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Full text of "Revue celtique"

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REVUE    CELTIQUE 


TOME     III 


0 


A,      ^  PUBLIÉE  \^   >■ 

^3^      AVEC     LE     CONCOURS     DES     PRINCIPAUX     SAVANTS        ''^V' 

DES  ILES  BRITANNIQUES  ET  DU  CONTINENT 


H.   GAIDOZ 

trecteor-Adjoiiit  1  VÊcole  da  Haatu  Études,  Piottstaa  i  \'ÉeoU  dis  Scitnccs  P^itiqacs, 

Secrétaire  cormpoDdaat  delà  Camiriaii  ArchaologUal  Âssocittloit,Vit(a'Onit\i 

Royal  Arclueologiail  Associatioa  oj  Irdaad,  etc. 


,  VIEWEG,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

67,  rue  de  Richelieu,  PARIS 

TRÎJBNER  AND  C» 

57  and  J9,  Ludgate  Hill,  LONDON 

1876-1878 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


Pages 

Liste  des  collaborateurs xi 

Liste  des  souscripteurs xni 

L'orographie  de  la  Gaule  à  l'époque  romaine,  par  M.  Em.  Desjardins  .  i 

On  the  Celtic  Comparisons  in  Bopp's  Comparative  Grammar,  by  Whitley 

Stokes,  Esq )i 

Le  Celtique  et  l'Ombrien,  par  M.  H.  d'Arbois  de  Jubainville ....  40 
Le  dialecte  vannetais  de  Sarzeau,  par  M.  Emile  Ernault.  .  .  .  47  et  232 
Proverbes  et  dictons  de  la  Basse-Bretagne,  recueillis  et  traduits  par 

M.  L^'F.S^nyé  {suite  a  fin) 60  et  192 

Liste  des  noms  supposés  gaulois,  tirés  des   inscriptions,  par  M.  le 

général  Creuly,  vice-président  de  la  Commission  de  la  topographie  des 

Gaules iS3  ^^  ^97 

Une  Ënigme  d'onomastique  fluviale,  par  M.  H.  d'Arbois  de  Jubainville  .  1 68 
Cuchulainn's  Death,  abridged  from  the  boolc  of  Leinster,  by  Whitley 

Stokes,  Esq 175 

On  the  Gaelic  Names  in  the  Landnamabok  and  Runic  Inscriptions,  by 

the  same 1 86 

Chaden,  chatne,  par  M.  H.  d'Arbois  de  Jubainville 223 

Le  dialecte  breton  du  bourg  de  Batz  (J^oire-Inférieure),  par  M.  Léon 

Bureau 230 

Vases  sigillés  et  épigraphiques  de  fabrique  gallo-romaine,  par  M.  Anatole 

de  Barthélémy 313 

Les  finales  irlandaises,  d'après  M.  Windisch,  par  M.  H.  d'Arbois  de 

Jubainville,  correspondant  de  l'Institut 321 

Formules  initiales  et  finales  des  conteurs  en  Basse-Bretagne,   par 

M.  F.-M.  Luzel }}6 


VI  TMe  des  Matières, 

Two  Irish  Tates,  by  D' Erfuard  Mûflcr J42 

L'achat  de  kt  femme  dan&fa  iot  irlandaise^  par  M.  H.  d'Arbois  de  Ju- 

^  baiinville j6i 

Rashin  Goatie.—  Nicht^  Nought,  Nothîng;  Scotch  Taies,  by  A,  Lang, 

Esq.     •  ••     •     • 365  et  574 

Observations  de  M.  ReinhoW  Kœhïer  sur  ces  contes 367  et  576 

Contes  popirfatrcs  des  Bretons- Armoricains.  —  V.  L'homme  juste,  par 
;  M.  F.^M.  Luzel. 579 

Une  représentation  de  sainte  Tryphine,  par  \A.  F.-M.  Luzel.    .    .    .      3S6 

Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Tabbaye  de  Beauport  (Côtes-du*Nord), 
par  M.  H.  tf  Afbois  <le  Jubainvilte * 395" 

Extraits  des  dictons  du  sage  Cadoc,  traduits  du  gallois  par  M.  W.-G. 

'  Jones  ..«,...,    i    . 419 

MÉLANGES. 


#         k 


Gornica,  by  Whitfey  Stokes,  Esq -     8$ 

Corrigenda  et  Addenda,  by  John  Rhys,  Esq 87 

Les  derniers  échos  de  la  langue  comique,  par  M.  W.-S.  Lach-Szyrma.  239 
Recherches  sur  Torigine  des  ornements  connus  sous  le  nom  d'entre-lacs, 

par  M.  Eugî  Mûnt2 243 

Tableaux  exposés  dans  les  églises  bretonnes,  par  M.  L.-F.  Sauvé    .     .  246 

La  place  du  verbe  dans  les  langues  celtiques,  par  M.  H.  d*A.  de  J.     .     .  248 

Nouvelles  légendes  de  monnaies  gaulmsês,  par  M.  A.  de  B 249 

A  ParaHel,  by  W.  S.    . 443 

Un  Conte  populaire  dans  l'Évangile,  par  H.  G 444 

Ow«n  de  Celles,  par  Siméon  Luce 445  et  $12 

Le  Songe  de  Marie,  prière  populaire  galloise,  par  H.  G 447 

Quelques  Noms  de  saints  bretons  dans  un  texte  du  XI*»  siècle,  par  H. 

d'A.  dcJ 449 

L' Arc-en-ciel,  par  F.-M.  Luzel . 450 

La  Lune,  par  F.-M.  Luzel 451 

The  Kiileen  Cormac  Stone  again,  by  the  Rev.  J.-F.  Shearman,  with  an 

introduction  by  H.  G 453 

BIBLIOGRAPHIE. 

Andrée,  Ethnographische  Pârs^lielen  und  Vergleîche  (H.  G.)  .     .     .     .  501 

D'Arbois  de  JubainviHe,  Les  premiers  habitants  de  l'Europe  (H.  G.).  458 

A.  de  Barthélémy,  Les  temps  antiques  de  la  Gaule  (H.  G.)    .    .     .    .  467 

Beauvois,  La  découverte  du  Nouveau  Monde  par  les  Irlandais  (H.  G.)  .  101 

Becker,  Die  rœmischen  Inschriften  der  Stadt  Mainz  {H.  G.)  .    .    .     .  117 

Bertrand,  Archéologie  celtique  et  gauloise  (H.  d'A.  de  J.)    ....  251 

Blackie,  The  Language  ^nd  Liter^ture  of  thç  Scottjsh  Highiands  {H.  G.).  484 


Table  des  Matières,  vu 

Bourke,  The  Aryan  Origin  of  the  Gaelic  Race  and  Language  (H.  G.).  288 
Brandan,  Les  voyagies  merveiUeux  de  saint  Brandan,  publiés  par  Fr. 

Michel  (H.  G.) 480 

Brenner,  Nord-  vnd  Mittei  Buropa  in  den  Schriften  des  Alten  (H.  d'A. 

de  J,) 46} 

Brueyre,  Contes  populaires  de  la  Grande-Bretagne  (H.  G.)  .  .  •  .  125 
Buhot  de  Kersers,  Ëpigraphie  romaine  dans  le  département  du  Cher 

(H.  G.) 264 

Bolliot  et  de  Fontenay,  L'Art  de  rEmailIerie  chez  les  Eduens  ;  le  temple 

duMootd&Sene 118 

Cartailhac,  L'âge  de  pierre  dans  les  souvenirs  et  superstitions  popu- 
laires (H.  G.)    466 

Congrès  archéologique  de  France 29 1  et  506 

Desjardins,  Géographie  historique  et  adminbtrative  de  la  Gaule  ro« 

maine,  T.  I  (R.  Mowat) 257 

T.  II  (H.  d'A.  de  J.) 469 

Lord  Dnnraven  and  Miss  Stokes  :  Notes  on  Irish  Architecture  (H .  G.)    i  o  i  et  478 

Emault,  De  l'urgence  d'une  exploration  philologique  en  Bretagne  (Loth).  491 

The  book  of  Fenagh,  éd.  by  Hennessy  and  Kelly  (H.  G.) 1 10 

Ferguson  (Samuel),  Congal  (H.  G.) 482 

Fergusson,  Les  monuments  mégalithiques  de  tous  pays  (H.  G.)  .    .     .  465 

Ferky  Ueber  Dmidismus  in  Noricum  (H.  G.). 47$ 

Transactions  of  the  Gaelic  Society  of  Inverness  (H.  G.)    •    .    .      1 1 1  et  48^ 

Galy,  Le  portique  du  temple  de  Vesunna  (R.  Mowat) 265 

Geslin  de  Bourgogne  et  A.  de  Barthélémy,  Anciens  évêchés  de  Bretagne 

(H.  d'A.  de  J.) 289 

J.  Graves,  The  Church  and  Shrine  of  St.  Manchan 109 

Gregor,  An  Echo  of  the  olden  Time  firom  the  North  of  Scotland  (H.  G.].  488 

Guyot-Jomard,  Ëtude  de  géographie  celtique  (H.  G.) 250 

Hang,  Die  rœmisçhen  Denksteine  des  Antiquariums  in  Mannheim  (H. G.)  476 

Hûbner,  Inscriptiones  Britanniae  latinae  et  christianae  (H.  d'A.  de  J.)    .  267 

ICeller,  Archxologische  Karte  der  Ostschweiz  (H.  G.) 263 

Kerslake,  The  Ceit  and  the  Teuton  at  Exeter  ;  Saint^Ewen,  etc.     1 26, 29 1  et  506 

iCoschwitz,  Chanson  du  voyage  de  Charlemagne  (J.  Rhys).    ....  287 

Lach-Szyrma,  A  short  history  of  Penzance  (H.  G.) 504 

Leabhar  Breac  (W.  S.) 274 

Le  Bos,  Causeries  bretonnes  (Ernault) 494 

Le  Men,  Etudes  historiques  sur  le  Finistère  (H.  G.) 119 

Le  Men,  Monographie  de  la  cathédrale  de  Quimper  (A.  de  B.)  .  .  .  489 
Lemière,  Examen  critique  des  expéditions  gauloises  en  Italie  ;  études  sur 

les  Celtes  et  les  Gaulois  (H.  d'A.  de  J.) 254 

Loognon,  Géographie  de  la  Gaule  au  VI'  siècle  (H.  d'A.  de  J.)  .    .    .  472 

Lttchaire^  Les  origines  lingubtiques  de  l'Aquitaine  (H.  G.)    .    .    .    •  468 

Mannhardt,  Wakl-  und  Feldkulte,  T.  I  et  II  (H.  G.)   .    .    .    .     120  et  so2 


VIII  Table  d^  MatiènSi 

Martigny,  Oiciionnaire  des  Antiquités  chrétieimes  (H.  G.).    .    ..    ....  ^py. 

Mehlis,  Der  Rh.ein  (H.  d'A.  de  J.}*  •  .  •  -,'  «  •.  •  •  •  •  47$ 
Af^/iui/zf,  publ. par  Gaidoz  et  Rolland  (P.  Regnaud)  .  .  .  .  ,  .».  ,497 
Franc.  Michel,  voir  Brandan. 

Miln,  Fouilles  faites  à  Carnac  (H.  G.) 495 

O'Curry,  On  the  Manners  and  Customs  of  the  ancient  Irish  (Whitley 

Stokes)   ...     ; 1.  _...«.    «  91 1 

O'Grady,  History  of  Ireland  (Ed.  Mûller) •    •    •  476 

O'Hanlon,  Lives  pf  the  Irish  Saints  (H.  G.) •  279 

G.  Perrot,  Mémoires  d'Archéologie  (H.  G.) M  ( 

Rambaud,  La  Russie  épique  (H.  G.)  .     .     • 1 24 

Rhys,  Lectures  on  Welsh  Philology  (H.  d'A.  de  J.)  .    .    .    .    .    .  280 

Ch.  Robert,  Numismatique  de   la  province  de  Languedoc  (H.  d'A. 

de  J.) • 260 

Sauvé,  Proverbes  et  dictons  de  la  Basse-Bretagne  (H.  G.) 496 

Simpson,  Archaeological  Essays  (H.  G.) 272 

Stephens,  The  Literature  of  the  Kymry  (H.  G.) 112 

Miss  Stokes,  voir  Lord  Dunraven. 

Stokes  (Whitley),  Middle-Breton  Hours  (H.  d'A.  de  J.) 28s 

Stokes  (Whitley),  ThreeMiddIe-Irish  Homilies  (H.  G.) 481 

Thuriet,  Traditions  populaires  de  l'arrondissement  de  Poligny.  ...  1 26 

Werner,  Bonifacius  (H.  G.) 504 

Ouvrages  divers 126,  291  et  506 

REVUE  DES  PÉRIODIQUES. 

Archœologia  Cambrensis 127 

Beitraege  zur  vergleichenden  Sprachforschung 130 

Bulletin  Monumental 135 

Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris 137 

The  Celtic  Magazine 1 29 

Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France  .......  131 

Revue  Archéologique 133 

Revue  de  Bretagne  et  de  Vendée 293 

Revue  de  l'Instruction  publique  en  Belgique 137 

Revue  des  Sociétés  Savantes 132 

Romania 131 

Zeitschrift  fur  vergleichende  Sprachforschung 130 

NÉCROLOGIE. 

MM.  Evander  W.  Evans  ;  —  O'Beirne  Crowe  ;  —  Ebel  ;  —  Lester  ; 

—  Adolphe  Pictet  ;  — Brash  ;  — Sir  William  Wilde 147 

MM.  John  Peter  et  John  Johnes 29) 


Table  des  Matières.  ix 

MM.  Morio;  —  Gddart;  ^^  Stnart;  —  Geslin  de  Bourgogne;  —  Tho- 
Btts  Wright;  -*-  D'  Stokes;  —  Levot;  —  De  la  Saussaye;  —  Mas- 
sSit; -—  Ropartz 510 

CHRONIQUE. 

M.  Renan  snr  Tréguîer.  —  M.  Whîtley  Stokes  et  l'Académie  d'Irlande. 
-^  M.  Eog.  Mûntz  sur  l'origine  de  l'entre-lacs  irlandais.  —  Projet  de 
recueil  sur  la  Numismatique  gauloise.  —  Cours  de  philologie  celtique 
-  dans  les  Universités  allemandes.  —  La  chaire  de  philologie  galloise  à 
rUniversité  d'Aberystwyth.  —  La  philologie  celtique  à  Oxford  et  à 
Edimbourg.  —  Les  revenants  et  les  gendarmes  à  Lanmeur.  —  Un 
académicien  français  sur  Ifle  de  Man.  —  Un  projet  de  revue  de  mytho- 
logie française.  ~  La  bibliographie  de  la  Gaule  de  M.  Ruelle.    .    .      138 

The  Congress  of  the  British  Archaeological  Association  in  Cornwall 
(1876) 292 

Création  de  chaires  de  philologie  celtique 296 

Les  auteurs  des  Dictionnaires  vannetais  d'après  M.  l'abbé  Luco.  — 
M.  Le  Men  et  le  musée  ethnographique  de  Quimper.  —  Le  premier 
centenaire  de  la  langue  comique.  —  M.  Ascoli  et  les  gloses  irlandaises 
de  Milan.  —  La  Bibliographie  générale  de  la  Gaule  de  M.  Ruelle.    .      $  10 

Nouveaux  errata  du  t.  II • 152 

Errata  du  présent  t.  III 152  et  $12 


LISTE  DES  COLLABORATEURS 


AU  PRÉSENT  VOLUME  ET  AUX  PRÉCÉDENTS. 


MM. 

H.  d'Arbois  de  JuBAiNViLLE,  Correspondant  de  IMnstitut,  à  Troyes 

(Aube). 
Anatole  de  Barthélémy^  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de 

France,  à  Paris. 
J.  G.  BuLLioT^  président  de  la  Société  Ëduenne,  à  Autun  (Sa6ne-et- 

Loire). 
J.  F.  Campbell,  Esq.  (of  Islay),  London. 
Général  Creuly,  vice-président  de  la  Commission  de  la  topographie  des 

Gaules,  à  Paris. 
Ernest  Desjardins,  membre  de  Tlnstitut,  à  Paris, 
j-  H.  Ebel^  professeur  à  l'Université  de  Berlin. 
Emile  Ernault,    professeur  à  PËcole  Saint-Charles,  à  Saint-Brieuc 

(C6tes-du-Nord) . 
The  Rev.    D.  Silvan   Evans,    B.   D.  Lalnwrin^  Machynlleth,  North 

Wales. 
Henri  Gaidoz,  à  Paris. 
Charles  de  Gaulle,  à  Paris. 

Louis  Havet,  répétiteur  à  l'Ëcole  des  Hautes  Études,  à  Paris. 
W.  M.  Hennessy,  Esq.,  Member  of  the  Royal  Irish  Academy,  Dubh'n. 
Eugène  Hucher,  au  Mans  (Sarthe). 
W.  G.  Jones,  à  Birkenhead  (Angleterre). 
H.  Kern,  professeur  à  l'Université  de  Leyde,  à  Leyde. 


XII  Liste  des  Collaborateurs. 

Reinhold  Kcehler^  conservateur  de  la  Bibliothèque  Grand-Ducale,  à 

Weimar. 
A.  Lang,  Esq.,  Londres. 
Louis  Léger,  docteur  ès-lettres,  à  Paris, 
f  Guillaume  Lejean. 

R.  F.  Le  Men,  archiviste  du  Finistère,  à  Quimper  (Finistère). 
•J-  P.  Levot,  bibliothécaire  de  la  Marine,  à  Brest  (Finistère). 
F.  Liebrecht,  professeur  à  l'Athénée,  à  Liège  [Belgique). 
LoTH,  agrégé  de  l'Université,  à  Paris, 
f  D'  G.  LOTTNER,  à  Dublin. 
Siméon  Luge,  archiviste  aux  Archives  nationales,  à  Paris. 

F.  M.  LuzEL,  à  Morlaix  (Finistère). 

R.  MowAT,  membre  de  la  Société  des  Antiquaires,  à  Paris. 

D'  Eduard  Mûller,  Golombo,  Geylan. 

Max  MÛLLER,  associé  étranger  de  l'Institut  de  France,  professor  of 

Comparative  Philology  at  Oxford. 
James  A.  H.  Murray,  LL.  D.  Member  of  the  [London]  Philological 

Society,  London. 

G.  NiGRA^  ministre  d'Italie  à  Saint-Pétersbourg. 
Gaston  Paris,  membre  de  l'Institut,  à  Paris. 

G.  Perrot,  membre  de  l'Institut,  à  Paris. 

f  The  Rev.  John  Peter,  Bala,  North  Wales. 

•j-  Adolphe  Pictet,  à  Genève  (Suisse) . 

Ernest  Renan,  membre  de  l'Institut,  à  Paris. 

Albert  Réville. 

John  Rhys,  Esq.,  professor  of  Celûc  Philology  at  the  University  of 

Oxford. 
L.  Sauvé,  à  Audieme  (Finistère). 
The  Rev.  J.  F.  Shearman,  G.  G.,  member  of  the  Royal  Irish  Academy, 

Howth,  near  Dublin,  Ireland. 
Whitley  Stokes,  Esq.,  member  of  the  Govemor-General's  Gouncii, 

Galcutta. 
Gharles  Thurot,  membre  de  l'Institut,  à  Paris. 
F.  W.  Unger,  professeur  à  l'Université  de  Gcettingue. 
W.  Wattenbach,  professeur  à  l'Université  de  Berlin. 


LISTE  DES  SOUSCRIPTEURS 


AU   PRÉSENT  VOLUME  >. 


ÉDITION   SUR  PAPIER  DE   HOLLANDE. 

M. 

Nigra,  ministre  d'Italie  à  Saint-Pétersbourg. 

ÉDITION  ORDINAIRE. 
MM. 

Mae  Yeuve  Aillaud,  Guillard  et  Cie,  libraires,  â  Paris. 

D'Arbois  de  Jubainville,  archiviste  à  Troyes  (Aube). 

Asher  et  C*,  libraires  â  Berlin  (Prusse)  (3  ex.). 

Asher  et  C<>,  libraires  à  Londres. 

Audran,  notaire  à  Quimperlé  (Finistère). 

J.  Baer  et  Cie,  libraires,  à  Paris  (2  ex.}. 

Bardonnet,  à  la  Crèche  (Deux-Sèvres). 

A.  de  Barthélémy,  à  Paris. 

Barthés  et  Lowell,  libraires  à  Londres  (3  ex.). 

Beaavois,  à  Corberon  (Côte-d'Or). 

E.  Benoist^  à  Paris. 

Benrath  et  Vogelgesang,  libraires,  à  Aix-la-Chapelle  (Allemagne). 

Bibliothèque  de  Tlnstitut  de  France. 

1.  We  regret  that  we  cannot  print  the  names  o£  our  Britbh  subscribers  :  the  English 
booksellers  declined  to  coimnunicate  them,  so  that  we  can  mention  only  those  whose 
mbscripdoa  is  sent  directly  to  the  Paris  publisher. 


XIV  Liste  des  Sousdripi^rs. 

Bibliothèque  de  l'Université  de  France. 
Bibliothèque  de  la  ville  de  Moulins  (Allier). 
Bibliothèque  de  la  ville  de  Francfort-9uHe*Meni  (Allemagne). 
Bibliothèque  de  TËtat-Major  général  au  Ministère  de  la  guerre,  à  Paris* 
Bibliothèque  Vittorio  Emnianuele,  à  Rome  {Italie). 
Bocca  frères,  libraires  à  Turin  (Italie). 
Bonneau  du  Martray,  ingénieur,  â  Nerers  (Nièvre). 
Borrani,  libraire,  à  Paris. 
Bossange  et  Cie,  libraires,  à  Paris  (8  ex.). 
Boucherie,  professeur  au  Lycée,  à  Moittpeitier. 
H.  Bradshaw,  Esq.,  King's  Collège,  Cambridge. 
Bréal,  membre  de  l'Institut,  à  Paris. 
J.-G.  Bulliot,  Président  de  la  Société  Éduenne,  à  Autun. 
L.  Bureau,  à  Nantes. 

P.  du  Cassel,  au  château  de  la  Grivellière,  près  de  Lassay  (Mayenne). 
Le  comte  de  Chaban,  à  Rouen.  ' 
H.  de  Charencey,  à  Paris. 

A.  Chassaing,  juge  au  tribunal  civil,  secrétaire  de  la  Société  académique  du  Puy. 
Le  comte  Arthur  de  Circourt,  à  Fontamebleau. 
C.  Claverie,  négociant,  à  Tarbes. 
F.-A.  Coelho,  à  Porto  (Portugal). 
Cohen  et  fils,  libraires,  à  Bonn  (AUemagne). 
G.  Comont,  curé,  à  Saint-Pierre-le-Viger  (Seine*Inférieure). 
A.  Constantin,  à  Annecy. 
Contet,  libraire,  à  Paris  (2  ac.). 
H.  Courel-Groult,  à  Lbieux  (Calvados). 
Mgr  David,  évèque  de  Saint-Brieuc. 
L.  Deglatigny,  au  Havre. 
Drucker  et  Tedeschi^  libraires,  à  Vérone  (Italie). 
G.  Stirling  Home  Drummond,  Esq.,  à  Ardoch  (Ecosse). 
Dybwad,  libraire,  à  Christiania  (Norvège). 
Ernault,  professeur  à  TËcole  Saint-Charles,  à  Saint-Brieac. 
Flagelle,  expert  agronome,  à  Landemau. 
Gariel^  conservateur  de  la  Bibliothèque,  à  Grenoble. 
Charles  de  Gaulle,  à  Paris. 
Gautier,  libraire  à  Moscou  (Russie)  (2  ex.). 
La  librairie  H.  Georg,  à  Genève  (Suisse)  (2  ex.). 
Geslin  de  Bourgogne^  Président  de  la  Société  d'Émulation,  à  Saint-Brieuc 
Grosjean,  libraire,  à  Nancy. 
Le  I>  Halléguen,  à  Châteaulin  (Finistère). 
Hauvette-Besnault,  à  Paris. 
W.  G.  Jones,  à  Birkenhead  (Angleterre). 

Le  vicomte  Hersart  de  la  Villemarqué,  membre  libre  de  l'Institut,  au  château 
de  ICeransker,  près  C^imperlé  (Finistère). 


ld$tedes  Souscripiims.  xv 

Jourdain,  à  Paris. 

Klincksieck,  libraire,  à  Paris. 

Kramers,  libraire^  à  Rotteràam  (Pays-Bas). 

f  De  L»  Saus^yet  à  Paris. 

Lecoz,  ingénieur  civil;  à  Saiat«Brtettc  (Côtes-du-Nord). 

L.  Léger,  à  Paris. 

Le  Men,  archiviste  du  département,  à  Qnimper  (Finistère)^ 

Lemoigne^  libraire,  à  Paris  (5  ex.). 

Leroux,  libraire,  à  Paris. 

A.  de  Longpérier,  membre  de  Tinstitiit,  â  *Paris. 

Lorenz,  libraire,  à  Paris. 

Luzel,  à  Moriaix. 

Henri  Martin,  membre  de  l'Institut^  à  Paris. 

Gabrid  Monod,  à  Paris. 

f  L.-A.  de  Monthic,  à  Paris. 

M"«  veuve  More,  libraire,  à  Porto  (Portugal). 

Le  Rev.  D'  Moriarty,  Bishop  of  ICerry,  Killamey  (Irlande). 

R.  Mowat,  à  Paris. 

E.  Mûntz,  bibliothécaire  de  TËcoIe  nationale  des  beaux-arts,  à  Paris. 

Librairie  Muquardt,  à  Bruxelles  (Belgique). 

L.  Naville,  à  Genève. 

Nigra,  ministre  d'Italie  à  Saint-Pétersbonrg. 

Noiriel,  libraire,  à  Strasbourg. 

D.  Nutt,  libraire,  à  Londres  (5  ex.). 

OdobescOy  Conseiller  d'Ëtat,  à  Bukarest  (Roumanie). 

G.  Paris,  membre  de  l'Institut,  à  Paris. 

A.-J.  Patterson,  à  Londres. 

Penlou,  libraire. 

A.  Peyrot,  professeur  au  Lycée,  au  Mans. 

C.-E.-A.  Plicot,  médecin,  à  Fère-Champenotse. 

C.  Ploix,  à  Paris. 

C.  Reinwald  et  Cie,  libraires,  à  Paris  (4  ex.  ). 

Renan,  membre  de  l'Institut,  à  Paris. 

Ronarc'h,  à  Redon  (Ille-et-Vilaine). 

Saint-Jorre,  libraire,  â  Paris. 

Samson  et  Wallin,  libraires,  à  Stockholm. 

Francis  Martin  Moraes  Sarminto,  à  Guimaraes. 

Sauvé,  receveur  des  douanes,  à  Audierne  (Finistère.) 

Sayvé,  à  Versailles. 

Le  comte  de  Tertu,  à  Tertu  (Orne). 

Thonnelier,  â  Paris. 

E.  Thomas,  à  Marseille. 

U  baron  de  Tourtoalon,  à  Valergues  (Hérault). 
Treuttel  et  Wurtz,  libraires,  à  Strasbourg. 


XVI  Liste  des  Souscripteurs. 

Trûbner  et  Cie,  libraires,  à  Londres  (3 1  ex.). 

K.-J.  Trûbner,  libraire,  à  Strasbourg  (2  ex.). 

G.  Turrini,  professeur  â  l'Université,  à  Bologne  (Italie). 

Van  der  Kindere,  à  Uccle  (Belgique). 

Williams  etNorgate,  libraires,  à  Londres  (4  ex.). 

E.  Windischy  professeur  â  l'Université,  à  Leipzig. 

W.  Weber,  libraire,  à  Berlin. 

Le  général  Wolff,  commandant  la  province,  à  Alger. 


L'OROGRAPHIE    DE    LA  GAULE 

A  L^POQUE  ROMAINE  ». 


Ce  n'est  pas  une  des  moindres  faveurs  de  la  nature,  si  prodigue  pour 
notre  pays,  que  ce  soulèvement  imposant  du  soi  qu'elle  semble  avoir 
dressé  à  dessein  comme  une  barrière  entre  nous  et  l'Italie.  La  ligne  prin- 
cipale de  la  chaîne  des  Alpes  présente  en  effet  une  courbe  dont  la  con- 
vexité engendre,  avec  ses  puissants  contreforts,  des  vallées  divergentes 
de  notre  côté  et  convergentes  sur  le  versant  opposé,  ce  qui  rend  et  a 
rendu  dans  tous  les  temps  les  invasions  sur  notre  sol  difficiles  et  presque 
toujours  stériles,  parce  que  les  armées  d'attaque  s'éparpillent  à  de 
grandes  distances,  —  tandis  que  les  expéditions  sur  le  sol  ennemi  ont 
toujours  été  promptes  et  souvent  glorieuses  par  la  facilité  des  ralliements 
et  des  concentrations  dans  les  vallées  du  P6  et  de  ses  affluents  supé- 
rieurs. 

L'inégalité  qui  résulte  pour  les  deux  pays  de  cette  disposition  de  la 
chaîne  Italo-Gallique  n'avait  pas  échappé  aux  Romains,  qui  ont  mis  une 
sage  lenteur  à  soumettre  d'abord  la  Cisalpine,  à  s'assurer  ensuite  les 
principaux  passages  alpestres,  et  à  ne  s'avancer  que  par  des  progrès  me- 
surés et  certains  dans  la  vallée  du  Rhône,  jusqu'au  jour  où  cette  région 
bien  soumise  et  presque  assimilée  à  l'Italie  permit  à  César  de  frapper  les 
grands  coups  qui  ont  mis  la  Gaule  entière  sous  la  main  de  Rome.  Aussi 
peut-on  dire  que  cette  attaque  prudente  de  notre  pays  par  les  armées 
romaines  venues  d'outre-monts  est  la  seule  qui  ait  réussi  :  toutes  les 
autres  ont  échoué,  depuis  celle  des  Lombards  et  des  Saxons  avec  Amo, 
Zaban  et  Rhodane^  au  temps  d'Ennius  Mummolus,  en  570,  jusqu'à  celle 


I.  Cet  article  est  extrait  d'un  grand  ouvrage  aujourd'hui  sous  presse,  intitulé  Géogra- 
phie historique  et  administrative  de  la  Gaule  Romaine,  qui  comprendra  2  vol.  in- 8*,  avec 
cartes,  planches,  inscriptions  en  fac-simile,  etc.  et  de  nombreuses  notes  justificatives,  dont 


spécial  de  notre  Revue. 
R€9.  CtU.  /// 


2  L'Orographie  de  la  Gaule 

de  Charles-Quint  en  1 536  ;  tandis  que  toutes  les  invasions  en  Italie  par 
les  Alpes  gauloises  ont  réussi  d'abord,  depuis  le  temps  d'Hannibal  jus- 
qu'à celui  de  Charlemagne,  depuis  les  expéditions  des  Valois  jusqu'à 
celles  de  Louis  XIII,  de  Catinat  et  de  Bonaparte,  et,  plus  récemment, 
des  trop  chevaleresques  alliés  de  Victor-Emmanuel. 

Le  Saint-Gothard  forme,  comme  on  sait^  le  nœud  du  système  alpin. 
C'est  de  ce  point  que  partent  à  la  fois  les  cinq  chaînes  :  des  Alpes  Poe- 
ninae  (Alpes  Pennines),  au  sud-ouest;  des  Alpes  Raeticae  eiLepontiae 
(dénomination  générale  qui  s'applique  à  plusieurs  contreforts,  les  Alpes 
Grises,  Lépontiennes  ou  Centrales,  et  les  Alpes  d'Uri)  à  l'est  et  au  nord- 
est  ;  des  Alpes  Bernoises,  ou  nord-ouest,  et  enfin  des  monts  de  l'Ober- 
wald  vers  le  nord  (deux  chaînes  auxquelles  les  anciens  ne  paraissent  pas 
avoir  donné  de  noms  particuliers).  Ces  puissants  contreforts  resserrent 
étroitement  les  cinq  vallées  du  Rhodanus  (Rhàne),  du  Rhenus  (Rhin),  du 
Ticinus  (Ticino  ou  Tésin),  de  VAmla  (Aar)  et  de  la  Reuss.  Négligeant 
les  Alpes  Centrales,  qui  sont  en  dehors  de  notre  cadre,  nous  nous  atta- 
cherons d'abord  aux  Alpes  Poeninae^  qui  renferment,  comme  on  sait,  les' 
plus  hauts  sommets  de  la  chaîne. 

Le  Saint-Gothard  lui-même  est  le  mons  Adulas,  où  le  Rhin  prend  sa 
source,  peu  éloignée,  à  l'est,  comme  on  sait,  de  celle  du  Rhàne. 

La  section  des  Alpes  comprise  entre  le  Saint-Gothard,  ou  mieux  le 
col  de  la  Furca^  et  le  col  de  la  Seigne,  situé  au  nord  du  petit  Saint- 
Bernard^  porte  aujourd'hui,  comme  autrefois,  le  nom  d'Alpes  Pennines^ 
Penninae  ou  Poeninae  Alpes ^  mentionnées  par  Ptolémée,  par  l'auteur 
anonyme  d'une  cosmographie  (Strabon  ne  distingue  pas  les  sections  des 
Alpes),  par  plusieurs  historiens,  enfin,  par  l'Itinéraire  d'Antonin.  Le 
Summus  Poeninus  (Grand  Saint- Bernard]  est  cité  dans  de  nombreux 
textes.  Ce  serait  un  des  plus  anciens  passages  des  Alpes,  s'il  fallait  en 
croire  Tite-Live,  qui  fait  venir  par  cette  route  les  Boii  et  les  Lingones, 
lorsque  ces  peuples  émigrèrent,  vers  le  v«  siècle  avant  notre  ère,  de 
Gaule  en  Italie  » .  Au  temps  de  Strabon,  cette  route  n'était  pas  même 
accessible  aux  bêles  de  somme  (Strabon  IV,  vi,  7).  Trompé  par  une 
fausse  analogie,  Tite-Live  se  demande  si  le  nom  de  Poeninus  ne  rappel- 
lerait pas  le  passage  des  Carthaginois,  Poeniy  commandés  par  Hannibal  ; 
mais  nous  connaissons  aujourd'hui  l'origine  de  ce  nom  ;  elle  est  due  à 
une  divinité  topique,  gauloise^  le  dieu  Penn  >,  dont  les  Romains  ont  fait 


1.  «  Poeninon,.,  Boii  Lingonesque  transgressi  »,  V,  35. 

2.  Voy.  Zeus6,  Die  Deutschen  und  die  Nachbarstamme,  Mûnchenf  1837,  p.  5  et  note. 
—  [Le  thème  gaulois  penno-  signifie  a  tête,  sommet  »  si  on  l'identifie,  ce  qui  est  philo- 
logiquement  légitime,  à  l'irlandais  cenn,  au  gallois  et  breton  penn  0  tête  ».  H.  G.] 


à  Vipoqne  Romaine.  3 

Jupiter  Poeninus;  i^istorien  latin  paratt  lui-même  accorder  plus  de 
créance  à  cette  seconde  hypothèse,  et  il  ajoute  que  la  tradition,  chez 
ces  peuples,  n'a  conservé  aucun  souvenir  du  passage  d'Hannibal,  mais 
qu'ils  connaissent  le  sommet  sacré  appelé  par  les  montagnards  de  ces 
régions  Poeninus  ou,  suivant  d'autres  documents,  Penninus^.  De  nom- 
breux monuments  épigraphiques,  rappelant  la  dévotion  païenne  à  Jupiter 
Poeninus  ou  au  dieu  Poeninus  (car  on  trouve  ce  dernier  nom  seul),  ont 
été  réunis  à  l'hospice  du  Grand  Saint-Bernard  ;  on  en  connait  trente-et- 
iin  ;  ces  ex-voto,  gravés  sur  des  tablettes  de  bronze  ou  d'argent,  avaient 
dû  être  cloués  sur  les  murs  du  temple  de  Penn  ou  Jupiter  Poeninus^  dont 
l'emplacement  a  été  reconnu  entre  l'hospice  et  le  petit  lac.  Toutes  ces 
tablettes,  sans  exceptions,  donnent  Torthographe  Poeninus,  Puoeninus. 
Ce  sommet  est  encore  mentionné  par  Strabon  ^,  et  le  col  l'est  par  Pline 
PAnden^  Le  Grand  Saint-Bernard  a  porté  certainement  aussi,  dès  les 
temps  anciens,  les  noms  de  Mons  Jovis,  comme  l'attestent  les  appella- 
tions de  Moni'Joux  et  de  Plan-de-doux,  qu'ont  conservées  jusqu'à  nos 
jours  le  sommet  et  l'esplanade  voisine  de  l'hôpital,  et  comme  le  prouvent 
divers  textes  des  ix^,  x^  et  xii'  siècles.  Nous  verrons  bientôt  que  ce  n'est 
pas  ce  passage  qui  est  désigné  comme  une  des  grandes  routes  pratiquées 
au  temps  de  Polybe  à  travers  les  Alpes  ;  mais  c'est  bien  celui  que  durent 
suivre  L.  Cassius  Longinus  en  107,  Servius  Galba  en  57  avant  notre 
ère,  et  que  mentionne  Strabon  vers  l'an  20  de  J.-C.  (voy.  plus  bas).  Le 
petit  lac  qui  est  auprès  de  l'hôpital  est  nommé,  dans  la  table  de  Peutin- 
ger,  Henus  lacus,  pour  Penus,  Poenus,  PenninuSj  Poeninus  lacus. 

Deux  inscriptions  sont  les  seuls  documents  qui  nous  fassent  connaître 
les  Alpes  Atrectianae  ou  Atractianae  4,  et  l'une  d'elles  associe  ce  nom  à 
celui  des  Alpes  Poeninae  dans  Ténoncé  officiel  du  gouvernement  d'une 
seule  et  même  province  impériale  procuratorienne.  Aucun  passage  des 
textes  classiques,  aucun  nom  moderne  ne  nous  permettent  d'identifier 
avec  certitude  ces  montagnes,  soit  avec  une  section,  soit  avec  un  ou 
plusieurs  contreforts  de  la  chaîne  alpestre;  or,  nous  ne  pouvons  les 
confondre  avec  les  Alpes  Poeninae,  puisque  ces  dernières  sont  nommées 
spécialement  dans  une  des  deux  inscriptions  ;  d'autre  part,  les  Alpes 
Graiae  le  sont  avec  les  Alpes  Poeninae,  pour  le  gouvernement  de  la  pro- 
vince procuratorienne,  qui  figure  sur  les  documents  des  iv^  et  v*"  siècles  ; 
les  Alpes  Atractianae  pourraient  donc  être,  à  la  rigueur,  les  mêmes  que 

1.  Table  Pait.,l,  B.  I;  Itin.  Anton.,  p;  351  ;  Notit.  prov.  Call.,  Guérard,  p.  25. 

2.  IV,  VI,  7  et  11. 

3.  c  Fores  Poeninae  p,  III,  xxi  (xvii),  i. 

4.  Wilmanns,  Exempta,  inscriptionum  latinarum  n<*'  690  et  1266. 


4  UOrographie  de  la  Gaule 

les  Alpes  Graiae  (voy.  plus  bas).  Si  l'on  n'admet  pas  cette  assimilation,  il 
faut  se  rappeler  que  la  province  des  Alpes  Poeninae  s'étendait  sur  le  ver- 
sant gaulois  de  la  chaîne,  et  devait  être  limitée  à  l'ouest  par  le  territoire 
de  la  cité  de  Vienna,  qui  comprenait  les  vici  de  Cularo  (Grenoble)  et  de 
Genava  (Genève)  ;  il  semble  donc  que  le  nom  d'Alpes  Atractianae  ait  pu, 
dans  cette  seconde  hypothèse^  s'appliquer  aux  contreforts  septentrio- 
naux et  occidentaux  compris  entre  le  lac  de  Genève,  le  canton  du  même 
nom,  la  vallée  de  l'Arve,  sauf  sa  partie  supérieure,  et  la  crête  des  Pen- 
nines,  c'est-à-dire  aux  Alpes  du  Valais,  du  Faucigny,  et  aux  monts 
Voirons. 

Entre  le  Saint-Gothard  et  le  col  de  la  Seigne,  où  nous  croyons  que 
les  Romains  limitaient  la  désignation  d'Alpes  Poeninae  (nous  en  donnerons 
plus  bas  la  raison),  se  trouvent,  comme  on  sait,  les  sommets  les  plus 
élevés  de  l'Europe.  Mais  les  anciens,  qui  n'avaient  pas  de  procédés 
exacts  pour  mesurer  les  altitudes,  ne  paraissent  avoir  nommé  ni  le  mont 
Rosa,  ni  le  Cervin,  ni  même  le  mont  Blanc  ;  le  Simplon  ne  l'a  pas  été 
davantage,  et,  bien  que  la  voie  romaine  du  Valais  ait  laissé  des  vestiges 
reconnaissables  jusqu'à  la  hauteur  de  Brieg  ',  il  est  certain  qu'aucune 
issue  carrossable  n'a  été  pratiquée  dans  cette  direction  pour  faire  com- 
muniquer la  vallée  supérieure  du  Rhône  avec  celle  du  Tésin. 

Si  nous  bornons  les  Alpes  Poeninae  au  col  de  la  Seigne,  c'est  qu'im- 
médiatement au  sud  de  ce  col  est  celui  du  Petit  Saint-Bernard,  où  se 
trouvait  la  station  In  Alpe  Graia^,  Ce  passage  appartient  donc  à  la  sec- 
tion des  Alpes  Graiae  (Alpes  Grées).  L'ancien  historien  Caelius  Antipater, 
dont  le  témoignage  est  cité  par  Tite-Live,  dit  qu'Hannibal  avait  passé  les 
Alpes  par  le  Jugum  Cremonis^,  qu'il  faut  certainement  identifier  avec  le 
mont  Cramont  ou  Gramont,  entre  la  Thuile  au  sud  et  Entrèves  au  nord^ 
sur  le  versant  italien,  vers  la  source  la  plus  occidentale  de  la  Dora  Bal- 
tea,  en  face  du  mont  Blanc.  Ainsi,  d'après  Caelius,  les  anciens  auraient 
connu  la  route  du  col  de  la  Seigne,  dont  le  Cramont  forme  le  contrefort 
méridional,  et  qui  conduit  du  point  extrême  de  l'Allée-Blanche  à  la  por- 
tion la  plus  septentrionale  de  la  Tarentaise,  au  nord  de  Saint-Maurice.  U 
est  toutefois  plus  probable  qu'ils  n'ont  pratiqué  qu'un  seul  passage  dans 
les  Alpes  Graiae^  celui  que  Strabon  nous  indique  en  ces  termes  :  «  ceux 
qui,  panant  d'Italie,  veulent  franchir  les  Alpes  [au  nord-ouest]  doivent 
prendre  leur  route  par  la  vallée  des  Salassi  (val  d'Aoste)  ;  ce  chemin 

1.  Voy.  la  carte  qui  accompagne  l'ouvrage  de  M.  de  Haller,  Helvetien  unter  dtn 
Rocmern,  t.  II. 

2.  TabU  de  Peutinger,  Segment,  II,  B.  i  p.  J7,  col.  i,  n"*  9  de  l'édit.  in-fol.  ;  Gaule, 
d'après  la  Table  de  Peutinpr,  p.  396,  in-8  ;  —  Anon.  Ravenn,  IV,  50  ;  Guide,  12. 

3.  «  [Hannibalem]  Caelium  per  Cremonis  Jugum  dicere  transisse  »,  XXI,  }8. 


à  Pépoque  Romaine,  5 

bifurque  :  une  des  deux  routes,  âpre  et  inaccessible  aux  bétesde  somme, 
gravit  le  Poeninus  ;  l'autre,  plus  à  l'occident,  gagne  le  pays  des  Ceutrones 
(Tarentaise,  vallée  de  l'Isère)  ^  ».  Le  même  géographe  ajoute  plus  bas 
que,  pour  se  rendre  à  Lyon,  cette  dernière  route  était  carrossable,  mais 
plus  longue  que  l'autre  >.  L'un  des  deux  passages,  —  soit  celui  du 
Petit  Saint-Bernard,  soit  celui  du  Grand  Saint-Bernard,  —  ne  parait 
pas  avoir  été  frayé  au  temps  de  Polybe  ?,  qui  cite  seulement  quatre 
routes  pour  sortir  d'Italie  :  i^  celle  de  la  Corniche,  i<  sur  le  rivage  de  la 
mer  Tyrrhénienne  »,  2^  celle  qui  traverse  le  pays-  des  Taurini,  3°  celle 
du  pays  des  Salassi  (val  d'Aoste],  4^  celle  de  la  Rétie.  Un  passage  de 
Varron  (qui  écrivait  après  Polybe  et  qui  était  contemporain  de  César), 
nous  a  été  conservé  par  Servius  4  et  nous  en  fait  connaître  cinq  pour  la 
seule  frontière  physique  de  la  Gaule,  sans  y  comprendre  même  les  Alpes 
Foeninae  :  i®  celle  de  la  Corniche  ;  2®  3°  et  4**  celles  que  suivirent  Han- 
nibal^  Pompée  lorsqu'il  se  rendit  en  Espagne,  et  Hasdrubal  lorsqu'il  vint 
rejoindre  son  frère  en  Italie  ;  5°  celle  des  Alpes  Graiae,  Nous  réservons, 
quant  à  présent,  le  texte  de  Varron  pour  nous  en  occuper  plus  bas.  Pour 
ce  qui  regarde  le  fragment  de  Polybe,  qui  écrivait  vers  l'an  1 30  avant 
notre  ère,  on  ne  peut  dire  lequel  des  deux  cols  du  Grand  ou  du  Petit 
Saint-Bernard  il  entend  désigner  comme  donnant  issue  au  pays  des 
Salassi  ;  car,  à  une  époque  fort  ancienne,  comme  nous  le  montrerons 
bientôt,  l'un  et  l'autre  étaient  connus,  et  tous  deux  donnaient  accès  à 
deux  routes  partant  du  pays  occupé  par  ce  peuple.  Ce  qui  est  incontes- 
table, c'est  que  ces  deux  passages,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut^  étaient 
pratiqués  au  temps  de  Strabon,  c'est-à-dire  vers  l'an  20  de  notre  ère. 
Or,  César  lui-même  nous  apprend  qu'  «  il  avait  envoyé  Servius  Galba, 
avec  la  douzième  légion  et  une  partie  de  la  cavalerie,  chez  les  NantuateSj 
les  Veragri  et  les  Seduni^  qui  s'étendent  depuis  les  frontières  des  Allô- 
broges,  le  lacus  Lemannus  et  le  Rhodanus^  jusqu'au  sommet  des  Alpes, 
parce  qu'il  voulait  assurer  une  route  commode  s  à  travers  ces  montagnes, 
que  les  marchands  ne  pouvaient  traverser  qu'en  s'exposant  à  de  grands 
dangers  et  à  de  fortes  rançons^  ».  Donc  le  passage  du  Grand  Saint- 

1.  IV,  VI,  7. 

2.  IV,  VI,  II, 

}.  Fragment  cité  par  Strabon,  IV,  vi,  12. 

4.  Ad  Aeneid,  X,  13  :  «  sane  omnes  altitudines  montium,  licet  a  Gallis  Alpes  vocenr- 
tur,  proprie  tamen  montium  Gallicorum  sunt,  quas  quinque  viis  Varro  dicit  transir! 
posse  :  una  quae  est  juxta  mare  per  Ligures  ;  altéra  qua  Hannibal  transiit  ;  tertia  qua 
Pompeius  ad  Hispaniense  bellum  profectus  est ,  quarta  qua  Hasdrubal  de  Gallia  in  Italiam 
venit;  quinta,  quae  quondam  a  Graecis  possessa  est,  quae  exinde  Alpes  Graecae  ipptl-- 
IxDtnr,  » 

(.  «  iter...  patefieri  volebat.  » 

6.  B,  G.  III,  I. 


6  VOrographie  de  la  Gaule 

Bernard  était  praticable  avant  l'an  57  ;  César  le  rendit  seulement  plus 
facile  et  plus  sûr.  Nous  savons  que  c'est  par  les  Alpes  Graiae^  c'est-à- 
dire  par  le  Petit  Saint-Bernard^  que  César  effectua  son  dernier  passage 
delà  Gaule  en  Italie  avant  la  guerre  civile  de  49 >.  La  facilité  et  la 
promptitude  avec  lesquelles  il  se  rend  d'Italie  dans  la  Gaule  Transalpine 
font  supposer  que  les  passages  du  Grand  et  du  Petit  Saint-Bernard  lui 
étaient  familiers  aussi  bien  que  celui  du  mont  Genèvre,  qu'il  franchit  lors 
de  sa  première  campagne  (voy.  plus  bas).  Le  sommet  du  Petit  Saint- 
Bernard  {Morts  Graius)  était,  comme  le  Summus  PoeninuSy  consacré  à 
Jupiter  :  la  célèbre  colonne  de  gneiss  porphyro'ide  placée  au  sommet  de 
la  route  même,  s'est  appelée  colamna  Jovis,  colonne  de  Joux,  et  l'hôpital 
portait  encore,  en  1177,  ^^  ^^^  ^^  Domus  pauperummontis  Jovis  ^  ;  ainsi, 
de  même  que  le  nom  du  dieu  topique  Penn  a  dû  précéder  celui  de  Jupi- 
ter Poeninus  au  Grand  Saint-Bernard,  de  même  le  nom  de  Grau,  Grau 
ou  Craig  a  pu  engendrer  le  latin  Graiae  )  ;  on  voit  en  effet,  sur  l'espla- 
nade qui  domine  la  route,  à  2500  mètres  d'altitude, un  cromlech  composé 
de  54  pierres  brutes  cubant  environ  un  demi-mètre  chacune^  distantes 
les  unes  des  autres  de  3  mètres,  et  disposées  en  un  cercle  de  72  mètres 
de  diamètre  4.  A  tous  ces  indices  d'une  haute  antiquité  il  faut  ajouter  la 
vraisemblance  du  passage  des  légions  romaines  par  ce  défilé  des  Alpes 
au  temps  de  la  guerre  contre  les  Allobroges  (120  av.  J.-C],  aucun 
obstacle  du  côté  de  l'Italie  ne  s'opposant  à  leur  marche  depuis  la  sou- 
mission des  Salassi  par  Appius  Claudius  Pulcher(i43  avant  J.-C);  il 
faut  rappeler  encore  la  facilité  et  la  fréquence  des  voyages  de  César  se 
rendant  dans  la  Gaule  Celtique,  à  laquelle  le  col  du  Petit  Saint-Bernard 
conduisait  bien  plus  directement  que  Je  défilé  du  Summus  Poeninus  ou 
que  le  mont  Genèvre.  Toutes  ces  circonstances  nous  donnent  à  penser 
que  c'est  bien  plutôt  le  Petit  Saint-Bernard,  Graius  MonSy  que  Polybe  a 
désigné  au  11®  siècle  avant  notre  ère,  que  le  Grand  Saint-Bernard,  qui  ne 
fut  rendu  viable  que  par  César,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  et 

1.  Pctron.  Satyric.  Utrecht,  16 $4,  ç.  178  : 

«  Alpibus  aereis  ubi  Graio  nomine,  vulsae 
Descendant  rupes,  nec  se  patientur  adiri, 


Haec  ubi  calcavit  Caesar  juga » 

2.  Elle  est  aussi  appelée  Domus  Sancti  Bemardi  Montis  JoviSy  et,  dans  une  charte  de 
1193,  Hospitale  Montis  Jovis  (Carlo  Promis,  Le  Antichiîà  di  Aosta,  in-4.  Torino,  1862, 
p.  119].  Le  sommet  lui-même  est  appelé  Mons  Columnae  Jovb^  et  au  xiv*  siècle,  Mont' 
Jouvet. 

y.  VoY.  Carlo  Promis,  id.^  ihid,  Oaus  le  dialecte  savoisien,  Crau,  signifie  encore 
aujourd'hui  rochers. 

4.  7i.,  ihid,,  tav.  11^  fig.  K.  —  Voy.  surtout  le  récent  travail  de  M.  Borrel,  Etude 
urles  monuments  de  l'antiquité  dans  la  Tarentaise  {Lectures  de  la  Sorbonne^  séance  du 

avril  1875,  section  d'archéologie,  Journal  officiel  du  3  avril  1875,  p.  2428). 


à  Vépoqiu  Romaine.  7 

qui  n'était  pas  carrossable  encore  au  temps  de  Strabon.  Il  faut  rappeler 
toutefois  que  le  consul  L.  Cassius  Longinus  fut  tué  sur  les  confins  du 
pays  des  i4//o6rogfi,  l'an  107,  dans  une  guerre  qu'il  fit  aux  Tigurini, 
Gaulois  Helveti  qui  avaient  quitté  leur  canton  <  situé  vers  Zurich,  et  que 
la  route  qu'ont  pu  suivre  les  légions  pour  marcher  contre  ce  peuple  devait 
être  plutôt  celle  du  Poeninus  que  celle  du  Graius  Mons. 

On  remarquera  que  Strabon  ne  mentionne  pas  par  leur  nom  les  Alpes 
Graiae  :  mais  elles  le  sont  dans  Ptolémée^  et  dans  Tacite?  qui  désigne 
clairement  les  trois  passages,  des  Alpes  Pennines,  Cottiennes  et  Grées^ 
comme  étant  tous  trois  accessibles  à  des  armées,  et  qui  nomme  pour  ce 
dernier  col,  non  la  chaine,  mais  le  Graius  Mons  (Petit  Saint-Bernard)  4. 
Pline  et  Ammien  Marcellin,  sans  la  discuter,  rapportent  la  légende 
d'Hercule,  qui  aurait  valu  à  ces  montagnes  le  nom  d'Alpes  Grecques, 
Graiae  Alpes  K  Ce  n'est  donc  pas  à  la  crête  du  partage  des  eaux  du 
Rhône  et  du  P6  qu'il  convient  d'appliquer  le  nom  de  Ceutronicae  Alpes 
que  le  premier  de  ces  deux  écrivains  donne  aux  sommets  dont  les  pâtu- 
rages produisaient  les  fromages,  renommés  encore  aujourd'hui,  ancien- 
nement appelés  VatusiqueSf  et  dont  les  mines  de  cuivre  étaient  célèbres, 
mais  bien  aux  contreforts  appelés  les  Bauges,  au  nord,  et  les  monts  de 
la  Vanoise  au  sud,  qui  entourent  la  Tarentaise  et  la  vallée  supérieure  de 
l'Isère.  Nous  savons,  en  effet,  par  les  inscriptions  trouvées  à  la  Forclaz 
du  Prarion  et  à  Aime  ou  Aixme,  l'ancienne  Axima  de  Ptolémée  et  de  la 
Table  de  Peutinger,  que  les  Ceutrones,  dont  cette  localité  était  une  des 
deux  villes  principales,  habitaient  cette  vallée.  Mais  ils  s'étendaient  aussi 
au  temps  de  César  sur  le  versant  italien  (voy.  plus  bas]. 

Les  Alpes  Graiae^  ou  même  Graecae  Alpes^  sont  encore  nommées  dans 
un  certain  nombre  de  textes  7.  Elles  formaient  une  seaion  convention- 
nelle de  la  chaine  entre  le  col  de  la  Seigne  et  le  Mont  Cenis  (Cenisius 
MonSy  au  moyen-âge),  où  l'on  fait  commencer  d'ordinaire  les  Alpes 
Cottiae, 

1.  EpitomeT,  Liv.  lxv.  —  Cf.  Cacs.  B.  g.  l,  7. 

2.  m,  I,  57. 

3.  Hist.  II,  66. 

4.  «  Legioncs...  Penninis  Cottianis  que  AlpibaSy  pars  Monte  Graio  traducuntur.  » 
Hut.,  IV,  68. 

5.  Pline  :  u  ejasdem  exercitus  IHcrculis]  et  Graios  fuisse  Craiarum  Alpium  incolas  » 
111.  XXIV  (xx),  2  ;  —  Amm.  Marcell.,  XV,  x,  9. 

6.  Varro  ap.  Servium  ad  Virg.  Aen.,  X,  13  ;  —  Petron.,  Sat,,  122. 

7.  Itin.  Anton.,  p.  344  et  346;  —  Notit.  Dignit.y  Boecking,  II,  p.  7,  13,  71,  72  ;  — 
Motii  prof.  Gall.y  Guérard,  p.  23;  —  Liste  de  Vérone  de  297,  Mommsen,  Verzeichniss^ 
dans  \cs  Abhandlungen  de  l'Ac.  de  Berlin,  1862,  p.  492  et  )ii  et  trad.  fr.  par  E.  Picot, 
Réf.  arch.  dcc.  1866,  t.  XIV,  nouv.  sér.,  p.  371  et  389,  ou  p.  27  et  4$  du  tir.  à  part; 
Liste  de  Polemius  Silvius,  même  trad.,  Rev.  arch.,  juin  1866,  t.  XIII  de  la  nouv.  série, 
p.  386,  ou  p.  10  du  tir.  a  part. 


8  ^Orographie  de  la  Gaule 

Les  Alpes  Cottiae  ou  Cottianae  ■  formaient  dans  ia  chaîne  un  angle 
droit  dont  le  sommet  est  le  Tabor,  et  dont  les  càtés  se  terminent  au 
Cenis,  vers  le  nord  ;  au  Vesulus  mons  (Monte  Viso],  vers  le  sud,  et  qui 
embrassent,  par  conséquent,  la  vallée  de  Bardonnèche  et  le  val  d'Oulx, 
sur  le  versant  italien.  «  Elles  doivent  leur  nom^  comme  on  sait,  à  Cottius 
ou  Cottus,  qui,  caché  dans  ses  étroits  défilés,  confiant  dans  l'impraticable 
Àpreté  de  cette  région,  résista  seul  dans  toutes  les  Gaules  soumises,  mais 
consentit  cependant  à  adoucir  sa  sauvage  humeur  et  à  devenir  l'ami 
d'Octave.  Pour  prix  de  cette  amitié,  il  construisit,  au  milieu  des  Alpes, 
des  routes  plus  courtes  et  d'un  plus  facile  accès...  Le  tombeau  du  petit 
roi  auquel  nous  devons  ces  chemins  est  près  des  murs  de  Suse  >.  »  A 
l'ouest  de  cette  ville  s'élève  encore  aujourd'hui,  à  peu  près  intact,  un 
arc  honoraire  dont  l'architrave  porte  une  inscription  de  quatre  lignes,  et 
dont  la  frise  représente,  par  un  relief  animé,  les  apprêts  du  sacrifice 
solennel  appelé  suovetaurilei. 

L'inscription  qui  est  gravée  sur  cet  arc  (Orelli,  n®  626)  nous  apprend 
que  ce  monument  a  été  élevé  en  l'honneur  d'Auguste,  l'an  8  avant  notre 
ère  :  i^  par  Af.  Julius  Cottius,  qui  se  qualifie  de  préfet  des  cités,  dontla  liste 
comprend  quatorze  noms  de  peuples,  et  2°  par  ces  cités  elles-mêmes  4.  Ce 
Cottius  nous  est  connu  par  d'autres  témoignages.  Son  père  le  roi  Donnas, 
l'est  également  grâce  à  Strabon  (IV,  iv,  6)  et  aux  médailles  (.  On  remar- 
quera que,  sur  l'arc  de  Suse,  Cottius  ne  prend  pas  le  titre  de  roi,  mais 
celui  de  préfet,  et  qu'il  adopte  le  nom  de  famille  des  Jules,  Julius,  comme 
s'il  eût  été  fait  citoyen  romain  par  Auguste.  Il  faudrait  supposer  qu'après 
l'achèvement  de  la  route  du  mont  Genèvre  et  la  cérémonie  religieuse 
dont  cet  arc  semble  consacrer  le  souvenir,  il  eût  vécu  longtemps  dans 

1 .  Cette  appellation  ne  fut  donnée  à  cette  section  des  Alpes  que  quelque  temps  après 
la  mort  du  roi  Cottius,  qui  arriva  sous  Néron  (Suét.,  Nero^  18),  car  elle  ne  ni^re,  ni 
dans  Strabon,  ni  dans  Mêla,  ni  même  dans  Pline.  Elle  se  rencontre  pour  la  première  fois 
dans  Tacite  :  Vitellius  ordonna  à  Fabius  Valens  «  de  faire  irruption  en  Italie  par  les 
Alpes  Cottiennes,  Cotîianis  AlpibuSy  »  Hist.,  I,  61  ;  cf.  87  et  IV^  68  (passage  pour 
lequel  on  trouve  dans  un  manuscrit  Cocitanis)  ;  —  elles  le  fiirent  ensuite  :  par  Ptolémée  : 
év  KoTTiaiç  "AXiceaiv  (var.,  KouTÎai;),  III,  1,  )8;  — par  Dio  Cassius,  parlant  de 
Cottius  (IX,  24)  ;  —  dans  une  ancienne  description  anonyme  (voy.  Dom  Bouquet,  I, 
p.  102  c)  :  «  Alpes  Cottiae  ».  —  Les  inscriptions  donnent  les  deux  formes,  Cottiae  et 
Cottianae, 

2.  Amm.  Marcell,  XV,  x,  2  et  7. 

).  Sacrifice  dans  lequel  on  immolait  un  porc,  un  mouton  et  un  taureau. 

4.  «  i4  l'empereur  César  Auguste,  fils  du  diyin  César,  grand  pontife,  revêtu  de  la  puis- 
sance tribunicienne  pour  la  quinzième  fois  (la  première  étant  de  Tan  23,  ce  monument  est 
daté  par  conséquent  de  Tan  8  avant  J.  C),  ayant  reçu  treize  salutations  impériales  (par 
suite  de  ses  victoires)  ;  M.  Julius  Cottius,  —  préfet  des  cités  dont  les  noms  suivent  : 
Se^ovii,  Segusini,  Belaci,  Caturiges,  Medulli,  Tebavii,  Adanates,  Savincatii,  Efdinii,  Vea- 
minii,  Venisani,  lemerii,  Vesubiani,  Quadiates,  —  et  les  cités  qui  furent  sous  Je  gouverne- 
ment de  ce  préfet  [ont  élevé  ce  monument).  » 

5 .  Une  monnaie  gauloise  porte  au  droit:  DVRNACVS,  tite  casquée;  R.  DONNVS, 
cavalier. 


à  Vépoque  Romaine.  9 

une  sorte  d'indépendance,  ou  tout  au  moins  que  ses  peuples  eussent 
conservé  leur  autonomie,  puisque  l'empereur  Claude  accrut  son  domaine 
et  lui  donna  le  titre  de  roi^  qu'il  prit  alors  pour  la  première  fois.  Ce 
ne  fut  qu'à  sa  mort,  arrivée  sous  Néron,  que  son  royaume  fut  réduit  en 
province  romaine  (Sueton,  NerOy  18).  Ce  fiit  vers  cette  époque,  c'est-à- 
dire  dans  la  dernière  moitié  du  i^^  siècle  seulement  que  Tusage  s'établit 
de  désigner  par  son  nom  cette  région  des  Alpes  ;  on  dut  même  continuer 
à  Pappeler,  dans  le  langage  usuel,  Royaume  de  Cottius.  Nous  trouvons^ 
dans  la  table  de  Peutinger,  en  gros  caractères,  CoUi  Regnum,  et  dans  une 
inscription  provenant  d'Avigliana,  entre  Suse  et  Turin,  FINIR  |  COTTI. 
Nous  en  connaissons  les  peuples,  nous  en  pouvons  déterminer  les 
limites.  Du  côté  de  la  Gaule,  il  s'étendait  jusqu'au  pays  des  Vocontiij  et 
les  territoires  d^Ebrodunum  [Embrun)  et  des  Caturiges  (Chorges)  en  for- 
maient les  points  extrêmes  à  l'ouest.  Sur  l'autre  versant  des  Alpes,  il 
s'étendait  jusqu'à  VOcelum  de  César  *  et  de  Strabon,  Ocelum  qu'on  a 
longtemps  cherché  et  dont  la  vraie  position  a  été  déterminée  récemment 
à  Drubiaglio^  en  face  d'Avigliana,  sur  la  rive  gauche  de  la  Dora  Riparia, 
à  XX  milles  de  Suse  ^.  La  délimitation  du  royaume  de  Cottius  avait  dû 
être  à  peu  près  celle  que  reçut  plus  tard  la  province  des  Alpes  Cottiae  ou 
Cottianae,  créée  sous  Néron,  et  le  nom  à^ Alpes  Cottiae  dut  s'appliquer 
non-seulement  à  la  chaîne  principale,  mais  à  toutes  les  montagnes  com- 
prises dans  le  périmètre  de  cette  province.  Nous  savons,  par  Ammien 
Marcellin,  que,  sur  le  versant  italien,  cette  dénomination  ne  s'étendait 
pas,  à  l'est,  au  delà  de  Segusio  3. 

Dans  la  section  des  Alpes  Cottiae,  nous  connaissons  un  grand  nombre 
de  sommets  remarquables,  mais  les  anciens  n'ont  nommé  ni  le  Cenis4, 
dont  le  col  parait  être  demeuré  inaccessible  pour  eux,  ni  le  Tabor,  nœud 
entre  la  crête  principale,  les  Alpes  du  Dauphinéetcellede  la  Maurienne; 
quant  au  mont  Genèvre,  s'il  n'avait  pas  de  nom  particulier  avant  le 
moyen-âge,  il  faut  reconnaître  tout  au  moins  le  massif  auquel  il  appar- 
tient dans  le  Mons  Matrona  d'Ammien  Marcellin,  et  de  l'Itinéraire  de 

1.  0  Ocelum  quod  est  Citerioris  Provinciae  extremum.  »  Cacs.,  B.  g.  I,  10. 

2.  Carlo  Promis,  Storia  delV  antica  Torino^  p.  288  ;  —  cf.  Rev.  archéoL,  nouv.  sér., 
t.  XXII,  p.  125  et  suiv. 

3.  a  In  his  Alpibus  Cottiis,  quarum  initium  a  Segusione  est  oppido  »,  XV,  x,  3. 

4.  La  première  mention  du  mont  Cenis  date  du  commencement  du  viii*  siècle  :  il 
figure  dans  un  acte  de  donation,  faite  au  monastère  de  Novalèse,  des  u  Alpes  in  Cinision^ 
(▼oy.  Durandi  Notiiia  deW  antico  Piemonîe  Traspadano^  in-4.  Torino,  1803,  p.  71). 
C'est  par  le  col  du  mont  Cenis  que  passèrent  Pépin  en  7$$,  et  Charlemagne  en  774  : 
a  Pipinus  cura  cxercitu  suo  Monte  Cinisio  transacto  »,  Fredcg.  (Duchesne,  Script.  Fr.y 
1,  p.  774  et  suiv.);  «  perrexit  ipse  [Carolus  Magnusl  per  Montent  Cinisium  »  {Annal. 
Fr.,  ad  ann.  773).  U  est  aussi  mentionné  dans  le  capitulaire  de  806.  Il  est  fort 
douteux  pour  nous  que  ce  soit  le  lac  du  mont  Cenis  qui  se  trouve  cité  dans  Strabon  (IV, 
vu,  5). 


I  o  VOrùgraphie  de  la  Gaule 

Bordeaux  à  Jérusalem.  Enfin  le  Monte  Viso,  où  le  PA  prend  sa  source, 
est  incontestablement  le  Vesulus  Mons,  très^élevé,  couvert  de  pins  et 
peuplé  de  sangliers. 

Mais  les  passages  ouverts  ou  pratiqués  par  les  anciens  dans  les  Alpes 
Cottiae  présentent  un  tout  autre  intérêt.  Pour  aborder  cette  étude,  il 
faut  d'abord  s'entendre  sur  le  nom  que  devait  prendre  cette  section  de 
la  chaîne  alpestre  avant  Cottius.  Il  parait  probable  qu'avant  César,  la 
dénomination  d'Alpes  Graiae  lui  était  appliquée,  ce  qui  nous  obligerait  à 
étendre  par  conséquent  cette  dernière  du  col  de  la  Seigne  au  Monte 
Viso.  On  peut  remarquer,  en  efFet,  que  Ptolémée,  près  d'un  siècle  après 
la  mort  de  Cottius,  place  encore  Ebrodunum  (Embrun),  ville  des  Catu- 
figes ^  dans  les  Alpes  Graiae^  et  Ton  sait  qu'Embrun  est  sur  la  même  lati- 
tude que  le  Monte  Viso.  Mais,  à  partir  du  passage  de  César,  en  $9  avant 
notre  ère^  elles  s'appelèrent  Juliae  Alpes  :  c'est  le  nom  que  leur  donne 
Tite-Live  (V,  34)  (voy.  plus  bas). 

Le  plus  ancien  passage  pratiqué  dans  la  section  des  Alpes  Graiae  qui 
reçut  plus  tard  le  nom  à' Alpes  Cottiae  fut  très-probablement  celui  du 
mont  Genèvre  ou  du  mons  Matrona.  Ce  col  dut  être  franchi,  vers  le  com- 
mencement du  vi^  siècle,  au  temps  de  Tarquin  l'Ancien,  par  les  Gaulois, 
que  l'ancienne  tradition,  recueillie  par  Tite-Live,  fait  arriver  en  Italie 
sous  le  commandement  de  Bellovèse,  car  l'historien  nous  les  montre 
quittant  le  pays  des  Tricastini^  dans  la  vallée  du  Rhône,  et  gagnant  les 
Alpes  sur  un  point  qui  n'aurait  pas  encore  été  gravi,  et  il  ajoute  qu'ils 
refoulèrent  les  Saluvii,  et  qu'ayant  passé  les  Alpes,  qui  s'appelaient,  — 
non  pas  au  temps,  bien  entendu,  où  cette  migration  s'accomplit,  mais 
au  temps  de  l'historien  qui  la  raconte,  —  Juliae  Alpes,  ils  arrivèrent  chez 
les  Taurini  (Id.,  ibid,).  Or,  toutes  ces  circonstances  démontrent  que  ces 
peuples  avaient  remonté  le  bassin  de  la  Durance,  et  avaient  dû  franchir 
les  Alpes  vers  le  mont  Genèvre  ;  que,  du  moins'^  telle  était  la  tradition 
adoptée  au  i^^  siècle  de  notre  ère.  Sans  être  alors  très-facile,  ce  passage 
était  évidemment  celui  qui  s'offrait  le  plus  naturellement  aux  émigrants 
de  la  vallée  du  Rhône.  César  l'estime  le  plus  court,  c'est-à-dire  le  plus 
prompt  '.  Il  dit,  en  effet,  dans  le  même  chapitre,  qu'il  «  se  rendit,  en 
six  jours,  d'Oce/um,  qui  était  sur  la  limite  de  la  Province  Citérieure 
(c'est-à-dire  de  la  Cisalpine),  au  pays  des  Vocontii,  situés  dans  la  Pro- 
vince Ultérieure  »  ;  il  ajoute  que  les  Ceutrones,  les  Graioceli  et  les  Catu- 

I.  B.  ^.,  I,  10  :  qua  prozimum  iter  in  Ulteriorem  Galliam  in  Alpes  erat»;  Ulterior 
sighifie  ici,  non  la  Gaule  Celtique,  qm  était  encore  à  soumettre,  mais  la  Gaule  Transal- 
pine tout  entière,  y  compris  la  Province,  par  opposition  à  GaUia  Citerior  qui  était  pour 
César  la  Cisalpine. 


à  l'époipu  Romaint.  \  i 

riges  lui  disputèrent  le  passage,  mais  qu'il  les  repoussa  dans  plusieurs 
combats,  et  qu'il  gagna  le  pays  des  AUobroges,  Or,  les  Graioceli,  dont  le 
nom  indique,  selon  nous,  la  position,  —  et  l'on  peut  s'étonner  que  per- 
sonne jusqu'à  ce  jour  ne  l'ait  remarqué,  —  devaient  s'étendre  sur  le 
versant  oriental  des  Alpes  Graiae,  et  comprendre  le  territoire  d'Oce/um, 
sans  doute  leur  ville  principale  (Graiorum  Ocelum).  Nous  savons  qu'elle 
était  située  sur  la  rive  gauche  de  la  Duria  (Riparia)^  entre  Turin  et 
Suse,  à  XX  milles  de  cette  dernière  ^  Les  Ceutrones,  dont  le  siège  prin- 
cipal était  la  Maurienne  et  la  Tarentaise  (voy.  plus  haut),  devaient 
aussi  s'étendre  sur  le  versant  italien,  dans  la  vallée  de  Suse  ;  quant 
aux  CaturigeSy  on  sait  que  leur  centre  était  Ebrodunum  au  temps  de 
Ptolémée  (III,  i,  39),  et  que  la  ville  de  Chorges  a  retenu  leur  nom; 
mais  il  est  certain  qu'antérieurement,  ils  s'étendaient  aussi  sur  le  ver- 
sant oriental  des  Alpes,  dans  la  vallée  supérieure  de  la  Duria  {Riparia), 
et  PUne  nous  apprend  même  que  les  Vagienni  (au  sud  de  Turin) 
étaient  issus  de  ces  peuples  >.  Il  est  donc  assuré  que^  lors  de  sa  pre- 
mière campagne.  César  suivit  la  vallée  de  la  Duria  (Riparia),  passa  les 
Alpes  au  mont  Genèvre,  gagna  le  pays  des  Vocontiiy  par  la  vallée  de  la 
Druentiay  et  celui  des  AUobroges  par  la  rive  gauche  du  Rhône.  Les  obs- 
tacles naturels  et  plus  encore  les  combats  qu'il  eut  à  livrer  contre  les 
peuples  des  Alpes  durent  retarder  sa  marche,  car  il  employa  six  jours  à 
effectuer  un  passage  qu'il  dut  faire  beaucoup  plus  rapidement  dans  la 
suite,  d'abord  parce  qu'il  l'avait  frayé  une  première  fois,  ensuite  parce 
que,  dans  les  voyages  multipliés  qu'il  accomplit  deux  fois  au  moins 
chaque  année  (de  58  à  si  avant  J.  C],  il  était  souvent  seul,  ou  n'avait 
avec  lui  que  des  forces  moindres,  composées  de  quelques  recrues  ;  il  dut 
même  passer  tantôt  par  le  mont  Genèvre,  tantôt  par  le  Grand  ou  par  le 
Petit  Saint-Bernard,  plus  naturellement  indiqués  pour  se  rendre  sur  le 
théâtre  de  la  guerre  ou  pour  en  revenir,  tantôt  enfin  par  le  mont 
Genèvre.  Mais  le  vrai  passage  des  Alpes  par  César,  celui  qu'il  a  effectué 
avec  le  gros  de  son  armée  au  début  de  la  guerre,  celui  qui  a  valu  à 
cette  section  de  la  chaîne  le  nom  i^ Alpes  Miae  que  lui  donne  Tite-Live, 
—  appellation  éphémère  d'ailleurs  et  remplacée  peu  après  par  celle  de 
Cottiae  Alpes,  —  se  fit  au  mont  Genèvre  5.  Cette  route  fut  incontestable- 
ment la  plus  fréquentée,  et  elle  devint  le  grand  chemin  de  la  Gaule  en 

I.  Vases  Apollinaires,  Gamicci,  I,  p.  163. 

a.  «  Catungibus  orti  Vagienni  1,  III,  vii  (v),  i. 

3.  C'est  ainsi  que  Ta  compris  l'auteur  de  la  Vie  de  César,  voy.  t.  II,  p.  $0  et  pi.  3  ; 
mats  Ocelum  est  mal  placé  par  lui  à  Usseau,  les  Graioceli  de  même.  —  On  a  peine  à 
comprendre  pourquoi  M.  Carlo  Promis  conduit  César  par  le  Petit  Saint-Bemanl  pour 
cette  première  campagne  [Le  Antickità  di  Aosta^  p.  86),  sans  tenir  aucun  compte  du 
texte  même  des  Commentaires. 


12  V  Orographie  de  la  Gaule 

Italie  à  travers  les  Alpes,  après  que  Cotùm  y  eut  accompli  les  grands 
travaux  dont  parle  Ammien  Marcellin.  C'est  par  le  mont  Genèvre 
[Matrona)  que  passent  les  itinéraires  anciens  ;  celui  d'Antonin^  la  Table 
de  Peutinger,  le  Hiérosolymitain,  et  trois  sur  les  quatre  que  nous  font 
connaître  les  Vases  ApoUinaires  ',  enfin  l'Anonyme  de  Ravenne.  Mais 
entre  l'époque  de  l'émigration  de  Bellovèse,  qui  a  dû  suivre  cette  route, 
ainsi  que  nous  l'avons  vu  plus  haut,  et  la  première  campagne  de  César 
(59  av.  J.  C),  ne  l'avait-elle  pas  été  par  quelqu'autre  armée,  en  cer- 
taine circonstance  mémorable  ? 

Nous  n'avons  garde  de  nous  engagertémérairement  ici  dans  Fétemelle 
discussion  du  passage  d'Hannibal  ;  rappelons-nous  d'ailleurs  que  les 
écrivains  anciens  eux-mêmes  n'étaient  pas  parvenus  à  se  mettre  d'accord 
sur  ce  point,  et  qu'au  temps  de  Sénèque  l'inutilité  de  leurs  efforts  était 
devenue  proverbiale  >.  La  géographie  des  guerres  puniques  n'est  pas  de 
notre  sujet  ;  mais,  en  faisant  l'historique  des  moyens  de  viabilité  connus 
des  Romains  et  en  recherchant  l'origine  des  passages  frayés  avant  eux, 
nous  rencontrons  incidemment  cette  question  ;  on  peut  même  dire  que 
la  géographie  historique  doit  prendre  ici  la  place  de  là  géographie  phy- 
sique ;  car,  de  cols  naturels  dans  cette  portion  des  Alpes,  il  n'y  en  a 
jamais  eu  et  tout  chemin  accessible,  au  milieu  de  cette  nature  tourmen- 
tée, est  une  conquête  de  l'homme.  Or^  la  plus  mémorable  de  toutes  les 
entreprises  de  ce  genre  fut  sans  contredit  celle  d'Hannibal,  —  et  encore 
ne  la  connaissons-nous  que  par  les  récits  de  ses  ennemis.  Sans  prétendre 
donner  la  solution  définitive  du  problème,  nous  chercherons  seulement 
s'il  est  possible  ou  même  probable  qu'il  ait  franchi  les  Alpes  Graiae  et  si 
le  col  du  mont  Genèvre  répugne  aux  données  de  la  question  ou  y  satis- 
fait dans  une  certaine  mesure.  On  a  proposé  tour  à  tour  3  le  Simplon, 
le  Grand  Saint-Bernard,  le  Petit  Saint-Bernard,  le  Cenis,  le  mont 
Genèvre,  le  mont  Viso,  le  col  de  Largentière  et  même  le  Saint-Gothard. 
La  méthode  la  plus  élémentaire  oblige  celui  qui  aborde  cette  étude  à 
classer  d'abord  les  sources  par  ordre  d'ancienneté  :  Polybe,  Varron, 
Tite-Live,  Pline,  Appien,  sauf  à  discuter  leur  autorité  relative.  Quant 
aux  textes  du  moyen  âge  et  des  temps  modernes,  ils  ne  sauraient  avoir 

1.  Voyez  le  tableau  comparatif  que  nous  avons  dressé  de  ces  itinéraires,  Table  de  Peu- 
tinger^  edit.  in-fol.,  p.  149. 

2.  Quaest.  Natur.,  III,  praef,  —  Si  la  divergence  d'opinions  que  nous  signalons  ici 
n'existait  pas  encore  au  temps'  de  Polybe,  les  récits  qui  avaient  été  faits  du  passage  des 
Alpes  avant  le  sien  ne  laissaient  pas  d'être  obscurs  et  embarrassés  (voy.  liv.  III, 
ch.  xLvm). 

3.  M.  A.  Bouché- Leclercq.  dans  un  excellent  article  {Revue  critique  du  19  sep- 
tembre 1874))  sur  l'ouvrage  de  M.  Maissiat,  intitulé  Annibal  en  Gaule,  a  rappelé  ces 
diverses  opinions. 


à  Pipoque  Romaine,  i } 

la  même  importance.  Nous  sommes  tenté  d^en  dire  autant  des  traditions 
locales,  car  le  nom  d'Hannibal  se  rencontre  partout  en  Italie,  et  son 
incomparable  éclat  a  rayonné  dans  un  cercle  beaucoup  plus  vaste  que 
celui  de  sa  réelle  et  viaorieuse  empreinte.  L'audace  et  la  grandeur  d'une 
telle  tentative  a  laissé  dans  l'esprit  des  hommes  d'ineffaçables  souvenirs 
que  l'imagination  populaire  a  étendus  et  transformés  en  les  propageant. 
En  Italie,  la  légende  d'Hannibal  dure  encore  *.  Mais  on  ne  saurait  attri- 
buer une  valeur  sérieuse  aux  mille  traditions  locales  que  l'on  peut 
recueillir  encore  aujourd'hui  dans  les  diverses  issues  des  Alpes  et  dans 
les  vallées  qui  en  descendent.  Toute  roche  taillée  plus  ou  moins  ancien- 
nement devient  la  Roche  d'Hannibal  ;  tout  passage  où  se  conservent 
quelques  antiquités,  le  Pas  d'Hannibal;  de  même  que  la  Provence  nous 
offre  partout^  autour  d'Aix,  le  nom  et  les  légendes  de  Marius.  Mais  le 
géographe  ne  doit  pas  oublier  que  la  légende  est  l'ennemie  et  non  l'auxi- 
liaire de  Vhistoirey  que,  partant  d'une  donnée  exacte,  et  courant  au  loin 
le  pays,  elle  laisse  en  route  la  précision,  se  dérobe  à  la  vérité  et  mécon- 
naît les  traces  authentiques  des  plus  grands  souvenirs. 

Du  récit  de  Polybe  se  dégagent  les  données  suivantes  :  les  historiens 
qui  l'ont  précédé  ont  exagéré,  dit-il,  les  difficultés  que  présente  le  pas- 
sage des  Alpes  ;  «  ils  ne  savaient  donc  pas  que  les  Gaulois  des  rives  du 
Rhône,  mainte  et  mainte  fois  avant  l'arrivée  d'Hannibal,  et  tout  récem- 
ment encore,  avaient  franchi  les  Alpes  avec  des  forces  immenses  afin  de 
combattre  les  Romains  et  de  secourir  leurs  compatriotes  dans  les  plaines 
du  Pô...  En  résumé  Hannibal,  loin  d'agir  comme  ils  le  rapportent^  mon- 
tra dans  toute  sa  conduite  la  plus  grande  prudence.  Il  s'était  soigneuse- 
ment informé  de  la  fertilité  du  pays  qu'il  devait  traverser  >,  des  sentiments 
de  haine  qui  animaient  ces  populations  à  l'égard  des  Romains,  etc.;  dans 
les  passages  difficiles,  il  prenait  pour  guides  les  gens  du  pays  appelés  à 
partager  sa  fortune.  Si  je  parle  avec  cette  assurance,  c'est  que  je  tiens 
les  faits  dont  il  est  question  de  la  bouche  même  de  témoins  oculaires, 
et  que,  pour  ce  qui  regarde  les  lieux,  je  les  ai  parcourus  dans  un  voyage 
que  je  fis  autrefois  aux  Alpes  afin  d'en  prendre  par  moi-même  une  con- 
naissance exacte  (III,  48).  »  Il  est  donc  hors  de  doute  qu'aucun  témoi- 

1.  Il  y  a  quelques  années,  un  pécheur  de  Passignano,  sur  les  bords  du  lac  de  Trasi" 
mène,  improvisait  des  récits  colorés,  mais  quelque  peu  altérés,  de  la  bataille.  Hannibal, 
victime  d'une  légère  confusion  avec  Masséna,  y  était  devenu  un  général  français  vain- 
queur des  Allemands  et  des  Russes.  Il  est  vrai  que  les  traces  authentiques  du  véritable 
Hannibal  sont  inscrites  à  chaque  feuillet  des  registres  du  cadastre  pour  toute  cette  région 
de  Trasimène  et  qu'elles  nous  rappellent  jusqu'aux  moindres  arconstances  de  la  lutte 
de  217,  par  les  noms  des  champs  qui  en  ont  été  les  témoins. 

2.  Appien  dit  même  qu'étant  encore  en  Espagne,  il  avait  envoyé  des  émissaires  chez 
les  Gaulois  pour  explorer  les  passages  des  Alpes  (De  reb,  Hisp.y  15). 


14  L'Orographie  de  la  Gaule 

gnage  ne  peut  être  mis  en  comparaison  avec  celai  de  Poljbe  ;  or  il  nous 
montre  Hannibal,  après  une  marche  de  quatre  jours  depuis  le  point  où 
il  avait  passé  le  Rhône,  parvenu  en  un  pays  très-peuplé  et  fertile  en  blé, 
qu'on  appelle  Ile,  et  qui  tire  ce  nom  de  sa  situation,  le  Rhône  l'arrosant 
d'un  côté,  l'Isère  d'un  autre,  ces  deux  fleuves  donnant  à  cette  île  la  forme 
d'une  pointe  vers  leur  confluent;  quant  au  troisième  côté^  il  est  formé 
par  des  montagnes  de  difficile  accès  dont  les  gorges  étroites  sont  presque 
impénétrables  '.  Hannibal  suit  la  rive  du  fleuve  (il  ne  dit  pas  lequel, 
mais  c'est  évidemment  l'Isère)  et  franchit  l'espace  de  800  stades 
(148  idlomètres)  qui  le  sépare  des  Alpes.  Il  a  à  lutter  pendant  ce  trajet 
contre  les  Allobroges  qui  l'attaquent  dès  qu'il  a  quitté  les  pays  de  plaines 
pour  s'engager  dans  des  régions  plus  escarpées  (III,  l,  en  entier). 

Tout  ce  qui  suit  ne  nous  fournit  aucune  indication  topographique  assez 
caractérisée  pour  qu'on  en  puisse  tirer  une  appropriation  précise  à  tel  ou 
tel  point  de  la  chaîne.  On  peut  induire  seulement  du  récit  de  Polybe 
Qbid.,  Lx,  en  entier),  que  les  difficultés  que  rencontra  le  général  car- 
thaginois furent  telles  qu'il  semble  avoir  frayé  sa  route  dans  des  lieux 
presque  inexplorés  avant  lui  ;  mais  on  doit  tenir  grand  compte  ici  de  la 
saison  peu  avancée  à  laquelle  le  passage  des  Alpes  fut  effectué.  Polybe 
nous  apprend  aussi  qu'Hannibal  campa  sur  la  crête  des  montagnes,  et 
qu'il  ne  mit  pas  moins  de  quinze  jours  à  accomplir  son  ascension  et  sa 
descente  ;  enfin  qu'il  entra  dans  les  plaines  du  Pô  sur  les  terres  des 
Insubres  (III,  lvi,  3)  :  mais  cependant  il  ajoute  plus  bas  qu'il  avait  établi 
son  camp  au  pied  même  des  Alpes  [III,  lx,  2),  et  qu'après  avoir  vaine- 
ment recherché  l'alliance  des  Taurini,  peuple  situé  au  pied  de  ces  mêmes 
montagnes,  et  pour  lors  en  guerre  avec  les  Insubres,  il  attaqua  et  prit 
leur  place  principale.  Puis  nous  ne  le  retrouvons  plus  que  sur  les  bords 
du  Tésin.  Il  faut  remarquer  que  le  fragment  de  Polybe  cité  par  Strabon 
dit  en  propres  termes  qu'Hannibal  passa  les  Alpes  au  pays  des  Taurini 
(Strab.,  IV,  vi,  12). 

Vient  ensuite,  dans  l'ordre  des  temps^  le  texte  de  Varron,  rapporté 
plus  haut  et  qui  nous  apprend  seulement  que,  sur  les  cinq  passages  des 

I.  'Hxe  icpàç  Ti^v  xa).ouiiivT]v  Nyjaov,  x<*>P^  noXOoxXov  xal  aiToçâpov,  Ixouffov  tï 
T^v  icpo(n)']fop(av  aie'  avxoO  toO  av|i.iCTCD(iaTOC>  Tig  («.èv  vàp  à  'PoSocvè;,  t^  dé  à  laipoc 
icpoaaYopeu6(xev(Ki  ^sovrec  irap'  éxatépav  'djv  icXevpocv,  x.  t.  X.  (III.  49).  Le  inot 
Uadpac  est  contesté  ;  il  l'a  été  récemment  par  M.  Maissut,  auteur  d'un  ouvrage  cité  plus 
haut,  qui  lit,  pour  les  besoins  de  sa  thèse,  *Âpacoc  «  de  la  Saône  ».  Or  les  manusaits 
portent  Zyukçau:,  Sxôpoc,  Zxcopoc  ;  le  général  Melville  assure  avoir  même  lu  sur  le  ma- 
nuscrit du  Vatican  Icrdpoc.  En  tout  cas,  comme  le  remarque  judicieusement  M.  A.  Bou- 
ché-LecIercq  (Revue  crit,,  19  septembre  1S74,  p.  189).  on  comprend  mieux  Taltération, 
par  les  copistes,  du  nom  'Icrdpoc  en  Ixépoc  que  celle  a'Iadpac  en  'Apapoc.  En  outre, 
tous  les  aétaib  du  contexte  et  rensembie  du  récit  justifient  pleinement  la  correction 
généralement  admise. 


à  Pipoque  Romaine,  i  j 

Alpes  existant  de  son  temps  du  côté  de  la  Transalpine,  celui  qu'Hannibal 
avait  franchi  était  distinct  de  ceux  que  suivit  Hasdrubal,  son  frère^  lors- 
qu'il vint  à  son  secours  en  l'an  207,  et  Pompée  lorsqu'il  se  rendit  en 
Espagne  pour  la  guerre  de  Sertorius  en  73,  et  distinct  encore  de  celui 
des  Alpes  Graiae  (qui  ne  peut  correspondre  qu'au  Petit  Saint-Bernard). 

Tite-Live  rapporte»  à  peu  près  comme  Polybe,  la  marche  d'Hannibal 
sur  la  rive  gauche  du  Rhône,  en  le  faisant  remonter  vers  le  nord  et  il  en 
donne  les  motifs  :  «  il  prit  cette  route  non  pas,  dit-il,  qu'elle  fût  plus 
direae  pour  gagner  les  Alpes,  mais  parce  que,  plus  il  s'éloignait  ^e  la 
mer,  moins  il  était  exposé  à  rencontrer  l'armée  romaine  avec  laquelle  il 
n'entrait  pas  dans  son  plan  d'en  venir  pour  lors  aux  mains.  »  En  quatre 
jours  il  gagna  1'//^  formée  par  le  Rhône,  les  montagnes  et  l'Isère  K  Près 
de  ce  point  (c'est-à-dire  du  confluent)  habitent  les  Allobroges.  De  là,  il 
gagne  les  Alpes  par  des  chemins  détournés  ^y  se  replie  vers  la  gauche 
(c'est-à-dire  vers  la  rive  gauche  du  Rhône,  car  c'est  évidemment  la 
droite  d'Hannibal  qu'il  faut  entendre),  comme  s'il  eût  voulu  marcher  vers 
les  Tricastini.  Tite-Live  nous  le  montre  ensuite  côtoyant  l'extrémité 
septentrionale  du  pays  des  Vocontii  et  gagnant  le  pays  des  Tricorii,  sans 
rencontrer  d'obstacle  jusqu'à  la  Druentia  (Durance)  ;  rien  de  plus  vrai 
que  la  description  qu'il  donne  de  cette  rivière,  qui  ne  peut  porter  de 
bateaux,  dont  les  rives  sont  mal  encaissées,  qui  se  divise  en  plusieurs 
bras,  présente  des  bas-fonds  et  des  gouffres,  roule  des  rochers  et  gonfle 
subitement,  à  la  suite  des  grandes  pluies,  ses  eaux  tumultueuses.  C'est  à 
partir  de  là  que  commencent  l'ascension  et  avec  elle  les  luttes  du  vain- 
queur de  Sagonte  contre  les  hommes  et  la  nature.  Le  neuvième  jour, 
arrivé  sur  la  crête  de  la  chaîne,  Hannibal  fait  reposer  son  armée  pendant 
deux  jours.  Les  difficultés  de  la  descente  donnent  lieu  d'après  ce  récit 
aux  mêmes  observations  que  d'après  celui  de  Polybe  ;  enfin  quinze  jours 
ayant  été  employés  au  passage  des  Alpes,  il  arriva  chez  les  Taurini.  Il 
faut  se  rappeler  que  Tite-Live  a  connu  les  récits  de  L.  Cincius  Alimentus 
qui  avait  été  prisonnier  d'Hannibal  et  s'était  même  entretenu  avec  lui  ; 
on  doit  remarquer  en  outre  que  l'historien  Padouan  dit  expressément 
que,  si  le  Carthaginois  eût  passé  par  les  Alpes  Graiae,  il  fût  descendu 
chez  les  Salassi  et  non  chez  les  Taurini  (XXI,  31-38). 

La  phrase  dans  laquelle  Pline  dit  que  les  Alpes  franchies  par  Hannibal 

1.  XXI,  31.  Les  manuscrits  présentent  la  même  incertitude  que  ceux  de  Polybe  sur  le 
mot  Jsara.  On  y  trouve  Bbarar^  Ibisara  que  la  plupart  des  savants  et  des  commen- 
tateurs, noumment  Cluvier,  Gronovius,  Crévier,  Drakenborch,  Weissenbom  et  Madvig 
ont  lu  avec  beaucoup  de  vraisemblance  €  M  Isara  ».  Casaubon  propose  Arar,  maiss^ns 
en  donner  la  raison. 

2.  «  Non  recta  regione  iter  instituit  »,  id.^  ibid. 


i6  L'Orographie  de  la  Gaule 

le  furent  aussi  par  les  Cimbres  (XXXI,  i,  2)  n'offre  pas  un  sens  assez 
précis  pour  qu'on  s'y  arrête,  le  texte  ne  signifie  même  pas  que  les  Car- 
thaginois et  les  Cimbres  aient  dû  passer  au  même  endroit,  mais  seulement 
que  tous  deux  ont  franchi  la  chaîne  des  Alpes^  ce  que  tout  le  monde  sait. 

Le  texte  d'Appien  a  une  tout  autre  valeur  et  on  ne  l'a  pas  assez 
remarqué,  car  il  nous  montre  Hannibal  comme  ayant  frayé  une  voie  dans 
les  Alpes,  et  «  c'est  cette  voie,  ajoute-t-il,  qui  est  fréquentée  aujourd'hui 
et  qui  porte  le  nom  de  Pas  d' Hannibal  '.  » 

Quelle  est  donc  cette  route  fréquentée  au  temps  d'Appien,  c'est-à-dire 
sous  Hadrien  ?  Ne  serait-ce  pas  celle  que  Cottius  avait  rendue  si  com- 
mode ?  le  nom  de  Pas  d^Hannibaly  que  l'historien  Alexandrin  attribue  au 
col  lui-même,  n'est  contredit  par  aucun  texte;  car,  en  admettant  que  le 
mont  Genèvre,  qui  s'est  appelé  Mairona  Mons  au  iv»  siècle  de  J.-C. 
(Amm.  Marcel!.,  XV,  x,  6),  eût  déjà  porté  ce  nom  au  ii«,  cela  n'a  nul- 
lement dû  empêcher  le  col  de  recevoir  ou  de  conserver  un  nom  différent. 
Si  la  table  de  Peutinger  donne  sous  le  nom  d'/zz  Alpe  Cotîia  >  la  station 
placée  au  sommet  de  la  route  du  mont  Genèvre,  il  ne  faut  y  voir  que  le 
nom  d'un  relai  postal  ou  d'une  auberge,  et  cela  n'aurait  nullement  fait 
obstacle  à  ce  que  le  col  se  fût  appelé  différemment,  d'autant  que  In  Alpe 
Coîtia  est  à  peine  un  nom  géographique,  c'est  le  mot  qui  indique  simple- 
ment le  point  culminant  d'une  route  quelconque  dans  les  Alpes  Cottiae;  en 
effet  nous  le  trouvons  employé  par  le  IV®  vase  Appollinaire  (Garrucci,  I, 
p.  163)  pour  désigner  un  autre  point  du  faite  dans  une  section  diffé- 
rente de  la  chaîne,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  bas,  tandis  que  le 
troisième  vase  nous  donne  comme  équivalent  aux  mots  In  Alpe  Cottia  de 
la  Table,  ceux  de  SVMMAS  ALPES  (/i.,  ibid.). 

En  rapprochant  maintenant  les  diverses  données  fournies  par  les  textes 
classiques  que  nous  venons  de  passer  en  revue,  nous  voyons  que  tous 
s'accordent;  ou,  du  moins,  qu'aucun  d'eux  ne  s'oppose  aux  conclusions 
suivantes  : 

1^  Hannibal,  après  son  passage  du  Rhône,  a  suivi  pendant  quatre 
jours  la  rive  gauche  de  ce  fleuve  en  la  remontant  vers  le  nord  jusqu'à 
son  confluent  avec  VIsara  (Isère)  ; 

2^  Il  a  suivi  la  rive  gauche  de  ce  fleuve  jusqu'au  point  où  il  cesse 
d'arroser  la  plaine  ; 

3°  Il  a  ensuite  changé  de  direction  pour  s'engager  dans  des  défilés  de 

1.  *08oiroit5v,  i^xalvOv  ècrxtv  èiri  tcSv  ôpûv  évrpiSi^c  xal  xaXeîxai  61660;  'Awiêou 
(Hannib,,  4). 

2.  Segment,  II,  B.  i  et  2,  p.  58,  col.  i,  n«  9  de  Pédit.  in-folio.,  et  Gaule  d'après 
Table  de  Peutinger,  p.  403. 


à  V époque  Romaine,  17 

montagnes  et  c'est  en  se  repliant  vers  le  sud,  comme  s'il  voulait  gagner 
le  pays  des  Tricastini  (vers  le  sud-ouest  du  département  de  la  Dr6me), 
qu'il  a  marché  vers  les  Alpes.  Pour  y  parvenir,  il  a  côtoyé  l'extrémité 
septentrionale  du  territoire  des  Vocontii  (c'est-à-dire  la  lisière  de  l'ancien 
diocèse  de  Die,  Dea,  aujourd'hui  le  nord  du  département  de  la  Dr6me) 
et  en  traversant  celui  des  Tricorii  (qui  par  conséquent,  comme  le  remarque 
judicieusement  d'Anville,  devaient  se  trouver  sur  les  bords  du  Drac, 
affluent  de  gauche  de  l'Isère)  ; 

4®  Il  a  atteint  le  cours  supérieur  de  la  Durance  ; 

50  II  a  gravi  les  Alpes  et  est  parvenu  sur  un  point  du  faite  qui  présen- 
tait une  sorte  de  plateau  capable  de  contenir  le  campement  d'une  armée 
de  2  5  à  )o  mille  hommes  ; 

6®  Il  a  opéré  une  descente  dans  le  pays  des  Taurinif  car  le  nom  des 
lusubres  et  celui  des  plaines  du  P6  qui  figurent  dans  Polybe,  visent  évi- 
demment, non  le  point  où  s'arrête  la  descente  sur  le  versant  oriental  des 
Alpes,  mais  l'objectif  du  général  carthaginois,  c'est-à-dire  la  vallée  du 
Pô  et  les  bords  du  Tésin,  qui  coulait  en  effet  chez  les  Insubres,  Il  ne 
peut  y  avoir  d'hésitation  sur  ce  point,  attendu  que,  d'une  part,  en  des- 
cendant des  Alpes  Graiae,  Poeninae  ou  Cottiae,  on  rencontre  les  Doires 
et  qu'on  ne  trouve  le  Pô  qu'à  Turin  ;  que,  d'autre  part,  les  lusubres  ne 
se  sont  jamais  étendus  jusqu'au  pied  des  Alpes  de  ce  côté  et  que  les  trois 
grands  peuples  qui  touchaient  la  base  orientale  de  la  chaîne  étaient  : 
I*  les  Salassij  au  nord,  dans  la  vallée  de  la  Dora  Baltea  ou  d'Aoste  et 
chez  lesquels  on  arrivait  par  les  cols  du  Grand  et  du  Petit  Saint-Ber- 
nard; 2'^  les  Taurini,  au  milieu,  vallée  de  la  Dora  Riparia,  et  chez  les- 
quels conduisait  le  col  du  mont  Genèvre  (le  Cenis  n'ayant  pas  été  franchi 
dans  l'antiquité);  30  les  Vagienni,  vallée  du  Pô  supérieur  et  de  la  Stura. 
D'ailleurs  le  sens  trop  précis  qu'on  a  attribué  à  ce  passage  de  Polybe  est 
infirmé  par  la  suite  du  récit  de  cet  écrivain  qui  parle  d'une  place  des 
Taurini  enlevée  par  Hannibal  au  sortir  du  campement  qu'il  avait  fait  au 
bas  de  la  descente  du  versant  oriental,  et  par  le  fragment  du  même  auteur 
rapporté  dans  Strabon,  fragment  qui  fait  descendre  le  général  cartha- 
ginois chez  ces  mêmes  Taurini. 

Aussi,  sans  conclure  de  ce  qui  précède  qu'Hannibal  a  dû  franchir  les 
Alpes  au  mont  Genèvre,  nous  croyons  pouvoir  affirmer  du  moins  qu'au- 
cun des  textes  faisant  autorité  n'y  contredit.  D'après  les  seuls  témoi- 
gnages qui  soient  vraiment  anciens  et  authentiques,  il  aurait  quitté  la 
rive  gauche  de  l'Isère  pour  s'engager  dans  la  vallée  du  Drac,  puis 
dans  celle  de  la  Romanche  jusqu'au  col  de  Lautaret;  traversant 
ensuite  sur  ce  point  les  Alpes  du  Dauphiné,  par  un  passage  où  l'on 
Reif.  cdu  ni  2 


i8  L'Orographie  de  k  Gaule 

fit  plus  tard  la  voie  romaine  de  Cularo  (Grenoble)  à  Brigantio 
(Briançon),  il  a  dû  se  trouver  dans  celle  de  la  Durance  aux  pieds  du 
rocher  qui  supporte  Briançon  ;  puis  il  a  pu  gravir  le  mont  Genèvre  au 
sommet  duquel  est  une  vaste  esplanade  ;  de  là  enfin,  il  a  sans  doute 
opéré  sa  descente  dans  la  vallée  de  la  Dora  Riparia,  chez  les  Taurini.  Il 
est  bon  de  rappeler  toutefois  que  les  anciens  ont  connu  un  autre  pas^ 
sage  dans  les  Alpes  Cottiae,  entre  le  mont  Tabor  et  le  mont  Genèvre  et 
que  nous  en  possédons  un  témoignage  irrécusable  qui  date  de  Tépoque 
de  Trajan.  C'est  le  quatrième  des  Vases  Apollinaire  publiés  par  le  Père 
Garrucci.  D'après  le  parcours  indiqué  sur  ce  vase,  la  route  en  quittant 
Brigantio  (Briançon),  au  lieu  de  gravir,  à  l'est,  le  mont  Genèvre,  suit, 
au  nord,  la  vallée  de  la  Clairée,  que  les  anciens  ont  dû  considérer  comme 
la  vraie  Durance  [Druentia]  < ,  et  franchir  la  chaîne  au  sud  du  Tabor,  par  le 
col  des  Muandes  qui  conduit  à  Suse  à  travers  la  vallée  de  Bardonnèche. 

Entre  le  mont  Genèvre  et  le  mont  Viso,  cette  section  des  Alpes  Cottiae 
présente  aujourd'hui,  il  est  vrai,  d'autres  passages  ;  mais  ils  sont  d'un 
accès  difficile  et  ne  paraissent  pas  avoir  été  pratiqués  par  les  anciens. 
C^est  donc  au  sud  du  mont  Viso,  c'est-à-dire  dans  les  Alpes  maritimae 
qu'il  faut  chercher  les  deux  passages  d'Hasdrubal  et  de  Pompée  men- 
tionnés par  Varron. 

Les  Alpes  Maritimae^  avec  le  sommet  du  Cerna  (mont  Lerres),  où  le 
Varus  (Var)  prend  sa  source,  correspondaient  autrefois,  comme  aujour- 
d'hui, à  la  section  de  la  chaîne  principale  comprise  entre  le  Vesulus  Mons 
et  le  col  de  Cadibone,  par  lequel  passe  la  route  moderne  de  Cairo  à 
Savone.  Parmi  les  nombreux  passages  que  présentent  les  Alpes  Maritimes, 
les  plus  connus  sont  :  i<>  le  col  d'Agnello  qui  fait  communiquer,  par  un 
chemin  difficile,  le  val  Queyras,  arrosé  par  le  Guil,  avec  la  vallée  de  la 
Vraita  à  Castel-Delfino  ;  2»  le  col  de  l'Argentière  (2031  mètres),  entre 
la  vallée  de  l'Ubayette  et  celle  de  la  Stura;  3°  le  col  de  Tende  (1795 
mètres),  entre  Tende  et  Coni.  Il  est  possible  que  le  premier  ait  été 
connu  des  Romains,  mais  aucune  voie  n'y  a  été  pratiquée.  Il  n'en  est 
pas  de  même  du  second  :  bien  que  les  itinéraires  anciens  ne  mention- 

1 .  Le  cours  de  la  Clairée,  affluent  de  cette  rivière^  est  en  effet  plus  long  que  celui  que 
les  modernes  ont  appelé  du  nom  de  Durance  (voy.  la  Carte  de  VEtaî-major  français ^ 
n.  189).  C'est  au  mont  Genèvre  qu'on  place  aujourd'hui  la  source  de  cette  dernière. 

2.  Pline,  VIII,  Lix  (xxxix),  2;  XiV,  iv  (m),  17,  passage  où  il  parle  du  mauvais  vin 
qu'on  y  récolte  ;  XXI,  Lxix(xvm),  3,  passage  où  il  vante  les  joncs  énormes  qu'ony  coupe. 
—  Ptolém.  :  èv  napa>.ioi;  "AXitecriv,  III,  1,  41,  42,  43.  —  Table  de  Peutinger  :  «  In  Alpe 
Maritima^  Segm.,  11,  B.  2,  col.  2,  n"  6.  —  Itin.  Anton.,  p.  289.  —  Anon.  Ravenn., 
IV,  32,  V,  2  el  3.  —  Guido,  35,  79,  82.  —  Tacit.,  Ann.,  XV,  32.  —  Dio  Casius  :  al 
'AXireic  qt  IlapaÔaXàffffioi,  LIV,  24.  Zosim.  :  'AXwei;  Mapitiiiai,  VI.  —  Vopiscus, 
AurelianuSy  47.  —  Noîitia  di^nit.,  Boecking,  II,  p.  13,  71.  —  iVof/f.  Prov,  Galllae,  édit. 
Guérard,  p.  32.  —  Agathémere,  H,  4,  etc. 


à  l'époque  Romaine,  19 

nent  pas  la  voie  romaine  qui  devait  partir  de  Vapincum  (Gap)  et  s^engager 
dans  la  vallée  de  Barcelonnette  pour  gagner  le  col  de  l'Argentière, 
suivre  la  vallée  de  la  Stura,  en  Italie,  et  atteindre  Pollentia  (Polenza)  et 
Alba  Pompeia  (Alba) ,  les  vestiges  qu'elle  a  laissés  et  les  inscriptions 
qu'on  y  a  trouvées,  témoignent  de  son  existence,  sur  le  versant  italien 
du  moins.  Quant  au  versant  français,  la  vallée  de  l'Ubaye  et  celle  de 
l'Ubayette  qui  conduisent  au  col  de  PArgentière,  renferment,  il  est  vrai, 
des  ruines,  des  monuments  romains  et  quelques  inscriptions  ;  elles  ont 
surtout  donné  un  très-grand  nombre  d'objets  de  bronze  de  l'époque 
celtique;  mais  on  ne  trouve  pas  dans  les  ouvrages  des  antiquaires  qui 
les  ont  parcourues  et  décrites  qu'il  y  soit  parlé  de  traces  certaines  de 
voies  romaines. 

Pour  le  col  de  Tende  qui  fait  communiquer  le  bassin  de  la  Stura  avec 
celui  du  Var^  il  ne  renferme  pas  non  plus  d'indices  de  voies  romaines. 
Or,  comme  ces  deux  passages  de  l'Argentière  et  de  Tende  sont  les  plus 
accessibles  des  Alpes  Maritimae  pour  les  communications  militaires  entre 
les  deux  Gaules  Cisalpine  et  Transalpine^  et  que  le  premier  a  certaine- 
ment été  fréquenté  à  l'époque  romaine,  nous  inclinons  à  y  voir  les  points 
signalés  par  Varron  comme  ayant  été  franchis  par  Hasdrubai  et  par 
Pompée,  sans  pouvoir  toutefois  dire  lequel  des  deux  a  été  le  lieu  de 
passage  de  l'un  et  de  Pautre  de  ces  chefs. 

Contreforts  des  Alpes.  —  Sauf  pour  ce  qui  regarde  les  Ceuîroni'' 
cae  Alpes  (voy.  plus  haut),  les  anciens  ne  nous  ont  laissé  aucune 
désignation  applicable  aux  contreforts  du  versant  occidental  des  Alpes. 
Les  monts  de  l'Esterel,  qui  séparent  les  bassins  du  Verdon,  puis  de 
la  Durance  de  ceux  du  Var  et  de  l'Argens,  et  engendrent  les  Alpines 
vers  l'ouest,  et  la  montagne  des  Maures,  vers  le  sud,  parallèlement  à  la 
mer,  ne  nous  rappellent  aucun  nom  ancien.  On  en  peut  dire  autant  des 
Alpes  de  Provence  qui  s'élèvent  entre  l'Ubaye,  la  Durance  et  le  Verdon; 
des  Alpes  du  Dauphiné,  qui,  en  s'éloignant  du  Tabor,  s'abaissent  pour 
laisser  passer,  au  col  de  Lautaret^  la  voie  romaine  de  Cularo  (Grenoble] 
à  Brigantio  (Briançon),  et  se  relèvent  aussitôt  en  hérissant  leurs  flancs 
de  glaciers  aux  abords  du  grand  Pelvoux  (3030  mètres),  puis  se  rami- 
fient en  sens  divers,  entre  le  système  fluvial  de  'la  Durance  et  celui  de 
l'Isère  et  de  la  Dr6me^  en  isolant  le  Ventoux  au  sud  (191 2  mètres)  et  en 
jetant  sur  les  deux  rives  du  Buech,  affluent  de  droite  de  la  Durance,  le 
Gaura  '  (les  Aspres)  et  le  Mons  Seleucus^  (vers  Monsaleon).  C'est  sous  le 

I.  itÎD.  Hierosolym.,  p.  )55  :  «  Inde  ascenditur  Gauramons  »,  sur  la  route  de  Dea  (Die) 
à  Vapincum  (Gap). 
1.  ittn.  Anton.,  357  p.  ;  —  Hierosolym.,  p.  $5$,  sur  la  route  plus  près  de  Gap. 


20  V Orographie  de  la  Gaule 

nom  de  Ceutronicae  Alpes^  nous  l'avons  vu,  que  les  anciens  désignaient 
les  hauts  contreforts  de  la  Vanoise,  qui,  dans  la  presqulle  agreste  et 
tourmentée  formée  par  l'Arc  et  l'Isère  supérieure,  séparent  la  Tarentaise 
de  la  Maurienne  ;  il  faut  croire  aussi  qu'ils  étendaient  l'appellation  de 
Poeninae  Alpes  à  ces  ramifications  célèbres  des  Alpes  de  Savoie  et  à  ces 
reliefs  pittoresques  qui  s'étagent  au  sud  du  lac  de  Genève  et  du  Rhône 
supérieur  pour  s'élever  jusqu'aux  faites  éclatants  des  monts  Blanc,  Cer- 
vin,  Rose  et  Simplon  ;  à  moins  qu'on  ne  préfère  y  voir  les  Alpes 
Atractianae.  On  peut  s'étonner  que  le  temps  ne  nous  ait  transmis 
les  noms  anciens  d'aucun  de  ces  sommets,  non  plus  que  des  différents 
rameaux  des  Alpes  Helvétiques. 

Si  du  Saint-Gothard,  nœud  d'où  nous  sommes  parti  en  commençant 
cette  étude,  nous  nous  dirigeons  vers  l'orient,  la  grande  ceinture  de  la 
péninsule  italique  se  continue  au  sud  du  Rhin  supérieur  sous  les  noms 
d'Alpes  Raeîicae  et  Lepontiae;  mais,  de  ce  côté,  nous  nous  écarterions  du 
cadre  que  nous  nous  sommes  tracé,  qui  est  celui  de  la  Gaule.  Des  con- 
treforts, qui,  à  partir  du  Mons  Adulas^  forment,  par  leur  épanouissement, 
le  gigantesque  éventail  des  Pennines,  des  Lépontiennes,  des  Rétiques, 
du  Titlis  et  des  Alpes  Bernoises,  distribuant  dans  des  vallées  divergentes 
qu'elles  animent  ou  fertilisent,  les  eaux  limpides  du  Rhône,  de  l'Aar,  de 
la  Reuss,  du  Rhin  et  du  Tésin,  pas  un  seul  n'est  nommé.  Ce  sont  des 
géographes  modernes  qui  ont  baptisé  les  Bernoises  du  nom  de  Summae 
Alpes  I,  mais  les  Romains  ne  paraissent  avoir  distingué  par  des  appella- 
tions particulières  aucun  de  ces  sommets  célèbres,  Finster-Aar-Hom, 
Jung-Frau,  Faul-Horn,  etc.,  qui  dominent  l'Oberland  Bernois;  ils  ne 
semblent  y  avoir  frayé  aucun  passage,  et  le  Grimsel  leur  a  été  sans 
doute  aussi  inconnu  que  la  Gemmie.  Ce  n'est  qu'au  point  où  ces  mon- 
tagnes s'abaissent  sensiblement  et  disparaissent  presque  tout-à-fait  au 
nord  de  Vevai  qu^on  rencontre  la  première  route  romaine  de  ce  côté  ; 
mais  c'est  là  même  que  finissent  les  Alpes. 

Le  panorama,  pris  dans  l'ensemble  de  cette  chaine,  qui  forme  le  prin- 
cipal relief  de  l'Europe,  et  l'aspect  des  vallées  supérieures  qui  en  sont 
comme  les  verdoyantes  avenues,  sont,  pour  ainsi  parler,  les  mêmes 
qu'autrefois.  Partout  où  l'homme  a  peu  de  prise  sur  la  nature,  et  ne 
peut^  ni  la  plier  à  ses  désirs,  ni  la  soumettre  à  ses  besoins,  c'est  lui  qui 
subit  son  influence  :  il  devient  immuable  comme  elle  ;  aussi  les  peuples 
montagnards  se  transforment-ils  peu  et  très  lentement.  On  peut  dire 
que  tout  est  constant  dans  les  Alpes  :  climat,  paysage,  produits  et  habi- 

I .  Voy.  Haller>  Helvetien  unUr  dai  Ramem,  II,  p.  34. 


à  Pipaque  Romaine,  2 1 

tants  ;  sur  leurs  escarpements  inhospitaliers,  la  faune  comme  la  flore  ont 
peu  varié  pendant  les  âges  historiques.  Les  quelques  rares  données  que 
nous  ont  laissées  à  cet  égard  Strabon  (L.  IV,  ch.  VI)  et  Pline  (voy.  plus 
haut),  sont  encore  vraies  de  nos  jours.  Les  petits  chevaux,  le  miel^ 
les  joncs,  le  maigre  champ  d'orge,  s'y  rencontrent  encore  ;  les  riches 
pâturages,  les  troupeaux  de  chèvres,  de  vaches  et  de  moutons  y 
donnent,  comme  jadis,  les  produits  variés  de  cette  industrie  laitière, 
vieille  comme  le  monde,  et  plus  d'un  trait  de  ces  mœurs  étranges,  con- 
servées dans  les  cantons  les  moins  accessibles  des  Alpes  * ,  a  sans  doute 
son  origine  dans  les  usages  des  sujets  de  Donnus  et  de  Cottius. 

Au  nord  du  Léman^  les  Dents  de  Jaman  et  de  Jorat  n'ont  pas  de  noms 
anciens  ;  il  nous  faut  gagner,  pour  retrouver  les  souvenirs  de  l'antiquité 
dans  cette  onomastique  des  montagnes,  le  rempart  du  Jura  {Jurassus)^ 
qui  séparait  la  Sequania  de  VHelvetia^.  Le  Jura  dont  les  pins  sont  vantés 
par  Pline  3,  l'altitude  remarquée  par  César  4,  n'ofirait,  au  i^^  siècle,  qu'un 
seul  passage  accessible  à  une  armée,  pour  se  rendre  en  Séquanie  :  le 
défilé  étroit  de  la  rive  droite  du  Rhône,  appelé  le  Pas-de-P Ecluses  Ainsi 
le  Jura,  aujourd'hui  sillonné  de  routes,  ne  présentait  pas  de  cols  natu- 
rels et  aucun  artificiel,  avant  la  conquête  de  César.  Celui  que  fraya  plus 
tard  la  voie  romaine  de  Vesontio  (Besançon)  à  Avenîicum  (Avenches),  par 
Anolica  (Pontarlier)  et  Eburodunum  (Yverdun)  ^  fut  donc  dû  à  la  main  de 
l'homme.  Il  y  avait  toutefois  une  communication  facile  entre  le  pays  des 
Helvetii  et  la  Gaule,  par  la  rive  gauche  du  Rhin  et  la  trouée  de  Belfort. 
Mais  César  n'en  parle  pas,  sans  doute  parce  qu'il  était  trop  au  nord  et 
devait  exposer  les  Helvetii  aux  attaques  d'Arioviste  et  des  Suevi  qu'ils  se 
proposaient  surtout  d'éviter.  Quant  au  défilé  de  la  Pierre-Pertuis,  au- 
dessus  de  Biel,  passage  qui  fut  pratiqué  par  les  Romains  à  la  suite  de 
travaux  accomplis  sur  ce  point,  bien  qu'il  paraisse  à  M.  de  Saussure 


1.  Voyez  les  premières  pages  de  l'ouvrage  d'Henry.  Recherches  sur  les  antiquités  du 
dipartement  des  Basses-Alpes  a*  éd.  Digne,  1842. 

2.  Strabo  :  IV,  m,  4  ;  cf.  ibid.,  vi,  11.  —  Pline  :  «  Jura  »,  III,  v  (iv),  i  :  cf.  IV, 
zxxi  (zvii),  I  ;  Jura  est  ici  un  pluriel  neutre,  voy.  la  note  suivante.  —  Ptolém.  :  II, 
II,  j  ;  cf.  20. 

3.  c  [AbietesJ  laudatissimae,  inCallia,  Juribusa,  XVI,  lzzxxvi  (zxxviii),  2;  voy.  édit. 
Detle&en,  III,  p.  46. 

4.  «  Monte  Jura  altissimo,  qui  est  inter  Stquanos  et  Hehetios  n,  B.  g,,  I,  a. 

).  «  Unum  per  Sequanos,  angustum  et  difficile  inter  montem  Jurant  et  flumen  Rho^ 
danum,  vix  qua  singuli  carri  ducerentur,  mons  autem  aitissimus  impendebat,  ut  facile 
perpauci  prohibere  possent  1,  W.,  ibid.^  6,  cf.  8  ;  —  voyez,  pour  toute  cette  topogra- 
phie du  commencement  de  la  première  campagne,  VHistoire  de  Jules  Cisar^  par  l'em- 
pereur Napoléon  III,  t.  H,  p.  4i-(2  et  pi.  Il  et  III.  Cette  partie  y  est  remarquablement 
traitée. 

6.  Table  de  Peutinger,  Segm.  Il,  A,  I,  p.  34,  col.  2,  in-fol.  et  Gaule,  in*8,  p.  233. — 
Itin,  AntotL,  p.  348. 


22  L'Orographie  de  la  Gaule 

avoir  été  antérieurement  ouvert  par  les  eaux,  il  était  inconnu  au  temps 
de  César. 

C'est  au  contrefort  septentrional  du  Jura  qu'appartient  le  Voceiius  mons 
(Boezberg,  canton  d'Aarau,  sur  la  rive  gauche  de  l'Aar,  entre  Frick  et 
Brugg),  où  Cécina,  lieutenant  de  Vitellius,  battit  les  Helvetii  avant  de 
marcher  sur  Aventicum  >. 

Le  nom  ancien  des  Vosges  nous  est  parvenu  sous  les  deux  formes  de 
Mons  Vosegus  ^  et  Vosagus  5.  Les  pins  qui  les  couvraient  étaient  célèbres  4 
et  Vosegus  était  le  dieu  topique  de  la  montagne  L 

C'est  la  forêt,  et  non  la  chaine  des  Ardennes,  qui  est  citée  dans  les 
textes  anciens,  5i/va  i4r^u^/7/7â^.  César  nous  la  montre  comme  s'éten- 
dant  sur  le  pays  des  Treveri  (Trêves) ,  depuis  le  Rhin  jusqu'aux  confins 
des  Rémi  (Reims)  7  dans  le  sens  du  nord-ouest  au  sud-ouest  ;  et  jus- 
qu'aux Nervii  (Hainaut  et  Bavai,  département  du  Nord)  dans  le  sens  de 
l'est  à  l'ouest,  sur  une  longueur,  dit-il,  de  plus  de  cinq  cent  mille  pas^, 
ce  qui  ferait  740  kilomètres,  chiffre  évidemment  exagéré.  Entre  Bavai 
et  Mayence,  on  n'en  compte  que  350  en  ligne  droite  :  ce  serait  la  lar- 
geur. Si  nous  appliquons  maintenant  la  mesure  de  César  au  sens  de  la 
longueur,  c'est-à-dire  de  la  longitude,  il  faudrait  admettre  que  la  forêt 
d'Ardenne  eût  couvert  tout  le  pays  qui  s'étend  des  bouches  du  Rhin 
jusqu'à  Langres  ou  même  jusqu'à  Dijon,  c'est-à-dire  qu'elle  eût  occupé 
plus  d'un  tiers  de  la  Gaule  ;  mais  on  peut  lui  accorder  que  c'était  de 
beaucoup  la  plus  grande,  ((  quae  est  îotius  Galliae  maxima  ».  Comme  il 
donne  à  entendre  plus  bas  qu'elle  se  terminait  vers  le  nord  au  confluent 

1.  Tacite,  Histoire  I,  68;  —  voy.,  pour  Tidentification,  Haller,  Hdvetien  unter  den 
Ramenij  II,  p.  39-40. 

2.  Caes.,  B.  g.j  IV,  10  :  «  Mosa  proflait  ex  Monte  Vosego,  qui  est  in  finibus  Lingo- 
num  »  ;  un  manuscrit  de  Paris  (ix*  oU  x*  siècle)  porte  Uosgo  ;  —  Plin.,  voy.  plus  bas  ; 

—  Lucan,  Phars.^  I,  397  : 

€  Castraque  quae  Vosegi  cun-am  super  ardua  rupem 
Pugnaces  pictis  cohibebant  Lingones  armis  i  ; 
voy.  Ed.  Oudendorp,  p.  51  ;  —  vjb.  Seg.  au  mot  Arar. 

3.  La  Table  de  Peutinger  nous  les  représente  dans  son  dessin  sous  la  forme  d'une 
forêt  et  elle  porte  S//vtf  Vosagus  (Segm.  II,  B.  i.  p.  2,  col.  2,  in-fol.,  et  Gaule^  in-8, 
p.  4  ;  —  cf  Greg.  Turon.,  V,  io,ann.  590  :  «  Vosagus  Silva  ;  Vosagense  territorium  »; 

—  Venant.  Fortunat.,  VII,  4. 

4.  Pline  :  c  [abietesj  laudatissimae  in  Gallia...  Monte  Vosego  »,  XVl,  lxxvi  (xxxviii), 
2;  le  manuscrit  ae  Pans,  n»  6795,  porte  Vosago, 

J.  On  a  trouvé  sur  le  faîte  des  Vosges  cette  inscription  :  VOSEGO  |  MAXSII  |  MINVS 
I  V-S'L'L-  (Gruter,  xciv,  10;   Orelli,  2072);  «  au  Dieu   Vosegus^   Maxseminus  [sic)  a 
acquitté  son  vœu  volontiers  et  avec  joie  ».  L'orthographe  Vosegus  doit  donc  être  préférée 
à  celle  de  Vosagus. 

6.  En  grec  >p6ouéwauXT],  Strab.,  IV,  m,  5. 

7.  B.  g.,  V,  3  :  «  Indutiomarus...  iis...  qui  per  aetatem  in  armis  esse  non  poterant, 
in  Sivam  Arduennam  abditis,  quae  ingenti  magnitudine  per  medios  fines  Treverorum  a  flu- 
mine.  Rheno  ad  inittum  Remorum  pertinet,  bellum  parare  instituit.  i> 

8.  B,  G,  VI,  29. 


à  Pépoque  Romaine.  2  3 

de  la  Meuse  et  de  l'Escaut*,  c'est  vers  le  sud  qu'il  la  prolonge  beaucoup 
trop,  à  ce  qu'il  semble,  à  moins  qu'il  n'enclave  sous  ce  nom  la  forêt  des 
Vosges,  Silva  Vosegus,  qui  doit,  croyons-nous,  en  demeurer  distincte.  Il 
est  vrai  que,  si  l'on  veut  s'en  rapporter  à  un  celtologue,  le  nom  même 
d^Arduenna  signifierait  forêt  ^,  ce  serait  donc  la  forêt  par  excellence. 
Strabon  toutefois  ne  l'entend  pas  comme  César  et  il  relève  l'étendue  exa- 
gérée que  certains  écrivains  lui  ont  attribuée.  Le  passage  du  géographe 
grec  est  intéressant  à  plus  d'un  titre  :  «  Il  existe  une  forêt  d'arbres  peu 
élevés,  grande  assurément,  mais  non  pas  tant  que  les  écrivains  l'ont  dit, 
en  lui  accordant  une  étendue  de  quatre  mille  stades  (740  kilomètres), 
on  l'appelle  la  forêt  d'Ardenne  ('ApBouévvav).  Dans  le  temps  des  incur- 
sions militaires,  ils  (les  Gaulois)  rassemblent  les  rameaux  des  arbres  les 
plus  touifus  et  ferment  tous  les  passages  en  fichant  en  terre  çà  et  là  des 


1.  c  [Caesar]  ad  flumen  Scaldem,  quod  influit  in  Mosam  extremasque  >4r<fumnâ«  partes 
ire  constituii  »,  VI,  jj. 

2.  a  Arduenna,  ou  peut-être  Ardvenna.  Ce  nom  semble  formé  du  radical  ard  ((élevé» 

3o*a  conservé  le  gaélique  dans  ard  «  élevé  »  et  dans  les  nombreux  dérivés  de  ce 
emier,  et  qui  est  commun  au  latin  {arduuSy  même  sens).  Je  ne  saurais  dire  s*il  faut  le 
séparer  en  Ardu-enna  (auquel  cas  -enna  serait  simplement  un  suffixe,  comme  dans 
Cebtnna^  Clorenna,  Ravenna,  etc.),  ou  Afd-venna  [venna  étant  un  terme  composant). 
L'analogie  des  autres  noms  de  lieu  en  -enna  rend  pourtant  la  première  division  préférable. 
quoi  qu'il  en  soit,  le  sens  du  terme  principal  ard  nous  permet  de  traduire  le  nom  d' ar- 
duenna par  «  Haut-Pays  v.  Cette  explication  étymologique,  que  confirme  la  région 
représentée  par  ce  nom,  est  rendue  plus  vraisemblable  encore  par  l'analogie.  Comparez 
en  eifet  les  noms  suivants  qui  ont  absolument  le  même  sens,  Hercynia  {Silva)  ^  Highlands 
(Ecosse),  Oberland  (Suisse),  Pays-d*en-Haut  (Suisse,  canton  de  Vaud)  Terre-Haute  (sur  le 
Wabash,  dans  IMndiana,  aux  États-Unis).  Par  contraste  on  peut  de  même  citer  les  Pays- 
BaSy  Unterwalden  (Suisse),  littéralement  «  Forêt-d'en-bas  n,  Campania,  en  Italie,  et 
Champagne^  nom  donné  à  plusieurs  régions  de  la  France.  En  latin  le  même  radical  ard, 
d*ardaus^  a  fourni  le  nom  d'Ardea  ;  une  des  villes  qui  portent  ce  nom,  le  chef-lieu  des 
Rutulcs,  était  construite  sur  un  rocher  élevé.  Je  crois  avoir  établi  que  ce  nom  d* Arduenna 
a  été,  par  fausse  analogie,  traduit  par  Hohe-Venn  par  les  Germains  conquérants  de  la 
Gaule.  C'est  le  nom  dont  les  Allemands  appellent  la  partie  septentrionale  des  Ardennes, 
et,  en  Belgique,  on  appelle  la  même  région  Haute-Fagne.  Fagne  est  la  forme  dialectale 
wallonne  du  français  Fange  et  tous  deux  viennent  du  mot  germanique  latinisé  Fania 
«  marécages  ».  L'extrémité  des  Ardennes  forme  à  l'heure  actuelle  la  limite  des  langues 
française  et  allemande,  et  comme  c'est  en  général  à  la  naissance  des  montagnes  que  l'on 
rencontre  les  frontières  linguistiques,  il  n'est  pas  téméraire  de  supposer  cju'a  l'époque  où 
les  Germains  entrèrent  en  contact  avec  le  monde  gallo-romain,  c'était  déjà  la  limite  de  la 
langue  latine.  Les  Germains,  en  présence  de  ce  pays  montagneux,  en  demandèrent  le  nom  : 
Arduenna^  leur  dit-on.  Peut-être  le  prononcèrent-ils  Arduhenna  par  analogie  avec  les  noms 
de  lieu  germaniques  en  henna,  comme  le  Baduhenna  dont  nous  parle  Tacite  {Ann.^  iv, 
7j)  ;  peut-être  même  disait-on  Ardvenna.  C'est  chose  fréquente  que,  guidé  par  une 
fausse  analogie,  un  peuple  déforme,  en  voulant  leur  donner  un  sens,  les  noms  pour  lui 
nouveaux  dont  la  forme  étrangère  étonne  son  oreille.  Les  transformations  de  ce  genre 
échappent  aux  lois  linguistiques  parce  que  l'instinct  populaire,  faisant  violence  aux  noms 
ponr  les  rapprocher  de  mots  connus,  leur  ajoute  des  lettres  adventices.  Ardu  était  l'ad- 
lectif  latin  et  aussi  gaulois  signifiant  <  élevé  i  ;  enna  ou  venno  qui  semblait,  une  fois 
dégagé  d'ardu^  être  un  mot  par  soi-même^  rappelait  à  l'oreille  un  mot  germanique  comme 
fenna  ou  fenni;  Arduenna  devint  ainsi  pour  les  Germains  la  Haute-Fagne,  Die  Hohe  Venn. 
(Voy.  mon  article  Fagne,  Fange,  Mohe-Venn,  Finnois,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  de 
linguistique^  t.  H,  p.  171  et  suiv.)  ».  Note  communiquée  par  M.  Caidoz. 


24  V Orographie  de  la  Gaule 

pieux.  Puis  ils  se  cachent  dans  la  profondeur  de  la  forêt  avec  leur 
famille,  se  réservant  de  petits  Ilots  au  milieu  des  marais,  où,  pendant  la 
saison  des  pluies,  ils  trouvent  une  retraite  assurée  ;  mais,  à  l'époque  de  la 
sécheresse,  on  les  prend  sans  difficulté  *  ».  C'est  un  reste  des  anciennes 
mœurs  qui  remontent  à  l'âge  des  habitations  lacustres.  Dans  ce  bois  se 
cachèrent  et  furent  prises,  l'an  2 1  de  notre  ère,  les  recrues  du  Trévir 
Florus  qui  avait  excité,  sous  Tibère,  un  soulèvement  en  Gaule,  de  con- 
cert avec  l'Eduen  Julius  Sacrovir  ^.  M.  Alfred  Maury  a  pu,  à  l'aide  des 
textes  du  moyen-âge  et  des  vestiges  reconnaissables  encore  dans  des 
noms  de  localités  modernes,  restituer  à  cette  forêt  célèbre  son  étendue 
primitive,  il  en  a  dénommé  et  déterminé  les  différentes  parties, 
il  en  a  écrit  l'histoire  3,  il  a  enfin  expliqué  les  légendes  auxquelles 
l'effroi  qu'elle  inspirait  avait  donné  naissance  et  dont  l'écho  se 
retrouve  dans  les  chants  de  nos  trouvères  4.  On  sait  qu'elle  a  joué  un 
grand  r61e^  surtout  à  l'époque  mérovingienne  s ,  et  tout  le  monde  connaît 
les  récits  miraculeux  de  la  conversion  de  saint  Hubert^. 

On  comprend  que  la  forêt  d'Ardenne  ait,  sous  ses  ombrages  redoutés, 
caché  aux  yeux  des  géographes  anciens  les  ondulations  de  l'Argonne,  des 
collines  de  Belgique  et  de  tout  le  système  orographique  qui  sépare  les 
bassins  de  la  Moselle,  de  la  Meuse,  de  l'Escaut  et  de  la  Seine,  aussi  ne 
leur  ont-ils  donné  aucun  nom.  Reprenant  donc  la  recherche  des  dénomi- 
nations anciennes  de  nos  montagnes,  à  partir  du  pied  des  Vosges,  nous 
suivrons,  comme  Pomponius  Mêla  7,  la  ligne  de  partage  des  eaux  de 
l'Europe  en  gagnant,  par  le  plateau  de  Langres  et  les  collines  de  la 
C6te-d'0r,  du  Charollais  et  du  Beaujolais,  les  Cévennes  proprement 
dites,  Gebennici  ou,  mieux,  Cevennici  Montes,  Cevenna  Mons^,  désignation 
qui  ne  parait  s'appliquer,  dans  César^  qu'à  la  partie  méridionale  de  la 
chaîne,  celle  qui  sépare  le  pays  des  Helvii  (Ardèche)  de  celui  des  Arverni9, 
ces  derniers  peuples  la  considérant  comme  une  excellente  défense  natu- 


1.  IV,  m,  5, 

2.  Tacite,  Ann,y  III,  42  :  «  Saltus  quibus  nomen  Ardaenna  ». 

3.  Les  forits  de  la  France  dans  l'antiquité  et  au  moyen-â^e  (Mim,  présentés  par  diy, 
savants  à  tAcad.  des  inscript,  et  belles-lettres,  i*  sér.  ;  Antiquités  de  la  France,  t.  IV, 
p.  31  etsuiv.). 

4.  Chanson  de  Roland,  édit.  de  Franc.  Michel,  stance  LVI,  p.  29,  etc.  ;  voy.  Maury 
{ouyr,  cité),  p.  39. 

5.  Grég.  Turon,  Hist.  ecclés.,  II,  ix,  col.  $8  et  suiv. 

6.  Bolland.  ActaSanct,,  II,  octobr.,  p.  $28,  col.  2. 

7.  c  La  Gaule  est  divisée  par  le'  lac  de  Genève  et  les  Cévennes  en  deux  versants,  Pun 
atteignant  la  mer  de  Toscane,  l'autre  l'Océan  ;  le  premier  s'étendant  du  Var  aux  Pyrénées, 
l'autre  du  Rhin  aux  mêmes  montagnes»,  II,  v,  i.  Gebennici  est  l'orthographe  adoptée 
dans  l'édition  de  Gronovius.  Leyde,  1722,  p.  186. 

8.  Caesar,  B.  g.,  VII,  8  et  56;  les  plus  anciens  manuscrits  donnent  tous  cette  leçon. 

9.  Q  Cevenna,  qui  Anenos  ab  HeMis  aiscludit  »,  ibid,,  8. 


à  Pipoque  Romaine.  2  5 

relie >  ;  mais  Strabon  lui  accorde  une  bien  plus  grande  extension.  Disons 
d'abord  que  la  transcription  qu'il  nous  donne  du  nom  latin  ou  gaulois  en 
Cemmendj  Tb  Ké(ji.|Aevov  opoç,  est  évidemment  mauvaise.  Le  vrai  nom  de 
cette  chaîne  devait  être  alors  ce  qu'il  est  resté,  Cevenna.  Le  géographe 
grec  la  fait  partir  des  Pyrénées  avec  lesquelles  elle  forme,  dit-il,  un  angle 
droit,  et  il  en  étend  le  nom  jusqu'à  la  hauteur  de  Lyon  ;  donc  les  mon- 
tagnes du  Vivarais  et  du  Lyonnais  sont  comprises  par  lui  sous  la  désigna- 
tion commune  de  Cemmena  >,  et  il  lui  donne  2000  stades  de  développe- 
ment (}7o  kilomètres)^  chiffre  un  peu  inférieur  à  celui  de  la  longueur  de 
la  chaîne  entre  les  Pyrénées  et  le  Beaujolais.  Il  nous  la  montre  comme 
serrant  plus  étroitement  le  Rhône  en  face  du  confluent  de  l'Isère  avec  ce 
fleuve  (IV,  I,  II  ;  d.ibid.,  11,  3]  et  il  en  fait  une  limite  ethnographique 
entre  les  Aquitains  (Ibères)  et  les  Celtes  (Id.,  ibid.,  i)  ;  il  ajoute  enfin 
que  l'Aude,  l'Orb  et  l'Hérault  descendent  de  l'un  de  ses  versants  (/^., 
ibid.j  6)  et  la  Loire  de  l'autre  (Id,  ibid.  14).  Pline  semble  étendre  aussi 
le  nom  de  Cebenna  1  vers  le  nord  jusqu'à  Lyon,  puisqu'il  en  fait  la  limite 
de  la  Narbonnaise  4  et  de  la  Gaule  proprement  dite,  se  conformant  en  cela 
aux  commentaires  d'Agrippa  s.  Les  Gaulois  prétendaient,  au  dire  de  Stra- 
bon, que  les  Cévennes  renfermaient  des  mines  d'or  (III,  11,  8),  mais  il 
aurait  eu  tort  d'y  croire.  Ptolémée  étend  le  nom  de  Cemmena  aux  mon- 
tagnes d'Auvergne  ^,  qui  ne  semblent  pas  en  effet  avoir  eu  dans  l'anti- 
quité une  désignation  particulière.  Nous  connaissons  du  moins,  depuis 
peu,  et  par  suite  des  fouilles  pratiquées  au  sommet  du  Puy-de-Dôme 
pour  l'établissement  du  nouvel  observatoire,  le  nom  ancien  de  cette 
montagne.  L'inscription,  dont  voici  la  traduction,  et  qui  a  été  gravée 
sur  une  petite  plaque  de  bronze  servant  d'ex-voto,  y  a  été  découverte 
le  24  août  1874  :  a  Aux  divinités  Augustes  et  au  dieu  Mercure-Dumias  ; 
»  Maîutinius  Victorinus  a  fait  cette  offrande  »7.  Ces  fouilles,  commencées 
le  1 5  août  187},  ont  mis  au  jour,  sur  le  culmen  du  Puy-de-Dôme,  c'est- 
à-dire  à  1463  mètres  d'altitude,  les  vastes  substructions  d'un  temple  de 
grandes  dimensions,  ruiné,  au  rapport  de  Grégoire  de  Tours,  sous  le 
règne  de  Valérien  et  de  Gallien,  vers  258,  par  Chrocus,  roi  des  Alamans, 

1.  «  Quibus  [Aryemis]  oppressis  inopinantibus,  qnod  se  Cevenna  ut  muro  munitos 
exisdinabaiit}»,/^/^.,  8  ;  et,  au  ch.  56  :  «  oppositus  Mons  Cevenna  vianimque  difficultas 
impediebat  ». 

2.  IV,  1, 1  ;  cf.  II,  V,  28.  Il  emploie  tantôt  le  singulier,  tantôt  le  pluriel. 

3.  Orthographe  adoptée,  d'après  le  meilleurs  manuscrits,  dans  l'édition  Detlefsen^  t.  III, 

4.  III,  v^iv)  I. 

{.  IV,  zxxi  (zvii),  1. 

6.  l'Afouipvot]  ol  irapotxovfft  Ta  Ké|A|i8va  5pv}  (II,  viii,  14).  Les  deux  mss.  1403  et 
1404  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Pans  portent  KeC|ieva. 

7.  Cette  inscription  a  été  reproduite /Sey.  celU  II,  426. 


26  VOrographie  de  la  Gaule 

qui  ravagea  la  Gaule  à  la  tète  d'une  armée,  et  qui,  «  à  Clermont  (c'est- 
à-dire  dans  le  territoire  de  la  cité  de  Clermont,  appelée  elle-même  alors, 
du  nom  de  l'ancien  peuple,  Arverni),  incendia,  renversa  et  détruisit  un 
temple  célèbre^  que  les  habitants  appelaient  Vasso,  en  langue  gauloise, 
édifice  admirable  et  solide,...  dans  Tintérieur  duquel  le  marbre  se  mêlait 
aux  mosaïques  '  ».  Ce  temple  dont  les  ruines  viennent  d'être  retrouvées 
assez  complètement  pour  ne  permettre  aucun  doute  sur  son  identité  avec 
celui  que  décrit  l'historien  du  vi«  siècle,  n'est  autre  que  le  sanctuaire  du 
Mercure-Arverne,  où  se  trouvait  la  statue  de  cette  divinité  dont  Pline, 
après  avoir  énuméré  les  colosses  les  plus  célèbres  de  son  temps,  parle  en 
ces  termes  :  «  les  dimensions  de  toutes  ces  statues  ont  été  dépassées  de 
notre  temps  par  le  Mercure  que  Zénodore  a  fait  pour  la  cité  gauloise  des 
Arvemes,  moyennant  400000  sesterces  (80000  fr.  du  poids  de  notre 
monnaie  d'argent)  par  année^  pour  prix  de  sa  main  d'œuvre  pendant 
dix  ans.  S'étant  fait  connaître  par  ce  travail^  il  fut  mandé  à  Rome  par 
Néron  et  y  exécuta  la  statue  colossale  de  ce  prince  >.  f>  Pline  nous 
apprend  en  outre  qu'à  l'époque  où  Zénodore  se  trouvait  chez  les 
Arvemes,  le  gouverneur  de  la  province,  c'est-à-dire  le  légat  de  l'empe- 
reur dans  l'Aquitaine,  était  Vibius  Avitus.  Or  d'autres  inscriptions,  ou 
plutôt  des  fragments  d'inscriptions,  gravés  en  lettres  monumentales  sur 
marbre,  ont  été  trouvées  au  même  endroit,  et  divers  monuments  élevés 
en  l'honneur  du  Mercurius  Arvernus  dans  d'autres  parties  de  la  Gaule  et 
jusque  sur  les  bords  du  Rhin,  prouvent  que  le  temple  dont  on  voit  les 
débris  au  sommet  du  Puy-de-Dôme  était  le  centre  d'un  culte  national  et 
qu'il  a  dû  être  élevé,  non  pas  seulement  par  la  cité  qu'il  dominait  si 
majestueusement,  ayant  pour  piédestal  un  ancien  volcan,  mais  par  toute 
la  Gaule  ;  aussi  rien  de  plus  commun  que  le  souvenir  de  Mercure  sur 
tous  les  points  de  notre  pays  ?,  le  nom  de  cette  divinité  est  resté  attaché 
à  de  nombreux  sommets  comme  à  une  foule  de  villages  ou  hameaux 4. 
Pour  nous  résumer,  disons  que  l'intérêt  direct  qui  résulte  de  la  décou- 
verte faite  au  Puy-de-Dôme  est  de  nous  montrer,  sur  l'emplacement 
situé  au  fahe  de  cette  montagne,  un  temple  magnifique  consacré  à  la 
principale  divinité  nationale  des  Gaulois,  qui  y  était  représentée  par  un 
des  premiers  artistes  du  monde  ;  que  ce  colosse,  tout  en  bronze,  y 
atteignait  des  proportions  inconnues  ailleurs,  que  le  nom  de  ce  temple, 

1.  Greg.  Turon.,  Hist.  des  Francs,  I.  36,  trad.  de  M.  Cuizot. 

2.  XXXIV,  xviii  (vii),  6. 

3.  Caes.  B.g  VI,  17  :  «  Deum  maxime  Mercurium  colunt,  etc.  » 

4.  Tels  que  Saint-Michel-Mont-Mercure  en  Vendée,  Mercurey  en  Bourgogne,  Mercœur, 
Mercoiret,  Mercury,  Mercurette,  etc.  Voy.  Mowat,  Rev.  archiohg.  de  janvier,  187$,  p. 
34,  note  I. 


à  V époque  Romaine.  27 

en  gaulois  VassOy  et  celui  de  la  localité  où  il  avait  été  construit,  distin* 
guaient  topiquement  ce  sanctuaire  célèbre  de  tous  les  temples  secon^ 
daires  et  de  tous  les  lieux  où  le  Mercure  Arveme  était  honoré  ;  enfin  que 
ce  nom  était  Dnmias  (gén.  Dumiaîis]  d'où  est  certainement  venu  Podium- 
DumiatiSj  Puy-de-Dôme,  d'autant  mieux  que  la  prononciation  des  habi- 
tants du  pays,  Puy^e-Doume  nous  a  conservé  la  phonétique  latine  de 
Dumias  (Doumias). 

A  la  naissance  du  contrefort  qui  rattache  le  système  des  monts 
d'Auvergne  aux  Cévennes  était  le  Lesura  ou  Lesora  Mons  '  (mont  Lozère^ 
1530  mètres),  où  le  Tamis  (Tarn)  prend  sa  source  et  dont  le  canton 
était  renommé  pour  ses  fromages. 

Nous  ne  trouvons  aucun  autre  nom  ancien  à  appliquer  aux  systèmes 
orographiques,  qui  séparent,  plus  ou  moins  nettement,  le  bassin  de  la 
Loire  de  ceux  de  la  Seine,  au  nord^  et  de  la  Garonne,  au  midi  ;  malgré 
l'importance  des  collines  de  Normandie  et  des  monts  de  Bretagne  qui 
avaient  cependant  dû  fixer  les  regards  des  Romains.  Il  ne  nous  reste 
donc  plus  qu'à  gagner  les  Pyrénées. 

Les  Pyrénées.  —  Pyrenaei  montes^,  Pyrenaea  juga^,  Pyrenaeus 
mons  4,  Pyrene  5  sont  mots  synonymes  ^.  Cette  chaîne,  mentionnée 
dans  un  grand  nombre  de  textes,  séparait,  moins  autrefois  qu'aujour- 
d'hui, deux  pays  et  deux  races^  car  l'ancienne  Ibérie  débordait  sur  la 
Gaule  et  la  Gaule  sur  l'Ibérie  7.  Les  Pyrénées,  dit  Strabon,  présentaient 

1.  Sidon.  ApoUin.,  Carm.^  XXIV,  Propempt.,  44  :  a  hincte  Lesora,  Caucasum  Schytha- 
nun  vincens,  aspiciet.  » 

2.  Ta  IIupTivaîa  ôpvi  Polyb.,  III,  xli,  6  ;  cf.  xl,  i  ;  xxxvii,  9  ;  xxxix^  4.  —  Diod. 
sic,  V,  }5.  —  Marden.  d'Hérad.,  II,  6{Geogr.  min.  de  Didot.  I,  p.  543).  —  Strab.,  II, 
I,  II,  etc.  ;  mais  il  emploie  le  plus  souvent  le  singulier,  voy.  note  3.  —  Agathém.,  II, 
9,  p.  47,  —  Ptolém.,  XV,  2,  ou  le  géographe  Alexandrin  rapporte  qu'elles  avaient  été 
décrites  par  Marin  de  Tyr;  VIII,  iv,  2,  y,  2.  —  Tite-Livc,  XXI,  23  ;  a  Pyrenaei  montes.  » 
—  Justin.,  XLIV,  I. 

3.  Pline,  III,  Il  (1),  I. 

4.  SU.  Italie,  m,  v,  415  :  c  at  Pyrenaei  frondosa  cacumina  montis  n,  —  Auson. 
Epigr.,  XXIV,  68  :  «  bimaris  juga  ninguida  Pyrenaei  ».  —  Dionys.  Perieg.,  V,  288  : 
Dyfnrivatov  opoç.  —  Plin.  :  a  Pyrenaei  promontorium,  juga..,  »  IV,  xxxiv  (xx),  i  ;  «  in 
Pyrenaeo  »  VII,  xxvii  (xxvi),  i  ;  cf.  XIV,  viii  (vi),  8  ;  «  Pyrenaei  jugis...  »  XXXVII, 
VI  (i),  15  ;  «  Pyrenaei  montes...  »  IV,  xxxi  (xvii),  i  ;  «  radice  Pyrenaei  n,  III,  iv  (111),  5  ; 
asaUas  Pyrenaeus  n  IV,  xxxiii  (xix),  i. — Tite-Live,  XXI,  23.  —  Auson.,  Epigr., 
XXV,  $1  :  a  Pyrenaeum  transgreditur  »;  XXI,  24.  —  Mêla,  II,  v,  i  ;  III,  1,  10  ;  «  Pyre- 
naeus mons  »  II,  VI,  I. 

5  Polyb.,  III,  XXXV,  2  ;  -fi  IlupVivyi,  et,  au  même  chapitre,  §  7 :  8tà  téSv  ITupYivaCeov 
opâv,  cf.  xxxvii,  9;  XXXIX,  4,  etc.  (voy.  note  i).  — Marcien.  d'Héracl.,  II,  6  {Geogr.  min. 
de  Dîdot.  I,  p.  (43).  —  Strab.,  III,  i,  3  :  V)  TIup^vY],  passim,  mais  il  emploie  aussi  le 
pluriel  (voy.  note  i).  —  Athén.,  VIII,  2.  —  Stepn.  Byz.  —  Auson.:  «  confmia  propter 
ninguida  Pyrenes  »  Clar.  urb.,  Tolosa. 

6.  Eustathe  {Commentarii  ad  Dyonis.  Perieg.  ad  v,  338,  Geogr.  min.  de  Didot,  11^ 
p.  277]  dit  que  le  mot  IIupi^w]  s'applique  non-seulement  au  lIuprivaTov  6poc,  mais  aussi 
aux  IIvpiQvala  ipr),  au  pluriel. 

7.  Strabon  dit  bien,  il  est  vrai  (III,  i,  3)  :  V)  Ilupi^vy]...  5poç-..  ànà  Notou  npo;  Bo^^âv 


28  V Orographie  de  la  Gaule 

au  nord  leurs  flancs  dénudés  ;  leur  versant  méridional,  au  contraire, 
aurait  été  couvert  de  forêts  (III,  IV,  ii).  Or,  malgré  les  changements 
que  dix-huit  siècles  de  culture  et  de  déboisement  ont  pu  apporter  à  l'as- 
pect de  ces  montagnes,  c'est  le  contraire  de  ce  que  rapporte  le  géo- 
graphe grec  qui  est  vrai  aujourd'hui  et  nous  semble  l'avoir  été  jadis. 
Ses  mines  d'or  des  Pyrénées  (11!^  n,  8)  sont  une  imagination,  est-il 
besoin  de  le  dire  ?  «  Les  Pyrénées,  dit  Dîodore(V,  ^5),  l'emportent  sur 
les  autres  montagnes  par  l'étendue  et  Taltitude...;  elles  étaient  autrefois 
couvertes  d'épaisses  forêts,  mais  on  raconte  qu'à  une  époque  ancienne 
des  bergers  y  ayant  mis  le  feu,  toute  cette  région  montagneuse  devint  la 
proie  d'un  vaste  incendie  qui  dura  pendant  bien  des  semaines,  toujours 
se  propageant,  et  que  la  surface  du  sol,  étant  comme  calcinée  (d'où  est 
venu  le  nom  de  Pyrénée,  IIupiQvaTa,  de  icup,  feu),  mit  à  nu  une  grande 
quantité  d'argent;  que  ce  minerai  liquéfié  donna  naissance  à  des  ruis- 
seaux de  métal  dont  les  indigènes  ignoraient  l'usage  et  dont  surent  bien 
profiter  les  marchands  Phéniciens...».  Il  est  probable  que  ce  récit 
légendaire  a  un  fond  de  vérité  et  qu'il  fait  allusion  à  ces  belles  mines  de 
plomb  argentifère  de  l'Espagne  dont  on  extrayait  autrefois,  comme 
aujourd'hui,  l'argent  par  le  procédé  de  la  coupellation  ;  seulement  il  faut 
pour  cela  étendre  le  nom  de  Pyrénées  à  toutes  les  montagnes  qu'elles 
engendrent  et  qui  sillonnent  le  centre  de  la  Péninsule  '  et  non  le  limiter 
à  la  chaîne  des  Pyrénées  proprement  dites  que  Diodore  nous  montre, 
lui  aussi,  comme  séparant  la  Cehique  de  l'Ibérie  (Oiod.  loc.  cit.]  ;  car  il 
n'existe  aujourd'hui  dans  cette  chaîne,  à  l'état  d'exploitations,  sur  le 
versant  français  du  moins,  que  le  gisement  argentifère  de  Bagnères-de- 
Luchon,  produisant  par  an  de  40  à  50  tonnes  de  plomb  et  75  kilo- 
grammes d'argent  environ'.  Les  mines  de  l'intérieur  de  l'Espagne  sont 


TSTaiiévov  6p(Cet  r^v  KcXtix^v  àvb  xriç  16epiac.  —  Silius  Italicus  dit  aussi  dans  son  lan- 
gage plus  poétique  qu'exaa  (III,  417-419)  : 

«  P^raie  celsa  nimbosi  verticis  arce 

Divisos  Celtts  late  prorpectat  Iberos 

Atque  aeterna  tenet  magnis  divortia  terris  », 
etPolybe:  icp6;  twv  Dupecvaicov  dp(iûv  &  diopCCet  toOc  'I6Y)pac  xai  KeXTouç  (III,  xxxa, 
4).  Eustathe,  dans  son  commentaire  au  v,  338  de  Denys-le-Périégéte  [Geoer,  min.  de 
Didot,  II,  p.  277)  dit  la  même  chose;  mau  il  est  de  notoriété  que  la  Ceitibérie,  qui 
correspond  à  l'Aragon  et  à  la  Catalogne,  devait  son  nom  même  au  mélange  des  Celtes  et 
des  Ibères  et  personne  n'i^ore  d'autre  part  que  les  Ibères  étaient  établis  dans  la  Gas- 
cogne et  dans  le  Roussillon  :  Elimberris  est  le  nom  ancien,  et  certainement  Ibérien 
d'Auch,  et  tllibtris  celui  d'Elne  {Helena  étant  une  appellation  romaine  et  presque  chré- 
tienne qm  date  des  fils  de  Constantin). 

1.  Plme  appelle  de  même  Pyrenaei  juga  les  montagnes  de  l'intérieur  de  TEspagne  : 
IV,  zxziv  (xz),  I  ;  cependant  il  distingue,  dans  un  autre  passage,  le  Solorius  mons  et  les 
juga  Oretana  et  Carpetana  :  III,  11,  2. 

2.  C.  Roswag,  Les  métaux  précieux  considérés  au  point  de  vue  économique.  Paris,  1865, 
in-8,  p.  59. 


à  Pipoque  Romaine.  29 

au  contraire  très-riches  et  leur  exploitation  par  les  Phéniciens  nous  est 
attestée  par  Strabon,  dont  le  texte  parait  concorder  d'ailleurs  avec  celui 
de  Diodore,  sauf  en  ce  qui  regarde  la  situation  géographique  de  ces 
mines  :  Strabon  cite  à  cet  égard  le  témoignage  de  Posidonius  ' .  Les 
Pyrénées  produisaient  du  buis  (Plin.,  XVI,  xxviii  (xvi),  2)  et  leurs  eaux 
thermales  sont  vantées  par  Pline  (XXXI,  11,  i).  Quant  à  l'étymologie 
grecque»  icup,  feu^  on  est  édifié  aujourd'hui  sur  sa  valeur,  comme  sur 
celle  de  la  plupart  des  anciennes  étymologies  géographiques.  La  sage 
réserve  dont  M.  Gaidoz  nous  donne  ici  même  l'exemple  >  nous  avertit 
de  nous  défier  de  fiyri/i,  Bryn,  qui  signifierait  montagne,  et  que  Forbi- 
ger  )  nous  propose^  après  Astruc  4,  comme  origine  du  nom  des  Pyrénées. 
La  neige  et  les  lacs  glacés  de  ces  montagnes  ont  été  chantés  par  Lucain 
(IV,  8J-87),  mentionnés  par  Festus  Aviennus  J  et  par  Ausone^. 

Les  Romains  ont  connu  plusieurs  passages  dans  les  Pyrénées  ;  trois, 
entre  autres,  ont  été  rendus  plus  accessibles  par  la  création  de  voies 
romaines  : 

1*  Celui  de  Barcino  (Barcelone)  à  Narbo-Martius  (Narbonne),  par 
Genmda  (Girone)  et  Ad  Pyreneum  (col  de  Pertus)  7  ;  c'est  aujourd'hui  la 
route  de  Perpignan  à  Barcelone  par  le  Boulou,  la  Junquera  et  Figueras; 
c'était  de  beaucoup  la  plus  fréquentée  dans  les  temps  anciens,  et  c'est 
certainement  ce  col  que  franchit  Hannibal  (Polyb.,  III,  xl,  i),  ce  qui  le 
conduisit  directement  à  Illiberis  (Elne)  dont  il  fit  le  siège  (Tite-Live,  XXI, 
24).  Strabon  nous  explique  parfaitement  que  le  chemin  d'Italie  en 
Espagne  s'écartait  de  la  mer  pour  gravir  les  Pyrénées  au  point  où  se 
voyaient  les  Trophées  de  Pompée  et  qu'en  le  suivant  depuis  Tarragone  on 
traversait  le  Campus  Juncarius  dont  Junquera  rappelle  certainement  le 
nom  ancien  ^  ;  on  sait  qu'il  n'y  a  pas  de  passage  possible  à  l'est  du  col 
de  Pertus,  le  cap  Creus,  autrefois  Pyrenaeum  promontorium  9,  s'avan- 

1.  III,  II,  5,  8  et  9  ;  —  cf.  Arutote  {De  Mir,  ausc,  88  p.  11  $7),  qui  raconte  la  même 
chose.  Ce  n'est  pas  dans  les  Pyrénées,  comme  semble  le  croire  Forbiger  (III,  p.  8)  que  se 
trouvaient  les  mines  d'or,  d'argent,  de  fer  et  de  plomb  dont  parle  Pline  (IV,  xxxiv  (xx),  4), 
car  cet  écrivain  désigne  clairement  ici  l'Espagne  à  partir  des  Pyrénées  et  non  la  région 
des  Pyrénées  :  «  omnis(|ue  dicta  regio  (id  est  Hispania)  a  Pyrenaeo  metallis  refota  auri, 
argent!,  ferri,  plumbi  nigri  albique  ». 

2.  Rewue  celtique,  t.  II,  p.  ) $5  et  suiv. 

).  Handb.  der  alten  Geogr,,  III,  p.  7,  note  22. 

4.  Hist.  natur,  du  Latigueaoc,  III,  2. 

5.  a  Iode  Pyrenaei  turgescunt  dorsa  nivalis  »,  Descript.  Orb.,  421. 

6.  Il  emploie  deux  fois  cette  épithéte  de  ninguida  en  parlant  des  Pyrénées  ;  voV.  plus 
haut. 

7.  Itin.  Anton,,  p.  390  ;  Table  de  Peutingefy  Segm.  I,  A,  2,  p.  80.  —  Vases  Apolli" 
nairesy  etc. 

8.  III,  IV,  9  et  cf.  7  pour  les  Trophées  de  Pompée  ;  cf.  aussi  Pline,  VII,  ixvii  (zzvi), 
i-4;XXXVII,  VI  (i),  3. 

9.  Mêla,  11,  6;  —  Pline,  IV,  xzziv  (ix),  i. 


30  L'Orographie  de  la  Gaule 

çam  dans  la  mer  et  y  projetant  ses  rochers  (Polyb.,  III,  xxxix,  i). 

2^  Le  second  passage  frayé  par  les  voies  romaines  donnait  accès  à  la 
route  de  Caesar-Augusta  (Zaragoza,  Saragosse)  à  Iluro  (Oléron)^  par 
Jaca  (dont  le  nom  s'est  conservé  sans  changement)  et  le  col  de  Sainte- 
Christine,  ou  Port-Cantran  (1644  mètres),  un  peu  au  sud-est  du  Pic- 
du-Midi,  port  ou  passage  qui  représente  le  [In]  Summo  Pyreneo  de 
l'Itinéraire  d'Antonin. 

3*  La  route  de  Pompelone  (Pamplona,  Pampelune)  aux  Aquae  Tarbel- 
licae  (Dax),  par  le  Summum  Pyrenaeum  [Roncevaux,  1068  mètres), 
Vimum  Pyrenaeum  (Saint-Jean-Pied-de-Port)  et  Carasa  (Garris)  :  c'est  la 
célèbre  vallée  de  Roncevaux  ^  Mais  il  est  indubitable  que  d'autres  pas- 
sages ont  été  suivis  par  les  anciens  à  travers  les  Pyrénées  et  même  que 
d'autres  routes  y  ont  été  pratiquées,  ne  fût-ce  qu'au  bord  de  la  mer, 
entre  les  positions  modernes  de  Saint-Sébastien  et  de  Bayonne,  par  les 
points  où  passe  le  chemin  de  fer  ;  et  aux  sources  de  la  Garonne  dans  le 
val  d'Arran  ;  c'est  évidemment  par  ce  dernier  col  que  vinrent  les  peuples 
chassés  d'Espagne  qui  fondèrent  Convenae  Lugdunum-Convenarum  (Saint- 
Bertrand-de-Comminges)  >. 

Ernest  Desjardins. 

1.  Itin,  Anton.,  p.  45$. 

2.  Saint-Jérôme^  Aaversus  Vigilantium,  p.  281  (Dom  Bouquet,  I  p.  744). 


ON 

THE   CELTIC   COMPARISONS 

IN  BOPP'S  COMPARATIVE  GRAMMAR  K 


The  Celtic  words  —  genuine  or  fabricated  —  noliced  in  Bopp's  Com- 
parative Grammar  are  seventy-five  in  number.  Of  thèse  twelve  are  cited 
eilher  for  the  ending  or  for  ihe  ireatraent  of  the  terminal  letter  of  conso- 
nanial  stems.  Thèse  are  :  — 

Ir.  athair  'father/  Z.  262  :  retains  the  r  of  the  stem  : 
brathair  (leg.  brdthair)  *brother/  Z.  262.  Same  remark  : 
comharsa  'neighbour,'  gen.  comharsan,  the  modem  îorm  of  comarse  : 

is  dia  mo-chomarse  *God  is  my  neighbour,'  LU.  i6b  : 
geallamhuin^  gen.  geallamhna  'promising'  :  a  stem  iurmani,  Z.  277  : 
geanmhuin,  ginmhuin  'engendering'  ;  ditto  : 
geineamhuin  *birth'  [geinemhain,  gl.  generacio)  H.  2.  13  : 
guala  'shoulder/  gen.  gualann^  Z.  264  : 
leanamhain,  leanmhuin  'fol^wing*  :  a  stem  in  mani  : 
maîhair  (leg.  mdthair)^  'mother,'  Z.  262  :  retains  the  r  of  the  stem  : 
naoidhe  'child/  'gen.  naoidhin,'  0.  Ir.  nôidiu,  gen.  nôiden,  Z.  264, 

265  : 
oUamk  'princeps  poetarum,'  gen.  ollamhan  :  a  stem  in  /t,  Z.  264  : 
scramhain  ^séparation/  a  stem  in  -mani. 

Ten  seem  fabrications  or  blunders  of  O'Reilly,  Shaw  or  other  Gaelic 
lexicographers,  namely  :  — 

Ir.  aisk,  I-  89,  'request.'  This  is  Shaw's  aisg  'petitîo.*  But  there  is 
no  such  Word.  The  word  meant  is  ascid  or  aiscidh  s.  f.,  which 
has  probably  lost  initial  r*.  It  occurs  in  O^Don.  Gr.  106  :  ni 

1.  Vergleichende  Grammatik...  von  Franz  Bopp,  zweite  Ausgabe,  Berlin,  1857-1861. 
Grammaire  comparée  des  langues  indo-européennes,  par  M.   François  Bopp,  traduite 

SUT  la  deuiième  éclition  par  M.  Michel  Bréal,  Paris,  1 866-1 872. 
Francis  Meunier.  Registre  détaillé,  Paris,  1874. 

2.  The  initial  vowel  forbidsus  toconnect  ascid  with  Skr.  icha  ex  iskâ,  the  European 
fonn  of  which  b  aiskâ,  Fick  2,  511. 


)2  On  the  Celtic  ComparUons 

h-^iscidh  carad  ar  charaid^  and  in  LU.  41a  (Rev.  Celt.  II.  88)  : 
tttcad  disi  ind  ascidsin  ('that  request  was  granted  to  her').  Cognate 
with  this  is  toise  ^voluntas'  [=*do[v)anscî\  and  both  beiong  to 
the  Skr.  vânchl,  OHG.  wunsCy  Eng.  wish  : 

beasach  M'adjectif  beasach  signifie  éclat,'  I.  267  >,  where  it  is  con- 
nected  with  Skr.  bhâs  'briller.'  There  is  no  such  word.  Bésack 
(now  written  beasach  or  beusach)  is  a  derivative  from  bis  'mos/ 
and  roeans  'moral,'  'modest,'  'well-behaved.'  It  can  hâve  nothing 
to  do  with  bhâs,  The  Ir.  bôtt  'fire/  Corm.  Tr.  52,  may  come 
from  this  root  : 

galleamhain  'offense.'  I  know  of  no  such  word  except  in  O'Reilly  : 

gnia,  gnic  'connaissance^' g/70  'ingénieux^' I.  259.  I  doubt  if  there  is 
any  such  word  as  g/zm  ^connaissance.' O'Reilly  doubtless  dtes 
it  from  O'Clery^  who  h^s gniaaithne.  cia  dognia  .i.  cla  doaithéonta^ 
whence  it  would  seem  to  be  a  verbal  form.  As  to  gnic  I  know  it 
only  from  O'Reilly  and  Lhuyd.  As  to  gno  (leg.  gn6)  it  means 
'remarquable,'  not  'ingénieux'  : 

logha  'brillant,'  I.  58.  This  is  from  O'Reilly,  but  I  know  of  no 
such  word.  Perhaps  lâche  'lightning'  (gen.  Ibchet]  gave  rise  to 
this  forgery  : 

ollamhain  'instruction.'  This  is  from  O'Reilly.  I  hâve  never  met  it; 
except  as  the  dat.  or  ace.  sg.  or  nom.  pi.  of  the  /z-stem  ollamh  'chief- 
poet'  : 

ruai/i 'force,' 'valeur,' et  comme  adjectif 'fort,'  'vaillant,'  IV.  291/1., 
where  it  is  connected  with  Skr.  ruh  'grandir'  for  rudh,  This  may 
be  right  as  to  the  adjective  ruadh,  which  O'Clery  explains  bjtrén 
no  Ididir.  But  (though  it  occurs  in  O'Reilly)  I  know  of  no  such 
substantive  as  ruadh  'force,'  'valeur'  : 

rud  'wood.'  From  O'Reilly,  who  gives  a  gloss,  '.i.  coill  no  fidh^* 
found  nowhere  else,  so  iar  as  I  know  : 

ruigheanas  'éclat,'  connected  by  Bopp  with  Skr.  râj.  This  also  is 
unbelegty  and  is  almost  ccrtainly  a  forgery  or  a  blunder.  (Can  it 
be  =  ro-genas  'great  chastity'  ?)  : 

There  remain  fifty-three,  of  which  the  foUowing  twenty-four  are  (I 
venture  to  think)  wrongly  compared  :  — 

Ir.  am  'time,'  W.  amser^  Br.  amier^  Vergl.  Gr.  i.  492  ;  I  cannot 
find  it  in  the  French  version,  II.  77,  80,  to  which  the  index  refers 

I.  Here  as  elsewhere,  I  cite  from  M.  Bréal's  translation. 


in  Bopp's  Comparative  Grammar.  3  3 

one.  Bopp  compares  the  Skr.  amasa  ^tempus'  :  but  the  hardness 
of  the  m  in  the  Celtic  words  (which  are  genuine)  points  either  to 
the  root  AMB  ambati  'gehen/  which  however  is  not  belegt,  or  to 
the  root  AG,  through  the  form  ^a^n-^g-va,  cognate  with  the 
Oscan  angetuzet,  angit  : 

anal  *breath/  IV.  299/1,  is  compared  with  the  Skr.  anila  'wind.^The 
Irish  Word  meant  is  âni/  =  W.  anadl,  an  0.  Celt.  *anatlo,  which 
is  only  radically  connected  with  anila  : 

anochd  'noctu,'  *hàc  nocte/  II.  JJ}.  *Here/saysBopp,  ^a  est  em- 
ployé comme  thème  démonstratif.'  But  a-nochd  is  a  mère  modem 
corruption  of  the  0.  Ir.  in-nocht^  Z.  609,  where  in  for  inn  isthe 
ace.  sg.  masc.  or  fem.  of  the  article,  of  which  the  stem  is  sinda  : 

arasaim  'j'  habite,'  I.  59.  Bopp  compares  the  Skr.  à-vasàmiy  assu- 
ming  a  change  of  v  to  r.  But  this  is  impossible  in  Irish.  I  hâve 
never  met  with  arasaim  except  in  O'Reilly's  Dictionary.  If  it  be 
a  genuine  word,  it  is  a  denominative  from  aros  *a  dwelling'  (=  W. 
araws  'a  staying')  which  seems  compounded  of  the  préposition  ar 
and  foss  =  vastu,  Curtius  No.  206  : 

as  'hors  de,'  IV.  394/7^  is  compared  with  the  Skr.  adverb  avis 
*offenbar,'  Wor  augen.'  But  terminal  s  is  never  preserved  in 
Irish.  As-  (which  is  only  found  combined  with  the  article  and 
pronouns  or  in  composition)  is  «  Lat.  éx,  Gr.  àÇ  :  and  (like 
ilJLçaXbç,  umbilicus,  imbliu  :  cvuÇ,  unguis,  inge)  may  be  quoted  as 
a  relie  of  the  Graeco-italo-celtic  unity  : 

beosaighim  *j'ome,'  *j'embellis',  I.  266,  where  it  is  compared  with 
Skr.  bhûshayâmi.  As  s  between  vowels  disappears  in  Irish,  this 
comparison  must  be  wrong.  I  hâve  not  met  with  beosaighim  except 
in  O'Reilly's  Dictionary  : 

bhus  'il  sera^'  III.  ^oi ,  when  it  is  compared  with  the  Lith.  bus,  Skr. 
bfiavishyati.  But  Ir.  bhus  means  ^qui  sera,'  and  isthe  modem  }d. 
sg.  relative  future,  the  Old-Irish  bes,  Z3.498.  Compare  Keating 
cited  in  O'Don.  Gr.  161,  oir  as  tu  bhus  aoin-bhean  damhsa  ôso 
amach  'car  c'est  toi  qui  seras  ma  seule  femme  dorénavant,'  in 
Old-Irish  air  istu  bes-àenben  damsa  ôso  immach.  Whatever  may 
be  the  s  in  bhus,  it  can  hâve  nothing  to  do  with  the  s  in  bus  or 
the  sh  in  bhavishyati  : 

bleachd  Mait',  I.  285,  is  explained  as  from  bo-leachd  (bo^  leg.  bà 
' vachel .  But  hère,  as  in  blith  and  other  Irish  words,  bl  is  from  m/, 
and  bleachd  is  from  mlecht  (cf.  bo-mlacht,  Corm.  T.)  and  cognate 
with  à'\d\'^(ù^  etc.  : 

Rev,  Celt,  lit  3 


)4  On  the  Cehic  Comparisons 

bri  'parole/  IV.  276,  note  4.  This  should  be  bri.  Bopp  connects  it 
with  the  Skr.  root  BRU  'parler';  but  the  voweis  do  not  agrée; 
and  brlf  like  briathar^  is  cognate  with  Fptj-jjuz,  FpTJ-aiç,  Ppifj-xpa  : 

caCj  cacach,  cachaim,  seachraith,  I.  35 1,  are  compared  with  Lat. 
caco,  etc.  The  first  three  words  would  be  better  spelt  cacc, 
caccachy  cauaim  ;  cf.  W.  cach,  cacha,  where  ch  =  ce.  As  to 
seachraith  or  sechraid  (i.  salchar  'filth,'  O'Cl.^  O'Dav.  1 16)  it  has 
obviously  nothing  to  do  with  the  other  words,  and  seems  a  deri- 
vative  firom  the  préposition  sech  ; 

dasachd  'férocité/  'courage/  I.  150,  iv.  269  (0.  Ir.  ddsacht)  is 
connected  with  Opaoùç,  Skr.  root  DHARSH  'audere.'  But  this  is 
impossible.  R  never  is  lost  in  Celtic.  Ddsacht  properly  means 
'insania^'  Z^.  805.  Its  etymology  is  quite  obscure  : 

diagh^  deich  'dix'  are  equated  with  daçam,  decem,  I.  52.  Hère  diagh 
is  a  mistake  for  déag  =0.  Ir.  déac  'ten/  a  dissyllable,  the  etymo- 
logy of  which  has  not  been  explained.  It  is  used  as  the  absolute 
form  of  the  numéral,  while  deich  is  used  with  substantives  : 

deanaim  (leg.  déanaim),  vide  infra  p.  37,  s.  v.  dan  : 

dear  'fille/  I,  333,  is  quoted  as  an  example  of  the  préservation  of 
the  final  r  of  the  thème.  This  is  very  unlikely.  TheOld-Irish  form 
der  occurs  in  Cormac's  Glossary^  s.  v.  aindery  and  in  the  Lebar 
Brecc  85  :  petronilla  der  petair  'S.  Pétri  filia.'  So  in  numerous 
women's  names;  Der-inillf  LB.  17^,  22fl,  Der-mor  lyd,  Der- 
chartaind  \()Cy  Der4ir  22a.  Der  may  perhaps  bethe  Neo-Celtic 
reflex  of  the  Gr.  OiXoç,  which  in  Homer  always  means  'stripling.' 
It  cannot  possibly  be  (as  Bopp  supposes)  =  Suyati^p,  duhitây  etc.  : 

fiafruighim  ^je  demande',  I.  268,  is  connected  with  Skr.  prchasi  'tu 
demandes/  and  Bopp  says  it  appears  to  contain  a  reduplicative 
syllable.  Here^  as  oftenin  modem  Irish  (and  modem  Ireland), 
appearances  are  deceptive,  for  the  Old-Irish  form  is  iar-faigim, 
Hence  we  see  that  the  6rst  f  in  f-iafraighim  is  only  prosthetic,  that 
the  r  has  undergone  metathesis,  and  that  the  root^  instead  of  being 
(as  Bopp  supposes)  PARSK,  is  VAK  : 

grith  'cri/  I.  264,  is  connected  by  Bopp  with  Goth.  grita.  He  is 
possibly  right  if  we  assume  that  in  Old-Celtic  there  was  a  nasa- 
lised  root  GRA-N-D  =  Skr.  hràd  'tœnen'  (see  infra  s.  v.  nada). 
It  seems  more  likely  that  grith  (=  W.  gryd)  descends  from 
*gariti,  a  derivative  from  the  root  CAR,  whence  T*5pwîi  OHG. 
kirru,  etc.,  Curtius  No.  133  : 

mile  (leg.  mile),  W.  mil,  'a  thousand/  II.  243,  is  treated  as  a 


f A  Bopp^s  Comparative  Crammar.  3  5 

loanword  froin  Lat.  mille,  But^  first,  the  quanthies  of  the  penults 
differ:  secondly,  in  Latin  loanwords  //  is  represented  by  //  (cf.  cella 
'cell'),  and,  lastly,  the  genders  differ,  for  mile  is  a  fem.  i^-stem  : 

piuthair  'sœur/ 1. 3 )  ;,  is  stated  to  befor  spiuthair(piustliar,  II.  323) 
'avec  endurcissement  du  y  en  />,  comme  dans  speur  'cieP  qui 
répond  au  sanscrit  svar.*  So  far  as  concems  piuthair  this  is  right 
(rf.  paadh  À.  tart  *thirst',  root  svas,  whence  Skr.  çvasimi  *spîro'); 
but  speur  or  spiir  (gen.  spére,  O'Don.  1 1)  is  a  loan  from  sphaera 
(cselestis).  Piuthair  is  still  living  in  Scotland,  but  in  Ireland  I  hâve 
only  met  vnih  it  in  the  gen.  sg.  in  the  following  extract  from 
LU.  59^  :  Cùi  th-ainm-seo  ol'<onchobar,  Setanta  mac  suabaim 
atomchomnaicse  7  mac  dechtere  do^phethar-su  '  What  is  thy  name  ?' 
says  Conchobar.  'Setanta,  son  of  Sualtam,  am  I,  and  son  of 
Dechter,  thy  sister'  : 

raidim  'je  dis,'  I.  59/1,  is  put  with  OHG.  far-wâzu  'maledico'  and 
Skr.  vad.  This  is  obviously  wrong  :  y  never  becomes  r  in  Irish. 
Raidim  (rectè  rdidhim)  is  the  O.  Ir.  -rddiu  or  -rdidiu,  Fél.  Ep.  358, 
and  is  =  the  Goth.  rodja  (rodjan  XaXeïv,  Xé^eiv,  etc.)  : 

roid  'race'  (rectè  ^ course^)  is  connected,  I.  266,  with  Skr.  ru^ 'venant 
de  rudh  grandir.'  As  this  connection  is  obviously  due  to  Bopp's 
having  taken  O'Reiily's  'race'  to  mean  'genus,'  'progenies,> 
whereas  it  means  'cursus,'  nothing  more  need  be  said  on  the 
sabject  save  that  raid  and  O'Davoren's  ruitech  .i.  rith  may  come 
from  a  root  RAS^  Fick>.  842  : 

seasamh  'se  tenir  debout',  IV,  205.  Bopp  séparâtes  seasamh  thus  : 
^seas-éHnhfVa  est  la  voyelle  caractéristique,  le  mh  est  probablement 
un  reste  de  -mhuin.^  This  is  ail  wrong.  Seasamh  (=  0.  Ir.  sessam) 
is  a  reduplicated  form,  and  stands  for  "se-stam-^,  aderivative  from 
the  eztended  root  STAM  (STA,  Skr.  sthA)^  whence  Ir.  samaigim 
^pono^'  W.  sefylly  safiad,  Br.  seudl  : 

smigeadh  'le  sourire,'  I.  261.  Bopp  compares  this  with  Skr.  smayati 
'il  rit'  and  says  'le  j  est  endurci  en  gJ  This  can  hardly  be,  as 
smigeadh  (with  its  hard  ^)  points  to  an  O.  Ir.  smicedy  cognate 
perhaps  with  the  English  smirk  : 

speur^  vide  supra  s.  v.  piuthair  : 

staighre  'pas,'  'degré',  I.  265,  is  connected  with  the  root  STICH 
'monter,'  Greek  ortx*  But  stéghre  is  a  loanword  from  the  Eng. 
stairj  A.  S.  stàger,  stegfier.  The  st  in  anlaut  in  Irish  either  loses 
s  or  assimilâtes  I.  The  root  STIGH  appears  as  tiagu,  <rretx<i>i 
Curtius  No.  1 77  : 


^6  On  the  Celtic  Comparisons 

Bopp  also  notices  the  following  British  words  :  — 
cais  'contentio/  *labor,'  I.  34,  he  connects  with  Lat.  qusro,  for 
quaso,  and  Skr.  cesht.  But  cais  means  *conamen,'  'tentative'  (rhoi 
cais  ar  beth  'to  make  an  attempt  on  a  thing'}  Davies  : 
danhezu  ^mordre'  (rectè  dannheddu)  is  connected  bj  Bopp,  I.  62, 
with  Saxvu),  lacerOy  Goth.  tahja.  But  it  cornes  from  *danteduj  and 
is  cognate  with  i^ouç,  dens  and  îunth-u-s^  Curtius  No.  289  : 
nadu  'crier/  III.  538,  where  it  is  connected  with  Skr.  nad,  nàna- 
daii,  'ils  résonnent.'  The  Ir.  nath  [taithmet  fiadat  ferr  cech  naîh 
'commémoration  of  God  is  better  than  any  naih^'^  some  kind  of 
poero,  Br.  94),  seems  cognate  with  W.  nadu,  nàd  'sonus^'  'stre- 
pitus/  'clamor.'  As  nadu  ('sonare/  'strepere,'  'clamare,'  Davies) 
points  to  an  Old-Welsh  *natu,  it  cannot  be  right  to  refer  thèse 
Celtic  words  directiy  to  the  unnasalised  nad,  Curtius  No.  2876. 
But  possibiy  Bopp  meant  to  deduce  them  from  an  Old-Celtic  root 
nand  =  the  Skr.  fréquentative  nânad  'to  roar.'  Compare  0.  W. 
i-straty  Ir.  sraîh  with  Eng.  strand  (Rhys,  Rev.  Celt.  II.  190).  So 
perhaps 

Ir.  àth  'vadum',  ex  *(v)<a-n-4u,  root  VADH,  Fick*  396  : 

Ir.  flaith  'dorainium',  ex  ^vla-n^di  (cf.  valdan  etc.)  : 

Ir.  luath  'celer',  ex  *plu-n'da,  root  plud,  Fick*  532  : 

Ir.  maitli  'good'  ex  "mandi.  root  MAND,  Fick  145  : 

Ir.  lith  *stone'  i  ('jewel'  O'R.)  Corm.  s.  v.  adba  othnoe  = 

*pUnda,  Fick  5  377,  whence  luXfvÔoçandJîwr,  and 
Ir.  grith  *cry,'  W.  gryd  ex  *grandi  :  cf.  Lat.  grando^  Goth. 
grêtaj  Skr.  hrâd,  Curtius  No.  181. 
The  etymology  of  ail  thèse  Celtic  words  is  still  highiy  uncertain  : 
tyvu  'croître,'  II.  çn.  (leg.  tyfu)  is  compared  with  Vedic  tavisha  'fort, 
tavishî  'force.'  But  this  is  impossible,  as  the  v  would  hâve  been 
vocalised.  Tyfu,  like  twf,  tyfiad  and  ty fiant  'incrementum,'  seems 
cognate  with  Lat.  tumeo,  root  TU,  Curtius  No.  247. 

The  rest  of  the  words  are  rightiy  compared  :  — 

a  'ejus/  a-n  'eorum,'  II.  334.  Of  thèse  pronouns  Bopp  equates  a 
'his'  with  Skr.  asya,  and  a  'her'  with  Skr.  asyàs,  'dont  le  $  final 
est  joint  en  Irlandais,  sous  la  forme  d'un  h,  au  mot  suivant,  si 
celui-<:i  commence  par  une  voyelle  ;  (e.  g.,  a  hathair  'ejus  (au 
féminin]  pater,'  pour  ah  athér.'  But  this  h  appears  only  in 
Middle-Irish  MSS.  In  the  Old-Irish  a-altram-si  'nutritionem  ejus, 
mulieris,'  Z>.  337,  it  does  not  appear  at  ail,  and  in  tria  h-^ssUrge- 


in  Bopp's  Comparative  Grammar.  37 

som  'per  resurrectionem  ejus,  Christi/  ît  occurs  after  the  mascu- 
line form.  It  is  however  worth  notidng  that  in  Welsh  (not  in 
Comish  nor  in  Breton)  ^si  secuntur  vocales,  h  praemittitur  post 
pronomen  [possessivum]  femininum,  abest  post  masculinum.'Z'. 
}86.  Thus,  in  Old-Welsh  hi  h^ataned  'her  wings'gl.  Ox.,  Ovid's 
Ars  Amatoria,  but  /  anu  ^his  name,'  MC.  1 1 ,  a.  b  : 

cluas  'oreille',  I.  261.  is  rightly  connectée!  with  çruy  xXu,  du  : 

con,  conay  I. }  J  3.  The  former  word  is  the  gen.  oicu  (not eu)  *hound'; 
the  latter,  the  ace.  pi.  of  the  same  noun  : 

creanaim  'j'achète,'  W.  pyrnu,  IV.  237  note,  is  rightly  compared 
with  Skr.  krlnâmi.  See  further  comparisons  by  Windisch,  Beitr. 
VIII.  58,  where,  however,  perchenokyon  'possessores,'  Com.per- 
henek  'possessor/  should  be  connected  rather  with  Lith.  perkù 
'kaufe'  ; 

cru.  The  index  to  the  French  translation  refers  to  I.  167.  The  word, 
however,  is  not  to  be  found  there.  In  the  German  édition,  I. 
92,  i,  Bopp  rightly  connects  cru  (leg.  crû)  'blood,'  W.  crau 
with  0.  Slav.  kruvi^  Skr.  kravya-m.  See  Curtius  No.  74  : 

dagfiaim  'je  brûle'  is  (at  I.  38  and  III.  418),  rightly  equated  with 
Skr.  dahâmi.  But  at  III.  1 34,  where  Bopp  equates  daghamaid  or 
daghamaoid  'nous  brûlons'  with  dahàmahe^  he  falls  into  serious 
error  from  not  knowing  the  Old-Irish  form  of  the  modem  suffix 
-maoid.  This  is  mi-ty  which  cannot  possibly  be  the  same  as-mahe 
ftom  -madhe^  Gr.  pLeÔa  : 

dan  'œuvre,'  I.  259  [dan  .i.  obair^  Leb.  Lecain  Vocab.  No.  446), 
and  deanaim,  leg.  déanaim  (0.  Ir.  dénim)  'facio,'  are  rightly  con- 
neaed  with  Skr.  dhâ^  Os,  etc.  See  Curtius  No.  309  : 

dearbh  'certain,'  IV.  47  [bh  for  v)  is  equated  with  OHG.  triu,  now 
treu.  This  seems  perfectly  right.  (The  0.  Ir.  derbb,  with  hard  fc, 
is  the  Goth.  triggvs).  I  would  add  0.  Ir.  drui  (a  d-stem),  W. 
derwydd,  and  the  Old-Celtic  druis^  gen.  *druidos^  which  means 
merely  soothsBjer^  wahr-sager,  and  has  nothing  to  do  with  Spuç. 
The  Ir.  adj.  dron  (=  "dru-na)  .i.  direach^  O'Cl.,  belongs  to  the 
same  root  : 

eiUy  I.  58,  is  rightly  equated  with  'alius,'  oXXoç.  The  older  form 
is  aile  : 

fasaim  'je  croîs,'  I.  236,  iv.  49,  is  put  with  the  Skr.  vakshâmi,  The 
Irish  word  meant  is  fdsaim^  where  the/  is  prosthetic,  as  we  see 
from  the  0.  Ir.  dsaimm^  which  has  lost  initial  y  :  * 

fasamhuil  (leg.  fdsamhuit)  'crescens',  IV.  49,  is  rightly  explained  as 


)8  Onthe  CMc  Comparisons 

fds'dmhttUj  the  latter  part  of  the  word  sîgnifying  'semblable'  {fds 

'growth/  O'D.  Gr.  98)  : 
feadhâim  ^je  rapporte/  III.  76  (where  it  is  tai$pnnt&i  feadhdm)  is 

connected  wiài  Skr.  vad  ^parler.'  I  do  not  know  the  Irish  word 

given  by  Bopp.  O'Reiily  bas  feadaim^  Lhuyd  feadam  : 
fearamhuil  ^semblable  à  un  homme/  IV.  49,  is  rightly  explained  as 

a  compound  of  fear  =  vir  and  amhml  =  similis  : 
garaim  ^j'échauffe/  I.  47.  This  verb  (in  O.  Irish  gOToim^  gmrim)  is 

hère  rightly  connected  with  Skr.  ghat-ma^  Russian  gorlu  ^je 

brûle'  : 
genteoir  (leg.  genteôir)  ==  Lat.  genitor^  I.  ^34.  This  word,  if  it  really 

exist  (I  know  it  only  in  O'Reiily  and  Lhuyd),  must  be  'a  masc. 

î-stem,  and  is  therefore  wrongly  quoted  by  Bopp  as  preserving 

the  final  r  of  the  base  : 
gradh  ^amour,'  charité,'  I.  1 50  n.  is  connected  with  the  Skr.  root 

CARDHj  the  Goth.  gairnja^  the  Eng.  greedy.  This  may  be  so  : 
graidheag  (leg.  grdidheag  =  Ir.  grdidheég)  'femme  aimée,'  I.  156. 

This  is  a  Highland  derivative  from  grâdh^  vide  supra  : 
gtts  ^désir,'  I.  265  is  rightly  connected  with  Goth.  kiis  ^choisir.'  It 

stands  for  ^gus-tu. 
macamh  ^garçon,'  and  mag  (leg.  mac)  ^fils'  are  connected  by  Bopp, 

II.  2  50,  with  the  Skr.  root  MACH  'croître,'  Goth.  magus  'garçon,' 

mavei  'fille,'  magath  'virgo.'  Thèse  comparisons  seem  quiteright. 

The  Indo-European  speech  had  apparendy  a  root  meaning  'to 

increase'  in  two  forms,  —  the  primary  one  MAGH  whence  Skr. 

mâ/z,  and  the  nasalised  MANGH^  Skr.  manh^  W.  magu.  From  the 

former  come  Ir.  mug  'servus',  Corn,  maw  =r  Goth.  magus^  and 

Goth.  ma{g)vei  and  magath  :  frqm  the  latter,  Ir.  macc  'fiUus',  W. 

map.  Ir.  mang  'fawn'.  The  oghamic  *maqo  is  =  mac-va^  mang-va  : 
mitiy  mion  'petit,'  II.  212,  is  rightly  connected  with  Lat.  minor^  etc. 

The  Irish  word  is  min  (Corn,  muin^  Br.  moa/z,  Z>.  99).  It  occurs 

often  in  composition,  e.  g.  min-chasc  'Low-Sunday,'  'Pascha 

minor,'  mln-<ethra  'menu  bétail/  S.  M.,  I.  190: 
Tuaidneach  'cheveu,'  I.  266,  where  it  is  connected  with  the  Skr. 

root  RUH  from  RUDH  'grandir.'  The  word  intended  is  ruainne 

{ruainne  im  a  fiacail^  S.  M.  I.  174,  ruaindi  gl.  pilus,  Ir.  Gl.  No. 

463).  The  etymology  is  obscure  : 
samhttU  'semblable,'  IV.  49,  is  rightly  put  with  Skr.  sama,  Gr.  6(jb^, 
•   Lat.  similis  : 
siol  'semence/  siolaim  'je  sème/  III.  2^7,  are  conneaed  with  the 


in  Bopp's  Comparative  Grammar,  39 

Goth.  seths  ^seed'  and  the  Skr.  sAti  'don.'  This  îs  right  enough 
as  to  seth'S  : 
suidiughaim  ^je  place.'  'je  plante,'  saidhim  'je  suis  assis,'  III.  414, 
are  conneaed  with  sAdayâmi  and  saditi,  This  is  rigbt,  but  when 
Bopp  goes  on  to  say  that  in  suidiughaim  (0.  Ir.  suidigim)  'le  gh... 
comme  en  général  dans  les  causatifs  Irlandais,  représente  le  y 
Sanscrit'  he  errs,  for  this  gh  is  for  ch  ;  compare  — 
cuiligim  (gl.  prosto)  with  cuilech  (gl.  prostibulum)  ; 
intonnaigim  (gl.  inundo)  with  tonnach  'undosus'  : 
TU'S-madaigsei  'se  frustrârunt,'  with  madach  gl.  cassa  : 
cumachtaigim  (gl.  potior)  with  cumachtach  'potens  : 
•  dephthigim  'dissideo'  with  debthach  'dissidens.' 
tOTy  iair  'au  delà,  à  travers,  pardessus,'  II.  175,  tri  '  à  travers,  par,' 
IV.  415.  Bopp  compares  thèse  prépositions  (of  which  the  Old- 
Irish  forms  are  tar  and  tri)  with  Lat.  trans  and  Goth.  thair-h. 

Whitley  Stokes. 


LE  CELTIQUE  ET  L'OMBRIEN. 


M.  A.  Fick  croit  que  les  Indo-européens  ne  sont  pas  arrivés  d'Asie 
en  Europe  par  l'Asie-Mineure.  Il  a  tracé  la  route  que  semble  avoir  suivie 
au  nord  de  la  mer  Caspienne  et  du  Pont-Euxin  le  peuple  européen,  quand 
se  séparant  des  Ariens,  restés  en  Asie,  il  alla  chercher  à  l'Occident  de 
nouvelles  demeures  >.  Après  cette  grande  émigration  le  bassin  du  Danube 
parait  avoir  été  le  premier  domicile  d'où  la  race  européenne,  d'abord 
une,  mais  bientôt  subdivisée  en  rameaux  secondaires^  alla  chercher  dans 
les  diverses  régions  de  l'Europe  les  établissements  nouveaux  où  ces 
rameaux  distincts  se  montrent  sous  des  noms  différents  aux  temps  histo- 
riques. Le  haut  Danube  semble  avoir  vu  réunis  sur  ses  rives,  jusqu'à 
une  date  assez  rapprochée  de  nous,  peut-être  jusqu'au  xv*  siècle  avant 
notre  ère,  les  trois  peuples  dont  les  linguistes  ont  désigné  l'unité  primor- 
diale par  le  composé  grico-italo-celte  *. 

Le  plus  ancien  séjour,  historiquement  connu  de  la  race  grecque,  dite 
plus  tard  race  hellénique,  fut  sur  les  bords  de  la  Mer  Adriatique  en 
Epire  ^  C'est  de  là  qu'elle  gagna  d'abord  les  côtes  occidentales  de  la 
mer  Egée,  puis  les  côtes  orientales  de  cette  mer,  c'est-à-dire  l'Asie- 
Mineure,  où  dès  le  temps  d'Homère  le  nom  primitif  de  cette  race, 
Tpaixoç,  Graecusy  était  oublié^  tandis  que  les  Italiens^  ses  premiers  voi- 
sins, l'ont  conservé  jusqu'à  nous  4.  C'est  donc  de  l'ouest  au  sud-est  que 
la  race  grecque  a  voyagé  depuis  sa  séparation  du  tronc  commun. 

1.  Vergleichendes  Wœrterbuch,  2*  édition,  p.  104$  et  suivantes. 

2.  La  race  grecque  était  séparée  du  tronc  commun  et  avait  déjà  atteint  le  Péloponnèse 
sous  le  règne  de  Meneptah,  nis  de  Ramsès  II,  roi  d'Egypte,  c'est-à-dire  au  xiv"  siècle. 
L'établissement  des  Scythes  en  Europe  date  de  l'an  i$o8  avant  notre  ère,  suivant  une 
tradition  rapportée  par  Hérodote,  IV,  7.  Les  conquêtes  des  Scythes  sont  peut-être  la 
cause  qui  força  la  race  grecque  de  se  diriger  vers  le  sud-est.  On  sait  que  les  Scythes 
étaient  des  Iraniens,  c'est-à-dire  appartenaient  à  une  des  deux  familles  entre  les- 
quelles se  divise  le  groupe  asiatique  de  la  race  indo-européenne. 

3.  Aristote,  Meteorologica,  1.  I,  c.  14,  §  21  et  22,  édition  Oidot,  t.  III,  p.  $72  :  cf. 
Marbre  de  Paros,  1.  11,  dans  Didot-Mueller,  Fragmenta  historicorum  gracorum ,  t.  I, 
p.  542,  559.  Il  ne  faut  pas  confondre  les  Grecs  ou  Hellènes  avec  les  Pélasges.  Ces 
derniers  venaient  probablement  d'Asie-Mineure  et  n'étaient  pas  indo-européens. 

4.  Voyez  Hésiode,  fragment  xx,  édition  Didot,  p.  49,  et  une  note  intéressante  de 
M.  Mommsen,  RœmischcGeschichte,  6*  édition^  t.  I,  p.  131. 


Le  Celtique  et  POmbrien.  41 

Le  haut  Danube  est  resté  un  fleuve  celtique  jusqu'à  l'époque  où  ses 
rives  ont  été  englobées  dans  l'empire  romain.  Cependant  la  Gaule  est 
depuis  bien  des  siècles  considérée  comme  le  domaine  par  excellence  de 
la  race  celtique.  Or  Plutarque  nous  a  conservé  un  récit  de  l'invasion  des 
Celtes  dans  cette  contrée  ^  Il  ne  nous  donne  pas  le  nom  de  Thistorien 
d'après  lequel  il  a  reproduit  ce  récit.  Mais  nous  savons  que  cette  invasion 
était  déjà  ancienne  à  l'époque  où  vivait  l'auteur  de  la  description  des  côtes 
occidentales  et  septentrionales  de  l'Espagne,  mise  en  vers  par  Festus 
Avienus,  c'est-à*dire  aux  environs  de  l'an  500  avant  notre  ère,  en  470, 
ou  à  peu  près,  si  Ton  suppose  que  cet  auteur  soit  le  carthaginois 
Himilcon  et  si  l'on  adopte  la  chronologie  de  M.  Charles  MûUer  >.  Cette 
invasion  semble  postérieure  à  Hésiode,  qui  n'a  pas  connu  le  nom  des 
Celtes.  Elle  parait  contemporaine  de  la  grande  puissance  des  Scythes 
(vil*  siècle) ,  peut-être  en  aura-t-elle  été  la  conséquence.  Aussi,  tandis 
que  dès  le  xv^  siècle  avant  notre  ère  la  race  grecque  aurait  quitté  le 
haut  Danube  pour  se  diriger  vers  Test,  la  race  celtique  ne  se  serait  mise 
en  marche  vers  l'Ouest  que  sept  cents  ou  huit  cents  ans  plus  tard,  sept 
cents  ou  six  cents  ans  avant  J.-C. 

La  race  connue  des  linguistes  sous  le  nom  d'Italique  parait  s'être 
séparée  de  la  race  celtique  et  s'être  dirigée  vers  le  sud  après  le  départ  des 
Grecs^  et  bien  avant  que  la  race  celtique  ne  passât  le  Rhin.  La  conquête 
de  l'Italie  du  Nord  et  du  centre  par  celle  des  nations  italiques  qui  fut 
d'abord  la  principale^  par  les  Ombriens,  a  précédé  l'établissement  des 
Etrusques  dans  ce  pays  ',  et  les  Étrusques,  dans  leur  histoire  nationale, 
mettaient  au  plus  tôt  vers  l'an  992  avant  J.-C.,  au  plus  tard  vers  l'an 
974,  le  commencement  de  leur  empire  4.  L'invasion  ombrienne  en  Italie 
parait  même  antérieure  à  l'an  112$,  où  aurait  été  fondée  la  ville 
ombrienne  d'Ameria  $. 


1.  Plotarqae,  Camille^  XV,  1,  édition  Didot,  Vîes^  1. 1,  p.  162. 

2.  Festus  Avienus,  Ora  maritima  vers  150-134,  cf.  vers  19J.  Sur  Tintcrprétation  de 
ces  textes  voir  les  notes  de  M.  Ch.  Mueller  sur  le  vers  338  de  Denys  le  Périéséte, 
Ceographi  Craci  Minores,  t.  II,  p.  123.  Sur  la  date  du  voyage  d'Hannon  qui,  suivant 
Pline,  a  été  contemporain  de  celui  d'Himilcon,  voir  la  dissertation  du  même  M.  Mueller, 
Geographi  Gr^ci  minores^  t.  I,  p.  xix-xxii. 

}.  Hérodote,  1,  94,  6;  Pline,  édition  Teubner-Ianus,  1.  III,  c.  j,  t.  I,  p.  ijj,  1.  lo; 
édition  Littré,  I.  III,  c.  8,  g  i,  t.  I,  p.  162;  Lycophron,  vers  i)5i-i3J9,  édition 
Bachman,  p.  273-274. 

4.  C'est  le  calcul  de  Préret,  Œuvres,  t.  IV,  p.  241-243.  Les  textes  auxquels  Fréret 
renvoie  un  peu  vaguement  sont  les  suivants  :  Censorin,  De  die  natali,  c.  17,  édition 
Teubner-Hultsch,  p.  31-32;  Plutarque,  Sylla,  c.  7,  édition  Didot,  Vies,  t.  1,  p.  544;  les 
trois  premiers  paragraphes  du  fragment  102  de  Dion  Cassius,  édition  Bekker,  t.  I, 
p.  91;  cf.  Varron,  De  lingua  latina,  1.  VI,  c.  11.  M.  Prellcr  a  singulièrement  défiguré  le 
texte  de  Censorin,  Ramische  Mythologie ^  i*  édition,  p.  472,  et  la  traduction  française  a 
reprodnit  religieusement  l'erreur  de  l'auteur  allemand. 

5.  Caton,  Origines^  fr.  49,  ap.   Hennann  Peter,  Historicorum  romanorum  relliquiae^ 


41  U  CMqiu  et  POmbrUn. 

Cependant  la  tradition  italienne,  à  l'époque  de  la  domination  romaine^ 
conservsdt  le  souvenir  du  temps  où  les  Italo-celtes,  vivant  ensemble  au 
nord  des  Alpes,  ne  formaient  qu'un  seul  peuple.  Elle  nous  montre  les 
Ombriens  se  séparant  des  Gaulois  pour  venir  habiter  l'Italie  >. 

Quelques  auteurs  modernes  ont  cru  devoir  conclure  qu'il  y  avait  entre 
les  Ombriens  et  les  Gaulois  une  parenté  plus  intime  que  celle  qui  aurait 
uni  les  Ombriens  au  rameau  latin  de  la  race  italique.  C'est  une  erreur 
évidente  dans  l'état  actuel  des  études  de  linguistique. 

Sans  doute,  l'ombrien  s'accorde  avec  le  gaulois,  le  gallois  et  le  bre- 
ton armoricain,  pour  remplacer  par  p  le  cv  ou  ^ u  primitif  >,  mais  ce 
phénomène,  qui  se  rencontre  aussi  en  zend,  en  grec  3  et  en  valaque4, 
s'est  produit  dans  chacune  de  ces  langues  d'une  manière  indépendante. 
Les  Grecs  ont  changé  le  kv  en  p  après  leur  séparation  de  la  race  italique, 
et  ce  qui  le  prouve  c'est  qu'ils  ont  conservé  des  variantes  dialectales  qui 
échappent  à  cette  loi  :  Txxoç  à  côté  i^TKoq,  xou  à  côté  de  icoO,  x^Oev  à 
côté  de  ic66€V,  nJaç  à  côté  de  icâç,  Skxoç  à  côté  d'St|^iç,  ichatù  =  xéxju> 
à  côté  de  ic^icTO).  Le  changement  du  ^ u  en  p  en  ombrien,  est  également 
postérieur  à  la  date  où  la  race  italique  se  divisa  en  deux  rameaux,  l'un 
latin,  l'autre  ombrien.  Les  Celtes  ne  connaissaient  pas  ce  changement, 
quand  ils  se  divisèrent  en  deux  branches,  la  branche  irlandaise  qui 
garde  le  ^ u,  et  la  branche  gauloise  qui  le  change  en  p.  Ce  phénomène 
était  étranger  à  la  langue  latine  quand  elle  a  donné  le  jour  au  valaque  : 
ce  n'est  pas  des  Romains  que  les  Valaques  ont  appris  à  prononcer  ape  le 
latin  a^ua  <c  eau  »,  patru  le  latin  quatuor  <c  quatre  »  ;  ils  ne  doivent  pas 
cette  permutation  à  l'influence  des  Slaves,  qui  leur  ont  fourni  une  partie 
si  notable  de  leur  vocabulaire,  mais  auxquels  cette  permutation  est 
inconnue  :  cette  permutation  est  le  produit  spontané,  sinon  original,  du 
développement  naturel  de  la  langue  latine  chez  les  Valaques  ;  et  elle  est 
cependant  restée  étrangère  aux  autres  langues  néo-latines.  Cet  exemple 
nous  explique  comment  le  même  phénomène  a  du  se  produire  en  zend, 
en  grec,  en  ombrien^  en  gaulois.  Il  est  dans  chacune  de  ces  langues  un 
fait  spontané  et  indépendant. 


t.  I,  p.  64;  cf.  Fabretti,  Ghssarium  îtalicum,  coL  90;  Pline,  édition  Teabner-Ianns, 
1.  III,  c.  14,  t.  I,  p.  146, 1.  16;  édition  Littré,  1.  III,  c  19,  g  3,1. 1,  p.  17). 

1.  Bocchus  absohit  GaUorum  yeterem  propaginem  Umbros  esse,  Solin,  c.  8,  édition 
Grasser,  p.  32;  cf.  Isidore,  Origines^  1.  lX,ch.87.  Servius,  ad  Mneidem,  1.  XII,  v.  7Hf 
attribue  la  même  opinion  à  Marcus  Antonius.  Il  donne  la  variante  vetavm  pour 
yeterem^  qu'on  trouve  aussi  chez  Isidore. 

2.  Gr.  C.*,  p.  66;  Schleicher,  Compendiiim,  2*  édition,  p.  275,  277;  Conaen, 
Àusspracht^  2*  édition,  t.  I,  p.  115. 

).  Curtius,  Griechische  Etymologie^^  p.  4$ 2  et  siûvantes. 
4.  Die;,  Gramnudre^  traduction,  1. 1,  p.  244. 


Le  Cédque  et  POmbrien.  4) 

Un  caractire  distinctif  des  langues  celtiques,  un  caractère  qui  les 
sépare  nettement  des  langues  italiques,  c'est  la  perte  du  p  indo-euro- 
péen, sinon  dans  tous  les  mots  où  ce  p  a  primitivement  existé,  au  moins 
dans  le  plus  grand  nombre  de  ces  mots.  La  perte  du  p  indo-européen 
est  dans  les  langues  celtiques  antérieur  au  p  sa  ^ a  du  gaulois,  du  gallois 
et  du  breton  armoricsdn,  puisquMle  est  commune  ^et  à  ce  groupe  et 
an  rameau  irlandais  qui  n'a  jamais  connu  p  =  qu. 

Suivant  M.  Corssen,  Aussprache,  2^  édition,  t.  I,  p.  114,  un  p  initial 
snhri  d'un  l  est  tombé  en  latin  dans  les  mots  suivants  :  lanx,  làtus,  later, 
laeUUy  livere  (et  les  autres  dérivés  de  la  racine  latine  liv),  lunter  ou 
Uttter.  Mais  les  étymologies  que  M.  Corssen  donne  de  la  plupart  de  ces 
mots  sont  rejetées  par  d'autres  savants  :  sur  lanx  on  peut  voir  MM.  Cur- 
tins,  Criechische  Etymologies,  p.  164,  et  Fick,  VergleichendesWarterbttchi, 
t,  I,  p.  748;  —  sur  laetus,  M.  Froede  dans  la  Zeitschrift  de  M.  Kuhn, 
t.  XXII,  p.  251;  —  sur  livere,  M.  J0II7  dans  la  même  Zeitschrift, 
t.  XXII,  p.  J54.  M.  Curtius  (p.  279)  admet  que  le  latin  litus  «  c6téi> 
paisse  être  identique  au  sanscrit  prathas  «  Ifrgeur  »,  mais  il  7  a  entre  les 
deux  mots  une  différence  de  sens  qui  a  empêché  M.  Fick  de  rapprocher 
ces  deux  mots  dans  son  Vergleichendes  Wœrterbuch  »,  1. 1,  p.  149*  Il  ne 
reste  donc  que  later  «  brique  »,  «  tuile  j>,  qui  dériverait  peut-être  de  la 
même  racine  que  le  grec  icX(v6oç  «  tuile  »,  et  lunter  a  baquet  »,  «  bar- 
que »,  qui  serait  le  même  mot  que  le  grec  nXuvn^p.  M.  Curtius,  p.  279, 
280,  dte  ces  deux  hypothèses  de  M.  Corssen  sans  les  combattre  ;  mais 
elles  sont  évidemment  contestables  toutes  deux.  Quoi  qu'il  en  soit,  le 
maintien  du  p  iniàal  suivi  d'une  lettre  autre  que  /  et  le  maintien  du  p 
entre  deux  voyelles  sont  une  loi  absolue  des  langues  italiques,  et  ces 
langues  gardent  ordinairement  même  le  p  initial  suivi  d'i.  Dans  les 
langues  celtiques  les  choses  se  passent  tout  autrement. 

Je  n'ai  pas  à  insister  sur  l'usage  ordinaire,  dans  les  langues  cel- 
tiques, de  supprimer  le  p  indo-européen.  Dans  le  dernier  volume  de 
la  Revue  Celtique  il  a  été  plusieurs  fois  question  du  beau  travail  de 
M.  Windisch  sur  ce  curieux  sujet.  Je  vais  seulement  signaler  quelques 
mots  ombriens  qui  établissent  combien  la  langue  ombrienne  s*écarte 
de  l'usage  celtique  sur  ce  point  si  important. 

La  racine  indo-européenne  park,  prac  «  demander  »,  d'où  le  latin 
precory  devient  arc  en  irlandais  et  en  gallois  (Beitr.,  VIII,  1-2)  :  elle  est 
signalée  sous  la  forme  per[cj,  dans  Vomhntn  persaimu,  persklum  (Corssen, 
Aussprache  \  II,  19).  Elle  conserve  donc  en  ombrien  son  p  initial. 

L'identité  de  l'irlandais  Idn,  du  gallois  laun,  de  l'armoricain  leun  avec 
le  \amplenuSj  est  depuis  longtemps  établie  (Beitr,,  VIII,  8).  Dans  l'om- 


44  ^  Celtique  et  l'Ombrien. 

britn  plener  i=^  plenis  (Corssen,  Aussprache^^  I,  714)  on  retrouve  le  p 
qui  manque  en  celtique. 

Le  celtique  vo  a  sous  »  =  u[p]o  =  upa;  le  celtique  *veri  «  sur  »  = 
ulpyri  =  upari  sont  bien  connus;  l'un  est  devenu  fo  en  irlandais,  guo 
en  gallois;  l'autre /or  en  irlandais,  guor  en  gallois  [Beitr.y  VIII,  14}; 
mais  le  p  supprimé  dans  ces  deux  mots  subsiste,  affaibli  en  b  dans 
l'ombrien  5-u^,  intaa  dans  Pombrien  s-upra  (Corssen,  Aussprache^j  l, 
119,  130). 

Le  celtique  ro,  également  irlandais  et  gallois^  est  identique  à  la  prépo- 
sition latine  pro  {Beiir.^  VIII,  12)  qui  existe  aussi  en  ombrien  sous  la 
même  forme  qu'en  latin,  par  conséquent  avec  son  p  (Corssen,  Auss- 

prache^,  ll>  44)* 

Le  celtique  ari,  en  irlandais  ér  ou  air  y  en  gallois  er,  tient  lieu  de  pari 
forme  primitive  de  la  préposition  latine  per  {Beitr.,  VIII,  12)  signalée 
aussi  en  ombrien  où  pas  plus  qu'en  latin  elle  n'a  perdu  son  p  (Corssen , 
Aiusprache^  II,  17). 

On  remarquera  que  les  mots  celtiques  que  nous  venons  de  citer  appar- 
tiennent au  rameau  gallois,  représentant  moderne  du  gaulois,  comme  ils 
appartiennent  à  l'irlandais.  Il  est  donc  établi  que  pour  ces  mots  il  y  a  eu 
en  celtique,  avant  que  les  Gaulois  ne  se  séparassent  des  Irlandais,  une 
chute  du  /7  à  laquelle  l'ombrien  est  resté  étranger.  L'ombrien  a  gardé 
le  p  dans  ces  mots,  d'accord  avec  le  latin,  tandis  que  les  Celtes  s'accor- 
daient  pour  y  supprimer  le  p,  L^unité  celtique  en  regard  de  l'unité  ita- 
lique ressort  avec  évidence  de  ces  faits. 

Je  n'insisterai  pas  sur  les  mots  ombriens  qui  ont  conservé  le  p  indo- 
européen,  et  qui  manquent,  soit  dans  le  rameau  gallois,  soit  dans  toutes 
les  langues  celtiques.  Cependant,  quoi  qu'on  pense  de  la  doctrine  de 
M.  Windisch,  on  m'accordera  qu'il  n'eût  pu  soutenir  la  thèse  de  la 
chute  absolue  du  p  indo-européen  dans  les  langues  celtiques,  s'il  eût 
trouvé  dans  ces  langues  des  exemples  du  p  indo-européen  aussi  évidents 
que  ceux  qui  nous  sont  fournis  par  des  mots  ombriens  comme  pater^  en 
latin  pater  (Corssen,  Aussprache^  I,  425);  porca,  en  htin porca;pursus,  en 
latin  pedes  (Corssen,  Aussprache*,  II,  ij)'ypequo,  en  latin  pecua  (Corssen, 
Aussprache  *,  II,  1 5).  De  la  loi  celtique  qui  supprime  le  p  indo-européen, 
loi  étrangère  aux  langues  italiques,  je  passe  à  deux  lois  de  la  phonétique 
italique  qui  sont  restées  inconnues  aux  langues  celtiques.  Les  langues 
italiques  ont  deux  lettres  :  f  =  gh,  dh,  bk,  ei  h  =  gh,  qui  dans  les 
langues  celtiques  sont  toutes  deux  inusitées. 

Un  caractère  distinctif  des  langues  italiques  est  l'emploi  de  l'/pour 
tenir  lieu  des  aspirées  sonores  de  la  langue  indo-européenne  primitive. 


Le  Celtique  et  P Ombrien.  4j 

La  langae  grecque  qui  a  assourdi  ces  aspirées  primitives,  n'avait  pas 
encore  accompli  cette  évolution  à  l'époque  où  elle  s'est  séparée  du 
macédonien  qui  a  conservé  la  sonorité  de  ces  lettres  en  supprimant  leur 
aspiration.  M.  Fick  l'a  établi  dans  un  mémoire  fort  curieux  qu'a  publié 
la  Zeitschrift de  M.  Kuhn,  t.  XXII,  p.  i^^.Legh  indo-européen  devient 
X  en  grec,  7  en  macédonien;  le  dh  indo-européen  devient  6  en  grec,  3 
en  macédonien  ;  le  bh  indo-européen  devient  f  en  grec,  ^  en  macé- 
donien. 

Le  celtique  avait  aussi  conservé  les  aspirées  sonores  quand  il  s'est 
séparé  des  langues  italiques,  car,  perdant  l'aspiration,  il  a  remplacé 
toutes  les  aspirées  sonores  par  les  sonores  non  aspirées  du  même  organe 
[Gr.  C.^,  p.  37),  tandis  que,  dans  les  langues  italiques,  la  spirante 
sourde  /  devenait  en  nombre  de  cas  le  successeur  des  sonores  aspirées 
des  trois  organes. 

J'ai  essayé  d'établir  qu'il  y  avait  exemple  en  gaulois  de  f==  dh  {Revue 
celtique,  t.  II,  p.  1 1 1).  Mais  M.  Kern  a  ôté  toute  valeur  à  mon  raisonne- 
ment en  expliquant  par  les  langues  germaniques  le  nom  propre  Aufania 
que  je  croyais  gaulois  {Revue  celtique,  t.  II,  p.  164).  Il  n'est  donc  pas 
prouvé  qu'il  y  ait  en  celtique  exemple  de  l'emploi  de  1'/  pour  tenir  lieu 
des  aspirées  sonores  indo-européennes,  comme  cela  se  passe  dans  les 
langues  italiques. 

Voici  des  exemples  d'aspirées  sonores  indo-européennes  remplacées 
par  /  en  latin  et  en  ombrien,  et  par  la  sonore  non  aspirée  dans  les  lan- 
gues celtiques.  La  racine  indo-européenne  bhu  «être»  devient /u  en 
latin  et  en  ombrien  (Corssen,  Aussprache*,  I,  143),  bu  dans  les  langues 
celtiques  (CuTXius  Griechische  Etym,^^  p.  305).  L'indo-européen  Wrâ/ar 
«  frère  »  devient  frater  en  latin  et  en  ombrien,  brdthir  en  vieil-irlandais, 
hrawd  en  gallois  (Curtius,  ibid,  p.  303-304).  La  racine  indo-européenne 
BHAR  «  porter  »  devient  fer  en  latin  et  en  ombrien  (Corssen,  Aussprache^y 
p.  467),  ber  dans  les  langues  celtiques  (Curtius,  Griechische  EtymA^ 
p.  300).  La  racine  indo-européenne  rudh  «  être  rouge  »,  devient  ruf 
en  latin  et  en  ombrien,  rud  dans  les  langues  celtiques  (Curtius,  Grie^ 
chische  EtymA^  p.  2  j  1-2 52). 

L'A  =  gh  est  encore  une  lettre  italique  étrangère  au  celtique.  L'A 
italique  =  gA  et  ne  doit  pas  être  confondu  avec  l'A  breton  =  5.  A 
défaut  d'un  exemple  ombrien  je  prendrai  l'osque  hortom,  en  latin  hortum 
(Corssen,  Aussprache^,  t.  II,  p.  21,  43, 1 1 1),  mot  qui  suppose  un  thème 
gharta,  en  vieil  irlandais  gort  (Fick,  Vergleichendes  Wœrterbuch  î, 
p.  580),  en  moyen  gallois  garth. 

L'ombrien,  et  l'osque  qui  en  est  un  dialecte,  forment  donc  avec  le 


46  Le  CdtUiui  et  tOmbrien. 

ladn  une  fiunfflef  la  famille  italique,  parfaitement  distincte  de  la  Emilie 
celtique.  Il  n'y  a  aucune  raison  pour  distinguer  la  famille  italique  en  deux 
fractions,  l'une  ombrienne  qui  serait  plus  prochainement  apparentée  à  la 
Êimilie  celtique,  l'autre  latine  qui  en  serait  plus  éloignée.  Quand  les 
Ombriens  se  séparèrent  des  Gaulois  du  haut  Danube  et  vinrent  habiter 
l'Italie,  ils  ne  formaient  avec  les  Latins  qu'une  seule  fomiUe,  dont  la 
séparation  en  deux  branches  distinctes  est  un  fait  postérieur  à  cette 
grande  et  féconde  émigration.  Parents  des  Ombriens,  suivant  une 
tradition  romaine,  dont  les  travaux  des  savants  modernes  ont  confirmé 
la  justesse,  les  Gaulois  étaient  au  même  degré  parents  des  Latins;  et, 
sur  ce  point,  le  résultat  des  recherches  faites  par  les  linguistes  de  notre 
temps  s'accordent  avec  la  prétention  celtique  rapportée  par  Lucain  : 

Arvernique  ausi  Laiio  se  fingere  fratres  K 

La  note  que  je  termine  pourra  être  complétée  par  d'autres  observa- 
tions quand  aura  paru  le  savant  travail  que  M.  Bréal  prépare  sur  les 
tables  Eugubiennes^  mais  je  ne  crois  pas  que  cet  ouvrage,  dont  j'ai 
pu,  grâce  à  la  bienveillance  de  l'auteur,  lire  les  premières  feuilles, 
modifie  le  résultat  auquel  la  présente  étude  nous  a  conduits. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


I .  PharsaU,  I,  426. 


LE 


DIALECTE  VANNETAIS  DE  SARZEAU 


Le  langage  que  je  vais  décrire  est^  à  peu  de  différences  près,  celui  de 
toute  la  presqu^e  de  Rhuys.  A  moins  d'indications  spéciales,  les  expres- 
sions et  les  formes  citées  sont  communes  à  Saint-Gildas  et  à  Sarzeau. 

I.   PRONONCIATION. 

J'adopte  le  système  de  transcription  de  Le  GonideCy  avec  quelques 
additions  : 

a  et  a  s=  4  et  u  très-brefs^  non  accentués,  et  souvent  confondus 
avec  e. 

t=z€  dans  le;  e=zé. 

î  se  détache  de  la  voyelle  précédente. 

Deux  voyelles  àfi  suite  forment  diphthongue,  excepté  ai  «  iCy  ou  ss 
franc,  id.  La  voyelle  dominante  n'est  i,  Oy  u,  ou,  que  dans  les  diph- 
thongues  ul,  iâ,  ià,  ioà. 

au  est  donc  ia  (souvent  id)  \m  =  èu  (comme  on  prononce  encore 
près  de  Saint-Brieuc  ta  étymologique  du  vieux  français  :  eû^  bcii,  veu, 
meûf),  etc. 

ein  sonne  à  peu  près  enn^  ou  an;  en  est  le  en  de  Le  Gonidec. 

wetj,  demi-voyelles,  se  prononcent  comme  u  et  i  rapides,  et  par 
elles-mêmes,  n'ajoutent  pas  de  syllabe  au  mot. 

L'accent  aigu,  pour  une  brève,  et  l'accent  grave  pour  une  longue, 
indiquent  la  place  de  l'accent  tonique  dans  les  polysyllabes,  quand  il 
ne  tombe  pas  sur  la  dernière. 

Enfin,  les  lettres  en  caraaères  ordinaires  ne  se  prononcent  pas. 


4^  ^^  dialecte  Vannetais  de  Sarzeau, 

II.  PARABOLE   DE   L'ENFANT   PRODIGUE  (SAINT   LUC,  XV,    II)  TRADUITE 
(verbalement)    par  des  paysans   de  SUSCINIO^   près  SARZEAU. 

Un  dein  en  >  duai  *  deu  bautr  ). 

Hag  4  àr  J  yuankan  anai  '  ^  due  làrèi  7  dH  dâd  :  «  Ma  zAdy  reit  fein-^i 
àrlod  ag  ànn  ddnnai^  a  zelei9  kouec^hget-n-^ift  '<>.  »  Ha  ian  ^^^  due  16 dît 
i  vadeu  Hre-t-aL 

Hag  lin  di  benak  arlarh  «a,  âr  pautr  yuankan  a  p'é'  due  chalrr'ét  kèmid 
en  duaiy  a  zou  oet  '3  d^iirvro  piall;  ha  pi  oe  inou  ahant  «4,  ian^  duefàndët  i 
dreu  i  viwein  ir  horolleu. 

Ha  p'en  due  drèb'ét  rah  «  J  /  zdnnai,  iir  bekdlienn  famein  '^  a  zou  koued  n 
ar  âr  vro-hohd  ha  ian  '  deid  »8  dà  vouX  p'ér  »9. 

Ha  ian  '  due  ein  chtdgét  «<>  doh  iJn  deià  ag  àr  yro-hond,  ha  ian  '  due  ian 
kàs'it  in  i  glozeu  >'  dà  hoarn  àr  moc'h  aa. 

Ha  ian  '  de  *?  kdfét  kargein  i  gôfged  àr^  hourienn  >$  a  zribe  àr  moc'h  : 
mèz  a^  hanei  *7  n'ou  rai  *^  d^ou, 

Nezi  ian'  due  chôhj'ét  in-ou  i  uenan  ^9,  ha  ian'  dueldrët  :  «  Pigimit  J^  a 
hounideionv  i  tei  3^  ma  zàd  en  dés  bèra  33  ou  goalh,  ha  mi  zou-mi  ama 
varweih  get  nan  34  / 

Misawou  ^s^ha  mig-ei^^  dà  gaviet  ma  zAd,  ha  mi  'larou  d'où  37  :  — 
Ma  zAdf  pihiedi^  em  es  doh  39  ^'nn  nian  ha  doh-iac'h  huei. 

'Zelian  ket  mouei  bout  drwët  ou  pautr ^  :  lakeiXr-mi  dà  vout^^  unah^^ag 
oukoaziet^K 

Ha  ian  sdouet,  ha  oet  dà  gaviet  44  i  dâd.  Ha  deid  i  dâd  ager  guilet  4J,  rf4^ 
ma  oai  anou^i  hoac'h  iin  tameJc  piall,  ha  ian'  due  bet  turi^^'  dob-t-^u  : 
ian  '  due  rldét  d'ein  49  dâlein  doh  i  houg,  ha  ian  'due  bbket  fou. 


Notes  et  variantes.  —  Le  langage  de  Suscinio  est  identique  il  celui  de  Sarzeau.  Je 
donnerai  la  façon  de  parler  de  Saint-Gildas  toutes  les  fois  qu'elle  s'écartera  du  teite; 
mais  la  plupart  des  autres  variantes  sont  spéciales  à  Sarzeau.  i  en  —  2  dai,  St-Gild. 
doe,  devoe  —  3  vab  ;  St-Gild.  bôtr  ^  4  h  n'est  guère  sensible  que  dans  ha  interrogatif 
— -  j  hag^r  —  6  en,  en  —  j  Rarement  a  lards  ;  plus  souvent^  à  St-Gild.  a  Idrds  — 
8  danni  —  9  zilei  —  10  doanet  Vein  —  11  ean,  eian  —  12  St-Gild.  arliarh  —  i^  a  oe 
oeit,  a  g-ds;  St-Gild.  a  g-ids  —  14  St-Gild.  pi  oe  du-hont  »  1$  hot,  toud —  16  Les 
vieux  à  St-Gild.  disent  ûr  geltrei  vras,  ûr  pal-goeltrei —  17  a  oe  deid,  dèd  —  18  ha 
ian  a  zds,  hag  i  tds  —  19  prononcez  cet  e  accentué  comme  eu  du  franc,  la  peur  —  20 
St-Gild.  stdgit  —  21  glojeu,  barkeu  ;  à  St-Gild.  on  dit  aussi  m  1  varadeu  —  22  mofhiet 
—  2}  en  dève  —  24  ^*ar  -  -  2  j  hourienneu  —  26  —  maiz  —  27  St-Gild.  hannei  —  28 
rei  —  29  ûnan  (St-Gild.    unann)  ;   ian  miemb  —  30  pikemidj  St-Gild.  pegement  —  3 1 
hounidiiion,   hounidiyon  (St-Gild.   hounidion)  ;  piet  gounidek  —  32  a  St-Gild.  on  dit 
encore   tiy  —  33  St-Gild.  bdrd  —  34  ged  <fnn  nann  —  3$  saouou  (pron.  comme  l'angl. 
who)  —  %6  St-Gild.  mi-g-iei  —  37  Vou  —  38   St-Gild.   pehet  —  J9  iniem\i  (St-Cild. 
eniem\i)  d'ann  nian  ha  d'iac*h  —  40  kroedur,  kroeduir  —  41   mi  silet-mi  ayiall  —  42 
uinan  —  43  kosktr  —  44  dêydd,  drema  —  45  guiliet  —  46  al,  aviaU  —  47  à  St-Gild. 
on  n'ajoute  pas  anou  —  48  trui  —  49  in 


Le  dialecte  Vannetais  de  Sarzeau.  49 

Har  àr  pautr  en  due  làret  5»  fou  :  a  Ma  zAdy  plhied  em  es  doh  âfnn  niah 
ha  dohr-iac'hrhueiy  ha  ^zeliah  ket  mouei  bout  drw'ét  ou  pautr.  » 

Hag  ànn  tàd*  due  Wfét  d'i  hoskùr  :  «  Digaset  àr  vrauan  sai  ha  ^uchket-- 
eid'ou;  ha  lakeit  fou  ûr  bizeu  ari  viz,  ha  botteu  in  idrueid. 

Digaset  iwi  âr  lai  lart,  ha  lac'het'-ian  ;  ha  drêbamh^j  hagruamhfiecht^^  : 

Kar  P  ma  fautr  a  oe  marw,  ha  che-ian  n  deit  d'àr  vuï  H  indrou;  kolfd 
oai  anou^i^  ha  kàvedu  »  Ha  ou  due  gruetfiecht. 

Hag  àr  pautr  kohan  a  oe  ir  hlouu  5^.  Hag  in  iir  zoûâet,  al  ma  dochte  $7 
d^ànn  tei,  ian'  due  kléw'ét  brud  àr  zohnienneu  s^  hag  àr  horolleu. 

Ha  ian  '  due  drw'ét  unah  ag  àr  goazietj  ha  ian  '  due  gouliénnét  get-^u  59 
petra  oai  ànn  dra-zi. 

Uanah  a  lare  d'où  :  <c  Ou  prir  a  zou  deit  d'àr  gir  ^,  hag  ou  tàd  en  des 
Idhet  àr  lai  lart,  rag  m'en  des  ian  ^»  guil'ét  ir  yahei^*  mat,  » 

Ha  ian  '  zou  oet  droug  in-ou,  ha  ne  faite  ket  d'où  ^^  mânet  ^4  in  tei.  I  dâd 
lia  a  oe  deid  ermez,  dà  lâret  fou  dônet. 

Ha  ian  '  due  làr'ét  d'i  dâd  :  «  B'a  zou  lin  tachâà  ^$  bleieu  ma'd-on  goas 
d'iac^h  ^^y  ha  biskoac'h  n'imon  oet ^7  in  arbienn  da  ou^^  kir]  ha  ne  os  chet 
gueah  erhtd  ^  reit  fein  iir  bihan  ag  ûr  v'ékêt  70,  d'oubirfiecht  gei  m'ameiet7^. 

Ha  pi  7»  za  àr  pautré-zi  d'iac'h  7î,  pianei  en  des  drèbet  rah  i  dreu  getfal 
viriïiet  74,  huei  a  lac'h  àr  lai  lart  avet-ou.  » 

Hag  i  dâd'  due  Idrei  fou  :  m  Ma  fautr,  druahi  7J  '  d-ous-ti  getrn-eiây  ha 
rah  peh  em  esy  a  zou  d'éz, 

Mèz  oe  red  in  doud  plejadur  ha  goubirfiecht  :  kar  ha  vrtr-ti  a  oe  marw  y 
hag  ima  deit  d'àr  vui  indrou;  koll'd  oai  anouy  ha  kdv'éd  i.  » 

m.   PHONÉTIQUE. 

Voici  des  exemples  de  transformations  de  sons  qu'on  aura  remarquées 
presque  toutes  dans  le  texte  précédent.  Je  prends  pour  type  le  langage 
de  Vannes. 

10  Voyelles. 

A  devient  rarement  é  :  néren  ou  nèran^  non.  Mais  ce  changement 
semble  avoir  b'eu  régulièrement  dans  des  variétés  voisines  :  à  Surzur  on 
dit  bêri'segil^  pain  de  seigle,  pétri,  quoi,  netri^  rien,  yi  oui  (à  Pontivy 
yé)  j  pUr,  quatre  etc. 

50  a  Utre  —  ji  fiest  (surtout  à  St-Gild.)  —  J2  rak  (St-Gild.  et  Sarzeau)  —  jj  ch'-iauj 
d^t-eian  —  54  veui]  da  vout  Wj^.  —  jj  StGild.  kolPd  oai —  j6  St-Gild.  irmezeu  — 
57  St-Gild.  doste  —  j8  hannienneu  —  59  doh-t-ou  —  60  gir^  gair  —  61  er  62  yaheid  ; 
St-Gild.  in  giet  —  6}  ni  vienne  ket  ~  64  mouniet^  moniet^  mond.  —  6j  b'a  zou  paut- 
mad,  pôt-mad  a  rleieu  —  66  ou  koas  —  67  ne  d-on  bel  —  68  d*ou  —  69  ebet,  erbîd  — 
70  funr;  vêdjet  (=  fr.  biquette)  —  ji  ma  hansordiet  —  12  pi  —  y}  ou  mab  haniac'h 
—  74  fal-virhety  mirhiet-fal  —  74  durand,  pierpet,  attau,  aath-mad. 

Rcf.  Cdt.  ///  4 


50  Le  dialecte  Vannetais  de  Sârzeau. 

Le  changement  d*a  en  o  est  rare  aussi  à  Sarzeau  :  marweiâ  ou  mor^ 
wein,  mourir;  piar  ou pior,  quatre  (pianiek^  quatorze). 

E  redevient  a  des  autres  dialectes  dans  -ma,  -man  (quelquefois  meh) 
et  ses  composés  :  hermay  bermarij  maintenant,  etc.  ;  et  dans  d'autres  cas 
où,  n'étant  pas  accentué^  il  forme  un  son  flottant  entre  aeie(à). 

E  français  final,  tant6t  muet,  tantôt  prononcé  ë  est  assez  rare.  En 
voici  un  exemple  :  pienn'é-ru  (téte-rouge)  macreuse. 

E  final  se  change  presque  toujours  en  /  :  karantij  amour  ;  bi,  tombe  ; 
fi,  foi  ;  kiri,  cordonnier  (les  jeunes  gens  di^nt  kordannir]  nàdai,  aiguille; 
gali,  lit;  leuini  (St-Gild.),  joie  ;  p'éranti,  volahti,  kosti,  etc.  àr  ri^  ceux  ; 
iïr  ri  mahniegeu,  une  paire  de  gants  ;  péri,  piri,  qui,  (pluriel)  ;  pi-naz, 
comment  ]  pi'get  (Sarz.)  combien;  eglli,  l'autre;  ki^  va;  bali  (Saint- 
Gildas)  se  promener  ;  goudi,  après  ;  revi,  selon  ;  mdrsi,  peut-être,  etc. 
Iterniti  et  arri,  de  nouveau  (St-Gild.)  se  terminent  en  ^  à  Sarzeau.  Au 
contraire  a  pi  vi,  quand  il  est,  a  pi  vehi^  quant  il  serait  (Sarz.)  se  disent 
à  St-Gild.  a  p'é  ve,  a  pi  vei.  La  }«  pers.  sing.  du  conditionnel  est  en  ei  à 
St-Gild.,  et  en  e  à  Sarzeau. 

Dans  les  deux  endroits  on  prononce  e  à  la  ^«  pers.  sing.  de  l'impar- 
fait de  l'indicatif,  et  dans  les  mots  itre,  entre;  dre  par  ;  tre,  très  ;  raiy 
trop. 

Er  final  devient  très-souvent  ir.  Ainsi,  hantir,  moitié  ;  amzitj  temps  ; 
/  kevir,  à  l'égard  de;  meliouir^  miroir;  diguinir^  vendredi  ;  danjir;  salvir; 
midir  (ou  midour^,  moissonneur,  etc.;  ovir-ienn,  messe,  gouspir^u, 
vêpres;  berdir,  frères,  etc.;  tenir,  tendre  ;  pounir,  lourd;  distir,  dichtir, 
faible;  kemir,  prendre  ;  a  hrir^  on  fait,  /  tiskir,  tichkir,  on  apprend,  etc. 

Quelques  noms  font  exception,  commtkoler,  mister,  alêr;  ler^  cuir. 
On  dit  ôter  et  àtir^  autel  ;  stair  et  stir  (St-Gild.)  rivière. 

El  final  devient  quelquefois  //  :  ahil,  essieu  ;  àvil  vent  ;  brezil,  brizil, 
guerre  ;  mil,  miel  [ou  du  mil)  guil  [St-Gild.  guel)  mieux. 

Il  reste  intact  dans  enhuel,  haut  ;  enzel,  bas  ;  tènhuel,  sombre. 

Ce  changement  d'^  en  /  a  toujours  lieu  devant  a  ;  souvent,  devant  une 
autre  voyelle  ou  une  h  ;  et  enfin  dans  d'autres  cas,  moins  régulièrement. 
Exemples:  liac*h,  lait;  lieach'é^ienn  ^  lieah^ienn^  pi.  lieah^iet,  laitue; 
piah,  paix;  madeiiah,  bonté;  priedeliah,  mariage;  ranteliah,  royaume, 
etc.  ;  krecheniah,  chrétienté  ;  dihoudegiah,  ignorance  ;  salvadegiah,  salut, 
get-n-iac^h,  avec  vous,  etc.  ;  nuïenn,  extrême-onction  ;  diheu,  droit  ; 
divihan,  dernier  ;  nieifl,  filer  ;  badiein,  baptiser,  etc.  ;  giou  si  (affirmatif)  ; 
hiy  (Sarz.)  ou  hei,  de  l'orge;  i  pour  *iy  au  lieu  de  eii  dans  i  petra,  pour- 
quoi ;  m^oa-s-bilei,  je  vous  suis,  etc. 


Le  dialecte  Vannetais  de  Saneau.  5 1 

E  est  remplacé  par  /  devant  z  dans  diz^  viens  lizienn,  loi. 

Devant  une  seule  consonne  finale  autre  que  /,  r  ou  n^  e  devient  ie. 
Exemples  : 

EL  Bieky  pointe  ;  diek  dix,  etc.  ;  halliek,  saule  ;  galHek^  français  ;  /o- 
dukj  participant  ;  huïek^  doux  ;  perdiek,  parler  ;  ridieky  courir,  etc. 

Exceptez  tosek,  crapaud  ;  lâvrek,  pantalon,  et  quelques  autres  qui  ont, 
comme  miaibek  belle-fille,  une  diphthongue  à  l'avant-demière. 

Es.  Folies^  folle  ;  laeries,  voleuse  ;  golhoûriesy  lavandière  (oiseau],  etc. 
(pi.  ieziet,  iaiziet). 

Ce  changement  n'a  pas  lieu  aux  2^  pers.  sing.  des  verbes. 

EU  Effiet  (Sarz.)  ;  Nanniet,  Nantes  ;  Gutniet,  Vannes  ;  moaiziet,  femmes  ; 
potriet^  garçons  ;  dioliety  diables  ;  ronsiet,  chevaux  ;  berlaziet^  lézards  ; 
gosf'b/iiVf. goélands;  rahiet^  St-Gild.  r^Aef, rats,  etc.; p/^rv2>{,  quatrième; 
piemviet,  St-Gild.  piempiet^  cinquième  ;  huec'hviet^  hueac'hviet,  sixième  ; 
stc^hviety  septième  ;  ec'hviet,  huitième,  etc. 

Ce  changement  arrive  quelquefois  à  Tinfinitif  et  au  participe  :  sillet, 
regarder  ;  iviet,  boire  (St-Gild.  iveift\  ;  monet  d^horonkiety  aller  se  bai* 
gner;  bene^iet^  béni;  forhiet  (St-Gild.  forhet]  sevré;  mais  jamais  aux 
2«  pers.  pi.,  ni  dans  le  mot  kàlet,  dur. 

E  devient  aussi  ie  devant  n  suivie  d'une  consonne  {en  final  demeure,  ou 
devient  ein,  ain),  mh  cht  (à  St-Gild.  st\,  Ex.  : 

En,  Ar  sient  (St-Gild.  zient),  les  saints;  (Uent  dents,  iir  golaivienn^ 
une  ruche;  ûr  goleuienny  une  chandelle;  pirienny  poire;  azienn,  âne; 
mirienny  collation  ;  subienn,  St-Gild.  soubienn,  soupe  ;  lienn,  étang,  etc.  ; 
dihuienny  défendre;  achiiennein,  étendre;  tiennein^  tirer;  huienneinf 
sarcler  ;  etc.  hiemb  sans  ;  tiemh  à  nous,  gei-n-iemb  avec  nous,  etc.  piemh^ 
piamh  ou  piomh  (St-Gild.  piemp]  cinq;  piemziek,  quelquefois  piemieky 
quinze  ;  piemziegviety  quinzième,  etc.  ;  iecht^  moisson  ;  oniechty  féni'échtr, 
miechtr  (ou  mechtr).  On  dit  cependant  dr'ést,  pardessus. 

Il  faut  remarquer  que  les  terminaisons  enn,  es,  et  demeurent  aâ^ez 
souvent  intactes  après  j  ou  cA,  é  ou  le,  et  quelquefois  après  k  et  h.  Ainsi 
l'on  dit  ichenny  scie  ;  ujenn  bœuf  (St-Gild.  ujoh]  ;  pinijenny  pénitence  ; 
dichenny  descendre  ;  fe^es,  des  figues  ;  seinjety  des  singes  ;  piskety  des 
poissons;  pistronkety  des  pétoncles,  etc.  Enn  ne  change  pas  à  la  i'^  pers. 
sing.  de  l'impf. 

