  en 
1881  ;  il  y  en  a  eu  dix-sept  en  1882,  vingt-cinq  en  188^,  quatre-vingt-treize 
en  1884,  et,  comme  nous  venons  de  le  dire,  cent  soixante  et  un  en  188^. 

Parmi  les  quatre  mille  maîtres  et  maîtresses  qui  ont  formé  ces  cent  soixante 
et  un  élèves,  nous  ignorons  combien  il  y  en  a  qui  sachent  assez  d'irlandais  pour 
l'enseigner.  On  a  établi  en  Irlande  pour  les  maîtres  un  certificat  d'aptitude  à 
l'enseignement  de  l'irlandais.  Naturellement  ce  certificat  n'est  point  obligatoire. 
L'irlandais  est  une  matière  facultative.  Jusqu'à  présent  les  maîtres  n'ont  pas 
montré  un  grand  empressement  à  ajouter  cette  matière  facultative  aux  matières 
obligatoires  du  programme.  Trente-six  seulement  se  sont  fait  délivrer  le  certi- 
ficat d'aptitude,  et  la  cause  en  est  que  la  plupart  d'entre  eux,  qu'ils  sachent  ou 
ne  sachent  point  parler  l'irlandais,  n'ont  aucune  notion  de  la  grammaire  de  cette 
langue.  En  effet,  il  n'y  a  pas  de  professeur  d'irlandais  dans  les  deux  écoles  nor- 
males, Central  training  Establishment  Marlborough  Street,  Dublin,  et  St.  Pa- 
trick's  training  collège,  Drumcondra. 

Cependant,  on  ne  peut  contester  que  l'étude  de  l'irlandais  ne  soit  tort  encou- 
ragée par  le  gouvernement.  Tout  maître  qui  fait  passer  avec  succès  à  un  de  ses 
élèves  l'examen  pour  l'irlandais  reçoit  une  gratification  de  dix  shillings,  soit  douze 
francs  cinquante.  Un  seul  maître,  dont  quarante-deux  élèvesont  passé  avec  succès 
ces  examens,  a  obtenu  de  cette  manière  une  gratification  totale  de  vingt  et  une 
livres,  soit  cinq  cent  vingt-cinq  francs.  Le  certificat  de  français  et  d'allemand 
ne  rapporte  que  moitié.  Mais  un  maître  dont  les  élèves  subissent  avec  succès 
l'examen  pour  le  grec  et  le  latin  obtient  le  même  résultat  que  lorsqu'ils  réus- 
sissent dans  l'examen  pour  l'irlandais. 

L'étude  de  l'irlandais  est  une  question  dont  on  s'occupe  aussi  en  Amérique.  Le 
rapport  de  M.  Mac  Sweeney  nous  apprend  que  le  bureau  d'éducation  de  San- 
Francisco  a  autorisé  l'emploi  de  l'irlandais  pour  l'enseignement  dans  les  écoles  ; 
et  nous  recevons  un  numéro  du  New^York  Times  du  mardi  17  mars,  oii  nous 
trouvons  sous  la  signature  Charles  de  Kay  un  long  article  destiné  à  démontrer  la 


Chfonûiue.  285 

oécessité  d'établir  une  chaire  d'irlandais  dans  une  des  universités  nombreuses 
déjà  que  possèdent  les  Etats-Unis.  Nous  ne  pouvons  qu'approuver  cette  propo- 
sition. 

V. 

Nous  avons  annoncé  dans  notre  précédent  numéro  la  publication  de  textes  gaU 
lob  préparée  par  M.  John  Rhys.  Une  lettre  de  M.  J.-G.  Evans,  insérée  dans 
VAcademj  du  20  février  dernier,  p.  13),  nous  apprend  que  l'association  gal- 
loise connue  sous  le  nom  de  Societjf  of  Cymmrodorion  a  souscrit  à  quatre  cents 
exemplaires  de  la  reproduction  du  Livre  rouge  de  Hergest. 

VI. 

On  annonce  la  publication  prochaine  d'un  ouvrage  intitulé  :  Antichi  poemdti 
popolari  italiani.  Le  tome  premier  doit  paraître  dans  le  courant  de  cette  année 
chez  Nie.  Zanichelli,  à  Bologne.  Nous  avons  sous  lesyeux  quelques  feuilles  de  cet 
OQvrage.  Elles  contiennent  une  étude  sur  la  légende  italienne  intitulée  :  Superbia 
t  morte  di  Senso.  M.  Reinhold  Kœhler,  si  connu  par  ses  savants  travaux  sur 
les  contes,  en  rapproche  plusieurs  légendes  néo-celtiques  publiées  par  Luzel, 
Légendes  chràiaines  de  la  Basse-Bretagne^  t.  I,  p.  J46;  —  par  Bryan  O'Looney, 
Transactions  of  the  Ossianic  Society^  t.  IV,  p.  227  et  suivantes;  —  par  Patrick 
Kennedy,  Legendary  fictions  of  the  Irish  Celts  (1866),  p.  240  ;  —  par  K.  von 
K[illinger],  Er//z,  Auswahl  vorzûglicher  irischer  Erzâhlungen  und  Sammlung  der 
besten  irischen  Volkssagen,  Màhrchen  und  Legenden,  vol.  III,  pp.  162-163. 

VII. 

M.  J.-J.  Egli,  professeur  à  l'Université  de  Zurich,  va  publier  un  ouvrage 
intitulé  Geschichte  der  geographischen  Namenkunde.  Nous  connaissons  déjà  la 
méthode  de  l'auteur  par  un  travail  préparatoire  qui  a  paru  en  188)  dans  le 
tome  IV  de  la  Zeitschrift  fur  wissenschaftlicke  Géographie,  Son  travail  sera  une 
sorte  de  bibliographie  critique  des  ouvrages  qui  ont  pour  objet  Tétymologie  des 
noms  de  lieu.  C'est  une  matière  sur  laquelle  on  a  beaucoup  écrit  dans  notre 
siècle,  et  après  des  recherches  prolongées  qui  sont  restées  d'abord  la  plupart 
infructueuses,  on  commence  à  trouver  un  terrain  plus  solide. 

VIII. 

La  Faculté  des  Lettres  de  Rennes  vient  de  faire  paraître  le  premier  £ttdcole 
d'an  bulletin  trimestriel.  Ce  bulletin  porte  le  nom  à* Annales  de  Bretagne,  Il  in- 
téressera tout  particulièrement  les  lecteurs  de  la  Revue  Celtique»  Les  recherches 
relatives  à  la  langue  et  à  l'histoire  de  la  Bretagne  armoricaine  y  tiendront  la 
première  place,  il  y  sera  rendu  compte,  de  toutes  les  publications  nouvelles  sur 
l'histoire  ou  la  philologie  bretonnes.  Plusieurs  professeurs  de  la  Faculté  des 


3&$ 

Lettres  prennent  part  i  U  rédaction  des  Annales;  à  côté  de  travaux  d'éruditio&i 
nous  pourrons  trouver  des  études  sur  la  littérature  et  les  poètes  bretons. 

Le  premier  fascicule  comprend  trois  articles.  M .  L.  Robert,  le  savant  doyea 
de  la  Faculté,  commence  une  série  d'étodes  sur  <|udques  philosophes  bretons. 
Il  traite  des  doctrines  de  Kéranflech,  philosophe  cartésien  du  xviii«  siècle. 
M.  Dupoy,  aateur  d^intéressants  travaux  sur  l'histoire  de  Bretagne,  donne 
un  article  sur  la  constitution  municipale  de  Rennes  an  xym«  siède.  M.  Lolk, 
bien  connu  des  lecteurs  de  la  Renu  Gtlù^ae,  expose  Timportanoe  des  études  de 
linguistique  celtique  an  point  de  vue  historique,  et,  par  des  exenpks  bien 
choisis,  montre  dans  quelles  erreurs  sont  tombés,  faute  de  méthode,  la  plopart 
de  ceux  qui,  jusqu'à  présent,  ont  voulu  étudier  la  tangue  et  l'histoire  des  Celtes, 
depuis  les  celtomanes  jusqu'aux  gauloisants.  Nous  ne  doutons  pas  que  les  efforts 
de  M.  Loth  ne  soient  récompensés  par  le  succès,  et  que  les  savants  bretons  oe 
prennent  désormais  dans  leurs  recherches  d'autre  guide  que  la  méthode  histo- 
rique. 

Les  Annales  de  Bretagne  contribueront  à  répandre  dans  le  public  des  idées 
justes  et  précises  sur  l'histoire  et  la  philologie  celtique;  elles  utiliseront  la  viu** 
lité  intellectuelle  de  la  BreUgne  et  en  dirigeront  le  mouvenent  :  mnis  leur  sou- 
haitons de  tout  cœur  la  bienvenue.  G.  D. 

IX. 

La  Revue  historique^  t.  XXX^  paraissant  à  Paris,  chez  Félix  Alcan,  io8,  bou- 
levard Saint-Germain,  contient  un  article  de  M.  d'Arbofs  de  Jubain ville  intitulé: 
Les  origines  gauloises.  L'empire  celtique  au  quatrième  sikle  avant  notre  ère.  Cet  ar- 
ticle se  trouve  dans  le  numéro  de  janvier-février  1886.  M.  E.  Ernault  a  publié 
une  critique  de  ce  travail  dans  le  Bulletin  mensuel  de  la  Faculté  des  lettres  de  Poi" 
tiers^  vol.  IV,  p.  1 46-1 50  (n®  d'avril  1886). 

X. 

Le  vendredi  5  lévrier  dernier,  M.  Whttley  Stoioes  a  lu  en  séance  de  la 
Pkdological  Society  un  mémoire  intitulé  :  Notes  on  Curtias'  Grtek  etjmohgf.  Quel- 
ques-unes des  étymologies  qu'il  propose  ont  un  intérêt  pour  les  études  celtiques. 
Ainsi,  M.  Wh.  Stokes  croit  que  le  mot  Senâni^  dans  une  des  inscriplioiis  de 
l'autel  des  nautae  de  Paris  <,  est  un  dérivé  d'un  terme  géographique  Séna  qui 
aurait  existé  concurremment  â  Séquana  et  qui  en  serait  synonyme.  Seine^  siiivaDt 
lui,  viendrait  de  Sina,  comme  veine  de  v//m.  Ainsi  le  nom  moderne  de  la  Saône, 
celui  de  la  Somme,  représentent  des  noms  géographiques  anciens  autres  que  oeex 
que  César  nous  appreiid.  Saôat  n'est  pas  le  même  mot  qv'i4r4ir;  Somme  n'est  pas 
identique  au  premier  terme  de  Sâmaro^ivâ^  nom  de  la  viHe  d'Aaûens. 


I.  Desjardhu,  Ciifgraphiê  Historique  €t  adaUnrftraUfe  de  la  GmtU  rùmaini,  t.  III, 
p.  26 j. 


Chfonitfiu.  287 


XI. 

La  Rt¥iu  d*MthropQlogief  XV*  annèe^  1. 1  (1886),  première  livraison,  axlonDé 
UB  article  sur  la  nensuration  des  crioes  des.  cottes  de  Baye,  Marne,  par  le 
doctenr  Topinard  ;  une  étude  sur  la  race  de  Cro-Magoois,  ses  migrations  et  ses 
descendants,  par  le  docteur  Verneau  ;  et  des  recherches  sur  les  pierres  à  cupules, 
par  M.  de  Nadaillac.  Le  travail  du  docteur  Verneau  se  termine  ainsi  :  c  Tous 
les  faits  exposés  dans  cette  note  nous  conduisent  à  la  même  conclusion  :  La  race 
de  Co-'Magnon  a  dû  émigrer  du  nord  vers  le  sud  en  laissant  sur  sa  route  des  repré- 
sentants dont  on  retrouve  de  nos  jours  des  descendants  en  assez  grand  nombre.  Les 
blonds  du  Nord  du  général  Faidherbe,  les  Celtes  primitifs  d'Henri  Martin,  ces 
constructeurs  des  dolmens  africains,  —  ces  hommes  blonds  qui  de  la  Ganlc  pas- 
sèrent en  Espagne,  et  de  là  sans  doute  en  Afrique,  —  ne  seraient  donc  que  les 
descendants  de  nos  chasseurs  quaternaires  de  la  vallée  de  la  Vézère  >. 

Pour  bien  comprendre  cette  doctrine,  il  faut  se  rappeler  que  Cro-Magnon  est 
dans  la  vallée  de  la  Vézère,  affluent  de  la  Dordogne,  qui,  elle-même»  se  jette 
dans  la  Garonne.  Il  n'est,  suivant  nous,  en  aucune  façon  démontré  que  les 
hommes  de  Cro-Magnon  fussent  des  Celtes.  J'ignore  si  Ton  a  prouvé  que  les 
hommes  de  Cro-Magnon  fussent  blonds  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que 
personne  n'a  jusqu'ici  administré  la  preuve  que  les  Celtes  eussent  le  monopole 
des  cheveux  de  cette  couleur.  D'ailleurs,  rien  n'établit  que  les  Celtes  aient  pé- 
nétré dans  le  bassin  de  la  Garonne  antérieurement  au  v«  siècle  avant  notre  ère; 
et  s'ils  ont  été  s'établir  en  Afrique  postérieurement  à  cette  date,  comment  se 
fait-il  qu'aucun  historien  de  l'antiquité  n'en  ait  parlé? 

H.  d'A.  de  J. 
XII. 

M.  P,-Ch.  Robert  a  communiqué  à  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres,  le  18  septembre  1885,  une  étude  sur  les  alternatives  de  dissémination 
Cl  de  ceotndisation  par  l^quelles  a  passé  la  fabrication  monétaire  dans  notre 
pa^,  pendant  quatre  périodes  successives  :  période  autonome  gauloise,  domi- 
nation romaine,  période  mérovingienne  et  période  carolingienne.  Ces  pages, 
pleines  d'enseignement  à  la  fois  pour  le  numismate  et  pour  ('historien,  sont  sui- 
vies d*QO  appendice  où.  l'auteur  interprète  la  monnaie  qui  porte  au  droit  CI- 
SIAMBOS  CATTOS  VERCOBRETO  et  au  revers  SIMISSOS  PVBLICOS 
UXOVIO.  Il  explique  ces  deux  formes  en  0  comme  des  nominatifs  singuliers 
aMgés,  pour  os.  Ses  arguments  me  paraissent  confirmés  par  la  phonétique 
cdiique,  car  la  terninaison  «lu  nominstif  duel  de  la  deuxième  déclinaison,  qu'on 
a  cru  voir  dans  ces  mots,  devait  être  en  ff,  et  non  en  U. 

Cet  important  travail  a  été  reproduit  par  la  Revue  archéologique.  L'auteur  est 
revenu  sur  ces  mêmes  sujets,  avec  de  nouveaux  détails^  dans  une  Lettre  à 
M.  Aipk.  ai  Schûdt  qui  a  été  publiée  par  ia  Rgvue.  belge  de  nwmmêtique^ 
année  1886. 


288  Chfonupu, 

—  M.  P.-Ch.  Robert  vient  aussi  d'examiner  devant  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres  cette  question  :  •  Ogmius,  dieu  de  l'éloquence,  figure-t-il 
sur  les  monnaies  armoricaines  ?  •  Il  l'a  résolue  négativement,  contre  l'opinioD 
jusqu'ici  admise.  Son  argumentation  se  fonde  sur  une  étude  soigneusement  faite 
des  caractères  de  ce  personnage  mythique  d'Ogmios,  comparés  aui  types  des 
monnaies  où  l'on  pensait  le  reconnaître. 

Emile  Erkault. 

XIII. 

M.  Donald  Mackinnon,  professeur  de  celtique  i  l'université  d'Edimbourg,  noas 
envoie  le  programme  de  son  cours  pour  le  second  semestre  de  l'année  scolaire 
188)- 1886.  Ce  cours  consiste  en  cinq  leçons  par  semaine. 

Lundi,  leçons  sur  la  philologie  celtique. 

Mardi,  lecture  et  explication  de  textes  dans  le  premier  volume  de  la  chres- 
tomatie  que  M.  Mackinnon  a  publiée  sous  le  titre  de  Reading  book  for  theuseof 
students  of  the  gaclic  class  of  the  University  of  Edinburgh.  Ce  premier  volume  a  paru 
en  188^,  il  contient  des  documents  écrits  en  gaélique  moderne. 

Mercredi,  leçon  sur  la  littérature  gaélique  des  Highiands. 

Jeudi,  lecture  et  explication  de  textes  dans  le  second  volume  de  la  chresto- 
mathie  de  M.  Mackinnon  qui  est  un  recueil  de  documents  en  gaélique  moyen  et 
qui  contient  même  un  fragment  de  vieil  irlandais  emprunté  au  livre  d'Armagh . 

Vendredi,  lecture  de  manuscrits  anciens  par  les  élèves  les  plus  avancés. 

Les  livres  recommandés  sont  :  Pour  la  leçon  du  lundi  :  Zeuss,  Crammaticâ 
celtica^  Curtius,  Fondements  de  rEtymologie  grecque^  Schleicher^  Grammaire  com- 
parée :  Rhys,  Lectures  on  Welsh  philology  ; 

Pour  la  leçon  du  mardi,  les  grammaires  de  Macpherson  et  de  Stewart; 

Pour  la  leçon  du  jeudi,  les  grammaires  de  Stewart^  d'OOonovan  et  de  Win- 
disch. 

M.  Mackinnon,  qui  professe  pour  la  troisième  année,  réunit  ordinairement 
autour  de  sa  chaire  de  douze  à  seize  élèves  :  les  deux  tiers  ou  les  trois  quarts 
sont  de  futurs  ministres  du  saint  évangile  qui  se  préparent  à  la  prédication  dans 
les  congrégations  où  le  gaélique  est  en  usage  et  pour  lesquels  le  côté  scienti6que 
des  études  celtiques  est  un  accessoire,  un  quart  ou  un  tiers  sont  attirés  aox 
études  celtiques  par  un  goût  naturel  pour  la  linguistique  et  la  philologie. 

Un  prix  sera  donné  à  l'auteur  de  la  meilleure  monographie  d'un  dialecte  gaé^ 
lique  d'Ecosse  au  choix  du  candidat. 

Le  proprUtaire-girant  :  F.  VIEWEG. 


Chartres.  —   Imprimerie  Durand. 


TABLE 


DBS 


SIX  PREMIERS  VOLUMES  DE  LA  REVUE  CELTIQUE 


Par  g.    DOTTIN 


AVERTISSEMENT 

La  présente  table  comprend  deux  parties  : 

r  Un  index  alphabétique  par  noms  d'auteurs  et  par  titres  d'ouvrages  collec- 
tifs ou  anonymes  ; 
2»  Une  liste,  par  ordre  de  matières,  des  articles  de  fonds  et  de  mélanges. 

Dans  la  première  partie,  les  différents  travaux  de  chaque  auteur  sont  distingués 
par  les  signes  suivants  : 

A.  radique  ses  articles  de  fonds  et  de  mélanges  ; 

C.  R.^  les  comptes  rendus  faits  par  lui  ; 

L.,  les  comptes  rendus  de  ses  ouvrages. 

Les  titres  àts  documents  dont  Tauteur  est  inconnu,  et  qui  sont  publiés  dans 
la  Revue,  ne  sont  précédés  d'aucun  signe. 

Quant  aux  publications  collectives  et  anonymes  dont  il  est  rendu  compte  : 

Les  titres  des  ouvrages  anonymes  ne  sont  précédés  d'aucun  signe,  mais  ils 
sont  suivis  de  la  lettre  (L)  ; 

Les  titres  des  Revues  ne  sont  ni  précédés  ni  suivis  d'aucun  signe. 


G.  D. 


Ra.  dit  VIL 


INDEX  ALPHABÉTIQUE 


Adam  (Lucien). 

L.  Les  patois  lorrains,  V,  150. 

Aislinge  Oengttsso,  edited  and 
translated  by  E.  Mûller,  III,  344. 

Aithed  Emere  le  Tuir 
n-Glesta,  edited  and  translated  by 
KuNo  Meyer,  VI,  184. 

Amitié  d'Amis  et  d'Amiles, 

texte  gallois  publié  avec  une  traduc- 
tion par  H.  Gaidoz,  IV,  203,  479. 

Andrée  (Richard). 
L.  Ethnographische  Parallelen  und 
Vergleiche,  III,  $01. 

Arbois  de  Jubainville  (H .  d') . 

A.  Etudes  phonétiques  sur  le  breton 
de  Vannes,  I,  85,  211.  —  Zeuss  et  le 
manuscrit  de  Cambrai  de  l'histoire  ec- 
clésiastique des  Francs,  I^  269.  — 
Influence  de  la  déclinaison  gauloise  sur 
la  déclinaison  latine  dans  les  docu- 
ments latins  de  l'époque  mérovingienne, 
I,  320.  —  Teutates,  I,  451.  —  Con- 
cordance entre  les  numéros  des  pièces 
publiées  par  M.  de  Courson  dans  son 
Histoire  des  peuples  bretons,  et  les 
numéros  des  mêmes  pièces  dans  l'édi- 


tion du  Cartulaire  de  Redon  donnée 
par  le  même  savant,  I,  474.  —  Dur- 
nacos,  II,  104.  —  Un  /*  gaulois  valant 
dh^  II,  1 1 1 . —  Le  couteau  de  bronze  de 
Besançon,  II,  112.  —  Recherches  sur 
l'histoire  de  l'article  dans  le  breton  ar- 
moricain, II,  204.  —  Le  mystère  des 
trois  rois  à  Vannes,  II,  248.  —  L'ac- 
cent gallois,  II,  342.  —  Les  noms 
propres  francs  et  les  noms  propres 
bretons  du  Cartulaire  de  Redon,  II 
404.  —  Etymologte  du  nom  de 
Chaource,  Aube,  II,  492.  —  Le  cel. 
tique  et  l'ombrien,  III,  40.  —  Une 
énigme  d'onomastique  fluviale,  III, 
168.  Voyez  PiCTET,  —  Chaden 
•  chaîne  ■,  III,  223.  Voyez  Havet. 

—  La  place  du  verbe  dans  les  langues 
celtiques,  III,  248.  —  Les  finales  ir- 
landaises d'après  M.  Windisch,  III, 
321.  —  L'achat  de  la  femme  dans  la 
loi  irlandaise,  III,  361.  —  Mots  bre- 
tons dans  les  chartes  de  l'abbaye  de 
Beauport,  Côles-du-Nord,  III,  395. — 
Quelques  noms  de  saints  bretons  dans 
un  texte  du  xi*  siècle,  III,  449. 

G.  R.  J.  Hingant,  Eléments  de 
grammaire  bretonne^  I,  163.  —  R. 
Mowat,  Etudes  philologiques  sur  les 
inscriptions  gallo-romaines  de  Rennes. 

—  Le  nom  de  peuple  «  Redones  », 


4^  Index  dphobitiqiu. 

I,  272.  —  Ch.  Terrien  and  Ch.  Wa- 
ring  Saxton,  Liherieu  hag  avieleu,  I, 
278.  —  Roget  de  Belloguet,  Glos- 
saire gaulois,  I,  4^7.  —  Eugène  Hu- 
cher,  L'art  gaulois  ou  les  Gaulois 
d'après  leurs  médailles,  I)  4^1-  —  ^* 
deSaulcy.  Lettres  à  M.  A.  deLong- 
périer  sur  la  numismatique  gauloise, 

I,  463.  —  Zeuss-Ebel,  Grammatica 
ccltica,  I,  468.  —  C.  Nigra,  Reliquie 
Celtiche,  I,  477.  —  Charles  Robert, 
Epigraphie  gallo-romaine  de  la  Mo- 
selle, II,  123.  —  Littré,  Dictionnaire 
delà  langue  française.  —  Brachet, 
Dictionnaire  étymologique  de  la  langue 
française,  II,  1 26.  —  Luzel,  Gwerziou 
Breiz  Izel,  chants  populaires  de  la 
Basse-Bretagne,  II,  268.  —  A.  Fick, 
Die  ehemalige  Spracheinheit  der  Indo- 
germanen  Europas,  II,  274.  —  F. 
Diez,  Grammaire  des  langues  romanes, 
traduite  par  G.  Paris  et  A.  Brachet, 

II,  278.  —  A.  Bertrand,  Archéologie 
celtique  et  gauloise,  III,  251.  ~  P.- 
L.  Lemière,  Examen  critique  des  ex- 
péditions gauloises  en  Italie.  —  Etude 
sur  les  Celtes  et  les  Gaulois.  ^ 
Deuxième  étude  sur  les  Celtes  et  les 
Gaulois,  III,  254.  —  Charles  Robert, 
Numismatique  de  la  province  du  Lan- 
guedoc, III,  260.  —  E.  Hûbner,  Ins- 
criptiones  Britanniae  latinae.  —  Ins- 
criptiones  Britanniae  christianae,  III, 
267.  —  John  Rhys,  Lectures  on  Welsh 
philology,  m,  280.  —  W.  Stokes, 
Middie-Breton  hours,  III,  28$.  — 
Geslin  de  Bourgogne  et  A.  de  Barthé- 
lémy, Anciens  évèchés  de  Bretagne, 
III,  289.  —  Lucke,  Grammaire  des 
dialectes  celtiques,  III,  290.  —  Oskar 
Brenner,  Nord-  und  Mittel-Europa  in 
den  Schriften  der  Alten  bis  zum  Auf- 
treten  der  Cimbern  und  Teutonen, 
III,  463.  *-  Ernest  Desjardins,  Géo- 


graphie historique  et  administrative  de 
la  Gaule  romaine^  t.  II,  la  conquite, 

III,  469.  —  Auguste  Longnon,  Géo- 
graphie de  la  Gaule.au  vp  siècle,  III, 
472.  ~  C.  Mehlis,  Der  Rhein  uod  der 
Strom  der  Cultur  in  Kelten-und  Rœ- 
merzeit,  III,  475. 

L.  Note  lue  à  l'Académie  des  Ins- 
criptions et  Belles -Lettres  sur  une 
inscription  de  Poitiers,  1, 499.  —  En- 
core un  mot  sur  le  Barzaz-Breiz. 
Lettre  à  M.  J.  Salaûn,  II,  1 3 1 .  —  Les 
premiers  habitants  de  l'Europe  d'après 
les  auteurs  de  l'antiquité  et  les  r^ 
cherches  les  plus  récentes  de  la  lin- 
guistique, III,  458.  -  Origine  des 
voyelles  et  des  consonnes  du  breton 
moderne  de  France,  dialecte  de  Léoo, 

IV,  465.  ~  Etudes  sur  le  droit  cel- 
tique :  le  Senchus  Môr,  V,  1 38.  — 
Etudes  grammaticales  sur  les  langues 
celtiques  :  première  partie,  Introduc- 
tion, phonétique  et  dérivation  bretonne, 

V,  267.  —  Origine  de  la  juridiction 
des  Druides  et  des  filé,  VI,  406. 

Archaelogia  Gambrensis, 

^497;  "1  «54»  279,  418;  III,  127. 

Archives  des  miasioiui 
Bcientiiiqttes.  et  littéraiz'es, 

II,  286. 

AsccU  (G.-J.). 

L.  Note  irlandesi  concementi  in 
especie  il  codiceambrosiano,  VI,  121. 

Atkinson  (Robert). 

L.  On  Irish  lexicography,  VI,  516. 


Bacmeister  (AdolQ. 
L.  Keltische  Briefe^  herausgegebeo 
von  Otto  Keller,  II,  273. 
Sa  mort,  noticenécrologique,  II»  M  i  • 


Index  alphabétique. 


S 


Bannister  (John). 
Sa  mort;  notice,  II,  287. 

Bapst  (Germain). 
L.  L'étaia,  VI,  377. 

Barges  (l'abbé  J.-J.-L.). 

L.  Recherches  archéologiques  sur 
les  colonies  phéniciennes  établies  sur 
le  littoral  de  la  Celtoligurie,  IV,  283. 

Barry  (Edward). 

Sa  mort,  notice,  IV,  132. 

Barthéleiny  (A.  de). 

A.  De  la  divinité  gauloise  assimilée 
à  Dis  Pater  à  Tépoque  gallo-romaine, 
Ij  I .  —  Liste  des  mots  relevés  sur  les 
monnaies  gauloises,  I,  291.  —  Ob- 
servations sur  l'article  de  M.  Hucher, 
Légendes  des  monnaies  gauloises,  II, 
ICI.  —  Supplément  à  la  liste  des  mots 
relevés  sur  les  monnaies  gauloises, 
II,  24$.  —  Nouvelles  légendes  de 
monnaies  gauloises,  III,  249.  —  Vases 
sigillés  et  épigraphiques  de  fabrique 
gallo-romaine,  III,  313. —  Monnaie 
gauloise  inédite  de  Luctérius,  chef  ca- 
durque,  IV,  317. 

G.  R.  P.-L.  Lemière,  Examen  cri- 
tique des  expéditions  gauloises  en 
Italie,  II,  254.  —  E.  Hucher,  L'art 
gaulois,  deuxième  partie,  II,  25  s-  — 
Mowat,  Etude  sur  l'inscription  itiné- 
raire de  Saint-Christophe,  II,  257. — 
A.  Longnon,  Les  cités  gallo-romaines 
de  la  Bretagne,  II,  258.  —  René 
Kerviler,  Etude  critique  sur  la  géo- 
graphie de  la  presqu'tle  armoricaine 
au  commencement  et  à  la  fin  de  Foc- 
cupation  romaine,  II,  413.  —  P.-L. 
Lemière,  Etude  sur  les  Celtes  et  les 
Gaulois,  II,  415.  —  R.-F.  Le  Men, 


Monographie  de  la  cathédrale  de 
(^imper,  III,  489.  —  H.  Gaidoz,  Es- 
quisse de  la  religion  des  Gaulois,  avec 
un  appendice  sur  le  dieu  Encina,  IV, 
112.  —  J.  de  Baye,  L'archéologie 
préhistorique,  V,  1 3 1 .  —  Description 
raison  née  de  la  collection  de  M.  P.- 
Ch.  Robert,  V,  133. 

L.  Etude  sur  les  monnaies  gauloises 
trouvées  en  Poitou  et  en  Saintonge, 
II,  498. —  Mélanges  de  numismatique, 
II,  503.  Voyez  De  Saulcy  et  Hu- 
cher. —  Anciens  évéchés  de  Breta- 
gne, III,  289,  IV,  296  (avec  la  colla- 
boration de  J .  Gesun  de  Bourgogne). 

—  Les  temps  antiques  de  la  Gaule 
(extrait  de  la  Revue  des  questions  his- 
toriques), III,  467.  —  Monnaies  gau- 
loises au  type  du  cavalier,  VI,  271. 

—  Etude  sur  les  monnaies  gauloises 
découvertes  i  Jersey  en  1 87  $ ,  VI ,  27 1 . 

Baudrillart  (Henri). 

L.  Les  populations  agricoles  de  la 
France;  Normandie  et  Bretagne,  VI, 

Baye  (J.  de). 

L.  Congrès  international  d'anthro- 
pologieet  d'archéologie  préhistorique  ; 
compte  rendu  de  la  septième  session 
tenue  à  Stockholm,  II,  $03.  —  L'ar- 
chéologie préhistorique ,  V,  1 3 1 . 

Beauvois  (E.). 

L.  La  découverte  du  nouveau 
monde  par  les  Irlandais  et  les  premières 
traces  du  christianisme  en  Amérique 
avant  l'an  mille,  III,  101. 


(Jacques) . 
L.  Die  rOmischen  Inschriften  und 


6* 


Index  alphabétiijue. 


Steinsculpturen  des  Maseums  der  Stadt 
Mainz,  III,  117. 
Sa  mort;  notice,  VI,  413. 

Beimiad  (T),  1,497;  II,  136, 
281. 

BeitrsBge  zur  vergleichen- 
denSprachlorschung,  II,  140, 
420;  III,  130. 

Berger  (Philippe). 

G.  R.  J.-J.-L.  Barges,  Recher- 
ches archéologiques  sur  les  colonies 
phéniciennes  établies  sur  le  littoral  de 
la  Celtoligurie,  IV,  283. 

Berger  (Samuel). 
A.  De  quatre  manuscrits  des  évan- 
giles  conservés  i  Dublin,  VI,  348. 

Bertrand  (Alexandre). 

L.  Celtes,  Gaulois  et  Francs,  II, 
2  $  I .  —  Archéologie  celtique  et  gau- 
loise, III,  2$l. 

Bibliothèque  de  l'Ecole  des 
CShartes,  II,  139. 

Blaokie  (John  Stuart). 
L.  The  language  and  literature  of 
the  Scottish  Highlands,  III,  484. 

Blanc  (Edmond). 
L.  Epigraphie  antique  du  départe- 
ment des  Alpes-Maritimes,  IV,  460. 

Blois  (A.-G.  de). 

Sa  mort;  notice,  II,  436. 

Bonnaiouz  (J.-F.). 

L.  Légendes  et  croyances  supersti- 
tieuses recueillies  dans  le  département 
delà  Creuse,  II,  $01.  —-Fontaines 


celtiques  consacrées  par  la  idigioQ 
chrétienne,  sources  merveilleuses,  cou- 
tumes superstitieuses  et  légendes  di- 
verses recueillies  pour  la  plupart  dans 
le  département  de  la  Creuse,  II,  $01. 

Bonnejoy. 

L.  Vie  de  saint  Yves,  tirée  d'un 
ms.  sur  vélin  duxiv«  siècle,  VI,  j8}. 

Borderie  (Arthur  de  la). 

A.  Une  question  d'orthographe, 
Gallo  et  Gallaise,  V,  470.  Voyez  Er- 
NAULT,  Gaidoz,  Loth  et  Sébillot.  — 
La  date  de  la  naissance  de  Gildas,  VI, 
1 .  —  L'émigration  bretonne  en  Ar- 
morique,  VI,  460. 

L.  Etudes  historiques  bretonnes, 
les  deux  saints  Caradec,  V,  501.  — 
L'historia  Britonum  atrribuée  â  Nen- 
nius  et  l'historia  Britannica  avant 
Geoffroy  de  Monmouth,  VI,  118.  — 
Les  véritables  prophéties  de  Merlin  ; 
examen  des  poèmes  bretons  attribués 
i  ce  barde,  VI,  126.  ~  Etudes  histo' 
riques  bretonnes  :  l'historien  etlepro- 
phète  des  Bretons,  Gildas  et  Merlin, 
VI,  410.  —  Vies  inédites  de  saint 
Malo  publiées  avec  notes  et  observa- 
tions, VI.  384. 

Borson  (le  général). 
L.  La  nation  gauloise  et  Vercingé- 
torix,  IV,  469. 

Boa  (Eug.  Le). 

L.  Causeries  bretonnes  ou  remar- 
ques sur  la  formation  de  la  langue 
celtO'bretonne,  III,  494  ;  IV,  309. 

BottreU  (William). 
L.  Traditions  and  hearthside  sto- 
ries  of  west  Cornwall,  I,  483. 
Sa  mort;  notice,  V,  412. 


Index  alphabétuiue. 


BonrkeiUlick-J.). 
L.  The  Aryan  origin  of  the  Gaelic 
race  and  language,  III,  288. 

Braohet. 

L.  Dictionnaire  étymologique  de  la 
laogQefraoçaise,II,  126. — Voy.DiEz. 


(Richard  Rolt). 
Sa  mort;  notice,  III,  151. 

Braumann. 

L.  Die  principes  der  Gallier  und 
Germanen  bei  Caesar,  VI,  127. 

Breese  (Edouard).  Sa  mort;  no- 
tice, V,  1 56. 

Brenner  (Oskar). 

L.  Nord-  und  Mittel-Europa  in  den 
Schriften  der  Alteir  bis  zum  Auftreten 
der  Cimbern  und  Teutonen,  III,  464. 

Brueyre  (Loys). 
L.  Contes  populaires  de  la  Grande- 
Bretagne,  III,  123. 

Bnhot  de  Kemers. 

L.  Epigraphie  romaine  dans  le  dé- 
partement du  Cher,  III,  264. 

Bulletin  épigraphiqne  de 
laGatQe,  V,  155. 

Bulletin  monumental,  II, 

i4o;III,  Ȕ5. 

Bulletin  de  la  Société  d'an- 
thropologie de  Parle,  III,  137. 

BiiUiot(J.-G.}. 
A.  L'ez-voto  de  la  Dea  Bibracte, 
I,  Î06;  II,  21. 
L.  L'art  de  rémaillerie  chez  les 


Eduens  avant  rère  chrétienne,  III,  118 
(en  collaboration  avec  H.  de  Fontb- 
nay).  —  Le  temple  du  Mont-de- 
Sene,  à  Santenay,  Côte*d'Or,  III,  1 18. 
—  La  cité  gauloise  selon  l'histoire  et 
les  traditions,  IV,  109  (avec  la  colla- 
boration de  M.  Roidot). 

Bnrean  (Léon). 
A.  Le  dialecte  breton  du  bourg  de 
Batz,  Loire-Inférieure,  III,  230. 

Gaer  Pensanelcoit,  by  the 

Author  of  the  Assertion  «  A  primae- 
vai  British  Metropolis  »,  V,  273  (L.). 

Gameron  (John). 

L.  Gaelic  names  of  plants,  V,  496. 

Campbell  (J.-P.). 

A.  Fionn's  enchantement,  a  popular 
taie  of  the  Highiands  of  Scotland 
with  a  translation  by  J.-F.  Campbell, 
I,  193. 

L.  Leabhar  na  Feinne,  vol.  I, 
Gaelic  Texts,  II,  129. 

Sa  mort;  notice,  VI,  414. 

Gamarron  and  Denbigh 
Herald,  II,  280. 

GarsvTell  (John). 

L.  The  book  of  common  order^ 
commonly  called  John  Knox's  Li- 
turgy,  translated  into  Gaelic  A.  D. 
1 567  by  M.  John  Carswell  ;  edited 
by  Thomas  Mac  Lauchlan,  11,264. 

Gartailbac  (Emile). 

L.  L'âge  de  pierre  dans  les  souve- 
nirs et  superstitions  populaires,  IIU 
466. 

Gatholioon,  collation  du  manus 


8* 


index  alphabétUitte. 


crit  et  des  éditions  de  la  Bibliothèque 
nationale,  I,  395. 

The  Géltio  Kagaiiiie,  III, 
«29,  14s. 

Gerquand  (J.-F.). 

A.  Taranus  ou  Taranis,  V,  381 . — 
TaranisetThor,VI,  4i7.Voy.  Gaidoz. 

L.  Taranis  Lithobole,  étude  de 
mythologie  celtique,  V,  229. 

Gesaac  (Jean  de). 
A.  Note  sur  le  nom  de  la  ville 
d'Evaux,  VI,  260. 

CShanson  bretonne,  Yves 
Camus,  II,  49$. 

Chansonnette  bretonne,  re- 
cueillie et  traduite  par  F.  M.  Luzel, 
II,  245. 

Chant  d'Oisin,  publié  et  tra- 
duit par  KuNO  Meyer,  VI,  186. 

Chants  popolaires  de  la 
Haute-Bretagne  recueillis  par  un 
Guérandais  de  1809,  habitant  Savenay 
depuis  cinquante  ans^  VI,  516  (L.)* 

Charenoey  (H.  de). 

L.  Article  dans  les  Actes  de  la  So- 
ciété philologique,  V,  273.  —  Le  fils 
de  la  Vierge.  —  Les  traditions  rela- 
tives au  fils  de  la  Vierge,  V,  275. 

Oiarmes,  oraisons  et  con- 
jurations magiques  de  la 
Basse-Bretagne,  recueillis  et  tra. 
duits  par  L.  Sauvé,  VI,  67. 

Chamook  (H. -S.) 

L.  Patronymica  cornu-britannica. 


ortheetymology  of  Comish  sumaocs, 
1,486. 

Chatélier  (René  du). 
Sa  mort;  notice,  VI,  524. 

Chenelière  (G.  de  la). 

L.  Inventaire  des  monuments  mé- 
galithiques du  département  des  CAtes- 
du-Nord.  V,  132.  —Etude  sur  un 
objet  celtique  en  or  trouvé  dans  le 
environs  de  Brest,  V,  153. 

Clerk  (Rev.  Archibald). 

L.  The  poems  of  Ossian  in  the  ori- 
ginal Gaelic,  with  a  1  itérai  translation 
into  English  and  a  dissertation  on  the 
authenticity  of  the  Poems,  I,  479. 

Cnucha  (The  battle  of),  a 
médiéval  Irish  text,  with  a  translation 
by  W.  M.  Hennessy,  II,  86. 

Coelho  (F.-Adolpho). 

A.  Sur  la  forme  de  quelques  noms 
géographiques  delà  péninsule  ibérique, 
VI,  482. 

L.  Revista  d'ethnologia  e  de  glot- 
tologia,  V,  271,  409. 


Collections  historloal  and 
archœological,  relating  to  Mont- 
gomeryshire,  I,  497. 

Commission  de  la  topogra- 
phie des  Gaules,  II,  504;  IV,  310. 

Compert  Conchobuir,  edited 
and  translated  by  Kuno  Meyer,  VI, 

174- 

Comracc  Conchnlaind  re 
Senbecc,  edited  and  translated  by 
Kuno  Meyer,  VI,  182. 


Index  alphabétUjue, 


Gomtlioth  Loegairl  co  cre- 
tim,  edited  aod  translatée!  by  Ch. 
Plummer,  VI,  163. 

CSontes  populaires  bretons , 

recueillis  et  traduits  par  F.  M.  Luzel, 
I,  106;  II,  289;  III,  379. 

CSorazzini  (Francesco). 

L.  Visione  di  Tagdalo,  II,  124. 

CSosta  (Joaquin  . 

L.  Organizacion  politica,  civil,  y 
religiosa  de  los  Celtiberos,  IV,  282. — 
Poesia  popular  espafiola  y  mitologia  y 
literatura  celto-hispanas,  V,  272. 

GretQy  (le  général). 
A.  Liste  des  noms  supposés  gaulois 
tirés  des  inscriptions,  III,  153,  297. 
Sa  mort;  notice,  IV,  312. 

Guchizlaixui's  Death  abridged 
from  the  book  of  Leinster  by  Wh. 
Stokes,  III,  175. 

Cuissard  (Ch.). 

A.  La  prose  de  saint  Columba,  V, 
205.  —  Vie  de  saint  Paul  de  Léon 
en  Bretagne,  d'après  on  manuscrit  de 
Fleury-sur-Loire,  conservé  à  la  biblio- 
thèque publique  d'Orléans,  V,  413. 

Gurtius  (Georg). 

L.  Grundzûge  der  griechischen  Ety- 
mologie.  Vierte  durch  Vergleichungen 
aos  den  Keltischen  Sprachen  von  Ernst 
Windisch  erweiterte  Auflage,  II,  273. 

CSsrmmrodor  (Y),  V,  407. 

Dalxnedioo  (Angelo). 
L.  Délia  fratellanza  dei  popoli  ndle 
tradizioni  comuni,  V,  410. 


Daremberg  (Ch.)  et  Saglio 
(Edm.). 

L.  Dictionnaire  des  antiquités  grec- 
ques et  romaines,  II,  259,  416;  IV, 
46}  ;  V,  S03  ;  VI,  404. 

Darmesteter  (James). 

L.  Macbeth,  édition  classique,  V, 

274- 

Davies  (John). 

L.  The  Celtic  languages  in  relation 
to  other  Aryan  tongues,  IV,  470. 

Davies  (Walter)  (Gwallter  Me- 
chain) . 

L.  Gwaith  y  parch.,  etc.,  I,  282  ; 
publié  par  S.  Evans. 

Decharme. 

L.  Mythologie  de  la  Grèce  antique, 
IV,  124. 

Decombe  (Lucien). 

L.  Trésor  du  jardin  de  la  préfec- 
ture, à  Rennes,  V,  503.  —  Chansons 
populaires  recueillies  dans  le  départe- 
ment d'IlIcyet-Vilaine,  VI,  386. 

Desaivre  (Léo). 
L.  Le  mythe  de  laMèreLusiDe,VI, 
122. 

Desjardins  (Ernest). 

A.  L'orographie  de  la  Gaule  â 
répoque  romaine,  III,  i. 

L.  La  Table  de  Peutinger  d'après 
l'original  conservé  à  Vienne,  I,  14  ^ 
—  Notice  sur  les  monuments  épigra- 
phiques  de  Bavai  et  du  musée  de 
Douai^  II>  236.  —  Géographie  histo- 
rique et  administrative  de  la  Gaule 
romaine,  tome  premier.  Introduction 
et  géographie  physique  et  comparée, 
époque  romaine,  époque  actuelle,  III, 


lO* 


Index  alphabétique. 


257.  —  Tome  second,  la  conquête, 
III,  469.  —  Tome  troisième,  organi- 
sation de  la  conquête;  la  province,  la 
cité,  VI,  374. 

Devinettes  bretonnes,  re- 
cueillies et  traduites  parL.  Sauvé,  IV, 
60. 

De-Vit  (Vincenzo). 

L.  Oissertazioni  sui  Britanni  e  su! 
Cimbri,  V,  480.  —  Quali  Britanni 
diedero  il  nome  ail*  Armorica,   VI, 

Diez  (Frédéric). 

L.  Grammaire  des  langues  romanes, 
traduite  par  G.  Paris  et  A.  Brachet, 

II,  278. 

Drezen  (A.). 

L.  Buez  Dom  Michel  Nobletz  mi- 
sioner  hagabostol  brazBreiz-IzeI,IV, 
468. 

Duchesne  (L.). 

A.  Eleuthère  et  le  roi  breton  Lu- 
cius,  VI,  491, 

L.  Lovocat  et  Catihem,  prêtres 
bretons  du  temps  de  saint  Mélaine, 
VI,  409. 

C.  R.  F.-E.  Warren,  Theliturgy 
and  rituai  of  the  Celtic  church,  V, 
139.  —  Whitley  Stokes,  The  Irish 
passages  in  the  Stowe  Missal,  V,  145. 

Dunraven  (Lord). 

L.  Notes  on  Irish  architecture, 
edited   by  Margaret  Stokes,  vol.  I, 

III,  105;  —  vol.  II,  III,  478. 

Durand  (D.-J.). 
L.  Etudes  de  philologie  et  linguis- 
tique aveyronnaises,  IV,  301 . 


Duval  (Louis). 

L.  Esquisses  marchoises,  supersti- 
tions et  légendes,  histoire  et  critique, 

IV,  471. 

Dsrsgedydd,  II,  136, 281. 

Ebel  (Hermann-Guillaume). 

L.  Les  accusatifs  gaulois  en  -as,  II, 
403 .  —  Observations  sur  le  glossaire 
d'O'Davoren,  II,  453.  —  Grammatica 
celtica,  I,  148,  468.  Voyez  Zeuss. 

Sa  mort;  notice,  III,  148. 

Ebrard  (Dr.  August). 
L.  Handbuch  der  mittelgaelischen 
Sprache,  I,  479. 

Encina  (Joseph).- 

Sa  mort  ;  notice,  IV,  478. 

Emaolt  (Emile). 
A.  Le  dialecte  vannetais  de  Sar- 
zeau,  m,  47.  —  Corrections  et  addi- 
I  lions  à  Tartide  précédent,  IH,  232. 

—  Le  dictionnaire  breton  de  Roussel, 
IV,  104.  —  Supplément  aux  diction- 
naires breton -français,  IV,  145.  — 
Remarques  sur  z  accompagné  de 
voyelles  en  breton  moderne,  V,  1 24. 

—  Mots  et  expressions  celtiques  en 
gallot,  V,  218.  —  Gallaise,  V,  472. 
(Voyez  De  la  Borderie,  Gaidozt 
LoTH  et  Sébillot.)  —  Les  noms  de 
lieu  du  pays  de  Malmédy,  VI,  484.— 
La  prière  du  chat,  VI,  528. 

G.  R.  Eugène  Le  Bos,  Causeries 
bretonnes,  III,  494.  —  Lan  Inisan, 
Emgann  Kergidu,  IV,  299.  —  H. 
d'Arbois  de  Jubainville,  Origine  des 
voyelles  et  des  consonnes  du  breton 
moderne  de  France,  IV,  465.  —  A. 
Drézen,  Buez  Dom  Michel  Nobletz, 
IV,  468,  —  H.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville, Etudes  grammaticales  sur  les 


Index  alphabétique. 


Il 


langues  celtiques,  phonétique  et  déri- 
vation bretonne,  V,  267.  —  J  Loth, 
Essai  sur  le  verbe  néo-celtique  en  ir- 
landais ancien  et  dans  les  dialectes 
modernes,  V,  487.  —  Quirin  Esser, 
Beitrafge  zur  gallo-keltischen  Namen- 
Irande,  VI,  377.  —  J.  Loth,  Vocabu- 
laire vieux-breton,  VI,  381.  —  Lecoat, 
Testamant  nevez  hon  aotrou  hag  hon 
Zalver  Jésus  Christ,  VI,  382.  —  Bon- 
ncjoy,  Vie  desaintYves  du  xiv»  siècle, 
VI,  38$.  —  Lucien  Decombe,  Chan- 
sons populaires  recueillies  dans  le  dé- 
partement d'Ille-et-Vilaine,  VI,  386. 
--  R.  Thurneysen,  Keltoromanisches, 
VI,  388.  —  Mélusine,  VI,  391.  —  E. 
Windisch,  KellischeSprachen,VI,  395 . 
L.  De  l'urgence  d'une  exploration 
philologique  en  Bretagne,  ou  la  langue 
bretonne  devant  la  science,  III,  491. 
—  Etude  sur  le  dialecte  breton  de  la 
presqu'île  de  Batz,  VI,  $08. 


(Dr.  Quirin). 
L.  Ueber  einige  gallische  Ortsna- 
nem  auf  -acam  in  der  Rheinprovins, 
II,  499.  —  Beitrxge  zur  gallo-kel- 
tiscben  Namenkunde,  VI,  377. 

Estourbeillon  (Régis  de  I'). 

L.  Groupement  des  populations  de 
l'Annorique  d'après  la  terminaison  des 
noms  de  lieux,  V,  266. 


(Evander  W.). 
Sa  mort;  notice,  III,  147. 


(John). 

L.  L'âge  du  bronze.  Instruments, 
armes  et  ornements  de  la  Grande-Bre- 
tagne et  de  l'Irlande,  traduit  de  l'an- 
glais par  Battier,  V,  397. 

Evans  (SiWao). 


A.  Attodiad  i  lyfryddiaeth  y  Cymry 
(supplément  à  la  bibliographie  galloise), 

ï>376;i^  5ï»  346. 

L.  Telynegion,  ar  destunau  amryw- 
iol,  V,270.  —Voyez  Davies  et  Ste- 

PHENB. 

Ferk  (Franz). 

L.  Ueber  Druidismus  in  Noricum^ 

ni,  474. 

FerguBon  (Samuel). 
L.  Congal,  a  poem  in  five  books, 
III,  482.  —  Mémoires,  V,  504. 

Fergusson  (James). 

L.  Les  monuments  mégalithiques  de 
tous  pays,  leur  âge  et  leur  destination, 
ouvrage  traduit  de  l'anglais  par  l'abbé 
Hamard,  III,  46  s. 

Fiok  (August). 

L.  Die  ehemalige  Spracheinheit 
der  indogermanen  Europas,  II,  274. 

Fiozm's  enchanteinent,  with 
a  translation  by  J.  F.  Campbell,  1, 194. 

Fita. 

L.  Restes  de  la  déclinaison  celtique 
et  celtibénque  dans  quelques  inscrip- 
tions espagnoles,  IV,  280. 

Fitzgerald  (David). 

A.  Irish  popular  traditions,  IV, 
171.  —  Additional  notes,  IV,  268; 
erratum,  IV,  202, 3 1 6.  —  Early  Celtic 
history  and  mythology,  VI,  193.  — 
Celtic  notes  and  queries  :  The  sons  of 
the  lord  of  Clare  ;  Black  Spancel  sun< 
day,  VI,  127. 

Flagelle. 

L.  Notes  archéologiques  sur  le  dé- 
partement du  Finistère,  V,  153. 


I 


12 


Index  alphabétique. 


Fleohla  (Giovanni). 
L.  Di  alcune  forme  de'  nomi  local! 
deir  Italia  superiore,  I,  460. 

Flouest  (Ed.). 

L.  Etudes  d'archéologie  et  de  my- 
thologie gauloise.  Deux  stèles  de  la- 
raire,  VI,  51}. 

Fontenay  (Harold  de). 

L.  Inscriptions  céramiques  gallo- 
romaines  découvertes  à  Autun,  II, 
412.  —  L'art  de  l'émaillerie  chez  les 
Eduens  avant  l'ère  chrétienne,  III,  1 18 
(en  collaboration  avec  J. -G.  Bulliot). 

Formulettes  et  traditions 
diverses  de  la  Basse- Bre- 
tagne, recueillies  et  traduites  par  L. 
Sauvé,  V,  1 57. 

Fortier. 

L.  Manuel  de  la  confrérie  de  sainte 
Brigide,  vierge  et  patronne  d'Irlande, 
III,  S06. 

Fustel  de  Goolanges. 

A.  Comment  le  druidisme  a  disparu, 

Oaelic  Journal ,  V,  $05;  VI, 
406. 

Oaidoz  (H.). 

A.  Observations  sur  l'article  de 
M.  LiEBRECHT,  le  vrai  nom  de  Gar- 
gantua, I,  141.  ~  Note  à  l'article  de 
M.  Hennessy,  The  ancient  Irish  god- 
dess  of  war,  I,  269,  —  Collation  des 
éditions  du  Catholicon  de  la  Bibliothè- 
que nationale,  1, 39$.  —  Du  prétendu 
nom  d'tle  sacrée  anciennement  donné 
à  l'Irlande,  II,  352.  —  Pilgriroage  of 
an  HuDgarianno^  e*nan  toS.  Patrick's 


purgatory^  il,  482.  —  Les  Celtes  et 
les  éléphants^  II,  486.  —  Un  conte 
populaire  dans  l'Evangile,  III,  444>— 
Le  songe  de  Marie,  prière  populaire 
galloise,  III,  447.  —  L'amitié  d'Amis 
et  d'Amiles,  texte  gallois  avec  traduc- 
tion, IV,  201,  479. —  La  société  pour 
la  conservation  de  la  langue  irlandaise, 

IV,  457.  —  L'origine  de  l'hymne  de 
Colmân,  V,  94,  412,  507.  —  Un  pa- 
rallèle à  Sainte  Brigitte,  V,  129.  - 
Bibliographie  des  traditions  et  de  la 
littérature  populaire  de  la  Bretagne, 

V,  277  (en  collaboration  avec  M.  Se- 
billot).  —  Gallot,  Turcot,  V,  476. 
(Voyez  DE  LA  BoRDERiE,  Ernaut, 
LoTH  et  Sébillot.)  —  Des  pronoms 
infixés,  VI,  86.  —  Les  manuscrits 
irlandais  d'Edimbourg,  VI,  109.  — 
Goello,  Veliavi,  VI,  1 16.  —  Les  huit 
parties  de  l'homme,  VI,  xi.  —  Celtic 
notes  and  queries  :  Une  vieille  devise 
bretonne  ;  une  lettre  inédite  de  J.  Grimm, 

VI,  41  $.  —  Taranis,  VI,  457.  Voyez 
Cerciuand.  —  Les  missions  galloises 
en  Basse-Bretagne,  VI,  48 1 .  —  A  pro- 
pos des  Lugoves,  VI,  487.  —  A  propos 
des  tours  rondes  d'Irlande,  VI,  493.  — 
Celtic  notes  and  queries  :  Le  musée  de 
Saint-Germain-en-Laye,  VI,  52 $  ;  mots 
gallois  dérivés  du  latin,  VI,  527. 

Chroniques,  l,  167,  284,  494; 
II,  144,  288,  428,  504;  III,  138, 
292,  296,  Sïo;  IV,  125,  302,  472 i 
V,  276. 

G.  R.  E.  Desjardins,  La  Table  de 
Peutinger,  I,  143.  —  G,  Perrot,  De 
Galatia  provincia  romana,  I,  145.  — 
P.-W.  Joyce,  Theorigin  and  history 
of  Irish  names  of  places,  I,  160.  — 
G.  Parthey,  Dicuili  Liber  de  mensura 
orbis  terrae,  I,  161.  —  B.  Wheatley 
et  J.-S.  Stuart  Glennie,  Merlin,  or  the 
early  history  ot  King  Arthur,  I,  '6? 


Index  alphabétique. 


«î 


—  J.-S.  Stnart  Glennie,  Arthurian  lo- 
calities,  I,  162.  —  L.  Revon,  Inscrip- 
tions antiques  de  la   Haute-Savoie,  I, 
271.  ^   L'archéologie  irlandaise  et 
Mademoiselle  Stokes,  I,  274.  —  P. 
Kennedy,  The  fireside  stories  of  Ire- 
land, — Lageniensis,  Irish  folk-lore,  l, 
276.  ~  E.  Mac  Coy,  Miscellaneous 
Foeros,  translated  into  Gaedhlic^  I, 
267.   —  W.  Spurrell,  Gramadeg  0 
iaith  y  Cyrory,  a  grammar  of  the  Welsh 
language,  I,  280.  —  W.  Rowlands, 
Llyfryddiaeth  y  Cymry  (Bibliographie 
galloise),    I,  281.  —  Walter  Davies 
(Gwallter  Mechain),  Gwaith  y  parch., 
I,  282.  —  Mrs.  Bury  Palliser,  Bril- 
tany  and  its  byways,  1,  283.  —  Gio- 
vanni Flechia,  Di  alcune  forme  de'  nomi 
locali  deir  Italia  superiore,  I,  460.  — 
Henri  Martin,  Etudes d'archéglogie cel- 
tique, 1, 464.  —  Archibald  Clerk,  The 
poems  of  Ossian,  I,  479.  —  August 
Ebrard,  Handbuch  der  mittelgaelischen 
Sprache,  I,  479.  —  Whitley  Stokes, 
The  life  ot  saint  Meriasek,  I,  486.  — 
H.  S.  Charnock,  Patronymica  Cornu- 
Britannica,  I,  486.  —  Otto  von  Kno- 
belsdorff,  die  Keltischen  Bestandtheile 
in  der  englischen  Sprache,  I,  489.  — 
R.-D.  Thomas,  Hanes  Cymry  America 
(histoire  des  Gallois  d'Amérique),  I, 
490.  —  Roget  de  Belloguet,  Les  Cim- 
mériens,  II,  122.  —  F.  Pichler,  Die 
Keltischen  Namen  der  rœmischen  In- 
schriftsteine  Kaernstens,  II,  1 24.  —  F. 
Corazzini,Visione  di  Tugdalo,  II,  124. 
—  J.-E.  Campbell,  Leabhar  naFeinne, 
II,  129.  —  H.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville.  Encore  un  mot  sur  le  Barzaz 
Breiz,  II,  1 3 1 .  —  A.  Bertrand,  Celtes, 
Gaulois  et  Francs,  II,  25 1 .  —  E.  Des- 
jardins, Notice  sur  les  monuments  épi- 
graphiques  de  Bavai  et  du  musée  de 
Douai,  II,   256.  —  Daremberg   et 


Saglio,  Dictionnaire  des  antiquités 
grecques  et  romaines,  II,  259,416; 
IV,  463;  V,  503;  VI,  404.  -E. 
O'Curry,  On  the  manners  and  eus- 
toms  of  the  ancient  Irish,  edited  by 
W.  K.  Sullivan,  II,  260.  —  John 
Carswell,  The  book  ol  common  order, 
edited  by  Thomas  Mac  Lauchlan,  II, 
264.  —  A.  Bacmeister,  Keltische 
Briefe,  herausgegeben  von  Otto  Keller, 
II,  273.  —  Harold  de  Fontenay,  Ins- 
criptions céramiques  gallo-romaines, 
découvertes  à  Autun,  11,412. —  Quirin 
Esser,  Ueber  einigegallischeOrtsnamen 
auf -tfcum  in  der  Rheinprovinz,  II,  499. 
^  Henry  Summer  Maine,  Lectures  on 
theearly  history  ofinstitutions,II,499. 

—  P.-W.  Joyce,  The  origin  and  his- 
tory of  Irish  names  of  places  (deuxième 
série),  II,  500.  —  J.-F.  Bonnafoux, 
Légendes  et  croyances  superstitieuses 
recueillies  dans  le  département  de  la 
Creuse.  —  Fontaines  celtiques  consa- 
crées par  la  religion  chrétienne,  sour- 
ces merveilleuses,  coutumes  supersti- 
tieuses et  légendes  diverses,  II,  501. 

—  E.  Beauvois,  La  découverte  du 
Nouveau-Monde  par  les  Irlandais.  III, 
101.  —  Lord  Dunraven,  Notes  on 
Irish  architecture,  edited  by  Margaret 
Stokes,  III,  105.—  W.-M.  Hennessy 
et  D.-H.  Kelly,  The  book  of  Fenagh 
originally  compiled  by  St.  Caillin,III, 
1 10.  —  Thomas  Stephens,  The  lite- 
rature  of  the  Kymry,  edited  by  D.-S. 
Evans,  with  a  life  of  author  by  B.-T. 
Williams,  III,  112.  —  G.  Perrot, 
Mémoires  d'archéologie,  d'épigraphîe 
et  d'histoire,  III,  1 1  s.  —  Dr.  Becker, 
Die  rômischen  Inschriften  und  Stein- 
sculpturen  des  Muséums  der  Stadt 
Mainz,  III,  1 17.  —  J.-G.  Bulliot,  Le 
temple  du  mont  de  Sene,  à  Santenay, 
Côte-d'Or,  III,  1 1».  —  Le  Men  (R.- 


1 


«4* 

F.),  Etudes  historiques  sur  le  Finis- 
tère,  III,  1 19.  —  W.  Mannhardt,Der 
Baamkultus  der  Gerroanen  und  ihrer 
Nachbarstxaime,  III,  120.  —  Loys 
Bnieyre,   Contes    populaires    de    la 
Grande-Bretagne,    III,    123.  —  A. 
Guyot-Jomard,  Etude  de  géographie 
celtique  suivie  d'une  esquisse  de  théo- 
gonie celto-hellénique,  III,  250.  — 
Ferdinand    Keller ,    Archaeologische 
Karte  der  Ostschweiz,  III,  263.  — 
A.  Buhot  de  ICersers,  Epigraphie  ro- 
maine dans  le  département  du  Cher, 
III,  264.  —  J.-Y.  Simpson,  Archaeo- 
logical  Essays,  edited  by  John  Stuart« 
III,  272.  ~  John  O'Hanlon,  Lives  of 
the  Irish  saints,  III,  279.  —  Ulick  J. 
Bourke,  The  Aryan  origin  of  the  Gaelic 
race  and  language,  III,  288.  •  H. 
d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers 
habitants  de  l'Europe  d'après  les  au- 
teurs de  l'antiquité  et  les  recherches 
les  plus  récentes  de  la  linguistique, 
III,  458.  —  James   Fergusson,  Les 
monuments  mégalithiquesdetous  pays, 
III,  46$.  —  Emile  Cartailhac,  L'âge 
de  pierre  dans  les  souvenirs  et  supers- 
titions populaires,  III,  467.  —  A.  de 
Barthélémy,  Les  temps  antiques  de  la 
Gaule,  III,  467.  —  A.  Luchaire,  Les 
origines  linguistiques  de  l'Aquitaine, 
III,  468.  —  Franz  Ferk,  Ucber  Drui- 
dismus  in  Noricum,  III,  474.  —  Fer- 
dinand Haug,  Die  rœmischen  Denk- 
steine  des  grossherzoglichen  Antiqua- 
rums  in  Mannheim,  III,  476.  ~  Lord 
Dunraven,  Notes  on  Irish  architecture, 
edited  by  Margaret  Stokes,  III,  478. 
^  Francisque  Michel,  Les  voyages 
merveilleux  de  saint  Brandan  à  la  re- 
cherche du  paradis  terrestre.  III,  480. 
—   Whitley  Stokes,  Three   middie- 
Irish  homilies  on  the  lives  of  Saints 
Patrick,  Brigit  and   Columba,    III, 


liidix  âlphahiti^tte. 


481.  —  Sarouel  Fergusoo,  Congal,  a 
poem  in  five  books,  III,  482.  —  John 
Stuart  Blackie,  The  language  and  11- 
terature  of  Scottish  Highiands,  III, 
484.  —  Walter  Gregor,  An  écho  of 
the  olden  time  from  the  north  of 
Scotland,  III,  488.  —  James  Miln, 
Fouilles  faites  à  Carnac,  Les  Bosseono 
et  le  mont  Saint-Michel,  III,  49).  — 
Richard  Andrée,  Ethnographisches 
Parallelen  und  Vergleiche,  III,  (oi. 
—  Wilhelm  Mannhardt,  Wald-und 
Feldkulte,  III,  502.  ~  W.-S.  Uch- 
Szyrma,  A  short  history  of  Penzance, 
S.  Michael's  mount,  S.  Yves  and  the 
Land's  End  district,  III,  $04.  —  Au- 
gust  Werner,  Bonifacius,  der  Apostel 
des  Deutschen,  III,  $04.  —  Martigny. 
Dictionnaire  des  antiquités  chrétiennes, 

III,  505.^  --  L.  de  Vairoger,  Les 
Celtes,  la  Gaule  celtique,  IV,  107.  — 
J.-G.  Bulliot  et  J.  Roidot,  La  cité 
gauloise  selon  l'histoire  et  les  tradi- 
tions, IV,  109.  —  A.  Luchaire, 
Etude  sur  les  idiomes  pyrénéens  de  la 
région  française,  IV,  1 1 1 .  —  E.  Win- 
disch,  Kurzgefassteirische  Grammatik 
mit  Lesestûcken,  IV,  112.  —  John 
Pryce,  Theancient  British  church,lV, 
114.  —  Louis  Nedelec,  Cambria  Sacra, 

IV,  114.  —  John  Rhys,  Lectures  on 
Welsh  philology,  IV,  116.  —  Edv. 
Koschwitz,  Sechs  Bearbeitungen  des 
altfranzœsischen  Gedichts  von  Karis 
des  Grossen  Reise  nach  Jérusalem  und 
Constant! nople,  IV,  117.  —  Hersart 
de  la  Villemarqué,  Poèmes  bretons  du 
moyen  âge,  IV,  1 17.  —  F.  Liebrecht, 
Zur  Volkskunde,  IV,  118.  -  Hûb- 
ner,  Citania  ;  ~  Sarmento,  Observa- 
çoes  a  Catania  do  Snr.  Doctor  Emilio 
Hûbner;  —  Fita,  Restos  de  la  decli- 
nacion  céltica  y  celtibérica  en  aigu* 
nas  lapidas  espaftolas,  IV,  279.  — 


Index  alphabiûque. 


Louis  Revon,  La  Hante-Savoie  avant 
les  Romains,  IV,  282.  —  P.-W. 
Joyce,  Old  Celtic  romances,  IV,  294. 

—  Wirt  Sikes,  British  Goblins  : 
Welsh  iolk-lore,  fairy  mythology, 
etc.,  IV,  295.  —  Edmond  Blanc, 
Epigraphie  antique  du  département 
des  Alpes-Maritimes;  —  Julien  Sa- 
caze ,  Epigraphie  de  Luchon  ;  — 
Florian  Vallentin ,  Visite  au  musée 
épigraphiquc  de  Gap,  IV,  460.  — 
Bye-Gones  relating  to  Wales  and  the 
border  counties,  IV,  463;  V,  408; 
VI,  409.  —  John  Wynne,  The  history 
of  the  Gwydir  family,  IV,  46^.— 
G.  de  la  Chenelière,  Inventaire  des 
monuments  mégalithiques  du  départe- 
ment des  Côles-Ju -Nord,  V,  132. — 
A.  Lecoy  de  la  Marche,  Saint  Martin, 
V,  134. —  H.  d'ArboisdeJubainville, 
Le  Senchus  Môr,  V,  138.—  H.  Zim- 
mcr,  Glossae  hibernicae,  V,  146.  — 
Walter  Gregor,  Notes  on  the  folklore 
of  the  north-east  of  Scotland,  V,  147. 

—  P.  Sébillot,  La  littérature  orale  de 
la  Haute-Bretagne,  V,  148.  —  Frédé- 
ric Sacher,  Bibliographie  de  la  Bre- 
tagne, V,  149.  —  J.-F.  Cerquand, 
Taranis  Lithobole,  V,  229. —  B.  Gû- 
terbock  et  R.  Thurneysen,  Indices 
glossarum  et  vocabulorum  hibernico- 
rnm,  V,  265. —  Daniel  Silvan  Evans, 
Telynegion,  ar  destunau  amrywiol,  V, 
270.  —  Adolpho  Coelho,  Revista 
d'ethnoiogia  et  de  glottologia,  V,  271 , 
409.  —  J.  Costa,  Poesia  popular 
espaSolar  y  mitologia  y  literatura 
celto-hispanas ,  V,  272.  —  John 
Evans,  L'âge  du  bronze,  Instruments, 
armes  et  ornements  de  la  Grande- 
BreUgne  et   de  l'Irlande,   V,  397. 

—  J.  Jung,  Die  romanischen  Land- 
schaftendesr(emischenReiches,V,484. 

—  Ed.  Guesty  Origines  celticae,  V, 


M* 

486.  —  N.  Moore,  A  concise  Irish 
grammar,byE.  WindiKh,  translated, 

V,  495.  —  John  Cameron,  Gaelic  na- 
mes  of  plants>  V,  496.  —  Francisque 
Michel,  A  criticat  inquiry  into  the 
Scottish  language,  V,  498.  —  A.  de 
la  Borderie,  Etudes  historiques  bre- 
tonnes :  les  deux  saints  Caradec,V,  502. 

—  G.-J.  Ascoli,  Note  irlandesi,  VI, 
121.  —  Léo  Desaivre,  Le  mythe  de 
la  mère  Lusine,  VI,  122.  —  Paul  Sé- 
billot, Gargantua  dans  les  traditions 
populaires,  VI,  124.  —  A.  de  la  Bor- 
derie, Les  véritables  prophéties  de 
Merlin,  VI,  126.  —G.  Paris,  Etudes 
sur  les  romans  de  la  Table-Ronde,  VI, 
269.  —  Donald  Macicinnon,  Celtic 
chair,  Inaugural  address,  VI,  269.  — 
A.  de  Barthélémy,  Monnaies  gauloises 
au  type  du  cavalier,  VI,  271.  —  A. 
de  Barthélémy,  Etude  sur  les  mon- 
naies gauloises  découvertes  à  Jersey  en 
1875,  VI,  271.  —  A. -F.  Lièvre, 
Restes  du  culte  des  divinités  topiques 
dans  la  Charente,  VI,  271.  —  M. 
Scarth,  Roman  Britain,  VI,  271.  — 
E.  Des  jardins.  Géographie  historique 
et  administrative  de  la  Gaule  romaine, 
t.  III;  Organisation  de  la  conquête, 

VI,  374.  ~  Germain  Bapst,  L'étain, 
VI,  377.  —  G.  Vigfusson[et  F.  York 
Powell,  Corpus  poeticum  boréale, 
VI,  379.  —  A.  de  la  Borderie,  Vie 
inédite  de  saint  Malo,  VI,  384.  — 
V.  De- Vit,  Quali  Britanni  diedero 
il  nome  air  Armorica,  VI,  393.  — 
J.  Qtticherat,  Mélanges  d'archéologie 
et  d'histoire,  VI,  401.  —  Ch.  Robert, 
Les  étrangers  à  Bordeaux,  VI,  403. 

—  B.  Robert,  Etude  critique  sur  la 
vie  et  Tœuvre  de  saint  Patrick,  VI, 
404.  —  Ch.  Geisler,  Irish  Textsfrom 
Irish  manuscripts ,  VI,  404.  ^  Kuno 
Meyer,    Eine    irische    Version    der 


i6* 


index  alphabétique. 


Alexandersage,  VI,  405-  —  E-  Win- 
disch,  EJD  mittelirisches  ICunstgedicht 
ûber  die  Geburt  des  Kœnigs  Aed 
Slane,  VI,  405.  —  E.  Windisch,  Die 
irische  Sage  Noiden  Ulad,  VI,  405. 

—  Th.  Olden,  On  the  Geography  of 
Ros  Aililhir,  VI,  406.  —  A.  de  la 
Borderie,  Etudes  historiques  bretonnes, 
VI,  410.  —  Lecoy  de  la  Marche,  Les 
manuscrits  et  les  miniatures,  VI,  41 1. 

—  Collection  Julien  Gréau,  VI,  $12.— 
LéonMaxe-Werly,  Collection  des  mo- 
numents épigraphiques  du  Barrois,  VI, 
513.—  Ed.  Flouest,  Etudes  d'ar- 
chéologie et  de  mythologie  gauloise. 
Deux  stèles  de  laraire,  VI,  513.  — 
Kuno  Meyer,  The  Cath  Finntraga  ;  or 
battle  of  Ventry,  edited  from  ms. 
Rawl.  B.  487  in  the  Bodieian  libra- 
ry,  VI,  514.  —  R.  Atkinson,  Irish 
lexicography,  VI,  $16.  —  Chants 
populaires  de  la  Haute-Bretagne,  re- 
cueillis par  un  Guérandai^  de  1809, 
VI,  516.  —  H.  Baudrillart,  Les  po- 
pulations agricoles  de  la  France; 
Normandie  et  Bretagne,  VI,  517. 

L.  Gargantua,  essai  de  mythologie 
celtique,  I,  137.  —  Esquisse  de  la 
religion  des  Gaulois,  avec  un  appen- 
dice sur  le  dieu  Encina,  IV,  1 12.  — 

—  La  religion  gauloise  et  le  gui  de 
chêne,  IV,  470. 

Oalles  (Louis-Mariel . 
Sa  mort;  notice,  11,434. 

Ckdy  (E.). 

F.  Inscription  inédite.  Le  portique 
du  temple  de  Vesunna,  déesse  tutélaire 
des  Pétrocores,  III,  265. 

Oaulle  (Charles  de). 

G.  R.  Roudaut,  Supplément  aux 
dictionnaires  "bretons,  II,  265. 


Sa  mort;  notice,  IV,  313. 

Oeisler  (Charles). 
L.  Irish  texts  from  Irish  manus- 
cripts,  VI,  404. 

Geldaxt  (G.-G.). 

Sa  mort;  notice,  III,  $07. 

Oeoitrlevski  (Alexandre). 

L.  Gally  v  epochu  Kaîa  Julia  Ce 
saria  (Les  Gaulois  au  temps  de  César), 
I,  146. 

GesUn  de  Bourgogne  (J.). 

L.  Anciens  évéchés  de  Bretagne, 
III,  289;  IV,  296  (avec  la  collaboration 
de  A.  DE  Barthélémy). 

Sa  mort;  notice,  III,  507. 

Gloses  bretonnes,  VI,  357. 

Gloses  irlandaises,  d'un  ma- 
nuscrit devienne,  1, 58;  du  manuscrit 
de  Milan,  I,  60,  par  C.  Nigr.^. 

Gluck  (Guillaume). 

Sa  mort;  notice,  VI,  521. 

Graves  (Rev.  James). 
L.  The  church  and  shrine  of  St. 
Manchan,  III,  109. 

Golleotion  Julien  Gréau.— 

Bronzes  antiques,  VI,  512  (L.). 

Gregor  (Rev.  Walter). 

L.  An  écho  of  the  olden  timefrom 
the  north  of  Scotland,  III,  488.  — 
Notes  on  the  folk-lore  of  the  North- 
east of  Scotlaod,  V,  147. 

Orignard  (Pabbé  Fr.). 

L.  Note  sur  une  divinité  gauloise  et 


index  alphabétique. 


n 


on  amulette  chrétien  découverts  à 
Laotilly  (Côte-d'Or),  V,  405. 

Ouest  (Edwin). 

L.  OriginesCeIticae,aodother  con- 
tributions to  the  history  of  Britain, 
V,  486. 

Gûterbock(B.). 

L.  Indices  glossarum  et  vocabulorum 
hiberniconim  quae  inGrammaticae  cel' 
ticae  editione  altéra  explanantur,  V, 
265  (avec  la  collaboration  de  R.  Thur- 
neysen).  —  Bemerkungen  ôber  die 
lateinischen  Lehnwœrter  im  Irischen, 

V,  489. 

Guyot-Jomard  (A.). 

Ij.  Etude  de  géographie  celtique 
suivie  d'une  esquisse  de  théogonie 
celto-hellénique,  III,  250. 

O^fTalterMechain.  Voyez  Da- 

VIES. 

Halléguen  (Eugène). 
Sa  mort;  notice,  IV,  132. 

Haug  (Ferdinand). 

L.  Die  rœmischen  Denksteine  des 
grossherzoglichen  Antiquariums  in 
Mannheim,  III,  476. 

Havet  (Louis). 

A.  Ch  breton  armoricain,  II, 
217.  (Voyez  d'Arbois  de   Jubain- 

VILLE.) 

Hennessy  (W.-M.). 

A.  The  ancient  Irish  goddess  ol 
war,  I,  32.  (Voyez  Gaidoz,  Lottner 
et  Wh.  Stores.)  —  The  baitle  of 
Cnucha,  a  médiéval  Irish  text,  with  a 
translation,  II,  86. 

Rev.  Cdt.  VU. 


L.  The  book  of  Fenagh,  carefully 
revised  and  copiously  annotated  ;  and 
done  into  English,  by  D.-H.  ICelly, 
m,  iio. 

Henry  (Pabbé). 

Sa  mort;  notice,  IV,  315. 

Héron  de  Villefoese. 
G.  R.  Gabriel  de  Mortillet,  Les 
potiers  allobroges,  IV,  289. 

Holmboe  (C.-A.). 

L.  Om  Çivaisme  i  Europa,  I,  136. 

—  Om  Vildsviintypen  paa  galliske  og 
indiske  mynter  (le  type  du  sanglier  sur 
les  monnaies  de  la  Gaule  et  de  l'Inde), 
I>  4S6. 

Homily  on  S.  Bfartin  de 
Tours  (a  middie-lrish)  edited  and 
translated  by  Wh.  Stores,  II,  381. 

Hlîbner  (E.j. 

L.  Inscriptiones  Britanniae  latinae. 

—  Inscriptiones  Britanniae christianae, 
III,  267.  —  Citania;  Alterthùmer  in 
Portugal,  IV,  279.  —  Ueber  mecha- 
nische  Copieen  von  Inschriften,  V, 
154.  —  Das  rœmische  Heer  in  Bri- 
^annien,  V,  40J. 

Hacher  (Eugène). 

A.  Légendes  des  monnaies  gau- 
loises, II,  94.  (Voyez  DE  Barthé- 
lémy.)—  Durnacos,  II,  104.  (Voyez 
d'Arbois  de  Jubaikville.) —  Sur  le 
médaillon  de  M.  Soldi,  représentant  la 
Gaule,  II,  121. 

L.  L'art  gaulois  ou  les  Gaulois 
d'après  leurs  médailles,  I,  461  ; 
deuxième  partie,  II,  255.  —  Mélanges 
de  numismatique,  II,  503.  Voyez  de 
Saulcy  et  DE  Barthélémy. 


i8 


Innés  (Cosmo). 

Sa  mort;  notice,  II,  43$ 


J.  (Ll.-G.). 

A.  Folk  medicine  in  Waies.VI,  505 . 

Jeremiah  (John). 
L.  On  Eisteddvodau  ;  their  antiquity 
and  bistoryi  III,  506. 

Johnes  (John). 

Sa  mort;  notice,  111,  296. 

Jones  (Owen). 

Sa  mort;  notice,  If,  287. 

Jones  (Robert). 

Sa  mort;  notice,  IV,  132. 

Jones  (W. -G.). 

Extraits  des  dictons  du  sage  Cadoc, 
111,419. 

Journal  ol  the  royal  and 
archseological  association  ol 
Ireland,  II,  281. 

Joyce  (P.W.). 

L.  The  origin  and  history  of  Irish 
names  of  places,  I,  160;  H,  ^oo.  — 
Oid  Ceitic  romances,  translated  from 
the  Gaelic,  IV,  294.  —  Keating's  his- 
tory of  Ireland,  edited  with  Gaelic  text, 
literal  translation,  etc.,  V,  154. 

Jting  (Julius). 

L.  Die  romanischen  Landschaften 
des  rœmischen  Reiches,  V,  484. 

Keller  (Dr.  Ferdinand). 
L.  Archaeologische  Karte  der  Ost- 
schweiz,  III,  263. 

Kelly  |D.-H.). 


Index  alphabétique, 

L.  The  book  of  Fenagh,  carcfully 
revised  and  copiously  annotated  by 
W.-M.  Henmsssy,  and  done  into  En* 
glish  by  D.  H.  Kelly,  III,  1 10. 


Kennedy  (Patrick). 
L.  The  fireside  stories  of  Ireland, 
I,  276. 
Sa  mort  ;  notice,  II,  151. 

Kerdanet  (D.-L.-O.-M.  Miorcec 
de). 
Sa  mort;  notice.  II,  436. 


(H.). 
A.   Nehalennia,  II,    10.  —  Noms 
germaniques  dans  des  inscriptions  la- 
tines du  Rhin  inférieur^  II,  1^3. 

Kerslake  (Thomas). 

L.  The  Ceit  and  the  Teuton  in 
Exeter.  —  Saint  Ewen,  Bristol,  and 
the  Welsh  border  circiter  A.  D.  757- 
926,  ni,  126.  —  A  primaev.?!  jBri- 
tish  metropolis,  with  some  notes  on 
the  ancient  topography  of  the  south- 
western  peninsula  of  Britain,  III,  291. 
—  Traces  of  the  ancient  Kingdora  of 
Damnonia  outsi'ieCornwa!l,III,  )o6. 

Kerviler  (René) . 

L.  Etude  critique  sur  la  géographie 
de  la  presqu'île  armoricaine  au  com- 
mencement et  à  la  fin  de  Toccupation 
romaine,  II,  413.  —  La  grande  ligne 
des  Mardelles  gauloises  de  la  Loire* 
Inférieure.  —  Revue  du  mouvement 
historique  et  littéraire  en  Bretagne  de 
1880  à  1882,  VI,  410. 

Klostemeubnrg  Incanta- 
tion, by  Wh.  Stokes,  II,  112. 

Knobeladorff  (Otto  von). 


Index  alphabétique. 


L.  Die  Keltischen  Bestandtheiie  in 
der  engiischen  Sprache,  I,  489. 

Kœhler  (Reinhold). 

A.  Observations  sur  le  conte  breton 
Koadalan,  I,  132.  —  Sainte Tryphine 
et  Hirlande,  I,  222.  —  Observations 
sar  le  conte  Rasbin  Coatie,  III,  367. 
Voyez  Lang.  —  Observations  sur  le 
conte  Nicht,  nought,  nothing,  III,  376. 
—  Taliesin^s  little  world,  IV,  447. 

G.  R.  J.  Leite  de  Vasconcellos; 
Estudo  ethnographico,  V,  410. 

Kosch'witz  (Dr.  Eduard). 

L.  Ueberlieferung  und  Sprache  der 
Chanson  du  voyage  de  Charlemagne  à 
Jérusalem  et  à  Constantinople,  III, 
2S7.  —  Sechs  Bearbeitungen  des  ait- 
franzcesischen  Gedichts  von  Karls  des 
grossen  Reise  nach  Jérusalem  und 
Constantinopel,  IV,  117. 

Lach-Szyrma  (W.S.). 

A.  Le  dernier  écho  de  la  langue 
comique,  III,  239. 

L.  A  short  history  of  Penzance, 
S.  Michaers  mount,  S.  Ives  and  the 
Land's  end  district,  III,  504.  —  M. 
Sebillot's  System  as  applied  to  Cor* 
nish  folklore,  V,  506. 

L.  Irish  folklore,  I,  276.  —  Le- 
gend  lays  of  Ireland,  1,  493. 

Lang  (A.). 

A.  Rasbin  Coatie,  a  Scotch  taie, 
III,  365.  —  Nicht,  nought,  nothing, 
III,  374.  (Voyez  Kœhler.) 

Iflfin  inioAn. 

L.  Emgann  Kergidu  ha  traou-all 
c'hoarvezet  e  Breiz-Izel  epad  dispac*h 
Ï79},  IV,  299. 


'9 

Lassalle  (Charles). 
L.  Origin  of  the  Western  nations 
and  languages,  VI,  127. 

Laurens.de  la  Bazre  (E.  du). 
L.    Fantômes  bretons,   —  contes, 
légendes  et  nouvell&s,  IV,  297. 

Leabhar  Breac ,  the  speckled 
book,  publi&hed  from  the  original  ma- 
nuscript  in  the  library  of  the  royal 
Irish  Academy,  III,  274. 

Lecoat  (G.). 

L.  Testa mant  nevez  hon  aotrou  hag 
bon  zalver  Jesus-Christ,  VI,  383. 

Lecoy  de  la  Marche  (A.). 
L.  Saint-Martin,  V,   134. —  Les 
manuscrits  et  la  miniature,  VI,  41 1. 

Léger  (Louis). 

A.  Une  version  tchèque  du  purga- 
toire de  saint  Patrice,  IV,  105. 

G.  R.  J.-E.  Wocel,  La  Bohême 
anté-historique,  I,  147. 

Leite  de  Vasconcellos  (J.). 

L.  Estudo  ethnographico  a  propo- 
sito  da  ornamentaçâo  dos  jugos  e 
cangas  dos  bois  nos  provincias  portu- 
guezas  do  Douro  et  Minho,  V,  410. 
—  Anuario  para  0  estudo  das  tradi- 
çôes  populaiesportuguezas,  V,  507. 

Lejean  (Guillaume). 
A.  La  poésie  populaire  en  Breta- 
gne, II,  44. 
Sa  mort  ;  notice,  I,  284. 

Le  Men  (R.  F.). 
A.  Traditions  et  superstitions  de 
la  Basse-Bretagne,  I,  226,  414.  — 
>  Noms   propres   bretons  commençant 


20 


Index  alphabétique. 


par  «  â^  >  o\x  *  ap   •,  II,    71,   507. 

L.. Etudes  historiques  sur  le  Finis- 
tère, III,  119.  —  Monographie  de  la 
cathédrale  de  Quimper,  III,  489. 

Sa  mort  ;  notice,  IV,  475. 

Iiemière  (P.-L.). 

L.  Examen  critique  des  expéditions 
gauloises  en  Italie  suivi  de  recherches 
sur  l'origine  de  la  famille  gauloise  et 
sur  les  peuples  qui  la  formcient,  II, 
2)4;  III,  2)4.  — Etude  sur  les  Celtes 
et  les  Gaulois,  II,  415;  III,  254.— 
Les  Gaulois  étrangers  à  la  race  celti- 
que, revendication  de  la  priorité  de 
cette  opinion  contre  M.  A.  Bertrand, 
IV,  469. 

Lesoour  (Jean-Pierre-Marie). 
Sa  mort;  notice,  I,  284. 

Lester  (J.-D.). 

Sa  mort;  notice,  III,  149. 

Levot  (P.;. 

A.  La  véritable  histoire  de  Bretagne 
dedom  Lobineau,  I,  436. 
L.  Daoulas  et  son  abbaye,  III,  291 . 
Sa  mort;  notice,  III,  508. 

Liebrecht  (F.). 
A.  Le  vrai  nom  de  Gargantua,  I, 
1 36.  Voyez  Gaidoz. 
G. R.  Whitley  Stokes, Togail  Troi, 

V,  398. 

L.  Zur  Voikskunde,  IV,  118. 

Uèvre  (A.-F.). 

L-  Restes  du  culte  des  divinités  to- 
piques dans  la^Charente,  VI,  271. 

Littré. 

L.  Dictionnaire  de  la  langue  fran- 
çaise, II,  126. 


Lizex*ay  (Henri;. 
L.  Le  Livre  des  quatre  mattres,  tra- 
duit en  français,  V.  ^06. 

Lombard-Dumas  (A.). 
L.  Mémoire  sur  la  céramique  anti- 
que dans  la  vallée  du  Rhône,  V,  i  $^ 

Longnon  (Auguste). 

L.  Les  cités  gallo-romaines  de  la 
Bretagne,  II,  258.  —  Géographie  de 
la  Gaule  au  \i"  siècle,  III,  472. 

Longpérier  (Adrien  de). 
Sa  mort;  notice,  V,  41 1 . 

Loth  (J.). 

A.  Poésie  bretonne,  IV,  304.  — 
Le  breton  dans  Maistre  Pathelio, 
IV,  430;  note  complémentaire,  V, 
225.  —  Les  gloses  bretonnes  d'Or- 
léans, V,  104. — Gloses  irlandaises 
et  bretonnes  inédites,  V,  467.  —  Le 
mot  gallo  (voyez  de  la  Borderie, 
Ernault,  Gaidoz  et  Sébillot),  VI, 
114. 

G.  R.  E.  Ernauft,  De  l'urgence 
d'une  exploration  philologique  en  Bre- 
tagne, III,  491.  —  Régis  de  TEstours 
beillon.  Groupement  des  population- 
de  TArmorique  d'après  la  terminaison 
des  noms  de  lieux,  V,  266.  —  V.  De- 
vit,  Dissertazioni  sui  Britanni  e  sui 
Cimbri,  V,  480.  -—  A.  delà  Borderie. 
Etudes  historiques  bretonnes,  les  deux 
saints  Caradec,  V,  501.  —  A.  de  la 
Borderie,  L'Historia  Britonum  attri- 
buée à  Nennius  et  l'Historia  Britan- 
nica avant  Geoffroy  de  Monmouth, 
VI,  1 18.  —  V.  De-Vit,  Quali  Briunni 
diedero  il  nome  ail'  Armorica,  VI, 
393.  —  Ernault, Etude  sur  le  dialecte 
breton  de  la  presqu  Ile  deBatz,  VI,  508. 

L.  Essai  sur  le  verbe  néo-celtique 


Index  aïphabéùqiu. 


21 


en  irlandais  ancien  et  dans  les  dialectes 
modernes,  son  caractère,  ses  transfor- 
mations, V,  487.  —  Vocabulaire 
ficux- breton,  avec  commentaire,  con- 
tenant toutes  les  gloses  en  vieux  breton^ 
gallois,  comique,  armoricain,  connues, 
VI,  381.  —  L'émigration  bretonne  en 
Armorique  du  v*  au  vii«  siècle  de 
notre  ère,  VI,  460. 

Lottner  (C). 

A.  Observations  sur  l'article  de 
M.  Hennessy  :  The  ancient  Irish  god- 
dess  of  war,  I,  32. 

Sa  mort  ;  notice,  II,  \\i. 

Lnce  (Siméon). 

A.  Owen  de  Galles.  III,  44).  Cf. 
p.    S12. 

Ijuchaire  (A.)- 

Ij.  Les  origines  linguistiques  de 
l'Aquitaine,  III,  468.  ^  Etudes  sur 
les  idiomes  pyrénéens  de  la  région 
française,  IV,  1 1 1 .  —  Sur  les  noms 
propres  basques,  V,  1  $4. 

Lucke. 

L.  Grammaire  des  dialectes  celti- 
ques dans  ses  rapports  avec  la  langue 
française,  III,  290. 

The  Luxembourg  folio,  by 

John  Rhys,  I,  348. 

Lozel  (F.-M.). 

A.  Contes  populaires  des  Bretons 
armoricains:  Koadalan.  (Dialecte  de 
Tréguier),!,  106.  —  Poésie  :  la  mère 
malaie,  I,  288.  —  Chansonnette  bre- 
tonne, II,  24s.  —  Contes  populaires: 
La  femme  du  soleil  —  La  femme  du 
trépas  —  Le  prince  turc  Frimelgus — 
L.e  château  vert,  II,  289.  —  Yves  Ca- 
mus, chanson  populaire,  II,  495.  — 


Formules  initiales  et  finales  des  con- 
teurs en  Basse-Bretagne,  III,  336.  ~ 
Contes  populaires  des  Bretons  armori- 
cains: L'homme  juste,  III,  379.  —  Une 
représentation  de  sainte  Tryphine,  III, 
386.  —  L'arc-en-ciel,  Ilf,  450.  —  La 
lune,  III,  4p.  —  Les  contes  popu- 
laires de  la  Haute-Bretagne,  IV,  429. 

G.  R.  E.  du  Laurens  de  la  Barre, 
Fantômes  bretons,  IV,  297. 

L.  Rapports  dans  les  archives  des 
missions  scientifiques  et  littéraires,  I, 
49s.  —  Gwerziou  Breiz  Izel,  chants 
populaires  de  la  Basse-Bretagne,  re- 
cueillis et  traduits,  II,  268.  —  Veil- 
lées bretonnes,  mœurs,  chants,  contes 
et  récits  populaires  des  Bretons  armo- 
ricains, IV,  123.  —  Légendes  chré- 
tiennes de  la  Basse-Bretagne,  V,  408. 

Mac  Goy  (Rev.  Edward). 
L.  Miscellaneous  poems  translated 
into  Gaedhiic,  I,  277. 

Macgnixnartha  Find,  edited 
by  KuNO  Meyer,  V,  195. 

Mac  Haie  (Jean). 

Sa  mort  ;  notice,  V,  276. 

Mackinnon  (Donald). 
L.  Celtic  chair.  Inaugural  address, 
VI,  270. 

Maine  (Henry  Sumner). 

L.  Lectures  on  the  early  history  0^ 
institutions,  II,  499.  —  Le  même,  tra- 
duit de  l'anglais  par  M.  Durieu  de 
Leyritz  et  précédé  d'une  introduction 
de  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  VL 
127. 

Maissiat  (Jacques). 
Sa  mort  ;  notice,  III,  509. 


22 


Index  alphabétique^ 


Mannhardt  (Wilhelm). 

L.  Der  Baumkultus  der  Germanen 
und  ihrer  Nachbarstxmme,  IH,  120. 
-~  Antike  Wald-  und  Feldkulte  III, 
502. 

Mannmissions  (The)  in  the 
Bodxnin  gospels,  by  Wh.  Sto- 
res, ï,  332. 

Manumissions  in  the  Leo- 
Iric  Missal,  by  F.-E.  Warren, 


Martigny  (l'abbé), 
L.    Dictionnaire     des 
chrétiennes,  III,  505. 


antiquités 


Martin  (Henri). 
L.  Etudes  d'archéologie  celtique,  h 
464. 
Sa  mort  ;  notice,  VI,  272. 

Masson  (Donald). 

L.  Vestigia  celtica,  V,  506. 

Maxe-Werly  (Léon). 
L.  Collection  des  monuments  épi- 
graphiques  du  Barrois,  VI,  513. 

Mehlis  ^C). 

L.  Der  Rhein  und  der  Strom  der 
Cultur  in  Kelten-  und  Roemerzeit,  III, 

47S- 

Môlusine,  revue  de  mythologie, 
littérature  populaire,  traditions  et 
usages,  dirigée  par  H.  Gaidoz  et  E. 
Rolland,  III,  497;  VI,  391. 

Mémoires  de  la  société  des 
Antiquaires  de  France,   II, 

137, 283;  m,  131. 


Mémoires  de  la  Société  de 
linguistique  de  Paris,  II,  1 39, 

282. 

Mené  (J. -M.  Le). 

L.  Société  polymathique  du  Mor- 
bihan, catalogue  du  musée  archéolo- 
gique, V,  273. 

Meyer  (Hugo). 

L.  Abhandiung  ûber  Roland,  I, 
136. 

Meyer  (Kuno). 

A.  Macgnimartha  Find,  V,  19^) 
)o8.  —  Anecdota  from  the  Stowe 
Ms.  n"  992  :  The  conception  of  Con- 
chobur  ;  —  The  combat  of  Cuchu- 
laind  with  Senbecc  ;  —  Oisin  the  son 
of  Fin»,  sang,  VI,  173.  —  Addenda 
to  M.  de  Jubainville's  Catalogue  de  la 
littérature  épique  de  l'Irlande,  VI, 
187. 

L.  Eine  irische  Version  der  Alexan- 
dersage,  VI,  40$.  —The  Cath  Finn- 
traga,  or  Battle  of  Ventry,  edited  from 
ms.  Rawl.  B.  487,  in  the  Bodteian  li- 
brary,  VI,  s>4- 

Michel  (Francisque). 

L.  Les  voyages  merveilleux  de  saint 
Brandan  à  la  recherche  du  paradis  ter- 
restre, légende  en  vers  du  xn*  siècle, 
III,  480.  —  A  critical  inquiry  into 
the  Scottish  language ,  with  the 
view  of  illustrating  the  rise  and  pro- 
gress  of  civilization  in  Scotlaod,  V, 
498. 

Milin  (G.). 

A.  Poésie  bretonne,  IV,  307. 

Miller  (Anhur-W.-K.). 
A..0  Clery*s  Irish  glossary,  edited 


Indexa  Iphabitiqne. 


and  traoslated,  IV,  349,  479;  V,  i. 

MUn  (James). 

L.  Fouilles  faites  à  Carnac  (Mor- 
bihan) —  Les  Bossenno  et  le  mont 
Saint-Michel,  MI,  495. 

Sa  mort  ;  notice,  V,  276. 

Monnaies  gauloises  (Lé- 
gendes de)^  par  A.  de  Barthélémy, 
I,  291;  ni,  249. 

Moore  (Norman). 

L.  A  concise  Irish  grammar,  by  E. 
Windisch,  translated  iirom  the  Ger- 
iiiaii,V,  49$. 

Morin  (Eugène). 

Sa  mort  ;  notice,  III,  507. 

M ortiUet  (Gabriel  de). 

II.  Les  potiers  aliobroges.  Métho- 
des des  sciences  naturelles  appliquées 
â  Tarchéologie,  IV,  289. 

Mottay  (Joachim  du). 
Sa  mort  :  notice,  VI,  272. 

MoiTvat  (R.). 