E  devient  ia  (rarement  ié)j  devant  deux  consonnes  dont  la  première 
est  /  ou  r  :  miarhy  fille  ;  ^d^ous-ti  a  ^iarh  mat,  tu  vas  bon  pas  ;  ag  i  biarhy 
de  sa  part;  niarhy  force  ;  piarsoh  ou  piersohy  recteur;  sierpant  ou  siarpanty 
serpent;  biarWy  bouillant;  ahdiarWy  le  soir;  kahdiarwy  cousin,  pi. 
kandierwiet;  kenitiarw,  cousine,  pi.  keneitiarwieûet  ;  viam  ou  viem  ket, 


52  Le  dialecte  Vannetais  de  Sarzeau. 

n'importe  ;  —  divachkially  ailes  ;  urvrahsiall^  une  balançoire  ;  ûr  gludially 
une  herse  ;  pirwW,  de  la  vesce  ;  kardiallat,  engraisser  (une  terre)  ; 
goachkiall  (à  St-Gild.  goaskir) ,  pressoir  ;  piall ,  de  la  balle  ;  kaviall, 
berceau;  mielchon  ou  mialchon^  trèfle;  kabiaUek,  alouette;  dnieiniall, 
druniall,  tourterelle  ;  koutially  mantiall,  kachtiallj  rachtiall,  etc.  < 

Exceptions  :  govail^  forge  (à  St-Gild.  goviall)  ;  karh,  avoine  ;  ^uarh, 
vends  ;  bien,  court  ;  chpiernienn,  épine. 

Le  même  changement  se  trouve  devant  h  dans  piah  ou  pieh  liau, 
combien  de  lieues. 

/devient  e  devant/,  ch,  ^,  le,  ly  (pour  /),  n  :  servech  ou  serveich,  ser- 
vice péneueky  pénelc,  riche  ;  delUd,  habits  ;  chpelienriy  épingle,  etc. 

Il  se  change  en  ei  devant  une  voyelle  (cela  n^arrive  presque  jamais  à 
St-Gild.];  à  la  fin  des  mots,  et  devant  m  et  n.  Ex.  : 

DeieSy  malaisé  ;  leies,  beaucoup  ;  leiorh^  courtil;  sileienn,  anguille,  pi. 
siliety  et  à  Sarz.  silienneu,  St-Gild.  silieu  ;  krecheneion,  chrétiens.  Tous 
ces  mots  ont  i  simple  à  St-Gild.  On  dit  dans  les  deux  localités  m'ou-s- 
hileiou,  je  vous  suivrai  ;  leiein  ou  liyain  toile;  hei,  elle  ;  nei,  nous  ;  m'é 
huei  [o\x  mé  huiy  St-Gild.  houei]  je  sais;  chetuei,  chtuei,  voici;  gounei, 
gagner  ;  kirei,  des  charrettes  ;  hoàrei^  jouer  ;  goulei,  plaie  ;  âr  huirhies 
Vàrei,  la  Vierge  Marie  ;  dispartei,  chtudei,  petra  senefei,  que  signifie  ; 
enfinei;  St-Gild.  givrei,  chèvres,  azei-ti^  assieds-toi  (inf.  aziein)^  etc. 
[tri  plus  souvent  que  treiy  trois  ;  trlviety  ou  tridi,  troisième  ;  treinhuech, 
dix-huit;  laironsei,  à  St-Gild.  laironsiyy  larcin;  hanei  ou  haniy,  celui; 
friy  nez;  kiy,  chien;  priy,  argile);  —  leimaj ;  peimp ,  pipe;  latein, 
leinot^  tabourein  ;  lein,  du  lin  ;  fein,  la  fin  ;  mitein,  matin  ;  hiemkeiriy 
seul;  birwikein,  jamais;  ivein,  ongle;  irein,  prunes  sauvages  (sing.,  et 
nom  du  prunier  sauvage  à  St-Gild.,  irinienn)  ;  koulein,  lapin  ;  bakein, 
bahairiy  goémon,  etc. 

Voici  des  exemples  du  son  yi  :  a  zelyir,  qui  est  du  ;  pé  yir,  quand  on 
va;  serruryir,  plus  usité  qu^alhuiour;  pe  vadeyir^  quand  on  baptise; 
leyiTy  lehir,  à  St-Gild.  liyir,  lettre;  avyil  (St-Gild.),  à  Sarz.  aveyil, 
évangile  ^. 

Y  s'endurcit  assez  souvent  en  g,  à  St-Gild.  :  giein,  froid  ;  glr,  à  Sarz. 
yîr,  des  poules  ;  kiges,  à  Sarz.  keies,  chienne. 


1 .  D'autres  mots,  empruntés  plus  récemment  au  français,  ont  changé  eau  en  iau  : 
mouniaUf  moineau  ;  toufiau,  tufiau,  du  tuffeau. 

2.  Ce  son  existe  aussi  en  Tréguier,  où  l'on  prononcera,  froid;  pa  yi^  quand  tu  iras; 
—  ainsi  que  le  son  wo  (ouo)  :  rrn  zawo,  je  me  lèverai  ;  diwonetf  poussé  (en  parlant  des 
plantes). 


Le  dialecte  Vannetais  de  Saneau.  5  3 

0  devient  quelquefois  e,  ou,  u.  Ex.  : 

KoSm,  pi.  kolëmiet  (St-Gild.  koulmienriy  pi.  koulmiet],  colombe  ;  chem^ 
demeurer  ;  en  eZy  nous  avons  ;  /  ïmhy  nous  étions  (=  e  oemb]  ;  plétriy 
plomb  ;  —  amounienn^  beurre;  ouniohneUy  des  oignons,  etc.  —  Kaduir, 
St-Gild.  kadoair  ;  gluair,  druaid,  le  droit.  Ce  dernier  changement  n'a 
lieu  que  devant  e  et  1,  et  est  très-rare  à  St-Gild. 

On  met  assez  souvent  0  pour  ouy  et  réciproquement  :  koreis,  à  St-Gild. 
koaris,  carême;  goranîein  ou  goarantein,  garantir;  oahein,  à  St-Gild. 
oheiriy  des  bœufs;  échkal,  des  chardons^  à  St-Gild.  oaskal,  (pi.  d'ochka-- 
lienn,  oskalienn) . 

U  se  change  quelquefois  en  ë,  i,  ou  (devant  a).  Êx.  : 

Kuren,  tonnerre  ;  dilëriy  lundi  ;  plënienn,  plume  ;  bètëriy  tabac  ;  —  «/z, 
m,  se  (=  hum]  ;  siaou,  du  savon  ;  tiëmy  chaud  ;  —  houannadein^  gémir  ; 
houarv  (St-Gild.)  amer. 

Il  se  supprime  à  Sarzeau  après  h,  dans  kleinhet  (St-Gild.  kleinwiet)^ 
maladie  ;  hiarw,  amer. 

Ou  peut  devenir  u  devant  une  voyelle,  surtout  dans  la  même  syllabe  : 
ruiy  roi;  ruannies,  rouannies^  reine;  tuein,  touein,  tuïein,  jurer;  kruait, 
créé'  ;  kruaiour,  créateur,  etc.;  et  au  contraire,  mouïarienn,  mûre.  Ce 
changement  est  moins  fréquent  à  Saint-Gildas. 

2®  Consonnes, 

K  devient  k  surtout  après  e  pour  /  :  pek,  pie  ;  kek,  viande  ;  barek, 
barrique  ;  deinek,  petit  homme  ;  àr  gourek,  le  plus  jeune  de  la  couvée 
(ou  de  la  famille)  ;  ânn  douleky  le  roitelet  (de  toul,  me  dit-on,  parce 
qu'il  s'introduit  dans  les  plus  petits  trous  au  milieu  des  tas  de  bois,  etc.)  ; 
karekiall,  brouette  ;  mileinek,  verdier  ;  etc. 

Quelquefois  la  terminaison  ik  devient  simplement  eik  :  trueik,  maigre  ; 
nebedeik,  très-peu  ;  uneiky  uneik  ou  unek,  unique. 

G  devient  de  même  ^,  et  change  assez  souvent  en  e  la  voyelle  précé- 
dente ;  bu^ulj  be^ul,  berger, pi.  —  ion;  bë^àliy  enfants  ;  bugulies,  bu^u- 
l'usy  bergère  ;  bééenn^  ver  de  terre  ;  debout,  ouvert,  large  ;  pe^iaU, 
pioche;  be^ein,  béguin;  ^jo/,  à  St-Gild.  giaoty  herbe;  rou^ein,  déchi- 
rer ;  ur  huiriennad  ^uein^  (plein)  un  verre  de  vin  ;  ^uen,  ^uin,  blanc,  etc. 
Souvent,  et  surtout  à  la  fin  des  mots,  g  peut  remplacer  sa  forte  k, 

I.  Ce  doit  ftrele  même  mot  qu'on  emploie  à  Sarzeau,  sous  une  forme  différente, 
quand  on  dit,  par  exemple  :  mi  zou  bet  kraiit  i  Sarrau,  je  suis  né  à  Sarzeau  [kraiit  au 
liea  de  gannit  :  cf.  krouadur,  enfant,  le  fr.  procriery  etc.). 


$4  ^  dialecte  Vatmetais  de  Samatu 

S  simple  quelquefois,  et  presque  toujours  s  devant  une  consonne 
deviennent  ch.  Mais  on  n'observe  pas  ce  changement  à  St-Gild.  Ex.  : 
chardronnienn,  un  bourdon  ;  châch^  des  chiens ,  chpis^  clair  ;  chplanwer, 
St-Gild.  splanouir,  épervier;  chichtr,  cidrt)  kichtein,  châtaignier  ;  chkoai, 
épaule  ;  chkeul,  milan  ;  chhrivaniôl  écrivain, nom  d'oiseau;  ànnechkriiur; 
chklavaj  ;  kouckhoùries,  dormeuse,  sorte  de  crabe  ;  fr'échk,  frais ,  chkaàj 
léger;  chkoarn,  oreille;  chkornienn,  glacière,  etc. 

Sk  devient  même  ch,  à  Sarzeau  :  chuiein,  répandre  ;  chutâh,  St-Gild. 
choâhf  fatigué  ;  chum^  écume  [St-Gild.  skum). 

T  se  prononce  parfois  comme  k  ou  plutôt  éj  français,  devant  i  suivi 
d'une  voyelle  :  reix  kiemh,  donnez-nous  ;  ikiernel,  étemel.  On  dit  de 
même  à  Sarz.  àr  giâd,  la  langue,  ce  qui  n'empêche  pas  de  prononcer 
ûrfal-^at^  une  mauvaise  langue. 

Dj  dans  la  même  position,  devient  g  dans  miluigienriy  b'maçon  ;  chu- 
giall  ou  chugel,  écuelle.  Cela  arrive  surtout  à  St-Gild.^  où  l'on  dit  ûr 
bigien/iy  une  prière;  kogegiennek^  contracté  en  kogiennek^  alouette  (à  Sarz. 
kogedienneky  iïrbidienn). 

Le  même  abus  a  lieu  quelquefois  en  Tréguier  (}«*  pers.  pi,  nk  pour 
nt;  gle,  dette;  mar^g-eus,  s'il  y  a,  mar-g-e^  s'il  est,  etc.). 

D  répond  à  b  vannetais  dans  le  mot  drogonnUnriy  éclair,  pi.  drogon  (à 
Vannes  brogon). 

L  mouillé  final  devient  y,  et  dans  le  corps  des  mots,  ly  :  ôuiy  osier; 
embrei,  avril;  papelioh^  papillon;  kelienn,  du  houx,  kastei,  des  groseilles, 
sing.  kastelienn,  etc.  Cependant  on  dit  fameU,  famille. 

/  s'introduit  après  /  dans  liuarn,  pi.  iet,  renard;  liuannies  ou  luannies^ 
religieuse. 

L  se  supprime  à  Sarzeau  dans  biau^  cheveux,  à  St-Gild.  bleau,  et 
devient  n  dans  nammein^  sortir,  tirer,  et  dans  l'expression,  dal  ket  kan  a 
dra,  il  ne  vaut  pas  grand  chose  (kan  ^^^kalh  pour  kalz). 

N  s^amollit  en  n  dans  inian^  âme  ;  unieky  onze  ;  seifitiek,diX'Sept;  lein, 
diner;  gunen,  abeilles,  pi.  de  gunenienn,  à  St-Gild.  gunannienn. 

Le  contraire  a  lieu  dans  kinenn,  kinain,  kenienn,  de  l'ail  (St-Gild. 
keâion)  ;  arenienn,  araignée. 

Après  a  et  o,  cette  lettre  se  nasalise  à  la  fin  des  mots,  et  quand  elle 
est  redoublée  :  tan^  feu  ;  bran,  corbeau  ;  gloan,  laine;  ran^  pi.  raniet, 
grenouille  ;  /  o/z,  je  suis  ;  e/d-o/i,  pour  moi  ;  on  deuy  nous  deux  ;  kalon^ 
cœur  ;  aluzoày  St-Gild.,  aluzion,  aumône;  mots  franc,  en  on,  pi.  onnUuy 


U  dialecte  Vannetais  de  Saneaa.  5  5 

onnieî;  kann^  canal  ;  lonn,  béte;  kelionnienn,  mouche  ;  melioànienriy  fourmi 
(on  ajoute  à  Sarzeau  le  mot  air^  de  couleuvre,  je  ne  sais  pourquoi)  ;  etc. 
M  est  elle-même  nasalisée  dans  i  o/î,  nous  sommes  (==  e  omb)  ;  un  y 
se  (=hum). 

R  est  souvent  transposée  ou  ajoutée,  ou  changée  en  /  :  kerdein^  croire, 
mi gerdy  kerdienriy  croyance;  kourhienn^  peau;  belorsienrif  prune  sau- 
vage» chaldreiriy  St-Gild.  saldrein^  sardine;  iir  gernienn,  un  grain, 
St-Gild.  iir  knnienn,  iir  lenienn  (=  ur  hranenn);  etc. 

Il  arrive  quelquefois,  à  Sarzeau,  qu'on  fait  rouler  r  entre  deux  con- 
sonnes, sans  insérer  de  voyelle  :  trchoày  trrchoày  oseille;  brriy  brrn,  du 
jonc  ou  du  son  (St-Gild.  brienn). 

En  vannetais  commun^  r  tient  la  place  de  diverses  consonnes  :  fari^ 
erreur  =  fazi  {cf.  meza  ou  mera,  pétrir),  gurein  =  gwenan^  abeilles.  La 
même  substitution  a  lieu,  aussi  bien  à  Saint-Gildas  qu'à  Sarzeau,  dans 
les  mots  arw,  nom  =  hano;  lêrad,  ortie  =  leinad;  làru  ou  lùri,  cendres, 
=  luda  ;  gouriadienriy  feu  de  joie,  =  gouiladenn.  Mais  keneuienriy  noix, 
garde  son  n,  comme  à  Vannes,  tandis  que  dans  tous  les  autres  dialectes 
bretons  cette  lettre  est  devenue  r. 

H  est  plus  dure  à  la  fin  des  mots,  où  elle  équivaut  à  peu  près  à  ^h  : 
huec'h^  six  ;  5e(fhy  sept  ;  ec'hy  huit. 

Elle  est  souvent  insensible  après  /  ou  r  ;  kiarheifiy  ou  kierhein,  mar- 
cher; houarheifiy  rire,  yâlhad,  boursée;  dimerher,  mercredi;  gourhid, 
fuseau  ;  dathein,  tenir  (cf.  bret.  commun  dal,  dalid,  dalet;  marek^  cavalier). 

Au  commencement  des  roots,  h  se  perd  quelquefois  :  ânn  huer,  huair, 
la  soeur  ;  ou-s  huair,  votre  sœur.  —  Quelquefois  cette  aspiration  se 
change  en  g  :  i  mien  i  g-â,  St-Gild.  /  g-ia,  où  va-t-il,  =  e  men  e  haK 

Il  se  fait  souvent  une  contraction  entre  la  voyelle  qui  précède  et  celle 
qui  suit  h  :  e\  pè  vir,  comme  si  l'on  était  (=  veher)  i  vadlr,  on  baptise  ; 
pirioh^  pécheurs  ;  bronniek  =  brehonek,  breton. 

Remarques. 

On  voit  que  cette  phonétique  n'est  autre  que  celle  du  vannetais  en 
général,  mais  celle-ci  plus  hardiment  développée,  et  logique  jusqu'au 
bout.  Les  changements  de  voyelles  viennent  presque  tous  de  la  tendance 

I.  Cela  arrive  parfois  aussi  en  Comouillais  :  geuUaj  suivre  ;  e  gani,  le  sien.  H  n'est 
pas  un  simple  signe  orthographique  ;  les  Trécorois  la  prononcent  c'A,  surtout  dans  cer- 
taines constructions  (c*hir,  c'hirvoad,  c*houarttj  etc.). 


$6  Le  dialecte  Vànnetais  de  Saruaa. 

à  faire  prédominer  /;  et  de  même,  ceux  des  consonnes  ne  sont  guère 
que  des  chuintements.  Il  est  à  remarquer  que  ce  zétacisme  qui  règne 
dans  les  autres  dialectes  spécialement  aux  pluriels  inanimés,  se  manifeste 
en  vànnetais  partout  ailleurs  que  là. 

Cette  machine  phonétique  dont  je  viens  de  décrire  les  principaux  res- 
sorts, joue  en  général  d'une  manière  sûre  et,  on  peut  le  dire,  intelli- 
gente. 

Ainsi,  bien  qu'il  n'y  ait  pas  de  différence  entre  la  prononciation  de 
yUy  ye^  et  celle  de  ia,  ie,  la  forme  de  l'article  montre  assez  que  la  langue 
sent  la  distinction  entre  y  demi-consonne  et  /  voyelle  :  àr  yar^  la  poule, 
et  ànn  iarhy  la  neige;  ànn iarw,  le  sillon;  àr  yehet,  la  santé,  et  ànn  ient^ 
plus  souvent,  ànn  ient^  la  route.  Ainsi  encore,  on  dira  posément  m'es 
chei  ou  kuilët^  je  ne  vous  ai  pas  vu;  mais  si,  ce  qui  arrive  souvent  dans 
la  rapidité  de  la  conversation,  l'è'  de  la  terminaison  du  dernier  mot  dis- 
paraît, la  voyelle  e,  qui  s'était  changée  en  /  devant  /  simple,  deviendra 
diphthongue,  maintenant  que  cette  lettre  est  suivie  d'un  f,  et  l'on  dira 
m'es  chei  ou  kioPt,  Le  /  final  peut  lui-même  disparaître,  mais  son  effet 
reste  :  m'^s  chei  ou  Itioi'l.  Cette  dernière  forme  est  très-fréquente. 

Les  mots  qui  subissent  deux  transformations  successives,  comme  eaàj 
iahy  eiaày  sont  rares. 

Certaines  méprises  ont  lieu  qui  tiennent  à  ce  qu'il  y  a,  en  vànnetais, 
de  la  confusion  et  de  l'incertitude  au  sujet  de  la  réduplication  des  con- 
sonnes. Ex.  :  chàpil^  chapelle;  leln,  lire;  bialig,  pi.  bialiaày  prêtre. 

Quant  aux  mots  qui  échappent  le  plus  souvent  aux  règles  de  pronon- 
ciation, ces  exceptions  s'expliquent  par  l'influence  directe  du  langage  de 
Vannes. 

Enfin,  il  y  a  dans  cette  variété,  aussi  bien  que  dans  toutes  les  autres, 
des  mots  où  les  sons  primitifs,  transformés  partout  ailleurs,  ont  été  con- 
servés fidèlement,  grâce  aux  sympathies  d'une  phonétique  spéciale. 
Voilà  pourquoi  sans  doute  on  prononce  à  Sarzeau  ;  àr  M/,  le  monde  ; 
plig^  pli.  Si  jamais,  dans  ces  mots,  1'/  était  devenu  e,  cet  e  à  son  tour 
devait  ici  se  changer  en  ie. 

iV,  dans  balanienn,  balai,  est  insérée  peut-être  par  suite  d'une  fausse 

analogie. 

}o  Les  finales. 

A  Sarzeau,  surtout,  la  finale  tombe  souvent,  même  quand  le  mot  qui 
suit  commence  par  une  voyelle  :  mouA^  plus  ;  /  hanA  fian^  le  sien  à 
lui  ;  named^  si  ce  n'est  ;  Jezus-Krist;  avel,  comme;  pép  droug,  chaque 
mal  ;  er  ted-me/z,  en  ce  monde;  f4d,  père;  spirii-santel;  aveii  ou  «t-o/ib, 
pour  nous;  youd,  bouillie  ;  dracMd^  pi.  drachkiet,  grive;  maiskl^  sing. 


Le  dialecte  Vannetais  de  Sarzeau,  57 

misUienn^  une  moule  ;  ivl  de  l'huile  ;  /iVl,  sing.  tivlienn,  tuile  ;  ponl^ 
pont  ;  nùdy  filet,  pi  ruideu,  etc. 

La  même  habitude  existe,  mais  moins  générale,  dans  le  reste  de  la 
Bretagne  :  iàd  silet;  ne  kei  brao  ;  dek  gwennek;  pemp  lûr;  etc.,  surtout 
quand  le  mot  finit  par  deux  consonnes  (omp,  str,sk\y  bl,  etc.).  Seulement, 
elle  n'apparait  guère  dans  l'écriture  que  dans  certains  mots  composés, 
comme  beveach  =  bep-veach  ;  Goarc^had,  le  Vieux-Marché  ;  =  Kaz-Var- 
c^had;  dijentilj  dejentil  «  den-jentil,  pi.  îuchentil  =  tud-jefitil,  pemoc'h=: 
petohmodh  ;  pedabenn  =  penn-da-benn  ;  hemiken  =  hep-mui-ken  ;  breman 
=  *bret-man  ;  are,  are  (P.  Mannoir)  =  ar  re^  ur  re  ;  anrod  =  aàv-rod  ;  et 
dans  de  petits  mots  très-usités,  qui  perdent  leur  consonne  finale  régu- 
lièrement devant  une  consonne  (Aag,  hoc%  Van.  ou-s;  Trég.  A^c'h, 
son,  sa,  à  elle,  dont  le  C'A  s'assimile  kl,  r,  n  du  mot  suivant  ;  m^r,  ez, 
«c'h,  etc.). 

Il  y  a  en  breton  plusieurs  phénomènes  que  la  même  cause  a  pu  au 
moins  contribuer  à  produire.  Ainsi  la  suppression  de  z,  générale  en 
Tréguier,  a  lieu  plus  souvent  dans  les  autres  dialectes  à  la  fin  que  dans 
le  corps  des  mots  ;  au  contraire,  la  nasale^  conservée  et  même  ajoutée 
sans  raison  par  les  Trécorois  et  les  Vannetais,  se  perd  fréquemment  à  la 
fin  des  mots,  en  Léon  et  en  Comouaille,  etc. 

Au  commencement  des  mots  aussi,  il  peut  se  faire  une  élision,  un 
mot  même  disparait  quelquefois  :  'd-i  keX*nn  i  dei,  il  n'est  pas  chez  lui  ; 
y  a  zou,  ihd  a  zou,  ils  sont  ;  'ri-nei,  les  nôtres  (hun  re-ni). 

4®  Vaccenî. 

L'accent  est  rarement  sur  l'antépénultième  :  àziït^  assis  (}  syll.). 

Quand  il  est  sur  ravant-demière,  il  fait  quelquefois  disparaître  entiè- 
rement celle  qui  suit.  Cela  arrive  dans  les  participes  :  ainsi  kàrgèt,  karg^t 
ou  karg'Xy  rempli. 

L  accent  sur  la  dernière  fait,  dans  certains  cas,  alléger  la  syllabe  pré- 
cédente, comme  en  vannet.  avdl,  avëleu  :  les  noms  d'agents  en  ir  [non 
précédé  de  /),  eïr,  our,  font  leur  pluriel  en  erion^  aour  fait  arion.  Tous 
font  leur  féminin  en  changeant  /r,  ri>,  our^  enouries,  pi.  ourieut,  ouriai- 
ut.  Ex.  : 

Pobir  (les  jeunes  disent  plutôt  boulanjir);  fornir,  pi.  érion,  chacheïr, 
St-CM.  chaseïr,  chasseur]  chkoleïr y  écolier,  pi.  érion,  gouryir,  tailleur, 
goûry/non;  m/rwn,  des  fileurs,  etc.  Meleinour,  meunier;  fmour,  tisse- 
rand, pi.  erioh\  chivrerion^  des  pêcheurs  de  crevettes;  chkolaour,  maître 
d'école;  pisketaour,  pêcheur;  {piskedienn,  un  poisson);  airietdour, 
chasseur  de  couleuvres  (verbe,  airietat,  du  pi.  airiet  ou  airiori)\  gouie^ 


58  Le  diûleete  Vannetak  de  Saneau* 

taoar,  chasseur  de  taupes  (du  verbe  gouieta  ou  gouietat^  du  pi.  gouiet), 
pi.  arioh  ;  etc. 

Enan^  petit  serpent  qu'on  dit  aveugle,  représente  anaff  (Cath.)» 
accentué  sur  la  dernière  andff  à  la  vannetaise,  tandis  que  la  forme 
des  autres  dialeaes,  anv^  =  dnaff. 

IV.   QUELQUES  OBSERVATIONS  SUR  LA  GRAMMAIRE    ET   LE  VOCABULAIRE. 

10  Mutations, 

Un  avadienny  une  brebis  (pi.  diyit)^  est  un  des  rares  exemples,  en 
armoricain,  de  la  mutation  nasale.  On  pourrait  en  ajouter  quelques  autres 
à  la  liste  de  la  Gr.  C>  206.  Ainsi  men  Duiy  mem  brêr^  =  gall.  fy  nuw^  fy 
mrawd;  la  conjugaison  trécoroise  du  verbe  en  dont  aux  ;^  et  1^  pers.  : 
en  eus,  an  eus,  an  eveus  ;  en  oa,  an  eva,  en  ifoa,  en  ivoa;  en  oe  ;  en  efe; 
en  eve  ;  en  ije;  en  eo,  an  efe,  etc.  ;  am  à,  am  oa  ;  em  ije,  etc.  ;  un  nerwenn, 
un  chêne  (Man.  bret.-fr.  par  A.  Guyot-Jomard,  Vannes  1867,  p.  9). 
A  St^Gild.  on  prononce  aussi  quelquefois  un  niarwienn,  à  Sarz.  un  diar- 
wienn,  et  plus  souvent  ur  huiyenn-^iiarw. 

La  dentale  finale  disparaît  après  n  :  badeienty  baptême;  ugient,  vingt; 
argantj  argent;  etc.  Il  n'y  a  là  qu'une  chute  de  finale  ;  mais  dans  les 
autres  dialectes,  n  reste  nasalisée,  et  la  dentale  s'assimile  à  n  :  Tréc. 
ugeàdf  ugeàn;  ardhahd,  arc'hann, 

2*  Pluriel. 

Il  est  plus  régulier  que  dans  le  vannetais  commun,  surtout  à  Sarzeau. 
Ainsi  kouiliar^  perdrix,  pi.  kouliariet;  kaziek,  jument,  pi.  kezekiet  (St- 
Gild.  kezek)  ;  kahiety  chats;  mârhiet,  chevaux  (St-Gild.  kezek);  kogiet, 
coqs  (St-Gîld.  kigly);  mouialhiety  merles,  St-Gild.  moualhiy;  grâgiet,  ou 
groagi,  gragiy  femmes;  bleiet  (Sarz.),  bleidei  (Saint-Gildas  et  Sarzeau), 
loups  ;  dorneu,  mains  (au  propre). 

Le  mot  neiadeu^  St-Gild.  niadeu^  nichées,  est  usité  :  klask  ànn  neia- 
deu,  chercher  des  nids.  Du  pi.  goei,  des  oies,  on  forme  le  sing.  iir 
hoeUnn,  Chîfr,  crevette,  est  singulier,  et  a  pour  pi.  chtvriet^  d'où  monet 
dâ  chivrietat. 

Quelques  noms  ne  changent  pas  au  pluriel  :  mein;  pierre,  pi.  meià  ou 
meineu.  —  Remarquez  les  pi.  hoairziet,  sœurs  ;  annuairzUt,  annairziet, 
génisses  ;  moairieuziet  (Sarz.)  tantes,  de  moairieb. 

30  Féminin. 

Le  mot  peiol y  grand,  sorte  de  nom  adjectif  qui  précède  toujours  son 
substantif,  prend  au  féminin  la  terminaison  lenn  :  pekolienn  voes,  grande 
femme  ;  peÛllenn  vioc'h,  grande  vache. 


Le  Malecte  Vannetais  de  Saneau.  59 

Au  pluriel,  devant  un  nom  d'être  animé,  il  peut  prendre  la  terminai* 
son  iet,  peioliet  tud,  plus  souvent  ptltol  tud,  grands  hommes.  PeUol  teyir, 
à  St-Gild.  tiyir,  grandes  maisons. 

Ce  suffixe  féminin  enn,  dans  les  adjectifs  employés  substantivement, 
n'est  pas  très-rare  en  breton  Le  masculin  prend  quelquefois  un  autre 
suffixe.  Ainsi  koziad^  vieillard,  fém.  kozenn,  St-Gild.  ko<fhienn;  luduek, 
frileux,  à  Sarz.  luruieh,  luriyek,  à  St-Gild.  luriekj  fém.  luduenn,  Sarz. 
luriyenn,  St-Gild.  lârienn,  etc.  Grég.  de  Rostrenen  donne  hailhebod, 
coquin,  fém.  haillebodis  ou  hailhebodenn.  On  dit  à  St-Gild.  duardienn, 
noiraude,  dans  Grég.  de  Rostrenen  «  duardès^  van.  duardell.  » 

Cette  autre  terminaison  féminine,  ell,  qui  se  trouve  dans  arvore/,  armo- 
ricaine, fém.  à^arvoriad  (Le  Pelletier  et  Le  Gonidec),  camusell  (Le  P., 
camuses)  craczoasell,  friponell  (Grég.  de  Rostrenen)  sodel  (vocab.  vann.  : 
ah  pikôl  sodel  !  ah  grande  sotte  !  er  sodid  hag  er  sodellèd,  les  sots  et  les 
sottesj,  n'est  usitée,  à  ma  connaissance,  que  dans  ce  dernier  mot;  et  les 
deux  exemples  ci-dessus  se  disent  :  ah  peItôUenn  sodiall!  àr  sodied  hag 
âr  sodialliet^  St-Gild.  :  àr  zodied  hag  àr  zodialUet,  Le  même  suffixe  parait 
dans  kairiall  =  kaerell,  belette. 

4®  Construction  et  Vocabulaire. 

On  emploie  à  Sarzeau  anou,  de  lui,  etc.,  dans  des  expressions  comme 
celles-ci:  marw  ianou,  mort  est  de  lui,  c'est-à-dire  il  est  mort;  parteiet  i 
anou,  il  est  parti  ;  'houïan  ket  pigours  i  tei  anou,  je  ne  sais  pas  quand  il 
reviendra  ;  a  p'en  due  anou  chairr'ét,  ou  a  fen  due  chairr'ét  anou  këmid  en 
duai,  quand  il  eut  rassemblé  tout  ce  qu'il  avait  ;  'labour  ket  aneij  elle  ne 
travaille  pas,  klah  i  anou,  il  est  malade,  etc. 

Parmi  les  particularités  de  vocabulaire,  je  citerai  seulement  ici  les  mots 
pitau^  richard;  ur  bagous^  une  fauvette;  ùr  b'éWan  (par  eu  franç.)^  un 
bouvreuil  ;  ûr  jabouru,  iir  jabot-ru,  un  rouge-gorge  ;  iir  huein-kuein,  un 
pinson  ;  ûr  vrohvrohy  un  hanneton;  un  arohdiall  (ou  ur  logodienn)  pienn- 
dal,  une  chauve-souris;  yâr  ànn  entru  Dui,  Doui,  la  bête  à  bon  Dieu; 
magan,  maigah  [ûr  vagahnienn^  au  sing.)  à  St-Gild.  guegan,  le  fruit  de 
l'aubépine  ;  oualleiâ,  (comme  en  fr, gâter) ,  répandre  ;  toleiâ  ou  dichkar{éuein) , 
verser  (à  boire);  Roan-doar,  Rennes  (-en-terre),  St-Gild.  Ruian-doar; 
et  Roan-mour  Rouen  (-sur-mer),  St-Gild.  Ruian;  enfin  le  mot  goskôr^ 
collectif  féminin^  =  gall.  gosgordd^  Cath.  coscor^  que  d'après  les  témoi- 
gnages écrits  on  avait  tout  lieu  de  croire  disparu  à  jamais  des  dialectes 
armoricains^  et  qui  pourtant  est  employé  à  Sarzeau  et  à  Saint-Gildas,  par 
les  jeunes  comme  par  les  vieux,  pour  pluriel  de  goas,  serviteur. 

Emile  Ernault. 


LAVAROU  KOZ  A  VREIZ  IZEL.' 


SEIZVED  STROLLAD. 

AR  MIZIOU. 
I 

MIZ  GENVER. 

66  j  Ann  armanach  ne  lar  ket  gaoa  : 

Pa  ve  erc*h  've  gwenn  ann  îraou, 
Pa  ve  avelfich  ar  bodou, 
Pa  ve  glao  've  vil  ar  poullou. 

664  Miz  Genver, 

Kalet  pe  dener. 

66  j  Miz  Genver^  hirio  vel  kent, 

A  ziskouez  eo  hir  he  zent. 

666  Pa  ve  tremenet  dent  Genver 

E  ve  diskoiUoc'h  ann  amzer, 

667  Ne  vezo  ket  leun  ar  zolier 

Mar  bez  heol  tomm  da  viz  Genver. 

668  Gwell  eo  gwelet  ki  en  kounnar 

Evit  heol  tomm  e  miz  Genvar, 

66^  Aliez  ar  wenn  reo 

A  zeu  araog  ar  glao, 

670  Reo  gwenn  war  ar  c'hresky 

Amzer  gaer  hafresk. 

671  Reo  gwenn  war  loar  nevez 

A  denn  d'ar  glao  aliez. 

672  Reo  gwenn  en  diskar^ 

Amzer  c'hleb  hep  mar. 

67}  Pa  vez  ann  erc'h  war  ann  douar 

Ne  vez  na  tomm  na  klouar. 

I.  cf.  t.  Il,  p.  362*  et  suiv. 


PROVERBES    ET   DICTONS 

DE  LA  BASSE-BRETAGNE. 


SEPTIÈME  SÉRIE. 

LES  MOIS. 
I 

MOIS  DE  JANVIER. 

663  Un  almanach  jamais  ne  ment: 
S'il  neige,  tout  au  loin  est  blanc, 

S'il  vente,  les  branches  sont  en  branle, 
S'il  pleut,  il  y  a  des  mares  partout. 

664  Mois  de  Janvier, 

Rigoureux  ou  tempéré. 

665  Janvier,  aujourd'hui  comme  avant, 

Montre  qu'il  a  longues  les  dents  ^ 

666  Les  dents  de  Janvier  passées, 

Moins  glacial  est  le  temps. 

667  Point  ne  s'emplira  le  grenier 

Si  chaud  soleil  brille  en  Janvier. 

668  Mieux  vaut  voir  chien  enragé 

Que  chaud  soleil  en  janvier. 

669  Souvent  de  blanche  gelée 

La  pluie  est  précédée. 

670  Gelée  blanche  au  croissant. 

Du  frais  et  du  beau  temps. 

671  Gelée  blanche  à  lune  nouvelle 

La  pluie  souvent  appelle. 

672  Gelée  blanche  au  décours, 

Temps  humide  toujours. 

67  }  Quand  la  neige  couvre  les  champs, 

Ni  tiède  ni  chaud  n'est  le  temps. 

1.  Us  aifpûlles  de  glace  qui  pendent  aux  toits  sont  généralement  connues  sous  le  nom 
de  dints  di  janvier. 


62  Lavarott  Koz  a  Vrûz  lui, 

674  Re  a  erc%  re  a  gerc^h^ 

Re  a  skorn,  re  a  zegal. 

675  Pa  skorn  ann  dour  en  fi, 

A  koll  ar  c'herc'h  hefrL 

676  Pa  varv  ar  gerc^hen  gand  ar  riou^ 

Unan  a  chomm  a  dalv  dioa, 

677  Genvirig  a  lavar 

Ez  eux  vi  gand  ar  iar. 

II. 
MIZ  CHOUEVRER. 

678  Hanter-Genver  eun  eur  a  hed^ 

Da  c*houel  Chandeleur  diou  abred. 

679  Da  chouel  ar  Chandeloury 

Dell  da  bep  micherour^ 
Nemet  d^ar  c'hemener 

Ha  d^al  luguder. 

680  Da  (Chouel  Varia  Goulou^ 

Kuzet  ar  c*hantolerioa 
Ha  torret  ar  c*higelou; 
Hanter-greun^  hanter-hloaZj 
Ann  had  diaveaz^ 

Ann  ozac*h  en  eaz. 

681  Miz  Chouevrer  a  âhouez^  a  c^hoim^ 

Hag  a  laz  ar  vouait  h  war  he  nez. 

682  Gand  dillad  tomm  ha  bevans  mad 

Pep  miz  goanv  zo  deread. 

683  Da  (Chouel  Mathiez, 

Vi  e  reor  ann  houadez, 

Hag  ar  bik  a  choas  he  baret. 

684  Tremenet  gouel  Sant  Mathiaz, 

Ann  heol  d*he  /iV,  ann  dour  d^he  fiaz^ 
Ha  lezenn  ann  hent  da  vean  glaz. 

68  j  Genver  a  garg  ar  foz, 

Chouevrer  hen  dalc^h  kloz. 

686  Avel  gevret^  da  ziwada  moc^h 

Diwallit  ho  kountel  gan-e-hoc^h. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne.  6} 

674  Trop  de  neige,  trop  d'avoine; 

Trop  de  glace,  trop  de  seigle. 

675  Quand  l'eau  gèle  dans  la  maison, 

Perd  son  nez  l'avoine  au  sillon. 

676  Quand  l'avoine  meurt  de  froid, 

Un  grain  qui  reste  en  vaut  deux. 

677  Le  gentil  Janvier  dit 

Qu'il  est  œuf  dans  la  poule. 

II 
MOIS  DE  FÉVRIER. 

678  A  la  mi-janvier,  le  jour  croit  d'une  heure, 
De  deux  environ  à  la  Chandeleur  (2  février). 

679  A  la  Chandeleur, 

Jour  pour  tout  travailleur, 

Hormis  le  tailleur 
Et  le  flâneur. 

6go  A  la  fête  de  la  Chandeleur, 

Cachez  les  chandeliers 

Et  brisez  les  quenouilles  ; 
Le  grain  demi-consommé,  Tan  demi-écoulé, 

La  semence  prélevée, 
A  l'aise  se  sent  le  mattre  de  la  maison. 

681  Février  souffle,  souffle, 

Et  tue  le  merle  sur  son  nid. 

682  Quand  on  a  chauds  vêtements,  bonne  table, 
Chacun  des  mois  d'hiver  est  supportable. 

683  A  la  Saint-Mathias, 

L'œuf  est  au  c.  de  la  cane, 

Et  la  pie  cherche  à  s'apparier  (24  février). 

684  La  Saint-Mathias  passée, 

Le  soleil  reprend  son  éclat,  l'eau  sa  saveur, 
Et  la  lisière  du  chemin  de  reverdir. 

685  Janvier  remplit  le  fossé, 

Février  le  tient  clos. 

686  Par  vent  de  sud-est  cochon  ne  saignez 

Et  votre  couteau  ramassez. 


64  Lavarou  Koz  a  Vreiz  lui. 

687  Er(^h  a  dreoriy  glao  a  viZy 

Cwasa  diou  amzer  a  weliz. 

688  Meurlarjez  kaillarek^ 

Arc' h  ha  solier  barrek. 

689  Mar  teuje  Meurlarjez  teir  gvech  ar  bloaz, 

E  lakaje  ann  dud  da  redek  e  noaz. 

690  Red  eo  lakat  piz  e  gleac'h^ 

N*e  ket  hino  evel  deac'h.  (Al  ludu.) 

/// 

MIZ  MEURS. 

691  Ber,  ber^  miz  Chouevrer,  karg  ann  and  hag  arfoz^ 
Me  ho  dizec^ho  en  eun  deiz  hag  eun  noz, 

692  Meurs  gand  eur  c^houezadenn 

A  zizec'h  ar  foz  penn-da-benn, 

693  Miz  Meurs  gand  eur  c^houezadenn 

A  laz  meur  a  vagadenn. 

694  Ar  miz  Meurs  gand  he  vorzoliou 

A  zeu  da  skei  war  hon  noriou. 

695  Miz  Meurs  gand  he  vorzoliou 

A  laz  al  lueou  en  ho  mammou, 

696  Meurs  a  laz  gand  he  vorzoliou 

Ann  ejen  braz  e  korn  ar  c'hraou. 

697  Miz  Meurs  gand  he  vorzoliou 

A  zo  ker  gi^az  hag  an  Ankou, 

698  E  mis  Meurs  glao  hag  avel  foU 

A  rai  lakat  evez  d^ann  holl, 

699  Meurs^  gand  he  veurzeri^ 

A  ra  d'ar  c'hrach  staota  barz  ann  ti^ 
Ha  d'he  merc'h  kerkouls  hag  hi. 

700  Deuet  Meurs  e^giz  ma  karo, 

Crac^h  e  korn  ar  c'hleun  a  dommo, 

70 1  Da  c'houel  sanî  GuennoUj 

Stanka  'r  foennek  oc^h  ar  c^hole. 

702  Da  chouel  PoU 

Lakad  mern  vihan  war  ann  daoL 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne,  65 

687  Neige  de  derrière,  vent  de  nord-est, 

Les  deux  plus  mauvais  temps  que  je  connaisse. 

688  Carnaval  crotté, 

Huche  comble  et  plein  grenier. 

689  Si  le  Carnaval  venait  trois  fois  Pan^ 

Tout  nus  à  courir  il  mettrait  les  gens. 

690  II  faut  mettre  à  tremper  les  pois, 

A  hier  aujourd'hui  ne  ressemble  pas  (le  mercredi  des  Cendres). 

III 
MOIS  DE  MARS. 

691  Coule,  coule.  Février,  remplis  rigole  et  fossé. 
En  un  jour  et  une  nuit  je  les  dessécherai. 

692  Mars,  d'un  souffle, 

Dessèche  le  fossé  de  bout  en  bout. 

69)  Mars,  d'un  souffle. 

Tue  beaucoup  de  nourrissons. 

694  Mars  avec  ses  marteaux  ' 

Vient  frapper  sur  nos  portes. 

695  Mars  avec  ses  marteaux 

Dans  leurs  mères  tue  les  veaux. 

696  Mars  tue  avec  ses  marteaux 

Le  grand  bœuf  dans  le  coin  de  l'étable. 

697  Mars  avec  ses  marteaux 

Fait  autant  de  mal  que  la  Mort. 

698  Au  mois  de  mars  pluie  et  vent  fou  : 

Sur  nos  gardes  tenons-nous  tous. 

699  MarS;  avec  ses  Marseries  (rigueurs). 

Fait  qu'à  la  maison  pisse  la  vieille, 
Et  sa  fille  aussi  bien  qu'elle. 

700  Arrive  Mars  quand  il  voudra, 

Dans  un  coin  du  fossé  vieille  se  chauffera. 

701  A  la  Saint-Guennolé, 

Au  taureau  ferme  le  pré  (4  mars). 

702  A  la  Saint-Pol, 

Mets  collation  sur  table  (12  mars). 

I.  La  grêle. 

Ra.  CeH.  m  S 


66  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Izel. 

703  Tri  de  goude  ma  kan  ann  drask^ 

Et  ia  ar  vioc'h  joaiïs  d^he  nask, 

704  Pa  glewfet  ann  drask  0  kanan, 

Serret  keuneud  mad  da  doman  ; 
Pa  glewfet  ar  welc'h  goude-ze, 
Tolet  ho  chupenn  a  goste. 

705  D^ar  zul  Bleuniou^ 

A  lamm  ar  zaout  dreist  ar  c^hletaiou. 

706  Da  Vener  ar  groez 

A  kroaz  ar  bik  he  nez. 

707  D^ar  zul  Bask, 

A  lamm  ar  zaout  dreist  ho  nask. 

708  Qa  c^houel  Sant  Joseph  pe  Sant  Beneadj 

Gounid  ar  panez  hag  al  lin  mad. 

709  Da  zul  Bleuniou,  konf  ar  vioa  ; 

Da  zulBask,  terri  ho  fennou; 

Da  zul  ar  Chasimodo.fril^  ar  c'hoz  podou^. 

7 1 0  Epad  ar  zizun  santel, 

Amzer  goloet,  avel^ 

7 1 1  Deuz  ann  heol,  Meurlarjik, 

Deux  ann  eteo  Paskik. 

712  Ann  ened  seac'h,  Pask  kaillarek 

A  lak  ann  arc'h  da  veza  barrek. 

IV 

MIZ  EBREL 

7 1  j  Ebrelik,  Ebrelik, 

Digor  da  ziou  askellik. 

7 1 4  Pask  a  dost,  Pask  a  bell, 

Pask  a  vo  en  Ebrel  ; 
Pask  en  Ebrel  a  vo 
Pe  ar  Chasimodo, 

7 1  j  Deuet  Meurlarjez  pa  garo, 

Pask  pe  Gasimodo 
En  Ebrel  hen  em  gavo. 

1.  La  très-ancienne  coutume  de  briser,  le  dimanche  de  la  Quasimodo,  les  pots  hors  de 
service,  est  toujours  en  vigueur  dans  les  vieilles  familles  bretonnes.  Bien  que  les  jeux  bruyants 
auxquels  elle  sert  de  prétexte,  semblent  dépourvus  de  toute  signification,  il  ne  serait  pas 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse^Bretagne,  67 

70  )  Trois  jours  après  que  la  grive  a  chanté, 

La  vache  va  joyeuse  au-devant  de  son  lien. 

704  Quand  vous  entendrez  la  grive  chanter, 
Enfermez  le  bois  propre  à  vous  chauffer; 
Quand  vous  entendrez  le  merle  plus  tard, 
Jetez  bas  pourpoint  pour  le  mettre  à  part. 

705  Le  dimanche  des  Rameaux, 

Les  vaches  sautent  par-dessus  les  fossés. 

706  Le  Vendredi  Saint, 

La  pie  croise  son  nid. 

707  Le  dimanche  de  Pâques, 

Les  vaches  sautent  par-dessus  leurs  liens. 

708  A  la  Saint-Joseph  ou  à  la  Saint-Benoit, 

Semez  les  panais  et  le  bon  lin  (19  et  21  mars). 

709  Le  dimanche  des  Rameaux,  compte  tes  œufs; 
Le  dimanche  de  Pâques,  casse-les  en  deux; 

Le  dimanche  de  la  Quasimodo,  brise  tes  vieux  pots. 

710  Pendant  la  semaine  sainte 

Temps  couvert  et  vent. 

7 1 1  Carnaval  au  soleil, 

Pâques  au  tison. 

7 1 2  Carnaval  sec,  Pâques  crotté  ; 

La  huche  est  pleine  à  déborder. 

IV 

MOIS  D'AVRIL. 

7 1  j  Petit  Avril,  petit  Avril, 

Ouvre  tes  deux  petites  ailes. 

714  Pâques  de  près,  Pâques  de  loin, 

Pâques  en  Avril  sera; 

En  Avril  sera  Pâques 
Ou  la  Quasimodo. 

71 5  Vienne  Carnaval  quand  il  lui  plaira, 

Pâques  ou  Quasimodo 
En  Avril  se  trouvera. 

impossible  qu'elle  n'eût  eu  dans  l'origine  un  caractère  sérieux,  et  ne  se  rattachât  par 
quelque  côté  à  certaines  pratiques,  touchant  la  purification  des  vases,  dont  font  mentu>n 
les  Godes  religieux  de  plusieurs  peuples  de  l'antiquité. 


68  Lavarou  Koz  a  Vreiz  IzeL 

7 1 6  Etre  Pask  ha  Meurlarjez, 

Seiz  sizun  nemet  daou  dez, 

717  Etre  Pask  ha  Pentekost, 

Seiz  sizun  penn  ha  lost. 

7 1 8  Pask  gleborek, 

Eost  baraék, 

719  Pazav  al  loar  abarz  ann  noZj 

Had  ar  panez  antronoz. 

720  Ar  ran  a  gan  kent  miz  Ebrel 

A  ve  g»felloc^h  d^ezhan  tevel. 

721  Pa  gan  ar  ran  e  kreiz  an  deiz, 

Neuze  vez  poent  gounid  ann  heiz. 

722  Pa  gan  ar  ran  e  kreiz  arprad, 

Neuze  vez  poent  gounid  peb  had^ 
Nemet  al  lann  hag  ar  pilad  < . 

725  Evit  ar  raned  da  ganOy 

Ma  bioc'hik  paour-me  a  varvo; 
Pa  gano  ar  goukou  d^eomp-ni. 
Ma  bioc^hik-me  ne  varvo  mui. 

724  Dre  ma  tosla  hanter-Ebrel^ 

E  kousk  ann  oac^h  hag  ar  mevel; 
Ar  vroeg  a  lâr  en  miz  Mae 
D^ar  vatezik  :  demp  ive  / 

725  Er  bloaz  biseost  nep  a  ve  finn. 

A  laka  kanab  el  lec'h  linn  ^. 

726  Da  c'houel  Pêr,  planta  kignenn  ; 

Da  c^houel  Pêr^  skoulma  kignenn  ; 
Da  c^houel  Pêr,  tenna  kignenn, 

727  Ebrel  charw^ 

Porfhel  marw. 

728  Blavez  gliZy 

Blavez  gwiniz, 

1.  Le  pilât,  aujourd'hui  inconnu  en  Bretagne,  mais  très-souvent  nommé  dans  les  anciens 
titres,  était,  si  l'on  en  croit  Cambry  qui  pourrait  en  avoir  vu  les  derniers  échantillons, 
o  une  espèce  d'avoine  ou  de  blé  avorté  qu'on  ne  pouvait  manger  qu'en  bouilUe.  On  n'en 
donne  point  aux  chevaux,  dit-il,  ses  extrémités  trop  aiguës  pourraient  s'attacher  à  leur 

2.  Var.  Bloava  biseost,  nep  a  ve  finn, 

A  losk  ar  ^herc'h  hag  a  had  linn; 
Nep  a  ve  finn,  ar  bloaz  warlerc% 
A  losk  al  linn  hag  a  had  kerc'h 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-^Bretagne.  69 

716  Entre  Pâques  et  Carnaval, 

Sept  semaines  moins  deux  jours. 

717  Entre  Pâques  et  Pentecôte, 

Sept  semaines  tète  et  queue. 

718  A  Pâques  de  la  pluie  partout, 

Abondance  de  pain  en  août. 

719  Quand  la  lune  se  lève  avant  la  nuit. 

Sème  tes  panais  le  lendemain. 

720  Grenouille  qui  chante  avant  Avril 

Ferait  mieux  de  se  taire. 

72 1  Quand  grenouille  chante  au  milieu  du  jour, 

Il  est  temps  de  semer  l'orge. 

722  Quand  grenouille  chante  au  milieu  des  prés, 

Il  est  temps  de  mettre  en  terre  chaque  semence, 
Excepté  celle  d'ajoncs  et  de  pilat. 

72  j  Malgré  le  chant  des  rainettes 

Ma  pauvre  petite  vache  mourra; 
Quand  le  coucou  pour  nous  chantera, 
Ma  petite  vache  sauve  sera. 

724  Plus  approche  la  mi-avril, 

Et  plus  maître  et  valet  trouvent  temps  pour  dormir; 

Au  mois  de  Mai  la  femme  dit 
A  la  jeune  servante  :  allons  dormir  aussi. 

72  j  L'an  bissextile,  l'homme  fin 

Mettra  du  chanvre  au  lieu  de  lin>. 

726  A  la  Saint-Pierre,  plante  l'ail  (1 5  avril); 

A  la  Saint-Pierre,  noue  l'ail  (29  juin); 

A  la  Saint-Pierre,  arrache  l'ail  (1"  août). 

727  Rude  Avril, 

Cochon  mort. 

728  Année  de  rosée. 

Année  de  froment. 


gosier,  et  leur  causer  une  toux  dangereuse  ;  ils  le  refusent  et  le  rejettent.  »  (Voyage  dans 
le  Finistère,  par  Cambry,  avec  des  notes  par  le  comte  de  Fréminville,  Brest,  1836,  in-8*, 
p.  130.) 


I .  Var.  L'an  bissextile,  l'homme  fin 

Délaisse  l'avoine  et  sème  du  lin  : 
Quiconque  est  fin,  l'année  qui  suit, 
Délaisse  le  lin  et  sème  de  l'avoine. 


yo  Lavarou  Koz  a  Vreiz  lui 

729  Bleun  e  Meurs^  feurm  en  Abril, 

A  ia  holl  gand  ar  moniL 

730  Sani  Jorc'hdik  diwar  he  dorchenn 

A  kk'  ar  goz  saout  da  vreskenn. 

731  Da  c'houel  Mark^ 

Merea  bihan  d'ar  park. 

732  Pa  vez  ann  deillo  er  wevodenn 

Kement  ha  diou  skouarn  eul  logodenn^ 
'TU  advern  beza  war  wenojenn. 

733  Da  c'houel  Marky 

Diodet  ar  park, 

734  Da  c'houel  Mark 

Ann  had  divezan  er  park. 

735  Pave  glao  da  c*houel  Mark 

E  kouez  ar  c'hignez  er  park. 


MIZ  MAE. 

736  Digant  kala  —  Mae  goulennet 

Pe  da  zeiz  e  teui  Nedeleky 
Ha  mar  na  gredet  ket  c'hoas^ 
Goulennet  da  zant  Jerman  Bras, 

737  Coude  miz  Ebrel  da  fin  Eost, 

Da  dan  ebet  na-d-a  tost. 

738  Da  viz  Mae, 

Ar  medisin  a  ve  gae. 

739  E  miz  Mae, 

Ar  c^hezek  a  dol  ho  zae. 

740  Da  viz  Mae 

'Lamm  ar  segal  dreist  ar  c'hae. 

741  Meurs  e  skoulm, 

Ebrel  e  vodenn, 
Mae  e  bleunvenn^ 
Even  e  greunenn, 
Gouere  egwastel  wenn. 

742  E  miz  Mae, 

Kanab  gae. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne.  7 1 

729  Fleurs  de  Mars  en  avril  nouées 

Par  vent  de  sud-ouest  sont  toutes  brûlées. 

730  Saint  Georges^  assis  sur  son  coussinet, 

Met  les  vieilles  vaches  à  fringuer  (23  avril). 

731  A  la  Saint-Marc, 

La  collation  au  champ  (2j  avril). 

7)2         Quand  les  feuilles  se  montrent  sur  le  chèvrefeuille, 
Grandes  comme  les  oreilles  d'une  souris, 
La  seconde  collation  doit  être  sur  le  sentier. 

733  A  la  Saint-Marc, 

Au  champ  monte  l'herbe. 

734  A  la  Saint-Marc, 

Au  champ  les  dernières  semailles. 

735  Le  jour  de  la  Saint-Marc,  s'il  pleut. 

Partout  aux  champs  tombent  les  guignes. 

V 
MOIS  DE  MAI. 

736  Demandez  au  premier  jour  de  Mai 

Quel  jour  Noël  doit  arriver, 

Et  si  vous  n'êtes  satisfaits, 

A  Saint  Germain  le  Grand  >  allez  vous  adresser. 

737  De  la  fin  d'Avril  jusqu'à  la  fin  d'Août, 

D'aucun  feu  ne  t'approche. 

738  Au  mois  de  Mai, 

Le  médecin  est  gai. 

739  Au  mois  de  Mai, 

Les  chevaux  jettent  leur  robe. 

740  Au  mois  de  Mai, 

Le  seigle  saute  par-dessus  la  haie. 

741  En  Mars  le  nœud. 

En  Avril  la  touffe, 
En  Mai  la  fleur. 
En  Juin  le  grain. 

En  Juillet  le  blanc  gâteau  (de  seigle). 

742  Au  mois  de  Mai, 

Du  chanvre  gai. 

I .  Le  jour  de  la  semaine  par  lequel  s'ouvre  le  mois  de  mai  correspond  toujours  exaae- 
ment  au  jour  où  le  calendrier  place  la  fête  de  saint  Germain  TAuzerrois  (}i  juillet),  et  la 
fête  de  Noël. 


72  Lavarou  Koz  a  Vreiz  IuL 

74  j  Pa  gano  ar  dununely 

M'em  bô  lez  eleiz  ma  skadeL 

-j^/^  Glao  bemdez  a  zo  rty 

Re  neubeai  bep  eil  de. 

745  Pa  vo  barvou  kelvez  e  miz  Mae 

Kalon  ann  ijuler  a  zo  gae, 

746  Bleun  en  Abril,feurm  e  Mae, 

Euz  ar  re-ze  e  kargimp  bon  zae, 

747  Ann  deliou  higor  en  dero 

Kent  evid  digeri  erfao. 

748  Da  c^houel  ar  Pentekost, 

Al  linn  a  ra  ann  dro  da  gern  ann  tok. 

749  Brumen  dupa  vez 

A  bad  tri  dervez. 

7J0  Brumen  vor, 

Tomder  en  gor. 

7  5  ï  Mogedenn  diwar  ar  mor, 

Heol  iomm  ken  a  faouio  ann  nor. 

752  Seiz  bkvez  seâhour  ne  reont  ket  eur  blavez  kernez; 

Eun  deyez  glebour  hen  grafe. 

VI 
MIZ  EVEN. 


755 

Serret  ar  g^aziou. 

Douret'  ar  prajou. 

754 

Sani  Ronan  dilost  Mae 

A  laka  kerc'h  e-leac'h  na  ve. 

755 

Miz  Even  a  ra  al  linn 

Ha  Gouere  hen  gra  finn. 

756 

Eur  park  a  zo  givallfall 

Mar  da  viz  Even  ne  dalv. 

757 

Kurun  dioc'h  ar  gn^alarn^ 

Toi  ar  varr  er  sanailL 

758 

Kurun  dioc'h  ar  gevret, 

Marrad  bepret. 

759 

Ann  avel  su  ha  gevret, 

Mad  iar  goullo  ha  d'ar  garget 

Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse^Bretagne.  yj 

743  Quand  chantera  la  tourterelle, 

J'aurai  du  lait  plein  mon  écuelle. 

744  De  la  pluie,  —  c'est  trop  chaque  jour, 

Et  pas  assez  tous  les  deux  jours. 

745  Quand  coudrier  a  barbe  en  Mai, 

Le  cœur  de  l'engeôleur  est  gai. 

746  Fleurs  d'Avril  en  mai  nouées, 

De  celles-là  nous  remplirons  nos  robes. 

747  Les  feuilles  s'ouvrent  sur  le  chêne 

Avant  de  s'ouvrir  sur  le  hêtre. 

748  A  la  Pentecôte, 

Le  lin  fait  tout  le  tour  du  chapeau. 

749  Brume  noire  s'il  y  a, 

Avant  trois  jours  ne  s'en  va, 

750  Brume  de  mer, 

Chaleur  qui  couve. 

7  (  1  Vapeur  montant  de  la  mer, 

Soleil  chaud  à  fendre  la  porte. 

752  Sept  années  de  sécheresse  ne  font  pas  une  année  de  disette  ; 
Une  journée  humide  est  capable  de  la  faire. 

VI 

MOIS  DE  JUIN. 

7  5  3  Fermez  les  ruisseaux, 

Les  prés  sont  couverts  d'eau  ^ 

754  Saint-Renan,  à  la  fin  de  Mai, 

Où  ne  se  montre  avoine  en  met  (i'''  juin]. 

755  Juin  fait  le  lin. 

Juillet  le  rend  fin. 

756  II  faut  qu'un  champ  soit  bien  mauvais. 
S'il  ne  vaut  en  juin  quelque  chose. 

757  Si  le  tonnerre  gronde  au  nord-ouest, 
Jette  ta  marre  dans  la  grange. 

758  Si  le  tonnerre  gronde  au  sud-est^ 

Continue  ton  écobuage. 

759  Vent  de  sud  et  vent  de  sud-est. 

Bons  pour  le  (navire)  vide  et  le  (navire)  chargé. 

I.  C'est  le  vers  si  connu  de  Virgile  : 

Claudite  jam  rivos,  pueri,  sat  prata  blbére. 


74  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Izd. 

760  Avel  a  chreste, 

Glao  hep  dale, 

76 1  Gwalarn  kalmet  diouz  ann  noz. 

Su  pe  gevret  antronoz. 

762  Pa  val  'r  vilinn  diwar  ar  c'hoady 

^Ve  irist  doare  ar  merdead. 

763  DiwalUt  rag  ar  merweni  koz 

Hag  ar  gwalarn  iaouank. 

764  Pa  vez  ann  avel  er  gotnaouek, 

E  vez  tapet  meur  a  c'henaouek. 

76  j  Da  âhouel  Barnabaz^ 

Gond  eur  foumiad  poaz 
Hag  eun  ail  en  arc' h, 
E  paseo  awalc'h. 

766  Hanter-Mae  dUost  goan, 

Hanter  miz  Even  hen  lakan. 

767  Pa  vez  ker  arpiz, 

E  vez  ker  ar  gu'iniz. 

768  Blavez  hoginn,  blavez  ed, 

Blavez  irinnneveket, 

769  Blavez  (fhuiled,  blavez  ed, 

Blavez  gtvenan  ne  ve  ket, 

770  N'i  ket  ganet  gand  he  vamm 

'Nn  hini  glev  ar  goukou  nao  devez  goude  gouel  lann. 

77 1  Da  c'houel  lann, 

la-lHir  goukou  ial  lann, 

772  Da  c'houel  Per, 

la-l-ar  goukou  d'ar  ger, 

77}  Pavezar  bleun  er  giviniz, 

E  vihanna  leaz  llviriz. 

VII 

MIZ  GOUERE. 

774  Heol  a  zavo  re  vintin, 

A  zo  tec'het  da  wallfin. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne.  75 

760  Vent  de  sud, 

Pluie  sans  tarder. 

76 1  Vent  du  nord-ouest  se  calme-t-il  sur  le  soir, 
Vent  de  sud  ou  vent  de  sud-est  le  lendemain. 

762  Quand  le  moulin  moud  de  dessus  le  bois  (C.-à-d.  quand  le  vent 

souffle  du  côté  des  bois), 
La  situation  du  marin  est  triste. 

76)  Défiez-vous  de  vieux  vent  de  sud-ouest 

Et  de  jeune  vent  de  nord-ouest. 

764  Quand  souffle  le  vent  d'ouest, 
Beaucoup  de  badauds  sont  pris. 

765  A  la  Saint-Bamabé  >, 
Fournée  de  pain  cuit  si  vous  avez 
Avec  une  autre  dans  la  maie, 

La  journée  vous  pourrez  passer  (i  1  juin). 

766  Fin  de  l'hiver  à  la  mi-mai, 

A  la  mi-juin,  moi,  je  la  mets. 

767  Quand  les  pois  sont  chers. 

Cher  se  vend  le  froment. 

768  Année  de  baies  d'aubépine,  année  de  blé  ; 
Année  de  prunelles  point  ne  l'est. 

769  Année  de  scarabées,  année  de  blé  ; 
Année  d'abeilles  ne  l'est  pas. 

770  II  n'est  pas  né  de  sa  mère 

Celui  qui  entend  le  coucou  neuf  jours  après  la  Saint-Jean. 

771  A  la  Saint-Jean 

Le  coucou  dans  le  jan  (24  juin). 

772  A  la  Saint-Pierre 

Le  coucou  rentrée  la  maison  (29  juin). 

77}  Quand  la  fleur  est  dans  le  froment, 

Le  lait  doux  va  diminuant. 

VII 
MOIS  DE  JUILLET. 

774  Si  le  soleil  se  lève  trop  matin, 

Il  est  sujet  à  triste  fin. 

I.  Ce  dicton  trouve  son  explication  dans  le  suivant  que  ^'emprunte  i  la  Haute-Bre- 
tagoe  :  La  Saint- Barnabe, 

L'pus  long  jou  dM'été. 


76  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Izel. 

775  Ann  heol  gn^enn 

Da  c'hlao  a  denn. 

776 .  Heol  gvenn  a  ro  glao 

Hag  heol  ruz  amter  vrao. 

777  Ruijenn  deuz  ann  noZj 

Glao  antronoz. 

-]-]%  Ruz  dioc'h  ann  noz,  gwenn  d'ar  mintin, 

Laka  joaiis  ar  perc'hirin. 

779  Hanter  Gouero 

Fais  en  ero. 

780  Da  c'houel  Maria  Karmez, 

Gwelloc'h  gavr  eget  eur  vloc'h  lez. 

78 1  Biskoaz  foar  Sant  Weltas  ne  vez 

Na  zans  en  hi  bara  segal  nevez. 

782  Pa  vez  glao  da  c'houel  Madalen^ 

A  vrein  ar  c'hraon  hag  ar  c'hesten, 

78^  Sant  lann  a  oa  eur  sant  braz. 

Ma  sant  Kristof  brasoc'h  c^hoaz, 

784  Da  gann  Gouero 

Eost  e  peb  bro, 

VIII 

MIZ  EOST, 

78  5  Pa  grosmolo  ar  mor^ 

Paouriky  sarrit  ho  tor. 

786  Mar-d-a  ann  arne  d'ar  menez, 

Kemer  da  freill  ha  kerz  er  mez  : 
Euz  ar  menez  mar-d-a  d^ar  mor^ 
Sarr  war  da  gein  prenestr  ha  dor, 

787  Da  c'houel  Itron-Varia  ann  erc'h, 

Pa  vez  avel  grenv  e  vez  ann  ed  ker. 

788  Kaneveden  dioc^h  ann  noz, 

Glao  pe  avel  antronoz. 

789  Gwarek-glao  euz  ar  beure, 

Stignit  ho  tevez  koulsgoude, 

790  Kaneveden  dioc^h  ar  mintin, 

Sin  vadd^ar  perc'hirin. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basses-Bretagne,  77 

77  5  Soleil  blanc 

Attire  la  pluie. 

776  Soleil  blanc  donne  de  la  pluie, 
Et  soleil  rouge  du  beau  temps. 

777  Rougeur  au  ciel  le  soir, 

De  la  pluie  pour  le  lendemain. 

778  Ciel  rouge  le  soir,  ciel  blanc  le  matin, 

Rendent  joyeux  le  pèlerin. 

779  A  la  mi-juillet 

La  faucille  aux  sillons. 

780  A  la  fête  de  Sainte-Marie  du  Carmel, 

Mieux  vaut  chèvre  que  vache  à  lait  (16  juillet}. 

78 1  II  n'est  foire  de  Saint-Gildas  » 

Où  ne  danse  pain  de  seigle  nouveau. 

782  Quand  il  pleut  à  la  Madeleine, 
Pourrissent  noix  et  châtaigne  [22  juillet). 

783  Saint  Jean  était  un  grand  saint, 

Mais  saint  Christophe  était  plus  grand  encore  (25  juillet). 

784  A  la  pleine  lune  de  Juillet, 

Moisson  en  tout  pays. 

VIII 

MOIS  D'AOUT. 

78)  Quand  la  mer  gronde  sourdement, 

Fermez  vos  portes,  pauvres  gens. 

786  Si  l'orage  s'avance  du  côté  de  la  montagne, 
Prends  ton  fléau  et  va  dehors  ; 

Si  de  la  montagne  vers  la  mer  il  se  porte, 
Ferme  sur  toi  fenêtre  et  porte. 

787  A  la  fête  de  N.-D.  des  Neiges, 

Si  le  vent  est  fort,  —  cher  est  le  blé  (j  août). 

788  Arc-en-ciel  du  soir. 

Pluie  ou  vent  le  lendemain. 

789  Arc-en-ciel  du  matin. 

Aux  travaux  de  la  journée  disposez-vous  quand  même. 

790  Arc-en-ciel  du  matin, 

Bon  signe  pour  le  pèlerin. 

I.  La  foire  de  Saint-Gildas  (arrond.  de  Châteaulin)  a  lieu  le  lundi  qui  suit  le  deuxième 
dimanche  de  juillet 


78  Lavarou  Koz  a  Vreiz  lui 

791  Kaneveden  araog  deg  heur, 

Rei  ht  lein  d'al  laboareur, 

792  Kaneveden  araog  deg  heur, 

Treac'h  ar  zec'hor  d'ar  glebor. 

793  Kelc'h  loar  dioc^h  ann  noz, 

Glao  pe  avel  antronoz, 

794  '  Kelc'h  a  dost, 

Glao  a-bell  ; 
Kelc^h  a-bell, 
Glao  a  don, 

795  Mar  bez  glao  da  c*houel  hanter-Est, 

Kenavezo  d'ar  c'hraon  kelvez. 

IX 
MIZ  GWENGOLO. 

796  E  miz  Gwengolo 

En  abardae  'ma  ann  dorno. 

797  Hirio  ema  goael  Sant  M, 

Kant  levenez,  mil  prediri. 

798  Da  c'houel  Sant  M 

'Teu  ar  goanv  e  penn  ann  ti. 

799  Da  vit  Gwengoulou 

E  teu  dour  er  poullou, 

800  Frimm  er  bloaz  koz, 

Avalou  leiz  arfoz, 

801  Da  c^houel  Maze, 

Arfrouez  hoW  zo  dare, 

802  Da  âhouel  Mikel,  da  c'houlou-de, 

Ann  Tri  Roue  vez  er  c'hreiz-de. 

803  Gourmikael  hag  ann  Ankou 

Laka  kalz  a  chànchamanchou, 

804  E  foar-ann-Drogerez 

Eun  ebeul  evid  eur  gwenneL 

805  Gounid  oc*h  diskar  loar  Gwengolo 

Ne  vez  na  greun  na  kolo. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne,  79 

791  Arc-en-ciel  avant  dix  heures, 

Donnez  son  dîner  au  laboureur. 

792  Arc-en-ciel  avant  dix  heures , 

Sur  l'humidité  la  sécheresse  l'emporte. 

79}  Cercle  autour  de  la  lune,  le  soir, 

Pluie  ou  vent  le  lendemain. 

794  Cercle  (halo)  qui  s'approche, 

Pluie  qui  s'éloigne  ; 
Cercle  qui  s'éloigne, 

Pluie  qui  s'approche. 

795  Ma  mi-août  s'il  pleut, 

Aux  noisettes  dites  adieu. 

IX 
MOIS  DE  SEPTEMBRE. 

796  Septembre  arrivé, 

Le  soir  on  bat  le  blé. 

797  C'est  aujourd'hui  la  Saint-Gili, 

Cent  liesses,  mille  soucis  (i^^  septembre). 

798  A  la  Saint-Gili 

L'hiver  vient  au  pignon  de  la  maison. 

799  En  Septembre, 

Aux  mares  arrive  l'eau. 

800  Frimas  l'année  passée, 

Des  pommes  plein  le  fossé. 

801  A  la  Saint-Mathieu, 

Tous  lés  fruits  sont  m&rs  (21  septembre). 

802  A  la  Saint-Michel,  au  point  du  jour. 

Les  Trois  Rois  ■  paraissent  au  midi  (29  septembre) . 

80}  La  Saint-Michel  et  la  Mort 

Font  beaucoup  de  changements. 

804  A  la  foire  du  Troc, 

Un  poulain  pour  un  sou  (29  septembre). 

805  Au  décours  de  la  lune,  en  Septembre,  semez, 

Et  grain  ni  paille  vous  n'aurez. 

I.  La  constelUtion  des  Trois  Rois. 


8o  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Izel. 

X 
MIZ  HERE. 

806  Tremenet  pardon  Bulat 

A  beb  goabrerij  peb  gaouad. 

807  Da  foar  Paol^ 

Kefelek  war  ann  daoL 

808  E  m'a  HerOy 

Teilit  mai  hag  ho  pezo. 

809  Foar  Hère  e  Goueznou 

Poent  eo  skuilla  ann  trempou. 

810  Glao  da  zul,  glao  da  /u/i, 

Glao  epad  ar  zizun. 

8 1 1  Glao  a  zen  diwar  greisteiZy 

Glao  epad  ann  deiz. 

8 1 2  Glao  dioc^h  ar  viz, 

Glao  epad  ar  miz. 

81}  Glao,  glao, 

Ken  a  zimezo 
Merc'h  ar  Maho. 

8 1 4  Merc^h  ar  Maho  ^zo  dimeut 

Hag  ar  glao  na  ehan  ket, 

XI 
MIZ  DU. 

815  Eat  miz  Hère  en  he  hent, 

Da  hanter-noz  gouel  ann  Holl-Zent. 

816  Hadet  da  galan-goanv,  stanket  ann  toull  karr, 
Poent  eo  d'ar  mevel  mont  gant  ar  gounnar. 

817  Kal-ar-goanv,  kal-ar-miz, 

Nedelek  a-benn  daou  viz. 

818  Da  galan-goanv  ed  hadet, 

Hag  ivef rouez  dastumet. 

819  Pa  ziverr  ann  dour  euz  korn  ann  ejenn, 

E  vez  poent  gounid  ar  vinizenn. 

820  Goanv  abred, 

Goanv  bepred. 

82 1  Pa  gler  ann  dour  da  c'houel  Marzin 

Ez  ia  ar  goanv  war  benn  he  c'hlin. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  BasseSretagne.  8i 

X 
MOIS  D^OCTOBRE. 

806  La  fête  de  Bulat  passée, 

A  chaque  nuage  une  ondée  (8  octobre). 

807  A  la  foire  Saint-Pol, 

Bécasse  sur  table  (10  oaobre). 

808  Au  mois  d'Octobre, 

Fumez  bien  votre  terre  et  votre  terre  produira. 

809  Quand  vient  la  foire  d'Octobre  à  Gouesnou, 

Il  est  temps  d'épandre  la  fumure  (25  oaobre). 

810  Pluie  le  dimanche,  pluie  le  lundi, 
Toute  la  semaine  de  la  pluie. 

81 1  Pluie  qui  vient  du  midi, 

Tout  le  jour  de  la  pluie. 

812  Pluie  du  nord-ouest, 

De  la  pluie  tout  le  mois. 

81  ;  De  la  pluie,  de  la  pluie, 

Jusqu'à  ce  que  se  marie 
La  fille  de  Mathieu. 

814  La  fille  de  Mathieu  est  mariée. 
Et  la  pluie  ne  cesse  de  tomber. 

XI 

MOIS  DE  NOVEMBRE. 

81 5  Octobre  a  fini  son  chemin, 

A  minuit  la  Toussaint. 

816  Semez  à  la  Toussaint,  bouchez  toutes  les  brèches. 
C'est  l'heure  où  le  valet  se  donne  à  tous  les  diables. 

817  La  Toussaint,  premier  jour  du  mois, 
Noël  arrive  dans  deux  mois. 

818  A  la  Toussaint  semez  le  blé, 

Et  aussi  le  fruit  ramassez. 

8 1 9  Quand  l'eau  dégoutte  de  la  corne  du  bœuf, 
Il  est  temps  de  semer  le  froment. 

820  Hiver  prématuré. 

Hiver  de  longue  durée. 

821  Quand  l'eau  gèle  à  la  Saint-Martin, 

L'hiver  s'agenouille  en  chemin  »  (i  i  novembre). 

I .  Qnand  il  gèle  â  la  Saint-Martin,  Thiver  s'annonce  rigoureux,  et,  sur  les  chemins 
panout  glacés,  les  chutes  sont  à  craindre. 

Re9.  Cdt,  Ut  6 


82  Lavarôu  Koz  a  Vreix  lui. 

822  Da  Zantez  Kaiel 

Ez  ia  ar  mestr  da  vevel  ■  é 

82 }  Mad  eo  hada  ann  douar 

War  ann  diskar  euz  al  loar^ 
Hogen  segalik  Sont  Andra 
Deut  Ne4elek  pa  deu  er  nuz. 

824  Hag  0  neza  emoc'h'hu  âhoaxl 

Goiul  Sani  Andrez  a  zo  warifhoaz. 

82  (  Gouel  ann  Holl-^Zenf  ziraou  ar  miZy 

Ha  sant  André  gamm  henfiniz. 

826  Sant  André  gamm  na  vanhas  ket 

Ter  sun  tri  deix  kent  *n  Nedelek. 

XII 
MIZ  KERZU. 

827  Tremenet  gouel  Sant  Andrew, 

Aret  don  hag  hadet  tew, 

Ha  diwallet  dirag  al  loened  bew. 

828  Han-goànv  betek  Nedelek  : 

Diwar  neuze  ve  gpanvkaled^ 
Ken  e  vezo  bleun  en  halek, 
Hag  a(^hano  goanv  tenn 

Ken  ne  zavo  bleun  er  spern  gjfvenn. 

829  Miz  KerzUy  miz  ar  gouelio, 

Eo  miz  ar  gwadagennq, 

830  Mar-d-^o  ien  ha  kriz  ar  goan 

Da  gof  0(?h  taoly  da  gein  d'ann  tan. 

8  ;  I  Gwell  eo  moged  forn 

Evit  avd  skorn. 

832  Nao  grozadenn  forn 

A  ia  gand  eur  bar  avel  skorn. 

833  Erc^h  kent  Nedelek^ 

Teil  d'ar  zegalek. 

834  Pave  loar  wenn  d'ann  Nedelek  y 

E  ve  lin  mad  e  pep  havrek. 

I .  A  la  Sainte-Catherine,  les  travaux  des  cbamps  sont  tellement  pressants  oue  le  dief 
d'eiploitation  se  voit  réduit  à  partager  les  fatigues  de  ses  serviteurs,  sous  peine  ae  compro- 
mettre sérieusement  ses  intérêts. 


Prambts  a  Dietom  de  la  BastùSretagnt.  8  ^ 

822  A  la  Sainte-Gatheriney 

Le  maître  devient  valet  (25  novembre). 

82  ^  Il  est  bon  d'ensemencer  la  terre 

Quand  la  lune  est  à  son  décours, 
Mais  le  seigle  de  Saint-André  (;o  novembre) 
One  avant  Noël  ne  s'est  montré. 

824  Comment,  vous  êtes  encore  à  filer, 
Et  c'est  demain  la  Saint-André  I  > 

825  La  Toussaint  commence  le  mois, 
Et  saint  André  le  boiteux  le  finit. 

826  Saint  André  le  boiteux  jamais  ne  fit  défaut 
Trois  semaines  trois  jours  avant  Noël. 

XII 
MOIS  DE  DECEMBRE. 

827  La  Saint-André  passée, 
Labourez  profond  et  semez  dru. 

Et  de  toute  bête  vivante  gardez-vous. 

828  L'automne  jusqu'à  Noël  : 
Depuis  là  le  dur  hiver 
Jusqu'à  ce  que  fleurisse  le  saule  ; 
Depuis  là  l'hiver  cruel. 

Jusqu'à  ce  que  l'aubépine  soit  en  fleur. 

829  Décembre,  le  mois  des  fêtes, 
Est  le  mois  des  boudins. 

8)0  Si  l'hiver  est  fi'oid  et  cruel, 

Tiens  ton  ventre  à  table  et  ton  dos  au  feu. 

8;  I  Mieux  vaut  de  four  fumée 

Que  rafale  glacée  (C.-à-d.  :  mieux  vaut  supporter  l'incom- 
modité de  la  fumée  à  l'intérieur,  qu'être  exposé  dehors  à 
la  rigueur  du  temps). 

8}2  Neuf  charges  de  bois, 

Autant  emporte  un  coup  de  vent  glacé. 

833  Neige  avant  Noël 

Pour  champ  de  seigle  vaut  fumier. 

834  Blanche  lune  à  Noël, 

Bon  lin  dans  chaque  guéret. 

I.  Les  veilles  prolongées  sont  nuisibles  ï  la  santé. 


8^  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Izel. 

g  j  j  Nedelek  ha  gouel  !ann 

A  laka  ar  bed  être  dioa  rann  ; 
Kalan  Ebrel  ha  gouel  Mikeal 
A  laka  e4eaL 
g jg  Eur  gelienenn  d^ann  Nedelek 

A  zo  kouls  hag  eur  c'hefelek. 
837  Ema  Gttillou  oc^h  ober  he  dro^ 

Nevezinti  a  vezo. 
8j8  Hère,  Du  ha  Kerzu, 

A  c^halyer  ar  miziou  du, 
8  3  9  Nedelek  seac%  Pask  kaillarek, 

Laka  ann  arc'h  da  veza  barrek^ 
Hag  ann  ozac^h  da  veza  bouzellek. 

840  Pa  vez  da  zul  deiz  Nedelek, 

Hada  da  llnn  war  ar  garrek. 
Ha  d^  brena  ed  ffverz  da  gaxek. 

Dastuma  ha  troA  t  gallek  gant  L.  F.  Salvet. 


835  Noël  et  la  Saint-Jean 

En  deux  coupent  Pan  ; 

Le  premier  avril  et  la  Saint-Michel 
En  font  autant. 

836  Mouche  à  Noël 

Bécasse  vaut. 

837  Guillou  »  fait  sa  tournée, 

Il  y  aura  du  nouveau. 

838  Octobre,  novembre  et  décembre 

Sont  appelés  les  mois  noirs. 

839  Noël  sec  et  Pâques  crotté 
Remplissent  la  huche  à  déborder, 

Et  donnent  du  ventre  au  chef  de  famille. 

840  Si  Noël  arrive  un  dimanche, 
Sur  le  rocher  sème  ton  lin, 

Et  vends  ta  jument  pour  acheter  du  grain; 

Recueilli  et  traduit  par  L.  F.  Sauvé. 

I.  C'est  le  loup  que  U  faim  fait  sortir  du  bois.  GuUlou  est  aussi  un  des  noms  du 
diable. 


MÉLANGES 


CORNICA. 

I.  Durdala^  Dursona, 

The  Rev.  Canon  Williams  of  Rhydycroesau  recently  communicated  to 

me  his  explanation  of  Pryce's  obscure  dwrdala  «  thanks.  »  Mr.  Williams 

explains  it  as  ==  da  re-dala  a  may  God  pay  (tala)  you!  ',  équivalent  to 

the  Welsh  duw  a  date. 

This  at  once  suggests  the  true  explanation  of  the  phrase  dursona^  dor- 

sona,  which  occurs  four  times  in  Beunans  Meriasek  (^Trùbner,  London, 

1 872)  : 

1.  3 107.  Meriasek  dursona  dys 

'Meriasek^  may  God  sain  thee  !' 

587.  Marners  dorsona  dywy 

'Mariners,  may  God  sain  you  !' 

1076.  dorsona  dyugh  mester  flor 

'may  God  sain  you,  flower  of  masters  !' 

4194.  dorsona  thys  a  thremays 

'may  God  sain  thee,  0  excellent  (man)  !' 

Hmdursona  is  a  contraction  of  Du  re-sona  =  W.  daw  a  swyno!  Ir. 

^^A^sinc\  'Signare,  signum  crucis  digitis  ac  manu  effingere',  i.  e. 

benedicere. 

II.  Cornish  in  the  Vatican. 

Merlini  prophetia  cum  expositione  Joannis  Comubensis,  cod.  membr. 
8.  Ottob.  1474.  Saec.  xiv  a  Die  Weissagung  )),saysGreith  {Spicilegium 
Vaticanum^  Frauenfeld,  1838,  p.  92)  a  die  hier  unter  dem  namen  Mer- 
1ms  erschdnt,  ist  nicht  die  Merlinische  des  Gaufrid,  sondem  eine 
Fortsetzung  derselben,  die  Johann  von  Comubien  in  Walles  aus  dem 


86  Cornica. 

Brettonischen  ins  Lateinische  brachte  und  mit  einem  Kommentar 
geschichtlich  und  sprachlich  erlaeuterte.  » 

I  find  the  foliowing  Cornish  and  Welsh  phrases  in  this  commentary 
(Greîth,  pp.  99-105)  : 

P.  100.  apepliden  Warnungens  hahanter  i.  e.  xxv  annos  et  dimidium.  » 
This  is  obviously  pemp  bliden  warn-ugens  ha  hanter. 

P.  loi .  «  apud  villam  quae  dicitur  îeryf.  » 

P.  103.  Hocmalum  nominat  ipse  in  Britannico  Giuntdehil  et  inieT" 
pretatur  venti  excussio. 

'Canus  adoptatus,  hoc  est  quod  dicitur  in  britannico  michiien  bichd 
mal  igasuet.  ' 

'castrum  apud  Perironem  quod  dicitur  DindaioL* 

^Armon  appeliatur  regio  illa  scilicet  superior,  mon  quia  mon  simpliciter 
dicitur  illa  quse  accedit  ad  insulas  et  sunt  regiones  Norwalliae.' 

P.  104.  Brentigia,  quoddam  desertum  est  in  Comubia  et  dicitur  in 
nostra  Ilngua:  goen  bren,  in  lingua  Saxonum  :  fawi-mor...  'Ventorum 
[rabies],  quod  malum  dicit  Merlinus  a  Welgaru  [leg.  awel  garu]  i.  e. 
auram  asperam.' 

PP.  104,  105  :  «  fatale  castrum  didt  iliud  munidpium  in  partibus 
nostris  quod  in  anglico  dicitur  :  Aschbiri,  in  britannico  Kair  belii^  et  ut 
piacet  quibusd\(m  et  castel  uchel  coed. 

III.  A  Cornish  Life  of  S.  Colomba. 

The  Rev.  Canon  Williams  informs  me  that  Mr.  Jenner,  of  the  British 

Muséum,  has  found  a  letter  in  Cotton  Ms.  Jul.  C.  IV,  from  Nicholas 

Roscarrock  to  Camden,  mentioning  a  translation,  then  in  his  possession, 

of  a  Cornish  life  of  S.  Columba.  One  of  the  historiés  of  Comwall  (either 

Davies  Giibert's  or  Polwhele's,  thinks  Mr.  Jenner)  ((  mentions  the  book 

under  the  parish  of  S.  Columb.  a 

W.  S. 


ADDENDA  AND  CORRIGENDA. 

to  the  articles,  Etymological  Scraps^  II,  11  $-120^  and  The  loss  of  Indo- 
European  P  in  the  Celtic  Languages,  II,  321-341. 

P.  1 16  :  for  Eriu  read  Ériu. 
P.  1 18  :  for  inchin  read  inchinn. 

To  my  instances  of  dd  for  /  in  Welsh  Mr.  Stokes  suggest  the  folio- 
wing additions  :  Welsh  llawendyd  'joy',  0.  Ir.  Idine;  hawdd  *easy',  Ir. 


Addenda  and  Corrigenda.  87 

ansa  'difficult';  newydd  'new^  Ir.  nûe;  cuUdd  'Icanncss',  0.  Ir.  côile; 

defnydd  'materiar,  Ir.  damnae\  carennydd,  Ir.  cairde  *tnice'.  Others  may 

be  suggested  such  as  â/z/iun^^(i  =  Lat.  insomnia;  todd-i  ^to  melt*^  Eng. 

thaw  :  the  most  interesting  of  ail  is  perhaps  Welsh  efydd  'bronze^  copper', 

ir.  umae^  GeUe  humi  (Stokçs),  which  I  equate  with  Gothic  aqvizi  ^an 

aze\ 

P.  1 88  :  i  propos  of  the  instances  there  given  of  ch  =  ne  Mr.  Stokes 
remindsme  of  W^sh  pvcA 'a  boat',  Grpek  x^t^oç,  xd^x^»  San^kr. 
çankha  ^concha'. 

P.  190  :  for  Ir.  stratt  read  srath,  and  to  the  instances  of  0.  Welsh  t^ 
Mod.  V/.  4  =i  nd  add  gwyddfid  =  wood^bine^  0.  English  wudu^ 
bind, 

P.  191  :  with  UtibJQ  compare  Latin  linguere  to  be  mçtwith^  according  to  * 
Mr.  Stokes,  in  Priscian  X,  11. 

P.  192  :  £ar  Ir.  ingen  'unguis'  read  Ir.  inge^  genitive  ingen, 

P.  193  :  from  no,  i  strikeout  breuan  'a  handmill',  Ir.  brô,  gen.  bràn^ 
which  Stokes  has  found  also  in  the  sensé  of  stone  and  long  ago 
equated  with  Sanskr.  grâvan  used  in  the  Rig-Veda  for  the  stone 
employed  to  squeeze  out  the  soma  juice.  The  interest  attaching  to 
such  a  wprd  needs  no  comment. 

P.  19;  :  forO.  Ir.  brdgat  read  brâge,  genitive  brdgat. 

Id.  :  for  Eulon  read  Eulon  geifr  with  which  Mr.  Stokes  now  hesitatingly 
compares  0.  Ir.  âileda  'stercora/ 
To  tbe  instances  oi  ea  =i  ag  he  adds  Welsh  eu-od  «  lumbrici  lati  in 

hepate  ovium  )>  (Davies)  and  eu-on  'the  bots  in  horses'  :  hère  we  hâve 

the  équivalent  of  exiç.  To  thèse  I  would  add  meu-dwy  'a  herroit'  lite- 

rally  in  Irish  Cèle  Dé  u  ç,  'servus  Dei',  Corn,  maw  *servus*,  mowes 

'ancilla'. 

P.  194:  with  ^io5C  'to  strip',  Mr.  Stokes  compares  Breton  di-uisquaff. 
The  Mabiaogion  has  the  form  with  the  dental  in  diosdes  :  also  in 
Mabinogîoo  ii.,  p.  210  one  readsy  ueistawn  for  what  would  now  in 
Cardiganshire  be  y  wiscon  which  means  hay  trodden  and  pressed 
down  in  a  hay  rick  or  the  like  probably  from  the  same  origin  as 
g^asgu  'to  press,  to  squeeze.' 

P.  196  : 1  cannot  say  that  my  faith  mh  z=:p  has  been  confirmed  since 
writing  the  paragraph  in  question  :  the  h  in  the  instances  there  given 
are  perhaps  to  be  regarded  as  ail  inorganic.  For  Hirinn  read  Hiriu 
accusative  and  dative  Hérinn,  and  for  mao-hwy  or  mag-hwy  read 
nuur-wy.  According  to  the  last  account  I  hâve  had  of  the  Cilleen 
Corroac  stone  I  should  read  the  Ogam  Uvanos  avi  Evacattos.  As  to 


88  Addenda  and  Corrigenda. 

Ir.  uile  or  httUe  'ail',  Welsh  o//,  holl,  the  aspirate  has  got  prefixed 
to  oll  in  Welsh  on  account  of  the  article  usually  placed  before  it  to 
make  yr  holl  'the  whole,  alP.  This  yr  holi  is  literally  h  ^oX6ç  and 
the  meaning  has  in  the  Celtic  languages  been  as  it  were  provected  ; 
but  the  old  meaning  crops  up  in  the  0.  Irish  comparative  hnillia 
a  plus  »  (Zeuss^,  p.  275).  Formally  oll  coincides  with  the  Greek 
base  iroXXo- probably  for'icoXjo-  not  toXFo-. 

P.  )2 1  :  for  Ir.  aih  genitive  atha  read  ith  gen.  dtha, 

P.  J22  :  for  w(TVY)|jti  read  ichvco. 

P.  323  :  for  %tké3^o  read  ^eXi!^u>. 

P.  324  :  i  propos  of  Ir.  niae  see  Diefenbach's  Origg.  p.  362^  where  he 
cites  firom  the  Isidore  Glosses  :  «  Gnabat  natus,  generatus,  filius^ 
creatus  vel  enixus,  lingua  Gallica.  »  He  mentions  also  but  to  littie 
purpose  the  Germ.  knaht. 

P.  325  :  I  hâve  again  examined  the  Trallong  Ogam  and  come  to  the 
conclusion  that  the  reading  is  Cunacennivi  Ilvveto  and  that  the  latter 
stands  for  Ilu^-vetOy  with  ilu  of  the  same  origin  as  Irish  U  (ircXuç) 
also  an  u-base. 

P.  326  :  to  the  séries  pâlSma^  plâmày  llawy  Ir.  làmh  I  could  now  add  a 
number  of  other  instances  :  the  second  part  of  Joh.  Schmidts  Voca- 
lismus  supplies  plenty  of  parallels  especially  in  0.  Bulgarian. 

P.  327  :  for  Ir.  0  read  6  in  no.  45. 

Ib.  :  for  ane  read  dne  in  no.  466. 

P.  328  :  Ir.  sui  genitive  suad  is  the  opposite  of  dui  genitive  duad  'a. 
fooP,  and  stands  for  "su-vid-sas  Mr.  Stokes  writes  to  me  :  the  con- 
nection with  Welsh  sywedydd  must  in  that  case  be  given  up. 

Ib.  :  Article  no.  52  had  perhaps  better  be  cancelled  and  the  root  assu- 
med  to  be  su  not  sup. 

P.  329  :  crynu  'to  tremble*  may  be  for  "crynd-u  for  in  N.  Wales  ît  is 
pronounced  crynnu.  So  prynnu  is  the  Northwalian  for  pryna  'to 
buy'  and  this  I  àm  now  inclined  to  consider  as  the  older  pronun- 
ciation. 

p.  331  :  to  the  names  in  -val  -wal  for  *yalp  add  Clotuali  on  a  stone  at 
Phillack  in  Comwall  :  some  of  the  Teutonic  équivalents  are  Chlo- 
dulf,  Hlodolf^  Lttdolph.  The  Mod.  Welsh  would  be  Clodwd  but  I  do 
not  know  it. 

P.  332  :  for  provection  of  the  mute  read  provection  ofthe  consonant  at  the 
end  of  article  6 1 . 
In  article  c  cancel  gnflychu  'to  wet'  which  is  probably  in  spite  of  the 

/  to  be  identified  with  Irish  frassy  Scotch  Gaelic  frass  'a  shower',  for 


Addenda  and  Corrigenda.  89 

'vrass  =  *yars  (see  Fick?,  p.  776)  :  compare  Welsh  givrych  'bristles* 
from  Fîck's  varsa  'haîr^,  and  ch  for  ss  =  ns  in  Welsh  comparatives. 
P.  5}}  :  the  Irish  équivalent  to  givraig  'a  woman'  isfracc  :  the  dîscre- 

pancy  in  the  consonants  occurs  elsewhere  in  case  of  provection  as 

for  instance  in  Welsh  mab,  Ir.  macc.  Cf.  0.  Ir.  creiteniy  Welsh  credu 

•to  believe.' 
P.  334:  for  Ir.  cor  read  corr  and  for  A.  Sax.  hvâgra  read  hrâgra.  Add 

the  Ir.  cerc  'a  hen'  :  cf.  Sansk.  krkara  ad  krkavâku.  ^a  cock.' 
P.  337  :  for  the  first  çariwrch  read  caeriwrch  in  article  i  (37). 
P.  338  :  in  the  9th  and  lines  from  the  top  instead  of  'a  goat',  'a  year 

old  lamb'  read  'a  goat',  0.  Norse  gymbr  *ayear  old  lamb'. 
Article  2  (41)  :  crip  is  so  written  in  Cormads  Glossary  under  the  word 
Cernlne  :  crib  is  the  Mid.  Irish  spelling.  My  difiiculty  arose  from  not 
having  tumed  the  former  out. 
P.  339  :  Art.  3  (98)  Mr.  Stokes  justly  objects  that  ch  does  not  occurs 

fore  in  the  Juvencus  Codex  and  proposes  to  dérive  *palach,  pi. 

pelechi  from  *palanca  whence  Ducange's  palancaium  a  contextus  et 

séries  palorum.  » 
To  the  instances  of  lost  p  in  Celtic  words  mentioned  in  p.  321-332,  I 
would  add  :  Welsh  Uyg  ^a  dormouse^  llygoden  a  mouse,  Ir.  luch,  Germ. 
bilchmaus,  Lith.  pilkas  'grey',  pelé  *a  mouse'  (Fick3,  p.  560);  Welsh 
CTdr  *a  relic^,  Skr.  karpara  *a  potsherd'  :  see  the  other  cognâtes  in 
Schmidt^s  Vocalismus,  II,  p.  368:  Welsh  perth  'abush',  Engl.  hurst  \bii., 
p.  139,  458;  Welsh  0,  •if/  (foUowed  by  spirants  as  in  0  thery  efe  *if  he 
strike')  stands  for  *op  of  the  same  origin  as  English  if,  Germ.  ob  (see 
Fick  3,  p.  489)  ;  Irish  iar  'after'  cornes  from  Ficks  apara  *der  hintere', 
p.  490. 

J.  Rhys. 
Rhyl  :  North  Wales. 


BIBLIOGRAPHIE. 


On  the  Miumers  and  Gnstoms  of  the  Ancient  Irisli»  By  E. 

O'CuRRY,  Editedby  W,  K.  Sullivan.  London,  1873. 

In  the  Revue  Celtique  (II,  pp.  260-264)  Mr.  Gaîdoz  has  noticed  this 
fantasdc  book  firom  the  points  of  view  of  a  critic  trained  to  weigh  docu- 
mentary  évidence  and  of  an  historian  seeking  above  ail  things  truth. 
But  there  is  a  third  point  from  which  O'Cunys  work  and  Mr.  Sullivan's 
additions  thereto  hâve  not  hitherto  been  regarded,  and  that  is  the  point 
of  view  of  a  student  of  Gaelic.  The  foUowing  lists  of  corrigenda  might 
easily  be  lengthened;  but^  such  as  they  are,  they  supply  sufSdent 
material  for  judging  of  the  accuracy  of  O'Curry's  Irish  scholarship  and 
the  compétence  of  Mr.  Sullivan  to  correct  hts  errors  and  supply  his 
defects. 


Vol.  II. 

p.  9  m.  ^cia  tiassam  cain 
temadar'  (printed 
Cia  tiassaca  in  ti- 
madar)L.  H.  5  b. 

p.  192.  tir,.,  hi  fil  rind 
(LU.  131.) 

p.  195.  amra  tire  tirasbiur 
ni  thiit  oac  and 
re-siun  (LU.  1^1.) 


p.  196.  ni  bo  sirsan  inta 
nad  (LU.  44^) 
—    domficfc  uaimsc  (LU . 

44W 
p.  253,  n.  cairchiu  7  grm- 

degar  na  saigid- 

bolc 

p.  309.  fodb 


Vol.  III. 
p.  18.  la 

»    dofcised  }or  gûalaind 


O'GURBY 

'wherever  we  go,  — 
though  great  our  num- 
bers.* 

^a  country  which  ismine.' 

'the  only  land  to  praise  is 
the  land  of  which  I 
speak,  where  no  one 
ever  dies  of  décrépit 
âge.' 

Thy  stay  should  not  be 
long.' 

'from  me  shall  be  sent.' 

'the  music  and  harmony 
of  the  belly  darts.' 

^ance.' 


O'GURRY 

*way.' 

'he  sat    at    Gonchobar's 


Reàd 

'wherever  we  shall  go,  Ict 
him  guard  (us)  well.' 


'a  land  wherein  is  music' 
(rinn  .i.  ceol,  O'Cl.). 

'A  marvel  oi  a  land  is  the 
land  I  mention.  There 
the  youngffoeth  not  be- 
fore  the  olû.' 

Hhe  delay  was  not  good 

news.' 
'will  go  from  me.' 

'the  din  and  ringing  of  the 
quivers'  (lit.'arrowbags' 
or  'dart-bags'). 

'axe,  hedgingbiir?  (W. 
gwddi). 

Reàd. 

'day.' 

Mierested  on  Gonchobar's 


conchobair     (LU. 

p.  19.  [a  lady  with  her  50 
women  co  out  of 
the  palace]  iar 
tmmmi   ôil   (LU 

lOI^. 

p.  20.  tuargabsat  a  lime 
co  mellaib  a  làrac 
(LU.  i02â) 

p.  21.  briathûrchath  (LU. 

102a) 
p.  77.  combôi  forindotruch 

in-dorus    ind-Hg- 

thige  (LU.  ma) 
t    do  orgain  inna  ca- 

thrach(L\}.  wia) 
t    md'S'tat    carait   eo- 

nàr-m^usn-âgat  : 

ma-S'tat  nâmait 

co-m-os-r-alat  * 

(LU.  \\\a) 
p    8.  adrolaic  a-béolu  con- 

decksad   6cn    lUt" 

rigthige  inna-crocs 

(LU.  ni*) 
i   foraithmenatar-som 
p.  141.   hua  smech  c6  a 

imlind 
p.  143.  0  adbrand  co  ur- 

glane 
p.  145.  rig-driUh 
p.  146.  ix,  mbuilc 
p.  147.  uora  caimsi  hi  fo- 

ditib  impa 
p.  149.  folt  derg  forsind- 

lacch     j     abraïl 

diirg  lais 
»    tri  dorsaide  rig  Tem- 

rach    ...   tri   mie 

ersand   7   comlad 

(LU.  ^é) 
p.  1)2.  camala  bana  .1.  di 

argat 
p.  165.  hi  sedgre^aib  oss 

neng  ^rinted   hi 

sidghangaib     oss 

p.  187.  aarslocud. 


Bibliographie. 
shoulder.' 

'to  take  the  cool  air  OQt- 
side  for  a  while.' 


91 


^they  even  took  up  their 
dresses  to  the  calves  of 
their  legs.' 

'battle  speeches.' 

'so  that  he  iell  upon  the 
bench  ^  at  the  door  of 
the  royal  house.' 

'to  corne  to  the  cathair.* 

Met  them  speak  if  friends; 
let  them  attack  if  foes.' 


Mt  so  opened  its  jaws  that 
the  vat  of  a  king's  house 
might  enter  them.' 

'He  executed.' 

'from    his    chio   to    his 

waist.' 
'from   his   bosom  to  his 

noble  knees.' 
'royal  druid.'- 
'nîne  shields.' 
'wearing    shirts    of    full 

ïength.' 
'the  champion  himself  had 

red  hair,  and  had  a  red 

cloak  near  him.' 
*three  door-keepers  of  the 

King  of  Teamair.  .  .  . 

three  sons  renowned  for 

valour  and  combat.' 
'white  ancil la  or  SLnVleis  of 

silver.' 
'as  fleet  as  roebucks.' 


'its  buttoning.' 


shoulder.' 


'after  heaviness  of  drink* 
ing.' 


'they  lifted  their  smocks 
to  their  buttocks'  (lit. 
'to  the  globes  of  their 
forks'). 

'wordfight'  (XoTopLoxCa). 

'so  that  he  was  on  the 
dunghill  in  the  doorway 
of  the  palace.' 

'to  wreck  the  burgh.' 

'if  they  are  friends,  let 
them  not  iight  me;  if 
they  are  foes,  let  them 
come  to  me.' 

'It  opened  its  jaws  so  that 
one  of  the  palaces  woukl 
go  into  its  gullet.' 

'He  calls  to  mind.' 
'from  his  chin  to  his  na- 
vel.' • 
'from  ankle  to  kneecaps.' 

'royal  buffoon.' 

'nine  bags.' 

'three  nightgowns  girt  (lit. 

Mn  girdles')  aboutthem.' 
'Red  hair  (was)   on  the 

hero  and  red  eyelashes 

had  he.' 
'three  door-keepers  of  the 

King  of  Tara  ...,  three 

sons  of  Doorpost  and 

of  Valve.' 
'white  cumals^   i.    e.    of 

sllver*  (see  Tir.  6). 
'in  the  tracks  of  deer.' 


'an  opening*  (=  ersolgud, 
irsolcoth,  GC».  868. 


1.  This  mistranslation  is  not  due  to  ignorance,  but  (like  those  at  pp.  19  and  20]  to  a 
desirejo  conceal  a  faa  milhating  against  théories  of  earl^  Irish  civilisation. 

2,  ■   ■    " 
Irish, 
Accadian. 


ire  to  conceal  a  taa  militatmg  against  théories  ot  eariy  insh  civilisation. 

u  This  is  the  most  wonderful  example  of  polysynthesis  that  I  hâve  yet  met  in  old 

ih  ;  co-na-m-usn-àgat  (literally  'that-not-me-uiey-fight')  might  almost  be  Basque  or 


92  Bibliographie. 

So  far  Professsor  O'Curry.  For  the  following  errors  in  the  version  of 
part  of  the  Tdin  86  Cûalngnty  vol.  III,  p.  41 5,  Mr.  Sullivan  bas  gene- 
rously  made  himself  responsible.  ['With  this  object  I  {sic)  made  a  litéral 
translation  firom  that  romance  of  a  complète  épisode  recording  the  com- 
bats of  Ferdiad  and  Cuchulaind,  which,  together  with  the  orignal  text, 
I  hâve  printed  as  one  of  the  Appendices  to  vol.  III.']  : 


Vol.  III. 
p.  414.  driùth 

»    rai'fia 
p.  416.  ratifiât 
p.  418.  rodjjia 
p.  422.  dunaid 

■    dàil 
p.  426.  droich 
p.  426.  is  demin  donrua 

p.  426  et  428.  6  thànac 

ôùg, 
p.  430.  is  missi  rat'gena 
p.  432.  robud 

»    nk'fia  luag  na  logud 

»    gnathaid 
p.  434.  tiglecht 
p.  430.  ropdar 
p.  438.  assa  aithle 

.  fri  di 
p.  440.  eU 
p.  450.  cach  n-alt'j  cach 

n-âge 
p.   452.   leo  ni  bec    bar 
mbith'Scarad 

»    mad  iartais  ind  fhir 
sein 
p.  45j.  dar  lind 
p.  456.  is  gat  im  ganem  na 
im  grian 

p.  458.  beôil  bdna 

p.  462.  indar  limsa  fer  d'il 
dead  is  am  diad 
rabiad  gobrath 


Mr.  Suluvan 
druids.' 

*I  will  give/ 


} 


'court.' 

'challenge' 

'roll.' 

'he  is    [the   présage  of] 

bioody  slaughter. 
'since  he  came  from  his 

home.' 
^'tis  I  that  will  do  it.' 
'vauntings.' 
'nor  pay  nor  reward  hast 

thou  received.' 
'respective.' 
Mast  end.' 
'we  were.' 
'forthwith,' 
'at  dusk.' 
'incantation.' 
'every  crevice  and  every 

cavity.' 
Ho'  them  seemeth  not  too 

smail  [the  numbersj  who 

hâve  parted  for  ever.' 
'if  thou  hadst  consuited 

thèse  men.' 
'we  then  resolved.' 
'it  is  putting  a  gad  on  the 

sand  or  sunbeam.' 

'angry  words.' 

'dear  to  me  the  beloved 
Ferdiad.  It  shall  hang 
over  me  for  ever.' 


Read 

'buffoons.' 

'thou  shalt  hâve'  (lit.  'tibi 
erit'). 

'leaguer,  camp.' 

'meeting.' 

'wheels.' 

'it  is  certain  that  he  will 

corne  to  us.' 
^since  thou  camest  from 

thy  house.' 
"tis  I  that  will  slay  thee.' 
'warning.' 
'thou  shalt  not  have  pay 

nor  reward.' 
'usual,' 

'grave'  (lit.  'final  bed'). 
'they  were.' 
'thereafter.' 

'daily'  (cf.  Fiacc.  h.  38. 
'unguents.' 
'every    limb    and    every 

joint.' 
'not  little  to  them  (were) 

parting  with  you    for 

ever.' 
'if  those  men  were  asked.' 

'it  seemedto  us.' 

"tis  a  withe  round  sand 
or  round  gravel'  Igrian 
m,  =  W.  graian), 

'white  lips.' 

'meseemed  that  the  dear 
Ferdiad  would  have 
been  after  me  (i.  e.  sur- 
vived  me)  for  ever.' 


A  sîmilar  séries  of  strange  mistakes  is  found  in  Mr.  Sullivans's  pre- 
fatory  volume.  The  following  list  is  by  no  means  exhaustive. 


Vol.  I.  Tbxt 
p.  zv.  Foic(h)eda  anaitlh 
geontla]  isinannoso 
(H.  3. 18,  p.  24^) 

Izxxv.  asin  port 

clxxiv.  frind  andts  (LU. 

aci.  soc  (H.  3.  i8^p.i3â) 
cclzzvij.  camn  briathar 

ccxciz.  Ussaigid  indlat  doib 

■  6  rif/7tor  mtsca  benais 
iencha  baschranâ 
eontûdsisa  fris  uli 
(LU.  i9fl) 

ccdij.  </tfâ;{  iarom  arro- 
chUùrtar  na  Ma 
(LU.  23J). 
B  mor  tf  dicsa  an  muir 
acht  nad  roched 
néolu  (LU.  23a) 

cccuxT.  arba  si  deochair 
lasna  jianna  hi 
tossuch  aer  or  gain 
7  maidm  nimairic 
(LU.  86^) 

ccazxviii.  far  rigna  (LU. 
Sia) 

ccczlj.  do  gae  eand  os  ga- 

torffi/(H,2. 18, 

109^.  I) 
oscur  robi  a   lam 

dcss  (H.   2.    18, 

109^.  i) 
cccxliij.  Dobrah  robud  0 

fergus  i  suidiu  co 

ultu  ar  chondalbi 

(LU.  $7fl) 
ccaluj.  ind  robaid  (LU. 

57^) 
—    ortha  (.i.  «Vg)  uan 

corrobad  do  altaib 

(LU.  574) 

cccxliv.  aruspettct  an  ats 

fwi/\LU.  57^) 

friscuriur  mo  phopa 
fergus  (LU.  57*) 

ccalviij.  ^0  chose  in  tû- 
glaig 


Bibliographie. 

Mr.  Sullivan 
[^I  amthe]  laughing-stock 
of    mockery     in    this 
anno.' 

'to  the  port*  (place) 
'hard  by  us  on  thesouth.' 

*crowbar.' 

'the  intricate  or  crooked 
words.' 

Prépare  the  Lath  for 
them.' 

*And  when  they  were  in- 
toxicated  ana  separated 
frora  thcir  peopie,  they 
were  put  to  the  sword.' 

*When  afterwards  they 
chewed  thèse  apples.' 

'Great  was  the  view  frora 
the  mûr  [*wairj  if 
clouds  were  not  over  it.' 

'for  such  was  the  custom 
of  the  Fians  when  going 
to  make  a  plunder  or  a 
gênerai  battle^ 

'our  maidens.' 

killed  on  a  white  steed  by 
a  sharp  spear 

To  Oscur  —  it  killed  his 
right  hand. 

'Fergus  made  a  friendly 
excursion  into  Ulster.' 


9Î 

Read 

Unknown  tribulations  in 
this  annus'  {anaithgeonta 
=  anaitheanta  0[Ci.  Gl. 
s.  V.  aneadargnaid). 
out  of  the  place.' 
to  the  soutn  of  us.' 

^ploughshare'  (soccus), 
^conciseness  of  words.' 

'Warm  ye    a    bath   for 

them.* 
'And    when    they    were 

drunk,  Sencha  struck  a 

clapper  so  that  they  ail 

listened  to  him.' 
'Now  when  theappleshad 

perished'  (i.  e.  had  been 

eaten). 
'Great  was  the  sight  of  it 

from  the  sea  :  it  (ail) 

but  reached  (the)clouds.' 
'for  this  was  the  distinction 

(made)  by  the  Fianna  at 

first  between  a  massacre 

and  a  skirmish.' 

'your  queens.' 

'by  a  sharp  spear  over 
white  Gabur*.' 

'his  —  Cairpre's  —  right 
hand  slew  Oscur.' 

'There  a  warnine  was  sent 
by  Fergus  to  theUlster- 
men ,  for  friendship's 
sake.' 

'of  the  waming.' 

'go  thou  frora  us  with  a 
waming  to  the  Ulster- 
men.' 

'their  musicians  play  to 
them.* 

'I  put  it  for  my  master 
(lit.  pope)  Fergus.' 


W  the  scouts.' 

'let  us  pounce  upon  them 
and  chase  them  off 
Ulad.' 

'the  strings  of  their  mu- 
sical performers  were 
strung.' 

'let  my  h-iend  Fergus  be 
questioned  [as  to  who 
ne  is].' 

'to  pacify  the  household.'l'to  correct  the  household.' 


I.  Thename  of  a  river,  called  'Grey  Gabur*  14  Unes  below. 


94 

ceci  dicheldr  innalâim  nadhU 
erbec  (LU.  I3}W 

fri  riz  aniar  (LU. 

corajiaib  eàch  aie- 
paid  and  isind- 
rigthig{L\},ioob) 

ccdxj.    dotberar  i  car  put 

(LB.  6^a) 
ccclxviij.    sel    cack    thrir 

(LU.  2  5tf) 
ccclxx.  facaib  a  enchendaich 

for  lar  in  tigi  (H. 

2.  16,  col.  717) 

ccclxxj.  in  6en  sist  (LU. 

I2lb). 

cccxc.  con-aurslocud  ara 
dib  n.  uUennaib 
(LU.  \\}b) 

ccccxxxj.   remithir   medôn 

loib) 
énlaith  gUgd  (LU. 
101^). 


Bibliographie. 

^in  his  hands  he  held  two 
broken  spearshafts.' 

'with  his  face  eastward  to 

the  king.' 
'and  each  person  occupied 

[a  place  according  to] 

his  birth  in  the  kmgly 

house.' 
4  am  bringJDgtheento  a 

chariot.' 
'three    by    three    for   a 

while.' 
'hs  left  his  seed  (sic  /)  on 

the  floor  of  the  house.' 


^sitting  on  the  one  bank.' 

'with   its  openines  upon 
his  two  slceves. 

'rounder  than  the   body 

of  a  man.' 
'a  burning  mass  of  fire.' 

'one  white  sheet.' 


'in  his  hand  a  spearshaft 
which  was  not  very 
small.' 

'to  the  west  of  the  king.' 

'so  that  each  took  his  bed 
there  in  the  palaœ.' 


'thou  art  beins  bronght 

in  a  chariot, 
'three  at  a  time.' 

'he  left  his  birdskin  (O.  N. 
fjadkrhamry  Dan.  fiadr-^ 
ham)  on  the  iloor  of 
the  house.' 

'at  one  while.' 

'with  an  opening  for  his 
two  dbows.' 

'thicker  than     a     man's 

waist.' 
'a  sky  (or  'cloud')offire.' 

'a  bright  white  birdflock.' 


More  than  fifty  pages  (549-604)  of  the  third  volume  are  occupied 
with  a  'Glossarial  Index  of  Irish  Words.'  Mn  preparing  it/  says  Mr.  Sul- 
livan (Préface,  i  j),  M  hâve  taken  advantage  of  the  latest  results  of  my 
inquiries  and  increased  knowledge  ofthesubjea  to  improve  the  meaning 
[sic)  and  correct  the  spelling  of  several  words.'  The  foliowing  are  faîr 
spécimens  of  this  giossary,  which  is  worthy  to  rank  with  the  most  cha- 
racteristic  work  of  O'Reilly,  Vallancey  and  Betham.  I  can  give  it  no 
higher  praise  : 

1.  ^Adidy  his  two,  iii,  497.'  Thèse  two  syllables  commence  the  word 

ad'Hdn-'giallna  (iiii.  497],  where  ii/z  is  an  infixed  personal  pronoun 
of  the  jrd  sg.  (Z.  330)  and  ad-gicdlna  (ex  ^ati-gisallnât)  a  verb 
meaning  ^renders  service.' 

2.  ^Airilliud,  good  works,  iii.  514.'  This  common  wordis  singular, 

notplural,  and  always  means  'meritum/  'deservingness.'  A  similar 
error  is  commited  under  Aideadh  ukd,  which  is  rendered  'the 
deaths  of  the  Ultonians.' 

3.  ^Aitherachy  a  gain,  iii.  493.  'Read  aitherrach  'again.' 

4.  'Alamay  her  hands.'  The  référence  is  to  vol.  i,  p.  ccciij,  where  we 


Biblbgraphie.  95 

find  a  version  of  the  foUowing  passage  from  LU.,  p.  42a  :  Ro- 
chumtaiged  dân  ocan-^ruid  andsin  in-Almain  7  rocomled  dama 
diorsund corbo  aengel  o/t...  dond-alamain  tucdia-thig  isde  ata  almu 
ar  aUnain,  In  the  face  of  the  dative  singuiar  alamairiy  this  easy 
passage  is  thus  rendered  by  Mr.  Sullivan  :  'The  druid  built  a  Ddn 
dien  in  Almhain  and  she  rubbed  her  hands  to  its  walls  until  it  was 
ail  linie-white...  From  the  two  hands  which  she  rubbed  on  the 
house,  it  is  from  it  Almhain  was  calledM/mu.'Thetrue  version  is 
obviously  :  'Then  a  stronghold  was  built  by  the  soothsayer  in 
Almu,  and  aUunu  was  rubbed  on  its  house  (lit.  'to  its  stake'), 
so  that  it  was  altogether  white...  From  the  alamu  which  he 
put  on  [lit.  gave  to]  his  house ,hence  'Almu'  is  so  called.'*  * 
j.  ^AÙaid,  a  wild  stag,  iii,  428,'  allaid  is  acommon  adjective  meaning 
'wild.'  'A  stag'  would  be  ag  allaid  or  dam  allaid, 

6.  *Apdaines,  persons  whose  rank  was  proclaimed  or  legally  admitted.' 
Apdaine,  better  abbdaine,  is  a  common  word  meaning  'abbacy.' 

7.  'Arfuin^  Arfoimsin,  accept  thou  (or  I  présent  to  thee),  iii.  221. 'The 
words  meant  are  arfâim  arfôim-sm  ^accept  thou.'  Mr.  SuUivan's 
correction  in  parenthèses  reveals  the  intimate  acquaintance  with 
Irish  conjugation  which  we  shall  find  exemplified  infra  at  Nos. 
8,  9,  H,  14,  19,  20,  2î,  26,  54,  î7>  4o>  4i>  47,  48,  49> 
52,  57,  and  65. 

8.  'i4ial/u/,  in  revoit^  agressive,  iii.  505.' And  again  '^^f/uf,  revolt, 
aggression,  iii.  505.' Hère  we  hâve,  not  a  préposition  and  a 
noun,  but  the  common  verbal  root  LU  (for  PLU,  Windisch, 
Beitr.  VIII.  9)  compounded  with  the  two  prépositions  as  and  aï  : 
G.  €>.  869,  881.  The  passage  in  which  asaûui  occurs  (iii.  505], 
slogud  tar  crich  fri  tuaith  as-at-luiy  means  'a  hosting  over  the 
border  against  a  tribe  that  flees  forth.' 

9.  ^AtddsiUy  I  perceive,  iii.  446.'  It  means  'thou perceivest/ âfc/if-5iu. 
10.  *Baarj  top  or  hcad.'  The  word  meant  is  barr  'pileus'. 
n.  ^Barficfay  will  be  fought,  iii.  5  58.'  This  means  'he  will  come  (ficfà) 

to  you  (bar).'  Compare  do-bor-ficba  LU.  15  a;  ro-bor-ficba  84  a  : 
ro-bar-cured  84  b  :  ar-nàch-bar^accaister  85  a;  do-for-ftiCj  ro- 
bar-ila,  LL.  197.  a.  2  :  no-bar-beraidy  LL.  46b ^  2  ;  ro^baMinoil 
'vos  collegit,'  LB.  Sa  :  do-bar-ruachtadary  Leb.  Buide  Lecain, 
coL  647. 

I.  Czn  alamu  hâve  lost  initial/» and  be  conneaed  mûipal-ita^  7ue>-tT-v6c,  Lit.  pal-ra^ 
OHG.  fab  ?  It  nuT  pouibly  be  not  only  cognate,  but  identical  m  meaning,  wiih  0.  N. 
faUki  (=  ^falrviskan)  *aschè,'  Fick  792. 


96  Bibliographie, 

12.  ^Bemmim,  a  stroke,  a  blow.'  This  word  (rectiùs  bémmimm)  is  the 

dat.  sg.  of  béim,  It  is  hère  treated  as  a  nominative  :  cf.  Duikmain 
infra  No.  27,  Ereman  No.  29,  F/^u  No.  36,  C/zimu  No.  42, 
Ordain  No.  55,  Togarmand  No.  66,  Tomadmaimm  No.  67. 

13.  ^Berrach,  a  junior  hamster'  (5/c). 

14.  'Brethem  no  Dobeir^  judges  or  givers.'  Breîhem  means  ^a  judge/  and 

dobeir  is  not  a  noun  in  the  plural,  but  the  jd  sg.  près,  indic.  act. 
of  the  verb  dobiur  ^I  give.'  What  would  be  said  of  a  Greek  lexi- 
cographer  who  translated  8(S(i>(7t  as  if  it  was  S(i)'njpeç  i 

15.  ^Cing...  cf.  A.  Sax.  cyning.,.  Eng.  King,[\y 

16.  ^Claidem  Mary  a  large  sword...  Welsh  Llawmawf  (sic). 

17.  'Cnairseach,  probably  a  sledge  or  large  hammer.'  This  should  be 

cnairrsech  'javelin,'  a  diminutive  of  cnarr  'spear,*  O'Dav.  68. 

18.  ^Comopair  na  bairse^  the  instrument  of  the  manufacturing  woman 

...  iii.  116.'  This  is  comopair  rnibairse  'instruments  ofwork,' 
where  comopair  is  an  accusative  sg.  and  abairse  the  gen.  sg.  of 
abras, 

19.  'Comracut,  concentrated,  iii.  238,'  read  comracaî  *they  meet.* 

20.  'Corpj  until,  iii,  90.'  The  word  is  doubtless  corop  (=  co/i-ro-p) 

'donec  sit.' 

21.  ^Craesy  mouth.'  It  means  i,  'guUct;'  2,  *gluttony.' 

22.  *D/rf,  two,'  see  Adid. 

23.  ^Didldj  to  eut,  see  Didlastais,^  Didlastais  is  the  jrd  pi.  reduplicated 

secondary  s-future  of  a  verb  dlongim,  whence  ro^loingset^  iii. 
448.  Didla  'to  eut'  is  a  mère  invention.  To  set  down  in  a  Greek 
lexicon  XeXei  'to  leave'  because  the  form  XeXsCd/erai  is  found  in 
Homer  would  be  a  fair  parallel.  A  similar  instance  of  guesswork 
occurs  in  the  notes  to  Mr.  Crowe's  édition  of  the  Siaburcharpat 
Conculainn,  p.  409,  where  mebdatar  (for  memdatar^,  Corm.  B.  s. 
v.  maidinn,  ^me-mad-atar^  the  jd  pi.  reduplicated  preterite  active 
of  maidim  'frango')  is  actually  referred  to  "the  verb  meb  'to 
break.'  " 

24.  ^D^innaigid,  towards  each  other,  iii.  440.'  DHnnaigid  (for  do  inn- 

saigid)  simply  means  'insequi,'  'adiré.'  In  iii.  440.'  Tanic  cdch 
dib  d'innaigid  a  chéile  literally  means  'each  of  them  came  to 
approach  his  fellow,^  i.  e.  'towards  each  other.' 

25.  ^Domna,  base  of  (sic). 

26.  ^Dot  nimcdlat,  encircled  by,  iii.  508.'  This  is  do-tn^imchellat  'they 

1.  So  fomib  Fiacc.  h.  8  is  =  forruîm^  Tir.  13. 


Bibliographie,  97 

endrcle  him/  the  third  pi.  près,  indic.  active  of  the  verb  miu 
cheUmm*  witb  the  infixed  pronoun  tn, 

27.  'Duilemairiy  the  creator/  This  is  the  ace.  sg.  of  dâlem, 

28.  *Eochraide,  gen.  plu.  of  each,  a  steed.'  The  word  meant  is  echraide, 

gen.  singular  of  echrad  'cavalry/  a  collective  noun,  Z.  856. 
Mr  S.  might  as  well  say  that  equitatUs  was  the  gen.  plural  of 
equtts.  Compare,  for  the  knowledge  of  Irish  declension  hère  dis- 
played,  No.  45  infra  and  vol.  iii.  56  :  '^This  word  colctighis  is 
compounded,  according  to  the  published  translation,  of  coic  'a 
cook'  and  tighis,  the  plural  of  tigh  'a  house.'  "  So  in  vol.  i^  p.  14, 
Erin  is  stated  to  be  the  genitive  of  Eriu^  and  at  p.  ccccxcvi 
chruith  (sic  !)  is  actually  given  as  the  dat.  sg.  of  crot. 

29.  'Eremariy  a  pioughman.'  The  word  meant  is  airenuin,  which  is  the 

gen.  sg.  oiairem.  Like  mistakesaremadein  vol.  i.,  p.  cii.,  where 
caireaman  (gen.  sg.  of  cairem  ^a  shoemaker^  and  daileman  (the 
gen.  sg.  of  dailem  'cupbearer^  are  quoted.  What  would  Mr. 
Sullivan  say  to  a  Latin  lexicographer  who  gave  as  nominatives 
singular  aratorisy  sutoriSy  and  cauponis  i 

30.  ^Faesam,  the  right  possessed  by  freemen  of  entertaining  strangers 

for  a  certain  time,  varying  with  the  rank  of  the  host,  without 
being  obliged  to  give  bail  or  security  for  the  guests.'  What  sheer 
guesswork  ail  this  is  appears  from  the  fact  that  (under  Mac 
FaesiMy  iii.  587)  the  gen.  sg.  of  faesam  is  rendered  'of  adop- 
tion.' Faesam  (otherwise  sptlxfoessam  Colm.  4,  2,  fôesam  ib.  52, 
'  fàessam  Broc.  h.  106)  means  'protection/  and  in  law-language 
^the  escort  or  protection  which  a  guest  reéeived  on  his  visits 
passing  from  one  house  to  another.'  See  O'Don.  Supp.  s.  v. 
faosamh,  The  W.  g»a€saf  'a  pledge/  givaesafu  'to  insure/  may 
also  be  cognate. 

)  I .  'Fin,  Fedhen,  Feadhan,  a  bier  or  hearse.*  There  is  no  such  word  as 
fedhen;  sjid  feadhan  means  'yoke'  or  'team/  Corm.  Tr.  79.  Fén 
(gl.  plaustrum)  Z.  19,  which  Mr.  Sullivan  (I.  ccccbcxvi)  says 
^seems  to  hâve  been  the  spécial  vehicle  used  as  the  bier  or  hearse 
of  kings  and  warriors/  he  will  find,  in  the  gloss  on  Broccân's 
hymn,  Une  25,  meaning  'a  butter-cart.' 

32.  'FerbolgSy  pawns  for  chess-playing.'  Fer-bolg  means  'a  manbag/  the 
bag  (sometimes  made  of  bronze  wire)  in  which  were  kept  the 
pièces  used  in  fhymg  fidchelL 

îj.  Fersady  a  club.'  The  word  meant  is  fersaid  (W.  gwerthyd)  i,  'a 
spindle/  2,  'an  axis'  (Mart.  Don.  1 54);  3,  'a  spit  of  sand  at  a 
Ra,  ceU.  ///  7 


98  Bibliographie, 

ford  or  estuary.'  If  it  really  was  the  name  of  a  weapon  used  by 

the  Firbolg  (ii.  2 56)  it  probably  meant  *an arrow;'  cf.  the  Greek 

(ÏTpaxToç  I,  'spindle;'  2,  'arrow.* 
54.   ^Fessify  knoweth,  iii.  jio/  This  (better  spelt  fesser)  means  'thou 

shouldst  know/  and  is  the  2d  sg.  deponential  &<onjunctiye  (Z. 

468)  offetar  *I  know'  ;  'knoweth'  is  fitir. 
35.   ^Fetorlolc^  patriarchal.'  This  word  (properly  spe\t  fetarlaic)  is  a 

substantive,  not  an  adjective,  and  means  the  Old  Law,  the  Law 

of  the  Old  Testament.  It  is  a  loan  from  vêtus  (yeteris)  and  lex 

(legis). 
}6.   'Fidu;  a  tree,  iii.  448.'  This  is  the  ace.  pi.  of  fid,  It  is  heretreated 

as  a  nom.  sg.  So  gnimu  No.  42. 

37.  ^Fonluingy  the  same  as  folaing^  to  endure,  to  suiFer,  to  bear  or 

support,  iii.  518.'  Fo~nAuing  means  'who  endures.'  Folaing 
means  'endures.' 

38.  ^Forttrena,  brave  rumped'  (sic),  Forlethan^  broad-rumped,  iii.  428.' 

Of  thèse  words  the  former  is  the  pi.  of  fortren  'mighty/  one  of 
the  commonest  of  Old-lrish  adjectives,  the  latter  merely  means 
'very  broad.' 

39.  ''Frepaid^  to  cure,  no  Frepaid,  incurable («c),  iii.    J2i.'  Frepaid, 

gen.  freptha^  means  'remedium'  :  but  the  Irish  for  incurable'  is 
nephfrepîhae.  Ir.  no  means  'or.' 

40.  ''Frisaicci^  are  consulted,  they  appoint,  or  elect,  or  respond  ?  iii. 

501.'  This  common  verb  means  'expects,'  'awaits.'  It  is  the 
third  sg.  près,  indic.  act.  of  frisaiccim  (gl.  opperior,  Z.  429, 
1024). 

41.  'Gêna  (same  as  dena),  to  do.'  Gêna  (ieg.  gina)  the  subjoined  form 

of  the  3d  sg.  redupUcated  future  act.  oigonaim^  means  'occidet;' 
(cf.  O'Clery,  s.  v.  gén  :  fear  do^a-géna  .i.  fearghonfas  tù)  :  there 
is  no  such  word  as  dena,  Dénum  means  'to  do.' 

42.  *'Gnimu,  a  deed  or  deeds.'  The  word  meant  is  gnlmUj  the  ace.  pi. 

of  gnim  'a  deed.' 

43.  'Indlach^  instigation,  iii.  448.'  Indlach  means  'interruptio,'  Rev. 

Celt.  i.  1 5  5,  or  'divisio,'  Z.  85 5,  and  is  cognate  with  indlung  (gl. 
findo),  Z.  877. 

44.  '/n/2â,  thèse,  iii.  493.'  Inna  is  hère  the  gen.  pi.  of  the  article.  The 

blunder  is  as  if  one  should  confound  tûv  with  toutcov. 

45.  'Laechraid^  a  form  of  the  gen.  pi.  (sic)  of  laegh^  a  calf,  iii.  500.' 

46.  '•Maclan  [sic]  airgit^  shoes  of  silver,  iii.  1 59.'  Our  glossarial  indexer 

means  mdeldn,  a  nom.  dual  occurring  in  the  following  short 


Bibliographie,  99 

passage  frdm  LU.  242^  —  25a  printed  (with  only  fifteen  faults) 
in  vol.  iîi.,  p.  153:  Isinchetramad  lou  iarum  dolluid  in-banscâl 
an-do-cum.  alainn  em  tinaic  ann.  brat  gel  impe  7  buinne  6ir 
imm-à-moing.  mong  orda  furri.  dâ-màelân  argit  imm-a-cossa 
gelchorcr^.  bretnas  argit  co/n-brephnib  6ir  in-a-brut  7  léne 
srebnaide  sita  fri-a-gelchnes. 

47.  ^Mbis^  when  he  bas,  iii,  490/  The  passage  in  which  this  singular 

word  occurs  is  :  in--tan  m-bis  diabol  n-^irech  desai  lais  ^when 
double  (the  property)  of  an  Aire-desa  is  with  him'  :  bis  (recte 
bis)  is  the  )rd  sg.  relative  présent  of  biu  ^sum'  (=  vivo),  and  the 
prefixed  m  is  the  transported  n  of  the  accusative  tan  ^tempus.'  The 
phrase  intan  rn-^bis  (cum  est)  occurs  twice  in  Z.  492. 

48.  ^Melastar^  he  grinds  [recte  thou  art  ground  {sic  !)]  iii.  488/  This 

is  a  deponential  }rd  sg.  s-pret.  and  means  ^he  ground';  the 
^recte*  is  Mr.  Sullivan*s.  This  in  one  of  the  cases  in  which  he  has 
'improved  the  meaning'.  So  at  p.  598  he  renders  snigestar  ^stilla- 
vit'  by  *thou  art  thrown.'  One  would  like  to  see  his  paradigm  of 
an  Irish  verb  in  the  passive. 

49.  ''Memaidj  frightened  to  flight,  iii.  450.'  Ro-memaid  (^i  sg.  redupl. 

prêt,  of  maidim)j  simply  means  ^fregit.' 
jo.    'Miodhcuaird^  mead-circling,  i.  ccciii/  This  word,  rectèm/d-c/iiw/rf, 

simply  means  'mid-court.' 
51.   ^Nelj  a  trance,  iii.  452.'  The  word  meant  is  nél  'a  cloud.' 
$2.   *'Nenaisc^  to  bind,  to  govem,  iii.  $14/  This  is  the  jd  sg.  redupli- 

cated  prêt.  act.  of  naiscim  and  simply  means  ^nexuit.' 
j}.   *JVi/i,  "id  est''  that  is,  etc.,  iii.  492.*  This,  one  of  the  commonest 

of  Irish  contractions,  stands  for  ninsey  which  does  not  roean  ^that 

is,'  but  ^not  difScuh'  (ni-'ansa]. 

54.  ^iV-ue,  grandsire,  iii.  479.^  The  passage  in  which  this  occurs  is  is 

nueo  rogabh  treabhadhy  where  nue  is  obviously  thecommonadjec- 
tive  meaning  'new,'  *recent,'  referring  to  the  time  at  which  the 
écrire  or  ^young  noble'  commenced  householding.  Compare  6 
gobais  trebad  LU.  96a,  rightly  rendered  by  O'Curry,  iii.  149, 
^since  he  has  taken  to  housekeeping.' 

55.  ^Ordaidy  the  thumb,  iii.  14.'  This  is  the  dat.  sg.  oiordu,  gen.  ordan. 

56.  ^Pes-Bolg  a  foot-bag  {sic  !)  in  which  sorted  woolis  kept  by  carding 

women.'  Pes  isa  loan  from  the  Lat.  pexa^  and  has  nothing  to  do 
(as  Mr.  Sullivan  obviously  supposes)  with  the  Lat.  pes. 

57.  ^Rop  is,  it  is.'  This,  one  of  the  commonest  of  Irish  verbal  forms, 

means  ^sit,'  not  'est.'  Z.  494. 


100  Bibliographie. 

58.  ^Ropp^  a  tuft.'  The  word  méant  îs  popp  =  pampAnm. 

59.  'Srir,  the  rear,  the  back  part.'  ^Seirtiud^  [rectè  seirthid,]  'a  young 

man  of  noble  race.'  Seir  means  ^heel/  and  seirthid^  ^heehnan', 
/.  e.  'one  who  stands  at  his  chief  s  heel.'  The  other  guards  were 
respectively  called  rigthid  'forearm-man'and  to^M^ii  ^side-man.' 

60.  ^Sicc  OcCy  Sic  Oc^  a  name  given  to  Aires  having  Sac  and  Soke  that 

is  to  those  entitled  to  holdthe  Airecht  Foleiihe  or  Court  Leet.'  It 
is  scarcely  crédible,  but  it  is  a  faa,  that  that  this  is  nothing  but 
the  Latin  sic  hoc,  and  expression  of  a  surety's  or  guarantor's 
assent  to  the  statement  of  his  principal  (Atherueum  Jan.  31,1 874, 
p.  156). 

61.  ^Snadady  Snadha,  to  traverse.'  The  word  meant  (snddud)  means 

'to  protect.'  The  cognate  verb  is  of  constant  occurrence  in  the 
FéUre  of  Oengus.  It  is  the  Irish  reflex  of  the  W.  noddi  'prote- 
gère,'  'defendere,'  'asylum  praebere,'  from  nawdd  'protectio.' 

62.  'Snegair,  is  thrown.'  Snegair^  the  third  sg.  près,  indic.  pass.  of 

snigim  ^stillo'  (misspelt  snidhim  by  O'R.)  means  4s  dropt.' 

63.  ^Sonn,  a  sound,  from  the  Latin  sonus,  iii.  308.'  On  looking  to  iii. 

308  we  find  the  passage  ^co  cluinn  a  sonn  fona  .m.  nimib^'  which 
is  rendered  by  ^untilthey  are  heard  throughout  the  seven  heavens.' 
But  no  such  gibberish  ever  existed.  The  MS.  (LB.  iiiâ)  has 
distinctly  co  cluinierfona  ,uii.  nimib  'so  that  it  —  Gabriel's  trum- 
pet  —  is  heard  throughout  the  seven  heavens.'  Mr.  Sullivan's 
sonn  (like  his  ropp  supra)  isa  mère  misreading  of  the  MS. 

64.  ^Sruith,  high.'  Sruith  (pi.  sruthi  *maîores'  Ml.  31  d    =0.  W. 

strutiu  gl.  antiquam  gentem)  means  Wetus'  (inna  sruithe  gi. 
maiorum,  Ml.  26  b,  44  b,  gl.  patrum  Ml.  44  b,  gl.  veterum, 
Ml.  5  5r).  I  know  not  whether  to  connect  it  with  the  Old-Latin 
struere  'augere'  or  with  the  Skr.  sthavira  'old,'  sthâvira  ^old  âge.' 
6j.  ^Suifi,  to  retum  or  fall  back  into  vice,  iii.  493.'  The  passage  refer- 
red  to  is  :  in  gell  nad  suifi  friu  aither(r]ach  'the  promise  that  he 
will  not  retum  to  them  again.'  ^Sulfi  is  not,  as  Mr.  S.  supposes, 
an  infinitive,  but  the  subjoined  form  of  the  3d  sg.  b-fut.  act.  of  a 
varb  cognate  with  the  Lat.  su-cula  'windlass/  root  SU  Ho  tum.' 
The  Irish  infinitive  is  soud  'conversio'.  Ml.  47  d  ==  sood  LU. 
18,  a.  13. 

66.  ^Togarmandy  a  title  of  distinction  or  honour.'  This  is  the  nom.  or 

ace.  plural  of  the  neuter  n-stem  togairm  'appellatio,'  Z.  2681  269, 
but  is  hère  treated  as  a  nom.  sg. 

67.  ^Tomadmmaim,  to  break  up  the  ranks  of  an  army,  etc.'  Hère  again 


Bibliographie.  loi 

an  oblique  case  is  given  as  a  nom.  ^.  Tomadmaimm  is  the  dat. 

sg.  of  tomaidm  'a  bursting^'  'a  breaking-forth,'  Chron.  Scot.  6. 

68.   *T'Saknd,  salted'  (!) 

But  enough  of  this  melancholy  production,  We  hâve  unfortunately  hère 

in  India  more  than  one  diaionary,  the  authors  of  which  hâve  omitted  to 

leam  how  to  translate  the  commonest  words^  to  décline  the  commonest 

nouns  and  to  conjugate  the  commonest  verbs  of  the  language  with  which 

thej  purport  to  deal.  But  is  there  any  country  in  Europe  save  Ireland 

Ipenitus  toto  divisa  orbe)  in  which  such  a  glossary  as  Mr.  Sullivan's  could 

be  compiled  and  published  P 

Whitley  Stokes. 

LoL  Bécouverte  du  Nouveau  Monde  par  les  Irlandais  et  les  pre- 
mières traces  du  christianisme  en  Amérique  avant  l'an  looo,  par 
E.  Beauvois,  chevalier  des  Ordres  du  Danebrog  et  de  Saint-Oiaf, 
membre  de  la  Société  des  Antiquaires  du  Nord  (Copenhague),  etc., 
55  p.  în-8.  Nancy,  typographie  de  G.  Crépin-Leblond,  1875. 

Cette  brochure  est  extraite  du  volume  des  mémoires  lus  au  Congrès 
Américaniste  de  Nancy  en  août  187;;  c'est  aussi  un  fragment  d'un  livre 
que  l'auteur  prépare  sur  les  Européens  dans  le  Nouveau-Monde  avant 
Christophe  Colomb.  On  s'accorde  généralement  à  reconnaître  que  les 
Normands  découvrirent  l'Amérique  du  Nord  bien  longtemps  avant  l'é- 
poque de  Christophe  Colomb;  M.  Beauvois^  bien  connu  chez  nous  par 
ses  travaux  sur  le  nord  Scandinave,  veut  déposséder  les  Normands  de 
cet  honneur  en  faveur  des  Irlandais.  Si  flatteuse  que  soit  cette  théorie 
pour  la  race  à  l'histoire  de  laquelle  est  consacrée  cette  Revue,  il  nous 
£aut  l'examiner  avant  de  savoir  si  nous  l'acceptons. 

Nos  lecteurs  connaissent  les  témoignages  de  Dicuil  sur  la  présence  de 
moines  irlandais  en  Islande  et  dans  des  lies  qui  sont  sans  doute  les  lies 
Shetland  (Revue  Celtique^  I,  161)  et  celui  de  l'historien  norvégien  Are 
Frôdhé,  cité  par  Zeuss  [Gr.  C»,  p.  xii,  Gr.  C.*,  p.  x,  n.).  M.  B.  pense 
que  ces  Irlandais  ou  PapA,  c.-à-d.  prêtres  ou  moines  >  comme  les  appe- 
laient les  Norvégiens,  ont  été  plus  loin  vers  l'ouest,  qu'ils  se  sont  établis 
dans  le  Nord  de  l'Amérique,  et  que  ce  sont  même  les  Irlandais  chassés 
par  les  pirates  de  l'Islande  et  des  autres  lies  septentrionales  qui  se  sont 
réfugiés  dans  ces  régions  lointaines. 

Les  principaux  arguments  de  M.  B.  sont  trois  documents  islandais. 

I 
f 

I.  A  propos  des  Guidées  aue  M.  B.  nomme  en  passant,  nous  sommes  étonné  qu'i 
se  réfère  au  vieil  ouvrage  ae  Jamieson  et  qu'il  ne  connaisse  pas  le  savant  et  dénniti 
onvrage  du  O'  Reeves. 


1 02  Bibliographie. 

m 

Le  premier  est  un  passage  du  Landnâmab6k  où  il  est  question  du  ce  Hvi- 
tramannaland  [pays  des  hommes  blancs]  que  quelques-uns  appellent 
Irland  it  mikla  [la  grande  Irlande].  Ce  pays  est  situé  à  l'ouest  dans  la 
mer,  près  de  Vinland  ii  gàdha  [le  bon  pays  du  vin]  et,  dit-on,  à  six  jours 
de  navigation  de  l'Islande  ».  C'est  à  propos  d'un  homme  qui  y  aurait  été 
jeté  par  une  tempête,  Are  Marsson  qui  avait  disparu  de  l'Islande  et  dont 
on  expliquait  ainsi  la  disparition. 

Le  second  texte  est  tiré  de  VEyrbyggia  Saga,  et  raconte  l'histoire  d'un 
certain  Gudhleif  qui  «  ayant  iait  un  voyage  à  Dublin,  naviguait  vers  l'ouest 
pour  retourner  en  Islande;  et  il  se  trouvait  à  l'ouest  de  l'Irlande,  lorsqu'un 
grand  vent  du  nord-est  le  poussa  si  loin  en  mer,  vers  l'ouest  et  le  sud- 
ouest,  qu'il  ne  savait  plus  où  se  trouvait  la  terre.  »  Les  voyageurs  arri- 
vèrent enfin  à  une  grande  terre  où  ils  débarquèrent  et  eurent  de  nom- 
breuses aventures,  après  lesquelles  ils  retournèrent  en  Irlande  et  de  là  en 
Islande.  Parmi  les  aventures  qu'ils  eurent  dans  cette  grande  contrée  que 
la  Saga  ne  nomme  pas,  il  faut  noter  qu'ils  virent  une  troupe  de  cavaliers. 

Le  troisième  texte  est  emprunté  à  la  Saga  de  Thorfinn  Karlsefhé.  Il  y 
est  question  des  Skraelings,  indigènes  du  Nouveau-Monde  et  probable- 
ment ancêtres  des  Esquimaux.  Thorfinn  Karlsefhé  et  ses  compagnons 
descendent  dans  le  Markland  (probablement  la  Nouvelle-Ecosse) ,  Us  y 
font  prisonniers  des  Skraelings  enfants.  «  Les  enfants  emmenés  par  eux 
apprirent  leur  langue  et  se  firent  baptiser.  Ils  rapportent  qu'il  n'y 
avait  pas  de  maisons  dans  le  pays;  que  les  habitants  vivaient  dans  des 
cavernes  avec  des  lions,  qu'une  autre  grande  contrée  située  en  face  de 
leur  pays  était  habitée  par  des  gens  qui  marchaient  vêtus  de  blanc,  por- 
tant devant  eux  des  perches  où  étaient  fixés  des  drapeaux  et  criant  fort. 
On  pense  que  c'était  le  Hvitramannaland  ou  Irland  it  Mikla.  y>  M.  B.  veut 
reconnaître  des  prêtres  irlandais  dans  ces  hommes  vêtus  de  blanc  et 
pour  cela  il  s'appuie  sur  VHistoria  Norvegia  qui,  parlant  des  Papa  comme 
d'anciens  habitants  des  Orcades  (d'où  les  noms  de  lieu  Papa  stour  et 
Papa  Unie  aux  Orcades),  dit:  «  Les  Papas  ou  Papa  sont  ainsi  nommés  à 
cause  des  habits  blancs  dont  ils  se  vêtaient  comme  les  clercs.  » 

Tels  sont  les  textes  soigneusement  rassemblés  et  ingénieusement  com- 
mentés par  M.  Beauvois.  Ils  ne  nous  semblent  pas  convaincants.  Le 
second  doit  être  mis  de  côté  tout  d'abord,  et  il  nous  semble  impossible 
d'admettre  qu'il  désigne  une  région  quelconque  de  l'Amérique.  En  effet, 
il  y  est  question  de  cavaliers  et  Ton  sait  que  le  cheval  n'existait  pas 
en  Amérique  avant  d'y  avoir  été  introduit  par  les  Européens.  —  Le 
premier  ne  contient  que  le  nom  légendaire  de  la  région  d'existence 
problématique,  Pays  des  hommes  blancs  ou  Grande-Irlande,  mais  ce 


Biblioffraphie.  lo; 

nom  de  Grande  Irlande  donné  par  les  Sagas  à  une  région  de  l'Amé- 
rique du  Nord  ne  prouve  pas,  à  lui  seul,  une  colonisation  irlandaise.  A  ce 
compte,  le  Nouveau-Bninswick  devrait  son  origine  à  une  colonie 
brunswickoise,  la  Nouvelle-Ecosse  à  une  colonie  écossaise,  la  Nouvelle- 
Galle-dtt-Sud  à  une  colonie  galloise,  etc.  On  sait  assez  qu'il  n'en  est  rien. 
Ce  nom  peut  avoir  été  donné  à  ce  pays  par  les  Norvégiens  à  cause  de 
quelque  analogie  avec  l'Irlande,  il  peut  même  avoir  été  donné  par  des 
Norvégiens  d'Irlande^  car  on  sait  qu'il  y  avait  autre  chose  que  des 
Irlandais  en  Irlande;  il  y  avait  des  Scandinaves  qui  occupaient  la  côte,  et 
toutes  les  grandes  villes  des  côtes  irlandaises  leur  doivent  leur  origine. 
En  réalité  le  seul  texte  qui  nous  semble  avoir  quelque  précision  est 
l'histoire  racontée  par  les  petits  Skrselings,  mais  la  question  est  de  savoir 
si  dans  ce  texte  unique  il  y  a  autre  chose  qu'une  légende. 

M.  B.  a  cherché  à  entourer  ces  textes  de  preuves  accessoires,  mais 
celles-ci  nous  paraissent  sans  force.  Ce  sont  : 

I**  les  récits  de  missionnaires  au  Canada,  qui  prétendaient  retrouver 
chez  les  sauvages  de  nombreux  restes  de  christianisme;  —  mais  on 
sait  que  c'a  été  souvent  la  manie  des  missionnaires  de  vouloir  trouver 
des  traces  de  la  religion  «  révélée  »  chez  les  peuples  qu'ils  prêchaient; 

2*^  des  ruines  d'édifices,  trouvées  dans  le  bassin  du  Saint-Laurent,  et 
qui  ne  pourraient  avoir  été  élevées  par  des  sauvages;  —  mais  l'archéolo- 
gie américaine  est  encore  trop  dans  l'enfance  pour  qu'on  puisse  tirer 
aucun  argument  de  ces  monuments  ; 

^o  ce  qu'Antonio  Zeno,  célèbre  voyageur  vénitien  de  la  fin  du  xiv*  siè- 
cle, raconte  de  VEstotilanda  (qu'on  identifie  d'ordinaire  avec  la  Terre- 
Neuve)  et  de  VIcaria.  M.  B.  donne  ces  deux  noms  comme  désignant 
le  même  pays;  bien  plus,  il  suppose  qWEstotilanda  est  une  faute  de 
lecture  pour  Escotilanda^  ce  qui  donnerait  (c  Terre  des  Ecossais^  c.-à-d. 
des  Irlandais.  »  —  Cette  correction  est  purement  gratuite,  et  fût-elle 
exacte,  elle  ne  prouverait  rien  en  faveur  de  la  thèse  de  M.  B.  ;  car  une 
ressemblance  entre  des  noms  géographiques  n'est  nullement,  prise  à  part, 
une  preuve  en  histoire  ni  en  ethnographie.  Quant  à  VIcaria,  il  nous  semble 
que  M.  Major  dans  sa  belle  édition  des  voyages  des  Zéni  (publiée  en 
1873  pour  la  Société  Hakluyt)  l'a  par  de  solides  arguments  identifiée 
avec  l'Irlande,  Icaria  étant  le  nom  même  du  Kerry  1  ; 

Quant  à  l'Estotilande,  M.  B.  attribue  à  tort  à  Antoine  Zeno  un  témoi- 
gnage que  celui-ci  ne  donne  pas.  D'après  M.  B.,  Antoine  Zeno  affirme- 

I.  Aux  arguments  d'ordre  géographique  présentés  par  M.  Major  pour  identifier  Icaria 
zrtc  le  Keny,  on  peut  ajouter  l'observation  que  ce  nom  d'Icaria  s'explique  parfaitement 
par  le  nom  irlandais  du  Kerry,  Ciarraighe,  précédé  de  la  préposition  /  et  dans.  » 


104  Bibliographie, 

rait  que  c<  ces  habitants  d'Estotilande  avaient  une  écriture  particulière  [et, 
observe  M.  B.,  l'alphabet  irlandais  est  en  effet  une  modification  des 
caractères  latins],  que  leur  roi  possédait  une  bibliothèque  où  il  y  avait 
des  livres  latins  qu'ils  ne  comprenaient  plus  ;  qu'ils  cultivaient  les  céréales  ; 
qu'ils  brassaient  la  bière;  qu'ils  faisaient  des  constructions  et  murs  et 
avaient  de  nombreuses  villes.  »  Si  M.  B.  avait  lu  avec  plus  de  soin  le  récit' 
des  Zeni,  il  aurait  vu  que  ces  assertions  proviennent  d'un  seul  pêcheur 
que  la  tempête  aurait  jeté  en  Estotilande,  et  qui  en  serait  revenu  après 
y  avoir  séjourné  un  long  temps;  mais  que  lorsqu'Antoine  Zeno,  pour 
vérifier  ces  assertions,  alla  Im-^mime  en  Estotilande,  il  y  trouva  seulement 
des  hommes  à  moitié  sauvages  et  vivant  dans  des  trous  de  la  terre.  Le 
récit  du  vieux  pêcheur  était  donc  une  fable.  Ce  n'est  d'ailleurs  ni  la  pre- 
mière ni  la  seule  fois  que  des  voyageurs  se  sont  laissé  entraîner  par 
leur  imagination  ou  par  le  plaisir  de  raconter  des  choses  étranges.  C'est 
ainsi  qu'au  siècle  dernier  le  bon  Daines  Barrington  rapportait  les  histoires 
de  marins  hollandais  qui  prétendaient  avoir  atteint  le  Pôle  Nord  et  que 
dans  notre  siècle,  en  1854,  Morton,  le  steward  du  D'  Kane,  assurait 
avoir,  du  cap  de  la  Constitution,  vu  la  mer  libre  du  Pôle,  ce  qui  est 
aujourd'hui  reconnu  inexact.  A  beau  mentir  qui  vient  de  loin,  dit,  non 
sans  raison,  notre  proverbe; 

4^  M.  B.  cite  aussi,  comme  témoignage,  «  les  triades  galloises  qui 
paraissent  avoir  été  transcrites  au  xii^  siècle  »  (p.  38)  ;  ce  sont  là  des 
documents  postérieurs,  et  en  tout  cas  sans  autorité  dans  cette  question  ; 

5»  Il  est  certainement  curieux  qu'E^mz,  le  géographe  arabe  du  xn<:  siè- 
cle, parle  de  la  Grande-Irlande,  Irlandah-al-Kabirah^  comme  étant  à  un 
jour  de  navigation  de  l'Islande,  mais  dans  ce  vague  renseignement  il  n'y 
a,  comme  M.  B.  le  remarque  lui-même,  qu'un  écho  des  traditions  Scan- 
dinaves. 

M.  B.  dit,  non  à  tort  :  «  Parmi  les  clercs  qui  pendant  un  siècle  au 
moins  entretinrent  des  relations  entre  les  iles  Britanniques  et  l'Islande, 
il' dut  s'en  trouver  quelques-uns  que  les  vents  ou  les  courants  jetèrent 
sur  les  côtes  d'Amérique.  On  peut  le  conclure  par  analogie  de  ce  que 
dans  l'espace  de  moins  de  cinquante  ans,  cinq  navigateurs  Scandinaves 
abordèrent  par  hasard  ou  par  force  dans  des  pays  transatlantiques  à  eux 
inconnus.  »  Nous  n'en  disconvenons  pas,  mais  nous  pensons  que  cette 
vraisemblance  a  priori  devrait  être  étayée  de  faits  historiques,  de 
preuves  autres  que  quelques  vagues  mentions  des  sagas  ou  des  chroni- 
ques du  Nord. 

Il  ne  nous  semble  donc  pas  que  M.  B.  ait  établi  la  thèse  qui  lui  est 
chère,  mais  nous  devons  rendre  hommage  à  son  érudition,  et  le  remer- 


Bibliographie.  105 

cier  de  nous  Ëdre  connaître  des  documents  Scandinaves  accessibles  à  si 
peu  de  lecteurs  ^  Son  travail  mérite  à  tous  égards  d'attirer  l'attention  des 
historiens.  H.  G. 

Notes  on  Iiish  Architecture,  by  the  Late  lord  Dunraven,  edited 
by  Margaret  Stokes,  Associate  of  the  Scottish  Society  of  Antîquaries. 
Vol.  I,  with  sixty-fîve  large  photographie  illustrations  and  fifty-one 
woodcuts  and  numerous  lithographie  plates  of  architectural  détails, 
xxvii-i  27  p.  in-4^.  London,  George  Bell  and  Sons,  1 875 .  Prix  :  84  sh. 
(105  fr."). 

Ce  magnifique  ouvrage,  consacré  aux  plus  anciens  monuments  de 
l'Irlande,  est  un  monument  lui-même  non  pas  seulement  par  la  précise 
exactitude  de  ses  descriptions,  et  par  la  valeur  des  renseignements  histo- 
riques qu'il  réunit,  mais  aussi  par  sa  splendide  exécution,  ses  photogra- 
phies, ses  gravures  et  ses  plans.  Les  auteurs  ont  pris  pour  eux  l'axiome 
du  poète  latin  :  segnius  irritant  animos  demissa  per  aurem  Qaam  qua  sunt 
oculis  objecta  fidelibus,  et  quA  îpse  sibi  tradit  spectator.  Tous  les  monu- 
ments dont  il  est  question  dans  ce  volume  sont  présentés  au  lecteur  en 
photographie,  et  même  plusieurs  fois,  de  façon  qu'aucun  de  leurs 
aspects  ou  de  leurs  détails  n'échappe  à  l'attention.  On  ne  saurait  trop 
louer  la  générosité  qui  a  permis  à  ce  livre  d'apporter  un  aussi  grand  luxe 
de  documents  archéologiques. 

Comme  le  titre  l'indique,  cet  ouvrage  de  feu  Lord  Dunraven  sur  l'ar- 
chitecture et  l'archéologie  de  l'Irlande  est  publié  d'après  les  notes  de 
l'auteur  par  Mlle  Stokes.  Lord  Dunraven  avait  pendant  toute  sa  carrière 
pris  part  au  mouvement  Scientifique  de  l'Irlande.  Il  avait  coopéré  à  la 
fondation  de  la  Société  archéologique  iriandaise  et  à  celle  de  la  Société 
celtique  de  Dublin;  il  avait  aidé  de  ses  conseils  notre  Montalembert 
lorsque  celui-ci  écrivit  son  Histoire  des  moines  d'Occident^  et  le  volume  de 
cette  histoire  consacré  aux  grands  moines  irlandais  est,  en  signe  de 
reconnaissance,  dédié  à  Lord  Dunraven.  Dans  les  dernières  années  de 
sa  vie,  Lord  Dunraven  s'était  pris  d'un  grand  intérêt  pour  les  antiquités 
iriandaises;  chaque  été  il  explorait  une  partie  de  l'Irlande  accom- 
pagné d'un  photographe;  il  accumulait  notes,  photographies,  plans, 
dessins,  etc.,  quand  il  mourut  en  octobre  1871.  Mlle  Stokes,  dont  on 
connaît  la  compétence  eii  tout  ce  qui  touche  l'ancienne  Irlande  '  et  qui 

1 .  Dans  un  travail  où  il  est  si  souvent  question  d'Irlande  et  d'Islande,  il  serait  éton- 
nant ^ne  les  typographes  n'eussent  pas  quelauefois  confondu  les  deux  noms  :  ainsi  p.  33, 
1.  3,  u  faut  lire  Islande  pour  Irlande.  Pareille  confusion  ne  peut-elle  pas  avoir  été  faite 
qudquefois  par  les  vieux  scribes  Scandinaves  ? 

2.  Nous  attendons  Tachèvement  de  son  recueil  des  Inscriptions  chrétiennes  d'Irlande, 
qui  parait  en  livraisons,  pour  le  faire  connaître  à  nos  lecteurs.  Cf.  Re»,  Celt,  I,  p.  177. 


io6  Bibliographie, 

connaissait  l'ouvrage  futur  de  Lord  Dunraven  pour  en  avoir  souvent 
causé  avec  lui^  se  chargea  de  mettre  en  ordre  et  de  publier  cet  ouvrage 
auquel  on  a  donné  le  titre  modeste  de  Notes, 

Le  premier  volume  que  nous  avons  sous  les  yeux  se  compose  de 
deux  parties  ainsi  divisées:  Première  partie:  Monuments  en  pierres  sans 
ciment,  i)  Forts  de  l'époque  païenne.  2)  Monastères  des  premiers  temps 
du  christianisme  ;  Seconde  partie  :  monuments  en  pierres  avec  ciment. 
i)  Eglises  sans  diœur  {without  ckancel).  2)  Eglises  avec  chœur  {with 
chancel). 

Première  partie.  —  Les  forts  de  l'époque  païenne  sont  le  Dûn 
Aengusa  ou  fort  d'Aengus  dans  la  plus  grande  des  tles  Aran  (dans  la  baie 
de  Galway],  le  Dubh  Cathair  ou  fort  Noir,  le  Dûn  Eoghanachta  ou  fort 
d'Ounacht,  le  Dûn  Ogfiil  ou  fort  d'Oghil,  dans  la  même  lie,  le  Dûn  Con^ 
chobhair  ou  fort  de  Conor,  le  Mothar  Dûn  ou  fort  du  bois,  dans  111e 
moyenne  d'Aran,  quelques  forts  de  111e  méridionale  du  même  groupe  et 
quelques  forts  du  continent  d'Irlande,  dans  les  comtés  de  Galway,  de 
Sligo,  de  Clare,  de  Kerry  (le  plus  célèbre  de  ceux  de  Kerry  est  le  fort 
de  Staigue  que  quatre  photographies  représentent  sous  ses  différents 
aspects).  Ces  forts  consistent  en  remparts  de  pierres  sèches,  de  forme 
circulaire  ;  quelques-uns  se  composent  de  deux  cercles  concentriques, 
formant  une  double  ligne  de  défense.  Ils  sont  pour  la  plupart  assez  grands 
pour  contenir  en  cas  de  défense  la  tribu  et  son  bétail  —  ce  qui  est  la 
destination  primitive  de  tous  les  oppida.  C'est  ainsi  que  le  mur  circulaire 
du  fort  de  Staigue  a  89  pieds  de  diamètre;  le  mur  lui-même  a  12  pieds 
10  pouces  à  la  base  et  7  pieds  au  sommet  :  sa  hauteur  va  jusqu'à 
18  pieds.  D'autres  forts  tels  que  le  fort  d'Aengus  et  le  fort  de  Conor 
dans  les  tles  Aran  sont  de  beaucoup  plus  considérables.  Ils  sont  en  général 
en  un  lieu  d'où  l'on  domine  le  pays  environnant  et  la  mer. 

Les  monastères  de  la  première  époque  du  christianisme  sont  les  ruines 
du  Mont  ou  plutôt  du  Roc  de  Saint-Michel,  une  des  deux  lies  Skellig^ 
au  large  de  la  côte  de  Kerry,  magnifique  panorama  qui  rappelle  notre 
Mont  Saint-Michel  et  sa  célèbre  église  ;  —  le  chapitre  consacré  à  ces 
ruines  est  un  des  plus  intéressants  par  ses  pittoresques  photographies  et 
dessins.  —  Les  ruines  de  111e  de  Senach,  une  des  îles  du  groupe  des 
Magherees,  aussi  au  large  de  la  côte  de  Kerry,  l'oratoire  de  Saint-Bren- 
dan,  dans  l'Inisglora,  ile  au  large  de  la  côte  de  Mayo,  les  diverses 
ruines  de  l'Inismurray,  lie  au  large  de  la  côte  de  Sligo,  celles  de  quelques 
autres  petites  lies  de  l'Atlantique  au  large  de  la  côte  occidentale  de  l'Ir- 
lande, et  quelques  autres  ruines  du  continent  d'Irlande,  mais  toujours 
sur  sa  côte  ouest. 


BibUograpkU,  K>7 

Pourquoi  ces  monuments  de  construction  toot-à-fait  primitive,  auacquels 
le  ciment  est  inconnu,  ne  se  rencontrent-ils  que  sur  cette  c6te  et  dans 
ces  ties  sauvages  et  misérables  qui  sont  comme  des  postes  avancés  dans 
l'Atlantique  ?  C'est  une  question  générale  que  ne  traitent  pas  les  auteurs, 
tout  entiers  à  leurs  descriptions  archéologiques,  mais  que  le  lecteur  se 
pose  instinctivement,  et  qui  a  son  importance.  Il  est  difficile  d'admettre 
que  ces  monuments  aient  été  particuliers  au  Far  West  de  Tlrlande;  ce 
ne  peuvent  être  que  les  débris,  nous  n'osons  dire  d'un  art,  mais  d'un 
mode  de  construction  usité  à  certaine  époque  dans  toute  l'Irlande.  On 
pourrait  comprendre  que  les  premiers  anachorètes  de  l'Iriande,  que  ces 
moines  énergiques  et  ardents  qui  donnent  un  caractère  si  original  à  l'an- 
cienne Eglise  d'Hibemie,  se  fussent  établis  et  comme  cachés  de  préfé- 
rence dans  ces  lies  pauvres  et  sauvages  où  ils  étaient  seuls  avec  Dieu  et 
une  mer  irritée,  et,  en  vérité,  bien  séparés  du  monde.  Mais,  à  supposer 
que  cela  pût  s'admettre  des  premiers  oratoires  chrétiens,  il  n'en  est 
pas  de  mtoie  des  forts  primitifs  en  pierre  sans  ciment,  qui  ont  dû  être 
communs  à  toute  l'Irlande  et  qui  n'ont  subsisté  dans  les  lies  et  sur  la 
côte  de  l'ouest  que  parce  que  la  solitude  les  défendait  de  la  main  de 
l'homme.  On  voudrait  avoir  sur  cette  question  l'opinion  des  savants 
auteurs  et  savoir  si  rien  d'analogue,  pas  même  une  trace^  n'a  subsisté 
dans  le  reste  de  l'Irlande. 

Et  même  dans  ces  lies  à  peine  habitées  et  stériles,  sur  cette  côte  qui 
li'est  guère  moins  pauvre,  ces  monuments  ont  subi  de  graves  dégâts 
depuis  le  commencement  du  siècle,  depuis  l'époque  où  Pétrie  les  visita 
pour  la  première  fois.  Quelquefois  de  ces  murs  primitifs  la  vague  a  fait 
un  monceau  de  pierres  ;  le  plus  souvent  l'homme  est  venu  et  vient  y 
chercher  les  pierres  avec  lesquelles  il  bâtit  sa  misérable  hutte  ;  parfois 
même  il  fait  servir  à  une  fin  utilitaire  des  monuments  sacrés  pour  l'histo- 
rien et  pour  l'archéologue.  C'est  ainsi  qu'à  Kilmalkedar,  dans  le  comté 
de  Kerry,  un  vieil  oratoire,  l'ancienne  «  prison  de  pierre  »  de  quelque 
anachorète  oublié,  a  été  transformée  ou  plutôt  profanée  en  étable  à  cochons 
(p.  59).  Le  monument  était  d'une  construction  si  primitive  que  le 
travail  d'appropriation  n'a  pas  dû  être  bien  considérable. 

Seconde  partie.  —  «  Dans  la  deuxième  partie  de  cet  ouvrage,  nous 
disent  les  auteurs,  on  donnera  des  exemples  des  églises  bâties  sans  ciment 
d'aucune  sorte  et  dont  le  style  est  celui  de  la  plate-bande  (entablaturé) 
et  non  de  l'arc;  toutes  les  portes  ont  des  linteaux  horizontaux  et  des 
jambages  inclinés,  et  on  y  voit  se  développer  graduellement  un  art  orne- 
mental, antérieur  à  la  période  romane.  »  Ces  monuments  présentent 
tous  un  caractère  étonnamment  archaïque.  Ils  se  rencontrent  principale- 


io8  Bibliographie. 

ment  dans  les  comtés  de  Clare  et  de  Galway  et  dans  les  ttes  d'Aran,  et 
les  auteurs  attribuent  ce  fait  au  caractère  géologique  du  sol  de  ces 
districts,  entièrement  composé  de  calcaire  et  fournissant  à  fleur  de  terre 
les  matériaux  de  ces  constructions  d'un  caractère  presque  cyclopéen. 

Les  lies  Aran  étaient  particulièrement  riches  en  monuments  de  cette 
espèce.  En  1645  Colgan  en  comptait  17  dans  la  grande  Ue  de  ce  groupe 
(Aran  Mor).  Le  plus  grand  nombre  a  aujourd'hui  disparu,  et  même 
depuis  le  commencement  de  ce  siècle,  deux  églises  ou  oratoires  décrits 
par  Pétrie  en  1 82 1  n^ont  de  nos  jours  laissé  aucune  trace.  Dans  cette 
seconde  partie  de  l'ouvrage  de  Lord  Dunraven  on  entre  dans  une  époque 
tout  à  fait  historique,  dans  l'histoire  même  de  l'Eglise  d'Irlande,  car  la 
plupart  de  ces  monuments  portent  encore  les  noms  des  saints  qui  les 
élevèrent,  noms  qui  nous  sont  connus  d'autre  part.  Ils  appartiennent  tous 
à  une  architecture  bien  pauvre  et  bien  primitive,  pour  laquelle  le  nom 
même  d'architecture  est  un  terme  ambitieux,  mais  ils  possèdent  ce  grand 
intérêt  de  nous  faire  mieux  comprendre  la  simplicité  de  vie  et  de  mœurs 
de  l'ancienne  Eglise  d'Irlande,  de  même  qu'on  reconnaît  une  espèce  pré- 
historique à  l'empreinte  et  à  la  coque  qu'elle  a  laissée  dans  la  pierre. 

Mlle  Stokes  a  fait  précéder  cet  ouvrage  de  quelques  pages  qui  sont 
une  introduction  à  l'ouvrage  entier  et  qui  en  résument  la  philosophie. 
Mlle  Stokes  y  revendique  hardiment  une  originalité  indigène  pour  Part 
et  pour  l'architecture  de  l'Iriande.  Elle  ne  la  revendique  pas  seulement 
pour  ces  constructions  si  grossières  en  pierre  sans  ciment  qui  semblent 
naître  naturellement  chez  un  peuple  encore  peu  civilisé,  dans  quelque 
pays  que  ce  soit,  et  caractériser  non  pas  une  race  mais  une  époque;  — 
elle  la  revendique  également  pour  ce  système  d'ornementation  bien 
connu  où  domine  l'entrelacs  S  et  pour  ce  commencement  de  véritable 
architecture,  analogue  par  ses  formes  aux  premières  formes  de  l'art 
roman.  En  Angleterre,  accorde  Mlle  Stokes,  l'architecture  procéderait 
de  l'art  roman,  parce  que  la  Grande-Bretagne  aurait  perdu  les  secrets 
de  l'art  celtique,  secrets  que  l'Irlande  aurait  gardés.  L^Irlande  aurait 
trouvé  de  son  c6té  et  dans  son  propre  génie  les  rudiments  de  l'art  que 
nous  appelons  l'art  roman.  «  Il  semblerait  que  le  roman  irlandais, 
quoique  subissant  l'influence  de  l'art  étranger,  avait  pourtant  précédé 
jusqu'à  un  certain  point  l'architecture  anglo-normande  et  en  était  entiè- 
rement indépendant.  C'était  un  style  indigène,  jaillissant  d'un  peuple 
qui  avait  une  grande  originalité  de  pensées,  peu  élevé  quand  on  le  met 
en  regard  des  grands  monuments  de  l'art  normand  en  Angleterre,  peu 

I.  Voir  l'article  de  M.  Unger  sur  la  miniature  irlandabe,  t.  l,  p.  9-a5. 


Bibliographie.  109 

élevé,  mais  non  sans  charme.  »  Nous  exposons  la  thèse  de  Mlle  Stokes 
en  laissant  aux  archéologues  compétents  le  soin  de  la  juger,  mais  nous 
ne  cachons  pas  qu'a  priori  elle  nous  semble  peu  vraisemblable.  C'est 
ainsi,  pour  nous  en  tenir  à  un  point,  que  Part  des  entrelacs  que  l'on  a 
longtemps  regardé  comme  particulier  à  l'Irlande,  a  son  origine  dans  l'art 
romain  des  premiers  siècles  de  notre  ère  (voir  plus  loin  la  note  de 
M.  Mûntz).  L'originalité  de  l'Irlande  consiste  à  l'avoir  adopté  et  déve- 
loppé. Il  en  est  ainsi,  de  Paveu  même  de  Mlle  Stokes,  des  célèbres 
Tours  Rondes.  Il  en  sera  sans  doute  de  même  de  ce  prétendu  art  irlan* 
dais  indépendant  de  l'art  roman.  L'Irlande  n'en  est  pas  moins  inté- 
ressante et  originale;  elle  l'est  surtout  pour  avoir,  grâce  à  son  isolement, 
gardé  des  institutions,  des  usages,  des  croyances,  des  formes  artistiques 
qui  ailleurs  ont  passé,  laissant  peu  ou  point  de  traces. 

Nous  espérons  que  Mlle  Stokes  ne  se  méprendra  pas  sur  le  sens  de 
nos  critiques.  Elles  ne  diminuent  en  rien  la  valeur  et  l'importance  de  la 
publication  dont  elle  s'est  chargée.  On  peut  différer  d'opinion  sur  l'origine 
de  telle  ou  telle  forme,  on  est  d'accord  pour  reconnaître  l'intérêt  de  ces 
vénérables  ruines.  L'archéologie  sera,  tout  autant  que  l'Irlande,  recon- 
naissante aux  auteurs  de  ce  magnifique  ouvrage  qui  conserve  dans  ses 
pages  et  dans  ses  photographies  des  monuments  dont  il  se  détache  tous 
les  jours  quelque  pierre  et  qui  ne  seraient  pas  autrement  accessibles  à 
l'étude.  Nous  fiaisons  des  vœux  pour  le  prompt  achèvement  de  ces  pré- 
cieuses Notes  sur  Parchitecture  irlandaise. 

H.  G. 

The  chnrch  and  shrine  of  St.  Hanchan,  by  the  Rev.  James  Graves, 
A.  B.,  etc.  Dublin,  printed  by  Gill  (impression  50  copies),  January 
1875,  19  p.  in-S»  avec  8  planches  et  plusieurs  gravures. 

Cette  monographie  est  précieuse  par  le  luxe  de  gravures  qui  repré- 
sentent sous  toutes  ses  faces  un  bijou  ecclésiastique  du  moyen-âge  irlan- 
dais, le  reliquaire  de  St.  Manchan.  Ce  reliquaire,  vide  depuis  longtemps 
de  ses  reliques,  est  conservé  dans  l'église  de  Boher  (King's  County), 
paroisse  de  Lemanaghan,  petite  localité  où  se  trouvent  encore  les 
ruines  d'un  établissement  religieux  fondé  par  saint  Manchan  au  vii^  siècle. 
D'après  les  faits  rassemblés  par  M.  Graves,  il  semble  établi  que  ce  reli- 
quaire a  été  donné  au  saint,  c'est-à-dire  à  son  église,  par  Rory  O'Conor, 
roi  irlandais  du  xii*  siècle.  Cet  intéressant  monument  d'orfèvrerie  a  subi 
de  notables  dégradations;  il  a  perdu  ses  dorures  et  une  partie  des  figures 
dont  il  était  orné;  mais  il  en  reste  assez  pour  qu'on  puisse  reconstruire 
entièrement  son  ornementation.  M.  Graves  accompagne  ses  planches 


iid  BibUographie. 

d'une  description  des  plus  détaillées  et  bit  en  même  temps  l'histoire  de 
TégUse  fondée  par  saint  Manchan.  Cette  monographie  se  recommande 
d'elle-même,  et  par  son  sujet  et  par  le  soin  érudit  de  l'auteur,  aux  personnes 
qui  s'occupent  de  l'histoire  de  l'orfèvrerie  religieuse. 

The  Book  of  Fenagh,  in  Irish  and  English,  orimnally  compiled  by 
St.  Caillin,  Archbishop,  Abbot,  and  Founder  oi  Fenagh,  ahas  Dun- 
ballyofMoy-Reîn,  Tempère  St.  Patricii;  withthe  contractions  resolved, 
and  (as  far  as  possible)  the  original  Text  restored.  The  whole  carefuUy 
revised,  indexed,  and  copiously  annotated,  by  W.  M.  Hbnnbssy,  M. 
R.  I.  A.,  and  done  into  English,  by  D.  H.  Kelly,  M.  R.  I.  A. 
Dublin,  printed  by  A.  Thom,  1875,  x-439  p.  in-4®,  avec  2  planches. 

Un  membre  de  l'Académie  de  Dublin  qui  s'intitule  trop  modestement 
dans  sa  préface  'a  mère  country  gentleman',  M.  Kelly,  publie  dans  ce 
volume  un  de  ces  nombreux  manuscrits  de  l'ancienne  Irlande  qui  atten- 
dent depuis  longtemps  des  éditeurs.  Le  ms.  de  Fenagh  ne  présente 
guère  qu'un  intérêt  local  et  cela  par  les  noms  qui  y  sont  mentionnés, 
noms  de  tribus,  noms  de  lieux,  noms  d'hommes  et  noms  de  saints  ;  aussi 
devons-^ous  nous  borner  à  signaler  sa  publication.  Il  a  pourtant  un 
intérêt  de  plus,  c'est  comme  texte  de  langue,  accompagné  de  traduction. 
Un  érudit  éminent,  dont  nos  lecteurs  connaissent  la  rare  compétence  en 
tout  ce  qui  touche  l'ancienne  Irlande  et  sa  littérature,  M.  Hennessy, 
s'est  chargé  d'établir  le  texte  et  de  l'accompagner  de  notes  critiques. 
L'ouvrage  original  semble,  d'après  les  indications  intrinsèques,  dater 
d'environ  1 300,  mais  le  ms.  le  plus  ancien  qu'on  en  possède  est  une 
copie  faite  en  1 516.  C'est  un  mélang.e  assez  incohérent  d'histoire  légen- 
daire, de  poèmes  historiques  et  ecclésiastiques,  relatifs  pour  la  plupart  à 
saint  Caillin,  fondateur  et  patron  de  l'abbaye  de  Fenagh,  d'où  son  nom 
de  'manuscrit  de  Fenagh'.  Un  de  ses  derniers  détenteurs,  curé  de 
Kilronan,  le  prêtait,  moyennant  redevance,  à  ceux  de  ses  paroissiens  qui 
voulaient  prêter  sur  lui  un  serment  awfully  bindingy  et  il  n'est  pas  besoin 
de  dire  que  le  ms.  n'était  pas  sans  être  endommagé  à  ce  métier. 

On  trouve  dans  le  courant  de  ce  volume  de  curieuses  superstitions  de 
l'ancienne  Iriande,  que  le  ton  naïf  et  simple  du  narrateur  rend  encore 
plus  frappantes.  II  en  est  une  (p.  115)  tellement  peu  honorable  pour  ce 
que  quelques  Irlandais  enthousiastes  appellent  <c  la  civilisation  pré-chré- 
tienne de  l'Irlande  »  et  pour  les  <c  druides  »  de  l'ancienne  Irlande,  que 
les  éditeurs  —  à  tort  selon  nous  —  ont  renoncé  à  traduire  même  en 
latin  l'obscène  incantation  des  «druides  Irlandais».  A  ce  propos  remar- 
quons un  fait  qui  étonnera  le  lecteur  du  continent  :  c'est  de  trouver,  dans 


Bibliograidik.  1 1 1 

la  traduction  anglaise,  un  mot  écrit  h—l.  On  pourrait  croire  que  cette 
réserve  cache  un  mot  obscène,  mais  en  se  reportant  au  texte  irlandais 
qui  donne  ifern^  on  voit  qu'il  s'agit  de  Penfer,  en  anglais  hell.  Les  édi«> 
teurs  ont  sans  doute  regardé  comme  néfaste  et  de  bad  luck  d'écrire  ce 
mot  en  entier  !  Il  faut  sans  doute  voir  là  une  superstition  de  l'Irlande 
contemporaine,  superstition  dont  les  meilleurs  esprits  eux-mêmes  ne 
savent  pas  s'affranchir  ! 

Nous  regrettons  que  les  éditeurs  n'aient  pas  développé  leur  trop  courte 
introduction.  Elle  aurait  pu  aussi  être  plus  claire;  ainsi  on  ne  voit  pas 
comment  ni  à  quelle  époque  le  ms.  de  1516  est  passé  des  mains  de 
M.  Slevin  à  celles  de  l'évêque  d'Ardagh  (car  ce  semble  être  le  même 
TDS,]  y  ni  à  quelle  époque  vivait  ce  curé  de  Kilronan  ^of  sadly  intem- 
perate  habits'  qui  prêtait  trop  volontiers  le  ms.  Il  y  a  dans  le  texte 
d'autres  superstitions  curieuses,  autres  que  l'incantation  à  laquelle 
nous  venons  de  faire  allusion,  par  exemple,  la  vertu  de  la  cloche  de 
Caillin,  la  coutume  de  marcher  deisiul  ;  il  eût  été  utile  de  réunir  ces 
différents  faits  dans  l'introduction,  d'autant  que  l'Index  n'a  pas  de  réfé- 
rences aux  superstitions.  On  voudrait  aussi  trouver  dans  l'introduction 
de  ce  volume  quelques  détails  sur  la  vieille  église  de  Fenagh  et  sur  le 
cromlech  (ou  prétendu  cromlech)  de  Fenagh,  que  représentent  deux 
gravures  de  ce  volume. 

Si  nous  signalons  ces  desiderata,  c'est  qu'à  notre  avis  les  savants  édi- 
teurs eussent  par  là  donné  plus  de  valeur  encore  à  leur  ouvrage.  Il  n'en 
reste  pas  moins  fort  louable  à  tous  égards  comme  édition  de  texte.  L'exé- 
cution typographique  est  admirable. 

H.  G. 

Transactions  of  the  Gaellc  Society  of  Invemess.  Volumes  III  and 
IV  (years  1873-4  and  1874-j).  Invemess,  John  Noble,  1875,  xx- 
223  p.  in-80. 

Ce  nouveau  volume  de  la  Société  Gaélique  d'Invemess  (cf.  t.  II, 
p.  147  et  415)  contient  de  très^ntéressants  articles  sur  l'émigration 
écossaise  en  Amérique.  L'un,  de  M.  Ch.  Mackay,  traite  des  Ecossais  en 
Amérique  d'une  façon  générale,  l'autre^  de  M.  Masson,  plus  particulière- 
ment des  Gaels  d'Ecosse  dans  le  Far  West  des  Etats-Unis.  Les  Ecossais 
sont  très-nombreux  au  Canada,  et  dans  la  plupart  des  villes  de  la  Confé- 
dération canadienne  il  y  a  un  'Bums  Club'.  Il  y  a  des  parties  du  Canada, 
particulièrement  sur  les  bords  du  Saugeen,  où  le  gaélique  est  le  langage 
ordinaire  de  la  population.  M.  Masson  raconte  que  dans  son  voyage  il  a 
prêché  en  gaélique  dans  ces  colonies  lointaines  des  HighIands.  Un  des 


1 1 2  Bibliographie. 

traits  les  plus  curieux  de  son  récit,  est  sa  rencontre  de  Celtes  noirs^ 
nouveauté  certes  pour  les  ethnographes.  Ces  Celtes  noirs  sont  des 
descendants  d'esclaves  qui  appartenaient  à  des  Gaels  d'Ecosse  et  avaient 
adopté  la  langue  de  leurs  maîtres,  et  ils  ont  dévotement  écouté  les 
sermons  gaéliques  de  M.  Masson.  «  Vous  pouvez  aisément  concevoir 
mon  étonnement  et  les  divers  sentiments,  dit-il,  avec  lesquels  je  regar- 
dais ces  noires  figures  africaines,  comme  nous  chantions  les  louanges  de 
Jehovah  et  adorions  son  grand  nom  dans  la  vieille  langue  gaélique.  » 
M.  Masson  nous  apprend  qu'au  cap  Breton,  dans  le  comté  de  Pictou, 
et  dans  l'Ile  du  Prince  Edouard,  la  moitié  des  Gaels  Ecossais  sont  catho- 
liques. On  imprime  des  livres  gaéliques  au  Canada.  Mais  aux  Etats- 
Unis,  les  Gaels  se  sont  fondus  avec  la  population  anglo-saxoime.  A  ce 
que  nous  apprend  M.  Masson,  on  ne  prêche  plus  en  gaélique  dans  les 
anciens  établissements  écossais  des  Etats-Unis,  sauf  à  Elmira,  cent  milles 
à  l'ouest  de  Chicago.  Ce  volume  contient 'en  outre  des  articles  d'histoire 
locale,  des  poésies  gaéliques,  une  notice  sur  la  Basse-Bretagne,  par 
M.  Th.  Mac-Lauchlan,  et  une  discussion  sur  l'utilité  d'introduire  l'en- 
seignement du  gaélique  dans  les  écoles.  Mais  nous  ne  pouvons  trop 
vivement  regretter  que  la  Société  admette  dans  ses  Transactions  des  élu- 
cubrations  sur  la  parenté  du  gaélique  et  de  l'hébreu.  La  Société  compte 
actuellement  225  membres  et  nous  apprenons  avec  plaisir  qu'elle  a 
institué  une  «  Commission  des  traditions  populaires  »  (Folk  Lore  Corn- 
mitteè)  pour  recueillir  les  traditions  et  usages  qui  vivent  encore  dans  les 
Highlands.  Réserve  faite  sur  certaines  hérésies  philologiques,  nous  devons 
continuer  de  louer  le  zèle  et  les  efforts  de  la  Société  GaeUque  d'In- 
vemess.  H.  G. 


The  liiteratiire  of  the  Ksnnry .  A  Critical  Essay  on  the  Language  and 
Literature  of  Wales  during  theTwelfth  and  Two  preceding  Centuries: 
containing  numerous  spécimens  of  Ancient  Welsh  Poetry,  accompanied 
hy  English  Translations.  By  the  late  Thomas  Stephens.  Second  édi- 
tion, v^ith  Additions  and  Corrections  by  the  Author,  edited  by  the  Rev. 
D.  S.  Evans,  B.  D.  With  a  Life  of  the  Author  by  B.  T.  Williams, 
Q^C.  XLViii-494  p.  in-8**,  with  Portrait.  —  Prix:  15  sh.  (i8fr.75). 

M.  Stephens  méditait  depuis  longtemps  de  refaire  l'histoire  delà  litté- 
rature galloise  qu'il  avait  publiée  en  1 849  et  qui  est  encore  l'unique 
ouvrage  sur  la  matière,  ou  peu  s'en  faut.  Il  comptait  la  refondre  entière- 
ment, d'autant  que  dans  l'intervalle  son  opinion  s'était  modifiée  sur  bien 
des  points,  notamment  sur  la  prétendue  découverte  de  l'Amérique  par 
le  prince  gallois  Madoc,  sur  l'époque  et  l'origine  des  Triades  et  sur  la 


Bibliographie.  1 1 3 

légende  de  Hu  Gadam;  et  il  voulait  y  faire  entrer  la  substance  de  nom- 
breuses dissertations  éparses  dans  les  revues  de  Galles.  C'eût  été  un 
nouvel  ouvrage,  par  lequel  M.  Stephens  aurait  une  fois  de  plus  fait 
avancer  d'un  grand  pas  les  études  galloises.  Il  est  mort  avant  d'avoir  pu 
remplir  cette  tâche  K 

Cette  nouvelle  édition  a  donc  surtout  pour  but  de  remettre  dans  le 
commerce  un  livre  devenu  rare  et  resté  indispensable  aux  personnes  qui 
étudient  la  littérature  galloise;  mais  elle  ne  diffère  pas  essentiellement  de 
la  première,  si  ce  n'est  qu'on  y  a  incorporé  les  corrections  de  détail  et 
les  notes  écrites  par  Stephens  sur  son  propre  exemplaire.  Le  nom  de 
M.  Silvan  Evans,  qui  a  surveillé  l'impression  de  cette  édition,  est  une 
garantie  de  son  exactitude. 

Le  principal  intérêt  de  cette  édition  est  dans  la  biographie  de  Stephens 
qui  la  précède.  Elle  fait  connaître  et  aimer  l'auteur  dont  la  vie  fut  tout 
entière  consacrée  à  un  double  travail,  celui  de  la  vie  et  celui  de  la 
science.  Elle  contient  aussi  maint  détail  curieux  sur  la  vie  littéraire  du 
pays  de  Galles  à  laquelle  Stephens  fut  activement  mêlé  dans  toute  sa 
carrière.  En  effet  la  plupart  de  ses  travaux  furent  suscités  par  les 
E'isteddfodau  ou  concours  littéraires  du  pays  de  Galles  et  quelquefois  il 
prit  part  à  ces  concours  comme  juge.  Il  parait  étrange  de  dire  (mais 
pourtant  c'est  l'histoire  !)  qu'un  érudit  comme  Stephens,  qui  le  premier 
débrouilla  et  raconta  l'histoire  littéraire  de  son  pays,  était  regardé  par 
beaucoup  de  ses  compatriotes  comme  un  traître  à  la  patrie.  Ces  enthou- 
siastes ignorants  ne  pouvaient  lui  pardonner  de  détruire  des  fables  chères 
à  leur  vanité  nationale,  par  exemple  l'authenticité  des  Triades,  l'ancien- 
neté du  bardisme  gaulois,  la  découverte  par  le  gallois  Madoc  de  ce  qui 
fut  plus  tard  appelé  l'Amérique.  A  cet  égard,  nous  trouvons  dans  la 
biographie  de  Stephens  un  fait  tristement  caractéristique. 

En  1858^  un  prix  de  20  1.  (500  fr.)  avait  été  offert  par  l'Eisteddfod 
de  Llangollen  «  au  meilleur  essai  sur  la  découverte  de  l'Amérique  au 
xii«  siècle  par  le  prince  Madoc  ap  Owen  Gwynedd  ».  Stephens  étudia 
la  question  avec  sa  critique  ordinaire  et  arriva  à  la  conclusion  que  toute 
cette  histoire  ne  reposait  sur  aucune  preuve  historique.  Il  envoya  au 
concours  un  essai  dans  lequel  il  soutenait —  avec  succès,  à  ce  que  jugè- 
rent les  hommes  compétents  —  i^  que  le  prince  Madoc  n'avait  jamais 
quitté  son  pays,  et  qu'il  y  était  mort  de  mort  violente;  un  barde  avait 
été  poursuivi  pour  l'avoir  assassiné  ;  2^  qu'aucune  allusion  à  la  décou- 
verte de  l'Amérique  ne  parait  dans  la  littérature  galloise  jusqu'après 

1.  cf.  Rev,  ait.  II,  4)5. 

Ra.  CeU.  ///  8 


1 14  Bibliographie. 

Pépoque  de  Christophe  Colomb  ;  30  que  Phistoire  des  Indiens  gallois  ne 
reposait  sur  aucune  preuve,  et  qu'un  jeune  Gallois  du  nom  de  Jean  Evans 
avait  en  1798  passé  un  hiver  au  milieu  de  ces  prétendus  descendants  des 
compagnons  de  Madoc  et  qu'il  n'avait  trouvé  chez  eux  ou  dans  leur 
langage  aucune  trace  de  rien  qui  fût  gallois. 

Quand  on  sut  que  cet  essai  avait  été  envoyé  et  que  les  juges  (M.  D. 
Silvan  Evans  était  l'un  d'eux)  lui  décernaient  le  prix,  l'alarme  fat  grande 
parmi  les  celtomanes  de  l'Eisteddfod.  A  leur  tète,  Williams ab  Ithel,  que 
son  patriotique  courroux  rendait  intolérant,  s'emporta  contre  Pidée  que 
cet  essai  obtint  le  prix,  et  même  qu'il  fût  admis  à  concourir  pour  le 
prix.  Cinq  autres  essais  envoyés  au  concours  soutenaient  dans  cette 
question  l'affirmative  chère  aux  cœurs  patriotes  du  pays  de  Galles.  La 
découverte  de  l'Amérique  par  Madoc  devait  être  regardée  comme  un 
postulat,  et  quiconque  la  mettait  en  question  était  ipso  facto  exclu 
du  concours.  En  vain  les  hommes  sages  {pauci  quos  sequus  amavit 
Jupiter)  s'opposèrent  à  ces  prétentions  intolérantes,  en  vain  les  juges  du 
concours  décernèrent  le  prix  à  Stephens,  le  comité  de  l'Eisteddfod^  sous 
l'inspiration  de  Williams  ab  Ithel^  refusa  de  donner  le  prix  à  Stephens 
pour  ce  motif  qu'on  ne  pouvait  admettre  au  concours  un  essai  qui  ne 
soutiendrait  pas  la  découverte  de  l'Amérique  par  Madoc.  Lorsque  cette 
décision  fut  portée  à  la  connaissance  de  l'Eisteddfod,  Stephens,  présent, 
se  dirigea  vers  la  tribune  et  demanda  à  dire  quelques  mots.  Alors  se 
passa  une  scène  qui  rappelle  un  peu  (à  cela  près  qu'elle  ne  fut  pas  tra- 
gique) l'exécution  de  Louis  XVI  :  l'infortuné  monarque  voulait  dire 
quelques  paroles  au  peuple  :  Santerre  couvrit  sa  voix  d'un  roulement  de 
tambours.  —  Le  président  de  l'Eisteddfod  refusa  la  parole  à  Stephens, 
et  comme  celui-ci  insistait,  la  musique,  sur  un  ordre  donné  à  l'orchestre, 
étouffa  sa  voix.  Mais  la  mesure  était  trop  violente  :  une  partie  de  l'audi- 
toire protesta,  et  Stephens  put  prononcer  quelques  mots.  Il  dit  que 
l'Eisteddfod  devait  être  une  arène  ouverte  à  la  promulgation  de  la  vérité, 
conformément  à  sa  devise  ordinaire  Gwyryn  erbyn  y  byd  (la  vérité  contre 
le  monde  !)  :  son  ambition  était  d'être  l'historien  de  la  langue  et  de  la 
littérature  de  son  pays,  et  de  s'en  faire  l'interprète  auprès  des  savants 
étrangers,  mais  qu'il  ne  se  laissait  guider  dans  ses  études  que  par  l'amour 
de  la  vérité.  Cette  protestation,  sortie  du  cœur  de  Stephens,  fut  sans  effet. 
Les  Celtomanes  étaient  maîtres  de  la  place. 

Nous  avons  raconté  cette  histoire,  si  longue  qu'elle  soit,  non  pas 
seulement  parce  qu'elle  fait  le  plus  grand  honneur  à  Stephens,  mais 
parce  qu'elle  montre  les  difficultés  avec  lesquelles  on  doit  lutter  dans  les 
pays  celtiques  quand  on  apporte  à  nos  études  l'impartialité  de  l'esprit 


Bibliographie.  1 1 5 

sciaitifique.  Les  préjugés  prennent  le  masque  du  patriotisme  pour  jeter 
Panathème  à  la  libre  histoire. 

On  regrette  de  ne  pas  trouver  à  la  fin  de  cette  biographie  l'indication 
des  articles  de  Stephens  disséminés  dans  les  revues  de  Galles.  Par 
contre,  on  nous  donne  la  liste  des  travaux  laissés  en  manuscrit  par  Ste- 
phens. Stephens  a  moins  publié  qu'il  n'a  écrit  parce  que  ce  ne  sont  pas 
toujours  les  meilleurs  livres  qui  trouvent  des  éditeurs,  et  sa  situation  de 
fortune  ne  lui  permettait  pas  de  courir  la  chance  de  l'impression  :  la  pre- 
mière édition  de  son  Histoire  de  la  littérature  galloise  a  été  publiée  aux 
frais  d'un  grand  seigneur  ami  des  lettres,  de  Sir  John  Guest,  le  mari  de 
la  célèbre  Lady  Charlotte  Guest.  Si  le  pays  de  Galles  n'a  plus  de  Mécène, 
il  nous  semble  qu'il  serait  possible  de  publier^  par  voie  de  souscription, 
les  Literary  Remains  de  Thomas  Stephens,  au  moins  ceux  qui  se  rappor- 
tent à  l'histoire  et  à  la  littérature  du  pays  de  Galles  >.  Il  y  va  de  l'hon- 
neur des  lettres  galloises. 

Ce  volume  est  orné  d'un  portrait  de  Stephens,  d'après  un  buste  d'une 

frappante  ressemblance.  C'est  une  tête  d'un  type  vraiment  gallois,  et 

quiconque  a  vu  Stephens  y  reconnaît  au  premier  coup  d'œil  la  bonhomie 

et  la  finesse  un  peu  ironique  de  sa  physionomie. 

H.  G. 


Mémoires  d^archéologie,  d'épigraphie  et  d'histoire,  par  M.  Georges 
Perrot,  membre  de  l'Institut,  xxiv-462  p.  in-8®,  avec  planches. 
Paris,  Didier,  1875.  —  Prix  :  8  fr. 

Si  quelque  chose  peut  montrer  l'intérêt  de  l'archéologie  entre  les  mains 
d'un  érudit  qui  est  en  même  temps  écrivain  et  historien,  ce  sont  bien  les 
essais  que  M.  P.  a  réunis  dans  ce  volume.  Plusieurs  intéressent  directe- 
ment nos  lecteurs. .  C'est  d'abord  l'étude  de  la  disparition  de  la  langue 
gauloise  en  Galatie,  dont  notre  recueil  a  eu  la  primeur  et  que  M.  P.  a 
augmentée  d'un  appendice  de  quelques  pages.  Dans  cet  appendice,  M.  P. 
étudie  un  texte  de  Pausanias  qui  lui  avait  échappé  et  où  Pausanias 
(Lib.  X,  ch.  36,  §  1)  dit  que  les  Gaulois  établis  au-dessus  de  laPhrygie 
nomment  certain  arbuste  uç,  nom  où  M.  Granier  de  Cassagnac  a  voulu 
voir  le  nom  celtique  du  houx.  M.  P.  montre  que  cet  arbuste  est  le  chêne 
au  kermès  et  que,  eût-il  été  le  houx,  notre  mot  houx  n'a  rien  à  voir  avec 
cet  îSç. 

I.  On  ne  voit  pas  en  effet  quelle  utilité  aurait  là  publication  d'un  mémoire  sur  les 
théories  et  les  décoifvertes  chimiques  du  baron  Liebig;  Stephens  était  pharmacien  de  pro- 
fession. 


ii6  Bibliographie, 

Nous  recommandons  aussi  à  nos  lecteurs  qui  s'intéressent  à  la  mytho- 
logie populaire^  l'étude  relative  aux  croyances  et  superstitions  popu- 
laires des  Grecs  modernes  :  ils  y  trouveront  plus  d'une  analogie  avec  les 
croyances  et  superstitions  de  nos  pays  celtiques.  Par  exemple  (p.  9  3  0 
le  pèlerinage  à  la  Chapelle  de  la  «  Vierge  à  l'Hirondelle  »  et  à  la  fontaine 
qui  avoisine  cette  chapelle;  cette  eau  a  la  réputation  de  guérir  toutes  les 
maladies.  Le  court  tableau  que  M.  P.  donne  de  cette  panégyrie  pourrait 
être  celui  d'un  pardon  de  Bretagne  ou  d'un  patron  d'Irlande.  Le  caoine 
Irlandais  trouve  son  parallèle  dans  cette  description  de  funérailles  : 
«  Rappelez-vous  Je  XXIV*  chant  de  l'Iliade,  les  lamentations  d'Andro- 
maque,  d'Hécube  et  d'Hélène  en  face  du  cadavre  d'Hector,  les  cris  par 
lesquels  les  femmes  troyennes  répondent  à  ces  derniers  adieux,  les  gestes 
dont  elles  les  accompagnent  :  quelle  saisissante  réalité  prendra  pour 
vous  tout  ce  lugubre  tableau  si,  voyageant  en  Grèce,  vous  êtes  entré 
dans  la  maison  d'un  M^niote  quelques  heures  après  qu'il  venait  d'expirer. 
Vous  l'aurez  vu,  revêtu  de  ses  plus  beaux  habits,  étendu,  la  figure 
fardée,  sur  sa  couche  funèbre  au-dessus  de  laquelle  sont  suspendues  ses 
armes;  les  femmes  tout  à  l'entour,  échevelées,  le  regard  fixe,  se  levant 
l'une  après  l'autre  pour  apostropher  le  mort,  lui  saisir  la  main  et  le  baiser 
au  front,  puis  rappelant,  d'une  voix  coupée  par  les  larmes,  ses  vertus  et 
ses  exploits,  lui  reprochant  d'avoir  trop  tôt  quitté  sa  famille.  Après 
chacun  de  ces  discours  où  abondent  les  mouvements  passionnés  et  qui 
prennent  souvent  comme  d'eux-mêmes  la  forme  rhythmique,  les  gémisse- 
ments éclatent  dans  toute  la  maison,  les  bras  se  tordent,  ils  frappent  les 
épaules  et  les  poitrines  nues.  Quel  commentaire  des  funérailles  d'Hector 
et  du  goos  homérique  qu'un  enterrement  et  un  myrologiu  maniote  !  ;> 
(p.  302). 

Nous  regrettons  que  le  cadre  de  notre  recueil  ne  nous  permette  que 
de  signaler  en  passant  d'autres  parties  de  ce  volume  qui  n'ont  pas  un 
moindre  intérêt  :  le  commerce  de  l'argent  et  le  crédit  à  Athènes  au 
ivo  siècle  avant  notre  ère,  les  peintures  du  Palatin  et  surtout  l'art  de 
l'Asie  Mineure  où  M.  P.  ouvre  un  nouvel  horizon  à  l'histoire  de  la  civi- 
lisation en  montrant  dans  les  origines  de  l'art  grec  l'influence  éducatrice 
de  l'art  asiatique,  c'est-à-dire  assyrien.  Le  lecteur  que  M.  P.  conduit  si 
agréablement  à  travers  toutes  ces  grandes  ruines,  reprochera  pourtant  à 
son  guide  de  ne  pas  tout  lui  montrer,  et  d'avoir  laissé  maint  essai  en 
dehors  de  ce  volume,  par  exemple  celui  sur  la  ville  de  Trêves  :  espérons 
que  ce  sera  pour  une  seconde  série  de  mélanges. 

H.  G. 


BibliùgirapbU.  1 1 7 

DIa  Ronilifiehen  Inschriften  nnd  Steinsonlptnren  des  Mnseilins 
der  stadt  Mainz,  zusammengestellt  von  D'  Becker,  xxiv-140  p.  , 
în-8<>,  Mainz,  Victor  v.  Zabern,  1875. 

Aq  point  de  vue  de  l'archéologie  et  des  études  gauloises,  il  serait  très- 
précieux  d'avoir  des  catalogues  bien  faits  de  toutes  les  collections  d'an- 
tiquités et  d'inscriptions.  Cela  serait  surtout  utile  pour  la  France  qui 
attend  toujours  le  Corpus  de  ses  inscriptions  latines  et  dont  les  richesses 
épigraphiques et  archéologiques  sont  comme  si  elles  n'existaient  pas,  pour 
être  mal  ou  point  classées.  Nous  pourrions  citer  tel  catalogue  d'un  de 
nos  musées  de  province,  riche  en  inscriptions  et  en  monuments,  dont 
on  ne  peut  tirer  aucun  parti,  tant  les  inscriptions  sont  inexactement  repro- 
duites! Le  catalogue  des  inscriptions  et  antiquités  romaines  du  musée  de 
Mayence,  que  publie  un  archéologue  bien  connu  de  l'Allemagne  rhénane, 
M.  Becker,  est  à  cet  égard  un  modèle  de  clarté  et  de  bon  ordre  autant 
que  d'exactitude'. 

A  peu  d'exceptions  près,  les  monuments  décrits  ont  été  découverts  à 
Mayence  ou  dans  ses  environs;  le  catalogue  se  trouve  ainsi  former  un 
répertoire  archéologique  du  vieux  Mogontiacum.  Les  objets  décrits  sont 
au  nombre  d'environ  450,  dont  300  avec  inscriptions.  La  plupart  des 
inscriptions  sont  connues  par  lerecueil  de  M.  Brambach  ;  plusieurs  pourtant 
ont  été  découvertes  depuis,  et  sont  par  conséquent  à  demi  inédites. 
M.  Becker  a  classé  ces  inscriptions  en  i^  monuments  religieux,  2^*  mo- 
numents publics,  3®  monuments  funéraires,  40  monuments  divers  (mar- 
ques de  potier,  tuiles  avec  inscriptions,  objets  en  verre,  en  cuir,  en 
serpentine,  etc.).  Pour  chaque  inscription,  M.  B.  donne  une  description 
du  monument,  le  texte  de  l'inscription  avec  sa  lecture  et  une  traduction, 
et  la  bibliographie  ;  il  reproduit  en  fac-similé  les  inscriptions  mal  aisé- 
ment déchiffrables.  M.  B.  a  classé,  dans  une  introduction  étendue,  tous 
les  faits  intéressants  que  renferme  le  catalogue,  et  il  a  fait  suivre  son 
travail  de  cette  série  de  tables  qu'on  est  habitué  à  trouver  à  la  fin  des 
recueils  épigraphiques.  Ce  catalogue  est  en  un  mot  un  excellent  ouvrage 
d'étude.  Nous  souhaitons  qu'il  soit  connu  de  nos  archéologues  de  pro- 
vince ;  ils  verront  comment  doit  être  fait  l'inventaire  d'une  collection 
archéologique,  pour  être  fait  avec  méthode  et  pour  servir  au  progrès  de 

la  science. 

H.  G. 

I.  M.  Becker  avait  déjà  publié  une  étude  sur  les  inscriptions  romaines  de  Mayence  et 
des  environs  dans  le  tome  II  de  la  Zeitschrift  des  Verdns  zur  Erforschung  dtr  rheinischen 
CeschUhte  und  ArchéeologU  zu  Mainz. 


ii8  Bibliographie. 

L'Art  do  llBmaillerie  chea  les  Ednens  avant  Tère  chrétieime, 

par  J.-G.  BuLUOT  et  Henry  de  Fontenay,  44  p.  in-8°avec  9  pi. 
Paris,  Champion,  1875  (Extrait  des  Mémoires  delà  Société  Eduenne. 
Nouv.  sér.,  t.  IV). 

Nous  ne  pouvions  mieux  apprécier  le  curieux  travail  archéologique  de 
notre  collaborateur  M.  Bulliot  qu'en  reproduisant  la  note  suivante  du 
Polybiblion  :  «  On  sait  depuis  longtemps  que,  deux  siècles  après  la 
conquête  romaine,  des  émaux  champlevés  étaient  fabriqués  par  les  popu- 
lations qui  habitaient  le  sol  de  la  Gaule.  Le  hasard  des  trouvailles  rap- 
proché du  texte  d'un  auteur  du  troisième  siècle  de  notre  ère  avaient  fait 
jusqu'à  présent  considérer  les  ateliers  de  cette  fabrication  comme  exclu- 
sivement fixés  sur  les  bords  de  l'Océan.  Les  fouilles  pratiquées  avec  tant 
d'intelligence  et  de  persévérance  par  M.  Bulliot  sur  le  mont  Beuvray, 
près  d'Autun,  c'est-à-dire  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  *Bi2^râc/€,  ont 
amené  une  découverte  véritablement  importante  pour  l'histoire  de  l'in- 
dustrie gauloise.  Désormais,  la  fameuse  phrase  de  Philostrate  ne  doit 
pas  s'appliquer  seulement  aux  bords  de  l'Océan,  mais  à  la  Gaule  entière, 
et  l'existence  de  l'émaillerie  doit  y  être  reculée  de  plus  de  deux  cents 
ans.  Au  cœur  du  département  de  Saône-et-Loire,  M.  Bulliot  a  mis  au 
jour  plusieurs  ateliers  d'émailleurs  encore  garnis  de  tous  leurs  ustensiles. 
Émaux,  objets  émaillés,  instruments  exhumés,  tout  cela  a  une  date 
certaine.  Un  jeune  chimiste,  M.  de  Fontenay,  a  analysé  et  expérimenté 
l'émail  découvert,  et  il  explique,  après  les  avoir  reproduits,  les  procédés 
de  fabrication.  Les  auteurs,  MM.  Bulliot  et  Henry  de  Fontenay,  concluent 
ainsi  :  «  L'émaillerie  était  pratiquée  dans  la  Gaule  antérieurement  à  l'ère 
chrétienne^  et  les  Romains,  lors  de  la  conquête,  trouvèrent  cette  industrie 
florissante  dans  le  pays  des  Eduens.  » 

Le  Temple  du  Mont  de  Sene,  à  Santenay  (Côte-d'Or),  par  J.-G.  Bul- 
liot. Autun,  1874,  ^4  P-  î^"^*  ^^  XX  planches. 

Cette  notice  extraite  comme  la  précédente  des  Mémoires  de  la  Société 
Eduenne  (nouv.  série,  t.  lll),  a  été  lue  à  la  Sorbonne  au  Congrès  des 
Sociétés  savantes  de  1879  et  nous  avons  déjà  donné  d'après  cette  com- 
munication (t.  II,  p.  286  et  508)  l'inscription  à  Mercure  découverte  par 
M.  Bulliot  dans  les  ruines  du  plateau  du  Mont  de  Sene.  M.  B.  donne  ici 
l'histoire  des  fouilles  faites  sous  sa  direction.  On  découvrit  les  ruines  et 
les  fondations  d'un  temple  dédié  à  Mercure  comme  l'indique  l'inscription 
à  ce  dieu  et  les  débris  de  statue  où  figurent  ses  attributs.  Pourtant  le 
temple  contient  deux  sanctuaires^  et  semble  par  conséquent  avoir  été 


Bibliographie.  119 

disposé  pour  contour  deux  cultes.  M.  B.  pense  que  la  divinité  adorée  à 

côté  de  Mercure  était  celle  de  la  fontaine  qui  coule  à  côté  et  qui  est 

encore  regardée  comme  sacrée  par  les  habitants  du  pays.  M.  B.  décrit 

avec  le  plus  grand  détail  les  antiquités  provenant  de  ces  fouilles,  murs, 

sculptures,  débris  de  tout  genre,  et  vingt  belles  planches  permettent  au 

lecteur  de  s'en  rendre  un  compte  exact.  Ajoutons  que  le  travail  de 

M.  Bulliot  présente  encore  un  autre  intérêt  que  celui  des  découvertes 

archéologiques  ;  il  donne  quelques  détails  curieux  sur  les  superstitions 

populaires  qui  s'attachent  encore  à  ces  lieux  déjà  consacrés  par  le  culte 

des  Gaulois.  C'est  un  côté  de  la  question  que  négligent  trop  souvent  les 

archéologues  pour  qu'on  ne  félicite  pas  M.  Bulliot  de  recueillir  ces  faits  : 

ce  sont  des  matériaux  pour  la  mythologie  celtique. 

H.  G. 

Etudes  historiques  sur  le  Finistère,  par  R.-F.  Le  Men,  archiviste 
du  département,  directeur  du  musée  départemental  d'archéologie. 
(Tiré  à  300  exempl.  Quimper,  chez  l'auteur,  envoi  franco  contre  i  fr. 
25  en  timbres-poste.)  1875,  192  p.  in- 12. 

M.  Le  Men  a  réuni  dans  ce  volume,  tiré  à  petit  nombre,  divers  tra- 
vaux d'histoire  et  d'archéologie  bretonnes  dont  la  liste  indique  l'intérêt  : 
L  Découverte  de  Vorganium,  capitale  des  Osismii;  note  sur  les  oppida 
du  cap  Sizun.  —  IL  Episodes  des  guerres  de  la  Ligue  en  Bretagne.  — 
IlL  Fouilles  d'un  tumulus  dans  la  forêt  de  Camoêt,  près  Quimperlé.  — 
IV.  Le  pillage  du  manoir  de  Mezarnou  en  1 594;  mobilier  d'un  seigneur 
breton.—-  V.  L'aguilanneuf.  —  VI.  Sarcophage  gallo-romain  en  plomb, 
découvert  au  Pouldu,  commune  de  Clohars-Carnoët  (Finistère).  Le  pre- 
mier et  le  plus  étendu  de  ces  articles  est  un  important  travail  sur  la 
question  si  discutée  de  l'ancienne  géographie  de  l'Armorique  et  M.  L.  a 
eu  la  satisfaction  de  voir  plusieurs  de  ses  propositions  adoptées  par  la 
commission  de  la  topographie  des  Gaules.  En  passant,  M.  L.  M.  montre, 
par  l'histoire  du  nom  de  l'île  de  Sein,  qu'on  a  eu  tort  d'identifier  cette 
Ue  avec  la  célèbre  Sena  Insula  de  Pomponius  Mêla,  et  il  a  le  mérite  de 
reaifier  le  premier  une  erreur  généralement  admise.  Dans  son  article  sur 
l'Aguilanneuf,  M.  L.  combat  quelques-unes  des  opinions  fantaisistes  qui 
en  ont  été  données  et  il  fait  connaître,  comme  donnant  peut-être  la  solu- 
tion du  problème,  une  chanson  du  xvi^  siècle  où  figure  l'expression 
Acquit  d^an  neuf.  Le  rapprochement  est  ingénieux  sans  être  druidique, 
mais  il  ne  nous  a  pas  persuadé,  et  nous  pensons  que  pour  vider  la 
question,  il  faudrait  préalablement  établir  d'une  façon  complète  la  géogra- 
phie et  l'histoire  de  ce  cri  traditionnel.  M.  L.  dans  un  article  cite  un 


1 20  Bibliographie. 

curieux  exemple  d'étymologîe  populaire  qui  mérite  d'être  noté.  «  Quand 
on  se  rend  de  Lannilis  à  Ploudalmézeau,  on  traverse  une  rivière  assez 
large  sur  un  pont  appelé  dans  le  pays  par  ceux  qui  parlent  le  français  : 
Passage  de  la  Barbe-Noire,  »  Ce  pont  est  construit  sur  la  rivière  VAber^ 
Benoît,  d'où  la  transformation  populaire  !  «  Si  cependant  cette  transfor- 
mation, dit  judicieusement  M.  L.,  au  lieu  d'être  relativement  récente, 
avait  été  opérée  il  y  a  trois  ou  quatre  siècles,  il  est  fort  probable  que  la 
Barbe-Noire  eût  été  grossir  le  répertoire  de  ces  problèmes  philologiques 
dont  la  solution  déroute  les  plus  habiles.  »  M.  L.  nous  apprend  dans  la 
post-face  de  son  livre  qu'il  a  été  chargé  d'éditer  le  cartulaire  de  Lande- 
vennec  pour  la  collection  des  Documents  inédits  de  l'histoire  de  France. 
Par  la  présence  de  nombreux  noms  bretons  dans  ce  cartulaire,  cette 
prochaine  publication  de  notre  savant  collaborateur  sera  également  im- 
portante pour  la  philologie  et  pour  l'histoire  de  la  Bretagne. 

H.  G. 

Der  Baamkultas  der  Germanem  -nnd  ihrer  Nachbarstadmme. 

Mythologische  Untersuchungen  von  Wilhelm  Mannhardt.  Berlin, 
Borntraeger,  1875,  xx-646  p.  in-8.  —  Prix:  14 mk.  (18  fir.  75). 

Quand  rhomme  te  frappa  de  sa  lâche  cognée, 
O  roi  !  qu'hier  le  mont  portait  avec  orgueil^ 
Mon  âme,  au  premier  coup  retentit  indignée, 
Et  dans  la  forêt  sainte  il  se  fit  un  grand  deuil 

Ces  beaux  vers  du  Poème  de  l'Arbre  de  M.  de  Laprade  nous  revenaient 
à  l'esprit  en  lisant  l'ouvrage  de  M.  Mannhardt,  où  nous  retrouvons  à 
l'état  de  croyance  primitive  ce  sentiment  de  la  personnalité  de  la  nature. 
C'est,  en  effet,  le  privilège  du  poète  de  retrouver  par  intuition  le  senti- 
ment premier  de  l'homme  en  face  de  la  nature  ;  il  voit  encore  la  nature 
par  l'imagination  quand  les  autres  hommes  la  voient  par  la  raison.  Les 
poètes  sont  les  anciens  des  jours  ! 

Le  livre  de  M.  est  un  des  plus  importants  ouvrages  de  mythologie 
qui  aient  paru  depuis  longtemps  ;  et  par  la  direction  qu'il  indique,  il 
ouvre  une  voie  nouvelle  à  ces  recherches.  Pendant  longtemps  on  a  cru 
que  la  science  mythologique  consistait  principalement  à  suivre  dans  la 
religion,  dans  le  culte,  dans  la  poésie  et  dans  les  arts,  l'histoire  des 
grands  personnages  mythiques,  qui  sont  les  "dieux  principaux  d'une 
époque  ou  d'un  peuple  ;  on  a  cru  qu'elle  consistait  à  faire  l'histoire  des 
dieux  qui  ont  un  nom  et  une  personnalité  et  dont  l'ensemble  forme  un 
Panthéon.  On  commence  à  reconnaître  que  c'est  là  seulement  le  couron- 
nement d'une  mythologie  et  que  le  fond  d'une  religion  —  et  nous  énten- 


Bibliographie.  1 2 1 

dons  par  là  l'ensemble  des  idées  d'un  peuple  sur  le  surnaturel  ou  pour 
mieux  dire  sur  la  nature  —  se  compose  d'un  nombre  considérable  de 
croyances  particulières,  d'usages  traditionnels,  de  pratiques  presque 
quotidiennes.  Le  plus  souvent  même,  sous  l'influence  de  religions  ou 
d'idées  nouvelles,  ce  qui  était  autrefois  pratique  religieuse  se  continue 
comme  usage. 

M.  M.  a  entrepris  de  réunir  et  d'expliquer  la  mythologie  des  champs 
et  des  bois  chez  les  peuples  Indo-Européens.  Le  volume  que  nous 
annonçons  n'esta  quoique  faisant  un  tout  en  lui-même,  que  la  première 
partie  de  ce  grand  travail,  et  si  d'après  son  titre  :  Le  Culte  des  Arbres  des 
Germains  et  des  races  voisines,  il  semble  consacré  à  l'Allemagne  presque 
seule,  son  importance  s'étend  bien  au-delà.  M.  M.,  en  effet,  ne  pouvait 
faire  autrement  que  de  partir  de  l'Allemagne.  Ce  qui  importe  en  pareille 
matière,  c'est  d'avoir  pour  point  de  départ  des  collections  complètes  de 
légendes,  pratiques^  fêtes  traditionnelles,  etc.,  rapportées  avec  précision 
et  dans  tous  leurs  détails.  Or,  l'Allemagne  est  à  peu  près  le  seul  pays  où 
ce  grand  travail  ait  été  fait  d'une  façon  systématique  et  consciencieuse  et 
il  l'a  été  pour  presque  toutes  ses  provinces.  Autour  de  cette  masse  pré- 
cieuse, M.  M.  a  groupé  les  faits  analogues  des  pays  voisins  que  lui  ont 
fournis  de  trop  rares  ouvrages.  Pour  la  France,  il  a  eu  principalement  à 
sa  disposition  les  Mémoires  de  l'Académie  Celtique  (recueil  aujourd'hui 
oublié  et  dédaigné,  mais  utile  magasin  de  traditions  populaires,  et  deux  ou 
trois  ouvrages.  C'eût  été  pourtant  peu  de  chose  s'il  n'avait  consulté  la 
tradition  vivante.  Les  événements  de  1870  lui  en  ont  fourni  l'occasion. 
M.  M.  a  interrogé  et  fait  causer  les  prisonniers  français  que  le  sort  de  la 
guerre  avait  amenés  en  Allemagne,  hommes  de  toutes  les  provinces  et 
de  tous  les  métiers,  et  il  s'est  fait  avec  ces  interrogatoires  toute  une  col- 
lection de  superstitions  et  traditions  de  France.  Ainsi,  il  nous  apprend 
qu'il  a  recueilli  tel  usage  de  tel  de  nos  villages,  miindlich  von  einem 
Kriegsgefangenem  «  de  vive  voix  d'un  prisonnier  de  guerre  ».  Il  y  a  là 
pour  la  science  française  une  leçon  dont  nous  devons  tenir  compte.  Lais- 
serons-nous aux  Allemands  le  soin  de  faire  ce  qui  est  notre  œuvre  ? 
Nous  leur  devons  la  Grammatica  Celtica,  leur  devrons-nous  encore  la 
Mythologia  Celtica  ? 

Analyser  ce  gros  volume  si  plein  de  faits  précis  et  d'ingénieuses  théories, 
serait  une  tâche  longue  et  délicate.  Nous  nous  bornerons  à  en  résumer 
en  quelques  mots  la  pensée  principale.  L'homme  croit  voir  une  personne 
dans  la  plante,  c'est-à-dire  qu'il  lui  attribue,  comme  à  la  nature  entière, 
une  àme  analogue  à  la  sienne.  Il  conçoit  donc  l'arbre  comme  pensant, 
voulant,  souffrant,  souvent  uni  à  lui-même  par  un  lien  sympathique  et 


1 22  BikliographU. 

secret.  —  Cette  croyance  se  retrouve  encore  en  rédt  dans  nombre  de 
contes  populaires  et  en  réalité  dans  divers  usages,  par  exemple  celui 
de  planter  un  arbre  à  la  naissance  d'un  enfant,  et  l'usage  français  (que 
le  perspicace  M.  M.  n'a  pas  oublié)  de  planter  des  arbres  de  liberté  qu'on 
s'empresse  de  détruire,  une  fois  tombé  le  régime  dont  ils  étaient  le  sym- 
bole. Puis  l'âme  de  l'arbre  est  conçue  comme  sortant  de  l'arbre,  vivant 
et  agissant  par  elle-même.  Ainsi  se  forme  toute  une  classe  de  personnages 
fantastiques  que  M.  M.  réunit  sous  les  noms  d'Esprits  de  la  végétation 
tels  que  «  les  hommes  sauvages  »,  les  «  dames  vertes  »  de  la  Franche- 
Comté,  etc.  A  cet  ordre  d'idées  se.  rattachent  les  fêtes  de  mai,  sorte  de 
mystère  religieux  dont  le  sens  est  oublié  et  où  les  rois  et  reines  de  mai 
représentent  les  génies  mêmes  de  la  végétation.  Cet  ordre  de  mythe  s'unit 
avec  celui  des  mythes  solaires  (auxquels  M.  M.  ne  nous  semble  pas  dans 
ce  cas  donner  la  part  qui  leur  appartient)  dans  les  feux  de  mai,  et  sur- 
tout de  la  Saint-Jean  et  de  la  Saint-Pierre.  Un  des  chapitres  les  plus 
intéressants  de  M.  M.  (au  point  de  vue  de  notre  recueil)  est  celui  où 
il  traite  des  sacrifices  humains  par  le  feu  chez  les  Gaulois,  dont  parlent 
César,  Strabon  et  Diodore.  Il  voit  là,  avec  M.  Liebrecht,  la  forme 
ancienne  de  feux  traditionnels  de  nos  campagnes.  Bon  nombre  de  tradi- 
tions et  d'usages  de  France  sont  réunis  (autant  qu'il  se  pouvait)  et  com- 
mentés par  M.  M.,  tels  que  Valentins,  dimanche  des  Brandons,  croix  de 
la  Moisson^  gerbe  de  la  Passion,  souche  de  Noél,  etc.  M.  M.  a  aussi 
rapproché  ici  et  là  quelques  traditions  des  peuples  néo-celtiques. 

Le  défaut  des  théories  mythologiques  est  le  plus  souvent  de  vouloir 
ramener  tout  ou  presque  tout  à  un  système  ;  peut-être  reprochera-t-on 
à  M.  M.  d'avoir  fait  entrer  trop  de  choses  dans  le  développement 
mythique  de  la  nature  végétative.  Mais  lorsque  les  différents  systèmes 
qui  ont  tous  une  part  de  vrai,  mettront  en  présence  les  différents  moments 
de  la  pensée  mythologique,  ils  se  compléteront  et  s'éclaireront  en  se 
restreignant  les  uns  les  autres.  La  religion  des  premiers  hommes  a  cer- 
tainement été  complexe  et  ondoyante  comme  leur  pensée  même,  et  elle 
a  reflété  toutes  les  impressions  qu'ils  recevaient  de  la  nature.  Nous 
sommes  persuadé  qu'on  finira  par  la  reconstituer  et  ce  sont  des  travaux 
comme  le  système  grandiose  de  M.  M.  qui  aideront  à  le  faire,  lors 
même  qu'on  n'adoptera  pas  toutes  leurs  explications  de  détail.  La  mytho- 
logie est  un  peu  comme  un  miroir  brisé  :  le  premier  qui  en  ramasse  un 
fragment  croit  avoir  l'ensemble  parce  que  ce  fragment  reflète  tout  ce 
qu'on  lui  montre  comme  ferait  le  miroir  entier.  Mais  un  second  en 
trouve  un  autre  débris  qui  est  tout  aussi  vrai  et  tout  aussi  fidèle.  Cela 
tient  à  ce  que,  si  le  miroir  est  détruit,  tous  les  morceaux  en  sont  bons. 


Bibliographie.  123 

cherchons  à  les  réunir,  à  les  souder,  nous  aurons  le  miroir  entier.  De 

même,  nous  n'aurons  plus  la  mythologie  du  soleil  et  de  Paurore,  de 

réclair  et  du  nuage,  des  plantes  et  des  arbres,  etc.,  nous  aurons  la 

mvtfaologie  tout  entière. 

H.  G, 

Contes  populaires  de  la  Grande-Breta^pie,  par  Loys  Brueyre. 
Paris,  Hachette,  1875,  XLViii-382  p.  in-8°. 

La  littérature  populaire  n'a  pas  encore  été  étudiée  chez  nous  avec 
autant  de  zèle  qu'à  l'étranger.  Les  recueils  de  contes  authentiques 
recueillis  sur  notre  sol  sont  encore  rares,  et  il  en  est  d'excellents  qui 
attendent  encore  des  éditeurs.  Sans  être  aussi  riche  que  l'Allemagne  en 
ce  genre  de  littérature,  la  Grande-Bretagne  a  plusieurs  collections  de 
contes  et  superstitions  populaires,  et  celle  de  notre  collaborateur 
M.  Campbell  sur  les  Highlands  d'Ecosse  est  un  modèle  de  ce  genre.  Un 
écrivain  qui  tente  d'intéresser  notre  public  à  cette  forme  traditionnelle  et 
dédaignée  de  la  littérature,  M.  Loys  Brueyre,  a  eu  Theureuse  idée  de 
traduire  en  français  les  contes  les  plus  caractéristiques  des  recueils 
d'Outre-Manche  et  nous  ne  saurions  trop  recommander  son  livre  à  ceux 
de  nos  lecteurs  qui,  ne  pouvant  aborder  les  recueils  originaux,  voudraient 
néanmoins  se  renseigner  sur  les  récits  légendaires  des  Anglais  et  des 
Celtes  des  lies  Britanniques.  Le  recueil  de  M.  Campbell  a  naturellement 
fourni  les  principaux  éléments,  et  après  lui  les  récits  irlandais  de  Kennedy 
et  de  Croker,  le  volume  de  Hunt  pour  la  Comouaille,  Keightley  pour 
l'Angleterre  et  quelques  autres  collecteurs  ont  été  mis  à  contribution  par 
M.  Brueyre.  Cette  anthologie  légendaire  donne  une  idée  assez  exacte 
des  récits  légendaires  des  Celtes  d'Outre-Manche;  mais  nous  aurions 
voulu  que  les  «  récits  relatifs  aux  héros  d'Ossian  »  fussent  plus  nombreux 
et  il  nous  semble  qu'ils  auraient  pu  être  mieux  choisis.  M.  B.  accompagne 
chaque  conte  d'un  court  commentaire  faisant  connaître  les  contes  et  tra- 
ditions similaires  d'autres  peuples.  Dans  une  intéressante  introduction, 
M.  B.  s'est  attaché  à  démontrerl'intérêt  des  contes  populaires  au  point  de 
vue  de  la  mythologie  et  de  l'histoire  morale  de  l'humanité,  mais  nous 
craignons  qu'il  n'ait  poussé  trop  loin  et  forcé  le  système  séduisant 
de  l'interprétation  mythologique.  Il  a  esquissé  en  quelques  pages  les 
emprunts  faits  par  les  poètes  anglais,  et  notamment  par  Shakespeare, 
aux  traditions  populaires  de  la  Grande-Bretagne.  M.  B.  se  montre 
familier  avec  les  sources  britanniques  de  son  sujet;  notons  pourtant  qu'il 
présente  à  tort  le  pays  de  Galles  comme  étant  «  par  excellence  une 
contrée  où  les  traditions  populaires  se  sont  conservées  longtemps  vivaces  » 


1 24  Bibliographie, 

(p.  XVIII,  cf.  p.  x].  Nos  lecteurs  savent  qu'il  n'en  est  rien.  Dans  un  autre 

passage  (p.  xxxvi)  M.  6.  parle  des  «  triades  galloises  écrites  du  iv^  au 

ix«  siècle.  »  Nous  serions  curieux  également  de  savoir  à  quelle  source 

M.  B.  a  pris  cette  tradition  galloise  et  comique  où  il  est  question  des 

a  anciens  druides  »  (Wc,  p.  99). 

H.  G. 

La  Russie  épiqae,  étude  sur  les  chansons  héroïques  de  la  Russie, 
traduites  ou  analysées  pour  la  première  fois  par  Alfred  Rambaud, 
professeur  à  la  faculté  des  lettres  de  Nancy,  membre  de  plusieurs 
sociétés  savantes  de.  Russie,  xv-503  p.  in-8.  Paris,  Maisonneuve, 
1876.  —  Prix  :  10  fr. 

«  La  poésie  populaire  de  Russie,  nous  dit  M.  Rambaud,  comme  celle 
des  autres  peuples  de  notre  race,  se  divise  en  deux  grands  courants.  Au 
premier  appartiennent  les  chansons  d'un  caractère  lyrique  telles  que  les 
koli^idki  ou  chanson  de  Noël,  la  chanson  de  la  nouvelle  année,  de  l'Epi- 
phanie, de  Pâques,  de  la  Saint-Georges,  de  la  Saint-Jean,  celles  qui 
célèbrent  la  mort  de  l'hiver,  la  naissance  du  printemps,  le  temps  de  la 
moisson  et  les  autres  vicissitudes  de  l'année,  les  chansons  de  fiançailles 
et  de  mariage,  les  complaintes  de  funérailles.  Au  second  courant  appar- 
tiennent les  chansons  épiques,  celles  qui  célèbrent  les  héros^  les  linciens 
purs  les  tsars  de  la  Sainte  Russie  et  les  grands  événements  de  l'histoire 
nationale.  » 

Le  premier  courant  de  cette  poésie  populaire  de  la  Russie  a  trouvé 
un  historien  en  Occident  dans  M.  Ralston  et  son  beau  livre  The  songs  of 
the  Russian  People.  Un  des  rares  écrivains  français  qui  étudient  la  Russie 
sans  truchement,  M.  Rambaud,  étudie  aujourd'hui  la  partie  historique, 
épique,  de  cette  poésie.  Cette  étude  n'est  pas  si  étrangère  à  notre  Revue 
qu'on  le  pourrait  croire  au  premier  abord,  car  la  comparaison  est  aussi 
utile  pour  faire  l'histoire  et  déterminer  le  caractère  des  traditions  et  des 
poésies  populaires  que  pour  établir  les  rapports  et  la  filiation  des  langues. 
Sans  doute  il  n'y  a  pas  de  comparaison  directe  à  établir  entre  les  ballades 
historiques  vivant  encore  dans  nos  campagnes  celtiques  et  les  cantilènes 
épiques  du  peuple  russe.  M.  R.  explique  fort  bien  comment  l'état  sodal 
de  la  Russie  a  conservé  fidèlement  dans  le  peuple  la  chanson  nationale  : 
c'est  ainsi  (que  M.  R.  nous  pardonne  cette  comparaison  peu  gracieuse, 
mais  topique  !)  que  les  toundras  glacées  de  la  Sibérie  ont  conservé  à  nos 
naturalistes  non  pas  des  squelettes,  mais  de  vrais  cadavres  de  mam- 
mouth, comme  embaumés  par  le  froid.  Mais  il  y  a  bien  des  points  de 
rapport,  qu'il  est  intéressant  de  noter,  parce  qu'ils  montrent  bien  le 


Bibliographie.  125 

véritable  caractère  de  la  poésie  populaire,  celle  qui  n'a  pas  encore  été 
retouchée  par  les  lettrés,  celle  que  fait  et  comprend  le  peuple.  Ainsi  ces 
détails  de  la  vie  moderne  que  les  conteurs  populaires  mêlent  sans  penser 
à  leur  récit  :  par  exemple  lorsqu'on  voit  des  héros  écrire  sur  du  papier 
timbré,  ou  encore,  sur  le  point  d'attaquer  un  dragon  ou  un  géant,  bra- 
quer sur  lui  une  lunette  d'approche  (p.  19).  Ainsi  ces  épithètes  qui 
accompagnent  invariablement  certains  mots  (p.  27)  ;  ainsi  ce  que  la 
langue  russe  appelle  les  mots  rouges^  c'est-à-dire  les  mots  grossiers  qui 
ne  sont  pas  de  mise  dans  la  bonne  société.  Aussi  en  lisant  dans  le  pre- 
mier chapitre  de  M.  R.  l'histoire  de  Rybnikof,  battant  les  grands  che- 
mins des  régions  du  lac  Onega,  se  mêlant  au  peuple  pour  écouter  ses 
chansons,  réussissant,  par  sa  bonhomie,  à  faire  causer  les  paysans,  écri- 
vant sous  la  dictée  des  mendiants  et  des  tailleurs,  il  nous  semblait  en- 
tendre raconter  l'odyssée,  à  travers  les  campagnes  bretonnes,  d'un 
savant  breton  que  nos  lecteurs  connaissent  bien,  et  auquel  la  Bretagne 
devra  d'avoir  sauvé  de  l'oubli  la  meilleure  partie  de  sa  poésie  populaire. 
Il  nous  suffît  d'indiquer  ces  quelques  rapprochements  pour  montrer 
l'intérêt  que  l'ouvrage  de  M.  R.  a  par  endroits  pour  nos  lecteurs.  M.  R. 
a  partagé  la  chanson  héroïque  de  la  Russie  en  quatre  groupes  :  «  V épopée 
légendaire,  dont  les  héros  se  rattachent  à  la  période  des  origines  natio- 
nales, et  où  l'élément  historique  est  assez  faible  ;  Vépopée  historique,  dont 
tous  les  personnages  principaux  nous  sont  déjà  connus  par  les  monuments 
positifs,  et  qui  forme  comme  une  histoire  légendaire,  comme  les  fastes 
poétiques  de  la  .Russie,  depuis  les  premiers  temps  jusqu'à  nos  jours; 
Vépopée  qu'il  a  appelée  adventice,  parce  qu'aucun  de  ses  héros  n'est  né 
sur  le  sol  russe,  et  qu'elle  se  compose  de  motifs  empruntés  plus  ou  moins 
directement  aux  épopées  étrangères  et  renouvelée  plus  ou  moins  profon- 
dément par  le  génie  russe  ;  Vépopée  petite-russienne  qui  s'est  développée 
dans  une  branche  spéciale  de  la  race  russe  et  sous  des  influences  histo- 
riques toutes  particulières.  »  Cette  littérature  a  été  l'objet  en  Russie  de 
nombreux  et  savants  travaux.  En  nous  résumant  ces  travaux  dans  un 
volume  d'une  attrayante  lecture,  M.  R.  a  rendu  service  aux  études  his- 
toriques, en  même  temps  qu'il  écrivait  un  intéressant  et  curieux  chapitre 

de  l'histoire  de  la  poésie  héroïque  et  populaire  >. 

H.  G. 


I .  n  y  a  quelques  théories  aventureuses  dans  les  explications  et  les  commentaires  de 
légendes  et  de  mythes  que  M.  R.  a  empruntés  à  divers  écrivams  russes |  voir  sur  ce  point 
l'article  que  M.  L.  Léger  a  consacré  à  cet  ouvrage  dans  la  Revue  critique  du  22  avril 
1876.  On  trouvera  d'utiles  rapprochements  dans  le  compte-rendu  que  M.  de  Puymaigre  a 
donné  an  PolybibUon  d'avril  1876,  p.  })o. 


1 26  Bibliographie. 

The  Gelt  and  the  Teuton  in  Exeter,  by  Thomas  Kerslake,  of  Bristol, 
15  p.  in-8<>.  —  Saint  EiRren,  Bristol  and  the  "Welah  Border 
ciroiter  A.  D.  757-986 (parle  même),  j8  p.  in-^^  Bristol,  Th.  Kerslake, 
187$. 

Ces  deux  brochures  ont  pour  auteur  M.  Thomas  Kerslake,  le  libraire  érudit 
de  Bristol.  La  première  est  extraite  de  VArchaological  Journal,  vol.  XXX; 
l'auteur,  en  s'appuyant  principalement  sur  les  anciennes  divisions  paroissiales  et 
sur  la  nationalité  des  saints  leurs  patrons,  essaie  de -déterminer  la  topographie 
d'Exeter  sous  la  domination  saxonne.  Cette  ville  était,  suivant  les  témoignages 
historiques,  partagée  entre  Bretons  et  Saxons.  —  La  seconde,  qui  est  un  mémoire 
lu  au  Congrès  tenu  à  Bristol  en  1874  par  l'Association  archéologique  de 
Grande-Bretagne,  a  pour  but  d'enlever  à  notre  saint  Ouen,  archevêque  de  Rouen 
au  VII*  siècle,  le  patronage  d'églises  de  Bristol,  de  Gloucester  et  d'Hereford, 
placées  sous  l'invocation  de  «  saint  Ewen  »  et  identifier  ce  saint  Ewen  avec  un 
saint  breton.  L'argumentation  de  M.  K.  laisse  place  à  bien  des  doutes,  mais 
son  travail  n'en  est  pas  moins  intéressant  au  pomt  de  vue  de  l'hagiographie  bre- 
tonne. 

Traditions  populaires  de  l'arrondissement  de  PoUgny,  par  M.  Ch. 

Thuriet  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de 
Poligny).  Poligny,  imp.  Mareschal,  1875,  }2  p.  in-8°. 

Cette  brochure  ne  tient  pas  les  promesses  de  son  titre.  M.  Th.  s'est  borné  à 
extraire  des  ouvrages  de  Monnier  et  quelques  autres  ce  que  ceux-ci  ont  donné  sur 
les  superstitions  de  l'arrondissement  de  Poligny.  Il  promet  c  une  collection  générale 
des  Traditions  populaires  de  la  FranciurComÛ  qui  formeront  un  recueil  plus  consi- 
dérable peut-être  que  celui  qui  a  été  publié  en  deux  volumes  in-8<*  par  les  frères 
Grimm  pour  jes  contrées  de  l'Allemagne  qu'ils  ont  explorées,  t  M.  Th.  désire 
par  cette  première  publication  provoquer  la  coopération  de  ses  confrères  de  la 
Société  d'agriculture,  etc.  de  Poligny  ;  mais  il  nous  semble  qu'il  eût  été  mieux 
inspiré  en  donnant  pour  prémices  de  son  futur  recueil  quelque  chose  de 
nouveau,  par  exemple  quelques-uns  de  ces  contes  populaires  qu'il  mentionne  dans 
sa  préface. 

Erenna  ;  or  an  investigation  of  the  Etymons  of  words  and  names,  classicai 
and  scriptural,  througn  the  médium  ot  Celtic;  together  with  some  remarks  on 
Hebrxo-Celtic  affinities,  by  a  Celtophile.  London,  Williams  and  Norgate, 
viri-176  p.  petit  in-8«. 

Le  titre  de  ce  livre  en  dit  assez  l'esprit  et  la  méthode  pour  qu'il  soit  inutile 
d'en  faire  la  critique. 

Gongaly  a  Poem  in  five  books,  by  Samuel  Febouson.  London,  Bell  and 
Daldy. 

Nous  rendrons  compte  de  cet  ouvrage  dans  notre  prochain  numéro. 


PÉRIODIQUES. 


AscofiOLOGU  Gambrsnsis,  Jan.  1875.  -^  This  number  opens  with  a  tract 
(p.  1-17)  on  the  history  of  i  The  Vaughans  of  Cors  y  Gedol  >  edited  by 
Mr.  W.  W.  E.  Wynne.  The  same  nnmber  also  contains  an  able  and  interesting 
account  of  i  Harlech  Castle  »  by'Mr.  Wynne  who  is  constable  of  the  castle 
(p.  2i-}i).  Mr.  Barnwell  contributes  (p.  17-21)  a  valuable  account  with 
drawings  of  some  Radnorshire  Bronze  Implements  •;  he  complains  that  the 
curiosities  of  antiquity  exhibited  at  the  annual  meetings  of  the  society  when 
they  return  to  their  owners  get  dispersed  and  their  history  lost.  The  c  History 
of  the  Lordship  of  Maelor  Gymraeg  »  is  continued  (p.  32-53),  by  Mr.  Lloyd 
and  is  interesting  as  usual  on  account  of  the  names  it  contains.  Then  follows 
the  address  made  by  the  Dean  of  Chestertothe  Association  in  1874  on  i  Chester 
Cathedral  »  (p.  $4-62).  Then  cornes  a  short  paper  (p.  63-69)  on  i  Moated 
Castles  »  contributed  by  a  welUknown  authority  on  the  subject  —  he  subscribes 
himsdf  G.  T.  C.  The  number  contains  two  more  articles  by  Mr.  Barnwell  :  one 
(p.  70-73)  entitled  <  The  Rhosnesney  Bronze  Implements  »  and  the  other 
(p.  74-86)  on  t  Pembrokeshire  Cliff-Castles  »  (p.  74-86),  which  he  considers 
to  bave  been  t  the  oppida,  or  fortified  towns,  ofthe  inhabitants  of  the  district;  » 
but  at  what  time  he  does  not  say.  However  he  compares  them  with  those 
ezamined  by  Mr.  Le  Men,  on  the  coast  of  Finistère.  Incidentally  Mr.  Barnwell 
mentions  c  earthworks  fbund  more  inland  in  the  same  county,  locally  known 
as  raths^  a  tenu  evidently  borrowed  from  the  Irish.  «  Now  Irish  rath  is  pro- 
nounced  rak  while  the  Pembrokeshire  word,  confined  we  believe  to  the 
English-speakîng  portion  of  the  county,  is  raith  :  this  together  with  the  fact 
that  raths  and  raiths  differ  in  their  construction  makes  it  doubtfui  whether  the 
words  rath  and  raith  are  related  as  Mr.  Barnwell  is  inclined  to  think.  The  rest 
of  the  number  is  devoted  to  correspondence  and  original  documents. 