A.  Le  duel  dans  la  déclinaison  gau- 
loise, à  propos  d'un  nouvel  exemple 
du  mot  vergobretus,  V,  121. —  Gloses 
bretonnes,  Vï,  js?- 

G.  R.  E.  Desjardins,  Géographie 
historique  et  administrative  de  la 
Gaule  romaine,  tome  premier,  III, 
257.  —  E.  Galy,  Inscription  inédite. 
Le  portique  du  temple  de  Vésanna, 
III,  265. 

L.  Etudes  philologiques  sur  les  ins- 
criptions gallo-romaines  de  Rennes  — 
L»e  nom  de  peuple  t  Redonts  1, 1,  272. 
—  Etude  sur  l'inscription  itinéraire  de 
Saint-Christophe,  II,  2^7. 


^3 

MtkUer  (Eduard). 

A.  Two  Irish  taies  :  The  dream  0^ 
Oengus;  The  history  of  Ailell  an<i 
Etain,  III,  542. 

G.  R.  Standish  O'Grady,  History 
of  Ireland,  III,  476. 

MtUler  (Max). 

A.  The  name  of  the  Danube,  I,  135. 

Mttntz  (Eugène). 

A.  Recherches  sur  l'origine  des  or- 
nements connus  sous  le  nom  d'entre- 
lacs, III,  243. 

Murray  (James  A.-H  ). 
A.  Présent  limits  of  the  Celtic  tan- 
guage  inScotland,  II,  178. 

Napier  (James). 

L.  Folk-lore,  or  superstitions  be- 
liefs  in  the  west  of  Scotland  within 
this  century,  IV,  123. 

Napoléon  III. 

Sa  mort  ;  notice,  II,  \2\. 

Nedeleo  (Louis). 

L.  Cambria  sacra,  or  the  history  of 
the  early  Cambro-British  Christians, 
IV.  114. 

Nicholas  (Thomas). 
Sa  mort  ;  notice,  IV,  132. 

Nigra  (G.). 

A.  Un  manuscrit  irlandais  de 
Vienne,  I,  58.  —  Gloses  irlandaises 
du  manuscrit  de  Milan,  I,  60.  —  Les 
gloses  irlandaises  du  manuscrit  de 
Berne,  II,  446. 

G.  R.  Zeuss-Ebel,  Grammatica 
celtica,  I,  148.  —  Whitley  Stokes, 
Goidelica,  I,  504. 


M 


Index  dphahitiqm. 


L.  Reliquie  Celtiche,  I,  477. 

Noms  gaulolB  tirés  des  inscrip- 
tionsy  par  le  général  Creuly,  III,  1  Hi 
297. 

Norris  (Edwin). 

Sa  mort;  notice,  II,  151. 

Nutt(A.). 

L.  The  Aryan  expulsion  and  retum- 
formula  in  the  folk  and  hero  taies  of 
the  Celts,  V,  275. 

O'  Beime  GroiTire  (Jean), 
Sa  mort;  notice,  III,  147. 

O'Glery. 

Irish  glossary,  edited  and  translated 
byA.-W.-K.  Miller,  17,349,479; 
V,  I. 

O'Gurry. 

L.  On  the  Manners  and  Customs  of 
the  ancient  Irish  edited  by  W.  K. 
Sullivan,  II,  260;  III,  90. 

O'Grady  (Standish). 
L.  History  of  Ireland,  The  heroic 
period,  III,  476. 

O'Hanlon  (Rev.  John). 

L.  Lives  of  the  Irish  saints,  III, 

Old-Breton  glosses  by  Wh. 

Stokes,  VI,  324. 

Olden  (Thomas). 
L.  On  the  geography  of  Ros  Aili- 
thir,  VI,  406. 

O'Longan  (Joseph). 
Sa  mort  ;  notice,  IV,  316. 


Palliser  (Mrs.  Bnry). 

L.  Brittany  and  its  byways,  1, 283. 

Paris  (Gaston). 

G.  R.  William  Bottrell,  TraditioDs 
and  hearthside  stories  of  west  Cora- 
wall,  I,  483. 

L.  Articles  publiés  dans  la  Românu^ 
VI,  269.  —  Voy.  DiEz. 

Parthey  (Gustave). 
L.  Dicuiii  liber  de  mensura  orbis 
terrae,  I,  161. 

Patterson  (W.H.). 

L.  On  some  ancient  sepalchral 
slabs  in  the  countiesof  Down,  Antrim 
and  Donegai,  III,  290. 

Perrot  (G.). 

A.  De  la  disparition  de  la  tangue 
gauloise  en  Galatie,  I,  179. 

L.  De  Galatia  provincia  romana, 
thèse,  I,  14$.  —  Mémoires  d'archéo- 
logie, d'épigraphie  et  d'histoire,  III, 
11$. 

Peter  (John). 

L.  Welsh  phonology,  I,  203. 

Sa  mort ,  notice,  III,  29$. 

Pétrie  (G.). 

L.  Christian  inscriptions  in  the 
Irish  language  with  notes  by  W.  Ree- 

VES,  I,  177. 

Pichler  (Dr.  Friedrich). 

L.  Die  Keltischen  Namen  der  rœ- 
mischen  Inschrifsteine  Kaerntens,  H, 
124. 

Pictet  (Adolphe). 
A.  La  racine  c  dru  i  dans  le^ 
I  noms  celtiques  des  rivières,  I,  299.— 


Index  alphabétijiu. 


25 


Oe  quelques  noms  celtiques  de  rivièirs 
qui  se  lient  au  culte  des  eaux,  II»  1 . 
—  Une  énigme  d'onomastique  fluviale, 

»,  437- 
Sa  mort;  notice,  III,  149. 

Pirenne  (Henri). 

L.  Sedulius  de  Liège,  V,  406. 

Plummer  (Ch.)- 
A.  The  conversion  of  Loegaire  and 
hisdeath,  VI,  162. 

Poggi(Vittorio). 

L.  Contribuzioni  allô  studio  délia 
epigrafia  etnisca,  V,  228.  — Diuna 
iscrizJone  gallo-latina  délia  Cisalpina, 

V,  405. 

PoweU(F.York). 

L.Corpus  poeticum  boréale,  the  poe- 
try  of  the  old  Northern  tongue,  VI,  3  79 
(en  collaboration  avec  G.  Vicfusson)  . 

Pcr^irel  (Thomas). 

G.  R.  Ysten  Sioned,  V,  soo. 

Prose  de  eaint  CSolnmba, 

publiée  par  Ch.  Cuissard,  V,  20$.  Cf. 
p.  596  et  507. 

ProQX  (Prosper). 

Sa  mort;  notice,  H,  152. 


(John). 

Ij.  The  ancient  British  church,  a 
historical  essay,  IV,  114. 

Proverbes  et  diotons  de 
la  Basse-Bretagne,  recueillis  et 
traduits  par  L.-F.  Sauvé,  I,  24),  400; 
II,  78,  218,  362;  III,  60,  192. 

Pughe  (John). 

Sa  mort;  notice,  II,  434. 


Qnellien  (N.). 
A.  Gouspero  ar  raned,  VI,  500. 
L.  Annaîk,  poésies  bretonnes,  IV, 
299. 

Quioherat  (Jules). 
L.  Mélanges  d'archéologie  et  d'his- 
toire, VI,  401. 

Ll.R. 

L.  Folk  medicine  in  Wales,  VI, 
(06. 

Rambaud  (Alfred). 

L.  La  Russie  épique,  III,  124. 

Rees  (Thomas) . 

Sa  mort;  notice,  VI,  415. 

Rees  (William). 

Sa  mort;  notice,  II,  152. 

Reeves  (W.). 
Voyez  Pétrie. 

Regnauld  (P.)- 

G.  R.  Mélusine,  recueil  de  mytho- 
logie, littérature  populaire,  traditions, 
usages,  in,  497. 

Renan  (Ernest). 

A.  Sur  rétymologie  du  nom  d'Abé- 
lard,  I,  265.  —  Tréguier^  extrait  des 
Souvenirs  d'enfance  et  de  jeunesse, 
III,  138.  —  Lettre-préface  i  l'An- 
naîk  de  M.  (^uellien,  IV,  299. 

RévUle  (Albert). 
A.  Un  autel  de  Nehalennia  trouvé 
près  de  Dombourg  (Zélande),  II,  18. 

Revon  (Louis). 

L.  Inscriptions  ntîqnes  de  la 
Haute-Savoie,  I,  271. 


26  Index  aifkcàfénfu. 

Revue    archéologique,    I,  |      Robert  (Benjamin). 


496;ll,ij8,  284,426;  III,  ijj;  VI, 
411. 

Revue  de  Bretagne  et  de 
Vendée,  III»  393. 

Revue  de  France,  II,  287. 

Revue  de  rinstruction  pu- 
blique en  Belgique,  III,  1 37. 

Revue  politique  et  litté- 
raire, II,  140. 

Revue  des  questions  histo- 
riques, I,  49$  ;  II,  287. 

Revue    des    sociétés    sa- 
vantes des  départements,  II, 

28s,  427;   "I.  »J2. 

Rhys  (John). 

A.  The  Luxembourg  folio,  I,  346, 
503  ;  II,  119.  —  Etymological  scraps, 

II,  lis,  iSS;  III,  86.  —  The  loss  of 
Indo-european  p  in  the  Celtic  la  li- 
gnages, II,  321;  III,  88.  —  Notes  on 
the  language  of  old  Welsh  poetry,  VI, 

'4- 
G.  R.  E.  Koschwitz,  Ueberiiefe- 

rung  und  Sprache  der  Chanson  du 

voyage  de  Charlemagne  à  Jérusalem  et 

ï  Constantinople,  III,  287.  —  E.Win- 

disch,  Keltische  Sprachen,  VI,  395. 

L.    Lectures  on  Welsh  philology, 

III,  280;  second  édition,  revised  and 
enlarged,  IV,  116. 

Richards  (Briniey). 
Sa  mort;  notice,  VI,  s 24. 

Ring  (Maximilien  de). 
Sa  mort  ;  notice,  II,  151. 


L.  Etude  critique  sur  la  vie  et 
l'œuvre  de  saint  Patrick,  VI,  404. 

Robert  (P.-Charies). 

A.  Sirona,  IV,  133  ;  note  complé- 
mentaire, IV,  265  ;  erratum,  IV,  479. 

L.  Epigraphie  gatlo-romaine  deb 
Moselle,  II,  123.  —  Numismatique  de 
la  province  du  Languedoc,  période  an- 
tique, III,  260.  —  Etude  sur  quel- 
ques inscriptions  antiques  du  musée 
de  Bordeaux,  IV,  122.  —  Description 
raisonnée  de  la  collection  de  M.  P. 
Ch.  Robert,  V,  133.  —  Les  étrangers 
à  Bordeaux,  VI,  404.  —  Examen 
d'un  trésor  de  monnaies  gauloises  entré 
au  musée  de  Saint-Germain,  VI,  404- 

Roberts  (Askew). 

L.  Bye-Gones  relating  to  Wales 
and  the  border  counties,  IV,  463  ;  V, 
408;  VI,  409. 

Sa  mort  ;  notice,  VI,  413. 

Robertson(E.-W.). 

Sa  mort;  notice.  II,  434. 

Roget  de  Belloguet. 

L.  Glossaire  gaulois,  I,  457.  — 
Ethnogénie  gauloise  :  les  Cimnériens, 
II,  122.  —  Ethnogénie  gauloise: 
types  ganlois  et  celto-bretons,  II. 
416. 

Sa  mort;  notice,  I,  494. 

Roidot(J.). 

L.  La  cité  gauloise  selon  Thistoire 
et  les  traditions,  IV,  109  (avec  la  col- 
laboration de  M.  Bulliot). 

Rolland  (E.). 

G.  R.  Lucien  Adam,  Les  patois 
lorrains,  V,  150. 


Index  alphahétiqttt. 


^7 


L.  Faune  populaire  de  la  France, 
noms  vulgaires,  dictons,  proverbes, 
légendes,  contes  et  superstitions,  IV, 
'23,  47»  ;  V,  275,  411,  506.  —  Al- 
manach  des  traditions  populaires,  V, 
nu  $06. 

Romania,!!,  138, 283;  III,  i)i. 

RopartK  (Sigismond). 
Sa  mort  ;  notice,  III,  509. 

Rosenzweig  (Théophile). 
Sa  mort;  notice,  VI,  413. 

Rondaut  (l'abbé). 

L.  Supplément  aux  dictionnaires 
bretons.  Etude  récréative  et  sérieuse, 
II,  265. 

Rowlands  (W.). 
L.    Llyfryddiaeth  y  cymry  (biblio- 
graphie  galloise),  I,  281. 

RneUe(Ch.-Em.). 
II.  Bibliographie  générale  des  Gau- 
•cs,  IV,  301  ;  V,405;  VI,  403. 


(Julien). 
II.    Epigraphie    de    Luchon,    IV, 
460. 

Sacher  (Frédéric). 
II.   Bibliographie  de  la  Bretagne, 
V,  149- 

Saglio(Edm.). 

II.  Voyez  Daremberg. 

Saint-Ajrmour  (Amédée  de 
Caix  de) . 

II.  Note  sur  un  temple  romain  dé* 
couvert  dans  la  forêt  d'Halatte,  II, 
417.  —  Etudes  sur  quelques  monu-  j  irischen.  V,  489. 


ments  mégalithiques  de  la  vallée  de 
rOise,  II,  502. 

Sauloy  (F.  de). 

L.  Lettres  à  M.  A.  de  Longpérîer 
sur  la  numismatique  gauloise,  i^  463. 
•—Mélanges de  numismatique,  II,  ^O}. 
Voyez  De  Barthélémy  et  Hucher. 

Sa  mort;  notice,  IV,  476. 

Sau8say6  (De  la). 
Sa  mort  ;  notice,  III,  S09. 

Sauvé  (L..F.). 

A.  Proverbes  et  dictons  de  la  Basse- 
Bretagne,  1,  243,  400;  II,  78,  218, 
362  ;  III,  60,  192.  —  Tableaux  ex- 
posés dans  les  églises  bretonnes,  III, 
246.  —  Devinettes  bretonnes,  IV,  60. 
—  Formulettes  et  traditions  diverses 
de  la  Basse-Bretagne,  V,  157.  — 
Charmes,  oraisons  et  conjurations  ma- 
giques de  la  Basse-Bretagne,  VI,  67. 
^  Traditions  populaires  de  la  Basse- 
Bretagne.  Intersignes  et  présages  de 
mort,  VI,  49$. 

L.  Proverbes  et  dictons  delà  Basse- 
Bretagne,  III,  496. 

Sazton  (Charles  Waring). 
L.  Libérien  hag  Avieleu,  i,  278. 
En  collaboration  avec  Terrien. 

Soarth  (H.M.). 

L.  Roman  Britain,  VI,  271. 

Scéla  Ailill  ocus  Etaine, 

edited  and  translated  by  E.  Mûller, 
III,  3  $0. 

Schuchardt  (Hugo). 
A.  Zimmeriana,  V,  394. 
G.  R.  G.  Gûterbock,  Bemerkungen 
ûber  die  lateinischen  Lehnwœrter  ira 


2& 


Index  alphabitiqtte. 


Schnermans. 

L.  L'inscriptioD  de  Hoeyiaert,  dans 
le  Bulletin  des  commissions  royales 
d'art  et  d'archéologie,  I,  494. 

Scottish  Geltic  RevieiTv,  V, 

406. 

SébiUot  (Paul). 

A.  Les  langues  celtiques  dans  les 
Iles-Britanniques  et  en  France,  IV, 
277.  —  Bibliographie  des  traditions 
et  de  la  littérature  populaire  de  la 
Bretagne,  V,  277  (avec  la  collabora- 
tion de  H.  Gaidoz).  —  Gallo  ou  gai' 
lot,  V,  473.  Voyez  de  la  Borderie, 
Ernault,  Gaidoz  et  Loth.)  —  For- 
mules initiales,  intercalaires  et  finales 
des  conteurs  en  Haute-Bretagne,VI,62. 

L.  Notice  sur  les  limites  du  breton 
et  du  français,  IV,  128.  —  La  litté- 
rature orale  de  la  Haute-Bretagne,  V, 
148.  —  Traditions  et  superstitions  de 
la  Haute-Bretagne,  V,  408.  —  Contes 
populaires  de  la  Haute-  Bretagne,  V, 
409.  —  Gargantua  dans  les  traditions 
populaires,  VI,  124. 

Shearman  (Rev.  J.-F.). 

A.  The  Killeen  Cormac  stone  again, 

Sikes. 

L.  British  goblins  :  Weish  folk-lore, 
fairy  mythology,  legends  and  tradi- 
tions, IV,  29). 

Simpson  (James- Y.). 
L.  Archaelogical  essays,  edited  by 
John  Stuart,  III,  272. 

Société  anthropologique 
de  Graz,  IV,  470. 


SpurreU  (William). 

L.  Gramadeg  0  iaith  y  Cymry,  a 
grammar  of  the  Welsh  language,  !, 
280. 

Starck  (François). 

Sa  mort;  notice,  IV,  316. 

Stephéns  (Thomas). 

L.  The  literature  of  thc  Kymry 
edited  by  the  Rev.  D.  S.  Evans,  with 
a  life  of  the  aulhor,  by  B.  T.  Wa- 
LiAMs,  III,  112.  —  Le  Madoc  de  Ste- 
phens,  publié  par  M.  Llywarch  Rey- 
nolds, VI,  507. 

Sa  mort  ;  notice,  II,  436. 

Stokes  (Mademoiselle). 

L.  Miniatures  irlandaises,  I,  274. 

Stokes  (Whitley). 

A.  Mythological  notes  :  The  Lu- 
chorpàn;  The  Rosualt;  Names  for 
c  God  >  ;  Cenn  Cruaich  ;  Spirits  spea- 
king  from  weapons;  The  buil-feast; 
Man  octipartite,  I,  256;  Labraid  lorc 
and  his  ears  ;  Cred's  pregnancy  ;  Soûls 
in  form  of  birds;  Human  sacrifice; 
Waves;  Lycanthropy,  II,  197,  cf. 
507;  Magonia;  The  Hrungnir-saga, 
VI,  267.  — The  manumissions  in  thc 
Bodmin  gospels,  1, 352.  —  Le(]atho- 
licon  de  J.  Lagadeuc,  collation  du 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale. I,  595.  Voyez  Gaidoz.  —  Thc 
KIosterneuburg  incantation,  II,  H2. 
—  A  middie-lrish  homilyon  S.  Mar- 
tin of  Tours,  II,  381.  —  A  conjec- 
tural emendation  ofPliny,  II,  407.— 
The  ancient  Irish  goddess  of  war. 
corrections  and  additions,  II,  489.  — 
On  the  Celtic  comparisons  in  Bopp's 
comparative  grammar,    III,   31-  — 


index  alphabétique. 


Cornica  :  Durdala,  Dursona;    Cor- 
nish  in  the  Vatican  ;  A  Cornish  life  of 
S.  Columba,  III,  85  ;  The  fragments 
of  a  Drama;  Cornish  phrases;  Poli, 
poly,  IV,  258.  ~  Cuchulainn'sdealh, 
abridged  from  the  book  of  Leinster,  III, 
175.  —  On  the  Gaelic  names  in  the 
LandnâmabÔk  and  Ru  nie  inscriptions, 
III,  186.  —  A  parallel,  III,  443  (I^ 
bar  Brecc,  p.   63  b;  Kathâ-sarit-sâ- 
gara).  —   Tidings  of  doomsday,  an 
early  middle-Irish  homily,  edited  and 
translated,IV,  24$,  479.—  OldBreton 
glosses,  IV,  324.  —  Four  new  Gaulish 
inscriptions,  V,   116.  —  On  the  ca- 
lendar  of  Oengus,  V,  339.    —  Irish 
folk-lore,  V,  391.  —  Anoiher  parallel 
(Lebar  Brecc,  p.  32  b;  Abinishkru- 
mana  sûtra),  V,  393.  —  Addenda  et 
corrigenda  du  Togail  Troi,  V,  401. 
—  Extracts  irom  the  franciscan  Li- 
ber hymnorum,  VI,  264.  —  On  the 
mètre  Rinnard,  and  the  calendar  of 
Oengus  as  illustrating  the  Irish  verbal 
accent,  VI,  273.  —  On  Irish  melric, 
VI,  298.  —  Remarks  on  Mr.  Filzgc- 
rald's  «  Early  Celtic  history  and  my- 
thology»,  VI,  3s8. 

G.  R.  E.  Windisch,  Verlust  und 
Auflreten  der  p  in  den  celtischen 
Sprachen,  II,  408.  —  E.  O'Curry, 
On  the  manners  and  customs  of  the 
ancient  Irish,  edited  by  W.-K.  Sulli- 
van, III,  90.  —  Leabhar  Breac, 
Part  I,  III,  274.  —  Vittorio  Poggi, 
Contribuzioni  allô  studio  dclla  epi- 
grafia  etrusca,  V,  228.  —  E.  Win- 
disch, Irische  Texte,  V,  230,  507. — 
H.  Zimmer,  Keltische  Studien,  erstes 
Heft,V,25s. 

L.  The  life  of  saint  Meriasek,  a 
Cornish  drama,  I,  486.  —  Goidelica, 
I,  504.  —  Lettre  sur  la  publication 
du  Livre  de  Leinster,  II,  429;  III, 


29 

• 

141.  —  Remarks  on  the  facsimiles 
published  by  the  Royal  Irish  Academy , 
III,  1 42 .—  Middie-Breton  hours,  edited 
with  a  translation  and  glossarial  index, 
III,  285.  — Three  middle-Irish  homi- 
lies  on  the  lives  of  saints  Patrick, 
Brigit  and  Columba,  III,  481.  —  The 
Irish  passages  in  the  Stowe  roissal, 
V,  145.  —  Togail  Troi,  the  destruc- 
tion of  Troy  transcribed  from  the  fac- 
similé  of  the  book  of  Leinster  and 
translated,  with  a  glossarial  index, 
V,  398. 

Stokes  (Dr.  V^illiam). 
Inaugural  address  delivered  before 
the  royal  Irish  Academy,  II,  417. 
Sa  mort;  notice,  III,  508. 

Stuart  (John).  Voyez  Simpson. 
Sa  mort;  notice,  III,  $07. 

Stuart  Glennie  (J.-S.). 
L.  Arthurian  localities,  I,  162. 

Studien  zur  griechisohen 
und  lateinischen  Gramma- 

tik,  II,  425. 

Superstitions  de  la  Basse- 
Bretagne   au  XVII«  sièole, 

extrait  de  La  vie  de  Monsieur  le  No- 
bletz,  prestre  et  missionnaire  de  Bre. 
tagne,  II,  484. 

Terrien  (Chnstoll). 

L.  Libérien  hag  Avideu,  I,  278} 
(en  collaboration  avec  Ch.  Warin 
Saxton). 

Thierry  (Amédée). 
Sa  mort  ;  notice,  II,  151. 


ÎO 


Index  alphabétiqiu. 


Thomas  (R.-D.). 

L.  Hancs  Cymry  America  (his- 
toire des  Gallois  d'Amérique),  I, 
490. 

Thuriet  (Ch.). 

L.  Traditions  populaires  de  Tar- 
rondissement  de  Poligny,  III,  126. 

Thame3r8en  (R.)- 

A.  Irische  Misceiten  :  Die  Sigen 
SatuirninTogail  Troi  ;  Fritammior-sa, 
VI,  91.  —  Sallair  na  rann,  VI,  96, 
jyi.  —  L'accentuation  de  l'ancien 
verbe  irlandais,  VI,  129.  --  Zur  iris- 
chen  Accent-  und  Vcrslehre,  VI,  309, 
—  Un  second  futur  irlandais  en  -rr. 
VI,  371. 

L.  Indices  giossarum  et  vocabulo- 
rum  hibernicorum  quae  in  Gramma- 
ticae  cetticae  editione  altéra  expla- 
nantur,  V,  26^  (avec  la  collaboration 
de  M.  GiJTERBOGK).  —  Kelloromanis- 
ches,  die  Keltischen  Etymologien  im 
Etymologischen  Wœrlerbuch  der  ro- 
manischen  Sprachen,  von  Diez,  VI» 
388.  —  Altirische  und  brittische 
Wœrter  in  einer  Sortes-Sammiung 
der  mùnchener  Bibliotek,  VI,  406. 


(Cbarks). 

A.  Un  opuscule  grammatical   de 
Sedulius,  I,  264. 

Tldings  of  Doomsday,   an 

early  niiddle-Irish  homily,  edited  and 
translated  by  Wh.  Stokes,  IV,  245, 

479. 

Todd  (J.-H). 

Sa  mort;  notice,  I,  167. 

Traethodydd  (Y),  I,  49^;  H 
136,  281. 


i  TranflactionB  oî  tha  Oae-. 
lie  Society  of  Invemess,  II, 

41s;  m,  III,  487;  IV,  47j;  VI. 
408. 

Transaotloiis  of  the  Pbilo- 
logical  Society,  II,  282. 

Troude  (Emmanuel). 
Sa  mort;  notice,  VI,  pj. 

Unger  (F.-W.). 
A.    La   miniature  irlandaise,  soa 
origine  et  son  développement,  I,  9. 

Vallentin  (Florian). 

A.  Les  dieux  de  la  cité  des  Allô- 
broges,  IV,  i  ;  note  additionnelle,  IV, 
44$.  ~  Mercurius  finitimus,  IV,  444. 

L.  Essai  sur  les  divinités  indigètes 
du  Vocontium  diaprés  les  monuments 
épigraphiques,  IV,  122.  —  Le  culic 
de  Matrae  dans  la  cité  des  Voconces, 
d'après  les  monuments  épigraphiques, 
IV,  300.  —  Visite  au  musée  épigra- 
phique  de  Gap,  IV,  460.  —  Les 
Alpes  cottiennes  et  graies,  géographie 
gallo-romaine.  V,  502. 

Yalroger  (L.  de). 

L.  Les  Cefto,  la  GMe  cetbqae, 

IV, 107. 


Vie  de  saint  Paul  de 
en  Bretagne,  d'après  un  manuscrit 
de  Fleury-sur-Loire,  conservé  à  la  Bi. 
bliothèque  publique  d'Orléans,  publiée 
par  Ch.  Cuissard,  V,  413. 

Vigfusson. 

Ij.   Corpus  pœticum  boréale  (eo 
collaboration  avec  F.  York  Poweu), 

I  VI,379. 


Index  alphabétique. 


Villemarc[aé|Hersart  de  la). 
L.  Poèmes  bretons  du  moyen  âge, 
avec  un  glossaire-index,  IV,  117. 

Vingtrliiier  (Aimé). 
L.    La   statuette  d'Oyonnax,  IV, 
470. 

Warren(Rev.  F.  E.). 

A.  Manumissions  in  the  Leofric 
Missal,  V,  213. 

L.  The  liturgy  and  ritual  of  the 
Celtic  church,  V,  139. 

Wattenbaoh  (W.). 

A.  Sur  un  évangéliaire  à  miniatures 
d'origine  irlandaise,  dans  la  biblio- 
thèque princière  d'Oellingen-Waller- 
stein,  I,  27.  —  Un  autographe  de 
Marianus  Scottus,  I,  262. 

Way  (Albert). 

Sa  mort;  notice,  II,  287. 

Wemer  (August).  I 

L.    Bonifacius,    der  Apostel    des 

Deutschen,  und  die  Roraanisierung  von 

Mittel-Europa,  III,  504. 

^VTheatley  (B.) 

L.  Merlin  or  the  early  history  of 
King  Arthur,  I,  162. 


^Wilde  (William). 

Sa  mort;  notice,  lïl,  151. 

Williams  (Jane). 

Sa  mort;  notice,  VI,  ^25. 

'V^illiams  (Robert). 
Sa  mort;  notice,  V,  156. 

'Windisoh  (Ernst). 
A.  L'ancienne  légende   irlandaise 
et   les   poésies   ossianiques,   V,   70. 


—  Notes  sur  des  textes  irlandais  : 
Texte  et  traduction  du  poème  publié 
dans  les  Irische  Texte  (I,  317),  V, 
128;  Strophes  de  TEchtra  Condia, 
389,  478.  —  Der  irische  Artikel,  V, 
461. 

L.  Voyez  Curtius  (Georg).  — 
Verlust  und  Auftreten  der  p  in  den 
cellischen  Sprachen,  If,  408. —  Kurz- 
gefasste  irische  Grammatik,  mit  Le- 
sestûcken,  IV,  112.  —  Irische  Texte 
mit  Wœrterbuch,  V,  230.  —  Ein 
mittelirisches  Kunstgedicht  ûber  die 
Geburt  des  Kœnigs  Aed  Slâne,  mit 
Beitraegen  zur  irischen  Metrik,  VI, 
40s.  —  Die  irische  Sage  NoidenUlad, 
VI,  39 S-  —  Keltische  Sprachen,  VI, 
40  j. 

Wocel  (Jean-Erasme). 
L.  Pravek  Zeme  Czeske  (La  Bo- 
hème anté-historique),  I,  147. 
Sa  mort  ;  notice,  I,  494. 

Wright  (Thomas). 
Sa  mort;  notice,  III,  ^08. 

Wjrnne  (Edward). 

Sa  mort  ;  notice,  IV,  47  c. 

W3mne  (John). 
L.  The  history  of  the  Gwydir  fa- 
mily,  IV,  464. 

Ysted  Sioned,  V,  ^00. 

ZeiUchrilt    lOr    -verglei- 
chende  Sprachforschung,  II, 

14»,  423;  ni,  130. 

Zeuss  (Gaspard). 
L.   Grammatica  celtica,   deuxième 
édition  revue  par  Ebel,  I,  14S,  468. 
Sa  mort;  notice,  VI,  $19. 


p 


Zlmmer  (H.)- 

L.  Glossae  hiberaicae  ecodicibus 
Wirziburgensi ,  Carolisruhensibus, 
aliis,  V,  146.  —  Keltische  Studien, 
erstes  Heft  :  Irische  Texte  mit  Wœr- 


Indtx  alphabétiqut, 

terbuch,  von  E.  Wiadiscb,  V,  2|i. 
Voyez  ScHUCHARDT.  —  Zweites 
Heft  :  Ueber  aitirische  Betonong  uod 
Verskunst.  Voyez  Thurnbysen,  Zar 
irischen  Acoent-UDd  Verslehre. 


TABLE  MÉTHODIQUE  DES  MATIÈRES 


TRAlTiBS    DANS 


LES  ARTICLES  DE  FONDS  ET  LES  MÉLANGES. 


Pages. 

I.     Généralités.                         i.  Linguistique 34 

2.  Histoire,  mythologie  et  mélanges  .   .  34 

H.    Gaulois  et  vieux  celtique.     1.  Linguistique 34 

2.  Religion 35 

3.  Onomastique,  épigraphie  et  numisma- 

tique   35 

4.  Géographie 35 

in.  Langues  gaéliques. 

A.  Irlandais.                        1.  Linguistique 36 

2.  Religion  ; 36 

5.  Archéologie 37 

4.  Littérature 37 

5.  Droit 37 

B.  Gaeli<|fue  d'Ecosse 37 

IV.   Langues  bretonnes. 

A.  Breton  armoricain. 

a.  Basse  Bretagne.           1.  Linguistique 38 

2.  Littérature 38 

3.  Onomastique 39 

4.  Histoire 39 

b.  Haute  Bretagne 39 

Bibliographie 40 

B.  Gallois.                          I.  Linguistique 40 

2.  Littérature 40 

3.  Histoire .^ 40 

4.  Bibliographie 40 

C.  Comique 40 

V.  Mélanges 40 

Rev,  Celt.  VII  3* 


34*  Table  méthodiijue  des  matières. 


I.  GÉNÉRALITÉS. 

I.  Linguistique. 

The  loss  of  the  Indoeuropean  p  in  the  Celtic  languages,  by  John  Rhys,  II,  521  ; 

III,  88. 
On  the  Celtic  comparisons  in  Bopp*s  comparative  grammary  by  Wh.  Stokes, 

111,31. 
Le  celtique  et  l'ombrien,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  III,  40. 
La  place  da  verbe  dans  les  langues  celtiques,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 

III,  248.  ' 
Les  langues  celtiques  dans  les  Iles  Britanniques  et  en  France,  par  P.  Sébillot 

IV, 277. 

2.  Histoire,  mythologie  et  mélanges. 

Mythological  notes  by  Wh.  Stokes,  I,  256;  II,  197,  507;  VI,  267. 
Early  Celtic  history  and  mythology,  by  D.  Fitzgerald,  VI,  193. 
Remarks  on  Mr.  Fitzgerald's  Early  Celtic  history  and  mythology,  by  Wh.  Sto- 
kes, VI,  358. 
Celtic  notes  and  queries,  VI,  127,  415,  52 s. 

II.  GAULOIS  ET  VIEUX  CELTIQUE. 

1.  Linguistique. 

De  la  disparition  de  la  langue  gauloise  en  Galatie,  par  G.  Perrot,  I,  179. 
La  racine  DRU  dans  les  noms  celtiques  des  rivières,  par  A.  Pictet,  I,  299. 
Influence  de  la  déclinaison  gauloise  sur  la  déclinaison  latine  dans  les  docameots 

latins  de  l'époque  mérovingienne,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  I,  320. 
Tentâtes,  par  H.  d*Arbois  de  Jubainville,  I,  451. 
Durnacos^  par  E.  Hucheret  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  II,  104. 
Un/  gaulois  valant  </A,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  II,  111. 
Le  couteau  de  bronze  de  Besançon,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  II,  ni- 
Les  accusatifs  gaulois  en  -as^  par  H.  Ebel,  II,  403 . 
A  conjectural  emendation  of  Pliny  :  sasia,  par  Wh.  Stokes,  II,  407. 
Etymologie  du  nom  de  Chaource,  Aube,   par  H.    d'Arbois  de   Jubainville, 

II,  492. 
Four  new  Gaulish  inscriptions,  by  Wh.  Stokes,  V,  116. 
Le  duel  dans  la  déclinaison  gauloise,  par  R.  Mowat,  V,  121. 
Sur  la  forme  de  quelques  noms  géographiques  de  la  péninsule  ibérique,  par  A. 

Coelho,  VI,  482. 


1 


Table  méthodique  des  matières.  35 


2.  Religion. 

De  la  divinité  gauloise  assimilée  i  Dis  Pater  à  l'époque  gallo-romaine,  par 

A.  de  Barthélémy,  I,  1 . 
L'ex-voto  de  la  Dea  Bibracte,  par  J.-G.  Bulliot,  I,  306;  II.  21. 
De  quelques  noms  celtiques  de  rivières  qui  se  lient  au  culte  des  eaux,  par 

A.  Pictet,  11,  I. 
Nehalennia,  par  M.  H.  Kern,  II,  10. 
Un  autel  de  la  Nehalennia  trouvé  près  de  Dombourg  (Zélande),  par  A.  Réville, 

n,  18. 
Les  dieux  de  la  cité  des  Allobroges  d'après  les  monuments  épigraphiques,  par 

Florian  Vallentin,  IV,  1,  445. 
Comment  le  druidisme  a  disparu,  par  Fustd  de  Coulanges,  IV,  37. 
Sirona,  par  P.  C.  Robert,  IV,  133,  26 >,  479. 
Mercurios  Finitimus,  par  Florian  Vallentin,  IV,  444. 
Taranus  ouTaranis,  par  J.-F.  Cerquand,  V,  381. 
Taranis  et  Thor,  par  J.-F.  Cerquand,  VI,  417. 
Tarants  i  propos  des  marteaux  d'Uriage,  par  H.  Gaidoz,  VI,  457. 
A  propos  des  Lugoves,  par  H.  Gaidoz,  VI,  487. 


3 .  Onomastique^  ipigraphie  et  numismatique. 

Liste  des  mots  relevés  sur  les  monnaies  gauloises,  par  A.  de  Barthélémy,  I,    , 

291;  II,  102,  24s. 
Note  complémentaire,  par  E.  Hucher,  II,  94. 

Sur  le  médaillon  de  M.  Soldi  représentant  la  Gaule,  par  E.  Hucher,  II,  121 . 
Une  énigme  d'onomastique  fluviale,  par  A.  Pictet,  II,  437. 
Liste  des  noms  supposés  gaulois  tirés  des  inscriptions,  par  le  général  Creuly, 

III,  153,297- 
Une  énigme  d'onomastique  fluviale,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  III,  168. 
Nouvelles  légendes  de  monnaies  gauloises,  par  A.  de  Barthélémy,  III,  249. 
Vases  sigillés  et  épigraphiques  de  fabrique  gallo-romaine,  par  A.  de  Barthélémy, 

III,  313. 

Monnaie  gauloise  inédite  de  Lucterius,  chef  cadurque,  par  A.  de  Barthélémy, 

IV,  317. 

Note  sur  le  nom  de  la  ville  d'Evaux,  par  J.  de  Cessac,  VI,  260. 


4.  Géographie, 
L'orographie  de  la  Gaule  à  l'époque  romaine,  par  E.  Desjardins,  III,  i 


^6*  Table  méthodiijue  des  matières. 


III.  LANGUES  GAELIQUES. 

On  the  Gaelic  names  in  the  Landnamabok  and  Runic  inscriptions,  hj  Wh. 
Stokes,  III,  186. 

A.     IRLANDAIS. 

1.  Linguistique. 

Un  manuscrit  irlandais  de  Vienne,  par  C.  Nigra,  I,  58. 

Gloses  irlandaises  du  manuscrit  de  Milan,  par  C.  Nigra,  I,  60. 

Du  prétendu  nom  d*tle  sacrée  anciennement  donné  à  l'Irlande,  par  H.  Gaîdoz, 

11,552. 
Les  gloses  irlandaises  du  manuscrit  de  Berne,  par  C.  Nigra,  II,  446. 
Observations  sur  le  glossaire  d'O'Davoren,  par  H.  Ebel,  IL  453. 
Les  finales  irlandaises  d'après  M.  Windisch,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainvîlle, 

m,  )2i. 
O'Clery's  Irish  glossary,  edited  and  translated  by  A.  W.-K.  Miller,  IV,  349, 

479;  V,  I. 

Note  sur  des  textes  irlandais,  par  E.  Windisch,  V,  128,  389,  478. 

On  the  calendar  of  Oengus,  by  Wh.  Stokes,  V,  339. 

Der  irische  Artikei,  by  E.  Windisch,  V,  461 . 

Gloses  irlandaises  inédites,  par  J.  Loth,  V,  467. 

Des  pronoms  infixes,  par  H.  Gaidoz,  VI,  86. 

Irische  Miscellen  :  fritammior-sa,  von  R.  Thumeysen,  VI,  94. 

L'accentuation  de  l'ancien  verbe  irlaildais,  par  R.  Thurneysen,  VI,  129. 

On  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  illustrating  the  IrisH 

Verbal  accent,  by  Wh.  Stokes,  VI,  273. 
On  Irish  Metric,  by  Wh.  Stokes,  VI,  298. 
Zur  Irischen  Accent-und  Versiehre,  von  R.  Thurneysen,  VI,  309. 
Un  second  futur  iriandais  en  -rr^  par  R.  Thurneysen,  VI,  371. 

2.  Religion. 

The  ancient  Irish  goddess  of  war,  by  W.  M.  Hennessy,  with  a  postscript  by  C. 

Lottner,  I,  32. 
Mythological  notes,  by  Wh.  Stokes,  I,  256. 
Notes  à  l'article  de  M.  Hennessy,  par  M.  H.  Gaidoz,  I,  269. 
The  ancient  Irish  goddess  ol  war,  corrections  and  additions  by  Wh.  Stokes, 

II,  489. 
Les  huit  parties  de  l'homme,  par  H.  Gaidoz,  VI,  xi. 


TM»  wàthoiiqtu  Ms  matHns.  ^y* 

3.  Archéologie, 

La  miniature  iriaodaise,  p«rF.-W.  Unger,  I^  9. 

Sur  un  évangéliaire  à  miniatures  d'origine  irlandaise,  par  W.  Wattenbach,  I,  27. 

4.  Uttérûture. 

The  battle  of  Cnucha,  a  médiéval  Irish  text  with  a  translation  by  W.-M.  Hcn- 

nessy,  II,  86. 
Tlte  Kostemettburg  incantation,  by  Wh.  Stokes,  II,  112. 
A  middle-Irish  homily  on  S.  Martin  de  Tours,  edited  and  translatcd  by  Wh. 

Stokes,  II,  )Si. 
Cachulainn's  death,  abridged from  the  book  of  Leinster,  by  Wh.  Stokes,  III,  17) . 
Two  Irish  taies,  by  Eduard  Mûller,  III,  342. 
Popular  taies  of  Ireland  (Irish  popular  traditions),  by  D.  Fitzgerald,  IV,  171, 

202,  268,  316. 
Tidings  of  Doomsday,  an  early  middle-Irisb  homily  edtted  and  traosiated  by 

Wh.  Stokes,  IV,  24$,  479. 
La  société  pour  la  conservation  de  la  langue  irlandaise,  par  H.  Gaidoz,  IV,  4)7. 
L'ancienne  légende  irlandaise  et  les  poésies  ossianiques,  par  E.  Windisch,  V,  70. 
L'origine  de  l'hymne  de  Colm&n,  par  H.  Gaidoz,  V,  94,  412,  507. 
Macgnimartha  Find,  edited  by  Kuno  Meyer,  V,  195,  508. 
Irisli  folk-lore,  by  Wh.  Stokes,  V,  391 . 

Irische Miscellen  :  Die Sigern  Satuirn  in  Togail  Troy ,  von  R.  Thurneysen,  VI,  91 . 
Saltair  na  Rann,  von  R.  Thurneysen,  VI,  96,  371. 
Les  manuscrits  irlandais  d'Edimbourg,  par  H.  Gaidoz,  VI,  109. 
The  conversion  of  Loegaire  and  his  death,  by  Ch.  Plummer,  VI,  162. 
Anecdota  from  the  Stowe  Ms.  n«  992,  by  Kuno  Meyer,  VI,  173. 
Addenda  to  M.  de  Jubainville's  Catalogue,  by  Kuno  Meyer,  VI,  187. 
Varia,  by  Kuno  Meyer,  VI,  191. 
Extracts  from  the  Franciscan  Ubir  Hjmnorum,  by  Wh.  Stokes,  VI,  264. 

5.  Dnit, 

L'achat  de  la  femme  dans  la  loi  irlandaise,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainvitle, 
III,  361 . 

B.  GAELIQUE  d'Ecosse. 

Fionn's  enchaotmeot,  a  popular  taie  of  the  Highiands,  of  Scotland,  with  a  trans- 
lation by  J.-F.  Campbell,  I,   193. 

Présent  limitofthe  Ceitic  language  in  Scotland,  with  a  map,  by  James  A.-H. 
Murray,  II,  178. 

Rashm  Coatie.  •—  Nicbt,  Nought,  Nothing;  Scotch  taies,  by  A.  Lang,  III,  365, 

374. 


38*  Table  méthodique  des  matières. 

Observations  de  M.  R.  Kœhler  sur  ces  contes,  III,  367,  376. 

IV.  LANGUES  BRETONNES. 

A.    BRETON   ARMORICAIN. 

4,  Basse  Bretagne. 

1 .  Linguîstiiitte. 

Etude  phonétique  sur  le  dialecte  breton  de  Vannes,  par  H.  d'Arbois  deJnbain- 

ville,l,  85,  211. 
Zeuss  et  le  manuscrit  de  Cambrai  de  l'histoire  ecclésiastique  des  Francs,  par 

H.  d'Arbois  de  Jubainville^  I,  269. 
Le  Catholicon  de  J.  Lagadeuc,  par  Wh.  Stokes  et  H.  Gaidoz,  I,  395. 
Recherches  sur  l'histoire  de  Tarticle  dans  le  breton  armoricain,  par  H.  d'Arbois 

de  Jubainville,  II,  204. 
Ch  breton  armoricain,  par  L.  Havet,  II,  217. 
Le  dialecte  vannetais  de  Sarzeau,  par  E.  Ernault,  III,  47,  232. 
Chade/iy  «  chaîne  »,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  III,  223. 
Le  dialecte  breton  du  bourg  de  Batz  (Loire-Inférieure),  par  L.  Bureau,  III,  230. 
Le  dictionnaire  breton  de  Roussel,  par  E.  Ernauit,  IV,  104. 
Supplément  aux  dictionnaires  bretons,  par  E.  Ernauit,  IV,  145. 
Old-Breton  Glosses,  by  Wh.  Stokes,  IV,  324. 
Le  breton  dans  maistre  Pathelin,  par  J.  Loth,  IV,  450;  V,  225. 
Les  gloses  bretonnes  d'Orléans,  par  J.  Loth,  V,  104. 
Remarques  sur  z  accompagné  de  voyelles,  par  E.  Ernauit,  V,  124. 
Gloses  bretonnes  inédites,  par  J.  Loth,  V,  469. 
Gloses  bretonnes,  VI,  357. 

2.  Littérature. 

Koadalan,  conte  breton  (dialecte  de  Tréguier),  recueilli  et  traduit  par  F.-M. 

Luzel,  I,  106. 
Observations  sur  ce  conte,  par  R.  Kœhler,  I,  132. 
Traditions  et  superstitions  delà  Basse -Bretagne,  par  R.-F.  Le  Men,  I,  226, 414- 
Proverbes  et  dictons  de  la  Basse-Bretagne,  recueillis  et  traduits  par  L.-F. 

Sauvé,  I,  243,  400;  II,  78,  218,  362  ;  III,  60,  192. 
La  poésie  populaire  en  Bretagne,  par  Guillaume  Lejean,  II,  44. 
Chansonnette  bretonne,  recueillie  et  traduite  par  F.-M.  Luzel,  II,  245. 
Le  mystère  des  Trois  Rois  à  Vannes,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainviile,  II,  248. 
Les  sociétés  savantes  de  Bretagne,  II,  250. 

Contes  populaires  de  la  Bretagne  armoricaine,  par  F.-M.  Luzel,  II,  289  ;  III,  379- 
Superstitions  de  la  Basse- Bretagne  au  xvne  siècle,  II,  484. 
Yves  Camus,  chanson  populaire  bretonne,  recueillie  et  traduite   par  F-*M. 

Luzel,  II,  495. 


Table  méthodique  des  matiires,  39* 

Tableaux  exposés  dans  les  églises  bretonnes,  par  L.-F.  Sauvé,  III,  246. 
Formules  initiales  et  finales  des  conteurs  en  Basse-Bretagne,  par  F.-M.  Luzel, 

m,  336. 
Une  représentation  de  sainte  Tryphine,  par  F. -M.  Luzel,  III,  386. 
L'arc-en-ciel.  —  La  lune,  par  F. -M.  Luzel^  III,  450. 
Devinettes  bretonnes  recueillies  et  traduites  par  M.  L.-F.  Sauvé,  IV,  60. 
Formulettes  et  traditions  diverses  de  la  Basse -Bretagne,  par  L.-F.  Sauvé,  V, 

Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques  de  la  Basse- Bretagne,  par  L.-F. 

Sauvé,  VI,  67. 
Traditions  populaires  de  la  Basse-Bretagne,  intersignes  et  présages  de  mort, 

par  L.-F.  Sauvé,  VI,  49$. 
Gouspero  ar  Raned,  par  N.  Queltien,  VI,  ^00. 
La  prière  du  chat,  parE.  Ernault,  VL  528. 

3.  Onomastique. 

Sur  rétymologie  du  nom  d'Abélard,  par  E.  Renan,  I,  265. 

Noms  propres  bretons  commençant  par  Ab  ou  Ap^  par  R.-F.  Le  Men,  II,  71, 

S07. 
Les  noms  propres  francs  et  les  noms  propres  bretons  du  Cartulaire  de  Redon, 

par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  II,  404. 
Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Tabbaye  de  Beauport  (Côtes-du-Nord),  par 

H.  d'Arbois  de  Jubainville,  III,  395. 
Quelques  noms  de  saints  bretons  dans  un  texte  du  xi"  siècle,  par  H.  d'Arbois 

de  Jubainville,  III,  449. 
Une  question  d'orthographe  :  Gallo  et  Gallaisey  par  A.  de  La  Borderie,  V,  470; 

observations  par  M.  E.  Ernault,  V,  472  ;  Gallo  ou  gallotj  par  P.  Sébillot, 

V,  473  ;  Gallot,  Turcot,  par  H.  Gaidoz,  V,  476. 
Le  mot  Gallo,  par  J.  Loth,  VI,  1 14. 
Gocllo,  vdlavij  par  H.  Gaidoz,  VI,  116. 

4.  Histoire. 

Sainte  Tryphine  et  Hirlande,  par  R.  Kœhler,  I,  222. 
La  véritable  histoire  de  Bretagne  de  Dom  Lobineau,  par  M.  P.  Levot,  I,  436. 
Vie  de  saint  Paul  de  Léon  en  Bretagne,  publiée  par  Ch.  Cuissard,  V,  413. 
L'émigration  bretonne  en  Armorique,  par  A.  de  La  Borderie,  VI,  460. 
Eieuthère  et  le  roi  breton  Lucius,  par  L.  Duchesne,  VI,  491 . 

b.  Haute  Bretagne. 

Contes  populaires  de  la  Haute-Bretagne,  par  F. -M.  Luzel,  IV,  429. 

Mots  et  expressions  celtiques  dans  le  gallot  des  Hauts- Bretons,  par  E.  Ernault^ 

V,  218. 
Formules  initiales,  intercalaires  et  finales  des  conteurs  en  Haute-Bretagne,  par 

P.  Sébillot,  VI,  62. 


40^  Tabk  méthodiqui  dis  matiins. 

Bibliographie. 

Bibliographie  des  traditions  et  de  la  littérature  populaire  de  la  Breta^ie,  par 
H.  Gaidoz  et  P.  Sébillot,  V,  277. 

B.   GALLOIS. 

1.  Linguistique. 

Welsh  phonology,  by  John  Peter,  I,  203. 

The  Luxembourg  folio,  by  John  Rhys,  I,  346,  503  ;  II,  1 19  ;  III,  86. 

L'accent  gallois,  par  H.  d'Arbois  de  Ju  bain  ville,  II,  342. 

Etymological  scraps,  by  John  Rhys,  II,  1 1  $,  188. 

Notes  on  the  language  of  old-Welsh  poetry,  by  John  Rhys,  VI,  14. 

2.  Littiratun. 

Extraits  des  dictons  du  sage  Cadoc,  traduit  du  gallois,  par  W.*G.  Jones,  III, 

419. 
Le  songe  de  Marie,  prière  populaire  galloise,  par  H.  Gaidoz,  III,  447. 
L'amitié  d'Amis  et  d'Amiles,  texte  gallois  publié  d'après  le  Livre  rouge  d'Oxford, 

avec  une  traduction  française,  par  H.  Gaidoz,  IV,  201,  479. 
Taliesin's  little  worid,  by  R.  Kœhler,  IV,  447. 
Folk-medicine  in  Wales,  VI,  $05. 

3.  Histoire. 

Owen  de  Galles,  par  Simèon  Luce,  III,  445,  512. 

La  date  de  la  naissance  de  Gildas,  par  A.  de  La  Borderie,  VI,  1. 

4.  Bibliographie. 

Attodiad  y  Lyfryddiaeth   y  Cymry,  gan  y  Parch.    D.  Silvan  Evans,  I,  376; 
II,  31,  346. 

G.    CORNIQUE. 

The  manumissions  in  the  Bodmin  Gospels,  by  Whitley  Stokes,  I,  332. 

Cornica,  by  Wh.  Stokes,  III,  8$  ;  IV,  2  j8. 

Le  dernier  écho  de  la  langue  comique,  par  W.-S.  Lach  Szyrma,  III,  239. 

V.  MELANGES. 

Le  nom  du  Danube,  par  Max  Mûller,  I,  13$. 
Le  vrai  nom  de  Gargantua,  par  F.  Liebrecht  et  H.  Gaidoz,  I,  i|6. 
Un  autographe  de  Marianus  Scottus,  par  M.  Wattenbach»  I,  262. 
Un  opuscule  grammatical  de  Sedulius,  par  M.  Ch.  Thurot,  I,  264. 
Noms  germaniques  dans  des  inscriptions  latines  du  Rhin  inférieur,  par  H.  ICero, 
II,  IS3. 


Table  méthodique  des  matières.  41  * 

Pilgrimage  of  an  Hangarian  oobleman  to  S.  Patrick's  purgatory,  by  H.  Gaîdoz, 

II,  482. 
Les  Celtes  et  les  éléphants,  par  H.  Gaidoz,  II,  486. 
Recherches  sur  l'origine  des  ornements  connus  sous  le  nom  d'entrelacs,  par 

E.  Mfintz,  III,  243. 
A  parallel,  by  Wh.  Stokes,  III,  443. 
Un  conte  populaire  dans  FEvangile,  par  H.  Gaidoz,  III,  444. 
The  KJlieen  Cormac  Stone  again,  by  J.-F.  Shearman,  with  an  introduction  by 

H.  Gaidoz,  III,  453. 
Une  venion  tchèque  du  purgatoire  de  saint  Patrice,  par  L.  Léger,  IV,  lO). 
Un  parallèle  à  sainte  Brigitte,  par  H.  Gaidoz,  V,  129. 
La  prose  de  saint  G)lumba,  par  Ch.  Cuissard,  V,  205,  396,  507. 
Manumissions  in  the  Leofric  missal,  by  F.-E.  Warren,  V,  218. 
Another  Parallcl,  by  Wh.  Stokes.  V,  393. 
Zimmeriana,  von  H.  Schuchardt,  V,  394. 

De  quatre  manuscrits  des  Evangiles  conservés  à  Dublin,  par  S.  Berger,  VI,  348. 
Les  missions  galloises  en  Basse-Bretagne,  par  H.  Gaidoz,  VI,  481. 
A  propos  des  tours  rondes  d'Irlande,  par  H.  Gaidoz,  VI,  493. 
Les  noms  de  lieu  du  pays  de  Malmédy,  par  E.  Ernault,  VI,  484. 


FIND  AND  THE  PHANTOMS. 


The  text  of  the  following  poem  is  taken  from  the  Book  of  Leinster, 
a  ms.  of  about  the  middie  of  thetweifth  century,  preserved  in  the  library 
of  Trinity  Collège,  Dublin,  and  recently  reproduced  in  lithographie  fac- 
similé.  The  poem  begins  p.  206^  and  ends  on  the  first  Une  of  p.  207^. 
It  contains  in  fifty-four  quatrains  216  heptasyllabic  lines.  I  know  of  no 
other  copy.  A  free  metrical  version  by  the  late  DrAnster  was  published 
in  the  Dublin  University  Magazine,  vol.  XXXIX,  where  it  is  entitled  the 
Rath  of  Badammar,  and  the  poem  is  noticed  in  O'Curry's  Lectures  on 
the  Ms.  Materials  of  Irish  History,  p.  ^0$. 

The  teller  of  the  taie  introduces  himself  as  Guaire  the  Blind.  But  it 
soon  appears  that  this  is  a  new  name  for  Oisin  ^Ossian),  the  famous  son  of 
Find  mac  Cumaill,  whosereturntoearth,after  dwelling  300  years  in  the 
Tir  na  n-6g,  is  told  so  well  in  a  poem  printed  in  the  Transactions  ofthe 
Ossianic  Society,  vol.  IV,  pp.  234-278,  and  whose  blindness  is  mentio* 
ned  in  thesame  book,  p.  8.  The  story  now  published  is  not  devoid  of 
imagination,  and,  from  the  literary  point  of  view,  the  description  ofthe 
quartette  shrieked  by  the  threeheaded  hag,  the  trunk  with  its  solitary  eye, 
the  nine  headiess  bodiesand  the<^nine  bodilessheads  has  a  certain  amount 
of  ghastly  effectiveness.  Moreover,  it  illustrâtes  various  superstitions, 
manners  and  customs.  Consider  the  spear  with  a  spell  of  venom  (1.  35), 
the  spits  of  rowan-tree  (1.  138),  the  sunrise  dispersing  evil  phan^ 
toms  '  (II.  187-192),  the  cooking  of  horseflesh  (11.  157-164),  barter 
(1.  2  3),andhorseracing  (11.  1 3-20).  The  poem,  lastly,  throws  some  light 
on  the  topography  of  Kerry  (see  lines  69-89)  :  it  contains  some  words 
and  forms  of  philological  interest,  which  are  mentioned  in  the  notes  ; 
and  it  illustrâtes  the  metrical  rules  recently  investigated  by  professors 

Windisch  and  Thurneysen. 

Whitley  Stokes. 
2  Aprii  1886. 

I.  Compare  Dasent's  Pooular  Taies  from  the  Norse,  id  éd.,  i8{9,  p.  347:  «  So  the 
TroU  torned  round,  and,  01  course,  as  soon  as  he  saw  the  sun,  he  burst  ». 

Rev.  Cclt.  VIL  19 


290  Whitley  Stokes. 

Book  of  Leinster  p,  206''. 

I .  Oenach  indiu  luid  in  ri, 
Oenach  Life  co/ia  U, 
sebind  do  cecA-oen  tât  and, 
ni  hinund  is  Guaire  dall. 

5 .  Ni  Guaire  dall  gairthea  dim 
li  lodmar  fo  gairm  in  rig 
co  tech  Fiachu  fairged  gail, 
cosin  râitb  os  Badammair. 

9 .  Oenach  Clochair  rom6r  Find 
is  fianna  Fail  is  cecA  dind  ; 
ramorsat  Mumnig  din  maig 
ocus  Fiachu  mac  Eogain. 

1  ) .  Tucait  eich  na  fian  rofess 
iseich  Mu/nnech  'sin  morthres, 
ro/ersat  tri  graflfhe  glana 
for  faichthe  maie  Maireda. 

17.  Ech  dub  re  Dil  mac  Dâ-chrech 
bâi  in  cac/i  cluchi  rofer  ' , 
cusin  carraic  uas  Loch  Gair 
rue  tri  lanbuada  ind  o^naig. 

2 1 .  Cuinchis  Fiachu  innech  iarsain 
ar  in  rig,  ara  senathair, 
gellais  cet  dô  do  ctch  crud 
dia  tabairt  i  tuarastul. 

25 .  Roràid  in  driii  and  iarsain 

aithesc  maith  ra  m^c  Eogain  :  — 
«  ber  mo  b^nnacht,  ber  inn-ech 
ocus  tidnaic  rit  xnech  ». 


L  Ms.  tofersaU  whicb  not  oaly  destroys  the  rbyme  but  the  mctre^ 


Find  and  the  Phantoms.  291 


I .  Today  the  king  went  to  a  fair, 
The  faîr  of  Liffey  with  its  splendour. 
Pleasant  it  îs  to  every  one  who  goes  thither  ! 
Not  so  is  Guaire  the  Blind  ' . 

5 .  Not  «  Guaire  the  Blind  »  was  I  called 
On  the  day  we  went  at  the  king's  call, 
To  the  house  of  Fiachu  who  wrought  valour, 
To  the  fortress  over  Badaromar  >. 

• 

9.  (It  was]  Oenach  Clochair»  that  Find  greatened, 
And  the  champions  of  Ireland  on  every  hilltop. 
Munstermen  from  the  plain  greatened  it, 
And  Fiachu  son  of  Eogan. 

1  ) .  The  champions'  horses  were  brought,  it  is  known, 

And  the  Munstermen's  horses,  into  the  great  contest. 
They  ran  three  clear  races 
On  the  green  of  Mairid's  son. 

17.  A  black  horse  belonging  to  Dil  son  of  Two-Raids 
Was  in  every  game  that  he  played . 
Unto  the  rock  over  Loch  Gair 
He  won  the  three  prizes  of  the  meeting. 

2 1 .  Thereafter  Fiachu  asked  the  horse 
Of  the  king,  of  his  grandfather  : 
He  promised  him  a  hundred  of  every  (kind  of)  cattle 
To  be  given  to  him  in  recompense. 

2  5 .  Then  the  wizard  there  uttered 

A  good  answer  to  Eogan's  son  : 
«  Take  my  blessing  :  take  the  horse, 
And  bestow  it  for  thy  honour's  sake  » . 

I.  OisiB's  oame  at  the  time  this  poem  was  composed. 
3.  Near  the  town  of  Cahir  in  Tipperary,  O'Curry. 
).  Now  Manistir  near  Groom,  co.  Umerick,  CC. 


292  Whitley  Stokes. 

29.  «  Asiût  duitsiu  int-ech  dub  dian  b, 
ar  Fiachu  ri  flaith  na  fian, 
a  aiiiit  mo  charpat  co  mbiaid 
is  aiiût  ech  dot  araid  ». 

i ) .  Aâiit  claideb  is  gell  cet, 
asiut  sciath  a  tirib  Grée , 
asiut  sleg  co  mbricht  neme, 
ocus  m'idnu  airgdide. 

37.  Asiiit  tri  coin,  caem  a  ndath, 
Feirne  is  Derchaem  is  Dualath, 
con  a-muincib  6ir  buidi 
co  slabradaib  findruini. 

41 .  Mad  ferr  duit  na  beith  cen  ni, 
a  maie  Cumaill,  a  ardri, 
na  digis  can  ascid  ass, 
a  /laith  na  fian  firamnas  !  » 

45 .  Atraacht  Find  suas  arsain  : 
buidech  é  do  nuzc  Eogain  : 
bendachais  cach  da  cheli  : 
ba  curata  a  coméirge. 

49.  1  Arsain  luid  Find  roinn  ar  sét 
iodsam  ieis  tri  fichit  cet 
co  Cacher,  co  Clûain  da  ioch. 
Iodsam  uile  assinn  oenoch .  0. 

]  ; .  Tri  U  is  tri  aidche  ba  leith 
bàfflmar  uile  i  tig  Cachir, 
cen  esbaid  lenna  na  bid 
ar  na  sluagaib  'màn  ardrig. 

$  7 .  Coica  falach  tucad  d6, 
càica  ech  is  côica  bô, 
dorât  Find  fiach  a  lenna 
do  Chachiur  mac  Caireila. 


Find  and  the  Phantoms.  29^ 

29 .  «  There  for  thee  is  the  black  swift  horse  » 
Saith  Fiachu  to  the  prince  of  the  champions, 
«  There  is  my  famous  chariot, 
And  there  is  a  horse  for  thy  charioteer  ». 

5  ) .  There  is  a  sword,  the  piedge  of  hundreds, 
Thert  is  a  shield  from  the  lands  of  Greeks, 
There  is  a  spear  with  a  speli  of  venom, 
And  roy  silvern  weapons. 

}7 .  There  for  thee  are  three  hounds  —  fair  their  colour  — 
Feime  and  Derchaem  and  Dualath, 
With  their  collars  of  yellow  gold, 
With  their  chains  of  white  bronze. 

41 .  If  thou  preferrest  to  hâve  somewhat 
0  son  of  CuRiall,  0  overking  ! 
Thou  wilt  not  go  hence  without  a  giit^ 
0  prince  of  the  fierce  champions  !  » 

45.  Then  Find  roseup: 

Thankfuf  was  be  to  Eogan's  son  : 
Each  blessed  the  other  : 
Gallant  was  their  rising  together. 

49.  Thereafter  Find  went'forward 

We  wem  with  him,  three  score  hundred, 
Unto  Cacher,  to  Cluain-dâ-loch, 
We  ali  went  from  the  meeting. 

5  ) .  During  three  days  and  three  nights  —  it  was  a  festival  — 
We  ail  abode  in  Cacheras  house^ 
Without  lack  of  aie  or  food 
For  the  hosts  together  with  their  overking. 

57.  Fifty  rings  were  pven  him, 
Fifty  horses  and  fifty  cows  : 
Find  gave  the  price  of  his  aie 
To  Cacher  son  of  Cairill. 


294  WhitUy  Stokes. 

6 1 .  Luid  Find  for  Luachair  iarsain 
cosin  traîg  ac  B^rramain  : 
anais  Find  co  fiannaib  Fiil 
os  or  in  locha  lindbàin. 

65 .  Luid  Find  d'imiûad  a  eich  duib 
forsin  irdig  oc  B^rramuin, 
misse  ocus  Cailte  tri  bais 
raithmit  ris  ra  bothogàis. 

69.  IMmar  atchondairc  in  ri, 
bûaiid  a  ech  co  Tr^ig  Li, 
0  Trdlg  Li  col-Leirgg  Daim  Glaiss, 
dar  Fraechmag  is  dar  Findnais. 

73 .  Dar  Mag  da  Ëo,  dar  Môin  Cend, 
co  Sen-ibar,  dar  Sen-glend, 
co  hlnber  Flesci  finni^ 
co  colomnaib  Crohinni. 

77.  Dar  Sruth  Muinne,  dar  Moin  Cet, 
dar  Inber  Lemna,  ni  bréc, 
otâ  Lemain  co  Loch  Léin, 
etir  réid  ocus  amréid. 

81 .  Cid  sinni  nirsar  maila, 
ropsat  lûatha  ar  lémrac/ina, 
fer  ûan  da  chli,  fer  da  deis, 
ni^ii  fiad  ama  hormis. 

85 .   Lam  ri  Fleisc  sech  Fhid  in  Chaim, 
sech  Mungairitm^ic  Scâil  Bailb, 
nocho  ragaib  Find  ra  ech 
cosin  cnocc  diarb  ainm  Baimech. 


Find  and  the  Phantoms.  295 

6 1 .  Then  Find  went  over  Luachair 
To  the  strand  at  Berramain  >. 
Find  rested  with  Ireland's  champions 
Over  the  bank  of  the  fair-watered  Iake. 

65 .  Find  n^ent  to  gallop  his  black  horse 
On  the  strand  at  Berraman. 
I  and  Caiite  through  wantonness 
We  raced  against  him,  it  was  déception. 

69 .  As  the  king  saw  (us) 

He  smites  his  horse  to  Tralee, 
From  Tralee  to  Lerg  Daim  glais, 
Over  Heatherfield  and  over  Findnais. 

7  j .  Over  Moy-da-eôy  over  M6in-Cend 
Unto  Old-yew,  over  Old-glen, 
To  the  esluary  of  fair  Flesc  *, 
To  the  pillars  of  Crofinn. 

77.  Over  Snith-Muinne,  over  M6in-Cet, 

Over  the  estuary  of  Lemain  3,  no  falsehood, 
From  Lemain  to  Loch  Léin4, 
Both  smooth  and  unsmooth. 

81.  As  to  us,  we  were  not  slow  : 
Swift  were  our  leaps, 
One  of  us  on  his  lett,  one  on  his  right, 
There  is  no  deerthat  we  would  not  overtake. 

85 .  One  hand  towards  Flesc  >,  past  the  Wood  of  the  Caim, 
Past  Mungairit  (  of  the  son  of  the  Stammering  Champion, 
Find  did  not  rein  in  his  horse 
Till  (he  came)  to  the  hillock  named  Baimech^. 


1.  Near  Tralee,  according  to  O'Curry. 

2.  A  river  in  Kerry :  see  Annals  of  the  Four  Masters  A.  M.  )7$  i  and  A.  D.  1 524, 1 580. 
).  Now  tbe  river  Laone  in  Kerry,  Four  MM.  A.  M.  4169,  and  A.  D.  ($70. 

4.  Now  tbe  Lakes  of  Killamey. 

(.  There  is  an  abbey  of  this  name  (now  Mungret)  in  co.  Limerick.  But  in  car  poem  it 
probably  means  Mangerton. 
6.  Near  KiUamey,  according  to  O'Curry. 


296  Whitley  Stokes. 

89.  Mar  rochuainmar  'sin  cnocc 
sinni  ba  toisciu  'ci  thocht, 
cid  sinni  ba  taisciu  and 
ech  in  rig  nirbo  romall. 

9j.  «  Adaîg-seo  dered  din  16,  » 
ar  Find  féin,  ni  himmargô  : 
tnar  tancammar  ille 
téit  réinn  d'iarraid  fianbothe. 

97 .  D'éccain  radéch  ûad  in  ri 
forsin  carraic  da  Uim  chll, 
co  facca  in  tech  consL  thein 
issin  glind  ararmbélaib. 

1 0 1 .  Atrubairt  Find  flaith  na  flan  : 
«  assiut  tech  nach  /acca  riam  : 
a  Chaiici,  ni  chuala  thech 
isin  glind-sea  cid  am  eolach  ». 

'105 .   tf  IS  ferr  dùin  dula  dia  /iss 
[p.  207  "]  atâ  môr  neich  'nam  anfis  : 
i$  fin  féli,  is  ferr  cacA  ni, 
a  maie  Cumaill,  a  airdri  !  » 

109.  Dochuammar  ar  triar  'sin  tech, 
teru;  aidche  rab  aithrech, 
dia  frith  gol  is  gréch  is  gàir, 
is  munt^r  discir  digair. 

113.  Aithech  liath  fora  Ur  thair 
gebid  arn-eich  co-escaid, 
dUnaid  comlaid  a  thaige 
de  baccanaib  iarnaide. 

117.   ((  IS  mochen,  a  Fhind  co  mblaid  » 
ar  int-aithech  co  harnaid  : 
«  fota  co  tanac  ille, 
a  maie  Cumaill  Almaine  !  » 


Y 


Find  and  the  Phantoms,  297 

89.  As  we  reached  the  hiilock 

It  is  we  that  were  first  at  coming  to  it  : 
Thoûgh  we  werc  foremost  there 
The  king's  horse  was  not  very  slow. 

9).  «  Night  (is)  this,  end  of  the  day  », 
Saith  Find  himself,  no  error, 
«  We  three  hâve  come  hiiher  : 
Go  forward  to  seek  a  huminglodge  ». 

97 .  To  look  the  king  looked  forth 
At  the  rock  on  his  left  hand, 
Till  he  saw  the  house  with  its  fire 
In  the  glen  before  us. 

loi .  Said  Find,  the  prince  of  the  champions  : 
«  There  is  a  house  I  never  saw  before  ! 
0  Chailte^  I  never  heard  of  a  house 
In  this  glen,  though  I  am  knowing  ». 

105 .  «  We  had  better  go  and  find  out  : 

There  are  many  things  we  do  not  know  : 

It  is  a  marvel  of  hospitality,  it  is  better  than  everything, 

0  son  of  Cumall,  0  overking  !  » 

109.  We  three  went  on  to  the  house, 

A  night's  journey  that  was  lamentable, 
When  wailing  was  found,  and  scream  and  cry, 
And  a  household  fierce,  véhément. 

1 1 3 .  A  grey  giant  in  front  on  its  floor 
Seizes  our  horses  swiftly, 
Fastens  the  door  of  the  house 
With  iron  hooks. 

117.  «  My  welcome,  0  famous  Find!  » 
Saith  the  giant  cruelly  : 
«  (It  is)  long  till  thou  camest  hither, 
0  son  of  Cumall  of  Almain  >  !  » 

1.  Now  the  Hill  of  Allen  in  co.  Kildare. 


açS  Whitky  StolUs. 

121.  Suidmit  ar  in  cholbu  cbrfiiûd, 
doni  ar  nnSsaic  ri  ôenuair, 
lâid  co/inud  truimm  fora  thein, 
sûail  naron-much  don  dethaig. 

125.  Bâi  callech  isin  taig  m6r, 
tri  cind  for  a  caelmuneoi, 
fer  can  chend  'sin  ieith  aiie, 
oem'ûii  asa  ucht-saide. 

129.  «  Denaid  airfitiud  don  rig!  » 
ar  int-athrech  cen  iminfm, 
«  érgid,  a  lucbt  atâ  istig, 
canaid  ceci  don  rig/ennid  I  » 

153.  Ergit  n6i  colla  assin  chdii, 
assin  Ieith  ba  nessu  dûin, 
is  n6i  cind  issîn  Ieith  aile 
forsin  cholbo  iamaide. 

1 37.  Tôcbait  n6i  ngr^cha  garba, 
nir  chuibde  ciar  chomlabra  : 
frecr^id  in  challech  fôsech, 
octts  frecraid  in  méidech. 

141 .  Ciarbo  rogarb  céol  cach  /ir 
ba  gairbe  céol  in  médig  ; 
ca  céol  dib  narbo  dûla 
achi  céol  /ir  na  oensûla  ? 

14$ .  IN  ceol  sain  rocanad  ddin 
dodûsechad  marbu  a  hdir  ; 
sûail  na  robriss  cnàma  ar  cind, 
nfrbe  in  cocetui  ceolbind. 


Find  and  tke  Phantoms,  299 

121.  We  sit  on  the  hard  bedrail  : 
He  tends  us  for  one  hour  : 
He  flings  firewood  of  eider  on  his  fîre  : 
It  almost  smothered  us  with  tbe  smoke. 

1 2  j .  A  hag  abode  in  the  great  house 
With  three  heads  on  her  thin  neck  : 
A  headiess  man  on  the  other  side, 
With  one  eye  (protruding)  from  his  breast. 

129.  a  Make  music  for  the  king  !  » 
Saith  the  giant  without  sorrow. 
«  Arise,  0  folk  that  are  within^ 
Sing  ye  a  strain  for  thé  kingly  champion  !  » 

13;.  Nine  bodies  arise  out  of  the  recess 
From  the  side  nearest  us, 
And  nine  heads  on  the  other  side 
On  theiron  bed-rail. 

liy,  They  raise  nine  harsh  shrieks  : 

They  were  discordant  though  uttered  together  : 

The  hag  replies  separately, 

And  the  (headiess)  trunk  answers . 

141 .  Though  passing  harsh  the  strain  of  every  one. 
Harsher  was  the  strain  of  the  trunk  : 
What  strain  of  thera  was  not  désirable  > 
Save  the  strain  of  the  one-eyed  man  P 

145 .  That  strain  which  was  sung  to  us 

Would  waken  the  dead  out  of  mould  : 
It  almost  broke  the  bones  of  our  heads  : 
The  concert  was  not  melodious. 


I.  Lit.  «  of  désire  •  [duî[)  i.  e.  harsh  as  was  the  song  of  the  hag,  the  heads  and  the 
headie»  body,  70a  would  hâve  preferred  it  to  that  of  the  one-«yed . 


1 


300  Whiiley  Stokes. 

149.  Gebid  înt-aithech  ûain  sair, 
tôcbaid  fair  in  tûaig  cofinaid, 
bualaid  cohathlam  ar  n-ech, 
fennaid,  coscraid  can/uirech. 

15).   «  Bi  tost,  a  Chàiltî  mar  tài  !  » 
ar  Find  fein  cen  iramargài, 
«  maith  lind  dia  ndama  duin  féin, 
damsa  ocus  duitsiu  is  d'Ossin. 

157.  Coica  bera  ara  mbii  rind 
tue  leis  do  beraib  càirthind, 
tue  àga  ar  cac/i  mbir  fosech 
i$  rachoraig  fon  tellach. 

161 .  Nochor'bruthi  bir  dib  sein 
in  tr^th  tucait  on  tenid^ 
tue  ieis  i  fiadnaisi  Find 
féoil  om  ar  beraib  ea[e]rthind. 

165.  «  Beir  lett,  a athig,  do  biad, 
uair  ni  dûadu^  biad  om  riam  : 
ni  ehathiub  ondiu  co  bràth 
arâi  beith  ean  biad  oentràth  ». 

169.  «  Mas  aire  thanae  'nar  teeh 
d'obba  ar  mbid  »,  ar  int-atheeh, 
is  derb  doraga[m]  rib  féin, 
A  Chailti,  a  Fhind,  a  Ossin  ! 

17}.  lArsein  roergemmar  suas, 
gabmait  ar  elaidbe  eocriias, 
gebid  each  eend  araile, 
ropo  mana  domgaile. 

1 77 .  Muchthair  in  tene  bâi  this, 
nar'  léir  a  lassar  no  gris, 
timmaircther  edl  dorcha  dub 
om  artridr  in-oen  inud. 


Find  and  the  Phantoms.  jo i 

149.  The  giant  gets  him  from  us  in  front, 
Lifts  on  him  the  fire-wood-axe, 
Deftly  smites  our  horses^ 
Flays,  destroys  without  delaying. 

1  $  ^  «  Be  silent,  0  Chailte,  as  thou  art  !  » 
Saith  Find  himself  without  falsehood. 
«  Well  for  us  if  he  grant  (life)  to  us, 
To  me  ànd  thee  and  Ossin.  » 

1 57.  Fifty  spits  whereon  were  points 

He  brought  with  him  of  spits  of  rowan  : 
He  put  a  joint  on  each  spit  separately, 
And  arranged  them  by  the  hearth. 

161 .  Of  those  not  a  spit  was  cooked 

Whcn  they  were  taken  from  the  fire. 
He  brought  with  him  before  Find 
Raw  flesh  on  spits  of  rowan. 

16$ .  a  Take  away  thy  food,  0  giant  ! 
For  I  hâve  never  devoured  raw  food . 
I  will  never  eat  (it)  from  today  till  Doom 
Because  of  being  foodiess  for  one  watch  ». 

169.   «  If  thou  hast  come  into  our  house  » , 
Saith  the  giant,  «  to  refuse  our  food, 
«  It  is  certain  that  we  shall  go  against  yourselves, 
0  Càilte,  0  Find,  0  Ossin  !  » 

17) .  After  that  we  rose  up  : 

We  seize  our  swords  hardily  : 

Each  grasps  another's  head  : 

It  was  an  occasion  of  fighting  hand  to  hand. 

177.  The  fire  that  lay  below  is  quenched  : 
Its  flame  or  embers  was  not  clear  : 
We  are  driven  into  a  dark  biack  nook, 
We  three  in  one  place. 


]|02  Whitley  Stakes. 

1 8i .  INuair  doUmmis  cind  ar  chind 
cia  nar  cobrad  achî  mid  Find, 
ropsar  marba,  môr  in  mod, 
meni  beth  Find  a  oenor. 

185.  Bammar  cind  ar  chind  istaig 
fat  na  haidche  co  matain, 
co  roiollsig  grian  in  tech 
im  thrath  eirgi  araabarach. 

189.  INnUair  doérig  in  grian 
tuittid  C2Lch  fer  sair  is  [s]iar 
tuittid  nél  i  cend  cacA  /ir 
com-bâi  marb  arin  lathir. 

1 9 j .  Garit  robammar  'nar  Um, 
ergimmit  sdas,  is  sind  slin  : 
cehair  om  in  tech  iar  sain, 
celtâir  cech  nech  din  muntir. 

197.  Is  amiaid  atracbt  Find  Fàii, 
ocus  a  ech  féin  'na  Uim, 
sUn  uile  et/r  chend  iss  choiss 
bâi  cach  anim  'na  écmais. 

201 .  Lodsam  coscith  anfand  ass, 
tucsam  aichne  arar  neolass^ 
lodmar  ciarbo  chian  iarsain 
cosin  traig  ic  Berramair . 

205.  Roiarfaiged  din  scela, 
ni  bài  ddin  dluig  a  iéna  : 
a  fuarammar  »,  ar  Find,  «  diar  fecht 
imned  ar  am-<Sigidecht.  » 

209.  ISiat  sin  doraia  rind, 

na  tri  fuatha  a  hlbarglind, 
do  digaii  /bim  a  sethar, 
[p.  207  ^,]  diarb'  ainm  Cullend  craeslethan. 


Find  and  the  Phantoms.  ^oj 

i8i .  When  wc  were  bead  to  head 
And  there  was  no^help  save  Find, 
Wc  had  been  dead^  great  the  dced, 
Had  it  not  been  for  Find  alone. 

i8j .  We  were  head  to  head  within 
AU  through  the  night  lill  morning, 
Till  the  Sun  h'ghted  up  the  house 
At  the  time  of  rising  on  the  morrow. 

189.  When  the  Sun  rose 

Each  man  faits  hither  and  thither  : 
A  mist  falls  into  every  one's  head 
So  that  he  was  dead  on  the  spot. 

193 .  For  a  shon  time  we  lay  in  our  rest  : 
We  rise  up,  and  we  (are)  whole  ! 
There  the  house  is  hidden  from  us  : 
Every  onè  of  the  household  is  hidden. 

197.  Thus  arose  Find  of  Inisfâil, 

With  his  own  horse  in'his  hand  : 

Whole  were  (we)  ail,  both  head  and  foot  : 

Every  blemish  was  absent. 

201 .  We  fared  thence  wearily,  feebly  ; 

We  took  our  bearings  and  saw  which  way  we  had  to  go  : 
We  fared,  though  it  was  long  thereafter, 
To  the  strand  by  Berramar. 

:o5 .  They  asked  of  us  tidings  : 
We  had  no  wish  to  deny  it  : 
«  We  found  »,  saith  Find,  «  on  our  way 
Tribulation  for  our  billeting  ». 

209.  Those  are  they  that  came  against  us, 
The  three  Shapes  out  of  Yew-glen, 
To  take  vengeance  on  us  for  their  sister 
Whose  name  was  CuUenn  Wide-maw. 


^04  Whitley  Stokes. 

213.  Lodsamar  ar  cuaird  selgga 
morthimchell  insi  Elgga, 
sirmis  mér  sliab  is  môr  mag, 
m6r  n-aroreid  is  raér  n-oenach. 

NOTES. 


Oenacb 


6.  20) .  bdmar,'pl.  i  of  the  f-preterite  of  which  luid  (root  lu  =  plu)  is  sg.  ),  lotar^.  ). 
In  lodsam  $0,  [2,  201  wehave  a  Middle  Irish  mixture  of  the  t  and  the  j-pretehte.  So 
in  the  deponential  lodsamar  2 1  ) . 

7.  fairgedf  idy  près.  $g.  3  of  some  verb  from  the  root  verg. 

I).  162  tucait  {=  dO'Ucait).  Tootunc  prêt.  pass.  pi.  ^,  one  of  theforms  explained  by 
Windisch  as  relies  of  the  middle- voice.  The  sg.  3  or  this  tense  tucad  is  in  1.  $7:  prêt. 
act.  sg.  )  tttc  1(8,  i$9,  163.  In  the  pi.  3   tucsam  202  wehave  a  passage  to  the  j-pret. 

iS.graffne,  pi.  ace.  ofgraffan,  gen.  grafaind,  with  the  pi.  in  -e  cf.  c/tff<f6e  174  for 
O.  Ir.  claidbiu. 

17.  mac  dâ  ckreck.  Hère,  as  often  in  Irish,  a  noun  meaning  «  son  a  with  a  genitiTC 
is  ttsed  metaphoncally  to  convey  an  adjectival  idea.  Compare  Ir.  mac  liginn  u  son  of 
reading  »,  a  studious  person,  and  the  common  Arabie  use  of  âb  (father),  umm  (mother). 

29,  31,  32  asiut  =  asiut  33,  34,  3$,  37,  assiut  102,  perhaps  from  ac-siuîy  acci-sut 
«  lo  hère  ». 

43.  digis  (also  in  LU.  117^2)  s- future  sg.  2  of  the  verb  * do-chuadim,  of  which  the 
perf.  sg.  I  deochad  from  dechaad  is  in  Windisch's  Wœrterbuch,  p.  468. 

ij.falach  gen.  pi.  of  fait  (ring),  a  c-stem  :  dat.  dual  con-dib  failgib  àity  Chron.  Scot. 
290. 

68.  raithmit  for  Old  Ir.  rathammar,  redupl.  perf.  pi.  i,  of  rethim:  cf.  sg.  3  raith,  pi. 
3  rathatar. 

69.  immar,  later  mar,  as  in  89,  15^. 

82.  nirsar  (we  were  not)  =  ni-ro-is  -\-  ar.  So  ropsar  183,  =  ro-has  -\-  ar. 

82  ropsat  (they  were)  =  ro-bas  +  ai.  limenna  =  0.  Ir.  Umenn  pi.  n.  of  Uim. 

89.  ro-chuammar  ^  do-chuammar  189,  for  ro-chuadmar^  do-chuadmar^  reduplicaud 
preterites,  like  tancammar  95,  fuarammar  207.  The  root  is  the  same  as  that  of  digis 
supra  43. 

9).  triarh  hère  dissyllabie.  In  109  it  is  monosyilabic.  • 

96.  fianbotht  gen.  sg.  of  fianboth. 

99,  102.  facca,  sg.  I  (with  prothetic^)  of  the  redupl.  prêt,  of  adciu^  root  cet, 

104,  In  this  Wne  isin  mustbe  read  *stn. 

1 10.  terus  usuall^  turais,  or  taras. 

1 14.  eich  =  equi  hère  used  for  eochu  =  equos. 

118.  cO'harnaid  an  adverb  from  the  adj.  arnaidh  «  severe,  hard,  cruel  »,  (yReilly. 

119.  169.  Tanac  sg.  2,  as  tancammar  9$,  pl.  i  of  redupl.  prêt,  of ticim,  do-icim,Tooi 
Uy  enc:  cfr.  Skr.  anamçafrom  the  près,  açnomi. 

122.  osaic  a  loan  from  Lat.  obstquium, 

123.  truimmgtn,  sg.  of  tromm  (an  elder-tree):  also  in  Trim,  Old  Ir.  Ath  truimm. 

124.  dethaig  dit.  sg.  of  dethach,   LU.  32   1$  [is  dethach  do  muchad). 

135.  issin  must,  metri  gratâ,  be  read  *sin. 

136.  iamaidesttms  a  quadrisyllable. 

140.  mèidtch  (trunk),  gen.  medig  142,  seemingly  cognate  with  mid€(ntùi). 

143.  dula  gen.  sg.  oiduil  a  désire  »  (=  de-yoli^) 

I  $0.  fi/tf/g  ace.  sg.  of  tuag  (aze^. 

158.  cairthind^  gen.  sg.  of  cair-thann^  a  compound  of  cdir,  raer  (berry),  and  taa 
cogn.  mth  Corn,  glas-tanmn  (gl.  quercus  vel  ilex),  Bret.  glas-tanncnn,  V/elshgUu-dafa. 

161.  nochor  =  ni-^o-ro. 

166.  daadus,  O.  Ir.  </uâ^,  redupl.  perf.  sg.  i,  with  passage  toj- prêt.  Of  the  other  po- 
sons I  hâve  only  found  sg.  3  duaii,  doid,  pl.  3  dôtar,  The  près,  indic.  is  probably  *iO' 
cdim,  cognate  with  Lat.  edo^  Gr.  sSo^ai,  Goth.  itan. 

170.  obba  verbal  noun  [infin.)  of  obbaim  =  ud-baim^  Root  bhû. 

171.  doragam  (the  Caesimile  has  doraga)  redupl.  fut.  1.  0.  Ir.  dortgamm:  cf.  iong 
(veniam)  Wb.  7a. 


Find  and  the  Phanioms,  30$ 

213.  We  went  on  a  hunting  round 
Ali  about  the  isle  of  Elga  : 
We  searched  many  mountains  and  many  plains, 
Many  rough  places  and  many  fairs. 

r 

NOTES  (continued). 

17  j.  ro-ergemmar  pi.  i,  as  do-irig  189,  s^.  5,  of  the  ptritct  oi  ass-rigim . 

176.  mana  is  an  obscure  word.  O'R.  explains  it  by  «  cause,  condition  »:  O'Donovan 
in  the  Irish  Nennius  124,  translates  it  by  «  omen  ».  In  LU.  117  37  we  hâve  mana  ica. 
iomgailt  gen.  sg.  of  dorn-gal  lit.  fist-valour. 

180.  195.  orn  ÏOT  forniiy  foirnn  211  with  permanent  infection  ofthe/. 

181.  inn-uair  must,  metri  graiia,  be  read  'n^uair. 
196.  cech  nech^  now  gach  ntach, 

202.  literailv  :  we  brought  knowledge  on  our  guidance  (eolass). 

212.  Cullend  Craeslethan.  Doubtless  the  name  of  some  ogress  or  female  evil  spirit 
whom  Find,  Oisin  and  Cailte  had  destroyed. 

214.  Inis  Elgga  a  name  for  Ireland.  Kealing  sàys  that  it  means  «  noble  island  », 
and  that  the  name  was  used  is  the  time  of  the  Fit  Bolg.  In  the  Franciscan  Liber  Hym- 
norum  p.  ^S^'Elca  is  said  to  be  one  of  the  five  names  of  Ireland  (the  others  being  Eriu, 
Banba,  Fotla  and  Fail).  Colgan,  Trias  Thaumaturga,  p.  6,  thus  translates  a  now  illegible 
note  in  this  ms.  :  «  Dicitur  etiam  Insula  Elga  ab  Elgnat  uxore  Parthaloni  fîiij  Sera^.quae 
Hibemis  Elga  dicitur  i. 

21  $.  sUab  (w.  llwyP)  and  mag  are  hère  genitives  pi.  In  Old  Irish  we  should  bave  had 
slibc  and  maige. 

A  few  words,  in  conclusion,  as  to  the  assonances,  allitérations  and 
instances  of  hiatus  and  crasis  to  be  found  in  our  poem. 
I.  Assonance  : 

(a)  Vocalic.  Hère  the  following  are  noteworthy  :  thech,  eolach  103, 
104,  fo-s^ch,  tellâch  159:  t^ch,  arnabar^ch  187,  th^m,  deth^/g,  123, 
cofss,  écmais  199:  Oss/n^  f^'in  155:  bermis,  deis  83  :  mdr,  muneol  125. 

(b)  Consonantal. 

(i)  s  assonates  only  with  itself  *  :  or  the  assonating  word  mustalways 
end  in  s  :  Thus  :  ro-fess,  môr-lhres,  1 3  :  ass,  fîr-amnas  43  :  bais,  thogâis 
67,  Glaiss,  Findnais7 1  :  deis,  berniis  83  :  fiss^  anfis  10;  :  siias,  criias  173  : 
thf$,gris  177  :  choiss,  écmais  199:  ass,  eolass  201  : 

(2)  Spirants  and  single  liquids  : 

dim,  rig  5,  6  :  Goil,  Badammair  7  :  maig,  Eogain  1 1  :  chrech^  rofer 
17:  Gair,  ôenaig  19:  iarsain,  senathair  21:  crud,  tuarastul  23:  leith, 
Cachir  53  :  bid,  ardri'g  5  j  :  Fâil,  lindbâin  63  :  duib,  Berramuin6j  :  Léin, 
amréid  79,  80  :  thein,  bélaib  99  :  fian,  riam  101^  102  :  thair,  escaid  113: 
chruaid,  uair  121  :  thein,  dethaig  123  :  môr,  muineôl  125  :  aile,  -saide 
1 27  :  rig,  imsnim  129:  taig,fénnid  1 3 1  :  chûil,  dùin  133,  1 34:  diiin^  ùir 
I4$:sair,  connaid  145  :  sein,  tenid  161,  162:  biad,  riam  165:  dub, 

i'.  Thurneysen,  Rev,  Celtique^  V,  329,  note  2. 1  hadnoticed  this  rule,  but  forgottomen. 
ion  it.  ibid,^  337.  In  the  Saltair  na  Rann  s  assonates  mthrs  :  Pers,  comaitbches.  5248- 

Re¥.  Cclt.  VII.  20 


3o6  Whitley  Stokes. 

inud  179:  mod,  oenor  18^,  184:  taig,  matain  185  :  griàn,  siar  189: 
tim,  sUn  193  :  sain,  muntir  19$  :  Fâil,  làim  197  :  sain,  Berràmair  203  : 
sethar,  lethan  211:  mag,  oenach  2 1  j . 

(3)  hard  tenues:  cet,  Grée  33  :  sét,  cet  49:  Cet,  bréc  77  :  ce  may 
assonate  with  cht  :  cnocc,  thocbt  89. 

(4)  double  liquids,  and  soundgroups  containing  liquids  :  and,  dall,  3  : 
Find,  dind  9:  lenna,  Cairella  59:  chairn,  Bailb  85  :  and,  romall  91  : 
garba,  chomiabra  1 37. 

An  acute  rhymes  with  a  grave  syllable  in  the  foilowing  instances  : 
gail,  Badammàir  7  :  maig,  Eogàin  1 1  :  fess,  m6rthrès  1 3,  etc. 

A  grave  rhymes  with  a  grave  syllable  in  glana,  Maîredà  15,  nemè, 
airgdedè  3  5 ,  mallà,  lemennà  8 1 .  Two  grave  with  two  grave  in  aràilè, 
domgàilè  175. 

II.  Allitération  :  Hère  the  ruie  is  invariably  followed  that  alliterating 
letters  begin  tonic  syllables.  It  will  suffice  to  quote  a  few  instances  in 
which  verbs  occur  :  ni  Guaire  dall  gairthea  dim  5,  là  /odmar  6,  flachu 
/airged  7,  ra-m6rsat  Afumnig  din  maig,  11.  eich  na  /ian  ro-/ess  13^ 
/odsam  /eis  50,  raithmit  ris  68,  fcera  ara  tnbài  rind  1 57.  In  89  and  147 
Cy  ch  alliterates  with  c/z  :  ro-c/iuammar  sin  c/iocc,  c/iàma  ar  cind. 

Aspirated  alliterate  with  non-aspirated  and  eclipsed  consonants  :  ^er 
mo  i^(^)ennacht,  27  :  bévc  lat  do  fr^Ajiad  16$,  a  /laith  na  /ian  /ir  and 
amnas  44,  mas  aire  r/ianac  'nar  rech  169. 

III.  Hiatus  occurs  in  the  foilowing  instances  :  after  the  gen.  sg.  of  the 
féminine  article  :  (na  ôensâla  1 44,  ha  haidche  1 86)  :  after  the  possessive 
pronoun  3d  sg.  masc.  (a  eich  65,  a  ech  69,  198,  r-a  ech  87,  as-a  ucht 
128,  a  oenor  184)  :  after  the  interjection  a  (a  ardri  42,  107,  a  athig 
16 5, a  Fhind  172J  :  after  the  négative  ni  [ni  hinund  4,  nîhimmargo  94]: 
after  the  verbal  préfixes  ro^  do  (ro  ergemmar  173,  ro  iarfaiged  205,  do 
érig  189)  :  after  the  prefix  co  (co  escaid  1 14,  co  hathiam  i  ji,  co  har- 
naid  118):  after  the  préposition  [f)n'  (ri  oenuair  122]  :  after  the  nom.  sg. 
drài  (driii  and  2$),  after  the  gen.  sg.  insi  (insi  Elgga  214),  after  the 
comparative  in  -/u'(taisciu  and  91)  :  after  the  numéral  «  two  »  in  the  gen. 
(mag  dà  éo  73)  :  after  the  numéral  «  three  »  in  the  ace.  (tri  àidche  5  3)  : 
after  the  numéral  50  in  the  nom.  sg.  (côica  ech  j8):  after  the  verb 
subst.  perf.  sg.  3  (bài  in  18).  In  many  of  thèse  instances  it  is  certain 
that  t  or  s  has  been  lost. 

IV.  Crasis  occurs  (i)  where  neither  ofthe  blended  vowels  has  the 
acute  accent  :  buada-ind^  20  ;  duitsiu-intech,  29:  Feime-is,  38;  curata- 
aj48:  uile-assinn  52:  uile-i  54,  misse-ocus  67;  luatha-ar  82,  facca* 
intech  99  :  féli-is  107  :  colla-assin  133:  marbu-ahûir  i46^cnàma-arcind 


Find  and  the  Phantoms  307 

147  :  damsa-ocus^  duitsiu-is,  1 56  : bera-aratnbài  158:  àga-arcâch  159: 
d'obba-annbid  170:  a  Chailti-a  172:  eirgi-arnabarach  188:  uile-etir 
199  :  aichne-ar  202  :  fuatha-a,  210.  (2)  where  the  first  of  the  blended 
vowels  is  tonic  :  tri  lâ-is  j^  :  doni-ar  122  :  atâ-istaig  131  :  nirbe-in 
cocetul  148.  (3)  where  the  second  of  the  blended  vowels  is  tonic 
idnu-aîrgdide  36.  So  far  as  I  know,  it  never  occurs  where  both  the 
vowels  are  tonic.  I  find  in  Irish  no  sure  instance  of  elision,  i.e.  the  omis- 
sion of  a  final  vowel  before  an  initial  vowel,  and  Prof.  Atkinson's  state- 
ment  to  the  contrary  seems  as  groundiess  as  his  statement  (On  Irish 
MetriCj  p.  5)  that  elision  is  «  compulsory  >  in  Latin.  Hehas,  apparently, 
never  read  LucretiusII,  404,  617,  III,  374,  IV,  1061.  V,  7,  74,  VI, 
7*6,  755,  796.  and  Verg.  Georg.  I,  4,  II,  144,  or,  if  he  has  read 
those  lines,  he  does  not  know  how  to  scan  them. 


ETUDES  BRETONNES 


IV 


Sur  la  chute  des. sons  u,  w,  v,  /. 

I.  —  Assimilation 

1 .  On  peut  considérer  comme  un  commencement  de  destruction 
complète^  pour  un  son,  Tassimilation  au  son  voisin. 

C'est  ce  qui  est  arrivé  au  v  du  léonnais  danvez^  m.,  «  matière  »,  dans 
la  prononciation  vannetaise  danne.  Le  breton  moyen  avait  à  la  fois  deux 
formes  de  ce  mot  :  daffnez  [Sainte  Barbe,  strophe  515,  cf.  danfuez  246, 
où  la  première  syllabe  rime  en  affn)^  et  danuez^  Sainte  Barbe  65,  Sainte 
Nonne,  vers  1 588,  etc.  De  même  on  trouve  en  gallois  defnydd^  m.,  et 
denfydd  (Davies).  L'irlandais  damna  montre  que  c'est  danvez  et  denfydd 
qui  ont  subi  une  métathèse;  daffnez,  defnydd  et  damna  supposent  un 
celtique  *demnion,  de  la  même  racine  que  le  grec  Biwta,  ^Épiac,  et  à  peu 
près  identique,  sauf  le  sens,  à  ^étiivtov,  lit. 

On  peut  mettre  sur  le  compte  de  l'assimilation  la  chute  du  v  final  dans 
le  breton  moyen  ^^n,  truie  (Catholicon),  aujourd'hui  banv,  banoy  id.; 
gall.  banw^  porc,  vieil  irlandais  banb.  Comparez  les  prononciations  tré- 
coroises  han,  nom,  der,  chêne,  inder,  après-midi,  à  calé dehany  et  hanOj 
derv  et  dero,  inderv.  On  pourrait  aussi  bien  écrire  bann,  hann,  derr,  inden. 