April  1875.  —  The  number  begins  with  an  article  on  i  Harlech  Castle  >, 
by  G.  T.  C.,  p.  loi-i  15  :  this  is  followed  by  f  Notes  on  the  Archaeology  of 
the  Wrexham  Neighbourhood  y  by  Mr.  Thomas  of  Gefn,  p.  116-125.  ^^^^ 
cornes  an  account  by  Mr.  Wynn  Williams  of  the  i  Presaddfed  Ums  »  (p.  1 26- 
134).  Mr.  Rhys  concludes  his  list  of  c  Welsh  Words  borrowed  from  the  Cla»- 
»cal  Languages  t  (p.  13(4-136).  P.  137-145,  are  occupied  by  a  valuable 
c  Account  of  the  Priary  of  Llanvaes,  near  Beaumaris,  and  of  the  Tomb  of  the 
Princess  Jean,  Daughter  of  King  John,  and  Wife  of  LIewelyn,  Prince  of  Wales  > 


128  Périodiques . 

by  Mr.  Bloxam.  Next  cornes  f  The  legend  of  St.  Curig»  detaîled  by  Mr.  H.W. 
Lloyd.  He  dates  the  landing  of  St.  Curig  near  Aberystwyth  c  at  a  period  of 
great  antiquity,  not  later  than,  and  possibly  anterior,  to  the  seventh  century.  » 
This  we  are  not  quite  sure  of,  as  it  is  hardly  to  be  expected  that  his  mother's 
name  Mitta  should  become  Uid  in  Welsh  at  that  date  and  not  some  form  with 
th.  €  Notices  on  Watling  Street  »,  by  Mr.  H.  L.  occupy  pages  164-171  — 
Gwergloth  and  gwjrgloth  mean  gweirgîodd  'a  meadow'  and  hâve  nothing  di- 
rectly  to  do  with  gwyrdd  'green*.  Next  cornes  an  article  entitled  «  The  St. 
Nicholas'  Cromlechs  and  other  Remains,  near  CardifF  »,  by  Mr.  J.  W.  Lukis 
(p.  171-185).  The  writer  is  we  believe  a  respectable  archaeologist,  but  unfortu- 
nately  this  is  not  enough  for  him  :  he  insists  on  etymologizing  and  telling  his 
rcaders  that  Caer-yrfa  means  *the  field  of  arms*  that  moen  is  the  word  for  stone 
—  in  what  language  we  hâve  no  idea,  —  and  that  the  Hindoos  worship  Bhudda 
as  he  is  pleased  to  cal!  him.  Altogether  this  article  is  the  worst  of  its  kind 
which  it  has  been  our  lot  to  read  lately.  In  the  correspondence  a  brief  attempt 
is  made  to  correct  Mr.  Brash's  account  of  the  Clydai  inscribed  stones.  As  to 
Gard  an  error  has  escaped  us  in  our  account  of  the  Ar.  Camb.;  p.  420  of  the 
2d  volume  of  the  Revue  Celt.  in  the  1  ith  line  from  the  botton  instead  of  «  a  great 
deal  to  say  about  Gurci  as  though  it  were  Gurci  »  read  i  a  great  deal  to  say 
about  GuTci  as  though  it  were  Cure/.  > 

July  1875.  —  This  number  opens  with  i  Correspondence  during  the  Great 
Rébellion  »  contributed  by  Mr.  W.W.  E.Wynne  (p.  201-210)  :  he  has  in  the 
same  also  a  short  account  of  an  t  Old  Monument  in  Wrexham  Church  » 
(p.  266-268).  The  former  is  followed  by  a  paper  by  Mr.  Bloxam  (p.  21 1-2 1 5), 
on  «  Sepulchral  Monuments  in  Towyn  Church,  Merionethshire.  »  This  and  the 
following  one  (p.  21  $-220),  by  Mr.  Davies  of  Moor  Court  on  Roman  Inscrip- 
tions at  Lydney  Parle,  Gloucestershire  >  were  read  at  the  Wrexham  Meeting  in 
1874 —  the  most  interesting  of  thèse  inscriptions  mentions  the  name  of  the  god 
Nodens  q;*  Nudens  and  his  temple.  Next  cornes  a  short  account  (p.  220-223)  of 
a  «  Camp  on  the  Llanllechid  Hill  »  by  Mr.  Elias  Owen.  Mr.  Lloyd  continues  the 
History  of  Maelor  Gymraeg  (p.  224-240).  Mr.  Wynn  Williams  describes 
(p.  241-24$]  some  (c  Natural  Antiquities  »  among  which  he  gives  a  drawing  of 
what  he  calls  a  «  nature  graven  boulder,  near  Llanerch  y  Medd  »  in  Anglesey  : 
it  looks  tantalizingly  like  an  inscribed  stone.  Then  comes  a  paper  c  On  Pre- 
historic  Remains  in  the  Edwy  Valley,  Radnorshire»  (p.  246-255),  by  a  writer 
who  signs  himself  R.  W.  B.  This  is  followed  (p.  255-266)  by  a  paper  by  the 
late  William  Llewellin  F.  S.  A.  on  c  the  Monastery  of  Pen  Rhys,  Rhondda 
Valley,  Glamorganshire.  »  Mr.  Barnwell  has  a  short  description,  illustrated  by 
a  drawing,  of  «  The  Caergwrle  Cup  »  occupying  p.  268-274.  This  part  of  the 
number  finishes  with  another  of  the  papers  read  at  the  Wrexham  Meeting  on 
c  Offa's  Dyke  »  by  Mr.  W.  Trevor  Parkins  (p.  275-280).  In  the  correspon- 
dence Prof.  Westwood  gives  his  readers  to  understand  that  he  isgoing  on  with 
his  work  on  the  Early  Inscribed  Stoms  of  Wales  —  we  had  almost  despaired  of 
it,  so  this  intimation  is  most  welcome. 


Périodiques.  1 29 

October  1875.  ^  The  first  paper  in  this  number  (p.  299- jo6)  is  <  On 
Pillar-Stones  in  Wales  »  by  Mr.  Barnwell.  «  The  évidence  »  we  are  hère  told 
■  tbat  the  maenhir  is  or  was  nothing  more  than  a  tombstone,  or  a  funeral 
monument  is  so  extensive  and  so  conclusive  that  it  is  unnecessary  to  discuss 
the  question.  >  t  Correspondence  during  the  Great  Rébellion  »  is  continued 
(p.  307-324),  by  Mr.  Wynne,  and  so  is  the  History  of  Maelor  Gymraeg  by 
Mr.  Lioyd  (p.  32S-339).  Then  cornes  a  short  article  by  R.  W.  B.  on 
«  Tommen  Castle,  Radnor  Forest  »  (p.  339-341).  This  is  followed  by  an 
account  of  c  Excavations  at  Pant  y  Saer  Cromlech,  Anglesey  »  by  Mr.  Wynn 
Williams.  «  Twyn  y  Parc  »  is  the  subject  of  a  paper  by  Mr.  Hugh.  Pricbard 
(p.  349-3  5B).  Next  cornes  a  brief  account  by  Mr.  Rhys  of  a  Some  of  our 
Inscribed  Stones  >  which  he  inspected  in  South  Wales  and  Cornwall  last 
September.  They  are  nearly  30  in  number  and  many  of  them  new  tothe  readers 
of  the  Ar.  Cambxensis  (p.  3S9-370.  The  last  article  is  from  the  pen  of  Mr.  Gai- 
doz  :  its  subject  is  «  The  Name  of  the  Welsh  »  (p.  372-37$).  His  account  of 
the  fortunes  of  the  name  are  highiy  curious  and  interesting.  From  the  corres- 
pondence wc  learn  that  Prof.  Westwood  and  Mr.  Rhys,  in  the  course  of  the 
Caermarthen  Meeting,  visited  the  Parcau  stone  and  that  the  Professor  admits 
that  Mr.  Rhys  is  perfectly  right  in  reading  it  QVENVENDAN-  FILI 
BARCVN— i .  In  the  account  of  the  meeting  already  referred  to,  we  hâve  the 
address  of  the  président,  the  Bishop  of  St.  David's  ;  it  is  in  many  respects  very 
mstructive  and  we  iind  that  he  still  adhères  to  his  theory  of  a  Gaelic  occupa- 
tion of  Wales.  We  are  also  rejoiced  to  find  that  Mr.  Freeman  laid  due  stress, 
in  a  telling  speech^  on  the  want  of  a  reliable  and  critical  history  of  Wales. 

The  geltig  magazine,  a  monthly  periodical  devoted  to  the  literature, 
history,  traditions,  etc.,  of  theCelt  at  home  and  abroad.  Inverness,  A,  and  W. 
Mackenzie,  57,  Church  street.  (Mensuel,  6  pence  le  n^). 

La  petite  ville  écossaise  d'Inverness  qui  possède  déjà  la  Société  Gaélique  dont 
nous  avons  plusieurs  fois  parlé  (voir  plus  haut,  p.  m),  vient  de  voir  naître  une 
Revue  celtique,  le  Celùc  Magazine,  fondé  par  MM.  Alex.  Mackensie  et  Alex. 
Bftacgregor.  Ce  recueil  doit  être  consacré  à  l'histoire,  à  la  littérature,  aux  anti- 
quités, aux  traditions,  à  l'état  économique  et  social  des  Gaeis  d'Ecosse,  et  il 
s'occupera  occasionnellement  des  autres  branches  de  la  famille  celtique  pour  les 
faire  connaître  au  public  d'Ecosse.  C'est  là  un  intéressant  mais  vaste  programme. 
Le  premier  numéro  contient  une  importante  lettre  de  M.  Campbell  sur  la  ques- 
tion ossianique  et  une  autre,  en  sens  contraire,  de  M.  Archibald  Clark.  Mais  le 
second  nunïéro  nous  fait  désirer  que  les  directeurs  exercent  une  critique  sévère 
sur  ce  qu'ils  publient,  car,  à  côté  d'un  article  intéressant  sur  l'état  de  la  contro- 
verse ossianique,  nous  trouvons  un  article  de  haute  fantaisie  sur  les  chants  drui- 
diques, par  M.  Ch.  Mackay,  Tauteur  de  ces  lettres  sur  les  mots  celtiques  dans 
Shahspeare,  publiées  il  y  a  quelque  temps  par  VAthtnaum,  M.  Ch.  Mackay 
prétend  expliquer  par  le  celtique  (et  il  entend  par  là  le  gaélique),  les  refrains, 
souvent  sans  signification,  de  chansons  anglaises  et  françaises.  Il  nous  suffira  de 

Ra.  CtU,  III  9 


ijQ  Piriodujttes. 

dire  que  le  refrain  français  La  farira  dondaine  est.  expliqué  par  lui  comme  signi- 
fiant :  c  Jour!  aurore!  veille  au  feu  sacré  sur  la  montagne  du  feu!  >  Nous 
désirons  pour  Thonneur  et  le  succès  du  Celtic  Magazine,  qu'on  ne  rencontre  plus 
dans  ses  pages  de  semblables  élucubrations.  —  Le  premier  numéro  du  Celtic 
Magazine  a  paru  en  novembre  1875. 

Beitraege  zur  ybrgleighenden  Spraghforschuno,  t.  VIII,  3*  livraison. 
M.  Whitley  Stokes  y  a  donné  (p.  304)  une  nouvelle  édition  de  ses  ;  Some 
remarks  on  the  Celtic  additions  to  Curtius'  Creek  Etymology,  M.  Rhys  a  déjà  rendu 
compte  de  ce  travail  dans  la  Revue  celti^ue^  t.  II,  p.  321,  et  j'en  ai  parlé  moi- 
même,  ibidem,  p.  425.  Je  n'y  reviendrai  pas.  MM.  Windisch  et  Whitley  Stokes^ 
d'accord  sur  un  grand  nombre  de  points,  sont  divisés  sur  d'autres.  Le  temps 
n'est  pas  encore  venu  de  porter  un  jugement  définitif  sur  ce  différend  scientifique 
dans  lequel  les  deux  parties  sont,  d'un  côté,  l'héritier  de  Zeuss  et  d'Ebel,  de 
l'autre,  un  savant  irlandais  qui  s'est  fait  une  place  exceptionnelle  par  sa  con- 
naissance étendue  et  approfondie  des  langues  néo-celtiques.  Nous  n'avons  qu'à 
gagner  à  lire  et  à  relire  les  pièces  de  ce  procès. — LesAfûcc//â/i«âd'Ëbel(p.  307) 
contiennent  plusieurs  observations  relatives  aux  langues  celtiques  :  le  regrettable 
professeur  admet  que  Va  initial  de  l'irlandais  ainm,  en  breton  hano  «  nom  »,  est 
une  lettre  prosthétique  telle  que  la  lettre  initiale  du  grec  6vo(&a,  comme  je  l'ai  dit 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  de  l'mguisti^ue^  t.  II,  p.  283,  et  que  l'irlandais  âa, 
ôam  sont  le  comparatif  et  le  superlatif  de  oc  =  iaouanc  «s  juvencus  signifiant 
c  jeune  »,  doctrine  que  j'ai  déjà  soutenue  dans  la  Revue  celtique,  t.  II,  p.  425- 
426.  Enfin  dans  quelques  lignes  qu'on  doit  considérer  comme  son  testament,  Ebel 
recommande  aux  savants,  qui  consultent  la  Grammatica  celtica^  de  ne  pas  oublier 
que  ce  volume  se  termine  par  dix-huit  pages  d'additions  et  de  corrections,  et 
que,  si  on  ne  tient  pas  compte  de  ces  additions  et  de  ces  corrections,  (5n  s'expose 
à  d'innombrables  erreurs.  Il  termine  par  un  supplément  à  ces  corrections.  Dans 
ce  supplément  nous  remarquons  la  mention  des  gloses  bretonnes  nouvelles  trou- 
vées par  M.  Bradshaw,  bibliothécaire  de  Cambridge,  dans  l'Eutychius  et  l'Ovide 
d'Oxford,  qui  ont  déjà  fourni  des  gloses  publiées  dans  la  Gr,  C.',  p.  1052-1054 
et  1054-1059.  Enfin  Ebel  annonce  que,  suivant  le  même  M.  Bradshaw,  dont  nous 
avons  déjà  eu  l'occasion  de  signaler  la  capacité  comme  paléographe,  les  gloses  de 
l'Eutychius  d'Oxford  et  celles  de  Luxembourg,  rééditées  et  si  bien  commentées 
par  M.  RhySj  dans  la  Revue  celtique^  t<  I)  P*  348,  appartiennent  au  breton  de 
France  et  non  au  dialecte  gallois.  Ainsi  on  trouve  dans  l'Eutychius  la  plus 
ancienne  forme  du  breton  prederia  c  avoir  souci  »,  en  breton  moyen  prederaff: 
cette  forme  ancienne  est  preteram  (perpendo).  Je  dois  ajouter  ici  que  M.  Bradsbaw, 
encouragé  par  l'adhésion  d'Ebel,  a,  depuis,  sous  nos  yeux,  découvert  dans  un 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris  des  gloses  bretonnes  inédites 
dont  les  savants  du  continent  ne  soupçonnaient  pas  l'existence. 

H.  d'à.  de  J* 

Zeistchrift  fur  vsbqlejghemdbn  Bpbachjfor8Ghun<^.  t.  XXIIy  dernier 


Périôdiquis.  i  j  r 

cahkr,  M.  Pick,  p.  $$3,  rapproche  de  Tirlandais  loch  c  lac  »  les  autres  formes  du 
même  mot  dans  plusieurs  langues  de  l'Europe. 

T.  XXIII,  p.  121,  M.  K.  Verner  a  réuni  plusieurs  exemples  de/  «  ^  ou 
X^.On  pourrait  en  rapprocher  le  breton  armoricain  finr*  mouvement  •,  en 
gallois  chwy/^  fariel,  variante  de  c'hoarUl  c  jouet  »,  fuba  variante  de  c'hombu 
«  moucheron  ».  — L'étude  de  M.  Paucker  sur  plusieurs  suffixes  latins,  p.  138, 
touche  à  l'histoire  de  la  dérivation  dans  les  langues  celtiques  ;  nous  citerons  le 
suffixe  'tas  -tdtis^  en  gallois  -dod,  en  breton  -ded,  ti  les  suffixes  en  -lias, 

H.  D'A.  DB  J. 

MÉH01RB6  DE  LA.  Socréré  des  ântiquàibbs  db  Frange,  t.  XXXV. 
ire  partie,  p.  92.  Note  sur  une  sépulture  antique,  fouillée  à  Berru  (Marne),  en 
1872,  par  E.  de  Barthélémy.  Quatre  planches  sont  jointes  à  ce  mémoire.  Cette 
sépulture,  évidemment  antérieure  à  l'époque  romaine,  est  tout  particulièrement 
intéressante  à  cause  du  casque  conique  qu'on  y  a  trouvé.  Ce  casque  est  aujour- 
d'hui conservé  au  musée  de  Saint-Germain. 

2«  partie  (bulletin).  —  P.  55-58,  discussions  sur  l'art  du  dessin  chez  l'homme 
des  cavernes  et  sur  la  date  de  l'homme  des  cavernes.  —  P.  79.  M.  Sansas  émet 
l'hypothèse  que  les  mots  du  patois  gascon,  qui  se  retrouvent  en  breton  armori- 
cain, sont  en  règle  générale  d'origine  celtique  :  exemple,  le  bordelais  costuma 
«  coutume  »  devrait  s'expliquer  par  le  breton  koz  «  vieux  »  et  stumm  «  usage». 
—  P.  98,  note  de  M.  Morcl  sur  une  sépulture  antique  de  la  Marne  où  un  guerrier 
était  enseveli  avec  son  char  :  dans  cette  sépulture  on  a  recueilli  une  coupe 
peinte  d'une  fabrique  dont  les  produits  sont  fort  communs  en  Toscane^  en  Sicile, 
en  Grèce  et  jusqu'en  Crimée;  cette  coupe  remonte  au  plus  tôt  à  l'an  250  av. 
J.-C.  suivant  M.  de  Witte.  -—  P.  139.  Réponse  à  M.  Sansas  par  l'auteur  du 
présent  compte-rendu.  —  P.  151.  Communication  de  M.  Wescher  sur  un 
document  où  se  trouve  traduit  par  le  grec  ipotpov  le  substantif  arepo[s]  dont  le 
mot  si  connu  arepennis  parait  dérivé. 

H.  D'A.  DE  J. 

RoMANiA,  T.  IV,  p.  253.  Nouvelle  étymologie  d'aguilaneuf  par  M.  Schu- 
chardt.  Le  mème«savant,  p.  246,  admet  que  l'espagnol  pairol,  le  provençal  perol 
soit  d'origine  celtique  :  voir  dans  le  vocabulaire  comique  (Gr.  G.2,  p.  1080), 
le  mot  pcr  «  chaudron  »  (cf.  BWfr.,  VIII,  44).  —  P.  358,  M.  Bugge  propose 
une  étymologie  française  pour  le  bas-breton  tartouz^  hartouz  c  mite  ».  Il  a  raison 
de  dire  que  i  goémon  »  est  d'origine  celtique,  sauf  un  défaut  de  rigueur  dans 
l'expression  :  c'est  néoceltique  qu'il  faudrait  dire.  Le  gallois  gwymon,  l'irlandais 
feamain  supposent  une  forme  plus  ancienne  vëmmoni-s,  qui,  si  elle  avait  pénétré 
dans  la  langue  française  par  l'entremise  du  latin  aurait  reporté  son  accent  sur  la 
première  syllabe  et  aurait  été  traité  comme  Rennes,  de  Rèdones^  Langres,  de 
Ungones.  Gouge  au  contraire  (p.  3  58-3  59)  est  bien  d'origine  celtique  dans  le 
sens  précis  du  mot.  —  P.  453,  nouvelle  note  sur  le  mot  bas-latin  cata  dont  il 
a  été  déjà  question  dans  la  Revue  celti^ue^  t.  II,  p.  139, 283. 


1^2  Piriodiques. 

T.  V.  P.  64.  La  dissertation  de  M.Thomsen  sur  le  traitement d'«  et  d'i  latin 
en  français  peut  donner  lieu  à  d'intéressants  rapprochements  avec  les  langues 
néo-celtiques.  —  M.  Storm,  P«  1^»  aurait  pu  comparer  à  l'espagnol  canasta  le 
breton  kanastel;  p.  175,  il  donne  sur  le  mot  co/n^â  des  observations  intéressantes, 
auxquelles  je  ne  trouve  malheureusement  rien  de  bien  certain  à  ajouter  :  l'origine 
celtique  de  ce  mot  est  vraisemblable  sans  avoir  été  jusqu'ici  rigoureusement 
prouvée.  H.  d'A.  de  J. 

RoMANiA,  Tome  V,  p.  82-107.  —  Contes  populaires  Lorrains  recueillis 
dans  un  village  du  Barrois  à  Montiers-sur-Saulx  (Vosges)  ;  avec  des  remarques 
par  Emmanuel  Cosquin.  (Ce  travail  a  été  tiré  à  part  en  brochure).  M.  Cosquin 
qui  avait  résumé  dans  un  article  du  Correspondant  du  25  juin  1873,  les  travaux 
de  M.  Benfey  sur  l'origine  des  contes  populaires  Européens,  entreprend  la 
publication  d'une  série  de  contes  populaires  recueillis  dans  un  village  de  Lor- 
raine. Ce  premier  article  contient  trois  contes  :  1  *  Jean  de  rOurs^  forme  d'un 
récit  que  M.  C.  retrouve  en  Allemagne,  en  Tyrol,  en  Russie,  en  Bretagne, 
(publié  par  M.  Luzel,  Archives  des  Missions,  5«  sér.,  t.  I),  en  Irlande  (Kennedy, 
Legendary  fictions  of  the  Irish  Celts,  p.  43,  les  Trois  couronnes),  chez  les  Avares  du 
Caucas,  chez  les  Kariaines  de  l'Indo-Chine,  et  dans  le  Siddhi-Kùr  Kalmouk. 
2*>  Le  Militaire  avisi^  analogue  à  quelques  contes  Allemands.  3®  Le  Roi  d*Angle^ 
terre  et  son  filleul,  que  M.  C.  rapproche  d'un  conte  grec  d'Epire,  du  conte  Bre- 
ton Trégont-^'Batis  publié  par  M.  Luzel  dans  les  Archivis  des  Missions^  d'un 
conte  Sicilien  et  d'un  conte  Tartare.  La  collection  de  M.  Cosquin  doit  une 
double  valeur  et  à  la  fidèle  simplicité  du  récit  populaire  et  au  commentaire  dans 
lequel  il  montre  une  connaissance  approfondie  des  recueils  de  contes  publiés  jus- 
qu'ici. Nous  espérons  que  cet  article  n'est  que  le  premier  d'une  publication 
spéciale  ;  car  la  collection  de  M.  C.  prendrait  un  long  temps  à  passer  entière 
dans  la  Romania. 

Ne  quittons  pas  M.  (Zosquin  sans  signaler  un  article  qu'il  a  publié  dans  le 
Français  du  1*'  janvier  1875,  sous  ce  titre  :  un  conte  de  l'extrême  Orient.  C'est 
un  conte  des  Kariaines,  V Anneau  magique,  qui  présente  de  grandes  analogies  avec 
le  conte  Breton  de  Bihanic  recueilli  par  M.  Luzel  (loc.  cit.).  M.  C.  a  réuni  dans 
cet  article  un  grand  nombre  de  contes  qui  traitent  le  même  sujet  ;  et  il  nous 
apprend  que,  depuis,  il  en  a  trouvé  une  nouvelle  variante  dans  un  récit  du  pays 
d'Akwapim,  chez  les  Achantis  (Revue  géographique  de  Pétermann,  année  18^6, 
p.  470).  11  a  également  trouvé  des  récits  analogues  dans  l'ouvrage  de  M.  Radloff 
sur  la  littérature  populaire  des  tribus  Tartares  de  la  Sibérie  méridionale,  t.  I, 
p.  320,  et  t.  III,  p.  395.  H.  G. 

ReVUB  des  SoCfÉTÉS  SAVANTES  DES  DÉPARTEMENTS,  5«  séHe,  t.  VIII.  P.  IO7, 

rapport  de  M.  A.  Bertrand  constatant  que  des  fouilles  faites  à  l'entour  et  au- 
dessous  de  deux  dolmens,  près  de  Menerbes  (Vaucluse),  ont  amené  la  décou- 
verte de  nombreux  ossements.  —  P.  no,  note  de  M.  Deschamps  de  Pas  sur 
un  atelier  de  l'âge  de  .la  pierre  dans  le  Pas-de-Calais.  •—  P.  129  et  suiv.,  corn- 


Piriodiijaes.  t  )  ) 

munications  de  M.  Cournaut  sur  Tenceinte  fortifiée  du  plateau  de  Tincry 
(Alsace-Lorraine),  qui  serait  un  lieu  de  refuge  celtique.  —  P.  131 ,  note  du 
même  sur  des  tonjues  gaulois.  —  P.  326,  rapport  de  M.  A.  Bertrand  sur  les 
fouilles  du  MontBeuvray  (Bibractc),  —  P.  328-564,  compte-rendu  de  ces  fouilles 
par  M.  Bultiot  qui  les  dirige,  et  qui  signale  une  foule  de  détails  intéressants 
pour  l'histoire  de  la  civilisation  gauloise.  —  P.  417,  rapport  de  M.  A.  Ber- 
trand sur  une  communication  de  M.  Liénard  relative  à  la  station  de  Cumières 
(Meuse),  âge  de  la  pierre.  —  P.  451,  rapport  de  M.  E.  de  Barthélémy  sur 
les  grottes  explorées  par  M.  de  Baye  dans  le  département  de  la  Marne.  Suit  le 
texte  d'une  communication  de  M.  de  Baye  sur  ce  sujet.  —  P.  493,  rapport  de 
M.  Quicherat  sur  une  épée  en  fer  à  poignée  de  bronze,  supposée  gauloise,  qui  a 
été  trouvée  à  Salon  (Aube).  Cette  poignée  est  ornée  d'une  figure  humaine,  fait 
jusqu'ici  sans  exemple. 

Sixième  série,  T.  I.  P.  104,  rapport  de  M.  Quicherat  sur  des  communica- 
tions de  M.  Cournaut  concernant  :  une  couronne  d'or  et  un  bracelet  d'or  prove- 
nant des  tumulus  d'Alsace  et  aujourd'hui  au  musée  de  Colmar,  le  refuge  de 
Chaté  (Meuse)  et  un  groupe  de  pierre  qui  représente  un  cavalier  terrassant  un 
personnage  fantastique  (musée  d'Epinal).  —  P.  164,  communication  de 
M.  Deloye  sur  un  cippe  inédit  du  musée  d'Avignon  où  se  trouve  la  dédicace 
ALBORiCB  (cf.  ALBORiGi).  —  P-  235,  discours  pronoucé  par  M.  Chabouillet  à  la 
séance  générale  des  Sociétés  savantes,  le  3  avril  1875.  Nous  signalerons  dans 
ce  discours  ce  qui  concerne  le  mot  esmus,  p.  238*239,  les  monuments  dits  celti- 
ques d'Afrique,  p.  24$,  le  temple  de  Mercure  dumiates,  p.  248-2 s 5.  — P.  350, 
compte-rendu, par  M.  Chabouillet,des  lectures  faites  à  la  section  d'archéologie.  On 
y  remarque,  p.  384-388,  une  savante  dissertation  sur  Solima^  SoUmara  ci Solima- 
riaca,  M.  Chabouillet  proteste  avec  raison  contre  la  manie  des  étymologies  chez 
des  travailleurs  pleins  de  bonne  volonté,  mais  trop  hardis,  comme  M.  Ragon 
qui  a  inventé  le  mot  gaulois  aggade,  signifiant  «  frontière  1  (p.  3  56)/ comme 
M.  H.  Mathieu  et  M.  Brun  qui  ont  trouvé  une  étymologie  celtique  au  nom  de 
la  ville  de  Nice^  en  grec  Nixaia  (p.  376). 

H.  D'A.  DE  J. 

Revue  AncHÉOLOoiQUE.  —  Janvier  1873.  —  P.  6-21,  abbé  Duchesne:  Une 
invasion  gauloise  en  Macédoine,  en  l'an  '  118  avant  J.-C.  (Publication  d'une 
inscription  grecque  inédite,  trouvée  près  de  Salonique,  qui  fournit  un  nouveau 
document  pour  l'histoire  des  Gaulois  Scordisques.)  —  P.  30-42,  R.  Mowat*: 
Note  sur  un  groupe  d'inscriptions  relatives  au  culte  de  Mercure  en  Gaule, 
cf.  post-scriptum  dans  le  n»  de  février,  p.  131;  (malgré  son  titre  modeste  de 
note,  cet  article  est  une  étude  approfondie  où  l'auteur  a  réuni  tous  les  faits  rela- 
tif au  culte  de  Mercure  Arverne).  —P.  32-57.  H.  d'Arbois  de  Jubainville.  Les 
Tamh'ou  et  les  Celtes.  (M.  d'A.  de  J.  combat  l'identification  de  ces  deux 
peuples  proposée  précédemment  par  M.  Devéria,  parce  que  d'après  lut  les 
Celtes  n'auraient  pas  traversé  les  Pyrénées  plus  de  600  ans  avant  notre  ère  ; 
ils  n'auraient,  par  conséquent,  pas  pu  passer  en  Afrique  mille  ans  plus  tôt,  date 


I  )4  PiriodUlues, 

des  monumeots  Egyptiens  où  il  est  question  des  Tamahou.  Ceux-ci  seraient  des 
<  Lybiens  ».  Mais  que  faut-il  entendre  par  ce  nom  qui  désigne  incontestablement 
une  race  blonde  et  septentrionale  étrangère  à  l'Afrique,  et  par  conséquent  Euro- 
péenne? Il  faut  aussi  tenir  compte  des  noms  de  fleuve  de  la  Mauritanie  identifiés 
ici  même  par  M.  Pictet  comme  gaulois).  —  P.  89.  La  chronique  mentionne  la 
découverte  d'antiquités  dans  les  terrains  de  l'ancienne  source  à  Bourbonne-les- 
Bains,  et  entre  autres  une  inscription  BORVONI  ET  DAMONAE.  —  Février. 
P.  78.  Le  Men.  ;  l'emplacement  de  Vorgium,  découverte  de  Vorgium  (Carhaix); 
article  important  pour  la  géographie  Gallo-Romaine  de  la  Bretagne,  avril.  — 
P.  244-253.  AI.  Bertrand  :  Le  Casque  de  Berru,  (étude  sur  un  casque  récem- 
ment découvert  dans  une  tombe  probablement  gauloise,  remarquable  par  sa 
forme  conique  et  par  son  ornementation).  —  Mai  :  p.  281-303.  Al.  Bertrand. 
Les  Gaulois,  avec  un  post-scriptum  dans  le  n'  de  juin,  p.  391-394  (expose  sur 
l'ethnographie  et  l'histoire  de  la  race  gauloise  des  théories  que  nous  aurons 
l'occasion  d'exposer  et  de  discuter  quand  paraîtra  l'ouvrage  annoncé  de 
M.  Bertrand,  ArchiologU  Celtiqm  et  Gauloise.  Disons  dès  aujourd'hui  que  M.  B. 
apporte  des  faits  archéologiques  très-importants  et  dont  les  historiens  devront 
tenir  compte).  —  P.  325-329,  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Vasso-Galcti  :  (Dis- 
sertation ingénieuse  sur  le  nom  Galate^  mais  qui  ne  prouve  pas  qu'on  ait  ce  nom 
dans  le  terme  mythologique,  titre  de  l'article).  — Juillet^  p.  4-18  :  H.  d'Arbois 
de  Jubainville  :  Les  Celtes,  les  Galates,  les  Gaulois  (observation  sur  l'article  pré- 
cité de  M.  Bertrand  ;  l'hypothèse  d'un  Ambigatos  Biturix  (p.  7)  nous  semble  peu 
vraisemblable.  Il  ne  nous  paraît  pas  non  plus  vraisemblable  que  le  Druidisme  ait 
été  apporté  de  Bretagne  en  Gaule,  comme  le  pense  M.  d'A.  de  J.  avec  César. 
M.  d'A.  de  J.  traite  avec  détails  et  nombreuses  citations  la  question  du  sens 
historique  des  mots  Galli  et  FaXàtai.)  —  Septembre,  p.  138-142,  0.  Monte- 
lius  :  Les  rochers  sculptés  de  la  Suède  ;  cet  article  se  continue  dans  le  n*  d'oc- 
tobre^ p.  205-210;  articles  descriptifs  avec  gravures.  —  143-146.  Paul  du 
Chatellier,  Tumulus  de  Renongat  en  Plovan  (Finistère),  reproduction  de  l'article 
du  Bulletin  Monumental  mentionné  plus  bas.  —  171 -173,  A.  Castan  :  Les 
Déesses-Mères  en  Séquanie,  avec  gravure  (note  sur  un  morceau  de  sculpture 
découvert  en  1875  à  Besançon  et  représentant  deux  femmes  où  M.  Castan  croit 
reconnaître  des  Déesses-Mères).  —  Octobre,  p.  211-223  :  H.  d'Arbois  de 
Jubainville.  Les  Liguses,  vulgairement  dits  Ligures  ;  ce  travail  se  continue  dans 
les  n"  de  novembre  et  de  décembre.  II  doit  former  le  ch.  VU  de  la  2'  partie 
d'un  livre  encore  inédit  de  M.  d'A.  de  J.,  intitulé  les  premiers  habitants  de  l'Eu" 
rope,  (Taprh  les  auteurs  de  Pantiquité.  —  P.  246-258,  Al.  Bertrand  :  Rapport 
sur  les  questions  Archéologiques  discutées  au  Congrès  de  Stockolm;  ce  rapport 
se  continue  dans  les  n**  de  novembre  et  décembre,  il  a  également  été  publié  dans 
les  Archives  des  missions  scientifiques  et  littéraires  (traite  plus  particulièrement 
des  origines  de  la  civilisation  Scandinave  et  de  la  question  de  l'introduction  des 
métaux  en  Europe).  —  P.  264.  Nous  trouvons  dans  la  chronique  le  texte 
d'une  inscription  d'un  autel  votif,  trouvé  par  M.  BuUiot  à  Monthelon,  près 
Autun  : 


Piriodiijues,  135 

DEOAPOL 

UNIGRAN 

NOAMAR 

COLITAN 

VERANVS 

TILANDE 

VSLM 
Décembre  359-372,  R.  Mowat  :  Le  temple  Vasso-GalaU  des  Arvernes  et  la 
Dédicace  Mtrcurio  Vassocalui  :  (M.  M.  donne  en  fac-similé  la  lecture  du  nom  du 
temple  Arverne  dans  tous  les  manuscrits  de  Grégoire  de  Tours,  et  un  dessin  de 
l'inscription  de  Bittburg  d'où  il  résulte  qu'il  faut  lire  Vassocaleù  et  non  Vasso» 
Calai,  M.  M.  émet  Thypothèse  trés-vraisemblable  que  dans  Grégoire  de  Tours 
Vasso  Cûlatc  est  employé  et  compris  comme  nom  de  lieu  :  c'est  ainsi  que  nous 
disons  Notre-Dame,  les  Petits-Pères,  etc.  Mais  il  nous  semble  difficile  de  séparer 
le  Vasso-Calate  de  Grégoire  de  Tours  du  Vassocaleù  de  l'inscription  de  Bittburg. 
La  première  forme  ne  peut  être  qu'une  déformation  de  la  seconde,  par  fausse 
analogie,  soit  chez  le  peuple  à  l'époque  où  écrivait  Grégoire,  soit  chez  Grégoire 
lui-même.)  —  P.  383-387,  J.  deWitte:  le  Dieu  Tricéphale  Gaulois.  (Plusieurs 
monuments  gaulois  représentent  un  personnage  barbu  et  âgé,  à  triple  visage. 
M.  de  Witte  le  rattache  au  mythe  de  Géryon,  précédemment  étudié  par  lui.) 

H.  G. 

BuLLBnir  MONUMENTAL,  OU  collectiou  de  mémoires  sur  les  monuments  histo- 
riques de  France.  Tours,  Bouserez  (Paris,  Dumoulin).  Un  numéro  paraît  toutes 
les  six  semaines.  Prix  de  l'abonnement  :  1 5  fr.  par  an  pour  la  France,  18  fr. 
pour  l'étranger.  —  Cette  revue  est  l'organe  de  la  Société  française  d'Archéo- 
logie fondée  par  l'actif  et  regretté  M.  de  Caumont  ;  elle  est  maintenant  publiée 
par  le  nouveau  directeur  de  la  Société,  M.  Léon  Palastre. 

5«  sér.,  t.  III  (4i«  de  la  collection),  n»  i.  —  P.  24-39  :  Huart,  Recueil 
d'inscriptions  inédites  du  musée  d'Arles;  inscriptions  funéraires  de  l'époque 
Gallo-Romaine.  —  P.  86-95,  article  de  M.  Mowat  sur  les  Monuments  épigrà- 
pkiqius  de  Bavai^  de  M.  Ern.  Desjardins  (cf.  Rcv.  Celt.^  II,  256);  M.  Mowat 
propose  quelques  corrections  aux  lectures  des  marques  de  potier  de  Bavai.  — 
Id.,  n*  2.  —  P.  128-134  :  Huart,  recueil  d'inscriptions  inédites  du  musée 
d'Arles  (fin;  inscriptions  chrétiennes).  —  Id.,  n®  6,  p.  557-568:  Mowat, 
lettre  à  M.  A.  de  Longpérier  sur  la  restitution  de  la  statue  colossale  de  Mer- 
cure, exécutée  par  Zénodore  pour  les  Arvernes  (forme  un  utile  complément  aux 
articles  publiés  par  M.  Mowat  dans  la  Revue  Archéologique  sur  le  culte  de  Mer- 
cure en  Gaule).  M.  Mowat  publie  une  nouvelle  inscription  du  Mercure  Arverne 
découverte  il  y  a  quelques  années  dans  les  environs  de  Ru  remonde  (Hollande)  : 

MERCVRIO 
ARVERNO 
D  harri.  D.  IRMIDIVS 

AR.  PO.  EV. 


I  )6  Ptrioiiqius. 

Mercnrio  Arverno  D(ecinius  Irmidius  ar(atn)  po(suit)  e(x)  v(oto).  L'in- 
térêt que  présente  le  monument  ne  réside  pas  uniquement  dans  cette  inscription. 
Trois  de  ses  faces  sont  ornées  de  bas-reliefs  que  décrit  M.  Mowat.  M.  M.  pense 
que  l'attitude  donnée  au  Dieu  sur  le  bas-relief  est  celle  de  la  statue  faite  par 
Zénodore. 

Id.,  n^  7.  —  P.  ^89-600  :  Huart,  inscriptions  inédites  du  musée  d'Arles 
(supplément  ;  donne  les  inscriptions  des  marques  de  potier  de  ce  musée). 

$•  sér.,  t.  IV  (42'  de  la  coll.),  n*  2.  —  P.  loi-i  14  :  Paul  Du  Chatellier, 
fouilles  des  tumulus  de  Plovan  (Finistère).  Une  des  pierres  formant  paroi  d'une 
chambre  dans  le  tumulus  de  Renongat  porte  des  figures  gravées  ;  elle  est  repré- 
sentée dans  une  gravure.  L'auteur  dit  à  ce  propos  :  «  Cette  pierre  est,  je  crois, 
jusqu'à  ce  jour,  la  seule  dans  les  monuments  mégalithiques  du  Finistère  qui  pré- 
sente des  figures  gravées^  et  elle  a  cela  de  remarquable  que,  trouvée  sur  le  lit- 
toral, elle  vient  confirmer  l'observation  faite  dans  le  Morbihan,  où  on  ne  cite 
pas  un  seul  dolmen  éloigné  de  la  côte  sur  lequel  on  ait  remarqué  des  ornemen- 
tations ou  des  signes  lapidaires.  > 

La  Société  française  d'Archéologie  tient  tous  les  ans  un  Congrès  dans  les 
différentes  villes  de  France,  et  chacun  de  ces  congrès  fournit  une  occasion  d'in- 
ventorier et  d'étudier  les  monuments  de  la  région,  et  donne  lieu  à  un  gros  volume. 

Voici  les  principaux  articles,  relatifs  à  nos  études,  que  renferme  le  volume  du 
congrès  de  Châteauroux,  tenu  en  1873  :  Les  monuments  celtiques  de  l'arrondis- 
sement du  Blanc,  par  M.  l'abbé  Voisin.  Comme  beaucoup  d'écrivains  de  pro- 
vince, l'auteur,  au  lieu  de  s'en  tenir  à  un  inventaire  sobre  et  précis  des  monu- 
ments qu'il  décrit,  croit  devoir  traiter  la  question  des  monuments  de  pierre  en 
général  III  y  a  là  bien  des  pages  inutiles).  Le  Bronze  dans  l'Ouest  de  l'Europe  aux 
temps  préhistoriques,  par  M.  de  Cessac;  —  des  marges,  mardellesou  margelles, 
par  M.  Guillard;  —  Recueil  des  inscriptions  Gallo- Romaines  des  départements 
du  Cher,  de  l'Indre,  d'Indre-et-Loire,  de  Loir-et-Cher  et  *de  la  Nièvre,  par 
M.  Buhot  de  Kersers;  —  Note  à  propos  d'une  statuette  chinoise  trouvée  à 
Argenton,  par  M.  l'abbé  Voisin.  Cette  statuette  aurait  été  trouvée  dans  des 
substructions  Gallo-Romaines  (?)  ;  non-seulement  on  n'en  donne  pas  la  représen- 
tation, mais  la  note  de  M.  l'abbé  Voisin  ne  contient  pas  une  seule  ligne  de  des- 
cription! Elle  se  borne  à  des  considérations  générales  sur  les  relations  des 
Chinois  avec  les  Romains).  Une  œuvre  aussi  ancienne  de  l'art  chinois  serait  fort 
curieuse.  Une  découverte  de  ce  genre  manque  à  Y  Antiquaire  ^t  Walter  Scott. 

Le  volume  de  la  41*  session  tenue  à  Agen  et  à  Toulouse  en  1874,  contient, 
entre  autres  articles,  les  suivants  :  Antiquités  Gallo-Romaines  du  département 
de  Lot-et-Garonne,  par  M.  Tholin  ;  —  Mémoire  sur  les  ouvrages  de  fortifica- 
tion des  oppidum  Gaulois  de  Murcens,  d'Uxellodunum  et  de  l'Impernal  (Luzech) 
situés  dans  le  département  du  Lot;  —  Collection  de  M.  le  baron  d'Agos,  à 
Tibiran,  Hautes-Pyrénées  (cette  collection  est  riche  en  monuments  épigra- 
phiques,  et  particulièrement  en  inscriptions  votives).  —  Ce  volume  contient 
aussi  divers  articles  sur  les  voies  romaines  et  sur  une  borne  milliaire  de  la  région. 

Que  le  Directeur  de  la  Société  française  d'Archéologie  nous  permette  de  lui 


Périodiques.  i  ^7 

demander  de  donner  à  la  fin  de  chacun  de  ces  volumes  une  table  qui  permette 
de  retrouver  dans  tout  le  volume  les  diverses  classes  d'antiquités  y-mentionnées. 
Cette  table  se  composerait  d'articles  comme  :  temples  Gallo-Romains,  statues 
de  divinités,  bornes  milliaires,  inscriptions,  etc.  Pour  se  rendre  compte  de  ce 
que  contiennent  les  volumes,  on  est  forcé  de  les  feuilleter  de  la  première 
page  à  la  dernière.  La  vie  de  Térudit  est  courte;  il  faut  autant  que  possible  lui 
faciliter  la  besogne.  H.  G. 

Revue  de  l'Instruction  publique  en  Belgique.  —  Nouv.  sér.,  t.  XVIII, 
6«  livraison,  p.  408-41 1.  Godefroi  Kurth  :  Quelle  est  Fétymologie  d' Arduenna ? 
—  Il  faut  que  la  Grammatica  Celtica  n'ait  pas  encore  pénétré  en  Belgique  pour 
que  des  étymologies  comme  celles  de  M.  Godefroi  Kurth  trouvent  place  dans 
un  recueil  aussi  estimable.  «  Le  Celtique  nous  offre  le  mot  gwenn  qui  signifie 
marécage^  flaque  i'tau  (sic  I)  et  en  prenant  ar  pour  l'article,  nous  trouverons 
que  Ardtnnt  signifie  k  marais^  comme  Armoriqat  signifie  le  rivage.  >  Quant  à 
Fagne  et  à  Vun,  M.  K.  les  rattache  directement  à  son  gwenn  «  marécage.  » 
Nous  renvoyons  l'écrivain  belge  à  Zeuss  et  aux  Mémoires  de  la  Société  de  Un- 
gmtique. 

Bulletin  de  la  Sogiété  d'Anthbopolooie  de  PAnis,  séances  des  18  no- 
vembre et  2  décembre  (875  :  Sur  les  origines  des  Bohémiens  ou  Tsiganes,  les 
Tsiganes  de  l'âge  du  bronze,  par  M.  Paul  Bataillard,  avec  une  réponse  de 
M.  Gabriel  de  Mortillet  (a  été  tiré  à  part  en  une  brochure  de  48  pages  in-8<',. 
en  vente  à  la  librairie  Leroux).  Dans  le  cours  de  ses  études  sur  les  Tsiganes  ou 
Bohémiens,  M.  Bataillard  est  venu  à  penser  que  ceux-ci  ne  sont  pas  arrivés 
en  Europe  seulement  au  moyen-âge,  comme  on  le  croit  généralement,  mais  qu'ils 
y  existaient  dès  l'antiquité.  Il  émet  l'hypothèse  que  ce  sont  peut-être  eux  qui 
ont  introduit  les  métaux  dans  l'Europe  occidentale  et  septentrionale.  Plusieurs 
archéologues  pensent  que  le  bronze  est  en  Europe  une  importation  étrangère, 
l'un  le  faisant  venir  du  Caucase,  l'autre  de  l'Inde,  etc.  Dans  l'opinion  de  M.  B., 
c'est  par  l'entremise  des  Tsiganes  que  cette  importation  aurait  eu  lieu.  M.  B. 
donne  des  détails  sur  le  commerce  et  les  pérégrinations  des  Tsiganes  contempo- 
rains qui  sont  d'autant  plus  intéressants  que  dans  ce  peuple  resté  primitif,  ils 
montrent  une  vie  nomade  toute  primitive,  et  un  mode  de  rapports  internationaux 
dont  seuls  ils  ont  conservé  la  tradition.  H.  G. 


CHRONIQUE. 


M.  Renan  sur  Tréguier.  —  M.  Whitley  Stokes  et  TAcad^mie  d'Irlande.  — 
M.  Eug.  Mùntz  sur  Torigine  de  rentre-lacs  irlandais.  —  Projet  de  recueil  sur 
la  Numismatique  gauloise.  ~  Cours  de  philologie  celtioue  dans  les  Univer- 
sités allemandes.  —  La  chaire  de  philologie  galloise  à  I  Université  d*Abem- 
twyth.  —  La  philologie  celtique  à  Oxford  ;  —  et  à  Edimbourg.  —  Les 
revenants  et  les  gendarmes  à  Lanmeur.  —  Un  académicien  français  sur  Tile 
de  Man.  —  Un  projet  de  revue  de  mythologie  française.  —  La  bibliographie 
de  la  Gaule  de  M.  Ruelle. 


Dans  son  n*  du  15  mars  1876,  la  Revue  des  Deux-Mondes  a  publié,  sous  le 
titre  de  Souvenirs  d'Enfance^  le  Broyeur  de  lin^  une  charmante  étude  de  mœurs 
bretonnes,  signée  du  nom  de  M.  Renan.  Cest  une  bonne  fortune  pour  les  amis 
de  la  poésie  celtique,  quand  l'éminent  écrivain  se  repose  de  ses  grands  travaux 
dans  le  pays  et  dans  les  sobvenirs  de  son  enfance.  Nos  lecteurs  nous  sauront 
gré  de  reproduire  ici  le  tableau  de  la  ville  de  Tréguier  : 

Tréguier,  ma  ville  natale,  est  un  ancien  monastère  fondé  dans  les  dernières 
années  du  v*  siècle  par  saint  Tudwal  ou  Tuai,  un  des  chefs  religieux  de  ces 
grandes  émigrations  qui  portèrent  dans  la  péninsule  armoricaine  le  nom,  la  race 
et  les  institutions  religieuses  de  Ttle  de  Bretagne.  Une  forte  couleur  monacale 
était  \t  trait  dominant  de  ce  christianisme  britannique.  Il  n'y  avait  pas  d'évèques, 
au  moins  parmi  les  émigrés.  Leur  premier  soin,  après  leur  arrivée  sur  le  sol  de 
la  péninsule  hospitalière,  dont  la  côte  septentrionale  devait  être  alors  très-peu 
peuplée,  fut  d'établir  de  grands  couvents  dont  Tabbé  exerçait  sur  les  populations 
environnantes  la  cure  pastorale.  Un  cercle  sacré  d'une  ou  deux  lieues,  qu'on 
appelait  le  minifù^  entourait  le  monastère  et  jouissait  des  plus  précieuses 
immunités. 

Les  monastères,  en  langue  bretonne,  s'appelaient  pabu^  du  nom  des  moines 
ipapœ).  Le  monastère  de  Tréguier  s'appelait  ainsi  Pabu-Tual,  Il  fut  le  centre 
religieux  de  toute  la  partie  de  la  péninsule  qui  s'avance  vers  le  nord.  Les 
monastères  analogues  de  Saint-Paul  de  Léon,  de  Saint-Brieuc,  de  Saint-Malo, 
de  Saint-Samson,  près  de  Dol,  jouaient  sur  toute  la  côte  un  rôle  du  même 
genre.  Ils  avaient,  si  on  peut  s'exprimer  ainsi,  leur  diocèse  ;  on  ignorait  com- 
plètement dans  ces  contrées  séparées  du  reste  de  la  chrétienté  le  pouvoir  de 


Chronique»  1 39 

Rome  et  les  institutions  religieuses  qui  régnaient  dans  le  monde  latin,  en  parti- 
culier dans  les  villes  gallo-romaines  de  Rennes  et  de  Nantes,  situées  tout  .près 
delà. 

Quand  Noménoé,  au  ix«  siècle,  organisa  pour  la  première  fois  d'une  manière 
un  peu  régulière  cette  société  d'émigrés  à  demi  sauvages,  et  créa  le  duché  de 
Bretagne  en  réunissant  au  pays  qui  parlait  breton  la  marche  de  Bretagru,  établie 
par  les  carlovingiens  pour  contenir  les  pillards  de  l'ouest,  il  sentit  le  besoin 
d'étendre  à  son  duché  l'organisation  religieuse  du  reste  du  monde.  Il  voulut  que 
la  côte  du  nord  eût  des  évèques,  comme  les  pays  de  Rennes,  de  Nantes  et  de 
Vannes.  Pour  cela,  il  érigea  en  évèchés  les  grands  monastères  de  Saint-Paul  de 
Léon,  de  Tréguier,  de  Saint-Brieuc,  de  Saint-Malo,  de  Dol.  Il  eût  bien  voulu 
aussi  avoir  un  archevêque  et  former  ainsi  une  province  ecclésiastique  à  part.  On 
employa  toutes  les  pieuses  fraudes  pour  prouver  que  saint  Samson  avait  été 
métropolitain  ;  mais  les  cadres  de  l'église  universelle  étaient  déjà  trop  arrêtés 
pour  qu'une  telle  intrusion  pût  réussir,  et  les  nouveaux  évêchés  furent  obligés 
de  s'agréger  à  la  province  gallo-romaine  la  plus  voisine,  celle  de  Tours. 

Le  sens  de  ces  origines  obscures  se  perdit  avec  le  temps.  De  ce  nom  de  Pabu" 
Tuai,  Papa-Tual,  retrouvé,  dit-on,  sur  d'anciens  vitraux,  on  conclut  que  saint 
Tudwal  avait  été  pape.  On  trouva  la  chose  toute  simple.  Saint  Tudwal  fit  le 
voyage  de  Rome;  c'était  un  ecclésiastique  si  exemplaire  que  naturellement  les 
cardinaux,  ayant  fait  sa  connaissance,  le  choisirent  pour  le  siège  vacant.  De 
pareilles  choses  arrivent  tous  les  jours...  Les  personnes  pieuses  de  Tréguier 
étaient  très-fières  du  pontificat  de  leur  saint  patron.  Les  ecclésiastiques  modérés 
avouaient  cependant  qu'il  était  difficile  de  reconnaître  dans  les  listes  papales  le 
pontife  qui  avant  son  élection  s'était  appelé  Tudwal. 

Il  se  forma  naturellement  une  petite  ville  autour  de  l'évêché  ;  mais  la  ville 
laïque,  n'ayant  pas  d'autre  raison  d'être  que  l'église,  ne  se  développa  guère.  Le 
port  resta  insignifiant  ;  il  ne  se  constitua  pas  de  bourgeoisie  aisée.  Une  admi- 
rable cathédrale  s'éleva  vers  la  fin  du  xur  siècle  ;  les  couvents  pullulèrent  à 
partir  du  xyii<'.  Des  rues  entières  étaient  formées  des  longs  et  hauts  murs  de  ces 
demeures  cloîtrées.  L'évêché^  belle  construction  du  xvii<»  siècle,  et  quelques 
hôtels  de  chanoines  étaient  les  seules  maisons  civilement  habitables.  Au  bas  de 
la  ville,  à  l'entrée  de  la  grand'rue,  flanquée  de  constructions  en  tourelles,  se 
groupaient  quelques  auberges  destinées  aux  gens  de  mer. 

Ce  n'est  que  peu  de  temps  avant  la  révolution  qu'une  petite  noblesse  s'établit 
à  côté  de  l'évêché  ;  elle  venait  en  grande  partie  des  campagnes  voisines.  La 
Bretagne  a  eu  deux  noblesses  bien  distinctes.  L'une  a  dû  son  titre  au  roi  de 
France,  et  a  montré  au  plus  haut  degré  les  défauts  et  les  qualités  ordinaires  de 
la  noblesse  française  ;  l'autre  était  d'origine  celtique  et  vraiment  bretonne.  Cette 
dernière  comprenait,  dès  l'époque  de  l'invasion,  les  chefs  de  paroisse,  les  pre- 
miers du  peuple,  de  même  race  que  lui,  possédant  par  héritage  le  droit  de 
marcher  à  sa  tète  et  de  le  représenter.  Rien  de  plus  respectable  que  ce  noble  de 
campagne  quand  il  restait  paysan,  étranger  à  l'intrigue  et  au  souci  de  s'enrichir; 
mats  quand  il  venait  à  la  ville,  il  perdait  presque  toutes  ses  qualités,  et  ne 


140  Chronûiue. 

contribuait  plus  que  médiocrement  à  l'éducation  intellectuelle  et  morale  du 
pays. 

La  révolution,  pour  ce  nid  de  prêtres  et  de  moines,  fut  en  apparence  un  arrêt 
de  mort.  Le  dernier  évêque  de  Tréguier  sortit  un  soir  par  une  porte  de  derrière 
du  bois  qui  avoisine  révèché  et  se  réfugia  en  Angleterre.  Le  concordat  supprima 
l'évèché ,  la  pauvre  ville  décapitée  n'eut  pas  même  un  sous-préfet,  on  lui  préféra 
Lannion  et  Guingamp,  villes  plus  profanes,  plus  bourgeoises  ;  mais  de  grandes 
constructions,  aménagées  de  façon  à  ne  pouvoir  servir  qu'à  une  seule  chose, 
reconstituent  presque  toujours  la  chose  pour  laquelle  elles  ont  été  faites.  Au 
moral,  il  est  permis  de  dire  ce  qui  n'est  pas  vrai  au  physique  :  quand  les  creux 
d'une  coquille  sont  très-profonds,  ces  creux  ont  le  pouvoir  de  reformer  l'animal 
qui  s'y  était  moulé.  Les  immenses  édifices  monastiques  de  Tréguier  se  repeu- 
plèrent; l'ancien  séminaire  servit  à  l'établissement  d'un  collège  ecclésiastique 
très-estimé  dans  toute  la  province.  Tréguier,  en  peu  d'années,  redevint  ce  que 
l'avait  fait  saint  TudwaI  treize  cents  ans  auparavant,  une  ville  tout  ecclésiastique^ 
étrangère  au  commerce,  à  l'industrie,  un  vaste  monastère,  où  nul  bruit  du 
dehors  ne  pénétrait,  où  l'on  appelait  vanité  ce  que  les  autres  hommes  pour- 
suivent,  et  où  ce  que  les  laïques  appellent  chimère  passait  pour  la  seule 
réalité. 

C'est  dans  ce  milieu  que  se  passa  mon  eniiance,  et  j'y  contractai  un  indestruc- 
tible pli.  Cette  cathédrale,  chef-d'œuvre  de  légèreté,  fol  essai  pour  réaliser  en 
granit  un  idéal  impossible,  me  faussa  tout  d'abord.  Les  longues  heures  que  j'y 
passais  ont  été  cause  de  ma  complète  incapacité  pratique.  Ce  paradoxe  architec- 
tural a  fait  de  moi  un  homme  chimérique,  disciple  de  saint  TudwaI,  de  saint 
Iltud  et  de  saint  Cadoc,  dans  un  siècle  où  l'enseignement  de  ces  saints  n'a  plus 
aucune  application.  Je  contractai  de  bonne  heure  contre  la  bourgeoisie  une  anti- 
pathie instinctive,  que  ma  raison  depuis  a  réussi  à  combattre.  Quand  j'allais  à 
Guingamp,' ville  plus  laïque,  et  où  j'avais  des  parents  dans  la  classe  moyenne, 
j'éprouvais  de  l'ennui  et  de  l'embarras.  Là  je  ne  me  plaisais  qu'avec  une  pauvre 
servante  à  qui  je  lisais  des  contes.  J'aspirais  à  revenir  à  ma  vieille  ville  sombre, 
écrasée  par  sa  cathédrale,  mais  où  l'on  sentait  vivre  une  forte  protestation 
contre  tout  ce  qui  est  plat  et  banal.  Je  me  retrouvais  moi-même,  quand  j'avais 
revu  mon  haut  clocher,  la  nef  aiguë,  le  cloître  et  les  tombes  du  xv«  siècle-  qui  y 
sont  couchées  :  je  n'étais  à  l'aise  que  dans  la  compagnie  des  morts,  près  de  ces 
chevaliers,  de  ces  nobles  dames,  dormant  d'un  sommeil  calme,  avec  leurs  le- 
vrettes à  leurs  pieds  et  leurs  grands  flambeaux  de  pierre  à  la  main. 

Les  environs  de  la  ville  présentaient  le  même  caractère  religieux  et  idéal.  On  y 
nageait  en  plein  rêve,  dans  une  atmosphère  aussi  mythologique  au  moins  qu'à 
Bénarès  ou  à  Jaguernat.  L'église  de  Saint-Michel,  d'où  l'on  apercevait  la  pleine 
mer,  avait  été  détruite  par  la  foudre^  et  il  s'y  passait  encore  des  choses  merveil- 
leuses. Le  jeudi  saint,  on  y  conduisait  les  enfants  pour  voir  les  cloches  aller  à 
Rome.  On  nous  bandait  les  yeux,  et  alors  il  était  beau  de  voir  toutes  les  pièces 
du  carillon,  par  ordre  de  grandeur,  de  la  plus  grosse  à  la  plus  petite,  revêtues 
de  la  belle  robe  de  dentelle  brodée  qu'elles  portèrent  le  jour  de  leur  baptême. 


Chràniiiue.  141 

traverser  t'aîr  pour  aller,  en  bourdonnant  gravement,  se  faire  bénir  par  le  pape. 
—  Vis*à-viSy  de  l'autre  côté  de  la  rivière,  était  la  charmante  vallée  du  Tromeur, 
arrosée  par  une  ancienne  divonne  ou  fontaine  sacrée,  que  le  christianisme  sanc- 
tifia en  y  rattachant  le  culte  de  la  Vierge.  La  chapelle  brûla  en  1828  ;  elle  ne 
tarda  pas  à  être  rebâtie,  et  Tancienne  statue  fut  remplacée  par  une  autre  beau- 
coup plus  belle.  On  vit  bien  dans  cette  circonstance  la  fidélité  qui  est  le  fonds 
du  caractère  breton.  La  statue  neuve,  toute  blanche  et  or,  trônant  sur  l'autel 
avec  ses  belles  coiffes  neuves,  ne  recevait  presque  pas  de  prières;  il  fallut  con- 
server dans  un  coin  le  tronc  noir,  calciné  :  tous  les  hommages  allaient  à  celui- 
ci.  En  se  tournant  vers  la  Vierge  neuve,  on  eût  cru  faire  une  infidélité  à  la  vieille. 

Saint  Yves  était  l'objet  d'un  culte  encore  plus  populaire.  Le  digne  patron  des 
avocats  est  né  dans  le  minihi  de  Tréguier,  et  sa  petite  église  y  est  entourée 
d'une  grande  vénération.  Ce  défenseur  des  pauvres,  des  veuves,  des  orphelins, 
est  devenu  dans  le  pays  le  grand  justicier,  le  redresseur  de  torts.  En  l'adjurant 
avec  certaines  formules,  dans  sa  mystérieuse  chapelle  de  Saint-Yves-de-la- Vérité, 
contre  un  ennemi  dont  on  est  victime,  en  lui  disant  ;  «  Tu  étais  juste  de  ton 
vivant,  montre  que  tu  l'es  encore,  »  on  est  sûr  que  l'ennemi  mourra  dans  l'année. 
Tous  les  délaissés  sont  ses  pupilles.  A  la  mort  de  mon  père,  ma  mère  me  con- 
duisit à  sa  chapelle  et  le  constitua  mon  tuteur.  Je  ne  peux  pas  dire  que  le  bon 
saint  Yves  ait  merveilleusement  géré  mes  affaires,  ni  surtout  qu'il  m'ait  donné 
une  remarquable  entente  de  mes  intérêts  ;  mais  je  lui  dois  mieux  que  cela  ;  il  m'a 
donné  contentement  qui  passe  richesse  et  une  bonne  humeur  naturelle  qui  m'a 
tenu  en  joie  jusqu'à  ce  jour. 

Le  mois  de  mai,  où  tombait  la  fête  de  ce  saint  excellent,  n'était  qu'une  suite 
de  processions  au  minihi  ;  les  paroisses,  précédées  de  leurs  croix  processionnelles, 
se  rencontraient  sur  les  chemins  ;  on  faisait  alors  embrasser  les  croix  en  signe 
d'alliance.  La  veille  de  la  fête,  le  peuple  se  réunissait  le  soir  dans  l'église,  et,  à 
minuit,  le  saint  étendait  le  bras  pour  bénir  l'assistance  prosternée  ;  mais,  s'il 
y  avait  dans  la  foule  un  seul  incrédule  qui  levât  les  yeux  pour  voir  si  le  miracle 
était  réel,  le  saint,  justement  blessé  de  ce  soupçon,  ne  bougeait  pas,  et,  par  la 
faute  du  mécréant,  personne  n'était  béni.  —  Un  cierge  sérieux,  désintéressé, 
honnête,  veillait  à  la  Conservation  de  ces  croyances  avec  assez  d'habileté  pour 
ne  pas  les  affaiblir  et  néanmoins  pour  ne  pas  trop  s'y  compromettre 


*  * 


Dans  notre  avant-dernier  numéro  (t.  II,  p.  430)  nous  avons  publié  une  lettre 
où  M.  Wbitley  Stokes  relevait  de  graves  erreurs  dans  l'édition  lithographique 
du  Lebor  na  huidre,  publiée  sous  les  auspices  de  l'Académie  irlandaise.  Un  peu 
plus  tard,  nous  recevions,  mais  trop  tard  pour  l'insérer  dans  le  n*  8,  ces 
quelques  lignes  de  Corrigenda  : 

Revue  Celtique  II.  430.  The  first  item  of  the  list  of  corrections  of  the 
lithographie  copy  of  Lebar  na  huidre  should  be  omitted.  The  ms.  has 
(erroneously^  of  course)  ahaimsiie.  The  next  item  should  be  foenici 
(with  a  dotted  f)  not  ihotnicu  Per  contra^  add  to  the  list  : 


14^  Chronique, 

69.  b.  41  Facs.  massumé  ms.  massumé  ^if  it  be  I.' 

70.  b.  42   —    dorochar  —  dorochair  *cccidit.' 

In  69.  b.  41  there  is  a  stroke  over  the  m  as  given  in  the  focsimile; 
but  it  is  in  quite  modem  ink,  and  should  not  bave  been  reproduced. 

W.  S. 

Ces  lignes  mêmes  étaient  composées  quand  nous  reçûmes  de  l'Inde  une  bro- 
chure intitulée  :  Remarks  on  tke  fac-^similes  publishedby  the  Royal  Irish  Academy; 
a  Letter  to  the  Chairman  of  the  Committee  0}  Politt  Literature  and  Antiquitks,  by 
Whitley  Stokbs,  vice-président  of  the  Philological  Society  and  honorary 
member  of  the  German  Oriental  Society,  24  p.  in*8^,  Simla,  1875. 

C'est  une  réplique  à  une  réponse  faite  par  l'Académie  d'Irlande  aux  critiques 
de  M.  Stokes  publiées  par  la  Revue  Celtique,  Cette  réponse  ne  nous  a  pas  été 
adressée,  et  nous  n'avons  pas  à  Paris  occasion  de  la  lire.  Mais,  si  nous  en 
jugeons  par  l'examen  détaillé  auquel  l'a  soumise  M.  Stokes,  c'est  une  bien  pauvre 
défense,  et  en  vérité  l'Académie  d'Irlande  ne  peut,  en  cette  circonstance,  que 
plaider  gui/ry,  ou,  pour  parler  français^  elle  ne  peut  que  demander  le  bénéfice 
des  circonstances  atténuantes. 

M.  Stokes  avait  relevé  vingt  erreurs  dans  l'édition  de  l'académie,  et  pendant 
que  sa  lettre  paraissait  à  Paris  il  nous  arrivait  de  l'Inde  ces  corrigenda  où 
M.  Stokes  retire  sa  critique  sur  le  premier  exemple.  II  avait,  dans  la  copie  ma. 
nuscrite  faite  pendant  son  dernier  séjour  en  Europe,  confondu  une  correction 
conjecturale  avec  la  reproduction  fidèle  du  ms.  L'erreur  est  excusable,  et  on  peut 
seulement  s'étonner  qu'elle  ne  soit  pas  plus  fréquente.  La  situation  est  en  effet 
curieuse  :  c'est  du  fond  de  l'Inde  qu'arrivent  les  corrections  à  l'édition  faite  par 
l'académie  d'Irlande...  d'un  manuscrit  de  Dublin. 

Il  reste  dix-ntu)  exemples.  L'académie,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  le 
comité  nommé  par  elle  pour  examiner  la  question,  admet  l'erreur  expressément 
dans  dix  et  virtuellement  dans  quatre  autres,  et  à  part  deux  autres  cas  où  il  y  a 
malentendu  entre  M.  Stokes  et  T Académie,  il  reste  trois  exemples  seulement 
(37^,  42;  5i<},  33;  1)36,  15)  où  l'académie  maintient  ses  lectures  devant  les 
lectures  de  M.  Stokes. 

On  voit  ce  qu'il  reste  de  cette  réponse,  et  encore  dans  ces  trois  cas  le  comité 
de  l'académie  se  borne-t-il  à  opposer  son  opinion  à  celle  de  M.  Stokes.  Aussi, 
pour  trancher  définitivement  la  question,  M.  Stokes  fait-il  appel  à  un  arbitrage, 
mais  à  l'arbitrage  de  personnes  compétentes,  hors  d'Irlande,  de  celtistes  pa- 
léographes, a  Let  the  committre  then,  dit-il,  hâve  photographs  made  (at  my 
expence)  of  the  pages  of  Lebor  na  huidre  in  which  thèse  three  occur  ;  let  them 
send  (at  my  expense)  a  copy  of  each  of  thèse  pages  to  Professor  Ebel, 
M.  Bradshaw,  Chevalier  Nigra,  Professor  Windisch,  and  Mr.  Rhys;  and  let 
them  agrée  (as  I  will  agrée)  to  be  bound  by  the  décision  of  thèse  accomplished 
scholars.  »  Et  dans  une  lettre  particulière  (où  il  ajoutait  à  ces  noms  celui  de 
M.  Hennessy,  omis  aujourd'hui  parce  que  M.  Stokes  propose  des  arbitres  non- 
irlandais)  il  disait  de  plus  avec  une  juste  fierté  :  «  to  their  judgment  I  would 
yield  —  but  only  to  theirs.  » 


Chrmque.  143 

Outre  les  corrections  qu'il  avait  douoées  comme  certaines,  -«  parce  qu'il 
pouvait  comparer  Tédition  de  Tacadémie  à  sa  propre  copie  de  passages  relevés 
par  lui-même  dans  le  manuscrit  de  Dublin,  —  M.  Stokes  en  donnait  deux 
antres,  non  vérifiées,  disait-il,  puisqu'il  n'a  pas  le  ms.  à  sa  disposition  dans 
l'Inde,  mais  que  lui  suggérait  une, lecture  attentive  de  l'édition  imprimée.  A  ces 
deux  corrections,  M.  Stokes  en  ajoute  aujourd'hui  cmt  vingt-neuf,  c'est-à-dire 
qu'il  les  accumule  en  telle  abondance  que  la  place  nous  manque  pour  les  repro- 
duire ici.  Au  surplus,  les  savants  spécialement  intéressés  à  ces  textes  en  question 
pourront  se  référer  à  cette  collection  d'errata  que  M.  Stokes  ajoute  libéralement 
aux  textes  irlandais  de  l'Académie  d'Irlande.  En  effet,  M.  Stokes  termine  sa 
brochure  par  un  appendice  contenant  deux  cent  trois  corrections  au  fac-similé 
d'un  autre  ms.,du  LeborBrecc,  également  publié  par  l'académie  de  Dublin.  Encore 
remarque-t-il  qu'il  ne  relève  pas  la  plupart  des  fautes  commises  par  les  fac- 
similistes  dans  les  mots  latins!  M.  Stokes  ne  nie  pas  que  quelqu'une  des  erreurs 
qu'il  relève  n'ait  pu  être  commise  par  les  vieux  scribes;  mais  dans  les  mss.  qu'il 
a  personnellement  étudiés,  il  a  si  rarement  rencontré  ceux-ci  en  faute  qu'il  ne 
peut  mettre  toutes  ces  erreurs  à  leur  compte  que  sur  le  verdict  d'un  jury  com- 
pétent. 

Une  liste  de  ving^  erreurs,  publiée  par  M.  Stokes  dans  notre  recueil,  avait 
ému  l'Académie  d'Irlande  et,  représentée  par  son  a  Comité  de  littérature  »,  elle 
était  descendue  dans  l'arène  de  la  polémique.  On  voit  ce  qu'elle  y  a  gagné  1 


On  sait  à  combien  de  théories  différentes  a  donné  lieu  l'origine  de  l'ornemea- 
tation  si  curieuse  qui  est  connue  sous  le  nom  d'entrelacs  et  dont  les  mss.  irlan- 
dais et  anglo-saxons  nous  offrent  des  spécimens  si  nombreux  et  si  brillants.  On 
lui  a  donné  tour  à  tour  pour  berceau  la  Germanie,  les  Iles  Britanniques,  l'O- 
rient, etc. 

Un  de  nos  amis,  M.  E.  Mûntz,  qui  prépare  une  histoire  des  mosaïques  chré- 
tiennes en  Italie,  nous  écrit  de  Rome  que  les  recherches  auxquelles  'i\  se  livre 
depuis  longtemps  sur  ce  problème  l'ont  amené  à  rattacher  directement  Tentrelacs 
des  Germains  ou  des  Celtes  à  l'art  romain  et  d'une  manière  plus  spéciale  à  la 
peinture  en  mosaïque.  Dès  le  premier  siècle  de  notre  ère,  c'est-à-dire  à  une  date 
de  beaucoup  antérieure  à  celle  des  bijoux  germaniques  décrits  par  M.  Linden- 
schmidt,  ce  motif  figure  à  Pompéi  dans  plusieurs  pavements  en  «opus  vermicu- 
latum  »  (dans  la  maison  du  Sanglier  ce  pavement  est  encore  en  place).  Mais  il 
n'y  est  pas  encore  employé  d'une  manière  systématique,  comme  il  le  sera  plus 
tard.  En  effet,  d'âge  en  âge  la  vogue  de  ce  motif  d'ornementation  va  croissant  ; 
à  l'époque  du  triomphe  du  christianisme  il  est  devenu,  d'un  bout  de  l'empire  à 
l'autre,  l'accompagnement  obligé  de  tous  les  ouvrages  du  genre  de  ceux  dont  il 
vient  d'être  question.  Désormais  plus  de  mosaïque  en  Italie,  dans  les  Gaules,  en 
Espagne,  etc.,  dans  laquelle  n'intervienne  cet  ornement  si  singulier.  On  rencontre 
même  des  pavements  qui  sont  composés  en  entier  d'entrelacs  et  où  les  combi« 
naisons  de  lignes  ne  sont  guère  moins  savantes  et  moins  compliquées  que  celles 


144  Chronique. 

inventées  par  les  calligraphes  des  manuscrits  deKellsetdeDurham.  Ce  qui  tend 
au  surplus  à  prouver  combien  étaient  profondes  les  racines  par  lesquelles  ce  style 
se  rattachait  à  l'art  romain,  c'est  que  non-seulement  on  le  voit  se  maintenir  en 
Italie  dans  les  mosaïques-pavements  du  moyen  âge,  mais  encore  y  envahir,  aux 
approches  de  Tère  carolingienne,  un  domaine  bien  plus  considérable,  la  sculpture 
en  pierre. 

M.  Muntz  a  réuni  à  ce  sujet  des  documents  aussi  nombreux  que  concluants 
et  nous  espérons  qu'il  traitera  la  question  avec  plus  de  détails  dans  un  des  pro- 
chains numéros  de  la  Revue  Celtique. 


* 


Nous  empruntons  au  Journal  officiel  Tannonce  suivante  d'un  répertoire  de 
la  Numismatique  gauloise,  dont  on  prépare  la  publication  : 

c  Le  Ministre  de  l'Instruction  Publique,  des  Cultes  et  des  Beaux-Arts  a 
décidé  la  publication  d'un  ouvrage  destiné  à  tenir  une  place  importante  parmi 
les  livres  d'archéologie  mis  par  le  gouvernement  français  à  la  disposition  des 
savants  pour  fournir  à  leurs  études  de  précieux  et  nombreux  documents.  Il  s'agit 
d'un  recueil  qui  comprendra  l'ensemble  de  la  numismatique  gauloise. 

«  L'ouvrage  projeté  se  composera  de  deux  parties.  La  première  sera  le 
Catalogue  raisonné  et  méthodique  de  la  collection  des  monnaies  gauloises  du 
Cabinet  de  France,  à  la  Bibliotnèque  Nationale.  Cette  série  est  unique  aujour* 
d'hui  depuis  qu'à  l'ancien  fonds  sont  venues  se  joindre  d'abord  !a  suite  donnée 
par  le  duc  de  Luynes,  ensuite  la  magnifique  collection  de  M.  de  Saulcy,  acquise 
en  1873  P^i*  un  vote  spécial  de  l'Assemblée  Nationale. 

«  Le  Catalogue,  rédigé  sous  la  direction  de  M.  Chabouillet,  conservateur, 
par  M.  Muret,  employé  au  département  des  Médailles  et  Antiques  de  la  Biblio- 
thèque Nationale,  est  précédé  d'une  introduction  dans  laquelle  l'auteur  présente 
un  essai  de  classification,  fruit  de  ses  propres  études^  qui  complète  les  travaux 
antérieurs  de  MM.  de  Saulcy,  Ch.  Robert,  Hucher,  A.  de  Barthélémy,  etc.  II 
est  inutile  d'insister  ici  sur  l'intérêt  qui  s'attache  à  ces  monuments,  témoignages 
authentiques  des  mœurs  et  de  la  civilisation  de  la  race  gauloise  dont  notre 
époque  cherche  à  reconstituer  l'histoire  sous  son  véritable  jour. 

c  La  seconde  partie  comprendra  un  texte  explicatif  et  de  nombreux  dessins 
exécutés  par  M.  Ch.  Robert,  membre  de  l'Institut,  d'après  les  pièces  originales 
qu'il  a  pu  retrouver.  Ce  recueil  sera  publié  sous  la  surveillance  de  la  commis- 
sion de  la  topographie  des  Gaules,  qui  compte  parmi  ses  membres  les  numismates 
et  les  archéologues  les  plus  spécialement  versés  dans  la  connaissance  des  anti- 
quités et  de  Thistoire  des  Gaulois. 

c  Le  Ministre  fait  un  appel  à  toutes  les  bibliothèques,  à  tous  les  musées  de 
France  et  de  l'étranger,  à  tous  les  possesseurs  de  collections  particulières,  afin 
d'avoir  connaissance  des  pièces  qui  n'existent  pas  dans  la  collection  de  la 
Bibliothèque  Nationale,  ou  qui  ne  sont  pas  représentées  dans  les  cartons  de 
M.  Robert.  Ces  monnaies  viendraient  ainsi,  d'après  de  bonnes  empreintes,  com- 
pléter le  recueil. 


Chronique.  145 

ff  Les  renseignements  ou  documents  devront  être  adressés  à  M.  le  Ministre, 
poar  la  division  des  sciences  et  lettres  (i^r  bureau).  » 


♦  ♦ 


Dans  les  programmes  des  cours  des  Universités  allemandes  pour  le  semestre 
d'hiver  1 87  5-76,  publiés  par  le  Uterarisches  Centralblatt^  nous  trouvons  la  mention 
des  deux  cours  suivants  : 

Berlin.  M.  Ebel  :  Grammaire  de  Tancien  irlandais. 

Strasbourg.  M.  Windisch  :  Grammaire  irlandaise. 

En  ce  qui  concerne  Berlin,  la  mort  de  M.  Ebel  rend  vaine  la  promesse  de  ce 
programme. 


♦  * 


Nous  avons  précédemment  (I,  169  et  II,  287)  annoncé  la  fondation  d'une 
université  galloise  à  Aberystwyth.  Une  chaire  celtique  vient  d*étre  fondée  à  cette 
université  et  elle  a  été  confiée  à  notre  collaborateur  M.  D.  Silvan  Evans,  un  des 
érudits  les  plus  distingués  du  pays  de  Galles;  Il  était  difficile  de  choisir  un 
homme  plus  capable  d'enseigner  aux  étudiants  le  pur  gallois  et  de  les  intéresser 
à  l'histoire  de  leur  langue  et  de  leur  littérature.  C'est  là,  en  effet,  comme  on 
peut  le  penser,  le  but  principal  de  l'enseignement  donné  dans  la  chaire  celtique 
d'Aberystwyth,  ce  qui  n'empêchera  pas  le  savant  professeur  de  faire  de  temps 
à  autre  des  conférences  sur  les  différentes  branches  des  études  celtiques.  Nous 
espérons  que  cette  activité  nouvelle  de  M.  Silvan  Evans  fera  gagner  quelques 
intéressants  articles  à  notre  recueil. 


Nous  empruntons  la  note  suivante  à  notre  confrère  d'Inverness,  le  Celtic 
Magazine,  n*  d'avril  1876,  p.  168:  cDans  une  réunion  tenue  le  7  mars,  il  a  été 
rédigé  un  projet  de  règlement  en  vue  de  pourvoir  à  la  création  d'une  chaire  de 
langues  et  de  littératures  celtiques  à  l'Université  d'Oxford.  Le  principal  et 
les  agrégés  du  collège  de  Jésus  (c'est  le  collège  Gallois  d'Oxford)  ont  offert  une 
somme  annuelle  de  400  livres  (10,000  fr.)  :  une  somme  additionnelle  de 
100  livres  (2,500  fr.)  devrait  être  payée  par  l'Université,  à  moins  qu'elle  ne  soit 
fournie  d'autre  part.  Le  règlement  prévoit  aussi  la  création  du  comité  qui  élirait 
ce  professeur.  Le  professeur  serait  tenu  de  résider  au  siège  de  l'Université  six 
mois  au  moins  par  an,  du  10  octobre  au  i*'  juillet.  Le  professeur  devrait  s'a- 
donner à  l'étude  des  langues,  littératures  et  antiquités  celtiques,  faire  un  cours 
et  instruire  sur  cette  matière  les  membres  de  l'Université.  Il  ne  devra  pas  occu- 
per en  même  temps  aucune  autre  chaire  on  aucun  autre  emploi  dans  l'Univer- 
sité. »  Le  Celtic  Magazine  ajoute  que  la  Grande-Bretagne  aura  bientôt  deux 
chaires  de  philologie  celtique,  la  propagande  de  M.  Blackie  à  Edimbourg  étant 
sur  le  point  d'être  couronnée  de  succès. 

Re9.  Ctlt.  III  10 


I 

146  Chronique. 

Nous  lisons  en  effet  dans  VAtheriéium  du  29  avril  1 876,  que  la  souscription 
provoquée  par  M.  Blackie  pour  fonder  une  chaire  celtique  à  l'Université 
d'Edimbourg,  monte  à  plus  de  8,000  livres  (200,000  fr.).  La  liste  des  souscrip- 
teurs commence  par  la  reine  qui  s'est  inscrite  pour  200  livres  (5,000  fr.).  Dans 
une  réunion  du  Conseil  de  l'Université,  M.  Blackie  a  exprimé  le  ferme  espoir 
que  la  souscription  atteindrait  avant  la  fin  de  l'année  la  somme  demandée  de 
12,000  livres  (300,000  fr.). 


Le  journal  que  dirige  à  Morlaix  notre  ami  M.  Luzel,  le  Morlaisicn,  nous 
apporte,  dans  son  n*  du  6  mai^  l'histoire  de  revenants  que  voici  : 

c  On  sait  que  la  Bretagne  est  la  terre  classique  des  revenants^  et  que  les 
esprits  familiers  y  entretiennent  un  commerce  incessant  avec  les  vivants.  On 
raconte  qu'il  existe  dans  la  ville  de  Lanmeur  une  maison,  d'apparence  fort  res- 
pectable du  reste,  connue  sous  le  nom  de  la  maison  Lavalou,  et  qui  avait,  depuis 
fort  longtemps  déjà,  la  méchante  réputation  d'être  hantée.  Il  y  revenait,  toutes 
les  nuits^  assurait-on,  si  bien  que  les  locataires,  effrayés,  avaient  déguerpi,  les 
uns  après  les  autres.  On  avait  vainement  essayé  tous  les  exorcismes  imaginables 
pour  détruire  le  sort  ;  rien  n'y  faisait.  > 

Comme  on  le  comprend,  cette  mauvaise  réputation  avait  grandement  déprécié 
la  maison,  et  le  propriétaire  auquel  son  immeuble  ne  rapportait  plus  sou  vaillant 
depuis  longtemps  ,  la  laissait  à  un  très-modique  loyer.  Cet  avantage  a  décidé  le 
conseil  général  du  Finistère  à  louer  la  ncaison  Lavalou,  de  préférence  à  toute 
autre,  pour  en  faire  la  caserne  de  gendarmerie  à  Lanmeur.  Les  gens  du  pays  se 
demandent  si  les  revenants  vont  céder  devant  les  gendarmes.  C^ui  sait  ?  il  y  aura 
peut-être  là  par  la  suite  la  matière  d'un  tableau  :  La  latte  du  gendarme  avu 
PEsprit,  pour  faire  pendant  à  la  lutte  de  Jacob  avec  VAiige,  Recommandé  aux 
peintres  1 


«  * 


Bien  des  fois  déjà  on  a  confondu  les  îles  de  Man  et  d'Anglesey  dans  leur 
ancienne  histoire,  par  suite  de  la  similitude  de  leurs  noms  anciens.  Il  est  pour* 
tant  étrange  de  retrouver  aujourd'hui  cette  confusion  à  l'occasion  du  célèbre 
pont  tubulaire  qui  réunit  Anglesey  au  continent  Gallois.  L'étrangeté  est  plus 
grande  encore  quand  ce  quiproquo  se  rencontre  sous  la  plume  d'un  écrivain 
français  qui  passe  pour  connaître  l'Angleterre  mieux  qu'homme  du  monde  et  qui 
porte  même  un  nom  à  moitié  anglais.  C'est  M.  John  {sic)  Lemoinne,  membre  de 
l'Académie  française,  qui,  dans  le  Journal  des  Débats  du  4  mai  1876,  parlant  dn 
titre  d'impératrice  des  Indes,  pris  par  la  reine  Victoria,  ajoute  :  «  Toutes  les 
autorités  coloniales  devront  être  nommées  dans  la  même  forme  ;  et  mieux  encore 
les  îles  de  la  Manche,  et  même  la  petite  lie  de  Man,  qui  est  reliée  à  V Angleterre  par 
un  pont,  ne  faisant  pas  partie  officiellement  du  Royaume-Uni,  seront  soumises  à 
la  même  formule.  *  Si  ce  pont  existait,  ce  serait  vraiment  une  des  merveilles  du 
monde,  car  l'île  de  Man  est  à  50  kilomètres  du  continent  de  la  Grande-Bretagne  I 


Chronique,  147 

En  rendant  compte  du  beau  livre  de  M.  Mannhardt,  nous  disions  plus  haut 
(p.  x2i):  c  Laisserons-nous  aux  Allemands  le  soin  de  faire  ce  qui  est  notre 
oeuvre  ?  Nous  leur  devons  la  Grammatica  Ctltica  ;  leur  devrons-nous  encore  la 
Mythologiû  Ccllica^  >  Nous  sommes  heureux  d'annoncer  à  nos  lecteurs  que 
l'hiver  prochain  verra  se  fonder  à  Paris  une  revue  de  mythologie  qui  s'occupera 
plus  spécialement  de  la  mythologie  et  du  folk-Ion  des  provinces  de  France,  sans 
négliger  le  monde  étranger.  Sa  tâche  principale  sera  de  recueillir  et  de  publier 
tout  ce  qui  existe  en  France,  de  traditions,  légendes,  contes,  poésies  et  usages 
populaires.  —  Nous  donnerons  plus  de  détails  sur  cette  entreprise  dans  notre 
prochain  n<>. 


•  • 


Nos  lecteurs  trouveront  encarté  dans  ce  n*  le  prospectus  de  la  Bibliographie 

générale  de  la  Gaule  que  prépare  M.  Ruelle.  Ils  savent  que  le  manuscrit  de  cet 

ouvrage  a  été  couronné  par  l'Institut  (cf.  Re»,  Celt,,  II,  433).  Son  titre  seul  le 

recommande  aux  personnes  qui  s'occupent  d'études  celtiques:  ce  sera  pour 

dles  un  précieux  instrument  de  travail. 

H.  Gaidoz. 


NÉCROLOGIE. 


M.  Evander  W.  Evans,  peu  connu  en  Europe,  surtout  sur  le  continent 
d'Europe,  était  un  celtiste  éminent,  comme  on  peut  voir  par  quelques  articles 
de  philologie  galloise  qu'il  a  récemment  donnés  à  VArchaologia  Cambrcnsis  (sur 
ces  articles  voir  Rev.  Celt.,  t.  II,  p.  134,  279  et  418).  M.  Evans  était  né  en 
Galles,  en  1827,  à  LIangyvelach,  dans  le  comté  deGlamorgan,  mais  il  n'avait 
que  cinq  ans  lorsque  ses  parents  émigrèrent  aux  Etats-Unis,  comme  tant  de  leurs 
compatriotes.  Sa  vie  s'est  passée  presque  entièrement  en  Amérique.  Elève  de  la 
célèbre  université  américaine  connue  sous  le  nom  de  Yale  Collège,  il  prit  l'en- 
seignement comme  carrière,  et  il  était  professeur  de  mathématiques  à  l'Université 
Comell,  à  Ithaque,  état  de  New- York,  quand  il  mourut  le  22  mai  1874. 

M.  Jean  O'Beirne  Crowb,  mort  le  13  décembre  1874  à  Dublin,  était  né  en 
1833  près  de  Gong,  dans  le  comté  de  Galway,  dans  une  des  parties  les  plus 
irlandaises  de  l'Irlande,  et  il  parlait  l'irlandais  comme  langue  maternelle.  Après 
de  brillantes  études  à  l'Université  de  la  Reine  à  Belfast,  il  fut  chargé  en  1854 
on  1855,  lorsque  l'on  créa  des  chaires  de  littérature  celtique  dans  les  trois 
collèges  de  l'Université  de  la  Reine  (à  Bel£aist,  à  Cork  et  à  Galway),  de  la  chaire 


148  Nécrologie, 

de  Galway.  Crowe  remplit  cet  emploi  jusqu*en  1863,  date  â  laquelle  ces  chaires 
furent  supprimées,  et  dès  lors  il  vécut  à  Dublin* de  cette  vie  accidentée  qu'on 
désigne  à  Paris  du  nom  de  «vie  de  Bohème  •.  Crowe  était  doué  d'une  intelligence 
vive  et  facile,  et  ses  publications,  encore  assez  rares,  où  M.  Whitley  Stokes  a 
relevé  plus  d'une  erreur,  montrent  qu'il  aurait  pu  donner  à  son  pays  un  érudit 
éminent  si  une  volonté  ferme  avait  réglé  sa  vie  et  inspiré  ses  travaux.  Notre 
rôle  d'historien  véridique  nous  force  de  dire  que  sa  fin  a  été  analogue  à  celle  de 
notre  pauvre  ami  Lottner  :  ce  sont  des  habitudes  invétérées  d'intempérance  qui 
ont  tué  O'Beirne  Crowe.  Un  bienveillant  correspondant  nous  adresse  la  liste  des 
publications  de  Crowe,  de  simples  brochures  pour  la  plupart.  Nous  ne  con- 
naissons les  deux  premières  que  par  cette  liste  : 

The  Swan  of  the  Boyne^  Dublin.  Nous  ignorons  la  date  de  cet  essai,  une  des 
premières  productions  de  Crowe,  qui,  nous  dit-on^  traitait  de  l'utilité  d'une 
étude  méthodique  de  la  littérature  irlandaise. 

The  Cùtholic  University  and  the  Irish  Langaage^  Dublin  1854. 

Scela  na  Esergi^from  Lebor  na  Lfidre^  with  a  literal  translation  ^  Dublin^  186$. 

Dam  Liac  (Duleek)  ;  its  origin  and  meaning,  Dublin  1866. 

The  Amra  Cholum  Chilli  of  Dallan  Forgail  ...  with  a  literal  translation.,,^ 
Dublin,  1872  ;  ouvrage  qui  devait  être  continué,  mais  que  la  mort  de  l'auteur 
laisse  incomplet. 

A  cette  liste  il  faut  ajouter  plusieurs  articles,  la  plupart  publications  de  textes 
mythologiques,  dans  le  Journal  of  the  Royal  Historical  and  Archaological  Associa- 
tion of  Ireland  de  1870  à  1874. 

Lorsque  dans  la  précédente  livraison  nous  imprimions  ce  travail  de  M.  Ebel 
sur  le  Glossaire  d'O  Davoren,  travail  de  forme  aride,  mais  qui  dénote  une  si 
merveilleuse  connaissance  de  la  littérature  irlandaise,  nous  étions  loin  de  penser 
que  ce  devait  être  la  dernière  œuvre  de  notre  nouveau  et  illustre  collaborateur. 
La  mort  de  M.  Ebel  est  un  événement  douloureux  à  bien  des  égards  :  Il  est 
triste  de  voir  un  homme,  longtemps  confiné  dans  un  poste  de  l'enseignement 
secondaire  au-dessous  de  son  mérite,  disparaître  au  moment  où  justice  est  enfin 
rendue  à  son  talent  et  quand  une  carrière  digne  de  lui  s'ouvre  devant  ses  pas. 
C'est  en  même  temps  un  malheur  pour  nos  études,  qui  devaient  tant  à  M.  Ebel, 
de  le  perdre  au  moment  où  en  pleine  possession  d'une  érudition  lentement 
acquise  et  depuis  peu  professeur  à  l'Université  de  Berlin,  il  inaugurait  sur  le 
continent  d'Europe  l'enseignement  de  la  philologie  celtique. 

M.  Hermann-Guillaume  Euel  était  né  à  Berlin,  le  10  mai  1820.  Ses  goûts 
le  portaient  vers  la  musique,  à  laquelle  il  se  serait  consacré  s'il  n'avait  dû^  par 
condescendance  pour  sa  famille,  embrasser  une  carrière  plus  sérieuse.  Il  resta 
musicien  à  ses  heures  de  loisir  et  composa  même  des  morceaux  de  musique. 
Après  avoir  fait  ses  études  classiques  au  Gymnase  du  Cloitre-Gris  à  Berlin,  il 
étudia  aux  Universités  de  Berlin  et  de  Halle.  .11  enseigna  successivement  dans 
deux  gymnases,  puis  en  1852  il  entra  au  Paedagogium  du  D'  Beheim-Schwartz- 
bach  i  Ostrova,  près  Filehne,  dans  la  province  de  Posen.  Il  profita  de  ce  séjour 


Nécrologie,  149 

dans  an  pays  slave  pour  se  familiariser  avec  les  langues  slaves,  et  plusieurs  arti- 
cles de  philologie  slave  publiés  par  lui  dans  la  Revue  de  M.  Kuhn  témoignent 
de  ses  connaissances  à  cet  égard  ;  on  peut  aussi  le  voir  par  les  pages  que  dans 
son  édition  de  la  Grammatica  Celtica  il  a  consacrées  à  la  ieraiio,  introduisant  dans 
la  philologie  celtique  un  terme  de  la  philologie  slave.  Ce  n'est  du  reste  qu'après 
avoir  abordé  les  différentes  branches  de  la  grammaire  comparée  des  langues  indo- 
européennes  qu'il  se  consacra  tout  spécialement  au  celtique. 

En  1858  il  passa  professeur  au  Progymnase*  municipal  de  Schneidemûhl, 
également  dans  la  province  de  Posen,  et  il  occupa  quatorze  ans  cette  modeste 
situation,  alors  que  la  réputation  due  à  ses  travaux  l'avait  déjà  fait  Pégal  des 
professeurs  d'université.  Enfin  en  1873  il  fut  appelé  à  l'Université  de  Berlin  où 
il  occupa  la  chaire  de  Bopp,  la  chaire  de  grammaire  comparée  des  langues  indo- 
européennes. Il  pouvait  désormais  se  consacrer  tout  entier  aux  études  qu'il 
poursuivait  depuis  longtemps.  C'est  donc  au  moment  où  la  science  attendait  le 
plus  de  lui  qu'il  a  été  enlevé  par  une  mort  soudaine,  le  19  août  1875,  à  Misdroy, 
bain  de  la  mer  Baltique,  près  de  Stettin,  où  il  passait  ses  vacances. 

A  part  quelques  programmes  de  gymnase,  un  sur  les  mots  d'origine  étrangère 
dans  la  langue  allemande  (18  $6)  et  d'autres  incorporés  dans  son  édition  de  la 
Grammatica  Ctlika,  à  part  cette  édition  même,  presque  tous  ses  travaux  phi* 
lologiques  ont  paru  dans  les  Revues  de  M.  Kuhn,  la  Zcitschrift  et  les  Beitragc 
fur  vcrgUichende  Sprachforschung,  Ces  recueils  sont  trop  connus  des  philologues 
pour  qu'il  soit  nécessaire  de  donner  ici  la  longue  listedes  articles  de  M.  E.  Les  plus 
anciens  de  ses  articles  celtiques  ont  été  traduits  en  anglais  en  1863  par  M.  W. 
K.  Sullivan,  de  Dublin,  et  k  la  suite  de  cette  traduction  qui  avait  fait  connaître 
son  nom  en  Irlande,  il  avait  été  pommé  membre  honoraire  de  T Académie  irlan- 
daise. Mais  l'œuvre  principale  de  sa  vie  a  été  la  refonte  de  la  Grammatica  Celtica 
dont  M.  Ebel  a  fait  un  ouvrage  presque  nouveau.  Pour  apprécier  les  mérites 
du  nouvel  éditeur,  le  lecteur  n'a  qu'à  se  reporter  aux  comptes- rend  us  publiés 
dans  le  t.  I  de  cette  revue  par  MM.  Nigra  et  d'Arbois  de  Jubainville.  M.  Ebel 
laisse  en  manuscrit  quelques  travaux  inédits  ou  inachevés,  entre  autres  un 
dictionnaire  de  l'ancien  irlandais;  nous  avons  lieu  de  croire  qu'ils  seront  publiés 
par  des  mains  compétentes. 

Le  Rév,  J.-D.  Lester,  professeur  au  collège  de  Wellington  à  Wokingham, 
dans  le  Berkshire,  mort  le  4  décembre  1875  à  l'âge  de  32  ans,  s'occupait  avec 
ardeur  de  littérature  et  de  philologie  galloise,  quoique  n'étant  pas  gallois  de 
naissance.  Il  avait  écrit  dans  la  Westminster  Review  un  article  sur  le  poète  gallois 
Dafydd  ap  Gwilym,  et  il  préparait  une  traduction  en  vers  anglais  des  prin- 
cipaux morceaux  de  la  poésie  galloise. 

L'homme  que  M.  Whitley  Stokes  avait  si  poétiquement  et  si  justement 
appelé  e  l'Etoile  du  matin  de  la  Philologie  Celtique  »  (The  Mornîng  Star  of 

t .  On  appelle  en  Allemagne  «  progymnase  >  un  collège  qui  ne  comprend  pas  les  classes 
supérieures. 


1 50  Nécrologie. 

Ccltic  Pkilology)^  M.  Adolphe  Pjgtet  est  mort  le  20  décembre  1875,  dans  la 
ville  de  Genève,  où  il  était  né  le  11  septembre  1799  :  l'étoile  s'est  couchée  après 
avoir  longtemps  brillé  à  l'horizon.  C'était  un  esprit  ouvert  aux  études  les  plus 
diverses,  aux  mathématiques,  à  la  philosophie,  à  la  linguistique.  Il  avait  débuté 
par  l'enseignement,  continué  par  la  profession  militaire,  et  il  a  terminé  sa  vie 
dans  le  culte  des  lettres  et  de  la  linguistique. 

Il  s'était  retiré  de  l'armée  suisse  avec  le  grade  de  colonel  d'artillerie,  et  il 
avait  assez  approfondi  la  profession  militaire  pour  écrire  un  ouvrage  sur  les 
fusées  de  guerre  et  pour  apporter  des  perfectionnements  à  la  fabrication  des 
obus  à  percussion.  De  ses  goûts  littéraires,  sont  sortis  deux  ouvrages  :  Une 
course  à  Chamounix,  conte  fantastique  (1838)  et  un  livre  d'esthétique  sur  U 
Beau  (1856). 

Les  questions  Celtiques  avaient  attiré  M.  Pictet  dès  sa  jeunesse.  En  1824,  il  pu- 
blia un  volume  du  Culte  des  Cabires  chez  les  anciens  Irlandais,  que  lui-même,  plus  tard, 
fiit  le  premier  à  vouloir  oublier.  Son  œuvre  scientifique  commence  avec  le 
mémoire  où,  en  même  temps  que  Bopp,  il  reconnaissait  l'affinité  des  langues 
celtiques  avec  le  sanscrit  et  les  faisait  rentrer  dans  la  famille  des  langues  Indo- 
Européennes  (1838).  L'apparition  de  la  Grammatica  Celtica  de  Zeuss  renouvela 
son  ardeur  et  il  est  touchant  de  l'entendre  raconter  modestement  au  début  de 
son  second  essai  sur  les  inscriptions  gauloises,  comment  avec  les  matériaux  et  la 
méthode  de  Zeuss,  il  construisit  à  nouveau  les  bases  de  son  instruction  celtique. 
A  partir  de  cette  époque,  ses  principaux  travaux  sont  des  essais  sur  les  inscrip* 
tions  gauloises,  et  les  articles  d'onomatologie  et  de  mythologie  gauloises  qu'il 
donnait  à  la  Revue  Archéologique.  Nos  lecteurs  n'ont  pas  oublié  ceux  qu'il  a 
donnés  à  notre  recueil.  Quand  la  mort  l'a  surpris,  il  préparait  un  grand  ouvrage 
sur  l'onomastique  fluviale  de  la  Gaule  et  des  régions  celtiques,  pour  lequel  il  avait 
accumulé  une  masse  énorme  de  matériaux,  quelques-uns  fournis  par  notre  Com- 
mission de  la  topographie  des  Gaules.  Si  incomplète  que  soit  son  œuvre  manus- 
crite, elle  n'en  a  pas  moins  une  grande  valeur  comme  collection  de  documents 
d'onomastique  et  il  est  bien  désirable  que  ces  documents  soient  confiés  à 
quelque  dépôt  public. 

Le  grand  ouvrage  de  la  carrière  scientifique  de  M.  Pictet  a  été  ses  Origines 
Indo-Européennes  (1864),  grandiose  essai  où  avec  les  données  de  la  grammaire 
comparée  il  reconstruisait  l'histoire  de  la  civilisation  Aryenne.  Dans  les  derniers 
temps  de  sa  vie,  M.  Adolphe  Pictet  préparpit  une  seconde  édition,  ou  pour 
mieux  dire  une  refonte  de  cet  ouvrage.  Ce  travail  est  à  peu  près  achevé,  sauf 
la  préface  que  l'auteur  voulait  écrire  à  nouveau. 

Le  goût  des  études  celtiques  n'était  pas  nouveau  dans  la  famille  Pictet  ;  car 
dans  les  Mémoires  de  P Académie  Celtique  du  commencement  de  ce  siècle,  nous 
trouvons  (t.  III,  p.  477),  une  lettre  d'un  M.  A.  Pictet,  membre  du  Tribunat, 
adressée  à  M.  Eloi  Johanneau,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  Celtique. 
Dans  cette  lettre,  datée  de  Genève,  10  prairial  an  XIII,  M.  A.  Pictet,  peut-être 
le  père  de  notre  linguiste,  remerciait  l'Académie  de  l'avoir  c  agrégé  au  nombre 
de  ses  membres  nationaux  non-résidents.  > 


Nécrologie,  1 5 1 

M.  Richard  Rolt  Brash,  membre  de  l'Académie  royale  d'Irlande  et  de  la 
Société  archéologique  Cambrienne,  né  à  Cork  en  18 17,  mort  le  18  janvier 
1876,  s'occupait  avec  ardeur  de  l'architecture  et  de  l'archéologie  de  l'ancienne 
Irlande,  et  dans  divers  recueils  d'outre-Manche  il  a  consacré  de  nombreux 
articles  à  ces  questions.  Malheureusement  il  s'occupait  des  inscriptions  ogha- 
miques  sans  avoir  en  philologie  des  connaissances  suffisamment  éclairées  :  on 
peut  voir  à  cet  égard  le  jugement  qui  a  été  porté,  ici  même,  sur  plusieurs  de 
ses  articles  de  VArchaologia  Cambrensis  (voir  le  compte- rendu  des  Périodiques). 
En  1874,  il  avait  publié  un  ouvrage  intitulé  :  The  eccUsiastical  Architecture  of 
Irtland  to  the  close  of  the  twelfth  Century. 

L'Irlande  perd  peu  à  peu  lés  hommes  de  cette  héroïque  génération  qui  a  donné 
il  y  a  trente  ans  une  si  vive  impulsion  aux  études  Irlandaises.  Après  O'Donovan, 
après  Pétrie,  après  le  D'  Todd,  Sir  William  Wilde  disparaît  à  son  tour  (né 
en  1815  à  Castlerea,  comté  de  Roscommon,  mort  à  Dublin  le  19  avril  1876). 
Sir  William  Wilde  était  médecin  de  profession  et  s'était  fait  une  brillante  spé- 
cialité de  l'ophthalmologie  :  il  avait  le  titre  c  d'Oculiste  de  la  Reine,  i  Mais 
en  dehors  de  ses  études  professionnelles,  il  s'occupait  avec  ardeur  de  littérature 
et  d'archéologie  irlandaises.  Nous  ne  citerons  ici  que  celles  de  ses  œuvres  qui 
touchent  à  Tabjet  de  notre  Revue  :  Beauties  of  Boync  and  Blackwater  1 849  ;  — 
Irish  popular  Superstitions  (sans  date  ;  un  des  plus  précieux  recueils  de  ce  genre 
et  depuis  longtemps  épuisé)  ;  —  Catalogue  of  the  Antiquities  in  the  Muséum  of  the 
Royal  Irish  Academy  (3  vol.  1857,  1861,  1862),  ouvrage  bien  connu  des 
archéologues  et  moins  un  catalogue  qu'un  traité  sur  les  différentes  classes  d'an- 
tiquités qui  forment  le  musée  de  l'Académie  Royale  d'Irlande).  Sir  William 
Wîlde  a  pris  une  part  active  aux  travaux  du  recensement  en  Irlande  et  donné 
un  certain  nombre  d'articles  aux  Mémoires  de  l'Académie  d'Irlande  et  au  Journal 
de  la  Société  Archéologique  de  Kilkenny.  —  Le  petit  volume  sur  les  supersti- 
tions irlandaises  est  dédié  à  Speranza,  pseudonyme  littéraire  de  la  femme-poète 
si  distinguée  à  tant  d'égards,  qu'avait  épousée  Sir  William  Wilde. 

Nous  apprenons  que  parmi  les  ouvrages  laissés  en  manuscrit  par  Sir  William 
Wilde  se  trouvent  deux  volumes  de  superstitions  populaires  et  un  quatrième 
volume  du  Catalogue  des  Antiquités  du  Musée  de  Dublin. 

A  l'occasion  de  la  mort  de  M.  Ebel,  un  de  nos  amis  d'outre-Manche  nous  a 
conseillé  de  donner  une  nécrologie  rétrospective  de  Zeuss,  pour  qu'on  trouve 
dans  notre  recueil  des  renseignements  biographiques  sur  tous  les  savants  qui  ont 
pris  part  aux  études  celtiques  depuis  leur  renaissance.  Le  manque  de  place 
nous  empêche  d'accéder  aujourd'hui  à  ce  légitime  désir.  Ce  sera  pour  notre 
prochain  n®^  et  nous  donnerons  en  même  temps  une  courte  notice  sur  Gluck. 
Espérons  que  la  mort  chômera  d'ici  là,  et  que  notre  prochaine  nécrologie  sera 
purement  rétrospective.  H.  G. 


ERRATA  DU  PRÉSENT  NUMÉRO  : 

P.  3 1,  I.  12,  au  lieu  de  :  in-mani  —  lire  :  in  ^mani 

—  1.  2 1 ,  au  lieu  de  :  scramhain  —  lire  :  scaramhain 

P.  32,  1.  1 1,  au  lieu  de  :  gallcamhain  'offense'  —  lire  :  gaillMmhain  'offense', 
IV,  205 

—  1.  21,  après  :  oUamhain  'instruction',  —  ajouter  :  IV,  20^ 

—  I.  29,  au  lieu  de  :  rud  'wood'  —  lire  :  rud  *bois*,  I,  266 

—  I.  31,  après  :  raigheanas  'éclat'  —  ajouter  :  I,  264 

P.  47,  dernière  ligne,  au  lieu  de  :  caractères  ordinaires  —  lisez  :  caractères 
romains 


NOUVEAUX  ERRATA  DU  TOME  II. 

P.  360,  1.  I,  au  lieu  de  :  de  l'ouest  —  lire  :  de  Test 
P.  389,  1.  7,  for  'winter*  —  read  'winter-tide* 

—  1.  15,  after  'it'  —  insert  'not' 

P.  391,  1.  2,  for  'this'  —  read  *that* 

—  1.  26,  after  'amongst'  —  insert  'the' 

P.  393,  1.  4,  for  'intercession  with'  —  read  'beseeching  of 

—  1.  29,  for  *go'  —  read  'wend  to  pray' 

P.  39 s,  I.  4  et  8,  for  'grave*  —  read  'burial' 
P.  438,  I.  29,  au  lieu  de  :  ishara  —  lire  :  ishare 
P.  439,  1.  24,  au  lieu  de  :  £avapia<  —  lire  ïauapCo^ 
P.  489,  note,  I.  3,  for  '1876',  —  read  '1875' 
P.  491,  1.  16,  for  Uuba'  —  read  Uuba' 

—  1.  18,  for  'Tetrach'  —  read  'Tethrach' 

—  1.  ?7.  for  'Babds'  —  read  'Badbs' 

—  note  2,  I.  1,  for  Heirach'  —  read  HithracW 

M.  Luzel  nous  prie  d'avertir  nos  lecteurs  que  des  lectures  ultérieures  et  des 
inductions  fortement  motivées,  et  qu'il  serait  trop  long  d'exposer  dans  une  note, 
le  portent  à  croire  que  le  titre  du  conte  qu'il  a  publié  dans  la  livr.  3  de  notre 
tome  II;  page  308  et  suivantes,  devrait  être  :  Lt  Chdteau  de  Verre,  onde  Cristal , 
au  lieu  de  :  Le  Château  Vert. 


Le  gérant:  F.  VIEWEG. 


Imprimerie  Gouverneur,  G.  Daupeley  à  Nogent-le-Rotrou. 


LISTE 


DES    NOMS    SUPPOSÉS    GAULOIS 


TIRÉS   DES   INSCRIPTIONS'. 


L'abréviation  C^  désigne  les  carnets  de  voyage  de  l'auteur  ;  ces  carnets 

seront  déposés  au  Musée  de  Saint-Germain. 


ABELLIONI  (deo).  Musée   de  Toulouse. 
Petits  autels  fabriqués  sur  la  haute  Ga- 
ronne. C»  V.,  p,  29,  J5,  5j. 
Var.  :  ABELIO. 

ABIAMARCIS  (Matronis).  Brambach  63$. 
Prusse  rhénane.  Village  de  Floisdorf. 

ABIANo  etMercuno.  Musée  de  Montpellier. 
Petit  autel  en  terre  cuite  provenant  de 
Substantion.  C  VI,  p.  25. 

ABREVTVBOGIVS,pèrc  de  Ivlia  Bbllorix, 
à  Langres,  chef-lieu  des  Lingons.  Mura- 
tori,  XXII,  5.  —  De  ce  nom,  manifeste- 
ment gaulois,  réditeur  en  a  fait  deux  : 
Abrex-Tvbogivs.  Le  monument  est  perdu. 

ACA,  fille  d'Inosumotus  et  sœur  de  Dibu- 
gios,  à  Vienne  des  Allobr.  Grut.  DCCXVIII, 

7- 
ACAN  éléye  une  amie  au  dieu  Xuban  sur 

la  rive  gauche  de  l'Arbas.  Maintenant 
au  Musée  de  Toulouse.  Cf.  Hûbner.  I.  H. 
L.  4974,  a. 
ACCA,  fiemme.  H&bner.   I.  H.    L.  2808. 

Cf.  ACA. 
ACCI,  ville  de  la  Tarraconaise,  auj.  Guadiz. 
Les  collines  qui  l'entourent,  criblées  de 
cavernes  ayant  servi  jadis  a  l'extraction 


de  Tor,  sont  maintenant  occupées  comme 
demeures  par  les  habitants.  Ce  nom 
antique  peut  être  rapproché  de  notre 
Aquitaine  où  diverses  localités  ont  été 
exploitées  comme  mines  aurifères. 

ACCO,  nom  d'homme  au  nominatif,  à  Gu- 
miel,  en  Espagne,  au  sud  de  Burgos, 
Mur.  MCDLXXVIIII,  12.  —  Hùbn.  3771. 
Cf.  Acco.  B.  G.  VI,  4. 

ACIONNA,  divinité  topique,  au  Musée  d'Or- 
léans. Trouvé  près  de  cette  ville,  à  la 
source  de  TEtuvée. 

V.  Capillus,  fils  d'iUiomarus,  nom  de 
l'auteur  du  monument.  C^  V,  p.  28. 

ADALVS,  nom  propre.  I.  H.  2543.  Cf. 
Adarvs.  C^  XX,  p.  30. 

ADARVS,  père  du  Trévire  C.  Iulius  Pri- 
mus,  cavalier  de  l'aile  Norique,  Trêves. 
C*  XX,  30. 

Cf.  ADALVS. 

ADBOGIVS,   coiNAGi    filius.    Pétrucorien. 

Musée  de  Mannhdm.  Brambach  1230. 
ADBVCIE.  sur  un  autel  à  Sirona  du  Musée 

de  Bordeaux.  C*  XVI,  p.  13.  —  Cf.  ad- 

BOGivs ,  Coinagi  filius  ;  et  Adbvcillvs, 

Caes.  B.  C.  III,  59. 


I.  L'auteur  a  également  donné  dans  cette  liste  des  mots  empruntés  aux  inscriptions 
gauloises. 

Rev,  CtlU  III  1 1 


Liste  des  nonts  supposés  gaulois. 


154 

Ce  mot  est  suivi  de  plusieurs  lettres 

liées,  quipermettraientdelire  Adbvcillvs. 

Des  antiquaires  de  Bordeaux  ont  cru  voir 

Adbvcibtvs,  mais  nous  ne  connaissons, 

en  latin  ni  en  gaulois,  aucun  diminutif 

de  cette  forme. 
ADDO,  sur  un  autel  à  Jupiter.  Apporté 

d'Altripp  au  Musée  de  Spire. 
Nom  d'un  Gaulois  ou  d'un  barbare  de 

la  rive  gauche  du  Rhin. 
AOEBDALVS,    fils    d'Adianton,  à    Bâle. 

Mommsen  lit  Adlbdvs,  qui  serait  trop 

court  de  deux  lettres.  C  X,  p.  29. 
ADEiTVVS,  père  de  Borsvs.  St- Bertrand 

de  Comminges.  Gruter  DCCLXIV,  i. 
ADGENNIVS,  tribun  légionnaire,  juge,  pon- 
tife et  préfet  des  ouvriers  à  Nimes.  Le 

nom  que  porte  ce  Gaulois  romanisé  est 

fort  rare  et  tout  mdique  qu'il  a   son 

origine  dans  la  langue  ancienne  du  pa^s. 
ADGENNONI  (nom  de  femme,  au  dauf). 

Trouvé  près  Novare.  Mur.  DCCLXXIIII, 

2, 
ADGENTII  (nom  d'un  vicus).  Ar^ence  près 

Nimes.  Herzog  partage  cet  avis. 
ADGONNA  (femme).  EXCINCILLA.  Nimes. 

Muratori  1623,  8. 
ADIANTONI    TOVTio.  Stèle  funéraire   de 

Bâle.  Provenant  d'Augusta  Rauracorum. 

C*  X,  p.  29;  Orelli  5060.  Mommsen  284. 
ADLVCCA,  femme.  Muratori  MCCCLIII,  6. 

Brescia. 
ADLVC...  Nom  d'homme  tronqué.  Niort. 

C»  Vil,  p.  19. 
ADNAMATIVS,   nom  de  famille  tiré  du 

celtiaue.  Touvé  sur  une  dalle  funéraire, 

à  Cologne.  Aussi  à  Utrecht,  Br.  52;  et 

au  Musée  de  Stuttgart,  Br.  1623. 
ADNAMATO  (nis),  nom  d'homme.  Carinthie. 

Gruter  DXX,  4.  Cf.  Adnamatus. 
ADNAMTVS,    ADNAMATVS.     Mommsen, 

Mittheilungen  284.  C^  X,  p.   13,   29. 

Orelli  4983.  Cassel  près  Mayence.  Aug. 

Raur.  Musée  de  Bâle. 
Mommsen  ne  connaît  que  la  première 

leçon,  probablement  fautive. 
ADNAMETVS.  Sur  un  cippe  funéraire  du 

musée  de  Bordeaux.  O  XVI,  p.  17. 
ADNATVS,  surnom  du  médiomatrique  Sac- 

conius.  Lyon.  C  XXV,  p.  4. 
ADNEMA,  sœur  de  Parridivs,  fils  de  Par- 

rion,   fils  d'Excingus,   famille  gauloise 

des  Alpes  chez  les  gens  de  Brigantium. 

Gap. 
ADNOMATVS.  Viruni.  Grut.  746,  2. 
ADONEICO  (lovi).  Milan.  Orelli,  561 1. 
ADRONVS,   fils    de    Cbntronvs.    1.     H. 

2430. 
—  fils  de  Vbrotvs,  I.  H.  2519.  Cf.  Vero- 

ulus. 
ADVLVS,  père  de  Carbsvs.  Sur  une  stèle 

funéraire  du  musée  d'Avignon,  C*  XIII, 

p.  20. 


Cf.   Cares,   Carasus,  etc.  Brambach, 

230,  1863. 
ADVOCISI    (génitif),   potier;   Mommsen, 

Insc.  helv.  352,  2. 
AEDVI.  AEDVS.  Eduens.  C*  I,  p.  29  v. 

Musée  d'Autun.  Gruter  371,  8.  C»  XV, 

p.  ^  Musée  deNtmes.  Orell.  5966. 
AETVRA  ANDERGI  f.  1.  H.  2465.  Valcnça 

de  Minho. 
AFLIAE  (Matronae).  Musée   de  Cologne. 

Brambach  338.  C  VIII,  p.  16. 
AGEDILLVS.  I.  B.  1336,  24.   Potier.  Cf, 

AGIDILLVS,  I.  H.  Iborra.  4456. 
AGEIO  (ni  Deo).  C  V,  p.  42.  Provient  de 

Montégut  sur  la  Neste,  Hautes-Pyrénées, 

selon  le  cat.  de  Toulouse. 
AGHO  (ni  deo).  Orelli  19J4.  D'Asca,  près 

Bagnéres-de-Bigorre. 
AGIDILLVS.  I.  H.  4456.  Ebora. 

Cf.  Agedillus.  I.  B.  Camulodunum  et 

Eburacum.  Cf.  Agedicum.  Sens. 
AGIED(icum?),  Musée  du  Louvre. 
AGIOMARVS,   père  de  Biilla.   C«  XVIII, 

p.  33.  Saveme,  Bas- Rhin. 
AGGANAICO  (Jovi).  Tessin.  Orel.  5612. 
AHERBELSTE  (Deo).  Musée  de  Toulouse. 

provient  des  environs  de  Luchon. 
AHOISSVS.  Inscriçt.  de  Rabasteins,  Gers. 

Ce  nom  est  celui  du  père  d'un  Gaulois 

aquitain  qui,  suivant  la  coutume  romaine, 

porte  ces  noms,  Caius,  Octavius,  Faustus. 
Ces  noms  étaient  répétés. 
AIANANDONIS  (femme,   génitif).   Murât. 

in^i  II*  Maifei  247,  5.  De  Torda  en 

Dacie. 
AICOVINDVS     (Rodez).    Cf.     AscoviNDUS 

dans  H.  Martin,  H.  de  France,  t.  Il, 

p.  144. 

Sur  la  stèle,  conservée  à  l'évèché  de 
Rodez,  le  nom  rapporté  ici  est  suivi  du 
mot  SvoiiciiNO  qui  semble  dire  qu'Aico- 
viNDVs  était  originaire  du  pays  de  Sois- 
sons.  Mais  l'Ascovindus  historique  est 
donné  comme  Arverne,  et  nous  n'au- 
rions pas  le  droit  d'identifier  les  deux 
personnages,  lors  même  qu'il  n'y  aurait  pas 
une  légère  différence  entre  les  deux  noms. 

AlONIS,  nom  d'homme  (gén.).  I.H.  2822. 

ALABONTE.  Station  de  la  voie  romaine 
par  la  Durance.  Orell.  5210. 

ALARDOSSI.  Nom  de  divinité  aquitanique. 
Musée  de  Toulouse.  Catal.  n*  161;  C^  V, 
p.  29. 

ALATEIVIAE.  Ex-voto  du  musée  de  Bonn. 
C^  VIII,  p.  33.  Brambach  n«  197. 

ALAVNIVM.  Nom  de  ville  sur  la  route 
longeant  la  Durance.  Vases  des  Aquae 
Apollinares. 

ALAVNVS  (Mercurius).  Musée  de  Mannheim. 
Brambach  n*  171 7. 

ALBARiNOj  ex-voto  trouvé  près  le  Barrou, 
entre  Vaison  et  Carpentras.  Musée  de 
cette  dernière  ville.  O  XVIII,  p.  18. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


ALBIAHENEHIS  (datif),  Musée  de  Cologne. 

O  viii,  p.  42  y. 
ALBIAHENIS  (datif),  nom  de  Matrones  du 

musée  de  Bonn.  O  VIII,  p.  40  et  43. 
ALBiORIGl  (marti).  Autel  provenant  de 

Sablet,  près  Vaison.   Musée  d'Avignon. 

C  XIII.  p.  I?. 
ALDENI  (nom  oe  femme  au  datif),  fille  de 

DoNNivs.  O  V,  p.  46.   Heriog  n«  281. 

Il  suppose  un  datif  Aldbniak,  qui  paraît 

incompatible  avec  le  contexte. 
ALDVOVORIX,   nom   d'homme   séquane. 

Rome.  Gruter  DCCCCXV,  10. 
ALEBA  (Celti  filia).  I.  H.  755. 
ALETANVS  (Pagus).  Herzog  4j\%. 
ALETVS,  nom  d'homme.   I.   H.  733.  Cf. 

ALETANVS. 
ALFIA  LoHisi    filia,  BuUuca    St-Bertrand 

de  Comminges.  Muratori  1622,  8. 
ALISANV,  sur  une  patère  dédiée  par  le 

Gaulois  Doiros  à  une  divinité  topique  de 

ce  nom,  trouvée  aux  environs  de  Dijon. 

Inscr.  en  langue  gauloise. 
ALISIIA,  nom  oe  lieu,  trouvé  à>lise  de 

Bourgogne.  CM,  p.  17  v*.  Inscr.  gau- 
loise. 
ALLEVORIX  (Crappai  fil.).  Nimes.  Gruter 

DCCLIII,  9. 
ALLOBROGES.   Gruter.  Fasti  triumphales. 
ALLOBROX.  Nimes.  Mur.  MCMLXXXIV,  4. 
ALORA  Linusi  (uxor  s.  filia).  Nimes.  Mur. 

MDCCLXXVIII,  I. 
ALOVNIS  (datif).  Divinités  topiques  asso- 
ciées à  Bedaius.  V,  ce  mot. 
ALPIN I,  nom  de  peuple.   Salona.  Gruter 

DLXXIV,  5. 
ALTIAIENSES  vicani.  ALZEI.    Brambach 

877. 
AMBACTHIVS,   nom    d'homme.   Zéeland. 

Bramb.  36. 

AMBADA.  I.  H.  2908,  2909. 

AMBAICVS.  I.  H.  2935. 

AMBATVS,  A.  I.  H.  62  J,  7)8,  2709,  285  J, 

28î6,  28n,  2948,   29JO,   29$  I,  29J6, 

5787,  4024.  Gruter  DCCII,7.  Villar  His- 

pan. 
AMBIANVS,    NA.     Ethnique    de    la    cité 

d'Amiens.  C*  XIX,  p.  14. 

Ex  provinda  Belg.  Or.  4842.  Gruter 

DCCXXVl,  I. 
aMBIDRABVS,  nom  d'homme.  Gruter  520. 

Villach  en  Carinthie. 
AMB1M0GIDVS.  Arcobriga.   Murât.  2049. 

I.  H.  2419.  Charge  d'un  citoyen  d' Ar- 
cobriga ? 
aMBIOMaRCIS  (Matronis).  Brambach  646. 

Prusse  rhénane. 
aMBIRENVS.    luvenci    filius.    Rauraque. 

Orelli,  68  $7. 
AMBIRODACVS.  T.  H.  4306.  Charge  d'un 

citoyen  d'Vxama  ? 
AMBISSOV,  nom  propre  au  gén.  Aiguillon, 

près  Agen.  Orel.  5235. 


Î55 

AMBRIDIVS.  Stèle  funéraire  du  Musée  de 

Nimes.  C^  XIIII.  p.  35. 
AMBRVSSVM,  nom  de  lieu,  entre  Nimes 

et  Montpellier.  Orel.  5210. 
AMMACA,  nom  de  femme,  fille  de  Superus. 

Zulpich.  Bramb.  $38. 
AMMACIACVS  fiindus.  Belley.  C  XI,  p.  18. 
AMMACIVS,  nom  propre  sur  un  autel  à  la 

déesse   Néhalennia.    Musée  de   Leyde. 

Brambach  37.  C  VIII,  p.  3. 
AMMAIA,  nom  d'un  mumcipe,   trouvé  à 

Portalègre.  hvnicip.  ammai.  I.  H.   158. 

—  Surnom  a'une.IvLiA  trouvée  à  Lisbonne. 
I.  H.  5002. 

AMMAVA  (Vlpia).  Brambach,  130. 
AMMAVSIVS,    nom    d'homme,  trouvé    à 

Birken  sur  le  vieux  Rhin.  Brambach  211. 
AMMILLA,  Louvsi  filia.  Chez  M.  Gaillard, 

à  Sens.  Catal.  du  musée,  p*  33. 

—  trouvée  à  Oppenheim,  au-dessus  de  la 
source  sulfureuse  de  Sirona.  Br.  917. 

AMMINVS,  fils  d'AMDAiTiA.  Cappignia  Lu- 

sitanie.  I.  H.  454. 
AMMIA,  mère  d'un  Iulius.  A  Belley. 
AMMIVS,  citoyen  ambien,  au  Musée    de 

Bordeaux.  C'  XIX^  p.  14. 

—  Surnom  d'un  Octavius  découvert  dans 
111e  de  Walcheren.  Brambach,  26. 

AMMO,  nom  propre  d'homme,  au  nomi- 
natif. I.  H.  2797. 
AMVRO,  nom  propre  d'homme.   Camiole. 

Grut.  758,  II. 
ANAELVESVS,  père  de  Citusmus.  C*  XXI, 

p.  3. 
ANAREVITIEOS,  nom  pr.   Inscription  de 

Novarre,  S*  liçne.  C'XI,  p.  7. 
ANAVO,  nom    de   femme  au  nominatif. 

Luxembourg.  Gruter  732,  7. 
ANCONDEI,  nom  de  peuple.  1.  H.  2520. 
ANDAITIA,  père  d'AMMiNVS.  I.  H.  454. 
ANDANGIANIVS.  Sens.  C»  II,  p.  $7. 
ANDARTA  (dba).    Die.  Orelli  19)8.   Mes 

copies  d'après  des  estampages  du  D'Long. 

C  XII,  p.  20,  21. 
D'  Long,  Mém.,  p.  382. 
Herzog,  n*  465.  Long  a  fourni  sept 

mon.  de  la  déesse  ANDARTA  des  Vo- 

conces. 
ANDEBROCIRIX.  Sumom  de  femme  sé- 
quane, inhumée  à  Vienne  (Isère).  Gruter 

921,  2. 
ANDECAMVLENSES ,    nom    de    peuple. 

Rançon.  Orel.  1804.  Grut.  112,6. 
ANDEDVNIS    (génitif).     Nom    d'homme. 

Orelli  5407. 
ANDELOnenses,  d'une  ville  de  Navarre.  I. 

H.  2963. 

ANDERE,  fille   d'ANNIVS,  fils  de  DONOHOX 

et  de  Cal  VA,  fille  de  Cassillvs.   Prove- 
nant de  Martres-Tolosanes.   Musée  de 
Toulouse.  C*  V,  p.  46. 
ANDERGVS  (nom  d'homme).   Valença   do 
Minho.  I.  H.  246$.  Cf.  Inderca. 


156 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


ANDREINE.  I.  H.  9<>2. 

ANDERESENE,  femme  de  Berhus.  Musée 

de  Toulouse.  Provenant  de  Bancougnas- 

Bagnères-de-Lttchon.  Cat.  169. 
ANDEREX,  femme  de  Socondannos  (gén. 

ssis) .  Vallée  d'Oneil,  villagedeCaoubreras. 

Présentement  à  Ludion.  C.  XXI,  p.  26. 
ANDERONI  (lOVi).  I.  H.  2598. 

ANDES,   nom  d'homme.  Cives   Raetinio, 

Dalmatie.  Orel.  5270. 
ANDETRIENSES.    Brambach  1088.  Alias 

Andkriknsks. 
ANDETRIVM,  ville.  Ab  salonis  andktrivm 

viam    Gabinianam    aperuit    (Tiberius). 

Orelli  (276. 
ANDICCVS ,   surnom   d'un    Iulius  de  la 

Narbonaise. 
ANDIOVRVS,  père  de   Muranus,  citoyen 

sequane.  Bramb.  1525. 
ANDOBLATO,  nom  de  femme,  au  nomi- 
natif. Milan.  Orelli  6854. 
ANDOLATIVS  (C).  Gentil.  Nimes.  C*  XIV, 

p.  40  v». 
Autel  à  Nkmavsvs  élevé  par  le  Gaulois 

romanisé  andolativs. 
ANDOROVRI.    Vezenobre    près    Anduze. 


Herzog.  épig.  n"  26). 
►,  fils  de      ■ 
668,  2. 


ANDOSSIO. 


Salisius  (datif).  Gruter 


ANDOSSVS,  fils  de  PiANDOssoNNivs.  Musée 
de  Toulouse.  C*  V,  p.  ^9.  Si.  Bertrand. 
Gruter  DCCLXIIII,  i. 
Surnom  d'Hercule.  Orell.  5916. 

ANDOSTEMVI  (génitif).  Saint- Bertrand. 
Gruter  DCCLXIIII,  i. 

ANDOSTEN,  fils  de  Licinius.  Musée  de 
Toulouse,  provenant  de  der-de- Rivière. 
O  V,  p.  50. 

ANDOVARTONI ,  datif.  Milan.  Grutcr 
859,  6. 

ANDOXPONNI,  datif.  Saint-Bertrand  de 
Gomminges.  Muratori  MCCCII,  $. 

ANDOXVS.  Musée  de  Toulouse,  provenant 
de  Melles.  O  V,  p.  42. 

ANDRADA,  de  Torda ,  en  Dacie.  Mur. 
MDXVI,  II. 

ANDRVSTEHIAE  Matron.  Musée  de  Colo- 
gne. C*  VIII,  p.  14. 

ANDVS,  fils  de  Bellaisis.  Toulouse,  prove- 
nant de  Gan.  C*  V^  p.  44. 

ANDVSIA  (Anduze),  nom  de  ville,  écrit 
avec  plusieurs  autres  sur  la  base  d'une 
colonnette.  Nimes,  Musée.  C^XIV,  p.  10. 

ANNAIVS  DAVERZEvs,  fils  de  Prava,  soldat 
de  la  4*  cohorte  des  Dalmates.  Bramb. 
742. 

ANNAVS,  nom  d'homme,  fils  d'Osedavon. 
de  la  cité  des   Bétases ,    cavalier  de 
l'aile  II  Flavia.  Bramb.  981.C' X,  p.ij. 
Un  Nervien,  dans  Bramb,  937,  s'ap- 
pelle ANNAi  au  génitif. 

AN N  ICO,  nom  de  femme,  au  nominatif, 
fille  de  Mogillon.  Nimes.  C*  XV,  p.  14. 


ANNO  (nom  d'homme,  i*'  cas).  I.  H. 
2752. 

ANOKOBOKIOS,  Inscription  gauloise  de 
Novare  ;  moulage  au  Musée  de  Saint- 
Germain.  O  XI,  p.  7,  1.  5 . 

ANTELVS,  Eburon.  Musée  de  Wiesbaden. 
Brambach  90$. 

ANTVBEL,  surnom  de  Bovrivs.  I.  H.  7 $6. 

ANTVLLVS,  I.  H.  120J,  1301,  1727, 
1728,  1426. 

—  fils  de  Gombttoouatus  à  Mâcon.  O  IV, 
p.  j8. 

ANTVNNACVM.  Ville  sur  la  rive  gauche 
du  Rhin.  Orel.  5236.  Milliaire  de  Ton- 
grès,  maintenant  au  Musée  de  Bruxelles. 

ANVALONNACV,  datif  d'un  nom  divin 
mentionné  sur  une  inscription  en  langue 
gauloise.  Autun.  C*  I,  p.  30. 

APA,  nom  d'homme.  Fréjus.  OreU.  3  $83. 
V.  Appa. 

APEMANTVS.  Rome.  Muratori,  MCDLI, 
10. 

APPA,  père  d'Ambata.  1.  H.  2950. 

APPENNlNO  (lov.  opT.  MAX.).  Rusicade. 
Orell.  5613, 

APTA(Apt).  Aqùaeapoll.  Orell.  5210. 

ARAICA,  fille  d'Araius.  I.  H.  2952. 

ARAIVS,  nom  d'homme,  père  d'ARAicA. 
I.  H.  2952. 

A  RAM  ICI  (Nautae).  Avenche.  C*  X,  p.  47. 

ARANDONICI.  Environs  de  Nimes.  Plâtre 
du  Musée  de  Saint-Germain  envoyé  par 
M.  Aurès. 

ARAR  (La  Saône).  Il  semble,  d'après  Amm. 
Marcellin,  ^ue  la  Saône,  en  latin  Sau- 
conna,  serait  le  véritable  nom  çaulou  de 
cette  rivière,  et  Arar  le  nom  scientifique 
donné  par  les  Grecs. 

ARARDVS  (Deus).    St-Béat.  Orell.  19$ 9. 

ARAVRICA.  Stèle  fiinéraire  trouvée  à  Mun- 
zath,  transportée  à  Bâle.  C  X,  p.  28. 

ARAVSA,  nom  d'homme.  I.  H.  2600.  Cf. 
Arausia. 

ARAVSIO  (Orange).  Nimes.  Orell.  5231. 
C*  XIV,  p.  3. 

ARBA,  tle  dalmate.  Orelli  5275. 

ARCISVS,  ARKNTBRi  fiUus.  I.  H.  733, 
2420. 

ARDA.  Apparitor  ad  Forum  Segusiavorum. 
C»  XXIV,  p.  7. 

ARDACIS  (génitiÇ.  potier;  Musée  de  Bile. 

ARDBINNA  (Dea).  Brambach,  589.  «Ce 
monument  a  été  trouvé  en  février  1859, 
sur  le  côté  droit  de  la  grande  route 
allant  de  Dûren  à  Montjoie,  dans  le  voi- 
sinage de  la  paroisse  de  Gey.  La  distance 
du  lieu  de  la  découverte  à  la  ^ande  route 
est  d'environ  200  pas  et  au  village  de  Gey 
susdit  d'à  peu  près  8  minutes.  »  Brann, 
chez  les  Jésuites  de  Bonn,  avec  lequel  est 
tout-à-fait  d'accord  un  dessin  manuscrit 
donné  à  Brambach  par  un  Père  de  cet 
ordre. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


«57 


ARDOINNA.  Cives  Sabtnos,  Remus.  Rome. 

Orell.  i960. 
ARELATA   (Arles).    Aquae   ApoU.   Orell. 

5210. 

ARENTERVS  (Alctifil.).  1.  H.  7J5. 
AREOBINDVS,  sur  un  dypdque  consulaire; 

Homnisen.  Inscr.  helv.  342,  2. 
ARETE,  dmis  Antistxta.  Metz.  Orell.  2200. 
ARGIOTALVS  Smertulltani  filius,  Namnis. 

Orelli  188.  Mannheim.  Bramb.  891. 
ARIOMANVS,  iLiATi  filius,  Boius.  Gruter 

670,  }. 
ARIONI,   nom   d'homme,    datif.   Gruter 

764,  4- 
ARISTOIDELITES,  fils  de  Regalis.  Musée 

de  Langres.  O  XII,  p.  jy. 
ARNAUA,   surnom   de    Mmerve.    Autun. 

Orell.  1961,  1962. 
ARNEMETICI.  Environs  de  Nîmes.  Plâtre 

envoyé  au  Musée  de  Saint-Germain  par 

M.  Aurès. 
ARPENINO    (deo).    Musée  de   Toulouse. 

Orell.  5872. 
ARRAEOO  (nom  dtiomme,  i*'  cas).  1.  H. 

2826. 
ARRAGENVS.  Gaulois  ou  Lusitanien  trouvé 

à  Cologne,  présentement  au  Musée  de 

cette  ville.  C*  Vlll,  p.  20. 
ARRO  (nom  d'homme  au  nominatiO'  I-  H. 

^73$. 
ARRONIDAECI,    ethnique  pluriel.    I.    H. 

2097. 
ARSACIS  (Matribus)  Cisalpine,  Orell.  2094, 

loco  incerto. 
ARTIONI  (Deae) .  Musée  de  Berne.  Mommsen, 

21$. 
ARVAGASTAE  (Matronae).    Mûddersheim, 

5  lieues  de  Cologne,  Brambach  590. 
ARVATIVS,  surnom  d'un  Batave.  Brambach 

1517-  Cf.  Arvagastae. 
ARVBIANO  (lOVi).  Monaco.  Orell.  5614. 

V.  BEDAIO. 

ARVERNVS,  nom  de  peuple  donné  au 
Mercure  du  Puy-de-Dôme.  C*  VII l, 
p.  44.  C»  VIII,  p.  45.  C*  XXV,  p.  4. 
Brambach,  2$6,  2$7,  593^  1741;  add. 
$029.  Merc.  Arver.  Noric.  trouvé  à 
Miltemberg  sur  le  Mein,  Orell.  587$. 

ARVRANCI  (Nautae)  et  A  RAM  ICI.  Le  pre- 
mier de  ces  deux  noms  semble  répondre 
à  Varurensis  re^o  ;  le  deuxième  manque 
jusqu'ici  d'explication.  Momms.  Mitthei- 
lung.  182. 

ARVRENSIS  (Regio).  Musée  de  Berne, 
statuette,  p.  III  et  p.  $3  du  livret. 

ASANEKOTI.  inscr.  gauloise  de  Novare; 
moulage  du  Musée  de  Saint-Germain. 
O  XI,  p.  7,  1.  7. 

AsarriNivs  rasvco.  zél.  Br.  48. 

ASERGNEHAE  (Mairon.).  Blankenheim. 
Orel.  2082. 

ASIRIO  (nis).  Gaulois,  fils  d'Asirius.  Calvi. 
Mâflèi,  CCCCLXXV,  9. 


ASIRIVS.  Calvi.  MaiFei  CCCCLXXV,  9. 
ASSENIO  (ms),  père  de  Scenus.frambach, 

743- 
ASTOILVNNO  (deo).  St-Béat.  Orell.  1962. 

ASVIO  ?  (us,  a).  Ce  nom  se  trouve  aux 
musées  d'Arles  et  de  Nimes.  A  Nimes  il 
est  accompagné  de  noms  d'un  caractère 
gaulois.  C^XIV,p.  10  V.  C*  XVIII,  p.  2. 

ATAECINA  PROSERPINA  (DEA).  I.  H. 
462. 

ATAEVORTVS,  père  de  Curiu.  Celeia  : 

Gruter,  733,  i. 
ATEBODVVS   Vercombogi   filius.   Gruter, 

758,  II  :  Camie. 
ATDC...  V.  Ebucius.  Bordeaux*  C.  XVI,  p. 

ATECINGVS.  MiUn.  Orelli  6854. 

ATEGNATA      AMVRONIS     f.  ,     MALSONIS     f. 

Gruter,  7j8,  11,  Camiole;  id.,  763,  6. 
Slyrie, 
ATEGNIA.  Nom  d'homme,  père  de  Meddu- 

Snatus.  Musée  d'Epinal  :  Mur.  MLXXXII, 
'après  une  copie  très-incorrecte  de  Bi- 
mard.  —  C*  XXI,  p.  i. 

ATEPILLA.  Nom  d'homme  sur  une  dalle 
funéraire  du  musée  de  Nimes.  C^  XIV, 
p.  10. 

ATEP.  ATEPOMA,  potier;  trouvé  dans  les 
jardins  du  palais  du  Luxembourg.  Grivaud 
de  la  Vincelle.  —  Id.  à  Launeren,  près 
Lausanne;  Inscr.  helv.  p.  92. 

ATEPO  (ni).  Nom  d'homme.  Brambach, 
858. 

ATEPOMARI,  gén.  masc.  Narbonne,  Gruter, 
1046,  9. 

ATIIPOMARVS,  sur  une  dalle  trouvée  à 
Paris;  Musée  archéoi.  T.  1,  p.  34. 

ATEPONIS.  Nom  d'homme  au  génitif. 
Apt,  Murât.  MCCLVIII,  2.  Nimes,  Murât. 
MCCLXXXI,  6. 

ATERTA,  fille  de  Sanuacus,  tombe  autel, 
de  Bordeaux.  C^  XVI,  p.  33. 

ATESMERIO,  nom  de  divinité,  sur  une  base 
en  bronze  trouvée  à  Meaux;  Alm.  de 
Seine-et-Marne,  1874,  p.  82. 

ATESPATVS  (Liviae  Augustae).  Bronze  au 
Louvre,  dessiné  par  moi  en  estampage. 
Même  nom  sur  le  buste  d'Auguste.  Il  est 
fils  de  Crixius. 

Ces  bustes  ont  été  faits  du  vivant  des 
personnages.  Ainsi  les  types  de  lettres 
et  les  points  api>artiennent  aux  premières 
années  de  l'empire,  et  peuvent  vraisem- 
blablement remonter  aux  années  anté- 
rieures. 

ATESSAS  (-atis).  Dalle  funéraire  du  musée 
de  Nimes.  Nom  d'homme.  C^  XIV,  p.  10, 
p.  2.  Orelli  $242.  Bramb.   1023,  1312. 

ATEVLA.    Tombe   plate,    cadre  orné  de 
feuillures ,   du   Musée  de  Bordeaux.  C^ 
XVI,  p.  32. 
Fils  de  Sollius  à  Naix.  Rém.   37.  11. 

ATEVRITVS.  Gruter,  LU,  10. 


ATGETIS.  C»  XVIII, 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


X  P-  î- 
ATHVBODVA.    Tanmges    (Hautfr-Savoie). 

Moulage  à  Saint-<}erinam.  C^  VII,  p.  44. 
—  C'est  l'inscription  où  M.  Pictet  a  réta- 
bli hypothétiquement  Cathubodua. 

ATIOXTVS.  Tombe  de  femme  du  Musée  de 
Bordeaux.  C^  XVI,  p.  8. 

M.  Sansas  donne  une  ATIOXTA  p.  19, 
notes. 

ATlSMARA.Spon.Hist.deGenève.Orel.259. 

ATOCISSA.  Brambach,  1876. 

ATRANTI  (Au^to).  Goritz  sur  l'Isonzo, 
lilyrie.  Orelli  5876. 

ATREBATES,  peuple  de  la  Gaule-Belgique. 
Milliaire  de  Tongres,  Musée  de  Bru- 
xelles, C  II,  p.  27  V*. 

ATRECTVS,  surnom  du  magister  Macirivs 
(du  vicus  honoris),  qui  avec  plusieurs 
autres  Gaulois  d'origine,  éleva  un  autel 
à  Jupiter  en  l'honneur  de  la  Maison  im- 
périale. 

C'est  aussi  l'un  des  noms  d'une  longue 
liste  gauloise  trouvée  dans  le  cercle  de 
Trêves  et  donnée  par  Brambach,  n*  825 . 

ATREGTIVS.  Cassel.  Orell.  4985. 

ATTAE.  Surnom  des  Nymphes  d'Apt.  Petit 
autel  provenant  d'Apt,  au  musée  d'Avi- 
gnon. C^  XIII,  p.  21. 

ATTILLVS.  Brambach,  825,  1342. 

ATTO,  fils  de  TOTIA  LALLA.  C*  XX,  p.  27. 
Brambach,  82$.  Id.,  91  (.  Ibid.  1769. 
V.  les  autres  noms  attonia  Salmanicco 
(^)  Carantvs. 

ATTVCIVS  viCTissvs.  C^  XX,  p.  26. 

ATTVRVS  Matti  filius.  Brambach,  182^ 

ATTVS.  Musée  de  Bonn.  Bram.  760. 

ATTVSIOLA.  Affranchie,  sur  une  stèle 
funéraire  du  Musée  de  Bordeaux.  C^  XIX, 
p.  13. 

ATVNS,  nom  de  f%  fille  de  IVNNA,  f-  de 
lumma. 

ATVRITA.  Stèle  funéraire  du  Musée  de 
Bordeaux.  C*  XVI,  p.  16. 

ATVRO.  Neuwied,  Orel.  988.  Bramb.  692. 

ATVSIRVS.  Grande  tombe  d'un  naute  du 
Rhin,  du  Musée  de  Mayence,  trouvée  à 
Weisenau.  C^  X,  p.  6.  Bramb.  939. 

AVCTOMARVS,  père  de  Magirus.  Gruter, 

733,  »• 
AVDERIENSES.  Gruter,  Mayence,  469,  5. 

AVENNIENSES.  Nom  ethnique  des  habi- 
tants d'Avignon,  sur  un  fragment  de 
bloc.  C^  XIV,  p.  30,  Musée  de  Nimes. 

AVENTIA  (dea).  C»  X,  p.  4$  et  45  v\ 
Murs  du  château  de  Villars,  près  Morat. 

AVENTICVM.  Soleurc,  b"  m",  X,  48. 

AVENTICVM.  C»  X,  p.  30,  48. 

AVETA,  fille  de  Cintugena.  Stèle  funéraire 
du  Musée  de  Bordeaux,  provenant  des 
anciens  murs  de  la  ville.  C  XIX,  p.  2. 

M.  Sansas,  notes,  cite  trois  autres  ins- 
criptions bordelaises  portant  le  même  nom 
Aveta. 


AVFANIAE  (Matronae).  Musée  de  Nimégue. 
Autel  trouvé  en  1628,  à  environ  un 
demi  mille  romain,  sur  le  bord  du  Wahal, 
au-dessous  de  la  ville.  C^  IX,  p.  29. 

Musée  de  Cologne,  O  VIII,  p,  17  v* 
(avfanib). 

Musée  de  Bonn.  Trouvé  sur  la  route 
entre  Commern  et  Zulpich. 

Musée  de  Lyon,  avpanis  Matronis  et 
Matribus  Pannoniorum  et  Dalmatarum. 

AVICANTO  deo.  Nimes.  Orell.  2933. 

AVITIANOMARE.  Sur  une  des  faces  laté- 
rales d'une  stèle  funéraire  portant  sur  sa 
face  antérieure  ce  reste  d'inscription 
FiLiA.  ce  qui  donne  lieu  de  croire  que 
la  déninte  était  fille  du  gaulois  Avitiano- 
MARE,  Musée  de  Dijon.  C.  I,  p.  27. 

AVLERCI  BBVR...  Musée  de  Limoges.  CMI, 
p.  26. 

AVMENAHENAE,  surnom  de  matrones  au 
Musée  de  Cologne.  C*  VI II,  p.  19, 
Brambach,  343,  lit  lENAE  au  lieu  de 

HENAE. 
AVSVCIATES,   pagus  entre  Milan  et  les 

trois  lacs  (pago  Ossuccio). 
AVSVS,  père  de  Vostrvs.  Stèle  funéraire 

trouvée    à    Lisieux ,    boulevard    Pont- 

l'Ëvéque,  maintenant  au  Musée  de  Caen. 

C*  III,  p.  14. 
AVTESSIODVRVS ,    ville     des    Senones. 

Orelli  5215,  trouvée  à  Auxerre.  C^  i, 

p.  30  et  46. 
AVTVNNACVM.  Voyez  ANT. 
AXILLIVS,  l'un  des    habitants   du   Vicus 

Voglannionum^  qui  y   firent  réparer  à 

leurs  frais  un  fourneau  de  cuisine.  Trouvé 

au  village  de  Pallien  sur  la  route  de 

Trêves  à  Liège.   Brambach   796  et   C^ 

XX,  p.  28. 
AXIONN,  père  de  Hannaxvs.   Haut  Com- 

minge.  Musée  de  Toulouse.  C^  V,  p,  40. 
AXSILLIVS  AViTus  sive  Sacrvna.  Sur  un 

autel  au  Génie  des  arénaires,  trouvé  à 

Trêves.  C*  XX,  p.  3 1 . 
AXSINGINEHAE,  Matrones  du  Musée  de 

Cologne.  C*  VIII,  p.  13. 
AXTAC,  mot  gaulois  tiré  d'une  inscription 

sur  bronze  trouvée  au  Vieil-Evreux.  CM  II, 

p.  13  V. 
AXVLA,  fille  de  Cintugenus.  Niche  avec 

figure  en  pied  de  jeune  fille.  Bordeaux, 

O  XVI,  p.  6. 
AXVRl   (Jovi).  Cadienses,  v.    S.   L.    M. 

Herzog,  446.  Trouvé  sur  le  territoire  de 

Mirbel  entre  les  villes  de  Vaison  et  de 

Nyons. 
AZALIl,  peuple  de  Pannonie,  gouverné  par 

le  commandant  de  la  cohorte  I"*  des  Nori- 

3ues,  en  même  temps  préfet  de  la  rive 
u  Danube,  et  des  cités  Boienne  et  Aza- 
lienne.  —  Voir  Gruter  CCCCXC,  2. 

Les  Boîens  étant  Gaulois,  et  les  Aza- 
liens  tout  près  d'eux   sur  la  rive  du 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


Danube,  l'élément  gaulois  se  prolongeant 
d'ailleun  beaucoup  plus  loin  le  long  de 
ce  fleuve,  on  est  porté  à  considérer  ces 
Azaliens  comme  indubitablement  Gaulois 
eux-mêmes. 

BA(X)Nl  (Deo).  Chalon-sur-Saône.  C  XV, 

p.  25. 
BACVRDO    (sacrum).      Cologne.     Crut 
LXXXVI,   9,    10.   Bramb.    385,    386. 
Deux  autels  qm  n'existent  plus. 
BAESERTE  (Deo).  Par  TarDelex,  fils  de 
Harsvs.  Moséede  Toulouse.  C*  V,  p.  $2. 
BAESISCERIS  (génitif).  Oreto.  1.  H. 
P.  Baebius  Venustus. 
P.  Baebi  Veneti  filius. 
P.  Baebi  Babsisciris  nepos,  Oreta- 
nus. 
Pline  (3,  3,  25)  dit  que  les  Oretans 
étaient  surnommés  Germains,  comme 
étant  d'origine  celtique. 
BAETERRAE  (septimanorum).  Aq.  ApoU. 
Orell.  5210.  Musée  de  Mayence.  C^  X, 
p.  2$.  Bramb.  bae.  1153. 
BAETESIVS.    In  viUa   Pamphilia.   Orellt, 

7420  a  TT. 

BAICORRICO  (Deo).  Musée  de  Toulouse. 
C*  V,  p.  40. 

BAIGORIXO  (Deo).  Musée  de  Toulouse.  C 
V,  p.  35.  Trouvé  dans  l'arrondissement 
de  St-GaudenSyOÙ  une  localité  se  nomme 
Baigori. 

BANDIARBARIAICVS  (Deus).   I.  H.,  4$4- 

BANDVA  (Deus).  I.  H.  2498. 

BANIO  (femme,  au  nominatif),  fille  de  Cu- 
calon.  Orel.  4903.  Trouvé  dans  le  vil- 
lage d'Ossuccio,  prés  Milan. 

BAN  IRA  (divinité  topique).  Sur  un  ex-voto, 
à  Malley,  demi-lieue  ouest  de  Lausanne; 
aujourd'hui  au  Musée  de  cette  ville.  C 
X,  p.  32. 

BANONA,  surnom  d'une  Claudia.  Styrie, 
Gratz,  Gruter,  763,  6.  Tombeau  de 
famille  où  la  plupart  des  noms  sont 
Gaulois. 

BANTVRO  surnom  d'un  Carassounius,  sur 
nne  stèle  existant  à  Bâle.  C*  X,  p.  26. 
Mommsen  et  Orelli  sont  d'accord  pour 
écrire  Pantvro,  par  un  p,  ce  nom  où 
j'ai  vu  un  b. 

Banvca,  femme  de  samavs,  fille  de  ma- 
ciAcvs.  Orel.  4900. 

Bambix,  fils  de  Sorus.  Musée  de  Toulouse. 
C^  V.  p.  33  ;  ibid.,  ib.,  p.  36;  affranchi 
de  Publius. 

BARDOMAG...,  vicus  Mediol.  Grut.  CCCG 
XXXXIX,  5. 

BARDVS,  nom  d'homme.  Cattaus  Bardi 
filius  helvetius.  Orell.  68 $8. 

BARHOStS  (gén.  masc).  Musée  de  Tou- 
louse; prov*  de  St-Béat.  C*  V,  p.  29. 

BASCEIANDOSSO  (Deo).  Musée  de  Tou- 
louse. C»  Y,  p.  42. 


M9 

BATA VI,  peuples  de  111e  formée  par  le 
Wahal  et  le  Rhin. 

Civitas  Batavorvm.    Autel  à  Hercule, 
transporté  de  Bois-le-Duc  à  Leyde  :  C^ 
IX,  p.  5,  ce  qui  semble  permettre  de 
placer  Batavodvrvm  à  Bois-le-Duc. 
Civis  Bat  AVI  (gén.).  Or.  7420  a5y. 
Natione  Batavs.  Bramb.  15 17. 
Domo  Batavos.  Bramb.  2003. 

Bbtavos.  Grut.  DXVIIII,  $. 
BATO  BVLI  filius,  eques  alae  Pannoniorum 

Grut.  DXXXIII,  10. 
—  Dasantis   filius,  natione  Ditio,  miles 

Coh.  IV,  Dalmatarum.  Bramb,  741. 
BAVDVAEIOBRICVS.  I.  H.  25 15. 
BEBRICI    DivixiLLAB,    nom    de  femme; 
Virieu-le-Grand;   en   Savoie.  Reinesius, 
XIII,  60. 
BECCO  MoccoNis  filius.  Orelli,  4901.  Pal- 
lanza.  Une  chèvre  est  sculptée  sur  le  dppe. 
BEDAIO  ET  ALOVNIS  luvavia.  Orel.  1964. 
Pareillement  associé  au  Jovis  arvbia- 

NVS. 

BELATVCADRO    (Deo).    Plumpton   Wall, 

Gumberland,  Orell.  5879. 
BELATVGADRVS  (Mars).  Grande-Bretagne. 

Orel.   1965.    1966.   Julius  Aug.    actor 

Juli  Veri  pracf.  5879. 
BELATVLIA,   fille  de  DVNvs.    Carinthie. 

Mur.  2076. 
BELATVLIA   COMIS.    Langres.    C    XII, 

p.  42. 
BELATVLLA   (Terentia).    Grut.  943,    3. 

Mur.  1543,  2.  Spon.  Hist.  de  Genève. 

Trouvée  à  Genève. 
BELATVLLVS.  Brambach.  1336. 
BELaTVLVS.  Surnom  d'un  hastifère  mat- 

tiaque  du  Musée  de  Mayence.  C^  X,p.i  3. 
BELATVMARA  (Saplia).  Bavière.  Orell.497. 
BELENVS    (Deus).     Aquil.    Orell.     1967. 

Apollo.  Orell.  1968. 
BELENUS  ou   BELINUS  APOLLO,  sur  la 

même  feuille,  Gruter,  XXXVl,  11,12^  13, 

14,  15»  »6,  17. 
BHAHCAMI,  déesse.    Datif.    Ex-voto  du 

Musée  d'Avignon,  provenant  de  Vaison. 

C  XIII,  p.  24. 
BELEX  BELEXCONIS  fil.  Musée  de  Tou- 
louse. Orell.  5872. 
BELEXCO,  père  de  Belex.  Musée  de  Tou- 
louse. Orell.  5870. 
BELGICA.  Gruter^  CCCLXXXIX,  2. 
BELGinaies  vicani.  Henzen  :  Belginates,  ce 

3ui  est  une  bonne  interprétation,  le  nom 
e  lieu  étant  Belginum.  Bramb.  864. 

BELISAMA  (Minbrva).  Saint-Bertrand  de 
Comm.  Orel.  1431. 

BELLA,  fille  de  Nertomarus,  Boien  et  de 
Custa  d'Aquincum.  Orel.  68 $7 a.  Genève. 
Veturia  Bella,  G.  714,  4.  • 

BIILLA,  fille  d'AciOMARVS.  C  XVIII,  p.33. 

BELLAISIS ,  père  d'ANDvs.  Musée  de  Tou- 
louse. Tirée  de  Gan.  C  V,  p.  44. 


i6o 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


BELLANCO,  femme.  Gimonis,  Bramb.  641. 

BELLATORIGIS,  f*  gén.  Brambach.  1877. 

BBLLATV,  trouvé  près  d'Autun.  Société 
de  Chalon.  C*  XV,  page  27.  Beliatula, 
Genève.  Mur.  MDXLIII,  2. 

BELLATVLVS,nom  d'homme.  Styrie.  Grut. 
76),  6.  Cf.  BelatuUa  et  Belatullia. 

BBLLICcVS  (SVRBVR).  Brambach  1909. 
Musée  d'Éptnal,  cat.  66  ;  provenant  de 
la  montagne  du  Donon.  Chien  et  loup 
affrontés. 

BELLICIVS  SECCIO.  luvavia.  Orel.  497. 
Mari  de  Bellatumara. 

BELLICVS.  Mayence.  Orell.  2776.  Turin. 
Gruter,  475»  2- 

BELLINVS.  Nom  propre  inscrit  sur  une 
tombe.  Divixti  iilio.  A  la  Bibliothèque  de 
Baie.  C*  X,  p.  27.  (Skxtilivs).  C*  XI, 
p.  16. 

BBLLORIX.  Nom  de  femme.  La  terminai- 
son nx  est  commune  aux  deux  sexes,  il 
y  en  a  plusieurs  exemples.  Ici  Bellorix 
est  une  Julia,  fille  d*Abreutubogius.  Orel. 
XXII,  5. 

BELLOVAcvs  cives,  vienna  Allobrogum. 
Orell.  191. 

BELLVS,  fils  de  Giamius.  Metz.  C  XX, 
p.  I. 

BEMILVCIO  (Deo).  Paris.  Montfaucon. 
Orell.  1970. 

BERGIMVS.  Deos.  Brescia.  Orell.  1971. 
Cénoman,  Orell.  1972. 

BERHAXS.  Tombe  venant  du  territoire  de 
Luchon.  Musée  de  Toulouse,  catalogue 
169. 

BETaSII  ou  BAET.  Peuple.  Ethnique  belge. 
Cavalier  du  musée  ae  Mayence.  C^  X, 
p.  15.  Cohors.  u  BAET.  Orelli,  5672. 

BETVITVS.  Rex  Arvemorum.  Grut.  Fasti 
triumphales,  298,  3. 

BETVDACA ,  fille  de  Matuus,  à  Bordeaux, 
CXVI,  p.  27.  Il  y  a  dans  Sansas,  notes, 
une  autre  femme  du  même  nom,  défigurée 
en  uUfituda^a  =Ivl.bitvdaca,  p.  $6. 

BEVSAS.  Suiti  fil,  Delmata,  mil.  coh.  iiii. 
Brambach.  869.  id.  1621. 

BIAVSIO  (Mbrcvrio).  Brambach,  97. 

BIBIENSES  vicani.  Bramb.  1676. 

BIBRACTI  iDeae].  Luxemb.?  Orel.  1973. 
Un  autre  pareil  a,  dit-on,  été  trouvé  à 
Autun  (cf.  Rev.  Celt.  I,  306). 

BIAIAAANO...  Nom  d'une  localité  voisine 
de  Nimes,  gravé  sur  le  chapiteau  d'un 
pilastre.  Musée  de  Nimes.  Carnet  XIV, 
p.  7. 

BIHOTARRIS  (eénit.).  PèredeSilvain,  mari 
d'Amoena,  fille  de  Sembetennb.  C^  V, 
p.  48. 

BIHOTVS,  nom  d'homme.  Autel  â  Hercule. 
De  Valcabrère.  Musée  de  Toulouse.  C*  V, 
p.  41.  Le  catalogue  du  musée  de  Tou- 
louse porte  un  R  au  lieu  d'un  T.  Mais  je 
crois  ma  lecture  certaine,  et  elle  est  con- 


firmée par  le  nom  composé  birotarris. 

BILCAISIO.  Nom  d'homme.  l'^cas.  Seli- 
gny  près  Coppet.  Orel.  3 1 6.  Momms.  123. 

BILLI.  Nom  de  divinité.  Fragment  trouvé 
à  Marseille;  maintenant  au  Musée  d'Avi- 
gnon. C^  XIII,  p.  7. 

BILLIO,  Nom  d'homme,  i""  cas.  Seyssel. 
Orelli,  2065. 

BIMMOC  XiTou|iapeoç.  Carnet  IV,  p.  )6. 

BINGIVM.  Bingen.  C  II.  p.  27  v*. 

BIRACATVS.  Surnom  d'un  lulius.  Dijon. 
Mur.  MCLXXVIII,  2. 

BIRACILLVS.  Dijon.  Mur.  MCLXXVIII,  2. 

fils  de  BIRACATVS. 

BIRIATVS.  Voy.  viRiATVS.  I.  H.  2970. 
BIRRAGONIS  filius  (BELLATVLVS).  Gratz 

en  Styrie,  Grut.  DCCLXIII,  6. 
BISa,  père  de  Blarta,  Bessus,  Brambach, 

BITI.  Mot  gaulois.  Tiré  de  l'inscription  en 
lan^e  gauloise,  découverte  au  heu  dit  : 
Vial'Éweux.  CM II,  p.  13. 

BITICENTVS.  Eques  alae  Tautor.  Bessus. 
I.  H.  2984. 

BITIVS.  Nom  d'homme.  Bessus.  Orell. 
3J52. 

BITTIO.  Nom  d'homme,  i*'  cas.  Grut. 
733,  (.  Lac  de  Garde. 

BITVCVS.  Surnom  masculin.  Watermore 
prope  Cirencester.  Orell.  6722, 

BITVGIA.  Nom  de  femme.  Grenoble.  C*V, 
p.  17. 

BITVRIX,  nom  d'une  affranchie.  Musée  de 
Langres.  C^  XII,  p.  34. 

—  nom  de  pays  d'un  Inlius  Balbus.  C*  XXII, 
p.  14.  Musée  de  Lyon. 

BITVRIX^  vitalis  filia.  Auxerre,  C II, p.  1 3. 

BITVRIX  W  (lulius  Lupus  cives).  Gruter. 
731,  3.  Trouvée  à  Bordeaux,  rue  du 
Loup. 

BIT.C  I  BIT.C  1  BIT.C.  Bituriges  Cubi. 
Places  réservées  dans  le  cirque  de  Lyon, 
aux  délégués  des  cités  gauloises,  Bitu- 
riges Cubes  et  autres.  C*  XXIII,  p.  35. 

BITVRIGES  VIVISCI,  Bordeaux.  C»  XVI, 
p.  10.  2  fois.  Orell.  196.  BITVRIX  VB, 
Grut.  DCCXXXI,  3. 

BITVS.  Surnom  masc.  Niersbach.  Bramb. 
855. 

BLARTA  (longimvs).  Bisae  filins,  Bessus, 
Brambach.  344. 

BLASTVS,  surnom  romain  fForcellini),  et 
peut-être  gaulois,  comme  père  de  Camulia 
et  mari  d'ivorix.  Bordeaux,  v.  C*  XVi, 
p.  12. 

BLESIO.  Autel  trouvé  sur  le  bord  du  Wahal, 
C»  IX,  p.  35, 

BLVSSVS,  ATVsiRi  filius,  Nauu,  Mogontiad. 
Bramb.  939. 

BOATI  (ESCVLAPIO).  Henzen.  5736.  L'édi- 
teur tire  ce  surnom  d'Esculape,  du  nom 
(bois)  d^ine  tle.  Henzen  admet  que  c'est 
plutôt  le  nom  du  mari  de  la  dédicame. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


i6i 


Je  prélère  li  première  hypothèse  en  tirant 
ce  surnom  des  Boates  de  Bordeaux. 
BOCCO  HARAvsoNi,  datif.  Musée  de  Tou- 
louse. C»  V,  p.  )6.  Ibid.  C»  V,  p.  45. 

HAROVSONI. 

BOCCVS.  Nom  d'homme.  I.  H.  410.  Svnvai 
Bocci  filiae.  Ibid.  769.  Boccvs  Grati 
filius. 

BODECIVS  BVRRALI,  nom  d'homme,  I.  H. 
263). 

BODICA.  Bramb.  7^5.  Prusse  rhénane. 

BODINCOMAGENSIS.  De  Bodincomagus. 
OreL  4737.  Herzog,  380. 

BODINCOMAGVS.    Pline,    H.    N.    3,    16. 

BODVACiVS.  Nom  propre  d'homme.  Ntmes. 
C*  XIY,  p.  39.  C»  XV,  p.  5. 

BODVOS,  sur  une  fibule  trouvée  dans 
l'Erdre  (Loire-Inférieure). 

BOI,  nom  de  peuple.  Les  Boiens  de  Bor- 
deaux. C^  XIX,  p.  10. 

BOIAS  (Cives).  Bordeaux.  C  XVI.  p.  38. 

BOiAESSILAE  (?)  Nom  de  femme.  Musée 
de  Langres.  C^  XII,  p.  37. 

BOIIORIX.  Nom  d'un  personnage  gaulois  qui 
éleva,  entre  Autun  et  Couches,  un  autel 
en  pierre  avec  niche  à  fermetures  de 
fer,  destinée  à  loger  un  ex-voto  qui  con- 
sistait en  un  taureau  de  bronze  à  trois 
cornes.  Un  autel  gaulois  semblable  fait 
partie  du  Musée  de  Dijon.  Le  taureau 
appartenait  à  M.  Jovet,  d'Autun,  qui 
voulut  bien  me  permettre  d'en  prendre 
une  photographie.  Je  me  félicite  d'avoir 
conservé  une  trace  d'un  monument  très- 
curieux,  qui  çeut-étre  n'existe  plus. 

BOIODurum.  Saint-Oswald.  Orell.  5262. 

BOISCVS,  surnom  de  Magidius.  Narbonne. 
Crut.  DCCCCLXXXIII,  10. 

BOIVS,  ARioifANvs  iRiATi  fil.  Vieuua  Allobr. 
Grut.  DCLXX,  j.  —  Praefectus  ripae 
Danuvi  et  p.  avitatum  duarum  Boio- 
RVM  etc. 

BOLVINNVS  (Mars)  et  Duna.  Bouhy,  près 
Entrains.  O  III,  p.  32  v. 

BONBELEX,  fils  de  Harbelexs.  C  XXI, 
p.  26. 

BONCONICA  milliaire  de  Tongres;  Musée 
de  Bruxelles.  C^  II,  p. 

BONDOBRICA,  milliaire  de  Tongres,  main- 
tenant au  Musée  de  Bruxelles.  Après 
avoir  étudié  attentivement  le  monument, 
je  reste  convaincu  (]ue  cette  lecture  est 
préférable  à  Bau4obriga  qui  avait  d'abord 
été  proposé. 

BONECONIS.  (Gén.  mose).  C  XXI,  p.  26. 

BONONIA  Bologne,  Bramb.  121 3. 

BONXSVS,  fils  de  Donnadinn.  Haut  Com- 
minge.  Musée  de  Toulouse.  C*  V,  p.  $0. 

BOPIENNO  (Deo).  St-Bertrand-de-Com- 
mingcs,  Orell.  5880^. 

BORBITOMAGVS.  Worms.  C*  II,  p.  27  V. 

BORILLI,  nom  propre  d'homme.  Gén. 
Autun.  CM,  p.  33. 

Rt¥.  Celt.  III 


BORMANNICVS  (Deus).  l.  H.  2402,2403. 

BORTOSSVS.  Auch.  C  XIX,  p.  19. 

BORVO(-ni)  ET  DAMONAB.  Divinité  des 
eaux  thermales  associée  à  Damona, 
quelquefois  à  Apollon.  Bourbon -Lancy. 
CM.  p.  34.  Bourbonne-les-Bains.  OrélU 
5880.  —  Il  s'écrit  aussi  Borbo. 

BOVALVS.  I.  H.  248$. 

BOVDIA,  nom  de  femme.  Nimes.  Gmt. 
DCCXXII,  9. 

BOVDIVS,  nom  d'homme.  Autun.  Gruter 
MCXXXVII,  5. 

BOVDVS  Catvni  filius.  Musée  de  Langres. 
C*  XII,  p.  30,  31.  Musée  de  Nimes.  — 
BOVDVS  vRiLioNis  filius,  dans  Gruter 
838,  6. 

BRATO,  nom  propre  d'homme,  i""  C*. 
Nimègue.  Mur.  X,  2.  Bramb.  115.CMX, 
p.  28. 

BPATOVAE.  Sur  un  chapiteau  et  une 
inscription  du  Musée  de  Nimes.  C^  XIV, 
p.  7.  —  L'inscription  est  en  caractères 
grecs,  suivant  l'usage  gaulois,  mais  on 
ne  peut  affirmer  qu'elle  soit  ou  non  en 
langue  gauloise. 

BRASVS^  surnom  gaulois  de  C.  Mansue- 
tins,  citoyen  trévir. 

BRENNOS.  Sur  une  frise  d'angle  représen- 
tant, d'un  côté,  quelques  nragments  de 
mots  ;  en  face,  des  animaux  en  chasse, 
et  sur  le  3"  côté  le  nom  qu'on  lit  en 
tète  du  prient  article. 

BREVCI,  nation  pannonienne.  Musée  de 
Bonn^  venant  de  Clèves.  C*  VIII»  p.  50. 

BREVCVS.  Bramb.  740.  Nom  propre.  Na- 
tione  BREVCVS.  [Blvssvs. 

BRiCIOflis    filia.     Nom    d'homme.     Voir 

BRIGANTIAE  Sacrum.  Middleby  Scottiae. 
Orel.  $881.  Ad  confl.  Aeni  et  Danubii. 

BRIGANTIENses Famille  gauloise  dont 

le  chef  était  questeur  et  duumvir  du 
munidpe  de  brigantivm  (Briançon  sur 
la  Durance).  Quoique  le  nom  patronymi- 
que de  cette  famille  eût  fini  pkr  revêtir 
la  forme  romaine,  les  autres  membres 
avaient  généralement  conservé  le  surnom 
gaulois.  Voir  les  Paridius. 
L'inscription  est  aujourd'hui  à  Gap. 

BRIGANTINI.  Briançonnet,  entre  Grasse  et 
Entrevaux.  Orell.  1012. 

BRIGANTIVM  (Briançon).  Aq.  ApoU.  Orell. 
5210. 

BRIGINDONI  (divinité  gauloise  au  datif). 
Musée  de  Beaune.  C^  I,  p.  28  v*. 

BRIGINN,  nom  d'un  lieu  près  Ntmes,  écrit 
avec  plusieurs  autres  sur  une  colonnette 
déposée  au  Musée  de  cette  ville.  Henzen 
5230. 

BRITOVIVS  (Mars).  Orell.  1356.  Heraog 
245.  C»  XIV,  p.  22. 

BRITTA,  surnom  de  Philetius,  jeune  homme 
inhumé  à  Coppet  ;  l'autel  fiméraire  au 
Musée  de  Genève.  C*  X,  p.  38. 

12 


l62 

BRITTIS(Matronis).  Cisalpine.  Orell.  2094. 
BRIVATIOM,  mot  gaulou,  de  Hnscription 

du  menhir  dit  du  Vieux  Poitiers.  O  VII, 

p.  15. 
BRIXA,    nom  d'homme.   Metz.    O  XX, 

p.  17. 
BRIXANTV  (Deo).  Moulins-Engilbert  (?). 

Orel.    1975.  Orelli  indique  le  nom  de 

Moulins- Engilbert  comme  étant  celui  du 

lieu  où  le  dieu  Brixantu  a  été  trouvé. 

Il  y  a  peut-être  confusion  avec  Moulins, 

chef-lieu  de  l'Allier^  ville  plus  impor- 
tante et  d'ailleurs  voisine. 
Consulter  les  Mém.   de  l'Acad.    des 

Inscr.  T.  31,  p.  261. 
BRIXIAE   (et    Luxovio)    (Diis).     Luxeuil. 
•  Orel.  2024. 
BRVGETIA,  nom  de  lieu.  Sur  la  base  d'une 

colonnette  trouvée  à  Nimes.   C^  XIV, 

p.  10. 
BVAICORIXO    (Deo).     Haut    Comminge. 

C*  V,  p.  39. 
BVBNVS,  nom  d'homme,  I.  H.  2484. 
BVGIO  (Deo).  Tarquimpoh  Orel.  5882. 
BVLVS,  BATON is  pater.  Gruter,  DXXXIII, 

10. 
BVRGIO.  Blesii  filius.  Br.  70.  Nimégue. 
BVRI,  nom  d'homme  au  génitif.  Bessus  ? 

Orell.  3n8- 
BVRORINE  (Deae).  Domburg.  Orell.  5883. 
BVRRALI,  nom  d'homme,  génitif.  I.  H. 

26)3. 
BVTRIO,  nom  d'homme,  i"cas.  I.  H.  668. 
BVTTONIS,  nom  d'homme  gén.    Viruni. 

Gruter,  DCCXLVI,  2. 

CABALIO,   stèle  funéraire   du  Musée   de 

Mayence,  C*  X,  p.  8.  Aquae.  Apol.  Orel. 

5210.  CABELLIO. 
CABEDVS,  surnom  d'homme.  I.  H.  2863. 

AMBATI  filius. 
CABELLIO,    Cavaillon.    Stèle   funéraire. 

Musée  de  Ntmes.  C  XIV,  p.  3. 
CABVRENE.    I.    H.    2$oo.  Cf.   Caburus, 

Caesar  de  B.  G.  I,  47. 
CACCOSSA,  père  de  Rustica.  I.  H.  15 12. 
CACIRO,  nom  d'homme,  datif.  Palatinat, 

Bramb.  1780. 
CACVSSO,  père  de  ...▼ccom.   Brambach 

1833. 
CADDARENSIVM  (numerus).  Cassel   près 

Mayence.  Les  D,  barrés,  indiquent  que 

cette  lettre  est  ici  pour  TH  ;  aussi  une 

autre  inscription  donne  la  forme  CAT- 

THARENSES.    Bramb.   13 17   et  1293. 

CATTH... 
CADIENSES,  popuitts  Vocontiorum  (?).  Ca- 

derousse   selon   Breton,  Antiquaires  de 

France,  tome  xvi,  p.  22. 
CADVRCVS,  ethnique  de  Cahors.  O  X\X, 

p.  2).  Gmter  455,  p.  10. 
CAESAONE,Césanne;  seuCOESAONE.  Aque 

ApoU.  Orell.  5210. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


CALETI   (Deo    Merc.    VaSSO).   Bittburg. 

Bramb.  83 (. 
CALVA,  fille  de  Cassillus,  femme  d'Annius, 

mère  d'Andere.  Musée  de  Toulouse,  pro- 
venant de   Martres- Tolosanes.  O   V. 

p.  46. 
CAMALODVNVM.  Colchester,  20  k.  n.  de 

Londres.  Orell.  208. 
CAMALVS,  CAMALA.   I.  H.  678,680,  690, 

768,784,  2,426,  2,44J,  2,484,  2,496, 

2,550. 
CAMVLIA.   fille  de  Blastus  et  d'Ivoiiz. 

Musée  de  Bordeaux,  C*  XVI,  p.  12. 
CAMVLINIVS  OLIDO.  Trêves,  Bramb.  825. 

Parsantica  saxi. 
CAMVLORICE  (Deae).  Ez-voto  sans  nom 

d'auteur.  C  VIII,  p.  8.  Musée  de  Sois- 
sons. 
CAMVLVS  (Mars).   Clèves.   OreU.    1977. 

Bramb.  164. 
—  (Mavortius).  Rome.  OreU.  1978. 
CAMVLVS  (Mars).  Rome.  Ardoinna.  Orell. 

i960. 
CAMVNNI,  nom  de  peuple.  Brizia.  Orell. 

3789.  Vallée  de  Chamouniz  (?). 
CANDIEDONI  (lovi).  I.  H.  2599. 
CANECOSEDLON,  nom  commun,  tiré  d'une 

inscription  en  langue  gaulo'ise,  trouvée  à 

Autun,  près  le  mur  d'octroi. 
CANECVMMIAE,  nom  propre  de  femme. 

En  Carinthie,  Mur.  2078,  3 . 
CANTALON,  nom  commun  gaulois.   Tiré 

d'une  inscription   en    langue    gauloise 
•     provenant  d'Alise. 
CANTIVS.  Paris.  Orel.  5907. 
CANTOSENVS,  mari  de  Nerta.  Ces  deux 

personnages  sont  des  Iulius.  Bord.  C^  XI, 

p.  5. 
CANTVNAECVS  (Deus).  I.  H.  861, 
CAPILLVS,    fils   d'illiomanis,   auteur  du 

monument  de  la  source  d'Acionni  près 

Orléans.  V.  ce  nom. 
CAPPO.  Icari  filius.  Orell.  327. 
CARABELLA,  femme.  CM,  p.  47. 
CARADDOVNA.   Jeune   femme.    C*  XX , 

p.  II. 
CARADITONV,  mot  ffaulois.  O  III,  p.  13. 
CARANIVS.  Sacri  (filius).  O  XX,  p.  35. 
GARANTI LLVS.  Metz.  Gruter,  862,  2. 
CARANTINVS.  C  I,  p.  4I. 

CARANTIVS  (Meddillius).  Brambach.  1569. 
CARANTO  (-onis).   Musée  de  Nimes,   C 

XIV,  p.  2.  L'initiale  c  est  douteuse. 
CARANTVS  (Secnrius),  soldat  de  la  légion 

XXII.  01m,  2  k.  de  Mayence.   Bramb. 

921;  id.    1769.  —  tt  Melonii  Caran- 

Tvs...  »  et  1321. 
CARASOVA.  Tombe   du  Musée  de  Bor- 
deaux. C*  XIX,  p.  7. 
CARASSOVNIVS.    Stèle   fîinéraire  d'Aug. 

Ranrac.  à  Bâle.  C*  X,  p.  26.  Mom.  287. 
GARASSOVNVS,  suniom,  ex-voto  de  Vichy. 

X,  p.  26. 


Lisii  dis  noms  supposés  gaulois. 


«6} 


CARASVS,  nom  d'homme.  Brâmbach,  1863. 
CARATACVS.  Brambach  ïjçt). 

Dans  une  liste  de  noms  et  surnoms 

dont  plusieun  ont  la  fonne  gauloise. 
CARATACVS  (Sez.  Aqulnius).  Metz.  Grutdr, 

5^02,  5. 
CARATHO(...nis  ?),  filius.  O  XX,  p.  7. 
CARATI  (T.  CL).   GrutCT   589,  },   faute 

dans  la  table  de  Scaliger. 
ATTicvs,  ciciKo,  PELii,  collibertî. 
CARATI  LLA.  Tombe  du  musée  de  Lan- 

gres.  C*  Xil,  p.  45. 
CARATINVS.  Reate.  Gruter  11 10,  2.  Père 

de   Matrona,    helvétienne.    Brambach, 

CARATVLLVS.  Metz.  Gruter  862.  2. 

CARAVINVS.  Metz.  Gruter  867,  8. 

CARBILIVS.  1.  H.  2787,  282$. 

CARCASO.  Stèle  funéraire  du  Iffusée  de 
Mayence,  trouvée  à  Bretzenheim.  C*  X, 
p.  I.  —  Le  nom  latin  de  Carcassonne 
n'eziste  sur  aucun  autre  marbre. 

CARES,  père  de  Soibdas.  Domo  Turo. 
Bramb.  2)0. 

CareSVS,  ADVLi  filius.  Stèle  fun.  du  Musée 
d'Avignon,  trouvée  aux  environs.  C* 
XIII,  p.  20. 

CARIASSIS  filius.  Bresda,  Orell.  1398. 

CARIOLVS,  CARIOLA.   c  XX,  p.  34.  Br. 

860. 
CARNVNTVM,  gcns.  Orell.  5279. 
CARRI  (Deo).  C  V,  p.  39. 

Divinité  topique  des  Pyrénées. 
CARRIOTALA,  nom  de  femme.  Besançon. 

Mur.  MCCCXXX,  7. 
J'ai  constaté  un  1  peu  visible  entre  le 

R  et  l'o. 
CASSIA  TOVTA«  Femme  du  pays  des  Ségu- 

siaves,  dont  le  premier  nom  est  peut- 

ètrt  aussi  l»en  gaulois  que  latin  (Cas- 

sîvellaunus,  Tricasses,    etc.).   Toulouse, 

Bagnères-de-Luchon.  C*  V,  p.  38. 
CASSIBVS.  Divinités  gauloises,  dat.  plur. 

Vota  fece  Macrius  Paustinus 1398. 

Matudnus...    v.s.Ll.m...  1779.   Castus 

Talttppe  .v.s.i.i.M.  1823. 
GASSICIATE;  voyez  CUR  CASSICIATE. 
CASSILLVS,  père  de  Calva,  femme  d'An- 

nius.  Toulouse.    Martres-Tolosanes.  C* 

V,  p.  46. 
CASVRINVS,    affranchi,    appariteur    du 

Forum  Segusiavorum.  C*  XXIV,  p.  7. 
CATTHARENSES,  voy.  CADDARENSES. 
CATTAVS,   Baroi  films,  helvetius.  Orell. 

6858. 
CÀTTRONIE,  femme.   I.   H.    639,   753, 

2)78,  240). 
CATVENVS,  CATUENA.  I.  H.  431. 
CATVIACIA.  Petite  ville  da  Alpes.    Aq. 

Apoll.  Orell.  5210. 
CATVRICIVS  SVCC*.  C»  XXVI,  p.  5. 
CATVRICVS,  CATURICA.  I.  H.  14.  Tombe 

trouvée  à  Baloa  en  Lusitanie. 


CATVRICI  (Marsi).    Musée   de  Stuttgart. 

Bramb.  1588. 
CATVRIGOMAGVS,  ville.  Aq.  Apoll.  OrélL 

5210.  Chorges. 
CATVRIS  filio...  I.  H.  268î. 
CATVRONVS.  Surnom.  I.  H,  2430. 
CAVTONVS.  I.  H.  798. 
CAVTOPATES.  Brambach  précédé  de  d.  1. 

M.  Deo  invicto  Mithrae. 
On   le   trouve    plus   ou  moins   aux 

numéros  d'Orelli  5848,  49,  50,  $1,  52, 

$3. 
CELlCNON^  nom  commun  gaulois.  Extrait 

de  l'inscnption  d'Alise  en  langue  gauloise. 
CELTINVS,  affranchi,  appariteur  ou  prêtre 

de  Feurs,  chef-lieu  des  Ségusiaves.  C^ 

XXIV,  p.  7. 
On  a  lu  généralement  CETTINVS  par 

TT. 
CELTVS,  CELTA.   Uzès.    Mur.    DCCCX , 

p.  8.  Bordeaux.  C*  XVI,  p.  32.  Cbltus, 
père  d'ALBBA.  I.  H.  755. 
CERNVNNOS.  Dieu  gaulois,  cornu.  C  VU,' 

p.  43.  Paris,  Orelh  1993. 
CESSERO.  ville.  S*  Thibéry.  OrelL  5210. 
CETTVRONENSES  vicani.  Musée  de  Stras- 
bourg. C^  XXI.  p.  2. 
CEVTRONES,  peuple  alpin.  Centrons,  col 

de  la  Fordaz.  OrelL  5256. 
L'inscription  porte  as,  style  empha- 

ti<^ue,  que  je  ramène  à  la  forme  vul- 
gaire. 
CIB...  Municipium.  Pannonia  infer.  Orell. 

5284. 
CICOLLVIS,  surnom  de  Mars  en  saulois, 

trouvé  sur  un   autel  à  Amay-le-Duc. 

Musée  de  Dijon.  C^  V,  p.  23. 
CICOLLVIS,  épithète  de  Mars.  O  1,  p.  23. 

C»  2,  p.  43  V 
CINGETIVS.  Trêves,  Brambach,  825.  Pars 

antica  saxi. 
CINIANVS  IVLLINVS,  nom  propre.  Metz. 

Grut.  DCCLXVIII,  8. 
CINTO  ?  La  pierre  est  brisée,  à  la  hauteur 

du  mot,  dans  toute  sa  largeur. 

Mari  de  Cintugena,  musée  de  Bor- 
deaux, C  XVI,  p.  28. 
CINTVGENA,  fille  de  Solimarus,  femme  de 

Cinto.   Musée  de  Bordeaux,   D  XVI, 

p.  28.  Mère  d'Aveta.  Bordeaux.  O  XIX, 

p.  2. 
CINTVGENVS,  père   d'Axula.    Musée  de 

Bordeaux.  C*  XVI,  p.  6.  Fils  de  Tesco. 

Musée  de  Bordeaux.  C*  XVI,  p.  7. 
CINGETIS. 
aNTVGINATVS  fils  d'Aprilîi,  Bordeaux.  C« 

XVI,  p.  17. 
CINTVGNATVS    (L.   Sxccivs).    Bordeaux. 

C*  XVI,  p.  23.  2*  Surnom  de  Secdus. 

Bordeaux.  C^  XVI,  p.  25.  3*  Nom  isolé. 

Bordeaux.  C^  XVI,  p.  26. 
CINTVLLVS,   2   fbb.    Nîmes,  Muratori 

MCCLXXXI,  6. 


i64 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


CINTVSMl  (Sazxanus)  fiUus.  O  I,  p.  25. 

CINTVSMIVS,  MIA.  Rome,  copie  de 
MontCaucon,  Murât.  DCCCV^  2. 

Noms  dérivés  du  gaulois,  ainsi  que 
cela  résulte  en  même  temps  de  leur  rareté 
en  Italie,  et  de  leur  fréquence  en  Gaule. 
On  trouve  même  en  Italie  le  double 
dérivé  Cintusmininius,  inconnu  ea 
France. 

CINTVSMVS.  Marbre  funéraire  du  Musée 
de  Langres.  C^  XII,  p.  54.  Fils  de 
Comagius,  Musée  de  Bordeaux.  C^  XVI, 
p.  24. 

Des  fragments  de  noms  gaulois  se 
laissent  apercevoir  sur  la  même  inscrip- 
tion. 

CINTVSSAE  f.  (Bruto),  nom  d'homme.  Crut. 

764,  }. 
CI  RATA  ?  Femme  nervienne,  fille  d'ANNAvs, 

sur  une  tombe  perdue.  Brambach  937. 
CIRRATA.  1.  H.  Cf.  inscr.  nervienne. 
CISON,  fils  de  Seniienn,  père  de  Cunduesen. 

C»  V,  p.  ji. 
CISSONIVS  Deus  ou  Mercurius.  Brambach 

1831.  Spire.  Orelli  1406.  Besançon  par 

une  femme  syrienne.  Orelli  5886.  Coh. 

Rauraque. 
CLOVTAIVS.  I.  H.  2543,  2657. 
CLOVTAMVS.  I.   H.  2635. 
CLOVTIVS  Cloutifilius.  Salona.  Orell.  4994. 

Clovtius  (2  fois).  I.  H.  2633. 
CLVGASIO  (nominatiO.   Tremosine,   près 

Brescia.  Murât.  MCCXCV,  6. 
CLVGASIS     (génitif).     Tremosine,     près 

Brescia.  Murât.  MCCXCV,  6. 
CLVIDEA.  Tremosine,  près  Brescia,  Murât. 

MCCXCV,  6. 
C(.VTAMVS.  Salonâ.  Orell.  4994. 
COACTILVS,  tombe  de  Luxeuil.  CMI,  p.  2. 
COBLANVO  (onis).  Nom  de  femme.  Musée 

de  Ntmes.  C  XIV,  p.  34. 
COBERATIVS  CoBKRiLLVs,  de  Metz.  Gruter 

907,  J. 

COBLEDVLITANVS.  Apoll.  C*  VII,  p.  25. 

COBNERT  (ti?).  Haguenau.  OrelU  1910. 

COBNERTiius  ?).  Wiesbaden  ,  Brambach 
1027.  Strasbourg,  Br.  1902. 

COBNERT VS,  nom  de  potier.  Musée  de 
Zurich.  Momms.  Brambach.  1902. 

COCILLVS,  affranchi.  C^  XXIV,  p.  7. 

CODO.  Ex-voto  du  Musée  d'Avignon,  pro- 
venant de  Vaison.  Autre  inscription  au 
Musée  de  Saveme.  C*  Xlli,  p.  31.  C 
XVlll,  p.  33.  Orelli  5906.  Bramb. 
1869  et  191 1. 

COGIDVBNVS  rex.  Chichester.  Muratori, 
LY,  6. 

Chef  de  race  gauloise  dans  le  sud 
de  TAngleterre.  V.  Tacite,  vie  d'Agric. 
chap.  14. 

COINAGIVS  (S.  CVS],  père  de  Adbocivs. 
V.  ce  nom.  OreU.  $234.  Bramb.  1230. 

COMAGIUS.  Venise,  Murât.  MCCCXXXII,  i. 


Comagi  filia  Severa.  —  Venise,  Murât. 
MCCCXXXII,  I.  Milan.  Mur.  MDCLXI, 
5*  —  Père  d'un  Cintosmus.  Bordeaux. 
O  XVI,  p.  24. 

COMAVVS  ?  Nom  propre.  C*  V,  p.  17. 

COMBVOOVATVS.  O  IV,  p.  38.  Mâcon. 

COMEDOVIS,  datif.  Aix  (Savoie) ,  Orelli 
2098.  Brambach  469  a  un  datif 
{ComedonibiUy  par  un  n),  qui  n'est  pas 
du  tout  certain,  attendu  que  les  trou  pre- 
mières lettres  du  mot  sont  absentes.  L'or- 
thographe suivie  par  Orelli  est  d'ailleurs 
plus  conforme  à  la  physionomie  de' la  lan- 
gue gauloise.  Je  suis  porté  à  croire  que 
l'incnption  de  Brambach,  trouvée  près 
de  Cologne,  doit  être  écrite  Comtdovibus 
par  un  v. 

COMELIDDVS,  sumom  d'homme.  O  VII, 

P-  M. 
COMNITSIA,  nom  de  femme.  Sur  une  ins* 

cription  du  Musée  de  Bordeaux.  C^  XVI, 

p.  32. 
CONAMOTVSO,   datif.    Magburg.   Gruter 

827,  I. 
CONCENETIVS,  CONGENETVS,  ou  GON- 

G Vérone.  Maff.  $47,  2. 

CONDAT.  (Pagus),  à  Lyon.  C  XXIII,  p.  40 

verso. 
GONDISA.  I.  H.  2485. 
CONDOLLVS.  Bramb.  1602,  161 1. 
CONGENETIVS.  Vérone    Mur.  MCCLI,  8. 
CONGENNICIA,  nom  de  femme.    Ntmes. 

Mur.  MDCCLXXVIII,  12. 
CONGONNETIACVS.    V.     Maxsumus    et 

autres  noms  gaulois.  Bordeaux.  C*  XVi, 

p.  32. 
CONTESSILO,   nom   d'homme  au  nomi- 
natif. Milan.  Muratori  MMLXX,  9. 
CONTIVA.  I.  H.  5032. 
COPORINVS.  I.  H.  2657. 
COPORVS.  I.  H.  2657. 
CORIA.  I.  H.  780. 

733  —  ALETl  filia. 
COROBVS.  Surnom  de  G.  Germanius.  G^ 

XX,  p.  2. 
COROLLEA.  I.  H,  2376. 
COROTVRES.  père  de  Rebumis  Coh.   I, 

Lucensium  Hispanorum.  Bramb.  1235. 
COTTIVS,   régis    Donni    filius.   Arc    de 

Suze.  Mur.  MXCV. 
COVENTVS.  C*  XXI,  p.  24. 
COVINAERTA  in    S.    Donati   ad    ruinas 

Solvae.  Gruter  DCCCXCVI,  2. 
Nota  litteram  A  quae  abest  ab  nomine 

viri.  V.  Covinertus. 
COVINERTVS   in   S.    Donati  ad    ruinas 

Solvae.  Gruter  DCCCXCVI,  2. 
COVIRVS.  Trêves.  Brambach  825. 
COVTIVS  (L.)  1.  H.  680,  809.  840. 
COVTVSVATVS,  natione  Helvetius.  C»  4, 

p.  38.  Brambach  1227. 
Br.  lit  deux  mots.  Si  je  n'en  h\s 

qu'un,  c'est   par    de    bonnes   raisons; 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


165 


autrement    il  y  aurait  deux  surnoms. 

Mais  l'existence  du  nom  Combuoovatus 

C*  X,  p.  )8,  m'a  paru  déterminante. 
CRACCA,  femme^de  Fronton,  fille  de  Livon. 

Or.  4901. 
CRACCO  (onis),  homme.  Musée  de  Ntmes. 

C*  XII,  p.  )3. 
Tous  les  autres  noms  de  Tinscription 

sont  romains. 
CRASARO,  fils  de  Scaper.  Musée  de  Lan- 

gres.  O  XII,  p.  }6. 
CRASTVNO,  nom  propre  d'homme  au  datif. 

I.   H. 
CRAXANAL,  père  ou  fils  d'Excingomarus. 

Gruter  991,  2. 
CRAXXILLVS  et  ATioxTTs.   Tombe  d'une 

femme,  élevée  par  ses  deux  fils,  à  Bor- 
deaux, C  XVI,  p.  8. 
CRICCONIA  DOVILLA.  Trêves.  Brambach 

774- 
CRICIRO,  nom  de  potier.  Musée  de  Bâle. 

Mommsen,  352. 

CRIELO(nis),  gén.  hom.  Kuendorff,  Styrie. 

Gruter  537, 5- 
CRIPPO,    nom   d'homme    au   nominatif. 

Musée  de  Wiesbaden.  Br.  716. 
CRISPOS  BOVI...  Noms  propres  de  l'inscr. 

gauloise  d'Evreux.  O  III,  p.  13  v*. 
CRIXIVS.  Gaulois,  père  d'Atespatus.  V.  ce 

mot. 
CRIXSIVS,  citoyen  des  Mattiaci,  du  Musée 

de  Mayence,  trouvé  prés  Wiesbaden.  C^ 

X,  p.  13.  Orell.  4983. 
CROVIA,  seu  GROVIA.  Ethnique.  I.|H.  25  50. 
CROVUS.  ï.  H.  774. 
CRVTISIONES  Coloni.  Saarlouis.  Bramb. 

7J4.  C»  XX,  p.  37.  Voy.  1077  ? 
CVCALO(ms),  pago  Ossuccio.  Orell.  4903. 
CVCHINEHIS.  Matrones  du  Musée  de  Bonn, 

trouvées  avec  d'autres  sur  la  place  du 

marché  i  Zulpich  ;  celles-ci  exécutées  par 

un  soldat  de  la  r*  légion  Minervienne. 

C»  VIII,  p.  40  V. 
CVCVTI,  gén.  masc.  Milanais.  Gruter  804, 

8. 
CVGERNVS  (Domo).  Orclli  6726. 
CVLARO.  C*  V    p.   16.  Ancien  nom  de 

Grenoble.  Oreiti  401$. 
CVNDVESEN,  fils  de  Cison.  C^  V,  p.  51. 
CVNOPENNIVS,   nomen.    Bresda.   Orelli 

7230.  Cunopennus  dans  le  Corp.  V, 42 16. 
CUR  CASSICIATE.  Lire  en  deux  mots.  C*  5 , 

p.  27. 
CVRITA,  mère  de  Secundus  et  femme  de 

Maginis.  Grut.  733,  i. 

Fille  d'ATABVORTVS. 

CVRVNNIACA.  De  Pannonie  (probable- 
ment). Orell.  4994. 

CVSES  Sugenti  filius  regvs.  Brambach. 
Musée  de  Mannheim,  1236. 

CVSTA,  nom  de  femme,  épouse  de  Narto- 
mare,  Boîen  et  soldat  congédié.  Cette 
femme  est  d'Aquincum. 


CVSTVMVS.  ï.  H.  2797. 

CVTISONVS,    Mur.   CMXXI,    16.  Cf.  Hor. 
Od.  VII,  III.  Daci  Coîisonis  agmen. 

Les  Daces  ont  occupé  le  lon^  du  Da- 
nube une  région  où  les  Gaulois  avaient 
laissé  des  traces  de  leur  langue. 

DACENCIVM,  nom  d'homme.  I.  H.   3082. 
DACINVS,  Uffionis  filius.  Belge.   Bramb, 

40. 
DAEDALVS,   nom    propre.    Ex-voto    de 

Malley,  au  musée  de  Lausanne.  C*  X, 

p.  32.  D'un  columbarium  de  la  via  Prx- 

nest.  Mur.  1788,  2. 
DAESITIATES,  peuple  pannonien  d'après 

Strabon,   selon   a'autres   de   Dalmatie. 

Orell.  $276.  Voir  Corpus,  III,  401. 
DAGANIA   (Pompeia).  Cologne.  Brambach 

409. 
DAGIONIVS.  Sur  un  autel  de  Matrones 

Albiahenes.  Brambach  554. 
DAGOBIVS.  Bordeaux.  C*  Xix,  p.  4. 
DAGOVASSVS.  L'un  des  soldats  qui  élevè- 
rent à  leurs  frais  le  génie  de  la  Victoire. 

Orell.  988.  Bramb.  692. 
DALMATAE,   nom  de  peuple.   Brambach 

1621. 
DAMINIVS,  nom  d'homme.  Cives  Lingonus. 

Orell.  5880.  Bourbonne-les-Bains. 
DAMONA.  Divinité  associée  à  Borvo.  C^  I, 

p.  34.  Orell.  5880. 
DANNADINN,  frère  de  Bouxus,  Aquiuins. 

C*  V,  p.  jo. 
DANNICIVS,   eoues   alae  indianae/  cives 

Rauracus.  Orell.  6722. 
DANNOMARVS,  père  d'un  Secundus.  Grut. 

DCCCCXXII.  Ntmes,  12. 
Le   nom,  quoique    séparé   en    deux 

groupes  par  l'éditeur,  doit  être  ainsi  écrit. 
DANNONIA,   femme  aquiuine,    fille   de 

Harspus.  C^  V,  p.  37. 
DANNORIX,    père  de    Hanarrus.   C*  V, 

p.  46. 
DANNOTALVS,  père  de  Martialis.  Inscrip- 
tion d'Alise,  en  langue  gauloise.  C*  I, 

p.  17  V. 
DANNVM  GiAMiLLVM,  colon  des  Crutisions. 

Sarrelouis.  Brambach  754.  C^  XX,  p.  37. 
DANOTALE,  femme  au  nominatif.  Saint- 

Privat.  Gruter,  746.  6. 
DANVS,  père  de  Marcellus.  Milanais.  Grut. 

DCCCIIII,  8. 
Sa  mère,  Demindlla,  fille  de  Cucutus. 
DASAS  (Dasantis).  Bramb.  741 . 
DAVEREVS.  Miles  ex  coh.  IIII  DelmaU- 

rum.  Bramb.  742. 
DECMANVS  (Ludus  Senilius),   négociât. 

Mog.  Bramb.  9(6. 
DECMIAE   DECMILLAE,   dvis  Sequanae, 

DBCMIVS  DBCMANVS,    fi^tCr.    LyOU.    GHIt. 

DCCCXLVII,  II. 
DECMINVS,   père   de    dbxtïr.    C»  XX, 
p.  8. 


i66 


Luti  des  noms  supposés  gaulois. 


DEIVARUS,  père  de  Messava.  Brescu. 
Gniter,  $66^  a. 

DELMINENSES.  Salona.  Orell.  (272. 

DEMEGENVS.  V.  SuecconittS.  O  X,  p.  48 
verso.  Soleure.  Orell.  403. 

DEMINCA.  Milan.  Orell.  68(4. 

DEMINCILLA.  Mil.  Gniter  804,  8. 

DENTVBRISA,  cavalier  thrace.  V.  Disa- 
centios.  C^  X,  p.  15  v<*.  Bramb.  990. 

DEOSPOR,  surnom  d'un  des  nombreux 
Septimius  de  la  XXX*  légion  Vlpia  Victriz, 
Pia  Vindez.  C  VIII ,  p.  ))•  Birken. 
Musée  de  Bonn. 

DERCO,  nom  d*homme,  i*'  cas.  Milan. 
Murât.  752,  7.  Cf.  DBRC01BDV8. 

DERCOIEDVS,  nom  d'homme.  Pays  messin, 
C*  XX,  p.  2.  (D'après  Crut.  p.  XX). 

DEVILLIA.  Flaminice  de  la  déesse  des 
Voconces.  Die.  Orell.  222$. 

On  trouve  aussi  un  Divillivs  i  Gre- 
noble. Orel.  14$ 2.  L'un  et  l'autre  ont 
tous  les  caractères  de  noms  Raulois. 

DEXSIVAE  ET  CAVDEl.  Cadenet.  Orell. 
1988. 

DIBVGIVS,  fils  d'iNOSVMOTvs.  Vienne  (Au- 
triche). Grut.  718,  7. 

DIGINES.  Autel  du  Musée  de  Cologne.  G* 
Vlll,  p.  14. 

DIGINES.  Petit  autel  de  Béziers  (plateau 
des  poètes),  avec  une  légère  différence, 
GE  pour  Gl.  C»  XVII,  p.  8. 

DIOLVINDA.  Ex-voto  de  Malley  au  Musée 
de  Lausanne.  On  a  lu  jusqu'à  présent, 
et  M.  Mommsen  lui-même,  DONINDA; 
voici  ce  qui  justifie  la  lecture  ci-dessus  : 
I*  ro  est  traversé  per  un  i  vertical,  2*  le 
premier  N  supposé  se  compose  en  réalité 
des  deux  lettres  L  et  V  assez  rapprochées 
dans  le  haut,  LV,  de  manière  a  simuler 
un  N.  D'ailleurs  le  jambage  antérieur  de 
ce  prétendu  N  est  certainement  un  H, 
avec  une  base  en  forme  d'accent  grave 
et  détachée  de  la  haste  comme  aux  deux 
E  de  la  2*  ligne.  C^  X,  p.  }2. 

DIOR  ATA.  Tombe  de  deux  jeunes  enfants. 
Musée  de  Bordeaux.  C*  XVI,  p.  27.  — 
Fille  de  Corabuoouatus.  Monument  reli- 
gieux de  Mâcon. 

ÛIRATIVS,  père  de  Diorata.  Bordeaux. 
C*  XVI,  p.  27. 

DIRONA.  Divinité  des  eaux  thermales.  Br. 
814,  à  Trêves.  L.  Lucanius  Cemelinus. 
C*  XX,  p.  21. 

DISACENTIVS.  Sumom  d'un  soldat  de  la 
6*  cohorte  des  Thraces,  fils  de  Dbntv- 
BRISA.  Musée  de  Mayence.  C^  X,  p.  j  $ 
verso.  Bramb.  990. 

DITIPATRI  et  ProscTpirut.  C*  IX,  p.  40. 
Cologne. 

DIYICIA,  femme.  C»,  xviii,  p.  2j. 

DIVICIANTILLVS,  nom  d'homme.  Alamont. 
Mur.  MDIIl,  (. 

DIVICVS  de  Luxeuil.  C  II,  p.  2  v. 


DIVITIENSES  (exploratores).  Poste  èubtià 
Divitium,  sur  la  rive  droite  du  Rhin,  en 
face  de  Cologne,  et  qui  a  donné  son 
nom  à  un  corps  de  Dalmates  stationné 
pendant  un  long  espace  de  temps  sur  ce 
même  point.  C*  X,  p.  2)  v*.  Notre 
inscription  porte  Divitibsbs,  c'est-i-dire 
D1VITIBN8BS,  mais  tous  les  autres  monu- 
ments connus  portent  Divitbnsbs,  au 
dire  des  épigraphistes.  Musée  de  Ma- 
yence. 

DIVIXTA.  3trasbourc[.  O  XXI,  p.  21.  Br. 
1864.  —  Patemim  andlla.  Bordeaux 
Grut.  MLII,  I .  —  Femme  de  Scottus. 
Musée  de  Langres.  C^  XII,  p.  29. 

DIVIXTILLA.  Betùrix-Div...  Virieu'4e-Grand. 
Reinesius,  60,  XIII. 

DIVIXTVS.  Tombe  trouvée  à  Bâle  et  con- 
servée à  la  Bibliothèque  de  cette  ville.  C* 
X,  p.  27. 

DIVOGENa  (Livia).  Bordeaux.  C*  XIX, 
p.  18. 

DIVONO  (...us),  deCahors.  Rodez.  C  XIX, 
p.  25. 

DIXTILINARIVS.  frère  de  Gerotius  et  de 
Centurio.  Boraeaux.  C*  XIX,  p.  17. 

DOCILICO,  nom  d'homme  au  nominatif. 
I.  H.  2816. 

DOCIVS.  Cf.  Q.  DOCI,  monn.  I.  H.  26)}. 

DOIROS,  fils  de  sbgomarvs.  Nom  d'un 
fabricant  d'objets  en  bronze.  CM  il,  p.  a) 
verso. 

DOLVCENS  (vicus).  Musée  de  Boulogne. 
C»  Y,  p.  2. 

DONICATVS.  Provenant  de  Luxeuil.  O  II, 
p.  2. 

DONNVS  (Rex).  Arc  de  Suze.  Mur.  MXCV. 
Nîmes.  C»XIV,  p.  18. 

DRIGISA,  Zi£  reginx  neptis.  Rome.  Mur. 

DROTOUTA,  nom  de  femme.  Musée  de 
Ntmes.  C*  XIX,  p.  2.  Le  D  est  absent, 
mais  probable,  à  cause  du  nom  draita 
qu'on  lit  dans  une  inscription  du  Vieil- 
Evreux,  du  masculin  drutedo  dté  par 
les  épiffraphistes  de  la  Satntonge,  etc. 

DRVIS,  anudesse.  Metz.  Orell.  2200. 

DVBNOTALVS,  père  de  Senovir.  C  XXI, 
p.  2. 

DVGIAVVA.  Bresda.  Murât.  MCCLXXIU, 
6. 

DVGIIONTIIO.  Mot  gaulois  tiré  de  l'insa. 
d'Alise.  CM,  p.  17  V*.  Considéré  géné- 
ralement comme  un  verbe. 

DVGIONIVS.  Bonn.  C  VIII,  p.  4^  Bramb. 
5  $4.  Il  semble  préférer  DAGIONIVS  à  la 
ligne  ^ . 

DVGIVS.  Brescia.  Mur.  LUI,  10.  Turin. 
Mur.  MDXXXVIII,  6. 

DVICI-BRIG  (datif).  York.  Orell,  1989. 

DVLIO,  nom  d'homme,  i**^  cas.  I.  H.  9)8. 

DVLLOVl  (divinité  topique).  Trouvée  à 
valson.  Orell.  1990. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


167 


DVNA.  Divinité  topique  associée  i  Mars. 

C»  III,  p.  32  V. 
DVNI.  Génitif  de   DVNVS  plus  probable 

que  DVNIVS.  Tanzenberg  en  Carinthie. 

Mur.  MMLXXVI,  4. 
DVROCORREM.  Nom  d'une  ville  inconnue 

de  Grande-Bretagne,  selon  Henzen.  C'est 

au  contraire  le  nom  bien  connu  d'une 

ville  de  la  Gaule,  je  veux  dire  Ràms; 

Dttrocortorum  Remorum, 
DVROCORTERO.  Reims.  C^  II,  p.  27. 


EBVCIVS  ATEC...  Nom  de  famille  romain 
sous  une  autre  orthographe  (Aebutius) 
peut-être  gaulois  sous  l'autre  forme, 
suivi  d'un  surnom  incomplet  d'apparence 
gauloise.  Bordeaux.  C^  XVI,  p.  27. 

EBVRO,  nom  d'homme,  i*''  cas.  Wiesbaden. 
Bramb.  90$. 

EBVRODVNENSES ,  vicani.  Wiesbaden. 
Orell.  344,  345.  Mommsen,  147. 

EBVRODVNVM.  Aqu£  Ap.  Orell.  5  210. 

(-)ECTIMARVS.  Hermeskeîl.  Trêves,  porta 
nigra.  V.  Jabrbûcher.  Bramb.  834. 

EBVROVICES,  Aulerci.  Musée  de  Limoges. 
Ma  copie. 

EDELAT  Deo.  G*  V,  p.  37. 

EDOVIVS  (Deus).  I.  H.  254J. 

EDVLLIVS,  Visttrionis  filius.  C'  XXI, 
p.  18.  —  Hermeskeîl.  Trêves,  porta 
nigra.  V.  Jahrbûcher  et  Brambach  834. 

ElCi>POY.  Verbe  ayant  le  sens  de  fuit. 

ELAESVS  (2  fois).  I.  H.  26n. 

ELVIO,  fils  d'Eluconb.  Salama.  Gruter 
728,  9. 

ELVIVS,  nom  patronymique  de  Germanius. 
C*  XX,  p.  2. 

BLVORIX,  fils  de  Varicillus.  G'  XX,  p.  i. 

ELVSENSES.  Nom  ethnique  des  gens 
d'Eause  (Aquitaine).  Nîmes.  C^  XV, 
p.  19. 

ELVSENSIS  (Taunnus).  Nîmes.  Gruter. 
708,  7. 

EMPEONIS,  gén.  mas. 

ENDOVELUCO  (Deo).    Espagne.    Orell. 

1991,  1992. 
ENDVBROnis,  gen.  masc.  Brixia.  Gruter 

1135,  6. 
ENICO(nis).  Redsati  fil.  Gr.  346  3. 
ENIOni,  femme.  Iggi.  Carniole.  Grut.  780, 

î. 

ENNA,  fil.  Appolonis.  Iggi,  Carniole.  Grut. 

780,  j. 
EPAMAIGIVS.  Gruter  764,  I.  S.  Bertrand- 
de-Comminges. 


EPOMVLVS?  et  vicdsirana.    Angleterre. 

Gruter  700,  6. 
EPONA  dea.  Soleure.  Or.  402.  C*  X,  48 

V».   Dca    EPONA.    Orell.    $238.    J239. 

Celeia  EPONA.  Orell.  5884.  Bramb.  683, 

864,  865. 
EPOREDIA.  Brambach  1192,   1224.  Ville 

de  la    Gaule   cisalpine.  Tombeau   d'un 

soldat  de  la  14*  légion  gemina,  du  nom 

d'Acco.  C^  X,  p.  4. 
EPOREDIRIX   r...RIGIS).  Célèbre   Eduen 

de  la  guerre  des  Gaules.  C*  l ,  p.  34  v*. 

—  Autun,  venant  de   Bourbon  Lancy. 

Or.  1974. 
EPORENSES.  I.  I.  2163. 
EPOT...   pagus.   Ventavon.   Orell.   4025. 

Herzog.  489. 
EPOTSOROVIDVS.    S.    EPOSTE.    Arc  de 

Saintes.  Murât.  MCMXCII,  3. 
EPPO(ms),  masculin.  Secunda  Epponis  f. 

Carniole.  Mur.  2076,  10.  Maxima    Ep- 
ponis fiiia.  Grut.  764,  $. 
ERNAGINVM.  Aq.  Ap.  Orell.  5210. 
ERATO  LiTucci  filia.  Herzog  437.  Gruter 

EP.  1121.  4. 
ERDESCVS,  père  d'Erdesmius.  C  V,  p. 

40. 
ERDESMIVS  Erdesd  fil.  O  V,  p.  40. 
ESCINGVS.  Sur  un  autel  à  Jupiter.  Musée 

de  Bordeaux.  C^  XXll,  p.  3. 
ESDRICVS.  Supra  insulam  Bonaci.  Gruter 

73Î1  5, 
ESVGGI   (gén.),   fil.    Amiens,    Muratori 

MCMLXXXVl ,  7  Esugsus  non  Esuggius. 
ESVNERTVS.  Voy.  Undecy,  près  Genève 

Orelli  298. 
ESVS.  Paris,  Orelli  1993. 
ETIC,  mot  gaulois.  CM,  p.  17  v*. 
ETRVSVS.  Nom  d'un  druide  ?  germain. 

Musée  de  Mayence.  C*  X,  p.  17. 
EV,  mot  gaulois.  C^  111,  p.  13. 
EVRISES.  Paris,  Orelli  1993. 
EXCINGILLA,    nom   de   femme.    Ntmes, 

Muratori  1623,  8. 
EXClNGILLVS(-i).  A  un  prénom  et  peut- 
être  se  termine  en  ius.  Musée  de  Nîmes. 

C^  XIV,  p.   31.  Il  est    beau-père   de 

SoLiRix,  femme. 
EXCINGOMARVS  (GO?).   Ntmes.   Gruter 

911,2. 
EXCINGVS,  Ubien.  Chalons.  C^  XV,  p.  26. 
EXCINGUS,  pêredeParrion.Inscr.  de  Gap. 
EXOBNUS.  pèrt  de  Summa,  citoyen  Médio- 

matrice.  Br.  1572. 
EXPRICINNIO  deo,  par  Silea.  C  V,  p.  43. 

Provenance  inconnue. 

(i4  suivre.) 


UNE  ÉNIGME 


D'ONOMASTIQUE    FLUVIALE. 


Sous  ce  titre  M.  Pictet  [Revue  celtiqui,  t.  Il,  p.  437}  a  réuni  douze 
noms  de  rivières  de  Mauritanie  qui  paraissent  identiques  à  des  noms 
portés  par  des  rivières  de  Gaule,  de  Grande-Bretagne  ou  d'Espagne, 
il  en  conclut  que  les  Gaulois  ont  probablement,  à  une  date  fort 
ancienne,  conquis  la  Mauritanie  où  ils  seraient  arrivés  d'Espagne. 

Suivant  moi,  la  seule  conclusion  à  tirer  des  rapprochements  iiaits  par 
M.  Pictet,  si  conclusion  il  y' a,  c'est  que  la  race  ibérique  n'aurait  pas 
seulement  autrefois  occupé  outre  l'Espagne,  la  Gaule  méridionale  entre 
le  Rhône  et  l'Océan,  fait  établi  par  de  nombreux  textes  anciens,  mais 
qu'avant  Tinvasion  berbère,  la  race  ibérique  aurait  aussi  possédé  la 
région  nord-ouest  de  l'Afrique. 

En  effet,  l'origine  ibérique  des  noms  de  rivière  que  M.  Pictet  nous 
donne  pour  gaulois  est  à  mes  yeux  évidente  pour  une  partie,  très-vrai- 
semblable pour  l'autre. 

Sur  les  douze  noms  de  rivière  que  M.  Pictet  prétend  être  gaulois, 
deux  appartiennent  à  la  géographie  ancienne  de  l'Espagne  et  sont  étran- 
gers à  la  Gaule.  L'un  est  celui  de  VAnas^  aujourd'hui  Guadiana.  Ce  mot 
n'est  pas  gaulois.  Il  se  trouve  dans  la  description  phénicienne  de  l'Espa- 
gne reproduite  par  Festus  Aviénus,  et  cette  description  est  antérieure  à 
l'arrivée  en  Espagne  des  Gaulois,  à  la  place  desquels  elle  mentionne 
d'autres^  peuples  ^  VAnas,  à  cette  date  reculée,  arrosait  le  pays  des 
Cunètes  ou  Cynètes^,  peuple  ibère  comme  nous  l'apprend  Hérodore  ?, 
écrivain  du  v^  siècle  av.  J.-C.,  peuple  nettement  distingué  de  la  race 
celtique  par  Hérodote  dans  deux  passages  de  ses  célèbres  histoires  4. 
Donc  le  nom  de  VAnas  est  Ibère. 

1.  MûUenhoff,  Deutsche  Alterthumskunde^  t.  I,  p.  106. 

2.  Ana  amnis  illic  per  Cynetas  efRuit  (vers  205). 

3.  Hérodore,  Fragm.  20.  Fragmenta  historicorum  Graecorum.  T.  11^  p.  14. 

4.  Hérodote,  II,  33  ;  IV,  49;  éd.  Didot,  p.  83,  198. 


Une  énigme  i^onomasûque  fluviale,  1 69 

Le  Minius  porterait  un  nom  celtibère  suivant  M.  Pictet.  Mais  Strabon, 
le  plus  ancien  auteur  qui  mentionne  cette  rivière,  nous  dit  qu'elle  coule 
chez  les  Lusitans^  qui  sont  des  Ibères  2.  Ptolémée  la  met  chez  les 
Callalques  ),  qui  sont,  comme  Strabon  nous  l'apprend,  une  subdivision 
des  Lusitans^,  c'est-à-dire  des  Ibères,  et  si  Mêla  (III,  i)  a  transformé 
en  Celtiques  les  Callaïques  riverains  de  ce  petit  fleuve,  c'est  une  erreur 
due  à  la  consonnance  des  noms.  Enfin  le  rapprochement  que  M.  Pictet 
établit  entre  le  Minius  et  le  Mœnius  (Main)  ne  prouve  rien,  car  il  n'est 
pas  sûr  qu'il  soit  fondé.  On  peut  consulter  le  passage  de  la  Grammatica 
Celtica  (2«  édition,  p.  145)  sur  la  chute  du  g  en  gaulois.  Il  n'est  pas 
démontré  que  la  diphthongue  œ  de  Mœnus  tienne  lieu  d'un  /  renforcé  : 
Moenus  peut  être  une  forme  abrégée  de  Mogenos  :  comparez  le  latin 
magnus.  Le  Maina  breton  de  l'anonyme  de  Ravenne  s'expliquerait  de 
la  même  façon. 

M.  Pictet  suppose  que  les  Gaulois  vainqueurs  auraient  imposé  à 
l'Espagne  une  onomastique  fluviale  empruntée  à  leur  langue  :  nous 
n'avons  nulle  part  la  preuve  qu'ils  l'aient  fait  en  un  cas  quelconque,  et 
dans  les  deux  exemples  que  nous  venons  de  citer,  cette  hypothèse  est 
tout-à-fait  invraisemblable  puisqu'il  s'agit  de  noms  espagnols  étrangers  à 
l'onomastique  fluviale  de  la  Gaule,  que  l'un  VAnas  est  antérieur  à  la 
conquête  celtique,  que  l'un  et  l'autre,  VAnas  et  le  Minius,  appartiennent 
à  des  régions  où  après  la  conquête  celtique,  la  race  ibérique  avait  con- 
servé la  prépondérance. 

Ainsi  les  noms  de  VAnas  et  du  Minius  ne  sont  pas  gaulois  :  donc  il 
n'est  pas  prouvé  que  VAnatis  et  le  Mina  de  Mauritanie  portent  des  noms 
gaulois. 

Nous  passons  à  des  noms  de  rivières  dont  les  analogues  se  trouvent  à 
la  fois  dans  la  géographie  ancienne  de  la  Gaule  et  dans  celle  de  l'Espagne. 
Avant  d'entrer  dans  le  détail,  je  demande  la  permission  de  poser  une 
question.  Est-il  bien  certain  que  tous  les  noms  de  rivière  de  la  Gaule 
soient  d'origine  celtique,  qu'une  partie  au  moins  de  ces  noms  ne  remon- 
tent pas  à  une  date  plus  ancienne  que  la  date  de  rétablissement  de  la 
race  celtique  en  Gaule  P  Par  exemple,  les  Aquitains,  peuple  de  race  ibé- 
rique, qui  au  temps  de  César  et  de  Strabon  avaient  conservé  leur  langue, 
dont  les  descendants  ont  gardé  jusqu'à  nos  jours  des  noms  ethniques  et 
des  noms  de  villes  étrangers  à  la  langue  celtique,  auront-ils  changé  leurs 

1.  Strabon,  III,  c.  )}  S  4ï  Mition  Didot.  p.  127. 

2.  Strabon,  1.  III,  c.  3,  ^  3,  édition  Dioot,  p.  126. 

3.  Ptolémée,  II,  6,  i,  édition  Nobbe.  t.  I,  p.  83. 

4.  Strabon,  1.  III,  c.  3,  S  2,  éd.  Didot,  p.  126. 


1 70  Um  énigme  d^otiomastique  fimnaU, 

noms  ibéiiqaes  de  rivières  en  noms  gaulois  î  Evidemment  non.  Il  est 
même  évident  qu'en  certaines  parties  de  la  Gaule  conquises  sur  les 
Ibères  par  les  Gaulois^  les  noms  antérieurs  à  la  conquête  gauloise  se 
sont  maintenus  jusqu'aujourd'hui  >.  Tel  est  le  nom  du  Rb6ne,  Rhadanus: 
plusieurs  textes,  notamment  le  passage  célèbre  de  Scymnus  de  Chio  qui 
donne  d'après  Timée  la  date  de  la  fondation  de  Marseille,  établissent 
formellement  que  ce  nom  était  connu  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée  à 
une  époque  où  les  Gaulois  n'y  étaient  pas  encore  maîtres  >. 

De  là  je  conclus  que,  quand  un  nom  de  rivière  se  trouve  à  la  fois  en 
Espagne  et  en  Gaule,  affirmer  qu'il  est  gaulois  et  non  ibère,  c'est  fort 
aventureux,  c'est  dire  le  contraire  de  ce  qui  est  le  plus  vraisemblable. 

Les  noms  de  fleuves  de  Mauritanie,  cités  par  M.  Pictet,  qui  peuvent 
se  rapprocher  de  noms  de  fleuves  appartenant  à  la  fois  à  la  géographie 
ancienne  de  la  Gaule  ou  de  la  Grande-Bretagne  et  à  la  géographie 
ancienne  de  l'Espagne,  sont  au  nombre  de  trois  :  le  Sisar  ou  Sira,  le 
5a/a,  le  Tamuda. 

Le  Sisar  ou  Sira  :  il  y  a  en  Gaule  le  Sara  ou  Saravus  :  mais  le  Sara  en 
Espagne  est  mentionné  par  Pomponius  Mêla,  III,  i . 

Le  Sala  :  il  y  a  en  Gaule  la  Sala,  la  Salia,  mais  le  Solo  et  la  Salia 
d'Espagne  ont  été  mentionnés  l'un  par  Martial,  l'autre  par  Pomponius 
Mêla,  III,  I. 

Le  Tamuda  :  il  y  a  dans  la  Grande-Bretagne  le  Tamesis  et  le  Tamarus; 
mais  le  Tamaris  en  Espagne  est  mentionné  par  Ptolémée  et  Pomponius 
Mêla. 

Où  est  la  preuve  que  le  Sara^  le  Salo^  la  Salia^  le  Tamaris  d'Espagne 
portent  des  noms  celtiques  ?  Movers  soutient  que  deux  d'entre  eux 

1 .  Pruifung  der  iheristhin  Ursprungts  einzeiner  SUunmts  und  Staedtenamen  im  sûdli- 
chin  Gallien,  par  G.  Phillips,  dans  les  comptes-rendus  des  séances  de  la  classe  de  philo- 
sophie et  d'Histoire  de  l*Acaaémie  impériale  des  sciences  de  Vienne  (Autriche)  t.  LXVII, 
1871,  p.  34$  et  suivantes, 

2.  Scymnus  de  Chio,  vers  201-214,  Geographi  Gracî  Minores^  t.  I,  p,  204;  cf.  Pé- 
riple de  Scylax^  c,  ),  ibid.p.  17;  Strabon,  1.  III,  c.  4,  g  19,  édit.  Didot,  p.  138. 
Eschyle,  HiUades^  dté  parPlme,  XXXVII,  32,  édition  Teubner-lanus,  t.  V,  p.  148,  dit 
<)ue  le  Rhône  est  un  fleuve  d'Ibèrie.  Quelle  ignorance  !  s'écrie  Térudit  romain,  tanta 
igttorantia  !  Mais  l'ignorant  ici,  c'est  PlTne,  qui  s'imagine  gue  la  géographie  politique 
(m  V*  siècle  avant  J.-C.  est  identique  à  la  géographie  admmistrative  des  'Romains  au 
premier  siècle  après  J.-C.  Il  n'y  a  qu'un  texte  en  contradiction  avec  ceux  que  j'ai  cités, 
c'est  le  fragment  19  d'Hétatée,  Fragmenta  historicorum  Gracorum^  t.  I,  p.  2.  Ce  texte 
a  induit  en  erreur  M.  Herzog  (Galliae  narbonensis,  provinciae  romanae^  historia,  p.  4) 
oui  admet  que  Narbonne  aurait  appartenu  aux  Celtes  à  l'époque  d'Hécatée,  et  qui  date 
oe  l'an  700  avant  J.-C.  la  conquête  des  côtes  méridionales  de  la  Gaule  par  les  Celtes. 
Mais  le  fragment  19  d'Hécatée  est  ima^naire,  et  son  introduction  dans  les  éditions  d'Hé- 
catée est  le  résultat  d'un  lapsus  calami  de  Klausen.  J'ai  cru  avoir  découvert  le  premier 
cette  erreur.  M.  Mîillenhofr  l'avait  signalée  avant  moL  Les  Celtes  n'éuient  point  encore 
arrivés  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée  à  la  date  où  fîit  écrit  le  Périple  de  sicylax  (règne 
de  Philippe,  père  d'Alexandre  le  Grand). 


Une  énigmi  fiwmmastiquê  ftmfMe.  1 7 1 

portent  des  noms  phéniciens.  Le  Tamaris  d'Espagne  porterait  un  nom 
phénicien  puisqu'il  7  a  en  Phénideun  fleuve  Tamyras;  le  Salo  d'Espagne 
porterait  un  nom  phénicien  venant  du  sémitique  Sala  «  rocher  »  ^  Je  ne 
prétends  pas  que  le  système  de  M.  Movers  soit  le  bon.  Je  dis  seulement 
qu'il  n'est  pas  prouvé  que  le  Sara,  le  Salo,  la  salia^  le  Tamaris  d'Espa- 
gne aifnt  des  noms  celtiques  ;  par  conséquent  il  n'est  pas  prouvé  que  les 
rivières  de  Mauritanie  qui  ont  des  nom  semblables  aient  reçu  ces  noms 
des  Celtes. 

Les  douze  noms  de  rivière  c^tiques  que  M.  Pictet  prétend  avoir 
découverts  en  Mauritanie  sont  donc  réduits  à  sept  de  par  l'autorité  de 
la  géographie  ancienne  d'Espagne. 

La  géographie  ancienne  de  l'Aquitaine  me  donne  le  droit  d'en  retran- 
cher un  autre,  c'est  le  Sigas;  le  seul  nom  de  la  géographie  ancienne  de 
la  Gaule  que  M.  Pictet  rapproche  du  nom  de  la  rivière  africaine  est 
celui  du  Sigmas  qui  parait  se  jeter  dans  le  bassin  d'Arcachon  au  sud  de 
Bordeaux^  par  conséquent  en  Aquitaine.  Le  nom  du  Sigas  viendrait  sui- 
vant M.  Pictet  de  la  même  racine  que  le  gallois  sigaw,  rompre,  disper- 
ser ;  mais  les  lois  de  la  phonétique  néoceltique  s'opposent  à  ce  que  nous 
acceptions  cette  hypothèse  :  le  g  de  sigaw  tient  lieu  d'un  c  plus  ancien, 
la  racine  de  sigaw  contenait  un  c  comme  celle  du  latin  secare  {Gr.  C.^, 
p.  140,  i5j). 

Le  nombre  des  noms  de  rivière  communs  à  la  Gaule  et  à  la  Mauri- 
tanie et  qui  n'ont  pas  d'analogues  dans  la  géographie  des  contrées  ibéri- 
ques est  donc  réduit  à  six  :  i^  le  Ligar,  2®  Vlsaris^  ;^  le  Savus,  4^  le 
Cusas  ou  Cosentu,  (<>  le  Malvas,  Malba  ou  Malvana^  f>^  le  Lix  ou  Lixus. 
N'ayant  pas  à  ma  disposition  de  nomenclature  des  cours  d'eau  de  l'Espa- 
gne moderne,  j'ai  comparé  ces  noms  aux  noms  de  cours  d'eau  réunis  par 
M.  Raymond  dans  son  Dictionnaire  topographique  des  Basses-Pyrénies, 
pays  ibérique  où  jamais  la  race  celtique  ne  s'est,  que  nous  sachions, 
établie  ;  il  en  est  résulté  la  concordance  suivante  : 

Mauritanie,  Basses-Pyrénées. 

Ligar,  Legarre. 

Isaris,  Issaca. 

Savus,  Sabuca. 

Cusas,  Cosenus,  Couscauret,  Coustasse. 

Malvas,  Malvana^  Malugga, 

Lix,  Lixus,  Lissare, 

Les  noms  modernes ,  vraisemblablement  ibériques  d'origine ,  des 

1.  Das  pkotmzischt  Àlt€rthttm,  2*  partie,  p.  SA^t  ^Ah^Ai- 


1 72  Une  énigme  d'onomastique  fluviale, 

Basses-Pyrénées,  ressemblent  tout  autant  aux  noms  mauritaniens  que  les 
noms  celtiques  comparés  à  ces  noms  mauritaniens  par  M.  Pictet.  Il 
n'est  donc  pas  démontré  que  ces  noms  mauritaniens  soient  d'origine 
celtique. 

Movers,  célèbre  par  ses  travaux  sur  l'histoire  des  Phéniciens,  a  étudié 
le  même  sujet  que  M.  Pictet,  mais  à  un  point  de  vue  différent;  il  pré- 
tendait trouver  en  Espagne  un  grand  nombre  de  noms  de  lieu  libyens 
et  chananéens.  Voici  des  noms  de  rivières  d'Espagne  recueillis  par  lui, 
et  auquel  il  compare  des  noms  de  rivières  d'Afrique. 

Tous  ces  noms  appartiennent  à  la  géographie  ancienne. 

Espagne.  Afrique. 

Malaca  < ,  Molochath  (Mauritanie) . 

Salduba  >,  Sardabal  (Mauritanie) . 

Anas  ^,  Anatis  (Mauritanie). 

i4vo4,  Aves  (Mauritanie). 

Magrada  5,  Bagradas  (Numidie). 

Subi  arrosant  la  ville  de  Subur^,    Subur  aujourd'hui  Sebu  (Maurit.). 

Saloi,  Sâ/d  (Mauritanie). 

Rubricatus  s,  Rubricatus  (Numidie) . 

Suivant  Movers  il  résulte  de  cette  concordance  que  plusieurs  cours 
d'eau  d'Espagne  auraient  reçu  leur  nom  des  colons  liby-phéniciens 
amenés  d'Afrique  en  Espagne  par  les  conquérants  tyriens  et  carthagi- 
nois. Y  a-t-il  réellement  en  Espagne  des  noms  de  rivière  qui  doivent 
leur  origine  à  cette  conquête  P  Ne  devrait-on  pas  plutôt  expliquer 
certains  noms  de  lieu  d'Afrique  par  une  invasion  ibérique  en  Afrique 
avant  l'arrivée  des  Berbères  ? 

Ce  n'est  pas  le  lieu  de  discuter  ici  cette  question.  Mais  la  conquête 
phénicienne  de  l'Espagne  sur  laquelle  s'appuie  Movers  est  un  fait  histo- 
rique. Aucune  histoire  ne  parle  de  la  prétendue  invasion  des  Gaulois  en 
Afrique,  et  les  arguments  linguistiques  de  M.  Pictet  portent  à  faux,  en 
sorte  que  le  système  un  peu  hardi  de  Movers  serait  préférable  à 
celui  de  M.  Pictet. 

Reste  l'hypothèse  de  M.  Deveria.  Les  Tamahou  des  monuments 
égyptiens,  les  Tamahou  à  la  barbe  blonde  et  aux  yeux  bleus  qui  figurent 

1.  Dos  phœnizische  Alterthum,  2"  partie,  p.  638. 

2.  Ibid.^  p.  6)8-639. 

3.  Ibid.y  p.  643. 

4.  Ibid,y  p.  643. 
(.  Ibid.,  p.  643. 

6.  Ibid. y  p.  64$,  cf.  $41. 

7.  Ibid,  p.  64 j,  cf.  $42. 

8.  /M.,  p.  64$. 


Une  énigme  (Ponomastiéitte  fluviale,  1 7  3 

dans  ces  monuments  dès  l'an  2500  avant  notre  ère,  seraient  des  Indo- 
Européens,  par  conséquent  des  Celtes  arrivés  d'Espagne  en  Afrique  dès 
cette  époque  reculée  *. 

Voici  le  raisonnement  de  M.  Deveria  : 

Premier  syllogisme.  —  Les  peuples  qui  parlent  les  langues  indo- 
européennes  ont  le  monopole  des  yeux  bleus  et  des  cheveux  blonds^ 
or  les  Tamahou  ont  les  yeux  bleus  et  les  cheveux  blonds,  donc  les  Ta- 
mahou  parlaient  une  langue  indo-européenne. 

Second  syllogisme.  —  Les  Indo-Européens  connus  par  les  Egyptiens 
sous  le  nom  de  Tamahou  avaient  un  établissement  en  Afrique  ;  or  les 
Celtes  sont  les  seuls  Indo-Européens  qui  aient  pu  arriver  en  Afrique 
2500  ans  avant  J.-C.  Donc  les  Tamahou  sont  Celtes. 

La  majeure  du  premier  syllogisme  est  fausse.  Il  n'est  pas  prouvé  que  les 
peuples  qui  parlent  les  langues  indo-européennes  aient  le  monopole  des  yeux 
bleus  et  des  cheveux  blonds.  Il  y  a  des  yeux  bleus  et  des  cheveux  blonds  ou 
roux  chez  les  Juife,  chez  les  Berbères,  chez  les  Basques,  chez  les  Fin- 
nois, et  même  en  Amérique  !  On  trouve  des  yeux  bleus  dans  une  partie 
de  la  Chine  ^.  Donc  il  n'est  pas  prouvé  que  la  langue  des  Tamahou  fût 
indo-européenne.  Donc  le  système  de  M.  Deveria  n'a  pas  de  base. 

La  mineure  du  second  syllogisme  n'est  pas  démontrée.  Il  n'est  pas 
démontré  que,  si  2500  ans  avant  notre  ère  des  Indo-Européens  ont 
pénétré  en  Afrique,  ces  Indo-Européens  étaient  de  race  celtique.  La  race 
celtique  n'a  pénétré  en  Espagne  que  2000  ans  plus  tard;  elle  n'a 
atteint  les  côtes  de  la  Méditerranée  que  postérieurement  à  l'an  400  avant 
J.-C.  Par  quelle  voie  serait-elle  arrivée  en  Afrique  i  par  ballon 3  ?  Encore 
une  fois  le  système  de  M.  Deveria  manque  de  fondement. 

M.  Lenormant4  suppose  que  les  blonds  d'Afrique  sont  d'origine  ira- 
nienne. Le  ch.  18  du  Bellum  Jugurthinim  de  Salluste  l'affirme.  Après  la 
mort  d'Hercule  en  Espagne,  des  Perses,  des  Mèdes  et  des  Arméniens, 
soldats  dans  son  armée,  seraient  passés  en  Afrique  et  s'y  seraient  établis. 
Les  Numides  descendraient  des  Perses,  les  Maures  des  Mèdes  et  des 
Arméniens.  Cette  invasion  iranienne  serait,  suivant  Salluste ,  antérieure 
à  la  fondation  des  plus  anciennes  colonies  phéniciennes  d'Afrique,  elle  ne 
peut  par  conséquent  s'appuyer  sur  aucun  témoignage  historique;  elle  est 

1.  Refue  Archéologique,  IX,  38.  Le  mot  Tamahou  désigne  à  la  fois  les  Libyens  et 
divers  peuples  du  littoral  de  la  Méditerranée.  Vicomte  de  Rougé,  Revue  Archéologique^ 
XVI,  82. 

2.  Topinard,  VAnthropologie,  1876,  p.  ^66,  368,  474,  479. 

3.  Movers,  Dos  phanizische  Alterthum,  2*  partie,  p.  $88  et  suiv.,  a  démoli  le  système 
d'Amédée  Thierrr  sur  la  date  de  l'invasion  celtique  en  Espagne.  Il  est  inutile  de  dis- 
cuter id  ce  système,  qui  n'est  plus  je  crois  soutenu  par.  aucun  savant  sérieux. 

4.  Manuel  d'histoire  ancienne  de  POrientj  y  édition,  t.  III,  p.  154-1  $4. 


1 74  ^>^^  énigme  ttonomastiqtte  fluvMe. 

peu  conciliable  avec  ce  que  nous  savons  de  l'histoire  delà  race  iranienne  ; 
elle  est  en  contradiction  avec  les  données  de  la  linguistique  s  c^»t  un 
événement  fabuleux;  mais  s'il  fallait  admettre  l'existence  d'un  élément 
indo-européen  dans  la  population  la  plus  ancienne  de  l'Afrique  septen- 
trionale, je  préférerais  la  doctrine  de  M.  Lenormant  à  celle  de 
M.  Pictet.  M.  Lenormant  cite  un  texte,  M.  Pictet  n'en  peut  produire. 

H.  D'ARBOIS  de  lUBAINVILLE. 


I.  Movers,  Das  pkœnUische  AUrthum^  2*  partie,  p.  )6). 


CUCHULAINN'S   DEATH. 


ABRIDGED  FROM   THE    BOOK   OF   LEINSTER, 

ff.  77,  a.  I  —  78,  b.  2. 


|When  Cûchulainn's  foes  came  for  the  last  time  against  him,  his  land 
was  filled  with  smoke  and  flame,  and  the  weapons  fell  from  their  racks, 
and  the  day  of  his  death  drew  nigh.  The  evil  tidings  were  brought  to 
him,  and  the  maiden  Leborcham  bade  him  arise^  though  he  was  forworn 
with  fighting  in  defence  of  the  piain  of  Murthemne,  and  Niam,  wife  of 
Conall  the  Victorious,  also  spoke  to  him,  so  he  sprang  to  his  arms,  and 
flung  his  mantle  around  him  ;  but  the  brooch  fell  and  pierced  his  foot, 
forewarning  him.  Then  he  took  his  shield  and  ordered  his  charioteer 
Loeg  to  harness  his  horse,  the  Gray  of  Mâcha  :] 

Tonga  dodia  atonges  mothûath  orldech  cianobeth    coiced   conchoïmc 

immonliath  mâcha  nistibriiis  dochum  incaq>aiu  Nlerbartfnt  cosindiu 

Maso  Ail  duit  tairfiin  da  acallam  ind  leith  fadessin, 

ce  I  swear  to  the  god  by  whom  my  people  swear  »,  said  Loeg, 
i<  though  (the  men  of)  Conchobar's  Fifth  >  were  around  the  Gray  of 
Mâcha,  they  could  not  bring  him  to  the  chariot.  I  never  refused  thee  tiil 
today...  If  thou  wilt,  come  thou,  and  speak  with  the  Gray  himself.» 

Teiu  cuchulainn  adochum.  Et  roimpa  intech  achli  frissfothrl,  7  rodait/  in 
morrigu  incarpat  issind  aidchi  remi.  arnirbo  ail  lee  adul  concu/ainn  dochum 
inchatha.  arrofiÛT  nocoricfad  eniuin  mâcha  afrithisi^ 

Cuchulainn  went  to  him.  And  thrice  did  the  horse  tum  his  left  side  to 
his  master.  (And  on  the  night  before  the  Môrrfgu'  had  broken  the 
chariot,  for  she  liked  not  Cûchulainn's  going  to  the  battle,  for  she  knew 
that  he  would  not  come  again  to  Emain  Mâcha). 

[Then  Cuchulainn  reproached  his  horse^  saying  that  he  was  not  wont 
to  deal  thus  with  his  master  :] 

1.  Ulster. 

2.  A  wargoddess,  see  Refue  Ceitique,  I,  56. 


1 76  CuchulainrCs  Death. 

Lasodain  dodechaid  inliath  mâcha  cotarlaic  abolgdira  môrafolafor  a  dib 
traigthib.  Lassin  roling  cuchulainn  incarpat.  Et  docuridar  bedg  de  fodes 
iarslige  midluachra, 

Thereat  the  Gray  of  Mâcha  came  and  let  his  big  round  tears  of  blood 
fall  on  Cûchulainn's  feet.  And  then  Cûchuiainn  leaped  into  the  chariot, 
and  drove  it  suddenly  southwards  along  the  Road  of  Mid-Luachair. 