2 .  Rien  n'empêche  de  ranger  dans  la  même  catégorie  certaines  dispa- 
ritions de  V  et  de  11'  après  une  consonne.  Voici  des  exemples. 

Bret.  moy.  silyat,  sauveur  (Poèmes  bretons],  de  *  silviat,  comique 
sylwyat, 

Vannetais  terénein,  remettre  au  lendemain,  atermoyer,  de  *  tervenein, 
gall.  terfynu^  terminer,  du  latin  terminus.  Pour  le  sens,  comparez  les 
expressions  vannetaises  asten  termén  et  turul  termén,  qui  sont  synonymes 
de  terénein. 


Etudes  bretonnes,  309 

Dialecte  de  Batz  (Loire-Inférieure)  adern^  œillet  contenant  l'eau 
saturée  qui  doit  servir  à  l'alimentation  des  œillets  à  sel.  Le  Dictionnaire 
de  L'A.,  au  supplément,  au  mot  marais j  donne  :  «  Mean  ou  Muan^  ici 
Servant f  Adxvn..,  neu.  m.  »  Ce  mot  ne  vient  pas  du  français  local 
aderne,  qui  se  trouve  dans  le  Supplément  de  Littré  ;  c'est  au  contraire  ce 
dernier  qui  vient  du  breton,  l'ancienne  forme  française  étant  baherne, 
berne  {2iu  xm^  siècle,  Dictionnaire  de  Godefroy),  du  bas  latin  baderna, 
«  caldaria  in  qua  conficitur  sal  »  (Du  Gange).  Je  crois  que  un  adern  est 
venu  de  *  un  vadern,  le  v  étant  la  mutation  régulière  de  l'initiale  b  du 
mot  féminin  baderna.  Le  mot  (b)adern  doit  dater  en  breton  de  l'an  1 100 
environ,  à  moins  que  son  primitif  n'ait  été  *baterna.  Cela  résulte  des 
faits  signalés  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  Revue  celtique^  III,  226, 
227  '. 
Dial.  de  Batz  banezeo^  noces  =  léon.  banveziou^  banquets. 
Guredeny  Guorreden,  Guorheden,  nom  propre,  Cartulaire  de  Redon,  = 
Uuoruueten,  ibid. 

Pour  les  formes  par  rr,  rh,  venant  de  nv,  comparez  le  vann.  erhat 
bien,  merhat,  merrat,  «  probablement  »,  de  er-vat,  me  oar  {er]'vat,  tré- 
corois  marvat, 

Dimiziff,  se  marier  (Cath.)  trécorois  dimein,  comique  domethy^  de 
*  do-ambi-wed-im,  cf.  gall.  dy-weddi  (Stokes). 

^  Quelquefois  les  sons  v,  h^,  semblent  plutôt  absorbés  par  celui  qui 
suit  que  par  celui  qui  précède  : 

Léon,  hevlene,  cette  année,  cornouaillais  helene,  gall.  eleni;  tréc.  daou 
lày  deux  ans,  =  léon.  daou  vloaz^  etc. 

Le  nom  breton  actuel  H^/our)' était  au  ix«  siècle  Haeluuobri  {CartuL 
de  Redon,  p.  10),  de  hael^  généreux,  et  uuobri  =  v.  gall.  guobri^ 
«  important,  considérable  »  (gl.  gravis). 

De  même  le  nom  de  saint  Corentin,  en  breton  actuel  Kaourintin,  a 
perdu  le  son  iv  avant  l'r.  On  trouve  en  954  la  forme  Chourentinus  [Car- 
tulaire de  Landévennec) .  Chourentinus  est  dérivé  de  Chourant  [CartuL  de 
Redon)  de  même  que  Kerentin  de  carant-^  d'où  Carantcar,  etc.  (ibid.)  Le 
mot  courant  se  trouve  fréquemment  dans  des  noms  composés  du  Cartu- 
laire dt  Redon  :  Courantdrehy  Courantmonoc,  Gleucourant,  Loiescourantytic, 
On   le  trouve  écrit  aussi  Couurant  (p .  2  5  2)  ;  i^  vient  de  cobrant,  gardé 


1 .  n  y  aurait,  ce  me  semble,  à  retrancher  de  ces  deux  pages  si  concluantes  l'étymo- 
iogie  du  breton  gravai  civière,  par  le  bas  latin  grabadum.  En  effet,  le  correspondant 
du  léonnais  gravaz  est  en  trécorois  granvas  et  en  vannetais  gravah,  ce  qui  montre  que  le 
z  était  dur  et  venait  non  de  d,  mais  de  tt  ;  on  sait  d'ailleurs  que  *  grabattus  est  parfaite- 
ment admissible  à  côté  du  classique  gr^b^f  fui  (cf.  Etudes  gramm.  sur  tes  langues  celt.^  72  *). 


)io  E.  Ernanlt, 

dans  Kobrantgenus,  cf.  Courantgen;  Haelcobranty  cf.  Haelcourant,  eic.  \ 
il  y  a  aussi  la  variante  cubrat,  àsins  Catcubrat,  (ibid).  Une  autre  forme 
analogue  à  Corentin  et  qui  se  trouve  dans  le  Cartul,  de  Redon  est  Mor- 
coris^  p.  157,  à  côté  de  Morcobris^p.  212.  Il  est  possible  que  ces 
mots  soient  proches  parents  des  noms  gaulois  Cobromara  (lecture  dou- 
teuse, Corp.  inscr.  lat.,  III,  ^598),  Cobrovomarus,  Rev.  crff.,  I,  296;  cf. 
aussi  Pirl.  Conchobar^  Conor.  Le  v.  irl.  cobity  «  auxilium,  »  offre  un 
sens  satisfaisant  (de  la  préposition  co,  avec,  et  de  la  racine  ber,  porter; 
cf.  (Tu(A(p^M,  être  utile).  Quant  à  Couurant  d'où  Corentin,  je  crois  que  la 
comparaison  de  l'irl.  ac-cobor,  volonté  (de  la  même  racine  que  cobir, 
cf.  hl.  fert  animas,  «  j'ai  l'intention  »)  est  plus  probable,  à  cause  du  v. 
bret.  cou..antolion  «  andriuenereis  »  (passionnés),  qui  semble  devoir  se 
compléter  en  cou[ur]antolion  >. 

II.  —  Apocope. 

4.  Il  arrive  souvent  qu'un  v  final  précédé  d'une  voyelle  tombe  en 
breton  actuel  :  sa  eisav,  saf^  sao,  lève-toi. 

Le  même  fait  se  produit  en  moyen  breton  pour/, /.  Ainsi  en  même 
temps  que  creff,  fort,  on  trouve  cre,  par  exemple  Grand  Mystère  de  Jésus, 
p.  34.  col.  b,  et  Sainte  Barbe,  str.  73  c  ;  les  rimes  montrent  qu'il  y  avait 
déjà  deux  prononciations  différentes.  Creff  a  donné  en  léonnais  krev 
(Troude),  krenv^  kren,  et  en  vannetais  krïhu'éy  krean. 

De  même  on  trouve  dans  le  Catholicon  crisquiff  «  croître  »,  et  dans 
Sainte  Nonne,  vers  1784,  chrisqui;  le  premier  répond  au  trécoroisimib/n, 
vann.  kriskein,  le  second  au  léonnais  kriski,  Ouz  iff  «  à  moi  »  rime  en  f, 
Gr.  Myst.  de  Jésus,  p.  43  b,  dleaf  v  je  dois  »  à  eza  «  donc  »,  ibid.,  67, 
etc.  Le  son  v  tombe  souvent  aussi  à  la  fin  des  mots,  en  gallois  et  en 
comique  ;  ainsi  la  terminaison  de  superlatif  -a  pour  av,  de  am,  se  trouve 
dans  ces  deux  langues,  comme  en  breton  moyen  et  en  léonnais  actuel 
(cf.  Grammatica  celticu,  2"  éd.  p.  299). 

Voici  d'autres  exemples. 

Le  breton  gueltreou,  gueltleou,  guentreou,  guehtleou,  grands  ciseaux, 
est  le  pluriel  de  gueltre,  gueltle,  guéntle,  guentre,  guentle^.  Ces  deux  der- 
nières formes  proviennent  des  autres  par  le  changement  régulier  de  /  en 
n  devant  /,  cf.  d'Arbois  de  Jubainville,  Etudes  grammaticales  sur  les 
langues  celtiques,  p.  29.  Le  second  /  de  gueltle  est  venu  de  l'r  de  gueltre, 

1.  M.  d'Arbois  de  Jubainville  a  donné  une  explication  différente  du  nom  de  siint 
Corentin,  Introduction  à  Vitudt  de  la  littérature  celtique,  p.  300. 

2.  Le  P.  Grégoire  donne  aussi  gueltreZj  avec  z  léonnais  inorganique,  cf.  Ra.  celt. 
V,  127. 


Etudes  bretonnes.  ^  1 1 

et  celui-ci  lui-même  est  une  addition  phonétique,  comme  dans  kouldriy 
colombier,  en  bret.  moy.  coulmty.  Certains  dialectes  n'ont  pas  subi  cette 
altération  :  le  vannetais  a  gueltanv,  plur.  gueltaniieii,  grands  ciseaux 
(P.  Grég.t,  gultanv  (Troudet,  gultan,  f.,  pluriel. ..  neu^  Dictionnaire  de 
L'A.  ;  en  basse  Cornouaille  gu^/M/ï,  id.  Le  Gonidec  donne  gu/m/j,  m., 
plur.  ou  ou  ioUy  «  pincettes  de  cheminée  ou  de  forgeron  »  ',  cf.  vann. 
gultan  f.,  pincettes,  L'A. 

Ce  doublet  actuel  gueltre  et  gueltan  indique  en  breton  moyen  une  ter- 
minaison eff;  cf.  léon.  ene^  vann.  inean,  âme,  =  moy.  bret.  eneff  (dia- 
lecte de  Batz  eneif).  Le  mot  guelteff  existe,  en  effet,  dans  le  Catfwlicon. 
M.  Loth,  Vocabulaire  vieux  breton^  p.  156,  le  rend  par  «  comble  d'une 
maison  »,  peut-être  à  cause  du  mot  coubl,  qui  l'accompagne;  mais  coubl 
vient  du  français  couple^  et  signifie  «  repli  »  ;  d'ailleurs  la  locution 
complète  est  (  au  mot  lace)  coubl  guelteff  an  ty  (f  enlaceure  de  trefs 
[trabes]de  maison  »,  en  lat.  la^U[e]ar.  Guelteff  désigne  donc  ici  un 
assemblage  de  pièces  de  bois  qui  s'entre-croisent  ;  pour  l'emploi  du  mot 
coubly  cf.  coubl'Camm  et  coubl-coadd,  «  ferme  de  charpente  »,  P.  Grég., 
s.  V.  ferme  ^.  L'idée  de  la  forme  des  ciseaux,  indépendamment  de  l'usage 
ordinaire  de  cet  instrument,  se  trouve  de  même  dans  ur  gu'éntle^  plur. 
ar  guéntleyer,  a  les  deux  traversiers  qui  soutiennent  le  poutreau  de  la 
coquille  [d'un  moulin]  )>,  P.  Grég.  A  la  finale  de  guelteff  correspond 
celle  du  gall.  gwellaif,  plur.  gwelleifiau,  ciseaux. 

Le  vieux  comique  nous  offre  la  forme  guillihim,  gl.  forceps,  pour 
laquelle  on  attendrait,  il  est  vrai,  *  guillim^  *gueltim.  Mais  malgré  Vh 
qui  les  sépare,  les  deux  /  ne  sont  sans  doute  pas  plus  étymologiques  que 
ceux  du  vieux  comique  uiidimm  «  lignismus  »,  cf.  v.  bret.  guedom^stx^t, 
gall.  moy.  gudif^  aujourd'hui  gwyddif,  id.,  breton  moy.  gouzifyat,  épieu 
(Cath.),  gouzifyad  P.  Grég.,  trécorois  gwif^  f.,  fourche  à  deux  doigts,  à 
pied  long,  plur.  ^//b,  cf.  Rev.  celt.  IV,  155.  L'/ est  resté  dans  gwt/ 
comme  dans  le  trécorois  annaf,  orvet,  =  bret.  moy.  anaff  (à  Sarzeau 
ënan] . 

Un  autre  nom  breton  d'instrument  ayant  le  même  suffixe  que  gueltre 
et^i/est  n^r^,  doloire,  en  bas  léon.  eze  (Dom  Le  Pelletier),  en  gall. 
neddyf,  id.,  vieux  comique  nedim,  hache.  Le  CatfioUcon  donne  la  forme 
ezeff,  «  bisagùe,  l.  bipennis,  bisacuta  »  ;  le  P.  Grégoire  attribue  à  ezefle 

t .  Quoique  cette  forme  se  retrouve  dans  le  dictionnaire  de  Troude,  je  ne  sais  si  elle 
existe  et  si  elle  a  jamais  existé  en  Léon  ;  M.  G.  Milin,  qui  est  une  excellente  autorité  pour 
ce  dialecte,  ne  la  connaît  pas  dans  Tusage.  Le  Dictionnaire  de  L'A .  ne  distingue  pas  dans 
l'écriture  Vn  nasal  de  l'autre. 

2.  En  terme  de  charpenterie,  une  ferme  est,  selon  la  définition  de  Littré,  un  a  assem- 
blage de  pièces,  sur  lesquelles  posent  d'autres  pièces  qui  portent  un  comble.  » 


}I2  £.  Ernault. 

sens  de  bissac^  par  suite  sans  doute  d'une  mauvaise  interprétation  du  mot 
bisague,  aujourd'hui  «  besaiguê  ».  La  racine  se  trouve  dans  le  gall.  naddu^ 
couper,  irl.  snaidim  ;  elle  doit  être  parente  de  celle  du  gothique  sneithan, 
allemand  schneiden,  couper  ;  cf.  allem.  schnaUCy  fente. 

III.  —  Contraction. 

5 .  Le  mot  trécorois  gwifj  fourche  à  pied  long,  n'a  qu'une  syllabe,  il 
vient  immédiatement  de  *  gou-if^  gouzif-y  *guedim.  Une  contraction 
analogue  a  eu  lieu  plus  anciennement,  dans  le  gaulois  v^r-  (prononcé  wer, 
et  transcrit  en  grec  oOep-),  de*ou-^r  pour  *ouper,  sur.  Le  contact  du 
son  oUf  voyelle  d'abord,  puis  demi-consonne,  a  fait  changer  l'e  suivant  en 
0  dans  les  langues  néo-celtiques  :  irlandais /or,  breton  uor,gaor,  plus  tard 
gor,  gour. 

Des  faits  du  même  genre  ont  lieu  en  breton,  avec  les  sons  w,  v,  / 
entre  voyelles. 

Voici  d'abord  des  exemples  où  il  y  a  simplement  disparition  de  ces 
sons,  sans  que  le  nombre  des  syllabes  en  soit  diminué. 

Bro-erec,  en  1 294,  (Etudes grammaticales,  2 ?  *)  de Bro-uueroc (ix« siècle-, 
patria  Gueroci  (x'  siècle),  Cartulaire  de  Redon. 

Hoel  (Cartul.  de  Redon),  Houuely  CartuL  de  Landévennec,  =  gall. 
hy-wel^  «  conspicuus.  » 

Salaiïn^  de  *  Salavun,  Salamun,  Cart,  de  Redon^  p.  359,  =  Salomôn. 

La  chute  de  w  entre  voyelles  est  fréquente  en  irlandais,  et  n'est  pas 
inconnue  en  gaulois  :  *'  iovincos,  jeune,  a  donné  en  cette  dernière  langue 
le  dérivé  Joincissus  à  côté  de  Jovincillus,  et  en  vieil  irlandais  ôac.  En 
latin^  on  trouve,  de  la  même  racine,  auprès  des  formes  classiques  /u- 
vencus,  juveniSy  etc. ,  d'autres  formes  comme  juenis,  juentutis^  juenta,  etc.  ; 
cf.  Corssen,  Ueber  Aussprache,.,  der  lat.  Sprache,  2«  éd.  I,  516,  521. 

Mais  la  chute  du  son  intermédiaire  a  souvent  pour  conséquence  la 
contraction  des  deux  voyelles  mises  en  présence.  Ainsi  le  comique  a  la 
la  forme  yo/ic,  jeune,  en  même  temps  que  youonc,  yowinc  =  bret. 
iaouank. 

Voici  des  exemples  bretons. 

Goanac^  espérance,  Cath.  =  gall.  gofynag  confiance,  cf.  comique 
goveneky  désir,  Meriasek  v.  2900,  de  g[w)o  et  gall.  mynag^  rapport, 
récit,  cf.  bret.  menek,  mention. 

Léon,  gouer,  ruisseau,  vann.  godre  et  gowxle-deur  (L'A.^,  gall.  gofer, 
vocab.  corn,  guuer^  plur.  goverov^  3  syll.,  Meriasek  v.  1971  ;  de  gw  0 
et  bret.  bera,  couler  ;  cf.  gall.  goferu^  couler  doucement. 


Etudes  bretonnes,  313 

Dioueret,  être  privé  de,   perdre,  Grand  Myst,  de  Jésus,  p.  21,  léon. 
id.,  trécorois  divoeret,  vann.  dioverein,  gall.  dioferaf  dsixis  le  passage 

Namyn  y  du6  vchaf 
Nis  dioferaf 

(Skene,  The  four  ancient  Books  of  Wales^  vol.  II,  p.  196,  cf.  I,  355,  et 
H.  de  la  Viiiemarqué,  Les  bardes  bretons  y  p.  436).  Je  traduirais  «  il  ne 
me  manque  que  le  Dieu  suprême  ».  D'ailleurs  si  le  sens  exact  de  ce 
mot  gallois  peut  être  discuté,  il  me  semble  certain  qu'il  est  identique 
pour  la  forme  aux  mots  bretons  cités,  et  que  tous  sont  composés  d'un 
préfixe  di  et  de  l'adjectif  qui  est  en  gall.  ofer,  «  vain  »,  et  en  vannetais 
voer^  a  fade,  «  et  «  fat  »,  de  *  omeros^  proche  parent  du  latin  amarus  et 
dérivé  de  *  omos^  gall.  of,  irl.  (5m,  grec  cLaoç. 

A  la  forme  vannetaise  voer  venant  de  over,  gardé  dans  di-over-ein,  on 
pourrait  comparer  le  léonnais  vue/,  humble,  =:  comique  huvel,  gall. 
ufellf  du  lat.  humilis,  si  ce  mot  vuel  ne  provient  pas  d'une  méprise  de 
Le  Gonidec.  Le  P.  Grégoire  donne  vuël  comme  suranné,  et  cette  forme 
vuel  est  fréquente  dans  les  textes  du  breton  moyen  ;  mais  l'expression 
très  commune  cuff  hac  vuel  montre  qu'on  prononçait  uvel^  comme  l'in- 
diquent les  rimes,  le  mot  hac  et  non  ha,  et  aussi  des  variantes  gra- 
phiques telles  que  uffuel^  Sainte  Barbe  695,  ufuel,  Gr,  Myst.  de  Jésus, 
p.  20,  etc. 

Le  vieux  comique  plumauc,  coussin,  est  en  moyen  breton  pluffec,  en 
léon.  p/ii^ifc,  en  vann.  p/^c,  dans  tréss-plêc,  chevet,  traversin  (L'A.),  = 
treuZ'pluvecqy  P.  Grég.  truspluffec  Cath.  Ce  moltréss-plêc  se  prononce  tes- 
pleg  en  bas-vannetais,  et  sous  cette  forme  il  ressemble  au  vieux  comique 
tiis^  coussin,  auquel  il  est  comparé,  Vocabul.  vieux  breton,  p.  221  ;  mais 
liis  vient  probablement  du  lat.  /exo,  tandis  que  /e5-/?/eg  vient  certainement 
de  *  trâs-plumâc.  Pour  la  chute  de  r  en  bas-vannetais,  cf.  kerhet  et  kèhet, 
marcher,  Vocabul,  v.  breton,  p.  87. 

Coabrennou,  nuées,  Poèmes  bretons  du  moy.  âge,  271,  5  syll. ,  aujour- 
d'hui id.,  de  couffablen,  Cath.,  pour  *  couff'-'Oabr en,  cf,  counouabr,  D.  Le 
Pell.  ;  cf.  oabl  ar  c'hounabr,  le  ciel  des  nues,  P.  Grég.  A  Saint-Mayeux, 
konaben,  vann.  kaniblen;  de  la  prép.  corn  et  de  oabl,  gall.  wybr  cf.  en 
noabrennou,  Gr.  Myst.  de  Jésus,  80  b.  L'/i  initial  de  noabrennou  provient 
de  l'influence  de  l'article  qui  précède;  il  en  est  de  même  dans  Roen  noa- 
brenn  «  le  roi  du  ciel  »  Poèmes  bretons,  str.  175,  pour  roe  'nn  oabrenn  '. 

I.  L3  Gramtnatica  celtica,  a®  éd.,  p.  99,  donne  roen  c  roi  »  comme  fréquent  dan* 
Sainte  Nonne;  je  ne  l'ai  trouvé  ni  dans  Sainte  Nonne  ni  dans  aucun  autre  texte,  il  existe 
seulement  dans  la  composition  de  noms  propres  du  cartulaire  de  Redon.  Roen  est  toujours 


314  ^-  Ernault. 

Koanze,  le  séant,  en  trécorois  (2  syll.);  léon.  kavazezit  *com- 
assed-, 

Coezff^  enflure,  Cath.,  léon.koenv,  =  *  co-huez-nif  cf.huezaffs'enûtr, 
Cath.  ;  le  vann.  foaiiv  enflure  =  *  liuez-tUy  foanveln  enfler  =  comique 
/ïoM/)' s'enfler  (Meriasek  4438],  cf.  coezffuiff,  Cath.,léon.  koenvi.  Pour 
f^z  c^h^  cf.  bret.  fubu  et  c*houibu,  moucherons,  etc. 

Bret.  moy.  concoez,  gourme  à  la  gorge,  étranguillon,  Cath.,  léon. 
konkoez,  m.,  LeGon.,  de  * com-ang-êd- ^  cf.  gall.  cyfyng,  étroit,  v.  irl. 
cumangy  id.,  grec  auvxY/T)  esquinancie.  Cf.  le  vann.  ancoe,  la  luette 
(entrée  du  gosier)  =  *  ang-êd,  et  le  lat.  angina.  . 

Ces  quatre  derniers  exemples  rappellent  les  contractions  latines 
comme  cUria  de  *  co-viria^  volsque  covêria;  contio  de  coventio,  etc. 

Le  vannetais  goarn,  «  garder,  »  veut  dire  proprement  «  gouverner  » 
et  est  identique  au  moy.  bret.  gouuern,  Sainte  Barbe  357;  le  vann. 
goarnation,  action  de  garder,  vient  du  lat.  gubernaîio. 

6.  Les  diphtongues  contenant  un  des  sons  u,  oUy  se  simplifient  assez 
souvent. 

Ainsi  on  lit.  dans  le  Cartulaire  de  Redon  les  noms  Gleumarcoc  et 
Glemarhocus,  Gleamonoc  et  Glemonoc,  Gleaden  et  Gleden^  cf.  gall.  glew, 
vaillant. 

Le  latin  pUbs  est  devenu  plueu  \Cartui  de  Landévenneci,  c'est-à-dire 
*  plwev,  gall.  plwyf]  le  v  final  est  tombé  (  cf.  §  4]  dans  les  formes  plui, 
ploiy  Cart.  de  Redon,  ploe,  Cart,  de  Landévennec  et  de  Redon,  Sainte 
Nonne,  etc.  ;  et  cette  diphtongue  elle-même  s'est  contractée  dans  pb 
[Cart.  de  Redon  et  de  Landévennec),  auj.  plou-. 

Un  mot  de  prononciation  aussi  compliquée  et  beaucoup  mieux  con- 
servé est  le  vann.  glouaihuey  gloèaii,  gleau,  gloàit,  «  rare  »  {Etude  sur  le 
dialecte  bret,  de  la  presqu'île  de  Batz^  p.  9^  en  v.  gall.  gloiu,  auj.  gloyw^ 
gloew,  «  limpide  »;  cf.  v.  bret.  Glueu,  CartuL  de  Redon,  p.  îo8, 
Uuetengloeu,  p.  81 ,  v.  irl.  glêy  brillant.  Le  v.  bret.  gloiatou,  «  nitentia  », 
est  pour  *  gloiuatou  et  par  conséquent  moins  complet  que  gloèùoh  «  plus 
rare  »,  Livr  bugalé  Mari,  Rennes,  1881,  p.  424. 

Le  mot  breton  deol,  «  dévot  »,  donné  par   Davies,  et  existant  dans 

en  moyen  breton,  une  combinaison  de  roe^  <  roi  »,  avec  l'article.  Ainsi  roeon  bet  «  le 
roi  du  monde  »,  en  trois  syllabes,  Sainte  Nonne,  vers  54,  =  roe  an  bet  en  deux  syllabes, 
Gr.  Myst.  de  Jésus ^  19  b,  =  roen  bet,  ib:d,  14  b,  roen  bet,  variante  roe  'n  fcrt,  Sainte 
Barbe  629.  Roen  pour  roe  an  se  trouve,  entre  autres,  aux  vers  ^4,  jj,  441  et  1019  de 
Sainte  Nonne.  On  lit  roe  bet,  sans  article.  Sainte  Nonne,  vers  146,  381.  ce  qui  a  pu  faire 
illusion  sur  le  rapport  réel  de  roe  et  roen.  Doe  roen  flour.  Sainte  Nanne,  v.  896,  seul  et 
unique  passage  où  roen  remplace  roe^  est  évidemment  une  méprise  du  scribe  pour  Doen 
roeflour,  c  Dieu,  le  roi  clément.  » 


Etudes  bretonnes.  ^15 

Tusage  (cf.  Rev.  celt.  IV,  150)',  est  pour  *  doeol^  gall.  duwiol;  c'est  un 
doublet  de  doeel,  divin,  Cath. 

Nous  avons  vu  que  gi¥or  =  ver  est  devenu  en  breton  gor,  gour;  gwo 
=  vo  de  *  ou[p]Oy  sous,  est  devenu  d.e  même  go-,  gou-^.  En  gallois  on  a 
également  gwobr  et  gobr^  récompense  ;  le  breton  n*a  que  cette  dernière 
forme.  A  côté  du  v.  bret.  bleuou,  cheveux,  on  trouve  bleoc,  chevelu 
[gall.  bieuog,  bret.  actuel  blevek)\  dans  le  Cartuiaire  de  Landévennec 
blehuc.  Le  correspondant  du  gall.  delw,  irl.  delb^  forme,  est  en  v.  bret. 
delu  :  le  Cartuiaire  de  Redon  en  présente  des  composés  comme  lluor- 
condelu^  Uurcondelu,  =  *  ver-cuno-delvos,  «  à  la  forme  très  noble  »  ; 
Cumdelu  =  *  cômi-^elvoSy  «  aux  manières  affables  »,  et  des  dérivés  comme 
Deloci  igénitifj  Condeluoc,  Uurcundeluc,  Condeloc,  de  *  delvâcos^  «  for- 
mosus  ».  De  même  Catoc,  Cadoc,  viennent  de  *  catuâcos  «  batailleur  »; 
la  contraction  Catâcus  se  lit  dans  une  inscription  chrétienne  de  Grande- 
Bretagne  (Huebnern**  ^ç). 

7.  Les  diphtongues  wi,  we,  se  contractent  tantôt  en  ou,  tantôt  en  /, 
e.  Exemples  : 

EngroeZy  ingroez  a  foule,  presse  »,  Le  Gon.,  correspondrait  à  un  mot 
gallois* y ngrwydd y  racine  ang[h)^  cf.  §  5.  Le  P.  Grég.  donne  les 
variantes  engroés,  ingros  et  ingro'é;  le  Dictionnaire  de  L'A.  a  la  forme 
incrêssey  «  presse,  empressement  »,  qui  est  incompatible  avec  le  mot 
ingro'é  et  qui  vient  d'une  confusion  avec  le  mot  tout  différent  enkresy 
chagrin,  oppression.  Le  suffixe  -roez  se  retrouve  dans  -le  moy.  bret. 
diouguelroez^  sûreté,  Cath.,  mal  lu  par  Lq  Men  diouguelegez .  Il  existe 
aussi,  je  crois,  dans  le  v.  bret.  catalrid,  que  M.  Rhys  me  semble 
avoir  bien  rendu  par  warlikeness^  de  *  catolruid. 

Léon,  kompoz  eikompez,  plain,  uni,  Cath.  compoesy  vann.  kanpouis 
=  gall.  cymhwySj  de  corn  et  poes,  poids,  du  lat.  pe\n]sum.  Le  v.  bret. 
pus.,.,  «  ponderabitur  »,  offre  aussi  la  contraction,  comme  encore  le 
léonnais  lespos y  déhanché,  P.  Grég.,  en  petit  Tréguier  pozlest,  de  les, 
hanche,  et  poes;  cf.  comique  poys  et  pôs,  poids. 

Les  formes  celtiques  du  nom  de  la  bruyère  offrent  des  exemples  de  ces 
mêmes  faits.  M.  Schuchardt  voit  avec  raison  dans  le  bas  latin  brugaria 
un  dérivé  du  celtique  *  vroicâ  =  grec  £-[/"]pe'X7).  Pas  de  difficulté  pour 
les  consonnes.  Mais  M.  Thurneysen,  Keltoromanisches  94,  demande  qu'on 
cite  des  mots  où  la  diphtongue  celtique  oi  soit  devenue  û  en  gaulois  du 
continent,  comme  cela   a   eu  lieu  en  latin  et  dans  la  période  la  plus 


I.  Reste  à  savoir  si  cet  usage  restreint  d'aujourd'hui  n'a  pas  lui-même  une  origine 
savante. 


ji6  E,  Ernault, 

récente  du  vieux  breton.  Je  ne  pense  pas  qu'il  soit  possible  d'admettre 
ici  ce  changement  phonétique.  Le  correspondant  rigoureux  du  v.  irl. 
froech^  bruyère,  serait  en  gallois  * gwrug;  on  a grug^  dont  lu  me  paraît 
venir  d'une  contraction  secondaire  de* grwig  =  * gwrwig,  de  "n^roic^  cf. 
Tu  du  comique g/ut/i  rosée  =  trécorois  glouiz^  gall.  gs^lith  (léon.  gliz)\ 
et  du  vannetais  glub^  humide,  tréc.  gloeh^  gall.  gwlyh  (léon.  gleby  gUbl 
La  contraction  s'est  faite  d'une  façon  différente  dans  le  comique  grig, 
bruyère  =  *  g{w]rwic^  de  *wroic,  et  dans  le  dérivé  gallois  grygon^  «  heath 
berries  »,  en  breton  de  Cornouaille  ^r^^on,  «  prunes  sauvages  »;  elle  ne 
s'est  pas  faite  du  tout  dans  le  trécorois  groegon,  id.,  zz  *  wroecân^  irl. 
fraechàn,  airelles.  A  côté  du  celtique  *  vroicâ  il  s'était  développé,  sans 
doute,  une  variante  *  vruicâ,  d'où  proviennent  les  formes  des  langues  bre- 
tonnes; car  *  vroicâ  eût  donné  en  armoricain  *  grugon.  Le  groupe  insolite 
*  wrwic  se  sera  adouci  en  brUC'  dans  des  bouches  romanes. 

Emile  Ernault. 


LE  MYSTÈRE  DES  TROIS  ROIS. 


Le  plus  ancien  ouvrage  connu  intéressant  directement  le  dialecte  de 
Vannes  est  le  dictionnaire  breton-français  dit  de  Chàlons,  paru  en  1723, 
à  Vannes,  chez  Jacques  de  Heuqueville.  Levrot,  dans  sa  biographie 
bretonne,  Tattribue  à  Nicolas  de  Chàlons.  M.  Pabbé  Luco  a  prouvé  qu'il 
ne  peut  être  question  que  de  Pierre  de  Chàlons,  recteur  de  Sarzeau, 
mort  en  1718:  le  dictionnaire  n'a  été  publié  qu'après  sa  mort  '.  Un 
passage  de  la  préface  de  la  grammaire  de  Grégoire  de  Rostrenen  nous 
a  fait  d'abord  penser  que  le  véritable  auteur  de  ce  dictionnaire  pourrait 
bien  être  Tabbé  Cillart  de  Kerampoul,  l'auteur  du  dictionnaire  français- 
breton  du  dialecte  de  Vannes  connu  sous  le  nom  de  l'Armerye.  On  lit 
à  la  page  VII  :  «  Les  Remarques  de  M.  l'abbé  Cillart  recteur  de  Grand- 
champ  au  diocèse  de  Vannes  m'ont  beaucoup  servi,  aussi  bien  que  son 
dictionnaire,  et  l'une  et  l'autre  m'auraient  été  bien  plus  utiles,  si  j'avais 
eu  le  bonheur  de  les  voir  plus  tôt.  »  La  grammaire  de  Grégoire  de  Ros- 
trenen étant  de  1 7  3  8  et  le  dictionnaire  français-breton  ayant  paru  en  1 744 , 
ou  bien  il  s'agit  du  dictionnaire  breton-français,  le  seul  qui  jusque-là 
eût  paru  pour  le  vannetais,  ou  le  père  Grégoire  aura  eu  entre  les  mains 
le  dictionnaire  français-breton  manuscrit  ainsi  que  la  grammaire  portant 
à  cette  époque  le  titre  de  Remarques  sur  la  langue  bretonne.  Un  passage 
d'un  Vocabulaire  nouveau  imprimé  à  Vannes,  chez  J.  M.  Galles,  impri- 
meur-libraire, rue  Notre-Dame,  sans  date  ni  nom  d'auteur,  mais  cer- 
rainemenl  entre  1775  et  1801,  fait  pencher  pour  cette  dernière  alter- 
native. On  lit  à  la  page  i  de  l'avertissement:  «  Mais  le  Breton,  qui  est 
une  des  plus  anciennes  langues  de  l'univers,  n'a   qu'un  dictionnaire 
défectueux  qui  parle  souvent  d'une  grammaire  qu'on  ne  trouve  nulle 
part.  »  Comme  nous  le  fait  remarquer  M.  l'abbé  Luco  qui  nous  a  signalé 

1 .  288*  séance  de  la  Société  polymathique  de  Vannes,  24  avril  1877. 


3i8  y.  Loth, 

ce  texte,  il  s'agit  certainement  du  dictionnaire  de  Cillait  et  de  la  gram- 
maire à  laquelle  il  renvoie  dans  son  diaionnaire  ;  à  la  page  IX  de  l'aver- 
tissement de  ce  même  vocabulaire  il  y  a  un  renvoi  au  dictionnaire  visé 
à  la  page  I  et  il  se  rapporte  très  exactement  au  dictionnaire  français- 
breton.  Il  paraît  donc  probable  que  la  grammaire  et  le  dictionnaire  dont 
a  profité  Grégoire  de  Rostrenen  sont  le  dictionnaire  français-breton  paru 
depuis  et  une  grammaire  du  même  auteur  qui  n'a  jamais  vu  le  jour. 

Pierre  de  Chàlons,  né  à  Saint-Dizier  en  1641  n'apparaît  à  Vannes 
qu'en  1679.  Il  acquit  dans  le  diocèse  de  Vannes  un  grand  nombre  de 
bénéfices,  y  joua  un  rôle  important  et  mourut  en  1718  a  Sarzeau,  dont 
il  était  recteur  depuis  1709.  Cillart  s'occupa  de  la  publication  du  dic- 
tionnaire breton-français  paru  sous  le  nom  de  Chàlons,  comme  le  prouve 
une  note  relevée  par  l'abbé  Luco  au  dernier  feuillet  de  ce  dictionnaire. 
Si  on  réfléchit  que  Pierre  de  Chàlons  n'était  pas  breton,  on  est  fort  tenté 
de  supposer  que  l'abbé  Cillart  qui  parait  avoir  évité  tout  bruit  autour  de 
son  nom,  pourrait  bien  avoir  eu  la  plus  grande  part  non-seulement  à  la 
publication,  mais  à  la  composition  de  ce  dictionnaire.  L'abbé  Cillart,  fils 
de  François,  sieur  de  Kerampoul,  de  ICerallier  et  sénéchal  de  la  barre 
royale  de  Rhuys,  naquit  en  1686  à  Sarzeau  et  mourut  à  Locminé  en  1749 
après  avoir  été  recteur  de  Grandchamp  en  1732.  L'abbé  Luco  a  prouvé  ' 
de  la  façon  la  plus  certaine  qu'il  est  l'auteur  du  dictionnaire  français- 
breton  appelé,  on  n'a  jamais  su  pourquoi,  dictionnaire  de  l'Armerye. 
En  voici  le  titre  exact  :  Dictionnaire  françois-breton  ou  françois-celtique 
du  dialecte  de  Vannes,  enrichi  de  thèmes  dans  lequel  on  trouvera  les 
genres  du  françois  et  du  breton,  les  infinitifs^  les  participes  passifs,  les 
présents  de  l'indicatif,  suivant  la  première  façon  de  conjuguer,  et  une 
orthographe  facile,  tant  pour  l'écriture  que  pour  la  prononciation,  par 
Monsieur  l'A*** 

Deriyentur  fontes  tui  foras  et  in  plateis  aquas  tuas  diviie 

à  Leyde 

par  la  compagnie 

MDCCXLIV. 

Il  est  fait  mention  dans  la  Biographie  bretonne  d'une  édition  publiée  à 
la  Haye  en  1756.  M.  l'abbé  Luco  n'en  a  jamais  trouvé  d'exemplaire. 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  nous  apprend  qu'il  en  a  un  en  sa  possession. 

1.  Société  polymathique  de  Vannes,  289*  séance,  29  mai  1877. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  319 

C'est  assurément  un  des  plus  précieux  dictionnaires  du  breton-armori- 
cain. Il  contient  beaucoup  de  formes  intéressantes,  un  vocabulaire  assez 
riche,  un  certain  nombre  de  proverbes  ou  dictons  et  des  réflexions  par- 
fois amusantes  de  l'auteur.  Les  exemplaires  de  1744  présentent  entre 
eux  certaines  différences.  L'abbé  Cillart  était  d'un  naturel  porté  à  la 
satire  ;  certains  passages  contre  les  moines  notamment  ont  pu  paraître 
risqués  aux  autorités  ecclésiastiques. 

Nous  avons  fait  des  recherches  jusqu'ici  infructueuses  pour  trouver 
des  textes  vannetais  du  xvi*"  et  du  xv!!*"  siècle.  L'imprimerie  Galles,  qui 
publie  du  breton  depuis  tantôt  trois  siècles,  n'a  absolument  rien  conservé. 
En  raison  de  cette  pénurie,  le  texte  que  nous  présemons  aux  leaeurs 
de  la  Revue  ultique  offre  un  certain  intérêt.  M.  l'abbé  Luco,  qui  en  est 
le  possesseur,  l'a  mis  très  obligeamment  à  notre  disposition  ainsi  qu'un 
recueil  de  cantiques  un  peu  plus  ancien.  Le  recueil  est  de  1734  et  le 
mystère  de  1745.  Les  cantiques  présentent  des  formes  plus  intéressantes 
que  le  mystère.  La  raison  en  est  que  ce  recueil  est  certainement  une 
réédition  d'un  recueil  plus  ancien.  Il  n'est  pas  douteux  qu'on  ait  im- 
primé de  fort  bonne  heure  à  Vannes  des  catéchismes  et  des  cantiques. 
Or  nous  savons  par  d'autres  exemples  que  Timprimerie  Galles  a  l'habi- 
tude de  réimprimer  les  livres  bretons  courants  sans  presque  aucune 
modification.  Nous  avons  entre  les  mains  un  vocabulaire  du  siècle 
dernier.  Nous  l'avons  comparé  à  un  vocabulaire  de  la  même  imprimerie 
paru  tout  récemment.  Il  n'y  a  presque  aucune  différence  ;  on  a  ajouté 
simplement  deux  chapitres,  l'un  sur  les  chemins  de  fer,  l'autre  sur  les 
télégraphes.  Le  recueil  de  cantiques  présente  la  dentale  spirante  douce 
conservée  avec  l'ortographe  z  dans  bon  nombre  de  formes  verbales  : 
p.  8,  beniguétt  revezou  qu'il  soit  béni  ;  p.  47  meit  m*ou  devezébet  pourvu 
qu'ils  eussent  eu  ;  p.  135  goudé  m'ou  pezo  vizitett  après  que  vous  aurez 
visité  ;  mar  fel  doh  bezout  si  vous  voulez  être  ;  p.  112  revezou  ;  p.  1 3  3  re- 
vezo;  68  revezou;  p.  i7<)  bezet  avocat  dirac  Doué  «  soyez  avocate  devant 
Dieu»  ;  p.  1 2  de  vezout  pour  être  ;  p.  1 3  ^/z  devézou  il  aura  ;  p.  29  a  vezou 
trois  fois  <  ;  Deux  substantifs  présentent  la  spirante  dentale  douce  :  p.  54 
hou  carantezeu  vos  affections;  69,  73  uzehuion  les  Juifs.  Le  v  entre  deux 
voyelles  est  encore  conservé  dans  des  formes  d'où  il  a  disparu  dans  la 
prononciation  :  lavarétt  dites.  On  trouve  encore  aujourd'hui  même  dans 
les  recueils  de  cantiques  vannetais,  mais  beaucoup  plus  rarement,  des 
formes  comme  bezout  et  lavaret.  Les  constructions  avec  le  verbe  bout  dans  le 


3.  On  lit  dans  le  dictionnaire  de  Cillart  à  soit:    adv.    hetfff,  bitt;  pour   l'avenir 
bae^t. 


320  J,  Loîh. 

sens  d'avoir  sont  fort  intéressantes  et  jettent  un  grand  jour  sur  la  formation 
de  ce  qu'on  a  appelé  le  verbe  avoir  en  armoricain  et  en  comique  :  p.  $  mr 
méss  kai  hem-boud  offansélt.  j'ai  regret  d'avoir  offensé  m.à.m.  à  moi  être; 
mil  vlai  a  tézirhainn  aveit  hou  ç'adorein  ha  mem  bout  mil  calon^  je  désirerais 
mille  années  pour  vous  adorer  et  avoir  (être  à  moi)  mille  cœurs  ;  p.  1 3} 
dUmboud  assolvœn  pour  avoir  (pour  être  à  moi)  l'absolution  ;  eitt  te  voud 
i  pour  les  avoir  (pour  être  à  toi)  ;  en  eile  poentî  eu  hou  poud  e  creiss  hou 
calon  urguir  cai  ha  contricyon,  le  second  point  est  que  vous  ayez  (à  vous 
être)  au  milieu  de  votre  cœur,  un  vrai  repentir  et  contrition;  p.  16 
dUn  devoud pour  avoir;  p,  22  en  doud  avoir  '. 
P.  5  3  on  remarque  une  forme  verbale  fort  curieuse  : 

Lavarett,  poul  hou  calon 
A  oai  lyess  dizolo 
A  hui  e  ouéss  bétt  pardon 
Ag  er  goal  examp  a  ro. 

L'auteur  s'adresse  aux  impudiques  en  enfer  :  «  dites,  votre  poitrine 
qui  était  si  souvent  découverte^  avez- vous  eu  pardon  du  mauvais  exemple 
qu^elle  a  donné?  »  Ro  n'est  connu  que  comme  3*^  pers.  du  sg.  du  prés, 
actif,  à  côté  de  re.  Ici,  il  a  manifestement  le  sens  d'un  prétérit.  La  spi- 
rante  dentale  douce  disparaissant  régulièrement  à  cette  époque,  en  van- 
netais,  surtout  à  la  finale,  on  peut  supposer  une  forme  du  xvi®  siècle 
roz  pour  un  vieux  breton  rod  (cf.  les  prétérits  gallois  en  awd,  odd].  On 
trouve  dans  la  vie  de  Sainte  Nonne  ros  à  côté  de  roas  ;  mais  il  est  fort 
probable  que  c'est  un  prétérit  en  s. 

On  trouve  dans  les  cantiques  kena  ou  kenna  dans  le  sens  de  parce  que^ 
puisque^  là  où  les  autres  dialectes  et  une  partie  du  vannetais  même  ont 
pe  nUy  pa  na  :  p.  72. 

M\éd  en  nean  deit  ar  en  doar 
Disquenned  é  mané  Calvar 
De  obér  canveu  honn  salvér 
Ken  a  vasnn  enn  dutt  ou  gober. 

«  Anges  du  ciel,  venez  sur  la  terre,  descendez  sur  le  mont  du  Cal- 
vaire, pour  faire  les  canveu  ^  de  notre  Sauveur  puisque  les  hommes  ne 
veulent  pas  les  faire.  »  P.  37  :  a  i(:e  n'ou  dess  honn  diskéit  mat,  «  parce  qu'ils 

1 .  Devoud  parait  devoir  être  rapproché,  pour  la  construction,  de  dj^od  ;  cf.  boat  et  bot. 
L*ou  commun  à  tous  les  dialectes  armoricains  ne  peut  guère  être  identifié  à  Vo  gallob 
et  comique  et  suppose  une  forme  plus  ancienne  bouet  :  cf.  gaUoud  en  moyen  breton 
galloed;  ouf  je  suis  =  jyyf;  out  =  wyt  ;  kaout  vanneuis  cahouet  etc. 

2.  Canveu  comprend  les  lamentations  et  marques  de  tristesse  dues  aux  morts. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  5  2 1 

ne  nous  ont  pas  bien  appris.  »  Faut-il  voir  dans  ken  un  équivalent  phoné- 
tique depen^  pan,  ou  rapprocher  cette  conjonction  du  gallois  can  qui  a 
justement  le  même  sens.  Phonétiquement,  on  songe  immédiatement  au 
gallois  et  comique  kyn,  ken  mais  ces  conjonctions  ont  le  sens  de  quoique  ; 
quen  na  en  armoricain  n'a  que  le  sens  de  avant  que  ne,  jusqu^à  ce  que, 
à  moins  que.  On  observe  un  phénomène  du  même  genre  dans  l'expression 
kenevit  usitée  en  bas-vannetais  et  dans  une  grande  partie  du  territoire 
vannetais,  croyons-nous,  pour  le  panéved  des  autres  dialectes  [si  ce 
n'était,  sans).  En  bas-vannetais,  on  emploie  kenevit  et  penevit.  Il  y  a  eu 
probablement  confusion  entre  les  conjonctions  ken,  pen,  kan,  pan,  plutôt 
qu'évolution  phonétique.  Il  y  a  cependant  des  exemples  indiscutables  du 
passage  récent  de  sp  à  sk  dans  rescont  répondre ,  scont  épouvante,  scontus 
effrayant.  Il  est  vrai  que  rescont,  scont,  scontus  ne  sont  pas  usités  dans 
tout  le  vannetais. 

Signalons  encore  des  constructions  comme  sioah  teimp  «  malheureuse- 
ment pour  nous  »,  aujourd'hui  en  vannetais  peu  usitées,  ailleurs  siouai 
(cf.  gall.  ysywaeth  qui  a  le  même  sens  i*)  ;  naouah  aujourd'hui  neouah 
néanmoins  (gall.  na-<hwaith)  ;  peoarzeg  au  lieu  du  puarzeg  ou  pwarzeg 
actuel;  p.  ^^  gotibunan  tous  et  chacun;  p.  137  a  heli-ketan  à  l'envi 
les  uns  des  autres. 

En  dehors  des  textes  imprimés,  on  peut  étudier  le  développement  du 
dialecte  de  Vannes  dans  des  chartes.  Nous  en  avons  vu  un  bon  nombre 
du  xii^  au  xvi*' faisant  partie  de  la  collection  manuscrite  de  feu  M.  Rozen- 
zweig  archiviste  du  Morbihan,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  l'abbé  Chauffier 
qui  a  bien  voulu  nous  transcrire  les  parties  intéressantes  au  point  de  vue 
de  la  langue.  Nous  y  avons  relevé  des  faits  fort  intéressants  pour  l'his- 
toire de  la  phonétique  bretonne,  notamment  sur  l'histoire  écrite  et  parlée 
des  mutations  initiales  des  consonnes,  et  nous  nous  proposons  de  les 
faire  connaître  prochainement.  Quant  au  développement  des  traits  carac- 
téristiques du  dialecte  de  Vannes,  ils  ne  commen<?ent  à  se  dégager  net- 
tement, comme  l'avait  déjà  montré  M.  d'Arbois  de  Jubainvilie  qu'au 
xvi*  siècle  (Etudes  grammaticales  sur  les  langues  celtiques,  p.  44  et  suiv.) . 
Pour  les  différences  caractéristiques  et  essentielles  de  ce  dialecte,  nous 
renvoyons  le  lecteur  à  nos  Remarques  sur  le  bas-vannetais  parues  dans 
le  dernier  fascicule  de  la  Revue  Celtique  (p.  1 71-179.) 

Le  mystère  des  trois  rois  en  vannetais  a  été  signalé  par  M.  d'Arbois 
de  Jubainvilie,  Revue  Celtique,  t.  II,  p.  248.  M.  d'A.  de  J.  avait  eu 
communication  d'un  fragment  de  ce  mystère  terminant  un  recueil  de 
cantiques  imprimé  en  17^4,  celui  dont  nous  venons  de  nous  occuper.  Le 
premier  feuillet  et  les  quatre  derniers  manquaient.  Il  nœntionnait  aussi 
Rev.  Cilt.  VII  21 


322  y.  Loth. 

une  Pastorale  sur  la  naissance  de  Jésus-Chrit  avec  Padoration  des  mages  et 
la  descente  de  l'archange  Saint  Michel  aux  Limbes,  revue  et  corrigée  dédiée 
aux  dévots  à  Penfant  Jésus  par  frère  Claude-Marie^  hermite  de  la  provinu 
de  Saint-Antoine  ;  sans  date,  chez  Galles,  in-i  2, 48  pages.  Cette  pastorale 
s'imprime  encore  aujourd'hui  chez  Gaiies  avec  le  même  titre.  Elle  comprend 
plusieurs  parties  :  la  première  et  la  plus  longue  traite  de  la  naissance  du 
Christ  et  de  l'adoration  des  bergers;  la  seconde  de  la  descente  de  Saint- 
Michel  aux  Limbes  ;  la  troisième  porte  le  titre  de  la  vie  et  radoration 
des  trois  rois  ;  la  quatrième  du  massacre  des  Innocents  et  des  Regrets 
d'Hérode,   L'œuvre  se  termine  par  un  Noël.  La  version  corrigée  de 
Claude  Marie  présente  des  constructions  et  des  expressions  antérieures 
certainement  au  xviir  siècle.  On  sait  d'ailleurs  que  la  pastorale  des  Trois 
rois  a  été  très  populaire  au  moyen  âge.    L'imprimerie  Galles  réimprime 
aussi  le  mystère  breton  sous  le  titre  de  Buhé  en  tri  Rouéed,  E  Guénèt,  é 
ty  Galles  moUour  ha  livrour,  é  ru  en  Intron-Maria,  sans  date.  La  pré- 
face et  toute  la  mise  en  scène  du  mystère  du  xviii*'  siècle  ont  disparu. 
L'introduction  consiste  en  un  chant  des  trois  rois,  un  sermon  de   Saint 
Michel  au  peuple,  des  chants  des  trois  rois,  l'apparition  de  Joseph  et 
Marie  demandant  l'hospitalité  à  Hérode  et  la  recevant.  Le  mystère  com- 
mence réellement,  comme   le  nôtre,  par  un  monologue  d'Hérode.  A 
partir  de  là,  la  conduite  de  la  pièce  est  la  même  et  le  texte  ne  diffère  que 
très  peu  de  celui  du  xviii"  siècle.  Il  a  en  plus  l'épisode  du  massacre  des 
Innocents  et  des  Regrets  d'Hérode.  Il  est  évident  que  le  mystère  breton 
est  une  imitation  de  la  pastorale  française  ;  en  certains  endroits  même, 
c'en  est  une  sorte  de  traduction. 

L'orthographe  de  notre  mystère,  comme  celle  du  vannetais  du  siècle 
dernier  et  la  plupart  du  temps  celle  de  ce  siècle-ci,  est  l'orthographe 
française:  Il  y  a  à  remarquer  que  lorsque  Vu  du  groupe  gw  (léon.  trég. 
gallois  giv]  n*est  pas  un  simple  signe  orthographique,  il  est  surmonté 
d'un  accent;  de  même. pour  qu.  Ai  a  le  son  du  français  è.  Les  accents 
ont  la  même  valeur  qu'en  français.  L'auteur  abuse  un  peu,  croyons-nous, 
de  l'orthographe  é.  Aujourd'hui  en  effet,  même  dans  les  textes  imprimés, 
on  a  ^  sans  accent,  par  conséquent  e  muet  ou  è  là  où  il  donne  é.  Le  mys- 
tère reproduit  surtout  la  prononciation  des  environs  de  Vannes  et  de 
Sarzeau. 

On  remarquera  bon  nomtire  de  mots  terminés  à  l'exemple  du  français 
par  un  e  muet;  ces  e  n'existent  pas  en  réalité  dans  la  prononciation.  Dans 
les  cantiques  traduits  du  français,  ces  e  muets  comptent  quelquefois  pour 
une  syllabe,  contrairement  à  toutes  les  lois  et  à  toutes  les  traditions  de 
la  langue.  Ve  muet  final  est  destiné  après  un  c  à  montrer  qu'il  a  le  son 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  ^2) 

5  et  après  les  autres  consonnes  qu'elles  conservent  toute  leur  valeur;  <e 
ou  ee  représentent  généralement  le  son  é\  ê,  eê  reproduit  ordinairement 
le  son  è  français.  Le  pluriel  ea  doit  se  prononcer  avec  Tacccent  sur  i,  u 
jouant  le  rôle  de  spirante.  Les  Vannetais,  en  dehors  du  pluriel  en  eu^ 
expriment  cet  aspirant  par /iu^:  ex.  câr/iu€,  cerf  (léon.  corn.  trég.  caro, 
gall.  carw)  en  une  seule  syllabe  ;  l'accent  est  sur  car-  et  -hue  ne  repré- 
sente que  la  spiration. 


324  J'  ^oth. 


BUHÉ 

ENN    TRI    ROUE 

FARCE    DEVOTT 

Saouett  diar  er  péh  sou  tremeinnet  de  Nenndeléc  ;  é  spéciale  a  bé  arihuass 

en  Tri  Roué  ag  enn  Orianntt  de  Jérusalem 

Devoutt  hoariétt  dré  Rolleu,  énn  urChapéle  bénag,  ar  unn  Tiatre  péenn  Tierr 

CRISQUETT,     AUZETT     HA    CORRIGETT 
De  onétt  partoutt  hardéh-man 


É.     GUINETT 
E  TI    COLASS    GALLES,    IMPRIMOUR    d'eR 

Roué  ha  d'er  Scotieu 
M  D  C  C  X  L  V  . 


AviSS. 

Er-péh  a  vire  d'enn  Dutt  queih  a  brofîteîn  à  Farce  Santele  enn  Tri 
Roué  (pénauss-bénag  é-ma  bihanig  er  vad  a  chairérr  ag  enn  Tiatre  1  é 
quétan  tra,  ma  vé  >  émisque  er  Vandaenn  ag  en  Hoarierîon  ur  Veairb, 
pé  quer  goah,  ur  Malediguizéd  é  quiss  er  Huiriéss-Varî;  hag  ur  Pautre 
deseblantein  er  Mabic  Jésuss;  enn  eile  hag  éguilé  havaloh  é  pep  façon 
doh  haillevaudéd  eitnon  pass  doh  Tud  onaeste. 

Enn  Eile  é,  ma  corollantt,  siouah  !  enn  unn  discoein  dirag  enn 
eulegad  er  Mistere  carantéuss  ag  enn  Incarnacion.  Pétra  ?  Enn  Tri  Roué, 
San  Jozep,  enn  JE\éxty  er  Huiriéss,  Jésuss-Crouist  !...  Hirissein  a-ran... 
Me  flusenn  éhué  gued  orreurr,  a  refiiss  scrihuein  ! 

Enn  drivéd  é,  ma  huélérr  er  vandaenn  Canaiile-hont  é  véaouein  gued 
argand  enn  Dutt  vad  ha  martezé  um  foitale  ;  é  rein  ur  Meaellatt  d'er 
Maléd  à  zihue  p  [é|  tairr  Parraess;  ha  coroi  général  d'er  Youantiss. 


I.  Présent  d'habitude;  léonard  bez,  gaU.  bydd;  imparfait  d'habitude  hezi  (se  confond 
avec  le  prétérit  secondaire). 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  )2  5 


VIE 
DES  TROIS  ROIS 

FARCE   DEVOTE 

Composée  (levée)  diaprés  ce  qui  s'est  passé  à  No'él  spécialement  lorsqu'arrivèrent 

les  trois  Rois  de  l'Orient  à  Jérusalem 

Pour  être  jouée  par  rôles,  dans  une  chapelle  ou  sur  un  théâtre  ou  dans  les  maisons 

AUGMENTÉE,     ARRANGÉE     ET     CORRIGÉE 
Pour  aller  partout  hardiment. 

A  VANNES 
CHEZ    COLAS    GALLES,     IMPRIMEUR 

Pour  le  Roi  et  les  Écoles 
MDCCXLV . 


AVIS. 

Ce  qui  empêche  le  pauvre  {au  sens  moral)  peuple  de  profiter  de  la  farce 
sainte  des  trois  Rois  (quoiqu'il  soit  bien  faible  le  bien  que  l'on  retire  du 
théâtre),  c'est  d'abord  qu'il  y  a  dans  la  bande  des  acteurs  une  fille,  ou 
ce  qui  est  aussi  mauvais,  un  homme  déguisé  à  la  façon  de  la  Vierge 
Marie,  et  un  garçon  pour  représenter  l'enfant  Jésus,  l'un  et  l'autre  plus 
semblables  à  tous  égards  à  de  la  canaille  <  qu'à  des  honnêtes  gens. 

La  seconde  raison,  c'est  qu'ils  dansent,  hélas,  en  exposant  devant  les 
yeux  le  mystère  d'amour  de  l'incarnation.  Quoi  !  les  trois  Rois,  saint 
Joseph,  les  anges,  la  Vierge,  Jésus-Christ  !...  J'en  frémis...  Ma  plume 
même  d'horreur  refuse  d'écrire . 

La  troisième  raison,  c'est  qu'on  voit  cette  bande  de  canailles-là 
s'enivrer  avec  l'argent  des  bonnes  gens  et  peut-être  se  battre,  donner 
une  soule^  aux  hommes  de  deux  ou  trois  paroisses,  et  une  danse  générale 
à  la  jeunesse. 

1 .  La  traduction  exacte  serait  voyou  si  le  mot  n'était  pas  trop  parisien,  comme  le  type 
qu'il  daigne. 

2.  La  souIe  était  une  espèce  de  grosse  balle  en  cuir  et  le  jeu  ressemblait  à  celui  de 
la  balle  à  pied,  du  foot-ball  anglais.  Très-souvent  deux  paroisses  se  les  disputaient; 
toujours  le  jeu  dégénérait  en  rixe  sanglante  ;  il  y  avait  très-souvent  mort  d'homme.  Le 
gouvernement  a  nni  par  interdire  ce  jeu  sous  des  peines  sévères.   Il  était  en  vigueur 


}26  J>  Loth, 

Peétt  torfoitt  diar  Buhé  Santel  enn  Tri  Roué  é  face  er  grichineah  ' 
Na  peh  péhétt  d'enn  neimb  a  eelleh[ai]  hag  a  zou  '  carguéd  a  ou  dîhuaenn 
mar  ou  andurantt. 

D'er  bihannan  mé  gouvi  er  Bsersonnett  er  gov[e]  zerion,  er  vailean^ 
ennTadeu,  Mameu,  ha  Mistr[ed|  dehudaial,  handaiein,  béd  enn  tauleu, 
enn-neimb[a]  hoariehai  arré  Buhé  enn  Tri  Roué  gued  er  guizieu 
biaou[ai]huss-cé  ;  ha  mé  oulesenn  gued  enn  Hoarierion  eitt  payemand  a 
me  foéinn  pé  quenntoh  a  balamorr  de  Jésuss  honn  Salvérr,  d'oberr  aell 
é  vaerchan  dehai  aman  ;  Enn  Entru  Doué  a  vou  inourett,  ind,  ou-devou 
milite  ér  Bétt-ma  ha  reconpance  ér  Béd  aral. 

Red-é  d'enn  Hoarierion  um  bourvayein  à  Limage  er  Huiriéss  [à 
balastre  pé  a  goaitt).  El  Limage-Zé  né  deli  boutt  na  ponérr  na  re  vrass  ; 
ne  vou  nemeid  a  zrebi  er  psenn  béd  er  grouiss  ;  meitt  ma  vou  forh 
modseste,  hi  zeournn  joainntétt  pè  croaizéd  ar  hi  halon. 

Limage  er  Mabic  Jésuss  énn  é  gavéle,  a  faute  éhué. 

Nezé  deu  Pilsette  ag  unn  antérr  goalsenn  à  hétt. 

Deu  antulérr  ag  ur  rohann,  d*ou  derhél. 

Ul  lyein  guaenn  de  olein  enn  treu-zé  na  veintt 

guéîett  nameid  a  bé  vou  rétt. 

Deu  zarn  flambeau  roussin. 

Er  hohan  ag  enn  Hoarierion  vou  Hérode  enn-de-v[o]u  [sic]  être 
puemp  plai  ar-nuguaenntt  ha  tregontt  vlai  ;  o-[p]eenn  é  usquemanteu 
aral  ean  enn-devou  (sic). 

Gusquemantt  Hérott. 

Ur  chemizaettaenn  bordéd  à  eure  ;  lavraec;  lereu,  boteu-laire,  gùsnn; 
manégueu  milein;  ur  sabre  caire,  ur  ruband  pé  séysenn,  glass;  ur 
gravataenn  lyein  :  ur  say-à-gambre,  à  béhani  er  mancheu  a  vou  troncétt 
bét  er  glin  bréh  ;  ur  bonaette  velouss  glass,  guett  tri  bou[ton]  eure  èr 
blein  ;  hag  ur  gouron  hoarnn-guaenn  ér  vor[d]  en  ;  é  vleau  chairett  edan 
dou  closs^ur  Vah-Royal  pe  Saeptre,  melein  énn  é  zournn  deheu. 


Gusquemantt  Baltazar 
Ur  chemizsttaenn ;   lavrsc,    laereu  du;  boteu  laire  du  manégueu 


I.  Zou  devou,  devezoUf  etc.  Cet  ou  =  o  dans  les  auu'es  dialectes  ;  on  a  o  dus  u» 
e  bas-vaoneuis. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  327 

Combien  de  crimes  à  propos  de  la  vie  sainte  des  Rois  à  la  face  de  la 
chrétienté  !  Et  quel  péché  à  ceux  qui  pourraient  et  qui  sont  chargés  de 
les  défendre,  s'ils  les  endurent. 

Au  moins  je  convie  les  Recteurs,  les  Confesseurs,  les  prêtres,  les 
pères,  les  mères  et  les  maîtres  à  huer,  à  poursuivre,  jusqu'aux  coups, 
quiconque  jouerait  encore  la  Vie  des  trois  Rois  avec  ces  modes  épou- 
vantables-là;  et  je  demande  aux  acteurs  pour  payement  de  ma  peine  ou 
plutôt  par  amour  pour  Jésus,  notre  sauveur,  de  faire  tout  ce  que  je 
marque  ici  ;  le  seigneur  Dieu  sera  honoré,  ils  auront  mérite  en  ce  monde- 
ci  et  récompense  dans  l'autre. 

Il  faut  aux  joueurs  se  pourvoir  de  l'image  de  la  Vierge  (de  plâtre  ou 
de  bois) .  Cette  image-là  ne  doit  être  ni  lourde  ni  trop  grande  ;  elle  ne 
sera  que  du  sommet  de  la  tète  à  la  ceinture  ;  mais  qu'elle  soit  (m.-à-m. 
pourvu  qu'elle  soit)  fort  modeste^  ses  deux  mains  jointes  ou  croisées  sur 
son  cœur. 

L'image  du  petit  enfant  Jésus  dans  son  berceau,  il  (la)  faut  aussi. 

Ensuite  deux  cierges  d'une  demi-aune  de  long. 

Deux  chandeliers  d'un  empan,  pour  les  tenir. 

Un  linge  blanc  pour  couvrir  ces  objets-là  pour  qu'ils  ne  soient  vus 
que  lorsqu'il  sera  nécessaire . 

Deux  morceaux  de  chandelle  de  résine. 

Le  plus  vieux  des  acteurs  sera  Hérode,  il  aura  entre  vingt-cinq  et 
trente  ans  ;  outre  ses  autres  vêtements,  il  aura  : 


Costume  d'Hérode. 

Une  chemisette  bordée  d'or  ;  des  culottes;  des  bas  ;  des  souliers  de 
cuir  blancs,  des  gants  jaunes,  un  beau  sabre,  avec  un  ruban  ou  lacet  de 
soie  vert  ;  une  cravate  de  toile,  une  robe  de  chambre,  dont  les  manches 
seront  troussées  jusqu'au  coude,  un  bonnet  de  velours  vert  avec  trois 
boutons  d'or  sur  le  sommet^  et  une  couronne  de  fer-blanc  sur  le  bord  ; 
ses  cheveux  ramassés  dessous  bien  clos,  un  bâton  royal  ou  sceptre  jaune 
dans  sa  main  droite. 

Costume  de  Baltazarr, 
Une  chemisette;  des  culottes,  des  bas  rouges;  des  souliers  de  cuir 

principalement  dans  le  Morbihan.  On  lit  dans  le  dictionnaire  français-breton  de  Cillart  : 
souUf  meiUy  meilUu  féminin.  Jetter  la  soûle,  en  faire,  en  vendre  ou  soulèr,  sont  des 
péchés  gnefs,  puisqjue  ce  jeu  maudit  entratne  des  batteries,  danses,  etc.  Lisez,  monsieur 
le  Cordonnier,  qui  impunément  en  exposez  à  votre  boutique. 


^28  i.  Loth. 

gùasnn  herop  clean;  ur  seyaenn  du  de  gravataenn,  ur  say-à-gambre 
divanche  ;  ur  gouronn  closs,  milein;  é  vleau  firisett  ha  peudrétt;  ur 
Sœptre  gùaenn  énn  é  zournn  déheu. 

Gusquemantt  Gasparr. 

Ur  chemizaettsnn ;  lavraec;  laereu,  violaett;  boteu  laire  du;  man- 
Tiegueu  gùasnn,  hemp  clean  ;  ur  seyaenn  du  de  gravataenn  ;  ur  say-à- 
gambre  divanche,  ur  gouronn  digo[r]  milein  ;  é  vleau  a  hétt  hemp 
boutt  peudrett;  ur  saeptre  gùaenn  enn  é  zournn  déheu. 

Gusquemantt  Mdlkior 

Ur  justacorr;  chemiztaetsenn  ;  lavrsc;  laereu  du  ;  |mannégueu  gùxnn, 
hemp  clean;  ur  gravataenn  lyein  gùaenn,  ur  bonaette  velouss  gùaerh,  ul 
lyein  tro  ha  tro,  asl  enn  Turquaett;  é  vleau  chairétt  closs  édan  dou;é 
face  duétt;  ur  saeptre  gùaenn  enn  é  zournn  déheu. 


Gusquemand  enn  Ecuyerr. 

Ur  chemizaettaenn ;  lavraec;  laereu,  gùaerh;  bonaette  ru  guett  cour- 
haenn  maître  doh  er  bordein  ;  ur  holiérr  hoar[n]  gùaenn,  boteu  laire  du  ; 
hemp  maneguéu  na  clean. 

Gusquemantt  S.  Jozep, 

Ur  chemizaettaenn,  lavraec,  laereu,  mantael  brunn.  A.  lu. 

Ur  bonaette  brunn  staguéd  édan  é  vailloc;  unn  toque  didronce 
amehou  >  ;  ur  rivlaenn  énn  é  zournn. 

Gusquemand  enn  Arhdle  Gabriéle. 

Boteu  ha  laereu  glass;  ur  boquaette  seyaenn  glass  ar  é  galon  hag  ar 
pep  scoai;  ur  surpelisse  Escop;  friséît,  peudrétt  ha  digabaele;  ur 
huîalaenn  hire  boquaettéd  ér  blein  guéd  ur  branquic  loré  glass  caire, 
énn  é  zournn  cleye. 


I.  Amehou  sur  M,dehou  à  lui  etc.  Le  pronom  suffixe  de  la  )'pers.  dusg.  se  trouTcétre 
en  haut-vannetais  eivou  ce  qui  supposerait  pour  les  autres  dialeaeso;  cf.,  les  formes  du 
cart.de  Llandaff  fru/o  fr/o,  (per  éum),  fn/no  (tans  eum).  Les  formes  galloises  actuelles  sont 
amo^  drosto  etc.  mais  en  moyen-gallois  arnaw,  drostaw^  etc.).  Les  formes  de  tous  les 
autres  dialectes  armoricains  remontent  à  un  moyen-breton  -af^  vieux-breton  -tfm. 


Le  Mystère  des  TroU  Rois,  529 

noir,  des  gants  blancs,  sans  épée,  un  ruban  de  soie  pour  cravate^  une 
robe  de  chambre  sans  manches;  une  couronne  fermée  jaune;  les  cheveux 
frisés  et  poudrés^  un  sceptre  blanc  dans  la  main  droite. 

Costume  de  Gasparr. 

Une  chemisette;  des  culottes;  des  bas  violets  ;  des  souliers  noirs  ;  des 
gants  blancs,  sans  épée;  un  ruban  de  soie  noir  pour  cravate;  une  robe 
de  chambre  sans  manches;  une  couronne  ouverte^  jaune  ;  les  cheveux 
pendants  sans  être  poudrés  ;  un  sceptre  blanc  dans  la  main  droite. 

Costume  de  Melkiorr, 

Un  justaucorps;  une  chemisette;  des  culottes;  des  bas  noirs;  des 
gants  blancs,  sans  épée  ;  une  cravate  de  toile  blanche  ;  un  bonnet  de 
velours  vert,  un  morceau  de  toile  tout  autour,  comme  les  Turcs;  les 
cheveux  serrés  clos  dessous;  la  figure  noircie;  un  sceptre  blanc  dans  la 
main  droite. 

Costume  de  PEcuyer. 

Une  chemisette  ;  des  culottes  ;  des  bas  verts  ;  un  bonnet  rouge  avec 
une  peau  de  martre  à  le  border;  un  collier  de  fer-blanc,  des  souliers 
noirs,  sans  gants  ni  épée. 

Costume  de  S.  Joseph. 

Une  chemisette;  des  culottes;  des  bas;  un  manteau  brun,  un  bonnet 
brun  attaché  sous  le  menton  ;  un  chapeau  non  retroussé  par  dessus  ;  une 
règle  dans  la  main. 

Costume  de  Parchange  Gabriel, 

Des  souliers  et  des  bas  bleus  ;  un  bouquet  de  soie  bleue  sur  le  cœur 
et  sur  chaque  épaule:  un  surplis  d'évêque;  frisé,  poudré  et  tète  décou- 
verte ;  une  verge  longue  fleurie  au  bout  au  moyen  d'une  petite  branche 
de  joli  laurier  vert,  dans  la  main  gauche. 


Gusquemanti  S.  Miquile, 

Ur  boiiaette  eare,  ur  plumaette  gùaenn  tro-ha-tro;  ar  boqustte 
seyaenn  ru  ardran  er  bonaette;  laereu  griss;  boteu  du;  unn  aube 
danteillaec,  ur  groaessaraug  hag  ardran,  g^tt  seysnneu  du,  à  zrebi  >  er 
gouc  béd  er  grouiss  ;  ur  gravatsnn  gued  ur  seyaenn  du  ;  ur  gacol  aleurétt, 
é  vleau  frïsétt  ha  peudrétt  ;  ur  glean  nuah  sclaer,  aell  enn  [a]rgand  en 
é  zoumn  déheu  ;  ur  bladaenn  pé  bouclierr  (a[e]ellou  douguein  doh  é  vréhl 
é  pehani  e  vou  enn  hanhue  [a]  Jésuss  I  H  S,  énné  zoum  cleye. 

Gttsquemantt  Lucifer, 

Ur  chemizaettaenn ;  lavraec ;  Isreu  ru;  boteu  coaitt  bourdaell  bricaill 
Caire  ;  manégueu  du  ;  ur  seinglaenn  é  [te]rhxl  é  sabre  goulahaenn  ;  ur 
loste  cran  du  hire  doh  er  [se]inglaenn  ardran  ;  ur  gordaenn  clomed  de 
gravatxnn  ;  ur  hapuchon  ru^  toulétt  viss  à-viss  d'enn  eulegatt,  d'er 
[fr]iy  d  er  beaec,  ha  d'enn  discoarnn,  ma  vintt  guélett  brass  [er]  méss  ag 
er  hapuchon  ;  ur  gouronn  bonstasc,  tri  homn  [ni]eutt,  pé  quaemn  arai 
jaujabe,  é  oberr  er  branqueu  ag  er  gouronn  ;  ur  rangaennic  hoamn  énn 
doumn  déheu  hafgjur  forh  deu  viziaec  énn  doumn  cleye. 

Gusquemand  Asmodé  Ha  Louvic, 

Haval  vintt  peenn-d'er-beenn  de  hani  Luciférr  meitt  n'ou  devou  na 
boteu,  na  sabre»  na^couronn,  na  forh. 

Gusquemand  er  Soudant 

Ur  Bandoliére  ;  é  ouriss  hag  er  glean  diar  é  say  [e],  é  vleau  chairétt 
édan  ur  bonaette  brunn,  staguéd  édan  é  vailloc;  unn  toque  bordéd;  hag 
ur  hocarde  gùaenn  ha  ru  unn  hallebard  boquaettéd  énn  doumn  cleye  ; 
hemp  cravataenn  ;  maiss  gued  ur  gacol. 
Enn  Hoarierion  zou 

Er  Roué  Hérott. 

Enn  Ecuyérr. 

Baltazarr. 

Gasparr. 

Maelkiorr. 

Jozep. 

Enn  aele  Gabriéle. 


I.  et.  l*cxprcs$ion  galloise  trybedd  yrysgwydfi  la  clavicule.  Trybeddarm.  trébiZy  hant- 
vam.  Strebi  i  le  sens  propre  de  trépied. 


Le  Mystin  des  Trois  Rois.  3 }  i 

Costume  de  S.  Michel, 

Un  bonnet  d'or,  un  plumet  blanc  tout  autour;  un  bouquet  de  soie 
rouge  derrière  le  bonnet  ;  des  bas  gris  ;  des  souliers  noirs  ;  une  aube  avec 
dentelles  ;  une  croix  devant  et  derrière,  avec  des  rubans  noirs»  du 
sommet  du  cou  jusqu'à  la  ceinture  ;  une  cravate  avec  un  ruban  noir  ;  un 
hausse-col  dore  ;  les  cheveux  frisés  et  poudrés  ;  un  glaive  nu  brillant 
comme  Pargent,  dans  sa  main  droite  ;  un  plat  ou  bouclier  (qu'il  pourra 
portera  son  brasj  sur  lequel  sera  le  nom  de  Jésus  IHS,  dans  sa  main  gauche. 

Costume  de  Luciferr. 

Une  chemisette;  des  culottes;  des  bas  rouges;  de  beaux  sabots  de 
bois  de  bordeaux  i  bigarrés;  des  gants  noirs  ;  une  sangle  pour  tenir  son 
sabre  (latte)  ;  une  queue  de  crins  noirs,  longue  attachée  à  la  sangle  derrière  ; 
une  corde  noire  pour  cravate  ;  un  capuchon  rouge,  percé  en  face  des 
yeux,  du  nez,  de  la  bouche  et  des  oreilles,  pour  qu'on  les  voie  grands 
hors  du  capuchon  ;  une  couronne  à  bonnet,  trois  cornes  de  bélier  ou 
d'autres  cornes  convenables,  pour  faire  les  branches  de  la  couronne; 
une  petite  chaîne  de  fer  dans  la  main  droite  et  une  fourche  à  deux  doigts 
dans  la  main  gauche. 

Costume  d*Asmodé  et  de  Louvic, 

Ils  seront  semblables  d'un  bout  à  l'autre  à  celui  de  Lucifer,  sinon 
qu'ils  n'auront  ni  souliers,  ni  sabre,  ni  couronne,  ni  fourche. 

Costume  du  Soldat. 

Une  bandoulière  ;  la  ceinture  et  le  glaive  contre  sa  robe;  ses  cheveux 
serrés  sous  un  bonnet  brun  attaché  sous  son  menton;  un  chapeau  bordé; 
et  une  cocarde  blanche  et  rouge,  une  hallebarde  fleurie  dans  la  main 
gauche  ;  sans  cravate,  mais  avec  un  hausse-col. 
Les  acteurs  sont  : 

Le  roi  Hérode 

L'écuyer. 

Baltazarr. 

Gasparr. 

Melkiorr. 

Joseph. 

L'ange  Gabriele. 


35^ 


J.  Loth. 


San  Miquéle. 

Er  Soudant. 

LucifeiT. 

Asmodé. 

Louvic. 
Enn  ur  changein  à  zillatt,  Roll  enn  Ecuyérr  ha  hani  enn  M\t  Gabriéle, 
a  aell  forh  sss  boutt  groeitt  dré  ur  [m]éme  deinn.  Baltazarr,  Gasparr, 
Maelkiorr,  a  eell   ér  faeç[on]zé  gobérr  Luciférr,  Asmodé  ha    Louvic  ; 
ha  S.  Jozep  er  Soudant. 

Hérod  a  deli  perpétt  conzein  eell  ur  Roué  brass,  par[fa]it  hag  abile, 
hemp  foaital  er  place  gued  é  dreitt,  [a]  criai  eell  unn  disquientctt,  pé 
ell  ur  hollay.  Er  Soudan  a  um  zalh  peell  ardran  que  liéss  gùéh  [majvé 
Hérod  ar  enn  tiatre. 


BUÉ 
ENN   TRI   ROUÉ. 

PRÉLUTT 

Enn  aie  GabriiU. 

(Agan  ar  enn  ton  quemunn  s[e]  péhani  a  chxrvige  béd  er  fin,  d'er  péh  a  vou  cannett). 


FT*: 


-i-h 


i=£i; 


:i^ 


Ëï^    ■•  i 


^lo»rT   in  -  ourr    mé  -  lo  -    di        é  -    lein      enn    Nean       hi-ncah 


a=È 


»: 


iS^gg^Z^I^J 


'lag     énn  Douarr  d*enn  Dutt      vatt       joy,       lé  -  hui  -  né        ha  pcah 


^^i^îËî^Ëi; 


♦  -  ■ 


^ 


A       baerh      Jé-suss      Map    Doué     gan  -  ned        é         Bét -le-haeir. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois,  3^^ 

Saint  Michel. 
Le  Soldat. 
Luciferr. 
Asmodé. 
Louvic  ' . 
En  changeant  d'habits,  le  rôle  de  l'Ecuyer  et  celui  de  l'ange  Gabriel 
peuvent  fort  aisément  être  faits  par  le  même  homme.  Baltazarr,  Gasparr, 
Melkior,  peuvent  de  cette  façon  faire  Luciferr,  Asmodé  et  Louvic  ;  et 
saint  Joseph  le  soldat. 

Hérode  doit  toujours  parler  comme  un  roi,  grand,  parfait  et  habile, 
sans  battre  le  sol  de  ses  pieds  et  crier  comme  un  fou  ou  comme  un 
taureau. 

Le  soldat  se  tient  loin  derrière,  aussi  souvent  (sauvantes  fois)  que 
Hérode  est  sur  le  théâtre. 


VIE 
DES   TROIS   ROIS. 

PRftLUDE. 

L'ange  Gabriel. 
(Chante  sur  ce  ton  commun  là,  qui  sert  jusqu'à  la  fin,  à  ce  qui  sera  chanté.) 


Gloire,  honneur,  louange  du  haut  du  ciel  cette  nuit. 


et,  sur  la  terre,  aux  gens  de  bien,  joie,  allégresse  et  paix  : 


de  la  part  de  Jésus,  fils  de  Dieu^  né  à  Bethléem 

1.  AU  mot  canaille  Cillart  donne  le  pluriel  lounguitt;  au  mot  puant  il  ajoute  pnstituie 
qull  traduit  par  buviguiss.  Vesse  est  également  traduit  par  Lou£(proooncez  /ou  à  la  fran- 
çaise) en  usage  aujourd'hui  encore  dans  tout  le  vannetais  dans  ce  sens. 


E'nn       ur      hoh  march  -  aus  -  si       ar      mm     dour  -  na-dic     fosenn. 


ŒVRE   qUÊTAN 

aOLL   QUiTAN 

(Er  Roné  Hérod  hemp  Sxptre,  er  Soudant.) 

Hérod  : 
(A  laiT.) 

', .  Pih  drespétt,  péh  gonarr,  péh  folleah  ém  spérétt 
A  ra  dein  unn  tourmantt  hag  ur  boénn  diremétt. 
Mé  ritt  duhontt  duma,  unn  anquin  brass  em  peznn 

Er  veistre  queu  em  halon,  n'aejlan  quéd  arxstaenn 

Ciehuétt,  ha  leine,  a-rerr,  éhéss  ur  Map  gannétt 
10.  Ag  ur  Veairh  zou  Gùiriéss;  a  vxnn  boutt  Roué  d'er  Bétt. 
Ha  ouah  èm  Rantelaih  boutt  Maestre  dréss  t'on-méP 
Mé  varhuehai  quenntoh  ma  choufhrainn  quemencé. 
Raccé  red-é-à-beenn  dastumein  Soudardétt 
Aveitt  lahein,  dismantt  massacrein  er  Marbèttt.  > 

BIL  ROLL 

Hérod,  Enn  Ecuyérr,  Er  Soudartt. 
(Hérodaazé). 

Enn  Ecuyirr. 
(Arlaerh  m'enn-déss  umblemantt  saluded  er  Roué,  a  larr) 

1 5 .  Hur  Roué)  prononcéd-é  dré  ur  hoh  Proféci 
Ag  enn  Tadeu  Ebruss,  me  grétt  dré  Jeremi 
Ë  teli  gannein  daemp,  me  n'enn  dé  déjà  bétt, 
Enn-anni  a  grouéass  hag  a  gondi  er  bét; 
Map  d'enn  Tad-Etxrnel,  a  rey  dréé  bouissance, 

20.  De  Luciferr  creinnein  enn  Jhuaernn  guett  doujaoce; 

I.  Lcg.  mabitt. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  335 


dans  une  mauvaise  écurie,  sur  une  poignée  de  foin. 


ACTE    PREMIER. 

ROLB  PRIMIBR. 

Le  roi  Hérode  sans  sceptre,  le  soldat. 

Hirode. 

(Dit.) 

5 .  Quel  dépit,  quelle  rage,  quelle  folie  dans  mon  esprit 
me  font  un  tourment  et  une  peine  incurables. 
Je  cours  là,  ici,  une  grande  angoisse  dans  ma  tête, 
le  fiel  profondément  dans  mon  cœur;  je  ne  puis  m'arrêter. 
On  entend  et  on  lit  {entendre  et  lire  on  fàit)^  qu'il  y  a  un  fils  né 
10.  d'une  fille  qui  est  vierge,  qui  veut  être  Roi  du  monde; 
et  même  dans  mon  royaume,  être  maître  par-dessus  moi  I 
Je  mourrais  plutôt  que  de  souffrir  pareille  chose  {autant  que  cela). 
Aussi  il  faut  tout  de  suite  rassembler  des  soldats 
pour  tuer,  mettre  en  pièces,  massacrer  les  enfants. 

SECOND  ROLB. 

Hérode,  l'Ecuyer,  le  Soldat. 
(Hérode  s'asseoit.) 

UEcuyer, 
(Après  qu'il  a  humblement  salué  le  roi  dit.) 

1 5 .  Notre  Roi,  il  est  annoncé  par  une  vieille  prophétie 

des  pères  hébreux,  je  crois  par  Jérémie, 

qu'il  doit  naître  â  nous,  s'il  ne  l'est  déjà, 

celui  qui  créa  et  conduit  le  monde, 

fils  au  Père  éternel,  qui  fera  par  sa  puissance 
20 .  â  Lucifer  trembler  dans  l'enfer  de  crainte, 


)0  y.  Loth. 

Hag  a  laqey  er-ré  zou  â  volante  vatt 
Paciand  er  vuhé-ma  ;  hag  euruss  gued  é  Datt. 

Hérod. 
(A  san  :  a  ya  énn  tu  aral  d'eon  Ecuyérr  hag  a  larr  :  ) 

A  té  gretai  jamess  é  héss  dein  quenn  ardéh 
Aveitt  chonjal  lémél  guenein  me  Rantelëh? 

2  ) .  Ër  Brofécieu-zé  é  téli  boutt  scrihuétt 

E'ma  er  Roué  Hérott  brassan  Roué  zou  er  Bett 

Sél  mé Er  Bétt  deu  hiaule  né  xW  quéd  andurein; 

Na  mé  em  Ranteieah  ur  Roué  aral  choulirein. 

Enn  Ecuyérr. 
(A  larr.) 

Hur  Roué . . .  guirr-é,  m'er  goairr  ha  mé  agré  guenoh, 
30.  E'ma  brass  hou  pouvaerr  ;  maiss  brassoh  aveid  oh 
A  vaenn  hag  a  aell  boutt,  enn-ani  é  huénan 

A  zou  Roué  d'er  Rouanne  ;  d'enn  oil,  Brass  ha  Bihan 

Ha  guaerço  >  zo  dé)a  a  bér  gortérr  er  Bétt. 

Herott. 
(A  larr.) 

Um  gontanteaid  enn  >  oll  ;  eid  on-mé  né  ran  quètt. 

3  5 .  Quenntoh  ma  andurhxnn  Roué  aral  é  Judé 

Quemxnnt  quérr,  castxll,  Bourh,  a  rauvachœnn  bamdé. 

(Hérod  aya  d'azéein.) 

Enn  Ecuyerr  : 
(A  larr.) 

Te  héss  enn  e  calon  unn  desirr  miliguett, 

Coh?  brein,  a  vouabrestt  magadurrd'er  prinhuétt, 

Té  fal  did  araestein  volanteyeu  enn  Nean  ; 

40.  Te  nairh  né  aquitou  meitt  de  goll  he  ç'inean4. 
Er  Rouééd  a  zou  bett  diaboeissant  de  Zoué, 
A  zou  bétt  punissed  er  Bétt-man  ha  goudé. 
Nabucodonozorr  ha  Rouanne  à  Siri, 
Ou  oïl  madeu,  inourr,  buhé,  na  golzand-i? 

45.  Rac  ma  unn  saouezand  einep  volante  Doué. 
Douje  n'arrihuehai  quemettral  guenidé 


1 .  Pour  guers  so,  cf.  gallois  y  s  gwers. 

2.  Vers,  actuelle  :  hum  goatanted  enoU. 

3.  La  version  aauelle  porte  corf  et  la  pastorale  vieux  corps, 

4.  He  ç'inean  devrait  s'écrire  hes  inean  ;  la  même  ortho^aphe  est  en  vigueur  pour  \t 
possessif  de  la  2*  pers.  du  pluriel  :  hou  ç'inean  pour  hous  mean,  moyen-4>reton  hoz  <«/• 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  357 

et  qui  fera  ceux  qui  sont  de  bonne  volonté 
paisibles  dans  cette  vie  et  heureux  avec  son  père. 

Hirode. 
(Se  lève,  va  de  l'autre  côté  de  l'Ecuyer  et  dit.) 

Croirais-tu  jamais  qu'il  y  a  un  homme  assez  hardi 
pour  songer  à  m'enlever  ma  royauté } 

2  $ .  Dans  Ces  prophéties-là  il  doit  être  écrit 

que  le  roi  Hérode  est  le  plus  grand  roi  qui  soit  dans  le  monde. 
Regarde-moi . . .  Dans  le  monde  deux  soleils  ne  peuvent  s'endurer 
ni  moi,  dans  mon  royaume,  souffrir  un  autre  roi. 

UEcuyer, 
(Dit.) 

Notre  roi. ..  C'est  vrai,  je  le  sais  et  je  suis  d'accord  avec  vous, 
30.  que  votre  pouvoir  est  grand  ;  mais  plus  grand  que  vous 
veut  et  peut  être,  celui-là  lui-même 
qui  est  roi  des  rois,  de  tous  grands  et  petits, 
et  longtemps  il  y  a  déjà  qu'on  l'attend  dans  le  monde. 

Hêrode, 

(Dit.) 

Que  tout  le  monde  se  contente,  pour  moi  je  ne  le  fais  pas. 

3  ) .  Plutôt  que  d'endurer  un  autre  roi  en  Judée,  [jours. 

tout  ce  qu'il  y  a  de  villes,  châteaux,  bourgs,  je  ravagerais  tous  les 

(Hérode  va  s'asseoir.) 

UEcuyer, 

(Dit.) 

Tu  as  dans  ton  cœur  un  désir  maudit 

vieux  pourri  qui  seras  bientôt  la  nourriture  des  vers. 

Tu  veux  (//  te  faut  à  toi)  arrêter  les  volontés  du  ciel  ; 
40.  ta  force  n'aboutira  qu'à  perdre  ton  àme. 

Les  rois  qui  ont  été  désobéissants  à  Dieu, 

ont  été  punis  dans  ce  monde-ci  et  après. 

Nabuchodonosor  et  les  rois  de  Syrie, 

tous  leurs  biens,  honneur,  vie,  n'ont-ils  pas  perdu, 
4) .  parce  qu'ils  se  sont  levés  contre  la  volonté  de  Dieu  ? 

Crains  qu'il  n'en  arrive  autant  avec  toi. . . 


R«r.  Ctlt.  VIL  21 


??8  J.  Loîh. 

Pé  vxrn  ditt  Roué  crouael,  dein  jalouss  ha  méchantt, 
Heli,  Heli,  quenntoh,  a  bairh  Doué  Olbouissant, 
Enn-ani  a  zisquxnn  ag  enn  Neaneu  express, 
)o.  Aveitt  dicouein  d'é  BobI,  enn  heentt  t'er  Baradoéss 

Hérott. 
(A  za  d*é  Ecuyérr  énn  unn  teonein  é  fabre  a  hanterr  hag  er  boute  arré  présand  enn  é  ouhin. 

Andurein  quemencé,  ha  bleau  gùxnn  ar  me  fxnn! 
N'xlian  quétter  gobérr;  gued  anquin  è  varhuanin. 
Quétan  hur  bé  raszon  ag  er  Hroaiduric-cé 
A  larérr  a  vsenn  boud  ag  er  Béd  oll  er  Roué. 
S5.  Rac n'ispairgnein  hanni.  Quemenntt  Map  zou  gannétt 
A  onde  seih  vlai  sou,  bloh  >  é  veint  massacrétt. 

Enn  Ecuyèrr  : 

Credet  ennta  ha  groeid  er-péh  a  garehétt, 
Ganned  é  à  dra  sur  mestre  ha  Salvérr  er  Bétt 
Dastumétt  Soudardétt,  lahéd  er  Vugalé; 
60.  Birhuiquin  n'er  havétt  ;  goarnétt  mad  é  guett  Doué. 

Hérott  : 

Goapeid  on  d'em  Princett. . .  Ha  pérac  na  vehenn, 
Penn  dé  me  servitourr  é  tisputai  doh  haenn  P 
Quita,  Deinn  re  hardéh  menn  Doarr  ha  me  faixss 
Te  laqua  me  spérett  ha  me  halon  diaess. 


ROLL   TRIVETT. 

Hérod,  er  Soudartt. 


Hérott. 
(Doh  tou  é  huénin.) 

65.  Penauss!  Prononced  é  dré  enn  oll  Profaetétt 

E'teli  boutt  ganned  ur  Map  vou  Roué  er  Bétt. . . 

Ha  pihue  vehai  henéh  !  Ne  xll  boutt  meid  on  mé. 

Pérag  ennta  larérr  hemp  goud  er  honteu-zé?. . . 

Clasquein  unn  Ecuyérr Meenn  é  hein  de  gavétt 

70.  Unangùaell  eit  henéh;  Soudartt,  arlerh...  ridaett. 


1 .  Bloh  très  employé  en  haut-vannetais.  Au  mot  totalité^  l'auteur  du  dictioniiaiiv 
français-vannetais  dit  de  PArmerye  fait  cette  remarque  :  il  est  original  de  voir  de  qoci 
ton  les  Comouaillais  préfèrent  toutt  à  bloh. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  j  Î9 

Que  te  faut-il  > ,  roi  cruel,  homme  jaloux  et  méchant? 
Suis,  suis  plutôt,  de  la  part  du  Dieu  tout-puissant, 
celui  qui  descend  du  ciel  exprès 
(0.  pour  montrer  au  peuple  le  chemin  du  paradis. 

Hirodi, 
(Va  à  TEouyer  en  tirant  son  sabre  à  moitié  et  le  fourre  de  nouveau  dans  son  fourreau.) 

Endurer  pareille  chose,  et  des  cheveux  blancs  sur  ma  tête  ! 
Je  ne  puis  le  faire,  de  douleur  je  mourrais. 
D'abord  ayons  raison  de  ce  petit  enfant-là 
que  l'on  dit  vouloir  être  de  tout  le  monde  le  roi. 
5  $ .  Car  je  n'épargnerai  personne.  Tout  garçon  né 
depuis  sept  ans,  tous  seront  massacrés. 

LEcuyer. 

Croyez  donc  et  faites  ce  que  vous  voudrez  : 
il  est  né  assurément  le  maître  et  le  sauveur  du  monde. 
Rassemblez  des  soldats,  tuez  les  enfants; 
60.   jamais  vous  ne  le  trouverez;  il  est  bien  gardé  par  Dieu. 

Hèrode. 

Je  suis  moqué  par  mes  Princes...  Et  pourquoi  ne  le  serais-je, 
puisque  mon  serviteur  est  à  se  disputer  avec  moi } 
Quitte,  homme  trop  hardi,  ma  terre  et  mon  palais; 
Tu  rends  mon  esprit  et  mon  cœur  mal  à  Taise. 

ROLE   TROISIÈME. 

Hérode,  le  Soldat. 

Hèrode.  * 

(A  lui-même) 

65.  Comment!  Il  est  annoncé  par  tous  les  prophètes 

qu'il  doit  être  né  un  enfant  qui  sera  roi  du  monde... 

Et  qui  serait  celui-là  ?  Ce  ne  peut-être  que  moi. 

Pourquoi  donc  dit-on,  sans  savoir,  ces  contes-fà.^... 

Je  vais  chercher  un  écuyer.  —  Où  irai-je  en  trouver 
70.  un  meilleur  que  celui-là:  soldat^  après...  courez. 


I .  Vem  n'a  habituellement  que  le  sens  d'importer  :  petra  vem  d^id  signifierait  aujour- 
d'hui :  que  t'importe- t-il. 


540  J.  Loth. 

EPISODD 

ROLL  QUBTAN. 

San  Miquéle,  Enn  x\t  Gabriéie. 

Enn  aie  Gabriéie, 

Prince  ag  enn  ol  M\é^  Petra  zou  arihuétt 
Ër  Baradoéss  goudé  ma  honn  bett  dégassétt 
Ar  enn  doarr  de  vannein  migélicord  ha  peah 
A  bairh  Jésuss  Map  Doué,  a  zou  gannétt  hineah? 
75 .   Er  glean  luem,  enn  hoarnn  brass,  a  huélan  enn  hou  tourna 
Er  groéss  ar  hou  calon  ;  armétt  béd  enn  aournn  ;  > 
Hou  teulcgatt  ru  tan,  ha  hou  face  é  colserr  : 
E'haicé  justt  é  ouaih  einep  de  Luciférr. 

San  Mi^uéle, 

Quevéleu  mad  em-éss,  Gabriel,  ettt  Map-Deinn; 

80 .  Einép  tehou  n'enn  don  na  ne  vein  birhniquelnn  ; 

M'er  har  ha  m'enn  dihua^nn  doh  ur  vandsenn  Diaulaett, 

A  zou  puar-mil  vlai  sou,  haval-é,  achapétt 

M\\  ambassadour  mad  ag  ur  gannédiguiah, 
A  zégasse  d'enn  Doarr  pep-sortt  pihuidiguiah, 

85.  Couviétt  Buguelion  d'adoreinguai,  coutantt, 

Dr  Hroaidurr  peurr  énn  Doar  hag  énn  Nean  quer  pouissantt 
Ha  mé,  Feahour  d'enn  Diaul,  mé  rey  dehou  criai 
Doh  enn  a.'i  quer  stairtt  que'  n  œllou  meitt  harhal. 
Mar  carétt  menn  3  gortoss  m'em  bou  enn  ur  guéhétt 

90.  Garotxtt  Lucifxrr  hag  é  oll  consortétt. 

Enn  aie  GahrieU. 

Hui  vou  é  em  ortéye  mar  labourétt  quer  buon. 
Pégource  é  vein  paré  a  me  homicion? 
Noss  vou,  pé  dostt,  aséss  :  Né  ra  ouahenn  Tri  Roué 
Meitt  mond  é  Ti  Hérod,  enn  Tirand  à  Judé. 

EIL   ROLL. 

Enn  aie  Gabriéie, 

95 .  N'enn-dess  nameid  unn  Doué  a  aell  crouéein  é  barr  ! 
Ean  hou  chairou,  Diaulétt,  na  vaih  quéd  énn  arvarr. 


I .  Aom  ou  arzom  poignet  (L'Armerye). 

i.  Pour  Ken  n'eUou. 

} .  On  prononce  menghortos. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  341 

EPISODE. 

ROLE    PREMIER. 

Saint  Michel,  l'ange  Gabriel. 

Uange  Gabriel . 