[And  Leborcham  met  him  and  besought  him  not  to  leave  them  ;  and  the 
thrice  fifty  queens  who  were  in  Emain  Mâcha  and  who  loved  him  cried 
to  him  with  a  great  cry.  But  he  tumed  his  chariot  to  the  right,  and 
they  gave  a  scream  of  wailing  and  lamentation,  and  smote  their  hands, 
for  they  knew  that  he  would  not  come  to  them  again.] 

Robôi  iech  amumme  rodnaltsom  arachind  for  intsligid  taidledsom  béos 
intan  natheiged  forairim  seccifadess  7  aness.  Lestarcondig  leesi  arachindsom 
dogrés.  ibid  dig,  7  documlai  ass  7  celebraid  diamummi.  Téit  ass  iarsligi 
midluachra  iar  maig  mogna.  Conaccai  ni  nateora  ammiti  tôathchaecha  ara- 
chind forinùligid.  Orce  conemib  7  epthaib  fonôiset  forberaib  cairthind.  Ba 
dogessib  conculainn  cenadall  fulachta  diachathim.  Geiss  dô  dana  càrna  achom- 
anma  do  ithi.  Rethid  7  badodul  seccu.  Rufiûr  nibucdenam  alessa  robass 
and, 

The  house  of  his  nurse  that  had  fostered  him  was  before  him  on  the 
road.  He  used  to  go  to  it  whenever  he  went  driving  past  her  southwards 
and  from  the  south.  And  she  kept  for  him  always  a  vessel  with  drink 
therein.  And  now  he  drinks  a  drink  and  fares  forth,  bidding  his  nurse 
farewell.  Then  he  saw  somewhat.  Three  Crones,  blind  of  the  left  eye, 
before  him  on  the  road.  They  had  cooked  (?)  on  spits  of  rowantree 
a  dog  with  poisons  and  spells.  And  one  of  the  things  that  Cûchuiainn 
was  bound  not  to  do,  was  going  to  a  cooking-hearth  and  consuming 
the  food.  And  another  of  the  things  that  he  must  not  do,  was  eating  his 
namesake's  flesh'.  He  speeds  on  and  was  about  to  pass  them,  for  he  knew 
that  they  were  not  there  for  his  good. 

Conidde  asbertfriss  indammait. 

Tadall  latt  ac/iuchulainn. 

Ni  adliub  ém  o/cuc/zulainn. 

Aie  inbiad  eu  olsi.  Diambad  fulocht  môr  nobeih  and  orsi  roadelta.  uair 
isbecfil  and  nithaidle,  Nitualaing  môr  nadfulaing  no  nadgeib  inihbec. 

Then  said  ihe  Crone  to  him. 

c(  Visit  us',  0  Cûchuiainn.  » 

«  I  will  not  visit  you  in  sooth,  says  Cûchuiainn. 

I .  Cû-chulainn  means  *CuUnn's  Hound'. 


Cuchulainn's  Death .  177 

«  The  food  is  (only)  a  hound,  quoth  she.  «  Were  this  a  greatcooking- 
hearth  thou  wouldst  hâve  visited  us.  But  because  what  is  hère  is  little, 
thou  comest  not.  Unseemly  are  the  great  who  endure  not  (or  who  take 
not)  the  little.  » 

Ataellasom  iarom,  7  tonindnaig  indammtdt  leithi  inchon  dô  assa  laim 
chlL  Adetha  cuchulainn  iarom  assaldim  7  dambeir  fo'sUasait  cli»  INdldm 
Todgah  7  inûliasait  fotarat  rogabtha  ochund  cofond  connarabi  annert  citna 
indib. 

Then  he  drew  nigh  to  her,  and  the  Crone  gave  him  the  side  of  the 
hound  out  of  her  left  hand.  And  then  Cuchulainn  ate  it  out  of  his  [left] 
hand  ;  and  put  it  under  his  left  thigh.  The  hand  that  took  it  and  the 
thigh  under  which  he  put  it  were  seized  from  trunk  to  end,  so  that  the 
same  strength  abode  not  in  them. 

[Then  he  drove  along  the  Road  of  Midluachair  around  Sliab  Puait; 
and  his  enemy,  Ere  son  of  Carpre  saw  him  in  his  chariot,  with  his 
sword  shining  redly  in  his  hand,  and  the  light  of  valour  {Ion  gaile) 
hovering  over  him,  and  his  three-hued  hair  like  strings  of  golden  thread 
over  the  edge  of  the  anvil  of  some  cunning  craftsman  (combasamalta 
ratétaib  érsndid  dar  or  nindeona  foldim  suad  saincherda). 

«  That  man  is  coming  towards  us,  0  men  of  Eriu  !  »  said  Ere. 
«  Await  him.  »  So  they  made  a  fence  of  their  linked  shields,  and  at  each 
corner  Ere  made  them  place  two  of  their  bravest  feigning  to  fight  each 
other,  and  a  satirist  with  each  of  thèse  pairs,  and  he  told  the  satirists  to 
ask  Cuchulainn  for  his  spear,  for  the  sons  of  Calaten  had  prophecied  of 
his  spear  that  a  king  would  be  slain  thereby,  unless  it  were  given  when 
demanded.  And  he  made  the  men  of  Eriu  utter  a  great  cry.  And 
Cuchulainn  rushed  against  them  in  his  chariot,  performing  his  three 
thunder-feats;  and  he  plied  his  spear  and  sword  :] 

Comtar  lir  gainem  mara  7  renna  nime  7  drucht  cétamuin  7  loa  snechiai 
7  bommand  ega.  7  dulli  forfidbaid.  7  budi  forbregmaig.  7  férfochossaib  grega 
iUà  samrald  alleithchind'j  allethchloicne  7  alletblama  7  allethcbossa  7  acnàma 
derga  comscdilte  iarnanesrédiud  fomag  murthemni.  Et  ropoliath  inmagsin 
dianinchlnnib  krsintress  diberge  sin  7  imberta  arm  dorât  cuchulainn  form. 

So  that  the  halves  of  their  heads  and  skuUs  and  hands,  and  feet,  and 
their  red  bones  were  scattered  broadcast  throughout  the  plain  of 
Murthemne,  in  number  like  unto  sand  of  sea  and  stars  of  heaven  and 
dewdrops  of  May  and  flakes  of  snow  and  hailstones,  and  leaves  on  forest, 
and  buttercups  (P)  on  Moy-Bray,  and  grass  under  feet  of  herds  on  a  day 
in  summer.  And  gray  was  the  field  with  their  brains  after  that  onslaught 
and  plying  of  weapons  which  Cuchulainn  dealt  unto  them. 

Réf.  cdt.  ni  1 3 


lyS  CachulainiCs  Death. 

[Then  he  saw  one  of  the  pairs  of  warriors  contending  together,  and 
the  satirist  called  on  him  to  intervene,  and  Cûchulainn  leaped  at  fhem, 
and  with  two  blows  of  his  fist  dashed  out  their  brains  :] 

INgaisin  damsa  achuchulainn  orincainte. 

Tongimse  atohges  mothâath,  nach  ma  arichtu  alessa  duitseo  andas  damsa. 
Ataatfir  herenn  form  sund  7  atâ  forro  dam, 

Noiairubsa  dam  manithuca  arincainte. 

Ni  romaeradsa  dana.  riam  icinaid  modrochthidnacuU,  no  mo  dothchernais. 

Lasodain  rodibairg  inngai  dà  *sauriond  reme  condechaid  trianachend 
7  coromarb  nonburfriss  analL 

<(  That  spear  to  me  !  »  says  the  satirist. 

«  I  swear  what  my  people  swears,  said  Cûchulainn,  »  thou  dost 
not  need  it  more  than  I  do.  The  men  of  Eriu  are  on  me  hère  and  I  too 
am  on  them. 

((  I  will  reviie  thee  if  thou  givest  it  not,  says  the  satirist. 

(c  I  hâve  never  yet  been  reviled  because  of  my  niggardiiness  or  my 
churiishness.  » 

With  that  Cûchulainn  flung  the  spear  at  him  with  its  handle  foremost, 
and  it  passed  through  his  head  and  killed  nine  on  the  other  side  of  him. 

[And  Cûchulainn  drove  through  the  host,  but  Lugaid  son  of  Cûrûi 
got  the  spear.] 

Crdet  dofaeth  dongaiseo  amaccu  calatin  arlugeid. 

Dofaeth  ri  dingaisin  ormaic  câ/atin. 

lARsin  rotheilg  lugM  inngai  forsincarpat  contarlai  illdeg  mac  riangabra. 
cotarlaic  ambui  doinnib  innamedàn  corrabi  forfortchi  incharpait. 

ISandsin  roràid  Ideg  Goirt  romgaei.  etc. 

lARsin  ira  dobeir  cûchulainn  inngai  ass  7  celebraid  lâeg.  conidand  atbert 
cûchulainn  bam  eirrse  7  bam  ara  isindlathiusa  indiu, 

«  What  will  fall  by  this  spear,  0  sons  of  Calaten  P  »,  says  Lugaid. 

«  A  king  will  fall  by  that  spear  »,  say  the  sons  of  Calaten. 

Then  Lugaid  flung  the  spear  at  Cûchulainn's  chariot,  and  it  reached 
the  charioteer,  Loeg  son  of  Riangabra,  and  ail  his  bowels  came  forth  on 
the  cushion  of  the  chariot. 

Then  said  Loeg  <c  Bitterly  hâve  I  been  wounded  »  etc. 

Tbereafter  Cûchulainn  draws  out  the  spear,  and  Loeg  bids  him 
farewell,  and  then  said  Cûchulainn  :  «  Today  1  shall  be  champion  and 
I  shall  be  charioteer.  » 

[Then  he  saw  the  second  pair  contending,  and  one  of  them  said  it  was 
a  ^hame  for  him  not  to  intervene.  And  Cûchulainn  sprang  upon  them 
and  dashed  them  into  pièces  against  a  rock.] 


Cttchulainn's  Deaih.  179 

JNgaisin  damso  achuchûdinn  olincainte, 

Tongusa  atonges  mothâath  nimô  ricktain  akssa  ingai  duitsiu  oldaas  iamsa. 
cethri  coicid  herenn  formldim  7  form  gail  7  foxmgaisctd  do  aurscartad 
dimaig  murthtmni  isindlàsa  indiu. 

Nottdirubsa  olincainte. 

Nidlegar  dim  acht  oencdlgis isindlosa,  -jdam  roiccus  doclùndm'enigindiu 
chena. 

dirfatsa  ultu  itchinmdsiu  olincainte. 

Niraaertha  ém  riam  olse  icin  modibese,  nach  modothchernais.  Ambec  arathd 
din  domiaegttlsa  ni  airfaiter  isind  laithiusa  indiu. 

DobtTt  cuchulamii  ingai  dô  ar  urlaind  condtchaid  trianachend  7  coromarb 
nénbur  ris  aniar.  Etfethid  triasinmbuidin  amal  atrubramar  remaind. 

«  That  spear  to  me,  0  Cûchulainn  !  »  says  the  satirist. 

<c  I  swear  what  my  people  swears,  thou  dost  not  need  the  spear  more 
than  1  do.  On  my  hand  and  my  vaiour  and  my  weapons  it  rests  today  to 
sweep  the  four  fifths  of  Eriu  >  today  from  the  plain  of  Murthemne. 

«  I  will  revile  thee  »,  says  the  satirist. 

K<  I  am  not  bound  to  grant  more  than  one  request  în  this  day,  and, 
moreover,  I  hâve  ahready  paid  for  my  honour.  » 

«  I  will  revile  Ulster  for  thy  default  »,  says  the  satirist. 

«  Never  yet  hath  Ulster  been  reviled  for  my  refusai. nor  for  my  chur- 
lishness.  Through  little  of  my  life  remains  to  me,  Ulster  shall  not  be 
reviled  this  day.  » 

Then  Cûchulainn  cast  the  spear  at  him  by  the  handle  and  it  went 
through  his  head  and  killed  nine  behind  him,  and  Cûchulainn...  through 
the  host  even  as  we  said  before. 

[Then  Ere  son  of  Cairpre  took  the  spear.] 

Cid  bias  dingaiseo  amaccu  calatin  arerc  mac  carpri. 

Nin.  dofuit  ri  dingaisin  armaic  ca/atin. 

Rochuala  lit  dofdithsad  dingai  ochianaib  roleici  lugaid. 

Isflr  on  ém  ormsic  ca/atin.  dorochair  ri  arad  herttmde  .i.  ara  conculainn 
.i.  laeg  mac  riangabra. 

c(  What  shall  fall  by  this  spear,  0  sons  of  Calaten  ?  »  says  Ere  son  of 
Carpre. 

«  Not  hard  to  say  :  a  King  Ms  by  that  spear,  »  say  the  sons  of 
Calaten. 

<f  I  heard  you  say  that  a  King  would  fall  by  the  spear  whicb  Lugaid 
long  since  cast.  » 

I .  I.  e.  the  arnûes  ot  Comiaught,  Meath,  Leinster  and  Munster. 


1 8o  Cuchulainn's  Death . 

«And  that  is  true,  »  say  the  sons  of  Calaten.  « Thereby fell the king  of 
the  charioteers  of  Eriu,  namely  CûchuUinn's  charioteer,  Laeg  son  of 
Riangabra.  » 

Lasin-  dolleici  erc  ingai  fair  conidecmaing  issin  liath  mâcha.  Gaîaid 
cuchuhinn  inngai  ass.  Et  célébrais  càch  diacheile  dib.  Lasodain  leicthi  inliath 
mâcha  7  leth  acunga  fobrdgit  condechaid  illind  léith  isliab  fuait. 

Thereat  Erc  cast  the  spear  at  him,  and  it  lighted  on  (his  horse)  the  Gray 
of  Mâcha.  Cûchulainn  snatches  out  the  spear.  And  each  of  them  bade 
the  other  farewell.  Thereat  the  Gray  of  Mâcha  leaves  him  with  half  the 
yoke  under  his  neck  and  went  into  Gray's  Linn  in  Sliab  Fuait. 

[Thereat  Cûchulainn  again  drove  through  the  host  and  saw  the  third 
pair  contending,  and  he  intervened  as  he  had  done  before,  and  the 
satirist  demanded  his  spear  and  Cûchulainn  at  first  refused  it.] 

Notdirubsa  olincainte, 

Roiccus  dominchaib  indiu.  nidUgar  dam  achi  oenalgis  isindlousa. 

dirfatsa  ultu  itchinta. 

Roiccus  dianinchaib  olse. 

Airfatsa  dochenél  orincainte. 

Tir  im.  nadranacsa  riam  nlricfat  scéla  m'écnaig  remum,  Uair  isbec  atd 
dorrùaegul, 

Dotheilg  cûchulainn  inngai  dô  7  aurlond  reme  condechaid  trianachend  7 
tré  tri  nonboru  aile, 

ISrath  cofeirg  achuchulainn  arincdnti. 

M  will  revile  thee\  quoth  the  satirist. 

M  hâve  paid  for  my  honour  today.  I  am  not  bound  to  grant  more 
than  one  request  in  this  day.' 

'I  will  revile  Ulster  for  thy  fault*. 

4  hâve  paid  for  Ulster's  honour\  says  Cûchulainn. 

'I  will  revile  thy  race',  says  the  satirist. 

'Tidings  that  1  hâve  been  defamed  shall  never  reach  the  land  I  hâve 
not  reached.  For  little  there  is  of  my^life  (remaining).  » 

So  Cûchulainn  flung  the  spear  to  him,  handle  foremost,  and  it  went 
through  his  head  and  through  thrice  nine  other  men. 

^Tis  grâce  with  wrath,  0  Cûchulainn',  says  the  satirist. 

[Then  Cûchulainn  for  the  iast  time  drove  through],the  host^  and  Lugaid 
took  the  spear,  andsaid  :J 

Cid  bias  dingaiseo  amaccu  ca/atin, 

Tuitfid  ri  de  armaic  calatm. 

.Rochuala  lib  dofdethsad  dingai  roleci  erc  imbuaruch. 

ISflr  on  orse  darochair  ri  ech  herenn  de  .i.  inliath  mâcha. 


Cttchulainn's  Death.  1 8 1 

a  What  will  £all  by  this  spear,  0  sons  of  Calaten  i  » 

ce  A  king  will  fall  thereby  »,  say  the  sons  of  Calaten. 

^M  heard  you  say  that  a  king  would  foU  by  the  spear  that  Ere  cast 
thismoming.*' 

«  That  is  true,  »  say  they,  «  the  king  of  the  steeds  of  Eriu  fell  by  it, 
namely  the  Gray  of  Mâcha.  » 

[Then  Lugaid  flung  the  spear  and  struck  Cûchubdnn,  and  his  bowels 
came  forth  on  the  cushion  of  the  chariot,  and  his  only  horse,  the  Black 
Sainglend,  fled  away,  with  half  the  yoke  hanging  to  him,  and  left  the 
chariot  and  his  master,  the  king  of  the  heroes  of  Eriu,  dying  alone  on 
the  plain.] 

larsin  atbert  cuchulainn.  Ropail  damsa  olcuchulainndiil  connicl  inloch  ucot 
dôl  digi  ass. 

IScet  lind  ariat  acht  cotls  chucund  aridisi. 

FoTcongersa  foruib  orcuchuiainn  mani  thlsiarsa  féin  cotistaisi  armochend. 

lARsin  ira  rotheclaim  inné  abrond  inauchu  7  Uit  ass  dochum  indlocha. 

Then  said  Cûchulainn  «  I  would  fain  go  as  far  as  that  loch  to  drink  a 
drink  thereout.  » 

<c  We  give  thee  leave  »  say  they,  «  provided  that  thou  corne  to  us 
again.  » 

'  <c  I  will  bid  you  corne  for  me,  »  says  Cûchulainn,  «  unless  I  shall  corne 
myself.  » 

Then  he  gathered  his  bowels  into  his  breast^  and  went  forth  to  the 
loch. 

[And  there  he  drank  his  drink,  and  washed  himself,  and  came  forth  to 
die,  calling  to  his  foes  to  corne  to  meet  him.] 

Dodechaid  iarum  crich  môr  ondloch  siar.  Et  rucad  arosc  airi.  Et  téit 
dochum  coirthi  cloichefile  isinmaigcotarat  acoimchriss  immi  narabladnasmdiu 
nach  inaligu,  combad  inasessam  atbalad, 

ISiarsin  dodechatar  nafir  immacuairt  immi  7  nirolamsatar  dvd  adochum. 
Andarleo  ropobeo. 

JSmebol  dàib  ol  en  msiC  carpri  cenchend  indfir  dothabairt  lib  indigail 
chind  m'atharsa... 

lARsin  tra  dodechaid  inliaih  mâcha  cocoinculainn  dia  imchomit  iciin  robài 
aanim  and  7  romair  inlon  Idith  assa  étun.  ISiarum  bert  inliaih  mâcha 
natri  dergruaihTSi  immi  macuairt  cotorchair  ./.  leis  conafiaclaib  7  .xxx.  cach 
crûi  dà  issed  romarb  dontslùag.  Conidde  atd  nitathe  buadremmend  ind  liith 
mâcha  iarmarbad  conculainn. 

Conid  iarsin  dolluid  indenéach  foragualaind.  Nirbogndth  incorthe  ût 
foenaib  ar  en  mac  corpTu 


1 82  Cuckulainn's  Death . 

lARsin  ira  racoraig  lugaid  amoing  daraaiss.  7  benaid  achend  de. 

lARsin  ira  dorochzir  aclaideb  allaim  concidainn.  coneumoing  aldim  dbi 
dilugaid  corrabi  foridr.  Benair  aldm  dôi  danat  dichoinculainn  dia  digaiL 

Documlat  ass  iamm  intslûaig  7  doberat  ko  cend  conculainn  7  alaim  dôi 
catancatar  temnig.  Conid  and  atâ  otharligeachind  7  aldime  dâL  7  Un  lainne 
ascéith  di  ûir. 

Now  a  great  mearing  went  westwards  from  the  loch,  and  his  eye  lit 
upon  it,  and  he  went  to  the  pillarstone  which  is  in  the  plain,  and  he  put 
his  breastgirdie  round  it  that  he  might  not  die  seated  nor  lying  down, 
but  that  he  might  die  standing  up. 

Then  came  the  men  ail  around  him,  but  they  durst  not  go  to  him, 
for  they  thought  he  was  alive. 

^It  is  a  shame  for  you',  said  Ere  son  of  Cairpre^  (cnot  to  take  that  man's 
head  in  revenge  for  my  father's  head  which  was  taken  by  him....» 

Then  came  the  Gray  of  Mâcha  to  Cûchulainn  to  protect  him  so  long  as 
his  soûl  was  in  him  and  the  ^hero's  light'  out  of  his  forehead  remained. 

Then  the  Gray  of  Mâcha  wrought  the  three  red  routs  ail  around  him. 
And  fifty  fell  by  his  teeth  and  thirty  by  each  of  his  hooves.  This  is  what 
he  slcw  of  the  host.  And  hence  is  (the  saying).  *Not  kcener  werc  the 
victorious  courses  of  the  Gray  of  Mâcha  after  Cûchulainn's  slaughter.' 

And  then  came  the  Birds  on  his  shoulder.  «That  pillar  is  not  wont  to 
be  under  birds,  »  says  Ere  son  of  Cairpre. 

Then  Lugaid  arranged  Cûchulainn's  hair  over  his  shoulder,  and  cuts 
off  his  head. 

And  then  fell  the  sword  from  Cûchulainn's  hand,  and  smote  off  Lugaid's 
right  hand  which  fell  on  the  ground.  And  then  Cûchulainn's  right  hand 
was  eut  off  in  revenge  for  this. 

Lugaid  and  the  hosts  then  marched  away,  carrying  with  them  Cûchu- 
lainn's head  and  his  right  hand,  and  they  came  to  Tara,  and  there  isthe 
Sickbed  of  his  head  and  his  right  hand,  and  the  fuU  of  the  cover  >  of  his 
shield  of  mould. 

[From  Tara  they  marched  southwards  to  the  river  Liffey.  But  mean- 
while  the  hosts  of  Ulster  were  hurrying  to  attack  their  foes,  and  Conall 
the  Victorious,  driving  in  front  of  them,  met  the  Gray  of  Mâcha  streaming 
with  blood.  Then  Conall  knew  that  Cûchulainn  had  been  slain.  And  he 
and  the  Gray  of  Mâcha  sought  Cûchulainn's  body.j 

Conaccatar  comcu/ainn  immoncorthe.  Luid  dam  inliath  mâcha  cotarat 
achend  forbruinnib  concu/ainn. 

I.  Lainne  I  take  to  be  the  gen.  sg.  of  lann  .i.  cumdach,  O'Clery. 


Cuchukùnn's  Death,  1 8 ^ 

iSdethiùu  don  liaih  mâcha  incorp  ût  ar  conall, 

They  saw  Cûchulainn  at  the  pillar-^tone.  Then  went  the  Gray  of 
Mâcha  and  laid  hi&  head  on  Cûchulainn's  breast.  And  Conall  said  m  A 
heavy  care  to  the  Gray  of  Mâcha  is  that  corpse.  » 

[And  then  Conall  foUowed  the  hosts  meditating  vengeance^  for  he  was 
bound  to  avenge  Cûchulainn  :] 

Roboi  cinrUiid  triachombdig  iarum  eùr  chainculainn  7  conall  cernach  .i. 
ciped  chia  dib  nomarbtha  artùs  adigail  diacheiliu.  Et  mad  misse  marbthair 
artûs  archuculainn  cia  luaihe  nomdigela. 

Alla  notgentar  arconall  cernach  dodigail  damsa  resin  fescursin.  Et  mad 
misse  marbthair  and  orconalL  cia  luathe  nomdigela. 

Nipa  ûar  thfuilsiu  limsa  fortalmain  olcuchulainn  intan  notdigél, 

Now  there  was  a  cororades'  covenant  between  Cûchulainn  and  Conall 
the  Victorious,  namely,  that  whichever  of  them  was  first  killed  should 
be  avenged  by  the  other.  «  And  if  /  be  the  first  killed  »said  Cûchulainn, 
«  how  soon  wilt  thou  avenge  me  P  » 

«  The  day  on  which  thou  shalt  be  slain  »,  says  Conall^  «  I  will  avenge 
thee  before  that  evening.  And  if  I  be  slain  »,  says  Conall,  «  how  soon 
wilt  thou  avenge  me  ?  » 

«  Thy  blood  will  not  be  cold  on  earth  »,  says  Cûchulainn,  «  when  I 
shall  avenge  thee.  )> 

|So  Conall  pursued  Lugaid  to  the  Lifiey.] 

ISand  robôi  lugaid  ocafothrucud.  Decce  dûn  ammag  ollugaid  friaaraid 
natistar  chucund  cen  aicsin. 

Doféccai  sécha  intara. 

Dofil  oenmarcach  sund  chucundorse,  7  ismoragripe  7  aluas  dothet.  indarlat 
isfeochuine  (no  fiaich)  herennfil  uasa.  Indarlat  it  toa  snectai  breccait  ammag 
fris  anair. 

Ni  inmain  inmarcach  dothaet  and  arlugaid  .i.  Conai/  cernach  insin  for- 
sindeirg  druchtaig,  Na  eoin  atchonnarcais  uasu  na  fait  acruib  indeich  sin, 
Naloa  snechtai  atchonnarcais  dobreccad  inmaigefris  anair ^  uanbach  abilaib 
indeichsin.  7  agglomraib  intsréin, 

Fég  darisse  arlugaid  cisi  chonar  dothdet. 

Dothdet  dochum  indatha  arintara  a.  inconar  dodechaid  inslùag. 

Dolliic  sechund  intechsin  arlugaid  ni  ail  dûn  comrac  fris, 

Then  was  Lugaid  bathing.  'Keep  a  lookout  over  the  plain'  said  he  to 
his  charioteer,  «  that  no  one  corne  to  us  without  being  seen.  » 

The  charioteer  looked. 

c(  One  horseman  is  hère  coming  to  us,  »  said  he,  «  and  great  are  the 
speed  and  swiftness  with  which  he  cornes.  Thou  wouldst  deem  that  (ail) 


1 84  Cuchukinn^s  Death. 

the  ravens  of  Eriu  were  above  him.  Thou  wouldst  deem  that  flakes  of 
snow  were  specking  tfae  plain  before  him.  » 

«  Unbeloved  is  the  horseman  that  cornes  there,  »  says  Lugaid.  It  is 
Conall  the  Victorious  (mounted)  on  the  Dewy-Red.  The  birds  thou 
sawest  above  him  are  the  sods  from  that  horse's  hoofs.  The  snow-flakes 
thou  sawest  specking  the  plain  before  him  are  the  foam  from  that  horse's 
lips  and  from  the  curbs  of  the  bridle.  Look  again,  »  says  Lugaid,  «  what 
road  is  he  coming  ?  » 

i<  He  is  coming  to  the  ford,  »  says  the  charioteer^  «  the  path  that  the 
hosts  hâve  taken.  )> 

«  Let  that  horse  pass  us,  »  said  Lugaid.  «  We  désire  not  to  fight 
against  him.  » 

[But  when  Conall  reached  the  middle  of  the  ford  he  spied  Lugaid  and 
his  charioteer  and  went  to  them.] 

ISfochen  aged  fécheman,  ol  conall  cernach.  INil  dansi  diandligi  fiachu 
dosfothlaig  fair,  Dligim  ditsu  ar  conall  cernach  .i.  marbad  mochomchtili 
conculzirm.  7  itû  Ictriall  aacraiifoTt. 

((  Welcome  is  a  debtor's  face  !  »  said  Conall.  «  He  to  whom  heoweth 
debts  demands  them  of  him.  I  am  thy  creditor,  »  says  Conall,  «  for  the 
slaying  of  my  comrade  Cûchulainn,  and  hère  I  am  suing  thee  for  this.  » 

[They  then  agreed  to  fight  on  the  plain  of  Argetros  *'  and  there  Conall 
wounded  Lugaid  with  his  javelin.  Thence  they  went  to  a  place  called 
Ferta  Lugdach.] 

Ropâil  damsa  or  lugdid  conumrabad  fir  fer  uaitsiu. 

Cid  en  or  conall  cernach. 

Connachamthised  uâit  acht  oemldm,  arnifil  acht  oenlâm  //m. 

Rotbia  orconall  cernach. 

Cengaltar  alâm  iarum  diathâeb  cosuanemnaib.  Robatar  indsin  eût  datrdth 
dinlâ.  et  nifuair  nechtarde  eillforacheile.  INtan  nadfûair  conall  cernach  eill 
fair  dofeccai  sécha  agabuir  A.  indeirg  ndruchtaig,..  Lasin  donic  ingabuir 
chuci  corragaib  mir  assaihôib.. . 

«  I  wish,  »  says  Lugaid,  to  hâve  the  truth  of  men  from  thee.  » 

<(  What  is  that,  )>  says  Conall  the  Victorious. 

a  That  thou  should  use  only  one  hand  against  me,  for  one  hand  only 
hâve  L  » 

<i  Thou  shalt  hâve  it  »,  says  Conall  the  Victorious. 

So  then  Conall's  hand  was  bound  to  his  side  with  ropes.  There  for 
the  space  between  two  of  the  watches  of  the  day  they  fought,  and  neither 

1.  The  ancient  name  of  a  plain  on  the  River  Eotr,  Anglice  the  Nore^  in  Ossory. 
O'Donovan,  Book  of  Rights,  Iz. 


Cuchulainn's  Death .  185 

of  them  prevailed  over  the  other.  When  Conall  found  that  he  prevailed 
not,  he  saw  his  steed  the  Dewy-Red  by  Lugaid....  And  the  steed  came 
to  Lugaid  and  tore  a  pièce  out  of  his  side. 

Fe  amae  orlugaid  nifir  fer  anisin  achonaill  cernaig. 

Nitharddusa  duitsiu  orconall  cernach  acht  darmochend  féin.  Nitharddus 
immurro  duit  darcend  narobb  7  nanecodnach. 

Rofeiarsa  ira  orlugaid  nadragasu  corruca  mochendsa  latt.  uair  dofucsamni 
cend  conculainn.  Cotardda  trd  arse  mochendsa  ardochend  7  conerbara  mori- 
gise  fordorige.  Et  mogaisced  for  dogaisced.  Ar  isferr  limsa  combad  ta  laech 
bdddech  nobeth  inherinn. 

Lassin  btnaid  conall  cernach  achend  de. 

(c  Woe  is  me  !  »  says  Lugaid,  «  that  is  not  the  truth  of  men,  0 
Conall.  » 

«  I  gave  it  thee  only  on  my  own  behalf  »,  said  Conall.  I  gave  it  not  on 
behalf  of  savage  beasts  and  senseless  things.  » 

ce  1  know  now,  »  said  Lugaid^  «  that  thou  vnlt  not  go  till  thou  takest 
my  head  with  thee,  since  wetook  Cûchulainn'sheadfiromhim.  Sotake^  » 
said  he,  ^my  head  in  addition  to  thine  own,  and  add  my  realm  to  thy 
realm,  and  my  valour  to  thy  valour.  For  I  prefer  that  thou  shouldst  be 
the  best  hero  in  Eriu.  » 

Thereat  Conall  the  Victorious  cuts  oif  Lugaid's  head. 

[And  Conall  and  his  Ulstermen  then  returned  to  Emain  Mâcha.  That 
week  they  entered  it  not  in  triumph.  But  the  soulof  Cûchulainn  appeared 
there  to  the  fifty  queens  who  had  loved  him,  and  they  saw  him  floating 
in  his  spirit-chariot  over  Emain  Mâcha,  and  they  heard  him  chant  a  mystic 
song  of  the  coming  of  Christ  and  the  Day  of  Doom.] 

W.  S. 

25  sept.  1874. 


ON  THE   GAELIC  NAMES 


Ili  THE  LANDNAMABOK  AND  RUNIC  INSCRIPTIONS. 


At  the  end  of  Cleasby's  Icelandic-English  Dictionary,  Oxford,  1874, 
Mr.  Vigfusson  gives  a  list  of  forty-nine  names  and  nicknames  contained 
in  the  Landnâmabék  (Islendinga  sogur^  Kjôbenhavn  184)),  most  of 
which  are  Gaelic  ;  and  he  says,  very  jusdy,  that  as  thèse  names  were 
taken  firom  oral  tradition^  not  from  books,  the  Norse  form  may  throw 
some  light  on  Celtic  pronunciation  in  the  loth,  i  ith  and  i2th  centuries. 
Mr  Vigfusson  does  not  attempt  to  identify  thèse  names  :  but  I  think  I 
can  do  so  in  most  instances. 

1 .  Bekan  in  Bekan-stôSum,  p.  52.  This  is  Beccân  ^parvulus\  a  diminu- 
tive  of  becc  4ittle',  and  a  very  common  name.  It  occurs,  written  Becan^ 
seven  times,  written  Began,  twice,  in  the  Martyrology  ofDorugcdy  Dublin, 
1864.  The  gen.  sg.  Beccain  is  in  the  Félire  of  Oengus  (Laud  610  and 
Rawl.  50$)  at  April  5. 

2.  Bia^makty  BioSmakr  MaddaSr  Irakonungr,  seems  misread  for 
BlaSmakr=  Ir.  Blaihmac,  which  also  is  a  common  name.  It  occurs  ten 
times  in  the  Annals  of  the  Four  Masters  and  twice  in  the  Martyrology 
of  Donegal,  where  it  is  latinised  Florigenius  (blath  ^flos').  We  shall  find 
S  for  th  also  in  Ka^all  and  KormlôS. 

3.  Biôlan  a  Scotch  king,  95, 268.  This  seems  the  Irish  BéoUan,  which 
name  occurs  in  the  Annals  at  the  years  967  and  1103.  and  is  now 
anglicised  Boland,  Mise.  Ir.  Arch.  Soc,  vol.  i,  p.  146. 

4.  Bjollok  a  daughter  of  Vilbaldr,  268.  This  seems  connected  with 
Beologo,  given  as  the  name  of  a  priest,  in  Mart.  Don.,  p.  46. 

j .  Bran  or  Brjdn  in  Branslaek,  Brjamslaek  (sic)  :  Navnet  skrives  nu 
Brjânslaekr',  note],  30.  Brjdn  is  the  Irish  Bridn  'coUiculus',  one  of  the 
commonest  of  names,  and  Bran  is  the  Ir.  bran  *corvus'  which  occurs  as 
a  name  23  times  in  the  Annals  of  the  Four  Masters. 

6.  Dimun  the  island  (f  Dfmunarvâgî)  104,  *is  a  doublepeaked  island 


On  the  Gûelic  Names  in  the  Landnamabok.  187 

in  Broadfirtby  Iceland,  and  in  the  Faeroes.'  If  thîs  be  an  Irish  topogra- 
phical  name,  the  di-  is  =  Ir.  di  f.  'two',  the  mm  is  for  Ir.  mm'/i  'back'^ 
'neck^  and  the  name  is  to  be  compared  with  Dd-hhac  in  Tirawley ,  Annals 
of  the  Four  Masters  1180,  laiy,  Noin-druimm  'nine-ridge'  etc. 

7.  Drafdritr  33,  the  name  of  one  of  the  thralls  whom  Hjôrleifir  took 
in  Ireland.  If  this  be  a  real  name,  it  is  a  hybrid.  But  the  dritr  =  Engl. 
dirt  is  perhaps  a  gloss  on  drafi.  e.  Ir.  drabh  'siliquiae'.  Compare  drabar- 
slog  'rabble',  LU.  8oft. 

8.  Dufan  140.  This  is  the  Irish  Dubdn  'nigellus'  a  diminutive  of  dub 
'dark',  which  occurs,  speit  Dubhan^  four  times  in  the  Martyrology  of 
-Donegal.  That  Icelandic/  represents  the  infected  Irish  b  appears  infra 
Nos.  9  and  12,  and  in  the  name  DyfAinn  Landn.  25,  58^  108  := 
Diûhlinn  now  Dublin. 

9.  Dufguss  (the  reading  of  mss.  Aa,  e)  1 36,  whence  the  corrupted 
Dugfûss,  Digfuss,  Dufgerss,  was  the  father  of  SvarthôfSi.  This  name 
would  be  in  Irish  ^Dubgus.  I  hâve  not  met  it  in  Irish  books  or  mss.  ; 
but  it  is  formed  like  the  sixteen  names  in  -gus  (=  Lat.  gustus  /),  quoted 
in  Ir.  Classes,  69a. 

10.  Dufnall  (Erpsson)  113.  This  is  the  Irish  Domhnall  (W.  Dyfnwall), 
one  of  the  commonest  of  names.  Hère  the  Old  Norse  /  represents  the 
infected  Irish  m,  and  the  Old  Norse  û  the  Ir.  ô  as  in  Lunan  infra 
No  38. 

1 1 .  ûufniall  son  of  Kjarvalr  (Cerball)  298,  an  Irish  King.  This  name 
is  probabiy  a  mistake  for  Dufnall  No.  10.  If  Duf-niall  be  right,  we  must 
regard  it  as  =  dub  dark  +  Niall,  infra  No  45 . 

12.  Duf]>akr,  another  thrall  of  Hjôrleifr's,  33,  35,  Duf|>akr  in 
Ouf  f>aksholti,  282,  289,  344,  Duf{>akr  Dufriialsson  268,  298.  This  is 
the  common  name  Dubthach,  later  Dubhthach.  The  r  hère  as  in  No.  2  is 
the  ending  of  the  Icelandic  nom.  sg.  masc. 

13.  FeilMy  Oleifs  feilans  8,  19^  Olafs  feilans  59,  99,  etc.  This  is  the 
Ir.  Faelan,  which  occurs  17  times  in  the  Annals  ofihe  Four  Masters^  and 
16  times  in  the  Mart.  Don.  It  possibly  means  Uittle  wolf ,  cf.  Faeldruim, 
Fadr<hà. 

14.  Fyls-^enni)  126,  ^déttur  j^ôrarins  iylsennis.'  *The  former  part' 
says  Mr  Vigfùsson,  *may  be  Gaelic  :  cf.  fyls-bein,  Fms.  IX,  54'.  I  do 
not  know  any  Gaelic  word  like  fyls. 

1 5.  Gellir  =z  Gilli  (?)  in  the  name  of  ThorSr  Gellir  Olafsson  feilan.  If 
thîs  be  Celtic,  it  is  probabiy  the  Gaelic  gille^  gilla  ^lad'  cognate  with  As. 
cild,  Eng.  child.  But  Gellir  is  a  common  Icelandic  name  in  the  Landn. 

16.  Gilli  f  Gulfy.  I  do  not  understand  this. 


1 88  On  the  Gaelic  Nantes  in  the  Landnamabok 

.  17.  GUomall  (gen.  Gliomals)  Irakonûngr.  I  cannot  identîfy  thîs  name. 

18.  GrelôS  gen.  GrelaSar,  109,  140.  Of  this  woman's  name  I  can 
make  nothing.  I  do  not  believe  it  to  be  Celtic. 

19.  Gufa  (P)  a  nîckname  for  Ketill,  132  :  Moubtful  if  Gaelic',  says 
Mr  Vigfusson.  A  féminine  diminutive  Guibhsech  occurs,  but  I  know  of 
no  Irish  name  Guba, 

20.  Hnokkan  267,  a  nickname  of  Askell  son  of  Dufthakr  (Dubthach). 
Probably  the  Irish  cnocân  'colliculus*.  See  No  5  supra. 

21.  KaSall  father  of  Thôrdis,  116,  father  of  Thorgeirr  219.  This  is 
the  Ir,  Cathal  =  W.  Catell,  Cadell  or  (as  Rhys  thinks)  Cadwal.  The 
Old  Norse  form  shews  that  the  Eariy  Middie-Irish  th  had  sometimes  a 
dental  sound  and  was  not  always  reduced  to  a  mère  breathing. 

22.  KaSlin  Gaungu-Hràlfsdôttir  95,  358.  Probably  the  Irish  woman's 
name  Catilfn  Catharina. 

23.  Kali  (?)  48.  Not  Celtic. 

24.  Kalman  enn  suSreyski,  49,  64,  6 j.  This  is  the  Ir.  Colmân,  a  com- 
mon  abbreviation  of  Colombân,  which,  again,  is  a  diminutive  of  colomb 
m.  'dove'  lat.  columbus,  The  Icelandic ^  =  Ir.  d^mayalsooccurinNo.  2j. 

25.  Kamban  47,  note.  This  seems  the  Irish  Com^n,  which  occurs  twice 
in  the  Annals  and  four  times  in  the  Mart.  Don.  Or  it  may  be  a  nickname, 
Ir.  cammân  'huriy'  from  camm^  Gaulish  cambo-  =  a%a\L^6q. 

26.  KjalUkr  79  et  passim.  This  is  the  0.  Ir.  Celkch  later  Ceallach. 
The  Icelandic  spelling  shows  that  in  the  twelfth  century  the  name  was 
pronounced  as  tiow. 

27.  Kjaran  a  thrall  of  Geirmundr  heljarskinn.  This  is  the  Ir.  Cfarân, 
a  common  name,  diminutive  of  ciar  'fîiscus'. 

28.  Kjartan  passim.  I  do  not  know  any  such  name  in  Irish.  Certân, 
Ceartân  would  be  possible  formations  from  cert,  but  I  hâve  never  met 
them.  Compare  Myr-Kjartan  infra  No.  44. 

29.  ^/ârvA/rthename  of  an  Irish  King,  298,  Kjarfalr  361.  Thisis 
the  0.  Ir.  Cerball,  later  Cearbhall  (now  Carroll). 

30.  Kimbi  (?)  100,  'prob.  Gaelic',  says  Mr  Vigfusson.  If  so,  it  is  ^ 
Ir.  cimbid  ^captivus'.  But  the  reading  is  doubtfiil,  the  variants  Kambi, 
Kumbi,  Kunbe  being  given  in  the  notes. 

3 1 .  KolU  passim.  (c  We  suspect,  says  Mr  Vigfusson,  this  name,  so 
fréquent  in  Icelandic  local  names,  to  be  of  Gaelic  extraction.  »  If  so,  it 
may  possibly  be  caille  'wood'.  But  this  is  very  doubtfiil. 

32.  Kondll  50  n.  6j,  and  passim.  Ir.  Conall,  W.  Cynwal, 

33.  Kori,  the  name  of  an  Irish  thrall,  133,  134.  I  cannot  identify  this 
name. 


and  Runic  Inscriptions.  1 89 

34.  Kérmakr.  This  îs  the  common  Ir.  name  Cormac. 

3  5.  KôrmlôS  daughter  of  King  Kjarvalr  (Cerball)  318.  This  seems  the 
common  womanVname  Gormlaithy  which  occurs  five  times  in  the 
Annals  of  the  Four  Masters.  For  the  provection  of  the  initial  medial  cf. 
Tufcalj  No.  5  3  infra,  and  parak  No.  47. 

36.  Kvaran  58,  a  nickname  for  Olaf  an  Jrish  King,  is  =  Ir.  cuardn 
'a  sock',  W.  curan  ^ocrea',  'cothumus'  Davies.  An  Irish  saint  named 
Cuaran  is  celebrated  at  Feb.  9.  Mart.  Don.  p.  43. 

37.  Kylan^  a  brother  of  Kalman  (Colmân),  65,  66.  This  seems  sa 
Coelân,  later  Caelàn^  a  name  occurring  seven  times  in  the  Mart.  Don. 
It  îs  a  diminutive  of  côil  (gl.  exilis),  later  coel,  caol,  W.  cul  'narrow', 
•straif ,  Mean'. 

38.  Lunan[{  Lunansholti]  297.  If  ^Lunan'  be  right  (there  are  also  the 
readings  Launansh  and  'Lumansh'),  thisis  the  common  Irish  name  Lonân 
a  diminutive  of  Ion  'blackbird\  If  'Luman'  be  right,  it  is  the  Irish 
Lommân.  For  Norse  u  =  Ir.  0  cf.  the  name  Lumcun  infra  No.  50  = 
Ir.  Lomchon. 

39.  Madda^r,  93,  the  name  according  to  one  ms.  of  an  Irish  King, 
seems  =  the  Ir.  maddadh  'dog'  (cognate  with  Eng.  mastiff,  Ital.  mastïno), 
whence  the  common  name  Madadhdn.  If  this  équation  be  right,  it  would 
shew  that  final  dh  in  Irish  was  not  silent  in  the  tweifth  century. 

40.  Melduny  Melldun  'jarl  af  Skotlandi',  109,  113.  This  is  the  Irish 
Mad-dâin,  which  occurs  3  3  times  in  the  Annals  of  the  Four  Masters. 

41.  Melkorka  daughter  of  Myrkjartan  an  Irish  King  1 14.  This  seems 
an  Irish  Mael-Curcaigh  i.  e.  ^servant  of  Curcach',  an  Irish  saint  comme- 
morated  on  the  i6th  November.  If  this  identification  be  correct,  the  final 
infected  g  was  as  silent  in  the  tweifth  century  as  it  is  now. 

42.  Melpatrekr  316  is  =  Maelpdtric  'servant  of  Patrick^  one  of  the 
commonest  of  Irish  names. 

43.  Myrgiol  109  (d6ttir  Gliomals  Irakonûngs).  This  is  perhaps  = 
Muir-gheal  {muir  ^sea';  geai  ^bright'),  a  woman's  name  which  occurs  twice 
in  the  Annals. 

44.  Myrkjartan  1 14,  an  Irish  King,  seems  :=  an  Irish  Muircheartân. 
But  the  nearest  name  to  this  is  the  common  Muircheartach. 

45.  Njdlly  passim.  This  is  the  Ir.  Niall,  which,  if  it  has,  as  I  suspect, 
lost  initial  s,  may  be  equated  with  A. S.  snell,  NHG.  schnelL 

46.  Papar  'priests'  424.  From  the  latin  papae. 

47.  Parak  267.  Son  Hrana  Hildis  sonar  paraks  (parraz,  parex). 
I  cannotidentify  this  nickname  with  certainty.  It  is  just  possible  that  the 
/?  is  a  provected  b,  and  that  we  may  compare  Ir.  barach  'fecund\ 


190  On  the  Gaelic  Nantes  in  the  Landnamabok 

48.  Patrekr  42.  Ir.  Patrie^  Patricius. 

49.  Rafortay  I  cannot  indentify  this  name,  which  is  given  as  thaft  of  a 
daughter  of  Kjarvals  (Cerball)  an  Irish  King. 

To  thèse  we  may  add  thèse  following  five  Gaelic  names  found  in 
Norwegian  runic  inscriptions  in  the  Isie  of  Man  (Munch,  Chron,  Manniae, 
Christiania  1 860,  pp.  xx-xxiv  :  Haddan  and  Stubbs,  CouncUs  and  Eccle- 
siastical  Documents,  Oxford  1873,  II,  185). 

50-J2.  Mal'Lumcun^  Mal-Muray  Tuf  cal.  Thèse  ail  occur  on  a  cross  at 
iCirkmichael  : 

Mal  lumcun  raisti  crvs  J^ana  efter  mal-mvrv  fvstra  sina  toter 

TUFCALS  OS  A|7lSL  ATI. 

«  Mael-Lomchon  erexit  crucem  hanc  post  Mael-Maire  [servum  Mariae] 
educatricem  suam,  filiam  Dubgalli,  quam  Adislushabuit  (inmatrimonio). 

Hère  we  hâve  two  names  comprising  Mael  *tonsus'  'calvus'  'servus' 
=z  Mel  supra  Nos.  41,  42.  In  the  former  case  it  govems  Lomchon^  the 
gen.  sg.  of  Lomchu  an  Irish  saint,  of  Cell  Lomchon  in  Ulster,  commemo- 
rated  in  the  Mart.  Don.  at  Jan.  9.  In  the  latter  it  govems  the  MiddIe- 
Irish  Mure  (0.  Ir.  Maire)  =  Maria.  The  name,  spelt  Mael  Maire,  occurs 
twice  as  a  woman's  name  in  the  Annals  of  the  Four  Masters.  In  Tufcal 
the  first  syllable  [Tuf]  is  to  be  compared  with  Ouf-an,  Duf-gus^  Duf-^r 
supra  Nos.  8,9,  12.  The  second  syllable  (ca/)  is  the  Gaelic  gall  'stranger'. 
The  whole  name  is  the  common  Irish  Dubgall,  which  occurs  thrice  in 
the  Annals  of  the  Four  Masters. 

54-55.  Mail  Bricti,  A]>acan.  Thèse  names  are  found  on  another  cross 
at  Kirk  Michael  : 

Mail  Bricti  sunr  a|>acans  smi]?  raisti  crvs  ]>ana  fvr  salv  sina  sin 
BRvcviN  CAUT  ciR|>i  ]>ANA  Avc  ALA,  i.  e.  Macl-Brigtefilius  Acdacâni  fabri 
erexit  crucem  hanc  pro  anima  sua...  Gautus  fecit  hanc  (crucem)  et 
omnes  (in  Mannia). 

Hère  Mail-Bricti  is  the  common  Irish  name  Mael  Brigte  'servus  Bri- 
gittae',  which  occurs,  spelt  Mael  Brighde^  22  times  in  the  Annals  of  the 
Four  Masters,  and  A]>acan  is  the  Irish  Aedacdn  which  occurs,  spelt 
Aedhacan  once,  spelt  Aedhagan  four  times,  in  the  same  Annals.  It  is  a 
diminutive  of  aed  'fire'  =  aT6oç,  and  still  lives  as  Egan. 

The  resuit  is,  apparently,  that  : 

i)  Infected  or  (as  native  grammarians  say)  aspira ted  c  was  pronounced 
in  auslaut  as  it  is  now,  i.  e.  like  German  ch  in  sache.  Compare  Nos.  9, 
12,26,  44,  50. 

2)  Infected  g  was  pronounced  in  inlaut  like  g  in  German  magen 
(Nos.  53,  54).  But  in  auslaut  it  was  silent  (see  No.  41).  The  modem 


and  Runic  Inscriptions.  1 9 1 

prononciation  oigh  as  dh  =  a  guttural  j  (O'Don.  Crammar,  50)  is  not 
supported  by  the  Norse  spelling. 

3)  Infected  t  and  d  were  pronounced  somewhat  Hke  English  îh,  both 
in  inlaut  (Nos.  2,11,21,55}  and  in  ausiaut  (Nos.  3  5 ,  39)  ;  but  whether 
like  th  in  thing  or  îh  in  the  there  is  no  évidence  to  shew.  As  th  is  occa- 
sionaily  dropt  in  Old  Irish  (e.  g.  duarchiuir  (gl.  redemit)  Ml.  736,  for 
4u'ath''ro<hiuir,  the  reduplicated  prêt,  of  tathcrenimm)  the  th  was  pro- 
bably  a  much  weaker  sound  than  the  infected  d,  The  modem  pronun- 
ciation  of  th  as  h  and  of  i^  as  a  guttural  y  (O'Don.  Gr.  49]  has  no  sup- 
port from  thèse  Norse  translitérations,  nor  (I  may  add)  from  the  Anglo- 
Saxon  Chronicle  in  which  Macc-bethu  is  written  Macc-beSu. 

4)  Infected  b  was  pronounced  like  v  (Nos  7,  8,  9)  as  it  is  now  in 
Munster  (O'Don.  Gr.  46),  or/.  The /sound  was  probably  heard  as  it  is 
now  in  Dubthach  (v.  No.  12). 

5)  Infected  m  was  pronounced  like  v  (No.  10).  This  is  now  the 
pronounciation  in  the  south  of  Ireland  when  mh  begins  a  word. 

Further  évidence  as  to  the  pronounciation  of  EarlyMiddle  Irish  might 
be  obtained  from  the  spelling  of  Norse  names  in  Irish  mss.  about  the 
wars  of  the  Irish  and  the  Scandinavians.  But  unfortunately,  with  one 
exception,  thèse  mss.  are  so  modem  and  corrupt  that  no  phonetic  con- 
clusions can  safely  be  drawn  from  them.  The  one  exception  above 
referred  to  is  the  Book  of  Leinster,  from  which  I  take  the  foUowing 
Scandinavian  names  : 

Turges  and  his  wife  Otta.  Todd,  Wars  of  the  Gaedhil  and  the  Gaill^ 
p.  226.  Compare  with  the  former  name  j^orgeirr  P 

Onphile  iarla,  Todd,  p.  227. 

Raalb  {Raulb)  iarla,  Todd,  p.  229  (Hrélfr  ?). 

Amlaib  mac  rig  Lochiann,  Todd,  p.  230,  231,  élafr. 

Scolph  ocus  Ona  ocus  Tomrair  ocus  TurgeiSj  ib.  231. 

Oisli  mac  rig  Lochlann^  ib.  231  (âsleikr  i). 

Barith,  ib.  2  32  (BarSi  ?). 

Ascalt  Putrall,  ib.  233  (âskell?). 

Siugrad  mac  Iiogir  ri  Gall,  ib.  233  (SigurSr). 

Ragnall  mac  Imair  ib.  234,  Ragnall  235,  gen.  sg.  Ragnaill  232.  Seems 
Rôgnvaidr. 

Ottir  iarla  ib.  234.  Oittir  255  (ittarr?) 

It  is  to  be  hoped  that  some  good  Icelandic  scholar  will  take  up  this 

matter.  The  sagas  probably  contain  many  more  Gaelic  names  than  those 

above  enumerated. 

Whitley  Stokes. 

Calcutta,  April  $,  1876. 


LAVAROU  KOZ  A  VREIZ  IZEL\ 


EIZVED  STROLLAD, 

L 

841  Al  labourer  a  viskoaz 

A  zebr  eur  garg  douar  ar  bloaz. 

842  Goasa  ira  a  hell  hen  hem  gaout  gad  eur  merer  eo  klevet  killok  he  vestr. 

84^  Bleo  gonifledy  plun  klujar, 

NHnt  keî  mad  da  stuia  douar. 

844  lannik  a  vil  micher  a  varvaz  gant  ann  naon. 

845  Eur  micherour  dioc'h  ann  deiz 

A  garfe  ve  noz  da  greisteiz. 

846  Matez  nevez  da  di  pa  zeuio 

Kement  a  teir  a  lahouro. 

847  Glao  a  doly  avel  a  c*houez^ 

Da  ober  joa  d'ar  vatez, 

848  Foeta  fank  ha  foeta  drez 

Eo  micher  eur  paotr  lakez. 

IL 

849  Eur  c'hemener  nU  ket  den, 

'Met  eur  (fhemener  ne-d-eo  ken, 

8jo  Nao  c'hemener  evid  ober  eun  den. 

85 1  Neb  a  lavar  eur  c'hemener 

A  lavar  ive  eur  gaouier. 

852  Kemener  breiny 

'Nn  diaoul  war  hegein. 

I.  Voir  plus  haut,  p.  60  et  suiv. 


PROVERBES   ET   DICTONS 


DE  LA  BASSE-BRETAGNE. 


HUITIÈME  SÉRIB. 
I. 

841  Laboureur  de  tout  temps 

Charge  de  terre  avale  l'an. 

842  La  pire  chose  qui  puisse  arriver  à  un  fermier,  c'est  d'entendre  le 

coq  de  son  maître  *. 

843  Poils  de  lapin  et  plumes  de  perdrix 

Ne  valent  rien  pour  engraisser  la  terre  '. 

844  Jeannot  aux  mille  métiers  mourut  de  faim. 

845  Un  ouvrier  à  la  journée 

Voudrait  à  midi  la  nuit  arrivée. 

846  Quand  servante  nouvelle  à  la  maison  viendra, 
Autant  que  trois  elle  travaillera. 

847  Pluie  à  verse  et  tourmente, 

Temps  à  réjouir  la  servante. 

848  Battre  boue  et  battre  hallier, 

C'est  le  métier  d'un  estafier. 

II. 

849  Un  tailleur  n'est  point  un  homme. 
Ce  n'est  qu'un  tailleur  en  somme. 

850  Neuf  tailleurs  pour  faire  un  homme. 

851  Qui  dit  tailleur 

Dit  aussi  menteur. 

852  Tailleur  pourri, 

Le  diable  sur  son  dos. 

1.  Le  cultivatenr  breton  redoute  la  surveillance,  et  celle-ci  le  menace  d'autant  que  la 
maison  du  maître  est  plus  rapprochée  de  la  sienne. 

2.  Ce  dicton  concerne  les  braconniers. 

Rev,  eût.  ///  1 4 


1 94  Lavarou  Koz  a  Vreiz  lui. 

853  At  c^hemener  diwar  he  dorchenn 

Pa  goaeZf  a  gouez  en  ifern, 

854  Milin  lazr-bgody  —  e  vez  dowr  awak^h  d^ear  zilienn  pa  va  glao. 

8  j  5  Napa  rafe  ar  vilin  nemet  eun  dro  krenriy 

Ar  miliner  'zo  sur  d'oc'h  he  grampoezenn. 

856  Krampoez  hag  amann  a  zo  mad^ 
Ha  nebeudig  euz  pep  sa<^hadf 
Hag  ar  merc'hed  kempenn  a-vad, 

857  Na  euz  ket  hardissoc^h  eget  roçhed  eur  miliner, 
Rag  hep  mintin  e  pak  eul  laer, 

858  Ar  miliner  y  laer  ar  bleud, 

A  yo  krouget  dre  he  viz  meud, 
Ha  mar  neve  ket  krouget  mad 
A  vo  krouget  dre  he  viz  troad. 

859  Ar  guiader  en  he  stem , 

E-giz  ann  diaoul  en  ifern, 
Wh  ober  tik-tak,  tik-tak, 
Hag  0  tenna  hag  0  lakat, 

860  Ar  guiader  kaotaer 

A  ra  lienn  evel  1er. 

86 1  Ar  miliner  a  laer  bUud, 

Ar  guiader  a  laer  neud, 

Ar  fournerienn  a  laer  toaz, 
Ar  c'hemenerienn  krampoez  kraz. 

III, 

862  Ar  zoner  war  he  varikenn 

A  rada  iaouarikiz  breskenn. 

863  Ar  glaouaer  er  c*hoajo 

Evelar  bleiz  a  iudatô. 

8Ô4  Boutaouer  koad  a  ra  bepret 

Listri  da  gas  tud  da  gac*heî. 

865  Pa  vez  ker  al  1er 

E  choarz  ar  boutaouer. 

866  N^e  ket  greg  ar  c'here  a  deuz  ar  gtvella  boutou. 

867  Er  givijeri  ann  ejenned 

A  zo  bioc^hed. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne.  19  j 

85  ^  Le  tailleur  sur  son  coussinet^ 

S'il  tombe,  —  en  enfer  va  tomber. 

854  Moulin  tue  souris,  —  assez  d'eau  pour  une  anguille  il  a  quand 

vient  la  pluie. 

855  Le  moulin  ne  donnàt-il  qu'un  tour  de  roue, 
D'avoir  sa  crêpe  le  meunier  est  certain. 

856  Des  crêpes  et  du  beurre,  —  bonnes  choses, 
Et  un  brin  de  chaque  sac  de  farine, 

Et  les  jolies  filles  pareillement. 
8 $7  Rien  n'est  plus  hardi  que  la  chemise  d'un  meunier, 

Car  chaque  matin  elle  prend  un  voleur. 

858  Le  meunier,  voleur  de  £arine. 

Par  le  pouce  pendu  sera  ; 

S'il  n'est  bien  pendu  de  la  sorte, 
Par  l'orteil  on  l'accrochera. 

859  Le  tisserand  à  son  métier. 

Comme  diable  en  enfer  se  démène. 
Avec  son  tic-tac,  tic-tac. 

Quand  navette  il  tire  et  repousse. 

860  Le  tisserand  avec  sa  colle 

Donne  à  la  toile  l'apparence  du  cuir. 

861  Le  meunier  vole  de  la  farine. 

Le  tisserand  vole  du  fil, 

Les  fourniers  volent  de  la  pâte, 
Et  les  tailleurs  des  crêpes  rôties. 

III. 

862  Le  sonneur  <  sur  sa  barrique 

Met  en  branle  la  jeunesse. 

86)  Le  charbonnier  dans  les  bois 

Comme  le  loup  hurle  sans  cesse. 
864  Le  sabotier  fait  en  tout  temps 

Vaisseaux  à  mener  ch...  les  gens. 
86$  Quand  le  cuir  est  cher 

Rit  le  sabotier. 

866  Ce  n'est  femme  de  cordonnier  qui  est  la  mieux  chaussée. 

867  Dans  les  tanneries  les  bœufe 

Sont  des  vaches. 

I .  Ménétrier,  joueur  de  bombarde  (hautbois)  ou  de  biniou,  sorte  de  cornemuse. 


1 96  Lavarou  Koz  a  Vreiz  IzeL 

868  Ar  masouner,  pa  staoto, 

Eux  e  labour  e  troio, 

869  Marichal  krlgn-karn^ 

Chaoker  kac'h  houarn, 

870  Pa  vez  houarnet  ar  âhar^ 

Er  pod  e  lekear  ar  iar. 

87 1  Ar  baraur  a  oar  dre  âhoiuz 

Hag  hen  a  vez  ira  vad  er  pet. 

872  Ann  heskenner  hag  ar  c^halve 

A  blij  d^ezho  fest  ar  maout  mae  * . 

87}  Hostiz  ann  anaoan 

A  varvaz  gand  ann  naoun. 

874  Tiez  savet  gant  krec^hin  tud 

A  zaver  ker  buhan,  ken  divrud. 

IV. 

875  Eva  ffvin,  kanjoli  merc^hed^ 

Setu  déver  ar  c*hloarek. 

876  Reiun  mana^h  a  zo  îenna 

Digant  ann  holl  heb  rei  netra. 

877  Te  lavar  gaou^  pe  ma  vinn  manac^h. 

878  Pa  za  eur  manac^h  e  neb  leac*h, 
E  teu  eun  allik  en  he  Uac'h. 

879  Kelian  ha  melian, 

Menée' h  ha  beleian, 
Pevar  seurt  lontd 
Ar  g»asa  '  so  er  bed. 

880  Kazek  ar  c'hure 

A  renko  baie. 

88 1  Aotroa  Personn^  mar  grit  ho  kest, 

Choui  a  raio  ivez  ar  fest. 

882  Ar  veleienn  ne  garont  ket 

Beza  distroet  euz  ho  fred; 
Gortozit  *  ta  gad  pasiantet, 
Pe  ann  absolvenn  n*ho  pô  ket. 

I.  On  nomme  maout  «  mouton  »  le  vin  d'accomplissement  qui  se  distribae  aux 
ouvriers  le  jour  de  l'achèvement  d'une  construction.  Le  mot  mae  qui  le  suit,  en  français 
«  mai  »,  me  semble  mis  ici  pour  la  rime. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne,  197 

868  Le  maçon,  quand  il  pissera, 

A  son  travail  le  dos  tournera. 

869  Maréchal,  grignoteur  de  corne, 

Mftcheur  de  m....  de  fer. 

870  La  charrette  ferrée, 

On  met  la  poule  au  pot. 

87 1  Le  tonnelier  sait  à  Podeur 

S'il  7  a  bonne  chose  en  la  pièce. 

872  Scieur  de  long  et  charpentier 

Aiment  le  festin  du  mouton  de  mai. 

873  Hôtelier  des  trépassés 

Qui  de  faim  sont  morts  >. 

874  Maisons  qu'on  élève  avec  des  peaux  humaines 
S'élèvent  si  vite,  avec  si  peu  de  bruit*. 

ê 

IV. 

87  5  Boire  vin^  cajoler  fillette, 

Voilà  de  tout  clerc  le  devoir. 

876  Règle  de  moine  est  de  tirer 

De  toutes  gens  sans  rien  donner. 

877  Tu  mens,  —  ou  je  veux  être  moine. 

878  Où  moine  passera, 

Moinillon  poussera. 

879  Mouches  et  fourmis, 

Moines  et  prêtres, 
Quatre  sortes  de  bètes 

Les  pires  qui  soient  au  monde. 

880  Jument  de  vicaire 

Aura  de  la  marche  à  faire. 

881  Monsieur  le  curé,  si  vous  quêtez, 

A  votre  tour  régal  vous  donnerez. 

882  Les  prêtres  n'aiment  pas 

Qu'on  les  dérange  à  l'heure  des  repas  ^ 
Avec  patience  attendez  donc 
Ou  vous  n'aurez  l'absolution. 

1 .  Se  dit  d'un  méchant  aubergiste  dont  la  maison  est  mal  approvisionnée. 

2.  A  t'adresse  des  médecins  enrichis. 


1 98  Lavarou  Kot  a  Vreiz  Izel. 

88)  Ear  bdek  niaro,  —  ei^  ail  en  he  Uaâh, 

884  Hanit,  harzit^  emezhan, 

Ma  vo  lekeai..,  en  touU-man^ 

Ma  lakefomp  eut  mean  braz  war  he  gein, 

Ma  *z  efomp  da  di...  d^hon  làn. 

885  Peurvuia  ar  belek 

A  lâr  en  eur  brezek  : 
Silaouet  ma  c^homzo^ 
Losket  ma  obero. 


NàOVED  strollad. 


I. 


886  Lein  hir  hag  offeren  verr 

A  blij  d'ann  dud  dibreder. 

887  Pedennott  berr  a  gass  d'ann  néon, 

Pedennou  hir  a  chomm  a-^eon. 

888  Ann  Avid, 

Ar  givir  gentd. 

889  Biskoaz  sant  n^eo  bet 

En  he  barrez  meulet, 

890  Ar  zant  pella, 

Arzantg»dla. 

891  Da  zantez-Anna  neb  a  ia^ 

Santez  Anna  n'ankounac'ha. 

892  Itroan  Varia  'nn  amzer 

Ne  labour  ked  en  aner, 

893  Mai  a  win  a  zispigner  er  pardoniou  eged  agoar. 

894  E  Breiz-Izel  pa  ziskennan, 

Dour  mad  ha  tud  diampech  a  lakan. 

895  Neb  a  verv  lichou  d'ar  gsi;ener 

Birvi  a  ra  goad  hor  Salver, 

896  Da  noz  Nedelek  ne  gousk  ken 

'Met  ann  tousok  ha  mab  ann  den. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Bassé-Bretagne.  1 99 

88)    Un  prêtre  mort,  —  un  autre  à  sa  place.  (Le  roi  est  mort,  —  vive 
le  roi  !) 

884  Arrêtez^  arrêtez,  dit-if, 

Qu'on  le  mette...  dans  ce  trou-^n, 
Avec  une  grande  pierre  sur  le  dos, 
Pour  que  nous  rentrions...  dîner. 

88  5  Prêtre^  le  plus  souvent, 

Sermonne  ainsi  les  gens  : 
Ecoutez  ce  que  je  vous  dis. 
Mais  de  ce  que  je  &is  ne  vous  occupez  mie. 

NEUVIÈME  SÉRIE. 
I. 

886  Long  dtner  et  messe  courte 

Plaisent  aux  hommes  de  loisir. 

887  Courtes  prières  mènent  au  ciel, 

Longues  prières  restent  derrière. 

888  L'Evangile, 

La  vraie  doctrine. 

889  Jamais  saint  n'a  été 

Dans  sa  paroisse  loué. 

890  Le  saint  le  plus  éloigné, 

Le  saint  le  plus  estimé. 

891  A  Sainte-Anne  qui  va 

Sainte  Anne  ne  l'oublie  pas. 

892  Madame  Marie-du-Temps  (c.-à-d.  qui  préside  au  temps) 

Ne  travaille  point  vainement. 

89;  Plus  de  vin  dépensé  dans  les  pardons  que  de  cire. 

S94  En  Basse-Bretagne  quand  je  descends, 

J'y  bis  l'eau  bonne  et  bien  dispos  les  gens  '. 

89}  Qui  bout  lessive  le  vendredi 

Fait  cuire  le  sang  de  notre  Sauveur. 

896  La  nuit  de  Noël  nul  ne  dort  * 

Hormis  le  crapaud  et  le  fils  de  l'homme. 

I.  Dit  Jésus-^rist  qui,  d'après  la  croyance  populaire,  a  fait  de  nombreux  voyages  eu 
Bretagne. 


200  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Izel. 

897  0  sent  ma  bro,  ma  divallety 

Sent  ar  vro^-man  n'anvezann  ket. 

898  Deomp  da  bidi  sont  Herbot 

Da  reï  amann  leiz  ar  ribot, 

899  Sant  louen^  sant  lanny 

Leiz  ma  ribod  a  amann^ 
Hag  eut  bannik  bihan  a  lez 
'Vitaluzenn  d'ar  paour  kez. 

900  Aotrou  sant  Ourzal,  me  ho  ped^ 

Roït  dUomp^ni  pep  a  c*hreg. 
Aotrou  sant  Ourzal^  eur  weach  c*hoaz, 
Roït  d*eomp-ni  peb  a  voaz. 

901  Itroun  Varia-Molenez, 

Digassit  pense  d'am  eneZy 

Ha  c'houi^  aotrou  sant  Renan^ 
Na  ùgassit  ket  evit  unan, 
Digassit  evit  daou  pe  dri, 
Evit  m'hen  devezo  lod  peb-hiniK 

IL 

902  Mar  vez  GuilloUy  ra-z-ipell  dre  sant  Hervé '^ 
Mar  vez  Satan,  ra-z-i  pell  en  han^  Doue*. 

903  Ki  klan,  chanj  a  hent^ 

Arru  'r  baniel  hag  ar  zent  ; 
Arru  'r  baniel  hag  ar  groaz, 
Hag  ann  aotro  sant  Weltas. 

1 .  Les  habitants  de  111e  Molène  se  défendent,  non  sans  énergie,  d'avoir  jamais  adressé 
semblable  prière  â  leurs  saints,  a  les  entendre,  elle  leur  serait  gratuitement  prêtée  par 
leurs  voisins  d'Ouessant,  grands  railleurs  pir  tempérament,  et,  aussi,  quelque  peu  jaloux 
de  leur  prospérité  croissante.  Ceux-ci,  de  leur  côté,  opposent  à  cette  explication  la 
dénégation  la  plus  formelle.  Quoi  qu'il  en  soit,  et  qu'il  s'agisse  ici  d'une  prière  ou 
simplement  d'une  épigramme,  on  ne  saurait  du  moins  reprocher  à  cette  petite  pièce  de 
manquer  de  couleur  locale. 

2.  Ce  Guiilou  n'est  autre  que  le  loup,  contre  lequel  on  ne  peut  trouver  de  meilleur 
défenseur  que  saint  Hervé.  La  légende  raconte  qu'Ulphroëdus,  oncle  d'Hervé,  avait  un 
âne  qu'un  loup  dévora.  Le  saint  condamna  le  fauve  à  remplacer  la  bète  de  somme  dont 
il  avait  fait  sa  proie,  et  «  c'estoit  «chose  admirable,  —  nous  dit  Albert  le  Grand,  — 
l'intéressant  et  naïf  hagiographe,  —  de  voir  ce  loup  vivre  en  mesme  étable  que  les 
moutons,  sans  leur  mal  faire,  traisner  la  charrue,  porter  les  faix  et  faire  tout  autre 
service,  comme  beste  domesti(}ue.  » 

C'est  en  souvenir  de  ce  prodige  que,  dans  les  églises  bretonnes,  on  représente  saint  Hervé 
accompagné  d'un  loup  qu'il  tient  en  laisse. 
Il  faut  se  garder,  cependant,  de  juger  sur  les  apparences  :  le  diable  sait  prendre  toutes 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne,  201 

897  0  saints  de  mon  pays,  protégez-moi^ 

Les  saints  de  ce  pays-ci  je  ne  les  connais  pas. 

898  Allons  prier  saint  Herbot 

De  nous  donner  du  beurre  à  pleine  baratte. 

899  Saint  Yves,  saint  Jean, 

De  beurre  remplissez  ma  baratte^ 
Et  gouttelette  de  lait  laissez-y 
Pour  aumône  au  cher  pauvre. 

900  Monsieur  saint  Ourzal,  je  vous  prie, 

Donnez  femme  à  chacun  de  nous.  — 
Monsieur  saint  Ourzal,  une  fois  encore, 
Donnez-nous  à  chacune  un  mari. 

901  Madame  Marie  de  Molène, 

A  mon  lie  envoyez  naufrage, 
Et  vous,  monsieur  saint  Renan, 
N'en  envoyez  pas  un  seulement  ; 
Envoyez-en  deux,  trois  plutôt, 
Pour  que  chacun  en  ait  morceau. 

II. 

902  Si  tu  es  Guillou,  par  saint  Hervé,  va-t'en; 

Va-t'en,  au  nom  de  Dieu,  si  tu  es  Satan  '. 

90)  Chien  enragé,  change  de  route. 

Voici  la  bannière  et  les  saints  ; 
Voici  la  bannière  et  la  croix, 
Ainsi  que  monsieur  saint  Gildas  >. 

les  formes,  et  se  montre  souvent  sous  celle  d'un  loup,  dit  le  paysan  breton.  Aussi  la 
prudence  commande-t-elle  de  se  tenir  à  la  fois  en  garde  contre  l'un  et  l'autre  de  ces 
dangereux  ennemis. 

1 .  Cène  conjuration  et  les  suivantes,  jusqu'au  n"  909  inclusivement,  —  on  se  sert  du 
mot  conjuration  pour  désigner  indifféremment  toutes  les  formules  réputées  magiques,  — 
jouissent  d'un  grand  crédit  dans  les  campagnes  armoricaines.  Comme  celle-ci  est 
infaillible  pour  mettre  en  fuite  les  loups  et  le  diable  lui-même,  la  seconde  défend  des 
chiens  enragés,  et  les  six  autres  sont  souveraines  pour  combattre  diverses  maladies.  Toutes, 
à  l'exception  des  deux  premières,  ont  leur  rituel  spécial,  mais  variant  de  canton  à 
canton,  et  qui  consiste  en  pratiques  bizarres  presque  toujours  subordonnées  à  certaines 
conditions,  difficiles  à  réunir,  de  temps,  de  lieux  et  d'orientation.  De  plus,  comme  il  faut 
aussi  tenir  compte  de  l'influence  des  nombres  sacrés,  quelques-unes  d'entre  elles  doivent 
être  récitées,  suivant  le  cas,  trois ^  sept  ou  neuf  fois,  sans  reprendre  haleine.  Si  le  charme 
reste  sans  effet,  ce  qui  ne  doit  pas  manouer  d'arriver  assez  souvent,  le  conjurateur  a 
toujours  en  réserve  quelque  bon  motif  ae  s'en  prendre  à  lui-même,  à  moins  qu'il  ne 
préfère  attribuer  son  insuccès  à  une  incomplète  initiation. 

2.  La  rage  est  généralement  connue  en  Bretagne  sous  le  nom  de  mal  de  saint  Gildas^ 
drouk'Sant-Weltas. 


202  Lavarou  Koz  a  Vreiz  IzeL 

904  Me  ho  saludf  grubuiU  yerrienn  ; 

Me  *zo  dent  da  tigass  (Phe^h  ann  derrienny 

Eun  tamm  bara  hag  eut  vi, 

Ne  c'houllan  ken  he  (^hrena  mm. 

905  Salud  d^erhoc%  burlugivenn, 

Meazo  deut  d'ho  iispenn, 
Evit  m'am  lakafet  iac% 

Rak  Uanv  oun  gfiind  ar  penaxac'h. 

906  Ar  pena  a  Tuufh  er  za^h^ 

Ma  fenn  er-meaz  ha  me  iac^h, 

907  Saludy  loar  gan^ 

Ka$s  ar  rennan 
Gan-ez  ac'han. 

908  Ar  Werhl  hen  deux  nao  merc^h  : 

Deux  a  nao  adeuda  eiZy 
Deux  a  eiz  a  deu  da  drei, 
Deux  a  zeix  adeuda  (^houetfh^ 
Deuz  a  c'houec^h  a  deu  da  bemp, 
Deuz  a  bemp  a  deu  da  bevar^ 
Deuz  a  bevar  a  deu  da  tri^ 
Deuz  a  dri  a  deu  da  zaou, 
Deuz  a  zaou  adeuda  unan^ 
Deuz  a  unan  a  deu  da  netra. 

Ar  Werbl  n'hen  deuz  ket  mert^h  ebet, 

909  DenedeOj  dened'ec^h, 

NU  ket  ama  ema  da  lec'h, 

We  ket  ama  nag  e  neb  lec^h, 

Pa  'z  po  treuzet  nao  mor,  nao  menez, 

Nao  feunteun  a  drugarez, 

E  gavi  eun  dachennik  c^hlaz^ 

Hag  eno  ema  da  blaz  '. 

910  Tro,  pe  me  az  troio  : 

I.  Var,  Deredewez,  'dewatec'hy  Var.  Dartre  ffuronclc,  herpès  etc),  va-t'en 

N*e  ket  aie  man  da  lec'h.  loin  d'ici  ! 

Bars  eun  torkadig  lann  zec%  Ce  n'est  en  ce  lieu  qu'est  ta  place. 

Sdz  Dark  euz  ar  mene^  (Elle  est)  dans  un  buisson  d'ajoncs  dessé- 

Terjantan  a  drugare^  chés, 

Lec'h  naglewi  kog  0  kana,  Sept  chamçs  de  la  montagne, 

Bugel  bihan  ùed  0  oela.  Trois  fontaines  de  merci, 

Où  tu  n'ouïras  coq  chanter 
Non  plus  qu'enfantelet  pleurer. 
Cette  version  a  été  recueillie  par  mon  ami  M.  Luzel. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse^Bretagne.  20^ 

904  Fourmilière,  je  vous  salue  ; 

La  fièvre  suis  venu  vous  apporter 
Avec  un  morceau  de  pain  et  un  œuf, 
Ne  requiers  que  ne  plus  la  trembler. 

905  Salut  à  vous,  blanche  digiule, 

Je  suis  venu  vous  cueillir 

Pour  que  vous  me  rendiez  la  santé, 
Car  d'un  goitre  je  suis  affligé. 

906  Le  goitre  reste  dans  le  sac, 

Ma  tète  dehors  et  je  suis  guéri. 

907  Salut,  pleine  lune, 

Emporte  celles-ci  (ces  verrues) 
Avec  toi  loin  d^ci. 

908  Le  Bubon  a  neuf  filles  : 

De  neuf  elles  sont  réduites  à  huit, 

De  huit  à  sept, 

De  sept  à  six, 

De  six  à  dnq, 

De  cinq  à  quatre, 

De  quatre  à  trois, 

De  trois  à  deux, 

De  deux  à  une, 

D'une  à  rien. 
Le  Bubon  n'a  plus  de  filles. 

909  Dartre  chancreuse,  dartre,  va^'en. 

Ce  n'est  ici  que  tu  dois  être, 

Ce  n'est  ici  ni  autre  part. 
Quand  tu  auras  traversé  neuf  mers,  neuf  montagnes. 
Neuf  fontaines  de  merci, 
Tu  trouveras  un  petit  pâtis  vert 
Et  c'est  là  qu'est  ta  place. 

910  Tourne,  ou  je  te  tournerai  : 

Le  char  de  l'Ankou  est  arrivé  ! 

Ourlic  !  Ourlic  '  ! 

I.  C'est  Pinjonctioa  suprême,  et,  en  quelque  sorte,  la  prise  de  possession  de  la  Mort 
(Anko  on  Ankou,  en  breton),  quand  la  sinistre  voyageuse  arrête  a  la  porte  de  quelque 
malade  sa  charrette  ferrée,  recouverte  itun  drap  blanc  et  traînée  par  deux  chevaux  Uancs, 

Employées  quelquefois,  en  dehors  de  la  légende,  quand  deux  rivaux,  deux  ennemis, 
par  exemple,  en  viennent  aux  dernières  limites  de  la  violence,  ces  paroles  prennent  la 
signification  suivante  :  a  Rends-toi,  ou  j'aurai  ta  vie!  Ta  dernière  heure  va  sonner.  » 

Ourtik  est  un  mimologisme  auquel  je  ne  connais  point  d'équivalent  en  français. 


204  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Izd. 

Erru  eo  karr  ann  Anko  ! 
Ourlik!  Ourlik! 

III. 

911  Âr  plac'hy  war  loar  goz^ 

Ne  ve  ket  hir  he  broz; 
Ar  pot^  war  loar  ne^ 

Ne  ve  ket  hir  he  zè, 

912  Kamm,  luch^  tort  ha  born^ 

A  10  ganet  diwar  ar  c^horn  > . 
91 1        N'eut  bet  biskoaz  na  kamm  na  tort  rChen  dije  itrik  falL 

914  Ar  voual^h  he  bek  melen 

A  vev  tri  oai  ann  den, 

91 5  Ar  vran  hi  deux  tri  oad  den^  tri  oad  marc*h, 
Ha  c^hoaz  ne  deux  ked  oad  awalc'h. 

916  Pa  gomur  eux  ann  heol  e  weler  ke  sklerijenn, 

917  Pa  gomur  eux  ar  bleix 

E  vez  he  lost  e-^creix. 

918  Pa  voud  ar  skouarn  kUix^ 

Meideudiou  t4iiz; 
Pa  voud  ar  skouarn  deou, 
Meuleudiou  e-biou. 

9 1 9  Gwennili^  gra  da  neiz 

Em  frenestriky  e  Breiz. 

920  Skrill  a  gan  war  ann  oaled 

E  ti  ann  holl  '  zo  karet. 

92 1  Eur  ginidenn  dioc'h  ar  mintin^ 

Sin  a  wallfin; 
Eur  ginidenn  dioc'h  ann  noz, 
Sin  a  gelou  mad  antronoz. 
Ç)22  Eul  laouen-^ry 

Arc'hant  hepmar. 
92  5  Pa  gan  ar  goukou  warlerc'h  gouel  Pir^ 

Sin  a  gernez. 

1 .  Dans  un  conte  breton  très-répandu,  une  femme  surprise  par  les  douleurs  de  l'enfan- 
tement est  priée  par  un  moine  de  ne  faire  aucun  effort  qui  puisse  hâter  sa 
délivrance.  —  Et,  pourquoi  celaf  demande- t-elle.  —  C'est  que,  répond  son  interlocuteur, 
au  moment  où  j'entrais  chez  vous,  j'ai  vu  la  lune  en  train  de  se  pendre.  On  se  sert  de 
cette  expression  pour  dire  que  la  lune  entre  dans  son  croissant.  Or,  malheur  à  l'enfant 
qui  vient  au  monde  à  cette  heure  :  il  est  loariet,  frappé  par  la  lune,  ce  qui  ne  signifie  pas 
toujours  lunatique,  mais  certainement  disgracié,  soit  au  physique,  soit  au  moral,   et 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne.  20$ 

III. 

911  De  fille  née  à  la  vieille  lune 

Ne  sera  point  longue  la  jupe; 
De  garçon  né  à  la  lune  nouvelle 
Longue  la  robe  ne  sera. 

912  Boiteux,  bigles,  bossus  et  borgnes 

Sous  le  croissant  sont  nés. 

91  ^    Jamais  on  n'a  vu  boiteux  ou  bossu  qui  méchante  pièce  ne  fût. 

914  Le  merle  à  bec  jaune 

Vit  trois  âges  d'homme. 

915  Le  corbeau  vit  trois  âges  d'homme ,  trois  âges  de  cheval^ 
Encore  ne  se  trouve-t-il  point  d'âge  assez. 

916  Parle-t-on  du  soleil  on  en  voit  les  rayons. 

917  Parle-t-on  du  loup, 

Sa  queue  est  au  milieu  de  nous. 

9 1 8  Quand  bourdonne  votre  oreille  gauche, 

Grand  éloge  de  vous  Pon  fait  ; 
Quand  bourdonne  votre  oreille  droite, 
Votre  éloge  est  mis  de  côté. 

9 1 9  Hirondelle,  fais  ton  nid 

A  ma  petite  fenêtre,  en  Bretagne  ' . 

920  Grillon  chantant  sur  le  foyer  > 

Dans  toute  maison  est  aimé. 

921  Araignée  du  matin. 

Signe  de  mauvaise  fin; 
Araignée  du  soir, 

Signe  de  bonne  nouvelle  le  lendemain. 

922  Un  pou  d'égout  (cloporte). 

De  l'argent  sans  aucun  doute. 

923  Le  coucou  chante-t-il  après  la  Saint-Pierre, 

—  Signe  dé  cherté. 

fiatalemem  destiné  à  être  malheureux. 

Ce  cas  n'est  pas  le  seul  où  l'influence  de  la  lune,  jeune  ou  vieille,  soit  à  craindre  pour 
les  mères  :  elle  les  menace  dans  bien  d'autres  circonstances,  et  de  là  le  sujet  de  mille 
recommandations,  et  des  précautions  les  plus  singulières. 

Aujourd'hui  encore,  dans  quelques  campagnes,  les  femmes  que  certains  besoins  naturels 
amènem  le  soir  à  quitter  leurs  maisons,  se  garderaient  bien,  pour  y  satisfaire,  de  se 
tourner  du  côté  où  la  lune  se  montre.  Si,  par  malaventure,  elles  étaient  enceintes,  nul  ne 
sait  ce  qui  pourrait  résulter  d'une  telle  inadvertance. 

1.  La  maison  où  l'hirondelle  fait  son  nid  est  regardée  comme  bénie  du  ciel. 

2.  Présage  de  bonheur. 


2o6  Lavarou  Koz  a  Vreiz  lui. 

924  Mar  klewfe  ar  zord^  mat  welfe  ar  c'hô, 

Ne  vefe  beo  den  ebet  er  vro  ' . 

IV. 

92  j  Gwasoc^h  evid  ar  raned 

A  zon  ar  bal  d*ar  Chorriganed  >. 

926  Pan  ve  ar  Siren  0  kanan^ 

E  c'haU  '  martolod  paour  givelan. 

927  Gargantuas  easoc^h  da  zamma 

Evit  da  garga. 

928  GargantuaSy  pa  oa  beo^ 

A  iee  'n  eur  gammed  da  Bontreo  ' . 

929  Boudedeo  4 

A  valeo 
Dre  ma  vezo 
Daou  zen  beo. 

930  Boudedeo 

Ann  diveza^  vo  beo. 

9;  I  Sotoc'h  eget  Merlin  a  red  en  doux  araog  ar  glào. 

9  3  2  Keuta  tud  a  oa  ér  bed 

A  oa  Cuikaznou  ha  Kerret. 

93  ?  Pa  'r  oc' h  eux  a  Gergournadeac^h, 

Savit  ho  tiskouarn  d^ann  neac'h. 


1.  M.  Emile  Ernauit,  de  Saint-Brieuc,  m'a  donné  de  ce  dicton  la  variante  suivante 
qu'il  a  entendue  à  Sarzeau  : 

Enn  enan  *pe  huile^  Si  orvet  voyait, 

Er  zourt  a  pe  eleuty  Si  sourd  entendait, 

Den  er  bet  ne  bade.  Homme  au  monde  ne  resterait. 

2.  Se  dit  des  personnes  et  des  choses,  et,  particulièrement,  de  tout  en  perçant,  de 
tout  bruit  désagréable.  Les  Korrigans  sont  les  nains,  les  gnomes  de  la  mythologie 
armoricaine. 

).  En  partant  de  Plouaret,  m'écrit  M.  Luzel,  à  qui  je  dois  la  connaissance  de  ce 
dicton. 

4.  Nom  donné  au  Juif-Errant,  et  qui  répond  exactement  à  celui  de  Buttadeus  attribué 
an  même  personnage  légendaire  par  un  auteur  du  17*  siècle  cité  par  Grcesse  (Sage  vom 
Ewigen  Juden.  Dresde,  1844). 

En  faisant  le  même  rapprochement  à  l'occasion  du  gwerz  de  Boudedeo,  M.  Gaston  Paris 
fait  observer  (Revue  Critique  du  23  octobre  1869)  (jue  ce  nom  «  semble  un  composé  de 
Thaddée  et  peut-être  de  Bar  défiguré  en  But.  Mais  où,  —  se  demande-t-il,  —  a  le 
«  poète  breton  a-t-il  trouvé  ce  nom  généralement  remplacé  par  Ahasvérus?  Le  fait  est 
«  d'autant  plus  bizarre  que  s'il  fait  dire  au  Juif  à  un  endroit  Moi  Boudedeo^  il  semble 
u  bien  l'appeler  ailleurs  (str.  2),  Absarus^  c'est-à-dire  Ahasvérus.  » 

Dans  l'etat  actuel  de  la  bibliographie  bretonne,  il  n'est  pas  possible,  je  crois,  d'assigner 
une  date  tant  à  la  composition  du  £[werz  qu'à  l'introduction  en  Bretagne  du  nom  de 
Boudedeo.  Toutefois,  il  me  paraît  acquis  que  ce  nom  était  tout  au  moins  populaire  dans 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne.  207 

924  Si  sourd  entendait  et  si  taupe  voyait, 
Au  pays  homme  vivant  ne  serait. 

IV. 

925  Plus  agaçant  que  les  grenouilles 

Qui  sonnent  le  bal  des  Korrigans. 

926  Quand  la  sirène  est  en  train  de  chanter, 

Le  pauvre  matelot  peut  pleurer. 

927  Gargantua  plus  facile  à  charger  (de  viande  ou  de  vin) 

Q^u'à  remplir. 

928  Gargantua,  quand  il  vivait. 

D'une  enjambée  à  Pontrieux  allait. 

929  Boudedeo 

Marchera 

Tant  qu'il  7  aura 
Deux  hommes  en  vie. 

9)0  Boudedeo  ' 

Sera  le  dernier  des  vivants. 

9}  I        Plus  sot  que  Merlin  qui  ^e  jette  à  l'eau  pour  éviter  la  pluie  ^ 

932  Les  premiers  habitants  de  la  terre 

Furent  les  Guicaznou  et  les  Kerret  ^. 

9}  3  Puisque  vous  êtes  de  Kergoumadeac'h  ? , 

Portez  la  tète  haute. 

les  campagnes  armoricaines  au  17*  siècle.  Grégoire  de  Rostrenen  et  Dom  Le  Pelletier  le 
mentioimeDt,  en  effet,  dans  leurs  dictionnaires  commencés  Tun  et  l'autre  vers  1700,  sans 
que  rien  de  la  part  des  deux  savants  lexicographes  permette  de  supposer  qu'il  fût  d'impor- 
tation récente. 

Pour  ce  qui  est  de  la  bizarrerie  résultant  de  la  double  appellation  donnée  au  marcheur 
éternel,  elle  trouve  son  explication  dans  l'ancienne  légende  dont  parle  Edgard  Qutnet 
(Préiace  d'Ahasvérus)  qui  nomme  le  Juif  «  Ahasvérus  »,  et,  après  son  baptême, 
«  Buttadeus  ». 

1.  Dans  le  Bas- Léon,  comparer  quelqu'un  à  Merlin  constitue  une  pave  injure.  Le 
personnage  auquel  il  est  ainsi  fait  allusion,  et  qui  ressemble  d'une  manière  si  frappante 
au  Gribouille  proverbial  de  nos  provinces  françaises,  serait-il,  par  suite  d'une  dernière 
transformation,  le  même  que  le  fameux  enchanteur  ?  Je  ne  saurais  rien  affirmer  sur  ce 
point,  toutes  mes  recherches  pour  retrouver  ailleurs  le  nom  de  Merlin  dans  la  mémoire 
du  peuple  breton  étant  demeurées  infruaueuses. 

2.  Cette  devise,  que  l'on  cite  souvent,  se  lisait,  au  dire  de  Cambry  (Voyage  dans  le 
Finistère,  édit.  de  18)6,  p.  8),  sur  un  banc  de  l'église  de  Saint-Mathieu,  à  Morlaix,  en 
1778. 

3.  Une  tradition  rapportée  par  Albert  le  Grand  fait  remonter  l'origine  de  la  maison  de 


diac'h  (la  maison  de  l'homme  qui  ne  fiiit  pas). 


2o8  Lavarou  Koz  a  Vreiz  lui. 

934  Araog  ma  oa  aotrou  e  neb  lea^h, 

Ez  oa  eur  marc^hek  e  Kergournadeac'h, 
9)5  Pa  n'oa  kastel  e  neb  kac% 

'Oa  kastel  e  Kornadeac'hy 

Ha  pa-'Z-eut  kastel  e  peb  leac*h^ 

'Eux  kastel  ive  e  Kornadeac^h, 

936  Riwalen  du^  Riwalen  glaz 

A  zo  tudjentil  a  yiskoaz, 

937  Pe  tre,  pe  lano^ 

Kastelfur  eo  va  hano  > . 

938  Debri  a  ra  d'ann  neo  evel  ma  ra  Rohan  >. 

DEKVED  STROLLAD. 
I. 

939  A  bep  liou  marc'h  mady 

A  bep  bro  tud  vad, 

940  Al  laouenan  a  gar  atao 

He  do'énn  ha  kornig  he  vro. 

941  Kant  bro  y  —  kant  giZy 

Kant  maouez,  —  kant  hiviz, 
Kant  parreZy  —  kant  iliz, 

942  Aotronez  Pond-Ivi, 

Bourc'hisienn  Faouet^ 
Potret  Gourin. 

943  Sod  evel  eur  Gwennedady 

Brusk  evel  eur  Chernevad, 
Laer  evel  eul  Léonard, 
Traïtour  evel  eun  Tregeriad. 

944  Ebeul  Pontreoi, 

945  Léonard  kof  iod,  laér  arpesk^. 

1 .  Devise  de  la  famille  de  Châteaufur. 

2.  On  donne  au  pourceau,  dans  un  grand  nombre  de  localités,  le  nom  de  Rohan  ou 
de  mab  Rohan.  fils  de  Rohan. 

3.  Se  dit  indifTéremment  de  tout  jeune  paysan  lourd  et  grossier. 

4.  Allusion  au  poisson  de  Saint-Corentin,  «  lequel  tous  les  matins,  —  dit  Albert  le 
«  Grand,  —  se  présentoit  au  saint  qui  le  prenoit  et  en  coupoit  une  pièce  pour  sa 
«  pitance,  et  le  rejetoit  dans  l'eau,  où  tout  a  Pinstant  il  se  trouvoit  tout  entier,  sans 
«  lésion  ni  blessure,  n 

Un  morceau  de  ce  merveilleux  poisson  rassasia,  certain  soir,  le  roi  Gradlon  et  la  suite 
nombreuse  de  seigneurs  qui  l'accompagnait  dans  une  chasse  où  il  s'était  égaré,  a  Le  Roy 
«  ayant  veu  ce  grand  miracle,  voulut  voir  le  poisson  duquel  le  saint  avait  coupé  ce 
«  morceau  et  alla  à  la  fontaine,  où  il  le  vid,  sans  aucune  blessure  dans  l'eau;  mais 
«  queloue  indbcret  fque  la  prose,  qui  se  chante  le  jour  de  la  feste  du  saint,  dit  avoir  esté 
tt  de  l'évesché  de  Léon)  en  coupa  une  pièce  pour  voir  s'il  deviendroit  entier,  dont  il  resta 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse^Bretagne.  209 

954  Avant  qu'il  n'y  eût  seigneur  au  monde, 

Il  y  avait  un  chevalier  à  Kergournadeac'h. 

935  Quand  il  n'y  avait  château  en  aucun  lieu, 
Il  y  avait  château  à  Kergournadeac'h, 
Et,  quand  il  y  a  château  en  tout  lieu^ 

Il  y  a  aussi  château  à  Kergournadeac'h. 

936  Rivoalen  noirs,  Rivoalen  verts 

De  tout  temps  furent  gentilshommes. 

937  Que  la  mer  descende  ou  monte, 

Châteaufur  est  mon  nom. 

938  II  mange  à  l'auge  comme  fait  Rohan. 

DIXIÈME  SÉRIE. 
I. 

939  De  tout  poil  bon  cheval. 

De  tout  pays  bonnes  gens. 

940  Le  roitelet  aime  toujours 

Son  toit  et  le  petit  coin  de  son  pays. 

941  Cent  pays,  —  cent  guises, 

Cent  femmes,  —  cent  chemises, 
Cent  paroisses,  —  cent  églises. 

942  Les  messieurs  de  Pontivy, 

Les  bourgeois  du  Faouet, 
Les  gars  de  Gourin. 

943  Sot  comme  un  Vannetais, 

Brusque  comme  un  Comouaillais, 
Voleur  comme  un  Léonnais, 
Traître  comme  un  Trégorrais. 

944  Poulain  de  Pontrieux. 

945  Léonard,  ventre  à  bouillie,  voleur  de  poisson. 

«  blessé,  jusqu'à  ce  que  saint  Corentin  y  vinst,  qui,  de  sa  bénédiction,  le  ^érit,  et  luy 
«  commanda  de  se  retirer  de  là,  '.de  peur  de  semblable  accident  :  à  quoy  il  obéit.  »  — 
(vie  de  saint  Corentin,  dans  les  vies  des  saints  de  la  Bretagne  Armorique,  édit.  de  1837, 
p.  799  et  801.) 

Le  P.  Maunoir  auquel  nous  devons  une  vie  du  même  saint,  en  vers  bretons,  complète 
ce  récit  de  la  manière  suivante  : 

0  lûtronci  cruel!  A  c*houdevez  nicun  O  larcin  cruel!  depuis  Ion  personne 

N'er  vêlas  mui  0  ridec  ebars  en  e  feunîun.        Ne  le  vit  plus  courir  dans  sa  fontaine. 
An  oll  quirenî  d^an  den  fall  a  oa  disenoret.    Tous  les  parents  de  l'homme  mauvais  furent 
Goapeet  estranch  a  casseety  scandalet,  milli-        déshonorés,  [maudits, 

guety  Raillés  d'étrange  sorte  et  haïs,  querellés. 

AhalamouT  d^an  torfet  en  dewa  bet  privet         En  raison  du  forfait  qui  avait  privé 
Breis  euz  eur  miracl  quer  bras,  ar  gar  zanî    La  Bretagne  d'un  si  grand  miracle  et  le  saint 

eus  e  vouet.  de  sa  nourriture. 

(Buez  sant  Caurintin,  Quemper,  Y.  J.  L.  Derrien,  s.  d.,  p.  9  et  10.) 

Rev,  Celt.  ///  1 5 


2 1  o  Lavarou  Koz  a  Vreix  lui. 

946  Pann  *  Panezeun  ! 

Ettl  Léonard  na  zebr  ira  ken» 

^j^-j  Grik  !  Grik  !  Daovdam  > . 

948  PlougasUl  lovr  >,  mar  kerez  e  veti  gwelet. 

949  Bou^h  Kerneou 

Staoter  en  he  graou, 

950  Bek  meill-raz,  bek  sali  ! 

'Re  Gemperle  n'zebront  tra  aU. 

95 1  Penn-sardinenn  ar  ChonkiZy 

Penit-eog  ar  Chastel-Liniz^ 

Ha  Penn-merluz  ar  C'hon-Bridiz. 

952  Kon-'bridiz,  traon  ha  krec'h, 

'Zo  dogantd  nemetc'houec'h^ 
Hag  ar  c'houec^h-ze  e  vez  ivez; 
Paneved  resped  d'ho  gragez, 

95 }  Treffiagaty  brochoa  laou, 

A  ia  d*ar  mor  daou-daou, 
Da  glask  lanvez  da  nea^ 
Evid  ober  kerdenn  d'ho  c^hrouga, 

9$4  Kaper  lovr,  boeUou  bUij 

Hen  eut  debret  kant  bara  heï 
Hag  eurzac'h  bara  draillet, 
Ha  c^hoaz  nU  ket  hanter-garget, 
Hag  e  lavare  he  vamm  : 
Klanv  va  Chaper^  na  zebr  tamm, 

95  5  Potret  Primelinn^  potret  ann  alc^houez^ 

Potret  Kerlouanj  potret  ann  had  panez ^ 
Potret  Guisseniy  potret  ar  ^hill-krok. 

956  Avel  uhel,  avel  nord 

A  zigas  ar  pense  d^ar  bord^ 

I.  Injure  fréc|uemment  «dressée  aux  habitants  de  Daoulas,  dont  le  nom  breton 
«  Daoulaziz  »  signifie  en  même  temps  doubles  assassins. 

La  légende  raconte  qu'un  seigneur  du  Faou,  qui  s'éuit  rendu  coupable  du  meurtre  de 
deux  saints  abbés,  se  convenit,  fit  pénitence  et  érigea,  comme  réparation  de  son  crime, 
sur  le  lieu  même  où  il  l'avait  commis,  un  monastère  auquel  on  donna  le  nom  de  Moaster 
Daou-laz  (le  monastère  des  deux  meunres). 

C'est  à  cet  établissement,  d'abord  sans  importance,  mais  que  remplaça  plus  tard  une 
riche  abbaye,  dont  les  ruines  pittoresques  font  aujourd'hui  l'admiration  de  l'artiste  et  de 
l'archéologue,  que  la  petite  ville  de  Daoulas,  cher-lieu  de  canton  du  Finistère,  doit  son 
origine. 

a.  Plougastel- Daoulas. 


Proverbes  et  Dictons  de  k  Basse-Bretagne.  2 1 1 

946  Panais!  Panais! 

Le  seul  manger  du  Léonnais. 

947  Paix  !  Paix  !  doubles  assassins. 

948  Lépreux  de  Plougastel,  on  te  visitera  si  tu  veux    (c.-à-d.  :  on 

enverra  le  médecin  pour  te  soigner). 

949  Bouc  de  Comouaille, 

Qui  pisse  dans  son  étable. 

950  Bec  de  rouget,  bec  salé  ! 

Le  seul  régal  à  Quimperlé. 

95 1  Têtes  de  sardine  ceux  de  Concameau, 
Têtes  de  saumon  ceux  de  Châteaulin, 
Têtes  de  merlu  ceux  de  Combrit. 

952  Les  hommes  de  Combrit,  ceux  de  la  plaine  et  ceux  d'en  haut, 

Sontc...  excepté  six, 
Et  ces  six-Ià  le  seraient  aussi. 
N'était  qu'on  a  respecté  leurs  femmes. 

95  )  Les  gens  de  Treffiagat,  broches  à  poux, 

A  la  mer  s'en  vont  deux  par  deux, 
Cherchant  de  l'étoupe  à  tordre 
Pour  faire  la  corde  qui  les  pendra. 

9^4  Capiste  lépreux,  loup  affamé  > , 

Cent  pains  d'orge  il  a  dévoré, 
De  plus  un  sac  de  pain  haché  ; 
Encore  n'est-il  qu'à  demi  chargé. 
Et  sa  mère  de  s'écrier  : 
Mon  Capiste  est  malade,  il  ne  peut  rien  manger. 

95  5  Gars  de  Primelin,  les  porte-clés  *, 

Gars  de  Kerlouan,  graine  de  panais. 
Gars  de  Guissény,  joueurs  de  perche  à  crochet  '. 

956  Vent  d'est,  vent  de  nord, 

Amène  naufrage  à  la  côte, 

1 .  Littéralement,  boyaux  de  loup.  Le  Capiste  dont  il  est  ici  question  est  l'habitant  du 
Cap-Sizun. 

2.  On  les  appelle  ainsi,  parce  qu'ils  portent,  en  mémoire  de  saint  Tujean,  le  saint 
Hubert  de  la  Comouaille,  une  clé  brodée  sur  leurs  habits. 

Il  existe  à  Primelin,  sous  l'invocation  de  ce  saint,  une  chapelle  où  l'on  conserve  dans 
un  reliquaire  en  vermeil  une  clé  de  fer  qu'on  dit  lui  avoir  appartenu  et  à  laquelle  on 
attribue  la  vertu  de  préserver  ou  de  guérir  de  la  rage.  Le  jour  de  la  fête  de  saint 
Tujean,  on  vend  aux  portes  de  la  chapelle  de  petites  clés  qui,  après  avoir  été  bénites 
par  l'officiant,  sont  douées,  assure-t-on,  des  mêmes  propriétés. 

).  Pour  tber  à  sec  les  épaves  que  la  tempête  envoie  sur  leurs  cfttes. 


2 1 2  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Izei 

Ha  me  araok 
Da  c^hoari  va  faotr^ 
Ha  pa-d-apjenn  (Par  grouk 
'Teuio  eun  tortadwar  va  chouk  K 

957  Hevel  oc' h  aotrouienn  tud-jentil  Ploueskat 

'Rank  chom  en  ho  gfvele  pa  fresker  ho  diUat. 

9  5  8  Goulennit  gant  potret  Rosko 

Pedfavenn  Ha  da  ober  nao. 

9J9  Potret  Lokirek 

Laeron  kezek. 

960  '  Bara  kerc'h  fresk  amanenet 

A  blij  da  Gintiniz  meurbed. 

961  lotaerienn^  debrerienn  kaolj 

Ar  Zant-Briegiz  a  zo  holL 

962  Fao  ra  hafao  briZj 

Setu  briskez  al  Lan-Baliz, 

96  )  Eut  maill  eo  eul  Lan-Balad 

Evid  ober  kleuziou  mad. 

964  GwerliskiniZj  a  ras  da  ras^ 

Bordelerienn  evel  chass  ; 

Ar  chass  ez  a  d'ann  ofern-bred 
Ha  Gwerliskiniz  n'eont  ket. 

IL 

965  Personn  Fors  a  zo  biniaouer^ 

Personn  Fouesnant  a  zo  bombarder  y 
Personn  Santez-Anna  a  zo  danser^ 
Personn  Sant-Evaruk  a  zo  barazer, 
Personn  Benn^Odet  a  zo  plonjer, 
Personn  Ploneour  a  zo  neuier, 
Personn  Pont-Kroaz  a  zo  mestr  skolaer, 
Personn  Douar nenez  a  zo  pesketaer, 
Personn  Sant-Vaze  a  zo  pomper j 
Personn  Sant-Kaourintin  a  zo  koueur^ 
Personn  Ker-Feunteun  a  zo  arer^ 

1.  Devise  des  Paganiz,  païens,  nom  sous  leauel  on  désigne  les  habiunts  de  la  partie 
du  littoral  comprise  entre  TAber-Wrac'h  et  TrefSez.  C'est  une  population  à  part,  une 
sorte  de  petit  clan  que  ses  traditions,  ses  usages  et  ses  mœurs  barbares  difiérencient  du 
reste  de  fa  Breugne.  Le  Pagan  appelle  la  mer  sa  pourvoyeuse,  la  vache  qui  met  bas 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse- Bretagne,  2 1  ; 

Et  moi  d'aller  de  l'avant, 
Mon  beau  diable  faisant; 
A  la  potence  quand  j'irais, 
Mes  épaules  ploieront  sous  le  faix. 

957  Semblables  aux  messieurs  les  gentilshommes  de  Plouescat 
Doivent  rester  au  lit  quand  on  nettoie  leurs  vêtements. 

958  Demandez  aux  gens  de  RoscofT, 
Pour  faire  neuf  combien  de  fèves  il  faut. 

959  Gars  de  Locquirec 

Voleurs  de  chevaux. 

960  Pain  d'avoine  avec  beurre  frais, 

C'est  le  plaisir  des  Quintinais. 

96 1  Mangeurs  de  bouillie  et  de  choux, 

Ceux  de  Saint-Brieuc  le  sont  tous. 

962  Fèves  rouges  et  fèves  bigarrées, 

Les  abricots  des  Lamballais. 

96;  C'est  un  maître  que  le  Lamballais 

Pour  faire  de  bonnes  clôtures. 

964  Les  habitants  de  Guerlesquin,  de  race  en  race, 
Sont  luxurieux  comme  des  chiens  ; 

Les  chiens  vont  à  la  grand'messe, 
Les  gens  de  Guerlesquin  n'y  vont  pas. 

.  II. 

965  Le  recteur  de  La  Forêt  est  joueur  de  biniou. 
Celui  de  Fouesnant  joueur  de  bombarde. 

Le  recteur  de  Sainte-Anne  est  danseur, 

Celui  de  Saint-Evarzec  tonnelier. 

Le  recteur  de  Bénodet  est  plongeur, 

Celui  de  Plounéour  nageur. 

Le  recteur  de  Pont-Croix  est  maître  d'école, 

Celui  de  Douamenez  pécheur. 

Le  recteur  de  Saint- Mathieu  est  pompier^ 

Celui  de  Saint-Corentin  buandier. 

Le  recteur  de  Kerfeunteun  est  laboureur, 

pour  lui,  et  prétend  qu'elle  lui  doit,  en  tout  temps,  le  vivre  et  le  couvert  De  là  ses 
habitudes  de  piraterie  et  Tabsence  de  toute  hésitation  à  s'approprier  les  marchandises 
provenant  de  oris  ou  naufrages  qui  attérissent  sur  ses  grèves,  si  le  sabre  du  douanier  ou 
du  gendarme  ne  vient  pas  contrarier  ses  projets. 


2 14  Lavarou  Koz  a  Vreiz  luL 

Personn  Erc'hie-Vras  a  zofalc^her^ 
Personn  Erc'hie-Vihan  a  zo  minuter^ 
Personn  Lok-Ronan  a  zo  gwiader^ 
Personn  PUben  a  zo  masoner^ 
Personn  Foaillou  a  zo  pillaouery 
Personn  Lok-Keyret  a  zo  stouper^ 
Personn  Plonevez  a  zo  boutaouer^ 
Personn  Korre  a  zo  boser^ 
Personn  Torc^h  a  zo  krampoezer, 
Personn  Elliant  a  zo  millioner, 
Personn  Sant-Divi  a  zo  marrer, 
Personn  Skaer  a  zo  gourenner^ 
Personn  Rosporden  a  zo  toker^ 
Personn  Kernevel  a  zo  kemener, 
Personn  Banalek  a  zo  galouper, 
Personn  Melgven  a  zo  fougeer, 
Personn  Beuek  a  zo  lanner, 
Personn  Konk-Kerne  a  zo  bager, 
Personn  Lan-Riek  a  zo  morer, 
Personn  Tregunk  a  zo  piker, 
Personn  Kemperle  a  zo  kivijer, 
Personn  Nevet  a  zo  boulanjer, 
Personn  Pond-Aen  a  zo  milinerK 

966  KUier  Sant-lann^Voug  a  lavar  : 

Keraniz!  Keraniz! 
Laeroun  tout  !  Laeroun  tout  ! 
Kleier  Sant-lann-Keran  a  sespount  : 
Ar  pez  ma-z-omp^  ez  omp  ! 
Ar  pez  ma-z-omp^  ez  omp  ! 
Kleier  Logoman  a  lavar  ive  : 

Merc'hed  brao  ^zo^n  Logoman  ! 
Merc^hed  brao  'zo^n  Logoman  ! 
Kleier  Fouesnanl  a  respount  : 
Gisti  holl  ! 
Gisti  holl  ! 
Kleier  Fors  a  lavar  oc^h-penn  : 


I .  Pris  isolément,  chaque  vers  de  cette  petite  pièce,  qui  n'est  autre  qu'une  chanson  de 
danse,  représente  un  dicton  dont  l'iisage  est  journalier  pour  caractériser,  dans  U 
personne  de  leurs  recteurs  ou  curés,  tes  principales  paroisses  de  la  Comouaille.  Brizeux 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne.  1 1 5 

Celui  du  Grand-Ergué  faucheur. 

Le  recteur  du  Petit-Ergué  est  menuisier, 

Celui  de  Loc-Renan  tisserand. 

Le  recteur  de  Plejben  est  maçon, 

Celui  de  la  Feuillée  chiffonnier. 

Le  recteur  de  Loqueffret  est  marchand  d'étoupe, 

Celui  de  Plonevez  sabotier. 

Le  recteur  de  Coray  est  boucher, 

Celui  de  Tourc'h  crépier. 

Le  recteur  d'Ëlliant  est  millionnaire, 

Celui  de  Saint-Divy  écobueur. 

Le  recteur  de  Scaêr  est  lutteur, 

Celui  de  Rosporden  chapelier. 

Le  recteur  de  Kemevel  est  tailleur, 

Celui  de  Bannalec  coureur  d'aventures. 

Le  recteur  de  Melgven  est  fanfaron, 

Celui  de  Beuzec  coupeur  d'ajoncs. 

Le  reaeur  de  Concameau  est  constructeur  de  barques, 

Celui  de  Lanriec  marinier. 

Le  recteur  de  Trégunc  est  piqueur  de  pierres, 

Celui  de  Quimperlé  tanneur. 

Le  recteur  de  Nevet  est  boulanger, 

Celui  de  Pont-Aven  meunier. 

966  Les  cloches  de  Saint-Jean-Saint-Vougay  disent  : 

Keraniens  !  Keraniens  ! 

Tous  fripons  I  Tous  fripons  ! 
Celles  de  Saint-Jean-iCeran  répondent  : 
Ce  que  nous  sommes,  nous  le  sommes  ! 
Ce  que  nous  sommes,  nous  le  sommes  I 
Les  cloches  de  Logoman  disent  aussi  : 
Il  y  a  de  belles  filles  à  Logoman  ! 
Il  y  a  de  belles  filles  à  Logoman  ! 
Les  cloches  de  Fouesnant  répondent  : 

Toutes  ribaudes  ! 

Toutes  ribaudes  ! 
Celles  de  la  Forêt  ajoutent  : 


en  a  publié  quelques  fragments,  à  tort,  je  crois,  sous  forme  de  triade.  La  version  que  je 
donne  id,  et  qui  offre  d'assez  grandes  différences  avec  la  sienne,  m'a  été  dictée,  le  17 
mai  1868,  par  lann  Floc'h,  fossoyeur  de  la  paroisse  de  Beuzec-Conq. 


2 16  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Itei, 

Evel  'ma  'mainty  emaint  ! 
Evel  'ma  'maint,  emaint! 

967  C'houez  ann  tht  hag  ar  c'hafe 

A  10  gint  merc'hed  Landerne; 
C'houez  ann  thin  hag  ar  roz  gwenn 
A  zo  gant  merc'hed  Lesneven; 
C'hoaez  ar  bezin  hag  ar  brug 

A  zo  gant  merc'hed  Terrug; 
C'houez  ar  bezin  hag  ar  mor 
A  zo  gant  merc'hed  ann  Arvor; 
C'houez  ar  paotr  hag  ar  potans 
A  zogant  merc'hed  RekouvransK 

III. 

968  KasUl 

Santely 
Kemper 
Argaer, 
Oriant 
Ar  goant. 

969  Lan-Baol  ar  c'herniel, 

Sant  Thegonek  ar  bombansou, 
Gimilio  ar  givall  deodou, 
Pbuneour  baour,  Komana  gaez^ 
E  Pleber-Krist  ema  ar  furnez, 

970  Bars  e  parrez  Plougraz 

E  kigner  lost  ar  c'haz, 

97 1  Da  veneziou  Skrignak 

E  keser  ann  diaoul  da  grignat. 

972  Ebarz  e  Trogeri 

Eman  bro  ar  babi, 

973  E  Gwiskrif,  war  veg  eur  bal, 

N'euz  nemet  rogn,  laou  ha  gai; 
E  Skaery  war  veg  eur  brank, 
N'euz  nemet  aour  hag  argant. 

I .  Les  variations  brodées  sur  ce  thème  sont  innombrables,  et  il  n'est  si  maigre  village 
de  Bretagne  qui  n'y  trouve  place.  Comme  les  détails  qu'elles  renferment  ne  prâentent  en 
général  que  peu  d'mtérét,  et  que  l'on  y  sacrifie  trop  souvent  à  la  rime  le  bon  sens  ou  la 
vérité,  je  crois  devoir  m'arréter  à  ce  spécimen,  en  le  complétant  par  les  deux  distiques 
suivants,  recueillis  dans  le  pays  de  Tréguier  par  M.  E.  Emault,  qui  a  bien  voulu  me  les 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne,  217 

Comme  elles  sont,  elles  sont  ! 
Comme  elles  sont,  elles  sont  ! 

967  Qui  sent  le  thé  et  le  café  ? 

Ce  sont  les  filles  de  Landemeau. 
'    Qui  sent  le  thym  et  les  roses  blanches  ? 
Ce  sont  les  filles  de  Lesneven. 
Qui  sent  le  varech  et  la  bruyère  i 
Ce  sont  les  filles  de  Telgruc. 
Qui  sent  le  varech  et  la  mer  ?  ' 

Ce  sont  les  filles  de  l'Arvor, 
Qui  sent  les  gars  et  la  potence  ? 
Ce  sont  les  filles  de  Recouvrance. 

III. 

968  Saint-Pol 

La  sainte, 
Quimper 
La  belle, 
Lorient 
La  jolie. 

969  A  Lampaul  les  cornes, 

A  Saint-Thégonec  les  bombances, 
A  Guimilliau  les  mauvaises  langues, 
Plonéour  la  pauvre,  —  Commana  la  misérable, 
A  Pleyber-Christ  est  la  sagesse. 

970  Dans  la  paroisse  de  Plougras, 

On  écorche  la  queue  des  chats. 

97 1  Aux  montagnes  de  Scrignac, 

On  envoie  grignoter  le  diable. 

972  C'est  à  Troguéry 

Qu'est  le  pays  des  guignes. 

97}  A  Guiscrif,  sur  la  pointe  d'une  bêche. 

Il  n'y  a  que  rogue,  poux  et  gale; 
A  Scaêr,  sur  la  pointe  d'une  branche, 
Il  n'y  a  qu'or  et  argent. 

communiquer,  et  que  je  traduis  littéralement  : 

Chouez  pomad  ha  roz  Odeur  de  pommade  et  de  roses 

A  zo  gant  merc'hed  Perroz.  •  Est  avec  les  filles  de  Perros. 

Ckoua  ar  pesked  en  ho  sac* h  Odeur  des  poissons  (qui  sont)  dans  leur  sac 

A  zo  gant  merc'hed  Ploumanac'h.  Est  avec  les  filles  de  Ploumanac*h. 


2 1 8  Lavarou  Koz  a  Vreiz  IzeL 

974  Pignet  er  wenn,  torret  ho  kouk^ 

Gant  men  Koadri  ne  vo  ket  drouk  '. 

975  E  Landudal  n^aUumer  ket 

A  âhoulou  koax  en  ofern-bred  : 

Ar  mel  a  lipomp^ 

Ar  (^hoar  a  werzomp. 
En  hostaliri  ieont  gan^-eomp. 

976  Aotroa  Doue  !  Itron  Gwerc*hez! 

Deud  e  *nn  diaoul  bras  en  enez^ 
Da  €0  klask'r  banniel  hag  ar  groez, 
Evit  klass  'nn  diaoul  bras  er^-mez, 

977  Er  barrez  vras  Tregarantek 

Ez  eo  mad  anaveut 

Triouec'h  ozac^h  ha  triouec'h  greg^ 
Plac^h  ar  personn  d^ann  ugentved, 

978  E  Landevenek 

Peder  maouez  evit  eur  gs^ennek. 
Ann  hini  chom  da  varc^hata 

H  en  deuz  evit  netra^ 
Hag  ann  hini  a  ia  d'ar  iaou 
A  gav  leiz  ar  dhraou. 

979  Eur  pok  Spagn  hen  deuz  roet  dUzhi. 

980  Livirit  :  sa  ! 

Livirit  :  dia  ! 

Troït  krenn,  troit  sounny 
Gant  peb  hent  ez  eot  da  Roum. 

IV. 

981  Er  barrez  a  Daole,  être  ann  daou  drez^ 
Ema  ar  brava  brezoneg  azo  e  Breiz. 

982  E  Breiz  na  'z  euz  nemet  daou  eskopti 
E  père  na  c'houezer  prezegi. 

i .  Emprunté  à  un  cantique  populaire,  ce  dicton,  plus  malicieux  peut-être  que  naïf, 
renferme  un  double  sens  qui  lui  permet  de  ne  jamais  mentir. 

Les  pierres  de  Coatdry  sont  des  staurotides  croisées.  Elles  doivent  leur  nom  à  un  petit 
ruisseau,  affluent  de  l'Aven,  qui  coule  près  de  Scaer,  et  où  on  les  trouve  en  assez  grande 
quantité.  Les  mendiants  les  vendent,  dans  toute  la  Comouaille,  comme  talismans  contre 
la  foudre,  la  rage,  les  fractures  et  les  maux  d'yeux.  Si  vous  leur  demandez  pourquoi  ces 
pierres  sont  marquées  au  signe  de  la  croix,  ils  vous  raconteront  qu'il  y  a  lon^emps, 
longtemps,  un  prince  païen  ayant  détruit  la  CFoix  de  la  chapelle  de  Coatdry,  Dieu  mit 
aussitôt  l'emblème  de  la  rédemption  aux  pierres  du  ruisseau  voisin,  pour  le  confondre  e 
faire  éclater  sa  puissance. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne.  2 1 9 

974  Montez  dans  un  arbre^  cassez-vous  le  cou, 
Avec  pierre  de  Coatdry  mai  n'y  aura. 

975  A  Landudal  on  n'allume  pas 

De  cierges  à  la  grand'messe  : 

Le  miel,  nous  le  léchons, 
La  cire,  nous  la  vendons, 
A  l'auberge  le  tout  nous  portons. 

976  Seigneur  Dieu  !  Dame  la  Vierge  ! 

Le  grand  diable  est  venu  dans  111e. 
Il  faut  aller  quérir  bannière  et  croix 

Pour  chasser  de  chez  nous  le  grand  diable  >. 

977  Dans  la  grande  paroisse  de  Trégarantec, 

C'est  chose  bien  connue 

Qu'il  y  a  dix-huit  hommes  et  dix-huit  femmes, 
La  servante  du  curé  faisant  la  vingtième. 

978  A  Landévénec> 

Quatre  femmes  pour  un  sou. 
Qui  reste  à  marchander 

Les  a  pour  rien, 
Et  qui  arrive  le  jeudi 
En  trouve  à  pleine  étable. 

979  Baiser  d'Espagne  il  lui  a  donné  >. 

980  Dites  :  ça! 

Dites  :  dia  ! 

Tournez  court,  tournez  sur  place» 
Tout  chemin  à  Rome  vous  mènera. 

IV. 

981  Dans  la  paroisse  de  Taulé,  entre  les  deux  grèves. 
Est  le  meilleur  breton  parlé  en  Bretagne. 

982  En  Bretagne,  il  n'y  a  que  deux  évéchés 

Où  l'on  ne  sache  prêcher  i. 

1.  C'est  ainsi  que  se  traduit,  au  dire  des  gens  de  Pont-L'abbé,  l'ébahtssement  de  leurs 
voisins  de  Tlle  Tudy,  quand  une  personne  étrangère  à  la  paroisse  vient  à  passer  devant 
leurs  portes. 

2.  Au  propre  :  il  a  rendu  cette  fille  mère.  Cette  expression,  encore  en  usage  dans 

Quelques  cantons  de  Tarrondissement  de  Châteaulin,  me  semble  un  souvenir  de  l'occupation 
a  pays,  au  temps  de  la  Ligue,  par  les  troupes  espagnoles  de  D.  Praxède  ou  de  D-  Juan 
d'Aqaila. 
).  Les  èvèchés  de  Nantes  et  de  Rennes  où  l'on  parle  français. 


220  Lavarou  Koz  a  Vreiz  luL 

983  Brezounek  Léon  ha  gallek  Gwened. 

984  Gwelk  gallek 

Gallek  Gwened, 

985  Nonhaoui^ 

Setu  gallek  ann  ti. 

986  Koms  brezounek  evel  eur  personn  K 

V. 

987  Menez  Ane  kein  Breiz. 

988  Kompeza  Brasparz^ 

Diveina  Berrien, 
Diradenna  Plouie^ 

Tri  zra  impossubl  da  Zone. 

989  Seiz  mil  seiz  kant  seiz  agent  ha  seiz  sent 

A  zo  diskennet  e  Keresent^ 
Hag  holl  int  eatda  Lan^Riyoare^ 
Nemet  arpaour  kez  sant  André 

Hag  a  oa  kamm^ 
Hag  a  choumas  e  Sant-Iann  >. 

990  Ann  nep  euz  a  Landerne  a  ia  da  Lesneven^ 

A  bar  al  loar  war  he  zalben. 

99 1  Etre  ar  Faou  ha  Landerne 

N*emoc'h  nag  e  Léon  nag  e  Kerne. 

992  Pa  vezit  war  bont  Landerne^ 

Fri  Léonard^  reor  Kerne. 

993  Ma  vankfe  chausser  a  Vrezally 

Landerneïz,  pakit  ho  stalL 

994  Mor  Kerne  a  zo  peskeduzy 

Douar  Léon  a  zo  eduz. 

995  Abaoue  beuzet  Ker-Is 

Weuz  ket  kavet  par  da  Baris. 

1.  Breton  de  curé  s'emploie  dans  le  même  sens  que  latin  de  cuisine. 

2.  Ce  dicton  repose  sur  une  tradition  d'après  laquelle,  aux  premiers  temps  de  la 
prédication  de  l'évangile  en  Armorique,  les  habitants  de  la  terre  de  saint  Rivoaré,  nou- 
vellement convertis,  auraient  été  massacrés  au  nombre  de  7,847  par  une  peuplade  voisine 
restée  païenne. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne,  22 1 

983  Breton  de  Léon  et  français  de  Vannes. 

984  Le  meilleur  français 

Le  français  de  Vannes. 

985  Non  et  oui, 

C'est  tout  le  français  de  la  maison. 

986  Parler  breton  comme  un  curé. 

V. 

987  Montagnes  d'Arré  dos  de  la  Bretagne. 

988  Aplanir  Braspars, 

Epierrer  Berrien, 

Arracher  la  fougère  de  Plouyé, 
Trois  choses  impossibles  à  Dieu. 

989  Sept  mille  sept  cent  sept  vingt  et  sept  saints 

Sont  descendus  à  Kersaint, 
Et  tous  sont  allés  â  Lanrivoaré, 
Excepté  le  pauvre  cher  saint  André 

Qui  boiteux  était 
Et  à  Saint-Jean  est  resté. 

990  Si  de  Landemeau  vous  allez  à  Lesneven, 

La  lune  brille  sur  votre  derrière. 

991  Entre  Le  Faou  et  Landemeau 
Vous  n'êtes  ni  en  Léon  ni  en  Comouaille. 

992  Etes-vous  sur  le  pont  de  Landemeau 

Votre  nez  est  léonnais,  votre  derrière  comouaillais. 

99)  Si  la  chaussée  de  Brézall  vient  à  manquer, 

Gens  de  Landemeau,  faites  vos  paquets. 

994  La  mer  de  Comouaille  est  poissonneuse, 

La  terre  de  Léon  abonde  en  blé. 

99  j  Depuis  la  submersion  d'Is 

On  n'a  trouvé  l'égal  de  Paris  < . 


àt  le  visiter,  en  font  le  tour  sur  les  genoux  et  regarderaient  comme  une  profanation  d'y 
entrer  sans  être  déchaussés. 


variante 

vaste 

faire  plus  d'honneur  à  la  vieiûe  Lutèce  que  de  lui  donner  le  nom  de  Par-ls^  c'est-à-dire 

pareille  à  Is. 


222  Lavarou  Koz  a  Vreiz  Izel. 

996  Paris 

Par-Is. 

()<)']  Pa  ziveuzo  Is 

E  veuzo  Paris. 

998  Seiz  maniel  skarltk  ha  triugent  hep  kenvel  ar  re<U 
A  zeue  euz  ar  ger  a  Is  d^ann  offerenn  da  Lauval. 

999  Ne  dremenas  den  ar  Raz 

N'hen  divije  aoun  pe  c'hlaz. 

1 000  Va  Doue  y  va  diwallii  da  dremen  Beg  ar  Raz, 
Rag  va  lestr  'zo  bihan  hag  ho  mor  a  zo  braz. 

Daslumet  ha  tract  e  galUk  gant  L.  F.  Salvet. 


996  Paris 

Pareil  à  Is. 

997  Quand  des  flots  Is  émergera 

Paris  submergé  sera. 

998  Soixante-sept  manteaux  d'écarlate,  sans  parier  des  autres, 
Allaient  de  ia  ville  d'Is  à  la  messe  à  Lauval  '. 

999  Homme  n'a  passé  le  Raz 

Sans  frayeur  ou  sans  mal. 

1000  Mon  Dieu,  protégez-moi  au  passage  du  Bec-du-Raz, 
Car  ma  barque  est  petite  et  votre  mer  est  grande. 

Recueilli  et  traduit  par  L.  F.  Sauvé. 


I.  Dans  une  prairie  voisine  du  village  de  Lauval,  situé  au  sud  de  la  baie  des 
Trépassés,  se  trouvent  des  substructions  que  les  gens  du  pays  prétendent  être  les  ruines 
d'une  chapelle  qui  aurait  été  une  dépendance  dMs. 


CHADEN   «  CHAINE.  » 


M.  Louis  Havet,  dans  une  note  publiée  par  la  Revu^Ce/ti^e,  t.  II,  p.  217, 
appelle  l'attention  des  celtistes  sur  quelques  mots  bretons-armoricains, 
où  Pon  trouve  la  consonne  ch^  qu'on  appelle  en  Bretagne  ch  français,  et 
qui  a  le  même  son  que  le  sh  des  Anglais,  le  sch  des  Allemands.  De  ces 
mots  le  seul  dont  l'histoire  paraisse  claire  est  ckaden  «  chaîne.  » 

Comme  M.  Havet  l'a  fait  observer,  chaden  vient  du  français.  On  trouve 
dans  la  Chanson  de  Roland^  seconde  moitié  du  xii'  siècle,  caeine  a  chaîne  », 
qui  s'explique  par  une  forme  plus  ancienne^'câ^ef/i^  avec  un  d  médiat.  Ce  d 
doit  avoir  disparu  vers  le  milieu  du  xfi'' siècle  (G.  Pms^  Saint  Alexis  y  p.  92). 
A  c6té  de  cadeine  il  7  avait  évidemment  à  la  même  époque,  c'est-à-dire 
jusque  vers  1150,  la  variante  dialectale  française  chadeine  d'où  le  breton 
ckadeny  comme  le  français  moderne  «  chaîne.  »  Si  le  mot  breton  venait 
directement  du  latin,  il  aurait  gardé  le  c  initial  du  latin  catindy  comme  : 
kabesù  «  licou  »,  du  latin  capistmm;  kal  a  premier  jour  »,  «  commen- 
cement »,  du  latin  kalendae;  kanastel  «  buffet  »,  du  bas-latin  canistella; 
kaoter  «  chaudière  »,  du  bas-latin  caldaria;  kistin  <x  châtaigne»,  du  bas- 
latin  castania  =  cûstanea.  Ve  de  chaden  s'explique  naturellement  par  la 
diphthongue  ei  du  français  chadeine.  Cette  diphthongue  a  perdu  sa  seconde 
voyelle,  quand  elle  a  cessé  d'être  accentuée,  et  que  l'accent  a  été 
transporté  sur  la  pénultième.  Le  même  phénomène  s'est  produit  :  dans 
le  breton  aotre^  otre  «  permission  »  d'*autrei  =  auctoritas,  variante 
franco-normande  du  français  <c  otroi  »  «  octroi  »  ;  dans  le  breton  date 
«  retard  »  du  franco-normand  delei  qui  est  une  variante  du  français 
«  délai  »,  nom  tiré  du  verbe  «  délayer  »  s=  *dis4i^uare.  Ei  est  la  forme 
franco-normande  de  1'/  bref  latin  accentué,  comme  de  1'^  long  latin 
accentué.  Cet  ei  est  devenu  e  dans  chaden  après  le  déplacement  de 
l'accent.  Mais  de  la  voyelle  e  de  chaden  il  n'y  a  rien  à  conclure  sur  la 
question  de  savoir  si  chaden  en  breton  est  d'origine  immédiatement  latine 
ou  d'origine  française.  La  forme  la  plus  ancienne  de  Vé  long  accentué 
celtique  cm  latin  en  breton  est  oa  ou  oe^  diphthongue  conservée  dans  les 


2  24  Chaden  a  chaîne  ». 

monosyllabes,  exemple  :  koar  «  cire  w  =  cêra,  roenv  «  rame  »  =r  rêmuSj 
coat  (c  bois  »  =  céto-.  Quand  dans  les  polysyllabes  l'accent  est  passé  de 
la  dernière  syllable  sur  la  pénultième,  ladiphthongueoâ^  oe^  s'est  abrégée 
quelquefois  en  e  comme  dans  moger  <x  mur  »  pour  macoer  [Cartukire  de 
Redon)  du  latin  macéria,  et  dans  higolen  «  pierre  à  aiguiser  »,  en  vieux 
gallois  ocoluin  =  *âcûlina.  La  diphthongue  oa,  oe  s'est  aussi  changée 
quelquefois  en  o  après  le  déplacement  de  l'accent  comme  dans  :  cantoel 
<(  chandele  )>  =  candela  aujourd'hui  kantoly  penn-coaî  (c  massue  »  aujour- 
d'hui pengot,  paradoes  «  paradis  »  =  "paradêsus  variante  dialectale  de 
paradîsus  (cf.  Schuchardt,  VokalismuSy  t.  II,  p.  69-91)  aujourd'hui /^arj- 
doz;  nadoez  «  aiguille  »  =  *snâtéda  aujourd'hui  nadoz.  Mais  puisqu'on  a 
e  =  oe  =  i,  Ve  de  chaden  n'a  rien  de  caractéristique.  Si  le  latin  catena 
avait  pénétré  immédiatement  du  latin  dans  le  breton,  il  aurait  pu  donner 
aujourd'hui  caden  comme  cadon,  après  avoir  été  prononcé  cadoen^  ortho- 
graphe justifiée  par  le  gallois  cadwyn,  La  voyelle  e  de  la  dernière  syl- 
labe de  chaden  ne  nous  apprend  donc  rien  sur  l'origine  de  ce  root.  C'est 
le  ch  initial  qui  est  décisif  :  chaden  est  venu  du  français.  Mais  à  quelle 
époque  ?  La  dentale  de  ce  mot  est  intéressante  à  étudier  quand  on  désire 
arriver  à  la  solution  de  cette  question  de  date. 

Les  mots  d'origine  latine,  qui  contiennent  en  latin  un  /  médial  entre 
deux  voyelles,  et  qui  ont  pénétré  en  breton,  soit  immédiatement,  soit 
médiatement  par  l'entremise  du  français,  se  divisent  en  trois  catégories. 

La  première  catégorie  comprend  les  mots  latins  qui  ont  pris  place  dans 
le  vocabulaire  breton  avant  d'avoir  changé  en  d  leur  t  primitif,  c'est-à- 
dire  avant  le  vu''  siècle  après  J.-C.  En  effet  au  vu**  siècle  cette  permuta- 
tion était  accomplie  dans  le  latin  parlé  en  Gaule  comme  le  prouvent 
plusieurs  des  exemples  de  cette  permutation  réunis  par  M.  Schuchardt, 
Vokalismus  des  Valgaerlateins^  t.  I,  p.  127  :  on  y  trouve  ces  mots  em- 
pruntés à  des  diplômes  mérovingiens  :  mercadus  (629  après  J.-C), 
podibat  (6}7  après  J.-C),  calcada  (6$8  après  J.-C),  audentico  (690  après 
J.-C).  Les  mots  latins  qui,  contenant  un  t  médial  entre  deux  voyelles, 
ont  été  admis  dans  le  vocabulaire  breton  avant  d'avoir  en  latin  changé 
ce  t  en  d,  c'est-^-dire  avant  le  vu''  siècle,  ont  changé  leur  f  en  ^  en 
breton  à  l'époque  où,  en  breton,  s'est  produit  le  phénomène  que  Zeuss 
a  appelé  destitatio  tenuium  (Gr.  C.^,  p.  i  $9  et  suiv.).  Ce  phénomène,  qui 
parait  avoir  été  inconnu  au  breton  du  ix"^  siècle,  était  accompli  au  xi^. 
Ainsi  :  Catoc,  857  (Cartulaire  de  Redon,  p.  13),  ou  Katoc^  872  [ibid., 
p.  208),  est  écrit  Cadocusen  1085  (ibid.^  p.  io8j)  avec  la  même  dentale 
que  dans  Pleu-Cadeuc^  nom  actuel  d'une  localité  du  Morbihan;  Maîoc, 
867  (Cartulaire  de  Redon^  p.  115),  est  écrit  Madocus,  1081-1082  {ibid., 


Chaden  a  chaîne  ».  225 

p.  262),  avec  la  même  dentale  que  dans  Ker^MadeuCy  nom  actuel  de 
plusieurs  localités  du  Morbihan.  Citons  encore  le  nom  propre  qui  se 
prononce  aujourd'hui  CadoudaL  Son  orthographe  la  plus  ancienne  est 
Cat-^otal  >  ;  nous  en  avons  compté  2  5  exemples  dans  le  Cartulaire  de 
Redon  : 
P.  13,  année  837.  P.  120,  année  830. 


18, 

— 

852. 

126, 

— 

854. 

28, 

— 

826. 

»Î2, 

— 

340. 

4», 

— 

839-861. 

140, 

— 

840-846. 

5>, 

— 

848. 

»5$. 

— 

vers  840. 

66, 

— 

861-867. 

170, 

— 

843. 

8ç, 

— 

843. 

17', 

— 

868. 

86, 

— 

844. 

nh 

868-87 I . 

89. 

— 

843. 

183, 

— 

878. 

lOI, 

— 

826. 

201, 

— 

850. 

104, 

— 

836-839. 

202, 

— 

849. 

107, 

— 

829-830. 

204, 

— 

872. 

108, 

— 

865. 

Or  on  lit  Cadodal  dans  une  charte  de  l'année  1060  [ihid,^  p.  306), 
c'est  l'orthographe  moderne.  Le  second  d  =  t  apparaît  déjà  dans  deux 
chartes  du  ix®  siècle  :  on  lit  Cat-vudal  dans  l'une,  840-847,  p.  214; 
Cat'vodal  isiiis  l'autre,  892,  p.  220.  Mais,  comme  nous  n'avons  pas  les 
originaux  de  ces  chartes,  que  nous  connaissons  seulement  ces  chartes 
par  une  copie  du  xi^  siècle,  il  est  vraisemblable  que  pour  ces  deux  pièces, 
le  copiste,  c'est-à-dire  le  rédacteur  du  Cartulaire  de  Redon,  se  sera 
laissé  influencer  par  la  prononciation  de  son  temps  et  aura  substitué  dans 
sa  transcription  un  ^  au  r  écrit  dans  les  originaux  et  reproduit  exacte- 
ment dans  les  vingt-cinq  exemples  cités  plus  haut. 

La  substitution  dudmi  médial  entre  deux  voyelles  parait  donc  être 
en  breton  postérieure  au  ix^  siècle;  et,  dans  la  seconde  moitié  du 
XI*  siècle^  cette  révolution  phonétique  était  terminée.  Elle  avait  donc  à 
cette  date  atteint  le  t  médial  des  mots  latins  qui  avaient  pénétré  dans  le 
breton  antérieurement  à  la  date  où  la  même  révolution  s'était  produite 
en  latin,  c'est-à-dire  qui  avaient  été  admis  dans  le  vocabulaire  breton 
avant  le  vu*  siècle.  Nous  pouvons  considérer  comme  certains  les  faits 
suivants  :  dans  la  seconde  moitié  du  xi*  siècle,  le  t  du  latin  catedra  était 
devenu  d  dans  le  mot  breton  écrit  cadoer  au  xv*  siècle,  aujourd'hui 

I .  Cat-wotal  est  probablement  pour  Câra-vo/â/ox.  Le  premier  terme  veut  dire  «  combat.  » 
Le  second  pourrait  être  un  composé  de  vo  «  sous  o  et  d'un  dérivé  de  la  racine  tal, 
«  porter  »,  d'où  le  latin  tulL  Votalos  voudrait  dire  «  supoort  »  et  Catu-yotalos  «  support  de 
combat  ».  Voir  sur  la  racine  tal  en  gallois  et  en  irlanàab  Bâtr.j  vill,  jiy-jiS. 

Rev.  CtU,  tll  1 6 


2  26  Chaden  «  chaîne  » . 

kador-y  le  f  du  latin  saturni  était  devenu  ^  dans  le  mot  breton  écrit  au 
xv^  siècle  et  aujourd'hui  sadorn  a  samedi  »  ;  le  second  t  du  nominatif 
latin  vulgaire  trinitatis  était  devenu  d  dans  le  mot  écrit  au  xv«  siècle 
trindet^  aujourd'hui  dreinded;  le  t  du  latin  petenda  était  devenu  J  dans  le 
mot  breton  écrit  pedenn  au  xv*  siècle,  aujourd'hui  peden  «  prière,  »  le 
/  du  bas  latin  civitatis  pour  civitas  était  devenu  ^  dans  queudet. 

Une  seconde  catégorie  des  mots  qui  en  latin  contenaient  originaire- 
ment un  /  médial  entre  deux  voyelles,  comprend  ceux  de  ces  mots  qui 
avaient  déjà  changé  ce  t  en  ^  quand  ils  ont  été  admis  dans  le  vocabulaire 
breton,  c'est-à-dire  les  mots  qui  ont  été  admis  dans  ce  vocabulaire  vers 
le  vii*  ou  le  viii'  siècle.  Nous  citerons  mellezour  «  miroir  »,  bouzellou 
((  boyaux  »,  gravât  «  civière  »,  mz  (c  rue  »  sorte  de  plante.  MdUzour 
vient  du  nominatif  bas-latin  *miradoris  nécessaire  pour  expliquer  l'espa- 
gnol mirador,  l'italien  miradore,  le  vieux-français  mireor^  et  qui  suppose 
une  forme  plus  ancienne /n/ra/or.  Bouzellou  vient  du  bas-latin  bodellus,  en 
ital.  hudellOj  en  v.-esp.  budel,  dans  le  latin  classique  botellus;gravaztst  le 
hasrhùn  grabadum  pour  grabatum,  ruz  est  le  bas-lat.  ruda  pour  ruta.  Le  d 
bas-lat.  de  ces  mots  s'est  changé  en  zpar  l'effet  de  la  loi  phonétique  bretonne 
quia  fait  prononcer  z  le  ^  médial  du  latin  classique  ismsprezek  depraedi- 
care,  dans  grazal  <c  graduel  »  de  graduale,  dans  sebeza  de  stupidus.  Quand  je 
dis  z  je  parle  du  signe  graphique  usité  dans  la  Bretagne  armoricaine  pour 
figurer  le  th  doux  des  Anglais,  car  tel  est  le  son  originaire  de  z  breton. 
Il  est  probable  que  dès  le  xi*  siècle  le  d  médial  entre  deux  voyelles  se 
prononçait  z  en  breton  (Gr.  C.>,  p.  145).  Le  z  de  mellezour,  de  fcou- 
zW/ou,*de  gravaZy  de  mz  parait  donc  dater  de  cette  époque  comme  celui 
de  grazal f  de  prezek  et  de  sebeza.  Ainsi,  tandis  que  kador  «  chaire  », 
sadorn  «  samedi  »,  trindet  «  trinité  »,  venant  immédiatement  du  latin  clas- 
sique, remontent  en  breton  à  une  date  antérieure  au  vii«  siècle  après 
notre  ère  et  ont  sans  doute  au  xi*'  siècle  changé  leur  /  primitif  en  d;  bou- 
zellou a  boyau  »,  mellezour  «  miroir  »,  gravaz  «  civière  »,  ruz  «  rue  » 
paraissent  n'être  entrés  en  breton  qu'au  vu'  ou  au  viii®  siècle,  ils  y 
auraient  pénétré  sous  la  forme  basse-latine  qui  contenait  un  d,  et  ce  d 
se  serait  ch^gé  en  z  au  xi«  siècle. 

La  troisième  catégorie  des  mots  bretons  d'origine  latine  qui  contien- 
nent un  t  médial  entre  deux  voyelles  en  latin  classique  comprendrait  les 
roots  qui  seraient  arrivés  en  breton  après  avoir  changé  leur  t  primitif 
en  d  et  après  que  le  breton  eut  changé  ce  ^  en  z;  cette  troisième  caté- 
gorie, qui  a  subi  la  permutation  basse-latine  du  t  en  d,  échappe  à  la  per- 
mutation bretonne  de  d  en  z.  Chaden  est,  à  ma  connaissance,  le  seul 
mot  de  cette  catégorie  :  ayant  conservé  un  d  que  le  français  perd  en  1 1 50, 


Chaden  «  chaîne  ».  227 

il  est  antérieur  à  1150;  n'ayant  pas  changé  son  d  en  2,  il  ne  peut 
remonter  en  breton  au-delà  du  xi^  siècle  :  on  peut  fixer  approximative- 
ment à  l'année  1 100  son  admission  dans  la  langue  bretonne. 

Chaden  n'est  pas  le  plus  ancien  des  mots  bretons  d'origine  latine  qui 
sont  arrivés  aux  Bretons  par  l'intermédiaire  du  français.  Les  mots  bre- 
tons preit  «  proie  »,  montiz  «  monnaie  »  ont  chacun  la  diphthongue 
franco-normande  ei  =  t.  Ils  viennent  par  conséquent  du  franco-normand 
archaïque  preide  =  ptêda  =  praeda,  moneide  =  monêda  =  monëta,  et  ils 
ont  été  admis  en  breton  avant  le  changement  du  d  médial  breton  en  z 
puisqu'ils  ont  subi  ce  changement  auquel  chaden  a  échappé  ;  ils  ont  donc 
été  reçus  dans  le  vocabulaire  breton  avant  le  xi*  siècle. 

Voici  les  dates  auxquelles  sont  donc  entrés  dans  la  langue  bretonne 
les  mots  dont  il  a  été  question  jusqu'ici. 

lo  Avant  le  vu*'  siècle,  kador  «  chaise  »,  sadorn  «  samedi  »,  dreinded 
«  trinité  »,  peden  «  prière,  »  queudet  «  cité.  » 

2^  Du  vii^  au  XI*  siècle,  mellezour  «  miroir  »,  bouzellou  «  boyau  », 
gravai  «  civière  »,  ruz  «  rue  »  (sorte  de  plante). 

jo  Vers  le  x®  siècle,  preit  <i  proie  »,  moneiz  «  monnaie.  » 

40  Vers  1 100,  chaden  «  chaîne.  » 

De  ce  que  le  français  chadeine  est  arrivé  en  Bretagne  vers  1 100  avec 
son  ch  français,  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  nécessairement  à  conclure  que 
le  son  du  ch  français,  inconnu  en  gallois,  existât  avant  11 00  dans  le 
breton  armoricain. 

Un  jour  les  Romains,  vainqueurs  des  Grecs,  transformèrent  leurs 
esclaves  en  pédagogues,  donnèrent  ces  pédagogues  pour  mattres  de 
grammaire  à  leurs  entants,  et  afm  de  représenter  un  son  de  la  langue 
grecque  d'alors  qui  manquait  à  la  langue  latine,  ils  ajoutèr^t  à  leur 
alphabet  l'y,  lettre  jusque-là  inconnue  dans  les  langues  de  l'Italie.  Les 
langues  littéraires  sont  assez  puissantes  pour  imposer  leurs  sons  à 
ceux  qui  les  apprennent,  quelque  étrangers  que  soient  ces  sons  à  la 
phonétique  de  la  langue  maternelle  des  écoliers.  Ch  français,  son  accli- 
maté dans  la  Bretagne  armoricaine,  mais  resté  étranger  au  gallois,  peut 
être  arrivé  en  Bretagne  par  importation. 

Cependant  il  est  possible  que,  vers  l'année  1 100,  date  de  l'introduc- 
tion du  mot  chaden  en  breton  armoricain,  le  ch  français  existât  déjà  dans 
cette  langue  et  qu'il  s'y  fût  produit  antérieurement  par  un  phénomène 
phonétique  spontané.  En  effet  on  peut  distinguer  en  breton  armoricain 
au  point  de  vue  étymologique  quatre  ch  français  outre  celui  qui  se  trou- 
vait dans  les  mots  d'origme  française  avant  leur  acclimatation  en 


228  Chaden  «  chaîne  » . 

Bretagne  :  i*  cA  =  s\  2°  ch  médial  =  //  suivi  d'une  autre  voyelle; 
3°  ch  médial  ou  final  =  c'A;  4^  ch  final  =  z(tA  anglais). 

i^Ch=zs  remonte  en  armoricain  au  moins  au  x v*  siècle .  Chede  «  voici  » , 
littéralement  «  vois-toi  »,  dans  le  Catholicon  (édition  Le  Men,  p.  199), 
est  donné  comme  variante  de  sel-dCy  seconde  personne  du  singulier  de 
rimpératif  du  verbe  sellout  «  voir.  »  La  racine  de  ce  verbe  paraît  la 
même  que  celle  de  l'irlandais  suil  «  œil  »  =  svali-  et  que  celle  du  latin 
sol  (cf.  Windisch  dans  la  Zeiischrift  de  M.  Kuhn,  t.  XXI,  p.  425). 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  gallois  et  le  comique  sont  d'accord  pour  commencer 
le  verbe  dont  il  s'agit  par  un  s  :  on  dit  en  gallois  syllu,  l'équivalent  cor- 
nique  est  sell  ou  syll;  le  ch  initial  de  ce  verbe  est  donc  spécial  au  breton 
armoricain,  où  d^ailleurs  il  ne  se  trouve  qu'à  l'impératif;  il  n'est  pas 
celtique  si  nous  désignons  par  le  mot  celtique  les  caractères  communs 
à  toutes  les  langues  celtiques;  il  n'est  pas  breton^  si  nous  désignons  par 
le  mot  breton  les  caractères  communs  au  gallois,  au  comique,  au 
breton  armoricain. 

2^  Ch  médial  =  ti  suivi  d'une  autre  voyelle.  Les  plus  anciens  exem- 
ples sont  apparchentaff  (Catholicon)  du  verbe  français  «  j'appartiens,  »  et 
mecher  (Vie  de  Sainte  Nonne  et  Catholicon]  du  français  «  métier.  »  Dans 
ces  mots  français  ie  tient  lieu  d'un  t  latin.  Quelque  antiquité  qu'on 
attribue  à  Vie  =  ^français  (G.  Paris,  Saint  Alexis ,  p.  80),  il  est  impossible 
d'en  établir  l'existence  antérieurement  au  ix^  siècle  après  J.-C.  et  on  ne 
peut  prouver  qu'on  ait  prononcé  plus  anciennement  1'/  néo-latin  de 
<c  j'appartiens  »  et  «  métier.  »  A  quelle  époque  a-t-on  commencé  à  pro- 
noncer en  Bretagne  ch  le  ti  néo-latin  de  ces  mots  ? 

On  peut,  je  crois^  arriver  par  induction  à  une  date  approximative. 
Ch  =  ti  est  la  sourde  de  /  =  di,  ces  deux  consonnes  sont  vraisemblable- 
ment contemporaines.  Or  la  date  de  j  =■  di  peut  être  approximativement 
déterminée.  Le  breton  ejenn  a  bœuf  »  (dans  le  Catholicon,  eugenn  et 
egenn)  a  pour  équivalent  en  comique  odion,  en  gallois  eidion.  Les  lois  de 
la  phonétique  celtique  nous  apprennent  que  la  première  lettre  de  ce  nom 
a  été  originairement  un  â  ou  un  ô,  la  seconde  un  /.  Ce  f,  étant  placé 
entre  deux  voyelles,  est  devenu  d  au  xi«  siècle,  on  a  eu  alors  en  breton 
armoricain  edien  qui  est  devenu  ultérieurement  egenn  =  ejen.  Le  j 
à^ejenn,  qui  existait  au  xw^  siècle  puisqu'on  le  trouve  dans  le  Catho- 
licon, parait  donc  postérieur  au  xi<:  siècle.  Ainsi  c'est  entre  le  xi*  et 
le  xve  siècle  qu'on  pourrait  placer  l'origine  du  ch  =  ti  de  mecher  et 
i^ apparchentaff.  Il  est  donc  possible  que  ce  ch  =  ti  ait  existé  en  1 100, 
ait  été  contemporain  de  l'introduction  du  français  chadeine  en  breton. 

r»  4**  Quant  au  ch  français  =  c'A  par  exemple  dans  le  breton  armo- 


Chaden  i< chaîne».  229 

ricain  kichen,  en  gallois  cyrchyn^  il  est  plus  difficile  d'en  fixer  la  date 
puisque  dans  les  textes  antérieurs  au  milieu  du  xvu®  siècle  on  ne  distingue 
pas  graphiquement  ch  de  c'h. 

On  ne  peut  davantage  et  pour  la  même  raison  fixer  la  date  du  ch  fran- 
çais =  z  dont  un  exemple  est  tech  ce  habitude  »,  en  gallois  tuedd. 
Cependant  il  est  évident  que  ch  français  =  c*h  est  postérieur  à  c'/z  qui  lui- 
même  provient  de  Taltération  d'une  gutturale  explosive  plus  ancienne.  De 
même  ch  français  =  z  est  postérieur  à^z  qui  à  son  tour  provient  de 
l'altération  d'une  dentale  plus  ancienne. 

De  tout  cela  la  conséquence  est  que  ch  français  est  en  breton  armori- 
cain une  consonne  relativement  moderne.  Initial  il  vient  d'^  dans  un  mot 
d'origine  celtique,  dt  ch  =  c  dans  des  mots  d'origine  française.  Médial 
il  tient  lieu  suivant  les  cas  :  i®  de  ti  suivi  d'une  autre  voyelle,  2*  de  c^h 
breton,  5°  de  z  breton. 

J'arrive  maintenant  aux  mots  français  chômer  et  enchifrener  cités  par 
M.  Havet.  Viennent-ils  du  breton .?  ou  les  mots  bretons  choum,  chifern 
viennent-ils  du  français  P 

Le  plus  vraisemblable  est  que  ces  mots  bretons,  étrangers  aux  autres 
dialectes  néo-celtiques,  sont  d'origine  française,  et  que  c'est  du  français 
qu'ils  sont  passés  en  breton.  Le  breton  armoricain  contient  beaucoup  de 
mots  français,  le  français  peu  de  mots  celtiques.  Un  mot  français  d'ori- 
gine celtique,  c'est-à-dire  gauloise,  c'est  une  chose  rare  et  qui  ne  doit  pas 
être  admise  sans  preuve.  Mais  un  mot  français  d'origine  bretonne,  c'est 
une  chose  bien  plus  extraordinaire  et  qui  sauf  exception  est  peu  accep- 
table. H  serait  intéressant  d'en  avoir  quelques  exemples  certains  à  mettre 
en  regard  des  mots  d'origine  française  dont  fourmillent  les  glossaires 
bretons.  Je  ne  connais  guère  que  fraragoum  et  malheureusement  frara|[ou/n 
ne  contient  pas  de  ch  français. 

H.  D'ARBOIS  de  JUBAINVILLE. 


LE 


DIALECTE    BRETON   DU    BOURG    DE    BATZ 

(loire-inférieure). 


LA  PARABOLE  DE  L'ENFANT  PRODIGUE 
(Saint  Luc  XV,  11-J2), 

Notée  selon  les  principes  du  Standard  Alphabet  de  Lepsius, 

La  notation  est  exactement  celle  du  Standard  Alphabet  sauf  les  con- 
ventions suivantes  que  nous  avons  été  obligé  d'adopter  pour  remplacer 
quelques  caractères  qui  manquaient  à  notre  imprimerie  : 

e^=i  dans  père, 

e  =  é    —  été. 

9  =  e    —  me,  te,  se, 

Q  =  ea  —  feu. 

û  =  tt  —  prune 

ft  =  g/i  —  agneau, 

Er  r^huadur  prodiga 

II Un  den  a  bue  deo  botr  : 

12.  En  hâni  yawuê  a  lar  d-hi  dat  :  Me  sat,  som  guê  d-é  peh-ma  a  za 
d-ë  a  hu  madeo  ;  hag  en  tat  a  bue  guet  d-hi  deo  botr  peb-ûnê  hi  lot. 

!  3.  Un  amazeir  benak  gude,  er  yadwuêkë  a  bue  vol  dastûmeit,  hag  a 
ue  et  abar  ûr  bro  pel-mat,  hag  anheô  hâ  bue  debreit  vol  peh-ma  en 
devue. 

14.  Gude  k-hâ  bue  vol  debreit,  hâ  ue  det  ûr  famina  bras  abar  vro- 
heô,  haghâ  bue  hë  kaveit  em-pa-sei  blë. 

1 5 .  Hâ  bue  teo  displaseit  hag  hâ  ue  et  de  gaf  un  deii  ar  vro-hed  a 
bue  hën  dâveheit  dd  viret  hi  voX. 

16.  Ur  veii  anheô,  hâ  fehe  bei  kotë-mat  debrë  hi  guarX  aven  er  boet 
ma  er  moX  a  zèbre,  me  nikën  ne  re  netra  dd-heô. 


Le  dialecte  breton  du  bourg  de  Batz.  2  3 1 

17.  Afë,  gude  k-hâ  bue  hê  laket  dd  sôial  Un  tamik,  hâ  bue  lareit abar 
hi  gaieô  :  Pigâmën  a  vitidô  zo  ba-n  ti  me  sat,  dedz  bara  de  zebrë  hu 
guarX,  ha  me,  me  zo  da  vervei  a  nën  aman  ! 

18.  Me  ga  de  zisplas  tuddsuita  ha  ds  vonei  ava  me  sat^  ha  me  iaru  d»- 
hed  :  me  sat,  m-ez  peXeit  dirag  Duhe  ha  dirag  hoX. 

19.  Ne  vérité  keid  bùd  hêveit  hu  potr  ;  kamere  me  ei  une  a  hu'guazeo 
abar  hu  ti. 

20.  Hag  asti  hê  displaseit  ù  monei  da  gâf  hi  dat.  A  belê  k-en  tad  a 
bue  er  gueieit  da  zoneit,  hi  galed  devue  kerveit  ;  en  devue  redeit  avat- 
heô  hag  hèn  âbraseit  a  grès  hi  galeô. 

2 1 .  Me  sat,  a  lar  er  p6tr,  m-ez  peXeit  dirag  Duhe  ha  dirag  hoX  ;  ne 
vente  keit  bùd  hêveit  hu  potr. 

22.  Hag  en  tad  a  lar  kêt-er-kët  d-hi  vitieô  :  duenet  kimat  da-heô  hi 
getè  se,  hag  er  fardet  el  potr  an  ti,  iaket  dd-heô  ûr  bezeo  ar  hi  veis,  ha 
beto-ieir  abar  hi  dredeo. 

23.  Kaset  amâ  er  le  lartê  aven  er  hreo^  lahed-hê,  ha  debrârop  a  gres- 
kaleô,  el  un  de  banezeo. 

24.  Paska  me  fotr  a  ue  marf  ha  berroën  ma  rdzet  ;  hâ  ue  koleit  hag 
asti  hê  kaveit.  Hag  hâ  bue  hê  lakeit  dd  goenë  ioayQS-mat. 

25.  Ha  ter  vol  en  dro-mën  er  potr  kohë  a  ue  d-er  prat;  hag  asti  k-el 
hë  zoneit,  hag  el  hê  dostat  an  ti,  dedz  kleveit  dd  genë  ha  da  zësal  ; 

26.  Hâ  hùsd  teo  d-ùr  goas  iî  gumë  da-heô  petra  a  ue  vol  peh-ma  hâ 
gbve. 

27.  H u  brer  yawuë  eo  a  zo  det  d-er  ger,  mid  er  goas,  hag  hu  tat  dez 
kue  laXë  er  U  mistë,  paskd  ema  arif  iaX  mat. 

28.  Me  er  potr  kohë  ne  ve  ke  kdtët  a  glevet  er  gevel-ze,  ha  ne  vene 
keit  âtrë  aba-n  ti.  Hi  dat  a  bue  teo  regeit  salé  d-er  mes  ud  er  bedë  da 
zoneit  d-er  ger. 

29.  Me  hâ  bue  respôdeit  dd-heô  :  asti  a-vem  a  vleadeo  kd  me  labur 
ùd-oX  em  zames  lare  d-hoX  nô-pas,  ha  hu  ez  se  sûmëd  ùr  veiz  guet  d-ë 
iir  sevreos  ûd  hë  régal  ke  me  gôsordeit; 

30.  Me  hu  potr  aze,  dedz  debreit  hi  arXât  ked  er  gruagerX  koleit,  ne 
ke  puto  ded  d-er  ger,  k-hu  ra  laXë  er  le  mistë  ût-heô. 

3 1 .  Me  fotr,  mid  en  tat,  hu  zo  atao  kegen-ë,  ha  vol  peh-ma  me  az  9 
zo  d-hoX  ; 

32.  Me  some-t-huat  dobeir  ûr  regald  hag  hë  rezuis  a  gres-kaled^ 

paska  hu  brer  a  zo  aman  a  ue  marf^  hag  asti  hë  razet;  hâ  ue  koleit  hag 

asti  hë  kaveit. 

Léon  Bureau. 


MÉLANGES. 


LE  DIALECTE  VANNETAIS  DE  SARZEAU. 

CORRECTIONS  ET  ADDITIONS. 

I.  On  doit  encore  distinguer  dans  la  prononciation  de  cette  variété  : 
Le  son  français  q  et  la  sonore  correspondante,  que,  faute  de  mieux,  je 
transcrirai  par  kh,  gk.  Ils  se  trouvent  surtout  devant  e,  i,  u,  et  permutent 
assez  arbitrairement  avec  k  et  Ic^  g  et  ^,  entre  lesquels  ils  sont  respec- 
tivement intermédiaires  :  mais  ils  remplacent  mieux  Jb,  g^  que  ^,  ^.  Ce 
sont  aussi  des  corruptions  de  ^  d.  Exemples  :  ket,  khet,  kiet;  mogh'uty 
fumée;  khiematj  chauffer;  in  ghiemat,  se  chauffer'  ; 

l  mouillée  de  nos  méridionaux,  surtout  à  la  fin  de  quelques  mots,  comme 
eimberiy  avril;  keri^  cercle  de  barrique  (pi.  kerlieu). 

C'est  ain  qui  doit  représenter  en  de  Le  Gonidec. 

J'emploierai  désormais  ï  après  une  consonne  pour  détacher  i  de  la 
voyelle  qui  suit;  et  î  pour  ch  venant  de  s. 

II.  P.  48,  7«  verset,  ajoutez  le  mot  /  à  la  fin  de  la  2^  ligne. 
—  note  3  5,  au  lieu  de  who  lisez  wood. 

^'  49)  7"  vers.,  lisez  Hana.  Le  fém.  est  houna,  gall.  hona.  Hennezse 
dix  haniac' h  (Comouaill.  hanac'k). 

Je  donne  ici  un  récit  populaire  de  Sarzeau,  avec  sa  traduction  litté- 
rale. 

A  pi  oe  àr  Salvir  ha  sani  Pïer  ha  sant  Pbl  i  pourmein  etrai  àr  bit,  aviall 
ma  pasient  ar  àr  maiuu,  aint  a  oe  oeit  i  téï  iir  goc^h-voais  :  hag  tint  ou 
duai  goulienn't  oh-t-ai  dé  goainïein  hag  iir  ghûli  avet  kouïket.  Ha  hei^larefai: 

I .  Le  son  kh  est  souvent  reconnaissable  en  Tréguier  à  la  terminaison  ikh,  ekh=ik  et  gh 
au  commencement  de  certains  mots,  comme  ghaot^  herbe,  ghudal,  hurler.  Les  Trécorois 
prononcent  en  français  ghenghan  pour  Guingamp. 


Le  dialecte  vannetais  de  Sarzeau.  2  3  3 

«  Yay  mi  raiy  ya^h  té  goenïein  hag  iir  ghuli  de  gouîkein,  mar  fôt  fiac'h 
dornein  men  gunaic'h  arhoac'h.  »  Ha  end  e  lare  faiy  :  «  Ya^  nei  a  zornou 
ou  khunaic'h,  » 

Hag  aritemos  vitein^  àr  vounefam  de  lariet  fai  :  «  Ou  puai  laft  fein 
nihour  ou  pai  dôrn'ét  men  ghunec'h  a-viteinf  Deid  àr  Salvir  a  lariet  fai: 
«  Lakait  atau  ou  khunaic^h  ar  àl  lair^  ha  nei  a  saouou  touchant  dJè  mont  dUn 
dornein.  »  Hag  àr  vounefam  de  mont  de  lakat  rah  i  gunaic^h  ar  àl  lair. 

A  p'en  dudi  anei  achiwet^  ha  hei  deit  dé  wielft  mar  oant  sdouët,  Maiz  i 
oant  hoa^h  in  ou  gkuli^  ha  hei  deit  da  gemiefd  iir  vac'h^  ha  hei  im  lakeit  de 
dôrheià  ar  sant  Pïer^  a  oe  ànn  tostan  d'àr  plas.  Ha  hei  lar  fai  :  «  Ma  ne 
viac'h  ket  sâouet  abienn  ma  zein  indrou,  mi  gemirou  hoac^h  mem  hac^hL  » 

A  pi  oe  sorûet  àr  vounefam,  deit  sanl  Pïer  a  laft  d^àr  Salvir  :  «  Deit  in-é- 
me  laic^h^  ha'  ian-mi  de  mont  i  kreiz  àr  ghuli.  Kar  mar  za  àr  vounefam 
indrou^  hei  a  dbrhou  aman,  n  Ketaic'h  m'en  duai  chdnjeî  sanl  Pïer  a  laie' h 
ged  àr  Salvir^  deit  àr  vounefam  indrou,  ha  hei  ou  yuePt  hoac'h  en  ou  ghuli. 
Ha  heP  laft  fai  :  «  Gorteit  un  tameR  :  touchant  em  es  tàrhét  ar  ànn  tohan 
d'àr  bord,  àr  huaic^h-ma  e  ian  dé  ddrhein  ar  ànn  hanei  a  zou  inkreis.  »  Ha 
h«  kemiefd  i  bafh,  hag  in  lakeit  dé  dôfheifl  ar  sant  Pïer  aved  ànn  tiiviet 
gttefh.  Ha  hef  lar  fai  :  a  Ma  ne  viac'h  ket  sdouet  abienn  ma  zein  indrou 
aveid  ànn  dirviet  ghuec'h,  mi  gemirou  hoac'h  mem  bac' h!  » 

Ketaic'h  ma  oai  sortiet  àr  vounefam,  deit  sant  Pïer  a  goulienn't  doh  sant 
Pdl  a  chanjeifl  a  laic'h  get-ou.  Un  tamek  arlarh,  dét  oa'r  vounefam  dé  wieft 
mar  oant  hoac'h  in  ou  ghuli,  ha  hei  laft  fai  :  «  Ar  huaic'h-ma  e  hah  dé  dô- 
rein  mem  ba(^h  ar  oukein.  Kar  huei  a  zou  kaust  ma  em  es  lakeit  men  ghunaic'h 
ar  àl  lair,  ha  brma  nUm  bou  khet  a  amzir  d'er  1er  khent  nos.  »  Ha  hei 
kemiefd  i  bac'h,  ha  toïteit  d'àr  guli.  «  Touchant  em  es  foatet  ànn  hanei  a 
greis,  maiz  àr  huaic*h-ma  e  hah  dé  foatal  ànn  hanei  a  zou  isbl  àr  ghuli,  kar 
marsi  ima  ian  i  kaust  ma  na  sauant  khet.  »  Ha  hei  in  lakeit  dé  dàrhein  ged 
i  bac'h  piellah  ma  hiallai,  ar  sant  Pïer,  aved  ànn  dèrvied  ghuaic'h. 

A  pi  oe  anei  chuaic'h  i  torhein  ar-n-ou,  ha  hei  ou  làsket,  avet  mond  da 
1er  i  gfiunec'h.  Maiz  deit  àr  Salvir  a  saouet,  ha  oet  dé  lariet  fei  :  «  Gorteit 
Un  tamek,  e  ian  dé  zorneiû  ou  khunec'h.  »  Ha  ean  kemiefd  Un  tam  tan,  ha 
lakeit  ànn  tan  in  i  ghunec'h.  Ha  ein  laket  dé  véchal  pinoz  ifôte  d'où  loikeifi 
raâh  i  ghunec'h,  Maiz  ketec'h  ma  oe  loïket  rac'h  i  ghunec'h  ha  hei  ghuéPt  àr 
plous  fun  tu  hag  àr  grein  enn  tu  *rall,  ha  nezi  i  oe  anei  koutand. 

Ha  eint  dèt  dé  lar't  trigairi  dei,  aveit  m*ei  due  ret  t'ai  iir  ghuli  ha  dé  zrè- 
beiti;  ha  eihd  *oeit  ged  ou  iend. 

Du  temps  que  le  Sauveur  et  saint  Pierre  et  saint  Paul  se  promenaient 
par  le  monde,  comme  ils  passaient  dans  la  campagne,  ils  arrivèrent  chez 


2  34  ^^  dialecte  vannetais  de  Saruau, 

une  vieille  femme,  à  qui  ils  demandèrent  à  souper,  et  un  lit  pour  dor- 
mir. Elle  leur  dit  :  «  Oui,  je  vous  donnerai  à  souper  et  un  lit  pour  dor- 
mir, si  vous  voulez  battre  mon  blé,  demain;  »  Et  ils  lui  répondirent  : 
«  Oui,  nous  battrons  votre  blé.  » 

Le  lendemain  matin,  la  bonne  femme  s'en  vint  leur  dire:  <c  Vous 
m'aviez  promis  hier  soir  de  battre  mon  blé  ce  matin  !  »  Le  Sauveur  lui 
répondit  :  «  Mettez  toujours  votre  blé  sur  l'aire,  je  vais  me  lever  pour 
aller  le  battre.  »  Et  la  bonne  femme  d'aller  mettre  tout  son  blé  sur  l'aire. 
Quand  elle  eut  fini,  elle  vint  voir  s'ils  étaient  levés.  Mais  ils  étaient  en* 
core  dans  leur  lit  :  alors  elle  prend  un  bâton,  et  se  met  à  frapper  sur 
saint  Pierre,  qui  était  le  plus  près  du  bord.  Et  elle  leur  dit  :  &  Si  vous 
n'êtes  pas  levés  quand  je  viendrai,  je  prendrai  encore  mon  bâton!  » 

Quand  la  bonne  femme  fut  sortie,  saint  Pierre  dit  au  Sauveur  :  «  Ve- 
nez à  ma  place,  et  moi  je  vais  au  milieu  du  lit.  Car  si  la  vieille  revient, 
elle  frappera  sur  moi.  »  A  peine  saint  Pierre  eut-il  changé  de  place  aveq 
le  Sauveur,  que  la  bonne  femme  revint,  et  les  vit  encore  dans  leur  lit. 
a  Attendez  un  peu,  dit-elle,  tout  à  l'heure  j'ai  tapé  sur  le  plus  près  du 
bord,  à  présent  je  vais  taper  sur  celui  du  milieu,  d  Et  de  prendre  son 
bâton,  et  de  frapper  sur  saint  Pierre  pour  la  seconde  fois.  Puis  elle  leur 
dit  :  «  Si  vous  n'êtes  pas  levés  quand  j'arriverai  pour  la  troisième  fois,  je 
prendrai  encore  mon  bâton  !  » 

Aussitôt  que  la  bonne  femme  fut  sortie,  saint  Pierre  demanda  à  saint 
Paul  à  changer  de  place  avec  lui.  Quelque  temps  après,  la  bonne  femme 
vint  voir  s'ils  étaient  encore  dans  leur  lit.  «  Cette  fois,  dit-elle,  je  vais 
casser  mon  bâton  sur  votre  dos.  Car  vous  êtes  cause  que  j'ai  mis  mon 
blé  sur  l'aire,  et  voilà  que  je  n'aurai  pas  le  temps  de  le  ramasser  avant 
la  nuit.  B  Et,  prenant  son  bâton,  elle  approcha  du  lit  :  a  Tout  à  l'heure 
j'ai  battu  celui  du  milieu,  mais  cette  fois-ci  je  vais  battre  celui  qui  est  au 
fond  du  lit,  car  c'est  lui  peut-être  qui  est  cause  qu'ils  ne  se  lèvent  pas.  » 
Et  elle  se  mita  frapper  de  son  bâton,  tant  qu'elle  put,  sur  saint  Pierre, 
pour  la  troisième  fois. 

Quand  elle  fut  lasse  de  le  frapper,  elle  les  laissa  pour  aller  ramasser 
son  blé.  Mais  voilà  le  Sauveur  qui  se  lève,  et  qui  lui  dit  :  «  Attendez  un 
peu,  je  vais  battre  votre  blé.  »  Et,  prenant  un  tison,  il  y  mit  le  feu.  Et 
elle  de  crier  qu'il  allait  brûler  tout  son  blé.  Mais  dès  que  le  blé  fut  entiè- 
rement brûlé,  elle  vit  la  paille  d'un  côté  et  le  grain  de  l'autre;  et  alors 
elle  fut  contente. 

Et  eux  la  remercièrent  de  leur  avoir  donné  un  repas  et  un  lit;  puis 
ils  se  remirent  en  route. 


Le  dialecte  vannetais  de  Sarzeau.  235 

III.  Phonétique. 

I»  Voyelles: 

Après  ai  y  e  ne  se  change  pas  d'ordinaire  en  ie  :  lusaienn^  punaise  ; 
laiei,  veaux.  Le  son  aiy  existe  pourtant  :  kaiyriall,  etc. 

Dans  quelques  mots  e  se  change  en  ei,  mais  probablement  c'est  par 
l'intermédiaire  de  i  :  chuplein,  balai. 

P-  5I1  S  4-  Au  lieu  de  miariiek^  belle-fille,  lisez  pieimek,  têtu.  Les 
noms  de  parenté  en  ek^  pi.  egiety  comme  potrek^  beau-fils,  gendre,  ne 
prennent  pas  la  diphthongue.  Il  en  est  de  même  des  noms  de  planta- 
tions et  de  plusieurs  autres  dont  l'avant-demière  syllabe  a  n  ou  n: 
arnanek,  orageux  (quoiqu'on  dise  arnanienn,  orage);  stirgannek  ou 
liirgannek  i  ànn  ièvr,  le  ciel  est  brillant  d'étoiles  (cf.  le  vocab.  cité, 

P-  56). 

P.  51,  au  lieu  du  §  6,  lisez  :  Les  2^^  pers.  sing.  de  l'ind.  prés,  sont 
en  es. 

On  dit  oupiety  ayez;  drèbiety  manger;  mais  àrvalret,  le  cimetière.  Et 
exclamatif  reste  intact.  —  Sihity  soif,  cf.  divit. 

P.  51,  avant-dem.  §,  au  lieu  de  :  Enn  ne  change  pas,  etc.,  lisez  : 
Les  terminaisons  de  l'imparf.  et  du  condit.  sont  :  ienriy  iesy  ai  (imp.)  ei 
(condit.)  iemp  ou  iëmp,  iac'h^  ient. 

La  forme  iromt^  bien,  ==  *erhuat^  sert  d'intermédiaire  entre  ervad  et  le 
vannetais  erhat.  Cf.  dans  l'Armery  éyeell,  éheel  comme;  nirhenn,  nerf. 
A  LanvoUon,  on  dit  te'hou,  tu  seras,  etc.  —  Au  contraire,  le  vannetais 
ihuel,  haut,  est  pour  *uhuel  =  uvel  (Laniscat)  pour  uc'hely  cf.  palivoî,  à 
Lanrodec  paleyat  ^rs  paluc^haty  préparer  le  chanvre;  luvadenn,  Lanr.  làvë- 
dënriy  éclair,  etc.>. 

La  diphthongue  oa  devient  ue  :  duéran^  petit-fils;  ànn  uailiety  le  foyer. 

Ean  devient  régulièrement  ian,  ou  se  contracte  en  an  :  iianein  ou  liafiy 
pleurer;  triank,  trank,  aigre. 

Voici  d'autres  contractions:  mouiïty  mouit,  humide;  Lanrodec,  moest; 
kluidy  kludy  claie.  On  confond  quelquefois  oe  et  0  :  goeleiny  couvrir; /on, 
foin. 

2°  Consonnes. 

G  se  renforce  quelquefois  en  k  devant  r  :  krzet  de  la  grêle,  ûr  gërulienn 
un  grêlon.  Cf.  à  Lanrodec  ûrgirlaoenn,  une  sangsue,  pi.  kirlao. 

La  dentale  se  change  souvent  en  gutturale  :  ûr  ghuial,  une  nappe; 


I.  C'est  ainsi  qu'en  latin  le  x  grec  correspond  à  /,  ga,  v.  Le  mot  liver,  {pour  lizer, 
lettre),  usité,  entre  antres,  dans  ces  deux  mêmes  localités,  fournit  un  exemple  de  v  pour 
2,  cf.  kleve  et  klezty  épée;  avanky  gall.  addanc,  animal  aquatique; /breton  »  s  gaélique, 
/  latin  =  &  grec. 


2^6  Le  dialecte  vannetais  de  Sarzeau. 

àr  gharhiarif  la  fièvre;  miniaouek,  une  alêne;  goïqiaUf  gâteau;  un 
darloîkienn,  darloïkhienn^  quelquefois  garlostienn^  une  perce-oreille, 
karg  a  zarloikiet,  zarioîkhiet,  ou  zarlolkiennneUf  plein  de  perce-oreilles  (en 
plusieurs  endroits  de  Tréguier  et  de  Comouailles,  garloskhenn^  garloskenn; 
à  LanvoUon  ûr  gatostenn,  pi.  kaiost;  à  Quimper-Guezennec  un  dorlosken^ 
pi.  torlosket,  ce  qui  me  fait  soupçonner  une  confusion  avec  tarUukenn, 
la  tique.  A  Sarzeau  talMk  gunec^h  ta  signifie  le  son  du  blé  noir,  sans 
doute  parce  qu'il  est  très-grossier  et  qu'il  gratte  le  gosier  '. 

D  tombe  souvent  devant  une  diphthongue  commençant  par  i  :  nanydc^ 
dix-neuf;  peryek^  parler;  marteloyet,  matelots;  riyally  crible  fin;  iïr geai- 
y  ail  =  kaouidellf  petite  caisse  à  barreaux  où  l'on  met  la  vaisselle. 

Il  s'ajoute  quelquefois  après  n  :  un  daronyall,  une  hirondelle  ;  hrandei^ 
corbeaux. 

St  devient  souvent  i  :  flaîrein,  écraser,  cf.  Tréc.  dizrein  =  Léon,  dis-- 
trei. 

P.  54,  au  lieu  de  kelienn,  du  houx,  \\stz  félienn,  feuille  (de  papier). 

Des  mots  analogues  à  liuarn  sont  liuaày  courroie  pour  attacher  les 
bœufs;  liuanein,  moisir,  etc.  Aux  exemples  du  changement  de  /  en  /i, 
j'ajouterai  guaineuienn,  sangsue,  pi.  guaineuiet.  Ce  mot  signifie  aussi  ver- 
rue, pi.  gueneuienneu^  par  confusion,  comme  cela  arrive  à  gïvenanenn  et 
gwenaenn.  Luchenat^  lucheneiii^  bercer  (Lanrodec  ruskelat;  Saint-Igeaux 
huchelat;  Plougonver  uskelat;  LajiiscaLlhuchelaty  Callac  hochélaty  etc.).  Les 
infinitifs  en  el  deviennent  en  à  Lanrodec. 

L  se  transpose  facilement  :  i  sklourr  (=  skoukr,  skourfjy  en  suspens  ; 
flémienn  =  fimble  (L'Armery)  =  fibula^  boucle  pour  les  cochons. 

P.  5  5.  Melionnienn-air  est  proprement  la  grosse  fourmi  rouge  :  on  dit 
qu'elles  suivent  les  traces  de  la  couleuvre. 

Les  voyelles  sont  sujettes  à  disparaître  après  r,  /,  devant  une  con- 
sonne :  Krày  du  gratin  (à  Prat  Krin^  le  Pellet.  crign);  àr  vrmienn,  la 
brume;  almèkhien,  allumette,  etc. 

Z  devient  souvent  h  dans  l'enclitique  zi  =  ze  :  trehi^  treziy  par-là;  ànn 
drâ-hi,  cela;  âhi,  âi^  là;  a-vA-hi^  de  là,  etc. 

Remarques. 

J'ai  expliqué,  p.  56,  la  forme  rapide  lciol\  (on  dit  aussi  Mio/'^A:/»'è7't), 
comme  produite  par  la  disparition  de  u  (cf.  p.  53)  et  le  changement 
régulier  de  e  en  diphthongue  devant  It. 

Mais  c'est  après  h  que  Vu  disparaît  (cf.  encore  fanhed^  enflé)  ;  après 


I .  Le  changement  de  f  en  ilc  est  très-fréquent  à  Laniscat,  spécialement  aux  infinitifs 
en  et. 


Le  dialecte  vannetais  de  Saruau,  2  ^7 

g,  c'est  plutôt  la  voyelle  suivante  qui  périt  :  ha  guriohni  U  n'est-ce  pas  ? 
Aussi  me  semble-t-iî  probable  que  c'est  oe^  ue  qui  se  change  en  io,  ië,  et 
non  pas  e  simple.  Voici  d'autres  exemples  :  ^io/i,  blanc  (aussi  ^on),  à 
c6té  de  ^tt//i,  é^n;  ^i'énat  à  c6té  de  ^uenat,  blanchir;  ^iorsou^  long- 
temps; ftèmm,  piomb  =  tuemm,  puemb. 

Au  contraire  :  Petra'zou  de  wiePd  i  Lokhentas?  Qu'y  a-t-ilà  voira  Saint- 
Gildas  ?  U  (et  non  le)  »  e.  Mi-g-^  d^ou  kuilieU  d^on  kouilein,  je  vais  vous 
voir.  'Ma  r't  fia^h  kemier'd  {ou  kemir)  ànn  ienusi,  il  vous  faut  prendre 
ce  chemin;  et  l'impératif:  kemiefd  ànn  ient-si!  tandis  qu'on  prononce  : 
ànn  iend  a  gemtret  a  zou  houioneky  le  chemin  que  vous  prenez  est  pous- 
siéreux. —  Remarquez  que  le  changement  d'u  en  /  a  lieu  facilement  de- 
vant une  voyelle  :  dioht  ou  duoàty  là-bas. 

On  fait  dans  la  conversation  beaucoup  de  contractions,  comme  a  b'an 
i  tèsf  =  ahe  bah  d'où  viens-tu  ?  goa'ni  tant  pis  —  goah  arzi  :  cela  arrive 
aussi  dans  les  autres  dialectes. 

IV.  —  Grammaire  et  Vocabulaire. 

1°  Mutations. 

Autres  exemples  de  mutation  nasale  :  Sarzeau,  un  riamezely  une  demoi- 
seUe.  Lanrodec  penn-na-benn^  tout  droit;  dinhann^  sous;  p'é  ve'n  nain,  en 
d'autres  endroits  de  Comouaillespa  vei'n  nt/i  quand  on  est,  =paveun  dén. 

Après  d  final  supprimé,  le  v  du  verbe  être  se  renforce  en  /  :  groet  mad 
fou,  ce  sera  bien  fait  ;  devead  fet^  vous  serez  en  retard  ;  tandis  qu'on  dit 
ari  vou  in  ous  érauk^  il  sera  arrivé  avant  vous^ 

Le  ^  de  gety  avec,  devient  de  même  k  après  la  chute  de  la  dentale 
précédente  :  ivet  ked  jehet  !  —  Ha  huei  aouél  !  litt.  buvez  avec  santé!  — 
Et  vous  aussi  ! 

Dans  ahsambl  ket-n-iac^h^  avec  vous,  le  k  est  amené  par  l'influence 
du  b  (cf.  Leg.  pemp  kàd,  cinq  lièvres).  Mais  il  ne  peut  y  avoir  de  doute 
sur  l'effet  analogue  de  c*h  et  de  s  dans  des  expressions  comme  iir  uec'h 
penaky  quelquefois;  dis  ket-n-eiiiy  viens  avec  moi,  Trég.  dés  kenih^  Lanv. 
dés  kenein;  dis  iévadon^  viens  à  moi^  Lanv.  dés  tevidoh;  kes  ket^u!  (û 
gant-han  !)  cri  pour  exciter  un  chien  contre  quelqu'un,  d'où  kesein  iir  hi, 
faire  kiss  !  kiss  !  à  un  chien. 

L'/des  i""  pers.  sing.  du  verbe  en  devout,  dans  le  P.  Maunoir  et  dans 
le  langage  de  Lanrodec,  est  aussi  produit  par  la  combinaison  du  v  du 
verbe  être  avec  la  lettre  finale  du  pronom  az,  €Z,  ac^hj  et^h^i  et  le  p  des 

1.  V  ^mdéjà  un  adoacissement  de  b^  /  est  ici  le  résultat  de  deux  mutations  succes- 
sives, comme  y  dans  a  yrema,  a  vatred,  z  dans  yar-za^  Tréc.  oar-du. 

2.  Cf.  le  comique  yfyth^  il  sera  (y  pour  yth)^  à  Plougonver  e/o. 


2^8  Le  dialecte  vanneiais  de  Saneau. 

2~  pers.  plur.  provient  du  c'h,  z  du  pronom  et  du  ^,  lettre  radicale  du 
verbe  beza»  Cf.  Tréc.  chopinai  îist  pour  chopinad  jisî,  cbopîne  de  cidre. 

Quant  à  l'influence  de  s,  z,  âhy  h,  cf.  le  Léon,  krésteiz^  widiy  Sarz. 
kreiiti;  le  Vannetais  eih  te^  huit  jours.  Après  le  Tréc.  dës^  de,  et  le  Corn. 
euZy  id.,  on  emploie  të,  ta,  ton,  au  lieu  de  dëy  da.  On  prononce  à  Lan- 
rodec  me'  mes  kretj  j'ai  fait. 

En  général  les  mutations  de  faibles  en  fortes,  en  breton,  sont  une 
compensation  pour  la  chute  d'une  consonne  finale,  ordinairement  s 
(comme  en  comique)  ou  c'h;  ou  bien  résultent  de  l'influence  de  s,  z,  fh, 
quelquefois  p,  b  et  k;  et  t  devant  dK  La  consonne  supprimée,  dans  le 
premier  cas,  reparaît  devant  une  voyelle  et  même  devant  une  consonne 
dans  certains  dialectes  :  houe' h  penn,  votre  tète  (Lanrodec). 

Les  adjectifs  numéraux  ordinaux  afiaiblissent  leur  première  consonne, 
même  au  masculin,  après  l'article  ;  àr  biempiet  tei,  la  cinquième  maison. 
Le  même  abus  a  lieu  pour  plusieurs  d'entre  eux  en  Tréguier. 

2^»  Pluriel. 

Au  ^tudebokhedeu,  fleurs,  on  dit  souvent  bokhedei  (rarement  bokhede). 
Dt  mémey  kaniteij  de$  billes;  neiadei,  plus  souvent  heiadei,  eiadeij  des 
nids  (et  non  pas  seulement  nichées,  s'emploie  au  lieu  de  neiz  même 
pour  des  nids  vides). 

Matiat^hy  pi.  matiaâhezki^  servante. 

5*  Féminin. 

On  peut  ajouter  aux  fém.  en  iall  urgamiaU,  p.  iety  boiteuse,  et  d'autres 

comme  borniall,  sourdiall,  dont  les  correspondants  se  trouvent  dans  PAr- 

mery. 

4°  Quelques  observations  grammaticales. 

Ann  neuviet,  le  deuxième,  fém.  ânn  niviety  est  plus  usité  que  ànneilviet. 
Ces  formes  ne  sont  pas  isolées.  A  Gommenec'h,  par  exemple,  on  dit  ann 
unannet  oar-n-ugerily  le  vingt-et-iZAi^me;  ann  daouety  fém.  ann  diet  oar-^ir- 
ugeniy  le  vingt-^^uxi^m^.  Lanv.  et  Trég.,  dans  ce  cas,  unannvet;  à  Lanv. 
daouety  fém .  dlvet,  s'emploie  même  dans  les  autres  cas  (gail.  deufed,  dwjfed) . 

Mady  bon,  a  pour  comparatif,  matoc'h  et  pour  superlatif  mât^/i  (comme 
en  Trég.)  dans  le  sens  spécial  de  bon  à  manger  :  autrement  on  dit  ghuiaUyetc, 

Ac'han-  et  anez-  se  contractent  uniformément  en  an-  :  anan-miy  de 
moi;  anas,  anai-tiy  o/iou-ûin;  anei;  anamh-nei^  anac'h-huei,  anai-eint. 

D'ai-heinty  à  eux-mêmes  ;  ou  u\  -khieint,  leur  maison  à  eux  ;  d*ei-^hti 
à  elle-même,  get-A-khei  avec  elle-même;  i  dèUhany  sa  maison  à  lui,  etc.  Le 
k  purement  euphonique  entre  deux  voyelles  (comme  dans  (jLv^KéTi)  n'est  pas 

I.  La  même  chose  a  lieu  en  basque,  où  l'on  prononce  hunakoiti  pom  hunat  goiti,  ezta 
pour  cz  da. 


Le  dernier  écho  de  la  langue  comique.  2^9 

sans  exemple  en  breton  :  Lanv.  dukardy  noiraud.  Mais  ici  kh  doit  être  un 
renforcement  de  h.  —  Au  lieu  de  supprimer  la  particule  verbale  a 
devant  un  pronom,  on  la  change  en  ag.  Ci.  p.  55. 

A  inri-m'é  laic'h^  à  ma  place,  on  peut  comparer  'nem  vlaSy  id.  à 
LanvoUon,  et  le  Trécorois  en  n  enep,  contre  toi  (pour  enn  da  enep). 
Cette  syllabe  de  surcroît,  qui  se  trouve  dans  la  langue  commune  avec 
enep  tXgoude  accompagnés  d'un  pronom,  est  d'un  emploi  plus  étendu  dans 
les  dial.  spéciaux.  A  Sarzeau,  on  dit  2/z-h£>mb-z-on,  sans  moi,  malgré  la 
confusion  avec  iniemhy  contre;  en*  Corn,  et  Trég.,  en-enon^  enrenoc'h, 
en  moi,  en  vous.  Remarquez  in  i  ue/z^n,  seul,  tout  seul  (angl.  by  himself, 
gaêl.  leisfein):  Divourus  i  goubir  iend  in  i  uenan^  c'est  ennuyeux  de  che- 
miner seul;  àr  hraidur-zi  a  ^iarh  in  i  uenan,  cet  enfant  marche  tout  seul. 

5**  Vocabulaire. 

A  piiaui  ou  pitaaty  richard,  on  peut  comparer,  je  crois,  les  mots  de 
Lanv.  pitach^  niaiserie  ;  pitoiù,  pitoouènek,  niais  ;  pitek,  t.  d'injure  ; 
pinàvat  coup,  soufflet.  Cf.  îann  Bitoch,  dans  Bombard  Kerne,  p.  36. 

Andienn,  pi.  andeu,  sentier;  anouai^  pi.  «u,  méridienne,  repos  du 
midi  (en  parlant  des  personnes);  hantir-bautr,  beau-fils  (de  l^antir- 
vamm  ou.  mamm  geu,  la  belle-mère,  noverca);  ialdronnèkienn,  pi.  kiet^ 
guêpe;  iieleogy  pi.  eu,  courroie  de  sabots;  iin  davouzonnienn,  ou  davë" 
zonnien^  pi.  onniet,  taon;  ûr  wnn  iia/i/z  un  arbre  droit;  kierii^t  diann 
diâvis  fiac*hy  allez  droit  devant  vous.  Krapet  doac'h-lt,  montez  en  haut; 
diskar't  dé  gfiiaSy  descendez  en  bas;  nied  i  m'é  gar,  je  me  suis  fait  une 
entorse.  Tuss!  à  gauche!  toc' h!  adroite!  (en  parlant  aux  chevaux:  L'Ar- 
mery  tusse,  toh).  Huih!  à  droite!  /ac'/i/ à  gauche!  houll!  arrêtez!  (en 
parlant  aux  bœufs). 

Baltreift,  piler,  fouler  la  terre,  etc.;  hreunein,  écraser  (des  miettes  de 
pain,  des  grains  pour  les  poules);  ûr  gourmèkhienn,  un  arc-en-ciel  {^^kroum- 
medenn,  de  krm,  k'érniy  krèm,  courbe,  cf.  àr  bourpienn  =  brepenn^  bâton 
pour  remuer  la  bouillie)  ;  iir  bobcéiallienn,  pi.  pobe^ialliety  cotylet,  coty- 
lédon umbilicus. 

Emile  Ernault. 


LE  DERNIER  ÉCHO  DE  LA  LANGUE  CORNIQUE. 

Quoique  l'anglais  soit  maintenant  la  langue  indigène  de  la  Comouaille, 
il  y  a  dans  le  dialecte  du  peuple  et  surtout  des  pêcheurs  et  des  mineurs 
de  Penwith  (près  du  Land's  End},  des  mots  qui  ne  sont  nullement 
anglais,  mais  bien  celtiques. 


240  Le  dernier  écho  de  la  langue  cornique. 

En  1875,  j'ai  trouvé  quelques  échos  inattendus  de  la  langue  celtique 
dans  ma  paroisse  de  Newlyn,près  de  Penzance  etMount's  Bay,à  douze 
kilomètres  du  Land's  End.  J'ai  adressé  à  T'^Academy"  de  Londres 
(20  mars  187$),  les  noms  de  nombre  celtiques,  conservés  jusqu'à  vingt 
(i.e.  igans)  par  les  vieillards  de  notre  pays,  noms  qui  étaient  employés 
pour  compter  les  poissons  jusqu'à  la  fin  du  siècle  dernier.  M.  Henri 
Jenner,  attaché  au  département  des  mss.  du  British  Muséum,  m'a  fait 
visite  à  Newlyn  en  juillet  1875,  ^^  ^^^  avons  cherché  ensemble  les 
traces  des  mots  celtiques.  M.  Jenner  a  donné  le  résultat  de  ses  recher- 
ches à  la  Société  philologique  de  Londres,  en  février  1876,  et  je  me 
propose  ici  de  donner  un  petit  résumé  de  nos  observations,  consignées 
par  M.  Jenner  dans  sa  brochure  '^Traditional  Relies  of  the  Cornish  Lan- 
guage  in  Mounts  Bay  in  1875. 

J'ai  trouvé  dans  trois  familles  des  traditions  précises  des  noms  de 
nombre  cornu-britanniques  jusqu'à  vingt: 

i^  Les  Kelynacksde  Newlyn.  Jean  Kelynack,  âgé  de  87  ans  et  sa 
femme.  Les  filles  Kelynacks  ont  aussi  conservé  la  tradition. 

2*  M'  Soady  de  Mousehole,  morte  il  y  a  quelques  mois.  Elle  était  plus 
exacte,  par  comparaison  avec  nos  dictionnaires,  que  les  Kelynacks. 


5 


*^  Bamard  Victor  de  Mousehole. 


Kelinaks. 

Soady. 

Prycc  (xviii*  siècle). 

Norris     (xv*  siècle). 

I. 

On'. 

Onun. 

Wonnan. 

Un,  onan. 

2. 

Doo. 

Deu. 

Deau. 

Deu. 

5. 

Trei. 

Traiy. 

Try. 

Try. 

4- 

Paj. 

Paju. 

Padzher. 

Peswar. 

5- 

Pemp. 

Pemp. 

Pemp. 

Pymp. 

6. 

Weth. 

Eth. 

Wheh. 

Whe. 

7. 

Saayth. 

Saayth. 

Seith. 

Seyth. 

8. 

Eith. 

Eith. 

Eath. 

Eath. 

9- 

Noun. 

Nou. 

Naw. 

Naw. 

10. 

Deg. 

Deg. 

Deag. 

Dek. 

II. 

Ignak. 

Igunak. 

Ednack. 

Ednack. 

12. 

Daudhak. 

Daudhak. 

Dawthack. 

Dewthek. 

Voici  quelques  mots  celtiques  en  usage  en  Comouaille. 

I.  Noms. 
*Bal  =  mine  (très-ordinaire  maintenant). 
Booban  =  mèche  d'une  lampe.  Bret.:  pouIchSn. 


I.  Ces  mots  sont  écrits  phooétiquemeot  selon  le  système  du  Glossic  de  M.  Alexander 
J.  Ellis. 


Le  dernier  écho  de  la  langue  comique.  241 

*Buccaboo  =  un  diable. 

Carn  =  amas  de  rochers.  Cairn^  irlandais  et  écossais. 

Chil  =  lampe. 

CAfMz  =  oignons,  ciboules.  Gallois  ùbwUBxtX.:  cibolez,  L^t.:  cepulla. 

Chy  =  maison  (en  usage  seulement  dans  les  noms,  mais  on  en  com- 
prend la  signification).  Gallois:  Ty.  Bret.:  Ti.  Irlandais  : /i^/i.  Man- 
nois  :  thie, 

Giioali       1  "^  ^^"*  ^^^  maritimes  des  pêcheurs. 

Grillas  =  cave. 

Crogun  :=  moule.  Dans  le  vocabulaire  comique  du  moyen-âge  crogan 
=  concha.  Gallois  :  cragen.  Bret.:  crogan. 

Crou  =  étable  à  cochons.  Gallois  :  craw,  Bret.:  craou.  Irl.  et  écossais  : 
crû.  Les  enfants  de  notre  école  comprennent  ce  mot. 

*Paju'pou  =  lézard  (Liit.  le  Quadrupède).  Paju  ^  quatre.  Pou  = 
pied. 

Pedn  =  Tête  (e.  g.  Pedn-a-meen  et  dans  les  noms  des  lieux). 

Men  =  pierre.  Gallois  :  maen.  Bret.:  meti. 

1).  Dans  l'expression  Minus  ou  Kutooli-stone  (une  pierre  des  pêcheurs). 

2.  Dans  les  noms  de  lieux,  e.  g.  Men-an-tol  (la  Pierre-a-trou),  Men 
scryfa.  Pierre  avec  inscription,  7  kilomètres  de  Penzance. 

3.  Menolas.  Ancien  mot  pour  le  foyer  (0/^5  =  foyer).  Gallois  :  aelwyd, 
Bret.:  aoled, 

Punyun=^  pignon.  Lat.:  pinnium.  Gai.:  piniwn.  Bret.:  pinoun. 

Ciûdaaz-Diguldaayz  =  la  fête  de  la  récolte.  Gallois  :  dydd  gwyl^ 
Bret.:  de gouil. 

Scaw  (e.  g.  Boscawen  la  famille  de  lord  Falmouth)  =  sureau.  Gallois  : 

Ysgawen.  Bret.:  skaw^  scawen.  V.^Uiscobies, 

Wheal'Huel  =  mine. 

II.  Adjectifs. 

Peut-être  le  seul  adjectif  vivant  est  vean^  petit  dans  cheel-vean  (une 
exclamation)  Truro  Vean;  mais  beaucoup  de  personnes  se  souviennent 
que  Dhu  signifiait  noir. 

Les  adverbes  et  les  prépositions  ont  disparu,  mais  l'interjection  a  ré 
est  vivante  et  beaucoup  en  usage.  M.  Jenner  pense  que  c'est  Refaria 
«  par  Maria.  »  Chez  Pallas  (qui  a  conservé  quelques  mots  comiques  dans 
l'ouvrage  écrit  pour  l'impératrice  Catherine  II  de  Russie),  c'est  Rafaria? 
Ra  Maria. 

Phrases  comiques  vivant  dans  le  Penwith. 

•1.  Pedn-a-mean.  Nom  d'un  jeu  d'enfants  Pedn  =  **  la  tête  "  ha  = 

Re9,  ceit.  ///  1 7 


242  Le  dernier  icho  de  la  langue  comique. 

"et"  mean(J)  pour  teen=  "queue'\  J'ai  trouvé  il  y  a  quelques  jours 
cette  phrase,  on  ne  la  trouve  pas  dans  la  brochure  de  M.  Jenner.  J'ai 
marqué  par  un  astérisque  *  les  mots  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  la  bro- 
chure de  M.  Jenner. 

2.  Lagen-en-dour.  Phrase  des  pêcheurs;  se  dit  des  maquereaux  qui 
barbottent  dans  les  eaux  de  mer. 

^'Lag'^  ^  bercer—  c.  g.  Logan-stone  près  de  Land's  End  =  la 
Pierre-berceau. 

^^Dour'*  =  eau  =  Dwr  (Gallois),  Dour  (Breton),  Dobhar  (Irlandais  et 
Ecossais). 

Cette  phrase  ne  se  dit  plus,  mais  le  vieux  Jean  Kelynack  et  le  feu 
M.  Stephen  Richards  s'en  souviennent. 

3.  ^'Breeul  meeui  trooja  bizwaudhu  pempez  whethez  allascrowd  ail  along 
the  Une  0"  =  cri  des  pêcheurs  de  Newlyn. 

La  dernière  partie  est  anglaise,  mais 

Breeul  (=  Briat\  =  Brithel  =  (maquereau").  Breton  :  breul  (maque- 
reau) Brithyll. 

Mea  =  angl.:  mate. 

Trooja^  bizwaudhu,  pempez^  wethez  =  troisième,  quatrième,  cinquième, 
sixième. 

Il  y  a  beaucoup  de  traces  de  la  syntaxe  comique,  par  exemple  : 

*  I .  **  It  belongs  to  me"  .i.e  =  c'est  à  moi,  pour  «  I  hâve.  » 

*2.  Quelques  langues  celtiques  ont  perdu  le  verbe  Avoir.  Le  peuple  de  la 
Comouaille  d'aujourd'hui  préfère  l'expression  ''  It  belongs  to  me  "  au  lieu 
de  *M  hâve". 

*  j.  "  Put...  to  a  place"  for  **lead to  a  place  "  dans  Pryce.  Gora 

=  envoyer. 

Telles  sont  les  traces  laissées  par  l'ancienne  langue  de  Comouaille, 
mais  cette  langue  n'est  pas  entièrement  perdue  pour  nous,  comme  le 
savent  les  lecteurs  de  cette  revue.  Il  y  a  des  grammaires  (Pryce  et  Nor- 
ris),  des  dictionnaires  (M.  Williams  et  Pryce),  des  drames  (l'Origo 
Mundi,  la  Passio  Christi,  la  Resurrectio  Christi,  la  Mort  de  Pilate,  l'As- 
cension, le  Beunans  Meriasek),  un  petit  poème  épique  (Mont  du  Cal- 
vaire), une  chanson  et  quelques  manuscrits  inédits. 

J'écris  ces  lignes  sur  le  tombeau  de  cette  ancienne  langue  aryenne,  à 

un  kilomètre  des  tombeaux  de  ceux  qui  l'ont  parlée  dans  le  xviii^  siècle 

pour  la  dernière  fois,  et  près  de  la  seule  épitaphe  comique  du  monde 

(dans  l'église  de  S.  Paul  en  Penwith). 

W.-S.  Lach  Szyrma. 
Newlyn,  octobre  1876. 


Vorigine  de  Pentrelacs.  243 

RECHERCHES  SUR  L'ORIGINE  DES  ORNEMENTS 

CONNUS  SOUS  LE  NOM  D^ENTRELACS  * 

On  sait  à  combien  de  systèmes  différents  a  donné  lieu  l'origine  de 
l'ornementation  si  bizarre  connue  sous  le  nom  d'entrelacs.  L'invention 
en  a  été  tour  à  tour  attribuée  aux  Celtes,  aux  Germains,  aux  Orientaux. 
L'objet  de  ce  travail  est  de  montrer  que  ce  sont  les  Romains  qui  en  ont 
fait  l'usage  le  plus  étendu,  le  plus  exclusif,  et  que  les  pavements  en 
mosaïque  sont  le  domaine  dans  lequel  ce  motif  de  décoration  s'est  main- 
tenu le  plus  longtemps  et  avec  la  faveur  la  plus  incontestable.  Ce  n'est 
pas  à  dire  toutefois  qu'il  ait  pris  naissance  en  Italie;  —  si  nous  voulions 
remonter  au-delà  de  notre  ère  nous  en  trouverions  déjà  plus  d'une 
trace,  —  les  Romains  n'ont  fait  qu'en  régler  et  en  généraliser  l'emploi, 
mais  en  ce  point,  on  peut  l'affirmer  sans  crainte  d'être  démenti,  ils  ont 
précédé  et  la  race  celtique  et  la  race  germanique. 

Dès  le  premier  siècle,  et  nous  avons  là  un  point  de  repère  certain, 
nous  rencontrons  l'entrelacs  dans  les  mosaïques  de  Pompd.  A  vrai  dire 
les  spécimens  n'en  sont  pas  nombreux  encore,  mais  enfin  ils  existent, 
soit  dans  les  pavements  laissés  en  place,  soit  dans  ceux  qui  ont  été 
transportés  au  musée  de  Naples'.  Tout  nous  autorise  à  croire  que  c'est 
▼ers  cette  époque  que  l'entrelacs  s'est  introduit  dans  ce  genre  de  pein- 
ture. En  effet,  on  n'en  découvre  aucun  vestige  dans  le  grand  lithos- 
trote  de  Palestrine,  que4'on  croit  remonter  au  temps  de  Sylla  ;  dans  celui 
de  Lillebonne),  que  l'on  attribue  au  11^  siècle  de  notre  ère,  le  médaillon 
central  n'est  serti  que  d'une  simple  torsade.  Peu  à  peu  la  mode  s'em- 
pare de  cet  ornement,  en  même  temps  que  les  artistes  recherchent  des 
combinaisons  plus  hardies  et  plus  savantes.  L'entrelacs,  qui  n'était  au 
début  qu'une  sorte  de  bordure^  servant  à  encadrer  le  sujet  prindpal,  ne 
tarde  pas  à  occuper  une  place  prépondérante.  On  le  considère  comme 
un  élément  ayant  sa  raison  d'être,  indépendamment  de  la  composition 
proprement  dite;  on  le  développe  avec  une  logique  inflexible,  et,  à  un 
moment  donné,  cette  ornementation,  d'un  caractère  si  abstrait,  remplit 
à  elle  seule  de  vastes  plates-bandes  de  mosaïque.  Ce  ne  sont  plus  que 

1.  cet  article  est  extrait  d'un  mânoire  plus  étendu  sur  les  Mosaïques  que  M.  Mûntz 
a  publié  dans  la  Revue  archiobsique. 

2.  Maison  du  Sanglier,  strada  dell'  Abondanza,  n*  8.  —  Musée  de  Naples,  salle  des 
mosaïques.  —  Mazoïs,  Ruines  de  PompiL  i^  partie,  pi.  XL.  —  Zahn,  Les  plus  beaux 
ornements  de  Pompéi,  t.  Il,  pi.  69.  —  Nicolim,  le  case  di  Pompei,  description  générale, 
pi.  XXX,  etc.,  etc. 

3.  Chatel,  Notice  de  la  mosaïque  de  Lillebonne.  Caen,  187). 


244  Vorigine  de  l'entrelacs. 

lanières  ou  nattes  croisées  et  enchevêtrées  de  la  manière  la  plus  bizarre; 
l'oeil  s'égare  dans  un  dédale  inextricable  et  la  pensée  abdique  pour  faire 
place  à  une  sorte  de  rêverie,  comparable  à  celle  qu'engendrent  certains 
systèmes  de  décoratibn  orientaux. 

La  diffusion  de  cet  ornement  dans  les  diverses  parties  du  monde 
antique  est  un  autre  sujet  de  surprise.  A  Rome  même  il  s'offre  à  nous 
dans  la  majorité  des  mosaïques  conservées  au  Vatican,  au  Latran,  dans 
les  édifices  publics  ou  privés.  Le  reste  de  l'Italie  en  contient  des  spéci- 
mens non  moins  nombreux.  Il  n'est  pas  plus  rare  dans  les  Gaules, 
comme  on  peut  s'en  convaincre  en  parcourant  l'atlas  joint  à  l'ouvrage 
d'Artaud,  ou  les  Mémoires  des  sociétés  archéologiques  de  la  province. 
Nous  le  rencontrons  également  de  l'autre  côté  du  Rhin,  où  il  suffira  de 
citer  les  lithostrotes  de  Cologne  >,  de  Nennig,  près  de  Trêves  >,  et  du 
musée  national  de  Munich.  L'Espagne  enfin  et  la  Grande-Bretagne 
n'ont  rien  à  envier  sous  ce  rapport  aux  pays  ci-dessus  indiqués  :  l'entre- 
lacs s'y  rencontre  dans  la  plupart  des  incrustations  d'origine  romaine  3. 
Si  nous  voulions  étendre  cet  examen  à  l'Afiîque  et  à  l'Orient^  les  exemples 
ne  nous  feraient  pas  défaut  non  plus. 

Ainsi  tombent  les  prétentions  des  savants  d'outre-Manche,  non  moins 
que  celles  des  savants  d'outre-Rhin,  qui  revendiquaient  pour  leurs  pays 
respectifs  la  paternité  de  l'ornement  dont  nous  croyons  avoir  établi  la 
véritable  origine.  En  effet,  les  plus  anciens  manuscrits  irlandais  et  anglo- 
saxons  ne  remontent  qu'au  VI"  siècle4,etles  sculptures  en  pierre  exécutées 
dans  le  même  style  sont  plus  modernes  encore  L  Quant  aux  bijoux  qui  ont 
été  trouvés  dans  les  tombeaux  germaniques  et  dans  lesquels  M.  Linden- 
schmit^,  et  après  lui  M.  SchnaaseT,  ont  cru  reconnaître  le  prototype  de 
l'entrelacs,  ils  datent  au  plus  tôt,  M.  Lindenschmit  lui-même  le  déclare, 
du  iw^  siècle  de  notre  ère.  Le  rôle  de  ces  deux  races  se  réduit  à  l'intro- 
duction de  l'élément  fantastique  et,  en  termes  plus  généraux,  de  figures 


I.  Lersch,  das  CaUier  Mosaik.  Bonn,  1846. 


rerum  britannicarum  memoriam  conservandam  Societas  antiquariorum  LondinL.,  tdenda 
curayit.  Londres,  1747  et  seq.,  t.  I,  pi.  XLVIII,  LU;  t.  II,  pi.  IX,  XLIII,  XLIV;  t.  III, 
pi.  XXXIX;  et  Lysons,  Rellquia  hritannico -romane.  Londres,  181  $-1818. 

4.  Voir  Westwood,  Fac  similts  of  tht  miniatures  and  omaments  of  anglo-saxon  and 
irish  manuscripts,  Londres,  1868. 

5.  O'Neill,  Illustrations  of  the  most  intaesting  of  the  sculptured  crosses  of  treland. 
Londres,  1857;  Cumming,  Illustrations  of  the  crosses  oftheisle  of  Man^  etc. 

6.  Die  vaterUendischen  Alterthûmer  derfùrstlich  Hohenzollerischen  Sammlungen  zu  Sig- 
maringen.  Mayence,  1860,  p.  65  et  m. 

7.  Geschichte  der  bildenden  Kûnste,  t.  III,  p.  587.  Dusseldorf,  1869.  M.  Unger,  dans 
son  article  sur  la  miniature  irlandaise  (Revue  ceUique,  t.  I,  p.  i  j,  15,  etc.),  s'est  pro- 
noncé pour  un  système  mixte. 


L'origine  de  P entrelacs.  245 

empruntées  au  règne  animal,  dans  un  ensemble  de  décoration  qui  chez  les 
Romains  ne  sortait  pas  du  domaine  de  la  géométrie.  On  leur  doit  égale- 
ment l'emploi,  en  quelque  sorte  systématique,  de  deux  motifs,  inconnus 
aux  peintres  en  mosaïque  :  les  zigzags  et  les  spirales. 

On  aurait  pu  croire  que  le  christianisme  mettrait  fin  à  un  engoue- 
ment aussi  inexplicable,  mais  il  n'en  a  rien  été.  L'entrelacs  continue  à 
régner  pendant  toute  la  première  partie  du  moyen  âge.  Ce  qui  achève  de 
montrer  combien  est  grande  la  parenté  des  lithostrotes  de  cette  époque 
avec  ceux  de  l'antiquité  païenne,  et  combien  la  distinction  des 
genres  était  tranchée,  c'est  que  l'ornement  en  question  ne  se  montre 
jamais  que  dans  les  mosaïques  recouvrant  le  sol;  je  n'en  ai  pas  rencontré 
un  seul  exemple  dans  les  mosaïques  qui  ornent  la  nef  ou  l'abside  des 
basiliques  italiennes  des  neuf  ou  dix  premiers  siècles. 

L'entrelacs  entre  pour  une  part  considérable  dans  la  composition  de 
deux  des  plus  anciens  pavements  chrétiens  qui  soient  parvenus  jusqu'à 
nous  :  celui  de  la  catacombe  de  Sainte-Hélène,  découvert  en  i8^8^  et 
celui  du  dôme  de  Santa  Maria  di  Capua^;  il  en  forme  la  note  dominante 
et  y  remplit  plusieurs  compartiments.  On  en  remarque  aussi  la  présence 
dans  les  pavés-mosaïques  de  Casale,  de  Crémone  et  de  Vérone,  de 
Pesaro,  de  l'église  Saint-Jean-1'Ëvangéliste  de  Ravenne,  de  la  basilique 
Saint-Laurent-hors-les-Murs  à  Rome,  etc.,  etc.  Il  semble  en  outre  figu- 
rer dans  ceux  de  la  cathédrale  de  Novare  et  de  l'église  Sainte-Marie  de 
Verceih. 

En  France,  il  s'offre  à  nous  dans  les  incrustations  de  Saint-Bertin  à 
Saint-Omer,  de  Saint-Irénée  à  Lyon,  de  la  cathédrale  de  Sordes  dans 
les  Landes,  etc.,  etc.  En  Afirique  on  le  rencontre  à  Orléansville4,  à  Cons- 
tantine^  et  à  Djemilah;  dans  l'Orient  enfin,  les  mosaïques  de  la  Casa 
Nuova  de  Jérusalem,  de  l'église  Sainte-Croix  près  de  la  même  ville,  et 
de  Sour,  achèvent  de  nous  montrer  quelle  unité  la  civilisation  romaine 
avait  imposée,  dans  les  contrées  les  plus  lointaines,  aux  moindres  pro- 
ductions de  l'art. 

Eug.  MÛNTZ. 

1.  Perret,  Catacombes,  t.  H,  pi.  LXIII,  LXIV. 

2.  Salazaro,  Studi  sui  monumenti  delta  Italia  méridionale,  Naples,  1871  et  seq.  pp.  46, 

48. 

3.  Annales  archéologiques ,  t.  XV,  pp.  225  et  227. 

4.  Revue  archéologique,  1847,  t.  IV,  pp.  661  et  suiv. 

5.  Annuaire  de  la  Société  archéologique  de  la  province  de  Constantine,  1862,  pi.  XI  et 

p.  U- 


246  Tableaux  exposés  dans  les  églises  bretonnes. 

TABLEAUX  EXPOSES  DANS  LES  EGLISES  BRETONNES. 

Parmi  les  ouvrages  bretons  restés  inédits,  et  pour  ainsi  dire  inconnus 
des  bibliographes,  malgré  les  copies  assez  nombreuses  qui  en  existent,  il 
en  est  un  qui,  par  son  étrangeté  aussi  bien  que  par  le  caractère  de 
rudesse  dont  il  est  empreint,  me  semble  digne  d'une  mention  particulière. 
Cet  ouvrage  est  un  recueil  de  sermons  intitulé  Instructionou  dresseï  var 
4aulennou  ar  retret  (Instruaions  composées  sur  les  tableaux  de  la  retraite). 

Les  tableaux  désignés  sous  cette  rubrique  sont  de  grossières  estampes, 
au  nombre  de  douze,  de  40  à  50  centimètres  de  hauteur  sur  30  à  3  j  de 
largeur,  qui  remontent  au  xvii«  siècle,  et  dont  de  curieux  spécimens  sont 
encore  exposés  de  nos  jours  dans  plusieurs  chapelles  et  églises  de  Bre- 
tagne, pendant  les  retraites  et  les  missions.  D'où  viennent  ces  planches 
aux  tailles  naïves  et  farouches  ?  Sont-elles  sorties  des  ateliers  d'imagerie 
populaire  de  Troyes  ou  de  Chartres,  d'Orléans  ou  de  Nantes,  ou  sim- 
plement de  l'arrière^boutique  de  quelque  obscur  dominotier  de  Quimper  ? 
Je  ne  puis,  aujourd'hui,  que  signaler  cet  intéressant  problème  aux  icono- 
philes.  Le  seul  point  vraiment  hors  de  discussion,  c'est  que  Michel  le 
Nobletz,  le  célèbre  missionnaire  breton,  auquel  on  attribue  générale- 
ment, mais  sans  preuves  suffisantes,  leur  composition,  est  le  premier  qui 
en  a  vulgarisé  l'usage  >. 

Comme  les  exhibiteurs  forains  de  bêtes  sauvages,  les  prédicateurs  se 
servent  de  longues  baguettes  pour  expliquer  les  figures  multiples  de  ces 
images.  «  Dans  la  plupart  d'entre  elles,  dit  le  sermonnaire  dté  plus 
haut,  et  dont  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer  un  exemplaire,  on  ne 
voit  que  la  tète  et  le  cœur,  parce  que  de  ces  deux  parties  sortent  le 
bien  et  le  mal  :  dans  la  tète  se  forment  les  pensées,  et  dans  le  cœur  se 
conçoivent  les  désirs.  De  plus,  le  visage  et  le  cœur  nous  montrent  l'homme 
en  son  entier,  le  visage  représentant  l'extérieur,  et  le  cœur  l'intérieur.  » 

Le  manuscrit  que  je  possède  appartient  à  la  première  moitié  du  siècle 

I .  D'après  la  tradition,  Michel  Le  Nobletz  aurait  légué,  en  mourant,  les  tableaux 
énigmatiques  dont  on  le  dit  rinventeur  au  P.  Maunoir,  son  disciple^  c^ui  les  perfectionna. 
Ils  auraient  été  également  retouchés  et  complétés  par  deux  autres  missionnaires  du  même 
temps,  le  P.  Huby,  jésuite,  et  M.  Le  Gall  oe  Kerdu,  recteur  de  Servel. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  dernier  a  publié  à  Rome,  avec  un  texte  italien,  une  série  d'images 
de  piété  (}ui  appartiennent  à  la  même  source  d'inspirations.  Ce  petit  volume  a  été  traouit 
en  français,  en  1670,  sous  le  titre  de  Moratoire  du  cœur,  ou  Méthode  très-facile  pour  cnsci- 
gner  à  toutes  sortes  de  personnes  à  faire  f  oraison  avec  J.-C.  dans  le  fond  du  cœur  y  repré- 
sentée en  huit  figures  en  tailU'douce,  Une  seconde  édition  parut  en  1 676,  du  vivant  de 
l'auteur.  Mgr  de  Quélen,  archevêque  de  Paris,  fit  faire  en  18  j  8  une  réimpression  de  ce 
livre  qui  eut  alors  pour  éditeur  le  P.  Loriquet.  Il  en  a  été  donné,  en  1844,  une  édition 
nouvelle,  mais  avec  des  gravures  si  singulièrement  embellies  qu'elles  ne  rappellent  en 
rien  la  naïveté  et  le  caractère  symbolique  des  anciennes. 


Tableaux  exposés  dans  les  églises  bretonnes,  247 

dernier.  Il  renferme,  en  61  pages  d'une  écriture  fine  et  serrée,  dix  ins- 
tructions concernant  les  dk  premiers  tableaux  seulement,  soit  que  le 
sujet  des  deux  autres,  rentrant  dans  les  matières  communément  traitées, 
ne  comportât  pas  d'explications  spéciales,  soit  qu'il  manque  quelques 
feuillets  à  mon  recueil,  ce  que  rien  pourtant  ne  semble  indiquer.  Ces 
instructions,  écrites  dans  une  langue  relativement  pure,  et  bien  supé- 
rieure à  celle  des  écrivains  religieux  du  xvu*'  et  du  xviii*'  siècle,  Le  Bris 
peut-être  excepté,  sont  précédées  d'un  avant-propos  de  deux  pages  sur 
les  tableaux  en  général,  ou  plutôt  sur  les  signes  sensibles  dont  Dieu  s'est 
servi  de  tout  temps  pour  nous  enseigner  la  vérité. 

On  chercherait  en  vain  dans  la  littérature  bretonne  le  pendant  de  ce 
singulier  ouvrage  qui  a  près  du  clergé  des  campagnes  toute  l'autorité 
d'un  classique.  Le  cantique  de  l'Enfer  lui-même,  si  sombre,  si  poignant, 
si  terrible,  ne  peut  en  donner  qu'une  imparfaite  idée.  C'est  la  même 
vigueur  de  plans,  le  même  faire  barbare,  mais  avec  plus  d'exagération 
et  de  raffinement  dans  l'horrible*  Comme  une  analyse  m'entraînerait  trop 
loin,  je  me  bornerai  à  donner  brièvement^  d'après  mon  manuscrit,  les 
titres  des  tableaux  avec  quelques-uns  des  détails  qui  m'ont  semblé  les 
plus  caractéristiques. 

1^'  L'état  de  péché.  —  L'image  représente  le  cœur  d'un  pécheur,  et 
aussi  probablement  la  tête,  puisque  l'auteur  ajoute  plus  loin  qu'elle  est 
frisée  et  poudrée.  Au  milieu  de  ce  cœur  on  voit  le  diable  entouré  de  sept 
animaux  symboliques  figurant  les  sept  péchés  capitaux,  savoir  :  un  paon 
(l'orgueil),  —  un  crapaud  (l'avarice),  —  un  serpent  (l'envie),  —  un 
bouc  (la  luxure),  —  un  porc  (la  gourmandise),  —  un  lion  (la  colère), 
—  et  une  tortue  (la  paresse). 

2^  La  mort  du  pécheur.  —  Couché  sur  un  lit  où  il  ne  peut  faire  le  plus 
léger  mouvement,  un  homme  aux  cheveux  hérissés  s'efforce  inutilement 
de  détacher  son  regard  de  l'horrible  vision  de  la  Mort  qui  plane  au- 
dessus  de  lui,  et  accourt  un  poignard  à  la  main  pour  lui  percer  le  cœur. 

3e  L'enfer.  —  Le  pécheur,  étroitement  garrotté,  est  étendu  sur  un 
gril,  feu  dessus,  feu  dessous,  et  tourmenté  par  une  bande  de  démons, 
toujours  en  quête  de  nouvelles  tortures.  Déjà  ses  yeux  sont  éteints,  con- 
sumés, fondus,  et,  pendant  que  des  serpents  enroulés  autour  de  sa  tête 
la  percent  et  lui  dévorent  la  cervelle,  un  crapaud  s'attache  à  sa  bouche 
et  la  remplit  de  sa  bave  immonde. 

4«  Le  cœur  dans  l'épouvante.  —  Un  homme  tient  d'une  main  une  tête 
de  mort,  et  de  l'autre  une  épée.  La  première  lui  représente  sa  misérable 
destinée  ;  la  seconde  n'est  autre  que  l'effroi  qui,  comme  un  fer  aigu, 
lui  traverse  la  poitrine.  A  la  contraction  de  ses  traits  on  comprend  qu'il 


248  La  place  du  verbe  dans  les  langues  celtû/ues, 

songe  à  l'horreur  de  sa  situation,  ainsi  qu'aux  châtiments  qui  l'attendent 
s'il  ne  change  pas  de  vie.  La  grâce  qui  le  touche  peu  à  peu  est  figurée 
par  les  flammes  qui  commencent  à  pénétrer  son  cœur,  tandis  que  les 
péchés  s'en  éloignent  et  que  Satan  lui-même  bat  en  retraite,  mais  avec 
rage  et  en  grinçant  des  dents. 

5**  La  contritbn.  —  Le  pécheur  se  repent;  des  larmes  baignent  son 
visage,  et  son  ange  gardien  lui  présente  deux  objets,  un  crucifix  et  le 
livre  de  sa  conscience,  pendant  qu'une  étoile  lumineuse  semble  lui 
indiquer  le  bon  chemin. 

6^  Les  œuvres  de  pénitence.  —  Au  milieu  d'un  cœur,  un  crucifix,  un 
chapelet,  un  livre  d'heures,  une  chapelle,  un  pain,  un  pot  d'eau,  une 
ceinture  de  fer,  une  haire,  une  discipline,  une  bourse,  et  l'ange  gardien 
montrant  au  pécheur  la  palme  de  la  victoire  qu'il  tient  à  la  main. 

7«  L'état  de  grâce, 

8«  L'Ame  tiède. 

9«  La  rechute  dans  le  péché. 
10*  La  persévérance.  L.  F.  Sauvé. 


LA  PLACE  DU  VERBE  DANS  LES  LANGUES  CELTIQUES. 

M.  Bergaigne,  dans  son  savant  Essai  sur  la  construction  grammaticale, 
répète,  d'après  Zeuss,  que  la  construction  régulière,  dans  les  langues 
celtiques,  consiste  à  mettre  le  verbe  au  commencement  des  propositions, 
en  le  faisant  suivre  par  le  sujet.  Suivant  lui  ce  mode  de  construction  «st 
de  date  récente  dans  les  langues  indo-européennes,  et  si  les  langues 
celtiques  nous  l'offrent  de  préférence,  cela  tient  à  la  date  récente  des 
monuments  de  ces  langues  que  nous  possédons. 

L'étude  des  inscriptions  gauloises  confirme  cette  manière  de  voir  :  les 
formes  verbales  ieuru  (fecit),  carnidu  (congessit),  ne  sont  nulle  part  pla- 
cées au  commencement  de  la  proposition. 

Le  verbe  est  placé  après  le  sujet  et  avant  le  complément  dans  les 

inscriptions  suivantes  que  nous  citons  quoiqu'elles  soient  bien  connues 

desceltistes  : 

I 

GErOMAROG      OTIAAONEOG       TOOïTIOrC       NAMATGATIG       ElÛPOr 

BHAHGAMI     GOGIN     NEMHTON. 

2 

MARTIALIS      DANNOTALI      lEVRV      VCVETE      SOSIN      CELICNON. 

î 
DOIROS      SBGOMARI      lEVRV     ALISANV. 


Nouvelles  légendes  de  monnaies  gauloises,  249 

4 

LI€NOS     CONTKXTOS      lEVRV      ANVALONNACV     CANECOSEDLON. 

5 
ICCAVOS     OPPIANICNOS      lEVRV      BRIGINDONI      CANTALON. 

Le  verbe  est  placé  à  la  fin  de  la  proposition  dans  deux  inscriptions. 
Dans  l'une  le  complément  fait  défaut  : 

ANDECAMVLOS      TOVTISSICNOS      lEVRV. 

Dans  l'autre  la  proposition  commence  par  le  complément  qui  est  suivi 
du  sujet  : 

RATIN      BRIVATIOM      FRONTV      TARBEISONIOS      lEVRV. 

Enfin  dans  une  inscription  nous  trouvons  deux  fois  la  proposition 
terminée  par  le  sujet,  et  le  verbe  intercalé  au  milieu  du  complément. 

I 

ATEKNATI      TRVTIKNI      KARNITV      LOKAN      KOISIS      TRVTIKNOS. 

2 
ATEKNATI      TRVTIKNI      KARNITV      ARTVAS      KOISIS      TRVTIKNOS. 

C'est-à-dire  : 
Ategnati    Druticni    congessit    monumentum    Cœsis    Druticnos. 

Ainsi  dans  les  inscriptions  gauloises  il  n'y  a  pas  d'exemple  d'un  verbe 
placé  au  commencement  de  la  proposition.  La  loi  qui  dans  les  langues 
néo-celtiques  donne  ordinairement  cette  place  au  verbe,  doit  donc  être 
considérée  comme  moderne. 

H.   D'A.   DE  J. 


NOUVELLES  LÉGENDES  DE  MONNAIES  GAULOISES. 

Une  découverte  très-importante  de  monnaies  gauloises,  faite  à  Jersey, 
permet  de  faire  une  rectification  à  une  légende  que  j'ai  signalée  il  y  a 
six  ans  dans  ma  première  liste.  Au  lieu  de  GAIV.  IVLI.  ...OMAPATIS, 
il  faut  lire  GAIV.  IVLIV  AGEDOMAR... 

Quelques  noms  nouveaux  ont  été  aussi  révélés  par  cette  découverte  : 

ESVIOS  (Br.  et  ar.) 

ODCOBRIL  —  SIIGIIDI  (Ar.) 

BOIKOS  (Ar.) 

CICVTANOS  (Br.) 

PENNILE  —  RVPIL  (Ar.) 

LANTOS  —  SVRATO  (Ar.) 

A.  DE  B. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Etude  de  géographie  celtique  suivie  d'une  esquisse  de  théogonie 
celto-hellénique,  par  M.  A.  Guyot-Jomard.  (Extrait  du  Bulletin  de 
la  Société polymathique  du  Morbihan).  Vannes,  Galles,  1876,  37«viii  p. 
in-8^ 

Le  devoir  d'une  revue  spéciale,  comme  la  nôtre,  est  d'apprécier  les 
ouvrages  qui  se  publient  dans  son  domaine  pour  que  le  public  ne  soit 
pas  trompé  par  des  titres  souvent  pleins  de  promesses.  A  cet  égard  nous 
ne  pouvons  recommander  à  nos  lecteurs  la  brochure  de  M.  G.-J.  que 
s'ils  veulent  se  divertir.  Il  faut  remonter  au  temps  de  Lebrigant  pour 
trouver  des  étymologies  aussi  dénuées  de  méthode  et  de  critique,  — 
avec  un  style  prétentieux  et  des  citations  pédantes  en  plus.  Qu'on  en  juge 
par  le  passage  suivant  (p.  7)  : 

«  ...  Là  s'élève  à  plus  de  4,000  mètres  le  mont  Ararat  où  s'arrêta 
«  l'arche  de  Noé.  En  celtique  Ar-er-rha  signifie  littéralement  sur  le 
((  sommet,  sur  la  grée,  et  Noë,  analogue  au  grec  Néoç,  correspond  égale- 
«  ment  au  celtique  Neui  et  signifie  l'homme  nouveau. 

«  Les  rires  d'incrédulité  qui  ont  toujours  accueilli  ces  interprétations 
«  ne  les  ont  pas  détruites  et  ne  les  détruiront  pas.  Les  rieurs  y  seront 
((  pour  leurs  frais  :  Telum  imbelle,  sine  ictu,,. 

...  Si  quid  novisti  rectius  istis, 
Candidus  imperti;  si  non,  his  utere  mecum. 

a  Rieurs,  si  vous  connaissez  quelque  chose  de  mieux,  dites-le  nous 
«  franchement:  sinon  acceptez  nos  explications;  ou  bien  nousinviterons 
i(  nos  amis  à  venir  vous  voir  rire  :  Spectatum  admissi  risum  teneatis^ 
((  amici  ?  et  chacun  de  nous  dira  avec  le  poète  exilé  : 
Barbarus  hic  ego  sum  quia  non  intelligor  illis  !  » 

Vraiment,  Monsieur  G.-J.,  vous  n'avez  pas  le  droit  de  vous  appro- 
prier le  vers  d'Ovide.  Vous  êtes  si  peu  un  barbare  à  Vannes,  qu'on  a 
écouté  votre  mémoire  et  qu'on  l'a  imprimé  tout  au  long  dans  le  bulletin 
de  la  Société  savante  de  l'endroit.  —  0  sancta  simpUcitas! 

•H.  G. 


BibUggràphie.  2  5 1 

Archéologie  celtique  et  gauloise.  Mémoires  et  documents  relatifs 
aux  premiers  temps  de  l'histoire  nationale,  par  Alexandre  Bertrand. 
Paris,  Didier,  1876.  In-8**,  xxx-464  p.  avec  10  pi.  et  des  figures 
nombreuses  dans  le  texte.  —  Prix  :  9  fr. 

La  Revue  Celtique  a  jusqu'ici  parlé  beaucoup  de  linguistique,  peu 
d'archéologie.  C'est  donc  un  devoir  pour  elle  de  signaler  à  l'attention  de 
ses  lecteurs  un  livre  dû  à  la  plume  d'un  des  archéologues  les  plus 
compétents  et  les  plus  laborieux  de  notre  temps,  et  dans  lequel  ce  savant 
a  réuni  les  principaux  mémoires  composés  par  lui  depuis  une  quinzaine 
d'années  sur  la  plus  andenne  histoire  de  notre  pays  et  de  toute  l'Europe 
du  Nord-Ouest.  Ce  livre  est  une  mine  de  renseignements  précieux  et  on 
y  trouve  résumé  le  résultat  des  fouilles  les  plus  récentes,  faites  dans  les 
cavernes,  les  lacs  et  les  sépultures  d'où  l'on  tire  depuis  quelques  années 
tant  de  curieux  monuments  des  civilisations  qui  ont  chez  nous  précédé  la 
civilisation  des  Romains. 

Le  savant  archéologue,  qui  a  organisé  avec  tant  de  méthode  et  d'une 
façon  si  instructive  le  musée  de  Saint-Germain,  et  qui  sait  en  faire  les 
honneurs  avec  tant  de  courtoisie,  ne  s'est  pas  contenté  de  réunir  dans  le 
volume  dont  nous  rendons  compte  le  vaste  ensemble  d'observations  au 
vif  intérêt  duquel  nous  rendons  hommage.  Il  a  voulu  établir  parmi  ces 
observations  une  sorte  de  classement  ethnographique,  et  malheureuse- 
ment, quand  il  a  entrepris  ce  travail  il  a  été  surtout  préoccupé  par  le 
désir  de  faire  concorder  le  résultat  de  ses  recherches  archéologiques  avec 
le  système  d'Amédée  Thierry,  qui  est  encore  aujourd'hui,  en  France,  la 
base  de  l'enseignement  dans  les  établissements  d'instruction  publique.  Il 
n'a  pas  songé  à  s'enquérir  des  conclusions  auxquelles  une  étude  plus 
approfondie  des  textes  a  conduit  les  celtistes  depuis  l'année  1828,  date 
de  VHistoire  des  Gaulois.  Suivant  Amédée  Thierry,  les  Galls,  peuple  de 
race  celtique,  arrivent  en  Gaule  vers  l'an  1600  ou  ijoo  avant  notre 
ère;  une  autre  invasion,  faite  par  un  peuple  différent  quoique  de  même 
race,  l'invasion  des  Kimris,alieu  de  63 1  à  587.  Le  système  de  M.  Ber- 
trand est  à  peu  près  le  même,  si  ce  n'est  que  les  Galls  d'Amédée  Thierry 
sont  pour  lui  des  Celtes,  et  les  Kimris  des  Calâtes  ou  Gaulois  :  suivant  lui 
il  y  a  une  période  celtiéjueqmyde  l'an  1200  ou  de  l'an  1000  environ  avant 
notre  ère,  va  jusqu'à  l'an  600  ou  500  ;  puis  vient  une  période  galatique 
QM  gauloise^  de  l'an  600  ou  500  à  l'an  250  environ.  De  l'an  1200  ou 
1000  à  Tan  600  ou  500,  les  Celtes  habitaient  notamment  i»  la  Suisse, 
2''  la  ré^on  méridionale  de  la  France  connue  sous  le  nom  de  Narbon- 
naise  pendant  la  domination  romaine,  3^  l'Italie  du  Nord.  Les  Calâtes 


252  Bibliographie. 

arrivés  plus  tard,  c'est-à-dire  vers  l'an  600  ou  $00,  ont  conquis  la 
Gaule  entière  sauf  l'Aquitaine. 

Tel  est  le  système  que  M.  Al.  Bertrand  a  imaginé  et  il  l'a  exposé  pour 
la  première  fois  devant  l'Académie  des  inscriptions  en  avril  1875.  ^'^^ 
Amédée  Thierry  qui  le  lui  a  inspiré,  comme  on  peut  le  voir  aux  pages  38$ 
et  ^86  du  livre  dont  nous  rendons  compte.  Puis,  une  fois  ce  système 
trouvé,  M.  A.  B.  en  a  cherché  la  justification  dans  les  textes,  et,  malgré 
les  résultats  diamétralement  opposés  que  les  textes  fournissent,  M.  A.  B. 
a  cru  trouver  dans  les  textes  la  justification  de  ce  système. 

Suivant  M.  Bertrand,  il  a  existé  de  l'an  1200  ou  de  l'an  1000  à  l'an 
600  ou  à  l'an  500,  une  civilisation  spéciale,  et  cette  civilisation  apparte- 
nait à  un  peuple  qui  occupait  notamment  la  Suisse,  les  côtes  françaises 
de  la  Méditerranée  et  l'Italie  du  Nord.  Quel  nom  donner  à  cette  civilisa- 
tion? Il  faut  l'appeler  ce/r/fue,  dit  M.  Bertrand  au  mois  d'avril  1875. 
Mais  quelques  mois  plus  tard  il  a  lui-même  recueilli  les  textes  les  plus 
anciens  relatifs  aux  Celtes,  or  aucun  de  ces  textes  n'appartient  chrono- 
logiquement à  cette  période  antique.  Tous  appartiennent  à  la  période 
suivante  qui  suivant  lui  n'est  plus  celtique,  mais  est  galatique  ou  gauloise 
et,  des  textes  relatifs  aux  Celtes,  les  premiers  par  ordre  de  date  ne  nous 
montrent  les  Celtes  ni  en  Suisse,  ni  en  Italie,  ni  sur  les  rivages  français 
de  la  Méditerranée.  Hécatée,  vers  l'an  joo,  parlant  de  NùpaÇ,  ville 
celtique,  semble  mentionner  le  Norique  et  Noréia,  en  Styrie.  Hérodote, 
au  milieu  du  w^  siècle,  nous  montre  les  Celtes  à  la  source  du  Danube  et 
sur  les  côtes  occidentales  de  l'Espagne. 

Pourquoi  M.  Bertrand  met-il  des  Celtes  dans  l'Italie  du  Nord  de  l'an 
1200  ou  1000  à  l'an  600  ou  500  avant  notre  ère  ?  Parce  que  le  Périple 
dit  de  Scylax,  dont  la  rédaction  actuelle  date  de  la  fin  du  règne  de 
Philippe  II,  roi  de  Macédoine,  ou  du  commencement  de  celui  d'Alexan- 
dre le  Grand  ' ,  c'est-à-dire  de  la  seconde  moitié  du  iv'  siècle,  parce  que 
le  Périple  dit  de  Scylax,  document  postérieur  à  la  prise  de  Rome  par 
les  Gaulois,  390,  parle  de  Celtes  établis  sur  les  bords  de  l'Adriatique. 
Notons  qu'il  résulte  du  même  Périple  de  Scylax,  qu'à  la  date  de  la 
rédaction  que  nous  en  possédons,  seconde  moitié  du  iv<>  siècle,  les  Celtes 
n'avaient  pas  encore  atteint  les  bords  français  de  la  Méditerranée  où 
suivant  le  système  de  M.  Bertrand  ils  devaient  être  arrivés  1200  ans  ou 
1000  ans  avant  notre  ère  ! 

Quelle  preuve  M.  Bertrand  a-t-il  que  la  civilisation  nouvelle  qui  fait 
son  apparition  vers  l'an  600  ou  500  est  celle  des  Galates  et  non  des 

I.  338-335  av.  J.-C,  suivant  M.  C.  Mûller,  Geographi  graeci  minores^  1. 1,  p.  44. 


Bibliographie,  2  5  3 

Celtes  ?  Cette  preuve  la  voici  :  à  l'époque  de  Tinvasion  celtique  où  fut 
pillé  le  temple  de  Delphes,  279  ans  avant  J.-C.,  le  nom  de  Galates  ', 
jusque  là  inconnu  des  Grecs,  devient  de  mode  chez  eux  pour  désigner 
la  race  celtique.  Le  plus  ancien  historien  grec  qui  parle  des  Galates  est 
Timée,  qui  parait  avoir  terminé  son  œuvre  en  264.  Les  plus  anciens 
documents,  je  crois,  où  ce  nom  de  Galate  paraisse,  sont  deux  courtes 
pièces  de  vers  sur  la  mort  de  l'Athénien  Cydias  en  279  et  sur  celle  des 
jeunes  filles  massacrées  par  les  Gaulois  lors  de  leur  invasion  en  Asie- 
Mineure,  278  ans  avant  notre  ère  >. 