Prince  de  tous  les  anges,  qu'est-il  arrivé 
dans  le  Paradis  après  que  j'ai  été  envoyé 
sur  la  terre  pour  annoncer  miséricorde  et  paix 
de  la  part  de  Jésus  fils  de  Dieu,  qui  est  né  aujourd'hui  ? 
75 .  Le  glaive  aigu,  le  grand  fer^  je  vois  dans  votre  main, 
la  croix  sur  votre  cœur,  armé  jusqu'au  poignet, 
vos  yeux  {deux  yeux)  rouge  feu,  et  votre  face  en  colère  : 
ainsi  tout  juste  vous  étiez  contre  Lucifer. 

Saint  MicheL 

Bonnes  nouvelles  j'ai^  Gabriel,  pour  l'Homme  (dans  le  sens  de  genre 
80    contre  lui  je  ne  suis  ni  ne  serai  jamais  ;  [humian, 

je  l'aime  et  le  défends  contre  une  bande  de  diables, 

qui  sont,  il  y  a  quatre  mille  ans,  il  semble,  échappés... 

Comme  bon  ambassadeur  de  la  Nativité, 

apportant  {qui  apporte)  à  la  terre  toute  sorte  de  richesses, 
85 .  conviez  les  bergers  à  adorer  gaiement,  joyeusement, 

le  pauvre  enfant  sur  la  terre  et  dans  le  ciel  si  puissant. 

Et  moi,  vainqueur  du  Diable,  je  lui  ferai  crier; 

en  le  liant  si  serré  qu'il  ne  pourra  pas  aboyer. 

si  vous  voulez  m'attendre,  j'aurai  chemin  faisant, 
90.  garrotté  Lucifer  et  tous  ses  compagnons. 

Uange  Gabriel. 

C'est  vous  qui  m'attendrez  si  vous  travaillez  si  vite. 
Quand  serai-je  débarrassé  de  ma  commission  } 
Il  sera  nuit  ou  assez  près  ;  les  trois  rois  ne  font 
que  d'aller  chez  Hérode,  le  tyran  de  Judée. 

SECOND  ROLE 

Uange  Gabriel. 

95 .   Il  n'y  a  qu'un  Dieu  qui  puisse  créer  son  pareil  ! 

C'est  lui  qui  vous  ramassera,  Diables,  ne  soyez  pas  en  doute. 


342  y.  Loth, 

ROLL  TRIVBTT. 

(Tauleu  ha  cri,  a  gléhuérr). 

San  Miqaile. 
(E'rondache,  ihuél  doh  é  vréh,  a  gampxun  é  vonnaett,  è  gacol  hag  é  seyxnnen.) 

Crignaennd  ou  rangœnneu  ;  sur  ou-dess  de  grignatt 
Quapntt  ma  um  zistagueintt  ou-dèss  de  hilguaennatt  ' 
Mais  ne  méss  ariétt  meid  ardro  eon  antérr  ; 
100.  Er  gùdian  lod  a  chom  ha  libre  é  Luciférr. 

ROLL  PUARVBTT. 

Luciferr. 
(Énn  ur  gadoairr  a  ra  minea  vile  hag  a  venace  gued  è  forh  ha  gued  é  rangœnnic») 

ROLL   PUEMVETT. 

Lucifer,  Asmodé,  Louvic. 
(Asmodé  ha  Louvic  guett  pep  darne  flatnbèau  roussin  énn  douran  deye,  a  rid  ar  ou  hnb- 
inieu,  unau  duman,  enn  aral  duhonntt  ;  hag  a  scrimpe,  œil  chassigueu  ;  Lodferr  a 
hoarh  dijauge.) 

ROLL   HUBHVBTt. 

s.  Miquèle,  Luciferr,  Asmode,  Louvic. 

San  MiqiitU, 
(A  larr.) 

Téhett,  Loniîéd  ifam,  Tosséguétt,  hag  Airon  > 

iEspiguett  ha  Bouhétt  ;  na  té,  me  Amperhon. 
(S.  Miquéle  a  daule  Luciferr  hag  é  gadoairr  ;  er  forh,  er  gouronn  hag  er  gsdoairr  a 
chom  ar  enn  tiatre;  maiss  enn  tri  Diaule  a  rid  erauc  S.  Miquèle,  père  a  ra  ou  fiiir 
dihue  huéh  enn  dro.  S.  Miquele  el  ma  dremeine  dirag  enn  tiatre  a  larr  unan  ag  enn 
eu  huerz'ma.) 

Ou  hanhueu  a  bussunn. . .  Bexg  unn  aele  a  deli. . . 

Um  ouarnn  eid  enn  Drindett,  de  gannein  mélodi. 

ROLL   SEIVÉTT. 

(Cri  ha  tauleu  a  gléhuérr  ardrann  enn  Tiatre.) 

San  MiquiU, 
(Enn  ur  stleijal  à  bout  '  ur  rangaenn  Luciférr  diarr  é  grabinieu,  a  chom  énn  tutn  *  caire, 

a  larr). 

10$.  Me  zou  Miqusele,  Arhaeie,  Capitein  Triomfantt, 

Massajourr,  dréss  er  real,  d'onn  Hrouéour  oibouissantt. 


1 .  Nous  n'avons  pas  trouvé  ce  mot  dans  les  dictionnaires,  et  il  n'est  pas  en  usage 
dans  tout  le  vannetais.  La  version  actuelle  des  Trois-Rois  le  donne  encore. 

2.  Pluriel  de  aer  serpent  ;  airon  ou  aeron  est  pour  nacroUy  la  langue  ayant  confondu 
l'A  initiale  du  mot  avec  Vn  finale  de  l'article,  naeron  =  natroneSj  comme  aer  s  natru, 

).  Ordinairement  a  bois, 
4.  Ordinairement  tu^ia. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  543 

ROLE  TROlSiftME. 

(On  entend  des  coups  et  des  cris.) 

Saint  Michel, 
(Sa  rondache  haute  à  son  bras,  arrange  son  bonnet,  son  hausse-col  et  ses  rubans.) 

Qu'ils  rongent  leurs  chaînes  ;  sûr^  ils  ont  à  ronger 
avant  qu'ils  ne  se  détachent  ils  ont  à  grigiiotter  >  ? 
mais  je  n'ai  lié  qu'environ  la  moitié; 
100.  la  meilleure  part  reste,  et  Lucifer  est  libre. 

ROLB   QUATRIÈME. 

Lucifer. 
(Sur  une  chaise  fait  de  laides  mines  et  menace  de  sa  fourche  et  de  ses  chatnes.) 

ROLB  CINQUIÈMB. 

Lucifer,  Asmodée^  Louvic. 

(Asmodée  et  Louvic,  chacun  avec  un  morceau  de  chandelle  de  résine  dans  la  main  gauche, 
courent  à  quatre  pattes  (m.-à-m.  sur  leurs  griffes),  l'un  ici,  l'autre  là;  et  crient  (m.-à- 
m.  hennissent)  comme  des  petits  chiens;  Lucifer  rit  d'une  façon  hideuse  ^) 

ROLB  SIXlftHB. 

Saint  Michel,  Lucifer,  Asmodée,  Louvic. 

Saint  Michel, 
(Dit.) 

Allez,  bètes  infâmes,  crapauds,  serpents, 

aspics  et  boucs,  et  toi,  mon  ver  de  terre  (gredin). 
(Saint  Michel  jette  Lucifer  à  bas  de  son  siège  ;  la  fourche,  la  couronne  et  le  siège  restent 
sur  le  théâtre  ;  mais  les  trois  diables  courent  devant  Saint  Michel,  et  ils  font  (lesquels) 
tous  les  quatre  font  deux  fois  le  tour.  Saint  Michel  comme  il  passe  devant  le  théâtre  dit 
un  de  ces  deux  vers-ci  (un  à  chaque  tour)  : 

Leurs  noms  infectent...  La  bouche  des  anges  doit 

se  réserver  pour  la  Trinité,  pour  chanter  louange. 

ROLB  SEPTIÈME. 

(On  entend  des  cris  et  des  coups  derrière  le  théâtre.) 

Saint  Michel. 
(En  traînant  suspendu  à  une  chaîne  Lucifer  à  quatre  pattes,  et  qui  reste  à  l'envers,  dit  :) 

105 .  Je  suis  Michel  archange,  capitaine  triomphant, 

messager,  par-dessus  les  autres,  de  notre  créateur  tout-puissant. 


I.  Dijauje  a  proprement  le  sens  de  peu  convenable» 


Ar  he  gouste  é  xlléss,  goann  louss,  me  hanaouein, 
Penn  douss  à  oudévéh  é  vleijal,  è  hodein. . . 
Nœlliss  quéd  he  ç'andurr,  è  clasque  unn  um  séhuéle, 
1 10.  Ihuéloh  eitt  me  Maestre,  pé  el  dou  quenn  ihuéle; 
Mè  gonzass  er  hétan,  hag  helieih  ar  me  Iserh, 
Aveitt  brezelécatt  doh  hid  à  honn  oïl  naerh. 
Pihat  zou  Havaldoh  Doué  f  a  lariss  ;  x\  ur  giean, 
Er-guir-zé,  nétra  quin,  he  ç'abimass  ènn  tan. 

Luciferr  : 
(A  ra  unn  taule  scrimpe  hag  a  sau  doh  er  rangœun  ar  è  han-azé.) 

115.  Pétra  zou?  A  béban  ?  Pénauss  é  ?  Ha  pèrac  ? 
Rèd  è  ma  héss  arihue  unn  nehuetaitt  bénac. 
Lausque-mé,  Miquél  Brass,  m'enn  distroiein  d'em  lavarr, 
Pé  mé  heijou  enn  Nean,  enn  Ihuaeron  hag  enn  Doarr. 

S.  Miquéle. 
(A  sau  è  glean,  Luciferr  a  gri.) 

Satan,  crédein  a-réss  séhuèl  arré  he  peenn 
1 20 .  Einèp  d'enn  Eutru-Douè  !  Crisquein  a-rey  he  boaenn  ; 
Hag  o-peenn,  Miliguétt,  lémél  a-ra  guenitt. 
Er  bili  ar  Map  Deinn,  drè  Jésuss  Croaiduric. 
Na  vaiss  mui  énn  arvarr  ;  ché  ean  >  enn  nèhuététt 
A  rejouiss  enn  Dud,  a  gonfond  enn  Diaolétt. 
(s.  Miquéle  a  voûte  Luciferr  ardran  :  hena  *  a  hudé  inou  deu  daul.) 

EILE  ŒVRE 

ROLL    Q^UliTAN. 

Hérod,  Enn  Ecuyérr,  er  Soudartt. 
(Hérod  a  azé.) 

Enn  Ecuyerr  : 

125.  Hur  Roué,  cléhuéd  em-éss  é  héss  arihue  présantt 
Tri  Roné  énn  hou  Paiœss,  à  zou  enn  Oriantt  ; 
Eure,  Mirr  hag  Ezance,  a  larérr  zou  gueté 
De  gueniguein  d'où  Roué,  d'où  Salvérr  ha  d'où  Doué. 

Hirott  : 

Mé  fai  dein  conss  doh  tai . . .  Pihue  enn-déss  intt  disquètt 
ijo.  De  zélézel  ou  bro,  queraenntt  hag  amiétt, 

1.  Habituellement  che-de ou  chetu  pour  j«/-rfe  {CathoUcon)  seUet-u  ;  ean  =  «^dn moyen- 
breton.  Che  ean  est  probablement  pour  chel  ean.  On  prononce  cheyan. 

2.  hena  propre  au  haut-vannetais  pour  celui-ci;  bas-vannetais  hinan  ailleurs  heiMfi. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  345 

A  des  dépens  tu  peux,  saie  charogne,  me  connaître, 
puisque  tu  es  depuis  à  rugir  et  hurler... 
Je  n'ai  pu  t*endurer  à  chercher  te  lever 
110.  plus  haut  que  mon  maître,  ou  aussi  haut  que  lui; 
j'ai  parlé  le  premier,  et  beaucoup  d'autres  après  moi, 
de  faire  la  guerre  contre  toi  de  loute  notre  force, 
Qui  est  semblable  à  Dieu  f  dis-je  ;  comme  un  glaive, 
ce  mot-lâ,  rien  de  plus,  t'abtma  dans  le  feu. 

Lucijer, 
(Liche  un  hennissement  (m.-à-m.  fait  un  coup  de  hennissement)  et  se  lève,  suspendu  à 

la  chaîne,  sur  son  séant.) 

115.  Qu'y  a-t-il  !  D'où  ?  Comment  ?  Et  pourquoi  ? 
Il  faut  qu'il  soit  arrivé  quelque  nouveauté. 
Laisse-moi,  grand  Michel,  me  détourner  suivant  ma  parole  ? 
ou  bien  je  secouerai  le  ciel,  l'enfer  et  la  terre. 

Saint  Michel. 
(Lève  son  glaive,  Lucifer  crie.) 

Satan,  tu  oses  lever  de  nouveau  la  tète 
1 20 .  contre  le  seigneur  Dieu  !  Il  accroîtra  ta  peine, 
et  de  plus,  maudit,  il  t'enlève 
le  pouvoir  sur  l'homme,  par  Jésus  petit  enfant. 
Ne  sois  plus  en  doute  ;  la  voilà,  la  nouveauté 
qui  réjouit  les  hommes  et  confond  les  démons. 
(Saint  Mtchd  jette  Lucifer  derrière;  celui-là  hurle  là  deux  fois.) 

DEUXIÈME   ACTE 

ROLE   PREMIER. 

Hérode,  i'Ecuyer,  le  Soldat. 
(Hérode  s'asseoit.) 

UEcayr. 

12$.  Notre  roi  —  j'ai  entendu  qu'il  est  arrivé  à  présent 

trois  rois  dans  votre  palais  (venant)  du  côté  de  l'orient  ; 

de  l'or,  de  la  myrrhe,  et  de  l'encens,  on  dit  qu'ils  en  ont  {^uUst  avec 

pour  offrir  à  leur  Roi,  à  leur  Sauveur  et  à  leur  Dieu .  [eux) 

Hérode, 

Je  veux  leur  parler.  —  Qui  leur  a  appris 
1 30.  à  abandonner  leur  pays,  parents  et  amis. 


346  J.  Loth. 

Aveitt  donéd  aman  dé  gléhuétt  quévelleu 
[A]  ouairan  mé  a-boœnn,  hag  a  laran  zou  gueu  ? 
(Enn  Ecuyérr  a  zoug  ar  ur  mouchene  caire  é  saeptre  d'er  Roué  Hérott.) 
Hastétt,  me  Ecuyérr,  quxrétt  buan  hemp  tardein  ; 
Larétt  d'en  tri  Roué  honntt  donétt  d  em  saiudein. 

EILB   ROLL. 

Enn  Ecuyerr,  Enn  Tri  Roué. 

Enn  Ecuyerr. 
(A  larr.) 

13$.  De'matt  teoh,  Tuchxnntil  ;  davaied-on  express 

Ordreinéd  enn  déss  tein  me  Masstre  Herodéss 

Gobérr  doh  antréein  énn  é  Baléss  hou  tri  ; 

Mena  eell  hou  cuélétt  né  vou  quétt  dissourci. 

Raccé,  mé  hou  supli,  quaennt  ma  yehaitt  paelloh, 
140.  Antrééd  énn  é  di,  ean  a  vaenn  conss  doh  oh. 

Baltazarr. 
{Mt\  pé  gannehai.  Tud  a  zonne  enn  Oriantt  a  gan,  haval  véhai,  a  bé  gonzaott.) 

Pardonnétt  taemb,  Eutru^  ni  zou  tutt  divroett  ; 
Né  ouzamp  >  quéd  enn  hennt,  ni  a  zou  fariétt  ; 
Pur  bezé  can  gouiétt,  surmad  el  laramp  teoh, 
Ur  bezé,  Ean  gùélétt  qusennd  eitt  monétt  peelloh  ; 
145.  N'ur  behai  que  manquétt,  œil  meidé  hunn  devxrr 
De  saiudein  ur  Roué  zou  quer  brass  é  bouvxrr. 

Enn  Ecuyerr, 
(a  larr) 

Deitt,  Tuchenntil,  hardéh,  ar  menn  guirr  avancett 
N*ou  pou  que  droug  é  quiss  nag  é  faeçon  er-bétt. 

ROLL   TRIVBTT. 

Hérod,  Er  Soudartt. 

Hérott. 
(A  larr  doh  tou  è  huénan.) 

M'écuyérr  a  me  fairh  express  em-ess  cassètt 
1 50.  D'ataerse  reih  pihue  é  enn  dutt-cé divroett. 

I.  cf.  la  forme  des  mabina'gion  wdam.  Il  est  vrai  que  la  première  personne  da  pluriel 
de  tous  les  verbes  à  l'indicatif  prés.  act.  est  dans  tout  le  vannetais  en-tfwi;  aujourd'hui  Ii 
forme  ordinaire  est  gouyam.  La  2*  pers.  du  plur.  est  cependant  encore  le  plus  soavoit 
en  bas- vannetais  f^ouzoch. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois,  347 

pour  venir  ici  entendre  des  nouvelles 

que  je  sais  moi  à  peine,  et  que  je  dis  être  fausses? 

(L'Ecuyer  porte  sur  un  beau  mouchoir  son  sceptre  au  roi  Hérode.) 

Hâtez-vous,  mon  Ecuyer,  allez  vite  sans  tarder  ; 

dîtes  à  ces  trois  Rois-là  de  venir  me  saluer. 

ROLE   SECOND.     . 

L'Ecuyer,  les  trois  Rois. 
L'Ecuyer, 

(Dit.) 

135.  Bon  jour  à  vous,  gentilshommes,  je  suis  envoyé  exprès, 

mon  maître  Hérode  m'a  ordonné 

de  vous  faire  entrer  dans  son  palais  vous  trois  ; 

s'il  ne  peut  vous  voir,  il  ne  sera  pas  tranquille. 

C'est  pourquoi,  je  vous  supplie,  avant  que  vous  n'alliez  plus  loin 
1 40 .  entrez  dans  sa  maison  ;  il  veut  vous  parler. 

BaîUzar, 
(Comme  s*i\  chantait.  Les  gens  du  fond  de  l'Orient  chantent,  semble-t- il,  lorsqu'ils  parlent.) 

Pardonnez-moi,  seigneur,  nous  soifimes  des  étrangers  ; 
nous  ne  savons  pas  le  chemin,  nous  sommes  égarés  ; 
si  nous  l'avions  su,  nous  vous  le  disons  sûrement, 
nous  l'aurions  vu  avant  d'aller  plus  loin  ; 
145.  nous  n'aurions  pas  manqué,  comme  c'est  notre  devoir, 
de  saluer  le  roi  dont  le  pouvoir  est  si  grand. 

L*  Ecuyer. 
(Dit) 

Venez,  gentilshommes,  hardiment,  sur  ma  parole  avancez 
vous  n'aurez  de  mal  de  nulle  façon  ou  manière  au  monde. 

ROLE   TROisiÈME. 

Hérode,  le  Soldat. 

Hérode. 
(Se  dit  à  lui-même.) 

Mon  ecuyer  de  ma  part  exprès  j'ai  envoyé 
I )o.  pour  savoir  net  (m.  à  m.  pour  interroger)  qui  sont  ces  étrangers; 


348  J.  Loth 

M'ou  gù  é  le  ;  ou  gusquemand,  ou  min,  ou  hardehtaitt 
A  ra  d'ein  goud  émantt  tud  abil  ha  parfaitt. 

(Herod  a  ya  d'azéem.) 

ROLL  PUARVITT. 

Hérod,  enn  tri  Roué,  Enn  Ecuyérr,  Er  Soudartt. 

Herod. 

m 

(A  ya  énn-arbxnn  >  hag  a  larr.) 

Tosteitty  me  amiétt,  ha  deitt  matt  revehaitt; 
Larett  tein  à  bairh  pihue,  na  pétra  a  glasquétt  ; 
155.  A  bébéh  >  bro  é  tétt,  meenn  i  é  fal  doh  monétt  ? 
M\\  ma  ouzah  erhad,  un  Roué  brass  aell  on-mé 
A  zou  perpétt  curiuss  de  oud  er  huirionné. 

Enn  tri  Roué, 
(A  ra  eon  eile  arUerh  éguilé  pepani  on  umble  revelance  de  Herod  azéétt,  ha  nezè  a  gan 

ar  unn  dro,  ar  enn  ton  zou  érauc,  pagaenn  ) .) 

Ë  hamp  de  adorein  honn  salvérr  ha  honn  Doué 
Deid  aveid  omb  er  bétt  d*ur  prenein  dré  druhé, 
160.  Penn  dé  deit  quenn  izéle  ha  meidé  bétt  gannétt 
D'éfacein  er  fauteu  unn  éss  ni  comaetétt. 

Hirod. 
(Azèètt  a  larr.) 

Quérétt,  hui  a  rey  dein  er  blijadurr  brassan  ; 
Gratt  vad  a  ouyein  doh  ;  «jamess  n'enn  ancoéhan  4. 
Tremeinnëtt  dré  mé  zi,  aell  ma  retournehétt, 
165.  Quaennt  monéd  éhué  mé,  mé  vaenn  ouah  hou  cuélét. 
Ëhonn  ingorto  mad,  xll  oh  enn  adorein, 
Hag  unn  donaezon  caire  a  vaennan  dehou  rein. 


1.  Forme  intéressante  si  on  la  compare  au  gallois  erbyn  qui  a  aussi  le  sens  de  à  la  rcR- 
cotttre  de,  au-devant  de.  Arbenn  ou  plutôt  en  arbinn  n'a  guère,  en  armorique,  que  le  sens 
de  au-devant,  Ar  gouvernant  en  irlandais  l'accusatif  et  le  datif,  on  peut  supposer  qoe 
arbenn  donne  une  forme  accusative,  si  etbyn  suppose  un  datif. 

2.  Pe  bèh  (giU.  pa  beth)  ne  s'emploie  guère  que  dans  le  sens  exdamatif. 

3.  Ménn  cou»  ne  s'emploie  qu'en  vannetais,  cf.  gallois  myn  là oiï{Mabinogm  pasào. 
livre  noir,  éd.  skene^  II,  p.  43  ;  myn  yd  uo  truin  yd  ao  trev,  là  où  il  y  aura  un  sa,  il 
y  aura  étemuement  ;  cette  pièce  est  une  des  plus  mal  comprises  du  recueil,  et  ce  n'est 
pas  peu  dire.) 

4.  Ancoéhan  forme  remarquable,  dans  le  sens  du  futur,  si  elle  n'a  pas  été  amenée  par 
les  besoins  de  l'assonance.  Cf.  le  présent  hitur  gallois  en  af.  On  trouve  deux  exemple 
du  même  emploi  de  la  forme  en  -an  (moyen  bret.  af)  dans  le  recueil  de  cantiques  de 

«7M»P.  i)î: 

jamxss  n'er  huitan 

birhutquin  na  bihue  na  marhue  dehou  ne  vancan. 
n  jamais,  je  ne  le  quitteraiy  jamais,  ni  vivant  ni  mort  je  ne  lui  manquerai.  » 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  ^9 

je  les  vois  ;  leur  costume,  leur  mine,  leur  assurance 
me  font  savoir  que  ce  sont  des  gens  habiles  et  accomplis. 

(Hérode  va  s'asseoir.) 

ROLE    QUATRIÈME. 

Hérode,  les  trois  Rois,  TEcuyer,  le  Soldat . 

Hérode. 
(Va  au  devant  et  dit.) 

Approchez,  mes  amis,  et  soyez  les  bienvenus. 
Dites-moi  de  la  part  de  qui,  et  ce  que  vous  cherchez 
155.  de  quel  pays  vous  venez,  où  vous  voulez  aller  ? 

Comme  vous  le  savez  bien,  un  grand  roi,  comme  moi, 
est  toujours  curieux  de  savoir  la  vérité. 

Les  trois  Rois. 
(Font  l'un  après  l'autre  chacun  une  humble  révérence  à  Hérode  issis,  et  alors  chantent 

ensemble,  sur  l'air  qui  est  avant,  page  3.) 

Nous  allons  adorer  notre  Sauveur  et  notre  Dieu, 
venu  pour  nous  dans  le  monde  —  pour  nous  acheter  par  pitié  ; 
160.   puisqu'il  est  venu  si  bas,  et  qu'il  est  né 

pour  effacer  les  fautes  que  nous  avons  commises. 

Hérode. 
(Assis,  dit.) 

Allez,  vous  me  ferez  le  plus  grand  plaisir  : 
bon  gré  je  vous  aurai  ;  jamais  je  ne  l'oublierai. 
Passez  par  ma  demeure,  comme  vous  retournerez  ; 
165 .  avant  d'aller  moi  aussi,  je  veux  encore  vous  voir. 
Je  suis  bien  dans  l'attente,  comme  vous,  de  l'adorer, 
et  un  beau  présent  je  veux  lui  faire. 


350  y.  Loth. 

MVKE   TRIVETT. 

ROLL   QUÉTAN. 

Jozep,  Gabriéle,  Limage  er  Huiriéss  a  hani  Jésuss. 
(El  Limageu  a  zizolérr.) 

Enn  jEU  GabriiU  : 
(Ardran  Limage  er  Huiriéss  a  larr  aveitt  hi.) 

Jojep  me  Friaett  douce,  mègleu  scoein  ar  enn  orr; 
C^érétt  ;  penauss-bénac  meidé  aess  de  zigorr. 

BILB   ROLL. 

Jozep,  Enn  Tri  Roué,  Enn  M\t  Gabnéle. 

Jozep. 

(A  larr.) 

170.  Deitt,  deitt  ma^  revehaitt,  inourable  Roanne, 

De  huélétt  honn  Salvérr,  honn  Eutru  ha  honn  Doué, 
Mar  déd  à  Oriaenntt,  gued  ul  lovad  à  boaenn 
E'hoh  arrihue  aman  ;  E'nn  Nean  de  virhuiquein 
E'vehaid  a  dra  surr  recoupansétt  gued  Doué. 

175.  Gued  er  Seennt,  Santezéd  ha  gued  enn  oïl  aclé. 

Enn  Tri  Roué. 
(A  gan  ar  unn  dro.) 

Er  peah  revou  aman  perpéd,  xll  mi  havamp  ; 
Mesnn  é-ma  er  Hroaidur,  péhani  a  glascamp, 
M\\  m'enn-dé  discoeitt  temp  dré  sclaerderr  ur  stiraenn, 
Enn-déss  hunn  dégassétt  à  honn  bro  d'enn  Doarr-mxnn  ? 

Enn  jEU  GabriiU, 
(Eid  er  Huiriéss  a  larr.) 

180.  A  béh  bro  oh,  mar  plige,  à  zoh  enn  Arabi 
Ag  à  Vordeu  Saba  pè  â  Darce  é  tétt-hui? 

Cas  par  r. 
(A  gan.) 

Ni  zou  à  ziabsll,  deitt  d'inourein  ur  Roué, 
A  vexnn,  eitt  hur  prenein,  ér  groéss  coll  é  vuhé 
Hemb  ancouéhad  é  vam,  a  saludhaimb  éhué, 
185.  Ma  vou  Avocadéss  aveid  omp  dirac  Doué. 

I .  Deitt  ma  leg.  deitt  mat. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  3  5 1 

ACTE   TROISIÈME. 

ROLE    PREMIER. 

Joseph,  Gabriel,  Timage  de  la  Vierge  et  celle  de  Jésus. 
(On  découvre  les  images.) 

Vange  Gabriel. 
(Derrière  l'image  de  la  Vierge  dit  pour  elle.) 

Joseph,  mon  doux  époux,  j'entends  frapper  à  la  porte. 
Allez,  quoiqu'elle  soit  facile  à  ouvrir. 

ROLE   SECOND. 

Joseph,  les  trois  Rois,  l'ange  Gabriel. 

Joseph. 

(Dit.) 

1 70 .  Venez,  soyez  les  bienvenus,  Rois  honorables, 

voir  notre  sauveur,  notre  seigneur  et  notre  Dieu  ; 

si  vous  venez  de  l'Orient,  avec  beaucoup  de  peine, 

vous  êtes  arrivés  ici  ;  dans  le  ciel  pour  toujours 

vous  serez  assurément  récompensés  par  Dieu, 
17$ .  avec  les  saints,  les  saintes  et  tous  les  anges. 

Us  trois  Rois. 
(Chantent  ensemble.) 

Que  la  paix  soit  toujours  ici,  comme  nous  la  trouvons  ; 
où  est  l'enfant,  que  nous  cherchons, 
comme  il  nous  est  montré  par  ta  clarté  de  l'étoile, 
qui  nous  a  amenés  de  notre  pays  à  cette  terre-ci. 

Uange  Gabriel. 
(Pour  la  vierge  dit.) 

1 80 .  De  quel  pays  êtes- vous,  s'il  (vous)  platt  ?  de  l'Arabie, 
ou  des  bords  de  Saba  ou  de  Tarse,  venez-vous  ? 

Gaspar, 
(Chante.) 

Nous  sommes  de  loin,  venus  pour  adorer  le  roi 
qui  veut  bien,  pour  nous  acheter,  sur  la  croix  perdre  la  vie, 
sans  oublier  sa  mère,  que  nous  saluerons  aussi, 
185 .  pour  qu'elle  soit  avocate  pour  nous  devant  Dieu. 


ÎJ2  ;.  Loth. 

Melkiorr  : 
(A  gan.) 

Tostamb  entita  honn  tri  :  na  vaimp  que  parxssus, 
D'adorein  à  galon  hunn  Doué  carantéuss  : 
Queniguiam  tehou  Eure,  Mir  hag  Ezance  ehué 
M'ul  laquey  él  léh  mad  èr  fin  à  honn  buhé. 
(Alumein  à-rérr  deu  bilaette  dirag  el  Limageu  ;  Jozep  a  azé  doh  costé  er  Hairiéss.) 

Baltazarr, 
(Ar  é  zeulin  distroeid  être  Jésuss  hag  er  Boble,  é  gouronn  hag  é  Yab-Royal  ar  eim 

douarr,  é  zonjezon  ènn  dourno  dey,  a  gan.) 

190.  Ur  Ranteleah  em-ess  ;  rag  ag  ur  goaitt  Royal 
Guenedig  on  saouétt,  me  hanhue  é  Baltazal 
Meitt  mé  hanaù  ur  Roué,  brassoh  aveitt  januess 
N'enn-dèss  bett  na  né  vou,  gannéd  ag  ur  Huiriéss. 
(Baltazarr  a  laca  é  zonxzon  ar  er  bassaette  doh  treitt  Jésuss  ;  a  vogue  dehai  ;  a  guenérr  é 
gouronn  hag  é  Sxptre  a  chom  énn  é  sau  à  gosté.  Enn  eu  Roué  aral  a  rey  éhalcé.) 

Gasparr. 
(Ar  é  zeulin,  etc.  a  gan.) 

Gasparr  om-roé  hanhuett  ;  né  veennan  quètt  nahein 
19).  Hanaouéd  aveitt  Roué;  maiss  deid-on  d'adorein 

Er  Messi,  Roué  ha  Doué;  aveitt  ur  hass  d'enn  Nean, 
Enn  déss  quemerd,  aell  omp  ur  Horff  hag  unn  inean. 

Malkiorr. 
(Ar  é  zeulin,  etc.,  agan.) 

Mœlkiorr  é  me  hanhue  Moriein  dré  accidantt 
Hanaouéd  ar  menn  Douarr  ur  Roné  brass  ha  pouissant  ; 
200.  Meitt  berma  mé  guita  enn  inourr  a  voutt  Roué; 
Mé  veenn  boutt  servitourr  dirac  Roué  er  Rouanne. 

Enn  jEU  GabrUU. 
(Eid  er  Huiriéss  a  larr.) 

A  hou  tonœzonneu  enn  hou  trugairécan 
E-ouèss  reid  a  galon,  Princétt  d'ero  Map  bihan. 

Baltazarr, 
(A  gan  ag  é  sau,  è  gouronn  ar  é  beenn.) 

Enn  Eure  a  veenn  laréd  é  vou  Roué  er  Hroaidurr; 
305.  Uruss  vou  er  Bétt-ma  qùitt  à  oual  avanturr, 
Ë  Rantelah  a  vou  straouéd  oll  dré  er  Bétt, 
M\\  m'enn-déss  larett  teemp  Izài  er  Profétt. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  j  5  j 

Melkiorr. 
(Chante.) 

Approchons  donc  nous  trois  ;  ne  soyons  point  paresseux, 
pour  adorer  de  cœur  notre  Dieu  charitable  : 
oifrons-lui  de  )'or,  de  la  myrrhe  et  de  Tencens  aussi, 
pour  qu'il  nous  mette  en  bon  lieu  à  la  fin  de  notre  vie. 
(On  allume  deux  cierges  devant  les  images  ;  Joseph  s'asseoit  à  côté  de  la  Vierge.) 

Baltazar. 
(Sur  ses  deux  genoux,  entre  Jésus  et  le  peuple,  sa  couronne  et  son  bâton  royal  à  terre, 

son  présent  dans  sa  main  gauche,  chante.) 

190.  J'ai  un  royaume;  car  d'un  sang  royal 
Né,  je  suis  sorti,  mon  nom  est  BaltazaI  ; 
mais  je  connois  un  roi,  plus  grand  jamais 
il  n'y  en  a  eu  ni  il  n'y  en  aura,  né  d'une  Vierge. 
(Baltazar  met  son  présent  sur  l'escabeau  aux  pieds  de  Jésus,  les  embrasse;  prend  sa 
couronne  et  son  sceptre,  reste  debout  de  côté.  Les  deux  autres  rois  feront  de  même.) 

Gasparr. 
(Sur  ses  deux  genoux,  etc. ,  chante.) 

On  m'appelle  Gasparr,  je  ne  veux  pas  le  nier, 
195 .  connu  comme  Roi  ;  mais  je  suis  venu  pour  adorer 
le  Messie,  roi  et  Dieu  ;  pour  nous  envoyer  au  ciel, 
il  a  pris,  comme  nous,  un  corps  et  une  âme. 

Malkiorr. 
(à  genoux,  etc.,  chante,}  .. 

Mœlkiorr  est  mon  nom,  noir  par  accident  2, 
connu  sur  ma  terre  comme  nn  roi  grand  et  puissant  ; 
200.  mais  à  présent  je  laisse  l'honneur  d'être  roi  ; 
je  veux  être  serviteur  devant  le  roi  des  Rois. 

Uange  Gabriel, 
(Pour  la  Vierge  dit.) 

De  vos  présents  je  vous  remercie, 

(ces  présents)  que  vous  avez  donnés  de  cœur,  princes,  à  mon  petit  (ils . 

Baltazarr. 
(Chante  et  se  lève,  sa  couronne  sur  la  tête.) 

L'or  veut  dire  que  l'enfant  sera  roi  ; 
205.   il  sera  heureux  dans  ce  monde-ci,  à  l'abri  de  mauvaise  aventure  ; 
sa  royauté  sera  répandue  à  travers  le  monde  entier, 
comme  nous  l'a  dit  Isaîe  le  prophète. 

I.  Pastorale  française:  Melchior  suis  nommé,  Maure  par  accident. 

Rev.  Cclt,  VU.  2) 


^54  ^-  l^oth. 

Gasparr. 
(A  gan  ag  é  siu,  etc.) 

Croaidurr  leinea  zoustérr  n'enn  don  que  bétt  ingratt. 
E'zance  zou  me  frezantt  a  ran  à  galon  vatt. 

Enn  jEU  GabrUlc. 
(Eid  er  Huiriéss  a  iarr.) 

210.  Gasparr,  Deinn  forh-  abii  saouéd  ag  er  Rouanne 
Larétt-tein,  mé  hou  pétt,  er  Mistérr  zou  azé, 
Pétra  a  senefî  en  E'zance  a  huélan, 
Deitt  quenoh  é  présantt  d'em  Hroaiduric  bihan  ? 

Gasparr. 

[A  gan.) 

0  mam  Croaidurr  de  zoué,  Mam  de  Roué  enn  M\eXi 
215.  Dré  enn  E'zance-man  é  hanauarop  parfett. 

Hou  Mab  a  olvisco  ah  gannéd  à  zoué  enn  Tatt 

Quer  coh  aell  dou,  quer  cairr,  quer  pouissantt  ha  quer  matt. 

Malkiorr. 


Recehuéd  er  Mirr-Zé,  0  me  Salvérr  Jésuss 
A  galon  er  ran  deoh,  na  rétt  qued  er  refuss, 
220.  i^ll  d'en  neimb  a  delihunn  teennein  à  vizérr. 
Hunn  golhein  enn  é  ouaid  ar  lein  manné  Calvérr. 

Enn  jEle  GahriéU. 
(Eid  er  Huiriéss  a  Iarr.) 

Trugairécatt,  Princétt,  a  hou  tonxzonneu 
E-ouéss  bétt  reitt  t  em  Mab,  à  greiss  hou  calonneu. 

Enn  Tri  Roui. 
(Digabxi  ar  ou  deuUn  a  gann  ar  unn  dro.) 

Guiriéss  ni  hou  supli,  à  greizic  hur  halon, 
22  $ .  Pédélt  hou  Map  Jésuss  aveid  ér  béhérion  ; 
Ma  bardonnou  dehai  ou  fauteu  comxtétt 
Ma  veintt  gued  er-ré  Vader  Baraouiss  salvétt. 

EnnjEle  GabriiU. 

« 

(Eid  er  Huiriéss  a  Iarr.) 

Crédéd  a  dra  certeinn  é  vein  Avocadéss 
Dirac  Jésuss  me  Mab  eitt  ai  ér^Baradoéss. 

(Lémél  a-rérr  el  Limageu  hag  er  piljetteu.) 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  j  5  5 

Gasparr. 
(Chante  et  se  lève,  etc .  ) 

Enfant  plein  de  douceur,  je  n'ai  pas  été  ingrat  : 

de  Tencens  est  mon  présent,  que  je  donne  de  bon  cœur. 

L'ange  Gabriel. 
(Pour  la  vierge,  dit  ) 

210.  Gasparr,  homme  très  habile,  sorti  des  Rois, 
dites-moi,  je  vous  prie,  le  mystère  qui  est  là  : 
que  signifie  Tencens  que  je  vois, 
venu  avec  vous  en  présent  à  mon  petit  enfant  ? 

Gasparr. 
(Chante.) 

O  mère  du  fils  de  Dieu,  mère  du  roi  des  anges, 
215.  par  cet  encens-ci  nous  reconnaissons  .parfaitement 
votre  fils  à  tout  jamais  né  de  Dieu  le  Père, 
aussi  vieux  que  lui,  aussi  beau,  aussi  puissant  et  aussi  bon. 

Mxlkion. 
(Chante.) 

Recevez  cette  myrrhe-là,  mon  sauveur  Jésus  ; 

de  cœur  je  vous  la  donne,  ne  me  refusez  pas, 

220.  comme  à  celui  qui  doit  nous  tirer  de  misère, 

nous  laver  dans  son  sang  sur  le  haut  de  la  montagne  du  Calvaire. 

Uange  Gabriel. 
(Pour  la  Vierge  dit.) 

Merci,  princes,  de  vos  présents 

Que  vous  avez  donnés  à  mon  fils,  du  fond  [milieu)  de  vos  cœurs. 

Les  trois  Rois. 
(Découverts,  à  genoux,  chantent  ensemble.} 

Vierge,  nous  vous  supplions  du  fond  de  notre  coeur, 
22s .  priez  votre  fils  Jésus  pour  les  pécheurs, 

pour  qu'il  leur  pardonne  leurs  fautes  commises 

pour  qu'ils  soient  avec  les  bons  sauvés  dans  le  paradis. 

L'ange  Gabriel. 
(Pour  la  vierge  dit.) 

Croyez  assurément  que  je  serai  avocate 
devant  Jésus  mon  fils  pour  eux  dans  le  paradis- 

(On  enlève  {enlever  on  fait)  les  images  et  les  cierges.) 


J56  J.  Loîh. 

ROLL    TRIVBTT    HA   D<UtfHAN. 

Enn  M\e  Gabriéle,  Enn  Tri  Roué. 

Enn  /EU  GabriiU. 
(A  larr  d'enn  Tri  Roué  enn  ousiu.) 

230.  Cléhuétt,  Rouéett  déuott  me  zou  deid  a-bairh  vatt 

Eitt  hou  ç'avertissein  d'obérr  doh  éhuéhatt. 

Hérod,  enn  dinaturr,  né  glasque  roeitt  hou  lahein 

Mar  guxll  ouah  enn  é  di  ur  huéh  hou  ç'atrapein  : 

Ean  a  fal  dehou  goutt  meaenn  é  e-ouéss  cavétt 
235.  Er  Messi,  d'eMahein  ;  meitt  guett  Doué  é  goarnètt. . . 

Disquétt  d'où  Sugité  er-péh  e-ouéss  gùelétt 

Ma  tougeind  er  gùirr  Doué  ha-mér  hareintt  parfétt. 
(Enn  JE\e  a  dro  der  Boble  hag  a  larr.) 

Ha  hui,  Poble  devott,  quérétt  d'er  guérr  a-beenn, 

De  gannein  noelaenneu  ;  enn  amzérr  er  gouleenn. 
(Mena  verr  énn  ur  Chapêle,  enn  xle  a  ra  una  umble  revélance.) 

(A  bé  vérr  ,  é  hoari  énn  ur  Chapéle) 

COMPLIMAND   A  ZISPARTI. 

Enn  eu  i^le,  San  Jozep,  Enn  Tri  Roué,  Hérode,  Enn  Ecuyérr. 

San  Jozep. 
(E'creiss,  unn  taœig  éraug  er  rcal,  é  doque  aell  dai,  ar  é  beenn,  distroeitt  doh  er  Boble 

a  larr.) 

240,  Poble,  arnamp-ni  quemérett  squirr; 
Herop  rei  E'zance,  Eurena  Mirr, 
Provétt  hou  calon  d'onn  Salvérr, 
A  zou  azé  ar  enn  Autérr  : 
Pebunan  nezé  um  deennou 
245.  E'r  guérr  pé  él-léh  ma  carou. 
(OU  enn  Hoarierîon  a  ra  d*er  gompagnoneah  unn  umble  rerélance  ;  hag  enn  Dud  a  ya 
enn  eile  arljerh  éguilé,  de  broff,  énn  ur  boquein  d'enn  Autérr.) 

FIN. 


Le  Mystère  des  Trois  Rois.  357 

ROLE  TROISiftMB   ET   DERNIER.) 

L'ange  Gabriel,  les  trois  Rois. 

Uange  Gabriel, 
(Dit  aui  trois  Rois  {qui  sont)  debout,  m.  à  m.  dans  leur  se  tenir  debout.) 

230.  Entendez,  rois  dévots,  je  suis  venu  de  bonne  part 

pour  vous  avertir,  pour  vous  faire  faire  attention. 

Hérode,  le  dénaturé,  ne  cherche  qu*à  vous  tuer, 

s'il  peut  encore  une  fois  dans  sa  demeure  vous  attraper  : 

il  veut  savoir  où  vous  avez  trouvé 
23  s*  le  Messie,  pour  le  tuer  ;  mais  il  est  gardé  par  Dieu.  — 

Apprenez  à  vos  sujets  ce  que  vous  avez  vu, 

pour  qu'ils  craignent  le  vrai  Dieu  et  qu'ils  l'aiment  toujours. 
(L'ange  se  tourne  vers  le  peuple  et  dit.) 

Et  vous,  peuple  dévot,  allez  à  la  maison  tout  de  suite, 

pour  chanter  des  Noëls,  le  temps  le  demande. 
(si  on  n'est  pas  dans  une  chapelle,  l'ange  fait  une  humble  révérence.) 

(Lorsqu'on  joue  {on  est  d  jouer)  dans  une  chapelle) 

compliment  de  séparation. 
Le$  deux  Anges,  saint  Joseph,  les  trois  Rois,  Hérode,  TEcuyer . 

Saiut  Joseph. 
[Ku  milieu,  un  peu  en  avant  des  autres,  le  chapeau,  comme  eux,  sur  la  tète,  tourné  vers 

le  peuple,  dit.) 

240.  Peuple,  sur  nous  prenez  exemple  : 

sans  donner  d'encens,  d'or  ni  de  myrrhe, 
offrez  vos  cœurs  à  notre  sauveur, 
qui  est  là  sur  l'autel  : 
chacun  alors  se  retirera 
245 .  â  la  maison  ou  là  où  il  voudra. 
(Tous  les  aaeure  font  à  la  compagnie  une  humble  révérence  ;  et  les  gens  vont  l'un  après 

l'autre  faire  leur  oblation,  en  baisant  l'autel.) 

FIN. 

J.  LOTH. 


TWO    IRISH    I5TH    CENT.    VERSIONS 

OF 

SIR  JOHN  MANDEVILLE'STRAVELS 


CLOGâs  S.  abelfry.  Ace.  sg.  Axa  tor  klainn  rnav  clogcâs  [clogas]  58.  1. 
Eg.  154.  5  «  isdfair,,,  tower Jor bells.  » 

CLOiCTECH  s,  m  a  pinnacle  ».  Dat.  pi.  moran  do  thoraib  7  do  chloic- 
tighib.  57.  2.  «  with  many  towers  and pinnades,  » 

CoiMHÉDAiDHE  S.  «  agovemoT  n  dat.  sg.  ata  tempo/  ic  Jôsep  m^c  la- 
c6p  dobi  na  chomhéd  aighi  ar  an  Efgipt.  59.  4:  «  And  there  isthe temple 
of  I.  the  son  of  /.  who  governed  Egypt.  »  Ràinicc  se  assin  docum  hehh  ina 
cho'imédaidhi  [coimétaigh]  a  Tighdacht  Caradàn  62.  2.  Eg.  138.  2. 
«  aftenvards  he  was  governor  and  prince  of  Corasan,  » 

CoiMSECH  adj.  potentf  endurable.  N.  sg.  ni  coimsech  d'feraîb  an  do- 
main  a  fdaire  an  geimhni/z  ara  fatt  budh  thdaidh.  61.1.»  therejore  in 
the  very  north  the  land  is  so  cold  that  no  man  may  dwell  there,  » 

cuiNGELL  S.  ce  condition  »  =  coingîall  0.  R.  see  ^loml^n. 

coiNNEL-BâTHAiM  «  /  curse  »,  /  excommunicate  O'K.  3  sg.  prêt,  ôirdo 
bâidh  M^camétus  con/ile  an  duine  do  ihhadh  fin.  57.  4.  «  For.,,  M. 
cursed  ail  who  drink  wine  —  verb.  noun  —  Macametus...  lue  air  an  coin- 
nelbàxhadh  sin  do  den^m.  57.  4.  Eg.  134.  1.  «  therefore  he  cursed  the 
wine  ». 

coMPâs  s.  «  compass  ».  G.  sg.  ata  an  tab^rnacul  ar  Ur  na  he^ailsi  ar 
cuma  \eth  compris.  58.  i .  «  In  the  middle  of  the  church  is  a  tabernacle... 
made  in  manner  of  half  a  compass  » . 

coNàiGH  adj.  ^ooi,  fiourishing  G.  sg.  croch  in  gadu/g/ie  conaigh.\. 

I.  Voir  le  commencement  de  cet  article  au  même  volume,  pp.  66-79,  et  pp.  iio- 
224. 


Versions  of  Sir  John  Mandeville's  Travels.  359 

Dismus.  Eg.  129.  3.  N.  sg.  in  croch...  inarcrochâ</A  Dismm  in  gadai- 
ghi  conâigh.  54.  4.  cf.  conach  luck^  fortune  O'Oon.  Supl.  Consiih'soft , 
gentle  O.  R. 

CORN  EL  S.  «  a  corner  ».  Dat.  sg.  don  tœb  tes  do  chornél  na  h^^ailsi 
57.  3.  Dat.  pi.  moran  do  thoraib  7  do  chloictighib  7  do  chomelaibh. 
57.  2  «  with  many  towers,  pinnacles  and  corners  ». 

DâN  s.  fate,  destiny,  lot.  N.  sg.  nir  lamh  œn  rideri  a  faicsin  7 ni  iémhai 
no  coti  an  rideri  da  fuil  an  dân  an  pôcc  do  xhàbain.  55.  4.  na  nethe  bis 
a  cinded  7  an  dàn  doib  —  B,  of  Fen.  p.  38.  In  the  Bible  —  ag  déunamh 
réimh  fhiadhnuise  air  na  neithibh  do  bhi  a  ndàn  do  Chriosd  d'fiilang.  I 
Fet.  1.  1 1.  Still  carrent, 

DERNAS.  mpalmofthe  handn.  O'Don.  gr.  p.  105.  Ace.  pi.  Atait 
daine  innti  lomna/i  do  cleitech  ûi\e  acht  a  n-aighte  7  a  n-demanna.  Eg. 
146.  4  Modem  Mans,  pi.  déarnacha.  Tadhg  G.  p.  44. 

DiNiTi  S.  «  dignity  ».  Ace.  sg.  issé  in  t-imper...  dobir  csich  dfniti  da 
fiiil  ar  fedh  a  tigernais  fein  amach.  55.1. 

D;-scœiLiUDH  P  «  dissolving  »  Gen  ?  sg.  k\a  do  thés  innti  co  tuitit  dœine 
sis  ara  cossaib  innti,  le  méd  dfscdbilti  in  tesa.  63.  4.  m  but  it  is  so  warm 
there  in  that  Isle  that  mens  members  hang  down  to  their  shanksfor  the  greal 
dissolving  of  the  body  ».  boill  or  magairledha  must  be  supplied  beforc 
dœine. 

Diuci  s.  a  duke;  a  serpent  .^  N .  Du.  da  di'uci.  x.  7trixx  7  tri  cédMa. 
69  .'4.  maradubâ/r2  in  fàidh  co  ticfadh  asa  Babiloin  diuci  ?  do  tsluicf<(i/i 
an  doman  uiie.  60.  2.  Eg.  136.  3.  «/or  //le  prophet  saith  «  out  of  B, 
shall  corne  a  serpent  that  shall  devour  ail  the  world  ».  read  droicc  ?  —  / 
may  hâve  misread  it. 

ELLACH  s.  Seattle  i>,  N.  sg.  is  imdha  a  hellach.  61.  i.  «  there  are 
plenty  of  cattle  ».  G.  sg.  ac  timain  ealiaigh.  64.  4. 

ENGLAS  s.  a  mixeddrink.  O'R.  ace.  sg.  Ibid  englas  donfther  do  bainne 
7  d'uiscci.  68.  1.  «  a  beverage  that  is  made  of  milk  and  water  together  ». 
Englas  .1.  uisce  glas.  Corm.  p.  18. 

Eis-sfoHCHâiN  s.  «  discorde  strife  ».  ace.  sg.  adilbradar  corab  de 
thainic  cach  eissfdhchain  dobi  acu.  53.  3. 

EiRE  s.  a  burden.  dat.  sg.  each  co/ia  dillaitt  7  eona  srian  7  a  heire  6ir 
uini.  68.  2.  <t  a  horse  saddled  and  bridled  ». 

ESSGAMHAiN  pi.  «  ccls  ».  N .  pi.  bid  essgamhai/i  [easganna]  ann  ambîd. 
X.  troighti  UcheX  ar  fad  [in  cach  easgain/z  dibh].  63.  3  Eg.  1 39.  2.  «  //z 
that  river  they  find  eels  30 /f.  long  or  more  ». 

FARCAN  s.  a  welt  of  leather.  ace.  sg.  f  innus  co  n-ithdis  creassanna  7 
sen  broga  7  farca/i  7  fer  crin.  Eg.  135.  1 .  «  nor  did  they  abstain  from 


}6o  John  Ahercromby, 

girdles  and  shoes,  and  the  very  Uather  which  betonged  to  thâr  shields  thej 
pulUd  off  and  gnawed:  the  very  whisps  ofold  hay  becamefood  •.  Jos.  Whist, 
trans.  IV.  p.  195. 

FAR  from  farradh ?  com/7â/z)'  prep.  alongwith^  3  sg.  M.  leigfidht^r  an 
ben  can  \osccadh  'na  foch^ir  [\osgadh  fair].  64.  i .  Eg.  1 39.  4  the  woman 
is  not  burnt  with  him.  Ni  iuidhen/i  acht  œn  iliair  ^hrradh  cac^a  rnnà  [far 
en  mnài]  dib.  65.  2.  Eg.  140.  3.  cach  uile  cined  ar  bith  a  fochâira 
cheile  [a  fare  celé]  56.  i .  Eg.  1 3 1 .  4.  an  bord  ararcaith  [sui'dh]  an  tigema 
biadh  a  fhoc^ir  a  aps/d/  [do  cailhemh  a  codac/2  faire  na  apstal]  60.  3.  Eg. 

1 36.  4.  ni  luighend  se  a  farrâd  a  mnâ  [a  faré  mnai]  acht  tri  hûaire  'sa 
hWadhain,  69.  4.  Eg.  145.  3.  faré  maighdenaibh.  Eg.  146.  3.  dobi 
mora/z  do  ndiribh  cristaidhi  faris,  mar  ataît  anfugh.  Eg.  146.  3  «  with 
him  ».  do  an  'na  fhocjir  [faris],  an  oidhchi  sin.  62.  2.  Eg.  138.  2.  ht 
staidwith  him,  3  sg.  F.  do  loigh'na  foch^ir  [fana].  55.4.  Eg.  131.  3. 
he  lay  with  her,  i   pi.  dobi  farinn  fein  Eg.  146.  i    [in  our  company], 

2  pi.  inarthar^d  [faribh]  Eg.  1 38.  i.  with  you,  3  pi.  F.  Ge  do  rachaidh 
fariu  in  uair  hudh  ail  leis  fem.  Eg  137.  2.  though  he  hâve  intercourse  with 
them  (the  women],  wheneverhe  please, 

FEiDM  s.  «  service  ».  N.  sg.  Bidh  a  fhis  ac  œn  duine  dib  cred  is 
feidm  d6.  67.  2.  «  Every  man  knoweth  well  what  service  he  shall  do  ». 
FicH  s.  «  wrath  »,  anger  ace.  sg.  da  facafd  le  ferg  no  le  fich  ar  duine, 

m^rbaid  lena  suilibh  é.  Eg.  146.  2 .  «  Ifthey  behold  any  man  with  wrathy 

they  slay  him  with  the  look  ». 

FisiCE  s.  a  physician  » .  Is  imdha  fisici  [fisige]  annsa  cathair  sin.  60. 

4.  Eg.  136.  4. 
FisiCECHT  s.  «p/iy^/cD.G.  Sg.  LucassybiscW<Vi/t«  ac  fogla/mfisicecAM.  60.4. 
f6irim  I assista  aid,  relieve.  O'R.  3  sg.  pr.  ind.  axa  soiihech.,.  ina  coi- 

médar  an  ola  sin  a  com^ir  dœine  eslàn  7  fôiridh  iatt  on  gallruib    6 1 .  i . 

«  there  is  a  vessel^,,  to  receive  the  oil  of  which  they  give  to  pilgrims,  for  it 

healeth  many  sicknesses  ».  2  sg.  impr.  a  Dé  uile  cAumachtaigh  [ma  dochî 

td  cora(b)breg  do  curiud  oram,  sœr  7  foir  me  a  $//^^thoir  na  cmedhach. 

Eg.  134.  I .  «  she  made  her  prayers  to  our  Lord,  that  as  she  was  not  guHty, 

he  would  help  her  ». 

FORGNEM  S.  buUdings.  N.  sg.  forgnem  à\aind  [tighthi  roaille].  61.  2. 

Eg.  1 37.  2  «  fair  houses  ».  //  is  found  in  the  4  M,  ace.  sg.  Ro  mhillset 

Tir  Aodha  uile...  eitir  fhér,  arbhar7  foirccnemh  {buildings)  A.  D,  1419. 

1492.  Gen.  sg.  ag  losccadh  foirgneamh  idwellings)  A.  D.  143 1.  Ace. 

pi.  foirgnéamha  do  losccadh  le6.  A.  D.  1434.  Also  in  BebeVs  Bible,  lui- 

tidh  an  foirgneadh.  Eccl.  10.  18.  G.  sg.  créd  é  an  s6rt  fairgnithe  so. 

Mark  13.  i. 


Versions  of  Sir  John  Mandeville*s  Travels.  361 

FdACHAS  s.  a  burrow^foxes  earth.  Ace.  sg.  adorait...  condmgne  sinnech 
fuàchais  [fuàchus]  annsa  siighidh  dothaircc  AlsLXander.  69.  i.  Eg.  144. 
2 .  «afox  shall make  there  his  trail,  and  burrow  a  hole  where king  A.  made 
the  gâtes  ».  gen.  sg.  le/raid  hé  docum  a  fuâchaisi.  69.  i.  =  fo  +  cuas  ? 
cave^  hoïloWylike  those  in  a  sea  cliff.  (Kerry)  cf.  is  and  dino  atain  charrac 
cocuasta.  L.  Br.  159*. 

FuiLiGHiM  tt  /  hurt  »,  wound.  3  sg.  pr.  hab.  an  \i  imurcuirfes  cloch  dib 
sin,nifuiiighen/i  [fùiligheann]  iirnn  air  choidhchi.  65.  1.  Eg.  140.  3. 
«  for  he  who  carries  any  of  îhem  upon  him  may  not  be  hurt  by  iron  or 
Steel  ».  From  fuîl  blood. 

FUiRMEDH  s.  framework,  setting,  N.  pi.  fuirmighi  [fuirmedhà]  a  leaptha 
d*6r  7  do  safir.  69.  4.  Eg.  145.  3.  «  The  f rame  of  his  bed  is  offine  sap- 
phire  ».  cf.  fuirmeadh  O'R.  a  seat^  foundation,  imrmedh  .1.  indeail  no 
cur.  O'Dav.  gl.  fuirmedach  //i  remfuirmedcha  (gl.  praepositivœ)  S.  G. 
2 1 2'  trom  fuirmim  /  setj  place.  Wind.  wrtb. 

GAiNMECH,  GAiNMiDHE.  adj.  a  sandy , grdvelly  ».  Atâ  tir  ghainmecÀ  mîn 
\xer  na  cnocaibh  sin.  69.  3.  c(  Beyond,..  is  a  great  plain  ail  gravelly  »  is 
urchôidâch  gainmidhi  in  tal^m  sin.  61.  1.  «  Tartary  is  a  barren  country 
and  sandy  »  ace.  sg.  conuigi  in  muir  ngainmhidhi.  69.  3  «  unto  the  gra- 
velly sea  »  dat.  pi.  co  slighthii^/i  gainmidhi.  56.  3.  «  where  the  way  is 
sandy  9. 

GELLTANAS.  S.  a  promise,  N.  sg.  in  gelltanu5  7  na  min/ia  doberid  chel«, 
ni  coimlid  é.  Eg.  1 37.  4.  «  none  ofthem  holdethfaith  to  another  ». 

GiûsTAL  s.  «  jousting  ».  G.  sg.  inad...  inambfd  an  t-imperi...  ac  fé- 
chain  giustala  [na/i  giustala]  7  œnaigh.  54.  3.  «  Therein  is  a  fair  place 
for  joastings  or  for  other  plays  and  sports  ».  Tigîtt  nderi  ara  n-echaibh  7 
bid  ac  dénam  gfu5tâia  an/isa  halla.  67.  3  «  then  they  make  knights  to 
joustin  arms  full  lustily  »  ace.  sg.  ina  denaîd  gJustail.  Eg.  130.  3. 

GRAiBÉL  s.  c(  gravel  ».  Gen.  sg.  poil  graibeil  [gainim]  56.  2  «  thefoss.., 
ail  full  of  gravel  T^,  Dat.  sg.  an  glaine  donîter  don  graibel  sin.  56.  3. 
«  the  glass  made  of  that  gravel  »  ace.  sg.  bith  gâoth  m6r...  cuires  an 
graibél  [gainim]  trina  chéle,  56.  2. 

GREADHAN  S.  cf.  grcadhan  agréât  noise  M^  L.  and  Dew,  Die.  innus  go 
taibbster  greadha/i  do  dainaibh  uarann,  gumbl  se  lan  do  trumpadhâ/M  7 
d*ad\idiTcaibh  7  do  Vakuraibh,  Eg.  146.  i.  «  /n  that  vale  men  hear  often 
times  great  tempests  and  thunders,..  as  it  were  of  tabors  and  nakeres  and 
trumpets  ». 

GREiDH  S.  =  0'R*s  greith  a  jewel,  precious  stone.  G.  pi.  Doch<iidh... 
'san  uaimh,  co  facd  in  ingen  is  caoime  doconnaire  conuicci  sin  riam.  . 
7  immforcrdid  indmu^a  7  doch  uasal  'ms.  clocu  asal)  7  greighidh  aile 


362  John  Abercromby, 

[docha  buadha  7  gmébedh  n-uasal]  an  a  timcetl.  55.   3.  Eg.   131.  2. 
if  there  ke  saw  a  damsel  . ..  and  she  had  much  treasare  about  /rer  ». 

GRENNUGUDH.  S.  f  menuce  ».  G.  sg.  au  an-lamh  ele  don  deilb  sin  in 
airdi  7  a  hsighaidh  siar  mar  chomârtha  grennaigthi  ar  l\xcht  an  uilc.  5^. 
I .  €îhe  other  h  and  he  lifts  up  towards  the  east,  in  îoken  io  menace  the  mis- 
doers  »  cf.  Bâ  gér  gabthech  grennaigthech.  T.  Troi  2022  (menacing). 

GRiNNELL  S.  «  the  bottom  (c  ofthe  sea,  D6  curthai  cleitech  étrom  indte 
7  do  leicedh  sf  sin  ic/r/ar  co  grinnell  e.  Eg.  135.4a  it  will  sink  to  the 
bottom  ». 

HALLA  s.  ce  a  hall  ».  G.  sg.  a  timchill  a  halla.  66.  3.  os  dnn  an  halla 
GG,  3.  os  cinn  an  halla  Eg.  145.  4.  a  tatt  cethn  piléir)!c/ift  6ir  fan  halla 
sin.  66.  2  «  in  the  hall  »,  G.  pi.  condingnadis...  paigimei/?t  na  taliadh. 
Eg.  142.  2  «  they  make  therewith  pavement  to  halls  ». 

iDHROiPis  s.  dropsy.  N.  sg.  Dogab  idhroipis  adbuthmar  an  l-lThuath 
sin.  58.  4. 

iMLOCHTADH  S.  «  passage  »,  pass,  défile.  G.  sg.  Fe^aitt  siatt,  taaà  ail 
léo  fein,  can  dol  docum  imIocA/aidh  [-gh]  t^r  muir  riiaidh.  52.  4.  Dat. 
Sg.  Berbent  isainn  don  imiuc/i/adh  [îmloc/rfad]  sin.  68.  3.  Eg.  143.  4. 
«  That  passage  men  call  the  Derbent  ».  There  is  nothing  in  theEng.  cônes- 
ponding  with  thefirst  (juotation,  but  itmay  refer  to  the  défiles  ofthe  Red  Sea, 
mentioned  by  Josephus  B.  II.  C.  XV.  where  hesays  the  Egyptians  drove  the 
Hebrews  into  a  narrow  place  and  seized  on  the  passages  bywhichtheythougkt 
the  Hebrews  wouldfly^  shutting  them  up  between  inaccessible  précipices  and 
the  sea.  =  im  -J-  slochtad  ?  cf.  slochd  a  pit^  hole  O'R.  Gael.  Die.  sloch- 
ààchfullofpits^  dens^  hollows^  cogn.  with  N.  H.  G.  schlucht  and  slodm, 
sluccim.  Wind.  Wrtb. 

iMM-FAiRE.  s.  keeping  watch.  Dat.  sg.  Tarla  do  mac  duine  [boicA/]  do 
immfaire  trf  \à  7  tri  n-oidhchi  do  den^im.  62.  4  €  at  another  time  the  son 
of  a  poor  man  watched  the  hawk  » . 

iN-DiGHTi  pass.  p.  part.  P  having  been  i^ur/i/?  andair  brist^r  nà  gemar 
iatt  [is]  gdal  dogeibt^r  astigh  inntu  a  comartha  indighti  [in  digtiu].  59. 
3.  Eg.  13$.  4.  «  when  we  break  or  eut  them  in  two,  we  fini  within  ashes 
and  cinders,  which  is  token  that  by  wrath  of  God  thecities,.,  were  burnt  and 
sunk  into  hell  ».  Cf.  londôighte  adj.  combustible  O'R.  but  hère  seems  to  be 
gen,  sg.  p.  part,  pass,  o/in-dàighim.  The  meaning  ofthename  ofthe  ffeat 
T.  de  Danann  king^  Indagda  drech  ruaid  LL.  11^  otherwise  eocho  olla- 
thair  =  ail  fader  ?  LL.  g*»  may  possibly  be  referred  to  this  word, 

iNDME  s.  «  rank  ».  G  sg.  7  tigemuidhidh  a  chinidh  do  réir  an  uàisie 
7  an  i/idme  [inme]  féin.  66.  3.  Eg.  142.  i.  «  other  great  lords  ofhis  li- 
neage...  according  to  their  rank  ».  suidhid  bantigernadha  an  tighi...  do 


Versions  oj  Sir  John  Mandtvillé^s  Travels.  363 

xeirzn  daisley  an  i/idrem  [fnme]  fein.  66.  3.  Eg.  142.  i.  «  accordingto 
their  ranks  » .  Cf.  6nd  fhogur  inméth  inna  digaim  [front  the  intrinsic  sound 
of  the  digamma,  Asc.)  Sg.  7*». 

iNN-FHUAiR  adj.  «  cool  ».  Comp.  is  do  thalm^m  caithid  a  cuid  docum 
cuma^  innfhuaire  doibh  é.  56.  i .  «  that  they  may  be  thecooler  «.  In  sruth 
somblasta  don  uiscf  indfhuar.  L.  6r.  122*. 

iNDREM  s.  V.  ""iNDME.  Cf.  tinnramh  .  i.  friotbàileamh.  O'CI.  Sait,  na 
R.  index. 

LÎNAiM  a  flow  »  like  the  tide,  3  sg.  rel.  Ata  muir  mér  gr^ibeil  isin  tir 
sin  li'nu^  7  traidhes  [traighiu^].  69.  3.  Eg.  145.  c  //i  this  country  is  the 
gravelly  sea,.,  and  it  ebbs  and  flows  in  great  waves  ». 

LOCADH  a  wink?  ace.  sg.  Cidhbé  choidéolu^  œn  \Qcadh  [locadh|  and  so 
choidhchi,  nach  cmriidh  se  a  bonn  ar  an  sœgu/  6  sin  suas.  62.  4.  ^  for 
ij  he  sleep  he  is  lost^  that  never  men  shall  see  him  more  ».  Cf.  iochd,  loch- 
dain,  napy  wink  of  sleep,  O'R. 

LOCAiM  /  hinder^  baulk  O'R.  7  na  dœine  do  heith  ullamh  dochum  heith 
ana  cristaig/z/t'/i  [doibh]  xre  fhebus  an  dUghedh,  co  iocait  é  tre  okus 
choimiitt  na  cm/aighi  é.  62.  i.  m  So  that  they  who  should  be  turned  by 
our  good  examples  to  the  faith  of  J.  C.  they  are  drawn  away  alway  through 
our  evil  living  ». 

LOM-LàN  adj.  very  full.  Atat  cinedhaigh  annsa  fàmgh  sin  lomia/z  do 
droch  cuingill  ( —  gell  R.).  Eg.  133.  2.  «  who  are  a  people  full  of  ail 
evil  conditions  »  i.e.  the  Bedawin, 

LOM'NàN  adj.  quitefull  N.  sg.  ata  faithche...  iomna/i  [iàn  R.)  do  r6s. 
Eg.  133.  4.  is  iommnân  do  cloch^iM  biladha.  66,  3.  lomnan  do  deam- 
naibh  Eg.  146.  i  «  ail  full  of  devils  ».  Dat.  sg.  ata  an  crann  fo  lomna/i 
anora  acu  E^.  133.  4  «  they  do  great  worship  thereto  ». 

MAGHNÉs  s.  magnet.  N.  sg.  is  inann  an  t-adhamu^  7  a  madhnés 
[maghnes].  63.  3 .  Eg.  1 39.  2.  «  //ie  adamantthat  is  theshipman's  stone», 
D.  sg.  annsa  mhaighneis.  63.  2. 

MAiNER  s.  «  kind  »  manner,  sort,  N.  sg.  cac/t  uiiemainer  [cinel]  eisg. 
65.  2. 

MAiRNÉLACH  s.  amjnVi^r.  O'R.  N.  pi.  is  leissin  donfatt  marnelaigh 
na  \ethe  tes  uile  eôlus,  mar  doniatt  msiméiaigh  na  tœibi  tùaidh.  64.  3 . 
Eg.  140.  I . 

MANDàiL  s.  F.  (C  Maundy  »  ace.  sg.  corabé  a  \ex\iéd  sin  d'arân  dobi  ac 
ar  Tigerna-ne  in  dair  dorinne  se  an  mhandàii  dàespogaib^  dîa  dhardàoin 
[manndaii  7  isé  in  la  sin]  cennlà.  55.1.  Eg.  1 30.  4.  «  Beeauseour  Lord 
mode  it  of  such  bread  when  he  made  his  Maundy  ».  G.  sg.  Dardoein 
manndàlâ  i/idiu.  69.  bot.  marg,  Dardain  mbandalaniu  L.  Bv.'^low,  marg. 


364  John  Abercromby. 

Translated  at  p.  40  by  «  Thursday  ofthe  «  woman  meeting  »  [?]  today  ». 
Dia  dardôin  mandala  [on  Maundy  Thursday"^  4  M .  A .  D .  1 476.  Maundj 
is  generally  derived  front  L,  mandatum,  through  Fr,  maundé.  The  Irish 
terminaîion  may  be  compared  with  ^paghail  (paying)ya  concurrent  form  witb 
^paighiment  from  pavimentum,  but  adapted  from  the  Eng,  word,  ïiU 
pinntél,  offrait  from  paintingy  offeringy  ^ûslsi  jousting. 

MERUGUDH  s.  aimUss  wandering,  Dat.  sg.  cidhedh  chena  is  œn  do 
mile  dogéhadh  3in  tslig€  chéir  dochum  a  tîre  féin,  arson  imatt  na  slig^^i^ 
znamheth  duine  ar  merugu^/i,  mona  hédis  gr^sa  Dé  aîcci.  64.  4.  «  Yet 
ofa  \ 000  persons,  not  one  might  happen  to  return  to  his  country:  for.., 
men  may  go  by  a  \  000  différent  ways,  ihat  no  one  could  be  sure  of  returning 
exactly  to  the  parti  he  came  from  unless...  by  the  grâce  of  God  » . 

MINE  s.  gentleness.  Dat.  sg.  Issî  eisimplair  Ctist...  do  lenfidis  armine 
7  ar  buaine^  ar  derc  7  ar  trocaire.  61 .  4.  «  They  should  be  simple^  meek 
and  true  and  full  of  alms  deeds,  as  Jésus  was  » . 

MiTAL  s.  a  métal  ».  Ace.  sg.  ni  fhuil  mitai  ar  doman.  )6.  \.  n  any 
kind  of  métal.  Dat.  sg.  éidedh  im  an  echaibh  do  mitaill  [mitai].  6j.  1. 
«  their  horses  coverings  are  of  the  same  »  i.e.  of  cuir-bouilh. 

MONADH  s.  I.  mintage,  2.  «  sort  n,  kindf  cf.  W.  bath  which  has  I 
think  the  double  meaning.  N.  sg.  cidhbé  toradh  [mo/zadh  torai^/i] bîs ac 
an  chomthinol-sa  do  herid  nuimir  a  hœn.  x.  don  torad  so  chuicci  sin,  a 
soithech  airg/t.  67.  4.  Eg.  143.  2.  «  Then  the  prelate  gives  them  some 
sort  of  fruit  j  to  the  number  of  9,  in  aplate  of  silver  ».  Dat.  sg.  An  bord  ara 
caithen/z  biadh  d'ôr  7  dona  dochaibh  is  ûaisie  in  a  thîr  7  a  tristéil  [tris- 
deil  in  buird]  don  monadh  cédnsi.  69.  4.  Kg.  145.  3.  «  and  the  piUars 
thaï  support  the  tables  are  of  the  same  precious  stones  » . 

oiRiBER  ?  a  garden !  G .  sg.  beridh  leis  é  co  doru;  oirib^r  [ôirebter]  na  mai- 
nisdrech  inambid  môrân  do  crannaib  liaisle.  (>(>.  i.  Eg.  141.  2.  ^thc 
almoner  carries  what  remains  to  the  garden  »  garrdha  is  used  for  garden  at 
66.  2.  Perhaps  from  L.  herbarium.  W.  herber  y  S'  Greal  index.  For 
the  self  developped  i  cf.  Hoirebert  —  Herbert  4  M.  A.  D.  1430,  1432. 

oiFiG  s.  F.  office.  G.  sg.  a  fiadn^m  in  tspuig  7  luchta  na  hoifici  uile. 
$4.  I.  i<  before  the  bishops  and  the  masters  of  the  law  ».  Dat.  sg.  ociu 
bWadain  no  bitis  in  an  oific  hi  petarlaic.  L.  Br.  ziilow.  marg.  foundin 
the  Bible  and  still  in  use. 

PAGHAiL  s.  paving  «  pavement  ».  D.  sg.  a  hurlâr  ara  na  phagail  [farail] 
do  mharmair  glé  ghii.  58.  3 .  «  well  paved  with  white  marble  ». 

PAiGHiMENT  s.  «  payement  »  ace.  sg.  acht  fament  [paigime/it]  ina  hal- 
la^iAaib  7  ina  séomrtidhuib.  66.  4.  Eg.  142.  2  «  but,.,  pavements  to 
halls  and  chambers  » . 


Versions  of  Sir  John  Mandeville^s  Travels.  ^65 

pâiLiss.  i<  palace  ».  N.  sg.  ata  pailis  sciamach.  (4.  ).  Dat.  sg.  6 
palàs.  56.  ^ 

PEiLÉR  s.  if  pillar  ».  N.  sg.  an  piler  [in  peilér].  58.  2.  ace.  pi.  pei- 
Icir,  pilcir. 

PEiRSE  s.  <(  a  perch  ».  Dat.  sg.  ata  caislen...  7  dealb  seabaicar  persi 
and.  62.  ^.  «  There  is  found  a  sparrow  hawk  upon  a  fuir  perch  ». 

piNNTÉL  s.  painting.  Dat.  sg.  ata...  cUr  isan  balia  7  delb  Muire  air, 
arna  pi/z/ztéil  comaith.  60.  4.  «  in  the  wall  is  a  table...  on  which  formerly 
was painted  an  image  ofour  Lady  »  ace.  sg.  Gros  cramn  can  pindtél,  can 
6r,  can  cloich  ùasal.  69.  4  «  oneplainwooden  cross  ». 

piNNTiÛRACH  a  painting,  picture.  N.  sg.  mairidh  in  pinntiûracht  [pen/z- 
turacht]f6s.  $8.  i.  Eg.  134.  2. 

PIS  s.  «  pease  ».  N.  sg.  ni  fàsann  fin,  na  pis,  nap6nair(e)  ann.  61.  1. 

PUDAR  s.  «  dust  ri.  Dat.  sg.  cor  scribad^r  litrec^a  lena  meraib  a  pudâr 
muWaich  na  cnoc  sin.  54.  3 .  «  //i  the  dust  of  those  hills  they  wrote  letters 
and  figures  with  their  fingers  » . 

RAiBÉR  S.  «  river  ».  N.  sg.  ata  raiber  laimh  re  cathair  Ac6n.  56.  2. 
«  near  the  city  of  A.  runs  a  little  river  ».  G.  sg.  0  Gonstantinople  go  cenn 
in  raib/r  sin.  62.  3.  Dat.  sg.  is  imdha  lascc  an[nsa]  rabeir  [râibér]  sin. 
60.  3.  Eg.  136.  4.  acc.sg.  târanraibérrenabârstrdétombarroc.  53.  1. 

RiATAD  adj.  broken  in  [of  animais).  Gen.  pi.  Atat  .x.  mile  elefint  riata 
aicci.  67.  3.  €  Eléphants,  tame  and  others  ».  1.  each  riata  la  Giaran. 
Fél.  March  5  note.  «  ^o  tame  hor ses.  » 

SANAS  s.  greeting^  salutation  O'R.  Dat.  sg.  mar  dogab  torrches  6  sha- 
nais  Gaibrieil.  61 .  2. 

SBÉis  s.  Uking;heed^  care  O^R,  N.  sg.  ni  fhuil  sbéis  arbith  slcu  a 
sbrrigh.  Eg.  140.  4  «  they  make  no  force  of  riches  ». 

SCELLAN  s.  €  a  grain  y>ypip.  ace.  pi.  Tuée  se  cethtri  scellai/zdo  thorad 
in  croind  dan  dûaidh  a  athd/r  —  do  chuir  na  scellain  fa  bun  a  thengadh. 
j  3 .  3 .  a  /ie  gave  him  3  grains  of  the  same  tree  of  which  his  falher  ate  » . 

scENUiDE  pi.  bits  y  «  pièces  cr.  ace.  pi.  doniter  scenuide  becca  da  féoil. 
6  5 .  3 .  «  they  chop  ail  the  body  in  small  pièces  » . 

sÉLA  s.  «  a  seal  ».  G.sg.  arson  tselaant-Sabhdâin.  58.  3  <(  with  his 
great  seal  »  ace.  sg.  anùair  dochidd  Serrisdinidh  an  séla  sin.  58.  3. 

SEiLCHE  s.  c(  a  snail  ».  Dat.  sg.  tri  céd  côs  bis  ar  gach  seilche  dibh 
Eg.  140.  4.  N.  pi.  Atat  seilchei/te  insinn-oilen  sai/z.  65.  2. 

SÉPÉL  s.  €  a  chapel  ».  N.  sg.  an  sépél.  59.  2.  Dat.  i  Sepél  an  r/g  — 
isin  sépél.  53.  4.  62.  2.  ace.  sg.  ni  fuil  tempu/^  na  sepél.. .  ann.  56.4. 

siRfNE  s.  <c  ^  cherry  ».  G.  pi.  a  cosmu/les  crand  ûmedh  n6  shirfned. 
j  5.  I .  n  Asit  were  of  plum  trees  or  of  cherry  trees  », 


^66  John  Abercromby, 

SLiGHTHOiR  S.  an  évader  O'R.  but  hère  it  means,  slanderer  v.  *foirim. 

SLiMM  adj  ?  dat.  sg.  is  d'arân  tsiimm  [siïm  plu'r]  donit  sacramintna 
hecUm  [na  haltora].  $4,  4.  «  The  make  their  sacramenî  ofthe  aitar  ofun 
leaven  (tharfy  in  some  éditions]  bread  ».  /  cannot  explain.  în  the  Met.  one 
finds  Slim,  slippery  ;  slim  ,  deceitful.  Gael,  Die.  slim,  sleek  O'R.  For  un- 
leaven^  deserbdi  .1.  cen  serbi  pectha  Wb.  {9^*  la  haràn  nemdescaigthe. 
Sait,  na  Rann  3914.  Theword  «  tharf  a  0.  E.  thearf,  may  hâve  been  mi- 
sunderstood. 

so-DHAiNG  adj.  easy,  opp.  o/Do-dhaing.  N.  sg.  7  ni  soghaing  [humsa] 
annsîn  acht  an  trath  bis  imforcraidh  snec^z/a  ar  muin  an  oighre.  61.  1. 
Eg.  1 37.  I .  «  For  no  man  may  pass  by  that  way  well,  except...  when  the 
waters  be  frozen  and  snow  upon  them  ». 

soiNEND  s.  c  clear  weather  «,  opp.  of  doinenn  gl.  nubes,  nubilum.  Sg. 
49^.  dat.  sg.  docbidh  daeine  a  soi/zind  maith  ar  incnoc  sinhi.  62.4.  Eg. 
1 38.  4.  «  Men  may  see  it  afar  in  clear  weather  ». 

séiNMiCHE  s.  favorable  circumstances.  G.  sg.  Do  citer  cuitt  do  Sheghor 
an  aimsir  tsoinm/cAe  as  an  muir  sdas.  59.  3.  a  Some  part  of  it  stillap- 
pears  above  water...  when  it  is  clear  and  fine  weather  »  adj.  sôinmech  gi. 
secundus.  Sg.  69^. 

SOLEIR  s.  cellar  «  stable  j>.  N.  pi.  7  soleir  fûtba  sin  ambid  an  eich. 
54.  3  «  stables...  for  the  emperofs  horses  ». 

SPJSRACH,  SPÎSRADH  S.  «  spice  ».  G.  Sg.  ina  benaid  daine  imarcraidh 
spisr^iigh.  Eg.  133.  3.  «  where  men  draw  ont  of  the  earth  a  thing. . .  which 
they  eat  instead  of  spice  »,  Nom.  pi.  is  imdha  a  spfsartha.  66.  2.  a  its 
spices  ».  Dat.  pi.  SLlharraidh  {^xhraighedh  R.)  in  tobur  sin  ba\adh  sbisraigh 
do sbisarthâ/M examla cac/i  œn  liair 'sa  16.  Eg.  1 30.  3 . R.  64.  \.i<a  ...well 
which  has  the  odour  and  savour  of  ail  spices;  and  at  every  hour  of  the  day  it 
changes  its  odour  and  its  savour  diversely  ». 

SPOR  s.  €  spur  ».  N.  pi.  nf  bid  spuir  [sbiiir]  ac  màtcshluaigh  an  tire- 
[sin]  dognâth.  68.  i.  Eg.  143.  2.  The  older  word  cinteir  gl.  calcar  Sg. 
50'  must  hâve  fallen  into  disuse. 

SREABH  s.  a  stream,  the  passage  of  milk  in  the  teat  of  a  cow.  O^Don, 
Supl.  dat.  pi.  mararblidh  a  cfdhi  7  an  bainni  do  blidh  annsin  mairidh 
béos  ann  aran  marmair  nd^rge  ana  srtabhaibh  gela.  57.  4.  «  so  that  the 
traces  may  yet  be  seen  ail  white  in  the  stones  »  sreb  gl.  fistula.  Caris.  Cod. 
39®  sreb  «  stream  ».  Sait,  na  Rann.  Index.  Hère  it  means  «  streaks  ». 

STàiD  c.  F.  «  State  »,  condition,  G.  sg.  Do  fhiarfa/gAiwa  don  t-Sabh- 
dan  crett  tue  fis  staite  na  cristaidhe.  Eg.  1 38.  i.  «  /  asked  him  how  he 
knew  the  state  of  the  Christians  » . 

STATÙiD  s.  «  statute  y>,  N.  sg.  an  dara  statdid  [statUidhe]  67.  i.  Eg. 


Versions  of  Sir  John  Mandeville's  Travels.  567 

142.  ;  ace.  pi.  do  roi/ie  staùide  [statùidhe]  7  dUghedha  [dligtena]  ntia. 
67 .  I .  Stéd  s.  a  steed  ace.  sg.  dobeir  fer  acu  roui  né  stéd  gîéghel  don  im- 
peri.  67.  3.  Nom.  pi.  c^^^tri  sd^^ia  fàn  carpat.  67.  4. 

suâiTHENTA  adj .  <  principal  » .  N .  pi.  Na  doirrsi  is  suàithenta  [a  suai- 
chinta]  2itad  ar  an  cathraigh  sin,  is  do  cloich  bdadha  ren  abar  sardines 
iad .  69.  4.  «  the  principal  gâtes  of  his  palace  are  of  the  precious  stones  cal- 
led  sardines  ».  • 

TAGRA  %.  m  a  dissension  »,  law  suit.  N.  sg.  cach  dfas  lier  ambi  cdis  nô 
tagra[agra],  scribtar  da  dhuilléôig  dôib  7  cuirterannsa  laim  sin  iad.  64. 
2-  Eg.  1 39.  4.  €  when  there  is  any  dissension  between  two  parties,  and  each 
of  them  maintains  his  cause,  both  parties  write  their  causes  in  two  bills  and 
put  them  in  the  hand  of  5'  Thomas  ». 

TâiRNiG  }  sg.  prêt,  finished  v,  Tarnic.T.  Troi  Index  mar  is  liiaitheco 
taimig  [termig]  le  sin  do  rada.  57.  ^ .  Eg.  1 34.  1 .  «  and  when  she  had 
said  this  ». 

TâoBHAiM  «  /  trust  in  t,  rely  upon,  3  sg.  rel.  pr.  ind.  Is  mé  Xiobus  se 
na  fisicci  cri5/uidhi*oldàtt  na  serrisdin^/i.  67.  3 .  «  for  he  trusts  more 
in  the  Christian  leeches  than  in  the  Saracens  » . 

TÉCHT  =t-écht  ?  N.  sg.  isi  in  mhuir  lécht  dealaighis  lier  Arafp  7  tfr 
Iiida.  59.  3.  Eg.  135.  4,  «  r^^  Dead  sea  divides  the  lands  of  India  and 
Arabia  ».  G.  sg.  Caislen  Maicin  anaiei  mara  Técht  60.  i.  Eg.  136.  2. 
«  The  castle  of  Macharyme  near  the  Dead  sea  ».  Dat.  sg.  0  rouir  técht  sair. 
59.  4.  Eg.  1 36.  I .  «  /n  going  eastward  from  the  Dead  Sea  ».  Cf.  eacht  a 
catastrophe  O'R .  with  pros.  t .  //  may  be  the  same  as  —  Cessâir  ar  hur 
mara  h-Eig.  Germain  uad  sfar  ria  glanréir.  L.  L.  135**  though  Cdsarea 
was  en  the  sea  of  Galilée  and  Hermon  to  the  north  of  //. 

TECHT  TAR.  spcaking  of,  about  any  one,  Nf  lâmhthar  techt  Xar  a  his  6 
sin  siias  a fhiad/r/7â/5i  a  charad.  68.  2.  Eg,  143.  3.  <c  And  after  the  em-- 
peror  is  thus  interred^  no  man  shall  be  so  hardy  as  to  speak  of  him  before  his 
friends  ».  Used  in  the  Bible  do  thionnsgain  l6sa  theachd  thar  Eoin  ris  an 
gcoimhthionol.  Math.  xi.  7.  O'R.  has  tiacht  air,  talking,  treating  of. 

TESBACH  s.  €  hcat  »,  sultrincsSy  hot  weather  O'R.  N.  sg.  bidh  fdacht 
[ro  m6r]  7  tesbach  [mor]  co  gar  dha  ehéle  innti  .61.  1 .  <  The  tempéra- 
ture passes  suddenly  from  extrême  heat  to  extrême  cold  ». 

TEASTâiL  s.  wantj  defect  O'R,  N.  sg.  bid  tusdail  do  dha  bliadhain  ar 
fairge,  ag  dul  7  ag  techt.  Eg.  142.  1. 

TiGERNTUS  S.  dominion,  kingdom.  Dat.  sg.  Do  labras  do  righdhacih/  [7 
do  tigematu^]  Maghnais  Cinuis.  68.  3.  Eg.  143.  4.  do  tigerntus  [tig^r- 
nus  R.)  Maghnu/5  Cànuis.  Eg.  144.  i .  ace.  sg.  is  ara  shon  sin  do  leici- 
bhar  bhar  tigerntus  (tigernas  R.)  duine  [read  ddinne)  Eg.  1 37.  4. 


j68  John  Abercromby. 

TiNNABKAD  S.  sUcp  O'R.  (tionabbradh)  ace.  sg.  Dorinne  se  infhaire 
sin  ca/z  tinnabrad  codla  do  denatn.  Eg.  1 38.  3.  «  Ona  a  king  of  Ermony 
...  watched  that  hawk $ome  lime  ».  Hère  it  must  mean  a  «  wink  »  ofsleep. 

TREBAiRE  S.  tUlage  acc.  sg.  ni  dénaid  àitiughâ^/i^  na  trebaire.  57.  1. 
a  ihey  make  no  habitation  there.  Thèse  people  do  not  till  the  ground  » .  // 
has  this  meaning  too  in  the  Bible,  is  sibhse  treabhaire  Dé.  i  Cor.  j.  9. 
Dei.agricultura  estis.  Vulg. 

TRÉTiiiR  s.  a  ira/for.  W.  traettur.   Dat.  pi.  do  xretunchaibh.  Eg. 

134.  2. 

TRiSTÉiL  S.  a  trestle  f  a  legs  of  a  table  »  quoted  at  *monadh. 

TUGHA  ?  read  gortugh[th)a  ^  gen.  of  gortugudh.  Do  fmiedar  sin  moran 
tugha  an  Sighaidh  air  7  fhonamhait  f6i.  54.  i.  <  and  there  hewas  examined 
and  reproved  and  scorned  ».  The  corresponding  passage  in  Eg.  seemsy  for  a 
paragraph  of  some  30  Unes  in  R.  has  been  condensed  into  8  1/2  linesy  to  be 
—  Bidh  a  fhis  gor  cuiredh  a  tri  h\n3idaibh  coroin  fa  cenn  Issa  da  gortu- 
gui^  7  d'fanamhad  fâi.  Eg.  130.  i.  gortûghadh,  hurt,  wounding  O'R, 
3  sg.  pr.  pass.  gortaigther  iarum  in  clerech  desin  (A  pained  thereby)  Féi. 
Feb.  8.  note  —  gortigim  gl.  sallo.  Sg.  i87'. 

uiNDiMENT  s.  «  ointment  ».  G.  sg.  soiihfch  ôirlân  do  manda  7  d'ui/i- 
dime/it  liasal.  58.  4.  acc.  sg.  coimlitt  ui/zdimînt  d'âirighthi  dib.  63.  4. 

URFUiGELLs.  arb it ratio n  O^DoTi.  Suppl.  a  favorable  judgement  ?  Acc. 
sg.  Cidhbé  imurcr^s  diamont...  dober  grasa  an  gnim  7  an  urfhuîghill  dô 
an  aghaidh  a  namat.  63.  2.  «  //€  who  carries  the  diamond.,..  It  gives 
him  victory  over  his  enemies  in  court  and  in  war  »  fugall,  fugeli  gl.  nego* 
tium  ad  versus  alterum.  Wb.  9<^. 

John  Abercromby. 


MÉLANGES 


DU  LANGAGE  SECRET  DIT  OGHAM. 

O'Donovan  dans  sa  Grammaire  Irlandaise,  p.  xLvni,  rapporte  le 
passage  suivant  d'O'Molloy  i  :  €  Obscurum  loquendi  modum,  vulgo  Ogham, 
antiquariis  Hiberniae  satis  notum,  quo  nimirum  ioquebantur  syllabizando 
voculas  appeilationibus  litterarum,  dipthongorum ,  et  tripthongorum 
ipsis  dumtaxat  notis  ».  Ce  langage  secret  était  en  usage  vers  l'année  1 300, 
comme  le  montrent  les  Annales  de  Clonmacnoise  citées  au  même  endroit 
par  O'Donovan:  a  A.  D.  1328.  Morish  O'Gibelan. . .,  an  éloquent  and 
exact  speaker  ofthe  speech,  which  in  Irish  is  called  Ogham,  ...  ended 
his  life  this  year  »  ^. 

Un  glossaire  de  cet  Ogham  nous  a  été  conservé  en  partie  dans  le 
Dâil  Laithne.  M.  Stokes,  qui  a  publié  le  Dûil  Laithne  dans  ses  Goidelica  ', 
p.  7 1  et  suivantes,  fait  observer  avec  raison  que  dans  ce  document 
beaucoup  des  mots  glosés  sont  des  mots  irlandais  usuels  déformés  sim- 
plement par  l'insertion  de  lettres  ;  mais  il  n'y  a  pas  reconnu  les  caractères 
distinctifs  de  l'écriture  secrète  appelée  Ogham,  Les  déformations  de 
mots  qu'on  observe  dans  le  Dûil  Laithne  consistent  ordinairement  en  ce 
que  une  ou  deux  lettres  de  chaque  mot  ont  été  remplacées  par  le  nom 
que  ces  lettres  portent  dans  l'alphabet  irlandais,  par  exemple  d  par 
daur;  de  là  148.  daur-un  =  Dun.  Devant  les  voyelles  les  noms  des  lettres 
sont  souvent  transformés  en  adjectifs  au  moyen  du  suffixe  -achy  -echy  et  ce 
suffixe  est  'intercalé  avant  la  désinence,  exemple  :  de  tinne  (T}  :  tinnech^ 


1.  Grammatica  latino-hibernica  Nanc  compendiata,  authore  Rev.  P.  Fr.  Francisco 
O  Molloy  Ord.  Min.  Strict.  Obseruantiae  in  Collegio  S.  Isidori  S.  Theol.  Professore  Pri- 
mario,  Lectore  lubilato,  Et  Prouincix  Hibernix  in  Curia  Romana  Agente  Generali. 
Romae,  ex  Tvpographia  S.  Gong,  de  Propag.  Fide.  MDCLXXVII,  in-12,  cinq  feuillets 
non  numérotes  et  286  pages.  Le  passage  cité  se  trouve  à  la  page  133.  (//.  d'A,  de  J.) 

2.  Comparez  l'édition  des  Annales  des  quatre  Maîtres  donnét  par  O'Donovan  en  185 1, 
t.  m,  p.  537,  note.  (//.  d*A.  deJ.) 

Rev.  Celi.,  Vil  24 


ijo  Mélanges. 

d'où  185.  tinnech'air=Tair;  de  main  (M)  :  muinech,  d'où:  99.  mainch- 
idh  =  Midh,  Souvent  l'aspiration  àt-ach,-echts\  supprimée:  98  muinc- 
edhg  =  Medhg, —  Les  voyelles  sont  fréquemment  omises,  exemple:  6$. 
muin-coll^:-  3f[(2]C.  Si  dans  le  nom  de  la  lettre  on  a  trouvé  déjà  les  con- 
sonnes qui  dans  le  mot  suivent  cette  lettre,  on  ne  répète  pas  toujours 
ces  consonnes.  Exemple:  95.  sail-alm  écrit  pour  5i4  [<//],  quand  il  faudrait, 
ce  semble,  saiMm-aill  ou  sail-ailm-Ul pour  représenter  le  mot  irlandais; 
265 .  coll'Ue  =  Cu[it]ey  qui  rigoureusement  devrait  s'écrire  coll-uile;  247. 
cert-ros-ar  =  C[eth]Rar ;  de  même  60.  fern  =  F[er\,  Des  consonnes  sont 
aussi  omises  sans  ce  motif,  ainsi  $  5.  muin-drech  =  M[er]drech.  De  bien 
plus  fortes  mutilations  se  produisent  comme  175.  atroi-bethe  =atruB[art] 
ou  même  140.  tinne  =  T[alam]^  17.  luis  =  L[dm]  '.  En  outre  d*autres 
altérations  peuvent  être  admises,  telle  que  l'emploi  de  non  aspirées  au  lieu 
d'aspirées  ;  ainsi  on  a  mis  262.  ni[n]'ec  =  Nech  >  ;  0  pour  a  par  exemple 
151.  ond-los-hu  (J.  Alha)  =  OLhu;  ou  bien  une  n  a  été  ajoutée  à  la  fin 
du  mot  :  40.  sgillenn,  lisez  s-coill-en-n  =  sCiariy  etc.  ) .  Beaucoup  de  formes 
bizarres  peuvent  être  attribuées  à  l'état  de  corruption  dans  lequel  le 
texte  nous  a  été  transmis.  Je  ne  me  livrerai  pas  sur  cette  matière  à  de 
nombreuses  conjectures  :  je  vais  simplement  citer  les  exemples  qui  con- 
cernent chacune  des  lettres  de  l'alphabet  Beth-luis-nio/iy  en  reproduisant 
les  noms  de  ces  lettres  telles  que  nous  les  font  connaître  le  Book  of 
Ballymole  (Rhys,  Lectures^  339)  ^t  le  Book  of  Lecan  (O'Donovan^  Gram- 
maire, p.  xxxti). 

B  (Bail,  bethi,  Lee.  beith):  84.  bet^roisg-en-n  (.1.  bairgen),  17c.  atroi- 
bethe  [A.  adrubuirt),  177.  beiti-d  (.i.  ata)  =  Bid,  261.  do-betha-grés 
[A.  dogrés)  z=z  doB[ith]gré$y  probablement  aussi;  5}.  beth-los-ach  (A. 
bdiXhachy  lisez  bldthachîj,  113.  bethan,  lisez  beth-onn?  (A.  bo),  258. 
imbethrar,  lisez  im-beth-rach  f  {A.  im[b]arach)  ;  —  avec  -ch  :  279.  betch- 
ennacht  (.i.  bennacht)  ;  c'est  d'après  ce  mot  qu'est  formé  280.  met- 
chennacht  (A.  mallacht].  —  On  reconnaît  une  imitation  du  même  genre 
dans:  64.  geitheille  (.i.  giolla).  —  En  outre  il  est  possible  que bethe  soit 
contenu  dans  20.  bethul  [.i.  biach),  45.  betbec{ A.  bhlh],  154.  betenghort 
(A.  bech),  159.  bethb  (.i.  dub),  peut-être  même  dans  128.  bedban  (.i. 
bradan),  268.  betlim  (.i.  deabaid),  50.  sebath  (A,  sgiath). 

L  (Bail.  Lee.  luis)  :  1  ji.  ond-los4u  (.i.  albu),   179.  loruriiy  lisez  /b^- 


1 .  Toutefois  on  trouve  aussi  chez  O'Cléry  un  mot  luis  •/.  lam  {Rev.  ult,^  V.,  19). 

2.  Cp.  178.  achobar  ./.  acobar, 

y  M.  d'Arbois  de  Jubainville  me  fait  observer  que  les  lettres  omises  sont  souvent  celles 
OUI,  dans  l'écriture  ordinaire,  peuvent  être  remplacées  par  des  signes  abréviatià  ;  tei  €st 
Va  de  mac,  Vh  des  sourdes  aspirées,  tel  est  er  aans  nurdrech,  fer,  etc. 


Mélanges.  }7i 

(im  (.i.-  liom),  i8o.  los-ob  (.i.  lib),  182.  loisi,  lisez  lois^s  f  (A.  lais), 
239.  dar-lus  (.i.  dal),  37.  de-les-g  [A.  deilgK  17.  /««  (.i.  lamh)  ;  — avec 
gutturale:  80.  loisg-ester  (X  lestar],  147. /oira^^  lisez  loisc-ir  (.i.  1er), 
152. /o5c-â;i  (.i.  lan),  163.  loisc-ia  (.i.  liath,  lisez  //Vi/),  181.  /o^c-a 
(.i.  leo),  223.  onn-bea-lasc-a-n  (A.  obelc),  237.  losc-og  (.i.  log).  — 
Sont  douteux:  21. /o^u/// (.i.  caull),  32.  luisnech  niamnach  (A.  léne), 
53.  beth-los-ach  (A.  bathach,  lisez  blâthach!]^  146.  certlus  (.i.  cealbb, 
lisez  celll]^  203.  colluisuid  (A.  coblaigid),  209.  idluisne  (A,  itarmna), 
277.  blaistiud  (A.  seinm). 

F*  (Bail,  fern^  Lee.  fearn]  :  60.  fern  ( .i.  fer)  ;  —  peut-être  169.  ferim, 
lisez  ferni  ou  fernir  f  (.i.  fir). 

S  (Bail.  Lee.  f a/7)  :  95.  sail-alm  (.i.  saill),  216.  sat-ur  {A.  siur), 
24<).  seal'Sor  (A,  sesior),  probablement  aussi  126.  orail,  lisez  o-sail 
(A.  eilit)  =  oS;—  peut-être:  198.  saibcon(A.  snadud),  229.  xfl«7W«- 
dhach  (.i.  saitech)^  21.  losuiU  (.i.  caull),  49.  giusalath  (.i.  guin  no 
giucbnadh). 

N  (Bail,  m/i,  Lee.  nion):  286.  clo-niri'-tinne  (.i.  eluinnte)»  262.  niec, 
lisez  nin-ec  (A.  nech),  263.  nion-ac  =  iVûcA  '  ;  — avec  une  gutturale  : 
191.  a-ninch-es  (.i.  andes),  192.  aninoibiar^  Wstz  a-ninch-iar  {\,  amar), 
166.  meinichety  lisez  me-ninch- et  [A,  mennat}.  —  Sont  douteux:  259. 
iniongort  (.i.  inocht),  106.  ninan  {.i.  tiompan),  139.  ninon  (A.  nimh), 
205.  nionîa  (A,  cainti),  206.  brainionta  (A,  banehainte),  69.  eonann 
(A.  ian). 

D  (Bail,  dur  y  Lee.  duif):  66.  daur  (.i.  dia),  109.  daunusus^  lisez 
daur-ruS'Uth  (.i.  druth),  114.  daur-ailm  (.i.  damh),  148.  daur-un 
(A.  dun),  170.  dair-et  (.i.  teit,  lisez  deit)^  171.  dair-i  (.i.  do,  lisez  rf//), 
172.  duir-ib  (A.  doibj,  173.  daur-ub  (.i.  duibh),  234.  iur-u/f  (.i.  deit), 
2 39.  iur-/u;  (  i.  dal),  245 .  an-dur-is  (.i.  andis),  2  56.  an-duir-iu  (.i.  andiu), 
257.  an^duire  [A.  andee),  290.  dur-unadÇx.  dunad).  —  Il  y  a  peut- 
être  une  gutturale  dans  2 $4.  aoin-derC'iach  (.i.  ahoendeg)';  —  sont 
douteux:  i.  dairtinne  (.i.  duine),  37.  durbuid{.i.  deilg),  \  i  ^ .  duraibind 
[A.  dartaid),  211.  daurlar  (A.  lar),  240.  adaurutan  (.i.aixgouean),  276. 
eoindir  (.i.  ann),  221.  eoindir  (.i.  innsi),  224.  derclite  (.i.  duinnte). 

T  (Bail,  tindi,  Lee.  tinne)  :  286.  clo-nin-tinne  (.i.  eluinnte),  15.  tionnor 
lisez  tionn-oni  (.i.  ton),  140.  tinne  (.i.  talamh);  —  avee  une  gutturale: 
185.  tinneach-air  (.i.  tairi,  186.  tinnic-es  (.i.  tes),  187.  tinnich-iar 
(.i.  tiar),  188.  tinnech-uaidh  (A.  tuaidh},  189.  tinnich-is  (.i.  tis),  190. 


1 .  Cette  glose  est  réunie  i  la  suivante  dans  le  ms. 

2.  Mais  cp.  255.  tUernoerciach  (.1.  adhodeg). 


372  Mélanges. 

tinnech-uas  [A,  tuas),  242.  ro-thinnich-t  bas  [A,  dacuaidh  bas)  =  roThét 
bas.  —  Sont  douteux  :  i.  dairtinne  (A.  duine),  59.  oirthine  (A,  oigthi- 
gema),  67.  tinim  (A.  tine),  1 56.  gortinne  (A.  fiacaib  no  beir  no  tug  no 
tabair)  ^  78.  creithne  {A,  criathar),  197.  collterniud,  lisez  colMnn-iud? 
(A.  codlud). 

C  (Bail.  Lee.  coll)  :  28.  der-cuill  (A.  derc),  40.  sgillenn^  lisez  5-C0/7/- 
e/z-/z  (.i.  scian),  65.  /num-co// (.i.  mac),  104.  cu/-or/2  (.i.  corn),  105. 
cul-aire  (A.  comaire,  lisez  chaire  .^),  iio.  eabad<oll  (A,  echj,  119.  muins- 
cuill,  lisez  muw-cmT// (.i.  mue),  120.  collary  lisez  coll-ur  (.i.  eu),  142. 
[w^u//>,  lisez  w-C[i//-e  (.i.  uisge),  16-],  coill-iuch  (.i.  crioch),  194.  or- 
co//-flz/ (.i.  ar  gceuit),  x^-j ,  collttxniud^  lisez  coll-tinn-ind  f  [A,  eodlud), 
241.  cun-cul'Ut  (A.  cutut,  lisez  cucut)^  248.  coll-cur  (A.  cuigiur),  265. 
coll-ue  (A.  euile),  266.  coll-uicenn  (.i.  coieenn),  267.  cun-cull-um  (.1. 
cugum),  273.  un-cull-ut  {A.  ocut),  274.  un-cull-am  (  ï.  ocumm),  27 j. 
iom-coll-amair  (.i.  imeomairf,  278.  coll-umac  (A.  cumac);  —  sont 
douteux:  6.  €oc/iâ///e  (.i.  einech),  48.  collann  (A.  ealg),  71.  collscoin 
(.i.  euirm),  73.  coillsge  (.i.  cuad),  95.  collruim  [A,  feoil),  176.  onncaill 
(.i.  adhlaie),  200.  câi// (.i.  cler),  203.  colluisuid  (.i.  eoblaigid),  23$. 
ic/Z/fr^r  (.i.  siorlaige). 

Q  (Bail,  quertj  Lee.  ^ue/rt)  :  164.  cert  (.i.  eidh),  207.  cert-rann 
(.i.  ceturn,  Stokes  :  eeturranna),  230.  cestne^  lisez  cert-ne  (A,  cena), 
233.  foi-cert  (A.  foeen),  247.  cert-ros-ar  (A.  eetrar)  ;  —  sont  douteux: 
146.  cert-lus  (.i.  eealbh,  lisez  cellf),  228.  maincirt  [A.  mitig),  77. 
scartlann  [A.  seaball).  —  215.  bert-ros-alr]  j.i.  frater)  résulte  peut-être 
d'une  transformation  de  beth-ros-ar  d'après  certrosar, 

M  (Bail.  Lee.  main):  55.  muin-drech  (.i.  meirdreaeh),  65.  muin-coll 
(.i.  mae),  135.  main-rois  (A.  mor),  137.  man-aiîh  (.i.  maith),  217. 
muin-gort  [A,  mag),  1 19.  muins-cuill,  lisez  muin-cuill  ?  [A.  mue)  ;  —  avec 
une  gutturale  :  24.  muinc-edan  (.i.  medhôn),  83.  muinc^ir  [.i.  mir),  91. 
minC'ill^  lA.  mil),  98.  muinc-edhg  (A.  medhg),  99.  muinch-idh  (.i.  roiodh\ 
183.  roi-minc-aUg  (.i.  romairg,  lisez  romailg!]^  220.  munch-aol  (J. 
maol),  225.  mainic-iall  (A.  mail),  226.  mainc-ir  (.i.  eir,  lisez  mir.^), 
227.  mainC'il  {A.  mil),  243.  munc-orbadh  (A.  marbadh),  281.  mainc-esg 
(A.  mesg).  —  Sont  douteux  :  3.  muinbuid  {A.  menma),  217.  muinsgith 
(.i.  mag),  22&.  maincirt  no  munghort  (.i.  mitig),  214.  man-ros-ar  (.i. 
mater),  avec  addition  de  ros  d'après  l'analogie  de  2 1  j .  bertrosar(A,  frater)  ; 
puis  manrosar  a  fourni  le  modèle  pour  213.  anrosar  (.i.  pater). 

G  (Bail.  Lee.  gort)  :  63 .  eon-gort  (.i.  ingen),  96.  gorgruth^  lisez  gort- 

I.  Gp.  271.  goirtnidc  (.i.  tabair). 


Mélanges,  )7j 

rurt  {.i.  gruth),  97.  gor/-rB5  (.i.  grus],  217.  muin-gort  (À,  mag).  — 
Sont  douteux:  259.  iniongort  (A.  inocht)^  44.  gortlomnach  (A.  gemin), 
SS.  gortan  (.i.  cainenn),  107.  gortran  (A.  cuislinn),  134.  betengkort 
(A.  bech),  \^6.gortinne  (A,  fiacaib  no  beir,  etc.),  271.  goirtnide  (A. 
tabair),  210.  gortrailbhe  (A.  caoindealbh),  218.  garta^A,  guth). 

R  (Bail.  Lee,  mis):  84.  beth-rois-gen-n  (A.  bairgen),  109.  daurrusus, 
lisez  daur^ruS'ttlh  (A.  druth),  135.  muin-rois  [A,  mor),  199.  com-rois-ge 
(.i.  comairce),  246.  at-reis-iur  (.i.  atriur),  247.  cert-ros-ar  (A.  cetrar). 
D'après  ce  modèle  on  a  formé:  250.  sechtrosar  (A,  secht),  251. 
ochtrosar  (A,  ahocht),  252.  narosar  (.i.  naoi).  21  ç.  bert-roS'a[r]  {A. 
frater),  qui  a  livré  le  modèle  pour  la  formation  de  :  214.  manrosar  (A. 
mater),  213.  anrosar  [,i,  pater),  288.  muinrosar  .i.  (muinter),  cp.  33. 
carosar  (.i.  corrtair)  ;  — avecone  gutturale  :  127.  ro5c-o/z  (.i.  rôn),  263. 
roisc'iuî^A.  riut),  264.  roisc-iam  (.i.  riam)  ;  —  sont  douteux  31 .  crosar 
(.i.  ionar),  ^j.eorosnach  (.i,  abb),  117.  rosca  (.i.  càiridh),86.  anros 
(.i.  arbar),  253.  leited  ni  etrosar  (A,  leth  ficit),  39.  crisgeo  (A,  gaoi). 

A  (Bail.  Lee.  ailm):  90.  ailm~is  (A.  as),  95.  sail-alm  (.i.  saill), 
114.  daur-ailm  (.i.  damh),  238.  ailm-in  (.i.  alainn),  287.  alm-aig 
(J.  adaigh),  34.  ailm-si  (A,  asan);  —  sont  douteux:  72.  muadailm 
(.i.  oilldearb),  26.  cuitheilm  (.i.  cluas). 

0  (Bail.  Lee.  onn)  :  223.  onn-bea-lasc-a-n  (A,  obele),  244.  a-oinnd- 
ir  (,i.  aonar),  222.  ornait,  lisez  onn-uit  (.i.  tret,  lisez  uait),  151. 
ond'loS'bu(,\,  aibu),  34.  oind-si  (.i.  asan),  273.  un-cull-ut  (A.  ocut), 
274.  un-cull-um  (A,  ocumm).  D'après  ce  modèle  ont  été  formés:  241. 
cunculuî  (.i.  cutut,  lisez  cucut),  267.  cuncullum  (.i.  cugum];  — 
douteux:  29.  coimhgeall,  lisez  c-oinn-chealU  (.i.  cochall),  j6.  ondach 
(.i.  aithech),89.  roinn{,\,  coirm),  113.  bethan^  lisez beth-onn?  (.i.  bo), 
132.  onduenne,  [istz ond-muin-e ?  (.i.  uma)^  150.  oinciu{A,  ère),  176. 
onncaill  (.i.  adhiaic). 

U  (Bail.  Lee.  ur]  :  120.  collar^  lisez  coll-ur  (.i.  eu). 

E  (Bail,  edad,  Lee.  eadhadh) ,  cp.  EA  (Lee.  eabhadh):  iio.  eabad- 
coll  (.i.  ech)  ;  —  sont  douteux  :  1 12.  ebathan  (.i.  lair),  m.  ebandan 
(A.  ech). 

1  (Bail,  idad,  Lee.  idhadh):  92.  ioda^mm  (.i.  îm);  —  peut-être: 
195.  edmam  ar  ndoib  ( .  i .  eabam  ar  ndeogh) . 

Dans  quelques  mots  on  a  ajouté  au  nom  de  la  première  lettre  la  syl- 
labe scith  (=  g  ?)  :  217.  muin-sgith  (.i.  mag),  58.  roiS''[s\ciih  (.i.  ri)  » 


I.  C'est  probablement  le  mot  sceith  a  aubépine  »  ;  v.  Ancient  laws  ofîrelandy  IV,  146. 
Il  figure  comme  nom  de  la  lettre  h  dans  un  autre  alphabet  (Rhys,  U  c). 


374  Mélanges, 

ou  la  sjWàbt  ^bttid:  3.  muin-buid  (A,  menma),  37.  dur-bmd  (A. 
deilg),  comparez  155.  tinbuid  [A,  erges).  On  a  composé  à  Taide  de 
deux  adjectifs  14.  drog-mall  [.i.  druim).  On  a  ajouté  la  syllabe  ^bar  au 
commencement  du  mot  dans:  135.  mabar  (A,  mor),  7.  sabar  (.i. 
suil),  131.  arbar(A.  argad)^  147.  liber  {.\.  1er),  comparez  16.  cufar 
(.i.  cos),  8.  sropur  (.i.  sron)^  140.  tamor  (.i.  talamh).  Le  mot  121. 
caipist  (A.  cat),  a  été  formé  par  composition  avec  péist  <  bestia  »  ;  il  a 
servi  de  modèle  à  122.  luipist  (A.  luch).  Le  dûil  Laithne  ne  contient 
donc  pas  exclusivement  de  TOgham,  comme  le  montre  d^ailleurs  la 
grande  quantité  d'autres  mots  qui  ne  sont  pas  formés  d'après  les  prin- 
cipes ci-dessus  énoncés. 

On  aura  remarqué  l'emploi  de  la  lettre  q  (cert)  à  c6té  de  c  [coll] . 
Doit-on  conclure  de  là  que  ces  jeux  d'esprit  remontent  jusqu"au  temps 
où  l'on  distinguait  encore  le  ^u  du  cf  Je  ne  le  pense  pas.  On  parait 
avoir  choisi  cert  principalement  quand  on  avait  à  exprimer  le  groupe 
phonétique  ce-  (ci-),  tandis  que  le  plus  souvent  coll  répond  à  un  c  placé 
devant  une  voyelle  large:  a^  0,  u.  Que  la  connaissance  de  ce  jargon  ait 
été  jugée  une  qualité  digne  d'être  mentionnée  dans  les  annales,  cela  ne 
parle  pas  trop  en  faveur  de  la  culture  intellectuelle  de  Plrlande  au  moyen 

àgc. 

R.  Thurneysen. 
lena. 

EARLY  MIDDLE  IRISH  GLOSSES 

FROM   RawLINSON  B.    5O2. 

Rawlinson  B  502  is  a  ms.  of  the  beginningofthe  twelfth  century 
preserved  in  the  Bodieian  library  ;  and  the  following  giosses  occur  on  the 
fragment  of  Tigernach's  Annals  with  which  the  codex  now  commences. 

Fo.  I.  a.  2.  .1.  o^unn  (gl.  rutro).  Context  :  Remus  occissus  est  rutro  pas- 
toral! a  Fabio  duce  Romuli  ob  uallum  saitu  transilitum.  The  s  oïsunn  isdotted. 

1.  b.  1.  .1.  nœreged  (gl.  querentis)  Context:  propter  deprecatioDcm 
Ezechiae  qu^entes  superbiam  Sinchirib. 

2.  b.  I.  .1.  in/iafannacon  (gl.  cloacas).  Context:  Romanos  ludos  instituiit 
muros  et  cloacas  aedificauit,  capitolium  extruxit. 

$.  a.  I.  in  marg.  ish/so  sectmain  danel  (gl.  et  ex  illo  tempore  sf  numerare 
uelis  .Ixx.  annorum  ebdomadas  us^u^ad  Christum  poterisrepdrire). 

5.  b.  I.  Lib^r  pat^rda  (gl.  zenones).  The  gloss  continues  in  Latin:  Liber 
Pûter  enim  sténo  dicitar,  Galli  autem  Stenones  uocantur,  Liberum  Patrem  hospitio 
recip^runt.  Context  :  Gaili  Zenones  duce  Brennio  Romam  inuasserunt. 

b.  b.  1.  cista  (gl.  muncipalem).  Context  :  ius  eis  ciuium  et  n]un[i]cipalem 
ordinem  concedens  aequali  honore  cum  Graecis. 


MUanges.  }75 

Comroentary. 

à  sann  (by  a  staff),  sann  dat.  sg.  oi  sonn  :=  V/.ffony  urkelt.  s(p)ondo, 

no-ereged  2dy  près.  act.  sg.  3  of  erigim,  arègim^  a  compound  of  ar  and  igim 
formed.  perhaps,  from  the  interjection  i  as  oitco  (in  Suç-  oîÇcii)  from  oT. 

innûfannacon  (the  sewers)  :  hère  fannacon  is  the  ace.  pi.  of  a  neut.  stem;  it  is 
an  &K9!i  >.ef<^(Ji£vov.  Ihtfann  is  cognate  apparent!/  with  Lat.  unda^  Lith.  vtfn^/u, 
O.  Norse  vatn,  Whether  the  ^acon  is  a  compound  suf6x  or  the  second  élément 
of  a  compound  like  68,saY(»T*^ov,  I  am  unable  to  décide. 

h  hi  so  swhtmain  Danel  (this  is  DaniePs  week*)  :  cf.  Daniel  DC.  24  :  Septuaginta 
hebdomades  abreviatae  sunt  super  populum  tuum,  etc.  Sechtmain  borrowed 
from  septimana, 

Liber-paterJû  (gl.  Zenones,  i.e.  Senones),  an  Irish  adjective  formed  from 
the  Latin  Liber^Pater.  For  the  explanation  of  the  name  Senones  see  Isidorus, 
Origg.  lib.  ix.  éd.  Otto:  Galli  autem  Senones,  antiquitus  Xenones  dicebantur 
quod  Liberum  hospitio  recipissent. 

Cista  a  dérivation  of  c(s  borrowed  from  census, 

Whitley  Stokes. 
16  April  1886. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Barly  Britain.  Geltlo  Brltain,  by  J.  Rhys,  M.  a.,  professer  of  Celtic  in  the 
university  of  Oxford.  Second  édition,  revised  ;  London,  Society  for  promoting  Christin 
knowledge,  1885,  in- 12,  xiv  et  325  pp.  avec  deux  cartes  et  une  planche. 

Les  lecteurs  de  cette  revue  savent  avec  quelle  compétence  M.  Rhjs 
traite  les  questions  qui  concernent  la  philologie  celtique.  En  lisant  les  ex- 
cellents mémoires  dont  il  a  enrichi  notre  recueil,  ils  ont  tous  été  à  même 
d'apprécier  personnellement  le  mérite  du  savant  professeur  d'Oxford  ; 
ils  ont  en  outre  au  moins  entendu  parler  du  livre  si  plein  de  science  qu'il 
a  publié  en  1 877  sous  le  titre  de  Lectures  on  Welsh  philology  et  dont  la 
première  édition,  épuisée  en  quelques  mois,  a  dû  être  presque  immédia- 
tement suivie  d'une  seconde'.  Je  ne  doute  pas  qu'un  certain  nombre 
d'entre  eux  n'ait  consulté  et  même  étudié  à  fond  cet  instructif  ouvrage. 

M.  Rhys  ne  s'est  pas  contenté  de  produire  des  travaux  d'une  érudition 
approfondie  qui  sont  forcément  destinés  à  un  groupe  restreint  d'amis  de 
la  science.  Il  a  voulu  consacrer  au  grand  public  une  partie  de  ses  veilles. 
De  là  le  charmant  volume  dont  nous  avons  entre  les  mains  la  seconde 
édition.  La  première  date  de  1882  ;  la  seconde  a  paru  trois  ans  après. 

L'objet  de  ce  livre  est  de  mettre  tout  homme  lettré  à  même  de  con- 
naître quelle  est,  dans  l'état  actuel  de  la  science^  la  réponse  que  l'on  doit 
faire  aux  principales  questions  agitées  relativement  à  l'histoire  et  à  l'eth- 
nographie de  la  Grande-Bretagne  pendant  les  temps  antérieurs  à  l'inva- 
sion anglo-saxonne.  Après  un  récit  historique  qui  constitue  une  sorte 
d'introduction,  il  expose  quelles  races  ont  habité  111e  à  cette  époque 
reculée,  à  quoi  on  les  distingue  et  ce  que  l'on  sait  d'elles.  Comme 
sources,  M.  Rhys  laisse  de  côté  l'archéologie  qui  n'est  pas  son  domaine, 
il  se  borne  aux  documents  historiques  et  linguistiques.  Il  serait  fort*  à 
désirer  qu'il  trouvât  en  France  un  émule  capable  d'écrire  avec  la  même 
compétence  ce  qu'a  été  notre  pays  dans  les  premiers  siècles  de  son  his- 
toire. 

I.  voir  plus  haut,  t.  III,  p.  280;  t.  IV,  p.  116. 


Bibliographie.  377 

Il  7  a  cependant  quelques  points  de  détail  sur  lesquels  j'ai  des  critiques 
à  soumettre  au  savant  auteur.  Ainsi,  quand  il  entame  l'examen  des  textes 
historiques  les  plus  anciens  qui  concernent  les  Iles  Britanniques,  il  dé- 
bute [p.  5)  en  nous  disant  qu'au  cinquième  siècle  avant  notre  ère  Héro- 
dote ne  connaissait  ni  la  Bretagne  ni  l'Irlande;  puis  il  passe  aux  écrivains 
des  siècles  suivants.  Le  fragment  d'Hérodote,  livre  III,  chap.  115,  par 
lequel  débutent  les  Monumenta  historica  britannica  de  Henry  Pétrie,  peut 
en  effet  être  résumé  comme  le  fait  M.  Rhys.  Mais,  même  dans  un  livre 
élémentaire,  il  me  semble  qu'un  témoignage  aussi  important  devrait  être 
présenté  d'une  façon  moins  rapide  et  plus  claire.  En  lisant  dans  son  en- 
tier le  chapitre  1 1 5  du  livre  III  d'Hérodote^  en  se  reportant  ensuite  au 
chapitre  1 3  du  livre  IV  du  même  auteur,  où  Aristée  de  Proconnèse  est 
cité,  et  en  rapprochant  ces  textes  d'un  fragment  de  Damaste  de  Sigée 
qui  date  du  même  siècle  et  qu'Etienne  de  Byzance  nous  a  conservé  ' , 
on  constate  que  suivant  la  doctrine  reçue  en  Grèce  au  cinquième  siècle 
avant  notre  ère,  il  y  avait  au  nord-ouest,  au  delà  du  continent  euro- 
péen, une  mer  distincte  de  l'ensemble  formé  par  le  Pont-Euxin,  la  mer 
Egée,  l'Adriatique  et  la  Méditerranée  ;  il  existait  une  mer  qu'on  appelait 
a  l'autre  mer  » ,  tyiv  Ir^pav  OdXawav  ;  dans  cette  mer  se  trouvaient, 
disait-on^  des  îles  d'où  provenait  l'étain,  xa(TaiTepo;,  et  auxquelles  on 
avait  donné  pour  cette  raison  le  nom  de  Cassitérides.  Hérodote  ne  ren- 
contra personne  qui  eût  vu  de  ses  yeux  cette  mer  du  nord-ouest.  Il  se 
crut  en  conséquence  autorisé  à  en  contester  l'existence,  conclusion  bien 
hardie  et  peu  logique  chez  l'historien  qui,  ailleurs,  avec  un  tact  critique  si 
remarquable,  admet  l'authenticité  des  traditions  d'après  lesquelles  les 
Phéniciens  auraient  jadis  accompli  autour  de  l'Afrique  un  voyage  de  cir- 
cumnavigation'. 

La  citation  qui,  chez  M.  Rhys,  suit  celle  d'Hérodote,  se  présente  à 
mon  avis  avec  une  erreur  de  chronologie.  M.  Rhys  place  avant  Pythéas, 
qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  quatrième  siècle  avant  J.-C,  l'en- 
quête faite  sur  la  Bretagne  par  un  des  Scipions,  comme  nous  l'apprend 
l'historien  Polybe  cité  par  Strabon  J.  Le  Scipion  dont  il  s'agit  ici  est,  ce 
nous  semble,  P.  Cornélius  Scipio  Aemilianus  né  en  185  et  mort  en  129 
avant  notre  ère  ;  ce  fut  probablement  en  se  rendant  au  siège  de  Numance 
au  commencement  de  l'année  133  que  Scipion  Emilien,  prévoyant  pour 
les  Romains  la  nécessité  prochaine  de  vastes  conquêtes  au  nord-ouest  de 

1.  Charles  Mûller,  Fragmenta  histoncorum gràscontm^x.  Il,  p.  65,  fragment  i.  Etienne 
de  Byzance  au  mot  (iTZEçMçjeoi. 

2.  Hérodote,  livre  IV,  c.  ^2.  Cf.  livre  I,  c.  202. 

).  Livre  IV,  c.  3,$  2  ;  édition  Didot,  p.  158,  1.  4-9- 


)78  Bibliographie. 

l'Europe,  ou  se  faisant  l'organe  de  la  curiosité  de  Polybe  son  ami,  de- 
manda sur  cette  région,  aux  Marseillais  et  aux  Gaulois  voisins  de  Mar- 
seille, des  renseignements  qu'on  ne  lui  donna  pas.  Ce  fait,  placé  par 
M.  Rhys  antérieurement  au  voyage  de  Pythéas,  lui  est,  croyons-nous, 
postérieur  de  deux  siècles. 

M.  Rhys  conserve  sur  l'expédition  si  hardie  et  si  féconde  de  Pythéas 
l'ancienne  opinion  combattue  par  Mùllenhof  et  croit  que  l'audacieux 
voyageur  grec  pénétra  dans  la  Baltique,  au  lieu  de  s'arrêter  à  Tembou- 
chure  du  Rhin  comme  l'a  soutenu  le  savant  allemand  dont  nous  regret- 
tons la  perte  récente  ■ .  Il  est  probable  que  la  question  sera  longtemps  dis- 
cutée, et  malgré  ma  préférence  pour  la  doctrine  de  Mùllenhof,  je  ne  puis 
contester  à  M.  Rhys  le  droit  de  la  repousser.  Admettons  donc,  si  l'on 
veut,  un  instant,  que  le  navire  qui  conduisait  Pythéas  aurait  atteint  l'em- 
bouchure de  la  Vistule  (p.  6) .  Mais  je  ne  me  rends  point  compte  des  rai- 
sons que  peut  avoir  eues  M.  Rhys  pour  dire  que  Posidonius  ait  visité  la 
Gi:ande-6retagne  (p.  8).  Si  Diodore  de  Sicile  a  copié  chez  Posidonius  ce 
qu'il  rapporte  de  cette  lie,  il  est  également  vraisemblable  que  Posidonius 
a  parlé  de  la  Bretagne  par  oui-dire.  On  a  sur  la  vie  et  les  voyages  de  Po- 
sidonius des  renseignements  très  détaillés.  On  sait  qu'il  a  visité  l'Es- 
pagne, la  Sicile,  la  Dalmatie,  l'Illyrie,  enfin  la  Gaule  Narbonnaise'. 
Tout  ce  qu*il  nous  donne  d'indications  précises  sur  les  mœurs  celtiques 
parait  se  rapporter  anx  populations  de  la  Gaule  Narbonnaise  et  se  trou- 
vait probablement  dans  la  panie  de  ses  Histoires  où  il  racontait  la  con- 
quête de  cette  région  par  les  Romains,  125-1 1 8  avant  J.-C.  ).  Il  ne 
nous  semble  donc  nullement  démontré  que  le  célèbre  écrivain  grec  ait 
jamais  pénétré  dans  les  Iles-Britanniques. 

Mais  ces  critiques  ne  portent  que  sur  des  détails  du  préambule  histori- 
que. La  partie  la  plus  importante  du  livre  est  celle  qui  traite  de  l'ethno- 
graphie de  la  Grande-Bretagne.  C'est  à  la  fois  la  plus  développée  et 
celle  où  la  science  approfondie  du  linguiste  qui  a  tenu  la  plume  donne  à 
ses  assertions  le  plus  d*autorité.  Suivant  lui,  il  faut  distinguer  dans  la 
population  des  Iles-Britanniques  trois  couches  successives  :  la  première, 
étrangère  à  la  race  indo  européenne  qu'elle  a  précédée;  les  deux  sui- 
vantes, celtiques  l'une  et  l'autre,  mais  de  deux  rameaux  différents  que 
nous  appellerons  l'un  gôldélique,  l'autre  gallo-breton.  Suivant  M.  Rhys, 
les  GaUo-Bretons  n'availsnt  pas  terminé  la  conquête  de  la  Grande-Bre- 


1.  MûUenhcf,  Deutsche  AltertttmskuKde,  t.  I,  p.  49s. 

2.  Janus  Bake  cité  par  Charles  Mûller,  Fragmenta  historieonungr£corum^x.  lU,  p.  246. 

3.  Charles  MûUer,  Fragmenta  tUstoricorum  gr^conun,  t.  III,  p.  251,  2^9-262. 


Bibliographie.  )79 

tagne  quand  les  Romains  s'y  établirent  ;  et  notamment,  chose  fort  cu- 
rieuse, les  Gôldels,  ancêtres  des  Gaels  d'Ecosse  et  des  Irlandais  mo- 
dernes, auraient  encore  occupé  la  pointe  sud -ouest  de  la  Grande-Bre- 
tagne, c'est-à-dire  le  territoire  des  Damnonii  (Devon  et  Cornwall)  du 
cinquième  au  septième  siècle  de  notre  ère.  Les  Damnonii  étaient  des 
Gôîdels  suivant  M.  Rhys  (p.  216).  Cependant  il  est  difficile  de  considérer 
comme  Gôîdels  la  plupart  des  émigrants  qui,  de  la  Grande-Bretagne, 
sont  venus  fonder  en  France,  au  cinquième  et  au  sixième  siècles,  les 
petits  états  de  la  Bretagne  armoricaine  ;  ils  y  ont  porté  précisément  le 
nom  des  Dumnonii^  et  y  ont  créé  un  royaume  de  Domnonia  qui  compre- 
nait les  quatre  diocèses  de  Tréguier,  Saint-Brieuc,  Saint-Malo  et  Dol  ■  ; 
la  langue  que  ces  émigrants  ont  implantée  chez  nous  est  à  peu  près 
identique  à  celle  qui  s>st  parlée  en  Grande-Bretagne  dans  le  pays  des 
Dumnonii  jusqu  au  siècle  dernier  et  qui  est  connue  sous  le  nom  de  comi- 
que; or  cette  langue  appartient  au  rameau  gallo-breton  et  non  au  rameau 
gôidélique,  comme  l'exigerait  la  doctrine  de  M.  Rhys. 

Sur  quoi  se  fonde  M.  Rhys  pour  soutenir  que  la  population  du  terri- 
toire des  Dumnonii  y  c'est-à-dire  des  comtés  modernes  de  Devon  et  de 
Cornwall^  était  de  race  gôidélique,  dans  les  siècles  qui  ont  suivi  la  do- 
mination romaine  et  même  dans  les  siècles  précédents  ?  Le  voici  :  on  a 
découvert  dans  cette  région  cinq  inscriptions  funéraires  gravées  dans  les 
siècles  qui  ont  immédiatement  suivi  la  chute  de  la  domination  romaine  et 
qui  appartiennent  évidemment  au  rameau  gôidel  de  la  race  cehique.  Cela 
résulte  de  la  langue  de  ces  inscriptions  qui  n'a  pas  changé  enp\cq  primitif  >; 
c'est  établi  aussi  par  l'emploi  de  récriture  dite  oeamique  dans  trois  d'entre 
elles  '.  Mais  de  ce  que  cinq  Gôîdels  ont  été  enterrés  dans  le  territoire  des 
Dumnonii,  durant  la  période  qui  s'écoule  de  l'an  400  à  l'an  700  environ, 
conclure  que  toute  la  population  de  ce  territoire  était  gôidélique  à  cette 
date  me  semble  très  hardi .  La  doctrine  la  mieux  fondée  me  parait  tou- 
jours être  celle  qui  était  anciennement  reçue,  à  savoir  que  la  population 
gallo-bretonne  de  cette  région  fut  opprimée,  vers  l'époque  où  les  Romains 
abandonnèrent  Tlle,  par  un  petit  groupe  d'envahisseurs  venus  d'Irlande 
et  appelés  parles  textes  ordinairement  Sc4/i  ou  Scotti^j  mais  aussi  et 


1.  Aurélien  de  Courson,  Cartulairt  de  Pabbofe  de  Redon ^  Prolégomènes,  p.  clxzxvii. 
Voir  aussi  la  notice  de  M.  De  la  Borderie  sur  les  princes  de  la  Domnooèe  dans  la  Bith 
graphie  bretonne  dirigée  par  P.  Levot,  t.  I,  p.  $4)  et  suivantes. 

2.  Lectures  on  Welsh  philologyy  deuxième  édition,  p.  401,  n**  86,  87:  p.  40$,  n**  102. 
).  Lectures  on  Welsh  philobgy,  a*  éd.  p.  400,  n<*  8{  ;  p.  401,  n'*  87;  p.  402,  n*  89. 
4.  Scotoram  cumulos  flevit  gladalis  leme.  Claudien  :  De  !V  consulatu  Honorii, 
rt  ));  édition  Tenbner-Ieep,  t.  I,  p.  69,  ligne  i.  Le  quatrième  consolât  d'Honorios 


vert 


380  Bibliographie. 

d'abord  HiberniK  Quand  l'invasion  saxonne  contraignit  une  partie  des 
Dumnonii  à  émigrer  sur  le  continent  de  la  Gaule,  ils  y  portèrent  une 
langue  bretonne f  mais  toutefois  mélangée  de  quelques  noms  gôldéliques. 
La  plupart  d'entre  eux  prononçaient  prenn  un  mot  qui  veut  dire  «  arbre  », 
c'est  la  prononciation  ordinaire  du  breton  moderne.  Mais  quelques-uns 
cependant,  comme  M.  de  Kerdrel  me  le  faisait  récemment  remarquer^ 
conservaient  à  la  consonne  initiale  de  ce  mot  sa  valeur  gutturale  primitive, 
ainsi  que  l'établit  la  charte  du  Cartulaire  de  Redon  qui  commence  ainsi  : 

Notum  sit  omnibus  quod  dédit  Portitoe  et  Connual  Cranuuikant  et 
Cranquarima  et  quicquid  potuissent  eradicare  de  silva... 

Cette  pièce  date  de  l'année  837  ».  Quelques-uns  de  ces  émigrants  subs- 
tituaient au  V  initial  primitif  de  leur  nom  1'/ goïdélique  :  tel  était  Fracan^ 
père  de  saint  Guénolé  qui  a  donné  son  nom  à  une  commune  du  départe- 
ment des  Côtes-du-Nord,  aujourd'hui  appelée  P/ou/ra^an  ?;  tel  est  le  FinuSy 
témoin  d'une  charte  de  l'année  858  4  ;  tels  sont  vers  la  même  époque  les 
témoins  du  nom  de  Finiian  J.  Le  nom  propre  Fili  porté  par  d'autres  té- 
moins vers  le  même  temps  ^  est  identique  au  nom  commun  irlandais  /î//, 
aujourd'hui  ^/f,  que  les  Anglais  traduisent  par  <ii  poet  ». 

Il  y  avait  donc  quelques  Gôïdels  mêlés  aux  Dumno/i/i  qui  vinrent  fonder 
sur  le  continent  gaulois  le  royaume  de  Domnonia,  Mais  ils  étaient  l'ex- 
ception, comme  les  cinq  grands  seigneurs  dont  M.  Rhys  et  M.  Hûbner 
nous  ont  fait  connaître  les  pierres  tumulaires  découvertes  en  Angleterre 
dans  les  comtés  de  Devon  et  de  Cornwall.  Le  mot  comique  freg 
c  femme  )> ,  avec  son  /  initial  =  v  est  aussi  un  monument  laissé  par  les 
Gô'idels  de  la  Damnonia  britannique  dans  la  langue  bretonne  de  leurs 
compatriotes  insulaires?. 


eut  lieu  en  398 Totam  cum  Scotus  lernen  Movit Claudien,  De  consulata 

StUichoniSf  t.  II,  vers  25 1-2 $2,  ibidenif  p.  239    Le  consulat  de  Stiiicondate  de  400. 

1 .  Solis  Britanni  Pictis  modo  etHibernis  assueta  hostibus.  Incerîi  panegyricus  ConstaHtio 
Caesari,  c.  11  ;  édition  Teubner-Baehrens,  p.  140,  lignes  lo-ii.  Ce  panégyrique  a  été 
prononcé  à  Trêves  en  296.  Teuffel,  Geschichte  der  rosmischen  Literatur,  §  301,  8.  Les 
Scots  dont  il  est  question  à  des  dates  postérieures  sont  donc  des  Hiberni  comme  dans  les 
vers  de  Claudien  cites  à  la  note  précédente.  Voyez  sur  ces  Scots  Ammien  MarcellinJ.  XX, 
c.  I,  §  I  (an.  360);  I.  XXVI,  c.  4,  §  j  (an.  36$),  1.  XXVIl,  c.  8,  g  S  (an  ^68);  ci 
Pacati  panegyricus  Theodosio  augusto,  §  5 .  Dans  les  panegyrid  latini^  éd.  Bahereos,  p. 
27 j,  ligne  7. 

2.  Aurélien  de  Courson,  Cartulaire  de  Vabbaye  de  Redon^  P-  ï3 

3.  Sur  Fracarij  vojrez  la  notice  de  M.  de  la  Borderie  dans  la  Biographie  bretonne, 
t.  I,  p.  54J.  Cf.  Morice,  Mémoires  pour  servir  de  preuve  à  Vhîstoire  de  Bretagne,  t.  I, 
col.  176,  qui  a  écrit,  à  tort,  je  crois,  Fraecanus  pour  Fracanus,  On  trouve  cependant  en 
Iriande  le  nom  propre  Fraechan. 

4.  Cartulaire  de  Redon,  p.  96. 

5.  Cartulaire  de  Redon,  p.  92,  202,  203.  Cf.  Fintan  dans  le  Chronicon  Scotorum, 
aux  années  603  et  613,  édition  Hennessy,  p.  66,  74. 

6.  Cartulaire  de  Redon,  p.  9,  129,  130,  206,  207,  220. 

7.  Gr.  C»,  p.  1069. 


Bibliographie.  381 

Une  autre  doctrine  que  M.  Rhys  soutient  avec  beaucoup  de  science  et 
de  séduction,  mais  qui  malgré  le  grand  talent  d'exposition  de  l'auteur 
érudit  me  parait  douteuse,  c'est  que  les  Pietés  seraient  une  population 
non  celtique  (p.  244)  dont  la  langue  proviendrait  de  la  même  source  que 
le  basque  (p.  174).  L'argument  principal  de  M.  Rhys  est  que  saint  Co- 
lomba,  Irlandais  comme  on  sait,  c'est-à-dire  Gôldel^  arrivé  dans  le  pays 
des  Pietés  à  l'âge  de  quarante-deux  ans,  était  obligé  de  recourir  à  un 
interprète  pour  se  faiie  comprendre,  sinon  de  toute  la  population  picte, 
au  moins  d'une  partie  d'entre  elle  > .  La  preuve  ne  me  parait  pas  déci- 
sive. Je  me  trouvais  il  y  a  quelques  jours  à  la  Société  des  Antiquaires  de 
France  à  côté  d'un  prêtre  breton  du  diocèse  de  Quimper  qui  me  racontait 
que  la  semaine  précédente,  appelé  à  entendre  une  femme  en  confession, 
il  n'avait  pu  se  faire  comprendre  d'elle,  parce  que  cette  femme  était  du 
diocèse  de  Vannes  où  l'on  parle  un  dialecte  très  différent  de  ceux  qui 
sont  usités  dans  le  diocèse  de  Quimper.  Ce  phénomène  linguistique  cons- 
titue une  fréquente  entrave  au  ministère  sacerdotal  parmi  les  Bretons  de 
France.  En  conclura-t-on  que  le  vannetais  n'est  pas  une  langue  celtique  ? 
Evidemment  non.  Pourquoi  raisonner  autrement  lorsqu'il  s'agit  du 
picte  ? 

Les  noms  d'hommes  pietés  que  nous  ont  conservés  par  exemple  Adam- 
nan  et  Bède  sont  la  plupart  évidemment  celtiques  :  ainsi  un  des  Pietés 
que  saint  Colomba  convertit  par  interprète  s'appelait  Artbranan.  Ce  nom 
est  irlandais.  Ce  n'est  pas  une  difficulté,  répond  M.  Rhys  ;  il  y  a  tel 
Gallois  qui  porte  un  prénom  anglais  et  qui,  par  exemple,  s'appelle  John. 
Cet  argument  n'est  pas  concluant.  L'usage  des  vaincus  est  de  copier  les 
noms  propres  des  vainqueurs.  Après  la  conquête  romaine,  les  Gaulois 
ont  emprunté  aux  Romains  leurs  gentiliees,  leurs  prénoms  et  souvent 
même  leurs  surnoms.  Un  petit-fils  de  roi  gaulois,  chef  d'une  grande  in- 
surrection gauloise,  un  peu  plus  d'uii  siècle  après  la  mort  de  César,  s'ap- 
pelait C.  Julius  Vindex. 

Après  la  conquête  barbare  il  y  eut  en  Gaule  comme  un  nouveau  chan- 
gement de  décoration  et  les  Gallo-Romains  s'affublèrent  de  noms  francs 
ou  burgundes,  tout  en  conservant  leur  langue  qui  bientôt  les  vengea  en 
étouffant  la  langue  des  vainqueurs.  Mais,  au  temps  de  Colomba  et  de 
Bède,  les  Pietés  avaient  conservé  leur  indépendance  et  on  ne  comprend 
pas  pourquoi  ils  se  seraient  gratuitement  infligé  l'humiliation  d'aban- 


I.  Adamnan^  Vie  de  saint  Columba,  livre  I,  c.  33  ;  livre  II,  c.  32,  édition  Reeves, 
p.  62,  145;  Migne,  Patrologia  Uitina,  t.  88,  col.  737  C,  752  A. 


38a  Bibliographie, 

donner  leurs  noms  héréditaires  et  nationaux  pour  les  remplacer  par  ceux 
d'un  peuple  ennemi». 

M.  Rhys  cherche  à  découvrir  des  mots  qui  auraient  appartenu  à  la 
langue  des  populations  antérieures  à  la  conquête  celtique.  Cette  langue, 
suivant  lui  étrangère  à  la  famille  indo-européenne  et  apparentée  au 
basque  (p.  274),  serait  celle  que  le  Glossaire  irlandais  de  Cormac  appelle 
iarn-bélre.  Au  iarn-bélre  appartiennent  par  exemple  les  mots  férn  *  «  bon  ■ 
(p.  270),  et,  dit  M.  Rhys,  Néiti  «dieu  de  la  guerre»  (p.  26^).  Mais  fera 
nous  semble  n'être  que  le  positif  de  Pirlandais /err  a  meilleur  ».  Ce  com- 
paratif a  perdu  le  suffixe  qui  termine  le  positif  comme  en  latin  major^  au 
positif  mâ^nu5  ;  en  irlandais  m<iâ,  au  positif  mdr,  tressa^  au  positif  trén. 
Quant  à  Néit,  il  suppose  un  thème  nanti-  presque  identique  au  thème 
nantha-(\u\  se  retrouve  dans  les  langues  germaniques,  témoin  le  gothique 
ana-nanthian^  ToXfJLâv,  et  un  certain  nombre  de  noms  propres,  parmi 
lesquels  celui  de  la  célèbre  reine  de  France  Nanthilde  4.  L'origine  basque 
de  ces  mots  est  encore  à  prouver. 

L'opinion  dominante  aujourd'hui  fait  venir  directement  d'Espagne,  sans 
passer  par  la  Gaule,  les  populations  primitives  des  Iles-Britanniques  soit 
antérieures  à  l'invasion  celtique,  soit  goidéliques.  Le  point  de  départ  des 
divers  systèmes  émis  sur  ce  point  est  un  passage  de  Tacite  dans  sa  Vie 
d'Agricola  (c.  1 1)  :  «  Silurum  colorati  vultus  et  torti  plerumque  crineset 
posita  contra  Hispania,  Iberos  veteres  trajecisse,  easque  sedes  occu- 
passe fidem  faciunt  ».  Le  premier  argument  de  Tacite  :  «  visages  colo- 
rés »  et  a  cheveux  crépus  »,  semble  peu  décisif.  Il  faudrait  démontrer 
que  les  Ibères  auraient  eu  le  monopole  des  a  visages  colorés  »  et  «  des 
«  cheveux  crépus  ».  Mais  que  veulent  dire  les  mois  posita  contra  His- 
pania f  Comment  le  pays  des  Silures,  c'est-à-dire  la  rive  dioite  de  la 
Severn,  fait-il  vis-à-vis  à  l'Espagne  ?  Il  y  a  un  monument  de  l'antiquité 
qui  explique  très  bien  cette  situation  apparente.  C'est  la  carte  dite  Table 


1.  Sur  la  langue  picte,  voyez  Reeves,  The  life  of  St  Columha^  p.  6)  note;  Wtiîtley 
Stokes  dans  les  Beitragt  de  Kuhn,  t.  V,  p.  $66;  dans  Thru  Irish  glossaria,  p.  uviii, 
xxiX;  et  Windisch  dans  V A llgemeine  Encyclopédie^  deuxième  section,  t.  XXXV,  p.  136. 

2.  Whitley  Stokes,  Sanas  Chormaic  ^traduction  du  Glossaire  de  Cormac)  p.  76;  dans 
Three  irish  glossaries^  d.  22,  et  dms  le  Leabhar  breac,  p.  267,  col,  2,  ligne  20,  on 
tiouve  la  mauvaise  leçon  yî^rn. 

).  Néit  est  la  leçon  du  Leabhar  breac,  p.  26$,  col.  2,  ligne  9;  cf.  Whitley  Stokes, 
Three  Irish  glossaries,  p.  13,  1.  i,  v"  cul.  L'orthograpne  n«7fc,  Leabhar  breac.  p.  269, 
col.  2,  ligne  35  ;  Whitby  Stokes,  Three  irish  glossanes,  p  )i,  a  été  rejetée  par  M.  Wh. 
Stokes,  ibidem,  p.  xxxiv.  et  dans  sa  traduction  du  Glossaire  de  Cormac.  p.  122.  ^> 
J'ignore  pourquoi  M.  Rhys  écrit  nit;  cf.  ned  chez  O'Javoreo  (Three  Irish  glossaries, 
p.  108),  mais  néid  chcx  O'Clery,  Revue  Celtique^  V,  28. 

4  Grimm.  Deutsche  Grammatik,  t.  II,  p.  $  1 2  :  Fœrstemann,  Perroamn<imeji,  col.  949; 
Schade,  Altdeutsches  Wœrterbuch^  deuxième  édition,  1. 1,  p.  6^9,  au  mot  nandjan. 


Bibliographie.  )8) 

de  Peutinger.  Le  premier  segment  de  cette  carte  est  perdu  ;  mais  le  se- 
cond segment,  qui  est  conservé,  contient  de  la  Grande-Bretagne  une 
partie  assez  développée  pour  nous  montrer  comment  dans  le  premier 
segment  les  Iles-Britanniques  devaient  être  disposées.  La  Grande-Bre- 
tagne, au  lieu  de  se  tenir  pour  ainsi  dire  debout  au-dessus  de  la  Gaule, 
comme  on  le  voit  dans  nos  cartes  modernes,  était  en  quelque  sorte  cou- 
chée sur  la  Gaule  et  sur  l'Espagne.  La  région  habitée  par  les  Dumnorai, 
aujourd'hui  comtés  de  Devon  et  de  Cornwall,  faisait  face  à  Bordeaux  dont 
un  étroit  canal  la  séparait.  Le  pays  des- Silures,  à  l'embouchure  de  la 
Severn,  sur  la  rive  droite  de  ce  fleuve,  faisait  face  à  la  Galice  où  la  ville 
de  Brigantia  possédait  un  phare  assez  haut  pour  que  de  là  on  pût  voir 
la  Grande-Bretagne,  comme  le  prétendent  à  la  fois  Orose  et  la  Cosmo- 
graphie dite  d'Aethicus  '.  Au  delà,  suivant  les  mêmes  documents  géogra- 
phiques, l'Irlande  s'interposait  entre  la  Bretagne  et  l'Espagne,  en  sorte 
qu'une  partie  des  côtes  irlandaises  regardait  à  distance  la  ville  de  Bri- 
gantia^. Un  auteur  irlandais  du  onzième  ou  du  douzième  siècle  a  tiré  de 
ces  textes  une  bizarre  conséquence.  Il  nous  montre  le  mythique  héros 
Ith  mac  Bregoin  monté  sur  la  tour  de  Brigantia  d'où^  par  une  belle  soirée 
d'hiver,  il  aperçoit  l'Irlande  ?. 

Suivant  moi,  la  doctrine  qui  fait  venir  d'Espagne  les  premières  popu- 
lations des  Iles  Britanniques  n'est  guère  plus  scientifique,  malgré  la  sé- 
duction qu'elle  a  exercée  sur  des  esprits  éminents. 

Une  autre  doctrine  plus  moderne,  mieux  assise  et  qui  est  commune  à 
MM.  Windisch  et  Rhys,  c'est  que  le  plus  ancien  nom  connu  des  Pietés, 
Cruithnech,  en  irlandais,  est  dérivé  d'un  thème  identique  à  un  nom  gal- 
lois de  nie  de  Bretagne,  Prydain,  Dans  Cruiihnech^  il  y  a  une  métathèse 
de  Vu;  Cruithnech  est  pour  *Quritanicos  dérivé  d'un  thème  *quritani^. 


1.  Secundus  angulas  circium  intendit,  ubi  Brigantia  GalUeciae  civitas  sita  altissimam 
farum  et  inter  pauca  memorandi  operis  ad  speculam  Britar.niae  erigit  Orose,  livre  I, 
C-  2.  S  )3t  ^hcz  A.  Riese,  Ceogra,thi  btini  minores^  p.  64.  1.  2$  :  p.  65,  1.  1.  Migne, 
Patrohgia  latina^  t.  XXXI,  col.  689.  La  phrase  d'Orose  est  reproduite  avec  des  variantes 
orthographiques  sans  importance  dans  la  Cosmographie  dite  d'Aetnicus,  livre  II.  c.  |), 
chez  Riese,  p  98,  1.  2-).  La  doctrine  qu'elle  expnme  est  une  exagération  de  la  doa.ine 
de  César  qui,  pariant  de  la  Grande-Bretagne,  Dt  bello  gallico,  VI,  13,  dit:  Latus...  al- 
terum  vergit  aa  Hispaniam  atque  occidentem  solem. 

2.  Hibernia  insula  inter  Br.ianniam  et  Hispanijm  sita  longiore  ab  africo  in  boream 
spatio  porrigitur;  hujus  partes  priores  intentae  Cantabrico  oceano  Briganiiam  Galaeciae 
civitatem,  ab  africo  sibi  m  circium  occurrentem.  spatiosc  Intervallo  procul  spectar.t.  Orose^ 
i.  1.  c.  2,  g  39;  chez  Riese,  p.  65,  1.  22;  p.  66,  1.  1-3.  Cf.  Migne,  Patrohgia  latina, 
t.  XXXI,  col.  690,  691.  Voir  aussi  Cosmographia^  livre  11,  c.  39;  chez  Riese,  p.  98, 
1.  2j,  26;  p  99,  1.  I,  2. 

).  Livre  de  Leinstrr,  p.  3,  col.  2,  lignes  6-9:  p.  ii,coL  2,  lignes  $o-$i. 

4.  En  moyen  irlandais  Cruithean  dans  \e  composé  Cruithean-tuath  :  Leabhar  breathnack^ 
édition  Todd,  p.  i$8.  De  là  le  nom  de  Cruithne  =  *  Quritanio-s,  ancêtre  mythique  des 
Pietés,  ibU,,  p.  154. 


384  Bibliographie. 

Le  changement  du  ^  en  p  a  donné  Prydain  avec  P  initial.  Or,  chose  fort 
remarquable,  la  Grande-Bretagne  est  appelée  IIpeTTavt'a,  Preitania  avec 
P  initial  dans  les  bons  manuscrits  de  Diodore  de  Sicile  et  de  Strabon; 
npexTavixr',  Prettanice  est  le  surnom  des  deux  îles  'louepv/a,  Iverniay  et 
'AX^i'cov,  Albion  f  dans  le  Périple  de  Marcien  d'Héraclée  '.Le  P  de  Pret- 
tanidy  Prettanice,  pour  Pritania^  Pritanice^  doit  être  Torthographe  de  Py- 
théas.  Cette  orthographe  parait  se  rapporter  à  une  époque  où  les  Pietés 
étaient  la  race  dominante  dans  les  Iles  appelées  par  les  Grecs  AXoW  et 
'louepvia;  alors  les  Brittones  ou^  Britanni  des  Romains,  les  Bretain  des  Ir- 
landais n'avaient  point  encore  acquis  dans  ces  îles  la  situation  importante 
qui  a  fait  créer  par  les  Romains  le  terme  géographique  de  Britannia^  où 
un  b  supplante  le  p  initial  primitif.  Alors  enfin,  soit  dans  111e,  soit  sur  le 
continent,  certaines  populations  celtiques  substituaient  déjà  \^  p  dM  q 
indo-européen  et  appelaient  Iles-Pritaniques  les  îles,  alors  pietés,  de 
Grande-Bretagne  et  d'Irlande.  Ces  populations  celtiques  ont  appris  ce 
nom  à  Pythéas.  C'était  vers  la  fin  du  quatrième  siècle  avant  notre  ère. 
Un  peu  plus  de  deux  siècles  et  demi  plus  tard,  César  trouva  le  midi  de 
la  Grande-Bretagne  occupé  par  les  Gallo-Bretons.  De  là,  l'usage  romain 
du  mot  Britannia  avec  substitution  du  â  au  P  initial  plus  ancien. 

Je  n'ai  pas  trouvé  dans  le  livre  si  intéressant  et  si  instructif  de 
M.  Rhys  ce  rapprochement  entre  le  nom  irlandais  des  Pietés  et  le  nom 
grec  des  Iles  Britanniques.  Je  le  propose  comme  un  supplément  à  la 
partie  linguistique  de  cet  ouvrage  à  laquelle  je  ne  pourrais  donner  trop 
d'éloges,  malgré  certains  dissentiments  avec  l'auteur  sur  quelques  détails 
accessoires;  car  il  est  fort  possible  que  sur  ces  points  divers,  dont  je  ne 
parle  pas,  comme  sur  les  questions  plus  importantes  que  j'ai  traitées 
dans  ce  compte  rendu,  ce  soit  le  critique  qui  se  trompe  et  M.  Rhys  qui 
ait  raison. 

H.   d'ARBOIS  DE  JUBAINVILLE. 


Saint  George  and  the  Dragon,  a  world-wide  legend  localised,  by  GuaDon, 
London,  Wyman  and  sons,  188$,  in- 12,  i)8  pp. 

Cette  composition  paraît  une  œuvre  d'imagination  ;  Tauteur  y  a  intro- 
duit un  certain  nombre  de  mots  comiques  dont  on  trouve  la  liste  aux 
pages  127  et  128. 


I.  Charles  Mûllcr,  Geographi  graci  minores,  t.  1,  p.   155»  J60-562,  Cf.  Mûllenhof, 
Deutsche  Àltertumskunde^x.  I,  p.  94,  9$,  385,  ^92,  469,  471. 


Bibliographie.  ^85 

T  Gomerydd,  das  ist  :  Grammatik  des  Kymraeg  oder  der  keltowaelischen  Sprache 
▼on  Ernst  Sattler.  Zurich  und  Leipzig.  Albert  MûUer's  Verlag,  1886,  petit  in>8, 
418  pages. 

Cet  ouvrage  a  surtout  un  but  pratique,  sans  négliger  cependant,  dit 
Fauteur,  le  côté  scientifique. 

Le  titre  seul  de  y  gommerydd,  le  Gomerien,si  cher  aux  Celtomanes  des 
pays  celtiques,  était  une  promesse.  Aussi,  quoique  l'auteur  se  réclame 
de  la  Grammatica  celtica  et  cite  les  noms  de  MM.  Windisch,  Rhys, 
Thumeysen,  à  côté,  il  est  vrai,  de  ceux  de  Mone^  Bacmeister,  etc.,  il 
n'est  que  trop  facile  de  voir  qu'il  a  peu  profité  du  mouvement  scienti- 
fique des  trente  dernières  années.  Quelques  citations  suffiront  à  édifier  nos 
lecteurs  : 

P  m.  «  Les  Kymry  sont  appelés  par  les  Anglais  Welshmen,  Welsh 
peopUy  et  leur  langue  nommée  Welsh,  d'après  le  nom  du  pays  Waleis 
^firanç.  pays  de  Galles],  qui  est  devenue  Wales,  mais  qui  primitivement 
ne  désignait  qu'une  partie  du  Sud-Galles  avec  le  comté  de  Pembroke, 
où  depuis  longtemps  on  ne  parle  qu'anglais.  »  (Il  est  à  peine  besoin  de 
faire  remarquer  que  Waleis  est  la  forme  anglo-normande  du  pluriel  fran- 
çais Gallois.) 

P.  VII,  en  note,  nous  apprenons  que  le  celtique  s'est  transformé  len- 
tement en  Irlande,  plus  vite  en  Galles,  encore  plus  vite  en  CornouaîIIes, 
le  plus  vite  en  Armorique,  de  sorte  que  l'irlandais  peut  être  considéré 
comme  la  langue  mère  du  ga'lois,  et  celui-ci  du  Brez  ou  breton  !  (Où 
M.  Sattler  a-t-il  pris  que  Brez  signifie  breton  ?) 

P.  IX.  Le  gallois  gwyiltred  est  tiré  du  gaulois  vertragus. 

P.  XIII.  Four  l'auteur,  ce  qui  distingue  le  gallois  moderne  du  vieux- 
gallois,  c'est  que  le  premier  a  comme  terminaison  plurielle  auy  et  le 
second  ou,  et  c'est  tout  ! 

P.  )4).  Ethryb  (0  ethryb  à  cause  de)  est  comparé  à  l'irlandais  aihraib 
patribus;  herwydd  vient  àe  ger-'gwydd  corsuti  yisn  alicujus;  er  (quoique) 
vient  de  awr  hora. 

P.  128.  Le  gallois  sef,  ysef  est  rapproché  d'une  forme  prétendue 
irlandaise  isem.  Or  isem,  comme  chacun  sait,  est  justement  le  type  vieux- 
gallois  de  ysef  et  se  trouve  dans  le  codex  Lichfeldensis  et  dans  les 
gloses. 

P.  48.  Le  gallois-moderne  aber  a  passé  par  une  ïormt  aubar  en  vieux- 
gallois,  apper,  aper  en  moj'en-gallois! 

P.  53.  Le  nom  gallois  Rhys  est  identifié  au  gaulois  rix  dans  Ambio- 
rix,  Vercingetorix. 

P.  265.  Rhaid  nécesssité  vient  de  l'irlandais  rect^  recht, 

Rev.  CeU.  VII.  2$ 


){6  Bibliographie, 

Nous  pourrions  accumuler  les  exemples.  Ceux  que  nous  venons  de 
donner  sont  suffisamment  caractéristiques.  Il  est  évident  que  l'auteur 
dans  la  pznk  scientifique  de  son  œuvre  a  pris  non  seulement  pour  guides 
Zeuss  et  Ebel,  mais  encore  Owen  Pughe  and  C**. 

Au  point  de  vue  pratique,  Touvrage  a  le  genre  de  valeur  qu'ont  les 
manuels  construits  d'après  la  méthode  Ollendorf.  On  pensera  peut^tre 
que  c'est  une  idée  assez  singulière  que  celle  de  vouloir  enseigner  prati- 
quement une  langue  qu'on  est  incapable  d'entendre  et  de  parler  cou- 
ramment. Il  faut  dire  à  la  décharge  de  M.  Sattler  que,  si  la  méthode 
Ollendorf  n'est  guère  employée  que  pour  apprendre  la  langue  parlée,  il 
a  lui  l'ambiiion  d'enseigner  le  gallois  littéraire  des  trois  derniers  siècles. 
Ses  exercices  sont  un  amalgame  de  phrases  disparates  empruntées  aux 
Mabinogion  modernisés,  il  est  vrai,  à  la  Bible,  à  différents  ouvrages  mo- 
dernes. Remarquons  en  passant  que  M.  Sattler  parait  connaître  d'une 
façon  très  vague  la  littérature  galloise,  même  celle  des  trois  derniers 
siècles.  De  l'ancienne  littérature,  il  ne  cite  que  le  Saint  Graal,  les  Mabi- 
nogion, Brut  Tyssilio;  de  la  nouvelle,  les  romans  de  Liew  Llwyfo,  une 
des  nombreuses  célébrités  des  Risîeddfodau  gallois,  et  les  œuvres  gram- 
maticales de  Silvan  Evans,  écrivain  et  grammairien  gallois  justement 
apprécié,  de  Tegai,  Isaac  Jones,  Mendus  Jones.  Les  phrases  galloises, 
au  moins  celles  qui  nous  sont  tombées  sous  les  yeux,  nous  ont  paru 
traduites  avec  soin.  Certaines  parties  de  la  phonétique,  par  exemple,  les 
mutations  des  consonnes  initiales,  se.mblent  présentées  d'une  façon  plus 
pratique  que  dans  la  plupart  des  grammaires  galloises.  On  trouvera 
aussi  ça  et  là  quelques  observations  intéressantes,  sinon  toujours  bien 
exactes,  de  l'auteur  sur  la  prononciation  galloise.  En  somme,  l'ouvrage 
peut  être  utile  aux  Allemands  qui  voudraient  apprendre  le  gallois  litté- 
raire moderne  par  la  méthode  Ollendorf  ■ . 

J.  LOTH. 

Une  nouvelle  interprétation  du  nom  de  Lngdunnm,  par  A.  vacbez, 

Lyon,  1886,  in-8,  14  pp. 

C'est  un  tirage  à  part  de  la  Revue  du  Lyonnais^  XLVII«  année,  cin- 
quième série,  t.  1,  numéro  de  janvier  1886.  L'auteur  accepte  Tétymo- 
logie  proposée  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville  qui  considère  le  premier 
terme  du  nom  de  Lugdunum^  d'abord  Lugu-dunum^  comme  identique  au 
nom  du  personnage  mythologique  irlandais  Lug,  au  génitif  Loga,  Ce 


1.  Une  particularité  de  l'orthographe  galloise  de  M.  Sattler,  c'est  quMla  adopté  le  d 
barré  au  lieu  du  double  d  dont  se  servent  les  Gallois  pour  exprimer  la  spirante  dentale 
douce.  M.  Rhys  l'avait  également  fait  dans  ses  Lectures  on  WtUk  phibhgy. 


Bibliographie.  387 

serait  le  dieu  que  César  a  présenté  comme  identique  au  Mercure  romain. 
M.  Vachezfait  observer  qu'à  Lyon,  sous  Tibère,  un  temple  avait  été 
élevé  à  Mercurio  Augusto,  c'est-à-dire  aux  divinités  réunies  d'Auguste  et 
de  Mercure,  d'Auguste  et  de  Maia,  parèdre  de  Mercure;  Mercurio  Au^ 
gusio  et  Maiae  Augastae.  Ce  fait  est  établi  par  trois  inscriptions  du  musée 
lapidaire  de  la  ville  de  Lyon,  qui  portent  les  n""'  719,  720  et  721  '. 

Les  origines  de  l'ancienne  France,  par  Jacques  Flach,  professeur  d'his- 
toire des  législations  comparées  au  Collège  de  Frauce.  Le  régime  seigneurial  (x*  et 
XI*  siècles).  —  T.  1,  Parb,  Larose  etForcel,  1886,  in-8",  475  pages. 

Nous  nous  bornons  à  annoncer  cet  ouvrage,  qui  traite  de  l'histoire  ju- 
ridique de  la  France  à  une  époque  que  l'on  ne  considère  plus  comme 
celtique.  Toutefois,  nous  appellerons  l'attention  sur  les  quelques  pages 
consacrées  à  la  famille  gauloise  et  à  la  clientèle  en  Gaule  (p.  j  s-60).  On 
y  voit  que  les  Romains  ont  trouvé  en  Gaule  une  sorte  d'organisation 
féodale  analogue  en  principe  au  moins,  à  celle  du  moyen  âge.  La 
puissance  romaine  a  arrêté  le  développement  de  la  clientèle  des  chefs  ; 
la  chute  de  l'empire  romain  d'abord,  ensuite  l'affaiblissement  des  princes 
carlovingiens  ont  fait  faire  à  cette  clientèle  des  progrès  d'où  est  résultée 
la  constitution  féodale  du  moyen  âge. 

I.  voyez  A.  de  Boissieu,  Inscriptions  antiques  de  Lyon^  p.  606-607  :  Mercurio  Augusto 
et  Maiae  Augustai  sacrum  ex  veto.  M.  Herennius,  M.  libertus^  Albanus^  aedemet  signa  duo 
cum  imagine  Ttlberii]  Augusti  d[e\  s\uj]  p[ecun:a]  solo  publico  fecit.  Tel  est  le  texte  trois 
fois  répété.  Comparez  ici- même  plus  bas,  page  400,  la  note  de  M.  Sacaze. 


CHRONIQUE. 


i. 

Parmi  les  travaux  récemment  publiés  qui  peuvent  attirer  Pattention  des 
celtistes,  nous  devons  signaler  l'article  publié  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville 
sur  les  origines  gauloises.  A  propos  de  V Empire  cclti/jue  au  iv«  sïkck  avant 
notre  ére^y  notre  confrère,  s'appuyant  sur  les  textes  et  la  philologie,  expose 
avec  une  grande  lucidité  une  thèse  qui  peut  servir  de  guide  sûr  aux  historiens 
et  aux  archéologues  et  qui  ouvre  des  horizons  nouveaux.  Pour  ma  part,  je  crois 
que  la  numismatique  apportera  des  arguments  précieux  à  l'appui  des  opinions 
de  M.  d'A.  de  J.  et  que  cet  article  ne  sera  pas  inutile  pour  arriver  au  classe- 
ment chronologique  et  régional  d'une  très  nombreuse  série  de  monnaies  attribuées 
jusqu'ici  uniquement  â  la  Pannonie  et  à  Tltalie  septentrionale.  —  Pendant  que 
nous  parlons  de  recherches  qui  touchent  à  la  numismatique,  n'oublions  pas  une 
lecture  laite  à  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belle»- Lettres»  dans  laquelle 
M.  Ch.  Robert  a  proposé  une  interprétation  nouvelle  des  deux  noms  d'hommes 
qui  sont  inscrits  sur  un  assez  grand  nombre  de  monnaies  gauloises,  principale- 
ment dans  les  régions  centrales  et  dans  le  sud-est  >.  M .  Robert  démontre  que 
Saulcy  y  a  vu  trop  souvent  des  noms  de  chefs  de  peuples,  particulièrement  de 
ceux  qui  sont  mentionnés  dans  les  Commentaires.  Il  est  porté  à  croire  qu'i 
l'imitation  des  Grecs,  auxquels  les  Gaulois  ont  tant  emprunté,  de  ces  deux 
noms,  Tun  pouvait  être  celui  d'un  magistrat  d'ordre  supérieur,  l'autre  celui  d'un 
agent  chargé  soit  de  la  direction,  soit  du  contrôle  de  la  fabrication.  Une  élude 
sérieuse  de  la  numismatique  massaliète,  qui  eut  une  si  grande  influence  en  Gaule  ae 
manquerait  pas,  j'en  suis  convaincu,  de  fournir  des  indications  utiles  sur  ce  point. 
—  C'est  encore  devant  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- Lettres  que  M.  Ro- 
bert a  contesté  une  opinion,  admise  depuis  longtemps,  d'après  laquelle  certaines 
monnaies  armoricaines  sur  lesquelles  la  tète  du  droit,  entourée  de  petites 
tètes  humaines  reliées  par  des  cordons  perlés  à  la  principale,  représenterait 
Ogmios,  dieu  gaulois  de  l'éloquence,  attachant  les  auditeurs  par  les  chaînes  de 

1.  Rev,  historique,  1886,  t.  )o,  p.  i  à  48. 

2.  Re»,  archioL,  )•  série,  t.  8,  p.  324. 


Ckroniqae.  ^89 

ses  paroles,  d*après  un  texte  de  Lucien  >.  M.  Robert  croit  que  ces  tètes 
sont  simplement  celles  d*ennemis  tombés  en  combattant;  qu'il  y  a  iâ  un  simple 
souvenir  de  victoire,  symbolisé  par  ces  trophées  sanglants. 

Puisque  nous  rappelons  des  rech«>rches  dues  à  l'érudition  infatigable  du 
savant  académicien,  nous  applaudirons  à  la  note  dans  laquelle  il  prémunit,  en 
exposant  des  faits  qui  lui  sont  personnels,  contre  la  tendance  qui  tend  à 
donner  des  dates  trop  reculées  â  des  objets  de  diverses  époques  juxtaposés  par 
le  hasard  >;  c'est  très  judicieusement  qu'il  pose  cet  axiome:  •  On  a  tort  de 
partager  le  passé  en  grandes  tranches,  au  point  de  vue  du  mobilier  et  des 
armes.  »  Je  me  souviens  qu'habitant  la  Bretagne,  sous  un  dolmen  de  la  commune 
de  Ploufragan  (Côtes-du-Nord),  je  recueillis  quelques  pièces  gauloises  et 
romaines  et  un  double  tournoi  d'Henri  III  ;  je  constatai  un  fait  analogue  sous 
an  dolmen  de  la  Haute-Saône  :  là  je  trouvai  des  pièces  gauloises  et  carolin- 
giennes. Il  est  très  probable  qu'en  temps  de  guerres  et  d'invasions  ces  monu- 
ments servirent  de  refuges. 

M.  Gaidoz.  dans  une  série  d'articles  publiés  dans  h  Rmie  archiologî^tu 
en  1884  et  1885,  qu*il  a  eu  l'excellente  idée  de  réunir  en  brochure),  a  donné 
une  première  dissertation  sur  la  mythologie  gauloise;  il  y  traite  du  Dieu  gaulois 
du  soleil  et  du  symbolisme  de  la  roue  4.  M.  Gaidoz  distingue,  chez  les  Gaulois, 
le  Dieu  du  Soleil  du  Dieu  du  Tonnerre  et  pense  qu'à  une  époque  basse  et  sous 
l'influence  romaine,  les  deux  furent  réunis  en  un  Jupiter;  il  explique  cette  assi- 
milation par  ce  fait  que  les  Romains  n'auraient  connu  que  tard  le  dieu  Soleil  ; 
ce  fait  est  contestable  puisque  le  dieu  Sol  est  mentionné  par  Varron.  La  roue, 
symboledu  soleil,  est  étudiée  par  l'auteur  en  Europe  et  en  Asie;  partout  il  relate 
nombreux  exemples  delà  présence  de  ce  signe  dans  les  fêtes  solaires,  les  solstices, 
les  fêtes  de  saint  Jean,  en  France,  en  Angleterre,  en  Allemagne^  etc  ,  passant 
ainsi  du  paganisme  au  christianisme.  Comme  tous  les  mythologues,  M.  G.  a 
réuni  tous  les  faits  qui  avaient  une  certaine  analogie,  rapprochant  ainsi  des 
légendes  et  des  usages  quelquefois  étrangers  les  uns  aux  autres  quant  à  leur 
origine.  Néanmoins  il  a  formé  un  recueil  utile  et  mis  en  évidence  des  faits 
certains  et  des  déductions  précieuses.  Nous  souhaitons  vivement  qu'il  continue 
ses  études  et  aussi  qu'un  heureux  hasard  lui  fasse  découvrir  le  nom  que  le  Dieu 
soleil  portait  chez  les  Gaulois. 

M.  Danicourt  fait  connaître  dans  un  article  accompagné  de  plusieurs  planches 
les  antiquités  trouvées  en  Picardie  depuis  plusieurs  années).  L'âge  de  la  pierre, 
répoque  du  bronze  y  sont  représentés  par  des  pièces  curieuses,  ainsi  que  les 
monnaies  gauloises  parmi  lesquelles  on  remarque  plusieurs  types  inédits. 
M.  Danicourt  a  eu  une  idée  très  ingénieuse.  C'est  une  grande  carte  de  la  Gaule, 


1.  Ann,  de  la  Soc.  de  Numismatique^  i88ô,  p.  ip. 

2.  Compta-rendus  de  V Académie  des  I.  tt  0.-L.,  janvier  1886. 

).  Eluda  de  mythologie  gauloise^  Paris,  1886,  E.  Leroux,  in- 8*,  de  11$  pages  avec 
nombreuses  gravures. 

4.  Re9,  arekéol.f  )*  série,  t.  7,  p^  6). 

5.  ihid,^  p.  139. 


)90  C/mmifoe. 

divisée  en  compartiments  dans  lesquels  il  classe  les  monnaies  d'après  lenr 
fal)rique  et  leurs  provenances.  Je  crois  qu'en  tenant  ce  médailiier  d'un  nouveau 
genre  au  courant  des  travaux  et  des  découvertes,  on  pourra  obtenir  d'excellents 
résultats.  Les  grandes  collections  publiques  devraient  avoir  des  cartes  de  ce 
genre. 

Dans  VAnnuûire  de  la  Marne  dt  1886,  M.  Conhaye,  de  Suippes,  a  fait  l'in- 
ventaire des  tombelles  ou  tomelies  qui  existent  dans  les  arrondissements  de 
Reims,  de  Châlons*sur«  Marne  et  de  Sainte-Menehould,  avec  l'indication  des 
noms  de  lieux  dits  cadastraux.  Toutes  ces  tombelles  ne  sont  pas  d'origine  gau- 
loise, certainement;  il  appartient  aux  archéologues  de  la  Champagne  de  discerner 
celles  qui  remontent  à  une  époque  antique  et  celles  qui  datent  du  moyen  âge; 
mais  ces  statistiques  sont  de  bons  instruments  de  travail.  ~  Mentionnons  une 
note  dans  laquelle  M .  P.  de  Lisie  du  Dréneuc  signale  la  présence  de  menhirs 
prismatiques,  disposés  de  manière  â  former  des  triangles  équilatéraux  dont  les 
côtés  ont  parfois  de  très  grandes  dimensions. 

Dans  une  lecture  faite  à  la  Société  des  Antiquitaires  de  France,  M.  E.  Flooest 
a  fait  connaître  la  présence  de  quatre  squelettes  dans  les  restes  d'uu  tomulvs 
ruiné,  à  Cusey  (Haute-Marne).  Sur  ces  quatre  squelettes,  il  y  en  avait  trois  qui 
avaient,  chacun,  pour  parures,  deux  bracelets  à  chaque  poignet  et  quatre  anneaux 
de  cheville  à  chaque  jambe.  Des  deux  bracelets,  l'un  était  en  bronze,  l'autre 
en  cette  substance  désignée  longtemps  sous  le  nom  de  bois  d'if.  Les  anneaux 
de  cheville  étaient  tous  en  bronze;  les  bracelets  les  plus  ornés  paraissent  avoir 
été  destinés  au  bras  gauche.  La  mensuration  du  vide  de  ces  anneaux  indique 
que  ces  squelettes  devaient  être  féminins.  Cette  parure,  identique  pour  tous,  a 
un  caractère  d'uniformité  qui  peut  servir  â  indiquer  une  époque  au  point  de  vue 
du  classement  des  bracelets  et  des  anneaux.  U  ne  semble  pas  que  dans  ces 
fouilles,  on  ait  trouvé  des  torques. 

Ce  qui  me  fait  faire  cette  r€fI?xion,  c'est  que  M.  le  baron  J.  de  Baye  et 
M.  Aug.  Nicaise  se  sont  occupés  chacun  de  la  question  des  torques.  M.  de 
Baye'  a  cherché  à  établir  que  cet  ornement,  chez  les  Gaulois,  était  porté  éga> 
lement  par  les  hommes  et  par  les  femmes;  il  s'appuie  sur  nombre  de  textes  et  de 
monuments.  M.  Nicaise  >  croit  que  dans  une  partie  du  nord»est  de  la  Gaule, 
le  torques  était  porté  exclusivement  par  les  femmes  ;  à  l'appui  de  son  opinion, 
il  invoque  des  centaines  de  fouilles,  faites  en  Champagne  soit  par  lui,  soit  par 
d'autres  archéologues.  Doit-on  en  conclure  qu'i  une  certaine  époque,  les  terri- 
toires des  Rèmes,  des  Suessions  et  desLingons  furent  occupés  par  une  population 
chez  laquelle  l'usage  du  torques  n'était  pas  le  même  que  dans  le  reste  de  la 
Gaule  .>  Cette  population  était-elle  celle  qui  faisait  usage  de  chars  et  de  casques 
coniques  tels  qu'on  en  a  trouvé  dans  la  Marne?  La  question  reste  à  Tétude;  on 
ne  pourra  conclure  définitivement  qu'après  avoir  pris  connaissance  du  résultat  de 


1.  Bulletin  monumental^  1886. 

2.  Mémoires  de  la  Société  d'agriculture^  science,  art  et  bettes-Uttres  de  ChMons^sur- 
Marne. 


/  Chronùitte.  ^91 

fouilles  surveillées  avec  le  pias  grand  soin.  En  tout  cas,  si  on  arrive  â  trouver 
ane  exception,  il  n'en  restera  pas  moins  certain  que,  dans  les  trois  quarts  de  la 
Gaule,  le  torques  était  un  ornement  de  guerrier. 

Le  lieutenant-colonel  G.  de  La  Noé  a  communiqué  à  la  Société  des  Anti- 
quaires de  France  une  étude  complète  sur  les  enceintes  de  Tépoque  gauloise  et 
sur  le  système  de  fortifications  usité  avant  et  pendant  la  conquête.  Après  avoir 
commenté  tous  les  textes  classiques  et  étudié  sur  les  lieux  les  oppidum  qui 
existent  encore,  M.  de  La  Noë  a  pu,  le  premier,  poser  des  règles  qui  permettent 
^e  reconnaître  les  enceintes  que  Ton  peut  attribuer  à  ces  temps  reculés.  En 
pareille  matière  il  est  indispensable  que  les  travaux  sur  le  terrjin  et  les  plans 
soient  établis  par  un  spécialiste;  il  est  non  moins  important  que  les  textes  soient 
interprétés  par  un  militaire  qui,  à  In  connaissance  parfaite  du  latin  et  du  grec, 
joigne  l'expérience  qae  donnent  les  études  imposées  aux  officiers  du  génie. 
On  n*a  pas  oublié  combien  la  collaboration  du  général  Creuly,  qui  appartenait 
aussi  â  cette  arme,  a  élucidé  la  traduction  la  plus  récente  des  Commentaires  de 
César,  Il  entre  dans  le  plan  de  Touvrage  de  M.  de  La  Noë  de  vulgariser  les 
pf  incipes  qui  permettent,  en  ce  qui  concerne  la  France,  de  distinguer  facilement 
les  enceintes  des  époques  gauloise,  romaine,  Iranque,  carolingienne  et  du  haut 
moyen  âge.  Jusqu'à  ce  jour,  on  n*a  guère  eu  que  des  données  très  vagues  qui 
n'ont  servi  qu*â  accréditer  de  graves  erreurs  et  à  multiplier  des  camps  de  César 
apocryphes. 

M.  Th.  Reinach  a  remarqué  le  mot  hébreu  Calmouda  qui  se  rencontre  dans 
Job  et  dans  Isaïe  et  que  le  rabbin  Akiba,  contemporain  de  l'empereur  Hadrien, 
dit  avoir  entendu  employer  dans  le  pays  de  Galia  i  ;  il  demande  s'il  ne  s'agirait 
pas  ici  d'un  mot  celtique  conservé  dans  le  langage  populaire  de  la  Galatie;  cette 
question  est  justifiée  par  l'assertion  de  saint  Jérôme  affirmant  que  les  habitants 
d'Ancyre  avaient  un  idiome  analogue  à  celui  des  Trévires  *. 

A.  DE  B. 

U. 

La  Collection  des  documents  inédits  sur  l'histoire  de  France  publiée  par  les  soins 
du  ministère  de  l'Instruction  publique  contient  un  recueil  intitulé:  Mélanges  his' 
toriques.  Choix  de  documents,  in-4.  Le  tome  cinquième  de  ce  recueil  vient  de  pa- 
raître sous  la  date:  Paris.  Imprimerie  nationale,  18S6.  On  y  trouve,  p.  ^33- 
600,  le  Cartulaire  de  Landévennec,  par  MM.  Le  Men  et  Emile  Ernault,  avec  une 
préface  par  M.  d'Arbols  de  Juba  in  ville.  Le  manuscrit  remonte  pour  la  plus 
^grande  partie  au  milieu  du  xi^  siècle.  La  copie  avait  été  préparée  par  M.  Le 
lien  archiviste  du  département  du  Finistère  qui  est  mort  avant  le  commence- 
ment  de  l'impression.  Elle  a  été  coilationnée  sur  le  manuscrit  par  MM.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville  et  Ernauit.  M.  Ernault  est  l'auteur  de  l'index. 

I.  Re».  archéol.y  3*  série,  t.  7*  p.  (9> 
a.  cf.  Re».  celt.j  t.  1,  p.  179-192. 


^cp  -  Chronupit. 


m. 

Les  Archives  de  Bretagne ,  rectuil  d* actes  de  chronùiun  et  de  documents  histon4iBes 
rares  ou  inédits  publié  pir  la  Société  des  Bibliophiles  bretons  et  de  Thistoire  de 
Bretagne  ont  atteint  leur  troisième  volume  qui  contiendra,  en  deux  livraisons, 
le  Myst'cre  de  sainte  Barbe,  tragédie  bretonne,  texte  de  1^57,  publié  avec  tradactioo 
française,  introduction  et  dictionnaire  étymologique  du  breton  moyen  par  Emile 
Ernault.  La  première  livraison  oui  renferme  le  texte  et  la  traduction  a  été  dis- 
tribuée aux  membres  de  la  Société  il  y  a  quelques  mois.  On  nous  fait  espérer 
la  seconde  livraison  pour  une  date  prochaine.  On  y  trouvera  rintroduction  et  le 
glossaire  qui  termineront  le  volume.  Alors  aura  heu  la  mise  en  vente.  L'auteor 
prépare  une  nouvelle  édition  de  la  Vie  de  sainte  Nonne  qui  paraîtra,  nous  l'es- 
pérons, dans  le  tome  VIII  de  la  Revue,  celtique. 


IV. 

M.  John  Rhys  a  été  cette  année  chargé  des  leçons  connues  soos  le  nom  de  HibUert 
Lectures  qu'avaient  faites  à  des  dates  rapprochées  de  nous  M.  Ernest  Renan  et 
M.  Albert  Réville.  Elles  ont  duré  un  mois,  du  3  mai  au  5  juin.  M.  Rhys  a  io 
deux  fois  ch.icune  de  ses  huit  leçons,  et  chacune  a  eu  deux  auditoires,  Ton  i 
Londres,  l'autre  à  Ox'brd.  Il  a  trouvé  un  grand  succès  même  à  Oxford  ,  endéprt 
du  proverbe  biblique  c  nul  n'est  prophète  dans  son  pays  •  ;  la  nouveauté  dn 
sujet  :  mythologie  celtique,  a  dès  le  premier  jour  attiré  autour  de  la  chaire  une 
nombreuse  assistance  universitaire  que  le  talent  du  professeur  lui  a  rendue  fidèle 
jusqu'à  la  fin.  Un  des  auditeurs  m'a  écrit  qu'il  a  été  surtout  frappé  par  ce  qoi 
concerne  |o  le  héros  civilisateur  gallois  GwJ'dion  parallèle  au  Woden  ou  Odin 
germanique,  2^  le  gallois  Lludd  llaw-ereint  et  flrlandais  Nûadu  arget-iàm,  qui 
tousdeuxont  une  c  main  d'argent  •  pour  symbo!e  caractéristique.  Il  s'écoolera 
plusieurs  mois  avant  que  les  leçons  de  M.  Rhys  ne  soient  publiées.  Noos  croyons 
donc  être  agréable  aux  lecteurs  de  la  Revue  Celtique  en  leur  mettant  sous  les 
yeux  le  programme  qui  a  servi  d'annonce  à  l'exposition  orale  si  intéressante 
du  savant  professeur. 

Syllabus  of  the  Hibbert  teaurei,  1886.  Professer  J.  Rhys,  M.  A.,  of  the  University  of 
Oxford.  The  origin  and  growth  et  religion  as  illustrated  by  Celtic  heathendom. 

Lecture  I.  —  Sources  of  our  earliest  information  about  the  gods  of  the 
Celts.  Ancien!  authors,  especially  Caesar,  and  the  inscriptions.  Some  accouot 
of  the  Gaulish  Mercury,  or  Cultore-god  :  his  Gaulish  name  and  attributes. 
The  gaulish  god  of  war,  once  the  head  ot  the  Gaulish   panthéon  :  ooinpartsoiis. 

Lecture  II.  ^-  The  Culture  Heroof  the  Welsh,  and  how  he  acqiiired  fron 
Hades  certain  animais  usefîil  to  man  :  his  Goidelic  covaterpart.  The  Sfûritual 
and  intellectual  aspect  of  his  achievements,  the  origin  of  poetry^  etc.    . 

Lecture  III. —  The  Culture  Hero's  history  çontmaed,  and  some  of  his 


Chfookjttt.  )  9) 

dtscDssed— Wodm  his  coanterpart  in  Teatonic  theology— comparisons  witb 
Woden,  with  Ulysses  and  Prometheus,  and  with  the  Vedic  god  Indra.  The 
antagonisni  between  the  Culture  Hero  and  the  older  gods. 

Lecture  IV.—  The  Solar  Hero.  or  Sun-god— the  Welsh  accotint  of his  birth 
and  his  relation  to  the  Culture  Hero:  the  Goidelic  account  of  him.  TheSun-god 
not  always  anthropomorphic  :  Chrestien  de  Troyes'  romance  of  the  Chevalier  au 
Lion.  Outlines  of  the  character  and  attributes  of  Cûchulainn.  Some  of  the 
names  of  the.Sun-god,  both  Irish  and  Welsh,  discussed.  The  wide  area  of  his 
cuit  in  the  Celtic  world  of  antiquity. 

Lecture  V.  —  The  Culture  Hero  and  the  Sun-god  in  other  cycles,  Irtsh  and 
Welsh,  especially  the  Arthurian.  The  Mabinogion  and  the  Arthur  legend. 
Arthur's  Court  and  the  Round  Table.  The  question  of  a  historical  Arthur  and 
his  relation  to  the  Culture  Hero.  The  unhistorical  nature  of  the  war  with 
Medrod,  and  the  accounts  of  its  termination. 

Lecture  VI.  —  The  mythological  significance  of  the  blot  in  the  Arthur 
legend.  Walter  Map  and  his  St.  Graal  :  GaUhad,  the  idéal  knight  of  perfect 
chastity.  Arthur's  queen  and  her  capture  by  MelwasT  the  nature  of  the  latter's 
realm  and  the  accesses  to  it;  the  importance  of  Glastonbury  in  Celtic 
mythology.  The  names,  Gwenhwyvar  (Guinevere),  Medrod  (Modred)  and 
Arthur. 

Lecture  VII.  —  The  terrene  divinities  of  Celtic  theology,  the  death-goddess 
Danu  (Welsh  Dân)^  and  her  descendants,  the  Goidelic  gods.  Their  struggle 
with  the  Fir  Bolg  and  the  Fomoiri,  and  its  development  in  Irish  mythic  his- 
tory.  The  form  assumcd  in  Welsh  by  the  same  contest  between  the  gods  and 
the  powers  of  evil,  and  also  in  Old  Norse  literature.  The  rôle  of  the  Solar  Hero 
in  them,  and  their  conrnion  climatic  origin. 

Lecture  VIII.  —The  same  contest  as  pictured  by  some  oftheGreek  liuOoypidoi: 
Héraclès  and  Cûchulainn  compared.  Further  remarks  on  the  Sun  Hero  as  scen 
in  this  light;  also  on  Nûdd  and  Llûdd«  the  Celtic  2>us.  The  association  of  the 
oak  with  his  wqrship  :  Druidism  compared  with  the  religions  organisation  of 
the  anciens  Prussians,  and  contrasted  with  that  of  the  Teutonic  nations.  Traces 
of  progress  in  the  paganism  of  both  Celts  and  Teutons  :  the  introduction  of  a 
milder  cuit  with  the  élévation  of  the  Culture  Hero  or  Man-god  to  a  position  in 
their  respective  panthéons  above  the  older  and  grimmer  gods. 


V. 

Le  journal  VAcademy  du  29  mat  dernier,  p.  ^79,  annonce  une  bonne  nou- 
velle :  M.  Whitley  Stokes,  qui  a  déjà  publié  dans  les  Anecdota  oxoniensia  le  Psaiter 
na  rann,  y  donnera  avec  traduction  anglaise  et  glossaire  les  vies  irlandaises  des 
neof  sdnts  Patrice.  Brigite,.  Columba,  Finnén.  Finnchu,  Brandan,  Mocbua  et 
Ciaran  d*après  le  célèbre  manuscrit  connu  socs  le  nom  de  Uvre  de  Lismore  qui 
appartient  au  duc  de  Devonshire. 


VI. 

Le  même  numéro  de  VAeademy,  p.  ]%o,  eXVAtkenaeam  do  même  jour.  p.  717, 
nous  apprennent  que  M.  Whitley  Stokes,  dans  une  séance  récente  de  la  PhilO' 
logical  Society ^z  exposé  comment  les  noms  d*Hébrides,  d*!ona  et  de  Grampians 
sont  le  résultat  de  mauvaises  lectures  des  mots  Hebudes.  lova.  Grau  pians. 

VII. 

Le  mercredi  1 2  mai  dernier.  FAcadémie  royale  dlriande  a  célébré  son  cente- 
naire '  par  un  banquet  de  quatre-vingt-quinze  couverts.  Ce  banquet  a  eu  lieu 
dans  la  grande  salle  de  la  bibliothèque.  La  vaste  antichambre  qui  sert  ordinaire- 
ment de  salle  de  lecture  avait  été  décorée  par  une  exposition  des  plus  beaux 
monuments  archéologiques  conservés  dans  le  musée  et  des  plus  intéressants  ma- 
nuscrits que  l'Académie  possède.  La  grande  salle,  dont  tous  les  visiteurs  admirent 
les  balcons  et  les  proportions  grandioses,  était  ornée  de  bannières  et  d*arbres 
verts.  Le  président,  Sir  Samuel  Fcrguson.  si  connu  par  ses  travaux  éruditseti 
qui  Taménité  de  son  caractère  a  fait  de  si  nombreux  amis,  était  malheureuse- 
ment retenu  chez  lui  par  la  maladie.  Il  était  remplacé  par  le  vice-président  qui 
est  en  ce  moment  le  Docteur  Ingram,  Senior  fellowau  Collège  de  la  Trinité.  Le 
comte  d'Aberdeen.  lord-lieutenant  d'Irlande,  honorait  l'assemblée  de  sa  présence. 
Parmi  les  noms  des  membres  de  l'Académie  qui  se  sont  trouvés  au  banquet, 
plusieurs  sont  bien  connus  des  celtistes.  Tels  5onl  ceux  du  Right  Rev.  D'  Gra- 
ves, évoque  de  Limerick.  du  professeur  Robert  Atkinson,  du  Rev.  chanoine 
Bourke,  de  MM.  W.-M.  Hennessy  et  P  -W.  Joyce,  du  Vcry  Rev.  W.  Reeves. 
N'oublions  pas  les  excellents  fonctionnaires  de  l'Académie,  Rev.  Close,  Major 
Mac  Eniry.  J.-J.  Mac  Sweeney,  qui  par  leur  obligeant  accueil  s'assurent  le 
souvenir  reconnaissant  de  tous  les  étrangers  attirés  par  l'amour  de  l'étude  dans 
les  précieuses  collections  de  la  R.  I.  A.  Ceux-ci  relisent  toujours  avec  plaisir 
leurs  noms. 

VIÎI. 

Le  congrès  archéologique  de  France  a  ouvert  sa  cinquante-troisième  session, 
i  Nantes,  le  jeudi  premier  juillet.  Plusieurs  articles  du  programmese  rattachent 
ou  complètement  ou  en  partie  au^  études  celtiques.  Nous  citerons  les  suivants  : 

3.  Indiquer  les  monuments  élevés  par  les  peuples  qui  occupaient  le  comté 
Nantais  jl  l'époque  de  l'indépendance  gauloise.  —  Signaler  les  villes^  bourgades, 


I.  L'Académie  royale  d'Irlande  a  tenu  sa  première  séance  le  28  avril  lySj.  Aux  termes 
des  lettres  patentes  qni  lui  donnent  la  personnahtè  juridique  (iHcorporation),  elle  »  tnw 
objets:  1*  Sciences,  2*  Belles- Lettres,  )*  Antiquités  dMrUnde.  Elle  est  dirigée  par  nt 
conseil  de  vin^l-une  personnes,  prises  en  quantité  égale  parmi  les  représentants  de  ces 
trois  branches  d'études.  Le  premier  volume  de  ses  mémoires  {transûOions)  a  pam 
en  1787. 


oppidun  et  lignes  fortifiées  dont  on  peut  reconnaître  les  traces.*^  En  rechercher, 
Vàge  et  en  décrire  le  mode  de  construction.  —  Retracer  le  parcours  des  routes 
gauloises  ayant  existé  dans  le  département  de  la  Loire»lnférieure.  —  Indiquer 
les  anciens  passages  fréquentés  de  la  Loire,  de  TAchenau,  de  la  Sèvre,  de 
TErdre,  du  Don,  de  Tlsac  et  de  la  Vilaine. 

12.  Etudier  les  exploitations  minières  et  houillères  dans  la  Bretagne  et  en 
particulier  dans  la  Loire- Inférieure,  à  Tépoqne  gauloise  ou  romaine  et  dans  le 
cours  du  moyen  âge.  ^  Exposer  leurs  procédés. 

i6.  Légendes  anciennes.  —  Signaler,  dans  les  provinces  de  Touest  de  la 
France,  les  monuments  de  sculpture  ou  de  peinture  relatifs  aux  légendes  de 
saints  bretons  ou  de  héros  du  moyen  âge.  —  Quelles  sont  les  légendes  se  ratta- 
chant aux  noms  de  César,  de  Merlin,  de  Roland,  d'Arthur,  de  Gilles  de  Retz 
(Barbe-Bleue)  et  de  la  duchesse  Anne? 

17.  Archéologie  navale.  —  De  Tétat  ancien  de  la  navigation  dans  le  comté 
Nantais.  ->  De  la  forme  des  navires  employés  par  les  marins  bretons  jusqu'au 
xvm^  siècle,  principalement  dans  la  navigation  côtière.  —  Signaler  les  monu- 
ments sur  lesquels  on  en  retrouve  des  traces. —  Peut-on  assigner  une  origine  et 
une  destination  aux  digues  ou  chaussées  de  pierre  qui  barrent  la  Loire  et  qu'on 
nomme  vulgairement  </ui^j.^  —  Peut-on  fixer  leur  nombre,  leur  emplacement? 

18.  Géographie  archéologique  et  ethnographique  anciennes.  —  Le  comté 
Nantais  aux  différentes  époques  de  l'histoire.  —  Eléments  constitutifs  de  la 
population  du  pays.  —  Races  et  types  divers.  —  Limites  des  anciennes  peu- 
plades, trêves,  frairies.  —  Leur  origine.  —  Modi^cations  subies  par  elles  après 
l'introduction  du  Christianisme.  —  Traces  qui  en  subsistent  au  comté  Nantais. 

19.  Des  ressources  que  peut  fournir  l'étude  de  la  géographie  locale,  et  en 
particulier  celle  des  anciens  noms  de  lieux,  pour  la  connaissance  de  l'histoire  et 
de  l'archéologie  ancienne  du  comté  Nantais.  —  Quelle  part  d'influence  sur  le 
passé  de  ce  pays  convient-il  d'assigner  â  l'élément  celtique  de  la  population  et 
i  la  langue  bretonne?  —  Déterminer,  d'après  l'étude  des  noms  de  lieux  et  des 
anciens  cartulaires  de  la  région^  l'emplacement  des  localités  ayant  servi  de  rési* 
denceaux  rois  et  ducs  bretons.  —  Délimiter  exactement  les  régions  appelées: 
te  pays  de  la  Mée,  le  pays  de  Raiz  et  le  pays  des  Manges. 