A  partir  de  cette  date,  le  nom  de  Galate  tend  à  prendre  dans  les  écrits 
des  Grecs  la  place  que  jusque  là  le  nom  de  Celte  y  occupait  exclusive- 
ment. De  ce  changement  d'usage  opéré  vers  279  que  conclut  M.  Ber- 
trand ?  Il  conclut  que  vers  l'an  600  ou  500  avant  notre  ère,  les  Galates 
ont  fait  la  conquête  de  la  Gaule. 

Il  y  a  eu  un  temps  où  le  peuple  que  nous  appelons  allemand  s'appelait 
c<  thiois  »,  en  français  : 

Mais  puis  fa  reconquise  par  Frans  et  par  Thiois. 

Le  mot  «  thiois  »  servait  aussi  à  désigner  la  langue  de  ce  peuple  : 

Quant  Grieu  sot,  pour  savoir  tkiois,.. 

Thiois  est  passé  de  mode,  nous  disons  aujourd'hui  allemand.  Au  siècle 
dernier  un  mot  nouveau  :  tudesque,  a  fait  son  apparition. 

Quelle  conséquence  tirer  de  là  ?  Le  mot  «  thiois  )),  forme  française  de 
l'allemand  deutsche,  encore  aujourd'hui  nom  national  de  la  race  germa- 
nique, est  tombé  en  désuétude  :  se  suit-il  de  là  qu'il  y  ait  eu  de  l'autre 
côté  du  Rhin  quelque  grande  révolution  ethnographique  ?  De  ce  que  le 
mot  tudesque  se  montre  pour  la  première  fois  chez  les  écrivains  fran- 
çais au  xviii*  siècle,  faut-il  conclure  qu'une  race  nouvelle,  désignée  par 
le  nom  de  tudesque,  et  distincte  des  Allemands  et  des  Thiois,  avait  fait 
son  apparition  en  Allemagne  quelques  siècles  plus  tôt  P  Suivant  M.  Littré, 
on  ne  trouve  dans  la  littérature  française,  avant  Beaumarchais,  aucun 
exemple  du  nom  populaire  de  Goddam  pour  désigner  les  Anglais.  Ce  nom 
de  Goddam  est-il  le  signe  d'une  révolution  qui  quelques  siècles  avant 
Beaumarchais  aura  substitué  dan^  les  iles  Britanniques  la  puissance  des 
Goddam  à  celle  des  Anglais  ? 

Je  ne  discuterai  pas  les  textes  de  Polybe  que  M.  Bertrand  allègue  pour 

1.  Galate  parait  être  un  mot  gaulois,  signifiant  c  guerrier  »;  son  histoire  en  grec  peut 
être  comparée  à  l'histoire  en  français  au  mot  lansquenet,  qui  est  comme  on  sait  d'origine 
aUemande. 

2.  Pausanias,  X,  21,  $,  édition  Didot,  p.  520  ;  Anthologie  grecque,  ch.  VII,  épigr. 
492,  édition  Didot,  t.  I,  p.  )68,  479. 


2  S  4  BibliograpkU, 

prouver  que  les  Celtes  et  les  Galates  sont  deux  peuples  diflKrents.  Sui- 
vant moi  le  contraire  résulte  péremptoirement  des  passages  mêmes  que 
cite  M.  Bertrand  et  je  fais  appel  à  tous  ceux  qui  voudront  prendre  la 
peine  de  lire  l'auteur  grec  dans  le  texte  original  pour  vérifier  mon  asser- 
tion. Je  me  bornerai  en  terminant  par  protester  contre  Pabus  que  le 
savant  archéologue  veut  faire  du  mot  hyperboréen. 

Suivant  Pindare,  Hercule  est  allé  prendre  un  plant  d'olivier  sur  les 
rives  de  l'Ister,  dans  le  pays  des  Hyperboréens'.  M.  Bertrand  cite  ce 
texte,  et,  comme  conclusion,  il  nous  propose  de  désigner  sous  le  nom 
de  contrées  hyperboréennes,  quoi  ?...  le  Danemark  et  la  Scandinavie.  Le 
Danemark  patrie  de  l'olivier  !  L'Ister  en  Scandinavie'  ! 

M.  Bertrand  est  un  archéologue  éminent  :  il  a  peu  l'habitude  de 
discuter  des  textes.  Je  le  supplie  d'éviter  à  l'avenir  d'étudier  les  textes 
avec  des  doctrines  préconçues  aussi  arrêtées.  Je  le  supplie  de  se  défier 
d'Amédée  Thierry;  et  je  regrette  que,  par  l'adoption  d'un  système  arbi- 
traire et  trop  rapidement  construit,  il  ait  mêlé  quelques  doctrines  erro- 
nées aux  enseignements  précieux  que  contient  un  livre  si  intéressant  à 
tant  d'égards  et  si  digne  d'être  lu.  Mais  il  faut  bien  que  les  auteurs  don- 
nent prise  à  la  critique.  Autrement  quel  serait  l'intérêt  des  comptes- 
rendus  P 

H.  d'Arbois  de  Jubàinville. 


P.-L.  Lemièrb.  Bxamen  critlqiie  des  expéditioiis  gauloises  en 
Italie... 9  suivi  de  recherches  sur  l'origine  de  la  famille  gauloise  et 
sur  les  peuples  qui  la  composaient.  Saint-Brieuc,  iSyj,  in-S*",  68  p. 
—  Etude  sur  les  Celtes  et  les  Gaulois,  essai  de  classification  des 
peuples  anciens  appartenant  à  chacune  de  ces  deux  races.  Saint- 
Brieuc,  1874,  in-S». —  2«  étude  sur  les  Celtes  et  Gaulois.  Les 
Celtes^  I®' fascicule.  Saint-Brieuc  (Paris,  Maisonneuve),  1876,  in-8», 
57  pages. 

Je  ne  puis  parler  des  mémoires  érudits  de  M.  Lemiêre  sans  une  péni- 
ble émotion.  Rien  n'est  plus  digne  de  sympathie  que  le  travail  solitaire 
et  désintéressé  d'un  homme  qui,  dominé  par  l'amour  de  la  science,  bra- 
vant les  préjugés  anti-littéraires  de  ses  paresseux  compatriotes,  se  livre  à 

1.  Pindare  confond  l'Ister  (Danube),  qui  arrosait  le  pays  des  Hyperboréens  avec  Tlster^ 
petite  rivière  du  bassin  de  l'Adriatiaue,  d'où  venaient  les  premiers  oliviers  plantés  en 
Grèce.  Voir  Strabon,  1.  VU,  c.  5,  g  9,  éd.  Didot,  p.  263;  Diodore  de  Sicile,  1.  IV,  c.  56, 
g  7  et  8,  éd.  Didot,  t.  i,  p.  230,  et  divers  auteurs  plus  anciens,  parmi  lesquels  Aristote. 
Cf.  Hehn,  Kulfur  Pflanzen,  a"  éd.,  pp.  loo-ioi. 

2.  P.  211.  Aux  pages  262-26^,  M.  B.  semble  prendre  Tlster  pour  le  Rhône.  A  la 
note  i'*  de  la  pa^fe  21 1,  il  £iit  dire  à  Hérodote  au  sujet  des  Hyperboréens  précisément  le 
contraire  de  ce  qu*a  écrit  le  célèbre  historien  grec. 


Bibliographie,  2  5  5 

Pétude,  dans  la  bibliothèque  incomplète,  arriérée  et  déserte  d'une  petite 
ville  de  province.  Voyageur  sans  guide  dans  un  monde  inconnu,  il  s'égare  ; 
et,  après  de  longs  efforts,  il  ne  récolte  que  l'illusion.  H  croit  avoir  fait 
une  découverte,  il  s'est  simplement  fourvoyé  :  et  par  une  sorte  de  fata- 
lité redoutable,  la  science  provinciale  française^  aussi  cruelle  que  le 
^hinx  de  la  fable,  s'est  immolé  une  victime  de  plus. 

Un  des  fondements  du  système  de  M.  L.  est  l'assertion  que  les  Celtes 
et  les  Gaulois  sont  deux  races  différentes. 

Malheureusement  quand  il  s'agit  de  démontrer  cette  thèse  il  établit 
seulement  l'insuffisance  des  procédés  de  sa  critique.  Par  exemple  un  des 
textes  qu*il  cite  est  un  fragment  de  Diodore  de  Sicile  relatif  à  uiie 
guerre  des  Gaulois  contre  les  Romains  22  5  ans  avant  J.-C.  (1.  xxv,  c.  1 3, 
édition  Didot,  t.  II,  p.  459).  On  y  lit  KîXtot  [jL£Tà  raXitcDv  et  Takdxm 
xal  KeXTôv  :  «  les  Celtes  avec  les  Galates  »,  «  les  Galates  et  les  Celtes.  » 
Diodore  de  Sicile  écrivait  dans  la  seconde  moitié  du  premier  siècle  avant 
notre  ère,  c'est-à-dire  environ  180  ans  après  l'événement,  mais,  supposé 
que  le  fragment  en  question  reproduise  fidèlement  le  texte  de  Diodore 
et  n'ait  pas  été  altéré  par  un  abréviateur  inintelligent,  ce  fragment  perd 
toute  valeur  en  présence  du  texte  plus  ancien  où  Diodore  a  puisé  les 
renseignements  qu'il  nous  donne  :  ce  texte  plus  ancien  existe,  c'est  celui 
de  Polybe  (II,  c.  22-31,  2*  édition  de  Didot,  p.  8}-9o).  Les  deux  chefs 
Cottcolitanos  et  Aneroestos  (lisez  Nervestosf)  sont  rois  des  Galates  au 
commencement  du  récit  de  Polybe  (p.  8),  1.  28-31)  :  ils  sont  rois  des 
Celtes  à  la  fin  (p.  90, 1.  5-8)  ^  Celtes  et  Galates  étaient  donc  synonymes 
dans  le  récit  primitif  :  Diodore  de  Sicile  ou  son  abréviateur  a  pris  ces 
deux  synonymes  pour  les  noms  de  deux  peuples  différents  :  c'est  une 
erreur  évidente  et  les  conséquences  que  M.  L.  tire  de  ce  firagment  de 
Diodore  sont  erronées  comme  le  document  sur  lequel  elles  se  fondent. 

Un  autre  argument  de  M.  Lemière  est  que  Polybe,  chez  qui  Celtes  et 
Gaulois  sont  synonymes  lorsqu'il  parle  des  régions  occidentales  de 
l'Europe,  ne  se  sert  jamais  que  du  mot  de  Galates  lorsque  les  événe- 
ments ont  pour  théâtre  la  Grèce,  laThrace  et  l'Asie.  Quand  on  lit  ce  rai- 
sonnement il  semblerait  que  Polybe  soit  le  seul  auteur  où  l'on  puisse  étu- 
dier les  guerres  des  Gaulois  à  l'Orient.  Mais  il  y  a  d'autres  sources.  Nous 
citerons  d'abord  Pausanias  qui  raconte  avec  tant  de  détails  les  événe- 
ments dont  la  prise  de  Delphes  en  279  a  été  précédée  et  suivie  :  il  com- 
mence ce  rédt  au  chap.  20,  §  5  du  livre  X  et  termine  au  chap.  2; 


1.  Voirie  rèdt  de  cène  guerre  chez  Mommsen,  Roemischt  Guchichu,   6*  édit.,  t.  I, 
p.  J5Î-5J6. 


256  Bibliographie. 

(p.  p6  à  $25  de  l'édition  de  Didot);  les  Galates  envahisseurs  sont 
appelés  KeXToi  deux  fois  dans  la  première  page,  une  fois  dans  la  seconde, 
une  fois  dans  la  troisième,  etc.  Mais,  me  dira-t-on,  Pausanias  est  posté- 
rieur à  l'ère  chrétienne.  Veut-on  des  textes  plus  anciens  que  Polybe  ? 
En  voici  : 

Il  y  en  a  un  que  je  suis  honteux  de  citer  :  rien  ne  devrait  être  plus 
connu,  puisqu'il  a  été  reproduit  dans  une  des  notes  de  l'histoire  des 
Gaulois  d'Amédée  Thierry  :  c'est  Tépitaphe  de  trois  jeunes  filles  de 
Milet  qui  périrent  victimes  de  l'invasion  gauloise  de  278  :  «  Nous  sommes 
mortes,  6  Milet,  chère  patrie,  en  repoussant  l'illégitime  outrage  des 
Calâtes  sans  lois  ' .  Toutes  trois  vierges  et  citoyennes  nous  avons  été 
réduites  à  ce  destin  par  le  violent  Ares  des  Celtes  >  »  {Anîhologia  Craeca^ 
1.  VU,  492,  éd.  Didot,  t.  I,  p.  )68).  L'Arès  des  Celtes  ou  l'Arès  celte 
semble  avoir  été  une  formule  reçue  en  Grèce  au  iii^  siècle.  Elle  sert  à 
désigner  les  Gaulois  spoliateurs  du  temple  de  Delphes,  elle  est  employée 
comme  synonyme  de  Galate  dans  l'hymne  de  Callimaque  in  Delum  écrit 
vers  l'an  250  avant  J.-C.  :  «c  II  viendra  pour  nous  »  —  c'est  Apollon 
qui  parle  —  «  une  grande  guerre  à  soutenir  en  commun  ;  quand  enfin 
«  les  derniers  nés  des  Titans  dresseront  contre  les  Hellènes  leur  glaive 
((  barbare  et  VAris  celte.  Alors  de  l'extrême  Occident  se  précipiteront 
«  contre  nous  des  soldats  comparables  à  des  flocons  de  neige  ou  aux 
«  étoiles,  lorsque,  pareilles  à  d'immenses  troupeaux  de  bœufs,  elles  se 
((  montrent  le  plus  nombreuses  sur  la  voûte  du  ciel.  Les  forteresses  et 

« la  plaine  de  Crissée,  les  villes   (?)  du  continent 

((  retentissent  à  l'entour  du  bruit  des  armes  et  l'on  n'aperçoit  encore 
tt  dans  le  voisinage  que  de  riches  moissons  éclairées  parles  rayons  enflaro- 
((  mes  du  soleil  (?).  Mais  bientôt  on  voit  près  du  temple  briller  les  pha- 
«  langes  ennemies.  Près  de  mes  trépieds  on  distingue  les  épées,  lescein- 
«  turons  impudents,  les  boucliers  hostiles  qui  marquent  la  route  perverse 
((  suivie  par  les  Calâtes  y  ce  peuple  insensé  ).  » 

Il  est  donc  faux  que  les  Galates  d'Orient  et  les  Celtes  soient  deux 
peuples  différents.  Pausanias  en  employant  les  mots  Galate  et  Celte 

1.  'À6E|jii(rT(i)v  Cette  épithète  est  celle  des  Cydopes  dans  VOdyssie^  IX,  106.  Les 
Grecs  alors  comparaient  les  Gaulois  aux  Cyclopes  dont  quelques  auteurs  les  disaient  issus 
(Timée,  fr.  37,  dans  les  Fragm.  hist.  Graec,  I.  200;  Pausanias,  1.  X,  c.  22,  g  7,  édition 
Didot,  p.  $21;  Appien,  Illyricaj  2,  édition  Diaot,  p.  271). 

2.  Anyte  de  Milet,  auteur  de  cette  épitaphe,  paraît  avoir  vécu  à  l'époc^ue  où  cet  événe- 
ment eut  lieu.  Bernhardy,  Grundriss  der  griechischen  Litteratary  j^'  édition,  i'*  partie, 
P-  7J9;  V  édition,  2*  partie,  2'  section,  p.  729. 

3.  Otto  Schneider,  Callimackeû,  t.  I,  p.  40-41,  vers  171  et  suivants.  Cette  pièce,  où 
se  trouvent  aujourd'hui  quelques  lacunes  arbitrairement  comblées  par  les  anciens  éditeurs, 
a  été  composée  en  l'honneur  de  Ptolémée  II  Philadelphe,  roi  d'Esté  de  283  à  247. 
Bernhardy,  Grundriss  der  griechischen  Litteratury  3*  édition,  2*  partie,  2*  section,  p.  729. 


Bibliographie,  257 

comme  synonymes  a  pour  lui  des  textes  antérieurs  d'un  siècle  à  Polybe 
et  dont  les  auteurs  étaient  contemporains  de  la  prise  de  Delphes  et  de 
l'établissement  des  Gaulois  en  Asie  Mineure. 

Mais  M.  Lemière  ne  se  contente  pas  de  faire  des  Celtes  et  des  Gau- 
lois ou  Galates  deux  peuples  différents  :  suivant  lui  tous  les  Germains 
sont  des  Gaulois.  Se  fondant  sur  un  passage,  mal  compris,  de  Tacite  : 
Cothinos  gallica^  Osos  pannonica  lingua  coargmt  non  esse  Germanos  (fier- 
mania,  4}],  il  considère  comme  démontré  que  les  Goths  sont  Gaulois  : 
en  sorte  que  les  débris  de  la  bible  de  Vulfila,  ou  comme  on  dit  d'Ulfilas, 
sont  un  des  monuments  de  la  langue  des  Gaulois  !  On  conçoit  que  je 
m'abstienne  de  discuter  une  pareille  thèse;  je  me  borne  de  même  à 
signaler  la  doctrine  qui  nous  donne  les  Scythes  pour  Gaulois. 

Dans  son  dernier  mémoire,  M.  Lemière  soutient  que  les  termes 
ethnographiques  celte  et  ligure  sont  synonymes.  On  ne  peut  que  regretter 
vivement  de  voir  un  homme  réellement  instruit  dépenser  tant  de  travail 
pour  jeter  la  confusion  dans  les  notions  ethnographiques  les  plus  claires 
et  les  plus  justement  incontestées.  Une  seule  partie  des  brochures  de 
M.  Lemière  pourra  être  utile  :  ce  sont  les  notes.  C'est  dans  un  ordre 
plus  ou  moins  heureux  une  sorte  de  table  de  textes  relatifs  au  sujet.  De 
ces  textes  le  savant  écrivain  n'a  trop  souvent  ni  compris  le  sens  ni  su 
apprécier  l'autorité.  Mais  les  renvois  aux  chapitres  et  aux  pages  sont 
exacts  et  pourront  rendre  service  aux  érudits  qui  voudront  étudier  de 
nouveau  les  questions  agitées  par  le  consciencieux  auteur  de  ces  disser- 
tations si  travaillées  et  si  peu  logiques. 

H.  d'Arbois  de  Jubàinville. 


Géographie  historique  et  administrative  de  la  Gaule  romaine, 

par  Em.  Dbsjardins  (de  l'Institut).  Tome  I«^  —  Introduction  et 
géographie  physique  et  comparée^  époque  romaine^  époque  actuelle^  — 
contenant  1 5  cartes  en  couleur  et  une  eau-forte  tirées  à  part,  et 
2j  fibres  intercalées  dans  le  texte  (475  pages  grand  in-S^").  —  Paris, 
librairie  Hachette  et  C*,  1876.  —  Prix  :  20  fr. 

L'énonciation  seule  de  ce  titre  donne  une  idée  de  l'importance  de  la 
publication  de  M.  D.  Le  moment  n'est  pas  venu  de  prononcer  sur  son 
compte  un  jugement  définitif,  puisque,  sur  les  quatre  tomes  dont  elle  se 
composera,  le  premier  seul  est  édité  ;  mais  sans  attendre  l'apparition  des 
tomes  subséquents,  il  nous  sera  du  moins  permis  de  dire  que  l'on  doit 
savoir  gré  à  l'auteur  d'avoir  mis  entre  les  mains  des  hommes  d'étude  la 
partie  disponible  de  son  œuvre.  Elle  s'adresse  non-seulement  aux  érudits 
en  quête  de  nouveaux  instruments  de  travail,  mais  encore  à  ce  public 

Ra,  Celt.  W  18 


25t  Bibliographie. 

éclairé,  heurcusaneat  plus  nombreux  qu'on  le  croit,  qui  a  une  prédilec- 
tion marquée  pour  les  diverses  branches  d'études  de  nos  antiquités  natio- 
nales, pourvu  qu'on  lui  présente  la  science  toute  faite. 

Dès  l'abord,  M.  D.  nous  avertit  que  les  documents  dont  il  a  fait  usage 
sont  de  sept  sortes  :  i  •  les  textes  classiques  des  géographes  et  ceux  des 
historiens,  poètes,  orateurs  et  autres  écrivains  anciens;  2^  les  textes 
législatifs,  code  Théodosien,  rescriu  impériaux,  lois  barbares,  capitula- 
tions, canons  et  conciles,  actes  et  vies  des  saints,  etc.  ;  ;^  les  monu- 
ments épigraphiques ;  4^  les  médailles;  5^  les  vestiges  subsistants  sur  le 
sol,  ou  conservés  dans  les  collections  publiques  et  privées,  ou  décrits 
dans  les  livres;  6^  les  diplômes  ou  chartes  du  moyen-âge;  7®  les  travaux 
des  géographes  modernes  sur  l'ancienne  Gaule  et  les  publications  d'en- 
semble ou  détachées,  faites  séparément  ou  insérées  dans  les  mémoires 
des  sociétés  savantes,  dans  les  revues  ou  autres  recueils  périodiques, 
journaux,  etc.,  et  qui  regardent  également  la  Gaule  ;  en  un  mot,  tout  ce 
qui  a  paru  tant  en  France  qu'à  l'étranger,  tant  à  Paris  que  dans  les 
départements. 

Parmi  les  sources,  notons  les  portulans  du  moyen  âge,  genre  de  docu- 
ments dont  nous  croyons  qu'il  est  fait  usage  pour  la  première  fois  dans 
une  étude  de  géographie  historique. 

Nous  trouvons  ensuite  l'indication  détaillée  de  ces  différentes  sources, 
sans  compter  les  citations  et  les  extraits,  ou  les  simples  renvois,  dissé- 
minés dans  d'innombrables  notes  et  formant  un  véritable  Corpus  biblio- 
graphique qui  épargnera  bien  des  tâtonnements  à  ceux  qui  voudront 
reprendre  les  investigations  sur  telle  ou  telle  question,  au  point  où  elles 
ont  été  amenées  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances. 

Les  grandes  divisions  du  premier  chapitre  sont  rangées  sous  six  rubri- 
ques que  nous  nous  bornons  à  reproduire,  l'espace  nous  manquant  pour 
indiquer  les  subdivisions  qui  fournissent  au  répertoire  final,  ou  table 
analytique^  la  matière  de  huit  pages  en  petit  texte  :  i®  orographie  : 
Alpes,  lieux  de  passage,  montagnes  de  l'intérieur,  ligne  de  partage  des 
eaux;  Pyrénées  :  lieux  de  passage;  2^  hydrographie  intérieure  : 
fleuves,  rivières,  lacs  ;  3®  description  des  côtes  :  côtes  de  la  Méditer- 
ranée, côtes  de  l'Océan;  5^  sol  et  climat;  6®  productions  :  mines^ 
industries  métallurgiques,  flore  naturelle  et  productions  végétales  dues  à 
la  culture,  faune. 

En  terminant  le  premier  chapitre  qui  constitue  à  lui  ^eul  un  volume, 
l'auteur  nous  annonce  qu'il  n'a  fait  que  disposer  la  scène  et  préparer  la 
venue  des  Romams;  dans  la  suite  de  son  ouvrage,  il  donnera  la  liste  des 
peuples  et  des  tribus  qui  occupaient  le  pays  au  moment  même  de  l'arrivée 


Bibliographie.  2^9 

des  légions;  iounédiatement  après,  il  abordera  l'étude  de  la  géographie 
politique  de  la  Gaule  romaine. 

Parmi  les  morceaux  d'un  intérêt  majeur,  nous  signalerons  les  pages 
oà  M.  D.  discute  les  lieux  de  passage  des  Alpes  par  les  années  d'Annibal, 
d'Asdrubal  et  de  Pompée  (et  dont  nos  lecteurs  ont  eu  la  primeur  dans 
la  précédente  livraison  de  la  Revue  Celtii]ue)y  la  vraie  direction  des 
fameuses  Fosses-Mariennes,  le  lieu  qui  fut  le  théâtre  de  la  campagne 
maritime  de  César  contre  les  Vénètes,  et  enfin  l'emplacement  du  Portus 
Itius  et  celui  de  la  station  navale  entretenue  par  les  Romains  sur  les  côtes 
de  la  Manche.  Nous  avons  goûté  tout  l'attrait  de  la  nouveauté  dans  la 
minutieuse  étude  que  M.  D.  a  consacrée  aux  modifications  subies  par  la 
configuration  du  littoral  sous  l'influence  de  diverses  causes,  telles  que 
les  atterrissements  aux  embouchures  des  cours  d'eau,  l'affaissement  des 
falaises  rongées  par  le  flot,  l'envahissement  des  c6tes  par  les  sables,  etc. 
La  connaissance  de  ces  modifications  est  indispensable  pour  l'intelligence 
de  certains  événements  historiques  dont  le.théâtre  a  changé  d'aspect  et 
de  conditions  physiques  depuis  l'antiquité.  L'importance  de  cette  question 
n'échappera  à  personne;  on  doit  donc  recueillir  avec  soin  toutes  les  infor- 
mations qui  tendront  à  l'élucider.  Aussi,  ne  laisserons-nous  point  passer 
cette  occasion  d'ajouter  notre  témoignage  personnel  à  ce  que  M.  D. 
rapporte  touchant  la  formation  des  dunes  de  Santec,  près  de  Roscoif. 
En  1 869,  nous  avons  visité,  à  la  pointe  orientale  de  111e  de  Batz,  la 
vieille  chapelle  Sainte-Anne  ensevelie  sous  les  sables  jusqu'à  la  corniche. 
Or,  cette  construction  date  duxi^  siècle,  comme  l'attestent  le  plein  cintre 
des  voûtes,  l'épaisseur  des  piliers  carrés,  et  le  caractère  paléographique 
d'une  inscription  tombale  placée  devant  l'autel  > ,  que  nous  avons  publiée 
le  premier  il  7  a  sept  ans.  La  hauteur  des  sables  amoncelés  extérieure- 
ment contre  les  murs  pendant  une  période  de  huit  siècles  est  actuellement 
de  plus  de  4  mètres,  soit  50  centimètres  environ  par  siècle '.  D'autre 
part,  on  sait  que  les  fouilles  de  M.  Kerviler,  à  Saint-Nazaire,  lui  ont  fait 
découvrir  des  débris  de  poterie  romaine  et  une  monnaie  de  Tétricus 
enfouis  sous  une  couche  sédimentaire  de  7  mètres  de  profondeur;  ce  fait 
est  hautement  intéressant;  cependant  on  n'est  pas  fondé  à  en  conclure 
que  la  profondeur  de  7  mètres  donne  la  mesure  vraie  du  dépôt  accumulé 
pendant  seize  siècles,  car  ces  objets  n'ont  pu  rester  à  la  surface  même 
de  la  vase  liquide  sur  laquelle  ils  étaient  tombés;  ils  ont  dû  nécessairement 

1 .  On  y  lit  Laurent  de  Biga{T  ?)  en  lettres  romanes  ;  voir  notre  fac-similé  dans  la 
Revue  arckiologijue,  tome  XXI,  1870,  p.  421. 

2.  L'église  Samt-Michel,  àQuiberon,  se  trouve  également  ensablée;  la  progression  de 
ce  phénomène  pourrait  sans  doute  être  utilement  déduite  de  l'âge  du  monument  et  de  la 
hauteur  actueUement  atteinte  par  les  sables. 


200  Bibliographie. 

s'y  enfoncer  par  leur  propre  poids,  et  l'on  ignore  l'épaisseur  de  la  couche 
qu'ils  ont  traversée  avant  de  rencontrer  une  couche  suffisamment  résis- 
tante pour  les  arrêter.  Nous  avons  aussi  entendu  parler  d'antiquités 
romaines  que  M.  du  Chàtelier  aurait  récemment  mises  au  jour  aux 
environs  de  Fenmarch,  sous  des  sables  recouverts  par  les  marées; 
espérons  que  la  profondeur  de  l'enfouissement  aura  pu  être  mesurée 
exaaement,  et  qu'il  en  résultera  une  donnée  numérique  utile  à  enre- 
gistrer. 

Robert  Mowat. 


Numismatique  de  la  province  de  Langaedoc.  I.  Période  antique. 
Etude  par  Charles  Robert,  membre  de  l'Institut.  Extrait  du  t.  II  de 
la  nouvelle  édition  de  l'histoire  générale  du  Languedoc.  Toulouse, 
Edouard  Privât,  1876.  In-4%  68  p.  et  4  pi. 

Nous  ne  pouvons  trop  féliciter  le  nouvel  éditeur  de  Dom  Vaissette 
d'avoir  su  associer  à  son  entreprise  les  savants  collaborateurs  dont  il 
groupe  les  noms  autour  de  celui  du  célèbre  bénédictin.  Pour  la  numisma- 
tique notamment  il  était  impossible  de  choisir  un  spécialiste  plus  compé- 
tent que  M.  Ch.  Robert. 

Le  mémoire  de  M.  C.  R.  contient,  après  quelques  pages  d'introduc- 
tion, la  description  des  monnaies  les  plus  anciennes  du  Languedoc.  Ces 
monnaies  sont  divisées  en  huit  groupes.  Les  quatre  premiers  groupes 
sont  formés  par  les  monnaies  d'argent  imitées  des  monnaies  de  Rhoda  en 
Espagne,  vers  la  fin  du  iv*^  siècle  avant  notre  ère.  M.  Robert  en  a  décrit 
i  1 5  types  différents.  Viennent  ensuite  les  monnaies  d'argent  et  de  bronze 
appartenant  en  général  aux  Volces  arécomiques,  8  types  ;  le  monnayage 
particulier  de  Nîmes,  25  types;  divers  bronzes  gaulois  à  légendes  en 
caractères  grecs,  19  types;  enfin  les  bronzes  à  légendes  ibériques, 
4  types  ;  en  tout  66  types  qui  avec  les  monnaies  imitées  de  celles  de 
Rhoda  donnent  un  total  de  1 8 1  dont  i }  2  sont  reproduites  sur  les  planches. 

Nous  allons  parler  de  ce  qui  dans  ce  mémoire  concerne  spécialement 
les  Gaulois.  Un  fait  historique  important  sur  lequel  insiste  M.  R.  est  que, 
la  plus  grande  partie  des  monnaies  celtiques  étant  imitée  des  statères  de 
Philippe  II,  roi  de  Macédoine,  360-^36,  c'est  du  règne  de  ce  prince, 
c'est  du  milieu  du  W  siècle  avant  notre  ère  que  datent  les  débuts  du 
monnayage  gaulois  ;  ce  monnayage^  après  une  période  de  splendeur, 
dégénère  rapidement  :  il  était  en  pleine  décadence  au  1®'  siècle.  Je  crois 
être  d'accord  avec  M.  Robert  en  ajoutant  que  la  décadence  du  monnayage 
a  eu  pour  cause  une  décadence  générale  des  Gaulois.  La  grande  prospé- 


Bibliographie.  261 

rite  de  l'empire  des  Gaulois  date  d'Ambigat,  vers  l'an  400  av.  J.-C; 
elle  commence  à  décliner  quand,  en  283,  le  pays  des  Sénons  est  conquis 
par  les  Romains.  Obligée  de  reculer  en  Italie  devant  les  armées  si  bien 
organisées  de  Rome,  la  puissance  gauloise  déborde  alors  sur  la  Grèce  et 
jusque  dans  l'Asie-Mineure,  toutes  deux  livrées  aux  dissensions  politi- 
ques depuis  la  mort  d'Alexandre.  Ces  faciles  succès  n'eurent  point  une 
valeur  sérieuse.  C'est  en  222  qu'on  trouve  pour  la  dernière  fois  le  nom 
des  Gàisates,  de  cette  milice  régulière  qui  était  comme  le  signe  de 
l'unité  politique  et  militaire  des  Gaulois.  C'est  à  partir  de  cette  date  que 
l'unité  cessant  tout  à  fait,  la  décadence  des  Gaulois  est  complète.  Un 
des  fedts  les  plus  importants  de  l'histoire  militaire  des  Gaulois  au  iv^*  siècle, 
après  la  conquête  de  l'Italie  du  Nord  et  la  conquête  de  la  Bohême,  ce 
sont  leurs  conquêtes  sur  les.lUyriens.  Or  les  guerres  des  Gaulois  contre 
un  peuple  illyrien,  contre  les  Ardiaei^  étaient  racontées  par  Théopompe 
(?7  5-306)  dans  le  second  Ihre  àt  ses  Philippiques,  c'est-à-dire  de  son 
histoire  de  PhiUppe  II,  roi  de  Macédoine  K 

Philippe  II  fit  aussi  et  fit  plusieurs  fois  la  guerre  aux  lUyriens'. 
Théopompe,  dans  le  premier  livre  de  ses  Philippiques,  parlait  d'une  des 
expéditions  de  Philippe  en  Illyrie,  de  celle  qui  eut  lieu  en  354.  Les 
Illyriens  se  trouvèrent  donc  en  même  temps  attaqués  par  les  Macédoniens 
à  l'Orient,  par  les  Gaulois  à  l'Occident.  De  là  paraissent  dater  les  pre- 
mières relations  politiques  de  l'empire  gaulois  et  de  la  puissance  grecque. 
Voilà  ce  qui  explique  pourquoi  la  monnaie  gauloise  la  plus  ancienne  est 
contemporaine  du  règne  de  Philippe  1 1  et  imitéede  la  monnaie  de  ce  prince. 
Nous  sommes  donc  parfaitement  d'accord  avec  M.  Robert  jusqu'ici,  mais  il 
y  joint,  sur  un  point  de  détail,  une  assertion  que  nous  ne  pouvons  accepter. 
<(  Au  iv^  siècle  avant  J.-C,  alors  que  s'introduisit  chez  les  hommes  de 
«  cette  race  (les  Gaulois)  l'usage  de  la  monnaie,  les  historiens  grecs 
«  désignaient  sous  le  nom  de  Taikd'zan  les  peuples  répandus  le  long  du 
(c  Danube  et  ceux  qui  comme  les  Volkes  commençaient  à  jouer  un  rôle 
«  prépondérant  entre  le  Rhône  et  les  Pyrénées.  »  Le  nom  de  TaXdzcti 
est  inconnu  avant  l'expédition  où  les  Gaulois  s'emparèrent  du  temple  de 
Delphes,  279  av.  J.-C.^  c'est-à-dire  non  pas  au  iv«  siècle,  mais  au  m'. 
Théopompe  appelle  Celtes  les  Gaulois  en  guerre  avec  les  Illyriens  au 
IV*  siècle.  Ptolémée,  fils  de  Lagus,  appelle  de  même  les  Gaulois  qui  en- 
voyèrent une  ambassade  à  Alexandre  en  335.  QH^"^  ^^^  TakizcLi  qui  à 
cette  époque  auraient  dominé  entre  le  Rhône  et  les  Pyrénées,  aucun 

1.  Fragm,  hisU  gr^.  t.  I.  p.  284,  fr.  41. 

2.  En  359  av.  J.-<:.,  Dioaore  de  Sicile,  l.  XVI,  c.  4;  en  }$4,  Ibid,,  c.  22;  en  344, 
Ibid.y  c.  69;  édition  Didot,  t.  Il,  p.  69,  82,  114. 


262  Bibliographie, 

auteur  n'en  a  fait  mention  jusqu'ici.  Le  nom  de  Takixca  est  postérieur 
de  plus  d'un  demi-siècle  au  règne  de  Philippe  et  à  Tintroduction  de  la 
monnaie  chez  les  Gaulois. 

On  ne  peut  contester  que  le  mot  de  Volcae  n'appartint  à  la  géographie 
de  la  Gaule  méridionale  dès  la  fin  du  ni*  siècle  avant  notre  ère,  au  temps 
de  l'expédition  d'Annibal  en  218.  Les  Vokae  étaient  un  peuple  établi 
sur  les  deux  rives  du  Rhône,  comme  nous  l'apprend  Tite-Live  (XXI, 
26),  non  loin  de  A^rseille  comme  le  disait  déjà  Caton  dans  la  pre- 
mière moitié  du  11^  siècle  av.  J.-C.  Mais  il  parait  vraisemblable 
qu'en  2 1 8  il  y  avait  déjà  un  certain  nombre  d'années  que  la  vallée  du 
bas  Rh6ne  était  entre  les  mains  des  Volcae,  Les  monnaies  des  Volcae,  à 
légende,  ne  paraissent  pas  antérieures  à  la  seconde  moitié  du  11*  siècle 
av.  J.-C.  Précédemment  leurs  monnaies  étaient  anépigraphes  et  imitées 
de  celles  de  Rhoda.  A  quelle  date  ces  monnaies  anépigraphes  remon- 
tent-elles ?  L'étude  des  types  donne  lieu  de  supposer  qu'elles  remontent 
aux  environs  de  l'an  300  avant  notre  ère.  Or,  une  partie  des  monnaies 
anépigraphes  des  Volcae^  qu'on  peut  consulter  dans  les  collections,  a  été 
trouvée  dans  le  midi  de  la  France,  l'autre  a  été  recueillie  dans  le  grand- 
duché  de  Bade  et  en  Bavière;  il  semble  résulter  de  là  que  vers  l'an  }oo 
avant  notre  ère  les  Volcae^  gens  validay  comme  dit  Tite-Live^  occupaient 
à  la  fois  la  vallée  du  Rhône  et  celle  du  haut  Danube. 

Mon  savant  ami  M.  Gaston  Paris  m'a  suggéré  la  pensée  que  le  nom 
germanique  des  peuples  du  sud  et  de  l'ouest  étrangers  à  la  race  germa- 
nique Walah[ay^  doit  être  identique  à  celui  des  Volcae,  Walaha  est  bien 
en  effet,  d'après  les  lois  de  la  phonétique  germanique,  l'équivalent  exact 
de  Volca.  Une  de  ces  lois  exige  la  s.ubstitution  de  l'A  germanique  au  c 
gaulois,  et  cette  substitution  s'est  opérée  antérieurement  aux  premières 
relations  des  Germains  avec  les  Romains,  c'est-à-dire  afttérieurement  au 
11^  siècle  avant  notre  ère.  Donc  antérieurement  au  n*  siècle  avant  notre 
ère  le  principal  peuple  gaulois  en  relations  avec  les  Germains  s'appelait 
Volca,  Ceci  est  parfaitement  d'accord  avec  ce  que  nous  savons  de  l'Ûstoire 
celtique  du  m*  siècle  avant  notre  ère.  Sous  l'empire  romain  une  partie 
des  Volcae  établis  dans  la  Gaule  méridionale  portait  le  surnom  de  Tecto- 
sages  :  Toulouse  leur  appartenait.  Cependant  César  (^VI,  24)  écrivant 
au  milieu  du  i«'  siècle  avant  notre  ère,  nous  montre  des  Volcae  Tecto- 
sages  établis  aux  environs  de  la  forêt  Hercynienne,  dans  les  parties  les 
plus  fertiles  de  la  Germanie,  où  de  brillants  faits  de  guerre  les  ont 
rendus  célèbres  > .  Or  c'est  aux  Tectosages  déjà  mattres  de  Toulouse 

I.  M.  c.  Robert  a  tort,  suivant  nous,  de  citer  à  l'appui  de  César  un  passage  d'Isidore 
de  Séville,  dont  la  lecture  et  le  sens  sont  des  plus  contestables. 


Bibliographie.  263 

(identiques  par  conséquent  aux  Volkes  Tectosages)  que  Timagène 
au  l'r  siècle  avant  notre  ère  et  Trogue  Pompée  *  au  siècle  suivant, 
attribuent  le  pillage  du  temple  de  Delphes  en  279.  Cette  attribution  n'est 
pas  contestée  par  le  grec  Posidonius  qui  seulement  révoque  en  doute 
l'importance  de  ce  pillage  blessant  pour  sa  vanité  nationale.  Enfin  les 
Tectosages,  qui  à  cette  date  (279)  avaient  un  établissement  en  Pannonie, 
paraissent  avoir  été  le  plus  important  des  trois  peuples  gaulois  qui  enva- 
hirent l'Asie-Mineure  en  278.  Il  n'avait  pas  été  question  de  Tectosages 
à  la  prise  de  Rome,  en  390,  ni  dans  les  guerres  d'Italie  qui  en  furent  la 
suite.  L'hégémonie  celtique  parait  avoir  appartenu  aux  Volkes  Tectosages 
vers  l'an  )oo  avant  notre  ère  et  de  là  l'importance  du  nom  de  Walaha 
chez  les  Germains,  comme  l'importance  du  monnayage  des  Ko/c^e  tant  en 
France  qu'en  Allemagne.  Ce  monnayage  imité  de  celui  de  Rhoda  prouve 
qu'à  cette  date  les  Ko/cae  touchaient  à  l'Espagne  tandis  que  leurs  armées 
conquéraient  l'Asie-Mineure. 

Vers  la  même  époque,  un  petit  peuple  gaulois,  les  Longo-Stalètes, 
qui  n'est  connu  que  par  ses  monnaies,  était  en  relations  commerciales 
avec  Agrigente  en  Sicile  et  copiait  un  type  monétaire  de  cette  ville. 
C'est  ainsi  que  l'histoire  des  monnaies  jette  une  lumière  inattendue  sur 
les  faces  les  plus  importantes  de  l'histoire  des  nations. 

H.  D'ARBOIS  de  JUBAINVILLE. 

ArchœologiBche  Karte  der  Ostsch'^eiB,  bearbeitet  von  D^  Ferdi- 
nand Keller.  Zweite  durch^esehene  Auflage,  xvi«34p.  petit  in*8o  avec 
I  carte  et  2  planches.  Zûnch,  Wurster,  1 874. 

C'est  un  travail  ingrat  de  dresser  le  catalogue  précis  des  antiquités 
d'une  région  ;  mais  aussi  rien  n'est  plus  utile  que  de  pouvoir  se  rendre 
compte  par  un  coup  d'oeil  et  de  la  distribution  des  divers  monuments 
dans  un  même  pays  et  du  nombre  de  chaque  classe  de  sçs  monuments. 
Un  archéologue  émérite  de  la  Suisse,  M.  Ferd.  Keller,  à  qui  la  science 
doit  déjà  comme  la  découverte  de  l'époque  lacustre,  a  fait  ce  travail 
pour  la  partie  orientale  de  la  Suisse,  autant  qu'on  peut  l'établir  dans 
l'état  actuel  de  la  science;  car  plusieurs  parties  de  cette  région,  notam- 
ment le  Tessin,  n'ont  été  jusqu'ici  qu'imparfaitement  explorées.  Son  texte 
donne  la  statistique  des  monuments  observés  et  des  objets  trouvés  dans 
une  double  classification,  d'abord  par  âges  et  par  classes,  puis  par  can- 

I  '.  Ceux  qui  contestent  la  vraisemblance  du  récit  de  Justin  et  le  transport  du  trésor  de 
Delphes  à  Toulouse,  n'ont  pas  lu  dans  Parthinias,  c.  8,  Thistoire  d'Hénppe,  dite  ailleurs 
Gythymie,  de  Milet,  enlevée  à  la  même  époque  par  un  chef  gaulois,  qui^  d'Asie  mineure, 
Pemmena  jusque  sur  les  bords  du  Rhône  dans  le  pays  des  Cavares. 


264  Bibliographie, 

tons  et  localités.  Deux  petites  cartes  donnent  les  voies  et  stations 
romaines;  une  planche  la  disposition  de  quelques  villes helvéto-romaines, 
et  quelques  monuments  comme  spécimen;  enfin  une  grande  carte  de 
toute  la  Suisse  orientale  résume  la  statistique  de  l'œuvre  entière  par  des 
signes  de  couleurs  et  de  formes  diverses  qui  figurent  les  diflérentes 
périodes  et  les  diflérentes  classes  de  monuments  et  d'antiquités. 

H. G. 


Épigraphie  romaine  dans  le  département  dn  Cher,  par  M.  A. 

BuHOT  DE  Kersers.  90  p.  et  suppl.  de  14  p.  in-80  avec  planches. 
Bourges,  187  3-7$. 

c(  Les  monuments  épigraphiques  que  la  civilisation  gallo-romaine  a 
laissés  parmi  nous  et  qui  ont  reparu  à  la  lumière  sont  malheureusement 
bien  peu  nombreux,  mais  présentent  une  incontestable  valeur  historique. 
Plusieurs  de  ces  monuments  ont  disparu  et  il  n'en  reste  que  des 
descriptions  répandues  dans  des  publications  diverses  ;  parmi  ceux  qui 
subsistent,  les  uns  sont  épars  dans  des  collections  séparées  ou  sur  des 
points  isolés  ;  leur  rapprochement  dans  un  même  travail  peut  avoir  son 
utilité.  » 

M.  B.  de  K.  a  fait  ce  travail  de  classement  épigraphique  pour  son 
département  avec  un  zèle  qui  lui  mérite  la  reconnaissance  des  archéo- 
logues. Il  a  classé  ses  inscriptions  comme  suit  : 

1°  Monuments  votifs  ou  inscriptions  altariques. 

2^  Inscriptions  de  colonnes  ou  bornes  itinéraires. 

y  Monuments  funéraires  privés. 

4®  Monuments  funéraires  chrétiens. 

50  Fragments  divers. 

Il  ne  s'y  rencontre  que  peu  de  noms  d'apparence  gauloise  et  seulement 
des  noms  d'homme.  Les  deux  seules  inscriptions  votives  offrant  des  noms 
gaulois  de  divinités  sont  des  inscriptions  perdues  depuis  longtemps  et 
connues  seulement  par  la  lecture  de  savants  du  xvii*  siècle,  qui  ont  pu 
les  mal  lire  —  ou  les  inventer.  L'une  est  dédiée  à  COSOSO  DEO  MARTI 
l'autre  à  SOLIMARAE. 

M.  B.  de^.  donne  en  fac-similé  réduit  les  principales  inscriptions  ; 
dans  le  nombre  se  retrouve  une  de  nos  rares  inscriptions  gauloises 
{Buscilla,  etc.)  sur  un  vase  trouvé  à  Bourges.  —  Notons  encore  que 
M.  Charles  Robert  a  cru  reconnaître  des  D  barrés  dans  l'inscription 
barbare  et  mal  lisible  du  n»  $6. 

Ce  travail  est  extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  du 


Bibliographie.  265 

Centre,  de  Bourges^  qui  a  ainsi  le  mérite  d'avoir,  avec  l'aide  de  M.  B. 
de  K.,  dressé  le  Corpus  des  inscriptions  de  son  département. 

H.  G. 

Inscriptloii  Inédite.  Le  portiqae  du  temple  de  Vesmuia,  déesse 
tutélaire  des  Pétrocores  (extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  hist.  et  arch.  du  Pé- 
rigordy  1875),  8  p.  in-80,  par  E.  Galy. 

Il  existe  à  Périgueux  une  tour  antique  en  forme  de  rotonde,  populai- 
rement nommée  la  Vésone^  ou  la  Vésune^  et  regardée  par  les  archéolo- 
gues du  pays  comme  la  cella  du  temple  d'une  divinité  qui  y  aurait  été 
honorée  sous  les  noms  de  Deae  Tutelae^  de  Tuielae  Augustae  Vesunnae, 
tels  qu'on  les  lit  sur  deux  inscriptions  du  musée  départemental  de  la 
Dordogne.  La  notice  de  M.  Galy  a  pour  but  de  nous  faire  connaître 
une  nouvelle  inscription  consacrée  à  cette  divinité  et  découverte  en  1 868 
dans  la  maçonnerie  du  palais  épiscopal.  Elle  est  malheureusement  brisée 
en  deux  morceaux  dont  l'un,  celui  de  gauche,  a  perdu  la  partie  supé- 
rieure. Je  reproduis  la  transcription  de  l'auteur  et  son  essai  de  restitution  : 

numini  i4VGVSTI 
et  deae  i4VGVSTAE 
DEDIC(âf  i4BELL0 

PRIM/ANI 
TVTELAE  VESVNNAE 
PORTICVM  EX  P.  FACIENDVM  ET 
ornandum  curavit 

Il  est  fâcheux  que  M.  G.  n'ait  pas  jugé  à  propos  de  mettre  sous  les 
yeux  de  son  leaeur  un  fac-similé  propre  à  lui  donner  une  idée  de  la 
physionomie  du  monument;  l'emploi  des  caractères  typographiques  est 
tout-^fEÛt  insuffisant  quand  il  s'agit  d'inscriptions  frustes  ou  mutilées. 
Qu'arrive-t-il  en  effet  ?  C'est  que  les  épigraphistes,  à  qui  il  ne  serait  que 
trop  facile  de  critiquer  ligne  à  ligne  la  restitution  proposée,  n'ont  aucun 
moyen  assuré  de  la  remplacer  en  toute  confiance  par  quelque  autre  resti- 
tution. Cependant,  comme  la  partie  suppléée  de  la  deuxième  ligne  est 
manifestement  inadmissible,  que  le  nom  d'homme  Abello  est  de  création 
arbitraire,  et  que  je  doute  que  le  prétendu  mot  DEDIC^r  ait  été  bien  déchif- 
fré, je  suggère,  bien  entendu  sous  toutes  réserves,  une  restitution  telle 
que  celle-ci 


I  • 


I.  Tout  en  approuvant  cette  reconstruction  hypothétique,  M.  Léon  Renier  m'engagea 
mettre  la  2*  ligne  sous  une  forme  plus  courte,  et  domus  ifVGVSTAE,  pour  l'adapter 
aux  dimensions  de  la  pierre. 


266  Bibliographie. 

pro  sdute  i4VGVSTI 
totiasque  domus  i4VGVSTAE 
confectà  (?)  BELLO 

PRIMANI 
TVTELAE  VESVNNAE 
PORTICVM  EX  P.  FACIENDVM  ET 

ornandum  curaverunt. 

—  Pour  le  salut  de  l^empereur  et  de  toute  la  famille  impériale,  la 
guerre  étant  (heureusement)  terminée,  les  soldats  de  la  h^  légion  ont 
fait  construire  et  décorer  le  portique  de  la  Tutèle  de  Vésone.  —  Des 
inscriptions  nous  apprennent  qu'une  déesse  Tutela  était  honorée  dans  un 
assez  grand  nombre  de  localités  en  Espagne,  en  Italie  et  en  Gaule, 
notamment  à  Bordeaux,  au  Maz-d'Agen  ;  les  numismatistes  connaissent 
aussi  une  monnaie  de  bronze  à  Tefifigie  de  Nerva,  au  revers  de  laquelle 
se  lit  la  légende  TVTELA  ITALIAE.  Mais  ce  que  généralement  on  sait 
moins,  c'est  que  le  nom  de  la  Vesunna  pétrocore  se  retrouve  dans  celui 
d'une  divinité  Vesuna  Erinia  chez  les  Marses,  et  d'une  Vesuna  Paemunes 
Puprkes  Çuxor)  chez  les  Ombriens.  M.  Mommsen,  après  avoir  considéré 
cette  dernière  comme  une  variété  de*  Feronia,  s'est  rangé  à  l'opinion 
d*Aufrecht  et  de  Corssen  qui  Pont  assimilée  à  Vesta,  tandis  que 
M.  Grassmann  la  comparait  à  la  védique  Vâsanci^  «  la  brillante.  »  On 
voit  que  le  dernier  mot  n'est  pas  encore  dit  sur  cette  obscure  question 
de  mythologie  italo-celtique. 

Les  Primani  auraient  donc  dédié  à  l'empereur  régnant  et  à  sa  famille 
le  monument  qu'ils  élevaient  à  Vésone,  et  ced  nous  remet  en  mémoire 
les  inscriptions  de  Narbonne  et  de  Suréda  respectivement  dédiées  aux 
empereurs  Vérus  et  Gordien  III  par  les  vétérans  de  la  lo"  légion,  les 
Decimani  Narbonenses.  Les  Primani  ne  sont,  du  reste,  pas  inconnus  en 
épigraphie;  on  les  retrouve  mentionnés  sur  une  inscription  de  Trêves 
conservée  au  musée  de  Bonn. 

Il  me  sera  permis  de  m'en  tenir  à  ces  observations,  en  annonçant  que 
M.  Ch.  Robert,  après  avoir  pu  étudier  à  son  aise  la  nouvelle  inscription 
de  Périgueux  sur  le  moulage  qu'il  en  possède,  publiera  très-prochaine- 
ment un  mémoire  étendu  contenant  le  résultat  de  ses  recherches.  Il  croit 
que  les  Primani  y  c'est-à-dire  les  vétérans  de  la  Legio  Prima  ^  mentionnés 
dans  cette  inscription,  avaient  à  Vésone  un  dépôt  permanent  qui  a  pu 
fonctionner  pendant  assez  longtemps,  et  sur  lequel  étaient  dirigés,  à 
divers  intervalles,  les  soldats  émérites  de  la  première  légion,  comme  cela 
se  pratiquait  sans  doute  pour  les  autres  dépôts,  par  exemple  les  Secundani 


Bibliographie.  267 

d'Arausio,  ksSextani  d'Arelate,  les  Septimani  de  Baeterrae,  \esDecumani 
de  Narbo  Martius,  les  Undecumani  de  Bovinum,  les  Quatuorsignani  chez' 
les  Tarbelii,  les  Sexsignani  chez  les  Cocosates,  etc.,  que  l'on  a  considérés 
jusqu'ici  comme  des  colonies  créées  par  l'envoi,  une  fois  fait^  d'un  cer- 
tain nombre  de  légionnaires  libérés.  Ce  simple  aperçu  que  le  savant  aca- 
démicien a  bien  voulu  communiquer  à  l'auteur  de  ces  lignes  montre 
l'enseignement  que  l'on  peut  tirer  de  l'étude  rationnelle  des  monuments 
épigraphiques  et  fait  pressentir  l'importance  d'un  travail  dont  il  nous  tarde 
de  prendre  connaissance  et  qui  est  destiné  à  la  Revue  Archiologique, 

Robert  Mowat. 

Inscrlptionea  BrltanniaB  latina»  consilio  et  auctoritate  Académie 
litterarum  régi»  Borussic»  edidit  /Emilius  Hubner,  Berlin,  George 
Reimer,  1873,  in-folio,  XIH2-Î45  paces  et  une  carte.  —  inscrip- 
tiones  Brltannlae  christiaiuD  edidit  iEmilus  Hubner,  Berlin, 
George  Reimer,  1876,  in-4®,  xxiii-101-5  pages  et  deuxcartes^ 

Ces  deux  volumes  contiennent  moins  de  matière  qu'on  n'aurait  pu 
l'espérer  ;  ils  sont  cependant  fort  intéressants  au  point  de  vue  des  études 
celtiques,  et  les  copieux  index,  auxquels  l'académie  de  Berlin  nous  a 
habitués,  en  rendent  l'usage  des  plus  commodes.  Obligé  de  me  borner,  je 
me  contenterai  de  Êdre  quelques  observations  qui  auront  trait  à  l'étude 
de  la  langue.  Je  commence  par  le  volume  qui  contient  les  inscriptions 
latines. 

La  chute  du  g  médial  dans  les  langues  celtiques  a  été  l'objet  de  quel- 
ques observations  de  Zeuss,  Gr,  C^.,  p.  47,  48,  14$;  nous  savons  par 
exemple  que  Boios  et  Bogios  paraissent  être  le  même  mot.  En  vieil  irlan- 
dais màa  ou  m6a  =  mà-jans  ou  mô-jans  (Gr,  C,  p.  276),  est  identi- 
que au  latin  mà-jor  =  mag-jons,  et  par  conséquent  suppose  une  forme 
plus  ancienne  mag^-jans  ou  mog-jans.  Le  g  de  la  racine  mog  est  conservé 
en  gaulois  dans  les  dérivés  Mogillonius  (Brambach,  1427),  Mogetus 
(Corpus,  Ulj  6jo6),  Mogit-marus(Jhidem,  ))2j),  MogetiusQbidem,  4568, 
$655),  Mogsius  (Brambach,  825  »),  Mogius  {Corpus,  III,  ^4iS)yMogian'' 
eus  (Ibid.^  4944)-  La  même  racine  se  trouve  dans  un  nom  de  divinité  de 
la  Grande-Bretagne  :  M.  Hubner  nous  donne  les  dédicaces  :  DEOMOGTI 
(320),  DEO  MOGONTI  VITIRE  (9j8),  DEO  MOGONTI  CAD  (996), 
où  le  g  est  conservé;  et  les  dédicaces  :  DEO  MOVNTI  (321),  DEO 

1 .  Ce  volume  a  été  en  grande  partie  composé  avec  des  notes  fournies  par  notre  savant 
collaborateur,  M.  J.  Rhys. 

2.  Jloxiu/et  Moxsius,  Corpus,  VII,  1336,  7)6-7)8,  sont  des  variantes  orthographi- 
ques de  Mogsius^  qui  lui-même  n'est  qu'une  variante  assibilée  de  Mogetiiu. 


268  Bibliographie, 

MOVNO  CAD  (997),  DIS  MOVNTIBVS  (io}6),  où  le  g  est  tombé».  Un 
nom  d'homme,  dérivé  du  nom  divin  Mogontis^  est  Mogontonius  (Bram- 
bach  1988).  Mogontiaam,  «  Mayence  »  (Desjardins,  Géographie  de  la 
Gaule  y  p.  58-59)^  en  est  également  issu.  De  Mogetias^  nom  d'homme  cité 
plus  haut,  vient  Mogetiana,  nom  d'une  ville  de  Pannonie  Qtin.  Anton. , 
233-4').  Aiiisi  dès  l'époque  romaine,  le  g  de  la  racine  mag  ou  mog,  tou- 
jours supprimé  dans  le  comparatif  irlandais^  est  tantôt  conservé  tantôt 
supprimé  dans  les  monuments  de  la  Grande-Bretagne. 

Ici  donc,  des  exemples  nouveaux  confirment  une  loi  phonique  ensei- 
gnée par  la  Grammatica  celtica.  Ailleurs,  c'est  le  contraire  qui  a  lieu. 
Ebel,  étudiant  la  loi  néo-celtique  de  la  métathèse  de  l'r,  a  cru  trouver 
un  exemple  de  ce  phénomène  au  temps  de  l'empire  romain,  dans  le 
Belatur<ardu$  itViMTdXon,  43,  i,  etd'Orelli,  1966  [Gr.  C.»  p.  169,  cf. 
764)  :  mais,  au  lieu  de  Belatu-cardus,  il  faut  lire  Belaiu-^adrus  (Hûbner, 
9)7,  p.  168);  par  conséquent  la  métathèse  est  le  résultat  d'une  erreur 
commise  par  les  premiers  éditeurs,  et  ne  peut  être  mise  sur  le  compte  de 
la  langue  ni  même  du  lapicide. 

Les  trois  dialectes  néo-celtiques  que  Zeuss  a  réunis  sous  le  nom  de 
breton  (gallois,  comique,  armoricain),  possèdent  en  commun  deux 
spirantes  gutturales  étrangères  à  l'irlandais  :  i^'le  c'h,  2®  Vh  qui  est  un 
c'h  affaibli.  Suivant  la  Gr.  C.'p.  12  5,  ces  deux  spirantes  gutturales,  dans 
les  monuments  les  plus  anciens,  proviennent  l'une  et  l'autre  tantôt  d'un 
s,  tantôt  d'un  x  primitif  :  de  nombreux  exemples  justifient  cette  théorie. 
Un  nom  d'homme  curieux  à  étudier  pour  l'histoire  de  ces  deux  spirantes 
gutturales,  est  celui  d'ISARNINVS,  IXARNINVS,  ISXARNINVS  (1270^ 
écrit  à  la  pointe  sur  des  vases  d'étain  découverts   à   Icklingham, 

1 .  Le  nom  du  dieu  gaulois  Mogontis  dérive  de  la  même  racine  que  le  nom  du  dieu 
Maius  des  Latins  (Orelli,  $6 37)»  et  que  le  nom  de  MaCevc,  dieu  suprême  des  Thraces 
(Pick  dans  les  Beitr.^  vil,  j8 1-382). 

2.  En  vieil  irlandais  on  dit  indifféremment  môr  =  môros  =  mog-ro-s^  ou  mâr  =  mâns 
=imag-ro-s  «  grand  »  au  positif,  et  môa  =  mà-jans  =  rnog-jans  ou  mâa  =  mâ-jans  = 
ma^-jans  au  comparatif.  En  gaulois,  nous  trouvons  de  même  la  racine  dont  il  s'agit, 
écrite  tantôt  avec  un  a  tantôt  avec  un  0.  En  regard  des  noms  d'homme  Mogetus  d'une 
inscription  romaine  du  Noric^ue  {Corpus,  III,  6506),  et  Mogit-marus  d'une  inscription 
romaine  delà  Pannonie  inférieure  [Ibid.y  III,  3525),  on  peut  mettre  un  nom  de  ville  de 
la  Gaule  Transalpine  mentionné  par  César,  de  Bello  gallico,  I,  31,  Ad-mageto-briga. 
Tandis  ({ue  les  inscriptions  de  la  Grande-Bretagne  écrivent  avec  un  0  le  nom  du  dieu 
Mogontis,  tandis  que  deux  inscriptions  romaines,  des  monnaies  mérovingiennes,  Vltini- 
rain  d'Anîonin,  écrivent  avec  un  0  le  dérivé  Mogontiacum,  Tacite  écrit  ce  dérivé  Magon- 
tiacum  avec  un  a,  qu'on  retrouve  dans  l'anonyme  de  Ravenne,  et  qui  a  définitivement 
prévalu  dans  l'orthographe  Mainz  des  Allemands,  et  dans  l'orthographe  «t  Mayence  »  des 
Français.  Lt  Mogius  d'une  inscription  du  Norique  {Corpus,  III,  $455)  a  pour  pendant, 
non-seulement  le  ^entilicium  latin  Magius  (Fabretti,  Glossarium  Italicunty  col.  1092),  mais 
un  mot  gaulois  identique  qui  se  rencontre  dans  les  composés  Magio-rix  (Brambach, 
1867),  M agi-marus  {Corpus,  III,  5272),  et  dans  les  dérivés  Jfâ^rjjii  (Brambach,  1780, 
Corpus,  m,  3695),  Magilo  {Corpus,  II,  809,  86$ ,  263,  30$!),.  et  Taxi-magulus  (César;. 


Bibliographie,  269 

Sufiblk.  Ce  nom  parait  dérivé  du  thème  tsarno,  dont  la  présence  a  été 
constatée  déjà  dans  le  nom  de  lieu  gaulois  Jsarno-dorum,  et  qui  signifie 
«  fer  »  (Gr.  C* ,  p.  774).  La  sifflante  s  s'est  affaiblie  en  /i  et  a  été  trans- 
posée dans  le  gallois  haiarn,  dans  le  breton  armoricain  houarn,  plus 
anciennement  hoiarn  [Cart,  de  Redon),  qui  supposent  un  primitif  l^ar/io  ; 
l^'Iandais  îarn  a  la  même  voyelle  que  le  gaulois  tsarnOy  et  a  perdu  Vs  que 
les  dialeaes  bretons  ont  déplacé  et  altéré.  La  variante  IXARNINVS  ou 
ISXARNINVS  avec  X  et  SX,  valant  étymologiquement  ; ,  mais  représen- 
tant évidemment  un  son  plus  dur  pour  les  organes  romains,  parait 
démontrer  que  dès  l'époque  romaine,  le  son  c'^  existait  dans  ce  nom 
d'homme.  Les  Bretons  émigrés  transportèrent  en  Armorique  la  variante 
examinas  de  ce  nom  :  au  ix^  siècle  elle  était  chez  eux  devenue  Huiernin^ 
Hoiernin  (Cart.  de  Redon,  pp.  8,  70),  forme  à  peine  reconnaissable 
aujourd'hui  dans  la  seconde  moitié  du  nom  du  village  moderne  de  Plu- 
herlin  (Morbihan).  Merlin  =iisarninuSj  et  dérive  de  houarn  «fer», 
anciennement  isarno  ou  tsarno^.  Le  gaulois  îsarno-,  isarno-  «  fer  »,  est 
identique  au  gothique  eisarna-  qui  a  le  même  sens.  Les  langues  celtiques 
et  les  langues  germaniques  bien  que  si  différentes  grammaticalement, 
désignent  le  fer  par  le  même  mot,  dérivé  du  vieux  mot  indo-européen 
ajas  ((  métal  »  :  c'est  aussi  par  un  dérivé  d^ajas  que  le  sanscrit  et  le  zend 
désignent  le  fer.  Le  zend  a  été  la  langue  des  Scythes^  longtemps  maîtres 
d'une  grande  partie  de  l'Europe,  et  célèbres  même  en  Grèce  comme 
fabricants  de  fer.  D'autre  part  le  nom  latin  du  fer,  celui  dont  nous  Fran- 
çais nous  nous  servons,  est  d'origine  sémitique.  Nous  trouvons  donc 
dans  l'Europe  du  Nord  un  courant  de  civilisation  de  provenance  orien- 
tale et  scythique,  indépendant  du  courant  phénicien  qui  dominait  princi- 
palement à  l'aube  de  l'histoire,  dans  le  bassin  de  la  Méditerranée. 

Ce  qui  me  frappe  le  plus  dans  les  inscriptions  chrétiennes  les  plus 
anciennes  de  la  Grande-Bretagne,  de  4^0  à  750  environ,  quand  je  les 
compare  aux  inscriptions  contemporaines  de  la  Gaule,  c'est  ce  fait,  que 
ceux  qui  ont  écrit  les  inscriptions  chrétiennes  de  la  Grande-Bretagne, 
avaient  perdu  tout  sentiment  de  la  distinction  des  cas  à  une  date  où  la  dis- 
tinction du  nominatif  ou  cas  sujet,  d'une  part,  et  du  cas  régime  d'autre 
part,  était  en  France  si  profondément  sentie.  On  n'aurait  pu  en  France 
écrire  sans  1'^  finale  caractéristique  du  nominatif  :  Broeagan  hic  jacit 
(Hùbner,  i  ^)  ;  Latini  hic  jacit  filius  Magari  (17);  Turpilli  ic  jacit  (34); 
Cunocenni  filius  Cunocenni  hic  jacit  (48)  ;  Dervaci  filius  Justi  ic  jacit  (50)  ; 

I.  Le  nom  à'Isseminus  porté  par  un  èvéque  irlandais  du  v*  siècle  (Migne,  Patrologie 
latine,  t.  LUI,  col.  824),  paraît  identique  au  nom  d'homme  breton  dont  il  s'agit  ici. 


270  Bibliographie, 

cruxSalvatoris  f  lue  préparavit  Samsoni  apaù  pro  anima  sua  (62)  ;  Vendu- 
magli  hic  jacit  (64)  ;  ConbelUni  posait  hanc  cracem  (67)  ;  Boduoci  hic  jadt 
filius  Catotigirni  (71);  Evolenggifili  Litogeni  hic  jacit  (97),  etc.;  dans  tous 
ces  exemples  Vs  final  du  nominatif  manque  :  ailleurs  on  a  mis  Vs  au  cas 
régime  :  Catacus  hic  jacit,  filius  Tegernacus  ()6);  Hic  jacet  Cantusus  pattr 
Paulinus  (77);  Carausius  hic  jacit  in  hoc  congeries  lapidum  (136).  Ces 
inscriptions  viennent  de  la  Cornouaille  et  du  pays  de  Galles,  et  dles  se 
répartissent  entre  les  trois  âges  que  M.  H.  a  distingués  parmi  ces  iiis> 
criptions  chrétiennes  les  plus  anciennes  '.  Il  est  évident  que  ceux  qui  ont 
écrit  ces  inscriptions  avaient  perdu  le  sentiment  de  la  distinction  des  cas: 
par  conséquent  il  est  très-vraisemblable  que  dès  la  date  des  plus  ancien- 
nes inscriptions  chrétiennes,  c^est-à-dire  vers  l'an  joo,  la  langue  celtique 
parlée  en  Bretagne  avait  perdu  sinon  toutes  ses  flexions  casuelles,  au 
moins  Vs  final  du  nominatif  singulier  que  le  français  a  si  longtemps  con- 
servé. Des  gens  qui  auraient  eu  dans  leur  langue  Vs  final  du  nominatif 
singulier  n'auraient  pas  ainsi  traité  la  langue  latine.  Je  ne  puis  admettre 
d'autre  explication  de  ce  phénomène  grammatical,  et  je  considère  comme 
insoutenable  l'hypothèse  de  M.  Hùbner,  qui  prétend  justifier  cette  syn- 
taxe barbare  par  des  verbes  sous-entendus  (p.  x). 

Une  question  intéressante  est  soulevée  par  les  inscriptions  funéraires  de 
QuenataucoSy  fils  de  Dinvi  (3)  ;  de  QuenvendanoSy  fils  de  Barcunos  (91);  et 
par  les  six  autres  inscriptions  dans  lesquelles  le  p  du  breton  map  est 
remplacé  par  le  ^11  irlandais  (24,  83,  106,  107,  108,  109^).  De  la  pré- 
sence de  ce^u,  notre  savant  collaborateur  M.  Rhys,  a  condu  que  les 
Bretons  de  l'époque  romaine  n'avaient  pas  encore  substitué  au  qu  pri- 
mitif gardé  par  les  Irlandais,  lep  qu'on  trouve  incontestablement  dans  les 
monuments  gaulois  de  l'époque  romaine  sur  le  continent.  Mais  ltqu  =  p 
dans  la  Grande-Bretagne,  vers  le  vi®  siècle  de  notre  ère,  peut  s'expli- 
quer très-bien  par  l'influence  des  Irlandais,  influence  attestée  à  cène 
date  par  l'emploi  des  caractères  oghamiques  inconnus  en  Grande- 
Bretagne  dans  la  période  romaine,  et  le  système  de  M.  Rhys  est  incon- 
ciliable avec  l'existence  antérieure  des  monnaies  bretonnes  où  on  lit  les 
noms  d'Eppillos  et  d'Epaticcos,  dérivés  i'epos  «  cheval  »  =  equus  (Ritif' 
Celt.,  I,  295,  cf.  Wright,  The  Celt,  3*  éd.,  pp.  40,  m).  Nous  n'avons 
donc  aucune  raison  pour  soutenir  que  Ptolémée,  en  écrivant  au  n* 
siècle  'Ëice(axov  (II,  2,  16)  l'ancien  nom  de  Lanchester,  ait  arbitraire- 

1.  i'*pèriode4îo-5jo^  2"  période  550-650,  }•  période  650-750  environ.  Ces  trois 
périodes  sont  les  subdivisions  de  l'époque  des  majuscules,  vient  ensuite  l'époque  des 
minuscules. 

2.  A  la  première  période  appartiennent  )  et  106,  à  1»  deuxième  24,  8;,  91»  Î09;  107 
est  de  date  incertaine. 


BibUograffhie,  271 

ment  représenté  par  p  une  lettre  prononcée  ^u  par  les  habitants  du  pays. 
îletouapCa,  autre  nom  de  ville  de  Grande-Bretagne  chez  le  même 
Ptolémée  (II,  2,  17),  parait  dérivé  du  mot  qui  est  écrit  petguar  dans  un 
des  plus  anciens  monuments  bretons  et  qui  est  identique  au  latin  ^uafuor. 
Le  premier  terme  du  nom  de  Penno-cruciunif  donné  à  une  ville  de 
Grande-Bretagne  par  l'Itinéraire  d'Antonin,  vers  le  m*'  siècle,  serait  difB- 
ctiement  distingué  du  breton  pen  «  tète  »,  en  irlandais  cen  identique  au 
premier  terme  du  Quen-vendanos^  ce  homme  à  la  tète  blanche  »,  cité  plus 
haut  d'après  une  inscription  chrétienne,  gravée  vers  l'an  600.  On  pour- 
rait mentionner  aussi  le  dieu  breton  Maponus,  de  map  «  fils  »  [Hûbner, 
218,  j  32,  1 345) ,  qui  nous  donne  encore  un  exemple  de  p  breton  dans  la 
période  romaine.  Je  persiste  donc  à  croire  que  les  Celtes  de  la  Grande- 
Bretagne  avaient,  dès  la  période  romaine,  changé  en  p  le  qu  primitif; 
et,  sans  affirmer  que  cette  révolution  phonique  eût  été  chez  eux  plus 
complète  qu'en  Gaule,  où  nous  avons  la  Sequana  et  les  Seqmni,  je 
considère  comme  une  importation  irlandaise  le  qu  des  quelques  ins- 
criptions chrétiennes  archaïques,  où  Pon  a  constaté  cette  anomalie  gra- 
phique. 

Bien  que  j'aie  annoncé  en  commençant  l'intention  de  ne  parler  que  de 
linguistique,  je  ne  puis  m'empècher  de  signaler  en  terminant  une  obser- 
vation archéologique  très-curieuse  de  M.  Hubner.  L'usage  breton  dans 
la  période  chrétienne  archaïque  (450-750)  est  de  tracer  les  lignes  des 
inscriptions  funéraires  parallèlement  à  la  hauteur  du  monument,  tandis 
que  l'usage  romain  est  de  tracer  les  lignes  perpendiculairement  à  la  hau- 
teur du  monument.  L'usage  des  Bretons  chrétiens  a  existé  à  la  fois  chez 
les  Bretons  insulaires  et  chez  leurs  frères  transplantés  au  v"  et  au  vie 
siècle,  sur  le  continent  armoricain'.  Or,  on  a  trouvé  dans  la  Gaule 
cisalpine  quelques  monuments  funéraires  élevés  sous  l'empire  romain  à 
des  personnages  d'origine  celtique,  et  dans  lesquels  l'inscription  est  tra- 
cée conformément  à  l'usage  des  Bretons  chrétiens,  c'est-à-dire  parallèle- 
ment à  la  hauteur  du  monument.  Un  de  ces  monuments  de  la  Gaule 
cisalpine  parait  pouvoir  être  daté  du  siècle  d'Auguste,  tandis  que  les 
mcmuments  analogues  les  plus  anciens  de  la  Grande-Bretagne  et  de  la 

1.  Qgun-yaidanos  =  QueMO-vinianos,  est  un  diminutif  du  Pennoo-yindos  (à  la  tête 
blanche),  des  monnaies. 

2.  Albeit  le  Grand,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  La  providence  de  Dieu  sur  les  justes, 
pi.  IV,  a  publié,  en  1640,  un  monument  de  cette  catégorie,  trouvé  à  Plourin,  Finis- 
tère, arrondissement  de  Morlaix.  Nous  citerons  aussi  une  notice  de  M.  Rosenzweig,  dans 
les  Mémoires  lus  à  la  Sorbonne,  Archéologie,  1863,  p.  157,  fig.  1*  p.  158,  fig.  11.  Une 
étude  comparée  de  ces  monuments  et  des  monuments  analogues  de  la  Grande-Bretagne, 
serait  trb-profitable,  et  les  fac-similé  qu'a  donnés  M.  Hiibner  faciliteraient  grandement 
cette  émde. 


272  Bibliographie. 

Bretagne  armoricaine  ne  seraient  guère  antérieurs  au  vi«  siècle  de  notre 

ère.  Comment  se  fait-il  que  dans  la  Gaule  transalfnne,  il  n'ait  été  signalé 

jusqu'à  présent  aucun  fait  archéologique,  semblable  à  ceux  que  M.  Hûbner 

nous  indique  dans  la  Gaule  cisalpine  ? 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

P.-S.  La  première  partie  du  tome  VI  du  Corpus  inscriptionum  latina-- 
rum  vient  de  paraître.  Elle  comprend  la  suite  des  inscriptions  de  la  ville 
de  Rome,  dont  les  plus  anciennes  ont  été  insérées  dans  le  tome  I'^ 
Naturellement  on  peut  glaner  quelques  noms  gaulois  dans  ce  volume 
nouveau.  Nous  signalerons  au  n»  2407,  un  soldat  des  cohortes  vigfles 
nommé  Totatigens  =  Totati^genos,  c'est-à-dire  fils  de  Totaiis.  Totaûs  est 
une  variante  nouvelle  du  Teutates  de  Lucain,  I,  44$^  dont  le  nom  est 
écrit  Toutatis  dans  une  inscription  du  Norique  trouvée  à  Seckau,  Styrie, 
en  1863  (Corpus,  Ili,  $320),  et  dans  une  inscription  du  Musée  Britan- 
nique, tirée  d'une  carrière  de  l'Herfordshire  en  1743  (Corpus^  VII,  84). 
On  connaît  un  certain  nombre  de  noms  d'homme  gaulois,  dont  -^^no^est 
le  second  terme.  Tels  sont  Cintu-^genus,  Litu-genUy  Vro-geno-nertus,  Ogri- 
£e/ia5 (Gluck,  K.  N.,  p.  168).  Mais  la  plus  intéressante  à  citer  id  est  le 
nom  de  Camulo^enus^  chef  gaulois  mentionné  par  César,  VII,  57-59. 
Dans  Camulo-genus,  le  premier  terme  est  un  nom  de  dieu  comme  dans 
Totaîi'gen[o]s,  et  les  deux  dieux  gaulois  dont  il  s'agit  ont  été,  dans  la 
période  romaine,  assimilés  au  Mars  des  Latins. 

H.  D'A.   DE  J. 


ArchaBological  Essaya,  bythelateSirJames  Y.  Simpson,  Bart.  M.  D., 
D.  C.  L.,  One.of  Her  Majesty's  Physicians  for  Scotland,  and  Pro- 
fessor  of  Medicine  and  Midwifery  m  the  University  of  Edinburgh, 
edited  by  John  Stuart,  L.  L.  D.,  Secretary  of  the  Society  of  Anti- 
quaries  of  Scotland.  Edinburgh,  Edmonston  and  Douglas,  1872, 2  vol. 
petit  in-40  de  xxi-274  et  344  p. 

Sir  James  Y.  Simpson,  un  des  plus  éminents  médecins  d'Edimbourg, 
mort  il  y  a  quelques  années,  était  en  même  temps  un  des  premiers 
archéologues  de  l'Ecosse,  et  ses  amis  ont  à  juste  titre  pensé  utile  de 
réunir  ses  principaux  mémoires  d'archéologie  et  d'histoire  épars  dans 
diverses  revues,  souvent  peu  accessibles,  d'Ecosse.  Ce  recueil  posthume 
dû  aux  soins  de  M.  John  Stuart,  secrétaire  de  la  Société  des  antiquaires 
d'Ecosse,  vient  s'ajouter  à  un  livre  publié,  il  y  a  dix  ans,  par  Sir  James 
Simpson,  sur  certaines  sculptures  grossières  et  primitives  de  rochers 


Bibliographie.  273 

d'Ecosse  et  d'Angleterre  <.  Le  sommaire  suffira  pour  en  montrer  l'in- 
térêt : 

T.  I,  p.  1-66.  L'Archéologie  y  son  œuvre  passée  et  future.  Discours 
adressé  à  la  Société  des  antiquaires  d'Ecosse  en  ouvrant  l'année  1 860- 
61 .  C'est  un  programme  des  études  archéologiques  dans  lequel  sir  James 
se  rappelant  le  sens  étymologique  de  ce  mot^  y  fait  entrer  les  traditions 
morales,  c'est-à-dire  les  croyances  et  usages  du  peuple  aussi  bien  que 
les  traditions  matérielles  que  fournissent  les  monuments  et  les  ruines.  H 
fournit  en  exemple  des  faits  curieux  de  superstitions  encore  pratiquées 
en  Ecosse.  Il  communique  en  même  temps  des  détails  sur  les  dolmens 
détruits  en  Ecosse  à  une  époque  historique,  et  sur  des  poteries  du  genre 
dit  préhistorique  encore  en  usage  dans  certains  districts  des  îles  Hé- 
brides. 

P.  68-1 36.  Sur  un  ancien  oratoire  à  toit  de  pierre  dans  Vile  d'inchcolm, 
avec  gravures  et  plans.  Le  nom  de  cette  petite  localité  (qui  est  mentionnée 
au  début  du  second  acte  du  Macbeth  de  Shakespeare)  signifie  ile  de  Co- 
lumba.  C'est  la  seule  ile  sur  la  côte  orientale  de  l'Ecosse  qui  porte  le 
nom  de  ce  grand  saint.  Cet  oratoire  appartient  au  type  des  cella  de  l'an- 
cienne église  d'Irlande,  mais  il  en  diffère  par  la  disposition  de  son  toit  de 
pierre.  La  réimpression  de  cet  article  est  accompagnée  de  notes  du 
savant  irlandais  Pétrie. 

P.  137-197.  La  Cat-Stane,  à  Kirkliston.  C'est  la  pierre  qui  porte 
l'inscription  souvent  discutée  :  in  hoc  tu  11  mulo  iacit  U  vetta  F.  11 
viCTi.  Sir  James  S.  veut  voir  dans  cette  pierre  le  monument  funéraire 
de  Vetta,  grand-père  d'Hengist  et  d'Horsa. 

P.  199-217.  De  quelques  pierres  amulettes  Ecossaises.  Traite dequelques 
superstitions  médicales  de  l'Ecosse.  L'auteur  a  eu  l'occasion,  comme 
médecin,  d'en  observer  plusieurs  qui  l'ont  intéressé  comme  archéologue 
en  donnant  à  ce  nom  le  sens  large  et  libéral  qu'il  lui  donnait  lui-même. 

P.  215^274.  La  grande  pyramide  de  Gizeh  est-elle  un  monument  métro- 
logique  ? 

T.  II,  p.  1-184.  De  la  lèpre  et  des  léproseries  en  Ecosse  et  en  Angleterre. 
Traité  complet  sur  la  question. 

P.  185-195.  D^  quelques  vases  grecs  de  médecine  destinés  à  contenir  du 
Lykion  et  de  l'emploi  moderne  de  la  même  substanu  dans  llnde.  Cette 
substance  que  les  médecins  grecs  faisaient  venir  d'Asie  et  employaient 
comme  collyre,  reste  encore  au  même  usage  dans  la  médecine  indigène 

I.  Arckaic  sculpturings  of  Cups,  CircleSy  etc.,  upon  Stones  and  Rocks  in  Scotlandj  En- 
gland  and  other  countries.  Edinburgh,  1867. 

Rev.  Celt.  ///  1 9 


274  Bibliographie, 

de  l'Inde  et  a  été  employée  avec  succès  par  des  médecins  européens 
contre  des  inflammations  de  la  conjonctive, 

P.  197-227.  L'armée  romaine  était^elle pourvue  de  médecins  militaires^ 
Courte  dissertation  sur  le  service  médical  des  armées  romaines,  question 
que  M.  le  D'  Briau  met  en  ce  moment  à  l'ordre  du  jour  de  notre  acadé- 
mie des  inscriptions. 

P.  229-299.  Anciennes  marques  d'oculistes  romains.  Notice  sur  les  mar- 
ques trouvées  ou  conservées  en  Grande-Bretagne  et  mises  à  profit  par 
Grotefend  dans  son  œuvre  classique  sur  la  matière.  La  notice  de  Sir 
J.  S.  est  accompagnée  de  dessins  fac-similé. 

P.  301-344.  Des  plus  anciennes  mentions  de  la  syphilis  en  Ecosse,  La 
première  est  un  édit  prophylactique  de  la  municipalité  d'Aberdeen  en 
date  du  23  avril  1497,  c^est-à-dire  quatre  ans  et  trente-huit  jours  après 
la  date  du  premier  retour  de  Christophe  Colomb  en  Espagne.  La  pre- 
mière ordonnance  analogue  des  autorités  parisiennes  est  du  6  mars 
i497>  c'est-à-dire  antérieure  seulement  de  quarante-*huit  jours  à  celle 
d'Aberdeen. 

On  voit  par  ce  rapide  sommaire  que  ces  deux  volumes  présentent  une 
grande  variété  de  sujets,  traités  par  Sir  James  Y.  Simpson  avec  la  double 
compétence  du  médecin  et  de  l'érudit.  En  exhumant  pour  ainsi  dire  ces 
mémoires  des  revues  écossaises  (archéologiques  et  médicales)  où  ils 
étaient  publiés,  M.  John  Stuart  a  rendu  service  au  monde  savant,  en  même 
temps  qu'il  élevait  un  monument  durable  à  la  mémoire  de  son  illustre  ami. 

H.  G. 


Leabhar  Breac,  the  Speckled  Book,  otherwise  styled  Leabhar  m6r 
Dûna  Doighre,  the  Great  Book  of  Dûn  Doighre,  a  collection  of  pièces 
in  Irish  and  Latin,  compiled  from  ancient  sources  about  the  close  of 
the  fourteenth  century  :  now  for  the  first  time  publîshed  from  the  ori- 
ginal manuscript  in  tne  library  of  the  Royal  Irish  Academy.  Part  I, 
Dublin  1872;  Part  II,  Dublin  1875. 

The  second  part  of  the  lithographie  fac-similé  of  the  Lebar  Brecc  has 
at  last  been  published  by  the  Royal  Irish  Academy,  and  the  list  of  corri- 
genda  — four  hundred  and  eighty  in  number  —  shews  that  the  criticisms 
on  the  first  part,  which  hâve  appeared  in  this  Review,  hâve  not  been 
altogether  fruitless. 

On  the  présent  occasion  I  propose  merely  to  notice  some  of  the  mis- 
translations  and  misreadings  to  be  found  in  the  Description  of  the 
Contents  prefixed  to  the  first  and  second  parts  of  thelithograph. 


BibUographie.  27^ 

P.  I.  The  adjective /oit/iecÀ  is  rendered  'ime\  It  is  a  derivative 
from  the  n-stem /o^flm  *  patience'  and  means  'patient\ 

P.  2, 1.  7.  0  thoelruain  is  rendered  ^O'Moelruain'.  Tfae  words  mean 
'from  Moel-nlain^ 

The  prose  version  of  the  rule  of  the  Guidées  was,  it  would  seem, 
taken  from  Moelruain^s  metrical  version. 

P.  3,  l.  38.  The  adjcctive  co^m  is  rendered  *faithftilMt  means 'lovable, 
dear'^  and  is  identical  with  Corn,  cuf,  Br.  cuff,  W.  eu,  ail  from  *cupima, 
a  derivative  from  tfae  root  cup  in  the  latin  cupio.  Fick),  i.  5  36. 

P.  4,  Une  15,  labra  is  rendered  '  words  ^  but  it  is  an  ia-stem,  hère  in 
the  ace.  singular,  and  means  'utterance'.  It  is  the  Welsh  llaferydd,  The 
nom.  sg.  occurs  in  the  Félire  at  Feb.  8  (ba  um  Cristalabra),  the  dat.  sg. 
in  LU.  15  {oc  nuall  7  oc  labra  môr). 

—  Une  18.  imrordus  (=  im-ro-râdus)  thefirstsg.s-preterite  otimrdi- 
dirriy  M  think  of ,  M  commemorate'  (Goth.  ga-redan),  is  rendered  by  M 
celebrate'. 

The  cognate  substantive  imradud  occurs  p.  26,  where  it  is  rendered 
«  to  mention  ». 

—  Line  37.  The  quatrain  in  the  Félire,  Jan.  i ,  relating  to  the  Circum- 
cision,  begins  thus  : 

Re  sil  dalach  doine  taided  in  ri  remain  ■,  i.e.  ^  Before  men's  multitudi- 
nous  seed  let  the  prééminent  King  (Ghrist)  advance\  The  Royal  Irish 
Academy  aaually  renderthefirst  three  words  of  the  easy  passage  by 
*  With  the  race  of  Dalach". 

P.  6,  line  26,  amne  is  rendered  'alone'.  It  means  ^thus^ 

—  Line  33,  ^don  tarmchrutta  (!)  is  rendered  'of  the  Transfiguration \ 
The  Academy  say  that  *'  the  first  part  of  the  title  [don  ta]  being  obscure 
has  been  omitted  in  the  lithograph,  but  it  is  to  be  found  in  p.  107,  col.  i^ 
Unes  27-33".  Whenwe  look  at  P-  ï07i  '•  27,  we  find  nothing  of  the 
kind,  but  coibnius  na  Uachtan-sa  in  tarmchrutta^  which  is  quite  right  and 
means  '^  the  concordance  of  this  lesson  of  the  Transfiguration'.  The  com- 
piler of  the  Description  obviously  supposes  that  tarmchrutto  (the  gen. 
sg.  of  tarmchnithud)  is  a  dative.  For  fais  ^^don  tarmchrutta*'  (which  is  as 
good  Irish  as  Tcp  \isxa\koptffixseoq  would  be  good  ^'Greek'^)  read  [Liachtu 
in  ta]rmchrtttta  Mectio  vf^ç  transformationis'. 

P.  7,  erim  [leg.  érim]  glan  is  rendered  'with  pure  wisdom'.  It  means 
^a  pure  course  %  and  is  one  of  the  stupid  chevilles  which  deform  neo- 
celtic  poetry. 

^  I.  This  is  how  the  words  sund  in  the  ms.  They  should  of  course  be  Ri  sM  dâlach  dbint 
tôided  in  ti  remain. 


276  Bibliographie. 

P.  9,  Une  2,  airecc  nan  aspul  is  rendered  'Occupations oftheaposdes'. 
It  means  ''Finding  of  the  Apostles'^  sdl.  by  Christ.  The  gen.  sg.  of 
airecc  occurs  infra  p.  20  (scelaairicc  na  crochi),  where  by  good  luck  it  is 
rightiy  rendered. 

P.  13, 1.  15,  roforbair  in  cretem  cristaide  is  rendered  'the  Christian 
faith  bas  been  perfeaed^'.  It  means,  of  course,  ''the  Christian  belief  has 
incTeased*\ 

P.  14, 1.  8,  iarfaigther  is  rendered  'itshalibe  inquired'.  It  is  a  présent 
and  means  'it  is  asked'. 

P.  15,  antepenultimate  Une,  dosfil  is  rendered  'there  cornes '\  It 
means  'thereis^ 

P.  16,  Une  7,  anfaidis  rendered  'they  wiU  stop'.  It  is  the  ^d  sin- 
gularand  means  '  he  will  stay'. 

Line  20,  domarfasa  is  rendered  "  I  hâve  seen  ".  It  means  'has  been 
shewn  to  me'  (da-m-arfas-sa). 

P.  21,  line  },  saigde  is  rendered  ^temptations'  :  it  means  'arrows', 
and  ^darts'  and  is  a  loan  from  sagitta, 

P.  22,  line  2(,  Coscis  rendered  'allaying'.  It  means  'correaion'. 

P.  2  j, line9,  recles  is  rendered  ' church'.  It  means  ' a  cell'  or  a  ' close' 
and  is  a  loan  from  reclusum. 

P.  24,  last  line  but  two,  marrattt  (leg.  mâr-rath^is  rendered  by  'great 
rewards'.  It  means  'great  grâce'. 

P.  2  j^  Une  17,  dech  is  rendered  ^meet',  but  it  is  the  irregular  super- 
lative of  maith  'good'  and  means  'best'. 

P.  26,  celltair  dichUl  is  rendered  ^Aegis'.  Ithas  nothing  to  do  with 
theshield  of  Zeus,  but  Uterally  means  'covering  of  protection',  and  is 
hère  applied,  Uke  lùrech  (lorica)  and  imchlod  (root  CLU  claudere)  to  a 
reUgious  poem  invoking  the  protection  of  angels,  saints  etc. 

P.  27,  line  2,  rogab  'was'  (G.  C.»  922)  is  rendered  by  "  assumed 
sovereignty  ». 

line  20^  as  mocean  is  written  as  mo  cean  and  is  actuaUy  rendered 
'Above  my  head'.  It  means  Mt  is  welcome'  :  mocen  is  written  mochenin 
LU.  25  a.  In  a  note  at  the  foot  of  LE.  p.  94,  it  is  written  mochinznd 
rendered  by  the  compiler  of  the  Description  of  contents,  p.  H,  'dear'. 

P.  29.  Hère  a  note  beginning  Da  chathair  is  in  oirrher  or  erig  in  ecnai 
7  in  gaisced  i.  e.  ' two  cities  —  (Athens  and  Rome?)  whence  came  wisdom 
and  valour'  is  explained  by  '^Note  on  the  advance  of  the  two  cities  — 
Wisdom  and  Valour  —  from  the  east  into  Eriu  or  into  Spain". 

P.  30, 1.  13,  micé  flann  is  rendered  ^'upon  the  son  of  Flann''.  It 
merely  means  '  I  (mise)  Flann  "  the  name  of  the  writer.  The  c  in  mice 


Bibliographie,  277 

hère  stands  for^  as  it  does  elsewhere  in  the  Lebar  Brecc,  e.  g.  in  tbe. 
Féljre,  Jan.  23,  where  ^Cebrianus'  is  written for  Severianus. 

Lines  36,  37,  oc  scribend  na  heathadrsa  lis  'writing  this  Life  below' 
is  printed  oc  scribend  na  beathad  sa  tir  and  rendered  ''  writing  this  Life 
in  this  country". 

P.  31,  Une  12,  a  quatrain  beginning  a  riboiî  choitchind  chraesaig  is 
rendered  0^  Riboit',  [?]  common  slave of  gluttony.  It  means  *'0  common 
gluttonous  ribald  !  "  Compare  the  Breton  Catholicon  :  Ribaut,  g.  c'est 
ribault  qui  va  a  autruy  femme.  1.  ribaldus. 

P.  32,  Une  10,  a/recur 'Ms  found'Msactually  rendered  '^isennobled'. 

—  Line  27,  ar^eis  *for  âge'  is  trisected  thus,  a  ro  eis^  and  rendered 
'  From  his  great  âge'. 

P.  33,  line  8,  no-iccfad  'that  would  cure'  is  rendered  *that  wiilcure'. 
Like  ignorance  of  theirish  tensesisdisplayed  in  the  same  page^  line  23^ 
where  ni  anait  mo  beoil  is  rendered  '^my  lips  shall  Jiot  cease".  and  in 
p.  34,  where  dogni  '^thou  doest"  is  rendered  ^is  being  done',  and  in 
p.  40,  line  6,  where  légfus  "  who  shall  read  "  is  rendered  '  who  reads'. 

P.  3  3,  last  line.  Hère  a  note  giving  the  number  of  the  quatrains  in  the 
Calendar  of  Oengus  (365  inthebody,  85  in  the  prologue^  141  in  the 
épilogue,  591  in  ail],  is  actually  explained  as  a  ''Summary  of  the 
number  of  saints  commemorated  in  the  Felire  of  Oengus  Celé  (sic)  Dé". 

P.  34,  line  9,  aliacht  lai  dam  ann  Mts  day's  lesson  to  me  there  '  is 
rendered  by  "  many  days  I  spent  there  ". 

Last  line,  a  corrupt  version  of  the  Unes  ^  einid  na  tairsit  ôca  dubthire 
dâ  glas  fota  ^  beware  that  warriors  come  not  to  the  black  lands  of  the 
two  long  streams'  (see  Cormac  Transi,  p.  69  s.  v.  Ende)  is  rendered 
sentimentally  ''Ene,  so  that  the  youth  of  thy  country  shaU  not  return 
to  their  own  green  sod". 

P.  35,  Une  34,  dremun  'madnesses'  is  rendered  ''allurements". 

Last  line  but  two,  m^mc 'fréquent',  'often'  is  rendered  'incessant'. 

P.  36,  line  10,  doairchis  ^spared'  is  rendered  *'  gave  protection  to'. 

—  Line  5,  cech  *  every'  is  rendered  '  very'.  Probably  a  misprint. 

P.  37,  Une  7,  *MaoHaide  Maria'  is  simply  the  Irish  way  of  writing 
the  EngUsh  '  M  y  Lady  Maria\ 

—  Line  9,  dobuaidredar  *they  disturbed'  is  rendered  *  they  modified'. 

—  Line  ^z^ferr-di  *the  better'  is  rendered  *Good  for'. 

P.  38,  Une  2,  Anataile  is  simply  AnatoUa  (àvaToXif])  the  Levant. 

—  Line  9,  ro-^halbhach  is  hère  rendered  'most  deceitful',  though  dal- 
bach,  p.  3j,  Une  2,  is  rendered  'duH'. 

—  Line  1 9,  bei  (leg,  bit]  is  rendered  'dced\  It  means  *  fault',  and  pro- 


278  Bibliographie, 

bably  cornes  from  *hesào  (^-2-ë9{i.a,  ^86(<r)|Aoç)  as  ùr  '  malus'  from  root 
pQ,  Curtius  Gr.  E.  No.  38),  asthe  loan  word  pùdar  'harm^  'error' 
from  the  latin  puior, 

P.  39,  Une  4,  âia  'a  due'  is  rendered  'adrink'. 

Line  1 9,  sldn  ^  haie  '  '  sound  '  is  rendered  '  compact'. 

But  the  most  elaborate  of  ail  the  blunders  is  in  p.  41.  Every  one 
knows  the  tradition  that  after  the  siège  of  Jérusalem  Titus  and  Vespasian 
**  said  of  the  Jews  they  sold  Christ  for  thirty  pièces  of  silver  :  let  us  sell 
thirty  of  them  for  one  denarius",  and  they  did  so'  (See  Cowper's  Ap(H 
cryphal  Gospels j  London,  1867^  pp.  439,  445).  In  the  lower  margin  of 
Lebar  Brecc  p.  266  there  is  the  following  note  referring  to  this  tradi- 
tion :  —  ...  indi  impir  .x.  n-lûdaidi  .xx.  dobmfs  er  pingend  in  [I]en]- 
salem.  Hoc  tinntûd  chunnartha  Cristho  Iûdu5,  that  is  '^the  two  empe- 
rors  used  to  give  thirty  Jews  for  a  penny,  inverting  the  bargain  as  to 
Christ  (made)  by  Judas".  The  compiler  of  the  Contents  reads  and  renders 
this  easy  passage  thus  :  indi  impir,  deich  niund  fichit  dobertfs  ér  pingend, 
in  [IJerusalem,  h-oc  tintûd  chunnartha  Christ  h-o  lûdas  ^' ...  the  two 
Emperors,  thirty  '  niund  '  [unga]  they  used  to  give  for  a  '  Pingend',  in 
Jérusalem,  in  restitution  of  the  covenant  of  Christ  by  Judas  ". 

The  incapacity  to  extend  correcdy  the  commonest  contractions,  which 
this  passage  évinces,  is  also  exemplified  in  p.  1 2,  where  cmmnech  ^mind- 
fui'  is  misread  cuimnemuh,  and  in  p.  30,  where cest  (=quaestio)  is  ac- 
tually  read  cacht^  though  the  cognate  cestnaigther  'quaeritur'  occurs  in 
almost  every  page. 

As  a  reward  for  pointing  out  the  above  blunders  (the  list  might  easily 
be  lengthened  by  Mr.  Hennessy  or  any  other  scholar)  I  trust  that  the 
Royal  Irish  Academy  will  allow  me  to  make  two  suggestions  for  their 
considération.  First,  that  in  the  préface  to  the  Book  of  Leinster  and  their 
subséquent  lithographie  publications,  they  will  mention  the  places  in  ail 
mss.  in  which  other  copies  of  each  pièce  may  be  found,  and,  secondly, 
that,  where  any  pièce  lithographed  hasbeenalready  printed  and  translatée!, 
they  will  give  the  référence  to  the  book^  author  and  date.  1  should  also 
like  to  recommend  the  active  members  of  the  Committee  of  publication 
andtheir  employées  to  leam  at  least  the  éléments  of  the  middle  Irish  gram- 
marand  vocabulary.  But  this  would  perhaps  be  unreasonable.  Est  modus 
in  rébus. 

W.-S. 
Calcutta,  Christmas,  1876. 


Bibliogfapkie.  279 

lÀvûB  of  the  Irlsh  Saints»  with  spécial  Festivals  and  the  Commé- 
morations of  Holy  Persons,  compiled  from  Kalendars,  Martyrologies 
and  various  sources,  relating  to  tne  ancient  Church  of  Ireland,  by  the 
Rev.  John  O'Hanlon,  M.  R.  I.  A.  Vol.  I,  gr.  in.  8odecLXxxvii-624p. 
Dublin,  Duffy,  1876. 

L'hagiographie  est  une  des  parties  les  plus  intéressantes  des  études 
irlandaises.  Elle  présente  à  la  fois  de  grands  missionnaires  comme 
St  Cdumba,  St  Colomban  et  tous  ces  Scoti  vagantes  qu'on  rencontre  en 
si  grand  nombre  en  France  et  en  Allemagne  aux  viii«  et  ix*  siècles,  et 
des  saints  comme  St  Brendan  autour  desquels  se  sont  groupées  de  poéti- 
ques légendes,  souvenirs  plus  d'une  fois  des  croyances  pré-chrétiennes 
de  l'Irlande.  Tous  les  saints  d'Irlande  sont  d'origine  populaire,  c'est-à- 
dire  que  leur  sanctification^  consacrée  par  la  «  voix  du  peuple  »  est  anté- 
rieure à  l'époque  où  les  papes  se  sont  réservé  la  prérogative  de  la 
canonisation.  Si  on  a  eu  tort  de  prétendre  que  rirlande  payenne  ait  été 
nommée  par  les  anciens  Insula  Sacra,  on  ne  peut  contester  que  plus  tard 
elle  n'ait  mérité  le  surnom  i^Insula  Sanctorum^  tant  on  y  trouve  de 
saints! 

Dans  une  introduction  de  près  de  deux  cents  pages,  M.  O'H.  passe  en 
revue  les  sources  manuscrites  et  imprimées  de  l'hagiographie  irlandaise, 
vies  anciennes  des  saints,  martyrologes,  recueils  d'hymmes,  de  litanies, 
ouvrages  d'histoire  ecclésiastique  indigènes  et  étrangères.  L'archéologie, 
la  topographie,  de  pieuses  pratiques  conservées  jusqu'à  ce  jour  aident 
aussi  à  localiser  ou  à  dater  des  saints  dont  l'histoire  se  détache  mal  de  la 
tradition. 

Quelques  uns  de  ces  saints  sont  même  l'objet  de  légendes  qui  se 
racontent  dans  le  peuple  irlandais.  «  Quelques  légendes  conservées 
dans  la  tradition  populaire,  dit  M.  O'H.,  sont  d'un  caraaère  au  plus 
haut  degré  ridicule  et  méprisable;  elles  ne  sont  pas  seulement  en  con- 
tradiction avec  le  sens  commun  et  avec  les  manifestations  ordinaires 
de  la  divine  providence  quand  elle  accomplit  des  œuvres  surnaturelles 
par  l'intermédiaire  de  ses  saints  serviteurs  ;  elles  sont  aussi  en  désaccord 
avec  les  actes  écrits  de  nos  saints.  Elles  mêlent  souvent  les  personnes, 
les  lieux,  les  dates  et  les  faits  dans  une  confusion  tellement  inextricable 
qu'elles  n'ont  aucune  valeur  historique  et  ne  peuvent  accorder  aucun 
secours  à  l'histoire.  »  Il  s'agit  là  des  contes  formés  autour  des  noms  et 
des  légendes  des  saints,  Qomme  il  en  existe  un  peu  dans  tous  les  pays, 
comme  ceux  de  Russie  qu'a  recueillis  Afanasiev  dans  un  recueil  spécial. 
Nous  ne  pouvons  reprocher  à  M.  O'H.  de  n'en  avoir  fait  qu'un  très  dis- 


28o  BibUographie, 

cret  usage  ;  mais  il  serait  désirable  que  ces  légendes  populaires  trouvas- 
sent un  collecteur  pour  qu'on  pût  les  comparer  à  celles  des  autres  pays. 
M.  O'H.  n'a  guère  demandé  au  présent  d'autres  renseignements  que  ceux 
d'ordre  topographique  et  archéologique,  quand  par  exemple  le  nom  d'un 
saint  attaché  à  un  oratoire,  ou  à  une  croix,  ou  à  une  fontaine  sacrée, 
atteste  que  le  saint  de  ce  nom  a  vécu  en  cet  endroit.  —  Le  merveilleux 
qui  se  rencontre  dans  la  vie  des  saints  irlandais,  et  celui  surtout  qui  n'a 
que  peu  ou  point  de  caractère  chrétien,  a  du  reste  un  grand  intérêt  au 
point  de  vue  mythologique.  Ce  sont  en  effet  des  débris  des  croyances 
pré-chrétiennes  de  l'Irlande  attachées  aux  saints  de  l'Irlande  chrétienne 
par  la  foi  populaire.  On  a  déjà  étudié  à  ce  point  de  vue  les  vies  des 
saints  irlandais  '  et  cette  mine  réserve  de  précieuses  découvertes. 

Ce  point  de  vue  —  que  nous  indiquons  pour  montrer  l'importance  du 
sujet —  n'est  pas  et  ne  pouvait  être  celui  de  M.  l'abbé  O'H.  qui  a  voulu 
faire  une  œuvre  d'histoire  ecclésiastique  et  nationale.  On  en  comprendra 
l'importance  quand  on  saura  que  ce  volume  ne  contient  que  les  saints  de 
Janvier,  et  on  en  appréciera  la  méthode  érudite  aux  notes  et  aux  réfé- 
rences qui  au  bas  de  chaque  page  donnent  son  autorité  au  texte. 

L'intérêt  de  cette  œuvre  n'est  pas  confiné  à  l'Irlande  ;  il  s'étend  à 
toute  l'Europe  occidentale  où  l'on  rencontre  des  Irlandais  comme  mis- 
sionnaires, comme  moines  et  comme  évèques  ;  ainsi  nous  trouvons  dans 
ce  volume  St  Chad,  évéque  de  Londres,  St  Erard,  missionnaire  à  Ratis- 
bonne,  St  Finan,  évèque  de  Lindisfarme,  St  Furseus,  abbé  de  Lagny^ 
St  Dichuil;  abbé  de  Lure,  etc.  L'introduction  seule  où  M.  O'H.  traite 
des  sources  de  l'hagiographie  irlandaise  est  une  importante  contribution 
à  la  connaissance  de  l'histoire  et  de  la  littérature  de  l'ancienne  Irlande. 
Nous  souhaitons  que  la  vie  et  la  santé  ne  manquent  pas  à  M.  l'abbé 
O'Hanlon  pour  continuer  cette  grande  entreprise,  qui,  achevée,  mettra 
son  nom  à  côté  de  ceux  des  grands  érudits  iriandais  du  xvii^  siècle^  des 

Colgan  et  des  O'Clery. 

H.  G. 


John  Rhys,  Lectures  on  ^Velsh  Phllology.  London,  Triibner,  1877, 
petit  in-8°,  xii-458  pages.  Prix  :  10  sh.  6  d.  (i  5  fr.  1 5). 

Nous  sommes  heureux  d'annoncer  ce  savant  ouvrage  de  notre  zélé 
collaborateur  M.  Rhys,  dont  les  lecteurs  de  la  Revue  cekique  ont  déjà 
constaté  tant  de  fois  la  science  et  la  perspicacité.  Dans  ce  volume  il  nous 

I.  J.  W.  Wolf,  înscht  und  Schottiscfu  HeiligenUben,  dans  le  t.  I.  de  la  Zeitschrift 
fur  Deutsche  Mythologie  (Gœttingue  18 $3).  Ces  études  n'ont  malheureusement  pas  été 
continuées. 


Bibliographie,  281 

donne,  revues  et  remaniées,  sept  leçons  faites  par  lui  au  collège 
d'Aberystwyth  '  en  1874.  Ces  leçons  ont  les  objets  suivants  :  1°  idées 
générales  sur  la  linguistique,  classification  des  langues  celtiques;  2^  con- 
sonnes galloises;  ^^  voyelles  galloises;  4"^  esquisse  d'une  histoire  du  gal- 
lois; 5"^  histoire  de  l'alphabet  latin  chez  les  Gallois;  6^  inscriptions 
ogharoiques^  7""  essai  d'une  histoire  de  l'alphabet  oghamique.  Suit  un 
appendice  divisé  en  trois  parties  :  i^  étude  sur  les  plus  anciennes  inscrip- 
tions chrétiennes  de  la  Grande-Bretagne,  2"*  recherches  sur  le  sens  des 
mots  maccu,  macoi^  maqvd,  macwy,  3^  examen  de  quelques  noms  de  mé- 
taux et  d'objets  métalliques  en  gallois.  Des  corrections  et  un  ample  index 
terminent  ce  beau  recueil. 

Des  leçons  comme  celles  dont  il  s'agit,  étant  destinées  à  vulgariser  des 
iiaits  déjà  connus  dans  le  monde  savant,  ont  en  général  plutôt  le  mérite 
de  l'exactitude  ou  de  la  clarté,  que  celui  de  la  nouveauté.  Cependant  ici 
l'esprit  original  de  l'auteur  s'est  fait  jour  souvent  par  d'intéressants 
aperçus,  qui  sont  toujours  instructifs  quoique  sur  quelques  points  j'aie 
des  objections  à  présenter.  Ainsi,  à  la  page  1 5 1 ,  M.  R.  considère  comme 
démontré  que  les  mots  galMs  cardody  ciwdod,  pont^  viennent  des  accu- 
satifs latins  caritatem,  civitaterriy  pontem,  et  tranche  ainsi  la  question  de 
savoir  si  une  partie  des  noms  imparisyllabiques  de  la  troisième  déclinai- 
son du  latin  classique  n'avait  pas  en  latin  vulgaire  le  même  nombre  de 
syllabes  au  nominatif  qu'à  l'accusatif.  Le  français  du  moyen  âge  a  en 
général  conservé  la  distinction  du  cas  sujet  et  du  cas  régime  :  or  le  texte 
du  xi«  siècle  du  Saint-Alexis  nous  offre  les  nominatifs  singuliers  citet  = 
ciwdody  amfermetet,  pietet*.  On  trouve  de  même  citet  au  cas  sujet  dans  la 
Chanson  de  Roland^  vers  917,  xii*  siècle.  Or  ces  formes  remontent  aune 
date  plus  ancienne  que  le  Saint-Alexis  et  que  la  Chanson  de  Roland. 
Ainsi  M.  Arsène  Darmesteter  a  signalé  le  nominatif  singulier  locotenentes 
pour  locum  tenens  dans  un  texte  thalmudique  qui  est  au  plus  tard  du 
VII'  siècle  3.  Au  milieu  du  vr  siècle  on  lit  le  nominatif  singulier  heredes 
pour  hères  dans  un  papyrus  de  Ravenne  4.  il  est  inutile  que  je  renvoie 
aux  exemples  analogues  que  j'ai  réunis  dans  mon  traité  De  la  déclinaison 
latine  en  Gaule  à  Vépoque  mérovingienne ^  p.  76-88;  mais  je  puis  citer  ici 
les  nominatifs  gaulois  Namausatis  de  l'inscription  de  Vaison  (,  Betarratis 
et  Lixoviatls  des  monnaies^,  qui  en  latin  classique  auraient  été  Namausas, 

1 .  Aberystwyth  est  une  petite  ville  du  pays  de  Galles  au  comté  de  Cardigan. 

2.  Gaston  Paris,  la  Vie  de  Saint  Alexis,  p.  113. 

3.  Romania,  I,  95- 

4.  Schuchardt,  Vokalismus des  VulgaerlateinSf  l^  35.  ' 

5.  Beitr.,  III,  162. 

6.  Revue  celtique,  l,  293,  296;  II,  100. 


282  Bibliographie. 

Betarras,  LixoviasK  Donc  un  certain  nombre  de  noms,  qui  dans  le  latin 
classique  avaient  au  nominatif  singulier  une  syllabe  de  moins  qu'aux 
autres  cas,  avaient  en  latin  vulgaire  le  même  nombre  de  syllabes  au 
nominatif  singulier  qu'aux  autres  cas,  et  il  y  aurait  sur  ce  point  entre  le 
latin  vulgaire  et  le  gaulois  un  certain  accord.  Le  gallois  ciwdod^  comme  le 
moyen  breton  queudet  et  comme  le  nominatif  singulier  vieux  français  cita, 
vient  du  nominatif  bas^latin  civitatis  ou  eivetate  :  on  ne  doit  pas  le  rat- 
tacher à  un  accusatif. 

M.  Rhys  prétend  aussi,  p.  152,  que  quelques  mots  gallois  d'origine 
celtique  sont  des  accusatifs  :  il  les  compare  à  des  accusatib  irlandais. 
Mais  est-il  bien  certain  que  breuan  «  meule  de  moulin  »  ne  soit  pas  un 
dérivé  de  breou,  conservé  en  breton,  et  que  le  vocabulaire  comique  nous 
offre  sous  la  forme  breo  (Gr.  C.^,  p.  1080)  i  Mon  opinion  sur  ce  point 
est  celle  de  la  Gr,  C,  p.  822-823.  ^nsi  dans  le  gallois  breuan,  c'est 
breu'  qui  représente  l'irlandais  brôo,  ace.  brôinn-n  :  an  est  un  suffixe. 
Quant  aux  mots  gallois  ewin  «  ongle  »  et  mû  «  mois  »,  dont  les  équiva- 
lents irlandais  sont  des  thèmes  consonantiques,  ils  paraissent  être  des 
thèmes  en  i  puisqu'ils  font  leur  pluriel  en  oM  :  ewinoedd^  misoedd;  c'est 
une  doctrine  personnelle  à  M.  Rhys  (Rev,  celt,,  II,  1 29),  et  elle  me  parait 
trèfr-vraisemblable  :  ewin  =  *  anvinis,  mis  =  *mtsis  sont  des  nominatifs. 

Il  me  semble  bien  difficile  d'admettre  (p.  371)  que  l'irlandais  crmmther 
(c  prêtre  »  ',  vienne  du  latin  prdd>itor.  Prâhitor  appartient  à  la  langue  de 
Cicéron  [De  officiisy  XV,  53),  mais  n^a  jamais  signifié  ce  i^être  »,  même 
dans  le  passage  d'Evrard  de  Béthune  (xiii*  siècle],  auquel  M.  R.  renvoie, 
p.  371.  La  variante  crubthirque  cite  M.  R.  nous  autorise  à  admettre  que 
cruimther  est  la  forme  irlandaise  du  latin  presbyter^  et  à  ajouter  ce 
mot  aux  quelques  exemples  connus  de  c  irlandais  tenant  lieu  du  p  latin 
dans  des  mots  d'emprunt,  exemples  si  anciens  suivant  l'observation  de 
M.  Windisch,  Beitr.,  t.  VIII,  p.  17. 

Le  point  principal  de  désaccord  entre  M.  R.  et  moi  porte  sur  la 
question  de  savoir  si  les  inscriptions  oghamiques  du  pays  de  Galles  sont 
d'origine  galloise  comme  M.  R.  le  soutient,  ou  si  elles  sont  d'origine 
irlandaise  comme  on  l'a  cru  généralement  jusqu'ici  et  comme  je  l'admets 
encore.  La  domination  irlandaise  dans  le  pays  de  Galles  et  dans  certaines 
contrées  voisines,  à  l'époque  dont  datent  les  inscriptions  oghamiques  de  la 
Grande-Bretagne,  n'est  pas  une  invention  des  linguistes  :  elle  est  attestée 
par  un  des  rares  textes  que  nous  possédons  sur  l'histoire  de  la  Grande- 


1.  Gorssen,  Ueber  Aussprachey  3*  édition,  t.  II,  p.  598. 

2.  Whiiley  Stokes,  Three  Irish  Glossarits,  p.  9. 


Bibliographie,  283 

Bretagne  au  v«  siècle  de  notre  ère.  Ce  texte  est  un  passage  du  Glossaire 
de  Cormac  < .  On  y  voit  qu'à  l'époque  de  la  mission  de  saint  Patrice, 
mort  en  460,  et  même  un  certain  temps  après  saint  Patrice,  les  Gaidals 
ou  Scots,  c'est-à-dire  les  Irlandais,  avaient  une  grande  puissance  sur  les 
Bretons,  que  cette  puissance  s'étendait  bien  au  sud  de  l'Ecosse,  puisque 
les  Gaidals  possédaient  Glastenbury  sur  le  canal  de  Bristol,  dans  le  comté 
de  Somerset  ^.  Rien  donc  d'étrangeà  ce  qu'on  leur  attribue  les  inscriptions 
oghamiques  du  pays  de  Galles.  On  sait  que  le  caractère  phonétique  le 
plus  curieux  de  ces  inscriptions  est  le  maintien  du  qu  là  où  le  gaulois,  le 
gallois,  le  breton  et  la  langue  des  Pietés)  s'accordent  pour  lui  substituer 
le  /?.  Or  M.  Hûbner  a  établi  qu'une  des  inscriptions  oghamiques,  où  ce  qu 
caractéristique  est  maintenu,  date  du  vu®  ou  du  viii<^  siècle  ;  c'est  le  n^  1 08 
de  son  recueil 4,  le  n^  68  de  M.  Rhys;  d'autres  ^ u  =  /?  datent  du  yi«  ou 
du  vii«  siècle;  ils  se  trouvent  dans  les  n^"  24  et  88  de  M.  Hûbner,  qui 
correspondent  aux  n^'  81  et  5 1  de  M.  Rhys.  Comment  concilier  ces  dates 
avec  ce  £sdt  incontestable  que  les  Bretons^  émigrés  en  Gaule  de  450  à 
5  (o  environ,  y  ont  porté  le  p  ==  ^u  P 

On  sait  qu'une  expédition  de  Riothime,  roi  des  Bretons  en  Gaule,  date 
de  468  ;  une  émigration  des  Bretons  de  111e  sur  le  continent  en  5 1 3  est 
notée  par  plusieurs  chroniques  );  enfin  Procope,  mort  vers  565,  men- 


1.  Whitle^  SCok€s,  Three  Irisk  Ctossaries,  p.  29-p,  traduit  dans  la  préface,  p.  XLViii- 
xLix.  Je  croîs  que  dans  cette  dernière  traduction  M.  W.  St.  aurait  dû  rendre  par  Créât 
Britain  et  non  par  Scotland  l'irlandais  Alba^  thème  alban-^  identique,  suivant  moi,  au 
greco*latiii  Albion  dont  le  sens  anden  n'était  pas  le  sens  moderne. 

2.  Au  temps  de  Bède,  première  moitié  du  viii*  siècle,  la  puissance  des  Scots  ou  Irlan- 
dais en  Grand^-Bretaçne  avait  pour  limite  la  Clyde  qui  est  encore  aujourd'hui  la  limite 
du  gaélique.  Bédé,  Hutoria  eccUsiastica^  1.  I,  c.  XII,  dans  Migne,  Patrologia  latina^ 
t.  9$,  col.  38-39;  cf.  Reviu  celtique^  t.  II,  p.  i8i. 

3.  In  loco  qui  sermone  Pictonum  Pean-tahel...  dieitur.  Bède,  Historia  eccUsiastica^ 
1.  I,  c.  12^  ap.  Migne,  Patrobgia  latina^  t.  95,  col.  40.  Cf.  Stokes  dans  les  Beitr,,  t.  V, 
p.  306.  f L'inscription  au  sujet  de  laauelle  M.  Stokes  cite  ce  mot  curieux,  forme  le 
n*  212  ae  Hûbner  et  est  restée  en  dehors  du  recueil  de  M.  Rhys).  Pean-fahel  était 
l'extrémité  occidentale  du  vallum  construit  par  les  Romains  pour  séparer  la  partie  méri- 
dionale de  la  Grande-Bretagne,  conquise  par  eux,  de  la  partie  septentrionale  restée  indé- 
pendante. Peaa  fahel  serait  en  breton  mcNdeme  pen-^wal  «c  bout  de  la  palissade  »  :  gwal 
qui  manque  dans  le  Dictionnaire  breton-français  oe  Le  Gonidec,  se  trouve  dans  le 
Dictionnaire  ât  GTégovrt  de  Rostrenen,  r*  édition,  p.  781,  col.  2.  Bède  qui  nous  a 
transmis  \e  taot  picte^  nacjuit  en  675  et  mourut  en  735.  L'équivalent  du  jÀcte  pean^ 
dans  les  inscriptions  chrétiennes  de  la  Grande-Bretagne  que  nous  croyons  irlandaises  et 
que  M.  Rhys  croit  celtiques,  est  quena  au  n*  3  de  M.  Hûbner,  94  de  M.  Rhys,  quai  au 
n«  91  de  M.  Hûbner,  49  de  M.  Rhys.  Ces  deux  numéros  datent  du  vi*  ou  du  vu*  siècle: 
ils  sont  par  conséquent  antérieurs  à  Bède.  Mais  le  qu  égal  au  p  du  picte  pean  se  trouve 
dans  le  maqui  oghamique  de  l'inscription  n*  108  de  M.  Hûbner,  68  de  M.  Rhys  qui, 
datant  du  vu*  ou  du  viii*  siècle,  paraît  contemporaine  de  Bède  et  par  conséquent  du 
pean  piae. 

4.  Jnscriptiones  Britanniae  christianae,  p.  xxi.  Cf.  Rhys,  p.  403. 

5.  De  Courson^  Histoire  des  peuples  bretons  y  t.  I,  p.  219,  220,  241.  Cart.  de  Redon  y 

p.   IX. 


284  Bibliographie. 

tionne  l'émigration  continue  des  Bretons  de  ille  sur  le  continent  cooKoe 
un  fait  contemporain  de  Pépoque  où  il  tenait  la  plume  : 

BptTTCov  8ë  Ti^v  vfjffov  l6viQ  «oXuovôpww^rara  l^ouat...  'Af/iXot  te  m\ 
4>p(ffaov6ç  xal.oJ  tij  vi^a(|)  6(MdVU[A0i  Bpktoivgç.  ToaaÛTiQ  8ë  i^  TÔvSe  tôv 
âOvôSv  icoXuav6p<i)'n;(a  ^aCvetat  oSaa  ôate  àvà  irov  Itoç  xaxà  tcoXXoùç 
èvOévBe  pLeravKrciiAevoi  Çùv  ^uvaiÇt  >tai  icatalv  èç  ^pi^î^uç  X<*>(^^(^  *• 

Ainsi  entre  les  années  450  et  j  50,  les  Bretons  venus  de  Ille  en  Gaule, 
y  ont  apporté  le  p  =  qu;  et  le  qu  =  p  existait  dans  111e  au  vii«  siède  : 
évidemment,  il  y  existait  par  l'action  d'une  race  étrangère  à  la  race  émi- 
grée  sur  le  continent  :  c'est  d'autant  plus  clair  qu'avant  l'entrée  de  cette 
race  étrangère  dans  111e,  le  ^ tz  =  p  y  était  inconnu.  La  première  appa- 
rition des  Scots  dans  l'histoire  de  la  Grande-Bretagne  date  de  ^68  et 
leur  grande  puissance  paraît  avoir  commencé  en  l'an  410,  où  cette  lie 
fut  abandonnée  par  les  Romains  '  :  or  les  plus  anciennes  inscriptions 
oghamiques  de  la  Grande-Bretagne  se  placent  entre  l'année  450  et 
l'année  600  :  parmi  elles  se  trouve  le  n""  106  de  M.  Hûbner  qui  est  le 
n^  70  de  M.  Rhys,  avec  qu=p:  la  date  de  ce  monument,  comme  celle 
des  monuments  analogues  un  peu  plus  récents,  concorde  parfaitement 
avec  ce  que  l'histoire  nous  apprend  de  l'époque  à  laquelle  appartient  la 
domination  irlandaise  dans  la  région  occidentale  de  la  Grande-Bretagne, 
il  n'y  a  historiquement  aucune  nécessité  d'attribuer  aux  Gallois  ces  mo- 
numents que  la  linguistique  leur  refuse  '. 

Malgré  ce  désaccord  je  ne  puis  que  recommander  vivement  le  travail 
de  M.  Rhys  sur  les  inscriptions  chrétiennes  de  la  Grande-Bretagne 
(p.  379-41 5).  Trois  de  ces  inscriptions  sont  restées  inconnues  à  M.  Hûb- 
ner :  ce  sont  les  n^  jo  (p.  398),  77  et  78  (p.  408)  :  enfin,  l'étude  lin- 
guistique qui  manque  complètement  dans  le  volume  mis  au  jour  par  le 
savant  allemand,  fait  du  travail  de  M.  Rhys  le  complément  nécessaire  de 
celui  qui  a  été  publié  à  Berlin.  Nous  conseillons  à  M.  Rhys  de  donner 
dans  sa  prochaine  édition  une  concordance  de  ses  numéros  avec  ceux  de 
M.  Hûbner  dont  la  publication  conservera  toujours  au  point  de  vue  paléo- 
graphique la  supériorité  et  au  livre  duquel  il  sera  nécessaire  de  se 
reporter  toutes  les  fois  qu'on  voudra  discuter  une  date.  Au  sujet  de  la 
forme  jacit  pour  jacet,  si  fréquente  en  Grande-Bretagne  (p.  384),  il 
pourra  aussi  faire  observer  qu'on  lit  jacit  dans  deux  inscriptions  chré- 


1.  Procope,  De  bello  Cothico^  IV,  20,  ap.  D.  Bouquet,  t.  Il,  p.  42. 

2.  Th.  Wright,  The  Celt,  the  Roman  and  the  Saxon^  y  édit.,  p.  441,  451. 

} .  Les  deux  inscriptions  chrétiennes  où  paraissent  des  noms  de  peuples  bretons  :  Ordous 
=  Ordovix  (115  de  Hûbner,  28  de  Rhys),  Venedotis  (135  de  Hiibner,  14  de  Rhys)  ne 
contiennent  pas  de  caractères  oghamiques. 


Bibliographie.  285 

tiennes  de  Rome,  l'une  de  396  ' ,  l'autre  de  5  }o  >  et  dans  des  inscriptions 
chrétiennes  de  la  Gaule  '. 

Dans  la  notice  sur  les  métaux  (p.  420),  nous  sommes  étonnés  que  le 
savant  auteur  n'ait  pas  cité  l'ancien  nom  irlandais  de  l'argent  cîm  con- 
servé par  le  glossaire  de  Cormac4. 

J'espère  que  ces  critiques  multipliées  seront  considérées  comme  une 
preuve  du  haut  intérêt  que  présente  à  mes  yeux  l'ouvrage  du  savant  pro- 
fesseur gallois. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Kiddle  Breton  Honrs  edited  with  a  translation  and  glossarial  index 
by  Whitley  Stokes.  i  vol.  in-8**de  102  pages.  Calcutta,  1876.  Se 
vend  à  Paris,  chez  Vieweg,  librairie  Franck,  76,  rue  Richelieu. 

Dans  ce  volume  sont  réunis  :  les  passages  bretons  contenus  dans  un 
livre  d'heures  imprimé  en  1 524  et  qui  appartient  à  M.  Fol  de  Coucy, 
des  extraits  bretons  :  !<>  du  missel  de  Léon,  1 526,  2^  du  catéchisme  de 
Gilles  de  Kerampuil,  curé  de  Cleden-Poher  (Finistère),  1 576. 

Les  savants  linguistes  qui  ont  fait  conquérir  aux  études  celtiques  la 
place  qu'elles  occupent  aujourd'hui  dans  la  grammaire  comparée  des 
langues  indo-européennes^  ont  jusqu'ici  un  peu  négligé  le  breton  conti- 
nental, et  ont  donné  pour  diverses  raisons  la  préférence  à  l'irlandais  et 
au  gallois.  C'est  donc  une  bonne  fortune  pour  nous  que  de  voir  ce 
dialecte  étudié  par  l'homme  qui  aujourd'hui  connaît  le  mieux  le  vocabu- 
laire des  langues  néo-celtiques.  En  comparant  avec  le  Dictionnaire  si 
estimable  de  dom  Lepelletier  (1752)  le  glossaire  par  lequel  M.  W.  St.  a 
terminé  l'ouvrage  que  nous  annonçons,  on  verra  quel  progrès  la  science 
a  fait  depuis  un  siècle.  Nous  signalerons  principalement  les  articles  con- 
sacrés à  chaque  lettre  :  dans  ces  articles  les  lois  principales  de  la  pho- 
nétique bretonne  sont  déterminées  avec  autant  de  science  que  de 
précision:  en  prenant  pour  base  de  son  exposition  la  prononciation 
actuelle,  tandis  que  Zeuss  a  pris  pour  point  de  départ  les  lettres  celti- 
ques primitives ,  l'auteur  jette  une  lumière  nouvelle  sur  un  sujet  aussi 
mal  connu  que  peu  étudié  par  la  plupart  de  ceux  qui  en  parlent. 

Sur  le  système  suivi  dans  l'ensemble  de  ce  travail  je  n*ai  qu'un  regret 
à  exprimer.  Pour  un  certain  nombre  de  lecteurs  il  faudrait  peut-être 
quelques  développements  de  plus.  Prenons  comme  exemple  Va  breton. 

1.  Rossi,  Inscrîptiones  christianae  nrhis  Romat,  t.  I,  p.  189,  n*  4)  j. 

2.  Ihid,,  p.  lay,  rf»  553. 

}.  Le  BUnt,  t.  I,  p.  342,  n»  23$  ;  p.  489,  n'  353  ;  P-  485,   n-  359;  t.  Il,  p.  92, 
n*  422â. 
4.  Whitley  Stokes^  Thrtt  Uish  Glossaries,  p.  XLVII,  12. 


286  Bibtiographie. 

M.  W.  St.  dte  quelques  mots  dans  lesquels  cet  a  est  priimtif.  Le  pre- 
mier est  bran  «  corbeau  »  ;  il  aurait  été  à  propos  de  renvoyer  ft  la  Gr.  C.\ 
p.  5  ^-54,  où  ce  mot  néo-celtique,  à  la  fois  breton  et  iriandais,  est  rap- 
proché du  vieux  slave  vranu  et  du  lituanien  varnas  (cf.  Fick  ',  II,  770). 
Vient  ensuite  dazrou  «  larmes  »  :  si  on  ne  rappelle  pas  la  vieille  forme 
dacr  des  gloses  de  l'Eutychius  d'Oxford  (Gr.  C.^,  p.  1054)  ^  ^^ 
peut  comprendre  le  rapprochement  de  dazrou  avec  le  grec  Sixpu  et  avec 
le  v.-h.  allemand  zahar  {Gr,  C,  p.  37,  149.  Cf.  Curtius,  Gr.  Et., 
4*  éd. ,  p.  13  3).  Même  observation  pour  le  mot  hat  a  semence  »  :  il  feut 
savoir  que  Vh  initial  tient  lieu  d'un  s  primitif  et  rapprocher  le  latin  satus, 
le  v.-h.  allemand  samo,  autrement  on  ne  comprend  pas  pourquoi  M.  W. 
St.  dit  que  dans  had  Va  est  primitif,  etc.  Tout  ceci  nous  fait  sortir  de 
l'horizon  de  Lepelletier^  17 j 2,  horizon  étroit  quand  le  savant  béné- 
dictin se  borne  à  étudier  les  dialectes  néo-celtiques  contemporains, 
horizon  imaginaire  quand  il  se  lance  dans  des  étymologies  hébraïques. 

La  science  de  M.  W.  St.  est  trop  connue  des  lecteurs  de  la  Revue, 
pour  qu'il  soit  utile  de  leur  faire  l'éloge  de  son  travail  :  il  sera  plus 
profitable  de  leur  soumettre  quelques  critiques.  Ainsi  je  ne  considère  pas 
comme  prouvé  que  l'a  de  ganet  «  né  »  soit  primitif.  La  racine  gan  s'écrit 
avec  un  a  en  sanscrit,  mais  elle  a  perdu  son  a  et  l'a  changé  en  e  dans 
la  plupart  des  mots  qu'elle  a  fournis  aux  langues  de  l'Europe,  l'armori- 
cain ganetj  le  gallois  ganedigj  l'un  de  gerul,  l'autre  de  genu^  d'une  racine 
GBN  qui  se  trouve  en  ancien  irlandais  (Curtius  ^,  p.  1 74)  et  en  gaulois 
peuvent  être  difficilement  séparés  du  grec  ^evYjTéç  et  du  latin  genitus  : 
e  celtique  est  devenu  a  devant  n  dans  ce  participe  comme  dans  le  breton 
cant  «  cent  »,  en  irlandais  cit  =  centj  comparez  le  latin ce/ifiim  (Gr.  C.\ 
p.  )2i);  comme  dans  le  breton  tan  «  feu  »,  en  vieil  irlandais  tened- 
{Gr.  C.*,  p.  87,  256,  790),  etc. 

Il  est  suivant  moi  peu  admissible  que  l'armoricain  btz  «  tombe  i>  «= 
bed  soit  le  même  mot  que  le  gothique  badi  i<  lit.  »  Bez  provient  de  la 
racine  bhadh,  qui  a  donné  le  grec  ^a66ç  «  profond  »,  le  latin /o(/fo,/ofia 
=  bhadh'ta,  le  breton  beuzi  «  submerger  »  =  bàdi-mon^  etc.  Quant  au 
gothique  badi  «  lit  rt,  nom  de  l'espèce  de  botte  de  paille  ou  de  foin  sur 
laquelle  couchaient  les  ancêtres  des  Allemands,  il  parait  venir  de  la 
racine  bhandh  «  lier.  » 

Le  vieux  gallois  betid  «  baptême  »  =  batia,  qui  est  constaté  dès  le 
viii^  ou  le  ix""  siècle  et  d'où  vient  le  breton  armoricain  actuel  badei^  n'est 
pas  un  mot  d'origine  celtique,  comme  l'ont  supposé  MM.  Stokes  et  Win- 
disch  :  il  vient  simplement  du  bas-latin  *batisare,  *baîiare,  d'où  le  fran- 
çais batesme,  batisier,  xi^  siècle  (G.  Paris,  La  vie  de  Saint  Alexis,  p.  140), 


Bibliographie.  287 

batder,  xii^  siècle  (Fr.  Michel,  ChTonûjtte  des  ducs  de  Normandie^  t.  III^ 
p.  774)  :  la  racine  bhat  que  propose  M.  Stokes  est  imaginaire,  et,  quant 
au  rapprochement  que  M.  Windisch  tente  avec  le  gallois  bodi^  aujour- 
d'hui boddi  «  submerger  »,  il  ne  peut  être  accepté  puisque  les  dentales 
ne  sont  pas  les  mêmes,  que  hadei  exige  après  Va  un  t  primitifi  que  boddi 
veut  après  Vo  un  d  primitif. 

Nous  relèverons  pour  finir  une  fiaute  d^mpression  que  M.  W.  St,  a 
empruntée  à  l'édition,  si  utile  d'ailleurs,  du  Catholicorij  donnée  par  M.  Le 
Men.  Au  lieu  de  bron  «  moulin  »,  il  faut  lire  brou,  comme  le  prouvent 
1^  la  forme  moderne  breou,  breo  (Legonidec,  Grégoire  de  Rostrenen, 
Lepelletier),  2^  le  composé  breu-^lim,  breo-lim  «  meule  à  aiguiser  »  ;  3** 
l'orthographe  du  vocabulaire  comique  où  on  lit  brou  (fir.  C.*,  p.  1080). 

La  traduction,  généralement  excellente,  ne  contient  qu'un  tout  petit 

nombre  d'erreurs  qu'il  est  inutile  de  relever  ici.  J'ai  insisté  sur  le  glossaire 

que  je  voudrais  voir  servir  de  modèle  à  tous  les  savants  qui  à  l'avenir 

publieront  des  textes  bretons. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Ueberliefenmg  nnd  Sprache  der  Chanson  du  Voyage  de 
Gharlemagne  à  Jérusalem  et  à  Gonstantinople  :  Eine  kritische 
Untersuchung  von  Dr  Eduard  Koschwitz  (Heilbronn  am  Neckar, 
1 876) .  —  Prix  :  4  fr. 

This  little  book  consists  of  two  chapters,  the  second  of  which  is  devo- 
ted  to  peculiarities  of  the  language  of  the  chanson  :  it  takes  up  by  far 
the  greater  part  of  the  space  the  author  has  allowed  himself.  The  other 
which  forms  an  mtroduction  to  it  deals  very  briefly  with  the  différent 
versions  and  the  classification  of  the  manuscripts.  It  is  with  the  quota- 
tions  from  the  Welsh  translation  in  this  chapter  that  we  are  hère  concer- 
ned.  At  the  end  of  the  Welsh  version  of  the  legend  which  is  contained 
in  the  Red  Book  of  Hergest  in  the  library  of  Jésus  Collège,  Oxford,  we 
read  :  «  Thus  farthe  story  which  Reinallt,  king  of  the  Isles,  commanded 
a  good  scholar  to  translate  from  Romance  into  Latin  »  —  the  Reinallt 
hère  mentioned  must  be  the  same  person  who  is  better  known  as 
Ronald.  But  we  hâve  no  information  as  to  who  translated  it  into  Welsh  : 
as  we  find  it,  it  is  in  Mediaeval  Welsh  prose  and  the  language  is  in 
many  respects  philologically  interesting,  though  seldom  difRcult, 
and  D^  Koschwitz  shows  that  he  correctly  understands  it  as  far  as 
he  deals  with  it;  but  his  mention,  p.  4,  of  Uythu  in  préférence  to  llethu 
is  unwarrantedf  the  word  in  the  text  and  the  word  required  being 
ilithu,  the  meaning  of  which  is  much  stronger  than  Pughe  has  led  him 


288  Bibliographie. 

to  believe  ;  —  Uetha  may  be  rendered  to  weigh  down,  oppress,  over- 

power,  crush.  But  though  D^  Koschwitz  appears  to  understand  the 

Welsh  version,  he  cannot  be  congratulated  on  the  correctness  of  his  prin- 

ted  extracts,  for  they  contaih  many  inaccuracies  due  apparently  in  most 

instances  to  the  printer.  Among  the  worst  may  be  mentioned  the  folio- 

wing  :  wyr  for  wybyr,  p.  8;  odiavc  for  odidavc  and  edrych  for  adrych,  i. 

e.  adrychy  p.  9;  or byrder  îov  ar  vyrderanà  nessur  for  uessur  p.  10; yeyrart 

for  evrart  i.  e.  Ebrard  {y  is  the  Welsh  préposition)  p.  1 2  ;  aphadwy  tyanei 

for  apkadu  y  tynnei,  i.  e.  a  pha  du  y  tynnei,  p.  14;  yny  byyf  for  yny  wyf, 

i.  e.  yn  y  ywyf,  and  aruodant  for  arnadant,  p.  16.  It  is  right  to  say  that  I 

hâve  not  been  able  to  coUate  the  extracts  with  the  original  manuscript  at 

Jésus  Collège;  so  I  haveused  a  copy  made  by  me  some  years  ago  for  prof. 

C.  Ho&nann  of  Munich,  who  has  it  in  print  though  not  yet  published  as 

far  as  I  know  :  the  copy  has  been  collated  with  the  original  since  by 

my  friend  Mr.  Llywarch  Reynolds  of  Merthyr  Tydvii,  and  iastly  I  hâve 

examined  his  corrections  with  the  aid  of  the  original  manuscript.  So  I 

am  inclined  to  think  that  my  copy  as  it  now  stands  is  tolerably  correct. 

John  Rhys. 
.  Rhyl,  Feb.  3,  1877. 


The  Aryan  Origin  of  the  Gaelic  Race  and  Langoage,  by  the  very 
Rev.  Ulick  J.  Bourke,  M.  R.  I.  A.,  etc.,  2^  éd.  vin-ji2  p.  petit 
in-8°.  London,  Longmans,  1876.  —  Prix  :  9  fr.  50. 

Nous  avons  déjà  eu  occasion  de  signaler  les  efforts  d'un  des  plus  fer- 
mes champions  de  la  langue  irlandaise  en  Irlande,  M.  l'abbé  Ulick 
J.  Bourke,  directeur  du  petit  séminaire  de  Tuam  (cf.  t.  II,  p.  148).  Le 
peuple  irlandais  désapprend  tous  les  jours  sa  vieille  langue,  et  M.  B., 
dans  ce  nouveau  livre,  nous  révèle  les  plus  tristes  et  les  plus  étranges 
exemples,  du  complet  dédain  de  ce  qui  est  le  symbole  le  plus  vivant  de 
la  nationalité.  En  ce  qui  concerne  la  grande  r^on  occidentale  tradition- 
nellement appelée  le  Connaught  et  qui  a  été  de  tout  temps  le  centre  de 
la  langue  et  de  la  nationalité  irlandaise,  deux  comtés  seulement,  ceux  de 
Mayo  et  de  Galway  ne  sont  pas  entièrement  envahis  par  la  langue 
anglaise;  l'irlandais  y  est  parlé  par  les  neuf  dixièmes  de  la  population 
rurale;  mais  là  encore  la  classe  moyenne  ne  le  parle  plus,  quand  elle  le 
parlait  il  y  a  trente  ans.  Les  gens  du  peuple  qui  parlent  irlandais  entre 
eux  affectent  de  ne  pas  le  comprendre  quand  ils  sont  interpellés  par 
quelqu'un  qui  n'est  pas  de  leur  condition,  même  quand  c'est  un  prêtre 
patriote  comme  M.  B.  :  «  Oh  !  I  know  how  to  speak  English,  your 


Bibliographie.  289 

Révérence;  I  am  not  so  ignorant  as  you  seem  to  think  me  to  be.  »  Telle 
est  la  réponse  que  s'est  attirée  un  jour  M.  B.  (p.  73). 

C'est  pour  combattre  ces  tendances  et  ce  dédain  de  la  langue  irlandaise, 
qui  de  la  classe  moyenne  gagne  le  peuple,  que  M.  B.  a  écrit  ce  Hvre  sur 
l'origine  aryenne  de  la  langue  irlandaise.  Comme  on  voit  par  le  titre,  il 
n'y  a  là  rien  de  nouveau  pour  les  savants  du  continent  :  cet  ouvrage  est 
destiné  à  inspirer  aux  Irlandais  l'estime  de  leur  langue  et  de  leurs  tra- 
ditions nationales  :  il  montre  l'origine  aryenne  de  l'irlandais ,  sa  parenté 
avec  le  sanscrit  et  les  autres  langues  indo-européennes,  son  importance 
philologique,  la  richesse  et  l'ancienneté  de  sa  littérature,  etc.  Par  la 
chaleur  communicative  de  son  style,  il  est  propre  à  réveiller  le  patriotisme 
des  tièdes,  surtout  dans  le  clergé  catholique  qui  seul  peut  quelque  chose 
pour  conserver  la  langue  irlandaise.  —  Nous  ne  partageons  pas  l'opinion 
de  M.  B.  sur  plusieurs  points  et  notamment  sur  des  questions  où  l'en- 
thousiasme de  l'écrivain  irlandais  se  donne  souvent  libre  carrière,  notam- 
ment le  caractère  indigène  de  l'entre-lacs  et  l'origine  payenne  des  Tours 
Rondes;  mais  la  place  ne  nous  permet  pas  de  discuter  ici  ces  questions. 

H.  G. 

Anciens  évôchte  de  Bretacrne,  histoire  et  monuments^  par  J.  Geslin 
DE  Bourgogne  et  A.  de  Barthélémy.  1855-1864,  4  volumes  in-S». 

On  annonce  le  prochain  achèvement  de  cette  savante  publication  qui 
n'est  pas  assez  connue  des  celtistes.  Je  sais  trop  mai  l'histoire  de  Bre- 
tagne pour  discuter  les  doctrines  historiques  des  auteurs,  mais  je  suis 
étonné  de  n'avoir  jamais  vu  citer  par  les  linguistes  les  nombreuses 
chartes  que  cet  ouvrage  contient.  Pour  l'étude  du  breton  armoricain 
antérieur  à  sainte  Nonne,  on  s^st  jusqu'à  présent  contenté  de  D.  Morice 
et  du  Cartulaire  de  Redon,  On  ignore  qu'il  y  a  dans  l'ouvrage  de  MM.  G. 
de  B.  et  A.  de  B.  environ  mille  chartes  publiées  d'après  des  originaux 
du  xii^  au  xv*"  siècle  et  généralement  d'une  façon  beaucoup  plus  exacte 
que  ne  l'avaient  fait  soit  l'auteur  deV  Histoire  de  Bretagne,  soit  le  laborieux 
éditeur  du  Cartulaire  de  Redon.  Je  signalerai  surtout  comme  d'une  impor- 
tance fondamentale  les  398  chartes  de  l'abbaye  de  Beauport,  analysées 
en  petit  nombre,  publiées  in  extenso  pour  la  plupart,  d'après  les  originaux 
des  archives  des  C6tes-du-Nord.  J'ai  pu  les  collationner  à  la  préfecture 
de  Saint-Brieuc  lors  de  la  mission  en  Bretagne  que  j'ai  eue  du  ministre 
de  l'instruction  publique  en  1872,  et  j'ai  trouvé  très-peu  de  corrections 
à  inscrire  sur  les  marges  de  mon  exemplaire. 

Entre  autres  faits  intéressants  je  citersû  kaier,  forme  du  moderne  ker 
dans  des  chartes  de  1202  et  1244  (^-  ^^f  P*  ^7'  >  '^))  l'adjectif  ta/iaz/^c 
Rev.  cdt.  III  20 


z^o  Bibliographie. 

(aujourd'hui  balanek)  en  1 2  )o  (p.  88),  le  surnom  de  «  le  kadn  »  (aujour- 
d'hui kaer)  «beau  »  en  12^1  (p.  91)^  le  substantif  coû  (aujourd'hui iboi) 
((  bois  »  en  124$  et  en  1247  (p.  120,  128).  On  disait  déjà  nen%  en 
1248,  au  lieu  de  /iovi4,  en  gaulois  noms  «  nouveau  »  (p.  129),  an 
«  vieux  »  en  12  $9  (p.  1 5 }),  haeltc  «  prêtre  »  en  1 160  (p.  147),  coffu 
«  ventru  »  en  1263  (p.  165),  marec  «  cavalier  »  en  1264  (p.  169). 

Comme  exemple  des  quelques  fautes  d'impression  que  j'ai  remarquées 
je  signalerai,  p.  114,  dans  une  charte  de  1242,  Pol-bUiz  «  trou  de 
loup  )>  qui  a  été  imprimé  Polbreiz  avec  un  r  au  lieu  d'/.  Mais  les  auteurs 
ont  eu  la  sagesse  de  conserver  le  k  barré  de  kanec^  aujourd'hui  kreac'h 
«  montée  »  [p.  18$).  J'ai  vu  d'autres  écrivains  traduire  ce  k  barré  par 
ker  parce  que  tel  est  l'usage  moderne  ;  comparez  à  kanec  le  kanouam 
(aujourd'hui  kraouenn]  «  noix,  »  du  Catholicon. 

L'étude  de  documents  comme  ceux  qu'ont  publiés  MM.  G.  de  B.  et 
A.  de  B.  peut  faire  faire  de  grands  progrès  à  l'histoire  du  breton  armoricain. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

LuGKE.  Grammaire  des  dialectes  celtiques  dans  ses  rapports  avec  la 
langue  française,  in-4*,  21p.,  dans  le  Jahresbericht  du  Gymnase  de  Schleswig 
pour  Pâques  1876.  —  Ce  travail  malgré  son  titre  ne  concerne  guère  que  le 
breton  de  France  et  le  gallois.  L'auteur  dit  qu'il  a  été  forcé  de  retrancher  une 
partie  faute  de  place.  En  effet,  après  avoir  parlé  de  ia  phonétique,  de  l'article, 
du  nom,  du  nom  de  nombre,  du  pronom  et  de  l'adjectif,  il  s'arrête  au  moment 
d'entamer  le  verbe.  On  doit  louer  M.  L.  d'avoir  réussi  â  écrire  dans  un  français 
aussi  pur,  de  donner  à  ses  lecteurs  des  notions  généralement  aussi  exactes  avec 
autant  de  brièveté  et  de  clarté.  Mais  il  y  a  peu  de  choses  nouvelles  dans  ce 
travail,  sauf  des  doctrines  bazardées  qui  tiennent  â  ce  que  l'auteur  n'a  pas  de 
son  sujet  une  connaissance  suffisamment  approfondie.  Par  exemple  :  l'adjectif 
breton  ne  s'accorde  pas  avec  le  nom  auquel  il  se  rapporte,  le  même  phénomène 
se  produit  .en  anglais.  M.  L.  en  conclut  que  la  grammaire  anglaise  a  subi  une 
influence  celtique  :  il  a  négligé  de  s'enquérir  si  la  suppression  des  désinences 
casuelles  appartenait  dans  les  langues  celtiques  à  la  période  celtique  proprement 
dite  ou  à  la  période  néo-celtique.  Une  dissertation  bien  étudiée  sur  un  point 
de  grammaire  déterminé  aurait  été  plus  profitable  â  la  science  qu'une  accumula- 
tion d'observations  superficielles. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Nous  avons  en  outre  reçu  les  publications  suivantes  : 
W.-H.  Pattebson.  On  some  ancient  sepulchral  Slabs  in  the 
Ck>iinties  of  Doixm,  Antrim  and  Donegal,  4  p.  in-8*  avec  2  pi.  Dublin, 
1876.  Résumé  d'une  communication  faite  à  l'Académie  d'Irlande  par  M.  P.  Les 
dalles  funéraires  dont  elle  traite  sont  remarquables  par  des  croix  gravées  en 
creux  et  diversement  ornées. 


Bibliographie,  291 

P.  Levot.  Daonlas  et  son  abbaye,  78  p.  in-8*,  i  pi.  Brest,  Lefour- 
nier,  1876.  Monographie  détaillée  d'une  des  importantes  abbayes  de  l'ancienne 
Bretagne. 

Th.  Kerslakb.  A  primœTal  Britioh  Metropolls,  iivith  some 
notes  on  the  ancient  Topography  of  tbe  Soutb-'Westem  Penin- 
snla  of  Britain,  108  p.  in-8*.  Bristol,  Kerslake,  1877.  Le  manque  de  corn-* 
pétence  nous  interdit  d'apprécier  ce  travail^  nous  nous  bornons  à  le  recom- 
mander aux  savants  qui  s'occupent  de  la  géographie  de  la  Grande-Bretagne  dans 
les  premiers  temps  de  l'introduction  du  christianisme. 

CoRgpéB  archéologique  de  France,  xUJ*  session;  séances  générales 
tenues  à  Châlons-sur- Marne  en  1875,  P^  ^^  Société  française  d'archéologie  pour 
la  conservation  et  la  description  des  monuments,  in-8*  de  xlviij-502  p.  Tours 
et  Paris,  1876.  — Ce  volume  ne  contient  qu'un  article  rentrant  dans  notre 
cadre;  c'est  (p.  86-1 16)  le  mémoire  de  M.  Morel  sur  les  fouilles  du  cimetière 
gaulois  de  Somme-Bionne  (Marne)  (Gaulois  sur  son  char  et  objets  étrusques). 
—  Nous  lisons  à  la  p.  20  Tétrange  note  que  voici  :  «  M.  Lebeuf,  ancien  habitant 
du  département^  envoie  d'Avranches  une  caisse  d'objets  antiques  recueillis  dans 
la  Marne:  une  brique  trouvée  au  Mont-Aimé,  portant  Tinscription  TAPRONIA, 
et  divers  autres  objets  Gaulois  avec  des  inscriptions  en  caractères  inconnus,  etc.  t 

Que  penser  de  cette  assertion  ?  Si  elle  est  exacte,  les  directeurs  de  la  Société 
française  doivent  à  la  science  ces  «  inscriptions  en  caractères  inconnus.  »  Ce 
sont  des  inscriptions  d'abord  dédaignées  qui  nous  transmettent  les  rares  débris 
du  gaulois.  Il  serait  à  désirer  que  M.  Palustre,  directeur  de  la  Société  française 
d'archéologie,  voulût  bien  étudier  cette  question. 

Nous  sommes  forcés  d'ajourner  au  prochain  numéro  le  compte-rendu  des 
ouvrages  suivants  : 

Les  premiers  habitants  de  l'Europe  d'aprïs  les  auteurs  de  l'antiquité  et  les  recherches 
les  plus  réuntes  de  la  linguistique ^zv  M.  d'Arbois  de  JubainviUe,  correspondant 
de  l'Institut,  in-8"  de  x-350  p.  Paris,  Dumoulin.  —  Le  nom  de  l'auteur  suffit 
du  reste  à  recommander  ce  livre  â  nos  lecteurs. 

Bonifacius,  der  Apostel  der  Deutschen  und  die  Romanisirung  von  Mitteleuropa 
von  A.  Werner,  in-8®  de  466  p.  Leipzig,  Weigel. 

The  Languageand  Literature  of  the  Scottish  Highlands^  by  J.-B.  Blackie,  in-8® 
de  xi-331  p.  Edinburgh,  Edmonston  and  [>ouglas.  * 

Wald  und  Feldkulte,  Zweiter  Theil.  von  W.  Mannhardt,  in-8*  de  xL-359  p. 
Berlin,  Borntraeger.  —  Tome  II  de  I  ouvrage  précédemment  annoncé  p.  1 20. 

Three  Middle-Irish  Homilies  or  the  lives  0}  Saints  Patrick^  Brigit  and  Columba. 
Edited  by  Whitley  Stokes,  in-8**  de  xii-140  p.  Calcutta. 

Ueber  Druidismus  in  Norikum^  von  Franz  Ferk,  in-8®  de  50  p.  Graz,  Leuschner 
und  Lubensky. 

Der  Rhein  und  der  Strom  der  Kultur  in  Kelten-und^Ramerzeity  von  D' C.  Mehiis, 
in-8*  de  44  p.  Berlin,  Cari  Habel. 

Fouilles  faites  à  Carnac  (Morbihan)  par  James  Miln,  2  ^  3  p.  in-4®  avec  planches 
et  gravures.  Paris,  Claye,  1877. 


292  The  congress  of  the  British  archdologicai  Association. 

THE  CONGRESS  OF  THE  BRITISH  ARCHiEOLOGICAL  ASSOCIATION 

INCORNWALL  (1876). 

Last  year  the  British  Archaeological  Association  held  its  congress  in  a  région 
especially  interesting  to  Celtic  students  i.  e.  the  Comwall  (Comouaille)  of 
England.  For  many  âges  after  the  landing  of  the  Saxons  the  British  Celts  kept 
their  independence  not  merely  in  Wales,  but  in  the  extrême  promontory  of  the 
far  West  which  the  Romans  called  Dumnonium  »  but  they  designated  as^^Kemou". 
Although  the  warrîor  iEthelstan  or  Atheistan,  king  of  the  Saxons,  did  ulti- 
mately  (but  long  after  the  union  ofall  England  under  king  Egbert),  conquer  the 
Cornish  people  (till  then  an  independent  nation  under  their  native  kings),  yet 
there  was  a  kind  of  independence  of  Comwall  until  William  the  Conqueror 
overcame  Condorus,  the  last  of  the  Comu-British  princes,  ànd  gave  the  earldom 
ofCornwall  to  Robert  earl  of  Moreton.  Still  though,  eight  hundred  years  hâve 
passed  since  the  Norman  Conquest,  Cornwall  is  only  partially  and  in  certain 
sensés  a  mère  county  of  England.  During  the  middie  âges  it  seems  often  to 
hâve  been  recognised  as  a  subject  state  distinct  from  England,  but  annexed  to 
the  crown  like  a  lesser  Wales  or  Ireland.  Even  as  late  as  the  reign  of  Richard 
the  Thirdi.  e.  the  end  of  the  XV  century,  deeds  speak  of  'M/ig/w  et  Cornubia  '* 
as  of  two  distinct  and  adjacent  countries^  and  in  the  seventeenth  century  an  old 
geographer  speaks  of  the  River  Tamar  as  the  western  border  of  England^ 
'^beyond  which  is  Comwall".  During  ail  the  Middie  Ages  it  would  seemthat  the 
prevailing  speech  of  the  county  was  not  English,  nor  any  dialect  of  Angio 
Saxon,  but  the  ^'Old  Cornish"  a  Celtic  speech  more  nearly  allied  to  Breton 
than  to  Welsh,  in  fact  the  Breton  sailors  who  came  to  the  Cornish  sea  ports 
could  make  themselves  understood  and  vice  versa.  The  language  by  degrees,  after 
the  Reformation  had  introduced  the  English  service  books,  died  out,  and  Dolly 
Pentreath  was  buried  at  S.  Paul  (S.  Pol-de-Leon ?)  near  Penzance  in  1778 
where  a  granité  tomb  has  been  reared  to  her  memory  and  that  of  the  dead  Cor- 
nish language  by  Prince  Lucien  Bonaparte.  The  old  Celtic  tongue  of  Kernou  is 
not  quite  so  dead  as  is  commonly  supposed.  A  very  interesting  paper  was  read 
before  the  Philological  Society  of  London  in  February  1876  on  '^Traditional 
Relies  of  the  Cornish  Language  in  Mounts  Bay"  in  1873  where  is  shown  how 
not  only  the  numerals,  but  even  two  or  three sentences  were  remembered  by  some 
of  the  old  people.  Speaking  generally,  although  the  Cornishmen  now  use 
English  as  a  vernacular,  yet  not  merely  is  that  language  spoken  with  a  foreign 
i.e.  a  non-Teutonic  accent,  in  otherwords  syllabically,  with  the  accent  on  the 
ultimate  or  penultimate  syllable  of  the  sentence  in  a  sort  of  musical  cadence,  but 
also  a  considérable  nùmber  of  true  Comu-British  Celtic  words,  possibly  about 
200,  are  still  imbedded  in  common  speech,  which  words  not  merely  are  not  to 
be  found  in  an  English  dictionary,  but  actually  do  not  spring  from  Anglo- 
Saxon  or  Teutonic  roots;  they  are  bonâ  fide  Celtic  words  mixed  up  with  English. 

The  people  may  still  be  considered,  though  a  very  mixed  race,  yet  one  in 
which  the  Cornu-British,  or  Celtic  élément  prédominâtes.  Especially  is  this  tme 
of  the  mining  districts  and  hilly  table-lands  of  the  interior.  The  population  of  the 


Périodiques,  293 

towns  (though  notperhapsto  the  extent  ît  might  be  supposed  in  this  ''âge  of 
railways")^  is  no  doubt  partially  Anglo  Saxon^  whileon  the  sea ports  and  west 
coast  tradition  points  to  a  Danish  (i.  e.  ^^the  Red  haired  Danes"),  a  Spanish 
(aroundtheLand's  End)  and  perhaps  Jewish  or  Phenician  intermixture.  Cornwall 
is  fuil  of  legends  of  Jews  settling  there.  Whether  this  be  true  or  not  it  is 
difficult  to  say,  but  the  story  must  hâve  had  sonie  origin.  Possibly  the  Phœni- 
dans  may  hâve  been  the  people  designated  by  the  terra  ^^Jew"  in  the  Middle 
Ages,  as  a  sort  of  generic  term  for  Asiatic.  A  very  curious  but  fanciftil  paper  on 
the  subject  of  Jews  in  Cornwall  was  read  by  D'  Margaliouth  before  the  Con- 
gress  at  Bodmin.  A  good  deal  has  been  written  on  this  subject  by  Prof.  Max 
Mûller  in  his  ^^Chips  of  a  German  Workshop"  vol.  III. 

The  Congress  opened  under  good  auspices.  The  Duke  of  Cornwall  i.  e.  the 
Prince  of  Wales  (for  the  Duchy  of  Cornwall  belongs  to  the  heir  apparent  of 
England)  was  Patron,  the  Earl  of  Mount  Edgecumbe  was  Président.  The  pro- 
ceedings  opened  with  a  Déjeuner  given  by  the  Earl  at  his  château  of  Cothele, 
on  the  banks  of  the  Tamar  and  followed  at  Bodmin  by  a  very  able  and  learned 
address  by  the  Président  on  Cornish  Antiquities.  The  proceedings  lasted  1 0  days. 
Among  the  places  visited  were  Tintagel  (the  legendary  scène  of  Arthur's  Round 
Table),  Camelford,  Launceston  andRestormel  (the  two  great  castles of  the  Earis 
of  Cornwall),  Lostwithiel,  S.  Neots  Church  (one  of  the  best  spécimens  of  a 
mediaeval  church  in  England,  almost  untouched  by  iconoclasm),  Truro  (the 
real  capital)  Falmouth,  Pendennis  Castle  (about  which  an  entire  volume  has  just 
been  printed),  Penzance,  Boscawen,  Uncircle,  the  Land's  End  (where  a  paper 
was  read  by  Rev.  W.  S.  Lach  Szyrma),  Buryan  Church  (the  old  ''  royal 
peculiar"),  the  Cave  dwellings  at  Trewoofe,  Bolleit  circles,  Chun  Castle,  S. 
Just  (with  its  famous  Plan-an-Guâre  for  miracle  plays),  Chapel  Uny,  S.  Michaels 
Mount  (where  papers  were  read  on  the  gênerai  and  military  history),  the  Chy- 
sauster  bee  hive  buts,  the  Mèn  Scryfa,  the  Men-an-tol,  the  Lanyon  Quoit,  Madron 
Church  and  Sancred,  etc.,  etc.  Several  very  valuable  papers  were  read  at  ' 
Bodmin  and  Penzance.  On  the  whole  this  Congress  of  1876  was  considered  as 
one  of  the  most  important  the  British  Archaeological  Association  has  y  et  held. 


PÉRIODIQUES. 


Revue  de  Bretagne  et  de  Vendée,  4*  série,  t.  X,  5«  livraison  (nov.  1876).  - 
Le  volume  imprimé  de  la  Bibliothèque  nationale,  coté  Y  6183,  d'après  lequel 
M.  de  la  Villemarqué  a  donné  son  édition  du  Grand  Mysûre  de  Jésus,  contient 
aussi  trois  autres  poèmes  bretons  du  xvi«  siècle.  Encouragé  par  le  favorable 
accueil  que  la  publication  du  Grand  Mystère  a  reçue  des  celtistes,  notamment  de 
M.  Whitley  Stokes  qui  lui  a  consacré  dans  le  t.  V  des  Beitr.^  p.  213  et  suiv., 
21  pages  de  compta-rendu,  et  qui  l'a  souvent  cité  dans  ses  Mittelbretonmsch- 
unregelmassige  Verba  {ibid,^  p.  306),  et  de  M.  Ebel  qui  a  fait  dans  son  édition 
de  la  Gr.  C.  un  fréquent  usage  du  Grand  Mystère  de  Jésus ,  M.  de  la  V.  a  com- 
mencé dans  la  Revue  de  Bretagne  et  de  Vendée  la  réimpression  de  trois  poèmes 


394  Périodiques. 

qui  restaient  inaccessibles  à  la  plupart  des  celtistes  dans  le  rarissime  et  pro- 
bablement unique  volume  Y  6183.  Il  vient  de  faire  paraître  la  pièce  intitulée  : 
Tremmifan  an  ytron  guerches  Maria  :  Trépas  de  Madame  la  vierge  Marie. 

L'intérêt  principal  de  ce  document  consiste  en  ce  qu'il  nous  fait  connattre 
divers  faits  grammaticaux  non  signalés  jusqu'ici.  Ainsi  la  Gr.  C,  p.  133^  nous 
apprend  que  dans  le  breton  glat  c  pays,  bien,  seigneurie  >,  le  g  initial  tient 
lieu  d'un  v  primitif,  qui  a  été  plus  tard  prononcé  gu:  comparez  gii/tfr(im;wittfn), 
dans  le  Juvtncus  de  Cambridge,  ix*  siècle,  et  vlatos  dans  la  légende  d'une 
monnaie  celtique  bien  connue.  Il  est  intéressant  de  trouver  dans  le  Trtmanan 
le  même  mot  écrit  gloat^=golat,  avec  une  métathèse  de  Vo=u  qu'on  rencontre 
encore  aujourd'hui  dans  g/oâA  c  laine  »,  ècni  gulan  dans  les  gloses  d'Oxford, 
et  qui  suppose  un  primitif  vlana  ou  vlanâ. 

Nous  pouvons  signaler  aussi  comme  curieux  un  passage  où  le  prétérit 
gturc  c  je  fis  »,  aujourd'hui  eure^  est  employé  comme  auxiliaire  :  Damnciaff  pur 
a  guerc^  c  il  annonça  »  (strophe  46^  cf.  Gr,  C^  p.  594;  Bâtr,^  t.  V,  p.  3S4)- 

La  forme  roeantcUz  (strophe  57)  du  breton  moderne  rouantela  c  royaume  », 
peut  donner  lieu  à  un  rapprochement  instructif  avec  le  roanttlatz  du  Grand  Mjs- 
thrc^  p.  141  tf  (cf.  Gr.  C^,  p.  847).  La  première  syllabe  de  roeantcUz  a  gardé 
la  diphthongue  oe=ê  qui  se  trouve  écrit  oi  dans  le  roiant  =:  rigantos  du  cartu- 
laire  de  Redon  {Gr.  C^,  p.  99).  La  dernière  syllabe  de  roanttlatz  a  conservé  la 
diphthongue  at  =  act^  d'où  restitution  de  rigantdlaoa-  comme  forme  primitive 
exigée  par  !e  breton  moderne  romnttîtz(Gr.  C^,  p.  241,805,818,  847).  M.  de 
la  V.  a  accompagné  son  texte  d'une  traduction.  Ce  travail,  en  l'absence  de  die* 
tionnaire  complet  du  moyen  breton,  présentait  de  sérieuses  difficultés.  Quoique 
généralement  M.  de  la  V.   en  ait  triomphé,  je  ne  suis  pas  str  que  le  succès 

ait  toujours   répondu   à   ses  efforts.  Ainsi  :    présidantes  en  n^  louan 

(var.  louman)  ha  rouantz,  traduit  par  c  présidente,  pilote  et  reine  du  ciel  ■ 
(strophe  3,  v.  3-4),  veut  dire  suivant  moi  c  présidente  alors  et  reine  du  ciel:  » 
huan  ou  mieux  loman  se  trouve  déjà  avec  le  sens  d' «alors  »  dans  le  Grand  mjs- 
thrt^  p.  212,  col.  2;  et  c'est  un  adverbe  composé  i<»  de  /o  «  jour  »  identique  à 
l'irlandais  laa,  lae  (Gr.  C,  p.  43,  178);  2*  du  pronom  démonstratif  moA  {Gr. 
C^y  p.  619,  cf.  B«rr.,  t.  V,  p.  224). 

Dans  la  strophe  5,  vers  3-4  :  A  mir  hat  Adam  ouz  cafvoez;  Nep  a  pet  goar  he 
trugartz,  au  lieu  de  c  elle  préserve  de  tous  chagrins  quiconque  de  la  race 
d'Adam  implore  humblement  sa  pitié  »,  il  faudrait  ce  me  semble,  «  qui  préserve 
de  chagrin  la  race  d'Adam  ;  quiconque  prie,  sait  sa  miséricorde.  >  A  la  strophe 
28,  V.  3-4  :  hammiret  oz  pep  quoscor  a  drouc  morchet,  traduit  par  :  «  Préservez* 
moi  de  tout  ce  qui  produit  le  sommeil  de  la  mort  »,  signifie  suivant  moi  :  «  Et 
préservez-moi  de  toute  la  famille  du  mauvais  souci  ».  Les  mots  qaoscorovLCO^cor 
f  famille  »  plus  anciennement  «  satellites  »  et  morc'hed  «  souci  >  manquent 
dans  le  dictionnaire  de  Le  Gonidec.  Mais  ils  se  trouvent  tous  deux  dans  le  Catho- 
licon  et  le  premier  a  été  étudié  successivement  par  Lepelletier,  Dictionnaire,  col. 
163,  et  par  Ebel,  Gr.  C^,  p.  1062.  Le  second,  mentionné  par  Grégoire  de 
Rostrenen  au  mot  c  inquiétude  »,  est  employé  dans  ce  sens  dans  Ar  pevar 
mab  Emony  1866,  p.  74  : 


Nécrologie,  295 

Nt  meus  morc'Hety  sir  y  eus  a  gucment  se. 

Et  p.  99: 

Sir  me  a  denyo  sur,  nebon  ru  vangin  quet; 

Eus  va  oboissanç  n*ho  ptket  a  vorc^ha, 

M.  de  la  VHlemarqué  a  ajouté  morched  dans  son  édition  du  dictionnaire  breton- 
français  de  LeGonidec,  mais  sans  rendre  exactement  le  sens  de  ce  mot. 

Ce  sont  tout  cela  des  taches  légères  et  nous  attendons  avec  impatience  Taché* 
vement  de  la  publication  si  instructive  de  M.  de  ta  Villemarqué. 

H.  d'Arbois  de  Jubainyille. 


NÉCROLOGIE. 

Depuis  la  publication  de  notre  dernier  numéro,  nous  avons  perdu  un  de  nos 
meilleurs  amis,  et  le  pays  de  Galles  un  de  ses  meilleurs  philologues,  dans  la  per- 
sonne de  M.  John  Peter,  né  à  Bala,  le  10  avril  1833,  et  mort  dans  cette  ville  le 
17  janvier  1877.  M.  Peter  était  ce  que  les  Anglais  appellent  un  self-made  man, 
c'est-i-dire  qu'il  avait  dû  se  donner  à  lui-même,  par  le  travail  et  le 
zèle  de  son  âge  viril,  l'instruction  qui  avait  manqué  à  sa  jeunesse.  Il  avait  poussé 
ses  études  dans  deux  sens  bien  différents,  vers  une  branche  des  sciences  natu- 
relles dans  laquelle  il  excellait,  la  géologie,  et  vers  la  philologie.  Le  but  de  ses 
études  philologiques  était  Texamen  scientifique  de  sa  propre  langue,  trop  long- 
temps laissée  en  Galles  aux  élucubrations  de  Técole  de  Pughe  et  d'Iolo  Mor- 
ganwg  ;  c'était  aussi  la  vulgarisation  des  r^ultats  de  la  philologie  celtique  telle 
qu'elle  est  constituée  par  les  travaux  de  Zeuss  et  de  son  école.  11  était  sans 
contredit  —  après  M.  Rhys  —  le  plus  distingué  des  jeunes  philologues  du  pays 
de  Galles. 

M.  Peter  était  ministre  de  la  secte  protestante  des  Indépendants  et  professeur 
au  séminaire  ou  collège  que  cette  secte  entretient  à  Bala.  C'est  en  dehors  de  ses 
devoirs  professionnels  qu'il  s'occupait  de  philologie.  Il  a  écrit  d'assez  nombreux 
articles  dans  les  revues  et  plus  particulièrement  dans  les  revues  galloises  de  son 
pays,  dans  le  Beirniad,  dans  le  Traethodydd,  dans  le  Dysgedyddy  et  dans  la  revue 
galloise  récemment  fondée  à  Londres,  le  Cymmrodor.  Nos  lecteurs  se  rappellent 
l'article  qu'il  a  donné  au  tome  I  de  ce  recueil  sur  la  phonétique  galloise.  Dans  les 
articles  écrits  pour  ses  compatriotes^  M.  Peter  se  proposait  surtout  de  les  fami- 
liariser avec  les  méthodes  et  les  résultats  de  la  grammaire *com parée  des  langues 
celtiques.  Nous  savons  qu'il  méditait  d'écrire  une  grammaire  historique  de  la 
langue  galloise,  une  sorte  de  Brachet  gallois,  ce  qui  eût  été  use  œuvre  d'excel- 
lente vulgarisation  ;  et  l'article  qu'il  avait  tout  récemment  donné  au  Cymmrodor 
sur  les  particules  galloises  semble  un  fragment  de  l'œuvre  projetée,  mais  nous  ne 
pensons  pas  qu'il  ait  pu  l'achever.  M.  Peter  est  mort  dans  la  force  de  l'âge 
avant  d'avoir  eu  le  temps  de  donner  sa  mesure,  et  de  remplir  les  promesses  de 
son  talent.  —  La  revue  galloise  Y  Darlunydd  a  donné  un  très-ressemblant 
portrait  de  M.  Peter  dans  son  numéro  de  mars  1877.  ^—  Ce  n'est  pas  sans 


296  Nécrologie. 

tristesse  que  nous  consacrons  ces  quelques  lignes  à  sa  mémoire,  en  pensant 
aux  longues  journées  que  nous  avons  passées  avec  cet  excellent  homme  dans  la 
charmante  et  hospitalière  ville  de  Bala. 

Nous  devons  aussi  mentionner  la  mort  de  M.  John  Johnbs,  de  Dolaucothy 
(né  en  1800,  mort  le  19  août  1876),  quoique  M.  Johnes  ait  plutôt  protégé  que 
pratiqué  les  lettres  galloises.  Le  lâche  assassinat  dont  ce  Gallois  éminent  et  patriote 
a  été  victime  a  excité  une  vive  émotion  dans  la  principauté.  VArchaologiaCam^' 
brensis,  en  annonçant  la  mort  de  M.  Johnes,  nous  apprend  qu'il  avait  formé  à 
Dolaucothy  une  collection  d'antiquités  romaines,  découvertes  sur  ses  terres  et 
dans  les  environs.  H.  G. 


CRÉATION  DE  CHAIRES  DE  PHILOLOGIE  CELTIQUE. 

Bien  que  ce  numéro  paraisse  sans  chronique,  nous  ne  pouvons  pas  le  fermer 
sans  annoncer  la  création  récente  de  deux  enseignements  de  philologie  celtique. 

Au  mois  d'octobre  1876,  M.  Waddington,  ministre  de  l'instruction  publi- 
que ^  a  institué  une  conférence  de  langues  et  de  littératures  celtiques  à  l'école 
pratique  des  Hautes-Ëtudes  de  Paris  et  il  a  bien  voulu  en  charger  le  directeur 
de  cette  Revue.  L'honneur  qu'il  nous  a  fait  en  cette  circonstance  ne  nous  permet 
pas  d'apprécier  cette  mesure,  et  nous  nous  bornerons  à  lui  en  exprimer  ici 
publiquement  notre  sincère  reconnaissance.  Les  études  celtiques  prenant  leurs 
racines  des  deux  côtés  de  la  Manche  et  rattachant  les  Iles  Britanniques  et  la 
Gaule  dans  une  étude  commune,  nos  lecteurs  s'applaudiront  avec  nous  que  la 
création  de  cette  conférence  soit  Tceuvre  d'un  ministre  qur,  comme  M.  Wad- 
dington, tout  en  étant  excellent  Français,  est  Anglais  d'origine,  et  ancien  élève 
d'Eton  et  de  Cambridge. 


♦  ♦ 


Quelques  mois  plus  tard,  la  chaire  de  philologie  celtique  qu'il  était  question 
de  créer  à  Oxford,  était  définitivement  établie.  C'est  le  Collège  de  Jésus  (le  collège 
gallois  d'Oxford)  qui  avait  pris  l'initiative  de  cette  institution  ;  c'est  un  savant 
gallois,  connu  et  apprécié  depuis  longtemps  des  lecteurs  de  cette  revue,  M.  John 
Rhys^  qui  a  été  nommé  professeur  de  philologie  celtique  à  l'Université  d'Oxford. 
M.  Rhys  va  ainsi  reprendre  et  continuer  l'œuvre  inaugurée,  il  y  a  un  siècle  et 
demi,  à  Oxford  même  par  son  illustre  compatriote  Edward  Lhuyd. 

Ajoutons  à  ce  propos  qu'une  revue  illustrée  du  pays  de  Galles,  Y  Darlunydd, 

dans  son  numéro  de  décembre  1876,  a  publié  une  biographie  de  M.  Rhys,  avec 

une  gravure  reproduisant  les  traits  aimables  de  notre  savant  ami.  H.  G. 

,4 
1.  Ponr  nos  lecteurs  étrangers  il  n'est  peut-être  pas  inutile  d'ajouter  que  M.  Wad- 
dington, récemment  ministre  de  l'instruction  publique,  est  le  membre  de  l'Institut  connu 
par  ses  travaux  d'archéologie  et  d'épigraphie  grecques. 


Ugirant:  F.  WIEV/EG. 


Imprimerie  Gouverneur,  G.  Daupeley  i  Nogent-le-Rotrou. 


LISTE 


DES  NOMS  SUPPOSÉS  GAULOIS 


TIRÉS   DES   INSCRIPTIONS'. 


L'abréviation  O  désigne  les  carnets  de  voyage  de  l'auteur  ;  ces  carnets 

seront  déposés  au  Musée  de  Saint-Germain. 


FaGO  (Deo).  Autel  par  Erdesmins,  fils  d'Er- 
descus.  Pyrénées.  C*  V,  p.  40. 

FEVINAE,  fille  de  Bbllatvlus.  Gratz, 
en  Styrie.  Gruter  763,  p.  6.  Sa  mère, 
ATgcNATA.  Sa  sœur,  Banona.  Son  aïeul, 

.     BlRRACO. 

FLETTlVS  GiHMALOMis.  Zeelande.  Bramb. 

PLORIO,  père  de  Sbnmavcivs.  Alsheim. 
Orell.  682S.  Brambach,  914. 

FREIOVERVS,  fils  de  Vbransatvs,  tongre 
de  la  1**  cohorte  asturienne.  Brambach 
12)1.  ex,  p.  I). 

FRONTO,  nom  romain  au  nominatif,  mais 
aussi  probablement  flaulois.  Voyez 
Fromtu.  Pronto  est  d'ailleurs  fils  du  gau- 
lois Donnus.  Nimes.  C^XIV,  p.  18. 

FRONTU,  mot  écrit  en  langue  gauloise  sur 
le  menhir  du  Vieux-Poitiers.  O  VII, 
p.  15. 

GABRILA,  GABRILLA,  nom  de  femme ,  à 

Tholey.  Brambach  7(2,  et  346. 
GABRO,   datif.    Musée    de    Strasbourg. 

Brambach  1905.  C^  XXI,  p.  25. 
GABROMAGVS,  ville  du  Nonque. 
GAMMI  filiae    Sabinae,    helvète.    Orell. 

6858. 
GANGVSSO  (nis),  père  deVBLMBOA,  femme 

belge.  C  II,  29. 


GANNICA,  nom  d'une  affranchie,  femme 
de  T.  NiGRius.  Mur  de  l'église  fran- 
çaise, à  Morat.  C^  X,  p.  44. 

GARGARIVS,  locus.  Herzog.  N*^  3(8.  St- 
Jean-de-Garguiès  (Bouches-du-Rhône). 

GAVADIABVS  (Matronis).  Juliers.  Ordl. 
2086. 

GEDDI,  surnom  d'honmie.  (Les  D  sont 
barra).  Palatinat,  Bramb.  1780. 

GEDOMO  nom  d'homme.  Saintes.  Mur. 
MCMXCII,  3, 

GENAVA,  Genève.  O  X,  p.  40. 

GENETVS,  père  de  Lblla.  Musée  de  Co- 
logne. C^  VIII,  p.  17. 

GENGETIVS,  Vaison.  Orell.  5761. 

GENNALO  (-nis),  père  de  Flittivs.  Zee- 
lande. Bramb.  27. 

GERMANISSA    viscARi.    Bemay.   OreH. 

5693. 
GESATENIS    (Matronis)    Juliers,    Orell. 

2086.  Bramb.  303,  617. 
GIAMILLIVS,  nom  d'Un  dtoyen  des  Mat- 

tiaci.  Musée  de  Mayence.  C*  X,  p.  13. 

Bramb.  1337. 
GIAMILLVS.  Brambach,  7$4.  C*XX,  p.  37. 
GIAMIVS(Q.).  C*XX,  p.  I. 
GIMIONIS  nom  d'homme  au  génitif.  Turin, 

Murât.  MDXXXVIII,  6.   Le  n*  6^1  de 

Brambach  porte  le  nom  GIMO  qu'il  faut 

peut-être  lire  GIMIO. 


I.  Voir  ci-dessus  p.  153. 
Re9.  Celt.  lU 


21 


298 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


GIMMIONIA,  GIMMIONIVS.  C'XX,  p.  ^4. 

Bramb.  860. 
GISACVS  (Deus),  ex-voto.  Le  Vieil-Evreiix. 

O  m,  p.  27. 
OISON,  nls  de  Sbnubnnis  (gén.)-  Haut 

Comminges.  Musée  de  Toulouse.  G*  V, 

p.  48. 
GIXON.    Ex-voto  du  musée    d'Avignon, 

trouvé  ^  Tresque.   C*  XIII,  p.  8. 
GLANICO     (-rum    resp.),     Saint-Remy 

(Bouches-du- Rhône).  C*  IV,  p.  32. 
GOBEDBI,  inscription  d'Alise.  C^  I,  p. 
GRANNICVS,  esclave.  G'  I,    p.    24    et 

XXI,  p.  I. 
GRANNO   MOGOVNI    (Apollini),   datifs. 

Brambach  484  ;  (66,  I,  614. 
GVTAMIVS  n.  p.  d'homme.  I.  H.  796. 

HAEDVI,  Eduens.  Avenches,  Orell.  )6o. 

HALAMARDVS  (Mars),  Ruremonde.  Orell. 
2002.  Bramb.  2028,  add. 

HALOISSO,  surnom,  au  datif,  d'une  divinité 
inconnue. 

HAMAVEHAE  (Matrones).  Musée  de  Co- 
logne, trouvé  près  Juliers.  Orell.  2087. 
C»  VIII.  p.  15. 

HANNA.  O  V,  p.  39. 

HANARRVS,  Dannorigis  fiUus.  Herzog/ 
281.  G*  V,  p.  46. 

HANNAXVS,  nls  d'AxiONN.  G'  V,  p.  40. 

HARIASA.  Gologne.  Orell.  2003. 

HARONTARRIS,  nom  masculin  au  génitif. 
St-Bertrand-de-Comminges.  Gruter.  DG. 

HARSPVS,  père  de  Dannonio.  G*  V,  37. 

HARSVS,  père  de  Tarbelex.  G*  V,  p.  52. 

HELVETII.  G.  X,  p.  37,  44  V,  46  V, 
47.  Bramb.  890,  1227,  1639,  1640, 
1679. 

HELVORix,  Metz,  Gruter,  xii^  5. 

HEROSSIS,  nom  d'homme  au  génitif,  père 
de  Sbiibkcconisa.  Mur.  1550,  10. 

HORGOLA,  tombe  du  Musée  de  Bordeaux. 
CV,  p.  3j. 

HVGDIO,  nom  d'homme  au  masculin.  Au- 
tel de  Nehalennia  trouvé  en  Zeelande, 
maintenant  à  Lcyde.  G^  viiii^  p.  3. 

HVNIGIVS,  autel  à  Sunuxsalis,  Musée  de 
Bonn,  provenant  d'Eschweiler.  G^  Vlll, 
p.  45  ;  Bramb.  633. 

HVNNV.  G»  V,  p.  39. 

lAISIVS.  Trêves.  Bramb.  789. 

lAMIVS,  I.  H.  767. 

lAMMA,  Bramb.  1066. 

lAMMARVS,  nom  d'homme.  I.  H.  2942. 

lANTVMARl,  gén.  masc.  (Mascivs).  Alpes 
Noriques.  Gruter,  807,  5. 

lANVSSlVS,  fils  de  Ianussius  Gbdus.  Be- 
unçon,  Orell.  4468. 

lARlLLA.  Vienne  (Isère).  Gruter,  746,  3. 

lARMVGIVS  Deus.  S'  Veit.  Orell.  $072. 

lASSA,  lASSIA,  lASSIVS,  lASSVS,  Bram- 
bach, 712,  846.  O  XX,  1 1  ;  XXI,  13. 


lASVS.  Orell.  5430.  Brambach  1770. 
lAVSVS,  Musée  de  Bâle.  G'  X,  p.  26. 
lAVSVGVS,  Musée  de  Ntmes.  G'  XV,  p.  9. 
IBLIOMARVS,  trévire  décédé  en  Dacie. 

Muratori  MXXXI,  2. 
IBDVTVS.  Brambach  1762.  A  Spire,  sek» 

Steiner. 
IGA  ?  fille  de  GoNcoMNETiAcus.  Musée  de 

Bordeaux.  G^  XVI,  p.  32. 
IGAVNI  (Dea),  datif.  Auxerre.  Ordli  187. 
IGGAVOS,  fils  d'OppiANUs.  G»  î,   p.  28  V 
IGGIVS,    Ntmes.  Mur.    XDLXXVI,   8    et 

DGGVIII,  2.  Valréas.  Musée  d'Avignon. 
IDBANIS  GABIABVS,    déesses  mères,    à 

Bonsdorf,    Bramb.     625  ;  à   Gologne, 

Orelli  2083:  Bramb.  519,  $$7,  $58. 
IDENNIGA.  Ntmes,  Mur.  LUI,  $. 
lEDVSSlVS,  Brambach,  840. 
lElLOM,   Paris,  Orell.    1993.  Musée  de 

Gluny. 
lESSlLO  (-nis),  filius  Vindoroici.  Gruter, 

74Ji  II- 

lEVRV,  verbe  gaulois  équiv^  au  latin /etit. 
G'  I,  p.  17  V»;  p.  28  v%  30  ;  G*  III, 
p.  23  ;  G^  VII,  p.  15. 

ILIaTVS,  Ariomani  pater.  Vienne  (Isère). 
Gmter,  670, 3. 

ILIXO,  ILIXONI  (Deo),  Beauvais,  prove- 
nant des  Pyrénées,  Orell.  J897;  G^  V, 
29*  VI    42. 

ILLIOMARVS.  Musée  d'Orléans.   G'  V,  p. 

28.  Avignon.    G'   XVIII,  24.   —  Cf. 

Ibliomarus. 
ILVNGONIS,  nom  d'homme  au  génitif. 
ILVNNOSVS.  G»  V,  p.  31. 
IMIGIVS,  lASSi  (fil  ?).  G'  XX,  p.  26. 
IN,  préposition  gauloise.  CM,  p.    17  v*. 
INGORILLA.  Trêves,  Porte  noire.  Voyez 

Brambach  834  ;  p.-é.  TIGORILLA. 
INDERGA  Musée  de  Bordeaux.  G*  XVI, 

p.  16. 
INDERGILLVS>  père  d'iMDCRCA,  trouvée 

au    Musée    de     Bordeaux.    G^    XVI, 

p.  16. 
INDVLIO.  Musée  de  Strasbourg.  G'  XXI, 

p.  II  ;  Brambach,  1916. 
INOSVMOTVS.  Vienne^  Gruter,  717,  7. 

Carinthie.   —  Trêves,    Orell.     201$; 

Brambach,  8$$. 
INTARANVM,  nom  de  lieu.  O  \,  p.  30. 

lOENALIS.  G*  3,  p.  47. 

lOlMARO,  nom  propre  trouvé  sur  use 

stèle  ftinéraire  chez  les   Suessions.  G* 

VIII,  p.  4  et  I  p.  47. 
lOlNGATA    (NvNoiNu),    surnom    d'une 

femme.  Bibl.  de  Bâle.  G'  X,  p.  26  v*. 
lOlNCATlVS  ATTO.    Trêves,   Brambach, 

82$. 
lOVINGILLVS,  Brescia.  Mur.  MCGCLIIl, 

6. 
lOINGISSlVS   ATTVS,    Brambach,    760. 

Musée  de  Bonn.  - 
lOVITCORIX,  fragment  de  stèle  du  Musée 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


399 


d'Avignoo,  provenant  d'Apt.  C^   XI il, 

p.  29. 
IPPO,   nom  masc.,   petit-fils  de  Vindo- 

Roicvs.  Grutér.  745,  11. 
IRDVCISSA,  nom  d'un  boïen,  68$ 7  à 
lSARA,roise,  nomgéograph.  CMl,  p.  27  v«. 
ISCITTVS  Deus.  C»  V,  p.  39. 
ITMARYS,  Attg.  lib.  Rome.  Grater,  DCXV, 

J. 
IVAV,  datif,  divmitè  topique.  C  VU,  p. 

IVBRON,  à  Malaucène  près  Vaison.  C* 

XYUI,  p.  18. 
IVllNA,   autel  taurobolique  du  Musée  de 

Bordeaux.  C'XVl,  p.  i. 
IVMBERBER,  C»  V,  p.  jj. 
IVMMA,  fils  d'ExoBNiu,  citoyen  mèdioma- 

trice,  Br.  i$72. 
IVNGATO,  datif,   fils  de  Tocius.  Ratis- 

bonne.  Gruter^  709,  9. 
IVNNA,  femme  de  Ivmua,   médiomatrice. 

Bramb.  1572. 
IVORIX,  nom  de  femme,  Musée  de  Bor- 
deaux. O  XVI^  p.  12. 
IVTVCCYS,  stèle  ftin.  avec  trois  bustes, 

deux  hommes  et  une  femme.  Musée  de 

Langres,  p.  41* 
IVVAVO,  ablatif.  Ancien  nom  de  Salzburg. 

Salzburg.  Oreli.  496. 

KA£SITaAOI,  nom  d'hommes  en  carac- 
tères grecs,  tiré  d'une  inscription  gau- 
loise, de  Ntmes. 

KANETVM,  Bemay,  vase  d'argent.  Orell. 
588$. 

KARNITVS,  O  XI,  p.  7. 

KAPTA,  nom  propre  sur  un  chapiteau ,  à 
Ntmes.  e  XIV,  p.  7. 

KVITOS,  O  XI,  p.  7. 

LABURO.  Laybach  (Camiole).  Orelli  2017. 
LAÇA VO  (Marti  aug.),  Ntmes.  Orell.  2018 

C^  XIV,  26, 
LACERILIS.  I.  H.  462$. 

laCTOR.  Gruter,  29,  ij  et  14.  lacto- 
RATENSIS  civitas,  ibid.  30,  i.  Lec- 
toure. 

LADICVS  (Jovis),  I.  H.  2$2$. 

LAGANA,  surnom  de  Pbnnavsivs.  Inscrip- 
tion trouvée  à  Caradunum,  Carden, 
cercle  de  Coblentz.  Bramb.  712. 

LAHA  (Dca).  C*  V,  p.  30.  —  LAHE,  divi- 
nité topique  vue  par  Millin,  au  Musée 
de  Toulouse.  Ex-voto  de  M.  Lucius  Ge- 
minus  ;  Orell.  2016. 

LALLA,  LAL1.VS,  C^  XX,  p.  27  ;  Bramb. 
82J,  8J7. 

LANVISSA  et  ses  fils.  G'  XX,  p.  2. 

LARRASONI,  datif.  Orelli  $893.   Herzog 

78,  79- 
LATOB.,  près  de  Haselbach.  Orell.  5281. 
LATOBIO,  datif.  Carinthie,   Orelli  2019. 


LAXTIA,  fille  de  Matidonnus.  Tombeau  du 
Musée  de  Langres,  C^  XII,  p.  39. 

LE(DDI)GNATA,  G'  XXI,  p.  22,  Bram- 
bach,  184$. 

LEHERENNO,  Deo  Marti.  Aquitaine. 
Orelli,  2020,  J894,  J895.  C'  V,  p.  30, 

ih  54,  Î5,  )7- 
LEITVRRONIS    (Solimarvs).    Trouvé    à 

Brignon  (Gard).  Herzog. 

LEKATOS,  G»  XI,  p.  7. 

LELAV,  Brambach,  1872. 

LELLA,  fille  de  Gbnbtus  ;  autel  de  ma- 
trones, au  Musée  de  Cologne,  C^  VIII, 
p.  17.  Brambach,  333,  634. 

LELLA VVO,  nom  d'homme.  Bramb.  646  ; 
p.-être  y  a-t-il  Lellaws. 

LENO  Marti  Deo.  Bramb.  840. 

LESVRIDANTARIS,  homme.  I.  H.  2900. 

LEVCETIVS  (Mars).  Musée  Toussaint  à 
Angers.  —  Mayence.  Brambach,  92$.  — 
Wiesbaden.  Brambach,  929.  930,  1 540. 

—  Cf.  Lbvcetia. 

LEYCI,  peuple  de  la  Gaule  Belgique.  C^  XX. 

p.  19.  Orell.  $239. 
LBXEIA,  fille  d'OMBBXON.  C^  X,  p.  $0. 
LIAMARVS,  père  de  Samorix.  C^  XV,  p. 

27- 
LiCAIVSvel  LICAVS,  Sbri  filius.  Brambach 

1519. 

LICCAVS,  pater  S  as  ai.  Bramb.  232. 

LICIRRO  ou  LIGIRRO,  nom  d'un  pagus 

à  l'ablatif.  Nice.  Mur.  MLIIII,  3. 
LICNOS    coNTBXTOs,    nom  propre    suivi 

d'un  surnom.  C^  I,  p.  30. 
LIFFIO,  batave,  père  ae  Daqnus.  Bramb. 

40. 
LIGVRES,  Nice.  Orell.  5 107. 
LILLVTVS  (..I),  messin.  O  XX,  p.  15. 
LIMOGIVS.  Milan.  Mur.  MDCLXI,  4. 
LINGONAS,  ace.  pi.,  Aiesia.  Orell.  2028. 

—  LINGONVS,  Bourbonne-les-Bains. 
Orell.  $880.  —  COL(oniae)  LING(onum) 
L(iberti).  C^  XII,  p.  25.  Langres, 
Gruter  263,  2. 

LINVSl,  nom  d'homme  au  génitif.  Ntmes, 
Mur.  MDCCLXXVIII,  l. 

LISCIVS,  nom  patronymique  dérivé  proba- 
blement de  Liscus,  gaulois,  dans  Cbar 
(de  bello  galUco,  édit.  Nipperdey,  26$, 
13,  20  ;  266,  2,  4).  Brambach  82$. 

LIT  A  VI  ce  VS,  dédicace  à  Nemausus  sur 
le  tailloir  d'un  chapiteau.  Le  mot  est 
incomplet,  les  quatre  premières  lettres 
ayant  disparu.   Ntmes,  C^  XIV,  p.  12. 

—  Musée  de   Langres,  C  XII,  p.  30. 

—  Musée  d'Epinal,  C^  XXI,  2. 
LITAVIS,  épithète  de  Mars.  CM,  p.  43  v". 
LITOYMAPEOC,  collection  de  M.  de  La- 

goy  à  St-Remy.  Ma  copie. 
LITTIONIS,  génitif  masc,   super   insul. 

Benaci,  Gruter  733,  >. 
LITVCCVS,  père  d'ERATO.  Vaison.  Gruter 

1121,  4- 


300 

LITVGENA  (PosT.)  Cclda.  Gruter  705,  i. 
—  AN  AVON  IS  uzor.  Narbonne.  Grnter, 

99$,  $. 

— LITVGENI VS,  Luxcmb.  Gruter  7?  2, 7. 

LIT VM ARA,   mère  de  Senovir,   fille  de 

LiTAviGcus.  O  XXI,  p.  2. 
LITVONA,  Narbonne.  Gruter,  811,  2. 
LOBESSA.  Voyez  Lovessus. 
LOHITTONNE  ablatif.  Gruter  764,   l.  St- 

Bertrand-de-Commlnges. 
LONVSVS,  nom  propre.  Sens,  inscr.  p. 

LOVATVS,  I.  H.  681. 

LOVBAy  Gastinasi  filia,  ubienne  Bramb. 

27$. 
LOVCETIO  Marti,  et  UVCETIO  Marti  ; 

lames  de  bronze  trouvées  à  Marien- 
bom  près  Mayence.  Un  autre  LOVCE- 
TIO (M.)  trouvé  à  Walcot  Britanniae, 
avec  Nbmbtoha.  Orell.  5898.  —  Cf.  Lbv- 

CBTIUS. 

LOVESIVS^  A.  I.  H.  2380,  2467. 

LOVESSVS  2$  18.  Muratori,  MCMLXXXIII, 
1.  LOBESSA  79,  346,  381,  387. 

LOVSONNA,  LOVSONNENSES  (Vicani) 
Vidy.  Orell.  324. 

LVCASSONI,  nom  d'homme  au  datif. 
Mur.  MCCLVI,  4,  Brescia. 

LVCTERIVS,  cadurque,  grand  prêtre  à 
Lyon.  C^  II,  p.  19. 

LVGOVES ,  sur  le  tailloir  d'un  chapiteau 
de  colonne  corinthienne,  en  lettres  creu- 
ses de  12  cent.,  avant  reçu  des  carac- 
tères en  bronze,  dont  l'un  subsiste,  le 
dernier.  C*  X,  p.  46  v*,  Musée  d*A- 
venches. 

Ce  même  nom  se  retrouve  en  Es- 
pagne, chez  les  Celtibères,  à  Osma, 
l'ancienne  Uxama,  sur  un  autel  élevé 
aux  Lugoves  donné  par  un  personnage 
à  peine  dénommé  au  collège  des  tail- 
leurs, 

U  semble  donc  que  les  Lugoves  étaient 
des  espèces  de  matronae^  protectrices 
des  ouvriers  tailleurs  d'habits.  (Hûbner, 
2818.) 

LVGVADICVS,  I.  H.  2732. 

LVGVDVNl,  Lyon,  382,  i,  fréquent.  — 
LVGDVNI,  plus  rare.  —  LVGDV- 
NENSES,  Gruter  649,  7.  —  LVGVDV- 
NVM,  nom  primitif  de  Lyon.  C»  XIV, 
p.  16,  3,  et  C  n**  22,  23,  2j,  26 
passtm.  C^  VIII,  29  V*. 

LVTONIS,  nom  d'homme  au  génitif.  Mi- 
lan. Mur.  MDCLXI,  4. 

LVTTACVS,  nom  propre.  C*  XV,  p. 
12.   Musée  de  Ntmes,  stèle  d'ex-voto. 

LVTTIVS,  civis  Lugdunensis.  Gruter  894, 
2.  Orell.  4447. 

LVTTONIVS,  Cologne.  Bramb.  903. 

LVXOVIO.  Luzeuil.  Orell.  2024. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


MACGO,  surnom  joint  i  un  nom  demî- 

effacé.  Brambach  1192. 
MACEMARVS,  Celeia.  Gruter  702,  11. 
MACENA,  Macemari  ttxor.   Gruter  702, 

II.  Cf.  Magrna. 
MACIRIVS,  meastn.  C*XX,  p.  2. 
MADICENVS.    Guffliel,  entre  Afonda  et 

Lerma.  Mur.  MCDLXXVIIII,    12.    Cf. 

MSDVGBNVS  I.    H.    162. 

MADICONIS,   nom  d'homme  au  génitif. 

Murât.  MCCLVI,  4. 
MAELO,  I.  H,  749. 
MAGEMARVS.   Baic.    Mur.   DGCCXXXII, 

4- 
MAGENA,    fille    de  MAgiiiarvs.   Baies. 

Mur.  DCCCXXXII,  4.  Cf.  Macbna. 
MAGIACVS.  père  de  Banvca.  Orelli  4900. 
MAGIDIVS  BOISCVS.  Narboime.  Gruter 

983,  10. 
MAGILIVS,    I.  H.  2907.   C*  II,   p.  4  V, 

p.  54  V,  p.  $6. 
MAGILO  CLOVTI,  I.  H.  809,  865,  2633, 

3051.  V.  BODXCtVS. 

MAGIORIX  et  Quintus,  Secundi  filii.  C* 

XXI,  p.  é.  Natalisfilio  (...  ori^i). 
MAGIRRA  et  SVRIO,  nom.  Brescia.  Orell. 

4826. 
MAGIRVS,  père  de  SscuNDUsetfiUd'AvG- 

TOMARVs.  Celeia.  Gruter  73 3 f  i. 
MAGISSA,  Brambach  1780. 
MAGISSIVS  Attianus  et  MAGISSIVS  Hi- 

bemus,  custos  armorum  leg.  XXII  prim. 

pro  fide.  C*  XXI,  p.  12. 
MAGIVS,  -A,  citoyens  (de  vercël.   dppe 

funéraire  du  Musée  d'Avignon  trouvé 

à  Vaison.  C*  Xlll,  p.   32.  —  Nîmes. 

C»  XIV,  p-   3J,   31  ;    C  XV.   p.  19. 

Voir  aussi  Gruter.  C^  I,  p.  10.  C*  VIll, 

p.   5.  I.  H.  709,  922,  926. 
MAGLIVS,  père  de  Pama.  C  XXIII,  p.  1 1. 

Orell.  5217. 
MAGLO  (Deo),  à  Dax. 
MAGNIANVS,  fils  de  MARI8CA.  Musée  de 

Langres.  C*  XII,  p.  43,  44. 
MAGVLIO,  I.  H.  282$. 
MAGVLVS,  près  Vérone.  Mur.  MCDI .  il. 

Cf.  Taximagulus  (César,  édit.  Ntpperaey), 

360,  9. 
MAGVNIA,  stèle  fim.  du  Musée  de  Lan- 
gres. C^  XII,  p.  46. 
MAGVSANVS   (Hercules),  autel   trouvé  à 

Bois-le-Duc.  Musée  de  Leyde.  C^  IX,  p. 

5.   Rein.    39.    i.  —  Ecosse,   par  un 

tongre.  OreH.  5729.  Brambach  51, 130, 

134. 
MAHLINEHAE  (matronae),  autddu  Musée 

de  Cologne.  C^VIII,  p.  17. 
MALDVA,  I.  H.  2680. 
MALSONIS,  gén.  masc.  Gruter  763,  6. 
MALVISAE,    surnom  de  déesses  (Oûe). 

Autel  du  Musée  de  Cologne.  C^  Vlll,  p. 

18.  Orell.  2089. 
MAMMAIVS.  C  II,  p.  5. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


JOI 


M AMMISSO  ?  (-onis),  surnom  de  femme. 
Musée  de  Lances.  V-  XII,  p.  32. 

MANGO,  nominatif.  Tremosine,  près  Bres- 
da.  Muratori  MCCXCV,  6. 

MAPONVS  Dcus,  Orcll.  J900  ;  Cumber- 
land.  ^  Histrio  rocabalus.  Bour- 
bonne-les-Bains,  dessins  de  Saint-Ger* 
main. 

MARFVS,  père  de  Vassorix.  Brambach 
i8$8. 

MARICATVSA.  Tombe  de  fenune.  Musée 
de  Bordeaux.  C^XIX,  p.  14. 

MARIO  (-ni),  Gmter  73),  5. 

MARISCA  ou  MARISCVS.  Tombe  du  Musée 
de  Langres.  O  XII,  p.  44. 

MAROSALIENSES.  Marsal.  Orell.  5214. 

MARVLIA  MARVLLA.  Stèie  fîin.  d'Aug. 
Rauracorum.  C^  X,  p.  29. 

MARVLLVS,  messin.  O  XX,  p.  8. 

MASCIVS,  fils  de  Bbccon.  Orell.  4901. 

MASMA(?),  femme.  O  XVI,  p.  38. 

MASSA  VA,  nom  de  lieu.  Inscription  votive 
trouvée  à  Mesves.  Estampage. 

MASSILIENSIVM  (Resp.).  Herzog.  610. 

MASSO  (Helvius),  decurio  Viennensis.  Her- 
zog, J4)- 

MASVCIO  (-onis),  nom  isolé.  Musée  de 
Bâle.  C  X,  p.  26. 

MASVO   (onis),    surnom   d'une    Oclatia. 
'  Musée  ae  Mayence.  C*  X,  p.  47. 

MATAVO  (pagus).  Herzog.  385. 

MATERIONA  Cattai  filia.  Orelli  6858. 

MATICIVS.  Tombe  à  Amsoldingen.  G* 
X,  p.  46. 

MATIDONNVS.  Tombe  du  Musée  de  Lan- 
gres. C^  XII,  p.  39. 

MATO.  Bordeaux.  C'  XIX,  p.  2.  —  Mâcon^ 
ma  copie. 

MATRAE,  déesses.  Sur  une  arula  dif  Mu- 
sée de  Ntmes.  G'  XI V^  p.  14.  Heivétie, 
Alsace.  Orell.  2080.  —  Besançon.  Orell. 
2091. 

MATRONA,  divinité  topique  de  la  Marne 
qui  avait  un  temple  a  Langres.  An- 
nuaire de  la  Haute-Marne  de  1838,  ma 
copie.  —  Ce  nom  appartenait  aussi  au 
mont  Genèvre  ;  Itin.  de  Bordeaux  à 
Jérusalem,  $  $6,  ou  plutôt  à  la  source  de 
la  Durance  dans  le  col  où  passait  la 
route  dMtalie.  —  Voyez  comme  surnom 
d'Otacilia,  Bramb.  1836,  et  comme  nom 
d'une  helvétienne,  fille  de  CovatuUus, 
Bramb.  1839. 

MATTAI  CARASI.  Bramb.  1863. 

MATTIACI.  Cassei.  Qrell.  5243. 

MATTIACORVM  (civitas),  monuments  reli- 
gieux du  Musée  de  Mayence,  O  10,  p. 
12  et  13.  Orelli  4983,  5655.  Bramb. 
897,  iJïJ.  »)«6,  1330,  1336. 

MATTIVS,  père  d'AxTVRVs.  Br.  1825  à 
Sçire.  '—  Salinanvs,  sur  un  autel  à 
Minerve,  à  Saint-Guiraud  (Gers).  G*  V, 

3Î. 


MATTO  ;  ce  nom  peut  être  latin.  Brambach, 

1207. 
MATTONIVS,  civis  Tribods.  C»XXII,i).2. 
MATTVCIA,  fille  de  Matuccius  (sic).  Nice. 

Mur.  MLIIII,  3. 
MATVA.    Tombe  de  Sulpicia   Matua  du 

Musée  de  Bordeaux.  C^  XVI,  p.  4.  — 

Monum.  à  Claudia  Matua,  ibid.  C^  XVI, 

p.  2J. 

MATVCCIVS.  Saleme.  Mur.  MMLXXIIII, 

7.  —  Voyez  Mattucia. 
MATVGENIA,    Soleure.    Orelli    410.  — 

Langres,  Annuaire  de  la  Haute-Marne, 

p.  M2. 
MATVGENVS,  boien  des  Landes,  Musée 
de  Bordeaux.  C  XIX,  p.  10.  —  MATV- 
GENA    (ou   -NVS).    Langres,    Grutcr 

923,  4.        ^       ^ 
MATVGIVS,  près  Uzès.  Mur.  MDCCVIIII, 

9.  MATVCIVS,  ib.  MCCLXVI,   8. 
MATVNA,  I.  H,  1209,  2746. 
MATVTO   boien  des    Landes.  Musée  de 
'  Bordeaux,  O  XIX,  p.  10. 
MATVVS,  père  de  Bbtvdaca.  Musée  de 

Bordeaux.  C*  XVI,  p.  27. 
MAVIATINEHAE,  matron.   Burgel,   près 

Cologne.  Orell.  2088. 
MECACVS,  C*  III,  p.  10. 
MEDAMVS,  L  H.  774.  2402,  2520. 
MEDDIGNATIVS,     Citoyen      Mattiaque. 

Musée  de  Mayence.  C^  X,  p,  13,  QreU. 

4983.  Brambach  1336. 
MEDDIGNATVS,  C*  XXI,  p.   I.* 
MEDDILA.  Brambach,  1718. 
MEDDILIVS   Carantius,    nom   d'homme. 

Brambach  1569. 
MEDDVGNATVS.     Près    Soulosse,    auj. 

à  Epinal,  Mur.  MLXXXII,  2.  Ma  copie. 
MEDIGENVS,  I.  H.  162. 
MEDIOLANNENSES,   nom   ethnique  des 

habitants    d'Evreux     (MEDIOLANVM) 

avec  redoublement  emphatique  fréquent 

pour  les  inscriptions.  On  trouve  ussibus 

pour  usibus  dans  cette  inscription  même. 

Musée  d'Evreux. 
MEDIOLANVM,  de  la  Gaule  cisalpine.  Sur 

deux  monuments  funéraires  ou  Musée 

de  Mayence.  C^  X,  p.  25.— Milan,  Gru- 

ter  42,  II,  12. 
MEDIOMATRIX.  O  XXV,  p.  4. 
—  TRICVS,  Grutcr  731,  12.  Sens,  n*  4$, 

p.  44.  Bramb.  1089,  1572. 
MEDIOTAVTEHAE,   sumom    de    Matres. 

Musée  de  Cologne,  autel  par  un  vétéran 

de  la  première  légion  Min.  C^  VIII,  p.  14. 
MEDVGENVS,  I.  H.  162. 
MEDVNE   [dea|  (ET  VERCANE),  Bramb. 

709. 
MEGASSI.  Elevé  par  Geminus.  C^  V,  p.  (3. 
MEIDVNIVM  (Castdlum),  1.  H.  2(20. 
MELDI,  Gruter  371,  8. 
MELETIA  Bricostigis  filia.  In  Chelburgo, 

olim  Cherulata.  Gruter  764,  $. 


^02 

MELGAEGVS,  I.  H.  2426,  24)$. 

MELIVS  TovTONis  f.  Arles.  Gruter,  807, 
II. 

MELMANVS,  I.  H.  280). 

MELODATVS,  Brambach  1603. 

MELONli  (CARANTVS  Et).  Muséc  de 
Wiesbaden,  Bramb.  1321.  —  MELO- 
NIVS,  nom  d'homme  et,  en  même 
temps,  nom  de  la  famille  fondatrice  du 
village  dit  des  Mehnii^  famille  prob. 
gauloise.  Bramb.  1321. 

MELVS,  messin,  fils  de  Cintusmus.  C^ 
XX,  p.  I. 

MEMINl,  nom  ethnique  des  habitants  de 
Carpentras.  Sarcophages  du  Musée  d'Avi- 
gnon, venant  de  Orange,  plus  ancien- 
nement de  Carpentras.  —  MEMINO- 
RVM,  génitif.  Carpentras.  C^  XIIl,  p.  23 . 

MENIMANII,  nom  de  femme  au  nomina- 
tif. Voyez  ATVSIRVS  et  C  X,  p.  6. 
Bramb.  939. 

MENSIACVS,  civis.  Moissac,  auj.  à  Bor- 
deaux, O  XVI,  p.  30. 

MERCVSENA,  Cannthie.  Mur.  MMXXXVI, 

5.  Cf.  VlBlASBNA. 

MEROCILA,  Metz,  Gruter  811,  3. 

MERODV,  deae.  Brambach  1902.  Sur  la 
rive  droite  de  la  Moder,  Mithras,  selon 
Brambach. 

MESSAVA,  fille  de  Dbivari.  Gruter,  p. 
566,  2. 

MlNNODVNVM,  vicus  (Moudon),  Suisse. 
Or.  339. 

MIROBRIGENSES,  I.  H.  2366. 

MOCCO,  nominatif,  père  de  Bbccon.  Orell. 
4901.  Gruter  838,  9. 

MOECTIMARVS  (Veratius).  Herzog.   398. 

MOGETILLA.  Brixia.  Gruter  1099,  6. 

MOGlLLO(-onis).  Stèle  funéraire  du  Musée 
de  Ntmes,  trouvée  à  Ntmes  ou  aux  envi- 
rons. C*  XV,  14. 

MOGILLONIVS,  nom  d'un  préfet  de  la 
II"  cohorte  des  Raétes.  Brambach  1427. 

MOGONTIACVM.  Orell.  4976.  —  MOG... 
id,  4980.  —  MOGONTIACVM.  Borne 
milliaire  du  Musée  de  Mayence,  trou- 
vée près  de  Boppart.  C»  X,  p.  20  v. 
—  Musée  de  Tongres.  C^  II,  p.  28. 
Bramb.  1130,  1281. 

MOGONTI.CAD.  (deus)MoGONs,  Angleterre. 
Orell.  2026. 

MOGONTINIVS,  nom  d'homme  paraissant 
formé  du  nom  latin  de  Mayence.  Le 
monument  se  trouvait  à  Blankenheim, 
d'où  il  a  disparu,  avec  douze  autres. 
Brambach  1988. 

MOGOVIVS,  Nîmes.  C^  XV,  p.  20. 

MOGOVNVS,  Apollo  Grannus.  Bramb. 
191$.  Musée  de  Strasb.  C*  XXI,  17. 

MOGSIVS,  Bramb.  82$. 

MONSVS,  fils  de  Tavrinvs.  St-Bertrand- 
de-Comminges.  Orelli  $88,  2. 

MOPATES  (matres).  Autel  trouvé  sur  le 


Liste  (Us  nçms  supposés  gAuhis, 


bord  du  Wahal,  près  Nimègue.  Musée 

de  Nimègue.  C^  IX,  p.   30.  —  Gaule 

Cisalpine.  Orelli  2094. 
MORINI.  Près  Nimèflue.  Orell.  5211. 
MORiTASGVS  (Deus)  trouvé  à  Alise.  Rd- 

nesius  176,  I.  Orell.  2028. 
MORNVS,   Carinthie.   Mur.  MMLXXVIII, 

MORVINNICVS,  Rome.  Orell.  $219. 
MOSSIANVS.  Tombe  du  Musée  de  Lan- 

gres.  C^  XII,  p.  42. 
MOTOCVS.  Bramb.  809. 
MOTTIA,  trouvé  à   Bergweiler.  Bramb. 

20$6. 

MOTVCA    (Novionia),  Mayence.    Bramb. 

912. 
MOTVCIVS  (libcrtus)  et  MOTVCVS,  trouvé 

à  Trêves.  Br.  809. 
Motucus,  surnom  du  patron,  a  servi 

pour  former  le   nom  patronymique  i 

l'affranchi. 
MVCAPORA,  Orelli,  6832.  O  X,  p.  29. 
MVCASIVS.  Fragment  trouvé  sur  la  route 

de    Bonn    à   Coblenz  ;  ce    nom  est 

celui  du  fils  d'un  soldat  thrace.   Br. 

489. 

MVCATRA,  autel  porté  de  Clèves  à  Bonn. 

MVCATRALIS,  Bramb.  1060,  i28(,  1341. 

MVqCASENlE  OU  -NIA,  femme  du  pays  de 
Mayence  ou  Strasbourg.  C^  XXV,  p.  20. 

MVRRENSES  (vicANi),  Musée  de  Stutt- 
gart. Brambach  1)9$. 

MVTACVS,  fils  de  ToROGiLU).  Tombe  du 
Musée  de  Langres.  C^  XII,  p.  32.  — 
MVTACA,  ibid.,  p.  40.  —  L.  Julius 
MvTACvs^  séquane,  mort  à  Bordeaux. 
C»  XIX,  p.  8. 

MVTILVS,    fils  de  COMBVOOWATVS.  C»  IV, 

p.  38. 

NABEICVS,  surnom  de  Mars.  Au  Musée 
d'Avignon,  provenant  de  Saint-Didier. 
C^  XIII,  p.  34. 

NABIA  (Dex),  I.  H.  2378. 

NAHANTENN,  fille  de  Pactvs.  C*  V,  p. 

44- 
NAMAV£.  Herzog  249. 

NAMAYCATIC,,  ethniûue  de  Ntmes.  Ins- 
cription du  Musée  d'Avignon  provenant 
de  Vaison.  C^  XIll,  p.  24. 

NAMNIS,  Mannheim.  Orelli  188.  Bramb. 
891. 

NANTVATES.  Inscription  trouvée  à  Saint- 
Maurice  dans  un  mur  de  l'abbaye.  C^  X, 
p.  33.  Orell.  209. 

NARBO,  nom  de  Narbonne.  Nîmes.  C  XIV, 
3.  —  Mayence,  C*  X,  p.  1.  —  Aquae 
Apoll.  Orell.  $210. 

NARBOSTON.  C*  V,  p.  38. 

NARIA  (dea),  Sur  la  base  d'une  statuette 
en  bronze,  trouvée  à  Mûri  (Suisse). 
Orell.  n*  $903.  Mommsen,  216.  Musée 
de  Berne. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


NARlA  NOVSANTIA,  Cressier.  Ordl.  5031. 
Momms.    163.  O  X,   p.  49  V*. 

NBHALENNIA,  Dom  d'une  divinité  topi- 
que. Autel  trouvé  avec  beaucoup  d'au- 
tres à  Dombourg,  dans  Itle  de  Watcheren. 
Musée  de  Leyde.  O  IX,  p.  3  ;  C^ 
II,  p.  3a  V*.  Rein,  177,  I  ;  178,  I; 
179,  I  ;  180, 1;  181, 1  ;  182,  I  ;  183, 
i;  184,  I.  Bramb.  27-45;  48-50; 
441,  442.  Paris,  —  Orelli  2030.  — 
BOnn.  Orelli  3912. 

NATOPORVS,  ZiAB  reginae  nepos.  Rome. 
Mur.  1039,  3. 

NEM,  NEMA.  Brambach  1406,  1968. 

NEMATEVVS,  grand-pére  de  Parridius. 
Gap. 

NEMAVSVS,  deus.  Ntmes.  Orell.  2032, 
5210.  O  XIV,  2,  3,  9,  J,  8,  12,  14, 
3*>  ÎJ>  38,  40.  C^  XVII,  ij.  Gruter, 
323,  5.  —  NEMAVSVS  (matcmius),  nom 
d'homme.  Sa  femme  PRIMNIA,  médio- 
natrice.  Brambach,  1089.  —  Couinvs 
NEMAVSVS.  Herz.  124. 

NEMETAC.  Arras.  C*  H,  p.  27  v. 

NEMETOCENA.  Ancilla  publica,  morte  à 
Bordeaux.  C*  XVI,  p.  21.  —  Fille  de 
Samogenvs,  morte  à  Bordeaux.  O  XVI, 
p.  25. 

NEMETONA,  avec  Mars  Loucetius.  Walcot, 
Gr.  Bret.,  Orell.  5898.  —  Altripp. 
Orelli  5904.  Brambach  1790. 

NEMHTON.  nom  neutre,  se  traduisant  par 
temple, /ânu/n.  C^  XIII,  p.  24. 

NEMETVM  (dvitas).  Bramb.  passim. 

NERSIHENAE,  matrones  du  Musée  de 
Cologne  trouvées  dans  le  pays  de  Juliers. 
V.  Vatviab.  C»V1II,  p.  18. 

NERTA,  femme  de  Cantosbnus.  Musée  de 
Bordeaux.  O  XW\,  p.  5 . 

NERTAGVS.  La  Souterraine.  Gruter, 
DCC,  3. 

NERTOBRIGA,  ville  d'Espagne.  Bramb., 
1150,  ii$i,  1160.  I.  H.  973. 

NERTOMARVS,  nom  propre  d'un  éduen. 
C*  1,  p.  33t  —  Nom  propre  d'un  boîen, 
fils  d'iRDvcissA.  Or.  6857  a.  —  ^^^m 
d'un  membre  (esclave)  du  collège  des 
fidèles  de  Mercure  à  Celeia  :  Crescens 
Nirtomarii  patron.  Orelli  2394. 

NERTOMIR,  Brambach,  add.  ad.  1376. 

NERTONIVS,  Rome.  Mur.  DCCCXXXVII, 
4.  Nom  emprunté  par  les  Larins  aux 
Gaulois  de  la  Cisalpine.  Surnom  de 
Nertomarivs,  Brambach  29.  Rein. 
183,  I. 

NERVIVS,  NERVIA.  Autel  aux  Mères 
Mopatis  trouvé  sur  le  bord  du  Wahal, 
près  Nimègue.  Musée  de  cette  ville. 
C*  IX,  p.  30.  C*  VIII,  p.  41.  —  Tombe 
de  la  femme  d'un  nervien.  Lyon,  5968 
NERVIO,  Or.  $968.  Bramb.  71,  418. 
—  î^7ï  S^n»  fenmie  de  nervien. 

NETON  (Deus),  I.  H.  3386. 


Î05 

NEVELIS,  nom  d'un  viens  à  l'abl.  pluriel. 

Nice.  Mur.  MLIIII,  3. 
NEVTTO,  Tacavsi  f.C  II,  p.  26  r,  ex- 
voto  à  Celles,  près  Namur. 
NIBEIVS,  Tac.  nlius.  Mannheim.  Bramb. 

1380. 
NIDA,  la  Nied,  rivière,  affluent  du  Mein. 

Bramb.  1311,1312.  Or.  5242. 
NITIOGENNA  (TuUial.  Autel  à  la  victoire 

d'Auguste,  du  musée  de  Lausanne.  C*  X, 

p.  31.  Mur.  XCI,  10. 
NOREIA,  norique.  Orell  2034,  13$.  H^ 

henstein  en  Carinthie.  Orelli  3905. 
NORICVM.  Celeia.  Orell.  52J8,  J9,  60. 
NORICVS,  Gruter  187,  1.  id.  367,  4,  id. 

411,7. 
NOVENSES.   Runovich  (Dalmatie).  Orell. 

5274,72.        ,    ■ 
NOVIALCHVS,  père  de  Savtvs.  Brambach 

839. 
NOVIOMAGVS,  nom  de  lieu.  C*  II,  p.  27 

v*.  Milliairede  Tongres,  face  II.  Gruter 

DXXXll,  9. 
NOVIONIA  MoTvcA.  Mayence.  Bramb.  91 2. 
NOVSANTIA  fDea  Naria).  Voir  Naria.  — 

Autel  trouvé  en  1828,  à  Landeron  près 

Neuchâtel.  Orell.  n<»  5031.   C*  X,  p.  49 

V. 

OCELVM,  Aauae  Apoll.  Orell.  }2io. 

OCTA,  nom  de  femme.  Stèle  fiin.  du  Musée 
de  Langres,  O  XII,  p.  42. 

OCTOGANNAE  (-is),  matrones  .du  Musée 
de  Bonn,  trouvées  avec  cin^  autres  au- 
tels analogues,  sur  la  seigneurie  de 
Gripswald.  C^  VIII,  p.  44.  —  OCTO- 
GANNAE (-abus).  C*  VIII,  p.  45. 

ODECOMO  (nis)  f.  Gruter  857,  8.  Carin- 
thie. 

ODESSITANORVM  Civitas.  Varna.  Orelli 
5290.  Istriae. 

ODOVNA,  nom  de  lieu.  CM,  p.  30. 

ODOXO,  Gruter  764,  i.  —  St-Bertrand 
de  Comminges. 

ODRVTA,  C»  III,  p.  13.  V. 

OGILOLVS,  mari  de  Nbustocbna.  Bor- 
deaux. C'XVI,  p.  2$. 

OLAATVS,  de  Luxeuil.  C*  2,  p.  3. 

OLATO  (-nis).  Musée  de  Ntmes.  C*  XIV, 
p.  24. 

OLEDO,  Brambach  825. 

OLILLVS  (C.  Gentius),  magister  du  pagus 
Condatensisà  Lyon.  C^  XXIII,  p.  40  v". 

OMBEXO  (-nis).  Aq.  père  de  Lbxcia.  C*  V, 
p.  jo. 

ONSVADVLIA  Privata.  Bourg  St-Andéol. 
Mur.  MCCCXLI. 

OPPALONIS,  nom  d'homme  au  gén. 
Gruter,  780,  5. 

OPPI ANICNOS,  nom  patronymique  gaulois. 
C»  I,  p.  38  v«. 

ORECETVS,  nom  propre.  1.  H.  3723. 

ORGETIA,  Autriche.  Orelli  5266. 


}04 

ORGOANNO.  datif.  St-Bertrand-de-Gom- 

minges.  Muratori,  XCDII,  5. 
OSSON,  D  V,  p.  il. 
OTVANEVNVS,    arc    de     Saintes.    Mur. 

MCMXCII,  3. 
OVATVS,  I.  H.  777. 
OVlL  (Colonia).  Autriche.  Orelli  5266. 
OYILLONEOC,    flénitif  de  OYILLONEYC. 

Inscription  en  Tangue  gauloise  du  Musée 

d'Avignon^  provenant  de  Vaison.  C*  XiU, 

p.  24. 
OYPITTAKOC   HA.OYCONIOC,  monument 

funéraire.  C*  iv,  p.  32. 
OVSONA,  Metz.  Gruter  922,  11. 
OXIA,  nom  de  femme,  fille  de  Messor. 

O  2,  p.  6. 

PALMA  (cura),  sur  une  tombe  de  citoyen 
ambien,  tuteur  de  deux  jeunes  fiUes.  C^ 
XIX,  p.  4.  Bordeaux. 

PALMVS,  Rome,  Mur.  1288,  2. 

PALMVS  (Nasonis).  Ntmes.  Mur.  1404. 
10. 

PAMA,  soror  ViRDOMARi.  Mur.  870,  3,  et 
Maftei  CXXI,  }.  —  A  Lyon,  la  fille  de 
Prisdanus.  —  G'  XXllI,  p.  11,  fille  du 
s^gusiave  Maglivs. 

PANNO  (M.  Ulpius).  Brambach  646. 

PARAMEIVS.  nom  du  fils  de  Sbrantoma. 
Musée  de  Langres.  C^  XII,  p.  22. 

PARARIGVS,  frère  d'une  affranchie.  Musée 
de  Langres,  O  XII,  p.  22. 

PARDION.  Milan.  Gruter  803,  9. 

PARDVS.  Bramb.  1068. 

PARIDIA.  insc.  de  Gap.  I.  H.  3309.  cf. 
Parridia. 

PARNO,  datif.  Bramb.  688. 

PARISII,  Auxerre.  Gruter,  371,  8. 

PARRA,  Brambach,  1153. 

PARRIDIVS    (T.),   Parrionis   g.,   filius, 
gentilidum.  Insa.  existant  à  Gap,  pro- 
venant, dit-on,  de  Briançon.  — T.  PAR-. 
RIDIVS  INGENVS,  fils  du  précédent.  — 
PARRIDIA  GRATA,  sa  fille. 

PARRIO,  père  de  Parridivs  et  fils  d'Ex- 
ciNGON.  Inscr.  de  Gap. 

PATTA,  Brambach  745. 

PEDO,  I.  H.  1001. 

PELISTVS,  1.  H.  240 J. 

PENNAVSIVS  LAGANA,  mari  dc  SiDONlA 
lASSA.  Monument  trouvé  à  Caradunum 
(Carden,  aux  env.  de  Coblenz).  Bramb. 

PENTILVS,  I.  H.  2635. 

PEPPO,  homme  nomin.  Brambach,  183^. 

PERCERNES.    (Nympha).  Vaison,  Orelli 

J761. 
PETOATICI,  gén.  Brambach  1818. 
PETRVCORII,  nom  dc  peuple.  C'  VII,  p. 

34.  Orelli  52^4.  Brambach.  1230. 
PETVRRO  (-nis).  O  XXI,  p.  i. 
PIANDOSSONN,  père  de  andossvs.  C*  V, 

p.  39. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


PICTAVVS,  PICTAVOS.  —  O  XXV,  p.  7. 
PICTAV,  Bramb.  134$. 

PIEPORVS,  rex  COISSTOBOCENSIS.  Ro- 
me, Mur.  1039,  3.  Voyez  Zia. 

PINTAMVS,  I.  H.  2378. 

PINTIO  (Lupulinius).  Bramb.,  add.  2047. 

PIRACOBRVNA,  Bramb.  760. 

PIROBORI.  Brambach  31$. 

PISOCIA,  I.  H.  798. 

PISTILLVS.  Maycnce.  Orcll.  2776. 

PIXTACVS.  Stèle  fîmér.  du  Musée  de 
Langres.  C^  XII,  p.  41- 

POENINA  (vallis).  C'est  ainsi  qu'est  ton- 
jours  orthographié,  dans  les  inscr.,  le 
nom  de  la  vallée  supérieure  du  Rhône. 

POETOVIONENSES.  Pannonia  Sup.  Orell. 
2232,  3592,  5280,  6791. 

POPPILLIVS,  séquane,  citoyen  de  Lyon. 
O  XXV,  p.  6.  POPILIVS.  O  XIV,  p. 
18. 

PORRO  (-nis),  Mur.  1779,  13.  V.  Herzog 
252. 

PRVDECA,  ClMCBTis  filia.  C^XX,  p.  12. 

PVGIVS,  1.  H.  2380. 

PVSVA,  surnom.  Brambach  29e.  CasteU 
lum  Bûrgel. 

PYRENAEVS,  Aquae  ApoU.  Orell.  $210. 

QUIGO  (-nis,  -mus),  surnom  d'un  citoyen 
trévire,  d'oii  est  dérivé  un  nom  patro- 
nymique à  l'usage  des  affranchis  de  la 
même  famille.  C^  I,  p.  29  v*. 

RAETINIO,  Ethnique  d'un  cavalier  du 
nom  gaulois  d'ANDXS.  Musée  de 
Mayence.  C«  X,  p.  15  v*.  Orelli  en  fait 
un  nom  de  localité  à  l'ablatif.  Bramb. 
1228. 

RAETVS,  Bramb.  1521. 

RAMA,  Aq.  Ap.  Orell.  $210. 

RAMEDON,  nom  commun  peut-être  tron- 
qué. O  m,  p.  13. 

RANTO,  I.  H.  2825. 

RASVCO  (-nis).   Zedande.  Orell.  2776. 

Bramb.  48. 
RATIN,  mot  gaulois,  Vieux-Poitiers.  C>  VII, 

RATVLLA,  C*  XXI,  p.  22.  Bramb.  1845. 
Mêmes  observatbns  qu'à  Gnata.  V.  ce 
mot. 

RAVMEDIA,  Brixia.  Gruter  1099,  6. 

REBVRRVS,  Severi  filius.  Orell.  5442- 
fils  de  COROTVRBS,  Brambach  1235. 

RECTVGENVS,  I.  H.  2403,  2907. 

REDSATVS,  Grut.  520. 

REGA,  Enignii  filia  et  Ennae,  Iggi,  en  Car- 
niole,  Gruter  780,  $ . 

REI  Apollinares.  Herzog  389. 

REII,  nom  ethnique  des  hab.  de  Riez. 
Bloc  provenant  d'Emaginum  (Saint- 
Gabriel),  maintenant  au  musée  d'Avi- 
gnon. O  XIII,  p.  6.  Ntmes.  O  XIV, 
p.  40.  Gruter  780, 8. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


Î05 


REITAGENVS  (Julius).  Brambach,  2003. 
REMI,  à  Rome.  Gniter,  178,  i. 
REMVS,  nom  de  peuple.  C^  XXII,  p.  28. 

C  III,  p.  I)  V.  C*  XV,  p.  27.  Bramb. 

164.  Gruter  $6,  12. 
RESSICVS,  petit-fils  de  Cintvssa.  Gruter 

764,  4- 
RETOMA.  Autel  du  Musée  de  Bonn,  venant 
de  Clèves.   O  VII I,  p.  $2.  Brambach 

RHENVS.  Le  Rhin,  fleuve.  Brambach  647. 

RHODANVS.  Le  Rhône  d'après  de  nom- 
breuses inscriptions  de  Lyon.  Passim, 
O  XXlll,  etc. 

RIDITAE.  Salone.  OrelU  502,  $272. 

RIGOMAGVS,  nom  de  lieu.  C^  11,  p.  27 
V.  Orell.  J2j6. 

RIGOVERIVGVS,  Musée  de  Saintes.  L. 
Attdiat  p.  18,  fac-similé. 

ROHINGE,  veteranus  numeri  Francorum. 
Bramb,  195. 

ROSMERTA,  déesse  assodée  à  Mercure^ 
à  Cologne.  O  VIII,  p.  11.  —  autel  du 
Musée  de  Ma)rence,  C*  X,  p.  24.  C^  XX, 
p.  3(.  —  Paris,  Trêves  et  Luxembourg. 
Orelli  5907,  5908,  5909.  —  Brambach 
403,  681,2;  750,  862,  3;  898. 

ROVDIVM,  nom  de  heu.  O  II,  p.  27  v. 

RVDIOBVS,  divinité  topique  des  envo-ons 
d'Orléans.  C^  V,  27. 

RVMANEHABVS,  matrones  Rumenheim, 
près  Juliers.  Orell.  2086.  —  RVMANE- 
HAE  (-abus),  matrones  du  Musée  de 
Cologne  trouvées  à  Juliers.  O  Vlll, 
p.  18  V.  Bramb.  —  RVMANEHAE 
(-is).  Bûrgel,  cerde  de  Solingen.  — 
ROMENEHAE.  Autel  trouvé  à  Lommer- 
sum,  aujourd'hui  perdu. 

RVMNEHIS  et  MAVIATINEHIS  (matronis), 
probablement  pour  RVMANEHIS.  Bûr- 
gel, près  Cologne.  Orell.  2088. 

RVSCINO.  Aquae  ApoU.  Nom  d'un  lieu 
voisin  de  Perpignan.  Orell.  $210. 

RVTENVS,  ethnique.  Bordeaux.  C  XIX, 
p.  8. 

SACCAVVS,  père  de  Vassa.   Gruter  745 

II. 
SACRAPO    coxT.    Tombe     avec    buste 

d'homme  dans  une  niche.  C^  XVI,  29. 
SACRILLIVS.  C»  XX,  p.  28. 
SACROBENA.   Cippe    funéraire    à  niche 

du  Musée  de  Langres,  2  personnages. 

C»  XII,  p.  35- 
SACROVIRVS.  Table  funéraire  du  Musée 

de  Langres.  C^  XII,  p.  26. 
SACRVNA.  Brambach  770.  C»  XX, -p.  31; 

XXV,  p.  24. 
SACSENA.   Brambach   194.  uuecht. 
SAC  V  RI  A,    MvTAci    filia.    Nom   propre. 

C*  I,  p.  29. 
SaCVRO,  surnom  d'un  Sulpidus   espa- 
gnol. A  Bordeaux.  C^  XVll,  p.  2. 

Re¥.  Cdt.  III 


SALASIVS,  surnom  de  Jupiter.  C*  xv, 
p.  22. 

SALEDVNA.  Rabastens  (Gers).  C'est  la 
femme  de  C  Octavius  Faustus  et  la  fille 
d'iUains. 

SALICILLA.  Luxenil.  O  II,  p.  4. 

SALISIVS.  Saint-Bertrand -de-Comminges. 
Gruter  668,  2. 

SALLVVIEI.  Comté  de  Nice.  Orell.  5107. 

SALODVRVM  vicus.  Orell.  402.  C»  X,  48. 

SAMARABRIVA.  Amiens.  C^  II,  p.  27  v*. 
Orell.  )236. 

SAMAVS,  Tabibi  filius,  et  BANVCA,  Ma- 
ciAci  filia,  sa  femme.  Gallarate,  p.  10. 
Orell.  4900. 

SAMICVS  (Sex.  Valerius),  Lntbvi  filius. 

SAMILLA,  mère  de  Divicvs.  Luxeuil. 
C*  II,  p.  2  V). 

SAMIS,  nom  de  femme.  Bramb.  1 347. 

SAMMIVS?  Autel  transporté  de  déves  à 
Bonn.  C^  VIII,  p.  33. 

SAMM,  SAMMO,  SAMMON.  Bramb.  1816, 
836,  1066. 

SAMMVS,  Birten.  Brambach,  151. 

SAMOGA...  Monument  funéraire  du  Musée 
de  Langres.  C^  XI.  p.  47. 

SAMOGENVS,  père  de  Nemetocenna.  Bor- 
deaux. C^  XVI,  p.  25. 

SAMONIGC^  L.  Sur  la  frise  d'un  monu- 
ment i  deux  niches  avec  inscriptions. 
Bordeaux,  C*  XVI,  p.  35. 

SAMORIX  (-igos),  nom  féminin  sur  une 
dppe  funéraire  avec  niche  et  trois  per- 
sonnages, du  Musée  de  Langres.  C  XII, 
p.  41  ;  C  XV,  p.  27  (homme). 

SAMOTALVS,  père  de  Citvsmvs.  O  XXI, 
p.  3. 

SANDRAVDIGAE,  Deae.  Leyde.  Orelli 
$910.  C^  IX,  p.  40.  Brambach  132. 

SANGENVS,  I.  H.  2817. 

SANVACVS,  fils  d'ARBSTA.  Bordeaux.  C* 
XVI.  p.  33. 

SANVCVS,  avec  Mvtaca,  sur  un  monu- 
ment funéraire  du  Musée  de  Langres. 
C*  XII,  p.  40. 

SAPRICIA,  surnom  de  femme.  Bordeaux. 
C*  XIX,  p.  3. 

SAPRICIVS.  Inscr.  de  Vienne  en  Dauphiné. 

SARASVS,  table  funéraire  du  Musée  de 
Langres.  C*  XII,  p.  26. 

SARMIZEGETHVSA.  Dacie  Supérieure. 
Orell.  5280. 

SARRO  (-nis).  Nîmes.  C*  XV,  p.  20.  Pré- 
cédé du  geniilicium  INVENTI. 

SASAIVS,  LiccAi  filius,  miles  coh.  Breu- 
corum  VIII.  Bramb.  232.  Gruter  562,  2. 

SATICOCENNA.  Tombe  du  Musée  de 
Langres.  C*  XII.  p.  35. 

SATTARA.  Neuwiea.  Orell.  988.  Bramb. 
692. 

SATTO,  nom  d'homme,  Vema.  Voyez 
ATUsiRus.  C^  X,  p.  6,  Musée  de 
Mayence.  —  Nom  de  femme,  Musée  de 

'22 


)o6 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


LâBffts,  CXIl,  p.  27.  Bramb.  28.  Can. 

Orelli  56^$.  —  Mayence.  Bramb.  1324. 

—  C.  Iulins  SATTO,  721,  93  ^  Moselius 

SaTTO. 
SATTONIVS.  C*  XX,  p.  28.   ~  SattOilius 

Gratus.  Heddernhdm,  Ordli  661 1.  Br. 

796,  1428  b.,  1446,  IJ77,  84 j. 
SATVLLVS.  Brambach  692.  Orelli  988. 
SAVARIA.  Brambach   1091,  1143,  1146, 

1288,  1752. 
SAVINIS,  femme.  C*  XIV,  6. 
SAYRO,  nom  d'esclave  afiranchi.  Ntmes. 

C*  XIV,  p.  6. 
SAVTVS,  NoviALCHi  fiUus.  Votum  de  deux 

édifices  au  dieu  Mercure  dont  il  était 

sans  doute  le  prêtre.  Bramb.  839. 
SCAPER,  père    de   Crasaro.   Musée  de 

Langres.  O  XII,  p.  36. 
SCARDON.  ScARDONA.  Orelli  $268,  5269. 
SCOTTIVS,  COTlTil   filius.  C»  XXI.    p.  5. 
SCOTTVS.  Tombe  du  Musée  de  Langres, 

C^  XII,  p.  29.  —  Plaque  en  bronze  de 

Besançon.  CMI,  p.  5. 
SDEBDAS  CARETIS  fil.  DOMO   TVRO.  Br. 

230.  Orelli  6861. 
SECCALVS  ?  Sur  une  pierre  tumulaire  de 

Soleure.  C*  X. 
SECCO  (-onis),  Camiole.  C*  XX,  p.  28  ; 

O  XXI,  p.  25  ;  C  XVIII.  p.  7.  Bramb. 

n**  852,  796,  2071  add.  Gruter  869, 

9. 

SECORIGIESES  (Vicani).  Bramb.  306. 

SEDAVO,  père  d'ANNAVs.  Brambach  981. 
C^  X,  p.  ij. 

SEDVLVS,  nom  romain  et  gaulois  en  Cel- 
tique, peut-être  SEDVLLVS  ou  SEDV- 
LIVS.  Cf.  César,  De  bello  gallico.  C 
XXV,  p.  3  ;  C^  XV,  p.  28  et  sedvlia. 

SEDVNI  (civitas  Sedunorum),  Sion.  Orell. 
248.  MM.  8.  Gruter  226,  6. 

SEEVIAE.  C*  II,  p.  27  V.  Orelli  J236. 

SEGEVS,  nom  propre.  I.  H.  2698. 

SEGISAMO,  ville.  I.  H.  291$. 

SEGOBRIGA,  I.  H.  4220. 

GEPOMAPOG,  inscription  en  langue  gau- 
loise du  Musée  d'Avignon,  trouvée  à 
Vaison.  C»  XIII,  p.  24.  —  SEGOMA- 
RVS,  Brcscia.  Muratori  CV,  7.  Orelli 
2123. 

SEGOMONI  DVNATI  Deo  Marti.  Culoz. 
Orell.  7416.  —  SEGOMO  (-nis).  Lyon. 
Orelli  1356. 

SEGONIVS.  I.  H.  2946. 

SEGONTIVS.  I.  H.  2942,  2946. 

SEGVSIAVA.  Ethnique.  C^  V,  p.  38.  — 
SEGVSIAVORVM  libéra  civitas.  C'XXIV, 
p.  6,  7,  8,  9,  10.  —  Fomm  SEGVSIA- 
VORVM, Orelli  J2i6.  —  SEGVSIAVVS. 
Lyon.  oirelL  5217. 

SEGVSINVM  (munie),  Susc.  C*  V,  pi  9. 
Orelli  1690. 

SEGVSlO.  Aquae  ApoU.,  Orelli  pio. 

SEGVSTERO.  Aqux  ApoU.,  Orelli  $210. 


SEGVSTON,    Oppidum  des   environs    de 

Ntmes.  Musée.  C*  XIV,  p.  10. 
SEIANIl  SEBODDV    RiKi   Sbunia  filia, 

nom  d'un  rémois. C*  III,  p.  1 3.  —  Les  D 

de  Sbboddu  sont  barrés. 
SEISSERVS,  surnom  d'un  Sbnbconivs  dont 

la  femmea  pour  nom  unique  BELATVLLA. 

Brambach  1773. 
SELMANlGCO,  nom  de  femme.  Brambach 

1769. 
SEMBECGONISA    HEROSSIS,  f.    St-BCT- 

trand-de-Comminges.    Muratori    1558, 

10. 
SEMBEDO.  C*  V,  p.  55.   Gruter  112,  7. 

Bagnéres-de-Bigorre . 
SEW BETENN,  père  d'AMOENA.  O  V,  p.  48. 
SEMBVS,  père   de    Primigenivs.   O   V, 

p.  43.  Orelli  5916.  Autre  dans  le  cata- 
logue de  Toulouse,  p.  40. 
SENANIE.  Paris.  Orelli  1993- 
SENEÇON IVS   Seisserus,  mari  de  Bbla- 

TULLA.  Limbach.  Bramb.  1773.  Un  de  ces 

auteurs  soupçonne  Sbnbciomius. 
SENGIONISVS.  Nîmes.  C*  XIV,  p.  8. 
SENICCO    (nominatif).     St-Bertrand-de- 

Comminges.  Muratori  MCDII,  (. 
SENIDALV.  Bordeaux.  C*  XVI,  p.  35. 
SENIVS,  C*  V,  39  ;  C*  XIV,  16.  Musée  de 

Ntmes. 
SENIXSONIS    (génitif).    St-Bcrtrand-dc- 

Comminges.  Mur,  MCDII,  5. 
SENNA  Varbdonivs.  Bramb.  82$. 
SENNAVCIVS   Florinus.  Alsheim,  Hesse. 

Orelli  6828.  Brambach  914. 
SENNAVS.  C*  XXI,  p.  22.  Bramb.  184$. 
SENNIANVS.  Tombe  trouvée  à  Cologne. 

Musée.  C»  VIII,  p.  30. 
SENNO,  pater  milit.  coh.   i*  Fl.  Gruter 

J63,  8. 
SENNVS,  père  de  Svlla.  Brambach  497. 

Sacri  films. 
SENOCONDVS     Martinius.      Musée     de 

Mayence.  Brambach  1330. 
SENODONNA.  Tiré  des  murs  romains  de 

Bordeaux;  sur  un  monument  dont  denx 

autres  personnages  portent  des  surnoms 

gaulois.  O  XVI,  p.  25  ;  C*  VII,  p.  16. 
SENOGNATVS.  Mdun.  Mur.  MCCLXXXII, 

S- 
SENONES.  Gruter  371,  8.  —  SENONVM 

dvitas.  C*  II,  p.  6  v*. 
SENONIVS  Volttsius.  Autun.  Gruter  11 49, 

14.  Murât.  MMXCVI,  12. 
SENOPE.  Bramb.  1732. 
SENOTENSIS  vicanus.  Bramb.  1677. 
SENOVIR(-i),  nom  isolé.  Musée  de  Ntmes, 

C»  XIV,  p.  31.  Épinal,  C*  XXI,  p.  2. 
SENVRVS,  surnom  d'un  citoyen  des  Has- 

tifères  Mattiaques,  du  Musée  de  Mayence. 

C«  X,  p.  13;  C* XVIII,  p.  33. 
SEQVANA  (dea).  C»  I,  p.  2J  V. 
SBQVANORVM  tn  dvitate.  Lyon.  Gruter 

$8,  J. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


SEQVANVS,  séqnane,  à  Bordeaux.  O  XIX, 

p.  8.  Oréll.  4803.  —  A  Lyon.  Gniter 

1040, 8.  —  SECVANVS.  Bramb.  ijij. 
SEQVONIVS.  Brambach,  1848,  n'a  pas  va 

le   s  initial  détruit  en  partie,   ce  qui 

lui  foit  lire  Equoni  pour  Equonvs  selon 

lui.  O  XXI.  23. 
SERANVS,  père  de  Vbrnvs.  C*  V,  p.  35. 
SERESVMAGIVS,    nom    propre.    C»    V, 

p.  27. 
SERIOMAGLIVS,  nom  propre.  O  V,  p.  27. 
SERVS,  père  de  Licaivs,  Pamion.  Bramb. 

1J19. 
SETVBOKIOS.  C  XI,  p.  7.  —  SETVBO- 

GlVS.  Amiens.  Mur.  MCMLXXXVI,  7. 

Orelli  a  lu  à  tort  SETVBOGGIVS. 
SEVTHE,  nom  d'homme.  Ce  nom   a  été 

porté  par  un  roi  de  Thrace.  Orelli  $433. 
SEVVO,  potier.  G»  IV,  p.  40. 
SEXTANT.,  oppidum  des  environs  de  Nîmes. 

O  XIV,  p.  10. 
SIDVA  Julia.  Brambach  477. 
SIDVO,  nom  de  lieu.  O  I,  p.  30. 

SILABINA,     fils     de     BORTOSSVS.      Auch. 

C»  XIX,  p.  19. 
SILEX,   nom  propre  de  femme.  C^  V, 

p.  43.  Grut.  764,  15.  St-Bertrand-de- 

Comminges. 
SILVMIO  Deo.  Vindobona.  Orell.  2046. 
SIMILIO,  homme,  (nominatif,)  ex  classe 

germanica.  Orelli  6866. 
SINQVATI  Deo  Silvano.   Géromont.  Orelli 

7416  et  7417. 
SIRICCO  (-nis),  Aq.  C*  V,  p.  34. 
SIRMIVM.  Pannonie.  Orelh  $280,  etc. 
SIRONA,    autels   à    Bordeaux.    C*    III, 

p.  20 j  ;  C*  XVI,  p.   13.  —  En  Wur- 
temberg, C»  xvn,  p.  2.  Orelli  2001, 

2047.  -—  A  Spire,  Ordli  5912. 
SISEAN,  nom  propre.  I.  H.  1594. 
SMERCA.  Nom  d'un  personnage  qui  paraît 

être  un  druide  ;  la  lecture  n'est  pas  bien 

certaine.  CM,  p.  35. 
SMERTVLITANVS,  pater  Argiotali,  nam- 

nète.  Mannheim.  Orelli  188.  Brambach 

891. 
SOENVS,  AssBNiONis  filius,  excoh.  i*  Pan- 

noniorum.  Brambach,  743. 
SOIGELASVS,  stèle  funéraire  à  niche,  trois 

pers.,  du  Musée  de  Langres.  C^  XII, 

p.  îî-    . 
SOLICIA,  vtcus  (Soulosse).  Inscription  trou- 
vée à  Soulosse  et  conservée  à  Bazoilles 

(Vosges). 
SOLIISVS.  C*  III,  p.  10. 
SOLIMARA.  Bourges.  Orell.  20^0. 
SOLIMARIACENSES  (vicANi).  Inscription 

du  pont  de  Soulosse  (Vosges).  C*  XXr, 

p.  i;  Muratori  MLXXXII,  a. 
SOLIMARIVS.  Trêves.  Orelli  2015  ;  Niew- 

bach,  Bramb.  15$. 
SOLIMARVS.  Mayence.   Ràn.  42,  VIII. 

Bramb.  1380,  Mannheim.  Bramb.  1439, 


507 

Francfort.   Bramb.  1778,  Brdtenbàch. 

C*  XVI.  Père  de  Cintvcenvs.  Herzog. 

264. 
SOLIRIX  (-igis),  femme  ou  fille  d'ExciN- 

GiLLVs.  Musée  de  Ntmes.  C*  XIV,  p.  31. 
SOLITA,  sœur  de  Parridivs.   inscr.  de 

Gap. 
SOLLAVIA,  ^.  Ntmes.  C^  XIV,  29. 
SORIOLICNIS,  surnom  d'Horcola,  femme 

de  Filimatus.  Bordeaux,  C^  XVI,  p.  3$. 
SORNAVSl     deo.     St-Bertrand-de-Com- 

minges.  Orelli  5913. 
SOSIN,  adjeaif  démonstratif  gaulois.  C^  I, 

p.  17  V.  —  COCIN.  C^  XIII,  24. 
SOSSIONN  (...is).  e  V,  p.  38. 
SPARVCVS,  Triboque.  Salona.  Orell.  3408. 
STATVMAE.  Oppid.  des  environs  de  Nîmes. 

C^  XIV,  p.  10.  Musée  de  Nîmes. 
SVADVGENVS,  fils  de  Nertomarus.  O  I, 

p.  33- 
SVAVSIA  Julia,  fille  de  Caius  AttiusCarus. 

Brambach,  688. 
SVCCO,  surnom  d'un  Catvricivs.  C*  XXVI, 

p.  3  bis. 
SVECCONIVS.   Dédicateur  d'un  autel  au 

Génie  public,  ayant  pour  surnom  Dbmb- 

GBNUS,  que  Mommsen  écrit  à  tort  Dbmr- 

cBNus.  Soleure,  maison  de  ville.  C^  X, 

p.  48  V*.  Orelli  403. 
SVESSIO  (-ni).    Ethnique  des  Suessions. 

C*  XXVI,  p.  6.   Orell.    3653.   C»   II, 

p.  28.  Orell.  $236. 
SVGNVTIA  (Briva),  viens.  Inscr.  trouvée  à 

Monceaux-le-Comte  (Nièvre). 
SVLEIAE  (Sulfiae  ?)  Dalle  trouvée  à  Mal- 

ley,  4  hcues  0.  de  Lausanne.   C*  X, 

p.  32.  Musée  de  Lausanne. 
SVLEVIAE  (-is,  -iabus).  A  Rome,  Orell. 

2001,    2099.   A    Bonn,    Orell.    2100. 

Bramb.  673. 
SVLIVIA.  Nîmes.  OreU.  2051. 
SVLLA,  Senni  filia.  Brambach  492. 
SVMELI  (..us,  i).  Inscr.  en  langue  gau- 
loise. C*  XVIII,  p.  18. 
SVMELOCENNENSES.     Brambach    1034. 

SVMELO,  1633.  Saltus  SVEMELOCEN- 

NENSIS,  l$8i,  1629. 
SVNDVCCA.    St-Bertrand-dc-Comminges. 

Murât.  MCDII,  (. 
SVNNA.  I.  H.  410,  784,  78 j. 
SVNVXSALIS  (Dea).  Petit  autel  du  Musée 

de  Bonn,  venant  d'Eschweiler.  C*  VIII, 

p.  4$.  Bramb.  633.  Orelli  5925. 
SVNVCI.    Peuple  de  la  Gaule  Belgique. 

Trouvé  en  Grande-Bretagne.  Stamding- 

ton.  Orelli  54(5.  Hûbner  Inscr.  1195. 
SVOIICIINO     (-us).     Rodez.     C»     XIX, 

p.    26.  V.    AICOVINDVS. 

SVRBVR.  Brambach  1909.  Cat.  d'Épinal, 

66. 
SVRCO  (-onis).  Prénom.  Tombe  apportée 

de  Clèves  à  Bonn.  C*  VIII,  50.  Bramb. 


i 


3o8 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


SVRIO.  BrescU.  Orell.  4826. 
SVSVLLA.  Orell.  3^2- 
SVTVGIO  (Deo). 

TAEIEVS,  père  de  Samavs.  Orell.  4900. 
TAGANA  (Bordeaux  DAGANA).  I.  H.  897, 

9)8. 
TAGAVSVS  S.  IVS,  père  de  Nevtto.  C» 

II,  p.  26  V. 
TAGILVS  (ou  CI).   Brambach  1468.  Eq. 

alae  Flaviae. 
TALAVVS.  I.  H.  2442. 
TALIOVNVS,  fils  d*ORiCLA.  G»   XX,  p.  3. 
TALLIATES,  peuple.  Eifel.  Bramb.  637, 

638. 
TALORI  (génitif).  I.  H.  776. 
TALVPPA.  G*  XXI,  p.  24.  Bramb.  1823, 

i8$i. 
TAMEOBRIGVS.  I.  H.  2377. 
TANCINVS,   -A.-I.     H.   681,    684,    753, 

770,  798,  802,  903  (G),  942. 
TAN  FANA    (Dea).    Rein.    175,    1.   Rive 

droite  du  Rhin. 
TANNEGADINIA,  nom  propre.  I.  H.  3796. 
TANNEGALDVNIS,  nom  d'homme.  I.  H. 

4040,  V.  3794. 
TANNEGISCERRIS,  nom  d'homme.  1.  H. 

5794. 
TANNOCIENVS,  stèle  funéraire  du  Musée 

de  Langres.  C*  XII^  p.  24. 

TANOTALIKNOl.  C»  XI,  p.  7. 

TANOTALOS.  C'  XI,  p.  7, 

TAPORVS,  I.  H.  881.  950,  1018, 

TARANVCNO  deo.  Heilbronn,  Oreili  205$, 
20 $6,  2057,  Bramb.  1589,  Orell.  2055. 
Manh.  Bramb.  181 2. 

Le  n*  2057  d'Orelli  a  été  trouvé  à 
Godraustein  dans  le  Palatinat;  mab  la 
provenance  de  son  n*  2056  n'est  pas 
mdiquée. 

TARBELEX.  G»  V,  p.  52. 
•  TARBELSONIOS,    nom  propre    gaulois. 
Poitiers.  C»  VII,  p.  15. 

TARVOS  Trigaranos.   Paris.  Oreili  1993. 

TASGILLVS,  patron  d'un  centurion  de 
fédérés.  Bordeaux,  C*  XVI,  p.  7.  Br. 
1772.  —  TASGILLA.  Bramb.  84 J. 

TASGIVS.  Nîmes.  O  XV,  p.  18.  Peut-être 
gaulois  de  la  Cispadane.  Voir  les  corp, 
Gruter,  Mur.  etc. 

TATAZA,  nom  de  femme  d'une  famille 
thrace. 

TATICENVS?  nom  propre,  surnom  d'un 
T.  claudius.  Musée  de  Cologne.  C^  VIII, 
p.  17. 

TATO,  ICARi  f.  Or.  327. 

TATVCVS,  autel  i  Diane.  Musée  de  Co- 
logne. C^  VIIII,  p.  44  V*.  Nationalité 
douteuse. 
TAVNVS.  D'où  Taunenses  et  dvitas  Tan- 
nensium.  Le  mont  Taunus  est  en  Ger- 
manie, mais  près  du  Rhin,  et  l'on  peut 
très^bien  y  supposer  un  établissement 


gaulois.  Du  reste  le  nom  de  Tvgnativs 
oui  s'y  rencontre  a  toute  l'apparence 
d'un  nom  appartenant  à  la  langue  de  ce 
peuple.  Oreili  4981  et  4982.  Brambach 
956,  1241,  1310,  1330,  1444,  1445, 
1463,  1471. 

TAVRVS,  SossiONis  filius.  c*  V,  p.  38. 

TEDDIATIVS  PRiMvs  L.  Mîihlenbach,  Br. 
849.  C^  XX,  p.  2$. 

TEeeiCNIVS.  Avignon.  C»  XIll,  p.  27. 
Paratt  analogue  aux  MEDDIGNATVS, 
où  le  D  barré  tient  la  place  du  8  grec. 

TEDVSIA,  oppidum  des  environs  de  Nîmes. 
C*  XI V^  p.  10.  Musée  de  Nîmes. 

TEKOS,  mscription   de  Novarre.   O  XI, 

TELAVSIVS,  surnom  de  Mercure,  incer- 
tain. Brambach  écrit  BIAVS..  Trouvé  à 
Vbbergen.  GueIdre,  O  IX,  p.  33.  Musée 
de  Nimègue. 
TERMESTINVS  (Domo).  Bramb.  894. 
TESAOIOAN.  O  XI,  p.  7. 
TESCO    (-onis),    père   d'un   Cintugenus. 

Bordeaux.  C^  XVI^  p.  7. 
TETRAHENAE,   matrones   du  Musée   de 
Bonn,  venant  de  Bettenhoven.  C*  VIII, 
p.  39V*.  Elles  sont  assodéesaux  Gaesa- 
nenae  comme  il  suit  :  et  Tetrahenis  et 
Gaesahonis. 
TETRVS,  fils  d'VNAGivs,  Boién  de  Bor- 
deaux. C*  XIX,  p.  10. 
TETTO  (-nis). 

TETVMVS  II  SEXTI  ||  DVGIAVA  ||  SAMA- 
DIS.  Chez  les  Cénomans  de  la  Haute- 
Italie.   Communication  de  M.  Fabretti, 
de  Turin. 
TEVTOMVS,  père  du  soldat  pannomen 

Vbttorivs.  Orell.  5418. 
TIATVS,  Dace,   père  de  Zia,  uxor   Pie- 
port    régis    Coistobocensis.    Muratori, 
1039,  3. 
TICINI.  Bramb.  377,  1155. 
TIGOR.   TIGORINVS    (pagus).   C    X,  p. 
44  V*.  Oreili  ^66,  Mur  du  château  de 
Villars,  près  de  Morat. 
TINGILONAIA.  Nîmes.  Gruter,  743,  8. 
TIOGILVS.  I.  H.  2698. 
TITTIVS,  affranchi.  O  XXIV,  p.  7. 
TITTO,  beau-père  de  Parridivs,  dont  le 
nom  gaulois  a  fait  le  nom  patronymique 
latin  TITTONIVS.  Inscr.  de  Gap. 
TITTONIA,  TiTTONis  filia.  TERTIA,  femme 

de  Parridivs.  Inscr.  de  Gap. 
TOCCIA.  Bramb.  716. 
TOCISSA?  père  d'un  Avcvstvs.  C»  XXI, 
p.  13.  —  Brambach,  add.   2072,  écrit 
comme  moi  TOCISSA,  mais  le  C  diffère 
bien  peu  du  G.  Il  y  a  assez  de  noms  en 
TOG    tels    que    TOGIVS,    TOGITIVS, 
TOGIRIX,  pour   que  je   n'hésite  pas  à 
croire  que  la  forme  Togissa  en  dérive. 
TOENILIS,  stèle  funéraire  du   Musée  de 
Langres.  C^  XII,  p.  35- 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


309 


TOGIACIA.  Nîmes.  C*XIV,  p.  35.  Voir 
les  références  latines. 

TOGIO,  datif.  Ratisbonne,  Crut.  709,  9. 

TOGIRIX,  Mbtiati  f.  Or.  347  ;  METiAEf. 
Momm.  139. 

TOGITIYS,  SoLiMARi  f.  Mayence,  Rein. 
42,  VIII.  Manheim,  Bramb.  1380. 

TOGIVS,  stèle  funéraire  du  Musée  d'Avi- 
gnon provenant  des  environs.  C^  XIII, 
p.  8.  —  TOGIVS,  soldat  des  exploratores 
Dmîienses.  TOGIA.  C*  x/  p.  23  r». 
Orelli  6720. 

TOGOTI  (Deo),  nom  au  datif.  I.  H.  893. 
Renesius  194,  191. 

TOLOSA,  Toulouse.  C^  X,  p.  4  ;  Bramb. 
n*  1196. 

TOLTANDOSSVS  (Hercules) ,  fils  de  Sbmbvs. 
C*  V,  p.  4^.  Herzog,  282,  lit  Tolosano 
Andosso,  diffidlement  admissible  d'après 
la  figure. 

TOMITANORUM  BuleuU.  Orelli  5280, 
$287.  Civius  Pontica.  Kortendschy. 

TONGIVS,  I.  H.  749,  757. 

TOOYTIOYC.  Hcrzog  44J-  C*  XIll,  p. 

24  • 
TOROGILLA,  mère  de  Mvtacvs. 

TOSSIVS,  TOSSIA.  Vérone.  Orell.  1507. 

TOTIA  LALLA.  mère  de  Varvsivs  Atto. 

C*  XX,  p.  27. 
TOVTA.  Toulouse,  provenant  de  Bagnères- 

de-Luchon.  Voyez  Cassia,  femme  ségu- 

siavc.  C*  V,  38. 
TOVTI  (filius?)  C  I,  18  ;  G»  XVIII,  p.  32. 

—  TOVTVS,    DiviciANTlLLi  filius.  Mur. 

«779,  IJ- 
TOVTILLVS.  Nîmes.  Murât.  MCCLXXXI, 

6. 

TOVTIORIX,   (-igis),  surnom  d'Apollon, 

sur  un   autel  du  Musée  de  Mayence. 

C*  X,  p.  20  V".  Orelli  20J9.  Brambach 

1529. 
TOVTIOV.  C*  XI,  p.  7. 
TOVTIVS,  TOVTIA.  Stèle  funéraire  d'Aug. 

Rauracorum.  C*  X,  p.   29.  C^  XXII, 

p.  28,  22.   Orelli  5060.  Momms.  284. 

Il  lit  TOVTlOnis  filius,  quoiqu'il  n'y  ait 

pas  de  place  suffisante.  —  TOVTIO,  Divi- 

ciANTiLi  f.  Herzog. 
TOVTONA   Cassia^    femme   gauloise   née 

d'un  Romain  et  d'une  Eduenne.  C^  XXIII, 

p.  18. 
TOVTONIS  filius,   Melius.   Arles^  Gruter 

807,  II. 
TOVTONVS  ou  nius.  I.  H.  440. 
TRAIBITHVS,    père  de    Seuthb.    Orelli 

54Î3. 
TREVERAE  matres.  Clèves.  Orelli  2092. 

TREVERI.  Gruter,  482,  s,  à  Gratz,  Styrie. 

C*  XIX,  p.   7,  Doroitiae  civis  Treverae. 

C*   XIX,  p.  9,  Veldigi  civi  Treveri,  à 

Bordeaux. 
TREVERORVM  (C.  Apronius  Raptor,  de- 

curio  civitatis).  C*  XXVI,  p.  7. 


TREVERVS,  -A.  tombe  d'un  cavalier,  ci- 
toyen de  Trêves,  à  Cologne.  C*  VIII, 

p.  30.  C*  VIII,  p.  50,  pour   les  MATRES 

Treverae.  —  Tombe  d'une  femme  de 
Trêves,  civis  Trevera,  à  Bordeaux,  C* 
XIX,  p.  7.  —  Tombe  d'un  citoyen  de 
Trêves,  C*  XIX,  p.  9.  —  c.  trbv.  i 
Bordeaux.  C*  XX,  p.  31.  —  civi  tre- 
VERO.  Brambach  307.  —  civi  trevere, 
datif  féminin.  Brambach  1245.  ~  Br. 
161,  187,  893,  1549. 

TREVIRI,  Trêves.  Or.  i8oj. 

TRIBOCI.  Brumath.  Orelli  $246,  19(3, 
1954.  —  Lyon,  Gruter  647,  5. 

TRICASSINI.  Auxerrc,  Gruter,  371,8.  — 
TRICASSINVS.    C*  XXV,    p.  2;    Orclli 

5965. 
TRICASTINORVM  civitas.  C»  XXV,  p.  17. 

Gruter  371,  8. 
TRIGARANOS.  Paris,  Orelli,  1993. 
TRITTIA.  Trets,  et  non  pas  Pierrcfeu,  en 

Provence.  Orelli  2060. 
TRIVMO  (-nis),  nom  d'homme?  gén.  Envi- 
rons de  Bresda.  Gruter  566,  2. 
TROVCETEIVS    VEPVS.    Undccy,    près 

Genève^  Orelli  298. 
TROVCILLVS.  Nîmes,  Murât.  MCCLXXXI, 

6. 
TROVGILLVS.  Brambach  1401.  Lengfeld. 

Hesse.  Peut-être  CILL  et  non  GILL. 
TRVMPILINI,  peuple  des  Alpes.  Débris  du 

monument  de  la  Turbie.  TRIVMPILINI 

est  une  faute. 
TVGNATIVS.  Cf.    DugnatiusP  Musée  de 

Mayence.  Bramb.  13 10. 
TVLLONIVS  (deus).  I.  H.  2939. 
TVNGRI.  Brambach  123 1. 
TVOTICIVS.   Melun,   Mur.    MCCLXXXII, 

5- 
TVRAIVS.  1.  H.  2633.  Cf.  Tureus. 

TVREVS.  1.  H.  744,  74$. 

TVRO,  nom  d'homme  au  nominatif.  1.  H. 

2(04.  Bramb.  230  (domo  tvro). 
TVTA.  Nîmes,  Rein.  53,  XIII. 
TVTOGETVS,  père  d'ABouciA.  Sur  un  autel 

à  Sirona,   du  Musée  de  Bordeaux.  C* 

XVI,  p.  13. 

VBIA,  Gastinasi  filia.  Bramb.  275.  Nom 

propre  de  femme. 
VBIVS,  natione.  C*  XV,  p.  26.  Orell.  7420, 

66. 
VCCIVS.  I.  H.  J032. 
VCETIA,  Uzès,   oppidum  des  environs  de 

Nîmes.  C*  XIV,  p.  10. 
VCVETE,  divinité  gauloise.  CM,  p.  17V. 

-— VCVETIN  (accusatif).  C*  I,  p.  17  v. 
VGERNVM  (Beaucaire).   Musée  de  Nîmes, 

base  de  colonnette.  C  XIV,  p.   10.  Aq. 

Ap.,  Orell.  5210. 
VLMIO  (-nis).  Brambach  69t. 
VLEVO  (-nis),  surnom.  Brambach   1702. 
VLOHOX.  C»  V,  p.  39. 


310 

VNAGIVS,  Boîen  de  Bordeaux.  C  XIX, 

p.  lo. 
VRA  (fons).  L'original  est  à  Lyon,  mais 

il  vient  de  Nimes,  où  Pon  en  conserve 

un  plâtre.  G*  XXV,  p.  21.  Orell.  6081. 

Herzog  2(4. 
VRASSIS ,  datif  pluriel.  Nîmes,  C'  XV,  p. 

7.  Divinité  gauloise,  comme  Vra  fons. 
VRIAXE  (sêu  AVRIAXE),  fille  d'iLVNNO- 

svs.  O  V,  p.  31. 
VRILIO  (-nis),  génitif,  père  de  Bovdvs  Va- 

LBRivs,  mari  de  Silvana.  Gruter  838,  6. 
VRISSVLIVS  Campanus.  C'  XX,  p.  22. 
VRITTIA  i  C*  V,  p.  20. 
VRITTIOR,  surnom  d'une  Ivlia  de  Bor- 
deaux. O  XVI,  p.  )6. 
VROGENIVS,  -A.  Lyon,  Gruter  490,  9. 
VROGENONERTI,  nom  d'homme  au  gén. 

Lyon,  Gruter  $70,  6. 
VROMAGVS.  Brambach  19 n* 
VSEITVS,  1.  H.  78J. 
VSSVBIVS.  Le  Mas-d'Agenais,  Orell.  5926. 
VTVLIVS,  fils  de  TvTA  et  de  Vblacbnvs. 

Nîmes,  Rein.  53,  XIII. 
VXASSONl,  nom  propre  d'homme  au  gén. 

Lyon,  Boiss.  CX. 
VXOVINVS,  divinité  topique,  prés  Apt.  C^ 

IV,  p.  34. 

VXSAMENSIS?  I.  H.  2403. 

VACALLINEAE,  sumom    de  matres,  au 

Musée  de  Cologne.  Autel  par  un  vétéran 

de  la  I"  légion  Min.  C^  VIII,  p.  30  v*. 

— VACALLlNEHIS(matronis).  Wachlcn- 

dorf,  Orelli  2086. 
VADVRIX,    de    Besançon.    Couteau    en 

bronze.  C*  II,  p.  40  v*), 
VAELO,  nom  d'homme  au  nomin.  I.  H. 

2986. 
VAGDAVERAE  deae.  Hemmen,  Or.  5918. 

Brambach  67.  C*  IX,  p.  5  v". 
VAGODONNAEGO  (Deo).  I.  H.  2636. 
VAILICO.  Gumiel  (Espagne).  Mur.   IJ79, 

12.  Hûbn.  2771.  En  rapport  avec  deux 

noms  certainement  gaulois  Madicbnvs 

et  Acco. 
VALETIO,  nom  d'homme   au  nominatif. 

Brescia,  Mur.  LUI,  10. 
VALLAMNEIHIAE  (-abus),  matrones  du 

Musée  de  Cologne,  trouvées  sous  Fet- 

tenhenne.  Ex-voto  de  femme.  C^  VIII, 

p.  17. 
VAPPINCVM,  Aquae  Apoll.,  Orelli  j2io. 
VARAITIO.  Brambach,  825. 
VAREDONIVS  SENNA.  Pierre  où  figurent 

un  certain  nombre  de  noms  gaulois  plus 

ou  moins  latinisés.  Brambach  825. 
VARICILLVS,  messin.  C^  XX,  p.  i. 
VARINVS,  dérivé  du  Var  (fleuve).  Nice, 

Mur.  MLIIII,  3. 
VARVSIVS  ATTO,  fils  de  Varvsivs  Accbp- 

Tivs  et  de  Tqtia  Lalla.  Nimègue,  Br. 

8j7. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


VASIENSES  VOGONTII.   Vaison,  Gmter 

MXC,  21. 
VASIO,  Vaison,  ville  des  Voconces.  Tom- 
beau du  Musée  d'Avignon,  apporté  de 

Vaison.  C»  XIII,  p.  33.  —  VAS.  VOC. 

Orell.  5222,  Herzog 4 34.  — VASIENSES, 

Herzog  43»»  3. 
VASIONI  (Marti  et).  Vaison,  Orelli  $919. 

Gruter,  DXVI,  5. 
VASIONVS.  Lyon,  Gruter  752,  4. 
VASSA,  Saccavi  filia.  Vienne,  Gruter  745, 

II. 
VASSATVS.  Brambach  1112  b.  i. 
VASSO  CALETI  (Deo  Mercurio).  Bittburg. 

Brambach  835. 
VASSORIX.     Niederberschdorf    (Alsace). 

Orelli  4967. 
VATINEAE.  Matrabus  Vatinbis.  Autel  du 

Musée  de  Langres.  C*  Xll,  p.  43. 
VATRVTE,  oppidum  des  environs  de  Nîmes. 

O  XIV,  p.  10. 
VATTO    Justius.    Mommsen  141.    Orelli 

VATVIABVS  (Matro).  Julicrs,  Orell.  2086. 
VATVIAE  NERSHENAE,  matrones  du  Mu- 
sée de  Cologne  trouvées  dans  le  pays 

de  Juliers.  Brambach  en  fait  deux  noms 

C»  VIII,  p.  18. 
VECCATVS,  nom  d'homme.  Lac  Majeur. 

Gruter  838,  9.  Orelli  4901. 
VECCO,'  MoccoNis  f.  Lac  Majeur.  Gruter 

838,  9. 
VECISO  ?  tombe  de  Bordeaux.  O  XVI, 

p.  12. 
[VJECTIMARVS.  Brambach  834. 
VECTISSVS.  Brambach  865. 
VECTVS,  I.  H.  29J6. 
VEDIANTES,    VEDIANTIABVS   matTOnis, 

prés  Nice.  Orelli  2093,  (107. 
VEGABIVS,  ex  Valentis  principis.  Gruter 

XV,  2. 
VEGISONIVS.  Bramb.  1438. 
VELAGENVS,  père  de  Vbrvs^  père  d'Vrv- 

Livs.   Nîmes,   Rein.    XIII,   $3.  —  Ex 

coh.  Raet.   periit.  Brambach  892. 
VELAVNIS.  1.  H.   IJ89,  1590. 
VELDIGIVS?  s.  VIL.,  citoyen  trévire.  C* 

XIX,  p.  9. 
VELIOCASSES,  civitas.  Lyon,  Orell.  6991 . 
VELLACO,  nom  d'homme  au  nominatif. 

Nice,  Mur.  DCCCXXV,  5. 
VELLAVORVM  (civit.)— VEL.  OrcU.  5220. 

—  LIBERA.  Orell.  5221. 
VELMADA,  fille  de  Gavgasso.  C  U,  p. 

29  V'. 
VELORIVS  SACRILLIVS.  C^  XX,  p.  28, 
VENETOS,  ethnique  à  l'accusatif.  Bramb. 

484. 
VENINA.  Gruter  520,  i.  Carinthie. 
VENNA,  fille  de   Nbmatbvvs,   mère   de 

Parridivs.  Inscr.  de  Gap. 
VENNECTiSpagus.  Nizy-le-Comte  (Aisne). 

C  VIII,  p.  j;  C  I,  p.  10. 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


VEPVS  Trovcbtbivs.  Landecy,  près  Ge- 
nève, Grell.  298. 

VERANSATVS,  pèredc  Freiovïrvs.  Tombe 
d'un  soldat  tongre,  du  Musée  de 
Mayence,  trouvé  là.  C  X,  p.  i).  Br. 
n*  12)1. 

VERBEIA  (dea).  Veleia,  York.  Orelli 
2061. 

VERCANE  (de)  et  MEDVNE.  Bertrich, 
au  cercle  de  Gochem.  Brambach  709. 

VERCATI,  nom  de  femme  au  datif?  Die. 
Mur.  MCCCLIII,  5. 

VERGE  (datif).  Melun,  Mur.  MGCLXXXII, 

5. 
VERCELLAE,  ville  de  la  Gaule  transpa- 

dane.  Sur  une  stèle  funéraire  du  Musée 

de  Mayence.  C^  X,  p.    10.  Brambach 

1208,  198). 
VERCOBIVS  svRVi.  Vérone.  Orell.  2728. 
VERCOMBOGIVS.      Gruter      7j8,      11. 

Garnie. 
VERDECVNVS?  Tabulae  militares.  Gruter 

574,   7. 
VERDVCCVS  OU  Verdvcivs.  Nice,  Mur. 

MCDV,  5. 

VERIVGODVMNVS.  Autel  à  Apollon,  dans 
un  mur  de  la  Bibliothèque  nationale. 
Provenant  d'Amiens.  Orell.  2062. 

VERNVS,  Servni  filius.  C»  V,  p.  35. 

VERONA.  Bramb.  233,  it86,  1191. 

VERORE.  alias  VIRRORE,  divinité  topique. 
Lugo  in  Gallaecia.  Or.  2063. 

VEROTIVS  seu  Vbrotvs.  I.  H.  2519. 

VESGASA,  BiTTiONis  fil.  Gruter  733.  5. 

VESVNIAHENAE,  matrones  du  Musée  de 
Bonn,  trouvées  sur  la  place  du  marché 
à  Zûlpich.  C^  VIII,  p.  45.  Brambach 
en  cite  cinq  autres  de  Wdtweis. 

VETERANEAE  (-is),  matrones  du  Musée 
de  Bonn,  venant  d'Embker.  —  VETE- 
RANEAE (-abus).  —  VETERANEHAE 
(-habus,  -his).  C^  VIII,  p.  40,  40  v%  42 
V,  43  V,  ji  V. 

VETTO,  I.  H.  201,  529,  601,  823,  829, 
1074,  1075,  3844. 

VIANEGLVS,  I.  H.  2698. 

VIANNA.  Bramb.  1164.  —  VIANA,  1061, 
I165,  1382.  VIA.  VIAN  II75,  1202. 

VIBIASENE,   femme   de    Dbcmus,    mère 

d'AQUlTANA.  C*  XX,  p.  9. 

VICTISIRANA,  femme  q'Epomvlvs.  Gruter 
700,  6.  Ces  noms,  envoyés  d'Angleterre 
par  Camden,  sont  fort  suspects. 

VICTISSV3  ou  Vbctissvs,  surnom  d'Attu- 
cius.  V.  Epona. 

VIENENSIS  civitas.  Vienne,  Gruter  631, 

7- 
VIENNA,  Vienne  en  Dauphiné.  Or.  5 2 $6. 

Bramb.  4(7,  1082,  1190,  1768. 
VIHIRMAS  (-atis),  autel  à  Hercule,  trouvé 
à  Bois-le-Duc.  Le  fils,  premier  magis- 
trat des  Bauves,  a  nom  Flaus,  évidem- 
ment latin  pour  Flavus.  O  IX,  p.  $ . 


VINDALVCO  (-ms).  Basle,  Momms.  290. 
VINDAVSCIA   Euvanthis,    dame  gauloise 

de    Valence  en    Dauphiné.   C^  XXIV, 

p.  20. 
VINDELICVS,  Cattai  fil.  Orelli  68(8. 
VINDILLA,  femme  de  Giam,  fille  de  Crib- 

LON.  Styrie.  Gruter  537,  j. 
VINDILLIVS.  Brambach  900. 
VINDONA.  Carinthie,  Gruter  87,  7. 
ViNDONiSSCenses).  Suisse.  Orell.  $026. 
VINDOROICI,  gén.  masc.  Vienne,  Gruter 

745,  II. 
VINDVNA.  Norique,  Gruter  705,  6, 
VINTIO,  Deo  Polluci.  Seyssel,  Orelli  206). 

AVG.  VINC.  OrclU  5922. 
VINTIVS   (Mars),   VINTIENSES.    Vence, 

Orell.  5227,    $228  ;  Rein.  CCXXIl,  i. 

Copie  de  M.  Bourguignat. 
VIRDOMARVS    THARTONTIS.    La    leçon 

de  Muratori  parait  éore  défeaueuse  et 
devoir  être  remplacée  par  celle  de  Maffei, 
qui  donne  un  fac-similé  et  parle  des 
erreurs  existant  sur  les  autres  copi^. 

VIRIATVS,  I.  H.  684.  Nom  d'un  célèbre 
Lusitanien.  On  écrit  aussi  Viriathus. 

VIRINN,  oppidum  des  environs  de  Ntmes. 
G'  XIV,  p.  10. 

VIRIONDAGI,  nom  d'homme  au  génitif  ou 
au  datif.  Carinthie,  Mur.  MMLXXVIII,  3, 

VIRIVS,   masc.   en  langue   gauloise.   C* 

XVIII,  p.  6  et  18. 

VIRODDI  deae.  (Les  D  sont  barrés.)  Trouvé 
dans  les  murs  du  cimetière  de  Kaelberts- 
hausen,  maintenant  au  Musée  de  CarU- 
ruhe. 

VIROMAND.  Ethnique.  Lyon,  Orell.  69$o. 

VIROMARVS.  Près  Joinville,  Muratori 
MDCCLXVI,  I. 

VIRONO  (-nis).  Carinthie,  Muratori 
MMLVIII,  3. 

VIROTVTI  APOLLINl.  C»  VII,  p.  44. 

VIRVCATE  (Publius).  Vérone,  Maff.  147. 

VIRVNVM,  ville  de  la  Norique.  Rome, 
Orell.  3504. 

VISALVS,  I.  H.  626.  Peut-être  pour  Vi- 

SOLVS. 

VISCARI  (gén.),  Bemay,  Orell.  5693. 

VISIONIVS  Losus.  Bramb.  1770. 

VISVCIO  Mercurio,  près  Spire.  Orell. 
)923.  —  Deo  Merc.  VISVCIO  et  sancue 
VISVCIE.  Kougen  (Wurtemberg).  Orell. 
5924.  Bordeaux,  Merc.  —  VISVCIO.  C* 

XIX,  p.  II,  Bramb.  i$8i,  1696,  1704. 
VISVCIO.  Orelli  2607.  —  Les  trois 
monuments  rapportés  par  Orelli  pro- 
viennent des  bords  du  Rhin  et  du  Neckar. 

VISVRIO  (-nis),  père  d'EovLUvs.  C*  XXI, 

p.  18.  Bramb.  1838. 
VISVRIX,  nom  de  femme.  Momms.  298. 

Orell.  422,  etc. 
VITOVSVRIO,  nom  pr.  C*  VI,  p.  25.  — 

VITOVSVRIOnls  filia.  O  XI1I,29.  Béziers, 

copie  de  M.  de  Saulcy.  —  Ioviccorigis 


ÎI2 

fiiia.  C  XIII,  p.  29,  Avignon.  —  Ma- 
cLvs,  dieu  topique  à  Dax.  —  Mati- 

DONNVS,     C^     XII,       39.     —     CAPILLVS 

Illiomari. 
VITVDVRENSIS  (mvrvs).  Constance.  Gr. 

CLXVI,  7,  9.    —   VITVDVRVM  vicus. 

Momms.  239. 
VOCONTIEIS  ([Li]guribus).Gruter,FArttf, 

p.  296. 
VOCONTII,  ethnique  général  des  Gaulois, 

de  Die  à  Vaison.  C^  XIII,  p.  33,  Vasio 

Vocontiorum  ;  p.  19,  flamen  Vocont...; 

—  p.  35,  Vasienses  Voc...  — A  Luc,aed. 

Voc.,C»  XII,  p.  13  ;  C»  XIV,  p.  10, 34; 

C»  XX,  p.  20  ;  C»  XXII,  p.  I J  ;  C  XXIV, 

p.  22  ;  C  XXVI,  p.  3. 
VOCONTIVS,  Rome,  Mur.  DCCCLVII,  4. 

Nom  emprunté  par  les  Latins  aux  Gau- 
lois des  Alpes? 
VOGLANNIONVM     vicus,     près    Trêves. 

C*   XX,  p.   22,  28.  Orelli   J237.   — 

VOGLANNI,  C^  XX,  p.  3).  Br.  796. 
VOLCAE,  ethnique  général  des  Gaulois 


Liste  des  noms  supposés  gaulois. 


médîtenanéens.  Pierre  du  Musée  d'Avi- 
gnon. C  XIII,  p.  37  V*, 

VOLTREIVS.  Gruter  842,  i.  Camiole. 

VOLTREX.  Gruter  780,  5.  Camiole.  — 
VOLTREX,  Ezplaetoris  f.  Poz.  VOL- 
TREX, lasonis  F.  P.;  Iggi,  Camiole. 
Voltregis  f.  ex  Voltrid. 

VOLTVREGIS,  gén.  Iggi,  Gruter  826,  2. 

VORDENSES  pagani.  Apt,  Orelli  197. 

VORETO  (...us).  C*  XVIII,  p.  18. 

VOSEGO  deo.  Bergzabera.  Orelli  2072. 
Bramb.  1784. 

VOSIO  (nominatif).  Tremosine,  prés  Bres- 
da.  Murât.  MCCXCV,  6. 

VOSOLVIA,  nom  de  lieu.  C*  II,  p.  27  v«. 
Orell.  $236. 

VOSTRVS,  fils  d'Ausus.  C  III,  p.  14. 

XVBAN  Deo.  O  V,  p.  42. 

ZIA,  TtATi  filia,  daca^  uzor  Pnpour,  régis 
Coistobocensu.  Rome,  Muratori  1039,  3. 


VASES 


SIGILLÉS    ET    ÉPIGRAPHIQUES 


DE  FABRIQUE  GALLO-ROMAINE'. 


L 

Parmi  les  nombreux  vases  désignés  généralement  par  les  archéologues 
sous  la  dénomination  peu  exacte  de  poteries  samiennes^y  il  se  trouve  une 
série  dont  les  exemplaires  portent  des  légendes  en  relief.  Ces  légendes 
n'ont  aucun  rapport  avec  la  fabrication;  ce  sont  tantôt  des  vœux  ou  des 
invocations,  tantôt  des  ethniques.  J'ai  cru  qu'il  était  utile  de  réunir  ici 
les  renseignements  que  j'ai  pu  recueillir  sur  ces  fragiles  monuments. 

Tout  d'abord,  je  propose  de  supprimer,  dans  la  nomenclature  archéo- 
logique, ce  nom  de  vases  samkns.  La  poterie  de  Samos  n'avait  aucun  des 
caractères  qui  distinguent  celle  dont  nous  nous  occupons  en  ce  moment; 
les  Romains,  qui  fabriquaient  celle-ci,  prétendaient  rivaliser  avec  les 
Samiens  sans  les  copier;  les  inscriptions  et  les  noms  de  potiers  sont  latins 
et  en  caractères  latins;  le  vernis  rouge,  avec  sa  teinte  qui  ne  peut  se 
comparer  qu'à  la  cire  à  cacheter,  est  particulier  à  cette  poterie  que  le 
commerce  répandit  dans  le  monde  romain  où  elle  fut  imitée;  cette  imita- 
tion produisit  de  nombreux  échantillons,  d'une  fabrique  plus  grossière  et 
d'un  art  moins  délicat,  qui  parait  s'être  continuée  pendant  les  trois  pre- 
miers siècles  de  l'ère  chrétienne. 

Le  centre  de  la  fabrication  des  vases  rouges,  sigillés  e^  vernis,  parait 

1.  Cet  article  a  paru  récemment  dans  la  Gazent  Archéologique^  publication  importante 
que  son  luxe  t]rpo^raphique  ne  réserve  malheureusement  qu'à  un  nombre  trop  restreint 
de  lecteurs  privilégiés.  Les  directeurs  de  ce  magnifique  recueil^  MM.  Fr.  Lenormant  et 
le  baron  de  Witte,  nous  ont  permis,  avec  leur  courtoisie  habituelle,  de  le  reproduire, 
dans  Pespoir  que  sa  vulgarisation  fera  connaître  des  exemplaires  nouveaux  de  ces  vases. 

2.  Tout  récemment,  M.  l'abbé  Desnoyers  a  soutenu  la  même  thèse  dans  les  Mémoires 
de  la  Société  d'agriculture,  sciences,  belles-lettres  et  arts  d'Orléans,  t.  XIX. 


^  1 4  Vases  sigillés  et  épigraphiques 

avoir  été  dans  l'Italie  septentrionale,  à  Arezzo;  Perse,  Martial,  Macrobe, 
Pline,  Isidore  de  Séville  <  font  allusion  à  la  poterie  rouge  d'Arezzo.  «  Les 
vases  en  terre  cuite,  dit  ce  dernier,  furent  d'abord  inventés  à  Samos; 
ensuite  on  découvrit  le  procédé  pour  y  appliquer  la  couleur  rouge.  Ces 
vases  sont  appelés  arétins^  du  nom  d'une  ville  d'Italie  où  on  les  fabri- 
quait. »  Des  découvertes  récentes  ont  permis  de  constater  l'existence  de 
fabriques  considérables  de  ces  vases  dans  le  Modénais'. 

Jusqu'à  ce  jour,  on  ne  s'est  pas  assez  occupé  de  réunir  les  sujets  divers 
représentés  en  relief  sur  les  vases  arétinsel^Mr  leurs  imitations;  destinés 
à  des  usages  variés,  ils  retracent,  par  leur  ornementation,  le  courant  des 
idées  de  la  vie  ordinaire,  les  sujets  les  plus  appréciés  et  les  plus  popu- 
laires; ils  fournissent  mille  détails  curieux,  et,  parfois  même,  touchent 
directement  à  la  mythologie  et  à  l'histoire.  La  Société  des.  Antiquaires  de 
France,  il  y  a  quelques  années,  a  fait  connaître  un  très-curieux  fragment 
de  vase  sigillé,  avec  inscriptions,  relatif  à  la  défaite  du  roi  dace  Décébale, 
trouvé  au  milieu  des  ruines  romaines  à  Blain,  dans  le  département  de  la 
Loire-Inférieures 

Je  ne  sache  pas  qu'il  ait  été  encore  publié  d'autres  vases  sigillés  épi- 
graphiques,  que  les  deux  exemplaires  dont  je  vais  parler  avant  d'arriver 
à  la  description  de  ceux  dont  on  va  voir  les  dessins  exacts. 

L'un  fait  partie  du  Real  Museo  Borbonico  4,  l'autre  est  au  musée  de  Nîmes  s . 

L'ornementation  du  premier,  dont  la  provenance  n'est  pas  indiquée, 
mais  qui,  par  son  beau  travail,  doit  être  de  fabrique  italienne,  se  com- 
pose :  i'^  d'une  bordure  d'oves;  2^  d'une  inscription  formée  de  caractères 
de  grande  dimension,  séparés  chacun  par  une  feuille  de  vigne;  3*  d'une 
bande  de  feuillage  dans  laquelle  on  aperçoit  deux  lièvres,  ou  lapins^ 
broutant,  et  deux  sangliers  poursuivis  par  deux  chiens.  La  seconde  et  la 
troisième  zone  sont  coupées  par  un  buste  de  femme  placé  entre  deux 
caducées,  de  manière  à  indiquer  le  commencement  de  la  légende,  qui 
est  :  BIBE  AMICE  DE  MEO;  cette  inscription  rappelle  les  vœux  que 
l'on  retrouve  plus  tard,  vers  la  fin  du  Haut-Empire,  sur  des  vases  de 
couleur  noire  ou  ardoisée  :  Sitio;  Reple;  Da  bibere;  Amo  te  condite;  Amas, 
felixvita;  Ut  felix  vivas;  Merum  da  satis;  Vinum  tibi,  dulcis;  Viveybibe 
multisy  etc. 


1.  Pers.,  Sat.,  II,  6;  Martial.,  I,   54;  XIV,  98;  Macrob.,  II,  4;  Plin.»  Hist.  tutt., 
XXXV,  45  ;  Isidor,  EtymoL,  1.  XX,  c.  iv,  ^,  5  et  6. 

2.  Bull,  de  VlnsU  archioL  de  Rome,  nov.  187$  ;  Allmer,  t.  IV,  p.  )3  et  seq. 

3.  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  Fr.,  1870,  p.113  et  118. 

4.  T.VIII,  pi.  29. 

5.  Marques  de  fabrique  du  musée  de  Nîmes  publiées  en  fac-similé ^  p.  58  et  pi.  zv, 
n*  177;  G.  Charvet,  les  Voies  romaines  cha  les  Volces-Arécomiques,  p.  9,  note  2. 


de  fabrique  gallo^romaiiu,  j  1 5 

Le  second  vase,  publié  par  M.  Aurès,  et  avant  lui  signalé  par  Artaud, 

dans  un  travail  inédit  sur  la  céramique,  qui  est  conservé  à  la  bibliothèque 

du  Musée  de  Lyon,  porte  la  légende  :  TAM  BENE  FICTILIBVS,  entre 

une  bordure  d'oves  et  un  sujet  de  chasse.  Les  lettres  sont  séparées  par 

des  feuillages  et  aucun  signe  ne  marque  le  commencement  de  la  légende. 

On  a  proposé  de  voir  ici  une  sorte  d'exclamation  signifiant  que  le  vin  est 

aussi  agréable  à  boire  dans  un  vase  de  terre  que  dans  une  coupe  de 

matière  plus  précieuse.  Il  est  tout  naturel  de  rappeler  à  ce  propos  le  vers 

de  Martial  : 

Aretina  nimis  ne  spernas  yasa  monemus. 

II. 

A  Montans  (Tarn),  localité  où  exista,  à  Pépoque  romaine,  une  bbrique 
de  poterie  signalée  par  M.  E.-A.  Rossignol,  parmi  de  nombreux  débris, 
on  a  recueilli  deux  fragments  portant  des  inscriptions  en  caractères 
presque  cursifs  et  qui,  analogues  à  celles  dont  nous  nous  occupons  en 
ce  moment,  paraissent  être  de  la  plus  basse  époque.  Ces  fragments 
n'ont  encore  été  ni  reproduits  ni  déchiffrés;  les  lettres  ne  sont  pas  sépa- 
rées'. 

Sur  l'une,  M.  Ant.  Héron  de  Villefosse,  mon  confrère,  propose  de 
lire  :  AVE  NOVISSIMYS  HERES  VD 

Sur  l'autre,  on  ne  déchiffre  guère  que  les  mots....  AENEA  SOM- 
NIA ou....  AENEAS  OMNIA.... 

Quelques  fragments  d'inscriptions  étaient  déjà  connus  avant  la  décou- 
verte importante  dont  je  vais  parler  dans  un  instant  : 

1°  R,  sur  un  fragment  de  vase  provenant  d'Orange,  conservé  au  Musée 
de  Saint-Germain. 

2®  INËA,  sur  un  autre  fragment,  de  provenance  inconnue,  publié  par 
M.  Allmer^. 

3®  ON,  au  Musée  de  Ntmes. 

4»N,  id.K 

En  1871,  grâce  à  M.  l'abbé  Cérès,  conservateur  du  Musée  de  Rodez, 
on  fut  prévenu  qu'une  fabrique  considérable  de  poterie  avait  été  reconnue 
à  Banassac  (Lozère).  Le  musée  de  Saint-Germain  put  acquérir  la  plus 
grande  partie  des  objets  qui  avaient  été  exhumés  jusque  là;  M.  Cérès  en 

1 .  Des  antiquités,  et  principalement  de  la  poterie  romaine,  trouvées  à  Montans^  près  de 
Gaillac  (eztr.  du  Bull.  Monum.,  1 861].  p.  6  et  7. 

2.  Allmer,  inscriptions  antiques  et  du  moyen  âge  de  Vienne  y  atlas,  pi.  xxvi,  n*  200. 

3.  Aurès,  op.  laud.y  pi.  xv,  n"  178  et  179. 


3 16  Vases  sigillés  et  épigraphiques 

eut  lui-même  quelques  échantillons.  C'étaient  des  vases  de  toutes  formes, 
par  centaines,  des  assiettes,  des  moules,  des  pièces  ayant  servi  à  la  fabri- 
cation ;  cet  ensemble,  important  au  point  de  vue  de  l'industrie  antique, 
dont  il  révélait  quelques  procédés,  non  moins  important  au  point  de  vue 
archéologique,  avait  peu  de  prix  comme  art  ^  La  plupart  des  objets  restés 
chez  le  potier  n'étaient  évidemment  que  des  échantillons  de  rebut;  de 
ceux  qui,  par  suite  de  quelque  défaut  de  cuisson  ou  de  fabrication, 
n'avaient  pu  être  lancés  dans  le  commerce.  Néanmoins,  un  certain 
nombre  de  vases  étaient  intacts,  et  les  fragments  très-nombreux.  — 
C'était,  avec  Montans,  une  fabrique  gallo-romaine  de  plus  à  ajouter  à 
celles  qui  étaient  déjà  connues  :  Lezoux  et  Clermont-Ferrand  (Puy- 
de-Dôme),  Vichy  et  Toulon  (Allier);  la  statistique  des  ateliers  de 
céramique  antique,  et  probablement  aussi  la  localisation  des  noms  de 
potiers,  pourra  être  tentée  un  jour.  Cependant,  il  y  a  lieu  de  croire  que 
les  fabricants  gallo-romains,  comme  celui  de  Banassac,  signaient  rare- 
ment leurs  œuvres;  ils  étaient  commerçants  avant  tout,  plutôt  qu'ar- 
tistes. Ce  n'était  pas  pour  eux  que  Pline  avait  dit,  à  propos  de  l'industrie 
céramique  :  «  C'est  ainsi  que  les  peuples  s'ennoblissent  et  s'enrichissent 
ce  véritablement  ;  ils  en  font  commerce,  et  cette  marchandise,  toute  fra- 
«  gile  qu'elle  est,  se  transporte  par  terre  et  par  mer  en  divers  pays, 
(S  avec  la  marque  de  l'ouvrier  et  du  lieu  où  elle  a  été  faite,  ce  qui 
«  rend  célèbre  par  toute  la  terre  jusqu'aux  ateliers  et  aux  fourneaux  des 
«  ouvriers.  » 

Dans  cet  amas  céramique  de  Banassac,  il  y  avait  plusieurs  vases  si^l- 
lésà  inscriptions;  avant  de  les  décrire,  je  relaterai  ici  les  fragments  de 
cette  série,  en  marquant  d'un  astérisque  ceux  qui  ont  été  acquis  par  le 
Musée  de  Saint-Germain'. 

*BONVS  ÇVER.  *VMI  {id,), 

BONA  PVELL  (Coll.  Cérès,).         BI  (id.). 

HIC  {id.). 
Cette  inscription  est  disposée  en         VN  (id.). 
deux  zones,  l'une  au-dessus  de         ONI  (id.). 
l'autre.  *XILE.IL  (id.). 

*AE 

1.  Les  vases  de  Banassac  ont  été  signalés  par  M.  Mazard,  dans  son  Étude  descripthe 
de  la  céramique  du  musée  des  antiquités  nationales  de  Saint-Germain  en  Laye,  p.  148  et 
seq.  Cette  étude  est  le  seul  traité,  un  peu  complet,  qui  ait  paru  sur  la  céramique  en  Gaule  ; 
tiré  à  un  petit  nombre  d'exemplaires,  on  trouve  diracilement  ce  petit  livre  dont  il  serait  à 
désirer  qu'il  parût  une  nouvelle  édition  mise  au  courant  des  découvertes  et  des  travaux 
postérieurs  à  sa  première  publication. 

2.  Ibid.yp.  106. 


* 


♦ 


de  fabrique  gallo-romaine,  3 1 7 

CATV.  *RAT 

RI.  'EDE 

INES  {Coll.  Cérès.).  MTF 

ICE  'OM 

• MA  • VAN 

ARE  (Coll.  Cérès.).  *Qy 

Un  vase  entier,  du  Musée  de  Saint-Germain,  porte  simplement  le  nom 
de  AVRELIVS,  probablement  celui  de  son  propriétaire. 

Un  autre  laisse  lire  VENI  AD  ME  AMICA;  cette  invocation  peut 
s'adresser  à  la  bouteille,  lagena,  dont  le  contenu  va  être  versé  dans  le 
poculum.  C'est  encore  le  reste  d'un  souhait  de  buveur,  ou  aux  buveurs, 
que  je  propose  de  voir  sur  le  fragment  suivant,  et  que  je  rapproche  de 
l'inscription  d'une  lagène  conservée  au  Musée  Carnavalet  :  OSPITA 
REPLE  LAGENA  CERVESA'.  Peut-être  l'inscription  complète  était 
CERVESARIIS  FELICITER. 

Nous  arrivons  maintenant  aux  vases  sigillés  qui  portent  des  ethniques; 
ceux-ci  sont  au  nombre  de  quatre,  et  j'espère  que  l'on  arrivera  peu  à 
peu  à  augmenter  cette  série  intéressante. 

Voici  d'abord  les  Cabales,  GABALIBVS  FELICIT...;  justement  le 
nom  du  peuple  chez  lequel  le  potier  de  Banassac  exerçait  son  industrie. 

Il  est  bon  de  remarquer  que  César  écrivait  Gabali,  tandis  que  Strabon 
et  Pline  donnent  la  forme  Cabales,  d'où  vient  grammaticalement  Gaba- 
libus.  Le  vase  qui  nous  occupe,  fabriqué  dans  le  pays  même  et  destiné  à 
y  être  vendu,  nous  indique  donc  la  véritable  forme  de  l'ethnique  des 
anciens  habitants  du  Gévaudan. 

Viennent  ensuite  les  Rèmes,  REMIS  FELICITER.  Deux  coupes  portent 
cette  inscription  ;  l'une  m'appartient,  l'autre  fait  partie  de  la  collection 
de  M.  le  comte  Ëd.  de  Barthélémy.  Elles  ne  diffèrent  que  par  un  détail  : 
sur  l'une  des  deux,  une  figure  humaine»  grossièrement  exécutée,  indique 
le  commencement  de  la  légende.  (Voir  la  gravure,  à  la  page  suivante.) 

Un  autre  fragment  est  tout  ce  qui  reste  d'un  poculum  destiné  à  l'usage 
des  Lingons  :  on  lit  très-distinctement  LINGONIS  {felicii)TEK. 

Une  coupe  trouvée  à  Genève  en  1862,  sur  le  plateau  des  tranchées, 
où  le  remaniement  complet  du  terrain  a  mis  au  jour  tout  un  quartier  de 
l'antique  Genava,  porte  la  légende- SEqVANIS  FELICIT...  Ce  vase, 
conservé  aujourd'hui  au  Musée  de  Genève,  doit  être  rapproché  d'un  frag- 
ment du  musée  d'Annecy,  sur  lequel  on  ne  lit  plus  que S  FE..CIT2. 

1.  Revue  arch.,iS6Bf  t.  XVIII,  p.  226. 

2.  Je  dois  la  connaissance  de  l'estampage  de  ce  vase  il  M.  Revon,  conservateur  du 
Riosée  d'Annecy. 


Vasa  sigilUs  et  épigraphi^au 


Il  me  semble  difficile  de  ne  pas  attribuer  ces  deux  poaiLi  à  la  ^brique 
de  Banassac,  alors  que,  sur  des  tessons  recueillis  dans  cette  dernière 
localité,  on  en  distingue  deux,  avec  les  lettres  VAN  et  Q^V  qui  font  néces- 
sairement partie  de  l'ethnique  SEQVANIS. 

Jusqu'à  ce  jour,  on  n'a  signalé  d'ethniques,  suivis  du  mot  féliciter,  que 


de  fabrique  gaUo-romaine.  3 1 9 

sur  des  graffiti  recueillis  à  Pompéi,  à  Herculanum  et  à  Stables;  on  lit 
PVTÏIOLANIS  FELICITER,  —  SALINESIBVS  FELICITER^  dans  un 
lupanar,  NOLANIS  FIILICITÏIR».  Une  inscription  d'York  porte 
GENIO  LOCI  FELICITERA. 

Cette  dernière  inscription  peut  être  rapprochée  d'un  fragment  de  po- 
terie, dont  il  existe  deux  exemplaires,  et  sur  lequel  il  ne  reste  plus  que 
le  dernier  mot.  Tout  dernièrement,  mon  savant  ami,  M.  le  baron  de 
Witte,  a  établi  que  cette  légende  accompagnait  la  représentation  de 
Plancus  et  du  Génie  de  la  ville  de  Lugdunum^. 

A  propos  d'ethniques  inscrits  sur  les  vases,  on  ne  peut  pas  passer 
sous  silence  la  petite  urne  du  musée  du  Louvre,  qui  porte  GENIO  TVR- 
NACESIV;  elle  provient  de  l'ancienne  collection  Durand.  Cette  urne, 
en  terre  cuite,  très-fine,  est  revêtue  d'une  belle  couleur  rouge;  la  panse 
est  décorée  d'une  guirlande  de  lierre  en  relief;  la  légende  est  tracée  en 
creux^  à  la  pointe,  sur  le  col 4. 

La  forme  du  vase  de  Toumay,  la  manière  dont  est  gravée  la  légende, 
n'ont  aucun  rapport  avec  les  coupes  dont  nous  nous  occupons;  nous  ne 
le  citons  ici  que  parce  qu'il  porte  un  ethnique. 

Avant  de  terminer  cette  étude  et  de  proposer  mes  conclusions  sur  les 
vases  sigillés  épigraphiques,  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  réunir  quel- 
ques notes  sur  l'emploi  du  mot  féliciter. 

Ce  mot  était  une  acclamation  employée  souvent  dans  les  festins,  ana- 
logue aux  vivats  modernes;  on  s'en  servait  en  l'honneur  des  dieux,  des 
empereurs,  comme  nous  le  voyons  dans  le  banquet  de  Trinalcion  :  «  Con- 
«  surreximus  altius  et  Augusto,  patri  patriae,  féliciter  diximus  5  »  ;  dans 
Suétone  :  «  Acclamari  etiam  in  amphitheatro,epulari,die  libenteraudiit; 

«  Domino  et  Dominae  féliciter^  »;  dans  les  graffiti: CAESARIS 

AVGVSTI  FELICIT  ;  —  RVSTIVM  VERVM  A.V.A.S.P.P.AVGVSTO 
FELICITER. AEDILES  SIC  DECET;  —  IVDICIIS  AVGVSTI  AV- 
GVSTAE  FELICITER  NOBIS  SALVIS  FELICES  SVMVS  PERPE 
VO;  —  AVGVSTO  FELICITER?.  On  s'en  servait  aussi  pour  les  parti- 

1.  Corpus  inscr.  latin.,  t.  IV,  n"  218),  161 1, 1 512. 

2.  OrcUi,  n'  1701. 

3.  Comptes-rendus  des  séances  de  F  Académie  des  inscriptions  et  belles^ettres,iSj7y 
p,  6j.  —  Frœhner,  les  Musées  de  France,  p.  J9,  pi.  xv,  n*  2.  Un  second  exemplaire  de  ce 
h-agment  existe  au  Musée  de  Lyon. 


de  Belgique,  16"  année,  n**  3  et  4,  p.  156.  Je  ne  pense  pas  que 'l'authenticité  de  ce  yaie 
puisse  être  soupçonnée  malgré  les  arguments  mis  en  avant  piar  quelques  savants. 

5.  Petron.,  Satiricon,  c.6o.  —  6.  Sueton.,  Domitian.,  c.  13. 

7.  Corpus  inscript,  latin,,  n"*  820  a,  427, 1074,  2460. 


3  20         Vases  sigillés  et  épigraphiques  de  fabrique  gallo-romaine, 

culiers  :  D.  LVCRETIO  FELICITER;  —  NVMMIANO  FELICITER; 
—  DV03VS  FABIS  FELICITER;  —  REGVLO  FÉLICITER;  — 
M.ANTISCIVS  MESSIO  FELICITER»,  etc.  A  propos  d'un  fragment 
de  vase,  publié  dans  la  Gazette  archéologiqney  1877  (pl*i2«  P-  70>  ^-  J- 
Roulez  a  établi  que,  dans  les  jeux  du  cirque,  le  mot  féliciter  était  syno- 
nyme de  vincas  ou  nica.  Il  rappelle  judicieusement  ce  vers  de  Phèdre 

Ut  mos  est  vulgi  passim  et  certatim  ruunt,  féliciter^  sucdamant. 

Les  Grecs  avaient  une  acclamation  semblable,  Zi^aeiaç;  nous  la 
retrouvons  reproduite  par  des  lettres  en  relief,  ...eZHCAlC  KAACOC^ 
sur  un  vase  en  verre  publié  dans  les  Jahrbiicher  des  Vereins  von  Alterthums- 
freunden  im  Rheinlande^  1844,  pi.  xi.  Un  vase  analogue,  pi.  xii,  porte 
en  latin  :  Bibe  multis  annis;  il  arrivait  parfois  que  les  Grecs  lui  substi- 
tuaient le  vocable  latin  : 

CATPICO 

OYAAeNTI 
OrOYCTCO 
NHP  0HAIKIT. 

Un  fragment  de  vase  trouvé  à  Orange,  publié  par  M.  Frœhner,  repré- 
sente une  poule  entourée  de  ses  trois  poussins;  elle  porte  un  épi  au  bec 
et  l'un  de  ses  petits  sur  son  dos  ;  au-dessus,  on  voit  un  rameau  et  la 
légende  MIHI  ET  M(m)  FELICITER». 

La  présence  sur  les  vases  sigillés  de  cette  acclamation  banale,  équi- 
valent du  VT  FELIX  VIVAS  des  temps  postérieurs,  ne  me  semble  pas 
devoir  donner  lieu  à  des  conjectures  inutiles  ;  le  potier  de  Banassac  avait 
pour  but,  très-probablement,  de  fabriquer  des  vases  qui  devaient  être 
achetés  de  préférence  dans  les  civitates  dont  ils  portaient  les  noms.  Les 
potiers  italiens  avaient  inventé  les  légendes  bachiques,  comme  nous  le 
voyons  sur  le  poculum  du  Musée  Bourbon;  les  potiers  gallo-romains 
cherchèrent  la  vogue  en  satisfaisant  l'amour-propre  de  toutes  ces  cités, 
qui  avaient  succédé  aux  peuples  indépendants  de  la  Gaule,  et  aimaient  à 
se  souvenir  de  leur  autonomie.  Je  ne  pense  pas  que  cette  fabrication  se 
soit  continuée  longtemps  après  le  premier  tiers  du  troisième  siècle^  date 
que  je  donne  à  ceux  de  nos  vases  qui  sont  les  moins  artistiques. 


Anatole  de  Barthélémy. 


1.  Ihid.^  299)*,  917. 1087, 1098, 1 101. 

2.  FYœhner,  op,  laud.y  p.  66,  pi.  xv,  n* 


LES  FINALES   IRLANDAISES 


D'APRÈS  M.  WINDISCH. 


M.  E.  Wîndisch,  à  qui  nous  devions  déjà  de  si  excellents  travaux,  a 
publié  dernièrement  dans  les  Beitrdge  zur  Geschiçhte  der  deutschen  Sprache 
un  mémoire  d'une  haute  importance  pour  l'histoire  de  l'irlandais.  On 
sait  que  les  manuscrits  irlandais  les  plus  anciens  datent  du  viii^  et  du 
ix«  siècle.  La  langue  de  ces  documents  appartient  dans  l'histoire  du 
langage  à  la  même  période  chronologique  que  le  texte  vieux-français 
des  célèbres  Serments  de  Strasbourg,  842.  Dans  ce  texte  vieux-fran- 
çais les  mots  amury  sacrament,  etc.,  ont  perdu  les  syllabes  finales  du 
latin  amore^  sacramentum.  Dans  les  textes  irlandais  du  viip  et  du  ix*  siècle 
les  mots  de  la  langue  qu'on  est  convenu  d'appeler  vieil  irlandais  ont 
généralement  subi  la  même  mutilation,  et  il  y  a  .une  restitution  à  faire 
pour  trouver  la  forme  usitée  dans  la  période  antérieure,  dans  la  période 
qu'avec  M.  Windisch  nous  appellerons  préhistorique,  qui  se  termine  au 
vi«  ou  au  vii«  siècle  de  notre  ère,  qui  est  contemporaine  de  l'époque  de 
César,  des  grands  écrivains  de  Rome,  des  inscriptions  romaines  et  des 
débris  de  la  langue  gauloise  conservés  par  ces  écrivains  et  ces  inscrip- 
tions. Le  mot  préhistorique  appliqué  à  cette  période  n'est  pas  rigoureu- 
sement exact,  car  des  inscriptions  irlandaises  du  vi*'  siècle  environ, 
appartenant  chronologiquement  à  la  période  dite  préhistorique,  sub- 
sistent encore  aujourd'hui  ;  et  ces  inscriptions,  malheureusement  peu 
nombreuses,  nous  offrent  les  formes  caractéristiques  de  la  période  dite 
préhistorique  :  elles  sont  avec  le  vieil  irlandais^  c'est-à-dire  avec  Tir- 
landais  des  manuscrits  du  viiie  et  du  ix^^  siècle,  dans  le  rapport  qu'on 
signale  entre  le  latin  classique  et  le  français  du  ix«  siècle.  L'expression 
de  préhistorique  est  cependant  justifiée  par  la  rareté  des  inscriptions 
irlandaises  du  vi^.  siècle  :  la  plupart  des  formes  de  l'époque  préhisto- 

Ra.  Cdt.  III  23 


)22  Les  finales  irlandaises. 

rique  irlandaise  sont  établies  par  le  raisonnement  et  non  justifiées  par 
des  exemples. 

Voici  les  principes  à  l'aide  desquels  M.  Windisch  a  entrepris  la  recons- 
titution d'un  certain  nombre  de  formes  de  l'irlandais  préhistorique. 

I. 

Les  polysyllabes  conservent  leur  dernière  syllabe^  quand  cette  syllabe 
se  terminait  i"*  par  une  consonne  double,  2^  par  r,  Syt  on  d  précédés 
d'une  voyelle  longue. 

II. 

Les  polysyllabes  ont  perdu  leur  dernière  syllabe,  quand  cette  syllabe 
ne  remplissait  pas  les  conditions  énoncées  dans  la  règle  précédente. 
Ainsi  la  dernière  syllabe  a  cessé  d'exister  dans  tout  polysyllabe  précé- 
demment terminé  1°  par  une  voyelle  brève  ou  longue  ou  par  une  diph- 
thongue,  2<*  par  une  voyelle  brève  suivie  d'5  ou  de  f ,  j'  par  une  voyelle 
brève  ou  longue  suivie  d'une  nasale.  Mais  avant  de  disparaitre,  la  syllabe 
condamnée  a  souvent  exercé  une  action  qui  lui  survit.  Elle  a  pu  exercer 
celte  action  en  arrière  ;  elle  a  pu  l'exercer  en  avant.  Elle  l'a  exercée  en 
arrière  en  modifiant  la  valeur  de  la  syllabe  précédente^  ce  qui  a  toujours 
lieu  quand  la  syllabe  condamnée  contenait  un  i.  Elle  à  exercé  cette 
action  en  avant  de  deux  manières  : 

Premièrement,  quand  le  mot  dépouillé  de  sa  syllabe  finale  se  termi- 
nait originairement  par  une  voyelle,  cette  voyelle  a  produit  l'aspira- 
tion de  la  consonne  initiale  du  mot  suivant  dans  un  certain  nombre  de 
constructions  grammaticales.  Secondement^  quand  le  mot  dépouillé  de 
sa  syllabe  finale  au  viii«  siècle  se  terminait  originairement  par  une  nasale^ 
la  nasale  a  souvent  subsisté  en  se  détachant  du  mot  auquel  elle  appar- 
tenait précédemment  et  en  devenant  la  première  lettre  du  mot  suivant  ; 
ce  phénomène  singulier  se  produit  en  construction  lorsque  le  mot  sui- 
vant est  une  voyelle  ou  une  moyenne. 

Telles, sont  les  règles  sur  lesquelles  s'appuie  M.  Windisch  pour  con- 
clure des  formes  du  vieil  irlandais  à  celles  de  l'irlandais  préhistorique. 
Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  des  raisonnements  auxquels  donne 
lieu  l'application  de  ces  règles  aux  divers  cas  particuliers  :  nous  nous 
contenterons  de  donner  les  résultats.  Ayant  pu  profiter  des  travaux  de 
MM.  Ebel  I  et  Stokes  '  sur  le  même  sujet,  possédant  en  grammaire  com- 
parée des  connaissances  fort  étendues,  le  jeune  professeur  allemand  est 

1.  Beitraege,  1,  165.  Gr.  C^,  p.  172  et  passim. 

2.  Beitraege,  passim. 


Les  finales  irlandaises.  ;  2  3 

arrivé  à  des  résultats  plus  sûrs  et  plus  nombreux  que  ses  savants  devan- 
ciers, et  tout  en  regrettant  peut-être  qu'il  n'ait  pas  cherché,  dans  les 
lois  de  l'accent,  telles  que  la  versification  nous  les  peut  faire  saisir,  un 
supplément  de  démonstration  qui  reste  encore  à  produire,  nous  sommes 
heureux  de  donner  ici  sous  forme  de  paradigmes  un  résumé  de  son 
mémoire. 

DÉCLINAISON  DES  NOMS  ET  DES  ADJECTIFS. 


Thèmes  masculins  en  a. 

VieU  irlandais. 

Irlandais  préhistorique. 

Singulier. 

Nom. 

echj  cheval, 

equas. 

fety  homme, 

viras. 

tarbj  taureau, 

tarvasK 

gén. 

eich^  du  cheval. 

equi^,     equisi,     equese, 

instrumentah'/i  biucc^  un  peu. 

biccu.                [aquasja. 

fiufy  par  l'homme, 

viru,  vira 

dat. 

fiury  à  l'homme. 

vira,  virôy  virôi,  virai. 

eochj  au  cheval^ 

equOy  equôi,  equAi 

ace. 

fer  nniile,  autre  homme. 

viran  alian. 

voc. 

fir,  homme. 

vire^  viri. 

maicCj  miu,  fils  ! 

maqui. 

• 

di,  dieu, 

dêve. 

ablatif 

cetUf  ceta,  d'abord, 

Pluriel. 

cintAd. 

Nom. 

eichy  les  chevaux, 

equL 

fir,  les  hommes, 

viri. 

gén. 

ech  n-aile,  des  autres  chevaux^ 

equany  eqaam,  aquam. 

dat. 

feraib^  aux  hommes, 

virabis. 

ace. 

firu^  les  hommes. 

Duel. 

viras,  virans. 

Nom.  ace. 

dà  ech,  deux  chevaux, 

echa^  aquâ. 

Noms  féminins  en 

à. 

Singulier. 

Nom. 

dr,  heure, 

6ra, 

tuathy  peuple. 

tbta^  touià. 

1.  Ganlois  tanH)s. 

2.  On  sait  que  le  génitif  maqui  de  maquos^  fils,  se  trouve  dans  les  inscriptions  de 
l'époque  dite  préhistorique. 


ÎÏ4 


Les  finales  irkndmts. 


vieil  irlandais. 

Irlandais  prébistoriqae. 

lâm,  main, 

[p]làma 

rùriy  secret^ 

rùna. 

fedb,  veuve, 

vidva. 

àrd,  haute, 

ardva. 

gén. 

tuaithcy  du  peuple, 

tôtis,  toutes,  touijaSj  tau- 

lamae^  de  la  main, 

[pllâmAjas                [tâjâs 

dat. 

iuaithy  au  peuple  j 

tôtiy  toutêi,  tautài. 

laiïïij  à  la  main, 

[p]lAmi. 

uair,  parce  que, 

ôrL 

instrumental  m^  6r  sa^  à  cette  heure, 

ôrdj  6rA, 

in  tan^  quand. 

tandy  tanL 

ace. 

tuaith  n-aili,  autre  peuple. 

tètin,  toutên. 

lAim,  main. 

[p]/4min,  [p]lâmên. 

abl. 

6re,  uâre,  parce  que  (de  6r,  heure),  ôrajas,  ôrâjâs. 

Pluriel. 

Nom. 

tuatha,  les  peuples. 

tàtâs,  touiâs. 

mnd,  les  femmes, 

bnàsy  benâs. 

gén. 

tuath^  des  peuples. 

tôtan,  touiam. 

na  m-barij  des  femmes, 

benan. 

dat. 

tuathaib,  aux  peuples, 

tôtâbiSy  toutâbis. 

ace. 

tuathaj  les  peuples, 

tôtâSj  toutAs. 

mnây  les  femmes. 

bnâs.  benâs. 

Duel. 

w 

Nom. 

ace. 

dî  choisSf  deux  pieds, 

• 

Noms  neutres  en  a. 
Singulier. 

cossiy  cossei. 

Nom. 

ace. 

dliged  n-ailj  autre  loi, 

dligetan. 

biath,  nourriture, 

bivatan. 

nemed,  chapelle. 

nemetan. 

attraby  possession. 

ad'treban. 

instrumental  mur^  par  la  force, 

nertUy  nertâ. 

Pluriel. 

Nom. 

ace. 

i^gràn^  grains, 

grâna,  grânâ. 

nerty  vertus,  forces, 

nerta. 

i""  dligeda,  lois. 

dligetâs. 

imneddy  tribulations, 

imnetàs. 

vieil  irlandais. 

Nom. 

voc. 
abl. 

aile,  autre, 
duiru^  homme, 
duiniy  6  homme, 
ôindid,  une  fois, 

Nom. 

ailiy  les  autres, 

Les  finales  irlandaises,  ^  2  5 

Thèmes  masculins  et  neutres  en  ia. 

Irlandab  préhistorique. 

Singulier. 

alias, 

dunias. 

dunii. 

ôintetisy  âinatiatas  <. 
Pluriel. 

alii. 

Thèmes  féminins  en  iâ. 

Singulier. 
Nom.  gude,  prière,  gadiâ. 

Pluriel. 
Nom.  gudi,  les  prières,  gadîs 

Thèmes  masculins  en  i. 

Singulier. 
Nom.  faith^  poète,  vâtis, 

cosmailj  semblable,  con-  samalis. 

gén.  fâtho^  du  poète,  vâîajas. 

inst.-locatif  faith^  par  le  poète,  chez  le  poète,  vâti. 

Pluriel. 
Nom.  fâthi,  les  poètes,  vâteis,  vAtejes,  vâtajas. 

gén.  fâthe,  des  poètes^  vâtean^  vatejân, 

ace.  fâthi,  les  poètes,  vâtts. 

Thèmes  féminins  en  i. 

Singulier. 

Nom.  flaith,  domination,  vlatis 

cruim,  ver,  cromis. 

buith,  être,  butis^. 

sùil,œi\y  sùlisi. 

combairt,  naissance,  com-bartis, 

gén.  flatho,  ftatha,  de  la  domination,  vlataos,  vlataas^  vlatajas, 

1 .  Adverbe.  Comparez  le  sanskrit  sarvatas^  partout,  et  le  latin  primitus,  d'abord. 

2.  Le  même  mot  que  le  grec  (pùai^. 

).  Le  même  mot  que  le  latin  sol,  breton  heol,  gothique  sauil.  Cette  synonymie  est  le 
résultat  de  l'idée  mythologique  qui  a  donné  naissance  au  mythe  du  cyclope.  Le  soleil 
est  un  oeil  qui  voit  tout  :  5;  iravx'  èçop^.  Voilà  aussi  pourquoi,  dans  la  mythologie 
germanique,  Vaotan,  le  dieu  suprême,  n'a  qu'un  œil,  uno  semptr  contentus  octllo^ 
Grimm,  Deutsche  Mythologie^  p.  1^3. 


)26 


Les  finales  irlandaises. 


vieil  irlandais. 

Irlandais  préhistorique. 

inst.-locatif  sûily  dans  l'œil,  par  l'œil, 

stdi. 

ace. 

sûil  n-ailiy  autre  œil, 

Pluriel. 

sùlin. 

Nom. 

5Û//,  les  yeux, 

sàleisy  sùlejes^  sùlajas. 

gén. 

sùle^  des  yeux, 

sùlean,  sùlejân. 

dat. 

sùlih^  aux  yeux, 

sàlibis. 

ace. 

sùli,  les  yeux, 

Duel. 

sùlls. 

Nom.  ace. 

di  suit,  deux  yeux, 

sùli,  sut. 

Thèmes  neutres  en  i 

m 

Singulier. 

Nom.  ace. 

muiry  mer. 

mori. 

guin^  blessure, 

goni. 

bùaidy  victoire. 

bôdi. 

gén. 

mora,  de  la  mer. 

morajas. 

inst.-locatif  muir^  par  la  mer,  dans  la  mer, 

mori. 

ablatif 

samlidj  ainsi, 

Pluriel. 

samalitis,  samalitasK 

Nom.  ace. 

mora,  les  mers. 

moraja. 

tire,  les  terres. 

tlreja. 

Thèmes  masculins  en  u. 

Singulier. 

Nom. 

mug,  esclave, 

moguSy  magus. 

follusy  sollus,  ouvert, 

svdnastus. 

accus,  voisin. 

ancastus. 

cosmilius^  ressemblance. 

con-samaliastus. 

imb-râdudj  pensée. 

ambi-râdiatus. 

fid,  arbre, 

vidus. 

bith^  monde, 

bitus. 

molad^  louange, 

molatus. 

gén. 

betho^  betha.  du  monde, 

bitaos^  bitavas. 

instrumental  J^iurA,  dans  le  monde, 

bitvà. 

ace. 

in  m-bixh  m-^rasy  le  grand  monde, 

Pluriel. 

,  bitun. 

Nom. 

mogaiy  les  esclaves. 

mogavis^  magaves. 

I .  Adverbe,  dérivé  du  même  thème  que  le  latin  similis  avec  le  même  suffixe  que  le 
latin  primitus. 


Les  finales-irlandaises.  )  27 

vieil  irlandais.  Irlandais  préhistorique. 

gén.  mogey  des  esclaves,  mogean^  magevan 

ace.  mugUy  les  esclaves,  mogts^  maguns. 

Duel. 

Nom.  ace.    da  atârcud^  deux  relations,  atu,  .,,atù. 


Thèmes  neutres  en  u. 
Singulier. 


Nom. 

ace. 

sut  h  y  fœtus, 

sutu. 

doruSy  porte. 

Pluriel. 

dvarastu. 

Nom. 

ace. 

rechte^  les  lois, 

recteva,  rectevA 

sothe^  les  fœtus, 

suteva. 

Noms  de  parenté. 

Nom. 

Singulier. 
athir,  père, 

[p]atèr. 

siur,  sœur, 

sesur^  svesôr. 

gén. 

athar,  du  père^ 

[p]ateras. 

mâthar^  de  la  mère, 

materas. 

dat. 

athir,  au  père, 

[p]ateri. 

ace. 

art/r,  le  père, 

Pluriel. 

[p]aterin. 

Nom. 

athiry  les  pères, 

[p]ateris. 

gén. 

brâthar,  des  frères. 

brâteran. 

dat. 

athraib,  aux  pères, 

[p]aterabis. 

brâthrib^  aux  frères. 

bràteribis. 

ace. 

aithrea^  les  pères, 

Duel. 

\ji\aterâs. 

Nom. 

ace. 

dl  sîair,  deux  sœurs, 

sesare. 

Nom. 

gén. 

ace. 


Thèmes  en  -ant  (anciens  participes  présents). 

Singulier. 

brâge,  gorge,  lâche,  éclair^  br agents  >,  laukents^. 

brâget^  brâgaty  de  la  gorge.  brâgentas. 

brdgit,  la  gorge.  bràgentin. 


1 .  Ce  mot  parait  identique  au  latin  gurges,  dont  le  gu  initial  est  devenu  b  en  irlandais 
dont  Vr  a  changé  de  place,  phénomène  dont  les  langues  celtiques  offrent  d'autres  exemples, 
et  dont  enfin  le  suffixe  a  la  forme  faible  at  au  lieu  de  la  forme  forte  ant. 

2.  Latin  lucenj. 


îXi 


Les  finales  irlandaises. 


vieil  irlandais. 

Irlandais  préhistoriqtte. 

Pluriel. 

Nom. 

teit^  chaudes, 

te[p]entis. 

caraiî^  amis, 

carantis. 

dat. 

braigtiby  aux  gorges, 

Duel. 

brAgentibis. 

Nom.  ace. 

dt  tipraity  deux  fontaines, 

Thèmes  gutturaux. 
Singulier. 

tiprante. 

Nom. 

ai/,  pierre, 

aileks. 

Tuirty  seigneur. 

rureks. 

aire^  primat, 

arieks. 

rî,  roi, 

rix. 

gén. 

cathrach,  de  la  ville, 

cataracas. 

rurech^  du  seigneur. 

rarecas. 

Thèmes  en  at  (Jorme  faible  de  ant). 

Singulier. 

Nom. 

tenga^  langue, 

tengâSy  tengatsK 

sUge,  chemin, 

sligis,  sligets. 

fUiyfile^  poète, 

yelês,  velets. 

comdiu^  maître,  dieu, 

com-mediâsy  comr-mediats 

cing,  guerrier, 

cingis,  cingets. 

gén. 

coimded^  de  dieu, 

com-mediatas^. 

dat. 

filidy  au  poète. 

veleti. 

ace. 

sligidy  le  chemin. 

Pluriel. 

sligetin. 

Nom. 

filidy  les  poètes. 

veletis. 

sligidy  les  chemins. 

sligetis. 

gén. 

filed,  des  poètes. 

veleîan. 

dat. 

filedaibj  aux  poètes. 

veletabis. 

ace. 

fileda^  les  poètes, 

veletàs. 

sligeday  les  chemins. 

sUgetAs. 

Duel. 

Nom.  ace. 

dàsligid {duas  vias),  deux  chemins 

,  sligete,                   * 

1.  Comparez  le  gaulois  Atrebas,  -atUy  pour  ad-trebas,  qui  nous  offre  également  la 
forme  faible  du  participe  présent;  sa  racine  est  ici  trbb,  habiter,  posséder. 

2.  La  racine  est  la  même  que  celle  du  grec  (liSovToç,  et  probablement  que  celle  du 
premier  terme  de  l'osque  mea-dix,  celui  qui  dit  le  jugement. 


Les  finales  irlandaises. 


3^9 


Thème  neutre  en  -et  [variante  de  at). 

vieil  irlandais.  irlandais  préhistorique. 

Singulier. 
Nom.  ace.    traigy  pied,  tragit. 


Thèmes  en  tàt. 

Nom. 

Singulier. 
beothuy 

bivatàs,  bivatâti. 

gén. 

bethad^ 

Thèmes  en  n. 

bivatàtas. 

Nom. 

Singulier. 
broo,  meule, 

bràvày  gràvâ. 

câ,  chien^ 

cù,  cvL 

triath,  mer^ 

tritaj  tritâ. 

Albay  Ecosse, 

Albans. 

gén. 

broony  de  la  meule, 

brâvanas. 

trethany  de  la  mer. 

tritanas. 

Âlbany  de  l'Ecosse, 

Albanas. 

Pluriel. 

Nom. 

coin,  chiens, 

conis. 

gén. 

con,  des  chiens. 

conan. 

• 

• 

Thèmes  en  ann. 
Singulier. 

Nom. 

gobaj  le  forgeron, 

gobas» 

gén. 

gobann,  du  forgeron, 

Thèmes  en  iann. 

gobannas. 

Nom. 

Singulier. 
Eria,  l'Irlande, 

EriA. 

gén. 

Erenn,  de  l'Irlande, 

Erinnas. 

Thèmes  neutres  en  man. 

Singulier. 

Nom.  ace. 

ainm  n-abstily  nom  d'apfttre. 

anmin(J)anmen  [?), 

ainm  dilesy  nom  propre, 

anme. 

dat. 

ctt/rm,  à  la  bière, 

cormi. 

ainmaimm^  au  nom, 

anmammi,  anman^mi. 

)  30  Les  finales  irlandaises. 

vieil  irUndab.  Irlandais  préhistorique. 

Pluriel. 

Nom.  ace.    anman,  anmonn,  les  noms,  anmana. 

bêmen^  bimenn^  les  coups,  hèmena, 

drommann^  les  dos,  drommannay  drasmana. 

gén.            anmann,  des  noms^  anmanan. 

Thèmes  masculins  ou  féminin  en  man. 

Singulier. 

Nom.           fo  brithem^  juge  (masc),  britema^  britemâ. 

flaithem,  seigneur,  vlatima^  vlatimâ, 

airem  (nom  propre),  arema^  ariamâ. 

i^talam  terre,  (fém.),  talma^  talmâ. 

)®  menme^  l'esprit,  menmàs^  menmàns, 

menma^  menmans. 

gén.            memnan,  de  l'esprit,  menmanas. 

dat.             mennuUn,  à  l'esprit,  menmani. 

voc.            dàlim,  créateur,  dûlemin  (t\. 

Thèmes  en  ti[a]n,  tiàn  (2). 

Singulier. 

Nom.           er-  mitiu,  respect  ■,  --mitiô^  nûtià. 

at'bel-'tUj  mort,  -bel-tiô. 

gén.            er-  miten,  du  respect,  -mentinas^. 

ace.            air-mitiny  le  respect,  -mentinin. 

Thèmes  neutres  en  as. 

Singulier. 

Nom.  ace.    /€c/i,  maison,  tegas. 

leth,  côté,  /rtûi. 

mach^  mag^  plaine,  magas^, 

nem,  ciel,  nemas^, 

gén.            /fge,  de  la  maison,  f/g^âj,  tegesas. 

locatif         //j[,  à  la  maison,  f/gi,  tegesi. 

Pluriel. 

Nom.  ace.    tige^  les  maisons,  tegesa, 

gén.            /ige,  des  maisons,  tegesAn. 

I .  mitiu  est  dissyllabe. 

a.   Le  suffixe  est  tiân  par  i  long  au  nominatif,  tin  (pour  tian  par  a  bref)  aux  autres 
cas.  Le  latin  ne  connaît  que  tiân  par  à  long. 

3.  Cf.  sk.  mjM  «terre  ». 

4.  D'une  racine  sanscrite  nam  «  sincliner,  vénérer  ». 


Nom. 


Us  finales  irlandaises .  ni 

Vieil  irUndais.  Irlandais  préhistorique. 

Comparatif, 
kigitt  * ,  plus  petit,  lagids. 


NOMS  D&  NOMBRE. 

2. 


Nom.  ace.    masc.  dâj  deux, 
fém.  diy  deux, 
neutre  dâ^  deux, 
^i^,  iii^,  à  deux, 


dat. 
Nom. 


gén. 


Nom. 


gén. 


dvA. 

dvly  dvei. 
dvL 
dvebin. 


i 


masc.  trU 

fém.  teoir^ 

neutre  tri. 

masc.  /rt/z,  des  trois, 

fém.  teoran'ungae,  de  trois  onces^   tesoran. 

4 


/rÎ5,  treis,  trajas. 
tesorisy  tisaras, 
trt. 
trijan. 


masc.  cethir^ 
fém.  cetheoiff 
neutre  c^Air, 
masc. 
fém.  cetheora, 

côic^ 

7- 
5ecAf  /2-aû/e,  sept  articles, 

8. 
ocht  n-^isle^  huit  articles, 

9- 
noi  m-bai,  neuf  vaches, 

10. 

deich  m-4>ai^  dix  vaches, 

20. 

fiche^  pi.  yîcAi/, 


cetaru,  catvaras. 
cetesorisy  catasaras. 
cetarij  catvari, 

cetisoran. 
cdcij  quenu. 

sectan. 

octan, 

novin, 

decin. 

vicis,  vicentSy  pi.  vicentis. 


niy  nous, 
siy  vous, 


PRONOMS  PERSONNELS. 

Pluriel. 

nis, 

svis. 


1 .  Deux  syllabes.  On  trouve  aussi  la  forme  contractée  lagu. 


îî* 


Les  finales  irlandaises. 


VERBE. 


vieil  irlandais. 

1  berimm,  je  porte, 

2  beri,  tu  portes, 
}    berid^  il  porte, 

ibidy  il  boit, 
w,  il  est,  ' 
fail,  feil^  fil,  il  est, 

î    beraitj  berit,  ils  portent, 
tiagaity  ils  vont, 


I"î  CONJUGAISON. 

Indicatif  présent  absolu. 

Irlandais  préhistoriqne. 


Singulier. 


Pluriel. 


berami-ma, 

beresi. 

beretL 

[p]ibeîL 

esti. 

velti, 

beranti. 
tiganti^  steigantL 


f*  CONJUGAISON. 


Indicatif  présent  conjoint. 
Singulier. 


I 

as-biur,  je  dis, 

biruj  berôj  bharL 

for-chun,  j'ordonne, 

canuj  canô. 

con-riug,  je  lie, 

rigu,  regô. 

2 

as'bir,  tu  dis, 

beris. 

î 

ar-  fo'  im,^  il  reçoit, 

émit. 

at'bail,  il  périt, 

balit. 

/«/,  il  est, 

Pluriel. 

velit. 

I 

do^ram,  nous  portons, 

beramas. 

3 

as-  beraty  ils  disent, 

berant. 

2* 

CONJUGAISON. 

Indicatif  présent  absolu. 

Singulier. 
2    cariy  tu  aimes,  caraisi^  carajasi, 

î    caraidy  carid,  il  aime,  caraati,  carajati. 

Pluriel. 
5    caraitj  ils  aiment,  carajanti. 


La  finales  irlandaises. 


Ui 


2"  CONJUGAISON. 


Vidl  irlandais. 

1  no  charuy  j'aime, 

2  cari,  tu  aimes, 

3  no  char  a  y  il  aime^ 

1  caram^  nous  aimons, 

2  carithy  vous  aimez, 


Indicatif  présent  conjoint. 

Irlandais  préhistorique. 
Singulier. 

carauy  carajô. 

carai,  carajis. 

caraatf  carajat. 

Pluriel. 

carajamas, 

carajate. 


1     râidiuj  je  parle, 


1  con-darCy  j'ai  regardé, 

2  con~darc,  tu  as  regardé, 

3  con-dairCy  il  a  regardé, 


1     os-  ru-  frurt,  j'ai  dit, 
3    tirr,  elle  enfanta, 


1     ro  charus^  j'ai  aimé, 


1  eruSy  je  me  lèverai, 
at-chouSj  j'exposerai^ 

'   tiasy  j'irai, 

2  /^5{,  tu  iras, 

3  /^i5,  il  ira, 


2    for  tésidy  vous  secourrez. 


3*  CONJUGAISON. 

Indicatif  présent, 

râdiô. 

Parfait  redoublé. 

Singulier. 

dedarca. 
dedarcas. 
dedarciy  dedarce. 

Prétérit  en  t. 

Singulier. 

bertu,  bertô. 
bertit. 

Prétérit  en  s. 

Singulier. 

carasuj  carasô. 

Futur  en  s. 

Singulier. 

eressu,  erexô, 
côssuy  coud'SÔ, 
tissuy  steixô, 
tissesi,  steixesi, 
tisS'ity  steixit. 
Pluriel. 

tisseti,  steixete. 


;  34  ^  finales  irlandaises. 

Futur  en  b. 
vieil  irlandais.  Irlandais  préhistorique. 

Singulier. 
1    for-^hanub^  j'enseignerai,  canabuj  canabô. 


3 

predchibidy  il  prêche 

xa,                      predicabati. 
Impératif. 

2 

2 

Wr,  porte, 
emphatique  cluinte, 
berad^  qu'il  porte. 

Singulier. 

fcm,  bere. 

clunitedf  .^..tâd. 

beratu. 
Pluriel. 

2 

3 

beridy  portez, 

iT^i^,  buvez, 

teraf,  qu'ils  portent^ 

beretiy  berete. 
lp]ib€ti. 
,                          berantu. 

!»•  CONJUGAISON. 

Subjonctif  prisent  absolu. 

î 

felj  qu'il  soit, 

Singulier. 

velat. 

I'*  CONJUGAISON. 

Subjonctif  présent  conjoint. 

Singulier. 

1  atr-bar^  que  je  dise,  berL 

2  ar-  bera,  que  tu  dises,  berâs. 

3  air-ema,  qu'il  reçoive,  emàt. 
at'  bela^  qu'il  périsse,                        bêlât. 

3*  CONJUGAISON. 

Subjonctif. 

Singulier. 
3    môideaj  qu'il  se  glorifie,  médiat. 

Futur  redoublé  conjoint  '. 

Singulier. 

1  45- rfr/tt,  je  donnerai,  ...iù. 

2  fo-  n-  didmae-siuy  tu  souffriras,  dedamasi, 

3  as-ririy  il  donnera,  nn-ir. 

1 .  Le  futur  redoublé  appartient,  quant  à  la  flexion,  au  mode  subjonctif. 


vieil  irlandais. 


1  cil,  je  cacherai, 
as'bêr,  je  dirai, 

2  ni  birU'SOy  tu  ne  supporteras  pas, 

3  for-cechna^  il  ordonnera, 

Pluriel. 
3    ni  riaty  qu'ils  ne  donnent  pas, 


Les  finales  irlandaises. 

Futur  redoublé  conjoint. 

Irlandais  préhistorique. 

Singulier. 

cilâ,  ceclL 
bêrây  bebrâ. 
bêrâs,  bebrâs. 
cecanât. 


335 


ririant 


« 

PRÉPOSITIONS. 

imby  imm^  autour  de. 

ambi. 

aith,  de  rechef, 

ati. 

indy 

anda(J), 

a,  ass,  de, 

ax. 

0,  iM,  de. 

ava. 

eUry  entre, 

enter. 

coy  vers. 

COy  cot. 

ar,  devant  pour, 

[p]dra. 

un^,  précédemment, 

[p]arutL 

H.  D'ARBOIS  de  JUBAINVILLE. 


FORMULES  INITIALES  ET  FINALES 


DES  CONTEURS 


EN    BASSE-BRETAGNE 


Chaque  conteur  possède  ordinairement  une  formule  ou  deux  pour 
commencer  et  finir  ses  récits.  Ces  formules  lui  sont  parfois  particulières 
et  de  son  invention,  et  souvent  elles  sont  communes  à  tous  les  conteurs 
d'une  même  région. 

Il  m'a  semblé  curieux  de  réunir  et  de  rapprocher  celles  que  j'ai  trou- 
vées le  plus  fréquemment  dans  mes  recherches  sur  les  contes  et  récits 
populaires  des  Bretons- Armoricains,  ou  qui  m'ont  semblé  les  plus  inté- 
ressantes, à  un  point  de  vue  quelconque. 

Commençons  par  les  formules  initiales. 

Marguerite  Philippe,  de  Pluzunet,  ma  conteuse  ordinaire,  celle  à  qui 
je  dois  un  nombre  si  considérable  de  giverziou,  de  soniou  et  de  récits  de 
toute  sorte,  débutait  ordinairement  comme  ceci  : 

Eur  wez  a  oa,  eur  wez  a  v6y  Une  fois,  il  y  avait,  une  fois  il  y 

[aura, 

Komansamant  ann  holl  gaozo,  (C'est)  le  commencement  de  tous 

[les  contes. 
Ou  bien  encore  : 

Na  eàs  mar  na  marteze,  Il  n'y  a  ni  si,  ni  peut-être, 

Hen  eus  tri  droad  ann  trebe.  Le  trépied  a  (toujours)  trois  pieds. 

Une  autre  formule  qui  lui  était  aussi  familière  est  la  suivante  : 

Na  eus  mar  na  question  II  n'y  a  ni  si,  ni  question  (ni  mais), 

Ez  oa  dogan  ar  Champion,  Le  Campion  était  cocu. 

Ha  pion  a  zo  kaoz,  Et  qui  en  est  cause, 

Nemet  ar  Gampiones  koz  i  Si  ce  n'est  la  vieille  Campionne  ? 

[(sa  femme). 


Formules  initiales  et  finales  des  conteurs  en  Basse-Bretagne.       ^  37 

Ces  formules,  du  reste,  n'étaient  pas  particulières  à  Marguerite  Phi- 
lippe, et  je  les  ai  retrouvées  dans  la  bouche  de  presque  tous  les  conteurs 
et  conteuses  de  Plouaret  et  des  communes  environnantes.  Barbe  Tassel, 
une  de  mes  bonnes  conteuses  encore,  les  connaissait  aussi  et  les  em- 
ployait parfois.  Mais,  ordinairement^  elle  entrait  tout  de  suite  en  matière 
par  ces  mots  :  —  <(  Il  y  avait  une  fois  un  roi  et  une  reine  etc.  »  —  ou 
plus  directement  encore  :  —  «  Celui-ci  (son  héros)  était  le  fils  d'un 
pauvre  pêcheur,  etc.  » 

Vincent  Coat,  de  Morlaix,  dit  tout  simplement  : 

Mar  karet  e  kredfet,  Si  vous  voulez  vous  croirez, 

Pe  it  da  velet.  ou  allez  voir. 

L'aveugle  Garandel  débutait  ordinairement  comme  suit  : 

Setu  aman  eur  gaoz  ha  na  eus  en-hi  gaou 

Nemet  eur  gir  pe  daou. 
Voici  un  conte  où  il  n'y  a  de  mensonge 

Qu'un  mot  ou  deux. 

Ou  plus  simplement  encore  : 

N^eàs  mar  abed  penaoz  gn^ez-allez  oa,  etc.... 

Il  n'y  a  pas  de  doute  qu'autrefois  il  y  avait,  etc.. 

Ou  bien  encore  : 

Réd  eo  ma  wefeac'h                            II  faut  que  vous  sachiez 
Penaoz  eur  yeach,                             Comment  une  fois 
Ez  oa  etc Il  y  avait,  etc 

A  Braspartz,  au  milieu  des  montagnes  de  la  Cornouaille,  Guillaume  Le 

Goff  disait  : 

N'eàs  mdr  a-bed  penaoz  gj»ez^ally 

Nep  'n  doa  daoulagad  n'oa  ket  dall  : 

Nep  rfhen  eàs  nemet  eul  lagad, 

A  zo  born^  me  hen  goar  er  vad, 

Hag  rink  mont  diou  wez  gant  an  hent, 

Wit  gwelet  ann  daou  du,  hep  fent... 

Ce  qui  veut  dire  : 

Il  n'y  a  pas  de  doute  qu'autrefois 

Celui  qui  avait  deux  yeux  n'était  pas  aveugle  : 

Celui  qui  n'a  qu'un  œil, 

Est  borgne,  apparemment. 

Et  doit  fsdre  deux  fois  la  route, 

Pour  en  voir  les  deux  côtés,  sans  plaisanterie.... 

Re¥.  Celt,  III  ^4 


338  Formules  initiales  et  finales 

Voici  maintenant  qudques  formules  finales. 

Les  plus  communes  sont  : 

Betek  aman  am  eus  gallet  ho  ^heuill;  met  na  ouxon  pello^h  petra  iat  deus 
da  veza. 

Jusqu'à  présent,  j'ai  pu  les  suivre  (les  héros  du  récit)  ^  mais,  à  partir 
de  ce  moment^  je  ne  sais  ce  qu^ils  sont  devenus. 

Ou  bien  encore  : 

A-iaoue  n'am  eus  ket  klevet  komz  anezhe. 

A  partir  de  ce  moment,  je  n'ai  plus  entendu  parler  d'eux. 

Barbe  Tassel  et  Catho  Doz,  de  Plouaret,  terminaient  ordinairement 
leurs  contes  de  cette  manière. 

Barbe  Tassel  disait  encore  : 

Me  n'ouzon  awiel^  Je  ne  connais  ni  évangile, 

Na  rismadel,  Ni  faribole, 

Nag  ann  henî  d'ho  kuzadenn,  Ni  le  chemin  de  votre  cachette. 

Ha  kement'Ze  ro  d*inn  poan  benn.  Et  cela  me  donne  mal  à  la  tête. 

Roït  d'inn  ann  alc'houeOj  Donnez-moi  vos  clefs, 

Gant  amzer  me  ouvezo.  Et  avec  le  temps  je  saurai. 

Grik!  Silence! 

Mary  ê  Mariik!  La  petite  Marie  est  morte! 

Une  finale  assez  commune  est  encore  la  suivante  : 

Neuu  a  dé  eur  pred  ar  (fhaëra  :  me  oa  bet  komerret  da  diblua  ier  ha 
gluziriy  hag  am  boe  ive  eun  tam  hag  eur  banne^  hag  eun  tol-troad  em  reor 
pehini  am  distolas  aman  evit  konta  te  d^eoc^h. 

Alors  il  y  eut  un  grand  festin.  On  m'employa  à  plumer  la  volaille  et 
les  perdrix,  on  me  donna  aussi  un  morceau  et  une  goutte,  puis  un  coup 
de  pied  au  derrière,  qui  me  jeta  jusqu'ici,  pour  vous  conter  mon  conte. 

Ou  bien  : 

Tad  kun  mammiou  goz  ma  mamm  goz  aoa  eno  o  trei  ar  bèr,  hag  evel-se 
eo  dent  ha  miret  ar  vrud  a  gement-u  holl  en  mesk  ma  zud,  hag  e  c'hallet 
kredi  na  eux  ket  eur  gir  gaou  en  holl  kement  am  eus  kvaret  d'eot^h. 

Le  trisaïeul  de  la  bisaïeule  de  ma  grand'mère  était  là  tourne-broche  ; 
et  c'est  ainsi  que  la  renommée  de  tout  cela  est  venue  et  s'est  perpétuée 
dans  notre  famille,  et  vous  pouvez  être  certains  qu'il  n'y  a  pas  un  seul 
mot  de  mensonge  dans  tout  ce  que  je  viens  de  vous  conter. 

On  sait  que  les  contes  populaires,  quelque  merveilleux  qu'ils  soient,  se 
terminent  presque  toujours  par  le  mariage  du  prince  et  de  la  princesse, 
du  héros  et  de  l'héroïne,  et,  à  cette  occasion,  il  y  a  des  fètes^  des  jeux 
et  des  festins  surtout,  dans  la  description  desquels  se  complaisent  d'ordi- 


des  conteurs  en  Basse^Bretagne.  339 

naire  les  conteurs.  Pauvres  diables,  qui,  le  plus  souvent,  ont  dtné  de 
patates  frites  avec  des  pommes  de  terre,  comme  ils  le  disent,  avec  une  rési- 
gnation et  un  accent  mélancolique  fort  touchants,  et  qui,  en  imagination 
du  moins,  se  promènent  dans  des  palais  de  marbre  et  d'or,  au  milieu 
des  enchantements  d'un  luxe  tout  oriental,  et  prennent  part  à  des  festins 
interminables  dont  le  menu,  énuméré  par  eux,  est  d'une  naïveté  aussi 
touchante  que  grotesque,  et  m'a  ému  plus  d'une  fois. 

Ecoutez  d'abord  l'inépuisable  et  naïve  Marguerite  Philippe,  qui  croyait 
à  la  réalité  de  la  plupart  des  fables  qu'elle  me  débitait,  d'un  air  convaincu 
et  pleine  de  respect  pour  Cts  vieilles  traditions  d'un  autre  temps,  qu'elle 
aimait  et  conservait  avec  un  culte  véritable,  la  pauvre  fille! 

«  Eno  a-vad  a  o'é  neuu  prezou  kair  ha  c'hoari,  epad  pemuk 
i<  deiz  penn  da  henn,  evit  ar  paour  evel  evit  ar  pinvidik, 

«  Nafaote  na  mangea-pain,  na  mange-<arOy 

«  Na  crampo'és  teo,  na  crampo'és  tano, 

a  Na  iod  poaz,  na  iod  da  boazad  : 

«  Unan  en  dro  gant  eur  gloge^ 

«  0  (fhoulen  :  Ha  iod  a  vank  oui 

a  Betek  eur  porc'hel  a  oa  eno, 

«  Poaz  eur  penn  anezhan,  eun  ail  beo, 

«  Kontell  ha  fourchettes  en  he  reor  : 

«  Trocfhit  pep-hini  lec^h  ma  karoî 

«  Me  oa  eno  gant  ma  bec  fresk, 

c<  Am  boa  naoun  hag  a  grogas  prest. 

((  Eur  ^heginer  a  oa  eno 

«  Gant  he  voutou  bec  sant  Malo, 

«  Roas  eun  toi  éPinn  em  diadre, 

«  Hag  am  stlezas  war  Menez-Bre. 

«  Ma  teuis  aman  ac'hane, 

«  Evit  konta  d'eoc^h  kement-ze,  » 
Ce  qui  signifie  : 

c  C'est  là  qu'il  7  eut  alors  de  belles  fêtes,  pendant  quinze 
«  jours,  et  de  beaux  festins,  auxquels  furent  conviés  les 
«  pauvres  comme  les  riches. 

<c  II  n'y  manquait  ni  massepains  ni  macarons, 

«  Ni  crêpes  épaisses,  ni  crêpes  minces, 

«  Ni  bouillie  cuite,  ni  bouillie  non  cuite; 

«  Un  homme  faisait  le  tour  (des  tables)  avec  une  cuillère  à  pot, 

c  Demandant  :  Faut-il  de  la  bouillie  par  là  ? 

«  Il  y  avait  là  jusqu'à  un  cochon, 


)4o  Formules  initiaUs  et  finales 

«  Cuit  par  un  bout,  tout  vif  de  l'autre, 

«  Avec  couteau  et  fourchette  dans  son  derrière  : 

<  Coupe  chacun  où  il  lui  plairai 

<K  Moi  j'étais  aussi  par  là,  avec  mon  bec  frais, 

«  Et,  comme  j'avais  faim,  j'attaquai  vite. 

<  Un  cuisinier  qui  se  trouvait  là, 

<  Avec  ses  sabots  à  pointes  de  Saint-Malo, 

c  M'en  porta  un  grand  coup  dans  le  derrière, 
«  Et  me  lança  sur  la  montagne  de  Bré. 
«  De  là,  je  vins  jusqu'ici 
<c  Pour  vous  conter  tout  ceci.  » 

Je  terminerai  cette  énumération,  qui  est  loin  d'être  complète,  par  la 
formule  de  Guillaume  Garandel,  le  fils  de  l'homérique  vieillard  aveu^e 
dont  j'ai  déjà  parlé.  Elle  est,  en  majeure  partie,  de  l'invention  de  son 
père,  de  qui  il  la  tenait,  et  il  la  place  ordinairement  à  la  fin  des  récits  où 
il  se  donne  libre  carrière.  Car  nos  conteurs  populaires,  le  plus  souvent, 
ont  deux  manières  :  la  première,  sobre,  brève  et  allant  droit  au  but. 
C'est  la  meilleure,  surtout  pour  les  collecteurs  de  contes  et  autres  tradi- 
tions orales.  Dans  leur  seconde  manière,  au  contraire,  ils  donnent  l'essor 
à  leur  imagination,  à  la  folle  du  logis,  comme  disait  Montaigne,  se  livrent 
à  de  nombreuses  digressions,  mettent  en  scène  des  personnes  connues, 
quelquefois  leurs  auditeurs  mêmes,  et  prennent  pour  débiter  leurs  his- 
toires et  leurs  fables  le  double  du  temps  que  demanderait  une  narration 
simple  et  suivie.  C'est  là  la  méthode  la  plus  goûtée  généralement  par  les 
auditeurs  de  nos  veillées  champêtres. 

Je  donne,  à  présent^  la  parole  à  Garandel. 

Eno  a-vad  a  oe  friko  neuze  ! 

Na  faote  :  —  Na  iod,  na  patates^  —  na  kaolj  na  partis.  Gedon  kignet, 
bit  eut  ar  bir^  o  redek  dre  ar  mou.  Pepr  ha  holen  'n  ho  dbu-skouarn,  mou-- 
tard  *n  toul  ho  reor,  tammou  paper  war  ho  lostj  skrivet  war-n-hê!  —  Tapit 
ann  hini  a  c^haUo  tapout  !  —  Kontellou  ha  fourchettezou  en  kroaz  war  ho 
c'hêinn^  d'ann  hini  a  c'hallo  troc'ha  da  droc'ha. 

Me  oa  eno  ive  en  eun  tu  bennak,  a  welas  unan  o  tremen^  hag  a  redas  war 
he  lerc^L  Mes  ma  boutou-koad  a  oa  ganen,  hag  e  kouezas  war  ma  fri.  — 
Nom  de  Die!  a  lAris,  buhanna  loened  eo  ar  gedon  rostet-man!  Na  inn  hen 
war  ho  ler^h.  Hec'h  an  d'ar  pales,  da  welet  ha  me  a  gavo  eun  drabennac  ha 
na  redo  ket. 

Pa  antr'éis  er  geginn  :  —  Chui,  Guilherm  Garandel,  a  zo  au?  a  lavaras 
dinn  eur  gegineres.  —  la  sur,  kegineres  koant.  —  Vil^daill  ez  oa,  kouk- 


des  conteurs  en  Basse^Bretagne.  ^41 

gottde.  —  Dettî  aman  da  drei  ar  bir^  eun  dra-bennac  ho  pezo  ivt^  en  bêrr. 

Sec^hed  a  deuas  d!inn  étal  ann  tàn,  —  Ar  c'heginer  braz  a  cas  er^màês 
eun  tammikn  Ha  me  kerkent  da  eva  gwinn  gant  ur  skudell.  Ma  cm  gavis 
mezw-dally  étal  ann  tàn:  Ha  me  da  lavaret  neuze,  a  vouez  udhel :  —  Petray 
eun  den  evel-d-on-me  a  dlefe  bezan  er  geginn,  0  trei  ar  biri  Eux  taol,  euz 
kostez  ar  brinses,  eo  eman  ma  flaz....  Ha  me  0  tanfoeltri  ar  bir  gant  ann 
diaoul.^  Ar  c'heginer  braz  a  antreas  eeiïn  war  ann  toi,  hag  hen  0  tont  hag 
0  rei  eun  tol-troad  dinn  em  diadre,  hag  am  zistaolas  beteg  aman  da  gontan 
d'eoc'h  ann  histor. 

Ce  qui  veut  dire  : 

...  C'est  là  qu'il  7  eut  du  fricot,  alors! 

Il  n'y  manquait  :  ni  bouillie,  ni  patates,  ni  choux,  ni  panais.  On  voyait 
des  lièvres  écorchés  et  rôtis  courir  par  les  rues,  avec  du  poivre  et  du  sel 
dans  les  oreilles,  de  la  moutarde  dans  le  derrière,  à  la  queue,  des  mor- 
ceaux de  papier  sur  lesquels  était  écrit  :  attrape  qui  pourra!  —  Ils  avaient 
sur  le  dos  des  couteaux  et  des  fourchettes  en  croix,  libre  à  chacun  de 
couper  le  morceau  de  son  choix,  s'il  le  pouvait.  J'étais  par  là  aussi, 
quelque  part.  Je  vis  passer  près  de  moi  un  de  ces  lièvres,  et  je  courus 
après  lui. Mais  j'avais  mes  sabots,  et  je  tombai  sur  le  nez. Nom  de  Dieu! 
m'écriai-je,  comme  ces  lièvres  rôtis  sont  des  bêtes  qui  courent  vite!  Je 
ne  veux  plus  courir  après.  Je  vais  au  palais,  pour  voir  si  j'y  trouverai 
quelque  chose  qui  ne  coure  pas. 

Quand  j'entrai  dans  la  cuisine  :  —  C'est  donc  vous^  Guillaume  Garan- 
del.'^  me  dit  la  cuisinière.  —  Oui,  sûrement,  belle  cuisinière,  —  répon- 
dis-je  (elle  était  pourtant  bien  laide).  —  Venez  ici,  tourner  la  broche^ 
vous  aurez  aussi  quelque  chose,  tantôt.  La  soif  me  prit^  auprès  du  feu. 
Le  maître  cuisinier  sortit  un  moment.  Je  me  mis  aussitôt  à  boire  du  vin 
avec  une  écuelle.  Me  voilà  ivre-mort,  auprès  du  feu,  et  de  dire,  à  haute 
voix  :  Comment!  un  homme  comme  moi,  est-ce  ici  qu'il  devrait  être,  à 

tourner  la  broche?  Ma  place  est  à  table,  à  côté  de  la  princesse! Et 

j'envoyai  la  broche  au  diable.  —  Le  maître  cuisinier  rentra  juste  sur 
le  coup;  il  se  précipita  sur  moi  et,  d'un  coup  de  pied  dans  le  derrière, 
il  me  lança  jusqu'ici,  pour  vous  raconter  cette  histoire. 

F.-M.  LuzEL. 


TWO  IRISH   TALES. 


The  two  foUowing  stories  areboth  takenfrom  the  manuscript  Egerton 
1782  of  the  British  Muséum.  The  subject  which  they  both  treat  is  love 
sickness  and  its  guerison.  The  first  is  intitled  'Aislinge  Oengusso^  the 
vision  of  Oengus^  and  is  one  of  the  ten  remscéla  or  introductory  taies  to 
the  Tâin  hô  Cuailgne.  The  whole  list  of  them  is  given  in  the  book  of 
Leinster  as  foUows  : 

i)  de  gabàil  intsfd. 

2)  de  chophur  na  da  muccida. 

3)  de  aislingi  in  mac  Oie. 

4)  de  tàin  hô  Regamain. 

5)  de  echtra  Nerai. 

6)  de  chompert  Chonchobair. 

7)  de  Thochmurc  [  ]'. 

8)  de  chompert  Chonchulain. 

9)  de  thâin  hô  Flidais. 

10)  de  thochmurc  Emiri. 

Our  story  is  the  third  in  this  séries  :  Oengus  mac  in  Oc,  the  célébra- 
ted  Tuatha  dé  Danailn  chief  of  Brugh  na  Boinne,  sees  in  dream  a  beauti- 
fùl  ladj  without  being  able  to  recognize  her  or  to  speak  to  her;  a  severe 
illness  ensues  until  after  a  year  the  lady  is  found  out  with  the  help  of 
the  fairy  chief  Bodb  of  Sid  fer  Ferooin.  It  is  Caer  ib  Ormeith  the  daugh- 
ter  of  Ethal  Anbual  from  Sid  Uamain  in  the  territory  of  Ailill  7  Medb.  At 
first  her  father  is  unwilling  to  give  his  daughter  to  Oengus  saying  that 
she  has  the  power  to  be  in  the  shape  of  a  bird  every  second  year.  Howe- 
ver  Oengus  succeeds  to  win  her  and  in  conséquence  he  makes  friendship 
with  Ailill  and  Medb,  and  foUows  them  to  the  Tâin  hô  Cuailgne. 

The  place  where  Caer  ib  Ormeith  is  found  by  Bodb  is  called  Loch 
Bell  Oraccon  occruitt  Cliach.  On  this  Cliach  we  find  a  curions  notice 

I .  Left  bUnk. 


Tw9  Irish  TaUs.  34) 

in  the  Leabhar  Breac  p.  242  cf.  O'Carry  Lectures  on  the  mss.  Materials 
p.  426  f.  The  description  of  the  birds  given  hère  is  quite  analogue  to 
that  in  our  story  and  it  seems  that  the  words  oc  cruitt  Cliach  are  merelj 
a  référence  to  this  passage. 

The  second  story  is  to  be  found  Egerton  1782  fol.  106,  i\6,  118 
and  is  intitled  Scila  Ailill  7  Etaine  ;  it  forms  originally  the  introduction 
to  the  celebrated  Bruden  Daderga.  We  first  hear  how  Eochaid  Aiream 
or,  as  he  is  also  called,  Eochaid  Fedlech,  wins  his  wife  Etain  and  how 
afterwards  bis  brother  Ailell  Anglonnach  falls  in  love  with  her  so  that 
'death  is  near  unto  him\  Eochaid  leaves  Etain  with  his  brother  at  Tethba 
Fremain  ^to  bury  him  and  to  erea  a  pillarstone  upon  his  grave'.  Upon 
a  question  from  Etain  Ailell  tells  her  the  reason  of  his  illness  and  she  is 
wiUing  to  yield  to  him,  but  then  the  fairy  chief  Midir  of  Bri  Leith  in- 
terfères, and  Ailill  is  cured  and  the  honour  of  Etain  saved. 

An  extract  of  this  story  is  found  in  the  Leabhar  na  hUidhri  p.  1 29 
intitled,  Tochmarc  Etaine,  the  courtship  of  Etain,  and  the  whole  in  a 
somewhat  altered  form  in  the  ms.  H  2,  16  of  Trinity  Collège  Dublin 
(cf.  O'Curry  Manners  and  Customs  III,  190),  of  which  there  is  a  frag- 
ment in  Ëgerton  92  of  the  British  Muséum  wrongly  classed  in  the  cata- 
logue as  Tochmarc  BecFola.  The  first  acquaintance  that  Etain  madewith 
Midir  in  the  land  of  her  father  at  Inber  Cichmuine  is  also  related  in  the 
Leabhar  na  hUidhri  p.  129  col.  I  (cf.  O'Curry  Manners  and  Customs 
III,  162)  in  a  story  intitled  de  gabail  in  tsida  which  forms  the  lîrst  of  the 
introductory  taies  to  the  Tdin  hô  Cuailgne  (see  above)  ;  and  the  third 
belonging  to  the  same  séries  is  that  in  which  he  plays  chess  about  her  with 
her  husband  Eochaid  and  in  which  the  druid  Dallan  wins  her  back  ;  this 
is  found  Leabhar  na  hUidhri  p.  1 30  (cf.  O'Curry  Manners  and  Customs 
II,  192  if.)  and  in  an  abridged  form  Egerton  1782  fol.  1 18  a.  At  the 
end  of  this  story  we  hear  that  Eochaid  and  Etain  had  one  daughter  who 
was  called  after  the  name  of  her  mother  ;  she  was  married  to  Eterscel 
and  mother  to  Conaire  M6r  the  hero  of  the  Bruden  Daderga. 

In  the  ms.  H  ),  18  of  Trinity  Collège  Dublin  at  p.  605  there  is  a  taie 
intitled  Tochmarc  Etaine  which  comprehends  thèse  three  stories  in  a 
somewhat  différent  version  with  copions  glosses.  This  is  most  probably 
to  be  regarded  as  number  7  of  the  above  list.  This  seems  to  establish  a 
connexion  betwen  the  Tain  bo  Cuailgne  and  the  Bruden  Daderga  but  as 
there  is  no  complète  copy  of  neither  of  thèse  taies  in  the  British  Muséum 
I  hâve  not  been  able  to  discover  where  it  is  to  be  found. 

Ed.    MULLER. 


344  TVo  Irish  Taies, 

AISLINGE  OENGUSSO. 

[B]ui  Oengus  <  hindaidchi  naiU  >  inachotlud  confacca  ni  hinningin  chuici 
arcrannsluil  do.  Issi  is  ailldem  rombul  ind  hEre,  Luid  Oeng\is  do  gabaU 
allaimlu  diatabdirt  chuicci  ina  i/nda.  Connfacco  ni  foscenn  i  ûad  opunn  ni 
confidir  cia  aralaid  hûad.  Bai  ann  cohsnausnuch^  nipooslanlaiss  amenmu. 
Dogeni  galdir  ndo  indelb  atconnuirc  cina  accalltUb.  Nîconluid  biud  inaûec- 
lui.  Bui  ann  do  agaid  don  aitherruch.  Confacco  timpan  inalaim  iss  bin- 
nium  bui,  Sinnid  ceul  do  contuil  friss,  Biid  ann  coharobaruch,  Nichoro- 
pmnn  don  araiarach,  Bfiadan  lain  do  7  si  oca  aithidig  5  fon  seol  sin.  Con- 
docomstar  hi  strcc.  fficonnebuirt  frianech.  Foc&d^  iarumy  nifitGC  nech  cid 
rotmbui.  Dœccmalldar  lege  hErinn.  Ni  confetatarsin  cid  rombui  hissen- 
nath7.  Etha^  co  Fergne  liaig  Conn.  Dotetside  chuicu,  Atngneadh  inaghaLd9 
hinduine  ingaluT  nombid  fait  ocus  atgnied  dindied  notheche  diniich  allin 
nombid  conngalur  «^  ann.  Atgladustar  for  leith  ate  rhbeoga  do  imtecto  ol 
Fergne  stxcc  tecmuis  rotcaruis  >^  Adruimidiur  mo  galur  form  or  Oengas, 
adrochart  im  drochcraide .  ocus  ni  rolamuir  nech  aepert  frianech.  Is  fir  deid 
or  Oengvis  domfainicc  ingin  alluinn  incrothusa  issailldem  ind  liErea  con- 
necuscc  derrscaithe.  Timpain  inallaim  conidsennud  dam  cach  naidd.  Ni  ba 
ol  Ftrgne  rotogad  duitt  cairdius  fne.  7  fuiter  uaid  eus  in  mBouinn  cod- 
madair  cotuchuid dotaccalluim.  Tiagar ^* chuicce.  TiciarumanBoann.  Bui 
ogfrepad  '3  infiursi  ol  Fergne  donfainicc  gaUx  nainches.  Atfiadat  ascéia 
don  Bouinn.  Bid  oc  frecor  aill  >4  diamathair  ol  Fergne  donanicc  galvff 
nainches  7  timcillter  huait  hErea  huli  duss  indetar  huait  ingin  incrothaso 
atconmvc  do  mac.  Bid  hocsuidiu  cocenn  mWadna.  Ni  confrith  ni  cosmuildi. 
Isiarsin  congairther  Fergne  doib  aitherruch.  Nicotïkith  cobair  issinniso  ol 


1.  In  the  taie  iotitled  Tochmarc  Etaioe  of  the  Book  of  Leinster  (cf.  the  Introd.)  Aen- 
gus  mac  ^1  Occ  is  said  to  be  the  ton  of  the  wife  of  Ealcmar  cf.  Insh  Manusciipt  séries 
I  p.  46  f. 

2.  Cf.  Stokes  :  Three  Irish  Homilies  p.  8. 

3.  Comp.  theforms  with  infixed  pronouns  in  the  Pref.  to  Stokes'  Three  Middle- Irish 
Homilies  p.  iz. 

4.  This  sign  (û)  is  employed  throughout  this  story  and  in  différent  other  places  of  the 
same  manuscript  for  bh. 

5.  Cf.  Stokes,  Three  Irish  Homilies  p.  loé. 

6.  Leabhar  na  huidhri  p.  129  :  Focerd  AïieU  hisercc  de  fodaig  narotubaide  fria  enech. 

7.  Fél.  Prol.  46,  Stokes  three  Irish  Glossaries  p.  12$. 

8.  Bdtr.  VII^  27. 

9.  Z  657,  Beitr.  fiir  vergl.  Sprachfors.,  VIII,  4$. 

10.  Beitr.  VIII,  314. 

1 1 .  Litt.  :  An  accidentai  love  has  loved  thee. 

12.  Tiagar  Stur*  Beitr.  VII,  $9. 

13.  Frepadh  i.  leigeas  O'Cl. 

14.  Frecor  ceill  ^cultus'Z  91  7. 


Two  Irish  Taies.  545 

Bounn.  Asptvt  Fergne  fuittr  eus  in  Dagdo  tuidecht  do  accallaim  amaicc. 
Tiagar  gas  in  Dagdo.  Ticc  side  aitherruch,  Cid  dianomcangtsA,  Do  airle 
do  miu  ar  in  Bounn.  Is  ferr  duit  achobair.  Isliach  <  adolu  himugu^.  Ata 
asircc  .  rochar  sercctecmuisi  7  niroachtdr  achobair.  Cia  îorbo  mo  accallaim 
or  in  Dagda  nimo  mo  eolus  anda  thaisi^.  Mo  ecin  or  Ftrgne  isstu  ri  side 
nErinn  7  tiagar  uaib  co  Bodb  ri  sidi  Muman  7  is  deilm  a  eolus  la  hErinn 
huili.  Etha  cosuidiu.  Ftruid  side  failli  /riu.  Fochenn  doib  ol  Bodb  amuinn- 
ter  in  Dagdo.  Ised  dorochtmar.  Scélai  lib  ar  Bodb.  Tkt  linniu.  Oengus 
mac  in  Dagdai  hisiurcc  di  Uiadan.  Cid  tas  5  or  Bodb.  Atconnuirc  ingin 
inacotM.  Ni  confetamur  ind  hEreo  cia  hairm  ata  indingin  rochar  7  ^fcon- 
nuirc.  Timarnath  duit  on  Dagdo  concomthastar  ^  huaid  fond  hErinn  ingen 
incTOthiisai  7  indécuisc.  Conniastar  al  Bodb  7  ethar  7  dal  m^/iadan  friumb 
cofeissiur  fisscél^.  Dolluid  cinn  m^/iadna  cotech  mBoidb  co  Sid  Fer  Femoin. 
Toimchiullu  hEreo  hule  cofuair  indingen  ac  Loch  bel  draccon  occruitt 
Cliach.  Tiagair  uadib  dochum  in  Dagdo,  Fertair  failte  /riu.  Scéla  lib  or  in 
Dagdo.  Scéia  maithe  fofnth  indingin  in  cruthso  arrubartait.  Timarnad 
duit  0  Bodb.  Toet  9  ass  Oengus  linni  adochum  dus  indaithnge  indingen 
condoacathsir.  Bretha  Oengus  hicarpzx  combui  oc  sid  ar  Feimin.  Fled 
mor  laissin  ri  aracinn.  Ferdo  failte  frius.  Batar  tri  lao  7  teora  haidd  acin- 
fled.  Tair  ass  fra  ar  Bodb  dus  indaithgne  indingin.  Condofaccathzrciddognae 
niscuimcimsi  atabuirt  acht  inatciethar  nammaa.  TolotSLr  iarum  combatar 
ocloch.  Confacatar  na  tri  coeco  ingin  maccdoi.  Confacatzr  iningen  neturra. 
Nithacmuictis  na  hingino  dise  coticce  aguah.  Slabrzth  aircdde  etir  cach  dao 
i/igin.  Muince  aircciàe  im  abraigit  fodeissin  ocus  slaprzd  diôr  orlaisci.  Isann 
isberi  Bodb  indaithgein  iningen  uccut.  Aithgen  ecin  ol  Oengus.  Fol.  71  a. 
Nimthaso  cumacc  deit  ol  Bodb  bus  moam.  Ni  ba  son  ol  Oengus  eim  uair  isi 
do  connarc  ni  conicab  abrei  hifectso.  Cuich  indingenso  a  Buid  or  Oengus. 
Fetar  ecin  ar  Bodb.  Caerib  Ormeith  ingen  Ethail  Ambuail  as  sid  Uamain  acrich 
Con/zacht.  Docomlat^^  ass  iarum  Oengus  7  amuinter  dochum  hicrkhi.  Teit 
Bodb  laiss  conarlu&tàx^^  in  Dagdo  7  in  Bounn  oc  Brug  Micc  ind  Oicc.  Affia- 
dad  ascela  doib  7  atcuadadar^^  doib  amal  bui  etir  cruth  7  ecuscc  amdl  atconn- 

1 .  Liach  i.  ni  as  doiligh  00  as  olc  le  duine  O'd. 

2.  Cf.  corodallaus  im  mudu  *that  I  put  it  astray'  Tain  bo  Fraich  éd.  O'Beirne  Crowe 
p.  144. 

).  Lit.  he  loves  an  accidentai  love. 

4.  Lit.  Than  thou. 

5.  Tas  i.  comnaidhe  'dwelling'  O'Cl. 

6.  Beitr.  VI 11,  444. 

7.  Bdtr.  VII,  25. 

8.  Stokes,  Irish  Homilies,  p.  125. 

9.  Stokes,  Three  Irish  Hom.  p.  64.  ' 

10.  Cf.  Tain  bo  Fraich  éd.  O'Beirne  Crowe  p.  i$8. 

11.  Cf.  aridralastar  Fiacc's  hvmn  4  Beitr.  VII,  2$. 

12.  Zeitschr.  fur  vergl.  Spracnforschg.  2),  206. 


H6  Two  irish  TâUs. 

catar  7  atcuadatar  ahainm  7  ainm  ahathBir  7  aunathak.  Nisegdo  '  dunn  or 
in  Dagdo  nacumam  dosochi.  Anni  bud  maith  dût  a  Dagdo  or  Bodb  eirg 
dochum  nÂileUa  7  Medbo  ar  issleo  bith  in  acoiccid  hiningen.  Tet  in  Dagdo 
combui  hitirib  Coiuiacht.  Tri  .xx.  carp^X  allion,  Ferthafailtefiiu  lassindng 
ocus  inriguin,  Battar  VU  muin  lana  hiccfiedugàà,  iarsin  imchormuib  doib. 
Cidumubrast  >  ol  inri.  Ata  ingen  latso  hiîferuinn  or  Dagdo  ocus  ruscar 
momacso/  ocus  doriged  galar  do.  Dodechuso  '  aiguib  dus  intartaid  don 
mac.  Cuich  ol  Ailell.  Ingiun  Ethuil  Anbuail.  Ni  liant  acumacc  ar  Ailài  ocus 
Medb  dia  cœmsamuis  4  dobtriha  (  do  hi.  Ani  formaith  congarar  ri  hint 
sidiu  chncaib  or  Dagdo,  Teid  rechtairiu  Ailelïa  chuice.  Timarnzii  duit  0 
Ailàl  7  Medh  dola  diaonauall^m.  Ni  ragsa  orse  ni  tibur  mo  ingiun  do 
mac  iVz  Dagdo.  Fosagar  co  hAilill  innisin.  Ni  hetarfair  atuidechu  Ro/iner 
inni  da  congarar.  Ni  ba  ar  Ailell  do  ragasom  7  dobertar  cené\a  alaeg  laiss. 
Iarsin  coteirich  teglach  Ailello  7  muinttr  in  Dagdo  dochum  insidiu.  îndrit^ 
insid  nuili.  Dusnûferat  tri  xx  cennas  ocus  in  rig  combui  hicruachnuib  hin- 
dergabdûX.  Is  iarum  ismbert  Ailell  /ri  Ethal  nAnbuail.  Tabai  do  ingiun  do 
mac  in  Dagdo.  Ni  cuimcim  or  se  is  mo  acumach/a  indu.  Ced  cumachf  mor 
fil  leu  ar  AiltH,  Nin.  bith  in  deilb  euin  cach  la  Miadna.  In  bliadan  aill  in 
deilb  duiniu.  Cissi  f^fiadan  uis  in  deilb  euin  or  Ailé^.  Ni  limsa  ambnth 
olaahathm.  Dochenn  dit  ot  AilA\  manicisne.  Ni  ba  sia  chuice  damso  or  se. 
AtbtTsa  orse  islerigtirsin  rongabsid  occai.  Intsamfuin  si  is  nessam  biaid  in 
deilb  eàin.  Og  loch  bel  iraccon  7  focichsithtv  saineuin  le  ann  7  biaid  tri  L 
ait  ngeisi  impi  7  ata  aurgnum  limso  doib.  Ni  ba  limso  iarum  ar  in  Dagdo 
ore  fofetar  ahaicniud  dusfucso.  Dognittx  ûiruin  cairdius  leir  i.  Ailell  7 
Ethal  7  in  Ddugào  7  saerthar  Etkal  ass.  Celad  in  Dagdo  doib.  Tig  in 
Dagdo  diatig  7  atfet  ascào  diamacc.  Eirc  monsamfuin  is  nesum 
coloch  bel  drsLCon  codogairiu  cugat  don  loch.  Teit  mac  Oug  combui  ag 
Loch  ^1  ^racon  confaco  m  coiceda  enfinn  forsinloch  conaslabraduib  aire- 
àde,  cocuircmib7  oirdib  immo  cennuip.  Bui  Oengus  in  deilb  ddenechtu 
forbru  inloch  ui.  Congauir  indingen  chuici.  Tair  domaccalluib  a  Chaer. 
Cia  domgair  or  Caer.  Cotagair  Oengus  ragaid  dianomfàemuid  artheniuch 
cotis  indlaid  mofnîhisi.  Fotisir  orse.  Taeta  chuici.  Foceirdsium  di  laim 
fuirri.  Cotlat  indeilb  die  geisiu  cotimciullsat  indldA  fotri.  Nabtd  nabumeth 
nenig  dosum,  Tocomlat  ass  an  deilb  da  eun  finn  combator  oc  in  Brug  miu 

1.  Beitr.  VII,  2). 

2.  I  fhink  this  to  b«  derived  from  the  racine  ra  in  imram  *travel'.  Cf.  Zdtschr.  fïir 
verg.  Sprachf.  2),  212. 

).  Zeitschr.  fur  vergl.  Sprachf.  23,  240. 
4.  Beitr.  VII,  52. 
j.  Beitr.  VII,  n» 

6.  Z.  87  7.  Revue  cdt.  I,  159  note  ;  II,  )88. 

7.  Cumb  i.  folt  slabhrad.  airgld  go  gcorcaisibh  \.  go  bfoltaibh.  CCI. 


Two  !rish  Taies.  347 

inn  Oicc  ocus  cachnatai  ■  coiccetul  ciuil  coucorustar  iaaduiniu  hisuan  tri 
la  7  III  haidd.  Anuiss  laiss  inningen  iarsin,  !s  desin  robui  cairdius  in 
micc  Oig  ocus  MM  7  Meibo.  Is  desin  dochuaid  O^/iguss  xxx  cet  eu  hAilill 
7  Meih  do  Thain  nambo  a  Cuailgne.  Conid  de  aislingiu  Oengvtsso  micc  in 
Dagdsi  ainm  insuuUsin  iss  Tain  bo  Cuailgne, 
Finis. 

THE  DREAM  OF  OENGUS. 

Oengus  was  sieeping  one  night  when  he  saw  sometbing  [like]  a  mai- 
den  near  him  at  the  top  of  his  bed.  She  was  the  most  beautiful  in  Erinn. 
Oengus  went  to  seize  her  hands  to  take  her  with  him  in  his  bed  ;  when 
he  saw  the  one  which  he  had  welcomed  suddenly  away  from  him  that 
he  did  not  know  who  had  taken  it  from  him.  There  he  was  until  the 
moming  ;  his  mind  was  not  easy.  It  brought  an  iliness  on  him,  the  figure 
which  he  had  seen  without  speaking  to  her.  Food  did  not  enter  his 
mouth.  There  he  was  again  for  a  night  ;  when  he  saw  a  cymbal  in  her 
hand  the  sweetest  ezisting.  She  played  a  song  to  him  that  he  fdlasleep. 
There  he  was  until  the  moming.  He  did  not  breakfast  in  the  moming. 
A  whoie  year  [elapsed]  to  him  and  she  [went  on]  to  visit  him  in  his  bed 
so  that  he  fell  in  love.  He  did  not  tell  it  to  anybody.  He  fell  ill  ^er- 
wards  and  nobody  knew  what  was  with  him.  The  physicians  of  Erinn 
assembled.  They  did  not  know  what  there  was  after  ail.  One  went  to 
Fergne  the  physician  of  Conn.  He  came  to  him.  He  knew  from  the  face 
of  the  man  the  iliness  that  was  in  him  and  he  knew  from  his  saying  that 

he  would  go  in  the  house  of  his ,  that  he  had  an  iliness  of  the 

brain.  Fergne  called  him  apart  [and  said]  'littleisthy  expérience  an  acci- 
dentai love  has  fallen  on  thee\  My  iliness  has  judged  me  said  Oengus. 
1  loved  in  heartiessness.  And  nobody  dared  to  say  it  to  the  other.  It  is 
true  said  Oengus  I  met  a  beautiful  maiden  of  the  most  splendid  form  that 
is  in  Erinn  with  a  distinguished  appearance  ;  [she  had]  a  cymbal  in  her 
hand  on  which  she  used  to  play  to  me  every  night.  Is  it  not  so,  said 
Fergne,  love  to  her  seized  thee  and  now  it  shall  be  sent  from  thee  to 
Boann  thy  mother  that  she  may  corne  to  speak  to  thee.  They  went  to  her. 
Afterwards  Boann  came.  I  was  a  curing  this  man,  said  Fergne,  whom 
has  seized  an  uncertain  iliness.  This  new  was  told  to  Boann.  He  will 
be  under  the  care  of  his  mother,  he  whom  has  seized  a  doubtfiil  ilbiess 
and  whole  Erinn  shall  be  investigated  by  thee  whether  there  may  be 

1.  Cachain  i.  dorigne  O'Cl 


54*  Two  Irish  Taies, 

found  a  maiden  of  that  form  which  thy  son  saw.  So  it  was  [done]  to 
the  end  of  the  jear.  Nothing  like  was  found.  Jhen  Fergne  was  called 
for  again.  We  hâve  not  found  any  help  in  this  matter  said  Boann.  Fergne 
said  :  send  to  the  Dagda  that  he  may  corne  to  speak  to  his  son.  Tbey 
went  to  the  Dagda.  He  came  again.  What  hâve  I  been  called  for?  To 
ad  vise  thy  son  said  Boann.  Thy  help  is  better  for  him.  It  is  a  pity  for 
him  to  die.  He  is  in  illness.  He  is  fallen  in  an  accidentai  love  and  there 
is  no  help  for  him.  What  use  is  it  to  him  to  speak  tome,  said  the  Dagda^ 
my  knowledge  is  not  higher  than  thine.  Upon  my  word,  said  Fergne, 
thou  art  the  fairy  king  of  Erinn  and  from  thee  [the  way]  goes  to  Bodb 
the  fairy  king  of  Munster  and  his  knowledge  is  celebrated  throu^ 
whole  Erinn.  They  went  to  him.  He  bade  them  welcome.  Welcome  to 
you,  said  Bodb,  o  suite  of  the  Dagda.  This  is  why  we  came.  Hâve  you 
a  message,  said  Bodb  P  We  hâve  :  Oengus  the  son  of  the  Dagda  is  in 
love  for  two  years.  What  for  said  Bodb  (?).  He  saw  a  maiden  in  dream. 
We  dont  know  in  Erinn  the  place  where  habits  the  maiden  which  he 
loved  and  which  he  saw.  An  order  to  thee  from  the  Dagda  that  thou 
shalt  seek  through  Erinn  the  maiden  of  this  form  and  appearance.  It  wiil 
be  sought^  said  Bodb^  and  it  will  last  a  year  for  me  until  I  know  it  with 
certainty.  He  went  at  the  end  of  the  year  to  the  house  of  Bodb  at  Sid  fer 
Femoin.  1  hâve  investigated  ail  Erinn,  [said  Bodb],  until  1  found  the  maiden 
at  Loch  bel  Draccon  at  the  harp  of  Cliach.  They  went  from  there  tothe 
Dagda.  He  bade  welcome  to  them.  Hâve  you  a  message  said  the  Dagda? 
We  hâve  a  good  message,  the  maiden  has  been  found  in  the  form  which 
you  said.  An  order  to  thee  from  Bodb.  Oengus  is  to  come  with  us  to  him 
in  order  to  know  whether  he  recognizes  the  maiden  which  he  saw.  Oengus 
was  brought  in  a  chariot  so  that  he  was  at  Sid  fer  Feimin.  A  great  feast 
with  the  king  for  his  sake.  Welcome  was  bidden  to  him.  They  were  three 
days  and  three  nights  at  the  feast.  Come  out  now,  said  Bodb,  in  order 
to  know  whether  thou  recognizest  the  maiden.  Until  I  hâve  seen  what 
she  is  doing  I  can  not  tell  it  but  only  when  I  will  hâve  seen  it.  They 
went  afterwards  till  they  were  at  the  sea,  when  they  saw  i  $o  young 
maidens  and  they  saw  the  maiden  among  them.  The  maidens  did  not 
reach  her  to  the  shoulder.  A  silvery  chain  between  every  two  maidens. 
A  silvery  necklace  about  their  neck  itself  and  a  chain  of  bumished  gold. 
Then  Bodb  said  :  Doest  thou  recognize  the  maiden  ?  I  recognize  her  of 
course,  said  Oengus.  This  is  not  thy  greatest  power,  said  Bodb(?j.  Not 
so,  said  Oengus,  for  her  which  I  saw  I  shall  not  be  able  to  take  with  me(?) 
this  time.  Who  is  this  maiden  o  Bodb  said  Oengus.  I  know  it  of  course 
said  Bodb  :  Caer  ib  Ormaith  daughter  of  Ethal  Anbual  from  Sid  Daman 


Two  Irish  Taies.  349 

in  the  province  of  Connacht.  After  that  Oengus  went  with  his  suite  to 
his  territory.  Bodb  went  with  him  to  visit  the  Dagda  and  Boann  at  Brug 
mie  ind  Oicc.  They  told  them  their  message  and  related  how  she  was  by 
her  forni  and  her  appearance  as  they  had  seen  her  and  had  heard  the 
name  of  her  fother  and  her  grandfather.  It  is  no  use  to  us,  saîd  the 

Dagda,  we  can  not The  best  thing  for  thee  to  do  0  Dagda, 

said  Bodb,  go  to  Ailell  and  Medb,  for  with  them  in  their  territory  is  the 
maîden.  The  Dagda  went  until  he  was  in  the  iand  of  Connacht.  Sixty 
chariots  his  number.  The  king  and  the  queen  welcomed  him.  Afterwards 
they  were  a  whole  week  at  feasting  around  the  béer  (?).  Whathasmade 
you  joumey,  said  the  king  ?  There  is  a  maiden  in  thy  Iand  said  the 
Dagda  and  my  son  is  in  love  with  her  and  an  iilness  has  seized  him.  I 
came  to  you  to  know  whether  you  give  her  to  my  son.  Which  one  said 
Ailell  ?  The  daughter  of  Ethal  Anbual.  We  hâve  no  power  over  her, 
said  Ailill  and  Medb,  that  we  could  give  her  to  him.  The  best  thing,  said 
the  Dagda,  let  the  king  be  called  hère  unto  you.  The  stuartof  Ailell  went 
to  him.  An  order  to  thee  from  Ailell  and  Medb  to  go  to  speak  to  them.  I 
will  not  go,  said  he,  I  will  not  give  my  daughter  to  the  son  of  the  Dagda. 
This  was  told  to  Ailell.  His  coming  is  not  to  be  obtained  from  him.  He 
knows  the  reason  for  which  he  is  called.  Not  so,  said  Ailell,  I  will  go  and 
my  soldiers  shall  be  taken  unto  him.  Then  the  household  of  Ailell  and  the 
army  of  the  Dagda  arose  towards  the  faines.  They  destroy  the  whole  sid. 
They  bring  sixty  ....  to  the  king  so  that  he  was  in  the  caves  ofanxiety. 
Then  Ailell  said  to  Ethal  Anbual  :  Give  thy  d.aughter  to  the  son  of  the 
Dagda.  I  cannot,  said  he,  greater  is  the  power  that  is  in  them.  What  great 
power  is  in  them,  said  Ailell  i  Not  difficult,  to  be  in  the  shape  of  a  bird 
every  day  of  a  year  ;  the  other  year  in  human  shape.  Which  year  will  she 
be  in  the  shape  of  a  bird  ?  said  Ailell.  The  judgment  over  it  is  not  with 
me  said  her  father.  Thy  head  from  thee,  said  Ailell,  if  thou  doest  not 
explain  it.  She  will  not  be  longer  with  me,  said  he.  I  will  tell  [you],  said 
he,  it  is  wiser  what  you  propose  to  her.  She  will  be  in  the  shape  of  a  bûrd 
the  next  summer  at  Loch  bel  Draccon  and  beautiful  birds  will  be  seen  with 
her  and  there  will  be  1 50  swans  about  her  and  I  hâve  a  feast  with  them. 
It  will  not  be  for  me,  said  the  Dagda,  for  I  know  their  nature  in  which 
I  brought  them.  Afterwards  there  was  made  true  friendship  between 
Ailell,  Ethal  and  the  Dagda  and  Ethal  was  set  free.  The  Dagda  was  hid- 
den  by  them  (i).  The  Dagda  went  to  his  house  and  told  his  news  to  his 
son.  Go  in  the  next  summer  to  Loch  bel  Draccon  and  call  her  to  thee 
to  the  Loch.  Mac  Og  went  to  Loch  bel  Draccon  when  he  saw  the  150 
white  birds  at  the  loch  with  their  silvery  chains  and  golden  caps  around 


J50  Two  Irish  Taies. 

thdr  heads.  Oengus  was  in  human  shape  at  the  border  of  the  loch.  He 
called  the  maiden  to  him.  Corne  to  speak  to  me  o  Chaer.  Who  calb  me 
said  Caer.  Oengus  calls  thee^  come  and  yield  to  me  apon  thy  hoaour 
that  thou  majest  go  with  me  into  the  bath  again.  I  will  come,  she  said. 
She  came  to  him.  Heput  his  two  hands  on  her.  They  siept  in  the  shape 
of  two  swans  until  they  surrounded  the  bath-place  three  times.  There  was 
not  and  there  will  not  be  a  loss  of  honour  to  him.  They  went  from  there 
in  the  shape  of  two  white  birds  until  they  were  at  the  Brug  of  the  mie 
ind  Oicc  and  they  made  a  concert  so  that  the  people  fell  asleep  for  three 
days  and  three  nights.  The  maiden  remained  with  them  afterwards. 
Therefrom  there  was  friendship  between  the  micc  Oig  and  Aildl  and 
Medb  and  in  conséquence  Oengus  went  with  three  bundred  to  Ailell  and 
Medb  for  the  Tain  bo  Cùailgne.  This  story  is  called  the  vision  of  Oengus 
son  of  the  Dagda  and  the  Tain  bo  Cùailgne. 


SCÊLA  AILILL  7  ET  AÎNÉ, 

Bai  ri  amra  aireagdai  inairdrigefor  hErinn  .i.  Eochuig  Aiream  mac  Finn 
mie  Finntain  mie  Rogein  Rûadh  mie  Essamnae  mie  Blathechtae  mie  Beothech- 
tae  mie  Labrzdat  Luirec  mie  Enna  Aighnich  mie  Oengosa  Tuirbieh  Tem- 
ruch  mie  EcAaid  Ailtlethuin  mie  Aililla  Caisfiael^ch  '  mie  Connla  Chaim 
mie  Ires  (?)  mie  Melghe  Molhthaigh  mie  Cobthaieh  Chdil  Brig  mie  lugside 
Moir  mie  Eehaid  Buadaieh,  Airgiallsat  fra  eoie  eàiged  hErinn  do  Eochcdd 
Airima.  Rogiall  Coneobar  m^eNessa  do  riehôigith  hUlath  7  Messgedhrai  ri 
Laighin  7  Curai  mac  Ddire  ri  ehàieed  Mumain  7  ^4/////  7  Medb  diarbo  sealba 
eoiecith  Connaeht.  Robatzr  dano  da  primdun  hic  Eeh  [daeh]  i.  dun  Fre- 
mainne  him  Midiu  7  dun  Fremainne  hi  Tethâai  7  bahe  adun  hi  Tethûai,  ba 
dili  lais  diâ  dunuib.  Inehet  bliathain  iarngabail  righe  d  Eœhaid,  Rohirfaag^ 
[0  Eœhaid  for  firu]  hErinn  feis  Temrueh  do  [denam],  Cotistais  fir  hErinn 

7  eofessta ambesu  lais.  At hErinn  doenaithuisc 

[nitheeluim]dais  dfess  na  [Tem]ruch  eid  eian  gairii  nobeth  ri  hErinn  ein 
mndi  adingbala  aei.  Arniraibi  fer  maith  diferuib  Erinn  gin  mndiadingbala 
an  7  ni  raibi  ri  gin  riguin  ar  nitAgeth  fer  ein  mnai  do  Temrag  dia  feis  7 


I.  On  thèse  kings  we  find  a  notice  in  the  Leabhar  Gabhala  ms.  Rawlinson  512  of  the 
Bodleian  Ltbrary  fol  8$  a  :  Batar  clann  Cobthach  tra  cet  mbliadna  irrigi  cohaimsir 
Oengusa  Tu/rbicn  Temrueh  mie  Echaid  Altlethan  mie  Ailella  Caisfiaelaeh.  And  S  5  b.  But 
tra  eess  for  clannaib  Augaine  Mor  mie  Eochaid  Becc  0  aimsir  Enna  Aignieh  mie  Aen- 
gttsa  Tuirmieh  lasxcach  cohaimsir  Eocha/i  7  eochaid  AiremâJi  da  brathair  i.  da  mic 
Finn  etc. 

1,  Perfect  redupl.  of  faigim  in  passive  sensé. 


\: 


Two  Iriih  Talis,  )  5 1 

niîhegiih  ben  cinftr.  Isannsin  rachuimstar  Eochaid  echlachu  7  aobloire  > 
0019  athirraluig  slighh  ocus  athechta  coigcrichi  uad  fo  hErinn,  [Ro]  ksir^ 
sit  iarsin  hErinn  hule  dlarraid  mna  adinguala  do  etir  cruth  7  deilb  ocixs 

eaxscc  ocus  chineuL  Robâi  dan  ni  ali  acci  ht tibreth  mnai  dogres 

dianu&tuccad  nech  ali  remiu^.  Dochuatar  iartain  aechlucha  7  atarraluigk 
sliged  7  atechta  coicricbe  uad  7  rosirsit  hErenn  ule  ittr  thés  7  tudid  cofu9r- 
raîar  ocinbiv  Chichmaine  mndi  adingbala  do  A,  Etaoin  ingen  Etair  ri  Eock- 
raidhi,  Doriachtatur  dan  athechta  arammus  Eochsiàa.  ocus  tucsatav  tuaruscal 
nahingene  do  etir  chruth  7  deilb  7  /cuscc.  Isannsin  don  dochuaid  Eochaid 
dotaphuirtt  nahingme  ocus  ised  rogab  dar  œnuch  mBregleth  3.  Confacca 
inningin  for  ur  [i/i]  tophuir  ocus  cir  chuirreil  airgit  connecor  di  oraici  hic-- 
folcuth  [al]  luing  aircit  7  cetri  heoin  oir  forri  ocus  gleoirgenma  bec[a]  do 
charrmocul  hifhorfhle  [scuib]  naluinge  sin.  Brat  caslechta  corcarghlan  immpi 
folai  chain  conndualuiph  aircit  7  miUch  oir  issin  brun  ossa  bruinniu,  Léine 
lephurchulpatach  impi  issi  cotât  slemun  dohsita  uainiiU  fodtvg  innlith  oir  7 
tuaghmllu  ingantachu  diôr  7  argatjox  abruinnib  issindlenith  i,  combaforreiU 
donaferuib  tdidlech  indâir  frissin  grein  issintsltu  uàinidiu.  Da  triliss  or 
buidifoTocind  7  fighe  chethurdhàaluch  for  cechtainai  ocus  mell  oir  for  rinn 
euh  dàaiL  Isannsin  ifflorro  robui  inningen  octatmech  afuilt  diafolccuth  7  adi 
Idim  triaderc  sedluch  aléniih  immach  7  ba  gilighiur  snechto  nôen  oidchi  cechtur 
adi  Idim  7  ba  deirgighttt  sian  slebi  cechtur  adaghrùad.  Deidghin  coir  comard 
inacinn  isse  niamdo  nemonnta.  Ba  glaissigttr  /ri  bughai  s  cechtar  adasula. 
Peoil  dtrg  tanuighe  acci,  Batar  forardu  mœthgelu  adha  gualuinn.  Righti 
boga  blaithghelai,  Meru  seta  sithgelui,  Ingni  ailli  iuchanda.  Ba  ghiligter 
snechto  ttli  (?)  ùan  tuinniu  dtoeb  seng  seta  sldhumsil.  Batar  bldithe  slemoin" 
geltt  na  sliastai.  Batar  cruinnueco  caladbgelu  a  dha  glun.  Batar  inndell" 
dirghe  adha  colptai,  Traighthi  tana  toinnghelu.  Batar  càri  iardilliu  adhl 
sûiL  Da  malaigh  daeldae  ^  dubgormma  immaruscuib, 

Is  hisin  ira  ingen  isscori  7  is  cdinn  atconncatar  sûili  ddini  rlam  7  ba 
doigh  ko  comad  asidib  di.  Isdon  ingensin  adrubrath,  Cruth  cach  co  hEtain. 
Coem  cach  co  hEtain.  Gabais  imorro  saint  anrl  impi  focétoir  7  rold  fer 
diammuinter  reme  dia  hastud  foxachind  7  rosoich  inri  iartain  dochum  na 

1 .  Obloir  i.  fiiineoir  O'Dav. 

2.  This  passage  it  rendered  thus  in  the  abridged  fbrm  of  the  Leabhar  na  huidhi  :  Al 
asbm  ni  biud  in  afamid  acht  ben  nudfessd^  nech  do  feraib  hErenn  rium. 

3.  On  the  etymology  of  Bri  Leith  cf.  O'Curry,  Manners  and  Customs  III,  355. 

4.  Cf.  Reil  ^dearly*  Cormac  8  s.  v.  blinda. 

5.  Bugha  i.  bo  miic  mar  ata  luibh  gorm  no  glass  ris  asamailter  suile  bios  gorm  no 
glas.  O'CI. 

6.  Cf.  batar  duibithir  dniim  dail  'They  (the  eyes)  were  blacker  than  the  back  of 
a  chafer*  Bruden  Da  Der^  dt.  Journal  of  tne  irish  Arcfaeolog.  Assoc.  Third  ser.,  I,  joo. 
A  similar  description  b  given  in  Mac  Comglinne's  dream  Leabhar  Breac  p.  219  ana  in 
Atlantis  III,  414. 


J52  Two  Irish  Taies. 

hingeni  7  imcomaircith  scela  di.  Can  deit  iaram  a  ingen  ar  EochM  7  can 
doUot.  Nin  olsi  Etain  ingin  righ  Eochraidhe  asidib  atamcomnaUc^ .  !nam- 
biasa  uair  coblige  Ut  ol  Eochsid.  Isseà  doruachtamar  for  tfaesam*  sunn  ol 
in  mgen.  Atùsa  sunn  ém  ri  xx  mt/iadan  orogenar  issind  îsld  7  fir  in  tsithu 
etir  righu  7  coemûra  ocomchuingid  7  ni  hetus  huaim  fess  ri  fer  dlb  fobithin 
rocharas  tusai  7  tuais  seirc  7  inmaine  duit  orbam  lenab  7  orbam  tùalaing 
lapharthain  .i.  arthairscélaib  7  arthdinius  7  ni  tacca  riam  remit  seo  7  ato- 
thgin  focétoir  ar  do  thuairuscaï  7  iss  tu  doruachtamar  iaram  arsissi. 

Ni  ba  dochuiriuth  drochcarat  detsi  6n  anlsein  ol  Eochaid  7  rotblasu-- 
fâilte  ocus  Ucfiter  cech  ben  orut  7  iss  ocut  taenur  biatsa  cén  bus  miad  lat. 
Mo  thinnscrz  tàir  damh  arin  ingen  7  moriar  iarmusin.  Rotbiasu  anisin 
ol  Eochuid.  Dobretha  iarum  iarsin  vu  cumak  di  inatinnscrz  7  dofuc  les 
iarsin  co  Temr^ch  7  roferath  firchdin  fdilti  frlasi  annsin.  Tri  derbratri 
immono  robatar  txi  mie  Find  .1.  Eochaid  Airim  7  Eochaid  7  Ailill 
Anglonnach  no  Oenglondsich  iarsin  ni  bd  hâen  glunn  '  dô  sercc  di  mnai 
abrathar,  Isannsin  immorro  tangatar  fir  hErinn  docum  na  fessi  Temrach 
ocus  batar  ann  coigdighis  ria  samfuin  ocus  coictighis  iarsamfmn.  Caraiss 
fra  Ailill  Anglonnach  Etain  ingen  Etair  hicfeiss  Temrach  intansin.  Fôbair^ 
tra  Ailill  hicsirfechad  nahingin  céin  ropas  hiccfes  Temrach  s.  Isannsin 
atbtrt  ben  Ailelh  .i.  ingen  Luchtai  Ldimdirg  acrlch  Laigen.  Maith  trae 
Aildl  arsi  cidféchBXsiu  issindleth  clan  uait  ddigh  issairdhem  sercci  slrhsil- 
liud.  Cairighid  AiltW  fair  fein  innisin  7  nirfec  iningin  iarsin.  Isannsin 
immorro  rosgailsid  fir  hErtnn  iartochaithem  na  fleidiu  Temruch.  Is  annsin 
rolinustar  idu  eàid  ocus  imformmuit  ^  Ailill  7  rolécustar  sldetan  tromm- 
galar  chuici  ocus  ruccath  iarsin  codûn  Frémuin  hi  Tethua.  Tanx^ir  im- 
morro dOilill  annsin  cocenn  mtfiadna  hisirg  ocus  hisir'snim  7  nirattaim 
donech  aghalar,  Isannsin  dochùaid  Eochaid  dfiss  abrathar  7  tua  aldm 
dorauchtbruinne  7  tug  Ailill  a  ossnam  ass.  Indeo  bar  Eochûi  ni  ba  dirsaunn 
ingalursin  am  uar  Eochzii  7  cinnusatai  indusu  acach  deit.  Dar  mo  frrethir 
arse  nochunusai.  Acht  is  messa  achach  ar  cach  là  ocus  ar  gach  naidhchi. 
Cred  ticc  rith  ar  Eochuid.  Dar  mo  brethir  fir  ar  se  nochumfetar.  Doberthar 
chucomso  ar  Eochaid  nech  rodfinnfu  doghalur. 

Isannsin  tuccath  Fachtna  liaigh  Eochada  chucco  7  tac  aldim  dar  ucht-- 
bruinne  Ailédo  7  tua  Ailéll  a  ossnuth  ass  iaram.  Indeo  ar  Fachtna  ni  ba 
dirsann  ingnim  ocus  rofetarsa  dogalur  ocus  ni  fuil  fortzàxt  nechtar  dani  .i. 

1.  Z.  882,  Zettschr.  fur  vergl.  Sprachw.,  XXlll,  212. 

2.  Revue  celt.  HI,  9  f . 

).  Glonn  i.  guin  O'Dav.  G].,  but  this  has  no  sensé  hère. 

4.  Fôbair  i.  do  thionnsgain.  Fôbair  tra  ag  féughaim  na  hingine  i.  do  thionsgam.  O'Cl. 

(.  Thus  in  the  Leabhar  na  huidhri  :  Fodabz  do^tth  abairt  diasinellad. 

6.  Cf.  foimmat  Three  Irish  Homities  p.  118.  Insh  Glosses  600. 


Two  Irish  Taies,  j  5  5 

rodgab  idu  eoit  no  strcc  dordtuis  7  nirodcobv^th  ass  cose.  Ba  mebul  tra  la 
hAileU  innl  7  niroataim  donliaigh  aghalur  7  luidûad  lartain  inliaig,  Dala 
immoTTO  Eochzda  luid  sidiu  forachûairt  righiu  fo  hErinn  7  forfacuib  Etain 
issin  dan  ocus  atbtTt  /ria  maitk  a  ingen  ar  se  dentar  an  lecht  letsae  fri 
hAilàl  cein  bus  beo  ocus  mad  marb  ar  se  class  afen  fodbuigh  lat  7  togabar 
acoirthe  ocus  aliagan  ocus  scribtar  aanmuimm  oghaimm,  Dochuaid  /arum 
inrl  iarsin  forachaairt  rig  fo  hErind  7  rofacbuîh  Ailill  annsin  andun  Fré- 
mainn  hi  Tethuaf ti  bas  7 /ri  haigedh  fn  ri  nabliadn2isin.  Laa  noen  and 
dochuaid  Etain  issintech  irabe  Ailell  ihgalur  ocus  robui  icca  accallaim.  Cid 
thicc  rit  ocus  is  mor  dogalur  ocus  diafessmais  indni  notfôirfed  foghébta 
linn  7  issamlaîd  roraid  7  rocanustar  ingen  L  <  mbicc  7  rusfvtccair  Ailell  : 
Cid  dotdrruigh  a  gkille  —  is  fota  do  serglighe. 
Isfossaddo  ckeim  glan  gle  —  cia  beith  dfeabus  na  sine, 
Fuil  limm  adbur  na  cnete  —  nimthsasa  ceol  mo  chruite 
nimtol  ann  ni  do  gan  blicht  —  ised  dombeir  inanrichtt  : 
Abair  rim  cid  dai  afir  —  air  isim  ingen  ercnsid 
inniss  dam  gach  dal  retleass  —  connderntar  lim  ^o/eigeas. 
Ni  talla  ormm  aradrut  >  —  a  ingen  is  caem  dochrutt. 
Daigh  neich  andiaigh  asula  —  ni  dat  maithe  banrûna, 
Cid  at  olca  rûna  ban  —  mad  sercc  iscian  bus  cuman 
oghebthar  ingnlm  doldim  —  ni  hed  dleghar  aatmail, 
BennsLchl  ort  a  inghiun  Finn  —  ni  dam  tualàge  laubra  rim 
ni  dam  buidhech  domcheill  féin  —  ata  mo  cride  domaimrér  ^  ' 
Truag  anisin  auen  indrig  —  Eochsida  Fedhlech  iarfir 
remchorp  is  remchenn  is  tind  —  istd  berair  an  Erinn. 
Diambeth  arsluaghaib  ban  mbdn  —  nech  no  beith  iccotocrdd 
tuicfad  sunn  diamad  maith  lat  —  dogenta  limm  atochmarc, 
7  a  ïngen  ar  si  robud  urusa  deit  micsa  dodénam  domghalar  7  iss  dâich 
notlcfaithea  inn  acht  chena  arse  issercc  bo  bdidiu  /ri  {'/iadna  mohserccis 
cuma  fothuinn  is  rigi  nirt  dar  forrain  is  cethar  ruinn  talman  is  dichend  nime 
is  brissiud  brdgat  is  comlunn  /ri  scath  is  combathdid  fri  husce  is  rith  fri 
nemh  is  gascc^d  foler  is  grad  domsicalla  mogrzdsae  ocus  mostrcc  ocus 
minmaine  donti  datucus.  Annsin  fra  rdthaighis  indingen  fair  ingalor  imbui 
7  ba  saeth  léissi  innlsin  7  t.  Conid  ann  ispert  ingen  la  nôen  : 
Eirig  a  Oilill  amra  —  côra  cach  duit  rochalma. 
daigh  fogébu  sunn  rofes  —  dogentar  liumm  doleigheas. 


1.  I  think  thèse  are  the  fiftY  noble  maidens  that  were  educated  together  with  Etain 
according  to  Leabhar  na  huidnri  p.  129  O'Curry  Manners  etc.  III,  162. 

2.  Cf.  Revue  celt.  Il,  392. 
).  Àtlantis  II,  122. 

Re¥,  Ctlt.  III  2  5 


}  J4  Two  Irish  Taies. 

Danatoluth  ritchéll  hglicc  —  dodatldim  immombragit 
tossach  suirghi  caem  adath  —  ben  is  fer  icompocath. 
Manih  lot  lat  afir  maith  —  a  mac  indrig  arlgflaitk 
doberimm  do  ilan  aglom  gnnn  —  otha  moglun  conitnmlmn. 
Cet  mbo  is  cet  unga  dor  —  cet  nech  srlanach  ratinol 
cet  détach  gach  dadha  bricc  —  tuccath  immothir  fachrig. 
Cet  cach  mil  ohoin  ille  —  ropa  mor  inimirghe 
damsa  fodéni  cabecht  —  dorât  Eochuigh  anôenfecht. 
Ticeth  tra  iningen  cach  dia  dfolccath  dô  7  do  thinme  achota  7  rolessaig 
indingen  commâr  ar  ba  truagh  le  amudugsui  triana  fochann.  Laa  naen  ann 
fra  itbtn  iningen  fri  AileU.  :  Tair  arsi  immçtruch  immuchiùLû  immdâilsi  * 
cossintech  fil  fri  dm  immuick  inechtair  ocus  conriccfu  fri  tdlges  annsin 
ocus  fritaccobar.  Bui  immorvo  Ailill  cen  chotluth  inoidchisin  cotanicc  maten 
iarnamdrach,  Intan  immorro  ba  mithidh  dô  dul  inaddil  issann  deilligh  acho- 
tlaid  fair  commbai  cotrath  erghi  nachotlath.  Laid  Etain  iarsin  inaddil  nir 
bo  cian  inirnaidiu  ^  di  conaccai  infer  ningalair  dia  dochum  co  cossmaiUs 
AiliW  7  se  scithech  mertnech.  Atnaigh  iningen  aichne  fair  conarbé  Ailill. 
Fecais  annsin  inirnaide  i4//elk.  Ticc  iarum  iningen  asaddil,  Isannsin  Jus- 
cis  Ailell  7  baferr  leiss  éc  andd  bethu.  Fobair  ictorsi  moir  7  iccsnimche. 
Tic  tra  indingen  dia  accallsim.  Isannsin  aspert  frie  inatarla  dé,  Tairsiuarsi 
cosininadh  cetna  immaroch  7  rop  inann  7  incét  la  ocus  ticced  infer  gach  lai 
diasaigtd.  Tic  tra  inla  dégenach  inaddil  7  dorala  infer  cetna  di.  Ni  fnisa 
olsl  rodalusa  itir  cid  tu  dan  iuimdail  acht  inti  risrodhdlusae  sann  ni  ar 
bdes  nach  ar  bdeg^A  rodalusae  fnss  acht  iss  diaiu  dongalur  himbui  dom- 
iercc.  Ba  corn  deit  tiachtain  immddilsiu  arse  ar  intan  robsa  Etaein  Eoch- 
raide  ingen  Ailillu  ropud  messi  docét  muintir.  Cid  on  ol  si  cia  hainmsiu 
iter  cid  rotiarfaighed,  Nin.  Mider  Breg  leith  mo  ainmsiu  ol  se.  Cid  rots- 
carsa  frimsa  marobamar  amlaith  sin  ol  Etain,  Nin  or  Mider  fithnaissiu 
Fùamnaighe  3  ocus  brechtae  Bressail  Etarlaim  rodussgar,  Aspert  Mider  fri 
hEtain  :  inraga  lium  ol  se  .  ni  ta  ol  si  nochacrenob  rlgnErinnfortsa  nachar 
fer  naile  nafestar  c/ann  no  cinél  dô.  Is  misiu  ém  ol  Mider  dorât  for  men- 
main  AiléUa  dosercc,  Is  me  don  rothairmiscc  im  AiltH  dul  itdail  7  itconni 
7  nar  léc  dô  thenech  domilliud.  Tanic  iarsin  iningen  diatigh  ocus  dochûaid 
daccallaîm  AiltHo  7  bennachais  do,  Is  maith  tra.  dorala  duinesin  diblinuib 


1.  Ir.  Glosses  262. 

2.  Cf.  ni  imaidiub  Coinchulainn  Beitr.  VII,  34. 

3.  Fûaimnech  was  Midîr's  wife,  which  was  killed  by  Oengos  mac  in  Occ  (v.  supra 
p.  000)  at  the  house  of  Bresal  Etarlam  according  to  the  Leabhar  oa  huidhri  p.  129  : 
Immusoi  inmic  n  Occ  forslicht  Fuamain  contamiid  for  oenuch  Bodbgnal  oc  tî£  Bresail 
Etirlaim  indruaid.  Fosnopar  in  mac  Oc  7  benaid  a  cend  di  7  dobert  iais  a  cendsin  cor- 
rubi  for  bru  in  Broga. 


Two  Irish  Taies.  5  5  5 

ar  AileH.  Isam  sldnsa  fodechtsa  domgcdur  7  issatsldnsa  dotenech  7  bersiu 
bennachtain  itloch  amar  diarndeib  ar  Etain  is  maith  lim  amlaid  sin,  Isann^ 
sin  rra  îainic  Eochaid  diachuairt  rig  7  rofiarfsig  abrathm  facétoir.  Rohin- 
nisith  ascélu  do  othus  codtriîh  7  ha  buidhech  inridiamnai  arandtrna  domaith 
fria  hAilell  7  isfollth  linn  insciulsin  ar  Eochaid.  Scéla  immorro  EocAada 
innister  sunn  7  Etaine. 


THE  HISTORY  OF  AILELL  AND  ETAIN. 

There  was  a  noble  and  celebrated  king  reigning  over  Ireland  Eochaig 
Aiream  son  of  Finn  son  of  Finntan  son  of  Rogen  Ruadh  son  of  Essa- 
man  son  of  Blathecht  son  of  Beothecht  son  of  Labrad  Lorcc  son  of  Enna 
Aighnech  son  of  Oengus  Tuirbech  of  Temar  son  of  Echad  Ailtlethan  son 
of  Ailell  Casfiaclach  son  of  Connla  Cam  son  of  1res  son  of  Melgh  Molb- 
thach  son  of  Cobthach  Càl  Brigson  of  Lugad  Morson  of  Echad  Buadach. 
Five  provinces  of  Erinn  served  Eochad  Aiream  :  Concobar  Mac  Nessa 
served  him,  the  king  of  the  province  of  Ulster  and  Messgedhrai  the 
king  of  Leinster  and  Curoi  son  of  Dàire  king  of  Munster  and  Ailell  and 
Medb  in  whose  possession  was  the  province  of  Connaught.  There  were 
two  principal  towns,  in  the  land  of  Eochaid,  to  wit  Dûn  Fremainne  in 
Mide  and  Dûn  Fremainne  in  Tethba,  and  this  was  his  town  in  Tethba. 
It  was  dear  to  him  before  [ail]  towns.  It  wasthefirstyear  after  Eochaid 
had  become  chief-king  of  Erinn.  It  was  requested  from  Eochaid  by  the 
men  of  Erinn  to  celebrate  the  feast  of  Temur.  When  the  men  of  Erinn 

came and  that  there  was  known their  custom.  The 

men  of  Erinn  [declared]  in  a  common  answer  that  they  would  not  join 
for  the  feast  of  Temur  as  long  as  the  king  of  Erinn  would  be  without  a 
wife  proper  for  him.  For  there  was  not  one  good  man  of  the  men  of 
Erinn  without  a  proper  wife  and  there  was  no  king  without  a  queen,  for 
no  man  without  a  wife  used  to  go  to  Temrach  to  the  feast  and  no  wife 
without  a  man.  Then  Eochaid  sent  his  horsemen  and  his  jugglers  and 

his of  the  way  and  his  frontier  messengers  from  him  through 

Erinn.  They  searched  ail  Erinn  in  order  to  find  a  wife  proper  for 
him  as  to  her  form  and  shape  and  appearance  and  kindred.  There  was 
another  thing  with  him  that  they  should  not  bring  a  wife  whom  another 
man  has  possessed  before.  Afterwards  his  horsemen  and  his  jugglers  and 

his of  the  way  and  his  firontier-messengers  went  away  from 

him  and  searched  through  ail  Erinn  south  and  north  until  they  found 
at  Inber  Cichmuine  a  wife  proper  for  him,  to  wit  Etain  the  daughter  of 


}56  Two  Irish  Taies. 

Etar  king  of  Eochraide.  Then  his  emissaries  went  back  to  meet 
Eochaid  and  brought  him  the  description  of  the  maiden  as  to  her  form 
and  shape  and  appearance.  Then  Eochaid  went  to  see  the  maiden  and 
he  came  through  the  green  of  Bri-Leith.  There  he  saw  a  maiden  at  the 
border  of  a  well  and  a  comb  resplendent  of  silver  omamented  with 
gold  on  her  [and  she  was]  washing  herself  from  a  basin  of  silver  and 
four  birds  of  gold  on  it  and  iittle  gems  of  carbuncle  [on  the  border]  of  the 
basin.  A  curled  cloak  of  clear  purple  round  her,  a  beautifîil  covering 
with  silvery  brooches  and  a  golden  pin  in  the  cloak  over  her  breasts.  A 

long  shirt  with  a  collar  around  her smooth  of  green  silk  with 

a  border  of  red  gold  and  dasps  of  gold  and  silver  at  her  breasts  in  the 
shirt  that  it  threw  a  reflex  upon  the  men  the  splendour  of  the  gold  in 
the  sun  and  of  the  green  silk.  Two  tresses  of  yellow  gold  on  her  head 
and  a  weaving  of  four  locks  on  both  sides  and  a  bead  of  gold  at  the  top 
of  each  tress.  Then  the  maiden  was  disentangling  her  hair  in  order  to 
wash  it  and  both  her  hands  through  the  hole  of  the  bosom  of  her  shirt 
outside  and  whiter  than  the  snow  of  one  night  were  both  her  hands  and 
redder  than  fox-glove  both  her  cheeks.  A  mouth  beautiful  and  regular  in 
her  head,  [with  teeth]  bright  like  pearls.  Greyer  than  hyacinth  both 
her  eyes.  Red  and  thin  lips  with  her.  High  and  soft-white  her  shoulders. 
Her  cubits  tender,  soft-white.  Her  fingers  long,  slender-white.  Beautiful, 

pale-red  nails.  Whiter  than  the  snow and  than  the  froth  of  the 

wave  her  long,  beautifiil^  fairy-like  side.  Her  thighs  were  tender, 
smooth-white.  Her  knees  were  round,  hard-white.  The  calves  of  her 
legs  were  straight  and  fast.  Her  feet  thin,  white-skinned.  Handsome 
and  fat  were  her  heels.  Two  brows  like  chafers  black-blue  around  her 
eyes. 

This  was  the  maiden  the  most  handsome  and  fair  that  human  eyes 
ever  saw  and  it  seemed  to  him  that  she  must  be  from  the  fairies.  He 
said  to  tt^  maiden  :  Every  shape  is  with  Etain^  every  comeliness  is 
with  Etain.  Désire  for  her  seized  the  king  at  once  and  he  sent  the  men 
of  his  suite  before  him  to  wait  for  him  and  afterwards  the  king  addres- 
sed  himself  to  the  maiden  and  asked  news  of  her.  Who  artthou^  saidhe, 
0  maiden,  and  firom  whence  comest  thou  P  Not  difficult  said  Etain  I  am 
the  daughter  of  the  king  of  Eochraide  from  the  fairies.  Shall  we  sleep  to- 
gether  said  Eochaid  i  This  is  what  we  are  come  for,  to  save  thee,  said 
the  maiden.  There  are  twenty  years  [gone  by]  since  I  was  bom  in  the  sid 
and  the  men  of  the  sid,  kings  as  well  as  heroes^  hâve  been  courting  me 
and  there  was  not  obtained  from  me  lying  with  a  man  because  I  cherished 
thee  and  I  got  love  and  esteem  for  thee  since  I  was  a  child  and  since  I 


Two  Irish  Taies,  J57 

was  able  to  bear  to  wit  on  account  of  thy  stories  and  of  thy  beauty  and  I 
never  saw  thee  before  that  and  [however]  I  recognized  thee  after  thy 
description  and  for  thee  I  came,  said  she. 

I  will  not  bring  thee  a  bad  love  on  account  of  this^  said  Eochaid,  and 
thou  wilt  find  welcome  and  every  woman  shali  be  left  behînd  thee  and 
with  thee  alone  I  wili  be  as  long  as  my  honour  is  with  thee.  Is  my 
dowry  ready  for  me,  said  the  maiden  and  my  reward  after  this?  Thou 
wilt  hâve  it,  said  Eochaid.  There  were  brought  seven  bondmaids  to  her 
for  her  dowry  and  he  took  her  with  him  to  Temur  and  the  men  brought 
her  welcome.  There  were  three  brothers,  the  three  sons  of  Find,  to  wit 
Eochaid  Airim  and  Eochaid  and  Ailell  Anglonnach  or  Oenglondach 

because  he  had  not  one of  love  to  the  wife  of  his  brother. 

Afterward  the  men  of  Erinn  came  to  the  feast  of  Temur  and  they  were 
there  a  fortnight  before  Samfuin  and  a  fortnight  after  Samfuin.  Ailell 
Anglonnach  fell  in  love  with  Etain  the  daughter  of  Etar  at  the  feast  of 
Temur.  He  began  to  look  at  the  maiden  as  long  as  she  was  at  the  feast 
of  Temur.  Then  said  the  wife  of  Ailell  to  wit  the  daughter  of  Luchta 
Laimderg  from  the  frontier  of  Laigen  :  Well  then  o  Ailell,  said  she,  why 
lookst  thou  to  the  side  so  long,  it  seems  [to  me]  that  the  long-looking  is 
a  token  of  love.  Ailell  reproved  himself  and  did  not  look  at  the  maiden 
again.  Then  the  men  of  Erinn  separated  from  each  other  after  having 
eaten  the  feast  of  Temur.  Then  there  was  fiUed  the  swelling  of  jealousy 
and  of  envy  to  Ailill  and  the  marrow  oozed  out  a  severe  disease  and  he 
was  brought  afterwards  to  Dûn  Fremain  in  Tethba.  Ailill  remained  there 
to  the  end  of  the  year  in  love  and  in  longing  and  he  did  not  confess  his 
illness  to  anybody.  .Then  came  Eochaid  to  visit  his  brother  and  he  put  his 
hand  on  his  (AililPs)  breast  and  Ailill  uttered  a  groan.  Enough,  said 

Eochaid,  this  illness  is  not  severe  and  how  is  thy to-day. 

Upon  my  word,  said  he,  I  do  not  know  (?),  but  my is  worse 

every  day  and  every  night.  Wjiat  has  come  upon  thee,  said  Eochaid  ? 
Upon  my  word  said  he,  I  do  not  know.  There  will  be  brought  somebody 
to  me,  said  Eochaid,  who  will  know  thy  illness. 

Then  Fachtna  the  physician  of  Eochaid  was  brought  to  him  and  he 
put  his  hand  on  his  breast  and  Ailill  uttered  a  groan.  Enough,  said 
Fachtna,  the  case  is  not  severe  and  I  know  thy  illness  and  I  do  not 
know  any  help,  to  wit  he  has  got  the  swelling  of  jealousy,  or  of  love 
that  fell  on  him  and  it  has  not  been  brought  outtill  now.  It  was  a  shame 
for  Ailell  and  he  did  not  confess  his  illness  to  the  physician  and  the  phy- 
sician went  again  from  him.  As  for  Eochaid  he  went  to  his  royal 
court  in  Erinn  and  left  Etain  in  the  fortress  and  told  her  :  Well  o  mai- 


358  Two  Irish  Taies. 

den,  said  he,  let  thy  bed  be  made  near  to  Ailell  as  long  as  he  is  alive 
and  when  he  îs  dead  let  his  grave  be  dug  on  the  field  (?)  and  let  a 
tombstone  and  a  pillar  be  erected  and  his  name  to  be  written  m  an 
ogam.  Then  the  king  went  to  his  royal  court  in  Erinn  and  left  Aiiell  tbere 
in  Dûn  Fremainn  hi  Tethba  for  death  and  for  extinction  for  the  space  of 
a  year.  One  day  Et^in  went  in  the  house  where  Ailell  was  in  sickness 
and  spoke  to  him  :  What  has  happened  to  thee  and  great  is  thy  disease 
and  if  we  knew  the  thing  that  could  relieve  thee^^we  would  get  it  and 
>^/ 1,  so  she  spoke  and  sang  the  daughter  of  fifty  little/  and  Ailell  answered  : 
f  What  has  happened  to  thee  o  youth  —  long  is  thy  sickness. 
/  Motionless  is  thy  pure  and  clean  step  (?)  —  what  has  become  the 
beauty  of  thy  songs  ? 
/   There  is  a  reason  for  my  wounds  —  I  hâve  no  song  in  my  harp. 

—  That  has  brought  me  in  this  shape. 

'  Tell  me  what  afflicts  thee,  o  man  —  I  am  a  generous  maiden. 
.  Tell  me  every  respite  on  thy  behalf —  that  I  may  take  to  cure  thee. 
/^  It  does  not  fit  me  bidding  thee  —  0  maiden,  beautiful  is  thy  shape. 

It  seems  to  every  one  according  to  thy  eyes  —  that  woman's  secrets 
are  not  good. 

Why  should  woman's  secrets  be  bad  —  when  a  long  love  is  equally 
[bad]. 

Since  the  thing  has  been  taken  in  hand  —  there  is  no  want  of  a  con- 
fession. 
^  Blessing  on  thee  0  daughter  of  Finn  —  1  am  not  able  to  speak. 

I  am  not  master  (?)  of  my  own  sensé  —  my  heart  is  in  discordance  >. 

Sad  is  this  0  wife  of  the  king  —  Eochaid  Fedlech  truly. 

My  body  and  my  mind  is  sick  —  this  is  told  in  Ërinn  (?). 
F  If  it  were  on  account  of  the  troops  of  fair  women  —  that  any  one 
were  in  grief. 

I  would  come  hère  if  it  pleased  thee  -r  I  would  undertake  thy  court- 
ship, 

And  0  maiden,  said  he,  it  would  be  easy  for  thee  to  cure  me  from 
my  illness  and  it  is  probable  that  thou  wouldst  cure  me,  only  it  is  a  love 
that  is  deeper  every  year,  my  love  is  equal  to  a  thistle  (?),  it  is  a  want 
of  strength  through  violence,  it  is  the  four  parts  of  the  earth,  it  is  end- 
less  like  the  sky  (?),  it  is  breaking  the  neck,  it  is  a  battle  against  a 
shade,  it  is  drowning  in  water,  it  is  a  course  to  heaven,  it  is  bravery 
under  sea,  it  is  a  love  to  an  écho  my  love  and  my  affection  and  my 
esteem  to  every  one  whom  it  took.  Then  the  maiden  reflected  upon  the 
illness  that  was  in  him  and  it  was  sad  to  her.  So  she  said  one  day  : 


Two  Irish  TaUs.  559 

Anse  o  noble  Aîleli  — 

—  I  will  nndertake  to  cure  thee. 

If  ihis  is  thy  will  in  thy  de  ver  mind  —  quickly  around  my  neck  (?) 
The  commencement  of  wooing  beautiiul  its  colour  —  A  woman  and 
a  man  in  love. 

If  it  is  not  enough  for  thee  0  brave  man  —  0  son  of  a  king,  0  roighty 
ruler. 

ï  bring  thy  fùU  his sînce  my  kindred  is  In  prosperity. 

A  hundred  oxen  and  hundred  ounces  of  gold  —  A  hundred  of  every 
bridling  he  asserobled. 

A  hundred  of  clothes  of  every  speckled  colour  —  has  been  brought  in 
my  land  as  reward. 

A  hundred  of  every  animal  from  then  till  now.  Great  will  be  the  émi- 
gration. 

For  me  with  quickness  surely  —  Eochaid  gave  it  at  once. 

Then  the  maiden  came  every  day  to  wash  him  and  to  give  him  his 
food  and  she  improved  him  greatly  for  it  was  a  pity  to  her  that  he 
should  die  on  her  account.  One  day  then  the  maiden  said  to  Ailell  :  Corne, 
said  she,  to  morrow  in  my  closet  to  meet  me  in  the  house  which  is  at 
the  dûn  outside  and  there  I  will  yield  to  thy  request  and  to  thy  désire. 
Ailell  was  without  sleep  that  night  until  the  moming  came.  But  when  it 
was  time  to  meet  her  then  the  sleep  fell  on  him  so  that  he  was  asleep 
until  the  time  of  getting  up.  Etain  went  then  at  the  meeting,  place  and 
was  not  long  waiting  when  she  saw  a  healthy  man  [coming]  near  her 
similar  to  Ailell  and  he  was  tired  and  weary.  The  maiden  recognized 
him  that  he  was  not  Ailell.  Then  she  looked  forward  to  Ailell.  After- 
wards  the  maiden  went  from  the  meeting-place  again.  Then  Ailell  awoke 
and  death  was  better  for  him  than  life.  He  was  ill  from  great  sorrow 
and  grief.  Then  the  maiden  came  to  speak  to  him.  He  related  her  what 
had  happened  to  him.  Come,  said  she,  atthe  same  place  to-morrow  and 
it  was  the  same  as  the  first  day  and  the  man  came  every  day  to  visit  her. 
Then  came  the  last  day  of  the  meeting  and  she  met  the  same  man.  Not 
with  thee  hâve  I  stipulated  atail,  said  she,  why  comestthoutomeetme? 
but  that  one  I  stipulated  with  I  did  it  not  from  lust  nor  by  accident  but 
to  save  him  from  an  iilness  in  which  he  fell  through  love  of  me.  Thou 
didst  well  to  come  to  meet  me,  said  she,  because  if  I  were  Etain  of 
Eochraide  the  daughter  of  Ailell  I  would  be  of  the  first  family.  What 
then,  said  she,  what  is  thy  name  at  ail,  by  which  thou  art  called  î  Not 
difficult,  Mider  of  Bri  leith  is  my  name,  said  he.  What  has  separated 
thee  from  me  if  we  were  in  this  position  said  Etain.  Not  diflicult,  said 


}6o  Two  Irish  Taies. 

Mider,  the  wit  of  Fuaimnech  and  the  incantations  of  Bresal  Etarlaim 
hâve  separated  us.  Mider  said  to  Etain  :  Wilt  thou  corne  with  me  ?  Net 
so,  said  she,  nor  will  I  give  up  [litt.  seil]  the  king  of  Erinn  for  thee  nor 
for  any  one  whose  name  and  kindred  I  do  not  know.  I  myself,  said 
Midir,  hâve  put  it  in  Ailells  head  to  love  thee.  I  hâve  prevented  Ailill 
from  going  to  meet  thee  and  I  did  not  let  him  spoil  thy  honour.  Then 
the  maiden  went  to  her  house  and  went  to  speak  to  Ailell  and  biessed  him. 
This  man  came  luckily  for  us  both  said  Ailell.  I  am  healed  at  once 
from  my  illness  and  thou  hast  thy  honour  saved,  and  bring  thou  him  a 

blessing for  us  both,  said  Etain,  it  is  right  to  me  in  this  way. 

Then  Eochaid  came  to  his  royal  court  and  inquired  after  his  brother  at 
once.  He  told  him  his  news  from  the  beginning  to  the  end  and  the  king 
was  thankful  to  his  wife  for  the  good  she  had  done  to  Ailill  and  and  it 
is  wonderfiil  for  us  this  story  said  Eochaid.  It  is  called  the  story  of 
Eochaid  and  Etain. 


L'ACHAT  DE  LA  FEMME 


DANS  LA  LOI  IRLANDAISE. 


Reipublicae  inîerest  mulieres  dotes  salvas  habere,  propter  quas  nubere  pos- 
sint  I .  «  L'intérêt  public  exige  que  les  dots  restent  intactes,  car  sans  dot 
la  femme  [veuve  ou  divorcée]  ne  pourrait  trouver  de  mari  ».  Voilà  ce 
qu'écrivait  à  Rome,  vers  la  fin  du  second  siècle  de  notre  ère  ou  le  com- 
mencement du  troisième,  le  célèbre  jurisconsulte  Paul.  Alors  à  Rome, 
comme  aujourd'hui  en  France,  la  femme  qui  appartenait  aux  classes 
élevées  de  la  société  ne  pouvait  ordinairement  trouver  un  mari  qu'à  la 
condition  de  le  payer.  A  l'origine  de  l'histoire  nous  trouvons  établi  dans 
toutes  les  branches  de  la  race  indo-européenne  le  système  opposé  ;  ce 
n'est  pas  la  femme  qui  achète  le  mari,  c'est  le  mari  qui  achète  la  femmes. 
Dans  le  droit  romain  primitif,  cet  achat  s'appelait  coemptio^,  et  la 
coemptio  survécut  longtemps,  comme  simple  formalité,  à  l'introduction 
de  la  dot  qui,  avant  de  recevoir  le  nom  de  dot,  a  porté  celui  de  pecunia  4, 
et  qui  parait,  sous  ce  nom,  remonter  aux  temps  les  plus  anciens  de  la 
république  romaine. 

L'achat  des  femmes  est  un  des  principes  du  droit  germanique  :  cons- 
taté d'une  manière  générale  par  Tacite  à  la  fin  du  premier  siècle  de  notre 
ère  ^^  il  se  retrouve  quelques  siècles  plus  tard  dans  les  lois,  les  histoires 
et  les  diplômes  qui  nous  font  connaître  l'état  social  des  différents  peuples 
germam'ques  après  la  chute  de  l'empire  romain  ^.  C'était  alors  en  argent 
monnayé  que  le  mari  payait  sa  femme.  Ce  détail  n'a  rien  d'antique  et, 
quand  on  voit  par  exemple  Clovis  acheter  Clotilde  un  sou  et  un  denier 

1.  Di^esiCy  livre  XXIll,  t.  Ill,  1.  2.  ' 

2.  Gnmm,  Deutsche  Reehts-alîerthàmer,  2*  édition,  p.  421. 

3.  Gaius,  IiutituteSj  !•  I;  S  ''4  ;  Servius,  ad  Mneidem^  IV,  lo^ 

4.  Vairon,  De  lingua  latma^  V^  175  ;  VI,  70. 

5.  Germania,  c.  18. 

6.  Laboulaje,  Recherches  sur  la  condition  chfiU  et  politique  des  femmes,  p.  113  et  ss.; 
Lalerrière,  Histoire  du  droit  civil  de  Rome  et  du  droit  français,  t.  III,  p.  156;  Pardessus, 
Loi  saliquCy  p.  668. 


362  L^achat  de  la  femme 

i(  suivant  Pusage  des  Francs  »,  on  reconnaît  la  réglementation  moderne 
d'un  usage  qui  parait  remonter  aux  origines  mêmes  de  l'humanité.  Mais 
il  n'est  pas  question  d'argent  monnayé  dans  le  texte  de  Tacite  que  nous 
avons  cité,  et,  parmi  les  objets  que,  suivant  ce  texte,  chez  les  Germains 
de  l'an  100  après  J.-C,  le  futur  époux  livrait  aux  parents  de  sa  femme 
comme  prix  d'achat,  les  bêtes  à  cornes  figurent  en  premier  lieu  :  c'est 
l'usage  grec  de  l'époque  homérique  :  les  plus  jolies  filles  sont  celles  dont 
le  mariage  apporte  à  leurs  parents  le  plus  de  vaches,  TcapOévot  àX^&si- 
6otat  I.  Cette  formule  grecque  appartient  à  la  période  de  la  civilisation 
où  le  bétail  tient  lieu  de  monnaie.  La  loi  irlandaise  appartient  à  la  même 
période,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  le  Senchus  môr  soit  chronologique- 
ment contemporain  d'Homère  ;  cela  signifie  seulement  que  lorsque  les 
principes  du  droit  irlandais  ont  été  fixés,  les  Irlandais  se  trouvaient  au 
même  degré  de  civilisation  que  les  Grecs  de  l'époque  homérique.  L'Ir- 
lande a  deux  unités  monétaires  :  la  bête  à  cornes,  sit*,  et  la  femme 
esclave,  cumal  i.  La  première,  sêt^  de  si  «  lier  »,  doit  son  nom  au  même 
ensemble  d'idées  que  le  latin  p^cuma  =  pecu-inia^  dt  pecu  a  bétail», 
dérivé  de  pak  «  lier  »  4  :  à  cette  ressemblance  avec  le  Latin  primitif, 
l'Iriandais  en  joint  une  autre  :  il  achète  sa  femme. 

Le  terme  consacré  par  l'usage  pour  désigner  cet  achat  est  coihche.  On 
trouve  ce  terme  traduit  dans  le  Glossaire  de  Cormac  L  II  veut  dire  d'une 
manière  générale  «  achat  »,  cendach^  ou,  pour  employer  une  orthographe 
plus  moderne,  ceanaachd.  Les  traducteurs  du  Senchus  môr  et  du  livre 
d'Aicil  ont  fait  un  contre-sens  en  le  rendant  par  marriage  gift,  wedding 
gifty  «  cadeau  de  noces  ».  Le  prix  de  vente  de  la  femme  appartient  à 
son  père  quand  elle  se  marie  pour  la  première  fois  :  cet  coibche  cacha 
ingine  dia  athair  uaiîhese  dosom,  c'est-à-dire  :  [le  prix  de]  la  première 
vente  de  chaque  fille  [appartient]  à  son  père,  d'elle-même  à  lui-même. 
Suivant  les  traducteurs,  les  deux  derniers  mots  uaithese  dosom  «  d'elle- 
même  à  lui-même  »  voudraient  dire  que  la  femme  recevrait  'd'abord  le 
prix  et  le  donnerait  ensuite  à  son  père  ;  j'ignore  si  ce  commentaire  est 
bien  fondé  grammaticalement,  mais  ce  détail  a  peu  d'importance.  Quand 


1.  iliadey  XVIII,  593  ;  Hymne  à  Aphrodite,  vers  119. 

2.  Whitley  Stokes,  Sanas  CormaiCy  p.  1 3  :  cf.  Ancient  laws  and  institutes  of  Irdani^ 
t.  I,  p.  4$  ;  t.  m,  p.  124,  note.  Coibche  paraît  être  une  forme  contractée  ponr  con- 
fache  =  con-vakia-  ou  con-vagia-,  Gr,  C*  p.  42,  jji  87 »•  Peut-être  le  second  terme 
a-t-il  la  même  racine  que  fachel  (gages),  Sanas  Cormaic,  p.  78. 

3.  Sanas  Cormaic,  p.  29,  30,  42  ;  et.  Ancient  laws  and  institutes  of  Ireland^  1. 1,  p.  46; 
t.  III,  p.  98,  note.  Le  cumal  valait  trois  sit.  Voir  un  texte  sur  ce  point  dans  0'  Curry, 
On  manners  and  customSj  t.  III,  p.  30. 

4.  Fick,  Vergleichendes  Wœrterbuchy  3*  édition,  t  I,  p.  134,  6(8  ;  p.  228,  699. 

5.  Whitley  Stokes,  Sanas  Cormaic,  p.  48. 


dans  la  loi  irlandaise,  ^63 

la  femme  se  mariah  une  seconde  fois,  le  père  ne  recevait  que  les  deux 
tiers  du  prix  ;  au  troisième  mariage  de  sa  fille,  il  n'avait  plus  droit  qu'à 
la  moitié  ;  à  chaque  nouveau  mariage^  la  quotité  à  laquelle  il  pouvait 
prétendre  diminuait  :  enfin  son  droit  s'éteignait  au  vingt-et-unième  ma- 
riage. A  défaut  de  père,  le  frère^  chef  de  famille^  avait  droit  à  moitié  de 
ce  qu'aurait  reçu  le  père  '. 

Ce  qui  caractérisait  le  mariage  irlandais  et  ce  qui  distinguait  la  femme 
irlandaise  de  la  femme  romaine  ou  germanique  primitive,  c'était  le  droit 
qu'elle  conservait  sur  la  fortune  apportée  par  elle.  La  femme  romaine, 
par  la  coemptio,  tombait  in  manu  maritiy  elle  cessait  d'être  propriétaire; 
la  femme  germaine  n'héritait  pas,  le  privilège  de  masculinité  l'excluait 
de  la  succession  paternelle.  La  loi  irlandaise  nous  présente  un  tout  autre 
système.  La  condition  de  la  femme  mariée  dépend  de  la  fortune  qu'elle 
appone.  La  coutume  suppose  d'abord  égalité  de  fortune  de  part  et 
d'autre,  comtincur  :  en  ce  cas  il  y  a  un  certain  nombre  de  contrats  que 
le  mari  ne  peut  faire  sans  le  consentement  de  la  femme,  et,  s'il  y  a 
divorce,  la  femme  reprend  son  apport  avec  une  portion  des  acquêts 
déterminée  par  la  loi  '.  Une  autre  hypothèse  est  celle  d'une  femme  qui 
ne  possède  rien  et  qui  vit  sur  le  bien  de  son  mari  ;  les  droits  de  cette 
femme  sont  fort  réduits  ^  Une  troisième  hypothèse  est  celle  où,  le  mari 
n'ayant  rien,  tout  le  bien  appartient  à  la  femme  ;  c'est  alors  la  femme 
qui  a  l'autorité,  et  le  mari  est  dit  fer  fognama,  «  homme  de  service  »  4. 
Fo-gnam^  thème  vo-gnamu-,  veut  dire  littéralement  «  action  subordon- 
née 9  ;  comparez  co/z-g/2â/n  (f coopération  »  5.  Il  peut  sembler,  au  premier 
abord,  y  avoir  contradiction  entre  cette  servitude  du  mari  vivant  sur  le 
bien  de  sa  femme  et  le  droit  que,  par  la  vente  de  la  femme,  le  mari  a 
acquis  sur  elle.  Mais  cette  contradiction  n'est  qu'apparente.  Le  droit 
que  le  mari  a  acquis  sur  la  femme  par  l'achat  (coibché)  concerne  seule- 
ment le  corps  de  la  femme  et  les  enfants  à  naître  de  la  femme  pendant 
le  mariage  ^.  Mais  la  femme,  propriétaire  de  biens,  ne  peut  conférer  à 
son  mari  plus  de  droit  qu'elle  n'en  a  elle-même  sur  ces  biens,  et  le 
principe  fondamental  du  droit  irlandais  est  que  le  propriétaire  réel  est  la 

1.  Ancient  laws  and  instiiutts  of  Irelandy  t.  II,  p.  346-347.  Le  mot  qui  dans  l'ancienne 
législation  de  l'Irlande  désigne  les  présents  de  noces  est  tinol  =  do-in-olj  Gr.  C.^,  p. 
884;  cf.  Beitr.,  VIII,  7. 

2.  Ancient  laws  and  insîiîutes  of  Ireland.  t.  II,  p.  356  et  ss.  Le  passage  relatif  au 
divorce  est  à  la  page  363.  Dans  le  composé  com-tincur,  tincur  =  do-in-cur,  composé  de 
cur  «  mettre  »,  et  parait  signifier  u  apport  ».  Com-tincuTy  a  apport  des  deux  conjoints  », 
s'oppose  à  fer-tincury  «  apport  de  l'homme  0,  et  à  ban-tincufy  «  apport  de  la  femme.  » 

3.  Ibid.y  p.  381. 

4.  Ibid.y  p.  390;  cf.  p.  357- 

$.  Grammatica  celtica,  2"  édition,  p.  771,  874. 

6.  Ancient  laws  and  instituits  of  Ireland,  t.  III,  p.  310. 


}64  L'achat  de  la  femme  dans  la  loi  irlandaise. 

tribu  ou  la  famille  *.  L'individu  qui  détient  un  immeuble  ne  peut  le 
vendre  ou,  à  plus  forte  raison,  le  donner  valablement  à  une  personne 
étrangère  à  la  tribu  ou  à  la  famille,  même  à  un  fils  adoptif  *.  Les  dispo- 
sitions envers  les  églises,  si  favorisées  au  moyen-àge,  sont  soumises  à 
des  restrictions  rigoureuses  :  un  tarif  détermine,  d'après  le  rang  de 
chacun,  l'importance  des  dons  mobiliers  qu'il  peut  leur  faire  ).  Ainsi,  le 
droit  que  la  vente  matrimoniale,  coibche^  fait  acquérir  au  mari,  a  pour  objet 
la  personne  de  la  femme  ;  ce  droit  n'atteint  pas  la  fortune  de  la  femme. 
La  traduction  que  nous  donnons  du  mot  coibche^  d'après  le  Glossaire  de 
Cormac,  est  donc  parfaitement  d'accord  et  avec  ce  que  nous  savons  du 
droit  primitif  de  la  race  indo-européenne  et  avec  le  droit  spécial  à  l'Ir- 
lande, où  rinstitution  de  la  tribu,  rendue  par  son  exagération  incompa- 
tible avec  l'idée  romaine  et  moderne  de  l'Ëtat,  a  livré  la  race  celtique  à 
la  conquête  anglo-saxonne,  comme,  plus  anciennement  en  Gaule,  elle 
avait  livré  la  race  celtique  à  la  conquête  romaine  4. 

H.  D'ArBOIS  de  JUBAINVILLE. 


1.  Aneienî  laws  and  institutes  of  Ireland,  t.  II,  p.  280-28^ 

2.  Ibid,^  t.  III,  p.  42. 

3.  Ancient  laws  and  institutes  of  Ireland,  t  II,  282. 

4.  Chaque  tribu,  Jine,  formait  une  sorte  de  république  avec  chef  électif  (t.  III.  p.  278). 
L'insuffisance  de  la  conception  de  l'État  chez  la  race  celtique  résulte  surtout  ae  ce  que 
l'on  ne  voit  nulle  part  l'Eut  intervenir  pour  la  répression  des  crimes.  C'est  ce  que  les 
éditeurs  des  Ancient  laws  and  institutes  of  Ireland  ont  très-bien  établi  dans  leur  intro- 
duction au  tome  III,  p.  Ixxiz  et  suivantes. 


RASHIN  COATI E 


A  SCOTCH  TALE. 


There  was  a  king  and  a  Queen,  as  mony  ânes  been,  few  hâve  we 
seen,  and  as  few  may  we  see.  The  Queen,  she  deeit,  and  left  a  bonny 
Unie  lassie  ;  and  she  had  naething  to  gie  to  the  wee  lassie  but  a  little 
Red  caliy,  and  she  teit  the  lassie  whatever  she  wanted,  the  calfy  would 
gie  her.  The  king  married  again,  an  iil  natured  wife,  wi'  three  ugly 
dochters  o'  her  ain.  They  did  na  like  the  little  lassie  because  she  was 
bonny  ;  they  took  awa  a'  her  braw  claes  that  her  ain  mither  had  geen 
her,  and  put  a  rashin  coatie  on  her,  and  gar't  her  sit  in  the  kitchennenk^ 
and  a'  body  ca'd  her  Rashin  Coatie.  She  did  na  get  ony  thing  to  eatbut 
what  the  rest  left,  but  she  did  na  care,  for  she  went  to  her  red  calfy, 
and  ît  gave  her  every  thing  she  asked  for.  She  got.  good  méat  from  the 
calfy,  but  her  ill  natured  step  mother  gart  the  calfy  be  killed,  because 
it  was  good  to  Rashin  Coatie.  She  was  very  sorry  for  the  calfy,  and  sat 
down  and  grat.  The  dead  calfy  said  to  her 

cr  Tak  me  up,  bane  by  bane 

And  pit  me  aneth  yon  grey  stane. 
And  whatever  you  want,  come  and  seek  it  frae  me,  and  I  will  give 
you  it.  »  Yuletide  came,  and  a'  the  rest  put  on  their  braw  claes,  and 
was  gaen  awa  to  the  kirk.  Rashin  Coatie  said,  «  oh  I  wad  like  to  gang 
to  the  kiiii:  too,  »  but  the  others  said,  «  what  would  you  do  at  the  kirk, 
you  nasty  thing?  You  must  bide  at  home  and  make  the  dinner.  »  When 
they  were  gone  to  the  kirk,  Rashin  Coatie  did  na  ken  how  to  make  the 
dinner,  but  she  went  out  to  the  grey  stone,  and  she  told  the  calfy  that 
she  could  not  make  the  dinner,  and  she  wanted  to  win  to  the  kirk.  The 
calfy  gave  her  braw  claes,  and  bad  her  gang  into  the  house,  and  say 

Every  peat  gar  ither  bum, 

Every  spit  gar  ither  tum, 

Every  pot  gar  ither  play 

Till  I  come  frae  the  kirk  this  good  Yule  day. 


366  Rashin  Coatie. 

Rashin  Coatie  put  on  the  braw  daes  that  the  caliy  gave  her,  and  went 
awa  to  the  kirk,  and  she  was  the  grandest  and  the  brawest  lady  there. 
There  was  a  young  prince  in  the  kirk  and  he  feli  in  love  with  her.  She 
cam  awa  before  the  blessing,  and  she  was  hame  before  the  rest,  and  had 
off  her  braw  claes^  and  had  on  her  rashin  coatie,  and  the  calfie  had 
covered  the  table,  and  the  dinner  was  ready,  and  every  thing  in  good 
order  when  the  rest  cam  hame.  The  three  sisters  said  to  Rashin  Coatie, 
«  oh  lassie,  if  you  had  only  seen  the  braw  bonnie  lady  that  was  in  kirk 
to  day,  that  the  young  prince  fell  in  love  with.  »  She  said,  «  oli  I  wish 
you  would  let  me  gang  with  you  to  the  kirk  tomorrow  ;  »  for  they 
used  to  gang  three  days  after  ither  to  the  kirk.  They  said,  «  what  should 
the  like  o'  you  do  at  the  kirk,  —  nasty  thing,  —  the  kitchen  neuk  is 
good  enough  for  you  )>.  The  next  day  they  went  away  and  left  her,  but 
she  went  back  to  her  calfy,  and  he  bade  her  repeat  the  same  words 
as  before,  and  he  gave  her  brawer  claes,  and  she  went  back  to  the  kirk, 
and  a'  the  world  was  looking  at  her,  and  wondering  where  sic  a  grand 
lady  came  from  ;  and  as  for  the  young  prince  he  fell  more  in  love 
with  her  than  ever,  and  bade  some  body  watch  where  she  went  back 
to.  But  she  was  back  afore  any  body  saw  her,  and  had  off  her  braw 
claes  and  on  her  rashin  coatie,  and  the  calfy  had  the  table  covered,  and 
every  thing  ready  for  the  dinner. 

The  next  day  the  calfy  dressed  her  in  brawer  claes  than  ever,  and 

she  went  back  to  the  kirk.  The  young  prince  was  there,  and  he  put  a 

guard  at  the  door  to  keep  her,  but  she  jumped  ower  their  heads  and 

lost  one  of  her  beautiful  satin  slippers.  She  got  home  before  the  rest, 

and  had  on  the  rashin  coatie,  and  the  calfy  had  ail  things  ready.  The 

young  prince  put  out  a  proclamation  that  he  would  marry  whoever  the 

satin  slipper  would  fit.  AU  the  ladies  of  the  land  went  to  try  on  the 

slipper,  and  with  the  rest  the  three  sisters,  but  none  would  it  fit,  for 

they  had  ugly  broad  feet.  The  hen  wife  took  in  her  daughter,  and  eut 

her  heels,  and  her  toes,  and  the  slipper  was  forced  on  her,  and  the 

prince  must  marry  her,  for  he  had  to  keep  his  promise.  As  he  rode  along, 

with  her  behind  him,  to  be  married,  there  was  a  bird  began  to  sing  and 

ever  it  sang, 

Minched  fit,  and  pinched  fit 

Beside  the  king  she  rides, 

But  braw  fit,  and  bonny  fit 

In  the  kitchen  neuk  she  hides. 

The  prince  said,  ce  what  is  that  the  bird  sings  î  »  but  the  hen  wife 
said,  <(  nasty  lying  thing!  never  mind  what  it  says,  »  but  she  bird  sang 


Rashin  CoatU.  367 

ever  the  same  words.  The  prince  said,  «  oh ,  there  must  be  some  one 
that  the  slipper  has  not  been  tried  on  v,  but  they  said,  a  there  is  none 
but  a  poor  dirty  thing  that  sits  in  the  kitchen  neuck,  and  wears  <c  a  rashin 
coatie.  »  But  the  prince  was  determined  to  try  it  on  Rashin  Coatie, 
but  she  ran  awa'  to  the  grey  stone,  where  the  red  calf  dressed  her  yet 
brawer  than  ever,  and  she  went  to  the  prince,  and  the  slipper  jumped 
eut  of  his  pocket,  and  on  to  her  foot,  and  the  prince  married  her,  and 
they  lived  happy  ali  their  days. 

(Told  by  Miss  Margaret  Craig,  of  Darliston,  Elgin.  —  Dialect  of  Morayshire.) 

A.  Lang. 


OBSERVATIONS  SUR  LE  CONTE  PRÉCÉDENT. 

Nous  avons  ici,  comme  voit  le  lecteur^  une  variante  du  conte  connu 
et  répandu  de  Cendrillon  et  de  sa  pantoufle  perdue. 

En  Ecosse  déjà  nous  trouvons  quatre  versions  de  ce  conte  : 
i**  Dans  Chambers,  Popular  Rhymes  of  Scotland^  new  édition,  London 
and  Edinburgh,  1870,  p.  66,  une  version  du  comté  de  Fife  (traduite 
par  M.  Loys  Brueyre,  Contes  populaires  de  la  Grande-Bretagne^  p.  39)  : 
Rashie-Coat  était  fille  de  roi  et  l'on  voulait  lui  faire  épouser  un  homme 
qui  ne  lui  plaisait  pas.  Sur  le  conseil  de  la  hen-wife^,  elle  demande  avant 
le  mariage  un  vêtement  d'or  battu,  puis,  quand  elle  a  celui-ci,  un  vête- 
ment fait  des  plumes  de  tous  les  oiseaux,  et  enfin  un  vêtement  de 
roseaux  et  une  paire  de  pantoufles.  Ainsi  munie,  elle  quitte  la  maison 
paternelle,  va  au  loin  et  arrive  au  château  d'un  roi  où  elle  entre  en 
service  comme  fille  de  cuisine.  Un  dimanche,  comme  tout  le  monde  est 
à  l'église  et  qu'elle  seule  est  restée  pour  veiller  à  la  cuisine,  une  fée  vient 
la  voir,  l'engage  à  mettre  sa  robe  d'or  et  à  se  rendre  à  l'église.  La  fée, 
pendant  ce  temps,  s'occupe  de  la  cuisine  et  dit  : 

Ae  peat  gar  anither  peat  burn, 

Ae  spit  gar  anither  spit  turn^ 

Ae  pat  gar  anither  pat  play^ 

Let  Rashie-Coat  gang  to  the  kirk  the  day, 

A  l'église,  le  fils  du  roi  s'énamoure  de  Rashie-Coat  qui,  avant  la  fin 

du  service,  quitte  brusquement  l'église.  Le  dimanche  suivant,  elle  va  à 

l'église  avec  son  costume  fait  de  plumes  d'oiseaux,  et  le  troisième  avec 

son  vêtement  de  roseaux.  La  dernière  fois  elle  perd  une  pantoufle  à  son 

I.  Hen-wifiy  en  français  f  basse-couriire.  » 


368  Rashin  Coatu. 

départ  précipité  de  l'église.  Le  fils  du  roi  fait  savoir  qu'il  épousera  la 
jeune  fille  qui  chaussera  cette  pantoufle.  Aucune  des  djaunes  de  la  cour 
n'y  réussit,  mais  la  vieille  hen-wife  mutile  le  pied  de  sa  fiUe  de  sorte 
qu'elle  puisse  chausser  la  pantoufle.  Comme  le  fils  du  roi  la  met  derrière 
elle  sur  son  cheval  et  l'enlève,  un  oiseau  chante  dans  le  bois  : 
Nippitfii  and  clippit  fit 

Ahini  the  king's  son  rides  ; 
But  bonnjfit  andpretty  fit 
Ahini  the  caudron  hides. 
Le  fils  du  roi  revient  sur  ses  pas  et  trouve  Rashie-Coat. 

Le  début  seul  de  ce  conte  difière  du  nôtre  :  le  reste  concorde  presque 
entièrement  ;  le  nom  de  Phérolne  est  le  même,  et  les  vers  de  la  seconde 
partie  du  conte  ne  diffèrent  pas  sensiblement  >. 

2®  Chambers  communique  encore  (p.  68)  une  version  mutilée  de  ce 
conte  qui  provient  d'un  autre  endroit  du  pays.  Dans  cette  version,  un 
roi  possédait  une  jolie  pantoufle  de  verre  et  voulait  épouser  seulement 
celle  qui  chausserait  cette  pantoufle.  Un  ambassadeur  parcourait  le  pays 
pour  chercher  une  telle  jeune  fille.  Enfin  il  arrive  à  une  maison  où  il  y  a 
deux  filles.  L'aînée  se  mutile  le  pied  de  façon  à  ce  qu'il  puisse  entrer 
dans  le  soulier  :  mais  comme  le  roi  l'enlève  sur  son  cheval,  un  petit 
oiseau  chante  : 

Nippitfit  and  clippit  fit 
Ahint  the  king  rides. 
Bat  prettyfit  and  Unie  fit 
Ahint  the  caldron  hides. 
Le  roi  revient  sur  ses  pas,  et  c'est  la  sœur  cadette  qui  chausse  la  pan- 
toufle. 

}**  Un  conte  publié  par  Campbell,  Popular  Taies  ofthe  West  Highlands, 
n'  43,  et  dont  voici  le  résumé  : 

Une  reine  maltraite  sa  belle-fille  et  lui  fait  garder  les  moutons,  sans 
lui  rien  donner  à  manger  :  mais  un  bélier  gris  lui  apporte  de  la  nourri- 
ture. La  reine  envoie  une  fille  de  sa  hen-wife  au  pâturage  pour  observer 
sa  belle-fille.  La  belle-fille  dit  à  la  fillette  de  mettre  sa  tète  sur  ses 
genoux  pour  qu'elle  lui  arrange  sa  chevelure.  La  fillette  s'endort;  mais, 
laissant  ouvert  un  œil  qu'elle  a  sur  le  derrière  de  la  tète,  elle  voit  le 
bélier  apporter  à  manger  à  la  belle-fille  et  elle  rapporte  le  fait  à  la  reine. 

I.  chambers  remarque  (p.  48)  que  dans  la  Complaynt  of  Scotland,  publiée  en  i$48, 
il  est  fait  mention,  entre  autres  contes,  de  Pure  Tynt  Raskiecoat  ;  et  Campbell,  dans 
ses  observations  sur  son  conte  14,  renvoie  au  conte  de  Rashen  Coatit  dans  la  collection 
manuscrite  des  contes  de  Pierre  Buchan. 


Rashin  Coatie.  ^69 

On  tue  le  bélier  sur  l'ordre  de  la  reine.  Celui-ci  avait  dit  auparavant  à  la 
belle-fille  de  voler  sa  peau  et  ses  os  et  de  les  rouler  ensemble,  et  qu'ainsi 
il  ressusciterait.  Mais  elle  oublie  les  sabots  de  Fanimal,  et  le  bélier 
ressuscite,  mais  boiteux.  Ce  qui  suit  dans  ce  conte  est  confus  et  enche- 
vêtré. Une  chose  est  claire,  c'est  que  la  fille  du  roi  va  trois  fois  à 
Péglise  et  qu'à  la  troisième  fois  elle  perd  par  précipitation  une  de  ses 
pantoufles  dorées.  Un  prince,  qui  s'est  amouraché  de  la  fille  du  roi,  veut 
épouser  la  jeune  fille  qui  chaussera  cette  pantoufle.  La  marâtre  mutile 
les  doigts  de  pied  de  sa  propre  fille  pour  que  la  pantoufle  puisse  lui  aller. 
Mais  le  jour  de  la  noce,  comme  tout  le  monde  était  réuni,  un  oiseau  se 
pose  sur  la  fenêtre  et  crie  trois  fois  :  «  Le  sang  est  dans  le  soulier,  et 
le  petit  pied  est  dans  un  coin  derrière  le  feu  !  »  C'est  ainsi  qu'on  trouve 
la  belle-fille  de  la  reine. 

Le  bélier  gris  de  ce  texte  correspond  au  veau  de  notre  récit  de 
Rashin-Coatie.  Le  fait  que  le  bélier  ressuscite  quand  on  réunit  ses  os, 
mais  renaît  boiteux  parce  qu'on  a  oublié  de  certains  os,  est  emprunté  à 
une  tradition  très-répandue  ' ,  mais  qui  n'est  pas  ici  à  sa  place. 

4°  Un  autre  conte  de  la  collection  Campbell,  le  no  14,  est  aussi  une 
version  du  conte  de  Cendrillon.  Dans  ce  conte,  un  roi  veut  épouser  sa 
propre  fille,  parce  que  les  vêtements  de  sa  femme  défunte  ne  vont  qu'à 
celle-ci.  La  fille,  sur  le  conseil  de  sa  nourrice,  demande  à  son  père 
plusieurs  vêtements  magnifiques  et  des  pantoufles,  l'une  d'or  et  l'autre 
d'argent,  puis  elle  s'enfuit.  Elle  devient  fille  de  cuisine  dans  un  château. 
Sans  qu'on  s'en  aperçoive^  elle  va  trois  dimanches  de  suite  à  l'église 
avec  ses  vêtements  de  prix  et  ses  pantoufles.  Le  fils  du  roi  devient  amou- 
reux d'elle.  Le  troisième  dimanche,  elle  perd  par  précipitation  une  de 
ses  pantoufles,  et  le  fils  du  roi  déclare  qu'il  épousera  seulement  la  jeune 
fille  qui  chaussera  la  pantoufle.  Beaucoup  essayent  et  se  mutilent  les 
pieds  à  cet  effets  mais  en  vain.  Un  petit  oiseau  répète,  à  mesure  que 
chacune  essaie  la  pantoufle  : 

^ig}  ^igi  ^ha  '/i  ann  duit  a  thig^  ach  do  '/i  te  bhig  a  tha  fo  làimh  a' 
chdcaire!  c'est-à-dire  :  «  Wee  wee,  it  comes  not  on  thee,  but  on  the  wee 
one  under  the  hand  of  the  cook.  » 

On  porte  enfin  la  pantoufle  à  la  cuisine  où  se  trouve  la  fille  du  roi,  et 
«  aussitôt  que  la  pantoufle  fut  sur  le  sol,  elle  sauta  au  pied  de  la  fille 
du  roi  »  *. 

1.  Voir  J.  W.  Wolf,  Beitr^ege  zur  dtuUchen  Mythologie^  1. 1,  p.  88;  W.  Mannhardt, 
Germanischt  Mythen,  p.  jy;  I.  V.  Zingerle,  Sûgen  ans  Tirol,  n"  13;  Chr.  SchncUer, 
Màtrchen  und  Sagen  aus  WaUchtirol,  p.  20  ;  Revue  celtique^  t.  I,  p.  239  ;  P.  Kennedy, 
The  Fireside  Stories  of  Ireland,  p.  128  ;  S.  Baring-Gould,  Household  Stories,  n«  5. 

2.  Ce  trait  se  rencontre  dans  le  Pentamerone  de  Basile,  I,  6  :  Dès  que  la  pantoufle 

Rev.  CeU.  II!  26 


370  Rashin  Coatie. 

Dams  cette  veision,  comme  dans  celle  de  Fife  et  beaocoup  d'antres 
en  dehors  de  l'Ecosse,  le  conte  de  Cendrillon  est  roèié  à  un  autre  qoi, 
par  beaucoup  de  points,  ressemble  à  celoi  de  Peau  d'Ane.  Si,  dans  la 
version  de  Fife,  la  fille  du  roi  doit  épouser  non  pas  son  père,  mais  un 
homme  qui  lui  déplaît,  je  suppose  fort  que  Chambers  a  modifié  son  conte 
pour  ne  pas  choquer  ses  leaeurs. 

Mais  assez  parler  des  versions  écossaises  de  ce  conte.  En  dehors  de 
l'Ecosse,  je  connais  les  versions  suivantes  : 

Frères  Grimm,  Kinder-und-Hausirutrchen^  n»  21,  et  les  variantes  dans 
les  notes  du  tome  III  ;  J.  G.  Bûsching,  Wcschentliche  Nachrichten^  t.  I, 
p.  1^7,  et  t.  II,  p.  185  ;  L.  Bechstein,  Deutsches  Mërchenbuch,  Leipzig, 
1845,  p.  252  (^AschenbrœdeP)  ;  E.  Meier,  VoUcsmarchen  ans  Sclwahen^ 
n®  4  ;  I.  V.  Zingerle,  Kinder- und Hausmarchen  aus  Tirol,  2*  éd.,  n"*  23; 
A.  Lootens,  Oude  kindervertelsels  in  den  brugschen  tongyal,  p.  55;  P.  Chr. 
Asbjœmsen  et  J.  Moe,  Norske  Folkeeventyr^  n®  19;  G.  O.  Hyltén'-Ca- 
vallius  et  G.  Stephens,  Svenska  Folk-Sagor  och  jEfrentyr^  n<>  21  ; 
K.  Maurer,  IsUndische  VoUcssagen,  p.  281;  J.  Amason,  hlenzkar  Thjàdh- 
sagur  og  Aefintyriy  t.  II,  p.  306  (traduit  dans  la  traduction  anglaise  de 
G.  E.  J.  Poweil  et  E.  Magnusson, t.  II,  p.  235),  et  p.  312;  A.  Waldau^ 
Bœhmisches  Marchenbuch,  p.  638;  K.  W.  Woydcki,  Polnische  Volkssagen 
a.  Mésrchen^  ûbersetzt  von  F.  H.  Lewestam,  p.  123  ;  A.  J.  GlinsU, 
Bajarzpolski^  t.  III,  p.  13$  ;  A.  De  Gubematis,  Zoological  Mythology, 
t.  I,  p.  196,  et  II,  p.  304  (conte  russe  de  la  collection  Afanasjev, 
t.  VI,  n®  30);  Wuk  Stephanowitsch  Karadschitsch,  Volksmdrchen 
der  Serben,  n*"  32  ;  Dos  Auslandy  Jahrgang  1832,  n"^  58^  p.  230 
(conte  grec)  ;  J.  G.  von  Habn^  Griechische  u.  albanesische  Mdrchen^ 
n**  2;  A.  Sakellarios,  Ta  Kui7piaxa,t.  III,  p.  145  (conte  cypriote  traduit 
par  F.  Liebrecht  dans  le  Jahrbuch  fur  romanische  a.  englische  Literatar^ 
t.  XI,  p.  354)  ;  Ch.  Perrault,  Cendrillon  ou  la  petite  pantoufle  de  verre; 
J.  Turiault^  Etude  sur  le  langage  créole  de  la  Martinique^  P-  219;  Madame 
D'Aulnoy,  Finette  Cendron^  ;  D.  Bemoni,  Fiabe  e  Novelle  popolari  vene-^ 
ziane,  n^  8  ;  D.  Comparetti,  Novelline  popolari  italiane^  t.  I,  n^  23  ; 
V.  Imbriani,  La  Novellajafiorentina,  n»  1 1;  R.  H.  Busk,  TheFolk-loreof 
Rome,  p.  26  et  3 1  ;  G.  Basile,  //  Pentamerone^  Jomata  I,  Trattenemiento 
6  ;  G.  Pitre,  Fiabe,  Novelle  e  Racconti  popolari  siciliani,  n^  41  ;  M.  Mili  y 


est  près  du  pied  de  Lucrèce,  le  soulier  y  est  entraîné  et  comme  lo  fierro  corre  a  la 
calamita  ». 

I .  Un  conte  hongrois  de  la  collection  Erdélyi,  traduit  par  G.  Stier  dans  ses  Ungarische 
Sagen  und  Métrchen,  n*  5,  correspond  si  eiaaement  à  celui  de  la  comtesse  d'Aulnoj  que 
ceruinement  il  en  provient  d'une  foçon  direae. 


Rashin  Coatie.  ^71 

Pontanals,  Obsenaciones  sobre  la  poesiapopidar,  p.  181  (conte  catalan  tra- 
duit par  F.  Wolf,  Proben  portugiesischer  u.  catalanischer  VoUtsTomatiun^ 
p.  4))  ;  F.  Maspons  y  Labr6s,  Lo  RoruLUlayrCy  n^  20  ;  W.  Webster^ 
Baséjoe  Legends^  p.  166. 

Au  petit  veau  de  notre  conte  écossais  correspondent  une  vache  dans 
les  contes  serbe  et  romain,  un  taureau  dans  le  conte  norvégien  et  un 
petit  bélier  dans  le  conte  sicilien. 

Dans  le  conte  serbe,  la  vache  est  la  mère  de  Cendrillon  '  qui  a  été 
ainsi  transformée.  Le  père  s'est  remarié  ;  la  belle-mère  donne  à  sa  belle- 
fille  les  troupeaux  à  garder  et  lui  remet  une  quantité  de  lin  qu'elle  doit 
avoir  filé  le  soir.  Tout  à  coup^  au  pâturage,  la  vache  se  met  à  parler  et 
dit  à  sa  fille  qu'elle  va  mâcher  le  lin  et  le  lui  rendre  en  fil  qui  lui  sortira 
par  l'oreille.  Quand  la  belle-mère  apprend  cela  par  sa  propre  fille  qu'elle 
a  envoyée  secrètement  au  pâturage,  elle  demande  à  son  mari  de  tuer  la 
vache  :  celui-ci  refuse  d'abord,  puis  enfin  consent.  Avant  d'être  égorgée, 
la  vache  dit  à  sa  fille  qu'elle  ne  doit  pas  manger  de  sa  chair,  mais 
réunir  ses  os  et  les  enterrer  sous  une  pierre  derrière  la  maison  ;  puis 
quand  elle  aura  besoin  de  secours,  elle  viendra  à  cette  tombe  et  elle  y 
trouvera  de  l'aide. 

Dans  le  conte  romain  (Busk^  p.  ;  i),  la  vache  que  garde  la  belle-fille 
remplit  pour  elle  tous  les  travaux  imposés  par  la  marâtre  et  dit  chaque 
fois  à  la  jeune  fille  : 

Butta  sopf  aile  corna  a  me, 
E  vatene  far  Verba  per  me. 

Pendant  que  la  jeune  fille  s'éloigne,  la  vache  se  métamorphose  en 
femme  et  accomplit  le  travail  en  peu  de  temps.  La  marâtre  découvre  le 
fait  et  ordonne  de  tuer  la  vache  :  mais,  auparavant,  la  vache  dit  à  la 
jeune  fille  qu'elle  trouvera  sous  son  cœur,  elle  tuée,  une  boule  d'or  ;  elle 
l'enlèvera  et  lui  dira  en  cas  de  besoin  : 

Pallo  dorato!  Pallo  dorato! 
Vestimi  d'oro  e  dammi  Pinnamorato! 

Dans  le  conte  norvégien,  c'est  un  grand  taureau  bleu.  Lorsque  la 
fille  du  roi  n'a  rien  à  manger  de  sa  marâtre,  il  lui  dit  que  dans  son  oreille 
gauche  il  y  a  une  serviette,  qu'en  la  retirant  et  en  l'étendant,  elle  aura 
ce  qu'elle  voudra  à  boire  et  à  manger.  La  marâtre  veut  faire  tuer  le 
taureau,  mais  taureau  et  jeune  fille  s^enfùient  ensemble.  Ils  arrivent  au 
château  d'un  roi.  Là  le  taureau  dit  à  la  jeune  fille  de  le  tuer,  de  l'écor- 


I .  Comme  on  voit  par  la  traduaion  anglaise  de  ce  conte  donnée  par  M"«  Mijatovics, 
Serbian  Folk-Ion,  p.  $9,  le  nom  serbe  PapaUuga  correspond  au  français  CmériUon, 


372  Rashin  Coaûe. 

cher  et  de  garder  sa  peau  en  un  certain  endroit.  Quand,  plus  tard,  die 
aura  besoin  de  lui,  elle  n'aura  qu'à  frapper  en  cet  endroit  avec  un  bâton. 
Dans  une  variante  norvégienne  (n<>  3),  la  jeune  fille  trouve  à  boire  dans 
une  oreille  du  taureau  et  à  manger  dans  l'autre.  Cela  étant  découvert 
par  la  belle-mère  de  la  même  façon  que  dans  le  conte  gaélique  n**  4) ,  on 
abat  le  taureau,  mais  sans  que  personne  le  sache,  hors  la  jeune  fille.  De 
ses  os  sort  une  maison^  et  dans  cette  maison  se  trouvent  trois  vêtements 
merveilleux  avec  lesquels  la  jeune  fille  va  trois  fois  de  suite  à  l'église,  etc. 
Dans  le  conte  sicilien,  la  jeune  fille  a  reçu  de  son  père  un  petit  bélier 
qui  lui  dit  :  Mets  ton  travail  sur  mes  cornes,  et  je  le  ferai  pour  toi  ! 
Avant  qu'on  le  tue  par  ordre  de  la  marâtre,  il  dit  à  la  jeune  fille  qu'elle 
ne  doit  pas  manger  de  sa  chair,  mais  réunir  et  enterrer  ses  os.  De  ses 
os  sortent  douze  laquais  qui  mènent  la  jeune  fille,  habillée  d'or,  à  la  fête 
du  fils  du  roi^  etc.  ■. 

Les  paroles  rimées  du  petit  oiseau  dans  les  contes  écossais  sont  très- 
semblables  à  celles  du  conte  suédois  : 

Httggen  hàl  och  klippen  ta! 
I  ugnen  àr  den  sont  guU-skon  gâr  pâ  ! 
c'est-à-dire  a  Talons  rognés  et  doigts  coupés!  Dans  le  poêle  est  celle  à 
qui  va  le  soulier  d'or!  »  Les  variantes  suédoises  fournissent  aussi  des 
variantes  de  ces  vers. 
Dans  le  conte  norvégien  un  petit  oiseau  chante  : 

Et  Stykke  af  Héd 
Og  et  Stykke  af  Taa  ; 
Kari  Trastakkens  sko 
ErfuldafBlod! 
c'est-à-dire  «  Un  morceau  de  talon  et  un  morceau  de  doigt  !  Le  soulier 
de  Kari  Trsstak  est  plein  de  sang!  » 
Dans  une  variante  norvégienne  les  vers  sont  ceux-ci  : 
Huggen  Hdl  og  skaaren  Taa! 
I  Gruen  sidder  den^  sont  Skoen  rummer  paa! 
a  Talons  rognés  et  doigts  coupés  !  Au  foyer  est  assise  celle  à  qui  va  le 
soulier.  9 

Dans  le  conte  islandais  des  oiseaux  chantent  :  «  Talon  rogné  est  dans 
le  navire,  son  soulier  est  plein  de  sang  :  à  la  maison  est  assise  Mjadveig, 
fille  de  Mani,  une  bien  meilleure  fiancée.  Retourne,  fils  du  roi!  » 

I .  Dans  beaucoup  d'autres  contes,  en  dehors  du  cycle  de  Cendrillon  et  de  la  pantoufle 
perdue,  flg[ureot  des  vaches,  des  uureaux  et  des  moutons  qui  filent  pour  une  jeune 
nlle  maltraitée  par  sa  marâtre,  ou  l'aident  de  toute  autre  façon,  et  que  pour  cela  on  met 
à  mort.  Voir  mes  observations  dans  Gonzenbach,  SiciUanische  Mxrchen,  n*  32,  et  celles 
de  M.  Cosquin,  Contes  populaires  brrains,  n*  25. 


Rashin  Coatie.  573 

Dans  le  conte  de  Grimm  deux  colombes  chantent  : 
Rucke  di  guck^  rucke  di  guckj 
Bluî  ist  im  Schuck; 
Der  Schuck  ist  zu  klein, 
Die  rechte  Braut  sitzt  noch  daheim. 
«  Rouckedigouck,  rouckedigouck  ;  sang  est  dans  le  soulier  ;  le  soulier 
est  trop  petit  ;  la  vraie  fiancée  est  encore  à  la  maison.  » 
Les  vers  des  autres  versions  allemandes  sont  analogues. 
Dans  le  conte  russe  deux  colombes  chantent  :  «  Du  sang  à  son  pied  ! 
du  sang  à  son  pied  !  t>  Dans  le  conte  serbe  le  coq  de  la  maison  chante  : 
«  Kikeriki  !  la  jeune  fîUe  est  cachée  sous  l'auge  là-bas  !  )>  Dans  le  conte 
tchèque  c'est  un  chien  qui  aboie  :  «  Haff  !  haff!  haff!  Notre  maître  amène 
une  femme  sans  talon  !  »  et  plus  tard  a  une  femme  sans  doigts  de  pied  !  » 
Dans  deux  contes  allemands  (Grimm,  t.  III,  p.  36),  c'est  aussi  un  chien 
qui  découvre  la  fausse  fiancée  en  aboyant  :  oc  Wou,  wou,  wou!  soulier 
plein  de  sang!  »  ou  «  Haou,  haou,  haou,  haou,  haou!  mon  maître  n'a 
pas  la  vraie  femme!  » 

M.  Luzel  a  publié,  en  février  1872,  dans  le  feuilleton  de  V Electeur  du 
Finistère  y  un  conte  breton,  le  Chat  noir,  dont  le  début  contient  les  élé- 
ments du  conte  de  Cendrillon.  Une  marâtre  fait  tuer  la  vache  qui  aimait 
et  protégeait  sa  belle-iille  Yvonne.  Quand  on  l'ouvrit,  on  trouva  auprès 
de  son  cœur  deux  petits  souliers  d'or^  faits  avec  un  art  merveilleux.  La 
marâtre  s'en  saisit  en  disant  :  «  Ce  sera  pour  ma  fille  le  jour  de  ses 
noces.  »  Un  riche  prince  veut  épouser  la  belle  Yvonne;  mais  le  jour  de 
la  noce  la  marâtre  essaie  de  faire  passer  sa  propre  fille  Louise  pour 
Yvonne.  Louise  est  emmenée  comme  mariée,  et  pour  qu'elle  puisse 
chausser  les  petits  souliers  d'or,  on  lui  mutile  les  pieds.  Comme  le  prince 
monte  en  voiture  avec  elle  pour  aller  à  l'église,  le  petit  chien  Fidèle,  qui 
accompagnait  Yvonne  sur  la  grande  lande  quand  elle  y  menait  paître  sa 
vache,  se  mit  à  japper  de  la  sorte  :  Hep-hi!  hep-hi!  hep-hi!  c'est-à-dire 
«  sans  elle!  sans  elle!  sans  elle!  »  Et  quand  le  carrosse  sortit  de  la  cour, 
il  courut  après,  en  disant  dans  son  langage  : 

C'est  la  laide,  aux  traits  renfrognés, 
Aux  talons,  aux  orteils  rognés; 
Hélas!  hélas!  et  la  jolie 
Dans  sa  prison  pleure  et  s'ennuie! 

Reinhold  Kœhler. 

[M.  Lang  nous  fait  remarquer  que  dans  Callaway's  Nursery  Taies  of 
the  Zulu,  I,  121,  les  oiseaux  avertissent  le  prince  qu'il  chevauche  avec 


374  Nichty  Noughty  Nothing. 

la  fausse  fiancée.  Les  oiseaux  disent  :  «  Ukakaka,  le  fils  du  roi  est  parti 
avec  une  béte!  »  Il  dit  alors  :  <  Haou!  mes  hommes,  avez-vous  jamais 
oui  des  oiseaux  parler  P  »  On  lui  répond  :  «  Oh  !  seigneur,  c'est  la  mode 
des  oiseaux  dans  le  pays  des  Spines,  ils  parlent.  »  —  M.  Lang  compare 
aussi  un  chant  néo-hellénique  dans  la  collection  de  Fauriel,  où  les 
oiseaux  avertissent  une  jeune  fille  qu'elle  chevauche  avec  un  corps 
mort.  Le  corps  mort  dit  :  «  Cène  sont  que  des  oiseaux  ;  laisse-le»  jacasser.  » 
—  H.  G.l 


NICHT,  NOUGHT,  NOTHING. 


There  once  lived  a  king  and  a  queen.  They  were  long  married  and 
had  no  baims,  but  at  last  the  queen  bad  a  baim,  when  the  king  was 
away  in  far  countries.  The  queen  would  not  christen  the  baim  till  the 
king  came  back,  and  she  said  «  we  will  just  call  him  Nicht,  Noughtj 
Nothing  until  his  father  cornes  home,  »  but  it  was  long  before  he  came 
home,  and  the  boy  had  grown  a  nice  little  laddie.  At  length  the  king  was 
on  his  way  back,  but  he  had  a  big  river  to  cross,  and  there  was  aspate, 
and  he  could  not  get  over  the  water,  but  a  Giant  came  up  to  him  and 
said,  «  if  you  will  give  me  Nicht,  Nought,  Nothing,  I  will  carry  you  over 
the  water  on  my  back.  The  king  never  had  heard  that  his  son  was  called 
Nichty  Nought,  Nothing,  and  so  he  promised  him.  When  the  king  got 
home  again,  he  was  very  happy  to  see  his  wife  again,  and  his  young 
son.  She  told  him  that  she  had  not  given  the  child  any  name  but  Nicht, 
Nought,  Nothing,  until  he  should  come  home  again  himself.  The  poor 
king  was  in  a  terrible  case  ;  he  said,  «  What  hâve  I  done  ?  I  promised 
to  give  the  Giant  who  carried  me  over  the  river  on  his  back,  Nicht, 
Nought,  Nothing  ».  The  king  and  the  queen  were  sad  and  sorry,  but 
they  said,  «  When  the  Giant  comes  we  will  give  him  the  hen-wife's 
baim,  he  will  never  know  the  différence  ».  The  nextday  the  Giant  came 
to  daim  the  king's  promise,  and  he  sent  for  the  hen-wife's  baim,  and 
the  Giant  went  away  with  the  baim  on  his  back.  He  travelled  till  he 
came  to  a  big  stone,  and  there  he  sat  down  to  rest.  He  said 
i(  Hidge,  Hodge^  onmy  back,  what  time  of  day  is  itP  » 
The  poor  little  baim  said,  «  It  is  the  time  that  my  mother,  the  hen- 
wife,  takes  up  the  eggs  for  the  queen's  breakfast  » 


Niclîtj  Noughu  Noîhing,  375 

The  Giant  was  very  ungry,  and  dashed  the  baim  on  the  stone  and 
killed  it. 