IX. 

La  Rcvae  d'Ethnographie  contient  un  article  de  M.  P.  Sébillot  sur  •  la 
langue  bretonne,  limites  et  statistique  ••  M.  Sébillot  détermine  avec  une  grande 
précision,  village  par  village,  la  limite  du  breton  et  du  français.  Nous  allons 
donner  ici  les  principaux  résultats  de  cet  important  travail. 

On  pourrait  figurer  la  limite  du  breton  et  du  français  en  1885,  par  une  ligne 
menée  de  l'embouchure  de  la  Vilaine  au  nord-ouest  de  la  baie  de  Saint-Brieuc. 
Cette  ligne  est  â  peu  près  droite  dans  le  département  du  Morbihan,  d'Ambon 
â  Croixanvec;  dans  les  Côtes-du-Nord,  elle  décrit  un  arc  de  cercle  convexe  dn 
côté  du  pays  bretonnant,  de  Saint-Connec  i  Plouha. 


^9^  Chronique. 

M.  Sébîllot  avait  publié  en  1880  dans  la  Revui  Cdtîquc  (t.  IV,  p.  277),  ira 
article  de  statistique  où  il  essayait  de  fiyer  le  nombre  des  hjbitants  des  Iles  Bri- 
tanniques et  de  la  France  qui  parlent  une  langue  celtique.  M.  Sèbillot  a  revu 
et  complété  ce  travail  et  les  chiffres  donnés  dans  la  Revue  d'Ethnographie  sont 
sur  quelques  points  assez  différents  de  ceui  qu'il  nous  proposait  dans  la  Revae 
celtique.  Dans  Tarlide  de  la  Revue  celtique^  la  Bretagne  n'occupait  qu'une  place 
assez  restreinte;  dans  le  nouveau  mémoire  de  M.  Sèbillot,  elle  tient  la  première 
place.  Voici,  pour  les  Iles  Britanniques  et  la  France,  les  derniers  résultats  aux- 
quels est  arrivé  M.  Sèbillot.  Nous  ne  relevons  que  les  chiffres  qui  diffèrent  des 
chiffres  donnés  en  18S0. 

Dans  la  Bretagne  française,  le  nombre  des  individus  qui  ne  comprennent  que 
le  breton  s*élève  pour  les  Côtes- du-Nord,  i  14^,000,  pour  le  Finistère  à 
3  $2,000,  pour  le  Morbihan  à  182,700.  Lt  nombre  des  individus  qui  comprennent 
le  français  et  le  breton  est  de  302,000  dans  le  Finistère  et  de  190,000  dans  le 
Morbihan.  Si  on  ajoute  les  bretonnants  établis  en  pays  gallo  (environ  20,000), 
on  arrive  à  un  total  de  1,322,^00  habitants  de  TArmorique qui  parlent  la  langue 
bretonne.  Avec  les  colonies  bretonnes  établies  dans  quelques  villes  de  la  France 
on  aurait  1,^40,600  bretonnants. 

Quant  aux  Iles  Britanniques,  le  nombre  des  Irlandais  en  état  de  parler  leur 
langue  nationale  est  d'environ  949,900,  les  Gallois  sont  au  nombre  de 
934,000;  les  Ecossais  habitant  la  Grande-Bretagne,  environ  239,900.  Le  nombre 
total  des  habitants  des  Iles  Britanniques  qui  peuvent  se  servir  d'un  dialecte  cel- 
tique est  d'après  M.  Sèbillot  de  2,248,360. 

En  Amérique,  les  Ecossais  et  les  Gallois  qui  parlent  leur  langue  sont  au 
nombre  de  318,000. 

Le  nombre  des  individus  qui  peuvent  parler  une  langue  celtique  est,  ponr  le 
inonde  entier,  de  près  de  4,000,000.  G.  D. 


Les  lecteurs  de  la  Revue  celtique  doivent  se  rappeler  la  savante  note  dans 
laquelle  (t.  VI,  p.  487-490)  M.  Gaidoz  a  contesté  que  les  Gaulois  eussent  un 
dieu  personnel,  LuguSy  identifié  par  César  au  Mercure  greco*romaîn.  Suivant 
M.  d'A.  de  J.,  Lugudunum  voudrait  dire  «  forteresse  de  Lugus  i,  Lugus  nom  de 
la  divinité  appelée  d;»ns  les  textes  irlandais  Lug,  au  génitif  Loga^  serait  un  des 
noms  du  Mercure  gaulois  de  César.  Un  des  textes  néo-celtiques  sur  lesquels 
cette  doctrine  repose  a  été  cité  dans  le  présent  volume  (p.  230)  sous  a 
titre:  •  Une  légende  irlandaise  en  Bretagne  ».  La  question  agitée  entre 
MM.  d'Arbois  de  Jubainville  et  Gaidoz  a  été  soulevée  également  en  France 
dans  trois  revues  de  province.  On  a  signalé  ici  même  dans  la  Bibliographie 
(p.  369),  un  travail  de  M.  Vachez  qui  adopte  sur  ce  point  l'opinion  de 
M.  d'Arbois.  M.  Allmer,  si  connu  par  ses  savants  travaux  sur  Tépigraphie 
romaine,  a  répondu  à  M.  Vachez  dans  Lyon-Revue'.  La  réplique  de  M.  d'Ar- 

I.  M.  Allmer  est  réditenr  et  le  principal  rédacteur  de  la  llmii  ipigraphiqu  da 


Chmdqva.  yjTj 

bois  de  Jubainville  à  Vi,  Allmer  a  paru  dans  la  Rtyut  du  Lyonnais  au  mois  de 
mars  dernier.  Suivant  lui,  M.  Allmer  tire  des  conséquences  inexactes  d'un  pas- 
sage de  rhistoire  romaine  de  M.  Mommsen  dont  voici  la  traduction  :  •  Les 
Celtes  de  l'Angleterre  proprement  dite  étaient  tout  à  fait  semblables  i  ceux  du 
continent:  noms  de  peuples,  croyances,  langues  étaient  communs  aux  uns  et  aux 
autres.  La  nationalité  celtique  du  continent  avait  trouvé  un  appui  dans  celle  de 
rtle;  à  son  tour,  la  Gaule  romanisée  exerça  forcément  son  action  sur  le  pays  qui 
est  aujourd'hui  l'Angleterre  et  ce  fut  à  elle  surtout  que  Rome  dut  de  pouvoir 
s'assimiler  la  Bretagne  avec  une  si  étonnante  rapidité.  Mais  les  habitants  de  l'Ir- 
lande et  de  l'Ecosse  appartenaient  à  une  autre  race  et  parlaient  une  autre  langue; 
vraisemblablement  le  Breton  comprenait  leur  gadhélique  aussi  peu  que  le  Germain 
la  langue  des  Scandinaves.  Les  Calédoniens  sont  dépeints  tout  i  fait  comme 
des  barbares  de  l'espèce  la  plus  sauvage,  et  quant  aux  peuples  d'Erin,  alors 
hcrna,  c'est  à  peine  si  les  Romains  ont  eu  un  contact  avec  eux.  Le  prêtre  du 
chêne  (derwydd,  druida)  exerçait  ses  fonctions  sur  les  bords  du  Rhône  comme 
en  Ang!esey,  mais  ni  dans  l'Ile  de  l'Ouest  ni  sur  les  montagnes  du  Nord  > .  ■ 
La  dernière  phrase  de  M.  Mommsen  contient  une  assertion  erronée.  Ainsi  que 
M.  Dottin  l'a  établi  plus  haut,  p.  280,  l'Irlande  avait  ses  druides  comme  la 
Grande-Bretagne  et  la  Gaule. 

Du  reste,  M.  Allmer  exagère  la  portée  de  tout  le  passage  que  nous  venons  de 
traduire,  en  le  comprenant  en  ce  sens  que  les  Irlandais  n'auraient  point  parlé 
une  langue  celtique.  C'est  une  question  qui  ne  peut  être  discutée  ici,  et  c'est 
une  doctrine  que  M.  Mommsen  ne  professe  nullement.  Recourir  à  la  mythologie 
et  aux  légendes  irlandaises  pour  expliquer  la  mythologie  des  Gaulois  et  des  Bretons 
est  un  procédé  aussi  légitime  que  celui  qu'a  employé  Jacques  Grimm  dans  sa 
D:utsche- Mythologie,  quand  il  a  cherché' dans  la  littérature  Scandinave  l'explica- 
tion des  textes  incomplets  qu'on  peut  réunir  sur  la  mythologie  des  Germains 
établis  au  sud  de  la  Baltique.  Cette  méthode  est  encore  celle  de  M.  Karl  Simrock 
dans  le  beau  livre  qu'il  a  intitulé:  Handbuch  dtr  dcutschcn  Mythologie  mit 
Einschiuss  da  nordischcn  et  dont  le  succès  est  attesté  par  ses  nombreuses 
éditions. 

Sans  faire  ici  un  cours  de  mythologie  germanique,  on  peut  se  borner  à  citer 
deux  roots.  Le  nom  des  dieux  suprêmes  en  vieux  Scandinave,  au  nominatif 
pluriel  aesir,  est  identique  à  celui  des  dieux  gothiques  que  Jordanes  appelle 
au  pluriel  ansis.  Le  thème  est  ansi-;  de  là  en  France  le  premier  terme  de  cer- 
tains noms  d'homme  d'origine  franque:  tel  est  Anselme  qui  a  dû  être  à  l'époque 
mérovingicnnt*  Ansi-che  mus  ou  *  A.ise'chelmus,  c  celui  qui  a  le  casque  des 
dieux  •  ;  comparez  Anst-bcrcthus  dans  plusieurs  diplômes  mérovingiens  >.    Le 


de  ta  France,  Si  jusqu'à  présent  dans  ce  volume  il  n'a  pas  été  question  de  ce  savantrecueil, 
c*est  q-ie  le  compte-rendu  des  publications  épigraphiques  est  réservé  à  un  rédacteur  spécial 
dont  le  travail  n'est  point  tncore  terminé. 

1.  Mommsen,  Rœmische  Ceschichte,  t.  V,  deuxième  édition,  p.  168,  169. 

2.  C.  Pertz.  Diplomatum  imperii  tomus  primas^  p.   j),  1   16;  p.    $4,  1.  2.  Tardif, 
Monuments  historiques,  p.  12,  col.  2,  pièce  15;  p.  24,  col.    i,  pièce  30.  Cf.  Crimm, 


;98  CkMàqnt. 

premier  des  ûnsts  étt  celui  qu'on  appelSe  en  vidl-ailnnand  Wtaaan^  en  vieiti* 
Scandinave,  Oihin,  C'est  le  dieu  germanique  dont  les  auteurs  latins  traduisent 
le  nom  par  Mercarius.  Les  textes  fondamentaux  ont  été  réunis  par  Jacques 
Grimm  dans  sa  Deutsche  Mythologie^  Chose  singulière,  ce  Mercure,  ce  dieu 
sage  qui  a  l'expérience  des  arts  >,  est  en  même  temps  le  grand  ordonnateur  de 
la  guerre  et  des  combats  9.  On  le  trouve  dans  le  monde  germanique  tout  entier. 
Ainsi  la  différence  de  langues,  ou  plus  exactement  les  variantes  dialectales,  qui 
séparaient  des  Scandinaves  les  peuples  de  la  région  appelée  Cermania  par  les 
Romains,  n'empêchaient  pas  les  Scandinaves  d'avoir  une  religion  dont  les  traits 
fondamentaux  se  reconnaissent  chez  les  peuples  de  la  Germanie. 

Il  ne  semble  pas  téméraire  d'admettre  que  la  religion  des  Irlandais  a  été  avec 
celle  des  Bretons  et  des  Gaulois  dans  le  même  rapport  que  la  religion  des  Scan- 
dinaves  avec  celle  de  leurs  voisins  méridionaux,  Saxons,  Goths,  Francs  et 
autres  peuples  du  groupe  que  ks  Romains  ont  appelé  germanique.  Le  dieu 
gaulois  Ogmios  que  nous  connaissons  par  Lucien  se  retrouve  dans  la  mythologie 
irlandaise.  Les  savants  anglais  ont  découvert  dans  leur  tie,  sur  les  bords  de  la 
Severn,  le  temple  d'un  dieu  dont  le  nom  au  datif  Nodonti  4  est  identique  an 
datif  Nâadail  du  nom  porté  par  un  dieu  irlandais  au  nominatif  Nâada,  Quatre 
inscriptions  de  la  Grande-Bretagne  mentionnent  une  Dca  Brigantia  s  dont  le 
nom  est  identique  à  celui  de  la  Brigit^  mère  des  dieux  en  Irlande  6,  et  proba- 
blement à  celui  de  la  divinité  appelée  au  datif  Brigindoni^  en  Gaule,  dans 
l'inscription  de  Voinay  7. 

On  a  souvent  fait  remarquer  que  le  père  d'un  des  plus  grands  héros  de 
répopée  irlandaise  porte  le  nom  d'un  des  dieux  gaulois  que  les  Gallo-Romains 
ont  confondus  avec  Mars.  Find,  le  célèbre  Fingai  d'Ossian,  e>t  fils  de  Cufnall 
Mac  Cumaill  comme  on  dit  en  irlandais,  et  Cumall  est  la  forme  irlandaise  do 
nom  divin  Câmu/uc  conservé  par  une  inscription  de  Rindern,  Prusse  rhénane^  ; 
un  Rémois  porta  à  Rome  le  culte  de  ce  dieu  avec  celui  d*Ardainna9^  bdéssede 
la  grande  forêt  belge  lo.  Une  inscription  de  la  Grande-Bretagne  nous  atteste  que 
dans  cette  tIe  Camulus  était  également  honoré  comme  dieu  n.  Mac  CumâiU^ 
surnom  d'un  des  plus  fameux  guerriers  de  l'Irlande  épique,  peut  représenter  la 


Deutsche  Mythologie^  troisième  édition,  p.  22,  2);  Smrock  ^  Handbuch,  cinquième  édition, 
p.  I  $8  et  suivantes.  Grimm,  Deutsche  Crammatikj  t.  II,  p.  447. 

1.  p.  49,  loS'iio. 

2.  Der  kunstetfahrne  Cott.  Grimm  Deutsche  Mythologie^  p.  121. 

3.  Ordner  der  Kriege  und  Schlachten.  Grimm,  Ihid.i  cf.  Simrock,  Handbach,  p.  189 
et  suivantes. 

4.  Corpus  inscriptionum  latinarum,  t.  VII,  n**  138. 

5.  Corpus  inscriptionum  latinarum^  t.  VI  ,  n*«  200,  20),  875,  1062. 

6.  Wh.  Stokes,  Three  Irish glossanes,  P-  )}• 

7.  Wh.  Stokes,  Celtic  declension,  première  édition,  p.  $7  ;  deuxième  édition,  p.  67. 

8.  Brambach,  Inscriptiones  rhenanae^  164. 

9.  Corpus  inscriptionum  latinarum^  t.  VI,  n*  46. 

10.  Brambach,  Inscriptiones  rhenanae,  n'  589.  Cf.  césar,  De  Mio  $àUic9^  I.  V,  c.  }\ 
1.  VI,  c.  29. 

11.  Corpus  interiptionum  UaiMrum,t.  VU,  n*  iio^ 


même  idée  que  le  nom  da  chef  gaulois  Camttlogtmu  mis  à  mort  par  Tondre  de 
Labiénus,  l'an  52  avant  notre  ère  '. 

il  peut  donc  ne  pas  sembler  trop  hardi  de  penser  que  le  grand  dieu  Lug  = 
*Lugus  de  la  mythologie  irlandaise,  au  génitif  Loga  ==  ^Lugovos,  a  pu  être 
Tobjet  d*un  culte  snr  le  continent.  Dans  deux  inscriptions  gravées  au  temps  de 
Tempirc  romain,  c'est*â-dire  à  une  époque  où  le  culte  gaulois  était  tombé  en 
décadence,  le  nom  de  ce  Dieu  apparaît  au  pluriel  Lugoves  ou  Lugovibus  >.  La 
seconde  de  ces  inscriptions  a  été  trouvée  en  Espagne  sur  le  territoire  d'Uxama^ 
aujourd'hui  Osma,  ville  celtique,  puisqu'elle  appartenait  aux  ilr<ytf«  qui  sont  des 
Celtibères,  comme  Pline  nous  l'apprend  ).  Du  nom  divin  des  Lagons^  il  ne 
faut  pas  séparer  le  surnom  de  Luguadicus,  Ce  cognomen  a  été  porté  par  un  cer* 
tain  Valerius  dont  le  61s  surnommé  Hannonus  était  originaire  d*Uxûma  comme 
nous  l'apprend  son  épitaphe  trouvée  â  Ségovie,  autre  ville  des  Arcvaci  4.  Lu- 
guadicus  est  dérivé  de  Lagus  comme  Dtoirysius  de  Dionysos  et  comme  Apol" 
lonias  à*ApoUo,  Son  thème  Lugaûàico-  ne  présente  qu'une  différence  dialectale 
avec  celui  du  nom  d'homme  irlandais  Lugaii^  au  génitif  Lugdachy  formes  qui 
paraissent  supposer  un  nominatif  primitif  *Luguadix,  Entre  autres  personnages 
de  ce  nom,  nous  citerons  un  monarque  d'Irlande  au  cinquième  siècle  5.  La 
présence  à  Uxama  de  ce  nom  sous  sa  forme  dérivée  et  latinisée  Luguadlcus  est 
un  témoignage  qui  atteste  l'importance  du  culte  de  Lugus  dans  cette  ville  de 
l'Espagne  celtique.  Pourquoi  ce  dieu  se  trouvait-il  être  le  patron  des  cordonniers 
ainsi  qu'il  résulte  de  l'inscription  publiée  plus  haut  (t.  VI,  p.  488)  ?  C'est 
qu'en  sa  qualité  d'inventeur  de  tous  les  arts  et  de  tous  les  métiers,  il  était  dieu 
de  tous  les  corps  d'état,  comme  de  la  guerre.  Voyez  à  ce  sujet  le  document 
irlandais,  rapproché  d'un  document  breton  dans  le  présent  volume  p.  230-233, 
sous  ce  titre  «  Une  légende  irlandaise  en  Bretagne  ».  Le  caractère  universel  pour 
ainsi  dire  des  attributions  de  Lugus  explique  peut-être  pourquoi  en  Espagne  et 
en  Gaule  on  aura  imaginé  plusieurs  Lugoves;  chaque  corps  d'état  aura  proba* 
blement  voulu  avoir  le  sien.  Le  fait  grammatical  qui  a  rendu  ce  résultat  possible 
est  que  le  mot  iugus  était  un  nom  commun  en  même  temps  qu'un  nom  propre. 

Les  textes  de  l'époque  romaine  nous  font  connaître  en  Gauie  trois  Liigu- 
dunum  ou  Lagdanuriiy  qui  sont  :  Lyon,  Saint-Bertrand  de  Comminges  et  Leyde. 
Un  quatrième  fait  son  apparition  dans  les  documents  de  l'histoire  mérovin- 
gienne :  c'est  Laon  ^.  Un  cinquième  se  rencontre  pour  la  première  fois  au 
neuvième  siècle  dans  les  diplômes  de  l'Eglise  du  Mans  7  ;  c'était  une  simple 

I     De  bello  gailico,  \.  VII,  c.  62  ;  cf.  57,  59. 
2.  Voir  plus  haut,  t.  VI,  p.  488. 
).  Histoire  Naturelle,  livre  HI,  g  I9i  27. 

4.  Curpus  inscnptionum  lûtinaruniy  t.  Il,  n*  2732.  Cf.  Pline,  livre  111,  g  27. 
$.  Lhronicon  Scotorum,  édition   Hennessy.p.  28,  )6.  Cf.  Annales  des  quatre  mattres , 
édition  0' Donovan  (i8$2;,  t    I,p.  iso-163. 

6.  Grégoire  de  Tours,  Historia  Francorum^  livre  VI,  c.  4  ;  édition  Arndt,  p.  247, 1.  4 

7.  Dom  Bouquet,  t.  VI,  p  {8(  e,  617  d  e.  Dans  le  premier  de  ces  diplômes,  ce  nom 
est  écrit  Lugduno  à  Tablaiif  ;  dans  le  second  on  trouve  deux  fois  Lugdunum  k  l'accusatif. 
Un  diplôme  de  Tannée  S02  nous  od^re  Torthographe  barbare  Lucaono  i  TabUtif.  Dom 
Bouquet,  t.V,  p.  768  et. 


40O  ChfonUpu. 

villa.  Des  recherches  plus  approfondies  qne  celles  que  nous  avons  pu  fiûre 
amèneraientt  certainement  la  découverte  de  plusieurs  autres  Lagudunam  en 
France.  A  Lufiudunum  comparez  Camulo^dunum^  ville  de  Grande-Bretagne  dont 
le  nom  signifie  <  forteresse  de  Camulus  •  ,  encore  une  localité  placée  sous  le 
patronage  d'un  dieu  celtique. 

La  doctrine  de  M.  d'A.  de  J.  a  été  adoptée  par  M.  Julien  Sacaze  qui,  dans 
la  Revue  de  Comminge5{i.  II,  année  1886,  deuxième  trimestre,  p.  1 10),  résume 
en  ces  termes  une  communication  faite  par  lui  jl  la  Société  des  études  du  Corn- 
roinges  dans  la  séance  mensuelle  du  2  janvier  1886.  ■  D'après  M.  d'Arboisde 
Jubainville  •,  dit-il,  «  Lugudunum  signi6e  le  fort  de  Lugus  [nom  de  Saint- 
Bertrand  de  Comminges  â  l'époque  gallo-romaine]  et  Lugus  est  la  divinité 
gauloise  identiâée  par  les  Romains  â  Mercure,  l'Hermès  des  Grecs,  le  meurtrier 
d'Argos,  le  vainqueur  des  monstres  * ,  le  symbole  du  triomphe  de  la  lumière 
sur  les  ténèbres,  de  la  vérité  sur  Terreur,  etc.,  mythe  que  nous  retrouvons  dans 
les  légendes  chrétiennes  représentant  les  apôtres  qui  terrassent  des  monstres 
affreux,  dragons,  chimères,  etc.,  autant  de  personnifications  du  mal.  M.  d'A. 
de  J.  a  formulé  sa  thèse  dans  le  Bulletin  de  U  Société  nationale  des  Antiquaires 
de  France^  année  188 s,  p.  217.  De  mon  côté  j'ai  étudié  cette  question  si  inté- 
ressante pour  nous  et  j'y  ai  constaté  que  celte  théorie  reçoit  en  fait  une  véritable 
confirmation  dt  Lugudunum  Convenarum.  Notre  Lugudunum  était  bien  le  fort 
de  Lugus,  en  latin  arx  Mercurii.  En  effet  :  P  il  a  été  trouvé  à  diverses  époques 
un  grand  nombre  de  statues  de  divinités  dans  les  ruines  de  Lugudunum  Conve- 
narum :  or  ce  sont  toutes  des  statues  de  Mercure  ;  2*  des  autels  voti.'s  décou- 
verts dans  celte  vil!e  sont  consacrés  au  même  dieu  ;  3«  sur  des  cippes  récem- 
ment recueillis  dans  le  voisinage  est  représentée  la  victoire  du  dieu  sur  le 
serpent  (Voir  Revue  de  Comminges ^\.  I,  p.  206,  2i6\  mythe  fondamental  de  la 
religion  gauloise,  commun  é  d'autres  religions  et  justifiant  suffisamment  l'assimi- 
lation entre  Lugus  et  Mercure  Hermès  ;  4<>  la  légende  locale  de  saint  Bertrand, 
évèque  de  Comminges,  tuant  le  reptile  monstrueux  qui  désolait  le  pays,  légende 
toujours  vivace,  est  la  continuation  et  la  confirmation  de  la  tradition  primitive. 
Après  avoir  été  sous  le  vocable  et  la  protection  de  Lugus  (Mercure),  la  vieille 
cité  pompéienne  prit  le  nom  de  son  second  fondateur  et  patron  saint  Bertrand.  » 


1  Employé  comme  nom  commun,  rirlandais  lug,  au  génitif  loga^  veut  dire  «  héros  •. 
—  Voyrz  o'Oavoren,  chez  Waiiley  Stokes,  Three  irisk  glossaritSy  p.  lo^;  Wiadisch, 
Irisihe  Texte,  t.  1,  p.  672,  col  i,  v»  2.  lug. 


Le  propriétaire-gérant  :  F.  VIEWEG 


Chartres.  —   Imprimerie  Dokamo. 


FRAGMENT    DU    MABINOGI    DE   GËREINT 

AB   ERBIN. 

TRANSCRIT  D'APRES  LE  MS.  HtMCWRT  N*   $9  PAR  M.  J.  GWBNOGFRYN  EVANS 

TRADUIT  ET    ANNOTÉ  PAR  M.  J.   LOTH. 


Le  texte  que  nous  publions  avec  traduction  a  été  transcrit  par 
M.  Gwenogfryn  Evans  sur  un  manuscrit  appartenant  à  l'ancienne  collec- 
tion de  Hengwrt^  aujourd'hui  en  la  possession  de  M.  Wpne,  à  Peniartb 
(Merioneth),  l'aimable  et  obligeant  propriétaire  de  la  plus  précieuse  des 
collections  de  manuscrits  gallois.  Il  diffère  sensiblement  du  texte  du  livre 
rouge  publié  par  lady  Guest,  et  parait,  en  général,  préférable.  Pour  que 
le  lecteur  puisse  plus  facilement  en  juger,  nous  donnons  au  bas  des  pages 
toutes  les  variantes  correspondantes  du  Livre  Rouge.  Au  cours  de  notre 
traduction,  nous  ne  relevons  que  les  différences  de  quelque  importance 
entre  la  traduction  de  lady  Guest  et  la  nôtre.  Pour  les  autres,  il  sera 
facile  de  s'en  rendre  compte  en  se  reportant  aux  variantes.  La  traduction 
de  lady  Guest  est  faite  avec  beaucoup  de  conscience,  comme  l'on  sait, 
—malgré  des  inexactitudes  de  détail^  —  et  beaucoup  d'intelligence  :  elle 
corrige  souvent  les  défectuosités  du  texte.  Lady  Guest  a  eu  connaissance 
de  l'existence  du  manuscrit  de  Hengwrt;  elle  en  a  même  publié  un  fac- 
similé  (Mab.  IT^  p.  177),  mais  elle  ne  parait  pas  avoir  eu  communication 
du  texte. 

Le  fragment  que  nous  traduisons  nous  transporte  au  milieu  des  aven- 
tures de  Gereint  ab  Erbin.  Aussi  quelques  mots  d'introduction  sont-ils 
nécessaires. 

Gwenhwyvar,  femme  d'Arthur,  assistant  à  une  chasse  et  se  trouvant 
séparée  de  la  cour  en  compagnie  de  Gereint  et  d'une  suivante,  aperçoit 
un  chevalier  inconnu  accompagné  de  sa  dame  et  d'un  nain;  elle  envoie 

Rev.  Ctit.  VU.  J6 


402  G.  Evans  et  J,  Loth, 

sa  suivante  demander  au  nain  le  nom  de  son  maître.  Le  nain  refuse  de 
le  lui  dire  et  même  de  la  laisser  parler  au  chevalier.  Comme  elle  veut 
passer  outre,  il  la  frappe  au  visage.  Gereint  va  le  trouver  à  son  tour  et 
est  traité  de  même.  Comme  il  dédaigne  de  venger  son  outrage  et  celui 
de  Gwenhwyvar  sur  un  nain,  et  qu'il  n'a  pas  son  armure,  il  suit  le  che- 
valier^ résolu,  aussitôt  qu'il  trouvera  une  armure,  à  lui  demander  raison. 
Il  s'arrête  dans  la  même  ville  que  lui  et  reçoit  l'hospitalité  chez  un  comte 
ruiné  qui  lui  apprend  qu'il  y  aura  le  lendemain  un  grand  tournoi  ;  chaque 
concurrent  y  va  accompagné  de  sa  dame  et  réclame  pour  elle  le  prix, 
un  épervier.  Le  lendemain  Gereint  prend  les  armes  du  comte,  et,  avec 
sa  permission,  va  au  tournoi  accompagné  de  sa  fille.  Au  moment  où  le 
chevalier»  son  ennemi,  vainqueur  deux  années  de  suite,  invite  sa  dame 


TRADUCTION    DU    FRAGMENT 

A  Gwenhwyvar  et  à  ses  servantes,  dit-il  «  (Arthur)  ».  Et  il  (l'intendant)  la 
leur  remit  K  Ici  s'arrête  >  leur  histoire  (à  Edern  fils  de  Nudd  et  sa  dame]. 
Le  lendemain  Gereint  vint  vers  la  cour.  On  veillait  )  sur  les  rempans4 
de  la  part  de  s  Gwenhwyvar  pour  qu'il  n'arrivât  pas  à  improviste.  Le 


1 .  Gorckymynna  a  habituellement  le  sens  de  ordonner j  recommander,  confier  (cf.  p.  29 
de  notre  texte),  mais  quelquefois  avec  une  préposition  semble  avoir  le  sens  de  faire  con- 
duire, envoyer:  ex.  Ystoria  de  Carolo  mapno,  éd.  Thomas  Powell  (collection  de  la 
Cymmrodorion  society  1883),  p.  17  :  ar  rei  hynny  heuyt  a  orchymynn6ys  y  garchar  •  et 
ceux-là  aussi,  il  les  mena  ou  m  mener  en  prison. 

2.  Mot  à  mot  :  leur  histoire  à  eux  jusqu'ici  II  est  question  d'eux  encore  un  peu  plus 
loin,  mais  incidemment.  1 

) .  Le  texte  de  lady  Guest  porte  disgwyleit  (des  veilleurs)  ;  elle  l'a  traduit  par  le 
collectif  awatch.  Quelques  pages  plus  haut  (p.  23)  nous  lisons  :  a  thrannoeth  y  péris  Gwen- 
hwyvar bot  disgwyleit  ar  y  gaer  am  dyuotyat  Gereint  a  et  le  lendemain  Gwenhwyvar  lit 
étaolir  des  guetteurs  sur  les  remparts  en  vue  de  l'arrivée  de  Gereint.  »  Notre  texte  donne 
disc6ylyat  action  de  veiller  ;  à  la  phrase  suivante  on  trouve  le  nom  d'agent  disc6ylat 
a  veilleur  )>.  Tous  les  deux  dérivent  de  disgwyl  qui  a  non  seulement  le  sens  d'attendre, 
mais  encore  celui  de  considérer,  fixer  les  yeux  sur  (cf.  Mabin.  III  Breudwyd  Maxen 
wledig,  p.  266;  I,  p.  27,  etc.  Pour  les  deux  formes  i6ylJt  et  g6ylyat  dans  le  sens  de 
veiller,  on  les  trouve  indifféremment  (Ystoria  de  Carolo  m.  p.  j8). 

4.  Caer  a  plusieurs  sens.  Ici  lady  Guest  le  traduit  par  remparts  avec  raison  (cf.  Gereint 
ab  Erb.,  Mab.  Il,  p.  12). 

5.  Pour  gan  employé  dans  le  sens  de  de  la  part  de  aussi  bien  que  ygan,  cf.  Perednr 
ab  Efrawc  (Mab.  Il,  p.  244):  ar  un  bygwthgan  Peredur  ar  Gei  c  et  la  raéme  menace  de 
la  part  de  Peredur  contre  Kei  ». 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbin.  403 

à  aller  prendre  l'épervîer,  Gereint  s'y  oppose  et  le  réclame  pour  sa 
compagne^  comme  la  plus  belle  et  la  plus  digne.  Un  combat  s'ensuit 
où  Gereint  triomphe  de  son  adversaire,  mais  lui  accorde  merci  à  con- 
dition qu'il  aille,  avec  sa  dame,  se  livrer  à  Gwenwyvar.  Le  chevalier 
qui  n'est  autre  qu'Edern  fils  de  Nudd,  se  rend,  à  la  cour,  avec  sa  dame 
et  annonce  l'arrivée  prochaine  de  Gereint  et  de  la  fille  du  comte  qu'il 
veut  tenir,  comme  femme,  de  la  main  d'Arthur  et  de  Gwenhwyvar. 
Arthur,  en  attendant  que  Gwenwyvar  réclame  de  lui  la  satisfaction  à 
laquelle  elle  a  droite  le  remet  aux  soins  du  chef  de  ses  médecins  Morgan 
Tut.  Le  distein  ou  intendant  de  la  maison  demande  où  il  faut  remettre 
la  jeune  fille  (la  dame  d'Edern)  :  pa  le  y  mae  iawn  arglwyd  gorchymun 
y  uorwyn.  Le  fragment  commence  avec  le  mot  y  vorwyn. 


TEXTE    DU    FRAGMENT 

[N.  B.  My  transcrîpt  of  this  fragment  was  a  diplomatie  copy  ofthe 
original.  But  as  the  printers  hâve  no  type  to  represent  spécial  char- 
acters,  semi-capitals  and  other  peculiarities  of  the  MS,  the  best  use  is 
made  of  the  materials  in  hand.  No  attempt  has  been  made  to  reproduce 
the  spacing  between  the  words,  since  other  features  of  the  M  S  could 
noi  be  given.  1  trust,  however,  the  text  with  be  found  accurate  in  other 
respects.  Of  course  no  crédit  is  due  to  me  for  the  notes  or  for  the  alter- 
native readings,  which  are  based  on  the  corrupt  text  of  Lady  Guest. 
Neither  am  I  responsable  for  cutting the  text  up  into paragraphs  [^).\ may 
add  that  the  M  S  has  no  trace  of  the  pen  ofthe  rubricator,  and  that  about 
a  third  of  the  y  s  are  dotted .    J .  G .  Evans]  . 

y  vor6yn.  y  wenh'  heb  ynteu  '  ae  Uaôuorynyon.  Ac  ynteu»  ae  Gor- 
chymynôys  J.  Eu  chwedyl  6y  4  hyt  yna.  Trannoeih  y  doeth  Ger'.  parth 
ar  llys.  A  disc6ylyat  J  aoed  ar  y  gaer  gan  ^  wenh'  rac  y  dyuot  yn 
dirybud.  Ar  disgôylat  adoeth  ait  wenh'.  Argl6ydes  heb  ef  mi  atebygaf  7 

(a)  On  a  coupe  le  texte  en  paragraphes,  afin  de  mettre  autant  que  possible  la  traduc- 
tion française  en  regard  du  texte  gallois.  [Note  de  la  Direction.] 

I  après  llaôuorynjon  —  2  a'r  distein  —  j  gorchymynawd  —  4  wyni  —  j  disgwylett 
—  6  y  gan  —  7  mi  a  debygaf. 


404  G.  Evans  et  J,  Loth. 

guetteur  '  vint  à  Gwenhwy var  :  «  Princesse,  dit-il,  il  me  semble  que 
nous  voyons'  Gereint  et  la  jeune  fille  avec  lui,  il  est  à  cheval  avec  son 
habit  de  voyage  '  ;  quant  à  la  jeune  fille,  elle  nous  semble  en  blanc  et 
parait  porter  quelque  chose  comme  un  voile  de  toile  4. —  «  Apprètez- 
vou  s  toutes,  femmes^  dit  Gwenhwyvar.  Nous  allons  aller  au  devant  de 
Gereint  pour  lui  souhaiter  la  bienvenue  $  et  lui  faire  accueil^  ».  Gwen- 
hwyvar alla  au-devant  de  Gereint  et  de  la  jeune  fille.  Lorsque  Gereint 
fut  arrivé  où  était  Gwenhwyvar,  il  lui  offrit  ses  salutations  7.  c  Dieu  te 
soit  propice,  dit-elle,  sois  le  bienvenu.  Tu  as  fait  un  voyage  couronné 


1.  Comme  nous  venons  de  le  montrer  en  note,  il  7  avait  tout  un  poste  de  veîllean 
sur  les  remparts.  C'est  ce  qui  a  déterminé  Uày  Guest  à  traduire  ar  disgujlat  pv  mda 
guetteurs  au  lieu  de:  a  U  guetteur.  Cette  dernière  traduction  peut  cependant  se  défendre* 
c'est  un  personnage  qui  a  en  effet  déjà  paru  :  doeth  un  &r  diswyleit  (sic)  hyt  lie  yd  oei 
Wenhnjvar.  «  Vint  l'un  des  gueneun  là  où  était  Gwenhntvar.  (Mab.  II,  Gereint^  p.  2}). 

2.  Le  texte  de  lady  Guest  portant  mi  a  debygaf  7  gveiaf^  elle  a  traduit  natureuemait 
methinks  that  i  su.  Cène  version  paraît  d'abord  plus  correcte  à  cause  du  tebygaf  à  la 
i**  pers.  du  sg.  oui  semble  appeler  dans  la  proposition  subordonnée  un  verbe  à  la 
I'*  pers.  du  sg.  également.  Gwelwn  est  probablement  un  pluriel,  s'il  n'y  a  pas  erreur 
du  copiste.  Ce  pluriel  est  justifié  par  un  passage  précédent  de  Gereint  ah  Erbin,  où  le 
guetteur  porte  la  parole  au  nom  de  tous  :  doeth  un  o'r  disgwyleit  hyt  lie  yd  oed 
Wenhwyyar  a  dywedut  idi  y  ryw  dynionfl  welynt  «  un  des  guetteurs  vint  a  Gwenhwyvar 
et  lui  dit  quelle  espèce  de  gens  ils  voyaient  »  (p.  2),  Mab.  il). 

j.  pedyt  wisCf  mot  à  mot  habit  de  piéton.  U  faudrait  peut -être  traduire  habit  ordt- 
nairey  n^ligii  Tobler  a  montré  que  le  français  piètre  vient  de  pedesUis  (Kuhn,  Zôtschrift 
XXIII,  p.  418). 

4.  P.  9,  Mab.  II  (Gereint  ab  Erbin]  Uen  a  le  sens  d'écharpe.  P.  1  )  la  jeune  fille  porte 
comme  vêtements  crys  (chemise,  vêtement  de  dessous)  et  lUn-lliain  que  lady  Guest  traduit 
par  voile.  Le  contexte  fp.  14)  montre  en  effet  qu'il  s'agit  d'une  sorte  de  grand  voile. 
C'est  avec  ces  mêmes  vêtements  qu'elle  se  présente  à  la  cour,  Gereint  ayant  exigé  qn'eDe 
ne  changeât  pas  d'habits  jusqu'à  son  arrivée  devant  Gwenhwyvar  (p.  20).  Liai  a  aossi 
le  sens  de  rideau,  couverture  de  lit. 

j.  Craessaw  est  bien  traduit  par  lady  Guest  par  wekome.  La  forme  b  pins  ordinaire 
dans  les  Mab.  est  graessaw  Duw  wrthyt.  On  trouve  la  formule  au  complet  au  sens  n^tif 
dans  Peredur  ab  Efrawc  (Mab.  1,  p.  292)  :  ny  bo  groessaw  Duw  wrthyt  (cf.  Gereint  ab 
Erb.  p.  654,  Mab.  I).  Croesaw  joue  aujourd'hui  le  même  rdle  (Rowland's  Wdsh  exer- 
dcrs,  p.  21^-216). 

6.  Le  mot  à  mot  serait  être  joyeux  vis-à-vis  de  lui,  lui  montrer  joyeux  visage.  C'est 
devenu,  dans  les  Mabin.  une  formule  qui  n'a  plus  guère  que  le  sens  de  faire  bon  accaeilt 
bien  recevoir,  comme  le  prouve  maint  passage.  Le  sens  die  Uawen  dans  atte  formule  est 
parfaitement  précisé  par  un  passage  de  Math  vab  Mathonwy  (Mab.  III,  p.  208).  Reçu 
dans  sa  ma'ison  par  Blodeuwed  et  salué  par  elle,  Gronw  Pebyr  lui  répond:  Dow  adallw 
itt  dy  lewenyd  «  que  Dieu  te  paye  ton  amabilité,  ton  aimable  accueil.  » 

7.  Kyuarch  gwell  est  arrive  à  n'avoir  guère  que  le  sens  de  salut,  comme  henpych  qu'on 
trouve  employé  même  comme  substantif  {mil  henffych  Hymnau  er  gwasanaeth  yr   Eglwys 

Îr  n^hymru  recueil  de  Daniel  Evans,  Londres,  188),  p.  112).  Même  quand  Kyuanhea 
échi,  gwellnt  subit  habituellement  aucune  mutation,  ce  qui  prouve  que  gs^e//  lait  en  qndque 
sorte  déjà  corps  avec  le  verbe  et  n'en  est  pas  le  régime.  Diverses  constructions  montrent 
cependant  que  gwell  a  dû  jouer  le  rôle  de  régime  et  aue  kyuarch  gwell  a  eu  le  sens  de 
souhaiter  du  bien  à:  A  chyaarch  gwell  a  wnacih  y  Peredur  0  Duw  ac  0  dyn  (Mab.  I,  27$]. 
Cf.  Breudwyt  Rhonabvvy  p.  ^83  (Mab.,  II).  Uu  passage  de  larlles  yifpnawn  (Mab.I,p.  4) 
nous  montre  gweU  construit  comme  régime:  Kyuarchawd  tîwellymi.  Il  y  en  a  d'antres 
exemples.  Pour  Aryuarc/t  seul,  cf.  Mab.  II,  p.  201,  228;  Livre  noir,  p.  58,  lignes  ),  I2; 
i}\  p.  45,  ligne  4  (Skene,  Four  anc.  books  ofWales,  II). 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereini  ab  Erbin,  405 

heb  ef  y  g6el6n  '  Er'.  ar  vor6yn  gyl  ac  ef.  Ac  ar  varch  y  mae  ef  a 
phedyt  wisc  ymdanaé  y  vor6yn  hagen  vai  gorwyn  y  g6eI6n  '.  a  thebic 
y  iieinwisc  awel6n  )  ymdanei.  Ymgy weir6ch  oli  wraged  4  heb  y  G6enh'. 
Ni  a  a6n  5  yn  erbyn  Ger.  y  raessaô. .  ^  ac  y  uot  yn  Ilawen  6rtha6.  A 
dyuot  aoruc  G6enh'  yn  erbyn  Ger  ar  vor6yn.  A  phan  doeth^  Ger  yn* 
ydoed  wenh.  kyfarch  g6ell  aoruc  idi.  Du6  arotho9  da  itt  heb  hi  a 
graessaô  '<>  6rthyt.  A  hynt  fr6ythla6n  donyaôc  hyrr6yd  glotua6r  a  du- 
gost.  A  du6  a  talho  >'  itt  péri  ia6n  im  yn  gynualchet  ac  y  pereist  ira  '>. 
Argl6ydes  hebef  mi  a  rybuchôn  '5  péri  ia6n  itt  6rth  dy  ewyllis  '4.   A 


I  y  gwelaf  —  2  gwelaf  —  J  a  wclaf  —  4  wragedin  —  5  a  dowch  —  6  y  rcssawu 
—  7  daw  —  8  hyt  lie  —  9  a  rodo  —  10  gressaw  —  11  a  dalo  —  12  manque.  — 
t]  un  a  buchwn  (il  eût  fallu  corriger  en  mi  a  bachwn)  —  I4ewylly8. 


4o6  G.  Evans  et  J,  Loth. 

de  succès^  profitable,  triomphant  S  glorieux.  Que  Diea  te  récompense 
pour  m'avoir  procuré  satisfaction  avec  autant  de  vaillance  que  tu  Tas 
fait  ».  —  «  Princesse^  dit-il,  mon  plus  vif  désir  >  était  de  te  faire  donner 
toute  la  satisfaction  que  tu  pouvais  désirer,  et  voici  la  jeune  fille  à  l'oc- 
casion de  laquelle  tu  as  obtenu  Teffacememt  de  ton  ouvrage).  »  — 
«  Dieu  la  bénisse,  dit  Gwenhwyvar  ;  il  n'est  que  juste  que  je  lui  fasse 
bon  accueil.  »  Ils  entrèrent^.  Gereint  descendit  de  cheval,  se  rendit 
auprès  d'Arthur  et  le  salua  :  a  Dieu  te  favorise,  dit  Arthur,  et  sa  béné- 
diction soit  sur  toi.  Quoique  qu'Edern  fils  de  Nudd  ait  eu  de  toi  souf- 
france et  blessures,  tu  as  fait  une  expédition  heureuse.  »  —  «  La  faute 
n'en  est  pas  à  moi,  dit  Gereint,  mais  à  l'arrogance  d'Edem  lui-même 
qui  ne  voulait  pas  avoir  à  faire  à  moi  s.  Je  ne  me  serais  pas  séparé  de 
lui  6  avant  de  savoir  qui  il  était  ou  que  l'un  de  nous  deux  eût  triomphé 


1 .  Lady  Guest  traduit  irrésistible,  ce  oui  est  fort  admissible.  Les  deux  textes  portent 
hyrrwyd.  Il  faut  probablement  lire  hyrwyd,  Rwyd  seul  a  le  sens  de  prompt,  rapide  :  Livre 
rouge  Ed.  Skene,  p  25^  r(>yd  g6ynt,  le  vent  est  rapide  (Rhys,  Revue  celtique,  VI-I. 
p.  $0  swift  is  the  wind).  //^mora  pourrait  bien  ici  n'avoir  que  le  sens  dérivé  de  heureux. 
Dans  un  passage  de  l'Ystona  oe  Carolo  magno,  p.  94,  hyrwydder  a  certainement  le  sens 
de  succls. 

2.  Le  texte  de  lady  Guest  porte  un  a  huchwn  quHlfaut  corriger  en  mi  a  huchwn  qui 
donne  à  peu  près  le  même  sens  que  notre  rybuchwn.  Pour  puchi  dans  le  sens  de  désirer. 
cf.  Mab.  II,  Kulhwch  ac  Olwen,  p.  248. 

3.  Le  texte  de  lady  Guest  porte  dy  warthrudio  au  lieu  de  dy  dirvarthrudio,  ce  qui  ferait 
un  contre-sens.  Elle  a  traduit  comme  s'il  y  avait  eu  dy  diwarthrudio  {te  désoutrager), 

4.  Dyuot  y  me6n  a  orugant  m.  à  m.  ils  allèrent  à  l'intérieur.  Dyfod  y  mewn  est  un 
idiotisme  qui  n'a  simplement  que  le  sens  d*entrer. 

5.  Nadymgystlynnei.  Cystlynu  a  dans  les  dictionnaires  gallois  le  sens  de  faire  paix^amitié 
aveCf  entrer  en  relations  avec  \ysîtvn  est  traduit  parpâr«nf^,â/n/f(V!etsemble  bien  en  effet  avoir 
ce  sens  :  Ystoria  de  Carolo  magno,  p.  14.  Charlemagne  a  dit  que  les  pauvres  sont  de  la 
famille  de  Dieu  (Kenedyl  Duw);  Aigolant  répond:  y  rei  a  dywcdy  ditheueu  bot  oU  ar 
gystlwn  dy  Duw  «  ceux  que  tu  dis  être  de  la  famille  de  ton  Dieu  •  ;  Peredur  ab  Efrawc, 
p.  276:  ny  chelaf  vyg  Kystlwn:  Etlym  gledyfcoch  y  m  gelwir;  Breudwyt  Rhonabwv 
(Mab.  II),  p.  37 J  pwy  wyt,  heb  y  Rhonabwy  ?  —  Ny  chelaf  vyg  kystlwn:  Idawc  yab 
myny w.. .  Ce  sens  de  parenté^  relation  n'est  pas  le  sens  primitif.  Cy-stlynu  ne  peut  guère 
être  séparé  de  istlinmt  g^.  profatur,  glan-stlinnim  gl.  famine  sancto  (Gloses  à  Juvencus): 
irl.  slondim  je  désigne,  je  nomme;  slond  indication,  nom  (Windisch  Irische  Texte).  Ky- 
stlynu  a  dû  avoir  proprement  le  sens  de  s*aboucher  avec^  entrer  en  arrangement  par  parole. 
Il  a  pu  exister  aussi  un  mox ystlwnn  =  irl.  slond  nom;  cy-stlwnn  aurait  désigné  le  nom 
commun  à  la  gens  et  la  famille  elle-même.  Dans  un  passade  de  Gereint  ab  Erbin, 
ymgystlynnu  semble  avoir  son  sens  ancien  (p.  54).  Gwalchmei  dit  à  Gereint:  c  Adywedy 

'  tu  es  ou  viendras-tu 

ymwelet  ac  Arthur. 

avec  toi  et  je  n'irai 

pas  voir  Arthur.  »  Cystlynu  est  encore  en  usage  dans  certaines  parties  du  pays  de  Galles. 
Richards  dans  son  dictionnaire  cite  un  passage  de  l'évangile  selon  saint  Jean  (IV,  9),  oà 
on  remarque  ymgystlwnn  avoir  relation,  affaire  avec.  Le  mot  est  remplacé  aujourd'hui 
par  ymgyfeillach, 

6.  Notre  texte  porte  nyt  ymdidanwn  ac  ef  je  ne  me  serais  entretenu  avec  lui.  Nous 
avons  adopté  dans  notre  traduction  le  texte  de  lady  Guest  nyt  ymadawn  ac  ef  qui  est 
préférable  pour  le  sens,  et  qui  semble  recommandé  par  un  autre  passage  de  Gereint  ab 
Erbin    (Mab.  K,  p.  54).  Gwalchmei  fait  à  Gereint,  qui  ne  veut   pas  lui  répondre,  cette 


déclaration:  ny  chlywir  amaf  vyth..,  dy  adu  y  wrthyf  y  ny  wypwyf  nwy  vych  •  on  n'en- 
tendra jamais  dire  de  moi  que  je  t'ai  laissé  te   séparer  de  moi  avant  ae  sa 


savoir  qui  tu  étais. 


Fragaunt  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbin,  407 

llyma  y  uor6yn  y  keueist  ti  dy  diwarthrudyaô  »  oe  hachaôs.  le  hcb  y 
G6enh'  Graessa6  du6  6rthi.  Ac  nyt  kam  im  >  vot  p  Uawen  6rthi.  A 
dyuoty  my6n  aorugant  A  discynnu.  A  mynet  aoruc  Ger*  y  ymwelei 
ac  arth'.  3  achyfarch  G6ell  ida6.  Du6  a  rotho  4  da  itt  heb  yr  a^th^  A 
graessaâ  du6  6rthyt.  A  chyt  kaffo  edern  m.  nud  gofit  a  chl6yfeu  y 
genhyl  :  hynt  lôydyanus  adugosl.  Nyt  arnafi  y  bu  hynny  heb  y  Ger. 
namyn  aryuyc  J  edern  ehun.  nat  ymgystlynei.  nyt  ymdidanén  inheu  ac 
efo^  hyny  7  6yp6n  p6y  vei.  neu  yny  orfFei  y  neill  ar  y  Hall*.  A  6r9  heb 
yr  arth'.  Mae  '^  y  uor6yn  a  gigleu  y  bot  yth  ardel6  ti.  y  mae  gyt  a  géenh' 
yny  hystauell  '^  Ac  yna  y  doeth  '*  arth'  y  welet  y  vor6yn.  A  llawen 
uu  6rthi  ae  getymdeithon  '3  a  pha6b  or  llys  >4.  A  hyspys  oed  gan  pa6b 
onaduntpei  kyhyttrei»5  gossymdeith  y  vorôyn  ae  phryt  na  welsynt 
droet  «^  vor6yn  ôympach  no  hi  »7.  Ac  arth'  auu  rodyat  ar  y  voréyn  y  er*. 


1  dy  warthrud  —  2  manque  —  3  a  mynet  Gereint  hyt  lie  ydoed  Arthur  —  4  a  rodo  — 
j  leg.  ar  ryuyc.  Ouest  ar  ryuic  —  6  nyt  ymadawn  inheu  ac  cf  (v.  la  traduaion)  — 
7  yny  —  8  y  Heill  ar  y  Hall  —  9  Awr  —  10  pa  le  y  mae.  —  1 1  y  mae  gwedy  mynet 
gyt  a  gwenhwyuar  y  hystiuell  —  12  y  deuth  —  13  ae  gedymdeithon  , —  14  o'r  llys 
wrth  y  ttorwyn  —  1  j  pei  kyt  rcttei  —  16  ciryoet  —  lyhonno  rectt* . 


4o8  G.  Eyans  et  J.  Lath, 

de  l'autre.  —  Eh  bien^  dit  Arthur,  où  est  la  jeune  fille  dont  j'ai  entendu 
dire  que  tu  es  le  champion  > .  »  —  «  Elle  est  avec  Gwenh wyvar  dans  sa 
chambre.  »  Alors  Arthur  alla  voir  la  jeune  fille  et  il  lui  montra  joyeux 
visage  ainsi  que  ses  compagnons  et  tout  le  monde  de  la  cour.  Pour 
chacun  d'eux,  c'était  assurément  la  plus  belle  jeune  fille  qu'il  eût  vu  si 
ses  ressources  >  avaient  été  en  rapport  )  avec  sa  beauté. 

L'engagement  (m.-à-m.  le  lien),  qui  se  faisait  là  entre  (deux)  per- 
sonnes 4  se  fit  entre  Gereintet  la  jeune  fille.  On  donna  le  choix  à  la  jeune 
fille  entre  tous  les  vêtements  de  Gwenhwjvar.  Quiconque  l'eût  vue  ainsJ 
vêtue  lui  aurait  trouvé  un  air  digne,  agréable,  accompli.  Ce  jour  et 
cette  nuit-là,  ils  les  passèrent  ayant  en  abondance  chants  ^  plaiârs, 
présents,  boissons  de  toute  espèce,  divertissements  variés.  Lorsqu'il  leur 
parut  temps  d'aller  se  coucher,  ils  y  allèrent.  Dans  la  chambre  où  était 
le  lit  d'Arthur  et  de  Gwenhwyvar,  fiit  (ait  le  lit  de  Gerdnt  et  d'Enyd, 
Et  ce  fiit  la  première  nuit  qu'ils  couchèrent  ensemble.  Le  lendemain 
Arthur  combla  les  solliciteurs  au  nom  de  Gereint  de  riches  présents.  La 
jeune  fille  ^  se  fixa  (m.-à-m.  s'habitua}  à  la  cour  d'Arthur  et  s'attira  des 
compagnons,  hommes  et  femmes^  si  bien  qu'il  n'y  avait  pas  dans  toute 
nie  de  Bretagne  une  jeune  fille  dont  on  parlât  davantage.  Alors  Gwen- 
hwyvar dit  :  €  J'ai  eu  une  bonne  idée  au  sujet  de  la  tête  du  cerf? 
qu'on  ne  la  donnât  pas  jusqu'à  ce  que  vint  Gereint.  Voici  vraiment  une 

1.  Tth  aridelw  ti  m.  à  m.  m  ta  revendication.  Dans  les  lois  galloises,  comme  le 
montrent  de  nombreux  passages,  arddelw  a  le  sens  de  prétention  à  la  possession,  revenfi- 
cation  d'un  objet  animé  ou  inanimé  enlevé  ou  détenu  par  un  autre.  Le  sens  que  nous  lui 
donnons  dans  notre  traduction  est  justifié  par  un  passage  de  Gereint,  p.  1 5.  Gereint  songe 
i  disputer  à  son  rival,  le  prix,  un  épervier  que  chacun  des  chevaliers  réclame  pour  sa 
dame.  Le  comte  son  hôte  lui  dit  que  la  chose  est  difficile  :  Kanyt  oes  na  gwreic  na 
morwyn  yd  ymardelwych  ohond.  Cette  expresssion  est  commentée  en  quelque  chose  par 
une  pnrase  du  même  passage  :  ac  or  delw  caru  y  uorwyn  0  Ereint  yd  ymyrrawd  yn  y 
twmeimeint. 

2.  Gossymdeith  ressources,  situation,  position,  entretien  :  cf.  :  Branwen  verch  Llyr 
Mab.  III,  p.  88;  Peredur,  Mab.  1,  p.  283  ;  /^honabwy  llab.  Il,  p.  572;  Gereint  ab 
Erb.  II,  p.  21  :  Math  vab  Mathonwv  III,  p.  207. 

).  Le  texte  de  lady  Guest  porte  kyt  rettei  qui  ne  donne  pas  de  sens.  Kyhyttrei  est  le 
futur  second,  d'un  verbe  composé  de  cy  (a  co»)  et  de  la  racine  qu'on  trouve  dans  inir 
vaillant,  fort,  arm.  moy.  hezr^  vieil  arpor.  hitr.  Cf.  Gereint  ab  Erb.  II,  p.  18  :  a  [man 


plutôt. 

4.  Notre  texte  porte  àynyon  «  des  gens  »  sans  distinction  de  sexe.  Le  texte  de  ladj 
Guest  porte  dea  ayn, 

5 .  CerdeoL  a  le  sens  non  seulement  de  chants^  musique^  mais  aussi  d'tfrt,  mitUr,  eo 
général  V.  Kulhwch  ac  Olwen  Mab.  II,  p.  228. 

6.  Morwyn  a  les  différents  sens  du  mot  pucelie  dans  les  romans  de  chevalerie  an  moyen- 
Age,  c'est-a-dire  de  vierge,  de  jeune  fille,  et  de  suivante.  Dans  les  Mabin.  il  déngne 
souvent  une  jeune  femme.  Aujourd'hui  morwyn  n'a  plus  guère  que  le  sens  de  senanie, 

7.  Il  s'agit  du  cerf  tué  pendant  la  chasse  où  Gereint  se  rencontra  avec  Edem  ib  Nnd. 
Cf.  Gérant  ab  Erb.,  p.  22,  Mab.  II. 


Fragment  du  Mabinogi  de  Cereint  ab  Erbin.  409 


A  rôym  »  awneit  ynayrôgdynyon  *awnaethp6yt  jrôgGcr  ar  vorôyn. 
A  dewis  ar  holl  wiscoed  gôenh'  arodets  yr  uor6yn.  Ar  neb  awelhei4  y 
uor6yn  yny  wîsc  honno.  cf  aweleî  ol6c  wedeidl6ys  J  amei.  Ardyd  hc>n 
n6  ar  nos  honno  atreulassant  tr6y  gerdeu  adidanôch  ac  amhylder  0  an- 
regyon  ac  amryfal  wirodeu  alluossyd  0  waryeu^.  Aphan  uu  amser 
ganthunt?  vynet  y  gyscu  6ynt  aaethant.  Ac  yn  yr  ystauell  ydoed  wely 
ar'.  agôenh'  y  g6naethp6yt  g6ely  Ger'^  ac  enyd.  Ar  nos  honno 
gyntaf  y  kyscassant  ygyt  Athranoeth  y  llonydaôd  arth'  yr  eircheit  dros 
er'.  0  dîtiaât  rodyon.  Acheneuinaô  aoruc  y  uor6yn  ar  Uys  ad6yn 
ketymdeithon9  idi  0  wyragôraged  hyt  na  dywedit  am  vn  vor6yn  yn 
ynys  prydeîn  m6y  '**  noc  ymdanei.  Ac  yna  y  dywaôt  G6enh'.  Ia6n  y 
medreisi  heb  hi  am  pen^^  y  kar6  na  rodit  '^  hpy  delei.  Er*.  A  Uyma 
le  îa6n  yrodi  ef  y  Enyd  verch  yny6l  y  uor6yn  glotuoraf .  ac  ny  thebygaf 
neb  ae  gâaraiunho  idi  n  kanyt  oes  yrydi  >4  anebnamyn  yssyd  0  garyat 
achetymdeithas  '5.  Canmoledic  uu  gan  pabb  hpny.  A  chan  arth'  heuyt. 


1  ar  rwym  —  2  rwng  deu  dyn  —  }  a  rodet  manque  —  4  a  wel  ci  —  5  wedeidlwys 
delediw  —  6  drwy  dogynder  0  gerdeu  ac  amylder  o  anregyon  wirodeu  a  Uuossyd  o 
waryeu  —  7  gantunt  —  8  gwcly  y  Ereint  —  9  Kedymdeithon  —  1  o  vwy  -  1 1  am 
ben  —  12  rodic  y  neb  yny  —  i)  ac  ny  thebygaf  1  ae  gwarafuno  idi  —  14  ryngthi 
—  tjf  achedyiodeithas. 


410  G.  Evans  et  J.  Loth. 

bonne  occasion  >  de  la  donner,  savoir  à  Enyd  la  fille  d'Ynywl,  la  plus 
illustre  des  jeunes  filles,  et  je  ne  crois  pas  que  personne  la  lui  dispute, 
car  il  n'y  a  entre  elle  et  qui  que  ce  soit  qu'affection  et  amitié.  »  Cela  fut 
approuvé  de  tout  le  monde  ainsi  que  d'Arthur.  On  donna  la  tête  à  Enyd; 
et^  à  partir  de  là,  sa  réputation  devint  bien  plus  grande  encore  qu'au- 
paravant ainsi  que  le  nombre  de  ses  compagnons.  Gereint  se  mît  à 
aimer  les  tournois  et  les  rudes  joutes  et  il  en  sortait  toujours  viaorieux. 
Une  année,  deux  années,  trois  années  il  s'y  livra,  à  tel  point  que  sa 
gloire  se  répandit  par  tout  le  royaume. 

Une  fois  ^  Arthur  tenait  sa  cour  à  Caerllion.Voilà  que  vinrent  vers  lui 
des  messagers  sages  et  prudents,  très  savants,  à  la  conversation  péné 
trante  ;  ils  le  saluèrent  :  «  Que  Dieu  vous  fasse  du  bien,  dit  Arthur,  le 
salut  de  Dieu  soit  avec  vous.  De  quel  endroit  venez-vous  ?»  —  «  Nous 
venons,  seigneur,  dirent-ils,  de  Comouailies  et  nous  venons  comme 
ambassadeurs  vers  toi  de  la  part  d'Erbin  fils  de  Custentin  (Constantin] 
ton  oncle.  Il  te  salue  comme  un  oncle  doit  saluer  son  neveu  et  comme 
un  vassal  doit  saluer  son  seigneur.  Il  t'informe  qu'il  s'alourdit,  qu'D 
avance  en  âge,  que  les  propriétaires  ses  voisins  sachant  cela  agissent 
mal  avec  lui  au  sujet  des  limites  9,  convoitent  sa  terre  et  ses  biens.  Erbin 
te  prie  donc,  seigneur,  de  laisser  aller  Gereint  pour  garder  ses  biens  et 
connaître  ses  limites,  et  de  lui  représenter  qu'il  vaut  mieux  pour  lui 
passer  la  fleur  de  sa  jeunesse  et  de  son  âge  <  à  maintenir  les  bornes  de 
ses  terres  que  dans  des  tournois  inutiles^  malgré  la  gloire  qu'il  peut  y 
trouver.  »  —  a  Eh  bien,  dit  Arthur,  allez  vous  deshabiller  (m.-à-m.  vous 
déchausser)  prenez  votre  nourriture,  et  débarrassez- vous  de  votre  fatigue. 
Avant  de  vous  en  retourner,  vous  aurez  une  réponse.  »  Ainsi  firent-ils. 


1.  LU  Heu  a  assez  souvent  le  sens  de  occasion,  raison  [avoir  Ueu  de  en  français)  cf. 
Peredur  ab  Efrawc,  Mab.  I,  p.  244,  p.  249. 

2.  Treigyl  gweith.  Treigl  sigai^t  proprement  tour,  qui  tourne:  Rulhwch  ac  Olwen 
Mab.  II,  p.  201,  macn  treigl  une  pierre  qui  roule.  On  trouve  tr«g/ seul  ^onrtrâglyweisk: 
Kulhwch  ac  ûlwen  p.  233.  Onyt  un  treigl  yd  aethum  y  geisuw  vym  bwyt  c excepté  une 
fois  que  j'allai  chercher  ma  nourriture..  » 

3.  Lady  Guest  a  cam-derwynu.  Terwynu  a  le  sens  de  s'échauffer;  ter»yn  celui  de  /orr, 
violent.  Aussi  a-t-elle  traduit  grows  insolent  towards  him.  Cam-derfynnu^  comme  k 
momre  le  contexte,  paraît  préférable  (Terfynnu  de  terfyn  limites,  lat.  terminus). 

4.  Blodeu  y  ieuenctit  ae  dewred.  Dewred  qm  i  souvent  le  sens  de  vaillance  a  id, 
comme  en  maint  autre  passage,  le  sens  dt  fleur  de  l'âge:  Cf.  Manawydan  vab  Llyr  ni, 
p.  1 44  yr  amser  y  bu  hitheu  vn  y  dewred  ny  bu  wreic  delediwach  nohi  «  au  temps  on 
elle  était  à  la  fleur  de  l'âge,  il  n'y  avait  pas  de  femme  plus  belle  qu'elle,  w  Cf.  Livre  Noir 
éd.  Skene,  II,  p.  14. 

y  del  paup  oe 

Bet  in  y  dewret  in  devraw 

Mal  y  bu  ban  fu  oreuhaw 
c  Lorsque  chacun  viendra  de  sa  tombe  dans  tout  son  éclat  tel  qu'il  l'était  au  plus  beau 
moment  de  sa  vie.  9 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbin.  41 1 

A  rodi  pen  y  kar6  awnaethp6yt  y  enyd.  Ac  ohynnyallan  Iluossogi 
aonic»  y  chiot  ae  chetynndeithon  0  hynny  yn  u6y  no  chynt.  Sef  aonic 
Ger'  o  hynny  allan  kani  tâmeimeint'  achyfranceu  )  kalet  a  budugaôl 
y  dcuci  ef  0  pop  vn4.  A  bl6ydyn  ad6y  atheir  y  bu  ef  yn  hynny  :  hyny 
yttoed  y  glot  g6edy  ehedec  s  ar  tra6s  y  teymas  ^. 


AthreigyIg6eith7ydoed  arth'  yn  dala  Ilys  ygkaerllion  y  sulg6yn.  na- 
chaf  yn  dyuot  atta6  kennadeu  doetbprud  dysgeticlaôn  ymadra6dlym. 
Ac  yn  kyuarch  g6ell  y  arth'.  Du6  arodho  da  i6ch  ^  heb  yr  anh^  a  graes- 
sa6  du6  6rtby6ch.  Ac  0  pyle  pan  do6chi  9.  Pan  do6n  '^  argI6yd  heb 
6y  0  geray6.  Achennadeu  ym  attat  '>  ygan  erbin  .m.  Custenhin  dy  ewy- 
ihyr  '*.  Ath  annerch  y  ganta6  val  y  dyly  cwythyr  annerch  ynei.  Ac  val 
ydyly  g6r  annerch  y  arglôyd.  Ac  y  venegi  y  vot  '?  cf  yn  amdrymu  acyn 
dynessau  '4  ar  heneint.  Ae  kytiiryogyon  »$  0  6ybot  hynny  yn  kamteruynu 
ac  ef'^.  Acyn  chwenychu  y  lir  '7  ae  gyfoelh.  Ac  adolôyn  illi  '^arglôyd 
y  mae  erbin  ell6g  Ger^  y  vab  y  gad6  ygyfoeth  ac  yéybol  y  teruyneu  '9. 
Ac  yn  menegi  îda6  y  mae  ^^  bot  yn  well  ida6  treulaô  blodeu  yieuenctit  ae 
deôred  yn  kynhal^»  y  teruyneu  ehun.  noc  yn  t6meimeint  diffrôyth.  kyt 
kaffo  dot  yndunt.  le  heb  yr  arth'  e6chi  y  diarchenu  >^.  A  chymer6ch 
a6ch>?  b6yt.  A  byry6ch  a6ch  blinder  y  arna6ch.  A  chyn  aôch  mynet 
ymdeith  atteb  a  geffôch  ^4.  Ac  uelly  yg6naethant  '5 .  Ac yna  medylya6 aoruc 
arr.  nat  oed  ha6d  ganta6  ell6g  Ger\  y6rtha6  nac  0  vn  Uys  ac  ef.  Nytoed 
ha6d  ganta6  ynteu  na  thec  Uudyas  y  kefynder6  y  gynhal  y  gyfoeth  ac  y  gad6 


I  aoruc  manque  —  2  cani  karw  twrneimeint  —  )  chyfrangeu  —  4  0  bop  un  —  5  yn 
ehedec.  -^  6  dros  wyncb  y  deyrnas  —  7  a  threiglgweith  —  8  ywch  —  9  ac  0  pa  le 
pan  dcuwch  chwi  —  10  pan  (leuwo  —  11  y  anat  manque,  —  12  dy  cwythyr  di  ac 
attat  y  mae  ynkennadwri  ath  annerch  —  13  yttiyuot  —  14  yn  amdrymu  ac  yn  llescu 
ac  yn  dynessu  —  i  ç  gytiirogyon  —  16  yn  camderwynu  wnbaw  —  17  y  dir  —  18  ac  yn 
adolwc  y  mae  y  ti  —  19  y  deniyneu  —  20  a  menegi  y  mae  idaw  —  21  kynnal 
—  22  cwch  y  ymdiarchenn  —  23  ych  — >  24  a  geffoch  —  25  y  vwytta  yd  aethant. 


412  G*.  Evans  et  J,  Loth. 

Alors  Arthur  réfléchit  qu'il  ne  lui  était  pas  facile  de  laisser  aller  Gereint 
loin  de  lui  ni  de  sa  propre  cour  ' ,  qu'il  ne  lui  était  pas  facile  non  plus 
d'empêcher  son  cousin  de  maintenir  ses  biens  et  de  garder  ses  terres, 
puisque  son  père  ne  le  pouvait.  Le  soud  de  Gwenhwjvar  et  ses  regrets 
n'étaient  pas  moindres  ainsi  que  ceux  de  ses  femmes  à  la  pensée  de  se 
séparer  d'Enyd.  Ce  jour  et  cette  nuit^  ils  les  passèrent  dans  l'abondance 
de  toute  chose.  Arthur  exposa  à  Gereint  le  motif  de  Fambassade  et  l'arri- 
vée  des  ambassadeurs  de  Comouailles.  »  Eh  bien,  dit  Gereint,  quoiqu'il 
puisse  m'arriver  de  profit  ou  de  perte,  seigneur,  à  la  suite  de  cela,  je 
ferai  ta  volonté  au  sujet  de  cette  ambassade  ».  —  €  Voici  le  conseil  que 
je  te  donne  à  ce  sujet,  dit  Arthur  :  aller,  quoi  qu'il  soit  pénible  >  pour  moi 
que  tu  partes,  vivre  sur  tes  biens  et  garder  ton  territoire.  Prends  avec 
toi  pour  t'accompagner  autant  que  tu  voudras  de  mes  fidèles,  ceux  que 
tu  aimes  le  mieux  et  qui  t'aiment  le  plus,  et  les  chevaliers  tes  compa- 
gnons. »  —  «  ni  me  faut  aussi,  dit  Gwenhwyyar  songer  à  faire  accom- 
pagner et  pourvoir  de  tout  la  dame  qui  est  avec  moi  ».  —  a  Tu  feras 
bien^  dit  Arthur  ».  Et  ils  allèrent  se  coucher  cette  nuit-là.  Le  lendemain 
on  laissa  aller  les  messagers  et  on  leur  dit  que  Gereint  les  suivrait. 

Le  troisième  jour  après,  Gereint  se  mit  en  route.  Void  ceux  qui  allèrent 
avec  lui:  Gwalchmei;  Rioganed4,  fils  du  roi  d'Hibemie;  Ondryaw,  fils 
du  duc  de  Bourgogne;  Guillaume,  fils  du  roi  de  France;  Howeli,  fils 
d'Emer  Llydaw  ;  Elifrï  $  anawkyrd  (aux  chants  inspirés  ?)  ;  Gwynn^  fiU 
de  Tringat;  Goreu,  fils  de  Constantin  ;  Gwdr  Gurhytvawr  (à  la  grande 
brasse  ou  à  la  grande  valeur  ?)  ;  Garanhon,  fils  de  Glythmyr  ;  Peredur, 
fik  d'Evrauc;  Gwynn  Llogellgwyr  6,  juge  de  la  cour  d'Arthur;  Dyvyr^ 


1 .  0  un  Uys  ac  //,cf.  Branwen  verch  Llye,  Mab.  m,  p.  91  igyrru  Branwtn  ova  ystafell 
acef  tk  chasser  Branwen  de  sa  propre  chambre  i. 

2.  Dyhircsi  traduit  par  bas  aans  Owen  Pughe.  Il  a  bien  le  sens  que  nous  lui  atiri- 
buons.  Cf.  Math  ab  Mathonwy,  p.  204,  Mab.  lU. 

}.  Ici  une  phrase  qui  manque  dans  notre  texte:  V.  les  variantes. 

4.  Breudwyd  Rhonabwy  II,  p.  390  Riogan  vab  brenhin  Iwerdon. 

5.  Elivri  anaw  kyrd.  Lady  Guest  a  luElivri  a  Naw  Kyrd:  Elivri  and  Naw  Ryrd. 
C'est  le  même  personnage  qu'elle  a  transformé  en  Arelivri  dans  Gereint  ab  Erbin,  p.  7  : 
a  pheri  rybud  heno  ar  bawp  or  llettyeu.  Ac  arryfuerys  oed  ben  kynyd  y  Arthur.  Ac 
arelivri  oed  ben  mackwy.  Il  faut  supprimer  le  point  après  lUttyeu  et  lire  ac  ar  Yfoerys  (?) 
—  ac  ar  Elivri.  — 

6.  Lady  Guest  Ut  Gwynnllogell.  Gwyr  ynad  llys  Arthur  :  Gwynnllogdl.  Gwyr  a  jiiâge 
in  the  court  of  Arthur.  Il  nous  semble  que  Uogellgwyr  est  un  surnom  de  Gwynn.  Au  mot 
Uogdl  Owen  Pughe  cite  ce  passage  dMolo  gocn  :  Uygad  y  wlad  a'i  llogeU  the  eye  of  the 
country  and  it's  depositary.  il  raut  peut-être  lire  Uogell  gwir  le  dépositaire  sûr  ou  au 
dépôt  sûr. 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbin.  41 3 

y  teruyneu  1.  kanyatlei  y  tat  >  eu  kynhai.  Nyt  oed  là  gofai  g6enh'  ae 
hîraeth  hîar  holl  wraged  ar  hoU  vorynyon  rac  mynet  enyd  3  y  ôrthunt.  y 
dyd  h6nn6  ar  nos  honno  atreulassant4  tr6y5  diwallr6yd  0  pop^  petb. 
Acarth'  avenegis  y  er'.  ystyr  y  kenadôri  a  dyuodyaty  kenadeuogemy6 
hyt  yno  7.  le  beb  y  Ger^.  yr  adel  nac  oies  nac  0  afles  irai  argl6yd  0  hynny  : 
dy  vynnu  ti^  awnafi9  am  y  gennadéri  honno.  Llyna  dy  gyghor  ^^  am 
hynny  heb  hynny  yr  arth'.  kyt  boct  dyhir  genhyf '«  am  ^^  dy  vynet  tî. 
mynet  ohonot  '  3  ygyfanhedu  dy  gyfoeth  ac  y  gad6  dy  teruyneu  «4.  A 
chymer  y  nifer  auynhych^J  gyt  athi  amôyhaf  agerych  om  flydlonyoni. 
yn  hebrygyeit  >^  amat  ac  oth  garant  titheu  17  atii  gytuarchogyon.  Du6 
atalho  »8  itt  amînheu  «9  awnaf  hynny  *°.  Reit  j6  iminheu  heb  y  Gwenh'  *» 
vedylyaô  am  ganhebrygyeit"  adiwallr6yd  ar  yr  unbennes  yssyd  gyt 
amînheu.  Ia6n  awney  heb  yr  arth*".  ac  ygyscu  yd  aethant  y  nos  honno. 
A  thranoeth  y  gellyg6yt  »?  y  kennadeu  yradeîth  a  dywedut  ^4  udunt 
ydeuei.  Er'.  yn  eu  hol. 


Ar  trydydyd  >J  gôedy  hynny  y  kychwynnôys  *^  Ger'  Sef  nifer 
a  aeih  y  gyt  ac  ef*7.  G6alchmei»8.  a  Rioganed  ^9.  m  J®.  brenhin 
îwerdon.  Ac  ondryaô  î^  m.  duc  b6rg6in.  G6ilym.m.  R6yf  ffreinc. 
Howel.  m.  emyr  llydaô.  Elifri  ana6  kyrd.  G6yn.  m.  tringat.  Goreu.  m. 
Custennin.  G6eir  gôrhyt  ua6r.  Garanhon.  m.  Glythmyr  3^.  Peredur.  m. 
Efra6c.  G6yn  llogell  g6yr  ygnat  llys  arth'».  Dyuyr.  m.  alun  dyuet. 
G6rei  g6alsta6t  ieithoed.  Bedwyr.  m.  bedraôt.  Kad6ri.  m.  G6ryon.  keî 


1  nyt  cet  hawd  na  thec  ganthaw  ynteu  uot  y  geuynderw  yn  gwarchadw  y  gyuoeth 
ae  dcniyncu  -  2  y  dat  —  j  rac  ouyn  mynet  y  uorwyn  —  4  a  dreulyssant  —  5  drwy 

—  6  bop  —  7  attaw  ef  yno  —  8  di  —  9  i  manque  —  10  llyma  yw  dy  gynghor  —  1 1 
gcnnyf  i  —  12  am  manque.  —  i  j  0  honat  —  14  deruyneu  —  i  j  vynnych  —  16  hcb- 
ryngycit  —  17  ac  ath  garant  ditheu  —  18  a  dalo  —  19  minneu  —  20  hynny  heb  y 
Geremt.  Paodwrd  heb  y  gwenhwyuar  a  glywafi  y  gennwch  chwi  ac  am  hebryngyeit 
ar  Ercint  parth  ae  wlat.  le  heb  yr  Arthur  — 21  heb  y  gwenhéyvar  manque —  22  hcb- 
ryngycit  —  2j  yd  ellyngwyt—  24  a  dywcdunt—  25  artrydyd  dyd  —  26 Cychwynnawd 

—  27  gyt  ac  cf  —  28  Gwalchmei  uab  Gwyar  —  29  ariogoned  —  jo  uab  partout  dans 
l'énumération  au  lieu  de  mab  —  }  t  ondyaw  —  3  2  Garanhon  uab  Golithmer  —  33 
Gwynllogell.  gwyr  ynat  llys  arthur. 


414  ^'  Evans  et  J.  Loth, 

fils  d'Alun  de  Dyved  ;  Gwrei  Gwalstawt  îeithoed  '  ;  Bedwjr,  fils  de 
Bedrawt;  Hadwri,  fils  de  Gwryon;  Kei,  fils  deKynyr;  Odyarle  Franc, 
intendant  de  la  cour  d'Arthur.  «  Et  Edern,  fils  de  Nudd,  dit  Gereint, 
que  j'entends  dire  être  en  état  de  chevaucher,  je  désire  aussi  qu'il  vienne 
avec  moi'  ».  —  a  Vraiment,  dit  Arthur,  il  n'est  pas  convenable,  quoi- 
qu'il soit  guéri,  que  tu  l'emmènes  avec  toi,  jusqu'à  ce  que  la  paix  ait  été 
faite  entre  lui  et  Gwenhwyvar.  »  —  «  Il  serait  possible  à  Gwenhwyvar 
de  concert  avec  moi  de  le  laisser  aller  sur  cautions  ».  —  €  Si  elle  le 
permet,  qu'elle  le  fasse  en  le  tenant  quitte  de  cautions;  c'est  assez  de 
peines  et  de  souffrances  sur  cet  homme  pour  l'outrage  fait  par  le  nain  à 
la  servante.  »  —  «  Ce  que  tu  trouve  juste  à  ce  sujets  toi  et  Gereint,  dit 
Gwenhwyvar,  je  le  ferai  avec  plaisir  ».  Alors  elle  permit  à  Edem  fils  de 
Nudd  d'aller  en  toute  liberté*  Beaucoup  allèrent  conduire  Gereint'. 

Ils  partirent  (formant)  la  plus  belle  troupe  qu'on  eût  jamais  vue,  dans  la 
direction  de  la  Severn.  Sur  l'autre  rive  étaient  les  nobles  d'Erbin  fils 
de  Constantin  et  son  père  nourricier  à  leur  tète  faisant  joyeux  accueil  à 
Gereint.  Il  y  avait  aussi  beaucoup  de  femmes  de  la  cour  envoyées  par 
sa  mère  pour  aller  au-devant  de  Enyd  fille  d'Ynywl,  femme  de  Gereint. 
Leur  venue  inspira  très  grande  allégresse  et  très  grande  joie  à  tous  les 
gens  de  la  cour  ainsi  qu'à  ceux  de  ses  domaines  tout  entiers,  tellement 
ils  l'aimaient,  tellement  ils  l'avaient  entendu  célébrer  depuis  qu'il  les 
avait  quittés,  et  aussi  parce  qu'il  venait  pour  prendre  possession  de 
ses  biens  ^  et  faire  respecter  les  limites  de  ses  terres.  Ils  vinrent  au 
palais.  Il  y  avait  abondance,  profusion  somptueuse  de  toute  espèce  de 
présents,  nombre  de  boissons,  riche  service^  musique  et  jeux  variés. 
Pour  faire  honneur  à  Gereint,  on  avait  invité  tous  les  gentilshommes  de 
ses  domaines.  Ce  jour  et  cette  nuit-là,  ils  les  passèrent  avec  tout  l'agré- 


1.  KulhwchacOUwen.  Mab.  11,  p.  211  G wrhyr  gwastawd  (x(c)iôthoed: prr  Ao//(erffto<tf 
a  wydyàty  il  savait  toutes  les  langues  ;  ibid.,  p.  21$  Gwrhyr  gwalstawt  iathoed.  Ce  mot 
singulier  paraît  signifier  interprète  : 

A  glywaist  ti  a  gant  Gwrhyr 
gwalstod  pop  iaith  gywir. 
«  as-tu  entendu  ce  qu'a  chanté  Gwrhyr,  l'interprète  ?  de  tout  langage  correa  •  (£a- 
glynion  y  clywtd  d'après  Owen  Puche). 

2.  Lady  Guest  rattache  Edem  nls  de  Nud  à  rénumération  qui  précède  et  traduit  ainsi 
depuis  heb  y  Gereint:  I  think  that  I  shal)  hâve  enough  of  knighthood  with  me:  ce  qui  vio- 
lente le  texte  et  n'est  nullement  en  rapport  avec  ce  qui  suit. 

^.  Ef  a  allei  v  Wenwyvar.  Pour  cette  tournure,  cf.  ac  ej  a  alUi  y  Uawer  Mab,  coUi 
y  M^it  (Math  uab  math.  Mab.  III,  p.  206.). 

4.  V.  Wottorij  Lois  galloises,  glossarium  au  mot  gorescyn:  Demecis  etiam  adiré  htn^ 
tatem  et  hereditatis  aditionem  et  per  hoc  possessionem  dénotât. 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbin.  41 5 

m.  kynyr.  Odyar  fiiranc»  ystiwart  llys  arth'.  Ac  edern.  m.  Nud 
heb  ^  y  ger'.  aglywafi  y  vot  yn  gallu  marchogacihî  auynnaf  ydyuot 
gyt  ami.  le  heb  yr  arth'.  Ny  weda  itti  d6yn  y  g6r  h6nn6  4  gyt  athi 
kyn  boet  iach  hyny  weneler^  tagnefed?  y  rygta6  a  gôenh'.  Ef  a 
allei^  y  wenh'  ygyt  ami  yganhadu  ar  veicheu.  9  Os  canhatta;  canhadet 
yn  ryd  oe  veicheu  «o.  kanys  digaôn  ogyméyeu'»  agouityeu»*  yssyd  ar 
yg6r  yn  lie  sarhaet  y  uor6yn  gan  y  corr.  le  heb  y  gôenh'  awelych  ti 
yn  uot  »î  yn  ia6n  am  hynny  ti  a  ger'.  Miuî  '4  ae  g6naf  yn  Uawen  arglôyd. 
Ac  yna  y  kanhadaéd  hi  edern  yn  ryd .  A  dîgaôn  yam  hynny  aaeth  yn 
hebrygyeit  ar  Er. 


A  chychwynM  aorugant*^  yn  6ympaf  nifer  aweles  '7  neb  eiroet  '8.  parth 
ahafren.  Ac  ar  ylan  tra6'9  y  hafren.  yd  oed  goreugôyr  Erbin. 
m.  Custenhin.  Ae  tatmaeth  yny  blaen><'  yn  aruoU  Ger'.  yn  Uawen. 
A  Uawer  o  wraged  yllys  y  gan  y  vam  ynteu  yn  erbyn  Enyd  verch 
yny6l  g6reic.  Er\  ^i  a  dirua6r  oruoled  allewenyd  agymyrth*^  pa6b  or 
llys  yndunt  ac  or  holl  gyfoeih  yn  erbyn  Ger'.  rac  meint  y  kerynt  ef. 
A  rac  meint  ycly6ssynt  yglot  ynteu 'î  yr  pan  athoed  y  6nhunt  6yH. 
Ac  am  y  vot  yn  dyuot  y  orescyn  *î  y  gyfoeth  ehun.  Ac  y  gad6  y 
teruyneu .  Ac  y r  llys  y  doelhant.  Ac  yd  oed  yno  diwallrôyd  »^  ehal- 
aethualch  ^7  0  amryual  ^^  anregyon  Ac  amhylder  owirodeu  ^9  A  didlaôt 
wassanaeth.  Acamryfalyon  5°  gerdeu  ag6aryeu.  Ac  0  enryded  Ger\  y 
g6ohodet^'  holl  wyrda  y  kyfoeth  y  nos  honno  3>.  Ar  dyd  h6nn6  ar  nos 
honno  atreulassant  h  tr6y  gymedrold'  0  esmôyihter  h.  Ac  yn  ieuenctit 
ydyd   tranoeth  3{    kyuodi    aoruc  Erbin.  A  dyuynnu  Ger'.  *atta6  ar 


I  odyar  ffranc  —  2  Heb  avec  une  majuscule  —  )  a  glywaf  i  digawn  uarchogaet  — 
4  honnw  —  5  kyt  —  6  wnelcr  —  7  tangneued.    Remarquons  une  fois  pour  toutes  qu'à 


heb  ueicheu  —  1 1  gemweu  —  1 2  gouutyeu  —  n  di  yuot  —  1 4  mi  —  i  j  a  cherdet 
—  16  a  orugant  manque  —  17  or  awelas  — -  18  eiryoet  —  19  ac  ar  y  parth  draw  — 
20  ae  datmaeth  yn  eu  blacn  —  21  y  wreic  ynteu  —  22  gymerth  —  25  rac  meint 
y  kynnuUassei  ynteu  glot  —  24  hwy  —  25  ac  am  uot  y  uédwl  ynteu  ar  orescyn  — 
26  ehalaethrwd  —  27  diwallualch  —  28  amryuael  —  29  amyldergwirodeu  —  30  am- 
ryuaelon  —  ji  gwahodet  —  32...  honno  y  ymweleint  a  Gereint  ~  33  a  dreu lassant 
après  hwnnw  ~-  34  drwy  gymedrolder  0  esmwythdra  —  35  dranoeth. 


4i6  G.  Eyans  et  J,  Loth 

ment  désirable.  ■  Le  lendemain  matin,  Erbin  se  leva,  fit  venir  Gérant  et 

les  nobles  personnages  venus  avec  lui  pour  l'escorter  >^  et  il  lui  dit  : 

«c  Je  suis  un  homme  alourdi,  âgé;  tant  que  j'ai  pu  maintenir  ton  pouvoir 

et  le  mien,  je  l'ai  fait.  Toi,  tu  es  un  jeune  homme,  tu  es  dans  la  fleor  de 

la  jeunesse.  Tiens  tes  domaines  maintenant.   »  —  a  Assurément,  dit 

Gereint,  de  mon  plein  gré,  tu  n'aurais  pas  remis  la  possession  de  tes 

biens  dans  ma  main  en  ce  moment  et  tu  ne  m'aurais  pas  emmené  de  la 

cour  d'Arthur.  »  —  «  Dans  ta  main  je  les  mets  ;  prends  aujourd'hui 

l'hommage  de  tes  vassaux.  »  Alors  Gwalehmei  dit  :  a  Ce  qu'il  y  a  de  mieux 

à  faire,  c'est  de  satisfaire  aujourd'hui  les  solliciteurs.  Demain  prends 

l'hommage  de  tes  vassaux  ^  »  On  réunit  les  solliciteurs.  Kadyrieith4  alla  vers 

eux  pour  examiner  leurs  désirs,  et  ce  qu'ils  désiraient  on  ne  fut  pas  long 

à  le  leur  donner.  Car  la  maison  d'Arthur  et  les  vassaux  de  Comouailles 

donnèrent  largement,  généreusement  de  leurs  biens  à  chacun  d'après  sa 

demande  et  sa  volonté.  Ce  jour  et  cette  nuit,  ils  les  passèrent  dans  tous 

plaisirs  désirables.  Le  lendemain  matin  Erbin  pria  Gereint  d'envoyer  des 

messagers  à  ses  vassaux  pour  leur  demander  si  cela  ne  les  gênait  pas 

qu'il  f&t  venu  pour  prendre  leur  hommage  et  s'ils  avaient  à  lui  opposer 

colère  ou  dommage  ou  quoi  que  ce  soit.  Ainsi  fit-il.  Eux  dirent  qu'il  n'y 

avait  en  eux  d'autre  sentiment  que  la  joie  et  l'honneur  le  plus  complets 

en  apprenant  que  Gereint  venait  pour  prendre  leur  hommage.   Alors 

Gereint  prit  l'hommage  de  tous  ceux  qui  se  trouvèrent  là.  Ils  furent  tous 

là  ensemble  la  troisième  nuit.  Le  lendemain  les  gens  de  la  mais<Hi 

d'Arthur  manifestèrent  le  désir  de  s'en  aller,  a  II  est  trop  t6t  pour  vous  de 

partir.  Restez  avec  moi  ici  jusqu'à  ce  que  j'aie  fini  de  prendre  l'hommage 


1.  Cymnudrol  signifie  proprement  mtsurly  convenable  et  conserve  dans  certains  passages 
des  Mab.  son  sens  propre  :  Math  vab  math.  III,  p.  20)  :  ères  yw  genyf  na  vedmt 
gymcdroli  ar  wneumur  esgidiau  wrth  vessur.  a  Je  m'étonne  pas  qoe  tu  ne  poisses  t'ar- 
ranger  de  façon  i  faire  des  chaussures  suivant  la  mesure  9  (dit  Ananrhod  i  Gwydyonqm 
les  fait  trop  grandes  ou  trop  petites).  Du  sens  de  convenable,  comme  il  faut ^  cymnudnUea 
arrivé  à  signifier  qui  satisfait  complètement  :  Ystoria  de  Carolo  magno,  p.  78,  il  est  dit 
que  Charles  a  tenu  les  France  en  Espagne,  heb  na  hun  gymedrol  na  b6Yt.| 

2.  Hebiwg  arm.  ambroug  répond  a  notre  expression  populaire| /jirc  ta  conduite  à. 

3.  Lady  Guest  traduit  par  sujets^  ce  qui  ne  nous  paraît  pas  tout  à  fait exaa.  Kjnoeth 
a  le  sens  de  pouvoir  comme  son  équivalent  irlandais  cumachta  et  aussi  celui  de  richesses, 
possessions.  On  le  trouve  employé  au  sens  concret  dans  d'autres  passages  (larrUes  7 
nynnawn  1,  p,  20),  absolument  comme  en  français:  les  puissances,  les  pouvoirs  pour  la 
hommes  ayant  la  puissance,  le  pouvoir.  Il  paraît  être  l'équivalent  ne  goreugivyr.  Nous  ne 
prétendons  pas  cependant  qu'il  ne  soit  pas  arrivé  parfois  au  sens  de  sujets. 

4.  Pour  ce  personnage  v.  Gereint  ab  Erbyn,  p.  22.  Dans  le  songe  de  Rhonabwy,  il 
t  présenté  comme  un  homme  jeune  et  sage.  Des  bardes  viennent  à  la  cour  chanter  kS 

louanges  d'Arthur.  Seul,  il  les  comprend  (ftâ//r-/«M*  l'homme  fort  en  langue,  au  langage 
fort  ?; 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbin  417 

Goreug6yr  adothoed  »   y  hebr6g.  A  dywedut  6rth  Er\  G6r  amlr6m  ^ 
oetyaôc  î   6yf    i  heb   ef .   A  thra  elleis   i  kynhal  4  kyfoeth  J  itti  ac 
iminheu^.  mi  aekynheleis.  A  thitheu  G6as  ieuanc  6yt.  Acymlodeu7  dy 
deôredAth  ieuenctil  yd  yit6yi®.  kynhal  dygyfoelhweithon.  le  mi  9  heb 
y  Ger'.  om  bod  i  ny  rodut  ti  vedyant  '^  dy  gyfoeth  ym  lla6  i  yr  a6r  hon. 
ac  nym  dygut  etwa  olys  arth'.  yth  la6  ti  "  nu  y  rodafi.  A  chymer  hediô 
ôry^gaeth  »2  dy  wyr.  Ac  yna  y  dywa6t  G6alchmei»3.    Ia6nhaf'4  y6 
ît  »  5  llonydu  »^  hedi6  yr  eircheit.  Ac  auory  kymer  6ryogaeth  dygyfoeih.  Ac 
yna  ydyfynôyt  yr  eîrcheit  y  un  lie.  Ac  ydoeth»7  kadyrieith  attadunt'® 
yedrych  eu  haruedyt.  apheth  aeruynynt'9.  Ac  ny  bu  hir  ybu6yt  yn 
rodi.  kanys  teulu  arth' ag6yr  kernyô  arodassant  yn  ehalaeth  y  pa6b 
6rth  yatolôyn.  Ae  vod.  yda  yn  didlaôt  *°.  Ar  dyd  h6nn6  ar  nos  honno 
atreulassant  tr6y  »»  gymedrolder  0  esmôyihtra  ".  A  thranoeth  yn  îeuenc- 
tit  y  dyd  yd  erchîs  Erbin  y  er\  anuon  kenadeu  ar  ywyr.  y  ofyn  udunt 
aoed  di6rthtr6m  ganthunt  y  dyuot  ef  e  gymryt*?  eu  g6ryogaelh»4.  Ac 
aoed  ganthunt  na  bar  nac  einiwet  »J  ae  dim  adottyntyny  erbyn.  Ac  uelly 
ygônaeth  ynteu»^.  ydywedassant  '7  6ynteu  nat  oed  namyn  kyfla6nder 
olewenyd  a  gogonyant  gan  ba6p  onadunt.  am  dyuot  Ger'  y  gymryt  eu 
gôryogaeth.  Ac  yna  y  kymyrthGer*.  ^8  gôryogaeth  *9aoed  yno  onadunt. 
Ac  yno  ygyt  ybuant   y  tryded  J®  nos.  A  thranoeth  yd  arofunaôd  teulu 
arth'.  ymdeith  31.  Ry  eghyrthî»  y6  i6ch   vynet  ymdeithH  etwa.  Ar- 
ho6ch  gyt  ami  m  hyny  darfFo  im  kymryt  gôryogaeth  vyg  goreug6yr  oc 
aerkytyo3J  0  nadunt  dyuot  attaf.   Ac  uelly  y  gônaethant    6ynteu3^. 
Ac  yna  y  kychwynassant  n  6y  parth  a  Uys  arth^  Ac  yd  aeih  JS  Ger'.  ac 
enyd  y  eu  hebrôg  hyt  yn  dyngannan  î9.   A   phan  ymwahanyssant 


I  a  dathoed  —  2  amtrwm  —  j  oedawc  —  4  gynnal  —  j  y  kyuocth  —  6  ac  y 
myhttn  —  yymiodeu  —  8  y  dwyt  —  9  mi  marujue,  —  10  medyant  —  11  di  — 
12  a  chymer  hcuythediw  wrogaeth  —  ij  Walchmei  —  14  iawnaf  —  15  ytii  —  16  lo 
nydu  —  17  ac  yaa  y  docth  —  18  attunt  —  19  ac  y  ouyn  y  bawp  beth  a  eruynynt  — - 
20  a  theuluAithur  a  dechreuwys  rodi.  ac  yny  lie  y  doeth  gwyr  kernyw  ac  y  roaassant 
wynteu.  Ac  ny  bu  hir  y  buant  y  rodi  rac  meint  brys  pawb  onadunt  y  rodi.  ac  or  adoeth 
y  erchi  da  yno  nyt  acth  neb  ymeith  odyno.  namyn  gan  y  uod  —  21  drwy  —  22 
esinwylhdra  —  2}  y  dyuod  ef  y  gymryt  —  24  gwrogacth  —  2j  ac  bar  ae  cnniwet  — 
26  ac  uelly  y  g6naeth  ynteu  manque  —  27  yna  y  gyrraN\d  Gereint  gennadeu  ar  wyr 
kernyw  y  ouyn  udunt  hynny.  ac  y  dy\\edassant  —  2S  ac  yna  y  kymerth  ynteu  —  29 
gwrogaeth  —  30  y  drycled  —  31  ymeith  —  32  Ry  gyghyrth  -  jJ  ymeith  —  34  ygyt 
a  rai  —  35  or  aerkyityo  —  36  ac  wynt  a  d/igyassant  yn  y  daruu  idaw  ef  hynny 
—  )7  ac  y  kychwynassan  —  38  ac  yna  ydaeth  —  39  diganhwy. 