The  same  adventure  is  repeated  with  the  gardener's  son. 

Then  the  Giant  went  back  to  the  king^s  house,  and  said  he  would 
destroy  them  ail  if  they  did  not  give  him  Nicht  Nought  Nothing,  this 
time.  They  had  to  do  it,  and  when  he  came  to  the  big  stone,  the  Giant 
said  <K  What  time  of  day  is  it  »  i  Nicht  Nought  Nothing  said,  «  it  is  the 
time  that  my  father  the  king  will  be  sitting  down  to  supper.  »  The  Giant 
said  «  Tve  got  the  richt  ane  noo  »,  and  took  Nicht,  Nought,  Nothing  to 
his  own  house  and  brought  him  up  till  he  was  a  man. 

The  Giant  had  a  bonny  dochter  and  she  and  the  lad  grew  very  fond 
of  each  other.  The  Giant  said  one  day  to  Nicht,  Nought,  Nothing  «  I  've 
work  for  you  tomorrow.  There  is  a  stable  seven  miles  long,  and  seven 
miles  broad,  and  it  has  not  been  cleaned  for  seven  years,  and  you  must 
clean  it  tomorrow^  or  I  will  hâve  you  for  my  supper.  » 

The  Giant's  dochter  went  out  next  moming  with  the  lad's  breakfast, 
and  found  him  in  a  terrible  state,  for  aye,  as  he  cleaned  out  a  bit,  it 
aye  fell  in  again.  The  Giant's  dochter  said  she  would  help  him,  and  she 
cried  a'  the  beasts  of  the  field,  and  a'  the  fowls  0'  the  air,  and  in  a 
minute  they  a'  came,  and  carried  awa'  every  thing  that  was  in  the  stable 
and  made  a'  clean  before  the  Giant  came  home.  He  said  «  shame  for  the 
wit  that  helped  you,  but  I  hâve  a  worse  job  for  you  tomorrow.  »  Then 
he  told  Nicht^  Nought,  Nothing  that  there  was  a  loch,  seven  miles  long, 
and  seven  miles  deep,  and  seven  miles  broad,  and  he  must  drain  it  the 
next  day  or  else  he  would  hâve  him  for  his  supper.  Nicht  Nought  Nothing 
began  early  next  moming  and  tried  to  lave  the  water  with  his  pail,  but 
the  loch  was  never  getting  any  less,  and  he  did  no  ken  what  to  do.  but 
the  Giant's  daughter  called  on  ail  the  fish  in  the  sea  to  come  and  drink 
the  water,  and  very  soon  they  drank  it  dry.  When  the  Giant  saw  the 
work  done  he  was  in  a  rage,  and  said  «  l 've  a  worse  job  for  you 
tomorrow,  there  is  a  tree  seven  miles  high,  and  no  branch  on  it,  till 
you  get  to  the  top,  and  there  is  a  nest,  and  you  must  bring  down  the 
eggs  without  breaking  one,  or  else  I  will  hâve  you  for  my  supper.  »  At 
first  the  Giant's  daughter  did  not  know  how  to  help  Nicht,  Nought  No- 
thing, but  she  eut  off  first  her  fingers  and  then  her  toes,  and  made  steps 
of  them,  and  he  clomb  the  tree,  and  got  ail  the  eggs  safe  till  he  came  to 
the  bottom,  and  then  one  was  broken.  The  Giant's  daughter  advised 
him  to  run  away^  and  she  would  folio w  him.  So  he  travelledtill  he  came 


376  Nicht,  Nought^  Nothing. 

to  a  king's  palace,  and  the  king  and  queen  took  him  in  and  were  very 
kind  to  him.  The  Giant's  daughter  left  her  father's  house,  and  he  pur- 
suedher  and  was  drowned.  Then  she  came  to  the  king's  palace  where 
Nicht  Nought  Nothing  was.  And  she  went  up  into  a  tree  to  watch  for 
him.  The  gardener's  daughter,  going  to  draw  waterinthe  well;  saw  the 
shadow  of  the  lady  in  the  water,  and  thought  it  was  herself,  and  said, 
«  If  l 'm  so  bonny,  if  l 'm  so  brave,  do  yousend me  to  draw  water  ?»  The 
gardener's  wife  went  out,  and  she  said  the  same  thing.  Then  the  garde- 
ner  went  himself,  and  brought  the  lady  from  the  tree,  and  led  her  in. 
And  he  told  her  that  a  stranger  was  to  marry  the  king's  daughter,  and 
shewed  her  the  man,  and  it  was  Nicht  Nought  Nothing  asleep  in  a 
chair.  And  she  saw  him,  and  cried  to  him,  «  waken,  waken,  and  speak 
to  me,  »  but  he  would  not  waken,  and  spe  she  cried 

c  I  cleaned  the  stable,  I  laved  the  loch,  and  I  clamb  the  tree. 
And  ail  for  the  love  of  thee. 
And  thou  wilt  not  waken  and  speak  to^me.  » 

The  king  and  the  queen  heard  this,  and  came  to  the  bonny  young 
lady^  and  she  said 

«  I  canna  yet  Nicht  Nought  Nothing  to  speak  to  me  for  ail  that  i 
can  do.  » 

Then  were  they  greatly  astonished,  when  she  spoke  of  Nicht  Nought 
Nothing,  and  asked  where  he  was,  and  she  said  «  He  that  sits  there  in 
the  chair.  »  Then  they  ran  to  him  and  kissed  him  and  called  him  their 
own  dear  son,  and  he  wakened,  and  told  them  ail  that  the  Giant's  daugh- 
ter had  done  for  him,  and  of  ail  her  kindness.  Then  they  took  her  in  their 
arms  and  kissed  her,  and  said  she  should  now  be  their  daughter,  for 
their  son  should  marry  her. 

And  they  lived  happy  ail  their  days.  « 

Told  by  Miss  Margaret  Craig  of  Darliston,  Elgin  (dialect  of  Morayshire). 

A.  Lang. 


OBSERVATIONS  SUR  LE  CONTE  PRÉCÉDENT. 

Comparez  les  contes  suivants  : 

Campbell,  Popular  Taies  of  the  West  Highlands,  n°  2  (huit  variantes)  ; 
W.  Carleton,  Traits  and  Stories  of  the  Irish  Peasantry^  ç'  éd.,  t.  I, 
p.  25  (The  three  Tasks)\ 

P.  Kennedy,  The  Fireside  Stories  of  Ireland,  p.  j6  ; 


Nichty  Nought^  Nothing,  377 

et  en  outre  les  contes  que  j^ai  réunis  dans  Orient  und  Occident,  t.  II, 
p.  loj-i  14,  et  dans  mes  commentaires  sur  le  n^  14  des  Ehstnische  Mar-- 
chen  de  Kreutzwald,  et  sur  le  n^  14  des  Sicilianische  Msrchen  de 
GonKenbach. 

A  cette  liste  j'ajoute  aujourd'hui  : 

Ralston^  Russian  Folk-Taies,  p.  120;  Miklosich,  Mdrchen  der  Zigeuner 
n<>  1 5  ;  Busk,  The  Folk-LoreofRomey  p.  3  ;  Pitre,  Fiabe  Siciliane,  n*  1 5  ; 
W.  Webster,  Basque  Legends,  p.  120;  Luzel,  Le  Filleul  de  la  Sainte 
Vierge,  Brest,  1 870. 

Dans  nombre  de  contes  parallèles,  il  arrive  que  le  père  promet,  sans 
le  savdir,  son  enfant  à  un  être  hostile  (ainsi  dans  les  versions  gaéli- 
ques et  dans  celles  de  Kennedy  et  de  Luzel)  ;  mais  notre  conte  présente 
cette  particularité  qu'il  ne  croit  pas  avoir  rien  promis  au  géant,  et  qu'en 
fait  il  lui  a  promis  son  fils  qui  s'appelle  Nicht-Nought-Nothing. 

Dans  les  contes  gaéliques  et  dans  le  conte  de  Kennedy,  on  trouve 
aussi  les  tentatives  de  faire  passer  d'autres  enfants  pour  le  prince. 

On  rencontre  seulement  dans  les  parallèles  gaéliques,  irlandais  et 
Scandinaves  le  fait  de  nettoyer  la  grande  étable,  et  seulement  dans  les 
parallèles  gaélique  et  irlandais  l'ascension  de  l'arbre  à  l'aide  des  doigts 
coupés  de  la  jeune  fille. 

La  seconde  partie  de  notre  conte  depuis  la  fuite  du  prince  jusqu'à  la 
fin  est  corrompue.  Il  manque  d'abord  des  détails  sur  la  façon  dont  s'en- 
fuirent le  prince  et  la  fille  du  géant.  Puis  suivant  l'analogie  de  la  plupart 
des  contes  parallèles,  quand  le  prince  retourne  chez  ses  parents,  la  fille 
du  géant  devrait  lui  défendre  d'embrasser  qui  que  ce  soit  ou  de  se  laisser 
embrasser,  et  par  l'oubli  de  cette  recommandation,  le  prince  devrait 
oublier  la  fille  du  géant.  Cela  manque  dans  notre  version.  Le  prince 
arrive  chez  ses  parents  sans  les  coniTaitre  et  sans  être  connu  d'eux,  et 
l'on  ne  nous  dit  pas  comment  il  devient  si  rapidement  le  fiancé  de  la 
fille  du  roi,  c.-à-d.  de  sa  sœur.  D'après  l'analogie  des  autres  contes,  la 
fille  du  géant  devrait  éveiller  le  souvenir  du  prince  d'une  façon  particu- 
lière, à  l'aide  d'un  coq  et  d'une  poule  ou  de  deux  colombes,  juste  au 
moment  où  l'on  va  célébrer  les  noces  du  prince.  Si  au  contraire,  dans 
notre  conte,  elle  le  rencontre  endormi  dans  le  jardin  et  essaye  en  vain 
de  le  réveiller,  c'est  un  trait  emprunté  à  d'autres  contes  ^ 

I .  Voici  le  trait  dont  il  s'agit.  L'héroïne  du  conte  trouve  le  mari  qu'elle  a  perdu 
marié  ou  au  moins  fiancé  à  une  autre  ;  elle  achète  de  la  nouvelle  épouse  ou  de  la  fiancée 
la  permission  de  passer  trois  nuits  dans  la  chambre  à  coucher  de  son  mari.  Les  deux 
premières  nuits,  c'est  en  vain  qu'elle  essaie  de  le  réveiller,  car  sa  nouvelle  femme  (ou 
sa  fiancée)  lui  a  fait  prendre  un  narcotique.  Voir  là -dessus  mes  observations  dans  Bladé, 
Contis populaires  recueillis  en  AgenaiSy  p.  145. 


578  Nicht,  Nought,  Nothing, 

Aux  paroles  par  lesquelles  la  fille  du  géant  dans  notre  conte  cherche  à 
éveiller  le  prince  (/  cleaned  the  stable,  etc.)  on  peut  comparer  les  vers 
suivants  dans  le  conte  The  Black  Bull  of  Norroway  dans  Chambers,  Popa- 
lar  Rhymes  of  Scotland^  p.  98  : 

Seven  long  years  I  served  for  thee^ 
'   The  glassy  hiU  I  clamb  for  thee^ 
The  bluidy  shirt  I  wrangfor  thee^ 
And  wilt  thon  not  wauken  and  turn  to  me  f 
et  cette  variante  p.  ici,  ibid. 

Far  hae  I  sought  ye^  near  am  I  brought  to  ye  ; 
Dear  Duke  0'  Norroway^  will  ye  no  turn  and  speak  to  me  f^ 
et  aussi  dans  le  conte  irlandais  The  Brown  Bear  of  Norway^  dans  Ken- 
nedy, Legendary  Fictions  oftheirish  Celts,  p.  57  : 

Four  long  years  I  was  married  to  thee, . 
Three  sweet  babes  I  bore  to  thee^ 
Brown  Bear  of  Norway,  won  't  y  ou  turn  to  me  ? 
Encore  une  observation  sur  l'épisode  où  la  fille  du  géant  se  tient  sur 
un  arbre,  et  où  son  ombre  se  réfléchissant  dans  l'eau  fait  illusion  à  la 
fille  et  à  la  femme  du  jardinier  qui  croient  voir  leur  propre  ombre  et  se 
trouvent  belles.  On  peut  comparer  Campbell,  p.   54  et  ;6,  et  le  conte 
suédois  dans  Hyltén-Cavallius  et  Stephens,  n^^  XIV,  B.  Ce  trait  se 
rencontre  aussi  dans  le  conte  si  répandu  des  trois  citrons  ou  des  trois 
oranges,  par  exemple  dans  le  Pentamerone  V,  9,  et  dans  Gonzenbach, 

n®  n. 

Rdnhold  KcEHLBR. 


CONTES  POPULAIRES 


DES   BRETONS-ARMORICAINS  > 


L'HOMME  JUSTE. 

Il  était  une  fois  un  pauvre  homme  dont  ia  femme  venait  d'accoucher 
d'un  fils. 

Il  voulait  que  son  enfant  eût  pour  parrain  un  homme  juste,  et  il  se 
mit  en  route  pour  le  chercher. 

Comme  il  cheminait,  son  bâton  à  la  main,  il  rencontra  un  homme  qui 
lui  était  inconnu,  mais  qui  avait  bien  bonne  mine«  Et  cet  homme  lui 
demanda  : 

—  Où  allez-vous  ainsi,  mon  brave  homme  ? 

—  Chercher  un  parrain  à  mon  fils  nouveau-né. 

—  Si  vous  voulez,  je  serai  le  parrain  de  votre  fils  P 

—  Oui,  mais je  veux  un  homme  juste. 

—  Eh  !  bien,  vous  ne  pouviez  mieux  tomber. 

—  Qui  donc  êtes- vous,  alors  P 

—  Le  bon  Dieu.  (Littéralement  le  Seigneur  Dieu.) 

—  Vous  juste,  mon  Dieu  !..*.  Non!  non!  Partout  j'entends  se  plaindre 
de  vous,  sur  la  terre. 

—  Oui  ?  Et  pourquoi  donc  ? 

—  Pourquoi  ?...  Oh  !  pour  bien  des  motifs...  Les  uns,  parce  que  vous 
les  envoyez  dans  ce  monde  mal  tournés  de  toutes  les  façons,  bossus, 
boiteux,  sourds,  muets,  maladifs,  —  pendant  que  d'autres  sont  bien 
faits  de  tous  leurs  membres,  vigoureux  et  pleins  de  santé,  et  qui  ne  sont 
pourtant  pas  meilleurs  que  les  premiers;  —  d'autres,  et  d'honnêtes  gens, 

I.  Voir  R€9,  CdU^  t.  Il,  p.  289. 


380  Contes  popaMres  des  Bretons- Armoricaine. 

comme  j'en  connais  beaucoup,  parce  que,  ils  ont  beau  travailler  et  se 
donner  du  mal  comme  des  brutes,  ils  sont  toujours  pauvres  et  besoi- 
gneux,  pendant  que  l'on  voit  leurs  voisins,  des  fainéants,  des  propres  à 

rien Non,  je  vous  le  dis,  vous  ne  serez  pas  le  parrain  de  mon  fils... 

Adieu  ! 

Et  le  père  poursuivit  sa  route. 

Un  peu  plus  loin,  il  rencontra  un  grand  vieillard  à  la  barbe  longue  et 
grise. 

—  Où  allez-vous  ainsi,  mon  brave  homme  i  lui  demanda  celui-là 
aussi. 

—  Chercher  un  parrain  pour  mon  fils  nouveau-né,  répondit-il. 

—  Si  vous  voulez,  je  serai  son  parrain  ? 

—  Oui,  mais  il  faut  vous  dire^  auparavant,  que  je  veux  avoir  un 
homme  juste  pour  parrain  à  mon  fils. 

—  Un  homme  juste  P  Je  suis,  alors,  celui  qu'il  vous  faut. 

—  Qui  donc  êtes-vous  ? 

—  Saint  Pierre. 

—  Le  portier  du  Paradis,  Thomme  aux  clefs  ? 

—  Oui. 

—  Eh  !  bien,  alor»,  vous  aussi,  vous  n'êtes  pas  celui  qu'il  me  faut. 

—  Comment,  est-ce  que  vous  voudriez  dire  que  je  ne  suis  pas  juste  ? 
Et  pourquoi  donc^  s'il  vous  plaît  P  demanda  saint  Pierre,  avec  un  peu^ 
d'humeur. 

— Pourquoi  P  Oh  !  je  vous  le  dirai  bien  :  parce  que,  pour  des  pecca- 
dilles, pour  des  riens  pour  ainsi  dire,  vous  refiisez,  dit-on,  votre  porte  à 
d'honnêtes  gens,  des  gens  de  peine  comme  moi  qui,  après  avoir  bien 
travaillé  toute  la  semaine,  boivent  peut-être  une  chopine  de  cidre  ou  une 
goutte  d'eau-de-vie  de  trop  le  dimanche  après  vêpres...  Et  puis  voulez- 
vous  que  je  vous  dise  encore  P...  Vous  êtes  le  premier  des  apôtres,  le 
chef  de  l'Eglise...  N'est-ce  pas  vrai  ? 

—  Oui,  et  après  ? 

—  Eh  !  bien,  dans  votre  église  aussi,  il  n'y  a  rien  que  pour  de  l'ar- 
gent, et  là  comme  ailleurs,  le  riche  passe  toujours  avant  le  pauvre 

Non,  vous  ne  serez  pas,  vous  aussi,  le  parrain  de  mon  fils...  Adieu  ! 

Et  il  poursuivit  encore  sa  route. 

Un  peu  plus  loin,  il  rencontra  un  autre  personnage  qui  n'avait  pas 
bonne  mine  du  tout  :  il  portait  une  faux  sur  son  épaule,  comme  un  fau- 
cheur qui  se  rend  à  l'ouvrage. 

—  Où  allez-vous,  mon  brave  homme  P  lui  demanda  aussi  celui-ci. 

—  Chercher  un  parrain  à  mon  enfant  nouveau-né. 


Contes  populaires  des  Bretons^ Armoricains.  381 

—  Si  vous  voulez,  je  serai  son  parrain  P 

—  Oui,  mais  il  faut  vous  dire  auparavant  que  je  veux  un  homme  juste 
pour  parrain  à  mon  fils. 

—  Un  homme  juste  !  Je  suis  votre  affaire,  alors,  car  vous  ne  trouve- 
rez jamais  un  plus  juste  que  moi. 

—  Us  me  disent  tous  cela!  mais  qui  ëtes-vous  donc  ? 

—  Le  Trépas'. 

—  Oh!  oui,  alors! Oui,  vous  êtes  juste,  vous,  car  vous  n'avez  pitié 

de  personne,  et  vous  faites  bien  votre  besogne.  Riche  et  pauvre,  noble  et 
vilain,  roi  et  soldat,  jeunes  et  vieux,  forts  et  faibles...  vous  les  fauchez 
tous,  chacun  à  son  tour,  quand  son  heure  est  venue,  sans  écouter 
leurs  lamentations,  leurs  menaces  ou  leurs  prières  ;  sans  faire  attention 
à  leur  argent  et  à  leur  or.  Oui,  vous  êtes  réellement  juste,  vous,  et  vous 
serez  le  parrain  de  mon  fils.  Venez  avec  moi. 

Et  le  pauvre  homme  retourna  alors  à  sa  chaumière,  accompagné  de 
celui  qu'il  avait  choisi  pour  parrain  à  son  fils. 

Le  Trépas  tint  l'enfant  sur  les  fonts  baptismaux,  et  il  y  eut  ensuite 
chez  le  père  un  petit  festin,  où  l'on  but  du  cidre  et  l'on  mangea  du  pain 
blanc,  ce  qui  n'y  arrivait  pas  souvent. 

Avant  de  partir,  le  parrain  dit  à  son  compère  : 

—  Vous  êtes  d'honnêtes  gens,  ta  femme  et  toi,  mais  vous  êtes  bien 
pauvres.  Puisque  tu  m'as  choisi  pour  être  le  parrain  de  ton  fils,  je  veux 
te  révéler  un  secret  qui  te  fera  gagner  beaucoup  d'argent.  Toi,  mon 
compère,  tu  seras  à  présent  médecin,  et  voici  comment  tu  te  comporte- 
ras. Quand  tu  seras  appelé  auprès  d'un  malade,  si  tu  m'aperçois  debout 
au  chevet  du  lit,  tu  pourras  dire  à  coup  sûr  que  le  malade  guérira,  «t 
lui  donner  en  guise  de  remède  tout  ce  que  tu  voudras,  de  l'eau  claire  si 
tu  veux,  il  s'en  tirera  toujours.  Mais,  si  tu  m'aperçois  au  pied  du  lit,  il 
n'y  aura  rien  à  faire,  le  malade  mourra  infailliblement. 

Voilà  donc  notre  homme  devenu  médecin,  et  de  se  conformer  aux 
recommandations  de  son  compère  le  Trépas.  Il  disait  toujours,  et  sans 
jamais  se  tromper,  si  son  malade  en  'réchapperait  ou  non.  Comme  il 
disait  toujours  la  vériré,  et  que  ses  remèdes  ne  lui  coûtaient  pas  cher, 
vu  qu'il  ne  donnait  que  de  l'eau  claire  à  ses  malades,  il  devint  riche  en 
peu  de  temps. 

Quand  le  Trépas  passait  devant  sa  maison,  il  entrait  pour  voir  son 
filleul  et  causer  avec  son  compère. 

I .  En  breton,  la  Mort  personnifiée  (ann  Ankoa)  est  du  masculin,  et  c'est  pour  cela  que 
le  pauvre  homme  la  désire  pour  parrain,  et  non  pour  marraine,  à  son  fils.  C'est  aussi 
pour  la  même  raison  que  j'ai  traduit  par  le  Trépas  ^  au  lieu  de  la  Mort, 


382  Contes  populaires  des  Bretons-Armorimns. 

L'enfant  venait  à  merveille,  et  le  médecin,  de  son  côté,  vieillissaît  et 
s'affaiblissait  tous  les  jours. 

Un  jour,  le  Trépas  dit  aussi  à  son  compère  :  —  Moi  je  viens  te  voir, 
à  chaque  fois  que  je  passe  par  ici,  et  toi  tu  n'es  encore  jamais  venu  chez 
moi  ;  il  faut  que  tu  viennes  aussi  me  rendre  visite,  pour  que  je  te  régale 
à  mon  tour  et  te  fasse  voir  ma  maison. 

—  Je  n'irai  te  voir  que  trop  tôt,  répondit  le  médecin,  car  je  sais  bien 
qu'une  fois  qu'on  est  chez  toi,  on  n'en  revient  pas  comme  on  veut. 

—  Sois  tranquille  à  ce  sujet,  car  je  ne  te  retiendrai  pas  avant  que  ton 
tour  soit  venu  ;  tu  sais  bien  que  je  suis  l'homme  juste  par  excellence. 

Le  médecin  accompagna  donc  un  jour  son  compère  le  Trépas  chez  lui. 
Ils  allèrent  au  loin,  au  loin,  à  travers  les  montagnes  et  les  plaines,  les 
grands  bois,  les  fleuves,  les  rivières,  et  des  pays  parfaitement  inconnus 
au  médecin. 

Le  Trépas  s'arrêta  enfin  devant  un  vieux  château  ceint  de  hautes  mu- 
railles, au  milieu  d'une  forêt,  et  dit  :  —  C'est  ici. 

Ils  entrèrent  dans  le  château.  Le  maitre  de  l'endroit  régala  son  com- 
père d'un  bon  repas,  et,  quand  ils  se  levèrent  de  table,  il  le  conduisît 
dans  une  immense  salle  où  il  7  avait  des  millions  de  cierges  de  toute 
dimension,  de  longs,  de  moyens,  de  courts  ;  et  leurs  lumières  variaient 
également  :  les  unes  étaient  fortes  et  brillantes,  d'autres  étaient  plus 
simples,  et  d'autres  étaient  ternes,  fumeuses  et  près  de  s'éteindre.  Il 
resta  un  moment  à  les  contempler,  sans  pouvoir  parler,  tant  il  était  étonné 
et  ébloui  par  ce  spectacle. 

—  Que  signifient  tous  ces  cierges,  compère  ?  demanda-t-il,  guand  la 
parole  lui  revint. 

—  Ce  sont  les  lumières  de  la  vie,  compère,  lui  répondit  le  Trépas. 

—  Les  cierges  de  la  vie  ?  Comment  cela  donc  ? 

—  Tous  ceux  qui  vivent  présentement  sur  la  terre  ont  là  chacun  son 
cierge  auquel  est  attachée  sa  vie. 

—  En  vérité.'^ Il  y  en  a  de  longs,  de  moyens,  de  courts  et  de 

toutes  les  dimensions  ;  de  brillants  et  de  beaux,  de  ternes  et  fumeux,  et 
d'autres  près  de  s'éteindre Pourquoi  cela  i 

—  Oui,  c'est  comme  les  vies  des  hommes  sur  la  terre  ;  les  uns  vien- 
nent de  naître,  et  ont  longtemps  à  vivre,  d'autres  sont  remplis  de  force 
et  de  jeunesse,  et  d'autres  sont  faibles,  ternes  et  près  de  s'éteindre. 

—  En  voici  un,  par  exemple,  qui  est  bien  long. 

—  C'est  celui  d'un  enfant  qui  vient  de  naître. 

—  Et  cet  autre,  comme  il  est  brillant  et  que  la  lumière  en  est  belle  î 

—  C'est  celui  d'un  homme  dans  la  force  de  l'âge. 


Contes  populaires  des  Bretons^ Armoricains.  38^ 

—  En  voilà  un,  là-bas,  qui  va  s'éteindre. 

—  C'est  celui  d'un  homme  qui  va  mourir. 

—  Et  le  mien  ?  Où  est-il  ?  Je  voudrais  bien  le  voir  aussi. 

—  Le  voilà,  près  de  vous. 

—  Celui-là  ! Oh  !  mon  Dieu  !  il  est  presqu'entièrement  brûlé  !  Il 

va  s'éteindre!... 

—  Oui,  vous  n'avez  plus  que  trois  jours  à  vivre. 

—  Que  dites-vous  ?...  Je  n'ai  plus  que  trois  jours  à  vivre .? Mais, 

puisque  vous  êtes  le  maître  ici,  ne  pourriez-vous  pas  faire. durer  mon 
cierge  un  peu  de  temps  encore  ?  Si  vous  y  ajoutiez,  par  exemple,  un  peu 
de  cet  autre  qui  est  là  .^ 

—  Celui-là,  c'est  celui  de  votre  fils^  mon  filleul,  et  si  je  faisais  ce  que 
vous  dites,  je  ne  serais  plus  juste. 

—  C'est  vrai,  —  répondit  le  vieux  médecin,  —  et  il  courba  la  tête  en 
poussant  un  soupir. 

Puis  il  s'en  retourna  chez  lui  et  fit  appeler  le  recteur  de  sa  paroisse, 
et,  trois  jours  après,  il  mourut,  comme  le  lui  avait  prédit  son  compère  le 
Trépas. 

Conté  par  Yves-Marie-Etienne  Corvez,  de  Plourin  (Finistère),  le  16  du  mois 
d'août  1876.  —  Recueilli  et  traduit  en  français  par  F.  M.  Luzel. 


La  légende  de  VHomme  Juste  n'est  pas  particulière  à  la  Bretagne.  Comme 
presque  tous  les  vieux  récits  populaires,  on  la  trouve  dans  différentes  régions, 
chez  différents  peuples,  plus  ou  moins  complète,  plus  ou  moins  altérée.  Grâce  à 
des  renseignements  fournis  par  M.  Emmanuel  Cosquin,  un  des  savants  les  plus 
compétents  en  la  matière,  je  puis  faire  les  rapprochements  suivants  : 

Elle  se  trouve  dans  Grimm  (Kinder  und  Hausmarchcn(n^  44),  sous  le  titre  de: 
La  Mort  et  son  filleul^  conte  hessois.  Commencement  semblable  à  celui  de  la 
version  bretonne.  Le  pauvre  homme  refuse  successivement  comme  parrain  le 
bon  Dieu  et  le  Diable,  et  accepte  enfin  la  Mort.  Celle-ci  fait  de  son  filleul  un 
grand  médecin.  Elle  lui  indique  une  certaine  plante  qui  guérira  certainement 
ses  malades,  quand  il  la  verra  (elle^  la  Mort)  au  chevet».du  lit.  Si,  au  contraire, 
elle  se  tient  au  pied  du  lit,  il  n'y  aura  rien  à  faire,  le  malade  ne  pourra  être 
sauvé.  —  Le  filleul,  improvisé  médecin,  devient  riche  et  célèbre.  Appelé  près 
du  roi,  malade,  il  voit  la  Mort  au  pied  du  lit.  Alors,  il  retourne  le  lit,  de  ma- 
nière à  ce  que  la  Mort  se  trouve  au  chevet.  La  Mort,  quoique  très-mécontente, 
lui  pardonne,  pour  cette  fois  ;  mais  ayant  recommencé  le  tour  pour  la  princesse, 
malade  aussi,  elle  le  conduit  dans  une  sorte  de  caverne  où  il  voit  une  multitude 
de  lumières,  etc.. 

Le  reste,  comme  dans  le  conte  breton. 


384  Contes  populaires  des  Bretons-Armoricains. 

Comparez  deux  autres  contes  allemands  de  la  collections.  W.  Wolff,  p.  39), 
et  de  la  collection  Prœhie,  n»  1 3 . 

Guillaume  Grimm,  dans  ses  remarques,  cite  une  farce  allemande  de  Jacques 
Ayres  (dans  son  Opus  thcatricum,  publié  après  sa  mort,  en  1605),  qui  ressemble 
beaucoup  au  conte  hessois  ;  mais  1  épisode  des  lumières  y  manque.  Il  mentionne 
aussi,  comme  analogue,  un  petit  poème  de  Hans^ Sachs,  de  1555. 

Dans  une  collection  de  contes  hongrois  (Gaal-Stier,  jfi  4),  même  introduction. 
Le  pauvre  homme  ne  veut  pas  de  Jésus  pour  parrain,  «  parce  qu'il  n'aime  que 
c  les  bons  ».  — L'épisode  des  lumières  s'y  rencontre.  Le  pauvre  homme,  et 
non  son  filleul,  devient  médecin,  comme  dans  le  conte  breton.  Cette  partie,  qui 
semble  altérée,  est  inférieure  à  la  partie  correspondante  du  conte  hessois. 

Dans  un  conte  sicilien,  recueilli  par  M^o  Gonzenbach  (n<>  19),  introduction 
différente.  Quelque  temps  après  que  la  Mort  a  été  marraine  (ici,  ce  n'est  pas 
comme  en  allemand  et  en  breton,  où  la  Mort  étant  du  masculin,  elle  est  «  par- 
rain i),  elle  vient  chercher  le  pauvre  homme  et  l'emmène  dans  un  sombre 
caveau  où  brûlent  une  multitude  de  lampes,  etc..  Dans  ce  conte,  comme  dans 
le  conte  breton,  ce  n'est  pas  non  plus  le  filleul  qui  devient  médecin. 

L'épisode  des  lumières  se  trouve  également  dans  un  conte  italien  de  Vénétie 
publié  par  MM.  Widter  et  Wolff,  dans  le  Jahrbuckfûr  romanische  imd  mglischc 
Uteratur, 

Gueulette,  dans  ses  Mlle  et  un  quarts  (Theure^  Contes  tartares,  ou  plutôt  pré- 
tendus tels,  a  aussi,  dans  le  quart  LXXIII*,  sous  le  titre  à* Aventures  d'un 
Bûcheron  et  de  la  Mort,  un  pauvre  homme  (un  bûcheron)  qui  prend  la  Mort  pour 
parrain  d'un  enfant  nouvellement  né  et  qu'il  voulait  exposer  aux  bètes  iéroces. 
Le  parrain  lui  fait  connaître  les  vertus  médicinales  de  certaines  herbes  qui 
guérissent  nombre  de  maladies  ;  et,  de  plus,  afin  que  ses  arrêts  de  vie  ou  de 
mort  soient  infaillibles,  il  lui  dit  que  quand  il  le  verrait  au  pied  du  lit  de  ses 
malades,  ceux-ci  guériraient,  mais  que  rien  au  monde  ne  pourrait  les  empêcher 
de  mourir  quand  il  le  verrait  au  chevet  du  lit.  Le  bûcheron,  devenu  médecin, 
trompe  aussi  son  compère  la  Mort,  en  retournant  le  lit,  quand  le  malade  est 
désigné  pour  mourir,  et  il  sauve  ainsi  les  jours  du  grand  Iskender,  c'est-à-dire 
d'Alexandre  le  Grand. 

L'épisode  des  lumières  manque. 

Il  a  été  publié  dans  VAlmanach  provençal  de  1876,  page  60  et  suivantes,  sous 
la  signature  de  Lou  Cascarelet^  une  version  provençale  du  même  conte  très- 
rapprochée  de  la  version  bretonne,  sauf  pourtant  l'épisode  des  lumières,  qui  y 
manque. 

Enfin,  dans  une  autre  version  bretonne  que  j'ai  recueillie,  le  pauvre  homme, 
devenu  médecin,  guérit  tant  de  monde  que  la  Mort  se  plaint  à  lui  de  ce  qu'il 
n'arrive  plus  personne  du  pays  dans  son  royaume.  Le  médecin  profite  même 
du  secret  qu'il  doit  à  la  Mort  pour  essayer  de  ne  pas  mourir.  Mais  la  Mort  le 
rattrape  par  un  moyen  singulier  que  voici  : 

«  Devenu  très-riche  et  retiré  des  affaires,  comme  il  se  promenait  un  jour 
dans  ses  champs,  il  aperçut  un  charretier  embour'bé  qui  faisait  d'inutiles  efforts 


Contes  populaires  des  Bretons-Armoricains.  385 

pour  dégager  sa  charrette  enfoncée  jusqu'au  moyeu  dans  une  fondrière.  Il  alla 
lui  porter  secours  et  reconnut  dans  le  charretier  son  compère  la  Mort,  qui  lui 
dit  que  sa  charrette  était  remplie  des  vieux  habits  en  lambeaux  qu'il  avait  usés 
à  le  chercher.  —  Eh  !  bien,  lui  répondit  le  médecin,  uses-en  autant  encore, 
puis  nous  verrons.  Tu  m'as  appris  le  secret  pour  t'échapper,  en  retournant  le 
lit  quand  je  te  vois  au  chevet,  et  je  ne  serai  pas  si  sot  que  de  me  laisser 
prendre. 

c  Et  comme  un  des  maigres  chevaux  de  la  Mort  avait  la  foire  et  salissait  la 
route  :  —  Empêche  donc  tes  chevaux  de  salir  ainsi  mes  routes,  lui  dit  le 
médecin. 

c  T-  Empêche-les  toi-même,  si  tu  le  peux,  lui  répondit  la  Mort. 

«  Alors  le  médecin  prit  un  caillou  rond  sur  la  route,  l'introduisit  dans  le  c. 
du  cheval  et  Vy  enfonça  en  frappant  dessus  avec  un  autre  caillou. 

i  Mais  le  cheval  fit  un  pet  violent  et  chassa  le  caillou  qui  alla  frapper  le 
médecin  au  front  et  avec  tant  de  force  qu'il  en  mourut  sur  place.  » 

L'épisode  des  lumières  manque  aussi  à  cette  version. 

F.   M.   LUZEL. 


Rev.Celt.lll 


27 


UNE 


REPRÉSENTATION     DE     SAINTE     TRYPHINE 


Nous  avons  assisté  à  la  représentation  du  mystère  breton  de  sainte 
Trjphine,  qui  a  eu  lieu  à  Pluzunet,  dans  le  canton  de  Plouaret,  arron- 
dissement de  Lannion,  les  22  et  2;  avril  1878,  et  nous  croyons  intéres- 
sant d'en  entretenir  un  peu  les  lecteurs  de  la  Revue  Celtique. 


I. 

Un  mystère  breton  du  xvi^  siècle,  dans  la  vieille  langue  nationale  des 
Bretons-Armoricains;  une  action  dramatique  tirée  de  notre  ancienne  his- 
toire légendaire,  originale  et  émouvante,  naïve,  rude  et  un  peu  barbare 
parfois,  représentée  en  plein  air,  avec  le  soleil  pour  lustre,  simplement 
et  sans  prétentions,  par  des  paysans  illettrés,  qui  parfois  ne  savent  lire 
et  n'entendent  que  le  breton,  —  devant  un  auditoire  nombreux  et  facile 
à  impressionner  de  laboureurs  et  d'artisans,  accourus  comme  à  une  fête, 
des  villages  et  des  bourgs  voisins;  —  voilà,  certainement,  un  spectacle 
aussi  intéressant  que  rare,  de  nos  jours,  et  auquel  nous  nous  sommes 
bien  gardé  de  manquer. 

Pluzunet  tiendra  une  place  des  plus  honorables  dans  l'histoire  du 
théâtre  breton,  si  toutefois  cette  histoire  est  jamais  écrite.  Les  livres  et 
nos  archives  sont  à  peu  près  muets  sur  ce  sujet,  et  ce  n'est  guère  que 
dans  les  prologues  et  les  épilogues  de  nos  antiques  et  crasseux  manus- 
crits, morceaux  de  circonstance  renouvelés  ou  pour  le  moins  modifiés, 
sur  certains  points,  pour  chaque  représentation,  qu'il  est  possible  aujour- 
d'hui de  découvrir  quelques  renseignements  précieux  et  de  rares,  très- 


Une  reprisentation  de  Séante  Tryphine.  387 

rares  noms  d'auteurs.  Ces  manuscrits  se  retrouvent  encore  parfois  sous 
le  tcSt  des  laboureurs  et  des  artisans^  dans  l'ancien  évèché  de  Tréguier 
principalement,  car  le  Léon  et  la  Cornouaille  sont  relativement  d'une 
grande  pauvreté^  sous  ce  rapport. 

Des  recherches  patientes  et  longues  sur  ce  sujet  nous  ont  mis  en  pos- 
session d'une  soixantaine  de  ces  manuscrits,  conservés  comme  de  pré- 
cieuses reliques  dans  les  familles,  de  père  en  fils,  et  à  la  présence  des- 
quels on  attachait  des  grâces  et  des  faveurs  mystérieuses  et  jusqu'au 
bonheur  de  la  maison.  Aussi  ne  s'en  désaisissait-on  pas  facilement,  et  il 
nous  a  fallu  parfois  beaucoup  de  diplomatie,  un  peu  d'argent  et  surtout 
la  parfaite  connaissance  de  la  langue  et  des  relations  et  des  traditions  de 
Ëunille  nombreuses  et  anciennes  dans  le  pays,  pour  nous  procurer  défini- 
tivement quelques  pièces  rarissimes,  comme  par  exemple  :  La  création 
da  monde,  vainement  recherchée  par  E.  Souvestre  et  beaucoup  d'autres, 
saint  Garan,  saint  Gwennoli,  la  Prise  de  Jérusalem  par  Titus j  mentionnée 
par  Dom  Le  Pelletier  dans  son  dictionnaire,  et  dont  nous  ne  connaissons 
pas  l'existence  dans  un  autre  manuscrit. 

Nous  avons  déposé  toute  notre  collection  à  la  Bibliothèque  Nationale, 
à  Paris,  sauf  quelques  manuscrits  retrouvés  depuis,  et  qui  iront  aussi 
rejoindre  les  autres^  —  et  c'est  là  que  devra  s'adresser  désormais  qui- 
conque voudra  écrire  sur  l'ancien  théâtre  breton,  d'après  des  documents 
authentiques  et  originaux. 

Nous  n'ignorons  pas  qu'à  Morlabc  aussi  il  a  existé  et  existe  encore 
beaucoup  de  manuscrits  de  pièces  dites  communément  Tragédies  bre- 
tonnes^ et  qui  faisaient  partie  du  répertoire  du  théâtre,  moderne  du  reste, 
pour  la  plupart^  —  de  cette  ville.  Mais  ces  pièces  ont  peu  ou  point  de 
valeur  réelle,  et  ne  sont  généralement  que  des  traductions  ou  plutôt  de 
mauvaises  imitations  de  romans  et  de  drames  français,  très-défectueuses 
et  très-vulgaires  comme  langue,  et  pour  tout  le  reste.  Voici  quelques-uns 
des  titres  de  ces  œuvres  indigestes  et  malvenues,  sous  tous  les  rapports  : 
Inès  de  Castro  j  —  La  tour  de  NesUy  —  Marie  Tudor^  —  Marie  Stuart,  — 
Marguerite  d^Yorky  —  Thérèse  de  Volmar,  —  Jean  de  Paris ,  —  tes  Bri- 
gands de  PEstramadure,  etc. . .  Que  sais-je  encore  ?  Toute  la  vieille  défroque 
romantique.  Ce  n'est  pas  là  du  théâtre  breton,  et  tout  ce  fatras  n'a  abso- 
lument aucune  valeur.  Nous  en  avons  pourtant  acquis  une  vingtaine  de 
manuscrits,  comme  contraste  et  point  de  comparaison  avec  les  pièces  de 
l'ancien  et  vrai  théâtre  breton  connues  dans  nos  campagnes  du  pays  de 
Tréguier. 

Pluzunet,  avons-nous  dit,  doit  figurer  honorablement  dans  l'histoire 
du  théâtre  breton.  Il  y  a  existé  une  troupe  dramatique  très^ncienne- 


^88  Une  représentation  de  Sainte  Trjphine, 

ment,  et  nous  avons  connu  deux  vieux  acteurs,  morts  aujourd'hui,  et  qui 
étaient  dépositaires  de  la  tradition  et  possesseurs  d'un  précieux  trésor 
de  manuscrits  rares  et  intéressants^  qu'ils  ont  fini  par  nous  céder,  ou 
plutôt  leurs  fils,  après  leur  mort.  L'un,  Claude  Le  Bihan,  cultivateur, 
demeurant  au  village  du  Danot,  ne  rêvait  que  de  théâtre  breton,  de  belles 
représentations  populaires  et  d'antiques  manuscrits,  qu'il  allait  chercher 
au  loin,  partout  où  on  lui  en  signalait  l'existence,  pour  les  copier  patiem- 
ment et  longuement,  durant  les  veillées  d'hiver  et  les  moments  de  loisir 
qu'il  pouvait  dérober  à  ses  occupations  de  tous  les  jours.  Le  dimanche, 
quand  il  s'en  revenait  vers  le  soir  du  bourg,  après  avoir  bu  quelques 
chopines  de  cidre  en  la  société  de  quelques  vieux  amis,  on  l'entendait 
déclamer  les  monologues  ou  prologues  des  Quatre  Fib  Âymon,  de 
Saint  Guillaume,  de  Sainte  Tryphine,  et  parfois,  un  ami  qui  cheminait  au 
loin  dans  une  autre  direction,  lui  donnait  la  réplique.  Il  passait  dans  le 
pays  pour  un  peu  sorcier,  à  cause  de  son  petit  savoir,  qui  tranchait 
avec  l'ignorance  commune  autour  de  lui;  il  composait  avec  des  herbes 
[louzou)  des  onguents  et  des  remèdes  pour  toutes  les  maladies,  tant  des 
animaux  que  des  hommes,  et  même  l'on  se  disait  mystérieusement  à 
l'oreille  qu'il  avait  chez  lui  un  Agrippa  et  qu'il  évoquait  les  morts  et  le 
diable,  quand  il  lui  plaisait. 

L'autre  acteur  de  renom  de  Pluzunet  était  Jean  Le  Ménager,  foumier 
au  bourgs  et  possesseur,  comme  son  ami  Claude  Le  Bihan,  des  bonnes 
traditions  et  de  nombreux  et  rares  manuscrits. 

Nous  devons  à  ces  deux  hommes  intelligents,  et  qui  avaient  le  respect 
et  le  culte  du  passé,  de  précieux  renseignements  sur  les  traditions  et  les 
coutumes  de  notre  ancien  théâtre,  et  aussi  des  manuscrits  très-intéres- 
sants et  devenus  presque  introuvables  aujourd'hui,  entre  autres  :  La 
Création  du  Monde^  —  Moïse,  —  La  Destruction  de  Jérusalem  par  Titus, 
et  un  bon  manuscrit  de  Sainte  Tryphine  et  le  roi  Arthur,  celui  d'après 
lequel  nous  avons  donné  l'édition  qui  en  a  été  imprimée  à  Quimperlé, 
chez  Th.  Clairet,  en  1863. 

C'est  encore  sur  un  très-rare  et  curieux  manuscrit  du  Mystère  de  saint 
'Jean-Baptiste,  provenant  de  Pluzunet,  que  nous  lisons  ce  qui  suit,  et  où 
l'on  voit  que  notre  théâtre  eut  aussi  ses  jours  d'épreuve  et  de  persécu- 
tion : 

«  Tout,  ici-bas,  trouve  sa  fin,  tout,  excepté  la  grâce  de  Dieu  :  notre 
«  tragédie  aussi  touche  enfin  à  son  terme.  —  En  l'année  1 76 j,  nous 
«  avons  donné  une  représentation  de  la  vie  de  saint  Jean-Baptiste, 
«  copiée  sur  le  cahier  écrit  à  Pluzunety  par  un  jeune  homme  du  pays, 

«  Nous  eussions  bien  désiré  pouvoir  continuer  d^en  donner  des  repré- 


Une  représentation  de  Sainte  Tryphine.  389 

ce  sentations  ;  mais,  hélas  !  un  ordre  de  Monseigneur  l'évéque  de  Saint- 
«  Brieuc  défend  les  représentations  de  tragédies  bretonnes,  dans  toute 
tt  l'étendue  de  son  diocèse.  Il  y  est  dit  que  représenter  des  vies  de  saints 
«  est  un  cas  réservé  :  et  cependant,  interrogez  l'histoire,  feuilletez  les 
«  livres  saints  les  plus  anciens  du  pays,  vous  n'y  trouverez  nulle  part 
ce  que  ce  soit  même  un  péché  véniel  que  de  réciter  des  vies  de  saints. 

i<  Non,  mon  Dieu,  je  ne  puis  croire  que  ce  soit  un  péché  exécrable; 
«  mais  je  crois,  au  contraire,  que  c'est  une  action  méritoire  et  agréable 
«  à  Votre  Majesté  divine,  et  que  ces  représentations  contribuent  souvent 
«  à  la  conversion  des  pauvres  pécheurs.  » 

Dix  ans  avant  la  plainte  touchante  de  ce  pauvre  acteur  breton,  le 
Parlement  de  Bretagne  lui-même  avait  rendu,  le  24  septembre  1753, 
cinq  jours  avant  la  Saint-Michel,  époque  où  une  grande  représentation 
devait  avoir  lieu  à  Tréguier,  un  arrêt  faisant  défense  à  tous  artisans,  labou- 
reurs^ etc.,  de  représenter  des  tragédies  ou  comédies  bretonnes. 

Nous  croyons  qu'aujourd'hui  MM.  les  procureurs  de  la  République  et 
même  Nosseigneurs  lesËvêques  seraient  plus  tolérants,  et  nous  voudrions 
voir  imiter  les  acteurs  de  Pluzunet,  qui  n'ont  été  nullement  inquiétés  ni 
par  le  parquet  de  Lannion,  ni  par  l'évêque  actuel  de  Saint-Brieuc,  ami 
et  protecteur  éclairé,  du  reste,  des  lettres  bretonnes,  — -  ni  par  le  curé 
de  Pluzunet. 

II. 

La  grande  question  pour  la  représentation  de  Pluzunet,  celle  qui  pri- 
mait toutes  les  autres,  était  de  savoir  si  le  temps  serait  beau  ou  non  ;  car 
le  succès  d'une  représentation  en  plein  air,  on  le  conçoit  facilement,  est 
toujours  plus  ou  moins  à  la  merci  de  la  pluie  et  du  beau  temps.  Or,  on 
n'était  pas  sans  inquiétude  à  ce  sujet.  Le  dimanche  soir  et  toute  la  nuit, 
il  avait  plu  en  abondance  et  l'on  pouvait  craindre  que,  l'état  du  ciel  ne 
s'améliorant  pas,  la  représentation  du  lendemain  ne  fût  sérieusement 
compromise  et  qu'on  ne  pût  dire  avec  le  poète  latin  : 

Nocte  pluit  totây  redeunt  spectacula  mani. 

Le  lundi  matin,  le  ciel  était  encore  inquiétant,  et  le  soleil  avait  bien  de 
la  peine  à  se  dégager  des  nuages  mouvants  qui  le  poursuivaient  et  le  voi- 
laient à  tout  moment.  Mais  à  midi  le  ciel  s'était  rasséréné,  et  le  soleil 
était  vainqueur. 

A  une  heure,  le  roi  Arthur,  la  couronne  d'or  dentelée  en  tête,  l'épée 
au  côté,  et  sur  les  épaules  un  large  manteau  blanc  parsemé  d'étoiles  et 


390  Une  représentation  de  Sainte  Tryphine. 

de  fleurs  de  lys  d'or,  s'avança  sur  le  bord  de  la  scène,  accompagné  de 
son  épouse  Tryphine,  et,  s'annonçant  lui-même,  à  la  façon  des  héros 
d'Eschyle  et  de  Sophocle,  il  déclama  d'une  voix  haute  et  claire,  et  selon 
la  mélopée  traditionnelle,  le  monologue  qui  ouvre  la  pièce,  et  où  il  énu- 
mère  toutes  les  villes  de  la  Petite-Bretagne  qui  lui  obéissent  : 

«  Je  suis  le  roi  Arthur,  le  seigneur  souverain,  et  la  Basse-Bretagne 
<  tout  entière  est  sous  mes  ordres  :  oui,  je  suis  bien  le  roi  des  Bretons, 
c  le  vrai  maitre  et  seigneur  des  princes  et  des  nobles,  etc..  » 

L'analyse  détaillée  de  la  pièce  nous  entraînerait  trop  loin  ;  nous  ren- 
voyons le  lecteur  au  texte  original  du  mystère  que  nous  avons  publié  en 
186),  avec  une  traduction  française  en  regard,  chez  M.  Clairet,  libraire 
à  Quimperlé.  Mais  nous  croyons  devoir  insister  sur  la  disposition  du 
théâtre,  le  jeu  des  acteurs,  leur  débit,  les  anciennes  coutumes  tradition- 
nelles et  quelques  autres  particularités  dignes  d'intérêt. 

Quant  au  théâtre  en  lui-même,  rien  de  plus  simple  et  de  plus  primi- 
tif. Construit  au  fond  d'une  aire  â  battre  close  de  murs  et  de  granges,  il 
était  formé  d^une  estrade  d'un  peu  plus  d'un  mètre  de  hauteur,  compo- 
sée de  planches  de  sapin  assez  mal  reliées  entre  elles  et  reposant  hori- 
zontalement sur  des  barriques  et  des  chevalets,  sur  une  longueur  d'en- 
viron quinze  pas  et  huit  de  profondeur.  Aux  deux  extrémités^  deux  portes 
toujours  ouvertes,  pour  l'entrée  et  la  sortie  des  acteurs.  Trois  rangs  de 
bancs  placés  au  fond  de  la  scène  et  à  l'une  des  extrémités  (à  gauche], 
représentaient  les  premières  places,  qui  coûtaient  25  cent.  La  foule  des 
spectateurs  se  tenait  en  bas,  debout  sur  le  sol  de  l'aire  jonché  de  paille 
fraîche.  C'était  là  le  parterre,  où  l'on  payait  seulement  10  cent,  par  per- 
sonne. Deux  grosses  toiles  tendues  verticalement  au  fond  contribuaient 
à  former  derrière  une  longue  coulisse  où  se  tenaient  les  acteurs,  en  atten- 
dant le  moment  d'entrer  en  scène.  Au  milieu  de  cette  coulisse,  à  l'en- 
droit où  se  rejoignaient  les  deux  toiles,  se  tenait  assis  le  souffleur  qui,  en 
écartant  légèrement  le  rideau,  à  un  endroit  non  cousu  du  point  de  suture, 
pouvait  observer  ce  qui  se  passait  sur  l'estrade,  venir  en  aide  aux  acteurs 
dont  la  mémoire  se  trouvait  en  défaut,  indiquer  les  entrées  et  les  sorties 
et  diriger  ainsi  toute  la  représentation.  Le  rôle  du  souffleur,  comme  on 
le  voit,  est  des  plus  importants.  La  scène  était  à  ciel  ouvert,  et  aucun 
rideau  ne  séparait  l'avant-scène  du  public  du  parterre.  Toute  cette  cons- 
truction des  plus  élémentaires  s'adossait  à  une  vaste  grange  à  piliers  de 
pierre,  ouverte  sur  l'aire,  et  cette  pièce,  masquée  par  l'estrade  et  les  toiles 
du  fond,  servait  de  vestiaire  et  de  foyer,  où  l'on  repassait  les  rôles.  L'on 
y  fumait  aussi  et  l'on  se  rafraîchissait,  mais  modérément,  avec  du  cidre 
seulement,  et  pendant  les  deux  jours  qu'a  duré  la  représentation,  nous 


Une  représentation  de  Sainte  Tryplûne.  391 

devons  reconnaître  que  les  acteurs  de  Pluzunet  se  sont  montrés  très-dis- 
crets sur  le  chapitre  des  rafraîchissements. 

Dans  beaucoup  de  mystères  bretons,  l'action  se  déroule  sous  les  yeux 
des  spectateurs  tout  d'une  venue  et  sans  divisions  par  aaes  et  par  scènes. 
Dans  plusieurs  aussi,  et  Sainte  Tryphine  est  de  ce  nombre,  outre  la  divi- 
sion par  journées,  on  observe  aussi  celles  par  aaes  et  par  scènes.  C^est, 
sans  doute,  par  imitation  de  l'ancien  théâtre  français.  Ces  mots  aae  et 
scène,  dont  ils  ne  comprenaient  pas  la  signification  exacte,  paraissent 
avoir,  de  tout  temps,  intrigué  et  fort  embarrassé  nos  acteurs  ruraux, 
quand  ils  les  rencontraient  dans  leurs  vieux  manuscrits.  Parfois,  ils  n'en 
tiennent  aucun  compte,  et  passent  outre.  Mais  le  plus  souvent,  ils  les 
interprètent  à  leur  guise,  et  d'une  façon  fort  singulière.  Une  ancienne 
tradition,  suivie  encore  à  Pluzunet,  veut  que,  chaque  fois  que  le  mot 
scène  se  rencontre  sur  le  manuscrit,  le  souffleur  crie  à  haute  voix  :  scène  ! 
et  aussitôt  tous  les  acteurs  envahissent  la  scène,  pèl&-mèle,  se  prennent 
par  la  main,  au  hasard,  et  exécutent  une  ronde  joyeuse,  au  son  de  la 
musique,  composée  ordinairement  d'une  clarinette  ou  deux  avec  un  tam- 
bour de  basque,  —  ou  bien  encore  d'un  biniou,  d'une  bombarde  et  d'un 
tambour  de  basque.  Ce  n'est  pas  ce  qui  amuse  le  moins  le  public,  dans 
ces  représentations  populaires,  à  cause  de  l'entrain  endiablé  que  l'on  y 
apporte  d'ordinaire,  et  aussi  du  contraste  et  des  oppositions  bizarres  des 
personnages  qui  se  trouvent  parfois  associés  et  se  donnent  la  main.  Ainsi, 
rois  et  manants,  anges  et  démons,  la  reine  Tryphine  et  son  porcher, 
Dieu  le  père  et  le  diable  ou  la  sainte  Vierge,  se  prennent  la  main,  au 
hasard,  comme  ils  se  trouvent  l'un  à  cAté  de  l'autre,  et  sans  intention 
maligne,  gambadent  et  se  trémoussent,  pendant  cinq  minutes^  excitant 
l'hilarité  générale. 

Parfois,  la  scène,  ainsi  comprise,  rend  aussi  des  services  réels.  Par 
exemple,  un  acteur  manque-t-il  son  entrée,  parce  qu'il  est  momentané- 
ment absent,  ou  qu'il  n'est  pas  prêt;  ou  bien,  la  mémoire  fait-elle  défaut 
à  un  autre,  qui  menace  de  se  troubler  et  de  perdre  la  tête,  devant  le 
public?  Le  souffleur  crie  :  Seine!  —  et  aussitôt  le  branle-bas  recom- 
mence de  plus  belle,  tout  le  mal  est  réparé,  et  le  public,  qui  est  indul- 
gent et  de  bonne  composition,  rit  et  se  trouve  désarmé. 

Quant  aux  prologues  et  aux  épilogues, —  car  chaque  acte  est  toujours 
précédé  d'un  prologue,  destiné  à  résumer  et  à  expliquer  la  partie  de  l'ac- 
tion générale  qu'il  représente,  et  chaque  journée  se  termine  par  un  épi- 
logue, où  l'on  remercie  les  spectateurs  de  leur  attention  sympathique,  en 
les  invitant  à  revenir  le  lendemain,  si  l'on  est  à  la  fin  de  la  première 
journée;  —  les  prologues  et  les  épilogues  se  récitent  comme  suit,  selon 


392  Une  représentation  de  Sainte  Tryphine. 

les  rites  convenus  :  —  Un  acteur  s'avance  au  bord  de  la  scène,  esc<Mté 
de  deux  de  ses  camarades,  qui  tiennent  chacun  une  épée  nue  au  port 
d'arme.  Ils  saluent  le  public,  et  le  prologue  (Pacteur  chargé  de  la  récita- 
tion prend  ce  nom),  —  déclame  son  morceau,  sur  le  ton  de  mélopée 
traditionnel,  en  commençant  par  l'extrémité  gauche  de  la  scène,  où  il 
débite  les  quatre  premiers  vers;  après  quoi,  il  salue,  en  se  découvrant; 
ses  deux  acolytes  saluent  aussi  avec  leurs  épées,  puis  ils  se  portent 
tous  les  trois  au  centre  de  l'avant-scène,  devant  le  trou  du  souffleur, 
dans  les  théâtres  de  ville,  et  le  prologue  y  récite  quatre  autres  vers  ;  après 
quoi  ils  saluent  encore,  vont  se  placer  à  l'extrémité  droite,  où  le  prologue 
récite  encore  quatre  vers,  toujours  suivis  de  saluts.  Le  même  mané^ 
continue  de  droite  à  gauche,  puis  encore  de  gauche  à  droite,  jusqu'à 
épuisement  du  monologue. 

Nous  lisons  à  ce  sujet  dans  Emile  Souvestre  : 

«  Un  usage  bizarre,  et  dont  nous  ignorons  le  motif  et  l'origine,  vou- 
«  lait  que  l'acteur  qui  récitait  le  prologue  ftt,  de  quatre  vers  en  quatre 
«  vers,  une  évolution  autour  du  théâtre,  suivi  de  tous  ses  compagnons. 
«  C'est  ce  qu'on  appelait  la  Marche,  Pendant  ce  temps,  «  rébecs  et  bi- 
«  nious  doivent  sonner,  »  comme  en  avertit  la  note  d'un  vieux  manus- 
«  crit  que  j'ai  sous  les  yeux.  » 

Quant  aux  costumes,  nous  n'en  dirons  pas  grand'chose.  Ils  laissaient 
tous  beaucoup  à  désirer,  et  c'était  peut-être  la  partie  la  plus  défectueuse 
de  la  représentation.  Le  roi  Arthur,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  por- 
tait une  couronne  dentelée  de  carton  doré,  un  large  manteau  blanc  par- 
semé d'étoiles  et  de  fleurs  de  lys  d'or  flottait  sur  ses  épaules  et  un  sabre 
de  cavalerie  lui  pendait  au  côté.  La  reine  Tryphine  était  coiffée  à  la  ma- 
nière des  paysannes  de  Lamballe,  et  portait  une  robe  noire  et  un  châle 
de  noce  d'artisane,  descendant  jusqu'à  terre.  Le  roi  aveugle  Abacarus 
avait  en  tète,  comme  le  roi  Arthur,  une  couronne  dentelée  de  carton 
doré  ;  un  pantalon  blanc,  une  chemisette  blanche,  avec  quelques  paillettes 
d'or  par  ci  par  là,  complétaient  son  costume.  Le  diable  Astaroth,  avec 
sa  peau  de  mouton  à  laine  noire  et  frisée,  un  bonnet  à  cornes  sur 
la  tète,  de  nombreux  grelots  à  la  ceinture  et  une  longue  barbe  de  filasse 
de  chanvre,  gambadant  et  sautant,  faisait  beaucoup  rire.  Kervoura  avait, 
au  grand  complet,  l'uniforme  d'un  sapeur-pompier  de  la  ville  de  Paris, 
avec  le  casque  de  cuivre  aux  armes  de  la  capitale,  la  tunique  serrée  à  la 
ceinture,  un  pantalon  blanc  collant,  les  grandes  bottes  et  un  sabre  de 
gendarmerie.  Comme  il  était  d'ailleurs  assez  bel  homme,  qu'il  parlait 
haut  et  clair  et  mettait  beaucoup  de  vivacité  dans  son  jeu,  il  produisait 
de  l'effet.  Pour  le  reste,  tous  les  uniformes  de  matelots  et  de  soldats  de 


Une  représentation  de  Sainte  Tryphine,  393 

différentes  armes  qui  se  trouvaient  dans  la  commune  avaient  été  mis  à 
contribution. 

On  voudra  encore  savoir,  sans  doute^  si  les  spectateurs  étaient  nom- 
breux, si  la  recette  a  été  bonne,  enfin  si  la  représentation  a  réussi? 

Oui,  les  spectateurs  étaient  nombreux,  et  l'on  peut  en  juger  par  le 
chiffre  de  la  recette.  Le  premier  jour,  le  lundi  22,  où  le  temps  a  été 
constamment  favorable,  la  recette  s'est  élevée  à  95  francs.  —  Or,  en 
tenant  compte  que  le  prix  des  places  n'était  que  de  10  centimes  au  par- 
terre et  de  25  c.  sur  le  théâtre,  où  il  n'y  avait  pas  plus  de  cinquante 
personnes,  —  on  peut  voir  à  peu  près  le  nombre  des  spectateurs  qu'il  a 
fallu  pour  donner  cette  somme. 

Le  second  jour,  l'on  s'attendait  à  une  recette  d'environ  i  jo  fr.;  mais, 
malheureusement,  la  pluie  vint  qui  déjoua  les  prévisions  et  les  espé- 
rances, et  on  ne  fit  qu'environ  60  6*.  —  Nous  ne  pûmes  nous  empêcher 
d'admirer,  ce  jour-là,  la  patience  et  l'opiniâtreté  des  spectateurs  qu'une 
pluie  battante,  qui  survint  vers  trois  heures,  et  dura  environ  un  quart 
d'heure,  ne  put  faire  fuir  et  lâcher  pied.  Les  acteurs  eux-mêmes  ne  mon- 
trèrent pas  moii)s  d'intrépidité,  et,  sans  déserter  la  scène  un  seul  mo- 
ment, ils  continuèrent  de  jouer,  avec  des  parapluies  à  la  main. 

Il  est  de  tradition  qu'à  la  fin  de  la  seconde  journée,  une  partie  de  la 
recette  soit  consacrée  à  couvrir  les  frais  d'un  joyeux  repas,  auquel  pren- 
nent part  tous  les  acteurs.  Durant  la  représentation,  on  a  été  très-sobre, 
et  le  nombre  de  chopines  de  cidre  auquel  chacun  avait  droit  avait  été 
arrêté  d'un  commun  accord,  et  nui  n'y  contrevint.  Mais  le  soir,  quand 
tout  est  fini,  toute  contrainte  cesse,  et  chacun  boit  à  discrétion  ou  à  peu 
près.  Aussi  il  faut  voir  alors  quelle  joie  éclate  de  tous  côtés,  quelle  cor- 
dialité et  quel  bruit  de  conversations  qui  se  croisent.  On  se  félicite  réci- 
proquement de  la  manière  dont  on  s'est  tiré  de  telle  ou  telle  scène  dif- 
ficile, et  l'on  déclame  les  passages  qui  ont  produit  le  plus  d'effet  sur 
l'auditoire.  Mais  point  de  désordres,  ni  de  querelles,  ni  de  scènes  fâcheuses 
d'aucun  genre,  et  quand  la  cloche  du  couvre-feu  donne  le  signal  de  la 
retraite,  chacun  rentre  au  logis,  déclamant  à  haute  voix,  sur  les  routes 
et  dans  les  champs,  des  fragments  de  son  rôle. 

L'argent  qui  reste  est  partagé  également  entre  tous  les  acteurs,  et  il 
n'y  a  pas  là  de  premiers^  de  seconds  ou  de  troisièmes  rôles,  ni  de  parts 
du  lion  emportant  la  majeure  partie  de  la  recette. 

Souvent  aussi  on  distribue  aux  pauvres  de  la  commune  ce  qui  reste, 
après  tous  les  frais  couverts.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu,  en  1876  ou  77,  à 
Pluzunet  même,  pour  une  autre  représentation  du  même  mystère. 

Quant  au  succès  de  la  journée,  nous  pouvons  dire  qu'il  a  été  sinon 


)94  ^^^  reprisentation  de  Sainte  Tryphine. 

complet  et  irréprochable  de  tout  point,  —  du  moins  très-satisiaisant  pour 
la  presqu'unanimité  des  spectateurs.  Pour  ce  qui  nous  regarde  particu- 
lièrement, nous  avons  trouvé  qu'elle  laissait  à  désirer,  sur  plus  d'un  point; 
sous  le  rapport  des  costumes,  par  exemple,  de  la  mise  en  scène,  du  mo- 
bilier et  aussi  du  jeu  et  du  débit  de  quelques  acteurs  qui  prononçaient 
du  nez  et  parfois  d'une  manière  peu  intelligible.  Nous  étions  encore 
choqué  de  voir  des  hommes  traverser  la  scène,  la  pipe  à  la  bouche,  pour 
porter  des  pièces  d'habillement  ou  d'autres  accessoires  aux  acteurs  qui 
se  trouvaient  dans  le  vestiaire  ou  les  coulisses,  —  ou  encore  des  petits 
enfants  s'échapper  des  bras  de  leurs  mères,  sur  la  scène,  une  tartine  de 
pain  beurré  à  la  main,  pour  s'aller  jeter  dans  les  jambes  de  leur  père  qui 
déclamait  gravement  son  rôle  de  prince,  de  roi  ou  d'évèque.  Quelques 
spectateurs  en  riaient  bien  un  peu,  mais  sans  y  trouver  grand'chose  à 
redire. 

La  représentation  donnée  en  1867,  à  Saint-Brieuc,  avait  été  plus 
satisfaisante  dans  son  ensemble.  Mais  aussi  la  troupe  de  Pluzunet  a  perdu 
depuis  plusieurs  de  ses  meilleurs  acteurs,  le  vieux  Goêlo,  par  exemple, 
qui  était  excellent  dans  le  rôle  de  l'évéque  et  aussi  dans  celui  de  la  sor- 
cière, car  il  les  remplissait  tous  les  deux,  tour  à  tour;  — et  Huon,  qui 
jouait  à  merveille  le  rôle  du  traître  Kervoura;  —  et,  enfin,  Le  Pennée, 
un  roi  Arthur  plein  de  majesté  et  de  dignité. 

-  La  troupe  de  Pluzunet,  qui  est  pleine  de  bonne  volonté  et  renferme 
de  bons  éléments,  se  perfectionnera  facilement,  avec  quelques  conseils, 
de  l'exercice  et  de  l'étude.  Elle  mettra  plus  de  goût  et  de  couleur  locale, 
si  c'est  possible,  dans  les  costumes,  et  surtout  étudiera  davantage  le  débit 
et  la  prononciation,  si  défeaueuse  chez  quelques-uns.  D'autres  ont  très- 
peu  de  chose  à  faire  pour  être  excellents.  Us  pourront  ainsi  arriver,  sans 
tarder,  à  présenter  un  ensemble  plus  satisfaisant,  de  manière  à  aller  don- 
ner des  représentations  dans  les  cantons  voisins  et  même  dans  les  villes. 
Nous  leur  promettons  un  grand  succès,  s'ils  parviennent,  comme  nous 
l'espérons,  à  réaliser  les  améliorations  que  nous  leur  indiquons.  Ce  serait 
en  effet  une  nouveauté  et  un  spectacle  digne  du  plus  grand  intérêt  qu'un 
vieux  mystère  breton,  dramatique  et  émouvant  comme  l'est  Sainte  Try- 
phine, joué  suivant  l'ancienne  tradition  par  de  bons  acteurs  ruraux,  com- 
plètement illettrés,  et  ne  connaissant  pour  la  plupart  que  leur  idiome 
national,  le  bas-breton. 

F. -M.  LuzEL. 


MOTS  BRETONS 


DANS  LES  CHARTES  DE  L'ABBAYE  DE  BEAUPORT 

(côtes-du-nord)  . 


Les  documents  qui  ont  servi  de  base  au  présent  travail  sont  conservés 
aux  archives  départementales  des  C6tes-du-Nord  à  Saint-Brieuc.  Ils  ont 
été  publiés  par  MM.  Geslin  de  Bourgogne  et  A.  de  Barthélémy  dans  le 
t.  IV'  de  leurs  Anciens  évèchés  de  Bretagne^  p.  8-1 3^  4$-'250.  Lors  de  la 
mission  que  le  ministère  de  instruction  publique  m'a  donnée  pour  étu- 
dier la  Bretagne  et  sa  langue,  j'ai  collationné  avec  les  originaux  le  texte 
imprimé  :  je  l'ai  trouvé  habituellement  fort  exaa,  mais  j'ai  cependant 
porté  sur  les  marges  de  mon  exemplaire  quelques  corrections,  et  c'est  la 
leçon  rectifiée  qui  sera  employée  ici. 

Les  tables  du  Cartulaire  de  Redon  nous  donnent  les  noms  bretons  sous 
une  forme  ancienne  que  l'on  trouve  aussi  dans  le  cartulaire  de  Landévé- 
nec.  Les  noms  propres  contenus  dans  les  chartes  de  Beauport  nous 
transportent  à  une  période  plus  récente  et  cependant  antérieure  aux  plus 
anciens  textes  bretons  connus,  à  la  Vie  de  sainte  Nonne  et  au  Catholicon 
de  Lagadeuc.  Ils  nous  fournissent  pour  l'histoire  de  la  langue  bretonne, 
à  une  époque  de  transition,  des  renseignements  plus  sûrs  que  les  preuves 
de  dom  Morice  dont  les  leaures  sont  toujours  sujettes  à  caution. 

Des  observations  nombreuses  que  notre  recueil  pourra  suggérer  aux 
érudits,  nous  nous  bornons  à  en  signaler  une. 

Le  nom  de  Fragan^  antérieurement  Fracan^  qui  se  trouve  dans  la  pré- 
sente liste,  est  identique  à  celui  du  père  de  saint  Guénolé.  Fracan, 
cousin  de  Catoun,  roi  de  la  Grande-Bretagne,  quitta  sa  patrie  pour  venir 
s'établir  en  un  canton  inhabité  de  l'Armorique,  avec  Guéthénoc  et 
Jacques,  ses  fils  atnés,  et  Alba,  sa  femme,  qui  lui  donna  bientôt  un  troi- 


)96  Mots  bretons  dans  les  chartes 

sième  fils,  Guingualoej  dit  aujourd'hui  saint  GuénoIé^  Le  nom  breton 
de  Fracan  parait  identique  à  l'irlandais  Fraocan,  nom  d'un  druide  du 
vi«  siècle >  et  d'un  personnage  mythologiques  La  présence  d'un  nom 
irlandais  en  Grande-Bretagne  à  Pépoque  de  l'émigration  en  Armorique 
n'a  rien  d'étonnant.  Nennius,  §  14,  donne  pour  Scotsles  fils  de  Liethali 
(c  qui  occupèrent  le  pays  des  Dimetae,  où  est  la  cité  de  Menavia^  la  pro- 
cc  vince  de  Guiher  et  Cetgueli  qu'ils  possédèrent  jusqu'au  temps  où  ils 
i(  furent  chassés  de  toute  la  Bretagne  par  Cunedda  et  ses  fils.  »  Nennius 
revient  encore  sur  ce  fait  au  §  624.  M.  Whitley  Stokes  a  signalé  à  l'at- 
tention des  savants  un  important  texte  irlandaise  qui  confirme  l'assertion 
de  l'historien  breton.  Quelques-uns  des  Irlandais  établis  en  Grande-Bre- 
tagne sur  les  côtes  qui  regardent  l'Irlande,  se  laissèrent  entraîner  en  Gaule 
par  le  courant  de  l'émigration  bretonne.  De  là  le  nom  de  Fracan  dans  les 
cartulaires  de  Landévénec  et  de  Redon  ;  de  là  surtout,  dans  le  Cartulaire 
de  Redon,  le  nom  de  Fili  identique  au  nom  commun  irlandais  fUe,  le  nom 
de  Finitan,  en  irlandais  Finntan^,  le  nom  de  Finius,  en  irlandais  Finne?, 
dérivé  de  Finn;  le  nom  de  Fredorius  qui  parait  présenter  avec  le  sens 
d'agent  une  formation  identique  à  celle  du  nom  abstrait  vieil  irlandais 
«  frithairey  action  de  veiller,  »  aujourd'hui  friothaire^.  Fredorius  vou- 
«  drait  dire  celui  qui  veille.  » 

Le  plus  fréquent  peut-être  de  ces  noms  irlandais^  dans  le  Cartulaire  de 
Redon,  est  Finit,  dérivé  de  Finn,  Finit  dont  Finitan  est  lui-même  un  di- 
minutif. On  trouve  Finit  avec  une  désinence  latine  dans  les  inscriptions 
romaines  du  Norique9.  Y  aurait-il  eu  dans  ce  pays,  sous  l'empire,  quel- 
ques émigrés  irlandais  ou  pietés,  ou  chez  quelques  personnes  une 
tendance  à  prononcer /le  v  initial  comme  le  faisaient  les  Pietés,  comme 
le  font  les  Irlandais  ? 

A,  forme  abrégée  de  l'article  dans  Kar-a-Buron,  1271^  p.  192,  et 
Kar-a-Burun^  1239,  p.  107;  I24i,p.  ni  ;  1242,  p.  112.  Voyez  i4 m, 
E,  En. 


1.  Cartulaire  de  Landévénec,  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Quimper,  f*"  11-14;  cf. 
Morice,  preuves,  1. 1,  col.  176. 

2.  Annals  ofthefour  Uasters,  édition  O'Donovan,  t.  I,  p.  194-195. 

3.  Ibidem,  p.  48. 

4.  Cf.  Skene,  The  four  ancient  books  0/  Walts^  t.  I,  p.  47,  80. 

5.  Thru  irish  glossaries,  p.  xlviii,  29-30;  Saaas  Cormaic,  p.  m;  cf.  O'Donovao, 
Annab  of  the  four  Masters,  I,  125. 

6.  Sanas  Cormaic^  p.  iio;  cf.  O'Curry,  On  Manners,  III,  59-61. 

7.  O'Curry,  On  Manners,  II,  387. 

8.  Sanas  Cormaic,  p.  77. 

9.  Corpus,  m,  4973,  4975,  5024,  5080,  5143,  5147,  5172,  5Ï96,  5248, 5265, 5Jo6, 
5344,  5361,  5347,  5392,  5512;  cf.  Brambach,  1883,  ^^  P^us  bas  Aufredus. 


de  Pabbaye  de  Beauport.  397 

Aanor^  nom  de  femme,  1240,  p.  110;  1263,  p.  167;  1267,  p.  178, 
est  une  variante  i'Azenoria^  1266,  p.  175  ;  et  il  désigne  la  même  per- 
sonne. Voyez  aussi  Adenor^  Adenoria^  Aenor^  Azenor. 

Abat  y  nom  d'homme,  1267,  p.  179. 

Ade  {clausum)  1279,  p.  185. 

Adeguisen  dans  Kar-Adeguiseriy  1263,  p.  165. 

Adem^  surnom  de  Conanus,  1266,  p.  171  ;  de  HamOf  1269,  p.  183  ; 
cf.  Azem. 

Adenor,  nom  de  femme,  1260,  p.  157  ;  1273,  p.  196;  1278,  p.  203, 
se  trouve  déjà  au  xi^  siècle  dans  une  charte  de  BenoU,  évéque  de  Nantes, 
Cartulaire  de  Redon^  p.  250,  est  identique  à  Adenoridy  Azenor,  Azenoria, 
Aanor^  Aenor, 

Adenoria,  nom  de  femme,  1 251,  p.  193  ;  voyez  le  précédent. 

Adgan,  nom  d'homme,  1 2  5 1 ,  p.  1 3  3 ,  se  trouve  sous  les  formes  Adgan 
et  Adgant  dans  des  chartes  du  ix«  siècle  reproduites  par  le  Cartulaire  de 
Redon,  p.  10,  194,  220,  etc. 

Adgat  dans  Ploe-Adgat^  ^^9^}  P-  12;  Plo-Adgat,  1241,  p.  110; 
i2f5,  p.  142;  1258,  p.  )  51  ;  voyez  Agat. 

Adguen,  nom  d'homme,  1245,  p.  121. 

AdyoUf  nom  de  femme^  1278,  p.  203  ;  voyez  Aziou. 

Aelon  dans  Gorm-Aelon,  1220,  p.  77  ;  1263,  p.  166  ;  paratt  dérivé 
d^ael,  en  gallois  «  sourcil  ».  Voyez  Ailon, 

Aenor,  nom  de  femme,  1245,  p.  118;  voyez  i4â/ior^i4i^nor,  Adenoria, 
Azenor,  Azenorid, 

Agat  dams  Plo- Agat,  1207,  p.  63;  1232,  p.  93;  1237,  p.  104; 
1 241,  p.  III  ;  1255,  p.  143  ;  1258,  p.  151  ;  1 261,  p.  159;  1264, 
p.  169;  1269,  p.  184;  Ploi-Agat  126J,  p.  6j  ;  voyez  Adgat. 

Agoubaici  [Eado],  1202,  p.  51. 


1230, 

1237, 

1257, 
1267, 

1307, 


Aha  dans  Plo^Aha^  1202,  p.  48  ;  1206,  p.  60  ;  1207,  p.  64 
p.  87;  1231,  p.  90;  1232,  p.  92;  1233,  p.  96;  1235,  p.  99 
p.  loi,  102;  1245,  p.  118;  1253,  p.  140;  1255,  p.  143 
p.  147;  1261,  p.  163  ;  1263,  p.  166,  167  ;  1264,  p.  168,  170 
p.  177,  178;  1271,  p.  193  ;  1287,  p.  209;  1288,  p.  210,  211 
p.  219.  Voyez  Azha,  Aza, 

Ailon  dans  Corm-ailon^  1220,  p.  77,  parait  dérivé  à*ael,  en  gallois 
€  sourcil  ».  Voyez  Aelon,  Alanus,  Alon, 

Alanasbacq,  surnom  de  WUlelmus,  1242,  p.  112.  Cf.  Lanabasc.  Peut* 
être  doit-on  lire  Alan-Habasc,  c  haleine  douce  ». 

i4/a/ztt5i,  1184-1189,  p.  12;  ii89(vidimusde  I2i9),p.  9;  1202, p. 48, 
50,  57;  1203, p.  J9;i206,p.  59;i2o8, p. 66;  1220,  p.  74,  75;  1233, 


398  Mots  bretons  dans  les  chai[tes 

P-95^97;  ï^?4»P-98;  "^ÎÎtP-  *oo;  i2J7,p.  101;  I2j8,p,  ro6; 
I2Î9,  p.  107,  108;  I24J,  p.  114;  1245,  p.  119,  !2o,  121;  1247, 
p.  124,  125,  128;  1251,  p.  IJ4;  1252,  p.  IJ4,  i}6,  1^7;  125J, 
p.  1J7,  139;  i2S4,p.  140,  141;  1255,  p.  142;  1256,  p.  145;  1257, 
p.  147,  149;  1260,  p.  154,  156,  158,159;  126},  p.  166,167;  1266, 
P-  i73>  175  >  1^67,  p.  178,  179;  1268,  p.  180,  181  ;  1269,  p.  184, 
185;  1270,  p.  187,  189;  1271,  p.  190,  19J;  1277,  p-  201,202; 
1278,  p.  203;  1284,  p.  206;  1294,  p.  212  ;  1298,  p.  215.  Ce  nom 
est  fréquent  dans  le  Cartulaire  de  Redon  dès  le  ix*  siècle. 

Alanus^  dans  Gorm^alanus,  121 1,  p.  78,  parait  une  variante  à^Alon. 

Alfredus^  nom  d'homme,  11 89  (vidimus  de  12 19),  p.  9.  Voyez  Au- 
fredus. 

Aimer  (Portas),  1245,  p.  121. 

Alon  dans  Gorm-Alon,  1263,  p.  166,  parait  une  variante  dUUon. 
Voyez  Alanus, 

Alsiizm  Kaer-Alsi,  1224,  p.  81. 

Alvagor^  nom  de  lieu,  1264,  p.  167.  Voyez  le  suivant. 

Alvaugor^nom  de  lieu,  1222,  p.  78;  1224,  p.  80;  1231,  p.  89; 
1234,  p.  98.  WojezAvalgor. 

Alveus,  nom  d'homme,  1202,  p.  51  ;  121 5  p.  71  ;  se  trouve  dans 
le  Cartulaire  de  Redon  dès  le  ix*  siècle. 

Am,  forme  de  l'article  dans  Ker-am-Buron,  1266,  p.  173.  Voyez 
A^En. 

Andolet  (villa),  1268,  p.  177.  Voyez  Han-gant. 

Ar,  près  de,  dans  Ar-morium, 

Arel^  nom  d'homme,  1222,  p.  78.  C'est  peut-être  le  même  que  Ere/* 
lus  dans  Bot-ErelU,  ix«  siècle,  Cart,  de  Redon^  p.  170. 

Arellou^  nom  d'homme,  1237,  p.  103,  parait  dérivé  du  précédent. 

Argant,  dans  Kair-Guen-Argant,  1252,  p.  136. 

Armorium,  près  de  la  mer,  terme  géographique,  1271,  p.  188,  191. 

i4rzzou,  nom  d'homme,  1217,  p.  71. 

Arziou  (terra),  1260,  p.  159. 

Audrain  (castrum),  1202,  p.  50;  1222,  p.  79.  Voyez  le  suivant. 

Audren  dans  Run-Audren,  1202,  p.  48  ;  1266,  p.  171.  Voyez  le  pré* 
cèdent  et  les  suivants. 

Audreni  (castrum)  1 184-1 189,  p.  8  ;  1206  (vidimus  de  1225),  p.  62; 
1207,  p.  64;  1255,  P*  14^  7  1^59)  P*  M^  ;  1261,  p.  162;  1269,  i^^y 
1 84.  Voyez  les  deux  précédents  et  les  deux  suivants. 

Audroeni  (castrum],  1251,  p.  134.  Voyez  les  trois  précédents  et  le 
suivant. 


d€  Pabbaye  de  Beauport.  399 

Audroin  [castmm)^  1234,  p.  99.  Voyez  les  précédents.  La  forme  la 
plus  ancienne  de  ce  nom  de  personne  dans  le  Cartulaire  de  Redon,  est 
Alt-Roen.  Le  premier  terme  parait  identique  au  latin  altus  et  au  breton 
armoricain  Aot  (dans  Lagadeuc  Aut)  <k  rive  ».  Le  second,  dont  la  forme 
la  plus  complète  dans  le  Cartulaire  de  Redon  est  Roiant  »»  Riganto-Sy  ne 
diffère  en  rien  du  breton  armoricain  moderne  roué  «  roi  »,  écrit  encore 
roen  dans  la  Vie  de  sainte  Nonne.  Le  breton  Audrain,  Audren  signifierait 
peut-être  c  Haut  Roi  ». 

Auffredus,  nom  d'homme,  1260,  p.  1 57.  Voyez  les  deux  suivants. 

Aufredi  (vUla).  125},  p.  137.  Voyez  les  suivants. 

Aufredus^  nom  d'homme,  1207,  p.  63;  1230,  p.  88,  89;  1233, 
p.  ICI  ;  1245,  p.  123  ;  1260,  p.  1 59.  Voyez  Alfredus.  La  forme  la  plus 
complète  de  ce  nom  dans  le  Cartulaire  de  Redon  est  Alt-Frid  p.  ij,  29. 
C'est  une  charte  du  ix^  siècle  qui  nous  la  fournit.  Le  premier  terme 
est  identique  au  premier  terme  d' Audroin  :  le  sens  du  second  (Fridy 
plus  anciennement  Frit)  nous  est  inconnu,  bien  qu'il  se  trouve  dans  des 
noms  propres  composés  gallois,  et  qu'on  le  reconnaisse  dans  le  composé 
Roa-Fritus  d'une  inscription  antique  de  Ratisbonne  {Grammalica  celtica, 
2' édition,  p.  16}). 

Aarillous^  nom  d'homme,  1271,  p.  192,  193. 

Auious  {villa)y  1232,  p.  93. 

iivâ/gor^  nom  de  lieu,  1244,  p.  116;  1253,  p.  138;  1264,  p.  169. 
Voyez  Alvagor  et  les  deux  suivants. 

Avaogor,  nom  de  lieu,  1253,  p.  1 37.  Voyez  Avalgor  et  Avaugor. 

i4i/â2igor,  nom  de  lieu,  1233,  p.  98;  1243,  p.  114;  1244,  p.  115; 
1247,  p.  124;  1254,  p.  141;  1256,  p.  146;  1257,  p.  147;  1263, 
p.  205.  Voyez  Avalgor. 

Aza  dans  Plo-Aza,  1259,  p.  152,  153;  1262,  p.  165  ;  1267,  p.  178, 
179,  180;  1271,  p.  187,  191;  dans  Ploe-Azay  1453,  p.  220.  Voyez 
Aha^  Azha. 

Azem^  nom  d'homme,  p.  1271,  p.  192.  Cf.  Adem, 

Azenor,  nom  de  femme,  1259,  p.  153.  Voyez  Aanor,  Adenor,  Aenor. 

Azenoriaj  nom  de  femme,  1266,  p.  175.  Voyez  Adenoria^  Azenor, 
Aenor. 

Azha  dans  Plo-Azha,  1264,  p.  168.  Voyez  Aha,  Aza. 

Aziou,  nom  de  femme,  1247,  p.  128.  Voyez  Adyou, 

Azou,  nom  de  femme,  1266,  p.  171  ;  1271,  p.  189.  Voyez  Hazou. 

Baalou  dans  Kar-Baalou,  1233,  p.  98. 

Baelec  dans  Quoer-^nr-Boelec,  «village  du  prêtre»,  1260,  p.  157^ 
aujourd'hui  belec  et  en  gallois  balawg. 


400  Mots  bretons  dans  Us  chartes 

BagaSy  nom  de  lieu,  1209,  p.  67. 

Balanec,  dans  Ploe-Balanec,  1267,  p.  179;  1271,  p.  194  ;  dans  P/o- 
BakneCy  1268,  p.  180;  dans  Ple-Balanec,  1274,  p.  199.  Cest  une 
forme  relativement  moderne  de  Banazlec. 

Salin,  surnom  d'Eudo^  1233,  P*  94* 

Banazlec  dans  Ploi-Banazlec,  I2}0,  p.  88.  Voyez  Banalec,  qui  a  perdu 
le  z  de  la  seconde  syllabe;  et  Salante,  où  il  y  a  une  métathèse,  et  qui  a 
perdu  le  z  conservé  par  le  nom  d'arbuste  balaznen  (genêt)  dans  le  Ca- 
tholicon.  On  dit  banadl  en  gallois,  plus  anciennement  banadil,  et  en  cor- 
nique  ancien  banathel,  Grammatica  celtica,  2^  édition,  p.  820.  Banazlec 
veut  dire  «  lieu  planté  de  genêt  ». 

Banalec  dans  Plou^Sanalec,  1232,  p.  93  ;  Ploe-Banalec^  1257,  p.  149; 
Plo'Sanalec,  1239,  p.  109;  1240,  p.  109;  1242,  p.  113;  1250,  p.  132; 
1255,  p.  142.  Voyez  Banazlec  et  Panalech-,  comparez  Benalec  dans  Bot- 
Benalech^  1224-122J,  Cart.  de  Redon^  p.  350. 

Banalech  dans  Plo-Banalech,  1 2  j  i ,  p.  1 34.  Voyez  Banazlec. 

Sarze  (le),  nom  d'homme,  1284,  p.  206.  Oh  trouve  le  nom  de  femme 
Barza  dans  une  charte  du  xii*'  siècle,  1113-1139,  Cart,  de  Redon^  p.  325. 
Comparez  le  gaulois  latinisé  Bardas, 

Barvoit  (le),  nom  d'homme,  1272,  p.  196,  parait  dérivé  de  fr^rv, 
a  barbe  ». 

Bec  (le),  surnom  d^Ynisan^  1260,  p.  157. 

Segar,  abbaye,  1202,  p.  50,  j7  ;  1224,  p.  82  ;  1247,  p.  128;  1264, 
p.  168. 

Begin  {villa),  1260,  p.  158;  1269,  P-  ^82. 

Belli  (villa  que  dicitur)^  1266,  p.  176. 

Sen,  dans  le  nom  de  lieu  Gwyr-Ben,  1220,  p.  73,  tient  lieu  du  pri- 
mitif pen  ce  bout  ».  Voyez  ce  mot. 

Bencius^  nom  d'homme,  1247,  p.  128. 

Berre  {le) ^  surnom  d^Herveus,  1257,  p.  148;  —  de  Guillelmus,  12 J7, 
p.  149;  —  de  Eudo  1263,  p.  164;  —  de  Jean,  1267,  p.  180.  Ce  mot 
est  identique  à  l'adjectif  ^err  «  court  ».  Voyez  le  suivant. 

Berre  (villa),  1271,  p.  187.  Voyez  le  précédent. 

Bertou,  surnom  de  Guillelmus,  1271,  p.  191;  —  dt  Lucas,  1271, 
p.  192  ;  nom  d'homme,  1284,  P-  206.  Voy.  le  suivant. 

Bertou  (terra),  1287,  p.  209.  Voy.  le  précédent. 

Beric  (cruces  de),  1259,  p:  IJ3. 

Bigniguez  (insula),  1214,  p.  70.  Voyez  Biniguet,  Sinnigneth. 

Bihan  dans  Plo-Bihan,  1202,  p.  57,  est  un  adjectif  signifiant  «  petite» 
et  parait  le  même  que  le  suivant. 


de  Pabbaye  de  Beauport.  40 1 

Biheiiy  surnom  de  Guillou,  1247,  p.  126.  Voyez  le  précédent. 

Billio  {fons),  125  j^  p.  138. 

Billon  (bascus),  1260,  p.  158;  1269,  p.  182,  184. 

Biniguet  (insula  de),  1202,  p.  48.  Voyez  Bigniguez  et  les  suivants. 

Biniguez  {insula  de],  1214^  p.  70. 

Binnigueth  {insula  de),  1202,  p.  4$.  Voyez  Bigniguez  et  le  précédent. 
Binniguet  parait  le  participe  passé  du  verbe  binnisien  a  bénir  »,  mais 
Bigniguez  ne  se  comprend  pas. 

BirsiCj  nom  de  lieu,  1271 ,  p.  194,  apparaît  comme  nom  d'homme  au 
xi^  siècle  dans  le  Cart.  de  Redon,  p.  281^  282. 

Bisic,  nom  de  lieu,  1215,  p.  71. 

Bide  dans  Quar-Bizic,  1257,  p.  149. 

Bleiz  dans  Poll'Bleiz,  «trou  de  loup»,  1242,  p.  114.  Une  forme 
plus  ancienne  Bleid,  dans  Bleid-Baraj  Cart.  de  Redon,  p.  18$.  Une 
forme  plus  ancienne  encore,  Bled,  est  conservée  par  le  dérivé  Bledic 
même  siècle,  ibidem,  p.  2,  74,  1 36. 

Blen-luet  [villa],  12$6,  p.  143.  Comparez  le  nom  d'homme  Blen- 
liwet  que  nous  fournissent  des  chartes  du  ix^  siècle  conservées  par  le 
Cart,  de  Redon,  p.  50,  77-78,  88.  Le  second  terme  liwet  était  déjà 
contracté  en  lueî  en  1108,  Cart,  de  Redon,  p.  333.  Le  premier  terme 
B/^n  est  écrit  B/m  dans  B///2-/iv^  en  I  ICI,  Car/,  de  Redon,  p.  322.  ^ 
Blenhuet  est  appelé  ailleurs  Breluet. 

Blenou,  surnom  i^Eudo,  1238,  p.  106  ;  —  d'Alanus,  124$,  p.  119. 

Blenou  {Herbertus  de),  1220,  p.  76. 

Bocahou,  contracté  pour  Bot-gadou,  nom  de  lieu,  1220,  p.  77. 

Bocer  (le)^  nom  d'homme,  1284,  p.  206. 

Bodediec,  nom  de  lieu,  1258,  p.  51.  Le  même  que  le  suivant;  parait 
un  composé  dont  le  premier  terme  serait  bot. 

Bodedieuc,  nom  de  lieu,  1269,  p.  184,  le  même  que  le  précédent. 

Bolbal  \feneur(i\,  1288,  p.  211. 

Bolemer  (collis),  1212^  p.  68. 

Bollemer  (mons),  1294,  p.  211. 

Bohi  (Oliverius  de),  1202,  p.  57. 

Boloi  (Nobilis  de),  1202,  p.  58. 

Boquen  (Le),  nom  d'homme,  1284^  p.  206. 

Boquien,  abbaye,  1247,  P-  i^^- 

Borgone  (villa),  1266,  p.  11  j.  Voyez  Borguein. 

Borguen  (le),  nom  d'homme  (?),  1220,  p.  75. 

Borguein  (villa),  1266,  p.  17}.  Voyez  Borgone, 

Borriveit  (le),  nom  d'homme  (P),  1245^  p.  121. 

Ra.  Celt.  tu  28 


402  Mots  bretons  dans  les  chartes 

Boterus,  nom  d'homme,  1 189^  p.  9  (vidimus  de  1219). 

Boty  «propriété»,  dans  BocahoUy  1120,  p.  77;  BotchatoUy  1207, 
p.  64;  BotebolenCj  1245,  P-  ^^91  Boterel^  i^oo^  p.  217;  BotgaâoiL, 
1198,  p.  12. 

Bot-chatoa,  nom  de  lieu,  1207,  p.  64.  Voyez  Bocahou^  Botgadott. 

Bot-ebolenc^  nom  de  lieu,  1245,  P-  >  '9- 

Bot^erel,  surnom  de  Johannes  et  d^Oliverlus ^ijoOf  p.  217»  est  un  ncHn 
de  lieu  dans  une  charte  du  ix*  siècle,  Cart.  de  Redon^  p.  170. 

Bot-gadott,  nom  de  lieu,  1 198,  p.  12.  Voyez  Bocahou,  Botckatou. 

Brahec  {portus)^  145;,  p.  220. 

Bras^  i<  grand  >  dans  Peliou-Bras^  i2)i>  p.  90. 

Brehant  (villa) ^  1202,  p.  48. 

Brelemon  (v///a),  14J},  p.  220. 

Breluet  (villa),  1255,  p.  14 j  ;  12 $9,  p.  1 52.  Voyez  Blenhuet. 

Brem  dans  Kacr-Brem,  1274,  P-  i99- 

Bres  dans  Kar-Bres^  1242,  p.  113. 

Br^se/ c  guerre  >,  surnom  de  Gm&/mii5^  1271,  p.  191,  192;  1273, 
p.  199,  se  trouve  au  ix^  siècle  dans  plusieurs  composés  et  dérivés  con- 
servés par  le  Cart.  de  Redon.  Voy.  Brisd, 

Breselec  <c  guerrier»,  surnom  d'Eudo,  1279,  P*  ^^4'  Parait  sous  la 
forme  Breseloc  dans  une  charte  du  ix*  siècle  conservée  par  le  Cart.  de 
Redon,  p.  j8. 

Bresioa  iztïs  Quaer^BrezioUj  1256,  p.  145. 

Bret  (le),  surnom  de  Gaufridus,  1237,  p.  103.  Comparez  Brit  dans 
plusieurs  composés  du  ix*  siècle  conservés  parle  Cart.  de  Redon ^  comme 
Al'Brity  Wen-Brit,  etc. 

Briach  dans  Minihi-Briach,  1224,  p.  81. 

Bria/,  nom  de  paroisse,  1244,  p.  116,  117;  12J9,  p.  153.  Voyez 
Brihat. 

BrienciuSy  nom  d'homme,  1217,  p.  71  ;  1237,  p.  104;  1243,  p.  114; 
1261,  p.  162,  163;  1284,  p.  206.  C'est  une  forme  latinisée  de  Brient 
dans  deux  chartes  du  ix*  siècle  conservées  par  le  Cart.  de  Redon,  p.  14, 
213.  La  forme  la  plus  ancienne  serait  Brigantis,  thème  du  pluriel  Bri- 
ganteSy  Brigant,  d'où  est  dérivé  Brigantia  {Grammatica  celtica,  2^  édition, 
p.  798,  845) .  Brigant  peut  être  dérivé  d'un  adjectif  gaulois  brigos  au  mas- 
culin, briga  au  féminin,  qui  signifiait  c  élevé  »  et  qui  était  au  féminin 
employé  substantivement  dans  le  sens  de  «c  colline  i>,  «  hauteur»  (Gram- 
matica celtica^  2^  édition,  p.  86).  C'est  peut-être  aussi  un  nom  mytholo- 
gique, celui  de  la  déesse  Brigit. 

Brihaty  nom  de  paroisse,  1252^  p.  142.  Voyez  Briat^Brihiat. 


de  Vahhajt  de  Beauport.  403 

Brihiat^  nom  de  paroisse,  1214,  p.  70;  1219,  p.  72;  1141,  p.  fio; 
12489  p.  129. 

Briselj  «guerre»^  surnom  de  GuillelmaSy  1292,  p.  211.  Voyez 
Bresei 

Brinn  (dauswndictum)^  126),  p.  165. 

Brochemer^  surnom  de  GuillelmuSy  i2;o,  p.  88. 

Bmnazdaxis  Ker-Brunaz,  1240,  p.  109.  Voyez  le  suivant. 

Brunaz(riUa),  125},  p.  144.  Voyez  le  précédent. 

Baron  (villa)  ^  1 184-1 189,  p.  8.  Le  même  que  les  suivants. 

Baron,  dans  Kaier-en-Baron^  1202,  p.  47;  Quar-^n-BuroRy  126}, 
p.  167;  Ker-am-Barony  1266,  p.  17};  Kar-a^Buron^  1271,  p.  192. 
Voyez  le  précédent  et  les  suivants. 

Barum  dans  Car-^-Buram,  1202,  p.  45.  Voyez  les  précédents  et  les 
suivants. 

Baran  dans  Kar-a-Barunj  1239,  p.  107;  1271,  p.  192.  Voyez  les 
précédents.  C'est  sous  cette  forme  que  ce  nom  apparaît  dans  le  Lai  da 
frine  où  Marie  de  France  raconte  les  aventures  d'un  seigneur  breton 
appelé  Baran  (t.  I,  p.  156). 

Bazioa  (villa),  1264,  p.  169,  170. 

Cad,  dans  Cad'i>aalain,  123),  p.  98;  Cad-oret,  1298,  p.  216,  Cad- 
vezen^  1269,  p.  184;  Cad-aguel,  i2;79p.  103;  est  identique  au  thème 
gaulois,  cata  veut  dire  «  bataille  »,  est  encore  écrit  cat  dans  les  chartes 
du  IX**  siècle  conservées  par  le  Carî.  de  Redon.  Voyez  kad. 

Cadioa,  surnom  à^Eado,  1255,  p.  142;  —  nom  d'homme,  1284, 
p.  206. 

Cad-oreî,  surnom  de  Johannes^  1 298,  p.  2 16  ;  apparaît  déjà  sous  cette 
forme  dans  charte  de  1 1 24-1 1 2  5 ,  Cart.  de  Redon,  p.  }  5 1 ,  est  écrit  Cat- 
woret  dans  les  chartes  du  ix*  siècle  conservées  par  ce  cartulaire  ;  et 
parait  signifier  a  premier  dans  le  combat  ». 

Cad-oaalain,  surnom  i'EnisanaSy  12;;,  p.  98;  est  écrit  Cat-walbn 
dans  le  Cart.  de  Redon  et  parait  signifier  (c  puissant  dans  le  combat  ». 

Câi-a^uW,  surnom  d'Etienne,  1237,  p.  103. 

Cad-vezen  (villa)  ^  1269,  p.  184.  Ce  nom  est  identique  à  un  nom 
d'homme  pour  lequel  le  Cart.  de  Redon  donne  trois  orthographes  :  dans 
des  chartes  du  ix*  siècle  Cat-weten,  p.  17,  20,  $4,  65,  81,  97,  etc., 
Cat'jvethen,  p.  6,  15,  204^  105,  dans  une  charte  du  xi'  siècle,  Cat-gae- 
then,  p.  231.  Le  second  terme  semble  identique  au  breton  armoricain 
gaezn,  aujourd'hui  gtven^  fort,  souple,  difficile  à  rompre;  en  gallois 
givydn.  Si  l'on  admet  cette  traduction  qui,  du  reste,  n'est  pas  sans 


404  Mots  bretons  dans  les  chartes 

quelque  dffîculté,  le  composé  signifierait  «  souple ,  vigoureux  guer- 
rier ». 

Caer  «  village  »,  dans  Caer-^markoken,  1264,  p.  68.  Voyez  Car^  Kaer^ 
Kaier,  Kair,  Quaen  La  forme  caer  se  trouve  dans  une  charte  du  ix*  siècle 
conservée  par  le  Cart.  de  Redon^  p*  $5*  ^^s  variantes  chaer,  kaer,  qui 
ne  diffèrent  que  par  l'orthographe,  se  rencontrent  dans  des  chartes  de 
la  même  époque,  ibid.^  P*  5$>  $9* 

Caer-marhoken,  nom  de  lieu,  1264,  p.  168. 

Cafely  nom  de  lieu,  1271,  p.  193. 

Cahanergere,  nom  de  lieu,  1246,  p.  123. 

CâAou,  dans  Bo-cahou^  1220,  p,  77,  est  identique  à  Gadou,  dans 
Botgadott^  i  198,  p.  12  ;  et  à  Chatou  dans  Bot-chatou^  1207,  p.  64. 

CalenuSy  surnom  de  Stephanus^  1307,  p.  219. 

Cam,  nom  d'homme,  1257,  p.  149.  C'est  un  adjectif,  qui  signifie  en 
général  «  courbé  »,  et  qui,  appliqué  à  un  homme,  veut  dire  «boiteux  ». 
Un  composé  dont  cet  adjectif  est  le  second  terme  est  Bis-cam  c  doigt 
crochu  »,  nom  d'homme  dans  une  chane  du  ix*  siècle  conservée  par  le 
Cart.  de  Redon.  Voyez  les  deux  suivants,  Cham  et  gam. 

Cam  (le),  nom  d'homme,  1284,  p.  206.  Voyez  le  précédent  et  le.  sui- 
vant. 

Cam  dans  Mais-cam^  «  champ  du  boiteux  »,  1245,  p.  121.  Voyez  les 
deux  précédents. 

Camion,  nom  d'homme,  1 198,  p.  12,  parait  dérivé  de  Cam. 

Camoelj  nom  d'homme,  1271,  p.  188. 

Car  pour  Caer  <c  village  »,  dans  les  composés  Car-ehoan^  1 2  5  2,  p.  135; 
Car4avx,  1252,  p.  136;  Car-moer,  I2j2,  p.  \}6;Car'reZy  i2j2, 
p.  135.  Voyez  Quar  et  Kar. 

Cariou,  surnom  de  GuillelmuSy  1229,  p.  87. 

Car^oarn  (villade),  1252,  p.  135. 

Carie,  surnom  de  Conanus,  1247,  p.  117. 

Car-laux,  nom  de  lieu,  1252,  p.  1 36. 

Car-moer,  nom  de  lieu,  1252,  p.  136. 

Car-rez  {terra  de)^  1252,  p.  135. 

Casec,  aujourd'hui  kauk,  a  jument  »  dans  Pol-casec,  «  fosse,  étang  de 
la  jument  »,  1 160,  p.  i  $7. 

Cenon^  nom  d'homme,  1266,  p.  177. 

Cham  (le),  nom  d'homme,  1260,  159;  —  surnom  d'Alanus^  1269, 
p.  183;  paraît  une  variante  orthographique  de  cam^  «  boiteux  »;  se 
trouve  comme  nom  d'homme  dans  deux  chartes  du  xi'^  siècle,  conservées 
par  le  Cart.  de  Redon,  p.  248,  275  ;  et  dans  une  charte  du  ïx«  siècle, 


de  Pabbaye  de  Beauport,  405 

Md.y  nous  voyons  une  saline  que  vocatur  Cham^  probablement  «la  saline 
du  Boiteux  »,  à  moins  que  ce  ne  soit  «  la  saline  courbée  ». 

Chatou  dans  Bot-chatouj  1207,  p.  64.  Voyez  Cahou,  Gadou. 

Chequou,  nom  d'homme,  1260,  p.  1 57. 

C(7/âriu5,  nom  d'homme,  I27i,p.  192. 

Cledier  (villa)  ^  paroisse  de  Ploezec,  1271,  p.  186.  Ce  nom  parait 
identique  à  clezier,  en  armoricain  moderne  kleuzier,  <c  fossoyeur  ». 

Clereziat  [Henricus  de)  ^  1266,  p.  171. 

Clezier,  i^ns  Kaer-en'Clezier^  1271,  f.  i88,  189,  paraît  identique  à 
cledier  et  signifier  a  fossoyeur  ». 

Clusiat  {Henricus  tia),  1255,  p.  142. 

Co  pour  coet,  coit,  «  bois  »,  dans  Co-malouariy  1202,  p.  47;  Co-mo- 
leam,  1202,  p.  57;  co-molœn,  1184-1189,  p.  9.  Voyez  coet,  coit,  cot, 
cou. 

CoeduSy  dans  Har-coedus^  1237,  p.  101,  est  une  forme  incomplète  de 
scoedy  «  bouclier  ». 

Coesel  (molendlnum),  1202,  p.  51. 

Coet,  «  bois»,  dans  Coet-Leran^  1268,  p.  182  ;  Coet-Lerien,  126), 
p.  167.  Cette  variante  de  coit  se  trouve  déjà  dans  des  chartes  du  ix«  s. 
conservées  par  le  Cart,  de  Redon  :  Lis-coet,  p.  6  ;  Coet-Haeloc,  p.  88  ; 
Coet-Boi^  p.  145.  Voyez  coit^  cot,  quoet. 

Coet-Leran,  nom  de  lieu,  1268^  p.  182.  Voyez  le  suivant  et  Coit- 
Leriau. 

Coet-Lerien,  nom  de  lieu,  126;,  p.  167.  Voyez  le  précédent  et  Coit- 
Lerian. 

CoffeCy  i  ventru»,  surnom d'Her^co^ii^,  1263,  p.  16;. 

Coforiy  surnom  d'ITryoedtfj,  1267,  p.  178.  Voyez  Cophon.  Ces  noms 
paraissent  dérivés,  comme  le  précédent,  de  cof^  «  ventre  ». 

Cohignacy  paroisse,  1220,  p.  75  ;  1240,  p.  109.  Voyez  les  suivants 
et  Couhignac. 

Cohinacy  1237,  p.  loj  ;  1243,  p.  1 14.  Voy.  le  précédent  et  les  sui- 
vants. 

CohinnaCy  1247^  p.  12$.  Voyez  les  précédents  et  le  suivant. 

CoignaCy  I2  54;p.  141  ;  1264,  p.  170. 

Co/r,  «  bois  »,  dans  Co(V£:rec,  1245,  p.  119,  120;  1246^  p.  126; 
1272,  p.  196;  Coit'Lerian  et  Coii-Lerien^  1245,  p.  120;  Coii-Main^ 
1254,  p.  147;  Coit-Maloan,  1247,  P-  '^8;  Coit-MarrigoUy  1251, 
p.  133  ;  Coit'Saliou,  1247,  p.  127.  Cette  variante  de  coef  se  trouve  dans 
une  charte  du  ix'  siècle  conservée  par  le  Cart.  de  Redon,  où  on  voit  le 
nom  de  lieu  Coit-Louh,  p.  87.  Voyez  coet,  col,  quoet,  goit. 


406  Mots  bretons  dans  Us  chartes 

Coit-Erec(insula  de],  124^,  p.  119,  120;  1247,  p.  iié-yCoit-Eru 
(de)^  surnom  d^omme,  1272,  p.  196. 

Coit'Lerian,  nom  de  lieu,  1245,  p.  120.  Voyez  Coet-Leran  et  le  sui- 
vant. 

Coit-Lerien^  nom  de  lieu,  1245,  p.  120.  Voyez  le  précédent  et  Coet- 
Lerien. 

Coit'Main,  «  bois  de  la  pierre,  »  1257,  p.  147. 

Coit-Maloan,  abbaye,  1247,  p.  128.  Voyez  Co-Malomn, 

Coit'Marrigon,  nom  de  lieu,  1 2  5 1 ,  p.  133. 

Coit'Saliou,  nom  de  lieu,  1247,  p.  127.  Voyez  Quoet-Salioa. 

CoitueZy  124),  p.  115. 

Colaieu  (villa),  1241,  p.  m. 

Coliouy  nom  d'homme,  1222,  p.  78;  1246,  p.  123. 

Collio,  surnom  de  JacutuSy  1237,  p.  104. 

Colloet  (terra),  1258,  p.  149;  —  (villa),  1266,  p.  176;  1287,  p.  209. 
Voyez  le  suivant. 

Colloit^  lieu  dit,  1231,  p.  90.  Voyez  le  précédent. 

Co-JIffl/oûa/i,  abbaye,  1202,  p.  47.  Voyez  Coit-Maloan^  Cot-Maloan 
et  les  suivants. 

Co-Moleam,  abbaye,  1202,  p.  57  ;  voyez  le  précédent. 

Co-Moloen,  abbaye,  1184-1 189,  p.  9.  Voyez  les  deux  précédents. 

Conani  (villa) ^  1233,  p.  98. 

Conanusj  nom  d'homme,  1 189  {vidimus  de  1229),  p.  9;  1202,  p.  45, 
49,  51;  1203,  p.  59;  1214,  p.  70;  1220,  p.  7Î,74;  1232,  p.  92; 
1233,  p.  96;  1243,  p.  iij;  1247,  p.  127;  1250,  p.  132;  1253, 
p.  139;  12$4,  p.  140;  1260,  p.  156;  1263,  p.  166;  1266,  p.  171, 
172,  174;  1269,  p.  185  ;  1271,  p.  187;  1294  p.  212.  Conanst  trouve 
dans  plusieurs  chartes  du  ix'  siècle  conservées  par  le  Cart.  de  Redon  et 
parait  dérivé  du  thème  cuno  «  haut  »  signalé  dans  quelques  mots 
gaulois. 

Conet,  surnom  de  Gaufridus^  1288,  p.  21 1  ;  parait  signifier  «  élevé  ». 
Comparez  le  gallois  coned, 

Cophon,  surnom  de  Gaufridus,  1 307,  p.  219.  Voyez  Cofon. 

Core,  a  nain  »,  surnom  d'O/zVmw,  1257,  p.  149.  Voyez  Corre. 

Corellou,  dans  Run-en-Corellou^  «  colline  des  danses  »,  1271,  p.  193. 

Corentin,  nom  d'homme  dans  Quemper^Corentin,  1247,  p.  128.  Ce 
nom  est  écrit  Courentin  dans  des  litanies  conservées  par  un  ms.  de  Saint- 
Martial  de  Limoges  du  xi*  siècle,  Bibl.  nat.,  lat.  1 1  $4. 

Corre  (le)  ^  a  le  nain»,  surnom  de  Gauf ridas,  1245,  p.  120;  —de 
Gaillelmus^  1284,  p.  206.  Voyez  Core  et  Gor. 


de  Pabbaje  de  Beauport.  407 

Correc  (fioetum  dè)^  1 2 5 },  p.  1  }8.  Voyez  les  suivants. 

Correc  (aqua  de\  1245,  p.  120;  1264^  p.  168.  Voyez  le  précédent 
et  les  suivants. 

Corroc  {aqua  de],  1202,  p.  48.  Voyez  les  précédents  et  le  suivant. 

CoTToc  {castrum  de)^  1282,  p.  47.  Voyez  les  précédents. 

Cosiiou  (ortus),  1264,  p.  168;  1266,  p.  176;  1267,  p.  178. 

Coty  dans  Cot-Maloan,  1 198^  p.  12.  Coct^  CaiU  Quoet^  Cou, 

Cot-Maloan,àbhsijty  1198,  p.  12.  Voyez  Co-Malouan^  Coit-Mcdoan, 
CoU'Malean. 

Cou  pour  Coit,  Coet  dans  Cou-Malean,  1245,  p.  118. 

Couffou  (turris).  1453,  p.  220. 

Couliiniac^  paroisse,  1220,  p.  75.  Voyez  Cohignac. 

Couy  dans  Cou-Malean^  «  bois  ».  Voyez  Coet  y  Coii,  Cet. 

Cou-Maleariy  abbaye,  1245,  p.  >  "8-  Voyez  Co-Malean. 

Coystou  ou  Coyston,  surnom  de  Menguidus,  1294,  p.  212. 

CoZy  vieux,  dans  CoZ'Quaer,  1 2 59,  p.  153.  Voyez  Koz. 

Coz-Quaer,  vieux  village,  1259,  p.  153.  Voyez  Koz-Kaer. 

Cru  (le),  surnom  de  Guillelmus,  1259,  p.  i  >). 

Cref  (le),  «  fort  »,  surnom  de  Gauzariy  1247,  p.  126. 

Creneriy  nom  de  femme,  u*?!,  p.  188. 

Crimaut  [collis]^  12 12,  p.  68  ;  —  (mons),  1294,  p.  211. 

Crois  c  croix  »  dans  Koer-Crois^  1 124,  p.  81. 

Croum  (le),  «  courbé  »,  1271,  p.  191.  * 

Croz  dans  Kaer^CroZy  1239,  p.  108. 

Cruckaen  {perreria  de)^  1^71,  p.  186.  Voyez  le  suivant. 

Crukaen  (lapidicina  de)^  1 278,  p.  202.  Comparez  Crugelj  c  monceau  ». 
L^un  et  l'autre  paraissent  dérivés  de  Crue  (acervus)^  Cartukire  de  Redon, 
p.  198. 

Cufj  dans  Cuen-cuf,  1271,  p.  188;  aujourd'hui  kun,  c  doux,  bon, 
aimable  ». 

Daiou  (teiumentum),  1202,  p.  51. 

Danet  (molendinum),  1222,  p.  78.  MUin-^nety  c  moulin  brûlé  ». 
Voyez  Tanet 

Daviy  surnom  d'Euio,  1284,  p.  286. 

Def  (le),  1287,  p.  209,  «  gendre,  beau-fils  »  ;  ioA  en  vannetais  mo- 
derne; dof  en  vieux  comique  ;  deuf  dans  le  Catholicon  de  Lagadeuc  ; 
surnom  d'Eudo. 

Deher  (le),  nom  d'homme,  1284,  p.  206. 

DerianuSf  nom  d'homme,  1232,  p.  92  ;  1257,  p.  148;  1276,  p.  199; 
1277,  p.  201  ;  1279,  p.  204.  Ce  nom,  qui  se  trouve  au  ix^  àècle  sans 


4o8  Mots  bretons  dans  Us  chartes 

flexion  casuelle,  c'est-à-dire  sous  la  forme  Derian  dans  une  charte  ccm- 
servée  par  le  Cart.  de  Redon^  p.  2,  peut  être  le  même  que  le  suivant. 

Derien^  1203,  p.  $9,  parait  identique  à  Dergen  qui  se  trouve  dans  une 
charte  du  ix*  siècle  conservée  par  le  Cart.  de  Redon  p.  46  et  serait  une 
forme  néo-celtique  d'un  composé  gaulois  qui  pourrait  se  restituer  ainsi  : 
Dervo-genoSy  «  fils  du  chêne  »  (Grammatica  celtica,  2*  édit.,  p.  1  j6,  i  jy, 
140).  Voyez  Derianus  et  le  suivant. 

Deryeny  i  J05,  p.  218.  Voyez  le  précédent. 

Dialgarz  {pratum)^  1 2 5 1 ^  p.  133. 

Die  (aqua  dicta) ^  à  Plouezec,  1273,  p.  202. 

Die  dans  Port-DiCy  1266,  p.  60.  Cette  étymologie  peut  être  contestée 
et  Pordic  venir  de  Port-Ic.  Voyez  Yc. 

Die  {terra  que  voeatur)^  1271,  p.  186. 

Diguezat,  a  tardif  »,  nom  d'homme,  aujourd'hui  divezaty  125  3,  p.  1 38. 

Dimanac^  nom  d'homme,  1189  (vidimus  de  12 19),  p.  9;  1257, 
p.  147  ;  surnom  de  Gaufridus,  1202,  p.  $7. 

Diviety  nom  d'homme,  1268^  p.  182. 

Dinan,  nom  de  ville,  1247,  p.  128. 

Divez,  «  fin  »,  dans  Leis-Divez^  «  cour  de  la  fin  »,  124J,  p.  119. 

Doetum,  a  cours  d'eau  »  (doetum  de  Correc)^  12 $3,  p.  138.  Voyez 
Correc,  Corroc. 

Dohal  (yilk),  1228,  p.  86. 

D0//0U,  surnom  d'Euîo,  12 $3,  p.  140;  1254,  p.  141. 

Domiou  (terra)^  ^278,  p.  203. 

Drany  dans  Ple-Dran,  1307,  p.  219. 

Du  (le),  «  noir  »^  surnom  d'Euio,  1239,  p.  108. 

Duanty  surnom  i^Eudo,  1269,  p.  184. 

Duel  (viUa)y  1253,  p.  140;  1266,  p.  173. 

DuilaSy  surnom  de  RivallonuSy  1266,  p.  171. 

E  employé  pour  l'article  en  dans  les  composés.  Voyez  Ehoarn^  Emen  ; 
comparez  a. 

Ebolenc  dans  Bot-Ebolenc,  1245,  p.  119. 

Ehoarn^  dans  Car-Ehoarn^  1252,  p.  13$;  et  Kaer-Ehoarn^  1271, 
p.  190.  Voyez  Yhoarn.  Ve  initial  est  peut-être  un  débris  de  l'article  : 
E-Jioarn  pour  En-Hoarn  voudrait  dire  «  Le  Fer  »  et  serait  un  nom 
d'homme.  Hoiarn,  «  Fer  »  se  trouve  comme  nom  d'homme  dans  le 
Cart.  de  Redon. 

Em^n,  dans  Qu^r-Emen,  1263,  p.  167.  L'e  initial  est  peut-être  un 
débris  de  l'article  :  E-men  pour  En-maen  voudrait  dire  «  La  Pierre  »  et 


de  l'abbaye  de  Beanport,  409 

serait  un  nom  d'homme.  Maen,  pierre,  se  trouve  comme  nom  d'homme 
dans  le  Cart.  de  Redon. 

En,  article,  dans  Kaier-en-Buron^  1202,  p.  47  ;  Kar-en-Goit^  1^39) 
p.  109 ;  Quaer-en-BaeleCj  1 260,  p.  i  jy  ;  Quenkis-en-Roch,  1 26 1 ,  p.  16}  ; 
Quar-en-Buron,  1265,  p.  167;  Quar-en-Marec^  1264,  p.  169; /C^r-e/z- 
Jt/âr^c,  variante  du  même  nom,  ibid,;  Kaer-enrClezier^  i27i,p.  188, 
189;  Ru/2-tfn-Corg//ou,  I27i,p.  19J;  Koer-ert-Sac,  127^,  p.  199;  E/i- 
Pelvet,  nom  de  lieu,  1287,  p.  209. 

E/2/1,  article,  dans  Kermaria-enn-EstUy  a  Notre*Dame-du-Rossignol  », 
nom  d'un  village  en  1453,  p.  220. 

En-Pelvet,  nom  de  lieu,  1287,  P-  209. 

Enec,  dans  Trey-Enec,  1240,  p.  1 10.  Voyez  Enoc. 

Enech,  dans  Trev^Enech^  1224,  p.  81  ;  1225,  p.  83,  est  une  variante 
orthographique  du  précédent.  Voyez  Enoc, 

EneSy  a  lie  »,  dans  Guerg-Enes^  1202,  p.  48.  Voyez  Ynis. 

F/iDc,  dans  Trev-Enoc,  1231,  p.  91;  1277,  p.  202,  est  employé 
comme  nom  d'homme  dans  trois  chartes  du  Cart.  de  Redon.  Voyez 
EneCj  Enech. 

Enisan^  nom  d'homme,  1233,  p.  97.  Voyez  les  suivants  et  Inisan^ 
dérivés  d'zVzw,  «  lie  ». 

EnisanuSy  1233^  p.  98,  1239,  p.  107;  1242,  p.  113.  Voyez  le  pré- 
cédent et  le  suivant. 

Enisen,  nom  d'homme,  123 1,  p.  90  ;  1264,  p.  169.  Voyez  les  précé- 
dents. 

Erel,  dans  Bot^Erel^  ijoo,  p.  217. 

EreCy  dans  Coit-EreCj  1245,  p.  119,  120;  1247,  p.  126;  1272, 
p.  194. 

Escoblelj  surnom  de  RivallonuSj  1253,  p.  140. 

EscomarCy  dans  GarZ'EscomarCy  1259,  p.  152.  Escomar^  qui  a  perdu 
le  c  final,  figure  comme  nom  d'homme  dans  une  charte  du  xi^  siècle 
conservée  par  le  Cart  de  Redon,  p.  316.  Escomarc  est  peut-être  employé 
pour  scoid-marCy  «  épaule  de  cheval  »,  avec  un  e  prosthétîque  qu'on 
trouve  au  xii"  siècle  dans  le  mot  ester ^  aujourd'hui  ster,  c<  rivière  », 
Cart.  de  Redon,  p.  293.  Cf.  Dict.  top.  du  Morbihan,  p.  286,  col.  2. 

Esquenor,  nom  d'homme,  125 1,  p.  134;  surnom  d^Alanus,  1269, 
p.  184,  parait  identique  au  breton  moderne  heskenner,  «scieur  »,  en 
vannetais  Herquennour. 

Esquiniolec,  nom  de  lieu,  1266,  p.  177. 

Estic,  c  rossignol  »,  dans  Ker-Maria-en^Estic,  1266,  p.  177. 

EudOf 'Onis,  nom  d'homme,   1202^  p.  48,  50,   51;  1203,  p.  59; 


4 1  o  Mots  bretons  dans  les  chartes 

1206,  p.  60;  1214,  p.  70;  1215,  p.  71  ;  1220,  p.  77;  1221,  p.  78; 
1224,  p.  81,  82;  1229^  p.  89;  1230,  p.  89;  1231,  p.  90,  91  ;  1233, 
p.  94,  98;  1235,  p.  99;  1237,  p.  103;  1238,  p.  106;  1239,  p.  108, 
109;  1241,  p.  iio;  1245,  p.  118;  1246,  p.  123;  1247,  p.  126; 
i25i,p.  133;  1253,  p.  138;  1259,  P-  ï4i  ;  1255,  p.  142;  1256, 
p.  143,  146;  1257,  p.  149;  1259,  p.  156;  1260,  p.  157;  1261, 
p.  159;  1263,  p.  164,  165,  167;  1264,  p.  169;  1266,  p.  172,  176, 
177,  1268,  p.  180;  1269,  p.  148;  1270,  p.  185;  i27i,p.  190; 
1273,  p.  198;  1279,  p.  204;  1288,  p.  210;  I30i,p.  iij'jEudoay 
dans  le  Cart.  de  Redon,  Ce  mot  serait,  parait<-il,  composé  de  deux 
termes  :  1^  eu  =  avi,  «actif,  diligent»;  2^  don  qui  pourrateêtre  le 
gallois  davon^  doniauj  «  don,  vertu,  grâce  »,  et  le  vieil  irlandais  dân^ 
«  don,  adresse,  habileté  »  (Crammatica  celticay  2« édition,  p.  16, 82,  93). 

Eveni  {portas)^  1260,  p.  ij6.  Voytz  Evenus, 

Eveno,  nom  d'homme,  1 2  j  i ,  p.  133;  parait  une  variante  du  suivant. 

Evenouy  nom  d'homme,  1233,  P*  9^*  Voyez  le  précédent  et  Evenous. 
Ils  paraissent  tous  deux  dérivés  d^Even[us]. 

Evenous,  nom  d'homme,  1233,  p.  97.  Voyez  Evenou, 

Evenus^  nom  d'homme,  1260,  p.  1 58  ;  1264,  p.  169  ;  1266,  p.  174, 
175  ;  1269,  p.  183  ;  Ewen,  Ewon,  EwenuSy  dans  le  Cart.  deRedon^  parait 
signifier  a  actif,  diligent  ».  Gramm.  celt.,  2*  édition,  p.  82. 

Ez^c,  dans  Plo-Ezec^  1220,  p.  73;  1261,  p.  162;  1271,  p.  188, 
192,  193,  194;  1278,  p.  202,  203.  Voyez  EzoCy  Hozoc^  Hozec^  Ozec. 
Cejiom  propre  d'homme  parait  identique  à  l'adjectif  gallois,  heddog, 
«  tranquille,  calme  »,  dérivé  d'hawdd^  «  aisé,  facile  ». 

Ezoc,  dans  Plo-Ezoc^  1^74?  P«  ï99'  Voyez  Ezec, 

Falver^  nom  d'homme,  1291,  p.  191. 

Farâu,.  dans  Ke/zec-Farau,  1269,  p.  185. 

Fichouj  nom  d'homme,  1231,  p.  90  ;  1284,  p.  206;  surnom  de  Rjoel- 
lanuSy  1277,  p.  202. 

Flo  (le),  nom  d'homme,  1237,  p.  103;  surnom  de  Donwallonus  àam 
une  charte  du  commencement  du  xii*,  conservée  par  le  Cart.  de  Redonj 
p.  333  ;  est  écTiifloch  et  traduit  par  «  écuyer  »  dans  le  Catholicon  de 
Lagadeuc  ;  a  perdu  ici  la  gutturale  spirante  conservée  par  le  dérivé 
Flohic. 

Flochir,  nom  d'homme,  1263,  p.  165. 

Flohenan  {Lt),  nom  d'homme,  1237,  p.  103,  parait  un  dérivé  de 
Flo[h]. 

Flohic  (le),  «  petit  écuyer  »,  1232,  p.  93,  diminutif  de  Flo[h]. 

For,  dans  Kaer^For,  1237,  p.  104. 


de  Pabbaye  de  Beauport.  41 1 

Fottlmachon,  surnom  de  GuillelmuSy  1264,  p.  170. 

Fragfln^  isois  Plou-Fragfiin,  1230,  p.  87.  Ce  nom  d'homme  se  trouve 
sous  la  forme  plus  ancienne  Fracan  dans  une  charte  du  w  siècle  conser- 
vée par  le  Cart.  de  Redon  j  p.  6.  C'est  un  diminutif  de  Frac  (Grammatica 
cdtica,  2*  édition,  p.*  297). 

Fraval^  dans  Kaer^Fraval,  1 279,  p.  204,  parait  identique  à  Framvalj 
nom  d'homme  qui  se  trouve  dans  plusieurs  chartes  du  ix*  siècle  conser- 
vées par  le  Cari,  de  Redon.  Fram-val  serait  composé  de  deux  termes  : 
Jram  peut  être  le  même  que  gallois /râu,  «  torrent»,  val  adjectif  qui  a  la 
même  racine  que  le  latin  valere  et  que  l'armoricain  galloui^  «  pouvoir  ». 

FredouU  (viUa)^  1277,  p.  202. 

Gac  (le),  «  Le  Bègue  »,  surnom  de  Tengui,  1235,  P*  i^i- 

Gach  (le),  surnom  de  Teinguiy  12}},  p.  98.  Le  même  que  le  précé- 
dent. 

Cadouy  dans  Boi^gadouy  1 198,  p.  12.  Voyez  Cahou^  Chaton. 

Gai  (le) y  c(  Le  Français  »,  nom  d'homme^  1223,  p.  79  ;  1224, p.  80  ; 
1234,  p.  99;  1238,  p.  106;  1245,  p.  117;  I2JN  P-  i3î;i256, 
p.  143;  1260,  p.  ij8;  — surnom  de  Galterus,  1263,  p.  167;  de 
Guillelmusy  1259,  p.  152  ;  de  Rolandus  ou  RoUandus,  1255,  p.  143  ; 
1259^  p.  152;  de  WillelmuSj  1266,  p.  177. 

Galaesj  surnom  de  Willelmus,  1220,  p.  77. 

Calver  (le),  «  celui  qui  appelle»,  1279,  p.  204. 

Gâ/n,  dans  Gargam^  1288^  p.  2 10.  Voyez  Cam. 

Gampy  dans  Gin-Gampy  1202,  p.  51  ;  Guem-gampus^  1298,  p.  215  ; 
Cuen-gampasy  1198,  p.  12;  1306,  p.  216;  Guin-gamp,  1224^  p.  80; 
1234,  p.  99;  Guin--gampusy  1224,  p.  81  ;  1247,  p.  128  ;  Gayn-gampas, 
1 277,  p.  201  ;  parait  identique  au  latin  campus. 

Gan,  dans  Trev-  Gan^  1229,  p.  87  ;  est  peut-être  le  même  que  le  sui- 
vant. 

Ganty  pour  cant,  «  blanc  »,  dans  Han-gant,  1267,  p.  177;  peut-être 
aussi  dans  Àdgant, 

Cary  <c  jambe  »,  dans  Gar-gam^  1288,  p.  210. 

Gar-gauiy  «  bancal  »,  surnom  d^EadOy  1288,  p.  210. 

Garsety  surnom  d'Eitio,  1229,  p.  87. 

Gârz,  c  haie  »,  dans  Dial-GarZy  125 1,  p.    133;  et  Garz-EscomarCy 

1259,  P*  M^- 

Gastely  dsns  Tre-gastely  1267,  p.  178;  parait  identique  au  latin  cas- 
tellum. 

Gaudoa,  nom  d'homme,  1230,  p.  87;  123 1,  p.  90.  Comparez  le 
breton  armoricain  gaodeny  gaodreety  terme  de  mépris. 


411  Mots  bretons  dans  les  chartes 

Gaatun^  nom  d'homme,  1247,  p.  126.  Comparez  le  breton  armoricain 
moderne  gaoxan^  «  mite  ». 

Gaznou,  dans  Ploi-Gaznou,  12 $7,  p.  148;  paratt  identique  au  gaflois 
cadnaw,  «  renard  ». 

Gegou,  nom  d'homme,  1252,  p.  1)5;  1267,  p.  179,  Voyez  J^rgoa, 
Jegou,  Tous  ces  noms  paraissent  une  variante  de  Jacob. 

Geineff,  surnom  de  Conanus^  1220,  p.  73. 

Gemesc,  dans  Kacr^Gemesc,  «village  du  mâange  Jt,  1271,  p.  I9^ 
Voyez  Kemesc, 

Geziquael^  forme  moderne  de  JedicAaa/,  dans  Quaer^Gezujuaely  1256, 
p.  145.  JediC'hael,  dans  une  charte  du  z^  siècle  conservée  par  le  Cart, 
de  Redon^  p.  184.  Voyez  GiziquaeL 

Gibas,  surnom  de  Ruaient^  1102,  p.  jo. 

GiduSy  ddXis  Men-gidus,  1253,  p.  137.  Voyez  Gmdus, 

Gin,  dans  Guin-gamp^  1202,  p.  ^o.  Voyez  Gain. 

Gingamp^  1202,  p.  50.  Vojtz  Guingamp. 

Giziquael,  dans  Quar-Giziquael^  1257,  p.  147.  Voyez  Getiquad, 

Glast  [villa)  y  1243,  p.  1 14;  ce  mot  figure  comme  nom  d'homme  dans 
une  charte  du  x*  siècle  conservée  par  le  Cart.  de  Redon,  p.  309. 

G/tfu,  nom  d'homme,  1245,  p.  i^^î  ^^S??  P*  H7>  i^^S^P*  >7o; 
xiii*  siècle,  sans  date,  p.  220;  —  surnom  d'/Zamo,  126$,  p.  171  ;  — 
(villa),  1 2  58,  p.  1 5 1  ;  paratt  identique  au  gallois  Glew,  «  brave,  vaillant  », 
qui  se  trouve  aussi  en  comique  ;  voyez  G/e,  Gleu.  Il  me  parait  peu  vrai- 
semblable qu'on  doive  reconnaître  dans  ce  nom  l'armoricain  glau,  glao, 
«pluie». 

G/f,  daois  Gle-Marec y  1189  (vidimus  de  1229),  p.  9;  1245,  p.  ^^9^ 
\2o]  GU'Marocus,  1220,  p.  73,  1252,  p.  135,  136;  1254,  p.  140; 
1267,  p.  179;  1268,  p.  180,  181  ;  1284,  p.  206:  parait  identique  à 
Glauy  Gleu. 

Glee(villa)y  1228,  p.  86. 

Glehedic  {villa) ,  1 2  5  9,  p.  152. 

Gle-MareCy  «  brave  cavalier  »,  11 89  {vidimus  ie  12 19),  p.  9;  1245, 
p.  119,  120  ;  est  une  forme  plus  moderne  de  Gle^MarkoconGle^Marlmc^ 
seules  formes  usitées  dans  le  Cart.  de  Redon. 

Gle-Marocus,  forme  archaïque  latinisée  de  Gle-Marec,  1220,  p.  73  ; 
1252,  p.  134,  136;  12^4,  p.  140;  1267,  p.  179;  1268,  p.  i80y  181; 
1284,  ?•  206.  Voyez  Gleu-Marocus. 

GleUy  «  brave,  vaillant  »,  nom  d'homme.  1271,  p.  188,  193  ;  xin*  s. 
p.  220;  —  dans  GleU'Marocus,  125 1,  p.  133;  Quaer-Gleu,  1267, 
p.  179  ;  Run-GleUy  1 268,  p.  182  ;  variante  de  Clou.  Voyez  Gle. 


de  l'abbaye  de  Beauport.  41 3 

Gleu'MarocuSy  «brave  cavalier»,  125 1,  p.  13}.  Cette  variante  de 
GU'Marec  et  de  GU-Maroc  a  conservé  la  lettre  finale  du  premier  terme 
que  le  même  composé  a  déjà  perdue  dans  le  Cart.  de  Redon, 

Godelin,  paroisse,  1202,  p.  51;  120^,  p.  59;  I22i,p.  77;  1222, 
p.  79;  1224,  p.  81,  82  ;  1276,  p.  199  ;  1277,  p.  201.  Voyez  Godelina^ 
Codeline,  Godelin, 

GodeliruLy  paroisse,  1232,  p.  93  ;  1238, p.  104;  1239,  p.  108;  1256, 
p.  145  ;  1261,  p.  162,  163  ;  voyez  Godelin,  Godeline. 

Godeline,  1207,  p.  64;  12 17,  p.  71  ;  1220,  76,  77  ;  1222,  p.  79; 
1224,  p.  80,  82. 

Godenonus,  nom  d'homme  (saint  Goueno),  1 300,  p.  217. 

Goelou  (pays  de),  1261,  p.  163  ;  1 305,  p.  218.  Voyez  Goilou. 

Goeloyia  (pays  de),  1266,  p.  175.  Voyez  Goilou,  Golovia. 

Gœon,  surnom  de  Guido,  12J7,  p.  147;  1258,  p.  151. 

Co/(le),  «  Le  Febvre  »,  «  le  forgeron  »,  1257,  p.  103. 

Gohelmar  (iornellum  terre  qid  vocatur). 

GoieSy  nom  d'homme,  1245,  p.  118. 

Goilo  (pays  de),  1206^  p.  60.  Voyez  Goilou,  Goylo. 

Goillou  (pays  de),  1252,  p.  13J,  136.  Voyez  Goilou. 

G0//0U  (pays  de),  1 184-1 189,  p.  8  ;  1202,  p.  49,  50,  1203,  p.  59; 
1206,  p.  59,  60,  61;  1207,  p.  63;  121 5,  p.  71  ;  1237,  p.  102; 
1239,  p.  107,  109;  1241,  p.  m  ;  1242, p.  112;  1244, p.  116;  1245, 
p.  117,  119,  120,  121;  1246,  p.  123;  1247,  p.  125,  127;  1254, 
p.  140;  i268j  p.  182.  Voyez  Goelou,  Goelovia,  Goilo,  GoUlou,  Goloia, 
Goloviaj  Golovyay  Goloya,  Goylo,  Guoilou. 

Goit,  pour  coity  a  bois  »,  dans  Quaer-Goit,  1246,  p.  145,  et  Quar^ 
Goity  1257,  p.  147,  «  village  du  Bois  ». 

GoiZy  «  ruisseau  »,  dans  Kar-en-Goix,  1239,  109. 

Goloia  (pays  de),  1202  (vi^//nu5  de  l'année  i275),p  48;  1229,  p.  87; 
1235,  p.  loi  ;  1241,  p.  m;  1247,  p.  129;  1251,  p.  132  ;  1252^ 
p.  134;  1253,  p.  137;  1256,  p.  144;  I2Ç9,  p.  152,  153;  1260, 
p.  157,  158;  1261,  p.  162;  1263,  p.  164,  167;  1264^  p.  168,  169, 
1266,  p.  172,  174,  176;  1267,  p.  178,  179;  1268,  p.  180,  181; 
1269,  p.  183,  185;  1271,  p.  ]86,  188,  189,  191,  192,  193,  194; 
1273,  p.  197;  1274,  p.  199;  1278,  p.  202,  203;  1280,  p.  204; 
1288,  p.  210.  Voyez  Goilou,  Golouia,  Goloya,  Guoloia. 

Golouiaou  Go/ovia  (pays  de),  1244,  p.  116;  1257,  p.  48;  1259, 
p.  152,  IJ3;  1264,  p.  169;  1266,  p.  173,  176;  1267,  p.  179,180; 
1271,  p.  186,  187,  192,  1287,  p.  209;  1294,  p.  212;  1295,  p.  213. 
Voyez  Goilou,  Goloia.     . 


414  ^ots  bretons  dans  Ut  charta 

Golouyay  ou  Golovja  (pays de),  128),  p.  205. 

Cohya  (pays  de),  1263^  p.  165  ;  1268,  p.  180;  1271,  p.  188,  189^ 
191  ;  1277,  p.  201,  202  ;  1279,  p.  204;  128O9  p.  204;  1284,  p.  205; 
1288,  p.  211  ;  1296,  p.  214. 

Gomar,  dans  Tre^gomar^  1252,  p.  140. 

GommoeTy  dans  Tn-Gommoer^  12)5,  p.  100. 

GommoT^  dans  Tre-gommor^  1233,  p.  95. 

Gor,  particule  augmentative,  dans  Gor^Madon^  1220,  p.  77  ;  1263, 
p.  \66  \  GoT'Mailon^  1220,  p.  77;  Gor^MalanuSj  1221,  p.  78;  Gor- 
Malofiy  1263,  p.  166. 

Gor,  dBXis  Kaer-Gor^  1260,  p.  1 54,  et  ^er-Gor,  1273,  p.  166,  pandt 
identique  à  cor^  «  nain  »,  écrit  plus  haut  core  et  corre,  et  employé 
comme  nom  d'homme. 

Gorec  (le),  «  lent  »,  nom  d'homme,  1237,  p.  103.  Voyez  Gorrec. 

Gorien,  nom  d'homme,  1263,  p.  166;  le  même  que  Wor-ge/if  qui 
figure  dans  des  chartes  du  ix*  siècle  conservées  par  le  Cart,  de  Redon, 
p.  32,  131,  et  que  Wor-ien,  ibid,,  p.  196. 

Gortou  (terra) y  1272,  p.  198  ;  —  surnom  de  RualenuSy  1232,  p.  91, 
est  identique  au  gallois  gorith,  «  fantôme  ». 

Gorla,  dans  Lan-Gorla,  1256,  p.  143. 

Gor/R,  «brun  »,  dans  Gorm-aelon,  1228^  p.  77  ;  Gorm-aknuSy  1221, 
p.  78;  Gormailon,  1220,  p.  77. 

Gorm-aelon,  «  aux  sourcils  bruns  »,  nom  d'homme,  1220,  p.  77  ; 
1263,  p.  166,  Worm-haelon,  et  Wurm^haellon^  Wurm-hadon  dans  des 
chanes  du  ix«  siècle  conservées  par  le  Cart,  de  Redon.  Le  premier  terme 
parait  identique  au  gallois  g»rm^  «  brun  foncé  »,  le  second  paraît 
dérivé  du  gallois  ael  ce  sourcil  ».  Vh  initial  du  second  terme  dans  le 
Cart.  de  Redon  provient  d'un  rapprochement  étymologique  erroné  avec 
Vzà]ectàf  hael,  «  généreux  ». 

Gorm-ailon^  nom  d'homme,  1220,  p.  77.  Voyez  les  précédents  et  les 
suivants.  Ce  nom  est  écrit  GwrmHiilen  dans  des  chartes  du  x*  siède  con- 
servées par  le  Cart,  de  Redon,  p.  224. 

Gormndanus,  nom  d'homme,  1 1 2 1 ,  p.  78.  Voyez  les  précédents  et  ie 
suivant. 

Gorm-alon^  nom  d'homme,  1263;  p.  166.  Voyez  les  précédents. 

Gorman,  nom  d'homme,  1 231,  p.  90. 

Gorrec,  «c  lent  »,  nom  d'homme,  1253,  p.  137  ;  1271,  p.  192. 

Goryou  (villa),  1277,  p.  201.  Voyez  Goriou. 

Gourion,  nom  d'homme,  xiii"  siècle,  p.  220. 

Courech  (villa),  123 3,  p.  97. 


di  P abbaye  de  BeauporL  41 5 

Coayat,  aujourd'hui  Gwiad^  «toile  »,  surnom  d'AlanaSy  1273,  p.  196. 

Gouziery  dans  Kar-Gouzier^  1232,  p.  93. 

GougeCy  surnom  deGaufridus^  1258^  p.  149. 

Govenan  (terra),  1245,  p.  121,  parait  un  dérivé  dtgof,  «  forgeron  ». 

Goyk  (pays  de),  1266,  p.  12 j.  Voyez  Goilo. 

Gozioch  ou  GoziohCy  dans  Kaer-GoziocA  ou  Kaer^GoziohCy  1 242,  p.  1 1 2^ 
113. 

Grec  (le),  surnom  de  Gaufridus,  1 164,  p.  168.  Ce  mot  signifie  «grec» 
dans  le  Catholicon  ;  en  breton  de  Léon  grek,  «  femme  »,  est  une  forme 
contractée  de  gruec  qui  se  trouve  seul  dans  le  Catholicon.  Mais  comme 
cette  forme  contractée  se  rencontre  concurremment  avec  la  forme  non 
contractée  dans  le  Grand  Mystère  de  Jésus  (p.  14,  col.  2  ;  cf.  p.  21 5)  et 
dans  le  Vocabulaire  cornique,  on  peut  croire  que  le  surnom  grec  signifie 
ici  «  femme  »  ;  l'article  aura  été  mis  au  masculin  parce  que  Particle 
breton  dont  il  est  la  traduction  n'a  pas  de  genre. 

Grisien,  dans  Kacr-^risien,  1287,  p.  209^  est  probablement  un  nom 
propre  d'homme  commençant  par  K  ;  ce  ne  peut  être  le  substantif  Gri- 
sien,  «  racine  »,  qui,  au  xiii*  siècle,  devait  s'écrire  avec  un  i  ou  un  z  au 
lieu  de  l'5  moderne  et  qui  est  écrit  avec  un  z  :  Gruizyen  dans  le  Catho- 
licon, 

Grock^  dans  Kar-Grock,  1242,  p.  11 3,  est  peut-être  le  breton  moderne 
krok,  krogj  en  français  croc^  qui  se  trouve  dans  le  Catholicon. 

Groezengrap  (fons),  1287,  p.  209. 

Gim//,  dans  Tutt-gually  1305,  p.  218,  est  écrit  Wal  dans  le  même 
composé,  Tud-^al  ou  Tut-wal  au  ix"*  siècle^  suivant  l'orthographe  suivie 
par  les  chartes  de  cette  date  que  le  Cart.  de  Redon  nous  a  conservées. 
Ce  mot  parait  signifier  puissant. 

Guallen,  dans  Kad-Gallen,  1273^  p.  186,  écrit  Cat-wallon  dans  les 
chartes  du  ix^  siècle  que  le  Cart.  de  Redon  nous  a  conservées.  Ce  mot 
est  dérivé  de  Gual  =  vell  et  parait  identique  au  gaulois  Vellaunos. 

Guallou,  surnom  d'Herveus,  1233,  p.  96  ;  parait  dérivé  de  Guall. 

Guaraiy  dans  Ran-Guarai^  parait  une  variante  de  c'hoariy  «c  jeu  »,  en 
vieux  gdl&ois  guaroi  (voyez  Grammatica  celtica,  2^  édition,  p.  124). 

Guario,  nom  d'homme,  1227,  p.  ^^4' 

GuazeCy  dans  Tre-guaseCy  1266,  p.  175,  176. 

Gueguen,  nom  d*homme,  123 1,  p.  89,  parait  identique  à  Wecon, 
Wicouy  Guegon  et  Guigon  qui  se  trouvent  dans  des  chartes  du  ix®  siècle 
conservées  par  le  Cart.  de  Redon.  Voyez  Guegonus,  Guigan. 

GuegonuSy  nom  d'homme,  1238,  p.  105.  Voyez  Gueguen,  Guigan. 

Guehenec^  nom  d'homme,  1 1 84-1 189,  p.  8.  Voyez  le  suivant. 


4 1 6  Mots  bretons  dans  Us  chartes 

GttehenocuSf  nom  d'homme,  1245,  p.  121  ;  1269,  p.  18;.  Cette  forme 
se  trouve  dans  les  chartes  les  plus  récentes  du  Cart.  de  Redon,  Les  plus 
anciennes  sont  Cuethenocus,  Wetkenoc^  Wetenoc.  Voyez  Cad^eun,  Cue-- 
henec,  Gulhenec,  Vezen. 

GuelgovaeZy  nom  d'un  pré^  1258,  p.  52. 

Cueniy  ^m  Guem-gampus,  1298,  p.  215,  est  une  variante  orthogra- 
phique de  Guen, 

Guem-gampus^  nom  de  ville,  1298^  P-  «^i  5.  Voyez Guen^ampus,  1298, 
p.  215. 

GiumoUy  dans  Run-GuemoUj  1278^  p.  203. 

Guen^  «  blanc  »,  dans  Guen-arganty  1252,  p.  i}6;  Guen-cufj  1271, 
p.  lis  ]  Gaen-gampusj  1198,  p.  12;  1306,  p.  229;  Maen-Guen^  1260, 
p.  156;  1268,  p.  180;  Guen  (le),  surnom  deColinus,  1269,  P*  '^4  9 
d'Eudo^  1)01,  p.  217.  Voyez  Gain. 

Guen-argantj  «  blanc  comme  de  l'argent  »,  ou  simplement  «  argent 
blanc  »  ;  nom  d'homme  dans  Kair-Guenargant,  1252,  p.  1 36. 

Guen-cuf,  nom  de  femme  ;  parait  signifier  «  beauté  aimable  »  en  don- 
nant au  mot  ginfenj  «  blanc  »,  le  sens  dérivé  de  «  beauté  »  qu'il  a  en 
gallois.  Comparez  le  comique  H^i/i-cu/,  Revue  celtique,  t.  I,  p.  45. 

Guen-gampuSy  «champ  blanc»,  nom  de  ville,  1198,  p.  12;  1306, 
p.  229.  Voyez  Guin-gamp, 

Guennou,  nom  d'homme,  1267,  p.  179.  Voyez  Guenou. 

Guenoity  dans  Plo-guenoit,  1230,  p.  88. 

Guenou,  nom  d'homme,  1232^  p.  92;  1268,  p.  180. 

Guergy  dans  Guerg-Enes,  1202,  p.  48.  Voyez  Guirv. 

Guerg-EneSy  nom  d'Ile,  1202,  p.  48.  Voyez  Guiry-Inis. 

Gueznol,  nom  d'étoffe,  1245,  p.  1 18. 

Guiy  dans  Main-Gui,  1122,  p.  78;  1247,  p.  128;  Men-^ui,  1245, 
p.  120;  Tain-Guiy  1220,  p.  75;  Tangui,  1264, p.  170;  Tein-Gui^  1233, 
p.  98;  Ten^Guiy  1220,  p.  7j  ;  1235,  p.  101  ;  1237,  p.  103;  1239, 
p.  108;  parait  signifier  ce  chien  ».  En  effet,  les  noms  propres  composés 
dont  il  s'agit  sont  des  formes  altérées  de  Maenr<hiy  Maen-kly  Tan^hiy 
conservés  par  le  Cari,  de  Redon* 

Guian^  dans  Ple-Guian^  1255,  p.  142  ;  PlerGuian,  1224,  p.  81  ;  1225, 
p.  83. 

Guida,  dans  Guido-Marcus,  1235,  p.  100;  1271,  p.  186;  1278, 
p.  203  ;  1298,  p.  215  ;  Gddo^Marcus,  1237,  p.  104;  1263,  P*  i^?» 
parait  signifier  «  connaisseur  ».  Comparez  le  gallois  Guyddon,  «  philo- 
sophe ». 

Gu/ia-Afarca5,  nom  d'homme,  1235,  p.  100;  1271,  p.  101;  1268, 


de  Vabbaye  de  Beauport.  4 1 7 

p.  10;  ;  1298,  p.  215;  parait  signifier  «  connaisseur  en  chevaux  ». 
Voyez  Qmdo^Manis, 

Gmd(HMaraSy  1237,  p.  104;  1263,  p.  167  ;  est  identique  au  précé* 
dent,  sauf  Papocope  du  c, 

CmduSy  dans  Men-GuiduSj  1 244,  p.  1 1 5  ;  1 246,  p.  1 2  )  ;  1 247,  p.  129; 
1266,  p.  178;  1271,  p.  19^;  1294,  p.  212  ;  et  dans  Tanguidus^  1284, 
p.  206  ;  est  identique  à  Gtii.  Voyez  Guitus. 

Gttidy  dans  Ploe-Gmlj  1253,  p.  140. 

GmeneuCy  nom  d'homme,  1202,  p.  5 1. 

Guigarif  nom  d'homme,  1222,  p.  78,  pandt  dérivé  du  nom  collectif 
gallois  Gwygy  a  ce  qui  est  flasque  1»,  et  serait  un  sobriquet  servant  à  dési- 
gner un  homme  mou.  Voyez  Gueguerty  Guegonus  et  le  suivant. 

Guiguen^  nom  d'homme,  1241,  p.  m.  Voyez  Guigaen. 

Gttihenec,  surnom  deStephanuSj  1247,  p.  129.  Voyez  Guehenec,  Gue* 
henocus. 

GuileCj  surnom  de  GlemarocuSy  1267,  p.  179. 

Gui/Zou,  nom  d'homme,  1220,  p.  73;  1237,  p.  103;  1245,  p.  118; 
1247,  p.  128  ;  1253,  p.  138;  surnom  d'i4/a/i[u,  1284,  p.  206. 

Gain  y  dans  Guin^amp^  12  24,  p.  80;  1234,  p.  99;  Guin-gampuSy  1224, 
p.  81  ;  1247,  p.  128  ;  parait  signifier  a  blanc  ».  Wojezguen,  guyn. 

Gain-gamp^  nom  de  ville,  1224,  p.  80  ;  1234,  p.  99.  Voyez  Guen- 
gampus  et  le  suivant. 

Gain-Gampus,  nom  de  ville,  1224,  p.  81  ;  1247,  p.  128.  Voyez 
Guen-gampuSy  et  Guin-^amp,  Gnyn-Gampus. 

Guirv^  dans  Gain^ïnisy  1 184-1 189,  p.  81.  Voyez  Guerg. 

Guirv-IniSy  nom  dlle,  1 184-1 189,  p.  8.  Voyez  Guerg-Enes. 

Guitus j  dans  Men-Gmtus,  1260,  p.  159.  Voyez  Guidus,  Gui. 

CttoiWin,  nom  de  paroisse,  1228,  p.  86;  12J3,  p.  139.  Voyez  Go- 
delin. 

Guo£7ou,  nom  de  pays,  1124,  p.  82;  12 $2;  p.  135;  1254,  p.  140. 
Voyez  Goilou. 

Guoloia,  nom  de  pays,  1255,  p.  142 ,  1257,  p.  147;  1261,  p.  162; 
1264,  p.  170  ;  1257,  p.  146.  Voyez  Goloia. 

Guyn,  dans  Guyn-gampuSj  1277,  p.  211.  Voyez  Guyn. 

Guyn-gampus,  nom  de  ville,  1277,  p.  201.  Voy.  Guyn-gampus, 

GuyTy  «  droit,  redevance  »,  dans  Gnyî-Ben,  1220,  p.  73. 

Guyr-Benj  <c  bout  de  la  redevance  »,  nom  de  lieu,  1220,  p.  73. 

Hadhoj  nom  d'homme,  1237,  p.  104. 

Haelou^  dans  Kacr-Haelou,  1278,  p.  202,  parait  dérivé  d^Hael  comme 
le  suivant. 

Réf.  au.  m  29 


41 8  Mots  bretons  dans  les  chartes  de  Pabbaye  de  Beauport, 

HaUeck  (v///a),  1224,  p.  81;  1225,  p.  83,  paraît  dérivé  d'Ha^/,  ce  géné- 
reux y>,  et  parait  comme  nom  dliomme  sous  la  forme  Haelit  dans  le 
C^rt.  de  Redon. 

Hailouy  dans  Kaer-Hailou^  1^3 3yP*  97 y  et  Bar-^HailoUy  1246,  p.  123; 
parait  dérivé  d'Hael^  «  généreux  n. 

Halegoet,  nom  de  Ueu,  1253,  p.  138  ;  1263,  p.  165  ;  ^266,  p.  174; 
est  peut-être  composé  de  Haelj  nom  d'homme,  et  de  coet^  «  bois  ». 

Hamelou^  nom  d'homme,  xiii'^  siècle,  p«  1 20. 

Hany  pour  Hinty  «  chemin  »,  dans  Han-gant,  1267,  p.  177. 

Hanganty  dans  Kaer-Hanganty  1267,  p.  177;  est  identique  à  Hin-cant 
dans  les  chartes  les  plus  anciennes  du  Cart.  de  Redon^  à  Hingant  qui 
apparaît  en  909,  p.  225.  Hin-^cant  et  Hin-gant  sont  des  noms  d'hommes. 
Le  second  est  encore  usité.  Ils  paraissent  avoir  été  originairement  des 
noms  de  lieu  et  signifier  «  chemin  blanc  ».  Voyez  An-gant. 

Har,  dans  Har-coedaSj  1237,  p.  loi;  Har-lam^  1198,  p.  12  iHar- 
scolduSy  \266j  176;  Har-scoet,  i4J3,p.  220;  Har-scoidus,  1253,  p.  140; 
est  une  forme  incomplète  d'hoiarn^  aujourd'hui  houarn^  «  fer  1». 

Har-coedus^  «  bouclier  de  fer  d,  surnom  de  Gauf ridas ^  123  j,  p.  ici  ; 
Hoiarn^scet  et  Hoiarn-scoet,  dans  des  chartes  du  ix"  siècle  conservées  par 
le  Cart.  de  Redon,  p.  56,  81.  Voyez  Har-scoedus. 

Hardioiiy  nom  d'homme,  1283,  p.  59. 

Har-lam^  c  main  de  fer  »,  nom  d'homme,  1 198,  p.  12. 

Harmeli  {molendinum),  1288,  p.  210,  est  peut-être  une  forme  con- 
tractée d^Hoiarn-Melin,  «  moulin  de  fer  »• 

Harnoc,  «  ferreux  »,  dans  Plo-HarnoCy  1233,  p.  95. 

Har-^scoeduSj  nom  d'homme,  1266,  p.  177.  Voyez  Har-^coedus  et  les 
suivants. 

Har-scoetj  surnom  de  Guilloty  145  3,  p.  220.  Voyez  Har-coedus. 

Har-scoidij  surnom  de  Gauf ridas,  1253,  p.  140;  génitif  d'f/ar-fco/^os. 
Voyez  Har-coedas. 

Hay  (collisde),  1278,  p.  203. 

f/flzoa,  nom  de  femme,  1271,  p.  190.  Voyez  Azoa, 

Hedel,  dans  Plo-Hedel,  1294,  p.  212. 

Hedroa  (villa) ^  1263,  p.  167  ;  parait  un  dérivé  de//edr,plus  tard  hezr, 
hardi. 

Heget,  surnom  de  GalteraSy  1261,  p.  193. 

Heguo,  npm  d'homme,  1237,  p.  104. 

H.  D'ArBOIS  de  JUBAINVILLE. 

{A  suivre.)  


EXTRAITS 


DES 


DICTONS   DU   SAGE  CADOC 


[Ces  dictons  n'ont  certainement  pas  l'antiquité  qu'on  leur  attribue,  et  ils 
nous  sont  parvenus  dans  une  langue  toute  moderne.  II  serait  intéressant  de 
savoir  dans  quels  manuscrits  et  sous  quelle  forme  il  nous  ont  été  transmis  :  ce 
serait  la  première  condition  pour  établir  Thbtoire.  Il  faudrait  aussi  chercher 
les  maximes  analogues  dans  la  littérature  du  moyen  âge.  Si  nous  donnons  ci- 
après  la  traduction  d'une  partie  de  ces  dictons  que  M.  W.  G.  Jones  a  bien 
voulu  donner  à  la  Revue  Celtiqaey  c'est  qu'il  nous  a  paru  utile  de  faire  connaître 
aux  historiens  de  la  littérature  des  aphorismes  ces  maximes  de  la  sagesse  gal- 
loise, dont  il  n'avait  été  encore  traduit  que  de  rares  fragments  et  dans  des 
revues  souvent  peu  accessibles.  Mais  nous  nous  empressons  d'ajouter  que  la 
question  de  leur  âge  et  de  leur  origine  reste  entière.  —  H.  G.] 

Les  extraits  ci-après  ont  été  tirés  des  Dictons  du  sage  Cadoc,  appelé 
autrement  saint  Cadoc,  ancien  auteur  gallois^  et  ces  Dictons  ont  été 
publiés  en  1801  dans  la  Myfyrian  Archcdology  of  Waks,  Un  des  rédac- 
teurs de  cette  œuvre,  M.  Edward  Williams,  bien  connu  parmi  les  Gal- 
lois sous  son  nom  de  plume  lolo  Morganwg,  a  copié  les  Dictons  dans  un 
manuscrit  qu'il  avait  trouvé  en  1799  en  possession  de  James  Thomas, 
de  Maerdy  Newydd,  comté  de  Glamorgan  (sud  du  pays  de  Galles).  Le 
manuscrit  était  écrit  entre  1670  et  1685  P^  Thomas  Ab  leuan^  anti- 
quaire très-laborieux,  de  Trebryn  dans  le  même  comté.  Voici  une  tra- 
duction de  ce  que  Ab  leuan  dit  dans  sa  préface  : 
«  Au  lecteur  bénévole  gallois, 

«  Voici  le  livre  du  sage  Cadoc,  appelé  aussi  saint  Catoc,  livre  qui  a 
«  longtemps  été  renommé  en  notre  pays  à  cause  de  la  sagesse  qu'il 
«  contient.  Tu  y  trouveras  des  maximes  sages,  bien  honorées  par  les 
<c  anciens  poètes,  et  par  tous  les  autres  anciens  auteurs;  et  c'est  pour- 
«c  quoi  on  a  donné  à  l'auteur  le  nom  de  sage  Cadoc. 


420  Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc, 

«  Voici  son  histoire  selon  les  livres  généalogiques.  Saint  Cadoc»  abbé 
«  de  Llancarfan,  fils  de  Gwjnlliw,  seigneur  de  Gwynllwg^  fils  de  Gly- 
«  wis,  fils  de  Tegid,  fils  de  Cadell  Deymllwg.  Gwynllwg  était  une  des 
«  baronnies  de  l'ancien  Glamorgan,  et  s'étendait  du  fleuve  Taf  au 
«  fleuve  Wysg.  Cadoc  fut  l'ainé,  mais  il  refusa  la  baronnie,  préférant 
c  être  savant  et  religieux.  Pendant  cette  époque  il  y  avait  une  grande 
«  erreur  religieuse  dans  notre  ile,  à  cause  des  opinions  hérétiques  d'un 
«  de  nos  propres  compatriotes,  appelé  en  latin  Pelagius,  et  en  gallois 
«  Morgan.  Par  conséquent  quelques-uns  de  ceux  qui  ne  s'égaraient  pas 
«  envoyèrent  chercher  à  l'étranger  un  homme  pieux  et  sage,  saint  Gar- 
((  mon.  Il  vint  dans  notre  pays^  et  y  prêcha  l'évangile  en  sa  pureté  ;  et 
«  il  bâtit  de  bonnes  écoles  çà  et  là,  afin  d'y  enseigner  à  autrui  les  doc- 
<c  trines  nécessaires  pour  fedre  prêcher  la  vérité  ensuite.  Les  plus  renom- 
ce  mées  de  ces  écoles  furent  celles  de  Caerlleon-sur-Wysg,  de  Llancar&n, 
«  et  de  Llanilltud  Fawr.  Le  premier  maître  que  Garmon  plaça  à  l'école 
«  de  Llancarfan  fut  saint  Dyfrig.  On  dit  qu'il  demeura  à  Camilwyd,  où  il  y 
«  a  aujourd'hui  une  fontaine  appelée  Fontaine  de  Dyfrig.  Ensuite  Dyfrig 
«  fiit  sacré  évêque  de  Llandaf ,  et  alors  saint  Garmon  établit  Cadoc 
a  comme  abbé  de  Llancarfan.  On  donna  à  l'abbaye  le  nom  de  Llan- 
«  feithin,  qui  est  maintenant  le  nom  de  l'endroit.  On  dit  que  Cadoc  y 
«  vécut  jusqu'à  ce  qu'il  fût  âgé  de  cent  vingt  ans,  renommé  à  cause  de 
((  ses  connaissances,  sa  sagesse,  et  sa  piété.  C'est  dans  son  abbaye  que 
a  beaucoup  d'hommes  les  plus  savants  de  cette  époque  reçurent  leur 
«  éducation.  Dyfrig,  évêque  de  Llandaf,  estimait  tant  Cadoc  qu'il  le  fit 
«  son  camarade  pendant  ses  voyages,  et  toujours  son  conseiller  et  son 
«  auxiliaire  ;   c'était  pourquoi  Dyfrig  demeura  à  Camilwyd.   Cadoc 
a  était  un  des  meilleurs  poètes  de  son  époque,  et  si  célèbre  à  cause  de 
«  sa  sagesse  que  ses  conseils,  ses  maximes,  ses  proverbes,  et  ses  dictons 
<c  devinrent  très-populaires  en  tout  le  pays,  de  sorte  que  l'on  lui  attribua 
«  chaque  épigramme,  proverbe,  bon  mot,  et  dicton  dans  la  langue  gal- 
et loise,  jusqu'à  ce  que  la  renommée  de  Cadoc  absorbât  celle  de  chacun  ; 
«  c'est  pourquoi  nous  ne  sommes  pas  maintenant  toujours  certains  que 
«  Cadoc  est  l'auteur  de  quelques  unes  des  choses  insérées  dans  ce  livre 
«  sous  son  nom.  Outre  ce  que  j'ai  trouvé  dans  l'ancien  manuscrit  ^  de 
c  Cadoc,  cette  œuvre  contient  tout  ce  que  j'ai  vu  dispersé  sous  son  nom 
i<  en  d'autres  anciens  manuscrits.  Ceux-ci  récitent  beaucoup  de  choses 
«  concernant  saint  Cadoc  ;  par  exemple  que  le  roi  Arthur  le  créa  un  de 
«  ses  vingt-quatre  chevaliers  ;  voici  ce  que  l'on  a  dit  sur  ce  sujet  : 

1.  En  gallois,  Ujffr,  qui  signifie  manuscrit,  ou  cahier,  ou  livre. 


Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc.  42 1 

«  Trois  justes  chevaliers  de  la  cour  d'Arthur^  lesquels  furent  ses  prin- 
a  cipaux  juges;  le  premier,  saint  Cadoc^  fils  de  Gwynlliw,  soldat,  sei- 
«  gneur  de  Gwynilwg  en  Glamorgan";  le  second,  Blas,  comte  de  Uych- 
«  lyn  ;  et  le  troisième,  Padrogyl  Baladrddeilt,  comte  de  Comouaille.... 

«  Cadoc  fut  aussi  un  des  conseillers  d'Arthur  ;  on  a  dit  à  ce  sujet 
«  comme  suit  : 

«  Trois  sages  du  grand  conseil  d'Arthur  ;  le  premier,  saint  Cadoc, 
<x  abbé  de  Llancarfan  et  fils  de  Gwynlliw,  soldat;  le  second,  Arawn,  fils 
a  de  Cynfarch  ;  le  troisième,  Cynon,  fils  de  Cludno  Eiddin.... 

a  Et  le  même  ancien  manuscrit  parle  comme  suit  : 

«  Trois  sages  poètes  de  la  cour  d'Arthur  ;  saint  Cadoc,  fils  de  Gwyn- 
«  Uiw,  soldat;  Taliesin,  chef  des  poètes;  et  le  vieux  Llywarch,filsd'Eli- 
«  dir  Lydanwyn.... 

«  Je  pourrais  dire  beaucoup  plus  que  cela  des  anciens  manuscrits  con- 

«  cernant  Cadoc,  mais  je  ne  veux  dire  que  ce  que  je  crois  être  vrai, 

«  car  comme  Cadoc  dit  lui-même,  chaque  étonnement  n'est  pas  vrai, 

«  mais  chaque  vérité  est  étonnante Ne  me  juge  pas  sévèrement  si  tu 

a  trouves  ci-après  quelque  chose  qui  ne  te  contente  pas 

Thomas  ab  Ieuan. 
«  Tre  Bryn,  le  jour  de  l'an,  1685.  » 

Croyant  que  ces  dictons  méritent  une  publicité  plus  étendue,  et  comme 

ils  n'ont  encore  été  traduits  ni  en  français  ni  en  anglais,  nous  offrons  au 

lecteur  la  traduction  des  extraits  ci-après. 

W.  G.  Jones. 


DICTONS  DU  SAGE  CADOC,  AUTREMENT  SAINT  CADOC, 

ANCIEN   AUTEUR  GALLOIS. 
I.    —  APHORISMES. 

Celui  qui  veut  un  conseil,  qu'il  le  demande  au  plus  sage. 
Celui  qui  peut  louer,  qu'il  loue  le  meilleur. 
Celui  qui  désire  la  richesse,  qu'il  la  demande  au  plus  riche. 
Celui  qui  désire  la  santé,  qu'il  la  demande  au  meilleur  médecin. 
Celui  qui  cherche  une  faveur,  qu'il  la  demande  au  plus  généreux. 
Celui  qui  cherche  la  protection,  qu'il  la  demande  au  plus  fort. 
Celui  qui  cherche  la  miséricorde,  qu'il  la  demande  au  plus  miséricor- 
dieux. 
Celui  qui  salue,  qu'il  salue  Dieu  avant  tout  principalement. 


422  Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc. 

II.  —  BONS  CONSEILS. 

Le  voyage  ne  sera  pas  plus  long  pour  assister  à  la  messe. 

Le  revenu  ne  sera  pas  amoindri  pour  donner  de  l'aumône. 

L^àme  ne  sera  pas  plus  rassasiée  si  l'on  remplit  à  l'excès  la  panse. 

Le  Créateur  ne  hait  pas  l'insensé  plus  que  l'homme  éloquent. 

Personne  ne  sait  quelle  sera  sa  mort. 

On  ne  doit  pas  louer  l'aumône  donnée  à  regret. 

La  possession  de  toute  la  terre  ne  contente  pas  l'avare. 

Il  n'y  a  d'homme  [vraiment]  bas  que  l'orgueilleux,  fût-il  aussi  haut 
que  le  soleil. 

Il  n'y  a  d'homme  aimable  que  celui  qui  est  doux  et  poli. 

Il  n'y  a  de  savant  que  celui  qui  a  lu  beaucoup. 

Il  n'y  a  de  [vrai]  bonheur  que  la  paix. 

Il  n'y  a  de  [vrai]  festin  que  la  gaité. 

Tous  les  orateurs  ne  sont  pas  sages,  tous  les  hommes  sans  éloquence 
ne  sont  pas  fous. 

Tous  ceux  qui  portent  le  deuil  ne  sont  pas  tristes,  tous  ceux  qui  sont 
gais  ne  sont  pas  consolés. 

La  mort  ne  considère  pas  qui  a  le  front  le  plus  beau. 

Dieu  n'aime  pas  celui  qui  nourrit  l'envie. 

Le  Christ  n'aime  pas  celui  qui  n'a  pas  pitié  des  nécessiteux. 

Celui  qui  n'a  pas  dompté  ses  passions  n'est  pas  bon  à  aller  au  ciel. 

Il  n'est  pas  sage  d'exciter  le  désir  de  ce  qu'on  ne  peut  pas  obtenir. 

On  ne  doit  pas  plaisanter  avec  ce  que  le  danger  accompagne. 

On  montre  une  grande  sottise  en  croyant  ce  qui  est  autre  que  la 
réalité. 

On  n'est  pas  sage  en  vendant  le  ciel  pour  emprunter  la  terre. 

III.  —  APHORISMES. 

En  accomplissant  ta  promesse  tu  sauves  ta  face. 

En  conservant  ta  mémoire  tu  gardes  la  sagesse. 

En  tenant  ta  main  fermée  tu  garderas  tes  biens. 

En  maintenant  la  paix  tu  conserves  ta  réputation. 

En  employant  bien  tes  heures  tu  conserves  tes  talents.  • 

En  gardant  ta  conscience  tu  gardes  chaque  équité. 

IV.  —  VRAIES  PAROLES. 

Dieu  le  père  ne  se  fâche  pas  à  cause  d'une  demande  pour  la  justice. 


Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc,  42} 

Le  Créateur  n'est  pas  plus  pauvre  quoiqu'il  dispense  toujours  ses 
dons. 

Personne  n'ira  au  ciel  ni  à  cause  de  sa  généalogie  ni  de  son  courage. 

On  n'est  pas  plus  près  du  bonheur  à  cause  d'une  grande  pompe. 

Le  ciel  n'est  pas  plus  étroit  à  cause  du  grand  nombre  qui  y  va. 

Celui  qui  ne  conserve  pas  le  peu  n'atteindra  jamais  l'abondance. 

On  ne  peut  avoir  le  doux  sans  connaître  l'amer. 

On  n'apprécie  la  santé  que  près  de  la  maladie. 

Ce  n'est  pas  dans  la  lenteur  [du  langage]  que  se  trouve  surtout  la 
douceur. 

Ce  n'est  pas  la  langue  la  plus  rapide  qui  montre  la  plus  grande  sagesse. 

Ce  n'est  pas  dans  le  rire  que  se  trouve  la  plus  grande  légèreté. 

On  n'obtient  pas  un  royaume  par  de  vaines  idées. 

Ce  n'est  pas  dans  la  plus  grande  pauvreté  que  se  trouve  la  plus  grande 
disette.  ' 

On  ne  pourra  facilement  s'excuser  sur  la  montagne  de  la  lumière, 
lorsqu'on  verra  la  conscience  en  toute  sa  nudité  devant  Dieu,  notre 
Créateur,  et  les  armées  du  ciel,  lorsque  le  Christ  jugera  dans  la  lumière 
de  la  justice. 

VL  —  CONSEILS. 

Ne  te  fie  pas  à  celui  qui  t'a  menacé. 

Ne  crois  pas  celui  qui  t'a  flatté. 

Ne  cherche  pas  de  bon  accueil  sous  la  colère. 

Ne  cherche  pas  d'alliance  avec  les  méchants. 

Ne  cherche  pas  de  joie  sans  le  sourire. 

Ne  cherche  pas  de  badinage  avec  un  vieillard  malade. 

Ne  cherche  pas  de  profit  de  la  paresse. 

Ne  cherche  pas  de  prudence  en  de  grandes  vanités. 

Ne  cherche  pas  de  profit  dans  l'aumône. 

Ne  cherche  pas  de  réussite  dans  la  négligence. 

Ne  cherche  pas  de  paix  dans  la  désobéissance. 

Ne  cherche  de  justice  que  de  la  concorde. 

Ne  cherche  pas  de  remerciment  pour  un  refus. 

Ne  cherche  dans  un  vaisseau  vide  que  ce  qu'il  contient. 

Ne  cherche  pas  de  respect  pour  de  mauvaises  mœurs. 

Ne  cherche  pas  de  sécurité  dans  l'injustice. 

Ne  cherche  pas  d'amour  en  retour  de  l'orgueil. 

Ne  cherche  pas  de  dignité  dans  le  libertinage  vulgaire. 

Ne  plaisante  pas  avec  tes  ennemis. 


424  Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc. 

Ne  cherche  pas  de  louange  d'une  longue  contestation. 

Ne  cherche  pas  de  bonne  fin  d'une  longue  oppression. 

Ne  cherche  pas  de  prospérité  où  il  n'y  a  pas  d'effort. 

Ne  lutte  pas  avec  celui  qui  te  surpasse  beaucoup. 

Ne  cherche  pas  de  vérité  d'un  homme  qui  vient  de  loin. 

Ne  charge  pas  d'un  long  message  un  homme  dur  et  désagréable. 

Ne  cherche  pas  dans  le  danger  un  compagnon  craintif. 

Ne  cherche  la  joie  à  ton  âme  que  dans  la  justice. 

Ne  cherche  jamais  ce  qui  ne  plaît  pas  à  Dieu. 

VII.  —  AUTRES  CONSEILS. 

si  tu  veux  être  sage  ne  parle  que  peu,  affectueusement,  lentement  et 
prudemment. 

Ne  va  qu'au  conseil  où  Ton  t'a  invité  ;  n'y  connnence  à  parler  qu'a- 
près avoir  pris  le  temps  d'écouter  ;  parle  sérieusement,  et  ne  dis  de 
vilaine  parole  dans  aucun  cas. 

Ne  dis  que  les  mots  propres  aux  circonstances,  et  qui  ont  égard  à  la 
paix,  à  la  bienveillance,  et  à  la  justice  ;  ne  parle  que  pour  augmenter  le 
savoir  et  chaque  principe  de  bon  gouvernement  ;  et  essaie  toujours  de 
plaire  à  Dieu  premièrement,  et  aux  hommes  ensuite. 

Suis  ce  conseil  avec  réflexion,  et  l'on  te  donnera  le  premier  rang 
parmi  les  sages. 

X.  —  VÉRITÉS. 


n'y  a  pas  de  vraie  parole  sans  louange  à  Dieu  le  Père. 

n'y  a  pas  de  parole  menteuse  sans  tromperie  et  fraude. 

n'y  a  pas  de  bonne  action  sans  récompense. 

n'y  a  pas  de  mauvaise  action  sans  châtiment. 

n'y  a  pas  de  fierté  sans  abaissement. 

n'y  a  pas  d'humilité  sans  élévation. 

n'y  a  pas  de  pompe  sans  fin  honteuse. 

n'y  a  pas  d'homme  courtois  sans  respect. 

n'y  a  pas  d'homme  juste  sans  joie  étemelle. 

n'y  a  pas  d'homme  injuste  sans  punition. 

n'y  a  pas  d'homme  fidèle  sans  sécurité. 

n'y  a  pas  d'homme  coupable  sans  tristesse. 

n'y  a  pas  d'homme  généreux  sans  joie  de  la  conscience. 

n'y  a  pas  d'avare  sans  fardeau  d'inquiétude. 

n'y  a  pas  d'industrie  sans  couronne. 


Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc,  42  5 

Il  n'y  a  pas  de  paresse  sans  mille  afflictions. 
Il  n'y  a  pas  d'homme  heureux  sans  la  grâce  de  Dieu. 
Il  n'y  a  pas  de  méchanceté  sans  malheur. 
Il  n'y  a  pas  d'obéissance  sans  excellence. 
Il  n'y  a  pas  d'ostentation  sans  grands  dommages. 
Il  n'y  a  pas  de  vérité  sans  victoire. 
Il  n'y  a  pas  de  mensonge  sans  honte  et  sans  tristesse. 
Il  n'y  a  pas  de  justice  sans  équité  autour  d'elle. 
Il  n'y  a  pas  d'injustice  sans  autre  injustice  qui  la  suit. 
Il  n'y  a  pas  de  prudence  sans  excellence. 
Il  n'y  a  pas  de  sottise  sans  détérioration. 

Il  n'y  a  que  le  saint  qui  aura  le  ciel  à  la  fin  comme  sa  récompense 
pour  chaque  bonne  action  de  sa  vie. 

XI.  —  DES  CHOSES  HAIES  DE  CADOC. 

Les  choses  haies  de  Cadoc,  les  voici  clairement  exprimées  : 
l'homme  qui  n'aime  pas  la  patrie  qui  le  nourrit  ;  un  soldat  vaincu  qui  ne 
cherche  pas  la  paix  ;  un  juge  sans  miséricorde  ;  un  poète  silencieux  ;  un 
chef  de  clan  imprévoyant  ;  un  avocat  inintelligent  ;  un  peuple  sans  loi, 
qui  dévaste  et  dépouille  ;  l'encouragement  des  vices  et  le  découragement 
de  la  science  ;  l'opposition  et  la  contestation  entre  compatriotes;  un  juge 
avare  ;  un  poète  qui  combat  ;  une  place  de  marché  sans  arbres  ;  une 
nation  sans  reUgion  ;  un  ambassadeur  infidèle;  un  avare  insatiable  ;  une 
maison  sans  habitant  ;  une  terre  sans  cultivateur  ;  des  champs  sans  grains; 
un  cortège  sans  ordre  ;  soutenir  l'oppression  ;  empêcher  la  vérité  ;  le 
mépris  des  pères  et  des  mères  ;  une  contestation  entre  parents  ;  un  pays 
sans  fonctionnaires  ;  une  école  d'un  accès  difficile;  une  méthode  sans 
clarté  ;  un  chemin  incertain  ;  une  famille  sans  vertu  ;  les  disputes  obliques  ; 
les  embûches  et  les  trahisons  ;  la  fraude  sur  le  trône  ;  un  discours  sans 
réflexion  ;  une  allusion  obscure  ;  un  homme  sans  métier  ;  une  milice  sans 
liberté  ;  une  attaque  sans  préméditation  ;  un  être  sans  principes;  un  faux 
témoin  dans  un  procès  ;  un  jugement  sans  bienveillance  ;  mépriser  les 
sages  ;  honorer  les  avares  ;  des  récits  vains  et  confus  ;  un  savoir  sans 
génie  ;  un  avocat  inélégant  ;  le  mépris  de  l'innocent;  un  pays  sans  pré- 
cepteurs ;  l'habitude  de  l'ivresse  ;  l'homme  sans  conscience. 

XV.  —  DBS  FORCES. 

La  force  du  renard  est  dans  sa  ruse  ;  celle  du  chien  dans  ses  dents  ; 


426  Extraits  des  Dictons  du  sag^  Cadoc, 

celle  du  renne  dans  son  bois  ;  celle  du  bélier  dans  sa  tète  ;  cdie  du  ser- 
pent dans  sa  queue;  celle  du  poisson  dans  ses  branchies;  celle  de  l'aigle 
dans  son  bec  ;  celle  de  l'ours  dans  ses  bras  ;  celle  du  taureau  dans  sa 
poitrine  ;  celle  du  cochon  dans  son  aine  ;  celle  du  cheval  dans  son  sabot  ; 
celle  du  pigeon  ramier  dans  ses  ailes;  celle  de  la  chatte  dans  ses  griffes  ; 
celle  du  singe  dans  sa  patte  ;  celle  du  corbeau  dans  sa  narine  ;  celle  de 
la  mouche  dans  sa  vitesse  ;  celle  de  l'avare  dans  son  artifice  ;  celle  de  la 
carcasse  dans  son  odeur  puante  ;  celle  d'une  femme  dans  sa  langue. 

XVI.  —  AUTRES  FORCES. 

La  force  du  gourmand  est  dans  sa  dent  ;  celle  de  l'artiste  musicien 
dans  son  doigt  ;  celle  de  l'ivrogne  dans  son  absorption  ;  celle  de  l'homme 
ignoble  dans  sa  vantardise  ;  celle  de  l'insensé  dans  son  rire  ;  celle  du 
menteur  dans  son  effronterie  ;  celle  de  l'Anglais  dans  sa  ruse  ;  celle  de 
l'Irlandais  dans  sa  menterie  ;  celle  de  l'étranger  dans  son  obéissance  ; 
celle  du  Gallois  dans  sa  prudence. 

XIX.  —  AUTRES  FORCES. 

La  force  du  lâche  est  dans  son  pied  ;  celle  du  brave  dans  son  courage  ; 
celle  du  vieillard  dans  son  conseil  ;  celle  du  faible  dans  son  obéissance  ; 
celle  du  fort  dans  sa  miséricorde. 

XXIII.  —  MAXIMES. 

n'y  a  de  sage  que  celui  qui  voit  sa  folie. 

n'y  a  de  capable  de  connaître  que  celui  qui  se  connaît  lui-même. 

n'y  a  de  fort  que  celui  qui  se  vainc  lui-même. 

n'y  a  de  savant  que  celui  qui  voit  son  erreur. 

n'y  a  d'habile  que  celui  qui  comprend  son  inhabileté. 

n'y  a  de  vigilant  que  celui  qui  veille  sur  lui-même. 

n'y  a  de  prudent  que  celui  qui  évite  ce  que  recherche  son  désir. 

n'y  a  d'aveugle  que  celui  qui  ne  voit  pas  ses  propres  fautes. 

n'y  a  d'intelligent  que  celui  qui  comprend  ses  propres  défauts. 

n'y  a  de  fort  que  celui  qui  triomphe  de  ses  infirmités. 

XXX.  —  AUTRES  MAXIMES. 

Il  n'y  a  de  bon  que  ce  qui  est  divin. 


Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc.  427 

Il  n'y  a  de  ditin  que  ce  qui  est  religieux. 

Il  n'y  a  de  religieux  que  ce  qui  est  de  la  foi. 

Il  n'y  a  digne  de  foi  que  la  vérité. 

Il  n'y  a  de  vérité  que  ce  qui  est  évident. 

Il  n'y  a  d'évidence  que  la  lumière. 

Il  n'y  a  de  lumière  que  Dieu. 

C'est  pourquoi  il  n'y  a  de  bien,  ni  de  piété,  ni  de  religion,  ni  de  foi, 
ni  de  vérité,  ni  d'évidence  que  la  lumière  :  il  n'y  a  de  lumière  que  voir 
Dieu. 

XXXVII.  —  MAXIMES. 

Il  n'y  a  de  mauvais  que  celui  qui  s'imagine  être  bon. 
Il  n'y  a  d'insensé  que  celui  qui  s'imagine  être  habile. 
Il  n'y  a  de  petit  que  celui  qui  s'imagine  être  grand. 
Il  n'y  a  de  sot  que  celui  qui  s'imagine  être  sage. 
Il  n'y  a  d'ignorant  que  celui  qui  s'imagine  savoir  tout. 
Il  n'y  a  de  menteur  que  celui  qui  se  vante. 

Il  n'y  a  de  voleur  que  celui  qui  se  vole  de  tout  ce  qui  est  à  lui,  c'est- 
à-dire  l'avare. 

Il  n'y  a  d'oppression  que  la  calomnie. 

Il  n'y  a  de  blessure  que  celle  du  cœur. 

Il  n'y  a  de  prison  que  la  conscience  coupable. 

Il  n'y  a  rien  de  pénible  que  le  châtiment  pour  une  mauvaise  action. 

Il  n'y  a  de  privation  que  la  privation  d'intelligence. 

Il  n'y  a  de  bon  que  ce  qui  est  bon  pour  autrui. 

Il  n'y  a  de  bon  que  celui  qui  essaie  de  s'améliorer. 

Il  n'y  a  de  science  que  celle  de  faire  le  bien. 

Il  n'y  a  de  sage  que  celui  qui  instruit  l'ignorant. 

Il  n'y  a  de  digne  du  titre  d'homme  que  celui  qui  a  de  bonnes  qualités. 

LVII.  —  AUTRES  MAXIMES. 

n'y  a  pas  d'homme  sans  nation. 

n'y  a  pas  de  nation  sans  pays. 

n'y  a  pas  de  pays  sans  gouvernement. 

n'y  a  pas  de  gouvernement  sans  lois. 

n'y  a  pas  de  loi  sans  justice. 

n'y  a  pas  de  justice  sans  privilèges  égaux. 

n'y  a  pas  de  privilèges  égaux  sans  accord. 

n'y  a  pas  d'accord  sans  communauté  de  réflexion. 


428  Extmts  des  Dictons  du  sage  Cadoc. 

Il  n'y  a  pas  de  communauté  de  réflexion  sans  communauté  de  cons- 
cience. 

Il  n'y  a  de  communauté  de  conscience  sans  savoir  commun. 

Il  n'y  a  de  savoir  commun  sans  affection  commune. 

Il  n'y  a  d'affection  commune  sans  communauté  de  paix. 

Il  n'y  a  pas  de  paix  commune  sans  piété  commune. 

Il  n'y  a  de  piété  commune  sans  Dieu.  C'est  pourquoi  il  n'y  a  pas 
d'homme  sans  Dieu. 

LXIX.  —  AUTRES  MAXIMES. 

n'y  a  pas  de  dépouilles  comme  celles  qu'emporte  le  vent. 

n'y  a  pas  de  violence  comme  celle  du  feu. 

n'y  a  pas  de  dévastation  comme  celle  de  l'eau. 

n'y  a  rien  de  léger  comme  l'air. 

n'y  a  rien  de  lourd  comme  la  terre. 

n'y  a  rien  de  dur  comme  la  pierre. 

n'y  a  rien  de  vite  comme  l'éclair. 

n'y  a  rien  de  menaçant  comme  le  tonnerre. 

n'y  a  rien  qui  engloutit  plus  que  la  mer. 

n'y  a  rien  qui  empêche  plus  qu'une  forêt. 

n'y  a  rien  de  difficile  [à  franchir]  comme  la  montagne. 

n'y  a  pas  d'obstacle  comme  le  marais. 

n'y  a  pas  d'embarras  comme  le  fleuve. 

n'y  a  rien  plus  fort  que  la  glace  solide. 

n'y  a  pas  d'entraves  comme  la  neige. 

n'y  a  pas  de  chaleur  comme  celle  du  soleil. 

n'y  a  pas  de  froid  comme  celui  de  la  lune. 

n'y  a  rien  plus  nombreux  que  les  étoiles. 

n'y  a  rien  de  plus  ennuyeux  que  la  pluie. 

n'y  a  rien  de  plus  charmant  que  le  beau  temps. 

n'y  a  rien  qui  embrouille  plus  que  le  brouillard. 

n'y  a  rien  qui  vainc  plus  que  Thiver. 

n'y  a  rien  qui  facilite  plus  que  l'été. 

n'y  a  rien  qui  donne  plus  d'espérance  que  le  printemps, 

n'y  a  rien  qui  donne  plus  de  joie  que  la  moisson. 

n'y  a  rien  plus  inconstant  que  les  saisons. 

n'y  a  rien  qui  dompte  plus  que  le  temps. 

LXX.  —  AUTRES  MAXIMES. 

Il  n'y  a  pas  de  vie  sans  richesse. 


Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc.  429 

n'y  a  pas  de  richesse  sans  terre. 

n'y  a  pas  de  richesse  sans  la  santé. 

n'y  a  pas  de  maladie  comme  la  pauvreté. 

n'y  a  pas  de  pauvreté  pire  que  la  mauvaise  santé. 

n'y  a  pas  de  mauvaise  santé  comme  le  péché. 


LXXXVII.   —  SEPT  QUESTIONS  FAITES  PAR   CADOC  A  SEPT  SAGES   DE 
SON   ÉCOLE  A   LLANFEITHIN   ET   LEURS   RÉPONSES. 

Question.  Quelle  est  la  plus  grande  bonté  dans  l'homme  P 

Réponse,  La  justice.  Tailhaiarn,  poète,  Va  dit. 

Question,  Quelle  est  pour  l'homme  la  suprême  sagesse  ? 

Réponse»  Pouvoir  nuire  à  autrui  et  ne  lui  nuire  pas.  Saint  Teilo  l'a  dit. 

Question.  Quelle  méchanceté  est  la  pire  pour  l'homme  ? 

Réponse.  L'impudicité.  Ârawn^  fils  de  Cynfarchj  Va  dit. 

Question.  Qui  est  le  plus  pauvre  ? 

Réponse.  Celui  qui  n'ose  pas  prendre  ce  qui  est  à  lui.  Taliesin,  chef  des 
poètes,  Va  dit. 

Question.  Qui  est  le  plus  riche  ? 

Réponse.  Celui  qui  ne  veut  avoir  aucun  des  biens  d'autrui.  Gildas  des 
arbres  d'or  Va  dit. 

Question.  Quel  exploit  d'homme  est  le  plus  beau  ? 

Réponse.  La  sincérité.  Cynan,  fils  de  Clydno  Eiddin^  Va  dit. 

Question.  Quelle  folie  d'homme  est  la  plus  grande  P 

Réponse.  Souhaiter  du  mal  à  autrui  lorsqu'on  ne  peut  pas  lui  nuire. 
Ystyffan^  poète  de  Teilo,  Va  dit. 

LXXXIX.  —  CONSEILS. 

Celui  qui  désire  le  respect,  qu'il  soit  fort. 

Celui  qui  désire  plaire  à  Dieu,  qu'il  juge  justement. 

Celui  qui  désire  la  santé,  qu'il  soit  joyeux. 

Celui  qui  désire  que  l'on  l'écoute,  qu'il  soit  éloquent. 

Celui  qui  désire  que  l'on  l'aime,  qu'il  soit  obéissant. 

Celui  qui  désire  la  prospérité,  qu'il  découvre  ce  qui  y  fait  obstacle. 

Celui  qui  désire  la  tranquillité,  qu'il  soit  ami  de  la  paix. 

Celui  qui  désire  diriger,  qu'il  soit  ami  de  la  science. 

Celui  qui  désire  être  content,  qu'il  exerce  sa  patience. 

Celui  qui  désire  la  louange,  qu'il  aille  au  tombeau. 


4^0  Extraits  des  Dictons  du  sage  Caâoc. 

XCIII.  —  LE  CERCLE  DU  MONDE  ET  DE  LA  VIE. 

La  pauvreté  cause  des  efforts. 

Les  efforts  causent  le  succès. 

Le  succès  cause  la  richesse. 

La  richesse  cause  Forgueil. 

L'orgueil  cause  des  querelles. 

Les  querelles  causent  la  guerre. 

La  guerre  cause  la  pauvreté. 

La  pauvreté  cause  la  paix. 

La  paix  de  la  pauvreté  cause  des  efforts. 

Les  efforts  se  tournent  dans  le  même  cercle  qu'auparavant. 

XCV.  —  LES  MEILLEURES  CHOSES. 

La  meilleure  nourriture,  c'est  du  pain. 

Le  meilleur  comestible  avec  du  pain,  c'est  du  sel. 

Le  meilleur  breuvage,  c'est  du  vin. 

Le  meilleur  lait,  c^est  du  lait  frais. 

La  meilleure  boisson,  c'est  de  l'eau. 

La  meilleure  démarche,  c'est  de  visiter  un  prisonnier. 

Le  meilleur  libéral,  c'est  un  prêtre  libéral. 

Le  meilleur  voyage,  c'est  la  visite  à  un  lieu  de  dévotion. 

Le  meilleur  jeûne,  c'est  d'éviter  la  délicatesse  [dans  les  mets]. 

La  meilleure  libéralité^  c'est  de  faire  l'aumône. 

La  meilleure  aumône,  c'est  de  donner  l'hospitalité. 

Le  meilleur  préparatif,  c'est  l'argent  comptant. 

Le  meilleur  camarade,  c'est  le  penny. 

Le  meilleur  jugement,  c'est  la  justice. 

Le  meilleur  procès,  c'est  un  accord. 

Le  meilleur  accord^  c'est  la  justice. 

La  meilleure  occupation,  c'est  de  faire  du  bien. 

Le  meilleur  art,  c'est  de  comprendre  la  vérité. 

Le  meilleur  combat,  c'est  de  combattre  les  mauvaises  passions. 

La  meilleure  paix,  c'est  celle  de  la  conscience. 

La  meilleure  protection,  c'est  celle  de  Dieu. 

XGIX.  —  LES  MEILLEURES  CHOSES. 

Le  meilleur  animal  domestique,  —  le  mouton. 


Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc.  43 1 

Les  meilleurs  moutons^  —  les  moutons  sans  cornes. 

Les  meilleures  vaches^  —  les  vaches  tachetées. 

Le  meilleur  cheval^  —  le  plus  docile. 

Le  meilleur  cochon^  —  le  plus  gras. 

Les  meilleures  chèvres,  —  les  blanches. 

Le  meilleur  homme,  —  le  plus  sage. 

La  meilleure  femme,  —  la  plus  simple. 

Le  meilleur  fils,  —  le  plus  gros. 

La  meilleure  fille,  —  la  plus  mince. 

Le  meilleur  chien,  —  le  premier. 

Le  meilleur  drap,  —  le  plus  rouge. 

Le  meilleur  linge,  —  le  plus  fin. 

Le  meilleur  froment,  —  le  plus  chauve. 

La  meilleure  avoine,  —  la  plus  grosse. 

La  meilleure  orge,  —  la  plus  courte. 

Les  meilleurs  héritiers,  —  des  arbres  plantés. 

Le  meilleur  changement,  —  celui  des  produits  d^un  terrain. 

La  meilleure  arme,  —  un  couteau. 

La  meilleure  couverture,  —  un  manteau. 

Le  meilleur  de  chaque  sorte,  —  le  meilleur. 

Le  meilleur  des  maux,  —  le  moindre. 

ex.  —  SEPT  PERSONNES  QUI  MÈNENT  LE  MONDE  A  SA  PERTE. 

L'homme  sans  mémoire. 

La  femme  sans  honte. 

Le  jeune  homme  sans  savoir. 

Le  prêtre  sans  piété. 

Le  fonctionnaire  sans  conscience. 

Le  seigneur  sans  justice. 

Le  roi  sans  miséricorde. 

CXI.  —  IDÉES. 

Dans  chaque  homme  il  y  a  une  àme. 
Dans  chaque  âme  il  y  a  de  Tintelligence. 
Dans  chaque  intelligence  il  y  a  des  pensées. 
Dans  chaque  pensée  il  y  a  du  bien  ou  du  mal. 
Dans  chaque  mal  il  y  a  la  mort. 
Dans  chaque  bien  il  y  a  la  vie. 
Dans  chaque  vie  il  y  a  Dieu. 


432  Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc. 

CXVIII.  —  VOICI  LES  CONSEILS  QUE  CADOC  DONNA  A  SON  ÉLÈVE, 
TALIESIN,  CHEF  DES  POÈTES,  AVEC  SA  BÉNÉDICTION. 

Avant  de  parler,  considère  : 

Premièrement  ce  que  tu  dis, 

Secondement  pourquoi  tu  le  dis, 

Troisièmement  à  qui  tu  le  dis. 

Quatrièmement  de  qui  tu  le  dis, 

Cinquièmement  ce  qui  résultera  de  ce  que  tu  dis, 
'  Sixièmement  quel  bien  proviendra  de  ce  que  tu  dis. 

Septièmement  qui  écoute  ce  que  tu  dis. 

Mets  tes  paroles  sur  le  bout  de  ton  doigt  avant  de  les  dire,  et  tourne- 
les  de  ces  sept  manières  avant  de  les  exprimer,  et  alors  aucun  mal  ne 
viendra  jamais  de  tes  paroles. 

CXIX.  —  VOICI  LES  QUALITÉS  QU'ON  DOIT  CHOISIR,  EXPRIMÉES  PAR  CADOC 
A  SON  PÈRE  GWYNLLIW,  SOLDAT,  FILS  DE  GLYWIS,  FILS  DE  TEGID,  FILS 
DE  CADELL  DEYRNLLWG. 

Chaque  homme  doit  désirer  avoir  : 

Sa  maison  imperméable  à  la  pluie. 

Sa  terre  bien  arrondie, 

Sa  glèbe  molle, 

Son  lit  doux, 

Sa  femme  chaste. 

Sa  nourriture  saine, 

Sa  boisson  légère  et  fortifiante, 

Son  feu  clair, 

Ses  vêtements  chauds, 

Son  voisinage  paisible^ 

Son  serviteur  diligent. 

Sa  servante  propre, 

Son  fils  sincère, 

Sa  fille  décente, 

Son  parent  fidèle. 

Son  ami  sans  firaude. 

Son  cheval  soumis. 

Son  lévrier  vite. 

Son  épervîer  avide, 


Enmts  des  Dictons  da  sage  Cadoc.  4}  ) 

Ses  boeufs  forts. 

Ses  vaches  de  couleur, 

Ses  brebis  d'une  belle  sorte. 

Ses  cochons  longs, 

Sa  famille  douée  de  bonnes  qualités^ 

Sa  demeure  en  bon  ordre, 

Son  poète  savant, 

Son  harpiste  vertueux, 

Son  moulin  près, 

Son  église  loin. 

Son  seigneur  fort. 

Son  roi  juste, 

Son  père  spirituel,  sage, 

Et  son  Dieu  miséricordieux. 

CXXI.  —  LES  QUATRE  VICES  DU  PREMIER  RANG. 

Le  premier,  c'est  la  colère  ;  le  second,  c'est  la  convoitise  ;  le  troi- 
sième, c'est  la  paresse  ;  le  quatrième,  c'est  la  crainte.  Et  où  l'on  trouve 
l'un  ou  l'autre  de  ces  vices,  c'est  là  qu'on  trouve  aussi  chaque  autre 
mal  ;  car  c'est  d'eux  que  tous  les  autres  maux  prennent  racine. 

CXXII.  —  CONSEILS  CONDITIONNELS. 

Si  tu  veux  sentir,  sens  ton  coeur  et  ta  conscience. 

Si  tu  veux  attendre,  attends  les  bienveillants. 

Si  tu  veux  entendre,  entends  la  plainte  du  pauvre  et  du  nécessiteux. 

Si  tu  veux  aimer,  aime  la  sagesse. 

Si  tu  veux  exhale^  une  odeur,  que  ce  soit  celle  de  l'innocence. 

Si  tu  veux  chercher,  cherche  le  savoir. 

Si  tu  veux  atteindre,  essaie  d'atteindre  l'intelligence. 

Si  tu  veux  imaginer,  essaie  d'imaginer  ce  qui  est  prudent. 

Si  tu  veux  agir,  fais  ton  devoir. 

Si  tu  veux  haïr,  hais  le  mal  de  toute  sorte. 

Si  tu  veux  connaître,  connais-toi  toi-même. 

Si  tu  veux  savoir,  sache  les  commandements  du  Créateur. 

Si  tu  veux  réfléchir,  réfléchis  sur  ta  fin. 

Si  tu  veux  craindre,  crains  tes  passions. 

Si  tu  veux  parler,  dis  ce  qui  est  vrai. 

Si  tu  veux  juger,  juge  selon  ta  conscience. 

Rtv.  Ciiu  lit  30 


4M  Extraits  dis  Dictons  du  sage  Caàoc. 

Si  tu  veux  commeiifcr,  commence  à  améliorer  ta  ondnite. 
Si  tu  veux  t'exposer,  expose-toi  pour  la  justice. 
Si  tu  veux  aimer,  aime  la  paix. 

Si  tu  veux  te  réjouir,  réjouis-toi  en  souffrant  pour  la  vérité. 
Si  tu  veux  t'attrister,  attriste-toi  à  cause  de  ton  péché. 
Si  tu  veux  implorer,  implore  les  bienCûts  de  Dieu. 
Si  tu  veux  te  récréer,  récrée-toi  en  pieuses  pratiques. 
Si  tu  veux  remercier  pour  ce  que  tu  possèdes,  remerde  principale- 
ment Dieu. 
Si  tu  veux  te  confier,  confie-toi  à  ton  Dieu. 

CXXIV.  —  SUPPOSITIONS. 

1 .  si  chaque  insensé  portait  une  couronne,  nous  serions  tous  rois. 

2.  Si  chaque  niais  portait  une  doche  autour  de  son  cou,  on  ne  trou- 
verait jamais  dans  l'église  que  des  prêtres  et  des  sonneurs. 

).  Si  chaque  nigaud  mourait,  on  n'ensevelirait  personne  faute  d'un 
vivant  pour  creuser  une  tombe. 

4.  Si  chaque  insensé  portait  des  cornes,  on  recevrait  bien  de  Pàigent 
pour  montrer  qui  n'en  a  pas. 

5.  Si  chacun  avait  sa  honte  écrite  sur  son  front,  les  matières  pre- 
mières de  masques  seraient  bien  chères. 

6.  Si  chaque  femme  était  aussi  leste  sur  les  pieds  que  sur  la  langue, 
elle  saisirait  assez  d'éclairs  pour  allumer  le  feu  du  matin. 

7.  Si  chaque  langue  ne  disait  que  la  vérité  et  ce  qui  est  sage,  il  7 
aurait  un  nombre  étonnant  de  muets. 

8.  Si  le  babillard  voyait  la  folie  de  son  bruit,  il  garderait  sa  langue 
pour  refroidir  sa  bouillie. 

9.  Si  le  bouffon  voyait  la  vanité  de  sa  manière  d'agir,  il  l'abandonne- 
rait par  honte. 

10.  Si  l'avare  sentait  la  mauvaise  senteur  de  son  propre  cœur,  il 
mourrait  à  cause  de  l'odeur  puante. 

1 1 .  Si  le  fainéant  pouvait  voir  le  mal  qui  l'attend,  il  s'arracherait  â  sa 
paresse  de  peur  et  de  honte. 

1 2.  Si  l'affection  voyait  sa  faiblesse,  elle  mourrait  de  peur. 

i^  Si  l'orgueilleux  voyait  son  cœur,  il  perdrait  tous  les  sens  de 
crainte. 

14.  Si  chacun  voyait  le  cœur  d'autrui,  il  serait  le  poteau  indicateur 
pour  tout  le  monde  de  fiiir  les  diables. 

1 5 .  Si  l'envie  voyait  sa  noirceur,  elle  se  pendrait  pour  ne  pas  sentir 
sa  honte  devant  Dieu  et  les  hommes. 


.  Extraits  dis  Dictons  du  sage  Cadoc.  4)5 

16.  Si  la  prudence  voyait  son  imprudence,  elle  cacherait  sa  fecede 
honte. 

1 7.  Si  l'ivrognerie  voyait  combien  elle  est  «écrable^  die  se  cacherait 
sous  un  fumier. 

1 8.  Si  le  mensonge  voyait  combien  il  est  coupable^  il  se  détruirait 
lui-même  de  rage. 

19.  Si  la  tromperie  goûtait  sa  laideur,  elle  vomirait  ses  entrailles. 

20.  Si  la  convoitise  voyait  sa  difformité,  elle  connaîtrait  familièrement 
le  visage  d'un  diable. 

21.  Si  le  précepteur  voyait  le  résultat  de  son  travail^  il  verrait  sou- 
vent que  le  tout  se  termine  par  son  propre  savoir. 

22.  Si  la  ruse  voyait  combien  elle  est  répugnante,  elle  ruserait  pour 
se  fuir  elle-même. 

2;.  Si  la  colère  voyait  sa  fureur,  elle  se  âcherait  contre  elle-même. 

24.  Si  la  vengeance  voyait  son  caractère  diabolique,  elle  se  rendrait 
chez  le  diable  au  lieu  de  se  venger. 

25.  Si  l'avare  voyait  l'aspect  de  sa  conscience,  il  s'écrierait  :  c  Mal- 
heur à  moi  !  j^ai  vu  un  diable  du  fond  de  l'enfer.  » 

26.  Si  l'hypocrisie  voyait  sa  saleté,  elle  deviendrait  folle  de  terreur. 

27.  Si  l'adultère  voyait  sa  souillure,  il  haïrait  la  terre  sur  laquelle  il 
pose  le  pied. 

28.  Si  le  guerrier  voyait  sa  cruauté,  il  craindrait  que  chaque  rayon 
du  soleil  ne  le  perçât  comme  d'une  épée. 

29.  Si  l'ignorance  voyait  sa  laideur,  elle  porterait  envie  à  la  grenouille 
à  cause  de  sa  beauté. 

jo.  Si  l'e£fronterie  voyait  sa  folie,  elle  tressaillirait  de  fureur  d'être 
plus  insensée  que  tout  le  reste. 

j  I .  Si  l'impiété  voyait  sa  fin^  elle  mourrait  de  crainte. 

CXXVII.  —  DES  UNS  ET  DES  CENTS. 

1 .  Un  homme  soupçonneux  peut  égaler  cent  meurtriers. 

2.  Un  médecin  peut  égaler  cent  bouchers. 

3 .  Un  trompeur  peut  égaler  cent  pillages. 

4.  Un  traître  peut  égaler  cent  ennemis. 

5 .  Un  mets  gras  peut  égaler  cent  mets  empoisonnés. 

6.  Une  heure  à  l'orgie  peut  égaler  cent  heures  à  la  faim. 

7.  Une  paresse  peut  égaler  cent  dévastations. 

8.  Une  négligence  peut  égaler  cent  destructions. 

9.  Un  calomniateur  peut  égaler  cent  conspirations. 


436  Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc. 

10.  Un  gaspSlage  peut  égaler  cent  incendies. 

1 1 .  Une  flatterie  peut  égaler  cent  calomnies. 

12.  Une  dépense  inutile  peut  égaler  cent  vols. 

1 3.  Un  mécontentement  peut  égaler  cent  disettes. 

14.  Un  trop-plein  peut  égaler  cent  pauvretés. 

1 5 .  Un  mensonge  peut  égaler  cent  assauts. 

16.  Une  hypocrisie  peut  égaler  cent  mensonges. 

17.  Un  faux  témoin  peut  égaler  cent  diables. 

18.  Un  avare  peut  égaler  cent  voleurs. 

19.  Une  langue  de  femme  peut  égaler  cent  éclairs. 

20.  Une  fille  sale  peut  égaler  cent  truies. 

21.  Une  prude  peut  égaler  cent  femmes  de  mauvaise  vie. 

22.  Un  prêtre  peut  égaler  cent  trompeurs. 
2).  Une  ruse  peut  égaler  cent  parjures. 

24.  Un  avocat  peut  égaler  cent  voleurs  de  nuit. 

2  j.  Un  discours  flatteur  peut  égaler  cent  actes  de  méchanceté. 

26.  Un  méchant  peut  égaler  cent  désunions. 

27.  Une  désunion  peut  égaler  cent  oppressions. 

28.  Une  oppression  peut  égaler  cent  maladies. 

29.  Une  maladie  peut  égaler  cent  faims. 

30.  Une  désuétude  peut  égaler  cent  maladies. 

3 1 .  Un  mauvais  seigneur  peut  égaler  cent  désuétudes. 

32.  Une  mauvaise  loi  peut  égaler  cent  mauvais  seigneurs. 

CXXIX.  —  VOICI  DOUZE  QUESTIONS  QUE  CADOC  POSA  A  SES  DISCIPLES. 

1 .  Qui  est-ce  qui  est  sage  P 

Réponse.  Celui  qui  ne  se  fâche  pas  lorsqu'on  le  blâme,  et  ne  s'enor- 
gueillit pas  lorsqu'on  le  loue. 

2.  Qui  est-ce  qui  est  habile  ? 

Réponse.  Celui  qui  réfléchit  bien  avant  de  dire  sa  pensée. 

3 .  Qui  est-ce  qui  est  fort  ? 

Réponse.  Celui  qui  peut  cacher  sa  pauvreté. 

5.  Qui  est-ce  qui  est  abject  ? 

Réponse.  Celui  qui  ne  peut  s'abstenir  de  publier  ses  propres  secrets. 

6.  Qui  est-ce  qui  reçoit  un  bon  accueil  parmi  le  peuple  ? 
Réponse.  Celui  qui  peut  subvenir  à  ses  propresbesoins. 

7.  Qui  est-ce  qui  est  joyeux  ? 

Réponse.  Celui  dont  la  conscience  ne  le  tourmente  pas  de  remords. 

8.  Qui  est-ce  qui  est  libre  î 


Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc.  437 

Réponse.  Le  possesseur  d'un  métier  et  d'un  art  qui  peuvent  le  faire 
vivre  dans  quelque  lieu  du  monde  qu'il  se  trouve. 

9.  Qui  est-ce  qui  a  de  bonnes  mœurs  ? 

Réponse,  Celui  qui  peut  souffrir  la  société  d'un  homme  irrité  et  de 
mauvais  ton. 

10.  Qui  est-ce  qui  est  bon  ? 

Réponse.  Celui  qui  se  punit  pour  le  profit  d'autrui. 

1 1.  Qui  est-ce  qui  est  heureux  ? 

Réponse.  Celui  qui  hait  naturellement  le  mal  et  aime  naturellement  le 
bien. 

1 2.  Qui  est-ce  qui  est  pieux  P 

Réponse.  Celui  qui  croit  en  Dieu,  qui  l'aime,  et  qui  voit  que  ce  qu'il  7 
a  de  meilleur  c'est  ce  qu'il  veut  et  ce  qu'il  fait. 
Ainsi  se  terminent  les  questions  concernant  la  sagesse. 

CXXX.  —  CONSEILS  RELATIFS  A  LA  SANTÉ  ET  A  LA  VIE. 

Celui  qui  veut  vivre  longtemps, 

i^  Qu'il  s'amuse  jusqu'à  vingt  ans^  qu'il  travaille  jusqu'à  quarante  ans, 
et  qu'il  se  repose  jusqu'à  sa  mort  ; 

2**  Qu'il  se  lève  avec  l'alouette,  qu'il  chante  avec  l'alouette,  et  qu'il  se 
couche  avec  l'alouette  ; 

j""  Qu'il  mange  lorsqu'il  a  faim,  qu'il  boive  lorsqu'il  a  soif,  et  qu'il  se 
repose  lorsqu'il  se  sent  fatigué  ; 

40  Qu'il  évite  des  aliments  trop  délicats,  des  boissons  trop  fortes,  et 
le  travail  trop  lourd  et  trop  gênant; 

5®  Qu'il  évite  trop  d'aliments,  trop  de  boissons,  et  trop  de  travaux  ; 

6**  Qu'il  évite  les  débats,  qu'il  aime  la  paix,  qu'il  ne  se  donne  pas 
beaucoup  d'embarras  ; 

7*  Qu'il  soit  joyeux,  libéral  et  juste; 

80  Qu'il  n'ait  qu'une  femme,  qu'il  soit  fort  dans  sa  croyance,  et  pur 
dans  sa  conscience  ; 

9^  Qu'il  soit  méditatif  pendant  la  matinée,  laborieux  à  midi,  et  en 
société  pendant  la  soirée  ; 

10^  Qu'il  ait  des  réflexions  agréables,  des  récréations  innocentes,  et 
un  air  pur  ; 

I P  Que  ses  vêtements  ne  soient  pas  vieux,  que  ses  couvertures  soient 
propres  et  douces,  et  sa  pensée  propre  pour  l'autre  monde  ; 

12^  Que  son  vêtement  soit  léger,  sa  nourriture  légère,  et  son  cœur 
léger  ; 


438  Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc. 

I  )®  Que  ses  pensées  soient  affectueuses,  son  génie  vif,  et  ses  amis 
nombreux  ; 

140  Qu'il  garde  la  loi  de  sa  patrie,  le  devoir  de  son  emploi,  et  les 
commandements  de  son  Dieu  ; 

1 5<^  S'il  agissait  ainsi,  il  serait  sain  dans  son  corps,  tranquille  dans  son 
esprit,  et  net  dans  sa  conscience  ; 

16^  Il  aurait  beaucoup  de  jours,  une  fin  heureuse,  et  l'amour  de  son 
Dieu. 

CXXXIV.  —  VOICI  LES  CONSEILS  QUE  CADOC  DONNA  A  ARAWN,  HLS  DE 
CYNFARCH,  ROI  DU  NORD  DU  PAYS  DE  GALLES,  LORSQU'IL  QUITTA  SON 
ABBAYE . 

Tourne  l'oreille  sourde  à  chaque  mauvais  discours. 

Tourne  le  dos  à  chaque  mauvaise  action. 

Tourne  l'œil  fermé  vers  chaque  laideur. 

Tourne  la  vue  et  le  cœur  vers  chaque  beauté. 

Tourne  la  main  ouverte  vers  chaque  pauvreté. 

Tourne  ta  pensée  vers  chaque  libéralité. 

Tourne  ta  réflexion  vers  les  conseils  des  sages. 

Tourne  ton  affection  vers  les  choses  divines. 

Tourne  ta  résolution  vers  chaque  bien. 

Tourne  tout  ton  talent  vers  ce  qui  te  fera  exceller. 

Tourne  ton  intelligence  vers  ce  qui  te  fera  te  connaître  toi-même. 

Tourne  ton  savoir  vers  la  nature. 

Tourne  toutes  tes  bonnes  qualités  vers  ce  qui  te  fera  être  heureux. 

Tourne  ton  cœur  et  ta  force  vers  ce  qui  plaît  à  Dieu,  Créateur. 

CLXXV.  —  TALIESIN  ET  CADOC. 

«  Je  veux  te  connaître  mieux  ;  dis-moi  quel  genre  d'homme  es-tu  ;  » 
dit  Taliesin  à  Cadoc,  et  Cadoc  lui  répondit  :  <  Tu  dois  le  savoir  mieux 
que  moi,  parce  que  tu  entends  derrière  mon  dos  dire  de  moi  ce  qui  n'est 
jamais  parvenu  à  mes  oreilles  ;  c'est  le  pays  qui  peut  juger  le  mieux,  car 
ni  moi,  ni  personne  autre  ne  peut  savoir  toute  la  vérité  sur  ce  qui  le 
concerne.  » 

CLXXVII.  —  TRIADES. 

I .  Trois  travaux  mondains  dont  l'honneur  surpasse  celui  de  tous  les 
autres,  cultiver  bien  le  patrimome,  plaider  bien  le  procès,  et  donner  aux 
enfants  une  éducation  libérale. 


Extraits  des  Dictons  da  sage  Cadoc.  4)9 

2.  Il  n'y  a  que  Pheureux  ou  le  sage  qui  peuvent  se  garder  de  ces  trois 
choses  :  l'impudicité^  l'ivrognerie,  et  la  vanité. 

3 .  Trois  hommes  auxquels  il  est  juste  de  donner  à  manger  :  le  voya- 
geur>  le  religieux  et  l'ouvrier. 

4.  Trois  ennemis  les  plus  grands  de  l'homme  :  le  feu^  Peau  et  le  sei- 
gneur. 

.    5 .  Trois  joies  de  l'heureux  :  l'abstinence,  la  paix  et  la  fermeté. 

6.  Trois  joies  des  méchants  :  la  gourmandise,  le  combat  et  l'incons- 
tance. 

7.  Trois  bénédictions  préservent  l'homme  de  la  faim  et  du  dénûment: 
celle  de  son  père  spirituel,  celle  de  son  sdgneur  légitime,  et  celle  d'un 
poète  érudit. 

8.  Trois  bénédictions  surpassent  toutes  les  autres  :  celle  du  père  et  de 
la  mère,  celle  du  malade  et  du  blessé,  et  celle  de  l'homme  affligé. 

9.  Trois  choses  avancent  l'homme  :  une  femme  chaste  et  industrieuse, 
un  maître  industrieux  et  adroit,  et  la  solidité  du  caractère. 

10.  Trois  choses  abaissent  l'homme  :  la  terre  infertile,  une  mauvaise 
femme,  et  un  mauvais  propriétaire  foncier. 

1 1  •  Trois  guerres  au  milieu  de  la  paix  :  une  mauvaise  femme,  une 
terre  infertile,  et  un  mauvais  seigneur. 

12.  On  a  trois  moyens  pour  gagner  la  nourriture  :  la  chasse,  la  cul- 
ture de  la  terre  et  le  commerce. 

i).  Trois  principautés  de  l'heureux  :  celle  d'être  bien  servi,  celle 
d'une  bonne  nature^  et  celle  de  bien  garder  les  secrets;  ces  choses  ne 
sont  le  partage  que  de  l'homme  religieux  ou  bien  élevé. 

14.  Trois  choses  dévorent  le  monde  :  le  roi,  l'océan  et  la  cité. 

ij.  Trois  choses  atteignent  l'homme  à  l'improviste  :  le  sommeil, .la 
vieillesse,  et  le  péché. 

16.  Trois  choses  douces  en  ce  monde  :  posséder,  prospérer  et  pécher. 

17.  Trois  puissances  du  monde  :  le  seigneur,  le  héros,  et  celui  qui  ne 
possède  rien. 

18.  Trois  choses  dont  on  ne  peut  se  passer,  bien  qu'elles  causent 
beaucoup  de  mal  :  le  feu,  l'eau  et  le  roi. 

19.  Trois  martyres  qui  ne  tuent  personne  :  la  libéralité  du  pauvre,  la 
chasteté  d'un  jeune  homme,  et  le  soutien  suffisant  sans  richesse. 

20.  Trois  choses  qu'il  est  difficile  d'aimer  :  un  lévrier  lent,  un  poète 
lourd,  et  une  femme  laide. 

2 1 .  Trois  êtres  envers  lesquels  on  doit  être  miséricordieux  :  l'étran- 
ger, la  veuve  et  l'orphelin. 

22.  Trois  choses  pour  lesquelles  on  doit  rendre  grâce  à  cause  de  I9 


440  Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc. 

Êidlité  qu'il  y  a  à  s'acquitter  :  l^invitation,  le  cadeau  et  Favertisse- 
ment. 

23.  Trois  choses  font  persévérer  l'homme  longtemps  dans  la  méchan- 
ceté :  la  malice,  la  mauvaise  nature  et  la  gourmandise. 

24.  Trois  choses  soutiennent  le  bonheur  d'homme  :  les  bonnes  quali- 
tés^ la  bienveillance»  et  la  longanimité. 

2  5 .  Trois  choses  facilitent  le  voyage  :  la  prière,  le  diner  et  le  bon 
camarade. 

26.  Trois  obstacles  du  voyage  :  de  grands  cris^  le  mauvais  temps  et 
le  combat. 

27.  Trois  choses  causent  le  bonheur  de  leur  possesseur  :  le  pouvoir 
de  se  soutenir,  des  disputations  raisonnables,  et  le  pouvoir  d'endurer 
fortement. 

28.  Trois  belles  choses  de  Fhomme  :  le  savoir,  les  bonnes  qualités  et 
la  douceur. 

29.  Trois  choses  haïssables  dans  l'homme  :  l'ignorance,  les  mauvaises 
qualités  et  la  haine. 

30.  Trois  choses  essentielles  du  savoir  :  un  cœur  pour  penser,  une 
langue  pour  exprimer,  et  une  mémoire  comme  une  cavité  pour  garder. 

1 1 .  Trois  oiseaux  du  même  nid  :  celui  qui  bride  sa  langue,  un  poète 
distingué,  et  la  confession  divine. 

32.  Trois  choses  accomplissent  leur  parole  fidèlement  :  la  mort,  la 
vengeance  de  Dieu,  et  la  pénitence. 

33.  Trois  choses  qui  ne  souffrent  pas  qu'on  se  moque  d'elles  :  la 
santé,  là  prospérité  et  l'âge. 

34.  On  ne  gagne  pas  de  sainteté  où  se  trouvent  ces  trois  choses  :  l'or- 
be, l'orgueil  et  la  convoitise. 

35.  Trois  signes  de  la  sainteté  :  l'amour  parfait,  l'obéissance  digne 
d'homme,  et  le  silence  aimable. 

36.  Trois  signes  du  voleur  :  la  langue  interrogative,  l'odl  scrutateur, 
et  le  visage  craintif. 

37.  Trois  choses  marquent  l'homme  honnête  :  les  lèvres  silencieuses, 
les  yeux  calmes,  et  le  visage  sans  peur. 

38.  Trois  choses  essentielles  pour  faire  tout  :  le  savoir,  la  force  et  la 
volonté. 

39.  Trois  choses  suivent  l'heureux  :  l'amour,  la  paix  et  la  joie. 

40.  Trois  choses  suivent  les  méchants  :  la  haine,  la  résistance  et  la 
tristesse. 

41.  Trois  choses  haies  de  Dieu  et  des  hommes  :  l'apparence  féroce, 
la  langue  trompeuse  et  l'habileté  dans  le  mal. 


Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc.  441 

43.  Trois  choses  qu'on  ne  doit  pas  faire  à  la  hâte  :  la  guerre,  le  grand 
festin  et  le  procès. 

44.  Trois  signes  du  sage  :  l'amour  de  son  logis,  ses  efforts  et  sa 
patience. 

45.  Trois  choses  dont  on  ne  devrait  pas  se  mêler  :  un  chien  étranger, 
une  inondation  subite  et  l'homme  qui  se  considère  sage. 

46.  Il  7  a  trois  beautés  de  la  campagne  :  la  grange,  la  forge  et  l'école. 

47.  Trois  choses  dont  la  possession  vaut  mieux  que  la  privation,  quel- 
que mauvaises  qu'elles  soient  :  un  prêtre,  un  roi  et  une  femme. 

48.  Trois  malheurs  du  cultivateur  :  le  serviteur  paresseux,  la  semence 
dégénérée,  et  la  terre  trop  exposée. 

49.  Trois  choses  désagréables  :  la  maison  sans  femme,  le  garde- 
manger  sans  aliments,  et  le  corps  sans  santé. 

50.  Trois  qualités  de  l'homme  plaisent  à  Dieu  :  la  justice,  la  miséri- 
corde et  l'obéissance. 

CXCI.  —  LES  DITS  DE  LA  CORNEILLE  : 

1  Une  corneille,  cherchant  sa  nourriture. 
Chanta  ce  dicton  dans  une  vallée  : 

La  science  n'est  science  qu'à  celui  qui  la  suit. 

2  Une  corneille  chanta  ainsi  sur  un  chêne. 
Planté  près  de  l'union  de  deux  fleuves  : 
L'intelligence  surpasse  la  force. 

3  Une  corneille  chanta  ainsi  sur  une  colline, 
Pendant  une  heure  tranquille  : 

Le  bon  Dieu  suffit  à  l'homme  heureux. 

4  Une  corneille  chanta  ainsi  du  haut  d'un  rameau  de  chêne. 
Où  tous  les  oiseaux  l'entendaient  : 

On  ne  sonne  pas  la  cloche  aux  sourds. 

5  Une  corneille  chanta  ainsi  à  l'aube  du  joUr, 

A  ceux  qui  l'interrogeaient  sur  sa  repentance  : 

Le  sage  ne  s'occupe  pas  de  ce  qui  ne  lui  importe  pas. 

6  Une  corneille  chanta  ainsi  sur  un  rivage, 

A  ceux  qui  ne  savaient  pas  tirer  parti  de  leur  situation  : 
Il  n'y  a  de  possession  que  le  savoir. 

7  Une  corneille  chanta  ainsi  dans  une  solitude. 
Et  on  entendait  de  loin  son  discours  : 

Le  courageux  dompte  toute  circonstance. 

8  Une  corneille  chanta  ainsi  dans  un  bocage^ 


442  Extraits  des  Dictons  du  sage  Cadoc. 

Où  des  orgueilleux  se  disputaient  : 
A  la  mort  tous  les  hommes  se  trouvent  égaux. 
9  Une  corneille  chanta  ainsi  de  la  branche  d'un  arbre, 
S'adressant  à  tous  les  oiseaux  des  bois  : 
Le  sage  se  voue  à  son  Créateur. 

10  Une  corneille  chanta  ainsi  dans  une  retraite, 
Où  elle  trouva  des  gens  qui  faisaient  une  orgie  : 

Il  n'y  a  pas  de  danger  plus  grand  que  la  mauvaise  compagnie. 

1 1  Une  corneille  chanta  ainsi  de  la  branche  d'un  frêne, 
A  des  oiseaux  avares  : 

Pauvre  est  celui  qui  n'a  jamais  assez. 

1 2  Une  corneille  chanta  ainsi  dans  un  désert, 
A  sa  camarade  de  voyage  : 

Le  bonheur  c'est  le  contentement,  sans  avoir  rien  à  espérer  de  plus. 

1 3  Une  corneille  chanta  ainsi  sagement 

A  des  gens  qui  ne  marchaient  pas  avec  intelligence  : 
Un  festin  n'est  pas  festin  aux  dépens  de  la  part  d'autrui. 

14  Une  corneille  chanta  ainsi  à  son  petit, 
Pour  qu'ils  vécussent  ensemble  : 
Chaque  être  aime  son  semblable. 

1 5  Une  corneille  chanta  ainsi  avec  sagesse 

A  des  gens  qu'elle  trouva  être  insensibles  à  la  persuasion  : 
Tenir  la  chandelle  à  l'aveugle,  c'est  chose  très-inutile. 

Traduit  du  Gallois  par  W.  G.  Jones. 


MÉLANGES. 


A   PARALLEL. 

(Lcbar  Brecc,  p.  6j  t.) 
Garit  iarsin  cotanic  araile  fer  sochen^o/1  codubthach  dochuinchid  ain- 
gine.  batol  dodhubth^c/z  7  diam^caib  innfsin.  rosopustar  ira  hrigit. 
Atbert  hrkthair  diabr^thrib  friasi  .i.  beccan  aainmsium.  isespach  insûil 
c^eim  fil  atchindsa  cenabeith  foradart  hi/ail  fit.  Ro/itir  mac  nahingine 
olhrigit  nibeodâ  dûnni  masahi  dosbefr  piîdar  forinn.  Dorât  hrigit  indsin 
amer  fôasûil  co/iastali  asacind  combôi  foragruad.  7  atbert  acso  duit  dosûil 
nalaind  abeccain.  Moidis  tra  asuilside  fochAoir.  Otcbonnairc  dubthach  7 
abrithirsi  sin.  gellsat  nachepertha  fr/a  dul  cofer  dogris  dorât  iarsin  ader- 
naind  friarosc  combahôgslan  focMoir.  nirboslan  tra  sûil  béccain  côabàs. 

Translation. 
Shortly  àfter  that  came  a  certain  man  of  good  kin  unto  Dubthach  to 
bid  his  daughter  (to  wife).  Dubthach  and  bis  sons  were  willing,  but 
Brigit  refused.  A  brother  of  her  brethren  named  Beccàn  said  unto  her  : 
^Mdle  is  the  fair  eye  that  is  in  thy  head  not  to  be  on  a  boister  near  a 
husband/'  "The  Son  of  the  Virgin  knoweth,'*  says  Brigit,  "it  is  not 
lively  for  us  if  it  brings  harm  upon  us."  Then  Brigit  put  her  finger 
under  her  eye,  and  drew  it  out  of  her  head  till  it  was  iying  on  her 
cheek;  and  she  said  :  ''Lo,  hère  for  thee  is  thy  deÛghtfui  eye, 
O  Beccân  !"  Then  his  eye  burst  forthwith.  When  Dubthach  and  her 
brethren  beheld  that,  they  promised  that  she  should  never  be  told  to  go 
unto  a  husband.  Then  she  put  her  palm  to  her  eye  and  it  was  quite 
whole  at  once.  But  Beccân's  eye  was  not  whole  till  his  death. 


444  ^^  ^^"^  populaire  dans  l'Evangile. 

(From  the  Kathé-^sarit-sâgara  translated  by  €.  H.  Tawney.) 

There  Uved  in  old  times  a  certain  Prince  who  was  disgusted  with  tbe 
worid,  and  he,  though  young  and  handsome,  adopted  the  life  of  a  wan- 
dering  hermit.  Once  upon  a  time  that  beggar  entered  the  house  of  a 
certain  merchant  and  was  beheld  by  bis  young  wiie,  with  bis  eyes  long 
as  the  leaf  of  a  lotus. 

She  with  heart  captivated  by  the  beauty  of  his  eyes  said  to  him. 
''How  came  such  a  handsoipe  man  as  you  to  undertake  such  a  yow  as 
this?  Happy  is  the  woman  who  is  gazed  upon  with  this  eye  of  yoursl'' 

When  the  begging  hermit  was  thus  addressed  by  the  lady,  he  tov 
out  one  eye,  and  holding  in  his  hand  said  ^'Mother,  behold  this  eye  such 
as  it  is  :  take  the  loathsome  mass  of  flesh  and  blood  if  it  pleases  you. 
And  the  other  is  like  it  :  say  what  there  is  attractive  in  thèse?'' 

Simla  :  April,  1877. 

W.  S. 


UN  CONTE  POPULAIRE  DANS  L'ÉVANGILE. 

L'histoire,  ou  mieux  la  parabole,  que  nous  donne  M.  Stokes  dans 
la  note  précédente,  est  plus  ancienne  que  les  textes  irlandais  et  indou 
où  l'on  vient  de  la  lire.  En  effets  on  en  trouve  déjà  la  trace  dans  l'Évan- 
gile (Mathieu,  V,  28-29)  : 

Ego  autem  dico  vobis,  quia  omnis  qui  vident  mulierem  ad  concupis- 
cendum  eam,  jam  mœchatus  est  eam  in  corde  suo. 

Quod  si  oculus  tuas  dexter  scandalizat  te^  erue  eum  etprojice  ab  te;  expe- 
dit  enim  tibi  ut  pereat  unum  membrorum  tuorum,  quam  totum  corpus 
tuum  mittatur  in  gehennam. 

Ces  paroles  de  Jésus  sont,  ce  nous  semble,  une  allusion  à  la  parabole 
en  question.  Celle-ci  était  donc  déjà  populaire  en  Judée,  il  y  a  dix-huit 
siècles;  était-<:e  un  écho  des  récits  bouddhiques? 

M.  Gaston  Paris  nous  signale  un  épisode  analogue  dans  Baudouin  de 
Sebourg^  poème  français  du  xiv«  siècle.  Poliban,  pour  se  punir  d'avoir 
regardé  une  dame  «  de  ses  yeux  doucement  »^  s'arrache  l'œil  qui  avait 
commis  le  péché,  (//«t.  litt,  de  la  France,  t.  XXV,  p.  577.) 

M.  Paulin  Paris,  auteur  de  la  notice  de  VHist,  litt.^  voit  là  une  imita- 
tion du  livre  de  Marco  Polo  où  l'histoire  est  racontée  d'un  vertueux 


Owen  de  Galles.  445 

cordonnier.  Void  le  passage  d'après  la  vieille  traduction  française  de 
Marco  Polo  :  «  Moult  menoit  honeste  vie  et  chaste  :  il  junoit  et  ne  fai- 
soit  nul  péchié.  Chascun  jour  aloit  olr  messe,  et  donnoit  chascun  jour  à 
Dieu  de  son  gaaing.  Si  n'avoit  que  un  ueil  et  l'occasion  en  fu  ceste  :  il 
avint  que  un  jour  vint  une  famé  a  lui  pour  faire  lui  uns  sollers,  et  li 
monstra  son  pié  por  prendre  la  mesure.  Et  ele  avoit  moult  bêle  jambe 
et  moult  beau  pié.  Si  s'escandaliza  trestout.  Et  il  pluseurs  fois  avoit  oî 
dire  en  la  sainte  Evangile  que  se  Pueil  escaudalisoit  la  conscience^  este- 
voit  traitre-ie  hors  de  la  teste  maintenant,  avant  que  peschier.  Et  ensi 
iist'il,  et  quand  la  feme  fu  partie,  si  prist  Palene  de  quoi  il  cousoit  et 
s'en  donna  parmi  Pueil,  si  que  il  le  creva.  Or  veez  se  il  estoit  saint 
homme  et  juste  et  de  bonne  vie.  »  Cité  dans  VHist.  lift,  de  la  France, 
t.  XXV,  p.  570. 

H.  G. 
Paris,  Mars  1878. 


OWEN  DE  GALLES. 

Owen  de  Galles,  écuyer,  prétendait  descendre  des  anciens  souverains 
du  pays  de  Galles,  et  son  compatriote  Jean  [Laroque  et  M.  Paulin  Paris 
ont  lu  Jacques]  Wynn,  dit  le  Poursuivant  d'amours,  se  rallia  au  parti  fran- 
çais dans  le  courant  de  i  ^69 1  {Gr,  Chron.^  VI,  320;  Arch.  NaU,  LL  197, 
n®  4J.  Le  24  octobre  1365,  «  Johan  Win,  escuier  »,  alors  au  service 
d'Edouard  III,  avait  été  chargé  par  ce  prince,  ainsi  que  Nichol  de  Tam- 
worth,  chevalier,  de  faire  évacuer  les  forteresses  des  comtés  de  Bour- 
gogne, de  Nevers  et  de  Rethel  occupées  par  les  Compagnies  anglaises 
(Rymer,  III,  777).  Dans  un  mandement  du  i  j  février  1 379  (n.  st.)  où 
cet  écuyer  gallois,  devenu  Pécuyer  d'écurie  du  roi  de  France,  est  retenu 
pour  95  hommes  d'armes,  on  donne  aussi  à  Wynn,  «  dit  Poursigant  », 
le  prénom  de  Jean  (Oelisle,  Mandements  de  Charles  V,  p.  739,  896).  Le 

I .  Jean  Win  ou  Wynn  était  alors  capitaine  pour  Jean  de  Gand  du  château  de  Beaufort 
en  Champagne,  devenu  par  un  mariage  au  siècle  précédent  la  propriété  des  tancastre. 
Ce  Beaufort.  qui  a  pns  au  dix-septiéme  siècle  le  nom  de  Montmorency  (Aube,  arr. 
Arcis-sur-Aube,  cant.  Chavanges),  a  donné  son  nom  à  l'une  des  plus  illustres  maisons 
ducales  de  l'Angleterre,  à  la  maison  de  Beaufort,  issue  de  Henri,  duc  de  Somerset,  le 
second  fils  légitimé  de  Jean  de  Gand,  duc  de  Lancastre,  et  de  Catherine  Swinford.  C'est 
par  erreur  que  le  Purage^  à  l'article  Beaufort,  rapporte  l'origine  de  cette  grande  famille 
an  Beaufort  de  l'Anjou  ou  Beaufort  en  Vallée,  berceau  des  Roger  oui  devinrent  au  qua- 
torzième siècle  vicomtes  de  Turenne  et  montèrent  sur  le  trône  pontifical  avec  Clément  VI 
et  Orégonre  XI. 


44^  Oi^en  de  Galles. 

Poursuivant  d'amours  était  encore  au  service  de  Chartes  VI  le  19  février 
1)8)  (Àrch.  Nat,  Il  122,  n^  128). 

Dans  le  courant  du  mois  de  décembre  1 369,  Charles  V  chargea  Owen  de 
£aire  une  descente  dans  le  pays  de  Galles;  une  flotte  considérable  fut 
armée  à  Harfleur,  et  plus  de  cent  mille  francs  furent  dépensés  en  prépa- 
ratifs; mais  les  Gallois,  après  être  restés  en  mer  dix  ou  douze  jours, 
regagnèrent  les  côtes  de  France  sans  avoir  rien  foit  (Grandes  Chroniques, 
VI,  320  à  322).  Philippe  d.'Alençon,  archevêque  de  Rouen,  avait  prêté 
2000  francs  pour  cette  expédition  et,  le  16  janvier  1370  (n.  st.),  le  roi 
donna  Pordre  de  lui  rembourser  les  trois  quarts  de  cette  somme  {Mandem, 
de  Charles  K,  p.  j  17).  Pour  recruter  les  équipages  de  cette  flotte  impro- 
visée, on  fit  flèche  de  tout  bois,  et  en  novembre  1 369  un  malCaiteur  eut 
sa  grâce  «  parmi  ce  toutes  voies  qu'il  promettroit  que  avtcques  la  première 
armée  des  gens  d'armes  que  nous  ferons  passer  en  Engleterre  il  iroit  souiBsam- 
ment  appareilliez.  »  Arch,  Nat.,  JJ  100,  tt^  307.  —  Telle  fiit  la  popula- 
rité^ la  «  grant  mencion  de  l'armée  qui  se  fist  en  la  mer  par  Yvain  de 
Galles  n,  qu'il  y  eut  jusqu'à  un  orfèvre  de  Paris,  Andriet  le  Mattre,  ce  qui 
fist  chevance  de  deux  chevaux,  quant  Yvain  de  Galles  se  mist  en  la  mer, 
et  s'en  ala  avec  icelui  Yvain.  »  JJ.  100,  n'*  611;  JJ  102,  n*  1 3 1 . 

Dans  un  aae,  daté  de  Paris  le  10  mai  1 372,  où  il  se  reconnaît  rede* 
vable  de  300,000  francs  d'or  envers  le  roi  de  France,  Owen  de  Galles 
reproche  aux  rois  d'Angleterre,  «  meus  de  mauvais  courage  et  de  convoitise 
damnée  »,  d'avoir  a  occis  ou  fait  occire  aucuns  de  ses  prédécesseurs,  roys 
de  Gales,  et  iceux  mis  hors  et  déboutés  du  dit  royaume  »  JJN,  f  55, 
n^  27.  —  A  la  fin  de  ce  même  mois  de  mai  1 372,  Owen  de  Galles,  mis 
à  la  tête  d'une  flotte  de  quatorze  barges  dont  il  partageait  le  commande* 
ment  avec  Morelet  de  Montmor,  opéra  une  descente  dans  111e  de  Guer- 
nesey,  où  il  battit  les  Anglais  ;  et  cependant^  comme  le  raconte  un  con- 
temporain [Chron.  des  quatre  premiers  Valois,  p.  230  et  231),  ce  sachiez 
que  jeunes  femmes  et  les  baisselettes  (diminutif  de  basse,  jeune  fiUe,  ser- 
vante, dans  le  patois  du  Bessin)  des  dictes  yslesavoient,  en  ce  printemps 
de  lors,  fait  chapeaulx  de  flours  et  de  violettes  et  les  avoient  donnés 
aux  jeûnez  hommes,  et  leur  disoient  que  cil  se  dévoient  bien  deffendre 
qui  les  avoient  à  amies,  d 

Le  23  juin  suivant,  Owen  de  Galles  aida,  la  flotte  espagnole,  com- 
mandée par  le  Génois  Ambroise  Boccanegra,  à  battre  le  comte  de 
Pembroke  en  vue  de  la  Rochelle  (Chron.  des  Valois,  232  à  234)  ;  et, 
le  23  août,  il  partagea  avec  Jacques  et  Morelet  de  Montmor  la  gloire 
de  la  défaite  et  de  la  prise  du  célèbre  Jean  de  Gndlly,  captai  de 
Buch  (Arch.  Nat.,  J  475,  n^  ioo>).  Un  chroniqueur  nous  a  rapporté 


Owen  de  Galles.  447 

l'apostrophe  injurieuse,  digne  en  tout  point  des  héros  d'Homère,  qu'un 
homme  d'armes  anglais  adressa,  au  milieu  du  tumulte  de  la  mêlée,  à 
Owen  de  Galles  :  «  Où  es-tu  allé,  faux  traître  Owen  de  Galles,  faux 
renié  (renégat)  P  Aujourd'hui  sera  vengé  le  roi  d'Angleterre  et  de  France 
de  toi  !  »  —  «c  Voye^moi  ça  !»  se  contenta  de  répondre  l'écuyer  gallois 
et,  ce  disant,  il  asséna  à  son  adversaire  un  tel  coup  de  hache  qu*il  l'abat- 
tit par  terre  à  ses  pieds  (Chron,  des  Valois^  299).  Le  9  juin  1373, 
Charles  V  retint  Owen  à  son  service  avec  cent  hommes  d'armes  (Delisle, 
Mandements  de  Charles  Vy  n®  965,  p.  502)  et  le  nomma  capitaine  de 
Soubise,  l'une  des  places  les  plus  importantes  de  la  Saintonge,  dont  il 
s'était  emparé  [Arch.  NaUj  KK  251,  f  127).  Un  écuyer  gallois,  nommé 
Jean  Lamb,  tua  par  trahison  Owen  de  Galles,  pendant  le  siège  de  Mor- 
tagne-sur-Gironde,  au  commencement  de  1 378. 

Pendant  le  règne  de  Charles  VI,  deux  écuyers  gallois,  amenés  sans 
doute  en  France  par  Owen  de  Galles  ou  par  Jean  Wynn,  l'un  dit  Petit 
Grifon,  l'autre  nommé  David  Abaza,  s'établirent  et  se  marièrent  en 
Touraine  [Arch,  Naî.y  JJ  122,  n®  8j;  JJ  12^,  n^  74);  et  lorsqu'en  1404 
Owen  Glendower,  après  avoir  levé  l'étendard  de  l'insurrection  contre 
Henri  IV,  conclut  avec  le  roi  de  France  un  traité  d'alliance  ratifié  et 
scellé  par  tous  les  barons  de  la  principauté  de  Galles  [Arch.  Nat,,  J.  6  $  5 , 
n®  14),  il  ne  manqua  pas  de  se  réclamer  des  services  rendus  naguère  à 
Charles  V  par  son  cousin  Owen  de  Galles  :  «  Ad  id  audaciam  praestitit, 
dit  le  religieux  de  Saint-Denis,  quod  famosus  quondam  armiger  Yvo  de 
Gallia,  eu/ /ur^  consanguinitatis  successeratf  in  servitio  régis  Francis  nuper 
defiincti  occubuerat  ».  Tout  le  monde  sait  que  les  Owen,  de  la  branche 
des  Tudor,  ceignirent  la  couronne  d'Angleterre  avec  Henri  VII,  petit- 
fils  d'Owen  Tudor  et  de  Catherine  de  France,  veuve  de  Henri  V.  Par 
cette  double  origine,  Henri  VII  rappelait  en  quelque  sorte  l'alliance  sécu- 
laire des  deux  maisons  de  France  et  de  Galles,  quoiqu'il  se  rattachât  par 
sa  mère  aux  Somerset,  branche  légitimée  de  la  maison  de  Lancastre. 

Siméon  Luge. 


LE  SONGE  DE  MARIE 

PRIÈRE    POPULAIRE    GALLOISE. 


Nous  avons  donné  dans  Mélusine  plusieurs  prières  populaires  fran- 
çaises (col.  69,  188,  3i38,  390,  404)  et  une  allemande  (col.  391)  et  nous 
aurions  voulu  pouvoir  donner  plus  de  spécimens  de  cette  variété  pieuse, 
et  souvent  très-poétique,  de  la  littérature  populaire.  En  feuilletant  récem- 


448  Le  Songe  de  Marie. 

ment  la  collection  de  VArchétologia  CambrensiSj  nous  y  avons  trouvé 
(3'  sér.,  t.  XI)  p.  397}  une  prière  populaire  galloise,  la  seule  peut-être 
qui  ait  été  recueillie,  et  nous  croyons  utile  de  la  reproduire  id. 

Elle  était  communiquée  à  VArch,  Cambr,  par  M.  John  Pug^e  qui 
l'avait  recueillie  de  vieilles  gens.  C'est,  comme  on  le  voit,  une  prière 
catholique  d'esprit,  qui  avait  survécu  à  la  Réforme^  mais  qui  a  sans 
doute  aujourd'hui  disparu,  avec  nombre  d'usages  et  de  pieuses  pratiques 
du  passé,  devant  le  fanatisme  que  le  Dissent  a  imprimé  au  pays  de 
Galles. 

BREUDDWYD  MAIR. 

Mam  wen  Mair^  wyt  ti  yn  huno  l 

—  Ydwyf^  fy  anwyl  Fabj  yr  wyf  yn  hreuiiwydio. 

—  Mam  weny  betk  a  weli  yn  dyfreuddwydf 

—  Gwel^  yîh  ymUd^  ath  ddilin,  aih  ddal  atk  roi  ar  y  groes  ; 
A  koelio  dy  draed  ath  dd^r/lo, 

Gwr  du  dall,  wedPr  fait  ei  dwyUoy 

A  phig  eiffon,  dy  higa  di  dan  dyfron  ddethaa^ 

Ath  holl  waed  bendigedig  yn  colli. 

0  drosfynydd,  ac  oerfynyddj 

Gwelwn  Maitj  ai  phen  ar  obenyddj 

Yn  tirio  lie  rhwng  pob  enaid  ac  uffern. 

Tir  uffern  byth  nos  cerddo 

Y  sawl  ai  medro,  ac  ai  dywedo 

Dair  gi»aith  cyn  huno  : 

Byth  wnaiff  breuddwyd  drwg  niwed  iddo. 

LE  SONGE  DE  MARIE. 

Sainte  mère  Marie,  dors-tu  ? 

—  Je  dors,  mon  fils  chéri,  je  songe. 

—  Sainte  mère,  que  vois-tu  dans  ton  songe  ? 

—  Je  te  vois  poursuivi,  traqué,  pris  et  mis  sur  la  croix, 
[Et]  un  homme  noir,  aveugle,  trompé  par  le  Démon 
Avec  la  pointe  de  sa  lance  te  percer  sous  le  sein. 

Et  tout  ton  sang  béni  se  répandre. 

Par  delà  la  montagne,  la  froide  montagne, 
Voyons  Marie,  la  tète  sur  un  oreiller  (?) 
Creuser  un  espace  entre  chaque  âme  et  l'enfer. 


Quelques  Noms  de  Saints  bretons.  449 

Au  pays  de  l'Enfer  jamais  il  n'ira 

Quiconque  la  saura,  et  la  dira  [cette  prière] 

Trois  fois  avant  de  s'endormir. 

Jamais  un  mauvais  rêve  ne  lui  fera  de  mal. 

H.  G. 


QUELQUES  NOMS  DE  SAINTS  BRETONS 

DANS  UN  TEXTE  DU  XP  SIÈCLE. 

Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  L.  Delisle,  administrateur  général  de  la 
Bibliothèque  nationale,  la  connaissance  du  texte  suivant  qui  se  trouve 
aux  f°<  9  v^  et  10  ro  du  manuscrit  latin  11 54.  Ce  manuscrit  date  du 
XI*  siècle  et  provient  de  l'abbaye  de  Saint-Martial  de  Limoges.  Il  est 
par  conséquent  de  la  même  date  que  les  parties  les  plus  anciennes  du 
Cartulaire  de  Redon  et  peut  donner  lieu  à  d'intéressants  rapprochements 
avec  ce  Cartulaire  : 

Guiniau       est  dans  le  Cartulaire       Wimau 
Meguinnus  —  Mewinus 

Judicalus  —  Judicael 

Gurthiernus  —  Gurt'urnus 

Ce  dernier  mot^  Gurthiernus  pour  Vertigernos^  nous  donne  un  exemple 
de  la  chute  du  g  dans  l'intérieur  des  mots  suivant  la  règle,  Gr.  CJj 

P-  «37. 
D'autres  noms  contenus  dans  notre  document  ne  se  trouvent  pas  dans 

le  Cartulaire  de  Redon.  Tel  est  Suliau  =  *Sdliavos  (?). 

Voici  ce  texte  qui  est  un  fragment  de  litanies  : 

S.  Paterne,  or[a  pro  nobis]  S.  Matith,  or. 

S.  Patrici,  or.  S.  Catroc,  or. 

S.  Samsoni,  or.  S.  Caoc,  or. 

S.  Suliau,  or.  S.  Brioc,  or. 

S.  Meleor,  or.  S.  Ronan,  or. 

S.  Guiniau,  or.  S.  Tutgual,  or. 

S.  Racat,  or.  S.  Jubudoc,  or. 

S.  Pinnuh,  or.  S.  Paulninan,  or. 

S.  Machlove,  or.  S.  Hoiambiu,  or. 

S.  Meguinne,  or.  S.  Guodnou,  or. 

S.  Judicale,  or.  S.  Guingualui,  or. 

S.  Gurthieme,  or.  S.  Courentin,  or. 

Rev.  celt.  ///  ^  1 


450  Van'-en-cid. 

S.  Juti,  or.  S.  Gurgualr^  or. 

S.  Dirchil,  or.  S.  Maccent,  or. 

S.  Petran,  or.  S,  Leubri,  or. 

S.  Gildas,  or.  S.  Rethgualt,  or. 

S.  Salmon,  or.  S,  Armine,  or. 

S.  Loviau,  or.  S.  Lisure,  or. 

S.  Bili,  or.  S.Gueganton,  or. 
S.  Flocan,  or. 


H.  D'A.  DE  J, 


L'ARC-EN-CIEL. 

Il  existe  dans  le  peuple,  en  Basse-Bretagne,  plusieurs  traditions  inté- 
ressantes relatives  à  Parc-en-ciel.  M.  Emault  en  a  déjà  fait  connaître 
une,  dans  Mélusine^  colonne  502.  En  voici  une  autre. 

Une  croyance  populaire  fort  répandue  dans  le  département  des  Côtes- 
du-Nord,  et  surtout  dans  l'arrondissement  de  Lannion,  veut  que  Parc- 
en-ciel  soit  un  grand  serpent  qui  vient  se  désaltérer  sur  la  terre,  lorsque 
Peau  lui  manque  là-haut.  Quand  nos  paysans  l'aperçoivent  dessinant  son 
arc  immense  sur  le  ciel,  ils  disent  ordinairement  :  «  Voyez!  il  boit  à  tel 
étang,  à  tel  ruisseau  ou  à  telle  rivière.  »  Je  me  rappelle  fort  bien  encore, 
dans  mon  enfance,  plein  de  confiance  en  la  parole  des  personnes  qui 
nous  parlaient  ainsi,  je  me  rappelle  avoir  mainte  fois  couru  à  travers 
champs  et  prés  pour  le  surprendre  buvant  à  l'étang  de  Guemachanhaye, 
à  celui  du  Pont-Meur,  ou  à  la  rivière  du  Léguer.  Mais,  lorsque,  accom- 
pagné de  mes  frères  et  d'autres  camarades  de  mon  âge,  j'arrivais,  tout 
essoufflé,  à  l'étang  ou  à  la  rivière  désignée,  notre  désappointement  était 
grand  de  nous  apercevoir  qu'il  était  toujours  plus  loin,  à  un  autre  étang 
ou  à  une  autre  rivière,  ou  que  nous  arrivions  trop  tard.  Cependant  nous 
ne  perdions  pas  l'espoir  d'arriver  quelque  jour  en  temps  et  en  lieu  oppor- 
tun. Quelques  personnes  qui,  plus  heureuses  que  nous,  prétendaient 
l'avoir  surpris  et  vu  de  près  pompant  Peau  de  nos  étangs  et  de  nos 
cours  d'eau,  affirmaient  qu'il  avait  une  énorme  tète  de  serpent,  avec  des 
yeux  flamboyants  ;  d'autres  assuraient  avoir  vu  une  tète  de  taureau  ou 
de  bœuf. 

L'arc-en-ciel  s'appelle  en  breton  goarec  or  glao,  c'est-à-dire  :  l'arc  de 
la  pluie.  Mais,  par  une  altération  du  langage  très-fréquente  dans  le 
peuple,  on  dit  communément  aujourd'hui,  dans  tout  Parondissement  de 


La  Lune,  45 1 

Lannion,  et  dans  celui  de  Guingamp  aussi  :  Kloarec  ar  glao^  clerc  de  la 
pluie.  La  substitution  de  kloarec  à  goarec  a  été  opérée  et  rendue  facile 
par  la  consonnance  ou  la  ressemblance  phonétique  de  ces  deux  mots  et 
surtout  par  ^archaïsme  relatif  de  goarec  qui,  dans  certaines  régions,  com- 
mence à  tomber  en  désuétude  et  est  à  peine  compris.  c(  On  sait,  — 
dit  avec  raison  M.  Bréal,  —  quelle  influence  l'étymologie  populaire  peut 
exercer  sur  la  forme  d'un  mythe  :  un  nom  qu'on  ne  comprend  plus  est 
décomposé  et  expliqué  par  un  conte.  y> 

Je  suis  convaincu  qu'il  existe  dans  nos  campagnes  bretonites  quelque 
conte  populaire  sur  le  kloarec  ar  glao  ou  clerc  de  la  pluie  :  je  ne  l'ai  pas 
encore  découvert,  mais  le  diaon  :  Hir  ha  moan  evel  cloarec  ar  glao,  c'est- 
à-dire  :  Long  et  mince  comme  le  clerc  de  la  plme,  est  connu  de  tout  le 

monde,  en  Basse-Bretagne. 

F.  M.  LuzBL. 


LA  LUNE. 


Parmi  les  nombreuses  traditions  et  superstitions  relatives  à  la  lune 
qui  existent  dans  nos  campagnes  bretonnes,  en  voici  trois  qui  me  revien- 
nent à  la  mémoire. 

Par  les  belles  nuits  d'été  ou  d'hiver,  quand  la  lune,  claire  et  sans 
nuages,  parait  au  haut  du  ciel,  on  distingue  facilement  sur  son  disque 
certains  dessins  et  figures  bizarres  où  l'imaginatioade  nos  paysans  croit 
'  reconnaître  la  forme  d'un  homme  ployé  sous  le  faix  d'une  lourde  charge 
d'ajoncs.  C'est  ce  qu'ils  appellent  al  la'ér  lann^  — c'est-à-dire  —  le  voleur  ^ 
d^ajoncs. 

Cela  suppose  un  conte,  et  le  voici  : 

Un  soir  d'hiver,  par  un  beau  clair  de  lune,  un  seigneur,  en  revenant 
un  peu  plus  tard  que  d'habitude  de  la  chasse,  rencontra  un  sien  voisin, 
assez  mal  famé,  qui  portait  sur  son  dos  plusieurs  fagots  d'ajonc  sec.  Il 
l'aborda  et  lui  dît  :  —  Tu  as  pris  cet  ajonc  dans  ma  lande.  —  Faîtes 
excuse,  monseigneur,  répondît  le  paysan,  cet  ajonc  ne  vous  appartient  pas. 

—  Jure-le  donc,  par  la  lune  que  voilà.  Et  il  lui  montrait  du  doigt  la 
lune,  au  haut  du  ciel. 

—  Que  la  lune  m'engloutisse,  si  j'ai  pris  cet  ajonc  sur  vos  terres  ! 

Et  comme  il  mentait  et  qu'il  avait  volé  l'ajonc  sur  les  terres  du  sei- 
gneur, la  lune  l'engloutit;  et  il  y  est  depuis,  condamné  à  porter  éternel- 
lement son  faix  d'ajonc  et  à  servir  de  leçon  aux  enfants,  à  qui  leurs  pères 
montrent  al  la'ér  lann,  en  leur  contant  son  histoire,  pour  leur  inspirer  le 


4J2  La  Lune, 

respect  de  ia  propriété  d'autrui,  par  la  crainte  d'un  châtiment  semblable. 

On  croit  encore  dans  nos  campagnes  qu'une  jeune  fille  ou  une  jeune 
femme  qui  sort  le  soir  de  sa  maison  pour  uriner,  ne  doit  jamais  se  tour- 
ner vers  la  lune  pour  satisfalfe  à  ce  besoin  naturel,  surtout  si  la  lune  est 
cornue,  c'est-à-dire  dans  ses  premiers  quartiers,  ou  sur  le  décours.  En 
commettant  cette  imprudence,  on  s'exposerait  à  être  loaret  ou  lunée, 
c'est-à-dire  à  concevoir  par  la  vertu  de  la  lune.  On  cite  des  exemples  de 
jeunes  filles  ou  de  femmes  à  qui  ce  malheur  est  arrivé,  qui  ont  mis  au 
monde  des  enfants  fils  de  la  lune  et  que,  pour  cette  raison,  on  appelle 
loarer,  c'est-à-dire  lunatiques. 

Je  ferai  remarquer,  à  ce  propos,  que  les  personnes  portant  le  nom  de 
Loarer  sont  communes  en  Bretagne  ;  mais  je  ne  sais  si  l'on  doit  rapporter 
l'origine  de  leur  nom  à  cette  superstition,  qui  a  toujours  cours  dans  nos 
campagnes,  et  tout  dernièrement  encore  une  femme  en  parlait  devant 
moi,  d'un  air  très-convaincu. 

Dans  un  de  mes  contes  bretons,  intitulé  La  destinie\  un  moine,  passant 
un  soir  près  d'une  maison,  à  la  campagne,  entend  les  cris  d'une  femme 
dans  le  travail  de  l'enfantement.  Il  entre  précipitamment  dans  la  maison 
en  s'écriant  :  —  Pour  l'amour  de  Dieu,  ma  pauvre  femme,  faites  tous 
vos  efforts  pour  retarder  le  moment  de  la  venue  au  monde  de  votre 
enfant,  car  la  lune  est  en  train  de  se  pendre  I 

Voici  la  superstition  à  laquelle  ce  moine  fait  allusion.  L'enfant  qui  naît 
au  moment  où  la  lune  est  en  train  de  se  noyer  ou  de  se  pendre,  doit  se 
noyer  ou  se  pendre,  fatalement.  Or,  dans  le  peuple  de  nos  campagnes, 
on  dit  communément  que  la  lune  se  noie,  quand  elle  paratt  ballottée  au 
milieu  de  nuages  mouvants  qui  ressemblent  plus  ou  moins  aux  vagues 
de  la  mer  ;  et  elle  se  pend,  lorsqu'elle  paratt  suspendue  par  sa  corne 
supérieure  à  un  nuage  qui  offre  quelque  ressemblance  avec  un  arbre  ou 
une  potence. 

Je  rappellerai  encore  à  ce  propos  le  proverbe  suivant,  que  j'emprunte 
à  l'excellent  recueil  de  proverbes  et  dictons  bretons  que  vient  de  publier 
mon  ami  L.  Sauvé,  sous  le  titre  de  :  Lavarou,  Koz  Breiz-Izel,  et  dont  la 
Revae  Celtique  a  eu  la  primeur  : 

Kamm^  luch,  bom, 

Zo  ganet  indan  ar  c*hom. 

Boiteax,  louche,  borgne, 
Sont  nés  sous  la  corne. 

C'est-à-dire,  très-probablement,  sous  la  lune  cornue,  ou  le  croissant  de 

la  lune. 

F.-M.  LuzEL. 

1.  Voir  MHusine^  col.  323. 


liirrriphonj-    lafiaej   dr   l  ■  Irtandr. 


The  Killeen  Cormac  Stone  again.  45  ; 

THE  KILLEEN  CORMAC  STONE  AGAIN, 

L'École  des  Hautes  Ëtudes,  pour  fêter  le  dixième  anniversaire  de  sa  fondation, 
a  publié  un  volume  de  Mélanges  offerts  comme  Festgabe  à  son  fondateur, 
M.  Duruy.  Nous  avons  donné  à  ce  volume  une  Notice  sur  les  inscriptions  latines 
de  r Irlande  (p.  1 21-13  5  ^^^^  ^^P^  planches). 

La  plus  curieuse  de  ces  inscriptions  est  celle  qui  se  trouve  sur  la  pierre  de 
KîUeen  Cormac.  Cette  pierre,  découverte  par  M.  Pabbé  J.  F.  S.  Shearman, 
porte  une  inscription  oghamique  et  une  inscription  en  caractères  romains  qui  a 
été  lue  par  les  uns  IVVENE  DRVVIDES,  c'est-à-dire  t  [la  pierre]  du  jeune 
Druide  >  ;  par  les  autres  IVVERE  DRVVIDES,  c'est-à-dire  t  les  quatre  vrais 
Druides  >  (litt.  c  quatre  vraiment  Druides  >,  quatuor  vere  Druides). 

Nous  nous  sommes  prononcé  pour  la  lecture  IVVENE  DRVVIDES  surtout 
parce  que  la  barbarie  de  ce  latin  (iuvene  Druuides  pour  iuvenis  Druidis)  s'accor- 
dait avec  les  formes  ordinaires  des  inscriptions  contemporaines  de  la  Grande- 
Bretagne,  et  parce  que  cette  barbarie  même  était  une  garantie  d'authenticité 
pour  une  inscription  que  le  nom  des  Druides  rendait  bien  suspecte. 

A  cette  occasion  M.  l'abbé  J.  P.  Shearman  nous  a  fait  l'honneur  de  nous 
écrire  pour  défendre  la  lecture  IV  vere  Druides,  Son  principal  argument  est  la 
mention  dans  de  vieilles  chroniques  d'un  Druide  et  de  ses  trois  fils  qui  auraient 
été  enterrés  en  cet  endroit.  Le  lecteur  appréciera  cet  argument,  et  tiendra 
compte  des  détails  très  intéressants  que  fait  connaître  notre  obligeant  corres- 
pondant. 

Pour  nous,  nous  avouerons  que  s'il  fallait  adopter  cette  lecture,  nous  met- 
trions en  doute  l'authenticité  de  l'inscription  latine.  IV  VERE  DRVVIDES 
c  four  really  Druids  >  nous  paraît  trop  précieux  et  trop  joli  pour  être  vraiment 
du  latin  épigraphique.  Les  inscriptions  de  cette  époque  ne  visent  pas  à  l'esprit, 
et  les  inscriptions  chrétiennes  encore  moins;  or,  de  l'avis  de  M.  l'abbé  J.  F. 
Shearman,  cette  inscription  serait  l'œuvre  d'un  ecclésiastique.  Remarquons 
aussi  qu'il  faudrait  lire  DRWIDES  plutôt  que  DRVVIDES.  Ce  w  nous  parait 
très  suspect,  et  pourrait  bien  venir  d'un  lapicide  qui  connaissait  l'anglais  ou  le 
gallois  moderne. 

Remarquons  encore,  comme  une  autre  raison  de  défiance,  que  seule  des  ins- 
criptions latines  d'Irlande  elle  est  en  caractères  vraiment  épigraphiques  :  toutes 
les  autres  sont  en  caractères  de  l'alphabet  cursif.  Celle  même  de  Cahir  Conree 
(n^  2  de  notre  notice)  est  un  mélange  du  caractère  épigraphique  et  du  caractère 
cursif  et  se  rattache  plutôt  à  ce  dernier  caractère.  Et  M.  l'abbé  Shearman  place 
la  date  de  l'inscription  de  Killeen  Cormac  vers  SS^-  ^  ^^^^^  époque  les  carac- 
tères réguliers  dont  se  compose  cette  inscription  étaient-ils  encore  employés? 

En  résumé,  à  examiner  cette  inscription  de  plus  près,  elle  nous  inspire  aujour- 
d'hui les  doutes  les  plus  sérieux  sur  son  authenticité.  Nous  laissons  aux  savants 
d'Irlande  le  soin  de  chercher  par  qui  et  à  quelle  époque  elle  aurait  pu  être 
fabriquée. 


454  ^^^  Killeen  Cormac  Storu  again. 

Comme  élément  d'information,  nous  reproduisons  ci-contre  la  planche  I  de 
notre  notice  où  ce  monument  est  représenté,  et,  comme  Tinscription  oghamique, 
très  peu  profonde,  se  voit  mal  sur  la  planche,  nous  la  donnons  ci-dessous  (p. 
4(7)  à  part  :  dans  ce  dessin  la  ligne  droite  figure  Tarète  de  la  pierre  sur  laquelle 
se  déroule  l'inscription. 

Quatuor  vcre  Drwides  est  étrange  comme  latin.  Mais  Fétrangeté  disparaît  si 
Ton  pense  que  Fauteur  de  l'inscription  a  voulu  rendre  par  là  une  expression  qui 
est  de  l'anglais  tout  à  fait  correct  :  Fowrvery  Drmds,...  Cela  même  nous  explique 
pourquoi  le  faussaire  a  dit  vere  et  non  veri  Quoique  Fanglais  very  soit  également 
adjectif  et  adverbe,  néanmoins  l'instinct  de  la  langue  le  considère  plutôt  comme 
adverbe  :  de  là  vere. 

En  un  mot,  cette  prétendue  inscription  est  du  mauvais  latin  calqué  sur  un 
idiotisme  anglais.  Nous  regrettons  d'avoir  incliné  à  la  croire  authentique  dans  la 
notice  citée  plus  haut,  et  nous  saisissons  cette  occasion  de  faire  notre  mea  culpa. 

Au  surplus,  nous  ne  prétendons  pas  imposer  notre  opinion  au  lecteur;  il 

jugera  par  lui-même. 

H.  G. 

To  the  Editor  of  the  Revue  Celtique. 

My  dear  Sir, 

I  bave  read  with  very  great  interest  your  notice  of  «  Latin  inscrip- 
tions in  Ireland  ».  As  I  was  the  iirst  person  to  bring  under  the  notice 
of  Antiquaries  and  Philologists  the  Druid  Stone  at  Killeen  Cormac,  with 
its  almost  unique  bilitterai  inscription,  I  beg  through  the  médium  of  your 
Journal  to  append  some  additional  information  on  this  most  interesting 
monument.  My  reason  for  doing  so  is  that  since  the  publication  of  the 
«  Christian  Inscriptions  of  Ireland  »  by  Miss  Stokes ,  I  bave  not  lest 
sight  of  my  discovery  and  bave  got  together  a  great  deal  of  interesting 
détails  connected  with  that  vénérable  monument  and  the  ancient  cemetry 
wherein  it  is  preservcd. 

That  it  is  a  genuine  relie  of  past  âges,  and  of  the  great  antiquity 
claimed  for  it,  bas  never  been  called  into  question  by  the  late  D^  George 
Pétrie,  D'  Stokes,  or  Sir  Samuel  Ferguson  and  others  fuUy  compé- 
tent to  judge  of  its  true  character,  at  the  time  of  its  discovery,  when 
there  was  no  collatéral  évidence  to  support  its  prétentions  to  the  anth- 
quity  claimed  for  it,  their  judgements  rested  soiey  on  the  intrinsic  evir 
dence  of  the  monument  itself,  with  its  vénérable  surroundings  at  Killeen 
Cormac. 

The  Ogham  inscription  taken  firom  the  Christian  Inscriptions  is  quite 
correct  as  are  also  the  Roman  letters  with  this  one  exception  viz.  the  letter 
represented  as  N  in  iwene  as  given  by  miss  Stokes,  who  adopted  the 
description  given  in  my  iirst  notice  of  this  monument.  My  idea  then  was 


The  Killeen  Cormac  Stone  again.  45  5 

tbat  inene  may  hâve  been  an  attempt  to  express  what  I  thought  might 
read  (D)uftan.  (D)uifan  or  (D)uftac,  for  at  that  time  I  had  an  ideathat 
this  inscribed  stone  was  the  sépulcral  monument  of  Dubhtach  mac  Ua 
Lugair,  which  I  subsequentiy  discovered  it  to  be,  but  on  other  grounds. 
The  letter  then  read  as  N^  on  a  more  carefitl  examination  proved  to  be 
the  letter  R^  the  loop  or  round  part  of  which  is  lost  by  the  decay  or  lami- 
nation  of  the  surface  at  that  précise  spot.  The  upright  Une  is  quite  plain 
and  discemible  ;  the  oblique  transverse  or  tail  is  equally  visible  and  well 
marked^  thus  the  first  group  of  letters  is  IWERE  which  D'  Graves  the 
bishop  of  Limerick  read  from  the  rubbing:  IWERE  DRWIDES  the 
Four  True  Druids.  This  reading  was  then  adopted  by  Doctor  now  Sir 
S.  Ferguson.  The  Ogham  inscription  reading  «  Duftano  Safei  sapattos», 
comfirmed  my  views  that  Dubhtach  mac  Ua  Lugair  was  one  of  the 
Four  true  Druids;  he  was  antecedently  well  known  to  me  from  the  refe- , 
rences  to  him  in  the  various  Lives  of  S.  Patrick,  and  from  his  poems 
published  by  Eugène  O'Curry  in  his  «  Lectures  on  the  mss.  materials  for 
Irish  History  s. 

Your  notice  does  not  refer  to  Dubhtach  or  connect  him  with  this 
ancient  monument,  his  history  is  of  the  greatest  interest.  According 
to  the  account  in  the  Tripartite  and  other  Lives  of  S.  Patrick  our 
national  Apostle,  Dubhtach  mac  Ua  Lugair  or  Lugil^  was  Head  Druid 
or  Poet  to  Leaghaire  mac  Niall  kingof  Ireland  AD  428-463.  Atthe 
interview  of  S.  Patrick  with  that  king  at  Tara,  Dubhtach  alone  of  ail 
the  other  druids  stood  up  on  the  approach  of  the  Apostle  to  pay  him  due 
respect  though  it  was  otherwise  previously  arranged  that  no  one  should 
do  so.  Dubhtach  then  became  a  Christian  and  continued  the  fast  friend 
of  the  Apostle.  After  the  death  of  king  Leaghaire  in  463^  Dubhtach 
became  the  head  poet  to  Crimthann  mac  Enna  Cinnselagh  king 
of  Leinster  till  his  death  AD  484.  Being  deprived  of  his  patemal 
lands  in  the  Hy  Lugair  territory  in  the  south  of  the  présent  County 
of  Kiidare,  he  received  as  the  reward  of  his  poems  on  the  exploits  of 
his  patron  Formael-na-bFiann,  where  two  centuries  before  Fin  mac 
Cumhal  resided  ;  he  was  Captain  of  the  Fianna  or  Irish  Standing  army 
then  raised  to  repel  an  expected  Roman  invasion.  This  place  is  now 
known  as  Little  Limerick  in  the  County  of  Wexford. 

The  original  name  of  Dubhtachs  patrimonial  lands  the  Cinel  or  Hy 
Lugair  survived  till  the  1 2th  Century.  In  a  list  of  the  churches  of  the 
diocèse  of  Glendalough  confîrmed  in  AD  1 173  to  S.  Lawrence  O'Toole 
is  found  c<  Cillenulugair  »  situated  in  the  deanery  of  O'Murthi  in  the 
south  of  Kiidare;  its  proper  form  would  be  Cill  fine  Ua  Lugair  i.e.  the 


456  The  Killeen  Cor  mac  Stone  again. 

church  of  the  tribe  of  the  Hy  Lugair,  another  form  for  Cill  fine  Cor- 
maic,  which  is  derived  from  a  king  of  Leinster  named  Cormac  who 
becaroe  a  monk  AO  5  ^  5  and  died  AD  567.  According  to  the  local  legend 
he  was  buried  at  Killeen  Cormac.  Cil  fine  pronouncedCilleenthe/being 
elîded  represents  the  church  of  the  «  Tribes  ».  The  Hy  Cormaic  the  Hy 
Gaibhla  ancient  tribes  in  Mid  Leinster,  of  much  power  and  importance 
before  the  rise  of  the  great  families  descended  of  Cathair  Mor  king  of 
Leinster  and  of  Ireland  for  three  years  before  he  fell  by  Conn  ced  Cathach 
AD  177.  Cill  Fine  or  Ecclesia  Finte  was  one  of  the  three  churches  erec- 
ted  by  Palladius  in  43 1  an  account  of  which  is  given  in  the  Tripartîte 
Life  of  S.  Patrick.  They  are  fuUy  identified  and  described  in  part  IV  of 
Loca  Patriciana  in  the  c(  Journal  of  the  Royal  Historical  Association  of 
Ireland  ». 

When  I  had  made  thèse  discoveries  in  référence  to  Dubhtach  and  the 
old  cemetry  of  Killeen  Cormac  where  he  rests,  I  most  unexpectedly  aligh- 
ted  on  a  passage  in  the  Lebor  Brecc  which  confirmed  my  previous 
investigations  and  impressions.  In  the  naewsencus  or  saint  historywritten 
about  the  9th  century  by  Engus  the  Celedé  preserved  in  that  vénérable 
ms.  and  also  in  Mac  Firbis  volume  of  généalogies,  page75i.  In  that  part 
which  treats  of  the  ancient  cemetries  of  Ireland  and  the  saints  who 
were  buried  in  them  I  found  the  foUowing  paragraph  : 

«  Moninde,  7  Lonan  7  Molaisi  tri  Meic  Dubîhaig  m^  h  Lugair  7 
ingen  Conig  7  Mochoema  m^  h  Lugair  ho  dinlatha  ceneoil  Lugair  7  Cruim- 
ther  noem  co  muintir  Patraig  aroen  re  Dubthaigh  m^h  Lugair..,  Cordaedh'j 
secht  eps  7  secht  sagt  7  secht  hingena  hogai  anionnlatha  cineoil  Lugair.  >» 
Thus  translated  c(  Moninde  and  Lonan  and  Molaisi,  the  three  sons 
of  Dubhtach  mac  Ua  Lugair,  and  the  malden  Coningean  and  Mo- 
choema mac  Ua  Lugair  are  (buried)  in  the  marshes  (or  hill  of  the  mar- 
shes)  of  the  Cinel  Lugair,  and  the  holy  priest  of  the  family  of  Patrick 
are  there  (buried)  with  Dubhtach  mac  Ua  Lugair.  Conlaedh  and  the  seven 
bishops,  and  the  seven  presbyters,  and  the  seven  young  maidens  are 
(buried)  in  the  marshes  *  of  the  tribe  of  Lugair.  »  This  curions  and  interes- 
ting  extraa  is  to  my  mind  a  sufficient  guarantee  for  the  antiquity  claimed 
for  Killeen  Cormac,  and  the  vénérable  monumental  remains  preserved 
there.  This  extract  preserved  among  the  litterary  remains  of  Engus 
the  Celede  must  hâve  been  first  written  after  the  decease  of  Bishop 

I.  Anionnlatha  means  a  marsh,  or  rather  an  escar  or  sandhill  in  a  marsh  as  Killeen 
actuatly  is;  dion  =  dan  »  Duaum  a  strong  place;  latha  M'  W,  M.  Hennessj  equates 
with  lutum  =  mud.  The  land  about  Killeen  was  very  marshy  until  the  river  Greece  which 
flows  through  it  was  deepened  to  let  ofT  the  water.  Mac  Firbis  uses  arotn  =  nna  cun. 
The  Libor  Brecc  has  immaiU  =3  in  codent  toco. 


The  Killeen  Cornac  Stone  again.  457 

Conleath  Maj  ;rd  AD.  520,  and  before  the  time  thàt  his  remains  were 
enshrined  at  Kildare  in  S.  Brigets  church  they  were  taken  from  his  grave 
at  Killeen  Cormac  AD  799,  at  which  year  the  «  Annals  of  Ulster  » 
record,  ce  Positio  reliquarura  Conlaid  h-i-scrin  oir  7  airgît.  »  «  The 
placîng  of  the  relies  of  Conlaid  in  a  shrine  of  gold  and  silver.  » 

In  the  chapter  aiready  referred  to  in  Loca  Patriciana,  I  hâve  traced  the 
history  of  the  sons  of  Dubhtach,  the  subject  of  the  Killeen  Inscription. 
I  bave  aiso  essayed  to  identiiy  Moninde  or  Monennius  with  Nennius  the 
writer  of  the  «  Historia  Britonum  »,  and  with  Ninnine  Eices,  or  the 
Poet  who  is  the  writer  of  a  Hymnin  the  «  Liber  Hymnorum  ».  Monine 
travelled  in  search  of  ancient  Irish  books  to  Wales  and  Armorica  :  he 
retumed  after  many  wanderings  to  Ireland,  and  built  a  church  and  mo- 
nastery  at  Cluain  Conairc  Cloncurry  C^  Kildare,  where  he  died  about  the 
nûddle  of  the  sixth  century  about  which  period  aIso,  died  his  brothers 
Lonan  and  Molaisi  who  were  aIso  ecclesiastics  and  probably  bishops. 

Dubhtach  their  father  died  at  the  close  of  the  jth  century  or  very 
early  in  the  6th  to  which  period  the  Ogham  inscription  is  attributable. 
The  Roman  letters  were  inscribed  after  the  decease  of  his  three  sons 
a  half  century  later  circa  AD  5  jo  doubtless  by  the  bands  of  some  pious 
disciple  of  Ninnius,  who  was  either  a  foreign  ecclesiastic  or  a  native 
imbued  with  Roman  or  Latin  culture. 

The  other  personages  named  in  the  above  passage  are  ail  fully  identi- 
fied  in  the  papers  published  in  Loca  Patriciana,  in  the  Journal  of  the 
R.H.A.L  vol.  II  4th  séries  187}.  They  hâve  been  carried  on  to  the 
^  i^th  and  concluding  chapter  in  vol.  IV  same  séries  1878.  I  intend  to 
publish  them  in  a  separate  volume  of  over  500  pages  with  about  30  genea- 
logical  tables  illustrating  the  text. 

I  must  now  apologize  for  having  taken  up  so  much  valuable  space  in 
the  «  Revue  celtique  ».  My  only  object,  is  to  afford  your  numerous  and 
learned  readers  a  true  and  authentic  account  of  one  of  the  most  véné- 
rable monuments  of  our  national  History  and  Religion. 

John  Francis  Shearman,  C.  C. 

Howth  near  Dublin,  Ireland,  october  24th  1 878. 


Inscription  oghamiquc  de  Killeen  Cormac  (Irlande), 


BIBLIOGRAPHIE. 


Les  premlexni  habitants  de  TBarope,  d'après  les  auteurs  de  l'anti- 
quité et  les  recherches  les  plus  récentes  de  la  linguistique,  par  H. 
d'Arbois  de  JuBAiNviLLE,  Correspondant  de  l'Institut,  x-350  p.  in-8. 
Paris,  Dumoulin,  1877.  Prix,  7  fr. 

Ce  livre  est  consacré  à  l'histoire,  aux  migrations  et  à  l'ethnographie 
des  peuples  qui  ont  précédé  les  Celtes  en  Europe.  C'est  une  introduction 
à  l'histoire  de  la  race  celtique.  M.  d'A.  deJ.  s'occupe  successivement 
de  chacun  de  ces  peuples  :  Ibères,  Pélasges,  Etrusques,  Egyptiens, 
Phéniciens,  Scythes,  Thraces,  lUyriens,  Sicules,  Liguses  (dits  vulgaire- 
ment Ligures),  Hellènes  et  Italiotes. 

C'est  l'ouvrage  le  plus  important  qui  ait  paru  depuis  longtemps  sur 
cette  obscure  histoire,  non  seulement  en  France,  mais  aussi  en  Alle- 
magne, et  il  doit  cette  importance  à  la  fois  à  l'originalité  des  recherches 
et  à  la  pénétration  ingénieuse  de  l'auteur.  M.  d'A.  de  J.  n'a  fait  ni  un 
livre  de  seconde  main,  ni  une  compilation  :  il  s'est  adressé  direaement 
aux  sources,  étudiant  les  écrivains  classiques  dans  leurs  œuvres,  et  non 
dans  des  citations  de  seconde  main,  et  ajoutant  souvent  des  textes 
ignorés  ou  négligés  à  ceux  qu'on  cite  traditionnellement  de  génération 
en  génération.  Egalement  familier  avec  la  linguistique  et  l'histoire,  doué 
de  la  plus  fine  perspicacité  pour  saisir  les  rapports  les  plus  vagues 
et  les  plus  obscurcis  par  le  temps,  M.  d'A.  de  J.  apporte  sur  de 
nombreux  points  des  opinions  nouvelles  et  qui  paraissent  solidement 
fondées.  C'est  ainsi  qu'il  a  rendu  vraisemblable  la  nationalité  indo- 
européenne  des  Ligures,  et  qu'il  a  confirmé  l'opinion  de  savants  alle- 
mands d'après  lesquels  les  Scythes  seraient  de  la  même  race,  et  de  la 
branche  iranienne  de  cette  race.  M.  d'A.  de  J.  est  de  ceux  dont  la  cri- 
tique renouvelle  le  sujet  qu'ils  traitent,  et  dont  les  livres,  malgré  leurs 
défauts,  font  époque  et'autorité. 

Malgré  leurs  défauts^  avons-nous  dit  :  nous  sera-t-il  permis  de  les 


Bibliographie.  459 

indiquer  ic/,  dans  cette  Revue  dont  M.  d'A.  de  I.  est  le  plus  ferme  appui 
et  dont  ses  articles  sont  l'honneur?  Notre  ami  M.  d'A.  de  J.  ne  se 
méprendra  pas  sur  nos  intentions  ;  il  sait  en  quelle  estime  nous  tenons 
son  érudition  et  son  talent  ;  c'est  dans  l'intérêt  de  la  science  que  nous 
lui  présenterons  quelques  observations  sur  sa  méthode,  en  disant  de 
notre  critique  : 

...  fungar  vice  cotis,  acutum 

reddere  quA  ferrum  valet,  expers  ipsa  secandi. 

Le  principal  défaut  que  nous  nous  permettrons  de  reprocher  à  M.  d'A. 
de  J.,  c'est  la  recherche  et  l'abus  de  l'étymologie.  Il  suffit  qu'une  hypo- 
thèse ingénieuse  se  présente  à  son  esprit  pour  qu'il  lui  donne  créance. 
Il  y  a  dix  ans,  il  nous  expliquait  par  le  basque  le  nom  des  affluents 
champenois  de  la  Seine  :  aujourd'hui,  avec  la  même  ardeur  et  la  même 
sincérité,  il  nous  explique  par  des  racines  indo-européennes  les  noms  des 
peuples  les  plus  anciens  de  l'Europe.  Cela  est  si  séduisant  et  si  aisé  de 
choisir  dans  le  répertoire  des  racines  et  des  suffixes  indo-européens, 
comme  dans  un  trousseau  de  clefs  qui  ouvrent  toutes  les  portes,  quand 
il  s'agit  de  mots  dont  on  ne  sait  absolument  rien,  ni  à  quelle  époque  ils 
ont  paru,  ni  dans  quelles  circonstances  ils  ont  pris  naissance,  ni  surtout 
à  quelle  langue  ils  appartiennent  !  Voici,  par  exemple,  les  Italiens  : 
M.  d'A.  de  J.  nous  apprend  que  leur  nom  vient  de  la  racine  I  «  aller  », 
au  moyen  d'un  suffixe  taloy  et  qu'il  parait  vouloir  dire  u  celui  qui  a  la 
capacité  d'aller  »,  «  le  voyageur  ».  «  C'est,  remarque  ingénieusement 
M.  d'A.  de  J.,  un  nom  très-bien  choisi  pour  désigner  le  groupe  d'hommes 
qui  a  fait  la  première  invasion  indo-européenne  de  la  péninsule.  »  Pour- 
quoi donc  ?  Est-ce  que  la  seconde  invasion  de  la  péninsule  n'a  pas  été 
faite  également  à  pied  par  des  gens  qui  avaient  «  la  capacité  d'aller  », 
par  a  des  voyageurs  »  i  Par  le  même  procédé  les  Sicules  sont  «  ceux 
qui  faucillent  »,  les  Rhoxolans^  peuple  scythe,  sont  «les  brillants». 
Pour  les  Ligures,  M.  d'A.  de  J.  nous  laisse  indécis  entre  le  sens  propre 
et  le  sens  figuré  :  «  Ligus  est  un  nom  indo-européen,  et  veut  dire  au 
sens  propre  «  celui  qui  va  vite  »,  au  sens  figuré  «  celui  qui  réussit  ».  La 
corrélation  de  ces  deux  sens,  propre  et  figuré,  ne  nous  semble  pas 
nécessaire  ;  il  y  a  nombre  d'entreprises  dans  lesquelles  on  peut  ne  pas 
réussir,  justement  parce  que  l'on  va  vite.  —  Nous  accepterions  ces 
étymologies  préhistoriques,  si  M.  d'A.  de  J.  nous  les  donnait  pour  ce 
qu'elles  sont  en  réalité,  pour  des  y^ux  d^esprit;  mais  nullement:  M.  d'A. 
de  J.  est  dupe  de  sa  propre  imagination^  et  il  lui  arrive  de  tirer  des 
conséquences  de  cette  sorte  d'étymologies.  En  cela  il  commet  deux 


460  Bibliographie. 

erreurs  :  la  première,  de  présenter  comme  un  fait  une  étymologie  qui 
n'offre  aucune  garantie  et  pour  laquelle  il  n'y  a  pas  de  contre-épreuve 
possible;  la  seconde,  de  croire  que  cette  étymologie,  iùt-elle  vraie, 
prouve  quelque  chose  sur  la  nationalité  du  peuple  qui  en  est  la  victime. 
Il  faudrait  en  effet  prouver  qu'il  s'agit  là  du  nom  que  ce  peuple  se  don- 
nait à  Itti^mimey  non  pas  d'un  des  noms  que  lui  donnaient  ses  voisins  ^ 

Le  même  manque  de  mesure  se  retrouve  dans  le  chapitre  des  origines 
indo-européennes.  M.  d'A.  de  J.  y  passe  en  revue  les  mots  communs 
aux  différentes  langues  indo-européennes,  et  à  l'aide  de  ces  mots  il  trace 
le  tableau  de  la  civilisation  indo-européenne,  antérieure  à  la  séparation 
des  différentes  branches  de  cette  famille.  C'est  fort  bien;  mais,  écrivant 
pour  un  public  qui  n'est  pas  un  public  de  linguistes,  M.  d'A.  de  J.  aurait 
dû  soigneusement  distinguer  entre  la  concordance  établie  par  l'identité 
des  mots,  qui  est  un  fait^  et  l'étymologie  de  ces  mots  préhistoriques  qui 
est  une  opinion.  De  plus,  M.  d'A.  de  J.  demande  seulement  à  une  éty- 
mologie d'être  conforme  à  la  phonétique  ;  à  nos  yeux,  cela  ne  suffit  pas, 
il  faut  qu'une  étymologie  soit  aussi  conforme  au  sens  commun.  A  ce 
point  de  vue,  que  penser  de  ceci  :  «  Fils,  sunUy  c'est  c<  celui  qui  en- 
gendre »  ;  fille,  dhughtary  c'est  «  celle  qui  allaite  »  ;  le  fils  et  la  fille  sont 
pour  le  père  et  la  mère,  les  fondateurs  de  iiamilles  futures  »  î  S'imagine- 
t-on  les  premiers  Aryens  appelant  leur  fils  le  générateur ^  et  leur  fille  la 
nourrice!  Il  semble  bien,  d'après  une  note,  que  M.  d'A.  de  J.  a  pris 
cela  dans  Fick  ;  mais  ne  devait-il  pas  laisser  ces  fantaisies  à  leur  auteur 
allemand  P  Nous  admettons  jusqu'à  un  certain  point  que  les  linguistes  se 
permettent  des  hypothèses  peu  vraisemblables  dans  des  livres  écrits 
pour  les  initiés  :  entre  confrères  on  se  passe  ses  élucubrations  réci- 
proques ;  mais  quand  on  écrit  pour  un  public  étranger,  comme  c'est 
ici  le  cas  de  M.  d'A.  de  J.,  on  doit  redoubler  de  prudence,  on  doit  ne 
donner  que  des  faits,  et  si  on  leur  ajoute  des  hypothèses,  prévenir  que 
celles-ci  sont  des  hypothèses.  Autrement  on  fournit  au  public  une  occa- 
sion de  se  gausser  de  la  linguistique  et  des  linguistes. 

Pourquoi  M.  d'A.  de  J.  ne  s'inspire-t-il  pas  des  sages  conseils  que 

» 

I.  Il  nous  semble  aussi  que  pour  ces  époques  préhistoriques  on  ne  peut  faire  fond  sor 
des  rapprochements  de  noms  homophones.  Ainsi  M.  d'A.  de  J.  veut  iaentifier  le  Sicanos 
<  ce  fleuve  ibérique  sur  les  bords  duquel  Thucydide  et  Philiste  mettent  le  pins  vieil  éta- 
blissement des  Sicanes  »  avec  la  Seine  «  appelée  Sequana  par  les  Gaulois  qui  auraient 
donné  une  forme  cehique,  c'est-à-dire  indo-européenne,  à  un  nom  primitivement  ibérien.  1 
Il  serait  aisé  de  refaire  Tethnogriphie  du  monde  avec  des  rapprochements  de  ce  genre, 

3ui  ne  sont  en  somme  que  des  calembours.  Notons  à  propos  de  cet  exemple  que  M.  d'A. 
e  J.  se  met  un  peu  en  contradiction  avec  lui-même,  car  il  a  donné  ailleurs  {Retut 
Archéologique^  nouv.  série,  t.  XV,  p.  1(3)  une  étymologie  celtique  (trèsH:ontestable  du 
reste)  du  nom  de  la  Seine  qu'il  décompcKsait  en  Sec-uan-a  et  quil  expliquait  comme 
signifiant  «  la  rivière  sèche  >. 


Bibliographie.  461 

donnait  M.  Bréal  dans  son  récent  travail  sur  les  radnes  indo-européennes  i 
M.  Bréal  parle  de  la  langue-mère  indo-européenne  :  «  Elle  sortirait 
tout  à  fait  des  conditions  ordinaires  si  tous  les  mots  qui  la  composent 
étaient  également  transparents.  C'est  ce  que  paraissent  avoir  oublié 
quelquefois  nos  modernes  linguistes,  qui,  non  contents  de  poser  la  forme 
indo-européenne,  veulent  aussi  en  donner  chaque  fois  l'étymologie. 
S'agit-il,  par  exemple,  du  mot  avi-s^  brebis  P  Ce  substantif  a  existé  dans 
la  langue-mère^  puisque  nous  le  rencontrons  en  sanscrit  sous  la  forme 
avw,  en  grec  ofç,  latin  ovis,  lithuanien  avis,  irlandais  oL  Mais  s'il  n'est 
nullement  téméraire  d'affirmer  l'existence  du  mot  dans  un  temps  antérieur 
à  la  séparation  de  nos  idiomes,  la  recherche  de  l'étymologie  nous  trans- 
porterait dans  une  période  beaucoup  plus  reculée  et  sur  un  terrain  moins 
solide  :  l'indo-européen,  qui  nommait  avis  la  brebis,  pensait  probable- 
ment, en  la  nommant,  à  une  brebis,  et  à  nulle  autre  chose.  Si  nous 
voulons  connaître  la  racine  renfermée  dans  ce  substantif,  nous  franchis- 
sons une  nouvelle  série  de  siècles  et  nous  faisons  de  l'étymologie  ante- 
indo-européenne  ^.•  »  C'est  surtout  dans  le  camp  des  celtistes  qu'il  faut 
montrer  de  la  prudence  et  de  la  mesure  ;  car  il  ne  manquait  pas  et  il  ne 
manque  pas  encore  de  gens  pour  expliquer  tout,  mots  et  noms  de  tout 
temps  et  de  tout  pays,  avec  leurs  racines  bretonnes  ou  gaéliques.  On 
peut  commettre  la  même  erreur,  en  employant  les  racines  indo-euro- 
péennes, quand  on  a  également  des  explications  pour  toute  chose.  Pre- 
nons garde,  écrivait  un  jour  Siegfried,  prenons  garde  de  faire  comme 
nos  anciens,  mais  sans  l'excuse  de  leur  ignorance  ;  prenons  garde  de 
massacrer  les  mots  et  les  formes  —  avec  cette  différence  que  nos  cou- 
teaux coupent  mieux  K 

Nous  pensons  que  M.  d'A  de  J.  n'aurait  pas  dû  s'en  tenir  exclusive- 
ment «  aux  auteurs  de  l'antiquité  et  aux  recherches  les  plus  récentes  de 
la  linguistique  ».  Nous  savons  bien  qu'il  nous  en  prévient  dans  son  titre, 
mais  avait-il  le  droit  de  le  faire  î  Nous  admettons  qu'un  historien  se 
confine  dans  les  sources  écrites  lorsqu'il  s'agit  d'époques  vraiment  histo- 
riques ;  mais  quand  il  est  question  d'époques  obscures  qui  sont  anté- 
rieures à  l'histoire  certaine  et  documentiez  sur  lesquelles  on  n'a  que  des 
renseignements  fragmentaires  et  obscurs,  peut-on  s'entourer  de  trop  de 
précautions,  réunir  trop  de  faits  et  consulter  trop  de  sources  ?  Or  l'ar- 
chéologie^ en  faisant  connaître  le  côté  matériel  d'une  civilisation  éteinte, 

1.  Bréal  :  Mélanges  de  mythologie  et  de  linguistique,  p.  379. 

2.  Take  care  that  we  are  not  acting  like  the  older  men,  but  without  their  eicuse  of 
ignorance^  batchering  words  and  forms,  —  only  with  sharper  knives.  —  Cité  par 
M.  Whitley  Stokes  dans  sa  préface  aux  MisceUanea  Ctltica  de  Siegfried. 


462  Bibliographie. 

ne  fournit-elle  pas  des  faits  dont  Pbistorien  peut  utilement  tenir  compte  P 
On  peut  discuter  sur  la  valeur  de  ces  faits,  sur  la  provenance  et  l'ori- 
gine d'armes,  d'objets  artistiques^  etc.,  comme  on  discute  sur  le  témoi- 
gnage d'un  historien  ;  mais  ces  faits  n'en  sont  pas  moins,  eux  aussi,  des 
témoignages.  Il  y  a  pour  l'historien  des  époques  préhistoriques  deux 
ordres  de  documents  :  les  documents  écrits  et  les  documents  matériels. 
Les  combiner  est  justement  l'œuvre  de  l'historien  ;  mais  en  ignorer  sys- 
tématiquement l'une  ou  l'autre  moitié,  c'est  mutiler  l'histoire.  Est-ce 
que,  par  exemple,  l'histoire  des  Etrusques,  auxquels  M.  d'A.  de  J.  con- 
sacre un  chapitre,  ne  pouvait  pas  être  éclairée  à  l'aide  des  données  que 
fournit  l'archéologie  P 

Ici  encore  nous  invoquerons  le  témoignage  d'un  savant  dont  M.  d'A. 
de  J.  ne  contestera  pas  la  compétence  et  l'autorité,  celui  de  M.  Anatde 
de  Barthélémy  :  «  Dans  ces  difficiles  problèmes  historiques,  pour  arriver 
à  la  vérité,  il  faut,  en  effet,  se  servir  de  témoignages  écrits  et  de  témoi- 
gnages matériels.  En  n'employant  que  les  premiers  exclusivement,  on 
s'expose  à  errer  :  pour  peu  que  l'on  ait  étudié  l'histoire  et  ses  sources, 
on  est  surpris,  quelle  que  soit  l'époque  dont  on  s'occupe,  de  constater 
combien  les  récits  légendaires  s'imposent  vite  et  facilement.  De  même  que 
dans  nos  chroniqueurs  les  plus  sérieux  du  moyen  âge^  des  fragments  de 
chansons  de  geste  et  de  romans  de  la  Table-Ronde  viennent  se  glisser 
au  milieu  des  faits  historiques  avec  lesquels  ils  se  confondent  ;  de  même 
dans  les  auteurs  grecs  et  latins,  on  peut  trouver  des  légendes  antiques 
acceptées  comme  des  traditions  de  faits  constatés.  —  Quant  aux  témoi- 
gnages matériels,  contemporains  des  faits  à  élucider,  on  commence  seu- 
lement à  les  connaître  un  peu  depuis  une  vingtaine  d'années.  Jadis  les 
archéologues  négligeaient  complètement  ces  poteries,  ces  armes,  ces 
bijoux,  piteusement  rejetés  des  collections  comme  des  objets  barbares. 
Avouons  que  maintenant  encore^  pour  certains  érudits  appartenant  aux 
compagnies  savantes  de  l'ordre  le  plus  élevé,  l'archéologie  occidentale 
des  temps  antérieurs  au  premier  siècle  de  notre  ère  est  toujours  enve- 
loppée d'un  brouillard  qu'ils  ne  semblent  pas  pressés  de  sonder  de  peur 
de  compromettre  leur  prestige  scientifique  > .  n 

Dans  son  préambule  tout  au  moins,  M.  d'A.  de  J.  ne  devait  pas  se 
dérober  à  la  tâche  d'interroger  les  témoignages  autres  que  ceux  des 
auteurs  anciens  et  de  la  linguistique.  C'est  quand  il  parle  des  habitants 
des  cavernes  et  de  l'Atlantide.  M.  d'A.  de  J.  décrit  les  habitants  des 
cavernes  uniquement  d'après  Eschyle,  Homère,  Lucrèce ,  etc.  ;  mais 

I.  Anatole  de  Barthélémy,  Les  temps  antiques  de  la  Gaule,  voir  phis  loin,  p.  467. 


Bibliographie.  463 

d'après  les  restes  de  leur  civilisation,  nullement.  Il  pose  en  outre  en  fiait 
que  les  habitants  des  cavernes  étaient,  par  cela  même,  étrangers  à  la 
race  indo-européenne.  Voilà  qui  nous  semble  bien  arbitraire.  Est-ce 
qu'il  n  y  a  pas  des  groupes  de  population  qui  vivaient  encore  dans  de 
véritables  cavernes  en  France  même,  presque  jusqu'à  notre  époque  P 

Et  l'Atiantide?  Si  une  question  peut. être  éclairée  par  le  concours  des 
sciences  naturelles  et  notamment  de  la  géologie,  c'est  bien  celle-là  ;  et 
en  effet  ces  sciences  admettent  comme  vraisemblable  l'existence  d'un 
continent  dont  les  Canaries  seraient  un  débris^  mais  leur  témoignage  a 
moins  d'importance  pour  M.  d'A.  de  J.  que  le  discours  de  Silène  à  l'an- 
tique roi  Midas,  dont  il  ne  perd  pas  un  mot.  Ici  les  témoignages  tirés 
<(  des  auteurs  de  l'antiquité  et  des  recherches  les  plus  récentes  de  la  lin- 
guistique »  sont  Vaccessoire^  et  les  arguments  tirés  des  sources  naturelles 
le  principal,  M.  d'A.  de  J.  traite  des  premiers  et  ne  dit  rien  des  seconds. 
Nous  le  demandons  au  lecteur  :  ignorer  systématiquement  tout  un  ordre 
de  sources,  est-ce  conforme  à  la  méthode  historique  P 

Encore  une  critique  pour  finir.  L'ouvrage  de  M.  d'A.  de  J.  se  lit  avec 
peine  (telle  est  du  moins  notre  impression  personnelle)  ;  il  faut  toute 
la  puissance  de  l'attention  pour  suivre  l'enchaînement  des  idées  de  l'au- 
teur. Il  faut  presque  par  endroits  étudier  pour  son  propre  compte  la 
question  dont  il  traite.  Si  la  clarté  et  le  lucidus  ordo  sont  dus  par  un 
auteur  à  ceux  qui  le  lisent,  c'est  bien  quand  il  s'agit  d'un  sujet  obscur 
et  délicat  par  lui-même  comme  est  l'histoire  des  premiers  habitants  de 
l'Europe. 

Nos  critiques,  on  le  voit,  portent  sur  des'  points  secondaires,  et  nous 

pensons  que  ni  M.  d*A.  de  J.  ni  le  lecteur  ne  s'y  méprendront.  Ces 

détails,  nous  le  répétons,  ne  nous  empêchent  pas  de  regarder  l'ouvrage 

de  M.  d'A.  de  J.  comme  une  œuvre  des  plus  remarquables  et  comme  un 

des  efforts  les  plus  vigoureux  qui  aient  été  tentés  pour  soulever  le  voile 

dont  se  couvre  l'origine  de  l'histoire. 

H.  G. 


Nord-  imd  Mittel-Earopa  in  den  Schrilten  den  Alton,  bis  znm 
Anftreten  der  Gimbern  and  Tentonen  von  Oskar  Brenner.  Mu- 
nich, Christian  Kaiser.  In-8,  1 16  pages,  1877.  Prix,  j  fr.  25. 

Cette  brochure  est  une  thèse  de  doctorat  présentée  à  la  faculté  de  philo- 
sophie de  l'Université  de  Munich.  M.  Brenner  a  suivi  l'ordre  chronologique 
des  auteurs,  et,  commençant  par  Hécatée  pour  finir  parPolybe,il  résume 
les  notions  que  chacun  d'eux  nous  fournit  sur  l'Europe  centrale  et  sur 


464  Bibliographie. 

l'Europe  du  nord.  Il  connaît  convenablement  les  sources,  les  éditions  et 
les  dissertations  dont  chaque  auteur  a  été  l'objet.  Naturellement  il  puise 
beaucoup  dans  le  savant  ouvrage  de  M.  K.  Mûllenhof,  Deutsche  Aller- 
thumskunde,  tome  l^.  On  peut  même  considérer  la  thèse  de  M.  Brenner 
comme  une  sorte  de  répertoire  critique  où  les  matériaux  réunis  par 
M.  Mùllenhof  sont  simplement  classés  dans  un  ordre  différent.  Je  dis 
répertoire  critique  :  je  ne  veux  pas  dire  que  M.  Brenner  ait  toujours 
raison  de  critiquer  le  célèbre  professeur  de  Berlin.  Il  n'est  pas  de  force. 
Ainsi,  à  la  page  96  de  son  savant  ouvrage,  M.  Mùllenhof  dit  que  les 
éditeurs  d'Hécatée  ont  tort  d'attribuer  à  ce  géographe  grec  les  mots  : 
Nap5oi)V  ip-Tcéptov  xat  -îtéXtç  xeXxtxif),  «  Narbonne,  ville  et  marché  cel- 
tique »,  et  que  cette  notion  géographique,  attribuée  à  Hécatéepar  Clau- 
sen  et  Charles  Mûller  (c  sur  la  foi  d'Etienne  de  Bysance,»  est  donnée  par 
Etienne  de  Byzance  comme  empruntée  non  à  Hécatée,  mais  à  Strabon. 
Là-dessus  M.  Brenner  déclare  qu'il  n'est  pas  convaincu.  Il  n'est  pas 
convaincu  !  Il  n'avait  qu'à  ouvrir,  à  côté  d'une  édition  d'Etienne  de 
Byzance,  une  édition  d'Hécatée;  il  aurait  vu  que  là  où  les  éditeurs  de  ce 
dernier  géographe  ont  imprimé,  soi-disant  d'après  Etienne  de  Byzance  : 
Nap6(i)V,  è|jL77opiov  xai  itôXiq  xeXTtxi^,  'EyAxaToç  Eipwxï),  Etienne  de 
Byzance,  au  lieu  de  'ExaxaToç  EôpciîCT),  avait  écrit  2Tpi6a)v  xeTipTo). 

La  brochure  de  M.  Brenner,  comme  le  livre  de  M.  Mùllenhof,  con- 
tient de  nombreuses  indications  sur  les  origines  celtiques  :  mais  M.  Bren- 
ner parait  peu  au  courant  de  ce  sujet  spécial.  Ainsi  il  considère  comme 
fort  douteux  que  suivant  Ephore,  la  Celtique,  KsXtixi^,  se  soit  étendue 
jusqu'auprès  de  Cadix  au  temps  de  cet  auteur,  c'est-à-dire  vers  350, 
comme  le  raconte  Strabon,  1.  IV,  c.  4,  §  6,  édition  Didot,  p.  i6j. 
Cependant,  au  temps  de  Strabon,  les  Celtiques  possédaient  encore  les 
villes  de  Conistorgis  et  de  Pax  Augusta  dans  l'Espagne  méridionale,  non 
loin  des  Turdétans  (Strabon,  1.  III,  c.  2,  §  2  et  13,  édition  Didot, 
p.  117,  125].  Evidemment  les  victoires  des  Carthaginois  sur  les  Celtes 
d'Espagne,  la  conquête  de  l'Espagne  sur  les  Celtes  par  Hamilcar  Barca 
et  Hasdrubal  de  238  à  221  avant  J.-C,  n'a  pas  dû  avoir  pour  effet 
d'augmenter  l'étendue  des  contrées  occupées  par  la  race  celtique  en 
Espagne.  Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  s'étonner  qu'Ephore,  au  iw^  siècle, 
attribue  à  la  Celtique  une  grande  partie  de  l'Espagne. 

M.  Brenner  a  fait  un  travail  estimable  qui  mérite  des  encouragements; 
sa  méthode  est  bonne  ;  à  l'avenir,  en  étudiant  son  sujet  plus  à  fond,  il 
se  mettra  à  même  de  nous  fournir  des  mémoires  qui  ofiriront  moins  de 
prise  à  la  critique. 

H.  D'A.  DE  J. 


Bibliographie.  465 

Les  moniunents  mégalithiqnes  de  tone  pays,  leur  âge  et  leur  desti- 
nation, avec  une  carte  et  230  gravures,  par  James  Fergusson^ 
Ouvrage  traduit  de  l'anglais  par  Pabbé  Hamard,  prêtre  de  l'Oratoire 
de  Rennes.  Paris,  Haton,  1877,  in-8  de  560  pages  avec  1  carte  et 
2J0  gravures.  —  Prix  :  10  fr. 

L'ouvrage  de  M.  James  Fergusson,  paru  en  anglais  en  187;,  marque 
une  époque  dans  l'histoire  de  l'archéologie,  et,  n'était  qu'il  combat  les 
idées  à  peu  près  reçues  aujourd'hui  en  cette  matière,  il  aurait  eu  plus  de 
retentissement.  M.  F.  pense,  en  effet,  que  les  monuments  des  Iles  Bri- 
tanniques et  de  France,  autrefois  dits  druidiques  ou  celtiques,  aujour- 
d'hui appelés  mégalithiques  d'un  mot  qui  ne  préjuge  rien,  sont  l'œuvre 
des  Celtes  et  se  placent  aux  environs  de  l'époque  romaine  :  que  quel- 
ques-uns même,  comme  Avebury  et  Stonehenge,  appartiennent  à 
l'époque  post-romaine,  c'est-à-dire  à  l'époque  qui  a  suivi  le  départ  des 
troupes  romaines  de  la  Grande-Bretagne  abandonnée  à  elle-même. 
Disons  bien  vite  que  si  M.  F.  regarde  ces  monuments  comme  celtiques, 
il  lie  les  considère  pas  comme  druidiques,  c.-à-d.  comme  ayant  une  des- 
tination religieuse  :  il  ne  les  regarde  que  comme  des  monuments  funé- 
raires. 

Mais  ce  qui  faisait  la  principale  valeur  de  l'ouvrage  de  M.  F.,  c'est 
qu'il  décrivait  les  monuments  analogues  connus  jusqu'ici  dans  le  reste 
du  monde,  qu'il  réunissait  des  documents  de  toute  sorte  le  plus  souvent 
peu  accessibles,  et  qu'il  faisait  connaître  les  monuments  eux-mêmes  par 
des  plans  et  par  des  gravures.  Les  dolmens  de  l'Espagne  et  du  Portugal, 
les  constructions  singulières  des  lies  de  la  Méditerranée,  les  milliers  de 
dolmens  de  l'Algérie,  ceux  de  l'Asie  occidentale,  ceux  de  l'Inde,  les 
menhirs  qu'on  élève  encore  aujourd'hui  dans  les  monts  Khassia  (Hindous- 
tan)  se  trouvaient  pour  la  première  fois  réunis  et  confrontés  avec  ceux 
de  nos  pays.  Ce  catalogue  était  déjà  par  lui-même  un  enseignement  :  il 
montrait  que  ces  monuments  ne  peuvent  pas  être  l'œuvre  d'un  seul 
peuple,  qu'ils  sont  la  forme  primitive  de  l'architecture  funéraire  des 
anciens  peuples  et  que  «  l'architecture  mégalithique  est  un  style  au 
même  titre  que  l'architecture  gothique,  grecque,  égyptienne,  bouddhiste 
ou  autre  ».  Ce  classement  montrait  aussi  que  ces  monuments  sont  pres- 
que tous  des  monuments  funéraires. 

Les  études  d'archéologie  préhistorique  se  perdent  trop  souvent  dans 
le  menu  ou  dans  le  vague  ;  M.  F.  les  ramène  à  la  fois  aux  questions 
générales  et  à  la  précision.  M.  l'abbé  Hamard  a  rendu  un  véritable  ser- 
vice à  notre  littérature  érudite  en  faisant  passer  cet  ouvrage  dans  notre 

Rev.CeH.m  $2 


466  Bibliographie. 

langue.  Il  l'a  fait  précéder  d'une  préface  où  il  résume  la  question  au 
point  de  vue  de  l'auteur  anglais  qui  est  aussi  le  sien.  Il  n'a  pas  de  pdne 
à  montrer  que  les  dolmens  et  les  menhirs  avaient  une  destination  funé- 
raire^  et  il  remarque  spirituellement  qu'y  voir  des  autels  sur  lesquels  le 
sang  coulait  par  certaines  rigoles»  comme  on  l'a  prétendu,  c'est  <c  vouloir 
transformer  l'ancienne  Armorique  en  un  immense  théâtre  de  carnage  >. 
Passant  à  l'origine  et  à  l'âge  des  dolmens,  il  revendique  ceux  de  notre 
pays  pour  les  Celtes  :  il  parait  en  effet  établi  qu'au  commencement  de 
l'ère  chrétienne  les  Celtes  élevaient  encore  au  moins  des  menhirs. 

Dans  des  questions  encore  aussi  obscures,  la  contradiaion  est  la  vie 
de  la  science.  Nos  archéologues  sont  souvent  tentés  de  s'enfoncer  c  dans 
la  nuit  des  âges  ».  M.  Fergusson  tombe  dans  l'excès  contraire,  mais  il 
n'en  provoque  pas  moins  une  réaction  utile.  En  dehors  de  toute  question 
de  théorie  et  d'explication,  son  livre  a  le  mérite  d'être  le  seul  travail 
d'ensemble  qui  existe  sur  la  matière  et  d'être  le  point  de  départ  indis- 
pensable dans  l'étude  de  ces  intéressantes  questions. 

H.  G. 

L^àge  de  pierre  dans  les  souvenirs  et  superstitions  populaires, 

par  M.  Emile  Cartailhac.  104  p.  gr.  in-8  avec  62  grav.  et  2  pi. 
Paris,  Reinwald,  1877.  Prix,  5  fr. 

Il  est  peu  d'antiquités  qui  soient  plus  anciennes  que  la  tradition  popu- 
laire. Quelques  préhistoriens  s'en  sont  aperçus  en  rencontrant  diverses 
superstitions  relatives  à  des  objets  de  l'âge  de  la  pierre  ;  le  géologue 
italien  M..E.  de  Rossi  (frère  de  l'archéologue)  et  quelques  autres  savants 
s'étaient  déjà  occupés  de  cette  survivance  de  l'âge  de  pierre  dans  les 
croyances  populaires  et  des  rares  mentions  des  écrivains  anciens  sur 
l'emploi  du  silex.  Après  eux,  M.  Cartailhac,  directeur  de  l'utile  revue 
préhistorique  Matériaux  pour  la  connaissance  de  PhommCj  reprend  le  sujet. 

Les  faits  que  M.  C.  a  recueillis  ne  sont  pas  nouveaux  pour  les  per- 
sonnes qui  s'occupent  de  tradition  populaire,  mais  ils  le  seront  sans 
doute  pour  les  archéologues  qui  s'occupent  d'antiquités  préhistoriques. 
Ce  recueil  leur  ouvrira  un  horizon  nouveau,  et  il  leur  montrera  les 
anneaux  par  lesquels  notre  temps,  tout  civilisé  qu'il  soit,  se  rattache  aux 
plus  anciennes  époques  de  l'humanité. 

Ce  volume  est  particulièrement  consacré  aux  pierres  de  foudre  (nom 
populaire  des  haches  en  pierre),  aux  traits  des  fées  (pointes  de  flèche  en 
silex),  aux  haches  et  aux  pointes  de  silex  employées  comme  amulettes  et 
comme  bijoux,  et  au  rôle  du  silex  dans  les  cérémonies  religieuses  et  dans 
les  rites  funéraires. 


Bibliographie.  467 

M.  C.  n'a  traité,  on  ie  voit,  qu^une  partie  du  vaste  sujet  embrassé  par 
son  titre.  Ainsi  il  ne  parle  ni  des  traditions  relatives  aux  monuments 
mégalithiques,  ni  des  pierres  de  malédiction,  ni  des  cairns  ou  amas  de 
pierres,  etc.  Il  ne  fait  que  mentionner  le  côté  mythologique  de  la  ques- 
tion. Si  la  hache  en  pierre  a  été  regardée  comme  une  pierre  de  ionnerrey 
c'est  que  le  tonnerre  était  regardé  comme  une  arme,  comme  un  trait.  Ces 
humbles  traditions  se  rattachent  ainsi  aux  plus  anciennes  mythologies. 

Le  dernier  chapitre  traite  de  la  question  ardue  et  discutée  du  passage 
de  l'âge  de  pierre  à  l'âge  de  bronze.  L'opinion  de  M.  C.  est  que  l'âge 
de  pierre  est  réellement  préhistorique,  et  que  les  instruments  de  pierre 
ne  s'étaient  conservés  que  dans  quelques  cas  isolés,  sous  l'influence  con- 
servatrice d'idées  religieuses.  Nous  avouons  que  son  argumentation  ne 
nous  a  pas  convaincu. 

L'ouvrage  de  M.  C.  est  composé  et  écrit  d'une  façon  un  peu  molle, 
et  n'est  guère  autre  chose  qu'une  suite  dénotes  mises  bout  à  bout;  mais 
c'est  en  même  temps  un  recueil  utile  de  faits  (généralement  accompagné 
de  la  mention  des  sources),  et  les  archéologues,  pour  qui  bien  souvent 
ces  questions  sont  encore  nouvelles,  y  trouveront  plaisir  et  profit. 

Ajoutons  que  ce  volume  contient  un  très-grand  nombre  de  gravures, 
représentant  les  objets  archéologiques  ou  mythologiques  dont  il  est 
question.  H.  G. 

lies  temps  aatiqaes  de  la  Oanle,  par  M.  Anatole  de  Barthélémy. 
i|3  p.  in-8.  Paris,  1877.  Extrait  de  la  Revue  des  Questions  historiques; 
tiré  à  50  exempl. 

Nous  ne  saurions  trop  recommander  cet  opuscule  aux  personnes  qui 
cherchent  un  résumé  clair  et  bien  informé  des  discussions  auxquelles  les 
origines  de  la  Gaule  ont  donné  lieu  dans  les  derniers  temps  et  qui  veu- 
lent connaître  les  principaux  résultats  de  ces  discussions.  On  peut  appré- 
cier la  méthode  sage  et  compréhensible  de  l'auteur  par  la  citation  que 
nous  faisions  plus  haut  de  son  préambule  (p.  462).  Ses  principales 
conclusions  sont  les  suivantes  :  Rome  ne  fut  pas  prise  par  des  émigrés 
descendus  de  ce  qui  fut  plus  tard  la  Gaule  ;  la  division  arbitraire  de 
l'archéologie  en  âge  de  la  pierre,  âge  du  bronze,  âge  du  fer,  ne  doit  pas 
être  conservée  en  ce  qui  concerne  la  Gaule  ;  il  y  eut  véritablement  un 
âge  de  la  pierre  et  un  âge  des  métaux  ;  c'est  au  milieu  du  iv«  siècle 
avant  notre  ère  qu'une  monnaie  indigène  fait  son  apparition  en  Gaule. 
La  parfaite  clarté  de  l'exposition  de  M.  A.  de  B.  rend  d'autant  plus 

intéressante  la  lecture  de  ces  trop  courtes  pages. 

H.  G, 


468  Bibliographie. 

Les  origines  linguisUcnies  de  FAquitalne,  par  A.  Luchaire.  Pau, 
1877,  xi-72-p.  in-8. 

Ce  volume  est  une  rédaction  française,  corrigée  et  refondue,  de  la 
thèse  latine  que  M.  L.  a  présentée  en  1877  à  la  Faculté  des  Lettres  de 
Paris,  De  lingua  Aquitanica.  L^auteur  a  pour  but  de  démontrer  (c  que  la 
langue  des  Aquitains  était,  comme  l'idiome  ibérien  de  l'Espagne,  de  la 
même  famille  que  celle  des  Basques  actuels  ;  que  son  domaine  s'étendait 
à  peu  près,  du  temps  de  César  et  de  Strabon,  sur  la  même  région  que 
celle  où  l'on  parle  aujourd'hui  le  dialecte  gascon,  c'est-à-dire  sur  la  pro- 
vince ecclésiastique  d'Auch  ;  que  cet  ancien  idiome,  supplanté  par  le  latin 
populaire,  a  laissé  des  traces  dans  les  noms  propres  que  les  anciens  ont 
dtés,  dans  le  vocabulaire  et  la  constitution  phonétique  du  gascon,  et  dans 
les  noms  de  lieu  de  la  région  pjrrénéenne  ».  M.  L.  va  même  plus  loin 
et  il  admet  que  «  l'euskara  (ou  basque)  d'aujourd'hui  n'est  autre  chose, 
au  moins  dans  la  partie  française  du  pays  basque,  que  la  langue  aquita- 
nique  elle-même,  conservée  dans  un  coin  de  la  chaîne  des  Pyrénées  ». 

M.  L.,  on  le  voit,  s'est  attaqué  là  à  un  des  problèmes  les  plus  difiî- 
dles  de  l'ethnographie  de  l'Europe  occidentale  ;  le  plus  difficile,  parce 
que  la  langue  basque,  sur  laquelle  on  s'appuie,  n'a  pas  de  monuments 
anciens.  La  compétence  nous  manque  trop  pour  que  nous  nous  permet- 
tions d'apprécier  l'ouvrage  de  M.  L.^  :  nous  ne  pouvons  que  louer  la 
clarté  de  son  exposition  et  l'esprit  méthodique  et  critique  qu'on  respire 
dans  ses  recherches. 

Mais  il  y  a  une  réserve  que  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  for- 
muler, tout  ignorant  que  nous  soyons  de  la  philologie  basque.  M.  L. 
explique  directement  par  des  mots  du  basque  actuel  des  noms  anciens 
tels  que  les  noms  de  lieu  de  l'Aquitaine  antique.  —  Cela  nous  rappelle 
les  explications  que  l'on  donnait  autrefois  des  noms  de  lieu  de  la  Gaule 
par  des  mots  bretons  ;  et  l'interprétation  des  noms  en  -durum  par  le  bre- 
ton dour  c  eau  »  paraissait  aussi  convaincante  que  l'interprétation  d'//i- 
berripsLTlriberri,  «  ville  neuve  ».  Mais  le  celtique  a  heureusement  ce  que 
n'a  pas  le  basque,  une  série  de  monuments  datés  où  l'on  peut  suivre  les 
transformations  et  les  déformations  graduelles  de  la  langue.  On  a  vu 
alors  que  ce  rapprochement  était  fallacieux  et  que  le  breton  dour  corres- 
pond à  un  gaulois  dubrum.  Dans  une  publication  antérieure  (Du  mot 
basque  Iri,  Pau,  1875),  ^*  1^*  ^i^^î^  presque  avec  dédain  [p.  10)  que  les 
noms  de  lieu  des  pays  celtiques  «  sont  bien  plus  gravement  altérés  et 
beaucoup  moins  aisés  à  reconnaître  ».  Mais  cela  justement  est  une  ga- 
rantie. Personne  en  effet  ne  contestera,  au  moins  pour  les  langues  indo- 


Bibliographie.  469 

européennes,  que  Phomophonie,  à  de  longs  siècles  de  distance,  bien 
loin  d'être  une  preuve  étymologique,  est  une  raison  de  défiance. 

En  est-il  autrement  du  basque  P  Cette  langue,  par  une  propriété  anti- 
septique qui  lui  serait  particulière,  aurait-elle  résisté  à  la  corruption 
propre  à  toutes  les  langues  P  Nous  n'en  savons  rien,  et  il  est  difficile  de 
le  savoir  quand  les  documents  font  défaut  pour  l'histoire  de  la  langue, 
mais  nous  avons  le  droit  de  demander  qu'on  nous  le  rende  probable^ 
avant  de  nous  expliquer  par  le  basque  actuel  une  chose  aussi  délicate  et 
aussi  obscure  que  des  noms  de  lieu  de  l'antiquité. 

Remarquons  aussi  que  si  ce  système  d'interprétation  vaut  pour  les 
noms  de  lieu,  il  doit  valoir  aussi  pour  les  légendes  des  monnaies  celti- 
bériennes  et  pour  les  inscriptions  inexpliquées  et  probablement  celtibé- 
riennes  de  l'Espagne  dont  M.  L.  ne  parle  pas. 

M.  L.  dit  dans  sa  préface  en  mentionnant  les  inscriptions  gauloises 
que  «c  leur  interprétation  n'est  pas  de  beaucoup  plus  avancée  que  celles 
des  monnaies  celtibériennes  ».  M.  L.  est  mal  renseigné  à  cet  égard. 
Retournant  sa  phrase,  nous  dirons  que  si  l'interprétation  des  légendes 
des  monnaies  celtibériennes  —  et  des  inscriptions  celtibériennes  —  était 
aussi  avancée  que  celle  des  inscriptions  gauloises,  on  verrait  un  peu  plus 
clair  dans  la  question  ibérienne. 

L'ouvrage  de  M.  L.  s'ajoute  à  la  série  des  sérieux  travaux  inaugurée 

par  Guillaume  de  Humboldt  sur  cette  question,  mais  il  ne  clôt  pas  l'ère 

de  la  discussion. 

H.  G. 


Géographie  historique  et  administrative  de  la  Gaule  romaine, 

par  Ernest  Desjardins.  T.  II,  la  Conquête.  Paris,  Hachette,  1878, 
in-8,  748  pages  et  39  planches.  Prix,  20  fr. 

Le  directeur  de  la  Revue  celtique,  en  me  chargeant  de  rendre  compte 
de  cet  ouvrage,  m'a  mis  dans  un  grand  embarras.  Si  je  fais  l'éloge  d'un 
livre  où  je  suis  cité  si  souvent  avec  une  bienveillance  que  beaucoup  de 
lecteurs  trouvent  exagérée,  mon  impartialité  leur  semblera  au  moins 
contestable.  Si  j'en  entreprends  la  critique,  je  paraîtrai  bien  ingrat,  sans 
compter  la  difficulté  que  présentera  pour  moi  la  critique  d'un  hvre  dont 
l'auteur  soutient  la  plupart  du  temps  sur  les  points  qui  me  paraissent 
fondamentaux  les  mêmes  doctrines  que  moi,  ne  se  distinguant  en  ses 
matières  que  par  la  supériorité  de  son  talent  d'exposition  et  l'immense 
variété  de  son  érudition  historique. 

Cet  ouvrage  est  divisé  en  cinq  chapitres.  Le  premier^  intitulé  le  pays 


470  Bibliograplûi. 

gaulois  ou  la  patrie  romaine,  expose  d'une  manière  générale  les  causes 
et  les  procédés  de  la  conquête  romaine  en  Gaule.  Le  Gaulois,  dit 
M.  Desjardins,  n'avait  pas  l'idée  de  la  patrie.  Il  est  certain,  enefFet,  que 
les  Gaulois  n'avaient  pas  la  notion  d'une  unité  nationale  embrassant 
toutes  les  populations  celtiques  de  la  Gaule  :  la  pensée  de  la  Gaule  for- 
mant un  état  dans  le  sens  romain  du  mot,  était  alors  étrangère  aux 
conceptions  politiques  de  la  race  celtique.  Ainsi,  à  une  date  bien  posté- 
rieure, les  Irlandais  ne  comprenaient  pas  encore  ce  que  c'est  que  l'eut. 
Telle  fut  la  cause  qui  rendit  infructueuse  la  résistance  des  armées  gau- 
loises aux  armées  romaines;  l'habileté  administrative  du  vainqueur  fit 
le  reste.  Et  M.  Desjardins  expose  en  homme  compétent  comment  les 
Romains  administrèrent  la  Gaule  vaincue  et  comment  les  qualités  spé- 
ciales à  cette  administration  assurèrent  la  durée  de  la  conquête.  L'épi- 
graphie,  dont  M.  Desjardins  a  fait  une  étude  approfondie,  complète  et 
rectifie  sur  une  foule  de  points  les  notions  que  les  historiens  et  les  textes 
juridiques  nous  fournissent  sur  l'organisation  admmistrative  de  la  répu- 
blique et  de  l'empire  romain. 

Le  chapitre  II  a  pour  objet  la  situation  politique  et  ethnographique  de 
la  région  sud-est  de  la  Gaule  au  moment  où  les  Romains  en  ont  com- 
mencé la  conquête  au  dernier  quart  du  second  siècle  avant  J.  G.  M.  Des- 
jardins nous  montre  avec  clarté  et  précision  dans  cette  région  de  la 
Gaule  les  Ibères,  les  Ligures,  les  Umbranici,  les  Phéniciens,  les  Grecs, 
les  Gaulois  arrivant  successivement  et  prenant  place  les  uns  à  cAté  des 
autres  ou  les  uns  au-dessus  des  autres.  Le  savant  auteur  est,  je  crds,  le 
premier  qui  ait  su  mettre  en  relief  les  Umbraniciy  leur  parenté  probable 
avec  les  Ligures  et  avec  les  Umbranates  d'Italie.  Ambron  était  un  des 
noms*  de  la  race  ligure,  Umbranici  et  Umbranates  sont  vraisemblablement 
des  dérivés  d'Ambron.  Mais  je  crois  que  M.  Desjardins  s'avance  trop 
en  supposant  une  parenté  particulièrement  intime  entre  les  Ombriens  et 
les  Ligures.  Les  Ombriens  sont  un  rameau  de  la  race  latme,  leur  langue 
est  un  patois  du  latin  ;  or,  nous  ne  trouvons  nulle  part  la  preuve  que  le 
ligure  fût  aussi  un  patois  du  latin.  Je  suis  d'accord  avec  M.  Desjardins, 
quand  il  dit  que  dans  la  nation  des  Salluvi  —  et  non  Salluvii  ^  —  il  y 
avait  un  élément  celtique  mélangé  à  un  élément  ligure,  mais  l'élément 
dominant  était,  suivant  moi,  l'élément  celtique  et  non,  comme  il  parafe  le 
croire,  l'élément  ligure.  Le  nom  des  SaUuvi  ou  Saluvi  (les  Grecs  n'écri- 
vent ce  nom  qu'avec  une  /  :  SiXueç)  est  dérivé  du  thème  gaulois  Solo- 


I.  Corpus  incriptionum  latinarum,  t.  1,  p.  460:  SaUaveisqut,  La  leçon  SaUnieis^tst 
le  résultat  d'une  mauyabe  leaure. 


Bibliographie.  ^j\ 

qu'on  trouve  dans  les  noms  du  vicus  helvétique  Salchdurum^  du  viens 
norique  Saloca  et  du  peuple  des  Salassi  ^  :  il  en  est  formé  à  l'aide  d'un 
suffixe  que  le  nom  du  Danube  Damvins  nous  offre  amplifié.  Le  nom  du 
roi  des  Salluvi^  Teuto-malius,  est  gaulois.  Sur  le  premier  terme  teuto^ 
voir  la  Grammatic^celiica,  2*  édition,  p.  ^4;  le  second  terme  est  dérivé 
du  thème  malo^  qu'on  trouve  comme  second  terme  dans  le  composé 
Vinco-malus  (Corpus,  V,  606)  et  dont  dérivent  les  noms  propres  Malaius 
elMaleius  {Corpus^  lU,  5419,  5498).  Je  persiste,  malgré  les  savants 
arguments  de  MM.  Desjardins,  Deloche  et  Quicherat,  à  considérer 
comme  inadmissible  la  doctrine  de  Tite-Live  sur  la  date  de  l'in- 
vasion celtique  en  Italie.  Cette  invasion  était  inconciliable  avec  le 
maintien  de  la  domination  des  Etrusques  dans  la  Transpadane, 
puisque  les  Etrusques,  dit  Tite-Live,  V,  23,  trans  Padum  omnia 
locûj  excepîo  Veneîorum  angulo  qui  sinum  circumcolunt  maris ^  usque  ad  Alpes 
tenuere.  Or  la  domination  des  Etrusques  dans  cette  région  est,  nous  dit 
Polybe  (1.  II,  c.  17,  §  I  ;  cf.  c.  14,  §  7)  contemporaine  de  la  domina- 
tion des  Etrusques  dans  la  plaine  dont  Capoue  et  Noie  étaient  alors  les 
villes  principales,  c'est-à-dire  en  Campam'e.  Quand  a  fini  la  domi- 
nation étrusque  dans  la  Campanie  ?  Elle  a  fini  dans  le  dernier  quart 
du  v*  siècle  avant  J.  C,  lors  de  la  conquête  de  cette  province  par  les 
Samnites.  De  cette  conquête,  mentionnée  par  Strabon  >,  le  fait  le  plus 
saillant  fut  la  prise  de  Capoue  par  les  Samnites  en  l'an  424  avant  notre 
ère.  Tite-Live  (IV,  37)  nous  raconte  comment  les  Etrusques  ayant 
accueilli  les  vainqueurs  dans  cette  ville  furent  massacrés  une  nuit  à  la 
suite  d'un  festin.  Telle  est  approximativement  l'époque  où,  suivant 
Polybe,  il  faut  placer  l'invasion  gauloise  en  Italie.  La  légende  qui  fait 
préférer  à  Tite-Live  une  date  antérieure  de  près  de  deux  siècles,  l'al- 
liance imaginaire  des  Gaulois  avec  les  Phocéens  au  moment  de  la  fonda- 
tion de  Marseille,  a  la  même  valeur  historique  que  l'alliance  conclue 
quelques  jours  ou  quelques  mois  auparavant  par  les  mêmes  Phocéens 
avec  le  peuple  romain  :  Temporibus  Tarquinii  régis  ex  Asia  Phocensium 
juyentuSy  ostio  Tiberis  invecta^  amicitiam  cum  Romanis  juradt  (Justin,  XLIII, 
3).  Ces  deux  légendes  ont  été  inventées  quand  les  Gaulois  et  les  Romains 
en  guerre  dans  la  Transalpine  recherchaient  concurremment  l'alliance 
de  Marseille. 

Le  chapitre  III,  plutôt  historique  que  géographique,  raconte  la  con- 
quête et  l'organisation  de  la  province  romaine. 

1 .  Sur  la  nationalité  des  Salassi,  voir  Mommsen,  Corpus  inscriptionum  Uttinarum,  t.  v, 
p.  750. 

2.  Strabon,  livre  I,  c.  4,  g  3,  édition  Didot,  p.  202,  lignes  20-25. 


472  BibUographU. 

Le  chapitre  IV,  un  des  plus  importants  de  l'ouvrage,  est  consacré  à 
la  description  de  la  Gaule  chevelue  au  moment  de  l'arrivée  de  Jules 
César.  La  partie  purement  géographique  de  ce  chapitre  me  semble  d'une 
grande  valeur  :  elle  est  résumée  dans  une  carte  où  sont  indiqués  les 
soixante  peuples  qui  ont  formé  les  soixante  cmtates  diAuguste.  M.  Des- 
jardins y  a  joint  de  nombreux  détails  sur  les  institutions,  les  mœurs,  la 
langue,  les  arts  des  Gaulois. 

Le  chapitre  V  raconte  les  guerres  de  Jules  César  en  Gaule.  Le  sujet 
est  plus  connu  ;  mais,  là  comme  ailleurs,  l'intérêt  que  l'auteur  a  su 
répandre  assure  le  succès  du  livre. 

H.  D'A.  DE  J. 


Géographie  de  la  Gaule  an  VI*  siècle,  par  Auguste  Longnon. 
Paris,  Hachette,  1878.  ix-63 1  pages  et  6  planches.  —  Prix  :  1 5  fr. 

Cet  ouvrage  est  d'une  importance  fondamentale  pour  l'histoire  de 
l'époque  mérovingienne.  Il  ne  devra  pas  être  négligé  par  les  savants  que 
les  études  celtiques  intéressent.  Il  nous  apprend  la  situation  mal  déter- 
minée jusqu'ici  d'un  grand  nombre  de  localités,  dont  le  nom  atteste 
l'origine  celtique,  telles  sont  :  Brennacum^  «  propriété  de  BnrmoSy 
aujourd'hui  Bemy-Rivière  (Aisne) ,  confondu  jusqu'à  présent  avec 
Braine  ;  Ciso-maguSf  aujourd'hui  Ciran-la-Latte  (Indre-et*Loire}^  con- 
fondu avec  Chisseaux^  même  département;  Vindunittay  aujourd'hui 
Besné  (Loire-Inférieure),  dont  Jacobs  n'a  pas  su  reconnaître  l'identité. 
C'est  Grégoire  de  Tours  qui  nous  a  conservé,  avec  le  nom  du  mous 
Bdenatensis,  un  des  principaux  monuments  du  culte  du  dieu  Bekaos  en 
Gaule.  Nos  lecteurs  connaissent  les  dissertations  dont  le  vasso  Galdtae 
du  même  auteur  a  été  l'objet.  Les  celtistes  ont  donc  beaucoup  à  prendre 
dans  les  œuvres  du  saint  évêque  dont  M.  Longnon  doit  être  considéré 
comme  le  principal  commentateur. 

Mais  la  grande  difficulté  que  présente  l'emploi  du  texte  de  Grégoire 
de  Tours  au  point  de  vue  des  études  celtiques  résulte  de  la  basse 
époque  où  cet  auteur  a  écrit.  Grégoire  de  Tours  emploie  :  1^0  pour  a 
long  accentué  : 

Autisio-dorum  pour  AutessitHlùrum, 

Ici(h-dorum  —  luich-dàrum^ 

NempUhdoTum  —  NemeKhdùnm, 

OctO'dorum  —  Octo-dùmmy 

TornO'dorum  —  Turno^ùrumy 

Ebrenionum  — -  Eburo-dànum  ; 


a^  0  pour  tt  atone  : 
Ardoennensis 
Camotes 
Tornacus 
Helosensis 
Torno-^oTum 

• 

3®  0  pour  0  atone  ; 
*  Tulbiacum 

4®  e  pour  i  : 
Burdegala 
Lexovii 
Agennenses 

5®  f  pour  e  : 
Sigasium 
Autesi-iorum 

6®  a  pour  «  : 
Atrabates 
Camaracenses 
Januba 


BBUographie. 


pour 


47Î 


pour 


pour 


pour 


pour 


Arduennensis, 
Carnutes^ 
TurnacuSf 
Eltisensis, 
Turno-durum  ; 

Tolbiacum; 

Burdigeddy 

Lixjoviiy 

Aginnenses; 

SegusiOj 
Autessio-durum  ; 

Atrebates, 

Cameracenses, 

Genava. 


La  forme  Nempto-Àorum  pour  Nemeto^durum  établit  que  dans  ce  mot 
le  second  e  du  terme  nemeto-  avait  cessé  de  se  prononcer  ;  dans  Ebre- 
doniun  pour  Eburo^unum  les  voyelles  atones  sont  encore  plus  maltrai- 
tées. Evidemment  beaucoup  d'autres  voyelles  atones  que  le  savant 
évéque  reproduisait  dans  ses  écrits  par  respect  pour  la  tradition,  n'étaient 
plus  prononcées  de  son  temps. 

Le  consonantisme  est  chez  lui  aussi  altéré  que  le  vocalisme.  Il  emploie  : 

10  le  2  pour  le  c  dans  : 

pour 


Ande-gavus 

PetrO'gorictts 

Vapigensis 

Agaanum 

Egolisma 
1^  le  c  pour  le  g  dans  : 

Bituricum 
3*  le  b  pour  le  v  dans  : 

Januba 

Tarabennenses 
4^  le  y  pour  le  b  dans  : 

Cavilbnensis 

Noyiliacus 


pour 


pour 


pour 


Ande-cavuSy 
Petrixoricus, 
VapincensiSy 
Acaunuïïty 
Icalisma  ; 

Biturigum  ; 

Genava, 
Tarvennenses  ; 

CabillonensiSy 
Nobiliacus. 


474  Bibliographie. 

Il  supprime  :  i  o  le  v  médiat  dans  Luxoensis  pour  Lixmensis^  20  kg 
médiat  dans  Montalo-maus,  variante  de  Mantalo-magus.  D'autre  part, 
dans  Regiensis  pour  Reiensis,  il  intercale  un  g  euphonique  dont  la  basse 
latinité  nous  offre  beaucoup  d'exemples  analogues;  il  se  suit  de  là 
qu'entre  des  formes  comme  Ceina  et  Cegina,  -oialam  et  -^gialum  {Ma- 
roialum  etNajogialum),  on  se  demande  quelle  est  celle  qui  représente  la 
prononciation  ancienne  et  quelle  est  celle  qui  appartient  à  la  basse 
latinité. 

La  difficulté  que  j'expose  apparaîtrait  beaucoup  plus  clairement  si  les 
éditeurs  modernes,  au  lieu  de  reproduire  indéfiniment  le  texte  de  D. 
Ruinart,  nous  donnaient  le  texte  des  manuscrits  les  plus  anciens  où  la 
langue  latine  est  partout  traitée  comme  le  sont  les  termes  géographiques 
dans  les  quelques  exemples  que  je  viens  de  réunir.  Ruinart  est  un  tra- 
ducteur et  non  un  éditeur  :  il  donne  de  l'œuvre  du  saint  ëvëque  l'idée 
la  plus  fausse  au  point  de  vue  de  la  langue,  sans  compter  que  sa  traduc- 
tion n'est  pas  panout  exempte  de  contre*sens. 

H.  D'A.  DE  J. 

Ueber  Drnidismas  in  Noricnm,  mit  Rùcksicht  auf  die  Stellung  der 
Geschichtsforschunç  zur  Keltenfrage,  von  Franz  Ferk  (Programm 
der  K.  K.  Lehrerbildungsanstalt  in  Graz).  Graz,  Leuscber,  1877, 
50  p.   in-8  avec  deux  planches.  Prix  :  2  mk. 

Le  titre  de  cette  brochure  est  séduisant,  mais  le  contenu  déçoit  le 
lecteur.  L'auteur  est  jeune  (heureux  défaut  du  reste)  ;  on  s'en  aperçoit  à 
son  enthousiasme  pour  les  choses  celtiques,  à  son  ardeur  pour  les  hypo- 
thèses, et  à  une  abondance  d'idées  qui  tourne  à  la  confusion.  Après  un 
long  préambule  sur  les  Celtes,  les  Druides  et  les  monuments  dits  celtiques, 
l'auteur  arrive  au  «  Druidisme  en  Norique  ».  Voici  en  quoi  il  consiste  : 
on  a  découvert  en  185 1,  près  de  la  petite  ville  de  Judenburg,  un  objet 
en  bronze  représentant  un  char  avec  chevaux  et  personnages.  En  face  de 
Judenburg  se  trouve  une  montagne,  le  Falkenberg,  sur  lequel  M.  P.  a 
découvert  le  30  mai  1874  les  traces  d'un  cercle  druidique,  et  il  lui  a 
semblé  que  la  disposition  du  char  de  bronze  correspondait  à  la  disposi- 
tion du  cercle  druidique  dont  il  avait  retrouvé  les  ruines.  Stonehenge 
et  les  temples  du  Soleil  venant  à  la  rescousse,  voilà  le  cuhe  druidique 
retrouvé  en  Norique.  On  voit  quel  rôle  l'hypothèse  joue  dans  la  théorie 
de  M.  Ferk. 

Nous  ne  voudrions  pas  que  cette  critique  de  son  premier  essai 
détournât  le  jeune  auteur  des  études  celtiques.  Son  opuscule  dénote  des 
lectures  fort  étendues  et  un  zèle  fort  louable.  Qu'il  laisse  à  ses  idées  le 


Bibliographie.  475 

temps  de  mûrir  ;  qu^il  se  défie  des  hypothèses  brillantes,  qu'il  ne  rêve 

pas  trop  des  Druides,  qu'il  prenne  la  Grammatica  celtica  pour  bréviaire 

et  la  celtologie  aura  au  fond  de  la  Styrie  un  adhérent  de  plus.  Macte 

anima! 

H.  G. 


Der  Rhein  nnd  der  Strom  der  Gnltor  In  Kelten  und  Roemer  zeit, 

von  D'  C.  Mehlis.  Berlin,  C.  Habel,  1876,  in-8,  4;  pages  et  une 
carte.  * 

Ce  mémoire  fait  partie  d'une  collection  de  traités  destinés  à  vulgariser 
la  science  (Gemeinverstaendliche  wissenschafîUche  Vortraege),  A  en  juger  par 
celui-ci,  la  science  qu'il  est  question  de  vulgariser  est  quelque  peu  arrié- 
rée. L'auteur  a  puisé  ses  informations  sur  la  science  celtique  dans  les 
écrits  d'Holtzmann,  de  Mone,  etc.  La  Grammatica  celtica  de  Zeuss  ne  lui 
parait  pas  connue.  Suivant  lui,  le  thème  celtique  rigo-^  dans  les  compo- 
sés Rigo^ulum,  Rigo^magus,  vient  du  français  «  rigole  »  et  fournit  la 
preuve  que  dans  les  localités  dont  il  s'agit,  les  Celtes  avaient  creusé  des 
«  rigoles  :».  Il  est  donc  évident,  dit-il,  que  les  Celtes  s'occupaient  acti- 
vement de  dessécher  les  marais  de  la  vallée  du  Rhin  et  de  faire  couler 
l'eau  du  vieux  fleuve  dans  des  canaux  de  dérivation.  L'auteur  admet 
aussi  avec  M.  Hehn,  das  Salz^  que  le  terme  Aa//e,  hall,  dans  les  noms  de 
lieu  allemands,  est  d'origine  celtique,  que  dans  ce  terme  l'/z  initial  tient 
lieu  d'un  s  plus  ancien,  que  par  conséquent /z^i//^^  hall  y  signifie  «  saline  ». 
Cette  doctrine  n'a  pas  de  base,  puisque  le  changement  d'5  en  h  est,  à 
très  peu  d'exceptions  près,  un  phénomène  néo-celtique^  spécial  au 
rameau  breton  et  postérieur  à  la  chute  de  l'empire  romain  :  nous 
n'avons  aucune  preuve  que  ce  phénomène  phonétique  s'accomplit  chez 
les  Celtes  de  Germanie  à  la  date  où  la  conquête  germanique  substitua 
une  langue  nouvelle  à  la  langue  des  vaincus.  Il  n'est  donc  pas  prouvé 
que  les  Celtes  aient  créé  des  salines  dans  la  vallée  du  Rhin. 

L'éditeur  de  cette  brochure  se  réserve  le  droit  d'autoriser  les  traduc- 
tions. Nous  ne  conseillerons  à  personne  d'aller  lui  demander  cette  auto- 
risation. La  science  fantaisiste  est  assez  abondante  en  France  pour  que 
nous  n'ayons  pas  besoin  d'aller  en  emprunter  à  nos  voisins. 

H.  D'A.  DE  J. 


476  Bibliogrc^hie, 

Die  Roemischen  Denksteine  des  Groashersogllclien  Antiqn»- 
riums  In  Ifannheim  von  prof.  Ferdinand  Haug  (Programm  der 
Gyranasiums  Mannheim.  Constanz,  druck  von  Fr.  Stadler,  1877. 
71  p.  in-4. 

La  vallée  du  Rhin  est  riche  en  monuments  de  l'époque  gallo-romaine, 
et  le  recueil  des  inscriptions  rhénanes  de  Brambach  en  a  montré  l'intérêt 
même  au  point  de  vue  spécial  des  études  celtiques.  La  Société  (alle- 
mande) des  antiquaires  du  Rhin  est  un  foyer  actif  de  travaux  archéolo- 
giques et  les  villes  du  Rhin  voient  l'une  après  l'autre  publier  le  catalogue 
de  leurs  antiquités,  dressé  avec  compétence  et  critique.  Après  le  cata- 
logue du  musée  de  Mayence  de  M.  Becker  (cf.  p.  1 17)9  voici  celui  du 
musée  de  Mannheim  de  M.  Haug.  A  l'exemple  de  M.  Becker,  M.  H.  ne 
parle  pas  seulement  des  monuments  portant  des  inscriptions,  mais  aussi 
des  monuments  figurés.  La  plupart  des  inscriptions  de  Mannheim  se 
trouvent  déjà  dans  le  Corpus  de  M.  Brambach  ;  mais,  pour  plusieurs» 
M.  H.  apporte  une  lecture  plus  complète  ou  plus  correcte.  La  collec- 
tion de  Mannheim  compte  un  assez  grand  nombre  de  monuments  érigés 
aux  déesses  mères  et  à  Mercure. 

Ces  monuments,  étudiés  de  près  par  des  personnes  soigneuses  et  com- 
pétentes, fournissent  souvent  des  détails  négligés  d'abord.  Ainsi  du  monu- 
ment d'Obrigheim  (n^  1724  de  Brambach)  et  que  M.  Ch.  Robert  n'avait 
pu  faire  figurer  à  sa  place  dans  la  série  de  Mercure  et  Rosmerta  ou 
Maïa  (Epigraphie  de  la  Moselle^  p.  78,  n.),  et  où  la  parèdre  de  Mercure, 
dit  M.  H.,  est  évidemment  un  personnage  féminin,  tenant  de  la  main 
droite  une  bourse,  et  sur  le  bras  gauche  un  objet  moins  aisé  à  distin- 
guer. Nous  saisissons  cette  occasion  de  signaler  aux  antiquaires  un  beau 
bas-relief  en  grès  rouge,  appartenant  à  la  même  série  de  Mercure  et 
Rosmerta  ou  Maïa  (mais  anépigraphe)  conservé  à  la  mairie  de  Nieder- 
bronn  (Bas-Rhin). 

La  brochure  de  M.  H.  est  accompagnée  de  tables  qui  rendent  les 
recherches  faciles  et  fructueuses  :  mais  on  regrette  l'absence  de  fac- 
similés  ou  de  dessins  représentant  les  principaux  monuments. 

H.  G. 


History  of  Ireland,'  vol.  I.  The  heroic  period.  By  Standish  O'Grady. 
London,  1878. 

Nous  avons  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  ce  livre  qui  promet  de  traiter 
la  mythologie  irlandaise  d'un  point  de  vue  tout  nouveau.  L'auteur  nous 


Bibliographie,  477 

expose  dans  l'introduction  ses  principes  contraires  à  ceux  de  Keating  et 
d'O'Currj.  Il  se  propose  de  traiter  la  mythologie  irlandaise  autant  que 
possible  comme  une  structure  artificielle,  de  nous  donner  les  caractères 
dans  leurs  éléments  essentiels  sans  rendre  compte  de  toutes  les  nuances 
qui  se  trouvent  dans  l'une  ou  l'autre  des  compositions  bardiques.  Il  suit 
par  conséquent  une  autorité  qui  dans  la  plupart  des  cas  n'est  pas  diffi- 
cile à  trouver  pour  quiconque  connaît  un  peu  la  littérature  irlandaise  et 
ne  mentionne  pas  même  les  autres  recensions  qui  existent.  De  cette 
manière  il  est  parvenu  à  nous  offrir  dans  un  volume  de  250  pages  un 
extrait  assez  complet  de  cette  mythologie  si  vaste  et  si  étendue,  qui 
pourrait  remplir,  comme  il  dit  lui-même^  cent  volumes  de  la  même  gran- 
deur. 

L'ouvrage  est  presque  entièrement  composé  de  traductions  — sauf  les 
premiers  chapitres,  qui  contiennent  la  période  pré-littéraire  et  qui  ne 
nous  paraissent  pas  être  à  la  hauteur  du  reste  —  tirées  pour  la  plupart 
du  Leabhar  na  hUidhri,  du  Book  of  Leinster,  etc.,  que  l'auteur  a  étudiés 
très-soigneusement.  Nous  croyons  qu'il  aurait  bien  fiait,  pour  l'usage  du 
grand  public,  d'ajouter  dans  une  note,  qui  n'aurait  pas  pris  beaucoup  de 
place,  l'endroit  d'où  la  traduction  est  prise.  L'histoire  du  chapitre  XXI 
par  exemple,  intitulée  'the  Fairybride',  est  prise  du  Book  of  Leinster  et 
se  trouve  d'une  manière  un  peu  différente  dans  le  Leabhar  na  bUidhri. 
Aussi  aurait-il  bien  fait  de  séparer  plus  distinctement  les  différents 
cercles  de  mythes,  surtout  les  deux  qui  se  groupent  autour  de  Finn  d'un 
côté  et  de  Cuculainn  de  l'autre  et  qui  ne  sont  jamais  confondus  dans  les 
manuscrits.  Les  chapitres  XI  et  XII  traitent  de  Finn,  de  son  fils  Oisin, 
et  de  Cailte  et  Diarmait,  et  sont  pris,  si  je  ne  me  trompe,  de  l'Agalamh 
na  Seanorach.  Ensuite  vient  l'invasion  des  Milésiens.  Tout  le  reste  du 
livre,  à  commencer  du  chapitre  XX,  est  tiré  des  grandes  épopées  irlan- 
daises Tain  bo  Cuailgne  et  Bruden  Daderga  avec  leurs  contes  d'introduc- 
tion. Le  contenu  du  chap.  XV  se  trouve,  sous  une  forme  un  peu  chan* 
gée,  dans  le  Glossaire  de  Cormac  s.  v.  Emain.  Les  chapitres  XXI  et 
XXIII  sont  tirés  du  Bruden  Daderga,  et  en  contiennent  le  commence- 
ment (Tochmarc  Etaine)  et  la  fin  (Death  of  Conaire)^  mais  entre  deux  il 
y  a  un  chapitre  sur  le  'Palace  of  Ailell  Mor',  qui  n'a  rien  du  tout  à  faire 
ici.  Le  chap.  XXIV  traite  de  l'enfance  de  Cuculainn  et  le  reste  depuis  le 
chap.  XXVII  jusqu'à  la  fin  du  livre  contient  tous  les  exploits  de  ce  héros 
avec  la  seule  exception  du  Tochmarc  Emere  que  l'auteur  ne  parait  pas 
avoir  connu.  Entre  deux  il  y  a  les  chap.  XXV  et  XXVI  qui  traitent  des 
sujets  différents  sur  le  sort  des  enfants  d'Usnech  du  Leabhar  na  hHuidhri 
et  une  histoire  assez  peu  intéressante  intitulée  *Tbe  nuts  of  knowledge'. 


47^  Bibliographie. 

Il  parait  que  ce  mauvais  arrangement  a  aussi  causé  des  répétitions  comme 
celle  des  pages  63  et  76  où  la  même  histoire  de  «  Teale  wife  of  Lewy  9 
se  trouve  répétée  presque  avec  les  mêmes  mots. 

Une  autre  erreur  que  l'auteur  a  commise  selon  nous  est  la  manière 
dont  il  écrit  les  noms  propres.  Il  dit  à  la  fin  de  son  introduction  qu'il  se 
propose  de  les  écrire  comme  un  lecteur  ordinaire  parviendrait  le  plus 
facilement  à  les  prononcer,  mais  comment  prononcer  la  triphthongae 
eai  dans  Leairey  P  II  aurait  fallu  mettre  ou  bien  l'ancienne  forme  Loe- 
guire,  qui  se  trouve  dans  les  manuscrits,  ou  la  moderne  Leary.  Une 
faute  un  peu  plus  grave,  mais  qui  parait  aussi  provenir  de  la  mauvaise 
orthographe,  est  la  traduction  de  Meadcuarta  p.  90  par  ^the  chamber 
where  the  mead  circles'.  Ce  mot  est  toujours  écrit  midcuarta  dans  les 
manuscrits  et  n'a  rien  à  faire  avec  mead  qui,  d'sdlleurs,  autant  que  je 
sache,  n'existe  pas  dans  l'ancien  irlandais. 

E.  MULLER. 

Notes  on  Irish  Archltectare  bv  Edwin,  Third  Eari  of  Dunraven, 
edited  by  Margaret  Stokes.  Vol.  II,  xi-205  p.  in-fol.  (plus  36  p.  non 
numérotées)  avec  60  photographies  et  des  gravures  intercalées  dans 
le  texte.  London,  George  Bell  and  Sons,  1877.  Prix  84  sh.  (105  fr.). 

Miss  Stokes  vient  d'achever  la  publication  posthume  du  grand  ouvrage 
de  lord  Dunraven,  qui  est  sien  également  par  son  travail  de  refonte  et 
ses  additions.  Le  tome  I  traitait  des  forts  payens  construits  sans  ciment 
et  des  premiers  oratoires  chrétiens  (voir  plus  haut  p.  105)  ;  le  second 
nous  conduit  à  travers  les  monuments  de  l'architecture  chrétienne  de 
l'Irlande  indépendante. 

Ce  volume  se  compose  pour  la  plus  grande  partie  de  descriptions  par- 
ticulières d'une  centaine  de  monuments.  Ces  descriptions,  accompagnées 
de  magnifiques  photographies,  de  dessins  et  de  plans,  ne  se  bornent  pas 
aux  détails  archéologiques,  elles  comprennent  également  les  extraits  de 
chroniques  et  autres  renseignements  se  référant  aux  monuments  et  à 
l'histoire  locale.  La  succession  de  ces  photographies  et  de  ces  dessins 
est  elle-même  une  histoire  en  image  où  l'on  peut  suivre  des  yeux  la 
transformation  des  styles.  Les  monuments  que  ne  date  pas  la  mention 
d'une  chronique  se  datent  ainsi  eux-mêmes,  pour  ainsi  dire,  par  la  com- 
paraison. Le  volume  se  termine  par  un  essai  de  M^^^  Stokes  sur  le  carac- 
tère et  l'histoire  de  l'architecture  irlandaise,  par  des  tables  chronologiques 
et  par  une  carte  '. 

I.  Cet  essai  a  été  publié  à  part  sous  ce  titre  :  Stokes  (Margaret)  :  Eariy  Christian 


Biblioffophie.  479 

Les  célèbres  tours  rondes  forment  le  sujet  le  plus  important  de  ce 
volume  et  dix-huit  de  ces  curieux  monuments  nous  sont  représentés  par 
les  photographies.  On  a  beaucoup  écrit  en  Irlande  sur  les  tours  rondes, 
mais  avec  plus  de  fantaisie  que  de  critique.  Pétrie^  le  premier,  en  a 
abordé  l'étude  dans  un  esprit  scientifique  :  après  lui,  lord  Dunraven  et 
miss  Stokes  les  ont  fait  entrer  dans  le  domaine  de  l'histoire.  Au  com- 
mencement de  ce  siècle,  il  en  existait  encore  118.  On  n'en  compte  plus 
aujourd'hui  que  76,  les  unes  assez  bien  conservées,  les  autres  plus  ou 
moins  endommagées  ou  même  en  ruines.  Mlle  Stokes  établit  l'époque  de 
leur  construction  par  la   comparaison  de  leur  maçonnerie  avec  celle 
d'époques  datées,  par  l'emploi  du  fer  dans  leurs  seuils,  par  leur  carac- 
tère défensif,  par  les  mentions  qu'en  font  les  annales^  par  leur  analogie 
avec  certaines  tours  de  Ravenne,  de  France,  de  Suisse  et  des  Orcades 
qui  appartiennent  au  même  type.  Par  l'étude  de  tous  ces  faits,  elle  est 
amenée  à  penser  que  ces  tours  ont  été  construites  pour  la  première  fois 
à  la  fin  du  ix'  siècle.  Leur  hauteur  varie  de  70  et  80  pieds  à  120,  et 
leur  diamètre  à  la  base  de  14  a  16  pieds  ;  les  murs  en  sont  épais  de  3  à 
4  pieds  ;  elles  s'efiilent  au  sommet  et  se  terminent  par  un  cône  en 
pierre.  Elles  sont  toutes  bâties  avec  du  ciment,  et  cela  seul  dément  les  pré- 
tentions à  l'antiquité  des  anciens  archéologues  de  l'Irlande  ;  leur  entrée 
est  à  8  à  1 3  pieds  du  sol.  Elles  sont  partagées  en  cinq  ou  six  étages, 
ordinairement  avec  des  planchers  de  bois  et  de  petites  lucarnes  ;  les 
lucarnes  du  sommet  sont  généralement  disposées  aux  quatre  coins  de 
l'horizon  :  elles  n*ont  pas  d'escaliers  et  les  étages  communiquent  par  des 
échelles.  Elles  sont  généralement  placées  à  quelques  mètres  à  l'ouest 
d'une  église,  et  la  porte  est  toujours  de  ce  côté.  Mlle  Stokes  les  répartit 
entre  quatre  périodes,  d'après  leur  maçonnerie  qui  est  le  meilleur  crité- 
rium à  cet  égard.  Ces  tours  servaient  à  la  fois  de  clocher  et  de  lieu  de 
refuge  dans  les  rapides  excursions  des  Normands.  On  ne  pouvait  certes 
pas  y  soutenir  un  siège,  mais  on  pouvait  y  trouver  un  asile  pour  quel- 
ques heures^  y  mettre  en  sûreté  les  ornements  d'église  et  attendre  que 
les  habitants  du  voisinage  vinssent  à  la  rescousse.  Ces  refuges  étaient 
d'autant  plus  utiles  que  pendant  les  ix^  et  x""  siècles  les  annales  irlan- 
daises ne  parlent  que  des  incursions  des  Normands,  pillant  et  brûlant  les 
églises,  et  massacrant  les  habitants. 

Les  anciennes  églises  de  l'Irlande  (antérieures  à  la  conquête  anglo- 
normande)  sont  aussi  l'objet  d'une  étude  instructive  de  Mlle  Stokes.  En 
laissant  de  côté  les  anciens  oratoires  (qui  représentent  peut-être  les  plus 

Architecture  in  Ireland.  Illustrated  with  woodcuts.  Imp.  8'  pp.  16S,  21  s.  chez  le  même 
éditeur. 


480  BihUogrc^hie. 

anciennes  formes  d'églises,  avant  que  les  basiliques  aient  été  christiam- 
sées),  ces  églises  appartiennent,  malgré  certaines  différences,  an  style 
roman.  Le  style  roman,  apporté  sans  doute  du  continent  par  les  moioes 
irlandais  qui  y  avaient  voyagé,  reçut  en  Irlande  des  modifications  de 
caractère  local  dont  la  principale  fut  l'emploi  par  les  Irlandais  du  système 
de  la  plate-bande  {entablature).  Il  est  curieux  qu'on  rencontre  ce  style 
en  Irlande  un  siècle  avant  de  le  rencontrer  en  Angleterre.  Ce  style 
irlando-roman  est  particulier  à  l'Irlande  indépendante  :  la  conquête 
anglo-normande  lui  apporta  cette  variété  du  style  roman  connu  sons  le 
nom  particulier  de  style  anglo-normand. 

Mlle  Stokes  a  été  modeste  à  l'excès  en  donnant  à  ce  bel  ouvrage  le 
titre  modeste  de  Notes.  C'est  une  histoire  complète  de  l'ancienne  ardiH 
tecture  irlandaise,  où,  grâce  à  un  luxe  inusité  de  photographies,  les 
monuments  viennent  pour  ainsi  dire  témoigner  eux-mêmes  ;  c'est  surtout 
une  histoire  faite  avec  méthode  et  critique,  et  il  suffit  seulement  de  com- 
parer un  instant  cet  ouvrage  avec  ceux  du  début  du  siècle  pour  consta- 
ter les  immenses  progrès  de  la  science  irlandaise.  Nous  souhaitons  que 
ce  bel  ouvrage  se  répande  sur  le  continent  aussi  bien  que  dans  les  lies 
Britanniques  ;  il  y  fera  connaître  bien  des  faits  et  bien  des  mcmuments 
que  les  archéologues  ont  intérêt  à  connaître  et  que  l'Irlande  a  fidèlement 

conservés  à  travers  les  siècles. 

H.  G. 

Les  voyages  merveiUenz  de  saint  Brandan  à  la  reoherclie  du 
Paradis  terrestre.  Légende  en  vers  du  XW  siècle^  publiée  d'après  le 
manuscrit  du  Musée  britannique,  avec  introduction  par  Francisque 
Michel.  Paris,  Claudin,  1878,  petit  in-8  de  xxv-96  pages.  —  Prix  : 
6fr. 

Il  y  a  quelques  années  un  romaniste  allemand,  M.  Hermann  Suchier, 
a  publié  dans  les  Romanisçhe  Siudien  (5*  cahier)  le  poème  français  du 
Voyage  de  saint  Brandan  conservé  dans  un  ms.  du  British  Muséum  de 
Londres.  Il  en  a  donné  une  édition  paléographique,  accompagnée  des 
variantes  d'un  fragment  qui  se  trouve  à  Oxford,  avec  une  étude  sur  la 
légende  de  saint  Brandan  dans  la  littérature  du  moyen  âge.  M.  G.  Paris, 
en  annonçant  et  en  louant  la  publication  de  M.  Suchier  dans  la  Remania 
de  1875  (t.  IV,  p.  499),  fit  connaître  son  intention  de  publier  à  son 
tour  ce  poème,  mais  il  lui  manquait  encore  la  copie  de  l'exemplaire 
conservé  dans  le  mss.  de  la  collection  Ashbumham. 

De  son  côté  M.  Francisque  Michel  avait  copié  ce  texte  français  de 
Londres  «  il  y  a  bien  longtemps  en  vue  d'une  publication  dont  3  avait 


Bibliographie.  481 

été  détourné  par  d'autres  soins,  ou,  à  mieux  dire,  par  d'autres  devoirs». 
Aussi  comprend-on  qu'il  lui  ait  été  pénible  de  se  voir  devancé  et  lui 
pardoime-t-on  de  porter  sur  le  savant  allemand  un  jugement  qui  n'est 
pas  mérité  :  et  Un  savant  philologue  allemand,  M.  Hermann  Suchier,  a 
publié  en  entier,  pour  la  première  fois^  le  poème  du  manuscrit  cotto- 
nien  :  mais  comment  l'a-t-il  reproduit  ?  A  l'allemande,  c'est-à-dire  diplo- 
maiico  more,  sans  ponctuation  ni  aucun  des  autres  signes  sans  lesquels 
un  ouvrage  en  langue  vulgaire  du  xii*  siècle  est  à  peu  près  inintelligible, 
si  ce  n'est  pour  quelques  adeptes  dont  le  nombre  ne  dépasse  point  celui 
des  doigts  de  la  main.  Si  nous  avions  à  justifier  cette  reprise  d'un  poème 
déjà  mis  complètement  en  lumière,  nous  ajouterions  qu'il  est  presque 
noyé  dans  un  recueil  allemand  peu  répandu  chez  nous,  bien  qu'il  ren- 
ferme d'assez  bonnes  choses,  n 

M.  M.  a  donc  imprimé  sa  copie,  et  quand  les  feuilles  en  ont  été  tirées, 
il  les  a  emportées  à  Londres  pour  les  coUationner  avec  le  ms.  Il  a  ainsi 
eu  la  matière  de  plusieurs  pages  de  corrections  par  lesquelles  se  termine 
son  volume  et  qui  suggèrent  au  lecteur  l'idée  que  M.  M.  eût  plus  sage- 
ment agi  en  coUationnam  sa  copie  avant  l'impression. 

La  compétence  nous  manque  pour  apprécier  la  façon  dont  M.  M.  a 
publié  ce  poème  :  il  s'est  borné  à  publier  le  texte  de  Londres,  sans  s'oc- 
cuper des  variantes  d'autres  manuscrits,  et  i<  à  le  présenter  tel  qu'il  est, 
sans  aucune  tentative  pour  l'éclaircir,  si  ce  n'est  par  une  ponctuation 
sévère,  une  accentuation  des  plus  sobres,  et  une  analyse  destinée  à  rem- 
placer un  glossaire-index.  » 

Ce  texte  est  en  effet,  même  avec  la  ponctuation  de  l'éditeur,  d'une 
intelligence  assez  difficile  pour  arrêter  le  lecteur  qui  n'est  pas  romaniste, 
mais  qui  s'intéresse  à  la  légende  de  saint  Brandan.  Aussi  ce  lecteur  s'en 
tiendra  comme  nous  à  cette  analyse  détaillée  qui  résume  heureusement 
le  poème. 

Cette  publication  ne  rend  pas  inutile,  pour  les  savants  du  moins,  celle 
de  M.  Suchier;  mais  elle  popularisera  l'histoire  légendaire  de  saint  Bran- 
dan parmi  les  amis  de  la  vieille  littérature  française,  d'autant  plus  que 
ce  volume  est  imprimé  avec  luxe,  sur  beau  papier,  et  tiré  à  petit  nombre 
pour  les  bibliophiles.  H.  G. 

Three  Ifiddle-Irish  Homlies  on  the  JAveB  of  Saints  Patrick, 
Briglt  and  Golumba,  edited  bj  Whitley  Stokes.  xn-140  p.  in-8. 
Calcutta,  1877  (100  copies  privatelyprinted). 

M.  St.  se  distrait  de  ses  travaux  de  grammaire  comparée  par  des 
éditions  de  textes,  et  chacun  des  dialectes  celtiques  a  son  tour.  Aujour- 
Ra.Celi.in  a 


4S2  Bibliographie. 

d'hui  ce  sont  des  sermons  en  moyen-irlandais  dont  les  héros  sont  les 
trois  grands  saints  traditionnels  de  l'Irlande,  Patrice,  Brigitte  etColumba. 
Ces  trois  sermons  sont  conservés  dans  le  Leber  Brecc,  ms.  du  xv«  siècle. 
Quoiqu'écrits  en  moyen-irlandais,  ces  textes  contiennent  des  formes  plus 
anciennes  qui  proviennent  certainement  de  documents  plus  anciens  mis 
en  œuvre  par  leurs  auteurs;  M.  St.  a  relevé  ces  formes  dans  sa  préface 
p.  ix-xi.  M.  St.  a  fait  suivre  le  texte  irlandais  d'une  traduction  anglaise. 

Ces  sermons  ne  se  font  remarquer  ni  par  la  composition,  ni  surtout 
par  le  fond^  et  ils  donnent  une  bien  pauvre  idée  et  de  ceux  qui  les  ont 
faits  et  de  ceux  pour  qui  ils  ont  été  faits.  M.  St.  observe  avec  justesse 
qu'ils  montrent  «  la  crédulité  incroyable  des  Irlandais  du  moyen  âge  s  ; 
on  ne  saurait  en  effet  concevoir  une  thaumaturgie  plus  grossière  et  plus 
enfantine.  Le  saint  dont  on  célèbre  la  mémoire  accomplit  à  tout  instant 
des  miracles  dans  les  circonstances  les  plus  ordinaires  de  la  vie  et  pour 
les  motifs  les  plus  insignifiants;  on  dirait  un  prestidigitateur  qui  veut 
augmenter  l'admiration  de  ses  auditeurs  en  opérant  <c  de  plus  en  plus 
fort  ».  Au  surplus,  quiconque  a  étudié  l'ancienne  Irlande  sait  que  dans 
bien  des  cas  sa  conversion  a  été  plus  apparente  que  réelle  et  que  son 
christianisme  est  longtemps  resté  payen. 

Certains  des  prodiges  racontés  dans  ces  vies  sont  incontestablement 
nés  du  désir  de  glorifier  davantage  le  saint  héros  du  sermon,  en  mon- 
trant son  pouvoir  sur  les  éléments  et  les  hommes.  D'autres  sont  vraisem- 
blablement l'adaptation  de  légendes  plus  anciennes  (tel  est  le  cas  de 
l'histoire  merveilleuse  de  sainte  Brigitte)  ou  la  localisation  de  traditions 
communes  à  divers  pays  (telle  est  l'histoire  des  yeux  arrachés,  extraite 
de  la  vie  de  sainte  Brigitte,  et  qu'on  a  vue  plus  haut  avec  quelques  rap- 
prochements, p.  443). 

Suivant  l'excellent  usage  qu'il  suit  dans  ses  éditions  de  textes,  M.  St. 

a  signalé  dans  sa  préface  tout  ce  qu'il  y  a  d'intéressant  dans  son  texte, 

réuni  les  mots  rares  dans  un  glossaire  et  donné  des  tablés  de  nominum 

et  de  locorum. 

H.  G. 


Qongal,  a  poem  in  five  books,  by  Samuel  Ferguson.  234  p.  pet.  ni-4. 
Dublin  and  London,  1872. 

Sir  Samuel  Ferguson,  et  non  plus  M.  Samuel  F.  (il  a  été  élevé  cette 
année  au  rang  de  baronnet),  n'est  pas  seulement  antiquaire,  historien  et 
juriste,  il  est  aussi  poète  et  un  des  membres  de  cette  pléiade  de  poètes 
nationaux  qu'a  vus  briller  l'Irlande  anglaise  de  notre  siècle.  Sir  Samuel  F. 


Bibliographie.  ^  483 

s'est  attaché  tout  spécialement  à  donner  une  forme  poétique  anglaise  aux 
légendes  et  aux  poèmes  de  l'Irlande  celtique,  et  à  foire  pour  son  pays, 
en  le  disant ,  ce  que  Mac  Pherson  a  fait  pour  l'Ecosse  sans  le  dire.  Lèvent 
de  la  mode  a  tourné,  et  malgré  leur  mérite  et  leur  sincérité,  les  poèmes 
anglo-celtiques  de  Sir  Samuel  n'atteindront  pas  à  la  gloire  des  pastiches 
de  Mac  Pherson. 

La  tentative  n'en  est  pas  moins  louable  :  elle  est  d'autant  plus  hono- 
rable qu'en  traitant  ainsi  dans  ses  vers  les  anciennes  légendes  de  l'Ir- 
lande, l'auteur  renonce  d'avance  au  public  anglais  qu'ennnent  toute» 
ces  histoires  des  Milésiens  et  des  Tuatha  De  Danann  et  qu'il  ne  peut 
espérer  être  apprécié  que  du  public  anglo-irlandais.  Ce  dernier  public 
est-il  assez  nombreux  et  assez  éclairé  pour  encourager  une  poésie  spécia- 
lement anglo-irlandaise,  c.-à-d.  nationale  sous  une  forme  anglaise  ?  C'est 
ce  que  souhaite  notre  poète  et  ce  que  nous  désirons  avec  lui. 

La  première  œuvre  de  Sir  Samuel  F.  dans  ce  sens  a  été  ses  Lays  of 
the  Western  Cael  (London,  Bell  and  Daldy,  1865,  in- 12),  recueil  de  can- 
tilènes  et  de  ballades,  que  M.  de  la  Villemarqué  a  présenté  au  public 
français  dans  un  aimable  article  du  Correspondant  (25  janvier  1866).  Son 
poème  The  Cromlech  on  Howth  (London,  Day  and  Son,in-4,  sans  date),  si 
magnifiquement  illustré  par  M**^  Stokes,  n'a  pas  été,  croyons-nous,  mis 
dans  le  commerce,  et  n'est  connu  que  de  quelques  amis  au  nombre  des- 
quels nous  sommes  heureux  d'avoir  été  comptés. 

Après  les  courts  poèmes  arrive  une  épopée,  Congal.  L'intrigue  et  les 
faits  principaux  en  sont  empruntés  au  roman  irlandais  Cath  Muighe  Rath 
tt  bataille  de  Moyra  »,  publié  en  1842  par  O'Donovan.  Mais  le  poète  ne 
s'est  pas  astreint  à  une  imitation  servile  ;  il  a  développé  les  caractères, 
ajouté  des  incidents  nouveaux,  et  il  s'est  proposé  de  faire  de  son  épopée 
un  tableau  de  l'Irlande  payenne.  —  Il  ne  nous  appartient  pas  d'apprécier 
la  valeur  littéraire  d'un  poème  écrit  dans  une  langue  qui  n'est  pas  la 
nôtre,  et  nous  nous  bornons  modestement  à  le  signaler  comme  une  ten- 
tative heureuse  d'évoquer  et  de  ressusciter  les  pâles  ombres  de  la  vieille 
poésie  celtique. 

Aux  érudits,  nous  recommandons  les  notes  historiques  et  archéolo- 
giques dont  Sir  Samuel  Ferguson  a  fait  suivre  son  poème  et  qui  contien- 
nent plus  d'un  fût  curieux. 

H.  G. 


484  Bibliographie. 

The  language  and  Iiiteratnre  of  the  Soottish  HlgUands,  by 

John  Stuart  Blackie,  Professor  of  Greek  in  the  University  of  Edin- 
burgh.  Edinburgh,  Edmonston  and  Douglas^  18769  ^^'ii^  P*  în-12. 
—  Prix  :  7  fr.  50. 

L'objet  de  ce  livre  est  d'inspirer  au  public  anglais  et  anglo-écossais 
(des  Basses-Terres  d'Ecosse,  Lowlands)  de  l'intérêt  et  de  la  sympathie 
pour  le  peuple,  la  langue  et  la  littérature  des  Hautes-Terres  d'Ecosse 
(Highlandi)3  Cette  cause  ne  pouvait  trouver  un  meilleur  avocat  que 
M.  Blackie,  à  la  fois  érudit,  poète,  homme  au  cœur  ardent,  et,  qui  plus 
est,  converti.  M.  B.,  en  effet,  est  un  Ecossais  des  Basses-Terres,  pro- 
fesseur de  grec  à  l'Université  d'Edimbourg,  qui  s'était  mis  à  l'étude  du 
gaélique  par  curiosité  pendant  ses  villégiatures  dans  les  Highlands,  mais 
qui,  peu  après,  enthousiasmé  des  beautés  de  la  langue  et  des  mérites  du 
peuple  qui  la  parle,  est  devenu  plus  Gael  que  les  Gaels  eux-mêmes. 
C'est  lui  qui,  pour  combler  une  lacune  dans  renseignement  des  univer- 
sités écossaises,  a  voulu  faire  établir  une  chaire  celtique  à  Edimbourg  et 
a  mis  en  train  une  souscription  nationale  qui  en  flt  les  frais.  Il  fallait 
10,000  livres  (2  50,000  fr.);  on  les  a  recueillies,  et  la  chaire  va  être 
fondée  :  l'honneur  de  cette  création  reviendra  à  l'initiative  et  à  l'activité 
de  M.  B. 

Le  public  anglais  ne  connaît  guère  de  l'Ecosse  celtique  que  son  cos- 
tume, les  traditions  de  sa  vie  de  clan  et  les  souvenirs  de  CuUoden  : 
M.  B.  veut  lui  en  faire  connaître  davantage.  Résumons  rapidement  son 
livre  : 

Chap.  i^.  La  langue.  —  M.  B.  raconte  le  cours  de  ses  études  et  de 
ses  lectures  gaéliques,  plaide  pour  l'enseignement  du  gaélique  dans  les 
écoles  de  la  partie  celtique  du  pays,  engage  les  propriétaires  à  étudier 
cette  langue  pour  ne  pas  être  étrangers  à  leurs  tenanciers  qui  souvent 
sont  leur  clansmen.  Pour  faire  voir  que  ce  n'est  pas  une  langue  de  sau- 
vages, M.  B.  montre  ses  rapports  avec  les  autres  langues  indo-euro- 
péennes, principalement  avec  le  grec,  le  latin  et  les  langues  germaniques. 
Ces  pages  sont  écrites  pour  les  gens  du  monde,  et  on  aurait  mauvaise 
grâce  à  signaler  quelques  erreurs  philologiques  que  l'étude  de  Zeuss 
aurait  épargnées  à  M.  B.i  ;  il  faut  au  contraire  savoir  gré  à  M.  B.  de 

I.  Une  philologie  plus  sévère  aurait  même  permis  à  M.  B.  de  donner  Pezplication 
rationnelle  de  nombreux  faits  du  langage  :  si  dain  est  le  génitif  de  dan  (p.  44),  c'est  que 
ce  génitif  de  flexion  interne  est  pour  une  ancienne  forme  *dani  contractée  en  un  mono- 
syllabe par  la  force  de  l'accent.  —  De  même  le  t  <\\n  précède  les  noms  commençant  par 
une  voyelle,  an-t-uisge^  a  Teau,  »  n'est  pas  euphonique  (p.  49)  ;  il  appartient  à  l'article 
qui  était  anciennement  int. 


Bibliographie.  48$ 

combattre  les  rapprochements  avec  Phébreu  et  les  systèmes  d^étymo- 
logie  fantaisistes  qu'il  appelle  courageusement  <c  du  Charenton  tout  pur» 
{This  is  mère  Bedlam). 

Ch.  II.  Epoque  pri^hritienne  et  moyen  âge.  —  «  L^époque  pré-chré- 
tienne 3>  n'est  là  que  pour  mémoire^  et  aussi  «  le  moyen  âge  ».  L'Ecosse 
n'avait  alors  d'autre  littérature  que  celle  de  l'Irlande  dont  M.  B.  ne 
parle  pas.  Il  commence  avec  les  chants  du  ms.  du  doyen  de  Lismore, 
qui  ne  peuvent  être  reportés  dans  le  moyen  âge  que  par  une  licence 
poétique,  puisque  le  collecteur  de  ces  chants  est  mort  en  1 5  5 1 .  Mais 
M.  B.  y  voit,  et  non  à  tort,  les  derniers  spécimens  de  la  littérature  bar- 
dique  de  l'Ecosse  i'avant  la  Réforme.  M.  B.  donne  la  traddttion  envers 
anglais  de  plusieurs  pièces  de  ce  recueil  :  il  convient  pourtant  lui-même 
(p.  77)  qu'il  y  a  là  peu  de  vraie  poésie,  que  ces  chants  ne  méritent  pas 
une  place  bien  élevée  quand  on  les  compare  aux  ballades  populaires  de 
l'Ecosse  anglaise,  de  l'Allemagne,  de  la  Serbie  ou  de  la  Grèce  moderne, 
et  que  leurs  auteurs  étaient  moins  de  vrais  poêles  que  des  bardes  de 
profession,  attachés  à  de  grandes  familles  et  qui  chantaient  plus  par  pro- 
fession que  par  inspiration. 

Ch.  III.  Depuis  la  Réforme  jusqu'à  Macpherson.  —  C'est  la  revue  des 
poètes  plus  ou  moins  originaux  qui  ont  flori  dans  les  Highlands  depuis 
la  fin  du  xvi«  siècle  jusqu'à  la  fin  du  xviir.  Les  figures  les  plus  remar- 
quables de  cette  galerie  sont  Marie  Macleod^  Alexandre  Mac  Donald 
[le  Kœrner  de  la  rébellion  de  1745),  Duncan  Mac  Intyre  et  Rob  Donn. 
M.  B.  traduit  [en  vers)  les  pièces  les  plus  caractéristiques  de  chaque 
poète.  La  plus  originale  est  le  Chant  des  Renards j  invocation  à  la  fois 
plaisante  et  pathétique  contre  un  ennemi  commun,  envahisseur  des 
Highlands  --  le  mouton.  L'émigration  écossaise  [dans  le  Nouveau- 
Monde)  ,  qui  a  commencé  à  la  fin  du  dernier  siècle,  a  pour  cause 
l'expulsion  des  tenanciers 'et  la  transformation  des  terres  en  pâturage 
pour  l'élève  du  bétail  :  c'est  ce  que  M.  B.  appelle  quelque  part  «  rem- 
placer des  hommes  qui  ne  rapportaient  pas,  par  des  bestiaux  qui  rap- 
portent ». 

Ch.  IV.  Macpherson  et  la  question  ossianique.  —  Ceci  était  la  tâche  la 
plus  délicate  de  M.  B.,  parler  d'Ossian  sans  offenser  la  critique  historique 
et  sans  offenser  les  Highlanders  dont  il  s'est  fait  l'avocat.  Pour  beau- 
coup d'Highlanders,  l'Ossian  de  Macpherson  et  la  Bible  sont  deux  livres 
également  sacrés,  l'un  sacré  par  le  patriotisme,  l'autre  par  la  religion, 
mais  tous  deux  également.  C'est  un  respect  traditionnel,  une  admiration 
convenue,  car  on  ne  lit  plus  l'Ossian  de  Macpherson,  M.  B.  en  fait 
l'aveu,  pas  plus  qu'en  Allemagne  on  ne  lit  la  Messiade  de  Klopstock. 


486  BiUiographii. 

Bien  peo  de  personnes,  dh  M.  B.»  sintéressent  aujonrdlid  à  la  ques- 
tion ossianique  ;  quelques  Highlanders  enthouaastes  et  quelques  énidits 
qui  aiment  les  problèmes  de  l'histoire  littéraire. 

M.  B.  résume  l'histoire  des  publications  de  Maq>herson  et  de  la  con- 
troverse qu'elles  ont  soulevée;  il  le  tait  le  plus  rapidement  et  le  plus  dis- 
aètement  possible.  Sa  conclusion  est  que  Hacpherson  a  composé  son 
Ossian  avec  des  morceaux  authentiques,  les  soudant,  les  arrangeant^  les 
embellissant  même,  le  tout  de  la  meilleure  foi  du  monde,  et  pour  la  plus 
grande  gloire  de  son  œuvre.  M.  B.  compare  Macpherson  à  un  sculpteur 
(il  vaudrait  mieux  dire  un  archéologue)  qui,  trouvant  dans  des  fouilles 
des  débris  de  cheb-d'œuvre  antiques,  ferait  une  statue  unique  de  ces 
fragments,  les  forçant,  à  coups  de  ciseau  et  de  marteau,  à  s'adapter  les 
uns  aux  autres.  Les  longs  poèmes  de  Fingal  et  de  Ttmora  semblent 
même  à  M.  B.  sortis  d'une  inspiration  tout  individuelle,  et  M.  B.  les 
regarde  comme  l'œuvre  sinon  de  Macpherson,  du  moins  de  quelque 
Highlander  lettré.  Il  serait  intéressant  de  chercher  et  de  retrouver  dans 
l'œuvre  de  Macpherson  les  fragments  authentiques  qu'il  y  a  insérés, 
de  même  que  (pour  suivre  la  comparaison  de  M.  B.)  les  archéologues 
cherchent  aujourd'hui  à  faire  l'histoire  des  tètes  et  des  bras  rapportés  avec 
lesquels  les  artistes  de  la  Renaissance  ont  fabriqué  des  statues  antiques; 
mais  M.  B.  ne  s'est  pas  donné  cette  tâche.  —  M.  B.  exprime  sa  pensée 
en  termes  dont  le  patriotisme  des  Highlanders  ne  peut  être  blessé  : 
«  Quelle  que  soit  l'authenticité  de  V Ossian  àt  Macpherson,  dit-il,  cette 
question  d'origine  ne  touche  pas  au  mérite  poétique  qu'on  peut,  chacun 
suivant  son  goût,  reconnaître  à  l'œuvre.  Elle  n'en  est  pas  moins  une 
œuvre  de  l'inspiration  celtique,  puisque,  à  tout  prendre,  Macpherson 
était  un  Celte.  » 

Ch.  V.  La  Uuirature  gaélique  dans  ses  dernières  phases;  poésie  et  prose. 
—  Ce  dernier  chapitre  est  l'histoire  d'une  décadence.  M.  B.  cite 
quelques  noms  de  poètes  :  les  plus  remarquables  de  leurs  œuvres  sont 
inspirées  par  l'amour,  ce  sujet  toujours  jeune,  ou  par  l'émigration,  cette 
grande  tristesse  des  Highlands  dans  notre  siècle.  Voilà  pour  la  poésie. 
Quant  à  la  prose,  elle  n'est  représentée  que  par  quelques  rares  ouvrages 
parmi  lesquels  le  Caraid  nan  Caidheal  «  l'ami  des  Gaels  j>,  du  D'  Nor- 
man Macleod,  est  le  plus  remarquable,  et  quelques  recueils  périodiques 
courageusement  tentés  et  bientôt  abandonnés.  Comme  spécimen  de  prose 
gaélique,  M.  B.  traduit  le  Navire  Émigrant  du  D^  Norman  Madeod, 
un  modèle  de  narration  pathétique.  La  littérature  homélitique  des  High- 
lands est  rarement  confiée  à  l'impression  :  «  Si  grande,  dit  M.  B.,  que 
soit  la  puissance  de  prédication  des  ministres  des  Hautes-Terres,  peu 


Bibliographie,  487 

de  sermons  ont  été  imprimés.  »  Nous  ne  pensons  pas  que  personne 
s^en  plaigne. 

Cette  décadence  de  la  poésie  tient  à  plusieurs  causes.  D'abord,  la  reli- 
gion. Le  farouche  esprit  du  protestantisme,  qui  a  détruit  toute  poésie  et 
toute  tradition  en  Galles,  accomplit  également  son  œuvre  en  Ecosse. 
L'orgue  a  été  proscrit  de  l'église  et  le  chant  profone  dénoncé  comme 
impie.  En  187 1,  lorsqu'un  grand  seigneur  écossais,  le  marquis  de  Lomé, 
épousa  une  fille  de  la  reine  Victoria,  une  poétesse  des  Highlands, 
M"'''  Marie  Makellar,  composa  un  épitbalame  (que  M.  B.  a  traduit), 
mais  ce  ne  fut  pas,  dit  M.  B.,  sans  crainte  d'être  accusée  d'impiété,  une 
poésie  séculière  étant  regardée  comme  œuvre  anti-religieuse  par  les  pro- 
testants dévots  de  l'Ecosse.  L'autre  cause  est  l'émigration,  provoquée 
par  ces  évictions  en  masse  connues  sous  le  nom  de  clearances  qui  ont 
chassé  en  Amérique  et  en  Australie  une  partie  de  la  population  des 
Hautes'-Terres.  La  vie  de  clan  a  cessé  d'exister  :  les  chefis  de  clan,  pour 
la  plupart,  sont  élevés  en  Angleterre,  ou  7  passent  leur  vie  ;  moralement, 
ils  sont  devenus  étrangers  à  leur  pays  natal.  L'émigration  fait  perdre  à 
l'Angleterre  une  pépinière  de  braves  soldats,'  les  meilleurs  peut-être  de 
son  armée,  et  M.  B.,  à  ce  propos^  cite  des  vers  qui  pourraient  malheu- 
reusement s'appliquer  à  d'autres  pays  que  l'Angleterre  : 

///  fares  the  land,  to  endless  ills  a  prey, 
Where  wealth  accumulatu  and  mai  decay. 

a  Malheur  au  pays,  voué  à  des  maux  sans  fin, 

Où  la  richesse  ïugmente  et  où  les  hommes  diminuent  I  » 

On  a  reproché  à  M.  B.  son  excès  d'enthousiasme  ;  on  l'a  blâmé,  du 
haut  de  la  science  économique,  d'avoir  pris  le  parti  du  peuple  et  des 
émigrants  contre  les  propriétaires  et  l'émigration;  mais  n'est-ce  pas 
reprocher  à  l'avocat  d'une  belle  cause  sa  générosité  et  son  ardeur  P  Le 
livre  de  M.  Blackie  ne  peut  que  gagner  de  nouveaux  amis  à  la  petite 
nation  celtique  des  Hautes-Terres  d'Ecosse  en  la  faisant  connaître  de 
plusprès^  H.  G. 


Transactions  of  the  Gaellc  Society  of  Inverness.  Vol.  V,  1875-6, 
Invemess,  1876.  Vol.  VII  (1877-8).  2  vol.  in-8. 

La  Société  gaélique  d'Inverness  continue  à  maintenir  l'esprit  celtique 
en  Ecosse  (voir  plus  haut  p.  m),  et  sous  une  forme  aussi  aimable  que 

I .  Le  lecteur  qui  veut  connaître  la  littérature  celtique  d'Ecosse  joindra  avec  profit  au 
livre  de  M.  Blackie  un  petit  volume  qui  n*est  plus  nouveau,  mais  qui  a  gardé  toute  sa 
valeur  :  Cdtic  Gleanings,  or  notices  ofthe  History  and  Literaîure  of  the  Scottish  Cael,  by 
Rev.  Th.  Mac  Laachlan;  Edinburgh,  18(7. 


488  BibliographU. 

patriotique,  car  chaque  volume  nous  apporte,  à  cftté  d'articles  littéraires, 
lé  compte-rendu  de  réunions  générales  de  la  Société  où  l'on  banquette, 
l'on  danse  et  l'on  chante.  Le  principal  héros  de  ces  fêtes  était  M.  Blac- 
kie,  dont  l'énergique  initiative  et  la  zélée  propagande  vont  amener  la 
création  d'une  chaire  cekique  à  Edimbourg. 

Le  tome  VII  (pour  1877-78,  xv-296  p.)  atteste  et  par  son  contenu  et 
par  son  plus  grand  nombre  de  pages  le  développement  de  la  Société  et 
le  succès  grandissant  de  la  cause  celtique  en  Ecosse.  Nous  y  constatons 
un  fait  important.  Sur  les  instances  des  patriotes  des  Highlands  et  des 
sociétés  celtiques  écossaises,  l'autorité  scolaire  permet  que  dans  la  partie 
celtique  de  l'Ecosse  le  gaélique  soit  enseigné  dans  les  écoles  partout  où 
les  School  Boards  (conseils  d'école  locaux)  le  décideront.  Voilà  une 
langue  celtique  qui^  grÀce  à  cette  mesure,  va  peut-être  s'élever  au  rang 
de  langue  tout  à  fait  nationale  comme  le  gallois. 

Nous  apprenons  aussi  par  ce  volume  que  les  sociétés  celtiques  écos- 
saises, d'Ecosse  et  hors  d'Ecosse,  vont  se  réunir  en  fédération  pour 
défendre  avec  plus  de  force  la  cause  nationale.  Nous  voudrions  que  les 
autres  pays  celtiques  eussent  le  patriotisme  et  la  ténacité  des  Ecossais. 

Parmi  les  principaux  articles  de  ce  volume  nous  avons  remarqué  des 
mélanges  littéraires  et  historiques  de  M.  William  Mackenzie,  un  article 
sur  les  noms  gaéliques  de  plantes,  une  notice  sur  le  costume  des  High- 
Jands  de  M.  J.  G.  Mackay,  un  poème  gaélique  envoyé  d'Australie  par 
un  poète  highlânder  émigré,  et  une  revue  de  la  littérature  celtique  par 
M.  Th.  Mac  Lauchlan  qui  s'exprime  sur  notre  recueil  en  termes  beaucoup 
trop  flatteurs  :  «  La  publication  de  la  Revue  celtique  à  Paris  est  un  phé- 
nomène dans  le  firmament  des  études  celtiques  ;»  (p.  21 1). 

Le  tome  VI  de  la  Société  gaélique  d'invemess  ne  nous  est  pas  par- 
venu. 


An  Scho  of  the  olden  Time  firom  the  North  of  Scotland,  by  the 

Rev.  Walter  Gregor,  M.  A.  viii-167  p.  in-12,  Edinburg  and  Glas- 
gow, Menzies. 

Ce  petit  volume  est  une  réimpression  d'articles  publiés  dans  des  jour- 
naux écossais.  L'auteur  y  raconte  sans  prétention  ce  qu'il  a  vu  autour 
de  lui  comme  mœurs^  usages  et  superstitions.  Il  décrit  successivement  la 
ferme,  les  soirées  qu'on  y  passe  dans  la  cuisine  à  entendre  des  histoires 
ou  la  lecture  du  journal  qui  commence  à  remplacer  certains  jours  les 
histoires  d'autrefois  ;  il  décrit  l'école  et  les  cérémonies  religieuses,  il  bit 
le  portrait  du  maître  d'école  et  du  ministre. 


BMoffraphie.  489 

En  ce  qui  touche  les  traditions,  M.  G.  décrit  tout  spédaiement  celles 
qui  se  rattachent  à  la  construction  et  à  l'habitation  de  la  ferme,  à  la 
naissance,  au  baptême,  au  mariage,  à  la  mort  et  aux  funérailles.  Malgré 
toute  sa  sévérité,  le  presbytérianisme  n'a  pu  abolir  ces  usages  et  détruire 
ces  croyances,  et  M.  G.  les  raconte  avec  un  amour  patriotique  (voir  p. 
ex.  p.  89)  qui  ajoute  un  charme  de  plus  à  un  récit  aimable  et  sans  pré- 
tention. 

Un  mdex  facilite  les  recherches  et  un  glossaire  aide  le  lecteur  non 
Ecossais  à  comprendre  les  mots  de  dialecte  qui  ont  forcément  place  dans 
un  semblable  recueil. 

Depuis^  M.  G.  a  publié  dans  VAberdeen  Journal  une  suite  d'articles, 
où  il  traite  des  superstitions  relatives  aux  animaux,  à  la  pèche,  aux 
fontaines,  aux  cimetières,  aux  fêtes  de  Noël  et  du  jour  de  l'an.  C'est 
comme  une  seconde  série  de  son  ouvrage,  qu'il  publiera  sans  doute  un 
jour  en  volume.  H.  G. 


Monographie  de  la  cathédrale  de  Qoimper  [xiii^-xv^  siècle]  avec 
un  plan,  par  R.-F.  Le  Mkn.  In-8.  Quîmper,  1877. 

M.  Le  Men  a  donné,  de  la  cathédrale  de  Quimper,  une  description 
archéologique  et  historique  qui  ne  laisse  pas  de  prise  à  la  critique;  l'antique 
monument  est  étudié  jusque  dans  ses  moindres  détails  ;  des  documents 
de  la  plus  haute  importance  pour  l'histoire  des  arts  en  Bretagne  y  sont 
publiés  pour  la  première  fois.  Tous  ceux  qui  s'occupent  du  moyen  âge 
auront  un  grand  profit  à  prendre  connaissance  de  ce  volume.  Il  traite 
d'un  sujet  trop  étranger  au  cadre  de  la  Revue  celtique  pour  que  nous 
ayons  à  en  faire  un  compte-rendu  détaillé  ;  il  est  un  point,  cependant, 
que  nous  ne  devons  pas  laisser  passer,  parce  qu'il  se  rattache  aux  anciens 
souvenirs  religieux  de  la  province. 

Dans  le  n"  9  de  Milusine  (p.  202  et  seq.)  M.  F.-M.  Luzel  signalait 
à  quatre  kilomètres  du  bourg  de  Plouaret  une  chapelle  construite  sur 
une  crypte  formée  par  un  dolmen  ;  c'est  la  chapelle  des  Sept-Saints. 
Leurs  noms  inscrits  sur  les  socles  de  leurs  statues  et  consacrés  par  un 
gwerz,  très-populaire  dans  le  pays,  indiquent  qu'il  s'agit  des  sept  Dorma/i; 
d'Ephise  qui  auraient  été  martyrisés  sous  Trajan-Dèce  et  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  les  sept  fils  de  sainte  Félicité.  Ceux-ci,  d'après 
Levot  (Hist.  de  Brest,  t.  I,  p.  219,  225],  étaient  honorés  en  cette  ville 
dans  une  chapelle  placée  sous  le  vocable  des  Sept-Saints,  vocable  que 
l'on  trouve  encore  dans  la  commune  du  Vieux-Marché,  à  Coêtmalouèn, 
à  Erquy,  à  Plédran,  à  Yffiniac^  à  Maroué  et  à  Bulat.  D'après  une 


490  Bibliographie. 

légende  qui  courait  à  Landevennec,  les  Sept-Sûnts  de  Brest  étaient  les 
enfants  d'un  forgeron,  sauvés  miraculeusement  des  flots  de  la  mer,  où 
leur  père  les  aurait  jetés  au  moment  de  leur  naissance. 

La  cathédrale  de  Quimper  avait  une  chapelle  dédiée  à  saint  Corentin 
qui  était  l'une  des  stations  du  volage  des  Sept  Saints,  pèlerinage  antique 
qui  consistait  à  se  rendre  successivement  dans  chacune  des  sept  cathé- 
drales de  la  Bretagne  pour  y  honorer  les  fondateurs  de  chacune  d'elles  : 
saint  Paul,  saint  Corentin,  saint  Tugdual,  saint  Patem,  saint  Samson, 
saint  Brieuc  et 'saint  Malo.  A  la  fin  du  xiv^  siècle,  au  xv*  et  au  xvi^,  par 
suite  des  guerres,  la  ferveur  des  pèlerins  des  Sept-Saints  se  ralentit  ;  le 
pieux  voyage  tomba  en  désuétude  alors  que,  pendant  de  longues  années, 
il  fut  impossible  d'accomplir  avec  sécurité  les  sept  stations.  Puis  vint  le 
temps  où  les  antiques  prélats  armoricains  furent  un  peu  abandonnés  et 
les  hommages  qu'on  leur  rendait  détournés  vers  des  saints  plus  célèbres 
dont  les  noms  étaient  d'importation  étrangère.  Lorsque  l'on  recons- 
truisit en  1705  et  1714  la  chapelle  des  Sept-Saints  de  Plouaret,  on  ne 
pensa  plus  qu'aux  Sept-Dormans  d'Ephèse  ;  ailleurs  on  donna  la  préfé- 
rence aux  sept  fils  de  sainte  Félicité  ;  ailleurs  encore  l'imagination  forma 
une  légende  locale.  —  Ainsi  va  l'inconstance  humaine,  même  en  matière 
religieuse. 

Et  cependant  le  culte  des  sept  évèques  bretons  datait  de  loin,  et  pen- 
dant plusieurs  siècles  il  avait  conduit  des  milliers  de  pèlerins  sur  les 
vieilles  voies  romaines  d'Armorique  qui  reliaient  les  anciennes  cités.  Un 
manuscrit  du  xii®  siècle  donne  à  la  suite  des  actes  de  saint  Ronan  la 
note  suivante  :  a  Nomina  vu  sanctorum  Britanniae  :  Sanctissimi  Briocus, 
Sanson^  Machutus,  Patemus,  Courentinus,  Paulus,  Tudualus  ».  Les 
églises  des  Sept-Saints  sont  mentionnées  dans  le  testament  de  Guillaume 
Le  Borgne  en  1225  (D.  Afor.  i,  828)  ;  dans  le  testament  de  Geoffiroi  de 
La  Soraie  en  1256  {Ane.  Evichis  de  Bret.  III,  127)  ;  dans  le  testament 
de  Rolland  de  Dinanen  1304  (!d.  VI,  212).  Dans  le  procès  de  canonisa- 
tion de  saint  Yves,  nous  voyons  figurer  deux  témoins  :  l'un,  Hamon  de 
Toul-Efiflam,  qui  avait  fait  le  pèlerinage  des  Sept  Saints  de  Bretagne; 
l'autre^  MargiÛe,  de  Lanmeur,  qui  «  peregrina  ibat  ad  basilicas  septem 
sanctorum  Britanniae  visitandas  x>. 

L'un  des  témoignages  les  plus  récents  du  pèlerinage  qui  nous  occupe 
en  ce  moment  se  trouve  dans  le  testament  de  Nicolas  Coetanlem^  ce 
riche  armateur  qui  construisit  et  arma  à  Morlaix  La  Cordelière.  Dans  ses 
dernières  volontés,  en  1 518,  il  disait  :  «  Aux  Sept  Saintz  de  Bretaigne, 
scavoir  :  à  M.  Saint  Pierres  de  Nantes,  à  M.  Sainct  Paul,  à  M.  Sainct 
Tudgoal,  à  M.  Saina  Guillaume  à  Saint-Brieuc,  à  M.  Sainct  Sampson,  à 


Bibliographie.  491 

M.  Saina  Brieuc,  à  M.  Sainct-Malo,  à  chacun  d'eulx  ung  escu  porté,  et 
faire  le  tour  ainsi  que  l'on  est  acoustumé,  par  le  testateur  ou  quelque 
aultre,  ou  nom  dud.  testateur  et  en  ses  despens.  » 

On  voit  qu'à  cette  époque  le  nombre  des  Sept  Saints  persistait,  mais 
il  y  en  avait  deux  de  changés  ;  saint  Guillaume  et  saint  Pierre  remplar 
çaient  saint  Corentin  et  saint  Patem.  On  n'allait  plus  à  Quimper  ni  à 
Vannes. 

A.  DE  B. 


De  rnrgence  d^ine  exploration  pbilologlqae  en  Bretagne,  ou  la 

langue  bretonne  devant  la  science,  par  Emile  Ernault,  professeur  à 
l'école  Saint-Charles.  18  p.  in-8.  Samt-Brieuc,  1877. 

Un  Breton  soumis  aux  lois  de  la  grammaire  comparée,  c'est  un  spec- 
tacle aujourd'hui  encore  trop  rare  pour  que  les  amis  de  la  Breugne  et 
des  études  celtiques  ne  s'en  réjouissent  pas  sincèrement.  M.  Ernault  a 
tout  le  feu  des  anciens  celtisants  ',  le  sang  des  La  Tour-d'Auvergne^  des 
Le  Brigant  coule  dans  ses  veines  ;  il  a  eu  de  plus  qu'eux  la  bonne  for- 
tune de  s'inspirer  des  vrais  principes  philologiques  et  le  bon  sens  de  les 
mettre  à  profit.  Je  n'irai  pas  jusqu'à  dire  que  l'impétuosité  celtique  ne  l'a 
pas  quelquefois  entraîné  trop  loin.  Il  y  a,  à  mon  sens,  dans  sa  brochure 
plusieurs  choses  tout  au  moins  inutiles  à  la  cause  qu'il  défend.  A  quoi 
bon  parler  du  Barzas-Breiz,  pour  montrer  qu'une  exploration  philolo- 
gique en  Bretagne  serait  utile,  même  au  point  de  vue  historique  P  La 
question  est  tranchée  par  les  Bretons  eux-mêmes.  Pas  un  Breton  bre- 
tonnant  de  sang-froid  n'hésitera  à  déclarer  que  les  chants  anciens  sont 
de  pures  inventions,  que  cette  langue  est  une  langue  factice,  et  que^ 
parmi  les  chants  les  plus  récents,  il  y  en  a  bien  peu,  peut-être  pas  un, 
qui  ait  été  recueilli  tel  quel.  L'article  posthume  de  M.  Lejean,  article 
fort  remarquable,  me  semble  très  près  de  la  vérité.  Si  M.  Lejean  a  dit 
le  contraire  dans  sa  jeunesse,  c'est  que  pour  lui,  comme  pour  tout  bre- 
tonnant  jeune  et  ardent,  le  Barzas-Breiz  a  été,  à  une  certaine  époque, 
une  sorte  de  Bible^  d'Iliade  :  on  avait  besoin  de  croire  à  son  authenti- 
cité :  le  doute  aurait  été  un  sacrilège.  —  M.  Ernault  aurait  peut-être 
aussi  été  bien  inspiré  en  n'invoquant  pas  comme  argument  la  supériorité 
du  breton  sur  le  français  au  point  de  vue  philologique.  Si,  au  point  de 
vue  indo-européen,  le  latin  peut  suppléer  le  français,  il  n'en  est  pas 
moins  vrai  qu'il  n'y  a  pas  de  spectacle  plus  curieux  et  plus  important 
au  point  de  vue  philologique  que  l'évolution  du  latin  en  français  et  dans 
les  différentes  langues  néo-latines. 


492  Bibliographie. 

Puisque  je  suis  en  veine  de  critiques,  je  serais  tenté  de  faire  une  véri- 
table querelle  à  M.  Emault  d'avoir  laissé  parahre  au  milieu  de  tant  de 
choses  justes  cette  vieille  erreur  si  répandue  dans  les  séminaires  et  parmi 
les  prêtres  bretons  :  que  les  quatre  dialectes  armoricains  correspondent 
en  partie  aux  quatre  dialectes  grecs.  Une  dernière  critique  :  M.  Emault 
n'a  peut-être  pas  classé  avec  assez  de  méthode  les  faits  de  phonétique  et 
de  grammaire  qui  nécessiteraient  une  exploration  philologique  en  Bre- 
tagne. On  sent  que  les  arguments  ne  lui  manquent  pas  et  qu'il  possède 
son  sujet  :  c'est  l'abondance  même  des  faits  qui  l'a  gêné.  Je  me  hâte 
d'ajouter  que  ce  sont  là  des  taches  légères  et  que  la  thèse  de  M.  Emault 
n'en  reste  pas  moins  parfaitement  prouvée  au  point  de  vue  de  la  pboné* 
tique,  de  la  grammaire  et  du  vocabulaire. 

Au  point  de  vue  phonétique,  il  est  certain  qu'un  assez  grand  nombre 
de  sons  n'ont  pas  été  relevés  en  breton.  M.  Emault  signale  le  son  rh  à 
Plounevez-<^ntin  (Comouailles).  Je  ne  puis  en  rien  dire,  M.  Emault 
n'ayant  pas  donné  d'exemples.  Il  y  aurait  plus  d'une  étude  curieuse  à 
faire  sur  les  aspirées  et  la  façon  dont  on  les  prononce,  surtout  d'un  dia- 
lecte à  l'autre. 

M.  Emault  a  mille  fois  raison  de  signaler  Pimp<Mrtance  capitale  de 
l'étude  des  différents  dialectes  et  de  leurs  subdivisions.  Je  lui  reproche^ 
rais  même  de  n'avoir  pas  insisté  davantage.  Pour  prendre  un  exemple, 
comment  le  philologue  étranger  arrivera-t-il  à  comprendre  l'identité  de 
formes  comme  en  dévézo  (Léon)  et  en  o  (bas-vannetais),  signifiant  toutes 
les  deux  «  il  aura  »  P  II  faut  d'abord  qu'il  connaisse  les  formes  intermé- 
diaires en  devoy  en  do  ;  pour  comprendre  ces  formes,  il  devra  savoir 
qu'à  Vannes  généralement  le  v  entre  deux  voyelles  tombe  ou  se  trans- 
forme en  w  (ue],  qu'en  bas-vannetais  on  assimile  dans  la  forme  en  doit 
d  à  Vn  précédent,  etc.  Cette  étude  est  loin  d'être  faite  pour  la  Bretagne; 
elle  ne  l'est  pas  davantage  pour  le  pays  de  Galles  :  de  là  un  grand 
nombre  d'erreurs  dans  les  travaux  des  celtisants  les  plus  remarquables. 
J'en  signalerai  une^  au  hasard^  dans  la  brochure  de  M.  Stokes  sur  les 
verbes  irréguliers  bretons.  M.  Stokes  voit  un  présent  secondaire 
dans  la  forme  em  boa^  emoa  et  un  passé  dans  em  boe,  emoae.  Ce 
sont  simplement  des  formes  dialectales  d'un  même  temps.  La  forme  en 
a  est  usitée  de  préférence  en  Léon,  en  e  de  préférence  en  Vannes.  Il  y 
a  même  en  Vannes  une  autre  forme  em  boui.  Ces  erreurs  viennent  de  ce 
que  la  comparaison  des  voyelles  n'a  pas  été  faite  pour  les  dialectes.  Le 
dialecte  de  Vannes,  en  général  assez  mal  connu^  offre  plusieurs  subdivi- 
sions importantes.  D'après  M.  Emault,  le  dialecte  de  Batz  et  celui  de 
Sarzeau  sont  à  peu  près  aussi  éloignés  l'un  que  l'autre  du  vannetais 


Bibliographie.  493 

écrit.  C'est  peat-^tre  un  peu  exagéré.  On  pourrait  supposer  de  Batz  à 
Croix  une  sorte  de  dialecte  des  lies  :  c'est  l'opinion  de  M.  Bureau,  si 
mes  souvenirs  sont  exacts.  Il  est  incontestable  qu'on  trouve  à  Croix  des 
formes  différentes  du  dialecte  de  Vannes  et  identiques  à  celles  dudialeae 
de  Batz.  Il  y  a  encore  dans  le  Morbihan  un  sous-dialecte  fort  différent 
du  langage  écrit  :  c'est  le  dialecte  que  l'on  parle  sur  les  rives  du  Scorff 
vers  le  nord-ouest  du  Morbihan  et  dans  quelques  communes  des  Côtes- 
du-Nord. 

Ce  dialecte  s'étend  à  peu  près  du  Scorff  à  l'Ellé  et  se  présente  avec 
ses  caractères  les  plus  saillants  aux  sources  du  Scorff  (canton  de  Gué- 
mené-sur-Scorff). 

Une  remarque  en  passant  :  M.  Emault  trouve  que  le  langage  vulgaire 
a  peu  senti  l'avantage  d'une  sage  répartition  de  ses  immenses  ressources 
phoniques  :  c'est  là,  au  contraire,  un  c6té  fort  original  des  langues  cel- 
tiques. Le  breton  a  gaspillé  son  vocabulaire,  mais  non  ses  sons.  C'est 
ainsi  qu'il  a  suppléé  à  la  perte  de  certains  suffixes  par  le  jeu  des  consonnes 
initiales,  par  exemple  pour  le  féminin.  M.  Emault  trouve  des  exceptions 
à  ce  gaspillage  des  sons,  par  exemple  à  Sarzeau  :  on  prononce  Kaer 
pour  la  ville.  Kir  pour  la  maison.  Eh  bien,  ailleurs,  on  s'en  tire  autre- 
ment, mais  tout  aussi  bien.  D'abord  Kir  n'est  pas  particulier  à  Sarzeau. 
Ensuite  on  ne  peut  confondre  les  deux  mots,  là  même  où  on  prononce 
ger  pour  maison  ;  pour  dire  aller  à  la  maison,  on  dira  :  monet  d'ar  ou 
d^erger;  aller  en  ville  se  dira  :  monet  e  ker. 

Un  point  curieux  et  qui  mérite  d'être  élucidé,  c'est  le  jeu  de  la  semi- 
voyelle  u.  U  égale  v  et  w.  De  plus  il  a  pour  équivalent  en  vannetais  un 
son  particulier  que  j'appellerais  u  consonne.  Exemple  :  glav  (pluie),  glaw, 
glàô  (une  syllabe)  devient  en  vannetais  gla-ue  (une  syllabe).  Les  Vanne- 
tais représentent  souvent  ce  son  u  consonne  dans  leurs  livres  par  hui. 
Exemple  :  mar  hue  (une  syllabe). 

Si  nous  passons  au  vocabulaire,  la  thèse  de  M.  Emault  devient  tout 
aussi  facile  à  défendre.  Le  vocabulaire  breton  est  fort  riche  et  on  est 
loiji  de  l'avoir  reproduit  en  entier.  Mais  ce  qui,  à  mon  sens,  rend  une 
exploration  philologique  indispensable,  c'est  que  les  auteurs  de  diction- 
naires bretons  ne  se  sont  pas  contentés  de  réunir  des  mots  existants, 
mais  en  ont  créé  un  bon  nombre.  M.  Emault  n'a  pas  invoqué  cet  argu- 
ment :  c'est  peut-être  le  plus  décisif.  J'ai  surtout  en  vueles  dictionnaires 
français-bretons.  J'ai  le  plus  grand  respect  pour  M.  Troude  qui  a  rendu 
aux  études  bretonnes  de  grands  services,  mais  je  dois  à  la  vérité  de 
déclarer  qu'il  a  suivi  souvent  les  errements  de  Le  Conidec.  Beaucoup  de 
mots  sont  de  pure  invention.  Je  n'examine  pas  s'ils  sont  créés  d'après 


494  Bibliographie. 

les  lois  de  l'analogie  :  ils  sont  forgés.  Je  citerai  peur-badus  <c  étemel  b, 
la  plupart  des  composés  en  as  :  as-deraoui^  recommencer,  etc.,  et  bien 
d'autres  composés.  Les  celtistes étrangers  pourraient  croire  que  M.  Troude 
a  complété  Le  Gonidec  pour  les  formes  vannetaises.  J'ouvre  son  diction^ 
naire  :  dans  les  deux  premières  pages  je  relève  au  moins  seize  mots  qui 
ont  en  Vannes  des  formes  différentes  et  que  j'y  cherche  en  vain.  De  plus 
ce  qui  est  bien  plus  grave,  il  y  a  des  formes  absolument  imaginaires,  par 
ex.  askouec^h  «  rechute  d,  que  personne  assurément  en  Vannes  ne  connaît. 
Ce  défont  du  dictionnaire  de  Troude  ne  peut  guère  frapper  ceux  qui  n'ont 
pas  appris  le  breton  de  naissance  et  qui  se  sont  servis  pour  le  comprendre 
de  la  grammaire  et  du  dictionnaire.  J'applaudis  donc  ici  encore  plus  que 
jamais  à  l'idée  de  M.  Emault  :  il  faut  compléter  et  surtout  épurer  le  dic- 
tionnaire. Au  point  de  vue  du  français,  en  retirerons-nous  quelque 
avantage  P  Ce  n'est  pas  impossible. 

La  syntaxe  bretonne  est  encore  plus  mal  connue  que  ses  formes.  Les 
deux  choses  se  tiennent  et  je  suis  convaincu  que  l'analyse  phonétique 
retirerait  de  l'étude  de  la  syntaxe  de  grands  avantages  et  y  trouverait  de 
précieuses  indications. 

Le  reste  de  la  brochure  de  M.  Emault  sur  les  chances  de  durée  du 
breton  soulève  plus  d'une  question  délicate.  M.  Emault  est  un  converti, 
un  néophyte,  un  Breton-Français  plus  Breton,  hélas,  que  les  bretonnants 
eux-mêmes.  Je  voudrais  pour  ma  part  pouvoir  partager  ses  espérances, 
mais  je  n'ose.  Raison  de  plus  pour  se  hâter  :  que  tous  les  Bretons  s'unis- 
sent; si  la  vieille  langue  doit  disparaître,  qu'elle  vive  au  moins  dans  nos 
livres.  Les  poètes  ont  rempli  leur  rôle  ;  le  miel  de  poésie  qui  embaume, 
suivant  l'expression  de  Brizeux,  est  réuni  :  que  la  science  apporte  elle 
aussi  son  tribut. 

Il  y  a  un  point  que  M.  Emault  n'a  pas  touché  et  qui  peut  avoir  son 
intérêt.  Je  suis  persuadé  qu'une  mission  philologique  en  Bretagne  aurait 
des  résultats  intéressants  au  point  de  vue  historique^  délie  était  appuyée 
de  recherches  analogues  dans  le  pays  de  Galles. 

LOTH. 


Causeries  bretonnes,  ou  Remarques  sur  la  formation  de  la  langue 

celto-bretonne,  par  Eug.  Le  Bos.  Paris,  1877,  gr.  in-8,  40  p. 

Sous  prétexte  de  causeries  bretonnes^  l'auteur  nous  parle  un  peu  de 
tout,  excepté  de  h  formation  de  la  langue  celto-bretonne.  C'est  fort  heu- 
reux, d'ailleurs,  car  une  préface  au  ton  lyrique  nous  donne  la  mesure 
des  énormités  philologiques  dont  il  est  capable. 


Bibliographie.  49j 

Dans  les  intervalles  que  laissent  libres  ses  digressions  semées  de  plai- 
santeries plus  ou  moins  déplacées,  il  traite  principalement  de  la  versifica- 
tion bfetonne.  Mais  à  part  quelques  fantaisies  de  son  crû,  il  ne  fait 
guère  qu'amplifier  la  prosodie  bretonne  du  Breuriez-Breiz.  Il  aurait  dû 
signaler^  par  exemple,  le  vers  de  17  syllabes,  9  +  8,  risqué  par  lann 
ar  Minous. 

La  réforme  orthographique  qu'il  propose  et  adopte  pour  eu  et  ou  est 
peu  pratique  et  surtout  peu  urgente.  Quant  à  la  seconde  livraison  annon- 
cée, elle  sera  réellement  utile  à  la  science  si  l'auteur,  au  lieu  de  défendre 
le  P.  Grégoire  contre  Le  Brigant  (?)  comme  il  nous  en  menace  (p.  39) 
pour  la  belle  raison  qu'il  ne  veut  point  nous  faire  «  dormir  debout  »,  se 
donne  la  peine  de  remplir  sérieusement  la  promesse  faite  par  lui  en  pas- 
sant, p.  II,  et  oubliée  immédiatement,  hélas  !  «  Il  sera,  aussi  souvent 
que  possible  et  toutes  les  fois  que  l'occasion  s'en  présentera,  fait  choix  à 
dessein  d'expressions  et  de  mots  véritablement  bretons,  en  usage  dans 
les  environs  de  Saint-Pol-de-Léon,  et  dont  il  n'est  fait  aucune  mention 
dans  les  ouvrages  de  M.  Le  Gonidec  ni  de  M.  Troude.  On  se  tromperait 
grandement  si  l'on  croyait  qu'un  mot  n'est  pas  breton  parce  qu'il  ne  se 

trouve  pas  dans  leurs  dictionnaires.  » 

Emile  Ernault. 


Fouilles  Detites  &  Gamac  (Morbihan).  —  Les  Bossenno  et  le 
Mont  Saint-Michel,  recherches  archéologiques  par  James  Miln. 
253  p.  in-4  avec  44  planches,  12  plans  et  des  gravures  intercalées. 
Paris,  Didier  et  Claye,  1877.  Prix  :  50  francs. 

Les  archéologues  d'Outre-Manche  ont  plus  d'une  fois  été  attirés  dans 
notre  Bretagne  armoricaine  par  l'étude  de  ses  monuments  mégalithiques. 
Après  Sir  Samuel  Ferguson  et  M.  Lukis,  voici  un  savant  écossais, 
M.  James  Miln,  qui  a  entrepris  à  ses  frais  des  fouilles  importantes  à 
Camac  et  qui  nous  raconte  dans  notre  langue  ses  travaux  et  ses  décou- 
vertes. 

Au  nord-est  de  Camac  se  trouvent  plusieurs  buttes,  connues  dans  le 
pays  sous  le  nom  de  Bossenno  ou  BossenneUy  c.-à-d.  «  petites  buttes  (ou 
bosses)  D.  Quelques  personnes  donnaient  à  ces  buttes  le  nom  si  volon- 
tiers prodigué  de  Camp  de  Cisar,  sans  doute  à  cause  des  débris  de  tuiles 
romaines  que  l'on  y  avait  trouvés  quelquefois  à  la  surface  du  sol.  La 
tradition  du  pays  y  mettait  un  couvent  de  Moines  rouges  ou  Templiers  qui 
aurait  été  incendié  par  les  gens  du  pays.  Les  fouilles  pratiquées  par 
M.  M.  ont  mis  à  découvert  les  ruines  d'une  villa  gallo-romaine.  — . 


49^  Bibliographie. 

M.  M.  a  également  fuit  des  fouilles  au  pied  du  grand  tumulus  connu  sous 
le  nom  de  Mont  Saint-Michel  et  il  y  a  trouvé  des  vestiges  d'habitation 
et  un  assez  grand  nombre  d'objets  en  pierre,  mêlés  à  des  fragments  de 
poterie  de  toute  époque. 

Mais  l'œuvre  principale  de  M.  M.  est  la  découverte  et  la  description 
de  la  villa  gallo-romaine  de  Bosseno.  Il  ne  s'est  pas  contenté  de  décrire 
sa  trouvaille  par  la  plume  ;  il  a  reproduit  dans  une  série  de  magnifiques 
gravures  et  chromolithographies  les  objets  en  silex  et  en  bronze,  les 
vases,  les  fresques,  etc.,  qu'il  a  recueillis  dans  ses  fouilles.  Il  n'en  est 
pas  un,  croyons-nous,  qu'il  n'ait  décrit  et  dessiné  :  car  tout  est  fait 
d'après  ses  propres  dessins. 

Ces  fouilles  et  la  publication  de  ce  magnifique  volume-album  repré- 
sentent une  dépense  considérable  ;  aussi  M.  M.  mérite-t-^l  d'être  loué  à 

la  fois  comme  archéologue  et  comme  Mécène. 

H.  G. 


Proverbes  et  Dictons  de  la  Basse-Bretagne^  recueillis  et  traduits 
par  L.-F.  Sauvé,  i68  p.  in-8.  Paris,  Champion,  1878. 

M.  Sauvé  a  réuni  en  un  volume,  tiré  à  très-petit  nombre,  les  pro- 
verbes bretons  qui  ont  été  publiés  ici  même.  Il  n'a  ajouté  à  son  recueil 
qu'une  préface  et  quelques  notes.  —  Nous  croyons  utile  à  ce  propos  de 
relever  les  fautes  d'impression  qui  se  sont  glissées  dans  le  breton  des 
proverbes,  tels  que  nous  les  avons  donnés  ici.  Les  chiffres  se  réfèrent 
aux  n^  des  proverbes  : 
N* 


^h 

au  lieu  de  eur  traitour, 

lisez  eun  traltour. 

65, 

— 

anezhi, 

—  anezhan. 

67, 

— 

tribeg, 

—  tri  veg. 

124, 

— 

awaPch, 

—  awalc'h. 

138, 

— 

hesi, 

—  he  zi. 

iî9t 

— 

eur  si, 

—  eur  zi. 

149  (note), 

— 

mungna. 

—  muingna. 

201, 

— 

torchenn, 

—  dorchenn. 

242, 

— 

re  druz, 

—  re  zruz. 

4ih 

— 

a.  bred. 

—  abred. 

460, 

— 

tri. 

—  teir. 

469, 

— 

ouch. 

—  ouc'h. 

646, 

— 

triheol. 

—  tri  heol. 

6791 

— 

chouel, 

—  cliouel. 

702, 

— 

chouel, 

—  c'houel. 

BibliofftaphU. 

7î6» 

— 

e  teui, 

—  e  teuio. 

826, 

— 

vanhas, 

—  vankas. 

842, 

_ 

hcn  htnii 

—  hcn  em. 

908, 

— 

dreî, 

—  zeîz. 

id., 

— 

beyar, 

—  bedcr. 

id.. 

— 

tri, 

—  deir. 

id., 

— 

dri, 

—  deir. 

id., 

— 

zaou, 

—  ziou. 

9^2, 

— 

keuta. 

—  kenta. 

9ih 

— 

Pa'r  oc'h, 

—  Pa*z  oc'h. 

945  (note), 

— 

ar  gar  zant, 

—  agarzant. 

946, 

— 

Panezeun, 

—  Panezenn. 

956, 

— 

apjenn, 

--  ajenn. 

966, 

— 

a  sespount, 

—  a  respount. 

9761 

— 

klass, 

—  kass. 

497 


Mélusiné,  recueil  de  mythologie,  littérature  populaire,  traditions  et  usages. 
Publié  par  MM.  H.  Gaidoz  et  E.  Rolland.  Un  vol.  in-4<*  avec  gra- 
vures et  airs  de  musique.  Paris,  Viaut,  42,  rue  Saînt-André-des-Arts. 
Prix  :  20  fr. 

Qui  de  nous  ne  s'est  fait  à  ses  heures  le  nàif  aveu  de  Lafontaine }  Qui 
ne  s'est  dit  parfois  : 

si  PiAU  d'ans  m'teit  conté 
J'y  prendrais  un  plaisir  extrême  ? 

Qui  ne  se  rappelle  avec  un  charme  inexpliqué  tel  récit  de  mère-grand, 
telle  chanson  de  nourrice,  telle  ritournelle  de  fillette,  tel  dicton  enfantin 
dont  les  années  ont  émoussé  le  souvenir  dans  notre  mémoire  sans  en 
efiEacertout  à  fait  l'intérêt  mystérieux,  l'accent  dont  l'étrange  pénétration 
déroute  l'analyse,  et  la  saveur  singulière  qu'on  serait  impuissant  à  définir, 
parce  que  l'expression  propre  à  la  caractériser  fait  défaut  dans  la  langue  î 
Depuis  longtemps  l'attrait  caché  qui  s'attache  aux  contes,  aux  chansons, 
aux  dictons,  aux  formules,  aux  légendes  et  aux  superstitions  qui  meublent 
l'imagination  populaire,  a  frappé  certains  esprits  chez  lesquels  l'éducation 
littéraire  n'avait  pas  étouffé  le  sentiment  des  naïves  beautés  que  recèlent 
les  traditions  des  illettrés.  Le  recueil  de  Perrault  doit  son  origine  à  cette 
attention  émue  d'un  homme  cultivé  pour  les  fragments  épars  de  la  litté- 
rature du  peuple  des  campagnes. 

Plus  récemment,  et  surtout  chez  nos  voisins  d'Allemagne,  d'Angle- 
terre et  d'Italie,  une  idée  scientifique  a  pris  naissance  à  c6té  de  l'instinct 
Ra.cdt.in  34 


49$  BibUogri^hiê. 

poétique  qui  sfi  Complaisait  au  récit  des  légendes  racontées  sous  le  chaume, 
dans  les  veillées  d'hiveif,  aux  chants  mélancoliques  des  bergers  dans  la 
solitude  des  guérets,  ou  aux  notes  joyeuses  des  rondeaux  du  dimanche 
dansés  par  les  toutes  jeunes  filles  sur  la  pelouse  des  commumiux  et  autour 
des  églantiers  en  fleurs.  On  s'est  demandé  pourquoi  tous  ces  contes, 
toutes  ces  chansons,  tous  ces  dictons,  tous  ces  proverbes,  toutes  ces 
devinettes,  tous  ces  usages  traditionnels  et  superstitieux  avaient,  non- 
seulement  d'une  province  à  l'autre,  mais  d'une  nation  à  une  autre  séparée 
de  celle-là  par  de  vastes  contrées  intermédiaires,  des  caraaères  à  peu 
près  parfaits  d'identité.  Le  Petit-Poucet,  pour  ne  citer  qu'un  exemple, 
se  retrouve,  à  de  légères  variantes  près,  dans  la  littérature  populaire  de 
l'Europe  entière,  depuis  la  Russie  et  la  Norvège  jusqu'en  Espagne  et  en 
Italie.  De  là  un  problème  historique  et  philosophique  qui  se  rattache  inti- 
mement aux  origines  des  races  et  au  développement  de  l'esprit  humain, 
—  de  ce  qu'on  pourrait  appeler  les  idées  anté  et  extra- littéraires,  qui  a 
excité  l'attention  et  stimulé  le  zèle  d'un  grand  nombre  de  savants  dans 
toute  l'Europe,  et  spécialement  dans  les  contrées  que  nous  avons  indi- 
quées plus  haut.  De  là  aussi  la  publication  d'ouvrages  dont  les  travaux 
des  frères  Grimm  sur  les  traditions,  les  contes,  les  légendes  et  la  mytho- 
logie populaire  du  peuple  allemand,  offrent  un  des  spécimens  les  plus 
intéressants  et  les  mieux  conçus. 

Le  recueil  périodique,  dont  le  titre  figure  en  tète  de  cet  article,  était 
destiné  dans  la  pensée  de  ses  fondateurs  à  faire  pour  la  France  ce  que 
les  frères  Grimm  et  leurs  continuateurs  ont  mené  à  bien  de  l'autre  c6té 
du  Rhin.  MM.  Gaidoz  et  Rolland,  connus,  le  premier,  comme  direaeur 
de  la  Revue  celtique,  professeur  à  l'École  des  sciences  politiques  et  à 
l'Ecole  des  hautes  études,  et  le  second  par  la  publication  d'un  recueil  de 
devinettes  très-patiemment  réunies  et  très-soigneusement  éditées,  ainsi 
que  par  l'entreprise  d'un  ouvrage  de  longue  haleine  sur  la  Faune  popu^ 
laite  de  la  France,  s'étaient  chargés  de  cette  tâche  en  dilettantes  et  en 
savants.  Sensibles  aux  naïfs  agréments  de  la  tradition  populaire,  ils  vou- 
laient en  sauver  les  restes  que  submerge  de  plus  en  plus  le  flot  montant 
de  l'éducation  artificielle  et  littéraire  ;  mais  ils  voulaient  aussi  contribuer 
pour  leur  part  à  la  solution  des  questions  importantes  que  soulèvent  la 
diffusion  et  la  ressemblance  des  traditions  orales  des  différents  peuples. 
Mélusine  était  l'instrument  avec  lequel  ils  comptaient  poursuivre  ce  double 
but. 

Au  risque  d'être  indiscret,  nous  ajouterons  que  leur  conception  de  ce 
qu'à  défaut  d'un  terme  propre  on  est  obligé  d'appeler,  avec  fort  peu  de 
justesse  (puisqu'il  ne  s'agit  pas  de  choses  littéraires  et  contenues  dans 


Bibliographie.  499 

les  livres),  la  littérature  populaire,  avait  revêtu  dans  Tesprit  des  fondar 
leurs  de  Mélusine  un  aspect  bien  fait  pour  accroitre  leur  ardeur  et  imprimer 
à  l'œuvre  dont  ils  avaient  pris  la  direction  une  haute  portée  philosophique. 
Pour  eux,  le  dépôt  traditionnel  dont  la  mémoire  des  illettrés  est  la  biblio- 
thèque, — contes,  proverbes,  chansons,  superstitions,  coutumes,  musique, 
art  plastique  même,  —  est  le  prototype  de  la  littérature,  de  la  religion, 
de  la  philosophie,  du  droit,  de  Part  musical  et  de  l'esthétique  figurative, 
en  un  mot,  de  la  civilisation  tout  entière  que  nous  avons  devant  les  yeux. 
Ceci  sort  de  cela  ;  ceci  n'a  qu'une  originalité  empruntée  à  cela,  emprunt 
que  dissimule  le  vernis  et  surtout  les  combinaisons  des  lettrés  et  des 
artistes.  Rien  d'artistique  ni  de  littéraire  qui  ne  se  réduise  à  l'analyse  en 
des  matériaux  qu'on  retrouve  dans  la  littérature  flottante  et  dans  l'art 
rudimentaire  du  paysan.  En  d'autres  termes,  la  littérature  et  l'art  primitif 
du  peuple  sont  à  la  littérature  et  à  l'art  des  hommes  pourvus  d'une  édu- 
cation savante,  ou  de  seconde  formation,  ce  que  la  nature  sauvage  est  à 
la  nature  cultivée.  Aussi  bien,  toute  civilisation  n'est  que  culture,  comme 
l'atteste  le  mot  allemand  qui  désigne  à  la  fois  l'une  et  l'autre.  Nos  con- 
ceptions ne  sont  donc,  eu  égard  à  celles  du  peuple,  qu'aifoire  de  sélec- 
tion, d'entratnement,  de  croisement  et  de  greffe.  Nous  obtenons  ainsi 
une  efHorescence  plus  riche,  plus  brillante  et  plus  variée,  mais  la  nature 
sauvage  —  l'art  et  la  littérature  agrestes  —  sont  la  source  et  le  principe 
—  principium  et  fons  —  d'où  découle  tout  le  développement  de  la  civi- 
lisation et  auxquels  nous  sommes  toujours  obligés  de  revenir  pour  rajeunir 
les  variétés  qui  dégénèrent,  et  rendre  leur  vigueur  et  leur  saveur  aux 
sucs  appauvris  par  des  artifices  trop  réitérés  et  des  combinaisons  trop 
savantes.  Ainsi  s'expliquerait  l'arôme  sui  gêner is  de  contes  que  nous  réci- 
taient nos  grand'mères,  et  des  chants  dont  on  berçait  nos  sommeils  enfan- 
tins. Le  genêt  qui  dore  les  landes  incultes,  la  centaurée  qui  fleurit  dans 
les  crevasses  des  rochers,  la  scabieuse  qui  élève  sa  tête  bleue  dans  les 
friches  abandonnées,  n'ont-elles  pas  aussi  d'&pres  agréments,  des  par- 
fums concentrés  que  ne  font  oublier  ni  les  effluves  capiteuses  de  la  rose, 
ni  les  nuances  magnifiques  des  tulipes  et  des  dahlias  ? 

Mais  tout  ceci  était,  au  moins  provisoirement^  la  part  de  la  folle  du 
logis,  —  rêveries  un  peu  confuses  qu'on  caresse  sans  savoir  même  si  on 
les  amènera  jamais  à  une  forme  arrêtée.  Avant  de  songer  à  produire  des 
théories  et  à  conclure,  les  fondateurs  de  Milusine  amassaient  des  maté- 
riaux, les  matériaux  si  intéressants,  si  nombreux  et  si  divers  qui  rem- 
plissent le  volume  que  nous  annonçons  et  qui  se  compose  des  numéros 
parus  dans  le  courant  d'une  année,  1877-1878.  Ces  matériaux,  cela  va 
de  soi,  leur  ont  été  procurés,  en  bonne  partie,  par  les  collaborateurs  de 


foo  Bibliographie. 

province  auiqueb  ils  ont  iùt  appel  et  qui  ont  répondu  en  assez  grand 
nombre  à  l'invitation  que  leur  avaient  adressée  HM.  Gaidoz  et  Rolland. 
La  publication  de  Mélusiae  a  été  suspendue  après  le  tirage  du  numéro 
qui  termine  le  volume  annoncé.  Les  études  et  les  recherches  auxquelles 
ses  auteurs  avaient  pris  à  tÂche  de  donner  l'impulsion  sont  encore  trop 
peu  goûtées  et  comprises  en  France  pour  exciter  l'intérêt  d'un  nombre 
suffisant  d'abonnés  et  de  lecteurs.  Seulement  l'instinct  s'en  développe  à 
vue  d'œil,  et  Uélusine  a  contribué  pour  sa  grande  pan  à  le  faire  naître 


Bibliographie.  501 

et  à  grouper  les  personnes  qui  sentent  le  prix  de  ces  travaux.  Ces  pre- 
miers efforts  ne  seront  pas  perdus.  H  y  a  toujours  un  certain  temps  d^arrèt 
entre  la  semaille  et  la  levée  du  grain.  La  semence  répandue  par  les 
auteurs  de  Mélusine  est  en  travail  de  germination.  Encore  quelque  temps, 
et  les  fruits  dont  ce  recueil  a  préparé  l'éclosion  verront  le  jour  et  fourni- 
ront Pespérance  d'une  moisson  abondante  que,  nous  y  comptons  bien^ 
MM.  Rolland  et  Gaidoz  et  leurs  zélés  collaborateurs  se  retrouveront 

prêts  à  récolter. 

P.  Regnauld. 

P.  S.  —  Au  point  de  vue  strictement  celtique,  ajoutons  que  Milusine 

contient  beaucoup  de  choses  bretonnes,  contes,  chansons,  proverbes, 

énigmes,  etc.,  communiqués  par  MM.  Luzel,  Emault,  Léon  Bureau,  etc., 

et  souvent  avec  le  texte  breton  lui-même.  Comme  spécimen  des  gravures, 

nous  en  reproduisons  ici  une  qui  représente  un  costume  breton  de  rele- 

vailles  et  qui  accompagne  un  article  de  M.  Léon  Bureau. 

H.  G. 


Bthnographische  Parallelen  nnd  Vergleiche,  von  Richard  Andrée, 
vni-303  p.  in-8,  6  pi.  et  21  gravures.  Stuttgart,  Julius  Maier,  1878. 
Prix  :  7  fr.  jo. 

Sous  le  titre  modeste  de  «  Parallèles  et  comparaisons  ethnogra- 
phiques 3),  M.  A.  publie  un  recueil  d'Essais  qui  sont  une  très-impor- 
tante contribution  à  l'étude  des  traditions,  croyances  et  usages  popu- 
laires. Les  prindpaux  ont  trait  :  aux  jours  fastes  et  néfastes,  aux  oiseaux 
de  présage,  à  la  construction  des  maisons,  aux  boucs  émissaires,  au 
mauvais  œil,  aux  arbres  à  chiffons,  aux  loups-garoux,  aux  vampires, 
aux  constellations,  au  culte  des  crânes,  aux  pétroglyphes,  etc.  M.  A.  a 
réuni  un  nombre  considérable  d'exemples  des  mêmes  usages  et  croyances 
dans  les  différentes  parties  du  monde,  et  l'intérêt  est  de  voir  successive- 
ment la  même  superstition,  par  exemple  celle^duloup-garou,en  Europe, 
en  Afrique,  en  Asie,  en  Amérique.  Elevée  à  ce  degré,  l'étude  des  tra- 
ditions populaires  devient  une  science  ;  elle  est  la  véritable  psychologie, 
en  montrant  l'impression  première  de  l'homme  en  face  de  la  nature.  En 
effet,  lorsqu'une  même  croyance  se  rencontre  chez  des  peuples  de  race 
diverse  aux  différentes  extrémités  de  la  terre,  on  ne  peut  parler  d'imita- 
tion ou  d'emprunt  :  l'identité  vient  de  ce  que  l'homme  voit  la  nature  avec 
les  mêmes  yeux  et  avec  la  même  âme. 

Les  faits  cités  par  M.  A.  prêtent  à  de  nombreux  rapprochements  avec 
les  usages  et  superstitions  des  peuples  celtiques,  et  ne  f&t-ce  qu'à  ce  titre. 


502  BibUograpkit. 

nous  recomoiandoiis  vivement  ce  livre  aux  cehoiogues.  La  lecture  seule 

leur  suggérera  ces  comparaisons.  M.  A.  introduit  rarement  les  traditiotts 

des  pays  celtiques  et  même  celles  de  l'Angleterre  et  de  la  France  ;  les 

documents  lui  ont  sans  doute  manqué.  Ainsi  on  est  étonné  de  ne  lui 

voir  citer  ni  les  Notes  and  Queries  pour  l'Angleterre,  ni  MHasine  pour  la 

France,  ni  notre  recueil  pour  les  pays  celtiques.  Mais  des  études  de  ce 

genre  ne  sauraient  jamais  être  complètes,  et  on  rend  déjà  un  très-grand 

service  à  la  science  lorsqu'on  apporte ,  comme  fiait  M.  Andrée  dans  ce 

volume,  un  nombre  considérable  de  faits  de  toutes  les  parties  du  monde, 

choisis  avec  critique,  et  classés  avec  méthode. 

H.  G. 


Wald  and  Feldkolte,  von  Wilhelm  Mannkardt;  Zweiter  Theil, 
Antike  Wald  und  Feldkulte,  xlviii-}59  p.  in-8.  Berlin,  Bomtraeger, 
1877.  Prix  :  13  fr.  50. 

M.  M.  continue  le  cours  de  ses  profondes  études  sur  les  cultes  des 
champs  et  des  bois  (cf.  plus  haut,  p.  120).  Son  premier  volume  était 
consacré  à  l'Allemagne;  celui-ci  étudie  les  cultes  analogues  de  l'antiquité 
classique,  Dryades,  Centaures,  Faunes,  Silvains,  Satyres,  etc.,  et  les 
fêtes  correspondant  à  nos  fêtes  populaires  de  mai  et  du  solstice  d'été. 
Il  éclaire  toutes  ces  croyances  d'un  jour  tout  nouveau  par  le  point  de 
vue  auquel  il  se  place,  qui  est  l'importance  de  la  basse  mythologie  dans 
la  vie  des  peuples,  et  par  l'originalité  de  sa  méthode  qui  consiste  à  voir 
dans  ces  croyances  et  ces  pratiques  à  demi  entrevues  à  travers  les  auteurs 
anciens  les  croyances  et  les  pratiques  conservées  jusqu'à  nos  jours  par 
les  peuples  de  l'Europe.  Les  Dryades,  les  Nymphes,  les  Néréides,  les 
Centaures,  les  Satyres,  les  Pans,  les  Silènes,  les  Faunes  des  anciens 
sont  identiques  aux  Elfes,  aux  Kobolds  et  aux  génies  de  toute  sorte  des 
traditions  populaires  de  l'Allemagne,  avec  cette  différence  que  nous  ne 
connaissons  ces  croyances  de  l'antiquité  que  par  fragments,  et  que 
nombre  de  faits  de  transition  nous  manquent. 

M.  M.  a  exposé  ses  vues  sur  la  mythologie  et  sa  méthode  dans  la 
longue  préface  de  ce  second  volume  qui  est  une  véritable  déclaration  de 
principes.  C'est  aussi  une  critique  des  systèmes  mythologiques  exclusifs 
qui  veulent  tout  expliquer  ou  par  une  maladie  de  langage,  ou  par  td  ou 
tel  phénomène  atmosphérique.  Cette  préface  mérite  d'être  lue  par  toutes 
les  personnes  qui  s'intéressent  au  développement  des  études  mytholo- 
giques. Elle  commence  par  des  détails  personnels  qui  ne  sont  pas  sans 
charme.  M.  M.  y  raconte  comment,  dès  son  enfance  même,  ses  lectures 


Bibliographii.  503 

avaient  jeté  son  imagination  juvénile  dans  le  monde  de  la  vieille  mytho- 
logie allemande  et  comment,  arrivé  à  l'âge  d%omme»  il  donna  toute  sa 
vie  à  l'étude  de  cette  mythologie  qui  avait  charmé  son  enfance  et  sa  jeu- 
nesse. On  serait  presque  tenté  de  croire  que  M.  M.  est  un  véritable 
Wechsilbalg  et  qu'il  est  de  la  race  des  gnomes  et  des  kobolds. 

Nous  recommandons  surtout  les  pages  où  M*  M.  proteste  contre  l'abus 
que  l'on  fait  aujourd'hui  des  Védas  et  contre  les  prétentions  de  l'école 
sanskritiste  qui  veulent  faire  de  la  vieille  liturgie  de  l'Inde  le  principe  et 
la  source  de  toute  étude  mythologique,  a  Je  ne  dois  pas  cacher,  dit  M. 
M.,  qu'à  mon  avis  la  mythologie  comparée  indo-européenne  n'a  pas 
encore  porté  les  fruits  qu'on  attendait  d'elle  avec  trop  d'espoir.  Le 
résultat  certain  se  borne  à  quelques  noms  de  divinités  (comme  Dyaus  = 
Zeus  =  Tius  ;  Parjanaya  =  Perkunas  ;  Bhaga  =  Bog  ;  Varuna  = 
Uranos,  etc.)  et  pour  le  reste  à  quelques  analogies^  mais  qui  ne  prouvent 
pas  nécessairement  une  parenté  d'origine  historique.  Justement  les  rappro- 
chements qui  paraissent  les  plus  vraisemblables  au  premier  abord,  comme 
par  exemple  Sàramêya  et  Hermeias,  Saranyus  et  Demeter-Erynnis,  Ken- 
tauros  et  Gandharva,  etc.,  et  un  grand  nombre  des  parallèles  introduits 
dans  le  livre  célèbre  de  M.  Kuhn  Die  Herabkunft  des  Feiurs^  ne  tiennent 
pas,  à  mon  avis,  devant  une  critique  minutieuse  ;  et  je  crains  que  l'his- 
toire de  la  science  doive  un  jour  les  caractériser  comme  de  brillants  jeux 
de  l'esprit  plus  que  comme  des  faits  établis.  Cette  seule  circonstance 
même  qu'il  n'y  a  pas  là  la  force  toujours  agissante  qui  est  au  fond  des 
découvertes  linguistiques  de  Bopp  et  de  Grimm  doit  rendre  méfiant  à 
l'égard  de  leur  vraisemblance  et  rendre  prudent,  même  dans  l'apprécia- 
tion d'identité  aussi  probable  que  celle  du  combat  des  Dèvas  et  de 
Vritra  ou  Ahi  (avec  les  légendes  de  la  destruction  d'un  dragon  qui  garde 
des  trésors  et  enlève  des  femmes)  avec  l'histoire  de  Cacus  tué  par  Her- 
cule Recaranus.  Sans  doute,  à  c6té  de  la  langue  il  doit  y  avoir  eu  dans 
la  patrie  aryenne  un  fonds  commun  de  conceptions  religieuses,  et 
les  Védas  nous  en  fournissent  les  formes  les  plus  anciennes  qui  nous  en 
aient  été  conservées  ;  mais  que  des  constructions  mythologiques  plus 
vastes  et  plus  développées  soient  descendues  de  là  dans  les  mythologies 
européennes,  c'est  encore  une  question.  Si  nous  ne  sommes  pas  plus 
avancés,  ce  n'est  pas  la  faute  du  principe,  mais  de  la  méthode  que  l'on 
a  employée,  et  le  défaut  principal  de  cette  méthode  est  le  manque  de 
sens  historique,..  »  M.  M.  continue  sa  critique  et  entre  dans  le  détail 
de  quelques-uns  des  rapprochements  faits  par  l'école  védisante.  Il  cri- 
tique aussi  la  théorie  de  la  métaphore,  mise  à  la  mode  par  M.  Max- 
Mûller  et  son  école.  Sa  conclusion  est  celle-ci  :  «  A  tout  prendre  je 


504  BibliographU. 

regarde  la  plus  grande  partie  des  résultats  obtenus  jusqu'à  ce  jour  dans 
le  domaine  de  la  mythologie  indo-européenne  comme  manqua,  préma- 
turés ou  incomplets.  » 

M.  M.  a  renouvelé  l'étude  de  la  mythologie  en  lui  faisant  toucher 
terre^  en  tenant  compte  des  trésors  innombrables  de  la  tradition  popu- 
laire. De  là  l'originalité  et  l'importance  de  son  grand  travail.  Les  études 
mythologiques  gagneraient  b^ucoup  en  France  à  ce  que  l'ouvrage  de 

M.  M.  fût  traduit  et  commenté  dans  notre  langue. 

H.  G. 


A  Short  History  of  Pensance,  S.  Michael's  Mount,  S.  Ives,  ^nd  the 
Land's  End  District,  by  Rev.W.  S.  Lach-Szyrma,  M.  A.  196  p.  pet. 
in-8  avec  3  canes  et  une  photographie.  Truro,  Lake,  1878. 

Cet  élégant  volume  est  un  résumé  de  l'histoire  de  l'extrémité  de  la 
péninsule  de  Comouaille,  depuis  les  origines  jusqu'à  l'époque  actuelle. 
L'auteur  a  mis  à  contribution  les  principaux  historiens  de  son  pays  et  il 
popularise  dans  un  style  facile  le  résultat  de  ses  recherches.  L'intérêt  de  ^ 
ce  volume,  pour  la  plus  grande  partie,  est  forcément  local  :  nous  signa- 
lerons pourtant  comme  d'un  intérêt  plus  général  les  chapitres  consacrés 
à  la  langue  et  au  théâtre  de  Comouaille  et  au  Mont  Saint-Michel  de 
Comouaille.  —  On  sait  en  effet  que  la  Comouaille  a,  comme  notre  Nor- 
mandie, un  rocher  consacré  à  saint  Michel  qui,  suivant  la  marée,  est 
lie  ou  presqulle.  On  n*a  pas  encore  remarqué,  ce  nous  semble,  et  M.  L. 
S.  n'en  dit  rien  non  plus,  que  l'Irlande  a  tout  près  de  sa  côte  occiden- 
tale un  rocher  également  consacré  à  saint  Michel  et  d'un  aspea  tout 
aussi  pittoresque. 

On  regrette  que  M.  L.  S.  n'ait  pas  jugé  à  propos  de  faire  entrer  dans 

le  cadre  de  son  livre  les  antiquités  de  la  région. 

H.  G. 


Bonifàcins,  des  Apostel  des  Deutschen  und  die  Romanisierung  von 
Mittel-Europa,  eine  Kirchenceschichtliche  Studîe,  von  August  Wer- 
NER.  Leipzig,  Weigel,  vi-466  p.  pet.  in-8.  Prix  :  10  fr.  75. 

Ce  livre  a  été  loué  comme  ouvrage  d'histoire  par  la  critique,  il 
sort  un  peu  de  notre  cadre.  Nous  ne  pouvons  en  signaler  que  le  cha- 
pitre consacré  à  Tancienne  Eglise  de  la  Grande-Bretagne.  M.  W.  a 
suivi  surtout  Ebrard^  en  en  corrigeant  les  exagérations.  Il  ne  prétend  pas, 
comme  Ebrard,  présenter  l'ancienne  Eglise  bretonne  comme  une  E^ise 


Bibliographie.  505 

protestante,  mais  nous  croyons  pourtant  que  M.  W.  lui  donne  encore 
une  couleur  trop  «  évangélique  »  (M.  W.  est  protestant).  A  l'exemple 
d'Ebrard,  il  donne  à  cette  église  primitive  des  chrétiens  de  la  Grande- 
Bretagne  le  nom  d'Eglise  culdéenne,  nom  qui  ne  nous  parait  pas  heu- 
reux. Nous  constatons  encore  une  fois  avec  regret  combien  les  beaux 
travaux  du  D*^  Todd  et  du  D'  Reeves  sur  l'ancienne  église  celtique  sont 
peu  connus  des  savants  du  continent.  M.  W.  aurait  certainement  gagné 
à  prendre  les  travaux  irlandais  pour  point  de  départ  au  lieu  de  s'en  tenir 
à  l'ouvrage  systématique  de  son  compatriote  Ebrard.  On  est  choqué  de 
trouver  le  nom  d'iona  écrit  régulièrement  lowa  par  M.  W.  C'est  en  tout 
cas  loua  qu'il  eût  fallu  écrire,  si  M.  W.  ne  voulait  pas  des  formes  ordi- 
naires Hy  ou  lona.  Laissons  lowa  à  l'Amérique  ! 

♦  H.  G. 


Dictioimaire  des  Antiquités  chrétiennes,  contenant  le  résumé  de 
tout  ce  qu'il  est  essentiel  de  connaître  sur  les  origines  chrétiennes 
jusqu'au  moyen  âge  exclusivement  :  I.  Etudes  des  mœurs  et  coutumes 
des  premiers  chrétiens.  II.  Etude  des  monuments  figurés.  III.  Vête- 
ments et  meubles,  par  M.  l'abbé  Martign y,  chanoine  de  Belley.  Nouv. 
édit.,  revue,  modifiée,  considér.  augm.  et  enrichie  de  675  grav.  dans 
le  texte.  Gr.  in-8  à  2  col.  xxv-830  p.  Paris,  Hachette,  1877,  20  fr. 

La  première  édition  du  Dictionnaire  de  M.  l'abbé  Martigny  date  de 
1864,  et  depuis  son  apparition,  cet  ouvrage  a  rendu  de  grands  services 
comme  répertoire  de  tout  ce  qui  touche  aux  antiquités  chrétiennes.  La 
nouvelle  édition  a  profité  des  recherches  ultérieures  de  l'auteur  et  de 
tous  les  travaux  publiés  depuis  lors,  notamment  de  ceux  de  M.  de  Rossi. 
Les  articles  ont  été  remaniés,  complétés  par  des  articles  nouveaux,  et 
les  gravures  ont  été  multipliées  (la  présente  édition  en  contient  675  au 
lieu  de  270]. 

Le  Dict.  de  M.  M.  est  surtout  précieux  pour  tout  ce  qui  touche  les 
monuments  figurés  et  la  symbolique.  L'histoire  de  l'Eglise  est  étudiée 
moins  profondément,  et  des  critiques  compétents  ont  reproché  à  certains 
articles,  comme  ceux  sur  la  Patrologie  et  les  Martyrologes,  de  ne  plus 
être  au  courant  de  la  science.  Il  est  difficile  qu'il  en  soit  autrement  quand 
un  homme  entreprend  seul  une  tâche  à  laquelle  une  société  de  savants 
suffirait  à  peine.  Par  les  documents  et  les  points  de  comparaison  qu'il 
fournit,  cet  ouvrage  est  un  utile  auxiliaire  pour  l'étude  des  antiquités 
chrétiennes  de  l'Irlande.  Par  contre,  nous  regrettons  que  M.  M.  n'ait 
pas  Ml  entrer  l'Irlande  dans  le  cercle  de  ses  études  :  elle  a  conservé 
fidèlement  nombre  de  formes  et  d'usages  antiques  qui  peuvent  à  leur 


5o6  Bibliographie. 

tour  éclairer  l'histoire  ecclésiastique  de  l'occident.  Ses  églises  primitives, 
ses  chorepiscopij  les  évangéliaires,  les  reliquaires,  et  les  cloches  de  ses 
saints^  la  tonsure  d'oreiUe  à  oreille  de  ses  prêtres,  etc.  n'auraient  pas  été 
déplacés,  ce  nous  semble,  dans  son  dictionnaire  général  des  antiquités 
chrétiennes.  C'est  une  réserve  qu'il  était  de  notre  devoir  de  £ûre,  sans 
méconnaître  la  valeur  et  surtout  l'utilité  de  l'oeuvre  du  savant  chanoine 
de  Bellej. 

Aux  personnes  qui  croient  encore  à  Voïigmt  celtique  des  entre-lacs 
de  Plrlajide,  nous  signalerons  les  mosaïques  figurées  p.  485  et  486. 

H.  G. 

Gongréfl  archéologique  de  FMuiee,  XLIU*  sesaloii  (Arles),  1876; 
Paris,  Derache,  1877  ;  L-931  p.  in-8  avec  gravures  et  planches. 

Ce  volume,  comme  les  précédents,  contient  beaucoup  de  choses  ;  il  en  con- 
tient même  davantage,  étant  bien  plus  gros.  Nous  n'y  trouvons  pourtant. que 
deux  articles  rentrant  dans  le  cadre  de  nos  études  et  de  nature  à  intéresser  nos 
lecteurs  : 

I*  Celui  de  M.  Aurès  sur  les  deux  stèles  gauloises  de  Saint-Remy  (p.  523- 
528)  :  ce  sont  les  stèles  portant  les  inscriptions  BIMMOC  AITOYMAPEOC 
et  OVPITAKOC  HAOVC  KONIOC  -  M.  A.  ne  s'en  occupe  ici  qu'au 
point  de  vue  métrologique. 

Et  20,  celui  de  M.  Mougins  de  Roquefort  sur  quelques  poteries  sigillées  de 
Fréjus  et  d'Antibes  :  on  y  observe  notamment  les  marques  GENNATUS  ;  — 
TRADIC  ;  —  et  L.  P.  AAR. 

Traces  of  the  ancie&t  Kingdom  of  Damnonla  outalde  Gom^g^aU. 
in  remsdns  of  the  Geltlo  Hagiology,  by  Thomas  Kerslake  (reprintea 
from  the  Journal  of  the  British  Archxological  Association). 

Recherches  sur  les  noms  de  saints  celtiques  conservés  dans  des  noms  de 

lieux  ou  des  vocables  d'églises. 

Mannel  de  la  Confrérie  de  sainte  Brigide,  vierge  et  patronne 
d'Irlande,  pour  la  conservation  des  mères  et  des  enlkntSy  par 
M.  Portier,  curé  de  Rians,  diocèse  de  Bourges  (Cher).  Rians,  1877,  16  p. 
in-24.  Prix  :  2^  cent.  Au  profit  de  l'association. 

La  dévotion  à  sainte  Brigide  dans  cette  localité  semble  provenir  d'un  vœu 

fait  à  la  sainte  irlandaise  pour  obtenir  la  fin  d'une  épidémie  qui  décimait  les 

petits  en&nts.  Elle  exisUit  déjà  à  la  fin  du  XVII*  siècle.  Quant  à  la  confrérie 

de  sainte  Brigide,  elle  a  été  établie  en  18^9  par  M.  Portier,  curé  aauel  de 

Rians. 

On  Eisteddvodan  ;  their  Antiqnity  and  History,  by  John  Jerbmub. 
London,  1876,  8  p.  in-8. 

Rappelle  les  assertions  des  historiens  gallois  sur  l'ancienneté  des  Eisteddfodaa 

et  reproduit  l'autorisation  donnée  par  la  reine  Elisabeth  pour  tenir  un  Eistedd- 

fod  à  Caerwys  (Flintshire)  en  1 568. 


NÉCROLOGIE. 


—  M.  Eugène  Morin,  ancien  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Rennes, 
né  à  Antibes  en  1814,  mort  à  Rennes  en  juillet  1876.  M.  Morin  avait  occupé 
pendant  plus  de  vingt  ans  la  chaire  d'histoire  à  la  Faculté  de  Rennes  et  s'était 
intéressé  à  la  langue  et  à  l'histoire  de  la  province  où  il  s'était  établi.  Voici  la 
liste  de  ses  principales  publications  dans  cet  ordre  d'études  :  Us  Britanniy  Essai 
d* Ethnographie f  in-8*,  Rennes,  1862;  —  UArmoriqutau  Y^  sihcle,  in-8%  Rennes, 
1867  ;  —  Esquisse  comparative  des  Dialectes  Nio-Celtiqucs  ;  i'*  partie  :  Dialectes 
Britanniques^  in-8*,  1868. 

Il  avait  aussi  publié  un  Essai  sur  l'Art  de  vérifier  les  dates  des  calendriers  julien 
et  grégorien.  Rennes,  i8$o. 

—  M.  G.  G.  Geldabt,  mort  à  Croydon  le  15  juillet  i877,â  Tâgede  58  ans, 
s'occupait  de  philologie  générale  et  plus  spécialement  de  gaélique.  Il  avait  publié 
une  conférence  sur  l'utilité  de  la  philologie  celtique  et  un  volume  de  traductions 
en  vers  de  poésies  gaéliques  d'Ecosse. 

—  Le  D'  John  Stuart,  né  â  Foyne,  comté  d'Aberdeen,  mort  â  Edimbourg 
le  19  juillet  1877.  ^*  ^^'  ^^^^^  conservateur  du  Register  House  d'Edimbourg 
et  secrétaire  de  la  Société  archéologique  de  cette  ville.  En  1839  il  avait  été  un 
des  principaux  fondateurs  du  Spalding  Club  et  c'est  pour  ce  club  qu'il  a 
publié  son  grand  ouvrage  The  Sculptured  Stones  of  Scotland  (2  vol.  in-fol.,  1856 
et  1867).  Il  a  également  publié  un  grand  nombre  d'ouvrages  sur  le  moyen  âge 
de  l'Ecosse^  chartes  et  histoires  locales.  C'est  au  D'  St.  qu'on  doit  l'édition 
posthume  des  essais  archéologiques  de  Sir  James  G.  Simpson  dont  il  a  été  ques- 
tion plus  haut  (272).  Un  de  ses  derniers  travaux  a  été  une  curieuse  notice  sur 
la  crosse  de  saint  Fillan  qui  a  paru  après  sa  mort  dans  les  Proceeàings  de  la 
Société  des  antiquaires  d'Ecosse. 

—  M.  Geslin  de  Bourgogne,  né  à  Saint-Brieuc  le  3  septembre  1818,  mort 
le  12  octobre  1877,  sorti  de  l'armée  en  1838  avec  le  grade  de  lieutenant  d'état- 
major,  s'occupa  activement  des  œuvres  charitables  et  patriotiques  de  son  dépar- 
tement. Auteur  d'un  nombre  considérable  de  mémoires  et  d'études  d'histoire  et 
d'archéologie,  M.  Geslin  de  Bourgogne^  la  veille  de  sa  mort,  travaillait  aux 
épreuves  définitives  des  deux  derniers  volumes  d'un  ouvrage  considérable,  les 
Anciens  èvéchis  de  Bretagne,  Voici  les  titres  de  ses  principaux  ouvrages  :  Anciens 
évichés  de  Bretagne,  Histoire  et  monuments.  Dioclse  de  Saint-Brieuc^  1. 1  à  IV^  avec 
atlas  in-fol.  (1855-1864,  gr.  in-8,  Saint-Brieuc,  Guyon  frères  ;  Paris,  Dumou- 
lin), avec  la  collaboration  de  M.  A.  de  Barthélémy  ;  l'ouvrage  formera  6  volumes  ; 

'  —  Etudes  sur  la  Révolution  en  Bretagne^  principalement  dans  Us  Câtes-du-Nord 
(1858^  gr.  in-8),  Saint-Brieuc,  également  avec  M.  A.  de  Barthélémy. 


5o8  Nécrologie. 

—  M.  Thomas  Wright,  éminent  archéologue,  philologue  et  historien  anglais, 
correspondant  de  notre  Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  né  près  de 
Ludlow  en  avril  1810,  mort  à  Londres  en  décembre  1877.  Ses  ouvrages  forme- 
raient toute  une  bibliothèque  :  au  point  de  vue  spécial  de  nos  études,  nous 
signalerons  seulement  les  suivants:  Sl  Patrick' s  Purgatoryy  1844;  —  Tkc 
Celt,  the  Roman  and  the  Saxon,  excellent  résumé  de  l'archéologie  de  la  Grande- 
Bretagne,  la  5*  éd.  de  cet  ouvrage  a  paru  en  1875  (London,  Trûbner)  ; —  TTu 
History  of  Ireland^  Londres,  in-4*,  sans  date  ;  —  et  un  grand  nombre  d'articles 
relatifs  aux  antiquités  et  à  l'histoire  littéraire  du  pays  de  Galles,  publiés  dans 
VArchaologia  Cambrensis.  Sa  critique  pénétrante  a  éclairé  plus  d'un  point  de 
l'histoire  de  la  littérature  galloise  et  on  lui  ps^donnera  aisément  quelques  écla- 
tants paradoxes  *  où  le  mena  le  dédain  des  opinions  toutes  faites.  M.  W.  avait 
été  un  des  fondateurs  de  la  British  Ârchaeological  Association  et  de  la  Camden 
Society. 

-»  Le  D' William  Stokss,  né  à  Dublin  en  juin  1804,  mort  à  Carrig  Breac, 
Howth,  près  Dublin,  en  janvier  1878.  M.  W.  St.  est  le  père  de  notre  éminent 
collaborateur,  M.  Whitley  Stokes,  et  de  l'archéologue  Mlle  Marguerite  Stokes. 
Le  D'  St.  était  un  des  premiers  médecins  des  Iles  Britanniques  et  sa  réputation 
s'étendait  bien  au-delà  des  limites  de  son  pays.  Certains  de  ses  ouvrages  de 
médecine  ont  été  traduits  en  français.  En  1868  il  avait  publié  une  vie  de  son 
ami  Pétrie,  The  Ufe  and  Labours  in  Art  and  Archaiology  of  George  Pétrie^  qui 
n'est  pas  seulement  l'histoire  des  travaux  de  son  savant  ami,  mais  en  même  temps 
l'histoire  de  l'archéologie  irlandaise  dans  ce  siècle.  Le  D''  St.  s'intéressait  vive- 
ment aux  progrès  de  l'archéologie  et  de  la  philologie  irlandaise,  et  c'est  sous 
sa  présidence  que  l'Académie  d'Irlande  prit  la  détermination  de  publier  un 
recueil  authentique  des  inscriptions  oghamiques  de  l'Irlande.  Les  mérites  de 
l'homme  s'ajoutaient  chez  le  D^*  St.  à  ceux  du  savant  et  du  praticien  ;  et  la 
bonté  de  son  caractère  et  le  charme  de  ses  relations  restent  parmi  les  plus  pro- 
fonds, comme  les  plus  chers,  de  nos  souvenirs  d'Irlande. 

—  M.  Levot,  conservateur  de  la  bibliothèque  de  la  marine,  à  Brest,  mort 
dans  cette  ville  le  3  février  1878.  Il  y  était  né  le  14  décembre  1801.  Archéologue 
et  biographe  spécial  de  célébrités  maritimes,  M.  Levot  était  l'un  des  fondateurs 
de  la  Société  académique  de  Brest  qu'il  présidait  ;  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres  l'avait  récompensé  d'une  mention  honorable  en  1864,  pour  une 
histoire  de  sa  ville  natale.  M.  Levot  était  aussi  correspondant  du  ministère  de 
l'instruction  publique.  Nous  signalons  ceux  de  ses  ouvrages  qui  se  rapportent  à 
la  Bretagne  celtique  :  Biograpk'u  bretonne  (1852-57,  Vannes,  2  vol.  în-8)  ;  — 
Notice  sur  Landivcnnec  et  son  abbaye,  ËUtt  ancien  et  moderne  (in-8,  1858);  — 
Notice  sur  la  vft,  les  services  et  les  travaux  de  M,  le  duvalier  de  Frimimnlle  (in-8j 
1867)  ;  —  Abbaye  de  Saint-MathieU'de-Fineterre  (in-8,   1874)  ;  —  Daoulas  et  son 

1 .  Par  exemple  sa  théorie  sur  l'origine  des  Gallois  qu'il  faisait  venir  d'Armorique,  et 
sa  thèse  que  les  Romains  auraient  conquis  et  occupé  l'Irlande. 


Nécrologie,  509 

abbaye  (in-8,  1875).  H  avait  donné  à  notre  recueil  nn  article  sur  l'œuvre  de 
dom  Lobineau  (t.  I,  p.  436  et  suiv.). 

—  M.  DE  LA  Saussayb,  né  à  Blois  le  i"  mars  1801 ,  mort  à  Troussay  (Loir- 
et-Cher),  le  25  février  1878,  s'adonna  de  bonne  heure  à  l'archéologie,  et 
débuta  par  un  mémoire  manuscrit  sur  VHistoire  de  la  Sologne  blaisoise,  qui  lui 
valut,  en  1836,  une  jnédaille  au  concours  des  antiquités  nationales.  Fondateur, 
en  1836,  de  la  Revue  numismatique  française  qu'il  dirigea  avec  M.  E.  Cartier 
jusqu'en  1848,  il  donna  dans  ce  recueil  de  nombreux  articles  sur  la  numisma- 
tique gauloise  et  du  moyen  âge.  On  peut  affirmer  que  cet  excellent  recueil, 
auquel  travaillèrent  tous  les  numismatîstes  français  et  beaucoup  d'étrangers,  a 
rendu  à  l'archéologie  les  plus  grands  services.  Ses  travaux  lui  ouvrirent  les 
portes  de  l'Institut  en  1845  ;  dès  l'année  1838,  il  était  correspondant  de  l'Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres.  En  1855,  il  fut  nommé  recteur  de 
l'académie  de  Poitiers  et  plus  tard  recteur  de  l'académie  de  Lyon.  Il  a  publié 
entre  autres  ouvrages  :  La  Numismatique  de  h  Gaule Narbonnaise[\%^27,  in-8)  ;  — 
Mémoires  sur  les  antiquités  de  la  Sologne  (184$,  in-4);  et  un  certain  nombre 
d'articles  dans  les  publications  archéologiques. 

—  M.  Jacques  Maissiat,  né  à  Nantua  le  25  mars  1805,  mort  dans  sa  ville 
natale  en  mars  1878.  Il  a  publié  des  Recherches  historiques  sur  les  gherres  des 
Gaulois  contre  les  Romains  :  tome  I,  Annibal  en  Gaule;  t.  II  et  suivants,  Jules- 
César  en  Gaule  (1866- 1878,  4  volumes  in-8). 

—  M.  Sigismond  Ropartz,  avocat  au  barreau  de  Rennes,  mort  le  18  avril 
1878.  Membre  de  la  plupart  des  sociétés  savantes  de  Bretagne,  il  était  derniè- 
rement président  de  la  Société  archéologique  d'Ille-et-Vilaine.  Il  fut  un  des  membres 
les  plus  actifs  de  l'ancienne  Association  bretonne^  et  il  contribua  beaucoup  à  sa 
résurrection  en  1873  :  il  était,  depuis  cette  époque,  président  de  la  section  his- 
torique et  archéologique  de  l'association.  Il  a  publié  les  ouvrages  suivants  : 
Guingampet  le  pèlerinage  de  Notre-Dame-de-Bon-Secours  {S^mi-Brituc,  Prudhomme, 
1850,  in- 18);  —  Annales  briochines,  par  M.  Tabbé  Ruffelet,  nouvelle  édition 
précédée  d'une  notice  par  M.  S.  Ropartz  (Saint-Brieuc,  Prudhomme,  1831, 
ln-8  et  in- 12)  ;  —  Histoire  de  saint  Yves,  patron  des  gens  de  /a^tic^  (Saint-Brieuc, 
Prudhomme,  1853,  in-8)  :  cet  ouvrage  a  valu  à  l'auteur  un  bref  du  Souverain- 
Pontife  Pie  IX  ;  —  Portraits  bretons  des  XVII*  et  XVIII^  sMes,  d'après  des 
documents  inédits  (Saint-Brieuc,  18)7,  in-12)  ;  —  Récits  bretons  (Saint-Brieuc, 
i8s8,  in-12)  ;  —  Guingamp,  études  pour  servir  à  l'histoire  du  tiers-état  en  Bre- 
tagne (Saint-Brieuc,  1839,  2  vol.  in-8^  deuxième  édition  complètement  refondue 
avec  carte,  blasons  et  sceaux,  ibid.^  1873,  2  vol.  in-8)  ;  —  Notice  sur  la  ville 
de  Ploêrmel  (br.  in-8)  ;  —  Pierre  Morell,  bourgeois  de  Cuingamp  et  évêque  de  Tré- 
gttier  au  XIV^  sikle  (br.  in-8)  ;  —  Paraboles  évangéliques ,  traduites  littéralement 
en  vers  français  (in-8)  ;  —  Schnes  de  la  vie  rurale  en  Bretagne^  avec  1 2  dessins  de 
H.  Lalaissé  (album  in-fol.,  Charpentier)  ;  —  Compte-rendu  de  l'exposition  artis- 
tique et  archéologique  ouverte  à  P hôtel  de  ville  de  Rennes^  en  septembre  1872  (Rennes, 
1872,  in-8)  ;  —  Poèmes  de  Marbode^  évêque  de  Rennes  au  XI*  siècle,  traduits 


{ 1 0  Chronùiue. 

en  vers  français  (Rennes,   1873,  ^'^)  î  —  ^   Vic^  les  miracles  et  les  émuunUs 

nrtus  de  saint  Brieuc  et  de  sent  Guillaume,  Mquts  de  Saint-Brieuc^  par  L.  G.  de 

ta  Devison,  avec  notices  par  M.  Ropartz  (Saint-Brieuc,  Pradhomme,  1875, 

2  vol.  in-iS)  ;  —  L'Exil  du  Parlement  de  Bretagne  à  Vannes^  à  la  fin  du  XVlt  s, 

(Rennes,  1875,  in-8)  ;  La  Famille  Descartes  en  Bretagne  (  1506-1692)  (Rennes, 

1875,  in-8)  ;  —  La  Journée  des  barricades  et  la  ligue  à  Rennes  (mars  et  avrfl 

1589)^  d'après  les  documents  contemporains  inédits  (Rennes,  Plihon,  1877, 

in-8).  —  Depuis  vingt  ans,  M.  Ropartz  était  un  collaborateur  assidu  de  la 

Revue  de  Bretagne  et  de  Vendée, 

H.  G. 


CHRONIQUE. 


Les  auteurs  des  dictionnaires  vannetais  d'après  M.  Tabbé  Luco.  —  M.  Le  Mea 
et  le  musée  ethnoffraphique  de  Quimper.  —  Le  premier  centenaire  de  la  langue 
comique.  —  M.  Ascoli  et  les  gloses  irlandaises  de  Milan.  —  La  Bibliagrapnie 
générale  de  la  Gaule  de  M.  Ruelle. 

M.  Tabbé  Luco,  dans  une  communication  à  la  Société  polymatbique  du  Mor- 
bihan, a  fait  connaître  le  véritable  auteur  du  Dictionnaire  vannetais  connu  sous 
le  nom  de  L'Armerye.  Cet  ouvrage,  que  le  frontispice  dit  imprimé  à  Leyde  par 
la  Compagnie  en  1744,  aurait  été  imprimé  à  Vannes,  à  Timprimerie  Galles,  s'il 
faut  en  croire  la  note  d'un  contemporain  écrite  sur  un  exemplaire  trouvé  entre 
les  mains  de  M.  Luco.  D'après  M.  l'abbé  Luco,  ce  dictionnaire  aurait  pour 
auteur,  non  un  certain  abbé  Armerye  ou  L'Armerye,  personnage  imaginaire, 
mais  l'abbé  Claude-Vincent  Cillart,  né  à  Sarzeau  en  1686,  successivement 
recteur  d'Arradon,  de  Noyal-Pontivy  et  de  Grand-Champ,  et  mort  en  1749. 

M.  l'abbé  Luco  a  également  refait  la  biographie  de  Pierre  de  Châlons^  recteur 
de  Sarzeau,  né  en  1641,  mort  en  1718,  et  auteur  d'un  rarissime  dictionnaire 
breton-français  du  dialecte  de  Vannes,  imprimé  après  sa  mort,  à  Vannes,  chez 
Jacques  de  Heuqueville,  en  1723. 

—  Nous  apprenons  avec  plaisir  que  M.  Le  Men  organise,  dans  le  musée  archéo- 
logique de  Quimper  dont  il  est  le  directeur,  une  collection  de  costumes  bretons. 
C'est  une  excellente  idée,  aussi  bien  au  point  de  vue  scientifique  qu'au  point  de 
vue  artistique.  Il  y  a  en  Bretagne  nombre  de  costumes  originaux  et  gracieux:  les 
coiffures  de  femmes,  notamment,  sont  très  variées  dans  le  Finistère.  Cette  initia- 
tive fait  grand  honneur  au  zèle  de  M.  Le  Men  ;  nous  désirons  qu'il  puisse 
former  une  collection  complète  des  costumes  traditionnels  des  paysans  du  Finis- 


Chromque.  5 1 1 

tère,  et  nous  voudrions  voir  créer  de  semblables  musées  ethnographiques  dans 
les  autres  départements  bretons. 

Cela  presse  d'autant  plus  que  ces  costumes,  pourtant  si  pittoresques,  dispa- 
raissent tous  les  jours  devant  Tinfluence  de  Paris  et  la  contagion  du  costume 
des  villes,  bien  vulgaire  celui-là  I  A  cet  égard,  nous  trouvons  un  fait  bien  carac- 
téristique cité  dans  le  dernier  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finistère  : 

En  1876,  dans  la  tournée  de  révision  du  département  du  Finistère,  dix-huit 
maires  s'étaient  présentés  au  conseil  avec  le  costume  breton  complet  ;  il  ne  s'en 
est  présenté  que  six  dans  la  tournée  de  1878. 

—  L'ouvrage  de  M.  Le  Men  sur  la  cathédrale  de  Quimper  dont  il  a  été 
question  plus  haut,  a  obtenu  de  l'Institut  la  troisième  mention  au  concours  des 
Antiquité  nationales  pour  1878. 

—  Le  27  décembre  1877,  on  a  célébré  à  Saint-Paul,  près  de  Penzance,  dans 
la  Comouaille  anglaise,  le  premier  centenaire  de  la  mort  de  la  langue  comique. 
En  fait,  c'était  le  centième  anniversaire  de  la  mort  de  la  vieille  Dolly  Pentreath 
qui  passe  pour  avoir  la  dernière  parlé  comique.  Ce  centenaire  avait  été  orga- 
nisé par  M.  Lach-Szyrma  dont  on  a  vu  plus  haut  (p.  239)  un  article  sur 
quelques  mots  comiques  qui  ont  survécu  jusqu'à  nos  jours  dans  la  langue  du 
peuple  et  plus  particulièrement  des  pécheurs.  Ce  centenaire  a  été  une  sorte  de 
petit  congrès  littéraire  et  philologique  qui  a  très  bien  réussi  et  qui  a  dû  être 
fort  intéressant,  si  Ton  en  juge  par  les  comptes^rendus  des  journaux  locaux. 

—  M.  Ascoli  a  commencé  la  publication  du  ms.  irlandais  de  Milan  dont  les 
gloses  présentent  les  formes  grammaticales  les  plus  anciennes  de  la  langue  irlan- 
daise. M.  Ascoli  n'a  pas  voulu  nous  laisser  le  plaisir  d'avoir  son  ouvrage  com- 
plet du  premier  coup  :  il  le  publie  par  de  petits  fascicules. 

Il  vient  de  publier  la  première  livraison  du  t.  I  qui  est  la  reproduction  du 
texte  latin  et  de  ses  gloses.  Le  t.  II  contiendra  un  commentaire  des  gloses  et 
des  exercices  de  grammaire  et  de  lexicologie.  La  Revue  ultiqiu  rendra  compte 
de  cet  ouvrage  quand  il  sera  plus  avancé  ;  mais  nous  pouvons  dire  d'avance  que 
pour  les  études  irlandaises  il  sera  presque  aussi  utile  que  la  Crammatica  ccltica  : 
Voici  le  titre  de  la  livraison  parue  : 

//  codice  Irlandese  dcl?  Ambrosianûy  edito  e  illnstrato  da  G.  I.  Ascoli.  Volume 
primo  :  Il  testo  et  le  chiose.  Puntata  prima  con  due  tavole  fotolitografiche, 
Roma,  Loescher,  1878,  xvi-112  p.  in-8  avec  2  planches.  Prix,  8  fr.  Cette 
brochure  forme  en  même  temps  la  première  livraison  du  t.  V  de  VArchivio  glot^ 
tohgico  italiano  dirigé  par  M.  Ascoli. 

—  La  Bibliographie  générale  de  la  Gaule  de  M.  Ruelle  dont  nous  avons  déjà 
parlé  (voir  p.  147)  est  sur  le  point  de  paraître.  Le  premier  fascicule  est 
imprimé  et  sera  distribué  avant  le  51  décembre  1878.  L'ouvrage  sera  complet 
en  4  fascicules.  Prix  de  la  souscription  :  20  fr.  On  souscrit  chez  l'auteur,  i, 
me  de  Lille,  à  Paris.  Après  l'achèvement  de  la  publication,  le  prix  en  sera 
porté  à  30  francs.  A  l'heure  où  nous  écrivons,  M.  Ruelle  a  réuni  plus  de  400 
souscripteurs.  H.  G. 


ERRATA  DU  PRÉSENT  VOLUME. 

P.    33, 1.  38,  before  'blith'  insert  'Wdsh' 
P.    38,  1.  19,  before  kus  insert  'root' 
P.    85,  I.  19,  for  (/u  ro'sina  read  ro-'sina  dia 
P.    86,  1.  16,  for  lîngua  rtad  lingua 

—  \.  21 /for  quibnsdum  read  quibusdam 

—  1.  35,  for  Uawendyd  read  llawenydd 
P.    89,  I.    8,  for  *ad'  read  'and' 

P.    90,  I.    5,  for  tiassacca  in  read  tiassa  cain 

P.    92,  penultimate  Une  for  Sullivans's  read  Sulliyan's 

P.    95,  I.  23, /or  'agressive'  read  'aggressive' 

P.    96, 1.  34,  for  saigid  read  iaigid 

P.    97,  I.    1 ,  for  mit-  read  /fm- 

P.    99,  I.  I  $,  /or  'in'  read  'is' 

—  1.  37,  tor  'pexa*  read  *" pensum* 
P.  100,  I.    9,  /or  *and'  read  'an' 

—  I.  32, /or  'retum'  read  'turn' 

P.  176,  line  24,  tf/f^r  c  farewell  »  insert  He  goes  thence  along  the  road  of 
Midiuachair,  along  Mag  Mogna 

P.  184,  lines  18,  19,  for  cHe  to  whom  he  oweth  debts  demands  tfaem  of  htm  » 
read'  c  He  to  whom  thou  owest  debts  demands  them  of  thee  (lit.  of 
him)  1.  The  change  in  such  a  sentence  from  the  second  to  the  third 
person  singular  (fair)  is  common  in  Cornish.  See  Kuhn's  Beitraege, 

y.  454 
p.  174,  line  16, /or  «  the  god  by  whom  »  read  «  God  what  • 

P.  1 77,  lines  9,  10,  II,  for  'drew',  'gave',  'ate',  'put'  read  'draws',  'gives', 

'eats',  'puts' 
P.  184,  line  26,  for  oemldm,  read  oenidm 
P.  185,  last  line  but  two,  before  'fifty'  insert  'thrice' 
P.  190,  line  12,  for  'servum'  read  'servam' 
P.  275,  line  32, /or  'tarrachrutto'  read  'tarmchrutta' 
P.  276,  line  2,  before  'Finding*  insert  'the' 

line  }^,for  'is  in  oirrher'  read  'isin  oirrther* 

line  36,  before  'whence'  insert  'in  the  east' 
P.  278,  line  14,  after  'penny',  insert  'in  Jérusalem,  (thus)' 


OWEN   DE  GALLES. 

L'article  de  M.  S.  Luce  (p.  445)  était  composé  et  tiré  lorsque  nous  avons  retrouvé 
dans  un  excellent  recueil  gallois  auquel  il  ne  manque  qu'une  table  générale  {Arch^ologia 
Cambrensis,  y  série,  t.  VI,  p.  62),  une  note  sur  Owen  de  Galles  et  Jean  Wynn,  sons  ce 
titre  :  Welsh  Gentlemen  sening  in  France,  temp.  Edward  IV.  On  y  trouvera  des  rensei- 
gnements sur  les  sceaux  de  ces  deux  personnages,  conservés  dans  la  section  héraldique 
des  Archives  Nationales,  à  Paris.  H.  G. 


U  gérant  :  F.  VIEWEG. 


Imprimerie  Gouverneur,  G.  Daupeley  à  Nogent-Ie-Rotrou. 


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