Rey,  CelU  VU.  27 


4i8  G.  Emns  et  J.  Loth, 

de  ceux  à  qui  il  conviendra  (?)  de  venir  vers  moi  >.  »  Ainsi  firent-ils.  Puis 
ils  partirent  pour  la  cour  d'Arthur.  Gereint  avec  Enyd  les  conduisirent 
jusqu'à  Dyngannan.  Lorsqu'ils  se  séparèrent  Ondra  fils  du  Duc  dit  à 
Gereint  :  a  Va  aux  extrémités  de  tes  domaines  et  examine  avec  une 
attention  minutieuse  tes  limites.  Si  tés  embarras  deviennent  trop  lourds, 
fais-le  savoir  à  tes  compagnons.  »  —  «  Que  Dieu  te  le  rende,  je  le 
ferai.  » 

Alors  Gereint  alla  aux  extrémités  de  ses  domaines  ayant  avec  lui 
comme  guides  les  hommes  les  plus  notables  de  ses  domaines  ',  et  le  but 
le  plus  éloigné  qu'on  lui  montra,  il  en  prit  possession.  Comme  il  avait 
coutume  tant  qu'il  avait  été  à  la  cour  d'Arthur,  il  recherchait  les  tournois 
et  faisait  connaissance  avec  les  hommes  les  plus  vaillants  et  les  plus  forts, 
si  bien  qu'il  devint  célèbre  dans  cette  région,  comme  là  où  il  avait  été 
auparavant,  et  qu'il  enrichit  sa  cour  et  ses  gentilshommes  des  meilleurs 
chevaux  et  des  meilleures  armes.  Et  il  ne  cessa  pas  jusqu'à  ce  que  sa 
gloire  eût  volé  par  tout  le  royaume.  Lorsqu'il  le  sut,  il  commença  à  aimer 
le  repos.  Car  il  n'y  avait  plus  personne  à.oser  lui  tenir  tête.  î  II  aima  sa 
femme,  le  séjour  continu  dans  sa  cour,  la  musique  et  les  divertissements. 
Pendant  assez  longtemps  il  resta  à  la  maison.  A  la  suite  de  cela,  il  aima  la 
retraite  de  sa  chambre  avec  sa  femme,  à  tel  point  qu'il  n'y  avait  plus 
rien  autre  chose  qui  lui  plût,  qu'il  perdait  le  cœur  de  ses  gentilshommes, 
négligeant  chasse  et  divertissements,  le  cœur  de  tous  les  gens  de  sa  cour, 
et  qu'il  y  avait  secrètement  des  murmures  et  des  moqueries  à  son  sujet  entre 
les  habitants  de  la  cour,  parce  qu'il  se  séparait  aussi  complètement  de  leur 
compagnie  pour  l'amour  d'une  femme. 

Ces  propos  arrivèrent  jusqu'à  Erbin.  Lorsqu'il  l'eut  entendu,  il  le  dit 
à  Enyd,  et  lui  demanda  si  c'était  elle  qui  faisait  agir  Gereint  ainsi  et  qui 
lui  imposait  de  se  séparer  de  sa  maison  et  de  son  entourage.  »  —  «  Moi 


1 .  Erkyttyo.  Le  sens  de  ce  mot  ne  nous  est  pas  clair.  On  le  trouve  dans  un  passade 
de  Kulhwch  ac  Olwen  p.  201,  Mab.  II,  mais  là-mème  son  sens  ne  ressort  pas  sum- 
samment.  Il  est  peut-être  composé  de  er  -h  cydio  (unir,  joindre).  Le  f  est  géminé  sous 
l'influence  du  sufnxe  du  subjonctif  comme  dans  dywetto  du  verbe  dywedydy  etc. 

2.  Lad  y  Guest  a  traduit  comme  s'il  y  avait  a  chyuarwydyt.,.  a  goreugwyr  tandis  qu'il 
y  a  achyuarwydyt...  0  oreugwyr  (and  experienced  guides  and  the  chiefmen...)  Kyuarwydit 
a  plusieurs  sens  ;  le  plus  souvent  celui  de  direction,  indication  et  aussi  d'histoire, 
récit  (cf.  Math  vab  Math.  Mab.  Ul,  p.  191  ;  Kulhwch  acolwen  II,  p.  213;  Peredurab 
Evrauc  II,  p.  288,  292  ;  Brannwen  Mab.  III,  p.  ioi,etc.) 

3.  Lady  Guest  a  traduit:  there  was  no  one  who  was  worth  his  opposing,  ce  qui  donne 
un  sens  fort  satisfaisant  et  auquel  rien  dans  son  texte  ne  s*oppose.  Mais  dans  notre  texte, 
nous  avons  dalhei  qui  ne  peut  guère  appartenir  qu'au  verbe  dala  ;  si  c'était  le  verbe 
valoir  il  y  aurait  a  talhei  conformément  aux  habitudes  orthographiques  de  notre  scribe  : 
Cf.  passim  Duw  a  talho  (Guest  Duw  a  dalho).  Pour  a  dala  ya  erbyn  tenir  tête  à,  risisttt 
cf.  Ystoria  de  C  arolo  magno,  P-  71  ^  ^^^  ^^'^   0  honunt  yn  y  herbynny  cf.  ibid.,  p.  39. 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbin,  419 

yclywa6t  Ondra.  m.  y  duc  '  6rth  Er'.  kertha*  heb  ef  eîthafoed  dy 
gyfoeth  yn  gyntaf.  Ac  édrych  yn  llôyrgraff  leruyneu  dy  gyfoeth.  Ac 
o  g6rthtryma  gofit  ?  arnat.  manac  ar  dy  getymdeithon.  Du6  atalo  itt  .4 
aminheu  awnaf  hynny. 


Acyna  y  kyrcha6d  5  Ger'.  eithafoed  y  gyfoeth.  achyfar6ydyt  gyt 
ac  ef  0  oreugôyr  hyspys  ^  y  gyfoeth .  Ar  amkan  pellaf  a.  dangosset  ida6 
agetwis  ynteu  gantaô.  Ac  val  y  gnottaassei?  tra  uu  ynllys  arih'.  kyrchu 
tômeimeint  awnaeî.  Ac  ym6ybot  ar  g6yr  de6rhaf  achadamaf  hyny  oed 
clotuaôr  yny  kyfeir^  h6nn6  val  y  lie  y  buassei  gynt  9.  Ac  yny  gyfoetho- 
ges  ylys  ae  wyrda  '®.  or  meirch  goreu  ac  or  arueu  goreu  Ac  or  eurtlys- 
seu  '  '  arbennicaf  a  goreu.  Ac  ny  orffowyssa6d  ohynny  hyny  »*  ehedaôd  y 
glot  dros  6yneb  y  leyrnas  m.  A  phan  6ybu  ef  hynnyo:  dechreu  karu  es- 
my6thter  ac  yscyfal6ch  aoruc  »4  ynteu.  kanyt  oed  neb  a  dalhei  vot  '5  yny 
erbyn.  A  charu  y  wreic  ag6astatr6yd  yny  lys  A  cherdeu  adidanôch .  A 
chartrefu  talym  '^  aoruc.  Ac  yn  ol  hynny  karu  yscyfal6ch  »7  oe  ystauell 
ae  wreic  hyt  nât  oed  digrif  ganta6  dim  namyn  hynny.  hyny  yttoed  '^  yn 
coUi  callon  y  wyrda  ae  hela  ae  digrif6ch  a  challon  c6byl  onifer  ylys . 
Ac  yny  yttoed  ymodôrd  a  gogan  ama6  dan  lla6.  '9  gan  tyl6yth  *®  y  lys 
am  yuot  yn  ymgolli  yn  gynl6yret  ahynny  ac  eu  kelymdeithas  6ynt  ^»  o 
garyat  g6reic. 


Ar  geireu  hynny  a  aeth  ar  '*  erbin.  A  g6edy  clybot  0  Erbin  hynny. 
dywedut  aoruc  ynteu  hynny  y  Enyd.  A  gofyn  aoruc  idi.  Ae  hihi  oed  yn 
péri  hynny  y.  er\  Ac  yn  dodi  y  dana6  ymada6  ae  tylôyth'J  ac  ae  nifer. 


I  ac  yna  y  gwahanyssant  ac  yna  y  dywawd  Ondyaw  uab  duc  bwrgwyn  —  2  kerda 
—  3  gouut  —  4  a  dalo  m  heb  ef  —  5  kerdawd  —  6  hyspys  après  chyuarwydyt  — 
7  ^ottayssci  —  8  y  gyucir  —  9  ual  y  buassei  yn  lie  arall  gynt  —  10  y  lys  ae  gedym- 
deithon  ac  wyrda  —  11  eurtlysseu  —  12  hynny  manque.  —  ij  y  deyrnas  —  14  ysga- 
vnrwyd  —  ij  a  dalei  aruot  —  16  a  chartfefu  yn  hynny  dalym  —  17  yscafalwch  — 
18  oed —  19  gan  law  (leg.  tan  law)  —  20  dyiwyth  —  21  Kedymdciihas  wy  —  22 
att  recte—  23  Iwyth.  . 


420  G.  Evans  et  J.  Lotli. 

non,  par  ma  foi,  je  le  déclare  '  devant  Dieu,  dit-elle,  et  il  n'y  a  rien  qui 
me  soit  plus  odieux  que  cela.  »  Un  matin  d'été,  ils  étaient  au  Ut.  Lui  était 
sur  le  bord  et  Enyd  était  sans  dormir  dans  la  chambre  vitrée.  Le  soleil 
envoyait  ses  rayons  sur  le  lit.  Les  habits  avaient  glissé  de  dessus  sa  poi- 
trine et  ses  bras  pendant  qu'il  dormait.  Elle  considéra  combien  était  beau 
et  saisissant'  son  aspect  et  parla  ainsi  :  «  Malheur  à  moi,  dit-elle,  si  à 
cause  de  moi,  ces  bras  et  cette  poitrine  perdent  la  gloire  et  la  réputation 
qu'ils  avaient  auparavant.  »  Et  en  disant  cela,  elle  laissa  échapper  des 
larmes  en  abondance  au  point  qu'elles  tombèrent  sur  sa  poitrine  à  lui. 
Et  ce  fut  une  des  choses  qui  le  réveillèrent  3.  Une  autre  pensée  le  mit  en 
émoi,  c'est  que  ce  n'était  pas  par  sollicitude  pour  lui  qu'elle  avait  parlé 
ainsi,  mais  sous  l'impression  de  son  amour  pour  quelqu'un  qu'elle  lui 
préférait  et  parce  qu'elle  cherchait  à  se  séparer  de  lui.  Alors  Gereint 
s'irrita  sous  l'empire  du  trouble  qu'il  y  avait  dans  sa  pensée.  Il  appela 
son  écuyer.  «  Fais  préparer  rapidement  mes  armes  et  mon  cheval,  dit-^1, 
et  fais  qu'ils  soient  prêts.  Lève-toi  aussi,  dit-il  à  Enyd,  et  habille-toi. 
Fais  préparer  ton  cheval  et  prends  ton  plus  mauvais  habit  pour  che- 
vaucher. Honte  à  moi,  si  tu  reviens  ici  avant  d'avoir  su  si  j'ai  perdu  mes 
forces  aussi  réellement  que  tu  Tas  dit,  et  en  même  temps  s'il  te  sera 
aussi  facile  4  que  ce  l'était  en  désirs  de  chercher  à  me  quitter  pour  celui 
auquel  tu  songeais  (.  »  Et  elle  se  leva  aussi,  et  reyètit  un  habit  négligé. 
«  Je  ne  sais  rien  de  ta  pensée,  seigneur,  dit-elle.  »  —  «  Tu  ne  le  sauras 
pas  maintenant,  dit-il.  »  Et  alors  Gereint  alla  voir  Erbin.  «  Seigneur, 
dit-il,  je  pars  pour  une  affaire,  et  je  ne  sais  trop  quand  je  reviendrai; 
pour  toi,  seigneur,  veille  ^  sur  tes  domaines  jusqu'à  ce  que  je  sois 
revenu.  j>  —  a  Je  le  ferai,  dit-il^  mais  je  m'éionne  que  tu  partes  si  subi- 


1.  KyffisyDuw,  On  trouve  quelauefois  l'expression  complète:  Manawyddan  vab 
Llyr  m,  p.  I  j8,  y  Duw  y  dygaf  vyg  kyffes;  larllcsyflfynnawn  I,  p.  io,am  kyffes  a  dygaf 
iti,  Kei. 

2.  Aruthr  s'applique  à  tout  ce  qui  est  saisissant,  terrible  ou  non.  cf.  Breudwyt  Rho- 
nabwy  II.  p.  381,  386;  Gereint  II,  p.  ly  etc. 

3 .  Apres  ac  un  or  pethau  ae  deffrots  tf  uu  hynny,  et  vne  des  choses  qui  le  rèveillirent  fat 
celdf  le  texte  de  lady  Guest  porte  ygyt  ar  ymadrawd  hi  kynno  hynny,  ainsi  qae  ses 
paroles  d  elles  auparavant,  ce  qui  est  en  contradiction  avec  le  contexte,  et  doit  être  con- 
sidéré comme  une  mauvaise  glose.  Lady  Guest  a  aussi  traduit  kyffroes^r  éveilla,  ceqni 
est  inexact. 

4.  Pour  le  sens  d'y scyvalwch,  cf,  larlles  y  fiynnawn  I,  p.  20;  Ystoria  de  Carolo 
magno,  p.  6;  p.  $9  ysgyvala  ou  ysgavala,  Lady  Guest  ne  paraît  pas  avoir  compris  ce 
mot.  Pour  yscafael  dans  le  sens  de  facile,  Ta\iesm,  p.  163,  vers  17,  Skeene  Four,  anc. 
books  II. 

j.  Lady  Guest  traduit  comme  s'il  y  avait  0  byd  hynny,  Kyn  ysgavaelhet..,  and  if 
k  be  so  it  will  then  be  easy  for  thee  to  seek  the  society  thou  didst  wish  for  of  him... 
Ce  qui  offre  un  sens  satisfaisant,  mais  peu  conforme  à  la  lettre  du  texte. 

6.  Synnyaw  a  le  sens  de  considérer,  examiner,  regarder  avec  attention;  cf.  Manawydan 
vab  Llyr  III,  p.  149;  Math  vab  Math.  III,  p.  208. 


Fragment  du  Mahinogi  de  Gereint  ab  Erbin.  421 

Na  vi  myn  vyg  çre^  kyffesydu6  ^  bebhi.  Acnytoesdiin  gassach  genhyf 
no  hynny  *.  A  boregôeith  yr  haf  yd  oedynt  yn  eu  g6ely .  Ac  ynteu  6rth 
yr  crchwyn.  Acenyd  oed  heb  gyscu  yiny6n  ystauell  wydrin.  Ar  heûl  yn 
ty wynnu  ar  yg6ely.  Ar  dillat  g6edy  rylithra6  yar  yd6y  vron  ae  d6y 
vreich.  Ac  ynteu  yn  kyscu.  Sef  aoruc  hitheu  edrych  tecket  ac  aruthret 
yr  ol6c  awelei  ama6.  A  dywedut.  Gwae  vi  heb  hi  os  om  hacha6s  i 
ymae  y  breicheu  hî  3  ar  d6y  vron  yn  coUi  dot  amil6ryaeth  kymeint 
aoed  4  eidunt.  A  chan  hynny  ell6g  y  dagreu  yn  hidleit  hyny  dyg6yd- 
assant  ar  y  d6y  vron  ef.  Ac  vn  or  petheu  ae  deffroes  ef  uu  J  hynny  ^. 
A  med6I  arall  ae  kyiTroes  pteu  nat  yr  amgeled  7  ymdana6  ef  y  dywed- 
assei  hi  hynny.  namyn  yr  ystyryaô  karyat  ar  6r  arall  drosta6  ef.  A 
damunaô  ysgyfalôch  ^  hebdaô  ef .  Ac  ar  hynny  llityaô  aoruc  gcr'  tr6y 
anhagnefed  9  yny  ved61.  A  gal6  ar  ysgôier  atta6.  Par  yn  gyflym  heb  ef 
kyweira6  vym  march  am  harueu.  A  phar  eu  bot'^'  yn  bara6t.  Achyfot 
titheu  heb  Enyd  ag6isc  ymdanat.  A  phar  gyweira6  dy  varch.  A  d6c  y 
wisc  waethaf  ar  dy  hel6  6rth  varchogaeth.  A  meuel  <>  imi  heb  ef  0  deuy 
tî '*  yraa  hyny  6ypych'3  agolleisi  vyn  nerthoed  yn  gyngywiret  ac  y 
dywedut  ti  '4.  Ac  ygyt  ahynny  obyd  »  J  kp  yscyfalhaet  »^  itti  ac  yd  oed 
dy  damunet  y  geissaô  yscyfal6ch  '7  am  y  neb  ydocdut  yn  medylya6 
ymdanaô  »8.  a  chyfodi  aoruc  hitheu  ag6isca6  yscaeluswisc  ymdanei.  Ny 
6n  î  dim  oth  ved61  ti  argl6yd  heb  hî  »9.  Nys  géybydy  ti  yr  a6r  hon  heb 
cf.  Ac  yna  yd  aeth  Ger'  y  ymwelet  ac  erbin.  A  6r  da  heb  ef.  y  neges 
yd  6yfi  ^^  yn  mynet.  Ac  nyt  hyspys  genhyf  py  bryt  ^  »  y  deuaf  trachefyn^». 
Asynhya  tî^J  6rda  heb  ef  6rth  dy  gyfoeth  hyny  delh6yfi  trachefyn.  Mi 
awnaf  heb  ef  ac  ef  ères  y6  genhyf  mor  deissyuyt  yd  6yt  yn  mynet.  A 
phéy  a  gerda  gyt  athi .  6rth  nat  6yt  ti  6r  ^4  y  gerdet  tir  lloegyr  tuhunan  »î . 
Ny  da6  gyt  aroiui  namp  vn  dyn  arall.  Du6  ath  gygho  nu  mab  '^  heb  yr 


1  myn  vyg  kyflfes  y  duw  —  a  après  kynny  vient  le  passage  suivant  qui  manque 
dans  Hengwrt:  ac  ny  wydyat  hi  beth  awnaei.  Kanyt  oed  hawd  genthi  hitheu  adef 
hynny  y  Ereint.  Nyt  oes  haws  genthi  hitheu  warandaw  ar  a  gly wei  heb  rybudiaw  Gereint 
y  m  danaw  a  goueileint  raawr  a  delis  hi  yn  hi  am  hynny.  A  bore  gweith  ...  Hengwrt 
reprend  à  a  boreg6eith  —  3  leg.  hynn.  Ouest  hynn  —  4  ac  a  oed  —  j  un  (leg.  uu)  — 
6  hynny  ar  ymadrawd  hi  kynno  hynny  —  7  medwl  —  8  yscaualwch  —  9  ac  ar 
hynny  sef  a   oruc  Gereint  antangneuedu  —  10  ac  eu  bot  —  11  meuyl  —  12  or  deui  di 

—  1}  yny  wypych  di  —  M  Y"  Kygwplct  ac  y  dywedi  di  —  1 5  or  byd  —  16  ysgaoalhet 

—  17  ysgiualwch  —  18  am  y  neb  y  medylyut  vmdanaw  —  19  heo  hi  après  ny  wnn 
i  —  20  neges  yd  wyf  —  21  pa  bryt  —  22  drachen  (leg.  drachefyn^  —  23  a  synnya 
di  —  24  wrth  nat  wyt  wrdi  (sic)  —  25  yn  unie  —  26  ath  gygho   a  a  mab  (recte). 


42  2  G,  Evans  et  J.  Loîh. 

teoient .  Et  qui  ira  avec  toi,  car  tu  n'es  pas  un  homme  à  traverser 
seul  la  terre  de  Lloegyr.  »  —  «  Il  ne  viendra  avec  moi  qu'une  seule 
personne.  »  —  «  Que  Dieu  le  conseille,  mon  fils,  dit  Erbin,  puissent 
beaucoup  avoir  recours  à  toi  >  en  Lloegyr.  »  Gereint  alla  où  était  son 
cheval.  Il  était  équipé  avec  son  armure  lourde,  brillante,  étrangère.  Il 
ordonna  à  Enyd  de  monter  à  cheval,  d'aller  devant  et  de  prendre  une 
forte  avance  :  «  Quoi  que  tu  voies  ou  entendes  à  mon  sujet,  [dit-il],  ne 
reviens  pas  sur  tes  pas  ;  et,  si  je  ne  te  parle  pas,  ne  me  dis  pas  un  mot 
non  plus.  »  Et  ils  allèrent  devant  eux. 

Et  ce  ne  fut  pas  par  la  route  la  plus  agréable  ni  la  plus  fréquentée 
qu'il  fit  marcher,  mais  bien  par  la  plus  déserte,  celle  oi!i  il  fût  le  plus  sûr 
de  trouver  des  brigands^  des  vagabonds,  des  bêtes  fauves  enragées,  veni- 
meuses. Ils  arrivèrent  à  la  grand'route,  la' suivirent  et  aperçurent  un]  grand 
bois  à  côté  d'eux.  Ils  y  allèrent,  et  en  sortant  du  bois,  ils  virent  quatre  che- 
valiers armés.  Ceux-ci  les  regardèrent  et  l'un  d'eux  dit  :  «  Voici  unç  bonne 
aubaine  pour  nous  ;  ces  deux  chevaux-là,  les  armes  et  la  femme  aussi,  nous 
aurons  le  tout  sans  efforts  pour  ce  qui  est  de  ce  chevalier  seul  là-bas^  à  la  tète 
lourde,  affaissé  ^  et  triste.»  Enyd  entendait  cette  conversation  et,  par  crainte 
de  Gereint,  ne  savait  '  que  faire  :  ou  le  lui  dire  ou  se  taire.  «  La  vengeance 
de  Dieu  soit  sur  moi,  si  je  n'aime  pas  mieux  la  mort  de  sa  main  que  de 
la  main  d'un  autre.  Dût-il  me  tuer,  je  le  lui  dirai,  pour  ne  pas  voir  la 
mort  sur  lui  à  l'improviste.  »  Elle  attendit  Gereint  jusqu'à  ce  qu'il  fût 
près  d'elle  :  «  Seigneur,  dit-elle,  entends-tu  les  propos  de  ces  hommes 
là-bas  à  ton  sujet  ?»  —  Il  leva  la  tête  et  la  regarda  avec  colère  : 
«  Tu  n'avais  autre  chose  à  faire  qu'observer  l'ordre  qu'on  t'avait 
donné,  c'est-à-dire  te  taire.  Ta  sollicitude  et  ton  averussement  ne 
comptent  pas  pour  moi  4,  et,  quoique  tu  désires  me  voir  tuer  et  mettre 
en  pièces  par  ces  gens-là,  je  n'ai  pas  la  moindre  crainte.  »  A  ce  moment, 
le  premier  d'entre  eux  mit  sa  lance  en  arrêt  et  s'élança  sur  Gereint.  Lui  lui 
tint  tête,  et  non  en  homme  amolli.  Il  fit  passer  le  choc  de  côté,  et  lui- 
même  s'élança  sur  le  chevalier  [le  frappant)  au  centre  de  son  bouclier, 

1.  //j»// signifie  proprement  r^djmdf/on,  plainte;  le  hawliwr  dans  les  lois  galloises  est 
le  demandeur.  Cf.  Peredur  ab  Evrawc  I,  p.  292  ;  larlles  yff  !,  p,  3j  ;  Gereint  ab  Erb.  Il, 
p.  n- 

2.  Llibin  flasque,  et  aussi  niais,  simple:  cf.  Pwyll  pendeuic  Dyued  III,  p.  ^0. 

j.  Gwydyaî.  Pour  cette  forme,  cf.  Rhp,  Revue  Celt.  VI-I,  p.  47  en  note.  M.  Rhys 
cite  la  forme  comique  wothyen,  «  je  savais  >.  Il  y  a  une  forme  correspondante  en  armo- 
ricain, en  usage  aujourd'hui  à  peu  près  partout  :  gouyenn  moyen  armoricain  gouzienn. 

4.  M.-à-m.  Ce  n'est  pas  sollicitude  pour  moi  ni  avertissement  que  le  tien.  Lady  Gaest 
traduit  :  I  wish  but  for  silence,  and  not  for  warning.  Teu  ne  peut  signifier  silence  :  c'est 
ou  une  y  pers.  du  sg.  du  présent  futur  de  tewi  se  taire,  ou  le  possessif  de  la  2*  pers. 
La  construction  à  notre  avis,  ne  permet  pas  de  voir  dans  teu  un  verbe.  Pour  teu  y  pers. 
cf.  Kulhwch  ac  Olwen  II,  p.  224,  201 ,  228. 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ah  Erbin.  425 

erbin.  A  llawer  dyn  ahaôl  '  arnat  yn  lloegyr.  Ac  yr  lie  yd  oed  y  varch  ^ 
ydoeth  Ger\  Ac  yà  oed  y  varch  yn  gy  weir  oarueu  tr6mloy6  5  estronaôl. 
Ac  erchi  aoruc  ynteu  y  enyd  escpnu  ary  march  acherdet  or  blaen  a 
chymryt  ragor  ma6r.  Ac  yr  awelych  ac  agly6hych  arnafi  heb  ef  nac 
ymchoel  ti  4  trachefyn  5 .  Ac  ony  dy wedafi  6rthyti .  na  dy wet  ti  vn  geir 
heuyt.  A  cherdet  racdunt  aorugant. 


Ac  nyt  y  fford  digrifaf  achyfanhedaf  aperis^  ef  y  cherdet.  namyn  y  fFord 
diffeithaf  adiheuaf  bot  7  lladron  *  aher  wyr  ab6ystuilet  kyndeiraôc  9  g6en6yn- 
ic;  A  dyuot  y  prifford  •'^  aorugant.  «'  aechanlyn.  A  choet  maôrawelynt 
yôrthunt.  A  pharth  '*  ar  coet  y  doethant  'î .  Ac  yn  dyuot  or  coet  allan  y 
gôelynt  petwar  '4  marcha6c  aruaôc.  Ac  edrych  aorugant  amadunt  'J  A 
dywedut  aoruc  vn  onadunt  *^.  Llyma  le  da  inni  »7  y  deu  varch  racco  ar 
arueu  ar  wreic  heuyt.  A  hynny  agaffôn  yn  seguryryrvn  marchaôcpen- 
tr6ni  '8  goathrist  llibin  racco  '9.  Ar  ymdidan  h6nn6  aglywei*°  Enyd.  Ac 
ny  wydyat^'  beth  awnaeirac  ofynGer'.  ae  dywedut  hynny  aetewi.  Dial 
du6  amaf  onyt  dewissaf  ^*  genhyf  vy  agheu  oe  la6  ef  nocet  ola6  »5  arall. 
Achyt  am  lladho  ^4  mi  ae  dywedaf  ida6  rac  g6elet  agheu  arna6  ef  yn 
dirybud^s.  A  chyfarhos^^  ger'.  aoruc  hyny  vyd  yn  agos  idi.    Argl6yd 
heb  hi  aglywy  ti  ^7  geireu  y  g6yr  racco  ymdanat  ti  ^8.   Drychafel  ^9  y 
6yneb  aoruc  ynteu.  Ac  edrych  arnei  p  Uityaôc  J®.  Nyt  oed  reitit  namyn 
kad6  a  erchit  itt  y  geir  ?'.  Sef  oed  hynny  3*  tewi.  Nyt  amgeled  genhyf 
ac  nyt  rybud  y  teu  n.  A  chyt  mynnut  ti  h  welet  vy  agheu  i  ara  diuetha 
or  g6yr  racco  nyt  oes  arnafi   vn  argyss6r6  55.    Ac  ar  hynny   est6g 
g6ay6  3^  awnaelh  y  blaenaf  onadunt  37  agossot  ar  Er'.  Ac  ynteu  ae  her- 
bynyaôd  ac  nyt  maP^  ggr  Hesc.  Agoll6g39  y  gossot  heibaô  aoruc.  A 
gossot  aoruc  ynteu  ar  y  marchaôc  ym  perued  y  taryan  40  hynny  hyllt  y 
taryan  4»  ac  yny  tyrr  yr  arueu  ac  yny  vyd  dogyn  ky félin  va6r  ynda6  42 
or  paiadyr.  Ac  ynteu  43  dros  pedrein  y  varch  yr  lla6r  yn  var6.  Ar  eil 
marchaôc  ae  kyrch6ys  ynteu  yn  Ilitya6c44  am  lad  y  getymdeith.  Ac  ar 
yr  vn  gossot  y  byryaôd  ef  h6nn6  yr  Ila6r45  ac  y  lladaôd  mal  46  y  Hall. 

I  ae  hawl  —  2  y  uarch  (recte)  —  3  trwm  —  4  di  —  j  drachcuyn  —  6  a  bcris  — 
7uot  —  8  llatron  —  9  kyndeiraôc  manque  —  10  yr  brif  ford  —  11  aorugant  après 
chanlyn —  12  ffarth  —  13  y  deuthant  —  14  pcdwar  —  ij  arnunt  —  16  ohonunt  — 
1 7  ynni  heb  ef  y  gymryt  —  1 8  pendrwm  —  1 9  racco  llibin  —  20  a  gigleu  —  2 1 
wycfyat  hitheu  —  22  desissach  (leg.  âewissach)  —  23  noc  0  law  —  24  a  chyt  ymlado 
ami  —  25  yn  dyvryt  —  26  achyuaros  —  27  di  —  28  ti  manque  —  29  dyrchauel  —  30 
Uidyawc  —  31  cadw  y  geir  a  archyssit  itti  —  32  hwnnw  —  33  y  leu  après  gennyf  — 
34  mynych  di  —  3J  argysswr  —  36  gwaew  —  37  ohonunt  —  38  ual  —  39  gellwg 
—  40  yn  tewder  y  daryan  —  41  y  daryan  —  42  yn  daw  ynteu  —  43  ac  yny  vyd 
hyt  gwaew  Gereint  —  44  Kyrchawd  ynllidyawc  —  4$  yr  llawr  manque  —  46  ual. 


424  G.  Evans  et  J,  Loth. 

au  point  que  le  bouclier  se  fendit,  que  l'armure  se  brisa,  qu'une  bonne 
coudre  du  fût  de  la  lance  lui  entra  dans  le  corps  et  qu'il  fut  à  terre, 
mort,  par-dessus  la  croupe  de  son  cheval.  Le  second  chevalier  Tattaqua 
avec  fureur  à  cause  de  la  mort  de  son  compagnon  et,  d'un  seul  choc,  il 
le  jeta  à  terre  aussi  et  le  tua  comme  l'autre.  Le  troisième  l'attaqua  aussi 
et  (Gereint)  le  tua  de  même.  De  même  aussi^  il  tua  le  quatrième.  Triste 
et  peinée  était  Enyd  regardant  cela.  Gereint  descendit,  enleva  aux  tués 
leur  armure,  la  mit  dans  les  selles,  attacha  les  chevaux  ensemble  par  le 
frein,  et  monta  à  cheval,  a  Voici  ce  que  tu  vas  faire,  dit-il,  pousse  les 
quatre  chevaux  devant  toi  ;  va  devant,  comme  je  te  l'avais  commandé, 
il  y  a  un  moment,  et  ne  me  dis  pas  un  mot  que  je  ne  t'adresse  la  parole. 
Et,  je  le  déclare  devant  Dieu,  si  tu  ne  le  fais  pas,  ce  ne  sera  pas  impu- 
nément. »  —  «  Je  ferai  mon  possible  pour  cela,  seigneur,  dit-elle,  d'après 
ton  avis.  » 

Et  ils  s'avancèrent  à  travers  le  bois.  Us  quittèrent  le  bois  et  arri- 
vèrent à  une  grande  plaine.  Au  milieu  de  la  plaine^  il  7  avait  un  taillis 
à  tète  épaisse,  entortillé,  et  ils  virent  venir  vers  eux  du  côté  de  ce  bois 
trois  chevaliers  avec  leurs  chevaux  bien  équipés,  avec  armure  autour 
d'eux  jusqu'à  terre  et  autour  de  leurs  chevaux.  Enyd  les  regarda  avec 
attention.  Lorsqu'ils  furent  auprès,  voici  la  conversation  qu'elle  entendit 
entre  eux.  «  Voici  une  bonne  aubaine  pour  nous,  et  sans  efforts,  dirent- 
ils  ;  les  quatre  chevaux,  les  quatre  armures,  pour  ce^qui  est]^de  ce  che- 
valier là-bas,  nous  les  aurons  à  bon  marché;  la  jeune  fille  aussi  sera  en 
notre  pouvoir.  »  —  «  Ils  disent  vrai,  dit-elle  ;  il  est  fatigué  à  la  suite  de 
sa  lutte  avec  les  hommes  d'il  y  a  un  moment.  La  vengeance  de  Dieu 
soit  sur  moi,  si  je  ne  l'avertis  pas.  »  Et  elle  attendit  Gereint  'jusqu'à  ce 
qu'il  fût  auprès  d'elle.  «  Seigneur,  dit-elle,  n'entends-tu  pas  la  conver- 
sation de  ces  hommes  là-bas  à  ton  sujet  ?»  —  «  Qu'est-ce,  dit-il  ?»  — 
Ils  sont  en  train  de  se  dire  *  qu'ils'auront  tout  ceci  comme  butin  à  bon 
marché.  »  —  a  Par  Dieu  et  moi  *,  dit-il,  ce  qui  est  plus  pénible  pour 
moi  que  la  conversation  de  ces  gens-là,  c'est  que  tu  ne  té  taises  pas  vis- 
à-vis  de  moi  et  que  tu  ne  te  conformes  pas  à  mon  ordre.  »  —  Seigneur, 


1 .  Le  texte  porte  yr  ydant,  quHI  ne  faut  pas  songer  i  corriger  en  yrygdunt.  D'après 
les  habitudes  de  notre  scribe  ce  serait  d'ailleurs  yrygtunt.  De  plus  yr  a  non  ^seulement  le 
sens  de  pour,  à  cause  de^  malgré  (cf.  er  armoricain),  mais  aussi  celui  de  enfre,  cf.  Ystoria 
de  Carolo  magno,  p.  82:  a  thygu  y  mae  na  byd  un  dygymot  yrom  heb  hynny;  ib. 
yrom^ii.  86;  cf.  dans  le  même  sens:  Gereint,  p.  28  de ^  notre  texte  \yrydî\  Breudwyt 
Rhonabwy  II,  p.  387,  yrydunt,  larlles  y  ffnnaun  I,  p.  30;  Ystoria  de  Carolo  magne, 
p.  18,  41, 30,  68. 

2.  Erofi  a  Duw.  Nous  traduisons  comme  tout  le  monde.'  Peut-être  cela  signifie-t-il 
eatre  Dieu  et  moi.  On  se  sert  souvent  en  armoricain,  au  moins  dans  une  partie  dn  pays, 
d'une  expression  analogue  :  etri  Doué  a  mi. 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbln,  42  5 

Ar  trydyd  ae  kyrcha6d  ac  y  uelly  y  lladaôd'.  Ac  uelly  heuyt*  y 
lladaôd  y  petweryd  3.  Trist  ac  aflawen  oed  enyd4  yn  edrych  arhynny. 
Disgynnu  aoruc  Ger'.  A  diot  arueu  y  g6yr  iladedic.Ac  eu  dodi  (  yn  eu 
kyfrôyeu  A  ffr6ynglyma6  ^  y  meîrch  aoruc.  Ac  cscynnu  ar  y  varch. 
A  weldy7  awnelych  ti*  heb  ef.  Gyrr  y  petwar  meirch?  rac  dy  vron.  A 
cherda  or  blacn  mal  y  hercheis  »oitt  gynneu  Acnadywettîvn  geîr  6rthyfi 
hyny  dy  wettôyfi  6rthyti  '  > .  Ym  kyffes  y  du6  os  hynny  ny  wney  :  '»  nybyd 
diboen  itti  '3.  Mi  awnaf  vyg  gallu  am  hynny  argl6yd.  6rth  dy  gyghor  ti  '4 
heb  hi.  6ynt  agerdassant  racdunt  y  coetw,  Ac  ada6  y  coet  aorugant. 
A  dyuot  y  wastat  tir  ma6r.  Ac  ymperued  y  gwastat  tir  yd  oed  byrgoet 
pente6  »6  dyrys.  Ac  y6rth  h6nn6  y  gôelynt  tri  marcha6c  yn  dyuot 
attadunt  '7  yn  gyweir  0  veîrch  ac  arueu  hyt  y  Ila6r  ymdanadunt  6y  »* 
ac  am  ^9  eu  meirch.  Sef  aoruc  enyd  edrych  yn  grafT  amadunt  ^^.  A  phan 
doethant  yn  agos.  sef  ymdidan  aglywei^'  ganthunt^'.  Liyma  doefot^3 
da  innî  yn  segur  heb  6pt  y»4  petwar^s  meirch  ar  petwar  arueu  ^^ 
yr  y  raarcha6c  *7  racco  rat  y  kaff6n  6ynt  »8.  Ar  vor6yn  heuyt  yn  an 
medyant  ^^  y  byd.  G6ir  y6  hynny  heb  hi.  blin  y6  y  g6r  0  ymgyh6rd  3° 
ar  g6yr  gynheu.  Dial  du6  amaf  onys  rybudyaf  heb  hi.  Ac  arhos  J»  Ger* 
aoruc  hyny  vyd  yn  agos  udi  3*.  Argl6yd  heb  hi  Pony  chlywy  ti  ymdidan 
y  g6yr  racco  ymdanat.  Beth  y 6  hynny  heb  ef.  Dywedut  yrydunt3î 
ehun  34  y  maent  y  kaffant  hyn  oyspeil  yn  rat.  yrofi  adu6  heb  ef  ys  try- 
mach  genhyfi  noc  adyweit  y  g6yr.  na  thewy  ti  35  6rthyfi.  Ac  na  bydy 
6rth  vyg  kyghor .  ArgI6yd  heb  hi  rac  dy  gaffel  yn  dirybud  3^  y 6  genhyfi. 
Ta6  bellach  nu.  nyt  amgeled  37  genhyf  yteu.  Ar  hynny  3»  estôg  g6ay6 
achyrchu  Ger*.  0  vn  or  marchogyon  agossot  39  ama6  yn  ffr6ythla6n 
tebygassd  4©  ef.  Ac  ysgaelus4«  y  kymyrth4a  Ger'  y  gossot  ae  tara643 
heiba6  aoruc  ae  gyrchu  ynteu  agossot  ama6  am  y  gymherued.  A  chan- 


I  ac  uelly  y  Iladawd  hwnnw  —  2  hcuyt  manque  —  )  ypcdwyryd  —  4  y  uorwyn  — 
j  ae  dodi  —  6  ffirwyngîymhu  —  7  awely  di  —  8  di  —  9  Kymer  di  y  pedwar  meirch 
a  gyrr  —  10  ual  yd  ercheis  —  i  !  wrihyt  ti  —  12  nys  gwnei  —  13  itt  —  14  di  — 
157  goct  —  16  pcndew —  17  attunt  —  iSymdanunt  —    19  ymdan  —   20  amadunt 

—  21  glwei  —  22  gantunt  —  23  dyuod  —  24  y  manque  —  2j   pedwar  —  26  pedwar 

—  27  marchawc  llaestrist  —  28  wynt  —  29  yn  medyant  —  jo  ymhwrd  —  31  aros  — 
32  idi  — -  33  yryngtunt  —  34  ehunein  —  3  j  di  —  36  diaruot  —  37  taw  bellach  a  hynny 
nvt  amgeled  (v.  la  traduction)  —  38  ac  ar  hynny  —  39  gwaew  a  crue  un  or  mar- 
coogyon  a  cbyrchu  Gereint  a  gossod  —  40  debygd  —  41  ysgaelu  (leg.  ysgaelus)  —  42  y 
kymerth  ^  43  daraw. 


426  6'.  Evans  et  J.  Loth, 

dit-elle,  je  ne  veux  pas  qu'on  te  prenne  à  Timprovisie.  »  —  «  Tais^oî 
désormais,  je  ne  me  soucie  pas  de  ce  qui  vient  de  toi  * .  »  A  ce  moment 
un  des  chevaliers  mit  sa  lance  en  arrêt,  se  dirigea  vers  Gereint,  et 
s'élança  sur  lui,  avec  succès^  pensait-il.  Gereint  reçut  le  choc  sans  se 
gêner,  d'un  coup  le  fit  passer  à  côté,  et  se  jeta  en  plein  sur  le  chevalier. 
Avec  le  choc  de  l'homme  et  du  cheval,  le  nombre  des  armes  ne  servit 
de  rien,  si  bien  que  la  pointe  de  la  lance  sortit  de  l'autre  c6té,  qu'il  eut 
une  bonne  partie  du  fût  dans  le  corps  et  qu'il  fut  jeté  à  terre  de  toute  la 
longueur  de  son  bras  et  du  bois  de  sa  lance  par-dessus  la  croupe  de  son 
cheval.  Les  deux  autres  chevaliers  vinrent  chacun  à  leur  tour  et  leur 
sort  ne  fut  pas  meilleur  que  celui  de  l'autre.  La  jeune  fille  était  arrêtée 
considérant  cela.  Elle  était  anxieuse,  d'une  part  dans  la  crainte  que  Gereint 
ne  fût  blessé  dans  la  lutte  avec  ces  hommes  ;  et,  d'un  autre  c6té,  elle 
était  joyeuse  en  le  voyant  l'emporter.  'Alors  Gereint  descendit,  attacha 
les  trois  armures  dans  les  trois  selles,  lia  les  chevaux  ensemble  par  le 
frein,  de  telle  sorte  qu'il  avait  avec  lui  sept  chevaux.  Il  monta  à  cheval, 
et  recommanda  à  la  jeune  fille  de  les  pousser  devant:  «  Il  ne  vaut  pas 
mieux  pour  moi,  dit-il,  parler  que  me  taire,  car,  tu  ne  te  conformeras 
jamais  à  mon  ordre'.  »  —  «  Je  le  ferai,  seigneur,  dit-^lle,  autant  qu'il 
me  sera  possible,  seulement  je  ne  pourrai  te  cacher  les  propos  mena- 
çants et  terribles  que  je  pourrai  entendre  à  ton  sujet  de  la  part 
d'étrangers  qui  parcourent  le  pays  comme  ceux-ci.  »  —  «  Par  Dieu  et 
moi,  dit-il,  je  ne  me  soude  pas  de  ce  qui  vient  de  toi.  Tais-toi  désor- 
mais. D  —  <K  Je  le  ferai,  seigneur,  dit-elle,  autant  que  possible.  » 

La  jeune  fille  alla  en  avant',  les  chevaux  devant  elle,  et  elle  garda  son 
avance.  Du  taillis  dont  nous  avons  parlé  un  peu  plus  haut,  ils  firent 
route  à  travers  une  terre  ouverte,  d'une  agréable  élévation,  heureusement 
unie,  riche.  Loin  d'eux,  ils  aperçurent  un  bois,  et  s'ils  en  voyaient  la  partie 
la  plus  proche,  ils  n'en  apercevaient  ni  les  côtés  ni  Texlrémité.  Ils  allèrent 
au  bois  et,  en  en  sortant,  ils  virent  cinq  chevaliers  à  Tair  vaillant,  forts, 
solides,  sur  des  chevaux  de  guerre  gros  et  robustes,  aux  os  épais, 
dévorant  l'espace  [.^),  aux  naseaux  gonflés,  tous  parfaitement  armés^ 
hommes  et  chevaux.  Lorsqu'ils  furent  tout  près,  voici  la  conversation 
qu'entendit  Enyd  entre  les  chevaliers.  «  Voici  une  bonne  aubaine  pour 
nous  ;  à  bon  marché  et  sans  peine,  dirent-ils,  nous  aurons  tous  ces  che- 


1.  Taw  bellàch  nu  nyt  amgeled  y  teu.  Le  texte  de  lidy  Guest  porte  tav  beUûch  a  hyntty. 
Il  est  fort  probable  qu'il  faut  corriger  notre  texte  de  même  :  taw  bcUach  a  [hun]nu.  Pour 
u  =  y,  c'est  très  fréquent  daus  les  Mabinogion. 

2.  Kany  bydywrthvyg  kyghor.  Cf.  Manawydan  Llyr,  p.  I4(. 
},  Rocai,  Pour  roc  cf.  Ystoria,  p.  22,  rogom  ni. 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ah  Erbin.  427 

h6rd  y  g6r  ar  march  ny  thygya6d  y  rifedi  oarueu  hyny  vyd  pen  y  g6ay6 
allan  athalym  or  paladyr  tr6yda6 .  Ac  hyny  vyd  ynleu  hyt  y  vreich  ae 
paladyr  «  dros  pedrein  y  varch  yr  Ila6r.  ydeu  varchaôc  ereill  pop  *  eil 
wers  adoethant  ac  ny  bu  well  eu  hyntî.  nor  llall.  Y  vor6yn  yn  seuyll 
ac  yn  edrych  arhynny.  Gofaius  oed  or  neill  parih  4  0  tebygu  î  briwaô 
Ger'.  yn  ymhôrd  argôyr.  Ac  or  parth  arall.  llawen  oed  oe  welet^  ynteu 
yn  goruot.  yna  y  disgynnaôd  Ger'.  Ac  yr6yma6d  y  tri  arueu  yny  tri 
chyfr6y.  Ac  y  7  ffr6ynglyma6d  y  meirch  ygyt.  hyny  oed  ^  seith  meirch 
ganta6.  Ac  escynnu  9  ar  y  varch  aoruc.  Agorchymyn  yr  vor6yn  gyrru 
y  meirch  ac  nyt  g6ell  imî  '®  heb  ef  dywedut  6rthyt  tî  "  no  thewî.  kany 
bydy  6rth  vyg  kyghor.  bydaf  arglôyd  hyt  y  galI6yf  heb  hi  eilhyr  na 
allaf  kelu  ragot  geireu  engiryaôl  ch\ver6  agiy6yf  yth  gyfeir  argl6yd 
gan  i^  estronaél  gi6da6doed  13  agertho  '4  diffeith6ch  mal  y  rei  hyn  m. 
yrofi  '^  adu6  heb  ef  nyt  amgeled  genhyf  y  teu  atha6  beliach.  mi  awnaf 
argl6yd  hyt  y  gall6yf. 


A  cherdet  aoruc  y  vor6yn  rocdî  ar  march  '7  rac  y  bron  '^  a  chad6 
yragor  aoruc.  Ar  prysc  '9  adywesp6yt  uchot  gynneu  r6ydtir  ^o  aru- 
cheldec  g6astatl6ys  erdrym^i  agerdassant.  Ac  ympell  y6rthunt.  6ynt 
awelynt  goet".  Ac  eithyr  gôelent^J  yr  emyl  nessaf  atadunt^4  :  ny 
welynt  g6edy  ^J  hynny  nac  emyl  nac  eithaf  yr  coet.  Ac  6ynt  adoethant 
parth  ar  coet.  Ac  yn  dyuot  or  coet  6ynt  awelynt  pump  marchaôcawyd- 
drut  kadamffer»^  yar  katueirch»7  kadamte6 '*  escymbraff  ^9  maes- 
wehyn  J®  fFroenuolldrut  adogynder  0  arueu  am  y  g6yr  ac  am  y  meirch.  A 
g6edy  eu  dyuot  yn  gyfago»J'  ygyt.  Séf  ymdidan  aglywei  Enyd  gan  y 
marchogyon.  weldy  yma  douot  da  inni'^  yn  rat  ac  yn  dilafùr  heb  6ynt. 
hyn  oll  0  veirch  ac  arueu  agaff6n  ar  wreic  heuyt  yr  yr  vn  marcha6c 

I  ae  baladyr  —  2  bop  —  3  eu  kyrch  wynt  —  4  or  Ileill  parth  —  5  debygu  —  6 
0  lewenyd  y welet  —  7  a  —  8  oed  yna  —  9  esgynnu  —  i  o  ym  —  1 1  ti  manque  — 
12  y  gîn  —  lî  gywtawdoed  —  14  gerdo  —  ij  yr  rei  hynny  —  16  i  manque  — 
17  ryngthi  ar  meirch  —  18  a  oed  rac  y  bronn  —  19  ac  or  prys  —  20  rwyd-dir  —  21 
ar  —  22  coet  —  2?  gwelet —  24  attunt  —  25  wedy  —  26  kadarn  nyryf  —  27 
gatueircb  —  28  gadamdew  —  29  escymbraf  —  30  maswehyn  —  31  yn  agos  —  32 
yma  ynni  dyuod  da. 


4^8  G,  Evans  et  J.  Loth. 

vaux  et  ces  armures  ainsi  que  la  jeune  fille,  pour  ce  qui  est  de  ce  che^ 
valier  ià-bas,  affaissé,  courbé,  triste.  »  Enyd  prit  grandement  garde  en 
entendant  les  propos  de  ces  hommes,  au  point  qu'elle  ne  savait  aa 
monde  que  faire.  A  ia  fm,  elle  se  décida  à  avertir  Gereint.  Elle  tourna 
la  tète  de  son  cheval  dans  sa  direction,  a  Seigneur,  dit-elle,  si  tu  avais 
entendu  la  conversation  de  ces  chevaliers  là-bas,  comme  je  l'ai  entendue, 
tu  prendrais  plus  de  précautions  que  tu  ne  le  fais.  »  Gereint  sourit  d'une 
façon  contrainte ',  colère,  redoutable,  amère,  et  dit:  «  Je  t'entends 
bien,  dit-il,  enfreindre  toutes  les  défenses  que  je  te  fais;  il  se  pourrait 
que  tu  eusses  à  l'avenir  à  t'en  repentir.  »  Au  même  moment  les  autres 
se  rencontrèrent  avec  eux,  et  Gereint  renversa  victorieusement  et  super- 
bement les  cinq  chevaliers.  Il  mit  les  cinq  armures  dans  les  cinq  selles, 
attacha  les  douze  chevaux  par  le  frein  ensemble  et  les  confia  à  la  jeune 
fille:  «  Je  ne  sais  pas,  dit-il,  à  quoi  il  me  sert  de  te  donner  des  ordres; 
cette  fois  que  mon  ordre  te  serve  en  même  temps  d'avertissement  ». 

La  jeune  fille  s'avança  vers  le  bois  et  garda  son  avance  comme  il  lui 
avait  été  commandé.  Il  eût  été  )  dur  pour  Gereint  de  voir  une  jeune  fille 
comme  elle  obligée  à  une  course  aussi  pénible  4  à  cause  des  chevaux ,  si 
la  colère  le  lui  avait  permis.  Ils  allèrent  à  travers  le  bois  qui  était  profond. 
La  nuit  les  surprit  dans  le  bois.  «  Jeune  fille,  il  ne  nous  sert  pas  de 
chercher  à  marcher.  »  —  «  Bien,  seigneur,  dit-elle,  ce  que  tu  voudras, 
nous  le  ferons.  »  —  «  Ge  que  nous  avons  de  mieux  à  faire,  c'est  de  nous 
détourner  de  la  route  dans  le  bois  s  pour  nous  reposer,  et  d'attendre  le 
jour  pour  voyager.  »  —  «  Volontiers,  dit-elle.  »  C'est  ainsi  qu'ils  firent 

1 .  cf.  Rhonabwy  II,  )77  Z^^  owenu  ;  le  contexte  montre  qu'il  faut  traduire  rire  de 
pitié;  Rhonabwy  H,  p.  )77>  glasressawa  saluera  peine;  Manawydan  III,  p.  15$,  7  bon 
glas,  le  jour  commençant,  etc.  Cf.  armoricain  GlaZ'C*hoarzin  rire  d'un  nre  fora.  (En 
vannetais  on  a  la  forme  curieuse  blashoarh  Dictionn.  dit  de  l'Armerye  au  mot  sourire.) 

2.  Ar  vreint  rybud,  en  guise  de,  comme  avertissement.  Cf.  larlles  y  ffynn.  Mab.  i,  p.  i. 
On  y  lit  qu'il  n'y  avait  pas  de  portier  à  la  cour  d'Arthur,  mais  que  Cleullwyt  y  éxaiit  arvreùa 
porthawr  remplissant  les  fonctions  de  portier  ;  ar  un  wuith  est  aujourd'hui  un  idiotisme 
qui  a  le  sens  de  d'un  coup,  en  mime  temps.  Lad)^  Guest  s'est  écané  du  texte  dans  sa 
traduction  :  but  this  Urne  i  charge  thee  in  an  especial  manner, 

).  Pour  oed  dans  ce  sens,  cf.  Pwyll pendevic  D^ed,  III,  p.*i9,  arhosaf  yn  Ilawen,  heb 
hi,  ac  oed  llessach  yr  march  pei  assarchut  yr  meitin  ;  larlles  y  ffvnnawn  I,  p.  16,  a  gwiw 
oed  y  Arthur  dahet  y  gwely  a  wnaeth  y  vorwyn  idaw  ;  Math  vao  Math.  Ill,  p.  19,  da 
oed  genym  ni  a  nous  aimerions  à  ». 

4.  Divrthret  di  pour  équivalent  frâ/Zân^tf  dans  le  texte  de  lady  Guest.  Trailawd  ne  signifie 
que  tribulation.  Curthret  est  traduit  par  lady  Guest  ^e7/7^er  dans  un  passage  de  Peredarl, 
p.  269:  yr  meint  uo  y  ewrthret  arnaf  yn  arhos,  mi  ae  gwrandawaf.  Dans  ce  dernier  cas 
même,  on  pourrait  lui  donner  le  sens  de  contrariété,  contre-temps  qui  paraît  plus  étymo- 
mologique  r 

5.  Trossiyr  coet  n'a  pas  été  compris  par  lady  Guest;  elle  a  traduit  par  tum  out  of 
the  wood  comme  s'il  y  avait  trossi  o'r  coet,  ce  qui  est  à  la  fois  contraire  au  texte  et  au 
contexte.  Nons  voyons  en  effet  plus  bas  qu'après  avoir  dormi,  ils  quinent  le  bois.  Trossi 
yr  coet  veut  dire  qu'ils  quittent  le  sentier  qu'ils  suivent  dans  le  bois  et  vont  donnir 
sous  le  couvert  du  bois. 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbin,  429 

llibin  gr6m  ^  goathrist  racco.  Goualu  aoruc  enyd  yn  va6r  am  glybot 
jmadrodyon  y  g6yr  hyt  na  wydyat  3  or  byt  py  -♦  wnaeî.  Ac  yny  diwed 
y  kauas  yny  chyghor  rybudyaô  Ger*.  Athroi  5  aoruc  pen  y  march  attaô. 
Arglôyd  heb  hi  pei  ^  clyôhut  7  ti  ymdidan  y  marchogyon  racco  mal  y 
kicgieu  ^  i.  m6y  uydei  dy  oual  noc  y  mae.  Glas  chwerthin  digyus 
engirya61  ch[6]er6  aoruc.  Ger'.  a  dywedut.  Mi  ath  glywaf  tî  heb  ef  yn 
torri  pop  peth  or  awahardôyfi  iiti.  Ac  ef  a  allei  vot  yn  ediuar  genhyt  9 
hynny  etwa  'o.  Ac  yny  lie  nachaf  y  g6yr  yn  kyferuot  ac  6ynt.  Ac  yn 
uuduga6l  orawenus  goruot  aoruc  Ger'  ar  y  pump  marcha6c  hyn  " .  Ar 
pump  arueu  arodes  yny  pump  kyfr6y .  A  ffr6pglyma6»^  y  deudec  meirch 
aorucygyt.  acgorchymyn>3  y  enyd>4  awnaeth.  Ac  ny  6nn  i  heb  ef 
py  »5  da  y6  îm  '^  dy  orchymyn  >7.  Ar  vn  weith  hon  ar  vreînt  rybud  itt 
Mi  ath  '8  orchymynaf . 


Acherdet  recdi«9  y  coet  aoruc  y  vor6yn.  Achad6  y  ragormal 
yd  archyssit  idi^o.  A  thost  oed  gan  er'»'  edrych  ar  diôrthret**  ky- 
meînta  honno'J  ar  vor6yn  gystal  a  honno.  *4gany  meirch.  pei  as 
gattei  lit  ida6.  Ar  coet  agerdassant  >(.  a  d6fyn  oed  y  coet  a  ma6r.  A 
nos  2^  adoeth  amunt  yny  coet.  A  uor6yn  heb  ef  ny  thyccya*7  înni  ^^ 
keissa6  kerdet.  le  argl6yd  heb  hi  auynnych  ti  ni  ae  g6na6n.  Ia6nhaf 
y 6  inni  29  trossi  yr  coet  y  orfFowys  ac  yarhos  30  dyd  y  gerdet.  g6na6n  ?» 
yn  llawen  heb  hi.  A  hynny  aorugant.  A  discynnu  aoruc  ef  ae  chymryt 


I  drwm  —  a  y  uorwyn  —  3  wydat  —  4  pa  —  5  a  throssi  —    6  bei  —  7  dywut 

—  8  Kiglef  —  9  gennyt  ti  —  10  cttwa  —  11  ary  pumwyr.  —  12  ffrwvnglymu  —  m 
ac  eu  gorchym  û—  14  partout  Enit  —  15    pâ    —  16  ^mi   —   17  dy  orchymyn  di 

—  18  ae  —  19  racdi  —  20  aragor  aerchis  gereint  i  di  y  gadw  hi  ae  kedwis  21 

gantaw  —  22  drallawt  —  2)  hwnnw  —  24  hi  —  25  a  gyrchassant  —  26  arnos  —  27 
thykya  —  28  ymi  —  29  yni  heb  ef  —  30  ac  aros  —  3 1  gwnawn  ninneu. 


4)0  G.  Evans  et  J.  Loth. 

Ils  descendirent  de  cheval;  lui  la  mit  à  terre,  a  II  m'est  impossible  par  suite 
de  la  fatigue  de  m'empécher  de  dormir.  Veille  toi  les  chevaux  et  ne  dors 
pas.  »  —  a  Je  le  ferai,  seigneur,  dit-^Ue.  »  Il  dormit  dans  son  armure 
et  passa  ainsi  la  nuit;  elle  n'était  pas  longue  à  cette  époque  de  Pannée. 
Lorsque  Enyd  aperçut  les  lueurs  de  l'aurore,  elle  tourna  ses  yeux  vers 
lui  pour  voir  s'il  se  réveillait.  A  ce  moment  il  se  réveilla.  <e  J'aurais  déjà 
voulu  te  réveiller,  dit-elle,  il  n'y  a  pas  mal  de  temps.  »  Par  fatigue  il  ne 
lui  dit  rien,  quoiqu'il  ne  l'eût  pas  autorisée  à  parler  ^  Gereint  se  leva  : 
«  Prends  les  chevaux,  va  devant,  et  garde  ton  avance  comme  tu  Tas  fait 
hier.  »  D'assez  bonne  heure,  ils  quittèrent  le  bois  et  arrivèrent  à  une 
plaine  assez  nue.    Des  prés  étaient  des  deux  côtés  et  des  faucheurs 
en  train  de  couper  le  foin.  Ils  vinrent  à  une  rivière  qui  était  devant  eux. 
Il  fit  descendre  les  chevaux  pour  boire  et  ils  gravirent  ensuite  une  pente 
assez  élevée.  Là  ils  rencontrèrent  un  tout  jeune  homme,  assez  mince, 
une  serviette  autour  de  son  cou,  et  quelque  chose  dedans,  mais  ils  ne 
savaient  quoi,  une  petite  cruche  bleue  dans  sa  main  et  un  bol  dessus.  Le 
jeune  homme  salua  Gereint.  «  Que  Dieu  te  fasse  du  bien,  dit  Gereint, 
d'où  viens-tu  P  »  —  «  Je  viens  de  la  ville  qui  est  devant  toi  là~bas. 
Seigneur,  dit-il,  trouves-tu  à  redire  à  ce  que  je  te  demande  d'où  tu 
viens  toi-même?  »  —  «  Non,  dit  Gereint,  je  viens  de  traverser  ce  bois 
là-bas.  » — a  Ce  n'est  pas  aujourd'hui  que  tu  as  traversé  le  bois?» — Non, 
dit  Gereint,  j'ai  passé  la  nuit  dans  le  bois.  —  «  Je  suppose  bien  que  ta 
situation  n'a  guère  dû  être  bonne  hier  soir  et  que  tu  n'as  eu  ni  à  manger 
ni  à  boire.  »  —  a  Non  certes,  par  moi  et  par  Dieu,  dit  Gereint.  »  — 
oc  Veux-tu  suivre  mon  conseil,  dit  le  jeune  homme:  prendre  de  ma  main 
ton  repas.  »  —  «  Quel  repas,  dit  Gereint?  »  —  «  Le  déjeuner  que 
j'apportais  aux  faucheurs  là-bas,  c'est-à-dire  du  pain,  de  la  viande  et 
du  vin.  Et  si  tu  veux,  seigneur,  eux  ils  n'auront  rien.  »  —  «  Je  veux 
bien,  dit  Gereint,  et  Dieu  te  le  rende.  »  Gereint  descendit  de  cheval.  Le 
jeune  homme  mit  Enyd  à  terre.  Ils  se  lavèrent  et  prirent  leur  repas. 
Le  jeune  homme  coupa  le  pain  et  leur  donna  à  boire,  les  servit  com- 
plètement.  Lorsqu'ils  eurent  fini,  le  jeune   homme  dit    à  Gereint: 
a    Seigneur,  avec  ta  permission,  je  vais  aller  chercher  à  manger  aux 
faucheurs.  »  —  «  Va  à  la  ville,  dit  Gereint,  tout  d'abord  pour  retenir 
un  logement  pour  moi  dans  l'endroit  le  meilleur  que  tu  connaisses  et 
le  plus  vaste  pour  les  chevaux,  et  prends  le  cheval  que  tu  voudras  pour 
toi   avec  l'armure,   en  même  temps  pour  payer  ton  service  et  ton 

I.  Le  mot-à-mot  serait  c  il  se  tut  par  fatiffue  vis-à-vis  d'elle,  par  fatigue,  parce  Qu'il 
ne  lui  avait  pas  permis  de  parler.  »  Il  y  a  la  une  fone  ellipse  :  La  fatigue  Tobligea  à  se 
taire,  sinon  il  lui  eût  fait  des  reproches,  parce  qu'il  ne  lui  avait  pas  demandé  de  parier 


Fragment  du  Mabinogi  de  Gereint  ab  Erbin,  43 1 

hilheu  yr  llaôr.Ny  allaf  fi  yrdim'  rac  blinder  na  chysc6yf.  ag6ylya 
titheu  *  y  meirch  ac  na  chose.  Mi  awnaf  argl6yd  heb  hi.  Achyscu  aoruc 
efynyarueu.  A  threulaô  ynos  ac  nyt  oed  hir  yny  kyfamser?  h6nn6. 
A  phan  welas  hi  wa6r  dyd  yn  dangos  y  Ueuuer.  edrych  yny  chylch  aoruc 
a  ytloed  yn  deffroi.  Ac  ar  hynny  yd  yttoed  yn  deffroi.  Mi  auynass6n  dy 
deffroi  4  ermeitin.  kynhewi  aoruc  ef  ^  oulinder  6rthi  hi  am  nat 
archassei  ^  idi  dywedut.  A  chyfodi  aoruc  Ger'  a  dywedui  6rthi  hi7. 
kymer  y  meirch  heb  ef  a  cherda  ragot  a  chynnal  dy  ragor  mal  ^  y 
kynheleist  doe  9.  Ac  ar  talym  '^  or  dyd  ada6  y  coet  awnaethant'»  a 
dyuot  y  uaestir  goamnoeth.  A  g6eirgIodyeu  aoed  '^  or  neilltu  udunt  a 
phaladurwyr  yn  llad  g6eir  n.  Ac  y  afon  aoed  oc  eu  blaen  '4  y  doethant. 
Ac est6g  awnaeth  y  meirch  y  yuet  dôfyr'J.  A  drychafel '^  aoruganiy 
ri6  aruchal.  Ac  yna  y  kyfarfu  ac  6ynt  glaswas  ieuanc>7  goaduein  ath6el 
am  y  vyn6gyl  ab6rn  avvelynt  yny  l6el.  Ac  ny  wydynt  6y  «^  beth  oed  '9. 
aphisser  glas  bychan  yny  la6.  a  ffiol  ar  wyneb  y  pisser.  A  chyfarch  g6ell 
aoruc  y  g6as  y  er\  Du6  arotho  ^^  da  iit  heb  y  Ger'.  0  py  le  •»  pan  deuy. 
pan  deuaf 2»  or  dinas  yssyd  yth  vlaen  racco  ^J.  Argl6yd  ae  dr6c  genhyt  ti 
heb  ynteu  *4  gofyn  il  *  J  0  py  le  ^^  pan  deuy  titheu  ^7 .  Na  dr6c  heb  y  Ger'.^s 
pan  deuaf *9  tr6y  30  y  coet  racco.  Nyt  hedi6  y  doethostJ'  tr6y  5»  y 
coet.  nac  ef  heb  y  Ger*.  yny  coet  y  buum  neithôyr.  Mi  atebygaf  h  na 
bu  da  dy  ansaôd  34  neith6yr  ac  na  chefeist  na  b6yt  na  dia6t.  Na  do 
yrofi3J  adu6  heb  y  Ger'.  A  wney  ti  36  vyg  kyghor  i  heb  y  g6as  kymryt 
y  genyfi  dy  ginyaô.  Py  37  ry6  ginyaô  heb  y  Ger\  38  Boreu6yt  yd  oedôn  39 
yny  anfon  ym4o  paladurwyr  racco  nyt  amgen4i  bara  achic  ag6in.  Ac 
os  mynny  ti  6rda  ni  chaffant6y  dim.  Mynnaf  heb  y  Ger'  a  du6  a  talho43 
it.  A  disgynnu  aoruc  Ger'.  A  chymryt  or  g6as  enyd43  yr  lla6r.  ac 
ymolchi  aorugant  achymryt  eu  kinyaô .  Ar  g6as  atauella6d  44  y  bara 
ac  arodes  dia6t  udunt.  Ac  ae  g6assanaetha6d  0  gôbyl.  A  g6edy  daruot 
udunt  hynny  y  dy wa6t  y  g6as  6rther'.4j.  Argl6yd  gan  dy  ganhat46 
Miui  a  af  y  gyrchu  b6yt  yr  paladurwyr.  Dos  yr  tref  47  heb  y  Ger'  yn 


I  heb  ef  yr  dim.  —  2  a  gwylha  ditheu—  }  yn  yr  amscr  —  4  dy  duhunaw  —  j  ynteu 
—  6  archyssei  —  7  hi  manque  —  8  ual  —  9  doy  —  10  dalym  —  1 1  a  orugant  —  12 
oed  —  I  j  V  gweirglodyeu  —  14  aaon  yn  eu  blaen  —  ij  agestwng  aoruc  y  meirch 
ac  yuet  y  owuyra  wnaethant  —  16  dyrchauel  —  17  ieuanc  manque  —  18  hwy  —  19 
œd  manque  —  20  rodho  —  21  oba  le  —  22  pan  deuaf  heb  ynteu  —  2}  yna  —  24 
heb  yr  ynteu  après  arglwyd  —  2  j  oynf  —  26  pa  le  —  27  ditheu  —  28  heb  y 
g^Ttm  manque  —  29  pan  deuaf  manque  —  50  drwy  —  31  y  dcuthost  —  32  drwy  — 
33  mi  a  debygaf  heb  y  gwas  yna  —  34  dy  ansawd  yno  —  3$  i  manque  —  36  ai  -- 
37  pa  —  38  heb  ynteu  —  39  y  doed  un  (leg.  ydoedwn)  —  40  yr  —  41  nyt  amgcn 
no  — 42  a  dalo  — 43  a  chymryt  aoruc  y  gwas  y  uorwyn  —  44  dauellavvd  —  45 
hynny  y  kyuodes  y  gwas  ac  y  dywat  wrth  Ereint  —  46  ganyat  —  47  yr  dref. 


4}2  G.  Evans  et  J.  Loih. 

présent.  »  —  «  Que  Dieu  te  le  rende,  dit  le  jeune  homme  ;  c'eftt  été  bien 
assez  pour  payer  un  service  plus  important  que  le  mien.  » 

Le  jeune  homme  alla  à  la  ville,  retint  le  logement  le  meilleur  et  le  plus 
confortable  qu'il  connût  pour  Gereint.  Après  cela,  il  alla  à  la  cour  avec 
son  cheval  et  ses  armes.  Il  se  rendit  auprès  du  comte  et  lui  raconta  toute 
l'aventure.  «  Je  vais  aller,  seigneur,  [dit-il],  vers  le  chevalier  pour  lui 
indiquer  le  logement.  »  —  «  Va  joyeusement,  dit  le  comte.  Il  trouverait 
joyeux  accueil  ici,  s'il  le  voulait.  »  Le  jeune  homme  alla  vers  Gereint  et 
l'informa  qu'il  trouverait  aimable  accueil  de  la  part  du  comte  dans  sa 
cour  même.  Mais  il  ne  voulut  que  son  logement.  Gereint  arriva  dans  une 
chambre  confortable,  avec  abondance  de  paille  et  d'habits,  ample  loge- 
ment pour  les  chevaux.  Le  jeune  homme  les  fit  servir  abondamment 
Après  qu'ils  se  furent  déshabillés,  Gereint  dit  à  Enyd  :  m  Va  de  l'autre 
côté  de  la  chambre  et  ne  viens  pas  de  ce  côté-ci.  Appelle  à  toi  la  femme 
de  la  maison,  si  tu  veux.  »  —  «  Je  ferai,  seigneur,  dit-elle,  comme  tu 
le  dis.  »  A  ce  moment,  l'homme  de  la  maison  vint  à  Gereint,  le  salua  et 
lui  fit  accueil.  <  Seigneur,  dit-il,  as-tu  mangé  ton  souper  ?»  —  «  Oui, 
dit-il.  »  Alors  le  jeune  homme  dit  à  Gereint  :  «  Désires-tu,  soit  boisson, 
soit  autre  chose,  avant  que  je  n'aille  voir  le  comte.  »  —  a  Je  veux  bien, 
en  vérité^  dit-il.  »  Le  jeune  homme  alla  alors  à  la  ville  et  revint  avec  de 
la  boisson  pour  eux.  Et  ils  burent.  Presque  aussitôt  Gereint  dit  :  <c  Je  ne 
peux  m'empêcher  de  dormir.  »  —  a  Bien,  dit  le  serviteur,  pendant  que 
tu  dormiras,  j'irai  voir  le  comte.  »  —  a  Va  joyeusement,  dit  Gereint,  et 
reviens  ici.  d  Gereint  se  mit  à  dormir  ainsi  qu'Enyd.  Le  jeune  homme 
se  rendit  auprès  du  comte.  Le  comte  lui  demanda  où  logeait  le  chevalier. 
Lui,  dit  :  «  Il  faut  que  j'aille  le  servir  bientôt  ' .  »  —  a  Va,  dit  le  comte, 
et  salue-le  de  ma  part.   Dis-lui  que  jlrai  le  voir  bientôt.  »  —  Je  le 
ferai,  dit  le  jeune  homme.  »  Il  arriva  lorsqu'il  était  temps  pour  eux  de 
s'éveiller.  Ils  se  levèrent  et  allèrent  se  promener.  Lorsqu'il  leur  parut 
temps  de  manger,  ils  le  firent.  Le  jeune  homme  les  servit.   Gereint 
demanda  au  maître  de  la  maison  s'il  avait  des  amis  qu'il  voulût  bien 
inviter  à  venir  près  de  lui  :  «  J'en  ai,  dit-il.  »  —  «  Amène-les  ici,  pour 
prendre  à  mes  frais  en  abondance  tout  ce  qu'on  peut  trouver  de  plus 
cher  2  dans  la  ville.  «  La  meilleure  société  qu'il  eût,  le  maître  de  la 
maison  les  amena  là  pour  se  régaler  aux  frais  de  Gereint. 

1.  Chwinsa  est  traduit  par  Owcn  Pughe  par  soir^  tard.  Lady  Guest  a  suivi  Pughe.  Le 
dictionnaire  de  William  Salesbury  donne  à  chwinsa  le  sens  de  soone,  qui  paratt  ici  justifié 
par  le  contexte. 

2.  Le  texte  de  lady  Guest  porte  ar  werîh  ce  qui  signifie  en  vcnU  ou  à  vendre;  le  nôtre 
a  y  werth  «  sa  valeur.  »  Voici  dans  un  même  membre  de  phrase  les  deux  sens  ac  ae 
hwerthei  yr  y  lawn  werth  o  et  il  les  vendait  »  toute  leur  valeur  (larlles  y  fFynDaun  I,  p.). 


Fragment  du  Mabinogi  de  Cereint  ab  Erbin  43  ^ 

gyntaf  y  '  dala  ilety^  imi  yn  ylle  goreu  a6yppych  )  ac  ehagaf  yr 
meirch .  A  chymer  titheu  4  yr  vn  xnarch  a  vynny ch  ae  arueu  gyt  ac  ef 
yn  tal  dy  wassanaeth  ath  anrec.  Du6  a  talo  5  ît  heb  y  g6as  adîga6n 
oed  hynny  yn  tai  géassanaeth  auei  u6y  nor  vn  awneuthum  i . 

Ac  yr  tref  ^  yd  aeth  y  g6as  a  dala  Uety  goreu  aC  esm6ythaf  awydyat 
yny  tref  7  aoruc  *  y  cr\  A  g6edy  hynny  yd  aeth  yr  Ilys  ae  varch  ac 
ae  anieu  9 .  A  dyuot  a  oruc  ynyd  oed  i»  yr  1 1  iarll  a  dy  wedut  y  gyfranc  oll 
ida6.  A  miui  argl6yd  aaf  yn  erbyn  y  marchaéc*^  y  venegiy  lety  ''  ida6. 
Dos  »4  yn  Uawen  heb  yr  m  îarll.  A  llewenyd  a  gaffei  »6  ef  yma  '7  bei  '^  as 
mynnei.  Ac  yn  erbyn  Ger'.  y  doeth  y  g6as.  A  menegi  ^9  ida6  y  caffei 
lewenyd  gan  yr  iarll  yny  lys  ehun .  Ac  ny  mynna6d  ef  namyn  *<>  y  lety  »» 
ehun .  Ac  y  ystauell  esmôyth  a  diga6n  0  wellt  a  dillat  yndi  ydoeth  Ger'  2*. 
A  Ile  ehang  esm6yth  agauas  y  meirch.  A  dogyn  odiwallrâyd  a  péris  >)  y 
g6as  udunt.  A  g6edy  diarchenu  h  0  nadunty  dywa6t  y  dywa6t  [sic]  Ger'. 
6rth  Enyd.  Dos  ti'5  heb  ef  yr  lu  ira6  *6  yr  ystauell  ac  na  dyret*7  yr 
tu  h6n  yr  ty .  A  gal6  attat  wreic  y  ty  os  mynny.  Mi  awnaf  argI6yd  heb 
hi  val  y  dywcdy  **.  Ac  ar  hynny  y  doeth  g6r  y  ty  ar  ^9  er\  ae  raessa6u  5° 
a  bot  yn  lla6en  6rtha6.  A  vnben  heb  ef  a  leweist  ti  dy  gynya6.  do 
heb  yntcu  5».  Ac  pa  y  dywot  3*  y  g6as  6rth  er'.  avynny  ti  eb  ef 
ae  dia6t  ae  dim  kyn  vy  mynetn  i  y  ymwelet  ar  iarll.  Mynnaf  ys  g6ir 
heb  ef .  Ac  yna  ydaeth  y  g6as  yr  tref  h.  Ac  y  doeth  ^5  a  dia6t  udunt  a 
chymryt  dia6t  aorugant.  Ac  yn  agos  y  hynny  y  dy\va6t  Ger'  ^^,  Ny  allaf 
i  na  chysc6yf  heb  ef.  le  heb  y  g6as.  tra  vych  ti  n  yn  kyscu  mi  }^  a  af 
y  ymwelet  ar  îarll.  Dos  yn  Uawen  heb  y  Ger'.  A  dyret  yma  or  lie  bon  î9. 
Achyscu  aoruc  Ger'.  a  chyscu  aoruc  enyd.  A  dyuot  aoruc  y  g6as  yn 
yd  oed 40  yr  iarll.  A  gofyn  aoruc  yr  iarll  ida6  py  le  4»  yd  oed  lety  y 
marcha6c.  y  dywa6t  4^  ynteu  reit  y6  imi  vynet  4)  y  wassanaetbu  ama6 
0  chwinsa44.  Dos  heb  ynteu  ac  annerch  y  genhyfi  ef.  A  dywet  ida6  mi 
aaf  y  ymwelet  ac  ef  0  chwinsa  45 .  Mi  awnaf  heb  y  g6as  4^  a  dyuot  aoruc 
y  g6as  pan  oed  amser  udunt  deffroi.  A  chyfodi  aorugant  agorymdeith. 
A  phan  uu  amser  ganthunt  kymryt  eu  b6yt  awnaethant47  Ar  g6as  auu 


I  a  dala  —  a  llctty  —  }  a  wypych  —  4  dithcn  —  j  a  dal  —  6  yr  drcf  —  7  yn  y 
tref  —  8  a  wnaeth.  —  9  ae  arueu  gantaw  —  10  hyt  lie  yd  oed  —  11  y  —  12  y 
mackwy  —  i)  leity  —  14  dos  ditheu  —  15  y  —  16  a  geifF  —  ^7  yman  — 
18  pei  —  19  a  dywedut  —  20  namyn  myned  —  21  Hctty  —  22  ac  ystauell  esmwyt 
a  gauas  a  digawn  owellt  a  dillat  yndi  —  2j  aberis  —  24  y  m  diarchenu  -»  2(  di  — 
26  draw  —  27  dyret  ti  —  28  dy wettych  di  —  29  att  —  jo  ressawu  aoruc  —  )  1 
heb  ef  —  ja  y  dywawt  —  jj  kynn  dy  uynet  —  ^4  yr  dref  —  55  ac  y  doei  (Icg. 
doeth)  —  36  ac  yn  agos  y  hynny  y  dywawt  Gereint  manque  —  ^7  di  ~  )8 
minneu  —  39  vma  dracheuyn  pan  eircheis  i  yiti  dyuot  —  40  hyt  Ile  yd  oed  ^  41  pa 
le  —  42  ac  y  aywawt  —  43  y  mi  heb  ef  vynet  —  44amaw  ef  y  chwinsa  —  4$  y  chwinsa 
—  46  heb  ynteu  —  47  eu  bwyt  wynt  ae  kymerassant. 

Rev.  Ctlt.,  VII  28 


4)4  ^-  £vâ/i5  et  L  Loth 


Sur  ces  entrefaites,  voici  venir  le  comte  pour  visiter  Gereînt  avec  ses 
douze  chevaliers  ordonnés.  Gereint  se  leva  et  le  salua,  a  Que  Dieu  tefiavo- 
rise,  dit  le  comte.  »  Ils  allèrent  s'asseoir  chacun  suivant  son  rang.  Le  comte 
s'entretint  avec  Gereint  et  lui  demanda  quel  était  le  but  de  son  voyage.  — 
€  Pas  d'autre  que  chercher  aventure  et  faire  ce  que  je  jugerai  à  propos.  » 
Alors  le  comte  considéra  Enyd  avec  attention,  fixement  ;  il  était  convaincu 
qu'il  n'avait  jamais  vu  une  jeune  fille  plus  belle  ni  plus  gracieuse  qu'elle, 
et  il  concentra  toutes  ses  pensées  sur  elle.  Il  demanda  à  Gereint  s'il 
aurait  la  permission  d'aller  s'entretenir  avec  la  jeune  fille.  »  —  c  Très 
volontiers,  dit  Gereint.  »  Il  alla  près  d'Enyd,  et  lui  dit:  «  Jeune  fille, 
il  n'y  a  guère  de  plaisir  pour  toi  dans  un  pareil  voyage  avec  cet  homme- 
là.  '> —  «  Il  ne  m'est  pas  désagréable,  dit-elle,  de  suivre  la  route  qu'il 
lui  plaît  de  suivre.  »  —  «  Tu  n'auras,  dit-il,  ni  serviteurs,  ni  servantes 
à  tes  ordres.  »  —  «  J'aime  mieux,  dit-elle,  suivre  cet  homme  que  d'avoir 
serviteurs  et  servantes.  »  —  «  Je  sais  un  bon  conseil  pour  toi,  dit-il.  Je 
mettrai  mon  comté  en  ta  possession,  si  tu  restes  avec  moi.  »  —  «  Non 
par  Dieu  et  moi;  c'est  à  cet  homme  seul  que  j'ai  donné  ma  foi,  et  je  ne 
lui  serai  pas  inhdèle. 

[La  suite  au  prochain  numéro.) 


Fragment  du  Mabinogi  de  Cereint  ab  Erbin  4)  5 

yn  g6assanaethu  amunt.  A  Ger'.  aofynnaéd  y6ry  ty  aoed  getymdeithon 
ida6*  auynhd'eu  g6aha6d  atta6.  oeshebynteu.  D6c  tithea  yma  6ynt 
y  gymryt  diga6n  ar  vyg  kost  i  or  hyn  goreu  a  gaffer  yny  tref  '  y  werth  4. 
Y  lûfer  goreu  auu  gan  6r  y  ty  ef  ae  duc  yno  y  gymryt  digaén  ar  gost 
gcr. 

Ar  hynny  nachaf  yr  iarll  yn  dyuot  y  ymwelet  a  Gcr\  ar  i  y  dcudccuet 

roarcha6c  urda61.  A  chyfodi  aoruc  Ger'.  ae  raessawu.  Du6  arotho^  da 

itt  heb  yr  iarll .  A  7  raynet  y  eisted  aorugant  pa6b  val  y  rac  dylei*  y 

anredcd9.  Ac  ymdidanaorucyr  iarll  a  gcr'.  a  gofyn  py  "^  ry6  gerdet  oed 

arna6.  Nyt  oes  genhyfi  mamyn  edrych  damweineu  ag6neuthur  negesseu 

auo  da  gcnhyf .  Sef  aoruc  yr  iarll  yna  edrych  ar  enyd  yngraff  sychedic  '. 

A    diheu  oed  gantha6  na  welsei  eiroet  inor6yn  tegach  >>  no  hi  na  g6ym 

pach  a  dodi  y  vryt  «  ?  a[o]  rue  arnei .  Agofyn  aoruc  y  er' .  a  gaffei  ganhyat 

gantaô  y  yynet  y  ymdîdan  ar  vorôyn  '4.  Keffy  yn  llawen  heb  y  Ger'  '  J . 

A  dyuot  aoruc  ynieu  ynyd  oed  »^  y  vor6yn.  Adywedut  6rthi.  A  uor6yn 

heb  ef  nyt  dîgrif  itt  yny  kerdet  h6n  '7  gyt  ar  g6r  racco.  nyt  anîgryf  '8 

heb  hi  genhyfi  kerdet  '9  yfFord  y  keriho  ^^  ynteu.  Ny  cheflFy  heb  ynteu 

na  g6eisson  na  morynyon  ath  wassanaetho  >'.  Digrifach  y6  genhyfi 

kanlyn  y  g6r  racco  no  phei  kaflTôn  ^>  weisson  a  morynyon.  Mi  a6nn  gy- 

ghor  da  itt  heb  ynteu  ^î.  Mi  arodaf  vy  iarllaeth  yth  vedyant  alhric  gyt 

a  mîui  *4.  Na  vynnaf  yrofi  a  du6  ar  g6r  racco  yd  ymgredeisi  eiroet  »î. 

Ac  nyt  annwadalaf  y6riha6*6. 

[La  suite  au  prochain  numiro.) 


I  udunt  —  2  uynnci  —  j  drcf  —  4  ar  werth  -  5  ac  —  6  rodo  —  7  a  numaue  — 
8  y  racidaenei  —  9  y  cnrycled  idaw  —   10  pa  ~   11  sythedic  (recte)  —  12  aeeach 

—  137  uryt  ae  uccfwl  —  i^agaf  i  gennyt  ti  gennat  y  uynet  att  y  uorwyn  draw 
y  ymdidan  a  hi  megys  ar  didaui  y  wrthyty  gOelûf  —  i$  heb  ef  —    16  hyt  lie  yd  oed 

—  17  hwnn  —  18  annigrif —  19  gerdet  ~  20  y  kerdo  —  21  wassanaetha;  le  livre 
Rouge  ^one  wûssanaetho  —  22  no  chyt  caffwn  —  2j  hebyr  ynteu  —  24101  —  2$  yn 
gyntaf  eiryoet  —  26  Le  texte  de  lady  Guest  porte  :  ac  anwadalaf  ywrthaw.  Elle  a 
supposé  une  interrogation  :  et  je  lui  serais  infidèle  ?  Le  livre  Rouge  porte  nyt  annwadalaf. 


MÉLANGES. 


L'INSCRIPTION  DE  VOLTINO  ET  SES  INTERPRÉTATIONS. 

L'inscription  de  Voltino,  découverte  par  Odorici  et  conservée 
aujourd'hui  au  musée  de  Brescia,  offre  un  intérêt  spécial,  parce  qu'elle 
présente  une  particularité  qui  semble  la  ranger  tout  d'abord  dans  les 
textes  bilingues  :  elle  commence,  en  effet,  dans  un  alphabet  pour  finir 
dans  un  autre. 

Elle  a  été  éditée,  en  1853,  dans  un  recueil  de  Zurich',  par 
M.  Mommsen,  dont  la  copie  a  été  reproduite  par  plusieurs  auteurs. 
Siegfried  et  son  élève  M.  Whitley  Stokes  en  ont  donné  une  transcription 
en  caractères  latins  qui  a  été  acceptée  par  Roget  de  Belloguet  et  par 
M.  C.  A.  Serrure,  mais  que  M.  Cari  Pauli  vient  de  réfuter  et  de  rem- 
placer par  un  texte  différent. 

Ni  M,  Mommsen,  ni  M.  Pauli  n*ont  traduit  dans  son  ensemble  l'ins- 
cription de  Voltino;  seuls  Siegfried  et  M.  Wh.  Stokes,  puis  M.  C.  A. 
Serrure  en  ont  tenté  l'interprétation . 

Voici  les  phases  successives  de  ces  études  diverses  : 

X®  Copie  de  M.  Mommsen  et  travaux  auxquels  elle  a  donné  lieu. 

TBTVMVS 
SEXTI 
DVGIAVA 
SAMADIS 

SOWt^^l^CAfl 
L'auteur  considère  les  deux  dernières  lignes  comme  appartenant  à  un 

1.  Mittheilungtn  der  antiquarischen  Gesellschaft  in  Zurich,  vol.  7,  pi.  2,  (ig,  17. 


L'Inscription  de  Voltino  437 

des  alphabets  nord-étrusques  et  admet  que  la  quatrième  ligne  peut  s'y 
rapporter  aussi,  en  raison  de  son  troisième  caractère.  Il  a  reproduit 
en  1872,  sa  copie  dans  le  Corpus  ^y  avec  la  seule  différence  que  ce 
caractère  est  debout  au  lieu  d'être  couché.  Cette  variante  est  peut-être 
la  conséquence  d'un  renversement  à  l'impression. 

M.  Mommsen  parait  avoir  renoncé  à  sa  première  hypothèse  sur  l'al- 
phabet auquel  appartient  cette  ligne,  car,  à  la  table  des  cognomindj  il 
donne  DVGIAVA  SAXADIS. 

M.  Hûbner  reproduit  lés  quatre  premières  lignes  de  l'inscription 
d'après  la  copie  donnée  par  M.  Mommsen  dans  le  recueil  de  Zurich, 
mais  il  attribue  au  troisième  caractère  de  la  quatrième  ligne  la  valeur 
de  N,  ce  qui  lui  donne  DVGIAVA  SANADIS.  Quant  aux  deux  dernières 
lignes,  il  se  borne  à  dire:  sequuntur  celtica^, 

M.  Wh.  Stokes,  adoptant  ou  complétant  la  manière  de  voir  de  Sieg- 
fried, dont  il  a  publié  les  notes,  et  partant  comme  lui  de  la  première  copie 
de  M.  Mommsen,  regarde  toute  l'inscription  comme  conçue  en  langue 
celtique.  Voici  sa  transcription  et  la  traduction  dont  il  la  fait  suivre  : 

TETVMVS 
SEXTl 
DVGIAVA 
SAMADIS 

TOWEDECAVl 
OBVLWMVTIMV 

Teîumus  (filias)  Sextiy  curator  Sassarensis,  me  addixit  Obuldino  Tina  J. 

Le  monument  personnifié  aurait  ainsi  pris  la  parole  pour  annoncer 
qu'un  curateur  des  Sassarenses  l'avait  dédié  à  un  dieu  désigné  par  les 
deux  mots  Obaldinu  TinUy  qui  seraient  au  datif. 

Roget  de  Belloguet.  en  18724,  et  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  en 
1873  5,  sans  aborder  le  sens  des  deux  dernières  lignes,  ont  fait  remar- 
quer que  le  mot  Dugiava  ne  pouvait  être  un  nom  commun  désignant 
un  curateur,  attendu  qu'on  le  rencontre  comme  nom  de  femme  dans  des 
inscriptions  de  la  même  contrée.  Nous  venons  de  voir  du  reste  que 


1.  Corpus  inscriptionum  latinamm,  l.  V,  n'  4883. 

2.  Exempta  scripturae  epigraphicae  latinae^  188$  (supplément  au  Corpus). 

}.  Miscellanea  celtica,  dans  ks  Beitrage  de   Kuhn,  t.   VI,  p.   17;   Cdtic   decUnsion 

(i88jKp.  47,48.     . 

4.  Glossaire  gaulois,  2*  édit. 

5 .  Revue  archiologiquey  nouvelle  série,  XIV*  année,  vol.  XXV,  p.  47. 


43$  P.  Charles  Robert 

M.  Mommsen,  dans  la  table  du  Corpus,  a  mis  lui-même  ce  mot  parmi  les 
cognomina . 

M.  C.  A.  Serrure,  qui  a  consacré  aux  inscriptions  réputées  gauloises 
un  travail  d'ensemble^  s'est  occupé,  à  son  tour,  du  texte  de  Voltino.  Il  le 
coupe  et  le  traduit  ainsi  : 

Te  tumus  SextL  Dagiava  saxa  Dis  tomede  cavio  btddunatihu. 

Voici  le  tombeau  de  Sextus.  Dugiava  éleva  ces  pierres  pour  ce  chef  ie 
famille  voltinitain  ^ 

L'auteur,  qui  considère  le  gaulois  comme  ayant  moins  de  rapports  avec 
les  langues  dites  néo-celtiques  qu'avec  le  latin,  cherche  dans  celui-ci  les 
éléments  de  sa  traduction.  C'est  ainsi  qu'il  explique  le  mot  cayio  par  le 
latin  caius  «  père  de  famille  »  ou  par  eau,  qui  a  le  sens  de  a  chef  »  dans 
le  roumanche  du  pays  des  Grisons ,  et  qu'il  établit  un  rapprochement 
entre  buldunutinu  et  l'ethnique  des  habitants  de  la  localité  où  le  texte  a 
été  découvert.  , 

2**  Transcription  de  M.  Pauli. 

Le  D^  Cari  Pauli  a  donné  un  fac-similé  de  l'inscription  de  Voltino 
dans  son  ouvrage  sur  les  textes  écrits  dans  les  alphabets  nord-étnisques^ 
La  quatrième  ligne  y  est  identique  à  la  première  reproduction  de  M.  Momm- 
sen.  Le  dessin  de  M.  Pauli  est,  pour  les  deux  dernières  lignes,  conforme 
à  celui  de  M.  Mommsen,  sauf  de  très  légères  différences  dans  le  cin- 
quième caractère  de  Tavant-dernière  ligne,  dont  la  partie  inférieure  est 
un  demi-cercle  au  lieu  d'être  un  angle,  et  dans  le  quatrième  carac- 
tère de  la  dernière  ligne,  où  il  y  a  une  suite  de  points  irréguliers  formant^ 
dans  l'angle,  une  sorte  de  traverse. 

M.  Pauli  lit  à  la  quatrième  ligne  Sasadis^  et  regarde  par  conséquent 
le  troisième  signe  comme  une  sifflante.  Le  même  signe  se  rencontre  dans 
d'autres  inscriptions  en  caractères  non  latins,  qui  ont  pris  place  dans  son 
livret.  M.  Hùbner  se  serait  donc  trompé  en  adoptant  Sanadis. 

Quant  aux  deux  dernières  lignes,  la  transcription  qu'en  donne  M.  Pauti 
est  complètement  différente  de  celle  qui  a  été  proposée  par  Siegfried  et 
par  M.  Wh.  Stokes;  la  voici  : 

:•:  omezeclai 

m 

obalzana  :  •  :  ina 
M.  PauU  s'appuie  sur  des  rapprochements  faits  avec  soin  entre  les 

1.  Bulletin  mensuel  de  numismatique  et  d'archéologie  de  Bruxelles,  $«  anoée,  n*'  6-7 
(décembre  188$  et  janvier  1886).  p.  8$. 

2.  Die  Inschriften  nordetruskischen  Alphabets ^  Leipzig,  i88(,  pi.  2,  fig.  )o. 
î.  P.  86. 

4.  P.  J7  et  suiv. 


L* inscription  de  Voltino  439 

caractères  de  rinscription  de  Voitino  et  ceux  d'autres  textes  lapidaires 
découverts  dans  la  même  région. 

L'auteur  regarde  les  quatre  premières  lignes  comme  renfermant  des 
noms  qui  sont  gaulois,  mais  soumis  à  la  déclinaison  latine.  Pour  les  deux 
lignes  suivantes,  il  s'abstient  de  tout  essai  de  traduction  et  remarque 
seulement  que  la  terminaison  na  est  fréquente  en  étrusque.  Il  croit,  en 
résumé,  que  les  deux  lignes  appartiennent  à  cette  langue.  • 

M.  Wh.  Stokes,  dans  sa  seconde  édition  de  Celtic  declension  ^  cite  la 
lecture  de  M.  Pauli,  sans  renoncer  à  celle  qu^il  avait  adoptée  et  à 
l'explication  qu'il  en  avait  déduite. 

J'ai  cru  devoir  réunir  toutes  les  copies,  les  transcriptions  et  les  ver- 
sions auxquelles  a  donné  lieu  le  fameux  texte  du  pays  des  Benacenses. 
Il  appartient  aux  linguistes  de  fournir  enfin  une  explication  définitive  de 
ce  texte,  dont,  à  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  d'ordinaire  dans  les  inscrip- 
tions bilingues,  les  deux  parties,  de  caractères  différents,  ne  semblent 
pas  reproduire  la  même  pensée. 

S'il  nous  était  permis,  en  qualité  d'épigraphiste,  de  pressentir  le 
résultat  de  ces  études,  nous  dirions  que  le  sens  à  trouver,  y  compris  les 
deux  dernières  lignes,  doit  être  beaucoup  plus  simple  que  ceux  qui  ont 
été  proposés  tant  par  Siegfried  et  M.  Wh.  Stokes^  que  par  M.  C.  A. 
Serrure.  En  effet,  si  l'on  jette  les  yeux  sur  les  inscriptions  rencontrées, 
comme  celle  de  Voltino^  dans  le  pays  des  Benacenses,  riverains  du  lac  de 
Garde,  et  publiées  par  M.  Mommsen  au  tome  V  du  Corpus,  on  remarque 
que  ce  sont  presque  toujours  de  simples  épitaphes,  et  que  les  rares  dédi- 
caces commencent  par  le  nom  de  la  divinité  au  datif  :  le  texte  qui  nous 
occupe,  s*il  n'était  funéraire,  ferait  donc  une  exception  unique.  Ajoutons 
que  plusieurs  des  épitaphes  du  pays  des  Benacenses  présentent,  comme 
notre  texte,  les  noms  des  défunts  au  nominatif,  sans  aucun  verbe.  On  peut 
remarquer  en  outre  que  les  noms,  qui  se  lisent  dans  nos  quatre  premières 
lignes,  se  retrouvent  identiquement  ou  avec  peu  de  changement  dans 
les  inscriptions  de  la  même  contrée  :  ainsi  on  rencontre,  outre  Dugiava^ 
et  Sextus^y  Sasius^  qui  se  rattache  par  un  radical  commun  au  génitif 
SasadiSj  de  même  que  le  nom  Dugiava  est  dérivé  de  Dugius  et  Ducius, 
toujours  du  même  pays  (.  Quant  à  Tetumus^  il  ne  faut  pas  oublier  non 


1.  Gœttlngen,  1886,  p.  56,  $7. 

2.  N*  4887,  cf.  Duciava  n*  4881 
j.  N"  4884,  4887,  etc. 

4.  N*  4880. 

5.  N»»  7J0Ô,  6908. 


440  Ulnscription  de  Voltino 

plus  qu'il  existe  à  Brescia  une  inscription  funéraire  qui  finit  par  Dir^i... 
umifSex...  ',  ce  qui  semble  être  l'équivalent  onomastique  de  nos  trois 
premières  lignes.  Dans  tous  les  cas,  on  rencontre  dans  le  monde  gaulob 
le  radical  et  le  sufRxe  de  Tetumus, 

Il  est  donc  acquis  que  les  quatre  premières  lignes  sont  composées  de 
noms  gaulois,  sauf  Sexii,  Ils  ont  tous  des  désinences  latines. 

Quant  aux  deux  dernières  lignes,  comme  on  ne  peut  guère  admettre 
qu'elles  soient  la  reproduction  dans  une  autre  langue  des  trois  premières, 
il  faut  supposer  qu'elles  expriment,  dans  la  langue  du  pays,  quelque 
formule  analogue  à  celles  qu'on  lit  à  la  fin  des  épitaphes  voisines,  telles 
que  :  et  sit  tibi  viaîor. . .  ^y  valete  cuncti  ^,  viator  vale  ettu^.  M.  Mommsen  a 
rapproché  de  cette  partie  de  l'inscription  trois  signes  inconnus  qui  se 
lisent  à  la  fin  d'une  épitaphe  latine  du  pays  des  Benacenses  i  et  qu'il  pense 
pouvoir  appartenir  au  même  alphabet.  Ces  signes  exprimaient,  sans 
doute  dans  une  langue  autre  que  le  latin  et  connue  des  gens  du  pays, 
une  pensée  analogue  à  celle  qui  termine  l'inscription  de  Voltino. 

C'est  dans  le  même  ordre  d'idées  que  des  Gaulois  des  environs  du 
golfe  de  Narbonne  ajoutaient  aux  légendes  de  leurs  monnaies,  tracées 
en  lettres  grecques,  une  courte  inscription  ibère  destinée  à  être  lue  par 
l'ancienne  population  .^ 

P.-Charles  Robert. 


1.  N»  451). 

2.  N*  4886. 
}.  N*  4879. 
4.  N*  4887. 
).  N*4858. 

6.  P.-Ch.   Robert,  Numismatique    d(  la  provinct   de  Languedoc.   Période  «nfifse, 
p.  jj,  pi.  IV,  fig.  Met  ij. 


CHRONIQUE 


I. 


Sir  Samuel  Ferguson,  président  de  PAcadémie  royale  d'Irlande,  est  mort  le 
9  août  1886  d'une  maladie  de  cœur  dont  il  avait  subi  la  première  atteinte  sept 
mois  auparavant.  Des  funérailles  solennelles  lui  ont  été  célébrées  trois  jours 
après  dans  la  vieille  cathédrale  de  Saint-Patrice  et  l'archevêque  protestant  de 
Dublin  y  a  prononcé,  en  l'honneur  du  défunt,  une  éloquente  oraison  funèbre. 

Str  Samuel  Ferguson  était  néâ  Belfast,  le  10  mars  1810.  Après  s'être  d'abord 
consacré  au  barreau,  il  fut  chargé  en  1867  d'organiser  et  de  diriger  les 
archives  publiques  d'Irlande,  Public  Rtcord  Office,  dont  il  fut  le  premier  directeur 
avec  le  titre  de  Dtput^  kcepcr,  sous  l'autorité  du  Mastcr  of  thc  Rolls  ;  et  en  1 882 
le  vote  de  ses  confrères  à  l'Académie  d'Irlande  lui  conféra  la  dignité  la  plus 
élevée  par  laquelle  ils  pussent  couronner  sa  longue  et  laborieuse  carrière.  «  En 

•  vous  annonçant,  »  m'écrivait-il,  c  que  je  viens  d'être  élu  président  de  l'Aca- 

•  demie  royale  d'Irlande,  je  crois  assez  vous  connaître  pour  penser  que  vous 

•  partagerez  le  plaisir  que  j'éprouve.  Pour  m'acquitter  convenablement  d'une 
■  fonction  qui  doit  durer  cinq  ans,  il  me  faudra  des  efforts  quelquefois  pénibles 
c  peut-être,  mais  en  me  confiant  cette  charge,  on  m'a  fait  un  grand  honneur 

•  {si  ontrosum^  honorosum),  et  c'est  avec  joie  que  malgré  ma  vieillesse  je  Vais 
t  commencer  à  m'acquitter  de  mes  nouvelles  obligations  •  .^ 

On  sait  que  l'Académie  royale  d'Irlande  a  trois  objets  d'étude  :  i»  les  sciences, 
2*  les  belles-lettres,  }^  les  antiquités  d'IHande.  Autant  Sir  Robert  Kane,  pré- 
décesseur de  Sir  Samuel  Ferguson,  était  un  représentant  autorisé  de  la  première 
de  ces  trois  branches  des  connaissances  humaines,  autant  Sir  Samuel  Ferguson 
avait  des  titres  pour  être  placé  à  la  tête  de  ceux  de  ses  confrères  qui  se  con- 
sacrent spécialement  à  l'étude  des  antiquités  d'IHande,  et  certaines  de  ses  publi- 
cations n'ont  pas  dft  être  sans  intérêt  pour  ceux  dont  les  belles-lettres  sont  le 
souci  dominant. 

Sir  Samuel  Ferguson  débuta  dans  la  carrière  littéraire  par  des  articles  publiés 
dans  le  Blackwood's  Edimburgh  Magazine  et  dans  le  Dublin  University  Magazine. 


442  Chronique 

PuiS|  enhardi  par  le  succès  de  ses  premiers  essais,  il  se  hasarda  â  publier 
quelques  travaux  plus  considérables.  On  lui  doit  des  arrangements  en  vers 
anglais  de  légendes  irlandaises.  La  principale  de  ces  compositions:  Congai^  a 
poem  in  fivcbooks^  DuhWny  Edward  Ponsonby,  in-4,  ix-236  pp.,  a  paru  en 
1872  (voyez  Revue  Celtique^  t.  III,  p.  482).  L'auteur  s'est  inspiré  du  c  Festin 
de  Dunangay  9,  Fleadh  Dainna  U'^edh  et  de  la  •  Bataille  de  Moyra  •,  Caik 
Muighe  Rath^  publiés  trente  ans  plus  tôt  par  John  O'Donovan  pour  la  Société 
archéologique  d'Irlande,  d'après  un  manusait  du  quatorzième  siècle.  Ce  sont 
des  compositions  épiques  dont  le  sujet  est  emprunté  à  l'histoire  d'Irlande  pen- 
dant la  première  moitié  du  septième  siècle.  On  doit  aussi  à  Sir  Samuel  Fer- 
guson  le  volume  intitulé  Lays  of  thc  Western  Cad  and  other  poems  qui  a  paru  en 
1865  ;  un  autre  volume  de  Poems  qui  a  vu  le  jour  en  1880  et  un  grand  nombre 
de  dissertations  sur  divers  sujets  d'érudition  relatifs  â  l'histoire  et  â  l'archéologie 
de  l'Irlande.  Dans  cet  ordre  d'idées,  les  inscriptions  ogamiques  sont  l'objet  qui 
a  principalement  attiré  son  attention.  Ainsi  dans  rin-8^  que  l'Académie 
d'Irlande  a  publié  sous  le  titre  de  Proceedings  of  thc  Royal  Irish  Academy, 
2^  séries,  vol.  I,  Polite  Literature  and  Anti^uities^  on  compte  dix  articles  de  loi 
sur  les  inscriptions  ogamiques  d'Irlande.  Le  28  juin  1880,  il  lisait  devant  l'Aca- 
démie d'Irlande  le  travail  le  plus  important  qu'il  ait  mis  au  jour  sur  cette  matière  : 
Fasciculus  oj  Prints  from  Photographs  ofCasts  of  Ogham  Inscriptions.  Ce  mémoire 
a  paru  dans  les  Transactions  de  l'Académie  royale  d'Irlande,  voL  XXVII,  Polite 
literature  and  antiqmtics  \  et  on  annonce  la  publication  prochaine  d'un  livre  qu'il 
avait  préparé  sur  le  même  sujet:  On  Ogham  Inscriptions,  Enfin  nous  signalerons  : 
son  étude  sur  les  cimetières  païens  d'Irlande,  dans  le  volume  des  Proceedings  cité 
plus  haut,  p.  1 14-128;  son  mémoire  On  the  Rudiments  of  the  Common  Law  dis-' 
conrahle  in  the  published  Portion  of  the  Senchus  Mér  publié  dans  les  Transactions 
de  l'Académie  d'Irlande,  vol.  XXIV.  Polite  Literature  and  Antiqmtics '^  son  étnde 
On  the  Patrician  Documents  qui  a  été  insérée  dans  le  tome  XXVII  de  la  même 
collection  et  dont  nous  avons  rendu  compte  plus  haut,  p.  274  du  présent  volume. 
Sir  Samuel  Ferguson  se  distinguait  par  l'aménité  de  son  caractère  et  par  sa 
bienveillance  pour  tous  les  savants  chez  lesquels  un  autre  aurait  pu  sentir  des 
rivaux.  Il  avait  le  bonheur  de  posséder  une  compagne  qui  prenait  le  même 
intérêt  que  lui  à  ses  travaux  tant  littéraires  qu'énidits.  On  doit  â  Lady  Fer- 
guson l'ouvrage  intitulé  c  The  Story  of  the  Irish  bejore  the  Conqaest,  from  the 
mythical  Period  to  the  Invasion  under  Strongbow,  un  vol.  in-12,  qui  a  paru  en 
1868  et  qui  a  eu  beaucoup  de  succès.  Le  bonheur  domestique  dont  jouissait 
Sir  Samuel  Ferguson  et  les  occupations  érudites  et  littéraires  qu'il  s'était  créées 
ne  l'empêchaient  pas  de  remplir  consciencieusement  ses  obligations  administra- 
tives dans  le  grand  dépôt  d'archives  dont  la  garde  lui  était  confiée,  et  j*ai  pu 
constater  moi-même  la  compétence  technique  avec  laquelle  il  en  avait  organisé 
jusque  dans  le  détail  les  dispositions  matérielles. 

H.  d'Ardois  de  Jubainville. 

I.  Voyez  Revue  Celtique ^  t.  V,  p.  $04. 


chronique  443 

IL 

M.  Ernest  Desjardîns,  né  â  Noisy-sur-Oise  le  30  septembre.  182 3,  est  mort  à 
Paris  le  22  octobre  i886.  Il  avait  débuté  dans  l'enseignement  secondaire,  et 
professé  l'histoire  et  la  géographie  dans  plusieurs  lycées,  quand  il  devint  en  1861 
maître  de  conférences  à  l'Ecole  Normale  supérieure,  oh  il  enseigna  d'abord  la 
géographie,  puis  l'histoire  ancienne.  Après  avoir  pendant  un  peu  plus  de  trois 
ans  (i882«i885)  suppléé  M.  Léon  Renier  dans  la  chaire  d'épigraphie  latine  du 
collège  de  France,  il  lui  succéda  en  1886.  Il  était  membre  de  l'Académie  des 
Inscriptions  et  belles-lettres  depuis  1875. 

Sans  être  celtiste  de  profession,  M.  Desjardins  a  donné  aux  études  celtiques 
une  contribution  considérable  dans  deux  ouvrages  importants.  Le  premier  est 
son  édition  de  la  Table  de  Peutingcr  que  malheureusement  il  n'a  pas  eu  le  loisir 
de  terminer  >.  La  portion  de  cet  ouvrage  qui  concerne  la  Gaule  a  été  tirée  à 
part  et  forme  un  volume  in-8<>  qui  comprend  Lxxxixet  480  pages,  trois  tableaux 
et  deux  planches.  Ce  volume  a  été  publié  à  la  librairie  Hachette  en  1869  sous 
ce  titre  :  c  Géographie  de  la  Gaule  d*aprh  la  Table  de  Peutinger  comprenant  : 
i<>  la  reproduction  des  deux  premiers  segments  de  la  carte  originale;  a*  une 
introduction  critique  sur  l'époque  et  l'importance  de  ce  manuscrit  pour  la 
géographie  ancienne  de  la  Gaule  ;  y  une  table  de  dépouillement  de  tous  les 
auteurs  anciens,  des  inscriptions  et  des  médailles;  4^^  une  table  alphabétique  de 
renvoi  au  texte  et  aux  cartes;  5*  une  carte  de  redressement  portant,  à  leur 
place,  les  noms,  routes  et  autres  indications  renfermées  dans  la  carte  originale.  » 
Quelques  années  après,  M.  Desjardins  commençait  la  publication  d'un  ouvrage 
plus  considérable  dont  le  titre  est  :  Géographie  historique  et  administrative  de  la 
Gaule  romaine.  De  cet  important  travail  qui  doit  former  quatre  volumes,  les  trois 
premiers  seulement  ont  paru:  le  premier  en  1876,  475  pages  grand  in-8<>, 
et  x\ii  planches  hors  texte  >;  lé  second  en  1878,  748  pages  et  x  planches  )  ; 
lé  troisième  en  1885,  528  pages  etxxi  planches  4.  Le  tome  quatrième  est  sous 
presse.  M.  Auguste  Longnon,  choisi  pour  collaborateur  par  M.  Desjardins  qui 
sentait  plusieurs  mois  avant  sa  mort  l'affaiblissement  de  ses  forces^  mettra  la 
dernière  main  à  l'œuvre  du  géographe  érudit,  et,  pouvons-nous  dire,  de  notre 
savant  collaborateur.  En  effet,  la  direction  de  la  Revue  Celtique  ne  doit  pas 
oublier  que  cette  revue  a  eu  pour  ainsi  dire  les  prémices  de  la  Géographie  histo- 
rique et  administrative  de  la  Gaule  romaine.  Le  paragraphe  premier  du  premier 
chapitre  de  ce  grand  ouvrage  (p.  66-1 13)  a  été  inséré  dans  le  tome  III  de  la 


dans 
compte- 
grand  in-folio. 

2.  Voir  un  compte-rendu  dans  la  Revue  Celtique,  U  III,  p.  257. 

3.  Voir  un  compte-rendu  dans  la  Revue  Celtique,  t.  III,  p.  469. 

4.  Voir  un  compte-rendu  dans  la  Revue  Celtique,  t.  VI,  p.  374, 


444  Chroniéiue 

Revue  Celtique  (p.  1-50)  avant  d'être  livré  au  public  dans  le  volume  que  la 
maison  Hachette  a  mis  en  vente  en  1876.  Son  titre  est  :  Orographie  de  la  Gaule 
à  l'époque  romaine. 

Nous  ne  pouvons  oublier  non  plus  le  vif  intérêt  que  M.  Desjardins  portait 
aux  études  celtiques  et  aux  savants  qui  y  prennent  part.  A  leur  égard,  cet 
intérêt  se  changeait  envers  quelques-uns  d'entre  eux  en  une  véritable  affection 
qui  engendrait  la  réciprocité.  Avec  un  grand  nombre  de  celtistes  il  avait  ceU 
de  commun  qu'il  aimait  les  polémiques  ardentes,  mais  ce  n'est  jamais  dans  le 
champ  clos  des  études  celtiques  que  son  tempérament  belliqueux  l'a  conduit. 
Si,  dans  le  camp  des  épigraphistes,  il  s'est  fait  des  ennemis  qui  ont  répondu 
quelquefois  à  ses  attaques  par  de  violentes  représailles,  tels  que  MM.  Mommsen 
et  Hirschfeld,  parmi  les  celtistes  il  ne  pouvait  compter  que  des  amis  et  laisser 
que  des  regrets. 

H.  D'ARBOB  de  JUBAINVn.LE. 


III. 

Dans  le  numéro  9  (septembre  1886)  du  recueil  périodique  intitulé:  The  Irisk 
ecclesiastical  Record,  a  monthly  journal,  third  séries,  vol.  VH,  le  Rev.  Edmund 
Hogan,  S.  J.,  Clongowes  Wood  Collège,  a  publié,  p.  845-855,  un  passage  do 
livre  d'Armagh  >,  fo  20  v^â  22r>,  qui  est  intitulé:  Uber  angueli,  c'est-à-dire ii/i^e// 
sans  palatalisation  du  g;  c'est  la  prononciation  irlandaise.  Ce  phénomène  peut 
être  comparé  à  celui  par  lequel  les  Irlandais  conservaient  la  valeur  primitive  du 
c  et  du/  latin  devant  e  et  devant  imême  suivi  d'une  autre  voyelle,  et  maintenaient 
sourd  en  le  notant  ss  Vs  placé  entre  deux  \oyd\es.V angélus  dont  il  s'agit  dans 
ce  titre  aurait  paru  en  songe  à  saint  Patrice  (comme  nous  prononçons,  ou 
mieux  Patrick,  Patrice,  en  latin  Patricius)^  le  célèbre  apôtre  d'Irlande.  Ce  docu- 
ment n'est  pas  sans  intérêt  au  point  de  vue  de  l'histoire  de  l'Eglise  d'Irlande; 
mais  nous  nous  attacherons  principalement  ici  à  ce  qui  peut  faire  sa  valeur  aux 
yeux  des  linguistes.  Ainsi  l'auteur  ayant  à  parler  d\irmaghy  capitale  ecclé- 
siastique de  l'Irlande,  l'appelle  au  génitif  deux  fois  Altimachc  (lignes  7-8,  41), 
une  fois  Altimachae  (ligne  92);  et  à  l'ablatif  une  fois  Altomachac  (ligne  197).  Alti 
c  de  la  hauteur,  de  la  forteresse  •  est  la  traduction  de  l'irlandais  airdd  ou  aird. 
En  effet,  dans  le  même  document,  Armagh  est  appelé  au  génitif  Airddmache 
(ligne  1 50),  Airddmachae  (ligne  84)  eiAirdmachae  (ligne  1 39).  Le  même  nom  irlan- 
dais est  écrit  ligne  50  au  nomindXif  Arddmachae  :  •  quae  cognominatur  Scotorum 
lingua  Arddmachae  ■.  On  sait  que  suivant  la  doctrine  des  savants  irlandais,  Macke 


I .  Le  livre  d'Armagh  date  paléographiquement  des  premières  années  du  neuvième 
siècle.  Le  scribe  auauel  on  le  doit  s'appelait  Ferdomnach,  mort  en  846,  et  il  écrivait  sous 
un  abbé  qui  fut  en  fonaions  de  807  a  808,  si  nous  adoptons  la  chronologie  de  M.  Hennessy 
dans  le  Ch^onicum  Scotorum^  p.  127. 


chronique  44  j 

ou  Mackae  est  le  génitif  d'un  nom  de  femme  *  qu'on  retrouve  aussi  dans  le  nom 
de  la  plaine  où  Armagh  fut  bâti,  en  moyen  irlandais  magh  Mâcha  pour  mag 
Mâche  a.  Nous  avons  médiocre  confiance  dans  cette  étymologie.  M.  Zimmer, 
IC(/fcicA£  5/ir</rOT,  deuxième  livraison,  p.  19,  en  propose  une  autre.  Le  nom 
d*Armagh,  qu'il  écrit  Ardmach,  signifie  suivant  lui  hoch  fcld^  c  haut  champ  >, 
c'est-à-dire  qu'il  confond  le  second  terme  avec  le  nom  commun  m^gA  •  champs, 
et  que  le  composé  est  à  ses  yeux  déterminatif  et  asyntactique,  tandis  qu'en 
réalité,  Ard  Mâche  est  un  composé  syntactique  et  de  dépendance.  Le  contre- 
sens est  évident,  puisque  le  premier  terme  ard  se  décline  et  que  Ard  Machty 
c  montagne  de  Mâche  »  s'oppose  à  Mag  Macht  c  plaine  ou  champ  de  Mâche  ». 
Nous  avons  dit  que  le  Ubtr  angueli  nous  offre  des  d'exemples  du  génitif 
du  substantif  Airdmache  en  vieil  irlandais  9  ;  un  exemple  du  datif  de  ce  nom  en 
vieil  irlandais  est  bien  connu  ;  il  se  trouve  dans  les  notes  irlandaises  du  Livre 
d'Armagh,  §  15,  chez  Whitley  Stokes,  Coidelica,  deuxième  édition,  p.  88  :  du 
AriMachaty  cf.  AnaUcta  Bollandiana^  U  II,  p.  231.  On  peut  en  rapprocher  un 
passage  de  Thymne  de  Fiacc,  vers  43  :  in  Ardmacha  (Wh.  Stokes,  Coidelica  ^^ 
p.  128).  Il  y  a  dans  le  Félirc  d'Oengus  un  vers  qui  montre  qu'à  l'époque  où  fut 
composé  ce  poème  didactique  on  sentait  encore  dans  le  composé  syntactique 
Ardmache  l'existence  indépendante  des  deux  termes  : 

Maraid  ard  mor  Machi 

c  Elle  subsiste  encore  la  grande  forteresse  de  Mâche  4  •. 

Il  ne  faut  pas,  comme  le  fait  M.  Zimmer  dans  le  passage  cité  plus  haut,  con* 
fondre  le  second  terme  d'  Ardmache  avec  -le  second  terme  de  Fernmagh  •  champ 
des  aulnes  »  et  de  Dermagh  c  champ  des  chênes  »  que  le  savant  allemand  écrit, 
nous  ne  savons  pourquoi,  Fernmach  et  Dtrmach  et  qui  auraient  été  dans  la 
Gaule  romaine,  Tun  Vernomagus^  l'autre  probablement  Dervomagus. 

Quelques  observations  du  jésuite  érudit  auquel  nous  devons  l'édition  du  Ubcr 
angueli  montrent  que  les  questions  grammaticales  ne  sont  pas  pour  lui  sans 
intérêt.  Il  fait  par  exemple  observer  que  le  vieil  irlandais  possédait  un  subs- 
tantif féminin  Jerte  t  tombe  >  que  n'ont  point  mentionné  jusqu'ici  les  index  du 
vieux  et  du  moyen  irlandais  publiés  par  les  savants  les  plus  autorisés.  M.  Win- 
disch,  dans  le  dictionnaire  qui  termine  les  Irische  Texte  mentionne /^rf,  •  tombe  •; 
on  trouve  aussi  ce  mot  dans  Vindex  verborum  dont  M.  Whitley  Stokes  a  enrichi 
la  traduction  du  glossaire  de  Cormac.  Mais  ni  l'un  ni  l'autre  n'ont  eu  l'occasion 
de  relever  dans  ces  nomenclatures  le  substantif /(rte.Toutefois,  dans  la  traduction 
du  Glossaire  de  Cormac  publiée  par  M.  Wh.  Stokes,  on  trouve,  â  la  page 
79,  au  mot  fcrt  •  a  tomb  ■   une  note  de  l'éditeur  qui   commence  ainsi  :  fertCf 

1.  O'Donovan,  Annals  of  the  kingdom  of  Ireland  by  the  four  M  asters,  18$  1,  vol.  I, 
p.  143  note  b.  Cf.  Joyce,  The  origin  and  history  of  Irish  names  of  places,  t.  I,  cinquième 
édition,  p.  78.  Mais  voy.  Windisca,  Irischt  Texte^  II,  67$. 

2.  O'Donovan,  Ibid.f  p.  10,  note  w, 

3.  Ce  génitif  persiste  postérieurement.  Voyez  dans  \t  Chronicum  Scotorum^  édition 
Henncssy,  les  pages  38,  40,  76,  96,  etc. 

4.  Prologue,  vers  168;  The  calendar  of  Oengus,  par  Wh.  Stokes.  p.  XVII I. 


446  Chronique 

ffOMBine]  «  tomb  •  was  an  old  Irish  form.  La  seule  addition  importante  que  le 
savant  jésiâte  Êisse  aux  indications  contenues  dans  la  note  de  M.  Wh.  Stokes 
consiste  en  ce  qu'il  signale  dans  le  livre  d'Armagh  le  génitif  singulier  fcrtat  : 
•  fossam  rotundam  m  sûnilitudinem  ftrtût»  •  Cette  observation  grammaticale 
n'est  pas  dénuée  d'intérêt. 

Le  Père  Hogan  a  aussi  reconnu  que  le  septem  anceUas  de  la  ligne  163  est  b 
traduction  de  l'irlandais  secht  cumala.  On  a  fait  la  même  observation  ici  même 
un  peu  plus  haut,  pp.  268,  269,  à  propos  de  la  collection  des  canons  irlandais, 
livre  XLvm,  c.  ^ .  Cette  concordance  grammaticale  amène  â  observer  que  les 
deux  textes  procèdent  d'un  principe  juridique  identique.  Voici  le  passage  du 
lÀbcr  angueit  :  c  Qui  non  receperit  praedictum  praesulem  in  hospicium  eundem 
et  reclusserit  suam  habitationem  contra  itium  vn  ancellas  siue  vn  annos  poeni- 
tentiae  similiter  reddere  cogatur.  •  Dans  les  canons  irlandais  on  trouve  la  règle 
suivante:  «  Sinodus  Hibernensis  ait:  Omnis,  qui  ausus  fuerit,  ea,  quae  sunt 
régis  aut  episcopi  furari,  aut  rapere  aut  aliquid  in  eos  committere,  parvipendens 
dispicere^  vn  ancillarum  pretium  reddat,  aut  vn  annis  peniteat  cum  episcopo 
vel  scriba  •  p.  204  (cf.  >VasserschIeben,  Die  Bussordnungender  abendlaaidisckett 
Kirchc,  p.  140  et  {41). 

Nous  croyons  en  avoir  dit  assez  pour  montrer  que  la  publication  do  Rev. 
Hogan  est  une  œuvre  utile.  Pour  être  complet,  nous  lui  ferons  deux  critiques- 
Son  interprétation  d'Hiherionach  par  ib  et  Erin,  p.  848  est  inadmissible;  et  en 
corrigeant,  p.  852,  en  anceltaey  mieux  ancillae^  le  nominatif  pluriel  ancellas^  de 
la  ligne  169,  il  ne  s'est  pas  aperçu  qu'il  était  en  présence  d'une  forme  régulière 
du  bas-latin.  Il  est  intéressant  de  faire  observer  que  cette  forme  si  fréquente  sur 
^e  continent  dans  les  textes  mérovingiens,  et  que  reflète  le  français  du  moyen 
âge,  se  retrouve  au  neuvième  siècle  sous  la  plume  d'un  scribe  irlandais  dans  la 
métropole  de  l'Irlande  ecclésiastique. 

IV. 

La  rédaction  de  la  Revue  Celtique  a  reçu  de  M.  G.  Lecoat,  pistear  à  Tremd- 
Plestin,  Câtes-du-Nord,  deux  petits  ouvrages  tout  nouvellement  imprimés.  L'on 
est  intitulé  Almanakmad  ar  Vrctouned  •  bon  almanach  des  Bretons  pour  1887  >. 
Nous  y  trouvons  annoncé  un  Evangile  français  et  breton  couvert  en  cuir  et 
doré,  pour  un  franc,  ce  qui  n'est  pas  cher,  surtout  si  c'est  bon  comme  l'aima- 
nach  * .  Une  note  nous  fait  espérer  la  traduction  prochaine  de  la  Bible  entière. 

L'autre  ouvrage  a  pour  titre  :  Beac*h  ar  c^hristen  war-zu  an  eurusted  peur^ 
baduz,  groetgant  lan  Bunyan;  c'est-à-dire  «  Voyage  du  chrétien  vers  le  bonheur 
éternel  par  Jean  Bunyan.  i  C'est  un  in- 12  de  1^9  pages.  Il  est  orné  d'images; 
l'une  représente  un  pape  qui,  vêtu  de  ses  habits  pontificaux,  menace  des  deux 
poings  le  voyageur  chrétien.  C'est  sous  cette  forme  que  l'auteur  représente  le 


I.  Voyez  plus  haut,  t.  VI,  p.  )82-)83. 


Chroniélue  447 

géant  caduc  et  impuissant,  mais  anonyme  dans  les  versions  françaises,  qui  a 
été  mis  par  les  années  dans  l'impossibilité  de  continuer  ses  brigandages. 

Ce  petit  volume  est  la  traduction  du  célèbre  ouvrage  anglais  publié  sous  le 
titre  de  Pilgrim's  Progress  par  John  Bunyan  et  dont  la  première  édition  a  paru 
â  Londres  en  1678  et  en  1684.  Il  a  eu  en  Angleterre  un  succès  prodigieux.  La 
bibliothèque  de  l'histoire  du  protestantisme  français,  rue  des  Saints-Pères,  54, 
possède  la  quarante-cinquième  édition  datée  de  Londres,  1775.  Il  a  eu  plusieurs 
éditions  en  français,  les  unes  à  l'usage  des  protestants,  les  autres  destinées  aux 
catholiques.  La  plupart  des  traducteurs  protestants,  choqués  par  le  titre  anglais 
qui  semblait  rappeler  une  superstition  papiste,  l'ont  modifié  et  ont  rendu  le  Pil- 
grim's Progress  de  Bunyan  de  manière  à  éviter  toute  confusion.  Ainsi  l'édition  de 
Neufchâtel,  1776,  est  intitulée  :  Voyage  du  chrétien  et  de  la  chritienti  vers  l'àer- 
mU  bienheureuse.  Celle  de  Rotterdam,  1728,  a  pour  titre  :X«  voyage  du  chrétien 
vers  l'éternité.  Les  éditions  catholiques  ont  reçu  un  titre  qui  est  le  résultat  d'un 
amalgame  bizarre  entre  celui  des  éditions  anglaises  et  celui  qu'ont  imaginé  les 
protestants  français.  Le  titre  donné  à  cet  opuscule  par  les  premiers  éditeurs 
catholiques,  Paris,  1772,  1793^  Toulouse,  1788;  Besançon,  1827;  est:  U 
pèlerinage  d'un  nommé  Chrétien;  en  tète  de  la  dernière  édition  catholique, 
Plancy,  1847,  on  lit  :  Le  pèlerinage  de  Christian.Lt  titre  choisi  par  M.  Lecoat 
est  imitéde  ceux  des  éditions  de  Neufchâtel  et  de  Rotterdam;  en  effetM.  Lecoat 
a  fait  sa  traduction  bretonne  d'après  la  traduction  française,  et  non  d'après 
l'original  anglais  qui  a  sur  la  traduction  française  une  énorme  supériorité  litté- 
raire; son  oeuvre  a  tous  les  défauts  de  la  traduction  française. 

Jean  Bunyan  est  en  général  peu  connu  en  France.  Cependant  il  a  des  articles 
dans  nos  dictionnaires  biographiques  et  bibliographiques.  Ceux  qui  voudraient 
trouver  sur  lui  des  notions  plus  détaillées  dues  à  une  plume  compétente  pour- 
ront consulter  deux  notices  de  M.  le  pasteur  Matthieu  Lelièvre  dans  la  Revue 
chrétienne  dei874,  p.  287-3041  p.  340-349,  tXdsitsVEvangéliste  dei88o,p.  53. 

V. 

Nous  avons  annoncé  plus  haut,  p.  265,  les  cinq  premières  livraisons  du 
Lexique  de  César  et  de  ses  continuateurs,  par  H.  Merguet.  Nous  venons  de 
recevoir  la  sixième  qui  se  termine  au  verbe  remitto.  Nous  insisterons  sur  l'uti- 
lité de  cet  ouvrage  et  sur  les  services  qu'il  peut  rendre  aux  amis  des  études 
historiques. 

VI. 

M.  Gustav  Grôber,  professeur  de  philologie  romane  à  l'université  de  Strasbourg, 
a  entrepris  sous  le  titre  de  Crundriss  der  romanischen  Philologie,  artcle  concours 
de  vingt-cinq  collaborateurs,  une  sorte  d'encyclopédie  romane,  La  première, 
livraison  vient  de  paraître.  Elle  contient  l'introduction  rédigée  par  MM.Gr<(ber, 


448  Chronique 

Schum  et  Tobler,  elle  est  consacrée  à  la  bibliographie  et  â  des  généralités.  La 
livraison  suivante,  qui  paraîtra  bientôt,  débutera  par  une  étude  sur  les  langues 
qui  ont  précédé  le  latin  dans  le  vaste  territoire  où  les  langues  romanes  se 
parlent  aujourd'hui.  Le  celtique  est  celle  de  ces  langues  qui  avait  le  domaine 
le  plus  étendu.  M.  Windisch  s'est  chargé  d'exposer  les  principaux  caractères 
de  cette  langue;  il  l'a  fait  avec  la  compétence  que  connaissent  les  lecteurs  de  la 
Revu€,  Son  travail  est  imprimé  et  il  parattra,  nous  l'espérons,  bientôt. 

VII. 

Nous  venons  de  recevoir  le  volume  XII  des  Transaaions  of  the  Gaelie  Society 
ofinverness  188^-1886,  xvi-446  pp.  Onyremarque,  p*  34s,  nn  mémoire  du  pro- 
fesseur Donald  Mackfnnon  sur  les  dialectes  du  gaélique  d'Ecosse.  C'est  l'œuvre 
d'un  vrai  linguiste.  M.  Alexandre  Macbain,  déjà  connu  des  lecteurs  de  la  Reituc 
Cdùque^  a  donné  dans  le  même  recueil,  p.  x8o,  une  intéressante  étude  sur 
la  littérature  héroïque  et  ossianique  d'Irlande  et  d'Ecosse.  De  vieux  chants 
gaéliques  f  Old  gaelie  songst  d'une  antiquité— moderne—ont  été  réunis  dans  ce 
volume  par  M.  Colin  Chisholm,  p.  118. 

VIII. 

L'Academy  des  2$  septembre,  2  et  9  octobre  1886,  p.  209-210,  227-228, 
246-247,  rend  compte  d'un  voyage  philologique  fait  par  M.  Whitley  Stokes  en 
France,  en  Suisse  et  en  Belgique  pendant  Tété  dernier.  M.  Wh.  Stokes  a  étudié 
à  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris  les  manuscrits  latins  no*  10400  et  1 141 1, 
celtique  et  basque,  n*  1 .  Il  a  été  lire  dans  la  même  ville  au  musée  de  Cluny  les 
inscriptions  gallo-romaines  du  monument  célèbre  qu'élevèrent  les  nautae  Pari^ 
siaci.  Au  musée  de  Saint-Germain,  il  a  fait  le  dépouillement  des  moulages  d'ins- 
criptions gauloises  et  gallo-romaines  qui  sont  un  des  plus  précieux  ornements 
de  l'instructive  collection  réunie  avec  tant  de  zèle  et  si  méthodiquement  classée 
par  M.  Alexandre  Bertrand.  A  Orléans,  il  a  collationné  avec  le  manuscrit  193 
de  la  bibliothèque  de  cette  ville  les  gloses  bretonnes  transcrites  par  M.  Brads- 
haw,  publiées  par  lui-même  d'après  la  copie  de  M.  Bradshaw et  réimprimées  plus 
tard  par  M.  Loth  après  révision .  Il  n'a  pas  quitté  cette  ville  sans  visiter  le 
musée  et  sans  eu  lire  les  inscriptions  gallo-romaines. 

En  Suisse,  il  s'est  rendu  à  Schaffhouse,  â  Safnt-Gall,  â  Zurich  et  à  Berne. 
Dans  la  bibliothèque  de  Schaflfouse,  il  a  collationné  avec  l'édition  de  William 
Reeves,  le  manuscrit  de  la  vie  de  saint  Columba  que  ce  savant  appelle  codex  A 
(p.  xm-xxiv)  qui  paraît  du  neuvième  siècle,  et  qui  sert  de  base  k  son  édition. 
A  Saint-Gali,  il  s'est  occupé  du  manuscrit  1395  qui  contient  des  incantations 
bien  connues  des  celtistes  publiées  successivement  dans  les  deux  éditions  de  la 
Grammatica  Celtica  et  par  M.  Zimmer.  Le  bibliothécaire  lui  fit  la  surprise  de 
lui  apprendre  que  jamais  M.  Zimmer  ne  s'était  rendu  .à  Saint-Gall,  ce  qui  ex* 


Chronique  449 

plique  les  imperfections  du  texte  des  incantations  donné  par  M.  Zimmer.  A 
Zurich»  M.  Stokes  a  constaté  que  les  quatre  fragments  de  ms.  latins  d'origine 
irlandaise  et  de  Tépoquecarlovingienne  réunis  par  Ferdinand  Keller  se  trouvaient 
dans  la  bibliothèque  de  la  Société  des  antiquaires,  sous  le  numéro  3 1.  A  Berne, 
il  a  collationné  les  gloses  irlandaises  contenues  dans  les  manuscrits  167,  2)8  et 
363. 

Le  savant  celtiste  a  terminé  sa  tournée  par  une  visite  à  la  bibliothèque  royale 
de  Bruxelles  qui  contient,  comme  on  le  sait,  plusieurs  manuscrits  d'origine 
irlandaise  et  curieux  surtout  au  point  de  vue  hagiographique. 

Nous  ne  pouvons  ici,  faute  de  place,  donner  toutes  les  indications  intéres- 
santes contenues  dans  les  trois  articles  que  le  savant  voyageur  a  inséré  dans 
VAcademy.  Nous  signalerons  cependant  le  datif  singulier  gaulois  Alisana  dans 
une  inscription  latine  de  Dijon  dont  un  moulage  est  conservé  au  musée  de  Saint- 
Germain.  On  n'avait  jusqu'à  présent  relevé  de  ce  datif  d*autre  exemple  que 
celui  qui  est  fourni  par  l'inscription  gauloise  delà  patère  de  Dijon.  Nous  aurons 
occasion  de  revenir  sur  les  découvertes  de  Wh.  Stokes  quand  nous  rendrons 
compte  des  ouvrages  dont  il  a  réuni  les  matériaux  dans  ce  voyage  érudit  sur  le 
continent. 

IX. 

Nous  avons  déjà  annoncé  les  Annales  de  Bretagne  publiées  par  la  Faculté  des 
lettres  de  Rennes.  Nous  recevons  à  l'instant  même  le  numéro  1  du  tome  II, 
Novembre  1886.  M.  Loth  y  a  publié,  p.  50-52,  la  portion  de  sa  Ckrestomathie 
bretonne  qui  concerne  le  vieil  armoricain,  et,  p.  67-79,  le  texte  et  la  traduction 
de  trois  chansons  bretonnes.  Aux  pages  63-66,  on  trouve  le  texte  et  la  traduc- 
tion d'une  chanson  bretonne  recueillie  par  M.  Lnzel. 

X. 

Les  lecteurs  de  la  Revue  Ceitique  apprendront  avec  plaisir  que  M.  Zimmer 
prépare  un  grand  travail  sur  le  Td'in  bâ  Câailnge;  c'est  le  morceau  fondamental 
du  grand  cycle  épique  irlandais  dont  le  roi  Conchobar  est  l'Agamemnon  et  dont 
le  héros  Cûchulainn  est  l'Achille.  L'incontestable  compétence  grammaticale  du 
savant  professeur  nous  fait  espérer  que  son  œuvre  sera  digne  du  texte  qu'elle 
a  pour  objet.  H.  d'A.  de  J. 

XI. 

LtCeltic  Magazine^  revue  mensuelle  qni  parait  à  Inverness,  chez  A.  tiWf. 
Mackensie,  47  1/2,  High  Street,  passe  sous  la  direction  de  M.  Alexander 
Macbain,  auteur  d'un  traité  de  mythologie  celtique  dont  il  a  été  rendu  compte 
plus  haut.  Le  Celtic  magazine  est  en  bonnes  mains;  nous  nous  ferons  un  plaisir 
d'en  parler  avec  détails  à  nos  lecteurs.  Notre  prochaine  livraison  rendra  compte 
des  numéros  de  novembre,  décembre  et  janvier. 

Rev.  Celt.  VII  29 


450  Releyé  des  lectures  fausses  de  lady  Guest 

Une  lettre  de  M.  Cerqaand  à  M.  Gaidoz,  et  que  notre  savant  confrère  a 
Tobligeance  de  nous  communiquer,  nous  apprend  que  dans  les  démolitions  d'uoe 
chapelle  à  Orgon  (Bouches-du-Rhône),  il  vient  d'être  découvert  une  inscription 
gauloise  en  caractères  grecs  : 

ouv)Ppou(iapo; 
deSe  .xapavoou 
PpaTOuSe.  xavTiva 

c'est-ii-dire  :  Vebrumaros  dede  Taranou  cantena. 


Rele\*é  des  lectures  fausses  db  lady  Guest  (Je  renvoie  aux  pages  de  la 

Revue  Celtique). 

P.  403,  n.  2  :  Guest  a  V  disuin;  L.  Rouge  ar  distein.  ;  n.  6:  Guest   gan;  L. 

rouge  y  gan. 
P.  404,  n.  13  :  Guest  u/i  a  buchii^n  ;  L.  R.  mi  a  huchwn. 
P.  407,  n.  9  :  Guest  Awr;  L.  R,  A  wr. 
P.  411,  n.  7:  Guest  tf  threiglgweithi    L.  R.  ^  threigjlgwcith ;  n.  14:  Guest 

jn  dynessUy  L.  R.  yn  dynessau;  n.  24:  Guest  a  geffoch^  L.  R.  tf  geffwch. 
P.  412,  n.  29  :  Guest  Ariogoned;  L.  R.  i4  riogoned. 
P.  41$,  n.  4:  Guest  honnw^  L.  R.  hwnnw;  n.  9:   Guest:  pas  de  point 

après  veicheu^  L.  R.  un  point. 
P.  417,  ligne  6:  Guest  mi  y  rodaf^  L.    K.  nu  y  rodaf;n.  15:  Guest  ytti^ 

L.  R.  itt;  n.  32;  Guest  Ry  gyghyrthy  L.  R.  Ry  yghyrth. 
P.  419,  n.  12:  Guest  0  hynny  ehedawdyL,  R.  0  hynny  yny  thtdawd;  n.    14, 

Q\it%\  yigavnrwyd^  L.  R.  ysgawnrwyd, 
P.  42i,n.  2:  hitheu  manque  dans  le  Livre  rouge,  après  hawd  genthi;  ibid. 

Guest  a  delis^  L.  R.  tf  dellis;  note  5;  Guest  ii/î,  L.  R.   ou;  n.  6:  Guest 

ar  ymadrawd  hi^  L.  R.  ar  ymadrawd  a  dywawt  ki;  n.  22:  Guest  drachin 

L.  R.  dracheuyn;  n.  24,  Gu.cst:  wrdiy  L.  R.  wr  di;  n.  a6,  Guest:  gyghoro 

uu,  L.  R.  gyghoro  nu, 
P.  423,  n.  22:  Guest  desissach^  L.  R.  dewissach;  n.  25  :  Guest  yn  dyvryt, 

L.  R.  yn  dybryt. 
P.  42$,  n.  I  :  Guest  hunnw  est  de  trop;  n.  21  :  Guest  glwei,  L.  R.   glywei, 
P.  427,  n.  1 5  :  Guest  yrrei,  L.  R,  y  rei;  n.  21  :  Guest  ar,  L.  R.  a, 
P.  439,  n.  I  :  Guest  ymiy  L.  R.  yni;  n.   31  :  Guest   y  dcuthost,  L.   R.  y 

deuthast  J.  Loth. 


Addenda  et  corrigenda  du  tome  VII.  451 


Addenda  et  corrigenda  du  tome  VII. 

P.  30,  n.  5,  au  lieu  de  isnesam  lire  isncsen 

P.  64, 1.  25,  au  lieu  de  c  cans  •  lire  «  dans  • 

P.  72,  I.  I,  au  lieu  de  «  Aberrcomby  >  lire  t  Abercromby  » 

P.  81 1 1.  32,  au  lieu  de  III  lire  II 

P.  83)  1.  34,  au  lieu  de  voto  lire  volo 

P.  84,  K  11,  au  lieu  de  OlydduUa  lire  Alyddaida 

P.  85,  I.  13^  ajouter  après 4enarios  :  •  et  ego  Rodri  0'  Biolan  et  uxor  mea 
xn  denarios  • 

P.  117,  I.  15,  au  lieu  de  •  que  chacun  soit  pour  son  crime  ■  lire  c  chaque 
animal  pour  son  crime  ».  Sur  rob^  génitif  ruib^  ace.  pi.  rubu  ■  animal  », 
voy.  Windisch,  Irisehe  Texte ,  tome  I.  p.  747,  col.  2,  v»  rop.  Cf.  Ancient 
laws  of  Ireland,  t.  I,  p.  184 J.  15  ;  t.  IV,  p.  88,  1.  1 1,  12 

P.  126,  1.  5,  au  lieu  de  Dructini  lire  Druùcni 

P.  127,  1. 31,  au  lieu  de  «  en  voyage  •  lire  c  dans  les  dents  ■ 

P.  179»  1.  13,  au  lieu  de  no  lire  on 

P.  245,  n.  I,  I.  2,  au  lieu  de  i-sin-derund  lire  i^sind^erund  * 

P.  269,  I.  I,  au  lieu  de  •  chapit.'-e  3  t  lire  c  chapitre  s  • 

P.  279,  1.  3 1 ,  au  lieu  de  «  ponr  ■  lire  c  potv  t 

P.  293,  I.  9,  supprimer  <  for  thee  > 

—  I.  12,  supprimer  «  heir  » 

P.  294,  1.  8,  au  lieu  de  ra  bothogais  lire  rabo  thog&is 

P.  297,  I.  5,  au  lieu  de  «  night  (is)  this  ■  lire  «  this  night  > 

—  I.  I  $,  au  lieu  de  Chailte  lire  Cûilte 

—  I.  27,  au  lieu  de  •  the  •  lire  •  his  » 
P.  298, 1.  10,  au  lieu  de  athrech  lire  athech 

P.  30),l.  15,  au  lieu  de  •  there  •  lire  «  thereafter  • 
P.  304,  I.  18  au  lieu  de  ab  lire^^u 

—  I.  20,  au  lieu  de  «  hère  >  lire  c  yonder  • 

—  I.  48,  au  lieu  de  de-voli  lire  dhUli-s^  cf.  Curtius,  Grundzuege,  s*  édition, 
p.  258. 

P.  30s,  I.  8,  au  lieu  de  1 17  lire  1 17  * 

P.  308,  I.  24  au  lieu  de  sylwyat  lire  sylwyas 

^'  374i  1*  3i>3u  lieu  àtqiurcnta  lire  querentis 

—  I.  32,  au  lieu  de  instituiit  lire  instituit 
P.  375,  I.  16,  au  lieu  de  dérivation  lire  derivative 

P.  386,  I.  18,  au  lieu  de  Risteddfodau  lire  Eisteddfodau 
P.  393, 1.  36,  au  lieu  de  Psalter  lire  Saltair 


TABLE 


DBS 


PRINCIPAUX  MOTS  ÉTUDIÉS  DANS  LE  VOLUME  VII  DE  U  REVUS  CELTIQUE^ 


I.  Gaulois. 

-agnos  suffixe  de  diminatif,  108. 

Ambi-  autour,  123. 

Amella  thym,  164. 

Are  sur,  près  de,  123. 

Artvass  (accus.)  les  pierres  sépul- 
crales, 126. 

Ate-  encore,  de  plus,  123. 

Bardos,  chanteur.  158. 

BpecTouSi  par  jugement,  108,  109. 

Bulga  sac  de  cuir,  is$. 

-cadros  beau,  1  ^9. 

Cambium  échange,  145. 

Camulodunum  forteresse  de  Camulos, 
400. 

Camulogenos  fils  de  Camulos,   398, 

399- 
Candetum  espace  de  cent  pas,  123. 

Carbanton  char,  148. 

KAtMJTV  il  entassa,  107,  126. 

Carpentoracte  lieu  où   Ton  fabrique 

les  chars^  148. 

Catâctts  batailleur,  315. 

Catu-  combat,  55. 


Celicnon  une  tour,  108. 
Cerevisia  cervoise,  i  $  1 . 
•cno- forme  des  noms  patronymiques 

et  autres,  107, 108. 
Cunotamos  le  plus  haut,  148. 
Koupp.i|  x(jp(ia  bière,  151. 
Euopou  il  fit,  107. 
leuru  il  fit,  107. 
lovinc-  jeune,  312. 
LOKAN  (ace.)  le  tombeau,  1 26,  2  59. 
Lugudunum  forteresse  de  Lugus,  400. 
Marca-  cheval,  63. 
-mâros  grand,  6$. 
MacreXou  il  posa,  106-108. 
Mogetius  glorifié,  266. 
Nerto-  force,  1  $  1 . 
•os  suffixe  du  nominatif  singulier,  2< 

déclinaison,  287. 
Rectu-  le  droit,  154. 
-rix  roi,  266. 

Senani  peuple  de  la  Seine,  286. 
Senones  combattants,  260. 
Suce-  cochon,  2^6. 
-talo-  front,  1 56. 
Taranucnus  foudroyant,  2  $6. 


I.  Cette  uble  a  été  faite  par  M.  E.  Emault. 


Table  des  principaux  mots 

Taranttco  (à  Jupiter)  fondroyant,  107. 
Taranus  Taranoos  dieu  tonnant,  107, 

255,450. 
Toutius  roi,  259. 

Trvtœnos  fils  de  Dnitos,  107,  126. 
""Te  le  chêne  à  kermès,  164. 
Uxelio-  haut,  53. 
Vebrumaros,  450. 
•veliaunos  puissant,  5  5 . 
Ver-  sur,  jia. 
Vergo-  efficace,  1 56. 

II.  Irlandais. 

A  son,  sa,  ses,  154,  155. 

Abadha  abbés,  211. 

Abhian  un  pain,  gâteau,  hostie,  221. 

Accobor  volonté,  310.  ' 

Acfuindech  capable,  puissant,  221. 

-ach  suffixe  de  noms  abstraits,  32. 

Ae  foie,  221. 

Agh  vache,  34. 

Aigne  homme  de  loi,  29. 

Aithbonn  annonce  publique,  ban,  18. 

Aithgabail,  athgabail  i  reprise  •, 
saisie  mobilière,  12,  19-21,  23,  24, 
33,  238,  240;  —  iar  fut  •  saisie 
après  longueur  m  26;  —  tul^  saisie 
avec  un  seul  délai,  24,  26. 

Aithirorâdh  langage  séditieux,  221. 

Aitire  caution,  29. 

Alt  écueil,  rocher,  153. 

Altan  rasoir,  152. 

Amh&in  seulement,  264. 

Ammach  dehors,  264. 

Ammuin  contre,  263,  264. 

An  le,  la,  les,  74. 

-an  suffixe  de  diminutif,  108. 

Anad  délai,  24-26,  29,  1 16. 

Andfudh  aujourd'hui,  78. 

Anfine  étranger  à  la  famille,  128. 

Anmàineach  pauvre,  stérile,  221. 

Annaladh  une  datte,  222. 

Anosa  maintenant,  222. 

Apad  commandement  et  délai  entre 


étudiés  dans  le  volume  VU. 


4U 


commandement  et  saisie,  13, 24-26. 
Ar  sur,  217. 

Ard  sorte  d'assonance,  88-90. 
Ardmache,  Armagh  nom  de  lieu,  444, 

44$. 
Arnaidh  dur,  sévère,  304. 
Art  pierre,  152. 
Asnachles  côtes?  222. 
Assiut  voilà,  304. 
Ataim  j'enfle,  222. 
Aurcuillte  ratha  étranger,  28. 
Auresbadh  défaut,  manque,  222. 
Aurfocre,  urfocre,  commandement  de 

payer,  annonce  publique,  1 8,  24, 32, 

n- 

Bacaim  j'empêche,  222. 

Badhun   •   fort  de  vache  •,  enclos 

ceint  de  murailles,  222. 
Bafnne  lait,  77. 
Bairgen  pain,  155,  156. 

Balg  fente,  156. 

Ban  blanc,  127. 

Banb  porc,  308. 

Barda  gardes,  210. 

Becc  rivière,  222. 

Berrach  roseau,  222. 

Beura  gl.  sudes,  222. 

Bhar,  bhur  votre,  218,  219. 

Bf  il  est,  21 5  ;  bfter  c'est,  223  ;  biu  je 

suis,  122,  123. 
Bind  harmonieux,  238. 
Bfter  est  brisé,  223. 
Bliadain  année,  282. 
Bogha  arc,  79. 
Bolg  sac,  outre,  156. 
Bothach  habitant  d'une  cabane,  91. 
Braineach  proue,  147. 
Brat  manteau,  156,  242. 
Brâth  jugement,  109. 
Buaiball  relatif  à  une  vache,  223. 
Buaine  bonté?  223.  • 

Bualtach  bouse  de  vache,  223. 
Buide  jaune,  1 28. 


454  ^^^'^  ^^  principaux  mots 

Buidhe    remerciments^   obséquiosité) 

223. 
Caidrebh    connaissance,    commerce, 

224. 
Cair  baie,  fruit,  304. 

Cairpteoracht  art  de  conduire  les 
chars,  148. 

Cairthann  sorbier,  304. 

Caithfid  ii  convient,  224. 

Calg  épée,  156. 

Canim  je  chante,  122. 

Caraid  amis,  211. 

Cath  bataille,  19. 

Cédmuinter  le  vulgaire,  22  (. 

Cenél  race»  118^  119. 

Cennlâ  jeudi  saint,  224. 

Cet  cent,  122,  123. 

Cethir  quatre,  115. 

Ciacruth  gl.  quomodo,  96. 

Cinteir  éperon,  366. 

Cirdubtout  noir,  224. 

Cista  gl.  municipalem,  374,  375. 

Claidbe  (acc.)épées,  304. 

Clasach  fossé,  224. 

Cleirech  clerc,  secrétaire,  224. 

Clithar  sét  première  catégorie  de  bêtes 
à  cornes,  36,  37. 

Clogâs  beffroi,  358. 

Cloictech  pinacle,  3)8. 

Cobir  secours,  310. 

Coibche  prix  d'achat  d'une  femme,  1 7. 

Coimhédaidhe  gouverneur,  358. 

Coimpert  conception  160. 

Coimsech  possible,  supportable,  3)8. 

Coinnelbàthaim  je  maudis,  j'excom- 
munie, 358. 

Coirpdire  le  prix  du  corps,  246-248, 
268. 

Colpach  firend  veau  d'un  an,  36. 

Comarba,  successeur^  248. 

Compas  compas,  358. 

Comrac  rencontre,  combat,  duel^  12, 

U»  «^»  »7i  «9,  »28. 
Cornus  puissance,  128. 


étudiés  dans  le  volume  VIL 

Conâigh  bon,  florissant,  358,  359. 

Cond  homme  sai  juris,  118. 

Cor  contrat,  120. 

Cornél,  un  coin,  359. 

Crann  arbre,  380. 

Crannog  habitation  lacustre,  271,  272 . 

Credim  foi,  74. 

Cuingell  condition,  3^8. 

Cumactte  puissances,  1 54. 

Cumal  femme  esclave,  446. 

Cumang  étroit,  146,  314. 

-da  suffixe  d'adjectif,  37^. 

Damna  matière,  40,  308. 

Dan  sort,  359. 

Dartaib  boinend  génisse  d'un  an,  36. 

Deithbeire  obstacle  insurmontable,  24. 

Delb  forme,  315. 

Delg  attache,  broche,  1 56. 

Deorad  étranger,  28. 

Derbfine  «famille  certaine  >,  les  coU 
latéraux  par  les  mâles  au  troisième 
et  au  quatrième  degré,  22,  23. 

Dermag  plaine  des  chênes,  445. 

Derna  paume  de  la  main,  359. 

Dethach  fumée,  304. 

Dia  mis  dans  un  mois,  281,  282. 

Digis  tu  iras,  304. 

Diniti  dignité,  3  59. 

Discœiliudh?  dissolution,  action  de 
dissoudre,  359. 

Dithim  délai  pendant  lequel  l'objet 
saisi  reste  en  fourrière,  24-26,  29, 

Diubairt  fraude,  1 20. 

Dfuci  duc;  serpent?  359. 

Dochor  contrat  désavantageux»  120. 

Dôire  servage,  94. 

Donn  brun,  128. 

Doraga(m)  nous  irons,  304. 

Dorochoir  il  est  tombé,  128. 

Drechaspect,  160. 

Dûadus  j'ai  mangé,  304. 

Dub  noir,  128. 


Table  des  principaux  mots 

Duil  désir,  299,  304. 

Eich  chevaux,  304. 

Eire  fardeau,  359. 

Elca  Irlande,  305. 

Ellach  troupeau,  222,  359. 

Elod  eu  ndliged  défaut  de  faire  droit, 

Enechiand,  enechlann  prix  de  l'hon- 
neur, réparation  due  à  Thonneur 
outragé,  1 16,  229,  246,  247,  268. 

Englas  boisson  mêlée,  3  59. 

Eochair  clef,  151. 

Erégira  je  me  plains,  375. 

Essgamhain,  easganna  anguilles,  3  59, 
219. 

Etire  caution,  29. 

Facca  fai  vu,  304. 

Fail  anneau,  304. 

Pair  sur  lui,  128. 

Fairged  faisait,  304. 

Faithce  enclos,  30. 

Fannacon  cloaques,  375. 

Far  avec,  360. 

Farcan  (ace.  ?)  trépointe,  bordure  de 

cuir,  3S9- 
Fasach  brucard,  maxime  de  droit,  1 16. 
Fasc  signification   prévenant  le  saisi 

de  Tendroit  où  on  a  mis  l'objet  en 

fourrière,  24,  2$,  30,  31,  33. 
Fechem,fechium  débiteur,  demandeur, 

29. 
Feidm  service,  360. 
Félire,  calendrier,  [78. 
Fern  bon,  382. 

Fernmag  plaine  des  aunes,  445. 
Ferr  meilleur,  382. 
Ferte  tombe,  44$,  446. 
Fiach  dette,  1 5 . 
Fiad  sauvage,  152,  178. 
Fiadan  témoin,  14,  29. 
Fiadnisse  témoignage,  14. 
Fich  colère,  360. 
Fiche  vingt,  102. 
File  poète,  380. 


étudiés  dans  le  volume  VU. 


455 


'Fine  famille,  parents  au  degré  succes- 
sible,  15,  18,  22,  93,  118,  119; 
—  taccuir,  famille  d'adoption,  9$. 

Fingal  meurtre  d'un  parent,  1$. 

Fisicc  médecin,  360. 

Foichim  j'actionne,  29. 

Fôirim  j'aide,  360. 

Folad  valeur,  sens,  1 24. 

Folt  chevelure,  1 28,  1  $2. 

For  sur,  217,  312. 

Forcenn  une  fin,  i  p . 

Forgnem  bâtiments,  360. 

Forus  fourrière,  24,  29,  30. 

Fos  domestique,  garçon,  128. 

Fothrucad  baigner,  i  ^8. 

Fraechan  airelles,  316. 

Frithfola  prix  de  vente,  objet  donné 
en  contre-échange,  93.  • 

Frôech  bruyère,  3 1 6. 

Fûachas  terrier,  361. 

Fuidir  sorte  de  serf,  91. 

Fuil  il  est,  215. 

Fuil  sang,  361. 

Fuilighim  je  blesse,  361. 

Fuirmim  je  place,  361. 

Fuiseôga  alouettes,  7$. 

Gainmech  sablonneux,  361 . 

Caire  plus  près,  73,  74. 

Galar  maladie,  228. 

Garrdha  jardin,  364. 

Gelfine  «  famille  de  la  main  •,  les 
parents  par  les  mâles,  au  premier 
et  au  deuxième  degré  du  droit  ro* 
main,  plus  la  femme,  22,  23. 

Gelltanas  promesse,  361. 

Gerr  court,  122. 

Giûstal  jouter,  361, 364. 

Glas  de  couleur  terne,  127,  128. 

Glé  brillant,  314. 

Goire  piété  filiale,  92. 

Gorm  brun,  1 50. 

Gortûghadh  blessure,  368. 

Graffan  course,  304. 

Graibél  gravier,  361. 


4  $6  Table  des  principaux  moU  étudiés  dans  le  volume  VU. 


Greadhan  grand  bruit,  361. 

Greidh  joyau,  pierre  précieuse,  361. 

Grennugudh  menace,  iC>2, 

Haila  salle,  362. 

larfine  i  famille  d'après  •,  les  colla- 
téraux par  les  mâles  au  cinquième 
et  au  sixième  degré,  22,  23. 

larmua  arrière-petit-fils,  23. 

Id-  déplus,  encore,  123. 

Idhroipis  hydropisie,  362. 

Imbath  océan,  227. 

Imlochtadh  passage,  défilé,  362. 

Imm  autour,  123. 

Immach  dehors,  102. 

Immar  comme,  304. 

Immfaire  garde,  action  d'épier,  362. 

In  dans,  74. 

Inbleogan  saisie  contre  les  parents  du 
débiteur,  31. 

Indell  tendre,  préparer;  ensorcelle- 
ment, 147,  227,  228. 

Indfine  c  famille  de  la  fin  •,  tes  colla- 
téraux par  les  mâles  au  septième  et 
au  huitième  degré,  2  \ , 

Indighti  ayant  été  brûlé?  362. 

Indua  descendant  au  quatrième  degré, 

23- 
Innfhuair  froid,  363. 
Ir-sur,  123. 
-ir  suffixe  de  la  2*  pers.  sing.  des 

verbes,  212. 
iûdaidh  Juifs,  75. 
luchair  frai  de  poisson,  221. 
Lâeg  veau,  62. 
Legadhh're,  75. 
Léigim  je  permets,  74. 
Léne  chemise,  242. 
Létenach  hardi,  123. 
Liad  gris,  127. 
Lfn  lin  24 1 . 

Lfnus  (mer)  qui  monte,  363. 
Lobad  c  destruction  •,  expropriation 

graduelle  du  débiteur,  24-26,  30, 

5». 


Locadh  dignement  d'yeux  appesantis 

par  le  sommeil?  363. 
Locaim  j'empêche.  363. 
Lôchet  (gén.)  de  la  foudre,  i  ja. 
Lofta  étage  supérieur,  223. 
L6g  enech  prix  de  l'honneur,  229, 

246,  268. 
Lomiân  très  plein,  363 . 
Lomnân  très  plein,  363. 
Lug  héros;  nom  de  dieu  irlandais,  230, 

400. 
Luid  il  alla,  304. 
Mia  plus  grand,  382. 
Mac  foesma  •  fils  de  protection  »,  95. 
Mâcha  plaine,  102. 
Mag  champ,  102. 

Mag  Mâche  plaine  de  Mâche,  44  s. 
Maghnés  aimant,  363. 
Mainer  manière,  sorte,  363. 
Mairnélach  un  marin,  363 . 
Mana  occasion,  305. 
Mandâil  jeudi  saint,  363,  364. 
Màr  grand,  382. 
Marbhadh  meurtre,  14. 
Marc  cheval,  32. 
Méde  cou,  304. 
Méidech  tronc,  304. 
Meirg  rouille,  1(7. 
Meld  agréable,  149. 
Merugudh  action  d'errer   sans  but, 

364. 

M(  mois  101. 

Mine  bonté,  364. 

Mitai  métal,  364. 

Mochta  glorifié,  266. 

Molt  mouton,  152. 

Monadh  monnayage,  sorte,  364. 

Muing  crinière,  146. 

Naidm  contrat,  contractant,  28,   29. 

Nascuire  contractant,  29. 

Nemed  sacré,  26. 

Néit  dieu  de  la  guerre,  382. 

Nirsar  nous  n'étions  pas,  304. 

Nith  bataille,  duel,  12,  17. 


Table  des  principaux  mots 

Ôac  jeune,  312. 

Obba  refuser,  304. 

Œgaire  berger,  219. 

Ogham  sorte  de  langage  secret,  369. 

Oifig  office,  364. 

Oighre  héritier^  211. 

Ôintam  céHbataire,  148. 

Oiriber  jardin?  364. 

Om  cru,  313. 

Orgun  action  de  tuer,  1 57. 

Orn  sur  nous,  30^. 

Ôsaic  action  de  soigner,  304. 

Oser  le  plus  jeune,  122. 

Paghail  pavé,  364. 

Paighiment  pavé,  364. 

Pàilis  palais,  36$. 

Paipinseoighi  perroquets,  79. 

Peilér  pilier,  365. 

Peirse  perche,  36$. 

Pinntél  peindre,  364,  365. 

Pinntiûrach  peinture,  365. 

Pis  pois,  36}. 

Promath  épreuve,  examen.  128. 

Pudar  poussière,  365. 

Raibér  rivière,  365. 

Raithmft  nous  courûmes,  304. 

Raroach  les  rames,  222. 

Ràth,  raith  caution,  garant,  29,  124, 
12$,  267. 

Rfatad  apprivoisé,  36$. 

Rinnard  mètre  poétique,  87,  88. 

Rob  animal,  4^1. 

Rocét  il  a  été  chanté,  122,  123. 

Rochuammar  nous  vînmes,  304. 

Roe  et  roi,  champ,  propriété  immo- 
bilière; champ  de  bataille,  empla- 
cement d'un  duel,  duel,  12,  14,  18, 
19,21. 

Roergemmar  nous  nous  levâmes,  305. 

Rolaumur  j'ose  123. 

Ropsat  ils  furent,  304. 

Ruire  roi  de  province,  229. 

Saerleicthe  1  laissé  libre  i,  fils  éman- 
cipé, 9S. 


étudiés  dans  le  volume  VIL 


4J7 


Sainred  étrange,  227. 

SairTest,  73,74. 

Samaisc  génisse  de  deux  ans,  36,  37. 

Sanas  salutation,  365. 

Sbéis  estime,  compte,  soin  de,  36$. 

Sceith  aubépine,  373. 

Scellan  graine,  365. 

Scenuide  morceaux,  36$. 

Sechtmain  semaine,  375. 

Seilche  limaçon,  211,  365. 

Seisreach  réunion  de  six,  222. 

Séla  seau,  365. 

belb  propriété,  32. 

Selg  chasse,  157. 

Selgrate,  156. 

Sépél  chapelle,  365. 

Sercc  amour,  1^7. 

Sét  bète   à   cornes,    36;   —  gabla, 

veau  ou  génisse  d'un  an,  36,  37. 
Sia  plus  long,  218. 
Sfd  séjour  des  fées,  123. 
Sinser  le  plus  âgé,  122. 
Sfr  long,  128. 
Sirfne  cerise,  36$. 
Sliab  monUgne,  305 . 
Slighthoir  calomniateur,  366. 
Slimm  sans  levain?  366. 
Slochd  puits,  trou,  362. 
Slucim  j'avale,  146. 
Smech  menton,  122. 
Snaidim  je  coupe,  312. 
Snâidm  contrat,  contractant,  28,  29. 
Sned  lente,  244. 
Soc  museau,  232. 
Sochor  contrat  également  profitable, 

aux  deux  parties,  1 20. 
Sodhaing  facile,  366. 
S6er  homme  de  condition  supérieure, 

9  • 
Soinend  beau  temps,  366. 

Sôinmiche    circonstances    favorables 

366. 

Soleir  étable,  366. 

Somaine  rente,  37. 


4)8  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  volume  VII, 


Sonn  bâton,  375. 
Sonnach  mur,  enclos,  222. 
Spisrach  épices,  }66. 
Spor  éperon,  366. 
Spreid  troupeau,  34. 
Sreabh  jet  (de  lait),  366. 
Stâid  état.  166. 
Statûid  statut,  366. 
Sudithenta  principal,  367. 
Suibscelidh  évangéliste,  218. 
Tagra  dissentiment,  procès,  367. 
Tain  enlèvement  des  objets  saisis,  29. 
Tairisim  je  m'arrête,  je  finis,  220. 
Tâirnig  il  a  fini,  367. 
Tâobhaim  j'ai  confiance,  367. 
Tarrustar  il  est  reste,  117. 
Teastail  manque,  défaut,  367. 
Techt  tar,  parler  de,  367. 
Técht  (mer)  morte,  367. 
Techtaim  j'ai,  3 1 . 
Techtugad  acquisition,  12,21,31. 
Tecttaire  un  envoyé,  i  J4. 
Teinntach  éclairs,  222. 
Teist  témoignage,  30. 
Tellach  saisie  immobilière,  12, 31-33, 
—  iar  fut  c  saisie  après  longueur  t, 

Tcllim  je  vole,  j'enlève,  32. 

Tene  ieu,  128. 

Tesbach  chaleur,  temps  chaud,   367. 

Thatarc'est,  223. 

Ticim  je  vais  304. 

Tigerntus  domaine,  royaume,  367. 

Tinnabrad  sommeil,  clignement  d'yeux 

causé  par  le  sommeil,  368. 
Tiug  épais,  128. 

Tobach  saisie,  en  général,  20,  21. 
Toichim  j'actionne,  29. 
Toirnnech  coups  de  tonnerre,  222. 
Tongim  je  jure,  146. 
Tonn  surface,  3 1 . 
Toxal  enlèvement  d'un  objet  saisi,  24, 

25,  29. 
Traig  pied,  10 1. 


Trebaire  agriculture,  368. 

Trén  fort,  159,  382. 

Tresa  et  tressa  plus  fort,  1 59,  382. 

Trétûir  traître,  368. 

Trî  trois,  154. 

Triar  trois,  304. 

Trindrôit  Trinité,  :oi. 

Tristéil  pieds  d'une  table,  368. 

Tromm  l'aune,  arbre,  304. 

Troscad  jeûne,  13,  27. 

Tûag  hache,  304. 

Tûath  peuple;   aes  tuaithe    laïques, 

1 18,  1 19. 
Tuath  nord,  82. 
Tucait  ils  furent  enlevés,  304. 
Tuinnige  «  séjour  •,  possession,    31- 

33,  36- 
Tuirthecht  aventure,  258. 

Turbaid  exception  dilatoire,  24,  228, 

229. 
Ua  petit-fils,  82. 
Uidi  délai,  2). 
Uille  coude,  101. 
Uindiment  onction  368. 
Urfuigell  jugement  favorable?  368. 
Urgal  duel,  12. 
Urrad  celui  qui  a  pleine  capacité  pour 

cautionner,  28. 

III.  Gaéliqjje  d'Ecosse. 
Grûan  foie,  221. 

IV.  Gallois. 

Adafael    pignoratio^   adafaela   saisir, 

239. 
Adgori  rendre,  151. 
Adref  à  la  maison,  197. 
Agoriad  clef,  151. 
Alt  colline,  153. 
AnghafTaeliad  privation,  240. 
Annel  piège,  147. 
Arfau  armes,  1 50. 
Arno  sur  lui,  328. 
Banw  porc,  308. 


Table  des  principaux  mots 

Barb  barbe,  127. 

Bath  monnayage,  sorte,  364. 

Sera  monceau,  155. 

Blaen  extrémité,  147. 

Bleuog  chevelu,  31  ). 

Bola  et  boly,  ventre,  1 5  $  ,m  $6. 

Brawd  jugement,  109. 

Bréni  proue,  147. 

Brethinnou  langes,  156. 

Bydd  il  est,  324. 

Byddaf  je  serai,  122. 

Caled  dur,  176. 

Callestr  caillou,  51. 

Can  puisque,  321. 

Carchar  prison,  238.    . 

Carn  amas  de  pierres,  1 26. 

Centhiliat  chanteur,  149. 

Cerddet  marcher,  172. 

Chwerthin  rire,  158. 

Chwysaf  je  sue,  102. 

Cola  et  colginn  barbe  d'épi,  156. 

Cuddio  cacher,  173. 

Cwm  combe,  vallée,  86. 

Cwmmwt  territoire,  146. 

Cwympo  tomber^  ^o. 

Cyfoeth  richesse,  154. 

Cyfyng  étroit,  146,  314. 

Cymmer  confluent,  145. 

Cymmynu  couper,  145. 

Cymmynwr  coupeur  de  bois,  177. 

Daifar  préparer,  1^5. 

Daly  tenir,  (  5  6. 

Darparu  préparer,  148. 

Defnydd  matière,  40,  308. 

Dehint,  voyage,    127,   mieux   dents, 

Diengu  échapper,  146. 
Dimawrth  mardi,  173. 
Dioferaf  je  manque  de?  313. 
Dydd-Iau,  jeudi,  173. 
Dyfod  venir,  320. 
Dyweddi  se  marier,  309. 
Ehang  large,  146. 
Ei  son,  sa,  sts,  1 54. 


étudiés  dans  le  volume  VII, 


459 


Eiry  neige,  156. 

Eleni  cette  année,  309. 

Elin  coude,  10 1. 

Ellyn  rasoir,  152, 

Erbyn  â  la  rencontre  de,  348. 

Ffon  bâton,  37$. 

G[a]lanasoc  meurtrier,  127. 

Gavel  saisie,  239. 

Glanhau  purifier,  173,  17$. 

Glas-danen  chêne  vert,  304. 

GIew  vaillant,  3 14. 

Gloiu  limpide,  314. 

Goferu  couler  doucement,  312. 

Grawn  frai  de  poisson,  221. 

Grug  bruyère,  316. 

Guestlau  mettre  en  gage,  239. 

Guolt  chevelure,  109,  127. 

Gwaed  sang,  178. 

Gwallt  chevelure,  152. 

Gwedd  forme,  façon^  39. 

Gwellaif  ciseau,  311. 

Gwobr  récompense,  315. 

Gwyddif  serpe,  311. 

Gwyra  pur  i$6. 

Gyt  avec  187. 

Hadauaelha  saisir,  239. 

Hanther  demi,  149. 

Helw  propriété,  32. 

Hely  chasser,  157. 

H  en  ancien,  109. 

Herber,  jardin,  herbier,  364. 

Hi  en^  dans,  109,  127. 

Hwch  truie,  232,  2^6. 

Hydr  hardi,  y. 

Hywel  bien  en  vue,  312. 

lurgchell  chevreuil,  1 57. 

LIaes  loi,  62. 

Llîain  drap,  241. 

Llln  lin,  241. 

Llwyf  plateau,  30^. 

Llysywen  anguille,  146. 

Lou  lumière,  62. 

Maes  champ;  i  maes  dehors,  102. 

Melin  jaune,  1 27. 


460  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  volume  VU. 

Melltith  malédiction,  149. 

Millynen  violette,  149. 

Myn  où,  348. 

Mynag  rapport,  312. 

Nadolig  Noël,  200. 

Naddu  couper,  312. 

Nedd  lente,  244. 

Neddyf  doloire,  311. 

-o  suffixe  de  la  3*  pers.  sing.  du  con- 

jonctif-optatif,  237. 
Ofer  vain,  313. 
Pa  beth,  quel,  348. 
Parth  ac,  vers,  197. 
Rhyngu  intervenir,  146. 
Ringuedaulion  (plur.)  mystérieux,  39. 
Serch  amour^  157. 
Slowen  anguille,  146. 
Taith  voyage,  154. 
Terfynu  terminer,  308. 
Tig  maison,  127. 
Traettur  traître,  368. 
Trybedd  trépied,  330. 
Tu  côté,  109. 
Tyngu  jurer,  146. 
Uchel  et  uhel  haut,  109,  127. 
Undod  unité,  loi. 
-waith  tenant  lieu  de  suffixe,  40. 
Wybr  nuée,  313. 
•wyf  suffixe  de  la   i'«  pers.  sing.  du 

conjonctif-optatif,  236,  237. 
Ymbalfalu  aller  à  tâtons,  147,  149. 
Ys  gwers  il  y  a  longtemps,  3  36. 
Yslywen  anguille,  146. 
Ysy waeth  malheureusement,  ^21. 

V.   CORNIQUE. 


Aidlen  sapin,  152. 

Als  rivage,  152. 

Antell  ruse,  tentation,  147. 

Cals  tas,  1)2. 

Cantnil  chandelle,  147. 

Coth  vieux,  59. 

Oarber  prépare,  149. 


Delc  collier,  1 56. 
Glastannen  chêne  vert,  304. 
Gluth  rosée,  316. 
Gow  mensonge,  1 50. 
Guill  sauvage,  152. 
Guillihim  gl.  forceps,  311. 
Guit  sauvage,  152. 
Hoch  porc,  232. 
Hothfy  s'enfler,  314. 
Huvel  humble,  313. 
Knesen  peau,  109. 
Meihyonen  violette,  149. 
Mestrysy  maîtres,  101. 
Meystry  puissance,  101. 
Nedim  hache,  311. 
Plumauc  coussin,  313. 
Poren  exactement,  157. 
Pas  poids,  315. 
Servysy  serviteurs,  101. 
Sylwyas  sauveur,  308,  4$!. 
Tiis  coussin,  313. 
Uiidimm  gl.  lignismus,  311. 

VI.  Breton. 

-a  terminaison  du  superlatif,  3 10. 

Abostol  apôtre,  41. 

A-c'houdcvez  depuis,  40. 

Adern  œillet  contenant  de  l'eau  saturée 

de  sel^  309. 
Adgabael  gl.  occupanda,  238,  240. 
Adreff  par  derrière,  197. 
Aer  serpent,  342. 
Aer  bataille,  53. 
-af  lui,  328. 
Aff  un  baiser,  46. 
Affoe  que  tu  avais,  23). 
A  heli-ketan  à  Tenvi  \ts  uns  des  autres, 

321. 
Ambrellin  fils,  41. 
AmparfaI  lourdaud,  147,  149. 
Amparfaret  tout  effaré,  147,  149. 
Amprevan  insecte,  148. 
Anaff  orvet,  311. 


Table  des  principaux  mots 

Aficoe  la  luette,  314. 

Angabolum  sans  possession,  240. 

Annewer  génisse,  17$. 

Afltell  tendre  un  piège,  147. 

Aod  rivage,  153. 

Aotenn  rasoir,  152,  153. 

Ar  le,  la,  les,  153. 

Arc'ha&t,  argaftt,  argent,  155. 

Armerheîn  épargner,  ménager,  1 50. 

Arnehou  sur  lui,  328. 

Arvor  pays  maritime,  1^0,  151. 

Arzorn  poignet,  340. 

Avcl  vent,  17$. 

AwaI  pomme,  17$. 

Azen  âne,  175. 

BanazI-  genêt,  207. 

Bann  gl.  canora,  238. 

Banv  truie,  308. 

Banveziou  banquets,  309. 

Baot  voûte,  152. 

Bara  pain,  155,  156. 

Barb  barbe,  148. 

Barz  barde,  158. 

Batimaflcho  gros  sabots,  41. 

Belek,  prêtre,  175, 177. 

Bennoèh  bénédiction,  175. 

Befis  vesce,  48. 

Bered  cimetière,  177. 

Bet  monde,  sort,  40,  160. 

Bez  il  est,  324. 

Bezcoaz  jamais  jusqu'à  présent,   160. 

Bezeaett  soit,  319. 

Bezout  être,  319. 

Bicheganego  pomme  de  terre,  2)0. 

Bided  pistolet  de  poche,  47. 

Bihan  petit,  206. 

Billeoz  argent,  42. 

Binnigueth  béni,  160. 

Bleiz  loup,  209. 

Bleuou  cheveux,  315. 

Blinchen  cime,  147. 

Bloazuez  année,  40. 

Bloh  tout,  338. 

Boeder  nourricier,  109. 


étudiés  dans  le  volume  Vil. 


461 


Bolc'h  cosse  de  lin,  155. 

Bols  voûte,  152. 

Bouboual  mugir,  42,  250. 

Boulc'h  entaille,  156,  177. 

Bourk  bourg,  1 56. 

Bout  être  190,  320. 

Bras  grand,  jo. 

Breur  frère,  176,  178,  184. 

Breut  plaidoyer,  109. 

Brezonek  breton,  1 76. 

Brif  pain,  42. 

Bro-Saoz  Angleterre,  46. 

Bwar  sourd,  173. 

Cadr  beau,  5 s*  103,  159. 

Cailhastr  caillou,  p. 

Caillauenn  caillou,  5 1 . 

Cam  courbe,  boiteux,  63. 

Camblit  (dizyou  — )  jaudi  saint,  153 

Car  ami,  102. 

Carcar  gl.  ergastulum,  238. 

Carhue  cerf,  323. 

Catalrid  humeur  guerrière,  315. 

Catoc  batailleur,  55,  31$. 

Cauter  chaudière,  149. 

Cerpit  chars,  1 48. 

Chass-de-Dieu,  bedeau,  2(i,  2p. 

Chetu  voilà,  39. 

Chimiken  allumette  chimique,  42 . 

Choerzin  rire,  i  $8. 

Choues  sueur,  102. 

Chouez  maison  42. 

Choufretez  allumettes,  42. 

Chousa  manger,  42^  251 . 

Ciuy  fraises,  101. 

Cleu  talus  avec  fossé,  178. 

Clutgued  amas,  39. 

Coat  bois,  153. 

Coezff  enflure,  314. 

Compoes  uni,  plain,  31). 

Compot  territoire,  commune,  146. 

Compret  prendre  14$,  146,  160. 

Con-  élevé,  noble,  315. 

Concoez  gourme  à  la  gorge,*  314. 

Cormo,  coruo  profit,  1 50. 


462  Table  des  principaux  mots 

CoubI  repli,  ferme  (de  charpente),  311. 
Couffablen  nuée,  j  1 5 . 

Cou[ur]antolion  passionnés,  310. 

Coz  vieux,  172. 

Creac*h  éroinence,  $8. 

CrefFet  cre  fort,  310. 

CrisquifF  croître,  310. 

Cuc'h  il  cache,  173. 

Cum-  doux^  affable,  3 1  (. 

Daffar  matériaux,  15^. 

Daffnez  matière,  308. 

Dal  tiens!  157. 

Dalc'h  attache,  1  $6. 

Danuez  matière,  40,  308. 

Darbar  fournir,  149. 

Darbari  être  aide-maçon,  148,  149. 

Darevi  préparer,  148. 

Daskori  rendre,  i  $  1 . 

Davetaif  vers  lui,  187. 

Dé  jour,  173. 

-delu  forme,  31$. 

Deol  dévot.  314,  31$. 

Derch  brillant,  1  )  i . 

Derv  chêne,  308. 

-det  suffixe  de  noms  abstraits,  101. 

Deuife  il  viendrait,  235. 

Deuriïe  (nam  — )  qui  ne  me  plairait 

pas,  23 j. 
Dezuez  journée,  40. 
Diane  égarer,  146. 
Dilled  habits,  177. 

Dimizi  mariage,  se  marier,  187,  309. 
Diouguelroez  sûreté,  315. 
Dioueret  être  privé  de,  313. 
Diprim  manger,  42. 
Disedorn  samedi,  177. 
Divez  fin,  61. 
Dleffe  devrait,  235. 
Doeel  divin,  315. 
Doen,  douguen  porter,  1 02  ;  doucque 

il  porterait,  233. 
Dor  porte,  176. 
Doulsizl  clepsydre,  251. 
Dour  eau,  156. 


étudiés  dans  le  volume  VU. 

■ 

Dovergn  cheval,  4J,  2jo. 
Drih-  aspect,  160. 
Droug  mauvais,  177. 

Dubreau,  103. 

Ean  il  344. 

Ec'hon  large,  146. 

Effenn  je  serais,  235. 

E  hoes  vous  avez,  185. 

Eltriz  pain,  43. 

Elwezenn  ravenelle,  1  $8. 

En  le,  la,  les,  57. 

Ene  âmç,  311. 

Enc  étroit,  146. 

Endevoud  avoir,  qu'îl  a,  320. 

Ei^groez  foule,  31  $. 

Enquelezr  géant,  148. 

Erc'h  neige,  156. 

Ercor  coup,  151. 

Erderh  évident,  151. 

Erfad  bien,  149. 

Erhat  bien,  309. 

Eze  doloire,  311. 

Ezeff  besaiguë.  311. 

Ezlenn  tremble,  152. 

Pal  faible,  mauvais,  43. 

Falfe  (me  —  din)  je  voudrais,  235. 

Felc*h  rate,  156. 

-fenn  terminaison  de  la   \^^  pers.  du 

conditionnel  présent,  234-236. 
Feunteun  fontaine,  199. 
Finchatf  feindre,  147. 
Finuez  une  fin,  40. 
Fled  grabat,  43. 
Fluma  battre,  43. 
Fouafiveîn  enfler,  314. 
Fraonwal  s'enfuir,  43. 
FrealsafF  délivrer,  consoler,  153. 
Fubu  moucherons,  314. 
Gallout  pouvoir,  42,  320. 
Gamelad  écuellée,  250. 
Gant  avec,  1 87 . 
Gaou  mensonge,  150. 
Garm  cri,  1 50. 
-gen  fils  de,  53,  156. 


Table  des  principaux  mots 

Geot  herbe,  152. 

Glastannenn  chêne  vert,  304. 

Gioiatou  brillants,  314. 

Glouaihue  rare,  314. 

Glub  humide,  3 16. 

Goanac  espérance,  312. 

Goarn  garder,  314. 

Gobr  récompense,  315. 

Goez  forme,  39. 

Goiz  ruisseau,  57. 

Golow  lumière,  177. 

Gotibunan  tous  et  chacun,  321 . 

Gou-  sous,  315. 

Gouer  ruisseau,  312. 

Gouffech   vous    sauriez,  235,    236; 

goufienn  je  saurais,  23$;    goufTet 

vous  saurez,  236. 

Goulc'her  couvercle,  i  p . 

Gour-  sur,  312. 

Gourd  bon,  bien,  oui,  43,  250. 

Gourffenn  une  fin,  ip. 

Gourhiemen  commandement,  177. 

Gousifyat  épieu,  311. 

Gouzamp  nous  savons  :  gouzoc'h  vous 
savez,  346. 

Gozro  traire,  158. 

Gozronquet  baigner,  i  $8. 

Granik  faim,  43. 

Gravaz  civière,  309. 

Groegon  prunes  sauvages,  43,  316. 

Gronch  menton,  44. 

Gserço  zo  il  y  a  longtemps,  336. 

-guallen  puissant,  $  $ . 

Gué  arbres  178. 

Guedom  serpe.  311. 

Guelé  lit,  177. 

Guelet  voir,  177,  178. 

Guelteff  pièces  de  bois  qui  s'entre- 
croisent, 311. 

Gueltiocion  (plur.)  herbeux,  152. 

Gueltre  grand  ciseau,  3 10, 3 11 . 

Guenn  blanc,  63,  178. 

Guened  Vannes,  176. 

Guerc'hez  vierge,  156,  177. 


étudiés  dans  le  volume  VIL 


46) 


Guerg  efficace,  156. 

Guez  sauvage,  1  $2. 

Guif  sauvage,  i  $2. 

Guin  vin,  178. 

Guiniz  froment,  160. 

GuintafF  guinder,  147. 

Guirhiess  vierge,  175,  178. 

Guirhter  énergie,  156. 

Gultaftv  grands  ciseaux^  311. 

Gur-  très,  53. 

Gwammel  femme  mariée,  44. 

Gwann  faible,  178. 

Gwé  sauvage,  178. 

Gwèd  sang,  178. 

Gwél  fête,  178. 

Gwenvidik  bienheureux,  40. 

Gwerc*h  vierge,  i$6. 

Gwes  të  •  à  la  mode  de  ■,  comme  dit 

(un  tel),  39. 
Gwiber  écureuil,  123. 
Gwif  fourche  à  deux  doigts,  à  pied 

long,  311,  312. 
Gwilloik  loup,  44. 
Gwinkal  ruer,  146. 

Hael  généreux^  309. 

Hani  celui,  181,  186. 

Hanonom,  308. 

Hafiter  demi,  148. 

He  son,  sa,  ses,  1 54,  1(5. 

Heb  sans,  1 50. 

He  ç*  ton,  fa,  tes,  336. 

Hedr  hardi,  53. 

Hem  boud  avoir,  que  fai,  320. 

Hemolch  chasse,  157. 

Hena  celui-ci,  344. 

-henn  terminaison  de  la  f*  pers.  sing. 
du  conditionnel  présent,  234-236. 

Henon  seul,  186. 

Hervez,  selon,  182. 

Heul  suite,  157. 

Hevlene  cette  année,  309. 

Hir  long,  53. 

Hoarffe  il  arriverait,  235. 

Hoazl,  hoedi  âge,  1 59,  1  $8. 


464  Table  des  principaux  mots  itudiis  dans  le  volume  VU. 


Hoiarn  fer,  54,  201,  207. 

Hon  hor,  notre,  nos,  153. 

Hou  poud  avoir,  que  vous  ayez,  320. 

Hou  ç',  hous,  votre,  vos,  178,  336. 

Houe' h  porc  mâle,  232,  256. 

Huccan  petit  cochon,  232. 

Huel  et  huhel  haut,  53,  56,  57. 

Huezaff  s'enfler,  314. 

I-  le,  la,  les,  $6. 

lahan  Jean,  54. 

laouaflk  jeune,  312. 

Yêlc'h  fiancée,  1  $6,  250. 

lenna  duper,  250. 

Igueriff  ouvrir,  151. 

Impliche  il  emploierait,  233. 

Inderv  après-midi,  308. 

Inis  tie,  53. 

Inon  un  177. 

Inta&v  veuf,  148. 

-ion  suffixe  pluriel,  178. 

Youd  bouillie,  198. 

loulc'h  fille  un  peu  légère,  250. 

Irvin  navets,  158. 

Iskuit  léger,  agile,  5  3 . 

lud-  bataille,  ^4,  55. 

luzete  Judith,  55. 

Jacu  Jacob,  54. 

Kad  combat,  55. 

Kaer  beau,  55. 

Kaer,  kaier,  kar,  ker  village,  habita- 
tion, ville,  55-S9. 

ICalken  nerf  de  bœuf,  i)6. 

Kals  beaucoup,  152. 

Kalvez  charpentier,  148,  i58;kalvi- 
zia  travailler  le  bois,  158. 

Kampi  intérêt  de  l'argent,  145. 

ICani  (ho  — )  le  vôtre,  181,  186. 

Kant  cent,  122,  123. 

Kaot  colle,  bouillie,  152. 

Kaout  avoir,  320. 

Karvan  mâchoire,  148. 

Keaz  pauvre,  194. 

Kef  cep,  I  p . 

Kelen  houx,  $8. 


Kelionen  mouche,  149. 

Kembot  étage,  terrasse,  146. 

Kemener  tailleur,  145,  177,  178. 

Kemenet  nom  de  lieu,  $8,  145. 

Kemenna  mander,  commander,  58. 

Kemeret  prenez,  178. 

Kemm  changement,  différence,  145. 

Ken  jusqu'à  ce  que,  321. 

Kenec  éminence,  58. 

ICenevit  n'était,  321. 

Kèr  car,  177. 

Kerborz  Kermoroc'h,  44. 

Kerc'h  avoine,  1 77. 

Kerneo  Cornouaille,  46. 

Kerzet  marcher,  172,  186. 

Kestel  châteaux,  59. 

Ki  chien,  63. 

Kilvizerez  charpenterie,  148. 

Klouar  tiède,  1  $9. 

Koaflze  le  séant,  314. 

Koén  un  souper,  196. 

Kor  nain,  $6. 

Korf  corps,  148,  i$i. 

Kornik  c  l'encorné  •,  le  diable,  44. 

Korzaillen  gosier,  44. 

Kotisa  battre,  44. 

Kouldri  colombier,  311. 

Koulm  nœud,  150,  152. 

Koz  vieux,  59. 

Krank  la  goutte,  44. 

Kreis  milieu,  102. 

Krib  Jezuz  gendarme,  45. 

Lac'haQ  tuer,  173. 

Lagad  œil,  59,  —  ijen  pièce  de  cinq 

francs,  4^. 
Lammain,  59. 
Lan  terre  possédée,  59, 60. 
Laouen  gai,  38,  62. 
Laten  langue,  46. 
Lavaret  dire,  319. 
Leal  (e  — )  en  vérité,  38. 
Leaz  et  léz  lait,  172,  173. 
Leift  le  premier  repas,  1 96 . 
Len  étang,  61,  172. 


Table  des  principaux  mots 

Lefikernenn  ver  intestinal,  146. 

Les,  leis  et  lis  cour,  61,  62. 

Lespos  déhanché,  31$. 

Letez  crêpes  ;  campagnard,  46. 

Leur  sol,  103. 

Lezel  laisser,  lâcher,  194. 

Lien  toile,  241. 

Liher  lettre,  181. 

LoAka  avaler,  146. 

Louviguétt  canaille,  333. 

Luc'hed  éclairs,  151. 

Lugern  éclat,  152. 

Lugna  regarder,  2$o. 

Mael  prince,  64. 

Maen  et  main  pierre,  62,  63. 

Maes  champ,  63 . 

Mafi  baiser,  caresse,  46. 

Maoor  nègre,  64. 

Maout  mouton,  152. 

Marc'h  du  c  cheval  noir  »,  chemin  de 

fer,  251. 
Marc'harit  Marguerite,  157. 
Marec  et  roarhoc  chevalier,   57,    58, 

63,   157;  marheguez  chevaucher, 

Marhol  marteau,  177. 

Marhue  mort,  1 78. 

Materi  matière,  279. 

Matez  servante,  i  $4. 

Me  zad  mon  père,  1 74. 

Mecher  métier,  176. 

Meistr  et  mistri  maîtres,  101. 

Melchonenn  trèfle,  149. 

Menec'h  moines,    101;    menec'hi  et 

menehi  enclos  de  moines,  asile,  64, 

65,  101. 
Menek  mention,  312. 
Menn  où,  348. 
Merc'h  fille,  1 57,  177,  plur.  merhiett, 

178. 
Méren  repas  du  milieu  du  jour;  — 

anderu,  repas  vers  quatre  heures, 

196. 
Mergla  rouiller,  1  {7. 

Re¥,  Cclt. 


étudiés  dans  le  volume  VII. 


465 


Merionen  fourmi,  1 49. 

Merrat  probablement,  309. 

Meur  grand,  65. 

Mèv  ivre,  173. 

Mevel  domestique,  176,  177. 

Minik  petit,  251. 

Minson,  mauvais,  mal,  non,  46. 

Mis  mois,  101 . 

Mor  mer,  176,  177. 

Morlukenno  sorte  de  bonbons,  39. 

Morse,  pain  d'orge  ;  jamais,  251. 

Mouefik  crinière,  146. 

Nadoué  aiguille,  175. 

NaoStek  dix-neuf,  147. 

Nedelek  Noël,  200. 

Nerz  force,  151. 

Neve,  nevez,    nowid,   nouveau,   62, 

177,  200. 
Neze  doloire,  311. 
Nikol  viande,  25 1/ 
Nozvez  une  nuit,  40. 
O  deffhe  ils  auraient,  235. 
-0  suffixe  de  la  3*  pers.  sing.  du  futur, 

2J7- 
Orgiat  qui  tue,  157. 
Orgued  amourette,  157. 
-ou  lui,  328. 
Ouf  je  suis,  320. 
Ouilein  pleurer,  42. 
Ozac'h,  ozech  homme  marié,  53,  202. 
Pafala  aller  à  tâtons,  1 47. 
Palf,  palv  paume  de  la  main,  147,1 50. 
Pampez  gens  de  la  campagne,  47. 
Pan  puisque,  321. 
Panéved  n'était,  321. 
Paotr,  pAd,   plur.    potred   garçon, 

«7$i  «77- 
Pébéh  quel,  348. 

P'ec'heuz  puisque  vous  avez,  1 74. 
Pedenn  prière,  175. 
Pen  tète,  extrémité,  202,  203  ;  pennek 

têtu,  203. 
Peoarzeg  quatorze,  321. 
Perguen  nettement,  157. 

30 


466  Table  des  principaux  mots 

Pctrèquoi,  177. 

Fifo  pieds,  251. 

Pikolo  argent,  47. 

Pie,  plo,  ploe,  ploi,  plou,  plu,  plaeu, 

plui  paroisse,  203-209,  314. 
Plous  paille,  252. 
Pluek  coussin,  313. 
Plusquenn  enveloppe,  écorce,  pelure, 

252. 
Poins  vol,  48. 

Pol  trou,  fossé,  mare,  203,  209. 
Populo  grande  pipe,  48. 
Poziest  déhanché,  31s- 
'Prenn  arbre,  380. 
Pu&s  puits,  48. 

Queffer  rapport,  manière,  100. 
Quempret  prendre,  14  s  1  146. 
Quenech  en  haut,  58. 
Quentel  (en  —  da)  afin  de,  99. 
Qiiezqueraent  tous,  160,  161. 
Raton  recteur,  prêtre,  48. 
Reiz  le  droit,  1 54. 
Remhet  remède,  160. 
Renkout  falloir,  devoir,  146. 
Rescont  répondre,  321. 
Ridos  rideau,  2  50. 
Ro  il  donna,  320. 
Roc'h  (ar  — )  ronflement;  La  Roche- 

Derrien,  45. 
Roi  roi,  313,  314. 
-roez  suffixe  de  noms  abstraits,  315. 
Ros  il  donna^  320. 
Ros  tertre,  203. 
Rufan  feu,  48. 
Rup  richard,  monsieur,  49. 
Saézen  rayon,  151. 
Salaûn Salomon,  312. 
Safikier  machine,  objet,  42. 
Sav  lève-toi,  310. 
Scarza  faire  un  larcin,  49. 
Scoçz  Ecosse,  46. 
Scont  épouvante,  321. 
Scudell  écuelle,  177. 
Scuemp  glissant,  subtil,  50. 


étudiés  dans  le  volume  VII, 

Seah  foudre,  1  $  1 . 

Sec'h  sec,  151. 

Seizved  septième,  151. 

Sel-de  voici,  344;  sclet  regarder,  1 77. 

Sevel  se  lever,  177. 

Silyat  sauveur,  308. 

Silienn  anguille,  146. 

Sioah  malheureusement,  321. 

Sizl  passoire,  198. 

Skas  (rei  ar  — )  remporter  sur,  49. 

Skouarn  oreille,  50. 

Skrap  vol,  49. 

Spafikierein  culbuter,  mettre  la  tète  en 

bas,  47. 
Spouenk  éponge,  146. 
Stiaoîfenn  petite  anguille,  146. 
Suivez  un  dimanche,  40. 
Tâd,  plur.  tadéu,  père,  174,  175. 
Talfe  il  vaudrait,  235. 
Talm  fronde,  coup,  1 50. 
Tam  morceau,  2p. 
Taran  foudre,  107. 
Tavarer  aide-maçon,  149,  155. 
Te  voud  avoir,  que  tu  aies,  320. 
Tennein  tirer,  177. 
Terénein  remettre  à  plus  tard,  1 50, 

308. 
Ti  maison,  56. 
Tiz  hâte,    I  S4« 
Toi  table,  1 76. 
Tolc'h  enveloppe  séparée  de  la  graine 

de  lin,  155. 

Tolguenn  bogue  de  châtaigne,  1 56. 

ToU  trou,  153. 

Tonquaff  prédestiner,  146. 

Tortad  ventrée,  49. 

Toui  jurer,  146. 

Transaill  menue  monnaie,  49. 

Trébéz  trépied,  330. 

Trec'h  plus  fort,  vainqueur,  i  ^9. 

Treuz-pluvecq  traversin,  313. 

Trezen  langes,  1 56. 

Trinchonen  oseille,  149. 

Troad  pied,  loi. 


Table  des  principaux  mots  itudiis  dans  le  volume  VIL 

Vifis  escalier  tournant,  48. 
Voer  fade,  fat,  313. 
Vrofijal  gronder,  vibrer,  43. 


467 


Turgn  pourceau,  50,  2p. 

Uenek  onze,  177,  193. 

Ufuel  humble,  313. 

Ugent,  uigent  vingt,  102,  193. 

Uor-  sur,  312. 

Urz  ordre,  158. 

Vennein  vouloir,  42. 

-veu,  -uiu  digne,  apte  à,  64,  5 3. 

Vilach  la  ville,  La  Roche-Derrien,  50. 


-wallon  puissant,  202. 
Watereau,  50. 
-uuobri  important,  309. 
Zerasined  pommes,  59. 
Zousilla  s'enivrer,  251. 


Le  gérant:  F.  VIEWEG. 


Chartrei.  -»  Imprimerie  DURAND. 


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